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COURS
D'ARCHITECTURE
CI FI LE. |
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D'ARCHITECTURE,
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TRAIT�
De la D�coration, Diflribution & Confiru�ion
BES B�TIMENTS;
Contenant
Les Le�ons donn�es en 1750, & les ann�es
i�iivances, par J. F. Blondel , Architecte,
dans fori �cole des Arts.
.Publi� de l'aveu de l'Auteur, par M. Κ:**Λ
TOME QUATRIEME |
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�hes la Veuve Desaint, Libraire, rue du Foin-S,-Jac
M DC� JJUfJJI.
*fe� 4Mpmkttmz,,& akml�gt du Roi.
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AVAN�-BROP�S,
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Pr�cis: des regies contenues dans
le troiii�nie Volume de ce Cours ; Suivi de quelques ohfervations pr�limi*
naires Cur l'Architec�ure, $S O�S INVITONS les perfoiin�s, pour lef»
quelles nous avons comp�f� ce Cours', de ne pas n�gliger de lire les Avant-propos plac�s � la t�te de nos Volumes, comme un moyen de fe rappeler en peu de mots,: les diff�rentes mad�res qui y fotit trait�es, &c par-l� , de Cuivre le fxl des pr�ceptes diilribu�s dans chacun. La diviiion que nous... avons employ�e, �tok n�ceflaire fans dou- te dans un Ouvrage d'une auffi longue ha- leine-;.mais il n'en eil pas moins vrai que le Le&eur qui' veut s'inilru�re , &C fe p�- n�trer de l'encha�nement qui le compo- fe, doit d'abord s'attacher plus particu- li�rement � remplir f�n imagination des proc�d�s qui uniffent enfemble les trois branches de l'Art ; parce que, fans ce po�nC de vue, fans le raifonnement qui en eil la fuite, on ne peut que rallentir fes �tudes, Tome IV\ a |
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w�. -
I
g �rANT-PROvos. il
& l'on ne parviendra qu'� la m�diocrit�.
Rappelons'donc ici ce que contien- nent de plus int�reffant les Chapitres du Tome III ; & que cette courte r�ca- pitulation mette fous les yeux des El�- ves ce qu'ils ne peuvent ignorer abfolu- ment : apr�s cela, nous donnerons quelques I nouvelles obfervations qui devront fervir d'introdu&ion aux principes de la diftribu-
tion r�pandus dans ce Volume ) objet par- ticulier fur lequel peu d'Ecrivains , avant i- nous, ont entrepris de donner des pr�- ceptes fuivis.
Nous d�firons que ce que nous nous pro-
pofons d'enfeigner, fur cette nouvelle ma- ti�re , foit trouv� �crit d'une maniere claire I &: pr�cife : perfonne n'eil plus perfuad� que nous des talents qui font n�ceflaires �
un Profei�eun mais peu d'hommes font dou�s des qualit�s qui lui font eiTencielles, &; malgr� trente ann�es d'exercice , nous , nous trouvons nous-m�me encore �loi- \ gn� du terme d�iir�. Qu'on y prenne garde �, nous le difons � ceux qui veulent
courir cette carri�re : pour s'acquitter avee fucc�s du profeiToriat, &: rendre f&s pen- f�es dans un Livre, il faut avoir des id�es j fi l'on n'a l'eiprit d'invention , on reite fouvent court au milieu de fa p�riode. Il faut dans fa narration, la majeft� d'un |
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Λ r λ h t-Ρ �� ρ � $> lij
fl��ve, &, non la rapidit� d'un torrent*
Qu'on ne s'y trompe pas $ 11 ne iui��t pas d'avoir de la m�moire 5 il faut i�avoir rai** �bnner ce que l'on con�oit, &� ce qifoii Veut faire concevoir aux autres 3 il faut Commencer par �mouvoir, eiifuite con« vaincre : il faut de la r�flexion , de P�« xercice, � faut s'�couter foi-m�me i. .�c fe perfuader que pour �tre entendu avec plai- fir, il faut �tre anim� du d�fir de i�xef l'at- tention de fes El�ves: il faut enfin que l'i- magination ajoute � la v�rit� de la d�mon* ftration; en un mot, il faut voir au-d�la de ce qu'il s'agit d'expliquer 5 autrement on parle � l'organe, jamais � l'�iprit de ceux qui �coutent. Afant-Propos du tmj�cme Volume.
Cet Avant-Propos a eu pour objet de
donner fommairement le pr�cis des Le- �ons contenues dans les XI Chapitres qui divifent le Tome ΠΙ* Ce fommaire a �t� fuivi d'une DiiTertation fur l'utilit� de j�in« dre � l'�tude de l�* Architecture celle des Sciences &; des Arts qui y font relatifs, Plui�eurs ont �t� �tonn�s des connoiifances
que nous f�mblioris exiger de nos Elev�s f mais on a fans dout� oubli� qu'� l� fin de cette m�me Diflercati�n 7 nous avon$ dit a'ij
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iv Avant-Propos.
exprei�ement eqae ces c�nnoijfances s'acqu�"
roient pendant toute la vie , & que les plus grands hommes �tudioient encore , lorfqiiils ont produit leurs chefs-d!�uvre. Nous o ions donc le r�p�ter : toutes les connoifTan- ces dont nous avo\is fait mention , font indifpenfables pour tout Artiile qui veut tendre � la perfection : d'ailleurs , celles des Sciences <k. des Arts que nous avons recommand� d'aiFocier � l'Archite&u- re, ne fuppofent pas toutes une �tude �galement iuivie &: approfondie; mais i� en faut conno�tre au moins les �l�ments. D�lirer que nos Elev�s aprennent le,s Ma- th�matiques , le Deilin , &c. ce n'eil pas faire entendre qu'ils doivent �tre Math�- maticiens comme M. ClairauD; Peintres &c Sculpteurs comme M. Vanlo.o & M. Bou- chardon ; c'eit fouhaiter qu'ils fe mettent en �tat de pouvoir conf�rer un jour avec les S�avants δι avec les Artiftes du pre- mier ordre : autrement , comment s'en feroi�nt-ils entendre, &l quels fecours ti- reroient-ils de leurs lumi�res , s'ils igno- roient abfolument ces connoiiTances uti- les, & i�, comme cela n'arrive que trop ordinairement, la plupart fe contentoient de la pratique de leur Art, ou de tirer parti d'un Deffin qui, lav� avec gout, ne fert fouvent qu'� en mafquer les d�fauts ? |
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Λ VA N T-P R Ο Ρ Ο S. V
\ d�fauts que quelques-uns ne ie dif��mulent
jpas � la v�rit� 5 mais qu'ils' ne cherchent a faire tels , que dans l'efpoir d'�blouir leurs Examinateurs, au lieu de leur rendre compte, fans ce preitige, dts d�tails de leurs productions. Fluf�eurs trouvent encore que nous nous
loinmes trcp �tendu fur chacun de ces objets ; nous en convenons, pour ceux qui f�avent, peut-�tre mieux que nous, les pr�ceptes de la oonneArchitedure.Ma�snousn^vons jamais eu la t�m�rit� de pr�tendre donner des le- �ons aux grands Architecte j c'eit pour une autre elaiTe d'hommes que nous �crivons 5 & , pour ceux-ci, nous ne pouvions leur en trop demander , afin qu'ils nous en accordent^ un peu. Nous invitons donc nos Cenfeurs � approuver notre z�le bien plus que nos talents : nous avouons finc�rement que nous n'avons point de pr�tention � la c�l�brit�, trop heureux, fi nos veilles der viennent utiles � nos jeunes Citoyens5 plus heureux encore, fi nos forces nous met-: tent � port�e, apr�s la publication de ce Cours, de donner , comme nous Savons d�j� promis, un autre Ouvrage que nous m�ditons depuis long-temps, & qui, peut-�tre, man- que^ eiiencieliement � ceux qui font leur capital de l'Architecture. Cette. DiiTertation a �t� fuivie de phi-
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VJ A VA Ν Τ^Ρ Μ Φ Ρ Ο $,
l�eurs pbfervations aiTez importantes iur dif-
f�rentes parties de notre Art ; la plu* part ont �t� bien acc�uillies ? ce qui nous d�termine � en inf�rer pluileurs au-* tres � la t�te de ce Volume. Ces obfer^ vations demandant une attention moins f�y�re ? nous femblent par cette raifon, a la port�e de nos jeunes Lecteurs , qui , par d�gr�s s les ailirnileront de maniere � trouver le moyen d'en faire ufageun jour, loriqu'ils feront plus avanc�s dans la car- ri�re qu'ils embrai��nt. Ainii nous les exhortons � n*en pas n�gliger la lecture , &c � fe rappeler ce qu'ils en auront re-* tenu , loriqu'ils fe trouveront en �tat de f� livret � une �tude. plus f�rieuie , & qu'ils fe tranfporteront au pied de nos Edifices, ce que nous leur recommandons fans ceiTe, comme le feul moyen de leur ouvrir les yeux de l'entendement. Au reite , quelques-uns , en applaudiiTant
� notre z�le, ont n�anmoins trouv� que nous avions fem� ces obfervations d'une, critique un peu f�v�re : nous penfons au contraire , que la cenfure , qui n'a pour but que la plus grande perfe&ion de l'Art, doi� faire �galement honneur, & � celui qui la f�auro�t faire �propos, &; � celui qui L� f�ajt bien recevoir. Qu'on y prenne garde ; une critique judicjeufe , comme nous l'en- ���Jfe�s^ φ rp^vrage de la raifon ) mais ι |
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A V AN T-P R Ο Ρ Ο S. Vi]
pour la faire go�ter, &; pour convaincre
celui qui en eil l'objet, il faut deux chofes �galement int�rei�antes : �tre en �tat de faire mieux que l'ouvrage fur lequel tombe la critique ; '&C favoir donner de l'agr�ment � fa narration : double qualit� dont tr�s- peu d'hommes peuvent fe flatter. Nous avons enfin termin� cet Avant-
Propos par indiquer notre Ecole, pour l'�- tude d� notre Art, non � l'exclui�on de toute autre ; mais comme celle o�, ayant r�uni, depuis trente ann�es, plui�eurs Pro- feiTeurs habiles, dont les fucc�s ont plus d'une fois furpaif� notre attente, les jeu- nes Artiftes confi�s � nos foins peuvent fai- re des progr�s aiTez rapides. Nous n'aurions pas fans doute , pris le parti de publier l'ordre des Le�ons qui s'y donnent, i� no- tre d�fi η t�r eifern ent eut �t� moins connu, & � un certain nombre d'ann�es ne nous e�t perfuad� que l'exp�rience nous deve- noit, pour ainf�-dire, un s�r g�tant que le Public regardera nos efforts^ m�me � l'�ge o� nous fommes, comme un tribut de la reconnoii�ance que nous devons au � plus grand nombre de nos vrais Citoyens. * � '. ■.. Chapitre premier.
Dans ce Chapitre nous avons prouv�, >
a iv
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yl�j A V A Ν T-P R Ο Ρ 0 S.
d'apr�s le fentiment des plus grands Ma�-
tres , que les-proportions de l'Architecture ont �t� puii�es dans la nature. Nous y avons rapport� le fentiment d'Andr� Pal^ ladio , de Louis Serlio , 6c de Fran�ois Blondel � cet �gard. Si nos jeunes Archi- tectes �to�ent plus periuad�s de cette v�ri- t� , qu'ils ne le font ordinairement \ nous ver- rions moins ibuvent des compoi�tions com�- jjuement f�v�res, o� il fero�t n�ceifaire de rencontrer un ilyle �l�gant s ils n'emploie- roient pas non plus des futilit�s o� le genre grave devroit pr�i�der. Les colonnes, loin d'�- tre prodigu�es dans la demeure de nos Lais, ne feroient employ�es que dans les ouvrages de la plus grande importance. Nous verrions dts Palais fe pr�fenter pour ce qu'ils font, &c des Maifons particuli�res fe tenir dans leur rang : nous verrions plus de v�ritable Ar- chitecture , &: moins de ma�onnerie 5 car nous ne pouvons appeler autrement ces larges trumeaux revenus fur la fc�ne y &� ces ouvertures liiTes & unies, furtout lorfque la l�g�ret� Corinthienne femblero�t exiger y de faire circuler autour un chambranle, ainf� que quelques couronnements lieureufement imagin�s par hs Manfards : nous verrions �eut-�tre moins de Plans d'une expreff�on
'oicane, fe contredire avec le mouvement d'une ordonnance d�licate : nous verrions |
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A V A N T-P R Ο Ρ Ο S. IX
les divers membres d'Architecture cr��s
par l'Art, mieux ai�brtis avec la d�dicace du B�timent : nous verrions la convenance mieux obferv�e par-tout o� elle doit �tre appel�e, pour d�figner la fup�riorit� de tel Edifice, iur tel autre Edifice : nous verrions enfin, comme nous venons de le dire, les pro-* portions de la belle Architecture , ancienne- ment �tablies fur celles de la nature, δι fur les plus belles images de fes produclions, repren- dre tous leurs droits, Se laiiTer � l'ignorance l'application de ces contraftes s de ces pr�- tendues oppofit�ons, en un mot , de ces tours de force que le vulgaire applaud�t, parce qu'il manque des v�ritables con- noiiTances de l'Art, Chapitre IL
Pour �clairer la plupart de nos El�ves
fur la diff�rence qu'ils doivent faire des licences � d'avec les rei�ources qu'on met quelquefois en �uvre, au d�faut des vrais pr�ceptes de l'Architecture ; nous avons rapport� dans le deuxi�me Chapitre , l'ap- plication qu'on peut faire des reifources & des licences. Nous avons fait plus > nous avons compar� celles-ci , avec les abus de l'Art, & expliqu� comment on pouvoit introduire celles - l� dans Tes |
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χ Avant-Propos.
comportions $ mais nous avons eu foin
de prouver qu'on ne devoit jamais y ap- peler hs abus , quand on veut produire, quelque ehofe au-deifus du m�diocre. Nous oibns croire que cette difcui��on n'eil
pas la moins int�reiTante de ce Trait� ; aui�� y renvoyons-nous no? Lecteurs, comme � un moyen de s'ar�urer de ce qu'ils doi- vent imiter ou rejeter, dans la plupart des exemples qui leur font offerts. Cette difcui��on nous a aui�� conduit � parler de l'application des colonnes �c des pilaflres dans l'ordonnance des fa�ades; comment il convenoit de les employer, ou quand on ne devoit retenir que l'exprei�ion de cha- que ordre. Nous avons cit� pluiieurs exenv pies c�l�bres , o� les colonnes &; les pi- lailres font employ�s avec fucc�s, & plu- iieurs autres o� ils font moins heureufe- ment amen�s. Nous avons fait fentir que la plupart des licences introduites par quelques-uns de nos Modernes, pouvoienc �tre regard�es comme autant de fautes heu- reufes, & qu'elles ne d�g�n�ro�ent gu�res en abus, que par une mal-adroite imita- tion. En effet, pour que les licences puif fent fe fupporter, il faut qu'elles offrent un caract�re d'originalit�, qui n�ceiTairement d�g�n�re entre les mains des Co pilles. Nous l'avons dit plus d'une foisj qu'on y prenne |
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A VA nt-Propos. xj
garde, une licence qui n'eft rachet�e par au-
cune beaut� poiitive,, ne peut que paro�tre in- soutenable aux yeux intelligents. Au contrai- re, on pardonne prefque toujours les licences dans les d�tails", lorfqu'elles am�nent de gran- des beaut�s dans Penfemble.En un mot, nous croyons qu'il en eft de limitation des li- cences que les grands Architectes ont mi- les en^ �uvre , comme de vouloir copier trop litt�ralement les Ouvrages des An- ciens, Rien de i� naturel, fans doute, que d'adopter leurs principes, quand ils nous paroiiTent v�ritablement applicables � nos uiages : mais ils doivent �tre abandonn�s dans le cas contraire $ fans quoi nos produ- ctions ne deviennent plus que de foibles co- pies faites d'apr�s d'excellents originaux. Ce que nous avan�ons ici ne fera pas
avou� de tous nos Ma�tres, � la v�rit� 3 auffi les diff�rentes opinions � cet �gard ren- dent-elles l'�tude de l'Art difficile aux lie* ves5 &femblent en quelque forte autorifer les Propri�taires � fe faire �riger des Edi- fices fouventplus i�ngul�ers qu'admirables. D'un autre c�t�, nous voyons tous les jours des B�timents reconnus pour bons , qui cependant ne font pas fans d�fauts» mais ces d�fauts y font amen�s, de maniere que leurs beaut�s y tiennent & en font, pour awli-dire , inf�parables, EiTayez en effet |
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xij Avant-Propos. '
(d'en fupprimer quelque partie que vous
croyez n'avoir pas droit d'y approuver, l'enfemble y perdra, & ne pr�fentera plus qu'une compoi�tion ordinaire. Il falloitdonc oier y introduire ce que nous appelons ici les licences de l'Art 5 mais, encore une fois, il fallbit qu'elles y fulFent plac�es par une main habile 3 un Artiite moins inf- truit y auroit �chou�. Chez le premier, les licences ont des charmes 3 chez le f�- cond, toute n�gligence eft un d�fauts & c'eft � quoi nos El�ves ne prennent pas aiTez garde. Dans ce m�me Chapitre enfin, nous
ayons condamn� les pilailres doubl�s, les pilaltres �vaf�s � angles obtus ou aigus > les colonnes jumelles, les colonnes ovales, enfin toutes les p�n�trations des corps qui, f�lon les r�gles de la bonne Architecture y doivent fe trouver f�par�s par des inter- valles ou par des repos 3 ces derniers ten- dant n�cel�airement � faire valoir les par- ties qui demandent vi �tre aper�ues i�pa- r�ment, & qui ne doivent fe r�unir que pour en faire admirer l'enfemble. ■ f- '■ ■■�'■ ..'■■",. ■'.'. -■■■ ■'■■■ ■'.,., ■ ..■■'"■■ *''i
Chapitre 1114
* ; Dans le deuxi�me Volume de cet Ou-
vrage, nous avons prouv� k n�ceif�t� de
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�V AN T~P R Ο Ρ Ο S. - Xiij
donner � chaque Edifice un caract�re qui
lui rut propre. Dans l'un des Chapitres du Tome lil que nous analifons, nous avons envii�g� les moyens de parvenir � ce but : pour cela nous avons trait� en particulier des B�timents � un feul �tage, des B�ti- ments � un �tage & demi, des B�timents �. deux �tages r�guliers ; de ceux compo- f�s d'un foubaiTement � rez-de-chauif�e & d'un premier �tage au-dei�usj de ceux compof�s d'un foubaiTement, d'un bel �ta- ge, & d'un Attiquej de ceux compof�s d'un ibubai�ement & d'un ordre coloi�al -au-deifus, '&c. Nous avons aui�� fait plui�eurs citations int�reiTantes des B�timents de di- vers genres, �lev�s en France par nos plus habiles Ma�tres, �c d�fcut� leurs diff�rents effets , d'apr�s les principes r�pandus dans ces le�ons $ principes qui ne font autre choie que ce que nous tenons des Anciens & de nos meilleurs Architecte � cet �gard. Cette difcLiffi�ii nous a amen� � compa- rer les diff�rentes hauteurs qu'on a donn�es aux foubaflements , aux attiques, & les rapports qu'ils doivent avoir avec les �ta- ges r�guliers o� les Ordres pr�ildent. Del� nos Temples, nos Places publiques, nos Maifons Royales, nos Palais, nos H�tels, nos belles Maifons particuli�res fe font f appel�es � nous, afin, de fixer, pour aini�- |
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xiv A VA N T**P R� Ρ � S*
dire, toute efpece d'irr�folution fur le �lyl�
de l'ordonnance de leurs fa�ades, & de frayer � nos Elev�s fur cet objet, mie route plus facile qu'elle femble ne l'avoir �t� jufqu'i- ci. Nous avons auffi pr�f�r� de puif�r la plu- part de nos pr�ceptes , d'apr�s nos B�ti- ments Fran�ois, �lev�s, quant � leur or- donnance ext�rieure , d'apr�s les plus c�- l�bres exemples de la Gr�ce ; les bons Ar- chitectes ayant envifag� ces Peuples, corn* me les Cr�ateurs de la belle Arch�te&ure i ou du moins, ayant reconnu qu'ils avoient produit tant de mod�les de perfection en ce genre, qu'on pouvo�t les regarder com- me les Inventeurs de l'Art. D'apr�s cela, nous n'avons pr�fent� � nos El�ves, dans ce Chapitre, que les productions Fran- �oifes, qui tiennent de plus pr�s � l'an- tique, plut�t que de chercher � leur remplir l'id�e des feuls Edifices Latins, qui, quoi- que iublimes � beaucoup d'�gards, ne leur offrent gu�res qu'une branche particuli�re de l'Architecture, branche eiTencielle � la v�rit�, mais qui n'�tant li�e , ni � nos ufa- ges, ni � l'�conomie, ni aux mati�res que nous employons, les �carteroit fouvent de la route qu'ils doivent fuivre : car, au Heu d'imiter pr�cif�ment ces anciennes pro- ductions, ils doivent fe rendre compte des moyens dont fe font fervi les Lefcor, |
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AvANT~PROP.ps. .Xi
ks Manfard & les Perrault, pour produire
nos chefs-d'�uvre. Qu'eft-il befoin en effet de pai�er les mers pour fe rendre t�moins des efforts que des Peuples, ing�nieux' fans dou- te , ont faits il y a deux mille ans ? ne devrons onpas plut�t �tudier � fond les principes de l'Art qu'ils nous ont tranfmis, concernant l'ordonnance de nos B�timents. Nos El�ves doivent donc apprendre de pr�f�rence, � concilier ces pr�ceptes, plus convenable- ment qu'on ne le fait aujourd'hui, avec no- tre diftribution & l'emploi de nos mati�res. Nous l'avons d�j� dit, il ne nous refte gu�res qu'un pas � faire pour approcher de la perfection : les dehors de nos Edi- fices nous offrent d�j� plus de noblei�e , plus de dignit� ? que ceux du commencement de ce i�ecle j mais, nous le r�p�tons, pour s'�loigner de la petkeife du module, qu'on reproche , peut-�tre avec raifon, a l'ordon- nance de quelques-uns de nos B�timents, pr�c�demment �lev�s, faire les Ordres trop coloifaux, c'eft un abus, c'effc tomber dans un autre exces. On pouroit m�me croire qu'il femble que plus nos Architectes font jeunes encore , plus ils afFe&ent d'agrandir leurs ordres, dans l'id�e de paro�tre des per-: fonnages importants ; mais, quelle erreur- s'il nous eii permis de le dire, la vraie gran- deur de l'Architecture conf�fte dans le |
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xyj Avant-Propos.
choix du module, & dans le ityle de l'or-
donnance , coniid�r� avec le motif qui fait �lever l'Edifice. Qu'on y r�fl�chi�e , ce n'eft pas en s'�cartant des limites pref* crites de tout temps par la raifon, qu'on parvient � enfanter des Chefs-d'�uvre. Qu'on ceife aui�� de croire , comme on ne le fait que trop fouvent , que pour produire de vraies beaut�s, il faut imiter n�ceiTairement les Ouvrages de la plus hau- te antiquit�. N'en doutons point, ce <jue nos Hifloriens nous ont d�crit fur ces monuments eil plus v�ritablement utile � la Peinture, � la Sculpture, qu'� l'Ar- chitecture : ce qu'ils nous ont donn� �toit fuffifant pour leurs Contemporains 5 mais ces defcript�ons deviennent pref- que autant d'�nigmes pour la port�rit� ; le flambeau qui nous �claire aujour- d'hui , ne r�pandra certainement pas la m�me lumi�re pour ceux qui nous fucc�- deront. Chapitre IV.
Nous avons pris occai�on, dans ce Cha-
pitre , de rapporter divers Dei�ms , non des fa�ades enti�res de nos Edifices im- portants , mais feulement les avant-corps de ces m�mes fa�ades, ordinairement l'ob- jet r
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A V AN T-P RO Ρ Ο S. xvij
jet �e plus difficile � traiter, apr�s Tamor-
tiiTement de ces avant-corps. Par les ima- ges que nous offrons, quoiqu'en petit, on pourra joindre l'exemple aux pr�ceptes. Qu'on nous permette, � cette occaf�on, de r�p�ter ici , qu'aucun efprit de par' tialit� n'a conduit notre plume 3 nous n'a- vons garde de pr�tendre que nos obfer- vations ayent force de loi 5 & nous^vons la plus grande v�n�ration pour lts grands Architectes que la France a produits : mais ces grands hommes ne fe ibnt-ils ja- mais tromp�s ? le vrai moyen de les imi- ter dans ce qu'ils ont fait de plus agr�a- ble, ne confiite-t-il pas � examiner avec foin leurs chefs-d'�uvre , � les fuivre dans leurs proc�d�s , � les �nier dans leurs �carts, pour acqu�rir eniu�te l'art de lts atteindre �c de les furpaiTer, s'il eil poifi« oie. D'apr�s cette id�e, nous avons rifqu� notre avis : jamais il ne nous eft entr� dans l'efprit de pr�tendre faire la critique de nos Ma�tres 3 & fi quelquefois, nous nous fommes permis quelques obferva- tions , on devra , fans doute , s'aperce- voir , que nous ne nous les fommes per« mues, que d'apr�s Iqs productions m�dio- cres , dont il �toit bon de pr�venir k$ jeunes Artiftes, pour lefquels nous avons eompof� ces Le�ons. Tome IV. ^
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I
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xviij A F an T-P R ο ρ ο s.
Dans ce Chapitre, nous avons rapport�
les diff�rents avant-corps du Vieux-Lou- vre , du Palais des Tuileries de du Luxem- bourg 5 nous nous fommes plu � en faire fentk les beaut�s � nos El�ves : en les in- ilruifant, nous avons cherch� � nous �clai- rer nous-m�me, comme le >but que doit fe propofer tout homme �pris de la per- fection de fbn Art. Il peut nous �tre ar- riv�, fans doute, de nous tromper , dans plus d'une de nos remarques : nous avoue- rons nos fautes avec docilit�, il notre Ou- vrage eil affez go�t� , pour exciter l'at- tention des hommes plus �clair�s que nous. Plus nous avan�ons, plus nous nous aper- cevons de quelques n�gligences. : mais malgr� ces taches, prefque toujours in�- vitables , dans un Ouvrage. un peu �ten- du , nous avons la confiance de croire que ce Cours fera de quelque utilit�. Nous l'a- vons dit quelque part 5 combien n'eut-il pas �t� int�rei�ant pour nous, que le plus grand nombre de nos Architectes euflent �crit fur leur Art ? Que de v�rit�s de plus n'aurions-nous pas eues � enfeigner � nos Elev�s,.&■ quelles difficult�s de moins n'au- rions-nous pas �prouv�es ? Car, nous fom- mes bien �loign� de croire, comme le pr�tendent la plupart, que la d�coration eft de fantaifie, ou au moins arbitraire. |
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Λ ν Ai�f * Ρ &ο po s* xix
■A l� V�rit�, ks pr�ceptes qui k C�fnpo-
lent font courts j mais le raifonnement eil infini ; d'o� il r�iulte qu'il y a plus de rai- fonneurs dans cette partie , que d'Ar- tiftes qui faiTent ufage de leurraifon. Mais fans avoir �gard �. l'opinion de ceux-l�, fans nous arr�ter aux d�fauts , donc notre Ouvrage n'eft pas exempt, nous n'en confeillons pas moins � l'El�ve & au jeune Amateur, d'�tudier avec une forte de foin particuli�rement ce que ce Chapitre con- tient, parce que nous fommes perfuad� qu'� beaucoup d'�gards , il ks mettra en �tat de porter un jugement r�fl�chi, JorA qu'ils viendront � viiiter ks principaux Monuments de cette Capitale. 4 Nous avons encore donn� dans ce Cha-
pitre, d'autres exemples, & fait de nou- velles obf�rv�t�Qrts fur les d�corations de nos plus belles demeures � la campagne, nous Pavons termin� par ks defcriptions de quelques-uns de nos H�tels � Paris : & pour prendre occaf�on de comparer l'ex- cellent avec le m�diocre, nous n'avons pas cru devoir toujours faire choix des plus bdks produdions en ce genre : par ce nioyen , nous avons pu avertit ��s beaut�s qui doivent �tre imit�es par nos El�ves, & des d�fauts qu'il leur convenoit d'�vi' ter, pour arriver au fublime. De cette dif- h ij
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XX A V AN Τ - Ρ RO Ρ Ο $>
cui��on font n�es ri�ceffairement plui�eurs ob-
fervations int�reiTantes : ii elles ne plaifent pas �galement � tous, elles n'en font pas moins la route qu'il falloit fuivre , pour �clairer v�ritablement ceux que nous avons en vue d'inilruire > mais pour en bien profiter, les El�ves doivent �tre pourvus de g�nie, de go�t, .& f�avoir que le pre- mier peut quelquefois fe paifer du f�cond 5 mais que jamais le go�t ne peut produire de beaut�s r�elles fans le g�nie : que d'ail- leurs, le go�t, comme nous l'entendons, eft urie de ces choies qu'on ne peut ana- lyferj qu'il doit �tre ienti , &; que c'effc peut-�tre par la comparaifon r�fl�chie des diff�rents go�ts, qu'on parvient � perfec- tionner le i�en: qu'en un mot, fans le go�t, fans le g�nie , on peut bien quelquefois �>arvenir � faire une d�coration qui d�cel�
'homme inftruit j mais que trop de foin dans la main d'�uvre, trop d'exactitude dans les parties, alt�rent fouventle m�- rite, & �tent � l'Art fa force, i� beaut�} un grand Ma�tre vifant plut�t � l'effet g�- n�ral, qu'� des d�tails minutieux, le lot ordinaire de l'Artifte fubalterne. Chapitre V.
Dans les quatre premiers Chapitres du
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Αν αν τ - Ρ no ρ os. xxj
tro�i�eme Volume, apr�s avoir parl� d'une
mani�re g�n�rale fur l'ordonnance des Fa- �ades : pour parvenir � la perfection de l'Art, nous avons trait� en particulier, dans le Chapitre V, des Portes , des Croi- . f�es, des Niches, des Statues, des Fron- tons, &.C. Dans le troiiieme Chapitre du premier Volume de ce Cours, nos d�fi- nitions fe font �tendues fur les diff�rentes parties de la d�coration 3 mais , dans le troii�eme Volume, notre but a �t� de ne laiiTer ignorer � aucun de nos El�ves, la ! meilleure maniere de parvenir � bien faire
chacun de ces objets, perfuad� que nous ί fpmmes de la n�ceffit� o� l'on eil, avant
d'arr�ter fa compoi�tion , de difcuter � fond la ;�orme de ces diff�rentes parties de l'Ar- chitecture, de confrater leurs proportions > de m�diter les membres qui les rev�tent> les ornements qui les d�corenti\ &c l'em- Dtellii�ement qu'ils doivent procurer a la 1 d�coration des fa�ades. Dans., l'intention
de^ faire toujours remonter nos jeunes Ar- chitedes � la fource ? nous avons com- menc� dans ce Chapitre $ par leur offrir quelques del�ins de portes, donn�s par Mi- chel-Ange. Ces deffins, d'une compoi�tion extraordinaire , � beaucoup d'�gards, leur prouveront du moins les progr�s que l'Art \ a faits dans ce genre, depuis cet Archi- f
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xxij A^aNT-Prop�s.
te�fce c�l�bre dans fon temps, & dont plu-
sieurs autres productions tr�s-eftimables ^ lui ont fait accorder l'approbation de la poit�rit�. Nous avons eniuite propof� quel^ ques exemples de portes 9 ex�cut�es fur les Dei�ins de nos Architectes Fran�ois, & avons accompagn� ces exemples de r�- flexions , qui contribueront � en faire fentir les beaut�s, & � en �viter les parties les moins heureufes. Nous en avons uf� de m�me pour les Croif�es : nous avons dit � leur iujet, ce que ne doivent jamais ou- blier, non-feulement les Architectes, mais encore ceux qui fe m�lent de donner lts projets d'un B�timent �■> c'eft que cette par- tie de la d�coration doit �tre �tudi�e, de maniere qu'elle produife une v�ritable (beaut� dans ^ordonnance $ parce que cis parties fe multipliant � l'infini, c'eft mul- tiplier l'erreur, que de n�gliger leur rap- port avec le ftyle de la d�coration pM Je choix de leur forme y d'appauvrir leurs cadres, ou de les furcharger au contraire d'ornements mal entendus : le parallele qu'on en fait ordinairement avec d'autres parties plus heureufes, les rend plus infup* portables encore par la comparaifon 5 mais comment faire entendre ce raifonnement mm jeunes El�ves qui d�butent, & qui k
plupart r�flemblent � ceux qui croient faire |
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A^A nt-Propos. xxiij
des vers, parce qu'ils font rimer des mots.
En introduifant des colonnes dans leurs premi�res compof�tions, ces El�ves s'ima- ginent faire de l'Archite&ure > &c pour avoir fuivi quelques Le�ons , &: def- i�n� pendant plufieurs mois, ils fe regar- dent comme des oracles, fans fe douter que femblables � l'oranger , ils doivent montrer des rieurs les premi�res ann�es de leurs �tudes, Se enfuite des fruits j qu'autre- ment , ils doivent s'attendre � ne jamais montrer que des �corces. Dans le m�me Chapitre , nous avons
trait� des Niches &, des Statues : nous avons d�i�r� qu'on f�t un ufage plus mo- d�r� des premi�res dans nos B�timents d'ha- bitation , &; confirm� la n�cei��t� de faire les f�condes d'une proportion aifort�e � la grandeur des Niches , &: les unes &; les autres au module de l'ordre qui pr�i�de dans l'ordonnance. Nous avons prouv� , qu'autrement elles ne pr�fento�ent plus qu'une richeife �ndiferete qui nuit fouvent au cara&�re de l'Edifice. Nous en avons dit autant pour ce qui regarde les Balu- ftrades, les Frontons, les AmorthTements, les SoubaiTements, les Attiques, &c. Nous avons m�me fait fentir qu'il ne furnfoit pas de f�avoir employer ces divers mem- bres dans fa compoi�tion , que le grand h iv
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Vf.
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XX�V �FANT'PrOPOS.
Art de Γ Architecte coni�ftoit � n'appeler
� lui chacun d'eux, qu'autant qu'il pou- voit contribuer � ai�igner un carad�re diitindif � fon Edifice : que toutes ces parties d�voient avoir un parfait rapport entr'elles &; avec l'enfemble : que fans cette belle harmonie, la compbikion ne pou- voit �tre eftimable,, 8l qu'elle n'ofFroit au Spectateur, qu'un amas confus amen� fur la fc�ne par un efprit d�r�gl�; qu'en un mot, tout Monument facr� > tout Edifice public, toute habitation particuliere devote avoir fon carad�re propre. C'eft ce qu'on remarque affez poi�tivement dans les di~ verfes productions d'Hardouin Manfard, peut-�tre PArchitede, qui parmi nous, a eu le plus d'�mul�s ,δε le moins de ri- vaux , de fon temps , 6c dans l'inter- valle qui s'eil paiT� depuis lui jufqu'� nos jours. Ce Chapitre contient aui�i des Le�ons
fur l'eipacement des colonnes, 6c fur l'u- i�ge des p�riilyles, dans la d�coration de nos Temples δί de nos Palais : nous avons difcut� l'opinion des anciens & des Mo- dernes , fur les cntrecolonnements, &: fait Voir que i� hs premiers rapprochoient ai�ez pr�s leurs colonnes hs unes des autres , c'�toit moins pour produire de vraies beau- t�s, que pour fatisfaire aux lois de la fo- |
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Avant »Propos. χχϋ
lidit�, qui, de leur temps, n'�to�ent pas
parvenues au point de perfection o� on les a port�es chez nous, depuis eux$ auff� avons-nous, dans nos El�ments , recom- mand� aux jeunes Architectes de fe pr�- munir , au moins des premi�res connoii- fances de la conftru&ion, avant de vou- loir commencer le moindre de leurs pro- jets. Sans doute , leur avons-nous dit, une bonne th�orie, la ledure des meilleurs Au-, teurs, des voyages faits avec fruit , font de grands avantages 5 cependant n'oubliez jamais que ces connoiflances acquifes font iniliffifantes , fans la pratique : que ians cette partie eiTencielle , toutes les autres deviennent inutiles , &: ne font que des Architectes imparfaitsj que pour �tre c�- l�bre dans cet Art, il faut r�unir la fcience au m�tier. PveiTouvenez-vous, leur avons- nous dit encore , que l'afpecl; des dehors & la beaut� de leur ordonnance, doit inviter � paifer dans les dedans d'un Edi- fice 3 que les dehors doivent annoncer le degr� de magnificence qu'on doit remar^ quer dans les dedans 3 qu'une d�coration ext�rieure i�mple, doit d�i�gner des Appar- tements de m�me genre 3 des dehors fomp- tueux, une grande opulence dans l'in- t�rieur : que la porte d'entr�e, les cours, leurs d�pendances, les jardins de propret�, |
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xxvj Avant-Propos*
font autant d'objets qui doivent fe rei��ntir
de la naiifance, ou de la vie priv�e du Pro- pri�taire, Ces r�flexions, n'en doutons point, devroient guider l'Architecte dans l'emploi �ts colonnes, &, par conf�quent pour les en- trecolonnements &les p�nftyles , dont nous avons trait� dans ce Chapitre: perfuad� de ces principes de convenance, il les ferok en- trer dans les Monuments du premier ,or- dre , rarement dans les B�timents de peu d'�tendue , �c jamais dans les Maiibns particuli�res. Nous avons enfin termin� ce Chapitre
par traiter du changement qu'il convient d'apporter entre la hauteur r�elle des mem- bres d'Architecture �lev�s les uns au-dei�us des autres dans la d�coration des fa�ades , & la hauteur apparente, qui feule eit aper- �ue : pour cela, nous avons �tabli, d'a- pr�s le fentiment des meilleurs Architectes � cet �gard, des points de diftance relatifs � l'�tendue & � l'�l�vation des B�timents. Nous avons prouv� que pour parvenir � bien juger l'effet de fa compoiition ; il fal- loit d'abord d�cider le point de diftance &: le point de vue, fuivant le local & les r�gies de l'optique j qu'aifez g�n�ralement y dans les fa�ades des B�timents qui n'a- voient gu�res plus de bafe que de hau- teur , telle que la porte, Saint-Denis , �j |
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Avant-Propos» xxv�j
falloit regarder cette bafe comme celle d'un
triangle �quilat�rai, du Commet duquel fe- roit fix� le point de di'ftance : que pour trouver celui dont la longueur exc�de de beaucoup la hauteur, comme le P�riityle du Louvre, ou au contraire, celui dont la hauteur furpaiTe la bafe, tel qu'au por- tail de Saint-Gervais, il falloit prendre en , ces deux cas la moiti� du produit de l'une & de l'autre dimeniion, pour trouver la perpendiculaire d'un triangle ifbcele, dont le fommet ferok le point de diilance de- mand� 3 mais toujours eh fuppofant que les lieux d�couverts qui entourent l'Edi- fice, permettent ces diff�rents points de diitance, puifqu'autrement', il faudroit s'af- fuj�tir au point de itation prefcrit, & pren- dre de moyennes Arithm�tiques entre ce point donn� & celui �tabli, ou par le trian- gle �quilat�rai, ou par le triangle ifoc�le propof�. Chapitre VI.
Nous avons examin�, d'une maniere g�*
n�rale, dans le i�xieme Chapitre, l'ordon- nance de la plupart de nos Temples, com- me \ts Monuments qui tiennent de plus pr�s � la belle Archite&ure. Nous avons compar� le Val-de-Gr�ce avec les Inva- lides , la Sorbonne avec 'les quatre Na- |
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XXVlij AV ΑΝ Τ -Ρ RO Ρ 0 S.
tions, l'Eglife de Saint-Sulp�ce avec celle
de Saint - Roch , l'Eglife des Dames de Sainte-Marie, pr�s la porte Saint-Antoine, avec celle des Dames de TAiTomption porte Saint-Honor�, Sec. Dans cette com- paraifon, nous avons faii� la marche que nous d�lirons que nos El�ves iuivent � leur tour, dans l'examen de ces divers Edifices, afin qu'ils s'aper�oivent, par cette �tude fuivie, des diff�rentes nuances qui les ca- rad�rifent. Confid�r�s f�par�ment, ils doi- vent �tre envifag�s comme les Mui�s, qui,' quoique �gales entr'elles, & fe pr�tant de mutuels fecours, ont n�anmoins des ex*( prenions particuli�res qui les d�fMnguent les unes des autres. Dans les courtes defcriptions que nous
avons faites de ces Temples, nous avons faii� l'occafion de faire l'�loge de Fran�ois Man- i�rd j furnomm� le Grand■ j pour le diftingtier de Jules Hardouin Manfard fon neveu ; ce dernier �toit certainement un g�nie fublime : mais la poft�rit� ne lui a pas accord� ce glo- rieux titre 3 tant il cil vrai qu'on peut �tre un bon Architede, &: ne pas m�riter cette �pithete. Qu'on y prenne garde j pour par- venir � cette di�Hndion , il faut poff�der des r�gles s�res, une pr�cii�on & une cor- rection , qui feule a �lev� Fran�ois Manfard au-deiTus de tousjes Archkedes de fon |
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Ar αν τ -Ρ Ko ρ ο s. xxix
temps, &, peut-�tre du n�tre. Il eil vrai
que le plus grand nombre de ceux de nos jours ont fecou� le joug des entraves que la m�diocrit� avoit impof�es aux. Ouvra- ges �lev�s, Рy a environ trente ann�es ; mais on peut dire auffi que la beaut� des produ- ctions de ce grand Ma�tre a difparu avec lui. Nous nous permettons ces r�flexions, non pour faire la cenf�re de nos Ou- vrages modernes, mais pour apprendre de bonne heure � nos jeunes Artirfes,que pour arriver � la perfection, il faut qu'ils �tudient fans cei��, & qu'ils fai��nt enforte, comme nous leur avons recommand�, dans l'introduction du Volume pr�c�dent, que toutes leurs �tudes, leurs lectures tournent au profit de leur Art, fur-tout qu'ils re- lifent les Auteurs � plus d'une reprife, & faiiii�ent les rapports que toutes les par- ties de la litt�rature peuvent avoir avec leur talent , foit dans les livres qui par- lent de th�orie, des Sciences &: des Arts, foit dans ceux qui traitent de la Logique, de la Po�ire > car toutes ces diverfes pro- ductions leur offrent tour � tour, ou des id�es utiles, ou de pur agr�ment, qui, dans la fuite leur fourniront les moyens de i�n- tir? de faifir, de fe former le gout. N�an- moins., il faut qu'ils fe reifouviennent de mettre du choix dans leurs le&ures : ce |
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xxx � ν αν τ ^Propos.
n'eit pas en lifant beaucoup, c'eft en 11- faut avec m�thode &i avec r�flexion qu'on acquiert la fcience $ car, quoique la c�- l�brit� d'un Auteur invite � lire tout ce qui fort de fa plume, il n'appartient pas � tous de le lire avec fruit. Encore une fois, qu'ils y r�fl�chil�ent 5 une fleur n'effc quWe fleur pour le papillon s c'eiLun ri- che patrimoine pour fabeille : cependant la plupart de ceux qui ont en vue de fe former � devenir originaux dans leurs pro- ductions , fe contentent de copier celles dont on leur vante Vtxc�lmct > & ils bor^ nent leurs recherches � devenir de froids imitateurs des mod�les qu'ils ont fous leurs yeux; fans prendre garde que prefque tout chez nous , fans excepter l'Architecture , eit fujet � une mode paiTag�re & prefque momentan�e : enfin} fans vouloir les d�coiv rager, combien ne remarque-t-on pas, en examinant les compositions de plui�eurs, qu'ils ont encore befoin de P�uil du Ma�- tre ? On obferve qu'ils ne f�avent retran- cher ni ajouter � leur premiere penf�e. On s'aper�oit m�me qu'ils n'ont produit cette penf�e que dans un de ces moments heureux o� l'imagination s'accorde avec le pr�cepte, & qu'ils ont bient�t ceiT� d'�tre ce qu'ils �toient, lorfqu'il s'en: agi de combiner, de r�fl�chir �c de produire. On |
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A r An τ-Pr o ρ o s. xxxj
voit enfin qu'ils ont manqu� de perf�v�^
rance, fans faire attention que tout ce qu'on d�robe � l'ignorance , tourne n�cel��ire- ment au profit du talent. De tous Iqs Monuments que nous avons
cit�s dans ce Chapitre, nous n'avons don- n� pour exemple que le Frontifpice du Val-de-Gr�ce, parce qu'il nous a paru fu- p�rieur, du moins jufqu'� pr�fent, � tous ceux avec lequel nous l'avons mis en pa- rallele. Malgr� cela , nous n'avons pas diffimul� les d�fauts dont il n'eft pas exempt ; cet Ouvrage c�l�bre, ainfi que perfonne ne l'ignore, n'ayant pas �t� con- tinu� par Fran�ois Manfard. Nous avons fait des obfervations un peu f�-
v�res, quoiqu'impartiales, fur les autres Edi- fices de ce genre ; parce qu'il nous a i�mbl� qu'il falloit que ces obfervations tombaifent fur nos Edifices Fran�ois, ayant de jeunes Citoyens � infbruire. Nous avons penf�, d'ail* leurs que plus un Arch�te&e a de c�l�brit� , plus Cqs fautes deviennent dangereufes 5 parce qu'elles font imit�es par le plus grand nombre. Il y a peu d'El�ves en effet qui ioient en �tat d'appr�cier les ouvrages qu'ils examinent y & fouvent la r�putation des Auteurs leur en impofe. Nos Le�ons envifag�es de ce c�t�, nous
procureront fans doute des approbateurs 5 |
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XXXij Αν ΑΝ Ύ - Ρ R OP O S.
mais dufl�ons-nous n'en trouver aucun parmi
nos Contemporains, la qualit� de Citoyen , i� on nous l'accorde 7 nous paro�tra pr�f�ra- ble � Teloge qu'on pouroit faire de nos ta- lents &: de notre z�le. Chapitre VIL
Dans le feptieme Chapitre, nous avons
donn� plui�eurs exemples d'Edifices facr�s de notre composition, comme le fruit des recherches que nous avons faites � cet �gard. Nous n'avons pas pr�tendu offrir des chefs-d'�uvre ; mais feulement pr�fen- ter des id�es, qui, trait�es par de meil- leures mains, pouront peut-�tre faire re- ftituer � nos Temples ce degr� de fubli- mit� que doivent offrir Iqs Monuments �le- v�s � la Religion. Nous avons d'abord of- fert le Plan d'une Egl�fe Cath�drale 3 cnfuite le Plan d'une Egl�fe Paroii��ale, d'un nouveau genre de diffcr�bution , en propofant aui�i quelques changements dans l'ordre uiit�, lors du fervice divin (a), ce |
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(a) Nous nous fommes crus autorif�s � ces changements, en
confid�rant les ufages particuliers conferv�s daus l'Eglife de Saint-Jean de Lyon, une des plus anciennes de l'Europe, 8c dont elle ne s'en: jamais �cart�e. Par exemple ; au rapport de M. l'Abb� .Pernetti, dans ion Tableau de Lyon , on y voit deux Croix fur l'Autel, qui d�i�gnent la r�union de l'Eglife Grecque avec la Latine. On n'y fait ufage, ni d'orgues , ni de mufi^ue, ai de livres, pendant la ��l�bjiatioit de l'office, &c. &c.
qui
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,Akant-Prop ο,$* xxx�ij
qui, par-l� m�me* rencontreroit peut-�tre
quelques difficult�s , parce qu'on paro�t plus attach� � la routine qu'au d�iir de bien faire, que d'ailleurs la plupart des Mini-* lires des Autels femblent ie roidir contre toute efpece d'innovation, & que le plus grand nombre de nos Architectes applau-^ dit rarement aux comportions qui ne for- tent pas de leur crayon, Au reite , nous l'avons d�j� dit, nous fommes fans pr�tent tion, & nous n'offrons gu�res ces projets, l� l'on veut) que comme dts efquuTes^ Ge- pendant, nous pouvons le dire ici, ils n'ont pas la�iF� d'�tre applaudis de plus d'un Pr�lat, qui d�lirant le bien, en faveur des beaux Arts^ ne d�firent pas moins auffi que la d�cence r�gne dans nos Temples, &: que les c�r�mo- nies religieufes s'y faifent avec plus d'�clat, &., tout enfemble , avec la dignit� due aux lieux Saints. Apropos de ce projet, nous avons rap*
port� avec la i�nc�rit� dont nous faifons pro* feffion , la reiTemblanc� que notre Plan s'eft trouv� avoir avec celui; de l'Eglife de Saint-Amand, pr�s de Valenciennes 6 que nous ne connoiffions pas alors. Apr�s en avoir �t� initruit, nous nous fommes tranf» port�s fur les lieux, o� effectivement nous avons reconnu une partie de nos id�es j mais■ j loin de nous d�courager par cette remarque*, Tome IP^a �'
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xxxiv A ν α η τ-Ρ κ ο ρ ο s.
cette reiTemblance nous a paru une raifonde plus pour offrir cette nouvelle compoiit�on, telle que nous l'avons con�ue, d'apr�s les di- verfes parties les plus int�refTantes qui fe trouvent r�pandues dans nos Eglifes ancien- nes 8c modernes : r�union au reite, que nous ibumettons aux lumi�res des vrais Patrio- tes, &: des v�ritables Archite&es. Apr�s le Plan de notre Eglife Cath�drale
& de notre Eglife Paroiffiale, nous avons in- i�r�, dans ce m�me Chapitre, celui d'une Eglife Conventuelle, dont nous avons auffi donn� les �l�vations & les coupes, parce que le parti que nous avons pris, pour*ce qui regarde l'ordonnance de cette Edifice, nous a paru neuf, & m�riter quelque attention. Le projet de cette Eglife /fait pour la Flan- dre, nous a pr�fent� plus d'un obftacle � vaincre, quand il a fallu furmonter les en- traves auxquelles on nous avoit ai��j�ti : nous en avons rendu compte � nos El�ves, lors de la defcription de ce Monument 7 pour les avertir qu'il ne faut jamais ten- ter de projets en Pair, &: que dans l'e- x�cution, Pon eil prefque toujours g�n� , ou par le local, ou par la n�cei�it� de s'af- iiij�tir � d'anciennes fondations, ou enfin par des raifons d'�conomie. Peut - �tre trouvera-t-on cet Edifice un peu consid�- rable, pour une Eglife conventuelle ι mak |
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Ar ah τ-Ρ ζ op o s. χχχϋ
loriqttfon fe rappellera la grandeur de cello de Saint-Amand, que nous venons de ci- ter, celle de Vigogne, � deux lieues en- de�� 3 enfin la plupart de celles �lev�es eri Flandre, � Anvers, & dans le plus grand nombre de nos Provinces, on fera moins furpris de l'�tendue de ce projet. D'ail- leurs, qui dejious ignore que dans tous les temps, dans tous ks pays de la Chr�- tient�, les Monaft�res ont �t� confid�ra- bles, & perp�tu�s, pour aini�-dire, jufqu'� l'exc�s (i)j Paris m�me n'en renf�rrrie-t-i� pas un aiTez grand nombre, de tr�s-vait�s dans le genre Gothique, pour concevoir que i'Eglife d'une Abbaye de Chef d'Or- M�&P11 en *V? atU rapport d'un de nos Ecrivains, dans l'A-
ie nom 2�Sr e -e l **&*?? que les Ancieils ont donn�e Vous a ��Lt� �°P1^qU1 n �toient pas moins faim�, par
ja grandeur des Edifices que par le nombre des Religieux. SiteTW8 r�^ou� celui de l'Abb� Euflat, dans le rL�^
vWn� �S i "T <Η ΓΰΓ Une m°nta*nc tr�s-�lev�e3 &7en- pSs viS ffWAS6 m�IIe Moines 5 dans Jcs cam-
bre0 de ��SS f01t du>rfe\Un beaucoup plus grand hom- foSesiu^*AifclaepftI1,�cte*,ec qui to�tes �t�ien�
A�S « � "e ,Abb� ' & aV01ent chacune leur Efilife Cet U νί^Α^Ά Ie titre de Chef g�n�ral de lOrdfe t'enoi
Mobes ��ont� V ^f', «ccompagn� de cent Saquante
W' e "; /U1' d^S Mules> ? V�ms dc grades robes jourd�ui ' Γ donnoiT » cort�ge un air majeftueux. Au- Vexift, �de ce, Sfand noitlbte d'Eglifes & de Cellules il �� �Ucui IK qUe de ίϊ�< ^arures > * l'on n'ap'er: |
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xxxvj Avant-Propos.
dre > doit occuper une place plus conf�d�-
rable que celle d'un Couvent ordinaire. Apr�s cette Egl�fe Abbatiale �c Conven- tuelle , on trouvera le Plan 6c la coupe d'une Eglife en rotonde, que nous avons compof�e pour l'Abbaye Royale de Saint- Louis � Metz, &; dont nous avons donn� le Frontifpice dans le deuxi�me Volume de ce Cours, Planche XXXIV. Ce pro- jet , quoique peu coni�d�rable , ne laii�e pas de devenir int�rei�ant, par fa difpo- Etreii & par fon ordonnance 3 au refte, nous croyons qu'on nous f�aura quelque gr�, d'avoir cherch�, autant, qu'il nous a �t� poffible, � affigner un caract�re dii- tinctif � chacune des productions que con- tient ce Chapitre, fok qu'on les envifage f�par�ment, du c�t� de la diftribution , foit qu'on les coniid�re du c�t� de la d�- coration : il fera plus aif� de s'en coiv� vaincre encore , �orfq�e dans la fuite , nous donnerons les �l�vations, les coupes Se les d�veloppements de notre Eglife Ca- th�drale Se Paroiffiale, qui n'ont pu faire nombre parmi les Planches de ce Cours, ",■'*■■ I
Chapitre VIII.
Moins pr�venus qu'on ne fe l'imagine,
far les div�rfes productions de l'Italie, nous |
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A V Α Ν Τ-Ρ R Ο Ρ Ο S. XXXV�j
avons fait un choix de la plupart des fa�ades
des Palais de Rome, &i en avons donn� la defcription avec toute l'impartialit� dont nous iommes capable3 il eil vrai, qu'en ren- dant juftice aux vraies beaut�s qui font r�- pandues dans ces fa�ades, nous n'avons pas cru devoir n�gliger d'obferver les parties moins heureufes qu'il feroit bon d'�viter dans nos comportions Fran�oifes. Pour prou- ver notre �quit� � cet �gard , nous avons rap- port� aui�i clans ce m�me Chapitre ? pluiieurs fa�ades ex�cut�es par nos habiles. Ma�tres, 5 afin que d'apr�s ce parallele , on ptiii�� s'aiTurer du choix que Ton dort faire de l'un ou de l'autre genre. Nous avons fait plus 3 nous n'avons pas toujours offert 3 dans ces derniers exemples, les compo- rtions le plus univerfellement reconnues pour bonnes, afin, d'une part^ de ne pas chercher � faire pencherja balance en notre faveur, & de l'autre, de fa�i�r cette occafion pour fixer nos El�ves fur le genre de leur imitation. Apr�s avoir trait� de ta d�coration des
Palais ,�& de nos beaux H�tels, nous avons termin� ce Volume, par offrir quelques exemples de fa�ades de Maifotis particu- li�res 3 l'Architede le plus inflru�t ne d�- daignant pas de pr�ter fes talents pour �lever ces fortes de B�timents, qui y' bien, |
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xxxviij Ar an t-Pr opo si
confid�r�s, contribuent plus qu'on ne s'i-
magine, � l'embelliiTement de nos Villes. Nous finirons cette R�capitulation, par
ai�urer que nous aurions bien d�lir� nous r�p�ter moins, dans notre narration5 mais nous avons regard� la r�p�tition comme une chofe n�ceiTaire dans un Ouvrage tel que celui-ci, fur-tout ayant eu deiTein, dans les principes qu'il contient, de faire en- vifager � nos El�ves, les nuances prefque imperceptibles, qui peuvent fe rencontrer entre une production & une autre pro- duction y fur-tout quand il s'agit d'appr�cier une belle ordonnance, & de la diftinguer de l'ordonnance fublime, ou au contraire de reconno�tre une Architecture m�diocre d'a- vec une Architecture au-deiTous de la m�- diocrit�. Enfin, nous apporterons pour ex^ cufe, ce que M. de Voltaire a dit, au fujet de Vaugelas : II moucha, dit-il, pen- dant trente ans fa traduction de Quint-Curce > IVL de Voltaire ajoute, que tout Auteur qui voudroit bien �crire devrait corriger les Ouvrages toute fa vie. Nous avons �t� bien tent� de iiiivre cette le�on} mais nous nous fommes d�j� expliqu� fur le motif qui nous a d�termin� � faire paro�tre cet Ouvrage : d'ailleurs , oblig� le plus fou- vent de porter toute notre attention aux pr�ceptes de l'Arc i il a du nous arriver |
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A VA Ν T-P R Ο Ρ Ο S. XXX�X
n�ce�Tairement d'en n�gliger le ftyle : trop
heureux i�, avec ces d�fauts, nos Le�ons deviennent aiTez lumineufes, pour former des Emules, qui un jour puiilent en cor- riger Iqs imperfections. Apr�s avoir donn� le pr�cis des huit
Chapitr�s du Volume pr�c�dent, nous al- lons offrir ici quelques nouvelles Obferva- tions fur l'Archiu�ure i elles feront pr�- c�d�es d'une courte DiiTertation, qui aura pour objet de faire comprendre � nos El�- ves, qu'apr�s avoir acquis les pr�ceptes de l'Art, ils doivent s'attacher � concevoir ce qui conilitue les talents, le go�t &; le g�nie du v�ritable Architecte. |
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sur differentes parties
de l'Architecture. Moyen de concevoir en quoi con-
siste LE TALENT , �� GOUT ET L% g�nie du v�ritable Architecte,
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De l'homme � talent en Ar.chueclure,
ju 'homme � talent, comme nous Penten-
dons, �ft celui, qui verf� dans les connoif Tances de la th�orie de 1 Architecture, $ζ de la pratique du B�timent, ne produit rien, fans s'�tre rendu compte des pro- portions �tablies parles Anciens, & fu�vies par les meilleurs* de nef Modernes : c'eft celui qui, par la.f�ience des combinajfons, f�ait obferverdes rapports ©xa&s , entre les maifes & les principales parties de fon Edifice : celui qui, �pris ^es r�gles de PArt &: des lois de la fyni�trie, f�ait r�unir dans fon projet, la dillribution des deliors avec celle des dedans, la d�coration ext�rieure avec l'int�rieure, enfin la folidit� avec T�« conomie qui doit �tre obferv�e dans tous les divers genres d'entreprifes, Tou�es ces qualit�s font ex�ellerites, fans
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Dissertation sur l'Architect, xlj
doute, dans un Architecte 5 mais combien n'en voyons-nous pas qui, pour s'en �tre tenus � ces feules parties de l'Art, n'ont gu�res produit que des comportions cor- rectes , � la v�rit�, mais froides �c mono- tones, &. ou Ton s'aper�oit qu'ayant voulu feulement imiter les Anciens dans leur or- donnance, ils ont n�glig� d'autres objets non moins eifenciels, d�couverts par les Mo- dernes, tels que la commodit� & la falubri- t�: faute d'avoir r�fl�chi que l'Architecture eil toujours imparfaite, lorfque l'on ne (c'ait pas parvenir � concilier eni�mble l'utile , le commode Si le grand. Pierre l'Efcot, par exemple^ eil le pre-
mier , par fon talent d�cid�, qui ait fait revivre en France, les pr�ceptes des Ar- chitectes de l'Antiquit�, δ: celui qui les ^ Cuivis d'aflez pr�s, pour ce qui regarde ia proportion &: le ftyle de l'ordonnance ext�rieure de la Cour du Vieux-Louvre. Oeil fous lui que les Delorme & les Man- iard font devenus des hommes � talent 5 � leur tour , ceux-ci ont fait �clore les talents de pluiieurs des Architectes qui leur ont^ fucc�d� : mais il n'en eil pas moins vrai, � juger ces derniers Architectes, par leurs productions , qu'ils ne doivent gu�res ^etre consid�r�s que comme des imitateurs, & non comme des hommes de go�t, ni |
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xlij Dissertation
comme des hommes de g�nie, qualit�s ei��n-
cielles^ n�anmoins, pour parvenir � l'excel- lence �c � la fublimit� de l'Art. Pour convaincre nos Lecteurs de ce que
\ nous avan�ons, citons quelques B�timents �lev�s par les hommes � talent dont nous parlons , �c ils nous paro�tront v�ritable- ment recommandables, par l'application des r�gles de l'Art employ�es dans l'or- donnance de leurs fa�ades j enfuite nous en examinerons d'autres, o� le go�t fem- ble pr�valoir fur les pr�ceptes : enfin nous parlerons de ceux qui nous paroiifent en- core l'emporter fur les pr�c�dents, par le g�nie de leurs Auteurs. Dans la fa�ade de la Cour du Vieux-
Louvre y l'une des belles productions de l'Archite�ture Fran�oife, on y obferve fans doute une puret� Se une �l�gance di- gne du beau ii�cle d'Ath�nes : mais com- bien n'y remarque-ton pas aufli de membres d�plac�s & d'ornements disparates, quoi- qu'admirables, qui nuifent � la perfection de ce premier de nos chefs-d'�uvre? N'en peut-on pas dire autant des fa�a-
des ext�rieures du Palais des Tuileries, �lev�es fur lesDei�ins de Philibert de Lorme, cet Architecte ayant �t� moins bien f�- cond� que Pierre l'Efcot, par le miniftere de la Sculpture, cette compofition paro�t |
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sur l'Architecture. xl�j
au-deiTous de ion mod�le j les colonnes
Ioniques �ts Pavillons de ce Palais, du cot� des Jardins, font prefque les i�uls ob- jets qui m�ritent v�ritablement des �loges � encore faut-il convenir qu'elles offrent une Γ richeife indifcrete qui nuit au caracl�re moyen de cet Ordre : de mani�re qu'on ne peut gu�res eilimer cette production,que par ces m�mes colonnes 6c par la f�avante cor- rection des profils que cet Architede tenoit de ion pr�d�ceifeur, δ� celui-ci des Anciens. Fran�ois Manfard � Blois , � Maifons
& ailleurs , eft celui des Architedes 5 qui a le plus approch� des deux pr�- c�dents : on peut m�me avancer qu'il lts a furpail�s , dans le vrai talent de i'Architedure , parce qu'il a f�u y aifocier, fur-tout � Maiibns y la puret� du Deffin avec8 la perfedion des ornements. Plu- i�eurs n�anmoins lui reprochent la pet�- teife des Ordres de ce Ch�teau, ԣ pr�- tendent qu'il s'eft trop attach� aux r�gies. Cette observation n'eil peut-�tre pas fans fondement : mais elle ne doit pas nous em- p�cher d'admirer ce miracle de l'Art. On peut encore ranger au nombre dts
Architedes d'un v�ritable talent, Lib�ral Bruant, M. Cartaud, &; plufieurs Archi- tedes c�l�bres de nos jours, dont les pro^ dudions peuvent �galement fervir d'exem- |
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χΐίν Dissert�t ι ο ν
pies a ceux de nos El�ves qu� ont acquis
aiTez de conno�iTances pour marcher fur leurs traces : mais que pjuiieurs, ne s'y trompent pas, les talents particuliers ne font pas abfo- lument rares j la difficult� eft d'atteindre aux talents univerfels : on peut �tre habile dans l'Architecture militaire ou navale, &: ignorer la civile. Il y a plus ; dans la derni�re , ρΐιι-τ iieurs excellent, l'un dans la Diftribution ,l l'autre dans la D�coration y celui-ci dans la Conftru&ion, celui-l� dans le Jardinage: mais rarement la th�orie, le go�t &; la pratique fe rencontrent dans le m�me Artifte. Ce- pendant le v�ritable Architecte doit poif�- der � fond toutes les parties qui condiment PArchite&ure. Qu'on y prenne garde j il n'en eft pas de cet Art, comme de celui de la Peinture : on peut n'�tre que Peintre d'Hi- ftoire, de Payfage, de Marine, de Por- trait, ffe paiTer pour un excellent Peintre 5 mais on n'eft jamais tin excellent Archi- tecte fans r�unir tous les genres de talents dont nous parlons, &; qui feuls peuvent le d�cider comme tel, De Γ homme de go�t .en Arcktteclitre.
L'homme de go�t, comme nous le con-
cevons, eft celui qui f�ait ai�bcier le ftyle de fon Architecture � la convenance du |
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sur l'Architecture. >*I*
B�timent 5 qui f�ait diminuer ou augmen-
ter les grandeurs d�termin�es par les pr�- ceptes de l'Art, � raiibii du point de dii- tance, d'o� doit �tre aper�u l'Edifice ; c'eft celui qui f�ait faire choix des orne- ments, fixer leurs attributs, leurs all�go- ries & leur relief. L'homme de gout f�ait fe rendre compte des fecrets de fon Art, tirer parti des formes, concevoir quand il doit les fym�trifer ou les eontrafter : il eft le/eul qui puifle � propos, franchir les li- mites preferites par les r�gles, &: aller au- de-l� du pr�cepte, fans fe permettre n�an- moins des licences que le go�t pouroit defavouer. Qu'on y prenne garde j nous avons tous un gout naturel pour le beau : mais il eil difficile de concevoir en com- bien de nuances il fe partage. Il s'en faut bien que le beau excite dans tous les hom- mes les m�mes fenfations : ce qui pla�t � l'un} fouvent d�pla�t � l'autre�, &, quoiqu'on s'accorde ai�ez g�n�ralement fur les v�ri- tables beaut�s de l'Art, n�anmoins ce qui paro�t admirable a celui-ci, ne fait fou- vent �prouver qu'un m�diocre plaiiir � celui-l�. Gardcns-nous cependant de nous plaindre de cette diverfit� d'opinions : c'eit* n'en doutons point, � cette eipece de contradiction qu'on doit, pour ainf�-dire , ie v�ritable degr� de perfection o� nous |
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xlvj DIS S ERTATI ON
voyons porter aujourd'hui la plus grande
partie des productions de l'Architecture. Tout Artiite qui veut r�ui�ir dans fes
compoiitions, doit faire marcher le go�t dont nous parlons9 � pas �gal avec les principes de fon Art, & f�avoir que c'eil par fon af�bci�tion avec les r�gles fonda- mentales de l'Architecture qu'on peut par- venir � faire des chefs-d'�uvre. Nous le r�p�tons : les r�gles feules ne peuvent gu�- res former que des hommes froids &: m�- diocres. Le go�t r�uni aux r�gles, forme le bon Architecte. Il eil vrai que le go�t » feui.eil infuffifant 5 les pr�ceptes lui appren- nent � r�gler les maf�es de fon Edifice, � d�cider les nus, � d�terminer les rapports que doivent avoir enfemble les diff�ren- tes parties 5 mais au moins eit-ii s�r que c'eil au go�t � les juftifier, � les faire va- loir &; � les embellir. Peu d'Architectes ont excell� dans la
r�union de ces deux parties : Fran�ois Blondel &C Claude Perrault font ceux qui ont le plus r�uni les r�gles &; le go�t de l'Art dans leurs productions, l'un dans le monument de la Porte Saint-Denis , qui peut palier pour l'un de nos chefs-d'�u- vre h l'autre, dans la fa�ade du P�rillyle du Louvre, Ouvrage f�avant dans la con- ftruction , admirable dans l'ordonnance , |
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stf& � Architecture. xlvij
U fublime dans la diftribution des ornements. Bullet, apr�s ces deux grands Ma�tres, m�rite auffi un rang diftingu� , en le confid�rant du c�t� du go�t de l'Art : Ton Ch�teau d'iily eft, peut-�tre, un exem- ple de ce que peut le go�t dont nous par- lons , appuy� des pr�ceptes * du moins a-t-�l feu rendre raifon des motifs qui Pont d�- termin� � donner la pr�f�rence � celui-l� fur ceux-ci, ayant fenti que ne s'agiiTant. que d'une Maifon de plaifance de peu d'�- tendue, mais deftin�e � la r�iidence d'une" grande Princeife, il devoit plaire plut�t que iurpreiidre&�tonner.On en peut dire autant de fon Palais Arch��pifcopal de Bourges, qui y quoique d'un autre genre, pr�fente* n�anmoins une ordonnance int�r�i�ante, mais aifortie � l'ufage d'un Edifice de cet efp�ce. Son H�tel de Tliiers, � Paris, a le m�me degr� de fup�riorit�, &: doit �tre cit� � nos El�ves, comme un objet d'i- mitation, pour fa diftribution �ng�nieufe, le go�t de fon ordonnance ext�rieure , & l'agr�ment de la d�coration int�rieure de {qs Appartements. Au refte, il eft bien difficile «l'expliquer
ce qu'on appelle le go�t acquis, autrement dit, Je go�t de l'Art, dont nous voulons parler. II ne peut gu�res que fe fentir : co�t ce qu'on peut faire, c'eft de le peii�- |
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xlviij D ι s s er tat iO Ν
dre, 6c de communiquer fa chaleur > en-
core faut-il, dans celui qui �coute , un go�t naturel, qui lui tienne lieu de juge- ment, �c, dans celui qui parle, un cer- tain enthoufiafme auquel on ne peut attein- dre , que par une longue habitude de bien voir &; de comparer les Ouvrages des grands Ma�tres dans tous les genres 3 que par la connohTance du vrai beau, &: la mani�re de l'appliquer aux productions de l'Archi- tecture : du moins ii nous ne nous trompons, les grands Ma�tres, dont nous tenons ce que nous enfeignons ici� ceux qui rignorent,nous ont-ils appris que fans les principes &l le gout» il ne pouvoit fe rencontrer de v�ritables beaut�s. De Γ homme de g�nie en Arthiteclure.
Nous avons lu quelque part, &c nous
fommes de cet avis, qu'on ne peut trop vanter le g�nie d'un Artiite \ que la fcience m�rite notre reconnoiiTance , le g�nie nos hommagesj que la premiere nous pro- cure du plaii�r , que le f�cond nous en fait �prouver les tranfportsj qu'enfin la fcience nous inftru�t, que le g�nie nous infpire : au moins eit-il vrai que les avan- tages que l'Art & l'�tude peuvent pro- curer � l'Artiite , ne font rien fans le g�- nie. Son attention principale conilite � Je tourner
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Wk l'Arch�tecture. χ1ί�
tourner du c�t� de fes beibins : n�anmoins^
il y faut prendre garde, un homme de g�- nie y l� les prineipes rie le dirigent, fe laiiTe� fouvent entra�ner par l'imp�tuoi�t� de fon imagination. Il ne peut gu�res s'afler- vir aux r�gl�s de l'Art : c'eft un torrent qui reriver�e tout ce qui s'oppofe � lui j il ne s'emharaiTe fouvent , ni des rap- ports 5 ni des d�tails, ni des parties qui doivent former l'eniemble > il n�glige m�- me le ehoh� des ornements 5 il �.' fe per- met des �carts s peu lui importe enfin que ces ornements foient relatifs � l'Edifice, pourvu qu'ils lui plaii�nt : aufli de telles productions n� peuvent-elles �tre imit�es, Au contraire , l'homme qui f�ait r�gler fon g�nie, f�ait aufli cr�er les genres, afli- gner un Caract�re propre � l'Edifice, fai- �ir le fiyle analogue aux perfonnes, aux lieux, aux temps j il f�ait agrandir les ef- paces ^ et tirer parti d'un terrein mon- tueux , r�primer la nature , aiTortir fon ordonnance aux diff�rents mat�riaux qui lui font offerts �> en un mot, le g�nie �l�ve l'Ar- chitede au-deiTus de lui-m�me, & lu� fait faire un choix heureux des plus belles parties de fon Art, pour compofer un tout plus par- fait encore que l�s chefs-d'�uvre qu'il fe propofe d'imiter : l'homme de g�nie en~ fin, d'un feul coup d'�uil, f�ait appr�* Toms �Vt d |
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I Dissertation1
der le m�rite des Artiiles qu'il a deiTeii�
d'ai�ocier � fes travaux, il fait plus encore, il les fait valoir & les met dans tout leur jour. Jules Hardouin Manfard, par exemple, �toit un de ces hommes privil�gi�s > on peur m�me dire qu'il n'a gu�res laiiT� d'h�ritiers de fon g�nie: on obfervera d'ailleurs qu'ii ne doit point, ou bien peu, fa c�l�brit� aux fecours dts Anciens. Tel eil le propre des grands hommes , de ne devoir leurs produ- ctions qu'� eux-m�mes, &; d�s-l�, de ne pou- voir �tre imit�s que par lesArchitectesde leur claiTe: il eil vrai que, chacun a fa maniere d'annoncer fa fup�ri�rit� ; mais combien de nos jeunes Artiiles� n*ont que la pr�tention au g�nie, en croyant fuivre la route d*Har- �douin ? La France, il n'en faut point dou- ter , eil infiniment redevable � cet Archkedej car, fans parler du Ch�teau de Clagny, fon coup d'eiTai, ni de tout ce qu'il a produit d'admirable � Verfalles �c ailleurs, le D�- me des Invalides feul, fait autant d'honneur � cet homme inimitable, qu'au ft�cle qui Ta vu na�tre. : Depuis Jules Hardouin Man fard , M.
BofFrand, parmi nous, femble �tre celui qui ait le plus approch� de fon g�nie &, ^eut-�tre, de fes �ncorrecMons, � en ju- ger par les Edifices que ce grand Ma�- tre a ex�cut�s en France & en Allemagne! |
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ma�s combien ces m�mes incorrecT;i�ns ne
font-elles pas rachet�es, par renthouilafme qui accompagnoit fes productions? Au relie, nous n'entendons pas parler ici de cet en- thoui�afme qui tient du d�r�glement de l*i* magination, qui d�daigne l�rt, lts pr�- ceptes i le travail} mais de celui, ii n�c�iTaH re, dans toutes les occai�ons offertes � l'Ar^ chitette, qu'il fautf�avoir attendre, qui ne fe d�finit points qui fe f�nt, �c qui d'ac^ cord avec le g�nie, �ft au-deifus m�me du talent : fon v�ritable lot, il efl: vrai, doic �tre referv� pour la d�coration des th��tres, & certaines pi�ces de l'int�rieur de nos Ap- partements. Datts les dehors d�s Edifices d'habitation, dans �os Temples, dans nos Places publiques j il faut plus de flegme i plus de m�thode i moins de ces �carts heureux s trop de g�nie dans la d�coration ext�rieure i corrompt les form�s, nuit � l'unit� 6c � Cette ��mplicit� toujours eftimabl�, le propre de la v�ritable Archke&ure. Pour fe convaincre de ce que nous avan-
�ons , que Ton compare les belles produ- �ions de la Gr�ce �c de l'Italie , avec celles de la nouvelle Rome, du temps des Boro- mini� chez nous, celles du ii�cle dernier^ par les Manfard & les Perrault 9 avec celles du commencement de celui-ci, par les Me� fonier, les Oppenord Se leurs pareils, & l'oif ' \ "\ dij ' �"
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�lj Dis sert άτι ���
reconno�tra facilement que l^enthou/�airne,
plut�t que le g�nie qu'ont afred� ces der- niers, dans leurs compoi�tions, n'a pas peu contribu� � d�truire les vrais principes que les premiers s'�toient efforc�s d'�tablir, &; qui, malgr� l'inconf�quence de leurs imita- teurs, fervent encore debafe aujourd'hui 5 aux productions des meilleurs Architectes de nos jours. Objcrvations fur diff�rentes parties
de ΐArt* : Il eft peut-�tre temps d'arr�t�? ? s'il eft
pofl�ble, cette Ind�pendance Se cette in- certitude qui fe remarquent dans la plu- part des compoi�tions de nos jours, o� plu- ��eurs de nos jeunes Architectes ne montrent fouvent qu'une abondance ft�rile, qui, t�t ou tard jetero�t du ridicule fur les produ- ctions d'un Art, auff� v�ritablement reconi- .mandable que l'Architecture: nous p�nfons m�me qu'il eft plus important, qu'on ne s'i- magine, pour l'int�r�t d� ces jeunes Emules, & pour leur gloire � venir, que nous nous occupions dans nos Le�ons, � leur faire con- no�tre leurs d�fauts, � troubler la confiance de ceux-ci, &c � contrarier l'amour-propre de ceux-l�, dui�ions-nous nous expofer a leur 4�*� '" V .; � I"
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sur l'Architecture. li�j
f�t. Ceft aini� qu'il faut d�chirer le fein de la terre , pour en obtenir la moiiTon. Nous confeillons donc � la plupart, de renfermer leur crayon pour quelque temps, & leur recommandons de s'occuper davan- tage � �tudier les Ouvrages des Anciens , pour s'�loigner du go�t dominant de quelr ques-uns de leurs contemporains. Nous les exhortons � examiner % plus qu'ils ne le foni ordinairement, les Monuments qui s'�l�vent de nos jours, par nos Architectes c�l�bres : qu'ils ne croient pas , comme quelques-uns leur font entendre, que tout effc �puif�, &: que, pour para�tre neuf, il faille avoir recours � la iingularit�; rien B'eft fi faux. Il eft un autre moyen d'arriver � l'excellent j il coni�fte � remontera la four- ce , en imitant Fran�ois Manfard, en �ton- nant comme Perrault v en cr�ant comme Hardouin,. en plaifant comme Bullet, &; non en afredant le faite des ornements Ara- bes ou Egyptiens , &; une i�militude de mem- bres d'Architedure, fauvent fi peu faits pour aller e-nfemble. S'ils parviennent � go�ter ces v�rit�s, ils fe perfuaderont bient�t, qu'on peut faire encore a finon du neuf, du moins des productions tr�s-eftimables. La plupart des obfervations que nous
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Ην DlSSERTATZO tf
faifons , dans ces paragrafes , ont pour
objet ce que nous appelons la Logique de l'Art 5 Logique, qu'on ne f� trompe pas, mife en ufage par les anciens Archite�es > & qu'il paro�t important de r�tablir : au- trement, il eft � craindre que ceux qui, dans la fuite, feront leur capital de l'Archi- tecture, ne puiiTent parvenir � s'accorder entre eux fur ces r�gles fondamentales. Tous nos pr�tendus Vignots % les d�- ments que nous avons donn�s nous-me- me dans les Volumes pr�c�dents, ne font bons que pour ceux qui d�butent dans la car- ri�re de notre Artj ils ne nous apprennent gu�r�s que ce que nous f�avons tous. Autre �hofe eft de concevoir comment on doit ap- pliquer les pr�ceptes qui conilatent les �l�- ments de 1*Architecture, & quel ufage on en doit faire dans les diff�rentes occai�ons qu'on a de b�tir. En un mot, les �l�ments ne font bons que pour fe p�n�trer des prin- cipes j mais le raifonnement qui en eft la fuite, m�ne � la Logique , c'eft-�-dire , � bien tirer les conf�quences de ces me- rnes principes, pour �tablir avec fu�c�s l'or^ donn�n�e �le nos B�^�rnents« s- ni.
Dans toutes les produ&ions de l'Archi*
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sur l'Architecture, Ιψ
tecTrure , le ftyle propre � la chofe eft un
des premiers m�rites de l'Art. C'eft par le ftyle que fe regle le genre dont on doit faire choix} relativement au motif qui fait �lever l'Edifice. Le ftyle , dans l'Ordonnance des fa�ades δ� dans la d�- coration des Appartements? eil, au figur�, la Po�fie de Γ Architecture : coloris qui coiir- tribue � rendre toutes les compofitions d'un Architecte, y entablement int�rei�antes. C'eft le ftyle convenable aux diff�rents objets, qui am�ne cette vari�t� infinie, dans les divers B�timents de m�me genre ou de genre dif- f�rent. En un mot, le ftyle dont nous par- lons , femblable � celui de l'�loquence , �>eut parvenir � faire peindre � l'Architecte e genre facr�, le genre h�ro�que, le gen- re paftoral: point de doute} qu'aid� des re- regles, du raifonnement, & du gout de l'Art, on peut arriver au vrai ftyle qui aligne � chaque Edifice le caract�re qui lui eft pro- pre , &; que c'eft par lui feul enfin qu'on peut enfanter des chefs-d'�uvre. La belle Arch�tedure ne confifte point,
comme pluiieurs de nos Architectes mo- dernes ie le font imagin�, & comme tant de nos El�ves fe le perfuadent encore, � d iv
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1v) Dissertation
introduire beaucoup de membres d'Ar»
chite&ure &: d'ornements de Sculpture s dans la d�coration des fa�ades, bc l'int�- rieiir des Appartements, Il en eil de ctt Art comme des Jkllqs-Lettres : le ilyle i�mple eil pr�f�rable au ilyle ampoul� : c'eil vouloir aiFoiblir une grande id�e s que de chercher � la relever, par la pom- pe des paroles : en Architecture , c'eil dh truire ce qu'elle a de fubl�me, que de pr�^ f�rer la hardie/Te des penf�es � la iimpli-. �it� , qui �onilitue, fori v�ritable cara- #�re. Qu'on ne s'y trompe pas, trop d*abon-.
dance dans une compoiltion, eil fouvent une preuve de la ilerilit� de l'ordonna- teur : s'il e�t �t� plus habile , il auroit �t� plus f�mpte, plus vrai ; la pr�tendue fertilit� de nos, �l�ves, les porte prefque toujours, au-del� de la vra�nemblarice. On ne veut pas. fe periuader, ou Ton fe per- iiiade difficilement, que l'int�r�t qu'on prend d'abord , a l'afped d\ine d�cora* t�on, d'ailleurs eilimable, fe perd quelque- fois , d�s qu'il fe partage. Les ouvrages des Grecs plairont dans tous les temps, parce que la beaut� de leurs jgdiflces coni�ile dans l'imit� &; la /implicite, |
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S�/R l'Architecture* Iv�j
SV-
Scaliger pr�tendoit que toute hiitoire
eft bonne � lire , omnis kifloria efl hona> Nous fommes fort de fon avis; chaque Hiftorien envifageant fon fujet fous un point de vue diff�rent j ce qu'on cherche en vain dans l'un, on le trouve dans un autre. Nous l'avons �prouv� plus d'une fois nous-m�me : n'ayant eu pour objet, dans nos recherches, que ce qui tient de plus pr�s � notre Art, nous avons puif� nos obfervations dans les diff�rentes Hii- toires anciennes &; modernes, δ� nous les avons rapproch�es, autant que nous avons pu, des befoins de nos El�ves. Au reile, jl faut f�avoir, que l'�tude profonde qu'e- xige notre Art, nous met prefque tou- jours au - dei�ous de la majeft� de 1ΉΪ- iloire : commun�ment trop fuperficiels , & trop attach�s � nos opinions , nous habillons � la Romaine toutes les actions de nos H�ros, comme les Sculpteurs font leurs ftatuesj nous m�lons, dans un feul & m�me projet, les principaux traits de Γ Architecture de tous Iqs �ges, 6c nous les noyons dans un d�luge d'ornements qui fou- vent font plus d'honneur au Sculpteur qu'a l'Architecte. Il efl vrai qu'il ne faut pas tou- |
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D ISS E RTAT I O JV
jours juger des Ouvrages de notre i��cle,
par les productions m�diocres. Dans les temps les plus f�conds en Artiilcs excel- lents , il i� rencontreencore un plus grand nombre d'Artiftes fubalternes. Il n'en faut point douter, il s'�l�ve plus de mauvais B�timents que de bons, &; l'on courroit rifque de prononcer fur l'exemple du plus grand nombre. Tout ce qui fe paiTe au- jourd'hui fous nos yeux, nous apprend fur��- famment , qu'il faut d�m�ler de bonne heure le petit nombre de chefs-d'�uvre qu'on doit imiter, d'avec cette foule de B�timents d'un rang inf�rieur , toujours r�pandus en plus grand nombre que les fublimes comportions de nos Ma�tres. .ι �■. «■ �" ; :-:..~ §. VI.
La plupart des Architectes qui s'adon-
nent feulement � la diilribution, s'imagi- nent l'entendre , parce qu'ils s'attachent � la divifion des murs de refend qui par- tagent chaque pi�ce d'un Appartement. Sans doute, cette partie eil bien une bran- che de la diftribution 5 mais elle regarde plut�t le Propri�taire que l'Architecle : ou du moins ce font les befoins du pre- mier qui indiquent au f�cond la marche qu'il doit fuivre, dans la difpofition du |
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sur l'Architecture. lix
rez-de-chauffee & du premier �tage de fon Plan. La diftriburion , comme nous l'entendons ici, eft toute autre chofe : il ne fuffit pas de concevoir l'arrangement des pi�ces de parade , de foci�t� & de com- modit� : il ne fuffit pas d'�tablir leur v�- ritable diam�tre, de r�gler leur hauteur, & d'en varier les formes j il faut que ces diam�tres, ces hauteurs & ces formes , �manent de la diftribution ext�rieure des corps d'Architecture qui d�terminent l'or- donnance des fa�ades : il faut que la iy- m�trie foit refpedive des deux parts : il faut que la folidit� foit d'accord avec l'un & l'autre de ces deux objets : il faut que les croif�es, les portes, les chemin�es, les lambris, foient difpof�s de maniere ^qu'au- cune de ces parties ne nuife � l'autre : il faut que la beaut� des dehors annonce c^lle des dedans s que le caract�re, le gen- re , l'expreflion de chaque .membre ext�- rieur s'accordent avec le ftyle de la Scul- pture, de la Dorure, de la Peinture r�- pandues dans l'int�rieur, pour que l'une & l'autre enfin puiiTent indiquer aux �tran- gers, la dignit� de la perfonne qui fait b�tir , l'exp�rience & la capacit� de l'Ar- chitecte : autrement, l'Examinateur prend la partie pour le tout j parce que l'Ordon- nateur/loin-4e raffembler dans fa produ- |
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Ix Dissertation*
dion, I'univerialit� des connohTances de
1'Architedure , s'applaudit ', &; donne Je nom de talent, de g�nie, d'invention aux parties accei�Oires de ion Edifice, les- quelles m�ritent � peine d'�tre mifes en pa- rallele avec ce que peut avoir d'int�reilant la main d'�uvre. Nous l'avons dit plus d'une fois , il faut
�tre homme du monde pour bien enteiir- dre la diftribution d'un B�timent, &c pour devenir un habile Architede dans cette �>artie de l'Art : il faut f�avoir encore, que
a diftribution ayant eu, dans fon origine , pour objet la commodit� &: la falubrit�j elle eut pour but de faire concevoir aux premiers hommes l'art de b�tir 5 elle leur don- na l'id�e de la conhrudion, & fit �clore enfuite la n�cei��t� de la d�coration, afin qu'on piit diftinguer, par l'aiped des de- hors , les B�timents publics , d'avec les demeures des particuliers. Au reite, nous ajouterons, que ce n'eil pas toujours ai�ez, qu'un bon Architede trouve un ProprieV taire qui ait une certaine fomme � mettre en B�timent : pour qu'il foie a port�e de bien faire, il faut que cettefomme fuffii�, non-feu« Jement pour les frais de la conftrudion � mais encore pour les �tudes particuli�res des d�ver loppements, des mod�les : pr�liminaires in^ diipenfables, iorfqu'il s'agit de b�tir avee fucc�s, » '■
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$�& ζ5Architecture. ixj
§.V11. L'objet de l'examinateur impartial, eft
de coniid�rer un B�timent, ou pour s'in- ilruire, ou pour faire part aux autres de fes r�flexions : del�, on doit f�avoir que la louange & le bl�me font inf�parab�es l'un de l'autre j del� aufl�, les perfonnes int�reif�es donnent � ces r�flexions le nom de critique. T�chons de d�fabufer la plu- part de nos Ledeurs � cet �gard. La critique proprement dite, fait toujours
abftra�tion des beaut�s qui fe rencontrene dans l'Edifice, & tombe feule fur les d�- fauts. Elle n'entre, ni dans l'intention de Ρ Architecte :9 ni dans les difficult�s de l'en- treprifej elle confond les licences avec les abus ; elle ne cherche jamais � d�m�ler les entraves du local* elle fait tomber fur l'Ar- chite&e les volont�s , fouvent peu judi- cieufes des Propri�taires; enfin, elle porte avec elle l'efprit d'aigreur qui n'annonce gu�res que la partialit� du Critique. Un obfervateur �clair� eft autre chofe: fe* , Ion nous, il fe fait un plaiiir d'avouer les beaut�s j il les balance avec les d�fauts, mais fans amertume, il entre dans tous les d�- tails qui peuvent juftifier TArchite&e j il applaud�t � la mani�re ing�nieufe avec h�� |
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�xij D �ss�rt�t t�tf <
quelle il a feu vaincre les obftades : il
encourage le jeune Artifte par hs applau- dii�ements qu'il donne aux parties qui m�- ritent une certaine eilime. S'agit-il des Ouvrages des grands Ma�tres, il ne fait jamais entrer de perfonnaik� dans Ces ju- gements, &; annonce, par fes difcui��ons r�fl�chies, qu'il eil �clair� dans toutes les �>arties de Ion Art, en faifant conno�tre
es rei�burces dont s'eft fervi à Architecte, pour pallier les d�fauts r�pandus dans fes comportions ; &: , i� jamais il entreprend de condamner fans applaudir, fa cenfure ne tombe que fur hs Ouvrages �lev�s par hs hommes fans doctrine > Ouvrages qui devroient toujours, il eft vrai, �tre compt�s pour rien ? mais qui trouvant n�anmoins des imitateurs} doivent �tre annonc�s pour ce qu'ils font, afin de faire tenir en garde les.El�ves., qui fouveiit, f�duks par l'�- clat de la mati�re, la ilmilitude des mem- bres , & la profui�on des ornements, pou- roient fe rei��ntir, dans leurs productions � venire de cette imitation dangereufe. H nous reite un confe� � donner � nos
jeunes Artiit.es : s'ils entendent leurs v�ri- tables int�r�ts, ils doivent fermer l'oreille au bruit �es �loges fouvent trompeurs, tou- jours pernicieux, & n'�couter que la cri- tique impartiale. La louange nous fait fou-� |
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si/R l'Architecture. IxHj
vent demeurer au-dei�bus de nous-m�mes,
en nous perfuadant que nous fommes au- deilus des autres : ce qui pour l'ordinaire, nous emp�che d'arriver � la perfection, en nous entretenant dans une m�diocrit� vicieufe : au contraire, le bl�me qui ne paiTe pas le terme de l'�quit�, d�cille les yeux de l'El�ve, que l'amour-propre lui' avoit ferm�s. Nous ferions encore tent� de leur dire
ce que Sophocle & Euripide difoient � un jeune Pocte , qui �tok-venu leur annoncer l'envie qu'il avoit de faire des Trag�dies : « N'allez pas i� vite ; la Trag�die n'efr, pas » ce que vous penfez , c'en: un feul corps » compof�j de parties diff�rentes, &.bien 55 li�es, dont on fait un monftre quand on « ne f�ait pas les affbrtir : vous connoii��z » ce qu'il faut f�avoir , avant d'�tudier » l'art de la Trag�die \ mais vous ne i�a- » vez pas encore cet Art ». On en peut dire autant � la plupart de nos El�ves ; vous poiT�dez affez bien les principes de l'Ar- chitecture ; mais qu'il y a loin de ces con- noii�ances � �tre bon Architecte ! Vous i�avez , dites - vous : apprenez encore, r�glez votre marche, &' iur-tout joi- gnez � la pratique le raifonnement de vo- tre Art. |
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Ιχϊν Ό �ssertat��$
Nos Architectes � la mode pretendent
que ii les Anciens avoient v�cu parmi nous, s'ils avoient connu nos comportions mo- dernes , ils auro�ent �galement fait des r�gles en leur faveur. Nos productions plai- fent, difent quelques - uns ; c'eil la pre- miere de toutes hs r�gies ; l'autorit� n'y peut rien. Ce fentiment allez g�n�ral eft au moins hafard�, & ne peut gu�res avoir lieu que pour ce qui regarde notre diilri- bution^ 6c quelques-unes de.? parties de no- tre d�coration int�rieure. A l'�gard de la- d�coration des dehors , il faut convenir que l'exemple des Anciens, doit en fixer les principes. Vitruve &: la plupart de fes Commentateurs , s'�tant d�clar�s pour le go�t de l'Architecture qu'ils ont trouv�e �tablie de leur temps, il y faut beaucoup r�fl�chir, pour enfreindre les bornes qu'ils ont prefcrites j du moins n'appartieiit-il qu'aux grands Ma�tres de s'en �carter. Nos jeunes �mules doivent s'appliquera
iuivre d'abord les pr�ceptes de l'antiquit� 9 avec une certaine rigueur, fur-tout lorfqu'il s'agit de la d�coration de nos Monuments. Il fera temps d'ajouter ou de retrancher a ces* principes, lorfque, chez nous, ils en f�auront
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SUR ^ARCHITECTURE, fa?
f�aurofit aiTez pour chercher � concilier
ce qu'ils auront retenu de l'antique avec nos ufages, nos mati�res, &; les commo- dit�s qui caract�risent aujourd'hui notre, Architecture Fran�oife� §. IX.
Il eil de jeunes Architectes qui pr�ten-
dent que les r�gles ne fervent qu'� les em- barrarfer , & � �mouiTer, pour ainfi-dire , la vivacit� de leur imagination > l'efprit > dii�nt-ils, n'agiiTant jamais mieux, ni plus heureufement , que lorfqu'U eil affranchi de toute fervitude, Se qu'on lui lahTe une endere libert�. Ce ra�fonnement, quelque g�n�ral qu'il devienne, n' eil rien moins que juile. Quelle diff�rence ne remarque-t on pas entre les productions de ceux qui fea* vent fe rendre compte de ce qu'ils entre- prennent, 6c \ts Ouvrages de ceux qui n'ont d'autre guide que leur imagination ! D'o� vient la pr�vention que les jeunes Artiiles ont pour les r�gies ? elle na�t pref- que toujours du peu d'inclination qu'ils ont pour l'�tude. N'eit-ce pas parce qu'ils manquent de principes , qu'ils hafardent ces nouveaut�s extravagantes, capables de faire d�prifer l'Art ? Pour un ou deux g�- nies f�conds �c extraordinaires, qu'un f��-> Toms �V* � |
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lxvj Dis s ertat ι on
cle a, peine voit na�tre, & qui, par la force
de leur naturel &; de leur efprit, peuvent fe former un go�t judicieux, i�ns avoir �t� aid�s du fecours ats r�gies, n'en voit- on pas mille, au contraire, qui par leur n�gligence ou leur pr�iomption, s'�garent dans tout ce qu'ils produiient ? D'ailleurs, qu'on y faiTe attention , ces g�nies rares & finguliers, dont nous venons de parler, n'ont r�ufl� que parce qu'ils ont employ�, fans trop s'en rendre compte, une fym�- tr�e &: une difpofition r�guli�re, entre le tout & les parties*) fym�trie &; difpofition, qui feules ont le droit d'�tre appel�es beau- t�s , &: fans lefquelles ils n'auroient pu r�u� ijr j ce qui doit faire juger , qu'aid�s du fecours de la th�orie, ils auroient produit des Ouvrages encore beaucoup plus eftimables, Dans l'Arc�ikedure , comme dans les
autres Arts, peu de ceux qui s'y deftinent, font dou�s d'une heureufe difpofition $ la plupart font born�s dans leurs vues, ref- ferr�s dans leur go�t j ou ils l'ont faux, fa&ice : les beaut�s de la Peinture font autant d'objets indiff�rents pour le plus grand nombre de nos }euncs Archite&es : quelques-uns n�s volages & inappliqu�s, attaquent toutes les parties de l'Art, fans |
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SV M t* ARCHITECTURE* kv�j
�n faii�r aucune, fans les ramener au but
qu'ils fe propofent. On ne peut affigner � leurs comportions bifarres , un nom qui leur convienne, ni d�cider � quel particulier elles pouroient �tre propres. Heureufement ce reproche ne regarde que le petit nombre , mais ce que nous devons dire en paifant, au plus grand, c'eit.qu'ils s'abandonnent trop facilement, � la fougue de leur imagination* Que ceux-ci y prennent garde cependant: il en eil du g�nie comme du go�t : pour par- venir � l'excellent, il faut f�avoir joindre a une �tude particuliere, tout ce qui peut faire arriver au grand, au iimp�e : il faut que le jeune Artifte, par un travail fans rel�che , s'accoutume � r�fl�chir>�'�. m�di- ter fur tout ce qui peut l'inrlruirej que 5 fur-tout, il f�ache �viter la rouille d� Toi- fivet� j qu'aux f�iences utiles', il f�ache joindre les connoiflances agr�ables j qu'il fe forme une heureufe habitude, fouv�nt fup�rieure � la raifon m�me, de faii�r le beau , de le difeerner du m�diocre , de l'emprunt� j c'eil le feul moyen de lui mon- ter le g�nie dont nous voulons parler, & de le faire parvenir � ajouter aux qualit�s qui le caract�rifent y i�avoir, d'une part, Tef- prit d'invention, &: de l'autre Je coup d'�uil philo fophique. Qu'on n'en doute point $ c'eft la vivacit� de l'imagination qui rend l'Ar- e ij
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Jxviij D ISSERTAT ION
tifte inventif, c'eit la maturit� qui le rend
Philofophej la premiere qualit� forme &; �tend l'efprit, l'autre le jugement j & c'effc par leur r�union feule qu'on enfante hs Ouvrages de g�nie. Le jugement, en Architecture , conf�fte
� conferver le m�me ityle, le m�me cara- ct�re, la m�me exprei��on dans la d�cora- tion des fa�ades d'un B�timent, aini� qu� ccttt probabilit�, qui approche le plus de la vraiifembJance, &: de cet efprit de convenance, que tout Architecte doit f�a- voir aiTortir � la naiflance &: aux beibins de fts Propri�taires. Prefque toutes nos Le- vons roulent fur cet objet j mais nous n'h�fi- tons pas de le r�p�ter ici, parce que nous regardons ce pr�cepte comme le premier de l'Art, quoiqu'il fo�t peut-�tre le plus n�glig� parmi nous : auffi n'eft-il pas �ans exemple, que l� plupart des grands Ar- chitectes ayent �t� eux-m�mes m�contents de leurs Ouvrages 5 parce qu'arriv�s � la fin de leurs plus grandes entreprifes, ils d�couvraient au-del� du terme o�- ils ve- noient d'atteindre, & qu'il faut d�j� �tre un grand homme pour s'apercevoir de fts d�fauts, & en convenir. |
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sur l'Architecture. Ixte
§. XII. Les Artiftes fuperfrciels, & qu'on peut
�appeler les vrais fl�aux des Arcs, parce qu'ils font toujours en tr�s-grand nombre ,; ίοηε oblig�s d'avoir recours a la protection & � l'importunit� : � cela ils joignent de l� foupleife , de PadrefTe : vrais Prot�es, ils prennent toutes les formes , ne doutent de rien, rien ne les embarraiTe. Le v�ri- table Architecte, au contraire, eil i�mpley modefte : l'�tude &: l'exp�rience lui appren- nent � fe tenir en garde contre la pr�ven- tion de l'amour-propre. Il i�ait douter, il prend du temps pour d�lib�rer, ne fe vante de rien, Se craint toujours de trop pro- mettre : l'air de libert� qu'il refpire dans le commerce des livres, lui iiTiptre une averi�on infurmontable pour la contraint« qui r�gne ord�nakement^ dans le commerce du grand monde : apr�s l'avoir parcouru,, la retraite devient fon �l�ment : il s'y pla�t, il ne brigue point �es faveurs, �c plaint tout bas le jeune audacieux qui fe fait cou** ronner avec impudence : trop heureux alors de jouir de cette noble ind�pendance, qu'on peut appeler le foyer des vrais talents. tf Ut
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hx Dissertation
§. XIII.
On devroit fe rei�buvenir de rutile ma-
xime de Pline : Stultum e� �bi ad im�tandum non optime quidvis proponere ; il y a de la folie � ne pasfe propofer les meilleurs mo- d�les, quand on veut imiter. A quoi l'on peut ajouter que ce n'efl pas imiter, que d'imiter mal, ou de d�placer l'objet de l'imitation : en un mot, c'eifc contrefaire les chefs - d'oeuvre des grands Ma�tres, que de les mal imiter. Pour f�avoir �viter le m�diocre, il faut du go�tj pour bien fai- fir l'excellent, 11 faut du jugement : il faut f�avoir que le fublime ne convient pas par-tout, de m�me que les licences ne doivent s'employer que rarement , puh� qu'autrement elles d�g�n�rent en abus. Ce J�*eft pas que les n�gligences heureufes em- ploy�es par les grands Arriites , ne puiiTent �tre conf�d�r�es quelquefois comme le com- ble de l'Art ; mais on n'y peut parvenir, qu'avec le go�t : jamais, fans lui, un Ar- ticle ne peut faire admirer i�s chefs-d'eeu- ▼re �� aui�� la plupart de nos El�ves s'y trompent-ils tous les jours 3 il leur paro�t plus ai�� d'arriver aux comportions gigaiH tefques, qu'aux proportions de la belle Ar- chivare 5 prefque de �oue temps 5 il a |
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SUR L'�RCHITECTURM. lxxj
paru aux hommes plus facile d'outrer la
nature, que de la lui vre -, faute de fe rap- peler la grande regle de Qu�ntilieny natu- ram intueri & fequi, contempler la nature �t la fui vre. j* ' ' , ! " "*X.* ' ■ ■/" ■* -Φ'
;"V. §. XIV,. �- --�
Peu d'Artiftes font en �tat de compo-
fer des ouvrages qui puhTent �tre avou�s dans tous les temps ν de lier enfemble la M�jefl� de l'Architecture avec les gr�ces de la Sculpture s d'encha�ner ces deux par- ties avec un Art imperceptible, & de leur procurer, comme l'a fait Fran�ois Man- fard au Ch�teau de Maifbns, ces repos , ces intervalles qui forment un tout dont les parties font analogues. On ignore que la nature δ� le go�t obfervent les m�mes r�- gies , & que c'eft la jufteiTe & la propor- tion qui produifent les beaut�s de conve- nance, d'harmonie & de fym�tr�e. Que nos El�ves y prennent garde;-j la plupart s'�- loignent des difpoiitions dont la nature l^s a favorif�s : Us imitent leurs contempo- rains , en vogue aujourd'hui j mais qui � peut-�tre ne le feront plus dans vingt ans : d'o� il r�fuite que dans quelques-unes� de leurs productions, tant�t ils s^�levetit fuir des �chaifes, & tant�t ils font au-deifaus e ιν
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lxx�j Dissertation
d'eux-m�mes» Ne doit-il pas paro�tre �ton-
nant , par exemple, que la plupart por- tent une curioi�t� reipectueuie, fur quel- ques monuments �lev�s, il y a plusieurs �ecles , tandis qu'ils n�gligent & qu'ils d�daignent, pour aini� - dire , de porter leurs regards fur les Edifices qui ie font �lev�s par les Lefcot & les Manfard ? Par un effet plus biiarre encore, d'autres ne portent leur attention que fur les Ara- befques & les chim�res, qui deviennent � fort � Ja mode aujourd'hui. §. XV.
Notre intention n'eil pas de dii��muler ,
que l'Architecture eil un Art difficile : nous l'avons d�j� ditj pour y r�ui��r, il le faut cultiver toute fa vie; jouir fr�quemment de la� converfation des grands Ma�tres en tout genre, de l'�tude des bons Auteurs & de la contemplation des chefs-d'�uvre qui nous iont offerts. A la v�rit�, dans les dehors de ceux-ci , fouvent la pratique impof� i�lence � la th�orie j dans les de- dans, quelquefois la th�orie l'emporte iiir la pratique ; mais dans tous, il y a dequoi pu /fer s 8sC d�t-on f� tromper dans fes pre- mi�res obfervations, il les faut commencer de bonne heure ; nous n'apportons pas �a |
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sur l'Architecture. Ixxiij
naiflant, l'obligation de toujours r�ui��r �c
de bien voir : mais, � notre avis, ce n'eil point un d�shonneur de Te tromper , ni un affront d'�tre repris. Nous invitons feu- lement nos El�ves, � ne fe pas laiifer abu- fer par les efpeces d'applaudhfements que pluf�eurs donnent aux productions de nos jours : non-feulem�nt la plupart font con- traires � l'efprit de convenance 5 mais on ne les croit neuves , que parce qu'elles font extravagantes, qu'on y confond tous les ftyles, & qu'on y fait entrer tous les ca- prices, toutes les fantaifies des Propri�taires, qui, pour la plupart, fe croient Architectes. Qu'on y prenne garde : on fe fert fou-
vent de l'autorit� d'un grand nom, pour mettre au jour des licences qui n'avoient �t� employees par un Architecte c�l�bre > que dans des parties accei�oires : de-la, on ofc tout. Ce n'eft pas que quelquefois on n*ex- cufe les �carts d'un Artifte contemporain; mais nous voudrions faire entendre, que l'indulgence de nos Emules n'eil point un titre pour nous faire approuver de la poft�- rit�, D'ailleurs, qu'on y r�fl�chii�e, les Ar- tiftes fubalternes croient prefque toujours atteindre, les grands Ma�tres, en imitant |
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Ixxiv D iss ε RT άτι oir
leurs �carts, fans fe douter du motif ei�en-
ciel qui \ts leur a fait employer. Il faut d�j� f�avoir beaucoup, & c'eft ce que pres- que tous les jeunes gens ignorent, pour �tre en �tat d'appr�cier ce qui a pu d�- terminer le grand Architecte � i� permettre ttlL� ou telle licence. Pour en venir l�, il faut fe nourrir de r�flexions f�r�eufes : 1Έ- leve qui veut r�ellement profiter, penie beaucoup 3 la r�flexion devient fon �l�- ment ; il d�vore les difficult�s Si les obita- cies, pour acqu�rir la gloire de les fur- monter. Oeil par l'�tude des Anciens $c les d�couvertes des Modernes, que Ton parvient furement � la perfection de fou Art. Quiconque eft effray� de toutes fes obligations, n'atteindra jamais , quelques efforts qu'il faffe, � fe faire un nom ; car enfin, combien, au premier coup d'�uil^ ne voit-on pas de B�timents qui flattent; ,.d'abord, par leur afpe&j mais qui per- dent � l'examen. On rend^ � la v�rit�, juftice � l'�clat des ornements > mais � peine ,y d�m�le-t-on l'intention de l'Architecte > parce que fouvent la multiplicit� de la Sculpture �touffe ou alt�re l'id�e de l'or�* donnateur. r §. XVII.
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, ν r t " *�■ . ■
JLorfqu'� Paipecl; d'un B�timent, nous
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sur l'Architecture. lxxv
apercevons un heureux accord entre les pr�ceptes des Anciens, ai les d�couvertes des Modernes ; cette r�union doit d�ter- miner notre jugement, & nous porter � l'imitation d'un pareil chef-d'�uvre : quel- ques licences que nous y d�couvrons, i:e doivent pas nous en d�tourner5 elles peu- vent r�pandre des lumi�res dans notre eP prit : elles doivent nous engager � faire un choix des beaut�s que nous devons imi- ter, & � laiiTer les parties qui nous pa- roii�ent d�plac�es. Qu'on ne s'y trompe pas, le Ch�teau de Maifons eft une pro- duction digne, � la fois, d'�tre imit�e, & difficile � imiter. Ce B�timent, d�s qu'il fut achev�, excita l'admiration des connoi�- feurs, rapplaudiiTement des grands Archi- tectes, & la jaloufie des m�diocres. En ef- fet , lts beaut�s de d�tail r�pandues dans l'ordonnance de fes fa�ades, font au-deiTus de tout �loge : fans douce, on y remarr que quelques d�fautsj mais ces derniers pr�fentent par-tout les reifources de l'Art, plut�t que les licences &c ces abus vul- gaires enfant�s par l'ignorance. Nous l'a- vons d�j� avanc� y tout eft pr�cieux dans cet Edifice, tout y eft marqu� au coin de la fublimit� , de l'exp�rience &: du f�a- voir. Peu d'Archite&es ont atteint depuis $ux beaut�s fans itombie qiCon y remar* |
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�XXV j D I SS E RTAT I O Ν
que 5 pl�i�eurs au contraire ont imit� les
l�gers d�fauts, dont il n'eft pas exempt, en- core leur infuffifance leur a-t-elle fait clian- �^er ces d�fauts en abus : ils ont fait plus, � plupart ont d�plac� les reifources &c les tentatives mifes en �uvre, par ce grand Ma�tre, dans cette belle production Fran- �oife. Peut-�tre reprochera-t-on � Manfard L� petitei�e de fes modules, 6c l'�l�vation de trois Ordres de genre diff�rent les uns au~dellus des autres : mais que de juiteife, que de puret� dans cette r�union ! quelle perfection dans l'Architecture ! quel choix dans la Sculpture! que de pr�ciiion dans la main d'oeuvre! On vife au grand, au- jourd'hui , d�t-on : on devro�t dire plus ι infenfiblement �n parvient au gigantes- que j &: ,^d�s-I�, on ne regarde plus cette merveille de l'Ait que comme un mod�le% qu'� peine confeille-t-on d'�tudier auxEI�V ves de nos jours. Le plus grand nombre de nos riches Ci-
toyens ne font plus �pris que de ce qu'ils ap- pellent la grande Architecture , fans ie douter que les B�timents d'habitation doi- vent s'annoncer diff�remment que nos Temples &: nos Edifices publics. S'il nous �toit permis de rifquer notre avis, nous «c�nfeillerions � ces pr�tendus amateurs, de s'en tenir � leur amour pour notre Art* |
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SUR L'ARCHITECTURE. �XXVIJ
&. de ne pas afpirer au-del� : vouloir
aller plus loin ? c'effc fouvent s'expofer � s'annoncer pour de faux connohTeurs , �c � approcher de la vanit� ridicule des faux S�avants. Au reite, la cenfure n'a au* cune part aux obfervat�ons que nous fa�- fons ici : notre objet eil� feulement d'a- vertir nos El�ves de fe tenir en garde con- tre la r�volution o� femble �tre parve- nue l'Archlte&ure depuis quelques ann�es. Nos vrais Architectes ont eu occai�on d'�- lever quelques Monuments ; leur marche mefur�e � raifon de la grandeur de leurs Edifices, a �chauff� nos jeunes t�tes, &: a perfuad� � la plupart, qu'on ne pou- voit plus faire de colonnes qu'elles n'eu�Tent au moins fix pieds de diam�tre. Quelle ex- travagance ! §. XVIII.
Nous avons plus d'une fois recomman-
d� � nos El�ves l'�tude du dei�in �-> non cette ma*niere de dei�iner d'un genre pittorefque^ qui appartient plus � la Peinture qu'� l'Ar- chitecture 3 &L qu'il ne faut cependant pas n�gliger abfolumentj mais qui, lorfqu*on en m�fufe , fert plut�t � �garer qu'� fe rendre un v�ritable compte de l'effet que doit produire fa compoi�tion. Il eft vrai que, pour y parvenir avec fucc�s> il fan� |
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Ixxviij Di ss EkTAt ι on
deffiner autre chofe que l'Architecture pf�*f
premenc dite. Nous avons prouv� ailleurs la n�ceffit� de faire entrer dans fes �tudes le Deffin dans tous les genresj parce qu'il eit important � un jeune Architecte tl-e' pou- voir exprimer lui-m�me fes penf�es fur fon projet : mais nous d�lirerions qu'il m�t des bornes � ce genre d'�tude, pour s'attacher a dei��ner dans le bon ftyle des Man fard &; des Perrault. N�anmoins pour fatisfaire le g�nie de ceux qui ie font une paillon du Deffin 5 nous leur rapporterons ici le fen- timent tr�s-judicieux qu'en a port� M. de Montiano, dans une DiiTertation qu'il l�t en 1756, � l'Acad�mie Royale de Saint- Ferdinand en Efpagne. L'Auteur, en par- lant de l'origine du Deffin , s'explique aini�. « Les ombrages des arbres, & le creux
�» des rochers , donn�rent l'id�e de la pre- 55 miere cabane 5 mais la verdure des bran- 35 ches qui fervoient de toit � ces dem^u- »res, .venant � fe fl�trir, & les branches »j elles-m�mes, qui teno�ent lieu de palliTa- �5 des^ �tant un foible rempart contre lai »5 rigueur des faiibns , le gazon qu'on fou- 55 loit aux pieds, changea de place, &,f�r~ >3 ma les premiers murs de cette habita- is tion champ�tre. Les foci�t�s augm�n- » tant,'les Edifices s'agrandirent, &; Yo� |
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sur l'Architecture. Ixx�x
» vit s'�riger des Temples 6c des Palais : »mais pourquoi retoucher ces traits d'une »�rudition rebattue? i� quelqu'un doute » de ces faits, qu'il life ou qu'il voyage : » qu'il franch�Te l'obfcurit� de fa fph�re, « & les barri�res de fon indolence. Il ne » feuiiletera pas une page, il ne fera pas un » pas, fans trouver une ample mati�re � fon » inftrucHon. v » Le DeiTin pr�fide � la Sculpture, a ctt
»Art d'immortalifer les hommes , & de » nourrir en eux la paffion de la gjoire, »& le defir des honneurs divins, qui fub- » fille encore chez la plupart des nations- » civilif�es. . r
» Le Def��n dirige &: foutient tout, ju�
» qu'� l'expre�Tion des paffions, jufqu'a l'ac- » don & aux attitudes. De concert avec la » po�fie, que de faillies heureufes ne four- » nit-il pas au pinceau! il lui apprend � » raflembler les traits du beau, iem�s & »m�lang�s dans la nature, pour en for- » mer les produ&ions les plus int�reiTantes »de l'Art. � » Ceft au Deffin que la Gravure eft re-
»devable de tous fes progr�s : fille du ha- »fard, comme les autres inventions, elle »les multipli�e les perp�tue toutes. C'eft » fur le$|>ords de Γ'�rno qu'on la vit na�tre. » Les chiffres de l'amour furent d'abords |
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Ixxx Dissertation
m trac�s fur le fable par la main des Ber-
» gers, puis grav�s fur le h�tre. Les Defl�ns » furent tranfport�s, de l'�corce des bois* »fur les m�taux, & le temps les r�t paiTer » fur le papier, par le fecours de la prei��. » A�ni� le S�avant ornc-t-il � peu de frais » fon Cabinet des tableaux du monde 5 ainfi >3 le Phi�ofophe embellit fon habitation � 33 la campagne d'une vari�t� de payfages , 33 qu'il a le plaii�r de comparer avec leurs 33 mod�les. C'en: par-l�, qu'on tranfporte au »3 milieu des Villes les d�lices des champs, »3 & qu'on voit, m�me au fein des hivers, 33 les agneaux errer dans les vallons rleu- 33 ris, & la berg�re ai�ife au pied d'un ch�- 33 ne, �couter le chalumeau de fon amant, »s &: r�pondre d'un fouris � l'expreif�on de >3 fes regards. »s Arts enchanteurs, continue M. de Mon-
3Jtiano, reproduifez-nous le plaiiir & la 33 vertu fous mille images > exercez l'indufbrie 33 des -hemmes laborieux, Se l'oii�vet� des 33 pareiTeux illuitres. Vous �tes tous fr�res , 33 tous �galement rivaux de la nature : ΓΑ11- »tiquit� de fon origine ne donne aucun 33 droit � Pun fur l'autre : l'utilit� de leurs » productions les met tous au-deiTus de ces >3 vaines prei�eances que les hommes fe dii» » putent. Si quelques nations barbares ont ^m�connu le charme des Arts, leur ra- vage |
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sur ι/'Architecture. �xtxj
h vage �� leur perte eft une partie fenf�blo
4/des vengeances que le Ciel a voulu tirer » des fcrirr�es du monde i par l� main de »ces peuples d�fendeurs. Mais enfin les »Arts forteht partout de l'oppreffion o� »ils ont langui fi long-temps j &; comme »l'Efpagnen'a pas �t� la derni�re � �prou-' »- ver leur' d�cadence ,= elle doit ie h�ter » de reiFeiitir l�s douces influences de leur 's r�tablif�ement4 "Ί�1 ι 'λ ? ί)�:α^: Rapportons encore l'extrait d'un Otl�*
y rage lu dans cette m�me. Acad�mie : dofte ■ l'objet eit de prouver combien tous les Or- dres d'un �tat: doivent s'inftruire de la cori^c noiil�nce d�s Arts ■$>& particuli�rement de l'Architecture (φ 'h ^..o�..�!; rr:q ;��.�■.' ir�-« - ?>?La noblefi�f di� l'Orateur/doit �tre »s la premiere ^regarder les Arts, comme » un des principaux ornements de fori �du- *> cation , &; �. leur. d°nner les moments » que l'aifance ομ elle dit n�e lui laifTe \v « bres de tout ibin &. de toute autre in-' » qui�tude. Cependant qu'elle n� i�ache y »i comme Trajari,�� que ce qui convient � » la dignit� de foh rang, & au bien de l'�- » tat y & qu'elle ne faiTe pas comme Adrien / ^ qui, pa�ant pour l'Archke&e d'un Tenn (c) J^ous avons ptottonc� anciennement Un �ifcoufs fur t�
*�$m� objet, 4ui fe venu � Paris chez Jombert, rue Dai�phiiie.� |
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1. '.,-.■'
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Ixxxij Dissertation
η pie qu'il avoit d�di� � V�nus, demanda 59 au c�l�bre Apollodore, quel jugement il » portoit de ce Monument : Si les D�ejfes »fi lev oient de dejffus leur Tr�ne maje�ueux, 33 elles fe heurteroient la t�te � la vo�te, lui �j r�pondit Apollodore : c'e� le feul incon* » v�nient que j'y trouve. Cette i�nc�rit� cho- v qua la vanit� de l'Empereur, 6c co�ta la ι? vie au Philofophe. r 33 Mais en �vitant le ridicule, les Grands
33 ne doivent pas manquer du degr� d'�tude 33 & de lumi�re, n�ceflaire pour conce* » voir des id�es juftes , pour diftinguer le *> bon du m�diocre, pour applaudir au par- si fait, &: perfectionner le raifonnable , pour 33 juger des proportions d'un Edifice/'d'un 33 Canal, d'un grand Chemin 5 pour f�a- 33 voir accorder en tout cela, la gloire du 33 Prince avec l'int�r�t du Peuple, la ma- 33 gmficence du projet avec les r�gl�s de 33 l'�conomie. L'Intendant, le Gouverneur> 33 le Pr�lat m�me, s'ils ignorent les �l�- 33 ments de ces Arts, � quelle perte irr�* 33 parable, � quelle exp�rience ruineufe, � 33 quel fujet de rif�e ne s'cxpofent-ils pas ? 33 Tout devient confid�rable entre les mains 33 de ceux qui d�fpenfent les gr�ces des » Princes, qui font les d�pofitaires de leurs. ?3 tr�fors, qui ont la d�re�ion ^de leurs en- » treprifes, de leurs Palais & de leurs Edi* '; f ■. * �■! V' A. '
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St/M l��RGHI��CtPk�* IxXX��j
to f�ces» D'un mot j d'un feul i�gne, ils font
»fleurir ou tomber les talents-: ils pro- »3 curent, ou ils an�antiiTent les progr�s »des Arts : ils perp�tuent la d�cadence 35 d'une nation enti�re, &c. &c. >> Avant de quitter cet Avant-Propos,
donnons quelques Programes qui puhTent fervir de guides � nos El�ves , lors- qu'ils voudront fe livrer � la compoi�- tion : puifons ces Programes parmi ceu� que nous avons donn�s, pendant vingt anti�es, dans notre �cole des Arts, lors- que le plus grand nombre des jeunes Ar« tiites qui nous fu�voient alors, conc�uroic aux prix, que nous y diftribuions tous les automnes, diapr�s le jugement des Ardu-* te&es^ des �rt�ftes &; d�s Amateurs, qui, pour encourager notre z�le, & foutemr l'�- mulation de ceux qui �toient confi�s � nos foins, vouloient bien nous f�conder, dans ces jours folemnels^ 6t nous �clairer nous- m�me, dans la carri�re p�nible de rinitiu* &ion des beaux Arts. |
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Jxxxiv. ,pRO GRAM � S '%\l% .
