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COURS
D'ARCHITECTURE
CI FI LE.
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-ocr page 2-
D'ARCHITECTURE,
ο υ
TRAIT�
De la D�coration, Diflribution & Confiru�ion
BES B�TIMENTS;
Contenant
Les Le�ons donn�es en 1750, & les ann�es
i�iivances, par J. F. Blondel , Architecte,
dans fori �cole des Arts.
.Publi� de l'aveu de l'Auteur, par M. Κ:**Λ
TOME QUATRIEME
�hes la Veuve Desaint, Libraire, rue du Foin-S,-Jac
M DC� JJUfJJI.
*fe� 4Mpmkttmz,,& akml�gt du Roi.
-ocr page 3-
i
AVAN�-BROP�S,
.j«T k ; ■ * ; «■                    ί *�~ι * "TT -i                                              ^ !                 .= ;.*■■■
Pr�cis: des regies contenues dans
le troiii�nie Volume de ce Cours ;
Suivi de quelques ohfervations pr�limi*
naires Cur l'Architec�ure,
$S O�S INVITONS les perfoiin�s, pour lef»
quelles nous avons comp�f� ce Cours', de
ne pas n�gliger de lire les Avant-propos
plac�s � la t�te de nos Volumes, comme
un moyen de fe rappeler en peu de mots,:
les diff�rentes mad�res qui y fotit trait�es,
&c par-l� , de Cuivre le fxl des pr�ceptes
diilribu�s dans chacun. La diviiion que nous...
avons employ�e, �tok n�ceflaire fans dou-
te dans un Ouvrage d'une auffi longue ha-
leine-;.mais il n'en eil pas moins vrai que
le Le&eur qui' veut s'inilru�re , &C fe p�-
n�trer de l'encha�nement qui le compo-
fe, doit d'abord s'attacher plus particu-
li�rement � remplir f�n imagination des
proc�d�s qui uniffent enfemble les trois
branches de l'Art ; parce que, fans ce po�nC
de vue, fans le raifonnement qui en eil la
fuite, on ne peut que rallentir fes �tudes,
Tome IV\
                                  a
-ocr page 4-
w�. -
I
g           �rANT-PROvos. il
& l'on ne parviendra qu'� la m�diocrit�.
Rappelons'donc ici ce que contien-
nent de plus int�reffant les Chapitres du
Tome III ; & que cette courte r�ca-
pitulation mette fous les yeux des El�-
ves ce qu'ils ne peuvent ignorer abfolu-
ment : apr�s cela, nous donnerons quelques
I
                 nouvelles obfervations qui devront fervir
d'introdu&ion aux principes de la diftribu-
tion r�pandus dans ce Volume ) objet par-
ticulier fur lequel peu d'Ecrivains , avant
i-
                nous, ont entrepris de donner des pr�-
ceptes fuivis.
Nous d�firons que ce que nous nous pro-
pofons d'enfeigner, fur cette nouvelle ma-
ti�re , foit trouv� �crit d'une maniere claire
I
                   &: pr�cife : perfonne n'eil plus perfuad�
que nous des talents qui font n�ceflaires �
un Profei�eun mais peu d'hommes font
dou�s des qualit�s qui lui font eiTencielles,
&; malgr� trente ann�es d'exercice , nous
, nous trouvons nous-m�me encore �loi-
\
                   gn� du terme d�iir�. Qu'on y prenne
garde �, nous le difons � ceux qui veulent
courir cette carri�re : pour s'acquitter avee
fucc�s du profeiToriat, &: rendre f&s pen-
f�es dans un Livre, il faut avoir des id�es j
fi l'on n'a l'eiprit d'invention , on reite
fouvent court au milieu de fa p�riode. Il
faut dans fa narration, la majeft� d'un
-ocr page 5-
Λ r λ h t-Ρ �� ρ � $> lij
fl��ve, &, non la rapidit� d'un torrent*
Qu'on ne s'y trompe pas $ 11 ne iui��t pas
d'avoir de la m�moire 5 il faut i�avoir rai**
�bnner ce que l'on con�oit, &� ce qifoii
Veut faire concevoir aux autres 3 il faut
Commencer par �mouvoir, eiifuite con«
vaincre : il faut de la r�flexion , de P�«
xercice, � faut s'�couter foi-m�me i. .�c fe
perfuader que pour �tre entendu avec plai-
fir, il faut �tre anim� du d�fir de i�xef l'at-
tention de fes El�ves: il faut enfin que l'i-
magination ajoute � la v�rit� de la d�mon*
ftration; en un mot, il faut voir au-d�la
de ce qu'il s'agit d'expliquer 5 autrement
on parle � l'organe, jamais � l'�iprit de
ceux qui �coutent.
Afant-Propos du tmj�cme Volume.
Cet Avant-Propos a eu pour objet de
donner fommairement le pr�cis des Le-
�ons contenues dans les XI Chapitres qui
divifent le Tome ΠΙ* Ce fommaire a �t�
fuivi d'une DiiTertation fur l'utilit� de j�in«
dre l'�tude de l�* Architecture celle des
Sciences &; des Arts qui y font relatifs,
Plui�eurs ont �t� �tonn�s des connoiifances
que nous f�mblioris exiger de nos Elev�s f
mais on a fans dout� oubli� qu'� l� fin
de cette m�me Diflercati�n 7 nous avon$ dit
a'ij
-ocr page 6-
iv Avant-Propos.
exprei�ement eqae ces c�nnoijfances s'acqu�"
roient pendant toute la vie
, & que les plus
grands hommes �tudioient encore , lorfqiiils
ont produit leurs chefs-d!�uvre.
Nous o ions
donc le r�p�ter : toutes les connoifTan-
ces dont nous avo\is fait mention , font
indifpenfables pour tout Artiile qui veut
tendre � la perfection : d'ailleurs , celles
des Sciences <k. des Arts que nous avons
recommand� d'aiFocier � l'Archite&u-
re, ne fuppofent pas toutes une �tude
�galement iuivie &: approfondie; mais i�
en faut conno�tre au moins les �l�ments.
D�lirer que nos Elev�s aprennent le,s Ma-
th�matiques , le Deilin , &c. ce n'eil pas
faire entendre qu'ils doivent �tre Math�-
maticiens comme M. ClairauD; Peintres &c
Sculpteurs comme M. Vanlo.o & M. Bou-
chardon ; c'eit fouhaiter qu'ils fe mettent
en �tat de pouvoir conf�rer un jour avec
les S�avants δι avec les Artiftes du pre-
mier ordre : autrement , comment s'en
feroi�nt-ils entendre, &l quels fecours ti-
reroient-ils de leurs lumi�res , s'ils igno-
roient abfolument ces connoiiTances uti-
les, & i�, comme cela n'arrive que trop
ordinairement, la plupart fe contentoient
de la pratique de leur Art, ou de tirer
parti d'un Deffin qui, lav� avec gout, ne
fert fouvent qu'� en mafquer les d�fauts ?
-ocr page 7-
Λ VA N T-P R Ο Ρ Ο S.               V
\ d�fauts que quelques-uns ne ie dif��mulent
jpas � la v�rit� 5 mais qu'ils' ne cherchent
a faire tels , que dans l'efpoir d'�blouir
leurs Examinateurs, au lieu de leur rendre
compte, fans ce preitige, dts d�tails de
leurs productions.
Fluf�eurs trouvent encore que nous nous
loinmes trcp �tendu fur chacun de ces objets ;
nous en convenons, pour ceux qui f�avent,
peut-�tre mieux que nous, les pr�ceptes de la
oonneArchitedure.Ma�snousn^vons jamais
eu la t�m�rit� de pr�tendre donner des le-
�ons aux grands Architecte j c'eit pour une
autre elaiTe d'hommes que nous �crivons 5
& , pour ceux-ci, nous ne pouvions leur
en trop demander , afin qu'ils nous en
accordent^ un peu. Nous invitons donc nos
Cenfeurs � approuver notre z�le bien plus
que nos talents : nous avouons finc�rement
que nous n'avons point de pr�tention � la
c�l�brit�, trop heureux, fi nos veilles der
viennent utiles � nos jeunes Citoyens5 plus
heureux encore, fi nos forces nous met-:
tent � port�e, apr�s la publication de ce
Cours, de donner , comme nous Savons d�j�
promis, un autre Ouvrage que nous m�ditons
depuis long-temps, & qui, peut-�tre, man-
que^ eiiencieliement � ceux qui font leur
capital de l'Architecture.
Cette. DiiTertation a �t� fuivie de phi-
a iij
-ocr page 8-
VJ               A VA Ν Τ^Ρ Μ Φ Ρ Ο $,
l�eurs pbfervations aiTez importantes iur dif-
f�rentes parties de notre Art ; la plu*
part ont �t� bien acc�uillies ? ce qui
nous d�termine � en inf�rer pluileurs au-*
tres � la t�te de ce Volume. Ces obfer^
vations demandant une attention moins
f�y�re ? nous femblent par cette raifon, a
la port�e de nos jeunes Lecteurs , qui ,
par d�gr�s s les ailirnileront de maniere �
trouver le moyen d'en faire ufageun jour,
loriqu'ils feront plus avanc�s dans la car-
ri�re qu'ils embrai��nt. Ainii nous les
exhortons � n*en pas n�gliger la lecture ,
&c � fe rappeler ce qu'ils en auront re-*
tenu , loriqu'ils fe trouveront en �tat
de f� livret � une �tude. plus f�rieuie ,
& qu'ils fe tranfporteront au pied de nos
Edifices, ce que nous leur recommandons
fans ceiTe, comme le feul moyen de leur
ouvrir les yeux de l'entendement.
Au reite , quelques-uns , en applaudiiTant
� notre z�le, ont n�anmoins trouv� que
nous avions fem� ces obfervations d'une,
critique un peu f�v�re : nous penfons au
contraire , que la cenfure , qui n'a pour
but que la plus grande perfe&ion de l'Art,
doi� faire �galement honneur, & � celui
qui la f�auro�t faire �propos, &; � celui qui
L� f�ajt bien recevoir. Qu'on y prenne garde ;
une critique judicjeufe , comme nous l'en-
���Jfe�s^ φ rp^vrage de la raifon ) mais ι
-ocr page 9-
A V AN T-P R Ο Ρ Ο S.            Vi]
pour la faire go�ter, &; pour convaincre
celui qui en eil l'objet, il faut deux chofes
�galement int�rei�antes : �tre en �tat de
faire mieux que l'ouvrage fur lequel tombe
la critique ; '&C favoir donner de l'agr�ment
� fa narration : double qualit� dont tr�s-
peu d'hommes peuvent fe flatter.
Nous avons enfin termin� cet Avant-
Propos par indiquer notre Ecole, pour l'�-
tude d� notre Art, non � l'exclui�on de
toute autre ; mais comme celle o�, ayant
r�uni, depuis trente ann�es, plui�eurs Pro-
feiTeurs habiles, dont les fucc�s ont plus
d'une fois furpaif� notre attente, les jeu-
nes Artiftes confi�s � nos foins peuvent fai-
re des progr�s aiTez rapides. Nous n'aurions
pas fans doute , pris le parti de publier
l'ordre des Le�ons qui s'y donnent, i� no-
tre d�fi η t�r eifern ent eut �t� moins connu,
& un certain nombre d'ann�es ne nous
e�t perfuad� que l'exp�rience nous deve-
noit, pour ainf�-dire, un s�r g�tant que
le Public regardera nos efforts^ m�me � l'�ge
o� nous fommes, comme un tribut de la
reconnoii�ance que nous devons au � plus
grand nombre de nos vrais Citoyens.
*                                                                                                                                                                                                              � '. ■..
Chapitre premier.
Dans ce Chapitre nous avons prouv�, >
a iv
-ocr page 10-
yl�j           A V A Ν T-P R Ο Ρ 0 S.
d'apr�s le fentiment des plus grands Ma�-
tres , que les-proportions de l'Architecture
ont �t� puii�es dans la nature. Nous y
avons rapport� le fentiment d'Andr� Pal^
ladio , de Louis Serlio , 6c de Fran�ois
Blondel � cet �gard. Si nos jeunes Archi-
tectes �to�ent plus periuad�s de cette v�ri-
t� , qu'ils ne le font ordinairement \ nous ver-
rions moins ibuvent des compoi�tions com�-
jjuement f�v�res, o� il fero�t n�ceifaire de
rencontrer un ilyle �l�gant s ils n'emploie-
roient pas non plus des futilit�s o� le genre
grave devroit pr�i�der. Les colonnes, loin d'�-
tre prodigu�es dans la demeure de nos Lais,
ne feroient employ�es que dans les ouvrages
de la plus grande importance. Nous verrions
dts Palais fe pr�fenter pour ce qu'ils font, &c
des Maifons particuli�res fe tenir dans leur
rang : nous verrions plus de v�ritable Ar-
chitecture , &: moins de ma�onnerie 5 car
nous ne pouvons appeler autrement ces
larges trumeaux revenus fur la fc�ne y &�
ces ouvertures liiTes & unies, furtout lorfque
la l�g�ret� Corinthienne femblero�t exiger y
de faire circuler autour un chambranle, ainf�
que quelques couronnements lieureufement
imagin�s par hs Manfards : nous verrions
�eut-�tre moins de Plans d'une expreff�on
'oicane, fe contredire avec le mouvement
d'une ordonnance d�licate : nous verrions
-ocr page 11-
A V A N T-P R Ο Ρ Ο S.             IX
les divers membres d'Architecture cr��s
par l'Art, mieux ai�brtis avec la d�dicace
du B�timent : nous verrions la convenance
mieux obferv�e par-tout o� elle doit �tre
appel�e, pour d�figner la fup�riorit� de tel
Edifice, iur tel autre Edifice : nous verrions
enfin, comme nous venons de le dire, les pro-*
portions de la belle Architecture , ancienne-
ment �tablies fur celles de la nature, δι fur les
plus belles images de fes produclions, repren-
dre tous leurs droits, Se laiiTer � l'ignorance
l'application de ces contraftes s de ces pr�-
tendues oppofit�ons, en un mot , de ces
tours de force que le vulgaire applaud�t,
parce qu'il manque des v�ritables con-
noiiTances de l'Art,
Chapitre IL
Pour �clairer la plupart de nos El�ves
fur la diff�rence qu'ils doivent faire des
licences � d'avec les rei�ources qu'on met
quelquefois en �uvre, au d�faut des vrais
pr�ceptes de l'Architecture ; nous avons
rapport� dans le deuxi�me Chapitre , l'ap-
plication qu'on peut faire des reifources
& des licences. Nous avons fait plus >
nous avons compar� celles-ci , avec les
abus de l'Art, & expliqu� comment on
pouvoit introduire celles - l� dans Tes
-ocr page 12-
χ            Avant-Propos.
comportions $ mais nous avons eu foin
de prouver qu'on ne devoit jamais y ap-
peler hs abus , quand on veut produire,
quelque ehofe au-deifus du m�diocre.
Nous oibns croire que cette difcui��on n'eil
pas la moins int�reiTante de ce Trait� ; aui��
y renvoyons-nous no? Lecteurs, comme �
un moyen de s'ar�urer de ce qu'ils doi-
vent imiter ou rejeter, dans la plupart
des exemples qui leur font offerts. Cette
difcui��on nous a aui�� conduit � parler de
l'application des colonnes �c des pilaflres
dans l'ordonnance des fa�ades; comment
il convenoit de les employer, ou quand on
ne devoit retenir que l'exprei�ion de cha-
que ordre. Nous avons cit� pluiieurs exenv
pies c�l�bres , o� les colonnes &; les pi-
lailres font employ�s avec fucc�s, & plu-
iieurs autres o� ils font moins heureufe-
ment amen�s. Nous avons fait fentir que
la plupart des licences introduites par
quelques-uns de nos Modernes, pouvoienc
�tre regard�es comme autant de fautes heu-
reufes, & qu'elles ne d�g�n�ro�ent gu�res
en abus, que par une mal-adroite imita-
tion. En effet, pour que les licences puif
fent fe fupporter, il faut qu'elles offrent un
caract�re d'originalit�, qui n�ceiTairement
d�g�n�re entre les mains des Co pilles. Nous
l'avons dit plus d'une foisj qu'on y prenne
-ocr page 13-
ι
A VA nt-Propos.           xj
garde, une licence qui n'eft rachet�e par au-
cune beaut� poiitive,, ne peut que paro�tre in-
soutenable aux yeux intelligents. Au contrai-
re, on pardonne prefque toujours les licences
dans les d�tails", lorfqu'elles am�nent de gran-
des beaut�s dans Penfemble.En un mot, nous
croyons qu'il en eft de limitation des li-
cences que les grands Architectes ont mi-
les en^ �uvre , comme de vouloir copier
trop litt�ralement les Ouvrages des An-
ciens, Rien de i� naturel, fans doute, que
d'adopter leurs principes, quand ils nous
paroiiTent v�ritablement applicables � nos
uiages : mais ils doivent �tre abandonn�s
dans le cas contraire $ fans quoi nos produ-
ctions ne deviennent plus que de foibles co-
pies faites d'apr�s d'excellents originaux.
Ce que nous avan�ons ici ne fera pas
avou� de tous nos Ma�tres, � la v�rit� 3 auffi
les diff�rentes opinions � cet �gard ren-
dent-elles l'�tude de l'Art difficile aux lie*
ves5 &femblent en quelque forte autorifer
les Propri�taires � fe faire �riger des Edi-
fices fouventplus i�ngul�ers qu'admirables.
D'un autre c�t�, nous voyons tous les jours
des B�timents reconnus pour bons , qui
cependant ne font pas fans d�fauts» mais
ces d�fauts y font amen�s, de maniere que
leurs beaut�s y tiennent & en font, pour
awli-dire , inf�parables, EiTayez en effet
-ocr page 14-
xij          Avant-Propos.           '
(d'en fupprimer quelque partie que vous
croyez n'avoir pas droit d'y approuver,
l'enfemble y perdra, & ne pr�fentera plus
qu'une compoi�tion ordinaire. Il falloitdonc
oier y introduire ce que nous appelons
ici les licences de l'Art 5 mais, encore une
fois, il fallbit qu'elles y fulFent plac�es par
une main habile 3 un Artiite moins inf-
truit y auroit �chou�. Chez le premier,
les licences ont des charmes 3 chez le f�-
cond, toute n�gligence eft un d�fauts &
c'eft � quoi nos El�ves ne prennent pas
aiTez garde.
Dans ce m�me Chapitre enfin, nous
ayons condamn� les pilailres doubl�s, les
pilaltres �vaf�s angles obtus ou aigus >
les colonnes jumelles, les colonnes ovales,
enfin toutes les p�n�trations des corps qui,
f�lon les r�gles de la bonne Architecture y
doivent fe trouver f�par�s par des inter-
valles ou par des repos 3 ces derniers ten-
dant n�cel�airement � faire valoir les par-
ties qui demandent vi �tre aper�ues i�pa-
r�ment, & qui ne doivent fe r�unir que
pour en faire admirer l'enfemble.
f- '■ ■■�'■ ..'■■",.                                                       ■'.'. -■■■                                                         ■'■■■ ■'.,.,                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 ..■■'"■■ *''i
Chapitre 1114
* ;          Dans le deuxi�me Volume de cet Ou-
vrage, nous avons prouv� k n�ceif�t� de
-ocr page 15-
�V AN T~P R Ο Ρ Ο S. -        Xiij
donner � chaque Edifice un caract�re qui
lui rut propre. Dans l'un des Chapitres du
Tome lil que nous analifons, nous avons
envii�g� les moyens de parvenir � ce but :
pour cela nous avons trait� en particulier
des B�timents � un feul �tage, des B�ti-
ments � un �tage & demi, des B�timents
�. deux �tages r�guliers ; de ceux compo-
f�s d'un foubaiTement � rez-de-chauif�e &
d'un premier �tage au-dei�usj de ceux
compof�s d'un foubaiTement, d'un bel �ta-
ge, & d'un Attiquej de ceux compof�s
d'un ibubai�ement & d'un ordre coloi�al
-au-deifus, '&c. Nous avons aui�� fait plui�eurs
citations int�reiTantes des B�timents de di-
vers genres, �lev�s en France par nos plus
habiles Ma�tres, �c d�fcut� leurs diff�rents
effets , d'apr�s les principes r�pandus dans
ces le�ons $ principes qui ne font autre
choie que ce que nous tenons des Anciens
& de nos meilleurs Architecte � cet �gard.
Cette difcLiffi�ii nous a amen� � compa-
rer les diff�rentes hauteurs qu'on a donn�es
aux foubaflements , aux attiques, & les
rapports qu'ils doivent avoir avec les �ta-
ges r�guliers o� les Ordres pr�ildent. Del�
nos Temples, nos Places publiques, nos
Maifons Royales, nos Palais, nos H�tels,
nos belles Maifons particuli�res fe font
f appel�es � nous, afin, de fixer, pour aini�-
«f
-ocr page 16-
xiv           A VA N T**P R� Ρ � S*
dire, toute efpece d'irr�folution fur le �lyl�
de l'ordonnance de leurs fa�ades, & de
frayer � nos Elev�s fur cet objet, mie route
plus facile qu'elle femble ne l'avoir �t� jufqu'i-
ci. Nous avons auffi pr�f�r� de puif�r la plu-
part de nos pr�ceptes , d'apr�s nos B�ti-
ments Fran�ois, �lev�s, quant � leur or-
donnance ext�rieure , d'apr�s les plus c�-
l�bres exemples de la Gr�ce ; les bons Ar-
chitectes ayant envifag� ces Peuples, corn*
me les Cr�ateurs de la belle Arch�te&ure i
ou du moins, ayant reconnu qu'ils avoient
produit tant de mod�les de perfection en
ce genre, qu'on pouvo�t les regarder com-
me les Inventeurs de l'Art. D'apr�s cela,
nous n'avons pr�fent� � nos El�ves, dans
ce Chapitre, que les productions Fran-
�oifes, qui tiennent de plus pr�s � l'an-
tique, plut�t que de chercher � leur remplir
l'id�e des feuls Edifices Latins, qui, quoi-
que iublimes � beaucoup d'�gards, ne leur
offrent gu�res qu'une branche particuli�re
de l'Architecture, branche eiTencielle � la
v�rit�, mais qui n'�tant li�e , ni � nos ufa-
ges, ni � l'�conomie, ni aux mati�res que
nous employons, les �carteroit fouvent de
la route qu'ils doivent fuivre : car, au Heu
d'imiter pr�cif�ment ces anciennes pro-
ductions, ils doivent fe rendre compte des
moyens dont fe font fervi les Lefcor,
-ocr page 17-
ν
AvANT~PROP.ps.          .Xi
ks Manfard & les Perrault, pour produire
nos chefs-d'�uvre. Qu'eft-il befoin en effet
de pai�er les mers pour fe rendre t�moins des
efforts que des Peuples, ing�nieux' fans dou-
te , ont faits il y a deux mille ans ? ne devrons
onpas plut�t �tudier � fond les principes de
l'Art qu'ils nous ont tranfmis, concernant
l'ordonnance de nos B�timents. Nos El�ves
doivent donc apprendre de pr�f�rence, �
concilier ces pr�ceptes, plus convenable-
ment qu'on ne le fait aujourd'hui, avec no-
tre diftribution & l'emploi de nos mati�res.
Nous l'avons d�j� dit, il ne nous refte
gu�res qu'un pas � faire pour approcher
de la perfection : les dehors de nos Edi-
fices
nous offrent d�j� plus de noblei�e , plus
de dignit� ? que ceux du commencement
de ce i�ecle j mais, nous le r�p�tons, pour
s'�loigner de la petkeife du module, qu'on
reproche , peut-�tre avec raifon, a l'ordon-
nance de quelques-uns de nos B�timents,
pr�c�demment �lev�s, faire les Ordres trop
coloifaux, c'eft un abus, c'effc tomber dans
un autre exces. On pouroit m�me croire
qu'il femble que plus nos Architectes font
jeunes encore , plus ils afFe&ent d'agrandir
leurs ordres, dans l'id�e de paro�tre des per-:
fonnages importants ; mais, quelle erreur-
s'il nous eii permis de le dire, la vraie gran-
deur de l'Architecture conf�fte dans le
-ocr page 18-
xyj          Avant-Propos.
choix du module, & dans le ityle de l'or-
donnance , coniid�r� avec le motif qui fait
�lever l'Edifice. Qu'on y r�fl�chi�e , ce
n'eft pas en s'�cartant des limites pref*
crites de tout temps par la raifon, qu'on
parvient � enfanter des Chefs-d'�uvre.
Qu'on ceife aui�� de croire , comme on
ne le fait que trop fouvent , que pour
produire de vraies beaut�s, il faut imiter
n�ceiTairement les Ouvrages de la plus hau-
te antiquit�. N'en doutons point, ce <jue
nos Hifloriens nous ont d�crit fur ces
monuments eil plus v�ritablement utile
� la Peinture, � la Sculpture, qu'� l'Ar-
chitecture : ce qu'ils nous ont donn�
�toit fuffifant pour leurs Contemporains 5
mais ces defcript�ons deviennent pref-
que autant d'�nigmes pour la port�rit� ;
le flambeau qui nous �claire aujour-
d'hui , ne r�pandra certainement pas la
m�me lumi�re pour ceux qui nous fucc�-
deront.
Chapitre IV.
Nous avons pris occai�on, dans ce Cha-
pitre , de rapporter divers Dei�ms , non
des fa�ades enti�res de nos Edifices im-
portants , mais feulement les avant-corps
de ces m�mes fa�ades, ordinairement l'ob-
jet
r
-ocr page 19-
A V AN T-P RO Ρ Ο S.          xvij
jet �e plus difficile � traiter, apr�s Tamor-
tiiTement de ces avant-corps. Par les ima-
ges que nous offrons, quoiqu'en petit, on
pourra joindre l'exemple aux pr�ceptes.
Qu'on nous permette, cette occaf�on,
de r�p�ter ici , qu'aucun efprit de par'
tialit� n'a conduit notre plume 3 nous n'a-
vons garde de pr�tendre que nos obfer-
vations ayent force de loi 5 & nous^vons
la plus grande v�n�ration pour lts grands
Architectes que la France a produits :
mais ces grands hommes ne fe ibnt-ils ja-
mais tromp�s ? le vrai moyen de les imi-
ter dans ce qu'ils ont fait de plus agr�a-
ble, ne confiite-t-il pas � examiner avec
foin leurs chefs-d'�uvre , � les fuivre dans
leurs proc�d�s , � les �nier dans leurs
�carts, pour acqu�rir eniu�te l'art de lts
atteindre �c de les furpaiTer, s'il eil poifi«
oie. D'apr�s cette id�e, nous avons rifqu�
notre avis : jamais il ne nous eft entr�
dans l'efprit de pr�tendre faire la critique
de nos Ma�tres 3 & fi quelquefois, nous
nous fommes permis quelques obferva-
tions , on devra , fans doute , s'aperce-
voir , que nous ne nous les fommes per«
mues, que d'apr�s Iqs productions m�dio-
cres , dont il �toit bon de pr�venir k$
jeunes Artiftes, pour lefquels nous avons
eompof� ces Le�ons.
Tome IV.                                  ^
I
-ocr page 20-
xviij A F an T-P R ο ρ ο s.
Dans ce Chapitre, nous avons rapport�
les diff�rents avant-corps du Vieux-Lou-
vre , du Palais des Tuileries de du Luxem-
bourg 5 nous nous fommes plu � en faire
fentk les beaut�s � nos El�ves : en les in-
ilruifant, nous avons cherch� � nous �clai-
rer nous-m�me, comme le >but que doit
fe propofer tout homme �pris de la per-
fection de fbn Art. Il peut nous �tre ar-
riv�, fans doute, de nous tromper , dans
plus d'une de nos remarques : nous avoue-
rons nos fautes avec docilit�, il notre Ou-
vrage eil affez go�t� , pour exciter l'at-
tention des hommes plus �clair�s que nous.
Plus nous avan�ons, plus nous nous aper-
cevons de quelques n�gligences. : mais
malgr� ces taches, prefque toujours in�-
vitables , dans un Ouvrage. un peu �ten-
du , nous avons la confiance de croire que
ce Cours fera de quelque utilit�. Nous l'a-
vons dit quelque part 5 combien n'eut-il
pas �t� int�rei�ant pour nous, que le plus
grand nombre de nos Architectes euflent
�crit fur leur Art ? Que de v�rit�s de plus
n'aurions-nous pas eues � enfeigner � nos
Elev�s,.&■ quelles difficult�s de moins n'au-
rions-nous pas �prouv�es ? Car, nous fom-
mes bien �loign� de croire, comme le
pr�tendent la plupart, que la d�coration
eft de fantaifie, ou au moins arbitraire.
-ocr page 21-
Λ ν Ai�f * Ρ &ο po s*         xix
■A l� V�rit�, ks pr�ceptes qui k C�fnpo-
lent font courts j mais le raifonnement eil
infini ; d'o� il r�iulte qu'il y a plus de rai-
fonneurs dans cette partie , que d'Ar-
tiftes qui faiTent ufage de leurraifon. Mais
fans avoir �gard �. l'opinion de ceux-l�,
fans nous arr�ter aux d�fauts , donc
notre Ouvrage n'eft pas exempt, nous n'en
confeillons pas moins � l'El�ve & au jeune
Amateur, d'�tudier avec une forte de foin
particuli�rement ce que ce Chapitre con-
tient, parce que nous fommes perfuad�
qu'� beaucoup d'�gards , il ks mettra en
�tat de porter un jugement r�fl�chi, JorA
qu'ils viendront � viiiter ks principaux
Monuments de cette Capitale.
4 Nous avons encore donn� dans ce Cha-
pitre, d'autres exemples, & fait de nou-
velles obf�rv�t�Qrts fur les d�corations de
nos plus belles demeures � la campagne,
nous Pavons termin� par ks defcriptions de
quelques-uns de nos H�tels � Paris : &
pour prendre occaf�on de comparer l'ex-
cellent avec le m�diocre, nous n'avons pas
cru devoir toujours faire choix des plus
bdks produdions en ce genre : par ce
nioyen , nous avons pu avertit ��s beaut�s
qui doivent �tre imit�es par nos El�ves,
& des d�fauts qu'il leur convenoit d'�vi'
ter, pour arriver au fublime. De cette dif-
h ij
-ocr page 22-
XX           A V AN Τ - Ρ RO Ρ Ο $>
cui��on font n�es ri�ceffairement plui�eurs ob-
fervations int�reiTantes : ii elles ne plaifent
pas �galement � tous, elles n'en font pas
moins la route qu'il falloit fuivre , pour
�clairer v�ritablement ceux que nous avons
en vue d'inilruire > mais pour en bien
profiter, les El�ves doivent �tre pourvus
de g�nie, de go�t, .& f�avoir que le pre-
mier peut quelquefois fe paifer du f�cond 5
mais que jamais le go�t ne peut produire
de beaut�s r�elles fans le g�nie : que d'ail-
leurs, le go�t, comme nous l'entendons,
eft urie de ces choies qu'on ne peut ana-
lyferj qu'il doit �tre ienti , &; que c'effc
peut-�tre par la comparaifon r�fl�chie des
diff�rents go�ts, qu'on parvient � perfec-
tionner le i�en: qu'en un mot, fans le go�t,
fans le g�nie , on peut bien quelquefois
�>arvenir � faire une d�coration qui d�cel�
'homme inftruit j mais que trop de foin
dans la main d'�uvre, trop d'exactitude
dans les parties, alt�rent fouventle m�-
rite, & �tent � l'Art fa force, i� beaut�}
un grand Ma�tre vifant plut�t � l'effet g�-
n�ral, qu'� des d�tails minutieux, le lot
ordinaire de l'Artifte fubalterne.
Chapitre V.
Dans les quatre premiers Chapitres du
-ocr page 23-
Αν αν τ - Ρ no ρ os.          xxj
tro�i�eme Volume, apr�s avoir parl� d'une
mani�re g�n�rale fur l'ordonnance des Fa-
�ades : pour parvenir � la perfection de
l'Art, nous avons trait� en particulier,
dans le Chapitre V, des Portes , des Croi- .
f�es, des Niches, des Statues, des Fron-
tons, &.C. Dans le troiiieme Chapitre du
premier Volume de ce Cours, nos d�fi-
nitions fe font �tendues fur les diff�rentes
parties de la d�coration 3 mais , dans le
troii�eme Volume, notre but a �t� de ne
laiiTer ignorer � aucun de nos El�ves, la
                  !
meilleure maniere de parvenir � bien faire
chacun de ces objets, perfuad� que nous
                  ί
fpmmes de la n�ceffit� o� l'on eil, avant
d'arr�ter fa compoi�tion , de difcuter � fond
la ;�orme de ces diff�rentes parties de l'Ar-
chitecture, de confrater leurs proportions >
de m�diter les membres qui les rev�tent>
les ornements qui les d�corenti\ &c l'em-
Dtellii�ement qu'ils doivent procurer a la
                  1
d�coration des fa�ades. Dans., l'intention
de^ faire toujours remonter nos jeunes Ar-
chitedes � la fource ? nous avons com-
menc� dans ce Chapitre $ par leur offrir
quelques del�ins de portes, donn�s par Mi-
chel-Ange. Ces deffins, d'une compoi�tion
extraordinaire , � beaucoup d'�gards, leur
prouveront du moins les progr�s que l'Art
                  \
a faits dans ce genre, depuis cet Archi-                  f
h iij
-ocr page 24-
xxij          A^aNT-Prop�s.
te�fce c�l�bre dans fon temps, & dont plu-
sieurs autres productions tr�s-eftimables ^
lui ont fait accorder l'approbation de la
poit�rit�. Nous avons eniuite propof� quel^
ques exemples de portes 9 ex�cut�es fur
les Dei�ins de nos Architectes Fran�ois,
& avons accompagn� ces exemples de r�-
flexions , qui contribueront � en faire fentir
les beaut�s, & � en �viter les parties les
moins heureufes. Nous en avons uf� de
m�me pour les Croif�es : nous avons dit
� leur iujet, ce que ne doivent jamais ou-
blier, non-feulement les Architectes, mais
encore ceux qui fe m�lent de donner lts
projets d'un B�timent �■> c'eft que cette par-
tie de la d�coration doit �tre �tudi�e, de
maniere qu'elle produife une v�ritable
(beaut� dans ^ordonnance $ parce que cis
parties fe multipliant � l'infini, c'eft mul-
tiplier l'erreur, que de n�gliger leur rap-
port avec le ftyle de la d�coration pM Je
choix de leur forme y d'appauvrir leurs
cadres, ou de les furcharger au contraire
d'ornements mal entendus : le parallele
qu'on en fait ordinairement avec d'autres
parties plus heureufes, les rend plus infup*
portables encore par la comparaifon 5 mais
comment faire entendre ce raifonnement
mm jeunes El�ves qui d�butent, & qui k
plupart r�flemblent � ceux qui croient faire
-ocr page 25-
�~^^"^"^�
A^A nt-Propos. xxiij
des vers, parce qu'ils font rimer des mots.
En introduifant des colonnes dans leurs
premi�res compof�tions, ces El�ves s'ima-
ginent faire de l'Archite&ure > &c pour
avoir fuivi quelques Le�ons , &: def-
i�n� pendant plufieurs mois, ils fe regar-
dent comme des oracles, fans fe douter
que femblables � l'oranger , ils doivent
montrer des rieurs les premi�res ann�es de
leurs �tudes, Se enfuite des fruits j qu'autre-
ment , ils doivent s'attendre � ne jamais
montrer que des �corces.
Dans le m�me Chapitre , nous avons
trait� des Niches &, des Statues : nous
avons d�i�r� qu'on f�t un ufage plus mo-
d�r� des premi�res dans nos B�timents d'ha-
bitation , &; confirm� la n�cei��t� de faire
les f�condes d'une proportion aifort�e � la
grandeur des Niches , &: les unes &; les
autres au module de l'ordre qui pr�i�de
dans l'ordonnance. Nous avons prouv� ,
qu'autrement elles ne pr�fento�ent plus
qu'une richeife �ndiferete qui nuit fouvent
au cara&�re de l'Edifice. Nous en avons
dit autant pour ce qui regarde les Balu-
ftrades, les Frontons, les AmorthTements,
les SoubaiTements, les Attiques, &c. Nous
avons m�me fait fentir qu'il ne furnfoit
pas de f�avoir employer ces divers mem-
bres dans fa compoi�tion , que le grand
h iv
Vf.
-ocr page 26-
XX�V       �FANT'PrOPOS.
Art de Γ Architecte coni�ftoit � n'appeler
lui chacun d'eux, qu'autant qu'il pou-
voit contribuer � ai�igner un carad�re
diitindif � fon Edifice : que toutes ces
parties d�voient avoir un parfait rapport
entr'elles &; avec l'enfemble : que fans cette
belle harmonie, la compbikion ne pou-
voit �tre eftimable,, 8l qu'elle n'ofFroit au
Spectateur, qu'un amas confus amen� fur
la fc�ne par un efprit d�r�gl�; qu'en un
mot, tout Monument facr� > tout Edifice
public, toute habitation particuliere devote
avoir fon carad�re propre. C'eft ce qu'on
remarque affez poi�tivement dans les di~
verfes productions d'Hardouin Manfard,
peut-�tre PArchitede, qui parmi nous,
a eu le plus d'�mul�s ,δε le moins de ri-
vaux , de fon temps , 6c dans l'inter-
valle qui s'eil paiT� depuis lui jufqu'� nos
jours.
Ce Chapitre contient aui�i des Le�ons
fur l'eipacement des colonnes, 6c fur l'u-
i�ge des p�riilyles, dans la d�coration de
nos Temples δί de nos Palais : nous avons
difcut� l'opinion des anciens & des Mo-
dernes , fur les cntrecolonnements, &: fait
Voir que i� hs premiers rapprochoient ai�ez
pr�s leurs colonnes hs unes des autres ,
c'�toit moins pour produire de vraies beau-
t�s, que pour fatisfaire aux lois de la fo-
-ocr page 27-
Avant »Propos. χχϋ
lidit�, qui, de leur temps, n'�to�ent pas
parvenues au point de perfection o� on
les a port�es chez nous, depuis eux$ auff�
avons-nous, dans nos El�ments , recom-
mand� aux jeunes Architectes de fe pr�-
munir , au moins des premi�res connoii-
fances de la conftru&ion, avant de vou-
loir commencer le moindre de leurs pro-
jets. Sans doute , leur avons-nous dit, une
bonne th�orie, la ledure des meilleurs Au-,
teurs, des voyages faits avec fruit , font
de grands avantages 5 cependant n'oubliez
jamais que ces connoiflances acquifes font
iniliffifantes , fans la pratique : que ians
cette partie eiTencielle , toutes les autres
deviennent inutiles , &: ne font que des
Architectes imparfaitsj que pour �tre c�-
l�bre dans cet Art, il faut r�unir la fcience
au m�tier. PveiTouvenez-vous, leur avons-
nous dit encore , que l'afpecl; des dehors
& la beaut� de leur ordonnance, doit
inviter � paifer dans les dedans d'un Edi-
fice 3 que les dehors doivent annoncer le
degr� de magnificence qu'on doit remar^
quer dans les dedans 3 qu'une d�coration
ext�rieure i�mple, doit d�i�gner des Appar-
tements de m�me genre 3 des dehors fomp-
tueux, une grande opulence dans l'in-
t�rieur : que la porte d'entr�e, les cours,
leurs d�pendances, les jardins de propret�,
.