'Divers Programms coHtenant
.0 IFFER E'NTS; PR O JE TS
saa�ij&ji &'Architecture. '■ r�
Par Frogranie nous, t entendons l'�nonc�
d'un projet > un - peu d�taill�, que le Pro- feiTeur donne � les El�ves, pour leur faire comprendre fes Intentions, &; la,marche qu'ils doivent fuivre ;^� dans la compoi�- tion de l'efquiiTe qu'ils font charg�s de faire fous fes yeux, : l�s El�ves, l� mettent enfuite au net, fans, pouvoir s'�carter de leur premiere penf�e. ;A ion, four i le Pro- feiTeui doit expliquer, d'une maniere claire �i ;pr�cife, les conditiplis du Programe 5 y comprendre les mefures du terrein, fa pla- nimetrie ou fes montupiit�s, ainfi ,que les entraves inf�parables; de toute efpece de f)roducl;ion t dans l'art de b�tit : avant de
e di&er, il doit avoir lui-m�me., dans le julence du Cabinet, trac� le projet du Pro-t grame, comme le feul moyen 'de ne dire que ce qu'il faut, & par-l�, de pr�parer, pour ainiklire, le travail de l'El�ve. Apr�s l'a- voir ainil con�u> %^it encore, en pr�- fence de tous, analif�r , �tendre &; d�ve- lopper fp�culativement le genre du projet dont il s'agit, faire des citations, & rap- peler aux El�ves tes Edifices de m�me ■
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SVR l'Architecture. Ixxxv
genre? qui font �lev�s par les grands Ma�-
tres , & ceux dont nos meilleurs Auteurs ont donn� les deferiptions : il doit s'ap- pliquer � faire fentir les nuances qui do�* vent diftinguer les B�timents �lev�s pour la m�me fin : leur faire entendre que dans une Capitale, le Palais d'un Souverain, celui d'un' Prince du Sang, la demeure d'un riche parti* ciilier, quoique coniid�r�s, comme autanc de B�timents d'habitation , doivent n�- ceiTaire m ent diff�rer par le ftyl e r�pandu- dans l'ordonnance : que l'H�tel d'un Pr�lat',* celui d'un Militaire, celui d'un Magiftrat, doivent avoir chacun un caract�re partieu- lier, qui les annonce pour ce qu'ils font | qu'enfin un Pavillon dans un Jardin , un jKiofque fur l'angle d'une terraife, un petit Trian�n dans le fond d'un Parc, doivent s'annoncer- diff�remment par leur afpecb Par cette attention de la part du Profel�eur, ceux qui concourent, peuvent fe meubler la t�te des objets les plus analogues aux* projets dont ils font charg�s, &, avant d'o- p�rervconcevoir une id�e nette, qui les mette a port�e de fe tromper moins, fur la difpof�tion &; la convenance que demande chacune de ces compositions. , i� �p LeProfeifeur doit canfeiller aux El�ves |
de ne fe jamais preffer. Les jours deftin�s: 4 faire leur Efquiffe.,on kur: accorde-envi-» �lf
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Jxxxvj Programes
ron douze heures pour y parvenir : pa��ez-
en d'abord le tiers , leur avons-nous die plus d'une fois, � r�fl�chir dans le plus grand iilence ■■, enfu�te tentez, pendant le m�me efpace , plui�eurs moyens de remplir les conditions du Programe : faites un choix ; enfin , dans hs quatre heures reliantes, traduifez vos penf�es, & faites avec pr�ciiion votre Efquii�e fur l'�- chelle demand�e. ReiTouvenez-vous , leur avons-nous dit encore, que, plus elle fera dig�r�e, plus vos Dei��ns au net feront, faciles � rendre. Perfuadez - vous que le jour de l'EfquirTe eft un jour de triomphe \ que la fatigue de cette journ�e % i� c'en cil une, vous met � votre aife, pendant le temps que dure votre concours, & que, par-l� feulement, vous avez droit de pr�' tendre � la couronne qui vous attend. Combien peu n�anmoins fu�vent notre
avis ! Combien n'en voyons-nous pas, qui % ne prenant qu'un extrait � la h�te du Pro- grame, qui, lui-m�me, ne doit �tre re- gard� que comme un pr�cis de l'objet de- manda , s'arment fur le champ, de la r�gie &: du compas, pour op�rer, fans r�fl�chir que le projet doit �tre dans la t�te, avan� d'en vouloir tracer PefquiiTe far le pa-* pier! Comment, avec cette pr�cipitation, �hoii�r Je genre propre au fuje� ? �oinment; |
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sur l'Architecture. Ixxxv�j
pouvoir monter ion g�nie fur le ton gra- ve, ou fur les gr�ces de l'Art? Gomment enfin pouvoir faire un choix judicieux du v�ritable cara�fc�'re propre � l'Edifice , lorf- que les diff�rentes parties qui le compo- sent ne fe con�oivent que les unes apr�s les autres ? Qu'on n'en doute point , ce d�faut de jugement eft fouvent caufe que le mouvement du Plan eil d'un ftyle diff�rent de celui des �l�vations, &que, plus fouvent encore, les ornements qui de- vroient embellir l'ordonnance , ne fervent qu'� l'accabler & � la d�figurer. - Offrons ici plufieurs Programes concer- nant l'ordonnance ext�rieure des B�ti- ments. Dans le Volume fuivant, nous en pr�fenterons, fur la diftribudon &; fur la d�coration int�rieure. ; Commen�ons par donner l'id�e qu'on pouroit concevoir, par exemple, du pro- jet de la porte d'une Prifon, de celui d'une Orangerie, enfuite nous donnerons desPro^ grames particuliers, qui auront pour objet, le projet d'un Arc-de-triomphe, celui d'une Colonne Milliaire, d'une Fontaine jaillif- fante, de la Porte d'un Arfenal, dcc. &c. Une Porte de Prifon doit annoncer, par
fon ordonnance &: parTon expreffion, fi elle donne entr�e aunePrifon publique,� une Pri- fonmilkaire,oi» auaePrifpn p�rticuliere^fiii |
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�xxx vlij Pr θ & R a m kr$.
que le choix qu'on aura fait, puilTe d�i�gnei
pr�cif�ment la diff�rence de ces divers Ed�t �ces, quo�qu'�lev�s tous pour le m�me objet, ChoimTons la Porte d'une Prifon m'�U taire. L'ordonnance d'une telle Porte doit �tre ruftique. Si l'ordre Tofcan y pr�i�de, 11 doit �tre engag�, & �tre augment�'de boi��ges continus & vermicul�s : les ar*- riere-corps doivent �tre profonds j les ta^ bles Taillantes, les clavaux lourds & pefants. Des profils maffifs Se peu compof�s, char- g�s de mutules carr�s, doivent entrer dans fa d�coration, aini� que de petites ouver- tures pour crpif�esj enfin des bornes gar-i, niesde cha�nes, doivent fe placer dans un tel Frontifpice. On doit prendre garde en- core , ii l'Edifice auquel cette Porte donne entr�e, eft d'une certaine importance * que celle-ci, coniid�r�e comme feinte y /bit un peu coloiTale, mais baiTe, �craf�e, �c que la Porte r�elle, contenue dans la feinte |; ne pr�fente qu'un Guichet : la pre- miere, par fa grandeur, devant annoncer l'importance du Monument j la f�conde, par fa peticeffe, l'horreur duf�jo�ir, dont l'en-* tr�e ne doit; �tre ouverte qu'aux �oupa^ Hes? Lorfqufon y admet.de la Sculpture^ U faut qu'elle infpir� la terreur,.& que l'hu4 Inanit� femb�e bleff�e de fon afpecL Ju� 'ψί'Μ m0$$% I ^i^tieres :, itqut .άο$ etpf |
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sur l'Architecture Ixxxte
ferut, b�ti en pierre dure, d'un grand ap^
pareil, � joints ouverts, & annoncer d'�- paiiTes murailles ', enfin la main d'ceuvre doit paro�tre vague $c ind�termin�e. La touche du Deffin m�me d'un pareil Monument, doit pr�fenter la riiiKcit� de l'ordonnance. Pour conftater l'�tendue d'un tel projet, il fuf�t que le Programe fp�cifle� feulement; la largeur §l la hauteur de ce Frontifpice. L'Orangerie de Verfailles, fans contre-
dit, peut fervir de mod�le, & �tre regar- d�e comme un exemple c�l�bre, pour l'or- donnance d'un B�timent de ce genre : ma�s comme il peut arriver que l'ordre TofcanX qui pr�iide dans cet Edifice, doive tenir un rang moins confid�rable , dans la d�-< coration ext�rieure d'un B�timent de cette efpece, parce qu'il ne s'agit pas toujours de l'Orangerie d'une Maiion: Royale, ■'& qu'une Orangerie *, au lieu d'�tre �doiT�e � une terraiTe, peut, �c doit m�me �tre �fol�e de toute part; voici comme on peut concevoir un tel projet, pour �tre ex�cut� dans les Jardins d'une Ma�fon de plaifance. La convenance voulant que l'avant-corps
d'une Serre de l'efpece dont nous parlons, �c la porte qui y donne entr�e, foieht �le* y�s � raifon de la grandeur des arbres que ion int�rieur doit contenir, on peut �le* ?�r :�et Ayant-corps aii-deiTus de Rentable* |
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M� Programms
ment> ou de la corniche de couronne-
ment qui r�gne fur toute la longeur de l'Edifice. Alors cet avant-corps autorife une grande ouverture plac�e dans un entreco- ionnement, ou clans un entre-pilaitre , J'un ou l'autre aiTorti � l'�tendue du B�- timent* Si la fituation de cette Orangerie eil: en-
vironn�e de taluds, de glacis ; fi elle fe trouve �lev�e dans une vall�e , bord�e 4'une cha�ne de montagnes, �c qu'on am�ne les colonnes fur la fc�nej il convient de /charger celles-ci de boiTages alternatifs 5 au- trement, il faut laiiTer le fut des colonnes lice, de charger de refends le mur de face: travail qui ferviroit de fond aux colonnes, m que nous eftimerions peut-�tre autant que les boifages plac�s fur l'ordre 5 ou, dans ce dernier cas, nous voudrions affecter plus de peianteur aux chapiteaux , en for- mant le tailloir d'une feule plate-bande, pomme le propofe Palladio. 'i Nous fommes aui�i d'avis qu'on fuppr�me les combles, dans ces fortes d'Edifices j l'in- f�rieur devant en �tre vo�t�, il eft bon d'en mafquer les couvertures. Nous fommes en- core d'avis qu'on y fupprime les frontons, � moins qu'on ne les place dans les pignons, dans le cas o� les combles refteroient ap- parents fut toute la longueur de h fa* |
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SUR J�A&CniT�CTVRE* XCJ
^ade. L'�tendue-& la profondeur d'un B�ti-
ment d'orangerie doivent �tre proportion- n�es � la quantit� des arbres qu'il doit conte- nir > il doit �tre expof� au midi, & avoir une- certaine �l�vation n�ceiTaire pour la confer- vation des orangers qui y font renferm�s l'hiver. L'Orangerie des Jardins de Sceaux, & celle des Jardins de Montmorenci, peu- vent fervir de guides, lorfqu'il ne s'agit que des Orangeries du f�cond genre. PaiTons actuellement aux Programes particuliers que nous venons de promettre, Programe pour un Arc de Triomphe.
Le ProfeiTeur demande le projet d'un
Arc de triomphe dans un Carrefour, don� les deux principales faces donneront fur des rues de vingt-cinq toifes de largeur« $c les deux autres fur des rues de quinze toif�s, croifant les premi�res. Ce Monu- ment n'exc�dera pas la largeur �ts grandes rues, y compris les plus fortes faillies pla- c�es fur fes retours. Il poura �tre d�cor� d'ordre d'Archice&ure au choix des El�ves, & �tre perc� par les quatre cot�s. Les El�ves d�iigneront par maff�, L�
forme du Carrefour, ou fera plac� cet Edi- fice. Us feront deux Plans, l'un du rez-de* chauff�e, l'autre de la partie fup�rieure $ |
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une �l�vation, fur l'une des grandes fa�a*
des, une autre»fur la face lat�rale,''& une coupe.-,' ■'r'-shi ; ■ ',n' r-Les efquiiFes feront fur une �chelle de
fix lignes pour toife : les Deffins au net,fur une �chelle d'un pouce & demi pour toife; hes El�ves auront foin de ne jamais pr�- fenter une id�e double dans leurs efquirTesl� autrement, elles ne feroient pas re�ues pour le concours. |
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Explication fp�culative apr�s k
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'on
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Programe*
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'Λ
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Apr�s la lecture du Programe, z/ e/? $0/2
que le Profeffeur d�figne le motif qui. donne lieu � ��reilion du- Monument. : s'il doit �tre �lev� � la gloire d'un Prince triomphateur \ � l'occa�on d'une alliante illufire 9 de. la naifi fance d'un Prince, &c. afin que ;> non-Jeu-^ lement, l'El�ve puiffe faire choix de l'or- dre le plus convenable au fujety mais qii�l appelle � lui les attributs , φ les all�gories les plus propres � repr�fenter d'une maniere- non-�quivoque,,�la d�dicace dit Monument.�ffa $/ogratte ρομη une Colonne Militaire%
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41 ?
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. Cette Colonne doit �tre eoloiTale , 6%
.$m:-'mav& s;/dmt fexpreffion annonce la |
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SUR L'��LCH�T�CTURE. xciij
dur�e des temps. Elle doit �tre �lev�e
fur un foubaiTem�nt o� l'on placera divers attributs qui cara&�rii�ront le motif qui aura fait �riger l'Ediric�. Ce Monument doit �tre plac� au centre d'une place marchand de y d�cor�e de B�timents,,� d'une Arclii- teclure i�mple-\ de d'une �l�vation propor-1 tionn�e au. diam�tre de la Place , �c I l'importance du Monument dont �l eft queiHon. , - * vvLes El�ves y apr�s avoir choi file l�e� le
'plus convenabk.j. pour l'�l�vation de cette Colonne Miiliaire, par exemple f la place du parvis de Notre-Dame ^ feront un Plan g�n�- ral, fur une �chelle de neuf lign�s pour toife f ce Plan d�fgner-a toutes les rues qui abou-* tirant � cette place 5 & ils prendront foin a y exprimer en rouge tout ce qu ils croi-, ront devoir conftruir-e �./-.neuf ; en jaune, tout ce qu'il, conviendra de d� truite/& �c en noir , tout ce qui poura �tre �pnlerve. ,,\ ,5 W'iiV» f.v-r-:,:^-:'Λ & Les ^�l�vations'de la Place feront deffi^
fi�es fur une �chelle d'un pouce & demi pour- tpife� : le Monument particulier-4 fur'une �chelle'de deux pouces & demi. Les eiquii�es feront faites fur.une �chelle r�duite � 4a moiti� des mefuf�s ci"deJ�u�# |
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xc�v Programm s
: ■■■. ."' ' . . *�■ ' ..',■,'.�'. " ... �. ... i ... : :... '
Explication,
On f� propofe d �lever � Paris une Co�*
tonne Milliaire , � l'imitation du Milliar�um jaureum, qu'Augu�e fit �lever en marbre au milieu du March� de Rome, d'o� ton comp- tait la di�ance de cette Ville , par d*autres Colonnes Milliaires, plac�es le long des grands chemins. Le Parvis de Notre-Dame fe trouve af�{
pr�cif�ment le ^centre de Paris , & celui d'�-* pr�s lequel M. Peronnet a fait mefurer exa* clement la di�ance des milles qu'on plante actuellement fur tous les grands chemins de la G�n�ralit� de Paris ; on en plantera de 7n�me par la fuite dans tout t� Royaume � fuiyant les intentions de Sa Majefi�. ' D'apr�s cette id�e , nos El�ves doivent
s'animer d'une nouvelle ardeur, pour corn- pof er un Monument digne, tout � la fois y de ΐimportance du projet , & du r�gne du Prince fous lequel il doit �tre �lev�. Programe pour une Fontainejaitliffanteli
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves l'�-
l�vation & le Plan d'une Fontaine d�cou- 7 verte §c iailliiTante, d�cor�e de membres |
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sur l'Architecture xcr
d'Archite&ure & de Sculpture. Ce Mo-
nument eil particuli�rement deil�n�, pour Futilit� &c la d�coration d'une Place publi- que, faifant partie de la ville Capitale d'u-^ ne de nos Provinces, dans le fein de la-~ quelle paiTe une rivi�re navigable. L'EiquiiTe de c&s deux Deffins iera fa�te
lur une �chelle d'un pouce pour toife ; Se les Deffins au net, chacun fur une �chelle de deux pouces pour toife. Il eil recommand� aux El�ves de ne faire ni les EfquiiTes, ni les Deffins au net, plus pe- tits, ni fur des �chelles plus grandes que celles preferites par ce Programe. Explication. ^
Ce Programs exige fans doute, de la part
de ceux qui concourent, l'habitude du Def�n: aujfi fai�ffons-nous cette occafion, pour rap* peler � plu�eurs, le bejoin qu'ils ont de s'y1 appliquer plus particuli�rement τ autrement y forc�s d'avoir recours � une main �fang�re , leur projet deviendra difparate y l'Architecture d'un genre , la Sculpture de Vautre, celle-ci trop forte , l'autre trop foibte g par conf�r quem, la comp��tion imparfaite. Nous l'a* vons d�j� dit, nous le r�p�tons ι le fucc�� d'un Monument de : ce genre , con�fie dans un parfait rapport entre l'objet principal \ |
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&CVJ P Μ Ο QRAM � S
& les parties ace e foires y ain� que dans le
choix des formes, & la di�ribution des eauo� jaillifantes , dont la dijpo�twn doit contri- buer ? plus qu'on ne s'imagine ? � la beaut� de l'enfembL� ■ < ■ " ' Ρrograme polir une Porte d'ArJendL
Le Pfqi�iTeur demand� a f�s El�ves Je
projet de la d�coration ext�rieure de Ja Forte d'un Arfen�l, donnant iiir une PJace d'Armes. Cette porte doit �tre ouverte Ar un mur de cl�ture, qui n'a que vingt-1, une toifes d'�tendue. Le Dei��n fera fait fur une �cJielJe d'ui�
pouce pour toife, & ceJui au net fur un©� �chelle du double, Λ - ^ ^ '; ' ; ■' JSxp�cadorz* , ,\ 7 ^ ^
Z�� El�ves doivent s'attacher � donnera�,
�ette Porte,un caract�re particulier ^ qui an- nonce l'entr�e d'un grand Edifice, dont l'in- t�rieur e� dejan� � con�ruif� Jes armes \ofi, finfives y qui. doivent -d�truire, les pr�tentions de l'ennemi. Si .l'on γ .met des colonness * il ^/? bon. de, Cordt de ία route ordinaire *�i/a- leur faire repr�senter aumjit,�e'f�ts de canon\ & d'appekr �, foi dans la Sculpture y les mor^ tiers g
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St/M L*�RCHtT�CfUk�, XCV�J
tiers y les bombes, les aubu�ers , & tout c$
qui peut caracl�rijer la foudre y qui doit ρφ venir la t�m�rit� des ajfaillants* Programm pour un Portail d'�gll/e*
Le ProfeiTeur demande � fes Elev�s le
Plan & l'�l�vation ext�rieure du Portail d'une . �glile , faifant partie d'un Mona- ft�re de Dames Relig�eufes» Il eil permis aux El�ves d'y faire entrer un ordre d'Ar-^ chlte&ure i & de r�pandre une certaine . magnificence dans Ton ordonnance. Les EfquuTes feront faites fur une �chtlie
d'une ligne pour pied, & les Dei�ins au net, fur une �chelle de trois lignes pour pied. |
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Explication;^
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\ .,� :
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�SEgUfe des Dames de t�rinonciade S
■ Samt-Denis , celle- des Dames de Sainte* Marie � Chaillot ? font les mod�les que mus citons � nos El�ves, pour r�gler leur map-' � che dans ce genre de compo�twn : del� nous prenons occafion de leur recommander plus que jamais, de vifiter tous nos Edifices, d'en faire des Efqtaffis-, des notes f qui les met- tint � port�e d'�ta moins neufs, lorfqu'ils fi Tome IV* g |
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XCviij Ρ R O G RA Μ Ε S
pr�fentent au concours. Nous leurs confinions
d'ailleurs ^ de m�diter le choix de leur ordre > il entre, plus qu'ils ne s'imaginent ordinai- rement , dans la proportion & les rapports qui doivent caract�rifir l'Edifice. C'ejt d'apr�s l'Ordre que les majfes fie d�terminent , que, les membres d'Architecture prennent leur place ^ & que les ornements acqui�rent cette wuchs ferme ou �l�gante , qui influe fur les nuan- ces , & qui diff�rencie telle production de telle au*- tre production du m�me genre. Programe pour une Porte d'Ecurie,
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves la
d�coration ext�rieure de la porte d'une Ecurie, fa�fant partie des d�pendances d'u- ne Maifon Royale. L'ordonnance de cette Porte doit �tre fans Ordre d'Archite&ure, & contenue dans un avant-corps de vingt- fept pieds de largeur. L'EfquuTe fera faite fur une �chelle de
deux lignes pour pied, & le Del��n au net, iiir une �chelle de quatre lignes pour pied, Explication.
Le flyh d� ΐ Architecture de cette Porte.
doit avoir un caract�re de fermet� qui an-* |
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SUR �'�rCh�TECTUR�. &cit
nonce fon inf�riorit� d'avec l'ordonnance des
fa�ades qui pr�fident dans le principal corps- de-logis s mais non de cette fermet� abfolue qui caracl�rifie les ouvrages militaires : une� belle forme dans l'�l�vation , un mouvement mod�r� dans fin plans & quelques ornementi relatifs � fion ufage, doivent faire tous les frais de cette composition*. Programe pour une Fontaine publique,
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves 1*6�*
l�vation & le Plan d'une Fontaine publi- que adolT�e contre un mur de Cl�ture iitu� en face de la grande rue d'une Ville de Province. On demande que cette d�- coration fort fans ordre d'Architedure i mais d'un ftyle int�r�iTant & orn�* L/�quhTe fera fa�te fur une �chelle de
quatre lignes pour tolfe, & les D�finis au net � fLir ulle �chelle de neuf lignes pour toife* Explication.
^ Quoique 'nous ayons fouvent recommand�
l'�tude fuivie des ordres d Architecture >� il s'en faut bien que nous en exigions l'application, dans tous les genres de compofuion. Dans un projet de m�me genre, on peut les y faire entrer ou les y fupprimef, filon l'importance |
||||
� Programes
de la Province ou de la Capitale o� ce Mo-
nument Jeroit �lev� ; mais qu'on γ prenne) garde : au d�faut de la pr�fence de l'Ordre 9 du moins il en faut retenir l'expreffion} comme, lefeul moyen de joutenir un caracl�re d�cid�, & de donner � connoitre, quoique l'�cono^ mie ait fait la loi , que la d�coration n'en efl devenue «> ni moins agr�able ? ni moins fa- tisfaifante , malgr� la mod�ration des orn�" ments 3 occasionn�e par l'abfence de l'Ordre, D�coration de ΐ avant-corps d'un Palais.
Le ProfeiTeur demande au choix de fes
El�ves', ta d�coration ext�rieure de l'a- vant-corps principal de la fa�ade d'un Palais du c�t� de l'entr�e. On ajoutera � cet avant-corps quelques croif�es feule- ment, appartenantes aux arriere-corps de l'Edifice. L'EfquiiTe fera faite fur une �chelle de
quatre lignes pour toife j les Defl�ns au net , fur une �chelle d'un, pouce pour toife. \ , �,. ,�,,.��,;. Explication,
'L'El�ve doit fe rappeler ce que nous avons,
fu plus, d'une fois^ dans nos Le�ons ; Il faut |
||||
sur l'Architecture. cj
s'attacher au genre de tEdifice-, afin de ne pas
confondre , comme on ne le fait que trop'o�- dinairement, le fiyle qui convient � l'ordon- nance d'une Maifon Royale, d'un Palais pro-r prement dit, d'un Ch�teau ou d'une Maifon de■ plaifance; chacun de ces Edifices, encore une fois , devant offrir un afpecl diff�rent % avoir plus ou moins de mouvement > de ri- cheffe i une forme plus ou moins pyramidale, & �tre amorti diverfement. Jufqu'� pr�fent, il femble que l'on ait confondu les genres. r parce qu'on a indifiinclement donne le nom de Ch�teau y de Palais, ou de Maifon Roy'aie aux m�mes Edifices j d'o� il efl r�jult�, que la plupart de ces B�timents pr�fentent le m�me afpecl ? au lieu d:'offrir autant de caract�res particuliers.. Programep�ur l�Di�orationext�pieur�
d'un Belv�der, Le Profeil�ur demande �/ fes El�ves �a
principale, �l�vation d'un tr�s^jo�i Bel- v�der �lev� fur ■-�n�1"-t�rra-i�e, ';��"Puri &: Pautre orn�s de Sculpture. On fera le Ma�tre d^introduire des^ nappes d'eau vdans le maffif de la "ter'rafle , &; de , faire voir les efcaliers qui defeendent 'tJiins les Jardins bas y � l'extr�mit� fit- |
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c�j Pro crames
p�rienre defqucls doit �tre �lev� ce B�-
timent, 1/EiquiiTe fera faite fur une �chelle de
trois lignes pour toife, &: le Deffin au net, iltr une �chelle double. Explication,
lie� aif� de concevoir que, quoique ce Prcn
grame nefa�e mention que de l'une des �l�vations de ce B�timent, pour y parvenir, les El�ves ne peuvent fe dijpenfer d'en tracer le Plan & m�me une coupe > dont ils pouront pr�f enter les intentions , dans l'EfquiJfe. A la v�rit�, 0n ne leur demande pas ce dernier objet d�- taill� juf qu'� un certain point i mais comment parvenir � fe rendre compte de la forme g�* n�rale, de la difpo�tion des terrajfes , & de, fa Divinit� � qui on voudra d�dier ce petit Monument, fi l'on a pour objet d'en former un Tempk � Apollon , aux Mufes, � �A- mour\ ou aux beaux Arts j autant d'objets ■gui faciliteront chaque El�ve, � fe rejfembler moins les uns les autres, dans cette production $ les laijfant les maures du choix, & leur �tant p�rmis de faire un Deffin de go�t, du Pro-* grame qui kwr φ offen ia� |
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Cllj
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SUR ^ARCHITECTURE*
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Programe pour un Phare fur le bord
de la mer.
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves la
d�coration ext�rieure d'un Phare, �lev� fur le bord d'un M�le, pour �clairer la naviga- tion. Ce B�timent doit avoir de b�fe vingt- cinq toifes, &: de hauteur environ trente-cinq toiles 3 �tre divif� en plufieurs �tages, for- mant chacun une terraiTe, �c �tre termin� par une plate-forme for laquelle s'�leve- roit un fanal ou porte-lumi�re. L'Efquii�e fera faite far une �chelle de
quatre lignes pour toife , & le Def�in au net, fur une �chelle double. Explication.
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2-s-f.-
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La Tour de Cordouan efl peut-�tre le feul
Edifice de ce genre qui puiffe guider les El�- ves dans cette efp�ce de production (b). On con�oit que le fol de cet Edifice, doit �tre �lev� fur une terrajfe, hors des atteintes de la plus haute mar�e, & que g�n�ralement parlant, il . ne faut pas abujer d'une trop grande rk-hejfe dans l'ordonnance de ce Monument ,fon m�rite |
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(h) Voye� ce que nous avons dit de cette Tour, dans le
IXe Volume de ce Cours, page +6i, & fmvantcs. glv
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c�v Procrames sur l'Architecture,
principal devant confi�er dans le rapport de
fa largeur , & dans l'effet pyramidal qu'il doit annoncer y par les tetraffes formant au~ tant de retraites indiqu�es dans le Programe. Nous nous fomrnes fix� � ce nombre-de Programes concernant la d�coration ext�- rieure des B�timents > non que nous ayons cru �puifer la mati�re , mais parce qu'il nous a paru que ceux que nous venons d'offrir, peuvent fuffire pour faire parve- nir les El�ves apr�s cette �tude, � par- courir la diverf�t� infinie que pr�sentent �toutes les productions de l'Art. D'ailleurs, nous nous propofons , dans les Volume$ fuivatits , d'en pr�fenter encore/qui re- garderont la diilributlon des Edifices : d'au-* tres qui auront pour objet la d�coration int�rieure des Appartements, enfin que!-* ques-uns fur ce qui concerne Tart du Jar« dinage, &, nos Jardins de propret�. |
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Fin de l'Avmt-propos*.
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TABLE DES MATIERES,
des Chapitres et des Planches
Contenus dans le quatri�me Volumeν AVANT-PROPOS.
ou
Pr�cis des r�gies contenues dans le troiiieme
Volume de ce Gours ; page j Suivi de quelques Obfervcitions pr�liminaires fur
ΐ ArchiteUure. ibid. Avant-Propos du- twi�eme Volume. pag. iij
Dissertation sur diff�rentes parties de.
l'Architecture. xl Moyen de concevoir en quoi consista
le talent , legout et le genie du ve- RITABLE Architecte. ibid. JPe �homme 4 talent en Architecture., ibid�
De H homme de gout en �rchiteclure. xliv
De �homme de g�nie en Architeclure. xlviif
Qbfervations f�r diff�rentes parties de Ρ Art. Iij
Pi vers Programes contenant diff�-
rents projets d'Architecture. Ixxxiy4 CHAPITRE PREMIER.
* ■. l j- * �
De la Distribution et de la D�cora*
Τ ion des Jardins de propret�, % |
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;;k
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"*�
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fcvj TABLE
Observations g�n�rales sur les dif-
rx-f�rentes parties qui composent les * Jardins, Page 9 Observations particuli�res sur les
diff�rents objets qui se placent a d�couvert dans les jardins de pro- 'PRETE. 21
'Des diff�rentes fortes de Parterres. ibid.
Des Boulingrins & des Vertugadins. 26
Des Fontaines, des Buffets & des Cafcades. 27
Des diff�rentes efpeces de Terraffes. 31 Des Efcaliers d�couverts , en ufage dans les Jardins
de propret�, . <■'.-■ 33 wbgs Quinconces. 3�
Des diverfes Paliffades. 37
Observations particuli�res sur les
piff�rentes parties qui se placent λ couvert dans les jardins de pro- PRET�. 39 'Des aff�rentes All�es. '\ ibid.
Des diff�rents Bofquets & des Salles de verdure. 41
Des Clo�tres. 42 Des Labyrinthes. \43
Des Cabinets & des Berceaux de treillage. 44
Des Statues & des Vafes. 46
^Diff�rents Dessins de Parterres , de
Broderies et de Massifs d� gazon. 48 Planches I & IL
Diff�rents Deffins de Boulingrins & de Vertugadins.
Planches III & IV.
Des Fontaines jailliffantes. j J Planche V& VI,
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ι
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DES MATIERES. cvij
Diff�rents Deffins de Terrajfes & d'Efcaliers. page 57
Planches VII & VIII. Divers Deffins de Paliffades. 6l
Planches IX&X.
Observations particuli�res sur les
diff�rentes parties qui se placent a couvert dans les Jardins de pro- pret�. 6 y Des Bofquets & des Salles de verdure, ibid.
Des Cabinets de treillage. JZ
Des Vafes. 74
Diff�rentes compositions de Jardins
avec leurs B�timents et les d�pen- dances QUI EN SONT LA SUITE, page 76 Plan g�n�ral projet� en 1766 pour le Cateau-Cam-
hrefis � fix lieues de Cambrai en Flandre. 83 Planche XXIV.
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins d'un ma-
gnifique Ch�teau projet� pour ΐAllemagne. SB Planche XXV.
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins d'une
belle Mai/on de chaffe projet�e en Allemagne pour
..y (�lecteur **%� ν �fi
Planche XXVI.
C HAPITRE II>
DE IA DISTRIBUTION des Batimen^ EN G�N�RAL. LOO
Pr�ceptes g�n�raux, concernant la difpofition des
iffues 5 des cours principales , des -baffes-cours , φ
|
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eviij TABLE
des B�timents qui fervent de d�pendances atig
* corps-de-logis dejlin�s � la re�dence des Maures. page 108 ",
De la Convenance. v 109 Maniere de concevoir le projet a"un B�timent. l�O
Pr�cautions qu'il convient de prendre avant de b�tir. 1J3
De �cxpofition des B�timents. ll\
Du choix du lieu ou ton y eut b�tir. IVJ
De la nature des Eaux. 119
Des Avenues. 121
Des Avant-Cours. I±4
Des Cours principales. llj
Des Baffes-Cours. lip
Plan du Ch�teau de Verf ailles i de fes iffues, & de.
fes principales d�pendances. 131 Planche X XV11.
Plan de ΐ ancien Ch�teau de Meudon, de fes iffues %
de fes cours, & de fes principales d�pendances. 134 |
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'l
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Planche XXVI IL
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'Plan du Ch�teau de Saint-Cloud, de fes iffues, &
de fes principales d�pendances. iy~f
Planche XXIX.
Pian du Ch�teau de Maifons, de fes iffues ,& de
fes principales d�pendances,: : J H 139
� L A NC H E XXX.
Plan g�n�ral de Champ > de fes iffues , & de. fes
* '-principales d�pendances. ;" IAZ,
ν .,',,,t,",Jfe �; ν � he X XXL
|
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DES MATIERES. rix
Plan du Ch�teau de Montmorenci , de fes i�ues, &
de fes principales d�pendances. page I46 Planche XXXII.
!
Plans par majfes d'un B�timent de foixante -fix
toifes de f ace , de fes i�ues, & de fes d�pendances ; de la compofition de ΐ Auteur. 14$ Planches XXXIII & XXXIV,
De ΐutilit� des diff�rents Mod�les dans les ouvrages
importants, ■ \ 158 D�nombrement des Pi�ces contenues dans chacune
des Ailes qui comprennent les d�pendances trac�es fur la Planche XXXIII. l6z Des Caves en g�n�ral. I�3
Des Ou fines & de leurs d�pendances. 166
Des Offices & de leurs d�pendances. 171
Des Ecuries , des Remifcs , & de leurs d�pen-
dances. 174 CHAPITRE ΙΠ.
DE LA DISTRIBUTION INT�RIEURE
EN G�N�RAL ; Et en particulier, de la Forme, de la
Proportion et de la Sym�trie qu'il convi ent d'observer dans chacun m des pieces qui composent les appar- J TEMENTS. , MV�': v'\ 185
Premiere Distribution int�rieure du
principal corps-de-logis d'un palais de soixante-six toises de face, ji Coccafion duquel on traile de la forme s de la pro-
|
||||
ex TABLE
portion, & de �ufage des diff�rentes pi�ces qui corn*
pof ent les Appartements de parade , de foci�t�, &
les Appartements priv�s\ Pag� 102
Dtfcrip�on de la Planche J�XXV, 103
Rapport que la hauteur des pi�ces des Appartements
doit avoir relativement � leur diam�tre, f�lon U
fentiment de Fitruvey de Palladio & de Scamoqji.
200
S intiment des Modernes fur les diff�rents rapports que la hauteur des pi�ces des Appartements doit avoir relativement � leur diam�tre & � leur �leva-' tion ; foit que ces m�mes pi�ces foient plafonn�es ou termin�es en calotte. 204 Des Appartements en g�n�ral* 208
Des Vefiibules* 2IO
Des Salions, Z14
Des Anti-Chambres* 2,2,2,
Des Salles de Compagnie* 227
Des Salles �Affembl�e* 2} I
Des Cabinets. 237
Des Chambres de parade* ' 249
Des Galleries. 2�2
Des Chapelles faifant partie des Appartements des
Edifices de quelque importance» 27? Des Efcaliers en g�n�ral. 287
De la maniere de placer convenablement les Efca-
liers. dans un B�timent. 20� De la grandeur des Efcaliers* 200 Des� diff�rentes formes des Efcaliers* 301 De la lumi�re qu'on doit donner aux Efcaliers. 302 Regle pour trouver la proportion de la hauteur^ & le giron des marches des Efcaliers. 304 De la d�coration des Efcaliers. 300. De 'la Con�rucii'on des Efcaliers, 313 |
||||
DES MATIERE S. cxj
Distribution du premier �tage dont
le rez-de-chaussee vient d'�tre d�- CRIT, page 318 Planche XLI. Defcription de la. Planche XXXVI* 3i$. CHAPITRE IV. OBSERVATIONS SUR LA D�CORATION
DES FA�ADES, Appliqu�es a l'ordonnance ext�rieurs
du Plan trac� sur la Planche XXXV9 d�crit dans le Chapitre pr�c�dent. .333
El�vation g�om�trale d'une des Fa�ades principales
d'un Palais de foixante-�x toi/es de face. 334 Planche XL II.
�l�vation g�om�trale d'une des Fa�ades lat�rales
d'un Palais de foixante-�x toifes de face. 34� Planche XLIII.
Coupe prife fur la profondeur du principal Corps-
de-logis d'un Palais de foixante-�x toifes de face* 347
Planche XLIV. CHAPITRE V. .
Observations particuli�res , appli-
qu�es A LA DISTRIBUTION &UN BeL* V�DER , A CELLE D'UNE MAISON ABBA- TIALE, ET A CELLE D'UNE MAISON PAR- TICULIERE. 35I Plan dun Belv�der ferrant de retour de chatte.
35*
Planche XLV< |
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cxij TABLE DES MATIERES.
Plan � re%~de-chauff�e de la Mai]on Abbatiale de
� Abbaye des Pr�montr�s, � Vilkrs-Cotterets. 3 ff� Planche XLVI.
Plan � re^-de-chau�ee dune Maifon particuliere. $($Q
Planche XLVIL
V CHAPITRE VI. OVLON TRAITE DE LA DISTRIBUTION
PARTICULI�RE DES APP�RTE* MENTS PRIV�S, 365 Et dans lequel on enseigne la ma-
ni�re DE LES TRACER REGULIEREMENT, ET DE TIRER AVANTAGE D�S PLUS PE- TITS espaces. ibid. JDi�ribution particuliere de F Appartement marqu� Β ?
faifant partie du Plan du re^-de-chau�ee de l�
Planche XLVI de ce Volume. $6j
Planche XL V I IL .��
Plan de la di�ribution dun deuxi�me Appart�"
ment y d�taill� dans le genre du pr�c�dent, 3 g 2 Planche XLIX.
G H A PI Τ R Et I L .
Plan par ma�e des nouveaux B�timents & des nou-
velles Communications faites � Met^ depuis 1764« l ' ; 395
Planche L. plan par ma�e d'une partie des nouveaux B�ti-
ments & des nouvelles communications qi�on �lev� � Strasbourg , commenc�s en 1767* 414 Planche LI.
r Fin de la Tabl�»
gantas
|
||||
Fauns e�encielles a corriger dans le troifieme Volume
Vage %;i$, ligne ι j , dans- la .Planche que noms d�crivons».
Ufer 3 dans- la Planche XLI que nous d�crivons. Page zi8* ligne 18 , au bas de la Planche XLII dont nous
parlons , lif�r , au bas de la Planche XLIII. _ ' %* - M�me page, ligne 13 Λ la planche XLIII > /^, la Platt-
�he XLII. . U Dans les Planches du III. Volume faifant le Tome VI, apr�s
la Planche XL, life^ Planche XL bis.. |
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ERRA Τ A ■_.
du quatri�me, Volume |
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les f�condes
r�pandus s ,\
fr�quent�es« f
Jardins
Les f�condes
dans les Bofquets d'A-
pollon & de Daphn� j d'Hyppom�ne & d'A� talante. de nos Jardins.
orn�s
fur les baluftrades
enfuite
un petit monticule,
au-deiTus duquel en cil.
un autre les grands Vicaires
coins defquelles
plac�e
entour�s
l'abondance
Il y faut
page 131
page 134
des Maures j
formant terraiT©
WMXz�MS
h
|
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'Terne IV»
|
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LifeTf
& en arcs de clo�tre, chauff�e o� les Dames en multipliant les gran-» deurs l'une par l'autre, ajout�es
porte-�-faux
que le i�xieme de Γ ordres
au lieu du quart ;
vingt-un fans efforts, int�rieurs porteroient cherche fond, toi fes �tre mifes c�oifons Garderobe D. renfoncement t, CHAPITRE VII, � Metz diam�tre 5 que Place Ν Place Ν plac�e |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
«u Heu de
Sc arcs de clo�tre ,
cbauilie
o� les les Dames
gn multipliant les gran-
deurs de l'une pa� l'autre, ajoutes
portes � faux
que le fixieme , au lieu
du quart: ving-un ,
fans effors,
int�rieures,
porteroit
cerche
fonds,
troifes
�tre mue
cjoifon
Garderobe Β.
renfoncement ex
CHAPITRE V,
dans Metz
diam�tre, que
Place L
Place L,
plac�.
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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|
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COURS
D'ARCHITECTURE-
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|
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LI FR E SECOND.
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D'ARCHITECTURE.
|
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LIVRE SECOND.
PREMIERE PARTIE. |
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■jrïiSe^yjft! *q*ïff »
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5
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TRAITÉ
DE LA DISTRIBUTION EXTÉRIEURE
,.,./.. ET INTÉRIEURE ES BATIM ENT S--
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9KBmÊS
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CHAPITRE PREMIER.
De la Distribution et d� la Décorât � on des Jardin s de propreté. X^l OUS commencerons la diftribution , qui va
faire l'objet de ce IVe Volume , par celle des Jardins de propreté & des diveries parties qui les compofent. Nous ne répéterons point ce que nous avons dit
précédemment, touchant l'origine de l'Art du Tome IF» A |
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% Cours
Jardinage; nous renvoyons pour cet objet � Πη-
trodu�ion, plac�e � la t�te du premier Volume de ce Cours!, & il fera bon d'y recourir, avant de paf�er aux d�tails que nous allons offrir dans ce Chapitre. Nous allons faire pr�c�der ces d�- tails de quelques r�flexions g�n�rales, pour nous pr�parer � l'�tude particuliere de cette branche de l'Architecture. Notre intention n'eu: pas de fuivre aucun efprit
de fyil�me dans ce que nous allons rapporter , concernant l'Art de diilribuer les Jardins ; nous fuivrons naturellement, ce que notre go�t nous infpire � cet �gard ; il eft d'ailleurs appuy� par les plus c�l�bres exemples que le N�tre nous a laiff�s en France, & pr�muni des excellents pr�ceptes �tablis dans le Trahi de la Th�orie du Jardinage de h Blond, dans la derni�re Edition duquel M. il'Argenville � ajout� des Obfervations aiuTi utiles qu'in t�reiTantes. D'apr�s ce que nous allons rapporter , nous
invitons nos Elev�s � aller puifer eux-m�mes dans nos Maifons Royales, ce que nous y avons remarqu� plulieurs fois, afin que par-l� ils puif�ent fe former un go�t fur dans cette partie directe- ment relative � rArchite�ure. Perfonne n'ignore les progr�s que l'Art du Jar-
dinage a faits en France fous Louis le Grand, & avec quel g�nie le N�tre a f�� tirer parti aes occaiions quil a eues d'exercer fes talents fup�- rieurs : avant lui les Baptifte , les Cottart, les le Douteux & p�ufieurs autres , avbient, fans doute, �bauch� l'Art de planter les Jardins de propret�; mais aucun n'�toit parvenu � la per- fection ; on avoir d�j� �ifay�, � la v�rit� , de contraindre la nature , par le fecours de l'Art; |
||||
p'Argh�t�ct�r�. %
mais il �toit r�ferv� � le N�tre de produire de
v�ritables chefs-d'�uvre. De ion temps, Jules Har- douin Manfard , nourri des principes de ce grand Ma�tre , & pourvu comme lui d'un talent d�cid�, eut occaiion de planter les Jardins de Marly; δε il faut convenir que cette production feule lui auroit m�rit� le titre de grand homme , s'il ne fe fut d�j� montr� tel dans les divers Edifices qu'il avoit fait �lever. Depuis ces habiles Ma�tres , Moniieur Defgots,
digne h�ritier, particuli�rement des talents de ces deux Artii�es c�l�bres, a montr� auffi une gran- de capacit� dans le Jardinage ; & c'eit � fon exemple, que depuis , la plupart de nos Archi- tectes fe font appliqu�s � r�unir � l'�tude de l'Architecture proprement dite, celle de planter nos Jardins : nouvelle �tude qui n'a pas peu con- tribu� � donner un degr� de fup�riorit� de plus � leurs productions ; car il eft aile de s'aperce- voir , ainii que nous croyons l'avoir d�j� remar- qu� quelque part, que la rivalit� qui r�gnoit entre le N�tre & Hardouin, les avoit fouvenr emp�ch�s de fe concilier dans leurs projets : de maniere que dans pluiieurs des ouvrages o� ils ofnt �t� appel�s enfemble,l'un pour �riger les B�timents, l'autre pour donner les Dei�ins des Jardins, on n'aper�oit que des beaut�s d�tach�es, rarement des beaut�s d'enfembie; ce qui continuera toujours d'arriver, lorfque diff�rents Artiites fe m�leront f�par�ment v de ces deux objets. C'eft pourquoi nous per-- fiitons � d�lirer, que le jeune Architecte s'oc- cupe, lorfqu'il compofe le projet de fon Edi- fice , � concevoir en m�me temps, les Jardins , ies d�pendances, & les diyeries iffues, avec au- tant de foin qyie toutes les parties qui regar- A ij
|
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4 Cours
0 dent la diftribution de fon principal corps-
de-logis.
Nous remarquerons, en parlant, que nos voi-
sins nous reprochent d'obierver trop de r�gularit� dans la diihibiition de nos Jardins : ils trouvent que nous pouffons l'amour de la fym�trie trop loin ; que nous ne f�avons pas faifir cette va- ri�t� enchantereffe que nous pr�fentent les di- verses productions de la nature : il femble, difent- �ls , que nous ignorions la partie qu'ils appellent le g�nie. Ils nous reprochent que nos all�es font ennuyeufes par leur uniformit�, que nos paliflades font trop monotones & trop �tudi�es , qu'enfin nos Jardins font trop par�s ; que tout y paro�t contraint & afTervi aux r�gles de l'Art. Cette cen- fure n'eil pas tout-�-fait fans fondement ; mais il n'en eil pas moins vrai, qu'il a fallu prodigieufe- ment de talents, pour produire ceux de Veriailles, de Marly, de Trianon ; peut-�tre les feuls Jar- dins chez nous, o� l'on ait afFed� une exactitude trop fcrupuleufe; encore eft-il bon de remarquer, qu'� Verfailles , l'Orangerie, le grand Canal, la pi�ce de Neptune , celle des SuifTes , & les Par- terres d'eau, font d'une beaut�, d'une grandeur & d'une magnificence, qui n'ont point, ou bien peu de rivales en Europe : qu'� Marly, la dif- poiition du Ch�teau & des douze Pavilions, en- tour�s des berceaux artificiels qui les accompa- gnent, /ont d'une heureufe invention , & trait�s dans le meilleur genre : qu'enfin on en peut dire autant des Jardins & des B�timents de Trianon, ainfi que des Tr�fors fans nombre, contenus dans les bofquets de ces trois belles Maifons Royales. Peut-�tre conviendrons-nous cependant , que
les Jardins �le Meudon, de Seaux 9 de Chantilly |
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d'Architecture. f
©r�rent d'autres beaut�s : certainement la nature
s'y montre avec plus d'�clat ; & ces trois pro- ductions annoncent vifiblement que le N�tre a f�u profiter, en homme de g�nie , de la difpo- iition des lieux, pour produire des fcenes nou- velles , &, en g�n�ral, un fpeclacle digne de la plus grande admiration. Qu'on ne s'y trompe pas» le jugement que nous portons ici, eil celui que les Nations �clair�es en ont port� elles-m�mes % & qu'enfuite elles ont imit� avec un certain fiio c�s, fans en excepter l'Angleterre, qui, depuis quelques ann�es feulement, a imagin� de ne plus faire que des Jardins champ�tres, & pr�f�r� le beau d�fordre de la Nature, � l'appareil de l'Art le plus �tudi�. Ce fyil�me qui commence � pren- dre parmi nous , plus par inconitanee, que par raifon, demande � �tre difcut� avec beaucoup de prudence, cette imitation �tant fouvent trop im- parfaite, & plus fouvent encore, peu digne de la ibmptuoiit� des B�timents qui donnent lieu � nos Jardins par�s. Ce n'eit pas que nous voulions donner � en-
tendre, que la nature , dans fes divers afpe&s , ne foit bonne � imiter; mais nous croyons feu- lement qu'il ne faut pas vouloir toujours la fai- fir � la rigueur. Par exemple , qu'� l'extr�mit� d'un grand Jardin, pour fe d�laf�er d'une fym�trie trop aiFeft�e, quoique fouvent indifpenfable dans les parties d�couvertes, on offre � nos regards des campagnes peu cultiv�es; ou qu'� la fuite d'une lon- gue all�e , on laiffe apercevoir lefrte des environs , nous applaudiifons � cette vari�t� d'objets; parcs que de tels environs , par leur n�gligence pit- torefque, tendent � faire valoir la difpofition r�gu- li�re des Jardins int�rieurs. Certainement alors , ce Anj
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� Cours
m�lange de la nature & de Tart, produit un effet
fublime, & ne peut que d�celer la capacit� de l'Artiite, ainfi qu'on le remarque � Marly, & plus particuli�rement encore � Seaux, d�j� cit�. Ofons le dire ici, qu'on y r�fl�chiiTe, e�Vc� �
v�ritablement imiter la nature , que de chercher, fous pr�texte de vari�t�, � introduire dans un Jardin de peu d'�tendue, des monticules, d�s chemins tortueux , des fentiers en zigzag , des �tangs de forme irreguliere , des cavernes, des buttes, enfin des bouquets d'arbres fans liaifori , & d'efpeces diff�rentes, le toitt entrem�l� de Kiofques, de Pavillons, d'�b�lifques, de Colo- nades , de Tombeaux �pars �a & l�, & dont l'en- femble n'offre qu'une certaine confuiion, loin de pr�fenter les c�mpoikions fym�trif�es que l'on re- pro clie/ � nos Jardins. Qu'on nous permette quelques r�flexions : fi,
v�ritablement, ce fpedtacle a quelque chofe d'in- t�reiTant, ne conviendroit-il pas plut�t de cho�fiir l� nature que de l'imiter? pourquoi ne pas faiiir m'ifif- tin�tement un lieu tout fait, �ini� qu'il s'en rencontre mille dans les environs des grandes Capitales, & en- fuite ai�brtir au local de ce lieu champ�tre, l�s B�timents d'habitation , pour que l'un & l'autre, paroiiferit faire tin feul & m�me enfembie , de maniere qu'il ne refteroit plus que quelques-unes des parties de ces lieux originairement incultes � r�parer ou � entretenir dans leur �tat naturel, en rem�diant � ce qu'une inondation , ou un�te trop br�lant, aur�it pu d�truire ou alt�rer. D'a- pr�s cette id�e, qui nous paro�t fimp�e, combien n'�viteroit-on pas de frais immenfes, que co�tent de pareilles entreprifes, quoique ρrefque toujours imparfaites? Quelles Tommes n'emploient pas de- |
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d'Architecture. 7
puis quelques ann�es , plulieurs Seigneurs An-
glois, dans leurs Jardins pr�tendus modernes, � en juger par celui de Stowe en Buckingnam- shire , appartenant � Richard Grandville , Lord Temple, rapport� dans un nouvel ouvrage tra- duit de l'Anglois par un homme de go�t, & dans lequel nous avons trouv� des traits de g�nie , nous «n citerons quelques-uns, en donnant la def- \ cription des Planches contenues dans ce Cha- pitre; mais avant d'y paffer, clifons un mot de l'ouvrage dont nous parlons. *♦■' LesAnglois ont long-temps obferv� la plus grande
r�gularit� dans la diftribution de leurs Jardins ; ce n'eft gu�re que depuis le commencement de ce fiecle, qu'ils f� font �loign�s du go�t de la France en ce genre. L'imitation de la nature , qu'ils afferent aujourd'hui, eft due, � ce qu'on pr�tend, au g�nie du c�l�bre Kent, Auteur re- connu � Londres, comme un homme plein _de talents, m�me dans rArchitefture & dans la Pein- ture : ce fut lui, dit-on, qui en 172�, ofa s'�- carter de regies dele N�tre, dans la compofi- tion des bofqtiets �e la Maifon de campagne du premier Miniilre Ptlham,& qiu introduit dans la fuite la m�thode de pr�f�rer l'irr�gularit� � la fym�trie, ufit�e jufqu'alors. On petit dire n�an- moins, qu'il n'en eft pas pr�cif�ment l'inventeur; car ind�pendamment , de ce que dans tous les temps cette m�thode avoit �t� fuivie en Afie, il avoit �t� pr�venu � Paris par Dufr�ny (λ), a |
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. (a) Dufr�ni connu favorablement dans la Litt�rature, �v�k
un go�t dominant pour l'art des Jardins ; il s'�toit fait un iyite- mc en ce genre qui n'avoit rien de commun avec ccnn des A iv
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8 Cours
peu-pr�s contemporain de le N�tre. Kent d'ail-
leurs n'jgnoroit pas ce que le P�re Duhalde nous a rapport� des Jardins Chinois , qui affe&ent 9 dit-il, un certain d�fordre champ�tre dans toutes leurs promenades , ce qui nous a �t� confirm� depuis par Moniteur Chambers (�), � pr�fent premier Architecte du Roi d'Angleterre, qui, en 1757, nous a donn� X Art de, dijtnbutr Us Jardins ■ filon C�jage. des Chinois ; Ouvrage dont nous avons rapport� un extrait dans lintroduQion du pre- mier Volume de ce Cours, page 149. Au reite, cette excellente traduction des Jar-
dins �nglois, doit �tre eftim�e parmi nous, comme |
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«rands hommes de fon fiecle ; il-atmoit les terreins irreguliere ,:
il lai falloit des obftaclcs a vaincre. Les Jardins de Mignaux pr�s Poiify , ceux de l'Abb� Pajot pr�s Vincennes , ont �t� �liantes par cet habile Ma�tre, & ont eu une allez grande c�-
(ibrit�j il avoit auffi fait planter deux Jardins, dont les ter- reins lui appartenoient, au fauxbourg Saint-Antoine , l'un connu fous le nom du Moulin, l'autre fous celui du Chemin Creux. Louis XIV qui fe connoiiToit en m�rite 3 lui avoit ac- cord� un brevet de Contr�leur de fes Jardins, en faveur de pluiieurs projets qu'il avoit faits pour ceux de Verfailles ; mais la fingularit� du g�nie de Dufr�ny , & l'txceffive d�penfe qu'il auroit fallu faire pour parvenir � l'ex�cution, les fit aban- donner. Voyez le Difcours pr�liminaire plac� � la t�te du Livre intitul� Y Art de former ies Jardins Modernes , &c, (i>) Voyez auffi. une Defcription inf�r�e dans les Lettres
Edifiantes, publi�es en 1749, envoy�es de P�quin, en 174? , � M. d'Arfaut, par le fr�re Attirer, Peintre de l'Empereur de la Chine. Ces Lettres renferment des d�tails auili curieux qu'int�refTants fur la partie des Jardins dont nous parlons. N�anmoins, � en juger par ces Defcription s, il eft a croire qu'ils font compliques de trop d'objets &. de magnificence , pour que l'imagination puiffe s'y peindre une felitude; tant �e richeife, f�lon nous, �tonne plus qu'elle ne fatisfaitj elle femble exclure l'id�e d'un f�jour champ�tre & tranquille, d�- faut qu'on pouro�t peut-�tre reprocher auili aux Jardins de Verfailles, quoique dans un autre genre. |
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d'Architecture. f
�tant utile aux Artiiles, aux Peintres , aux hom-
mes de go�t, & contenant un nombre d'obfer- vations fines & iingulieres fur les diff�rents ob- jets du jardinage. L'original Anglois fut publi� derni�rement �
Londres, par Sir Thomas Whatdy ; nous aurions d�lir� de m�me pouvoir nommer le Tr�du&eur» pour lui rendre le jufte tribut de reconnoiffance que nous lui devons, de nous avoir donn� dans notre langue , cette efpece de chef-d'�uvre (c) 9 peut-�tre unique dans fort genre 9 & auquel Γοη, ne peut gu�re reprocher, ainii que le Traduc- teur en convient, que d'avoir un peu outr� le nouveau fyft�me des Jardins Anglois , & d'ea avoir banni la fym�trie avec trop de rigueur. PaiTons.� pr�fent � quelques pbfervations g�-
n�rales fur l'Art de planter les Jardins & les dif-4 f�rentes parties qui les environnent. . Observations g�n�rales sur les
nlff�rentes parties qui cgmpq« SENT LES JarOINS.
Pr�jug� � part, les nouveaux Jardins Anglois }
fans doute, ont de la beaut�, en ce qu'ils ap- prochent de plus pr�s de la nature ; mais qu'il eft difficile d'y atteindre! Combien d'Artiites, loin de la rendre effe&ivemcnt, la contrefont, croyant l'imi- ter ! D'un autre c�t�, nos Jardins en France font ad- mirables; mais ne peut-on pas auffi leur repro- cher trop de contrainte & de r�gularit� ? Cer* (c) Cet Ouvrage in-8°, eft intitul�, Y Art de former les Jardins
modernes^, ou l'Art des Jardins Anglois 3 traduit de Γ Anglois* r<� Paris, chez Charles-Ahtoinc Jombert. |
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ίο G ο υ ii s
tamement, il n'a pas fallu moins que la c�l�brit�
de le N�tre , pour avoir fix� , pour ainfi dire, la maniere uniforme de planter nos Jardins. Nous aurons occaf�on ailleurs de difcuter ces diff�rentes opinions , lorfque nous d�crirons les Plans des Jar- dins que nous offrirons dans ce Chapitre : parlons � pr�fent � quelques obfervations int�reffantes. I.
\ Selon la difpoiition des Jardins , les furfaces
planes doivent dominer principalement dans les �fplanades, qu'on pratique ordinairement devant les principaux corps-de-logis ; n�anmoins , il ne faut pas abufer d'une planimetrie trop consid�- rable ; alors l'�iiil n'y trouve ni repos, ni fatis- fac�on : qu'on γ r�fl�chiiTe, il faut des limites qui\ le d�laffent d'une trop vafte �tendue ; il faut que la vari�t� r�pandue dans ces limites foit affez pi- quante, pour le d�dommager d'un efpace conii- d�rable, tenu dans un parfait niveau : fans doute, on peut faire entrer dans fon projet des parties d�couvertes, pourvu qu'elles fe trouvent termi- n�es par des objets d'une �l�vation proportionn�e � leur efpace; alors ii ceux-ci font bien enten- dus, ils formeront une agr�able perfpe&ive , & attireront dans l'int�rieur des bofquets le fpe- �tateur, qui viiitera, avec autant de plaiiir que de furprife , les chefs-d'�uvre qu'ils contiennent : autrement, � une paliiTade, une charmille, maf- ^�eht la vue, fans contribuer � l'effet g�n�ral, l'objet que s'�toit propof� i'Archite�e �ft manqu�. II.
,: L'accord des parties entr'e�ies dans un grand
Jardin, eil peut-�tre ce qui exige le plus d'atten- |
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/ ... " � -J
d'Architecture, � �
tion ; vient enfuite la vari�t� du fol : pour y par-
venir , les parties renfonc�es, telles que les Bou- lingrins , font d'une grande rei�burce ; ils font peut-�tre pr�f�rables aux parties �lev�es , con- nues fous le nom de Fertugadins : cependant ces derniers ne doivent pas �tre n�glig�s ; leur application d�pend de l'effet qu'on a droit d'atten- dre de' leur oppolition avec les Boulingrins;, dit moins ceux-ci ont-ils l'avantage de laiffer p�ffer la vue ; les Vertugadins au contraire, femblent devoir �tre pr�f�r�s pour en limiter l'�tendue. Il faut donc combiner l'avantage & le d�favantage que peuvent produire ces cavit�s ou ces �rni- nences , & f�avoir que les premi�res r�uffi�Tent pr�fque toujours bien dans un Jardin peu fp�- cieux ; les f�conds dans des lieux varies & port�s � une tr�s-grande diftance. Certainement, c'eilp�r ruf�ge mod�r� que Ton fait de l'un & de l'autre, ou des deux enfemble, qu'on parvient � l'imita- tion de la nature, fans laquelle, un terrein qu'on Veut embellir, n'Offre rien de f�duif�nt. L�s principes de l'Art du Jardinage font �gale-
ment int�rei�ants � fuivre dans les grandes entre- prifes , comme clans les »plus petites; car quoique dans les premi�res , on puiiTe moins s'aperce- voir des �carts de ΓArtifte , Tmobfervation d�s lois , & le d�faut d'union entre le tout & les par- ties , deviennent n�ceiTairement la fdurce de la confuiion & du d�go�t qu'on �prouve � 1'�fpe�: des lieux o� l'on a viol� les pr�ceptes fondamen- taux de l'Art, & l'imitation de la nature. ; M V.
Nous femmes d'avistf�vit�r, �ut�u moins , de
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12 Cours
faire peu d'ufage des formes circulaires dans les
compartiments des Parterres , dans le contour des bofquets & des paliifades, � moins que chacune de ces formes ne ioit accompagn�e, dans ion ex- tr�mit� , par des corps re&ilignes, & par des an- gles droits ; d'ailleurs leur oppofition fert � faire valoir les ur�es par les autres, fans compter que leur ex�cution devient plus facile , & leur entre- tien plus aif�, V.
Lorsqu'une fois on a fait choix d'un flyle �l�^
gant pour pr�fider dans la difpoiition & dans la d�coration d'un Jardin de propret�, il faut dans toutes les diff�rentes parties qui le compoi�nt, y obferver des formes d�licates, douces & na�ves : des effets terribles , des impreffions trop vives, des formes contrari�es, en un mot tout ce qui fent l'effort, trouble la jouifTance qu'on doit �prouver � l'afpe�r. d'une fcene deilin�� � l'amufement & au plaiiir. Ici il faut employer une vari�t� iifc- g�nieufe ; l'uniformit� efl iouvent languiiTante, la fublimit� m�me y paro�t d�plac�e : c'eil la di- verfxt� des formes qui anime tout, c'eft la dif- pofition du lieu qui doit d�terminer le contrafte de celles qui s'avoiflnent l'une l'autre ; certai- nement leur difpoiition change leur eiFet , quoi- que leur configuration foit la m�me. Qu'on ne s'y trompe pas , il faut beaucoup de go�t & d'exp�- rience pour juger de l'accord que doivent pro- duire fur le lieu les dei�ins con�us dans le iilence du cabinet ; pour d�terminer s�rement quel enfemble il r�fultera de la penf�e qu'un crayon facile aura trac�e fur le papier. VI.
Une des raifons qui rendent moins int�reffantes
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d'Architecture- i^
les fcenes deilin�es � repr�senter la douceur 8i
l'am�nit� dans les formes ; c'eil que malgr� la va- ri�t� dont elles font fufceptibles, elles admettent peu de contrarie. Sans cloute la vari�t� nous pla�t, & nous fommes frapp�s par le contrarie � auiTi efl-ce � l'Artifie � difpofer fon plan , de maniere que tour-�-tour, Tune & l'autre fe' trou- vent r�pandues dans fa compofition. On doit s'en fouvenir , une r�gularit� trop g�n�rale d�cel� l'Art; or, celui-ci une fois aper�u, d�truit tout le preftige qu'on doit rencontrer dans une pro- menade form�e de parties diilin�es, d�couvertes, & f�par�es les unes des autres. :" ',:..' '-' '../ ':: vu. ".. ~. ' Ί *
Dans les grands Jardins, fur-tout dans les par-
ties les plus �loign�es du B�timent d'habication, il faut fouvent bruiquer les efforts de l'Art pouf parvenir � mafquer ou mettre � d�couvert cer- taines parties, qui ne peuvent figurer avec le refte de la compofition , laquelle demande quel- quefois � �tre trait�e dans le genre terrible, fo- litaire, ou tout-�-fait pailoral. Suivant ces diff�- rentes circonflances, il eil des �carts pr�f�rables � toutes les r�gles prefcrites par l'Art; combien de fois la fingtilarit� n'a-t-elle pas �lev� l'ame , & produit une furprife agr�able en ce genre !" Il ne s'agit pas pour cela de grands efpaces, de lieux valles; il faut feulement un g�nie fublime» des penf�es fortes, hardies, & fur-tout le talent de faire choix du caract�re le plus convenable � l'objet qu'il s'agit de traiter. Nous avons vu des, Jardins en Allemagne, dont pluueurs p�cjioient fouvent jpar les beaut�s d'enfemble, & par celles du deifin ; nous y avons n�anmoins remarqu� |
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�4 COU RS
�es parties ou le g�nie & le gout de l'Amite qui
les avoit plant�s , ofFroient aux regards des con- noiffeurs, ce preiiige, cette chaleur &: cet enthou- fiafme dont nous voulons parler, & qu'on ne ren- contre point, ou que rarement chez nous. ' ' * ' VIII.' "'""'":.
1 Les Jardins publics doivent �tre tout autre-
ment trait�s que ceux des particuliers. Certaine- ment on manqueroit fon but, fi on n'y plantoit pas des all�es tr�s-larges, & ii l'on n�gligeoit leur ali- gnement : en cela , celui des Tuileries eil: fans contredit un des plus c�l�bres exemples que l'on puiffe citer; aui�i Thomas "Wathely, dont nous avons d�j� parl� 9 lui accorde-t-il le premier rang , malgr� ion go�t dominant pour le nouveau genre^^qui regne actuellement dans les Jardins d'Angleterre. IX,
Non-feulement les formes fe refiemblent un peu
trop dans nos Jardins ; mais, ce qui contribue peut-�tre � les rendre plus monotones encore , c'eft l'uniformit� dans l'efpece des arbres dont ils ■ font plant�s : ii l'on �toit bien perfuad� du pouvoir qu'ont fur notre ame les diff�rentes nuances que nous offre la verdure de chaque «fpece d'arbres , fi fon prenoit foin de les op- pofer les uns aux autres, ii enfin l'on avoit l'at- tention de diverf�fier leurs formes ; combien , fans trop nuire � la fym�trie, ne r�ui�iroit-on pas a donner & plus de v�rit� & plus d'�clat � nos Jardins par�s! A ces pr�ceptes , joignons plufieurs obferva,-
tions eifencielles � faire, avant d'entreprendre la |
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V'''- ι "'".'�;■
D'A RCH1TEC��RE. }$
diitribution des Jardins qui font ordinairement
partie des parcs deilin�s aux promenades de nos Maifons Royales, de nos Maifons de plaifance, '& m�me de nos Maifons de campagne. D'abord, il faut f�avoir choiiir une fituation
avantageufe [d), une expofition faine & falubre , un excellent terroir , la cemmodit� du lieu & l'abondance des eaux. Apr�s, vient la difpoiition? qui confiile �, corriger la trop grande irr�gularit� du terrein, � t�cher, autant qu'il eil poffible , de prolonger le coup d'�uil que forment les prin- cipales all�es; erffin, � ne pas mettre inconfid�- r�ment toutes les parties de ion Jardin � d�cou- vert. On doit non-feulement fe procurer un om-: brage qui conduife du principal corps-de-log�s aux pi�ces de verdure qui en font toujours affez �loi- gn�es ; mais encore exciter les �trangers � aller viiitet les diff�rents bofquets, qui, chacun f�pa- r�ment, peuvent contenir des curioiit�s dignes de la plus grande attention. En un mot, il eil bon de donner diverfes formes aux diff�rentes pi�ces de verdure , en t�chant, le plus qu'il eil polfible, d'imiter la nature dans fes productions,,Cette belle imitation de la nature, doit, dans prefque toutes les occafions, �tre regard�e comme un des prin- cipaux m�rites de l'Art du jardinage. De ces obfervations g�n�rales, paifons � quelT
ques r�flexions particuli�res ; il. ne faut pas s'at- tendre n�anmoins que ces nouvelles r�flexiorjs puiflent feules former d'excellents Artiiles : nq§ |
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(d) En Allemagne, on pr�f�re,1a^fituation des montagnes
aux vall�es : en Angleterre on fait choix des fonds a caui� �el canaux : en France on b�tit �. nii-c�te aiTez g�n�ralement, jjinfi'qu'on le remarque � JMiarly, a Sa^iK-Cloud., &c. ;> - |
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'�6 Cours
le�ons ne peuvent gu�re �tre de quelque fe*
cours, qu'� ceux, qui dou�s d'une heureuie in- telligence, peuvent d�couvrir beaucoup au-del� de ce que nous leur enfeignons : nous nous m�« �erons toujours de ceux qui s'en rapportent trop litt�ralement � ce qu'ils liient dans nos Ouvrages« D'ailleurs, qu'on y prenne garde, la plupart de nos obfervations, quoique puif�es dans la fource des pr�ceptes, ne peuvent erre univerfeiles ; nous n'avons pas m�me la pr�tention de croire que le plus grand nombre puif�e fervir de regle ; on trou- vera fans doute tr�s-peu de ces derni�res qui ne fouiFrent des exceptions, & beaucoup d'autres, dont on pouroit fe difpenfer dans une infinit� de circonftances ; mais, du moins, nous nous flat- tons que ce qui nous refte � dire, fera de quel- que utilit� aux Elev�s d�j� avanc�s dans cette partie de l'Art, & les mettra � port�e de pr�f�rer telle forme � telle autre forme , f�lon les divers genres qu'ils auront � traiter. 11 ne faut donc pas conclure des obfervations
pr�c�dentes, que nous peniions qu'il faille n�gli- ger d'embellir les Jardins des Maifons de Plaifance & ceux des Maifons �lev�es dans les cit�s ; il efl, fans doute , n�ceffaire de remarquer une affez grande diitin&ion entre eux & les Parcs, les Bois , on les For�ts proprement dites : mais nous ofons avancer, qu'une promenade n'eft v�ritablement belle, que lorfqu'elle rafTemble des points de vue . int�reffants hors de fon enceinte: de maniere qu'apr�s avoir orn�, par le fecours de l'Art, les parties d�couvertes qui environnent le principal corps-de-logis , on puiife apercevoir � travers les maffifs deftin�s � donner de l'ombrage � ces Jardins , des dehors capables de fatisfaire rceuil s
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B*Ar chiTe�t �r�. tj
ϊφχιύ, em faifant paffer alternativement le Specta-
teur , d'une r�gularit� raisonnable, � des formes pittorefques que produiient ordinairement les vall�es, les coteaux, les montagnes \ double avan* tage qui transporte, pour ainfi-dire, le poffei�eur d'un pareil domaine, de la contemplation de la nature , � l'admiration des chefs-d'�uvre de l'Art. Nous venons de dire > un peu plus haut, � peu- . pr�s la m�me chofe ; mais nous ne craignons point de le r�p�ter : il s'agit ici de l'application des pr�ceptes , il s'agit de faire des citations qui frappent, & qui d�terminent � telle ou telle forte d'imitation. D'apr�s cet aveu, nous dirons qu'on eft touch� de cette contemplation, &, tout enfemble, de cette admiration, lorique dans les Jardins par�s de Saint-Germain-en-Laye , de Meu- don, de Saint-Cloud, on jou�t de la beaut� des dehors, & de la vari�t� champ�tre qui les envi- ronne : qu'au contraire, � Verfailles, � Trianon , l'Art feu� y brille de toute part; enfort� que les tr�fors qu'ils renferment, pr�fentent plut�t � �% magination l'effort de 1'efprit humain, que cette belle iimplicit� que doit nous offrir la nature, Simplicit�, qui, au lieu de fontaines jailliffantes rev�tues de bronze, d'efcaliers en marbre , de murs, de terraffe en ma�onnerie, de berceaux ar- tificiels �lev�s � grands frais, ne nous pr�fente que des cafcades de verdure, des rampes douces ^ des gradins de gazon, des berceaux naturels, des paliffades. o�, rindnftrie paro�t peu, mais qui fouvent font pr�f�rables � tout ce que l'Art a de plus f�duifant & de plus riche; car, ofons le dire, cette profuiion de vafes A�lSfe ftatues faites de mati�res pr�ci�ufes, eft plus propre � d�co- rer avec magnificence l'int�rieur de nos appar- Toms IK B |
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ι8 Go υ R s
tements, qu'� orner les Jardins de nos Ma�fonc
Royales. On diftingue ordinairement trois efpeces de
Jardins , ceux d'un niveau �gal, ceux � mi-c�te, & ceux qu'on nomme en terraffe, ainfi que nous Venons de le remarquer pr�c�demment. Les Jardins plant�s dans les plaines, font les
plus agr�ables pour la promenade ; d'ailleurs leur ex�cution & leur entretien font moins difpendieux. Il eft vrai qu'il faut employer beaucoup d'Art & de vari�t�, pour fe d�dommager de fair de tnfteffe qui y regne , fans compter qu'on n'eil pas dif- penf�, dans ces Jardins de niveau, de pratiquer des pentes fuffifantes pour l'�coulement des eaux du ciel, puifqu'autrement , elles i�journeroient dans les all�es, y cauferoient des ravins, & les d�truiroient en peu de temps. De cette n�ceiTit� indifpenfable, il peut arriver qu'on pratique des terraifes comme aux Tuileries, des tains & des gradins de gazon comme � Choiii, ou enfin des rampes douces , telles qu'on en remarque dans les Jardins des Ch�teaux de Meudon , de Mont- morency, &c. Les Jardins plant�s � mi-c�te, font les plus fa-
tigants, quoique de diftance � autre, on y pra- tique des terraffes & des pentes douces, pour en r�parer les in�galit�s, & parvenir aux efp�anades, aux pi�ces d�couvertes , aux falies de verdure , aux principaux bofquets, &c. Quelquefois auf�i on met en �uvre les talus & les gradins de ga- zon qu'on place en face de chaque ma�treife all�e : mais il n'en eft pas moins vrai que ces fortes de promenades font d'un difficile acc�s , malgr� le fpe�acle int�reiTant que procurent � ces Jardins les amphite�tres, qui femblent en redrefler la dif- |
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d'Architecture, 19
fbrmit�. Pour conferver la pente des all�es de
ces Jardins � mi-c�te, lorsqu'ils font au-del� de quatre pouces par toife, on pratique des mar- ches de gazon en zigzag, connues fous le nom de chevrons ; � deilein de rejeter les eaux des deux c�t�s dans les mai�ifs des bofquets , ainii que nous aurons occaiion d'en parier dans la fuite ; mais il ne convient de les employer, que loin des promenades les plus fr�quent�s. Les plus magnifiques Jardins, � notre avis f
font ceux plant�s fur le fommet des montagnes. ? tels qu'� Meudon & � Saint-Germ�in-en-Laye : ces fortes de Jardins font g�n�ralement eiHm�s , non-feulement, � caufe que de leur fol on aper* �oit les environs; mais parce qu'ils font favora- bles � la chiite des eaux, leur niveau n'�tant ja- mais aifez parfait, pour qu'il ne s'y rencontre pas quelques terraifes, qui, fe fer-vant mutuellement de r�fervoirs, font �galement un bon effet, fpit que ces terraifes foient aper�ues d'en bas , ou qu'elles foient aper�ues du lieu le plus �minent. Il n'en faut pas douter, ces diff�rents afpecls de- viennent autant de fcenes diff�rentes dans le? Jar- dins dont nous parlons, ce qui leur fait donner la pr�f�rence fur tous les autres 3 pourvu, toutefois,, que leur planimetrie puiii� avoir une certaine �tendue , depuis le pied de l'�difice, jufqu'� la premiere terraffe & ainii de fuite. Ces Jardins , � la v�rit� , co�tent de tr�s-grands frais, & exi- gent un entretien comld�rable ; mais comme ces fortes d'entreprifes font r�ferv�es pour les Mai- fons Royales, &, apr�s elles, pour celles de la premiere importance, & toujours, lorfque la ii- tuation femble l'exiger, l'agr�ment qui en r�- sulte, d�dommage, en quelque forte? de la d�- |
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ία Cours
penfe qu'on eft oblig� de faire pour la conitru$ioii
& la plantation de ces Jardins de magnificence. D'apr�s ce que nous venons de rapporter» il
�� aif� de concevoir que l'Architecte compofera fes Plans , � raifon de la diff�rente difpoiition des terreias o� il doit projeter: il aura l'attention de ne pas faire ufage des formes re�ues pour un Jafclin � mi-c�te ,�orfqu'il s'agira d'un Jardin d�ni* veau, ou d'un Jardin en terraffe : pour cela, il doit pr�voir que l'optique racourciffant toujours les grandes longueurs, lorfqu'elles font difpof�es horifontalement , il faut leur donner une �ten- due plus ou moins confid�rable, f�lon leur dif- tance, & le point de vue d'o� elles doivent �tre aper�ues; que par la m�me raifon, il faut procurer une forme elliptique � un tapis vert, ou h une pi�ce d'eau qu'on veut faire paro�tre circulaire; qu'on doit former un carr� long , lorfque l'on veut faire apercevoir un quadrilat�re; qu'il faut les rendre plus ou moins oblongues , f�lon que le terrein fera de niveau, en pente douce, ou pr�- cipit� ; qu'enfin il convient d'en ufer de m�me pour toutes les parties, qui » formant retraite, �e trouvent �lev�es les unes au-deffus des autres, afin qu'�tant aper�ues d'en bas , leur hauteur apparente ait une proportion convenable, & avec leur largeur, & avec les parties qui les environnent. Ces diiF�rentes confid�rations exigent certaine-
ment une intelligence au-deffus de la routine or- dinaire ; n�anmoins il ne faut pas s'en rapporter � la feule th�orie, ni � un def�in quelquefois compof� de formes �l�gantes & d'affez bon go�t. Qu'on ne s y trompe pas, il y a fouvent loin de l'effet que pr�fente l'image � l'ex�cution : com- bien de, fois n'avons-nous pas.vu, des productions |
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d'Architecture. 21
ing�nieufes , trac�es fur le papier, qui, traduites
fur le terrein, n'oiFroient plus t[ue des formels contrait�es , chim�riques & hafard�es ? PaiTons � pr�fent aux dif�erents objets qui
compofent les Jardins de propret�; commen�ons par les parties d�couvertes, telles que les par- terres, les boulingrins, les fontaines jaiMhTantes , les terraffes, <& autres compartiments, plac�s ordi- f�airement dans les Efplanades qui environnent l� principal corps-de-logis & fes d�pendances. Observations particuli�res s&k
LES DIFFERENTS OBJETS Qp� SE
placent a d�couvert dans les
Jardins de propret�. |
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Des diff�rentes fortes de parterres.
Les Parterres (*) font de grandes pi�ces entre-
m�l�es de fleurs & de verdure, peu �lev�es & enferm�es de plates-bandes, ou feulement par des bandes de gazon ; ces parterres font �mii entour�s de grandes all�es d�couvertes. Ces all�es, comme les Parterres, occupent ordinairement F�fp�anade qui environne le corps - d� - logis du c�t� des Jardins. La Forme des Parterres d�pend de Tef- pace d�couvert qui les contient, auffi-Hen que de celui des charmilles Se - des paluTades qui les entourent. Le rapport d� leur longueur � leur lar- geur, eft, pour ainfi-dire, ind�termin�; cepen- (e) Parterre du verbe'Latin Partiri, <�ivif�r;il fign�f�oic art*
tt�nn�t���fet «ne »lace � b�tir, �rea hartenfis. Biij
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tl C OURS
dant ils doivent avoir une certaine relation avec
la grandeur du lieu qui les re�oit. En g�n�ral, il faut que les Parterres foient compof�s de grandes parties, & Ton doit avoir l'attention d'employer peu de d�tails dans leurs ornements , princi- palement lorfqiu�s fe trouvent iitu�s dans des lieux varies & fort �tendus : on peut nier de moins de retenue , lorfqu'au contraire ils font vus de pr�s, & renferm�s dans un endroit peu fjpacietix. Les plates-bandes qui entourent les Parterres,
font de quatre efpeces : les premi�res font celles qu'on laboure en arcs bomb�s; elles'doivent avoir au moins trois pieds de largeur, & au plus fix ; plus �troites, il eil difficile d'y diitribner des fleurs, qui, dans un Jardin bien entretenu, doi- vent fe fucc�der fans intervalle ; au-del� de fix pieds, il faut marcher dans ces plates-bandes pour les cultiver. Les f�condes font diftr�bu�es par compartiments, � l'ufage des Jardins fleuriiles. Les troifiemes font feulement form�es de traits de buis, avec des bandes de gazon au milieu, & f�par�es par des fentiers. Enfin les quatriemesfont d'un parfait niveau , & fabl�es comme le fond du Jardin. On y range des caiifes, des vafes, des ifs, des �rbriffeaux, &c. Toutes ces plates-bandes font form�es par des traits de buis nain, � l'ex- ception de celles des Potagers, qui, au lieu de buis, font plant�es d'herbes aromatiques, & quelque- fois entour�es de planches de menuiferie peintes en verd, d'environ quatre ou cinq pouces de hauteur. On compte aui�i commun�ment quatre efpeces
de Parterres : les premiers font connus fous 1© nom de Parterres de broderie ; les f�conds fous |
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Β'A R C H i TICTURE. 1$
celui de Parterres � compartiments ; les troifiem�s
fous celui de mai�ifs en gazon ou � i'Angioife. Enfin, les quatri�mes font nomm�s Parterres de fleurs proprement dits. , : Les Parterres de broderie font ceux dont les
deffins font compof�s de rinceaux , d'ornements, enroul�s & entrem�l�s de fleurons, de palmetes , de volutes & d'entreias. Ces diff�rents compar- timents font remplis de couleurs vari�es, telles que le fable, le m�che-fer, la brique battue ou le tuilot, qui leur font imiter la broderie. Les plus beaux Parterres que nous ayons dans ce genre en France , font, fans contredit, ceux du Jardin des Tuileries d� dei�in de le N�tre; ils font com- pof�s de contours coulants & vari�s, qui pro- duifent le meilleur eifet. Cette partie du Jardinage demande une �tude fuivie : tel Architecte , qui d'ailleurs entend bien les ornements propres � la d�coration int�rieure'& ext�rieure des B�timents» fe trouve novice ici; c'eft pourquoi dans tous les temps, ainfi que nous l'avons d�j� dit, plufieurs Artiftes de m�rite ont fait leur capital de l'art de planter les Jardins, dans lequel fe trouvent com- pris les Parterres. Anciennement on chargeoit les Parterres d'ornements ridicules; on y faifoit en* trer des chiffres , des armoiries* des fupports ; mais depuis qu'enfin on � reconnu que le go�t �toit-.l'aine de toutes les productions de ce genre, on a fenti qu'il n'eft point de vraie beaut�, o� regne le d�faut de convenance. On eil parvenu � faire des deffins plus raifonnables, & d�s-lors, les Parterres de broderie ont repris, faveur chez nous; on les emploie encore dans Jes Jardins pu- blics 9 dans les Jardins de nos grands H�tels , & dans ceux des Maifons de nos riches particuliers. Β iv
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14 C� � ft s
On commence cependant � pr�f�rer, dans ces der-*
niers, les Parterres � compartiments, parce que l'on reconno�t tous les jours que l�s rinceau^ s'approchant de tr�s-pr�s dans leur naiffan�e 5 fi d�truifent en peu de temps par la chaleur d'un �t� br�lant ; de maniere que les br�ches que pro** duifent ces lacunes , deviennent d�fagr�ables � i'ceuil, & tr�s-difficiles � r�parer. Les Parterres � compartiments font ceux dont
le deffin fe r�p�te de part & d'autre avec fym�*- trie, & qui, au lieu de broderie, font compof�s de maiTifs de gazon d�coup�s ; ces Parterres s'entourent aui�i de plates-bandes de fleurs comme les pr�c�dents. Ceux du Jardin du Luxembourg font de ce genre, & font devenus fort en tifag� dans nos Maifons de campagne > co�tant peu f �tant d'un entretien facile, & f� r�tablii�ant aif�- ment lorfqu'ils viennent � fe d�grader. Un agr�- ment de ces Parterres, c'eft qu'ils font toujours verts, & compof�s de moins de petites parties que ceux de broderie; d'ailleurs leur fimplicit� s accorde fouvent bien avec les lieux champ�tres� qui les environnent, convenance qu'il ne faut pas -n�gliger ; m�rement ces objets f� trouvent rarement d'accord avec l'enfemble, d*o� il refaite un coup d'ceuil d�fagr�able, que les bons Ai- tiftes fav�nt �viter. Les Parterres connus fous le nom de maffifs
en gazon, different de ceux � compartiment, en ce qu'ils ne font compof�s que d'un feul tapis vert, entour� d'une plate-bande aufli de gazon, avec un fentier qui f�pare l'un & l'autre. Ces Parterres , encore plus �mples que les f�conds dont on vient de parler, font du reffort des Jardins des Maifons Seigneuriales, & �loign�es de la Capitale* Pour |
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D* A R CHI TI'C'tpRE. *f
qu'ils foient beaux, il faut, ainfi que toutes les
pi�ces de verdure de' certe efpece , planter, ce gazon & non le ferner, & prendre foin de pr�- f�rer l'Automne au Printems pour cette op�ra- tion , � caufe �es pluies abondantes qui fuivent cette derni�re faifon;ce qui contribue � lui faire prendre racine promptement : de maniere , qu'en Mars, il peut �tre battu, tondu, farcie , & former un coup d'�uil agr�able. Tels font � Paris , les Parterres du Palais Royal, l�s feuls qui foient de la beaut� de ceux qu'on plante en Angleterre, o� effecti- vement ils font admirables, parce que l'humidit� confiante qui y regne contribue beaucoup � leur perfection ; au lieu qu'en France , notre temp�- rature » & la n�gligence de nos Jardiniers, ne nous permettent gu�re, fans une d�penfe extr�me> d% miter les Jardins Anglois � cet �gard. Les Parterres de fleurs font ceux, tout corn«
pof�s de plates-bandes, chantourn�es en compar- timents» Sl entour�es d'autres plates- bandes droites & continues, le tout rempli de fleurs de diff�- rentes faifons, & au milieu defquelles fe pla- cent des arbuites, des arbriffeaux, & des plantes vivaces, qui forment un enf�mble agr�able & vari�. Quelquefois au milieu de ces derniers Par- terres , on place des corbeilles , ex�cut�es par des freillageurs, & qui s'�l�vent pyramidalement, Ce qui contribue � les embellir encore. Ces fortes de Parterres devenus � la mode aujourd'hui, s'e- x�cutent dans de petits Jardins particuliers, pr�s d�s appartements priv�s ; & Γόη prend foin, dans leur compofition, de faire entrer des baf�ns* qui, en favorifant leur culture , produisent Un coup (�Fteuil int�reiTaiit, de llnt�ri��f du B�timent, , |
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Z)^i Boulingrins & des Vertus-Gadins*
Les Boulingrins ( �) feplacent aiiez ordinairement
pr�s des Parterres, ou dans des bofquets particuliers, lorfqu'il s'agit de d�corer les parties d�couvertes pratiqu�es au-devant del� fa�ade des B�timents , ou qu'une trop grande quantit� de Parterres de broderie ne procureroit pas aifez de vari�t�; d'ailleurs ces pi�ces de verdure ont cela d'utile, que lorfqu'on veut pratiquer une pi�ce d'eau dans leur renfon- cement, cette profondeur procure plus de hau- teur au jet, ou facilite la multiplicit� des nappes , lorfqu'on veut y introduire un buffet ou une caf- cade. Le Boulingrin qui nous a fait le plus de plaiiir dans ce dernier genre , efV celui des Jar- din de Trianoa, nomm� le plafond. En g�n�ral, ces pi�ces renfonc�es, ont encore l'avantage d'�- viter la monotonie du fol dans la difpoiition & la diitrib�tion des Jardins ; d'ailleurs , ils facilitent fon nivellement, & procurent des terres, pour �lever dans leur voifinage des Vertugadins , qui font pr�ciiement l'inverfe des Boulingrins ; ceux-l�, pour la plupart, �tant en �l�vation , ce que ceux- ci font en profondeur. Les Vertugadins diffe- rent encore des Boulingrins, en ce que , fur leur �minence, on place des fi�mes ou des vafes qui fe remarquent de loin, pendant que dans le fond |
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(f) Plusieurs Auteurs font d�river ce nom de boule, qui ii-
gn�f�e rond & de grin, qui veut dire pr� eu gazon ; mais en g�n�ral, comme la ferme du Boulingrin eft arbitraire , on doit entendre , fous ce nom, toute pi�ce de verdure renfonc�e en_glacis dans-fon' pourtour, '�c orn�e dans foi rmlku, d'un bai�in 3 ou d'un tapis vert, tel qu'il s'en remarque au Jard�a des Tuileries, & ailleurs. |
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d'Architecture. iTf
des Boulingrins , on n'introduit gu�res que des
tapis verts on des pi�ces d'eau; mais l'un & l'au- tre produifent �galement un coup d'�uil int�ref- -fant, lorfqu'i�s font bien ex�cut�s, plac�s conve- nablement, -d'une forme agr�able, & compof�s de grandes parties. - '. Des Fontaines , des Buffets & des Cafcades*
Nous ne parlerons point de l'origine des Fontai-
nes : le Blond, dans fa th�orie du Jardinage, a rappor- t� , page 318, l'opinion de plufieurs Auteurs � cet �gard. D'ailleurs, notre but principal en: de parl�e ici de la d�coration des Fontaines jailliiTantes , qui different beaucoup de celles �lev�es dans les cit�s, dont nous avons rapport� quelques exem- ples dans le, deuxi�me Volume d�. ce Cours. Les Fontaines dont il s'agit ici , nous interreffent d'autant mieux , qu'elles contribuent plus que tout autre objet � FembelMement des Jar- dins de nos Maifons de plaifafice, & qu'il faut beaucoup de go�t & d'intelligence pour en varier les formes, & les placer de maniere , qu'elles puiiTent �tre aper�ues de diff�rents afpects. Sous le nom de Fontaines i on comprend aiTez
ordinairement auffi les Cafcades & les �uiFets.»- qui, comme les Fontaines jailihl�ntes, font fuf- ceptibles d'�tre compof�es de membres d'Archi- tecture δε de Sculpture; mais qui, toutes �galement, peuvent �tre conv�nmes en pierre , en marbre, ou en bronze. Leur beaut� capitale confii�e dans la diilribution des eaux amen�es d'un r�fervoir par des tuyaux de diff�rents calibres, qui pro- duifent des ch�tes & des jets de diverfes efpeces, par le fecours de l'Hydraulique. Elle confiile en- |
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Ύ8 e � tl r s
core dans le choix des attributs dont elles font
orn�es, & dans le prix de la mati�re avec laquelle ��les font conilruites ; cette partie de la d�cora- tion de nos Jardins par�s ? exige la connoiffanc� <iu defiln, regard�e dans tous les temps , comme Tarne des productions des Artiftes. Certainement cette �tude effencielle, r�unie aux effets des eaux, pt�fente � Tceuil des curieux, un fpe&aele en- chanteur , qui contribue � rendre les promenades, ■et plus int�reffantes & plus agr�ables. Entre toutes les Fontaines, les Cafcades tien-
nent le premier rang; celles-ci font de deux ef- f�eces, les-^ unes , qu'on nomme Cafcades natu- relles , les autres, Cafcades artificielles : l�s pre» fili�res s'appellent ainfi , parce qu'� limitation d� la nature, on profite de l'in�galit� d'un fol m�ntueux, pour y produire des ch�tes & des bouillons, fans que l'Art paroiife y pr�ter d'au- tres fec�urs que quelques pi�ces de verdure, des rocailles, des talus ce des glacis : d'ailleurs, ces 'Cafcades champ�tres font ordinairement anim�es
^�r des eaux de fource qui les font jaillir eonti- flueilement ; telles font la plupart de celles de Chantilly & de Liancour. A l'�gard des Cafcades Rappel�es artificielles , commun�ment elles font
cot�ftruites � grands frais, & orn�es de ch�tes , �Ctoime � Saint-Cloud ; de nappes , comme �
Seaux; ou enfin de ch�tes & de nappes, comme � Trianon. On m�le aui�i � ces Cafcades, ou dans 4�S baflins qui les accompagnent, des bouillons,
d�s moutons, des champignons, des girandoles, ' *ies gerbes, d�s jets dardants , &c.
� A l'�gard des nappes, il faut, lorfqu'on veut
« 'Qu'elles foient continues & fans rupture, qu'elles � aient peu 'd'�l�vation ; autrement il convient d'af-
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d'Architecture. 39
feaer des rei�ai�ts fur les bords �es coupes ou cih
vettes d'o� elles s'�chappent; & alors leur hau-« teur peut devenir ind�termin�e. Les bouillons different des jets, en ce qu'il»
font beaucoup plus gros,"& qu'ils s'�l�vent beau* coup moins. Les moutons font des efpeces de bouillons qui
ont beaucoup de largeur, mais tr�s-peu d'�l�va^ tion. Ils font ferm�s par une bavette de plomb, qui arr�te la rapidit� d'une eau fort abondante, amen�e avec viteife, par une conduite venant du r�fervoir; tels font ceux qui fe remarquent � la Cafcade champ�tre de Mariy. Le Champignon ne diff�re gu�res du bouillon »
qu'en ce qu'il s'�l�ve d'une coupe de marbre , en ) forme de coquille , foutenue par une tige en ba- �uftre , ou par des groupes d'enfants, & qu'en tombant dans un autre baflin, il forme une nappe d�chir�e, qui fe pr�cipite en bouillonnant. Les Girandoles font des efp�ces de gerbes^
qui, vers leur extr�mit� , imitent, par leur ac- c�l�ration, la blancheur de la neige: on affefte quelquefois de mettre � c�t� des conduits qui am�nent les eaux de ces Girandoles , d'autres tuyaux, dans lefquels font contenues des ventou- fes, qui, lorfque�les viennent � s'�chapper, font bouillonner l'eau , & produifent un bruit qui ref- femble affez; � celui d'une forte artillerie ; telles font celles qu'on voit dans la Caf�ade, nomm�e la �afcade des vents, en face du Ch�teau de Marly. Les Gerbes diff�rent des Girandoles, en ce qu'elles
font compof�es d'un faifeeau form� de plufieurs ajoutoirs de diff�rents calibres, ou d'une platine de, brons®, peicie pif des tyou§ circulaires 911 |
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$� Cours
oblongs, & d'in�gal diam�tre , qui font �lever ces
gerbes pyramidaiement. Les Jets d'eau font poui�es perpendiculaire-
ment � une tr�s-grande hauteur, ainii qu'il s'en Voit � Sain�-Cloud , � Marly & � Veriailles , dont plufieurs furpailent foixante & dix pieds ; ce qui alors, les fait nommer grands Jets. Enfin on ap- pelle Jets dardants, ceux qui en s'�levant, d�- crivent une courbe parabolique, pour former , avec de pareils Jets qui leur font oppof�s, un berceau d'eau , tel qu'il s'en remarque dans le bofquet des trois fontaines � Veriailles. Nous l'avons d�j� dit, nous le r�p�tons ; la
vari�t� de& formes des Fontaines , des Buffets & Cafeades eil infinie ; la fituation du lieu, la dii- tance d'o� ils doivent �tre aper�us , l'efpace cou- vert ou d�couvert, enfin les all�es ou les pi�ces de verdure qui les contiennent, d�terminent leur contour, leur grandeur & leur �l�vation ; autant de confid�rations qui ne permettent gu�res d'af- figner de proportion particuliere fur ces divers objets ; c'eit le go�t qui doit d�terminer leur forme ; c'eit l'opuience des perfonnes qui font planter les Jardins, qui doit d�cider du degr� de leur richeiTe ou de leur iimplicit� ; c'eit enfin -, le plus ou moins d'abondance des eaux qu'on a � em- ployer, qui doit contribuer � en augmenter ou � en diminuer la capacit�. Pour acqu�rir tous les degr�s de connoiilance
qu'il convient d'avoir fur ces parties interrefTantes de nos Jardins, il n'en faut point douter , ce font nos Maifons Royales qu'il faut aller viiiter ; & l�, le porte-crayon � la main, muni de l'exer- cice du dei�in, que nous avons tant de fois recom- mand� , on doit en figurer d'abord les maf�es ? |
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d'Architecture. 3t
puis quelques parties de d�tail, les obferver de
nouveau , & en prendre enfuite les principales dimeniions, fur tout lorfque ces chefs-d'�uvre de f Art fe trouvent d�pouill�s d� leurs eaux, afin den pouvoir mieux �tudier l'arrangement , & en d�couvrir le m�canifme. Enfin, ii faut les revoir encore accompagn�s alors de Teilet de leurs eaux ; & par ce proc�d�, on aura bient�t ac- quis la maniere de les concevoir , & d'en faire rufa,ge convenable dans la diihributioa de fes Jardins. >. Nous prendrons foin n�anmoins, � la fin de
ce Chapitre, de donner quelques deffins de ces d�f�rentes productions, en faveur de ceux, qui, �loign�s de nos Maifons Royales, ne font pas � port�e de puifer fur les lieux le v�ritable go�t de l'Art, par l'examen r�fl�chi des ouvrages de nos c�l�bres Artiiles. Des diff�rentes efpeces de TerraJfes.
Les Tetra�Tes font d'une n�ceiHt� abfo�ue, dans
les Jardins ou les B�timents font fitu�s fur le fom- met d'une montagne , ou � mi-c�te. De toutes les d�penfes qu'exige l'Art de planter les Jardins, celle des TerraiTes eil la plus coni�d�rable, par les travaux immenfes qu'occafionne le tranfport des terres, leur d�blai & leur remblai. Il eil vrai qu'il faut convenir que rien n'annonce tant la magni- ficence des Propri�taires, que les TerraiTes, �\x- tout lorfqu'elles fe trouvent difpof�es de maniere � former pluiieurs Jardins en amphith��tres, & qu'elles font embellies par de grands efcaliers & 4s$ murs de rev�t�Tenient, trait�s dans un gepre |
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$% C o u � s
lelatif � celui du Jardin qu'elles environnent, ��
� l'importance de l'Edifice qui les amen� fur la f��ne. La Terraffe de l'Orangerie de Versailles, & les efcaliers qui l'accompagnent, font un des plus admirables mod�les en ce genre. Sa gran- deur , fa beaut�, & fa magnificence, �galent les plus c�l�bres entreprises uqs Romains. Apr�s cette Terraife, cello de Meudon, quoique dans un tout autre genre, m�rite les plus grands �loges, auM* bien que celle du Ch�teau neuf de Saint-Germain- en-Laye. On en voit plufieurs autres dans les Jar- dins de nos Maifons de plaifance, qui, quoique moins coniid�rables , ne doivent pas moins �tre l'objet de l'�tude particuliere des Elev�s qui veu- lent acqu�rir toutes les eonnohTances de cette partie de l'Art. Ordinairement, on compte trois efpeces de
TerraiTes : les premi�res , font celles foiitenues par des murs de ma�onnerie, rev�tus de membres d'Architeclure, tels que des boffages, des refends, des cadres , des tables, qui, � leur tour , re�oi- vent, f�lon l'importance des lieux & les objets qui les avoiiinent, des cong�lations, des p�trifi- cations, & autres ouvrages de fculpture ruitique, & fe terminent le plus fouvent par des baluftrades couronn�es de troph�es, de groupes d'enfants, &c. Ces fortes de Terraifes exigent fouvent des efca- Uers en pierre ou en marbre, dont nous dirons quelque chofe, apr�s avoir parl� des deux autres genres de Terraifes. Le f�condes font celles , qui, au lieu de murs
de rev�tuTement, font feulement foutenues par rdes talus de gazons qui entretiennent les terres » & fur lefque�ies, de diftance � autre, on forme $e& gradins pour y monter ou en defeendre plus facilement:
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d'Architecture 55
facilement : on orne alors ces terrai�es avec des
arbriffeaux, des arbres en boules, des itatues 9 des vafes , &c. Les troisi�mes , font celles o� l'on n'emploie
ni les murs de rev�tiffement, ni les talus de ga- zon ; mais o� l'on fait feulement ufage de ram- pes douces & continues, & o� Ton diipofe des eitrades, des plates-formes & des mai�ifs de ver- dure en compartiments, avec une forte de fym�r trie refpe&ive. Des Efcalkrs d�couverts, en ufage dans
les Jardins de -propret�. ;, Les Efcaliers en marbre ou en pierre, contri-
buent beaucoup, ainii que les terrai�es, � la ma- gnificence des Jardins. On en compte auffi de trois fortes : les Efcaliers de ma�onnerie adapt�« aux murs de Terraffes ; ceux en rampe douce , fans marches, mais toujours appuy�s contre les murs de rev�tiffement ; & ceux qui, tout de ga- zon, forment des gradins foutenus feulement paf des talus inclin�s & tapiiT�s de verdure. Les premiers fe conitruifent en pierre ou en
marbre , tels qu'il s'en voit � Verfailles, � Saint- Cloud, aux Tuileries & ailleurs : leur forme fe varie � l'infini * f�lon l� difpo�kion du terrein, la hauteur des Terraffes & le befoin que l'on a de les multiplier dans un m�me lieu. En g�n�ral, il eft bon d'obferver que leurs marches n'exc�- dent jamais le nombre de treize; pour parvenir � un palier , ■&. que ces marches ayent au moins quatorze pouces de giron, fur cinq pouces d� hauteur, y compris trois lignes de pente qu'il Tome �V* � |
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34 Cours
convient de leur donner, pour faciliter l'�coul�-
/ ment des eaux du ciel. Ges fortes d'Efcaliers doi- vent �tre fond�s avec beaucoup de pr�caution ; autrement, ils font fujets � le d�grader en peu d'ann�es. Lorfque ces Efcaliers font appliqu�s � des Terraffes peu �lev�es, on ne fait point ufage des baluftrades pour leur fervir d'appui ; on n'en remarque, ni aux Terra i�es , ni aux Efcaliers des Jardins des Tuileries & du Luxembourg , qui cependant ont une affez grande hauteur. La belle Terraile de Saint-Germain-en-Laye , plus conii- d�rable encore, n'en a point non plus. On en a plac� dans la grande Terraffe de l'avant-cour du Ch�teau de Meudon, parce qu'elle eft d'une �l�- vation qui a de quoi �tonner *, les Efcaliers plac�s dans les Jardins de cette magnifique Maifon Royale? en ont auffi ; mais nous eftimons que pour peu que la longueur des marches foit de douze � quinze pieds, il convient de fe paffer de ces fortes d'appuis, qui �tent aux rampes de ces Ef- caliers leur l�g�ret� , & d�truifent en quelque forte leur plus bel effet ; cependant, lorfqu'on ne peut faire autrement, il eft � propos d� pr�- f�rer les baluftrades ou les entrelas, aux rampes de fer qui ne conviennent abfolument que dans les Maifons de campagne tr�s-fubalternes. .Les Efcaliers � rampe douce, doivent �tre d'un facile acc�s, npn-feulement pour qu'on les ptiuTe montet ou ^efcendre aif�ment; mais pour que le fervice des carioles, des tra�neaux, ou�e tranfport des caiffes , ,fe; fafle commod�ment *. quelquefois auff�., an-lje� de pentes en glacis, on pratique des marches en talus, dont la hau- teur eft , au plus, de trois pouces fur le devant, & leur pente du, quart de leur giron 9 lequel or- |
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�inairement fe fait de trois ou quatre pieds , telles
que fe remarquent celles du Jardin de Trianon, plac�es en face d'un des bras du grand Canal de .Verfailles. Les Efcaliers conilruits en gazon, ne doivent
�tre, ni ii coniid�fabies que les pr�c�dents ) ni promettre autant de dur�e que les Efcaliers en pierre ; mais ils ont cela d'int�reifant, qu'ils font toujours verds, qu'ils font aif�s � ex�cuter, qu'ils co�tent peu � contraire, & que leur entretien n'eil gu�re difpendieux : on en voit de cette ef- p�ce dans les Jardins de Marly , qui peuvent paiier pour autant de chefs-d'�uvre en ce genre» Tous ces diff�rents objets doivent environner
�e principal corps-de-logis, & contribuer � en augmenter le coup d'�uil, auffi-bien que les fta- tues & les vafes en marbre , en bronze ou en m�tal , que ces m�mes objets am�nent fur la fc�ne ; mais il faut prendre garde, n�anmoins , que leur capacit�, leurs formes, & fur-tout leurs all�gories, correspondent aux diff�rentes pi�ces d�couvertes qui les re�oivent, pour ne pas in- diitin&ement placer des Nymphes, des Na�ades & des Tritons * &c, dans les bofquets & les cabinets de verdure; des Silvains & des Faunes, dans les ba�ins & les fontaines. D'ailleurs, il faut f�avoir que ces divers ftatues & ces vafes ac- qui�rent un nouvel �clat, lorfqu'on peut les iituer au-devant des palhTades qui leur fervent de fond- �l faut prendre garde de les trop multiplier, aini� qu'on l'a fait � Verfailles, o� Ton en remarque une fi grande quantit�, qu'on a peine � conce- voir, que dans un ii court efpace , la France ait pu fournir aiTez d'Artiftes c�l�bres, pour nous y i�ire admirer tant de chefs-d'�uvre- Cij
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Des Quinconces»
Les Quinconces , quoique plant�s d'arbres �
haute tige, peuvent �tre rang�s au nombre des pi�ces d�couvertes, parce que ces arbres �tant �lagu�s � une certaine hauteur, la vue s'�chaps � travers les all�es que forment ces m�mes ti- ges. Quelquefois on ferne fous ces arbres du gazon , & Ton r�ferve feulement le fol de quel- ques pi�ces d�couvertes qui fe placent au milieu, ainii que les all�es qui en divifent l�s maffifs. Lorfqif on plante des liiieres de charmille, pour fer- mer l'enceinte des Quinconces , il faut avoir at- tention qu'elles n'exc�dent pas la hauteur d'appui, � deflein que l'�uil puiiTe paffer aif�ment au-deifus ; il en faut ufer de m�me , lorfquau lieu, de tapis verd, on y plante des charmilles, que pour cela on appelle charmilles r�c�p�es , du mai�if defr quelles on voit fortir les tiges des arbres, ce qui forme un agr�able effet, ainii qu'il s'en remar-» que dans les bofquets de Daphn� & d'Hippo-r m�ne des Jardins de Marly. #1 Ces pi�ces de verdure doivent �tre difpof�es de
maniere qu'� chaque angle d'un carr� parfait, il y ait un arbre, auf�i-bien que dans le centre ; er� forte que, par cette fym�trie r�it�r�e, on forme un bofquet perc� � jour dans toute fon �ten- due par des all�es paralleles en tout fens : quel? quefois on fupprime l'arbre plac� au milieu, & qu'on n'avoit plant� , que pour jouir plus prom- ptement du couvert que produit la chevelure de ces jeunes arbres mis pr�s � pr�s ; mais 3 lorsqu'ils ont pris une certaine croilTance, ils peuvent fe fupprimer, � deifeui que les all�es deviennent plus |
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d'Architecture. 37
foacieufes ; d�s-lors on Iaiife monter la tige, ce
qui procure plus d'air & plus d'agr�ment � l� pro- menade. Au reite, il faut f�avoir que les Quin- conces (g) ne r�iil�iiTent v�ritablement bien que dans les Jardins hauts , & qu'ils demandent � �tre plant�s dans des eipaces abfolument r�» guhers. Des diverfes Palijfades,
Les PaliiTades procurent aux Jardins de pro-
pret� un coup d'�uil agr�able ; elles font d'ail- leurs d'un grand fecours pour redreifer les in�- galit�s des murs de cl�ture, & fouilraire au fpe- �ateur, en certaines occafions , les objets' trop difparates, lefquels nuiroient � la fym�trie qui doit r�gner dans la forme des Efplanades ou des autres parties d�couvertes. Les PaliiTadesfervent encore a former des contre-all�es , � border les maf- Ms des bois , & � limiter l'enceinte des bof- quets. Le principal agr�ment des PaliiTades con* iiile � �tre bien dreif�es & garnies depuis leur pied jufqu'� leur fommet : elles font fufceptibles de chantournement dans leur plan, fuivant les lieux qu'elles d�corent. Pour offrir une belle ver* dure, elles doivent �tre plant�es en charmille ou en ormille : celles d'�rable , d'ifs & de buis, ne produii�nt pas, � beaucoup pr�s , un aufli beau coup d'�uil, & elles font d'un plus difficile en- tretien. Affez g�n�ralement leur hauteur eit fix�e aux deux tiers de la largeur des all�es ; & ibrf- que dans les lieux fpacieux on veut les �lever da |
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(g) Quinconce ou Qamconge, du mot Latm_ Qaincunx*
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$S tCouR s
vantage, on laifle monter la chevelure des arbres
de haute futaie qui font plac�s derriere, pour que l'une & l'autre fe r�unifient,' foit � plomb , foit en retraite, foit en faillie. On doit obferver de ne jamais enclaver les arbres dans les Paliffades , parce que, lorfqu'un d'eux viendroit � p�rit, on feroit oblig� de faire br�che dans cette derni�re, & elle feroit un temps trop connd�rable � fe r�ta- blir. Nous penfons encore qu'il faut �viter de pla- cer les arbres au-devant des Paliffades, leur tige rarement droite, nuifant n�ceffairement au coup 4'�uii, ainft qu'on le remarque dans l'all�e du ta- pis verd � Verfailles, & dans les Jardins de Tria- non. Il n'en faut point douter, les arbres font plus convenablement plac�s derriere, � la diitance de deux ou trois pieds de la charmille. Il eil en- core bien, f�lon nous, dans les all�es par�es o� l'on �tale � grands frais les chefs-d'�uvre de la Sculpture, de ne laiffer jamais furpaffer la che- velure des arbres, au-del� de la furface des Pa- liifades ; autrement l'eau , qui tombe abondam- ment , dans l'arri�re faifon, de deifus ces arbres, ruine ces ouvrages de l'Art, ainfi qu'on le remarque dans les magnifiques Jardins que nous venons de citer, malgr� les foins continuels qu'on prend pour les en garantir ; mais le f�diment des feuilles mortes qui s'y attachent pendant Thyver, en d�truit in�* fenfiblement toute la finefle , & leur �te , � la longue, la plus grande partie de leur belle ex* prefliQ�u Γ , |
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b'ARCHlTECTUltE. $9
Observ�t ion s part �cuii �res
sur les diff�rentes parties qui se placent a couvert dans les Jardins de propret�. Des diff�rentes All�es.
Tous les diff�rents objets dont nous venons de
parler n'auroient aucun agr�ment, ii dans une plantation {h), telle qu'un grand Jardin (i) , un Parc (k), on n'obfervoit du couvert, non-feule- ment pour parvenir aux diff�rentes parties qui les compoient, mais auffi pour procurer de l'ombre � la promenade. Ces deux confxd�rations ont fait imaginer les All�es, dont nous parlons ici, pour fervir de communication aux diff�rentes pi�ces de verdure, & pour entourer quelquefois les Efpl�- wades; celles-ci fe placent au-devant des mafiifs |
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(A) AfTez g�n�ralement on appelle Plantation, l'art de for-
mer un Jardin, un Parc, un Bois, une For�t, un Bocage, un Maffif, uirBofquet, &c. (�) Par un Jardin, on entend toutes les parties couvertes ou
d�couvertes d'une belle promenade plant�e d'arbres, d'arbrif- feaux, d'arbuftes Si de fleurs. ,, ,,�... , (k) Parc ; on comprend fous ce nom un grand lieu � la cam-
pagne entour� de murailles, & faifant partie des d�pendances d'une Maifon Royale ou Seigneuriale. On en djitingue de deux fortes , l'un que l'on nomme petit Parc plant� ,d'ai'bres d� moyenne futaie, qui comprend les Jardins de propret�, dans i�fquels font diftribu�s les diff�rents Bofquets, & autres pi�ces 4e verdure : l'autre qu'on nomme grand Parc, o� forit perc�es de grandes avenues ,& o� l'on pratique des routes pour ja chaiTe, des r�fervoirs, des d�charges, &c. On conftruit auifi dans ces derniers , des M�nageries , des Faifandcries , enfin, des Remifes & des retraites pour le gibier. C iv
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40 Cours >
qui f�paPrent les parties d�couvertes d'avec les
Bois (/), o� fe trouvent diitribu�s les Salions, les Cabinets, les Salles de verdure, &c. On compte ? � peu-pr�s, huit fortes d'All�es : les All�es cou- vertes , les d�couvertes, les iimples, les All�es doubles, les blanches, les vertes, enfin, les fous- all�es & les contre-All�es, qui toutes fervent de communication dans nos Jardins , pour aller d'un lieu � un autre , ainfi que les rues conduifent dans les diff�rents quartiers d'une grande Ville. Les All�es couvertes font celles dont les ar-
bres forment un berceau naturel, ce qui rend leur promenade imp�n�trable au Toleil ; mais elles ne peuvent fervir de maitrefTes All�es , celles-ci devant avoir beaucoup de largeur : dans ce cas » on les �lague � pic, & c'eft ce qu'on appelle All�e d�couverte, ou � ciel ouvert : ou bien on |
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(/) Sous ce nom on entend les lieux plant�s de haute fu-
taie , les Clo�tres � hautes paliifades, les grands efpaces d�- couverts , Sec. Les Bois-taillis ne diff�rent des Bois de haute futaie, que
parce qu'on les couperez-terre tous les neuf ans , d'o� ils pren- nent le nom de Taillis. Les Bois de moyenne futaie, font ceux dont on fait ufage
dans les Jardins de propret� , parce qu'ils ne parviennent ja- mais � une fi grande hauteur que ceux de haute futaie, �tant ordinairement perc�s & orn�s de Cabinets de verdure , de Portiques, &e. Les For�ts different des Bois par leur grande hauteur, par
leur �tendue confiderable ; elles font plant�es d'arbres pr�s � {>r�s, formant des touffes fort �paiifes , perc�es de routes pour
a chaffe des b�tes fauves : telle eft celle de Fontainebleau, qui contient vingt mille deux cent quatre-vingt-cinq arpents ; celle de Compi�gne , qui en contient vingt-huit mille ; celle de Vil- lers-Cotterets, vingt-quatre mille cinq cent cinquante-i�xj celle/ de Saint-Germain-en Laye , cinq mille cent quatre-vingt-dix- huit i celle de Ghambor, quatre mille huit cent trois, $cc. , |
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d'Architecture. 4*
les taille feulement en demi-berceau de chaque
c�t�, de maniere quil reile une afiez grande ou- verture au milieu. Les All�es fimples ne font compof�es ^ que de
deux rangs d'arbres , pendant que les All�es dou- bles en ont quatre. On appelle All�es blanches , celles qui font C�bl�es; & All�es vertes, celles dont le fol eil orn� d'un tapis verd. Les fous- All�es font celles qui fe pratiquent dans les par- ties baf�es des Jardins ; on les nomme ainfi, pour les diftinguer cl�s All�es plac�es dans les parties fup�rieures des belles promenades, ainfi qu'il s en remarque � Meudon, � Marly & ailleurs. Enfin, les contre-All�es, font celles, dont la largeur, r�- duite � la moiti� des maitreiTes All�es, compofe les All�es doubles dont nous venons de parler ; alors ces contre-All�es fe trouvent couvertes, pen- dant que celle du milieu fe trouve � ciel ouvert. La configuration des All�es d�pend de la difpofi-
tion du terrein & de la compofuion du plan. il s en fait de droites, d'obliques, de circulaires, en zig-zag, en fpirale,en talut,en rampe douce , enterrafTe ,&c. En g�n�ral, il faut obferver qu'elles ne foient jamais trop de niveau ; mais leur pente ne doit pas aller au-de-l� de trois pouces partoife : autrement, elles feroiem fatigantes , & l'on feroit oblig� , pour �viter la d�gradation qu'occafionneroient les pluies abondantes , d'y pratiquer des chevrons ou des marches de gazon de d�ftance � autre , ainfi que nous en avons d�j� parl�, J)es diff�rents Bofquets & des Salles
de verdure. Les PalhTadcs d�j� cit�es, font deflin�es � C�r
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4* Cours
tourer �es Bofquets & les diff�rentes All�es dou-
bles ou iimples, pour y conduire � couvert. La forme des Bofquets (m) fe varie � l'infini ; leur relief fert � faire valoir la planimetrie des pi�ces d�couvertes, & procure autant de furprife que d'agr�ment dans les promenades d'une certaine �tendue ; ils prennent leur nom de leur ufag� particulier, des ilatues qu'ils contiennent, ou de �'efpece des arbres dont ils font plant�s. Lorfqu'ils font peu confid�rables , on les appelle feulement Cabinets de verdure : quand ils occupent un grand efpace , on l�s appelle Salles ; f�lon leur deitina- tion, on les nomme Salles de Bal, Salles de Co- m�die , ou Salles de Maronniers, Salles de Tilleuls :. quelquefois auf�i ils prennent le nom des pi�ces d'eau , ou des principaux groupes qui en font l'ornement ; voil� pourquoi on l�s appelle Salle de Diane & d'Endimion , Salle des Antiques * Salle de Neptune, d'Amphitrite, Sec. En g�n�ral, le fucc�s de ces diff�rentes pi�ces
de verdure d�pend beaucoup du choix des Fon- taines , des Amphith��tres , des Portiques, des Cabinets de treillage qui les emb�liffent, & de la communication facile avec les pi�ces d�couvertes emi entrent dans la compofition du Jardin. Des Clo�tres»
Les Clo�tres font de tr�s-grandes pi�ces de
verdure qui fe plantent ordinairement dans le Parc d'une Maifon Royale, au-del� des Jardins |
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(»*). Bofquet de l'Italien, Bofchetto * un petit Bois,
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d'Architecture. 42
de propret�. Ce font des pi�ces de cinq ou fix
arpents de forme r�guli�re, & entour�es de dou- bles All�es.* La furface du milieu de ces Clo�tres eil prefque toujours occup�e par une peloufe bien entretenue, fur laquelle on s'exerce � la longue paume : autour & dans des All�es bien battues & � ciel ouvert, on y fait des courfes de chars & de chevaux. Ces grandes pi�ces font auffi quel- quefois deftin�es � donner des f�tes , des bals champ�tres , & des com�dies paftorales. Au-lieu de p�loufe, on y peut pratiquer des pi�ces d'eau fervant de r�fervoirs ; alors on y donne des jou- tes , des feux d'artifices, des illuminations, &c. On voit des Clo�tres de l'efp�ce dont nous par- lons, dans le parc de Meudon; ils font de la plus grande beaut� , & l'on peut en voir les Del�ins dans le plan g�n�ral de cette belle Maifon Royale, faifant partie du cinqui�me volume de Γ Archi- tecture Fran�oife. Des Labyrinthes.
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Les Labyrinthes font encore de grandes pi�ces
de verdure , compof�es de maflifs d'arbres & de Bofquets, dans lefquelles on communique par des All�es droites ou circulaires, mais difpof�es de maniere que l'on ne puiffe retrouver fon chemin que difficilement, lorsqu'on en veut fortir. Dans les diff�rents Bofquets qui les compofent, on y diilribue des Pavillons , des Grottes , des Fon- tain�s, des Portiques & des Berceaux de rreillageL, enfin des pi�ces d�couvertes , contenant les di- vers jeux de la rpit� de fortune , de la balan- �oire, de l'efcarpolette, du trou-madame, du jeu |
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44 C.O.� R S
de Siam , du jeu d'oie , &c. tels qu'il s'en re-
marque dans les Jardins de Chantilly. Quelque- fois aui�i on y diftribue diff�rentes fontaines qui ont pour objet la repr�fentation des Fables d'�fope, ou de celles des autres Fabuliiles c�l�bres ; c'eft ce qu'on voit ex�cut� avec beaucoup d'art dans le Labyrinthe des Jardins de Verfailies. Les All�es des Labyrinthes doivent avoir peu de largeur, afin de produire de l'ombre en tout temps aux cu- rieux , & d'y entretenir une fra�cheur qui con- tribue � embellir la verdure qui les compofe. Ordinairement, au pied de ces All�es couvertes , on place des treillages d'appui, parce que le fo- leil n'y p�n�trant jamais, ou que rarement, le bas de ces charmilles devient fujet � fe d�garnir; mais lorfque les Bofquets & les All�es de ces,, pi�ces de verdure font expof�s � d�couvert, com- me on a vu long-temps celui plant� d'aube-�pine dans les Jardins de Clagny , & qu'on voit au- jourd'hui celui de Choify, garni en charmille, on �vite cette d�penfe; & alors les PalhTades pro- duifent un coup d'�uil plus int�reifant, n'�tant pas fujettes � fe d�chauffer par l'humidit�, comme dans les Labyrinthes pr�c�dents. / ' '�.'■ * ' 'j ; '
Des Cabinets & des Berceaux de treillage.
Ces Cabinets artificiels, ont de tout temps figur�
dans nos plus magnifiques Jardins. Ils fervent fouvent de frontifpice � l'entr�e des principales All�es , fitu�es � l'extr�mit� des Efplanades^ , plac�es en face du principal corps-de-logis : ils ont cela d'avantageux, que l'on jouit promptement de leur ufage particulier & de leur d�coration* |
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D'ARCHITECTURE. 4$
Leur ordonnance tient d'ailleurs aux proportions
de la belle Archite&ure ; on les compofe ordinaire- ment de Colonnes » de Pilaftres, d'Arcades , de Niches, de Frontons, de D�mes & d'Amort�ffe- ments, dans l'intention de repr�fenter l'image d'un Sallon, d'un Belv�der, ou d'un Kiofque �lev�s en marbre ou en pierre ; la gaiet� & l'�l�gance des Treillages paro�t plus analogue � la verdure qui les environne, & ils fervent � en relever l'�clat. Les Jardins de Chantilly, ceux de Verfailles 9 δζ. particuli�rement ceux du nouveau Trianon , pr�s de cette Maifon Royale, offrent plus d'un chef-d'�uvre en ce genre. Le go�t des Treillages demande une �tude parti-
culiere : les �chalas & le bois de boiffeau qu'on y emploie, pof�s fur des ch�i�is de fer, fcell�s avec folidit� fur des maffifs de ma�onnerie, exi- gent de la part de l'Artiite une intelligence pra- tique qui le mette en �tat d'obferver entre les plains & les vides , un rapport capable d'int�- »effer le coup d'�uil des Spectateurs �clair�s (n). On fait auffi en Treillage des Portiques, des
Niches & autres corps d'Architecture ; enfin des Efpaliers � hautes & baffes tiges, qui contribuent beaucoup � rembelliffement des Jardins par�s , foit dans nos Maifons particuli�res, foit dans les Potagers de nos Maifons Royales. Les Berceaux en treillage font auffi une fuite de cette magnifi- cence; on les garn t de Jafmin, de Rofes oude Ch�vrefeuille ; & il fervent alors de communica* |
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(�) On vient de d�truire � Glagny , un Cabinet de treil-
lage de cette efpece > �lev� fur les dei��ns de jules-Hardoum Manfird, qui certainement paiToit pour un des meiMeu^s ou- vrages qui f© foient ex�cut�e depui§ tes^-temp*. |
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46 ^ ς C O � R S
tion pour paffer � couvert d'un lieu � im autr�j
on l'a pratiqu� ainii avec le plus grand fucc�s dans les Jardins de Marly & de Sceaux ; ils produi- sent un admirable effet dans ces promenades char- mantes : compar�s avec les Paliflades δε les Ber- ceaux naturels, ils y pr�fentent une oppofition tout-�-fait int�reffante. Lorfque des principaux B�- timents on veut arriver � l'ombre dans les diff�- rents Boiquets d'un Parc, il eil bon d'en nier ainii ; & il s'en voit un tr�s-grand nombre dans les environs de cette Capitale, �lev�s fur les Deflins de le N�tre, & des Archite&es de nos tours. ■.'.:!�
Des Statues & des Vafcs,
Les Statues & les Vafes contribuent, ainii que
nous l'avons dit ailleurs, plus qu'aucun autre ob- jet , � rembellifTement des Jardins de propret� ; Semblables aux Fontaines, ils en peuplent la foli- tude, & annoncent la magnificence des Propri�- taires. Nous fomiiies n�anmoins bien �loign�s de croire qu'il faille les employer dans nos Jardins jufqu'� la prodigalit� ; certainement ceux de Ver- failles offrent trop abondamment des chefs-d'�u- vre de ce genre : on a uf� de plus de retenue � cet �gard dans les Jardins de Marly; encore ceux de Chantilly & de Seaux nous plaifent-ils davan- tage , parce qu'on 'y trouve plus volontiers le loiiir d'examiner avec fruit les beaut�s de cette efpece qu'ils contiennent , fans un trop grand exc�s. Au contraire, les promenades de Verfailles, aini� que nous venons de le remarquer, femblent annoncer un attelier ouvert feulement pour fa- tisfaire les Amateurs & les Artiffes. En effet, la quan- tit� de Statues .qu'on y obferye a de quoi fatiguer |
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D* A R C H'l Τ E C Τ U R E. 47
��euil, & femble nuire 5 pour ainfi-dire, �-la beaut�
4e la nature qui devroit faire prefquetous les frais de la d�coration de nos Jardins de propret�. Ordinairement les Figures & les Vafes font de
marbre blanc, de bronze ou de m�tal : quelque- fois , au lieu de Statues, on fait ufage de Termes, figures � demi-corps, �lev�es fur une gaine , & qui, f�lon la place qu'elles occupent, produifent un aifez bel effet. Les Planches contenues dans ce Chapitre n'offriront , ni les Statues , ni les Termes dont nous parlons ; ces merveilles appar- tiennent eifenciellement � la Sculpture; les Coife- vox, les Girardon, les Couftou, nous ont aifez prouv� de leur temps , ce que pouvoit cet Art divin dans les mains d'auf�i habiles Ma�tres; ou- vrages admirables, qui doivent feryir de mod�les aux jeunes Artift.es de nos jours, & faire fans ceife l'objet de leur m�ditation. Les Vafes, f�lon nousa appartiennent davantage � l'Architecture ; leurs profils , le choix de leur galbe eil de fon reiTort; c'efl: encore � Verfailles, � Trianort, � Marly, qu'il faudra aller puifer les plus belles formes en ce genre, & s'y p�n�trer de la touche & de la fineife de la plus parfaite ex�cution; aui�i en rapporte- rons-nous quelques exemples dans les Planches qui vont fuivre, dans l'intention de monter le g�nie de nos Elev�s fur cette partie fi int�reiTante de la d�coration des nos Jardins. A ces obfervations, nous allons faire fucc�der
plufieurs compoiitions des diverfes parties dont nous venons de parler. On ne doit pas s'atten- dre n�anmoins � trouver dans ce Chapitre une aifez grande quantit� de Deffins de chaque genre; tous ces diff�rents objets �x�geroient feuls un vo- lume particulier; nous avons t�ch� feul�ment de |
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48 Cours
faire choix des plus belles formes qui convien-
nent � chacun. Qu'on ne s'y trompe pas , pour parvenir � l'excellence de cette branche de Γ Ar- chitecture, c'eil aux Tuileries, c'eir. dans les en- virons de'cette'Cit�'qu'il faut aller-, pour puher le v�ritable go�t de l'Art : tout importe, un Par- terre, une Pi�ce d'eau , une Fontaine jailliffante, un Portique, un Groupe, un Vafe, un Bofquet, int�rei�ent le Dei�inateur praticien; il doit tout mefurer , prendre les d�tails, s'en faire une �tude, une collection , en un mot, faire entrer la com- poiition de tous ces objets dans fon projet g�- n�ral; autrement, il doit s'attendre � η offrir que des beaut�s d�tach�es, dniribu�es au hafard, & fouvent difpof�es fans choix δε fans convenance. Nous n'allons donc pr�fenter les Planches qui vont fuivre, que comme autant d'images qui doi- vent faire fentir � nos Elev�s, l'importance d'e- xaminer avec attention tout ce qui peut contri- buer � rembelliiTement de nos Jardins par�s. Diff�rents Dessins de Parterres y
de Broderie et de Massifs d� gazon. ρ l an c h ε s i & ii.
� La Planche I offre quatre Parterres de dei�ins
diff�rents ; celui de la figure I en donne un de Broderie, enferm� dans un trait d� buis , avec un fentier qui le f�pare de la plate-bande de fleurs qui fert de bordure � fa totalit� : c'eft dans cette derni�re que font diftribu�s des arbriffeaux & des fleurs > fa broderie eft aufii form�e par des traits |
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BARCH�TTEC�t�Rt. m
de buis, & fes rinceaux font remplis �e fables
de diverfes couleurs, qui, par l�, imitent ks ra- mages d'une �toffe, dont les nuances af�orties* pr�fentent un coup d'�uil fatisfaifaht* Il faut f�a* Voir n�anmoins ne les employer que dans des lieux peu fpacieux; ils exigent beaucoup de d�- penfe & un entretien confid�rable. Ce genre d'or* tiement demande un go�t particulier ι nous Ta* Vons d�j� remarqu� ailleurs, un bon Deffinateur fe trouve quelquefois novice, Jorfqu'il eft requit den d©nner un deffin : pour y parvenir > il faut entendre le jardinage, & f�avoir applanir les di& ^cultes de la main d'�uvre, afin d'en pouvoir faciliter l'ex�cution au Jardinier, On fe fert de buis iiain^ pour en former les contours, & l'on doit choiiir la fin de l'Automne pour les planter les pluies d'hiver leur faifant prendre plus facile* ment racine, & la rof�� du Printemps leur don- nant de la force en leur rendant leur premiere ver- dure & leur premiere fra�cheur* En g�n�ral , il faut t�cher d'�viter les petites parties dans leur compofition ; il eil m�me important d'emp�cher autant qu'il eft poffible, l'approximation des traits de buis dont ils font form�s, parce que venant as'�paiifir avec le temps, il eft difficile au cifeau du Jardinier de leur reftituer leur forme primitive dou r�fultent dans la fuite des jarrets, qui ot$m � ces Parterres leur m�rite principal* La Figure II offre un Parterre compof� de Maf»
fifs de gazon , comparas & enfermes d'un trait de buis ^ avec des chemins ou feiiriers qui condui- fent � trois baffins, dont deux font circulaires & l'autre oftogone. Ce Parterre eft auffi entour� de plates-bandes de gazon relies contiennent d�s rigoles & de petits baffins orn� de bouillons 0ui Tome IK ρ M"* |
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so Cours
procurent au Parterre une grande richeffe, mais
qui exigent une d�penfe coniid�rable -y aufli ne les employe-t-on gueres que dans les Jardins de nos Maifons Royales : ou lorfqu'on en fait ufage dans nos habitations particuli�res; c'eft pour les placer tr�s-pr�s des appartements priv�s, parce que leur coup d'ceuil & le gazouillement de leurs eaux femblent en r�veiller la folitude. Cette Figure II eil tir�e des Jardins de Liancourt, o� ces Parterres ex�cut�s en grand, ont produit le plus bel effet, avant qu'ils fuffent d�truits , aufli bien que la plus grande partie des autres chefs-d'�uvre qui y avoient �t� faits fur les deflins & fous la con- duite du c�l�bre le N�tre. # La Figure III eftun autre Parterre de broderie ,
comme celui de la Figure I, avec cette diff�- rence, que non-feulement il neftpomt enferme dans un double trait de buis ; mais qui! eil tra- verf� par une all�e oblique bonne a imiter , lorl- que la largeur d'un Parterre devient trop confi- d�rable , compar�e avec fa longueur : d�faut de rapport fouvent occafionn�, foit par la difpofition du terrein qu'on neft pas toujours le ma�tre de cor- riger, foit pour fe procurer plus dair ou plus d'efpace ,foit enfin par la diipofition des avant-corps des Fa�ades , dont la diilribution des croif�es exige une ail�e blanche qui en alligne l'axe. La broderie eil d'ailleurs d'un affez bon gout de def- fin, elle nous pla�t plus que celui de la Figure I ; aufli ce parterre eil-il du Deflin du fieur Tou- char, qui a excell� de fon temps dans cette par- tie de l'Art du Jardinage. La Figure IV eil encore un autre Parterre de
broderie; mais bien moins compof� que les pr�- c�dents : fes ch�tes font affez bien jet�es, quoi- |
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D'ARcaiTieruR�. ft
qu'elles paroiffent un peu maigres ; c'ei�: une at-
tention qu'il faut avoir, d'obferverles vides dans des efpaces � peu pr�s �gaux; il n'eft pas moins con« traire au go�t de l'Art, de laiffer trop d'inter- valle dans les fonds, que de charger trop conii- d�rablement la broderie. Nous crayons aufli que les traits de buis qui forment le deifin de ces fortes de Parterres, ne doivent pas �tre plac�s trop pr�s du buis qui d�termine la largeur int�- rieure de l� plate-bande; Tavoifinement de cette derni�re ne pouvant que nuire par fon terreau » � la propret� qu'exigent les fables de couleur, dont on orne ordinairement les compartiments $ les rinceaux & leurs tiges« Les Figures I, II, III Se IV de la f�conde
Planche offrent auffi d'autres deffins � peu pr�s dans le m�me genre ; mais dont les formes font vari�es diverfement, & peuvent l'�tre � l'infini fous le crayon d'un habile Ma�tre, & f�lon le local o� l'on met en �uvre ces fortes d'embeHiiTe- ments dans les Jardins de propret�. A� reite la nature du terrein o� l'on plante les Parterres * doit entrer pour beaucoup clans le choix de leurs compofitions ; le d�faut de falubrit� dans l'air 9 une terre trop humide ou trop l�gere > une �x- polition trop d�couverte ou trop ombrag�e, font autant d'obftacles qiii doivent d�terminer l'Ar* tiile � pr�f�rer les maffifs de verdure � la bro- derie , les fleurs vivaees aux fleura printanieres 9 les planches de ch�ne aux traits de buis * les plates* bandes de gazon � celles plant�es d'arbriffeaux ί enfin les Bai��ns, les Statues r les Vafes aux Cor- beilles, aux Tapis verds> aux Ifs> &c* Pi)
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�* Cours
Diff�rtnts DeJJins de Boulingrins & dt
Kertugadins. Planches III & IV.
La Planche III donne diff�rents Deil�ns de
Boulingrins 9 eip�ces de Parterres plant�s tout de gazon en compartiment, dont le milieu eil rern fonc�, & le pourtour form� par un talut inclin� fur quarante-cinq degr�s. La Figure I eil de cette derni�re efp�ce; & fes
mai�ifs font entour�s d'un trait de buis qui contri- bue � procurer � ce Parterre plus de richefle; ce qui devroit le faire pr�f�rer dans les parties d�couvertes, qui, ordinairement, fe placent en face du Ch�teau, ou dans fes parties lat�rales. La forme de ce Boulingrin eil o�ogone ; le fonds eil occup� par un tapis de gazon de forme circulaire. A la place de celui-ci, on pouroit faire ufage d'un bai�in avec un jet d'eau, f�lon que la beaut� du lieu l'exigeroit. On pouroit de m�me en prati- quer un dans le Boulingrin de la Figure II, qui, au-lieu d'�tre � pans, eil de figure oblongue, avec des; oreillons en tour creufe, pour confi- gurer avec les quatre ronds, auffi de gazon, qui font plac�s � fes extr�mit�s. Ge DeiTin eil plus iimple que le pr�c�dent, & peut �tre r�ferv� pour les parties les moins prochaines du principal corps- - de-logis : fi l'on vouloit imiter les compartiments de ce Boulingrin, nous confeillerions de lui don- ner un peu plus de largeur, fur-tout s'il devoit �tre aper�u fur fa longueur; car il faut fe fou- yenir de ce que nous venons d'enfeigner dans les |
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d'Architec τ ν re. 5$
principes g�n�raux ; que c'eft la fituation des \
lieux qui doit d�terminer la forme & la propor- tion de toutes les pi�ces de verdure. Tel Del�in qui , fur le papier r�duit g�om�triquement, pla�t � l'�uil, iie r�tuTit que rarement fur le terrein , * parce qu'il arrive fouvent que le Def�inateur n�glige ou perd de vue »dans le Cabinet, les points de diftance , ou les �minences d'o� fes formes doivent �tre aper�ues : encore une fois , tout importe, le fucc�s des diff�rentes parties du Jardinage int�reiTe tout autant le v�ritable ama- teur, que le rev�tiiTement de la d�coration int�-- rieure d'un Sallon , d'une Galerie, &c. Ce que nous difons ici eil une v�rit�, dont nous fouhai- tons que nos Elev�s foient intimement perfuad�s ; ils doivent donc tout examiner, n�n^feulement en hommes de go�t ; mais en G�om�tres , eit Praticiens , en un mot, avec T�uil de le N�tre» s'ils veulent marcher fur les pas de ce grand Ma�tre*. ih mm' <■/*.& La FigureIII ei� un grand Boulingrin, dans
le fonds duquel eft une pi�ce d'eau entour�e d'un gazon d�coup� en compartiments ; il eft, ainii que celui de la Figure IV, d'une forme affezin- t�reffante , & tous deux ont �t� ex�cut�s avec fucc�s, fur les deffins de le Blond, l'un de nos Architedes, qui ont f�u mettre le plus � profit 9 parmi nous,. les pr�ceptes du grand Ma�tre que nous venons de citer. Il faut convenir n�anmoins que, pour les imiter, il conviendroit d?�tre pourvu d'une certaine intelligence. Combien n'a- vons-nous, pas vu de fois de jeunes Artiiles ou des Jardiniers qui paflbient pour bons, kfquels » perfuad�s qu'ils fuivoient litt�ralement les pro- durions qu'ils trouvent dans nos Livres, s'ima» On
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14 Coyns
ginoiemvalprs ex�cuter des �hef�-d'�uvre, pen�
dant au contraire, que , faute d'avoir f�u ajouter
ou retrancher certaines parties aux imitations
qu'ils avoient pour objet � on ne remarquoit
plus que des duTonnances, & des difparit�s, qui
rendoient m�connoiiTables. 8l quelquefois m�me
au^deflous de la m�diocrit� 9jes penf�es des hommes
habiles qu'ils avoient �hoifis pour guides. Nous n'a*
vons que trop d'exemples de c� que nous avan�ons,
Nous fommes d'ailleurs de bonne foi » tous les
dei��ns que nous donnons dans ce Chapitre, quoi*
que d'un aflez bon choix, ne font pas offerts ici
pour �tre fuivis � la lettre; mais feulement pour
Indiquer le genre de chaque partie ; �'eit � l'hom«?
me de go�t qui ex�cute & qui fe trouve charg�
d'une entrepnfe plus ou moins �onfid�rable en
iait de Jardinage, � juger des formes les plus con*
y�nables, des v�ritables grandeurs & du choix
qu'il doit faire de telles ou telles pi�ces de ver*
dure? f�lon quelles feront deitin�es � �tre ex*
ppf�es � couvert pu � d�couvert \ car cette feule
diff�rence doit en apporter beaucoup dans la dif-
pQ��tion, dans les reliefs & dans l'ordonnance des
pi�ces de m�me genre. Il ne doit pas non plus ou*
blier, que f�loignement ou l'approximation doit
�?ianger n�ceiTairemenr la hauteur & les gradations
qu'il convient de donner � une liiiere d� charmille
plac�e au-devant d'une paliffade, enfin aux Tajuts,
aux Amphith��tres , aux Vertugadins , Sec,
IL^a Planche IV donne pluiieurs Deifins de Ver-
tu gadins , efpeces d'Amphith��tres, qui different des. Boulingrins dont nous venons de parler, en ce que leur fol form� de plufieurs paliers , & d'un certain nombre de gradins, produit autant d'�^ l§�n§g�f§? qi�, distribu�es avec intelligence f fr�*' |
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d'Architecture. j�
fentent divers objets int�reffants : tels font ceux
que nous avons d�j� cit�s, en parlant �es jar- dins de Marly. Les dei�ins qui fe remarquent fur cette Planche, font, pour la-plupart, entour�s par des paliffades de charmille qui leur fervent de doffiers. Il fe fait n�anmoins des Vertugadins ifol�s de toutes parts, & du fommet defquels on d�couvre une certaine quantit� d'objets agr�a- bles ; ce qui leur fait donner quelquefois le nom de Belv�ders d�couverts, lorsqu'ils ont vme cer- taine �l�vation j mais lorfquils en ont moins, ils font nomm�s tout fimplement Vertugadins, ainfl qu'on appelle volontiers ceux des figures, que nous rapportons dans cette Planche, Amphith��- tres , ou du moins Vertugadins en Amphith��tres * Ils nous ont paru d'ailleurs d'un aifez bon genre» & le Blond eft l'Auteur o� nous les avons, puif�s; nous n'y avons fait que de l�gers changements� Des Fontaines jailli�antes*
Planches V δε VI.
La Planche V offre deux dei�ins de Fontaines
jailliiTantes, qui ordinairement fe placent dans le milieu des grands baffins ; telles font celles qu'on voit � Verfailles dans le baffin du bofquet des D�mes, & dans celui de la Colonnade. Quel- quefois on les d�ftribue auffi d'ans des niches 9 dans les angles ou dans les pans coup�s des grandes pi�ces de verdure ; il s'en remarque de pareilles dans les Jardins de Marly, en face du bofquet d'Agrippine. Ordinairement ces fontaines, qu'on nomme auffi coupes, fe eonftruifent en marbre ou en plomb j. ces derni�res font foutenues pap D iv
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)6 Cours
de$ armatures de fer, & alors elles fe bronzen«
� l'huile. Leur forme , comme les Parterres , quoique dans un autre genre, peut fe varier � l'infini ; & c'eft � l'�bauchoir � ieconder le g�nie de l'Artifte. Aflez volontiers ces fortes de tra- vaux font confi�s aux Sculpteurs , & lorfqu'ils font habiles, cette oonfiance leur eil due. Malr gr� cela , nous confeillons � nos jeunes Ardu* te&e$ de devenir d'aiTez bons Dei�inateurs a pour les compofer eux-m�mes, & pouvoir e« d�cider les galbes, les proportions & les attri- buts les plus convenables , pour enfuite en aban- donner l'ex�cution aux hommes du premier m�- rite en ce genre. Les deux Dei�ins que nous of- frons ici, font dans le go�t de ceux qu'on re*� marque dans les Jardins de Chantilly & de Liait- court, parce que ces Fontaines nous ont paru d'un gifez bon choix. Nous aurions bien d�lir� pour- voir en donner plus d'un mod�le ; mais il en eft de cette partie comme de toutes les autres com» priies en ce Chapitre,: nous n'avons pu qu'indi- quer le genre de chacune ; la Th�orie de le Blond , Fol. in - 40 , excellent Trait� , & 011 I�qus n'avons pas craint de pnifer plusieurs objets, eil lui-m�me infufRfant, pour donner une cer- taine quantit� de tous les Ouvrages de go�t qui f mbraitent les Jardins de magnificence. D'ailleurs, �lQl�s 1§ r�p�tons , ce� le local qui d�termine l'Artifte � varier fes diff�rentes comportions 9 f�lon la n�cefl�t� ou il fe trouve d'embellir fes promenades * Cette conf�d�ration nous a fait �vi-* �§r de comprendre dans ces Planches quelques fbfUnj d© Caicades 9 J� plus ou moins d'abondance ff�$ §n\�H pouvant feule Indiquer l'importance o« U implicite d% ��§ ©uvragfs de ��n* Pqw y (\ψ
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d'Architecture; 57
pl�er, nous compilions � ceux de nos Elev�s, qui
f�journent dans cette Capitale, d'aller viiiter les belles Maifons de plaifance, �lev�es dans (es en- virons ; leurs Jardins leur fourniront de quoi fe for- mer le go�t dans cette branche de l'Arch�techire , d'apr�s les mod�les �rig�s fur les DeiTins de Charles le Brun, Peintre c�l�bre, & l'un des plus beaux g�nies que la France ait produits ; la plupart de fes Ouvrages, qui raviffent notre admiration, ont �t� ex�cut�s par le$ plus habiles Sculpteurs,° de fon temps. A l'�gard de ceux qui fe trouvent �loign�s de cette Cit� , ils peuvent avoir recours � l'CEuvre du Cabinet du Roi, grand Atlas en plufieurs volumes, qui fe trouve dans la plupart Uqs Biblioth�ques ; ils pouront y prendre connoif- fance du plus grand nombre des chefs-d'�uvre que la magnificence de Louis le Grand a fait �lever fous fon r�gne; ils y trouveront enfin les mod�les de le Brun & des autres Artiftes de r�putation gra- v�s avec la plus grande intelligence. La Planche VI offre diff�rents dei�ins de Cu-
vettes r de Mafcarons , & de la majeure partie d'une des pyramides d'eau, qui fe trouve dans le bofquet de l'Arc de triomphe des Jardins de Ver- failles. Ces diff�rents fragments ex�cut�s en plomb , font d'un excellent genre , & nous ont paru pro- pres � infpirer � nos Elev�s le de�r d'aller fur les lieux vifiter ces beaux mod�les, pour s'y nourrir d�s merveilles , dont cette Maifon Royale eil rem- plie ? peutrqtre m�me avec trop de prodigalit�, , Diff�rents Deffim de Termj�s & d'Efcaliers.
Planches VII& VIII. Notre objet neit pas ici 4'ofFrir les Deflins des |
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$� Conus
diff�rents rev�tiffements des grandes TerrafTes »
telles qu'il s'en remarque � Meudon pr�s Paris , du c�t� de la campagne ; au Ch�teau d'Amboife en Touraine , & ailleurs : rev�tiffements qui, pour toute d�coration , ne pr�fentent que quelques corps de refend ou des boffages, couronn�s d'un cordon, furmont�s d'un mur d'appui en baluftrade. 11 eft vrai qu'� la droite de l'avant-cour du Ch�- teap de Meudon , on remarque une autre Ter- KuTe qui foutient les terres des Jardins hauts de cette magnifique Maifon Royale, & que fur les tev�tiffements des murs de cette f�conde Terraffe » on a plac� des pilaftres en gaines , d'un Defliii plus fmgulier que raifonnable, puifqu'il faudroit que, pour �tre approuv�s, ils iiiffent continu�s paralleles, & non pas plus �troits vers leur bafe que vers leur fommet ; cette forme ext�rieure, n'en doutons point, eil contraire, du moins en appa- rence , & � l'emp�tement du mur, & � la pouff�e �es terres. Qu'on y prenne garde ; il en eit de la d�coration des murs dont nous parlons , comme de toutes les autres productions de i'Archire&ure ; jamais l'Architecte n'arrivera � fes fins, ii l'objet qui le d�termine � tel ou tel genre de conftru�tion , ne lui indique l'efp�ce de d�coration la plus con- venable pour fon parement. Que diroit-on d'un Payfagifte, qui, par inadvertance, introduiroit F�corce d'un h�tre fur la tige d'un ch�ne. C'eil ici � ,peu-pr�s la m�me choie; la forme de la d�- coration ext�rieure doit annoncer les pr�cautions qu'on a d� prendre pour procurer la plus grande folidit� � l'int�rieur des murs. En un nx>t, nous croyons que les furfaces hors-�uvre, doivent annoncer, par le ftyle de leur ordonnance folide ©u d�licate, la r�iiftance la plus �tonnante, ou |
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D Architecture 59
�'�l�gance que l'�conomie f�ait quelquefois mettre
en �uvre, lorsqu'il ne s'agit que de quelques �di- fices de peu d'importance. Mais lorfqu'on fe pro- pofe d'annoncer la plus parfaite folidit� , & qu'on veut s'�loigner du iimple, il faut du moins puifer la richeffe dans le genre d� la chofe, dans le choix & la qualit� de la mati�re ; autrement, on rifque de ne pr�fenter qu'un plaquis, des pi�ces de rapport, enfin des comportions de fantaifie, qui ne peuvent s'attirer le fuiFrage des hommes �clair�s, La Planche VII nous donne Us Deffins d'une
Terraffe de douze pieds feulement d'�l�vation , avec l'efcalier, qui, du niveau de la cour, def* cend au petit canal des Jardins de Saint-Cloud. Cette Terraffe & fon efcalier, font en pierre , & ont �t� ex�cut�s fur les Deffins de Jules Har* douin Manfard: ils font tous deux d'un bon genre; & quoique limples, ils figurent, on ne peut pas mieux, avec les autres parties qui les environnent dans cette promenade charmante. Sur cette m�- me Planche, on a trac� la coupe de l'efcalier, & le profil de la Terraffe , dont on n'a point donn� le plan, la {implicite d.e cette composition n'ayant pas paru l'exiger. La Planche VIII offre le Deffin d'une autre
Terraffe & de fon Efcalier, de la compofition d� h Blond, Cette production, dune grande magnifi- cence , en; orn�e d'un Buffet d'eau & de deux Champignons ; richeffe qui la rend digne d'en- trer dans la d�coration des Jardins de nos Mai- fons Royales, N�anmoins , fa forme g�n�rale , grande , mais iimple quant � l'Architecture , la rend aui�� fufceptihle d'�tre mife-en �uvre dans les promenades beaucoup mpins importantes, parce |
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6o Co un s
que, fans rien changer � fa difpoiition, on peut
en fupprimer la fculpture & les eaux jailliiTantes ; & alors elle diff�reroit peu de celles qui fe re- marquent aux Tuileries, & qui toutes font fort eitim�es des connoiiTeurs. La fuppreffion que nous propofons dans ce Deffin,nous rappelle ce que, plus d'une fois, nous avons recommand� � nos El�ves, & qu'il eft peut - �tre important de leur r�p�ter ici. Lorfqu'il arrive qu'on fe propofe d'en- richir un projet, il faut commencer par le faire i�mple de forme, & d�pouill� de tout ornement ; mais n�anmoins en �tablir les nus, d'apr�s la Sculpture qu'il peut recevoir dans la fuite, enforte qu'il faiTe �galement bien, d�pourvu de toutes ri- cheiTes , ou rev�tu du faite de la Sculpture & des eaux jailliiTantes, fans jamais, dans l'un ou Fautre cas, devenir m�diocre ou confus ; ce qui ne poura jamais arriver, nTArtiite n'a obierv� un jufte rapport entre les parties & le tout, s'il n'a ca- denc� fes Plans , enfin , fi (es profils n'expriment par leur fermet� ou leur �l�gance, un cara&�re propre � l'objet. Pour fe convaincre de cette v�- rit�, que fur un papier particulier, on fupprime, par exemple, tous les ornements grav�s fur cette Planche, & l'on concevra aif�ment, que les feuls membres de fon Architecture n'en produiront pas moins un ouvrage excellent, parce que, lorfqu'une fois les formes font bien combin�es, les orne- ments qu'on y peut ajouter, ne peuvent que con- tribuer encore � rendre l'ouvrage entier, & plus pittoresque, & .plus admirable. La coupe & le profil dei��n�s fur cette m�me
Planche, contribueront � faire fentir plus pofiti- vement, ce que nous avons voulu faire entendre en applaudiffant � cette compofition, & fourni- |
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d'Architecture. 6t
ront les moyens d'en tracer le Plan, que nous
n'avons pu joindre ici, dans la crainte de trop multiplier les Planches. Nous ne donnerons point dans ce Chapitre, de
JDei�ins de Quinconces ; perfonne ne r�voque en doute le bon effet qu'ils produifent dans les Jar- dins des Tuileries & du Palais Royal : d'un autre c�t�, leur compoiition eft fi iimple, que ce le- roit vouloir multiplier les figures , fans aucune efpece de n�ceffit�. Ainii, pour fuivre l'ordre que nous avons obferv� dans les pr�ceptes g�n�raux du commencement de ce Volume , nous allons paffer aux diverfes Paliffades que va nous offrir la Planche IX. Divers Deffins de Paliffades.
Plan c h es IX & X.
Nous ne r�p�terons point ce que nous avons
d�j� dit des Paliffades ; d'ailleurs, les divers exem- ples qui font trac�s fur cette Planche, nous pa- roiffent pr�f�rables � unefp�culation fort �tendue; ces paliffades ont �t� def�in�es d'apr�s le plus grand nombre de celles que l'on admire dans les Jardins de Maifons , de Verfailles, de Marly, de Lian- court, de Chantilly, &c. & ont �t� rapport�es par le Blond, dans fa Th�orie du Jardinage, ou- vrage dans lequel nous les avons puif�es, comme autant de mod�les � offrir � nos Elev�s. Qu'on prenne garde qu'il s'agit ici d'un corps de Le- �ons , & que nous avons averti � la t�te du pre- mier Volume de ce Cours, que nous nous fe- rions un devoir de rapporter des meilleurs Au- teurs 7 tout ce qui pouroit contribuer � faire �cloi^ |
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�i Cours
le go�t des jeunes Artiftes : d'ailleurs, le plus
grand nombre des objets que nous offrons, font ex�cut�s, &, comme tels, appartiennent � la R�- publique des Arts, ainii qu � ceux qui les pro- �effent. Nous nous flattons donc, que l'on ne nous accufera, ni de plagiat, ni de larcin , pour re- donner dans notre Ouvrage quelques Dei�ins an- ciennement grav�s, qu'il nous a paru effenciel de remettre fous les yeux du Le�eur. L'indication des fources o� nous avons puif�, & l'�loge que nous faifons du Livre & de ion Auteur, doivent nous mettre � l'abri de tout reproche � cet �gard. Apr�s cet aveu, faifons feulement quelques ob«
fervations fur les diff�rentes figures deffin�es dans cette Planche IX. La figure I offre les Paliffades plant�es dans les Jardins en face du Ch�teau de Maifons : elles produifent beaucoup d'ombrage, & comme le mai�if des Charmilles n'eft foutenu que par la tige des arbres, elles laiffent un libre acc�s, pour d�couvrir de ces Jardins, la plaine qui fe trouve plac�e de l'autre c�t� de la ri- vi�re, & dans laquelle eil plant�e une avenue coniid�rable, qui procure � ce Ch�teau un coup d'ceuil tr�s-int�reffant, Il feroit � d�firer que ces Charmilles & ces PalhTades fof�ent �lagu�es un, peu plus hautes; faute d'un certain entretien, la tige des arbres eff devenue trop baffe, enforte qu'on ne refpire gu�res qu'un air �touff� fous ces promenades ; ce qu'on auroit �vit�, fi l'on avok pris foin de bonne heure d'en �lever les tiges, 8c d'en racoucir d'autant plus la hauteur de la Che� velure des arbres. La Figure II donne le Deffin de la Paliffade de
la Salle des Antiques du Jardin de Trianon, qui, route fimple qu'elle paro�t � ne laii�e pas de pro» |
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d'Architecture. 63
«faire un bon effet, �tant d'ailleurs orn�e dans
chacun des trumeaux des arcades qui la eompo- fent, d'un Bu�e antique en marbre blanc , fou- tenu fur un fcabellon de marbre de couleur, qu'on n'a point exprim� ici, ce genre de magnificence �tant ind�pendant de notre objet. La Figure III eft encore une des PaliiTades ex�-
cut�es � Trianon, laquelle entoure le grand Bou- lingrin, nomm� le Plafond,dont nous avons parl� plus haut, page 26. La Figure IV donne la d�coration d'une Pa-
lif�ade en arcades, au travers defquelles on en aper�oit une autre, liiTe, bordant une contre- all�e. On en voit de cette efp�ce dans les Jardins de Chantilly ; &, quoiqu'elles exigent un entre- tien afTez confid�rable, elles peuvent s'employer avec fucc�s dans les Salles de bal, diitribu�es dans les bofquets d'un Parc ; parce qu'elles re- �oivent facilement les lumi�res n�ceiTaires pendant la nuit pour �clairer ces fortes de f�tes champ�tres. La Figure V peut fervir au m�me ufage , &
paro�t plus propre � la d�coratiou d'une Salle moins vafte que la pr�c�dente : elle a cela d'in- t�refTant, que les arcades ne defcendant pas juf- ques fur le fol , on peut pratiquer des gradins dans la hauteur de leur appui, & placer une beau- coup plus grande quantit� de lumi�res dans les trumeaux qui f�parent ces arcades. Au refte, on pouroit faire ceux-ci moins larges , & , au con*^ traire, augmenter ceux de la Figure IV , fans que ces changements nuifuTent � l'effet g�n�ral ; la difpoiition des lieux, la grandeur des bofquets δε l'�- l�vation de la verdure qui les entoure, �tant autant d'objets qui doivent d�termine* l'Artifte � c/bferyec |
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64 G o �RS
plus ou moins d'�l�gance dans les d�coratiotlS dft
cette efp�ce. La Figure VI pr�fente une Paliffade plus l�gere
encore que celles dont nous venons de parler : il s'en trouve d'ex�cut�es dans ce genre � Lian* court ; elles produifent le plus bel effet , en fa- veur des jets plac�s au milieu de chaque arcade ? & dont les ch�tes tombent dans des bai�ins en- tour�s de bandes de gazon, �lev�es fur une Ter- rafle , qui, elle-m�me, fe trouve aufli �lev�e fur trois gradins : cette �minence donne � cette com- poiition un air amphith�atral, qui n'offre cepen- dant rien defaftueux, parce que la Sculpture eil, pour ainii dire, fans appr�ts , & qu'on n'y remar- que ni marbre, ni bronze ; mais feulement les beaut�s qui tiennent toutes � la nature, aid�e du fecours de l'Art. La Planche X offre d'autres Pa�if�ades beau-
coup plus compof�es; auf�i celles de la Figure I & de la Figure II font-elles tir�es des Jardins de Marly , plant�s fur les Deffins de Jules Hardouin Manfard , l'Architecte de fon fiecle, qui a montr� le plus de go�t & de g�nie dans fes productions ^ & particuli�rement dans les Jardins charmants d� cette Maifon Royale : Jardins dans lefquels il a i�u foumettre la nature aux r�gles de l'Art, ce que les Anglois de nos jours , condamnent ouver- tement, en applaudiffant n�anmoins � ces chefs- d'�uvre , par�e quen effet ils font admirables. Les Figures III & IV font du Dei�in de le Blond,
autre Artifte d'un g�nie fup�rieur, qui nous a donn� un excellent trait� fur la Th�orie du Jar- dinage, dont nous avons d�j� parl� plus d'une fois, & dans lequel nous avons puif� les exemples 'trac�s fur sette Planche, cornue autant d'excel- lents |
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leiits mod�les � offrir � nos El�ves , pourvu toute**
fois qu'ils en f�chent faire une; joile application", dans les diff�rentes occaiions qu'ils auront d'exer- cer leurs talents. Observations parr�m?���R:i�s-i�&R
LES 3�FF�R Ε Ν TES PARTI ES''QUI SE
PLACENT A COUV.ERT.:E>ANS LE&'J'AR-* i\l'NS'nE j�'ROpJRMT�ti*',*. * !'*'<V"\;, D�s 'Bof�utts & 'd�s�Sa���s de vefduf�*1�
y.u�:o ζύ-ί " Vj �nob � 20ii;.^�D7 ;; τ, ... :;; Dans� nos obfefv�ti�ns' g�n�rales'» �iotls a'tbnS
parl�■ des diff�rentes all�es3;ai�«s n'en donnerons point icir d'exemples * cette partie du jafdmag� �tant - c�miiie � de tdut le ' monde : I mais comme les Bofquets- & ' les SalleS'de' verdure demandent une �tude particuliere �, nous allons en offrir phV iieurs deffins � dans les Planches fui vantes � La Planche *XI donne l�s jO�i��ns de quatre
Bofquets de formes diff�rentes, entour�s de plu-* fieurs all�es-'pdiftribu�es -div�rfement. Les Bof- quets peuventΊfe varier "^l'infini, f�lon f�ten^- due des m�i�ifs o� ils f�''trouvent 'plac�s, &~l� largeur des grandes all�es qui les entourent;" car il eft h�h dOkferver, que ces'-^a�tr�fles all�es^ tenues ordinairement � � ciel'Ί ouvert, procurant beaucoup'de' chaleur en ��t�^aU* Bofquets ,■'- % ■plaifir de la 'promenade, C�nfiii� � trouver dan� les maffifs de petites all�es d� fix � huit pieds de large feulement ν o�'l'on fe retire �'Fombr� > & quij pour cela f�»placent pr�s «des Salles & des Cabi- nets de verdure, afin qu'on puiffe paiTer alter- nativement des objets d�couverts , dans des lieux; moins.�xpof�s au foleil, ou tput-�-fait couverts, Tome II^, E |
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66 c: ρ υ Rs
La Planche XII offre deux Deffins de Salles
de verdure avec des all�es difpof�es en �toiles. Ces Salles fe placent aifez ordinairement dans les maffifs des Parcs qui avoifinent les Jardins par�s, & fe font de diverfe grandeur , f�lon les objets qu'elles contiennent, tels que des pi�ces d'eau , des boulingrins , des portiques , des group- pes , &c. La Planche XIII pr�fente deux autres Deffins
de Bofquets ou Salles de verdure : la Figure A donne la diftribution du Bofquet des trois fon- taines � Yerfailles , dont l'effet des eaux fait le principal m�rit� ; enforte que nous ne rap- portons ici ce Plan, que pour exciter la curio- �it� dans nos Elev�s � aller voir ce che�d'oeu- vre hydraulique, ainfi que plufieurs autres Bos- quets de ce genre, r�pandus dans les Jardins de cette fuperbe Maifon Royale. Ceft dans ces Bof- quets , plus que par-tout ailleurs, qu'ils pouront r�fl�chir fur la fimplicit� de la forme g�n�rale qu'on leur a donn�e , la plupart tirant tout leur relief de la diftribution des eaux qui les embel- liffent. C'eft ici, n'en doutons point, qu'ils s'aper- cevront, que moins les productions de l'Art fe trou- vent accabl�es par la multiplicit� des formes, plus la nature trouve le moyen de fe faire valoir , fans avoir recours � la prodigalit� des membres d'Arche �eclure & des ouvrages de Sculpture qui en d�corent d'autres avec une forte d'exc�s. Qu'on y prenne gar- de, les tr�fors renferm�s dans ces derniers, feroient peut-�tre plus convenablement plac�s � couvert dans de magnifiques Galleries , o� les belles ftatues des bains d'Apollon * l'enl�vement de Proferpine du Bofquet de la Colonade , Sic. pouroient te- nir un rang diftingu�. La Fig. Β. donne le dcfim |
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d'Architecture. 67
«3e la Salle des Antiques, diftribu�e dans le m�me
Jardin. Le milieu de cette Salle eft orn� d'un ■baffin en rigole. Dans les palifladeS qui l'entou- rent, font pratiqu�es des niches occup�es par des figures & des buftes qui attirent dans ce lieu les Amateurs de la belle Antiquit�s Les quatre Planches fuivantes font plus com-
pliqu�es que les pr�c�dentes : elles donnent les d�veloppements des parties les plus int�reifantes du Plan g�n�ral offert dans la Planche XXV de ce Chapitre : Plan g�n�ral dont nous parlerons dans la fuite, ainii que de deux autres Plans de Jardins, trac�s fur les Planches XXIV & XXVI. Ces trois Planches donneront alors l'occafion de parler de la relation que doivent avoir eilfem- ble les principaux B�timents, leurs d�pendances, & les Jardins de nos belles Maifons de plaifanc�. La Planche XIV donne le Plan d'une grande
Salle de verdure marqu�e A , fervant de man�ge d�couvert ; celui-ci le trouve limitrophe au B�ti- ment des �curies , plac� dans l'avant-cour du Ch�teau d�fign� dans la Planche XXV que nous Venons d'annoncer. Autour de cette pi�ce de ver- dure qui eft de forme circulaire, eft pratiqu�e une all�e, pour mettre � l'ombre les curieux de ce genre d'exercice, pendant que le Prince & fes Courtifans occupent l'amphith��tre B, lequel con- tribue , avec les objets qui l'environnent, � for- mer un fpe&acle int�reflant. Ordinairement, pr�s des man�ges couverts contenus dans les B�ti- ments des �curies, on donne des exercices, lors de la belle faifon, dans de grandes cours plant�es d'arbres qui font partie des d�pendances du d�- partement des �curies & des remifes. Nous avons pr�f�r� ici de glacer ce man�ge d�couvert dans E ij
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68 -Cou R s
le ma�if des bois du Parc & des Jardins dont noui
parlons, parce que cette partie de rEquitatioii eil devenue une branche de..l'�ducation cl�s hom|- mes bien n�s, & m�me un exercice falutaire pour le beau fexe. On peut aufli, dans ces lieux d�cou- verts , faire des courfes de chars,. des cavalcades , & y donner , en abr�g�, des f�tes dans le. genre de nos anciens Carroufe�s : fpeclacles champ�- tres d'autant plus n�ceifaires, qu'en formant nos jeunes Gentilshommes � l'exercice de la guerre, ils fortifient leur conilitution , & en font des Ci- toyens utiles � la patrie, & tout � la; fois, des hommes aimables pour la foci�t�. Plein de cette .id�e, dans le m�me mai�if o� ce man�ge eil fi- * tu�, nous avons trac�. une autre Salle de ver- dure C , deftinee � diilribuer les prix qui, feroient offerts aux vainqueurs par les Dames, ainii que plufieurs Cabinets de verdure, D , pour fervir des rafraichijTements : on y communiqueroit par des all�es ombrag�es E,difpof�es de maniere � recevoir, l� nuit, des nominations, qui par leur difpofition, ne laiiTeroient pas .d'offrir , � peu de frais , beaucoup d'�clat. Qu'on ne s'y trompe pas, toutes ces confid�rations doivent entrer dans. iV. magination de l'�rtifte, f�lon ie sgenre de lacom- pofition dont il eil charg�. : La Planche XV donne.la diitribution des b�-
timents par maifes & des Jardins d'une M�nage- rie dont on trouvera aiiiE ladifpovkion dan$4a Planche XXV. Nous ayons ifol� tous fes. b�ti- ments marqu�s A , chacun , d'eux �tant deilin� � contenir des animaux de diff�rentes efpeces/. les uns, des oifeaux ; les. autres, des b�tes fau- ves; ceux-ci , des animaux aquatiques ; ceux l�r, des animaux de iimple curioiit� , &c. Ce Plan "�*f ''■�■ .. _ ,^ '■■-■■
...,.;,..� ,.., .... ^ ;, .�. . ; .... >
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d'architecture, 69
annonce auf�i diff�rentes pi�ces d'eau B, qui, en formant fpeclacle, ont leur utilit� pour abreu- ver les volailles , & fournir dans les b�timents des abreuvoirs aux quadrup�des. Les autres pi�-. ces d'eau C, font feulement pour l'agr�ment, & pour procurer de la fra�cheur � chacune des pi�ces de verdure , au milieu defquelles ces baf- fins font contenus. Les divers b�timents dont on vient de parler, font munis de cours particuli�- res D, deiHn�es � faire prendre Fair aux diff�- rents animaux, & � communiquer aux logements des Domeitiques charg�s de leur nourriture ; en- forte que tom l'int�rieur des Jardins de cette M�- nagerie peut �tre tenu dans un �tat de propret�, qui n�ceifairement y attirerait la pr�ience des Ma�tres, n'�tant peupl� d'ailleurs que d'animaux domeitiques & d'oifeaux priv�s, dont le coup d'�uil devient toujours int�reffant pour les cu- rieux dans cette partie de l'hiitoire naturelle. � , Nous avons deftin� le b�timent A a , � con- tenir un Sallon � double �tage, pour y refpirer �e frais; mi Appartement de jour, � gauche; & � droite, une Laiterie par�e : ce dernier genre d'oc- cupation champ�tre n�tant point indigne d'amufer le loifir des jeunes personnes qui font leur f�jour � la campagne pendant la belle faifon. Nous nous rap- pelons toujours', avec le plus grand plaifir,la Lai- terie plac�e dans la M�nagerie du Jardin de Chan- tilly ? & au milieu de laquelle eft une fource d'�ait vive qui en fait les d�lices : mais ce qui dok exciter- la curiofit� de nos �lev�s, c'eit, fur-tout, la dit- pof�tion ik la diitrib�tion tr�s - ing�nieufe de la M�nagerie de Verfailies. Qu'on nous permette cette plainte; on va toujours la voir avec trop-d� pr�cipitation i & quand on en revient �/on. ne �H |
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70 Cours
rappelle gu�re que la difformit� des b�tes fauves
qu'on y a vues, tandis qu'on auroit d� en faiiir l'enfemble , la divifion int�rieure, (es abords, & particuli�rement la d�coration des appartements contenus dans le Pavillon o� les plus c�l�- bres Artiftes fe font efforc�s � l'envi de donner des preuves de leurs talents fup�rieurs, Je Tai d�lir� pluiieurs fois, & je faifis encore cette oc- caiion de le r�p�ter, je fouhak�rois que ceux de nos Elev�s qui entendent bien1 le dei�in , fe traniporiairent furie lieu, pour y dei�iner � loi- iir tous les tr�fors de l'Art que ces appartements contiennent, foit dans la Sculpture, foit dans la Peinture. En un mc-t, les Arabefques, la pierre , le bois, le pl�tre , tout y eil d'une ex�cution ad" mirable , qui rappelle aux connoilTeurs ce qu'ont pu les beaux Arts fous le r�gne pr�c�dent , au- quel nous devons les efforts que font les Artiites de nos jours, pour atteindre le degr� de perfec* tion o� nous voyons, particuli�rement aujour- d'hui, les ornements. La Planche XVI donne encore, ainfi que le
dei�in fuivant, les d�veloppements de deux Salles de verdure qui fe trouvent dans la Planche XXV� Gelle dont nous parlons, marqu�e A , eft une Salle propre � donner un Bal champ�tre ; elle ef�: entour�e d'une all�e en paliflade, dans le go�t de celle de la Figure IV de la planche IX. Le Heu de la fc�ne eil ferm� par une baluitrade de marbre, qui contient raiTembl�e ; en face, dans une grande; niche Β , eft plac� l'orcheitre. On communique � cette Salle de Bal par diff�rentes ma�trelTes all�es, C; & de plus petites, D, con* duifent � diff�rents cabinets de verdure, les uns, E, pour les rafra�chiiTements; l�s autres 9 F, fervan� |
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d'Architecture. 71
�e loges pour y changer d'habits. Toutes les mai-
treffes all�es, C, font � ciel ouvert, plant�es d ar- bres � haute tige, & celles D, font feulement garnies de paliiTades de charmilles, au-deffus del- quelles viennent fe r�unir en berceau les che- velures des arbres plant�s dans les maiiifs ; a deifein que par ces diverfes all�es couvertes & d�couvertes, on puiffe ,f�lon l'avant ou 1 arri�re faifon, fe garantir de l'ardeur du foleil on du le- rein, ces fortes de f�tes fe donnant le plus iou- vent pendant le jour, en �t� , & pendant la nuit, dans l'automne. , Enfin, la Planche XVII offre une Salle de ver-
dure A, fervant � donner, � d�couvert, des Co- m�dies pailorales fur un th��tre B, greffe a cet effet, & fur la furface duquel font diilribuees des lifieres de charmille tenant lieu de couhffes. On pratique aufli dans la Salle A proprement dite, un orcheftre a, des gradins *, un parquet c, en un mot, toutes les commodit�s du reffort de ce Speftacle champ�tre. Les deux Salles de verdure, C D, fervent de buffets ; les Cabinets Š, pour habiller les Acleurs : enfin , les all�es couvertes, F, & leurs carrefours, de promenades & de com- munications pour le fervice du th��tre. Nous ne dirons rien ici de la compofmon des
quatre derni�res Planches que nous venons de d�crire; il ne nous appartient pas de nous juger nous-m�me; mais les hommes �clair�s qui les on* vues , nous en ayant paru fatisfaits , nous avons cru pouvoir en enrichir ce Volume. Donnons a pr�fent deux deffins de Labyrinthes, dune eom~ pofition tr�s-diff�rente , & que nous avons piu- f�s dans ks Jardins de nos belles Maiions cte plaiCance., |
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Jf$i � O V η. -S -ν r Λ %7 '
La Planche XVIII donne le nouveau Labyrin-
the ex�cut�, depuis quelques ann�es , dans les Jardins de Choiiy , fur les deffins de Moniieur Gabriel�, premier Archite�te du Roi ; ce Plan nous a paru d'une forme tr�s-ing�nieufe, & rem- plir tr�s-bien l'id�e qu pn doit fe former d'un bof- quet de cette efpece, o� chaque pas que l'on fait, Io ri qu'on y eil entr�, conduit � s'�garer : les pa- liilades, dont ce Labyrinthe eil form� , ont peu de hauteur; � deiT�in que, du Ch�teau, le coup d'�ujl de la rivi�re* ne foit point intercept�. D'ail- leurs, ce peu d'�l�vation aux charmilles procure plus d'air � ces fortes de promenades, qui, quel- quefois , fe plantent d'aub�pine. & les maflifs d'ar- buites odorants; ainfi qu'il s'en remarque dans les Jardins de Seaux, & qu'anciennement, on en a vu dans les Jardins d� Clagny, , |
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La Planche XIX , offre un de
diff�rent, il avpit �t� projet� pour |
in -tout-�-rfait
les Jardins de |
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Chantilly, par M. le N�tre, qui en.ayoit �om*
pof�pluiieurs ; c�lui qui s'y remarque eft tr�s-ing�- nieux, & beaucoup plus coniid�rable que celui que nous donnons ici ; mais la fingujarit� nous X a. fait pr�f�rer ; aui�i, a-t-on pris foin de le gra- ver fur une table de pierre, qui le voit encorej aujourd'hui dans le Parc de cette belle Maifon de plaifance : Parc qui, par la beaut� & l'abondance?, <l� fes eaux, naturelles, n'a gueres de rival en France que celui de Liancour, & qui, tous deux par cette, feule consid�ration, l'emportent fur tout�$ les beau* t�s de l'Art r�pandues avec tant deprofufion, dans, Igs Jardins de VerfaUles , deMady & de Triano�}« '., ff*2$ '�a�inets detr�illagesi'
La Planche XX gffre wu Porticrue m treillages g
ψ β ■ *jpv . ,ι
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d'Architecture. 73
dei�in� � donner entr�e � un bofquet. Nous Fa-
VOns d�j� dit, nous le r�p�tons : les proportions de la belle Architecture font applicables � ces fortes de d�corations ; & ii, dans plui��urs, on remarque qu'on les a n�glig�es, c'eit que la plu- part des Treillageurs ignorent l�s pr�ceptes de l'Art; raifon pour laquelle il eil int�refl�nt que ce foient les �rchite&es qui en donnent les �e{- flns ; & pour r�ui�ir plus s�rement, il convient qu'ils connoiifent � leur tour les mati�res qui fervent � leur ■ conftru&ion, & qu'ils defcendent dans les op�- rations de la main d'�uvre, connoiffances qui peu- vent , feules j les amener � difpofer les corps d'Ar- chiteclure, les moulures & les ornements , avec go�t & avec intelligence. Au reile , il faut conve- nir que les Treillageurs de nos jours font plus �clai- r�s que par le parl� : le plus grand nombre def- iine paiTablement; &, pour peu que l'Archite&e leur trace fes intentions , & que les principales mefures foient cott�es avec foin, il eit peu de ces fortes d'ouvrages qui ne r�ui�iiTent aujourd'hui; auil�, depuis quelque temps , ont-ils repris fa- » veur , & contribuent-ils , par leurs fucc�s , � l'em« bellii�ement de nos Jardins par�s, ainii que nous l'avons rapport� plus haut. ., La Planche XXI donne le dei�in d'une Niche
en treillage , qui, ordinairement, fe p�ace� l'em- bouchure d'une grande all�e, � l'extr�mit� d'une terraife, ou en face du principal corps-de logis, clans les Maifons de nos riches particuliers. Ces Niches peuvent contenir des fontaines jailliffan- �es, des ilatues, enfin des bancs circulaires Telles fervent alors � corriger l'irr�gularit� du terrein > ou � cacher les objets qu'il paro�t int�reiTant d� $e pas tenir � d�couvert, � caufe de leur di�br« |
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74 Cours
mit� ou autrement... Nous le r�p�tons volontiers
ici; le Labyrinthe de Verfailles, les Jardins du nouveau Trianon, offrent diff�rents deffins de ces fortes de d�corations, qui, en les examinant avec attention , feront fentir � ceux de nos Elev�s qui ont du go�t, la pr�f�rence qu'ils m�ritent fur ceux ex�cut�s � Chantilly ; ces derniers p�chant abfolument dans leur proportion, contre les r�- gles de l'Art ; pendant qu'� Tafpecl: des autres , on d�m�le les talents des Architectes qui en ont �t� les ordonnateurs. Nous citerons encore avec complaifance, les treillages qu'on vient d'�lever au Colif�e des Champs-Elif�es, comme une �tude qui peut rapprocher d'une certaine pratique, � cet �gard nos jeunes Dei�inateurs, dont la plupart ne fe doutent pas que, peut-�tre, leur d�but aura pour objet, de donner les dei��ns d'un Jardin particu- lier, dans lequel, pour jouir plus promptement » on fera entrer ce genre de d�coration, qui, te- nant tout � l'Art, exige un talent d�cid� de la part de l'Architecte. Des Vafes.
La Planche XXII offre diff�rents dei��ns de
«irafes ex�cut�s en marbre & en bronze, dans les Jardins de Verfailles. Nous aurions bien d�iir� pouvoir rapporter la plupart des tr�fors en ce genre , contenus dans ce f�jour charmant ; mais nous nous trouvons retenu par Tabondance des mati�res que ce Cours doit contenir, & nous fem- mes forc� de nous borner � pr�fenter feulement quelques objets de chaque efp�ce. Les deux va- fes trac�s fur le haut de cette Planche, font en marbre, l'un plac� dans l'all�e du tapis verd � |
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d'Architecture. 75
Verfailles, l'autre dans les Jardin»de Trianon ;
tous deux, ainii que le plus grand nombre de ceux diilribu�s dans ces belles promenades, font du meilleur genre, & de la plus parfaite ex�cution. Les deux autres au-deiTous font en bronze , & pla- c�s fur la tablette de marbre de la terraife du midi � Verfailles ; ils font du dei��n du c�l�bre B�lin, & ont �t� jet�s en fonte par les Keller : il n'y en a pas un fur cette terraffe , φ le nom- bre en eft allez grand, qui ne m�rite l'attention, la plus fcrupuleufe. Qu'on ne s'y trompe pas * l'image que nous offrons ici de ces deux vafes, & des deux pr�c�dents, eft trop imparfaite, pour former une id�e pr�cife du degr� de perfection dont nous voulons parler : c'eil fur le lie» m�me qu'il fe faut tranfponer, pour admirer ces chefs-; d'oeuvre : c'eft-l�, comme nous l'avons d�j� re- command�, que, plein de l'envie de s'inftruire, on doit, le porte-crayon � la main, effayer fes forces, & quoiqu'avec des doigts encore mal aiTu- r�s, mais avec de bons yeux , apprendre � bien voir» y retenir la beaut� des formes, le contour des galbes, le choix des ornements, le go�t des profils, enfin la touche de l'�b�Uchoir , & la d�- licateife du cifeau des hommes c�l�bres, appel�s fous Louis le Grand, pour embellir les lieux que ce Prince habitoit. La Planche XXIII offre d'autres vafes d'un def-
lin bien inf�rieur au pr�c�dent. Les deux du mu lieu font ex�cut�s en plomb, & ornent pluiieurs Jardins de nos Maifons de plaifanee » les autres, font ex�cut�s en pierre, & fervent d'amorthTe-, ments fous les baluftrades de quelques-uns de nosr b�timents, � la Ville ou � la Campagne : nouf les offrons ici., pourfaire- fen�ir au* jeunes; ^& |
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j6. . Cours
tiiles, combien il y a de difficult�s � bien faire, &
combien , avec une forte de talent, on ie trouve �loign� du bon genre. Ces derniers exemples leur apprendront encore que , pour parvenir � faire d'excellents del��ns de cette eipece, il faut �tre nourri des ouvrages des grands Ma�tres, confi- d�rer les mati�res qu'on veut employer, conful- ter l'�loignement, ou le rapprochement de tous ces divers objets , enfin la touche, le faire, le mouvement, la fimplicit�, ou la richeffe qu'il con- vient de donner � chacun. Mais arr�tons-nous fur ces d�tails , pour palier � la diilribr.tion g�- n�rale de plui�eurs Jardins, qui, par leur diff�- rence de diipofition , nous donneront occaiiort de parler de fuite, des Parcs , des Jardins de pro- pret� & des B�timents qui donnent lieu � ces belles promenades. Diff�rentes compositions de Jar~
oins afec leurs B�timents et les
' ^d�pendances qui en sont la suite.
Nous avons d�fir� d�j� plus d'une fois que hs
�rchite&es entendiifent affez bien l'Art du Jar- dinage , qui comprend la culture des Jardins de propret� , pour qu'ils en puirTent donner eux- m�mes les defiins. Le N�tre �toit le plus c�l�bre Archite&e de Jardins, que la France ait poiled� ; Cependant il a fouvent mal f�cond� Jules Har- �o�in Manfard : auifi, Marly peut-il �tre regard� comme le feul chef d'oeuvre que; nous ayons , fat l'accord qui r�gne entre les [ Jardins & les B�timents; ils font l'un & l'autreUe Jules-Har- $owrt, qui, en homme habile, f�ut profita m |
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���■ΙΜΜΒΒΒΒΗΒΒΜΒαΜΜΜΜΙΗΚΒΙ
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d'Architecture. qn.
f�jour de le N�tre en Italie, pour pr�fenter �
Louis le Grand cette magnifique production, vrai- ment digne du g�nie de cet habile Ma�tre. Le N�tre, apr�s avoir r�duit le Jardinage en Art, a peu perfectionn� ce qu'il avoit invent�; il n'a fait que circuler autour du centre o� il l'avoir, port�, & ne s'eil prefque pas �tendu au del� des limites o� il s'�toit fix� ; il paro�t m�me ne l'a- voir port� � un certain degr� de perfection, que parce qu'il �toit homme de g�nie , & qu'il f�aVoit joindre � cette fcience, d'ailleurs fort �tendue , la connou�ance des beaux Arts qui font ins�- parables de celui de planter des Jardins ; au lieu que la plupart de ceux qui s'en font m�l�s de- puis lui & Hardouin , n'�toient que des Jardi- niers proprement dits ; ou, fi quelques Artiftes en ont plant�, ils n'ont gu�re compof� que des chim�- res ; cependant ils n'ont pas laiif� d'avoir des admi- rateurs , parce qu'il n'�toit queiliori que de petits objets, qui, lorfqu'on a voulu.les imiter dans de grands, efpaces , n'ont plus montr� que des m�- diocrit�s. Qu'on y r�flechif�e ; il faut des id�es' .Varies pour compqfer un grand Jardin ; il faut, .s'�tre rendu famili�res les diverfes productions de la nature, & avoir bien �tudi� l'Art, pour tirer tout le parti qu'on a droit d'attendre de la r�u- nion de ces deux objets : enforte que , faute de cette double application, on ne remarque guerey .dans nos Jardins en France , que-des r�p�titions^ ou du moins, fi l'on y aper�oit quelque diff�- rence, ce n'eft que dans les parties acceffoires ; dansd'enfemble, la marche eft toujours la m�me , & l'on diroit que Tefprit humain, � cet �gard, lorsqu'une fois il. eit parvenu � admirer quelque chofe, fei�xe � cette admiration, & lie voit riein |
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�8 C�u�s
au-del� : d*o� il fuit que les ouvrages imit�s d�-
g�n�rent , � raifon de leur multiplicit�, jufqu'�-ce qu'enfin il arrive une r�volution occafionn�e par un g�nie neuf & trarrfcendant, qui attire tous les regards de fon c�t�, pour amener fur la fc�ne d'autres nouveaut�s : �poque qui vient d'arriver � Londres, & qu'� notre tour, nous cherchons � imiter � Paris, fans pour cela que nous ayons d'autres raifons, que de changer, & de fuivre une mode qui panera comme les autres, fans con- fulter ni le raifonnement de l'Art, ni le go�t na- tional, ni la temp�rature du climat que nous ha- bitons. Mais , fans nous arr�ter � cette digreffion, donnons, fans aucune pr�tention, quelques pro- jets de notre compofition. Nous allons les faire pr�c�der de quelques notions fur les Jardins des anciens peuples, comme un moyen de plus pour fertilifer l'imagination de ceux qui voudront s'ap- pliquer � cette branche de l'Architecture. En tra�ant dans l'introduftion du premier Vo-
lume de ce Cours, une l�gere id�e de l'origine du Jardinage , nous avons parl� fommairement des Jardins des anciens : nous y renvoyons nos Elev�s, & nous allons ajouter ici quelques nouvelles r�flexions, afin qu'aid�s des defcripnons vraies ou fauiTes que les Hiiloriens nous ont don- n�es des Jardins de l'Antiquit� , ils puiiTent r�- fl�chir fur la route qu'ils doivent fuivre, pour ar- river � la compofition de leur projet, & y faire marcher d'un pas �gal, & la partie du Jardinage, & celle des B�timents & de leurs d�pendances, avec cette fup�riorit� qu'on remarque dans quelques- uns de nos Jardins, & particuli�rement � Marly. Les AiTyriens, dit Diodore de Sicile, fe plai-
faient � cultiver un terrein fpacieux couvert d'ar- |
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D' Ar c�Ii tec τ »ri. 79
btesde toute efpece, & fur-tout d'arbres frui-
tiers : on y trouvoit des all�es , des fontaines » des ruiiTeaux, des plantes & des fleurs , dans tous les genres. Ce terrein, enclos d'un mur ou d'une paliffade, s'appeloit Paradis chez les Per- fes, nom qu'ont emprunt� les Grecs , & qu'A- th�n�e a donn� � une contr�e de la Sicile au- pr�s de Palerme, parce que c'�toit, dit-il, un pays agr�able, fertile & bien cultiv�. X�nophon Liv. IV, nous donne une grande id�e
de la Maifon de campagne de Pharnabaze � d'Afcyle. On y voyoit, dit-il, de tr�s-beaux B�timents , un fleuve tr�s-poiflbnneux, de magnifiques Parcs pour la chaiTe, &c. StrabonLiv. XVI, en d�crivant les Jardins de
J�richo, dit qu'ils �toient environn�s de montagnes, qui de tout c�t� , pr�fentoient un bel amphi- th��tre ; qu'ils �toient plant�s de palmiers & de toutes fortes d'arbres fruitiers ; que le terrein y �toit tr�s-fertile, tr�s-vari�, & arrof� par diff�- rents ruiiTeaux l'efpace de cent ftades, & que c�- toit-l� qu'on voyoit le Palais du Roi, & le Pa^ radis, ou les Jardins qui produifoient le Beaume � connu fous le nom de �eaume de J�richo. Nous avons parl� dans notre introduction ,
des Jardins d'Alcino�s , chant�s par Homere ; nous y avons dit quelque chofe de ceux des anciens Romains ; mais nous obferverons que ces derniers , quoiqu'ils n'ayent pas n�glig� une certaine fym�trie dans la diftribution de leurs Jardins , fe rapproch�rent plus pr�s de la nature que ceux qui, depuis, en ont plan- t� en Italie & chez nous. Pline l'ancien , rap- porte entr'autres chofes, qu'on y remarquoit des Champs, des Lacs, des Vergers, de charmantes <1
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8o Cour s
Perfpe&ives , & de fuperfaes Maifons de plaifanc�.
Plutarque en fait auffi le m�me �loge. Enfin Pline le jeune, ainfi que nous l'avons rapport� ailleurs, fait une ample defcription de fa Maifon de Toicane,. :,;�.', 'zaS�i � Que la plupart de nos Elev�s y faf�ent atten-
tion ; dans les circonitances o� nous nous trou- vons , par rapportai! Jardinage , les citations que "nous venons de faire, ne font point d�plac�es. Si nous voulons que nos productions pailent � la poft�rit� , ayons foin de les faire pr�c�d�e d'une leckire r�fl�chie des meilleurs Auteurs* Sans elle Milton , quoique g�nie fub�ime, n'aii» roit peut-�tre pas produit, dans fon Chant �YΛ fa charmante defcription du Paradis terreitre , dont on trouve la traduction dans Monfieur Ra- cine. D'apr�s cette lecture , on (ne poura plus douter que les Anglois , apr�s avoir pr�f�r� long- temps les produirions de le N�tre, ne prennent aujourd'hui Milton pour leur Ma�tre. La mani�re de le N�tre eil prefqu'enti�rement abandonn�e en Angleterre-s & l'on y trouve" �'peine quelques .all�es de charmille drefiees & taill�es, comme elles le fqnt chez nous ; on ne les conferve m�me eri-r CQ.se.� Londres , dit-on , que comme un �chan- tillon du mauvais go�t qui r�gne en France ; les Anglois pr�f�rent d'aller puifer dans les for�ts abandonn�es' � la nature, les mod�les de leurs Jardins, ce que quelques enthoufiafles de l'An- gleterre s'efforcent d'introduire ici, plus par et prit de fingularit� , que pour autres raifons ; mais , ainfi que nous l'avons d�j�, remarqu� quelques efforts qu'ils faf�ent, du moins nous le penfons ainfi, ils n'y parviendront jamais, nos .belles productions en France m�ritant la pr�f�- rence |
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� Architecture; ftp
rence � beaucoup d'�gards. Il eft vrai que, parmi
nos chefs d'�uvre , la plupart des Articles qui les ont voulu imiter, fe font abuf�s, en fe croyant les rivaux de le Notre & d'Hardouin; mais n'ayant pu parvenir � ce fublime, ils y ont raf�embl� feulement tant d'objets divers, que prefque tous ont n�glig� cette belle fimpiicit�, ne fe doutant pas que les richeffes multipli�es qu'ils y ont pro- digu�es, fatiguent les yeux, au lieu de ks fatis- fake; la raifon condamnant la profufion, qui me pr�fente ordinairement qu'un falle mal entendu ί au ia, lorfqu'on parcourt ces promenades, dans l'efpoir d'acqu�rir des connoiiTances , on n'y ga- gne qu'une lafl�tude fatigante, au-lieu de l'agr�* ment qu'on s γ �toit promis- Au reite, toutes ces remarques font inutiles !
pour quiconque η a pas le g�nie de la partie dont nous traitons : il en eil de celle-ci comme de l'Ar-� chite&ure proprement dite ; il faut �tre n� Jardi- nier, ainii que nous l'entendons , comme il faut etren� Po�te, Muficien : la levure, les pr�ceptes de l'Art n'�chauffent gu�re que les eiprits natu- rellement enflamm�s ; il faut �tre p�n�tr� de ce beau id�al, qui ne fe puife gu�re que dans l'i- magination, & qui a produit les chefs-d'�uvre de 1 �loquence, & de. nos plus c�l�bres Ecrivains : ces produaions, lorfqu'on vient � les lire, ne plai-* fent pas toujours, parce qu'elles nous ont peint la v�rit�; mais parce qu'elles ne nous ont rien dit contre la vraiiTemblance ; de maniere qu'il im. porte affez peu au Leaeur, d�j� inftruit, (nous parlons ici feulement des beaux Arts j que la des- cription foit exadement fidele, pourvu qu'elle ioit, une , fans contradiftion , bien pr�fent�e ψ en un mot elle puiiTe plaire en inilruifanC lome ly% '. ρ |
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82 CO URS
Perfonne de nous n'ignore que la plupart des Re-
lations de nos Voyageurs f q), & fur-tout de ceux qui nous ont rapport� des Edifices de la plus haute antiquit�, ainfi que les Jardins des Anciens; nous ont offert plut�t des Romans ing�nieux 7 que des r�cits exa&s : mais, n�anmoins, lorsqu'ils nous font pr�fent�s par des hommes de go�t, ils pro- duifent � peu-pr�s, tout ce qu'on a droit d'at- tendre du fruit.de ces fortes de lectures; c'eil |
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(q) A propos du peu de fid�lit� de la plupart des deferip-
tions de nos Hiftoriens 3 nous rapporterons ici l'extrait d'une lettre �crite de Conftantinople � M. Racine, le 9 Juin 1684, par Monfieur de Guillerague , AmbaiTadeur de France � la Porte : cette Lettre m'eft tomb�e entre les mains , & eft con- �ue en ces termes. .......Je fuis tr�s-d�go�t� des Pays fameux que vous
avez, chant�s : oui, Moniieur, je fuis tr�s-d�go�t� de ces Pays
dont les Po�tes & les Hiftoriens de l'antiquit� ont dit de i� belles chofes, & je vois qu'ils n'�toient pas exacts obferva- teurs de la v�rit�. Le Scamandre &c le Simo�s font � fec 10 mois de l'ann�e j
leur lit n'eft qu'un folle. L'Ebre eft une rivi�re du quatri�me ordre, La Natolie , le Pont, la Ni�om�die , l'Itaque , ( pr�fen- tement la C�phalonie) la Mac�doine, le terroir de Larifle & celui d'Ath�nes, ne peuvent jamais avoir fourni la quinzi�me partie.des hommes dont les Hiftoriens font mention. Il eft im- poliibie que tous ces pays ayent jamais �t� fort peupl�s. Le terroir eft prefque par-tout pierreux , aride & fans rivi�res : on y voit des,montagnes & des c�tes pel�es , plus anciennes que tous les �crivains. Le Port d'Aulide , abfolument g�t� , peut avoir �t� bon; mais il n'a jamais pu contenir les mille vaiiTeaux des Grecs, ni mille barques. D�los eft un mif�rable rocher. Cithere & Paphos font des lieux affreux. Cithere ou ��rique eft une petite �le la plus d�fagr�able & la plus infer- tile qui foit au monde. Il n'y a jamais eu un air plus corrom- pi que celui de Paphos, abfolument inhabit�e. Naxe ne vaut pas mieux. Les Po�tes ,' apparemment, mettoient V�nus dans les lieux o� ils avoient leurs maitrelles,; mais ils l'ont tr�s-mai plac�e. Je ne vous parle point de zooo �v�ch�s en Gr�ce nom- m�s dans l'Hiftoire Eccl�i�aftique, qui ne peuvent avoir eu ii iiaroiifes chacun* &c, &c.-r : x |
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�'A RC H I � E C t Uft �* Sj
�ltimt� au jugement, c'eil � l'Artiite � faire dans
fes projets la juile application des lumi�res qu'il y aura puif�es; & aux pr�ceptes , � fai�iirer de l� perfection ou de Fimperfedion de ion �uvre. Plan g�n�ral projet� en 1766 pour le Cateau~*
Cambrefis � fix lieues de Cambrai, en Flandre. Planche XXIV.
Cette Planche offre" le projet que nous fumes
charg� de faire pour Monfeigneur l'Archev�que de Cambrai, � Foccafion d'une belle Maifon de plaifance qu'il fe propofoit de faire �lever pr�s de la ville du Cateau-Cambreiis , dans une affez belle vue, qui s'�tend jufqu'� une petite monti- cule , au-deiTus de laquelle en eil une autre qui Va border un bois de haute - futaie, appartenant � Sa Majeft�. On arrive � cette Maifon de plaifance paf l'a-
venue en rampe douce A , dans une grande cotif circulaire Β, �lev�e d'environ vingt - fept pieds au-dei�us du fol du grand chemin, par o� l'on ar- rive de Cambrai : de maniere que de cette cour; Β , on d�couvre les Jardins potagers C, & eeu3� D ; au milieu defquels fe remarque une pi�ce d'eau Ε , qui re�oit la d�charge des bai�ins diitri- bu�s dans la partie fup�rieure des Jardins. Le Ch�teau marqu� F eit un Pavillon carr� ?
dans les principales enfilades duquel on d�cou- vre^ des Villages voifins , dont les afpedts int�- reflants nous ont d�termin�, fur le lieu, � don- ner pr�cif�ment au principal corps-de-logis 9 la Fij
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84 Cours
pofition que l'on remarque dans ce Plan. Nous
diibns , furie lieu; car il ne faut jamais n�gliger, autant qu'il eil poflible, de s'y traniporter, fur- tout loriqu'il s'agit de planter en place neuve ; c'eit-��, n'en doutons point, que les perfonnes du pays peuvent donner des renfeignements ; c'eil- l� que à Architecte doit m�diter fur le local : pr�- caution pr�f�rable � tous les M�moires & aux Cartes , que les propri�taires, ou leurs hommes d'affaires peuvent, � cet �gard, fournir � VAr- chite&e. Ce Ch�teau eil �lev� fur un Soubaffe- ment en terraffe, qui, de part & d'autre, fe r�- duit en pente douce, pour la facilit� des voi- tures ; ce qui' donne � cet Edifice beaucoup d'in- t�r�t, & un air de magnificence digne de l'puilre Pr�lat qui nous l'avoit ordonn�. Cette terraffe en pente douce, procure l'avantage d'arriver � couvert, fous un porche en colonade, plac� � l'entr�e du Ch�teau, du c�t� de la cour. A la droite de cet Edifice, & en face d'une plaine donnant du c�t� de Cambrai, eil plac� un corps de B�timent G, qui contient la Chapelle & des logements commodes pour le Grands Vicaires & les autres Eccl�fiaftiques de la fuite du Pr�lat, ainii que pluiieurs appartements pour les �trangers. Tous ces B�timents ont une cour particuliere H , orn�e de verdure : cour qui donne entr�e aux baffes- cours �, dans lefquelles font contenues les �cu- ries, les remifes, les b�chers, &c. car les cuiii- nes & les offices font plac�es dans le foubaife- jnent, fur lequel s'�l�ve le principal corps-de- loiris. Ce dernier contient feulement � rez-de- chauff�e, un veitibule , un fallon, un bel Appar- tement de foci�t�, enfin, une falle � manger & un efcalier, qui men� � un bel Appartement d'ha-* |
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d'AKchitect�re. 85
bitation an premier �tage, qui contient une ga-
lerie , un cabinet de tableaux & une biblioth�que : on trouve aui�i dans ce m�me �tage, un double Appartement complet � donner ; tous les autres de cette efpece font diilribu�s, comme nous ve- nons de le dire , dans le corps de B�timent G, & fes d�pendances. Nous ne donnerons ni les Plans, ni la D�co-
ration ext�rieure de cette Maifon de plaifance;' nous en indiquons feulement, ici l'arrangement, parce que la diflribiuion&la difpofition g�n�rale des B�timents tiennent plus qu'on ne s'imagine ordinai- rement � d�terminer les li�ues, les cours, les d�- pendances , fou vent m�me la plantation des Jardins, fur-tout lorfque l'Archite�e fe trouve charg� de donner les dei�ins de tous ces diff�rents objets. Du c�t� du Jardin , le Pavillon carr� F fe
trouve ifol� fur une terraffe Κ, plant�e d'arbres � haute tige, dont le milieu des all�es s'aligne avec les principales enfilades obferv�es dans les Appartements. Cette terraffe Κ a quelques mar- ches qui defcendent aux parterres L , aux deux c�t�s defquels font distribu�s des quinconces M, qui, en procurant du couvert � cette premiere fc�ne , laiffent jouir n�anmoins d�part & d'autre, du coup d'�uil des d�pendances qui environnent les murs des Jardins par�s de cette belle demeure. Au-del� de ces parterres commencent les maffifs /le moyenne futaie , o� font dii�ribu�es les pi�ces de verdure & les all�es, � l'ufage de la prome^ nade. La Salle de mar�nniers Ν, au milieu de- ; laquelle eit une grande pi�ce d'eau, un peu �lev�e du fol des parterres, men� de droite & de gau- che � deux Salles de tilleuls O, dont les formes barlongues s'oppofent � celles oblongues de M F «i
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S6 Cours
Salle Ν : oppoiltions qu'il eft effenciel d'obferver
dans la diilribution des diff�rentes pi�ces de vei> dure d'un Jardin de propret�. Ces Salles fe trou- vent enferm�es dans des all�es de forme re�ran« gulaire , aux quatre coins defquels fe Trouvent pratiqu�s autant de carrefours Ρ, qui, avec d'au- tres all�es qui les accompagnent,. procurent, dans un efpace affes peu'confid�rable , beaucoup de promenades fort ombrag�es. De la Salle de Ma- ronniers N, on defcend par une pente infeniible» dans une tr�s-grande pi�ce de verdure en bou<� lingrin ; dans l'efpace de ce boulingrin, eil une pi�ce d'eau Ο , formant le milieu d'un canal pra~ tiqu� par le fecours d'une petite rivi�re qui tra- verfe toute la plaine, & fur laquelle on devoit pratiquer une machine hydraulique marqu�e S , pour fournir des eaux jaillifTantes dans les diff�- rents bai�ins de ce Jardin, & le furplus dans la pi�ce Ν , qui, comme fup�rieure en hauteur, de- voir fer vir de r�fervoir, pour diftribuer enfuite ces eaux dans les parrerres, dans le principal corps- de-logis & dans les autres b�timents & les baffes- cours, pour aller enfin fe d�charger dans la pi�ce E, & de-l� fe r�pandre & arrofer la Ville du C�teau, dont le fol eil bien inf�rieur au terrein 9 ou ces Jardins , & les B�timents dont nous par- lons font iitu�s, A la t�te de la pi�ce O , fe trouve un mur de terraiTe, qui, par des efcaliers �n pente douce, traverf� un Bofquet de bois an- ciennement plant� , & dans le mai�if duquel nous ^vons perc� diverfes All�es & un Belveder d�-* couvert Τ Λ qui de plain pied communique �/une grande plaine, que nous avons plant�e d'arbres comparus avec �ym�trie, comme U , & dont les i�i�es �ondi�fejit � couvert � la Foset Y -<jui aj^»
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d'Architecture; 87
partient au Roi. Au milieu des all�es U , eir une
grande pi�ce X, fervant de rendez-vous; la Fo- r�t V �tant fort peupl�e de b�tee fauves pour les grandes chaffes, & la plaine fournifiant fuf�i- famment de gibier & de volatiles pour les chafies ordinaires. Nous avons plant� �galement, en face & aux
deux c�t�s de la Salle de maronniers Ν, des all�es d'arbres dans la plaine , pour prolonger la lon- gueur de celles contenues dans l'int�rieur des Jardins : d'ailleurs, ces all�es , diilribu�es ainii, femblent lier l'ext�rieur avec l'ult�rieur, & pro- curent � la forme de ce Plan , un enfemble qui nous a paru int�reffant. Sans doute les amateurs des formes contrari�es,
n'approuveront point la r�gularit� que nous avons pr�f�r�e dans la diitribution de ce Plan ι mais , nous l'avons d�j� annonc� daris le com- mencement de ce Volume : notre intention , avons-nous dit, n'a point �t� de fuivre aucun efprit de fyft�me ; nous n'avons fuivi � cet �gard que notre go�t naturel : jamais nous n'applaudi- rons que forc�ment, au genre que l'on cherche � introduire en France , d'apr�s les nouvelles pro- ductions de l'Angleterre. Jamais nous ne nous laf- ferons d'�tre Citoyen & Fran�ois. Qif'on y prenne garde ; toutes ces imitations ne tendent qu'� nous faire cefTer d'�tre , pour ainii-dire, nous-m�mes ; � force de vouloir reiTemb�er � tous les peuples, de l'Europe, nous rifquons, peut-�tre un jour* de ne reiTemb�er � perfonne. Mais, r�pond-ort � cela , tous les Arts & tous les Propri�taires, font libres , d'accord ; mais toutes ces innova- tions dans l'Architecture, dans le Jardinage , dans notre Mufique3 & dans nos Mcdes.* ne-fervent |
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88 Cours
qu'� d�figurer le vrai go�t national : que l'homme
de la Cour, que le riche particulier dans ion Jardin effayent d'imiter les Jardins de Londres, J.1 n'y a pas un grand inconv�nient; mais que la t�te tourne � la Nation, parce que tel Jardin � Paris, compris dans peu d'efpace, a obtenu quel- ques fuffrages j & que del�, on veuille changer to- talement le go�t v�ritablement eilimable des pro- ductions de ie N�tre & d'Hardouin, nous trou- vons cette manie inconf�quente, pour ne pas dire, tour-�-fait d�raifonnable. D'ailleurs, qu'on y r�- fl�chnTe, il en doit �tre, f�lon nous-, des Jardins comme des B�timents ; il convient que le ftyle de ces derniers foit aflbrti � la repr�fentation des perfonnes pour qui ils font �lev�s. Nous l'avons dit plus d'une fois , c'eil le caract�re propre � l'Edifice, qui feul fait beaut�. D'apr�s ce principe �nconteftable, nous avons cru que nous ne de* vions pas abandonner ce pr�cepte , lors m�me de la compoiition des Jardins de cette Maifon de plaifance. Le m�me efprit nous a conduit dans les deux autres Plans qui vont fuivre ; nous laif- fons aux hommes non pr�venus, l� foin de juger 4$ notre opinion � cet �gard, Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins
d*Un. magnifique Ch�teau projet� pour
l'Allemagne,
Ρ % A Ν � H f, X5CV,
Ce projet trait� en grand, raiTemb�e la ma-
jeure parue de. �qus les objets cmi peuvent eon« |
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d'architecture. 89
courir � rembelliffement d'une r�fidence coniid�-
rabl� �lev�e � la campagne pour un Prince d'Alle- magne ; foit qu'on le confidere du cot� des B�- timents & de leurs if�ues, foit qu'on en examine les plantations, telles que les Jardins de propret�, les Futaies , les Potagers, les Vergers, &c. L'entr�e A de cette belle habitation eil pr�-
c�d�e d'une grande avenue en patte d'oie Β ; elle �i'ei� ferm�e que par un pont tournant plac� au milieu de l'�tendue d'un foff� dont la lon- gueur d�termine la largeur de la premiere avant- Cour C, qui, de droite & de gauche, communi- que � des B�timents deftin�s d'un c�t�, � conte- nir des Cafernes D & leurs d�pendances , pour la garde du Prince , & de l'autre des Granges, des Selliers , des Buanderies, & autres d�parte- ments E, n�ceflaires � une Maifon de la plus grande importance. La grande Cour F , fert de place d'armes pour l'exercice des troupes, celle G , pour la courfe des chevaux : enfin, les deux 'Jardins potagers H , font deftin�s particuli�re- ment pour rapprovifionnem�nt des corps de B�- timents D, E. De la premiere avant-Cour C, par une grande
all�e I, � ciel ouvert, & bord�e de deux contre- all�es, On arrive a une f�conde belle avant-Cour Κ, plant�e d'arbres dans ies parties lat�rales. Aux deux c�t�s de cette grande all�e I, font distri- bu�s les Jardins potagers marqu�s L, & les Ver- gers M, d'une �tendue aiTez coniid�rable; �ces Jar- dins doivent fournir des fruits & des l�gumes en abondance, ce Ch�teau ayant �t� projet� pour un lieu aiTez �loign� d'une ville Capitale : ils font d'ailleurs plant�s fym�triquement dans un terrein neuf j prefque de niveau, & r�gulier dans fes di- |
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po Cours
menfions. D'un autre c�t� , comme ces Jardins
fe tiennent ordinairement � d�couvert, particu- li�rement les potagers L; il eil de n�ceflit� d'ob* ierver une forte de r�gularit� dans leur difpoii- tion, rien n'annon�ant tant, � notre avis, la ma- gnificence de la demeure des grands , que lors- qu'elle fe trouve pr�c�d�e par des Jardins de cette efpeee, & que ces Jardins font bien tenus, & pa- r�s des dons de la nature ; tels qu'on a vu long- tems ceux plac�s le long de la grande avenue du Ch�teau de Maifons , dont il ne relie plus aujour- d'hui que le terrein d�pouill� de culture; mais dont la belle difpofition pla�t encore aux con- ■noir�eurs. L'avant-Cour Κ donne, en face, entr�e � la
Cour d'honneur marqu�e Ν ; � droite , dans les B�timents, les Cours & les d�pendances du d�- partement de la bouche, d�fign�es par la lettre a; enfuite dans une baife-cour �,.οίι font des vo- li�res pour les volailles , & enfin , dans une m�- nagerie c, o� fe trouvent distribu�s diff�rents B�ti- ments pour les animaux de diverfes efpeces, une Laiterie & des logements d, pour les gens charg�s de leur nourriture & de leur entretien. La m�me avant-Cour Κ donne entr�e � gauche � des Cours & des B�timents e , deftin�s polir les Ecuries , les Remifes, les Chenils, le logement de l'Ecuyer, & du fous-Ecuyer; enfuite � une Cour & un, Man�ge couvert marqu� �; enfin , � un Man�ee d�couvert g, entour� de verdure, & dans le ΐομά duquel eil �lev� un Amphith��tre : enforte qiie par la difpofition de ces B�timents qui fe trou�* vent align�s par leur axe principal, on jouit 9 avant d'entrer dans la Cour N, de toutes les d�- |
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d'Architecture. 9t
pendances qui precedent l'habitation du Prince (r).
Arriv� dans la Cour N, au fond de laquelle eft le Ch�teau, on jou�t pleinement de ion af- pelt. Il eit double dans fa profondeur & de deux �tages dans fes fa�ades, y compris le rez-de- chauiT�e. De cette m�me Cour, on d�couvre � travers les colonades plac�es de droite & de gau- che, d'un c�t�, le Jardin & le B�timent de l'O- rangerie marqu� O ; & de l'autre , un Jardin fleuriite, & un B�timent Ρ , dans lequel eil plac� la Salle de fpe&acle : de maniere que ces nou- veaux B�timents Ο , Ρ, de m�me dimeniion 9 quoique d�f�mes � des ufages diff�rents, offrent un coup d'�uil fatisfaifant, par les entrecolonne- ments qui d�corent les- ailes de cette cour prin- cipale : tous ces objets, dans une Maifon Ele�to- raie , doivent s'o�Trir � d�couvert aux yeux des �trangers, parce que les ayant envifag�s, pour ainii-clire , fous un m�me point de vue, ils s'en forment la pins grande id�e, & fe font un plai- iir d'en parcourir � loifir toutes les beaut�s. Derriere le B�timent P, fe trouve plac� un
Mail circulaire <^, dans le gout de celui de Marly, & au milieu duquel font difhribu�s des Salies 8c des Cabinets de verdure. Derriere le B�timent O 9 on remarque un Labyrinthe , marqu� ^ , qui oe». (r) Nous fornmes entres , lors de ce projet , dans le plus
grand detail ; il n'y a pas un feul B�timent cit� ici , dont nous n'ayons fait les Plans particuliers , les coupes & les d�- veloppements, f�cond� par M. de la Roche, l'un de nos El�- ves, qui, � pr�fent tenant un gradediftingu� dans les Ponta & Chauff�es, f�ait fe concilier, par fes lumi�res & fa pro- bit�, l'eftime de fes Chefs , & la bienveillance du Minlftr* i�lai�� qui p^�iide � ce d�partement. , |
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92 Cours
ciipe � peu-pr�s la m�me longueur que le Mail
qui lui eit oppof�. En face du principal corps-de-�ogis �, r�gne,
dans toute la largeur du Jardin, une double ter- rafFe toujours int�reiTante � obierver, lorfque le terrein le peur permettre; parce que, de deiTus cette �mi'nence, on aper�oit plus facilement les ob- jets qui font � d�couvert, tels que les parterres, les pi�ces d'eau, les tapis verds diilribu�s ordinaire- ment en face du Ch�teau, & d�iign�s ici par les let- tres R, S, T. Le canal S, � fane de fes extr�- mit�s , retourne d'�querre, & forme �eux bras diftribu�s en parties �gales, n'ayant pu l'�tendre au-del�, parce qu'il eft fourni par deux fources, & que la pente infeniible , eft toute du c�t� du Ch�teau , & la partie du tapis verd Τ, parfaite- ment de niveau ; cette pente infenfib�e auroit permis, ii Ton eut voulu , de former une cafcade dans la partie longitudinale de ce canal; mais le Propri�taire ne jugea pas � propos de faire cette d�penfe. Aux deux c�t�s des Parterres Ρ*., font diitri-
im�es des Salies de verdures U , & des Cabinets moins fpacieux que ceux marqu�s V, X ; parce qu'�tant plac�s vers le principal corps de logis, ils doivent fournir plus d'ombrage; ce qu'on n'a pas droit d'attendre de ces fortes de pi�ces de yerdure, lorsqu'elles ont un grand diam�tre ; mal- gr� les petites all�es que Ton prend foin de faire circuler autour, ainii qu'on le remarque dans ce Plan. Nous en abr�gerons la defcription , pour �ne pas r�p�ter ce que nous avons dit pr�c�dem- ment , en parlant en particulier des Parterres, des Bofquets , des Boulingrins , &c. Nous fini- rons feulement par faire obferver5 qu� l'extr�« |
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d'Architecture. 95
�nit� de cette Planche , fe trouvent plac�s d'un
c�t�, les B�timents , Cours & Jardins d'une Fai- fanderie Y , qui nous avoit �t� demand�e. Nous donnerons , dans la fuite de ce Cours, les dei�ins & les d�tails de ce genre de diitribution ; cette efpece de B�timent �tant affez ignor�e de plu- iieurs de nos Elev�s, quoiqu'ils puiffent s'en for- mer une id�e tr�s-fatisf�ifante , en allant vii�ter la Faifanderie plac�e dans les Jardins de Chan- tilly. En face, & de l'autre c�t� de ce petit B�- timent , en eil un autre Ζ , deilin� � fervir de retraite au Propri�taire, tel que fe remarque ce- lui de Trianon pr�s Verfailles ; mais Trianon eil beaucoup plus coniid�rable que celui que nous propofons. Nous donnerons dans la fuite , les d�veloppements de ce dernier.� Le d�faut eflenciel de ce Plan G�n�ral, eil
d'�tre plant� en plaine ; ce qui rend n�cessaire- ment i� diitribution monotone : d'un autre c�t�, les promenades font bien moins fatigantes, que lorique leur furface eft montueufe ; mais aufli y dans le premier cas, perd-on l'effet p�ttorefque que l'on trouve au contraire dans le deuxi�me; ' combien, dans les terreins montueux, ies Jardins ne pr�fentent-ils pas de vari�t�s ? Nous avons d�j� fait ces remarques , au commencement de ce Chapitre; nous ne nous lai�bns point de les r�- p�ter , pour Futilit� de nos Le�eurs. Certaine- ment , les Jardins de Verfailles paroiiTent trop par�s de Sculpture : quelle fut vraii�emblable- ment la caufe de cette profuiion? ceil fans doute la n�cef�it� o� l'on s'eil trouv� de leur procurer de la magnificence par le miniitere de l'Art; ce lieu �tant d�pourvu, dans fes environs , de toute efpece de fpe&acle champ�tre. Il eft yrai que > |
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94 Cours
dans fon fol, on remarque pluiieurs retraites ;
celles des parterres d'eau, celles du midi & celles du nord, qui ajoutent un ai�ez grand relief � la difpofirion de ces Jardins fuperbes ; mais, en- core une fois, ils ne font v�ritablement admira- bles que pour les connoiiTeurs & les Artiftes qui y viennent avec plaifir contempler la plus grande partie des chefs-d'�uvre de, Sculpture qui fe font faits fous le regne de Louis le Grand ; au-lieu que dansles autres Jardins de nos Maifons Royales & de nos belles Maifons de plaifance, fans �tre connoifieurs, toutes les claifes de citoyens ( �) font � port�e d'applaudir � l'ordonnance , � la dif- pofition; enfin, de jouir δι des beaut�s de l'Art, & d-2S beaut�s de la nature , lorfqinls parcou- rent les belles promenades de Saint-Cloud , de Seaux, de Chantilly (ή, de Saint-Germain-en-Laye 9 de Meudon, bien fup�rieures, par l'afpecl; des en- virons, � celles de Trianon , de Bagnolet, du Rinii, & peut-�tre � celles de Marly, qui cepen- dant � tant d'�gards, m�ritent d'�tre admir�es; |
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(�) Ce que nous avan�ons nous a �t� confirm� plus d'une
fois; lorfq.ue, dans nos Le�ons publiques, nous nous trans- portions fur ies lieux avec les �trangers qui nous �toient adref- i�s, avec les amateurs &'les Amites qui nous fuivoient dans nos Conf�rences, Conf�rences qui fe r�p�toient toutes les ann�es j ce qui nous a mis � port�e de r�fl�chir fur tous ces diff�rents objets : enforte que c'eft moins notre Sentiment particulier que nous rapportons, que le jugement g�n�ral des hommes �clair�s, avec qui nous avons �t� � m�me de difcu- ter les beaut�s ou les m�diocrit�s qui s'offroient � nos regards. (r) Voyez tous les deil�ns de ces Jardins Tomes IV & Y de
l'Architecture Fran�cife. |
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D'ARCHITECTURE. 9J
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins
d'une belle Maijon de chajje projet�e en Allemagne pour l'Electeur de * * *. Planche XXVI.
Ce projet , moins confid�rable en apparence
que le pr�c�dent, a n�anmoins tout autant de promenades, & il ne diff�re gu�re que par les Jardins fruitiers & potagers qui n'�toient pas n�- cessaires ici, cette belle habitation n'�tant �loi- gn�e que de trois lieues d'une des Villes les plus opulentes de l'Allemagne. Les principaux B�timents, par la m�me raifon, ont auff� moins de d�pendances, fans pour cela, qu'aucuns d�- partements effenciels y foient �pargn�s , ayant pris foin que leur difpoiition, leur ordonnance & leur iiructure r�pondirent � la magnificence du Prince pour qui cette Maifon de chaile avoit �t� projet�e. La diilribution des Jardins r�pond aui�i � l'�ciat des B�timents, & l'on fe rappellera que nous en avons donn� quelques parties dans les Planches XIV, XV, XV� & XVII de ce Cha- pitre, Parcourons � pr�fent cette production, & mettons nos Elev�s � port�e de conno�tre la mar- che que nous avons fuivie, pour r�pondre aux intentions du Grand Seigneur, qui nous avoit char- g� de cette diftribution. Le Ch�teau A, a aifez peu d'�tendue ; mais il
eft double dans fa profondeur i & a dans les fa�a- des, deux �tages �lev�s au-deifus d'un foubaf�e- ment; dans celui-ci, fe trouvent diflribu�s de magni-' |
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$6 Cours
fiqiies Appartements de bains , une Grote, une
Salle � manger d'�t�, & des Offices : l'�tage au- dei�iis efi occup� par un grand Sallon, dans le go�t de celui de Marly, & de pl�iieurs pi�ces formant un bel Appartement de foci�t�; de ma- niere que ce n'eit que dans le premier �tage, qu'on a pratiqu� quatre Appartements de Ma�- tres , la plus grande partie des peribnnes de de- hors �tant � port�e de retourner � la Ville apr�s le ibup�. On arrive � ce Ch�teau par une Cour qua-
dranguiake Β , ferm�e feulement par des grilles dans les parties lat�rales : cette Cour eil pr�c�d�e d'une belle avenue C , qui tient lieu d'avant-cour ,. & elle eil auili ferm�e par une grille D : aux deux extr�mit�s de cette,grille, fe trouvent deux Pa- villons , l'un pour le SuifTe, l'autre pour un Garde-, chaiie. De chaque c�t� de l'avenue C, font diilribu�s *
. � droite, le d�partement des Ecuries & des Be- mifes E, & � gauche, celui de la bouche, mar- qu� F ; l'un & l'autre pourvus de toutes les com- modit�s que la lib�ralit� du Prince avoit per-, mifes � FArchiteile. C'eil dans l'enfilade des B�* timents E, F, que fe trouvent plac�s le Manege d�couvert G, �i la M�nagerie H, raport�e pr�- c�demment Planches XiV & XV ; nou$ y ren- voyons; les formes y font plus diltincles & plus �tudi�es que dans ce Plan, que nous n'avons pu donner que fur une tr�s-petite �chelle, � caufe du format de notre ouvrage. Nous aurions voulu pouvoir en ufer de m�me pour ce qui regarde �e d�tail de la diflfibution & de la d�coration des B�timents j, dont nous avons conferv� des doubles, deifin�s
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d'Architecture. 97
ueffm�s avec le plus grand foin (/); mais les
m�mes coniid�rations nous en ont emp�ch�. Les lettres I d�iignent une partie des Potagers
plant�s � l'entr�e de l'avenue C, La lettre Κ in- dique une partie des B�timents de l'Orangerie ; celle L, la Gallerie appel�e la Gallerie des Cerfs, telles qu'il s'en remarque � Fontainebleau & � Chantilly, & dans lefquelles, fur des t�tes en ■fculpture, on place les bois des cerfs vaincus � la chafle. Au commencement de chacune de ces deux Ailes, & � l'entr�e de la CourB, font plac�s deux Pavillons a ; l'un pour la Chapelle, & l'autre pour le Concierge. En face du B�timent �, eil un Jar- din fleuriite, & en face de l'Aile Κ , un Jardin pour les orangers. En retour d'�querre, on voit deux autres B�timents M , Ν ; le premier con- tient une Salle de fpe�acle & {es d�pendances, le f�cond une Salle de Bal, une Salle de jeu, une Salle de billard, &c. Derriere celle-ci, eil un grand Bofquet renfermant un Mail circulaire ; & derri�re le B�timent Ν, eil plant� un Labyrinthe : l'une & l'autre de ces deux pi�ces de verdure fervent de petits Bpfquets pour les promenades du matin. Dans la ligne capitale qui enfile la longueur
du Ch�teau, fe trouve plac� le milieu d'une grande aji�e O, qui traverfe toute la largeur du Parc; mais dont cette Planche n'offre que les principales parties. Cette all�e eil � ciel ouvert, & bord�e de |
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(f) Nous avons �t� f�cond� dans ce travail par M. Delorme,
l'un de nos El�ves alors. & qui, aujourd'hui, par fes talents d�cid�s, & par la douceur de fes m�urs, a f�u s'attacher la bienveillance des hommes de la plus haute conlid�ration, aifl� que celle des Artiftes qui, foa� «a relation 'avec lui. Tom If. G. |
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98 Cours
chaque c�t� par une contre all�e couverte, qui
procure de l'ombrage aux peribnnes qui , du Ch�teau, veulent parcourir les Bofquets du Parc, contenus entre l'all�e O & celle Ρ , paralelles en- tr'elles. C'eft dans cette �tendue Ο, Ρ, que font compr�tes les Salles de fpe&acle champ�tre Q, & la Salle de bal R, donn�es auffi pr�c�demment plus en grand, dans les Planches XVI & XVII. En face du Ch�teau, eft un Canal d'eau vive S ? au bout duquel on voit une Cafcade Τ, le ter- rein , vers cet endroit, �tant �lev� d'environ dix- fept pieds : enfuite, on arrive dans une plaine fort �tendue, o� fe trouve plant� le commence- ment d'un Bois de haute-futaie U, qui , affez pr�s de l'all�e Ρ, Contient deux pi�ces d'eau de �burce V, lesquelles , par leur fiip�riorit� fur le fol des Jardins & des B�timents de cette, Maifon de chaffe, fourniffent de l'eau , & dans les bai�ins, & dans les Appartements » auffi bien que dans toutes les d�pendances dont nous venons de faire la defcription. Tous les Bofquets, les Salles & les Cabinets
de verdure exprim�s dans ce Plan, font difpof�s de maniere, qu'ils ont des enfilades refpetlives, & font entour�es de petites all�es prifes dans les maflifs des bois : ces all�es formant autant de ber- ceaux naturels, procurent � toute heure un om- brage int�refTant pour la promenade. Ces Bof- quets font orn�s, pour la plupart, de ftatu�s, de bai�ins , de fontaines qui les ernbelihTent en- core , &* qui, �tant diilribu�s avec art, fervent � releVer l'�clat de la belle nature; la verdure, dans ces cantons, nous ayant fembl� fur les lieux, plus belle que par-tout ailleurs , tant par i'efpece d�s arbres du pays 3 que pat lei foins que les J'ai- |
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�s'A R 6h i � ECt u ri* 99
din�ers, en Allemagne * prennent de leur culture
& du terrein qui les re�oit ; d'ailleurs * il en faut convenir ; l'abondonce des eaux dans les Jardins contribue beaucoup par fa fra�cheur , � entrete- nir f �mail des fleurs ; & � procurer un verd ten- dre � la chevelure des arbres 3 aux paliiTades, aux arbuftes, &Ci * Nous ne nous arr�terons pas � d�crire plus
long-temps la diilribution des pi�ces de verdure qui fe remarquent dans ce Plan. Les perfonnes exerc�es dans cette partie de l'Art, ont peu be- foin de ces defcriptions, & celles qui ne le font pas ne pouroient l'apprendre dans nos Livres. Nous le r�p�tons pour la derni�re fois, c'eil dans les Jardins de nos Maifons Royales , dans ceux de nos Maifons de Plaifance, enfin , dans les promenades des Maifons de nos riches particu- liers, � la campagne, & dans le fein des Villest qu'on peut feul bien apprendre � �tudier & � concevoir cette partie ii int�r�iTante de l'Archi- tecture; aid�, fi l'on veut, des pr�ceptes g�n�- raux , & des exemples particuliers r�pandus dans ce Chapitre; quoique nous n'ayons pas pr�ten- du, ainii que nous favons d�j� annonc�, �puifer la mati�re ; mais offrir feulement � nos Elev�s ce qu'ils ne peuvent absolument ignorer � cet �gartfe |
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'ΐοσ Cours
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t^^k^^p^JULU,.
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CHAPITRE IL
DE LA DISTRIBUTION
des B�timents en g�n�ral.
xN ous avons commenc� les premi�res notions des
pr�ceptes de la diltribution des B�timents , par celle des Jardins, diitribution qui vient de faire l'objet du Chapitre pr�c�dent ; il nous a paru convenable d'ailleurs de faire marcher enfemble , lors de �a compontion d'un Plan, la diitribution des B�timents & celle de leurs Jardins, parce qu'affez ordinairement, le premier d�fir du Propri�taire, & le premier foin de Γ Architecte, eit de planter les Jardins , avant d'entamer la partie des Edi- fices ; ceux-ci �tant toujours plufieurs ann�es � �lever , la plantation acquiert de la force pen- dant les ann�es qui s'�coulent, entre le commen- cement de la main-d'�uvre , & le moment de jouir de l'habitation.' Nous voici donc arriv�s � la diitribution des
B�timents, confid�r�e ici comme la f�conde bran- che de Γ Architecture , branche, pour ainfi dire, ignor�e de ,nos anciens Architectes , & que ceux du commencement de ce fi�cle ont f�u r�duire en Art. Pour nous convaincre de ce que nous avan�ons , donnons un pr�cis de l'origine de la diitribution des B�timents, & rendons compte comment elle a pris faveur chez nous , au point que nos productions de ce genre, font imit�es |
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Β' A R C H I Τ Ε CT V R E. ��I
avec le plus grand foin par tous les peuples de
l'Europe favante , & m�me par ceux des Na- tions les plus �loign�es. Pr�c�demment, nous avons trouv� forigne de
la D�coration de nos Edifices dans les diff�rentes produirions de la nature ; les arbres particuli�- rement ont donn� naiffance aux colonnes ; les feuilles, les fleurs & les fruits aux ornements qui . les embelliffent. Nous allons trouver l'origine de la diftribution dans la n�cefl�t� de fe mettre � l'abri des intemp�ries de l'air, & de fe procurer les commodit�s relatives � la vie civile. En remontant � la fource, nous trouverons que
les abeilles naturellement induilrieufes., donn�rent aux hommes les premi�res notions de l'Art de divifer & de partager l'int�rieur de leurs demeu- res. En effet, � peine eurent-ils abandonn� les en- trailles de la terre, qui, originairement, leur avoient fervi de retraite, qu'� l'imitation des ruches, ils �lev�rent des huttes pyramidales qu'ils form�rent avec du bois enduit de terre graife. D'abord ils les ifolerent, pour pr�venir les accidents du feu ; enfuite, s'apercevant du befoin qu'ils avoient d'u- fer d'�conomie , ils les rapproch�rent , pour fe communiquer plus facilement. Ils imagin�rent des portes qui en d�fendiffent l'entr�e, & des croif�es pour en �clairer "les dedans : ils �tablirent �es foyers qui les truffent � fabri de la rigueur des faifons : ils employ�rent plusieurs �tages, dans le deffein d'occuper moins d'efpacc fur le terreiia d'o� ils tiroient leur fubfiilance. La culture des terres , qui amena � fa fuite
le partage des Domaines, introduiiit entre les Hommes l'id�e de propri�t�. De-l�, ils fe virent oblig�s de marquer des limites , de planter des Giij
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ιοί Cour*
haies, de creufer des foff�s, qui diitinguaiTentleurs
poifeffions d'avec celles de leurs vohins. Les premi�- res huttes, qui d'abord leur avoient fervi d'aiile, firent place � des cabanes plus �tendues, o� ils �tablirent leur r��dence : on y joignit des d�- pendances pour contenir les animaux n�ceffaires a l'Agriculture, les d�pouilles de la terre, & les proviiions dont on avoit beibin pour fubfifter en attendant une nouvelle r�colte� Le nombre de ces habitations s'�tant accru avec celui des fa- milles , on parvint infenfiblement � former des Hameaux, des Bourgades & des Villes : dans ces derni�res, on difpofa des rues, on les alligna ; on �rigea des Temples, on �leva des B�timents plus r�guliers & plus vair.es pour les principaux Chefs, enfin on mit, peu � peu, de la fym�- trie dans la difpoiition de ces diff�rents genres d'Edifices. L'aifance & le loifir dont les hommes parvin-
rent � jouir dans la fuite, les d�termin�rent � porter leurs v*m fur d'autres objets non moins jnt�rei�knts. Pourvus des premiers befoins, ils fon- gerent � rendre plu? falubr� l'int�rieur de leurs demeures , & fe procur�rent plufteurs genres de commodit�s inconnues � leurs pr�d�cef�eurs : le cercle de leurs id�es s'agrandit par le commerce qu'ils eurent les uns avec les autres, d'abord, de proche en proche ; apr�s , dans les Provinces les plus �loign�es. La d�cence qui s'introduifit, dans leurs m�urs, leur fit imaginer de partager l'int�rieur de leurs demeures en plufieurs pi�ces, qui d�voient contenir les deux fexes � part» Bien^f t�t les infirmit�s de la vieilleiTe leur apprirent � pr�f�rer les, lieux �minents aux vall�es , & � faire� fh�i& des mati�res cmi affuraffent yn� dur�e plus |
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d'Architecture. 103
confiante � leurs B�timents, & les d�domma,-
geaffentde la main d'oeuvre dont ils avoient ef- fuy� les peines, Aux v�g�taux, ils firent fucc�- der les min�raux & les m�taux, & commenc�- rent � les allier enfemble : enfin, leur jugement s'�tant d�velopp� , ils convertirent les d�pouilles des animaux en �toffes, pour s'en f$re des meu-; b�es. Ceft par ces diff�rents progr�s fans, doute que les hommes font parvenus � rendre leurs ha- bitations, & plus commodes & plus agr�ables: mais, ofons le dire, ceft de cette commodit� & de cet agr�ment, qu eft n� le luxe qui r�gne au- jourd'hui parmi nous. En effet, fi la plupart des peuples euffent eu moins d'ambition, ils l� fuiTent content�s d'une demeure fimple ; ils s'en feroient tenus � la culture des terres, & � l'�ducation de leurs femblables : combien n'en voyons-nous pas de nos jours , qui font leur bonheur d?une vie champ�tre? La plupart des Pafteurs dans le fond de nos Provinces ; pluiieurs familles dont les anc�tres ont verf� leur fang pour la patrie : les Fermiers des grands Seigneurs, leurs Laboureurs, nos P�tres y vivent encore dans cette fimplicit� , qui faifoit partie des m�urs de nos anc�tres. Aufli, n'eft-ce que dans les Capitales que les be- foins fe font accumul�s. La fplendeur des Nations., Tambition des Peuples, le culte ext�rieur if la Religion, les c�r�monies d'�clat, la communica- tion des �trangers, l'opulence des Cours , le voi- finage des gens du monde , tant d'exemples ont fait �clore dans tous le d�fir de fe furpafler; ce que n'e�t jamais fait une vie fobte & retir�e. Peut-�tre, aurions-nous plus de vertus, fi nous vivions comme les premiers peuples du monde. Dun autre c�t�, comparons les ternes, & confia G�v
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104 Cours
d�rons, avec Plutarque , combien nous fommes
heureux, & combien nos p�res l'�roient peu; puifque dans le premier �ge, appel� par nos Po�- tes 1 �ge d'or , la terre nouvellement form�e , & l'air charg� de vapeurs groi�ieres, �toient indo- ciles � l'ordre des faifons : le cours incertain des rivi�res d�gradoir leurs rives de toute part. Des �tangs, des Lacs , de profonds mar�cages inon- doient les trois quarts de la furface du globe ; l'autre �toit couvert de bois & de for�ts ft�riles. La terre ne produifoit que des fruits imparfaits» fes habitants navoient nul inih-ument pour le la- bourage. L� moii�bn ne venoit jamais pour qui n'avoit rien ferne ; l'hiver, quelques herbages, quelques racines, �toient leur feule nourriture : ils regardoient alors la terre comme leur nourice & leur m�re. Ce ne fut m�me qu'apr�s une lon- gue exp�rience, qu'ils firent ufage de la chair des animaux > qu'Us v�curent de poiifons fecs & du lait de leurs troupeaux. Quelle diff�rence aujour- d'hui, quelle affluence de bien nous environne! que de fruits ! que de richeifes dans les campa- gnes! Quels fecours ne nous donnent pas le corn�* merce & la navigation, pour apporter dans le fein de nos Villes les diff�rentes productions des pays �trangers ! Que ne devons-n�us pas enfin � rinduftrie d'un peuple raifembl�, & qui �> fou- tenu par la d�couverte des beaux Arts, fait en- fanter tant de chefs d'oeuvre. D'apr�s ce tableau, plus int�reflant pour les
amateurs de l'Hiitoire, que pour les Artiftes, di- fons qu'aucune Nation , n�anmoins , n'a f�u , comme la n�tre, r�duire en Art la diitributio» qui fait ici notre objet* Les Aflyriens, les H�- breux, les Egyptiens, n'ont gu�re excell� q«t |
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., i) Architecture.. 105
«lans la ftru�ure & Timmenfit� de leurs monu-
ments ; les Grecs & les Romains, dans l'ordonnance de la d�coration & !a diitrihution int�rieure de leurs Temples. Nos Provinces d'Italie, le Nord, l'Allemagne , l'Angleterre m�me, n'ont rien^ro- duit de bien effenciel fur cette branche de PArchi- te�hire. Tous ces peuples ont prefque recours aux exemples des B�timents Fran�ois, lorfqu'il s'agit de la dii�ribiition de leurs Edifices. Encore, fommes- nous forc�s de convenir que cet Art n'eit pas fort ancien chez nous : que ce n'eit. que depuis le r�gne de Louis le Grand, que nous fommes parvenus a lui donner un certain degr� de perfection. Nous pouvons le dire ici : quelle �toit la diitribution de nos Edifices fous les premi�res races de nos Rois ? une diitribution int�rieure, fans fym�trie & fan* r�gularit� : des Appartements mal �clair�s, fans commodit�s, fans d�gagements : des pi�ces fpa- cieufes, mais fans proportion, fans enfilades ref- peclives : des efcaliers obfcurs & fans dignit� ; en un mot, on n'y remarquoit que de petites ou- vertures de portes, de croif�es ; o�, au contraire , des foyers d'une grandeur exceiTive. Qui de nous ignore , par exemple , que , fous Charles VI, l'Ap- partement de ce Prince � l'h�tel de Saint-Pol lu}, confiiloit feulement en une grande anti-chambre, «ne chambre de parade (x) qui avoit quinze toi- les de longueur fur dix de largeur ; une autre chambre d'habitation (y), deux cabinets, une «
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(u) �rige anciennement au quartier Saint-Antoine, dans une
jfattie qu'occupe aujourd'hui la place Royale � Paris. (*) Qu'on appeloit alors chambre � parer. ty) Appel�e, dans ce temps, la chambr� au g�te du Roi. |
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io6 Cours
falle � manger (φ * une falle d'�tude, une falle
de bains, une chambre du Conieil, &c. [a). Mais ,'" fans aller chercher des B�timents qui n'exiilent plus que dans nos Chartres , qu'on examine ceux du Ch�teau de Saint-Germain-en-Laye, les an- ciens Appartements de celui de Chantilly, avant; d'�tre r�par�s , & une infinit� d'autres de ce genre, �lev�s anciennement dans nos Provinces, & l'on reconno�tra bient�t combien notre diftribution eil aujourd'hui fup�rieure. Perfonne n'ignore que 'nous devons cette partie de l'Art � Jules Har- douin Manfard ; cet homme c�l�bre nous a en effet prouv� l'univerfalit� de fes connoifTances fur f Architecture en g�n�ral, mais en particulier , fur la diitribution : encore faut-ii convenir que c'eit depuis cet homme de g�nie, que nos Ar- chitectes l'ont perfectionn�e , lorfque, pendant pr�s de trente ann�es, & faute de grandes occa- fions, ils fe font trouv�s oblig�s de n�gliger l'ob- jet le plus fublime de leur Art , nous voulons dire, l'ordonnance ext�rieure de nos Edifices, pour ne s'attacher qu'� la partie des dedans, � la commodit� & � la d�coration des Apparte- ments , que nous avons port�es de nos jours au dernier p�riode. Aujourd'hui donc, que toutes les parties de
l'Art nous font connues , & que les grandes en- treprifes font offertes � nos Architectes c�l�bres, |
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(^) Que l'on nommoit anciennement la Salle des nappes.
(a) Les M�moires qui nous ont tranfmis ce fait, nous appren-
nent encore, en parlant de la d-coration de cet Appartement, que les poutres des Chambres les plus orn�es, n'etoient jeix- richies que de fleurs de lys d'�tain d'or�, & que les chenci? ji'�toieut que de fer, §c pefoi�at iSo Hyres. |
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d'Architecture. 107
paf la lib�ralit� du Prince, & par les connoif�
iances acquifes du plus grand nombre de nos concitoyens : que n'avons-nous pas lieu d'eip�rer du concours de ces trois branches r�unies , qui«, fans doute, nous feront laiffer � la poit�rit� des chefs-d'�uvre, m�me au-deiTus de ceux �lev�s par nos pr�d�cefleurs. Quoique nous venions de remarquer que 1$
diftribution avoit fait, de notre temps, les plus grands progr�s , nous obferverons n�anmoins, que c'eft peut - �tre la feule partie de l'Art , fur laquelle nos Architectes ont Je moins �crit. Jufqu'� pr�fent, Daviier, M. Boffrand, M. Bri- feux & nous-m�me, dans notre Trait� de la d�- coration des Edifices , avons plut�t donn� la def- eription des B�timents de notre invention, que des pr�ceptes fur l'Art de diftribuer nos Apparte- ments : de forte, que les quatre premiers Volumes de ΓArchite&ure Fran�oife, font, pour ainfi dire, l'unique ouvrage qui traite de la diftribution d'une maniere affez int�reffante ; encore, faut-il conve- nir , que, pour les lire avec fruit, il eil n�cef- faire de faire pr�c�der cette le&ure par les Le* �ons que nous offrons aujourd'hui. Sans doute , la diftribution peut �tre regard�e
comme unefcience difficile � acqu�rir, �caufe del� vari�t� des Edifices qui s'�l�vent dans la Capitale & dans nos Provinces : vari�t� qui facilite l'Ar- chitecte � manifefter, dans plus d'une occafion, l'eflor de fon g�nie ; qui le force, pour ainfi dire , � remonter � la fource, en le portant � r�fl�chir fur l'importance de cette branche fi int�ieflant� 4e rArchitedure, Avant d'entrer en mati�re, nous (jirQns> qu'oa.
�pll diftinguer doux fortes de diftribu��n, l'unef |
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�o$ Cours
qui a pour objet la diviiion des pi�ces qui com»,
pofent l'int�rieur des Appartements ; l'autre, qui dans les dehors, contribue � d�terminer la r�- partition des avant-corps, des pavillons, des ar- rieres-corps, & des corps interm�diaires qui pro- curent un certain mouvement � l'ordonnance des fa�ades. Nous avons d�j� dit quelque chofe de cette derni�re diilribution, en traitant, dans les Volumes pr�c�dents, de la d�coration ext�rieure : notre intention eil d'y revenir encore � la fin de celui-ci, apr�s que nous aurons expliqu� ce que nous nous propofons d'enieigner, concernant la diilribution int�rieure des B�timents. Mais nous expoferons d'abord les r�gles les plus approuv�es fur les principales iflues de TEdifice; fur la dimenfion des cours, des baffes-cours & des B�timents qui y font contenus, & qui , ordinairement, fervent de d�pendances aux principaux corps-de-logis, deilin�s � la r�fidence des Ma�tres, foit � la Ville » foit � la campagne. Pr�ceptes g�n�raux, concernant la difpo�tion
des iffues, des cours principales, des baffes- cours, & des B�timents qui fervent de d�- pendances aux corps-de-logis deflin�s � la r�fidence des Ma�tres. ■ f, il .■ ■....;■■■,■.. ,■■..-»■
'Les B�timents deilin�s � fervir de d�pendances
aux principaux Edifices, exigent, de la part de TArchite&e, la m�me attention que lorfqu'il eil requis pour donner les deffins d'un monument de la premiere importance. N'en doutons point;Tef- prit de convenance doit le gmder dans toutes fe& |
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d'Architecture, 109
Op�rations; il lui eft �galement indifpenfable, de
Veiller � la difpofition des lieux , � l'expontion des diff�rents d�partements, & de le rendre compte de la qualit� des eaux dont on fe propofe de faire ufage, pour les hommes & pour les animaux. De la Convenance.