-ocr page 28-
xxvj Avant-Propos*
font autant d'objets qui doivent fe rei��ntir
de la naiifance, ou de la vie priv�e du Pro-
pri�taire, Ces r�flexions, n'en doutons point,
devroient guider l'Architecte dans l'emploi
�ts colonnes, &, par conf�quent pour les en-
trecolonnements &les p�nftyles , dont nous
avons trait� dans ce Chapitre: perfuad� de
ces principes de convenance, il les ferok en-
trer dans les Monuments du premier ,or-
dre , rarement dans les B�timents de peu
d'�tendue , �c jamais dans les Maiibns
particuli�res.
Nous avons enfin termin� ce Chapitre
par traiter du changement qu'il convient
d'apporter entre la hauteur r�elle des mem-
bres d'Architecture �lev�s les uns au-dei�us
des autres dans la d�coration des fa�ades ,
& la hauteur apparente, qui feule eit aper-
�ue : pour cela, nous avons �tabli, d'a-
pr�s le fentiment des meilleurs Architectes
� cet �gard, des points de diftance relatifs
� l'�tendue & � l'�l�vation des B�timents.
Nous avons prouv� que pour parvenir �
bien juger l'effet de fa compoiition ; il fal-
loit d'abord d�cider le point de diftance
&: le point de vue, fuivant le local & les
r�gies de l'optique j qu'aifez g�n�ralement y
dans les fa�ades des B�timents qui n'a-
voient gu�res plus de bafe que de hau-
teur , telle que la porte, Saint-Denis , �j
-ocr page 29-
Avant-Propos» xxv�j
falloit regarder cette bafe comme celle d'un
triangle �quilat�rai, du Commet duquel fe-
roit fix� le point de di'ftance : que pour
trouver celui dont la longueur exc�de de
beaucoup la hauteur, comme le P�riityle
du Louvre, ou au contraire, celui dont
la hauteur furpaiTe la bafe, tel qu'au por-
tail de Saint-Gervais, il falloit prendre en ,
ces deux cas la moiti� du produit de l'une
& de l'autre dimeniion, pour trouver la
perpendiculaire d'un triangle ifbcele, dont
le fommet ferok le point de diilance de-
mand� 3 mais toujours eh fuppofant que
les lieux d�couverts qui entourent l'Edi-
fice, permettent ces diff�rents points de
diitance, puifqu'autrement', il faudroit s'af-
fuj�tir au point de itation prefcrit, & pren-
dre de moyennes Arithm�tiques entre ce
point donn� & celui �tabli, ou par le trian-
gle �quilat�rai, ou par le triangle ifoc�le
propof�.
Chapitre VI.
Nous avons examin�, d'une maniere g�*
n�rale, dans le i�xieme Chapitre, l'ordon-
nance de la plupart de nos Temples, com-
me \ts Monuments qui tiennent de plus
pr�s � la belle Archite&ure. Nous avons
compar� le Val-de-Gr�ce avec les Inva-
lides , la Sorbonne avec 'les quatre Na-
-ocr page 30-
XXVlij AV ΑΝ Τ -Ρ RO Ρ 0 S.
tions, l'Eglife de Saint-Sulp�ce avec celle
de Saint - Roch , l'Eglife des Dames de
Sainte-Marie, pr�s la porte Saint-Antoine,
avec celle des Dames de TAiTomption
porte Saint-Honor�, Sec. Dans cette com-
paraifon, nous avons faii� la marche que
nous d�lirons que nos El�ves iuivent � leur
tour, dans l'examen de ces divers Edifices,
afin qu'ils s'aper�oivent, par cette �tude
fuivie, des diff�rentes nuances qui les ca-
rad�rifent. Confid�r�s f�par�ment, ils doi-
vent �tre envifag�s comme les Mui�s, qui,'
quoique �gales entr'elles, & fe pr�tant de
mutuels fecours, ont n�anmoins des ex*(
prenions particuli�res qui les d�fMnguent
les unes des autres.
Dans les courtes defcriptions que nous
avons faites de ces Temples, nous avons faii�
l'occafion de faire l'�loge de Fran�ois Man-
i�rd j furnomm� le Grand■ j pour le diftingtier
de Jules Hardouin Manfard fon neveu ; ce
dernier �toit certainement un g�nie fublime :
mais la poft�rit� ne lui a pas accord� ce glo-
rieux titre 3 tant il cil vrai qu'on peut �tre un
bon Architede, &: ne pas m�riter cette
�pithete. Qu'on y prenne garde j pour par-
venir � cette di�Hndion , il faut poff�der
des r�gles s�res, une pr�cii�on & une cor-
rection , qui feule a �lev� Fran�ois Manfard
au-deiTus de tousjes Archkedes de fon
-ocr page 31-
Ar αν τ -Ρ Ko ρ ο s.        xxix
temps, &, peut-�tre du n�tre. Il eil vrai
que le plus grand nombre de ceux de nos
jours ont fecou� le joug des entraves que
la m�diocrit� avoit impof�es aux. Ouvra-
ges �lev�s, Π y a environ trente ann�es ; mais
on peut dire auffi que la beaut� des produ-
ctions de ce grand Ma�tre a difparu avec lui.
Nous nous permettons ces r�flexions,
non pour faire la cenf�re de nos Ou-
vrages modernes, mais pour apprendre
de bonne heure � nos jeunes Artirfes,que
pour arriver � la perfection, il faut qu'ils
�tudient fans cei��, & qu'ils fai��nt enforte,
comme nous leur avons recommand�, dans
l'introduction du Volume pr�c�dent, que
toutes leurs �tudes, leurs lectures tournent
au profit de leur Art, fur-tout qu'ils re-
lifent les Auteurs � plus d'une reprife, &
faiiii�ent les rapports que toutes les par-
ties de la litt�rature peuvent avoir avec
leur talent , foit dans les livres qui par-
lent de th�orie, des Sciences &: des Arts,
foit dans ceux qui traitent de la Logique,
de la Po�ire > car toutes ces diverfes pro-
ductions leur offrent tour � tour, ou des
id�es utiles, ou de pur agr�ment, qui, dans
la fuite leur fourniront les moyens de i�n-
tir? de faifir, de fe former le gout. N�an-
moins., il faut qu'ils fe reifouviennent de
mettre du choix dans leurs le&ures : ce
-ocr page 32-
xxx � ν αν τ ^Propos.
n'eit pas en lifant beaucoup, c'eft en 11-
faut avec m�thode &i avec r�flexion qu'on
acquiert la fcience $ car, quoique la c�-
l�brit� d'un Auteur invite � lire tout ce
qui fort de fa plume, il n'appartient pas
� tous de le lire avec fruit. Encore une
fois, qu'ils y r�fl�chil�ent 5 une fleur n'effc
quWe fleur pour le papillon s c'eiLun ri-
che patrimoine pour fabeille : cependant
la plupart de ceux qui ont en vue de fe
former � devenir originaux dans leurs pro-
ductions , fe contentent de copier celles
dont on leur vante Vtxc�lmct > & ils bor^
nent leurs recherches � devenir de froids
imitateurs des mod�les qu'ils ont fous leurs
yeux; fans prendre garde que prefque tout
chez nous , fans excepter l'Architecture ,
eit fujet � une mode paiTag�re & prefque
momentan�e : enfin} fans vouloir les d�coiv
rager, combien ne remarque-t-on pas, en
examinant les compositions de plui�eurs,
qu'ils ont encore befoin de P�uil du Ma�-
tre ? On obferve qu'ils ne f�avent retran-
cher ni ajouter � leur premiere penf�e.
On s'aper�oit m�me qu'ils n'ont produit
cette penf�e que dans un de ces moments
heureux o� l'imagination s'accorde avec
le pr�cepte, & qu'ils ont bient�t ceiT�
d'�tre ce qu'ils �toient, lorfqu'il s'en: agi de
combiner, de r�fl�chir �c de produire. On
k
-ocr page 33-
A r An τ-Pr o ρ o s. xxxj
voit enfin qu'ils ont manqu� de perf�v�^
rance, fans faire attention que tout ce qu'on
d�robe � l'ignorance , tourne n�cel��ire-
ment au profit du talent.
De tous Iqs Monuments que nous avons
cit�s dans ce Chapitre, nous n'avons don-
n� pour exemple que le Frontifpice du
Val-de-Gr�ce, parce qu'il nous a paru fu-
p�rieur, du moins jufqu'� pr�fent, � tous
ceux avec lequel nous l'avons mis en pa-
rallele. Malgr� cela , nous n'avons pas
diffimul� les d�fauts dont il n'eft pas
exempt ; cet Ouvrage c�l�bre, ainfi que
perfonne ne l'ignore, n'ayant pas �t� con-
tinu� par Fran�ois Manfard.
Nous avons fait des obfervations un peu f�-
v�res, quoiqu'impartiales, fur les autres Edi-
fices de ce genre ; parce qu'il nous a i�mbl�
qu'il falloit que ces obfervations tombaifent
fur nos Edifices Fran�ois, ayant de jeunes
Citoyens � infbruire. Nous avons penf�, d'ail*
leurs que plus un Arch�te&e a de c�l�brit� ,
plus Cqs fautes deviennent dangereufes 5
parce qu'elles font imit�es par le plus grand
nombre. Il y a peu d'El�ves en effet qui
ioient en �tat d'appr�cier les ouvrages
qu'ils examinent y & fouvent la r�putation
des Auteurs leur en impofe.
Nos Le�ons envifag�es de ce c�t�, nous
procureront fans doute des approbateurs 5
-ocr page 34-
XXXij         Αν ΑΝ Ύ - Ρ R OP O S.
mais dufl�ons-nous n'en trouver aucun parmi
nos Contemporains, la qualit� de Citoyen ,
i� on nous l'accorde 7 nous paro�tra pr�f�ra-
ble � Teloge qu'on pouroit faire de nos ta-
lents &: de notre z�le.
Chapitre VIL
Dans le feptieme Chapitre, nous avons
donn� plui�eurs exemples d'Edifices facr�s
de notre composition, comme le fruit des
recherches que nous avons faites � cet
�gard. Nous n'avons pas pr�tendu offrir
des chefs-d'�uvre ; mais feulement pr�fen-
ter des id�es, qui, trait�es par de meil-
leures mains, pouront peut-�tre faire re-
ftituer � nos Temples ce degr� de fubli-
mit� que doivent offrir Iqs Monuments �le-
v�s � la Religion. Nous avons d'abord of-
fert le Plan d'une Egl�fe Cath�drale 3
cnfuite le Plan d'une Egl�fe Paroii��ale,
d'un nouveau genre de diffcr�bution , en
propofant aui�i quelques changements dans
l'ordre uiit�, lors du fervice divin (a), ce
(a) Nous nous fommes crus autorif�s � ces changements, en
confid�rant les ufages particuliers conferv�s daus l'Eglife de
Saint-Jean de Lyon, une des plus anciennes de l'Europe, 8c
dont elle ne s'en: jamais �cart�e. Par exemple ; au rapport de
M. l'Abb� .Pernetti, dans ion Tableau de Lyon , on y voit
deux Croix fur l'Autel, qui d�i�gnent la r�union de l'Eglife
Grecque avec la Latine. On n'y fait ufage, ni d'orgues , ni de
mufi^ue, ai de livres, pendant la ��l�bjiatioit de l'office, &c. &c.
qui
-ocr page 35-
,Akant-Prop ο,$* xxx�ij
qui, par-l� m�me* rencontreroit peut-�tre
quelques difficult�s , parce qu'on paro�t plus
attach� � la routine qu'au d�iir de bien
faire, que d'ailleurs la plupart des Mini-*
lires des Autels femblent ie roidir contre
toute efpece d'innovation, & que le plus
grand nombre de nos Architectes applau-^
dit rarement aux comportions qui ne for-
tent pas de leur crayon, Au reite , nous
l'avons d�j� dit, nous fommes fans pr�tent
tion, & nous n'offrons gu�res ces projets, l�
l'on veut) que comme dts efquuTes^ Ge-
pendant, nous pouvons le dire ici, ils n'ont
pas la�iF� d'�tre applaudis de plus d'un Pr�lat,
qui d�lirant le bien, en faveur des beaux Arts^
ne d�firent pas moins auffi que la d�cence
r�gne dans nos Temples, &: que les c�r�mo-
nies religieufes s'y faifent avec plus d'�clat,
&., tout enfemble , avec la dignit� due
aux lieux Saints.
Apropos de ce projet, nous avons rap*
port� avec la i�nc�rit� dont nous faifons pro*
feffion , la reiTemblanc� que notre Plan
s'eft trouv� avoir avec celui; de l'Eglife de
Saint-Amand, pr�s de Valenciennes 6 que
nous ne connoiffions pas alors. Apr�s en
avoir �t� initruit, nous nous fommes tranf»
port�s fur les lieux, o� effectivement nous
avons reconnu une partie de nos id�es j mais■ j
loin de nous d�courager par cette remarque*,
Tome IP^a                                  �'
-ocr page 36-
xxxiv A ν α η τ-Ρ κ ο ρ ο s.
cette reiTemblance nous a paru une raifonde
plus pour offrir cette nouvelle compoiit�on,
telle que nous l'avons con�ue, d'apr�s les di-
verfes parties les plus int�refTantes qui fe
trouvent r�pandues dans nos Eglifes ancien-
nes 8c modernes : r�union au reite, que nous
ibumettons aux lumi�res des vrais Patrio-
tes, &: des v�ritables Archite&es.
Apr�s le Plan de notre Eglife Cath�drale
& de notre Eglife Paroiffiale, nous avons in-
i�r�, dans ce m�me Chapitre, celui d'une
Eglife Conventuelle, dont nous avons auffi
donn� les �l�vations & les coupes, parce que
le parti que nous avons pris, pour*ce qui
regarde l'ordonnance de cette Edifice, nous
a paru neuf, & m�riter quelque attention.
Le projet de cette Eglife /fait pour la Flan-
dre, nous a pr�fent� plus d'un obftacle �
vaincre, quand il a fallu furmonter les en-
traves auxquelles on nous avoit ai��j�ti :
nous en avons rendu compte � nos El�ves,
lors de la defcription de ce Monument 7
pour les avertir qu'il ne faut jamais ten-
ter de projets en Pair, &: que dans l'e-
x�cution, Pon eil prefque toujours g�n� ,
ou par le local, ou par la n�cei�it� de s'af-
iiij�tir � d'anciennes fondations, ou enfin
par des raifons d'�conomie. Peut - �tre
trouvera-t-on cet Edifice un peu consid�-
rable, pour une Eglife conventuelle ι mak
-ocr page 37-
Ar ah τ-Ρ ζ op o s. χχχϋ
loriqttfon fe rappellera la grandeur de cello
de Saint-Amand, que nous venons de ci-
ter, celle de Vigogne, � deux lieues en-
de�� 3 enfin la plupart de celles �lev�es eri
Flandre, � Anvers, & dans le plus grand
nombre de nos Provinces, on fera moins
furpris de l'�tendue de ce projet. D'ail-
leurs, qui dejious ignore que dans tous
les temps, dans tous ks pays de la Chr�-
tient�, les Monaft�res ont �t� confid�ra-
bles, & perp�tu�s, pour aini�-dire, jufqu'�
l'exc�s (i)j Paris m�me n'en renf�rrrie-t-i�
pas un aiTez grand nombre, de tr�s-vait�s
dans le genre Gothique, pour concevoir
que i'Eglife d'une Abbaye de Chef d'Or-
M�&P11 en *V? atU rapport d'un de nos Ecrivains, dans l'A-
ie nom 2�Sr e -e l **&*?? que les Ancieils ont donn�e Vous
a ��Lt� �°P1^qU1 n �toient pas moins faim�, par
ja grandeur des Edifices que par le nombre des Religieux.
SiteTW8 r�^ou� celui de l'Abb� Euflat, dans le rL�^
vWn� �S i "T <Η ΓΰΓ Une m°nta*nc tr�s-�lev�e3 &7en-
pSs viS ffWAS6 mIIe Moines 5 dans Jcs cam-
bre0 de ��SS f01t du>rfe\Un beaucoup plus grand hom-
foSesiu^*AifclaepftI1,cte*,ec qui to�tes �t�ien�
A�S « �
          "e ,Abb� ' & aV01ent chacune leur Efilife Cet
U νί^Α^Ά Ie titre de Chef g�n�ral de lOrdfe t'enoi
Mobes ��ont� V ^f', «ccompagn� de cent Saquante
W' e "; /U1' d^S Mules> ? V�ms dc grades robes
jourd�ui ' Γ donnoiT » cort�ge un air majeftueux. Au-
Vexift, �de ce, Sfand noitlbte d'Eglifes & de Cellules il
�� �Ucui IK qUe de ίϊ�< ^arures > * l'on n'ap'er:
-ocr page 38-
xxxvj Avant-Propos.
dre > doit occuper une place plus conf�d�-
rable que celle d'un Couvent ordinaire.
Apr�s cette Egl�fe Abbatiale �c Conven-
tuelle , on trouvera le Plan 6c la coupe
d'une Eglife en rotonde, que nous avons
compof�e pour l'Abbaye Royale de Saint-
Louis � Metz, &; dont nous avons donn�
le Frontifpice dans le deuxi�me Volume
de ce Cours, Planche XXXIV. Ce pro-
jet , quoique peu coni�d�rable , ne laii�e
pas de devenir int�rei�ant, par fa difpo-
Etreii & par fon ordonnance 3 au refte,
nous croyons qu'on nous f�aura quelque
gr�, d'avoir cherch�, autant, qu'il nous a
�t� poffible, � affigner un caract�re dii-
tinctif � chacune des productions que con-
tient ce Chapitre, fok qu'on les envifage
f�par�ment, du c�t� de la diftribution ,
foit qu'on les coniid�re du c�t� de la d�-
coration : il fera plus aif� de s'en coiv�
vaincre encore , �orfq�e dans la fuite ,
nous donnerons les �l�vations, les coupes
Se les d�veloppements de notre Eglife Ca-
th�drale Se Paroiffiale, qui n'ont pu faire
nombre parmi les Planches de ce Cours,
",■'*■■                                      I
Chapitre VIII.
Moins pr�venus qu'on ne fe l'imagine,
far les div�rfes productions de l'Italie, nous
-ocr page 39-
A V Α Ν Τ-Ρ R Ο Ρ Ο S.         XXXV�j
avons fait un choix de la plupart des fa�ades
des Palais de Rome, &i en avons donn� la
defcription avec toute l'impartialit� dont
nous iommes capable3 il eil vrai, qu'en ren-
dant juftice aux vraies beaut�s qui font r�-
pandues dans ces fa�ades, nous n'avons pas
cru devoir n�gliger d'obferver les parties
moins heureufes qu'il feroit bon d'�viter dans
nos comportions Fran�oifes. Pour prou-
ver notre �quit� � cet �gard , nous avons rap-
port� aui�i clans ce m�me Chapitre ? pluiieurs
fa�ades ex�cut�es par nos habiles. Ma�tres, 5
afin que d'apr�s ce parallele , on ptiii��
s'aiTurer du choix que Ton dort faire de
l'un ou de l'autre genre. Nous avons fait
plus 3 nous n'avons pas toujours offert 3
dans ces derniers exemples, les compo-
rtions le plus univerfellement reconnues
pour bonnes, afin, d'une part^ de ne pas
chercher � faire pencherja balance en
notre faveur, & de l'autre, de fa�i�r cette
occafion pour fixer nos El�ves fur le genre
de leur imitation.
Apr�s avoir trait� de ta d�coration des
Palais ,�& de nos beaux H�tels, nous avons
termin� ce Volume, par offrir quelques
exemples de fa�ades de Maifotis particu-
li�res 3 l'Architede le plus inflru�t ne d�-
daignant pas de pr�ter fes talents pour
�lever ces fortes de B�timents, qui y' bien,
-ocr page 40-
xxxviij Ar an t-Pr opo si
confid�r�s, contribuent plus qu'on ne s'i-
magine, � l'embelliiTement de nos Villes.
Nous finirons cette R�capitulation, par
ai�urer que nous aurions bien d�lir� nous
r�p�ter moins, dans notre narration5 mais
nous avons regard� la r�p�tition comme
une chofe n�ceiTaire dans un Ouvrage tel
que celui-ci, fur-tout ayant eu deiTein, dans
les principes qu'il contient, de faire en-
vifager � nos El�ves, les nuances prefque
imperceptibles, qui peuvent fe rencontrer
entre une production & une autre pro-
duction y fur-tout quand il s'agit d'appr�cier
une belle ordonnance, & de la diftinguer de
l'ordonnance fublime, ou au contraire de
reconno�tre une Architecture m�diocre d'a-
vec une Architecture au-deiTous de la m�-
diocrit�. Enfin, nous apporterons pour ex^
cufe, ce que M. de Voltaire a dit, au
fujet de Vaugelas : II moucha, dit-il, pen-
dant trente ans fa traduction de Quint-Curce >
IVL de Voltaire ajoute, que tout Auteur
qui voudroit bien �crire devrait corriger
les Ouvrages toute fa vie. Nous avons �t�
bien tent� de iiiivre cette le�on} mais nous
nous fommes d�j� expliqu� fur le motif
qui nous a d�termin� faire paro�tre cet
Ouvrage : d'ailleurs , oblig� le plus fou-
vent de porter toute notre attention aux
pr�ceptes de l'Arc i il a du nous arriver
-ocr page 41-
A VA Ν T-P R Ο Ρ Ο S. XXX�X
n�ce�Tairement d'en n�gliger le ftyle : trop
heureux i�, avec ces d�fauts, nos Le�ons
deviennent aiTez lumineufes, pour former
des Emules, qui un jour puiilent en cor-
riger Iqs imperfections.
Apr�s avoir donn� le pr�cis des huit
Chapitr�s du Volume pr�c�dent, nous al-
lons offrir ici quelques nouvelles Obferva-
tions fur l'Archiu�ure i
elles feront pr�-
c�d�es d'une courte DiiTertation, qui aura
pour objet de faire comprendre � nos El�-
ves, qu'apr�s avoir acquis les pr�ceptes de
l'Art, ils doivent s'attacher � concevoir
ce qui conilitue les talents, le go�t &; le
g�nie du v�ritable Architecte.
c �v
-ocr page 42-
Ι                                                                                                                               ."TE                                                                       TV
-, r .- - - η -. .. y ν, > -γ y...
■■■■■.;                                                                                               -'■■'...                                                                                                                                                                                                                                   - ,- .-. ■».» '
D IS S ΕΚΤΑ Τ10 Ν
.                                         .■.-..'::■■.■                                         . ,                          ... : � :'.■>,. .s / :.Γ'<
sur differentes parties
de l'Architecture.
Moyen de concevoir en quoi con-
siste LE TALENT
, �� GOUT ET L%
g�nie du v�ritable Architecte,
i ■ '■ ΠΙΟ ; - ■ l'7'J ι : * "' $ �'. : \ '
De l'homme � talent en Ar.chueclure,
ju 'homme � talent, comme nous Penten-
dons, �ft celui, qui verf� dans les connoif
Tances de la th�orie de 1 Architecture, $ζ
de la pratique du B�timent, ne produit
rien, fans s'�tre rendu compte des pro-
portions �tablies parles Anciens, & fu�vies
par les meilleurs* de nef Modernes : c'eft
celui qui, par la.f�ience des combinajfons,
f�ait obferverdes rapports ©xa&s , entre
les maifes & les principales parties de fon
Edifice : celui qui, �pris ^es r�gles de PArt
&: des lois de la fyni�trie, f�ait r�unir dans
fon projet, la dillribution des deliors avec
celle des dedans, la d�coration ext�rieure
avec l'int�rieure, enfin la folidit� avec T�«
conomie qui doit �tre obferv�e dans tous
les divers genres d'entreprifes,
Tou�es ces qualit�s font ex�ellerites, fans
-ocr page 43-
Dissertation sur l'Architect, xlj
doute, dans un Architecte 5 mais combien
n'en voyons-nous pas qui, pour s'en �tre
tenus � ces feules parties de l'Art, n'ont
gu�res produit que des comportions cor-
rectes , � la v�rit�, mais froides �c mono-
tones, &. ou Ton s'aper�oit qu'ayant voulu
feulement imiter les Anciens dans leur or-
donnance, ils ont n�glig� d'autres objets
non moins eifenciels, d�couverts par les Mo-
dernes, tels que la commodit� & la falubri-
t�: faute d'avoir r�fl�chi que l'Architecture
eil toujours imparfaite, lorfque l'on ne (c'ait
pas parvenir � concilier eni�mble l'utile ,
le commode Si le grand.
Pierre l'Efcot, par exemple^ eil le pre-
mier , par fon talent d�cid�, qui ait fait
revivre en France, les pr�ceptes des Ar-
chitectes de l'Antiquit�, δ: celui qui les
^ Cuivis d'aflez pr�s, pour ce qui regarde
ia proportion &: le ftyle de l'ordonnance
ext�rieure de la Cour du Vieux-Louvre.
Oeil fous lui que les Delorme & les Man-
iard font devenus des hommes � talent 5
� leur tour , ceux-ci ont fait �clore les
talents de pluiieurs des Architectes qui leur
ont^ fucc�d� : mais il n'en eil pas moins
vrai, juger ces derniers Architectes, par
leurs productions , qu'ils ne doivent gu�res
^etre consid�r�s que comme des imitateurs,
& non comme des hommes de go�t, ni
-ocr page 44-
xlij         Dissertation
comme des hommes de g�nie, qualit�s ei��n-
cielles^ n�anmoins, pour parvenir � l'excel-
lence �c � la fublimit� de l'Art.
Pour convaincre nos Lecteurs de ce que
\ nous avan�ons, citons quelques B�timents
�lev�s par les hommes � talent dont nous
parlons , �c ils nous paro�tront v�ritable-
ment recommandables, par l'application
des r�gles de l'Art employ�es dans l'or-
donnance de leurs fa�ades j enfuite nous
en examinerons d'autres, o� le go�t fem-
ble pr�valoir fur les pr�ceptes : enfin nous
parlerons de ceux qui nous paroiifent en-
core l'emporter fur les pr�c�dents, par le
g�nie de leurs Auteurs.
Dans la fa�ade de la Cour du Vieux-
Louvre y l'une des belles productions de
l'Archite�ture Fran�oife, on y obferve
fans doute une puret� Se une �l�gance di-
gne du beau ii�cle d'Ath�nes : mais com-
bien n'y remarque-ton pas aufli de membres
d�plac�s & d'ornements disparates, quoi-
qu'admirables, qui nuifent � la perfection
de ce premier de nos chefs-d'�uvre?
N'en peut-on pas dire autant des fa�a-
des ext�rieures du Palais des Tuileries,
�lev�es fur lesDei�ins de Philibert de Lorme,
cet Architecte ayant �t� moins bien f�-
cond� que Pierre l'Efcot, par le miniftere
de la Sculpture, cette compofition paro�t
ν
IMMi
__�>ΜΜΜΜ1
-ocr page 45-
sur l'Architecture. xl�j
au-deiTous de ion mod�le j les colonnes
Ioniques �ts Pavillons de ce Palais, du
cot� des Jardins, font prefque les i�uls ob-
jets qui m�ritent v�ritablement des �loges �
encore faut-il convenir qu'elles offrent une Γ
richeife indifcrete qui nuit au caracl�re
moyen de cet Ordre : de mani�re qu'on ne
peut gu�res eilimer cette production,que par
ces m�mes colonnes 6c par la f�avante cor-
rection des profils que cet Architede tenoit
de ion pr�d�ceifeur, δ� celui-ci des Anciens.
Fran�ois Manfard � Blois , � Maifons
& ailleurs , eft celui des Architedes 5
qui a le plus approch� des deux pr�-
c�dents : on peut m�me avancer qu'il
lts a furpail�s , dans le vrai talent de
i'Architedure , parce qu'il a f�u y aifocier,
fur-tout � Maiibns y la puret� du Deffin
avec8 la perfedion des ornements. Plu-
i�eurs n�anmoins lui reprochent la pet�-
teife des Ordres de ce Ch�teau, ԣ pr�-
tendent qu'il s'eft trop attach� aux r�gies.
Cette observation n'eil peut-�tre pas fans
fondement : mais elle ne doit pas nous em-
p�cher d'admirer ce miracle de l'Art.
On peut encore ranger au nombre dts
Architedes d'un v�ritable talent, Lib�ral
Bruant, M. Cartaud, &; plufieurs Archi-
tedes c�l�bres de nos jours, dont les pro^
dudions peuvent �galement fervir d'exem-
-ocr page 46-
χΐίν          Dissert�t ι ο ν
pies a ceux de nos El�ves qu� ont acquis
aiTez de conno�iTances pour marcher fur leurs
traces : mais que pjuiieurs, ne s'y trompent
pas, les talents particuliers ne font pas abfo-
lument rares j la difficult� eft d'atteindre aux
talents univerfels : on peut �tre habile dans
l'Architecture militaire ou navale, &: ignorer
la civile. Il y a plus ; dans la derni�re , ρΐιι-τ
iieurs excellent, l'un dans la Diftribution ,l
l'autre dans la D�coration y celui-ci dans la
Conftru&ion, celui-l� dans le Jardinage: mais
rarement la th�orie, le go�t &; la pratique
fe rencontrent dans le m�me Artifte. Ce-
pendant le v�ritable Architecte doit poif�-
der � fond toutes les parties qui condiment
PArchite&ure. Qu'on y prenne garde j il
n'en eft pas de cet Art, comme de celui de
la Peinture : on peut n'�tre que Peintre d'Hi-
ftoire, de Payfage, de Marine, de Por-
trait, ffe paiTer pour un excellent Peintre 5
mais on n'eft jamais tin excellent Archi-
tecte fans r�unir tous les genres de talents
dont nous parlons, &; qui feuls peuvent le
d�cider comme tel,
De Γ homme de go�t .en Arcktteclitre.
L'homme de go�t, comme nous le con-
cevons, eft celui qui f�ait ai�bcier le ftyle
de fon Architecture � la convenance du
-ocr page 47-
'■ν                                               ■ . ' ' :^ .� ■ ■
sur l'Architecture.           >*I*
B�timent 5 qui f�ait diminuer ou augmen-
ter les grandeurs d�termin�es par les pr�-
ceptes de l'Art, � raiibii du point de dii-
tance, d'o� doit �tre aper�u l'Edifice ;
c'eft celui qui f�ait faire choix des orne-
ments, fixer leurs attributs, leurs all�go-
ries & leur relief. L'homme de gout f�ait
fe rendre compte des fecrets de fon Art,
tirer parti des formes, concevoir quand il
doit les fym�trifer ou les eontrafter : il eft
le/eul qui puifle � propos, franchir les li-
mites preferites par les r�gles, &: aller au-
de-l� du pr�cepte, fans fe permettre n�an-
moins des licences que le go�t pouroit
defavouer. Qu'on y prenne garde j nous
avons tous un gout naturel pour le beau :
mais il eil difficile de concevoir en com-
bien de nuances il fe partage. Il s'en faut
bien que le beau excite dans tous les hom-
mes les m�mes fenfations : ce qui pla�t �
l'un} fouvent d�pla�t � l'autre�, &, quoiqu'on
s'accorde ai�ez g�n�ralement fur les v�ri-
tables beaut�s de l'Art, n�anmoins ce qui
paro�t admirable a celui-ci, ne fait fou-
vent �prouver qu'un m�diocre plaiiir �
celui-l�. Gardcns-nous cependant de nous
plaindre de cette diverfit� d'opinions : c'eit*
n'en doutons point, � cette eipece de
contradiction qu'on doit, pour ainf�-dire ,
ie v�ritable degr� de perfection o� nous
-ocr page 48-
xlvj             DIS S ERTATI ON
voyons porter aujourd'hui la plus grande
partie des productions de l'Architecture.
Tout Artiite qui veut r�ui�ir dans fes
compoiitions, doit faire marcher le go�t
dont nous parlons9 � pas �gal avec les
principes de fon Art, & f�avoir que c'eil
par fon af�bci�tion avec les r�gles fonda-
mentales de l'Architecture qu'on peut par-
venir � faire des chefs-d'�uvre. Nous le
r�p�tons : les r�gles feules ne peuvent gu�-
res former que des hommes froids &: m�-
diocres. Le go�t r�uni aux r�gles, forme
le bon Architecte. Il eil vrai que le go�t
» feui.eil infuffifant 5 les pr�ceptes lui appren-
nent � r�gler les maf�es de fon Edifice, �
d�cider les nus, � d�terminer les rapports
que doivent avoir enfemble les diff�ren-
tes parties 5 mais au moins eit-ii s�r que
c'eil au go�t � les juftifier, � les faire va-
loir &; � les embellir.
Peu d'Architectes ont excell� dans la
r�union de ces deux parties : Fran�ois
Blondel &C Claude Perrault font ceux qui
ont le plus r�uni les r�gles &; le go�t de
l'Art dans leurs productions, l'un dans le
monument de la Porte Saint-Denis , qui
peut palier pour l'un de nos chefs-d'�u-
vre h l'autre, dans la fa�ade du P�rillyle
du Louvre, Ouvrage f�avant dans la con-
ftruction , admirable dans l'ordonnance ,
-ocr page 49-
stf& � Architecture. xlvij
U fublime dans la diftribution des ornements.
Bullet, apr�s ces deux grands Ma�tres,
m�rite auffi un rang diftingu� , en le
confid�rant du c�t� du go�t de l'Art : Ton
Ch�teau d'iily eft, peut-�tre, un exem-
ple de ce que peut le go�t dont nous par-
lons , appuy� des pr�ceptes * du moins a-t-�l
feu rendre raifon des motifs qui Pont d�-
termin� � donner la pr�f�rence � celui-l�
fur ceux-ci, ayant fenti que ne s'agiiTant.
que d'une Maifon de plaifance de peu d'�-
tendue, mais deftin�e � la r�iidence d'une"
grande Princeife, il devoit plaire plut�t que
iurpreiidre&�tonner.On en peut dire autant
de fon Palais Arch��pifcopal de Bourges,
qui y quoique d'un autre genre, pr�fente*
n�anmoins une ordonnance int�r�i�ante,
mais aifortie � l'ufage d'un Edifice de cet
efp�ce. Son H�tel de Tliiers, � Paris, a
le m�me degr� de fup�riorit�, &: doit �tre
cit� � nos El�ves, comme un objet d'i-
mitation, pour fa diftribution �ng�nieufe,
le go�t de fon ordonnance ext�rieure ,
& l'agr�ment de la d�coration int�rieure
de {qs Appartements.
Au refte, il eft bien difficile «l'expliquer
ce qu'on appelle le go�t acquis, autrement
dit, Je go�t de l'Art, dont nous voulons
parler. II ne peut gu�res que fe fentir :
co�t ce qu'on peut faire, c'eft de le peii�-
-ocr page 50-
xlviij            D ι s s er tat iO Ν
dre, 6c de communiquer fa chaleur > en-
core faut-il, dans celui qui �coute , un
go�t naturel, qui lui tienne lieu de juge-
ment, �c, dans celui qui parle, un cer-
tain enthoufiafme auquel on ne peut attein-
dre , que par une longue habitude de bien
voir &; de comparer les Ouvrages des grands
Ma�tres dans tous les genres 3 que par la
connohTance du vrai beau, &: la mani�re
de l'appliquer aux productions de l'Archi-
tecture : du moins ii nous ne nous trompons,
les grands Ma�tres, dont nous tenons ce que
nous enfeignons ici� ceux qui rignorent,nous
ont-ils appris que fans les principes &l le gout»
il ne pouvoit fe rencontrer de v�ritables
beaut�s.
De Γ homme de g�nie en Arthiteclure.
Nous avons lu quelque part, &c nous
fommes de cet avis, qu'on ne peut trop
vanter le g�nie d'un Artiite \ que la fcience
m�rite notre reconnoiiTance , le g�nie
nos hommagesj que la premiere nous pro-
cure du plaii�r , que le f�cond nous en
fait �prouver les tranfportsj qu'enfin la
fcience nous inftru�t, que le g�nie nous
infpire : au moins eit-il vrai que les avan-
tages que l'Art & l'�tude peuvent pro-
curer � l'Artiite , ne font rien fans le g�-
nie. Son attention principale conilite � Je
tourner
-ocr page 51-
Wk l'Arch�tecture.        χ1ί�
tourner du c�t� de fes beibins : n�anmoins^
il y faut prendre garde, un homme de g�-
nie y l� les prineipes rie le dirigent, fe laiiTe�
fouvent entra�ner par l'imp�tuoi�t� de fon
imagination. Il ne peut gu�res s'afler-
vir aux r�gl�s de l'Art : c'eft un torrent
qui reriver�e tout ce qui s'oppofe � lui j
il ne s'emharaiTe fouvent , ni des rap-
ports 5 ni des d�tails, ni des parties qui
doivent former l'eniemble > il n�glige m�-
me le ehoh� des ornements 5 il �.' fe per-
met des �carts s peu lui importe enfin que
ces ornements foient relatifs � l'Edifice,
pourvu qu'ils lui plaii�nt : aufli de telles
productions n� peuvent-elles �tre imit�es,
Au contraire , l'homme qui f�ait r�gler
fon g�nie, f�ait aufli cr�er les genres, afli-
gner un Caract�re propre � l'Edifice, fai-
�ir le fiyle analogue aux perfonnes, aux
lieux, aux temps j il f�ait agrandir les ef-
paces ^ et tirer parti d'un terrein mon-
tueux , r�primer la nature , aiTortir fon
ordonnance aux diff�rents mat�riaux qui lui
font offerts �> en un mot, le g�nie �l�ve l'Ar-
chitede au-deiTus de lui-m�me, & lu� fait
faire un choix heureux des plus belles parties
de fon Art, pour compofer un tout plus par-
fait encore que l�s chefs-d'�uvre qu'il fe
propofe d'imiter : l'homme de g�nie en~
fin, d'un feul coup d'�uil, f�ait appr�*
Toms �Vt
                               d
-ocr page 52-
I           Dissertation1
der le m�rite des Artiiles qu'il a deiTeii�
d'ai�ocier � fes travaux, il fait plus encore,
il les fait valoir & les met dans tout leur jour.
Jules Hardouin Manfard, par exemple,
�toit un de ces hommes privil�gi�s > on peur
m�me dire qu'il n'a gu�res laiiT� d'h�ritiers
de fon g�nie: on obfervera d'ailleurs qu'ii
ne doit point, ou bien peu, fa c�l�brit� aux
fecours dts Anciens. Tel eil le propre des
grands hommes , de ne devoir leurs produ-
ctions qu'� eux-m�mes, &; d�s-l�, de ne pou-
voir �tre imit�s que par lesArchitectesde leur
claiTe: il eil vrai que, chacun a fa maniere
d'annoncer fa fup�ri�rit� ; mais combien de
nos jeunes Artiiles� n*ont que la pr�tention au
g�nie, en croyant fuivre la route d*Har-
�douin ? La France, il n'en faut point dou-
ter , eil infiniment redevable � cet Archkedej
car, fans parler du Ch�teau de Clagny, fon
coup d'eiTai, ni de tout ce qu'il a produit
d'admirable � Verfalles �c ailleurs, le D�-
me des Invalides feul, fait autant d'honneur
� cet homme inimitable, qu'au ft�cle qui
Ta vu na�tre.
: Depuis Jules Hardouin Man fard , M.
BofFrand, parmi nous, femble �tre celui
qui ait le plus approch� de fon g�nie &,
^eut-�tre, de fes �ncorrecMons, � en ju-
ger par les Edifices que ce grand Ma�-
tre a ex�cut�s en France & en Allemagne!