La Convenance doit �tre regard�e comme la
partie la plus eifencielle de toutes les produirions de l'Architede. C'efl par elle qu'il affortit la di- gnit� & le caract�re, non-feulement du princi- pal �difice, mais aui�i de tous les B�timents qui compofent (es d�pendances. Elle lui enfeigne le choix des emplacements j elle lui indique le plus ou moins de pi�ces principales ou de d�gage- ments qui doivent entrer dans fon plan ; foit pour la commodit� perfonnelle du Ma�tre, foit pour ceux qui font en relation avec lui : c'eft la conve- nance qui indique le rapport quon doit obferver entre T�tendue ou le racourciffement des B�ti- ments qui pr�c�dent la principale habitation, & qui, pour l'ordinaire, fe placent dans les avant- cours , foit qu'on mafque ceux-ci par des murs de el�ture, foit au contraire , qu'on en expofe les fa�ades aux regards des �trangers. Ceft encore la convenance, qui, apr�s la difpofition de ces derniers B�timents , indique le genre de leur d�? coration, celui de leur itru&ure, leur �l�vation, enfin la richefTe ou la fimpiicit� qu'ils doivent avoir relativement au ftyle qui pr�fide dans l'or- donnance du principal corps-de-logis. Qu'on y prenne garde ; rien de fi inconf�quent, lorfque ces B�timents fubalternes difputent de grandeur ' ©11 de dignit� avec l'objet principal dont ils ne |
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ίιο Cours
font1 que Tacceffoire. Pluiieurs de nos belles Mai«
fons de plaifance ont ce d�faut, ainii que quel-5 ques-uns de nos grands H�tels � Paris ; parce qifaffez fouvent -, ces diverfes parties s'attaquent dans des temps diff�rents, & qu'un nouvel Ar- chitecte �tant appel� pour continuer l'Edifice commenc�, loin de fuivre la marche de fon pr�- d�ceifeur, fe pla�t � fe frayer une route nouvelle 9 qui »nuit effenciellement � l'efprit de convenanc© dont nous parlons. Nous avons plus d'une fois feit ces remarques, � propos de�l'ordonnance de nos Palais ; on doit les rappeler ici, pour ce qui concerne la diftribution & la difpofition des B�timents dont il s'agit. Enfin l'efprit de convenance exige encore que l'efpace des lieux o� ces B�timents font contenus, η an�antiffe pas 9 par fa grandeur, la capacit� du principal Edi- fice : d�faut qu'on pourroit reprocher aux ave- nues & � l'avant-�our du Ch�teau de Maifons, � Choiii & ailleurs. Maniere de concevoir le projet �?un B�timent*
JSOus venons de remarquer que la convenance
doit �tre regard�e comme l'un des premiers prin- cipes de l'Architeclure : ii cela eil vrai, comme nous l'avan�ons , un Architecte intelligent doit d'abord fe former une id�e g�n�rale de tout fon �difice : il doit fe le repr�fenter dans fon imagi- nation , comme s'il �toit �lev�, & m�me comme s'il fe trouvoit charg� d'en faire la critique. Pour parvenir � cet examen impartial; il faut
qu'il en confidere la diilribution g�n�rale; en- fuite qu'il appr�cie toutes les parties les unes apr�s les autres, eu comparant enfemble la d�coratio« |
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d'Architect �ri. �ii
ext�rieure avec Fufage des dedans; foit par ra>
port � leurs parties principales , foit relative- ment � leurs d�iails. Apr�s avoir con�u l'id�e enti�re de fon Edifice, i!
doit paffer � 1'efqi�i�e des Pians, des �l�vations & des coupes, & y placer m�me les principaux or- nements. Il doit pr�voir en m�me temps la hau- teur qu'il doit donner � fes Planchers ; enfin, il doit d�rerminer les enfilades eifencielles , dans l'intention que les dehors & les dedans ayent une parfaite correfpondance entr'eux : autremeut , il eil � craindre qu'� la faveur de quelques parties , peut-�tre eilimables, il n'en n�glige d'autres plus importantes, qui ne fe peuvent r�parer qu'en fai- fant un tout autre projet ; ce qui devient d'au- tant plus difficile, qifon peut rarement fe fouf- traire aux fuj �tions & aux entraves qui lui ont d'abord �t� prefcrites par les perfonnes qui le met- tent en �uvre. Nous r�p�terons encore ici ce que nous avons
dit jlorfqu'ils'agif�bit de l'ordonnance ext�rieure : le moyen le plus s�r de parvenir � bien faire, eil de ie rendre compte des ouvrages de l'Art que nous ont lauT�s les plus habiles Ma�tres � cet �gard : ou- vrages qui fourniront � l'Elev� de nouvelles id�es , & le mettront � port�e de paiTer, avec plus de facilit�, � un autre projet qu'il comparera en- fuite fans pr�cipitation ni pr�vention avec fa pre- miere penf�e. Apr�s ce double travail, il en de- vra conf�rer avec les perfonnes intelligentes, pour profiter de leurs avis, & fe regarder alors comme un juge �quitable de fa premiere opinion avec celle des autres. * » Il eft encore � propos, lorfque l'Arehitecle a |
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ιιζ Cours
du loiiir, & jamais il ne doit fe preffer, il eft
� propos, lorfque >fon projet eil de quelque im- portance, de lelaiffer repofer pour quelque temps, afin de l'examiner de nouveau, comme s'il lui �toit �tranger , & , qu'apr�s en avoir fait une nouvelle critique, il en tente un troifieme qui puifle r�unir les avantages des pr�c�dents, �ans en avoir les d�fauts. Qu'on y prenne garde, tou- tes ces pr�cautions font indifpenfables, fur-tout lorfqu'il s'agit du projet d'un B�timent qu'on doit planter en place neuve. Il en peut �tre autrement, �ans doute, lorfqu'il eil queilion de projeter un nouveau corps-de-logis, avec d'anciens B�timents � raccorder, pour former, dans la fuite, un en- semble int�rei�ant. Ce genre de compofition de* mande une m�ditation particuliere , & une exp�- rience confomm�e : c'eil ici que les pr�ceptes feuls font infuffif�nts ; c eil fouvent aux reifources de l'Art qu'il faut avoit-recours. S'agit-il, par exem- ple , de racheter des biais, des in�galit�s, des obliquit�s; on appelle � foi les formes circulaires, elliptiques, triangulaires ou irr�gulieres, qui, Lorf- quelles font amen�es � propos, procurent � l'ou- vrage entier un certain agr�ment, pr�f�rable � une fym�trie fcrupuleufe, & prefque toujours mo- notone. Mais il eil bon de ne pas abuier de ces moyens ; la plupart des Edifices exigent des formes fimples , qui font � beaucoup d'�gards re- connues meilleures que tout ce que le g�nie le plus f�cond pouroit imaginer ; ces formes ii- nueufes ne doivent gu�re fe permettre , que lorf- qu'il s'agit de nos Maiibns de plaifance, ou de nos B�timents particuliers , ou Γ Architecte eft moins ai�ervi, que quand il eil queilion des Tem- ples, des Places publiques, ou des Palais des Rois. Pr�cautions
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�'A R C�H� ?� C TURK. IIJ
Pr�cautions qu'il convient de prendre, avant
de b�tir.
L'Archit�c�e, apr�s avoir coii�u le projet d�
fon B�timent, doit commencer, avant de paffer � l'ex�cution , par prendre connoiffance du lieu o� il doit b�tir, afin de fe mettre en �tat de pro- fiter des avantages que peut lui offrir la nature du terrein , & d'en �viter tous les inconv�nients. Il doit enfuite �viter auf�i, autant qu'il lui eil pofl�ble, de s'ai�uj�tir � d'anciens B�timents, qui le forcent 5 pour ainii dire , � manquer fon pro- jet; ce qui caufera un jour des regrets au Propri�- taire, foit parce qu'il fe trouvera mal log�, foit parce qu'il aura d�penf� tout autant que s'il eut d�moli la totalit� : inconv�nients dailleurs , qui font, que les plus excellents Architectes fe trou- .vent contraints , par ces fortes de fuj�tions, d'in- troduire , malgr� leur exp�rience & leur capa- cit�, des licences dont ils ne peuvent fe difpen- fer : d'o� il r�fulte fouvent, que les anciennes parties ne fe trouvant avoir aucun rapport avec les nouvelles, on fe trouve oblig� d'abattre ce qu'on avoir conferv� avec tant de foin. Il fuit de-l� que cette �conomie, prefque toujours mal entendue > ne manque jamais de caufer une plus granded�penfe, qui, quelquefois, non-feulement fait abandonner l'ouvrage entier ; mais d�go�te le Propri�taire du lieu qu'il avoit choiii, & le d�- termine � b�tir dans un autre, ce qui achev� de le ruiner enti�rement, comme nous n'en avons que trop d'exemples. � Au reile, il faut convenir qu'un Architecte ,
doit de fon c�t� entrer, le plus qu'il lui eil ροίϊί- |
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114 Cours
He, dans les vues de la perfonne pour laquelle
il b�tit, & ne faire fes projets que d'une maniere relative au motif qui lui fait mettre la main � l'�uvre *. en un mot , il doit profiter habilement de tous les avantages que lui pr�fent� la diftri- bution des lieux, & ne jamais rejeter que ce qui lui paro�t nuifible � la folidit�, � la commodit� pu � l'ordonnance. C'eft pourquoi, apr�s y avoir r�fl�chi m�rement, il en doit conf�rer � plus d'une reprife avec le Propri�taire, lui expofer {qs rai» fons, entrer avec lai dans les difcui�ions de l'Art» les lui faire fentir & le convaincre ; enfin, il doit chercher � lui rendre compte de l'�conomie qui r�fulteroit de la deftru&ion totale, & de la per- fection de l'ouvrage entier : apr�s quoi, c'eft � lux, s'il ne peut le perfuader, de f�avoir renon- cer � l'entreprife, plut�t que de rifquer fa r�pu- tation , principalement, lorfqu'il s'agit d'un Edi- fice d'une certaine importance, pour lequel, alors, on ne paffe rien � l'Architecte. ; De l'expofition des B�timents.
- Il eft aiTez difficile de preferire <des r�gles g�-
n�rales , pour ce qui concerne Fexpoiition des B�- timents ; parce que, ce qu'on prend fou vent foin d'�viter dans un lieu , eft, au contraire, recherch� dans un autre. Par exemple , il f� trouve dans plufieurs de nos Provinces, que le levant eft froid, & expof� � des vents imp�tueux ; de maniere que, quoiquaiTez g�n�ralement, cette expofition foit reconnue la plus falubre & la plus agr�able, on 'eft oblig� d'y renoncer : au contraire, dans les pays froids, Texpofition du midi eft regard�e comme la feule avantageufe, le foleil m�me, au |
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D'A R CHI TE CT�R�* ΠJ
milieu de T�t� y �tant fuportable ; au-lieu que,
dans les pays chauds , on pr�f�re avec raifon , l'expoiition du feptentrion & du levant � toute autre. Il faut donc qu'un Archite&e, avant d'entamer
fon projet, prenne foin de fe faire rendre compte de l'expoiition du lieu o� il veut b�tir, ou de la re- conno�tre par lui m�me; principalement, lorfqu'il eit le ma�tre de choiflr celle qui lui paro�t la plus convenable. Il eftvrai que cela lui arrive rarement, parce qu'il fe trouve prefque toujours affuj�ti par des motifs qui paroiiTent inconteilables au Pro- pri�taire, & qu'alors il force, pour ainii dire, l'Archite&e � projeter fes Plans, & � planter ΓΕ- dii�ce, fans avoir �gard � la meilleure expoiition. Une belle vue, un Jardin tout plant�, un Parc dans fa perfection, font les motifs qui le d�ter- minent. Mais c'eft alors � l'Archite&e � employer toutes fes reiTources, pour chercher � concilier enfemble l'expoiition avec la iituation ; pour cela, il peut faire ufage des a�les en retour, & difpo- fer (es pi�ces d'habitarion, de maniere que plac�es dans les angles' de fon Edifice, elles puiffent jouir, tout � la fois, & d'une expofition avantageufe, & d'une fituation int�reflante. Au reite, fans avoir �gard � ces diverfes fujetions, donnons les r�gles g�n�rales qu'on doit obferver, lorfqu'il eil quef- tion du projet d'un B�timent. : . i: Affez ordinairement, on �vite en France de
faire les principales ouvertures du c�t� du cou- chant , & l'on pr�f�re le levant , particuli�re- ment pour les chambres � coucher, les cabinets deilin�s pour l'�tude, &c. Nous eftimons n�an- moins, qu'on peut faire ufage de l'expoiition qui �ft entre le levant & le midi, fur-tout fi le B�- Hij
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ϊιδ Cours
timent devient affez confid�rable, pour avoir des
Appartements d'�t� & d'hiver. Une des raifons qui font �viter de percer les ouvertures au cou- chant, c'eft que cette expofition eil fuj�te � l'hu- midit� , � caufe des vents, des orages & des gran- des pluies, plus abondantes & plus nuilibles de ce c�t� que de tout autre. Les ouvertures des biblioth�ques & des galle-
ries de magnificence, doivent auffi �tre expof�es au levant : n�anmoins, plufieurs Architectes pr�- f�rent le feptentrion, l'exp�rience leur ayant fait conno�tre, difent-ils, que les livres & les meubles de prix fe confervent mieux � cette expoiition. A l'�gard des cabinets de tableaux, il convient de choifir le feptentrion , le jour �tant plus �gal de ce c�t� ; mais il faut obferver qu'il vienne di- rectement du ciel, & non par r�flexion, les faux jours, o� les jours gliffants �tant aux tableaux la plus grande partie de leur effet. Dans les grands Edifices , on doit toujours
avoir des falies � manger pour l'hiver & pour l'�t� : les premi�res doivent �tre expof�es au midi, & les derni�res entre le levant & le feptentrion. Les Orangeries & les Appartements des bains
doivent �tre expof�s au midi : les �curies au levant : les remifes au feptentrion, ainii que les caves, les celliers, les garde-mangers, les gre- niers, &c. Le vent qui vient de cette partie du ciel �tant plus pur, eit * par cette raifon , plus convenable pour la confervation des denr�es qui y, font contenues. Les chemin�es des B�timents qui font voifins
de quelques montagnes, ou de quelque monu- ment confid�rable, font fui �tes � fumer , lorfque les vents viennent de ce c�t� ; parce qu'en paiTant |
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d'Architecture.' 117
par-dei�us ces �minences, il s'�l�ve & fe rabaiiTe
enfuite, & fait refluer la colonne d'air dans l'in- t�rieur des Appartements ; n�anmoins, il eil des moyens de pr�venir ces inconv�nients, dont nous traiterons dans le cinqui�me Volume, en parlant de la d�coration int�rieure; & dans le i�xieme, en parlant de la conilrucl�on. Il eil: bon qu'un Architecte prenne foin de plac�e
vers le feptentrion les lieux o� fe d�chargent les immondices, foit � la Ville, foit � la campagne; parce que le vent qui vient de ce c�t� �tant fec & frais , cbarie au loin les exhalaifons, fans qu'on en �prouve aucune incommodit�. Enfin, dans les grandes Capitales , il eil auffi
tres-bon d'obferver de tourner du c�t� du fep- tentrion les boucheries, les tueries 5 les magafms &les atteliers des taneurs, des corroyeurs, &c. & m�me, autant que le fervice public le peut permet- tre , de les placer hors de l'enceinte de la Ville : en un mot, il faut faire enforteque ces divers B�timents, dans quelque endroit qu'on les place , foient en- vironn�s d'eau courante & en affez grande abon- dance, pour emporter avec elles les immondices, & par conf�quent les exhalaifons qui en font la fuite. ■t :
Du choix du lieu o� l'on veut b�tir.
Il faut, autant qu'il eft poflible, �viter le voi«
finage des torrents & des grandes rivi�res, qui �tant fuj�tes � changer de lit en fe d�bordant, ruinent & renverfent les fondations des Edifices, lieft encore bon d'�viter les vall�es, o� r�gnent des vents imp�tueux, qui s'�chappent entre les montagnes, comme entre autant de canaux, � |
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�i8 Cours
moins que, par une longue fuite d'exp�riences9
on ne le foit convaincu que ces vents font oppo- f�s � la direction du vallon; autrement, ils pro- curent des maladies consid�rables. On doit fuir aui�i les lieux bas & mar�cageux ;
ils font fujets aux brouillards, qui, n�ceffairement, nuifent � la falubrit� de l'air, fi n�ceffaire � la vie. Ail ez g�n�ralement, on pr�f�re le Commet des montagnes, parce que cette iituation offre plu- fieurs afpeds agr�ables ; mais il faut prendre garde que Couvent cette pr�f�rence prive les Ap- partements & les Jardins de propret� , des eaux n�ceffaires, qu'on ne peut alors fe procurer qu'a grands frais , � caufe de la il�rilit� naturelle de ces terreins ; d'ailleurs, Mue de ces B�timents eft toujours d'un affez difficile acc�s. Ce iTeft pas que, Cur les lieux les plus �lev�s, on ne trouve quelquefois des fources ; mais du moins, faut-il s'en affurer avant de faire un tel choix : Meu- don, Bellevue, Saint-Cloud, �lev�s � une tr�s- grande hauteur du niveau de la rivi�re, jouiffent d'eaux affez abondantes ; mais ces exemples ne peuvent fervir d'autorit� pour les Maifons parti- culi�res qu'on �lev� � la campagne, � moins, comme nous le faifons entendre, qu'on ne ren- contre des fources f�condes , comme on en re- marque � Montmorency & ailleurs. D'apr�s ces obfervations, il faut, quand on
veut �lever un B�timent, choifir un lieu qui ait une quantit� fuffifante de bonnes eaux ; ou s il n'y en a pas, qu'au moins on y en puiffe amener de quelqu'endroit voifin. Qu'on y prenne gar^e; �'�ft ordinairement la bont� des eaux qui affure la Calubrit� de l'air. D'ailleurs elles facilitent la m�i�on des l�gumes, elles font utiles aux p�tura- |
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d'Architecture.' 119
ges ; c'en: par elles enfin, que les habitants font
exempts dinfirmit�s, & que les hommes vivent plus long temps � la campagne. Ce feroit peut-�tre ici le lieu d'enfeigner Tart
de lever le Plan du terrein o� l'on veut b�tir; mais cette connoiflance qui s'acquiert par l'�tude de la G�om�trie, & que nous fuppofons � nos le�eurs , nous difpenfe d'en parler, pour les en- tretenir plus particuli�rement de la nature des eaux, fans la bont� & l'abondance desquelles, il feroit inutile de vouloir entreprendre d'�riger un Edifice. De la nature, des Eaux.
Les eaux tiennent ordinairement de la nature
des terres par o� elles paflent : il y en a de lim- pides , qui font mal faines & d�fagr�ables au go�t ; au contraire, il y en a qui font troubles, & qu'on eilime falutaires; telles, entre autres, celles du Tibre & de la Seine ; c'eft pourquoi, pour s'aiTu- rer de leur excellence , on les garde , pendant quelques jours , dans des vafes o� l'on met un peu de gravier, fur lequel elles d�pofent leur li- mon & leurs parties terreitres. Il y a des eaux dont on fait ufage, qui, n�an-
moins fe convertiffent en pierres ; ces eaux, par la fuite des temps, bouchent les tuyaux par o� elles paffen t, & les remplirent d'une pierre tr�s- jdure, dont on peut faire d'affez bonne chaux ; telle eil celle d'Arcueil pr�s de Paris. Les �aux qui prennent leur origine, ou qui
f�jpurnent dans les carri�res � pl�tre, font fades au go�t, & »rendent les l�gumes am�res. Il y � des eaux mjnerales qui font, fort falu-
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ϊιθ Cours
taires dans certaines maladies ; mais on n'en peut
faire fon ufage ordinaire.
En g�n�ral , on conno�t la nature de l'eau,
en la m�lant avec de la teinture de rofe ou de tournefol ; car cette teinture qui eil violette de- viendra rouge , fi l'eau a un peu d'acidit�. On regarde l'e-au la plus l�gere, comme la plus
faine : qn en fait l'�preuve avec l'ar�om�tre, pe- tite phiole de verre, dont le cou eil fort long & d�li�. Ce cou eft divif� en pluiieurs parties �gales» qui fervent � faire conno�tre combien l'ar�om�tre enfonce dans l'eau, en obfervant de mettre un peu de vif argent dans le fond pour le faire tenir droit : plus l'eau eil pefante , moins l'ar�om�tre enfonce ; au contraire, plus l'eau eil l�g�re , plus il y entre avant ; ce qui fe reconno�t aux divi- iions du cou trac�es fur le papier que Ton cole dans l'int�rieur, avant que de fceller herm�tique- ment l'orifice de ce m�me cou. On peut, par ce moyen , fans fe fervir de balances, conno�tre la pefanteur des fluides; le trait des balances emp�- cheroit de conno�tre la diff�rence exa�fce de la pefanteur. On juge encore, par l'ufage de l'ar�o- m�tre , que l'eau de pluie eft la plus faine d© toutes, parce qu'elle eil la plus l�g�re ; c'eil pour- quoi, au d�faut d'eau de rivi�re ou de fource bien �prouv�e, on la conferve dans des citernes dont nous parlerons, en traitant de la conftru&ion. On conno�t encore la bont� de l'eau, fi le gra-
vier fur lequel elle d�pofe, n'eil point fujet � la moufle j ou tach� d'une couleur rouge�tre ou noi* r�tre ; ou enfin, fi faifant bouillir l'eau dans quel- que vafe de terre, jufqu'� ce qu'elle foit enti�re« ment confomm�e, elle ne laif�e aucun limon dans �e fond. Cette derni�re �preuve alors fait recon- |
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d'Architecture. in
Ho�tre fa puret� : mais pour s'ai�urer de fa qua-
lit� , il faut l'�prouver en y faiiant cuire des l�- gumes , & , ii elle les cuit promprement, �gale- ment & fans amertume, on reilime bonne pour l'u- fage de la vie. On �prouve encore f eau avec du fa von; car
on eil sur que, ii elle eil bonne, elle le divife facilement, autrement, il fe r�duit en grumelots : aui��, les eaux de nos puits � Paris, ne font pas propres � favonner ; elles font d'ailleurs d'un mau- vais go�t & nuifibles � la fant�. Les eaux de neige fondue, caufent ordinaire-
ment des maladies affez confid�rables : c'eil pour cette raifon, que lorfque l'on conflruit des citernes> on prend foin de n'y point faire entrer d'eau de neige fondue; on doit prendre le m�me foin pour celle qui tombe pendant les orages. Les anciens, �ilimoient que les meilleures eaux�toient celles qui tombent pendant le vent du feptentrion, & l'ex- p�rience nous a confirm� que celles qui tombent �a nuit font pr�f�rables � celles du jour , l'ait �tant alors moins charg� de parties h�t�rog�nes. Nous �tions tent� d'extraire ici du cinqui�me
Volume de l'Enciciop�die, l'article tr�s-int�ref- fant qui regarde les eaux, nous �tant cru permis d'avoir recours � cet ouvrage o� nous avons eu quelque part (i>) ; mais nous avons pr�f�r� d'y ren- voyer nos Elev�s 9 n'y ayant rien � perdre de /.
(b) Noijs nous charge�mes alors avec plaiiir, de la partie qui concerne Γ Architecture pour l'Enciciop�die , dont nous avons fourni les Articles & les Deifins des Planches. Il n'a pas m�me tenu � nous que cette partie int�reiTante ne dev�nt plus com-' plette dans ce Dictionnaire. Nous avions fait � cette occaiioa plufieurs Articles qu'on a n�glig� d'y inf�rer, & qu'on tros« Yera r�pandus dans ce Cours, |
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122 Cours
tout ce que nous y avons lu avec le plus grand
piaiiir, pour notre propre inftruttion, C'eit pour- quoi , nous le citons � ceux de nos le&eurs qui d�firent acqu�rir des connoiifances au-del� des �l�ments de l'Art dont nous traitons ici. Apr�s ces notions pr�liminaires, nous croyons
devoir entrer , avant de parler de la diftribution des B�timents, clans ce qui concerne leurs iiTues & leurs principales d�pendances; parce qu'ordi- nairement celles-ci doivent faire partie de l'enfem- ble g�n�ral d'un projeta & que les dehors doi- vent annoncer, plus qu'on ne s'imagine, la beaut� & la dignit� du principal corps-de-logis, � Des Avenues,
Autant que cela fe peut, il eft eiTenciel d� faire
pr�c�der les principales entr�es des Edifices �le- v�s � la campagne, par des avenues plac�es en face de la ligne capitale du Ch�teau, ne fut ce que pour prolonger le coup d'�uil, & duffent elles m�me �tre plant�es au milieu des terres labour�es, des pr�s, des bois , &c. en fuppofant que le grand chemin e�t une toute autre direction. Alors, ces Avenues doivent avoir une largeur proportionn�e, & � leur longueur, & aux avant-corps diilribu�s dans la principale fa�ade du c�t� de la cour. Ces avenues doivent �tre accompagn�es de contre-al- l�es , & de triples all�es en patte d'oie, f�lon que l'importance de l'Edifice femble l'exiger : mais une attention indifpenfable qu'il faut avoir , c'eft de faire enforte que la file des arbres de l'Avenue & de fes contre-all�es, foit plant�e de maniere,-qu'elle rencontre toujours, ou l'angle d'un avant-corps * eu le milieu du trumeau,tfun amer�-�orpsj & |
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d'Architecture. 123
jamais l'axe d'une arcade, ni celui d'une croifee.
Voil� pourquoi, il eft eflenciel, ainii que nous l'avons remarqu� plus d'une fois , que f Archi- tecte qui donne les deffins du B�timent, donne auffi celui des Jardins & de leurs d�pendances� Voil� pourquoi encore , il convient, apr�s la premiere efquiffe, qui rend compte de la tota- lit�, qu'on attaque la partie int�rieure de la diitri- bution du Ch�teau ; qu'on arr�te l'ordonnance des fa�ades, & que ce foit d'apr�s ces deux �tu- des ins�parables l'une de l'autre , qu'on d�termine la largeur des all�es & des contre-all�es dont nous parlons. On n'a pas toujours eu cette attention, n�anmoins, lorfqu'on a �lev� les B�timents, & qu'on a plant� la plus grande partie des Maifons de plai- fance �rig�es en tr�s-grand nombre, dans les en- virons de cette Capitale. Lorfque ces avenues fervent de principales if-
fues aux Ch�teaux, on pratique des foff�s ou des grilles � leur embouchure; & de part & d'au- tre de ces grilles ou foiT�s, on diitribue des Pa- villons , qui fervent de corps de garde dans les Maifons Royales; ou de retraite pour un SuiiTe, dans les Maifons des grands Seigneurs ; ou en- fin de loge pour un Portier, dans les Maifons des riches particuliers. C'eil alors ici qu'il faut bien fe garder de planter ces Pavillons de maniere qu'ils offufquent le coup d'�uil du principal corps-de- logis , qui doit s'annoncer du plus loin poi�ible. Quelquefois aui�i, ces avenues font bord�es de
murailles perc�es de diftance � autre par des grilles , � travers lefquelles on d�couvre les prin- cipales all�es des Potagers, des Vergers ; ainfi qu'on le remarque au Ch�teau de Maifons, qu« nous avons cit� pr�c�demment. |
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i%4 C O υ � s
Des Avant-Cours.
Les Avant-Cours n'ont gu�re lieu que dans le*
Maifons de la plus grande importance � la cam- pagne. Elles doivent �tre grandes, varies, � rai~ ion de l'�tendue des B�timents auxquels elles don- nent entr�e. Quelquefois dans les parties lat�ra- les de ces Avant-Cours; on �lev� des B�timents pour les baffes-cours : quelquefois aui�i , pour plus d'�conomie, on fe contente d'y �lever des murailles orn�es de quelques membres d'Archi- tecture , & au-devant defquelles on plante des dou- bles-all�es d'arbres, & dans leur enceinte, de grands tapis verds, au milieu defquels eil prati- qu�e une chauff�e de pav�, pour laiffer p�n�- trer les voitures jufque dans la Cour d'honneur. Lorfqu'au contraire, l'�conomie dont nous parlons n'a pas lieu, les B�timents de la droite & de la gauche deivent fe correfpondre entre-eux, quoi- que deffin�s � des ufages diff�rents, & le fty�e de leur ordonnance, prendre un ton plus ou moins �lev�, f�lon le degr� de richeffe r�pandu dans la d�coration ext�rieure du Ch�teau ; mais annon- cer n�anmoins une inf�riorit� affaz coniid�rable dans leur �l�vation & dans la maniere dont ils font couronn�s. On doit obferver encore, que vers le milieu d�
la longueur de cette Avant-Cour, dans les B�ti- ments plac�s � droite & � gauche , il y ait d'affez grandes ouvertures, qui, � leur tour, faffent le milieu des baffes-cours, & au fond defquelles on aper�oive d'autres B�timents ou d'autres ouver- fures qui fe prolongent horifontalement, ou dans tes Potagers, ou dans des bouquets de bois, ou. |
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d'Architecture. �25
enfin dans des terres d�pendantes du Domaine du
Propri�taire. Lors du nivellement du terrein, & apr�s s'�-
tre rendu compte des excavations des terres; il faut faire enforte que cette Avant-Cour ait une pente infeniible, & que ion �minence foit plac�e � l'entr�e de la Cour d'honneur ; cet afpecf �tant int�reffant, & m�me pr�f�rable � un parfait ni- veau. Cependant, il faut bien fe garder que cette pente, ne fut-elle r�duite qu'� un demi-pouce par toife, ne maique l'entr�e de l'Avant-Cour, le fol de la Cour d'honneur, & une partie du focle du principal corps - de - logis : ce qui ar- riverons n�cessairement , malgr� la pente pres- crite , ii l'Avant - Cour avoit une tr�s - grande �tendue. > Ce que nous difons ici des Avant-Cours doit
s'entendre des avenues dont nous venons de par- ler , ainfi que des baffes-cours dont nous parle- . rons inceffamment. Lorlque dans les Maifons de plaifance on doit
fe paffer d'Avant-Cours ; il faut au moins , s'il eil poi�ible , faire ufage des avenues iimples : au- trement , cette iuppreiiion �tant la dignit� du pro- jet, ne lui donne plus que l'air d'une Maiibn de cam- pagne. Il faut prendre garde; chacun de ces Edifices doit s'annoncer par un caract�re qui le diffingue de tout autre, & certainement, oe caract�re eil effen- eiel, ainfique nous l'avons annonc� plus d'une fois, en parlant de la d�coration des fa�ades : mais � comme la partie que nous traitons ici, n'eil par moins indifpenfable , il convient que ces deux objets concourent enfemble � confirmer le ca- ract�re relatif � chaque Edifice. � Hfa L'Avant-Cour & la Cour principale, dans les |
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ίι6 C ο υ R s
Maiibns de Pla�fance, ne doivent �tre f�par�es
que par un foff� ou par une grille. Dans les Mai- ibns Royales, elles peuvent l'�tre par une colo- nade : mais, s'il nous eil permis de rifquer notre avis, nous donnons la pr�f�rence aux foli�s re- v�tus de baluitrades peu �lev�es. Fran�ois Man- fard , que nous nous plaifons � imiter, en a ui� aini� dans les d�pendances du Ch�teau de Mai- ibns. Il a fait plus ; il a pr�f�r� de faire deux en- tr�es � une feule, dans fes Avenues & dans fes Avant-Cours, afin de d�couvrir tout-�-fait les principales enfilades. Il eut �t� � d�firer qu'il en e�t uf� de m�me pour la Cour principale, comme nous l'avons remarqu� ailleurs : elle fe trouve mal- �-propos entour�e de terraiTes & de baluftrades qui, par une �l�vation mal entendue , font perdre le coup d'�uil des Jardins diftribu�s de part & d'autre de cette principale Cour. La proportion la plus univerfellement re�ue
pour les Avant Cours , eft d'�tablir leur longueur �iir une diagonale form�e fur un carr� dont les c�t�s �galent le plus petit diam�tre de ces m�mes Cours. Leur forme, quelquefois , fe chantourne du c�t� de l'entr�e. Nous les pr�f�rons par-tout � angles droits, tous les dehors devant �tre i�m- ples. N'en doutons point; il faut, par une gra- dation infenfible que, du commencement de l'A- venue, � l'entr�e de Γ Avant-Cour, & de celle-ci, � l'entr�e de la Cour principale, on s'aper�oive qu'on approche de l'habitation du Ma�tre qu'on vient viiiter. C'eil par cet encha�nement r�fl�- chi qu'on n'eit pas oblig� d'avoir recours � la pro- digalit�, � la multitude des membres d'Architec- ture , & aux ornements de Sculpture , pour -que eette Cour principale, & les B�timents qui Xm�«. |
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d'Architic�ur e. 127
�ourent, puhTent acqu�rir une pr��minence fur
toutes les autres parties acceffoires de l'Edifice» Des Cours principales.
Ceft l'�tendue des fa�ades du Ch�teau & fon
importance, qui doivent d�terminer le diam�tre �es Cours principales , ainfi que celui des Avant- Cours & des avenues dont nous venons de parler* Lorfqu'une Cour d'honneur f� trouve pr�c�d�e d'une Avant-Cour, il convient que celle-l� con- trarie de forme & de grandeur avec celle ci. Elle peut �tre carr�e ; mais alors il eft int�reiTant que les ailes de la droite & de la gauche de cette Cour principale foient plus baffes que la fa�ade du Ch�- teau, & que fon entr�e foit � d�couvert, comme nous venons de l'indiquer. Le Ch�teau de Ri- chelieu auroit acquis plus de dignit�, ii l'on n'eut pas �lev�, � l'entr�e de la Cour, une a�le de B�- timents & un Pavillon, tel � peu pr�s qu'on le remarque au Palais du Luxembourg du c�t� de la rue de Tournon. Certainement, les B�timents �lev�s dans le fein des Villes, doivent diff�rer de ceux qu'on �rige � la campagne. Ce font ces diff�- rences qui portent au cara&�re de l'Edifice. Nous/ nous r�p�tons fans ceife , parce que fans ceife nous devons mettre fous les yeux de nos Elev�s la n�ceflit� de concevoir diversement un projet d'aVec un autre projet : dunent-ils �tre deftin�s pour le m�me-Propri�taire ; d�s. que les Edifices ont des fins diff�rentes , ils doivent s'annoncer fous dif- f�rents afpeits. Il y faut prendre garde ; un grand H�tel � Paris , �lev� pour une perfonne de con�- d�rati�n, o� fans ceffe il eft en repr�fentation, ao�t avoir un tout autre caract�re que U Maifon |
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US Cours
de pl�ifance qu'il fait b�tir aux environs : &
celle-ci doit diff�rer encore du Ch�teau qu'il fait �ri- ger dans fes terres & au milieu de fes Domaines* Peu de ces diff�rents Edifices �lev�s en France,, nous indiquent la route que nous propofons de faire fuivre � nos jeunes Architectes ; parce que , jufqu'� pr�fent, l'Architecture a �t� fujette � une certaine vicii�itude, dont il eft temps cie fixer les lois. Le feul moyen d'y parvenir, c'eft de faire ce que nous avons fait nous m�me pendant trente ann�es ; de fe tranfporter fur les lieux ; d'exami- ner toutes ces produ&ions avec foin, & d'en con- f�rer avec les Ma�tres de l'Art. Heureux , fi no- ire exp�rience 5 δε ce que nous enfeignons ici, contribuent � faire r�fl�chir nos Elev�s fur la marche qu'ils doivent fuivre, clans les occafions qui leur feront confi�es : mais , qu'ils y r�fl�- chiffent, nous leur avons dit plus d\ine fois, nous leur r�p�tons avec complaifance : avant de fe tranfporter fur les lieux; qu'ils parcourent l�s recueils de VArchitecture Fmn�oife , o� tous ces B�timents font grav�s; qu'ils fe nourriffent des remarques impartiales que nous avons faites fi�r pluiieurs, & que, pleins de ces obfervations, ils s'accoutument � en faire par eux-m�mes, qui, bient�t les mettront � port�e d'�tre moins no- vices lorfqu'il s'agira d'entamer la diftribution g�- n�rale d'un projet. D'ailleurs, pour les aider dans 'ce travail, nous allons leur offrir les principales difpofitions par m�ffes de plufieur� de nos Mai- fons Royales, de nos Maifons de pl�ifance, %c de nos Maifons de campagne ; leurs if�ues, leurs "cours & leurs principales d�pendances , apr�s avoir n�anmoins dit quelque chofe, fur les Baffes- Cours en g�n�ral." |
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�'Architecture; �i$
Des Baffes-Cours^
Dans le nombre des Baffes-Cours, celles des
Cuiiines & des Offices * & celles des Ecuries Se Remifes tiennent le premier rang; aui�� prend- on foin de les difpofer de mani�re, que lorfqu'ott eil ma�tre du terrein, elles forment entr'elles une fym�trie refpe&ive avec les autres d�pendances du principal corps^de-logis. Pour que ces Baffes- Cours puiffent procurer un coup d'�uil int�r�t« iant ; il faut que les B�timents qui les entourent foient r�guliers, Sr que l'expoiition de chacun d'eux foit relative � leur destination particuliere. Il convient encore, pour que ces Cours foient toujours tenues dans un �tat de propret�, que d'autres Cours Subalternes les environnent, & que chacune de celles-ci ait des iffues qui d�gagent dans les dehors , fans �tre oblig� de paffer par les Avant-Cours & les Cours principales ; fur-tout lorfqu'il s'agit d'un projet important. Autre chofe eil d'une Maifon �conomique, o� tous les diff�- rents d�partements d'une Maifon de campagne doi- vent faire leur fervice fous les yeux du Ma�tre ou de la Ma�treffe du logis. La d�coration des B�timents des principales
Baffes-Cours , quoique fimple , doit �tre donn�e par l'Architecte. Tout importe dans l'enfemble d'un Edifice du premier ordre : la fym�trie, lap* pareil, l'art des profils , quelques avant - corps distribu�s � propos} d�c�lent l'intelligence de l'ordonnateur.'A la campagne, on aime � tout voir, � tout examiner : moins occup� qu'� la ville, on fe fait un plaiiir de parcourir l'int�rieur du Do- maine , les dehors ? les environs ; & l'on n'eft ja-; Tornt IF* l
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ΐ$ο Cours
mais plus fatisfait , que lorfque par-tout on re-
marque le go�t s�r du Propri�taire , & la m�- ditation profonde de Γ Architecte. 11 faut �viter de faire ces principales Baffes Cours, d'une trop vaile �tendue. 11 faut bien fe garder que leur grandeur difpute avec celle des Cours & celle �qs Avant-Cours : en un mot, toutes,ces diff�- rentes parties doivent concourir � former un beau Plan. Combien ne voit-on pas d'Edifices impor- tants �lev�s � la campagne, oii les d�pendances, & fur tout les Baffes-Cours, ont �t� abandonn�es 4 l'ignorance des Concierges ou des Ma�ons du lieu. Combien d'autres, au contraire » dont les iffues , les Avant-Cours, les Cours & les B�ti- ments qui les environnent, an�antiffent par leur faite, la demeure du Propri�taire, & les parties qui l'entourent. Qu'on y prenne garde ; cette �tude demande de grandes vues, des pr�ceptes s�rs , le go�t de l'Art, & une tr�s-grande exp�rience. Aui��, convient-il de commencer fon projet par ces premi�res diilributions, & faire enforte que, de difpofition en difpofition, on parvienne � fixer la fituat�on du B�timent principal ; de maniere que toutes les d�pendances lui foient affuj�ties , & fe faffent valoir les unes par les autres. A ces principales Baffes-Cours, & leurs d�pen-
dances , il en eft encore d'autres non moins eiien- cielles, lorfqu'il s'agit d'une terre coniid�rable, r�gie par un Receveur : telles (ont les Baffes- Cours; des grains, des beitiaux; les Cours pour les celliers, les vendanges, les b�chers, les buan- deries ; enfin celles des chenils, des volailles , &c. dont nous traiterons en parlant de la diitribution des B�timents de chacun des ces diff�rents d�par- tements , & fur-tout des diff�rentes pi�ces qui les |
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p'ARCKlTEGT�Rt: I29
Compofent, de leur difpofition, & de leur expofi-
tion ; autant d'objets que nous comprendrons dans les deux Planspar mafles qui pr�c�deront la diitriba- tion du Palais qui nous fervira � expliquer d'une ma- niere g�n�rale la distribution int�rieure des b�ti- ments. Panons � pr�fent � l'explication des Plans que nous avons promis, pour nous donner l'id�e des principales ii�ues & d�pendances de nos Maifons Royales, de nos Maifons de plaifance _, & de quel- ques-unes de nosMaifons particuli�res � la campagne. Plan du Ch�teau de V"etfailles, de fes ijfues?
& de fes principales d�pendances. Planche XXVII.
Nous commen�ons les defcriptions que nous
venons de promettre, par les ii�iies & les d�pen- dances du Ch�teau de Veriailles ; parce qu'aucun Edifice , � notre avis» ne pr�fente autant de di- gnit�, de grandeur & de majefl�, que les ave- nues & les B�timents qui am�nent � cette fu- perbe Maifon Royale. Il falloit tout le g�nie d'Hardouin Manfard, & la puiiTance de Louis le Grand, pour concevoir un tel projet. En effet, quelle belle difpofition n'offrent pas les trois ave- nues qui am�nent � ce Ch�teau? Celle du mi- lieu A venant de Paris;, celle Β venant de Saint- Cloud, & celle C venant de Seaux : toutes trois fe r�unifiant � une place d'armes D , d'une grandeur immenfe , laquelle donne entr�e � la cour des Miniftres E, � la cour du Ch�teau F, & enfin � la cour de marbre G ; ces cours font �lev�es fur une pente qui, quoique douce, fe |
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132 Cours
pr�fente amphith�atralement, & procure du Ch�-
teau le plus bel afped qu'il foit poi�ible d'ima- giner. Il eit vrai que les fa�ades des B�timents de Verfailles, du c�t� de cette entr�e, n'offrent rien de bien recommandable ; mais il n'en eil pas moins certain que de leur int�rieur, on jou�t avec tranfport, de la difpoiition des cours, des trois avenues dont nqus venons de parler, & par- ticuli�rement de l'afpeft des B�timents des gran- des & des petites Ecuries, marqu�es H, I, plac�es � la droite & � la gauche de l'avenue de Paris : B�timents, qui feuls atteileroient la magnificence de Louis XIV, & la capacit� d'Hardouin, ii l'O- rangerie , l'int�rieur des Appartements du Ch�- teau Κ , & les tr�fors fans nombre renferm�s dans les bofquets du Jardin de cette belle Maifon Roya- le , ne fe difputoient � l'envi, le droit de fe faire admirer des connoiffeurs. Il n'y a pas jufqu'� l'H�tel du grand Veneur,
qui comprend le Chenil marqu� L, & celui du grand Ma�tre marqu� M , qui n'annoncent avec dignit�, d�s l'entr�e de la principale avenue, les d�pendances coniid�rables d'un pareil Palais. Il �ft vrai que l'int�rieur des B�timents compris en- tre les trois avenues en patte d'oie, � l'excep- tion des grandes & petites Ecuries, n'offre rien de bien r�gulier; mais l'ufage particulier de cha- cun de ces diff�rents B�timents, a amen� � cette irr�gularit�, fans pour cela que toutes les par- ties ext�rieures en foient alt�r�es; & c'eft de cette fym�trie feulement qu'il s'agit, lorfqu'on compo- , fe les abords d'un Edifice , m�me de la plus gran- de importance : or , l'on peut dire que cette pre- miere loi a �t� fcrupuleuiement obferv�e, dans le Pian que nous donnons. |
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d'Architecture. 13 j
Autant que le format de cette Planche nous
�a pu permettre, nous y avons compris la maffe des principaux Edifices, & la majeure partie des Jardins du petit Parc. La Lettre Κ indique la par- tie principale du Ch�teau , dans lequel fe trouve la grande Gallerie. Ν , indique l'aile du midi ; Ο, celle du nord, � l'extr�mit� de laquelle on vient de b�tir une fuperbe Salle de fpec�acles. Les deux ailes de B�timent Ρ, font le logement des Mi- ni�res ; Q , eil le grand Commun : enfin, R in- dique les Parterres d'eau : S, les Bai��ns & les Parterres de Latone : Τ , les Parterres du midi : U, les Parterres du nord : V, le Jardin de l'O- rangerie : X , le Bofquet des trois fontaines : Y, le Bofquet de l'Arc de triomphe : Ζ , le La- byrinthe : enfin & , le Bofquet du Th��tre d'eau * enti�rement d�truit aujourd'hui. Nous ne pr�tendons pas que ce projet, quoi-
que trait� de la plus grande maniere, puiffe fer- vir de guide � nos Elev�s, pour la plupart des occafions qui leur feront offertes; mais il peut les porter du moins � d�velopper leurs id�es % & � reconno�tre dans la marche de ce Plan, Tor- dre qu'ils doivent fuivre dans des occafions moins importantes, & leur apprendre � m�diter la route la plus s�re pour difpofer les dehors & les d�- pendances , de maniere � ne faire jamais repen- tir le Propri�taire de leur avoir confi�, & fes int�r�ts, & le fucc�s de l'Edifice qu'il veut faire- �lever. |
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"*■ - *- .vi
%}t Cours
Plan de l'ancien Ch�teau de Meudon, de fes
iffues , de fes cours, & de fes principales
d�pendances.
Planche XXVIII.
... ■�*.�'■. .■■■ *
Ce Ch�teau dont nous ne donnons ici que les
principales d�pendances , fut b�ti par le Cardinal de Lorraine, fous le r�gne de Henri II, � deux lieues de Paris, & fur le fommet d'un coteau qui borde la rivi�re de Seine. Il a �t� depuis confid�rab�ement augment� par 'Moniteur. Abel de Servien, Intendant des Finances, & depuis ,. par Monfieur le Marquis de Louvois, Mimftre d'Etat, & enfin par Monfeigneur le Dauphin s fils de Louis XIV. C'eil ce Prince qui a fait cons- truire le Ch�teau neuf, & r�par� les Jardins qui avoient anciennement �t� plant�s par Monfieur de Louvois , fur les Dei�ins de le N�tre. Nousi avons plus d'une fois vant� la fituation de ce Ch�- teau , d'o� Ton d�couvre la ville de Paris, & la rivi�re qui ferpente non loin du pied de cet Edifice. Il eil peu d'Archite�es citoyens, & d'�trangers �clair�s qui n'ayent d�fir� comme nous, que les d�- penfes qu'on a faites � Verfailles, euifent �t� faites � Meudon, comme le plus beau lieu du monde, δξ par fa difpoiition, & par fa fituation : mais fon ap- proximation avec la * rivi�re emp�cha , dit - on , Louis le Grand de choifir ce lieu , dans la crainte d'�tre importun� par les habitants de Paris, qui, par le canal de la rivi�re, auroient rendu cettQ promenade trop tumultueufe. Um grande Avenue A5 de quinze toifes de
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D'A�tCK�f ε c TUR ε* 135
largeur , & bord�e de deux contre-all�es, amen�
� ce Ch�teau, & conduit � ceh.11 de Belle-vue, nouvellement �rig� pr�s de PEdirrc� que nous d�- crivons. Cette Avenue donne entr�e � une grande avant-cour Β , la plus vafte qui foit en France ; elle eft pratiqu�e en terraffe du c�t� de la cam- pagne C. Cette terraiTe s'�l�ve de pr�s de fci- xante & dix pieds au-dei�us du village,"*& laiffe d�couvrir de cette avant-cour de cent foixante- cinq toifes de longueur, fur foixante - deux de largeur, cette fuperbe vue, dont nous venons de parler. Cette avant-cour , du c�t� de cette ter- rafle , eft bord�e d'une baluitrade, & de l'autre t d'une double all�e de maronniers orn�e de tapis verds, qui, l'une & l'autre, donnent aux fpec- tateurs l'id�e des Jardins de S�miramis^ ii vant�s par nos Hiftoriens, De cette avant-cour, on en- tre dans la cour d'honneur D , pr�c�d�e d'un- fofle � fond de cuve; ce foiT� contribue, avec l'ordonnance qui pr�iide, dans la d�coration de ce Ch�teau, & les combles qui le terminent, � lui affigner un caract�re relatif � fon objet. Au refte, l'ordonnance de ce Ch�teau eft d'une
Architecture aiTez m�diocre, malgr� les reftaura- tions coniid�rables qu'y a fait faire Louis le Grand, fur les Dei�ins d'Hardouin Manfard. Les 'combles , d'ailleurs, y font d'une hauteur extravagante : mais rien de ii magnifique, de ii coniid�rabie , & de mieux orn� que les immenfes Appartements contenus dans ce Ch�teau. En effei ,rrren de il int�reffant pour les amateurs & pour les Artiites., que de parcourir les diff�rentes' pi�ces, de cette belle demeure. La vue dont on jou�t de Tin- t�rieur de fes Appartements , ajoute encore aux beaut�s de l'Art qui y font r�pandues. On y |
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f3$ Cou«,»
remarque entr'autr�s un Sallon, appel� le Sallon
des morts ; une affez grande Gallerie, une Cha- pelle heureufement fitu�e, un Veftibule fort beau; �nfin s un Efcalier d'une difpofition tr�s-ing�nieufe ; fans parler ici des Jardins dont nous recommandons l'examen � ceux de nos Elev�s qui s�nt�reffent v�ritablement � l'Art du Jardinage, � la d�cora- tion int�rieure , � la Peinture & � la Sculpture dans tous les genres , enfin, � la fituation & � la v�ritable grandeur qui le remarque? en entrant dans cette b�lle Mai�bn Royale. Peut-�tre fera-t-on �tonn� du peu de d�pen-
dances qu'on remarque dans le Plan que nous offrons ici; la baffe-cour des Cuifines & des Offi- ces E, �tant peu con�d�rable , ajnfl que les baffes- cours des Ecuries & Remifes F, fur-tout lorfqu'on viendra � les comparer avec l�mmenfit� des iffues qui am�nent au Ch�teau G ; peut-�tre aui�i trou« vera-t-onla Cour principale D trop petite, n'ayant que vingt-quatre toifes de largeur, quoique la fa- �ade » du c�t� du Jardin, en ait quarante cinq : mais il faut fe fouvenir qu'originairement cet Edi- fice n'�tant pas deitin� � faire une Maiion Royale > il en a. d� r�fulter les d�fauts que nous remar- quons ici, �ell pour cela que Moniteur le Dau- phin , lorfqu'il en fit fa r�fidence, fit construire Un nouveau B�timent qu'on appelle le Ch�teau neuf de Meudon, dont on trouvera les Pef�ins dans l'Architecture Fran�oife ; mais dont nous ne parlerons point ici ? n'en effimant, ni la diitrl�- bution » ni l'ordonnance , quoiqu'�lev� fur les Pei�ins de Jules Jrlardonin Manfard, qui lui 3 plut�t donn� l'air d'une belle Manufacture, que d'un Edifice deiliu� � la r�sidence d'un Prince du §ang Royal, (l ....,, , ... , n |
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d'Arch�tect ure. 137
Plan du Ch�teau de Saint-Cloud, de fes
i�ues? & de fes principales
d�pendances.
Planche XXIX,
Apr�s la fituation du Ch�teau de Meudon ί
Hont nous venons de parler, & celle du Ch�- teau de Saitit-Gemiain-en-Laye, Maifon Royale � quatre lieues de Paris ; il n'eil peut-�tre point de Maifon de pla�fan�e mieux �itu�e que le Ch�- teau de Saint-Ci oud que nous d�crivons. Il eit aulU �lev� fur le fominet d'un coteau en face de la fiviere de Seine : coup d'�uil ii int�rei�ant,, qu'on n'a pas h�fit� de rendre oblique l'avenue A, qui donne entr�e � cette magnifique demeure ; en- forte que du Ch�teau Β , & de fa principale cour C , on jou�t du fpe&acle des Jardins, te- nus dans la partie baffe du Parc marqu� M, & de la vue de la rivi�re ; la cour C , dans laquelle on arrive par l'avant-cour D, fbrm.3 terrafTe vers a* Le Ch�teau Β contient une quantit� de tr�s-
beaux Appartements, magnifiquement d�cor�s & orn�s de Peintures du meilleur genre. On y re- marque entr autres, une belle Gaiierie plac�e en Ε , pr�c�d�e d'un magnifique Sailon , commun � une f�conde grande Gaiierie F, qui, l'hiver, fert de ferre pour les orangers. On y remarque aui�� un magnifique Efcalier � double rampe, plac� vers G » rev�tu de marbre, dont nous donnerons �a d�coration dans le Volume fuivant. Tous ces B�timents annoncent de la grandeur ; mais ce- pendant ils tire^nt leur prin�ipaUfliefde la beaut� |
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i3§ Cours
de leur fituation : ils ont �t� reftaur�s fous k
r�gence de feu Monfieur le Duc d'Orl�ans, fur les DeiTms d'Hardouin Manfard, qui s'en eft tir� en homme de go�t; mais il n'a pu corriger la difpolition locale des anciens B�timents , qui n'of- frent rien ici de bien r�gulier. Il en eil � peu pr�s de m�me de ceux qui contiennent les d�pendances de ce vafte Edifice : l'aile H, eft celle o� font contenues les Offices & les Cuiiines; celle I, con- tient les Ecuries & Rernifes ; enfin , l'aile Κ eft deftin�e pour les logements des Officiers, & les Communs. Par cette �num�ration, & la dif- pofition des B�timents exprim�s dans cette Plan- che , il eft aif� de concevoir qu'on auroit pu tirer un meilleur parti de leur enfemble ; mais cette Maifon de plaifance a fubi le fort de toutes les grandes entreprifes , qui s'�rigeant dans des temps diff�rents, & fur les Deffins de divers Archite&es, produifent rarement un enfemble int�reiTant. Au refte, f�lon quelques-uns , ce d�fordre annonce Un coup d'�uil pittorefque, qui s'accorde, di- fent-iis, avec l'irr�gularit� du terrein & fa fflon- tuoftt� : fi cela eft vrai � quelques �gards, fans nuire � la fituation du lieu, il �toit poifihle » fans doute, d'�tudier les formes g�n�rales des B�timents, & de les rendre moins difparates en- tr'elies , fans rien changer au local. Malgr� ces remarques , on ne peut difconve-
nir que le Ch�teau de Saint-Cloud , fa fituation & fon expofition, ne m�ritent l'attention des eon- noiffeurs , & fur-tout des Artiftes. C'eft fur le lieu, que ceux-ci apprendront plus que par-tout ailleurs, � d�m�ler les chefs-d'�uvre de l'Art, d'a- vec les licences dont il n'eft pas exempt. Les Jardins ? entre-autres chofes, plant�s fur les Bef- |
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Ι) ' A RC Η Ι Τ E C Τ U R E. Ij0
fins de le N�tre, ofFent cent beaut�s qui ne fe
rencontrent pas ailleurs. L'in�galit� de leur fol, & l'efpece d'irr�gularit� des pi�ces de verdure qui les compofent, pourront perfuader � nos Elev�s , qu'on peut s'�carter d'une fym�trie fcru- puleufe, fans bleiTer les loix de la convenance, ni le go�t du Jardinage. C'eit dans ces Jardins charmants qu'ils y admi-
reront la plus grande & la plus belle Cafcade arti- ficielle L, que nous connoii�ions en France, & dont le fpe�acle attire le Citoyen & l'Etranger, pendant la belle faifon , pour jouir de fon afpeft, & viiiter les chefs-d'�uvre r�pandus dans l'int�rieur du Ch�teau. Plaa du Ch�teau de Maifons, de fes iffues,
& de Jes principales d�pendances. Planche XXX.
Nous ne craignons point, apr�s avoir d�crit
les trois Plans pr�c�dents, de mettre celui dont nous allons parler en parallele " avec eux. La grandeur des dehors, leur magnificence, & tout enfemble la i�mplicit� fy m �triqu� qui s'y remar- que , femblent faire le charme des abords de cette belle Maifon de plaifance. Qu'on y prenne garde ; cette fym�trie dont nous parlons, fur-tout lors- qu'elle eil bien entendue, fert � relever encore l'�clat des beaut�s pittorefques de la nature, or- dinairement r�pandues dans les dehors. Ici tout eil taill� en grand , une fuperbe ave-
ulie A, de cinq cent cinquante toifes de longueur, ■* fur trente-trois de largeur, eil plant�e en face ώχ Ch�teau, & fe trouve croif�e par une autre |
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l40 Cours
avenue B, en retour d'�querre vers la principale
entr�e de favant-cour C. Cette f�conde avenue B, a la m�me largeur que la pr�c�dente, fur deux cents toifes de longueur. A l'extr�mit� de chacune de ces avenues, font �lev�s des B�timents a, d'une itru&ure & d'une d�coration pailorale & cham- p�tre , & o�, pour cette raifon, un ordre Tofcan pilailre pr�iide : ce qui devoit �tre ainfi ; ces B�- timents fe trouvant fur le bord de diverfes rou- tes qui am�nent au Ch�teau y & n'�tant deftin�s- d'ailleurs que pour les Portiers, les Gardes-chaiTes, & les auberges o� les �quipages des �trangers & leur livr�e le retirent, loin du coup d'�uil des Ma�tres. Nous avons d�j� fait remarquer, que ces B�-
timents font difpof�s de maniere, que les portes qui donnent entr�e aux avenues, fe trouvent pla-n c�es fur le c�t� ; enforte que le milieu n'eft oc- cup� que par unfoif�» exprim� ici en b, moyen, tr�s-ing�nieux, dont l'Architecte a auffi uf� � l'en- tr�e de l'avant-cour C, o� le foff� c fe remarque ; il l'a de m�me employ� au bout de la grande avenue A-, qu'on n'a pu rapporter dans ce Plan, � caufe du format de cette Planche. A l'entr�e de l'avant-cour C , & de chaque
c�t� du foif� c, font plac�s deux petits b�timents d, dans lefquels font les portes qui donnent iiTue � cette avant-cour. Ces B�timents font d'ordon- nance Dorique , d'une compofition qui feule m�- riteroit toute l'attention des connoir�eurs, ii elle ne fe trou voit partag�e par la v�ritable admira- tion qu'on fe trouve oblig� de portera tout l'en- femble. Cet Edifice, nous ne nous laffons point de le r�p�ter, eil peut-�tre le feul chef-d'�uvre d'Archite&ure en ce genre que nous ayons m |
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d'Architecture. 141'
France, particuli�rement pour ce qui regarde l'or-
donnance des dehors, & la beaut� des propor- tions de chacune de fes parties. L'avant-cour C, eil grande & fpacieufe ; elle
eil entour�e de terrail�s c, qui en rel�vent la planimetrie. Ceft dans cette avant-cour que fe remarquent les B�timents des Ecuries D; B�ti- ments ici de la plus grande importance, & qui n'ont de rivaux » quoique dans un autre genre, que les Ecuries de Y er failles. En face de ces Ecu- ries , eil commenc� un autre B�timent E, deili- n� pour les Cuifines & Offices , quoiqu'ancien- nement on en ait pratiqu� proviiionnellement dans les fouterreins du Ch�teau F. Ces deux B�- timents D, E, � juger par celui D, enti�rement fini, auroient form� une avant-fc�ne admirable au Ch�teau (c) qui, fur un Plan recul� & ifol� de toute part, produit un fpeclacle & un coup d'�uil v�ritablement int�reflant : il femble m�me que Fran�ois Manfard, pour porter � l'illiiiion, a tenu expr�s le module des ordres des B�timents D, Ε, beaucoup plus fort que celui des ordres du Ch�teau F : moyen qui, effectivement, fait paroitre ce dernier dans un �loignement beaucoup plus coniid�rable : trait de g�nie, qui feul feroit l'�loge de cet habile Ma�tre, fi tous (es Ouvrages n'annon�oient fa fup�riorit� dans l'Architecture� Le Ch�teau F, eil entour� d'un large foiT�, bord� d'une terraife qui circule autour de la cour prin- (c) Voyez la Planche XII de ce Volume, o� nous avons
rapporte Γ avant-corps de ce Ch�teau, du c�t� du Jardin. Voyes auifi ce que nous avons d�j� dit, page 85 , de cette belle de- meure: notions qu'il eilbon de tappro�jaiej� avec les remarques tue aous faifons j�L |
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14* Cours
�ipale G. Ceft cette terraffe n�anmoins que nous
avons trouv�e pr�c�demment trop �lev�e ; fa hau- teur mafque les Jardins par�s , diitribu�s de part & d'autre aux deux extr�mit�s de cette m�me cour. Du c�t� du Jardin, au pied du Ch�teau & au-
del� des foff�s , fe remarque une terraffe H, qui defcend dans les parterres I, bord�s de droite & de gauche, par des all�es Κ en palaTade, dont nous avons donn� les Dei�ins, Planche IXe de ce Volume, Figure lere. Les lettres L , indiquent la iituation des an-
ciens potagers, dont nous avons dit auf�i quel- que chofe ailleurs. Enfin les B�timents marqu�s M, font les Maifons du village de Maifons , ii- tu� pr�s la rivi�re de Seine, � quatre lieues de Paris , & pr�s de la for�t de Saint-Germain-en- Laye. Les autres objets exprim�s dans cette Plan- che, font les d�pendances, & une partie des Jar- dins de ce Ch�teau : ils font trop n�glig�s au- jourd'hui pour que nous en donnions la defcrip- tion ; d'ailleurs ils ne renferment rien de bien remarquable, � l'exception de quelques grottes, & de plufieurs belles routes, perc�es dans l'�paif- feur du Parc. Les Jardins de propret� font prei- que tous incultes. Plan g�n�ral de Champ, de fes iffues, & de fes
principales d�pendances. Planche XXXI.
Ce Ch�teau fitu� en Brie, � quatre lieues de
�aris, fut. b�ti originairement pour Mon�eur le |
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d'Architecture. 143
�)uc de la Valiiere , fur les DeiTms de Moniieur
de Chambljn Architecte, fils du c�l�bre Bullet, dont nous avons parl� plus d'une fois avec �lo- ge. Ce Ch�teau > ou plut�t cette belle Maiibn de campagne, a paiT� depuis � diff�rents Ma�tres ; elle eu habit�e aujourd'hui par Madame Michel, veuve de Moniieur Michel, ancien Tr�ibrier g�- n�ral de l'Artillerie & du G�nie. Comme notre intention n'eil pas de donner la
description du principal corps-de-logis, nous ne dirons rien ici de fon ordonnance ext�rieure; d'ailleurs, elle reffemble � celle de tous hs B�ti- ments qui s'�levoient chez nous, il y a cinquante ans ; je veux dire qu'elle eil commune & triviale. Nos Architectes alors s'appliquoient plus parti- culi�rement � la diilribution des dedans > qu'� l'or- donnance des dehors , qui n'ont repris leur pre- mier �clat, que depuis qu'on eil parvenu � go�- ter les productions des Manfards. Au reite, on a. fenti mieux que ce grand Ma�tre, la n�ce/��t� de concilier la beaut� ext�rieure avec la com- modit� & l'agr�ment des dedans ; de maniere que, de nos jours, on n'oferoit plus faire , entre- autres choies, comme on le remarque � Champ, un grand Sallon de quarante-trois pieds de lon- gueur , & de vingt-neuf pieds de largeur , fur une hauteur feulement de dix-huit pieds fous plan- cher (V), d�faut de rapport qui fe remarque dans plus dhm de nos Edifices, fans excepter le Sallon du Ch�teau d'IiTy ( e ), quoique bien autrement trait� du c�t� du ftyle de l'Architecture, & de- |
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(d) Voyez �es Pians dont nous parlons dans le VI Yolum�
d�s Planches de l'Architecture Fran�oife. (�) B�ti fur les Dcfe de Pierre Buljct. |
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I..
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144 C�un
la perfe&ion des ornements. Mais vehoiis a l4or>
jet qui nous occupe dans ce Chapitre ; & di- ions, que , pour procurer plus de dignit� � l'a- bord de cette habitation, on a plant� dans les terres, de Ta utre c�t� du grand chemin, une ave- nue A , & une demi-lune Β, qui, fe r�unifiant, pour ainfi dire , � l'avant-cour C , communiquent un air libre � la cour principale D , & aux Ap- partements du Ch�teau E. Cette cour D a de lar- geur vingt-trois toiles feulement;�tendue de la fa�ade du Ch�teau , & fa longueur eil �tablie fur la diago- nale d'un carr� , form� fur fon petit diam�tre ; enforte que toutes fes iffues offrent fur le lieu un effet affez agr�able, qui nous a d�termin� � gn donner ici le Plan. A l'�gard des B�timents des baffes-cours, leur
difpofition fe reifent un peu de la n�gligence que nous avons d�j� dit qu'on apportoit fouvent dans leur diftribution g�n�rale : rien de fi facile n�an- moins que de rendre ces B�timents moins irr�- guliers, lorfque dans fon projet on les attaque � la fois, qu'on fe rend compte de leurs diff�rents ufages ,& qu'on fait mettre en oppofition ceux qui peuvent figurer enfemble, de maniere que les pa- villons , les avant-corps, & m�me les murs de cl�ture paroifTent refpeitivement �gaux entre-eux : ici cependant la baffe-cour I, qui comprend le B�timent des Ecuries F, & le Colombier K, ne paro�t avoir aucune relation avec les Jardins de l'Orangerie N. D'ailleurs , quelle connexit� re- marque-t-on entre la baffe-cour des remifes G, & celle deftin�e pour le logement des domeili- ques O; qui, toutes deux, d�voient offrir un coup d'�uil, & plus uniforme & plus r�gulier. Les baffes-cours plac�es � l'entr�e & � la droite dg
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�'A�CHltE�T�ģ. �4f
de Favant-cour , & o� fe trouve la glaci�re L,
ne pr�fentent non-plus aucune fym�trie avec la cour du Jardinier Τ : d'o� il r�fulte qu'il femble que toutes ces d�pendances ayent �t� �lev�es � pltiiieurs reprifes fous les ordres du Jardinier , & que l'Architecte n'ait �t� confult� que pour donner les Plans du Ch�teau ; ce que jamais nous ne confeillerons � aucun Propri�taire; le principal corps-de-logis n'ayant un v�ritable relief', que lorfque les B�timents qui le pr�c�dent l'annoncent fous fon v�ritable point de vue. On peut dire m�me que plus le projet doit �tre fimple > plus il faut f�avoir fe d�dommager de cette iimplicit� par l'ac- cord g�n�ral de toutes les parties environnantes. Sans doute, dans nos belles Maifons Royales , & dans nos belles Maifons de plaifance, la fy- m�trie dont nous parlons, eil peut - �tre moins effencielle. Tout-, dans ces B�timents d^�clat, d�- dommage de cette f�v�rit� : l'afpecl des lieux, une certaine magnificence, une belle vue peut porter Γ Architecte � �loigner de deifous les yeux du Ma�tre, les d�pendances de ion Palais : ici au contraire , l'�conomie le force de raifembler tous les objets d'utilit�, qui, par leur r�union bien entendue, ne laiifent pas d'offrir un coup d'�uit tr�s-int�reffant, malgr� leur fimplicit�. Loin de trouver ici cette r�union, les divers B�timents, pr�fentent une difparit� choquante, qui ne pro- vient fans doute, que de ce qu'ils ont �t� �lev�s dans des temps diff�rents, & f�lon les befoins des Propri�taires � qui cette terre a paff� fuc- cei�ivement. Ces perfonnes ayant regard� ces B�timents comme autant de parties acceffoires , en ont n�glig� l� correfpondance, fans fonger que la r�gularit� des abords contribue & ato��g TmtlK \ Κ |
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146 Cours
beaucoup � la beaut� du principal corps de
logis. Plan du/ Ch�teau de Montmorency ? de /es
ijjues P & de fes principales d�pendances. Planche XXXII.
Cette belle Maifon de campagne, iitu�e � quatre
lieues de Paris, a appartenu longtemps � Mon- iieur� le Brun , premier peintre du Roi, qui, com- me grand Artifte & homme de go�t, l'avoit d�j� beaucoup embellie , lorfqu'enfuite elle paiia � Moniieur Croifat ( � ), qui en a fait b�tir le principal -corps-de-logis, fur les deffins de Moniieur Cartaud : les Jardins commenc�s par Monfieur le N�tre & originairement plant�s fur les deffins de Moniteur le Brun , furent aufli continu�s par cet Archi- tecte. Dans les Volumes pr�c�dents de ce Cours » nous avons fait l'�loge de la difpofition des Jar- dins charmants de cette belle Mai�on ; on en trou- vera le Plan, & celui des B�timents dans le Recueil de ΐArchitecture Fran�oife. Nous remarquerons feulement ici, que la. magnifique vue dont jou�t cette belle demeure, a d�termin�, comme au Ch�- teau de Saint-Cloud, � placer l'entr�e A, fur le c�t� ; par ce moyen on a m�nag� de l'int�rieur an Ch�teau Β, le coup d'�uil des dehors : coup d'eeuil admirable, qui met cette habitation au* |
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(�) Cette belle Maifon appartient aujourd'hui � Monfieur
le Duc de Choifeuil, par Madame de Choifeuil, qui l'a ven- due � vie , a Monfieur & � Madame de Luxembourg. |
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Λ' , »AACHITfiC��lR�. 147
deflus de toutes les Maifons particuli�res, folles
aux environs de Paris* Ce n'eft pas qu'on n'e�t pu tirer un meilleur
parti de la difpofition des Cours & des B�timents qui am�nent au Ch�teau : lavant-cour C eil' beaucoup trop petite ; la cour principale D eft dunemauvaife forme: &, quoiqu'elle pr�fente un aipect affez riant, parce quelle eft orn�e de ta- pis verds, & entour�e de charmilles perc�es d'ar- cades; il n'en eft pas moins vrai qu'elle n'a pas affez de profondeur; & , que fa portion circulaire en face du Ch�teau, contribue � rendre encore fa largeur trop- confid�rable pour fa longueur Nous l'aurions pr�f�r�e redangulaire, & nous au- rions cherch� � r�unir � la furface de cette cour celle de la pi�ce de verdure Ε, au milieu de la- quelle eft une magnifique pi�ce d'eau, qui, au- jourd'hui, s'aper�oit � peine du Ch�teau, ,, r Les baffes-cours. F, & leurs B�timents paroiffent
aui�� avoir �t� diftribu�s au hafard. Il �toit poffi- ble n�anmoins, fans beaucoup de d�penfe, de les faire entrer pour quelque chofe dans �'en- femble du projet* Nous avons d�j�« condamn� cette n�gligence, & elle doit avertir nos Elev�s, que lorsqu'ils commencent � compofer le Plan d'un B�timent, foit pour la Ville, foit pour la campagne, il eft n�ceffaire qu'ils faffent entrer dans leur premiere efquiffe, ne fut-ce que par maffe, tous les acceffoires ; qu'ils en �tudient toutes les parties, & qu'une fois bien mifes cha- cune en leur place, ils y reviennent encore, pour les comparer, d'abord avec l'importance ou la fimplicit� du principal corps-de-logis; en- luite par rapport � leur difpofition, � leurftruc- ture, & � leur ordonnance; en un mot, c'eft Kij
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148 Cours
pour les y amener avec plus de facilit�, que nous
venons de leur offrir les Plans pr�c�dents v fans leur en diflimuler les d�favantages ; & qu'enfin nous allons mettre fous leurs yeux , deux autres Plans de notre compofrtion , faifant partie des d�pendances projet�es pour un Palais de foixante- fix toifes de face : ce qui nous fervira, comme nous l'avons d�j� annonc�, � r�duire en principes, ce que nous aurons � dire dans la fuite, concer- nant la diftribution int�rieure des B�timents d'ha- bitation. Plans par maffes d'un B�timent de foixante-
fix toifes de face, de fes iffues^ & de fes d�- pendances i de la compofition de l'Auteur* Planches XXXIII & XXXIV.
Nous voici arriv�s, pour ainfi-dre, � la th�o-
rie, ou plut�t au rationnement concernant la dif- tribution des B�timents. Ce que nous avons dit jufqu'� pr�fent dans ce Chapitre n'a gu�re eu pour objet que des notions g�n�rales fur cette branche de l'Archite&ure : il s'agit ici de faire com- prendre � nos Elev�s* l'art de faire marcher en- �emble les iffues, les d�pendances & la diftribu- tion ext�rieure des fa�ades du principal corps d'un� B�timent, δε d'y obferver plus de r�gularit� & de relation qu'on ne fait ordinairement : re- lation que nous avons t�ch� de r�unir dans les Plans trac�s fur les deux Planches fuivantes. Ces Plans n�anmoins different entre-eux, parce que nous avons cru devoir propofer des changements auf�i confid�rables cm.'int�reffants, dans l'int�rieur Ι* Λ ■* -
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d'Architecture. 149
du Palais, dont nous rendrons compte bient�t,
apr�s avoir donn� les d�tails qui regardent les B�timents r�pandus dans les dehors de ces deux Plans. Commen�ons par la Planche XXXIII ; mais avertirions nos Letleurs que notre intention n'eft pas de leur offrir ces deux productions comme exemptes de d�fauts; il s'en faut bien que nous ayons la t�m�rit� de mettre ces deux compoii- . tions en parallele avec les exemples pr�c�dents; particuli�rement avec Verfailles , Meudon, Mai- ions , Saint-Cloud ; nous voulons feulement en- feigner comment on doit concevoir l'efquhTe d'un projet, combien il eil int�reffant d'en conf�rer enfuite avec les Propri�taires , de le recommencer y de confulter les Ma�tres de l'Art, enfin de le m�- diter encore, & de paifer aux d�veloppements $ pour parvenir � fe rendre compte du co�t de la d�penfe , faire des approviiionnements , exca- ver & b�tir. Le principal corps-de-logis A, indiqu� dans la
Planche XXXIII dont nous parlons , �tant deiti- n� � la r�iidence d'un grand Seigneur � la cam- pagne, fa d�coration ext�rieure a d�, non-feu- lement offrir une certaine majeft�, mais �tre ab- folument r�guli�re dans toutes fes parties ; d�s l�, l'ordonnance des dehors a du donner le ton � toute la diftribution int�rieure de ce Palais : en� forte que les licences qu'entra�ne ordinairement apr�s foi l'application des trois branches de l'Ar- chiteclure, la d�coration, la diftribution & la conf- �riiftion, ont d� n�ceffairement fe porter toutes dans les dedans du B�timent, aini� que nous le ferons voir lorfque nous en d�crirons le Plan, Planche XXXV. Au contraire, on remarquera dans la Planche XXXVI, combien nous avons Kiij
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150 Cours
d� facrif�er les dehors aux dedans , pour pro-
duire la diilribution moins irreguliere du f�cond projet fur le premier : mais revenons � la Plan- XXXIII. Le principal corps-de-logis A, ifol� de toute part, eil entour� de terraffes, & pr�c�d� d'une cour d'honneur Β , de quatre-vingt-douze toiles en tout fens, dont les parties lat�rales font orn�es de B�timents : celui Ε, eil deilin� pour conte- nir les Appartements des �trangers, & celui F, pour le Gouvernement. Ces deux B�timents, de la longueur de foixante-huit toifes, & de la plus parfaite fym�trie, font difpof�s de maniere, qu'ils forment aufli chacun un carr� parfait, au milieu defquels fe trouvent des cours quadrangulaires U, V, de cinquante-cinq toifes de diam�tre. L'entr�e de la cour d'honneur Β, n'eil f�par�e de l'avant- cour G, que par une grille de fer �lev�e fur un appui de pierre de deux pieds δε demi de hauteur : aux deux c�t�s de la porte de cette grille, fe re- marquent des gu�rites aufli en pierre , mais affez peu coni�d�rables, pour ne pas mafquer la fa�ade principale. Au reile, ces gu�rites doivent �tre re- gard�es comme un objet de premiere n�cef�it�, pour y mettre � couvert les Sentinelles ; ainfi qu'on en a plac� � Verfailles, � Choify, � Clagny, &c. L'avant-cour G a le m�me diam�tre que la cour d'honneur Β : mais comme elle a beaucoup plus de longueur, cette derni�re �tant form�e de la diagonale produite par un carr� �gal � fon petit diam�tre, elle a acquis une grandeur fuffifante : Ie, parce que fon �tendue femble s'agrandir en- core par le coup d'�uil de la cour Β, qui n'eil f�par�e d'avec celle-ci que par la grille de fer dont nous venons de faire mention plus haut; z°9 parce que l'entr�e de cette avant-cour n'�tant fer- |
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d'Architecture. 151 �
m�e que par un foff�, elle y jou�t de l'efpace
qu'occupe la patte d'oie H, & de toute la lon- gueur de l'avenue 1, qui enfile la ligne capitale A , Β , G , H, I ; attention qu'il faut apporter : car les cours & les avant-Cours, perc�es dans leur ex- tr�mit� , doivent avoir une toute autre propor- tion que celles qui, �tant ferm�es de toute part, foit par des B�timents , foit feulement par des murs de cl�ture, paroiffent beaucoup moins vaf- tes , quoique tenues de la m�me largeur & de la m�me profondeur. D'ailleurs , il faut encore prendre garde ici, que la moiti� de la longueur de cette cour , dans chacun de fes c�t�s , eil �vid�e par des all�es d'arbres , qui, � travers les intervalles de leur tige, laiffent apercevoir � d�- couvert ,d'une part, la principale cour Κ des Ecu- ries , & fes B�timents; & de l'autre, celle des Cui- fines L; difpofition qui a d� nous d�terminer � ne pas augmenter la largeur de cette avant-cour ; ce que nous aurions certainement fait, fans cette consid�ration , ainii que nous en avons uf� dans le Plan de la Planche fuivante, & que nous l'a- vons recommand� dans nos pr�ceptes g�n�raux. Qu'on y prenne garde ; nous appuyons fur ces d�tails, parce qu'ils font importants � obferver, fur-tout lorfqu'il s'agit de la diitribution des d�- pendances d'un Edifice confid�rable. G'eit, pour- quoi nous engageons nos Elev�s � fe rappeler, non-feulement nos Le�ons pr�c�dentes ; mais � t�- cher de fe rendre compte, � l'afped des lieux qu'ils vifitent, des motifs qui ont fouvent d�termin� leur Ordonnateur � s'�carter des pr�ceptes le plus univerfellement re�us, pour fe plier aux di- verfes circonitances dans lefquelles ils fe trou- vent engag�s , malgr� leur propre exp�rience. Κ iv
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!J2 Cours
Or, certainement, il faut faire entrer pour quel«
que chofe dans la difpofition de l'avant-cour G, non-feulement les perc�s de fes deux extr�mit�s ; mais la profondeur de la cour des Ecuries Κ, & celle des Cuifines L, plac�es dans chacun de (qs c�t�s, & qui toutes deux, comme celle G, font par�es de verdure, les B�timents qui entourent celles K, L, ayant d'autres iffues pour les char- rois qui y am�nent les provisions, & en faci- litent le fer vice : ces iffues font marqu�es dans ce Plan par les lettres a; & par elles, on voit qu'on peut entrer dans les autres cours �, c, d, e, par les dehors, fans nuire en rien au paffage des Mai* tres, qui traverfe l'avant-cour G, pour parvenir � �a cour d'honneur B. La cour b � gauche eft celle qui particuli�rement donne entr�e au logement de l'Ecuyer. Celle c9 eil entour�e de B�timents fubalternes, pour les Palfreniers & les b�tes de fomme. Dans la cour d, font les B�timents des Officiers de la bouche ; & celle e, contient ceux: pour les buanderies, les fournils, les b�chers, les lavoirs. Sec, Sans doute, tout ce dernier d�par- tement paro�tra bien �loign� du Ch�teau A : nous convenons de cette v�rit�; mais en m�me temps, il faut fonger que lorfqu'il eft queilion de la de- meure des grands ou des hommes riches; il pa- ro�t tr�s-int�reffant de fouftraire aux yeux des Ma�tres & des Etrangers, les B�timents des baffes- cours , & la plupart des hommes Subalternes qui les habitent. Qu'on fe rappelle � Verfailles le grand Commun , iitn� de l'autre c�t� de la rue de la Surintendance ; qu'on fe reffouvienne de Meu* don & de Saint-Cloud ,. dont les Cuifines & les Offices font tr�s-�loign�s ; qu'on fe rende compte en�n de �a Situation des Cuifines nouvellement |
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d'Architecture. 15$
b�ties au Ch�teau de Bercy, par feu Moniteur de
la Guipiere ; de celles du Ch�teau du Rin cy, par Monfieur RouiTette , & de celles de tant d'autres belles Maifons de plaiiance aux environs de la. Capitale ; & l'on fera moins �tonn�, que nous ayons pris le parti que nous propofons, pr�venu qu'on doit �tre de l'ufage des r�chaurfoirs dans l'int�rieur du principal corps-de-logis , & �es �tu- ves ambulantes , pour le tranfport des mets, des Cuiiines au Ch�teau , en cas de pluie, ou dans l'avant & l'arri�re faifon : fans oublier que, dans plus d'un de nos Edifices, o� l'�conomie eft compt�e pour rien, on peut pratiquer des galle- ries fouterreines , qui, dans notre Plan , rece- vraient du jour par les murs d'appui des terraffes pratiqu�es autour de la cour B. Ces galleries alors am�neraient au Ch�teau, pendant l'hiver, le fer- vice du d�partement de la bouche. La Planche XXXIV offre une toute autre dif-
poiition , dans les cours & les B�timents qui pr�- c�dent le principal corps� de-logis ; parce que ce- lui-ci , marqu� A, eit lui m�me difpof� diff�rem- ment que le pr�c�dent, dans l'intention de ren- dre l'int�rieur de fa diitribution plus commode, quoique peut - �tre aux d�pens de la fym�trie ext�rieure ; mais comme il s'agit dans ces Le�ons de difcuter de plus d'une maniere, Fart de ren- dre relatifs les dehors avec les dedans ; nous n'a* vons pas h�fit� d'offrir ces deux Plans , diff�rents l'un de l'autre : ils nous donneront occaiion de traiter plus � fond des difficult�s qui fe pr�fentent � l'Architecle, lorfqu'il s'agit de concilier enfem- ble la r�gularit� des dehors, & la diitribution des dedans, imagin�e par nos Archirecles modernes, avec la beaut� de l'ordonnance des fa�ades em» |
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154 Cours
ploy�e avec tant de fucc�s par nos pr�d�cefleurs.
Dans la Planche XXXIII, la cour d'honneur
�toit quadrangulaire ; ici, celle Β eil oblongue; fa longueur eil d�termin�e fur la diagonale form�e par un carr� �tabli fur fon plus petit diam�tre: au contraire, Favant-cour C pr�fente un carr� parfait d'un plus grand diam�tre que celui de la cour Β , dont les B�timents D , plac�s clans fes parties lat�rales, n'ont qu'un feu! �tage, & par-l�, procurent une pr��minence confid�rable au Ch�- teau A, fur toutes les d�pendances qui l'accom- pagnent. Ses Ailes font f�par�es dans leur milieu par des grilles de fer, qui laiiTent voir de part & d'autre , � droite, le B�timent de l'Orangerie Ε, & fon Jardin F, & � gauche, un B�timent G, de m�me forme & grandeur, deiliii� pour une Salle de fpeclacle,& des Jardins fleuraftes H, qui le pr�c�dent. Ces Jardins, ainii que celui de l'Oran- gerie, font accompagn�s de Cabinets de verdure I, & de petites all�es couvertes, qui procurent au- tant de promenades ombrag�es, pr�s des Appar- tements d'habitation. Derriere le B�timent de l'O- rangerie Ε, eil pratiqu�e une Salle de bal cham- p�tre K, qui conduit � des bofquets pour les ra- fra�chhTements, mais dont on ne remarque ici que l'arrachement. Derriere le B�timent G , eil encore un Jardin fleurifie L, accompagn� de Ca- binets qui conduifent � d'autres pi�ces de ver- dure , faifant partie des Jardins de propret� de cette Maifon de plaifance ; n�anmoins nous ne les donnons point ici, en ayant oifert plufieurs exemples au commencement de ce Volume. L'avant-cour C , n'eit f�par�e de la cour d'hon-
neur Β que par un foiT�. Ses parties lat�rales font ferm�es par des murs de cl�ture orn�s de pi�droits » |
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d'Architecture. 155
de corps de refends , & de tables diftribu�es avec
fym�trie, & couronn�es d'un chaperon en pierre de taille. L'entr�e de cette cour eil ferm�e par un mur d'appui , au-deffus duquel s'�l�ve une grille en fer, plac�e fur le bord du grand chemin, grille qui f�pare la cour d'avec l'efplanade M , prife dans les terres d�pendantes du Ch�teau. Cetre efplanade men� � une grande avenue plac�e pr�cif�ment en face de ce dernier. A la droite de la cour C , fe remarque la cour des Cuiiines Ν, & dans le fond, le B�timent Ο qui les contient. Les autres B�timents Ρ en font les d�pendances ; ils comprennent les Offices, les Buanderies, le Fournil, les B�chers, les Celliers, &c, autant de diff�rents d�partements qui ont leurs cours marqu�es a. Les Cuifines Ο ont auf�i de petites cours b, & au milieu, un paffage qui conduit aux B�timents & aux cours de la M�nagerie Q, qu'il convient de placer toujours le plus pr�s qu'il eit poffible du d�partement de la bouche, � caufe des volailles qu'elle contient, des Vacheries , des Lai- teries , &c. La M�nagerie dont nous parlons ici, eil plut�t une M�nagerie d'utilit� , qu'une Mena-' gerie de magnificence, deilin�e par-tout ailleurs � contenir des b�tes fauves, des volatiles, & au- tres curioiit�s d'hiiloire naturelle. A la gauctje de cette m�me cour C, s'obferve le
d�partement des Ecuries, tels que le logement du premier Ecuyer R, celui du fous Ecuyer S , avec leurs cours particuli�res e ; le B�timent d'une gran- de Ecurie double Τ ; fa cour principale U , & fa cour de d�charge V. On y remarque encore les B�timents pour les chevaux de felle X, avec leurs baffes-cours c, un pr�au ou man�ge d�couvert Y ; les baffes-cours & les B�timents des Remifes Ζ ; |
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�j6 Cours
enfin la baffe-cour des fourages, &c. ainf� que
d'autres B�timents & des cours de d�charge d, deitin�s pour les Palfreniers , le Mar�chal , le Ch�ron ; en un mot, des Ecuries particuli�res pour des chevaux de fomme ; des hangards pour des chariots , des fourgons , &c. Il eft aif� , en comparant ce Plan, & celui qui
le pr�c�de, de remarquer combien toute la dif- poiition des d�pendances a d� changer de forme en faveur des diff�rences apport�es dans la dif- tribution ext�rieure du principal corps-de-logis : confid�ration qui nous fait encore r�p�ter � nos Ele- v�s ce que nous leur avons d�j� recommand� plus d'une fois, c'eit-�-dire, de commencer leur projet, fur-tout lorfqu'il s'agit de b�tir en place neuve, par attaquer toutes les parties par mafTes, pres- que toutes ces parties devant n�ceffairement d�- pendre les unes des autres, pour concourir � for- mer un bel enfemble ; mais, ce que nous ne crai- gnons point de leur r�p�ter, c'eft d'abord de fe bien p�n�trer du genre de l'Edifice qu'ils ont � traiter, & de ne jamais oublier l'�conomie dont on doit ufer , f�lon qu'il s'agit d'un Edifice plus ou moins important. Par exemple , il eil aif� de comprendre que les d�pendances de notre der- nier Plan, doivent co�ter moins que celles du pr�- c�dent. Ici elles ne font point-du-tout partie du Ch�teau, � peine les aper�oit - on en traverfant l'Efplanade M, & l'avant-cour C; pendant que dans le premier projet-, elles font parement de chaque c�t�, pour arriver au principal Edifice. Il eft vrai ici, que les ailes D plac�es dans les parties la- t�rales de la cour d'honneur Β , fuppofent un fafte qui ne fe rencontre point dans ce f�cond pro- jet; mais auffi ne s'agit-il pas des corps de B�ti- |
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d'� rchitecture. 157
ments particuliers pour les �trangers & pour le
gouvernement. Nous avons plac� ces deux d�- partements � bien moins de frais , & en bien moins grand nombre, dans les parties des deux a�les plac�es � l'entr�e de la cour Β ; & les deux autres parties de ces m�mes ailes, au-del� de la grille du milieu de cette m�me cour, font d�pen- dantes du Ch�teau, comme dans le Plan pr�c�dent. Nous d�firons que ces deux exemples, & les d�tails dans lefquels nous allons entrer , concer- nant l'int�rieur de ces diverfes d�pendances, met- tent nos Elev�s � port�e de bien �tudier ces diff�rentes parties, qui, quoiqu'accei�bires, font Couvent Ceules capables de donner a connoitre la v�ritable intelligence de l'Archite�e, & con- tribuent plus qu'on ne s'imagine ordinairement, � annoncer la dignit� & l'opulence du Pro- Pr NouTdirons encore que le ftyle de l'ordonnance
ext�rieure des divers d�partements qui forment les d�pendances d'un Palais , doit figurer en quelque forte, quoique dans un degr� inf�rieur, avec les prin- cipales fa�ades. Ceft pourquoi, avant de paffer aux d�tails dans lefquels nous nous propofons d entrer , au Cujet de la diftribution des diff�rents d�parte- ments, qui compoCent chacun de ces deux projets; nous obferverons , qu'on doit en faire des d�velop- ments particuliers, & enfuite un modele g�n�ral, qui donne une id�e complette de la totalit�. Pour cet effet, parlons de fuite de l'utilit� des mod�les g�n�raux & particuliers, dans les entrepnfes im- portantes. |
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158 Cours
De l'utilit� des diff�rents Mod�les dans les
ouvrages importants. La plupart des Archite&es, ceux m�me qui
ne font pas fans un certain m�rite, mais qui, faute d'exp�rience , s'en rapportent � leur pre- miere compoiition , font fou vent dans le cas d'at- tendre tr�s-peu de fucc�s de leurs Deffins, lorf* qu'ils feront ex�cut�s ; puifqu'il eit reconnu qu'il y a une grande diff�rence entre le projet d'un B�timent & fon enti�re perfection. Qu'on y prenne garde ; on peut �tre un aifez, bon Deflinateur f & ignorer l'Art de la conitru�ion : d'ailleurs, plu- fieurs fe contentent d'un Plan & d'une �l�vation pour �riger un Edifice; ce qui ne fuffit pas. Pour r�uffir, il faut faire les diff�rents d�veloppements de l'ouvrage entier. Sans ces d�veloppements, le jeune Archite&e fe trouve dans la n�cel�it� d'a- voir recours � des reffources licencieufes, qu'il auroit lui-m�me condamn�es dans les productions de (es contemporains , parce qu'elles apportent prefque toujours quelqu irr�gularit� remarquable , ou dans la d�coration , ou dans la diftribution ? ou, ce qui eft pis encore, dans la conirru�tion. Pour �viter de telles licences, lorfque-l'Edifice &
fes d�pendances font coniid�rables, on doit faire de l'Ouvrage entier, un mod�le d'une m�diocre gran- deur , par lequel on puiflTe juger de l'effet que pro- duira l'ex�cution ; il eft plus aif� de conno�tre par un relief, ce qu'on doit attendre de toute la partie d'un B�timent, que par un feul Def�in g�om�tral, ou en peripe&ive, quelque bien entendu qu'il foit» Il faut m�me f�avoir qu'un mod�le en petit, n'of-
fre jamais pr�cif�ment les proportions que �ompor- |
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d'Architecture. 159
tera l'Ouvrage en grand : on doit s'attendre �
remarquer toujours des diff�rences fenfibles ; parce que d'un feul coup d'ceuil , dans le pe- tit mod�le , on embraife toute la production ; au lieu que , dans le B�timent, on ne peut exa- miner les parties que les unes apr�s les autres. D'ailleurs, il faut coniid�rer que dansles mod�les g�n�raux dont nous parlons, les diff�rentes maiTes qui les compofent, font prefque toutes rappro- ch�es de l'�iiil du fpe�atenr : au lieu que dans l'ouvrage r�el, elles en font fort �loign�es : fans compter que dans le premier, les hauteurs appa- rentes different peu feniihlement des hauteurs r�elles; ce qui arrive tout autrement, lors de la conitruclion, eu �gard au point de diitance d'o� le B�timent doit �tre aper�u : conf�d�ration qui exige, de la part de Γ Architecte , les connoiffan- ces acquifes de l'Optique , afin de pouvoir don- ner � (on Edifice un accord g�n�ral, fans lequel il n'offre plus qu'une compoiition m�diocre. D'un autre cot�, il faut remarquer que les pe-
tits mod�les ne pr�fentent jamais aife2 parfaite- ment la majeft� des grands Edifices , ni leurs d�- pendances ; ces derniers objets, fur-tout, n'offrant fouvent rien de bien recommandable dans leur ordonnance, enforte que ce n'eit gu�re que leur difpoiition & leur maffe , qui contribuent � en faire admirer Tenfemble. Par exemple, que peut- on attendre^, dans un petit modele, de la repr�- fentation des fa�ades fimples|plac�es dans les avant- cours & dans les baifes-cours, qui fouvent, font fans avant-corps, & qui, pour tout couronnement, font couvertes en tuiles ? quel effet produifent dans un petit modele, des murs de cl�ture, or- , n�s feulement de quelques pieds-droits r Abfolu- |
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i6o Cours
ment rien de bien int�reffant ; ii ce nVft l'accord
qui doit r�gner dans toutes ces diff�rentes par^ ties : cependant les plus habiles Archite&es n'ont pas n�glig� ces acceffoires dans leurs B�timents; ils en ont fait autant de d�veloppements parti- culiers , & les profils en grand, avant de paii�r � l'ex�cution. Que pouroient produire en effet de petits mod�les, pour repr�ienter une grande vo�te en brique, toute limpie & fans ornement, reffes des termes ou bains des Empereurs en Ita» lie, qu'on ne f�auroit regarder encore aujour- d'hui fans �tonnement, � en juger par ceux de Julien Γ Apoitat, � Paris ? Que iignifieroit m�me la fa�ade de Verfailles du c�t� des Jardins, un des plus grands Palais qui foient en Europe, pour fon �tendue ? Que penfer d'un petit modele qui repr�fenteroit l'Aqu�duc d'Arcueil, entreprife ca- pable d'�tre mife en parallele avec les plus grands Ouvrages des Romains ? Enfin, quelle id�e donne- roit en petit le P�ryftile du Louvre , la porte Saint-Denis, les Ecuries & l'Orangerie de Ver- failles, autant d'ouvrages immortels qui hono- rent notre Nation? Certainement ils ne donne- roient qu'une id�e bien imparfaite de ces chefs- d'�uvre ; femblables en cela aux ouvrages de M�- canique , qui, r�duits en petit, n'offrent jamais l'effet qu'on a droit d'en attendre, lorfqu'ils font ex�cut�s en grand. Il n'en faut point douter; c'eil pour s'ai�urer
del� perfection de leurs �uvres, que les plus grands Architectes fe font d�termin�s plus d'une fois � faire faire, fous leurs yeux, des mod�les de la grandeur de l'ex�cution; ou du moins des par- ties le plus effencielles , fur-tout de celles qui doivent fe r�it�rer dans l'Edifice* ainfi que le Berni�
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III«
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d'Architecture. i��
Bernin la pratiqu� pour la colonade de la place
Samt-Pierre; l'Efcot, pour Tun des Pavillons de la grande cour du vieux Louvre; Perrault, pour I Arc-de-Tnomphe de la porte Saint-Antoine ; en- fin Manfard, pour U majeure partie des fa�ades du Ch�teau de Maiibns; parce qu'alors, ces grands Ma�tres jugeoicnt mieux du m�rite de l'ex�cu- tion , par ces mod�les en grand, que par de petits re- liefs : ceux-ci, comme nous venons de le remarquer fe font ordinairement pour donner une id�e g�n�rale du projet; mais ils ne peuvent faire juger qu'impar- faitement de la beaut� & de la correction d^s d�tails. Malgr� ces pr�cautions, encore faut-il s'atten- dre qu'il y a toujours une grande diff�rence en- tre la totalit� de l'ouvrage, & quelques-unes de les parties qu'on voit en grand:, puifqifil eft aif�de concevoir que l'afpetf que nous offrent quelques colonnes, quoique munies de leur couronnement de leur foutien, & de leur accompagnement, ne pr�fente tout au plus que quelques bdles par- ties ; mais jamais l'effet des maifes g�n�rales d'o� d�pend tout le fucc�s de l'Edifice : de m�me qu'un Pavillon ifol� dans un modele, pour �tre enfuite flanqu� ou engag� dans une aile de B�timents n'offre fouvent qu'imparfaitement, la .�, correfpoa- dance qu'il doit avoir avec l'ouvrage entier. On en doit dire autant du rapport d'un entablement poi� feulement fur quelques colonnes de front' & du rapport qu'il doit avoir, lorfqu'il en cou-' ronne une certaine quantit�. Enfin , un grand fronton doit avoir une autre dimen�on qu'un pe- tit, ainfi de fuite, pour toutes les autres parties dont les proportions doivent diff�rer, f�lon leur point de vue, leur �l�vation & leur point de diftan- ce : d'o� nous conclurons qu'il eft bon, non-feu- Tome IJK, L |
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i6z Cours
lement de faire d'abord de tout l'Edifice un mo-
dele g�n�ral d'une m�diocre grandeur; mais en- fuite d'en faire modeler � part les parties prin- cipales , telles que dans l'ext�rieur, les colona- des, les portiques ; dans l'int�rieur , les efcaliers & les galleries, avec tous leurs ornements , com- me les chapiteaux r les corniches, les modulons, les confoles, & toutes les autres parties effencielles, pour �tre plac�es dans le B�timent, � leur vraie deftination, afin de juger de leur effet. On ne f�au- roit douter que les membres d'Architecture & de Sculpture, deftin�s � �tre appliqu�s au plus haut de l'Edifice , ne doivent �tre trait�s avec plus de fiert�, que lorfqu'ils fe trouvent plac�s � la por- t�e de la vue du fpeitateur, foit dans l'ext�rieur des fa�ades ■> foit dans l'int�rieur des Appartements". Entrons � pr�fent dans d'autres d�tails non moins int�reffants. D�nombrement des Pi�ces contenues dans cha->
cune des Ailes qui comprennent les d�pens dances trac�es fur la Planche XXXIII. ' Il eil affez peu ordinaire que dans les d�pen-
dances dont nous allons parler, on pratique des caves ; cependant, comme elles font utiles aupr�s des Cuifxnes, des Offices & des Sommelleries , nous allons prendre occal�on d'en parler ici, & ce que nous eil dirons fera autant d'acquis pour les �buterreins qu'on pratique par n�cef�it� fous les Appartements d'habitation , plac�s � rez-de- chauff�e , dans les principaux corps-de-logis , � deffein de leur procurer plus de falubrit�. |
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d'Architecture. 163
Des Caves (g) en g�n�ral. v
Les Caves font d'une utilit� ef�encielle pour
contenir les provifions, telles que les vins de ta- ble , les vins de liqueur, le bois, le charbon, &c. Elles font dans les B�timents fuba�ternes, ce que les ibuterreins font dans un Edifice coniid�rable ; mais ceux-ci font feulement deitin�s , ainfi que nous ve- nons de le remarquer, � rendre le fol du B�timent moins humide, & par conf�quent plus habitable. Pour cela, on �lev� le rez-de-chauif�e, au moins de deux ou trois pieds du fol de la cour, & l'on y arrive par des marches d'environ cinq pouces de hauteur, plac�es au devant des principaux avant- corps de l'Edifice. Cette �l�vation �ert dans les arriere-corps � pratiquer �es foupiraux pour �clai- rer ces fouterreins ; ces ouvertures fe doivent pla- cer les unes vis-�-vis des autres , au pied des murs de face, du c�t� de la cour & du c�t�.des Jardins ; afin que par cette direction, elles puifTent faciliter la circulation de l'air : ce qui contribue � rendre beaucoup plus fains les Appartements qui font �lev�s au-deflus. A l'�gard des Caves proprement dites ; celles
au vin doivent �tre �xpof�es au feptentrion ; leur hauteur, n'avoir gu�re plus de neuf pieds fous clef; trop d'�l�vation difl�pe la fra�cheur, & devient inutile, n'�tant pas d'ufage de placer plus de deux ou trois pi�ces de vin les unes aii-defTus des au- tres , encore cela ne fe pratique til que dans les Celliers � rez-de-chaufT�e, plac�s ordinairement |
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(g) Cave du mot Latin Cavta% lieu creuf�.
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i�4 Cours
pr�s des preffoirs dans les baffes-cours dos ven-
danges. Il ne faut pas non plus que la largeur des Gaves foit coniid�rable ; � moins que cette largeur ne foit affuj�tie par les murs de face ou de refend du rez de-chauff�e. Il convient n�an- moins de leur donner douze � quinze pieds, afin qu'on puiffe tourner facilement autour des pi�ces de vin pour les viiiter. Il eil � confid�rer que moins les Caves ont de diam�tre, plus leurs vo�- tes ont de folidit� pour foutenir l'aire de deffus. Lorfque dans les grands Edifices on fe trouve forc� de faire les Caves d'un certain diam�tre, & d'en faire les vo�tes plein-cintre ; dans la crain- te que celles-ci aient trop de pouff�e par [rap- port � l'�paiffeur des murs, il faut dans leur lar- geur pratiquer pluiieurs pieds-droits fur lefquels ces vo�tes prendront naiffance , qui alors de- viendront vo�tes d'ar�te vers les pieds-droits, δε arcs de clo�tre du c�t� des murs. On doit toujours �loigner les Caves au vin des
foffes d'aifance, malgr� les contre-murs qu'on pra- tique ordinairement � ces derni�res ; parce qu'il eft � craindre que les urines ne viennent � filtrer, au travers des murs, & ne corrompent les vins : les exhaiaifons feules qui s'�chappent de ces foffes, font capables de les g�ter. 11 convient que les principaux efcaliers qui defcendent dans les Ca- ves foient commodes , & compof�s d'une feule rampe droite, autant qu'il eft poffible, afin de pouvoir y defcendre le vin en pi�ce, avec fa- cilit� , δε en fortir de m�me les futailles : il eft bon auffi d'y pratiquer un petit efcalier pour le fervice du fommellier. Pour ce qui regarde les Caves οιι l'on ferre le
bois & le charbon , il fuifit qu elles ne foient pas |
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©'Architecture. 165
humides ; pour cela on expoie leurs ioupiraux
du c�t� du midi, & on les fait ailez grands pour faciliter la circulation de l'air. On doit auff� don- ner � ces Caves , plus de hauteur qu'� celles au vin; mais il faut f�avoir que ce n'eil gu�re que dans les Maifons particuli�res, b�ties dans nos Villes, qu'on fait ufage des Caves pour ferrer le bois � br�ler. Dans les grands Edifices, fur-tout � la campagne , on conilruit des b�chers dans les baiTes-cours, qu'on prend foin d'expofer auffi au midi, & qu'on tient � couvert par des appen- tis (�). Anciennement , on p�a�oit ordinairement les
Cuii�nes, les Offices & leurs d�pendances dans ies fouterreins pratiqu�s fous le principal corps-de- logis, ou fous les ailes de B�timent qui lui �toient contigiies ; ainii qu'on le remarque au Ch�teau de Maifons, de Montmorency , de Clagny, &c. mais � moins que des foff�s ne circulent autour, il faut que la hauteur de ces fouterreins foit prife moiti� en terre & moiti� dehors, parce qu'alors cette �l�vation au-deilus du fol, procure des, ou- vertures convenables � l'ufage de ces fortes de pi�ces : dans ce cas , on fait fervir de b�chers, les fouterreins qui ne peuvent �tre �clair�s , � taufe1 des maflifs des p�rons; & alors, fous ces fouterreins,.on pratique des Caves pour conte- nir le vin , les liqueurs, &c. On �vite aujourd'hui de faire ufage de ces fou-
- terreins, pour y placer les Cuiiines &: les OfE- |
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(/z) Efpece de Hangar, tire da mot Allemand, Hangen, lieu
couvert d'un demi-combl� , adol�� contre un mur port� fur des pi�ces de bois debout, ou des piliers de pierre de diilan�© �» autre, pour Soutenir le combi«, |
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i66 Co�'Rj
ces ; ces pi�ces, par leur ufage , ont �e d�fagr�-
ment de communiquer � travers les vo�tes, de mauvaifes odeurs dans les Appartements, & y caufent un bruit in�vitable : d'ailleurs, elles am�- nent n�ceiTairement fous les yeux �es Ma�tres, des hommes fubalternes, auffi inconiid�r�s qu'ils font curieux & indifcrets. Nous obferverons en- core que ces Cuifines, ainii pratiqu�es fous terre , ont l'inconv�nient de ne pouvoir �couler leurs eaux que dans des puifarts ( i ), & de-l� fe per- dre dans des Aqueducs ( k ), qui les condmifent loin de l'Edifice; ce qui n�anmoins n'eil pas tou- jours pratiquable, & entra�ne apr�s foi une d�- penfe tr�s-confid�rable. Des Cuifines & de leurs d�pendances.
Commen�ons la defcription des d�pendances ,
exprim�es dans la Planche XXXIII, par la cour L, & les B�timents des Cuifines (/) qui l'en- tourent ; mais avant d'y paffer, parlons des Cui- fines en g�n�ral. Dans quelqu'endroit que foient fitu�es les Cui-
fines , elles doivent avoir de l'air, & �tre, f�lon nous, le plus �loign�es qu'il eft poifible du prin- cipal corps-de-logis, � caufe des exhalaifons |
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(i) Puifarts, efpeces de puits b�tis en pierre feches, plac�s
au milieu d'une cour, ou fous des Cuifines fouterreines , o� fe rendent les eaux pluviales, les eaux des 'Cuifines qui fe per- dent dans le maflif des terres. ( k ) Aqueducs , moi d�riv� de deux mots Latins, Aqu&
du�ust conduite d'eau; c'eft, comme nous l'entendons, une efp��e de Canal fouterrein & vo�t�, pour conduire l'eau d'u�i lieu � un autre. (/) Cuifige, du mot Latin, Culina. *
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»'Architecture. 167
qu'elles envoient. On doit aui�i prendre foin de
placer leurs chemin�es de maniere qu'elles ne foient jamais expof�es aux vents imp�tueux, ce qui rendroit ces pi�ces impraticables ; d'ailleurs, les Cuiiines doivent �tre grandes & fpacieufes, � caufe du feu continuel qui y eil allum�. Les chemin�es doivent �tre en hotte, & affez �lev�es, pour que deiTous' on puiffe fe tenir debout, & �tre affez faillantes pour recevoir la bouche du four, ordinairement plac�e fous cette m�me hotte. On doit aui�i obferver un contre-c�ur en bri- que � ces fortes de chemin�es, pour que l'ar- deur du feu ne d�grade pas les murs mitoyens, contre lefquels elles font fouvent adoff�es ; leurs jambages doivent �tre form�s en encorbellement, pour, d'une part, ernbarraffer moins le fol, & de l'autre , fupporter la.faillie de la hotte. Dans les Cuiiines , on doit pratiquer des fourneaux ou potagers (/π), qui foient difpof�s d'une maniere commode, & expof�s � la lumi�re. On doit aui�i s'y procurer de l'eau, ou par un puits, ou par des robinets qui l'am�nent d'un r�fervoir fup�- rieur. On doit y conftruire encore une pa'iilaiTe 1 pr�s de la chemin�e ; petite plate-forme en bri- que de douze ou quatorze pouces de hauteur, & d'environ fix pieds de long , fur deux pieds |
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(m) Potager, efpece de corps de ma�onnerie � hauteur ^'ap-
pui, dans lequel on �tablit des r�chauds ; ces corps de ma�on- nerie font �vid�s par des arcades d'environ deux pieds de large, qui ont leur retomb�e fur de petits murs de brique, qui ont huit � neuf pouces d'�paiiTeur, &' dont l'aire eft retenue fur fes bords par une plate-bande de fer. Les r�chauds de ces potagers fe font de fer fondu de diff�rentes grandeurs , de forme quadran- gulaire, & fe diilribuent en �chiquier, pour faciliter l'ufagc de ces Potagers, Λ Liy
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jt68 Cours.
& demi de large, deilin�e pour entretenir la cha-
leur des rago�ts , en attendant qu'on les ferve fur la table des Ma�tres : on doit y placer une grande table bien expof�e � la lumi�re, un billot pour y couper les viandes de boucherie, & en- fin toutes les commodit�s � l'ufage des Chefs de Cuifine & de leurs aides. En g�n�ral, les Cuiiines doivent �tre d'une grandeur proportionn�e � la quantit� des Ma�tres & des Domeftiques de la Mai- fon ; �tre �lev�es, claires, & vo�t�es pour pr�- venir les accidents du feu. Avant de quitter ces ohfervations g�n�rales fur
les Cuifines, nous dirons, que de quelque ma- niere que l'on con�oive le projet d'un B�timent, & foit que les Cuifines foient contenues dans le principal corps-de-logis, ou en aile ; il faut afte&er que leur fol foit le plus �lev� de l'aire du pav� qu'il eil poi�ible, afin que, par-l�, on ait la fa- cilit� d'en �couler les eaux; car, on doit consid�- rer que les Edifices �lev�s dans les Villes , fe trouvent prefque toujours, par la fuite des temps, plus enfonc�s qu'ils ne l'�toient d'abord ; les rues des grandes Capitales s'�levant toujours peu � peu lorfqu'on les pave de nouveau, par les renfor- mis qu'on remet fous les pav�s, fans enlever ce- lui qui �toit fous les anciens � d'o� il arrive qu'il faut relever les cours, � raifon du nouveau fol des rues, & que, par-l�, les Cuifines, les Ecu- ries , les Remifes, & g�n�ralement toutes les pi�- ces � rez-de*chauff�e deviennent inhabitables : fans compter que ce rel�vement de pav� corrompt la proportion des ouvertures � dont les largeurs ne fe trouvant plus en rapport avec les hauteurs, ren* dent l'ordonnance des fa�ades plus imparfaite« Mais reyenons � notre Plan. |
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d'Architecture. 169
Lorfqiie nous avons �tudi� les d�tails que con-
tiennent les ailes de B�timent, & les d�pendances de la Planche XXXIII ; nous avons obferv� tou- tes ces pr�cautions pour la Cuiiine, contenue dans l'aile de B�timent qui fait face � celle des Ecuries trac�es dans notre Plan. Parlons de fuite � pr�fent des principales pi�ces qui doivent ac- compagner les Cuifines ; δτ ce que nous en dirons poura fervir pour tous les d�partements de cette efpece. La Cuifine que nous citons, eil pr�c�d�e d'une
aide de Cuifine, dans laquelle fe pr�parent fous les yeux d'un fous-Chef, toutes les viandes qui fe font cuire dans la Cuifine fous F�uil du Chef & de fes aides. Cette f�conde pi�ce eil pr�c�d�e d'un commun, dans lequel mange la livr�e, 8c o�, le matin , en pr�fence du Ma�tre d'H�tel, s'apportent les provifions, pour �tre diilribu�es chacune dans leur deilination. Pr�s de la Cuifine proprement dite , fe place la rotiiTerie, & une petite pi�ce particuliere pour y larder les vian- des, une boucherie, un d�p�t pour la volaille, un autre d�p�t pour la venaifon; ces derni�res pi�ces doivent �tre expof�es au nord. Il faut aui�i, attenant � la Cuifine, m�nager une d�penfe o� fe ferrent � la clef, les provifions confi�es au Chef de Cuifine par le Ma�tre-d'H�tel ; une p�- tifferie avec un four particulier , une autre pi�ce pour la pr�parer, enfin, un gard�-manger & un lavoir : ce dernier, fur-tout, doit �tre �loign� de la Cuifine, & particuli�rement de la boucherie* des d�p�ts & du garde-manger, les viandes ne pouvant fe conferver � la chaleur, mais bien dans des lieux frais, fecs, & ouverts du c�t� du fej*- Sentrion, Une faut pas oublier <jue les lavoirs dti^ |
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170 Cours
vent �tre ferm�s avec une furet� relative au d�-
p�t que l'on confie aux Domeftiques , & qu'ils doivent �tre munis d'un �vier ( η ), d'un ou -de pluiieurs fourneaux, d'un vahTeUier, d'un �gou- loir, &c. Toutes ces diff�rentes pi�ces doivent fe com-
muniquer l'une � l'autre, par un corridor com- mun : ce corridor, autant qu'il eil pof�ible, doit circuler autour du d�partement de la bouche , afin que le Chef, les fous - Chefs & les Aides, puiffent conf�rer facilement enfemble pour le bien du fervice. Ces diff�rentes pi�ces doivent auf�i avoir des cours particuli�res , telles qu'on le re- marque dans notre Plan, pour y contenir tous les objets communs, qui ne f�auroient qu'offuf- quer le coup d'ceuil des cours principales; au lieu que la baife-cour c contient les b�chers feu- lement pour les Cuifmes & Offices , ceux des Ap- partements du Ch�teau �tant plac�s dans les B�- timents qui entourent la cour du Gouvernement U, & ceux deftin�s pour les �trangers dans les B�timents de la cour V. Ceil auffi dans les ailes de la baffe-cour e, qu'efl comprife la Buanderie (o) o� fe fait la lef�ive, les f�choirs pour le linge » les pi�ces pour le repaffer & le contenir, deux ' |
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(«) Evier, pjerre platte d'environ fix pouces d'�paiiFeur, &
creufee d'� peu-pr�s trois pouces, plac�e pr�s d'une Cuii�ne, pour y laver »Se faire couler l'eau de la vaiiTelle, qui par un caniveau, fe. r�pand dansles baiTes-cours. (o) Buanderie j fous ce nom on comprend pluiieurs Salles a
rcz-de-chauiT�e, dans l'une defquelles on pratique un fourneau & des cuviers pour couler la leflive ; on doit amener dans celle- ci des eaux aflez abondantes, & dans des cours adjacentes, des lavoirs couverts & d�couverts 5 ceux-ci au milieu des cours > ceux-l� fous des appentis. |
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d'A rchitecture. 171
Fournils, Tun pour le pain des Ma�tres, l'autre
pour celui des gens; enfin, au-de�Tus, des gre- niers pour ferrer les grains & les farines. Il ne faut pas oublier que toutes ces provilions en- trent dans ces diff�rentes cours par les portes a, pratiqu�es dans les dehors, a�nli que nous Fu- yons d�j� obferv�. Des Offices & de leurs- d�pendances.