-ocr page 53-
ma�s combien ces m�mes incorrecT;i�ns ne
font-elles pas rachet�es, par renthouilafme
qui accompagnoit fes productions? Au relie,
nous n'entendons pas parler ici de cet en-
thoui�afme qui tient du d�r�glement de l*i*
magination, qui d�daigne l�rt, lts pr�-
ceptes i le travail} mais de celui, ii n�c�iTaH
re, dans toutes les occai�ons offertes � l'Ar^
chitette, qu'il fautf�avoir attendre, qui ne
fe d�finit points qui fe f�nt, �c qui d'ac^
cord avec le g�nie, �ft au-deifus m�me du
talent : fon v�ritable lot, il efl: vrai, doic
�tre referv� pour la d�coration des th��tres,
& certaines pi�ces de l'int�rieur de nos Ap-
partements. Datts les dehors d�s Edifices
d'habitation, dans �os Temples, dans nos
Places publiques j il faut plus de flegme i plus
de m�thode i moins de ces �carts heureux s
trop de g�nie dans la d�coration ext�rieure i
corrompt les form�s, nuit � l'unit� 6c � Cette
��mplicit� toujours eftimabl�, le propre de
la v�ritable Archke&ure.
Pour fe convaincre de ce que nous avan-
�ons , que Ton compare les belles produ-
�ions de la Gr�ce �c de l'Italie , avec celles
de la nouvelle Rome, du temps des Boro-
mini� chez nous, celles du ii�cle dernier^
par les Manfard & les Perrault 9 avec celles
du commencement de celui-ci, par les Me�
fonier, les Oppenord Se leurs pareils, & l'oif
' \ "\        dij ' �"
-ocr page 54-
�lj           Dis sert άτι ���
reconno�tra facilement que l^enthou/�airne,
plut�t que le g�nie qu'ont afred� ces der-
niers, dans leurs compoi�tions, n'a pas peu
contribu� � d�truire les vrais principes que
les premiers s'�toient efforc�s d'�tablir, &;
qui, malgr� l'inconf�quence de leurs imita-
teurs, fervent encore debafe aujourd'hui 5
aux productions des meilleurs Architectes de
nos jours.
Objcrvations fur diff�rentes parties
de ΐArt*
: Il eft peut-�tre temps d'arr�t�? ? s'il eft
pofl�ble, cette Ind�pendance Se cette in-
certitude qui fe remarquent dans la plu-
part des compoi�tions de nos jours, o� plu-
��eurs de nos jeunes Architectes ne montrent
fouvent qu'une abondance ft�rile, qui, t�t
ou tard jetero�t du ridicule fur les produ-
ctions d'un Art, auff� v�ritablement reconi-
.mandable que l'Architecture: nous p�nfons
m�me qu'il eft plus important, qu'on ne s'i-
magine, pour l'int�r�t d� ces jeunes Emules,
& pour leur gloire � venir, que nous nous
occupions dans nos Le�ons, � leur faire con-
no�tre leurs d�fauts, � troubler la confiance
de ceux-ci, &c � contrarier l'amour-propre de
ceux-l�, dui�ions-nous nous expofer a leur 4�*�
'" V .;                                                                                          � I"
f -
-ocr page 55-
sur l'Architecture. li�j
f�t. Ceft aini� qu'il faut d�chirer le fein
de la terre , pour en obtenir la moiiTon.
Nous confeillons donc � la plupart, de
renfermer leur crayon pour quelque temps,
& leur recommandons de s'occuper davan-
tage � �tudier les Ouvrages des Anciens ,
pour s'�loigner du go�t dominant de quelr
ques-uns de leurs contemporains. Nous les
exhortons � examiner % plus qu'ils ne le
foni ordinairement, les Monuments qui
s'�l�vent de nos jours, par nos Architectes
c�l�bres : qu'ils ne croient pas , comme
quelques-uns leur font entendre, que tout
effc �puif�, &: que, pour para�tre neuf,
il faille avoir recours � la iingularit�; rien
B'eft fi faux. Il eft un autre moyen d'arriver
� l'excellent j il coni�fte � remontera la four-
ce , en imitant Fran�ois Manfard, en �ton-
nant comme Perrault v en cr�ant comme
Hardouin,. en plaifant comme Bullet, &;
non en afredant le faite des ornements Ara-
bes ou Egyptiens , &; une i�militude de mem-
bres d'Architedure, fauvent fi peu faits pour
aller e-nfemble. S'ils parviennent � go�ter
ces v�rit�s, ils fe perfuaderont bient�t, qu'on
peut faire encore a finon du neuf, du moins
des productions tr�s-eftimables.
La plupart des obfervations que nous
d iij
-ocr page 56-
Ην               DlSSERTATZO tf
faifons , dans ces paragrafes , ont pour
objet ce que nous appelons la Logique de
l'Art 5 Logique, qu'on ne f� trompe pas,
mife en ufage par les anciens Archite�es >
& qu'il paro�t important de r�tablir : au-
trement, il eft � craindre que ceux qui,
dans la fuite, feront leur capital de l'Archi-
tecture, ne puiiTent parvenir � s'accorder
entre eux fur ces r�gles fondamentales.
Tous nos pr�tendus Vignots % les d�-
ments que nous avons donn�s nous-me-
me dans les Volumes pr�c�dents, ne font
bons que pour ceux qui d�butent dans la car-
ri�re de notre Artj ils ne nous apprennent
gu�r�s que ce que nous f�avons tous. Autre
�hofe eft de concevoir comment on doit ap-
pliquer les pr�ceptes qui conilatent les �l�-
ments de 1*Architecture, & quel ufage on en
doit faire dans les diff�rentes occai�ons
qu'on a de b�tir. En un mot, les �l�ments
ne font bons que pour fe p�n�trer des prin-
cipes j mais le raifonnement qui en eft la
fuite, m�ne � la Logique , c'eft-�-dire ,
� bien tirer les conf�quences de ces me-
rnes principes, pour �tablir avec fu�c�s l'or^
donn�n�e �le nos B�^�rnents«
s- ni.
Dans toutes les produ&ions de l'Archi*
-ocr page 57-
sur l'Architecture,           Ιψ
tecTrure , le ftyle propre � la chofe eft un
des premiers m�rites de l'Art. C'eft par
le ftyle que fe regle le genre dont on
doit faire choix} relativement au motif
qui fait �lever l'Edifice. Le ftyle , dans
l'Ordonnance des fa�ades δ� dans la d�-
coration des Appartements? eil, au figur�,
la Po�fie de Γ Architecture : coloris qui coiir-
tribue � rendre toutes les compofitions d'un
Architecte, y entablement int�rei�antes. C'eft
le ftyle convenable aux diff�rents objets, qui
am�ne cette vari�t� infinie, dans les divers
B�timents de m�me genre ou de genre dif-
f�rent. En un mot, le ftyle dont nous par-
lons , femblable � celui de l'�loquence ,
�>eut parvenir � faire peindre � l'Architecte
e genre facr�, le genre h�ro�que, le gen-
re paftoral: point de doute} qu'aid� des re-
regles, du raifonnement, & du gout de l'Art,
on peut arriver au vrai ftyle qui aligne �
chaque Edifice le caract�re qui lui eft pro-
pre , &; que c'eft par lui feul enfin qu'on
peut enfanter des chefs-d'�uvre.
La belle Arch�tedure ne confifte point,
comme pluiieurs de nos Architectes mo-
dernes ie le font imagin�, & comme tant
de nos El�ves fe le perfuadent encore, �
d iv
-ocr page 58-
1v)             Dissertation
introduire beaucoup de membres d'Ar»
chite&ure &: d'ornements de Sculpture s
dans la d�coration des fa�ades, bc l'int�-
rieiir des Appartements, Il en eil de ctt
Art comme des Jkllqs-Lettres : le ilyle
i�mple eil pr�f�rable au ilyle ampoul� :
c'eil vouloir aiFoiblir une grande id�e s
que de chercher � la relever, par la pom-
pe des paroles : en Architecture , c'eil dh
truire ce qu'elle a de fubl�me, que de pr�^
f�rer la hardie/Te des penf�es � la iimpli-.
�it� , qui �onilitue, fori v�ritable cara-
#�re.
Qu'on ne s'y trompe pas, trop d*abon-.
dance dans une compoiltion, eil fouvent
une preuve de la ilerilit� de l'ordonna-
teur : s'il e�t �t� plus habile , il auroit
�t� plus f�mpte, plus vrai ; la pr�tendue
fertilit� de nos, �l�ves, les porte prefque
toujours, au-del� de la vra�nemblarice. On
ne veut pas. fe periuader, ou Ton fe per-
iiiade difficilement, que l'int�r�t qu'on
prend d'abord , a l'afped d\ine d�cora*
t�on, d'ailleurs eilimable, fe perd quelque-
fois , d�s qu'il fe partage. Les ouvrages des
Grecs plairont dans tous les temps, parce
que la beaut� de leurs jgdiflces coni�ile dans
l'imit� &; la /implicite,
-ocr page 59-
S�/R l'Architecture* Iv�j
SV-
Scaliger pr�tendoit que toute hiitoire
eft bonne � lire , omnis kifloria efl hona>
Nous fommes fort de fon avis; chaque
Hiftorien envifageant fon fujet fous un
point de vue diff�rent j ce qu'on cherche
en vain dans l'un, on le trouve dans un
autre. Nous l'avons �prouv� plus d'une
fois nous-m�me : n'ayant eu pour objet,
dans nos recherches, que ce qui tient de
plus pr�s � notre Art, nous avons puif�
nos obfervations dans les diff�rentes Hii-
toires anciennes &; modernes, δ� nous les
avons rapproch�es, autant que nous avons
pu, des befoins de nos El�ves. Au reile,
jl faut f�avoir, que l'�tude profonde qu'e-
xige notre Art, nous met prefque tou-
jours au - dei�ous de la majeft� de 1ΉΪ-
iloire : commun�ment trop fuperficiels ,
& trop attach�s � nos opinions , nous
habillons � la Romaine toutes les actions
de nos H�ros, comme les Sculpteurs font
leurs ftatuesj nous m�lons, dans un feul
& m�me projet, les principaux traits de
Γ Architecture de tous Iqs �ges, 6c nous les
noyons dans un d�luge d'ornements qui fou-
vent font plus d'honneur au Sculpteur qu'a
l'Architecte. Il efl vrai qu'il ne faut pas tou-
■ * ί
-ocr page 60-
"■�"■"
D ISS E RTAT I O JV
jours juger des Ouvrages de notre i��cle,
par les productions m�diocres. Dans les
temps les plus f�conds en Artiilcs excel-
lents , il i� rencontreencore un plus grand
nombre d'Artiftes fubalternes. Il n'en faut
point douter, il s'�l�ve plus de mauvais
B�timents que de bons, &; l'on courroit
rifque de prononcer fur l'exemple du plus
grand nombre. Tout ce qui fe paiTe au-
jourd'hui fous nos yeux, nous apprend fur��-
famment , qu'il faut d�m�ler de bonne
heure le petit nombre de chefs-d'�uvre
qu'on doit imiter, d'avec cette foule de
B�timents d'un rang inf�rieur , toujours
r�pandus en plus grand nombre que les
fublimes comportions de nos Ma�tres.
.ι �■.                                                                                                                           «■
�" ; :-:..~ §. VI.
La plupart des Architectes qui s'adon-
nent feulement � la diilribution, s'imagi-
nent l'entendre , parce qu'ils s'attachent
� la divifion des murs de refend qui par-
tagent chaque pi�ce d'un Appartement.
Sans doute, cette partie eil bien une bran-
che de la diftribution 5 mais elle regarde
plut�t le Propri�taire que l'Architecle :
ou du moins ce font les befoins du pre-
mier qui indiquent au f�cond la marche
qu'il doit fuivre, dans la difpofition du
-ocr page 61-
sur l'Architecture. lix
rez-de-chauffee & du premier �tage de
fon Plan. La diftriburion , comme nous
l'entendons ici, eft toute autre chofe : il
ne fuffit pas de concevoir l'arrangement
des pi�ces de parade , de foci�t� & de com-
modit� : il ne fuffit pas d'�tablir leur v�-
ritable diam�tre, de r�gler leur hauteur,
& d'en varier les formes j il faut que ces
diam�tres, ces hauteurs & ces formes ,
�manent de la diftribution ext�rieure des
corps d'Architecture qui d�terminent l'or-
donnance des fa�ades : il faut que la iy-
m�trie foit refpedive des deux parts : il
faut que la folidit� foit d'accord avec l'un
& l'autre de ces deux objets : il faut que
les croif�es, les portes, les chemin�es, les
lambris, foient difpof�s de maniere ^qu'au-
cune de ces parties ne nuife � l'autre :
il faut que la beaut� des dehors annonce
c^lle des dedans s que le caract�re, le gen-
re , l'expreflion de chaque .membre ext�-
rieur s'accordent avec le ftyle de la Scul-
pture, de la Dorure, de la Peinture r�-
pandues dans l'int�rieur, pour que l'une
& l'autre enfin puiiTent indiquer aux �tran-
gers, la dignit� de la perfonne qui fait
b�tir , l'exp�rience & la capacit� de l'Ar-
chitecte : autrement, l'Examinateur prend
la partie pour le tout j parce que l'Ordon-
nateur/loin-4e raffembler dans fa produ-
-
-ocr page 62-
Ix             Dissertation*
dion, I'univerialit� des connohTances de
1'Architedure , s'applaudit ', &; donne
Je nom de talent, de g�nie, d'invention
aux parties accei�Oires de ion Edifice, les-
quelles m�ritent � peine d'�tre mifes en pa-
rallele avec ce que peut avoir d'int�reilant
la main d'�uvre.
Nous l'avons dit plus d'une fois , il faut
�tre homme du monde pour bien enteiir-
dre la diftribution d'un B�timent, &c pour
devenir un habile Architede dans cette
�>artie de l'Art : il faut f�avoir encore, que
a diftribution ayant eu, dans fon origine ,
pour objet la commodit� &: la falubrit�j
elle eut pour but de faire concevoir aux
premiers hommes l'art de b�tir 5 elle leur don-
na l'id�e de la conhrudion, & fit �clore
enfuite la n�cei��t� de la d�coration, afin
qu'on piit diftinguer, par l'aiped des de-
hors , les B�timents publics , d'avec les
demeures des particuliers. Au reite, nous
ajouterons, que ce n'eil pas toujours ai�ez,
qu'un bon Architede trouve un ProprieV
taire qui ait une certaine fomme � mettre
en B�timent : pour qu'il foie a port�e de bien
faire, il faut que cettefomme fuffii�, non-feu«
Jement pour les frais de la conftrudion mais
encore pour les �tudes particuli�res des d�ver
loppements, des mod�les : pr�liminaires in^
diipenfables, iorfqu'il s'agit de b�tir avee
fucc�s,
»                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              '■
..-
-ocr page 63-
$�& ζ5Architecture. ixj
§.V11.
L'objet de l'examinateur impartial, eft
de coniid�rer un B�timent, ou pour s'in-
ilruire, ou pour faire part aux autres de
fes r�flexions : del�, on doit f�avoir que
la louange & le bl�me font inf�parab�es
l'un de l'autre j del� aufl�, les perfonnes
int�reif�es donnent � ces r�flexions le nom
de critique. T�chons de d�fabufer la plu-
part de nos Ledeurs � cet �gard.
La critique proprement dite, fait toujours
abftra�tion des beaut�s qui fe rencontrene
dans l'Edifice, & tombe feule fur les d�-
fauts. Elle n'entre, ni dans l'intention de
Ρ Architecte :9 ni dans les difficult�s de l'en-
treprifej elle confond les licences avec les
abus ; elle ne cherche jamais � d�m�ler les
entraves du local* elle fait tomber fur l'Ar-
chite&e les volont�s , fouvent peu judi-
cieufes des Propri�taires; enfin, elle porte
avec elle l'efprit d'aigreur qui n'annonce
gu�res que la partialit� du Critique.
Un obfervateur �clair� eft autre chofe: fe*
, Ion nous, il fe fait un plaiiir d'avouer les
beaut�s j il les balance avec les d�fauts, mais
fans amertume, il entre dans tous les d�-
tails qui peuvent juftifier TArchite&e j il
applaud�t � la mani�re ing�nieufe avec h��
-ocr page 64-
�xij           D �ss�rt�t t�tf <
quelle il a feu vaincre les obftades : il
encourage le jeune Artifte par hs applau-
dii�ements qu'il donne aux parties qui m�-
ritent une certaine eilime. S'agit-il des
Ouvrages des grands Ma�tres, il ne fait
jamais entrer de perfonnaik� dans Ces ju-
gements, &; annonce, par fes difcui��ons
r�fl�chies, qu'il eil �clair� dans toutes les
�>arties de Ion Art, en faifant conno�tre
es rei�burces dont s'eft fervi Γ Architecte,
pour pallier les d�fauts r�pandus dans fes
comportions ; &: , i� jamais il entreprend
de condamner fans applaudir, fa cenfure
ne tombe que fur hs Ouvrages �lev�s par
hs hommes fans doctrine > Ouvrages qui
devroient toujours, il eft vrai, �tre compt�s
pour rien ? mais qui trouvant n�anmoins
des imitateurs} doivent �tre annonc�s pour
ce qu'ils font, afin de faire tenir en garde
les.El�ves., qui fouveiit, f�duks par l'�-
clat de la mati�re, la ilmilitude des mem-
bres , & la profui�on des ornements, pou-
roient fe rei��ntir, dans leurs productions
� venire de cette imitation dangereufe.
H nous reite un confe� � donner � nos
jeunes Artiit.es : s'ils entendent leurs v�ri-
tables int�r�ts, ils doivent fermer l'oreille
au bruit �es �loges fouvent trompeurs, tou-
jours pernicieux, & n'�couter que la cri-
tique impartiale. La louange nous fait fou-�
-ocr page 65-
si/R l'Architecture. IxHj
vent demeurer au-dei�bus de nous-m�mes,
en nous perfuadant que nous fommes au-
deilus des autres : ce qui pour l'ordinaire,
nous emp�che d'arriver � la perfection,
en nous entretenant dans une m�diocrit�
vicieufe : au contraire, le bl�me qui ne
paiTe pas le terme de l'�quit�, d�cille les
yeux de l'El�ve, que l'amour-propre lui'
avoit ferm�s.
Nous ferions encore tent� de leur dire
ce que Sophocle & Euripide difoient � un
jeune Pocte , qui �tok-venu leur annoncer
l'envie qu'il avoit de faire des Trag�dies :
« N'allez pas i� vite ; la Trag�die n'efr, pas
» ce que vous penfez , c'en: un feul corps
» compof�j de parties diff�rentes, &.bien
55 li�es, dont on fait un monftre quand on
« ne f�ait pas les affbrtir : vous connoii��z
» ce qu'il faut f�avoir , avant d'�tudier
» l'art de la Trag�die \ mais vous ne i�a-
» vez pas encore cet Art ». On en peut dire
autant � la plupart de nos El�ves ; vous
poiT�dez affez bien les principes de l'Ar-
chitecture ; mais qu'il y a loin de ces con-
noii�ances � �tre bon Architecte ! Vous
i�avez , dites - vous : apprenez encore,
r�glez votre marche, &' iur-tout joi-
gnez � la pratique le raifonnement de vo-
tre Art.
'
-ocr page 66-
Ιχϊν        Ό �ssertat��$
Nos Architectes � la mode pretendent
que ii les Anciens avoient v�cu parmi nous,
s'ils avoient connu nos comportions mo-
dernes , ils auro�ent �galement fait des
r�gles en leur faveur. Nos productions plai-
fent, difent quelques - uns ; c'eil la pre-
miere de toutes hs r�gies ; l'autorit� n'y
peut rien. Ce fentiment allez g�n�ral eft
au moins hafard�, & ne peut gu�res avoir
lieu que pour ce qui regarde notre diilri-
bution^ 6c quelques-unes de.? parties de no-
tre d�coration int�rieure. A l'�gard de la-
d�coration des dehors , il faut convenir
que l'exemple des Anciens, doit en fixer
les principes. Vitruve &: la plupart de fes
Commentateurs , s'�tant d�clar�s pour le
go�t de l'Architecture qu'ils ont trouv�e
�tablie de leur temps, il y faut beaucoup
r�fl�chir, pour enfreindre les bornes qu'ils
ont prefcrites j du moins n'appartieiit-il
qu'aux grands Ma�tres de s'en �carter.
Nos jeunes �mules doivent s'appliquera
iuivre d'abord les pr�ceptes de l'antiquit� 9
avec une certaine rigueur, fur-tout lorfqu'il
s'agit de la d�coration de nos Monuments.
Il fera temps d'ajouter ou de retrancher a
ces* principes, lorfque, chez nous, ils en
f�auront
-ocr page 67-
SUR ^ARCHITECTURE,        fa?
f�aurofit aiTez pour chercher � concilier
ce qu'ils auront retenu de l'antique avec
nos ufages, nos mati�res, &; les commo-
dit�s qui caract�risent aujourd'hui notre,
Architecture Fran�oife�
§. IX.
Il eil de jeunes Architectes qui pr�ten-
dent que les r�gles ne fervent qu'� les em-
barrarfer , & � �mouiTer, pour ainfi-dire ,
la vivacit� de leur imagination > l'efprit >
dii�nt-ils, n'agiiTant jamais mieux, ni plus
heureufement , que lorfqu'U eil affranchi
de toute fervitude, Se qu'on lui lahTe une
endere libert�. Ce ra�fonnement, quelque
g�n�ral qu'il devienne, n' eil rien moins que
juile. Quelle diff�rence ne remarque-t on
pas entre les productions de ceux qui fea*
vent fe rendre compte de ce qu'ils entre-
prennent, 6c \ts Ouvrages de ceux qui
n'ont d'autre guide que leur imagination !
D'o� vient la pr�vention que les jeunes
Artiiles ont pour les r�gies ? elle na�t pref-
que toujours du peu d'inclination qu'ils
ont pour l'�tude. N'eit-ce pas parce qu'ils
manquent de principes , qu'ils hafardent
ces nouveaut�s extravagantes, capables de
faire d�prifer l'Art ? Pour un ou deux g�-
nies f�conds �c extraordinaires, qu'un f��->
Toms �V*
                                 
-ocr page 68-
lxvj         Dis s ertat ι on
cle a, peine voit na�tre, & qui, par la force
de leur naturel &; de leur efprit, peuvent
fe former un go�t judicieux, i�ns avoir
�t� aid�s du fecours ats r�gies, n'en voit-
on pas mille, au contraire, qui par leur
n�gligence ou leur pr�iomption, s'�garent
dans tout ce qu'ils produiient ? D'ailleurs,
qu'on y faiTe attention , ces g�nies rares
& finguliers, dont nous venons de parler,
n'ont r�ufl� que parce qu'ils ont employ�,
fans trop s'en rendre compte, une fym�-
tr�e &: une difpofition r�guli�re, entre le
tout & les parties*) fym�trie &; difpofition,
qui feules ont le droit d'�tre appel�es beau-
t�s , &: fans lefquelles ils n'auroient pu r�u�
ijr j ce qui doit faire juger , qu'aid�s du
fecours de la th�orie, ils auroient produit des
Ouvrages encore beaucoup plus eftimables,
Dans l'Arc�ikedure , comme dans les
autres Arts, peu de ceux qui s'y deftinent,
font dou�s d'une heureufe difpofition $ la
plupart font born�s dans leurs vues, ref-
ferr�s dans leur go�t j ou ils l'ont faux,
fa&ice : les beaut�s de la Peinture font
autant d'objets indiff�rents pour le plus
grand nombre de nos }euncs Archite&es :
quelques-uns n�s volages & inappliqu�s,
attaquent toutes les parties de l'Art, fans
-ocr page 69-
SV M t* ARCHITECTURE*        kv�j
�n faii�r aucune, fans les ramener au but
qu'ils fe propofent. On ne peut affigner
leurs comportions bifarres , un nom qui
leur convienne, ni d�cider � quel particulier
elles pouroient �tre propres. Heureufement
ce reproche ne regarde que le petit nombre ,
mais ce que nous devons dire en paifant, au
plus grand, c'eit.qu'ils s'abandonnent trop
facilement, � la fougue de leur imagination*
Que ceux-ci y prennent garde cependant: il
en eil du g�nie comme du go�t : pour par-
venir � l'excellent, il faut f�avoir joindre
a une �tude particuliere, tout ce qui peut
faire arriver au grand, au iimp�e : il faut
que le jeune Artifte, par un travail fans
rel�che , s'accoutume � r�fl�chir>�'�. m�di-
ter fur tout ce qui peut l'inrlruirej que 5
fur-tout, il f�ache �viter la rouille d� Toi-
fivet� j qu'aux f�iences utiles', il f�ache
joindre les connoiflances agr�ables j qu'il
fe forme une heureufe habitude, fouv�nt
fup�rieure � la raifon m�me, de faii�r le
beau , de le difeerner du m�diocre , de
l'emprunt� j c'eil le feul moyen de lui mon-
ter le g�nie dont nous voulons parler, & de
le faire parvenir � ajouter aux qualit�s qui
le caract�rifent y i�avoir, d'une part, Tef-
prit d'invention, &: de l'autre Je coup d'�uil
philo fophique. Qu'on n'en doute point $ c'eft
la vivacit� de l'imagination qui rend l'Ar-
e ij
-ocr page 70-
Jxviij          D ISSERTAT ION
tifte inventif, c'eit la maturit� qui le rend
Philofophej la premiere qualit� forme &;
�tend l'efprit, l'autre le jugement j & c'effc
par leur r�union feule qu'on enfante hs
Ouvrages de g�nie.
Le jugement, en Architecture , conf�fte
conferver le m�me ityle, le m�me cara-
ct�re, la m�me exprei��on dans la d�cora-
tion des fa�ades d'un B�timent, aini� qu�
ccttt probabilit�, qui approche le plus
de la vraiifembJance, &: de cet efprit de
convenance, que tout Architecte doit f�a-
voir aiTortir � la naiflance &: aux beibins
de fts Propri�taires. Prefque toutes nos Le-
vons roulent fur cet objet j mais nous n'h�fi-
tons pas de le r�p�ter ici, parce que nous
regardons ce pr�cepte comme le premier
de l'Art, quoiqu'il fo�t peut-�tre le plus
n�glig� parmi nous : auffi n'eft-il pas �ans
exemple, que l� plupart des grands Ar-
chitectes ayent �t� eux-m�mes m�contents
de leurs Ouvrages 5 parce qu'arriv�s � la
fin de leurs plus grandes entreprifes, ils
d�couvraient au-del� du terme o�- ils ve-
noient d'atteindre, & qu'il faut d�j� �tre
un grand homme pour s'apercevoir de
fts d�fauts, & en convenir.
-ocr page 71-
sur l'Architecture. Ixte
§. XII.
Les Artiftes fuperfrciels, & qu'on peut
�appeler les vrais fl�aux des Arcs, parce qu'ils
font toujours en tr�s-grand nombre ,; ίοηε
oblig�s d'avoir recours a la protection &
l'importunit� : � cela ils joignent de l�
foupleife , de PadrefTe : vrais Prot�es, ils
prennent toutes les formes , ne doutent
de rien, rien ne les embarraiTe. Le v�ri-
table Architecte, au contraire, eil i�mpley
modefte : l'�tude &: l'exp�rience lui appren-
nent � fe tenir en garde contre la pr�ven-
tion de l'amour-propre. Il i�ait douter, il
prend du temps pour d�lib�rer, ne fe vante
de rien, Se craint toujours de trop pro-
mettre : l'air de libert� qu'il refpire dans
le commerce des livres, lui iiTiptre une
averi�on infurmontable pour la contraint«
qui r�gne ord�nakement^ dans le commerce
du grand monde : apr�s l'avoir parcouru,,
la retraite devient fon �l�ment : il s'y pla�t,
il ne brigue point �es faveurs, �c plaint
tout bas le jeune audacieux qui fe fait cou**
ronner avec impudence : trop heureux alors
de jouir de cette noble ind�pendance, qu'on
peut appeler le foyer des vrais talents.
tf Ut
y
-ocr page 72-
hx            Dissertation
§. XIII.
On devroit fe rei�buvenir de rutile ma-
xime de Pline : Stultum e� �bi ad im�tandum
non optime quidvis proponere ;
il y a de la
folie � ne pasfe propofer les meilleurs mo-
d�les, quand on veut imiter. A quoi l'on
peut ajouter que ce n'efl pas imiter, que
d'imiter mal, ou de d�placer l'objet de
l'imitation : en un mot, c'eifc contrefaire
les chefs - d'oeuvre des grands Ma�tres, que
de les mal imiter. Pour f�avoir �viter le
m�diocre, il faut du go�tj pour bien fai-
fir l'excellent, 11 faut du jugement : il faut
f�avoir que le fublime ne convient pas
par-tout, de m�me que les licences ne
doivent s'employer que rarement , puh�
qu'autrement elles d�g�n�rent en abus. Ce
J�*eft pas que les n�gligences heureufes em-
ploy�es par les grands Arriites , ne puiiTent
�tre conf�d�r�es quelquefois comme le com-
ble de l'Art ; mais on n'y peut parvenir,
qu'avec le go�t : jamais, fans lui, un Ar-
ticle ne peut faire admirer i�s chefs-d'eeu-
▼re �� aui�� la plupart de nos El�ves s'y
trompent-ils tous les jours 3 il leur paro�t
plus ai�� d'arriver aux comportions gigaiH
tefques, qu'aux proportions de la belle Ar-
chivare 5 prefque de �oue temps 5 il a
-ocr page 73-
SUR L'�RCHITECTURM.           lxxj
paru aux hommes plus facile d'outrer la
nature, que de la lui vre -, faute de fe rap-
peler la grande regle de Qu�ntilieny natu-
ram intueri & fequi
, contempler la nature
�t la fui vre.
j* ' '                                                              , ! " "*X.* ' ■                  ■/" ■* -Φ'
;"V.        §. XIV,.     �- --�
Peu d'Artiftes font en �tat de compo-
fer des ouvrages qui puhTent �tre avou�s
dans tous les temps ν de lier enfemble la
M�jefl� de l'Architecture avec les gr�ces
de la Sculpture s d'encha�ner ces deux par-
ties avec un Art imperceptible, & de leur
procurer, comme l'a fait Fran�ois Man-
fard au Ch�teau de Maifbns, ces repos ,
ces intervalles qui forment un tout dont les
parties font analogues. On ignore que la
nature δ� le go�t obfervent les m�mes r�-
gies , & que c'eft la jufteiTe & la propor-
tion qui produifent les beaut�s de conve-
nance, d'harmonie & de fym�tr�e. Que nos
El�ves y prennent garde;-j la plupart s'�-
loignent des difpoiitions dont la nature l^s
a favorif�s : Us imitent leurs contempo-
rains , en vogue aujourd'hui j mais qui �
peut-�tre ne le feront plus dans vingt ans :
d'o� il r�fuite que dans quelques-unes� de
leurs productions, tant�t ils s^�levetit fuir
des �chaifes, & tant�t ils font au-deifaus
e ιν
\
-ocr page 74-
lxx�j         Dissertation
d'eux-m�mes» Ne doit-il pas paro�tre �ton-
nant , par exemple, que la plupart por-
tent une curioi�t� reipectueuie, fur quel-
ques monuments �lev�s, il y a plusieurs
�ecles , tandis qu'ils n�gligent & qu'ils
d�daignent, pour aini� - dire , de porter
leurs regards fur les Edifices qui ie font
�lev�s par les Lefcot & les Manfard ? Par
un effet plus biiarre encore, d'autres ne
portent leur attention que fur les Ara-
befques & les chim�res, qui deviennent
fort � Ja mode aujourd'hui.
§. XV.
Notre intention n'eil pas de dii��muler ,
que l'Architecture eil un Art difficile : nous
l'avons d�j� ditj pour y r�ui��r, il le faut
cultiver toute fa vie; jouir fr�quemment
de la� converfation des grands Ma�tres en
tout genre, de l'�tude des bons Auteurs
& de la contemplation des chefs-d'�uvre
qui nous iont offerts. A la v�rit�, dans les
dehors de ceux-ci , fouvent la pratique
impof� i�lence la th�orie j dans les de-
dans, quelquefois la th�orie l'emporte iiir
la pratique ; mais dans tous, il y a dequoi
pu /fer s 8sC d�t-on f� tromper dans fes pre-
mi�res obfervations, il les faut commencer
de bonne heure ; nous n'apportons pas �a
-ocr page 75-
sur l'Architecture. Ixxiij
naiflant, l'obligation de toujours r�ui��r �c
de bien voir : mais, � notre avis, ce n'eil
point un d�shonneur de Te tromper , ni
un affront d'�tre repris. Nous invitons feu-
lement nos El�ves, � ne fe pas laiifer abu-
fer par les efpeces d'applaudhfements que
pluf�eurs donnent aux productions de nos
jours : non-feulem�nt la plupart font con-
traires � l'efprit de convenance 5 mais on
ne les croit neuves , que parce qu'elles
font extravagantes, qu'on y confond tous
les ftyles, & qu'on y fait entrer tous les ca-
prices, toutes les fantaifies des Propri�taires,
qui, pour la plupart, fe croient Architectes.
Qu'on y prenne garde : on fe fert fou-
vent de l'autorit� d'un grand nom, pour
mettre au jour des licences qui n'avoient
�t� employees par un Architecte c�l�bre >
que dans des parties accei�oires : de-la, on
ofc tout. Ce n'eft pas que quelquefois on n*ex-
cufe les �carts d'un Artifte contemporain;
mais nous voudrions faire entendre, que
l'indulgence de nos Emules n'eil point un
titre pour nous faire approuver de la poft�-
rit�, D'ailleurs, qu'on y r�fl�chii�e, les Ar-
tiftes fubalternes croient prefque toujours
atteindre, les grands Ma�tres, en imitant
-ocr page 76-
Ixxiv        D iss ε RT άτι oir
leurs �carts, fans fe douter du motif ei�en-
ciel qui \ts leur a fait employer. Il faut
d�j� f�avoir beaucoup, & c'eft ce que pres-
que tous les jeunes gens ignorent, pour
�tre en �tat d'appr�cier ce qui a pu d�-
terminer le grand Architecte � i� permettre
ttlL� ou telle licence. Pour en venir l�, il
faut fe nourrir de r�flexions f�r�eufes : 1Έ-
leve qui veut r�ellement profiter, penie
beaucoup 3 la r�flexion devient fon �l�-
ment ; il d�vore les difficult�s Si les obita-
cies, pour acqu�rir la gloire de les fur-
monter. Oeil par l'�tude des Anciens $c
les d�couvertes des Modernes, que Ton
parvient furement � la perfection de fou
Art. Quiconque eft effray� de toutes fes
obligations, n'atteindra jamais , quelques
efforts qu'il faffe, � fe faire un nom ; car
enfin, combien, au premier coup d'�uil^
ne voit-on pas de B�timents qui flattent;
,.d'abord, par leur afpe&j mais qui per-
dent � l'examen. On rend^ � la v�rit�,
juftice � l'�clat des ornements > mais � peine
,y d�m�le-t-on l'intention de l'Architecte >
parce que fouvent la multiplicit� de la
Sculpture �touffe ou alt�re l'id�e de l'or�*
donnateur.
                r
§. XVII.
',               > *                       Ί j                ■ � 1
, ν r                                                       t "                                                                                                                                                                                *�■ . ■
JLorfqu'� Paipecl; d'un B�timent, nous
-ocr page 77-
sur l'Architecture. lxxv
apercevons un heureux accord entre les
pr�ceptes des Anciens, ai les d�couvertes
des Modernes ; cette r�union doit d�ter-
miner notre jugement, & nous porter �
l'imitation d'un pareil chef-d'�uvre : quel-
ques licences que nous y d�couvrons, i:e
doivent pas nous en d�tourner5 elles peu-
vent r�pandre des lumi�res dans notre eP
prit : elles doivent nous engager � faire
un choix des beaut�s que nous devons imi-
ter, & � laiiTer les parties qui nous pa-
roii�ent d�plac�es. Qu'on ne s'y trompe
pas, le Ch�teau de Maifons eft une pro-
duction digne, � la fois, d'�tre imit�e,
& difficile � imiter. Ce B�timent, d�s qu'il
fut achev�, excita l'admiration des connoi�-
feurs, rapplaudiiTement des grands Archi-
tectes, & la jaloufie des m�diocres. En ef-
fet , lts beaut�s de d�tail r�pandues dans
l'ordonnance de fes fa�ades, font au-deiTus
de tout �loge : fans douce, on y remarr
que quelques d�fautsj mais ces derniers
pr�fentent par-tout les reifources de l'Art,
plut�t que les licences &c ces abus vul-
gaires enfant�s par l'ignorance. Nous l'a-
vons d�j� avanc� y tout eft pr�cieux dans
cet Edifice, tout y eft marqu� au coin de
la fublimit� , de l'exp�rience &: du f�a-
voir. Peu d'Archite&es ont atteint depuis
$ux beaut�s fans itombie qiCon y remar*
-ocr page 78-
�XXV j           D I SS E RTAT I O Ν
que 5 pl�i�eurs au contraire ont imit� les
l�gers d�fauts, dont il n'eft pas exempt, en-
core leur infuffifance leur a-t-elle fait clian-
�^er ces d�fauts en abus : ils ont fait plus,
� plupart ont d�plac� les reifources &c les
tentatives mifes en �uvre, par ce grand
Ma�tre, dans cette belle production Fran-
�oife. Peut-�tre reprochera-t-on � Manfard
L� petitei�e de fes modules, 6c l'�l�vation
de trois Ordres de genre diff�rent les uns
au~dellus des autres : mais que de juiteife,
que de puret� dans cette r�union ! quelle
perfection dans l'Architecture ! quel choix
dans la Sculpture! que de pr�ciiion dans
la main d'oeuvre! On vife au grand, au-
jourd'hui , d�t-on : on devro�t dire plus ι
infenfiblement �n parvient au gigantes-
que j &: ,^d�s-I�, on ne regarde plus cette
merveille de l'Ait que comme un mod�le%
qu'� peine confeille-t-on d'�tudier auxEI�V
ves de nos jours.
Le plus grand nombre de nos riches Ci-
toyens ne font plus �pris que de ce qu'ils ap-
pellent la grande Architecture , fans ie
douter que les B�timents d'habitation doi-
vent s'annoncer diff�remment que nos
Temples &: nos Edifices publics. S'il nous
�toit permis de rifquer notre avis, nous
«c�nfeillerions � ces pr�tendus amateurs, de
s'en tenir � leur amour pour notre Art*
-ocr page 79-
SUR L'ARCHITECTURE. �XXVIJ
&. de ne pas afpirer au-del� : vouloir
aller plus loin ? c'effc fouvent s'expofer �
s'annoncer pour de faux connohTeurs ,
�c � approcher de la vanit� ridicule des
faux S�avants. Au reite, la cenfure n'a au*
cune part aux obfervat�ons que nous fa�-
fons ici : notre objet eil� feulement d'a-
vertir nos El�ves de fe tenir en garde con-
tre la r�volution o� femble �tre parve-
nue l'Archlte&ure depuis quelques ann�es.
Nos vrais Architectes ont eu occai�on d'�-
lever quelques Monuments ; leur marche
mefur�e � raifon de la grandeur de leurs
Edifices, a �chauff� nos jeunes t�tes, &:
a perfuad� � la plupart, qu'on ne pou-
voit plus faire de colonnes qu'elles n'eu�Tent
au moins fix pieds de diam�tre. Quelle ex-
travagance !
§. XVIII.