En g�n�ral, les Offices (/>) font partie du d�-
partement de la bouche; ils doivent �tre plus 011 moins fpacieux, f�lon qu'ils appartiennent � une Maifon particuliere, ou � un B�timent confid�ra- ble. Ici, ils font diilribu�s dans les trois c�t�s de la cour, 'd, & r�pondent � l'importance des �uiiines dont on vient de parler. Ils font com- pof�s d'une pi�ce appel�e, Office par� , o� vien- nent d�jeuner les Ma�tres, & o� les Officiers de la bouche prennent leur repas. C'eit dans cette forte de pi�ces qu'on �tale aui�� l'argenterie, les criilaux*, les porcelaines , &c. Pr�s d'elle eil ordi- nairement pratiqu� un laboratoire d'Office , lieu o� fe pr�parent & s'appr�tent les defferts ; une Etuve pour les pr�ferver de toute humidit�; une cantine pour contenir le fucre, les �pices , les confitures, & les liqueurs ; une d�penfe pour les proviiions qui font confi�es par le Ma�tre- d'H�tel � l'Officier pour la femaine; une pi�ce |
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(p) Office j lieu o� fe d�pofent dans les Maifons particuli�-
res , la deflerte de la table, les liqueurs, les fruits, fous la garde de la femme de charge. Dans les Edifices conf�d�rables>(Jes Offices font compof�s de plui�eurs pi�ces dont nous donnons dans le texte le d�nombrement. |
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ijl Cours
particuliere , avec un four pour pr�parer & cuire
les croquantes , les bifcuits, les maffepins, &c ; une autre pi�ce pour contenir l'argenterie con- fi�e � la garde de l'Officier d'office. Cette pi�ce doit �tre ferm�e avec s�ret�, & �tre fitu�e en- tre les Offices & les Cuiiines, ou enfin, �tre plac�e pr�s du logement du Ma�tre-d'H�tel. Ce lo- gement doit �tre, entre-autres, compof� d'une Salle � manger, o� il traite les perfonnes de dehors, qui ne pouvant �tre admifes � la table des Ma�- tres, ne peuvent non-plus prendre leur repas � rOffice. De l'autre c�t� de l'all�e Ν, & pr�s de la cour
L , & des B�timents des Cuifines, font diftri- bu�es la baffe-cour Ο , & celles Q, P. Celle Ο n'eit qu'un grand pr�au plant� de gazon : au mi- lieu de ce pr�au fe trouve une canardiere , & � la t�te eft plac� un Colombier en pied ( q ). Cette cour eft � pans coup�s, & dans fes an- gles font quatre autres petites cours ferrant de retraite pour les volailles , pour les toits � porcs, &c. La cour Q & fes B�timents, font deftin�s � fervir de m�nagerie, lieu o� l'on �lev� les ani- maux domeitiques, & o� on les engraiiTe : on y |
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(q) Un Colombier en pied eft r�put� feigne�rial ; les autres
s'appellent volets , fuies ; mais les particuliers n'en peuvent avoir, s'ils n'ont un certain nombre d'arpents de terre., o� les pigeons font cenf�s fe nourir. Les fen�tres des Colombiers doi- vent �tre expof�es au midi. Les Colombiers en pied doivent �tre pr�f�r�s circulaires, � toute autre efpece de forme, �tant plus commodes dans leur int�rieur, pour y placer une �chelle tour- nante : leur fondation doit qjpre folide, Se leur aire bien battue & ciment�e ; la fiente des pigeons �tant fujete � ruiner les fondements. Ordinairement on blanchit �n-dehors & en-dedans les Colombiers ; la blancheur plaifant aux pigeon«, S� les y atj*� tirant plus facilement;. |
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d'Architecture. 173
diilribue auffi quelques voli�res pour y renfer-
mer des oifeaux d'une cfpece moins commune, que celle des baifes-cours proprement dites : dans cette vue , la difpofition des B�timents & des cours, doit �tre tenue dans une parfaite fym�- trie ; fur - tout devant figurer , comme dans ce Plan , avec ceux de la baffe-cour Ρ , deilin�s � contenir le b�tail & les fburages. Toutes ces ailes de B�timent font peu �lev�es, &
d'une d�coration iimple, mais r�guli�re ; c'eit le feul moyen dont on doive ufer pour attirer quelquefois la pr�fence des Ma�tres & des �trangers dans ces lieux �cart�s : auffi avons nous recommand� d�j� plus d'une fois que la diitribiition de tous ces B�timents entre dans le projet de i'Architecle, & qu'il pr�fide lui-m�me � leur ordonnance. Une autre confid�ration non moins importante de fa part, eil de fonger � expofer chacun de ces dif- f�rents d�partements d'une maniere relative � leur objet particulier; ce qui lui fait fouvent chan- ger la difpoiition de ion premier Plan ; parce que ce n'eft gu�re que fur le lieu m�me , qu'on peut d�terminer convenablement la iituation de ces diff�rentes ailes, & en y conf�rant avec les per- fonnes charg�es de veiller � la confervation des divers objets que ces B�timents contiennent. Il eil vrai que toutes ces pr�cautions, n�anmoins in- difpenfables, rencontrent beaucoup de difficult�s ; auffi ell-ce pour cela , & pour �viter la d�penfe > qu'entra�ne apr�s foi la fym�tfie que nous recom- mandons , qu'on remarque tant d'irr�gularit� dans la plupart des d�pendances de nos Maifons de plaifance aux environs de Paris ; ainii que dans celles de nos Provinces. Ce faite & cette opu- lence 9 dit-un , ne conviennent gu�re que pour nos |
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174 Cours
Maifons Royales , o� tout doit �tre m�dit� �i
r�fl�chi. Cela peut �tre vrai ; mais nous d�li- rerions qu'on y penf�t davantage, m�me lors- qu'il ne s'agit que des bai�'es-cours plant�es � neuf dans nos Marions de campagne , ou dans les B�- timents d'�conomie ; la fym�trie, apr�s la propor- tion & le rapport des mafles aux parties , te- nant lieu d'une certaine d�coration qui doit �tre r�ferv�e pour le principal corps-de-logis , & quel- quefois dans les parties correfpondantes qui Fa- voiiinent. Pai�bns � pr�i�nt de l'autre'c�t� de l'avant-cour G, pour parler de fuite des baffes- cours contenues dans ce Plan. Des Ecuries > des Remifes, & de leurs
d�pendances. La cour Κ femblable � celle L, parce qu'elles
s'aper�oivent enfemble en traverfant l'avant-cour G, contient dans fa profondeur, une aile de B�- timent femblable � celle qui lui eil oppof�e, & dans laquelle eil plac�e l'Ecurie (r) du Ma�tre du logis. Cette Ecurie eil double, & au milieu de fa largeur font diilribu�s des pieds - droits 9 *■
(r) Ecurie ; on comprend fous ce nom tout le d�partement
des Ecuyers, des fous-Ecuyers, & des Domeftiques attach�s � ces fortes de B�timents. Ordinairement elles font i�mpies, comme celles plac�es fous les Galleries du Louvre, b�ties avec beaucoup d'art, par Philibert Delorme. Les Ecuries doubles fe font de deux efpeces, f�avoir, avec un paflage au milieu, com- me celles de Chantilly, par M. Aubert, ou avec deux paiTages de chaque c�t�, &: les chevaux t�te � t�te; comme dans les petites Ecuries du Roi � Verfailles, b�ties fur les Dei�ins d'Har- douin Manfard. Les piliers qui f�parent les chevaux de carolTe, doivent avoir quatre pieds de diftance ; il fuffit feulement da �$0i donner trois pieds & demi pour les chevaux de felle. |
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p'Architecture. 175?
portant des arcs , & qui forment deux vo�tes
plein-cintre, qui terminent la partie fup�rieure de cette Ecurie. Les mangeoirs des chevaux font adoiT�s de chaque c�t� de ces pied-droits : d'o� il arrive que la lumi�re ne frappe que fur leur croupe, le jour les incommodant, lorfqu'il ont la t�te tourn�e du cot� des croif�es. Ces �curies doubles doivent avoir trente - trois pieds dans �uvre ; trois pieds de pieds-droits ; huit pieds pour la longueur de chaque rang de chevaux, y compris les mangeoirs; & huit pieds pour cha- cun des pai�ages. Les vo�tes doivent �tre por- t�es � une certaine �l�vation, & leurs arcs dou- bleaux conitruits en pierre ; enfin, ces vo�tes f� font en moilon ou en brique. Les Ecuries de Verfailles, ainf� que nous l'a-
vons d�j� dit ailleurs, peuvent paffer pour au- tant de chefs-d'�uvre en ce genre. Celles de Chan- tilly b�ties nouvellement, & que nous n'eiHmons gu�re , font aui�� doubles ; mais les chevaux ont la t�te tourn�e du c�t� des ouvertures, & elles n'ont qu'un paffage commun entre les deux rangs de chevaux. Ces Ecuries occupent moins d'efpace, & n'ont befoin que de vingt-quatre ou vingt-fix pieds dans �uvre. Nous venons de recommander de donner une certaine �l�vation aux vo�tes des Ecuries ; mais il faut prendre garde n�anmoins de leur donner trop de hauteur. Celles de Chantilly font trop �lev�es, aui�� les chevaux y ont-ils froid, lorfqu'il n'y en a pas la quantit� qu'elles doivent contenir. Les Ecuries du Ch�teau de Maifons, apr�s celles de Verfailles, font encore tr�s-bien. Les Ecuries fimples peuvent n'avoir de largeur
%uq feize ou dix-fept pieds j celles-ci, dans lei |
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ij6 Cours
grands Edifices , fervent pour les chevaux d�
main, de manege & de chai�e ; dans les doubles, on met les chevaux d'�quipage : ί ou ν ent, au milieu de ces derni�res, lorfqu'elles ont beaucoup d'�tendue, on pratique un grand porche carr� , circulaire , ou � pans , termin� en calotte ; &, dans les angles , on place des abreuvoirs en pierre remplis d'eau , pour la nuit, & en cas d'incendie : quelquefois aui�i, lorf- que ces porches ont un certain diam�tre, ils fer- vent de man�ge couvert, pour exercer les chevaux � la courfe. Les principales ouvertures des Ecuries doivent
�tre tourn�es du c�t� du feptentrion , � moins qu'il ne s'agiife de celles deilinees particuli�rement pour les chevaux malades; alors , elles doivent �tre expof�es au midi; au contraire , celles qui con- tiennent les chevaux entiers , peuvent l'�tre au nord. Le fol des Ecuries, en g�n�rai, doit �tre pav� avec des revers qui en �coulent facilement les urines : il y faut difpofer aui�i des endroits com- modes , pour contenir les coffres � l'avoine &. les lits pour les palfreniers. Attenant les grandes Ecuries, il faut m�nager
des pi�ces particuli�res pour ferrer les feiles & harnois , &. des Salles pour le travail des ouvriers charg�s du foin de leurs r�parations. Il faut aui�i m�nager des cours � fumier & des abreuvoirs; enfin, dans une enceinte particuliere, le loge- ment de l'Ecuyer, compof� ordinairement de deux ou trois Appartements, d'un Office, d'une Cui- fme, de pluiieufs Remifes 6k de deux petites Ecu- ries , f une pour les chevaux de felle, & l'autre pour ceux de carroffe. Dans notre Plan, ce d�- partement eft plac� en h , pendant que la cour c qui lui eil oppof�e contient le logement du fous- Ecuyetr
ί .'' ' '■*..'V '■",.- -
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�c�yer, charg� du foin de iaire dreiTer les che-
vaux pour la cou rie, & de toute la manuten- tion de ce d�partement. C'eft auf�� dans les B�- timents de cette cour c , que font diitribu��s quel- ques remifes pour les charriots & les �quipages de campagne , quelques Ecuries particuli�res ; enc- an des Greniers � foin, � paille & � avoine, des Chambres pour les palefreniers, les cochers ; des Latrines, &c* Tous ces B�timents , dans notre Plan �, font
plant�s r�guli�rement , aui��-bien que ceux qui leur font oppof�s;',&;, comme nous l'avons d�j� remarqu�, ils ont peu de hauteur, n'y ayant que les B�timents des grandes Ecuries & celui des Cui�nes , plac�s en face l'un de l'autre , qui ayent une certaine �l�vation ; le B�timent d�s Ecu- ries, dans le fond de la cour K; celui de la Cui- iin�, dans le fond de la cour h. Qu'on y prenne garde ; cei� cette oppohtion de hauteur, dans les B�timents dont nous parlons �, qui 9 r�unie avec la difpoiition fym�trique de leur distribu- tion, fait le charme des d�pendances de nos belles demeures ; rien n'annon�ant tant la tnagnii�cence du Ma�tre & la capacit� de l'Architede , que l'af- peet r�gulier & fou vent pyramidal dont ces d�- pendances font fufceptibles ; ainii qu'on le peut voir au Ch�teau de Maifons b�ti par Manfard, & parti- culi�rement � celui de Richelieu , b�ti par le Mer- cier : ce dernier eil peut-�tre, le feul Edifice en France de cette efp�ce, qui f�it enti�rement ache- v� dans toutes fes parties, & fur-tout dans (es iiTues & f�s d�pendances. En face des grandes �Curies, & de l'autre c�t�
de l'all�e de communication Ν, ��. plac�e la cour �l, fervant de man�ge d�couvert, dont nous Toms IF. M |
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178 Cours
avons pr�c�demment expliqu� l'uiage. Cette cour
R donne entr�e, par une de fes extr�mit�s , � une baffe -cour T, entour�e de B�timents deftin�s pour le Chenil (�), contenant les chiens de chai�e, le logement des Piqueurs, des valets de chiens , &�: Ces Chenils font de grandes Salles � rez - de- chauff�e ,., expof�es diverfement f�lon les diff�- rentes efp�ces qui compofent la meute. Pr�s des chenils , il faut m�nager des cours particuli�res munies d'eaux abondantes pour laver, rafra�chir & abreuver ces animaux. La cour S contient les B�timents oii font pla-
c�es les remifes; celles deitin�es pour les �qui- pages des Ma�tres, doivent �tre expof�es au fep- tentrion, jamais an midi ni au couchant. Cha- cune de ces remifes doit avoir de profondeur au moins vingt-un pieds , fur neuf de largeur, & �tre ferm�e par des portes de menuiferie qui en con- servent les �quipages : les autres remifes deiti- n�es pour les carroiles de moindre valeur, peu- vent �tre expof�es au nord , & avoir moins de largeur & de profondeur : mais s dans toutes , il faut y pratiquer des couriieres, compof�es de pi�ces de charpente de forme triangulaire , qui fa- cilitent l'entr�e & la fortie des �quipages dans les remifes, fans qu'ils fe nuifent les uns aux autres. Les autres remifes pour les chaifes de pofte, les ca- briolets 8� les diligences peuvent fe placer in- diitin&ement � diff�rentes expofitions. Il ne faut pas oublier, que pr�s de ces remifes, il faut pra- |
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(f) Chenil, 4U Latin �anik , d�riv� de Cards , chien- C'eft
ordinairement le lieu o� fe retirent & o� fe couchent les chiens de chaiie. Sous ce nom 011 comprend aui�i les B�timents defti- n�s � loger les Officiers de la V�nerie, les Piqueurs. |
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d'Architecture. ify
tiquer des cours de d�charge; ainfi que des at- teliers pour les Charrons , des forges pour les Mar�chaux, des magarins pour d�pofer les uften- files & les provirions , des eicaliers pour mon- ter dans les combles; enfin, des pompes, oit au moins des puits, & toutes les autres commodit�s �je leur rerTort, Nous le r�p�tons ; pour parvenir � entrer dans
tous les d�tails , concernant ces diff�rents B�ti- ments, il faut les �tudier chacun f�par�ment, tou- jours d'apr�s le Plan par mafles, & en faire les d�veloppements fur une �chelle un peu grande, afin de pouvoir fe rendre compte de l'�conomie dont on peut ufer dans la b�tiiTe, de la com- modit� que doit contenir chaque d�partement, & de la iirnp�icit� ou du certain degr� de richefle qu'on peut leur procurer. PaiTons � pr�fent � d'au- tres d�partements non moins importants, parce qu'ils font partie de la d�coration del� cour d'hon- neur B. Les B�timents qui fe remarquent � droite, en-
tourent une grande cour U, & contiennent dans leur int�rieur ee qu'on appelle, dans un Edifice coniid�rable, le Gouvernement. C'eft ici que fe diitribue le logement du Gouverneur du Ch�teau ; celui de l'Intendant, des Secr�taires, de l'Aum�- nier , du Concierge, du Receveur des Domaines, enfin, ceux des anciens OfEciers de la> Maifon, � qui le Ma�tre conferve une retraite honorable. Tous ces Appartements fe trouvent ici � r'�z-d�- chauff�e avec des Entrefols pratiqu�s fur les moyennes & les petites pi�ces. Tous ces diff�- rents appartements doivent fe communiquer par une galierie int�rieure * pom faciliter la cortirtuini- cation des perfonnes qui habitent ce nouveau d�s Mij
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i8o Cours
parlement. On y place quelquefois une Salle
de fpec~lacle , des Salles de billard, un Jeu de pau- me , des Bains , une Chapelle ind�pendante de celle contenue dans l'int�rieur du principal corps- de-logis : affez fou vent auffi , comme nous l'avons d�j� indiqu�, le fol de ces cours eil garni de ta- pis verds, pour plus d'�conomie} d'ailleurs ils pro- eurent un coup d'�uil plus int�retfant aux Appar- tements, & difpenfent de l'entretien du pav�. Le corps de B�timent plac� � la gauche de la
cour d'honneur Β , & qui entoure la cour V, eil de m�me grandeur & de m�me forme que celui que nous venons de d�crire. Ceil dans les quatre ailes de ce corps de B�timent que font diitribu�s les diff�rents Appartements des �tran- gers , munis chacun de toutes les commodit�s qu'on aime � rencontrer � la campagne. Quel- ques-uns doivent avoir leur Cuifme particuliere ; on doit aufii y pratiquer le logement d'un Concier- ge , qui puiife communiquer � tout ce d�parte- ment, par une Gallerie int�rieure qui en faci- lite les communications refpeclives. Nous n'en- trerons point � pr�fent dans les d�tails de la diitri- hution de ces diff�rentes pi�ces ; les proc�d�s dont on doit ufer ici, �tant les m�mes que ceux dont nous aurons occaiion de parler, en d�crivant le principal corps-de-logis A, dont nous offrirons les diilributions int�rieures dans la Planche XXXV. Nous obfe*rverons feulement que la d�coration des Appartements dont nous parlons, doit �tre trait�e avec bien plus de fimplicit� que celle du Ch�teau ; la commodit� & la fym�trie devant en faire prefque tous les irais. Ce corps de B�timent & celui du Gouvernement |
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d'Architecture. τ$ι
qui lui eu. oppof�, para�tront peut-�tre un peu
�loign�s du ch�teau ; & l'on regardera comme im un tr�s-grand inconv�nient de ne pouvoir y com- muniquer � couvert ; n�anmoins l'avantage que �e principal corps-de-logis fe trouve avoir d'�- tre iibl� de toute part, nous a fait paffer par- deffus cette consid�ration, ainii qu'on le remar- que dans prefque toutes nos belles Maifons de Plai- fance en France , o� l'on a recours alors aux chaifes � porteur dans le cas de mauvais temps , pour que les Ma�tres puiffent fe rendre chacun � leur deitination. PaiTons � pr�fent � la Plan- che XXXIV. Nous avons d�j� d�crit la diff�rence qui fe
rencontre dans la diitribution �^s d�pendances de la Planche dont nous venons de parler, com- par�e avec celle-ci ; ainii, nous n'ajouterons rien � ce que nous en avons dit, page 150, non plus qu'aux d�tails des diff�rentes baffes - cours ; ils peuvent s'appliquer ici. Nous remarquerons feu- lement que l'aile de l'Orangerie plac�e en E, & celle qui lui eit oppoiee G, dans laquelle fe trou- ve comprife la Salle de fpectasle, femblent exi- ger de nous quelques d�tails. Dans ce deuxi�me Plan, plus �conomique que
le pr�c�dent, on ne remarque ni le B�timent par- ticulier pour les �trangers, ni celui deftin� pour le gouvernement : ces deux d�partements parti- culiers fe rr�uvant compris , quoiqu'en abr�g�, dans les ailes plac�es � la droite & � la gauche de l'entr�e de la cour d'honneur Β, du milieu de laquelle s'aper�oit le B�timent de l'Orangerie E» dont la principale fa�ade fe remarque du cot� du parterre F , & fait face � celle du B�timent G ; l'int�rieur de ce B�timent renferme une petite Salle M iij
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i8i Cours
de fpe<�a�le,une Salle de bal & de concert, leurs
d�pendances, & quelques pi�ces pour les rafra�- chiffements. Ces fortes de Salles demandent une �tude particuliere, & , pour �tre bien entendues , exigent des d�veloppements bien dei�in�s : d�velop- pements toujours plus faciles � concevoir, qu'une narration d�pouill�e de fes exemples ; ainfi, nous en traiterons ailleurs en donnant les Plans de quel- ques-unes qui viennent de s'ex�cuter nouvelle- ment � Paris avec autant d'art que de capacit�, de la part de leurs ordonnateurs. A l'�gard des B�timents defiin�s l'hiver � fer.
rer les orangers, nous dirons qu'ils doivent tou- jours avoir dans leur int�rieur , leurs ouvertures perc�es du c�t� du midi, & �tre plus ou moins fpacieux, � raifon de la quantit� des arbres qu'ils doivent contenir : il faut qu'ils foient vo�t�s-, que les murs en foient folidement b�tis , & que les croife.es foient garnies de doubles ch�ffis , pour pr�ferv�r ces pi�ces du froid pendant l'hiver. Nous obferverons encore qu'il ne �ufRt pas d'ex- pofer les ouvertures de ces B�timents au midi ; mais qu'il convient qu'ils foient ifol�s de toute part, dans la crainte que d'anciens B�timents , de petites cours ou des bouquets de^ bois en les entourant, ne leur occafionnent de l'humidit�. Il eft encore bon d'�viter qu'ils foient plac�s dans un fond; cependant, pour les garantir de ce d�- faut , on ne doit pas les �lever fur des terraffes , � caufe de la difficult� du tranfport des caiffes de la ferre dans le Jardin , & du Jardin dans la Af�ez fouvent l'int�rieur de ces B�timeqts. eil
fufceptible de quelque d�coration , f�lon qu'on les d�ftine > l'�t� � y donner des f�tes,ou, des:fe�~ |
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d'Architecture. 183
tins. L'Orangerie de Saint-Cloud & celle de Seaux
nous ont paru les plus propres � fervir de mod�les en ce genre � nos Elev�s ; celle de Verfailles �tant d'une �tendue & d'une magnificence dont on a peu d'exemples en Europe. On peut compter encore dans ce d�nombre-
ment des d�pendances de nos belles Maifons de plaifanee, les Serres chaudes (/).& les Pavillons (ie), tels qu'ils s'en remarque dans les Jardins pota- gers de Choify & de Seaux; les Grottes ( χ ) , comme dans les Jardins de Noii'y & de Montmo- rency ; les Kiofques 0)? comme � Bercy; les petits Trianons (z_}9 comme � Saint-Cloud; les Belveders ( a ), comme dans les Jardins de Ba- |
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(i) Les Serres chaudes font des pi�ces toutes vitr�es du c�t� du
midi, & o�, l'hiver, on entretient la chaleur par des poiles pour y �lever des fruits pr�coces , des fleurs & des plantes �trang�res, aini� qu'il s'en remarque dans les Jardins de nos Maifons Royales , dans ceux de nos riches particuliers, & qu'il s'en voit une au Jardin du Roi � Paris. (w) Pavillon , petit B�timent compofe feulement d'un Sallon
pour y fervir la colation , &: de deux petits Cabinets, l'un pour les rafra�chiffements, & l'autre pour fervir de garderobe. (χ) Grotte , efpece de petit B�timent fouterrein orn� de ro-
cailles , termin� en vo�te, & fouvent perc� d'une lunette � travers laquelle on d�couvre le ciel. Sur l'aire de ces Grottes on place des bai�ins avec des eaux jaiiliifantcs, & l'on prati- que pr�s d'elles de petites pi�ces, pour y contenir des rafra�- chillements. (y) Kiofque , petit Sallon, � l'imitation de ceux des Le-
vantins, ouvert de toute part, plac� en belle vue fur le bord d'un grand chemin , d'un lac ou d'une rivi�re, & difpof� de maniere qu'il falle point de vue avec quelque ma�treiTe all�e, & qu'il correfponde � quelque autre objet � peu-pr�s du m�me genre. (�) Trianon , petit B�timent fervant de retraite aux Ma�tres
ou aux Convives , pour Le fouilraire au tumulte, pour s'y reti- rer en cas d'indifpofitio�, ou y vivre dans la Phi�ofophie & la folitude. (a) Belvedcrs , petits B�timents expof�s en belle vue, &
Miv
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ιδ4 Cou κ s
gnolet, enfin les Laiteries (�), & les Faifande-
ries (c), comme � Chantilly, autant de produc- tions ing�nieuies , dont nous donnerons quelques def�ins particuliers, dans les Volumes qui fuivront notre Cours , o� nous prendrons loin de rapporter les B�timents de Paris & de fes environs qui n'ont point �t� grav�s, & particuli�rement les Edifices les plus importants, �lev�s dans les Provinces du Royaume; nouvel ouvrage qui, pr�c�d� des Le- �ons que nous donnons ici, fournira aux jeunes Archite&es des reiTources & des exemples int�- rei�ants, qui, en leur f�rtilifant l'imagination, les rapprocheront du vrai caract�re qu'il conviendra 4e donner � chacune de leurs productions. Parlons � pr�fent � la diitribution {d) int�rieure
des Appartements (<-), dont �e m�rite effenciel, ain� que nous l'avons d�j� remarqu�, conflits � ne jamais nuire aux dehors, � quelque degr� de perfe&ion qu'on la veuille porter, �oit pour la commodit�, la beaut� , ou l'agr�ment. jW
contenant un Sallon & un ou deux petits appartements, avec
Cuifine & OfHce dans les fouterreins , & o� fe retire le Ma�tre � quand il vient feul avec un ami, dans fes Domaines. (�) Laiterie , lieu, comme nous l'avons dit ailleurs, o� les
Jes Dames viennent prendre le lait, battre le beure, & faire des fromages, pour fe d�laffer des courfes �c des amufements champ�tres, (c) Faifanderie , petit B�timent, dont nous avons auiT� parl� ,
en citant &; promettant la defeription de celle plac�e dans les Jardins de Chantilly. (a) Diitribution , nomm�e par Vitruve Ordina�o, s'entend
4e la divifion & de l'arrangement des diff�rentes pi�ces qui com» pof�nt le Plan des divers �tages d'un B�timent, (e) Appartement, dq mot Latin Par�mentum, qui vient du,
\c�be« rartiri� dUYiieir, |
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d'Architecture. iSj
CHAPITRE III.
DE LA DISTRIBUTION INT�-
RIEURE EN G�N�RAL; Et en particulier, de la Forme,
de la Proportion et de la Sy- m�trie qu'il co ν vi ε nt d'ob- server DANS CHACU Ν Ε DES pi�ces (iui composent les
Appartements. JOUR pouvoir entrer dans tous les d�tails que
comprend cette partie de l'Architecture ; nous donnerons deux Plans faits pour le m�me Palais : dans le premier, nous avons facrifi� une partie des dedans aux dehors ; dans le f�cond au contraire, nous avons pr�f�r� la commodit� int�rieure � la beaut� ext�rieure. Nous avons cru devoir pren- dre cette route, parce qu'elle nous a amen� na- turellement � des difcui�ions, qui, appartenant � notre propre ouvrage, ont pu nous difpenfer de faire la cenfure des productions de nos Ma�tres. Il ne faut donc pas s'attendre � trouver, dans ces deux projets, tout le degr� de perfedion qu'on a droit d'efp�rer ; puifqu'il eil queition ici de |
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faire fentir la difficult� de concilier la diitribu-
tion, dont nous parlons, avec l'ordonnance des B�timents , qui a fait l'objet des Volumes pr�- c�dents. On doit d'ailleurs fe rappeler que ces deux
Plans, vari�s dans leur diftribution int�rieure & ext�rieure , nous ont d�j� fourni foccafion , page 148 & fuivantes de ce Volume, de pr�fenter des d�pendances qui ne fe reifemblent point, dans les Planches XXXIII & XXXIV ; ce qui nous a port� � faire fentir plus d'une fois l'avan- tage ou le d�favantage d'un projet fur l'autre; � traiter, en outre , des diff�rentes exportions qu'il convient de donner � chaque d�partement ; en- fin de l'�conomie qu'il faut apporter , dans la f�rucTture & l'ordonnance de chacun de ces ob- jets , coni�d�r� en particulier. Nous dirons m�- me ici, que cette m�thode , quoique trait�e af�ez bri�vement,*a plu � la plupart de nos Lecteurs; � en juger par les furfrages que nous ont donn�s les Ma�tres de l'Art & les Amateurs qui ont fnivi nos Cours. Fond� fur cette approbation , nous avons cru devoir fuivre le m�me proc�d� , tant pour les dedans dont nous allons parler, que pour les dehors dont nous avons trait� dans les Chapitres pr�c�dents : par-l� , nous fuivrons l'ordre que nous avons tenu dans nos Le�ons , jufques � pr�fent. Nous oibns m�me avancer , d'apr�s cette marche, que les meilleurs Elev�s qui font fortis de nos mains, mont gu�re atteint le degr� d'eftime dont ils jouiffent aujourd'hui, que parce que nous avons pris foin , dans nos Conf�rences , de nous �loigner de la routine qui fait la bafe de la plupart des Livres qui traitent |
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d'Architecture. 187
de la diftribution, & o�, aiTez commun�ment,
on ne trouve que les defcriprions des Ouvra- ges de leur Auteur, plut�t que des principes fur cette partie ii efTencielle de l'Architecture. Sans nous inqui�ter donc , jufqu'� un certain point, des objections qu'on pouroit nous faire, fur la diviiion de ce Trait� , nous nous en tiendrons � la m�thode qui nous a r�ui�i, pour le plus grand nombre des jeunes Artiftes con- fi�s � nos foins ; & nous allons rendre compte des motifs qui nous ont port� � fuivre cette route. Le d�faut de pr�ceptes r�pandus dans nos Au-
teurs , nous a d�termin� � aller viiiter , � di- verfes reprifes , les diff�rents genres d'Edifices de cette Capitale & de (es environs, � deifein de pren- dre occaiion d'y conf�rer avec les Propri�taires 9 d'y prendre les mefures exactes de quelques-uns , & d'en compofer enfuite de notre invention , afin , par-l� , de fuppl�er � ceux qui fe trouvent r�pandus dans nos 'Recceuils , & qui, quoiqu'eili- mables, � beaucoup d'�gards, ne font pas tou- jours diilribu�s , de maniere � r�unir toutes les commodit�s dont on, fait faire ufage aujourd'hui : en forte que " nous rie nous propofons pas feule- ment de donner ici des exemples & des d�finitions g�n�rales; mais auiii d'entrer dans le d�tail de chacune des parties , qui conitituent la diitribu- tion proprement dite , & d'en appliquer, dans la fuite, les pr�ceptes � la d�coration ext�rieure & int�rieure des B�timents de m�me genre & de genre diff�rent. - Nous avons d�j� cit�, page 107 de ce Volume 7
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d'Aviler (�), M; BoiFrand (g), M. Brifeux (//),
notre Trait� de la D�coration des Edifices (i) * enrin l'Architecture Fran�oife ( k ), dont nous avons donn� la defcription des quatre pre- miers Volumes ; autant d'Ouvrages que nous rappelons encore ici, comme devant faire l'ob- |
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(�) Commentateur de la premiere Edition deVignoIe, Ar-
chiteclre Italien, cit� premier Volume de ce Cours, page 2.15 , Kote (o). Cette premiere Edition fut imprim�e en 16913 petit //2-4°. La
f�conde le fut en 1710, �c la troiiieme en 1710, c'eil dans cette derni�re qu'Alexandre le. Blond, dont nous avons fait mention dans i'mtiOduclion du premier Volume, page 155 , Note (%) , & dont nous parlons dans ce quatri�me Volume, page χ , a donn� les diitributions. En 1737 3 nous avons revu la quatri�me �dition de cet Ouvrage, format grand �n-40. o� en conservant les diilributions de le Blond , nous avons donn� de nouveaux deifins de d�coration int�rieure ; cette partie de Γ Architecture ayant fou ifert dans tous les temps 3 en France , des changements allez conl�d�rables. Daviler �to�t n� � Paris, o� il elt mort en 170a, �g� de 47
ans. Le Blond �toit aui�� n� � Paris, & eft mort � P�tersbourg , �g� de 40 ans. C'eft de cet Archite�le qu'eft l'excellent Trait� de La th�orie du Jardinage, qui, aini� que l'Ouvrage de �'AvUer, fe trouve � Paris, chez Jombert. (g) Voyez ce que nous avons dit de cet Architec�e, dans
l'introduction du premier Volume de ce Cours , Note (�). (k) Cet Architecte a donn� en 1741, l'Art de b�tir'les
Maifo.'is de campagne, \ vol. in-40 , & les* diftributions en font plus eltim�es que les d�corations. Nous avons auifi de cet Architecie ζ vol. in-4,0. qui traitent du beau eiTenciel dans les Arts j Ouvrage fyft�matique, qui a eu peu de fucc�s. (i) Nous avons donn� cet Ouvrage d'Archite�lure en 1757»
en ζ vol. grand z/z-40. & dans lefquels fe trouvent plui�eurs B�timents , � propos defquels, nous avons eu occaiion de parler de la diftribution, de la d�coration ext�rieure & int�- rieure , ainh que du Jardinage. A Paris chez Jombert. (*) Voyez ce que nous avons dit de cet Ouvrage impor-
tant , dans les diff�rents Volumes de notre Cours : nous en avons recommand� eiTencielkment, & l'�tude & l'examen, $ �ios Elev�s.
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d'Architecture. i'%
jet de la m�ditation de nos Elev�s ? malgr� Fint-
perfedion dont la plupart de ces productions ne font pas exemptes. L'Art de diftrfb�er Tint�rieut des B�timents doit �tre confid�r� comme une fcience in�puifable , par la diveriit� �es motifs & des occaiions qui offrent � l'Architecte de nouveaux moyens d'arriver � la perfection. Il n'y a point de .doute, cependant, qu'il ex.iir.e
des principes g�n�raux � obierver, dans la cliilri� bution des dedans, comme dans l'ordonnance des fa�ades, ainii que des ufages particuliers , qui confiftent � mettre une certaine vari�t� dans la forme des pi�ces d'un Appartement, � d�terminer leur diam�tre relativement � leur hauteur, � ai�ii- j�tir leur expoiitio.n � raifon de leur deftination ; enfin, � procurer � une Maifon d'�conomie, feu- lement les commodit�s de fon rei�brt : � un H�- tel, les pi�ces de foci�t� qui en font l'agr�ment; � la r�iidence d'un Souverain , non - feulement les Appartements de parade & les autres pi�ces fpacieufes relatives � fa dignit�, mais encore celles utiles aux perfonnes qui (ont attach�es � fa fuite, � fa perfonne, ou qui compofent fa foci�t�. Pour parvenir � diitinguer ces diff�rents ob-
jets , il eil trois chofes efl�ncielles � obierver : la premiere, dans toutes les efpeces de diftributions, d'avoir �gard aux pi�ces de n�cef�it�; la deuxi�me, d'obferver celles de commodit�, & la troilieme enfin, de donner toute fon attention � celles de bienf�ance. D�fmiffons ces trois objets en par- ticulier. Les pi�ces de n�cef�it� femhJent avoir un fon-
dement certain & r�el, parce qu'il paro�t naturel qu'un Edifice �lev� pour la demeure des hommes, ioit muni eiTenciellemehi des pi�ces relatives � |
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190 Cours
l'�tat ou � la fortune du Propri�taire qui le fait
�riger, auffi-bien qu'au nombre des petfonnes qui compofent fa famille ou fa foci�t�. De ce prin- cipe de convenance na�t la difpofitioti du B�ti- ment & l'arrangement des diff�rentes pi�ces d'un Appartement, quoique les Edifices dont nous parlons, femblent �tre �lev�s pour les m�mes fins. De-l� na�t encore la quantit� des �tages qu'on �lev� les uns au-deffus des autres , principale- ment lorfqu'on fe trouve, pour ainfi-dire, forc� de b�tir dans le quartie�. d'une Capitale tr�s-fr�- quent� , foit par raport � fes affaires particuli�res, �oit � la faveur du voiiinage des grands avec lef- que�s celui qui b�tit eil en relation. Qu'on y prenne garde ; ces diff�rentes confid�rations j, loin de re- buter Γ Architecte, doivent lui fournir de nouveaux moyens de manifefter fes talents ; elles lui font na�tre des id�es nouvelles qui varient fes pro- ductions , quoiqu'elles ne foient pas toujours faites pour �tre imit�es,»parce que les tournures qu'il a prifes , doivent feulement leurs fucc�s � foc- caiion, & que fouvent un autre projet, quoique de m�me genre, exige une toute autre marche, prefque toujours ignor�e du jeune Artiite, qui, comptant bien faire, copie tout ce qui lui paro�t neuf; mais dont il abufe n�ceffairement, faute de bien faifir l'intention du v�ritable Architecte, & les befoins du Propri�taire. Que nos Elev�s ne s'y trompent pas ; qu'ils
f�achent que c'ei� en accordant les choies de n�- cef�it�, fans nuire � l'accord g�n�ral de tout le projet, & en les tenant dans un rapport exact, avec toutes les parties de la conftru&i�n & de la d�coration, qu'ils peuvent feuls r�uf�ir. Qu'ils fe rappellent encore, en compofant leurs Plans? |
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d'Arghitect�re. 191
que cette m�me conitru�ion exige que les vides
foient en rapport avec les pleins, que les parties foibles ibient foutenues par des parties fblides, & que l'�conomie dans les mati�res, eil du ref- fort de toutes leurs productions : enfin , qu 'ils n'ignorent pas que la d�coration demande que les portes qui donnent entr�e � l'Edifice, foient dif- poi�es de maniere � faire �poque dans Tordon- donnance, que les croif�es qui l'�clairent ibient d'une grandeur proportionn�e � tes premi�res ouvertures, au diam�tre des pi�ces , & qu'elles foient d'une forme relative au caracl�r� des fa- �ades ext�rieures. Les pi�ces qui regardent la commodit�, ont
auffi leurs fuj�tions � caufe de la relation qu'elles doivent n�cessairement avoir avec Pexpofirion g�- n�rale de l'Edifice, avec fa iituation, & avec fa difpofition ; fans oublier la relation imm�diate que l'on doit mettre entre la grandeur de ces m�mes pi�ces^ & l'�tendue du B�timent ou fes limites; enfin, � caufe des d�gagements dont il faut qu'elles foient pourvues , fans cependant nuire en rien aux Appartements de foci�t�, � ceux de parade, ni aux pi�ces confacr�es au repos, dont la plu- part doivent fe communiquer avec celles desti- n�es � contenir les Domeftiques, pour que ceux- ci puiiTent faire leur fervice fans troubler les Ma�- tres. Qu'on y prenne garde ; fans toutes ces pr�- cautions , on arrive rarement � procurer � nos demeures, les eomm|dit�s dont nous parlons, lefquelles nous portent n�anmoins � ch�rir ce qui nous eil propre, & � �viter tout ce qui peut nous nuire, principalement dans les Edifices def- tin�s � l'habitation, & relatifs � la vie civile. A l'�gard des pi�ces de bienf�ance, il eil peut-
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19* Cov-�i
�tre plus difficile d'en donner des notions jufteS
& pr�ciies , parce qu'elles tiennent, prefque tour- tes � la magnificence, & que, par-l�, elles font iujettes aux diff�rents ufages des grands Seigneurs, ' qui, i'elon le rang qu'ils tiennent dans l'�tat, exi- gent une opulence qui, par-tout, ne peut raifon- nablement �tre la m�me. Mais fans nous arr�ter � pr�fent � cette difcuflion particuliere , dont nous traiterons dans fon lieu, parlons d'une ma- niere g�n�rale des moyens de r�duire en pratique ces diff�rentes parties de la diftribution* Premiere Di stri β ut ι ο ν int�-
rieure du principal Corps-de« logis d'un Palais de soixante- six toises de face, A l'occa�on duquel on traite de la firme, d�
la proportion, & de �ufage des diff�rentes pi�ces qui comp of ent les Appartements de parade, de joci�t� , & les Appartements priv�s. Le B�timent dont nous allons faire la defcriri�
tion, coniifte dans la diitribution d'un Plan � rez- de-chaui�ee de foixante fix toifes de longueur, le- quel fera fuivi d'une autre diftribution pour le m�me Palais ; ces deux <|bjets nous am�neront aux difcui�ions que nous avons promifes. Nous don- nerons aui�i dans la fuite une �l�vation principale » une fur la face lat�rale, & une coupe de ce m�- me Edifice , qui nous fourniront l'occaiion de r�- capituler ce que nous avons pu dire d'int�ref- fant?
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D'ARCH��ECtUk�. 193
�ant, concernant la d�coration des dehors dans
le Volume pr�c�dent , � deffein de r�unir, dans ce- lui-ci, la relation qui doit fe rencontrer n�ceiiai- rement, entre les dedans & les dehors des Edi- fices d'une certaine importance. Oejcription de la Planche XXX�^.
Le principal objet de la difpofrtion int�rieure
d'un Edifice, eil d'obferver, que les enfilades les plus eiTencielles s'allignent les unes avec les au- tres , de maniere, que, des pi�ces de parade & de celles d� ibci�t�, on puifie > non-feulement jouir de toute l'�tendue de l'int�rieur du B�ti- ment & de Tes dehors, mais a�ffi de fa profon- deur ; tel que l'expriment dans cette Planche les lignes AS., CD, EF, GH, VX, ST, &c. Il �il m�me � remarquer, que c'eil par le fecours de ces diff�rentes enfilades & de ces diff�rentes lignes qui s'�l�vent perpendiculairement les unes fur les autres , que Ton parvient � planter r�- guli�rement les murs de face & ceux de refend, qui confKtuent la cage du B�timent, ainii que les principales divifions des pi�ces qui le com- pofent. ,, "\\:■. , Le B�timent dont nous parlons, peut �tre confl-
d�r� comme une Dii�ribution double, femi-dou* ble & fimple : par exemple, le principal corps du milieu, marqu� I, eil nomm� double, parce que, non-feulement, entre fes deux murs de face eil interpof� un mur de refend; mais parce que la plupart des pi�ces diilribu�es dans fa profondeur, font � peu-pr�s �gales entre elles ; au-lieu que la diilribiition des arrieres-eorps , marqu�e Κ , eil nomm�e femi double, parce que les pi�ces d'en- Tome IF, Ν |
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194 Cours
filade du c�t� du Jardin , font grandes &■ fpa*
cieufes , .& que celles du c�t� de la cour ont peu de profondeur, �tant deftin�es feulement pour des garde-robes, de petits cabinets, des d�gage- ments , &c. & qu'enfin, les ailes en retour, mar- qu�es L, �tant compof�es d'un feul rang de pi�ces continues, comprifes entre deux nilirs de face, font une diftribution iimple. Nous remarquerons ici que le projet de ce B�-
timent , fuppofe une d�penfe illimit�e, en faveur du double, du femi-double & du fimple qui corn- pofent ce Plan ; d�penfe qu'il faudroit favoir �vi- ter en toute autre occafion, � caufe de la mul- tiplicit� des murs de face qui font toujours infi- niment plus difpendi�ux que les murs de refend, ceux-l� �tant fufceptibles d'une d�coration � la- quelle ceux-ci ne font pas fujets. Les premiers, dans toute leur �tendue, & leur pourtour , doi- vent avoir4a m�me ordonnance, les m�mes mem- bres d'Architecture, & les m�mes ornements, pen- dant que les f�conds f�parant feulement les pi�- ces de parade, les antichambres & les garde-robes» & n'�tant conftruits qu'en ma�onnerie fujette, � la v�rit�, � recevoir divers rev�tiiTements, ils ne peuvent entrer en comparaifon avec l'ordonnance des fa�ades. ,-'::■/:: :m ?P.Of : ;;:.�...'..:..! Nous ajputerons ici, que le B�timent dont nous
parlons, �tant � un feul �tage, dans fa plus grande - partie, a exig� plus d'�tendue & de p�rym�tre; que, par-l� , fa d�penfe s'eft multipli�e, puifqu'il eft aif� de concevoir que les fondations, la char- pente & la couverture ont du doubler � propor- tion de la longueur des. fa�ades ; ce qui ne feroit pas arriv�, fi la m�me quantit� de pi�ces e�t �t� comprife dans deux �tages. |
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o Architecture. 195
Il ei�: vrai qu'il faut convenir que ce genre d'E-
difice, loriqiwl s'agit de la demeure d'un grand Seigneur, eil prefque le feul convenable � mettre en �uvre, & que c'�if � la prudence de l'Archi- tedte , � �viter la r�it�ration des �tages dans fon B�timent, � raifon de l'importance de la perfonne pour laquelle il b�tit, fur-tout, s'il s'agit de l'�- lever � la campagne, & non � la Ville, l'acqui- iition des terreins, clans les grandes Capitales » �tant toujours tr�s - difp�ndieufe , � moins qu'on ne puiffe s'�carter vers l'extr�mit� de quelques- uns de leurs fatixbourgs, ainfi que cela fe prati- que � Paris, o� nos plus belles habitations font, �lev�es hors de fes limites. Quoique nous paroii�ions applaudir aux B�ti-
ments � un feul �tage, n�anmoins , lorfqu'ils font d'une certaine �tendue, il en faut �lever le prin- cipal avant-corps, afin de procurer � ce genre d'Edifice , une forme piramidale qui le diflingue des Maif�ns ordinaires. D'ailleurs le double �ta- ge, que-nous iemblons propofer, leur procure un air de dignit�, fans lequel ils reffemblent de trop pr�s aux B�timents d'Orangeries ; critique afTez judicieufe qu'on a faite du Palais Bourbon, avant qu'il f�t reilaur� comme on le voit au- jourd'hui , & qui, dans fon �tat actuel, paro�t encore trop peu �lev�, quoiqu'il ait moins de lon- gueur que celui trac� fur cette Planche. 0* Il eil vrai que nous avons des Edifices impor-
tants , �lev�s � plu�eurs �tages ; mais qui cepen- dant , ne pyramident pas dans leur milieu : le Ch�- teau de Yerfailles, par exemple, eil dans ce cas; mais les ailes en arri�res-corps , font fi fort re- cul�es fur Favantcorps , qu'il offre naturellement, du point de diftance, pris � la terrafTe fup�rieure |
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196 Cours
de Latone, un effet pyramidal qui femble �lever
cette partie du milieu, de toute la hauteur de l'�tage Attique ; magie dont Hardouin Manfard a fenti tout le preilige, & qu'on ne iauroit trop applaudir dans le cas dont il s'agit. Qu'on y prenne garde : les obfervations que
nous faiions ici, n'appartiennent pas feulement � la d�coration ext�rieure; elles tiennent effenciei- lement � la diftribution des dedans, dont nous parlons dans ce Chapitre ; & l'on ne peut fe dii- penfer de faire marcher enfemble ces obferva- tions, lorfqu'on veut �tablir une v�ritable cor- refpondance entre les dehors, les dedans, & la relation qu'on doit obferver entre la Diftribution, la D�coration & la Conftmttion. D'apr�s ce que nous venons de rapporter, il
eit aiTez facile de concevoir, que rien n'eft � dif- ficile � compofer qu'un Pian , fur-tout lorfqu'� Tefprit de convenance > on veut allier l'utilit� , le commode & le grand : car, quoiqu'il paroifTe d'a- bord, que la Diftribution, n'a pour objet que de conftater les diff�rents diam�tres des pi�ces, leur 'forme & leur proportion, fuivant leur ufage par- ticulier; que devi�ndroient ces m�mes diam�tres, ces proportions & ces formes, fi. l'on ne connoif- foit , en d�terminant leur difpoiition, les rap- ports que leur largeur & leur longueur doivent avoir, pr�cif�ment avec leur hauteur, &: ii on ne les faif�it pas correfpondre � la magnificence , ou � la {implicite des dehors, � la hauteur des �rages , � la fym�trie ext�rieure & int�rieure, � l'enfliade des portes, � la fituation des chemi- n�es , &c. D'ailleurs, comment d�terminer dans les dedans, la largeur & la hauteur des ouver- tures qui �clairent ces, diff�rentes pi�ces ? dans |
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d'Arc h itecture. 197
les dehors, les entrecolonnements, les trumeaux,
les �coin�ons, fi l'on ne s'eil attach� , dans le commencement de fori projet, � combiner les re- lations que toutes ces diverfes parties doivent avoir avec les principes �tablis dans les Volumes pr�c�dents, o� nous avons trait� de la D�cora- tion ext�rieure, en annon�ant fon analogie, avec- la Diirribution dont nous parlons ici. Qu'on y r�flechiffe : dans quel abus ne font
pas tomb�s quelques-uns de nos jeunes Archi- teclcs, pour avoir voulu pr�cipitamment planter leur Edifice fur la compofkion de leur premier Plan; h'eft-ce pas une n�gligence condamnable de leur part, d'attendre, lors de la pleine ex�- cution, � r�foudre fur.le lieu les difficult�s qui fe rencontrent fouvent dans la main d'�livre ; au lieu de faire , avant tout', non-feulement les d�veloppements n�ceffaires ; mais m�me des mo- d�les en grand des parties les plus eiTencielles. Quelle autre erreur encore, de vouloir faire enten- dre , comme nous en avons �t� t�moins plus d'une fois, qu'on peut fe paiTer de faire d�s �l�vations & des coupes, pour d�terminer fon Plan ? Que nous penfons d�fr�remment ! Nous ne craignons pas m�me d'avancer, que le g�nie le plus f�cond, & l'exp�rience la plus confomm�e, ne peuvent dif- penfer un Architecte , quelqu'habile qu'il foit d'ail- leurs, d'entrer dans tous les d�tails qu'entra�ne apr�s foi le projet d'un B�timent; puifqu'il efc re- connu, que les plus petites inadvertances con- tent toujours infiniment � r�parer , foit par rap- port � la mati�re, foit relativement au temps qu'il faut employer pour fe corriger. Combien de jeu- nes Architectes ne n�gligent ils pas la Diflrihtuion, parce qu'ils la regardent feulement comme une Ν iij
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198 Cours
partie acceffoire de l'Architecture, fans fe dou-
ter que pour r�uffir � faire un beau Plan; ii faut beaucoup de jugement, d'ufage, & m�me de go�t, afin de pouvoir d�cider, f�lon i'occafion, du choix des formes des diff�rentes pi�ces d'un Apparte- ment, de la fym�trie refpe�ive, & des propor- tions vari�es , qu'il convient de donner � leur diam�tre, � l'�l�vation de leurs Planchers, enfin, � la courbure de leurs plafonds; connoiflances , fans lefquelles, toutes les produ&ions d'un Archite&e fe reifemblent ; & malgr� la diverfit� des occa- i�ons qu'il a de b�tir, on le reconno�t par tout pour un Artiite foible 9 timide , ou fans exp�- rience. Pour nous former dans la th�orie de cette par-
tie de l'Archite�ure ; coniid�rons le B�timent qui fait ici notre objet, comme un Edifice o� un grand Seigneur peut faire fa r�iidence, & qui, pour cette raifon, doit �tre muni de toutes les pi�ces que comportent une belle Dii�ribiition ^ l'ordonnance d'une D�coration int�rei�ante , & l'appareil d'une Conitru�ion ioign�e. Rendons compte en m�me temps des difficult�s que nous avons rencontr�es, en cherchant � r�unir dans un m�me projet les principes de la convenance, de la fym�trie, des proportions & de la main d'oeuvre. Notre intention n'e'i� pas de diffimuler les im-
perfections qui fe rencontrent dans notre Plan ; nous devons en avertir ceux � qui ce Cours eil deilin� , pour qu'ils parviennent � d�m�ler les pr�ceptes d'avec les ref�burces , celles-ci, d'a- vec les licences, & les abus de l'Art; par-l�, ils fe reifouviendront que, fans de tr�s-grandes confi- d�rations particuli�res, ils ne doivent point n�- gliger Tefprit de convenance , les lois de la (y- |
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d'Architecture. 199
m�trie & les proportions dont nous allons dire
un mot en parlant. : . . �. . Par l'efprit de convenance, relativement � la
Diitribution , nous entendons les diff�rents de- gr�s de magnificence qu'on doit chercher � r�- pandre dans l'int�rieur des Appartements, f�lon la dignit� du Propri�taire qui doit l'habiter, auif� bien que l'attention que l'Architede doit appor- ter � rendre les principales pi�ces plus ou moins fpadeufes, de formes vari�es , bien perc�es , �clair�es & d�gag�es, f�lon l'ufage de chacune. Par la fym�trie , l'on entend la r�gularit� ref-
pe�Hve des corps mis en oppofition, les uns vis- �-vis des autres; la n�cef�it� de placer les che- min�es & les trumeaux dans le milieu de la lon- gueur & de la largeur des pi�ces. La fym�trie conufte encore dans la relation que doivent avoir entr'elles les diff�rentes pi�ces d'un Appartement; elle exige, autant que cela fe peut, que l'un des axes du Sallon, plac� ordinairement au centre, s'alligne avec l'enfilade qui r�gne dans toute l'�- tendue du B�timent, comme celle A Β ; que la li- gne G H enfile arnli le milieu de la gallerie, com- me celle Ε F enfile une partie des Appartements diilnbu�s dans l'aile qui eil oppof�e � cette m�- me gallerie ; que les pi�ces de forme vari�e foient r�guli�res, iinon dans les quatre angles, du moins du c�t� oppof� � la principale entr�e , ainii qu'on l'a obferv� dans la Biblioth�que , ou dans le grand Cabinet marqu� Ν 5. Par la proportion, on doit entendre combien.
il eft eifenciel de donner aux diff�rentes pi�ces- d'un B�timent, les hauteurs relatives � leur dif- f�rents diam�tres & � leur ufage particulier, ainfi que d'�tablir un rapport d�re�t entre leur-longueus |
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loo Cours
& leur largeur: on doit, par exemple, donner aux
grands Cabinets , aux Salles de compagnie, aux Salles d'afTembl�e, des formes rectangulaires ; en forte , que leur largeur foit � leur longueur, comme fept eil � dix ; ou que cette derni�re foit d�termin�e par la diagonale d'un carr� form� fur le petit c�t� , pendant au contraire , que les Sal- ions peuvent �tre carr�s, circulaires:3 elliptiques, ou � pans. La proportion demande que les gal- leries & les grandes Biblioth�ques, aient au moins de longueur, quatre fois leur largeur, & au plus de longueur, fept fois leur largeur ; mais de toutes ees proportions, la plus eifencielle , eft celle qui �tablit le rapport qu'on doit obferver entre les diam�tres de ces diff�rentes pi�ces, & leur hau- teur. Comme ce rapport eil tr�s-important, nous allons donner celui que les Anciens ont �tabli � cet �gard \ ehfuite nous expliquerons les diff�- rentes dimenfions des pi�ces trac�es dans notre Plan, en citant les proportions de celles de nos Edifices les plus coniid�rables, afin que , par T�- tude de ces divers proc�d�s, le jeune Artiile puiiTe trouver les moyens d'�tablir des relations convenables aux diff�rentes'pi�ces qui compofe- ront les Appartements de fon Plan. Rapport que la hauteur des pi�ces des Appar�*
tements doit avoir relativement � leur dia- m�tre^ f�lon le fentinum de Vitruve} de Palladio & det Scamo^jy, Vitruve prefcr.it, que les falies ■& Iqs chambres,
qu'il appelle Triclinia, aient de longueur le dou- ble de leur largeur, & que leur hauteur foit �gale |
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d'Architecture. aoi
� la. moiti� de la longueur & de la largeur prifes
enfemble; & il recommande que la hauteur des pi�ces qui font carr�es par leur Plan , Toit �gale feulement � un diam�tre & demi. Palladio pr�tend que les plus belles formes des
chambres (/) font au nombre de fept, f�avoir les rondes, qui font, dit-il, les plus rares, les carr�es, celles dont la longueur eit �gale � la dia- gonale du carr� form� fur leur largeur , celles d'un carr� &� un tiers, d'un carr� & demi, d'un carr� & deux tiers, ou enfin de deux carr�s, telles qu'elles fe trouvent trac�es, dans les Plans A, Β, C, D, Ε, F, G. Fig. I de Planche XXXVII ; & que l� plus belle proportion de la hauteur de ces diff�- rentes pi�ces, doit toujours �tre la m�me que leur largeur, lorfqu'elles font plafonn�es : mais qu'elles doivent diff�rer, � elles font termin�es en vo�te ; c'eil-�-dire, que dans ce cas , les pi�ces carr�es doivent avoir un tiers de plus, fous clef, que leur largeur ; & qu'� l'�gard de celles qui font plus longues que larges , leur hauteur, fous clef* peut fe trouver de trois mani�res; favoir, La premiere, apr�s les rondes & les carr�es,
par une moyenne arithm�tique entre la longueur & la largeur, qui fe trouvera, en prenant la moi- ti� de l'une & de l'autre fommes ajout�es enfem- ble; ou en lignes de cette maniere. |
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(7) Vitruve, Palladio & Scamozzi, appellent indilKn&ement
toutes les pi�ces d'un appartement, falies ou chambres; les Modernes entendent plus convenablement par cette derni�re d�nomination, les pi�ces deilin�es feulement au repos, Se o� l'on place un lit en eftrade, en niche, &c. & appellent toutes les autres, fuivant leurs deftinations particuli�res, anti-cham- fcxe, falle d.'aiTemty�e, fallon,Xalle � manger, cabinet, &c. |
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202 ' C O U R S
PRATIQUE. Soit la longueur AB & la largeur
Β C ; d�crivez un quart de cercle C D, qui ait pour rayon C Β ; puis, divifez A D en deux �galement au point E, duquel, comme centre, vous d�crirez un demi-cercle A F D, & la hauteur Ε F fera celle d�iir�e. Voyez cette d�monitration N° premier, Fig. II de la Planche XXXVII. La deuxi�me, par une moyenne G�om�trique,
entre la longueur & la largeur, qui fe trouve en nombre, en multipliant les grandeurs de l'une par l'autre , & prenant la racine carr�e du produit, & en ligne de cette maniere. Pratique. Soit la ligne A Β �gale toute en-
femble � la longueur AE, & � la largeur Ε F. Divifez AB en deux �galement au point C, pour, de ce point comme centre, d�crire le demi-cercle' A DB ; & l'endroit o� la ligne Ε F, prolong�e en D, rencontrera la demi-circonf�rence D Ε , don- nera la hauteur propof�e. Voyez le N° II, m�me Planche. La troifieme, par une quatri�me proportion-
nelle � trois grandeurs, dont la premiere eil la moyenne arithm�tique entre la longueur & la largeur, & les deux autres, de la m�me longueur & de la m�me largeur ; elle fe trouve en nom- bre, en multipliant la longueur par le double de la largeur, & divifant le produit par la fomme de la longueur & de la largeur, ajout�s enfem- ble, & en ligne, de cette maniere. Pratique. Soit la ligne A Β, moyenne arith-
m�tique , entre la longueur BC , & la largeur CD. Du point A, par Ε, prolongez la ligne AE, jui- ; qu'en F, de maniere que la perpendiculaire CD �tant prolong�e aiuTi en F, la hauteur FD iok |
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d'Architecture. 203
celle que Ton fe propofe de trouver. Voyez le
N° III, m�me Planche (m);. Scamozzi dit que les Anciens faifoient leurs
chambres carr�es, ou bien deux fois plus longues que larges , & que leur hauteur en g�n�ral, foit qu'elles fuiTent vo�t�es en plein cintre , en arc furbaiiT� ou en ogive , avoient la largeur de la pi�ce au moins , ou, au plus, la moiti� de la lar- geur & de la longueur prifes enfemble ; & il eil du fentiment que les cabinets, ou Salions, peu- vent �tre agr�ables, de forme circulaire, octo- gone , � pans , ou de toute autre forme r�guli�re. Voici les cinq mani�res qu'il propofe, & que
nous avons trac�es fur la Planche XXXVIII. Les premi�res, dit il, font carr�es, comme le N° �, les f�condes ont de longueur une fois un quart leur largeur N° IL� les troifiemes une fois & demie, N° III: les quatri�mes, une fois trois quarts, N° IV ; & les cinqui�mes , le double, N° V. Il prefcrit de hauteur aux premi�res, leur petit diam�tre : il donne aux deuxi�mes le huiti�me de plus que leur largeur ; aux troifiemes , un quart; aux qua- tri�mes, trois huiti�mes; & aux cinqui�mes, une fois & demie leur largeur : & il ajoute que toutes les hauteurs des pi�ces du premier �tage doivent �tre un peu plus baffes que celles � rez-de-chauff�e, fond� fur ce qu'il dit de la proportion des colonnes. En cela, il paro�t �tre du fentiment de Palladio, qui pr�tend que les Appartements fup�rieurs doivent avoir un iixieme de moins que ceux de deiTous. ,-�;�.------------------■__---------
(m) Cette d�monftration & cette op�ration pratique que nous
donne Palladio , ne peuvent avoir lieu dans les pi�ces a unfeul �tage ; leur hauteur feroit extravagante, ayantplus de deux fois leur petit diam�tre : mais elles pourraient feryir de regle, pour d�terminer la hauteur des pi�ces qui monteroient de fond, dans lin B�timent, |
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204 ; C OURS
Sentiment des Modernes fur les diff�rents rap-
ports que ία hauteur des pi�ces des Appar- tements doit avoir relativement � leur diam�- tre & � leur �l�vation ijoit que ces m�mes pie- ces /oient plafonn�es ou termin�es en calotte. Nos Architectes Fran�ois d�terminent ordinai-
rement la forme de leurs pi�ces, � raiion de leur deftination particuliere, & f�lon la vari�t� qu'il convient d'apporter dans celles de leur Plan. A l'�gard de leurs proportions; ils d�terminent leurs pi�ces carr�es, lorsqu'elles fe trouvent termin�es en calotte, par leur diam�tre plus un iixieme ; & lorfquelles font feulement plafonn�es, leur hau- teur �gale feulement leur largeur. On peut m�me leur donner quelque chofe de moins, lorfquelles font circulaires ou � pans, parce que ces derni�res pr�fentant moins de furface, elles peuvent avoir moins de hauteur fous plancher. Pour ce qui regarde les pi�ces rectangulaires
attribu�es aifez ordinairement aux falies d'af- fembl�e, aux falies de compagnie , aux falies � manger , &c. commun�ment, leur longueur eft �tablie comme chez les Anciens, par une diago- nale form�e fur leur plus petit diam�tre, tel que l'exprime la Figure I , trac�e fur la Plan- che XXXIX, & dont la profondeur �tant de vingt-cinq pieds , donne la longueur de trente- cinq pieds & demi : enfuite, pour trouver leur hauteur, on additionne ces deux fommes enfem- ble, qui donnent foixante pieds fix pouces, dont on prend la moiri� du produit, qui eil de trente pieds un quart, pour d�terminer la hauteur des |
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d'Architecture, xo$
pi�ces ;, o� la partie fup�rieure imite la courbure
d'une vo�te. Cette hauteur, ainii d�termin�e, doit fe divifer en neuf parties , comme dans la Figure 11 : on en donnera deux neuvi�mes pour la courbure de la calotte, & une neuvi�me partie pour la corniche de couronnement : les fix parties reitantes feront r�ferv�es pour les lambris ou les �toffes. Lorfque ces pi�ces ne font que plafonn�es, comme la Figure III, elles peuvent �tre r�duites aux fept neuvi�mes des pr�c�dentes, &: l'on donne de m�me un neuvi�me du total � la hauteur de la corniche. Il faut prendre garde que nous avons trac� ces deux derni�res Figures fur le grand diam�tre, & que, pour faire fen- tir leur rapport exa�, nous avons aui�� trac�, Figure IV, cette m�me pi�ce fur fon petit dia- m�tre , dont la moiti� A fait voir la pi�ce vo�- t�e, & l'autre,  , celle qui n'eil que plafonn�e* Nous obferverons que c'eil en faveur de ce pe- tit diam�tre, qu'on ne doit pas donner plus de hauteur � ces pi�ces; autrement, les d�corations qui les rev�tiroient dans leur profondeur,, s'ac- �orderoient difficilement avec celles qui orneroient ces m�mes pi�ces fur leur longueur ; attention � laquelle on ne prend pas toujours aiiez garde, fur-tout lorfqu'on ne s'occupe, dans fon projet, que de la diitribution des Appartements, fans fe rendre compte de la d�coration int�rieure ,s & de la relation que celle-ci doit avoir avec celle, �QS dehors. (/ Lorfqu'on ne peut donner au Plan de fes autres
pi�ces, pour longueur, la diagonale du carr�, form� fur le petit c�t�, on doit toujours pren- dre, fur-tout lorfqu'elles doivent �tre termin�es en calotte , la moiti� du produit des deux fommes |
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ιο6 Cours
de la longueur & de la largeur, pour en d�termi-
ner'la. hauteur ; il en faut prendre feulement les fept neuv emes, lorfqu'elles ne peuvent �tre que plafon- n�es. Il faut fe reffou venir n�anmoins, que les pi�ces termin�es en vo�te, font toujours un beaucoup meilleur effet que celles plafonn�es ; principale- ment �orfqu'il s'agit d'un Appartement faifant par- tie d'un Edifice public3 d'un Palais, ou d'un grand H�tel. Parlons d'un autre moyen , que la plupart de
nos Archite&es mettent en �uvre, lorfque dans la diffribution de leurs B�timents , ils ne peuvent donner � la hauteur de leurs planchers , une �l�- vation relative au diam�tre de leurs pi�ces. Apr�s avoir coniid�r� la plus grande & les moyennes pi�ces de leur Plan , & dont la premiere femble exiger une �l�vation au-del� de la hauteur de l'�- tage ; ils prennent d'abord celle - ci, fuppof�e , dans la Figure V, de trente pieds fix pouces, comme devant avoir naturellement le plus d'�l�- vation; enfuite, ils coniiderent celles qui, com- me moyennes , doivent en avoir moins ; celles, par exemple, � qui il fuffiroit de donner vingt- deux pieds fix pouces : alors ils additionnent trente pieds fix pouces, & vingt deux pieds & demi, valant enfemble cinquante - trois pieds, dont la moti� du produit eil vingt-fix pieds fix pouces ; �l�vation qui alors d�termine la v�ritable hauteur des planchers du premier �tage. Par ce moyen , il eil aif� de concevoir que la grande pi�ce, Fig. V, deviendra trop baffe de quatre pieds, & les moyen- nes pi�ces , Figures VI & VII, trop �lev�es de quatre pieds. Voici alors comme on parvient � corriger ce d�faut de rapport, �tant fo�vent obli- g� d'avoir recours aux reffources, au d�faut des |
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d'Architecture. %�J
pr�ceptes de l'Art. Dans la grande pi�ce, Fig, V,
on fait ufage feulement d'une corniche � gorge » � laquelle on donne la douzi�me partie de la hau- teur de la pi�ce ; par-l�, le lambris acquiert plus d'�l�vation, & le plafond moins de furface. Dans Tune des moyennes pi�ces, Fig. VI, on pratique un entablement r�gulier, � qui l'on donne la ii- xieme partie de la hauteur totale; enfin, dans celles qui ont encore moins de diam�tre, comme la Fi- gure VII, on pratique une calotte au-dei�us de ia cor- siiche, Tune & l'autre chacune de la huiti�me partie de la hauteur de la pi�ce ; moyen qui, en quelque forte, efface � l'�iiil les imperfections , qui fe ren- contreraient entre la hauteur r�elle que ces pi�ces devraient avoir. Nous ne parlons point ici des petites pi�ces au-deflus defquelles on pratique or- dinairement des entrefols, ce qui, en levant toute difficult�, procure des commodit�s eilencielles � obferver dans un Plan, au-deilus des petits Appar- tements d'habitation. Difons un mot � pr�fent de la folidit� qui regarde la diilribution, apr�s quoi, nous traiterons des Appartements en g�n�ral, & enfuite des- pi�ces en particulier. Par la folidit�, nous entendons ici la n�ceilit�
d'accorder les lois de la eonftruction avec les principes �tablis pr�c�demment, concernant la diftribution ; lois qui confident � donner aux murs de face une �paifleur relative � leur hauteur & � leur charge , � lier & � unir les murs de re- fend les uns avec les autres, & � leur procurer tin encha�nement mutuel qui les fafle concourir � ne former qu'un tout avec les murs qui for- ment la cage du. B�timent; � �viter fur-tout les portes � faux dans les murs de refend , enforte que la diilribution du premier �tage foit tellement |
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io8 Cours
difpof�e, qu'elle n'interrompe aucune des pi�ces
ef�encielles du rez, de-chauff�e , principalement, lorfque ce dernier eft confacr� aux pi�ces de fo- ci�t� & de parade; d'�loigner enfin , le plus qu'il eft poffible, les portes & les croif�es de l'extr�- mit� de l'Edifice ou de l'angle Taillant des avant- corps ; autant de pr�cautions indifpenfables, uti- les , non-feulement � la fym�trie int�rieure des B�timents ; mais pour maintenir la folidit�, en- tretenir la liaifon des murs, les rendre capables de r�fifter � la pouff�e �ss vo�tes, � foutenif le poid des planchers, enfin, la charge des com- bles , &c. Paffons � pr�fent � la difpoiition des trois Ap-
partements , dont nous avons donn� pr�c�dem- ment les d�finitions. D�s Appartements en g�n�ral.
Quatre Appartements , marqu�s M, Ν, Ο, Ρ »
compofent la diftribution du Plan trac� fur l� Planche XXXV. Nous avons d�j� dit, que fous le nom d'Appartement * l'on entendoit la com- munication deplufieurs pi�ces, ayant pour objet la m�me deftination confid�r�e en g�n�ral ; mais dortt chacune d'elles peut avoir des ufages particuliers ; par exemple, l'Appartement marqu� M , doit �tre ici coniid�r�, comme l'Appartement de foci�t�; ceux Ρ, Ν, comme Appartements de parade, &: celui Ο , feulement comme Appartement priv� , ou de commodit�. Nous avons encore dit que, fous le nom d'Ap-
partement de foci�t�, l'on devoit entendre celui def�in�, par le propri�taire, � recevoir fa famille &
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D Architecture. 209
& fes amis particuliers. Nous recommanderons �
pr�ient , que cet Appartement par� foit fitu� de maniere, que , dans le cas dune f�te , il puiii'e fe r�unir aux autres Appartements ; afin que, de la principale enfilade, il ne paroiiTe former qu'un feul enfemble avec celui de parade, & que l'un & l'autre annoncent l'opulence du propri�taire : avantage obferv� dans la diitribution , dont nous parlons; les Appartements Ν, Μ, Ρ �tant diitri- bu�s de forte, qu'aucune pi�ce deftin�e pour les domeitiques ,� ne fe trouve comprife dans l'en- filade A B. En parlant des Appartements de parade, nous
avons rapport�, qu'ils �toient deltin�s � raiTem- bler les meubles de prix ; nous ajouterons ici qu'ils fervent fouvent, dans les grands Edifices, pour la demeure perfonnelle des Ma�tres ; que c'eil dans ces Appartements qu'ils traitent d'affaires im- portantes, δζ qu'ils re�oivent les perfonnes de la premiere confid�ration. Pour les m�mes raifons, que nous venons de rapporter, il convient que ces pi�ces de parade s'allignent avec celles de ib- ci�t�, pour que, de l'enfilade principale, on puiffe y jouir du coup d'�uil des ornements , de la di- verfit� des mati�res, de la richefTe des ameuble- ments, & qu'� l'afpea de ces beaut�s raffembl�es, les �trangers qui viennent vifiter la �emeure des Grands, puiiTent emporter une id�e fatisfaifante de l'opulence du Propri�taire , du go�t de l'Ar- chite�e, & du talent des Artiifes, qu'il aura f�u ai�bcier � fes entreprifes. T Lorfque nous avons d�fini les Apparrements de
commodit�, ou priv�s, nous avons encore recom- mand� qu'ils fuifent moins fpacieux que ks pr� c�dents, & qu'ils fuifent expof�s d'une maniere Tome IV* Q |
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2I� COURS
convenable � leur deftination particuliere. Nous
ajouterons que ces efpeces d'Appartements ne doivent jamais faire partie des enfilades princi- pales , que l'on fait voir aux perfonnes de de- hors ; parce* qu'�tant deftin�s au repos & au re- c�uillement des Ma�tres , il convient que les Etrangers puiiTent entrer & fortir, apr�s avoir vifit� l'Edifice , fans �tre oblig�s d'obferver un c�r�monial fouvent g�nant, envers les per- fonnes de m�me^rang, naiffance ou dignit� : & ii l'�tendue du B�timent ne permet pas de prati- quer ces pi�ces priv�es , pr�s des grands Appar- tements , on les diftribue fouvent en entre-fol ou en aile, en y obfervant tous les d�gagements & tou- tes Iqs commodit�s dont noqs parlerons, en d�cri- vant les garde-robes, qui font partie des pi�ces par�es dont nous allons traiter, en commen�ant par les Veftibules /comme les premi�res pi�ces, qui, ordinairement, donnent entr�e � l'Edifice. Des KefiibuUs.
La pi�ce marqu�e M ι , toujours Planche
XXXV, eft un veftibule [n) de trente-deux pieds de longueur, fur vingt-cinq de profondeur, & vingt-un de hauteur, fous Plancher. Ce Veftibule eft de l'ef- pece de ceux nomm�s fimples, parce qu'il n'a aucun reffaut fenfible fur la furface de (es murs, & que �qs c�t�s lat�raux font d�cor�s & perc�s, aux co- |
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(«) Veftibule, du latin Veflis une robe, & ambulare, mar-
cher ; ce lieu �tant dans un b�timent confid�rable, la pi�ce o� l'on commence � laifler tra�ner fes robes pour les vii�tes de c�r�monie. Martinien fait d�river ce mot de Vefi&�abulum, parce que chez les Anciens, les Yeftibules �toient d�di�s � la Dcefle Ycfta. |
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d'Arc h ite c tu he« m
�Otines & pilaftres pr�s, comme celui du Ch�-
teau des Tuileries , qui a" de longueur foixante pieds, fur trente-un de largeur. Il en eil d'autres que Ton appelle Veitibules � reffauts , lorfqu'ils font compof�s d'avant & d'arri�re- corps , tel que celui du Ch�teau de Maifons , qui a dix-huit pieds, fur vingt-quatre. On donne le nom de t�traityles, aux Veitibules qui ont quatre colonnes ifol�es & refpeitives � des pilaftres , ou � des colonnes engag�es, comme au Porche des Invalides , qui a de longueur quarante-huit pieds, fur vingt-huit de largeur. Les Veitibules ocloftyles ronds , font ceux qui ont huit colonnes adoi��es, comme le Porche du Palais du Luxembourg, qui a vingt- cinq pieds & demi de diam�tre ; ou ifol�es, comme celui de l'H�tel de Beauvais, qui a dix-fept pieds dans �uvre. Voyez les Plans de ces trois Por- ches, trac�s fur la Planche XXXIX. On appelle encore Veitibule en p�riityle, celui qui eit di- vif� en trois parties, par quatre files de colonnes, comme celui du Ch�teau de Verfailles, au fond de la cour de marbre, qui a de longueur trente pieds, fur vingt-deux δε demi de largeur. Enfin, on appelle Veitibule en aile , celui qui �tant eomr- pof�» feulement de deux files de colonnes, laifle un paflfage dans le milieu, plus grand que les deux autres, pour les voitures , tel que celui du gros pavillon du vieux Louvre, du c�t� de la rue Fro- menteau, qui a de longueur cinquante-huit pieds, fur quarante quatre. Voyez dans ΓArchitecture Fran- �oife, le Plan de ces diff�rentes pi�ces, que nous ne pouvons donner toutes ici. Au reite, il ne faut pas confondre les Veiti-
bules , avec les Porches dont nous venons de par- ler -, ces derniers font deftin�s � y pafler en voiture » Oij
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212. C O U lt S
leur fol �tant de plain-pied avec celui des cours $
au-lieu que celui des Veftibules eil toujours �lev� de quelques marches , & de plain-pied aux Ap- partements du rez-de-chauff�e. La difpofition la plus g�n�rale des Veftibules,
eft de fe pr�fenter plut�t fur leur longueur, que fur leur profondeur. Il n'y a m�me que dans des cas indifpenfables, qu'on peut s'�loigner de cette difpofition ; n�anmoins , il faut �viter de les faire trop barlongs, compar�s avec leur profondeur, parce qu'ils tiendroient de trop pr�s � la forme des p�riftyles , & que chaque pi�ce doit avoir un genre d�termin�, relatif � fon ufage ; par exem- ple , le Veftibule de la Planche dont nous par- lons , & dont la longueur eft environ � la largeur, comme fix eft � cinq, paro�t �tablir un rapport affez convenable, pour le Plan de ce genre de pi�ces : nous difons affez convenable, parce que, dans le cas dont il s'agit, quelque diff�rence fur cette dimenfion, ne caufe jamais une erreur importante, comme s'il s'agiffoit de la proportion d'une colonne, ^l'une porte, d'une croif�e. D'ailleurs il faut obferver, que les rapports que nous recommandons, � l'�- gard des Veftibules, peuvent fupporrer quelque alt�ration, f�lon que ces pi�ces fe trouveront � pans, ou arrondis par les angles ; qu'ils auront des reffauts , des avant-corps, de grandes ouvertures, des renfoncements, &c. puifqifalors, il faut avoir attention � ces diff�rentes formes , pour �tablir des moyennes proportionnelles , qui d�terminent de nouvelles dimenfions, qui r�pondent d'une ma- niere relative , � la diverfit� des contours qui com- pofent leur p�rym�tre ; fans oublier que, non-feu- lement la principale dimenfion de ces fortes de pie- ces fe juge par leur fol, mais encore par la furface |
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d'Architecture. iif
de leur plafond, � compter du dans-�uvre de leur
corniche, & du devant des colonnes & des pi- laitres qui les d�corent. D'apr�s cette r�flexion- qui regarde leur diitribution particuliere, r�p�- tons qu'il faut fonger � la relation que ces di>- verfes formes peuvent avoir avec leur hauteur » ainii qu'� la courbure de leur plafond , ou � la forme m�plate de ces* derniers : enfemble , d'o� d�pend abfolument tout le fucc�s d'une pi�ce�., C'eft pour cela que nous avons donn� plufieurs exemples ex�cut�s, dans la Planche XXXIX, en indiquant les moyens d'arriver, par diff�rentes modifications , � fatisfaire l'�uil par la route du go�t, au d�faut d'une exactitude g�om�trique. Le rev�tiiTement des Veftibules fe fait ordi-
nairement de pierre de Saint Leu , de pierre de Liais ou de marbre, f�lon leur avoii�nement avec les grands efcaiiers, qui peuvent �tre conilruits de ces diff�rentes mati�res r & dans leiquels , commun�ment y les Veitibules donnent entr�e, & fouvent m�me ne forment qu'un tout enfemble.. Quelquefois on applique les ordres d'Architec- ture dans ces fortes de pi�ces , principalement, lorfqu'elles font ouvertes fur la cour : alors le diam�- tre de ces ordres doit �tre �gal � celui des colonnes de dehors; autrement, lorfqueces pi�ces font fer- m�es par un mur de face, leur module & le choix d� l'ordre devient plus arbitraire. Ces ordres introduits dans les Veftibules, n'exigent pas toujours un en- tablement r�gulier : quelquefois un feul Architrave y fuffit ; ou bien on y fubflitue une corniche de couronnement architrav�e, ou � gorge, � laquelle on fe contente de ne donner de hauteur , que le fixieme , au lieu du quart : mais il faut �viter d'y faire ui�ge des corniches, qu'on appelle corni- O iij
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i�4 Cours
ches en pl�tre, parce qu'elles imitent trop la me-
nuiferie, & qu'elles ne doivent �tre employ�es que fur les lambris d'un Appartement. La d�co- ration du Veltibule du Plan dont nous parlons, eft fort iimple, fans ordre ni ornements, � l'ex- ception de la Sculpture des Claveaux des arcades; voyez la Planche XL1V ; enforte que la proportion & la r�gularit�, font feules les frais de cette pi�ce. Cette retenue nous a paru n�ceflaire ici, parce que ce ■Veftibu�e donne entr�e, principalement, � un grand Sallon , dont la d�coration conferve une cer- taine fvmplicit�, dans fon ordonnance, malgr� la richeiTe de la mati�re dont il eft rev�tu. 11 en faudroit ufer autrement fans doute , ii cette premiere pi�ce donnoit entr�e � un Sallon orn� de lambris, de do- rures & de glaces ; car quoique les Veftibules puiffent �tre rev�tus de ma�onnerie , comme nous venons de le rapporter, on ne feroit pas difpenf� pour cela d'introduire, dans leur d�coration, une richeiTe relative aux,pi�ces qui les environnent; les lois de la convenance exigeant que , depuis Tanti-chambre jufqu'� la gallerie, on obferve une gradation relative � la deftination, & � l'ufage de chaque pi�ce, j v Des Salions,
La pi�ce M % de notre Planche XXXV, eft
un Sallon (o) de trente-cinq pieds de largeur, fur quarante-fix de longueur, & dont la hauteur, qui eft de foixapte un pieds, eft � deux �tages, non compris la calotte qui les couronne ; enforte que fon diam�tre eft � fa hauteur, comme qua- |
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ο) Saiicu f du Latin, Ada,
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d'Architecture. 215
tre eft� fept, � trois pouces pr�s; diff�rence que
nous avons d�j� obferv�e �tre peu importante, iorfqu'il s'agit du rapport d'une pi�ce int�rieure. D'ailleurs, cette dimeniion a �t� affez heureufe- ment obferv�e aux Salions des Ch�teaux de Cla- gni & du Rainii ; au-lieu que ceux des Ch�teaux de Marly & de Montmorenci, n'ont de diam�tre, que les quatre iixiemes de leur hauteur. Au rei�e, il faut favoir , que la diverfit� des formes des Salions , doit fouvent apporter de la vari�t� dans le rapport de leur largeur, compar�e avec leur hau- teur. Par exemple, celle que nous propofons, eit bonne � mettre en �uvre, pour lel Salions � l'I- talienne , tel que celui dont nous parlons ; car lors- qu'ils font octogones, comme � Marly ; ou ellipti- ques, comme � Montmorenci, leur hauteur peut fe r�duire aux quatre fixieraes. Ce qui autorife ces changements , c'eft fouvent la n�cef�it� d'ailu- jettir la hauteur de ces pi�ces, � celle des �tages de l'Edifice , ainii qu'� celle des combles; mais , dans quelque occaijon que ce puifTe �tre, il faut avoir l'attention de terminer la partie fup�rieure, par des vo�tes ou calottes , qui occafionnent fou- vent rintroduc�on des combles, dans la partie du milieu du B�timent, tel qu'on le remarque au gros Pavillon des Tuileries (ρ), & que nous en avons (� ) On en voit auf�i un au vieux Ch�teau de Meudon, dont
la forme pentagonale, & dont la hauteur ext�rieure paroit t'a- . travagaute : fans doute cette hauteur exorbitante, a �t� faite ainii, � deiTein de pouvoir donner une grande �l�vation au Sallon, nomm� Sallon des Maures, plac� au premier �tage <te ce Ch�teau, Se dont le Plan elliptique a de diam�tre quarante-deux pieds fix pouces, fur trente-deux ρίεψ & deffU y�pMxg�m), & cinquante quatre de hauteur, .ί&Μάψ- Oiv
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z\6 Cours
plac� un fur l'avant-corps du Palais que nous d�-
crivons, & dont on trouvera une des principales �l�vations, Planche XLII de ce Volume. Ordinairement les Salions � double �tage ne fe
pratiquent gu�re que dans les Maifons de plai- fance, les Edifices �rig�s dans les Villes, �tant ra- rement affez confid�rables , pour les y mettre en �uvre: les efcaliers font pre�que les feules pi�ces qui montent de fond, � caufe de la n�cei�it� de communiquer des Appartements du rez-de-chauf- f�e, � ceux du premier �tage ; & le B�timent de l'obfervatoire � Paris, eft le feul o� nous connoif- iions un vefttbule � pans, dont le premier plan- cher foit perc� , & dont le trotoir qui circule au- tour , foit foutenu par une vouffure ; mais cet exemple que nous citons, comme appartenant � un Edifice d'une claffe extraordinaire , paro'it peu propre � �tre imit� dans un B�timent d'habitation. Notre Sallon rev�tu de marbre, 'eil d�cor� de
colonnes comportes � rez-de-chauff�e, & de pi- laftres Corinthiens air premier �tage. Ces colon- nes foutiennent un entablement fur lequel eft pra- tiqu� un trotoir de trois pieds de largeur , non compris la faillie de la corniche. Ce trotoir devient ici int�reffant, non-feulement pour communiquer aux pi�ces adjacentes, pratiqu�es au premier �ta- ge ( q ) ; mais pour y placer un Orch�ftre en cas de f�te. Pour le rendre plus commode encore 4 nous avons pr�f�r� un balcon de fer � une baluf- trade. Dans tout autre cas, celle-ci feroit pr�f�- rable , �tant toujours plus du reffort de l'ordon- |
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(q) Voyez ce Plan que nous annon�ons PlancheXLI de ce
Volume. - >'■■�■ � � .. Λ� - J |
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d'Architecture. 217
nance de Γ Architecture o� les Ordes pr�fident.
Nous obferverons encore, que ces pi�ces �
double �tage n'exigent gu�re de chemin�es, parce que leur grande �l�vation & leur diam�tre, ren- droient inutile la chaleur d'une feule, & m�me, de plufieurs chemin�es (/�').; d'ailleurs, il feroit difficile de placer dans l'�tage fup�rieur, un genre de d�coration qui p�t aller avec celle du man- teau & du chambranle, plac�s � rez-de chauff�e. Une arcade feinte y fait mal ; un tableau , ( un 4>as- relief, n'y r�uf�ifTent gu�re mieux : enforte que, fi quelque circonftance particuliere exigeoit que ces Salions fufTent �chauff�s pendant l'hiver, il faudroit avoir recours aux. po�les, comme ceux marqu�s QQ dans cette Planche; po�les qui fe trouvent mafqu�s par les rev�tiffements des portes feintes, & qui peuvent s'allumer , l'un par le def- fous du grand efcalier Y ι ; l'autre , par la pi�ce M 3 , de maniere que ce dernier �chaufferoit auf�i la pi�ce dont nous parlons, & la Salle de com- pagnie M 4. Les entrecolonnements du rez-de-chauff�e font
occup�s par douze arcades plein - cintre , dont quatre, feulement, font feintes; dans les huit au- tres font pratiqu�es les portes croif�es qui don- nent fur le Jardin, les portes � placard qui fe trou- vent comprifes dans l'enfilade A Β , & celles qui donnent du c�t� du Veftibule. Les �ntrecolonne- ments du premier �tage font occup�s par des por- tes & des croif�es enfonc�es dans des chambranles |
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(r) On en a pratiqu� n�anmoins une, dans chacun des qua-
tre pans du Sallon du Ch�teau de Marly, qui a de diam�tre quarante-huit pieds ; mais nous n'approuvons pas l�s quatre tableaux plac�s au-deiTus dans l'�tage fup�rieur. |
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2i8 Cour s
bomb�s 9 aii-deffas defquels font diflribu�s des
pmneaux de fculpture. Nous avons au'ffi pr�f�r� de la fculpture aux tableaux , pour les deifus-de- porte du rez-de-chauff�e, L'ufage ordinaire» nous le favons^ eil d'y placer des tableaux, parce qu'�- tant plus pr�s de l'�uil, ils font plus d'effet. Mais quand la hauteur d'une pi�ce eil confid�rable , & qu'il s'agit d'orner un petit efpace, il eil plus naturel de forcer les ornements de fculpture, que les fymboles ou les all�gories rendues, par le mi- niilere du pinceau : autrement 9 on eil fouvent oblig� de faire choix de demi-figures , de propor- tion naturelle, qui, non feulement, produ�fent un mauvais effet; mais's'accordent toujours mal avec le genre de l'ordonnance. D'ailleurs, dans ce Sal- lon, rev�tu de marbre de couleurs vari�es, com- me il nous a paru indifpenfable de peindre la vo�te de la calotte plac�e dans fa partie fup�- rieure ; nous aurions craint de nuire au repos n�- eeiTaire� obferver ,-� nous y avions pr�f�r� des tableaux �! la fculpture, fur les dei�us-de-porte. Les petits entrecolonnements font orn�s de ta- bles , & re�oivent des troph�es de m�tal do- r� , ainii que les bafes & les chapiteaux des or- dres ; troph�es que nous avons pr�f�r�s � des niches , dont, f�lon nous, on doit faire peu d'u- fage dans la d�coration int�rieure des Edifices, qui ne font pas confacr�s au culte du Seigneur. ,- Si � la place du marbre de couleur, on rev�ai�bit ce Sallon en marbre blanc vein�, ou en pierre de Liais ; au-lieu de peindre la calotte, d'un fu- jet colori�, il y faudroit peindre feulement des arcs doiib�eaux, dans les compartiments defquels on exprimeroit des bas-reliefs en grifaille ; les fujets colori�s faifant un aflez mauvais effet, pour |
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D'A R C H Ι Τ Ε C Τ URE. 2lp
couronner de tels rev�tiilements ; ce qu'il fau-
droit m�me �vker , ii, par �conomie , ou pour plus de falubrit� , on faiioic ufage de la menuife- rie peinte en blanc ; car les grands iujets de peinture ne conviennent abiolument que dansles lieux conf- truits de marbre, orn�s de bronze, ou rev�tus de menuiferie mari�e avec la fculpture, la dorure & les glaces ; il faut m�me, lorfque ces pie- ces font en marbre, apporter un grand foin dans leur choix ; pour que leur ton dominant ne foit point contredit par le coloris des tableaux : at- tention qu'on n'a pas n�glig�e, lorfqu'on a d�co- r� le Sallon d'Hercule � Verfailles, dont la ca- lotte eft un chef-d'�uvre de peinture, du c�l�- bre le Moine. Pour convaincre nos Elev�s, fur ce que nous
avan�ons, nous les invitons .de voir � plus d'une, reprife cette merveille de l'Art, & d'examiner, en m�me temps, le Veilibule de la Chapelle qui pr�- c�de cette pi�ce, & dont le r�v�tiffement n'�tant que de pierre de Liais, eft feulement orn� de fculp- ture dans la courbure de fon plafond : id�e de convenance qui devroit, � plus forte raifon, s'ob- ferver dans nos Temples , o�, le plus fouvent 9 on enrichit les D�mes de peinture colori�e & de dorure, comme on le remarque aux Invalides» Malgr� la c�l�brit� de cet Edifice, il femble que la coupole & les arcs doubleaux auroient �t� pr�- f�rables en pierre ou en iluc. Nous contredifons ici l'opinion la plus commune; mais nous ne nous permettrons jamais d'employer le pinceau de nos Artiftes dans ce genre de peinture, que lorfque les jcoupoles, ou l'int�rieur des Appartements pour- ront �tre rev�tus de marbre & de bronze, foit r�el, foit fa&ice. Il eft vrai que le Sallon de Marly, |
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120 Cours
rev�tu de menuiferie & imprim� en blanc, con-
tient quelques tableaux colori�s ; ce n'elt pas ce que nous y approuvons le plus, & nous ne fe- rons gu�re tent� d'imiter cet exemple. Il en eft, f�lon nous, du contrarie des tons dans les cou- leurs , comme des contraries dans les formes de l'Archite&ure & de la Sculpture. Si nous ne nous trompons, une belle {implicite doit plaire � tous les yeux ; elle nous femble pr�f�rable � cet affem- blage de diff�rentes mati�res, qu'on < n'entaife, que trop ordinairement, les unes fur les autres, fans autre but que de parvenir � une tr�s-grande richefTe. Nous avons dit plus haut, que les Salions �
double �tage �toient peu communs dans nos Edi- fices Fran�ois, & nous n'avons pu gu�re citer que ceux de Marly, du Rain�, & de Clagny : on fe contente pour l'ordinaire de leur faire compren- dre la hauteur d'un �tage & demi, tel qu'au Ch�- teau de Montmorenci, dont nous donnerons les d�corations dans le Volume fuivant : quelquefois auffi, on �lev� feulement la hauteur de leur ca- lotte dans l'�tage fup�rieur , comme on le remar- que � l'h�tel d'Argenfon, rue des Bons-Enfans, & � l'H�tel de Nivernois, rue de Tournon � Paris. Cette maniere nous paro�t la feule bonne � mettre en oeuvre, fur-tout lorfqu'il s'agit d'un Sallon principal, faifant partie d'une belle Ma�fon par- ticuliere; rien n'�tant ii d�fectueux, � notre avis, que de terminer ces pi�ces d'�clat par un plafond, & de n�gliger le rapport de leur hauteur avec leur diam�tre; comme cela fe remarque dans la ■plupart de nos Edifices, fans excepter- m�me ce- lui du Ch�teau d'I�fy , que nous avons d�j� cit�, & dont nous donnerons n�anmoins la deeoratioa |
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d'Architecture. m
dans le cinqui�me Volume , parce qu'� ce d�faut
pr�s, elle eil d\in excellent genre. En g�n�ral, nous observerons , qu'on abufe ,
trop ibuvent de la prodigalit� des ornements, de la dorure, des bronzes , & des glaces, dans nos Salions : cette richeife nous paro�t prefque toujours d�plac�e; &, ή jamais elle peut �tre to- l�r�e , du moins faudroit-il la r�ferver pour les Galleries & les Salles de compagnie, faifant partie des Appartements de foci�t�. il nous femble que les Salions, qui ordinairement occupent le centre de l'Edifice, & qui font fuite avec Jes. Apparte- ments de parade, doivent �tre d�cor�s avec no- bleiTe & avec retenue : avec nobleife, parce que ces pi�ces de marque ont toujours une certaine capacit� : avec retenue , parce qu'elles peuvent �tre coniid�r�es comme un paffage du Veftibule au Jardin, & qu'elles deviennent une communica- tion indifpenfable avec la droite & la gauche du B�timent. Ce que nous difons ici, ne regarde, ni les petits Salions, ni les Cabinets de jour, ni les Boudoirs , o� Γ Architecte peut fe permettre da- vantage ; mais il ne doit jamais oublier que la convenance doit accompagner chaque partie de fes �uvres. Nous traiterons, en particulier, de tous ces objets dans le Volume qui va fuivre; re- venons � la fuite de notre Plan. Le Sallon � l'Italienne M 2, que nous venons: �
de d�crire, donne entr�e � l� droite & � la gau- che de tout l'Edifice, & fe trouve d'autant plus heureufement difpof�, que, du centre , on d�- couvre toute la longueur de l'enfilade A Β, qui fe retourne d'�querre f�r l'enfilade C D : attention qu'il eft indifpenfable d'avoir \ dans la diilribu- tion d'un B�timent d'une certaine importance j? |
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22i . Cours
pourvu toutefois, qu'il foit pr�c�d� d'un VefH-
bule, dans lequel fe tiennent les Domeftiques : au- trement, une telle pi�ce, ii elle �toit feulement comprife entre deux murs de face , ne devien- droit elle-m�me qu'un Veitibule; ce d�faut fe re- marque au Ch�teau de Clagn�, dont le B�timent eil limple. Nous l'avons �vit�, dans notre Plan, l'avant-corps du milieu �tant double ; enforte que ΓΑηπ-chamhre M 3, donne entr�e aux Apparte- ments Mr N, & i'Eicalier Y χ , � ceux M, P. Des Anti-chambres.
La pi�ce marqu�e M 3, eu une Anti-.chambre (�)
de vingt-lix pieds de largeur , fur vingt neuf de profondeur , & de vingt-un pieds de hauteur : elle fert ici de Salle � manger; il feroit n�anmoins � d�lirer, 6k c'eil un d�faut dans notre Plan que nous ne voulons pas diffimuler, que cette pi�ce fut pr�c�d�e d'une premiere ^nti-chambre , dans laquelle la livr�e p�t fe tenir. Les Salles � manger doivent �tre fufceptibles de quelque d�coration, � caufe de la pr�fence des Ma�tres & des �tran- gers � l'heure des repas : attention qu'on n�glige affez ordinairement, dans les Anti-chambres pro- prement dites, � caufe de l'imprudence des Do- mestiques. Malgr� ce d�faut, nous ne conf�re- rions pas de faire la Salle � manger de la pi�ce M4; parce que celle-ci fe trouvant litu�e dans l'enfilade A Β , elle intercepteroit, au moins pen- dant quelques heures, la communication que cette |
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(�) Anti-chambre Vitruve, l'appelle Anti-thalamus, pi�ce qui
pr�c�de une Chambre � coucher. |
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d'Architecture. 225
pi�ce doit avoir avec les Appartements ; & que
cette communication, dans tous les genres de B�- timents , doit �tre coniid�r�e comme une des beau- t�s principales de la diitribution. Cette attention eil n�anmoins tous les jours oubli�e par nos jeunes Architectes ; elle l'a m�me �r� par le plus grand nombre de ceux qui ont �lev� les Edifices grav�s dans 11 Architecture Fran�oife ; ceque nous avons eu occaiion de remarquer plus d'une fois , en fai- fant la defcription des quatre premiers Volumes de ce Rec�uil important. Nous ferons prendre garde ici, que ce qui nous
a emp�ch� , dans ce Plan , de faire pr�c�der d'une premiere Anti - chambre , celle qui fert ici de Salle � manger, c'eit que notre B�timent n'eil dou- ble, que dans l'avant-corps, marqu� l, pendant que les ailes Κ ne font que femi-doubles, ce qui prive toute cette diitribution des principales corn* modit�s du rei�brt d'un Palais. Mais, qu'on s'en reilbuvienne, nous avons d�j� averti que ce pro- jet n'�toit pas fans imperfections ; que notre dei- iein m�me avoit �t� de le pr�fenrer tel, pour en faire comprendre quelquefois rinconi�quence � nos Elev�s ; inconf�quence que nous avons laii�� fubfiiler, pour leur faire fentir , qu'il ne faut pas feulement s'appliquer � la beaut� 3es dehors ; mais, s'attacher �galement � la r�gularit� & � la conve- nance des dedans : aui�i rectifierons-nous, dans la fuite, les imperfections de cePlan ; lorfque nous en offrirons un f�cond, Planche XXXVI, fait pour le m�me projet, {ans taire n�anmoins, que ce mieux, dans ce deuxi�me Plan, concernant la commodit� des dedans, eil peut-�tre pris au pr�judice des de- hors, atnli que nous en avons d�j� averti,enavouant, que c'eit par cette difcui��on, que nous pouvions. paj> |
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2.24 Cours
venir � faire concevoir aux perfonnes, pour les-
quelles nous avons compof� ce Cours, combien il eil difficile de concilier la partie dont nous trai- tons � pr�fent, avec l'ordonnance des fa�ades ext�rieures qui a fait le fujet des Volumes pr�- c�dents. Au reile, nous pouvons le dire ici, il faut quel-
quefois , dans un grand Edifice, favoir facrif�er l'int�rieur � l'ext�rieur; par exemple, nous avons penie que les dehors, dans le projet dont il eil queftion , pouvoient avoir le pas fur les dedans, principalement, lorfqu'il ne s'agit que des pi�ces acceifoires, toutes les autres devant n�cessairement �tre r�guli�res, ainii que nous aurons occaiion de le faire fentir, en continuant cette defcription. Moins vrai que nous ne le fommes , nous poli- rions avancer, pour en impofer � nos Lecteurs, que la r�gularit� des fa�ades de notre Palais fem- ble autorifer , en quelque forte, le d�faut du Plan : mais ce feroit, tout au plus , une excufe ; & toute excufe fuppofe une imperfection con- damnable dans Γ Architecture : or, il ne faut fe permettre aucun d�faut, dans un projet de cette importance ; pour cela , nous r�p�tons � nos Ele- v�s , qu'apr�s la connoiffance des pr�ceptes de leur Art, il leur faut le courage de recommencer plus d'une fois leurs produirions ; qu'� un travail opini�tre, ils doivent joindre beaucoup de d�fin- t�reffement, que c'ell-l� le feul moyen de per- fectionner leurs projets, & d'�viter les d�fauts dont celui-ci n'eil pas exempt ; mais, nous ne le don- nons tel, que dans l'intention de nous procurer �occaiion d'en relever les erreurs, & de mettre nos Elev�s en �tat de- fe garantir du m�me in- conv�nient. Pour
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d'Architecture. 225
Pour rem�dier au d�faut de fAnti chambre, qui devroit pr�c�der la pi�ce M 3 , le Veilibule pouroit ici en tenir lieu , & fervir d� buffet ; ce Palais, pour la campagne, n'�tant gu�re habit� que dans la belle faifon. On pouroit alors fermer par des porres croif�es, les deux arcades qui donnent entr�e � rEfcalier Y 1 ; fermeture qui contribueroit � rendre cette pi�ce plus habitable : d'un autre c�t�, nous ne pouvons diffimuler, qu'il paro�t eiTenciel de ne pas mafquer le grand efcalier par ces portes qui en intercepteroient, pour ainii-dire, la communication. Nous confid�rons donc ici la Pi�ce M 3, comme
Anti-chambre ; nous aurons occaiion ailleurs de traiter des Salles � manger; &, quoiqu'irr�guiiere , cette pi�ce, comme Anti - chambre, eil fans in- conv�nient. Nous difons irreguliere, parce qu'elle e� feulement � pans coup�s, du c�t� oppof� au mur de face , & que chaque chemin�e eil plac�e dans un de {es angles : fans doute" elle e�t �t� mieux iitu�e en face de la croif�e ; mais l'enfilade S Τ, nous a paru pr�f�rable. D'ailleurs cette pi�ce s'eil trouv�e trop peu profonde, pour placer cette chemin�e fur le mur de refend, qui f�pare cette pi�ce d'avec le Veilibule : le mur de face qui lui eil oppof�, ne pouvoit pas non plus la recevoir, � caufe de la d�coration ext�rieure, & del� croif�e indifpenfable, qui fe trouve de ce cot�; croif�e n�anmoins , qui ne rend pas cette Anti-chambre mieux �clair�e , n'en ayant qu'une du c�t� de l'entr�e, & celle-l� produifant peu de lumi�re ; fon principal objet, dans ce Plan, eil de contri- buer � former l'enfilade VX; perc� n�ceffaine � la fym�trie des dehors , & qu'il nous a paru eflen- cielde ne pas n�gliger. Au refte, ces irr�gularit�s Tome IF. * Ρ |
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22� Cours
peuvent fe tol�rer dans cette Anti-chambre; mais
elles deviendroient autant de licences dans une pi�ce plus| importante. Il eil donc eflenciel que �'Archite�e f�ache fe d�fendre ou fe permettre 1'ufage des reffources ou des licences de fon Art; ces derni�res font prefq�e in�vitables , fur-tout lorfquil s'agit de la diilribution d'un Edifice con- fid�rable, o� il convient de concilier enfemble la folidit�, la commodit� & l'ordonnance. Nous ne doutons point que ce ne foient ces difficult�s qui ont emp�ch� la plupart des Ma�tres de l'Art, de donner des pr�ceptes particuliers fur la distribu- tion. A notre �gard, nous avons cru devoir fran- chir cette crainte, en avouant de bonne foi les �c�uils qu'entra�ne apr�s foi cette triple unit�. No- tre Plan n'eil pas exempt de d�fauts fans doute; mais ces d�fauts nous fournifTent l'occafion de parler des moyens qu'il convient d'apporter, pour les faire �viter � nos Elev�s, dans les parties les plus eflen- cielles de leurs productions. La d�coration de cette Anti-chambre doit �tre
tenue d'une moyenne richefTe , parce qu'elle fert ici de Salle � manger. Sa corniche , y compris fa vouflure, a de hauteur la feptieme partie de toute celle de la pi�ce. Deux portes feintes qui fym�- trifent, l'une � celle qui donne entr�e dans cette Anti-chambre parle Veftibule, l'autre, � la croif�e comprife dans l'enfilade V X, contribuent � fa r�- gularit� : fes lambris peuvent �tre imprim�s en blanc, & �tre orn�s de Sculpture, � caufe de la pr�fence des Ma�tres , & en faveur de fon avoi- iinement avec la Salle de compagnie M 4, dont nous allons parler, apr�s avoir obferv� que le ventail d'une des portes feintes de cette Anti- chambre , communique � une garde-robe marqu�e |
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D'A R CHI TE CT URE. 227
M 5 , que nous aurons occafion de d�crire dans
la fuite. Des Salles de Compagnie,
La Pi�ce marqu�e M 4, eil d�fign�e ici fous le
nom de Salle de compagnie (/). Elle a vingt-huit pieds de largeur, fur trente - huit de profon- deur , & ving-un pieds de hauteur. Les enfilades S Τ & A Β parlent par le centre, ce qui lui pro- cure une difpofition avantageufe ; mais il eil a re- marquer que , pour fatisf�ire � cette difpofition, il en eft r�fult� la n�ceffit� de placer les chemin�es dans les angles, du c�t� de l'entr�e , par l'Anti- chambre M 3 : ce qui nous a d�termin�, ne pou- vant gu�re faire autrement, d'affecter, du c�t� oppof� � ces pans coup�ss des tours cre�fes, qui, en rendant cette pi�ce, pour ainfi-dife irreguliere ] ne laiifent pas n�anmoins de conferver une forte de fym�trie dans chacun de (es angles, quoiqu'ils diff�rent dans leur forme. Ce qui nous a fait prendre ce parti, que nous
ne conieillons pas d'imiter, fans de fortes raifons, ceil que, d'une part, la largeur des croif�es nous' a laiff� trop peu d'�coin�ons du c�t� du mur de face, pour pratiquer des pans coup�s , & que |
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(t) Le mot de Salle, f�lon Volf�us, vient de l'Allemand,
Saal 3 quia la m�me i�gnif�cation. Vitruve, Liv. 6, Cliap. y , parle de trois efpeces de Salles : les premi�res, qu'il nomme T�traftyles, ont, dit-il, quatre colonnes ; les f�condes, qu'il nomme Corinthiennes , ont des colonnes engag�es dans le mur ; les troii��mes qu'il appelle Egyptiennes , ont dans leur pourtour un p�riftyle de colonnes ifol�es. Ce font ces der- ni�res pi�ces que nous nommons en France, Salions � l'Ita- lienne , tel, � peu-pr�s, que celui de notre Plan marqu� M z. Pij
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22.8 Cours
du c�t� de Γ Anti-chambre, il a fallu n�ceiTaire-
ment obferver ces pans coup�s, pour y placer des chemin�es d'une largeur relative � la grandeur de la pi�ce. Cette derni�re coniid�ration nous a d�- termin� � rendre irr�guliers les angles, pour ame- ner , de 'l'autre part, la r�gularit� des quatre gran- des parties des lambris plac�s � c�t� des deux portes d'enfilade. En faveur de ces quatre parties de lambris , nous avons renonc� � l'agr�ment qui auroit pu r�fulter d'une d�coration plus exa&e, ii les quatre angles de cette pi�ce eui�ent �t� fem- blables entr'eux: car on ne peut dii�imuler, qu'en entrant dans cette Salle de compagnie , par le Sallon M ζ, qui s'annonce par l'enfilade A Β, les deux parties anguleufes, de droite & de gauche, pr�fentent une difparit� choquante , qui ne s'ob- ierve pas, en entrant par l'Antichambre M 3 '9 fans d�truire n�anmoins , le d�faut dont nous par- lons. Or ce d�faut ne peut fe tol�rer ici, qu'en ,faveur des dehors, qui, dans ce projet, devien- nent , pour ainii-dire , un objet de pr�f�rence, au- quel tout doit c�der ; quoique dans l'int�rieur » cette pi�ce piiiffe n�anmoins �tre regard�e com- me capitale, dans cette diilribution, par raport � fa deitination particuliere, & par raport � l'enfi- lade principale. Pour fe rapprocher plus pr�s de la fym�trie ,
on a affe&� une chemin�e feinte, � la droite de cette pi�ce , qui peut �tre �chauff�e par un po�le plac� derriere , ou qu'on allumeroit par la Pi�ce M 3, fans nuire � la folidit�, quoiqu'il paroiffe ici, que cette partie anguleufe foit aifoiblie par le vide Q : mais comme ce vide ne monte pas de fond, il ne peut nuire' � la conftru�Hon. Au reite, nous ne rapportons ces obfervations, que |
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d'Architecture. 229
pour faire part, � nos Le&eurs ? des licences qu'on peut fe permettre quelquefois, pourvu qu'on �vite d'en faire ufage, lorfqu'on peut s'en difpenfer » & qu'il en r�fulte un bien r�el, pour les de- dans & pour les dehors de l'Edifice : ce qui , dans ce cas, annonce plut�t l'intelligence de l'Ar- tifle, que fon imp�ritie. Il faut convenir, cependant, que la pi�ce dont
nous parlons , fujette � raffembler une nombreufe compagnie , porte le d�fagr�ment, par fa difpo- fition , de ne pouvoir contenir un certain nom- bre de fieges, n�ceffaires � fon ufage, d�faut qu'il convient d'�viter, & qui entra�ne apr�s foi l'in- conv�nient de faire faire des meubles expr�s : d�- penfe excef�ive, qu'on ne peut gu�re fe permettre, que lorfqu'ileil queftion d'une M�ifonRoyale; au- trement, ces accei�bires, ach�vent fouvent de rui- ner le Propri�taire : de maniere, qu'on a vu plus d'une fois ces derniers, forc�s de fe d�faire de leurs demeures, pour le prix que leur avoient co�t� les meubles. Nous remarquerons encore, que la Pi�ce, dont
nous parlons , eil un peu profonde , pour n'�tre �clair�e que par deux croif�es, dont les parties fup�rieures fe trouvent � couvert, par la faillie du fofite de l'architrave de l'entablement ext�- rieur. Comme Salle de compagnie, certainement cette pi�ce demanderoit une lumi�re plus confi- d�rable : deux croif�es fuffifent, fans doute , pour une deuxi�me Anti-chambre ; mais comme on l'an- nonce ici pour un autre ufage, comme elle fait partie des enfilades A Β, & qu'elle avoifme le grand Sallon M 2, elle auroit d� recevoir plus de lumi�re. Pour obvier � ce d�faut, nous ne connoifTons qu'une reiTource, c'eil d'y multiplier les glaces, ce qui Ρ iij
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5-30 Cours
ne fe peut gu�re ici par la difpoiition des lambris ;
en forte que le meilleur parti qu'on puiffe pren- dre , en pareille circonf�ance, eft de peindre fes rev�t�ffements en blanc, ou d'une couleur tendre , qui puiffe en corriger l'obicurit�. N�anmoins , ce confeil, bon par-tout ailleurs, ne convient gu�re dans cette pi�ce, parce que dans une Salle de compa- gnie, d'une continuelle habitation, ces couleurs clai- res font fujettes, pendant l'hiver, � fe ternir, ainii que les dorures , par la chaleur du foyer & la fum�e des bougies. Ces coniid�rations doivent encore faire ufer avec prudence de l'emploi de la Sculpture dans les plafonds ; car ces ornements deviennent m�- ConnohTables au bout de quelques ann�es, ainii qu'on le remarque , dans la plupart des Apparte- ments des grands H�tels b�tis dans cette Capitale. Enfin, nous remarquerons qu'une Salle de com- pagnie, qui, ordinairement, fucc�de � une Salle � manger, doit avoir au moins un perc� qui donne, d'un c�t�, dans l'une des croif�es du mur de face, & qu'il faut faire enforte, que cette croif�e foit plut�t plac�e du c�t� du Jardin, que du c�t� de l'entr�e, quoiqu'elle ne fe trouve pas ainii dans notre Plan. Ce qui d�termine � en ufer de cette maniere, c'eft, qu'�tant � table fur le midi, on aime � jouir de l'afpecl des Jardins : comme le foir, on eil bien aife qu'une glace, plac�e dans le trumeau , du c�t� de l'entr�e, perp�tue la lu- mi�re des girandoles , & termine agr�ablement cette enfilade , pratiqu�e dans la profondeur du B�timent. Au refle, quand cela ne fe peut aini�, deux perc�s font un �galement bon effet, ainii que deux trumeaux ; mais il faut �viter abfolument qu'on aper�oive d'un c�t�, une partie du tru- meau , & de l'autre, une demi croif�e : cette ir- |
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d'Architecture. 231
r�gularit� eil un d�faut contraire � la fym�trie
qu'on doit obferver jufques dans nos Maifons par- ticuli�res. Dans notre Plan, la difpoiition des dehors, n'a pu nous permettre ce perc�, que du c�t� de l'entr�e, quoiqu'il e�t �t� mieux du c�t� des Jardins, ce qui auroit pu fe faire � la v�rit�, en ne per�ant ce dernier mur que par une feule croif�e > comme du c�t� de l'entr�e; mais alors la Pi�ce M 4 n'auroit plus �t� aifez �clair�e , d�- faut plus condamnable encore que celui qui fe remarque dans ce Plan. ■
Des Salies a'Affzmbl�e.
La Pi�ce marqu�e M 6 , eil une Salle d'afTem-
blee de trente deux pieds de longueur , fur vingt- cinq de profondeur , & fur autant de hauteur. Elle eil ici bien �clair�e par trois croif�es ; fa che- min�e eil aui�i plac�e convenablement dans le milieu de fa profondeur, fur le mur de refend, Ien face de fa principale entr�e. La n�cei�it� d'ob-
ferver une fym�trie exa�te dans cette pi�ce, nous a fait placer une cloifon fur laquelle eil attach� le lambris, vers l'�coin�on de l'angle K, � deiTein de faire ce dernier �gal avec celui qui lui eil op- pof�. Il eil vrai que cette cloifon, ainfi pratiqu�e r donne fept pieds de largeur, � l'embrafure de la porte � placard, qui donne entr�e � cette Salle d'affembl�e , par la Salle de compagnie, & que ce lambris, ainii avanc�, diminue d'autant la lon- gueur de cette pi�ce ; mais nous avons mieux aim� employer ce moyen, que de rendre les.�cbin- �ons in�gaux, dans une pi�ce telle que celle-ci, fufceptible par fon ufage, d'une d�coration int�- reiTante ; d'ailleurs, l'intervalle obferv� entre cette Piv
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232 Cours
cloifon & le mur de refend , peut fervir d'armoire,
capable de contenir diff�rents uilenfiles relatifs � rufage de la pi�ce. Nous difons relatifs � Tufage de la pi�ce ; car, fous le nom de Salle d'aiTem- bl�e, on comprend ordinairement celle j o� s'affem* bie la foci�t� Fapr�s midi, pour y tenir jeu, faire de la muiique, &c : ou bien celles qui font deiti- n�es � donner des audiences publiques ou parti- culi�res , comme fe remarque dans notre Plan, la Pi�ce M 10, faifant partie de l'Appartement de parade, deitin� pour le Ma�tre de la Maifon : quelquefois aui�i on la donne � un Etranger de quelque confid�ration, pondant fon f�jour � la campagne. Chez les Princes du Sang, cet Ap- partement eil deitin� pour le Monarque ; ainfi que cela eft arriv� � l'ancien Ch�teau de Mai- fons , � celui de Petit-Bourg; & que cela fe pra- tique encore aujourd'hui � Chantilly , � Ram- bouillet , & ailleurs. Au reite, de quelque efp�ce que foient les Salles
d'aiTembl�e, dont nous parlons, il faut que leur p�rim�tre foit de forme r�guli�re, � caufe du nombre des ii�ges & des meubles d'ufage qu'elles doivent contenir. On a coutume d'y placer des fofas , des tables de marbre, des encoignures , un bureau, un Clavecin, &c. confid�ration qui nous a d�termin� � n'affe�ter aucune porte feinte, dans les deux Salles d'aiTembl�e M 6 & M 10, parce qu'il nous paro�t peu vraiffembfable , contre l'ufage ordinaire, de placer des fi�ges ou des meubles devant des portes , qui, quoique factices , paroiiTent aux Etrangers devoir s'ouvrir. Cette r�flexion nous a aui�i fait prendre le parti de laiiTer la chemin�e fur Tun des murs lat�raux/ de cette pi�ce , & non en face des croif�es; cette |
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D'A R C H Ι Τ Ε � Τ U RJE. 233
derni�re maniere ne fe tol�rant gu�re que dans
les Cabinets de travail ou d'�tude (u). D'ailleurs , il faut prendre foin, lorfqu'on les place, comme dans les pi�ces M6&M10, qu'elles foient tou- jours en face de la principale porte d'entr�e : premi�rement, parce qu'elles font fpeclacle, leur chambranle �tant de marbre , leur manteau re- v�tu d'une m�nuiferie orn�e de fculpture , de dorure & de glaces ; fecondement, parce qu'elles permettent plus volontiers, l'hiver, de faire cercle autour de leur foyer : ajoutons que, plac�es ainfi, elles font moins fujettes � fumer; parce qu'il eil plus aif� alors de proportionner le volume d'air qui circule dans la pi�ce, � la colonne d'air ex^ t�rieure , qui fe rrouve , pour ainii-dire, chall�e avec violence, par le vent de la porte d'entr�e, qui , s'oLivrant plus fr�quemment que celle qui lui eil oppof�e, fert, pour ainfi-dire , de venti- lateur � cette chemin�e. Les Salles d'aifembl�es fe d�corent, f�lon la di-
veriit� de leur ufage , de belles tapiiTeries ou de lambris. Lorfque ce font des tapiiTeries, on en d�core feulement les parties marqu�es a, �, ex- prim�es dans la pi�ce M 6 ; Je reite eil occup� par de la menuiferie. Ces tapiiTeries alors., fe re- nouvellent, f�lon les faiibns, ce qui occafionne une certaine vari�t� aux Appartements, que les lambris ne peuvent leur procurer : car � l'ex- - w / .
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(«)%On pr�f�re quelquefois, dans ces fortes de pi�ces, de
placer les chemin�es en face des croif�es, parce que l'hiver, pr�s du foyer, & livr� � la lecture, la lumi�re vient frapper fur les livres, fans fatiguer la vue 3 pourquoi, nous l'a- vons pratiqu� aiia�,, Pi�ce Ν 5, dont nous parlerons en fon lieu. |
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2j4 Cours
ception des fieges, �es rideaux & des porti�res (χ) ,
leur d�coration reite toujours uniforme. L'ufage des �toffes, dans les pi�ces dont nous parlons , n'emp�che pas que les murs de face, & ceux de retour, y compris les portes � placard & les che- min�es , ne foient rev�tus de menuiferie ; mais c'eit ici qu'il faut r�fl�chir fur les teintes qu'il convient de donner aux lambris; teintes qui doi- vent tout � la fois , tenir du ton fonc� des meu- bles d'hiver, & du ton clair des meubles d'�t�. Qu'on ne s'y trompe pas, ces diverfes r�flexions font inf�parables de la compoiition du Plan de l'Architette; auffi avons-nous recommand� plus d'une fois, � nos Elev�s, & leur recommandons-nous encore ici, de viiiter fouvent les demeures des grands Seigneurs , les Edifices publics , & les Maifons des riches particuliers ; l�, de r�fl�chir fur l'efprit de convenance, furies objets de go�t, & fur les chofes d'agr�ment ; afin qu'au befoin & fans effors, ils puiiTent faifir le v�ritable genre qu'il convient de donner � la d�coration de cha- que Appartement, & toujours � raifon de l'�co- nomie ou de l'opulence des perfonnes pour qui l'on b�tit. |
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(x) On ne fait plus gu�re ufage aujourd'hui des porti�res
dans nos Appartements par�s, � l'exception des pi�ces defti- n�es, l'hiver, � l'habitation des Ma�tres; encore cela ne s'ob- ierve-t-il gu�re que dans les Maifons �lev�es dans la Capitale, quoiqu'il s'en remarque encore dans le-s Appartements du Roi., � Verfailles , � Fontainebleau, � Marly & ailleurs : cette efpece de meuble, f�lon nous, anonce cependant une certaine dignit� -, elle contribue d'ailleurs � caracl�rifer tel Appartement d'a- vec tel autre Appartement 5 mais la mode aujourd'hui fembie exclure tout ce que nous appelons dans ce Cours 3 le raifon-- nement de l'Art. |
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d'Architecture. 235
Nous en avertii�bns, les obfervations que nous
faifons fur la partie de la d�coration int�rieure, � propos de la diitribution de notre Plan, ne font point d�plac�es ; & , dui�ions-nous nous r�p�ter dans le Volume qui va fuivre, nous, croyons que le vrai moyen d'acqu�rir l'art de diftribuer un Plan, eil de faire fentir en m�me temps a nos Elev�s, la relation que cette partie int�reifante de l'Architecture doit avoir avec la d�coration des dedans, & celle-ci avec celle des dehors; il faut donc s'attendre & m�me s'accoutumer � cette r�p�tition indifpenfable , dans un ouvrage d'une certaine �tendue, & divif�, comme nous avons cru le devoir faire , en trois parties, pour diiHn- guer chacun des objets particuliers de l'Art, qui r�unis aifemble , dans un projet, doivent paro�tre ne faire qu'un feul & m�me tout. Dans notre Plan , la Salle d'affembl�e M 6,
qui appartient � un Appartement de foci�t�, eft tenue un peu plus profonde que les dimenfions propof�es au commencement de ce Chapitre ; mais l'ufage auquel cette pi�ce eit deitin�e ici, nous a engag� � lui donner vingt-cinq pieds de profondeur, tandis que nous n'en avons donn� que vingt-un {y) � celle M 10. Nous avons pris ces quatre pieds, fur lefpace qu'occupent les garde- robes pratiqu�es dans le femi-double de ce Plan. Les dofferets des portes � placard qui forment
la principale enfilade AB , & qui font corps avec le mur de face, font peut-�tre, un peu foibles ici ; (y) Nous rendrons compte dans la fuite de notre defcription,
pourquoi Ja Salle d'aiTembl�e M 10, peut avoir moins de pro- fondeur que celle. M 6, |
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2j6 Cours
& il l'on pla�oit dans les trumeaux de chaque
pi�ce, des tables de marbre, ou des cr�dences, comme cela fe ^pratique ordinairement, il feroit � craindre que les faillies de ces meubles n'in- terrompiflent la direction de cette m�me enfilade , ainii qu'on le peut obferver, dans les grands Ap- partements de Verfailles. Certainement, ce d�- faut que nous relevons , & dans cette Maifon Royale, & dans notre Plan , doit s'�viter abfolu- ment : ainfi, on ne peut raisonnablement, donner a ces dofferets moins de vingt-un pouces ; de m�me qu'il eft effenciel de ne leur jamais donner au-del� de deux pieds & demi ; dans la crainte qu'une plus grande largeur n'emp�ch�t de placer l&s chemin�es, dans le milieu de la profondeur des pi�ces , ou n'oblige�t d'approcher ii pr�s leur chambranle de celui des portes, qu'on n'e�t plus la libert� de faire ufage du foyer. Au reite, lorf- qu'on ne peut donner � ces pieds-droits qu'en- viron" un pied, il faut avoir l'attention de con- fulter la moindre largeur qu'on peut donner aux chambranles des portes � placard, relativement au caract�re qui doit pr�fider dans l'ordonnance de la pi�ce ; il faut aui�i coniid�rer le recouvrement que doit avoir le lambris fur la ma�onnerie; & enfin la diflance ({) que l'on peut laii�er entre ce rev�tii�ement & le chambranle. Ce n'eil que d'a- pr�s toutes ces attentions , que l'on doit conitater |
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(r) Cette diftance ne doit jamais avoir moins de quatre pou-
ces , afin que le chambranle ne fe confonde pas avec le devant du lambris de rev�tii�ement du mur de face ; d'ailleurs , les quatre pouces propofes ici, font, ailez, ordinairement, la lar- geur des champs qui forment l'intervalle des cadres qui coiu- pofent les compartiments des lambris. |
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d'Architecture. 237
d�finitivement la largeur des dofferets : mais � ,
par rapport � l'enfilade principale, on ne pouvoir leur donner que moins d'un pied , il faudroit alors convertir ce chambranle en bandeau, afin d'�viter que non-feulement il ne p�n�tr�t le lam- bris du mur de face, mais qu'il p�t y avoir un champ qui l'en f�par�t. Dans le cas o� cette m�me enfilade contraindroit de donner � ce doiTeret vingt, vingt-cinq ou trente pouces de largeur , il faudroit d'abord � c�t� dtl� chambranle, intro- duire un champ qui fit avant-corps, & enfuite un pilailre raval� ou embreuv� , qu'on pren- droitfoin de r�p�ter de l'autre c�t� du chambranle, pour plus de fym�trie. Ce que nous venons de dire, concernant les
Salles d'aifembl�e , regarde �galement les Salles des gardes , les Salles d'Audience, les Salles du dais, les Salles de compagnie, les Salles � man- ger , &c. La fym�trie & la proportion font, non- feulement du reifort des pi�ces dont nous par- lons ; mais auffi de toutes celles qui entrent dans la compoiition d'un Plan. Nous d�taillerons ces diff�rentes pi�ces, � mefure que nous avancerons dans la defcription de notre projet, ainfi qu'� l'occafion des diitributions filivantes, Des Cabinets.