Nous avons plus d'une fois recomman-
d� � nos El�ves l'�tude du dei�in �-> non cette
ma*niere de dei�iner d'un genre pittorefque^
qui appartient plus � la Peinture qu'� l'Ar-
chitecture 3 &L qu'il ne faut cependant pas
n�gliger abfolumentj mais qui, lorfqu*on
en m�fufe , fert plut�t � �garer qu'� fe
rendre un v�ritable compte de l'effet que
doit produire fa compoi�tion. Il eft vrai
que, pour y parvenir avec fucc�s> il fan�
/
-ocr page 80-
Ixxviij Di ss EkTAt ι on
deffiner autre chofe que l'Architecture pf�*f
premenc dite. Nous avons prouv� ailleurs
la n�ceffit� de faire entrer dans fes �tudes
le Deffin dans tous les genresj parce qu'il
eit important � un jeune Architecte tl-e' pou-
voir exprimer lui-m�me fes penf�es fur fon
projet : mais nous d�lirerions qu'il m�t des
bornes � ce genre d'�tude, pour s'attacher a
dei��ner dans le bon ftyle des Man fard &;
des Perrault. N�anmoins pour fatisfaire le
g�nie de ceux qui ie font une paillon du
Deffin 5 nous leur rapporterons ici le fen-
timent tr�s-judicieux qu'en a port� M. de
Montiano, dans une DiiTertation qu'il l�t
en 1756, � l'Acad�mie Royale de Saint-
Ferdinand en Efpagne. L'Auteur, en par-
lant de l'origine du Deffin , s'explique
aini�.
« Les ombrages des arbres, & le creux
�» des rochers , donn�rent l'id�e de la pre-
55 miere cabane 5 mais la verdure des bran-
35 ches qui fervoient de toit � ces dem^u-
»res, .venant � fe fl�trir, & les branches
»j elles-m�mes, qui teno�ent lieu de palliTa-
�5 des^ �tant un foible rempart contre lai
»5 rigueur des faiibns , le gazon qu'on fou-
55 loit aux pieds, changea de place, &,f�r~
>3 ma les premiers murs de cette habita-
is tion champ�tre. Les foci�t�s augm�n-
» tant,'les Edifices s'agrandirent, &; Yo�
-ocr page 81-
sur l'Architecture. Ixx�x
» vit s'�riger des Temples 6c des Palais :
»mais pourquoi retoucher ces traits d'une
»�rudition rebattue? i� quelqu'un doute
» de ces faits, qu'il life ou qu'il voyage :
» qu'il franch�Te l'obfcurit� de fa fph�re,
« & les barri�res de fon indolence. Il ne
» feuiiletera pas une page, il ne fera pas un
» pas, fans trouver une ample mati�re � fon
» inftrucHon.
                                        v
» Le DeiTin pr�fide � la Sculpture, a ctt
»Art d'immortalifer les hommes , & de
» nourrir en eux la paffion de la gjoire,
»& le defir des honneurs divins, qui fub-
» fille encore chez la plupart des nations-
» civilif�es.                                             . r
» Le Def��n dirige &: foutient tout, ju�
» qu'� l'expre�Tion des paffions, jufqu'a l'ac-
» don & aux attitudes. De concert avec la
» po�fie, que de faillies heureufes ne four-
» nit-il pas au pinceau! il lui apprend �
» raflembler les traits du beau, iem�s &
»m�lang�s dans la nature, pour en for-
» mer les produ&ions les plus int�reiTantes
»de l'Art. �
» Ceft au Deffin que la Gravure eft re-
»devable de tous fes progr�s : fille du ha-
»fard, comme les autres inventions, elle
»les multipli�e les perp�tue toutes. C'eft
» fur le$|>ords de Γ'�rno qu'on la vit na�tre.
» Les chiffres de l'amour furent d'abords
-ocr page 82-
Ixxx       Dissertation
m trac�s fur le fable par la main des Ber-
» gers, puis grav�s fur le h�tre. Les Defl�ns
» furent tranfport�s, de l'�corce des bois*
»fur les m�taux, & le temps les r�t paiTer
» fur le papier, par le fecours de la prei��.
» A�ni� le S�avant ornc-t-il � peu de frais
» fon Cabinet des tableaux du monde 5 ainfi
>3 le Phi�ofophe embellit fon habitation �
33 la campagne d'une vari�t� de payfages ,
33 qu'il a le plaii�r de comparer avec leurs
33 mod�les. C'en: par-l�, qu'on tranfporte au
»3 milieu des Villes les d�lices des champs,
»3 & qu'on voit, m�me au fein des hivers,
33 les agneaux errer dans les vallons rleu-
33 ris, & la berg�re ai�ife au pied d'un ch�-
33 ne, �couter le chalumeau de fon amant,
»s &: r�pondre d'un fouris � l'expreif�on de
>3 fes regards.
»s Arts enchanteurs, continue M. de Mon-
3Jtiano, reproduifez-nous le plaiiir & la
33 vertu fous mille images > exercez l'indufbrie
33 des -hemmes laborieux, Se l'oii�vet� des
33 pareiTeux illuitres. Vous �tes tous fr�res ,
33 tous �galement rivaux de la nature : ΓΑ11-
»tiquit� de fon origine ne donne aucun
33 droit � Pun fur l'autre : l'utilit� de leurs
» productions les met tous au-deiTus de ces
>3 vaines prei�eances que les hommes fe dii»
» putent. Si quelques nations barbares ont
^m�connu le charme des Arts, leur ra-
vage
-ocr page 83-
sur ι/'Architecture. �xtxj
h vage �� leur perte eft une partie fenf�blo
4/des vengeances que le Ciel a voulu tirer
» des fcrirr�es du monde i par l� main de
»ces peuples d�fendeurs. Mais enfin les
»Arts forteht partout de l'oppreffion o�
»ils ont langui fi long-temps j &; comme
»l'Efpagnen'a pas �t� la derni�re � �prou-'
»- ver leur' d�cadence ,= elle doit ie h�ter
» de reiFeiitir l�s douces influences de leur
's r�tablif�ement4 "Ί�1 ι 'λ ? ί)�:α^:
Rapportons encore l'extrait d'un Otl�*
y rage lu dans cette m�me. Acad�mie : dofte ■
l'objet eit de prouver combien tous les Or-
dres d'un �tat: doivent s'inftruire de la cori^c
noiil�nce d�s Arts ■$>& particuli�rement de
l'Architecture (φ 'h ^..o�..�!; rr:q ;��.�■.' ir�-«
- ?>?La noblefi�f di� l'Orateur/doit �tre
»s la premiere ^regarder les Arts, comme
» un des principaux ornements de fori �du-
*> cation , &; �. leur. d°nner les moments
» que l'aifance ομ elle dit n�e lui laifTe \v
« bres de tout ibin &. de toute autre in-'
» qui�tude. Cependant qu'elle n� i�ache y
»i comme Trajari,�� que ce qui convient �
» la dignit� de foh rang, & au bien de l'�-
» tat y & qu'elle ne faiTe pas comme Adrien /
^ qui, pa�ant pour l'Archke&e d'un Tenn
v -; -*''■ " >-' ■■- .. �....�i| y^;^.;,�:,.,�}. ί ■'■ ■■ ...■■t.* ii ;.< ■ -.i-____�u____� ; ;-,,
(c) J^ous avons ptottonc� anciennement Un �ifcoufs fur t�
*�$m� objet, 4ui fe venu � Paris chez Jombert, rue Dai�phiiie.�
1. '.,-.■'
-ocr page 84-
Ixxxij Dissertation
η pie qu'il avoit d�di� � V�nus, demanda
59 au c�l�bre Apollodore, quel jugement il
» portoit de ce Monument : Si les D�ejfes
»fi lev oient de dejffus leur Tr�ne maje�ueux
,
33 elles fe heurteroient la t�te � la vo�te, lui
�j r�pondit Apollodore : c'e� le feul incon*
» v�nient que j'y trouve. Cette i�nc�rit� cho-
v qua la vanit� de l'Empereur, 6c co�ta la
ι? vie au Philofophe. r
33 Mais en �vitant le ridicule, les Grands
33 ne doivent pas manquer du degr� d'�tude
33 & de lumi�re, n�ceflaire pour conce*
» voir des id�es juftes , pour diftinguer le
*> bon du m�diocre, pour applaudir au par-
si fait, &: perfectionner le raifonnable , pour
33 juger des proportions d'un Edifice/'d'un
33 Canal, d'un grand Chemin 5 pour f�a-
33 voir accorder en tout cela, la gloire du
33 Prince avec l'int�r�t du Peuple, la ma-
33 gmficence du projet avec les r�gl�s de
33 l'�conomie. L'Intendant, le Gouverneur>
33 le Pr�lat m�me, s'ils ignorent les �l�-
33 ments de ces Arts, � quelle perte irr�*
33 parable, � quelle exp�rience ruineufe, �
33 quel fujet de rif�e ne s'cxpofent-ils pas ?
33 Tout devient confid�rable entre les mains
33 de ceux qui d�fpenfent les gr�ces des
» Princes, qui font les d�pofitaires de leurs.
?3 tr�fors, qui ont la d�re�ion ^de leurs en-
» treprifes, de leurs Palais & de leurs Edi*
';                                                                                                                                                f           ■. *           �■! V' A. '
-ocr page 85-
/
St/M l��RGHI��CtPk�* IxXX��j
to f�ces» D'un mot j d'un feul i�gne, ils font
»fleurir ou tomber les talents-: ils pro-
»3 curent, ou ils an�antiiTent les progr�s
»des Arts : ils perp�tuent la d�cadence
35 d'une nation enti�re, &c. &c. >>
Avant de quitter cet Avant-Propos,
donnons quelques Programes qui puhTent
fervir de guides � nos El�ves , lors-
qu'ils voudront fe livrer � la compoi�-
tion : puifons ces Programes parmi ceu�
que nous avons donn�s, pendant vingt
anti�es, dans notre �cole des Arts, lors-
que le plus grand nombre des jeunes Ar«
tiites qui nous fu�voient alors, conc�uroic
aux prix, que nous y diftribuions tous les
automnes, diapr�s le jugement des Ardu-*
te&es^ des �rt�ftes &; d�s Amateurs, qui,
pour encourager notre z�le, & foutemr l'�-
mulation de ceux qui �toient confi�s � nos
foins, vouloient bien nous f�conder, dans
ces jours folemnels^ 6t nous �clairer nous-
m�me, dans la carri�re p�nible de rinitiu*
&ion des beaux Arts.
-ocr page 86-
Jxxxiv.        ,pRO GRAM � S '%\l% .
'Divers Programms coHtenant
.0 IFFER E'NTS; PR O JE TS
saa�ij&ji &'Architecture. '■ r�
Par Frogranie nous, t entendons l'�nonc�
d'un projet > un - peu d�taill�, que le Pro-
feiTeur donne � les El�ves, pour leur faire
comprendre fes Intentions, &; la,marche
qu'ils doivent fuivre ;^� dans la compoi�-
tion de l'efquiiTe qu'ils font charg�s de
faire fous fes yeux, : l�s El�ves, l� mettent
enfuite au net, fans, pouvoir s'�carter de
leur premiere penf�e. ;A ion, four i le Pro-
feiTeui doit expliquer, d'une maniere claire
�i ;pr�cife, les conditiplis du Programe 5 y
comprendre les mefures du terrein, fa pla-
nimetrie ou fes montupiit�s, ainfi ,que les
entraves inf�parables; de toute efpece de
f)roducl;ion t dans l'art de b�tit : avant de
e di&er, il doit avoir lui-m�me., dans le
julence du Cabinet, trac� le projet du Pro-t
grame, comme le feul moyen 'de ne dire
que ce qu'il faut, & par-l�, de pr�parer, pour
ainiklire, le travail de l'El�ve. Apr�s l'a-
voir ainil con�u> %^it encore, en pr�-
fence de tous, analif�r , �tendre &; d�ve-
lopper fp�culativement le genre du projet
dont il s'agit, faire des citations, & rap-
peler aux El�ves tes Edifices de m�me
-ocr page 87-
SVR l'Architecture. Ixxxv
genre? qui font �lev�s par les grands Ma�-
tres , & ceux dont nos meilleurs Auteurs
ont donn� les deferiptions : il doit s'ap-
pliquer � faire fentir les nuances qui do�*
vent diftinguer les B�timents �lev�s pour la
m�me fin : leur faire entendre que dans une
Capitale, le Palais d'un Souverain, celui d'un'
Prince du Sang, la demeure d'un riche parti*
ciilier, quoique coniid�r�s, comme autanc
de B�timents d'habitation , doivent n�-
ceiTaire m ent diff�rer par le ftyl e r�pandu-
dans l'ordonnance : que l'H�tel d'un Pr�lat',*
celui d'un Militaire, celui d'un Magiftrat,
doivent avoir chacun un caract�re partieu-
lier, qui les annonce pour ce qu'ils font |
qu'enfin un Pavillon dans un Jardin , un
jKiofque fur l'angle d'une terraife, un petit
Trian�n dans le fond d'un Parc, doivent
s'annoncer- diff�remment par leur afpecb
Par cette attention de la part du Profel�eur,
ceux qui concourent, peuvent fe meubler
la t�te des objets les plus analogues aux*
projets dont ils font charg�s, &, avant d'o-
p�rervconcevoir une id�e nette, qui les
mette a port�e de fe tromper moins, fur la
difpof�tion &; la convenance que demande
chacune de ces compositions.
          , i� �p
LeProfeifeur doit canfeiller aux El�ves |
de ne fe jamais preffer. Les jours deftin�s:
4 faire leur Efquiffe.,on kur: accorde-envi-»
lf
-ocr page 88-
Jxxxvj           Programes
ron douze heures pour y parvenir : pa��ez-
en d'abord le tiers , leur avons-nous die
plus d'une fois, � r�fl�chir dans le plus
grand iilence ■■, enfu�te tentez, pendant
le m�me efpace , plui�eurs moyens de
remplir les conditions du Programe :
faites un choix ; enfin , dans hs quatre
heures reliantes, traduifez vos penf�es, &
faites avec pr�ciiion votre Efquii�e fur l'�-
chelle demand�e. ReiTouvenez-vous , leur
avons-nous dit encore, que, plus elle fera
dig�r�e, plus vos Dei��ns au net feront,
faciles � rendre. Perfuadez - vous que le
jour de l'EfquirTe eft un jour de triomphe \
que la fatigue de cette journ�e % i� c'en
cil une, vous met � votre aife, pendant
le temps que dure votre concours, & que,
par-l� feulement, vous avez droit de pr�'
tendre � la couronne qui vous attend.
Combien peu n�anmoins fu�vent notre
avis ! Combien n'en voyons-nous pas, qui %
ne prenant qu'un extrait � la h�te du Pro-
grame, qui, lui-m�me, ne doit �tre re-
gard� que comme un pr�cis de l'objet de-
manda , s'arment fur le champ, de la r�gie
&: du compas, pour op�rer, fans r�fl�chir
que le projet doit �tre dans la t�te, avan�
d'en vouloir tracer PefquiiTe far le pa-*
pier! Comment, avec cette pr�cipitation,
�hoii�r Je genre propre au fuje� ? �oinment;
-ocr page 89-
sur l'Architecture. Ixxxv�j
pouvoir monter ion g�nie fur le ton gra-
ve, ou fur les gr�ces de l'Art? Gomment
enfin pouvoir faire un choix judicieux du
v�ritable cara�fc�'re propre � l'Edifice , lorf-
que les diff�rentes parties qui le compo-
sent ne fe con�oivent que les unes apr�s
les autres ? Qu'on n'en doute point , ce
d�faut de jugement eft fouvent caufe
que le mouvement du Plan eil d'un ftyle
diff�rent de celui des �l�vations, &que,
plus fouvent encore, les ornements qui de-
vroient embellir l'ordonnance , ne fervent
qu'� l'accabler & � la d�figurer.
- Offrons ici plufieurs Programes concer-
nant l'ordonnance ext�rieure des B�ti-
ments. Dans le Volume fuivant, nous en
pr�fenterons, fur la diftribudon &; fur la
d�coration int�rieure.
; Commen�ons par donner l'id�e qu'on
pouroit concevoir, par exemple, du pro-
jet de la porte d'une Prifon, de celui d'une
Orangerie, enfuite nous donnerons desPro^
grames particuliers, qui auront pour objet,
le projet d'un Arc-de-triomphe, celui d'une
Colonne Milliaire, d'une Fontaine jaillif-
fante, de la Porte d'un Arfenal, dcc. &c.
Une Porte de Prifon doit annoncer, par
fon ordonnance &: parTon expreffion, fi elle
donne entr�e aunePrifon publique,� une Pri-
fonmilkaire,oi» auaePrifpn p�rticuliere^fiii
-ocr page 90-
�xxx vlij Pr θ & R a m kr$.
que le choix qu'on aura fait, puilTe d�i�gnei
pr�cif�ment la diff�rence de ces divers Ed�t
�ces, quo�qu'�lev�s tous pour le m�me objet,
ChoimTons la Porte d'une Prifon m'�U
taire. L'ordonnance d'une telle Porte doit
�tre ruftique. Si l'ordre Tofcan y pr�i�de,
11 doit �tre engag�, & �tre augment�'de
boi��ges continus & vermicul�s : les ar*-
riere-corps doivent �tre profonds j les ta^
bles Taillantes, les clavaux lourds & pefants.
Des profils maffifs Se peu compof�s, char-
g�s de mutules carr�s, doivent entrer dans
fa d�coration, aini� que de petites ouver-
tures pour crpif�esj enfin des bornes gar-i,
niesde cha�nes, doivent fe placer dans un
tel Frontifpice. On doit prendre garde en-
core , ii l'Edifice auquel cette Porte donne
entr�e, eft d'une certaine importance *
que celle-ci, coniid�r�e comme feinte y
/bit un peu coloiTale, mais baiTe, �craf�e,
�c que la Porte r�elle, contenue dans la
feinte |; ne pr�fente qu'un Guichet : la pre-
miere, par fa grandeur, devant annoncer
l'importance du Monument j la f�conde, par
fa peticeffe, l'horreur duf�jo�ir, dont l'en-*
tr�e ne doit; �tre ouverte qu'aux �oupa^
Hes? Lorfqufon y admet.de la Sculpture^
U faut qu'elle infpir� la terreur,.& que l'hu4
Inanit� femb�e bleff�e de fon afpecL Ju�
'ψί'Μ m0$$% I ^i^tieres :, itqut .άο$ etpf
-ocr page 91-
sur l'Architecture Ixxxte
ferut, b�ti en pierre dure, d'un grand ap^
pareil, � joints ouverts, & annoncer d'�-
paiiTes murailles ', enfin la main d'ceuvre doit
paro�tre vague $c ind�termin�e. La touche
du Deffin m�me d'un pareil Monument,
doit pr�fenter la riiiKcit� de l'ordonnance.
Pour conftater l'�tendue d'un tel projet,
il fuf�t que le Programe fp�cifle� feulement;
la largeur §l la hauteur de ce Frontifpice.
L'Orangerie de Verfailles, fans contre-
dit, peut fervir de mod�le, & �tre regar-
d�e comme un exemple c�l�bre, pour l'or-
donnance d'un B�timent de ce genre : ma�s
comme il peut arriver que l'ordre TofcanX
qui pr�iide dans cet Edifice, doive tenir
un rang moins confid�rable , dans la d�-<
coration ext�rieure d'un B�timent de cette
efpece, parce qu'il ne s'agit pas toujours
de l'Orangerie d'une Maiion: Royale, ■'&
qu'une Orangerie *, au lieu d'�tre �doiT�e
� une terraiTe, peut, �c doit m�me �tre
�fol�e de toute part; voici comme on peut
concevoir un tel projet, pour �tre ex�cut�
dans les Jardins d'une Ma�fon de plaifance.
La convenance voulant que l'avant-corps
d'une Serre de l'efpece dont nous parlons,
�c la porte qui y donne entr�e, foieht �le*
y�s � raifon de la grandeur des arbres que
ion int�rieur doit contenir, on peut �le*
?�r :�et Ayant-corps aii-deiTus de Rentable*
-ocr page 92-
M�               Programms
ment> ou de la corniche de couronne-
ment qui r�gne fur toute la longeur de
l'Edifice. Alors cet avant-corps autorife une
grande ouverture plac�e dans un entreco-
ionnement, ou clans un entre-pilaitre ,
J'un ou l'autre aiTorti � l'�tendue du B�-
timent*
Si la fituation de cette Orangerie eil: en-
vironn�e de taluds, de glacis ; fi elle fe
trouve �lev�e dans une vall�e , bord�e
4'une cha�ne de montagnes, �c qu'on am�ne
les colonnes fur la fc�nej il convient de
/charger celles-ci de boiTages alternatifs 5 au-
trement, il faut laiiTer le fut des colonnes
lice, de charger de refends le mur de face:
travail qui ferviroit de fond aux colonnes,
m que nous eftimerions peut-�tre autant
que les boifages plac�s fur l'ordre 5 ou, dans
ce dernier cas, nous voudrions affecter
plus de peianteur aux chapiteaux , en for-
mant le tailloir d'une feule plate-bande,
pomme le propofe Palladio.
'i Nous fommes aui�i d'avis qu'on fuppr�me
les combles, dans ces fortes d'Edifices j l'in-
f�rieur devant en �tre vo�t�, il eft bon d'en
mafquer les couvertures. Nous fommes en-
core d'avis qu'on y fupprime les frontons, �
moins qu'on ne les place dans les pignons,
dans le cas o� les combles refteroient ap-
parents fut toute la longueur de h fa*
-ocr page 93-
SUR J�A&CniT�CTVRE*         XCJ
^ade. L'�tendue-& la profondeur d'un B�ti-
ment d'orangerie doivent �tre proportion-
n�es � la quantit� des arbres qu'il doit conte-
nir > il doit �tre expof� au midi, & avoir une-
certaine �l�vation n�ceiTaire pour la confer-
vation des orangers qui y font renferm�s
l'hiver. L'Orangerie des Jardins de Sceaux,
& celle des Jardins de Montmorenci, peu-
vent fervir de guides, lorfqu'il ne s'agit que
des Orangeries du f�cond genre. PaiTons
actuellement aux Programes particuliers que
nous venons de promettre,
Programe pour un Arc de Triomphe.
Le ProfeiTeur demande le projet d'un
Arc de triomphe dans un Carrefour, don�
les deux principales faces donneront fur
des rues de vingt-cinq toifes de largeur«
$c les deux autres fur des rues de quinze
toif�s, croifant les premi�res. Ce Monu-
ment n'exc�dera pas la largeur �ts grandes
rues, y compris les plus fortes faillies pla-
c�es fur fes retours. Il poura �tre d�cor�
d'ordre d'Archice&ure au choix des El�ves,
& �tre perc� par les quatre cot�s.
Les El�ves d�iigneront par maff�, L�
forme du Carrefour, ou fera plac� cet Edi-
fice. Us feront deux Plans, l'un du rez-de*
chauff�e, l'autre de la partie fup�rieure $
-ocr page 94-
une �l�vation, fur l'une des grandes fa�a*
des, une autre»fur la face lat�rale,''& une
coupe.-,'
                               ■'r'-shi ; ■                 ',n'
r-Les efquiiFes feront fur une �chelle de
fix lignes pour toife : les Deffins au net,fur
une �chelle d'un pouce & demi pour toife;
hes El�ves auront foin de ne jamais pr�-
fenter une id�e double dans leurs efquirTesl�
autrement, elles ne feroient pas re�ues
pour le concours.
Explication fp�culative apr�s k
'on
Programe*
Apr�s la lecture du Programe, z/ e/? $0/2
que le Profeffeur d�figne le motif qui. donne
lieu � ��reilion du- Monument. : s'il doit �tre
�lev� � la gloire d'un Prince triomphateur \
� l'occa�on d'une alliante illufire 9 de. la naifi
fance d'un Prince, &c. afin que
;> non-Jeu-^
lement, l'El�ve puiffe faire choix de l'or-
dre le plus convenable au fujet
y mais qii�l
appelle � lui les attributs
, φ les all�gories
les plus propres � repr�fenter d'une maniere-
non-�quivoque,
,�la d�dicace dit Monument.�ffa
$/ogratte ρομη une Colonne Militaire%
41 ?
. Cette Colonne doit �tre eoloiTale , 6%
.$m:-'mav& s;/dmt
fexpreffion annonce la
-ocr page 95-
SUR L'��LCH�T�CTURE.         xciij
dur�e des temps. Elle doit �tre �lev�e
fur un foubaiTem�nt o� l'on placera divers
attributs qui cara&�rii�ront le motif qui aura
fait �riger l'Ediric�. Ce Monument doit
�tre plac� au centre d'une place marchand
de y d�cor�e de B�timents,,� d'une Arclii-
teclure i�mple-\ de d'une �l�vation propor-1
tionn�e au. diam�tre de la Place , �c I
l'importance du Monument dont �l eft
queiHon.
              ,                        - *
vvLes El�ves y apr�s avoir choi file l�e� le
'plus convenabk.j. pour l'�l�vation de cette
Colonne Miiliaire, par exemple f la place du
parvis de Notre-Dame ^ feront un Plan g�n�-
ral, fur une �chelle de neuf lign�s pour toife f
ce Plan d�fgner-a toutes les rues qui abou-*
tirant � cette place 5 & ils prendront foin
a y exprimer en rouge tout ce qu ils croi-,
ront devoir conftruir-e �./-.neuf ; en jaune,
tout ce qu'il, conviendra de d� truite/&
�c en noir , tout ce qui poura �tre
�pnlerve. ,,\ ,5
          W'iiV» f.v-r-:,:^-:'Λ &
Les ^�l�vations'de la Place feront deffi^
fi�es fur une �chelle d'un pouce & demi
pour- tpife� : le Monument particulier-4
fur'une �chelle'de deux pouces & demi.
Les eiquii�es feront faites fur.une �chelle
r�duite � 4a moiti� des mefuf�s ci"deJ�u�#
-ocr page 96-
xc�v           Programm s
:                             ■■■.                                          ."' ' . . *�■ ' ..',■,'.�'. "                                      ... �. ... i ... : :... '
Explication,
On f� propofe d �lever � Paris une Co�*
tonne Milliaire
, � l'imitation du Milliar�um
jaureum, qu'Augu�e fit �lever en marbre au
milieu du March� de Rome, d'o� ton comp-
tait la di�ance de cette Ville
, par d*autres
Colonnes Milliaires
, plac�es le long des grands
chemins.
Le Parvis de Notre-Dame fe trouve af�{
pr�cif�ment le ^centre de Paris
, & celui d'�-*
pr�s lequel M. Peronnet a fait mefurer exa*
clement la di�ance des milles qu'on plante
actuellement fur tous les grands chemins de
la G�n�ralit� de Paris ; on en plantera de
7n�me par la fuite dans tout t� Royaume �
fuiyant les intentions de Sa Majefi�.
' D'apr�s cette id�e , nos El�ves doivent
s'animer d'une nouvelle ardeur, pour corn-
pof er un Monument digne, tout � la fois y
de ΐimportance du projet
, & du r�gne du
Prince fous lequel il doit �tre �lev�.
Programe pour une Fontainejaitliffanteli
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves l'�-
l�vation & le Plan d'une Fontaine d�cou-
7 verte §c iailliiTante, d�cor�e de membres
-ocr page 97-
sur l'Architecture xcr
d'Archite&ure & de Sculpture. Ce Mo-
nument eil particuli�rement deil�n�, pour
Futilit� &c la d�coration d'une Place publi-
que, faifant partie de la ville Capitale d'u-^
ne de nos Provinces, dans le fein de la-~
quelle paiTe une rivi�re navigable.
L'EiquiiTe de c&s deux Deffins iera fa�te
lur une �chelle d'un pouce pour toife ;
Se les Deffins au net, chacun fur une
�chelle de deux pouces pour toife. Il eil
recommand� aux El�ves de ne faire ni les
EfquiiTes, ni les Deffins au net, plus pe-
tits, ni fur des �chelles plus grandes que
celles preferites par ce Programe.
Explication.                  ^
Ce Programs exige fans doute, de la part
de ceux qui concourent
, l'habitude du Def�n:
aujfi fai�ffons-nous cette occafion
, pour rap*
peler � plu�eurs
, le bejoin qu'ils ont de s'y1
appliquer plus particuli�rement τ autrement y
forc�s d'avoir recours � une main �fang�re ,
leur projet deviendra difparate y l'Architecture
d'un genre
, la Sculpture de Vautre, celle-ci
trop forte , l'autre trop foibte g par conf�r
quem, la comp��tion imparfaite. Nous l'a*
vons d�j� dit, nous le r�p�tons ι le fucc��
d'un Monument de : ce genre
, con�fie dans
un parfait rapport entre l'objet principal \
-ocr page 98-
&CVJ              P Μ Ο QRAM � S
& les parties ace e foires y ain� que dans le
choix des formes
, & la di�ribution des eauo�
jaillifantes
, dont la dijpo�twn doit contri-
buer
? plus qu'on ne s'imagine ? � la beaut�
de l'enfembL�
              ■ < ■ "
' Ρrograme polir une Porte d'ArJendL
Le Pfqi�iTeur demand� a f�s El�ves Je
projet de la d�coration ext�rieure de Ja
Forte d'un Arfen�l, donnant iiir une PJace
d'Armes. Cette porte doit �tre ouverte
Ar un mur de cl�ture, qui n'a que vingt-1,
une toifes d'�tendue.
Le Dei��n fera fait fur une �cJielJe d'ui�
pouce pour toife, & ceJui au net fur un©�
�chelle du double, Λ -
                  ^ ^
'; ' ; ■' JSxp�cadorz* , ,\ 7 ^ ^
Z�� El�ves doivent s'attacher � donnera�,
�ette Porte,un caract�re particulier ^ qui an-
nonce l'entr�e d'un grand Edifice, dont l'in-
t�rieur e� dejan� � con�ruif� Jes armes \ofi,
finfives y qui. doivent -d�truire, les pr�tentions
de l'ennemi. Si .l'on γ .met des colonness
* il
^/? bon. de, Cordt de ία route ordinaire *�i/a-
leur faire repr�senter aumjit,�e'f�ts de canon\
& d'appekr �, foi dans la Sculpture y
les mor^
tiers g
-ocr page 99-
St/M L*�RCHtT�CfUk�, XCV�J
tiers y les bombes, les aubu�ers , & tout c$
qui peut caracl�rijer la foudre y qui doit ρφ
venir la t�m�rit� des ajfaillants*
Programm pour un Portail d'�gll/e*
Le ProfeiTeur demande � fes Elev�s le
Plan & l'�l�vation ext�rieure du Portail
d'une . �glile , faifant partie d'un Mona-
ft�re de Dames Relig�eufes» Il eil permis
aux El�ves d'y faire entrer un ordre d'Ar-^
chlte&ure i & de r�pandre une certaine
. magnificence dans Ton ordonnance.
Les EfquuTes feront faites fur une �chtlie
d'une ligne pour pied, & les Dei�ins au
net, fur une �chelle de trois lignes pour
pied.
Explication;^
\ .,� :
�SEgUfe des Dames de t�rinonciade S
■ Samt-Denis , celle- des Dames de Sainte*
Marie � Chaillot ? font les mod�les que mus
citons � nos El�ves, pour r�gler leur map-'
che dans ce genre de compo�twn : del� nous
prenons occafion de leur recommander plus
que jamais, de vifiter tous nos Edifices, d'en
faire des Efqtaffis-, des notes f qui les met-
tint � port�e d'�ta moins neufs, lorfqu'ils fi
Tome IV*
                                g
\
. 'I i '
-ocr page 100-
XCviij          Ρ R O G RA Μ Ε S
pr�fentent au concours. Nous leurs confinions
d'ailleurs ^ de m�diter le choix de leur ordre
>
il entre, plus qu'ils ne s'imaginent ordinai-
rement
, dans la proportion & les rapports qui
doivent caract�rifir l'Edifice. C'ejt d'apr�s
l'Ordre que les majfes fie d�terminent
, que,
les membres d'Architecture prennent leur place ^
& que les ornements acqui�rent cette wuchs
ferme ou �l�gante
, qui influe fur les nuan-
ces , & qui diff�rencie telle production de telle au*-
tre production du m�me genre.
Programe pour une Porte d'Ecurie,
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves la
d�coration ext�rieure de la porte d'une
Ecurie, fa�fant partie des d�pendances d'u-
ne Maifon Royale. L'ordonnance de cette
Porte doit �tre fans Ordre d'Archite&ure,
& contenue dans un avant-corps de vingt-
fept pieds de largeur.
L'EfquuTe fera faite fur une �chelle de
deux lignes pour pied, & le Del��n au net,
iiir une �chelle de quatre lignes pour pied,
Explication.
Le flyh d� ΐ Architecture de cette Porte.
doit avoir un caract�re de fermet� qui an-*
-ocr page 101-
SUR �'�rCh�TECTUR�.        &cit
nonce fon inf�riorit� d'avec l'ordonnance des
fa�ades qui pr�fident dans le principal corps-
de-logis s mais non de cette fermet� abfolue
qui caracl�rifie les ouvrages militaires : une�
belle forme dans l'�l�vation , un mouvement
mod�r� dans fin plans & quelques ornementi
relatifs � fion ufage, doivent faire tous les frais
de cette composition*.
Programe pour une Fontaine publique,
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves 1*6�*
l�vation & le Plan d'une Fontaine publi-
que adolT�e contre un mur de Cl�ture
iitu� en face de la grande rue d'une Ville
de Province. On demande que cette d�-
coration fort fans ordre d'Architedure i mais
d'un ftyle int�r�iTant & orn�*
L/�quhTe fera fa�te fur une �chelle de
quatre lignes pour tolfe, & les D�finis au
net
fLir ulle �chelle de neuf lignes pour toife*
Explication.
^ Quoique 'nous ayons fouvent recommand�
l'�tude fuivie des ordres d Architecture
>� il s'en
faut bien que nous en exigions l'application,
dans tous les genres de compofuion. Dans
un projet de m�me genre
, on peut les y faire
entrer ou les y fupprimef
, filon l'importance
-ocr page 102-
                 Programes
de la Province ou de la Capitale o� ce Mo-
nument Jeroit �lev� ; mais qu'on γ prenne)
garde : au d�faut de la pr�fence de l'Ordre 9
du moins il en faut retenir l'expreffion} comme,
lefeul moyen de joutenir un caracl�re d�cid�
,
& de donner � connoitre, quoique l'�cono^
mie ait fait la loi
, que la d�coration n'en efl
devenue
«> ni moins agr�able ? ni moins fa-
tisfaifante
, malgr� la mod�ration des orn�"
ments 3 occasionn�e par l'abfence de l'Ordre,
D�coration de ΐ avant-corps d'un Palais.
Le ProfeiTeur demande au choix de fes
El�ves', ta d�coration ext�rieure de l'a-
vant-corps principal de la fa�ade d'un
Palais du c�t� de l'entr�e. On ajoutera �
cet avant-corps quelques croif�es feule-
ment, appartenantes aux arriere-corps de
l'Edifice.
L'EfquiiTe fera faite fur une �chelle de
quatre lignes pour toife j les Defl�ns au
net , fur une �chelle d'un, pouce pour
toife. \ , �,. ,�,,.��,;.
Explication,
'L'El�ve doit fe rappeler ce que nous avons,
fu plus, d'une fois^ dans nos Le�ons ; Il faut
-ocr page 103-
sur l'Architecture.         cj
s'attacher au genre de tEdifice-, afin de ne pas
confondre , comme on ne le fait que trop'o�-
dinairement, le fiyle qui convient � l'ordon-
nance d'une Maifon Royale
, d'un Palais pro-r
prement dit
, d'un Ch�teau ou d'une Maifon
de■ plaifance; chacun de ces Edifices, encore
une fois
, devant offrir un afpecl diff�rent %
avoir plus ou moins de mouvement
> de ri-
cheffe i une forme plus ou moins pyramidale
,
& �tre amorti diverfement. Jufqu'� pr�fent,
il femble que l'on ait confondu les genres. r
parce qu'on a indifiinclement donne le nom
de Ch�teau y de Palais, ou de Maifon Roy'aie
aux m�mes Edifices j d'o� il efl r�jult�
, que la
plupart de ces B�timents pr�fentent le m�me
afpecl ? au lieu d:'offrir autant de caract�res
particuliers..
Programep�ur l�Di�orationext�pieur�
d'un Belv�der,
Le Profeil�ur demande �/ fes El�ves �a
principale, �l�vation d'un tr�s^jo�i Bel-
v�der �lev� fur ■-�n�1"-t�rra-i�e, ';��"Puri &:
Pautre orn�s de Sculpture. On fera le
Ma�tre d^introduire des^ nappes d'eau
vdans le maffif de la "ter'rafle , &; de
, faire voir les efcaliers qui defeendent
'tJiins les Jardins bas y � l'extr�mit� fit-
-ocr page 104-
c�j               Pro crames
p�rienre defqucls doit �tre �lev� ce B�-
timent,
1/EiquiiTe fera faite fur une �chelle de
trois lignes pour toife, &: le Deffin au net,
iltr une �chelle double.
Explication,
lie� aif� de concevoir que, quoique ce Prcn
grame nefa�e mention que de l'une des �l�vations
de ce B�timent
, pour y parvenir, les El�ves
ne peuvent fe dijpenfer d'en tracer le Plan &
m�me une coupe > dont ils pouront pr�f enter
les intentions , dans l'EfquiJfe. A la v�rit�
,
0n ne leur demande pas ce dernier objet d�-
taill� juf qu'� un certain point i mais comment
parvenir � fe rendre compte de la forme g�*
n�rale, de la difpo�tion des terrajfes
, & de,
fa Divinit� � qui on voudra d�dier ce petit
Monument, fi l'on a pour objet d'en former
un Tempk � Apollon
, aux Mufes, � �A-
mour\ ou aux beaux Arts j autant d'objets
■gui faciliteront chaque El�ve, � fe rejfembler
moins les uns les autres
, dans cette production $
les laijfant les maures du choix, & leur �tant
p�rmis de faire un Deffin de go�t
, du Pro-*
grame qui kwr φ offen ia�
-ocr page 105-
Cllj
SUR ^ARCHITECTURE*
Programe pour un Phare fur le bord
de la mer.
Le ProfeiTeur demande � fes El�ves la
d�coration ext�rieure d'un Phare, �lev� fur
le bord d'un M�le, pour �clairer la naviga-
tion. Ce B�timent doit avoir de b�fe vingt-
cinq toifes, &: de hauteur environ trente-cinq
toiles 3 �tre divif� en plufieurs �tages, for-
mant chacun une terraiTe, �c �tre termin�
par une plate-forme for laquelle s'�leve-
roit un fanal ou porte-lumi�re.
L'Efquii�e fera faite far une �chelle de
quatre lignes pour toife , & le Def�in au
net, fur une �chelle double.
Explication.
2-s-f.-
La Tour de Cordouan efl peut-�tre le feul
Edifice de ce genre qui puiffe guider les El�-
ves dans cette efp�ce de production
(b). On
con�oit que le fol de cet Edifice, doit �tre �lev�
fur une terrajfe, hors des atteintes de la plus
haute mar�e, & que g�n�ralement parlant, il
. ne faut pas abujer d'une trop grande rk-hejfe
dans l'ordonnance de ce Monument ,fon m�rite
(h) Voye� ce que nous avons dit de cette Tour, dans le
IXe Volume de ce Cours, page +6i, & fmvantcs.
glv
-ocr page 106-
c�v Procrames sur l'Architecture,
principal devant confi�er dans le rapport de
fa largeur
, & dans l'effet pyramidal qu'il
doit annoncer y par les tetraffes formant au~
tant de retraites indiqu�es dans le Programe.