La Pi�ce M 7 eft un Cabinet (a), �clair� par
deux croif�es : il a feulement vingt - trois pieds de profondeur, fur vingt-un de largeur, & autant |
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(a) Cabinet , du latin Tablinum &\Muf&um t pi�ce fe-
erete, o� l'on s'applique � l'�tude. |
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r$8 Cours
de hauteur : cette forme, prefque quadrangulaire,
oppof�e � celle de la Pi�ce M 6 qui la pr�c�de, & � celle de Ni, qui lui fuccede, procure une va- ri�t� n�ceflaire , dans les diverfes Pi�ces qui com- pofent la diilribution d'un Plan. Il feroit d�fa- � gr�able , ainfi qu'on le remarque dans la plupart de nos anciens Edifices , que toutes les Pi�ces d'un B�timent fuiTent de m�me forme & grandeur. Il faut m�me prendre garde que, lorfque nous avons rapport�, qu'aujourd'hui on donnoit trop de mou- vement ou trop de chantournement au p�rim�tre des Chambres, des Cabinets, des Salles � man- ger , &c. cette r�flexion ne portoit que fur les contours diflemblables & irr�guliers de chacune de ces Pi�ces , coniid�r�e f�par�ment, & non fur leurs difpoiitions, qui doivent n�cessairement dif- f�rer entr'elles ; de maniere qu'on puiffe, dans l'enfilade d'un Edifice , d'une certaine �tendue , en rencontrer d'oblongues, de barlongues, de carr�es & � pans, ainii que fe remarquent celles M4, M 6 & M 7 de notre Plan. A ces obfervations, plus importantes qu'on ne
s'imagine, il faut ajouter que, de ces Pi�ces de diff�rente grandeur, fur une m�me hauteur de plancher, il r�iulte plus d'une difficult�, pour ac- corder les rapports de leurs divers diam�tres ? avec leur �l�vation commune , puifqu'il eil prou- v�, d'apr�s ce que nous avons rapport� pr�c�dem- ment, page 201 & fuivantes, que, plus les Pi�ces ont de diam�tre, & plus elles doivent �tre �lev�es ; qu'au contraire, elles doivent �tre r�duites � une moyenne hauteur, lorfque leur diam�tre devient moyen. Nous avons rapport� encore , & il con- vient de le rappeler ici, que, dans le cas o� les Appartements fup�rieurs doivent �tre de plain- |
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d'Architecture, 239
pied, il faut , apr�s avoir pris la moiti� du
produit de la hauteur des plus grandes Pi�ces, 8έ de celle des moyennes, avoir recours pour ces premi�res aux corniches de couronnement com- pos�es , offertes dans la Planche XXXIX Fig. I. A moins qu'on ne fe trouve dans le cas des B�ti- ments � un feul �tage, tels , que le Palais Bour- bon, l'H�tel de Laf�ay, le Ch�teau de Trianon, &c. & telles que font les Pi�ces de notre Plan, qui fe trouvent comprifes dans les ailes KL, dont on peut baiffer ou �lever les planchers , dans la char- pente des combles pratiqu�s au-deiTus, afin que, par-l�, on puiffe concilier la hauteur des Pi�ces d'un plus petit diam�tre , ou d'un diam�tre plus coniid�rable ; avantage dont nous avons profit� clans notre projet, en compofant les ailes Κ L d'un feul �tage ; ce qui, en procurant de l'agr�- ment & de la vari�t� dans l'int�rieur, a produit aui�i une ordonnance d'Architecture dans les de- hors , qui nous paro�t r�ui�ir dans la d�coration des Palais de l'efpece de celui dont nous parlons. Pour ne pas r�p�ter ce que nous avons d�j� dit,
fur les corniches des Appartements, nous obferve- rons que celle du Cabinet M 7, regard� comme pi�ce moyenne dans ce Plan, a feulement trois pieds & demi de hauteur, y compris une calotte d'environ deux pieds; en forte que ce Cabinet fous corniche , n'a gu�re que dix-fept pieds & demi de hauteur de lambris, dont il faut d�duire environ deux pieds trois quarts, pour le lambris d'appui ; � quoi nous ajouterons que les profils , dont eil compof�e cette corniche , doivent fe reffentir du caract�re de l�g�ret� 6k de ri- cheffe du rev�tiffement de Menuiferie qu'elle cour ronne : qu'enfin elle peut �tre fculpt�e & dor�e ; |
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240 Cours
mais qu'elle ne doit pas recevoir la m�me cou-
leur d'imprei�ion que le lambris , afin que la hau- teur de ce dernier paroiffe fe terminer fous la corniche ; pendant, au contraire, que dans les grandes pi�ces, o� la hauteur des corniches doit �tre r�duite, il faut affecter de les colorier comme le lambris , � deifein de faire paro�tre les pi�ces plus �lev�es, de maniere qu'il n'y ait plus que la furface du plafond qui ibit peinte en blanc: cette rei�burce, d'ailleurs, apporte une ing�nieufe diveri�t� , dans les pi�ces qui compofent les lam- bris d'un Appartement. C'eil j n'en doutons point, dans cette partie de
la d�coration , que la plupart des Architectes de nos jours ont excell�, quoiqu'ils fe foient �loi- gn�s du genre des le Brun & des le Pautre, & que plufieurs aient port�e l'�l�gance , & peut-�tre la frivolit� trop loin : mais on ne peut difconvenir, qu'au moins , il fe rencontre des d�tails charmants dans les produirions de ce dernier genre : que, m�me aujourd'hui, le go�t des ornements fe fait admirer , ainli que nous aurons occafion de le rapporter, dans le cinqui�me Volume de ce Cours. Contentons-nous � pr�fent, de faire entendre � nos Elev�s, que, pour avoir ce genre cle talent, il faut qu'ils aient foin de s'occuper de bonne heure , de cette partie du go�t qui ne s'acquiert ordinai- rement que par l'exercice du def�in; en exami- nant, avec attention, la route que les meilleurs Ma�tres ont fuivie, & en fe rendant compte des obitacles qu'ils ont f�u vaincre, des reffources qu'ils ont employ�es, enfin des moyens qu'ils ont mis en �uvre, pour parvenir � concilier enfemb�e la commodit� avec la folidit�, la fymetrie avec la beaut�, & fouvent, la dignit� avec la belle fimplicit�. La
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ο Architecture. 24I
La chemin�e du Cabinet, dont nous parlons ,
elt aui� plac�e dans le mur de refend oppoi� � la porte qui, del� Salle d'affembl�e M 6, don- ne entr�e dans cette pi�ce; Tune & l'autre faifant partie de 1 Appartement de foci�t�. Ce Cabinet, alors, eit particuli�rement deitin� , les jours de galas , � retirer les Convives, & � les garantir du tumulte d'une compagnie nombreufe ; ou au contraire, on s'y amufe � des jeux qui , deve- nant bruyants, troubleroient le plus grand nom- bre des perionnes qui compofent la foci�t�. Nous avons aui�� �vit� les portes feintes dans ce Cabinet a deifein de laiffer plus de place pour les fieees' Cette pi�ce, & la pr�c�dente, n'ont aucune com- munication apparente avec ks Garderobes M � «■ M 8, deihn�es cependant, pour les commo- dit�s de 1 Appartement de foci�t�, compof�, non compris le Sallon M 2 & la Pi�ce M ο, des Pi�ces M 3, M 4, M 6 & M 7; de mani�re que, fans la porte mafqu�ee, il faudroit revenir par l'An- tichambre , pour faire ufage de ces Garderobes ce qui apporteroit un inconv�nient aui�i ind�- cent que p�nible. C'eft pour �viter un tel incon- v�nient , que nous avons perc� cette porte e � elle s'ouvre avec le lambris, & fe trouve, dans le mur de refend oppof� aux croif�es, pour com- muniquer plus facilement aux Garderobes d�ia ' cit�es, dont celle M $ , eil deftin�e pour tenir une femme de chambre : alors cette petite pi�ce donnerait entr�e au lieu � foupape M 8 , pour les Dames; car il feroit peu convenable que les perfonnes de dehors fiflent ufage des autres Gar d�robes marqu�es Ν 2, Ν 3, N7, qui, dans ce Plan, lont r�iervees pour l'Appartement par� Ni Ν/ linutrophe de celui de foci�t� dont nous parlons' Tome IF. Q V
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;� Pour traiter d� fuite des Pi�ces quicompofent
φ l'Appartement de foci�t�, paffons � celle mar-
qu�e M 9, qui doit lui fervir de fuppl�ment. Cette Pi�ce a vingt-huit pieds de largeur, trente- quatre de profondeur, & vingt-un de hauteur. Comme l'enfilade A Β lui fert d'axe , cela nous a d�termin� � placer la chemin�e fur le mur de re- fend oppof� aux croif�es; cette pi�ce, d'ailleurs , ne doit avoir aucune communication avec le grand Efcalier Y i. La forme de ce Cabinet eft irr�gu- li�rement r�guli�re, l'int�rieur du mur de face �tant furbaiff�, & celui vis-�-vis, d�termin� par une ■feule ligne droite. Nous n'avons pas craint de faire ici ufage de cette forme, afin que les parties de lambris c d, foient parfaitement fym�triques. Nous remarquerons n�anmoins > que cette tout creufe qui, du c�t� de la chemin�e , fait unifiez bon effet j paro�t vicieufe , lorfqu'on traverfe cette pi�ce par l'enfilade A Β ; fa droite & fa gauche , vers fes extr�mit�s, �tant duTemblables. Mais, -comme nous venons de le dire, il �toit indifpen» fable d'obferver une V�gularit� fcrupuleufe, dans ^�es quatre parties de lambris c d; ce qui ne feroit pas arriv�, fi nous avions continu� le mur d� face, comme le mur de refend, tel que l'exprime * la ligne ponftu�e ef. D'un autre c�t�, ii nous
avions fait continuer le lambris dans une m�me di- rection, comme la f�conde ligne ponctu�e 'a b, 'les embrafures des croif�es feraient devenues trop profondes, & cette profondeur auroit fouftrait une partie de la lumi�re qu'il �toit n�eeifaire de conferver, dans une pi�ce de trente-quatre pieds de longueur. Plus les pi�ces ont d'�tendue, moins il faut donner d'embrafure aux croif�es ; on doit m�me «tenir celles-ci le plus �lev�es qu'il eft poifibie; «2*
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parla raifon, que le Soleil �lev� � quarante-cinq
d�gr�s,.ne peut p�n�trer jufqu'au rev�tiiTement plac� fur le mur oppof� aux croif�es : d'o� il r�- iulte que toute la d�coration des lambris , l�s tableaux & la fculpture plac�s de ce c�t�, fe trouvent �clair�s de reflet, ce qui produit un changement in�vitable dans les maiTes & dans les parties , quoique le d�corateur ait pris le plus grand foin de rendre chacun de ces objets r�- guliers. Les deux derniers moyens propof�s , par la li-
gne ponctu�e e �,- a b, ne peuvent donc avoir lieu ici;-& la tour creufe nous a paru obvier � ces deux inconv�nients; non que nous approuvions ce contrarie dans la forme d'une^, pi�ce fufcep- tible d'une certaine magnificence : autre chofe eit. de fe permettre de caler un lambris de quel- ques pouces , de rejeter une erreur peu conii- d�rable fur la largeur d'un panneau, d'un pilaitre, .ou autre corps de menuiferie; ces erreurs �tant toujours compt�es pour rien, fur-tout lorfqu'elles font port�es fur les grandes parties de la d�cora- tion , & que TArtifte , en fe les perrnerant, fait les mafquer, par fon induitrie & fon intelligence. Quelquefois encore, lorfque les embrafures de- viennent trop profondes , on a recours , dans les Appartements d'hiver, aux doubles ch�ffis, les uns, pour fatisfaire � la d�coration ext�rieure, les autres, pour parvenir � celle des dedans. Il faut fa voir n�anmoins que ces doubles ch�ifis �ten-t beaucoup de jour, & que, pour y rem�dier, il ne faut employer que des ch�ff�s comparus par de grands carreaux garnis de glaces ou de verres de Boh�me; & que, malgr� cela, il convient de peindre les lambris en blanc, ce qui cependant Qij
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ne doit pas fe faire dans toutes les pi�ces d'un
Appartement , ainfi que nous le remarquerons
bient�t.
Nous avons d�j� dit quelque chofe de la Pi�ce
M 10, en la faiiant conno�tre "comme une Salle d'aifembl�e de trente-trois pieds de longueur, fur vingt-un pieds de profondeur, & vingt-trois d'�l�vation ; mais nous avons promis d'y revenir, pour d�iigner fon ufage particulier : car, quoi- qu'elle puiffe faire partie, dans l'occafion, de ΓΑρ» parlement de foci�t�, encore eit-il certain qu'elle eil principalement deilin�e � fervir de Salle d'au- dience � l'Appartement de parade marqu� Ρ ; cette pi�ce �tant d�gag�e par une Anti-chambre Mu, prife dans la profondeur du B�timent, & qui a fon entr�e par le grand Efcalier Y ι : en forte que le Propri�taire, dans le cas de donner une au- dience extraordinaire pendant les heures confa- cr�es � la foci�t� , celle-ci auroit pour retraite les pi�ces Mo,Mi,M4,M6,M7, dans lefquelles on arriveroit par le Veftibule M ι, & par l'Anti- chambre M 3. Alors cette Salle d'affembl�e M 10, quoique faifant partie de l'enfilade A Β, devroit �tre d�cor�e d'un ftyle plus grave; on y em- ployerpit moins de fculpture, de glaces & de do- rure que dans les pi�ces pr�c�dentes. Qu'on y prenne garde, cette obfervation doit �tre regard�e comme dn principe inconteftable, parce qu'il eit contre les r�gles de la convenance, d'orner �ga- lement , & dans un m�me genre, les diff�rentes pi�ces int�rieures d'un Edifice : cependant, ofons le dire , c'eil un d�faut dans lequel tombent g�n�* ralement prefque tous nos D�corateurs ; la mul- tiplicit� des ornements femble �tre feule leur ob- jet. Il eft vrai qu'on ne fait plus de rocailles > de |
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©'Architecture; 245
dragons, de palmettes, de pagodes, comme il y
a vingt ou trente ans; mais on leur a fubilitu� depuis, fans trop favoir pourquoi, des rofaces, des ferlons, des guillochis, des formes carr�es , pefantes & �gyptiennes ; enfuite, comme c'eil la mode aujourd hui, on a introduit, m�me dans les lieux les plus graves, les Chim�res & Iqs Ara-' befques, en attendant, fans doute, qu'� leur tour, les marmoufets �cs Gots viennent occuper la fc�ne. Il eil vrai qu'il faut convenir, fur-tout � pr�fent, que tous ces diff�rents objets �tant trait�s par nos plus habiles Artiiles, l'excellence de leur tra- vail f�duit la plupart des perfonnes de go�t ; mais, f�lon nous, qu'il y a loin de cette richei�e � la beaut� que nous concevons! Qu'on nous permette une r�minifcence : pourquoi ne s'en eil on pas tenu aux productions d'Hardouin & de Bullet en ce genre ? Qui de nous ne fe rappelle pas avec plai- iir la d�coration int�rieure de Clagni, de Trianon, & du Ch�teau dlify pour les grands Apparte- ments ; &, pour les petits, les dedans de la M�- nagerie, charmante bagatelle, o� tout annonce une l�g�ret� ing�nieufe. Mais finirions cette di- greffion, & difons , que quelques excellents ta- bleaux all�goriques fur un fond d'�toffe de cou- leur affortie � celle des lambris , nous paro�- troient la d�coration la plus convenable, pour le rev�tiffement de la pi�ce M 10. Nous croyons encore que le chambranle de la chemin�e, de- vrait �tre d'un beau marbre antique, rev�tu de bronze d'un bon genre, d'une forme f�v�re ; mais non-reifemblante � nos pieds de tables. Nous d�- ferions peu d'ornements au-dei�us; mais nous les voudrions r�guliers : enfin, au lieu de glaces * nous pr�f�rerions des panneaux de fculpture dans |
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246 ^ T Cours
les trumeaux du mur de face. Nous fouhaiterions
que les porces � placard fuffent parfaitement fy- m�triques,& d'une proportion'relative � celle des croif�es ; que la forme des attiques fut analogue � la richeife des portes � piacard, & au manteau de chemin�e ; en un mot, que les meubles , les luilres , les torchieres fe trouvarTent ai�brtis � l'ordonnance impofante qui doit pr�fider dans cette pi�ce. Il ne faut pas s'y tromper, la retenue que nous
recommandons ici, ne peut jamais nuire � l'accord qui doit r�gner dans les diff�rentes pi�ces coxn- prifes dans l'enfilade principale ; au contraire, cette vari�t� de ilyle fait oppofition, pourvu qu'on y fache �viter une difparit� choquante, �cart que nous n'avons garde de jamais approuver ,< ni de confeiller � nos Elev�s. Cette pi�ce M 10, paro�tra peut-�tre un peu
oblongue, ayant trente-trois pieds de longueur, fur vingt-un de largeur feulement; mais nous avons d�j� averti, que l'on pouvoir quelquefois s'�carter du rapport d�termin�, par la diagonale du carr� for- m� fur fon petit diam�tre : par exemple, il fem- ble ici qu'elle doit avoir une certaine longueur, �tant deitin�e � contenir une quantit� de iieges pour les Gourtifans, � donner des audiences, &c. que pour cela, on y doit circuler avec facilit� , fans emp�cher n�anmoins les perfonnes �g�es , fatigu�es ou infirmes, de fe repofer, en attendant la pr�fence du Ma�tre. On doit favoir encore, qu'autant qu'il eft poifible, il convient de terminer la partie fup�rieure de ces fortes de pi�ces , par des vo�tes en arc de clo�tre furbaiflees; autrement, lorfqu'elles ne font que plein-cintre en berceau, elles ont trop de reiTembiance avec les vo�tes des |
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d'Architecture. 247
fouterra�ns ; genre peu convenable � la d�cora-
tion des Appartements. Mais,:pour que cette vo�- te produife un bon effet, il faut pouvoir don- * ner, comme nous l'avons;dit ailleurs , une aifez grande hauteur au plancher; autrement, on doit fe contenter d'une calotte qui pouroit avoir ici dix-huit pouces, ainfi que la corniche : dans ce cas , nous croyons que celle-ci devroit �tre orn�e de confoles & de m�topes, qu� bien des �gards, nous paroiiTent pr�f�rables � ces del�ins co�tants, & fouyent trop l�gers, qu'on afFe&e dans; les gorges des corniches des pi�ces de nos Appar- tements. L'Anti-chambre M ij., n'a que vingt-deux pieds
de longueur, fur quinze pieds de profondeur. La m�diocrit� de fa furface, .«compar�e aux autres grandes pi�ces diftribu�es du c�t� des Jardins, eil caufe que, nous ne lui avons donn� que treize pieds d'�l�vation fous plancher ; ce qui pouroit faci- liter au-deflns un entre-fol de fept pieds de hauteur ; lequel pouroit fe continuer 5,fur toutes les petites pi�ces iitu�es du c�t� de l'entr�e, & o� ion arri- veroit par l'efca�ier Y 2. Il faut favoir n�anmoins, .que ces entre-fols pratiqu�s ainfi fur les anti-cham- bres, qui donnent entr�e aux Appartements de parade, font d�fectueux ; toutes les pi�ces qui pr�c�dent les grands Appartements, devant * par leur diam�tre & leur �l�vation, annoncer l'impor- - ■ tance & la magnificence de celles deilin�es, � �a pr�fence des Ma�tres & des Etrangers; enforte, que le peu de grandeur de notre Anti-chambre, eft ici un vice*qui ne pouroit fe tol�rer ,, que lorfquil feroit queition d'un Appartement priv� : ■ d'un autre c�t� , fon peu de hauteur paro�troit -'u? . info utenable., Peut-�tre auf�i feroit-il ridicule de Qiv
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248 Cours
lui laifler toute l'�l�vation du plancher -.enforte
que, pour �viter l'un & l'autre exc�s , il faudroit feulement pratiquer un faux plancher, qui la fix�t � feize ou dix-fept pieds; encore ce dernier moyen n'emp�cheroit-il pas cette Anti-chambre d'�tre, par fa petiteiTe, trop peu digne de celles aux- quelles elle donne entr�e. Cette pi�ce eil �clair�e par deux croif�es, dont
l'une enfile le mil�u de la Salle d'aflembl�e Mio, & elle eft �chauff�e par un po�le, la fym�trie ne nous ayant pas permis de faire ufage d'une che- min�e. D'ailleurs, il eft affez ordinaire, lorfque ces fortes de pi�ces ne fervent pas d� Salles �* manger, de n'y pratiquer que des po�les, qui �chauffent plus facilement les lieux deftin�s � con- tenir les Domeftiques , & pr�fervent mieux les Appartements de l'air froid des dehors. La pi�ce marqu�e M 12, eft un Cabinet de
vingt pieds de hauteur, fur vingt-un pieds de lar- geur, en tout fens : i�lon les circonftances, elle pouroit encore faire partie de l'Appartement de loci�t�; mais comme elle fe trouve limitrophe de l'Appartement de parade, il feroit convenable de la deftiner ρομΓ une Salle du dais s en obfervant ce* pendant que, pour ce dernier ufage, il eft bon t|ue ces fortes de pi�ces foient plus profondes que larges, ce qui ne fe feroit pu faire ici, qu'en rendant la chambre en niche Ρ 2, moins coniid�- rable ; parti que nous n'avons pas cru devoir prendre , parce qu'il eft effenciel que, pr�s d'une chambre par�e , comme celle Ρ ι , o�l pratique un double Appartement, pour l'habitation parti- ticuliere du Ma�tre. C'eft pour cette raifon que nous avons pr�f�r� de faire de cette pi�ce M 12, un Cabinet de forme quadrangulaire 5 & non une |
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»'Architecture. 249
Salle du dais. Quoi qu'il en Toit, obfervons qu'il
faut �viter, dans ces derni�res pi�ces, de placer le dais au-deffus de la chemin�e, comme il s'en remarque aux H�tels de Soubife, de Villeroi, &c. Car il paro�t peu vraiffemblable qu'on puifle don- ner des audiences* publiques , ou recevoir des hommages, fous un dais ainii plac�, quoique fou- vent , cette marque de dignit� ne foit qu'une �ti- quette , dans la plupart des demeures des Grands. Ce Cabinet doit aui�i �tre d�cor� avec une forte de retenue, pour la m�me confid�ration que nous venons de rapporter, en parlant de la pi�ce M 10; c'eft-�-dire, qu'�tant deftin� � traiter d'af- faires particuli�res, il faut �viter dans fes rev�tif- fements , l'�l�gance des ornements ; ils doivent �tre r�ferv�s pour le Cabinet M 7, qui, faifant par- tie de l'Appartement de foci�t�,, peut, plus rai- fonnablemenr, ibutenir dans fa d�coration, l'appli- cation de la fculpture, de la peinture, de la dorure & des glaces. Des Chambres de Parade.
Les pi�ces marqu�es Pi, Ni, font deux
chambres (f) par�es, nomm�es ainii, Tune, jkr�e qu'elle fait partie de l'Appartement de parade Rjv l'autre, parce qu'elle eft une fuite de celui de fo- ci�t� M. C'eft dans ces fortes de pi�ces, qu'on raffemble les meubles & les �toffes les plus pr�- cieufes ; conf�d�ration qui ne les fait gu�re habi- |
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($) Chambre, du mot Latin Camera, vo�te furbaiii�ej il
«d�rive de Cameras, courb� ou cambr�, parce qu'anciennement la plupart des Chambres �toient vo�t�es en arc L� clo�tre. |
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JtJfO C O URS
ter par les Propri�taires, que dans des cas ex-
traordinaires , les Ma�tres pr�f�rant de fe retirer > fur-tout l'hiver, dans de petits Appartements plus commodes, & d'un fervice plus aif�, tel qu'on remarque dans notre Plan, celui compof� des pie- �es Ρ 2, Ρ 3 ,.Ρ 4 & Ρ f, au-deffus defquelles l'ont pratiqu�s des entre-fols 5 o� le Valet-de-chambre puiiTe renfermer le linge , les habits, & les autres .objets dont il eil charg�. Ordinairement, Iqs -Chambres dont nous parlons, font orn�es de co- lonnes qui renferment l'enceinte du lit, & au-de- vant defquelles on pofe une baluftrade de me- . nuiferie qui le contient & le f�pare, pour ainfi- -MtQ9d'avec lereile de la pi�ce. Alors il faut faire : enf�rte dbbferver dans ces Chambres par�es, une -»proportion, int�reiTante ; par exemple, � compter �du devant des colonnes au mur de face , leur pro- .fondeur doit �tre �gale � leur largeur; dimeniion � que nous avons obferv�e dans celles M 7 & Ρ ι, qui chacune ont vingt-un pieds de hauteur, de largeur & de profondeur, non compris l'enceinte du lit, qui eft de fept pieds; ce qui fait en tout vingt-huit pieds de profondeur. Il eil aiTe^ d'ufage de rev�tir de menuiferie les
, murs des Chambres de parade , � l'exception n�an- moins, de l'endroit o� le lit eftrcontenu, qui, ,jpfClairement, fe garnit de la m�me �toffe que le f�it; de maniere que cette tenture, rion-fetil�ment rend cette enceinte plus falubre, en apparence; .mais autorife � colorier les -lambris de l'int�rieur de la pi�ce, d'une couleur analogue au fond do- minant des �toffes qu'on a choifies , en l'ai�br- tiiTant n�anmoins, avec les meubles d'hiver ou �/cft�t�;; enforte, que� la couleur, pr�f�r�e reliant courues la m�me, elle ne devienne jamais diiparate |
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d'Architecture. 251
avec les tentures qui fe renouvellent deux fois
l'an, dans les grands Appartements. Mais il faut favoir �viter, fur-tout dans les pi�ces coni'acr�es au repos, aui�i bien que dans celles deitin�es � une habitation journali�re pendant l'hiver, d'im- primer ces lambris en blanc ; cette couleur qui imite le ftuc ou le marbre blanc paro�t froide � l'�uil, pour les chambres � coucher, & fe falit ai- f�ment dans les pi�ces d'habitation. Il eil vrai que l'�clat de l'or , fur un fond blanc, d�termine fou- vent de pr�f�rer cette couleur � toute autre : mais qu'on s'en reffouvienne, nous avons dit ailleurs, que, dans les Salles de compagnie, dans les Salles d'aifembl�e, &c. o� l'on faifoit ufage, la nuit., d'une certaine quantit� de lumi�res ; les lambris imprim�s de blanc �toient trop fujets � fe noircir : ce qui doit d�terminer � n'employer cette couleur qu'avec beaucoup de circonfpe&ion, m�me par- tout ailleurs , que dans les Chambres � coucher dont nous parlons. * En g�n�ral, depuis long-temps, dans la d�co-
ration int�rieure de nos Appartements , on ne laiiTe plus � la menuiferie fa couleur naturelle.; on la trouve trifte : mais pour �viter cet incon- v�nient aifez vrai, � certains �gards, on eft peut- �tre tomb� dans un autre exc�s, en imprimant in- difHn&ement toutes les pi�ces en blanc ; ce qui, ind�pendamment des d�fauts dont nous venons de parler, �blouit & fatigue la vue. Cet incon- v�nient a fait imaginer, depuis , d'imprimer les lambris en verd d'eau, en jonquille, en lilas, �n bleu tendre, &c. Ce moyen a r�ui�� phis d'une ■ fois ; ces divers tons s'ai�brtnTent affez bien av^c les diff�rentes couleurs des �toffes : pour �viter la dorure, on a m�me effay� de rechampir.;fes |
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i?2 Cours
moulures des lambris : nous difcuterons ailleurs
l'ufag� qu'on doit faire de ces diff�rentes couleurs, des rechampiffages & de l'emploi de l'or, lorfque nous traiterons en particulier, de la d�coration int�rieure, ainii que des plafonds, des divers com- partiments des vo�tes , enfin, de l'art d'unir & de marier enfemble , & fans confuiion, l'Architec- ture , la Sculpture, la Peinture & la dorure ; ob- jets trop int�reffants, pour �tre n�glig�s dans nos Le�ons , & dont le plus grand nombre de nos El�- ves a befoin de conno�tre jufqu'aux plus petits d�tails. La fituation du lit, dans une Chambre � cou-
cher, & principalement dans une Chambre par�e, n'eft point arbitraire. Il eu d'ufage re�u, de pla- cer ce meuble de n�cei�it� en face des croif�es, en forte, qu'il fe trouve pr�cif�ment dans le mi- lieu de la profondeur de la pi�ce, & vis-�-vis le trumeau des croif�es ; nous difons le trumeau , parce qu'il eft rare qu'on donne plus de deux croif�es � une pi�ce de l'efpece de celle dont nous parlons, & qu'il n'y a que dans des cas particuliers, qu'on doit fe contenter d'une feule ouverture. Sa forme, comme nous l'avons fait entendre, doit �tre rectangulaire, puifqu'elle contient un meuble principal, auquel cette forme femb�e �tre confacr�e, & que naturellement, ce meuble doit d�terminer la difpoiition du p�rim�tre de la pi�ce. Certainement, un lit, de forme oblongue , plac� dans une Cham- bre barlongue, carr�e, ou circulaire, ne peut faire un bon effet; &, fi cela fe peut permettre, c�ne doit �tre que dansles Appartements priv�s, fu- balternes, ou en galetas. Il faut encore obferver que les portes de d�gagements, qui paffent d'une Chambre par�e, dans les Garderobes, foient per- |
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D'ARCHITECTURE. 2J3
c�es fous les �toffes qui garniffent l'int�rieur de
l'alcove ; autrement, ces portes coupent les lam- bris , d�rangent les meubles, nuifent � la fym�trie, & emp�chent le fer vice journalier des Domefti- ques : aui�i avons-nous pris cette pr�caution 9 dans la pi�ce Ρ ι ; & nous y avons plac� ces portes de maniere � ne pouvoir nuire aux li�ges qu'on place ordinairement de chaque c�t� du lit. L'une de ces portes donne entr�e dans la Chambre d'habitation Ρ 2.; l'autre, dans un arri�re Cabinet Ρ 5 : & toutes deux fe communiquent encore , par les petites pi�ces Ρ 3 , Ρ 4 ; la premiere fer- vant de foupape, & la f�conde de ferre papier : de forte que, par ces diff�rents d�gagements , le Ma�tre peut � fon lever, fans paffer parles grands Appartements, s'entretenir avec fa famille, dort* ner des ordres � fes gens, & exp�dier des d�p�- ches, fans �tre troubl� ni aper�u des perfonnes de dehors, que la curiofit� pouroit attirer , pour vii�ter les grands Appartements. C'eft au-deifus de ces petites pi�ces Ρ 2, Ρ 3 ,
Ρ 4, Ρ 5, que font pratiqu�s les entre-fols, dont nous avons dit quelque chofe pr�c�demment, en parlant de l'�nti-chambre M 11. Le peu de diam�- tre de ces petites pi�ces nous a d�termin� � en baiffer les planchers ; le rapport de leur hauteur , compar�e avec leur largeur, �tant effenciel � ob- ierver, lors m�me qu'il ne s'agit que de petits Appartements ; car, rien n'efl li choquant dans un Edifice, que de cencontrer de grandes pi�ces txop baffes , & de petites trop �lev�es. D'ailleurs , quoique l'entr�e de ces petits Appartements foit Λ pour ainfi-dire, interdite aux �trangers, ils exi- gent une forte de proportion, de la fym�trie & une magnificence affortie � l'importance du Pro- |
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2,54 Cours
pti�taire ; pour cela , il η eu pas permis de n�-
gliger les dimeniions qu'il convient de donner aux diff�rentes pi�ces qui les compofent ; confid�ra- �ion m�me , qui porte quelquefois rArchitec"te � faire, d'une hauteur in�gale, les entre-ibls pra- tiqu�s au-deflus de ces pi�ces; ainii qu'on peut le remarquer dans ceux du Ch�teau de Marly , au-dei�us de l'Appartement de Monfieur & de Madame la Dauphine. La Chambre de parade Ν ι, eil auffi pourvue
des Garderobes qui lui font n�ceflaires , & dans lefquelles on entre par une feule porte , pratiqu�e dans l'int�rieur de ion alc�ve. Cette porte donne entr�e � une foupape Ν 2, & de-l�, dans un Ca- binet Ν 3 ? qui, � fon tour , d�gage dans une Garderobe Ν y, pour un Domeflique : cette der- ni�re a fon entr�e par l'efcalier Y 3, qui fert � monter aux entre-fols pratiqu�s fur tout ce femi- double. Arr�tons-nous un moment, pour parler plus pr�cif�ment des Garderobes en g�n�ral, pi�- ces d'o� d�pend la commodit� des Appartements. Quoique les Garderobes (c) tiennent , pour
�in� dire, le dernier rang dans la diftribution d'un Plan , cependant, c'eil par leur fecours que les pi�ces de parade & de foci�t� confervent leur beaut�, acqui�rent de la commodit� , & que le |
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(c) Garderobe, en Latin Ve�iarium, que Perrault entend,
dans Vitruve, par Sella JamiLiarica, connu aujourd'hui fous le nom de Cabinet d'aifance. -� Garderobe, chez les Italiens, fe prend pour Garde-meuble.
On appelle Garderobe de baih , le lieu o� l'on fe d�shabille ; ce lieu eft appel� par Vitruve, Apoditerium : il appelle celles des Th��tres, Ckoragium, & dit qu'elles font compof�es de plu- �ieurs petites pi�ces pr�s du th��tre, o� s'habillent f�par�- rrient les A�leurs , δ� o� fe tiennent les habits , aufli bien que tout ce qui d�pend de l'appareil; de la fc�ne. |
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d'Architecture. >$$!��
Jervice des Domeitiques fe fait avec exa�titude^
Ordinairement, fous le nom de Garderobes , on comprend les petites Anti-chambres de dega-� gement, les Cabinets de toilette, les M�ridiennes , les petites Chambres en niche, celles oit couchent les Valets-de-chambre, les lieux � foupape , les petites pi�ces o� fe tiennent le linge & les habits du Ma�tre ou de la Ma�trefle du logis. Cell aui�� dans- Tune de ces petites pi�ces qu'ils ferrent avec furet� leur argent, leurs papiers, leurs titres ; enfin, on ap- pelle Garderobes toutes celles, qui iitu�es de plain- pied aux Appartements ou aux Entre-fols, font au- tant de lieux priv�s,'�galement indifpenfables, dans les B�timents �lev�s � la Ville ou � la campagne. Les Garderobes de Ma�tres doivent, f�lon leur
ufage particulier , �tre d�cor�es avec plus ou moins de richefTe; & � l'exception de celles nom- m�es � foupape , elles doivent avoir, autant qu'il eft poi�ible, xdes chemin�es, ainii que la plupart* de celles o� fe tiennent les Domeitiques ; afin que ceux-ci puhTent, en toute faifon , procurer � leurs Ma�tres tous les fecours dont ils pouroient avoir befoin. Il n'eft pas toujours facile de donner � ces fortes de pi�ces , m�me � celles deihn�es pour l'ufage des Propri�taires , les dimeniions que l'on deiireroit ; & c'eil ici que les r�gles de l'art fe plient � la n�ceilit�. Il en e� � peu pr�s de m�me, pour ce qui regarde leur d�coration , o� l'on peut cependant j plus que par-tout ailleurs, don- ner carri�re � fon imagination ; la fym�trie, dans les formes principales, �tant tout ce qu'il paro�t ehenciel d'y obferver. Mais une chofe � laquelle il faut prendre garde ; c'eil que les Garderobes prin- cipales foient bien �clair�es, que celles du (er cond genre le foient fuffifamraent, & qu'elles aient |
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beaucoup d'air, des d�gagements & des commu-
nications , qui facilitent le �ervice auquel elles font deilin�es. Toutes celles diltribu�es dans notre Plan, jouuTent des avantages dont nous parlons , �tant compriies dans le femi-double plac� derriere les Appartements de parade & de Ibci�t� : conii- d�ration qui nous a d�termin�, pour ainii-dire � � diilribuer ainii notre projet, & tel, � peu-pr�s, que M. de TAflurance avoir compof� fon Ch�- teau de Petit- Bourg, lorfqu'il le fit b�tir pour M, le Duc d'Antin. Nous ne dirons rien ici de pr�cis , touchant
la d�coration des Garderobes de Ma�tres ; elles font moins fujettes � la r�gularit� des pr�ceptes de l'Art, que toutes les autres pi�ces des grands Appartements, & il ne faut gu�re que du go�t & un peu d'imagination, pour s^en acquitter avec fucc�s , & parvenir � furmonter les difficul- t�s qui fe pr�fentent dans leur diitribution. D'ail- leurs, de quoi le g�nie ne vient-il pas � bout, fur- �out lorfqu'il ne s'agit que des chofes d'agr�ment, que l'ufage des lieux autorife ? Nous recom- manderons pourtant, dans ces fortes de pi�ces, comme par-tout ailleurs , de ne jamais abufer de la prodigalit� de la Sculpture : moins les lieux ont d'efpace , plus il faut ufer de retenue ; l'�l�gance & la l�g�ret� dans les formes , le choix dans les ornements, des contours doux & coulants dans les Plans, font les objets qu'il faut pr�f�rer ; la richefle des mati�res , r�elles ou feintes, vient enfuite, pour charmer la folitude que procurent ces diff�rentes pi�ces deilin�es, pour l'ordinaire , � �loigner les Ma�tres du tumulte qui fe pafle dans les grands Appartements. A l'�gard des Garderobes connues fous le nom
de
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�'A�lCKl TS CTURE, 2J7
«ie lieux � foiipape, difons qu'on y doit pratiquer
une niche circulaire ou carr�e par ion Plan ynSfe pable de contenir une banquette d'environ7qua- torze ou quinze pouces de hauteur, dans laquelle on enferme un bloc de marbre., perc�, �vici� & taill� dans Ton int�rieur en talus , pour faciliter la chute des mati�res ^ telles que l'expriment les Figures de la Planche XL. La Figure I pr�fente le rev�ti��ement horifon-
tal, fait de menuiferie ou de marqueterie, que for- me la banquette. A , repr�sente la moiti� de la lunette, dont l'autre eil recouverte par le rev�- tii�ement Β, qui s'�l�ve ou s'abaiife » f�lon^ le be- foin. C, d�iigne l'endroit de la main ou poign�e > qui leve la foupape ou bonde D Ν, Figure III, lorfqu'on veut laiffer paffer la mati�re : voyei aui�i la Figure II. Ε F , Figure I , font deutf poi- gn�es , la premiere, lorfqu elle eil ouverte, pour faire fortir l'eau abondamment qui chaffe la ma- ti�re G Figure III, dans le tuyau de deicente de la foiTe H ; la f�conde, pour faire jouer un robinet nomm� flageolet, marqu� L, Figures II & III, d'o� il fort un jet au milieu & au-deiTus de la lu- nette A. Ces deux poign�es en forme d'olives y font foud�es chacune , dans un tuyau de plomb I, formant un enfourchement exprim� dans la Fi- gure II : par l'un de ces enfourchements, la poi- gn�e E, Figure I, �tant ouverte, l'eau en fort avec tant d'abondance , que, lorfque la bonde ou foupape Ν eil: lev�e, cette eau fe pr�cipite fur le talus KK, Figure III, & rencontrant la ma- ti�re G, la chaffe dans la defcente H , avec tant de pr�cipitation, que la mati�re ne laifle aucune efpece d'odeur dans l'int�rieur de la Garderobe , fur-tout lorfque la bonde Ν eil bien jointe & def- Tomc IF. R |
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cendue dans fa feuillure : car , autrement, Fexha :
laifon de la foffe communiqueroit dans le fi�ge ; de ce dernier, dans la pi�ce, & enfin dans les Ap- partements , lors m�me qu'on pr�f�reroit des foffes perdues ; foffes qui ne peuvent pas toujours fe pratiquer, foit � caufe de l'in�galit� des terrains, toit parce que ces foffes corrompent l'eau des puits. D'ailleurs, quand il feroit poflible de pra- tiquer de ces fortes de foffes, on ne feroit pas difpenf� pour cela , de faire ufage des lieux � foupape dont nous parlons , fur-tout, lorfqu'on doit les tenir pt�s des Appartements : car les m�- tieres�ui s'attachent aux parois int�rieures de la defcehte H, conftruite ordinairement en pierre ou en poterie , porteroit une odeur infuportable dans les Garderobes, malgr� les ventoufes que Ton doit pratiquera tous les ii�ges d'aifance. Cette bonde C D Ν , Figure I & Figure III,
eft compof�e d'une maffe de plomb, afin que, par fon propre poids, elle fe ferme le plus exactement poffible dans fa feuillure. Cette maffe eil foud�e � une tige ou tringle de bronze ou de fer, qui perce le rev�tiffemenr borifontal de la banquette Β, afin qu'�tant ai�is fur la lunette A , d'une main on leve la bonde C, & de l'autre, on tourne la poign�e E, & que, dans le m�me mitant, la mati�re foit pr�cipit�e dans le tuyau de defcente H, avant qu'on foit forti de deffus la lunette : �n- fuite, fi on le juge � propos, on fait ufage de la poign�e F , pour faire venir Veau au centre de la lunette A, par le flageolet L, d'o� s'�l�ve un fi- let d'eau, pourfe laver, ainfi que l'exprime la Ffr* gure III, & qu'elle eft trac�e dans le Plan de la figure IL On a donn� long-temps � ces Garderobes, le
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» *A �t C Η ί Τ E C Τ V R E» 2J�
Hom de Lieux � l'Angloife, quelques Aftiites ayant
pr�tendu qu'on en devoit la d�couverte � cette Nation; mais comme plufieurs perfonnes de con�- d�ration qui habitent Londres » nous ont aflur� les avoir m�connus avant leur ufage en France t nous leur donnons ici le nom de Lieux � foupape, � cauie que la bonde ou maffe Ν, nomm�e ainfi par les Artifans, emp�che par ion moyen, f o» deur des foffes d'aifance de tranfpirer dans Tint�- rieur des pi�ces , au point qu'on n'h�fite plus de ies placer tr�s-pr�s des Appartements d'une conti- nuelle habitation, ce qui eil d'une beaucoup plus grande commodit� que les chaifes perc�es dont on fe iervoit auparavant, & que la n�gligence des Domeftiques rendoit impraticables ; de maniere qu'on ne fait ufage de ces derni�res aujourd'hui que par �conomie, ou lorfqu'on ne peut pratiquer au- tant de foffes dans les fouterrains , qu'on auroit beioin de les multiplier dans la dii�ribution d'un Plan. Nous convenons que la conftru�ion des aifances dont nous parlons, occaiionne une cer- taine d�penfe ; mais l'avantage qui en r�fulte ne doit jamais emp�cher leur ufage dans un B�ti- ment un peu confid�rable > ni m�me dans une Maifon ordinaire«, Chez les particuliers , pour ne pas trop multiplier les frais, on t�che de faire r�- pondre ces diff�rentes Garderobes dans une m�me forTe i d'ailleurs, au lieu de faire ces foupapes en marbre, en bronze & en marquererie, on peut faire le bloc en pierre, les poign�es en fonte tr�s- lirhple & fans ornements, & les banquettes en menuiferie > au lieu d'�b�nifterie» Les communications qu'on eil oblig� de prati-
quer, entre les Lieux � foupapes, & les Apparte* ments de Ma�tres, pour faciliter Tufage de ces Rij
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&6� COU RS
petites pi�ces, font fouvent, qu'on eft oblig� d'u-
ier de formes irr�gulieres, dans leur Plan ; mais on doit alors profiter de ces m�mes irr�gularit�s, pour former des armoires capables de contenir diff�rents ufteiifiles n�ceffaires � la propret�. En g�n�ral, les portes de ces Garderobes doivent �tre � un feul ventail , les corniches �tre peu �lev�es, les moulures des lambris & les couron- nements peu faillants ; fouvent m�me, la Peinture doit y �tre pr�f�r�e aux corps de relief, &c. Revenons � pr�fent aux pi�ces des grands Ap- partements. Celle marqu�e Ρ 6, eil encore un Cabinet de
vingt-un pieds de hauteur , de largeur & de pro- fondeur : il doit �tre d�cor� avec quelque ma- gnificence ; non-feulement, parce qu'il fait partie de la principale enfilade A Β ; mais parce qu'il ��l interm�diairement plac� entre une Chambre de parade & une grande Galerie. Cette pi�ce Ρ 6 peut fervir ici au Propri�taire, pour y donner des audiences fecr�tes � des perfonnes de confid�ra- tion qui y feroient annonc�es de pr�f�rence , par le Veftibule Ρ 9, & par la grande Gallerie. C'eft dans ce Cabinet, que doit �tre n�ceffaire- ment plac� un bureau, pour y dreffer des rranf- a&ions, y figner les exp�ditions, les d�p�ches, &c. Alors l'arri�re Cabinet Ρ j, ferviroit � tenir le premier Secr�taire , qui, des dehors, entreroit par une des arcades qui lui fert de croif�e. Au reite , comme le Plan dont nous parlons*, eil fuppof� �lev� � la campagne , & qu'ordinaire- ment on vient s'y d�laffer des occupations de la Ville; l'arri�re Cabinet Ρ 5 pouroit fuffire, pour contenir le bureau & les papiers du Ma�tre. Par ce moyen, celui Ρ 6 > refteroit libre en faveur |
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d'Architecture. 261
de la principale enfilade : mais, � tout �v�ne-
ment, il feroit bon de m�diter le genre de la d�coration de cette pi�ce, afin que, dans le be- foin, les attributs & les all�gories qui y feroient r�pandus, puifent correfpondre , & � la magni- ficence �es Appartements voifins, & � Furage particulier auquel cette pi�ce pouroit �tre deitin�e. Ce Cabinet eil �clair� par deux croif�es don-
nant fur le Jardin; Tun des murs de refend de cette pi�ce fe trouve plac� � droite dans la partie anguleufe Κ : ce mur de refend eil dou- ble , tant � caufe de la fym�trie des �coin�ons, que parce que cette partie anguleufe devoit �tre renforc�e , pour fatisfaire � la folidit� de cet angle rentrant. Au reite, ces deux murs ici font r�unis enfemble � la hauteur d'environ dix pieds , par une vo�te qui forme liaifon dans fa partie fup�rieure. C'eil fur Γύη de ces murs que fe trouve plac�e la chemin�e ; autrement, il auroit fallu �'adoiTer � celui qui f�pare la chambre de parade de ce Cabinet : alors, fans la raifon de folidit� dont nous parlons, on auroit pu i� contenter d'une feule cloifon en brique, en charpente, ou en menuiferie, telle qu'on en remarque dans les Salles d'affembl�e M 6 & M 10. D\in autre c�t� » il faut fe fouvenir que nous avons recommand� de placer, autant qu'il eit poi�ib�e, les chemin�es en face des principales entr�es; d'ailleurs, il �toit important de fortifier, par un double mur, cette partie du B�timent, comme nous l'avons obferv� dans le c�t� oppof� de cet Edifice, ainfi qu'aux, angles rentrants Κ du c�t� de l'entr�e : de plus» ces doubles murs n'occaiionnent pas une d�penfe Ru)
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coniid�rabie pour un Edifice auffi important. Au-
tre chofe feroit, s'il s'agiffoit d'un B�timent �co- nomique, o� il faudroit m�me t�cher d'adoffer les chemin�es les unes contre les autres, pour les r�unir � leur extr�mit� fup�rieure, dans une m�me fouche , & �viter la r�it�ration du perce- ment des combles ; ainii que nous l'expliquerons en parlant des couvertures & des diff�rents ob- jets d'�conomie dont il convient d'ufer, lors de la conftruclion. Des Galleries.
Les Galleries �tant toujours un objet tr�s-im-
portant dans un Edifice ; non-feulement , nous allons donner la defcription de celle comprife dans notre Plan; mais encore rapporter les di- menfions de la plupart de celles de nos Maifons Royales & de nos grands H�tels, afin de donner � nos Elev�s une id�e diilincle de l'ufage, de la proportion & de la d�coration de ces fortes de pi�ces. La Gallerie Ρ η (d) a vingt - quatre pieds de
largeur fur cent vingt-fept de longueur, & vingt- quatre de hauteur ; en forte que j fa largeur eft � peu-pr�s � fa longueur, comme un eft ';'; V ' "" i .■"....
(d) Gallerie, en Latin Porticus, s'entend d'un lieu cou-
vert , mais perc� d'arcades, pour communiquer ext�rieure- ment autour d'un Edifice -confid�rable. C'eft ce que nous ap- pelons chez nous Portique. Les Galleries comme nous l'en- �endons, font des pi�ces int�rieures d�cor�es avec magnifi- cence, orn�es d'Archite�ture , de Sculpture & de Peinture, & o� quelquefois on fait entrer les bronzes , les dorures 8c les glaces, f�lon l'ufage particulier de ces fortes de pi�ces, & l'importance des Edifices o� elles font �lev�es. |
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d'Architecture. 263
� cinq, non compris les tours creufes pratiqu�es
dans fes extr�mit�s. Ces tours creufes forment vouffure, & par - l� femblent raccourcir � Tceuil la longueur de cette Gallerie. Cependant on »e doit faire ufage de ces moyens qu'avec beau- coup de prudence; car, ainfi que nous l'avons remarqu� plus d'une fois, il ne faut jamais abufer des tours rondes, des tours creufes & des pans coup�s, dans les d�corations graves, & qu'on veut tenir r�guli�res. Ce qui nous a d�termin� ici � faire ufage de ces arrondiiTements, ce η eil pas la crainte que cette pi�ce ne par�t avoir trop de longueur, puifque, comme nous le verrons dans la fuite, les grandes Galleries peuvent avoir juf- qu'� fept fois leur largeur ; c'eft la difficult� d'�- clairer fuffifamment les deux extr�mit�s de cette pi�ce, par raport � la d�fpoiition des croif�es ex- t�rieures : celles ci, fans cela, auroient occafionn� des �coin�ons trop confid�rables, & une certaine obfcurit� que ces tours creufes en voui�ure , fem- blent faire difparoitre. Nous obferverons n�anmoins deux chofes : lorfqu'on eft oblig� de faire ufage de ces tours creufes, premi�rement on doit faire en forte que ces arrondiiTements foient proportionn�s � la grandeur de la pi�ce, pour que les angles de la corni- che puiiTent fe remarquer a�ez, & concourir � la beaut� de toutl'enfemble :fecondement il faut obfer- ver, autant qu'il eil poflible, que ces formes circu- laires foient r�p�t�es dans leurs c�t�s oppof�s, afin de fatisfaire � la fym�trie , fur-tout lorfque l'entr�e principale de ces fortes de pi�ces fe trouve plac�e fur la longueur, comme dans notre Plan. Il eft vrai que ces portes, ainfi difpof�es, ne produisent jamais un auf�i bon effet, que lorfquon entre par l?une des extr�mit�s, comme � Verfailles, � Meu* Riv
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264 Cours
don, � Saint-C�oud , � Paris , dans celles du Pa-
lais Royal, de l'H�tel de Touloufe, de Villars, &c. On remarque, dans cette derni�re 9 des arron-
diijements plac�s dans les deux angles du fond, beaucoup trop petits, comparaifon faite avec la grandeur de la pi�ce. Au refte , cette pi�ce eft moins une Gallerie, qu'un tr�s-grand Cabinet , lorfqu'on vient � comparer fa longueur avec fa largeur. Chaque genre de pi�ces doit avoir un rapport relatif � ion ufage, & le m�rite princi- pal eft d'obferver les dimeniions qui y convien- nent ; rapport trop n�glig� dans la pi�ce que nous citons ; les ornements d'ailleurs en font trop fri- voles, quoique d'une aflez bonne ex�cution. La Gallerie de l'H�tel de Touloufe, au contraire,
a de longueur pr�s de ftx fois fa largeur ; fes orne- ments font d'un excellent genre, & peuvent fer- vir d'exemples � beaucoup d'�gards, pour la d�- coration de ces forces de pi�ces ; aui�i en donne- rons-nous les dei�ins , dans le Volume fuivant. Nous dirons feulement ici, que les trumeaux pla- c�s entre les croif�es de cette Gallerie , paro�- tront trop larges , ce qui apporte un peu d'obfcu- rit� dans cette pi�ce ; mais , d'un autre c�t�, cette largeur , occup�e par d'excellents tableaux, pro- duit un admirable effet, &l'on peut remarquer, que le peu de lumi�re dont nous parlons, eft rachet� avec beaucoup d'art, par les glaces pla- c�es en face des croif�es ; fltuation, feule conve- nable pour ces corps tranfparents : peut-�tre m�- me le manteau de l� chemin�e , fttu�e en face de Tentr�e, auroit-il mieux �t� occup� par un bas-relief que par une glace ; ce bas-relief auroit �t� aflbrti au compartiment de la vo�te , qui, d'accord avec celui des lambris 3 les peintures & |
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d'Architecture. l�y
la dorure, forme un tout int�reifant, digne des
talents de VaiT� le p�re, qui a �t� charg� de l'or- donnance & de l'ex�cution de ce chef-d'�uvre. La Gallerie du Palais Royal, n'a de longueur
qu'environ quatre fois fa largeur ; au reite elle eft d�cor�e avec une tr�s-grande magnificence. Peut- �tre les ornements y font-ils trop prodigu�s ; mais ils font d'un tr�s-beau choix. D'ailleurs, cette Gal- lerie eil bien annonc�e par le Sallon de tableaux qui la pr�c�de ; ce Sallon eil �clair� par en-haut. Nous faifiiTons cette occafion, pour obferver, qu'il conviendrait que toutes les pi�ces un peu fpa- cieufes, & de Fefpece de celle-ci, fuiTent ainii �clair�es ; autrement, on jouit imparfaitement des chefs-d'ceuvre qu'elles contiennent ; aui�i, dans le m�me Palais, en a-t-on pratiqu� un autre, o�. font rang�s avec beaucoup d'ordre , les Ouvrages des plus grands Peintres. Il nous femble que ces deux exemples d�vroient fuffire , pour d�- terminer nos Artiiles � faire un plus fr�quent ufage, dans nos Appartements , de ces pi�ces � double �tage. Cependant, � l'exception du Palais dont nous parlons , elles ne fe rencontrent dans aucun de nos H�tels , ni chez nos riches parti- culiers, quoique la plupart des Amateurs de la Peinture foient convaincus du bon effet que pro- duifent ces pi�ces �clair�es par en-haut, comme nous le propofons. En effet, on ne peut difcon- venxr que les Cabinets de nos Curieux, ni m�me les Appartements dans lefquels font expof�s les tableaux du Roi aux Luxembourg, ne foient mal �clair�s : n�anmoins les tr�fors qu'ils contiennent m�ritent bien la peine qu'on y r�flechiffe ; puif- que cette lumi�re mettroit en m�me temps, dans tout leur jour, les talents des grands Artiiles, |
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%66 Cours
qui fe font iignal�s dans les trois Ecoles, & qu'on
raffemble affez volontiers dans ces fortes de pi�ces. j Nous penfons encore que les Galleries qui fer-
vent � renfermer affez ordinairement ce que cha- que particulier a de plus pr�cieux en ce genre, feroient aufli tr�s-bien �clair�es de cette maniere. On devroit peut-�tre en ufer de m�me pour les Bi- blioth�ques & les Cabinets d'eftampes; d'ailleurs, la d�coration de ces derniers deviendroit plus fym�- trique, & ce jour feroit plus propre que tout autre, au rec�uillement n�ceffaire � l'�tude. Il eil vrai qu'on ne peut gu�re tirer parti de ce genre de pi�ces, que lorfqu'elles entrent dans la premiere compoli- tion du Plan, & qu'il eil difficile de les pratiquer ainfi, dans d'anciens �difices, fans faire de tr�s-grands fa- criflces, dans les pi�ces du premier �tage,�caufe de la conilruclion des lanternes ou calottes qu'il y faut pratiquer, pour attirer des dehors une lumi�re convenable dans les dedans; nous ajou- terons m�me que notre climat, plus fujet aux neiges que les pays m�ridionnaux , apporte fou- vent de grands obilacles pour ce genre de cou- verture ; mais, fans s'arr�ter � ces difficult�s , l'art pouvant les foumettre toutes, difons que, foit qu'on les �claire par en-haut, comme on a vu long-temps le grand efcalier des Ambaffadeurs � Verfailles , foit qu'on tire ces jours par des croif�es fup�rieures, comme au Palais Royal, ou par des croif�es attiqii^ , comme on Ta prati- qu� dans le f�cond Cabinet de tableaux du m�me Palais, la d�penfe ne devient jamais affez conii- d�rable, pour rebuter un Propri�taire affez opu- lent d'ailleurs, pour acqu�rir une collection de tableaux d'un grand prix. 1
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d'Architecture. 267
Nous obferverons n�anmoins, qu'en tirant ces jours par en-haut, il faut �viter d'orner les extr�mit�s iup�rieures de ces ouvertures, par des vouffures port�es trop pr�s des calottes du plafond, ces deux formes en tour creufe, produifant une mo- notonie d�fagr�able � l'�iiil. D'ailleurs , les orne- ments de Peinture ou de Sculpture qu'on intro- duit quelquefois dans ces vomTures , ne fe trou- vant �clair�s que de reflet, produifent rarement l'effet qu'on a droit d'en attendre. Nous dirons de plus que, lorfqu'on �claire ces
pi�ces par des lanternes verticales, il faut faire enforte que la largeur de ces derni�res foit au diam�tre total, comme trois eit � cinq ; & que leur hauteur ait les deux tiers de leur largeur, non compris la calotte de leur plafond. Les jours tir�s d'en-haut, par des glaces inclin�es, peuvent �tre tenus moins coniid�rables : il fuf��t que leur largeur foit � celle de la pi�ce, comme deux eil � trois, & que leur hauteur ait les deux cinqui�mes de leur largeur. Cette derni�re maniere a moins de dignit�, quoique le grand efcalier des AmbafTa- deurs � Verfailles, d�j� cit� , f�t �clair� ainii. On a fuivi � peu-pr�s les m�mes proportions dans la nouvelle Chapelle de Saint-M�ry; mais la dif- pofition de celle de Saint-Jean-en-Gr�ve dans le m�me genre , nous pla�t davantage* Au refte j il faut convenir, que cette maniere
de tirer les jours par des lanternons , ne peut r�uffir que dans les pi�ces d'un certain diam�tre ; parce que ces lanternons, ainfi continu�s dans des Galleries, deviendroient difformes, en com- parant leur largeur avec leur longueur : il faudroit alors les divifer en pluiieurs parties , δε cette diviiion paro�troit mefquine dans une pi�ce |
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d'�clat. Cette m�thode ne peut donc raifonna-
blement �tre admife que pour les dortoirs dans nos Maifons Religieufes^ ou pour les corridors dans nos Maifons de plaifance. En g�n�ral , il convient que les Galleries �
tez-de chauff�e, qui font partie des Appartements de foci�t� , & qui donnent fur des Jardins par�s , foient �clair�es comme toutes les autres pi�ces de l'Edifice. En effet, ces Galleries �tant ordi- nairement deftin�es pour le jeu, le bal & les concerts , il eil int�reffant que, de l'int�rieur de ces pi�ces, une nombreufe affembl�e puiffe jouir de l'afpecl des dehors : on jouit de cet avantage dans celle de Choify-le-Roi. Ces divers ufages auxquels on defiine les Galleries, font qu'on en diftingue de quatre efp�ces : celles qui, diitri- bu�es, comme nous le difons, � rezr-de-chauff�e , fervent d'aiile � la foci�t� : celles qui, dans les Maifons Royales , fervent de communication aux grands Appartements : celles deftin�es � fervir de Biblioth�ques, ou � contenir des tableaux ; & celles o� l'on raffemble des machines, des curio- �t�s d'Hiftoire naturelle, des m�dailles, &c. Par ces diff�rentes deftinations, il eil aif� de
concevoir la n�ceflit� de varier la forme, la dif- pofition & l'ordonnance de ces diff�rentes Gal- leries. Pair exemple, les premi�res doivent �tre �ufceptibles, dans leur d�coration, de tous les objets d'agr�ment, tels que la Sculpture, les ta- bleaux, les bronzes, les glaces, & tout ce qui peut infpirer la gaiet� & l'enjouement : les f�condes doivent �tre trait�es avec plus de majeft�; le choix de la mati�re , la proportion Ide l'Architedure, le d�tail des ornements, & la beaut� de leur ex�cu- tion , doivent avoir la pr�f�rence fur P�l�gance |
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d'Architecture. 269
des formes, & la multiplicit� des contours. La
iimplicit� doit r�gner dans l'ordonnance des troi- iiemes ; & l'arrangement des Livres , fuivant l'or- dre des mati�res , doit former leur beaut� princi- pale. Le m�rite des quatri�mes enfin, doit confifcer dans la diitrihution des corps d'armoire qui doi- vent contenir les diff�rents, genres de curiofit�s qu'on y raffemble ; elles doivent avoir peu d'or- nements , � deflein que l'attention des fpecla- teurs fe puiffe porter toute enti�re & fans diffrac- tion , fur les beaut�s de la nature. Rarement pratique-t-on des chemin�es dans les
grandes Galleries ; celles de Verfailles, de Meu- don, de Saint-Cloud, du Vieux-Louvre n'en ont point. On en a plac� une � la Gallerie du Palais Royal, � celle du Luxembourg, � l'H�tel de Vil- lars, & � celui de Touloufe; mais ces chemin�es ont �t� introduites dans les grandes pi�ces que nous citons , plut�t pour la magnificence , que pour l'utilit� ; puifqu'autrement il faudroit en pla- cer � chaque extr�mit�, ou bien les ranger fur la longueur , ainii qu'on le remarque dans l'une des Salles du grand Appartement du Luxembourg. Or, f�lon nous, ces chemin�es plac�es ainii, font un effet d�fagr�able ; & nous croyons qu'il vaudroit mieux les fupprimer tout-�-fait, lorfqu'une n'y peut fuifire. Dans notre Plan, il s'en remarque une feule
en face des croif�es, � deffein de conferver l'en- filade G H, que d'ailleurs, nous ne pouvions in- terrompre, en faveur de la principale entr�e de notre Gallerie, par le Veftibule Ρ 9. D'un autre c�t� , la Chapelle Ρ 8 fe trouvant plac�e � l'une de (es extr�mit�s ; il �toit eflenciel d'en procurer le coup d'�uil, de l'inf�rieur de la Gallerie, lorfque |
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3?o Co�fts
les Ma�tres s'y rendroient pour entendre la Mef�e*
Nous ne diffimulerons pas n�anmoins , que la ίϊ* tuation de cette Chapelle devient un obftacle � l'enfilade G H, n'�tant gu�re convenable, � fex* ception des heures confacr�es au fervice divin » que ce lieu de rec�uiilement faffe partie d'un grand Appartement, & que fur-tout il fe trouve plac� � l'extr�mit� d'une Gallerie deilin�e, chez un grand Seigneur , � recevoir , les jours de galas , nombreufe compagnie. Cette Chapelle ne peut donc fe tol�rer ainfi, que parce que la Gallerie Ρ 7 fait ici partie de l'Appartement de parade, & non de celui de foci�t� : autrement, il auroit fallu tranfporter cette Chapelle par-tout ailleurs , par exemple , dans le Cabinet ou petit Sailon marqu� M 6. Elle auroit eu alors pour principale entr�e > la Biblioth�que ou le grand Cabinet M $ ; lieu plus convenable que tout autre pour pr�c�der une Chapelle particuliere, ainii que nous aurons occafion de le dire dans la fuite. Sans cette tranf- pofition, il eft aif� de remarquer que l'enfilade G H n'eft d'aucune utilit� pour cette Gallerie, puifque , dans l'�tat a&uel de notre Plan , d'une part, la porte qui donne entr�e dans la Chapelle f doit, par d�cence, �tre prefque toujours ferm�e 9 & que, de l'autre, celle du Veftibule Ρ 9, qui donne entr�e � cette Gallerie, ne doit s'ouvrir> que pour introduire ou reconduire les perfonnes � qui, de pr�f�rence & par diftin&ion, le Pro- pri�taire d�iireroit donner le matin des audiences �ecr�tes , ou l'apr�s midi, fans troubler la foci�t� qui fe tiendroit affembl�e dans les diff�rentes pi�ces qui fervent � former l'enfilade A B. Notre Gallerie eil �clair�e par fept portes
croif�es : vis-�-vis de celle du muUeu, eft la che* |
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d'Architecture. %η\
min�e, � la place de laquelle on potiroit fubi�-
tuer un trumeau de glace, ii l'on craignoit qu'une feule f�t infuffifante pour �chauffer cette pi�ce : en face de chacune des autres croif�es, font pla- c�es des arcades feintes, renfermant aufli des gla- ces; foit que ces arcades contiennent des portes � placard, des ouvertures, ou feulement des ni- ches en renfoncement : nous difons des ouvertu- res , parce que nous avons r�ferv� deux croif�es vers Κ ; or , non-feulement nous croyons que celles-ci procureroient un jour louche ; mais que ces deux perc�s font inutiles, parce qu'ils pou- roient nuire � l'accord g�n�ral, & emp�cher d'e- xaminer avec attention, les ornements dont cette Gallerie pouroit �tre orn�e. D'ailleurs, ces deux ouvertures font, pour ainii-dire, ind�pendantes des dehors, & les glaces qu'on y fubititueroit int�rieurement, ainfi que toutes celles rang�es de ce c�t�, contribueroient � r�p�ter, du dedans de cette Gallerie , le fpe&acle des Jardins > derni�re connd�ration qui nous a fait pr�f�rer d'�clairer cette Gallerie � rez-de-chauff�e, par des portes croif�es, & non en lanternes , comme nous venons de le propofer pour les Biblioth�- ques ou les Cabinets de tableaux plac�s au pre- mier �tage. Pour bien �clairer la partie fup�- rieure de la Gallerie de notre Plan, δε toutes celles de fon efpece 3 il convient de terminer les portes croif�es qui l'�clairent, en vouffure ; cette maniere procure plus de lumi�re au plafond \ mais il eft int�ref�ant de prendre garde de ne pas faire les corniches en gorge, principalement, lorfqu'au deifus, on pratique une calotte, parce que ces triples courbes plac�es lune fur l'autre, produifent un mauvais effet, qui doit au moins faire. |
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Vf i Cours
pr�f�rer un entablement r�gulier, parce que la
�rife verticale de celui-ci apporte un repos, qui, plac� entre la vouffure de la croif�e, & la cour- bure de la calotte du plafond, emp�che la mono- tonie que pr�fenteroient n�ceiTairement ces trois efpeces de tours creufes; r�p�tition toujours d�f- agr�able dans l'ordonnance de la d�coration des dedans. Il e�t vrai que les vouffures' dont nous parlons , ne font pas continues dans toute la lon- gueur de la pi�ce ; mais il ne faut pas moins prendre garde, que les trumeaux n'ayant gu�re dans les dedans, que la moiti� de la largeur des croif�es, ces vouffures r�it�r�es occaiionnent, com- me nous venons de le remarquer , une r�p�tition que l'homme d'exp�rience fait �viter; laiffant � la mode ou � la routine, tout ce qui ne pr�fente qu'imparfaitement les vraies beaut�s de l'art & l'arrangement de (es parties. Lorfque dans les Galleries dont nous parlons,
ou dans les autres pi�ces d'un Edifice, on intro- duit des glaces, foit, parce que ces pi�ces font fr�quent�es bien avant dans la nuit, � raifon de leur ufage ; foit que, dans le jour, ces corps tranfparents contribuent � r�pandre une lumi�re plus abondante, on doit prendre garde que ces glaces femblent agrandir l'efpace de ces pi�ces; que , pour cela, il convient de donner aux mem- bres d'Archite&ure, & aux ornements de la d�- coration , un cara&�re de l�g�ret�, qui fatisfaffe � la fois, & � la grandeur r�elle de la pi�ce, & � l'augmentation apparente que femble lui pro- curer l'effet des glaces. Il eft aif� de concevoir» par exemple, que fi l'on en introduit dans les trumeaux, tel qu'il s'en voit � l'H�tel de Villars; alors ces glaces avec le vide des croif�es, donnent � la
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d'Architecture. 27$
�-la Gallerie, l'air d'�tre perc�e φ jour : raiion
qui, fans doute, a port� l'Archite&e � ufer de trop de l�g�ret� dans les ornements : ainfi la Gal- lerie de l'H�tel de Touloufe nous pla�t heaucoLip plus, parce que , dans les trumeaux , on a plac� des tableaux, & qu'on n'a mis des glaces qu'en face des croii�es. Nous remarquerons encore qu'il eil eiTenciel,
dans ces fortes de pi�ces , lorsqu'on fait ufage des glaces , de ne pas en diflribuer dans tout le pour- tour , principalement, lorfque la hauteur du plan- cher n'eu que moyenne ; parce que n�ceiTaire- ment cette multiplicit� de corps tranfparents, femhle agrandir le diam�tre de la pi�ce, ce qui fait paro�tre le plafond trop bas. D'ailleurs, nous croyons qu'il convient de les fupprimer tout-�-fait, lorfque les trumeaux int�rieurs ont moins que la moiti� de la largeur des croif�es : car ces glaces qui pr�- fentent des vides, femblent devoir �tre affuj�ties en quelque forte , � la proportion r�guli�re des ouvertures r�elles : rapport auquel on ne prend pas aiTez garde, quand on leur donne de hauteur jnfqu'� trois fois , ou trois fois & demie leur lar- geur. Souvent on tombe encore dans le d�faut d'approcher les bordures de ces glaces, i� pr�s des chambranles , des portes ou des croif�es j, que ces corps folides paroiffent � peine avoir fix ou fept pouces de largeur, comme on le remarque au grand Cabinet de l'H�tel de Belle-Ifle : ce qui, non-feulement pr�fente un d�faut de folidit� ; mais ne laiiTe aucun efpace convenable , pour pou- voir placer fur ces pieds-droits , des girandoles, des porti�res , des rideaux, &c. Dans les tours creufes, plac�es aux extr�mit�s
de notre Gallerie , on pouroit pratiquer des ni« Tome IV, $ |
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ZJ4 Cours
ches, pour recevoir des ftatues, telles qu'il sien
voit dans celle de l'H�tel de Touloufe � Paris ; n�anmoins, malgr� cet exemple affez c�l�bre, ce genre de d�coration nous paro�t peu propre � figurer avec les ornements, les glaces & la pein- ture , dont ces fortes de Galleries font ordinai- rement orn�es, ces niches ne pouvant gu�res convenir, que lorfque ces Galleries font toutes d�cor�es d'Architecture, de Sculpture & de ta- bleaux ; comme celles de Meudon, de Clagny, & celle d'Apollon au Vieux-Louvre ; ou bien dans les Galleries de magnificence, telles qu'� Ver- failles , o� les mati�res pr�cieufes, la Sculpture, la Peinture, les bronzes , les glaces , font ma- ri�s avec beaucoup d'art, & o� n�anmoins on re- marque des ftatues, fans �tre enferm�es dans des niches, ces derni�res ne nous paroiffant gu�res convenables, que dans l'int�rieur des Temples, ainii que nous l'avons d�j� expliqu� dans les Volumes pr�c�dents. N�anmoins , lorfqu'on croit pouvoir faire ufage des niches, dans les pi�ces idont nous parlons ; il faut confulter fi les murs qui les re�oivent ont affez d'�paiffeur pour pou- voir donner � ces niches une profondeur, qui les rende capables de recevoir les ftatues & les attributs , fans que celles-ci foient oblig�es d'ex- c�der le devant de leur demi-diam�tre; puifqu'au- trement, on eft oblig� de faire placer les ftatues en porte-�-faux fur des culs de lampes; ainfi qu'on l'a pratiqu� contre toute id�e de vraiffem- blance , dans la Gallerie de l'H�tel de Touloufe , & dans celle de Meudon. N'en doutons point, on doit pr�f�rer � ces niches imparfaites , de grandes torchieres , des cand�labres, quelques beaux m�dailliers ou des meubles, dans le go�t de |
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D'A RCHITECTURE. ZJ^
ceux que Boulle, le plus c�l�bre Sculpteur, & le
plus habile Eb�nifte que la France ait produit de fon temps, a fait ex�cuter, dans nos Maifons Royales ; ou ii, enfin, les ilatues parohTent n�- ceffaires ici, en faveur de la grandeur du vahTeau, il faut qu'elles foient ifol�es & port�es fur des pi�deitaux qui prennent naiffance fur le parquet. PaiTons � pr�fent � la Chapelle plac�e au bout de notre Gallerie. Ό es Chapelles, faifant partie des Apparuments
des Edifices de quelque importance,' Les Chapelles dont nous nous propofons de
parler ici, font d� petites Eglifes � rez-de-chauiT�e, avec Tribune pour la Mui�que, comme celle de Verfailles & celle de Fontainebleau ; ou bien, dans un Palais, c'eft une pi�ce attenant les grands appartements, & dans laquelle eit un Autel pour dire la MeiTe & l'entendre, fans fortir du prin- cipal corps-de-logis, telles que font � Paris, celles des Palais des Tuileries & du Luxembourg. Lorf- que ces Chapelles font d�tach�es des B�timents, on les d�figne en dehors, par quelques fymboles puif�s dans le Chriftianifme; autrement, il faut s'en abitenir; ces fymboles fe trouvant le plus fouvent confondus avec les all�gories profanes de l'Edifice, & plus fouvent encore, avec les at- tributs du Paganiime ; ainfi qu'on le remarque au Palais du Luxembourg du c�t� des Jardins. Quelquefois ces Chapelles font pratiqu�es tout
pr�s des principales pi�ces, comme au Ch�teau de Vincennes, � celui de Belle-Vue & ailleurs : ce qui difpen�e de traverfer tous les grands Ap- partements , comme � Verfalles, � Fontainebleau 9 Sij
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276 Cours
� Meudon; ou bien de defcendre & de monter des
Appartements dans la Chapelle , pour entendre la Meffe ; comme aux Tuileries & au Luxem- bourg; fituation peu commode, l'hiver, � caufe de l'air froid qu'on �prouve, pendant la longueur du trajet. Au refte, il faut convenir que ii, d'un c�t� , ce trajet n'eft pas fans difficult� , de l'autre, il eft contre la bienf�ance de placer ces Cha- pelles trop pr�s des pi�ces de foci�t� ; puifque, raifonnablement, elles doivent �tre �loign�es de toute action mondaine, Mais c'eft, fur-tout, man- quer � cette m�me bienf�ance, que de les placer, comme on ne le fait que trop commun�ment, atte- nant les Anti-chambres o� fe tient la livr�e, ou dans des retranchements pratiqu�s dans les Salles � manger. La d�coration des Chapelles dont nous par-
lons , n'exige pas moins de retenue dans fon or- donnance , que de pr�cautions pour ce qui re- garde leur fituation & leur difpofition : leur gran- deur & leurs d�pendances doivent auffi �tre pro- portionn�es � l'�tendue de l'Edifice, au nombre des Ma�tres, & � celui des Domeftiques ; enforte que, f�lon le befoin, on pratique des tribunes, par diftinction pour les premiers , & des places particuli�res pour les derniers : ce qui d�termine ibuvent � faire monter de fond ces Chapelles, comme celles de Choiii, de Meudon, &c. & aini� que nous l'avons pratiqu� dans celle marqu�e Ρ 8 de notre Plan, dont la forme circulaire eft de vingt- quatre pieds de diam�tre, & s'�l�ve dans toute la hauteur de TEdifice ; de maniere que, pour arriver aux Tribunes �lev�es au plain-pied des terraffes du premier �tage , on peut, de l'in- t�rieur de la Gallerie Ρ 7 , y monter par le |
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d'Architecture. 277
petit Efc�iier �, pris dans le mailif des murs.
Cette Chapelle eil �clair�e par trois grandes
arcades � rez-de chauff�e, & par fept autres pla- c�es au-deffus (e), & dont les embrafures fer- vent de tribunes , qui fe communiquent par un trotoir form� fur la faillie de la corniche ; aini� qu'on le remarque dans le Plan du premier �tage de ce projet, Planche XLI. Au rez-de-chauiT�e, & en face de l'enfilade de
la grande Gallerie, eil plac� un autel & im re- table , qui eil d�tach� du nu du mur, de trois pieds & demi ; ce retable eil adapt� contre un lambris de neuf pieds de hauteur, derriere lequel eil pratiqu�e une petite Sacriilie g, un pafTage ext�rieur hr & un Oratoire i pour l'Aum�nier ; qui, des dehors, peut entrer dans cette Cha- pelle, fans paffer par les Appartements : ce lam- bris eil continu� circulairement par une balus- trade d'appui, �lev�e fur trois marches ; elle forme , � rez-de-chauff�e, des tribunes baiTes, qui, par la profondeur des embrafures l, procurent un efpace fuffifant, pour contenir des li�ges, des banquettes, &c. \ ■ \ Cette Chapelle eil termin�e en calotte orn�e
d'arcs doubleaux qui r�pondent � chaque trumeau plac� entre les huit arcades du premier �tage. Elle eil fuppof�e conilruite en pierre de Liais , & fon ordonnance compof�e de grandes parties. Les ornements doivent y �tre diilnbu�s avec choix & fans coniufion ; la proportion & la rim- plicit� doivent y pr�fider plus que dans tout an- |
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Ce) La huiti�me eft feinte � caufe de la communication du
petit efcalier. Siij
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ijS Cours
tre genre de d�coration ; car il ne convient point
ici d'employer des ornements frivoles , ou des formes haiard�es ; ils font trop contraires � la majeit� du lieu : celles de Meudon, de Clagny & de Seaux font des mod�les � imiter, & toutes les trois pr�f�rables � toutes celles que nous ne citons pas, mais o� l'on remarque que l'Archi- \ec~ture, la Peinture & la dorure n'offrent que de la profufion , δε de trop petites parties : exem- ples dangereux qui nous portent � r�p�ter, que le premier m�rite de l'Archite&e coniiite � mon- ter le ftyle de fon ordonnance, � raifon de la deftination des lieux $ & des mati�res qu'il doit employer; autrement, toutes fes productions fe reffemblent, quoiqu'�lev�es pour des fins diff�- rentes. Nous avons d�j� d�faprouv� dans notre Plan,
la pontion de cette Chapelle, plac�e � l'extr�mit� d'une Gallerie de communication aux Apparte- ments ; cette pofition n'�tant gu�res favorable que dans le cas d'un Palais Epifcopal, ou de tout autre Edifice de ce genre : parce qu'alors la porte qui eft vis-�-vis l'autel , �tant ouverte, procu- reroit la facilit� au Pr�lat d'entendre la Meile, de l'int�rieur de la Gallerie : mais ici, cette Cha- pelle prive n�ceffairement cette Gallerie du fpec- tacle des Jardins ; coup d'�uil trop int�reflant pour �tre n�glig� , dans un Edifice de l'efpece de celui dont nous parlons : auffi , avons-nous d�j� avanc� , qu'elle feroit mieux fitu�e dans le Cabinet ou petit Sallon Ν 6, l'enfilade Ε F , �tant intercept�e par le mur de refend qui divife les pi�ces Ο 2 & Ο 3 , � caufe de la Chambre � coucher qui fait partie de l'Appartement priv�; ainii que nous le dirons bient�t. |
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d'Architecture. 279
La pi�ce Ρ 9, eil un Veitibule de forme cir-
culaire de vingt-quatre pieds de diam�tre, qui donne entr�e � la Gailerie; & celle-ci � l'Appar- tement de parade Ρ, fans �tre oblig� de paffer par celui de foci�t� M; de maniere, qu'en tranf- pofant la Chapelle dans la pi�ce Ν 6, la Gailerie pouroit avoir, � l'une de (es extr�mit�s, un Sallon , dont la forme figureroit avec le Veitibule. On pouroit m�me orner ce dernier, � raifon de la magnificence r�pandue dans l'ordonnance de la Gailerie, & du Sallon qui prendroit la place de la Chapelle. Ce Sallon & le Veitibule n'auroient � la v�rit�, que vingt-un pieds de hauteur ; celle des planchers �tant ai�uj�tie aux pi�ces de dei�us; mais cela n'emp�cheroit pas que la Gailerie en e�t vingt-quatre : ces trois jMeds d'augmentation pouvant �tre pris dans la hauteur des combles qui couvrent les ailes iimples de ce projet. La chambre de parade Ni, dont nous avons
parl�, en d�crivant celle Ρ I , a fa principale en- tr�e par les pi�ces M 7 , M 6, M 4, M 3 & M 1, qui compofent l'Appartement du Ma�rre, & celui de foci�t�. Cette pi�ce Ν ι , a pour d�pendances celles Ν 4,Ν 5 &N 6. Nous avons nomm� celle mar- qu�e Ν 4, arri�re Cabinet ; la Chambre Ν ι, �tant pr�c�d�e d'un Cabinet proprement dit : enforte que la pi�ce Ν 4, peut fervir � contenir un bu- reau , & � donner entr�e � la pi�ce N'y, qui fer- viroit de Biblioth�que d'une fuf�ifante grandeur, pour une Maifon de plaifance : elle auroit d'ail- leurs , pour fuppl�ment, le petit Sallon ou Ca- binet Ν 6, capable de contenir des curioiit�s, des tableaux, des eftampes,* &c. Pour le fervice du Ma�tre , nous avons pratiqu� une Garderobe particuliere Ν 7; afin que, livr� � l'�tude, il ne |
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2.8ο Cours
foit pas oblig� de traverfer fon Appartement,
pour venir chercher celle M 2.; pr�caution n�- ceffaire � ohferver dans la diitribution d'un Plan ; l'Appartement Ρ �tant, comme nous l'avons d�j� dit, un Appartement de parade, & celui Ο , que nous allons d�crire, un Appartement priv�, deftin� pour la Ma�treffe du logis. Les pi�ces Oi,0.2, Oj, 4, 5&6, com-
pofent l'Appartement d'habitation derlin� pour la Ma�treffe de la Maifon ; aui�i n'eft-il pas compris dans l'enfilade A Β, ni dans le d�nombrement des pi�ces indiqu�es dans notre Plan M ? Ν , P. Cet Appartement priv� , plac� pr�s de celui Ν , ha- bit� par le Propri�taire, a fon entr�e particu- liere parTAnti-chambre O 1; entr�e qui ne doit avoir rien de commun avec celles par o� les Etran- gers arrivent; mais feulement pour les perfonnes en familiarit� avec la Ma�treffe qui rende dans cet Appartement. Celui-ci eft compof� d'une Anti- chambre , dont les angles font � pans coup�s ; elle a vingt quatre pieds de diam�tre, & efl �clair�e par trois portes croif�es; elle peut �tre �chauff�e par un po�le introduit dans la chemin�e plac�e dans l'un de fes angles. La d�coration de cette Antichambre doit �tre de menuiferie compartie 3. grands panneaux, fans Sculpture , dorure , 111 glaces, non-feulement � caufe du f�jour conti- nuel des Domeftiques ; mais encore,, parce, que cette pi�ce eft la premiere, qui donne entr�e � l'Appartement d'habitation, lequel, comme priv� , peut �tre d�cor� avec moins de magnificence ; & comme tel, il effconvenable qu'il n'ait au- cune communication-avec l'enfilade E F. Cette communication fe trouve ici intercept�e par �e mur de refend qui f�pare la pi�ce O 3 de celle |
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d'Architecture. 281
O 2 ; ainfi que nous l'avons d�j� remarqu�.
Dans Tun des mai�ifs des pans coup�s de cette
pi�ce , eil plac� un petit efcalier � vis �vid�e, ainfi qu'il s'en trouve pratiqu�s dans les autres Pavillons plac�s dans les angles de cet Edifice : ces efcaliers fervent � monter au premier �tage �lev� fur ces Pavillons. A la droite de cette An- tichambre , eil un bouge marqu� Ο y, nomm� ainfi, parce que cette petite pi�ce eil peu �clai- r�e , & qu'elle ne fert ordinairement qu'� conte- nir du bois pour les Appartements, & pour ferrer les uileniiles utiles aux Domeiliques : enforte que 9 par ce moyen, ces bouges ou d�pots d�barrafTent les Antichambres , & les tiennent dans un certain �tat de propret�. . :._ De cette Antichambre, on parle dans une Salle
de compagnie ou Cabinet de jour Ο 2, �clair� par trois croii�es qui donnent du c�t� de l'entr�e : celles du c�t� du Jardin ne font que feintes ; l'axe de ces derni�res ne fe rencontre pas avec les autres, � l'exception de celles qui pouroient s'alligner avec l'enfilade V X : mais nous n'en avons point fait ufage ici, parce que cet alligne- ment ne fe trouvant pas plac� dans le centre de la pi�ce, nous croyons qu'il vaut «lieux inter- cepter cette enfilade , que d'en faire ufage dans l'un de fes angles ; fur-tout lorfque la pi�ce fe trouve fufHfamment �clair�e ; ces jours plac�s ainfi, produisent uil louche qui r�uffit toujours mal, comme nous l'avons remarqu� ailleurs. Nous avons plac� la chemin�e de cette pi�ce en face de fa principale entr�e ; &, par cette pofition , elle arr�te l'enfilade � F , ' pour les raifons que nous venons de rapporter. A la gauche de cette chemin�e, eil plac�e une porte � placard? qui |
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i$i Cours
donne entr�e � la chambre � coucher O 3 ; enforte
que l'enfilade E F, peut reprendre fon alligne- ment j depuis la chemin�e de cette Chambre , jufqu'� la porte croif�e du Cabinet M 6 qui donne fur la terrafle ; en fuppofant qu'on d�iire que les pi�ces Ν 5 & Ν 6, communiquent avec la pi�ce Ο 3, dont nous allons parler. Le lit de cette Chambre eft plac� dans une al-
c�ve (�), qui diff�re des eftrades (g) qu'on re- marque dans les Chambres de parade Ν ι, Ρ r ; parce que les alc�ves ne font foutenues que par des pieds droits ; & que les ouvertures des eftrades ont pour point dappui des colonnes, au bas des- quelles font pratiqu�es des baluilrades, qui fouvent font �lev�es fur des marche-pieds, tels qu'on en remarque encore dans la plupart d� nos anciennes Maifons Royales : aujourd'hui, on ne fait plus tifage de ces marche-pieds, tous nos Apparte- ments �tant parquet�s. On diftingue feulement l'enceinte du lit par des tapis de pied, & par-l�, on �vite de monter & defcendre; ces gradins ne s'obfervent plus que dans les Chambres du dais» du tr�ne , &c. Nous avons recommand� que, dans une Cham-
bre � coucher, le lit f�t plac� en face des croii�es, |
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(�) Alc�ve 3 en Latin Z�ta, ou f�lon les Arabes, Elcoba,
qui lignifie une tente fous laquelle on dort : nous ferions tent� de croire que ce mot vient plut�t �'Aiveus, qui veut dire en latin, une cellule, un efpace, un enfoncement, une retraite, une niche. Le lit d'une rivi�re en latin s'appelle Aiveus : la petite cellule des ruches qu'occupe chaque chrifalide ou chaque mouche, s'appelle Aiveus : nous en avons m�me fait le mot Fran�ois Alv�ole. (g) Du latin Stratus, couch�. Les eftrades des Divans & les
falies d'audience chez les peuples du Levant, font appel�s Sopha-. |
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d'Architecture. 285
& qu'il f�t iitu� dans le milieu d'une des extr�-
mit�s de la profondeur de la pi�ce ; ainii qu'on le remarque dans les pi�ces Ν ι, Ρ ι. Ici l'enfi- lade Ε F, quoiqu'intercept�e, nous a emp�ch� de le placer o� eu la chemin�e : d'ailleurs, comme nous l'avons d�j� dit, il faut �viter, autant qu'il eft poi��ble, de placer la principale entr�e d'une telle pi�ce, fort pr�s du lit; � moins que celui-ci ne foit en niche, comme dans la Chambre Ρ 2 : autrement, l'air des pi�ces qui pr�c�dent, rend prefque impraticable,pendant l'hiver, l'ufage de ce meuble effenciel : d'un autre c�t�, la faillie qu'il forme, vu de front, lorfqu'il eil ifol�, maf- que la d�coration des portes entre lefquelles il fe trouve plac� : nous difons des portes; car, pour fatisfaire � la fym�trie, on eft oblig� d'en feindre une du c�t� oppof� � la v�ritable entr�e : d'o� il s'enfuit que le lit paro�t �tre plac� entre deux: ouvertures r�elles, ce qui bleffe toute id�e de convenance, fur-tout lorfqu'il s'agit d'un Appar- tement de diftinclion : autre chofe eit d'une Cham- bre ordinaire-, o� fouvent, on fupprime les portes feintes pour ranger le lit dans un des angles de la pi�ce ; ce qui n'eft fupportabie n�anmoins , que dans une Maifon bourgeoife, & non dans un Edi- fice �lev� par la magnificence. Pour pratiquer en face des croif�es l'alcove de
la Chambre � coucher Ο 3, dont nous parlons 9 &, tout � la fois, fatisfaire � la iym�trie , nous avons profit� de la profondeur des deux doubles murs de refend, & nous y avons renferm� cette alc�ve ; de maniere qu'il n'y a que la baluftrade qui faille dans l'int�rieur de la pi�ce ; & que, de l'enceinte de cette haluitracle, on peut d�ga- ger, d'une part, dans le Cabinet Ν 4, pour ar- |
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2§4 Cours
river � la Chambre de parade Ν ι , & de Fa titre,
dans les Garderobes O 4, O 5 ; lefquelles aii- roient � leur tour leurs d�gagements par la pi�ce O 6, deftin�e pour une femme de chambre, qui auroit fa fortie par l'une des portes croif�es, clircri- hu�e du c�t� de l'entr�e , & par la terraf�e qui re- gne au pourtour de cet Edifice. Nous obferverons , qu'� la place de la Garde-
robe O 4 , deftin�e ici pour les lieux � foupape, on pouroif en faire un Cabinet de toilette, & placer plus convenablement ces aifances dans la petite pi�ce O 5 ; car il eil plus naturel de paffer de la toilette dans la Garderobe , que de celle-ci dans l'autre : d'ailleurs, ces aifances tranfpof�es aixiii , pouroient fervir pour l'Appartement Ν ; & de la petite pi�ce Ν 2, on en feroit un poudrier, quoi- que nous ayons recommand�, en g�n�ral, de pro- curer � chaque Appartement une Garderobe par- ticuliere � foupape, & m�me d'en pratiquer de doubles pour les �trangers, telle que celle M S que nous avons deftin�e � cet ufage. Nous avons d�j� dit, que nous avons prati-
qu� le paf�age qui fe trouve � la droite du lit de la Chambre O 3 r pour communiquer � l'Appar- tement Ν : nous r�p�terons , que ces ι doubles murs de refend font obferv�s ainfi , pour lier, d'une maniere plus conftante, l'angle rentrant Κ du mur de face , & fatisraire � la fym�trie des �coin�onS de l'arri�re Cabinet Ν 4, clans le m�me cas que celui Ρ 6 ? que nous avons d�crit pr�c�demment. Le grand Cabinet , ou la Biblioth�que Ν 5 , a
■vingt-quatre pieds de hauteur & de largeur , & quarante-neuf de longueur, non compris la tour creufe plac�e � l'une de fes extr�mit�s ; cette tour creufe eft encore pratiqu�e ici, dans Tinten- |
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d'Architecture. ig�
�ion de corriger le d�faut de fym�trie qui fe fe-
roit rencontr� dans fes angles, ii Ton n'eut con- tinu� droit le mur de refend qui f�pare cette pi�ce d'avec le Cabinet ou petit Sallon Ν 6. Au milieu de cette tour creufe, fe remarque une porte d'enfilade, dont l'embrafure eft tenue un peu profonde, � caufe c�qs mai�iis des Pavillons qui s'�l�vent � pans coup�s au premier �tage , & que , dans l'embrafure de cette porte, on a pu en pratiquer deux autres petites ; l'une , don- nant entr�e � un pii�bir Ν 7 (A) ; l'autre, � un petit efcalier qui monte de fond : il eft bon n�an- moins , d'�viter la trop grande profondeur de ces embrafures, qui n�cef�airement deviennent obf- cures dans leur paiTage ; mais fouvent on s'y trou- ve forc�, en faveur de la fym�trie, qu'on eft oblig� de conferver dans les pi�ces principales : enforte que c'eft � la prudence de 1 Architecte, de combiner l'avantage qui peut r�fulter de ce l�ger inconv�nient, pour ofer fe le permettre ou fe le d�fendre abfolument. Cette pi�ce Ν 5, eft �clair�e par trois portes
croif�es, perc�es dans la face lat�rale de ce Pa- lais : vis-�-vis de celle du milieu eft une chemin�e enferm�e dans une arcade feinte, ainii que nous en avons obfery� une , pour recevoir la porte � placard qui fe trouve plac�e dans l'enfilade A B. Pour plus de r�gularit�, nous en avons auffi af- fe&� une de l'autre c�t� de la chemin�e ; de ma- |
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_ (h) Cette petite pi�ce* n'aurait de hauteur que huit � neuf
pieds, & ferait vo�t�e, afin que le vide qu'elle occupe dans le mal�lf, ne p�t nuire � la folidit� des pans coup�s plac�s dans les angles du premier �tage : voyez ces pans coup�s dans la Planche XLI, |
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2.S6 Cours
niere, que vis-�-vis des trois arcades r�elles, on
en trouve autant de feintes, qui, en fatisfaifant � la fym�trie, n'en re�oivent pas moins diff�rents genres de d�corations, ai�brties � l'ufage de la pi�ce. Ce feroit dans les trumeaux plac�s entre chacune de ces arcades r�elles ou feintes, qu'on pouroit, en calant les lambris , pratiquer des ar- moires pour contenir des livres ; cependant, nous dirons qu'il eil bon d'obferver, de ne jamais pla- cer ces Biblioth�ques, dans l'enfilade du princi- pal corps de logis, leur ufage particulier exigeant une forte de rec�uillement qui-, dans les heures d'�tude, priveroit n�ceifairement de la jou�iTance de l'enfilade AB, ce qui, dans ce Plan, devien- droit un d�faut eifenciel ; pu, ce qui feroit pire encore, on s'y trouveroit diitrait, par le con- cours de la foci�t�, les portes �tant ouvertes : enforte que le moyen d'�viter ces deux inconv�- nients, ce feroit de faire ce Cabinet de Livres, ordinairement peu nombreux � la campagne, dans le Cabinet ou petit Sallon Ν 6, ii l'on n'y pla�oit _ pas la Chapelle , comme nous l'avons propof� pr�c�demment ; ou bien on pouroit tranfporter au premier �tage cette Biblioth�que, & faire des deux pi�ces Ν 5 & 6, ou feulement de la pi�ce Ν y, un Cabinet de tableaux, qui fe trouveroit plac� alors avec une forte d'int�r�t, � l'une des extr�mit�s de l'enfilade des grands Appartements. Il ne nous reite plus gu�re � parler que des Efcaliers ; mais comme ce genre de pi�ces exige des connoirTances particuli�res, nous allons d'a- bord en traiter 'd'une maniere g�n�rale : nous par- lerons enfuite de celui Y 1 , par lequel nous terminerons la diftribution du rez-d�-chauif�e de ce Palais. |
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d'Arc η ιτ ec τ ure. 287
Des Ejcaliers en g�n�ral.
Ce que les Anciens ont laiff� concernant les
Efcaliers (i), nous fournit peu d'exemples. Ce qu'il en reite aux Thermes , aux Th��tres , aux Amphith��tres , dans les Temples & ailleurs , sous prouve affez, que les Archite&es de l'Anti- quit� ont n�glig� cette partie du B�timent; fans doute, parce qu'ils diftribuoient leurs Apparte- ments � rez-de-chauff�e, & qu'ils ne pratiquoient que de petits Efcaliers, pour monter aux entre- fols & fur les terraffes. Ce qui nous confirme dans cette opinion , c'eft que les veitiges que l'on re- marque dans la plupart des ruines de ceux de l'ancienne Rome, ont des d�gr�s fort �lev�s , �tant faits, pour l'ordinaire , fur la proportion du triangle de Pytagore (�) ; enforte, qu'il n'eil gu�res poffible de concevoir que ces Efcaliers fui�ent propres � Tufage des B�timents civils; l'in- clinaifon de leur limon �tant trop roide, & leurs d�gr�s trop �lev�s. Entre les Auteurs qui ont �crit depuis Vitruve,
tels qu'Alberti, Palladio, Savot & Scamozzi , ce dernier er� celui qui s'eft le plus �tendu fur cette partie de la diitribution, dont il prop�fe dix exemples : favoir, fix pour les grands & moyens |
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(i) Efcalier, du latin Scala, qui d�rive du verbe Scanden ,
monter. (/<) Vitruve pr�tend, L. 9. C. 1, que parmi les diff�rents ufa-
ges de ce triangle , fin�ceifaire dans le B�timent, celui de d�- terminer la mefure des Efcaliers, eft le plus utiles car, dit-il, fi l'on partage la hauteur depuis le rez-de-chauil�e jufqu'au premier �tage , en trois parties , & qu'on donne quatre de ces parties � la bafe , l'oblique qui aura cinq parties, fera une inclinaifon conve.nable p0,ur �tablie les rampes & les marches des Efcaliers. |
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iS8 Cours
Efcaliers, & quatre pour les petits. Les fix pre-
miers qu'il appelle � branche longue & fimple, � branche double avec des paliers dans le milieu, � branche double ou fimple, & vide dans le milieu , � branche fimple ou double avec les d�gr�s fecrets ou de d�gagement, � branche � quatre rampes, de droite & de gauche , &: vide dans le milieu. Les quatre autres pour les Efcaliers de d�gage- ment qu'il apelle en amande, en ovale, en co- quille & en limace, dont il donne l'explication dans fon Livre. Nous y renvoyons nos Elev�s : la plu- part de ces diff�rents genres d'Efcaliers ne font plus en ufage ; nos Architectes Fran�ois ont fait des d�- couvertes beaucoup plus int�reifantes � cet �gard. Savot rapporte auffi que les Anciens fe fervoient
fr�quemment des Efcaliers � rampes fans marches , mais feulement en talut, auxquels ils donnoient de hauteur la fixieme partie de la bafe, ainfi que Vignole Ta obferv� au Ch�teau de Capraroles, & qu'il s'en voit un au Palais du Vatican � Rome , & aux grands Efcaliers en terraife du Ch�teau neuf de Saint-Germain-en-Laie. On en voit encore � peu-pr�s de cette efpece dans les Jardins du Ch�- teau de Trianon ( L ) , plac�s � la t�te d'un des bras du Canal de Verfailles ; mais ces Efcaliers ne font d'ufage ordinairement que pour les �cu- ries fouterraines , les ferres, & les orangeries ;' ils ne font pas partie des Efcaliers dont nous vou- lons parler, & que Ton peut confid�rer au nom- bre de vingt-quatre. Par exemple on appelle principal ou grand
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( /) Ces fortes /l'ECcalieis fe nomment � girons rampans,
parce que les marches qui les compofent, ont beaucoup de largeur & peu de hauteur, &c par conf�quent un talut aiT�z doux, pour que les cheyauxpuiiT�ftt y monter & defcendre.
�f�alier?
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�'A HC H IT E G Τ �B. �. 3&$
Efcalier, celui qui, ne montant qu'au premier
�tage o� f©nt plac�s les beaux Appartements , eil le plus fpacieux de l'Edifice , & dont la d�co- ration r�pond � la magnificence du grand Seigneur qui l'a fait �lever* On appelle Efcalier en periflyle circulaire $ celui
dont les rampes (m) font port�es fur des colonnes, tel que celui � vis du Ch�teau de Gaprar�les ; celui du Palais Borgh�fe � Rome; & � Paris, celui de l'H�tel de Beauvais* On appelle Efcalier � ptriflyh droit & en per*
fpeci�ve, celui dont la rampe continue (tel que ce- lui du Vatican) fe trouve entre deux rangs de colonnes non paralleles, & dont les diam�tres font in�gaux ; de maniere que celles d'en-haut font environ d'un cinqui�me moins �lev�es que celles d'en-bas, quoique du m�me ordre , & d'un dia- m�tre proportionn� � leur diff�rente hauteur ; enforte que le berceau (h) rampant qui porte ces colonnes, n'�tant pas non plus parallele � la pente des marches, l'enfemble del� cage de l'Ef- calier forme une gradation d'objets qui lui donn� |
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(m) On comprend fous le nom de rampes, autant une fuite
de d�gr�s fans interruption entre deux paliers, que leur baluf- trade � hauteur d'appui, que ces derni�res foient de marbre, ou de pierre, ou de fer, &c. On appelle rampe courbe 3 une portion d'Ei'calier � vis fufpendue^ ou �'noyau �vid�, laquelle fe trouve par une cerche"rallong�e , pour former des quartiers . tournants �l'ufage des Efcaliers circulaires» On appelle rampe � ri/faut, celle dont la continuit� eft interrompue par des pi�deftaux plac�s dans les angles dee paliers : mais il faut obferver, que celles-ci ne font jamais fi bien que les rampes continues. .; ' (n) On appelle berceau, une vo�te en plein-cintre , comme
celles d'une cave , d'une �curie & d'une orangerie, qui peuvent �tre coni�d�r�es comme yo�tes droites, biailes, ou en ogive. Tome IK T
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290 Cours
une longueur apparente au-deiTus de la r�alit�.
Cet ouvrage ing�nieux eft du Cavalier Bernin. On appelle Efcalier � deux rampes alternatives,
celui qui eft droit, & dont les �chiffres (o) por- tent de fond, tel qu'un mur de refend ; ainii qu'on le remarque aux grands Efcaliers du Vieux-Lou- vre � Paris, &c. On appelle Efcalier � deux rampes paralleles ,
celui qui, d'un m�me palier � rez-de-chauff�e, monte au premier �tage par deux rampes, l'une � droite , l'autre � gauche , fur deux murs de re- fend oppof�s, & qui aboutiflent en-haut fur un palier {p ) commun ; tel que celui du Ch�teau de Saint-Cloud, qui diff�re de celui du Palais des Tuileries, en ce que ce dernier eft compof� de �rois rampes , l'une qui monte fur un palier, pratiqu� environ � la moiti� de fa hauteur , & deux autres qui montent de ce palier au pre- mier �tage. On appelle Efcalier � deux rampes oppof�es ,
celui qui monte � droite & � gauche, par deux rampes �gales , vis-�-vis l'une de l'autre, & qui |
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(�>) Echiffre eft le mur rampant qui porte les marches d'un
Efcalier , & fur lequel on pofe la rampe de pierre ou de fer; il eft ainii nomm� , parce que pour pofer les marches, on mar- que fur ce mur des chiffres, qui expriment leur quantit�, la largeur de leur giron & leur hauteur. (p) Palier ou repos , eft un efpace entre deux rampes & dans
les retours d'un Efcalier ; & dont la largeur commun�ment eft �gale � la longueur des marches , ces paliers fervent � fe d�lafler de la fatigue d'avoir mont� ou defeendu de fuite. Une certaine quantit� de marches. Il'eft des demi-paliers qui n'ont de largeur que deux girons, & que Philibert de Lorme appelle double marche; mais il en faut �viter l'ufage., ii ce n'eft dans les Efcaliers � vis, ou petits Efcaliers d�rob�s, oii de vingt marches en vingt marches , on peut obferver un palier que l'oa nomme triangulaire. |
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D'A ft C H� Τ E � Τ VK-�, � ip�
toutes deux commencent fur un palier commun au rez-de-cha�uT�e , & fmiiTent � une m�me hauteur , tel qu'on a vu celui des AmbaiTadeurs � Verfailles. On appelle Efcalier commun , celui qui dans un
B�timent, fert � communiquer � deux corps-de- logis par des paliers de communication , quand les �tages font de plain-pied; ou par des paliers alternatifs, lorfque les Appartements font d'in�- gale hauteur; ainii que cela arrive dans prefque toutes les Maifons particuli�res, dont le corps- de-logis eil fur la rue, & les autres Appartements en a�le, entre cour & jardin. On appelle Efcalier � repos, celui dont les mar-
ches des rampes droites font paralleles, & fe ter- minent alternativement � des paliers, foit qu'ils ne montent qu'au premier �tage, foit qu'ils mon- tent jufqu'aux combles. On appelle Efcalier a quartiers tournants, celui
dont les rampes dans une cage de moyenne gran- deur , font oblig�es de retourner plufieurs fois pour arriver � la hauteur d'un �tage propof�, & qui, dans chacun de leurs retours? ont des paliers ou des marches tournantes en forme de rayons , o� les colets {q) viennent fe r�unir; ce qui doit d�terminer � arrondir ces quartiers tournants le plus qu'il elt poflible, afin de procurer une plus grande largeur � ces colets, qu'il faut cependant �viter dans un Efcalier un peu con�d�rable. On appelle Efcalier triangulaire, eelui dont 1«
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(q) Colet s'entend ordinairement de la partie la plus �troite
du giron d'une marche. Il faut les �viter, autant qu'il eit, poi�i* ble, dans les grands Ef�ali�rs j ils ne font tol�rables que dans ceux de d�gagement. Tij
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292 Cours
limon (r) & la cage forment deux triangles pa-
ralleles ; mais ces Efcaliers ne doivent �tre d'ufage que pour les d�gagements. On appelle encore Ef- calier triangulaire & � double rampe, celui dont les limons font faits de deux triangles dans une cage carr�e , conilruits ainii par la mj�tion du terrain ; cet Efcalier peut fe mettre en pratique dans les B�timents ordinaires. On appelle Efcalier antre, celui dont une des
extr�mit�s eil circulaire ou elliptique , enforte que les collets de fes marches font plus larges ? vers cet arrondii�ement que vers fon noyau (�) , comme dans tous les Efcaliers � vis (t), qui fe pratiquent avec des courbes rampantes & fulpen- dues , tel que celui de Fobfervatoire. On appelle Efcalier � jour , celui qui, non-feu-
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1 (r) On appelle limon , une tablette rampante 3 qui, ' dans
un Efcalier, fert � porter les marches, les rampes ou les ba- lullrades. (�*) Noyau, eft un cil�ndre de pierre qui porte de fonds, &
qui efh form� par les colets des marches gironn�es d'un Ef- calier � vis. On appelle Noyau creux, celui qui �tant d'un diam�tre fuffifant, contient une defeente ou d�charge pour les .�atrx des combles, tel qu'il s'en remarque aux Invalides. On appelle Noyau creux 3 evid� ou fufpenddXcelui qui �tant perc� � jour, en forme d'h�lice, produit une l�g�ret� agr�able dans Ta conftru�Hon , tel qu'on le remarque aux petits Efcaliers qui montent aux tribunes de la Chapelle de Verfailles , & au Ch�teau de la M�nagerie. On appelle auih Noyau3 une pi�ce de bois pof�e � plomb , qui re�oit dans fes mortaifes , les te- nons des marches d'un Efcalier de- charpente. "■'■(t)-VUi s'entend d'un noyau plein ou �vid� , fait en fpi- ral, & taill� d'une groiTe moulure en forme de feotie pour ' recevoir un �cuyer. Il faut avoir attention au diam�tre de ce noyau , pour y creufer cette moulure , & i� l'on craignoit qu'elle n'en alt�r�t la folidit�, il ferait mieux de placer cette feotie dans le mur de cage, tel qu'on l'a pratiqu� � l'Efcalier �-vis qui" monte du premier �tage au comble du Ch�teau de Maifons. "«Λ' |
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D A R C H I Τ Ε C Τ �RE. ±$$
lement eil tout ouvert d'un c�t� fans croif�es,
fans portes, nL bamitrades ; mais auffi g�n�rale- ment tous ceux dont les murs d'�chiffre , les li- mons ou les noyaux font �vid�s ; enforte que la lumi�re, foit qu'elle vienne des murs de face,, foit qu'elle vienne d'en haut, plonge facilement fur les paliers. ■ On appelle Efcalier rond, fph�rique , ou cylindri-
que , celui qui efl en vis ou h�lice avec noyau, & dont les marches tournantes , en forme de rayons droits, mixtes ou courbes, portent des d��ar- dements (#), ou adouciifements rampants : ces mar- ches font foutenues par leurs colets furies cylindres qui montent de fond, & dont elles font partie. On appelle Efcalier rond fafpendu , celui qui efl
fans noyau , & dont les marches tiennent � une efpece de limon formant fpirale, qui la�Te un vide circulaire dans le milieu, faute de jour fur le mur de cage , afin d'�clairer au moins les colets de ces marches par en-haut, lorfque ces fortes d'Ef- caliers font pris entre deux murs de refend* On appelle Efcalier rond a double vis, celui qui
a de doubles rampes l'une fur l'autre, tel que celui de Chambor, dont les marches tiennent par leurs colets � un mur int�rieur auffi circulaire, & perc� d'arcades, qui donnent du jour dans le milieu y tel encore que celui des Bernardins � Paris. On appelle Efcalier � vis Saint-Gilles , ronde 9
(h) D�/arder 3 c'eft couper obliquement le deiTous d'une
marche de pierre que Ton veut rendre apparente 3c fans ra- valement -, foit qu'elle foit � joints ou � redens 5 c'eft pourquoi l'on dit dans un devis , que Jcs marches porteront leur d�l�r*- dement. Ce terme s'applique auffi aux Efcaliets de charpente, lorfque l'on en veut ravaler la coquille , ou laiiTer les bois- apparents par �conomie.
T. ��
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3tp4 Cours
celui dont les marches portent ifne vo�te ram-
pante fur le noyau , tel que celui du Prieur� de Saint-Gilles en Languedoc, dont le nom lui a �t� donn�, & � l'exemple duquel ceux de Saint-Martin » des Barnabites, de Saint-Roch, � Paris, &c. ont �t� ex�cut�s. On appelle Efcalkr λ vis S'ain,t-Gilles, carr�e,
celui qui au lieu d'�tre conilruit dans une cage circulaire, �fl pratiqu� dans une cage carr�e par fon Plan, tel qu'il s'en remarque au Luxembourg, � Paris, On appelle Efcalkr ovaL� � noyau fufpendu, ce-
lui qui ne diff�re des pr�c�dents que par fon Plan qui eil elliptique. On appelle Efcalkr en limace {x} , celui qui,
dans une cage ronde ou ovale, a �'qs rampes qui tournent � vis autour d'un mur circulaire perc� d'arcades rampantes, & foutenu par des vouifures m trompe. On appelle Efcalkr en arc de clo�tre, � lunette &
� repos, celui dont les paliers carr�s en retour , port�s par des vo�tes en arc de clo�tre, rach�- tent des berceaux rampants, dont les retomb�es font foutenues par des arcs aui�i rampants, qui portent fur des piliers ou noyaux montants de fond, qui laiffent un vide au milieu, & dont les arcs rampants forment des lunettes en d�charges oppof�es dans �es berceaux, tel qu'il s'en remarque au grand Efcalier du Luxembourg. (a) L�maee Λ nom qui d�rive de l'efp�ce de vo�tes dont font!
isonitruites ces fortes d'Efcaliers $ on les nomme vo�tes en li- ma�ons , ce qui s'entend de toute vo�te fph�rique , ronde s droite, furbaiiT�e, ou furmont�cs & dont les aflifes ne font pas pof�es de niveau j mais conduites en fpiraf� depuis tes fouiTmetg jufqu'� h clef, |
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d'Architecture. 29$
On appelle Efcalier en arc de clo�tre- ,fufpendu & �
repos, celui dont les rampes & paliers carr�s & en re- tour , portent en l'air fur une demi-vo�te en arc de clo�tre , comme celui de l'aile du nord au Ch�- teau de Verfailles. On appelle Efcalier hors �uvre. 5 celui dont la
cage eft en dehors d'un B�timent, y tenant feule- ment par un de fes c�t�s, tel qu'on pratiquoit la plupart des anciens Efcaliers, qui aujourd'hui ne font plus d'ufage, � moins qu'ils ne fe trouvent compris dans un pavillon faillant, pour fym�trifer avec un autre qui lui fera oppof�. On appelle Efcalier d�rob�, celui qui fert � d�-
gager les Appartements du premier �tage, & du rez-de-chaui��e d'un B�timent; il fert auffi � mon- ter aux entrefols δε aux �tages en galletas ; la plupart de ces Efcaliets montent de fond, & def- cendent m�me jufques dans les fouterrains. On appelle enfin, Efcalier en fer � cheval, celui
qui dans l'ext�rieur d'un B�timent eft appel� com- mun�ment grand Perron (j), dont le Plan eft: circulaire, & les marches non paralleles, tel que |
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(y) Perroni eft: un grand Efcalier d�couvert dans un B�ti-
ment, qui fe fait de diff�rentes formes & grandeurs, feloiv l'efpace & la hauteur o� il doit arriver : il en eft de pluf�eurs efp�ces, de doubles , de carr�s, de cintr�s & � pans. Les Perrons doubles, font ceux qui ont deux rampes �ga-
les , qui arri tctit � un m�me palier, ou deux rampes oppof�es pour y arriver, comme celui de la cour des Fontaines � Fon- tainebleau. Il en eft d'autres qui ont ces deux difpofitions , tel que celui du Ch�teau neuf de Saint-Germain , du defl�n de Guillaume Marchand, Architecte de Henri IV , Se ceux du Jardin des Tuileries, par le N�tre. L'ufage de ces derniers eft fort ancien j car, au rapport de Delande, dans fon Livre des beaut�s de la Perfc; on voit encore, dit-il, les veftiges d'un Perron de cette efp�ce, parmi les raines de Tcheflminar, pr�s Schyras en Perfe, Tiv
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296 Cours
celui �te Fontainebleau, celui de Trianon pr�s Ver-
failles, &c. De la maniere de placer convenablement les
Efcaliers dans un B�timent. On pla�oit autrefois les Efcaliers en faillie au
milieu du B�timent dans des tours rondes, dans des tours ou des pavillons carr�s, circulaires ou � pans, ainii qu'on le remarque encore aujourd'hui dans la plupart de nos anciens Ch�teaux. Cela fe pra- tiquoit ainii, f�lon l'opinion des Architectes de ce temps, dans l'intention de laiifer libre la com- munication int�rieure des Appartements \ mais comme on a reconnu depuis que cette difpoii- tion d�figuroit l'ordonnance ext�rieure de l'Edi- fice. On a pr�f�r� de les iituer dans la cage du B�timent, enforte qu'il ne s'en conitruit plus de cette premiere efp�ce dans nos Maifons un peu coniid�rables ; mais � leur place on conilruit de grands Perrons, tels que ceux dont nous venons de parler. � ces Efcaliers en faillie, ont fucc�d� ceux
qui font plac�s dans -le milieu de l'int�rieur de l'Edifice , tel que fe remarque encore celui du Palais du Luxembourg ? & qu'on a vu dans le dernier iiecle j celui que Philibert de Lorme, avoit l
Lps carr�s , font ceux qui font d'�querre , comme � la
Sorbone , au Val-de-Gr�ce , � Marly j &c. Les cintr�s , font ceux dont les marches font rondes ou
©val�s, & qui forment un palier circulaire ou elliptique au piili�u ; aini� qu'on le remarque dans les jardins du Luxembourg. Le Perrons a pans , font ceux dont les encoignures font cou-
p�es par un angle, d� 45 degr�s, comme au, portail d�s, quat�Q waiiQftg � Paris,
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D'A RCHITECTURE. 297
fait conitruire dans le gros Pavillon du milieu
du. Ch�teau des Tuileries ({�).. Ces Efcaliers ainii plac�s communiquoient fouvent � deux Appar- tements diilribu�s � la droite & � la gauche de l'Edifice; ce qui dans ce.temps, paroiilbit fuffire pour la demeure des t�tes couronn�es : aujour- d'hui nous ne penfons plus de m�me ; le com- merce que nous avons eu avec les Romains, qui donnoient la plus grande partie de leur loiiir au faite & � la magnificence, nous a fait imaginer, de longues fuites d'enfilades d'Appartements, par lefquels il convient de paffer, avant d'arriver � l'Appartement du Ma�tre ; & c'en: cette confid�- ration qui nous fait �viter de placer les grands Efcaliers dans le milieu de l'Edifice ; & nous en- gage � pr�f�rer leur fituation � la droite du Veili- bule ; tel que le Veau eut ordre de le faire au commencement de ce iiecle , au Ch�teau des Tuileries. Au reile, cette fituation nous paro�t pr�f�rable � toute autre, malgr� le fentiment de quelques Architectes , qui , indiitin&ement les placent dans des ailes particuli�res,, de maniere � n'�tre pas aper�us ; tel �toit l'ancien Efcalier du Palais Royal. Difons donc, que dans une Mai- fon de quelqu'importance, & principalement lors- que le bel Appartement fe trouve fitu� au pre- mier �tage,, il convient d'annoncer le bel Efca- lier d�s le Veilibule, en obfervant pour cela une |
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(r) Cet Efcalier �toit rond & � vis fans noyau, la iampe
en �toit fufpenduc en l'air, fon diam�tre �itoit de ζ 7 pieds partag�s en 3 , 9 pieds pour chaque longueur de marche, Se neuf de vide. Il �toit confttuit avec tant d'induilrie, & tant d'art, au rapport de Fran�ois Blondel , qu'il fervoit, dit-il , d'�tude � ceux qui vouloi�nt s'inftruir� dans la feience de l'arc ilu um, , ■ , : |
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±98 Cours
grande ouverture, qui peut fe terminer dans fon
extr�mit� fup�rieure, par une plate-bande droite foutenue par des colonnes ou des pilaitres, ou par un arc iurbaiff� , �lev� fur des pi�droits , afin d'�viter par ce perc�, un mur de refend qui mafqueroit n�ceiTairement l'entr�e de l'Efcalier» D'ailleurs il eil bon d'obferver, que dans un grand B�timent, cette pi�ce doit �tre fufceptible d'une belle ordonnance, qui contribue ordinairement '� annoncer aux �trangers, la magnificence du Propri�taire qu'ils viennent vifiter. Cette fituation cependant, n'a pas toujours �t� obferv�e dans la plupart de nos Edifices � Paris : par exemple, �'Efcalier de l'H�tel de Touloufe, a non-feule- ment le d�faut d'�tre plac� � la gauche du B�ti- ment ; mais encore , d'�tre ii �loign� du Veitibule qui lui donne entr�e, que ce chemin qu'il faut par- courir le rend prefque toujours ignor� des perfon- nes de dehors. Au contraire, aux H�tels deSoubife, de Luines, d'Auvergne, &c. les Efcaliers font pla- c�s � droite. Il femble en eifet que la nature nous porte � chercher nos befoins de ce c�t� ; & nous eilirnons, que pour fe difpenfer de ce pr�jug� ou de cette habitude, il faut avoir des raifons effencielles, telles que l'expofition ou la iituation d'un Edifice ; ce font les feules coniid�- rations qui doivent d�terminer � changer ces Ef- caliers de c�t� , pour diitribuer les Appartements f�lon leurs divers ufages , au midi, au levant, ou au feptentrion. Il faut obferver encore, que dans un B�timent
coniid�rable, compof� d'un principal corps-de-lo- gis, & de plufieurs grandes ailes; il eft n�cef- faire de pratiquer diff�rents Efcaliers de Ma�tre, qui s'annoncent �galement bien aux Etran- |
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d'Architecture. 299
gers , tel qu'on a vu celui des AmbaiTadeurs
a Verfailles , & que Ton y voit encore celui nomm� de la Reine, & celui des Princes. A l'�- gard des moyens Efcaliers, & de ceux de d�ga- gement ; leur iituation n'exige pas tant de f�v�- rit� , n'�tant conitruits , la plupart, que pour la communication des Ma�tres les uns avec les autres; enforte qu'il fuffit de les placer de ma- niere qu'ils ne puiiTent interrompre les principales enfilades qui traverfent les pi�ces de parade & de f�ci�t�. Il faut obferver encore de les diftribuer de fa�on qu'ils d�gagent plufieurs Appartements � la fois, afin qu'en �vitant leur multiplicit� , on �vite aui�� la perte du terrain qu'ils occupent, & une d�penfe toujours affez connd�rable. Pour ce qui eil des Efcaliers de d�gagement, il
��l bon d'obferver de ne les jamais placer trop pr�s des chambres � coucher, principalement lorfque les murs auxquels ils font adoff�s, ne font que des cloifons, parce que le bruit que font les Do- meitiques dans leur fervice , trouble le repos des Ma�tres. Au moins , faut-il avoir foin, lorfque cela ne fe peut autrement, de conftruire ces Ef- caliers en pierre ; ou , lorfqu'ils font de char- pente, rev�tir le de/Tus des marches avec des dales dans toute leur longueur, & dans toute la largeur de leur giron, � deifein de rendre ces Efcaliers plus fourds, & d'emp�cher le bruit de p�n�trer jufques dans les Appartements d'habitation. De la grandeur des Efcaliers.
L'efpace qu'occupe un Efcalier , doit �tre pro-
portionn� � la grandeur du B�timent ; il faut entendre n�anmoins que cet efpace ne comprend |
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300 Cours
que la grandeur de la cage , la longueur des mar-
ches, & Fintervale 'que l'on obferve entre leurs limons; car la hauteur & le giron (a) des mar- ches , -aufl�-bien que leur appui, doivent �tre � peu - pr�s par - tout les m�mes , foit dans les Efcaliers des grands Edifices, foit dans ceux des Maifons particuli�res. A l'�gard de leurs cages, la hauteur des planchers d�termine leur grandeur, de m�me que la r�it�ration des paliers; ceux-ci doivent �tre mis en ufage en plus ou moins grande quantit� , f�lon l'�tendue du B�timent, & l'impor- tance du Propri�taire. Au reile , il faut obferver en g�n�ral, que les Efcaliers n'occupent pas trop* d'efpace dans une Maifon particuli�re, aini� qu'il feroit hors de convenance que, dans un grand Edifice, l'Efcalier f�t trop reiferr�; en forte que �pour �viter l'un & l'autre exc�s, on peut �tablir, que les moindres longueurs des marches, doivent �tre de quatre pieds , & les plus grandes de huk � neuf ; encore- ces derni�res ne doivent-e�les �tre mifes en �uvre, que dans les Maifons Roya- les, ou dans les Edifices deilin�s aux Commu- naut�s Religie ufes. Les vides qu'on obferve aujourd'hui entre les
Hmons , occasionnent beaucoup d'efpace pour les |
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� �a) Giron, fous ce nom on entend la largeur d'une marche
fur laquelle on pofe le pied. Il en eft de droits, de triangu- laires , & de rampants. Les premiers font ceux qui font conti- nu�s entre, deux lignes paralleles , foit que les marches foient droites , courbes ou imueufes. Les f�conds �, font ceux qui fe r�tr�cirent vers le colet, & s'�largiiTent vers le mur de cage* Les troifiemes font ceux qui ont une pente fufhfante pour �couler les eaux, ou bien une grande largeur, fort peu d'�- l�vation, & une pente aifez . confid�rable pour que les che- vaux puiif�nt en moijter les marches, |
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d'Architecture. 301
cages des Eicaliers; mais d'un c�t�, il en r�fulte
que les paliers fe trouvent plac�s convenablement, dans les quartiers tournants, & de l'autre, que du rez-de-chauiT�e, l'on d�couvre les calottes, que l'on affe&e ordinairement dans l'extr�mit� fup�- rieure de leur cage. D'ailleurs, ce vide' un peu fpacieux d�gage les rampes, leur procure de la lumi�re, & donne � leur coni�ruclion & � leur or- donnance , un air de l�g�ret� qui produit tou- jours un bel effet. Des diff�rentes firmes des Efcaliers.
Quoique nous ayons reconnu pr�c�demment,
que la forme des Eicaliers �toit infinie, il faut convenir ici, que les formes carr�es ou quadran- g�laires, font pr�f�rables, principalement lorfqu'i� s'agit des grands Eicaliers � l'uiage des Edifices publics, & des Maifons Royales, malgr� les exem- ples de cette efp�ce, que nous remarquons dans quelques-uns de ces Monuments , o� l'on en voit de circulaires , � pans , ou demi - ellipti- ques , ce qui ne peut �tre imit� que dans les Ef- caliers de peu d'importance, & o� l'on fe trouve contraint de faire ufage de ces diff�rentes formes , par quelques luj �tions indifpenfables ; encore faut-il �viter d'employer dans les rampes de ces Efca- liers, des marches bomb�es en dehors, ou creu- f�es en-dedans, commefemble l'autorifer Palladio* Cette maniere de gironner les marches eil peu s�re, principalement lorfqne les girons ne font pas paralleles. Le g�nie que l'on ne peut refufer � quelques*�,
uns de nos Architectes Fran�ois, forc�s d'ailleurs par quelques circonitances difficiles � furmonter, |
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302 Cours
leur a fait imaginer plus d'une fois des fqrmes �r-
r�gulieres dans le Plan de leurs Eicaliers, dans le contour de leurs limons, & dans la iinuolit� de leurs marches ; mais il eit certain que ce fonr autant de licences � �viter dans cette partie du B�timent ; la nobleffe & la iimplicit� devant �tre pr�f�rables � la iingularit�. L'efprit toujours at- tentif dans l'a�ion qui nous fait monter ou des- cendre , aime � rencontrer des formes iimples δε analogues aux mouvements naturels qui nous font agir ; de maniere que ii le g�nie peut avoir lieu � l'�gard des Efcaliers, il ne doit fe manifeiter que dans ce qui concerne leur d�coration. De la lumi�re qu'un doit donner aux Efcaliers,
Apr�s la commodit� , le jour doit �tre regard�
comme la principale partie dans un Efcalier; l'�- galit� de la lumi�re eil aui�i une chofe � laquelle il faut prendre garde, afin de n'en pas r�pandre trop dans certains endroits , & trop peu dans d'au- tres : cette oppofition produit un mauvais effet dans un lieu qui eil extr�mement fr�quent�: & l'�galit� de la lumi�re dans un Eicalier demande toute l'attention de l'Architetfe, parce que plus la lumi�re eft vive fur une rampe, plus le paflage de cette grande lumi�re, � un palier moins �clair�, eil d�fagr�able; c'eil ce qu'on remarque � celui des Princes au Ch�teau de Verfailles, qui quoi- que vaile, a le d�faut d'�tre mal �clair�, ainii que la plupart de ceux de nos beaux H�tels � Paris; consid�ration qui devroit d�terminer, f�lon nous, � tirer le jour de ces fortes de pi�ces par en-haut, comme on l'avoit obferv� � celui des Ajnbaffadeurs, du Ch�teau que nous venons de |
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dArchitect�ee. 303
citer; parce qu'alors les rampes re�oivent un jour
�gal', principalement lorfqu'elles ne montent qu'au premier �tage , & que l'on prend foin de laifler un vide fpacieux entre les limons des rampes. Il eft bon auffi d'�viter dans ce cas, de pratiquer un palier continu au-dei�us des rampes; ce palier porteroit fur les marches une ombre in�vitable , qui rendroit leur pratique peu s�re; enforte que» fi l'on eft oblig� de faire retourner pluiieurs fois les rampes les unes fur les autres, il faut pr�f�rer les croif�es dans les murs de cage plac�s � cha- que �rage du B�timent, & t�cher qu'elles fe trou- vent difpof�es fym�triquement en face de chaque palier, ou au moins au milieu des rampes, ce qui � la v�rit� n'eft pas toujours facile , parce que la difpofition de ces croif�es par rapport � l'Ef- calier, doit �tre affuj�tie � l'ordonnance du de- hors. Cette coniid�ration doit porter Γ Architecte � fe rendre compte, avant de mettre la main � l'�uvre , de la diitributiqn int�rieure, & de la d�- coration ext�rieure de tout fon Edifice. Si pour quelque raifon indifpenfable on fe trou-
Voit forc� de conftruire un Efcalier iitu� de ma- niere � ne pouvoir tirer des jours que par en-haut, & qu'on f�t oblig� de monter de fond cet Efcalier, e'eft-�-dire, de lui donner pluiieurs rampes les unes fur les autres, il faudroit avoir attention de ne faire le diam�tre de la lanterne, que de la largeur du vide entre les limons , afin que la lumi�re verticale d'un des c�t�s de cette lanterne plac�e, � droite , p�t �clairer les rampes de la gauche, & ainii de fuite ; � moins qu'on ne pratiqu�t cette lumi�re en forme de comble. Mais comme cette maniere de tirer des jours par en-haut n'a rien d'agr�able pour la d�coration ext�rieure} il faut t�cher de pr�f�rer |
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304 C � υ Ά $
les lanternes proprement dites, dont nous avons
parl� en traitant des Cabinets de tableaux.
Lorfque la diilribution int�rieure porte un Ar-
chite&e � ranger FEfcalier dans l'encoignure de ion B�timent, & que la cage de ce dernier fe trou- ve adoff�e entre deux murs mitoyens & deux murs de refend ; fi la hauteur des �tages , & les couvertures des combles ne lui permettoient pas de tirer des jours d'en-haut, il ne devroit pas h�- fiter de faire uiage de FEfcalier que nous avons nomm� triangulaire, page 291, c'eit-�-dire, de pratiquer un pan coup� du c�t� de la cour, d'une largeur convenable ; afin qu'au rez-de-chauit�e, on p�t avoir une grande arcade qui en �clair�t le fol, & une croif�e au premier �tage , qui fourn�t du jour aux rampes fup�rieures ; & Ton r�it�reroit ces derni�res , � Ton �toit oblig� de faire monter cet Efcalier de fond en comble. Mais ii cet Efcalier ainfi pratiqu� � trois rampes doubles, rendoit la longueur des marches trop peu confid�rable, � caufe du peu d'efpace de la cage, on pouroit faire les limons rampants , quadrangulaires & continus. Ce dernier paro�troit, & plus grand, & plus �co- nomique ; mais l'autre {croit plus r�gulier, jou�- roit d'ufie lumi�re plus �gale, & deviendrait fuf�- ceptible d'une d�coration plus relative � un B�- timent de quelque importance. ' ΐ2 ■ " ;�'''""'V'" ' ■�■ '■'■'� ■''" : '?- ' '■ * '■'.';''....s
JLegle pour trouver la proportion de lahauteury
& le giroji des marches d'un Efcalier. La plupart des Archite&es font d'avis, que -
lorsqu'on ne peut donner � la largeur des mar- che« |
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d'Architecture. Sjriy
dies (b) une proportion relative � leur hauteur ,
on peut incliner en devant leur giron * afin, di- fent-ils , de les rendre plus faciles � monter ; ce- pendant , il eil certain , que ii d'un c�t� on rend les marches plus commodes en montant, il n'en eft pas de m�me lorsqu'on defcend ; car pour peu que cette pente foit coniid�rable (elle ne peut �tre n�anmoins que d'un quarante-huiti�me de la largeur ) cela produit un mauvais effet : enforte que cette pr�caution n'eft bonne � mettre en �u- vre, que lorfque ces Efcaliers font ext�rieurs, connus fous le nom de.perrons, dont nous avons d�j� parl� pr�c�demment ; parce que ces efpeces "i";'- 1 ■ t\,",.i- 11 tf� ':;'i r.i'i'i ■■ ^ ■■ ;» ' f"'.� KVi'i�if '"'i"',W'.E
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{b) Sous le nom de marches, on entend la partie de VEC-
Xv�hx fur laquelle on pofe le pied, & qui tout� enfemble fi- gnifie, la longueur, la largeur & la hauteur de la marche; il eft des marches que l'on appelle carr�es ou droites, d'autres qu'on nomme marches d'angle, g�ronn�es, d�lard�es, moul�es + rampantes, &c.< > ■ *;.\ : Les carr�es, font celles dont le giron eft contenu entre deufc
paralleles. Les marches d'angle , f�nt celles qui font f�tu��s dans la
plus grande longueur des quartiers tournants. Les marches gironn�es, font celles des quartiers tournants �
pratiqu�es dans un Efcalier circulaire ou ovale. Les marches d�lard�es, font celles qui font d�maigries &
chanfrein�es par~dei�ous. Les marches moul�es, font celles qui ont une moulure fur
l'extr�mit� du devant de leur giron, & � 1 a partie fup�rieure de leur hauteur. Cette efpece de marche eft appel�e par les Ouvriers quarderonn�e, parce que g�n�ralement ils appellent sinfi tout contour en forme de cercle ou demi-cercle parfait, qui approche de cette figure : mais ordinairement, une marche orn�e de moulures, ne devroic �tre appel�e, ni quarderonn�e # ni moul�e, parce qu'une marche ne le jette point en moule , & qu'on n'y peut faire ufage d'un quart de cercle, � moins qu'il ne foit renverf�. Les marches rampantes, font celles dont le giron eft tenu
fort large , & inclin� fur le devant. |
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305 COU RS
d'Efcaliers d�couverts , �tant fujets � recevoir les
eaux du ciel, il paro�t n�ceifaire d'en �couler les eaux par une pente infeniible ; pente qu'il ne pa- ro�t cependant pas que l'on ait obferv�e, ni � ceux de l'Orangerie de Verfailles, ni � celui de la Cour du Ch�teau de Fontainebleau, ni � ceux du Jardin des Tuileries, &c. L'Archite&e du Quirinal, ou de Monte Cavallo
� Rome, a pratiqu� le contraire de cette pente dans un grand Efcalier qui monte du Palais de la Datterie � celui du Pape. Les marches de cet Ef- calier , quoique d'une largeur de giron aiTez conii- d�rab�e , & fort peu �lev�es, font inclin�es en ar- ri�re d'environ un quarante-huiti�me de leur gi- ron: contrepente qui, fuivant quelques-uns, pro- duit de la commodit� � ceux qui montent cet Ef- calier ; cette pente adouciffant, difent-ils, la fati- gue que caufe une longue fuite de marches. N�an- moins , � l'exception des marches d�couvertes , nous ferions d'avis d'�viter ces deux genres de pentes ; l'une , parce quelle fe porte en de- vant , & que l'ufage fr�quent d'un Efcalier pro- duit d�j� cette pente qui devient coniid�rab�e en peu d'ann�es; & l'autre, non-feulement, parce qu'elle ne peut fe pratiquer � des Perrons, ni � des Efcaliers d�couverts, qui fe d�gradent en peu de temps ; mais parce que dans un grand Ef- calier , cette pente en arri�re g�neroit ceux qui defcendroient, & produiroit � F�uil des angles diflemblables , qui ne peuvent fe tol�rer que dans un Efcalier � vis & de peu d'importance | o� Ton eft oblig� de monter une grande fuite de mar- ches fans paliers. Pour �viter ces pentes, qui, difons-nous, ne
peuvent �tre mifes en ufage dans les marches d'u» |
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d'Architecture. 307
Efcalier de quelque confid�ration , examinons
quelle hauteur il convient de leur donner, rela- tivement � leurs girons, afin de rendre leur ac- c�s facile dans toutes les occafions, en exceptant n�anmoins celles des Efcaliers fouterrains, d�ro- b�s, & de d�gagement; l'�conomie & la n�cei��t� l'emportant dans ce dernier cas fur la commo- dit� , la beaut�,. & la r�gularit�. Nous avons d�j� parl� du triangle de Pytha-
gore, concernant la proportion de la hauteur & du giron des marches, dont le c�t� eil � la baze, comme trois eil � quatre j mais nous avons re- connu que cette dimeniion ne pouvoit avoir lieu que pour les gradins , �l'ufage de nos fpeclacles, δε des Jardins de nos Maifons de plaifance ; & que , dans nos defcentes de Caves , & dans nos Efcaliers qui montent de fonds, cette forme ne i�uroit �tre mife en ufage. Scamozzy donne deux mani�res de trouv�e
cette proportion. La premi�re, par un triangle �quilat�ral, dont il donne la perpendiculaire au giron, δε la moiti� de la bafe � la hauteur de la marche. Cette proportion nous paro�t plus conve- nable que celle que Vitmve enfeigne d'apr�s Py- thagore ; mais elle eil encore trop �lev�e pour un Efcalier coniid�rable , δε Γοη doit pr�f�rer la f�- conde que Scamozzi donne par un triangle rec- tangle , dont la bafe foit le double de la perpen- diculaire, δε dont cette derni�re forme la hau- teur de la marche, δε l'autre celle du giron. N�an- moins , cette maniere pr�f�rable � la pr�c�- dente , nous paro�t encore trop �lev�e ; c'eil pourquoi nous allons t�cher d'�tablir une propor- tion invariable , applicable � tous les genres tTEfcaliers. |
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3o8 Cours
La longueur du pas d'une perfonne qui marche
de niveau ou horizontalement, eil commun�ment de deux pieds, & la hauteur du pas de celle qui monte � plomb, n'eft que d'un pied, d'o� il fuit que la longueur du pas horizontal, eil double de celui fait perpendiculairement. Or, pour les join- dre enfemble, il faut que la hauteur de la mar- che , prife avec le giron , compofe un pas qui �gale la longueur de deux pieds ; enforte que ii dans une rampe d'Efcalier , on ne don- noit qu'un pouce de hauteur � la marche , il faudroit donner vingt-deux pouces � fon giron, parce que ces vingt-deux pouces de niveau avec le pouce vertical qui vaut deux horizontaux, �ga- leroient vingt-quatre pouces qui font le pas na- turel. Si la marche � deux pouces de haut, qui �galent quatre pouces de large, elle ne devra avoir alors que vingt pouces de giron ; fi elle a trois pouces de haut, fa largeur fera de dix-huit pouces , ain� des autres. Cette proportion eil confirm�e par l'exp�rience, & elle doit s'obf�r- ver dans tous les cas, quoiqu'elle ne le rencon- tre pas toujours exactement : par exemple, � � Meudon , les marches ont de hauteur cinq pou- ces fur quinze; � Saint-Martin-des-champs», cinq pouces fur feize; � l'H�tel de Soubife, cinq pou- ces fur dix-fept ou dix-huit; � Saint-Germain- «n~Laie au contraire, fix pouces fur onze, &ci diff�rence qui fait fentir la difficult� qu'il y a d'affuj�tir la grandeur des cages avec la hauteur des planchers, & la n�ceiiit� de pratiquer des paliers relatifs � la diff�rente longueur des. ram- pes; ce qui fait que dans plus d'un Efcalier un peu coniid�rable, les girons des marches, & quelquefois leur hauteur font du�emblabies j » . . .. ί' ^
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d'Architecture; 309
difparit� qu'il faut �viter autant qu'il eil poi�i-
ble , principalement lorfque cette diff�rence eil trop fr�quente. Autrement un quart de pouce eil de peu d'importance fur un giron, de m�me qu'une ligne fur fa hauteur, fur-tout quand cette irr�gularit� produit un bien r�el pour les dimen- fions g�n�rales. De la d�coration des Efialiers.
La partie la plus indifpenfab�e de la d�coration
des Efcaliers eil la fym�trie. Elle eil d'autant plus difficile � mettre en �uvre, qu'on eil fouvent g�n� par l'ordonnance des dehors ; ce qui doit d�terminer un Architecte, ainfi que nous l'avons r�command� plus d'une fois, & que nous le re- commanderons encore, � faire marcher d'un pas �gal, lors de la diilribution de fon Plan, la d�co- ration int�rieure & ext�rieure de f�n Edifice , afin d'aiTuj�tir. les �coin�ons, les trumeaux, les portes & les croif�es avec l'ordonnance enti�re. Qu'on y prenne garde ; la moindre n�gligence � cet �gard, le rend inexeufable aux yeux des connoiifeurs. En un mot, aucune licence ne doit avoir lieu que dans le cas d'une r�paration ou d'une reitauration ; mais lorfqu'on b�tit � neuf, les licences ne peuvent porter aucune efpece d'excufe. Apr�s la fym�trie, la convenance doit pr�ii-
der dans la d�coration d'un Efcalier. C'eil-elle qui emp�che que dans un B�timent de peu d'im- portance, on ne donne � un Efcalier trop de ri- cheiTe , foit par la multiplicit� des membres d'Ar- chite&ure, foit par la prodigalit� des ornements, X<a convenance emp�che auffi que dans les Edi- |
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3i� Cours
�cQs d'une certaine confid�ration, la d�coration de
ces fortes de pi�ces ne {bit tenue trop iimple ; elle exige de plus que , dans tous, mais particu- li�rement dans les Monuments confacr�s � la pi�t�, la douceur des rampes, la longueur des marches, leur peu de hauteur, la largeur de leurs girons, la grandeur de leur cage, l'�l�vation de cette derni�re , & la beaut� de l'appareil, foient pr�- f�r�es � toute autre objet. A l'�gard de ceux de nos Palais , & de nos grands H�tels , il eft bon que leur ordonnance r�ponde � la ma- gnificence des dehors & des dedans de l'Edifice; mais, d�t-on n'employer que le miniftere de la Peinture , au lieu de l'Archite&ure & de la Sculp- ture en relief ; il faut en �loigner le faite mal en- tendu dont on a uf� dans les Efcaliers de l'H�tel de Soubife ( c) & de l'H�tel de Luynes ; de m�me qu'il eil bon d'�viter au contraire la trop grande implicite qu'on remarque � celui du Palais des Tuileries. Il faut obferver que plus la convenance du
B�timent paro�t exiger de richeffe dans un Ef- calier, plus il eft n�ceffaire que les paliers fu» p�rieurs ne nuifent point d'en-bas au coup d'ceuil de la cage, & m�me de fon plafond , qui doit ■
(c) La d�coration feiate de l'Efcalier de cet H�tel, eft d'une
belle ex�cution ; mais fon fafte th��tral , la rend trop peu vraisemblable. �n a uf� � celui de l'H�tel de Luynes de plus de retenue ; mais les fujets galants qu'on y a peints, y font d�plac�s, ainfi que la plus grande partie des ornements qui d�corent les vo�tes & les rampes de cet Efcalier. La Pein- ture de l'Efcalier de l'H�tel de Thiers, eft une de celles qui nous plaifent le plus ; parce qu'elle ne pr�fente � l'�uil du connoiifeur, que les membres d'Archite&ure, & les orne- ments qne l'Archicc�e avok droit d'y placer. |
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d'Architecture. 311
toujours, autant qu'il eft poi�ible, �tre termin�
en forme de vo�te, foit que le jour vienne de cette vo�te, foit qu elle foit feulement orn�e de Sculp- ture ou de Peinture ; � propos de quoi nous di- rons que la premiere y convient davantage , � moins que la Peinture n'y foit employ�e en gri- faille ; principalement lorique la conftruclion de l'Efcalier fera de ma�onnerie : autrement les fu- jets colori�s tranchent trop fur le fond blanc des murs de cage ; ainii qu'on peut le remarquer au grand Efcalier de la Biblioth�que du Roi, ce qui ne peut fe tol�rer, que lorfque les rev�tif�ements des murs de cette pi�ce font de marbre, comme on a vu celui des Ambaftadeurs � Verfailles, & qu'on remarque encore celui nomm� des Princes dans le m�me Palais. Mais comme ces incrufta- tions , toujours difpendieufes , n'appartiennent gu�res qu'aux Maifons Royales, il faut �viter de feindre en marbre , les rev�tuTements des Efca- liers des Maifons ordinaires , & par la m�me rai- fon , y fupprimer la Peinture & la dorure, qu'on a employ�e, peut-�tre indifcr�tement, � l'Efca- lier de l'H�tel de Tunis , place de Vend�me ', non-feulement parce que cette richeffe eft fu- perflue, mais parce que l'air ext�rieur ternit en peu d'ann�es ce genre de d�coration. On fait fouvent ufage des ordres d'Archite&u-
re dans la d�coration des Efcaliers ; mais il eft � propos de remarquer, que leur ordonnance n'eft bonne � mettre en ufage , que lorfque les ram- pes fmiffent aux paliers du premier �tage, afin que les ordres colonnes ou pilaftres , fe trou- vent de niveau avec le plain-pied de l'�tage fu- p�rieur; autrement ces ordres fe trouvent mat 3&S fur des baf�s rampantes, & les architraves mal y iv
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port�s fur des chapiteaux inclin�s; c'eit-�-dire,
paralleles aux rampes; tel qu'on le remarque au grand Efca�ier du Palais Quirinal � Rome, � ce- lui de Bei\*�der, & � celui de Capraroles : d�faut que le Cavalier Bern�n a voulu �viter au Vatican» en faifant les bafes & les chapiteaux de niveau, malgr� l'obliquit� des rampes. Cette maniere , quoique moins vicieufe , n'eil cependant gu�re plus agr�able � l'�uil, � caufe des focles trian- gulaires en forme de coins, qui fe contredifent avec l'inclinaifon des rampes, qui � peine font tol�rahles dans les baluitrades des Efcaliers. Pour �viter l'un & l'autre inconv�nient, il faut n�ces- sairement Supprimer les pilaftres dans la partie �qs rampes, y fubiKtuer un foubaf)ement orn� de tables & de corniches rampantes, & employer feulement les ordres d'Archite&ure dans la par- tie horizontale du premier �tage, ainii qu'on le remarque au grand Efca�ier du Ch�teau de Saint-� Cloud, dont nous donnerons la d�coration dans le Volume fuivant, & tel qu'on le voit encore � celui nomm� de la Reine � Verfailles, & � celui de l'H�tel de Touloufe � Paris. Alors les ordres, les entrecolonnes ou pilallres, tous les compar- timents, & les bas-reliefs deviennent r�guliers. Les rampes d'un Efca�ier ajoutent beaucoup �
fa d�coration : pour qu'elles faifent un bel effet, il faut qu'elles foient continues & fans reifaut, tel qu'il s'en voit au Ch�teau de Maifons, & ail- leurs. Ces reffauts paroiiTent contraires � leur ufa^ ge, qui femble exiger qu'on s'appuie fur ces rampes pour defcendre & monter ces Efcaliers. Pour �viter l'obliquit� des pi�deftaux & des
chapiteaux des baluilres, ou les focles en forme de coins dont nous venons.de parler, on fubili^ .- |
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d'Architecture. 315
tue affez commun�ment les rampes de fer � celles
de pierre ou de marbre. Cependant quoique les rampes de fer paroifi�nt agrandir la longueur des marches, donner plus de jour aux rampes, plus de d�gagement aux quartiers tournants, & moins de pefanteur aux vo�tes, les baluitrades de pierre ou de marbre ne doivent pas �tre fiipprim�es in- diitin&ement, principalement lorfqiul s'agit de l'ordonnance d'un Efca�ier dont la d�coration doit �tre grave, & o� les rampes de fer paroitroient trop l�g�res , trop �vid�es , trop frivoles, dans un lieu vaite, dont les rev�tiilements font d'une mati�re folide. Mais pour �viter la fragilit� des chapiteaux & des baies des ba�uitrades , on peut i�ire ufage d'entre-las, d'un caract�re relatif � l'or- donnance qui pr�iide dans la d�coration; ces entre- las par leurs contours vari�s, mafquent pour ainfi- dire, les obliquit�s indifpenfables des ram- pes , &c. De la Con�ruclion des EfcalUrs*
La partie la plus effencielle d'un Efca�ier, eft
la conitruction ; qui a pour objet la folidit�, Fart du trait, & la beaut� de l'appareil. En effet, on peut ne mettre aucune eipece de d�coration dans un Efca�ier ; mais on ne peut fe difpenfer de lui donner une folidit� capable de r�futer � la pouff�e d�s vo�tes qui le compofent, & au mou- vement ' continuel des peribnnes qui montent δε defeendent les �tages qui conduifent aux Appar- tements d'un Edifice public, ou d'un B�timent de quelque importance. Ordinairement leur conitrue* tion fe fait de marbre, de pierre ou de bois de charpente. Ces derniers ne font d'ufage que pour |
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314 Cours
les Efcaliers qui d�gagent les Appartements d'un
grand H�tel, d'une Maifon � loyer, &c. Xes grands Efcaliers au contraire fe conitruifent
en'pierre ou tendre , ou dure; ils font compof�s de vo�tes de diverfes efp�ces, plein-cintre , fur- baiflees ou m�plates , en vouiTures rampantes ou droites, ou enfin en tours creufes avec des culs- de - four, des trompes , &c. leurs paliers font foutenus par des plates - bandes droites en cou- pe , δε par des claveaux � t�tes �gales. Ceux de marbre ont la m�me fuj�tion,que ceux conitruits de ma�onnerie , & ne different gu�re de ces der- niers, que par leurs rev�tiiTements , le mai��f des vo�tes & des murs �tant aum* de pierre, & feu- lement recouvert de marbre par compartiments, marbre uni � la Ma�onnerie par des agraffes de bronze ou de fer. Quelquefois par �conomie, on conilruit les Ef-
caliers en pierre , feulement jufqu'au premier �tage, & le reile en charpente appuy�e fur uii poitrail qui fert de marche de palier ; alors les parties Sup�rieures fe rev�tent de ma�onnerie , & peuvent �tre orn�es de cadres qui imitent la pierre. Ge genre de conftru&ion , moins eftim� que celui tout en pierre, produit de f acc�l�ration dans la main d'�uvre, de l'�conomie dans la d�- penfe, & donne un air de l�g�ret� � la d�co- ration des Efcaliers : ces derniers ne laiffent pas non-plus d'avoir de la f�lidit�, & n'ont gu�re con- tre-eux que de r�iiiter moins � une grande port�e, & au fervice journalier. De quelque genre de conftru&ion que l'on
veuille faire ufage dans les Efcaliers , il faut t�- cher de rendre la forme des vo�tes l�g�re, d\m beau galbe & fans jarrets ; pratiquer, autant qu'il |
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D Architecture. 315
eft poi�ible, des pi�droits fous la naiffance des
rampes, pour foutenir le poids & la pouif�e des vo�tes qui les compofentj, fans cependant trop embarrafler le rez-de-chaufiee , ni affe&er une hardieffe t�m�raire. Il eft bon que les vo�tes pa- roiiTent retenues par l'art du trait ; mais il faut lifer de beaucoup de circonfpe�ion dans leur afpe�t ; car, quoique la th�orie nous rai�ure contre la l�g�ret� apparente des vo�tes, il eft de la prudence d'un Architecte , de conferver de la vraisemblance dans ce genre de conftruclion ; autrement on y monte avec inqui�tude, & en cela ils reffemblent aux Edifices gothiques , qui font trouv�s par les connohTeurs, plus fin- guliers que raifonnables. La magie de l'Art veut des bornes ; trop de hardief�e �tonne plus qu elle ne fatisfait. En un mot, une l�g�ret� trop affe&�e, quoique reconnue folide par les Ma�tres de l'Art> n*eft pas plus reeevable, dans le cas dont il s'agit, que l'ignorante pefanteur dont on ufoit dans les Efcaliers du dernier fiecle. Tout confifte dans le choix des vo�tes, foit par rapport � leur folidit�, foit par rapport � la forme de leur courbe, & la relation de leur largeur avec leur hauteur : par exemple, jamais les vo�tes d'un Efcalier ne fe- ront un bon effet, fi la grandeur de la cage n'eft proportionn�e � la hauteur du premier �tage; car fi, pour faire un Efcalier dont les rampes fuiTent tr�s-douces, on leur vouloit donner beau- coup de longueur pour rendre l'ouverture de l'an- gle moins grande, alors, il faudrait allonger le c�t� du reitangle, fans pour cela que le plancher p�t �tre plus �lev�. Or cette nouvelle grandeur de cage fous une hauteur de plancher donn�e, feroit paro�tre a�ceifaircment la vo�te > & trop |
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3�6 Cours
�craf�e & trop furbaiff�e pour fa largeur : enfort®
que de quelque artifice que l'on puiffe uier dans l'art.du trait pour rendre cette vo�te r�ellement folide & l�gere en apparence, les mafTes n'�tant pas faites pour les parties de d�tail, produiroient toujours un effet d�fagr�able � l'�iiil. La conftrudion des Efcaiiers coniiile encore
dans l'art de l'appareil; c'efl-�-dire, dans la r�- gularit� des affifes �tablies � une m�me hauteur; dans la pr�cifion , & dans la propret� des joints, ainfi que dans le ragr�ment des parements, des cadres des moulures, &c. Ceft par le fecours de l'appareil, qui ajoute conild�rabiement � la beaut� d'un Edifice , que la Chapelle de Verfailles, le D�me des Invalides & la Fontaine de Grenelles � Paris, font au-dei�us de tous les autres monu- ments de cette Capitale, quoiqu'elle en renferme un grand nombre de beaucoup plus �tendus , & de beaucoup plus confid�rables. Difons un mot � pr�fent de celui marqu� Y l, dans
le Plan � rez de-chauff�e du Palais qui a fervi d'occa- fion aux pr�ceptes qui concernent la diflribution , & qui font ici notre objet. Cet Efcalier eft � trois rampes, tel que celui du Ch�teau des Tuileries, & diff�re feulement de ce dernier , en ce qu'il eft d'une conftruftion & d'une ordonnance plus l�gere, & que le grand palier du premier �tage marqu� G, Planche XLI, communique � un tro- toir marqu� H, qui tourne autour de la cage de cet Efcalier ; afin que par ce paifage de commu- nication, on puifTe arriver dans une Salle deilinee pour les Concerts particuliers , fans �tre oblig� de paffer , ni par Fanti-chambre C , ni par le tro- toir E du grand Sallon, Le trotoir'H eft pof� fur jm jnaifif qui rend la cage du rez-de-�haiuT�@ |
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d'Architecture. 317
plus �troite que celle du premier �tage ; ce maiiif
nous a fait �viter une trompe qu'il auroit fallu pratiquer, pour foutenir la faillie de ce trotoir ; & quoique la conflruclion n'en e�t pas fouffert, cette trompe & ce porte-� faux auroient �t� con- traires � une folidit� vraiffemblable que nous venons de recommander dans la conflruclion des Efcaliers. D'ailleurs, ii nous eui�ions pr�f�r� les trompes � ce foubaiTement, une partie de la lon- gueur �es marches des deux derni�res rampes au- roit �t� � couvert par cette faillie , ce qui au- roit produit un mauvais effet; au lieu que le fou- baiTement propof�, tient lieu d'emp�tement au pre- mier �tage, & procure un air de folidit� � cet Eicalier, fans lui pter l'�l�gance dont il peut �tre fufceptible. .Tout ce B�timent eil environn� de terraiTes 9
dont les formes principales font aifuj�ties au mou- vement ext�rieur des fa�ades. Ces terraffes font munies de grands perrons plac�s dans l'allign�- ment des enfilades les plus eifencielles de l'int�» rieur de l'Edifice. Nous ne donnerons point ici les jardins de ce
Palais : nous renvoyons au premier Chapitre de ce i Volume o� nous avons trait� de cet objet en particulier, , & dont les pr�ceptes peuvent s'appliquer � tous les B�timents d'habitation». A l'�gard des d�pendances de ce Palais, voyez la Planche XXXIII, & m�me celle que nous avons donn�e pour le f�cond projet de cet Edifice» Planche XXXIV. PaiTons � pr�fent � la diitribu- tion des pi�ces du premier �tage contenues au-de�� fus des principales parties du Plan que nous vei- nons de d�crire ; enfuite nous donnerons la def- cription du deuxi�me projet de. ce Palais* |
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3i8 Cours
Distribution du premier �tage
dont le rez-de-chauss�e vient
d'�tre d�crit.
Planche X L I.
La diitribution de ce Plan eil comprife feule-
ment, dans le principal avant-corps, & dans les pavillons des quatre extr�mit�s de ce projet ; le reite n'eit occup� que par des combles peu �lev�s, pour qu'ils ne ibient pas aper�us d'en-bas. Ces combles font d'ailleurs mafqu�s par une baluitrade qui regne autour de la fa�ade du B�timent, & derriere laquelle eil un .chemin pour communi- quer aux quatre Pavillons qui fe remarquent dans cette Planche. Le grand Efcalier marqu� A , dont nous venons de parler, donne entr�e par le pa- lier G , � une Anti-chambre C , & � une Salle D, par le trotoir marqu� H. Cet Efcalier eil �clair� au premier �tage par trois croif�es qui n'emp�- cheroient pas , comme nous l'avons dit ailleurs , qu'il f�t �clair� par une lanterne comprife dans la calotte, fans que celle-ci f�t apparente au-dei�iis des baluirrades ext�rieures. Les trotoirs marqu�s H, que nous n'avons pu tenir plus larges � caufe des mai�ifs du rez-de-chauiT�e qui les foutiennent, pouroient faire pr�f�rer une rampe de fer � une baluitrade de pierre ou de marbre ; mais il faut fe reifouvenir que dans tous les cas , celles-ci doivent �tre pr�f�r�es, & que pour l�s mettre en �uvre, & conferver une faillie de trotoir con- venable, il vaudrait peut-�tre mieux fe r�fou- dre � arrafer la faillie des bafes des pilail�es, dont |
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d'Architecture. 319
la ba�uftrade mafqueroit la mutilation. Cette cir-
conftance montre une de ces occaiions o� il faut qu'un Architecte fache facrifler quelquefois les parties au tout ; ce qui ne fe peut n�anmoins, comme nous l'avons d�j� remarqu�, que par une exp�rience confomm�e, qu'on ne fauroit acqu�- rir que par l'examen des chofes faites : un homme timide n'ofera jamais prendre fur lui cette libert�>* s'il n'a pour autorit�, l'exemple de quelque grand Ma�tre, ou une raifon luffifante pour appr�cier l'imitation des licences , qu'il veut mettre en oeuvre. L'Anti-chambre C eft toute rev�tue de pierre
de Liais, & d�cor�e de pilaftres Ioniques, plac�es entre iix arcades : trois de celles-ci fervent de portes croif�es, & donnent entr�e fur une ba�uf- trade F, dont la faillie eft. port�e fur les colonnes Comportes, plac�es en avant - corps au rez-de- chauff�e ; les trois arcades qui leur font oppof�es , donnent entr�e fur un autre trotoir marqu� Ε, pra- tiqu� au pourtour du Sallon Β ; ce trotoir eft port� auffi par des colonnes Compofttes, qui d�corent le rez-de-chauff�e de ce Sallon � double �tage, & termin� en calotte : voyez la Planche XLIV. Sur le mur de refend de Γ Anti-chambre, du c�t� de l'Efcalier, font deux arcades, qui diff�rent des. fix pr�c�dentes , en ce qu'elles font bomb�es , pour fym�trifer � celles qui leur font oppof�es , Tune feinte, l'autre r�elle, donnant entr�e � un Cabinet marqu� I. Cette Anti-chambre eft cou- ronn�e d'une corniche en ftuc, au-dei�us de la- quelle eft une voui�ure. A la place de cette der- ni�re , on auroit pu pratiquer une calotte prife dans la hauteur de la charpente; mais il auroit �t� � craindre qu'une plus grande �l�vation donn�e |
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$10 Cours
� cette pi�ce, n'e�t difput� avec la hauteur dit
premier �tage du Sallon Β ; d'ailleurs, ce plafond tenu m�plat, forme oppofition avec la calotte du Sallon qu'il �toit important de laiffer dominer. * Par les trotoirs H du grand Efcalier A , on ar-
rive a la pi�ce D, deftin�e pour la r�p�tition des Concerts qui pouroient fe donner dans le grand Sallon B; la iimphonie feroit plac�e fur les tro- toirs E. La forme de cette pi�ce D eil abfolument la m�me que celle du rez-de-chauff�e, & peut com- muniquer du trotoir H � celui Ε, f�lon le befoin & la deftination de la pi�ce D, fi elle cefToit d'�tre une Salle de Concert ou de r�p�tition. Le Cabinet I eft � pans, du c�t� oppof� aux
croif�es , non-feulement � deifein de placer la chemin�e dans l'un de fes angles ; mais pour trou- ver dans l'autre la place d'un Efcalier � noyau, qui, de ce premier �tage, monte aux combles pra- tiqu�s fur les pi�ces �, L, C, D. Ce Cabinet I a une porte croif�e Κ, qui donne fur la terraife, pour communiquer � d�couvert aux Cabinets M, Ν, fans �tre oblig� de redefcendre au rez-de-chauff�e pour y arriver par les petits Efcaliers dont nous avons 'parl� pr�c�demment. ■ Ce Cabinet I peut fervir, aini� que celui L ,
� contenir des tableaux & des livres, s'il arri- voit, comme nous l'avons remarqu� , que la Bi- blioth�que marqu�e Ν 5 au rez-de-chauff�e, Plan- jche XXXV, ne f�t pas plac�e convenablement �dans la principale enfilade \ ces fortes de pi�ces de- mandant du rec�uillement. . Du trotoir H, on peut auffi arriver par l'une
de fes portes croif�es Q, aux pi�ces marqu�es P, �, paf la communication des terraffes > afin d'�viter » comme
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fc�mnte nous l'avons remarqu� de l'autre c�t� < de
ce Plan , d'�tre oblig� de defcendre au rez-de* chauff�e, pour arriver aux pi�ces fup�rieures,pra* tiqu�es dans les quatre Pavillons, qui flanquent les extr�mit�s de ce principal corps-de-logis. Nous ne parlerons point de la proportion des
diff�rentes pi�ces du premier �tage, qui compo� fent ce Plan ; elles font affuj�ties � celles du rez-de- chauff�e : les murs de face & tle refend montent de fond, & la hauteur des planchers peut acqu�rir plus ou moins d'�l�vation, & �tre prife dans celle dts combles fup�rieurs. A P�gard de ceux qui fe remarquent ici, ils font mafqu�s parla baluftrade, parce que nous avons voulu faire paro�tre ce B�- timent couvert en platte forme ? comme � Ver- failles , au Palais Bourbon ? &c. Dans l'un des angles de chacun des Pavillons
M, Ν, Ο, Ρ, font marqu�s l�s orifices fup�rieurs des defcentes de plomb a pour l'�coulement des eaux ; ces defcentes traverfent le maffif des murs du, rez-de-chauff�e jufques dans des aqueducs pratiqu�s fous terre; & ces aqueducs conduifent les eaux dans une petite rivi�re qui paffe pr�s de ce Palais. Ces dek centes enclav�es dans l'�paiffeur des murs �vitent les conduits de plomb ext�rieurs, qu'on remarque dans les Edifices du dernier fiecle, & qui interrom- jDoient l'ordonnance des fa�ades , coupoient les corniches, & g�n�ralement tous les membres fail- �ants d'Architecture. Il eil vrai qu'il faut convenir que i� d'un cot� les defcentes dont faous parlons, produifent un bon effet dans la d�coration �es, dehors ; de l'autre, elles exigent une grande pr�- caution, quand elles font ainfi. pratiqu�es dans les �paiffeurs des murs ; autrement , lorfque ces Tome IV� X |
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322 C OU IR S
fortes de defcentes viennent � s'engorger (d), if
eil difficile d'apporter un remede aiTez prompt pour �viter les dommages qu'y peut cauier le f�- jour des eaux occauonn� par quelque irruption, par quelque engorgement, ou par quelque cong�- lation. Les defcentes dont nous parlons , lorfqu'on �
peu de place , fe conitruifent en pierres dures � jointoy�es � chaux & � ciment; mais il eft mieux, iorfque les murs qui les re�oivent ont fuffifam- ment d'�paiffeur , de pratiquer des efpeces de puits d'environ deux pieds ou deux pieds & demi de diam�tre, au milieu defquels on pofe la de{- cente de plomb, enforte qu'un ouvrier peut cir- culer autour, les d�gorger, les r�tablir & veiller � leur confervation. Si les murs n'ont pas aiTez d'�- pahTeur, on emploie des tuyaux de gr�s , de bois, de fer fondu ou de plomb; mais il faut favoir que ceux de gr�s font fujets � fe caifer � la gel�e ; ceux de bois � fe pourrir, ceux de fer � fe rouiller, & ceux de plomb � fe crevaifer. D'ailleurs tous ces tuyaux f�nt difficiles � retirer , quand ils font pr�cif�ment contenus dans les defcentes de pieyre. Au refte celles-ci doivent avoir la pr�f�- rence, quand elles peuvent avoir un diam�tre aiTez confid�rable. Il e� encore un moyen de fe fervir de celles-ci, quoique d'un petit diam�tre; c'eit d'obferver de neuf pieds en neuf pieds, ou plus pr�s, s'il eft poifible, des ouvertures dans leur hau- ■
�* " * f " ι ' * " '
(d) Pour emp�cher que les d�bris des couvertures ne paiTcn.t
dans ces conduits , & ne les engorgent, on pofe fur leur ori- fice fup�rieur des grilles de fer en d�mes , qui s'encaftrent dans des feuillures : ces grilles alors arr�tent tous les corps �trangers qui poiiro�ent fe pr�cipiter &ans ces defcentes. |
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b JARCH ITECTUit�. $%}
ieiir : ces fortes d'ouvertures facilitent ie d�gor-*
gement auquel ©n rem�die par l'int�rieur des pi�- ces de peu d'importance, ou m�me par l'ext�- rieur des fa�ades > en obfervant de mettre un carreau de pierre � recouvrement entre deux joints, afin de cacher ces ouvertures. Cette pr�- caution, quoiqu*affez fujette* nous paro�t pr�f�- rable � toutes celles dont nous venons de parler, & particuli�rement dans les defcentes de plomb ou de bronze que Ton pratiquoit anciennement dans l'ext�rieur des Edifices* Il eil encore n�ceifaire d'obferver que lorfque
l'eau de ces defcentes ne peut s'�couler fur le pav� des cours, faute d'avoir des pentes fufE-* fantes qui la conduifent au-dehors, ou parce que �e principal corps-de-logis fe trouve �lev� fur une terraffe environn�e de jardins, on eil oblig� de pratiquer des canaux fous terre, qui conduifent la chute de ces eaux affez loin , pour �viter les exhalaifons des eaux dormantes, qui n�cef�aire- ment corromproient la falubrit� de l'air : ou il faut avoir la pr�caution de raf��mbler une partie des eaux du ciel dans des r�fervoirs pratiqu�s fur les combles , comme on l'avoit obferv� avec ; fucc�s au Ch�teau de Petit-Bourg, & que nous en avons pratiqu� ici marqu�s b ; ou bien en- fin, on doit fe d�terminer � en contenir la plus grande partie dans des citernes pour le fervice des baiTes - cours , des jardins - potagers , l�gu- miers , &c. On a marqu� fur la couverture des combles
de ce Plan, les louches de chemin�es des Appar- tements du rez-de-ch�uff�e. On ne leur a affe�� aucune fym�trie, n'�tant pas aper�ues d'en-bas, � caufe de l'�l�vation des baluitrades , & du peu . Xi)
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3*4 Cours
de hauteur des combles. Cependant il faut fa voit
en g�n�ral, qu'il eft eifenciel d'�lever ces fou- ches de chemin�es d'environ trois pieds au-deffus des fa�tages , pour emp�cher le vent de fe ra- battre dans leur tuy ati ; caufe ordinaire de la fu- m�e qui fe communique dans les Appartements, Les anciens Architectes pr�tendoient que plus les tuyaux de chemin�es avoient d'�l�vation, & moins elles �toient fujettes � fumer : pour cette raifon, ils leur donnoient une hauteur conii- d�rable ; ce qui les engageoit � une d�coration fort difpend�eufe ; ainfi qu'on remarque celles du Louvre, du Palais des Tuileries, du Ch�teau de Maifons, de Blois , &c. Mais l'exp�rience a ap- pris & confirm�, que le moyen d'emp�cher la fu- m�e dans l'int�rieur des pi�ces ne coniiftoit pas dans la hauteur des tuyaux ; mais bien dans la maniere de les d�voyer; feul moyen de mettre en �quilibre la colonne d'air ext�rieure avec celle de la fum�e produite par le foyer : enforte qu'on �vite aujourd'hui la d�penfe & le poids �norme de ces anciennes fouches; leur d�coration entre maintenant pour peu de chofe dans celle de nos B�timents. Aux quatre extr�mit�s de ce Plan font prati-
qu�es autant de pi�ces marqu�es Ο , Μ, Ν, P. Celle d�fign�e par Ρ, eft la Chapelle , qui monte de fonds depuis le rez-de-chauff�e jufquau com- ble, & dont le trotoir S de plain-pied au pre- mier �tage fert de tribune, y compris l�s em- brafures des croif�es. On arrive � cette tribune � d�couvert par les termites, & � couvert par le petit Efcalier � noyau, marqu� V; l'int�rieur de cette pi�ce eft circulaire , & l'ext�rieur � pans , ainfi que les trois autres pavillon«, dont celui |
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d'Architecture. 325
marqu� M peut fervir de laboratoire de Chimie ;
celui Ν, d'Obfervatoire ou de Biblioth�que ; & ce- lui Ο, pour placer un tour. Chacune de ces pi�ces a des Efcaliers particuliers, & leurs portes, croi- f�es principales communiquent � des baluftrades en faillies, prifes fur les entre-colonnements^ cora- pofites plac�s au rez-de-chauff�e de ce Palais. Apr�s avoir d�crit les deux Plans du rez-de-
chauff�e & du premier �tage de notre premier projet, Planches XXXV & XLI, & en avoir fait fentir les avantages & les d�favantages ; donnons dans ce m�me Chapitre, comme nous l'avons promis page 192 de ce Volume, une nouvelle diitribution, faite pou* le m�me Palais, en ren- dant compte des motifs qui nous ont port� � faire les changements affez confid�rables , qu'on remarquera fur la Planche dont nous aidons par- ler , compar�e avec la Planche XXXV ; enfuite, nous pr�fenterons feulement les fa�ades ext�- rieures & la coupe de ce premier projet, qui nous donneront occafion de r�capituler ce que nous avons enfeign� pr�c�demment, concernant l'ordonnance des dehors.. Defcription de la Planche XXXF7�
Nous avons d�j� rapport� que, lorfquil sV
giflbit d'�lever un Edifice de quelque importance* il �toit indifpenfable que TArchite&e m�t tous fes foins � rendre les dehors tr�s-r�guliers : nous r�p�terons ici que pour parvenir � cette fin » nous avons laiff� dans la diftribution de la Plan- che XXXV plus d'une imperfection, que nous n'avons pas n�glig� de faire fentir, lorfque nous en avons fait la defcription : nous nous fomme&i X ii|
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$i6 Cours
m�me fervi, comme on a d� l'obferver, des d�-
fauts qui s'y remarquent, pour laiffer voir quand on fe les peut permettre en faveur du bien qu'ils peuvent procurer, foit pour ce qui concerne la commodit�, foit pour ce qui regarde l'ordonnance ext�rieure, ou la d�coration des dedans. Ce nouveau Plan que nous offrons ici, eil fans
doute plus r�gulier, il a plus de grandeur, plus de commodit�; mais nous ne voulons pas diffi- muler que l'ordonnance des dehors, rapport�e Planche XLII, XLIII & XLIV de ce Volume, & qui eft celle de notre premier Plan, offre, � nous ne nous y trompons pas , un afpet~t plus in- t�reffant que les dehors du projet que nous d�- crivons actuellement (e), fur-tout �x l'on examine avec attention la fa�ade lat�rale, Planche XLIII* de laquelle on aper�oit au premier �tage la profon- deur de tout l'avant-corps , pr�cii�ment plac� dans le milieu de cette face lat�rale,: avantage qui ne fe rencontreront pas dans le Plan dont nous parlons ; aiif�i avons-nous chang� la difpo- fition des d�pendances qui l'accompagnent, comme on peut le remarquer |dans la Planche XXXIII, qu'on poura comparer avec celle XXXIV : dans ces deux Planches font exprim�es les diff�rences qui caracf�rifent ces deux projets, ainfi que nous en avons rendu compte, page 149 & fuivantes de ce Volume. Une des principales diff�rences de ce Plan fur
l'autre , c'eft d'avoir fait doubles, au lieu de femi- |
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(e) Nous n'avons pas eru devoir donner les �l�vations de ce
deuxi�me projet; il ne diff�re gu�re du premier que dans la difpo- fition des ail�s; le ftyle de l'ordonnance des fa�ades eil abiV Ijjm�n� le m�me, qu� dans la Flanche XLII & les fuivanccs. |
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«'Architect ure. 327
doubles, les arrieres-corps du principal corps-de-lo-
gis. De ce changement, font n�es toutes les commo- dit�s qui manquoient dans le Plan pr�c�dent, fans cependant avoir nui en rien � la dimenfionr & � la difpoiition du grand avant-corps du milieu ; le Veilibule A , leSallcn Β & l'Efcalier C , �tant abfolument les m�mes j les Salles d'ailembl�e D, E, ne diff�rant non plus "de"l'autre Plan, que parce quelles font plus r�guli�res dans leur forme : nous y avons fupprim�les tours rondes & les pans coup�s qui s'y remarquent, parce que fouvent ils font con- traires � la dignit� qui doit pr�fider dansles Apparte- ments de magnificence* Il eil vrai que la premiere Antichambre F n'eil pas plus grande, & qu'elle fe trouve moins �clair�e ; mais elle eil plus r�gu- li�re , en ayant faillirait les pans coiip�s, & plac� (es chemin�es en race de la croif�e : par ce moyen, elles fe trouvent adoif�es � celle de la Salle d'aifem- bl�e. Par le fec�urs de la deuxi�me Antichambre marqu�e. G, les pi�ces ED n'ont plus befoiii de com- munication : & cette Antichambre G donne entr�e � la Salle � manger H :: ces deux derni�res pi�ces manquoient eifeiiciellement dans notre dernier projet ; ce qui, certainement, n'�toit pas un d�*� faut peu coniid�rable. De 'cette Salle � manger, on entre dans h Salle de compagnie I, dont les, croif�es du milieu, pratiqu�es, dans les murs de face , s'allignent parfaitement ; ce qui procure � ces deux pi�ces un. agr�ment qui ne fe ren- contre pas dans la Planche XX*XV. Par ce moyen, cette Salle de compagnie fe trou-
ve plac�e entre les deux Cabinets : cet enfemble forme une fuite de pi�ces de foci�t�, qui annonce un Appartement digne de la perfonne � qui cet pdifice eil deilin� :. avantage,. qu'on y prenne: Xiv
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3iS Cours
garde, que les B�timents doubles auront toujours
fur les feml�doubles & fur les iimples. Nous avons pratiqu�, pour cet Appartement une garderobe particuliere Ή, qui a fon d�gagement par le pe- tit Efcalier N. Ce petit Efcalier fert aui�i � monter aux entrefols plac�s fur les pi�ces qui fervent de d�pendance � l'Appartement de parade mar- qu� Ο, & � l'Appartement d'habitation marqu� P; tous deux ici, deilin�s pour la Ma�tre/Te du lo- gis : nous n'en donnons pas les d�tails, dans la crainte de nous r�p�ter avec ce que nous avons d�j� dit, concernant l'arrangement, la difpofition, & la forme des diff�rentes pi�ces des Apparte- ments : nous obferverons feulement que l'Appar- tement d'habitation marqu� Ρ , eil: tr�s-complet dans cette diftribution, & que la pi�ce Ρ ι , dans laquelle on entre des dehors, par la porte croi- f�e a, fert auffi d'Antichambre � la Chapelle Q , afTez heureufement iitu�e dans l'enfilade des pi�ces P, O, plac�es en aile, & tenues iimples, comme dans notre premier projet. Cette Chapelle eil de la m�me forme, & fuf-
ceptible de la m�me d�coration que celle que nous avons d�j� d�crite ; mais elle ne doit pas monter de fond, les quatre Pavillons R, S, T, U, pla- c�s aux extr�mit�s de ce Plan �tant � un feu� �tage; autrement, les fa�ades lat�rales V feroient devenues irr�gulieres dans leur d�coration, n'ayant pas eu deffein de faire les deux Pavillons S, Τ , plus �lev�s que les arri�re-corps X, afin delaifler dominer Tavant-corps Y , & par fa faillie, & par le double �tage qui eft �lev� au-deiTus, fembla- ble en cela aux �l�vations du premier projet |' trac� fur les Planches XUI, XLIII & XLiV. En d�crivant ce Pian3 nous ne parlerons point*
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D'A RCHITECTURE. 3*9
«3e la maniere dont doivent �tre d�cor�es les pi�-
ces qui le eompofent : ce'que nous avons dit pr�- c�demment , concernant cette partie de l'Art, pouvant s'appliquer ici. Pafions � pr�fent � la droite de ce deuxi�me projet, dont nous ne ferons non plus, que parcourir affez rapidement les diitri- butions ; l'afpeft de cette Planche XXXVI fup- pl�era fuffifamment � un d�tail plus circonftanci� , qui ne pouroit fe faire fans une r�p�tition aul�i vaine qu'ennuyeufe. Nous avons d�j� averti que le Veilibule A 9 ...
& le grand Sallon B, �toient abfolument de la m�me forme, de la m�me grandeur, & de la m�- me d�coration que dans le Plan pr�c�dent : l'Efca- lier C eil aui�� dans le m�me cas. Il n'y a donc que la Salle d'aifembl�e E qui en cfifF�re ; nous y avons retranch� la tour creufe du c�t� du mur de face , & � la place de cette tour nous avons pratiqu� de petits pi�droits b, � deffein de rendre toujours ;les quatre parties de lambris c parfaitement r�- guli�res : ces pi�droits peuvent �tre ici termin�s dans leur partie fup�rieure, par des Cariatides ; elles paro�troient foutenir & foulager la port�e du fof�te de l'architrave qui traverfe cette pi�ce dans toute fa largeur. Ce ireit pas qu'on ne puiffe ima- giner un tout autre genre de fupport ; mais celui que nous propofons eil fans conf�querice, & il n'exige pas fa r�p�tition dans tout le pourtour de la pi�ce; encore conviendrons-nous qu'il fe- roit mieux de n'�tre pas oblig� d'avoir recours � cet exp�dient, qui annonce toujours la n�ceifit� d'�viter un inconv�nient par un autre. Au moyen de ce que les deux avant-corps X font
doubles du c�t� de l'entr�e, de femi-doubles qu'ils �toknt dans notre premier Planji'An&chaaikre %% |
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3)0 Cours
diifrif�u�e � la droite de ce deuxi�me projet, elf
■devenue d'une grandeur plus relative � l'Appar- tement de parade & � celui d'habitation, di�ribu�s de ce c�t� ; Appartements que nous ne d�taille- rons point, le nom des pi�ces qui les composent d�iignant fuf�famment leur ufage particulier. Nous obferverons feulement que toutes celles marqu�es A A , indiquent le grand Appartement par� , & celles Β Β, l'Appartement priv� ou d'habitation, qui devient plus commode ici que celui du pre- mier Plan, parce qu'il occupe plus d'efpace , � caufe du double dans lequel il i� trouve diftri- bu�. Mais un objet fur lequel nous croyons de- voir nous arr�ter, c'eit la.Gallerie , dont la dif- pofition & la fituation nous paroif�ent de beau- coup pr�f�rables � la pr�c�dente : premi�rement, ,parce qu'elle ne fait pas partie de l'enfilade prin- cipale, & que , par-l�, elle peut contenir tel; ou tel genre de collection, fans �tre expof�e � la cu- riofit� fouvent indifcr�te d'une foci�t� nombreufe : fecondement, parce qu'elle eil termin�e dans fes (extr�mit�s par deux Salions: celui A A f, defti- ge � fervir pour les entr�es de pr�dilection dans l'Ap- partement de parade : celui A A 2, pour, des Ap<- partements , arriver dans cette 4Sallerie. Cette: belle pi�ce, parfaitement r�guli�re, eft �clair�e par neuf portes croif�es ; &, dans le milieu de fa longueur , on peut, � raifon de l'ufage auquel on la deiH- neroit, placer une chemin�e. Enfin , � la place des tours creufes employ�es dans la pr�c�dente , fe remarquent ici des colonnes qui figurent avan- tageufement avec les pilaftres, qui d�corent le pourtour de cette Gallerie ; en_ un mot, il faut prendre garde que, -du centre du Sallon A A 2, pn jouit, �.la fois, de l'eafilade UT, & de celle |
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d'Architecture; 331
qui, en retour d'�querre, continue dans toute lf longueur du B�timent : ce coup d'�uil manquoit � notre premier projet, puifque l'enfilade AB, Planche XXXV, non-feulement traverfe la Gal- lerie , ce qui ne peut convenir que dans le cas o� cette derni�re feroit deftin�e � fervir de pi�ce de foci�t� ; mais cette enfilade ne ie trouve' pas pr�cif�ment dans le milieu de fa longueur : d�faut qu'il faut �viter avec foin, & que nous nous fommes permis dans notre premier projet, en faveur de l'ordonnance des dehors. Avant de paffer � la d�coration des fa�ades de ce
Palais, jetons encore un coup d'�uil rapide furies deux Plans grav�s, Planches XXXV & XXXVI; & ne craignons pas de r�p�ter, que la premiere diftribution, moins parfaite que la f�conde, a produit des dehors plus r�guliers; ainii que nous allons le remarquer en d�crivant les Planches XLII, XLIII & XLIV qui vont fuivre. Mais examinons que cette fym�trie ext�rieure convenable � ob- server dans les fa�ades d'un Edifice ifol� de toute part, ne doit pas faire n�gliger � FArchitefte la relation qu'il doit mettre entre les dedans & les dehors ; piuiq�'autrement ce feroit vouloir, comme dans nos anciennes demeures, facrifier la com- modit� des Appartements � l'ordonnance des fa- �ades : ce d�faut ne feroit plus tol�rable aujour- d'hui; nos Archite&es, depuis les Manfards, ont donn� � la diitribution de nos B�timents, un d�- gr� de perfe�Hon, dont nous ne pouvons plus raifonnablement nous �carter, en ayant une fois reconnu l'utilit� & l'agr�ment, C'eft donc � l'ex- p�rience de l'ordonnateur, & aux reiTources de fon imagination, de chercher des moyens de conci- liation, pour accorder, autant qu'il eft poffible. |
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332 Cours
l'ext�rieur avec l'int�rieur ; il faut qu'il retourne
� diverfes reprifes, les mafles de 'fon Plan, d�t-il y changer toute la difpofition de fon projet, ainii que nous l'avons fait nous-m�me ; car notre deu-' xieme Plan a beaucoup d'avantage fur le premier ; cependant les dehors, quoique diff�rents de ceux de la Planche XXXV, n'en font pas moins r�- guliers; ils font dans un autre genre, & Ton peut remarquer dans les dedans, plus d'efpaces, des pi�ces plus libres , plus commodes & plus conve- nables � l'objet de l'Edifice. Un autre avantage » � notre avis , c'eft que cette diilribution eil plus fimple, & moins tourment�e; qu'elle montre moins de petites parties, de reffauts, d'angles ^de con- tours, en un mot, que fa marche paro�t a�f�e r autant de qualit�s effencielles � obferver dans un Plan, δε qui, lorfqu'on f�ait fon Art, n'emp�- chent pas qu'on accorde au g�nie, les chofes d'a- gr�ment dans les parties acceiToires, fans nuire � la dignit� qui doit pr�fider dans les pi�ces ca- pitales. Cette vari�t�, bien loin de bieffer F�uil» fait au contraire juger avantageufement des ref- fources, du go�t & de l'exp�rience de l'Architeck* |
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d'Architecture;
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CHAPITRE IV,
OBSERVATIONS SUR LA D�CO-
RATION DES FA�ADES, Appliqu�es a l'ordonnance ext�-
rieure du Plan trac� sur la Planche XXXV, d�crit dans le Chapitre pr�c�dent. Notre intention η eft pas de r�p�ter dans ce
Chapitre, les r�gles que nous avons enfeign�es dans les Volumes pr�c�dents, concernant la d�- coration ext�rieure des �difices; mais ieulement de rendre compte des motifs qui nous ont port� au choix des ordres Compofite & Corinthien, pour l'ordonnance des Fa�ades de ce Palais , & des raifons qui nous ont fait �lever deux Ordres l'un au-deffus de lautre dans certaines parties de ce B�timent. Enfin, nous dirons pourquoi nous avons couronn� d'un comble la partie du milieu du grand avant-corps, pendant que nous avons fupprim� les combles par-tout ailleurs. Il ne faut donc pas s'attendre � trouver ici des pr�ceptes ; mais feulement l'efpece de raifonnement qui doit accompagner toutes les produdions dun Archv teSe ; raifonnement qui ne s enfeigne point ; |
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334 Cours
mais qui s'acquiert � force de comparer, les uns
avec les autres, les ouvrages �lev�s par nos Ma�- tres , & de chercher � ?fe rendre compte des objets qu'il eil bon d'imiter , & de ceux qu'il con- vient d'�viter. Les objets qui fouvent nous ont paru bien faire o� nous les avons aper�us, peuvent ne point convenir � notre compofition , & engen- drer un abus dans l'ordonnance , quoique dans l'�difice o� nous les avons vus, ils annon�aient, peut-�tre , une reifource in g�nie ufe employ�e par l'ordonnateur. Planche XLIL
El�vation g�om�tralc d'une des Fa�ades prin-
cipales d'un Palais de foixante-fix toifes de face, La Fa�ade exprim�e fur cette Planche donne
la d�coration ext�rieure du c�t� de rentr�e , prife fur toute la longueur du Palais , dont nous avons donn� la diilribution Planche XXXV , & dont l'ordonnance peut fervir, � quelque chofe pr�s, pour. le.f�cond projet Planche XXXVI, dont nous venons au�i de rendre compte plus haut. Nous avons pr�f�r� l'crdre Compofite, pour
r�gner dans tout le pourtour du rez-de-chauff�e de cet Edifice ; comme l'ordre qui, ind�pendam- ment de fa richeiTe , pr�te le plus � la diitiibu- tion des membres ext�rieurs, & � la relation que ceux-ci doivent avoir avec la d�coration des de- dans ; enforte que nous n'avons furmont� cec #rdre par le Corinthien, que dans le grand avant- |
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d'Architecture 335
fcorps du milieu, � deffein de faire pyramider ce dernier, fur toute l'�tendue del� fa�ade : &, com- me cet avant-corps a lui-m�me une certaine capa- cit� , nous lui avons fait faire un reffaut que nous avons couronn� d'un fronton, triangulaire , au- deffus duquel s'�l�ve un comble en plate-forme, lequel femble donner � toute cette partie majeure, une forme pyramidale, que nous avons cru n�- ceffaire dans un tel Edifice. Dans le rez-de-chauff�e de cet avant-corps >
font des colonnes ifol�es, � plomb defquelles s'�- l�ve une baluitrade, & au-deffus de chaque pi�- deftal des ilatues, qui, par leur faillie, donnent de l'int�r�t � cette ordonnance ; la d�coration des ieuls pilaftres qui r�gnent au premier �tage , fert encore � la faire valoir, fans n�anmoins appor- ter de difparit� dans ces deux �tages : le premier au contraire, paro�t �tre une fuite de celui du rez-de-chauff�e, d�cor� aui�i de pilaftres plac�s derriere les colonnes, de maniere que celles-ci forment, pour ainii-dire , toute la richeiie de cette Fa�ade. On obfervera de plus, que leurs entre^ colonnements fe trouvent difpof�s de telle forte, que la proportion des arcades qui occupent leur efpace, ainii que les pi�droits , les importes, les archivoltes & les claveaux, font dans un par- fait rapport avec l'expreffion Compofite, & que la largeur de ces entrecolonnements a �t� cal- cul�e de maniere, que les entre-pilaflres du pre- mier �tage ont pu recevoir des niches carr�es,' qui contiennent les ouvertures : ces niches � rez^ de-chauff�e ont autorif� les tables, plac�es au- deffus, dont l'application & la difpofition fon| toujours un bon effet, comme nous l'avons re- piar�ju� plufieur^^>is?_ dans les premiers Volume«. |
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336 § Cours
de ce Cours, en parlant de la porte Saint-Denis #
deTArc-de-triomphe du Tr�ne , de la Nef du Val-de-Gr�ce, &c. Qu'on ne s'imagine pas que ce foit l'apologie de
notre �l�vation que nous nous propofons de faire ici ; nous fommes bien �loign�s de la croire fans d�fauts; notre intention eil feulement de rendre compte des proc�d�s dont nous nous fommes fervi, & qui �manent abfolument des r�gles que nous avons enfeign�es dans les Le�ons pr�c�- dentes. Pour convaincre nos Le&eurs de cette v�- rit�, nous aurions bien d�iir� pouvoir donner en grand les d�tails dans lefquels nous fommes entr�s � cet �gard; mais nous ne pouvons leur offrir que des gravures. affez imparfaites, & r�- duites fur une fort petite �chelle ; nous les ex^� hortons donc � traduire en grand, les �l�ments � la main, un ou deux entre-colonnements du rez- de-chauif�e , & autant d'entre-pilailres du pre- mier �tage, pour s'affurer, par une combinaifon r�fl�chie , combien ce que nous leur confeillons eft int�reffant, & combien il eft poifible d'arriver, malgr� les difficult�s de l'Art, � un certain d�- gr� de jufteffe. Cette �tude que nous regardons comme indifpenfable, les emp�chera de fair� ufage , dans leurs Fa�ades, de membres d'Ar- cEitecfure pris au hazard ; membres qui, faute d'avoir des rapports entr'eux , &. d'annoncer le v�ritable caract�re de l'Ordre, ne pr�fentent fou- vent � l'examinateur, que des productions , dans lefquell�s on remarque tout � la fois le gsnre an- tique, ancien & moderne; ou, ce qui ne vaut gu�res mieux , le genre pefant avec le d�licat; On eft expof� � tomber dans ces d�fauts, quand q�i a �t� mal enfeign�, ou qu'on ne fe donne pas la
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d'Architecture. §37
h. peine de fe rappeler & de fuivre les vrais pr�-
ceptes de l'Art. Les baluilrades qui Te remarquent dans la
Planche que nous d�crivons, paroiflent un peu �lev�es ; mais il faut prendre gard� qu'elles font exprim�es ici fuivant leur hauteur r�elle, & non f�lon leur hauteur apparente, parce que cette �l�vation eil vue g�om�tralement : car autre- ment, il eil aif� de concevoir que, par l'effet de l'Optique, la faillie de la corniche de l'ordre de dei�ous mafqueroit n�c�ffairement une grande partie de cette hauteur; attention qu'il ne faut point perdre de vue , & qui exige de la part de l'Archke�te des lumi�res plus �tendues que celles d'une th�orie puremen� ip�culativ�^ Au refte, il n'y a,qu'� fe rappeler ce que nous avons enfei* gn�� cet �gard dans �e Volume pr�c�dent , page 291, en d�crivant la Planche U. � �Nqus'n'avons plac� qu'une ouverture, dans la largeur des arriere-corps, qui acotent celui du mi- lieu , couronn� d'un fronton ; d'o� il a r�fult� de moyens entrecolonnements, dont les eipaces font occup�s par des tables orn�es de troph�es, tant dans l'ordre d'en bas, que dans celui d'en haut. Ces moyens entrecolonnements, difpof�s ainii, & la feule ouverture dont nous parlons, engen- drent des trumeaux, fans doute un peu pei�hts; nous avouons ce d�faut, car c'en eil un , la largeur des trumeaux devant certainement fe reflentir de la fermet�, ou de l'�l�gance des Ordres : or, ce font les Ordres d�licats qui pr�ndent ici : il �roit donc efTenciel que les trumeaux euiTehr plus d'�- l�gance qu'on n'en remarque dans cette ordon- nance ; mais de deux chofes l'une, ou il falloir en ufer., comme on. le voit ici > « ou il fol- |
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338 Cours
lolt placer deux arcades dans ces arriere-corps.
Cette ordonnance que nous avons employ�e dans les Plans des Planches XXXV & XXXVI, du c�t� des Jardins, a produit un trumeau dans le milieu, qu'il eil toujours effenciel d'�viter, dans les parties capitales d'un �difice. Ces deux d�fauts , dans ces deux projets, font n�s d'une part, de la difpofition des maffes du Plan; de l'autre, de la relation qu'il a fallu donner � toute la lar- geur de cet avant-corps, compar�e avec l'�ten- due des ailes qui l'accompagnent : de maniere, que nous pouvons avancer, que c'eft dans ces oc- cafions, qu'il faut que l'Architecte f�ache pren- dre ion parti, en faveur des dehors ou des de- dans de f�n projet ; parce que, lorsqu'il s'agit d'ac- corder la beaut� de l'ordonnance ext�rieure, avec la commodit� int�rieure des Appartements, il eft f�uvent n�ceffaire, quand les r�gles manquent, d'avoir recours aux refiburces, pour concilier, le moins imparfaitement qu'il eft poflible, ces deux parties int�rerTantes de l'Archite�ture; ten- tative n�anmoins qui n'avoit pas encore �t� faite du temps de Fran�ois Manfard, de D�broffes, dele Mercier,&c. aufli ces grands hommes �l�« voient-ils des Fa�ades plus r�guli�res. Au refte V notre intention n'eft pas de le taire, le d�faut que nous remarquons dans notre �l�vation, n'eft pas trop bien rachet� par la perfeaion des dedans; puifque nous avons d�j� obferv� , en parlant du premier Plan de ce Palais, Planche XXXV, que l'Anti-chambre ou la Salle � manger M 3 , & la Salle de compagnie M 4, �toient aflez mal �clair��s. Nous avons connu ces d�fauts , fans doute ; mais nous les y avons laines, parce que le premier m�rite d'un tel projet, nous paroi* |
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o'ARGH�TEetU�E. J39
ton�i�er dans l�s beaut�s d'enfemble, & quil vaut
mieux, en faveur de celles-ci, p�cher dans les acceifoires. Dans un Edifice de cette importance \ les maffes doivent avoir la pr�f�rence iur les d�- tails : il vaudrait mieux fans contredit, que toutes les parties fuffent r�guli�res ; mais, comment par* Venir � ce degr� de perfection, depuis fur*tout , que nos Architectes modernes, guid�s par la r�- flexion & le bon go�t, ont regard�, comme une loi indifpenfable, de faire marcher enfemble, $: d'un pas �gal, les trois branches de l'Architecture|' la commodit� , l'ordonnance & la folidit�. Qu'on y prenne garde ; cette triple unit� ifeft plus une icience ignor�e aujourd'hui, m�me de la plupart d� nos Elev�s. Il eit vrai que cette conciliation entra�ne apr�s foi des licences prefqu'ih�vitables � & que c'eft le plus habile qui les met en oeuvre 1 pendant que celui qui en fait moins '9 �e$ trans- forme en abus, & ne produit que des m�diocre t�s, dont nous avons fait, plus d'une fbis,aper* cevoir l'ineptie dans nos Le�ons pr�c�dentes. Il ne s'agit donc plus, dans ce Chapitre, de rele- ver de telles erreurs ; notre objet eft tle faire conno�tre,'fans vouloir pallier nos propres d�* fauts, que l'Artifte le plus initruit, n'eil pas tou- jours le ma�tre de r�unir toutes les beaut�s d� l'Art dans (es compositions, & que dans l'Archi* te�ture, celui qui acquiert le plus de c�l�brit�, eft pr�cif�ment celui qui fait mettre le plus a profit les licences de l'Art, pour faire valoir, avec plus d'�clat les maiF�s de fon �difice. Ofons citer encore une fois Hardouin Manfard ;
quels traits de g�nie n'admire-t*on pas dans1 fes ouvrages ! combien n�anmoins de licences dans fes chefs-d'�uvre! Mais, qu'on y r�fl�chifle, ? H
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340 Co v R s
ces �carts peuvent �tre regard�s comme des
fautes heureufes , parce qu'il �toit un grand hom- me , & qu'il n'y a que des yeux f�v�res qui puif- ient les d�m�ler au milieu des beaut�s fans nom- bre dont ils font remplis. * Tranchons le mot ; il n'efl plus gueres queftion ici
des �l�ments, concernant la commodit� & l'ordon- nance des B�timents; nos Le�eurs font cenf�s aifez inilruits fur ces deux parties int�reifantes de l'Ar- jchit�&ure : d�s-l�, ils doivent eflayer de voler de leurs propres ailes, & nous les croyons en �tat, apr�s les pr�ceptes enfeign�s jufqu'ici, de n'avoir plus que des confeils � demander aux Ma�tres de l'Art, pour s'affermir dans la carri�re o� ils font entr�s : il ne leur refte donc qu'� examiner » qu'a penfer & � r�fl�chir , pour , enfuite, s'at- tacher � l� d�coration des dedans, dont nous traiterons , dans le Volume fuivant, & de-l� , paffer � l'exp�rience, dont nous leur donnerons des notions fuf�ifantes , dans le fixieme & der- nier Volume de ce Cours. j Nous avons d�j� fait remarquer, que nous avons plac� un comble au-deffus du fronton de l'avant-corps du milieu de ce Palais. Nous di- rons ici, que, quoique notre intention ait �t� principalement, en l'amenant fur la fc�ne, de faire pyramider cet Edifice, c'eil particuli�rement i'u- fage int�rieur du grand Sallon , fon diam�tre & fon �l�vation, qui nous y ont autorif�, tant les de- dans influent fur les dehorsii & que peut-�tre, fans lan�ceffit� de donner beaucoup de hauteur � cette pi�ce, nous nous ferions paif� de cette forme, pyramidale, parce que cet Edifice �tant partout ailleurs fans combles apparents, on pou- roit regarder celui dont nous ^parlons,., comme tin |
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^'Architecture. 341
objet f�par� & peu aflbrti � l'ordonnance des fa-
�ades. Nous ne ferions donc point �tonn� que ce comble �prouv�t cette cenfure : nous fommes m�me tout pr�t � en convenir; mais'-en meine temps, nous croyons pouvoir avancer que nous ne conf�rerions pas de vouloir le continuer , fur-tout au premier �tage de ce B�timent, parce que-ce comble, ainii continu�, �teroit � l'Edi- fice le caracl�re de Palais, pour lui donner celui de Ch�teau ; cependant, comme nous l'avons dit ail- leurs* chaque B�timent doit avoir une maniere de s'annoncer qui lui foit propre : fentiment au* quel nous tenons beaucoup, quoiqu'il foit com- battu par le plus grand nombre, � en juger par la plupart de nos prodticBons Fran�oifes, �lev�es dans la Capitale ou � la campagne;' v" Nous avons plac� dans les ailes qui font d'un
feul �tage, des portes troif�es, comme dans le 'grand avant - corps : nous fommes perfuad� que ce m�me genre de d�coration , non-feule- ment contribue � l'unit� que nous avons tant recommand�e ; mais que ces arcades ajoutent beau- coup plus � la grandeur de l'Edifice , que fi � leur place on e�t mis des croif�es ; parce que ce dif- f�rent genre d'ouvertures femble divifer l'Ordon- nance. D'ailleurs ces deux ailes, qui, compar�es avec le r�fle de la fa�ade, ont beaucoup moins d'�l�vation, auroient paru trop difpar�tes , fi l'on e�t chang� le ilyle dans ces ouvertures. La feule diff�rence qui fe remarque ici, c'eil que ces ar- cades fe trouvent enferm�es dans des niches car- r�es , tandis que celles du grand avant-corps n'�ri ont point ; par la raifon, que la largeur des en- trecolonnements du rez-de-chauff�e doit tou- jours �tre moindre que celle des entrepilafires ^ Y.iij
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342 ,3 C ο ν R s
� caufe de la port�e des plates-bandes des �r~
chitraves, qui �tant foutenues en fair d\ine coi lonne � l'autre, exigent une folidit� r�fl�chie, & qu'en Architecture, cette partie de l'Art doit avoir le pas fur toute autre confid�ration : d'ail- leurs, il y faut prendre garde; il n'y a gueres que les modernes qui fe foient permis la tr�s- grande largeur des entre colonnements qu'on re-? marque dans la plupart de nos B�timents : au contraire, les anciens rapprochaient leurs colon- nes fort pr�s les unes des autres, & les diftri- buoient, dans le m�me Edifice, d'une parfaite �ga- lit� , pendant que nous les �loignons fouvent trop, & que nous varions, dans une m�me fa�ade , leur ��artement,^ � raifon du befoin de concilier les dehors avec l�s dedans;,. A jCe dernier �gard, nous croyons que c'eft une1 obligation que nous avons de plus '� nos Archite�es Fran�ois , parce qu@ cette diverlit� de largeur entre les colonnes , apporte 'que^efois , dans l'ordonnance de nos Edifices, particuli�rement dans ceux deilin�s � l'habitation, une difpofition moins monotone qui r�uf�it toujours bien , lorfque l'Artifte nufe de cette vari�t� que pour donner plus d'�clat, plus de jeu , plus de mouvement � fa cpmpoiition. Au reite, il faut f�avoir ne jamais m�fufer de cette libert�. Par exemple, ce feroit au moins une n�- gligence, de faire les entrecolonnements in�gaux entr'eux dans une m�me fa�ade, lorfqu'ils ont une m�me deftination , ainfi qu'on peut k remar- quer dans les Pavillons des extr�mit�s de notre Fa�ade; in�galit� que nous avons trac�e ainfi, pour en faire fentir l'abus, aucune raifon l�gitime ne pouvant autorifer cette diifonance. Qu'on s'en �eiTouvienne} nous l'avons dit ailleurs, les entr�-* |
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d'Arcs � τ ε c τ υ r e. . 34$**
colorinements doivent avoir une relation d�ter-
min�e avec l'expreffion de l'Ordre : or, comment conferver cette relation indifpenfable , lorfqu'on fe permet cette licence ? La commodit� des de- dans eft infuffifante , δε ne peut favoriier cette inattention ; & ii quelquefois , le rapport que les maffes doivent avoir avec les parties principales , femble exiger cette in�galit�, il en faut ufer avec tant de prudence, & rendre ces diff�rences fi peu fenfibles, que le fpe&ateur le plus intelli- gent fe trouve forc� d'applaudir aux rei�burces de FArchite&e. En un mot, nous ne nous laiTons point de le r�p�ter, aucune conf�d�ration parti- culiere ne peut pr�valoir fur les raifons de fo- lidit� ; & lors m�me que l'Art fait furmonter tou- tes les difficult�s de la main-d'�uvre, on n'eil pas difpenf� pour cela de rendre l� conftru&iori de fon ordonnance vraiiTemblable ; autrement, elle inqui�te l'examinateur �clair�, & devient une forte d'�nigme pour ceux qui le font moins. Les Pavillons des extr�mit�s de cette Fa�ade
ont auffi deux Ordres d'Architeoure, comme dans le grand avant-corps ; mais, pour donner plus de mouvement & de l�g�ret� � l'�tage fup�rieur de ces Pavillons, nous avons, dans chacun de leurs an- gles , form� des pans coup�s , Comme on peut le re- marquer dans le Plan de la Planche XLI.Nous avons cru pouvoir faire ufage ici de ces pans coup�s ; premi�rement, parce que l'�l�gance des Ordres qui d�corent cette Fa�ade, autorife ce mouve- ment dans les Plans & dans les �l�vations ; fecon- dement, parce que nous aurions craint qu'en mon- tant carr�ment ces Pavillons, ils ne deviniTent pefants � 1'ceuil, & que cette pefanteur n'offr�t une eontradi&ion, compar�e avec le cara&�re d�|icai Y�y
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344 Cours i
des Ordres employ�s ici. Au reite* nouslahT�ns
aux Ma�tres de Γ Art � juger fi nous avons eu raifon ^ mais* en attendant ce jugement, qui, � le bien prendre, n'eil qu'une affaire d'opinion , nous rappellerons � nos Elev�s, -que dans les �l�- ments du commencement de ce Cours , nous leur avons prouv� combien il eil important que tous les membres d'Architedure amen�s dans la d�co- ration , pnifent leur fource dans Texpreffion des Ordres qui pr�iident dans l'ordonnance, & com- bien il eil int�refiant que la forme des Plans, & le mouvement des �l�vations y prennent aufli le caracl�re que chacun d'eux y doit offrir, foit en les confid�rant f�par�ment, foit dans la r�union des partjes compar�es les unes avec les autres. Fond� fiifc ce raiibnnement, trop n�glig� par
le plus grand nombre , du moins nous rendons compte � ceux qui d�firent bien faire, des mo- tifs qui nous ont fait pr�f�rer ces pans coup�s, & comme analogues � l'Ordre Corinthien, & comme contribuant � faire pyramider chacun de ces Pa- villons, fans pour cela, avoir recours � aucune autre efpece de couronnement, que la baluilrade fup�rieure : le Plan ιde« cette derni�re , aid� de l'ef- fet de l'optique ,fuffit pour produire la forme pyra- midale qu'on pouvoit d�firer ; & l'on eil bien fond� a d�faprouver les attiques, les combles & les lan- ternons qu'on emploie aifez ordinairement en pa- reille occaiion, fans r�fl�chir que non feulement ces fortes d'amortiiTements ne conviennent pas par-tout ; mais que fouvent ils fe contredirent avec Je caract�re de f Edifice. |
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©'Architecture:. , 34I
El�vation g�om�trale d'une des Fa�ades lat�-«
raies d'un Palais dejoixante-fix toifzs
de face.
'Planche XLIIL -
Nous ne r�p�terons point ce que nous venons
de dire, touchant la d�coration de ce Palais* cette face lat�rale �tant ai�uj�tie � la m�me or- donnance que la pr�c�dente : nous nous propo- fons feulement de faire remarquer, que c'eit pour , rendre cette �l�vation plus fym�trif�e, que nous avons plac� Taxe du pignon du grand avant- corps, pr�cif�ment � plomb de celui de reten- due de cette fa�ade ; ce qui nous a engag� � faire r�gner � �gale diftance , tant du c�t� des jardins, que du c�t� de l'entr�e, l'aile fimple qu on remarque dans la Planche XXXV : il �toit n�ceflaire d'obferver cette fym�tri� dans les de- hors de ce Palais; parce que cette face lat�rale1 eil aper�ue dans route la longueur des all�es plant�es en face du retour de cet Edifice, dont nous avons indiqu� la difpofition dans le Pla»j par maflfe de la Planche XXXI�I. Nous ne fai- �bns cette obfervation, que parce qu'on n�glige' affez ordinairement les faces lat�rales de nos" B�timents, ce qui, cependant ne devroit avoir� lieu, que lorfque le principal corps-de-logis fe trouve flanqu� par quelques bouquets de bbis�,- ou par quelques d�pendances principales de ΙΈ*> difice. Ici notre intention eu toute autre; nou�' avons voulu �ifoler de toute part, afin de pou^ y�jr rendre compte des difficult�s d'un tel pro- |
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%φ Cours-i
jet, toujours plus difficile � ex�cuter, qu'un B�-
timent dont les retours ne font point aper�us, ou ne le font que bien peu. Au relie , c'eit � l'ex- p�rience de l'Architecte, � pr�voir les inconv�- nients qui peuvent en r�fulter; & c'eit pour aider ceux qui d�butent dans cette partie de l'Art, que nous avons fait fuivre au projet de la PI. XXXV, une autre distribution trac�e fur la PI. XXXVI, � l'occafion de laquelle nous avons auffi pr�fen- |� d'autres d�pendances , indiqu�es fur la Plan* che XXXIV, Planches o� nous renvoyons nos Lecteurs, ainfi qu'� leurs diftributions ; c'ei� le feul moyen de faifir nos id�es , & d'acqu�rir, par la fuite , la faeult� d'ajouter de nouvelles �tudes �.ce que nous enfeignons dans ce Volume, fans n�anmoins vouloir trop s'�carter des pr�- ceptes qu'il contient. � -Il eil aif� de s'apercevoir que la continuit� du
comble qui fe remarque fur le premier �tage de ©ett� fa�ade lat�rale » fait un bien moins bon effet que dans la Planche pr�c�dente , fa malfe paroif- fant lourde & pauvre ; auffi eft-ce pour corriger ©S d�faut, que nous l'avons termin�e en plate- forme couronn�e d'un appui de fer ; un faux qoriible Fauroit rendue plus infoutenable encore* - A l'�gard des deux croif�es du premier �tage,
dans lefquelles Taxe ne tombe pas � plomb de celles du rez-de-chauff�e , cette irr�gularit� n� peut paffer pour un d�faut : il faut f�avoir fe per- mettre cette licence, fur-tout lorfque, comme ici, le premier �tage eft recul� de la face prin*: ciptle d'environ vingt-quatre toifes; puifque cette diitance & l'optique rendroient nulle la f�v�rit�, dont on auroit voulu ufer pour les rendre r�- guli�res. Ceft4� un de ces cas, par exemple 9 o� |
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d'Architecture. 347
il faut en f�avoir affez, pour ofer s'�carter des
r�gles re�ues. La feule th�orie rend iouvent ti- mide , & emp�che de quitter la regle & le com- pas; l'exp�rience , le go�t,le raifonnement, f�a- vent franchir le pr�cepte, ou du moins, ils in- diquent le moyen de l'interpr�ter; & c'eit. del�, nous pouvons le dire, que font n�s les ouvrages cle g�nie qui honorent la France & nos Artiftes. Mais , qu'on y prenne garde : il eft un tempjr pour ofer ; il n'appartient pas �' tous de le faire; il faut avoir beaucoup vu, avoir examin� avec foin les reifources employ�es par les grands Ma�- tres , avoir appris de bonne heure � difcuter l'Art ; en un mot, il faut avoir r�fl�chi fur les tenta- tives qui ont r�uffi, & fur celles qui n'ont en* gendre que des m�diocrit�s : autrement, il faut s'en tenir aux El�ments, jufqu'� ce qu'on ait ac- quis aifes de talents, pour juger ce qu'on doit fe permettre ou fe d�fendre abfolument. Coupe prife fur la profondeur du principal
Corp s-de-logis d'un Palais de foixante^fx toifes de face. ,i, r
Planche X L I V.
Nous ne parlerons dans cette Planche, que de
la coupe prife dans la profondeur du grand avant- corps du principal corps-de-logis de ce Palais ; les deux Pavillons, & ce que Ton vpit des deux ailes en retour, �tant abfolument de la m�me ordonnance que les �l�vations dont nous venons de parler ; mais nous r�p�terons encore une fois * parce que cette r�p�tition eft importante ici, que |
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$4$ # Cours
c eil pour avoir voulu placer ce principal av�nc-
corps pr�cis�ment dans le milieu des quatre Pa- villons qui flanquent cet Edifice, & faire pafler l'enfilade AB, du Plan de la Planche XXXV, dans le centre du grand Sal�on, que cette m�me enfilade ne fe trouve pas dans le milieu de la lon- gueur de la Gallerie ; d�faut que nous avons re- ® marqu� en d�crivant celle trac�e fur la PI. XXXVI, beaucoup plus int�refTante que celle de la Plan- che XXXV : c'eit pour cette raifon que nous avons chang� toute la difpoiition de ce deuxi�me projet, lequel m�rite la pr�f�rence � beaucoup d'�gards, pour ce qui regarde la commodit� des dedans, comme le premier la m�rite en faveur de l� r�gularit� des dehors. En effet, qu'on fe rap- pelle la fa�ade lat�rale, dont nous venons de faire mention, avec l'image ext�rieure des dedans d� ��tte coupe, & l'on fera convaincu qu'il n'y au^ roit pas � balancer fur le choix du premier pro- jet , f� , comme la plupart de nos pr�d�cef- Ί ie�rs, nous n'enflions eu pour objet que la d�- coration ext�rieure, tels qu'en ont uf� les Lef- cot, les Delorme, les Desbroffes, les le Mercier y les le Veau; mais dans ces Le�ons, o� il s'agit d'enfeigner les moyens de r�unir eniemble les- trois branches de l'Art, qu'on cherche � conci- lier aujourd'hui, nous n'avons pu nous difpenfer d'introduire dans notre projet, quelques licences dont Hardoliin Manfard nous a enfeign� lui-m�me l� route, dans fes productions c�l�bres. Il ne,,, fuffifoit donc pas de donner nos Plans de diitri- bution, il falloit encore produire les fa�ades ex- t�rieures , & la coupe d� ce Palais, afin d'avoir occafion de revenir � plus d'une reprife fur ce projet : cette maniere d'op�rer donnera fans douta. |
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d'Architecture, 149
� nos Elev�s, l'id�e de revenir de m�me dun
objet � l'autre, pour r�fl�chir � loiiir fur les par- ties qui peuvent autorifer les licences les plus in- difpenfables, mais qui, lorfquelles fe trouvent d�- plac�es, ne montrent plus aux connoiffeurs que l'abus, au lieu des reffources & des pr�ceptes de l'Art. On peut voir par cette coupe, que la charpente
du comble auroit pu ne r�gner que fur le grand, Sallon ; �l�vation indifpenfable � caufe de la hau- teur de la calotte qui termine l'int�rieur de cette pi�ce. On auroit pu de m�me fe contenter d'un comble � deux �gouts, fur l'Anti-chambre du pre- mier �tage, plac�e au-deffus du Veilibule, du c�t� de l'entr�e ; mais, d'un c�t� , le grand avant** corps, en arrivant � ce Palais , auroit �t� ter- min� moins henreufem�nt; & de l'autre, �e com- ble , difparate dans fa forme , auroit rendu la fa- �ade lat�rale , Planche XLIII, mal couronn�e , cette �l�vation devant, comme nous l'avons re-, marqu� plus haut , �tre aper�ue d'un point de diilance affez coniid�rable. En d�crivant le Plan auquel appartient cette cou-
pe , nous avons aufli annonc�, page 216 de ce Volu- me, que l'ordonnance int�rieure de ce grand Sallon, devoir �tre en marbre, & que pour cette raifon , nous avons tenu fa d�coration d'un flyle grave; le choix de la mati�re devant gouverner le genret de FArchite&ure. Nous avons encore infmu� , que, relativement au ton vari� de fes marbres de couleur, on pouvoit, au lieu de Sculpture, pr�^ f�rer le miniit�re de la Peinture, dans la vo�te de cette pi�ce , ainli qu'on a voulu l'indiquer dans cette Planche, affez mal grav�e � la v�rit�; ceux qui fe m�lent de graver l'Architecture , �tant , |
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3 fo Cooks
pour la plupart, fans principes & fans go�t, mal-
gr� les fecours qui leur font offerts, dans nos Conf�rences publiques, depuis nombre d'ann�es ; enforte qu'il ne faut regarder cette coupe, que Comme une image aiTez imparfaite, qui donne feulement l'id�e de notre compoiition. Nous terminerons ici la r�capitulation que nous
nous �tions propof� de faire, concernant l'or- donnance ext�rieure des B�timents : r�capitula- tion qui, d'ailleurs , nous a paru indifpenfable , pour faifir l'occaiion de rappeler � nos Elev�s la relation intime qu'ils doivent s'efforcer d'ob- ferver entre les dehors & les dedans de leur Edi- fice; ce qui, comme nous l'avions promis, nous a amen� � des difcui�ions r�fl�chies qui confir- ment les pr�ceptes, de l'Art, en les pr�venant n�anmoins , de la difficult� d'y arriver, fur-tout lorfqu'il s'agit de r�unir enfemble, dans un m�me projet, la partie de la folidit� avec la commo- dit�, & celle-ci, avec la beaut� de l'ordonnance. Avant de paffer � la d�coration int�rieure des
Edifices, que nous r�fervons pour le cinqui�me Volume de ce Cours ; donnons encore dans le Chapitre fuivant, d'autres diftributions : mais choi- fiffons-les dans un genre plus iimpl�, � deffein de nous mettre � port�e du plus grand nombre j & ap- pliquons-nous particuli�rement � d�tailler la plus grande partie des commodit�s./du reffort des ha- bitations particuli�res. Commen�ons n�anmoins, j� la fuite dit Palais que nous venons de d�crire-, par donner le Plan d'un Belv�der, ou d'une Maifon de chaffe de notre compofition , afin d'accoutu- mer nos Elev�s, a paffer , du genre compof� , au genre moyen, '"tic'; de celui-ci,' au genre fii��ple. Ni. " ' Γ ■
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d'Architecture. 351
. . >■ . ■ :.,- ■ � / i ' ■■ . J ■'■■;■■■■ ' ' . . . :'\, ' : ,:'■'. ..V'
CHAPITRE V.
Observations particuli�res , ap^
i * -
PLIQUEES A LA DISTRIBUTION D'UNT
t BeLV�DER% A CELLE D'UNE MAI- son abbatiale, et a celle d'une Maison particuliere. \^ OMME il ne s'agit que de porter nos obfer-
Yations fur la diitribution int�rieure, ndus ne don-v nerons, ni les �l�vations, ni les coupes'des Plans qui vont fuivre : cependant, comme nous avons droit de fuppofer, qu'apr�s les Le�ons pr�c�den- tes, nos Le&eurs ont acquis l'art de juger l'or-; donnance des dehors, par l'afpe�: des dedans ; nous avons pris le plus grand foin de tracer en grand les d�veloppements des B�timents que nous allons donner. Ceit pourquoi, nous invitons la plupart de ceux entre les mains defquels parvien- dra cet Ouvrage, de def��ner par eux-m�mes tous les d�tails que nous ne pouvons offrir ici, dans la crainte de nous r�p�ter fans cefle, & de multi- plier les Planches au-del� des horn�s de ce Cours* ! - Ρ Un d'un Belv�derfervant de, retour de chajfe.
Ρ X. A Ν C H Ε XL V.
Le Plan que nous donnons ici tient � �a ma-
gnificence du Palais d�crit pr�c�demment; auui �q trouve-t-il plac� k l'extr�mit� du Parc, formant" ' ' ' ' '■' , ' , �' " " \
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3J2 Cour s
la fuite des Jardins de propret� de ce Palais *(�)#
Nous rappelons Belv�der, parce qu'il fe trouve �lev� fur une �minence ntu�e en belle vue; & nous lui donnons le titre de retour de charTe, parce qu'il eil auf�i del�in� � fervir de retraite % avant ou apr�s cet exercice falutaire, pour l'un & l'autre fexe. Ce B�timent de feize troifes fur chaque face Ψ
contient un grand Sallon A, de cinquante-un pieds de diam�tre, & de foixante pieds d'�l�vation fous clef. Ce Sallon eft d�cor� d'un ordre compoiite, pilailre, accoupl� & perc� de huit arcades de m�- me forme & grandeur. Dans quatre de ces ar- cades font encailr�es des portes � placard ; les |
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(�) Cette Maifon de chaiTe fe trouve �lev�e fur une plate-
forme de trente-deux toifcs en carr�, � laquelle on monte par neuf marches continues : cette plate-forme eft elle-m�me �lev�e fur une terraiTe de cent-cinquante toifes de longueur, fur foixante-dix-fept de profondeur, & � laquelle on arrive par un perron que l'on monte en deux temps , d'abord par neuf marches , enfuite par fept, avec un grand palier qui lesf�pare. Aux deux extr�mit�s de ce grand perron, font deux Cabinets de verdure, qui ne s'�l�vent de deiTus la terrafle que d'environ quatre pieds, pour laifler �chapper la vue qui eft admirable de ce cot�, vue qui produit, de l'int�rieur du B�timent, le coup d'�uil le plus int�reifant, & � qui tout a du c�der. Du c�t� oppof� � ce perron, du c�t� de l'entr�e du B�timent, cft pratiqu�e une cfplauade o� fe r�unit le rendez- vous pour la chaiTe & fon retour. A l'extr�mit� de cette ef- planade, termin�e en demi - Lune du c�t� de la for�t 3 on ap- per�oit fept- all�es : celle du milieu cft deftia�e pour le grand che- min , les fix autres fervent de route pour les Chaileurs, Sec. Nous d�fiions que ce l�ger extrait falfe na�tre � quelques-uns de nos Elev�s les moins avanc�s , l'id�e de compofer les d�- pendances du Plan que nous offrons, ce qui, par d�gr�s , les ameneroit � effayer enfuite leurs propres forces, 6c � conce- voir' la n�cei�it� de commencer leurs comportions, par ob- ferver une relation direde entre les d�pendances de la difpa- fition de leu»; Edij�ce» . , ; ;- ; -, . . ... ■�-; ,,,; , autres
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D^RCHl��C��Ri; $||
autres lont feulement ferm�es par des portes vi--
tr�es, comme � Marli. Ces quatre portes vitr�es donnent chacune dans autant de Veftibules eri p�riftyl�. Ce p�riftyl� Β * ouvert fur le mur d� face par fes entrecolonnemenrs, dont l'ordre eft Ionique , forme avant-corps fur la fa�ade ; ce qui donne � ce B�timent un air de gaiet� qui ne convient gu�res qu'� lui, oU � ceux de fon ef* pece, les B�timents d'habitation proprement dits, exigeant d'�tre ferm�s de toute parc. La diago- nale de ce Salion , & les quatre angles de ce B�ti- ment , ont chacun une pi�ce qui i�rt d'accompa- gnement & de d�pendance � celle A. La pi�ce C eft un Buffet en cas que l'on veuille
donner un banquet ou une f�te dans le grand Sal�on , ou feulement fervir des rafra�chiffements dans la pi�ce D. Le diam�tre de ce Buffet eft r�duit ici � quatorze pieds & demi, & c'eft au- tour de fon enceinte qu'eft pratiqu� un efcalier circulaire de trois pieds neuf pouces de longueur d� marche, & dont la rampe a defcend aux Cui* fines & aux Offices m�nag�s fous terre, pendant que celle b monte aux terraffes �iev�es fur ce B�- timent , & de-l�, par de petits efcaliers � vis, fur la calotte ext�rieure du Salion. La petite pi�ce c, eft une d�charge pour contenir les criftaux ; & dans les deux embr�fures d, font dreft�es des ta^ bles, l'une pour la deft�rt-e de la table, l'autre pour y drefter les fruits; enf�rte que cette diftributieh. particuliere comporte toutes les commodit�s d'u- fage � un tel d�partement. La pi�ce D fervant ici de Salle-�-manger > eft �
pans ;; elle a vingt pieds en Carr�, & peut �tre
rev�tue de ftuc ou de marbre. Dans l'infde fes
angles e , on a m�nag� un pif�bir> & dans les au-
Tom$ Ifr Ζ
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354 Cou RS
tres �, des armoires, pour d�pofer les ufteniilei
relatives � une telle pi�ce : dans l'angle G, eft une porte � placard , qui enfile la diagonale de ce B�timent : enforte que, du centre A, on jouit de huit points de vue diff�rents ; dont quatre per- cent jufques dans les dehors, quatre autres indiquent l'int�rieur de cet Edifice, apper�u dans fa plus grande �tendue. En face de Tune ��s croif�es de cette pi�ce, eft une chemin�e, 8ε vis-�-vis de l'autre, une niche A, pour contenir une Ottomane ; de maniere que dans fes quatre grands c�t�s, fe remarque une arcade r�elle ou feinte, δε dans (es pans, quatre portes � placard termin�es par des pi�droits d'une fuf�ifante largeur, pour recevoir des chambranles, δε les champs qui doivent les accompagner. Il eft important de prendre cette pr�caution, δε de pr�voir cette fym�trie,lors de la diftribution de fon Plan ; autrement, lorfqu'on remet � fe rendre compte des d�tails de la d�co- ration int�rieure, apr�s la b�tiffe, on eft forc� d'avoir recours � des exp�dients, qui nuifent eifen- ciellement � la r�gularit� des dedans. La pi�ce Ε eft un Cabinet de jeu, de vingt-un
pieds neuf pouces en carr� : il eft auffi � pans coup�s, comme les pi�ces pr�c�dentes. Ce Ca- binet peut �tre boif�, enrichi de fculpture, de dorure δε de glaces , & �tre termin� par une ca- lotte orn�e de peinture enarabefque, ce genre a'or- nement pouvant fe permettre ici, c'eft-�-dire » dans .un lieu deftin� feulement � l'agr�ment δε. m*plaifir. La pi�ce F eft une Chambre en ruche, r�duite
� environ quinze pieds de diam�tre δε de hauteur, enforte quau-def�us , on pouroit pratiquer des entre-fols ou l'on monteroit par l'efcalier i, fous leqvel fe t�ouveroit plae�ie Cabinet dWance K. ■■■
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ί�!
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©'AUCH! T�C� �ft�* *.y
Cet �ntre-fol feroit deilin� pour un pretmer Do*
ffieitique, � le Ma�tre vouloit jouir dans cet afyle , de quelques jours de folitude. De l'autre c�t� du Cabinet d'aifanc� k, eil un Cabinet l, qui, par* le moyen des trois tours creufes (g) qui le com^ pofent, ne laii�e pas d'avoir huit pieds de largeur, fur fept de profondeur, efpace fiiffifant pour une* toilette champ�tre» La petite pi�ce ?/z, eil un d�* pot pour le linge, & quelques v�tements n�cef- faires a la campagne, en cas de pluie ou de fa* tigue, par l'exercice de la chaffe : en face d'une des croif�es, eil plac� le lit en niche, enfort� que quatre arcades r�elles ou feintes, d�corent les quatre grands c�t�s, tandis que les quatre pans coup�s font occup�s par des portes � placard, comme dans les trois pi�ces pr�c�dentes* Nous avons exprim� dans ce Plan, les ConV
p�rtiments de marbre* dont eil rev�tu le fol de1 toutes ces pi�ces de^ diilributiori, � l'exception de la Chambre en niche, qui, pour plus d� fa-* lubrit�, doit �tre parquet�e, &, pour plus de ma- gnificence, doit l'�tre en marqueterie (Λ), Artciei�* |
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(β) Dans la crainte que ces tours .creufes n'alt�rent 1« t0H-
dite des muis de la partie anguleufe de cet Edifice oh fo devra terminer en cul-de-four, & faire reprendre l'�paifleUr dei rnurs au-delius de ces culs-de-four, qui ne feront <*u�re< plus �lev�s que de treize pieds fous clefs. w«to 1 Hotel de Soubife & au Ch�teau de Maifon, d'un "deflin
ancien, M. le Duc de Choifeuil vient" derni�rement d'im faiM faire a fori H�tel rue de Richelieu , qui font de M Fflus �7f iaite ex�cution; mais peut-�tre feroit-il � d�firer qu'il g &<�*« compofees d� plus grandes parties, la multiplicit� dos d�tails ne convenant dans aU�un genre de productions. Noils lohne ions, dans le Volume fuivanf, quelques deffins de cetrle ciW «n traitant de la dccoiaciofl de� Appartements, ζ ij
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3}6 Cours
nement la marqueterie �toit fort en ufage ; nos
Artiftes Tont fait revivre depuis quelques ann�es , avec beaucoup de fucc�s. Nous dirons n�anmoins, qu'on devroit s'attacher davantage � obferver plus d'analogie , entre les deffins de ces efpeces de com- partiments , & ceux qui composent les vo�tes & les plafonds ; fans cette relation entre l'un & l'au- tre, ainii qu'avec les rev�tiflements des pi�ces, tous ces objets, f�par�ment eftimables , loin de pr�fenter un enfemble int�reffant, paroiffent avoir �t� imagin�s dans des temps diff�rents, & ex�- cut�s par divers Artiiles qui, faute d'�tre con- duits par un Chef �clair� , ne produifent qu'un tout d�fafforti, qui nuit effenciellement � l'ac- cord g�n�ral. Nous avons d�j� dit que le Sallon A �toit d�cor�
de feize pilailres d'ordre Compofite; nous ajou- terons ici qu'il eft rev�tu de marbre enrichi d® bronze, & qu'il fe trouve �clair� par huit croif�es ovales , perc�es' dans la principale vo�te de cette belle pi�ce, ind�pendamment des quatre portes vitr�es qui donnent dans les Veitibules Β : ces croif�es ovales font f�par�es par de doubles arcs double aux , dont chacun tombe � plomb des pi- laflres Compoiites. Au-deffus de cette premiere vo�te, eil une lunette orn�e de peinture, qui, comme nous l'avons remarqu� ailleurs , s'affortit toujours bien avec le ton des marbres, & non autreo�ent. Cette lunette a pr�cif�ment le m�me diam�tre que celle de la grande �toile qui fe re- marque dans le compartiment du pav�, & c'eil cette �galit� de diam�tre, qui forme entre les par- ties fup�rieures & inf�rieures, la relation dont nous voulions parler tout-�-1'heure ; relation, en- core une fois, qu'il faut m�diter, qu'il faut pr�- |
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d'Architecture. 357
voir, lors de la premiere penf�e de fon projet,
ii Ton veut parvenir � mettre de l'accord dans fon enfemble, & faire d�pendre toutes les parties les unes des autres. Qu'on η en doute point, la re- , lation que nous recommandons , ©ft moins diffi- cile qu'on ne s'imagine, il ne s'agit que de la bien faiiir, & d'encha�ner fes id�es de maniere, qu'en concevant les maiTes, on puiiTe pr�voir ce qui r�fultera des d�tails, d�t-on, pour y parvenir, tarer � diverfes reprifes les moyens d'y arriver, ce qui fera toujours plus aif� au jeune Archi- tecte, lors de la compofition de fon Plan , que de chercher apr�s-coup les accords que nous recommandons. Il eit vrai que pour cela, il lui faut des �tudes, du go�t, & de Texp�rience ; mais quels fecours n'a-t-il pas, dans cette partie de l'Art, en parcourant nos belles demeures, & fainuit pr�c�der cet examen important , du rai- fonnement que nous cherchons �. lui indiquer dans ces Le�ons» :� * ■■. \ ; Plat� a-rei-de-chauj�e de la Mai/on Abba-
tiale de l�bbay e des Ρ remontr�s \/ � Villers-Cotttrets. Ρ L A NC H Ε XLVL ..
Nous avons cru ne pouvoir mieux finir nos ob-
fervations, fur la diftribution int�rieure des B�- timents y qu'en offrant versTa fin de ce Volume y deux productions de M. Franque, Architecfe du Roi, qui , comme � fon ordinaire, par amiti� pour nous, & pour fe pr�ter � l'initru&ion de bos Elev�s , a bien voulu nous confier de fes |
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��'8 Cours
porte-feuilles, les Plans que nous allons d�crire,
�ejui dont nous parlons , donne la diilribution 4'une Maifon Abbatiale qu'il a fait ex�cuter en 176 5 : Ce Plan devenu tr�s-r�gulier, par cet ha- bile. Ma�tre, dans un p�rim�tre aiTez irr�gulier, s eft un exemple de ce que peuvent le g�nie Se l'exp�rience. Il s'aguToit, dans un aufli court ef- pa�e ? de trouver une Salle de compagnie A » d� vingt-iix pieds de longueur, fur vingt-cinq de largeur, qui, deilin�e � raf�embler la foci�t�, communiqu�t , fur la droite, � un Appartement complet Β, pour J'Abb� * fur la gauche, � un pe- tit Appartement C,muni de fes d�pendances; §c qui p�t s'ofFrir � un �tranger de diuMn�tion* On arrive ^ la Salle de compagnie par un Veftibule JD? qui lui fert d'Antichambre , & qui, en face . de fa principale porte d'entr�e , annonce l'Efca* lier qui monte au premier �tage, o� l'on trouve auflj trois Appartements a donner. A la gauche. 4e cette Anti-chambre , eil plac�e la Salle �-man» ger 1, Pes �uifines F, on vient fervir � cou- vert dans cette Salle ; ces Cuifines ont �t� con-? ferv�es de l'ancien B�timent, ainii que l'Office & les autres d�pendances de la bouche qui fe remarquent ici. Derriere cette S�hV�-manger 8� �'efcalier, eil m�nag�e une Cour qui fert de d�r charge � l'Office, & de d�gagement aux Garde* robes � l'ufage de la $alle de compagnie A? & $e l'Appartement C, Kous ne d�taillerons point les objets de eom*
modit� dont cette habitation eil fufceptible ; nous nous propofons de donner, Chapitre VI, f�pa-r r�ment, & fur une beaucoup plus grande �chelle? la Chambre � coucher δε les d�pendances de l'Ap- partement %, afj� de prendre, Q��ai�pn ? � �f fu- |
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d'Architecture. $59
jet d'enfeigner � ceux de nos El�ves qui d�bu-
tent dans la diftribution, quel parti ils peuvent tirer de f irr�gularit� des lieux, & tout enfemble j les moyens d'arriver � en tracer le Plan , avec cette correction fi n�ceffaire, pour �tre entendu & fuivi par les Entrepreneurs. Nous regardons m�me cette partie de l'Art fi int�reffante, pour la plupart de ceux � qui cet Ouvrage eft defti- n�, que nous donnerons encore les d�veloppe- ments d'un autre Appartement que nous avons fait ex�cuter � trois lieues de Paris, & dont nous offrirons peut-�tre la diftribution enti�re, les �l�- vations & les coupes, apr�s les deux Volumes qui nous reftent � donner , pour compl�ter notre Cours. Un des objets effenciels qu'il faut remarquer,
dans le Plan dont nous parlons , Planche XLVI, c'eft l'art avec lequel M. Franque a f�u fe re- tourner d'�querre , & fur l'axe du Jardin G, & fur celui de la Cour H, en rendant la fa�ade du fond de cette derni�re , d'une forme cintr�e fur fon Plan, & eh �vafant les ailes en retour I ; de maniere , que cet habile Architecte a tir� un parti li avantageux du terrein, que cette production iimple en apparence , n'annonce pas moins fes talents d�cid�s dans fon Art ; auf�i cette compo- fition a-t-elle plu � tous les yeux » & nous nous flattons qu'on nous f�aura quelque gr� de l'avoir pr�f�r�e � tant d'autres plus r�guli�res r fans doute j mais beaucoup moins utiles pour la plu- part de nos Lecteurs. Nous ne donnons point le Plan du premier
�tage de cette Maifon Abbatiale, �tant aif� de concevoir par celui trac� ici, la difpof�tion de l'�tage fup�rieur i par la diff�rence des teint�s de - Ziv
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360 Cours
' la gravure qui indique par deux tailles l'�tage qui
s'�l�ve au-dei�iis du rez-de-chaui��e, & par une feule , ce qui n'a qu'un �tage proprement "dit. Nous priverons aui�i nos Lecfeurs des �l�vations & de la coupe de ce B�timent, parce, que notre ob- jet principal, dans ce Chapitre, eit feulement de traiter de la diftribution; mais nous ofons ai�ii- rer que ces fa�ades , qui nous ont auiTi �t� com- muniqu�es , font du meilleur genre ; & c'eft avec regret , que nous nous trouvons forc� d'abr�ger le nombre des Planches. PaiTons � pr�fent � une autre diitribution , auffi
de la compofition de M. Franque, & qui, f�lon nous, n'eft pas moins int�reflante que la pr�- c�dente , quoiqu'elle ne foit projet�e que pour une Maifon particuliere qui doit s'ex�cuter � Amiens. Plan � rez-de-chauff�e, d'une Maifon.
particuliere. Planche XLVII.
Il femble qu'il ait �t� r�ferv� � M. Franque,
entre la quantit� des Edifices qu'il a fait �lever, cfue la plupart des terreins qui lui ont �t� offerts., fe foient trouv�s renferm�s dans des p�rim�tres d'une irr�gularit� prefque inconcevable. Nous avons d�j� eu occafion de rapporter dans le Dic- tionnaire de l'Encyclop�die, diff�rentes produc- tions de cet habile Ma�tre, ainfi que de celles de M. le Carpentier, Archite&e du Roi. C'eil dans le premier Volume des Planches de ce grand Ouvrage, qu'on trouvera le Plan � rez-de-chauf- f�e, du projet del� tyjaifon de M, le Marquis de |
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d'Architecture. 361
Villefranche, � Avignon, & dont le terrein eil
d'une forme ii bifarre , qu'on auroit peine � croire qu'il exifte, fi nous n'en avions donn� la confi- guration exacte. Nous avions deffein de r�p�ter ici cette production ing�nieufe de M. Franque , par la difficult�, pour le plus grand nombre, de fe procurer ce Dictionnaire important; mais nous nous trouvons forc� d'y renvoyer nos Le�teurs; & c'eil pour les en d�dommager en quelque forte, que nous leur offrons cette nouvelle production de cet Architecte : producfion qui, compar�e avec celle que nous venons de citer, peut cer- tainement contribuer � faire �cl�re le g�nie de nos Elev�s, dans cette partie de la diilrib�tion moderne, fans pouvoir n�anmoins nuire en rien � l'imitation de la d�coration des Edifices anciens , qu'on cherche � introduire aujourd'hui dans les dehors de nos B�timents, avec beaucoup plus de fucc�s, nous pouvons le dire ici, que dans le commencement de ce fi�cle. Entrons donc dans quelques d�tails, � l'occa-
fion de la Planche XLVII, en faifant compren- dre que , quoiqu'il s'agaTe feulement ici del� diilri- b�tion d'une Ma ifon particuliere, T Archite&e de ce projet l'a con�u � heureufement, que non-feulement l'irr�gularit� du terrein fe trouve prefqu'enti�re- ment mafqu�e;mais que chaque pi�ce int�rieure eil devenue d'une parfaite fym�trie , & compof�e de formes aui�i agr�ables qiunt�reiTantes. Ce B�timent, du c�t� de la principale entr�e A,
n'a de face que vingt-deux pieds & demi dans �uvre, pendant que celle qui lui eft oppof�e Β, en a foixante - fix auf�i dans �uvre , fur cent trente-deux pieds de profondeur : cependant , dans la furface de �� terrein, on ne peut paf |
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362 Cours
plus irregulier, & qui ne contient qu'environ
dix - neuf cent quarante - quatre toifes carr�es fi� fitperf�ci� , l'Archite&e a m�nag� � rez-de- �hai$ff�e trois Cours CDE, non compris trois autres plus petites abc, cette derni�re pour les fom�ers, les deux autres , pour �clairer & donner cie l'�ir aux Garderobes ed ; plus un Appartement 'de foci�t� complet F , un petit Appartement � don- eer G-, une Cuifine & fes d�pendances H, enfin uns Ecurie pour fix chevaux & deux Remues I, avec des logements & des Greniers au-def�us. Comme B�timent d'�conomie, on auroit pu,
ainfi que c'eil affez l'ufage en Picardie, b�tir les jprmcipaiix murs de face int�rieurs en brique, ou , comme on en ufe fouvent � Paris, & dans quelques-unes de nos Provinces, les conftruire en charpente; mais nous avons pr�f�r� de les repr�fenter ici �lev�s en ma�onnerie , dans le «kiTem de n'offrir � nos Elev�s , que des Plans d'une folidit� plus confiante. Ce n'eft pas que �� brique ou les pans de bois, n'aient leur avan- tage ; ils occafionnent, fur-tout les derniers, plus de c�l�rit� dans la b�tifle, &, comme les murs en brique, ils occupent moins de place , & rendent �efpace des lieux plus grands; mais auffi, � moins que ces murs de race, dans ce genre de conftruc- tion, ne fe trouvent expof�s, convenablement, ils rendent n�cefTairement les Appartements beau- coup plus froids l'hiver, & beaucoup trop chauds pendant l'�t� : coniid�ration pour laquelle la bri- que & la charpente ne peuvent gu�re �tre mife en �uvre que dans les dedans des Appartements, comme cloifon de refend, ainf� que nous les avons voulu exprimer e, en brique '9 dans le Plan xlont nous parlons, & en charpente, dans la cloifort |
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D'A RCHITECT�RE. $6$
indiqu�e f. Nous avons aui�i t�ch�, autant que la
petitefle de notre �chelle l'a pu permettre, de faire conno�tre celle g, comme coni�ruite feulement en menuiferie ; d�tail n�ceifaire & �conomique qu'il ne faut pas n�gliger ; la fim�trie des portes � placard, les �coin�ons , les chemin�es des diff�- rentes pi�ces d'un Appartement, d�pendant abfo- lument du compte qu'on doit fe rendre, de la diff�rente �paiffeur des murs de face , en pierre ou en moeion, & des cloifons en brique ou en charpente, & enfin des rev�tifiements des lambris, & de leurs diverfes efpeces, fans oublier leur cale- ment, fur la fuffs�� o� ils fe trouvent appliqu�s. ; Le principal EfcaHer Κ deicgnd aux foutei- reins, & conduit au premier �tage. Ort tfOHY� dans ce dernier,, trois Appartements de Ma�tre complets , du c�t� du mur de face A. L'Efcalier L monte aul�i � un double Appartement, donnant du c�t� du mur de face Β ; les uns & les autres de ces Appartements fe communiquent par une Antichambre commune, pratiqu�e au-deifus de la pi�ce F, appel�e buffet, dans le Plan que nous d�crivons. Nous ne donnons point le Plan du pre- mier �tage, ni l'�l�vation de ce B�timent, pour les raifons que nous avons produites pr�c�dem- ment : mais c'eit ici le lieu de r�p�ter � nos jeunes Piflributeurs, que f>our bien entendre & parve- nir � imiter cette diftribution ing�nieuf�, il faut qu'ils traduifent d'abord ce Plan fur une tr�s-grande �chelle ,par exemple, de trois pouces pour toife, enfuite qu'ils compofent le premier �tage d'a- pr�s les renfeignements que nous leur donnons^ de m�me que les �tages fup�rieurs & le Plan des, fouterreins ; qu'ils continuent par tenter les �l�- vations & Jes coupes dans tou$ les fefts, & qu'ils. |
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364 COU RS
terminent enfin cette �tude par les d�veloppe-
ments les plus int�reffants, concernant la Ma�on- nerie , la Charpenterie, la Menuiferie , &c. .d�ve- loppements ' que - nous prendrons foin nous-m�me de d�tailler dans la fuite. Nous terminerons nos observations fur ce Plan,
par faire remarquer que les �quipages qui am�- nent les Ma�tres, pour defcendre � TEfcalier K, traverfent enfuite toute la profondeur du B�ti- ment, & qu'ils font oblig�s de fortir dans l'autre rue, pour aller remifer dans le fond de la Baffe- cour E. Ge trajetctie� pas fans difficult�, fans doute ; mais Firr�gularit� du terrein, & les com- modit�s que contient cette Baffe-cour, doivent faire paffer par-deffus ce l�ger ; inconv�nient?■*.: d'ailleurs , combien d'H�tels importants � Paris 9 font dans ce cas, & combien n'auroit-on pas perdus d'objets int�reffants > fi, pour �viter ce.'trajets,- on e�t voulu faire entrer les voitures, par un paffage pratiqu� � la place o� fe, trouve fitu� ici l'Office H. Au reite, ces derniers arrangements tiennent plut�t � la volont� des Propri�taires en g�n�ral, qua l'art de la diffribution proprement dite ; & c'eft dans ces occafions, que les talents de l'Architede doivent f�avoir fe plier � la n�- ceffit� & aux diff�rents befoins:d�s perfomies pour lefquelles il b�tit : auffi, en pareille circonftance, fait-il plufieurs projets , o�, fans trop s'�carter des r�gles de fpn Art, il parvient � concilier les lois de la bonne diftribution , avec les di- vers motifs qui, tous les jours, donnent occa- fion d'�lever nos B�timents particuliers : B�ti- ments, nous pouvons le dire en paffant, peut- �tre plus difficiles que toute efpece de productions dans ce genre. |
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d'Architecture. 365
C H AP Ι Τ RE VI
OU DON TRAITE DE LA DISTRI-
BUTION PARTICULIERE DES AFP AR Τ Ε ME NT S PRIV�S,
ET DANS LEQUEL ON ENSEIGNE LA MA*
NIERE DE LES TRACER R�GULI�RE-* MENT, ET DE TIRER AVANTAGE DES PLUS PETIT? ESPACES. Apr�s avoir donn� les r�gles g�n�rales , fur
la maniere de distribuer les B�timents d'habita- tion & leurs d�pendances , nous allons rapporter, dans ce Chapitre, fur une beaucoup plus grande �chelle , que nous ne l'a vons fait jufqu'ici, la diitribution de deux Appartements, Γιιη faifant partie du Plan de la Planche XLVI de ce Volu- me, l'autre extrait d'une Maifon de Plaifance que nous avons fait b�tir, comme nous l'avons d�t, � trois lieues de Paris; & nous allons faifir, a pro- pos de ces deux Plans, l'occafion d'enfeigner � nos Elev�s, la maniere de les deffiner dans le Ca- binet ; comme ils doivent �tre trac�s dans l'Atte- Jier, afin de les accoutumer � s'y prendre fur le papier de la m�me maniere qu'on doit op�rer fur le terrein , pour repr�fenter avec pr�cifion^ & mettre � profit les plus petits efpaces, afin> |
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$66 Cours
par-l�, de multiplier les commodit�s du reftbrt
des Appartements priv�s. Ces d�tails minutieux pour ceux qui en font
� la th�orie, deviennent tr�s-importants, pour les jeunes gens qui n'en font encore qu'aux El�ments, & qui , avec quelques notions de G�om�trie, n'en f�avent cependant pas affez, pour en appli- quer les pr�ceptes � l'Architecture. Cette appli- cation des principes de G�om�trie � 1'Archite�u- re, eil difficile � plufieurs des Elev�s, parce qu'ils ne prennent que des le�ons de Math�matiques ifol�es, fans r�fl�chir � l'analogie que cette fcience a n�ceffairement avec leur profeffion; enforte qu'il y en a plus d'un, qui, apr�s avoir expof� leurs projets au grand jour , & avoir obtenu quelques fuffrages, du c�t� du g�nie & de l'intelligence du deifin, ne feroient pas en �tat pour cela de tracer fur le lieu > le Plan d'un boudoir, & d'en diitribuer les mefnres aux divers Entrepreneurs. Si nos Le�ons publiques & particuli�res pou-
voient �tre fuivies par le plus grand nombre de ' nos Lecteurs , nous leur aurions �pargn�, & � nous auffi , ce nouveau travail, parce que cha- cune de nos conf�rences eft ordinairement aid�e de d�monilrations, qui pr�fentent � l'id�e, l'en- cha�nement de la pratique avec la th�orie : mais ici, notre narration �tant d�pourvue d'op�rations manuelles, & des d�veloppements que la peti- tefle des Planches η a pu nous permettre de don- ner d'un certain volume, nous allons t�cher , dans nos explications δε dans le compte que nous allons rendre des deux Planches qui vont fuivre, de d�dommager les moins avanc�s de fabfence des nos conf�rences. D'ailleurs, par ce que nous rapporterons, ind�pendamment de cette �tude in- |
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d'Architecture. 367
t�reffante, ils apprendront encore � faire uiage
des reffources dont on peut ufer, loriquon ie trouve g�n� , ou par les r�gles de l'Art, ou pa* les befoins particuliers du Propri�taire. Amii, loin de n�gliger les nouvelles connoiffances que nous avons � leur offrir ici, nous leur recommandons a« contraire de s'y attacher avec foin, parce quafiea* . ordinairement, elles deviennent l'objet de leur d�- but & que plus d'un grand Ma�tre a commenc� fa carri�re par la diftribution & la d�coration, dans le genre de celles dont nous parlons. Diftribution particuliere de �Appartement
marqu� B, faifant partie du Pian du re{- derchauff�c de h Planche XL FI de ce Volume. Planche XXVIII.