Nous nous fomrnes fix� � ce nombre-de
Programes concernant la d�coration ext�-
rieure des B�timents > non que nous ayons
cru �puifer la mati�re , mais parce qu'il
nous a paru que ceux que nous venons
d'offrir, peuvent fuffire pour faire parve-
nir les El�ves apr�s cette �tude, par-
courir la diverf�t� infinie que pr�sentent
�toutes les productions de l'Art. D'ailleurs,
nous nous propofons , dans les Volume$
fuivatits , d'en pr�fenter encore/qui re-
garderont la diilributlon des Edifices : d'au-*
tres qui auront pour objet la d�coration
int�rieure des Appartements, enfin que!-*
ques-uns fur ce qui concerne Tart du Jar«
dinage, &, nos Jardins de propret�.
Fin de l'Avmt-propos*.
-ocr page 107-
TABLE DES MATIERES,
des Chapitres et des Planches
Contenus dans le quatri�me Volumeν
AVANT-PROPOS.
ou
Pr�cis des r�gies contenues dans le troiiieme
Volume de ce Gours ;
                            page j
Suivi de quelques Obfervcitions pr�liminaires fur
ΐ ArchiteUure.
                                              ibid.
Avant-Propos du- twi�eme Volume. pag. iij
Dissertation sur diff�rentes parties de.
l'Architecture.
                                        xl
Moyen de concevoir en quoi consista
le talent
, legout et le genie du ve-
RITABLE Architecte.
                            ibid.
JPe �homme 4 talent en Architecture.,                ibid�
De H homme de gout en �rchiteclure.                xliv
De �homme de g�nie en Architeclure.              xlviif
Qbfervations f�r diff�rentes parties de Ρ Art.         Iij
Pi vers Programes contenant diff�-
rents projets d'Architecture.
Ixxxiy4
CHAPITRE PREMIER.
* ■.                                                                                                                            l                                                                          j- *                                                                                                       
De la Distribution et de la D�cora*
Τ ion des Jardins de propret�,
         %
;;k
-ocr page 108-
"*�
fcvj                         TABLE
Observations g�n�rales sur les dif-
rx-f�rentes parties qui composent les
* Jardins,
                                                Page 9
Observations particuli�res sur les
diff�rents objets qui se placent a
d�couvert dans les jardins de pro-
'PRETE.                                                                 21
'Des diff�rentes fortes de Parterres.                    ibid.
Des Boulingrins & des Vertugadins.                   26
Des Fontaines, des Buffets & des Cafcades. 27
Des diff�rentes efpeces de Terraffes.
                      31
Des Efcaliers d�couverts , en ufage dans les Jardins
de propret�,
                                                             . <■'.-■ 33
wbgs Quinconces.                                                   3�
Des diverfes Paliffades.                                        37
Observations particuli�res sur les
piff�rentes parties qui se placent λ
couvert dans les jardins de pro-
PRET�.
                                                            39
'Des aff�rentes All�es.                    '\                 ibid.
Des diff�rents Bofquets & des Salles de verdure. 41
Des Clo�tres.
                                                        42
Des Labyrinthes.                                               \43
Des Cabinets & des Berceaux de treillage.          44
Des Statues & des Vafes.                                    46
^Diff�rents Dessins de Parterres , de
Broderies et de Massifs d� gazon.
48
Planches I & IL
Diff�rents Deffins de Boulingrins & de Vertugadins.
Planches III & IV.
Des Fontaines jailliffantes.
                                   j J
Planche V& VI,
ι
-ocr page 109-
DES MATIERES. cvij
Diff�rents Deffins de Terrajfes & d'Efcaliers. page 57
Planches VII & VIII.
Divers Deffins de Paliffades.                               6l
Planches IX&X.
Observations particuli�res sur les
diff�rentes parties qui se placent
a couvert dans les Jardins de pro-
pret�.
                                                            6 y
Des Bofquets & des Salles de verdure,              ibid.
Des Cabinets de treillage.                                    JZ
Des Vafes.                                                           74
Diff�rentes compositions de Jardins
avec leurs B�timents et les d�pen-
dances QUI EN SONT LA SUITE,
page 76
Plan g�n�ral projet� en 1766 pour le Cateau-Cam-
hrefis � fix lieues de Cambrai en Flandre.
83
Planche XXIV.
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins d'un ma-
gnifique Ch�teau projet� pour ΐAllemagne.
SB
Planche XXV.
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins d'une
belle Mai/on de chaffe projet�e en Allemagne pour
..y (�lecteur **%� ν                                                �fi
Planche XXVI.
C HAPITRE II>
DE IA DISTRIBUTION des Batimen^
EN G�N�RAL.                                              LOO
Pr�ceptes g�n�raux, concernant la difpofition des
iffues 5 des cours principales , des -baffes-cours , φ
-ocr page 110-
eviij                   TABLE
des B�timents qui fervent de d�pendances atig
* corps-de-logis dejlin�s � la re�dence des Maures.
page 108 ",
De la Convenance.
             v                              109
Maniere de concevoir le projet a"un B�timent. l�O
Pr�cautions qu'il convient de prendre avant de b�tir.
1J3
De �cxpofition des B�timents.                           ll\
Du choix du lieu ou ton y eut b�tir.              IVJ
De la nature des Eaux.                                  119
Des Avenues.                                                    121
Des Avant-Cours.                                              I±4
Des Cours principales.                                        llj
Des Baffes-Cours.                                               lip
Plan du Ch�teau de Verf ailles i de fes iffues, & de.
fes principales d�pendances.
                             131
Planche X XV11.
Plan de ΐ ancien Ch�teau de Meudon, de fes iffues %
de fes cours, & de fes principales d�pendances.
134
'l
Planche XXVI IL
'Plan du Ch�teau de Saint-Cloud, de fes  iffues, &
de fes principales d�pendances.                       iy~f
Planche XXIX.
Pian du Ch�teau de Maifons, de fes iffues ,& de
fes principales d�pendances,: : J H             139
L A NC H E XXX.
Plan g�n�ral de Champ > de fes iffues ,   & de. fes
* '-principales d�pendances. ;"               IAZ,
ν .,',,,t,",Jfe �; ν � he X XXL
-ocr page 111-
DES MATIERES.           rix
Plan du Ch�teau de Montmorenci , de fes i�ues, &
de fes principales d�pendances.
              page I46
Planche XXXII.
!
Plans par majfes d'un B�timent de foixante -fix
toifes de f ace
, de fes i�ues, & de fes d�pendances ;
de la compofition de ΐ Auteur.
                         14$
Planches XXXIII & XXXIV,
De ΐutilit� des diff�rents Mod�les dans les ouvrages
importants,
                                        ■ \                158
D�nombrement des Pi�ces contenues dans chacune
des Ailes qui comprennent les d�pendances trac�es
fur la Planche XXXIII.
                              l6z
Des Caves en g�n�ral.                                       I�3
Des Ou fines & de leurs d�pendances.                166
Des Offices & de leurs d�pendances.                 171
Des Ecuries , des Remifcs , & de leurs d�pen-
dances.
                                                            174
CHAPITRE ΙΠ.
DE LA DISTRIBUTION INT�RIEURE
EN G�N�RAL ;
Et en particulier, de la Forme, de la
Proportion et de la Sym�trie qu'il
convi ent d'observer dans chacun m
des pieces qui composent les appar-
J TEMENTS. , MV�':                           v'\                     185
Premiere Distribution int�rieure du
principal corps-de-logis d'un palais
de soixante-six toises de face,
ji Coccafion duquel on traile de la forme s de la pro-
-ocr page 112-
ex                   TABLE
portion, & de �ufage des diff�rentes pi�ces qui corn*
pof ent les Appartements de parade , de foci�t�, &
les Appartements priv�s\                         Pag� 102
Dtfcrip�on de la Planche J�XXV,                 103
Rapport que la hauteur des pi�ces des Appartements
doit avoir relativement � leur diam�tre, f�lon U
fentiment de Fitruvey de Palladio & de Scamoqji.
200
S intiment des Modernes fur les diff�rents rapports
que la hauteur des pi�ces des Appartements doit
avoir relativement � leur diam�tre & � leur �leva-'
tion ; foit que ces m�mes pi�ces foient plafonn�es
ou termin�es en calotte.
                                    204
Des Appartements en g�n�ral*                                208
Des Vefiibules*                                                       2IO
Des Salions,                                                         Z14
Des Anti-Chambres*                                                2,2,2,
Des Salles de Compagnie*                                    227
Des Salles �Affembl�e*                                         2} I
Des Cabinets.                                                         237
Des Chambres de parade*                           ' 249
Des Galleries.                                                         2�2
Des Chapelles faifant partie des Appartements des
Edifices de quelque importance»
                       27?
Des Efcaliers en g�n�ral.                                      287
De la maniere de placer convenablement les Efca-
liers. dans un B�timent.
                                   20�
De la grandeur des Efcaliers* 200
Des� diff�rentes formes des Efcaliers* 301
De la lumi�re qu'on doit donner aux Efcaliers. 302
Regle pour trouver la proportion de la hauteur^ &
le giron des marches des Efcaliers.
304
De la d�coration des Efcaliers. 300.
De 'la Con�rucii'on des Efcaliers, 313
-ocr page 113-
DES MATIERE S.         cxj
Distribution du premier �tage dont
le rez-de-chaussee vient d'�tre d�-
CRIT,
                                                 page 318
Planche XLI.
Defcription de la. Planche XXXVI*
              3i$.
CHAPITRE IV.
OBSERVATIONS SUR LA D�CORATION
DES FA�ADES
,
Appliqu�es a l'ordonnance ext�rieurs
du Plan trac� sur la Planche XXXV9
d�crit dans le Chapitre pr�c�dent.
.333
El�vation g�om�trale d'une des Fa�ades principales
d'un Palais de foixante-�x toi/es de face.
334
Planche XL II.
�l�vation g�om�trale d'une des Fa�ades lat�rales
d'un Palais de foixante-�x toifes de face.
34�
Planche XLIII.
Coupe prife fur la profondeur du principal Corps-
de-logis d'un Palais de foixante-�x toifes de face*
347
Planche XLIV.
CHAPITRE V. .
Observations particuli�res , appli-
qu�es A LA DISTRIBUTION &UN BeL*
V�DER
, A CELLE D'UNE MAISON ABBA-
TIALE, ET A CELLE D'UNE MAISON PAR-
TICULIERE.
                                                  35I
Plan dun Belv�der ferrant de retour de chatte.
35*
Planche XLV<
-ocr page 114-
cxij TABLE DES MATIERES.
Plan � re%~de-chauff�e de la Mai]on Abbatiale de
� Abbaye des Pr�montr�s
, � Vilkrs-Cotterets. 3 ff�
Planche XLVI.
Plan � re^-de-chau�ee dune Maifon particuliere. $($Q
Planche XLVIL
V
               CHAPITRE VI.
OVLON TRAITE DE LA DISTRIBUTION
PARTICULI�RE DES APP�RTE*
MENTS PRIV�S,
                                     365
Et dans lequel on enseigne la ma-
ni�re DE LES TRACER REGULIEREMENT,
ET DE TIRER AVANTAGE D�S PLUS PE-
TITS espaces.
                                          ibid.
JDi�ribution particuliere de F Appartement marqu� Β ?
faifant partie du Plan du re^-de-chau�ee de l�
Planche XLVI de ce Volume.                       $6j
Planche XL V I IL .��
Plan de la di�ribution dun deuxi�me Appart�"
ment y d�taill� dans le genre du pr�c�dent,
3 g 2
Planche XLIX.
G H A PI Τ R Et I L             .
Plan par ma�e des nouveaux B�timents & des nou-
velles Communications faites � Met^ depuis
1764«
l ' ; 395
Planche L.
plan par ma�e d'une partie des nouveaux B�ti-
ments & des nouvelles communications qi�on �lev�
� Strasbourg
, commenc�s en 1767*
               414
Planche LI.
r                      Fin de la Tabl�»
gantas
-ocr page 115-
Fauns e�encielles a corriger dans le troifieme Volume
Vage %;i$, ligne ι j , dans- la .Planche que noms d�crivons».
Ufer 3 dans- la Planche XLI que nous d�crivons.
Page zi8* ligne 18 , au bas de la Planche XLII dont nous
parlons , lif�r , au bas de la Planche XLIII. _ ' %* -
M�me page, ligne 13 Λ la planche XLIII > /^, la Platt-
�he XLII.
                                                  .                         U
Dans les Planches du III. Volume faifant le Tome VI, apr�s
la Planche XL, life^ Planche XL bis..
ERRA Τ A ■_.
du quatri�me, Volume
Tage
Ligne au lieu de
Π
16
les f�conds
13
8
r�pandues K
19
9
fr�quent�s.
2.6
M
Jardin r
31
31
Le f�condes
19
dans les bofquets de
Daphn� 8c d'Hyp-
pom�ne
47
18
des nos Jardins,,
49
Vf
orne
7i
32-
fous les baluftrades
83
I
eufuite
ibid.
14
une petite monticule,
ibid.
15
au-deiTus de laquelle en
eit une autre
H
ζ 3.
le grands Vicaires
%6
5
coins defquels
SI
ΐσ
plac�
98
M
entour�es
9S>
3
l'abondonec
UJ
x�
Il faut,
I2.9
ru
130
1
des morts ^
137
y
forme terrafl�
%i%
9
contenues»:
les f�condes
r�pandus s             ,\
fr�quent�es« f
Jardins
Les f�condes
dans les Bofquets d'A-
pollon & de Daphn� j
d'Hyppom�ne & d'A�
talante.
de nos Jardins.
orn�s
fur les baluftrades
enfuite
un petit monticule,
au-deiTus duquel en cil.
un autre
les grands Vicaires
coins defquelles
plac�e
entour�s
l'abondance
Il y faut
page 131
page 134
des Maures j
formant terraiT©
WMXz�MS
h
'Terne IV»
-ocr page 116-
!
exiv
Page
Lign�
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19
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J!
184 note '0 .
XQ2,
19
ibid.
i8
2.07
34
2�1?
34
2-2-7
7
2-34
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Xi%
1$..
Ibid
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2,89 note 6
307
ι?
35^
$�z
31
ibid.
33
387
1
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*3
393
4Q *
W
40*
6
4P4
18
4P 5
«
^7
*
LifeTf
& en arcs de clo�tre,
chauff�e
o� les Dames
en multipliant les gran-»
deurs l'une par l'autre,
ajout�es
porte-�-faux
que le i�xieme de Γ ordres
au lieu du quart ;
vingt-un
fans efforts,
int�rieurs
porteroient
cherche
fond,
toi fes
�tre mifes
c�oifons
Garderobe D.
renfoncement t,
CHAPITRE VII,
� Metz
diam�tre 5 que
Place Ν
Place Ν
plac�e
«u Heu de
Sc arcs de clo�tre ,
cbauilie
o� les les Dames
gn multipliant les gran-
deurs de l'une pa�
l'autre,
ajoutes
portes � faux
que le fixieme , au lieu
du quart:
ving-un ,
fans effors,
int�rieures,
porteroit
cerche
fonds,
troifes
�tre mue
cjoifon
Garderobe Β.
renfoncement ex
CHAPITRE V,
dans Metz
diam�tre, que
Place L
Place L,
plac�.
-ocr page 117-
ct�w-
COURS
D'ARCHITECTURE-
^^jgjjgfe�iH; '«'IJ 'W
LI FR E SECOND.
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D'ARCHITECTURE.
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LIVRE SECOND.
PREMIERE PARTIE.
■jrïiSe^yjft! *q*ïff »
5
TRAITÉ
DE LA DISTRIBUTION EXTÉRIEURE
,.,./.. ET INTÉRIEURE
ES BATIM ENT S--
9KBmÊSM«imamnti!ïï'ri �� kvr-iwrt < ftw �������
CHAPITRE PREMIER.
De la Distribution et d� la
Décorât � on des Jardin s de
propreté.
X^l OUS commencerons la diftribution , qui va
faire l'objet de ce IVe Volume , par celle des
Jardins de propreté & des diveries parties qui les
compofent.
Nous ne répéterons point ce que nous avons dit
précédemment, touchant l'origine de l'Art du
Tome IF»
                                   A
-ocr page 119-
%                           Cours
Jardinage; nous renvoyons pour cet objet � Πη-
trodu�ion, plac�e � la t�te du premier Volume
de ce Cours!, & il fera bon d'y recourir, avant
de paf�er aux d�tails que nous allons offrir dans
ce Chapitre. Nous allons faire pr�c�der ces d�-
tails de quelques r�flexions g�n�rales, pour nous
pr�parer � l'�tude particuliere de cette branche
de l'Architecture.
Notre intention n'eu: pas de fuivre aucun efprit
de fyil�me dans ce que nous allons rapporter ,
concernant l'Art de diilribuer les Jardins ; nous
fuivrons naturellement, ce que notre go�t nous
infpire � cet �gard ; il eft d'ailleurs appuy� par les
plus c�l�bres exemples que le N�tre nous a laiff�s
en France, & pr�muni des excellents pr�ceptes
�tablis dans le Trahi de la Th�orie du Jardinage
de h Blond, dans la derni�re Edition duquel M.
il'Argenville � ajout� des Obfervations aiuTi utiles
qu'in t�reiTantes.
D'apr�s ce que nous allons rapporter , nous
invitons nos Elev�s � aller puifer eux-m�mes
dans nos Maifons Royales, ce que nous y avons
remarqu� plulieurs fois, afin que par-l� ils puif�ent
fe former un go�t fur dans cette partie directe-
ment relative � rArchite�ure.
Perfonne n'ignore les progr�s que l'Art du Jar-
dinage a faits en France fous Louis le Grand, &
avec quel g�nie le N�tre a f�� tirer parti aes
occaiions quil a eues d'exercer fes talents fup�-
rieurs : avant lui les Baptifte , les Cottart, les
le Douteux & p�ufieurs autres , avbient, fans
doute, �bauch� l'Art de planter les Jardins de
propret�; mais aucun n'�toit parvenu � la per-
fection ; on avoir d�j� �ifay�, � la v�rit� , de
contraindre la nature , par le fecours de l'Art;
-ocr page 120-
p'Argh�t�ct�r�.               %
mais il �toit r�ferv� � le N�tre de produire de
v�ritables chefs-d'�uvre. De ion temps, Jules Har-
douin Manfard , nourri des principes de ce grand
Ma�tre , & pourvu comme lui d'un talent d�cid�,
eut occaiion de planter les Jardins de Marly; δε
il faut convenir que cette production feule lui
auroit m�rit� le titre de grand homme , s'il ne
fe fut d�j� montr� tel dans les divers Edifices qu'il
avoit fait �lever.
Depuis ces habiles Ma�tres , Moniieur Defgots,
digne h�ritier, particuli�rement des talents de ces
deux Artii�es c�l�bres, a montr� auffi une gran-
de capacit� dans le Jardinage ; & c'eit � fon
exemple, que depuis , la plupart de nos Archi-
tectes fe font appliqu�s � r�unir � l'�tude de
l'Architecture proprement dite, celle de planter
nos Jardins : nouvelle �tude qui n'a pas peu con-
tribu� � donner un degr� de fup�riorit� de plus
� leurs productions ; car il eft aile de s'aperce-
voir , ainii que nous croyons l'avoir d�j� remar-
qu� quelque part, que la rivalit� qui r�gnoit entre
le N�tre & Hardouin, les avoit fouvenr emp�ch�s
de fe concilier dans leurs projets : de maniere que
dans pluiieurs des ouvrages o� ils ofnt �t� appel�s
enfemble,l'un pour �riger les B�timents, l'autre
pour donner les Dei�ins des Jardins, on n'aper�oit
que des beaut�s d�tach�es, rarement des beaut�s
d'enfembie; ce qui continuera toujours d'arriver,
lorfque diff�rents Artiites fe m�leront f�par�ment
v de ces deux objets. C'eft pourquoi nous per--
fiitons � d�lirer, que le jeune Architecte s'oc-
cupe, lorfqu'il compofe le projet de fon Edi-
fice , � concevoir en m�me temps, les Jardins ,
ies d�pendances, & les diyeries iffues, avec au-
tant de foin qyie toutes les parties qui regar-
A ij
-ocr page 121-
4                         Cours
0           dent la diftribution de fon principal corps-
de-logis.
Nous remarquerons, en parlant, que nos voi-
sins nous reprochent d'obierver trop de r�gularit�
dans la diihibiition de nos Jardins : ils trouvent
que nous pouffons l'amour de la fym�trie trop
loin ; que nous ne f�avons pas faifir cette va-
ri�t� enchantereffe que nous pr�fentent les di-
verses productions de la nature : il femble, difent-
�ls , que nous ignorions la partie qu'ils appellent
le g�nie. Ils nous reprochent que nos all�es font
ennuyeufes par leur uniformit�, que nos paliflades
font trop monotones & trop �tudi�es , qu'enfin
nos Jardins font trop par�s ; que tout y paro�t
contraint & afTervi aux r�gles de l'Art. Cette cen-
fure n'eil pas tout-�-fait fans fondement ; mais il
n'en eil pas moins vrai, qu'il a fallu prodigieufe-
ment de talents, pour produire ceux de Veriailles,
de Marly, de Trianon ; peut-�tre les feuls Jar-
dins chez nous, o� l'on ait afFed� une exactitude
trop fcrupuleufe; encore eft-il bon de remarquer,
qu'� Verfailles , l'Orangerie, le grand Canal, la
pi�ce de Neptune , celle des SuifTes , & les Par-
terres d'eau, font d'une beaut�, d'une grandeur
& d'une magnificence, qui n'ont point, ou bien
peu de rivales en Europe : qu'� Marly, la dif-
poiition du Ch�teau & des douze Pavilions, en-
tour�s des berceaux artificiels qui les accompa-
gnent, /ont d'une heureufe invention , & trait�s
dans le meilleur genre : qu'enfin on en peut dire
autant des Jardins & des B�timents de Trianon,
ainfi que des Tr�fors fans nombre, contenus dans
les bofquets de ces trois belles Maifons Royales.
Peut-�tre conviendrons-nous cependant , que
les Jardins �le Meudon, de Seaux 9 de Chantilly
-ocr page 122-
d'Architecture.              f
©r�rent d'autres beaut�s : certainement la nature
s'y montre avec plus d'�clat ; & ces trois pro-
ductions annoncent vifiblement que le N�tre a
f�u profiter, en homme de g�nie , de la difpo-
iition des lieux, pour produire des fcenes nou-
velles , &, en g�n�ral, un fpeclacle digne de la
plus grande admiration. Qu'on ne s'y trompe pas»
le jugement que nous portons ici, eil celui que
les Nations �clair�es en ont port� elles-m�mes %
& qu'enfuite elles ont imit� avec un certain fiio
c�s, fans en excepter l'Angleterre, qui, depuis
quelques ann�es feulement, a imagin� de ne plus
faire que des Jardins champ�tres, & pr�f�r� le
beau d�fordre de la Nature, � l'appareil de l'Art
le plus �tudi�. Ce fyil�me qui commence � pren-
dre parmi nous , plus par inconitanee, que par
raifon, demande � �tre difcut� avec beaucoup de
prudence, cette imitation �tant fouvent trop im-
parfaite, & plus fouvent encore, peu digne de la
ibmptuoiit� des B�timents qui donnent lieu � nos
Jardins par�s.
Ce n'eit pas que nous voulions donner � en-
tendre, que la nature , dans fes divers afpe&s ,
ne foit bonne � imiter; mais nous croyons feu-
lement qu'il ne faut pas vouloir toujours la fai-
fir � la rigueur. Par exemple , qu'� l'extr�mit�
d'un grand Jardin, pour fe d�laf�er d'une fym�trie
trop aiFeft�e, quoique fouvent indifpenfable dans
les parties d�couvertes, on offre � nos regards des
campagnes peu cultiv�es; ou qu'� la fuite d'une lon-
gue all�e , on laiffe apercevoir lefrte des environs ,
nous applaudiifons � cette vari�t� d'objets; parcs
que de tels environs , par leur n�gligence pit-
torefque, tendent � faire valoir la difpofition r�gu-
li�re des Jardins int�rieurs. Certainement alors , ce
Anj
-ocr page 123-
                      Cours
m�lange de la nature & de Tart, produit un effet
fublime, & ne peut que d�celer la capacit� de
l'Artiite, ainfi qu'on le remarque � Marly, & plus
particuli�rement encore � Seaux, d�j� cit�.
Ofons le dire ici, qu'on y r�fl�chiiTe, e�Vc� �
v�ritablement imiter la nature , que de chercher,
fous pr�texte de vari�t�, � introduire dans un
Jardin de peu d'�tendue, des monticules, d�s
chemins tortueux , des fentiers en zigzag , des
�tangs de forme irreguliere , des cavernes, des
buttes, enfin des bouquets d'arbres fans liaifori ,
& d'efpeces diff�rentes, le toitt entrem�l� de
Kiofques, de Pavillons, d'�b�lifques, de Colo-
nades , de Tombeaux �pars �a & l�, & dont l'en-
femble n'offre qu'une certaine confuiion, loin de
pr�fenter les c�mpoikions fym�trif�es que l'on re-
pro clie/ � nos Jardins.
Qu'on nous permette quelques r�flexions : fi,
v�ritablement, ce fpedtacle a quelque chofe d'in-
t�reiTant, ne conviendroit-il pas plut�t de cho�fiir l�
nature que de l'imiter? pourquoi ne pas faiiir m'ifif-
tin�tement un lieu tout fait, �ini� qu'il s'en rencontre
mille dans les environs des grandes Capitales, & en-
fuite ai�brtir au local de ce lieu champ�tre, l�s
B�timents d'habitation , pour que l'un & l'autre,
paroiiferit faire tin feul & m�me enfembie , de
maniere qu'il ne refteroit plus que quelques-unes
des parties de ces lieux originairement incultes
� r�parer ou � entretenir dans leur �tat naturel,
en rem�diant � ce qu'une inondation , ou un�te
trop br�lant, aur�it pu d�truire ou alt�rer. D'a-
pr�s cette id�e, qui nous paro�t fimp�e, combien
n'�viteroit-on pas de frais immenfes, que co�tent
de pareilles entreprifes, quoique ρrefque toujours
imparfaites? Quelles Tommes n'emploient pas de-
-ocr page 124-
d'Architecture.             7
puis quelques ann�es , plulieurs Seigneurs An-
glois, dans leurs Jardins pr�tendus modernes,
� en juger par celui de Stowe en Buckingnam-
shire , appartenant � Richard Grandville , Lord
Temple, rapport� dans un nouvel ouvrage tra-
duit de l'Anglois par un homme de go�t, & dans
lequel nous avons trouv� des traits de g�nie ,
nous «n citerons quelques-uns, en donnant la def-
\ cription des Planches contenues dans ce Cha-
pitre; mais avant d'y paffer, clifons un mot de
l'ouvrage dont nous parlons.
                             *♦■'
LesAnglois ont long-temps obferv� la plus grande
r�gularit� dans la diftribution de leurs Jardins ;
ce n'eft gu�re que depuis le commencement de
ce fiecle, qu'ils f� font �loign�s du go�t de la
France en ce genre. L'imitation de la nature ,
qu'ils afferent aujourd'hui, eft due, � ce qu'on
pr�tend, au g�nie du c�l�bre Kent, Auteur re-
connu � Londres, comme un homme plein _de
talents, m�me dans rArchitefture & dans la Pein-
ture : ce fut lui, dit-on, qui en 172�, ofa s'�-
carter de regies dele N�tre, dans la compofi-
tion des bofqtiets �e la Maifon de campagne du
premier Miniilre Ptlham,& qiu introduit dans
la fuite la m�thode de pr�f�rer l'irr�gularit� � la
fym�trie, ufit�e jufqu'alors. On petit dire n�an-
moins, qu'il n'en eft pas pr�cif�ment l'inventeur;
car ind�pendamment , de ce que dans tous les
temps cette m�thode avoit �t� fuivie en Afie, il
avoit �t� pr�venu � Paris par Dufr�ny (λ), a
. (a) Dufr�ni connu favorablement dans la Litt�rature, �v�k
un go�t dominant pour l'art des Jardins ; il s'�toit fait un iyite-
mc en ce genre qui n'avoit rien de commun avec ccnn des
A iv
-ocr page 125-
8                           Cours
peu-pr�s contemporain de le N�tre. Kent d'ail-
leurs n'jgnoroit pas ce que le P�re Duhalde nous
a rapport� des Jardins Chinois , qui affe&ent 9
dit-il, un certain d�fordre champ�tre dans toutes
leurs promenades , ce qui nous a �t� confirm�
depuis par Moniteur Chambers (�), � pr�fent
premier Architecte du Roi d'Angleterre, qui, en
1757, nous a donn� X Art de, dijtnbutr Us Jardins
■ filon C�jage. des Chinois ;
Ouvrage dont nous avons
rapport� un extrait dans lintroduQion du pre-
mier Volume de ce Cours, page 149.
Au reite, cette excellente traduction des Jar-
dins �nglois, doit �tre eftim�e parmi nous, comme
«rands hommes de fon fiecle ; il-atmoit les terreins irreguliere ,:
il lai falloit des obftaclcs a vaincre. Les Jardins de Mignaux
pr�s Poiify , ceux de l'Abb� Pajot pr�s Vincennes , ont �t�
�liantes par cet habile Ma�tre, & ont eu une allez grande c�-
(ibrit�j il avoit auffi fait planter deux Jardins, dont les ter-
reins lui appartenoient, au fauxbourg Saint-Antoine , l'un
connu fous le nom du Moulin, l'autre fous celui du Chemin
Creux.
Louis XIV qui fe connoiiToit en m�rite 3 lui avoit ac-
cord� un brevet de Contr�leur de fes Jardins, en faveur de
pluiieurs projets qu'il avoit faits pour ceux de Verfailles ; mais
la fingularit� du g�nie de Dufr�ny , & l'txceffive d�penfe qu'il
auroit fallu faire pour parvenir � l'ex�cution, les fit aban-
donner. Voyez le Difcours pr�liminaire plac� � la t�te du
Livre intitul� Y Art de former ies Jardins Modernes , &c,
(i>) Voyez auffi. une Defcription inf�r�e dans les Lettres
Edifiantes, publi�es en 1749, envoy�es de P�quin, en 174? ,
� M. d'Arfaut, par le fr�re Attirer, Peintre de l'Empereur de
la Chine. Ces Lettres renferment des d�tails auili curieux
qu'int�refTants fur la partie des Jardins dont nous parlons.
N�anmoins, � en juger par ces Defcription s, il eft a croire
qu'ils font compliques de trop d'objets &. de magnificence ,
pour que l'imagination puiffe s'y peindre une felitude; tant
�e richeife, f�lon nous, �tonne plus qu'elle ne fatisfaitj elle
femble exclure l'id�e d'un f�jour champ�tre & tranquille, d�-
faut qu'on pouro�t peut-�tre reprocher auili aux Jardins de
Verfailles, quoique dans un autre genre.
\
-ocr page 126-
d'Architecture.               f
�tant utile aux Artiiles, aux Peintres , aux hom-
mes de go�t, & contenant un nombre d'obfer-
vations fines & iingulieres fur les diff�rents ob-
jets du jardinage.
L'original Anglois fut publi� derni�rement �
Londres, par Sir Thomas Whatdy ; nous aurions
d�lir� de m�me pouvoir nommer le Tr�du&eur»
pour lui rendre le jufte tribut de reconnoiffance
que nous lui devons, de nous avoir donn� dans
notre langue , cette efpece de chef-d'�uvre (c) 9
peut-�tre unique dans fort genre 9 & auquel Γοη,
ne peut gu�re reprocher, ainii que le Traduc-
teur en convient, que d'avoir un peu outr� le
nouveau fyft�me des Jardins Anglois , & d'ea
avoir banni la fym�trie avec trop de rigueur.
PaiTons.� pr�fent � quelques pbfervations g�-
n�rales fur l'Art de planter les Jardins & les dif-4
f�rentes parties qui les environnent. .
Observations g�n�rales sur les
nlff�rentes parties qui cgmpq«
SENT LES JarOINS.
Pr�jug� � part, les nouveaux Jardins Anglois }
fans doute, ont de la beaut�, en ce qu'ils ap-
prochent de plus pr�s de la nature ; mais qu'il eft
difficile d'y atteindre! Combien d'Artiites, loin de la
rendre effe&ivemcnt, la contrefont, croyant l'imi-
ter ! D'un autre c�t�, nos Jardins en France font ad-
mirables; mais ne peut-on pas auffi leur repro-
cher trop de contrainte & de r�gularit� ? Cer*
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 
(c) Cet Ouvrage in-8°, eft intitul�, Y Art de former les Jardins
modernes^,
ou l'Art des Jardins Anglois 3 traduit de Γ Anglois*
r<� Paris, chez Charles-Ahtoinc Jombert.
-ocr page 127-
.>�■"■- ■.':,.'' ','" r ;
ίο                     G ο υ ii s
tamement, il n'a pas fallu moins que la c�l�brit�
de le N�tre , pour avoir fix� , pour ainfi dire,
la maniere uniforme de planter nos Jardins. Nous
aurons occaf�on ailleurs de difcuter ces diff�rentes
opinions , lorfque nous d�crirons les Plans des Jar-
dins que nous offrirons dans ce Chapitre : parlons
� pr�fent � quelques obfervations int�reffantes.
I.
\ Selon la difpoiition des Jardins , les furfaces
planes doivent dominer principalement dans les
�fplanades, qu'on pratique ordinairement devant
les principaux corps-de-logis ; n�anmoins , il ne
faut pas abufer d'une planimetrie trop consid�-
rable ; alors l'�iiil n'y trouve ni repos, ni fatis-
fac�on : qu'on γ r�fl�chiiTe, il faut des limites qui\
le d�laffent d'une trop vafte �tendue ; il faut que
la vari�t� r�pandue dans ces limites foit affez pi-
quante, pour le d�dommager d'un efpace conii-
d�rable, tenu dans un parfait niveau : fans doute,
on peut faire entrer dans fon projet des parties
d�couvertes, pourvu qu'elles fe trouvent termi-
n�es par des objets d'une �l�vation proportionn�e
� leur efpace; alors ii ceux-ci font bien enten-
dus, ils formeront une agr�able perfpe&ive , &
attireront dans l'int�rieur des bofquets le fpe-
�tateur, qui viiitera, avec autant de plaiiir que
de furprife , les chefs-d'�uvre qu'ils contiennent :
autrement, une paliiTade, une charmille, maf-
^�eht la vue, fans contribuer � l'effet g�n�ral,
l'objet que s'�toit propof� i'Archite�e �ft manqu�.
II.
,: L'accord des parties entr'e�ies dans un grand
Jardin, eil peut-�tre ce qui exige le plus d'atten-
-ocr page 128-
/                                                        ...                                                                   "               � -J
d'Architecture,             
tion ; vient enfuite la vari�t� du fol : pour y par-
venir , les parties renfonc�es, telles que les Bou-
lingrins , font d'une grande rei�burce ; ils font
peut-�tre pr�f�rables aux parties �lev�es , con-
nues fous le nom de Fertugadins : cependant
ces derniers ne doivent pas �tre n�glig�s ; leur
application d�pend de l'effet qu'on a droit d'atten-
dre de' leur oppolition avec les Boulingrins;, dit
moins ceux-ci ont-ils l'avantage de laiffer p�ffer
la vue ; les Vertugadins au contraire, femblent
devoir �tre pr�f�r�s pour en limiter l'�tendue. Il
faut donc combiner l'avantage & le d�favantage
que peuvent produire ces cavit�s ou ces �rni-
nences , & f�avoir que les premi�res r�uffi�Tent
pr�fque toujours bien dans un Jardin peu fp�-
cieux ; les f�conds dans des lieux varies & port�s �
une tr�s-grande diftance. Certainement, c'eilp�r
ruf�ge mod�r� que Ton fait de l'un & de l'autre,
ou des deux enfemble, qu'on parvient � l'imita-
tion de la nature, fans laquelle, un terrein qu'on
Veut embellir, n'Offre rien de f�duif�nt.
L�s principes de l'Art du Jardinage font �gale-
ment int�rei�ants � fuivre dans les grandes entre-
prifes , comme clans les »plus petites; car quoique
dans les premi�res , on puiiTe moins s'aperce-
voir des �carts de ΓArtifte , Tmobfervation d�s
lois , & le d�faut d'union entre le tout & les par-
ties , deviennent n�ceiTairement la fdurce de la
confuiion & du d�go�t qu'on �prouve � 1'�fpe�:
des lieux o� l'on a viol� les pr�ceptes fondamen-
taux de l'Art, & l'imitation de la nature.
; M V.
Nous femmes d'avistf�vit�r, �ut�u moins , de
-ocr page 129-
12                         Cours
faire peu d'ufage des formes circulaires dans les
compartiments des Parterres , dans le contour des
bofquets & des paliifades, � moins que chacune
de ces formes ne ioit accompagn�e, dans ion ex-
tr�mit� , par des corps re&ilignes, & par des an-
gles droits ; d'ailleurs leur oppofition fert � faire
valoir les ur�es par les autres, fans compter que
leur ex�cution devient plus facile , & leur entre-
tien plus aif�,
V.
Lorsqu'une fois on a fait choix d'un flyle �l�^
gant pour pr�fider dans la difpoiition & dans la
d�coration d'un Jardin de propret�, il faut dans
toutes les diff�rentes parties qui le compoi�nt, y
obferver des formes d�licates, douces & na�ves :
des effets terribles , des impreffions trop vives,
des formes contrari�es, en un mot tout ce qui fent
l'effort, trouble la jouifTance qu'on doit �prouver
� l'afpe�r. d'une fcene deilin�� � l'amufement &
au plaiiir. Ici il faut employer une vari�t� iifc-
g�nieufe ; l'uniformit� efl iouvent languiiTante,
la fublimit� m�me y paro�t d�plac�e : c'eil la di-
verfxt� des formes qui anime tout, c'eft la dif-
pofition du lieu qui doit d�terminer le contrafte
de celles qui s'avoiflnent l'une l'autre ; certai-
nement leur difpoiition change leur eiFet , quoi-
que leur configuration foit la m�me. Qu'on ne s'y
trompe pas , il faut beaucoup de go�t & d'exp�-
rience pour juger de l'accord que doivent pro-
duire fur le lieu les dei�ins con�us dans le iilence du
cabinet ; pour d�terminer s�rement quel enfemble
il r�fultera de la penf�e qu'un crayon facile aura
trac�e fur le papier.
VI.
Une des raifons qui rendent moins int�reffantes
-ocr page 130-
d'Architecture-            i^
les fcenes deilin�es � repr�senter la douceur 8i
l'am�nit� dans les formes ; c'eil que malgr� la va-
ri�t� dont elles font fufceptibles, elles admettent
peu de contrarie. Sans cloute la vari�t� nous
pla�t, & nous fommes frapp�s par le contrarie
auiTi efl-ce � l'Artifie � difpofer fon plan , de
maniere que tour-�-tour, Tune & l'autre fe' trou-
vent r�pandues dans fa compofition. On doit s'en
fouvenir , une r�gularit� trop g�n�rale d�cel�
l'Art; or, celui-ci une fois aper�u, d�truit tout
le preftige qu'on doit rencontrer dans une pro-
menade form�e de parties diilin�es, d�couvertes,
& f�par�es les unes des autres.
:" ',:..' '-' '../ ':: vu. ".. ~. ' Ί *
Dans les grands Jardins, fur-tout dans les par-
ties les plus �loign�es du B�timent d'habication,
il faut fouvent bruiquer les efforts de l'Art pouf
parvenir � mafquer ou mettre � d�couvert cer-
taines parties, qui ne peuvent figurer avec le
refte de la compofition , laquelle demande quel-
quefois � �tre trait�e dans le genre terrible, fo-
litaire, ou tout-�-fait pailoral. Suivant ces diff�-
rentes circonflances, il eil des �carts pr�f�rables
� toutes les r�gles prefcrites par l'Art; combien
de fois la fingtilarit� n'a-t-elle pas �lev� l'ame ,
& produit une furprife agr�able en ce genre !" Il
ne s'agit pas pour cela de grands efpaces, de
lieux valles; il faut feulement un g�nie fublime»
des penf�es fortes, hardies, & fur-tout le talent
de faire choix du caract�re le plus convenable
� l'objet qu'il s'agit de traiter. Nous avons vu des,
Jardins en Allemagne, dont pluueurs p�cjioient
fouvent jpar les beaut�s d'enfemble, & par celles
du deifin ; nous y avons n�anmoins remarqu�
-ocr page 131-
�4                          COU RS
�es parties ou le g�nie & le gout de l'Amite qui
les avoit plant�s , ofFroient aux regards des con-
noiffeurs, ce preiiige, cette chaleur &: cet enthou-
fiafme dont nous voulons parler, & qu'on ne ren-
contre point, ou que rarement chez nous.
' ' * ' VIII.'                   "'""'":.
1 Les Jardins publics doivent �tre tout autre-
ment trait�s que ceux des particuliers. Certaine-
ment on manqueroit fon but, fi on n'y plantoit pas
des all�es tr�s-larges, & ii l'on n�gligeoit leur ali-
gnement : en cela , celui des Tuileries eil: fans
contredit un des plus c�l�bres exemples que l'on
puiffe citer; aui�i Thomas "Wathely, dont nous
avons d�j� parl� 9 lui accorde-t-il le premier rang ,
malgr� ion go�t dominant pour le nouveau
genre^^qui regne actuellement dans les Jardins
d'Angleterre.
IX,
Non-feulement les formes fe refiemblent un peu
trop dans nos Jardins ; mais, ce qui contribue
peut-�tre � les rendre plus monotones encore ,
c'eft l'uniformit� dans l'efpece des arbres dont
ils ■ font plant�s : ii l'on �toit bien perfuad�
du pouvoir qu'ont fur notre ame les diff�rentes
nuances que nous offre la verdure de chaque
«fpece d'arbres , fi fon prenoit foin de les op-
pofer les uns aux autres, ii enfin l'on avoit l'at-
tention de diverf�fier leurs formes ; combien ,
fans trop nuire � la fym�trie, ne r�ui�iroit-on pas
a donner & plus de v�rit� & plus d'�clat � nos
Jardins par�s!
A ces pr�ceptes , joignons plufieurs obferva,-
tions eifencielles � faire, avant d'entreprendre la
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V'''-                                                         ι                                           "'".'�;■
D'A RCH1TEC��RE.               }$
diitribution des Jardins qui font ordinairement
partie des parcs deilin�s aux promenades de nos
Maifons Royales, de nos Maifons de plaifance,
'& m�me de nos Maifons de campagne.
D'abord, il faut f�avoir choiiir une fituation
avantageufe [d), une expofition faine & falubre ,
un excellent terroir , la cemmodit� du lieu &
l'abondance des eaux. Apr�s, vient la difpoiition?
qui confiile �, corriger la trop grande irr�gularit�
du terrein, � t�cher, autant qu'il eil poffible ,
de prolonger le coup d'�uil que forment les prin-
cipales all�es; erffin, � ne pas mettre inconfid�-
r�ment toutes les parties de ion Jardin � d�cou-
vert. On doit non-feulement fe procurer un om-:
brage qui conduife du principal corps-de-log�s aux
pi�ces de verdure qui en font toujours affez �loi-
gn�es ; mais encore exciter les �trangers � aller
viiitet les diff�rents bofquets, qui, chacun f�pa-
r�ment, peuvent contenir des curioiit�s dignes
de la plus grande attention. En un mot, il eil bon
de donner diverfes formes aux diff�rentes pi�ces
de verdure , en t�chant, le plus qu'il eil polfible,
d'imiter la nature dans fes productions,,Cette belle
imitation de la nature, doit, dans prefque toutes
les occafions, �tre regard�e comme un des prin-
cipaux m�rites de l'Art du jardinage.
De ces obfervations g�n�rales, paifons � quelT
ques r�flexions particuli�res ; il. ne faut pas s'at-
tendre n�anmoins que ces nouvelles r�flexiorjs
puiflent feules former d'excellents Artiiles : nq§
(d) En Allemagne, on pr�f�re,1a^fituation des montagnes
aux vall�es : en Angleterre on fait choix des fonds a caui� �el
canaux : en France on b�tit �. nii-c�te aiTez g�n�ralement,
jjinfi'qu'on le remarque � JMiarly, a Sa^iK-Cloud., &c. ;> -
-ocr page 133-
'�6                    Cours
le�ons ne peuvent gu�re �tre de quelque fe*
cours, qu'� ceux, qui dou�s d'une heureuie in-
telligence, peuvent d�couvrir beaucoup au-del�
de ce que nous leur enfeignons : nous nous m�«
�erons toujours de ceux qui s'en rapportent trop
litt�ralement � ce qu'ils liient dans nos Ouvrages«
D'ailleurs, qu'on y prenne garde, la plupart de
nos obfervations, quoique puif�es dans la fource
des pr�ceptes, ne peuvent erre univerfeiles ; nous
n'avons pas m�me la pr�tention de croire que le
plus grand nombre puif�e fervir de regle ; on trou-
vera fans doute tr�s-peu de ces derni�res qui ne
fouiFrent des exceptions, & beaucoup d'autres,
dont on pouroit fe difpenfer dans une infinit�
de circonftances ; mais, du moins, nous nous flat-
tons que ce qui nous refte � dire, fera de quel-
que utilit� aux Elev�s d�j� avanc�s dans cette
partie de l'Art, & les mettra � port�e de pr�f�rer
telle forme � telle autre forme , f�lon les divers
genres qu'ils auront � traiter.
11 ne faut donc pas conclure des obfervations
pr�c�dentes, que nous peniions qu'il faille n�gli-
ger d'embellir les Jardins des Maifons de Plaifance
& ceux des Maifons �lev�es dans les cit�s ; il efl,
fans doute , n�ceffaire de remarquer une affez
grande diitin&ion entre eux & les Parcs, les Bois ,
on les For�ts proprement dites : mais nous ofons
avancer, qu'une promenade n'eft v�ritablement
belle, que lorfqu'elle rafTemble des points de vue
. int�reffants hors de fon enceinte: de maniere
qu'apr�s avoir orn�, par le fecours de l'Art, les
parties d�couvertes qui environnent le principal
corps-de-logis , on puiife apercevoir � travers
les maffifs deftin�s � donner de l'ombrage �
ces Jardins , des dehors capables de fatisfaire
rceuil s
-ocr page 134-
B*Ar chiTe�t �r�.            tj
ϊφχιύ, em faifant paffer alternativement le Specta-
teur , d'une r�gularit� raisonnable, � des formes
pittorefques que produiient ordinairement les
vall�es, les coteaux, les montagnes \ double avan*
tage qui transporte, pour ainfi-dire, le poffei�eur
d'un pareil domaine, de la contemplation de la
nature , � l'admiration des chefs-d'�uvre de l'Art.
Nous venons de dire > un peu plus haut, � peu-
. pr�s la m�me chofe ; mais nous ne craignons
point de le r�p�ter : il s'agit ici de l'application
des pr�ceptes , il s'agit de faire des citations qui
frappent, & qui d�terminent � telle ou telle
forte d'imitation. D'apr�s cet aveu, nous dirons
qu'on eft touch� de cette contemplation, &, tout
enfemble, de cette admiration, lorique dans les
Jardins par�s de Saint-Germain-en-Laye , de Meu-
don, de Saint-Cloud, on jou�t de la beaut� des
dehors, & de la vari�t� champ�tre qui les envi-
ronne : qu'au contraire, � Verfailles, � Trianon ,
l'Art feu� y brille de toute part; enfort� que les
tr�fors qu'ils renferment, pr�fentent plut�t � �%
magination l'effort de 1'efprit humain, que cette
belle iimplicit� que doit nous offrir la nature,
Simplicit�, qui, au lieu de fontaines jailliffantes
rev�tues de bronze, d'efcaliers en marbre , de
murs, de terraffe en ma�onnerie, de berceaux ar-
tificiels �lev�s � grands frais, ne nous pr�fente
que des cafcades de verdure, des rampes douces ^
des gradins de gazon, des berceaux naturels, des
paliffades. o�, rindnftrie paro�t peu, mais qui
fouvent font pr�f�rables � tout ce que l'Art a
de plus f�duifant & de plus riche; car, ofons le
dire, cette profuiion de vafes A�lSfe ftatues faites
de mati�res pr�ci�ufes, eft plus propre � d�co-
rer avec magnificence l'int�rieur de nos appar-
Toms IK
                                      B
-ocr page 135-
ι8                     Go υ R s
tements, qu'� orner les Jardins de nos Ma�fonc
Royales.
On diftingue ordinairement trois efpeces de
Jardins , ceux d'un niveau �gal, ceux � mi-c�te,
& ceux qu'on nomme en terraffe, ainfi que nous
Venons de le remarquer pr�c�demment.
Les Jardins plant�s dans les plaines, font les
plus agr�ables pour la promenade ; d'ailleurs leur
ex�cution & leur entretien font moins difpendieux.
Il eft vrai qu'il faut employer beaucoup d'Art &
de vari�t�, pour fe d�dommager de fair de tnfteffe
qui y regne , fans compter qu'on n'eil pas dif-
penf�, dans ces Jardins de niveau, de pratiquer
des pentes fuffifantes pour l'�coulement des eaux
du ciel, puifqu'autrement , elles i�journeroient
dans les all�es, y cauferoient des ravins, & les
d�truiroient en peu de temps. De cette n�ceiTit�
indifpenfable, il peut arriver qu'on pratique des
terraifes comme aux Tuileries, des tains & des
gradins de gazon comme � Choiii, ou enfin des
rampes douces , telles qu'on en remarque dans les
Jardins des Ch�teaux de Meudon , de Mont-
morency, &c.
Les Jardins plant�s � mi-c�te, font les plus fa-
tigants, quoique de diftance � autre, on y pra-
tique des terraffes & des pentes douces, pour en
r�parer les in�galit�s, & parvenir aux efp�anades,
aux pi�ces d�couvertes , aux falies de verdure ,
aux principaux bofquets, &c. Quelquefois auf�i
on met en �uvre les talus & les gradins de ga-
zon qu'on place en face de chaque ma�treife all�e :
mais il n'en eft pas moins vrai que ces fortes de
promenades font d'un difficile acc�s , malgr� le
fpe�acle int�reiTant que procurent � ces Jardins
les amphite�tres, qui femblent en redrefler la dif-
-ocr page 136-
-------------------                                                                     ^��m^���^^�
d'Architecture,            19
fbrmit�. Pour conferver la pente des all�es de
ces Jardins � mi-c�te, lorsqu'ils font au-del� de
quatre pouces par toife, on pratique des mar-
ches de gazon en zigzag, connues fous le nom
de chevrons ; � deilein de rejeter les eaux des
deux c�t�s dans les mai�ifs des bofquets , ainii
que nous aurons occaiion d'en parier dans la
fuite ; mais il ne convient de les employer, que
loin des promenades les plus fr�quent�s.
Les plus magnifiques Jardins, � notre avis f
font ceux plant�s fur le fommet des montagnes. ?
tels qu'� Meudon & � Saint-Germ�in-en-Laye :
ces fortes de Jardins font g�n�ralement eiHm�s ,
non-feulement, � caufe que de leur fol on aper*
�oit les environs; mais parce qu'ils font favora-
bles � la chiite des eaux, leur niveau n'�tant ja-
mais aifez parfait, pour qu'il ne s'y rencontre pas
quelques terraifes, qui, fe fer-vant mutuellement
de r�fervoirs, font �galement un bon effet, fpit
que ces terraifes foient aper�ues d'en bas , ou
qu'elles foient aper�ues du lieu le plus �minent.
Il n'en faut pas douter, ces diff�rents afpecls de-
viennent autant de fcenes diff�rentes dans le? Jar-
dins dont nous parlons, ce qui leur fait donner la
pr�f�rence fur tous les autres 3 pourvu, toutefois,,
que leur planimetrie puiii� avoir une certaine
�tendue , depuis le pied de l'�difice, jufqu'� la
premiere terraffe & ainii de fuite. Ces Jardins ,
� la v�rit� , co�tent de tr�s-grands frais, & exi-
gent un entretien comld�rable ; mais comme ces
fortes d'entreprifes font r�ferv�es pour les Mai-
fons Royales, &, apr�s elles, pour celles de la
premiere importance, & toujours, lorfque la ii-
tuation femble l'exiger, l'agr�ment qui en r�-
sulte, d�dommage, en quelque forte? de la d�-
-ocr page 137-
ία                        Cours
penfe qu'on eft oblig� de faire pour la conitru$ioii
& la plantation de ces Jardins de magnificence.
D'apr�s ce que nous venons de rapporter» il
�� aif� de concevoir que l'Architecte compofera
fes Plans , � raifon de la diff�rente difpoiition des
terreias o� il doit projeter: il aura l'attention de
ne pas faire ufage des formes re�ues pour un
Jafclin � mi-c�te ,�orfqu'il s'agira d'un Jardin d�ni*
veau, ou d'un Jardin en terraffe : pour cela, il
doit pr�voir que l'optique racourciffant toujours
les grandes longueurs, lorfqu'elles font difpof�es
horifontalement , il faut leur donner une �ten-
due plus ou moins confid�rable, f�lon leur dif-
tance, & le point de vue d'o� elles doivent �tre
aper�ues; que par la m�me raifon, il faut procurer
une forme elliptique � un tapis vert, ou h une
pi�ce d'eau qu'on veut faire paro�tre circulaire;
qu'on doit former un carr� long , lorfque l'on
veut faire apercevoir un quadrilat�re; qu'il faut les
rendre plus ou moins oblongues , f�lon que le
terrein fera de niveau, en pente douce, ou pr�-
cipit� ; qu'enfin il convient d'en ufer de m�me
pour toutes les parties, qui » formant retraite,
�e trouvent �lev�es les unes au-deffus des autres,
afin qu'�tant aper�ues d'en bas , leur hauteur
apparente ait une proportion convenable, & avec
leur largeur, & avec les parties qui les environnent.
Ces diiF�rentes confid�rations exigent certaine-
ment une intelligence au-deffus de la routine or-
dinaire ; n�anmoins il ne faut pas s'en rapporter
� la feule th�orie, ni � un def�in quelquefois
compof� de formes �l�gantes & d'affez bon go�t.
Qu'on ne s y trompe pas, il y a fouvent loin de
l'effet que pr�fente l'image � l'ex�cution : com-
bien de, fois n'avons-nous pas.vu, des productions
>- ' ' ■■■-' ';..y
-ocr page 138-
d'Architecture.              21
ing�nieufes , trac�es fur le papier, qui, traduites
fur le terrein, n'oiFroient plus t[ue des formels
contrait�es , chim�riques & hafard�es ?
PaiTons � pr�fent aux dif�erents objets qui
compofent les Jardins de propret�; commen�ons
par les parties d�couvertes, telles que les par-
terres, les boulingrins, les fontaines jaiMhTantes ,
les terraffes, <& autres compartiments, plac�s ordi-
f�airement dans les Efplanades qui environnent l�
principal corps-de-logis & fes d�pendances.
Observations particuli�res s&k
LES DIFFERENTS OBJETS Qp� SE
placent a d�couvert dans les
Jardins de propret�.
Des diff�rentes fortes de parterres.
Les Parterres (*) font de grandes pi�ces entre-
m�l�es de fleurs & de verdure, peu �lev�es &
enferm�es de plates-bandes, ou feulement par des
bandes de gazon ; ces parterres font �mii entour�s
de grandes all�es d�couvertes. Ces all�es, comme
les Parterres, occupent ordinairement F�fp�anade
qui environne le corps - d� - logis du c�t� des
Jardins. La Forme des Parterres d�pend de Tef-
pace d�couvert qui les contient, auffi-Hen que
de celui des charmilles Se - des paluTades qui les
entourent. Le rapport d� leur longueur � leur lar-
geur, eft, pour ainfi-dire, ind�termin�; cepen-
(e) Parterre du verbe'Latin Partiri, <�ivif�r;il fign�f�oic art*
tt�nn�t���fet «ne »lace � b�tir, �rea hartenfis.
Biij
-ocr page 139-
tl                       C OURS
dant ils doivent avoir une certaine relation avec
la grandeur du lieu qui les re�oit. En g�n�ral, il
faut que les Parterres foient compof�s de grandes
parties, & Ton doit avoir l'attention d'employer
peu de d�tails dans leurs ornements , princi-
palement lorfqiu�s fe trouvent iitu�s dans des
lieux varies & fort �tendus : on peut nier de
moins de retenue , lorfqu'au contraire ils font
vus de pr�s, & renferm�s dans un endroit peu
fjpacietix.
Les plates-bandes qui entourent les Parterres,
font de quatre efpeces : les premi�res font celles
qu'on laboure en arcs bomb�s; elles'doivent avoir
au moins trois pieds de largeur, & au plus fix ;
plus �troites, il eil difficile d'y diitribner des
fleurs, qui, dans un Jardin bien entretenu, doi-
vent fe fucc�der fans intervalle ; au-del� de fix
pieds, il faut marcher dans ces plates-bandes pour
les cultiver. Les f�condes font diftr�bu�es par
compartiments, � l'ufage des Jardins fleuriiles. Les
troifiemes font feulement form�es de traits de
buis, avec des bandes de gazon au milieu, &
f�par�es par des fentiers. Enfin les quatriemesfont
d'un parfait niveau , & fabl�es comme le fond du
Jardin. On y range des caiifes, des vafes, des
ifs, des �rbriffeaux, &c. Toutes ces plates-bandes
font form�es par des traits de buis nain, � l'ex-
ception de celles des Potagers, qui, au lieu de buis,
font plant�es d'herbes aromatiques, & quelque-
fois entour�es de planches de menuiferie peintes
en verd, d'environ quatre ou cinq pouces de
hauteur.
On compte aui�i commun�ment quatre efpeces
de Parterres : les premiers font connus fous 1©
nom de Parterres de broderie ; les f�conds fous
-ocr page 140-
Β'A R C H i TICTURE.         1$
celui de Parterres � compartiments ; les troifiem�s
fous celui de mai�ifs en gazon ou � i'Angioife. Enfin,
les quatri�mes font nomm�s Parterres de fleurs
proprement dits.
                           , :
Les Parterres de broderie font ceux dont les
deffins font compof�s de rinceaux , d'ornements,
enroul�s & entrem�l�s de fleurons, de palmetes ,
de volutes & d'entreias. Ces diff�rents compar-
timents font remplis de couleurs vari�es, telles
que le fable, le m�che-fer, la brique battue ou
le tuilot, qui leur font imiter la broderie. Les plus
beaux Parterres que nous ayons dans ce genre
en France , font, fans contredit, ceux du Jardin
des Tuileries d� dei�in de le N�tre; ils font com-
pof�s de contours coulants & vari�s, qui pro-
duifent le meilleur eifet. Cette partie du Jardinage
demande une �tude fuivie : tel Architecte , qui
d'ailleurs entend bien les ornements propres � la
d�coration int�rieure'& ext�rieure des B�timents»
fe trouve novice ici; c'eft pourquoi dans tous les
temps, ainfi que nous l'avons d�j� dit, plufieurs
Artiftes de m�rite ont fait leur capital de l'art de
planter les Jardins, dans lequel fe trouvent com-
pris les Parterres. Anciennement on chargeoit les
Parterres d'ornements ridicules; on y faifoit en*
trer des chiffres , des armoiries* des fupports ;
mais depuis qu'enfin on � reconnu que le go�t
�toit-.l'aine de toutes les productions de ce genre,
on a fenti qu'il n'eft point de vraie beaut�, o�
regne le d�faut de convenance. On eil parvenu
� faire des deffins plus raifonnables, & d�s-lors,
les Parterres de broderie ont repris, faveur chez
nous; on les emploie encore dans Jes Jardins pu-
blics 9 dans les Jardins de nos grands H�tels , &
dans ceux des Maifons de nos riches particuliers.
Β iv
-ocr page 141-
14                       C� � ft s
On commence cependant � pr�f�rer, dans ces der-*
niers, les Parterres � compartiments, parce que
l'on reconno�t tous les jours que l�s rinceau^
s'approchant de tr�s-pr�s dans leur naiffan�e 5 fi
d�truifent en peu de temps par la chaleur d'un
�t� br�lant ; de maniere que les br�ches que pro**
duifent ces lacunes , deviennent d�fagr�ables �
i'ceuil, & tr�s-difficiles � r�parer.
Les Parterres � compartiments font ceux dont
le deffin fe r�p�te de part & d'autre avec fym�*-
trie, & qui, au lieu de broderie, font compof�s
de maiTifs de gazon d�coup�s ; ces Parterres
s'entourent aui�i de plates-bandes de fleurs comme
les pr�c�dents. Ceux du Jardin du Luxembourg
font de ce genre, & font devenus fort en tifag�
dans nos Maifons de campagne > co�tant peu f
�tant d'un entretien facile, & f� r�tablii�ant aif�-
ment lorfqu'ils viennent � fe d�grader. Un agr�-
ment de ces Parterres, c'eft qu'ils font toujours
verts, & compof�s de moins de petites parties
que ceux de broderie; d'ailleurs leur fimplicit�
s accorde fouvent bien avec les lieux champ�tres�
qui les environnent, convenance qu'il ne faut
pas -n�gliger ; m�rement ces objets f� trouvent
rarement d'accord avec l'enfemble, d*o� il refaite
un coup d'ceuil d�fagr�able, que les bons Ai-
tiftes fav�nt �viter.
Les Parterres connus fous le nom de maffifs
en gazon, different de ceux � compartiment, en
ce qu'ils ne font compof�s que d'un feul tapis vert,
entour� d'une plate-bande aufli de gazon, avec un
fentier qui f�pare l'un & l'autre. Ces Parterres ,
encore plus �mples que les f�conds dont on vient
de parler, font du reffort des Jardins des Maifons
Seigneuriales, & �loign�es de la Capitale* Pour
-ocr page 142-
D* A R CHI TI'C'tpRE.            *f
qu'ils foient beaux, il faut, ainfi que toutes les
pi�ces de verdure de' certe efpece , planter, ce
gazon & non le ferner, & prendre foin de pr�-
f�rer l'Automne au Printems pour cette op�ra-
tion , � caufe �es pluies abondantes qui fuivent cette
derni�re faifon;ce qui contribue � lui faire prendre
racine promptement : de maniere , qu'en Mars, il
peut �tre battu, tondu, farcie , & former un coup
d'�uil agr�able. Tels font � Paris , les Parterres
du Palais Royal, l�s feuls qui foient de la beaut�
de ceux qu'on plante en Angleterre, o� effecti-
vement ils font admirables, parce que l'humidit�
confiante qui y regne contribue beaucoup � leur
perfection ; au lieu qu'en France , notre temp�-
rature » & la n�gligence de nos Jardiniers, ne nous
permettent gu�re, fans une d�penfe extr�me> d%
miter les Jardins Anglois � cet �gard.
Les Parterres de fleurs font ceux, tout corn«
pof�s de plates-bandes, chantourn�es en compar-
timents» Sl entour�es d'autres plates- bandes droites
& continues, le tout rempli de fleurs de diff�-
rentes faifons, & au milieu defquelles fe pla-
cent des arbuites, des arbriffeaux, & des plantes
vivaces, qui forment un enf�mble agr�able &
vari�. Quelquefois au milieu de ces derniers Par-
terres , on place des corbeilles , ex�cut�es par des
freillageurs, & qui s'�l�vent pyramidalement, Ce
qui contribue � les embellir encore. Ces fortes
de Parterres devenus � la mode aujourd'hui, s'e-
x�cutent dans de petits Jardins particuliers, pr�s
d�s appartements priv�s ; & Γόη prend foin, dans
leur compofition, de faire entrer des baf�ns* qui,
en favorifant leur culture , produisent Un coup
(�Fteuil int�reiTaiit, de llnt�ri��f du B�timent, ,
-ocr page 143-
Z)^i Boulingrins & des Vertus-Gadins*
Les Boulingrins ( �) feplacent aiiez ordinairement
pr�s des Parterres, ou dans des bofquets particuliers,
lorfqu'il s'agit de d�corer les parties d�couvertes
pratiqu�es au-devant del� fa�ade des B�timents , ou
qu'une trop grande quantit� de Parterres de broderie
ne procureroit pas aifez de vari�t�; d'ailleurs ces
pi�ces de verdure ont cela d'utile, que lorfqu'on
veut pratiquer une pi�ce d'eau dans leur renfon-
cement, cette profondeur procure plus de hau-
teur au jet, ou facilite la multiplicit� des nappes ,
lorfqu'on veut y introduire un buffet ou une caf-
cade. Le Boulingrin qui nous a fait le plus de
plaiiir dans ce dernier genre , efV celui des Jar-
din de Trianoa, nomm� le plafond. En g�n�ral,
ces pi�ces renfonc�es, ont encore l'avantage d'�-
viter la monotonie du fol dans la difpoiition &
la diitrib�tion des Jardins ; d'ailleurs , ils facilitent
fon nivellement, & procurent des terres, pour
�lever dans leur voifinage des Vertugadins , qui
font pr�ciiement l'inverfe des Boulingrins ; ceux-l�,
pour la plupart, �tant en �l�vation , ce que ceux-
ci font en profondeur. Les Vertugadins diffe-
rent encore des Boulingrins, en ce que , fur leur
�minence, on place des fi�mes ou des vafes qui fe
remarquent de loin, pendant que dans le fond
(f) Plusieurs Auteurs font d�river ce nom de boule, qui ii-
gn�f�e rond & de grin, qui veut dire pr� eu gazon ; mais en
g�n�ral, comme la ferme du Boulingrin eft arbitraire , on
doit entendre , fous ce nom, toute pi�ce de verdure renfonc�e
en_glacis dans-fon' pourtour, '�c orn�e dans foi rmlku, d'un
bai�in 3 ou d'un tapis vert, tel qu'il s'en remarque au Jard�a
des Tuileries, & ailleurs.
-ocr page 144-
d'Architecture. iTf
des Boulingrins , on n'introduit gu�res que des
tapis verts on des pi�ces d'eau; mais l'un & l'au-
tre produifent �galement un coup d'�uil int�ref-
-fant, lorfqu'i�s font bien ex�cut�s, plac�s conve-
nablement, -d'une forme agr�able, & compof�s
de grandes parties. -
                                         '.
Des Fontaines , des Buffets & des Cafcades*
Nous ne parlerons point de l'origine des Fontai-
nes : le Blond, dans fa th�orie du Jardinage, a rappor-
t� , page 318, l'opinion de plufieurs Auteurs � cet
�gard. D'ailleurs, notre but principal en: de parl�e
ici de la d�coration des Fontaines jailliiTantes ,
qui different beaucoup de celles �lev�es dans les
cit�s, dont nous avons rapport� quelques exem-
ples dans le, deuxi�me Volume d�. ce Cours. Les
Fontaines dont il s'agit ici , nous interreffent
d'autant mieux , qu'elles contribuent plus que
tout autre objet � FembelMement des Jar-
dins de nos Maifons de plaifafice, & qu'il faut
beaucoup de go�t & d'intelligence pour en varier
les formes, & les placer de maniere , qu'elles
puiiTent �tre aper�ues de diff�rents afpects.
Sous le nom de Fontaines i on comprend aiTez
ordinairement auffi les Cafcades & les �uiFets.»-
qui, comme les Fontaines jailihl�ntes, font fuf-
ceptibles d'�tre compof�es de membres d'Archi-
tecture δε de Sculpture; mais qui, toutes �galement,
peuvent �tre conv�nmes en pierre , en marbre,
ou en bronze. Leur beaut� capitale confii�e dans
la diilribution des eaux amen�es d'un r�fervoir
par des tuyaux de diff�rents calibres, qui pro-
duifent des ch�tes & des jets de diverfes efpeces,
par le fecours de l'Hydraulique. Elle confiile en-
-ocr page 145-
Ύ8                       e � tl r s
core dans le choix des attributs dont elles font
orn�es, & dans le prix de la mati�re avec laquelle
��les font conilruites ; cette partie de la d�cora-
tion de nos Jardins par�s ? exige la connoiffanc�
<iu defiln, regard�e dans tous les temps , comme
Tarne des productions des Artiftes. Certainement
cette �tude effencielle, r�unie aux effets des eaux,
pt�fente � Tceuil des curieux, un fpe&aele en-
chanteur , qui contribue � rendre les promenades,
■et plus int�reffantes & plus agr�ables.
Entre toutes les Fontaines, les Cafcades tien-
nent le premier rang; celles-ci font de deux ef-
f�eces, les-^ unes , qu'on nomme Cafcades natu-
relles , les autres, Cafcades artificielles : l�s pre»
fili�res s'appellent ainfi , parce qu'� limitation
d� la nature, on profite de l'in�galit� d'un fol
m�ntueux, pour y produire des ch�tes & des
bouillons, fans que l'Art paroiife y pr�ter d'au-
tres fec�urs que quelques pi�ces de verdure, des
rocailles, des talus ce des glacis : d'ailleurs, ces
'Cafcades champ�tres font ordinairement anim�es
^�r des eaux de fource qui les font jaillir eonti-
flueilement ; telles font la plupart de celles de
Chantilly & de Liancour. A l'�gard des Cafcades
Rappel�es artificielles , commun�ment elles font
cot�ftruites � grands frais, & orn�es de ch�tes ,
�Ctoime � Saint-Cloud ; de nappes , comme �
Seaux; ou enfin de ch�tes & de nappes, comme �
Trianon. On m�le aui�i � ces Cafcades, ou dans
4�S baflins qui les accompagnent, des bouillons,
d�s moutons, des champignons, des girandoles,
' *ies gerbes, d�s jets dardants , &c.
�      A l'�gard des nappes, il faut, lorfqu'on veut
« 'Qu'elles foient continues & fans rupture, qu'elles
�  aient peu 'd'�l�vation ; autrement il convient d'af-
-ocr page 146-
d'Architecture.            39
feaer des rei�ai�ts fur les bords �es coupes ou cih
vettes d'o� elles s'�chappent; & alors leur hau-«
teur peut devenir ind�termin�e.
Les bouillons different des jets, en ce qu'il»
font beaucoup plus gros,"& qu'ils s'�l�vent beau*
coup moins.
Les moutons font des efpeces de bouillons qui
ont beaucoup de largeur, mais tr�s-peu d'�l�va^
tion. Ils font ferm�s par une bavette de plomb,
qui arr�te la rapidit� d'une eau fort abondante,
amen�e avec viteife, par une conduite venant
du r�fervoir; tels font ceux qui fe remarquent �
la Cafcade champ�tre de Mariy.
Le Champignon ne diff�re gu�res du bouillon »
qu'en ce qu'il s'�l�ve d'une coupe de marbre , en
) forme de coquille , foutenue par une tige en ba-
�uftre , ou par des groupes d'enfants, & qu'en
tombant dans un autre baflin, il forme une nappe
d�chir�e, qui fe pr�cipite en bouillonnant.
Les Girandoles font des efp�ces de gerbes^
qui, vers leur extr�mit� , imitent, par leur ac-
c�l�ration, la blancheur de la neige: on affefte
quelquefois de mettre � c�t� des conduits qui
am�nent les eaux de ces Girandoles , d'autres
tuyaux, dans lefquels font contenues des ventou-
fes, qui, lorfque�les viennent � s'�chapper, font
bouillonner l'eau , & produifent un bruit qui ref-
femble affez; � celui d'une forte artillerie ; telles
font celles qu'on voit dans la Caf�ade, nomm�e la
�afcade des vents, en face du Ch�teau de Marly.
Les Gerbes diff�rent des Girandoles, en ce qu'elles
font compof�es d'un faifeeau form� de plufieurs
ajoutoirs de diff�rents calibres, ou d'une platine
de, brons®, peicie pif des tyou§ circulaires 911
-ocr page 147-
$�                        Cours
oblongs, & d'in�gal diam�tre , qui font �lever ces
gerbes pyramidaiement.
Les Jets d'eau font poui�es perpendiculaire-
ment � une tr�s-grande hauteur, ainii qu'il s'en
Voit � Sain�-Cloud , � Marly & � Veriailles , dont
plufieurs furpailent foixante & dix pieds ; ce qui
alors, les fait nommer grands Jets. Enfin on ap-
pelle Jets dardants, ceux qui en s'�levant, d�-
crivent une courbe parabolique, pour former ,
avec de pareils Jets qui leur font oppof�s, un
berceau d'eau , tel qu'il s'en remarque dans le
bofquet des trois fontaines � Veriailles.
Nous l'avons d�j� dit, nous le r�p�tons ; la
vari�t� de& formes des Fontaines , des Buffets &
Cafeades eil infinie ; la fituation du lieu, la dii-
tance d'o� ils doivent �tre aper�us , l'efpace cou-
vert ou d�couvert, enfin les all�es ou les pi�ces
de verdure qui les contiennent, d�terminent leur
contour, leur grandeur & leur �l�vation ; autant
de confid�rations qui ne permettent gu�res d'af-
figner de proportion particuliere fur ces divers
objets ; c'eit le go�t qui doit d�terminer leur
forme ; c'eit l'opuience des perfonnes qui font
planter les Jardins, qui doit d�cider du degr� de
leur richeiTe ou de leur iimplicit� ; c'eit enfin -, le
plus ou moins d'abondance des eaux qu'on a � em-
ployer, qui doit contribuer � en augmenter ou
� en diminuer la capacit�.
Pour acqu�rir tous les degr�s de connoiilance
qu'il convient d'avoir fur ces parties interrefTantes
de nos Jardins, il n'en faut point douter , ce
font nos Maifons Royales qu'il faut aller viiiter ;
& l�, le porte-crayon � la main, muni de l'exer-
cice du dei�in, que nous avons tant de fois recom-
mand� , on doit en figurer d'abord les maf�es ?
\
-ocr page 148-
d'Architecture.           3t
puis quelques parties de d�tail, les obferver de
nouveau , & en prendre enfuite les principales
dimeniions, fur tout lorfque ces chefs-d'�uvre
de f Art fe trouvent d�pouill�s d� leurs eaux,
afin den pouvoir mieux �tudier l'arrangement ,
& en d�couvrir le m�canifme. Enfin, ii faut les
revoir encore accompagn�s alors de Teilet de leurs
eaux ; & par ce proc�d�, on aura bient�t ac-
quis la maniere de les concevoir , & d'en faire
rufa,ge convenable dans la diihributioa de fes
Jardins.
                                        >.
Nous prendrons foin n�anmoins, � la fin de
ce Chapitre, de donner quelques deffins de ces
d�f�rentes productions, en faveur de ceux, qui,
�loign�s de nos Maifons Royales, ne font pas �
port�e de puifer fur les lieux le v�ritable go�t
de l'Art, par l'examen r�fl�chi des ouvrages de
nos c�l�bres Artiiles.
Des diff�rentes efpeces de TerraJfes.
Les Tetra�Tes font d'une n�ceiHt� abfo�ue, dans
les Jardins ou les B�timents font fitu�s fur le fom-
met d'une montagne , ou � mi-c�te. De toutes les
d�penfes qu'exige l'Art de planter les Jardins,
celle des TerraiTes eil la plus coni�d�rable, par
les travaux immenfes qu'occafionne le tranfport des
terres, leur d�blai & leur remblai. Il eil vrai qu'il
faut convenir que rien n'annonce tant la magni-
ficence des Propri�taires, que les TerraiTes, �\x-
tout lorfqu'elles fe trouvent difpof�es de maniere
� former pluiieurs Jardins en amphith��tres, &
qu'elles font embellies par de grands efcaliers &
4s$ murs de rev�t�Tenient, trait�s dans un gepre
-ocr page 149-
$%                         C o u � s
lelatif � celui du Jardin qu'elles environnent, ��
� l'importance de l'Edifice qui les amen� fur la
f��ne. La Terraffe de l'Orangerie de Versailles,
& les efcaliers qui l'accompagnent, font un des
plus admirables mod�les en ce genre. Sa gran-
deur , fa beaut�, & fa magnificence, �galent les
plus c�l�bres entreprises uqs Romains. Apr�s cette
Terraife, cello de Meudon, quoique dans un tout
autre genre, m�rite les plus grands �loges, auM*
bien que celle du Ch�teau neuf de Saint-Germain-
en-Laye. On en voit plufieurs autres dans les Jar-
dins de nos Maifons de plaifance, qui, quoique
moins coniid�rables , ne doivent pas moins �tre
l'objet de l'�tude particuliere des Elev�s qui veu-
lent acqu�rir toutes les eonnohTances de cette
partie de l'Art.
Ordinairement, on compte trois efpeces de
TerraiTes : les premi�res , font celles foiitenues
par des murs de ma�onnerie, rev�tus de membres
d'Architeclure, tels que des boffages, des refends,
des cadres , des tables, qui, � leur tour , re�oi-
vent, f�lon l'importance des lieux & les objets
qui les avoiiinent, des cong�lations, des p�trifi-
cations, & autres ouvrages de fculpture ruitique,
& fe terminent le plus fouvent par des baluftrades
couronn�es de troph�es, de groupes d'enfants, &c.
Ces fortes de Terraifes exigent fouvent des efca-
Uers en pierre ou en marbre, dont nous dirons
quelque chofe, apr�s avoir parl� des deux autres
genres de Terraifes.
Le f�condes font celles , qui, au lieu de murs
de rev�tuTement, font feulement foutenues par
rdes talus de gazons qui entretiennent les terres »
& fur lefque�ies, de diftance � autre, on forme
$e& gradins pour y monter ou en defeendre plus
facilement:
'!■.,..■"■..■'                                                                                      '                                                                                                                                                          y                                         "N
/. / :�,..... ■...■■.,■■.;■■■■.                                                               _�,...                                                                                                                                                            :. Λ
-ocr page 150-
d'Architecture           55
facilement : on orne alors ces terrai�es avec des
arbriffeaux, des arbres en boules, des itatues 9
des vafes , &c.
Les troisi�mes , font celles o� l'on n'emploie
ni les murs de rev�tiffement, ni les talus de ga-
zon ; mais o� l'on fait feulement ufage de ram-
pes douces & continues, & o� Ton diipofe des
eitrades, des plates-formes & des mai�ifs de ver-
dure en compartiments, avec une forte de fym�r
trie refpe&ive.
Des Efcalkrs d�couverts, en ufage dans
les Jardins de -propret�.
;,
Les Efcaliers en marbre ou en pierre, contri-
buent beaucoup, ainii que les terrai�es, � la ma-
gnificence des Jardins. On en compte auffi de
trois fortes : les Efcaliers de ma�onnerie adapt�«
aux murs de Terraffes ; ceux en rampe douce ,
fans marches, mais toujours appuy�s contre les
murs de rev�tiffement ; & ceux qui, tout de ga-
zon, forment des gradins foutenus feulement paf
des talus inclin�s & tapiiT�s de verdure.