La Planche que nous offrons ici eil la r�p�ti-
tion en grand de l'Appartement dont nous avons d�j� donn� la diftribution, Planche XLVI. Notre intention, ainfi que nous l'avons promis, eil de faire obferver, � propos de cette Planche, non- feulement le (jompte que l'Artiile doit fe rqndre de la ma�onnerie; mais auffi la relation quelle doit avoir avec la menuilerie, qui fe trouve or- dinairement dans la plus grande partie des pi�ces d'un Appartement; fans nuire n�anmoins a \eco- nomie dont on doit ufer � l'�gard de la^ premiere, ni vouloir fe priver de l'utilit� & de la falubrit� que procure la f�conde, dans les pi�ces d ha- bitation. ■<* .,... Il Nous avons d�j� fait �onnoitre combien il �toit |
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}6$ Cours
important, que pr�s d'une chambre � Coucher §
on m�nage�t un Cabinet de travail, une Garde- robe, une petite Anti-chambre, une pi�ce pour coucher un Domeilique, enfin, les autres com- modit�s relatives � un ufage continuel & jour- nalier. Nous avons fait choix de ce Plan, de pr�- f�rence � tout antre, parce que les pi�ces qui le com- pofent �tant deftin�es pour le logement d'un Abb� commendataire, il tient � peu pr�s le milieu en- tre l'importance d'un Appartement qui fait partie d'uneMaifon Royale, &la retenue qu'on doit affe- cter dans ceux d'une Maifon particuliere proprement dite : Nous avons aufl� choiii un lieu reiferr�, pour parvenir a. prouver que dans peu d'efpace, il faut f�avoir tirer parti de tous les vides que procure n�ceiTairement une diftribution fim�trif�e , quoi- que faite dans un terrein d'autant plus irr�gulier, que la plus grande partie des d�pendances du B�timent qui contient cet Appartement, a �t� conferv�e, & que, fuivant notre remarque de la page 358 de ce Volume, le terrein o� cet Edi- fice fe trouve �lev� , eil lui-m�me, on ne peut pas plus irr�gulier. Au rede, cette difficult� eit devenue un attrait de plus pour nous, parce qa'elle eil l'image de prefque toutes les entraves, qui fans ceffe font offertes � TArchite�e, & que ce font ces difficult�s .vaincues, qui dans cette partie de TArt , font le plus d'honneur : v�rit� que sous avons bien de la peine � faire comprendre � la plupart de nos Elev�s qui regardent les fu- j�tions dont nous parlons, comme autant d'ob* ilacles au g�nie , fans fe douter que la commo- dit� & l'�conomie, doivent avoir la pr�f�rence fur tout ce que la partie du go�t peut enfanter de plus ing�nieux. |
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On peut voir dans le Plan de la Planche XJLVI
�e ce Volume , que la principale entree de la Chambre � coucher B, donne du c�t� de la Salle de compagnie ; mais qu'il �toit n�ceffaire de m�- nager une autre entr�e qui d�gage�t cet Appar- tement, ce que Ton � fait du c�c� d� la bai�e- couf ; enibrte que cette entr�e A, � laquelle on arrive par un Eicalier ext�rieur a , conduit � une petite Anti-chambre C b dans laquelle eil un lit ' pour le Domeitique , pratiqu� dans renfoncement h, fans �tre aper�u , parce que l'ouverture de devant peut �tre ferm�e par des portes de me�* nuiferie garnies de fil de laiton : par cette difpo- iition , on poura d'une part > au lieu d'un Do- meitique , faire coucher dans cette pi�ce un Valet- de-chambre; & de l'autre, un Receveur, un Fer- mier , ou quelques autres gens du dehors pou* ront attendre, dans cette Anti-chambre, le'lever du Propri�taire, pour fe faire introduire par la porte/, dans le Cabinet de travail D. L'entr�e de la Salle de compagnie dont nous venons de parler, eft deftin�e pour les vii�tes, ou pour les perfonnes de coniid�ration qui, ayant � traiter d'affaires particuli�res, feroient introduites dans le Cabinet de travail, & d�-�� , dans la Biblio- th�que qui vient enfuiie; ainii qu'on le voit ex- prim� dans le Plan de M. Franque , Planche XL VI. Du c�t� du lit, � droite, eil un d�p�t c, � Fiifage d'un Domeitique ; de l'autre, une porte <f, pour d�- gager la Garde-robe � foupape E. Dans les parties lat�rales de la pi�ce C, pour plus de fym�trie font pratiqu�es deux clouons de menuiferie qui en fe retournant d'�querre fur le mur de face parcourent � gauche un po�le, contenu dans une niche en brique, & � c�t�, ainfi qu'en face, des Tome IV. A a |
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370 Cours
armoires e ; armoires d'une utilit� indifpenfab�e,
pour contenir les diff�rents objets, � l'ufage du Ma�tre , fous la garde du Domeitique. Comme l'entr�e de cette Anti-chambre donne
fur la baiTe-cour de cette Maifon Abbatiale, pour procurer � cette pi�ce plus de grandeur & de commodit�s, nous n'avons pas craint de faire faire � l'ancien mur F, les deux reifauts G H , ce qui nous a produit la petite pi�ce I , deflin�e � fer- vir de Garde-robe acceifoire au Ma�tre du logis, lorfquil f�jotmie dans fon Cabinet D ; commo- dit�s qu'il 'faut.� bien fe garder de n�gliger pr�s d'un Cabinet de travail. Cette pi�ce 1 �ft tr�s-petite � la v�rit�; mais comme piffoir,elle eilfuffifante; d'ailleurs on auroit pu la rendre plus grande ^ fans alt�rer la coailruclion des murs; auffi avons- nous pratiqu� une niche en cul-de-four dans l'an- gle , pour donner plus de profondeur � cette Garde-robe ; cette niche eil deilin�e � recevoir une tablette de marbre, pour y d�pofer les vafes utiles dans un tel lieu; celle E �tant pourvue des autres commodit�s qui manquent � celle-ci. L'ou- verture � eil une demie porte qui fym�trife dans le Cabinet D , avec un venrail dormant, les por- tes de ce Cabinet �tant � deux ventaux; de ma- niere que par ce moyen, nous avons pu prati- quer le piffoir I, en mettant � profit le peu d'ef- pace que nous procuroit ce ventail dormant, & la niche en cul-de-four , dont nous venons de parler. Qu'on y prenne garde ; ce font-l� de ces moyens
que l'exp�rience fait mettre en �uvre, fans nuire � la folidit� ; c'eil par-l� qu'on procure � un Ap- partement les commodit�s qu'on � droit d'atten- dre d'une di�Vibution bien entendue. Ces moyens |
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d'Architecture, 371
ne iaitroient nuire � la iblidit� ; parce que comme
nous l'avons exprim� par les lignes , & une teinte trac�e tr�s-l�g�rement, on retrouve au-deffus du paffage/, & d� la Garde-robe I, la liaifon & l'�- paiffeur des murs de conitrudion : ils contribuent � la commodit�, parce que les vides e, le paffage �, & la petite pi�ce I, procurent, entre la pi�ce du Ma�tre & celle du Domeftique, la facilit� d'a- voir fous la main, les objets d'une utilit� com- mune. Or, nous demandons comment nos Elev�s parviendront, � faiiir ces deu'x points effenciels , lors de la diitribution d'un Plan, ii de bonne heure > ils n'apprennent � le rendre compte de leur tra- vail , par le fecours des pr�ceptes & du raifoii- nement de l'Art, & � tirer parti des divers ob- jets dont nous traitons ici. Qu'ils ne s'y trom- pent pas; l'afpe�: m�me des lieux que nous leur confections fr�quemment de vifiter , ne leur offre gu�re que des furfaces, dans cette partie de f Ar- chitecture ; il ne fuffit pas pour qu'ils d�couvrent le m�canifme int�rieur, & les reff�urces ing�nieufes dont Γ Architecte s'eft fervi, de gliffer fur les com- modit�s relatives � la fortune &�l'ufage du Proprio- taire. Il eft vrai qu'il reffe une reffource � nos jeu- nes Architectes; c'eft de lever f�par�ment quelques- unes de ces productions : ou, ce qui eff mieux encore, de fe rendre t�moins fur les lieux , des op�rations qu'entra�ne apr�s foi la main d'oeuvre. Mais, qu'ils y prennent garde ; d'une part, les Edi- fices , lorfqu'ils font habit�s , font prefque tou- jours inaccei�ibles aux Artiftes : de l'autre, le plus grand nombre en f�aitil affez, pour s'int�- reffer v�ritablement � cette op�ration ? pour aller �pier, � diverfes reprifes, δε; fuivre de pr�s tous Aaij
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372 Cours
les d�tails qu'exige ce genre de connoii�ance ? If
en faut convenir; cela eft tr�s-rare. D'ailleurs, il faut fe fouvenir que ceux qui �tudient dans nos Provinces, font priv�s de tout fecours � cet �gard. C'eft donc pour faciliter les moyens d'y parvenir que nous offrons de nouveau ces d�- tails , comme autant de pr�liminaires , qui doi- vent pr�c�der les effais du jeune Architecte, pour paffer enfuite aux productions les plus eilimables. Nous ne donnons qu'une portion du Cabinet D, qui, dans fa totalit� , a de largeur onze pieds huit pouces, fur vingt-un pieds un quart de lon- gueur. Il eft cintr�, dans Tune de fes extr�mit�s, comme on le voit ici ; parce que cette tour creufe facilite l'entr�e de la Chambre � coucher Β , dans �e Cabinet D , & que ce paffage , deilin� pour les Ma�tres, demande � �tre annonc� avec une forte de dignit�. D'ailleurs, le Cabinet dont nous parlons, donne lui-m�me entr�e � une Biblioth�- que , qui a de longueur trente-fix pieds & demi, fur onze pieds huit pouces de largeur, ainii qu'on le remarque dans la Planche XLVI de ce Volume. C'eft une attention qu'il faut avoir ; quand une Chambre & un Cabinet font partie d'un Apparte- ment de Ma�tre, l'une ne doit jamais conduire � l'autre par des paffages obfcurs & d'une trop grande profondeur, par des tambours, ni m�me par de petites pi�ces ; � peine ces moyens fe tc- lerent-ils, dans une reftauration : jamais on ne les admet dans un B�timent �rig� � neuf, o� il convient que ces principales entr�es foient libres , fpacieufes , & fur-tout, afforties � l'importance de l'Appartement, & � la dignit� du Propri�taire : ce n'eft m�me qu'� regret, que nous avons �t� forc� de faire le paffage g oblique, & d'une cet- |
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taine profondeur ; mais le lit plac� en niche & les armoires h y qui procurent de tr�s-grandes com- modit�s � cette Chambre , nous ont fait paiTer par-deffus cette obliquit� , & Tariez grande pro- fondeur de Fembrafure. Pour rendre cette Chambre en niche Β plus
r�guli�re, nous n'avons pas craint d'y r�p�ter une tour creuie; premi�rement , elle a rendu l'em- brafure g moins profonde qu'elle ne l'auroit �t�, fans cette courbure ; fecondenient , elle nous a facilit� une Garde-robe E, qui, quoique d'un arTez petit diam�tre, ne laiife pas d'�tre tr�s-utile � cette Chambre d'habitation; troi��mement enfin , elle a procur� plus d'�tendue � cette pi�ce, fans em- p�cher la fym�trie obferv�e dans les quatres par- ties de lambris Ί, k, /, m; enforte que l'on peut \ dire que, malgr� cette portion circulaire , elle η en eil pas moins r�guli�re , quoique diiiemblable dans deux de fes c�t�s oppoles. Il efl vrai que le lit fe trouve encaf�r�.�, pour ainiirdire, dans la ni- che ; encadrement qui, certainement, devient plus incommode, que lorfque ce meuble fe trou- ve ifol� dans une alc�ve; mais dans un petit es- pace, on n'eft pas toujours le ma�tre de fatisfaire � toutes les commodit�s d'ufage : c'eit � raifort des perfonnes pour lefquelles on b�tit, qu'on fe permet airjourd'hui ce qu'on doit fe d�fendre de- main ; pourvu toutefois que ces objets de com- modit� foient difcut�s, en pr�fence du Propriet taire, avant de pafTer � l'ex�cution. Au reite * nous le remarquerons, il ne s'agit gu�res ici que d'un Appartement particulier : autre chofe feroit, s'il e�t �t� question d'un Appartement de parade deftin� pour un grand Seigneur, ou pour la Dame de la Maifon i ce qui exigeroit encore plus de A aiij
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374 Cours
pr�caution. En effet ce que nous avons enfeign�
pr�c�demment, a d� nous apprendre que la ma- gnificence & la commodit� des Appartements font relatives au rang des perfonnes qui doivent les habiter. Nous avons encore dit � ce fujet , qu'il convient pour ces raifons, que la perfonne charg�e de la diitribution d'un Plan, foit initruite, & de l'�tiquette des Cours, & des diff�rents �tats qui compofent la foci�t� civile ; afin de ne pas d�corer avec trop de faite, les habitations par- ticuli�res , ni avec trop de fimplicit�, les Palais des Rois ; en un mot, il faut que les commodit�s, les formes & les d�pendances de l'Appartement, fo�ent afforties au motif qui donne lieu � la dif- �tribution. Le Plan de la Gard�-robe E, eft de forme el-
liptique ; Tun des carreaux feulement du ch�i�is � verre, donnant fur la cour principale (voyez la Planche XLVI ) �claire cette petite pieee ; ce jour, en �uil de boeuf, fe trouve plac� dans une niche qui contient la banquette , � Tufage de la foupape qui s'y trouve renferm�e. Aux deux c�- t�s de cette niche, font pratiqu�es deux armoi- res η, r�ferv�es pour contenir les uftenfiles n�* ceflaires � l'adte de propret�. En face de cette niche, en eft figur�e une autre, pour contenir une tablette de marbre, qui recevroit les vafes de n�cef�it� , & ceux deffin�s � contenir les odenrs .-& I�s parfums. Aux deux c�t�s de cette f�conde niche, font aui�i pratiqu�es de tr�s-petites ar- moires ο, pour renfermer les flacons, les �pon» g�s,-See* Aucun terrein ne doit fe perdre, l'Art �ojifiite, comme nous l'avons dit plus d'une fois, � mettre � profit le plus petit efpaces Sur Tautre Aslirl �fc ��m Garclc-robe ? font, au�i figur�es |
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d'Architecture. 375 '
deux ouvertures pareilles aux pr�c�dentes : l'une, pour pai�er de la Chambre � coucher, dans cette pi�ce : l'autre, pour la d�gager par l'Anticham- bre C, par le pafiage d. Nous n'avons pu rendre ce paffage plus r�gulier, dans la crainte d'aifoi- blir la folidit� du mur de refend, qui vers cet an- gle, doit faire liaifon avec le mur de face ; r�u- nion que nous avons exprim�e par une te�nt� l�gere : ces deux murs reprennent leur coniiilance au-deffus du percement de cette porte. Encore une fois, nous entrons dans ces d�tails, pour faire fentir combien il eil eiTenciel de faire mar- cher enfemble, dans fa compoiition, la folidit� avec la commodit�, & celle-ci avec la« fym�trie qu'exige la d�coration; auffi remarquera-t-on, dans cette Planche, que par le fecours de la Gra- vure, nous avons affeft� de deux tailles, la ma- �onnerie qui monte de fond; d'une taille tr�s- l�g�re , celle qui eil fufpendue en Fair, par le miniftere du trait; & d'une feule taille plus fon- c�e , l'�paiffeur des lambris qui rev�tent les pi�- ces , dont nous venons de parler, ainii que les cloifons , qui divifent les d�gagements & les d�- pots trac�s dans ce Plan , & d�crits dans ces Le�ons. Apr�s les d�tails dans lefquels nous venons d'en-
trer , qu'on nous en permette encore d'autres qui, quoique d'un genre diff�rent, n'en font pas moins int�reflants pour la plupart de nos Lecteurs. Il s'agit de leur enfeigner � def�iner r�guli�re- ment le p�rim�tre de chaque pi�ce qui compofe ce Plan, & � d�terminer les foyers qui doivent en tracer les courbes , tel que l'Archite�ie efl oblig� de le faire faire fous fes yeux, fur le ter- rein , par les diff�rents Entrepreneurs, enfotte -que A a iv
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37<5 Cours
le Deflinateur, inftruit de cette marche, y io�t
tout accoutum�, &' fe trouve moins neuf, lorf- que, du Cabinet, il paffe � l'Attelier. Qu'on ne dife pas que ce travail eil fuperflu pour
l'Elev� ; il n'y a point d'Architecte habile qui ne fe trouve heureux d'avoir pour infpedleur , un homme �nirruit fur ces d�tails, que la plupart de nos Pi- queurs de Plan ignorent : ils fe trouvent d�payf�s fur le tas , faute d'avoir appliqu� de bonne heure 4es �l�ments de la G�om�trie aux �l�ments de �'Archire�ture , & particuli�rement, � l'art de la diitriburion. Combien de fautes ne fe gliffent-e�les pas dans nos B�timents , par l'ignorance ou la pareffe de ceux qui nous fervent de f�conds dans la b�tiffe ? Mais, difent quelques-uns , ces d�- tails s'apprennent par la pratique; nous en conve- nons : mais les fautes de d�but ne font pas moins des fautes; & le Propri�taire qui fait la .d�penfe, eil le feul qui ignore ces b�vues. Nous parlons ici par exp�rience; peut-�tre perfonne n'a plus �t� dans le cas que nous d'�prouver Finconf�- quence des jeunes gens, pour lefqtiels nous nous fommes v�ritablement int�reff� : ainii, loin de craindre qu'on nous fache mauvais gr� du foin que notts prenons ici, nous croyons rendre un fervice effenciel, e�l recommandant � ceux � qui ces Le�ons font deitin�es , de s'attacher particu- li�rement � dei�iner, d'une mani�re pratique, & de ne jamais ordonner le percement d'une porte, faire pofer un lambris, dei�iner la place d'une chemin�e, fans avoir pr�vu la relation que ces additions doivent avoir avec la pi�ce enti�re? le rapport & la proportion qu'il convient de don- ner � ces diff�rents d�tails : ils font toujours in- t�reiTants pour le Propri�taire j il ne confulte or* |
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dinairement un Artiile , que pour tirer, aux moin-
dres frais 5 meilleur parti de fon terrein & de l'ordonnance. Pour parvenir � dei�iner correctement, comme
on doit op�rer dans le B�timent, commen�ons par vouloir �tablir carr�ment les cloiibns a, b, qui d�terminent la forme de FAnti-chambre C- Pour cela , faifons ufage de la ligne c, d, int�- rieure du mur de face, comme baie de la perpen- diculaire e, f, qui fert d'axe � cette pi�ce : en portant les cloiibns a, b, de part & d'autre pa- ralleles � la perpendiculaire e, f, elles rendront n�ceiTairement des angles droits les quatre angles g, h, i & k, de maniere que les cloiibns a, b, mafqueront & corrigeront abfolument rin�galit� des murs de ma�onnerie, & que la petite corni- che de cette pi�ce fera parfaitement r�guli�re. On obiervera n�anmoins de former le devant de fon fof�te de trois quarts de pouce plus faillant que la furface int�rieure des cloiibns, afin que , l'or� qu'on viendra dans la fuite � poier ces derni�res, la corniche en l�gers ouvrages & la menuiferie paroiifent avoir �t� �lev�es en m�me temps, comme ii elles �toient de la m�me mati�re. Ce que nous difons ici , touchant la corniche du couronne- ment de l'int�rieur de cette pi�ce C, doit �tre obferv� dans toutes celles de ce Plan; auffi y avons-nous marqu� toutes les faillies des corni- ches , & celles de leur fof�te, fur le nu des lam- bris, par des lignes pon&u�es; enforte, par exem- ple, que , dans le Cabinet D , la ligne ponctu�e 1, indique le nu du mur, celle m, le fonte, celle n, le cadre de cette m�me corniche , & enfin celle o, le devant du lambris : proc�d� dont ©n doit fe fervir, lorfqiul s'agit de la d�coration des Aj^ |
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37^ Cours
partements rev�tus de lambris de hauteur; car
�orfqu'on n'y place que des lambris d'appui s il iufHt alors que le fofite des corniches n'exc�de gu�res plus le nu du mur que d'un pouce ou un pouce & demi, f�lon l'�pairleur des �toffes d'�t� ©u d'hiver qui d�corent la plupart des pi�ces des Appartements. Faute d'�tre avertis de la rela- tion intime qu'on doit obferver entre les corni- ches , les rev�tiffements ou les cloiibns de me- nuiferie qui divifent, partagent ou f�parent les niches, les d�gagements, les armoires pratiqu�es dans les grandes pi�ces, ou m�me les avant-corps qu'on y ajoute, pour procurer plus de mouve- ment � l'ordonnance, combien de jeunes Archi- tectes n'oiFrent-ils pas d'inadvertances qui cho- quent les yeux intelligents ? Nous le r�p�tons donc, cette �tude eil indifpenfable : autrement, on n�glige l'�conomie, l'acc�l�ration fe ralentit, les licences naiflent fous le crayon du Dei�ina- teur, & les imperfections fe multiplient dans la main d'oeuvre : n�gligence qu'on ne peut pardon- ner, m�me dans les Maifons � loyer, & qu'on ne rencontre n�anmoins que trop commun�ment dans des Edifices de la plus grande importance. -\i Ce que nous venons de dire, touchant la baie & la perpendiculaire trac�es dans l'Anti-chambre C, doit fe r�p�ter dans les autres pi�ces. Cette bafe & cette perpendiculaire fe trouvent indi- qu�es fur cette Planche, par une pointe feche tr�s-l�g�re. Nous obfervons feulement qu'on ne f�auroit apporter trop d'attention, � faire ufage de ces lignes, tant dans les largeurs, que dans les profondeurs des pi�ces , parce qu'elles pro- curent autant d'axes, pour d�terminer avec {y- metric, la difpofition de chaque objet de la d�- |
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d'Architecture. 379
coration , foit qu'il ne s'agiffe encore que du
deffin, foit qu'il faille tracer ces axes fur le ter- rein , lorfqu'on vient � pofer les parquets, la me- nuiferie , la fculpture , les glaces , &c. Ce que jiotis expliquons ici ne regarde que les lambris, qui, ppf�s r�guli�rement, fe trouvent paralleles les uns aux autres. Il faut d'autres pr�cautions, pour tracer les courbes qui, dans certaines par- ties d'une pi�ce, fe trouvent forc�ment intro- duites; & c'eil ce que nous allons expliquer d'une maniere pr�cife, parce que ces courbes font plus difficiles � �tablir qu'on ne s'imagine ordinaire- ment. .., La plupart de ceux de nos Elev�s qui ne fe
font encore attach�s qu'aux El�ments de la G�o- m�trie, & qui d�butent dans l'Architeclure, croient qu'il fuffit, par les proc�d�s Math�matiques, de trouver des foyers , pour �tablir les courbes fph�- riques , elliptiques , paraboliques ou hyperboli- ques , pour exprimer des tours rondes ou des tours creufes , qu'il efl quelquefois n�ceiTaire d'introduire dans un Plan ; cela eil vrai, � beau- coup d'�gards; mais il n'en eii pas moins cer- tain, que ces diff�rentes courbes, toujours. int�- reffantes quand on les amen� � propos, & qu'elles font d'une forme agr�able , manquent prefque toujours leur but, quand elles ne font pas d'a- bord d�termin�es par les yeux du go�t, & d'une maniere plus ou moins reifentie, f�lon les pi�ces o� elles fe trouvent appliqu�es. Il faut par conf�- quent 3 avoir une aflez grande pratique du deffin , pour les tracer & en faire le choix le plus conve- nable ; enforte que ce n'eil gu�re qu'apr�s cette .�onnoiiTance, & apr�s s'�tre rendu compte de la cherche trouv�e 9 qu'on peut s'aiTurer cki nombre |
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38o Cours
des foyers qu'il convient d'employer, pour d�-
terminer g�om�triquement telle courbure, dont on a befoin : de maniere que la fcience & l'Art i� trouvent fi bien r�unis eni�mble , qu'on ne puiiTe douter de la v�ritable intelligence de i'Ar- tiite. Une autre attention non moins int�rei�ante,' & qui �chappe � tous ceux qui s'en tiennent � la routine, c'eft de commencer par d�cider la courbure des angles d'apr�s le plafond, & non d'apr�s le fol. Si au contraire on trace la cherche fur l'aire du plancher , d'apr�s les difpofitions d'un Plan mal r�fl�chi, lorfque les cloifons font �le- v�es , la faillie des membres ext�rieurs de la corniche en pl�tre , fe trouve fouvent for- mer des angles aigus ou jarreceux avec le lam- bris. Qu'on n'en doute point, c'eft. cette inat- tention dont on s'aper�oit trop tard, qui force, pour aini�-dire, de former des enroulements dans les angles Taillants & rentrants des membres δε des gorges des corniches : de-l� , tous ces contours tortueux dans les plafonds , dont les hommes fa- ges m�me n'ont pas toujours pu fe garantir; del� font n�s enfuite ces ornements futiles &■ fans liaifon , qu'on remarque encore aujourd'hui, dans plus d'une de nos belles demeures �lev�es il y a vingt ou trente ann�es; productions, nous pou- vons le dire ici, imagin�es alors, au m�pris de ces d�corations fi eitimables, fi ing�nieufes & il bien r�fl�chies, employ�es d'apr�s les deifins d'Hardouin & de plufieurs autres Architectes c�- l�bres de fon temps; d�corations que les bons yeux admirent encore avec le plus grand plaifir. Pour parvenir � �viter la plupart des abus que nous venons de rapporter, difons que, lors- qu'on a d�termin� la nature de fa courbure , �§ |
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maniere � fatisfaire l'oeuil, par exemple, celle
qui forme la tour creufe de la Chambre en ni- che Β ■; au lieu de tracer le diam�tre de l'ellipfe qui la compofe, du devant du lambris ρ & q, comme on ne le fait que trop ordinairement, il faut l'�tablir du devant de la corniche? vers les points r & f, pour, des foyecs t & u, tracer les courbures r, ν & s, x; puis du foyer y, diiiant de vingt-fept pieds & demi du devant de H niche, tracer la grande cherche u, χ ; enfuite des m�mes foyers, circonfcrire la ligne int�rieure de la cor- niche , & enfin le devant du lambris, afin que par ce moyen, les angles r, s puiffent �tre r�put�s droits, ce qui ne pouroit arriver , � , comme nous venons de le remarquer, on prenoit les deux premiers foyers fur le diam�tre qui alligne les extr�mit�s du lambris ρ & q : mais encore une fois , avant de nous rendre compte de ce proc�d�, n'oublions jamais de tracer d'abord ces courbures � la main , & concevons que chacune d'elles doit avoir plus ou moins de fermet�, de douceur on d'am�nit� , f�lon l'ufage des pi�ces o� l'on veut les introduire ; & que, dans le cas dont il s'a- git , le go�t doit �tre regard� comme le mod�- rateur des pr�ceptes , qui feuls font infiiffifants , s'ils, ne font pr�c�d�s du g�nie propre � la choie, & de l'imitation des meilleurs exemples en ce genre. Ce que nous recommandons � propos des d�tails qui font ici notre objet, devient d'autant plus int�reifant pour le jeune Artifte & l'Amateur, qu'il ne s'agit ni de faite , ni de magnificence , '& que plus l'�conomie doit pr�iider dans la d�- coration d'une pi�ce, plus il faut f�avoir racheter une iimplicit� raifonnable , par la beaut� des for- mes , par une fy�u�trie exa�e & par la combi- |
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382 Cours
naifon des rappors que chaque partie doit avoir
avec l'enfemble. La tour creufe qui fe remarque dans le Ca-
binet D, diff�re de celle de la Chambre en ni- che Β , en ce que celle-ci eft elliptique, & celle-l� fph�rique, & que la courbure de cette derni�re eil d�crite par un feul foyer dont le diam�tre eft aui�i pris du devant de la corniche , & non du devant du lambris, � caufe des coniid�rations que nous venons d'expliquer plus haut, & qui doivent fubiifter pour la maniere de d�crire la courbure du Cabinet � foupape E , ainii que celle du fond du piff�ir I ; autant de pi�ces dans lefquelles nous nous fotnmes content�s de tra- cer l�g�rement les lignes de conftruftion-, & les diff�rents foyers qui d�cident la circonvolution de leur courbe. Paf�bns � pr�fent au f�cond Plan d�taill� que
nous avons promis : quoique d'un autre genre que celui que nous venons de d�crire, il ne fera pas moins utile � ceux qui d�firent acqu�rir les diff�rents moyens de parvenir � concilier enf�m- ble l'agr�ment des formes, avec la commodit� & l'utilit�. Plan de l� diftribution d'un deuxi�me Appar-
tement y d�taill� dans le genre du pr�c�dent. Planche X L I X.- ;
La diftribution de cet Appartement offre une par-
tie du Plan � rez-de-chauff�e du Ch�teau d� la Gran- ge 9 appartenant anciennement � M. le Mar�chal |
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d'Architecture. 383
de Saxe , & o�, depuis nous avons fait des ad-
ditions coniid�rables, entre-autres l'Appartement trac� fur cette Planche , diitribu� pour la Dame de la Maiibn qui y avoit d�iir� les plus grandes commodit�s. Peut-�tre donnerons-nous dans la fuite , aihfi que nous l'avons d�j� dit, les Plans, les �l�vations & les d�veloppements de tout ce B�timent, dont la diilribution int�rieure eit de- venue affez heureufe, malgr� plufieurs murs de refend qu'il a fallu conferver, ainii que les murs de* face, dont nous rapporterons auffi les nou- velles d�corations que nous avions propof�es, par incruitation , parce qu'elles nous paroiffent avoir le caract�re qui convient � une Maifon de plaifance (i) de l'efpece dont nous parlons. Sur toutes les pi�ces exprim�es dans cette
Planche, � l'exception de celles marqu�es A , font pratiqu�s des Entre-fols, dans lefquels on a diitribu� un petit Appartement de bain , un lc- (z) Nous appelons cette habitation,' Maifon, de plaifance ,
quoiqu'elle foit connue fous la d�nomination du Ch�teau de la Grange du milieu : parce que, dans nos d�finitions du pre- mier Volume, nous avons avanc� que chaque efpece de B�- timent devoir avoir un caract�re diftindif : qu'une Maifon de plaifance 3 comme nous l'entendons , doit �tre fuppof�e un Edifice �lev� pr�s de la Capitale, o� les Ma�tres vont 'feule- ment paifer quelques jours 3 pour fe d�ialfer des affaires qui les attachent � la Ville; au Heu qu'un Ch�teau proprement dit, eft un B�timent �rig� au milieu d'une Terre ou d'un Do- maine dont le Propri�taire tire fon principal revenu. Il eft cependant vrai que quelquefois les Maiibns de campagne, b�- ties pr�s des Cit�s , joignent � leur habitation des d�pendances qui exigent fouvent un Receveur ou un Fermier ; mais qu'il y a loin des revenus qu'on en tire, � ceux d'une Terre en forme : diftinction qui �chappe aux Propri�taires , & � l'Ar- chitecte y d'o� il r�fulte que la plupart de nos Edifices con- fervent dans leur d�coration une monotonie } qui confond^/* tous les genres, au m�pris des pr�ceptes fondamentaux de l'Atti |
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3$4 Cours
gement de deux femmes-de-chambre, &; une pi�ce
deilin�e � contenir le linge & les habits de la Ma�tre �le du logis : enforte que la hauteur du Plancher du rez - de - chauff�e ayant vingt - deux pieds, les entre-fols ont i�pt pieds d'�l�vation & les pi�ces de deilbus treize pieds. L'Efcalier Β qui, f�lon le befoin , defcend dans les fouter- rains, & monte juiques fur les couvertures, fert auii� � communiquer aux Entre-fols dont nous par- lons, ce qui par leur 11103^11 , multiplie les com- modit�s du petit Appartement que nous allons d�crire : cet Efcalier Β fert d'entr�e & de d�m~ gement a la petite Anti-chambre C; mais nous obferverons que , comme il eil contenu dans une cage peu fpacieufe, il n'auroit pas eu a/fez d'�chapp�e fous la r�volution de fa premi�re ram- pe ; ainii noj.j.s avons tenu le Palier a, plus bas de trois marches , qu'il faut defcendre en Z>, & remonter en c : de mani�re que, par ce moyen, il reite aui�i affez de hauteur du Palier a � la rampe Sup�rieure 9 pour gagner la premi�re marche d, qui annonce la defcente de la Cave. Ce Palier λ , ainii renfonc�, eil une imperfection qu'il ne faudroit pas le permettre �ndiilinclement; on η en doit faire ufage que comme d'une refiburce qu'il ne faut pas confondre avec les vrais principes de la diilriburion; mais nous avons pu la hazarder ici dans ce paiTage fubalterne ; &, en pareille circonflance �, on peut mettre en ufage μη tel Palier. On doit auffi remarquer que la forme de cet Efcalier eil tr�s-irr�guli�re ; mais l'objet efTen- ciel �toit, de tirer parti de fon irr�gularit� m�me, occasionn�e par le pan coup� ext�rieur du mur de face , fans nuire aux diverfes r�volutions de fes rampes, pour arriver � des Paliers qui m�- nent |
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�'A R GH.�T� C Τ �ft�* J'§J
tt�nf aux diff�rents �tages du Pavillon-oit ie trou-
ve plac�e la diilribution que nous offrons ici* Dans Γ Anti-chambre C, fe trouve une chemin n�e en face de la croif�e; c'eil une attention � laquelle il faut manquer le moins qu'il eil poffi* Me , fur-tout lorfqu'il s'agit d'une Antichambre faifant partie d'un petit Appartement d'habitation deilin� pour la Ma�trefTe du logis % parce que cette chemin�e rend plus facile le ferv�ce des femmes-de-chambre. Nous avons auffi pratiqu� une armoire e ■> dans cette Anti-chambre b non-^ feulement pour lui procurer quelques commo- dit�s de plus ; mais parce que, pour1 trouver les deux girons des trois marches c, il a fallu don- ner � l'embrafure de la porte, plus de profondeur que l'�pahTeur du mur ne le comportoit. Comme Anti-chambre fubalterne, nous avons n�glig� la fym�trie qu'on doit obier ver par-tout ailleurs. ; aui�� la chemin�e & la croif�e ne fe trouvent*elles pas dans le milieu' de la longueur de la pi�ce � mais cette Antichambre �tant d�j� fort petite, il e�t �t� plus fautif encore de vouloir pr�f�rer une r�gularit� inutile, plut�t que de chercher1 � agrandir fa fur-face. La porte/d�gage, par cette Anti-chambre, la Garderobe D , laquelle tire fon jour par la porte g, qui, �tant ouverte«, prend fa lumi�re d'une glace h, plac�e cffins le fond de la niche qui donne dans la Chambre � couchef A* & qui fe trouve f�par�e de la Garderobe D par le couloir i, qu'il �toit n�ceflaire d'obfef- Ver entre le lit & la Garderobe, pour arriver fe* cr�tement � celle-ci, D'ailleurs, il eil bon de lie pas n�gliger ces couloirs , derriere les niches d�s Chambres � coucher > fur-tout, lorfque ces pi�ces font deitin�es. � l'ufage des Darnes * ftors-feu�g« T*miW. Bb ■ .�
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$86 Cours
ment ils procurent la facilit� de faire le lit com-
mod�ment , fans �tre oblig� de le tirer au mi- lieu de la Chambre ; mais, par ce moyen , la Propri�taire �tant incommod�e, il eil plus aif� de lui procurer les fecours qui lui font n�ceffaires, que lorfqu'on ne peut pratiquer le d�gagement dont nous parlons, & que nous n'avons pu ob- server dans le Plan pr�c�dent ; d�gagement moins n�ceifaire � la v�rit�, dans une Chambre de Ma�tre, que dans celle que nous d�crivons. La glace �tranf- parente que nous venons d'annoncer, femble de* venir un obltacle � l'ouverture de cette cloifon ; mais il faut f�avoir qu'elle eil contenue dans un ch�l�is de forte menuiferie, & qu'elle s'�l�ve dans: l'entre-fol, par le moyen de deux roues dent�es 9 & de deux rei�brts, de mani�re que, par un d�- dit & un contre-poids, elle s'abaiffe facilement, lorfqu'on veut tenir le fond de cette niche ferm�. Cette glace a de largeur quarante-trois pouces, & ies deux battements k, l, lorfque la glace eft en- lev�e, s'ouvrent de droite & de gauche par des charni�res qui procurent � cette niche une lar- geur complette, pour faire le lit, ou foigner la malade. Nous regardons la commodit� d'avoir un cou-
loir pratiqu� derriere un lit en niche, ii effen- �ielle, que , �«s avoir r�cours � la d�p�nfe �on�- d�rable qu'entra�ne apr�s foi la glace en queftion, & fa m�canique, il convient au moins de prati- quer une cloifon brif�e en trois ou quatre par- ties, ou � fon d�faut un flore qui s'�l�ve ou s'a- baiffe , lorfque le befoin le requiert ; ce que nous aurions pr�f�r� ici, fi, d'une part , l'�conomie nous y eut forc� ; & de l'autre , fi la glace h ne n.Qus fut pas devenue n�ceifaire pour �clairer U |
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d'Architecture; 387
frarderobe B� D'ailleurs * cette Garderobe re�oit
de l'air par le Ventilateur m^ qui monte jufqu'au- deflus des combles , ainii que la ventoufe η, de« ftin�e � exhaler l'odeur de la foiTe > derni�res % pr�cautions , fans lefquelles, la plupart des Garde- * robes de nos Appartements font infe&es , fans; en excepter m�me celles � foupape, dont nous avons donn� pr�c�demment la defcription. UAnti-chambre C communique � la Chambre �
coucher A, par le paffage E, petite pi�ce* diitri- bu�e r�guli�rement, & qui fert encore, fi l'on veut, � faire introduire le matin, par le couloir 'ι, les �>erfonnes famili�res dans les pi�ces F, G, H, o�
a MaitreiTe fe retire apr�s fon lever. Ce cou- loir eil encore niceffaire pour une fuivante, qui, par fon fecours, peut entrer dans ce petit Ap- partement , fans �tre oblig�e de traverfer la Cham- bre � coucher A, pendant que la femme de cham- bre habille fa Ma�treffe, ou re�oit fes ordres. Le pai�age E , d�gage aui�� dans la Salle � man- ger I, par l'un des ventaux de la porte � placard o, l'autre ventail />, fervant � fermer une armoire; & tous les deux figurent avec la porte � deux ventaux & � double parement, qui, de la pi�ce I, donne entr�e � la Chambre � coucher A. La pi�ce F, eft une.Garderebe de propret�, autour de la plus grande partie de laquelle, font prati- qu�es des armoires, pour contenir les chofes d'u- fage � une telle Garderobe. De celle-ci, on pafle dans un Cabinet G, � qui l'on donne le nom de m�ridienne; parce que dans une niche, comme celle ρ, on place une Ottomane, efpec� de lit de repos, o� l'on dort aifez commun�ment l'a-» pr�s midi, lors des grandes chaleurs, ou bien , gh. Von fe rep�jfe lein du tumulte, dans le cas, Β bij
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388 Cours
dune l�g�re indifpoiition. De cette m�ridienne, '
on paffe atii�i.dans la Garderobe D, par la baye ?, pratiqu�e dans l'un des angles de la tour creufe, plac�e � l'une des extr�mit�s de ce Cabinet : dans l'autre angle de cette tour, fe remarque une pa- reille porte ouvrant une grande armoire r, pour contenir les d�shabill�s. La d�coration ext�rieure nous ayant fait la loi, nous n'avons pu placer dans cette pi�ce G qu'une croif�e � hauteur d'ap- pui, & d'une moyenne grandeur; mais, comme deftin�e au repos, cette pi�ce nous a paru n'a- voir pas befoin d'un jour trop �clarant: d'ailleurs, pour la rendre plus lumineufe en apparence, & iatisfaire � une {ym�trie plus exa&e, � c�t� de la vraie croif�e , eft plac�e une glace �tam�e de m�me forme & grandeur, qui pr�te � Tilluiion, & dans la croif�e r�elle, � la m�me profondeur, nous avons eu foin d'en placer une tranfparente, qui, par le fecours d'un rideau de mouffeline, mafque les petits bois du ch�i��s � verre, qui ferme la v�- ritable croii�e dans les dehors. Nous avons auffi exprim� dans cette pi�ce, par la lettre s, deux petites armoires, d'autant plus n�ceffaires , que le peu d'efpace du terrein ne permet pas une certaine quantit� de meubles , & que ces ar- moires , la plupart fecr�tes, �tant renferm�es dans l'�paiiTeur des lambris, deviennent plus utiles ici que des commodes, un fecr�taire, &c. Nous ve- nons de dire que la croif�e r�elle, & celle qui n'eit que feinte, �toient feulement � hauteur d'ap- pui ; nous les avons toutes deux faites ainii, parce que l'on peut mettre de petits fophas en confei�ion- naux dans chacun de leur renfoncement e, & placer une cr�dence u entre l�s deux glaces , ainii que les quatre fi�ges aux deux c�t�s de la porte, |
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d'Architecture. 389
qui entre dans la toilette H ; enfin deux gu�ri-
dons dans les angles ν ; autant de moyens qui s'offrent � l'Architecte,. f�lon le local & la n�- ceffit�. Nous en parlons dans ces Le�ons, pour faire ientir au jeune Artiite, combien il eft int�- reffant qu'il entre dans tous ces d�tails, & qu'il foit pr�venu des reffources auxquelles il peut avoir recours , pour tirer parti de la diftribu- tion & de la d�coration d'un petit Appartement. Le Cabinet H eft allez r�gulier : nous y avons
plac� une chemin�e , parce qu'� la campagne , le temps qu'on paffe � la toilette, dans l'avant & l'arri�re-faifon , exige une chaleur temp�r�e. Dans le milieu -de la tour creufe & en face de la principale porte de cette pi�ce , en eil une autre qui ouvre une armoire χ , pour ferrer les uitenfiles � fon ufage ; & � c�t�, fe trouve un piffoir γ, qui peut, par la petite porte (, fe d�- gager, ainii que le Cabinet H. Cette porte poura lervir aul�� � donner entr�e aux marchandes de modes & autres , pendant la toilette, & de paffage � la femme-de-chambre, pour, des entre-fols, com- muniquer aux petits Appartements H, G, F, & y pr�parer tout, en attendant l'heure du lever de la Ma�trefTe de la Maifon. On trouvera, fans doute , les tours creufes
trop multipli�es dans ce Plan : mais il faut ob- ferver que c'eit par leur fecours que nous fom- mes parvenus � placer avec une forte de fym�trie les portes des pi�ces qui fe communiquent les unes aux autres , & que ces arrondiffements nous . ont procur� des commodit�s eii�ncielles derriere les lambris qui les compofent. D'ailleurs, jamais un Propri�taire ne s'oppofe � ce qu'on multi- plie les paralleles, & les angles feniblablesy..<jaiis Bbiij
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les pi�ces carr�es s barlongues ou obiongu�s $
jamais un Architecte ne fe refufe � cette r�p�ti- tion. Pourquoi ne pouroit-on pas de m�me faire un ufage fr�quent des formes circulaires, pourvu qu'on parvienne � en varier les contours , &, comme nous l'avons d�j� remarqu�, qu'on cher- che � affortir leurs diff�rentes courbures appel�es � raii'on des diff�rentes pi�ces d'un Appartement. Nous penfons donc que, fans d�roger aux r�- gies prefcrites par l'Art, on peut faire ufage de toutes les formes que le go�t autorife, princi- palement dans les petites pi�ces deiHn�es � l'a- gr�ment & � l'habitation d'une femme aimable, dont l'am�nit� & la douceur doivent s'annoncer jufque dans l'ordonnance des pi�ces qu'elle choiik pour fa demeure habituelle. Nous difons plus ; c'eif ici qu'en faveur de la difpofition agr�able du Plan , on doit monter fon g�nie pour en rendre la d�coration enchantereiTe, & aiTortie � la jeuneiTe & aux talents de la Dame qui l'habitera. Qu'on y refl�chifle : il eft hors de doute que cette confi- c�ration doit entrer pour beaucoup lors de la com- pofition de l'Archite&e ; l'�ge , les mceors de la perfonne pour laquelle il b�tit doivent n�ceflai- �ement lui infpirer le ftyle dont il doit faire choix ; de maniere que , jufques dans les pi�ces dont nous parlons , on doit s'apercevoir que l'Artiite a d� mod�rer fon imagination ou l'�tendre, f�lon le go�t de la perfonne qui le met en �uvre. Nous pai�br�s rapidement fur ce qui doit �tre dit � ce �iijet ; parce que nous comptons nous �tendre davantage dans le difcours du Volume fuivant : n�anmoins, comme il s'agit, dans celui-ci, de la diilribution, & que la forme de la diftribution amen� n�ceflairement la d�coration int�rieure � |
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d'A RCHiTEC t�r�; 35>i
nous ne pouvons gu�re nous difpenfer, dans ces
Le�ons, d'�baucher les pr�ceptes qui, dans la fuite, feront d�taill�s plus au long; car, encore une fois, comment �tablir une porte, un cham- branle , un �coin�on , dans un Plan, �, en y pro- c�dant, on ne tente au moins une efquiiTe de l'ordonnance, feul moyen de ne jamais �tre oblig� de revenir fur {es pas, ou, ce qui eft pire encore, de fe trouver forc� d'avoir recours aux exp�- dients, la fource de la plupart des m�diocrit�s qu'on ne rencontre que trop fouvent, dans les productions de ce genre* Peut-�tre eut-ce �t� ici la place de donner les
d�corations de ce petit Appartement; mais la divifion de notre Cours fembie s'y oppofeF; d'ail- leurs , en parlant dans le Volume iuivant de la d�coration des dedans, nous prendrons occaiion de donner de nouveaux Plans de d�tails , afin d'encha�ner autant que nous le potirons , ces deux branches de l'Art, de mani�re � ne faire qu'un feul & m�me objet* Nous obferverons feu- lement ici, quT� l'exception de la Chambre � cou- cher A , nous n'avons point rev�tu de lambris les pi�ces de cet Appartement ; car on ne doit pas regarder comme tels les cloifons qui fe remar- quent ici, pour d�terminer leurs contours, les d�gagements, les armoires , & les autres com- modit�s de leur reffort. Au lieu de lambris , nous avons peint fur les parois des murs & des cloifons ? en briques & en bois, des arabefques & des fleurs, qui procurent � ces diff�rentes pi�ces un coup xToeuil riant & pittorefque ; genre que nous avons pr�f�r� ici, d'une part, parce que la peinture �gay� cete petite habitation ; de l'autre, parce qu'elle fembie ejt agrandir l'efpace- tr�s-refferr� , ainft Bbiy
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J9� C o»v as
qu'on peut le remarquer, par les mefures que
nous avons pris foin de coter dans chaque pi�ce. Cette maniere de d�corer eil difpendieufe, � la v�rit�; mais nous avons d�j� dit que nous n'a- vions pas �t� g�n� par l'�conomie ; d'ailleurs, qu'on Te rappelle quelques-unes des d�corations de ce genre ex�cut�es dans nos Palais,, dans nos H�tels, &. dans plufieurs habitations de nos ri- ches particuliers , & l'on aura moins de peine �t fe periuader que cette d�penie n'a pas lieu d'�- tonner un Amateur �clair� par les yeux du go�t, qui fe plait � d�corer la retraite d'une �poufe ch�- rie, & qui", alors, rejet� toute efpece de m�diocrit�. Si au contraire, il eft retenu par les frais qu'occa? lionne n�ceiTairement ce genre de d�coration ? il ai-? mera mieux faire ufage des �toffes l�g�res, plut�t que d'employer des Artifles fubalternes, pour d�^ �orer des lieux, qui, pour plaire, doivent raflern�? h\§V t�us les .talents qu'enfantent les beaux Arts, .''.,; � ■'>%� ■■'.-.*' i'- - ■". i '"'"■■ � ' ' ■' "■ "■ . ■' ^
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d'Architecture. 593
CHAPITRE V.
■jT3lPR�s avoir parl� dans les Chapitres pr�c�-
dents de la diitribution ext�rieure & int�rieure des B�timents, finiffons ce Volume par donner quelque id�e de la relation que ces productions doivent avoir avec la difpofition des Monuments, & la fituation des Edifices publics, �lev�s dans une m�me Cit� ; afin que les uns & les autres, mis en oppoiition , concourent � faire beaut� , fans cependant nuire � l'�conomie toujours d�- iirable, lorfqu'il s'agit de grandes entreprifes. Pour que nos obfervations ne foient pas d�-
nu�es de vraiffemblance , donnons par maffes , les B�timents que nous avons fait �riger � Metz, �ous les. ordres de feu M. le Mar�chal d'Etr�es, � Toccafion des nouvelles communica- tions qui fe font faites fous fori Gouvernement, & qui fe continuent aujourd'hui fous celui de M. le Mar�chal de Broglie qui lui a fucc�d� : �nfuite nous offrirons, auffi par maf�e,les Edifi- ces civils & militaires que le Magiftrat de Straf- bourg fait �lever actuellement fiir nos dei�ins, d'apr�s le plan g�n�ral de la Ville , que nous avons fait lever fous nos yeux, & � propos du-' quel nous avons projet� tous les ouvrages qui doivent s'�riger iiiccei�ivement dans la fuite des temps, projets approuv�s par fa Majefl�, � Marli � le 28 Septembre 1767, fous le minift�r� de M. le Duc de Choifeuil. 11 ne faut pas s'attendre � trouver, clans ces
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deux Plans par maffe, de ces projets � perte d�
vue, que propofent de temps � autre, nos fpec- tateurs oififs : perfonne n'ignore que, dans les Villes de guerre, dont l'enceinte eil circonfcrite par les fortifications, il n'eft jamais poi�ible de s'�tendre au-del� des limites preicrites par la ii- tuation de la place ; enforte que les Monuments publics & les �difices de marque fe reiTentent tou- jours un peu d'une �conomie forc�e,, occaiionn�e par le peu d'efpace. D'ailleurs, la prudence exige que les Maifons des particuliers qu'on fe trouve oblig� de d�truire, pour �lever des Places d'ar- mes , des Magaiins militaires, & des communi- cations pour le d�fil� des troupes, puiffent fe re~ cpnilruire en d'autres endroits. Autrement, les Citoyens font contraints de s'exiler, le commerce eil ruin�, & la Ville qu'on a embellie devient d�ferre: conduite tout-�-fait contraire � une fage adminiikation. Dans les grandes Capitales non . fortifi�es, e'eil autre chofe ; la planimetrie eil, pour ainfi-dire, fans bornes. L'Archite�te peut exercer fon g�nie , donner carri�re � fon imagination, &-. propofer des projets dignes du Prince , du Mi- nui�re & de fes talents; encore doit-� fe renfer- mer dans des efpaces l�gitimes; fans cela, fes com- pofitions, quoiqu'admirees, font condamn�es �, reiler dans les Archives, & � n'�tre jamais, ex�- cut�es. Pour �viter de tels inconv�nients., nous, avons pr�f�r.� de donner les projets faits pour Metz & pour Strasbourg, afin d'avoir occaiion d'aver- tir nos El�ves , des entraves & des difficult�s, fans nombre, inf�parables de taute efp�ce. de pra« dwc�on en Archite&ure* |
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, b'ArChit�ct�r� 39f
Plan par maffe des nouveaux B�timents (S*
des nouvelles communications faites.
� Mct^ depuis 1764*
Feu M; le Mar�chal de Belifle, fous fon Gou-
vernement, avoit fait commencer � Metz des Communications pour le fervice du Roi, & il fe propofoit de faire conitruire une Place d'armes, d'�lever des Magafins militaires , un Gouverne- tirent, un H�tel-d�-Ville, un Edifice pour le Par- lement , &c. Un homme de m�rite , mais fans doute trop ardent, & peut-�tre, mauvais cal- � culateur, � qui M. de Belifle avoit donn� fa con-
fiance , entama les op�rations, avant de faire un Plan g�n�ral, enforte que, plus occup� d'aller- vite que de bien faire, on acquit des terreins,' plufieurs maifons furent abattues , on per�a de nouvelles rues, l'autorit� s'en m�la plus que la prudence , on obtint des fonds de la bienfaifance dev Sa Majeft� , & les travaux fe continu�rent jufqu'� la mort du Mar�chal, qui, avec les vues les plus droites & la meilleure intention, laiiTa des ouvrages mal commenc�s , & des Entrepreneurs � payer : c'eil dans cet �tat que M. le Mar�chal d'Etr�es trouva les chofes ; cependant par fa pru- dence , fes foins & fon �conomie, il a dans un efpace ? malheureufement trop court, non d�- truit le mal fait avant lui, mais f�u tirer parti de ce qui lui reftoit � faire, pour donner � fes ( communications δε aux B�timents qu'il a fait �le-
ver fous fon adminiftration, un enfemble δε un accord qui fait honneur � fa m�moire. Ceft aui�i |r�rs ce temps-& que je fus � Metz par ordrg |
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3$6 Cours .
de la Cour, � l'occaiion de la r�union des deux
Abbayes de Saint-Pierre & de Sainte-Marie, pour * choifir le plus convenable des deux terrein s J� δε y �lever un Edifice important. M. le Marquis «TArmentieres, Commandant de la Place , fait de- puis Mar�chal'de France,� qui j'avois �t� adrefle, iatisfait des projets que je fis fur les lieux, � l'oc- caiion des deux Abbayes d�j� cit�s, me propofa � M. le Mar�chal d'Eitr�es pour fon Architecte, afin que je procuraife plus d'enfemble aux Edifices qu'il s'agii�bit d'�lever alors dans cette Ville ; il me propofa auffi � M. f Ev�que de Metz, pour fon Pa- lais Epifcopal , enfin aux Officiers municipaux pour l'H�tel-de-Ville. Ces proportions ayant �t� accept�es, je fus charg�, en m�me temps, de ces divers projets : je ne m'occupai plus que de mettre le plus de liaifon poffihle entre ces diff�- rentes productions , en m'ai�uj�diTant n�anmoins aux indications qui m'en furent donn�es, pour, cha- que genre d'Edifice. Dans la fuite, charg� par M. le Mar�chal d'Eftr�es d'attaquer le projet d'un, nou- veau B�timent pour le fi�ge du Parlement de Metz, nous cr�mes devoir chercher � lui donner une rela- tion g�n�rale qui ne nuis�t en rien � fon objet particulier : c'eft de ces divers Monuments, & de leur communication qu'il s'agit ici, lefquels font exprim�s fur la Planche �oni nous allons parler; nous les avons diitingu�s par une taille , au lieu que nous n'avons que pointill� ceux conferv�s dans leur ancien �tat. En faifant la defcription abr�g�e de chacun de ces B�timents , rendons compte des fuj�tions qu'il nous a fallu furmonter, pour les amener au point o� on les voit aujour- d'hui , � deffin de faire conno�tre de plus en plus � nos El�ves, qu'on ne fait point de projets ,�m� |
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d'Architecture. 397
entraves, & que �e grand Art de l'Arcbitecle ei|
de faire enfort� cependant , qu'elles nuifent le moins poi�ible � leur perfection. ', Planche L.
Nous venons de parler du choix que nous
avions �t� charg� de faire, ou du terrein de l'Ab- baye des Dames de Saint-Pierre, ou de celui des Dames de Sainte-Marie. Avant de nous d�cider, nous juge�mes convenable de faire diff�rents pro- jets fur chaque terrein ; &, c'efl d'apr�s ce tra- vail , que nous avons mis les perfonnes int�reiT�es en �tat de choiiir celui marqu� A, o� pr�c�- demment �toit l'Abbaye de Saint-Pierre. D'apr�s ce choix, Madame �'Abbeffe & les Dames Cha^- noinei�es, fe font retir�es � Sainte-Marie, dom nous avons marqu� la iituation dans notre Plan, en  : ces Dames y font acluellement, jufqua la parfaite conitruction de la nouvelle Abbaye Roya- le , d�iign�e aujourd'hui fous l'invocation de Saint- Louis, quoiqu'elle s��eve fur l'ancien terrein des Dames de Saint-Pierre. Nous venons de dire aiiffi que nous avions fait plufieurs projets fur chacun des deux terreins ; en effet , nous en compof�- mes trois pour celui-ci, & deux pour l'autre. Dans l'un des trois projets, fait pour �tre plac� en A , nous avions propof� de mettre l'entr�e du c�t� du Quai; mais celui trac� fur cette Plan- che � pr�valu, & l'on a pr�f�r� de placer cette entr�e du c�t� de la rue des Jardins , dont le fol fort �lev� , procure aux Appartements �es Dames qui donnent fur un bras del� Mozelle & en face de l'Intendance, un coup d'�uil fort 'm~ , 1 i
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39^ Cours
t�rejant (�). Le genre de ce projet, quoiqu'il ibit
queition d'une Abbaye Royale, n'eu pas dans le cas des Abbayes clo�tr�es; ici ce fortt des Dames ChanoineiTes de la plus haute nobleffe, qui vi- vent chacune en leur particulier^ fous la direction imm�diate de Madame de Choifeuil qui en elt l'Abbefle, Dame du m�rite le plus �minent, δε vivant avec cette urbanit� peu commune � la grande nauTance ; aui�i toutes ces Dames fe font-elles un plaiiir bien iinc�re de l'avoir pour Chef. Ce B�timent a quatre-vingt-dix toifes &-demie
de longueur, fur environ dix-neuf toifes de pro- fondeur ; la Maifon Abbatiale eit iku�e en a, le Doyenn� en h, & le logement des Dames Cha- noineiTes en c : les d�pendances font difpof�es en d\ l'Eglife en rotonde, dont nous avons donn� le Plan & la coupe dans le troiiieme Volume, Plan- che LX & LXI, & le frontifpice dans le deuxi�me Volume, Planche XXXIV, eil plac�e en e, en face de la place de Chambre, ainii. que nous l'avons an- nonc� en faifantla defcription de ce Monument. Les diitributions des B�timents de cette Abbaye Royale, ont cela de particulier, comme nous venons de le re- marquer, qu'elles n'ont rien de commun avec celles des autres Edifices de ce genre ; c'eft pour cela que nous en donnerons peut-�tre, dans la fuite, les Plans, |
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(k) Ce projet ayant �t�pr�fent� au Roi, � Fontainebleau , en
Octobre 1765, fut auifi choifi par Sa Majeft�, qui nous, fit l'Honneur d'en approuver la compoiition, & d'en d�firer l'e- t�cution. Il daigna m�me, avec bont�, entrer dans les plus petits d�tails, apr�s avoir applaudi � l'ensemble : �poque que nous nous rappelons avec la plus grande fatisfaifion, & qui nous a procur� l'honneur de lui pr�fenter d'autres projets pour Met;z & pour. Strasbourg. qu'il 3 aulfi approuv�s» |
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b'�ugh�tecture; 39$
les �l�vations & les d�veloppements, auxquels nous /
joindrons l'un des projets faits fur le terrein des JDames de Sainte-Marie, dont la difpofition locale nous a port� � faire un Plan de diitribution ab- solument neuf, & qui, pour cela, m�rite fans .doute quelque attention. Pour parvenir � ex�cuter le Plan de l'Abbaye
�q Saint-Louis, on a redreff� les finuofit�s que formoit la rivi�re de la Mozelle, qui paffe au pied du nouveau Quai : d'un c�t�, ce Quai doit alligner celui des Juifs, & de l'autre, celui de Sainte-Marie; de mani�re que l'�rection de cette Abbaye, conf�d�r�e comme Edifice public, con- tribuera auffi � rendre plus libres les communi- cations , � faciliter la navigation , & � d�corer la Ville de Metz : triple avantage qu'il convient d'ob- ferver , lorfqu'il s'agit d'�lever quelque Edifice d'importance dans yine Cit�. Ce projet une fois approuv� , lorfqu'il fut ques-
tion d'attaquer les communications utiles au d�- fil� des troupes, nous propofames � M. Le Ma- r�chal d'Etr�es de percer une nouvelle rue mar- qu�e C, nomm�e aujourd'hui la rue l'Ev�que ; perc� qu'on avoit n�glig� jufqu'alors, & � la pla- ce duquel on avoit pratiqu� un chemin iinueux, o� fe voit le Perron D : enforte que les �quipages �toient oblig�s de paffer fur la plate-forme de Saint-Etienne Ε, pour aller gagner la place Saint- Jacques F, en traverfant & parlant fous d'anciens B�timents G, qui, depuis, ont �t� conitruits � neuf. Cette rue C, une fois �tablie, nous avons form� le Perron D, femblable � celui d�j� con- ftruit en H ; & fur le mur formant la terrafTe de la plate-forme de Saint Etienne, nous avons fait �riger une fontaine adoff�e I, qui contribue � |
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400 Cours .f .λ
rendre moins difforme ce mur de rev�tiiTemei��
anciennement b�ti. A l'extr�mit� de la rue l'Ev�que C, & dans
l'ancienne cour de l'Ev�ch�, par une tranfa&ion faite entre M. l'Ev�que de Metz, & M. le Ma- r�chal d'Etr�es, fur le bon du Roi, nous avons projet� une Place Κ, & une Rue L, qui doit �tre appel�e la rue d'Etr�es ; enforte que l'axe de cette nouvelle Place Κ, & de la Rue L , doit s'al- ligner pr�cif�ment avec la ligne capitale , qui traverfe la Cath�drale; Eglife fur le pignon de . laquelle nous avons acloff� un portique Dorique , & perc� une arcade, qui aujourd'hui, forme la principale entr�e de ce monument : ce qui n'e- xiitoit point auparavant, les vieux B�timents de l'Ev�ch� joignant le devant de ce frontifpice. Ce Portique n'�toit pas facile � bien faire, fa
hauteur n'exc�dant gu�res que la moiti� de l'an- cien pignon de cette Eglife ; il s'agiffoit de confer- ver un grand vitrail, qui en �claire la nef int�- rieure : del�, il a fallu , non 3 compofer une or- donnance gothique ; mais au moins �viter une Ar- chitecture trop f�v�re : d'un autre c�t�, ce Por- tique devoit avoir pour acotement un Pavillon d'habitation � chacune de fes extr�mit�s ; & nous f�mes forc� de rendre l'ordonnance des arri�re- corps d'un genre qui t�nt le milieu entre le ftyle facr� & la fimplicit� qu'il convenoit de donner � ces Pavillons qui font face � ceux de l'Ev�ch� & du Parlement, ainfi qu'on le remarque dans notre Plan. Pour parvenir � cette triple unit�, & apr�s avok
eu fait choix du Dorique, dans la compofition
, duquel nous avons fait ufage des moyens que nous
avons propof�s, dans le deuxi�me Volume de ce
Cours,
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d'Architecture, 401
Cours, concernant l'accouplement de Cet Ordre,
nous en avons fait n�anmoins les chapiteaux 9 femblables � celui de la Salie des Antiques du Vieux- Louvre , par l'Efcot ; � celui de la Cour du Val- de-Gr�ce, par Manfard , &i � celui de l'ancien Ch�teau de Meudon , reftaur� par Hardouin ; & afin de rendre, en apparence, cet Ordre un peu au de/Tous de fon exprel�ion, dans le tiers inf�- rieur des cannelures , nous avons ajc��� des joncs convexes, ainii que Manfard en a nie au Ch�teau de Maifons (l). Pour faire paro�tre cette ordonnance moins r�guli�re encore, nous avons pratiqu� une table faillante qui occupe la hau- teur de la frife & de l'architrave, Se qui r�gne fur toute la longueur d� grand entrecolonnement, ta- ble que nous ne nous ferions pas permife en toute autre occaiion, malgr� les exemples ai�ez c�l�- bres que nous en ont laiif�s les TEicot, les Phili- bert de Lorme au Vieux-Louvre & aux Tui- leries ; enfin , nous avons couronn� l'avant-corps de ce Frontifpice , par un fronton circulaire , afin de l'accorder mieux avec l'ancienne Arch> te�ure qui fe laiiTe voir au-def�us. Dans chaque arriere-corps, nous avons plac�
une niche; celle � gauche contient la Statue de la France, celle � droite la Statue del� Religion, toutes deux faifant alluiion aux v�ux de la Pa- trie , lorfque le Roi tomba dangereusement ma- lade dans Metz � fon retour de l'arm�e. Nous ne nous �tendrons pas davantage fur l'objet de ce Portail ; il a �t� grav�, par ordre de feu M. le ■
(/) Voyez ces cannelures dans le premier Volume de c�
Cours, rapport�es Planche YIII, Fig, VI. Tome IF. C c
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40i Cours
Mar�chal d'Etr�es, & Ton y trouve les infcriptions
qui, ©nt �t� plac�es fur les tables au-deiius de chaque niche, & fur celle inf�r�e dans la frife, dont nous venons de parler : nous dirons feule- ment que les colonnes ont quatre pieds un quart de diam�tre, que ce Frontifpice eil d'une belk ex�cution, & que Paris n'a gu�res d'Edifices mieux appareill�s , & d'une main-d'�uvre plus accomplie : perfection due aux foins & aux ta- lents de M. le Brun, Ing�nieur de la Ville de Metz, qui a bien voulu f�conder nos vues, & faire ex�cuter litt�ralement tous les profils que nous avons donn�s en grand ; il �toit aid� d'ail- leurs, d'un mod�le qui, dans le temris, fut ap- plaudi des connohTeurs. Qu'on nous permette de faifir l'occaiion de
ce Portique, pour a�Turer � ceux qui en pou- roient douter, que le moyen que nous avons propof� dans notre Cours, pour l'accouplement de l'ordre Dorique, & que nous enfeignons dans nos Le�ons depuis trente ann�es , produit fur le lieu le meilleur effet. Nous attendions une cir- conilance favorable pour le mettre � ex�cution ; nous l'avons fait � Metz, l'Eglife de la Cath�- drale, d�di�e � Saint-Etienne, Martyr, nous ayant permis de faire ufage de cet Ordre folide. Nous le r�p�tons ; c'eil d'apr�s un examen impartial que nous ofons affurer qu'il nous a fait beau- coup de plaifir apr�s fon enti�re ex�cution ; ce que nous rapportons ici, pour donner toute con- fiance � cet �gard, � ceux de nos El�ves quife trouveront dans le cas de l'accouplement Dori- que : car autrement, notre avis eil de fuivre Vi- gnole , qui a f�u faire un chef-d'�uvre de cet Ordre , mais qu'on n'a imit� que tr�s-imparfaite- |
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d'Architecture. 403
���nt, lorfqua fa m�thode on a voulu joindre l'ac-
couplement mis en �uvre par nos Archite&es Fran�ois , fans en excepter les D�broffes , les Bruant, les Manfard & les le'Veau, ainfi que nous l'avons rapport� pr�c�demment. La Cath�drale � laquelle appartient le Portail
dont nous venons de parler, eit un des beaux Edifices Gothiques que nous connoiifions. MM. du Chapitre de Metz fe propofent de faire faire des embellifTements dans l'int�rieur de cette Eglife. Un des avantages du lieu, c'eft que le fol du Sanctuaire & du Ch�ur eft plus �lev� que celui de la nef d'environ fept pieds; difpofition qui nous a fait accepter, avec le plus grand plaifir, la propo- rtion qui nous fut faite de donner les deff�ns de cette d�coption ; d'en faire faire un modele fous nos yeux, & de veiller � la conduite de cette ,reftauration importante; mais comme nous don- nerons darts le Volume fuivant ks Deffins de ce projet, nous ne rapporterons rien ici de fa com- pofition :� en juger par les applaudiiTements des Ma�tres de l'Art qui en ont vu le mod�le, nous ofons pr�fumer qu'on en verra avec une forte d'int�r�t, les d�tails dans notre Cours; & c'eft alors que nous rappellerons , en d�crivant nos Planches, ce que nous avons dit fur la d�cora- tion de nos Temples , dans le deuxi�me Volume de cet Ouvrage, � deffein d'appuyer le pr�cepte par l'exemple. Pai�bns � pr�fent aux B�timents du nouvel H�rel-de-Ville marqu� M dans notre Plan.'Cet Edifice fe trouve fitu�'vis-�-vis la face lat�rale de la Cath�drale dont nous venons de dire un mot. Cet H�tel-de-Ville n'a de face que vingt-cinq
toifes, fur environ vingt toifes de profondeur, & il C c jj
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eil plant� fur le fornmet d'un monticule plus �lev�
de vingt-un pieds que le fol de la Place Ν ; en- forte que l'entr�e ordinaire pour les affaires de la Ville, le trouve iitu�e fur la rue derriere Saint- Gorgon, & l'entr�e de repr�fentation, eil par la Place Ν, o� l'on arrive au premier �tage, par un grand eicalier � trois rampes , pr�c�d� d'un grand P�riilyle �lev� feulement de trois marches du niveau de la Place. Quoique ce B�timent n'ait r�ellement que vingt-cinq toiies de face , on a continu� la m�me ordonnance dans la longueur de quarante-neuf toifes; de maniere que vers l'ex- tr�mit� �, fur la m�me face , 'eil compris l'H�tel de'la Princerie; & vers g, on va conilmire un B�timent particulier � la place de l'Eglife de Saint- Gorgon, d�molie depuis peu. Cette fa�ade eil ainfi �lev�e, dans l'intention de rendre la d�co- ration de la Place L plus r�guli�re. La d�cora- tion de cette grande fa�ade, malgr� fa fimplicit�, ne laiiTe pas de produire un bon effet : les de- dans d'ailleurs , font commodes & aifez bien d�- cor�s , par les foins & fous la conduite de M. le Brun; nous n'avons eu d'autre part � cet Edifice que d'en avoir donn� les Dei�ins , fous les ordres de M. le Mar�chal d'Etr�es, & ils ont �t� approu- v�s par le Corps-de-Ville. Le B�timent marqu� O, eil un corps-de garde
nouvellement b�ti, dont nous avons auf�i donn� les Dei�ins ; il y a des magaiins au-deiTus. Derriere ce B�timent, eil une �le de Maifons deilin�es pour les particuliers, avec qui l'on a fait des �changes, afin de remplacer les terreins qu'ils ont c�d�s, pour �lever les Edifices qu'ont occaiionn�es les nouvelles communications. En face de l'H�tel de-Ville M, & au bas de la
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Cath�drale, nous avons b�ti aux frais du Roi �>
une fa�ade qui ne s'�l�ve qu'� la hauteur du fou- ba�Tement, de vingt-un pieds , & dans lequel eil / diftribu�e une partie des pi�ces du rez de chauiT�e de l'H�tel-de-Ville. Le terrein, depuis ce nou- veau mur de face, jufqu'� celui de la Cath�drale, a �t� c�d� au Chapitre ; il y a fait conftruire des boutiques qui, en rendant la Place L mar- chande , Vont fait, pour aini�- dire , paro�tre r�- guli�re , du moins dans fa planimetrie. Sur le milieu de la longueur de la Place N,1
& en face du Corps-de-garde Ο, nous venons d'�lever la fa�ade du Parlement ; l'ancienne tom- boit en ruine; & d'ailleurs M. le Mar�chal d'E- tr�es avoit eu deflein de terminer enti�rement la d�coration de cette Place. Cette nouvelle fa�ade n'a pu fe faire, fans projeter un Plan de la diilri- bution int�rieure , & c'eit d'apr�s ce Plan , qu'on a fait des acquittions, des �changes , & qu'on y a compris le terrein de l'ancien H�tel de-Ville. Un des m�rites eiFenciels de ces diftributions, eil que l'avant - corps de ce B�timent fe trouve pr�cif�ment dans le milieu de la place Ν , en- forte que l'un des arriere-corps , du c�t� de la Cath�drale, fert de fa�ade au Parlement, pen- dant que l'autre tient lieu de mur de face aux Maifons particuli�res qui occupent le furplus dit terrein , donnant iur la largeur de cette place ; ce qui donne � cet Edifice une �tendue appa- - rente de vingt-cinq toifes de face, quoiqu'il n'en ait effectivement que d�x-fept. Un autre avan- tage de ce projet, c'eit que �e milieu de la cour du Parlement P, du c�t� de la place de TEv�ch� K, fe trouve alligner le milieu de celle du Palais Epifcopal Q, ce qui forme un enfemble fatisfai- |
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fant, qui fe rencontre rarement, lorfque les Edi-
t�es s'�l�vent f�par�ment, dans des temps dif- f�rents , & fur les dei�ins de divers Architectes. Nous avons fait plui�eurs projets pour ce Parle-
ment ; le plus �conomique, fans doute, a �t� pr�f�- r� : nous n'avons conferv� de v�ritable grandeur dans ce projet, que pour un veitibule du c�t� de la Place Ν , lequel men� � un P�riilyle en colonade, qui donne fur la Cour Ρ ; ce r�* rii�yle conduit � un grand efcalier � trois ram- pes , dont le premier palier m�ne � une Chapelle circulaire, & enfuite � Ja Grand'Chambre, � la Salle du Confeil, &c. plac�es au premier �tage : Je refte de cette diitribution eit aifuj�tie feulement aux diff�rents d�partements du reifort d'un tel Edifice. Peut-�tre donnerons-nous aui�i dans la fuite les d�tails de ce B�timent, non parce qu'il offre dans fon enfemble, cette marche hardie & ces . grands traits qu'on voit �tal�s avec fai�e, dans les projets imaginaires que nous pr�fentent fouvent nos El�ves ; mais pr�cif�ment parce que la diitri- bution & la d�coration ext�rieure ne compor- tent que ce qu'il faut, lorfqu'il ne s'agit que d'un B�timent public du f�cond ordre, �lev� dans nos Provinces, & parce que ce projet eit aiTuj�ti � un terrein affez reiferr� & irr�gulier qui a d� n�anmoins contenir, non-feulement ce qui re* garde le Parlement proprement dit ; mais un Bail- liage , des prifons, une Conciergerie, enfin un H�tel particulier, pour le premier Pr�iident, Nous venons de remarquer que l'axe de la coup
du Parlement P, a�lignoit celui de la cour du Pa* lais Epifcopal Q. Difons un mot de ce dernier projet qu'il a falu rendre digne du Si�ge de Metz, & du grand Seigneur qui le doit habiier. Pour le |
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tendre conforme � cette id�e, on eft convenu de r�unir la ParohTe de Saint-Vi�or, plac� dans l'un des angles du terrein o� cet Ev�ch� doit s'�le- ver, avec une autre ParoiiTe de la Ville. C'eit d'apr�s cette difpoiitioii, que nous avons d'abord form� le Plan par maffe qui fe remarque ici, & qu'enfuite, nous avons c®mpof� les Plans, les �l�- vations δε les coupes, d'apr�s les intentions de l'illuftre Pr�lat qui nous en avoit charg� fp�cia- �ement, Pr�lat qui, pour le bien g�n�ral , a con- senti, par une tranfa�ion, dont nous avons fait mention pr�c�demment, d'abandonner la majeure partie de la cour de l'ancien Ev�ch�, pour pra- tiquer la Place Κ, qui doit fervir d'avant - cour aux nouveaux Palais projet�s; de mani�re que les principales entr�es & du Parlement & de l'Eve- ch� feront en face l'une de l'autre ? & auront, d'un c�t� , le nouveau frontlipice de la Cath�drale , & en face la rue α Etr�es L, prolong�e jufqu'� la rue Pierre-Hardi. ; La diftribution int�rieure de ce Palais Epifco-
pal eft trait�e dans la plus grande mani�re. La d�coration des dehors eft noble & orn�e : nous avons m�me �t� excit� � les faire ainfi, par la magnificence que M. de Laval Montmorenci, Ev�- que de Metz, avoit f�u nous infpirer, en nous communiquant fes intentions , enforte que nous croyons cette produftion digne de figurer un jour � c�t� des Monuments de ce genre, �lev�s en France par les Bullet & les de C�te. Apr�s avoir fait une courte �num�ration des
nouveaux Edifices b�tis & � �lever encore � Metz , d'apr�s notre Plan, faifons obferver � nos El�ves, en quoi a d� confifter l'avantage d'avoir attaqu� tout � la fois dans ce projet, les B�timents eiTen* Cciv
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ciels qu'il s-agiiToit de conitruire; & ne diffimulons
pas ce qu'il auroit peut-�tre fallu faire pour parve- nir au mieux, dune part, ii le local l'eut pu per- mettre, & de l'antre, fi les fonds accord�s pour ces travaux enflent �t� plus confid�rables. Com- men�ons par les avantages, enfuite nous porte- rons nos r�flexions, fur les parties dans lesquelles il auroit �t� peut �tre � d�firer que l'on e�t mis moins d'�conomie. D'abord, il �toit eiTenciel d'�tablir une bafe
h9 i, en per�ant la nouvelle rue i'Ev�que, dont nous avons parl�, & de la percer de maniere, qu'elle allign�t l'embouchure de la rue Fournirue. Par ce moyen cette baie eil parallele � la direc- tion du portail de la Cath�drale , enforte que cette ligne h, i, fe trouve d'�querre avec celle k, /, qui traverfe la longueur de FEglifej, la Place K, enfin la rue d'Etr�es L, jufqu'� la rue Pierre-Hardi, point de ftation /, d'o� fe doit voir le Portique nouvellement �lev� au pied de l'ancien Fontifpice de la Cath�drale. Ces deux axes en' retour d'�- querre, une fois d�termin�s, & apr�s avoir fix� la largeur de la Place Ν 3 il a �t� queition d'�ta- blir une autre ligne m9 /2, parallele � celle kf /, qui nous a donn� le milieu de l'avant-corps du B�timent du Corps-de-garde O, & celui de l'a- vant corps du Parlement Ρ ; apr�s quoi nous avons abaiff� une perpendiculaire ο, ρ, aui�� parallele � la ligne i, h, & enfin une autre parallele � �tiQ m�me ligne, qui nous a donn� celle s, t. Cette derni�re, de la porte lat�rale del� Cath�drale, &, par le nouveau perc� y , va rendre � la Place d'armes, & pr�cif�ment en face de la Salle de fp�&ade iitu�e de l'autre cot� de la Mozeile; re- lation, comme on peut le remarquer, qu'il e�t |
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d'Architecture. 409
�t� impoiTible d'accorder, ii le m�me Architede
n'avoit �t� charg� d'attaquer � la fois ces divers projets , qui raflembl�s dans le m�me canton, d�voient avoir n�ceiTairement une difpofition ref- pe�ive. Comment, d'ailleurs, fans ce moyen , auroit-on pu difpofer d'un m�me coup de crayon les Pavillons u, qui acotent le Portail de la Ca- th�drale , avec ceux ν qui appartiennent au Par- lement , & avec ceux χ, plac�s vis-� vis, & qui font partie de la fa�ade du c�t� de l'entr�e du Palais Epifcopal ? difpofition g�n�rale qui, par cette correfpondance, apporte une iim�trie dans l'enfemble, qui agrandit en apparence, i'efpace, &, fi nous ne nous trompons, procure en m�me temps � ces divers Edifices, un afpe�: fatisfaiiant. On en peut dire autant des deux portes , dont l'une donne entr�e au Parlement, l'autre au Pa- lais Epifcopal, qui, fans �tre de la m�me ordon- nance , n'en rendent pas moins la Place Κ plus r�guli�re par leur oppofition : leur d�coration , d'ailleurs , figure avantageufement, d'un c�t� , avec le Portique de la Cath�drale , de l'au- tre , avec une Fontaine publique adofT�e , que nous avons propof�e dans la rue Pierre-Hardi, vers l. On peut encore obferver, que c'en1 par le fe-
cours de ce Plan g�n�ral, que la fituation de l'H�tel-de-Ville une fois d�cid�e, on a d� con- cevoir d'�lever en face , & le long de la Cath�- drale le foubaifement, dont nous avons parl� pr�- c�demment : fbubafTement qui, comme nous l'a- vons d�j� obferv�, rend cette Place r�guli�re, du moins dans fa planimetrie. On doit compter encore au nombre des avantages qui r�fulteront des nouveaux travaux de Metz, le redreiTement |
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410 C OURS ,
& la continuation du nouveau Quai, depuis ce-
lui des Juifs, jufqu'� celui de Sainte-Marie : Quai qui, en facilitant d'�tablir un Sas pr�s du pont de l'Intendance, d�truira une iuite de Maifons plus que fubalternes, qui aujourd'hui bleffent l'�uil, & qui interceptent le Quai, depuis le pont de l'in- tendance que nous venons de citer, jufqu'� ce« lui o� font plac�es les Eclufes. Au refte, nous n'avons entrepris ces obferv-a-.
rions, que dans le deflein de porter nos El�ves � fe fervir, en pareille circonftance, non d�s m�mes proc�d�s, parce que le local n'eil pas le m�me par-tout ; mais � s'appliquer, plus qu'on ne le fait ordinairement, � concevoir que tout doit marcher enfemble, dans un projet de pareille importance, & principalement lorfqii�l s'agit de l'embelliiTement d'une Ville , & d'y �lever des Mo- numents facr�s, des Edifices publics & des B�ti- ments particuliers qui, pour former un tout fa� tisfaifant, doivent �tre combin�s, m�dit�s & r�- fl�chis , de mani�re � �tre applaudis des Citoyens & de la poft�rit�. Examinons � pr�fent ce qu'il auroit �t� � d�-
firer qu'on e�t pu faire , pour porter tin plus grand degr� de perfection � chacun de ces divers Edifi- ces , ainii qu'� leur iffue, i° Au lieu de la terraife & des perrons qui fe remarquent � la platte-forme Saint-Etienne, nous avions propof� de d�molir toute cette partie pr�c�demment commenc�e , pour y fubitituer un grand Perron continu avec de fr�quents Paliers, tel qu'on Favoit vu ancien- nement , ce qui auroit donn� plus de dignit� � Tune des entr�es de la Cath�drale , qui fe trouve de ce c�te, & procur� plus d'air & plus d'efpace � la place de Chambre ; en conf�quence, on auroit |
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d'Architecture. 411
donn� plus de largeur � la rue en face, que nous
avons projet�e; elle auroit eu au moins quarante pieds de largeur, au lieu de vingt-un pieds qu'on a eu bien de la peine � nous accorder, z° On peut remarquer auf�i que toutes les nouvelles com- munications font un peu �troites , la rue l'Eve- que n'ayant que vingt-quatre pieds, & celle de la rue des Jardins, faite fous M. de Beliile, n'en ayant que vingt-un, au lieu de trente que nous avions propof�s , comme fe voit la rue d'Etr�es , qui ayant moins de longueur que les pr�c�dentes, fait un bien meilleur effet, 11 eil vrai qu'il faut convenir que, dans une Ville de guerre, dont le terrein des particuliers eil pr�cieux, il eil de la prudence de ne pas donner trop de largeur aux rues aux d�pens des Maifons des habitants ; du moins ne le faut-il faire qu'avec la plus grande pr�caution , dans les endroits de premiere n�- ceffit�, & particuli�rement dans les parties qui environnent les Temples, les Edifices publics, & les principaux Monuments �lev�s y pour le fer- vice de fa Majeil�. 30 La Place de l'Ev�ch� Κ eft , fans doute, trop petite, n'ayant que dix-huit toifes & demie, fur trente-trois ; il y a des cours dans plufieurs de nos H�tels � Paris qui ont plus de fuperf�cie; mais combien n'a-t-il pas �t� diffi- cile d'obtenir ce petit emplacement, dans un lieu tr�s-reiferr�, fans nuire d'ailleurs � la difpoiitioa & � la diilribution des deux Edifices, qui ont cha- cun leur entr�e fur cette Place. 40 La cour du Parlement eil dans le m�me cas : il eil vrai que la grande entr�e eil du c�t� de la Place Ν ; mais il n'y a pas moins lieu de craindre que la hauteur des B�timents ne rende cette cour obfcure & peu fa�ubre. Pour obvier � un tel inconv�nient, il au- |
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4*2 Cours
roit fallu n�ceflairement prendre toute l'�le de
Maifons qui s'�tend jufqu'� la rue vieille R�pe , en face de la place Saint-Jacques ; mais, d'un au- tre c�t�, quel �change auroit-on pu faire avec les Propri�taires � qui appartiennent les terreins de cette �le. Nous l'avons d�j� dit, nous le r�- p�tons ; il n'en eil pas de m�me dans une Ville de guerre que dans une Ville libre , o� Ton peut plus ou moins s'�tendre � raifon des em- placements qu'exigent les Edifices de marque qu'il s'agit d'�lever. Cependant nous ne pouvons le diflimuler , il convient de voir en grand ces prin- cipaux objets, d�t-on mettre moins de c�l�rit�, dans leur ex�cution : il faut fe donner le loifir d'a- maiTer des fonds, & m�diter pendant long-temps , ces diff�rentes op�rations ; autrement , on doit s'attendre que les projets fe reifentiront toujours, ou d'une pr�cipitation indifcrete , ou , ce qui eil peut-�tre pis, d'une �conomie mal entendue. 50 On ne peut pas non-plus diiconvenir que la Place N, ne fait beaucoup trop petite, n'ayant que vingt- deux toiles de largeur : � la v�rit� elle a quarante- une toifes de longueur ; mais c'eil pr�cif�ment cette �tendue qui la fait para�tre plus �troite ; � quoi il faut ajouter que d'un c�t� la grande hauteur de la Cath�drale , & de l'autre , les B�timents de ΓH�tel-de-Ville, fort �lev�s, contribuent � rendre cette place prefque difforme & fombre. Pour cor- riger en apparence la longueur de cette place, on a �lev� vers � un mur d'appui en baluilrade d'une certaine hauteur, termin� par un pi�deilal � cha- que extr�mit�, fervant de fontaine , & furmont� de troph�es d'armes; ce mur, il eil vrai, en cor- rigeant cette extr�me longueur, forme, pour ainfi- dire, une avant-place devant le Parlement. Ce |
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d'Architecture. , 4*3
moyen efl une rei�burce, fans doute ; mais elle ne fait que pallier le d�faut dont nous venons de par- ler. Pour �viter la difformit� de cette Place , nous avions propof� d'abord de placer l'H�tei-de-Ville en face du Parlement, & de r�iargir la Place Ν, juf qu'� l'alignement de la rue des Clercs ; d'a- battre l'Eglife de Saint-Gorgon qui tomboit en ruine, ce qu'on a fait depuis, fans aucun avan- tag� pour le bien du fervice ; de d�truire l'H�- tel de la Princerie , pour le reb�tir en face de la Cath�drale, o� eil a&uellement l'H�tel-de-Ville : alors cette Place feroit devenue fpacieufe; on au- roit pu y �lever une Statue p�deilre pour le Prin- ce, & en faire un march� au pain. Nous n'avons jamais �t� d'avis de la deftiner � une Place d'ar- mes, comme l'avoit projet� M. le Mar�chal de Belifle , les exercices militaires troublant d'une part n�ceiTairement les fonctions des Magiilrats, & de l'autre le filence qu'il convient d'obferver pr�s du Temple du Seigneur. Nous finirons ces observations, par faire re-
marquer que les maffes de l'Abbaye Royale de Saint r Louis , annoncent un grand Edifice fans doute ; mais que fa difpofition n'offre gu�- res ce qu'on appelle un beau Plan , en- forte que nous regretterons toujours, que, des trois projets que nous avions faits f�r ce terrein , on ait choiii celui-ci. Nous confervons dans nos Portefeuilles avec le plus grand foin ces projets r ainfi que tous ceux que nous avons faits pour les autres Edifices �lev�s ou � �lever � Metz, & nous les communiquons volontiers � nos El�ves, afin de leur apprendre combien il faut de cou- rage , pour lutter contre les intentions , fouvent mal dig�r�es » des perfonnes qui nous mettent en |
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4*4 � � υ r s
�uvre, & combien il leur faut de labeur, pour
parvenir � concilier ces m�mes intentions, avec les pr�ceptes de leur Art, & une certaine c�l�- brit� d�j� acquife. Plan par maffe d'une partie des nouveaux
B�timents, & des nouvelles communications qu'on �lev� � Strasbourg s commenc�s en 1767»
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- j ■*. ■ .
Le Magiitrat de Strasbourg ayant con�u le def-
fein de faire conftruire pluiieurs corps de Ca- fernes, pour contenir la Garnifon de cette Ville 9 ainii qu'une Place d'armes & de nouvelles com- munications , pour rendre le d�fil� des troupes plus commode, fans nuire � la circulation des ha^ bitants, demanda � la Cour un Archite�e exp�- riment� , qui p�t fe tranfporter fur les lieux, � deffein d'y faire lever un Plan exacl, de projeter fur ce Plan les B�timents � faire pour le fervice du Roi, & en m�me temps, de d�f�gner les em- placements les plus convenables, pour �lever dans la fuite un S�nat, une Place propre � contenir la Statue p�deftre du Prince, une Salle de fpe�a- cle, des March�s, des Halles, &c. Nous e�mes l'honneur d'�tre choiii pour ces diff�rentes op�- rations. Nous ne rapporterons de cet important travail, que ce qui nous paro�t le plus int�ref- fant, pour donner � conno�tre aux jeunes Ar- chitectes qui fe trouveront dans le m�me cas, les pr�cautions dont il nous a fallu ufer, afin d'accorder la dignit� avec l'�conomie , & le lo- cal , fouvent ingrat, avec les pr�ceptes de l'Art. Pour leur rendre compte de pluiieurs genres de projets faits pour cette Ville ? nous allons offris |
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D '� R CHI Τ Ε C Τ U II �* 4I f
dans la Planche fuivante, la route que les Etran-
gers font oblig�s de fuivre , pour paffer de France en Allemagne par Strasbourg ; paffage fur lequel fe trouvera, dans la fuite, entre autres objets int�reifants, la Place d'armes, la Salle de fpe&a- cle, la Place du Roi, le S�nat & les Cafernes de l'Artillerie, autant d'objets dont nous allons donner une defcription tr�s-abr�g�e , comme nous venons de le faire pour les nouveaux B�timents �lev�s � Metz fur nos Dei�ins; mais avant d'y paffer , remarquons combien il feroit int�refTant, qu'� l'exemple du Magiftrat de Strasbourg, nos Villes Capitales fe propofafTent le m�me but, lorfqu'il s'agit de leur embellifTement. Difons plus; quel avantage n'auroit.- on pas pu tirer pour celui de Paris , ii, feulement depuis cinquante ans, on eut lev� , � cet effet , un Plan de cette grande Cit�, & qu'on eut avif� , par des allignements r�fl�chis, d'abord la marche que d�- voient fuivre les habitants pour conirruire leurs demeures, & qu'enfuite on e�t d�fign� les lieux les plus convenables, pour y �riger la plus grande partie des Monuments qui, en fatisfaifant � l'uti- lit� publique , contribueroientaui�i�la d�coration. Croira-t-cm toujours qu'il fuffit d'�riger des Halles, des Salles de fpe�acle, & d'autres Edia fices femblables, fi ceux-ci, quelque bien qu'ils foient d'ailleurs , n'embellii�ent pas v�ritablement Paris? Croira-t-on qu'en accordant trop peu d'ef- pace aux Architectes, ils piiifTent donner l'effor � leur g�nie, fans fortir n�anmoins des bornes qu'exige le genre de l'Edifice ? Croira-t-on enfin qu'on puiffe fe contenter de terreins, la plupart malfku�s ou encombr�s, par des rues �troites, tor- tueufes & faws dire&ion continue ? Non, fans doute. i
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%ι6 Cours
Nous dirons � la v�rit�, comme le plus grand
nombre ; on ne laiiTe pas de beaucoup b�tir dans cette Capitale, depuis quelques ann�es ; mais nous n'avouerons jamais que les B�timents qui s'�l�vent de nos jours ayent pour objet de Fembellir : d'ailleurs , faifons-nous des Places ? des Carrefours ?.allignons-nous & r�largiflons-nous nos rues ? �levons-nous des Fontaines? confirai- fons-nous des Priions, des H�pitaux? fongeons- nous � d�truire le grand & le petit Ch�telet, qui oiFufquent Paris dans fon centre ? Non ; mais^ en revanche nous reitaurons les Palais des Prin- ces au lieu de les b�tir � neuf; nous �levons des H�tels pour des particuliers, des Temples � nos Lais, & nous plantons des Jardins � TAngloife. C'eil alors qu'on crie merveille ; mais que ces exclamations font peu philbfophiques, & qu'il eil peu de vrais citoyens parmi nous ! Heureufe- ment que cette �pid�mie n'eft pas g�n�rale ; nous exceptons avec le plus grand plaifir, pluiieurs Mo- numents qui s'�l�vent par nos plus habiles Ar- chitectes : mais encore une fois, il faut convenir que la plupart, quoique des chefs-d'�uvre , pro- curent rarement une vraie beaut� � nos Quais � vers nos promenades , & dans les principaux quartiers de cette Cit�; il faut les deviner, les aller chercher, les examiner fans point de diftan- ce, les juger partie par partie, renoncer � Fen- femble, & n'emporter avec foi qu'une id�e im- parfaite de ce qui auroit pu exciter notre admi- ration, li, comme nous le d�iirions tout-a-Hieure,,' la iituation & la difpoiition de ces Edifices euf�ent �t� pr�vus depuis long-temps, par un Plan bieri dreff� , examin� avec foin parle Gouvernement, approuv� par les hommes en plac� ^ dans cha- que |
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tni� d�partement, & applaudi pai les Ma�tres de
l'Art : mais revenons � notre objet, en attendant que cette id�e > qui n'eft pas neuve » fe r�alii�. Lorique le Plan g�n�ral de la Ville de Stras-
bourg fut lev� i apr�s avoir pris les renfeigne-* ments n�ceilaires au fujet .des B�timents que le Magiitrat fe propofoit d'�lever j apr�s avoir con* f�r� avec F�tat Major, & nous �tre fait rendre compte des diff�rentes pofitions o� l'on pouvoit �tuer convenablement les Edifices militaires, & les B�timents civils, nous attaqu�mes fur le lieu un premier projet, qui nous mit � port�e de re- cevoir de nouveaux �claireiiTem�nts ; de-l� nous paif�mes � un f�cond : nous obt�nmes eniuite un co- mit� , pour conf�rer deux fois la femaine fur cet ob- jet , en pr�fence de M. le Pr�teur Royal , avec plu- iieurs Magiftrats, du nombre defquels �toient MM* les Directeurs des B�timents de la Ville ; enfin, apr�s bien des difcui�ions* ce f�cond projet fut approu- v� pr�limin�irement» De retour � Paris, nous �e pr�sent�mes � Mi
le Duc de Choifeuil, qui, apr�s l'avoir exami- n�, nous excita � entrer dans des vues moins �conomiques * nous laiffant entrevoir que cette vaile entreprife �toit l'ouvrage du temps ; que * par cette raifon, il ne falloit rien �pargner * pour produire un Plan , digne du r�gne fous le�» quel nous vivions. Echauff� par les id�es �lev�es que nous communiqua ce Minif�re �clair�; nous fimes un troifieme projet qui re�ut fon approba- tion, & � l'occaiion duquel, nous retourn�mes � Strasbourg * pour le foumettre au Magiitrat. Ce dernier ouvrage* beaucoup plus important que les pr�c�dents, fut fujet � pluiieurs c�nteitations : nous f�mes de nouveaux efforts, pour parvenir � ςαα�� Tome IF* Bd |
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4i8 Cours
eilief les id�es de grandeur, puif�es � Verfalles, S&
celles d'�conomie qui nous furent recommand�es � Strasbourg ; enforte, qu'apr�s avoir paff� cinq mois de fuite dans cette Ville, nous e�mes la fatis- fa&ion d'obtenir l'approbation unanime de l'Etat- Major, de la Nobleue, du Clerg� & de la Bour- geoisie, tous �galement int�reff�s aux nouveaux allignements preferits, aux acquifitions � faire, en argent ou par �change ; & nous rev�nmes � Paris, avec les m�moires d'obfervations que nous avions faits fur chaque objet. Ce Plan & les pro- jets auxquels il avoit donn� lieu, furent pr�fen- t�s de nouveau, � M. le Duc de Choifeuil; nous les lui offr�mes � Marly avec M. le Mar�chal de Conta- des, Commandant de Strasbourg , & avec M. Gayot, Pr�teur Royal de cette Ville ; enfin l'au- tomne fuivant, le ζ O&obre 1768 , nous e�mes l'honneur de les pr�fenter � Sa Majeft�, qui en approuva l'ex�cution. C'en: la majeure partie de ces projets que nous avons trac�e par mafTes fur la Planche LI, dont nous allons donner une l�- gere id�e , comme nous venons de le promettre, en attendant que nous nous d�terminions � en gra- ver les Plans , les coupes & les �l�vations , lorfqu'� la fuite de notre Cours, nous offrirons un autre Ouvrage, qui contiendra les Edifices l�s plus recom- mandantes , �lev�s dans les Provinces de la Fran- ce. Dans cet Ouvrage feront compris les projets que nous avons faits pour la Flandre, Metz & Strasbourg, & c'efiV alors que nous entrerons dans quelques d�tails concernant la fituation des lieux, la qualit� des mati�res dont on fait �fage pour b�tir, l'�num�ration des Edifices anciens , & la profp�rit� des Arts qui font en vigueur ? &c. &c." |
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D'Architectur�. 41$
Planche LI.
La porte A iitu�e fur les remparts, nomm�e
la porte de Saverne, eil la premi�re fur laquelle on paffe , en arrivant de Paris. Nous avons tra- c� une ligne, de cette porte A � celle Β , appel�e la porte des Bouchers ; cette ligne , ainii que nous l'avons d�j� obferv� , indique la route que les �trangers parcourent lorfqu'ils traverfent la Ville : c'eil pourquoi nous allons d�crire de fuite les Edifices militaires ou civils qu'ils rencontrent fur leur paffage ; enfuite nous parlerons, en peu de mots, des autres B�timents que notre Planche n'a pu contenir. La rue C qui traverfe le fauxbourg de Saverne
eft droite & affez bien allign�e : � fori entr�e � gauche, nous avons projet� un March� au bl� D , finie convenablement en cet endroit , au d�iir du Magiftrat & des habitants : vers le mi- lieu de cette rue, en eil une autre , prefque d'�- querre � celle- ci, d'o� l'on aper�oit � droite , les anciennes Caf�ines de Saverne E, auxquelles nous n'avons ajc/ut� qu'un Pavillon ifol� � cha- que extr�mit� pour les Officiers, & dont on ne voit ici que celui,.f : � gauche, on aper�oit la rue G ; elle f�par� les nouvelles Cafernes de ca- valerie & d'infanterie > qui fe b�tiffent actuelle- ment fur nos D�finis. A l'extr�mit� de la rue C, fera conilruit un pont ��i pierre H (m), � la place |
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(m) Tous les ponts de cette Ville Tont en bois, & le nom-
bre en eft fi grand, qu'on appelle la Ville de Strasbourg, la Ville aux cent ponts 5 mais au moyen des nouvelles communica- tions qu'on vient d'y �tablir, on en d�truira la majeure par- tie , & , par la fuite, on les reconftruira en'pierre, ainf� qu'eut, l'a d�j� fait pour quelques-uns» D d ij
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4Z0 ,-i Cours
d'une faufle porte qui y eil a&uellement ��ev�e?
ainii qu'� 1'extr�mit� de toutes les rues des Faux- bourgs de cette Ville, dont l'int�rieur fe trouve f�par� par la rivi�re , d'avec les Fauxbourgs, qui tous fe terminent aux fortifications. A l'entr�e de cette porte, dans l'int�rieur de la Ville, nous avons projet� une Place I, dans le fond de laquelle & en face du pont, on doit b�tir un Edifice r�gulier, utile pour le fervice du Magiftrat. En continuant la ligne d'indication AB, on traverfe la rue du vieux march� au vin K-, celle de la petite bouche- rie L , & enfin , on arrive � l'ancienne tour Au- phenin M , � la place de laquelle on vient de b�tir un pont de pierre qui, pr�s de-l�, men� y � droite, � la Place d'armes Ν, qui a foixante & douze toifes de longueur, fur environ cinquante de largeur. Cette Place d'armes eu, aujourd'hui une des
principales beaut�s de la ville de Strasbourg. Sa forme, qtioiqu'irr�guli�re, ne laiffe pas de pro- duire un bon effet; & fa d�coration , dans un genre iimple, deviendra int�reffante, lorfque, dans la fuite, chaque particulier, qui a des maifons fur cette places fe fera aiTuj�ti � fuivre la m�me ordon- nance dans les fa�ades : en attendant cette �poque r nous avons plant� une all�e d'arbres dans fon pour- tour , qui, enmafquant, pour ainii-dire, la difparit� a�uelle, de fes B�timents ; procure de l'ombre aux troupes , l�rqu'elles viennent y faire l'exercice & monter la parade. Un des m�rites eifenciels de cette Place, c'elt que, vers fon extr�mit� fup�rieure, & dans les parts coup�s pratiqu�s dans fa plus grande largeur , d'un c�t� , on aper�oit une rue bien allign��; elle enfile les deux corps de Ca- fernes qui s'�leyent actuellement au iauxboiirg |
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d'Architecture; %i�
�t Saverne ; les Cafernes Ο , pour quatre ef-
cadrons, & celles Ρ, pour quatre bataillons : on voit de l'autre c�t�, une rue Q qui enfile aui�i un nouveau corps de Cafernes, pour quatre ba- taillons ; ces cafernes s'�l�veront inceffamment pr�s du pont, nomm� le Pont couvert, & qui n'a pu trouver place dans cette Planche. Nous avons fait divers projets de d�coration
pour cette Place d'armes, un entre-autres, dans lequel nous avions affect� un genre de fermet�, analogue � fon ufage ; cette ordonnance eil la feule qui puuTe convenir � une Place d'armes; mais comme elle exigeoit de grands trumeaux, des corps redrilignes, une certaine dignit� mili- taire, elle ne put avoir lieu, parce qu'elle au- roit n�ce�Tairement nui � l'ufage int�rieur des B�timents particuliers : enforte que les fa�ades actuelles d�j� commenc�es , n'ont plus que bien peu le caract�re de la chofe ; l'�conomie, dans la plupart des projets efTenciels, devenant le fl�au des productions les plus eitimables : car, le genre de l'Edifice une fois manqu�, on n'offre plus gu�res qu'une compofition imparfaite : � quoi il faut ajou- ter que l'ex�cution , prefque toujours n�glig�e loin des yeux de l'Ordonnateur, contribue � n'offrir plus aux regards, que des B�timents de la plus grande m�diocrit�; & c'eit: � peu-pr�s ce qui nous arrive � Strasbourg, l'�loignement du lieu de notre Capitale, s'oppofant en quelque forte � former dans cette Ville des Artift.es en f�cond, qui puiifent rendre avec intelligence les mefures, les rapports, les profils & le go�t de l'Architecture qui leur font confi�s; auffi ne re- marque-t-on rien de v�ritablement int�reifant, dans cette Place d'armes , ex�cut�e aujourd'hui, D d iij
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%%i Cours
fi l'on en excepte fa difpofition, fa iituation, & fa pla-
nimetrie; car nous comptons pour rien fa d�coration. Arriv� au Pont de pierre M, & apr�s avoir
aper�u la Place d'Armes Ν, on arrive � un Mar- ch� aux grains R, dans le fond duquel, &, en face du Pont, fera plac�e un jour la Salle de fpe�- tacle S : enforte que du point Τ, on poura aper- cevoir � la fois, le coup d'�uil de cette Salle, & par la rue des Arcades U, la Place Royale V; enfin le S�nat X. Mais avant de pourfuivre la li- gne A B, difons un mot des divers Edifices que nous venons d'indiquer. Nous avions d'abord propof� de placer la Salle
del� Com�die dans le fond de la Place d'armes, l'intention du Magiftrat , �tant de d�truire un jour celle qui fe trouve iitu�e fur la promenade du Broglie, promenade qui commence dans notre Plan � l'endroit marqu� Y; mais l'Etat Major ayant craint que les habitants , fortant du fpe&acle, ne �roublar�ent Tordre qui fe donne tous les foirs dans cette Place, & ne devinifent un obftacle au fervice du Roi, on a d�cid� en quelque forte de la conftri�teen S. Le fpe&acle aifez fr�quent� � Strasbourg, vu
le nombre des habitants , & � caufe de la Garni- fon, exige une �tendue aifez conlid�rab�e ; en cons�quence, nous avons fait pluiieurs projets de ce genre; mais tous pour le fond de la Place d'armes, avant qu'on e�t obferv� qu'il convenoit de la placer ailleurs. Dans la fuite nous donnerons celui qui a re�u le plus d'applaudiffements , & dont la Salle, de forme circulaire, a cinquante- deux pieds de diam�tre�, un Amphith��tre qui cir- cule autour, & trois rangs de loges en gradins, pratiqu�es dans la hauteur de cette Salle, h- |
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�> ' A R t H ΙΤ Ε C Τ U R Ε. ^lj
quelle eil pr�c�d�e d'un grand p�riilyle, � char
que extr�mit� duquel eik un efcalier pour monter aux premi�res loges, deux autres , montant f�- parement aux f�condes & aux troifiemes : enfin ^ dans ce projet, nous avons obferv� toutes les remarques que nous avons nous-m�me propos�es dans le deuxi�me Volume de ce Cours, page 263 �& fuivantes, o� nous renvoyons, en attendant ■que nous faf�ions graver le projet dont nous par- lons («); une description plus d�taill�e, fans le fecours des Planches, �tant toujours infuffifante, fur-tout, lorfqu'il s'agit de difcuter les anciens ufages, & de propofer des innovations que l'en- t�tement ou l'habitude applaudifTent rarement. A l'�gard de la Place Royale V, nous n'avons
pu raifonnablement la faire plus vafte; il faut fe reffouvenir qu'il s'agit ici d'une Ville de guerre, & que, comme nous l'avons d�j� remarqu�, il eil moins poffible dans cette occafion que dans toute au- tre, de d�truire les Maifons des particuliers; & quiconque voudra r�fl�chir , conviendra que c'eil beaucoup, que nous ayons pu y deiliner un terrein de trente toifes!de largeur , fur au- tant de profondeur. Il eil vrai qu'il y faut ' » ' .. 1
(n) Il para�tra, fans doute,, f�ngulier qu'il nous foit atriy� x�#
-3. peu-pr�s ce que nous avons �prouv�, � propos de l'�glifc !. ' «de Saint-Amand : on a derni�rement projet� un tr�s-beau Plan ,,. 3>our la Com�die Fran�oife � Paris ; les deux Architectes de �n�rite, Auteurs de ce projet, n'avoient certainement pas vu le n�tre , fait quatre ans auparavant $ n�anmoins leur Plan Veft trouv� diff�rer tr�s-peu de celui que nous avons fais pour Strasbourg; circonftance , qui, au lieu de nous d�con- certer , nous flatte j mais nous la rapportons , pour que dans \ la fuite , nous ne foyons pas foup�onn� de plagiat ; nous en avons d'ailleurs pr�venu Tan, des Architectes du projet de 1« v Com�die Fran�oife. » D div
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%i4 Cours
ajouter 1'efpace de la rue des Arcades TJ, auf�i-
bien que celui des deux autres rues, qui longent aux deux c�t�s du S�nat X. Un des grands avan- tages de cette Place, au milieu de laquelle doit s'�lever la Statue du Prince , c'ei�: que celle-ci ferat vue du point Τ , qui en eil diftant de cent dix toifes. D'ailleurs cette Place a pour fond la fa�ade du S�nat, & la Statue fe trouvera pr�cif�ment en face du Portail de la Cath�drale a , qui, lui m�- me , a pour afpecl cette Statue; &, en face, un B�timent r�gulier �, s'�l�vera un jour � la Place de l'ancien H�tel-de Ville , lorfque le nouveau .S�nat fera ex�cut�. Nous n'avons pas eu deifein d'orner cette Place; nous nous fommes content�, pour entrer dans les vues du Magiftat, de la ren- dre feulement r�guli�re & fym�trique, dans (es c�t�s oppof�s. En effet, qu'on y r�fl�chnTe; c'ei�: d�j� obtenir beaucoup dans une Ville fronti�re, que de fonmettre les habitants � �lever leurs fa- �ades uniform�ment : d'ailleurs , il faut confid�rer que cette Place, voifine de la Halle aux poiffons, plac�e en c, eu aui�� deitin�e pour un March�, de maniere que la repr�fentation du H�ros fe trou- vera plac�e au milieu de l'abondance, en face du temple de Th�mis, & vis-�-vis celui de la Reli- gion. Nous ne donnerons point dans la fuite , la d�coration de cette Place, vu la iimplicit� de fou ordonnance ; mais nous offrirons le Deffm que nous avons compof�, pour le Monument qui doit s'�lever � la gloire de Louis XV, trait� dans le genre que nous avons d�crit dans le deuxi�me Volume de ce Cours, page 258. Nous donne- rons auffi les Plans & les d�veloppements du pro* jet approuv� par le Magi�rai, pour le B�timent �a S�nat Xj nous difons le projet approuv�s 1
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d'Architecture. 42?
Car nous en avons fait quatre, les uns plus grands ,
les autres plus fimples, f�lon la difpoiition des lieux qui nous avoient �t� propof�s ; mais enfin, la pofition de celui-ci une fois choiiie, nous nous fommes attach� � le rendre fufceptible de tous les avantages contenus dans les pr�c�dents , & nous ofons croire que cette production eft, peut- �tre, une des meilleures que nous ayons faites dans le nombre infini de projets qui regardent Strasbourg. Nous nous flattons d'autant plus que cette compofition poura plaire , que les diff�- rents d�partements qu'elle contient, n'ont gu�res de reifemblance avec les autres B�timents connus fous le nom de Bafiliques, de Parlements , de Chambres Souveraines, &c. � ce n'eft dans fa d�- coration ext�rieure ; encore faut-il f�avoir que toute efpece de Monument �lev� dans une Ville de guerre, doit fe reffentir, dans Ton ordonnance, de ce genre de fermet� qu impofe l'Art militaire, fans n�anmoins fortir trop du caract�re que doit avoir chaque Edifice coniid�r� en particulier. Ce B�timent X n'occupe pas un efpace bien
coniid�rable, n'ayant de largeur, hors �uvre, que vingt-deux toifes, fur environ trente toifes de profondeur : mais un de fes avantages , & qu'on devroit toujours obferver, dans les Edi- fices publics, c'eft'd'�tre ifol� de toute part, & de contenir dans fon int�rieur, une Cour de dix toifes de largeur, fur quinze de profondeur. Le Rez-de-chauff�e de cet Edifice eft compris dans un foubaffement, fur lequel s'�l�ve un grand ordre Ionique qui embrafTe deux rangs de eroi- f�es. Cet Ordre eil couronn� par des combles, d'une hauteur proportionn�e � tout le B�timent : il eft d'ailleurs flanqu� de Pavillons & d'arri�re- |
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4*6 Cours
corps d'une forme re&iligne, qui n'ont cependant
rien d'ar�e�t�, mais qui lui procurent ce caract�re m�le, d'autant plus convenable ici, comme nous venons de le remarquer, que cet Edifice eit non- feuiement �lev� dans une Ville de guerre, mais qu'il % trouve entour� de March�s publics & de B�timents particuliers d'une d�coration tr�s- Simple, quoique r�guli�re. Depuis ce B�timent jufqu'� la porte des Bou-
chers, il ne fe trouve plus d'Edifices remarqua- bles en parcourant la ligne A Β , que le pont du Corbeau d, pr�c�d� d'une nouvelle Place e » dans l'int�rieur de la Ville, & � c�t� de laquelle eir la grande Boucherie �, une des plus belles .que nous connoiffions. Apr�s ce pont, on voit auf�� une autre Place circulaire g, qui, par la rue h, conduit enfin � une autre Place i9 aux deux cot�s de laquelle nous avons �lev� des B�- timents k , fervant de fuppl�ments aux anciennes �afemes de l'Artillerie /. Pour faire juger de l'importance & de l'utilit�
des changements propof�s pour Strasbourg, nous ferons remarquer, que dans la feule partie de la Ville que nous offrons dans cette Planche , il n'eu point, ou prefque point de Carrefours que nous n'ayons convertis en place , point de rues que nous n'ayons allign�es, de maniere � former, dans la fuite, des communications beaucoup plus r�r guli�res qu'elles ne l'�toient pr�c�demment. Nous avons indiqu� par la lettre m, les Places reftaur�es, qui fe trouvent comprifes dans notre Plan. Ces Places font devenues, les unes plus, les autres «loins confid�rables, f�lon l'importance des mar- ch�s qui doivent s'y tenir, & � raiibn des quar- tiers o� elles font iitu�es. Sous les alligneaients |
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d'Architecture." 427
des nouveaux Quais, nous avons laii�� fubiiiler par un trait l�ger les anciens, ce qui donne � conno�tre combien la plupart �toient obihu�s, intercept�s, tortueux, �troits, & fouvent im- praticables dans la crue des eaux, pour la circu- lation du commerce. Nous avons auffi, par de pareils traits l�gers, laiff� � conno�tre la plus gran- de par�ie des culs-de-fac que nous avons iiippri- m�s ; enfin, nous avons fait des nivellements ; ils facilitent aujourd'hui l'�coulement des eaux qui, reftant anciennement dormantes dans pluneurs quartiers de la Ville, nuifoient effenciellement � la falubr�t� de l'air; op�ration dans laquelle nous avons �t� f�cond� par M. Werner, Contr�leur des B�timents de la Ville , & aid� des confeils de MM. les Directeurs des B�timents de Strasbourg : enforte que, par ce travail important, un jour cette Ville fera perc�e moins irr�guli�rement, & offrira aux �trangers des Edifices de marque; ce qui ne f© peut faire n�anmoins que par la fuite des temps, quoique, depuis que ces op�rations font commenc�es, les particuliers, pr�venus des intentions des Magiflrats autorif�s par Arr�t du Conie�, qui ordonne l'ex�cution de notre Plan, fe font port�s d'eux-m�mes, pour la plupart, � b�tir fuivant les nouvelles, dire&ions des rues tra- c�es dans notre projet, les uns ayant fait d�j� des �changes avec leurs vohins, lorfqu'ils ne fe trou- voient plus aifez de profondeur ; les autres ayant c�d� leur terrein � la Ville, & acquis ailleurs des emplacements pour b�tir; ceux-ci s'�tant retir�s, f�lon Tallignement prefcrit ; ceux-l� enfin, ayant difpof� leurs diitributions, de maniere qu'ils n'�- l�veront leur mur de face que lorfque la rue ou ils fe trouvent fitu�s aura acquis fpn parfait all�- |
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42§ Cours
gnement : autant de moyens que nous avons pro-
poi�s aux Magiilrats, par des M�moires fans nom- bre dreff�s � cet effet. Ces M�moires ont fait na�tre beaucoup de difcui�ions , mais toutes ten- dantes aux biens des habitants ; & , apr�s avoir �t� approuv�s , ils ont mis chaque Propri�taire en �tat de prendre le parti qui lui paroiifoit le plus convenable. Le Magiibat, d'ailleurs, apporte la plus parfaite attention, pour faciliter ces op�ra- tions , fans qu'aucun Citoyen ibit l�f� ; enforte que cette entreprife inou�e, & qui, par-tout ail- leurs, auroit paru une hydre, s'ex�cute avec une facilit� prefqu'incroyable : tant il eir vrai que la prudence, l'am�nit� & l'urbanit� , dont ufent les Chefs, peuvent parvenir � furmonter les plus grands obilacles. Pour faire conno�tre l'immenfit� de cette en-
treprife, donnons une id�e de la grandeur de cette Ville, & difons : que fon �tendue , � compter de l'int�rieur de (es fortifications, eft d'environ huit millions huit cent trente-huit mille fix-cent trente- deux toifes de fuperficie , non compris la Ci- tadelle ; qu'elle eft divif�e en dix quartiers ou cantons , le premier contenant trois cent quinze Maifons ; le deuxi�me, trois cent foixante-huit ; r le troiiieme, trois cent foixante-dix-neuf ; le qua- tri�me, quatre cent foixante-iix; le cinqui�me, deux cent quarante; le iixieme, quatre cent trent�- fix; le feptieme, quatre cent cinquante-fix ; le huiti�me, deux cent foixante-treize ; le neuvi�me, deux cent quarante-iix ; & le dixi�me, quatre cent cinquante-fept : au total, trois mille cinq cent trente-iix, fans compter les Eglifes Catho- liques $; Luth�riennes, les B�timents pour le fer- yi�e du Roi ? tels que les Cafernes, les Prifons^ |
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D'ARCHITIGT�R�, 429
l'H�pital militaire, 1'Arf�nal, la Place d'armes, VM4:
planade, les Magaiins � poudre, & les B�timents deitin�s � la manutention des troupes ; enfin ceux � l'ufage duMagiilrat, tels que le S�nat, les Ma- gaiins de la Ville, l'H�pital des Bourgeois, les March�s , les Halles , &c. indiquons fommairement, � pr�fent, les nou-
veaux corps de Cafernes qui doivent s'�lever dans la fuite, & qui n'ont pu �tre compris dans no- tre Planche ; ainii que les communications, poiur le d�fil� des troupes, de la Place d'Armes aux Cafernes , & de celles-ci � la Place d'Armes , routes que nous avons exprim�es ici par des li- gnes ponctu�es, pour ce qui regarde feulement les anciennes Cafernes E, & les nouvelles pla- c�es en P, O, au Fauxbourg de Saverne : ce que nous n'avons pu faire pour les autres , le for- mat de notre Ouvrage s'y �tant oppof�; f�avoir les Cafernes du Pont couvert, pour quatre ba- taillons; � l'Efplanade, pour quarre efcadrons; enfin des fuppl�ments � celles de la Courtine des Juifs, � la porte des P�cheurs, � Finkmatt, fans compter les fuppl�ments de celles de la porte des Bouchers, du Fauxbourg de Saverne , & les deux nouveaux corps de B�timents pour les Officiers, tous les deux femblables � celui E : enfin, ceux Ρ , Ο , d�fign�s feulement dans notre Plan. Tous ces nouveaux B�timents font diitribu�s com- mod�ment , munis de toutes leurs d�pendances & d'une d�coration, nous pouvons le dire, plus r�guli�re, & -d'une ordonnance moins triviale qu'on ne les fait commun�ment ; auffi donnerons- nous dans la fuite, les dei�ins de celles O, P, qui comprennent deux corps de B�timent, Tun pour la Cavalerie , l'autre pour l'infanterie ; ils |
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410 Cours
feront conno�tre le parti qu'on petit tirer de ce
genre d'Edifice, lorfqu'on veut r�unir l'utilit� � la fym�trie. Terminons cette courte defcriptiort, par faire
iremarquer en pafTant, que nous avons mis tous nos foins � faire enforte , que les nouveaux B�timents fuffent plant�s r�guli�rement, & que nous nous fommes attach� d'autant plus volontiers � cette partie de l'Art, que nous n'avons gu�res lieu cfefp�rer que leur d�coration foit jamais ex�- cut�e , d'une maniere fatisfaifante ; car, comme nous l'avons d�j� remarqu� 5 il y a dans cette Ville peu d'Artiftes qui entendent l'Archite&ure., Il y a, fans doute , des hommes d'exp�rience ; mais � ces connoiffances, il faut joindre d'autres talents, tels que celui de la th�orie & le go�t de l'Art, fans quoi les projets les mieux con�us avortent entre de telles mains. Nous l'avons dit quelque part, dans notre Cours ; combien n'a- vons-nous pas vu de B�timents dans nos Pro- vinces, qui ne nous ont paru imparfaits, que parce qu'ils avoient �t� �lev�s, loin de l'�uil de celui qui en avoit donn� les def��ns : nous y re- connoiifions*, � la v�rit�, dans Fenfemble, la mar- che d'un Ma�tre; mais combien les parties n'�- �oient-elles pas d�figur�es, par le d�faut de lu- mi�re des Condu&eurs, Qu'on y prenne garde; c'eft parce qu'on doit s'attendre � cet inconv�- nient , que nous recommandons fans ceife � nos Elev�s, de s'appliquer v�ritablement � l'�tude de rArchitec�ure, de redoubler leurs efforts, lors- qu'il s'agira d'�leVer quelques Edifices , loin de la Capitale ; de s'attacher particuli�rement � d�- cider la forme de leur Plan , � en carad�rifer les reifauts & les retours, par des avant ou des |
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^'Architecture. 43 ι
arri�re-corps un peu Caillants, � les bien retourner d'�querre. Ceft pour cela que nous les avertiffons encore , lorfqu'ils fe trouveront forc�s a quelque obliquit�, de chercher � faire fym�trifer ceux-ci avec leurs c�t�s oppof�s ; enfin , de faire con- trailer des portions circulaires avec des angles droits, ou des c�t�s paralleles, afin de pr�venir une planimetrie monotone ; en un mot, de termi- ner le plus convenablement poffible, un point de vue par une fontaine, ou par un avant-corps, d�t-il n'appartenir qu'� une Maifon particuliere. Ces pr�cautions font d'autant plus effencie les , qu'il faut s'attendre que, de tout le projet, il η y aura gu�re que ces beaut�s qui fe feront remarquer : toutes les bonnes t�tes fe connoiffent en fym�me, en r�gularit� ; mais il n'y a qu'un petit nombre de perfonnes qui jugent avec diicememeiit des autres parties de l'Architecture. Fin du Quatri�me Folume*
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De l'Imprimerie de LoTTiN a�n� � 1773�
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APPROBATION
-& . ■ ■ ''"■ :■ v: �-'; " - ? ■- ■ ■ ' ' ' *,.-■■■ --■ ^-:*f: �-?,
(� Cenfeur"Royal*
J*AI lu, par l'ordre de Monfe�gneur le Chance-
lier, le Manufcrit des Tomes troifieme & qua- tri�me du CW� d'Architecture , ou �tfaj^ Λ la D�coration, Difiribution, & Confiruction des B�ti- ments ; & il m'a paru que cette fuite nouvelle d'un Ouvrage d�j� bien accueilli du Public jufti- fieroit l'impatience de le voir heureufement ter- min� par l'Auteur : Donn� � Paris, le 31 d'O&o- bre 1772� PHILIPPE DE PR�TOT, des Acad�mies
Royales des Sciences , Belles - Lettres
& Arts , d'Angers & de Rouen«
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Le Privilege du Roi fi trouve � la fin du f�cond Volume^
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