Les premiers fe conitruifent en pierre ou en
marbre , tels qu'il s'en voit � Verfailles, � Saint-
Cloud, aux Tuileries & ailleurs : leur forme fe
varie � l'infini * f�lon l� difpo�kion du terrein,
la hauteur des Terraffes & le befoin que l'on a
de les multiplier dans un m�me lieu. En g�n�ral,
il eft bon d'obferver que leurs marches n'exc�-
dent jamais le nombre de treize; pour parvenir
� un palier , ■&. que ces marches ayent au moins
quatorze pouces de giron, fur cinq pouces d�
hauteur, y compris trois lignes de pente qu'il
Tome �V*
                                     
-ocr page 151-
34                    Cours
convient de leur donner, pour faciliter l'�coul�-
/ ment des eaux du ciel. Ges fortes d'Efcaliers doi-
vent �tre fond�s avec beaucoup de pr�caution ;
autrement, ils font fujets � le d�grader en peu
d'ann�es. Lorfque ces Efcaliers font appliqu�s �
des Terraffes peu �lev�es, on ne fait point ufage
des baluftrades pour leur fervir d'appui ; on n'en
remarque, ni aux Terra i�es , ni aux Efcaliers des
Jardins des Tuileries & du Luxembourg , qui
cependant ont une affez grande hauteur. La belle
Terraile de Saint-Germain-en-Laye , plus conii-
d�rable encore, n'en a point non plus. On en a
plac� dans la grande Terraffe de l'avant-cour du
Ch�teau de Meudon, parce qu'elle eft d'une �l�-
vation qui a de quoi �tonner *, les Efcaliers plac�s
dans les Jardins de cette magnifique Maifon Royale?
en ont auffi ; mais nous eftimons que pour peu
que la longueur des marches foit de douze �
quinze pieds, il convient de fe paffer de ces
fortes d'appuis, qui �tent aux rampes de ces Ef-
caliers leur l�g�ret� , & d�truifent en quelque
forte leur plus bel effet ; cependant, lorfqu'on
ne peut faire autrement, il eft � propos d� pr�-
f�rer les baluftrades ou les entrelas, aux rampes
de fer qui ne conviennent abfolument que dans
les Maifons de campagne tr�s-fubalternes.
.Les Efcaliers � rampe douce, doivent �tre
d'un facile acc�s, npn-feulement pour qu'on les
ptiuTe montet ou ^efcendre aif�ment; mais pour
que le fervice des carioles, des tra�neaux, ou�e
tranfport des caiffes , ,fe; fafle commod�ment *.
quelquefois auff�., an-lje� de pentes en glacis,
on pratique des marches en talus, dont la hau-
teur eft , au plus, de trois pouces fur le devant,
& leur pente du, quart de leur giron 9 lequel or-
-ocr page 152-
�inairement fe fait de trois ou quatre pieds , telles
que fe remarquent celles du Jardin de Trianon,
plac�es en face d'un des bras du grand Canal de
.Verfailles.
Les Efcaliers conilruits en gazon, ne doivent
�tre, ni ii coniid�fabies que les pr�c�dents ) ni
promettre autant de dur�e que les Efcaliers en
pierre ; mais ils ont cela d'int�reifant, qu'ils font
toujours verds, qu'ils font aif�s � ex�cuter, qu'ils
co�tent peu � contraire, & que leur entretien
n'eil gu�re difpendieux : on en voit de cette ef-
p�ce dans les Jardins de Marly , qui peuvent
paiier pour autant de chefs-d'�uvre en ce genre»
Tous ces diff�rents objets doivent environner
�e principal corps-de-logis, & contribuer � en
augmenter le coup d'�uil, auffi-bien que les fta-
tues & les vafes en marbre , en bronze ou en
m�tal , que ces m�mes objets am�nent fur la
fc�ne ; mais il faut prendre garde, n�anmoins ,
que leur capacit�, leurs formes, & fur-tout leurs
all�gories, correspondent aux diff�rentes pi�ces
d�couvertes qui les re�oivent, pour ne pas in-
diitin&ement placer des Nymphes, des Na�ades
& des Tritons * &c, dans les bofquets & les
cabinets de verdure; des Silvains & des Faunes,
dans les ba�ins & les fontaines. D'ailleurs, il faut
f�avoir que ces divers ftatues & ces vafes ac-
qui�rent un nouvel �clat, lorfqu'on peut les iituer
au-devant des palhTades qui leur fervent de fond-
�l faut prendre garde de les trop multiplier, aini�
qu'on l'a fait � Verfailles, o� Ton en remarque
une fi grande quantit�, qu'on a peine � conce-
voir, que dans un ii court efpace , la France ait
pu fournir aiTez d'Artiftes c�l�bres, pour nous y
i�ire admirer tant de chefs-d'�uvre-
Cij
-ocr page 153-
\6                     C bu R s
Τ ■' - '".         ' .�"       ', ,'          ..... " ,- " " ■                �!                                             .»Ι�              5'                                         " ■*
> .■■■■ ■ .�'. -                                                                                                                     ;                                                                                                                                    ■-                                                                                                                                                                                                                                                                                                  ■ *                                               ;
.                                                                       *                                        J
Des Quinconces»
Les Quinconces , quoique plant�s d'arbres �
haute tige, peuvent �tre rang�s au nombre des
pi�ces d�couvertes, parce que ces arbres �tant
�lagu�s � une certaine hauteur, la vue s'�chaps
� travers les all�es que forment ces m�mes ti-
ges. Quelquefois on ferne fous ces arbres du
gazon , & Ton r�ferve feulement le fol de quel-
ques pi�ces d�couvertes qui fe placent au milieu,
ainii que les all�es qui en divifent l�s maffifs.
Lorfqif on plante des liiieres de charmille, pour fer-
mer l'enceinte des Quinconces , il faut avoir at-
tention qu'elles n'exc�dent pas la hauteur d'appui,
� deflein que l'�uil puiiTe paffer aif�ment au-deifus ;
il en faut ufer de m�me , lorfquau lieu, de tapis
verd, on y plante des charmilles, que pour cela
on appelle charmilles r�c�p�es , du mai�if defr
quelles on voit fortir les tiges des arbres, ce qui
forme un agr�able effet, ainii qu'il s'en remar-»
que dans les bofquets de Daphn� & d'Hippo-r
m�ne des Jardins de Marly. #1
Ces pi�ces de verdure doivent �tre difpof�es de
maniere qu'� chaque angle d'un carr� parfait, il y
ait un arbre, auf�i-bien que dans le centre ; er�
forte que, par cette fym�trie r�it�r�e, on forme
un bofquet perc� � jour dans toute fon �ten-
due par des all�es paralleles en tout fens : quel?
quefois on fupprime l'arbre plac� au milieu, &
qu'on n'avoit plant� , que pour jouir plus prom-
ptement du couvert que produit la chevelure de
ces jeunes arbres mis pr�s � pr�s ; mais 3 lorsqu'ils
ont pris une certaine croilTance, ils peuvent fe
fupprimer, � deifeui que les all�es deviennent plus
-ocr page 154-
: "'■"'■■                                                                                                                                                                                                      "/.-'■ ;;■■'                                                                                  ,-:..■'■■:■                                         �~>ν ■:�:
' - -,                                                                       * '
d'Architecture.              37
foacieufes ; d�s-lors on Iaiife monter la tige, ce
qui procure plus d'air & plus d'agr�ment � l� pro-
menade. Au reite, il faut f�avoir que les Quin-
conces (g) ne r�iil�iiTent v�ritablement bien que
dans les Jardins hauts , & qu'ils demandent �
�tre plant�s dans des eipaces abfolument r�»
guhers.
Des diverfes Palijfades,
Les PaliiTades procurent aux Jardins de pro-
pret� un coup d'�uil agr�able ; elles font d'ail-
leurs d'un grand fecours pour redreifer les in�-
galit�s des murs de cl�ture, & fouilraire au fpe-
�ateur, en certaines occafions , les objets' trop
difparates, lefquels nuiroient � la fym�trie qui doit
r�gner dans la forme des Efplanades ou des autres
parties d�couvertes. Les PaliiTadesfervent encore
a former des contre-all�es , � border les maf-
Ms des bois , & � limiter l'enceinte des bof-
quets. Le principal agr�ment des PaliiTades con*
iiile � �tre bien dreif�es & garnies depuis leur
pied jufqu'� leur fommet : elles font fufceptibles
de chantournement dans leur plan, fuivant les
lieux qu'elles d�corent. Pour offrir une belle ver*
dure, elles doivent �tre plant�es en charmille ou
en ormille : celles d'�rable , d'ifs & de buis, ne
produii�nt pas, � beaucoup pr�s , un aufli beau
coup d'�uil, & elles font d'un plus difficile en-
tretien. Affez g�n�ralement leur hauteur eit fix�e
aux deux tiers de la largeur des all�es ; & ibrf-
que dans les lieux fpacieux on veut les �lever da
(g) Quinconce ou Qamconge, du mot Latm_ Qaincunx*
C iij
-ocr page 155-
$S                   tCouR s
vantage, on laifle monter la chevelure des arbres
de haute futaie qui font plac�s derriere, pour
que l'une & l'autre fe r�unifient,' foit � plomb ,
foit en retraite, foit en faillie. On doit obferver de
ne jamais enclaver les arbres dans les Paliffades ,
parce que, lorfqu'un d'eux viendroit � p�rit, on
feroit oblig� de faire br�che dans cette derni�re,
& elle feroit un temps trop connd�rable � fe r�ta-
blir. Nous penfons encore qu'il faut �viter de pla-
cer les arbres au-devant des Paliffades, leur tige
rarement droite, nuifant n�ceffairement au coup
4'�uii, ainft qu'on le remarque dans l'all�e du ta-
pis verd � Verfailles, & dans les Jardins de Tria-
non. Il n'en faut point douter, les arbres font
plus convenablement plac�s derriere, � la diitance
de deux ou trois pieds de la charmille. Il eil en-
core bien, f�lon nous, dans les all�es par�es o�
l'on �tale � grands frais les chefs-d'�uvre de la
Sculpture, de ne laiffer jamais furpaffer la che-
velure des arbres, au-del� de la furface des Pa-
liifades ; autrement l'eau , qui tombe abondam-
ment , dans l'arri�re faifon, de deifus ces arbres,
ruine ces ouvrages de l'Art, ainfi qu'on le remarque
dans les magnifiques Jardins que nous venons de
citer, malgr� les foins continuels qu'on prend pour
les en garantir ; mais le f�diment des feuilles mortes
qui s'y attachent pendant Thyver, en d�truit in�*
fenfiblement toute la finefle , & leur �te , � la
longue, la plus grande partie de leur belle ex*
prefliQ�u Γ ,
-ocr page 156-
b'ARCHlTECTUltE.             $9
Observ�t ion s part �cuii �res
sur les diff�rentes parties qui
se placent a couvert dans les
Jardins de propret�.
Des diff�rentes All�es.
Tous les diff�rents objets dont nous venons de
parler n'auroient aucun agr�ment, ii dans une
plantation {h), telle qu'un grand Jardin (i) , un
Parc (k), on n'obfervoit du couvert, non-feule-
ment pour parvenir aux diff�rentes parties qui les
compoient, mais auffi pour procurer de l'ombre
� la promenade. Ces deux confxd�rations ont fait
imaginer les All�es, dont nous parlons ici, pour
fervir de communication aux diff�rentes pi�ces de
verdure, & pour entourer quelquefois les Efpl�-
wades; celles-ci fe placent au-devant des mafiifs
(A) AfTez g�n�ralement on appelle Plantation, l'art de for-
mer un Jardin, un Parc, un Bois, une For�t, un Bocage, un
Maffif, uirBofquet, &c.
(�) Par un Jardin, on entend toutes les parties couvertes ou
d�couvertes d'une belle promenade plant�e d'arbres, d'arbrif-
feaux, d'arbuftes Si de fleurs.
                   ,,              ,,�... ,
(k) Parc ; on comprend fous ce nom un grand lieu � la cam-
pagne entour� de murailles, & faifant partie des d�pendances
d'une Maifon Royale ou Seigneuriale. On en djitingue de deux
fortes , l'un que l'on nomme petit Parc plant� ,d'ai'bres d�
moyenne futaie, qui comprend les Jardins de propret�, dans
i�fquels font diftribu�s les diff�rents Bofquets, & autres pi�ces
4e verdure : l'autre qu'on nomme grand Parc, o� forit perc�es
de grandes avenues ,& o� l'on pratique des routes pour ja chaiTe,
des r�fervoirs, des d�charges, &c. On conftruit auifi dans ces
derniers , des M�nageries , des Faifandcries , enfin, des Remifes
& des retraites pour le gibier.
C iv
-ocr page 157-
40                        Cours                               >
qui f�paPrent les parties d�couvertes d'avec les
Bois (/), o� fe trouvent diitribu�s les Salions, les
Cabinets, les Salles de verdure, &c. On compte ?
� peu-pr�s, huit fortes d'All�es : les All�es cou-
vertes , les d�couvertes, les iimples, les All�es
doubles, les blanches, les vertes, enfin, les fous-
all�es & les contre-All�es, qui toutes fervent de
communication dans nos Jardins , pour aller d'un
lieu � un autre , ainfi que les rues conduifent
dans les diff�rents quartiers d'une grande Ville.
Les All�es couvertes font celles dont les ar-
bres forment un berceau naturel, ce qui rend
leur promenade imp�n�trable au Toleil ; mais elles
ne peuvent fervir de maitrefTes All�es , celles-ci
devant avoir beaucoup de largeur : dans ce cas »
on les �lague � pic, & c'eft ce qu'on appelle
All�e d�couverte, ou � ciel ouvert : ou bien on
(/) Sous ce nom on entend les lieux plant�s de haute fu-
taie , les Clo�tres � hautes paliifades, les grands efpaces d�-
couverts , Sec.
Les Bois-taillis ne diff�rent des Bois de haute futaie, que
parce qu'on les couperez-terre tous les neuf ans , d'o� ils pren-
nent le nom de Taillis.
Les Bois de moyenne futaie, font ceux dont on fait ufage
dans les Jardins de propret� , parce qu'ils ne parviennent ja-
mais � une fi grande hauteur que ceux de haute futaie, �tant
ordinairement perc�s & orn�s de Cabinets de verdure , de
Portiques, &e.
Les For�ts different des Bois par leur grande hauteur, par
leur �tendue confiderable ; elles font plant�es d'arbres pr�s �
{>r�s, formant des touffes fort �paiifes , perc�es de routes pour
a chaffe des b�tes fauves : telle eft celle de Fontainebleau, qui
contient vingt mille deux cent quatre-vingt-cinq arpents ; celle
de Compi�gne , qui en contient vingt-huit mille ; celle de Vil-
lers-Cotterets, vingt-quatre mille cinq cent cinquante-i�xj celle/
de Saint-Germain-en Laye , cinq mille cent quatre-vingt-dix-
huit i celle de Ghambor, quatre mille huit cent trois, $cc. ,
-ocr page 158-
ι
d'Architecture. 4*
les taille feulement en demi-berceau de chaque
c�t�, de maniere quil reile une afiez grande ou-
verture au milieu.
Les All�es fimples ne font compof�es ^ que de
deux rangs d'arbres , pendant que les All�es dou-
bles en ont quatre. On appelle All�es blanches ,
celles qui font C�bl�es; & All�es vertes, celles
dont le fol eil orn� d'un tapis verd. Les fous-
All�es font celles qui fe pratiquent dans les par-
ties baf�es des Jardins ; on les nomme ainfi, pour
les diftinguer cl�s All�es plac�es dans les parties
fup�rieures des belles promenades, ainfi qu'il s en
remarque � Meudon, � Marly & ailleurs. Enfin,
les contre-All�es, font celles, dont la largeur, r�-
duite � la moiti� des maitreiTes All�es, compofe
les All�es doubles dont nous venons de parler ;
alors ces contre-All�es fe trouvent couvertes, pen-
dant que celle du milieu fe trouve � ciel ouvert.
La configuration des All�es d�pend de la difpofi-
tion du terrein & de la compofuion du plan. il s en fait
de droites, d'obliques, de circulaires, en zig-zag, en
fpirale,en talut,en rampe douce , enterrafTe ,&c.
En g�n�ral, il faut obferver qu'elles ne foient jamais
trop de niveau ; mais leur pente ne doit pas aller
au-de-l� de trois pouces partoife : autrement, elles
feroiem fatigantes , & l'on feroit oblig� , pour
�viter la d�gradation qu'occafionneroient les pluies
abondantes , d'y pratiquer des chevrons ou des
marches de gazon de d�ftance � autre , ainfi que
nous en avons d�j� parl�,
J)es diff�rents Bofquets & des Salles
de verdure.
Les PalhTadcs d�j� cit�es, font deflin�es � C�r
-ocr page 159-
4*                         Cours
tourer �es Bofquets & les diff�rentes All�es dou-
bles ou iimples, pour y conduire � couvert. La
forme des Bofquets (m) fe varie � l'infini ; leur
relief fert � faire valoir la planimetrie des pi�ces
d�couvertes, & procure autant de furprife que
d'agr�ment dans les promenades d'une certaine
�tendue ; ils prennent leur nom de leur ufag�
particulier, des ilatues qu'ils contiennent, ou de
�'efpece des arbres dont ils font plant�s. Lorfqu'ils
font peu confid�rables , on les appelle feulement
Cabinets de verdure : quand ils occupent un grand
efpace , on l�s appelle Salles ; f�lon leur deitina-
tion, on les nomme Salles de Bal, Salles de Co-
m�die , ou Salles de Maronniers, Salles de Tilleuls :.
quelquefois auf�i ils prennent le nom des pi�ces
d'eau , ou des principaux groupes qui en font
l'ornement ; voil� pourquoi on l�s appelle Salle
de Diane & d'Endimion , Salle des Antiques *
Salle de Neptune, d'Amphitrite, Sec.
En g�n�ral, le fucc�s de ces diff�rentes pi�ces
de verdure d�pend beaucoup du choix des Fon-
taines , des Amphith��tres , des Portiques, des
Cabinets de treillage qui les emb�liffent, & de la
communication facile avec les pi�ces d�couvertes
emi entrent dans la compofition du Jardin.
Des Clo�tres»
Les Clo�tres font de tr�s-grandes pi�ces de
verdure qui fe plantent ordinairement dans le
Parc d'une Maifon Royale, au-del� des Jardins
(»*). Bofquet de l'Italien, Bofchetto * un petit Bois,
-ocr page 160-
d'Architecture.            42
de propret�. Ce font des pi�ces de cinq ou fix
arpents de forme r�guli�re, & entour�es de dou-
bles All�es.* La furface du milieu de ces Clo�tres
eil prefque toujours occup�e par une peloufe bien
entretenue, fur laquelle on s'exerce � la longue
paume : autour & dans des All�es bien battues &
� ciel ouvert, on y fait des courfes de chars &
de chevaux. Ces grandes pi�ces font auffi quel-
quefois deftin�es � donner des f�tes , des bals
champ�tres , & des com�dies paftorales. Au-lieu
de p�loufe, on y peut pratiquer des pi�ces d'eau
fervant de r�fervoirs ; alors on y donne des jou-
tes , des feux d'artifices, des illuminations, &c.
On voit des Clo�tres de l'efp�ce dont nous par-
lons, dans le parc de Meudon; ils font de la plus
grande beaut� , & l'on peut en voir les Del�ins
dans le plan g�n�ral de cette belle Maifon Royale,
faifant partie du cinqui�me volume de Γ Archi-
tecture Fran�oife.
Des Labyrinthes.
Les Labyrinthes font encore de grandes pi�ces
de verdure , compof�es de maflifs d'arbres & de
Bofquets, dans lefquelles on communique par des
All�es droites ou circulaires, mais difpof�es de
maniere que l'on ne puiffe retrouver fon chemin
que difficilement, lorsqu'on en veut fortir. Dans
les diff�rents Bofquets qui les compofent, on y
diilribue des Pavillons , des Grottes , des Fon-
tain�s, des Portiques & des Berceaux de rreillageL,
enfin des pi�ces d�couvertes , contenant les di-
vers jeux de la rpit� de fortune , de la balan-
�oire, de l'efcarpolette, du trou-madame, du jeu
-ocr page 161-
44                        C.O.� R S
de Siam , du jeu d'oie , &c. tels qu'il s'en re-
marque dans les Jardins de Chantilly. Quelque-
fois aui�i on y diftribue diff�rentes fontaines qui
ont pour objet la repr�fentation des Fables d'�fope,
ou de celles des autres Fabuliiles c�l�bres ; c'eft ce
qu'on voit ex�cut� avec beaucoup d'art dans le
Labyrinthe des Jardins de Verfailies. Les All�es
des Labyrinthes doivent avoir peu de largeur, afin
de produire de l'ombre en tout temps aux cu-
rieux , & d'y entretenir une fra�cheur qui con-
tribue � embellir la verdure qui les compofe.
Ordinairement, au pied de ces All�es couvertes ,
on place des treillages d'appui, parce que le fo-
leil n'y p�n�trant jamais, ou que rarement, le
bas de ces charmilles devient fujet � fe d�garnir;
mais lorfque les Bofquets & les All�es de ces,,
pi�ces de verdure font expof�s � d�couvert, com-
me on a vu long-temps celui plant� d'aube-�pine
dans les Jardins de Clagny , & qu'on voit au-
jourd'hui celui de Choify, garni en charmille, on
�vite cette d�penfe; & alors les PalhTades pro-
duifent un coup d'�uil plus int�reifant, n'�tant
pas fujettes � fe d�chauffer par l'humidit�, comme
dans les Labyrinthes pr�c�dents.
/ ' '�.'■ *                   '             'j             ; '
Des Cabinets & des Berceaux de treillage.
Ces Cabinets artificiels, ont de tout temps figur�
dans nos plus magnifiques Jardins. Ils fervent
fouvent de frontifpice � l'entr�e des principales
All�es , fitu�es � l'extr�mit� des Efplanades^ ,
plac�es en face du principal corps-de-logis : ils
ont cela d'avantageux, que l'on jouit promptement
de leur ufage particulier & de leur d�coration*
-ocr page 162-
D'ARCHITECTURE.              4$
Leur ordonnance tient d'ailleurs aux proportions
de la belle Archite&ure ; on les compofe ordinaire-
ment de Colonnes » de Pilaftres, d'Arcades , de
Niches, de Frontons, de D�mes & d'Amort�ffe-
ments, dans l'intention de repr�fenter l'image d'un
Sallon, d'un Belv�der, ou d'un Kiofque �lev�s en
marbre ou en pierre ; la gaiet� & l'�l�gance des
Treillages paro�t plus analogue � la verdure qui
les environne, & ils fervent � en relever l'�clat.
Les Jardins de Chantilly, ceux de Verfailles 9 δζ.
particuli�rement ceux du nouveau Trianon ,
pr�s de cette Maifon Royale, offrent plus d'un
chef-d'�uvre en ce genre.
Le go�t des Treillages demande une �tude parti-
culiere : les �chalas & le bois de boiffeau qu'on
y emploie, pof�s fur des ch�i�is de fer, fcell�s
avec folidit� fur des maffifs de ma�onnerie, exi-
gent de la part de l'Artiite une intelligence pra-
tique qui le mette en �tat d'obferver entre les
plains & les vides , un rapport capable d'int�-
»effer le coup d'�uil des Spectateurs �clair�s (n).
On fait auffi en Treillage des Portiques, des
Niches & autres corps d'Architecture ; enfin des
Efpaliers � hautes & baffes tiges, qui contribuent
beaucoup � rembelliffement des Jardins par�s ,
foit dans nos Maifons particuli�res, foit dans les
Potagers de nos Maifons Royales. Les Berceaux
en treillage font auffi une fuite de cette magnifi-
cence; on les garn t de Jafmin, de Rofes oude
Ch�vrefeuille ; & il fervent alors de communica*
(�) On vient de d�truire � Glagny , un Cabinet de treil-
lage de cette efpece > �lev� fur les dei��ns de jules-Hardoum
Manfird, qui certainement paiToit pour un des meiMeu^s ou-
vrages qui f© foient ex�cut�e depui§ tes^-temp*.
-ocr page 163-
46                ^ ς C O � R S
tion pour paffer � couvert d'un lieu � im autr�j
on l'a pratiqu� ainii avec le plus grand fucc�s dans
les Jardins de Marly & de Sceaux ; ils produi-
sent un admirable effet dans ces promenades char-
mantes : compar�s avec les Paliflades δε les Ber-
ceaux naturels, ils y pr�fentent une oppofition
tout-�-fait int�reffante. Lorfque des principaux B�-
timents on veut arriver � l'ombre dans les diff�-
rents Boiquets d'un Parc, il eil bon d'en nier
ainii ; & il s'en voit un tr�s-grand nombre dans les
environs de cette Capitale, �lev�s fur les Deflins
de le N�tre, & des Archite&es de nos tours.
■.'.:!�
Des Statues & des Vafcs,
Les Statues & les Vafes contribuent, ainii que
nous l'avons dit ailleurs, plus qu'aucun autre ob-
jet , � rembellifTement des Jardins de propret� ;
Semblables aux Fontaines, ils en peuplent la foli-
tude, & annoncent la magnificence des Propri�-
taires. Nous fomiiies n�anmoins bien �loign�s de
croire qu'il faille les employer dans nos Jardins
jufqu'� la prodigalit� ; certainement ceux de Ver-
failles offrent trop abondamment des chefs-d'�u-
vre de ce genre : on a uf� de plus de retenue �
cet �gard dans les Jardins de Marly; encore ceux
de Chantilly & de Seaux nous plaifent-ils davan-
tage , parce qu'on 'y trouve plus volontiers le
loiiir d'examiner avec fruit les beaut�s de cette
efpece qu'ils contiennent , fans un trop grand
exc�s. Au contraire, les promenades de Verfailles,
aini� que nous venons de le remarquer, femblent
annoncer un attelier ouvert feulement pour fa-
tisfaire les Amateurs & les Artiffes. En effet, la quan-
tit� de Statues .qu'on y obferye a de quoi fatiguer
-ocr page 164-
D* A R C H'l Τ E C Τ U R E.            47
��euil, & femble nuire 5 pour ainfi-dire, �-la beaut�
4e la nature qui devroit faire prefquetous les frais
de la d�coration de nos Jardins de propret�.
Ordinairement les Figures & les Vafes font de
marbre blanc, de bronze ou de m�tal : quelque-
fois , au lieu de Statues, on fait ufage de Termes,
figures � demi-corps, �lev�es fur une gaine , &
qui, f�lon la place qu'elles occupent, produifent
un aifez bel effet. Les Planches contenues dans
ce Chapitre n'offriront , ni les Statues , ni les
Termes dont nous parlons ; ces merveilles appar-
tiennent eifenciellement � la Sculpture; les Coife-
vox, les Girardon, les Couftou, nous ont aifez
prouv� de leur temps , ce que pouvoit cet Art
divin dans les mains d'auf�i habiles Ma�tres; ou-
vrages admirables, qui doivent feryir de mod�les
aux jeunes Artift.es de nos jours, & faire fans ceife
l'objet de leur m�ditation. Les Vafes, f�lon nousa
appartiennent davantage � l'Architecture ; leurs
profils , le choix de leur galbe eil de fon reiTort;
c'efl: encore � Verfailles, � Trianort, � Marly, qu'il
faudra aller puifer les plus belles formes en ce
genre, & s'y p�n�trer de la touche & de la fineife
de la plus parfaite ex�cution; aui�i en rapporte-
rons-nous quelques exemples dans les Planches
qui vont fuivre, dans l'intention de monter le
g�nie de nos Elev�s fur cette partie fi int�reiTante
de la d�coration des nos Jardins.
A ces obfervations, nous allons faire fucc�der
plufieurs compoiitions des diverfes parties dont
nous venons de parler. On ne doit pas s'atten-
dre n�anmoins � trouver dans ce Chapitre une
aifez grande quantit� de Deffins de chaque genre;
tous ces diff�rents objets �x�geroient feuls un vo-
lume particulier; nous avons t�ch� feul�ment de
-ocr page 165-
48                         Cours
faire choix des plus belles formes qui convien-
nent � chacun. Qu'on ne s'y trompe pas , pour
parvenir � l'excellence de cette branche de Γ Ar-
chitecture, c'eil aux Tuileries, c'eir. dans les en-
virons de'cette'Cit�'qu'il faut aller-, pour puher
le v�ritable go�t de l'Art : tout importe, un Par-
terre, une Pi�ce d'eau , une Fontaine jailliffante,
un Portique, un Groupe, un Vafe, un Bofquet,
int�rei�ent le Dei�inateur praticien; il doit tout
mefurer , prendre les d�tails, s'en faire une �tude,
une collection , en un mot, faire entrer la com-
poiition de tous ces objets dans fon projet g�-
n�ral; autrement, il doit s'attendre � η offrir que
des beaut�s d�tach�es, dniribu�es au hafard, &
fouvent difpof�es fans choix δε fans convenance.
Nous n'allons donc pr�fenter les Planches qui
vont fuivre, que comme autant d'images qui doi-
vent faire fentir � nos Elev�s, l'importance d'e-
xaminer avec attention tout ce qui peut contri-
buer � rembelliiTement de nos Jardins par�s.
Diff�rents Dessins de Parterres y
de Broderie et de Massifs d�
gazon.
ρ l an c h ε s i & ii.
� La Planche I offre quatre Parterres de dei�ins
diff�rents ; celui de la figure I en donne un de
Broderie, enferm� dans un trait d� buis , avec
un fentier qui le f�pare de la plate-bande de fleurs
qui fert de bordure � fa totalit� : c'eft dans cette
derni�re que font diftribu�s des arbriffeaux & des
fleurs > fa broderie eft aufii form�e par des traits
ι
-ocr page 166-
BARCH�TTEC�t�Rt.              m
de buis, & fes rinceaux font remplis �e fables
de diverfes couleurs, qui, par l�, imitent ks ra-
mages d'une �toffe, dont les nuances af�orties*
pr�fentent un coup d'�uil fatisfaifaht* Il faut f�a*
Voir n�anmoins ne les employer que dans des
lieux peu fpacieux; ils exigent beaucoup de d�-
penfe & un entretien confid�rable. Ce genre d'or*
tiement demande un go�t particulier ι nous Ta*
Vons d�j� remarqu� ailleurs, un bon Deffinateur
fe trouve quelquefois novice, Jorfqu'il eft requit
den d©nner un deffin : pour y parvenir > il faut
entendre le jardinage, & f�avoir applanir les di&
^cultes de la main d'�uvre, afin d'en pouvoir
faciliter l'ex�cution au Jardinier, On fe fert de
buis iiain^ pour en former les contours, & l'on
doit choiiir la fin de l'Automne pour les planter
les pluies d'hiver leur faifant prendre plus facile*
ment racine, & la rof�� du Printemps leur don-
nant de la force en leur rendant leur premiere ver-
dure & leur premiere fra�cheur* En g�n�ral , il
faut t�cher d'�viter les petites parties dans leur
compofition ; il eil m�me important d'emp�cher
autant qu'il eft poffible, l'approximation des traits
de buis dont ils font form�s, parce que venant
as'�paiifir avec le temps, il eft difficile au cifeau
du Jardinier de leur reftituer leur forme primitive
dou r�fultent dans la fuite des jarrets, qui ot$m
ces Parterres leur m�rite principal*
La Figure II offre un Parterre compof� de Maf»
fifs de gazon , comparas & enfermes d'un trait de
buis ^ avec des chemins ou feiiriers qui condui-
fent � trois baffins, dont deux font circulaires
& l'autre oftogone. Ce Parterre eft auffi entour�
de plates-bandes de gazon relies contiennent d�s
rigoles & de petits baffins orn� de bouillons 0ui
Tome IK                                ρ M"*
-ocr page 167-
so                       Cours
procurent au Parterre une grande richeffe, mais
qui exigent une d�penfe coniid�rable -y aufli ne
les employe-t-on gueres que dans les Jardins de
nos Maifons Royales : ou lorfqu'on en fait ufage
dans nos habitations particuli�res; c'eft pour les
placer tr�s-pr�s des appartements priv�s, parce
que leur coup d'ceuil & le gazouillement de leurs
eaux femblent en r�veiller la folitude. Cette Figure II
eil tir�e des Jardins de Liancourt, o� ces Parterres
ex�cut�s en grand, ont produit le plus bel effet,
avant qu'ils fuffent d�truits , aufli bien que la
plus grande partie des autres chefs-d'�uvre qui
y avoient �t� faits fur les deflins & fous la con-
duite du c�l�bre le N�tre.
                            #
La Figure III eftun autre Parterre de broderie ,
comme celui de la Figure I, avec cette diff�-
rence, que non-feulement il neftpomt enferme
dans un double trait de buis ; mais qui! eil tra-
verf� par une all�e oblique bonne a imiter , lorl-
que la largeur d'un Parterre devient trop confi-
d�rable , compar�e avec fa longueur : d�faut de
rapport fouvent occafionn�, foit par la difpofition du
terrein qu'on neft pas toujours le ma�tre de cor-
riger, foit pour fe procurer plus dair ou plus
d'efpace ,foit enfin par la diipofition des avant-corps
des Fa�ades , dont la diilribution des croif�es
exige une ail�e blanche qui en alligne l'axe. La
broderie eil d'ailleurs d'un affez bon gout de def-
fin, elle nous pla�t plus que celui de la Figure I ;
aufli ce parterre eil-il du Deflin du fieur Tou-
char, qui a excell� de fon temps dans cette par-
tie de l'Art du Jardinage.
La Figure IV eil encore un autre Parterre de
broderie; mais bien moins compof� que les pr�-
c�dents : fes ch�tes font affez bien jet�es, quoi-
-ocr page 168-
D'ARcaiTieruR�.              ft
qu'elles paroiffent un peu maigres ; c'ei�: une at-
tention qu'il faut avoir, d'obferverles vides dans des
efpaces � peu pr�s �gaux; il n'eft pas moins con«
traire au go�t de l'Art, de laiffer trop d'inter-
valle dans les fonds, que de charger trop conii-
d�rablement la broderie. Nous crayons aufli que
les traits de buis qui forment le deifin de ces
fortes de Parterres, ne doivent pas �tre plac�s
trop pr�s du buis qui d�termine la largeur int�-
rieure de l� plate-bande; Tavoifinement de cette
derni�re ne pouvant que nuire par fon terreau »
� la propret� qu'exigent les fables de couleur, dont
on orne ordinairement les compartiments $ les
rinceaux & leurs tiges«
Les Figures I, II, III Se IV de la f�conde
Planche offrent auffi d'autres deffins � peu pr�s
dans le m�me genre ; mais dont les formes font
vari�es diverfement, & peuvent l'�tre � l'infini
fous le crayon d'un habile Ma�tre, & f�lon le
local o� l'on met en �uvre ces fortes d'embeHiiTe-
ments dans les Jardins de propret�. A� reite la
nature du terrein o� l'on plante les Parterres *
doit entrer pour beaucoup clans le choix de leurs
compofitions ; le d�faut de falubrit� dans l'air 9
une terre trop humide ou trop l�gere > une �x-
polition trop d�couverte ou trop ombrag�e, font
autant d'obftacles qiii doivent d�terminer l'Ar*
tiile � pr�f�rer les maffifs de verdure � la bro-
derie , les fleurs vivaees aux fleura printanieres 9
les planches de ch�ne aux traits de buis * les plates*
bandes de gazon � celles plant�es d'arbriffeaux ί
enfin les Bai��ns, les Statues r les Vafes aux Cor-
beilles, aux Tapis verds> aux Ifs> &c*
Pi)
^
-ocr page 169-
�*                         Cours
Diff�rtnts DeJJins de Boulingrins & dt
Kertugadins.
Planches III & IV.
La Planche III donne diff�rents Deil�ns de
Boulingrins 9 eip�ces de Parterres plant�s tout de
gazon en compartiment, dont le milieu eil rern
fonc�, & le pourtour form� par un talut inclin�
fur quarante-cinq degr�s.
La Figure I eil de cette derni�re efp�ce; & fes
mai�ifs font entour�s d'un trait de buis qui contri-
bue � procurer � ce Parterre plus de richefle;
ce qui devroit le faire pr�f�rer dans les parties
d�couvertes, qui, ordinairement, fe placent en
face du Ch�teau, ou dans fes parties lat�rales.
La forme de ce Boulingrin eil o�ogone ; le fonds
eil occup� par un tapis de gazon de forme circulaire.
A la place de celui-ci, on pouroit faire ufage d'un
bai�in avec un jet d'eau, f�lon que la beaut� du
lieu l'exigeroit. On pouroit de m�me en prati-
quer un dans le Boulingrin de la Figure II, qui,
au-lieu d'�tre � pans, eil de figure oblongue,
avec des; oreillons en tour creufe, pour confi-
gurer avec les quatre ronds, auffi de gazon, qui
font plac�s � fes extr�mit�s. Ge DeiTin eil plus
iimple que le pr�c�dent, & peut �tre r�ferv� pour
les parties les moins prochaines du principal corps-
- de-logis : fi l'on vouloit imiter les compartiments
de ce Boulingrin, nous confeillerions de lui don-
ner un peu plus de largeur, fur-tout s'il devoit
�tre aper�u fur fa longueur; car il faut fe fou-
yenir de ce que nous venons d'enfeigner dans les
��.
-ocr page 170-
t
d'Architec τ ν re.           5$
principes g�n�raux ; que c'eft la fituation des \
lieux qui doit d�terminer la forme & la propor-
tion de toutes les pi�ces de verdure. Tel Del�in
qui , fur le papier r�duit g�om�triquement, pla�t
� l'�uil, iie r�tuTit que rarement fur le terrein ,
* parce qu'il arrive fouvent que le Def�inateur
n�glige ou perd de vue »dans le Cabinet, les
points de diftance , ou les �minences d'o� fes
formes doivent �tre aper�ues : encore une fois ,
tout importe, le fucc�s des diff�rentes parties du
Jardinage int�reiTe tout autant le v�ritable ama-
teur, que le rev�tiiTement de la d�coration int�--
rieure d'un Sallon , d'une Galerie, &c. Ce que
nous difons ici eil une v�rit�, dont nous fouhai-
tons que nos Elev�s foient intimement perfuad�s ;
ils doivent donc tout examiner, n�n^feulement
en hommes de go�t ; mais en G�om�tres , eit
Praticiens , en un mot, avec T�uil de le N�tre»
s'ils veulent marcher fur les pas de ce grand
Ma�tre*.
                      ih mm'             <■/*.&
La FigureIII ei� un grand Boulingrin, dans
le fonds duquel eft une pi�ce d'eau entour�e d'un
gazon d�coup� en compartiments ; il eft, ainii
que celui de la Figure IV, d'une forme affezin-
t�reffante , & tous deux ont �t� ex�cut�s avec
fucc�s, fur les deffins de le Blond, l'un de nos
Architedes, qui ont f�u mettre le plus � profit 9
parmi nous,. les pr�ceptes du grand Ma�tre que
nous venons de citer. Il faut convenir n�anmoins
que, pour les imiter, il conviendroit d?�tre
pourvu d'une certaine intelligence. Combien n'a-
vons-nous, pas vu de fois de jeunes Artiiles ou
des Jardiniers qui paflbient pour bons, kfquels »
perfuad�s qu'ils fuivoient litt�ralement les pro-
durions qu'ils trouvent dans nos Livres, s'ima»
On
-ocr page 171-
14                   Coyns
ginoiemvalprs ex�cuter des �hef�-d'�uvre, pen�
dant au contraire, que , faute d'avoir f�u ajouter
ou retrancher certaines parties aux imitations
qu'ils avoient pour objet � on ne remarquoit
plus que des duTonnances, & des difparit�s, qui
rendoient m�connoiiTables. 8l quelquefois m�me
au^deflous de la m�diocrit� 9jes penf�es des hommes
habiles qu'ils avoient �hoifis pour guides. Nous n'a*
vons que trop d'exemples de c� que nous avan�ons,
Nous fommes d'ailleurs de bonne foi » tous les
dei��ns que nous donnons dans ce Chapitre, quoi*
que d'un aflez bon choix, ne font pas offerts ici
pour �tre fuivis � la lettre; mais feulement pour
Indiquer le genre de chaque partie ; �'eit � l'hom«?
me de go�t qui ex�cute & qui fe trouve charg�
d'une entrepnfe plus ou moins �onfid�rable en
iait de Jardinage, � juger des formes les plus con*
y�nables, des v�ritables grandeurs & du choix
qu'il doit faire de telles ou telles pi�ces de ver*
dure? f�lon quelles feront deitin�es � �tre ex*
ppf�es � couvert pu � d�couvert \ car cette feule
diff�rence doit en apporter beaucoup dans la dif-
pQ��tion, dans les reliefs & dans l'ordonnance des
pi�ces de m�me genre. Il ne doit pas non plus ou*
blier, que f�loignement ou l'approximation doit
�?ianger n�ceiTairemenr la hauteur & les gradations
qu'il convient de donner � une liiiere d� charmille
plac�e au-devant d'une paliffade, enfin aux Tajuts,
aux Amphith��tres , aux Vertugadins , Sec,
IL^a Planche IV donne pluiieurs Deifins de Ver-
tu gadins , efpeces d'Amphith��tres, qui different
des. Boulingrins dont nous venons de parler, en
ce que leur fol form� de plufieurs paliers , &
d'un certain nombre de gradins, produit autant d'�^
l§�n§g�f§? qi�, distribu�es avec intelligence f
fr�*'
-ocr page 172-
d'Architecture.            j�
fentent divers objets int�reffants : tels font ceux
que nous avons d�j� cit�s, en parlant �es jar-
dins de Marly. Les dei�ins qui fe remarquent fur
cette Planche, font, pour la-plupart, entour�s
par des paliffades de charmille qui leur fervent
de doffiers. Il fe fait n�anmoins des Vertugadins
ifol�s de toutes parts, & du fommet defquels on
d�couvre une certaine quantit� d'objets agr�a-
bles ; ce qui leur fait donner quelquefois le nom
de Belv�ders d�couverts, lorsqu'ils ont vme cer-
taine �l�vation j mais lorfquils en ont moins, ils
font nomm�s tout fimplement Vertugadins, ainfl
qu'on appelle volontiers ceux des figures, que
nous rapportons dans cette Planche, Amphith��-
tres , ou du moins Vertugadins en Amphith��tres *
Ils nous ont paru d'ailleurs d'un aifez bon genre»
& le Blond eft l'Auteur o� nous les avons, puif�s;
nous n'y avons fait que de l�gers changements�
Des Fontaines jailli�antes*
Planches V δε VI.
La Planche V offre deux dei�ins de Fontaines
jailliiTantes, qui ordinairement fe placent dans
le milieu des grands baffins ; telles font celles
qu'on voit � Verfailles dans le baffin du bofquet
des D�mes, & dans celui de la Colonnade. Quel-
quefois on les d�ftribue auffi d'ans des niches 9
dans les angles ou dans les pans coup�s des grandes
pi�ces de verdure ; il s'en remarque de pareilles
dans les Jardins de Marly, en face du bofquet
d'Agrippine. Ordinairement ces fontaines, qu'on
nomme auffi coupes, fe eonftruifent en marbre
ou en plomb j. ces derni�res font foutenues pap
D iv
-ocr page 173-
/
)6                         Cours
de$ armatures de fer, & alors elles fe bronzen«
� l'huile. Leur forme , comme les Parterres ,
quoique dans un autre genre, peut fe varier �
l'infini ; & c'eft � l'�bauchoir � ieconder le g�nie
de l'Artifte. Aflez volontiers ces fortes de tra-
vaux font confi�s aux Sculpteurs , & lorfqu'ils
font habiles, cette oonfiance leur eil due. Malr
gr� cela , nous confeillons � nos jeunes Ardu*
te&e$ de devenir d'aiTez bons Dei�inateurs a
pour les compofer eux-m�mes, & pouvoir e«
d�cider les galbes, les proportions & les attri-
buts les plus convenables , pour enfuite en aban-
donner l'ex�cution aux hommes du premier m�-
rite en ce genre. Les deux Dei�ins que nous of-
frons ici, font dans le go�t de ceux qu'on re*�
marque dans les Jardins de Chantilly & de Liait-
court, parce que ces Fontaines nous ont paru d'un
gifez bon choix. Nous aurions bien d�lir� pour-
voir en donner plus d'un mod�le ; mais il en eft
de cette partie comme de toutes les autres com»
priies en ce Chapitre,: nous n'avons pu qu'indi-
quer le genre de chacune ; la Th�orie de le
Blond , Fol. in - 40 , excellent Trait� , & 011
I�qus n'avons pas craint de pnifer plusieurs objets,
eil lui-m�me infufRfant, pour donner une cer-
taine quantit� de tous les Ouvrages de go�t qui
f mbraitent les Jardins de magnificence. D'ailleurs,
�lQl�s 1§ r�p�tons , ce� le local qui d�termine
l'Artifte � varier fes diff�rentes comportions 9
f�lon la n�cefl�t� ou il fe trouve d'embellir fes
promenades * Cette conf�d�ration nous a fait �vi-*
�§r de comprendre dans ces Planches quelques
fbfUnj d© Caicades 9 J� plus ou moins d'abondance
ff�$ §n\�H pouvant feule Indiquer l'importance o«
U implicite d% ��§ ©uvragfs de ��n* Pqw y (\ψ
-ocr page 174-
d'Architecture;            57
pl�er, nous compilions � ceux de nos Elev�s, qui
f�journent dans cette Capitale, d'aller viiiter les
belles Maifons de plaifance, �lev�es dans (es en-
virons ; leurs Jardins leur fourniront de quoi fe for-
mer le go�t dans cette branche de l'Arch�techire ,
d'apr�s les mod�les �rig�s fur les DeiTins de Charles
le Brun, Peintre c�l�bre, & l'un des plus beaux
g�nies que la France ait produits ; la plupart de
fes Ouvrages, qui raviffent notre admiration, ont
�t� ex�cut�s par le$ plus habiles Sculpteurs,° de
fon temps. A l'�gard de ceux qui fe trouvent
�loign�s de cette Cit� , ils peuvent avoir recours
� l'CEuvre du Cabinet du Roi, grand Atlas en
plufieurs volumes, qui fe trouve dans la plupart
Uqs Biblioth�ques ; ils pouront y prendre connoif-
fance du plus grand nombre des chefs-d'�uvre
que la magnificence de Louis le Grand a fait �lever
fous fon r�gne; ils y trouveront enfin les mod�les
de le Brun & des autres Artiftes de r�putation gra-
v�s avec la plus grande intelligence.
La Planche VI offre diff�rents dei�ins de Cu-
vettes r de Mafcarons , & de la majeure partie
d'une des pyramides d'eau, qui fe trouve dans le
bofquet de l'Arc de triomphe des Jardins de Ver-
failles. Ces diff�rents fragments ex�cut�s en plomb ,
font d'un excellent genre , & nous ont paru pro-
pres � infpirer � nos Elev�s le de�r d'aller fur les
lieux vifiter ces beaux mod�les, pour s'y nourrir
d�s merveilles , dont cette Maifon Royale eil rem-
plie ? peutrqtre m�me avec trop de prodigalit�, ,
Diff�rents Deffim de Termj�s & d'Efcaliers.
Planches VII& VIII.
Notre objet neit pas ici 4'ofFrir les Deflins des
/
-ocr page 175-
$�                    Conus
diff�rents rev�tiffements des grandes TerrafTes »
telles qu'il s'en remarque � Meudon pr�s Paris ,
du c�t� de la campagne ; au Ch�teau d'Amboife
en Touraine , & ailleurs : rev�tiffements qui, pour
toute d�coration , ne pr�fentent que quelques
corps de refend ou des boffages, couronn�s d'un
cordon, furmont�s d'un mur d'appui en baluftrade.
11 eft vrai qu'� la droite de l'avant-cour du Ch�-
teap de Meudon , on remarque une autre Ter-
KuTe qui foutient les terres des Jardins hauts de
cette magnifique Maifon Royale, & que fur les
tev�tiffements des murs de cette f�conde Terraffe »
on a plac� des pilaftres en gaines , d'un Defliii
plus fmgulier que raifonnable, puifqu'il faudroit
que, pour �tre approuv�s, ils iiiffent continu�s
paralleles, & non pas plus �troits vers leur bafe que
vers leur fommet ; cette forme ext�rieure, n'en
doutons point, eil contraire, du moins en appa-
rence , & � l'emp�tement du mur, & � la pouff�e
�es terres. Qu'on y prenne garde ; il en eit de la
d�coration des murs dont nous parlons , comme
de toutes les autres productions de i'Archire&ure ;
jamais l'Architecte n'arrivera � fes fins, ii l'objet
qui le d�termine � tel ou tel genre de conftru�tion ,
ne lui indique l'efp�ce de d�coration la plus con-
venable pour fon parement. Que diroit-on d'un
Payfagifte, qui, par inadvertance, introduiroit
F�corce d'un h�tre fur la tige d'un ch�ne. C'eil
ici � ,peu-pr�s la m�me choie; la forme de la d�-
coration ext�rieure doit annoncer les pr�cautions
qu'on a d� prendre pour procurer la plus grande
folidit� � l'int�rieur des murs. En un nx>t, nous
croyons que les furfaces hors-�uvre, doivent
annoncer, par le ftyle de leur ordonnance folide
©u d�licate, la r�iiftance la plus �tonnante, ou
-ocr page 176-
D Architecture           59
�'�l�gance que l'�conomie f�ait quelquefois mettre
en �uvre, lorsqu'il ne s'agit que de quelques �di-
fices de peu d'importance. Mais lorfqu'on fe pro-
pofe d'annoncer la plus parfaite folidit� , & qu'on
veut s'�loigner du iimple, il faut du moins puifer
la richeffe dans le genre d� la chofe, dans le
choix & la qualit� de la mati�re ; autrement, on
rifque de ne pr�fenter qu'un plaquis, des pi�ces
de rapport, enfin des comportions de fantaifie,
qui ne peuvent s'attirer le fuiFrage des hommes
�clair�s,
La Planche VII nous donne Us Deffins d'une
Terraffe de douze pieds feulement d'�l�vation ,
avec l'efcalier, qui, du niveau de la cour, def*
cend au petit canal des Jardins de Saint-Cloud.
Cette Terraffe & fon efcalier, font en pierre , &
ont �t� ex�cut�s fur les Deffins de Jules Har*
douin Manfard: ils font tous deux d'un bon genre;
& quoique limples, ils figurent, on ne peut pas
mieux, avec les autres parties qui les environnent
dans cette promenade charmante. Sur cette m�-
me Planche, on a trac� la coupe de l'efcalier,
& le profil de la Terraffe , dont on n'a point
donn� le plan, la {implicite d.e cette composition
n'ayant pas paru l'exiger.
La Planche VIII offre le Deffin d'une autre
Terraffe & de fon Efcalier, de la compofition d�
h Blond, Cette production, dune grande magnifi-
cence , en; orn�e d'un Buffet d'eau & de deux
Champignons ; richeffe qui la rend digne d'en-
trer dans la d�coration des Jardins de nos Mai-
fons Royales, N�anmoins , fa forme g�n�rale ,
grande , mais iimple quant � l'Architecture , la
rend aui�� fufceptihle d'�tre mife-en �uvre dans les
promenades beaucoup mpins importantes, parce
-ocr page 177-
6o                    Co un s
que, fans rien changer � fa difpoiition, on peut
en fupprimer la fculpture & les eaux jailliiTantes ;
& alors elle diff�reroit peu de celles qui fe re-
marquent aux Tuileries, & qui toutes font fort
eitim�es des connoiiTeurs. La fuppreffion que nous
propofons dans ce Deffin,nous rappelle ce que,
plus d'une fois, nous avons recommand� � nos
El�ves, & qu'il eft peut - �tre important de leur
r�p�ter ici. Lorfqu'il arrive qu'on fe propofe d'en-
richir un projet, il faut commencer par le faire
i�mple de forme, & d�pouill� de tout ornement ;
mais n�anmoins en �tablir les nus, d'apr�s la
Sculpture qu'il peut recevoir dans la fuite, enforte
qu'il faiTe �galement bien, d�pourvu de toutes ri-
cheiTes , ou rev�tu du faite de la Sculpture &
des eaux jailliiTantes, fans jamais, dans l'un ou
Fautre cas, devenir m�diocre ou confus ; ce qui
ne poura jamais arriver, nTArtiite n'a obierv� un
jufte rapport entre les parties & le tout, s'il n'a ca-
denc� fes Plans , enfin , fi (es profils n'expriment
par leur fermet� ou leur �l�gance, un cara&�re
propre � l'objet. Pour fe convaincre de cette v�-
rit�, que fur un papier particulier, on fupprime,
par exemple, tous les ornements grav�s fur cette
Planche, & l'on concevra aif�ment, que les feuls
membres de fon Architecture n'en produiront pas
moins un ouvrage excellent, parce que, lorfqu'une
fois les formes font bien combin�es, les orne-
ments qu'on y peut ajouter, ne peuvent que con-
tribuer encore � rendre l'ouvrage entier, & plus
pittoresque, & .plus admirable.
La coupe & le profil dei��n�s fur cette m�me
Planche, contribueront � faire fentir plus pofiti-
vement, ce que nous avons voulu faire entendre
en applaudiffant � cette compofition, & fourni-
-ocr page 178-
d'Architecture.              6t
ront les moyens d'en tracer le Plan, que nous
n'avons pu joindre ici, dans la crainte de trop
multiplier les Planches.
Nous ne donnerons point dans ce Chapitre, de
JDei�ins de Quinconces ; perfonne ne r�voque en
doute le bon effet qu'ils produifent dans les Jar-
dins des Tuileries & du Palais Royal : d'un autre
c�t�, leur compoiition eft fi iimple, que ce le-
roit vouloir multiplier les figures , fans aucune
efpece de n�ceffit�. Ainii, pour fuivre l'ordre que
nous avons obferv� dans les pr�ceptes g�n�raux
du commencement de ce Volume , nous allons
paffer aux diverfes Paliffades que va nous offrir la
Planche IX.
Divers Deffins de Paliffades.
Plan c h es IX & X.
Nous ne r�p�terons point ce que nous avons
d�j� dit des Paliffades ; d'ailleurs, les divers exem-
ples qui font trac�s fur cette Planche, nous pa-
roiffent pr�f�rables � unefp�culation fort �tendue;
ces paliffades ont �t� def�in�es d'apr�s le plus grand
nombre de celles que l'on admire dans les Jardins
de Maifons , de Verfailles, de Marly, de Lian-
court, de Chantilly, &c. & ont �t� rapport�es
par le Blond, dans fa Th�orie du Jardinage, ou-
vrage dans lequel nous les avons puif�es, comme
autant de mod�les � offrir � nos Elev�s. Qu'on
prenne garde qu'il s'agit ici d'un corps de Le-
�ons , & que nous avons averti � la t�te du pre-
mier Volume de ce Cours, que nous nous fe-
rions un devoir de rapporter des meilleurs Au-
teurs 7 tout ce qui pouroit contribuer � faire �cloi^
-ocr page 179-
�i                         Cours
le go�t des jeunes Artiftes : d'ailleurs, le plus
grand nombre des objets que nous offrons, font
ex�cut�s, &, comme tels, appartiennent � la R�-
publique des Arts, ainii qu � ceux qui les pro-
�effent. Nous nous flattons donc, que l'on ne nous
accufera, ni de plagiat, ni de larcin , pour re-
donner dans notre Ouvrage quelques Dei�ins an-
ciennement grav�s, qu'il nous a paru effenciel de
remettre fous les yeux du Le�eur. L'indication
des fources o� nous avons puif�, & l'�loge que
nous faifons du Livre & de ion Auteur, doivent
nous mettre � l'abri de tout reproche � cet �gard.
Apr�s cet aveu, faifons feulement quelques ob«
fervations fur les diff�rentes figures deffin�es dans
cette Planche IX. La figure I offre les Paliffades
plant�es dans les Jardins en face du Ch�teau de
Maifons : elles produifent beaucoup d'ombrage,
& comme le mai�if des Charmilles n'eft foutenu
que par la tige des arbres, elles laiffent un libre
acc�s, pour d�couvrir de ces Jardins, la plaine
qui fe trouve plac�e de l'autre c�t� de la ri-
vi�re, & dans laquelle eil plant�e une avenue
coniid�rable, qui procure � ce Ch�teau un coup
d'ceuil tr�s-int�reffant, Il feroit � d�firer que ces
Charmilles & ces PalhTades fof�ent �lagu�es un,
peu plus hautes; faute d'un certain entretien, la
tige des arbres eff devenue trop baffe, enforte
qu'on ne refpire gu�res qu'un air �touff� fous ces
promenades ; ce qu'on auroit �vit�, fi l'on avok
pris foin de bonne heure d'en �lever les tiges, 8c
d'en racoucir d'autant plus la hauteur de la Che�
velure des arbres.
La Figure II donne le Deffin de la Paliffade de
la Salle des Antiques du Jardin de Trianon, qui,
route fimple qu'elle paro�t � ne laii�e pas de pro»
)
-ocr page 180-
'
d'Architecture.             63
«faire un bon effet, �tant d'ailleurs orn�e dans
chacun des trumeaux des arcades qui la eompo-
fent, d'un Bu�e antique en marbre blanc , fou-
tenu fur un fcabellon de marbre de couleur, qu'on
n'a point exprim� ici, ce genre de magnificence
�tant ind�pendant de notre objet.
La Figure III eft encore une des PaliiTades ex�-
cut�es � Trianon, laquelle entoure le grand Bou-
lingrin, nomm� le Plafond,dont nous avons parl�
plus haut, page 26.
La Figure IV donne la d�coration d'une Pa-
lif�ade en arcades, au travers defquelles on en
aper�oit une autre, liiTe, bordant une contre-
all�e. On en voit de cette efp�ce dans les Jardins
de Chantilly ; &, quoiqu'elles exigent un entre-
tien afTez confid�rable, elles peuvent s'employer
avec fucc�s dans les Salles de bal, diitribu�es
dans les bofquets d'un Parc ; parce qu'elles re-
�oivent facilement les lumi�res n�ceiTaires pendant
la nuit pour �clairer ces fortes de f�tes champ�tres.
La Figure V peut fervir au m�me ufage , &
paro�t plus propre � la d�coratiou d'une Salle
moins vafte que la pr�c�dente : elle a cela d'in-
t�refTant, que les arcades ne defcendant pas juf-
ques fur le fol , on peut pratiquer des gradins
dans la hauteur de leur appui, & placer une beau-
coup plus grande quantit� de lumi�res dans les
trumeaux qui f�parent ces arcades. Au refte, on
pouroit faire ceux-ci moins larges , & , au con*^
traire, augmenter ceux de la Figure IV , fans que
ces changements nuifuTent � l'effet g�n�ral ; la
difpoiition des lieux, la grandeur des bofquets δε l'�-
l�vation de la verdure qui les entoure, �tant autant
d'objets qui doivent d�termine* l'Artifte � c/bferyec
-ocr page 181-
64                      G o �RS
plus ou moins d'�l�gance dans les d�coratiotlS dft
cette efp�ce.
La Figure VI pr�fente une Paliffade plus l�gere
encore que celles dont nous venons de parler : il
s'en trouve d'ex�cut�es dans ce genre � Lian*
court ; elles produifent le plus bel effet , en fa-
veur des jets plac�s au milieu de chaque arcade ?
& dont les ch�tes tombent dans des bai�ins en-
tour�s de bandes de gazon, �lev�es fur une Ter-
rafle , qui, elle-m�me, fe trouve aufli �lev�e fur
trois gradins : cette �minence donne � cette com-
poiition un air amphith�atral, qui n'offre cepen-
dant rien defaftueux, parce que la Sculpture eil,
pour ainii dire, fans appr�ts , & qu'on n'y remar-
que ni marbre, ni bronze ; mais feulement les
beaut�s qui tiennent toutes � la nature, aid�e du
fecours de l'Art.
La Planche X offre d'autres Pa�if�ades beau-
coup plus compof�es; auf�i celles de la Figure I
& de la Figure II font-elles tir�es des Jardins de
Marly , plant�s fur les Deffins de Jules Hardouin
Manfard , l'Architecte de fon fiecle, qui a montr�
le plus de go�t & de g�nie dans fes productions ^
& particuli�rement dans les Jardins charmants d�
cette Maifon Royale : Jardins dans lefquels il a
i�u foumettre la nature aux r�gles de l'Art, ce
que les Anglois de nos jours , condamnent ouver-
tement, en applaudiffant n�anmoins � ces chefs-
d'�uvre , par�e quen effet ils font admirables.
Les Figures III & IV font du Dei�in de le Blond,
autre Artifte d'un g�nie fup�rieur, qui nous a
donn� un excellent trait� fur la Th�orie du Jar-
dinage, dont nous avons d�j� parl� plus d'une fois,
& dans lequel nous avons puif� les exemples
'trac�s fur sette Planche, cornue autant d'excel-
lents
-ocr page 182-
t>'A R c si τ ε 1t y R �; ,.r �f
leiits mod�les � offrir � nos El�ves , pourvu toute**
fois qu'ils en f�chent faire une; joile application",
dans les diff�rentes occaiions qu'ils auront d'exer-
cer leurs talents.
Observations parr�m?���R:i�s-i�&R
LES 3�FF�R Ε Ν TES PARTI ES''QUI SE
PLACENT A COUV.ERT.:E>ANS LE&'J'AR-*
i\l'NS'nE j�'ROpJRMT�ti*',*.
*
        !'*'<V"\;,
D�s 'Bof�utts & 'd�s�Sa���s de vefduf�*1
y.u�:o ζύ-ί " Vj �nob � 20ii;.^�D7 ;; τ, ... :;;
Dans� nos obfefv�ti�ns' g�n�rales'» �iotls a'tbnS
parl�des diff�rentes all�es3;ai�«s n'en donnerons
point icir d'exemples * cette partie du jafdmag�
�tant - c�miiie � de tdut le ' monde : I mais comme
les Bofquets- & ' les SalleS'de' verdure demandent
une �tude particuliere �, nous allons en offrir phV
iieurs deffins � dans les Planches fui vantes
La Planche *XI donne l�s jO�i��ns de quatre
Bofquets de formes diff�rentes, entour�s de plu-*
fieurs all�es-'pdiftribu�es -div�rfement. Les Bof-
quets peuventΊfe varier "^l'infini, f�lon f�ten^-
due des m�i�ifs o� ils f�''trouvent 'plac�s, &~l�
largeur des grandes all�es qui les entourent;" car
il eft h�h dOkferver, que ces'-^a�tr�fles all�es^
tenues ordinairement � � ciel'Ί ouvert, procurant
beaucoup'de' chaleur en ��t�^aU* Bofquets ,■'- %
■plaifir de la 'promenade, C�nfiii� � trouver dan�
les maffifs de petites all�es d� fix � huit pieds de large
feulement ν o�'l'on fe retire �'Fombr� > & quij
pour cela f�»placent pr�s «des Salles & des Cabi-
nets de verdure, afin qu'on puiffe paiTer alter-
nativement des objets d�couverts , dans des lieux;
moins.�xpof�s au foleil, ou tput-�-fait couverts,
Tome II^,
                                     E
-ocr page 183-
66                  c: ρ υ Rs
La Planche XII offre deux Deffins de Salles
de verdure avec des all�es difpof�es en �toiles.
Ces Salles fe placent aifez ordinairement dans les
maffifs des Parcs qui avoifinent les Jardins par�s,
& fe font de diverfe grandeur , f�lon les objets
qu'elles contiennent, tels que des pi�ces d'eau ,
des boulingrins , des portiques , des group-
pes , &c.
La Planche XIII pr�fente deux autres Deffins
de Bofquets ou Salles de verdure : la Figure A
donne la diftribution du Bofquet des trois fon-
taines � Yerfailles , dont l'effet des eaux fait
le principal m�rit� ; enforte que nous ne rap-
portons ici ce Plan, que pour exciter la curio-
�it� dans nos Elev�s � aller voir ce che�d'oeu-
vre hydraulique, ainfi que plufieurs autres Bos-
quets de ce genre, r�pandus dans les Jardins de
cette fuperbe Maifon Royale. Ceft dans ces Bof-
quets , plus que par-tout ailleurs, qu'ils pouront
r�fl�chir fur la fimplicit� de la forme g�n�rale
qu'on leur a donn�e , la plupart tirant tout leur
relief de la diftribution des eaux qui les embel-
liffent. C'eft ici, n'en doutons point, qu'ils s'aper-
cevront, que moins les productions de l'Art fe trou-
vent accabl�es par la multiplicit� des formes, plus
la nature trouve le moyen de fe faire valoir , fans
avoir recours � la prodigalit� des membres d'Arche
�eclure & des ouvrages de Sculpture qui en d�corent
d'autres avec une forte d'exc�s. Qu'on y prenne gar-
de, les tr�fors renferm�s dans ces derniers, feroient
peut-�tre plus convenablement plac�s � couvert
dans de magnifiques Galleries , o� les belles ftatues
des bains d'Apollon * l'enl�vement de Proferpine
du Bofquet de la Colonade , Sic. pouroient te-
nir un rang diftingu�. La Fig. Β. donne le dcfim
-ocr page 184-
d'Architecture.            67
«3e la Salle des Antiques, diftribu�e dans le m�me
Jardin. Le milieu de cette Salle eft orn� d'un
■baffin en rigole. Dans les palifladeS qui l'entou-
rent, font pratiqu�es des niches occup�es par
des figures & des buftes qui attirent dans ce
lieu les Amateurs de la belle Antiquit�s
Les quatre Planches fuivantes font plus com-
pliqu�es que les pr�c�dentes : elles donnent les
d�veloppements des parties les plus int�reifantes
du Plan g�n�ral offert dans la Planche XXV de
ce Chapitre : Plan g�n�ral dont nous parlerons
dans la fuite, ainii que de deux autres Plans de
Jardins, trac�s fur les Planches XXIV & XXVI.
Ces trois Planches donneront alors l'occafion de
parler de la relation que doivent avoir eilfem-
ble les principaux B�timents, leurs d�pendances,
& les Jardins de nos belles Maifons de plaifanc�.
La Planche XIV donne le Plan d'une grande
Salle de verdure marqu�e A , fervant de man�ge
d�couvert ; celui-ci le trouve limitrophe au B�ti-
ment des �curies , plac� dans l'avant-cour du
Ch�teau d�fign� dans la Planche XXV que nous
Venons d'annoncer. Autour de cette pi�ce de ver-
dure qui eft de forme circulaire, eft pratiqu�e une
all�e, pour mettre � l'ombre les curieux de ce
genre d'exercice, pendant que le Prince & fes
Courtifans occupent l'amphith��tre B, lequel con-
tribue , avec les objets qui l'environnent, � for-
mer un fpe&acle int�reflant. Ordinairement, pr�s
des man�ges couverts contenus dans les B�ti-
ments des �curies, on donne des exercices, lors
de la belle faifon, dans de grandes cours plant�es
d'arbres qui font partie des d�pendances du d�-
partement des �curies & des remifes. Nous avons
pr�f�r� ici de glacer ce man�ge d�couvert dans
E ij
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*
-ocr page 185-
ι
i
68                     -Cou R s
le ma�if des bois du Parc & des Jardins dont noui
parlons, parce que cette partie de rEquitatioii
eil devenue une branche de..l'�ducation cl�s hom|-
mes bien n�s, & m�me un exercice falutaire pour
le beau fexe. On peut aufli, dans ces lieux d�cou-
verts , faire des courfes de chars,. des cavalcades ,
& y donner , en abr�g�, des f�tes dans le. genre
de nos anciens Carroufe�s : fpeclacles champ�-
tres d'autant plus n�ceifaires, qu'en formant nos
jeunes Gentilshommes � l'exercice de la guerre,
ils fortifient leur conilitution , & en font des Ci-
toyens utiles � la patrie, & tout � la; fois, des
hommes aimables pour la foci�t�. Plein de cette
.id�e, dans le m�me mai�if o� ce man�ge eil fi-
* tu�, nous avons trac�. une autre Salle de ver-
dure C , deftinee � diilribuer les prix qui, feroient
offerts aux vainqueurs par les Dames, ainii que
plufieurs Cabinets de verdure, D , pour fervir
des rafraichijTements : on y communiqueroit par
des all�es ombrag�es E,difpof�es de maniere �
recevoir, l� nuit, des nominations, qui par leur
difpofition, ne laiiTeroient pas .d'offrir , � peu de
frais , beaucoup d'�clat. Qu'on ne s'y trompe pas,
toutes ces confid�rations doivent entrer dans. iV.
magination de l'�rtifte, f�lon ie sgenre de lacom-
pofition dont il eil charg�. :
La Planche XV donne.la diitribution des b�-
timents par maifes & des Jardins d'une M�nage-
rie dont on trouvera aiiiE ladifpovkion dan$4a
Planche XXV. Nous ayons ifol� tous fes. b�ti-
ments marqu�s A , chacun , d'eux �tant deilin�
� contenir des animaux de diff�rentes efpeces/.
les uns, des oifeaux ; les. autres, des b�tes fau-
ves; ceux-ci , des animaux aquatiques ; ceux l�r,
des animaux de iimple curioiit� , &c. Ce Plan
"�*f ''■�■ .. _                                                                                                                                                                                                    ,^                                                                                                                                                                                                                                               '■■-■■
...,.;,..� ,.., .... ^ ;,                                              .�. . ;              ....                                                                                                                                                               >
-ocr page 186-
ν
d'architecture, 69
annonce auf�i diff�rentes pi�ces d'eau B, qui, en
formant fpeclacle, ont leur utilit� pour abreu-
ver les volailles , & fournir dans les b�timents
des abreuvoirs aux quadrup�des. Les autres pi�-.
ces d'eau C, font feulement pour l'agr�ment, &
pour procurer de la fra�cheur � chacune des
pi�ces de verdure , au milieu defquelles ces baf-
fins font contenus. Les divers b�timents dont on
vient de parler, font munis de cours particuli�-
res D, deiHn�es � faire prendre Fair aux diff�-
rents animaux, & � communiquer aux logements
des Domeitiques charg�s de leur nourriture ; en-
forte que tom l'int�rieur des Jardins de cette M�-
nagerie peut �tre tenu dans un �tat de propret�,
qui n�ceifairement y attirerait la pr�ience des
Ma�tres, n'�tant peupl� d'ailleurs que d'animaux
domeitiques & d'oifeaux priv�s, dont le coup
d'�uil devient toujours int�reffant pour les cu-
rieux dans cette partie de l'hiitoire naturelle. � ,
Nous avons deftin� le b�timent A a , � con-
tenir un Sallon � double �tage, pour y refpirer
�e frais; mi Appartement de jour, � gauche; & �
droite, une Laiterie par�e : ce dernier genre d'oc-
cupation champ�tre n�tant point indigne d'amufer
le loifir des jeunes personnes qui font leur f�jour � la
campagne pendant la belle faifon. Nous nous rap-
pelons toujours', avec le plus grand plaifir,la Lai-
terie plac�e dans la M�nagerie du Jardin de Chan-
tilly ? & au milieu de laquelle eft une fource d'�ait
vive qui en fait les d�lices : mais ce qui dok exciter-
la curiofit� de nos �lev�s, c'eit, fur-tout, la dit-
pof�tion ik la diitrib�tion tr�s - ing�nieufe de la
M�nagerie de Verfailies. Qu'on nous permette
cette plainte; on va toujours la voir avec trop-d�
pr�cipitation i & quand on en revient /on. ne �H
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70                         Cours
rappelle gu�re que la difformit� des b�tes fauves
qu'on y a vues, tandis qu'on auroit d� en faiiir
l'enfemble , la divifion int�rieure, (es abords, &
particuli�rement la d�coration des appartements
contenus dans le Pavillon o� les plus c�l�-
bres Artiftes fe font efforc�s � l'envi de donner
des preuves de leurs talents fup�rieurs, Je Tai
d�lir� pluiieurs fois, & je faifis encore cette oc-
caiion de le r�p�ter, je fouhak�rois que ceux
de nos Elev�s qui entendent bien1 le dei�in , fe
traniporiairent furie lieu, pour y dei�iner � loi-
iir tous les tr�fors de l'Art que ces appartements
contiennent, foit dans la Sculpture, foit dans la
Peinture. En un mc-t, les Arabefques, la pierre ,
le bois, le pl�tre , tout y eil d'une ex�cution ad"
mirable , qui rappelle aux connoilTeurs ce qu'ont
pu les beaux Arts fous le r�gne pr�c�dent , au-
quel nous devons les efforts que font les Artiites
de nos jours, pour atteindre le degr� de perfec*
tion o� nous voyons, particuli�rement aujour-
d'hui, les ornements.
La Planche XVI donne encore, ainfi que le
dei�in fuivant, les d�veloppements de deux Salles
de verdure qui fe trouvent dans la Planche XXV�
Gelle dont nous parlons, marqu�e A , eft une
Salle propre � donner un Bal champ�tre ; elle
ef�: entour�e d'une all�e en paliflade, dans le go�t
de celle de la Figure IV de la planche IX. Le
Heu de la fc�ne eil ferm� par une baluitrade de
marbre, qui contient raiTembl�e ; en face, dans
une grande; niche Β , eft plac� l'orcheitre. On
communique � cette Salle de Bal par diff�rentes
ma�trelTes all�es, C; & de plus petites, D, con*
duifent � diff�rents cabinets de verdure, les uns,
E, pour les rafra�chiiTements; l�s autres 9 F, fervan�
-ocr page 188-
d'Architecture.          71
�e loges pour y changer d'habits. Toutes les mai-
treffes all�es, C, font � ciel ouvert, plant�es d ar-
bres � haute tige, & celles D, font feulement
garnies de paliiTades de charmilles, au-deffus del-
quelles viennent fe r�unir en berceau les che-
velures des arbres plant�s dans les maiiifs ; a
deifein que par ces diverfes all�es couvertes &
d�couvertes, on puiffe ,f�lon l'avant ou 1 arri�re
faifon, fe garantir de l'ardeur du foleil on du le-
rein, ces fortes de f�tes fe donnant le plus iou-
vent pendant le jour, en �t� , & pendant la nuit,
dans l'automne.
                    ,
Enfin, la Planche XVII offre une Salle de ver-
dure A, fervant � donner, � d�couvert, des Co-
m�dies pailorales fur un th��tre B, greffe a cet
effet, & fur la furface duquel font diilribuees
des lifieres de charmille tenant lieu de couhffes.
On pratique aufli dans la Salle A proprement dite,
un orcheftre a, des gradins *, un parquet c, en
un mot, toutes les commodit�s du reffort de ce
Speftacle champ�tre. Les deux Salles de verdure,
C D, fervent de buffets ; les Cabinets Ε , pour
habiller les Acleurs : enfin , les all�es couvertes,
F, & leurs carrefours, de promenades & de com-
munications pour le fervice du th��tre.
Nous ne dirons rien ici de la compofmon des
quatre derni�res Planches que nous venons de
d�crire; il ne nous appartient pas de nous juger
nous-m�me; mais les hommes �clair�s qui les on*
vues , nous en ayant paru fatisfaits , nous avons
cru pouvoir en enrichir ce Volume. Donnons a
pr�fent deux deffins de Labyrinthes, dune eom~
pofition tr�s-diff�rente , & que nous avons piu-
f�s dans ks Jardins de nos belles Maiions cte
plaiCance.,
L
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Jf$i                           O V η. -S -ν r Λ %7 '
La Planche XVIII donne le nouveau Labyrin-
the ex�cut�, depuis quelques ann�es , dans les
Jardins de Choiiy , fur les deffins de Moniieur
Gabriel�, premier Archite�te du Roi ; ce Plan
nous a paru d'une forme tr�s-ing�nieufe, & rem-
plir tr�s-bien l'id�e qu pn doit fe former d'un bof-
quet de cette efpece, o� chaque pas que l'on fait,
Io ri qu'on y eil entr�, conduit � s'�garer : les pa-
liilades, dont ce Labyrinthe eil form� , ont peu
de hauteur; � deiT�in que, du Ch�teau, le coup
d'�ujl de la rivi�re* ne foit point intercept�. D'ail-
leurs, ce peu d'�l�vation aux charmilles procure
plus d'air � ces fortes de promenades, qui, quel-
quefois , fe plantent d'aub�pine. & les maflifs d'ar-
buites odorants; ainfi qu'il s'en remarque dans les
Jardins de Seaux, & qu'anciennement, on en a
vu dans les Jardins d� Clagny, ,
La Planche XIX , offre un de
diff�rent, il avpit �t� projet� pour
in -tout-�-rfait
les Jardins de
Chantilly, par M. le N�tre, qui en.ayoit �om*
pof�pluiieurs ; c�lui qui s'y remarque eft tr�s-ing�-
nieux, & beaucoup plus coniid�rable que celui
que nous donnons ici ; mais la fingujarit� nous
X a. fait pr�f�rer ; aui�i, a-t-on pris foin de le gra-
ver fur une table de pierre, qui le voit encorej
aujourd'hui dans le Parc de cette belle Maifon de
plaifance : Parc qui, par la beaut� & l'abondance?,
<l� fes eaux, naturelles, n'a gueres de rival en France
que celui de Liancour, & qui, tous deux par cette,
feule consid�ration, l'emportent fur tout�$ les beau*
t�s de l'Art r�pandues avec tant deprofufion, dans,
Igs Jardins de VerfaUles , deMady & de Triano�}«
'., ff*2$ '�a�inets detr�illagesi'
La Planche XX gffre wu Porticrue m treillages g
ψ β ■ *jpv .                                           
-ocr page 190-
d'Architecture.           73
dei�in� � donner entr�e � un bofquet. Nous Fa-
VOns d�j� dit, nous le r�p�tons : les proportions
de la belle Architecture font applicables � ces
fortes de d�corations ; & ii, dans plui��urs, on
remarque qu'on les a n�glig�es, c'eit que la plu-
part des Treillageurs ignorent l�s pr�ceptes de
l'Art; raifon pour laquelle il eil int�refl�nt que
ce foient les �rchite&es qui en donnent les �e{-
flns ; & pour r�ui�ir plus s�rement, il convient qu'ils
connoiifent � leur tour les mati�res qui fervent � leur
■ conftru&ion, & qu'ils defcendent dans les op�-
rations de la main d'�uvre, connoiffances qui peu-
vent , feules j les amener � difpofer les corps d'Ar-
chiteclure, les moulures & les ornements , avec
go�t & avec intelligence. Au reile , il faut conve-
nir que les Treillageurs de nos jours font plus �clai-
r�s que par le parl� : le plus grand nombre def-
iine paiTablement; &, pour peu que l'Archite&e
leur trace fes intentions , & que les principales
mefures foient cott�es avec foin, il eit peu de
ces fortes d'ouvrages qui ne r�ui�iiTent aujourd'hui;
auil�, depuis quelque temps , ont-ils repris fa- »
veur , & contribuent-ils , par leurs fucc�s , � l'em«
bellii�ement de nos Jardins par�s, ainii que nous
l'avons rapport� plus haut.
                               .,
La Planche XXI donne le dei�in d'une Niche
en treillage , qui, ordinairement, fe p�ace� l'em-
bouchure d'une grande all�e, � l'extr�mit� d'une
terraife, ou en face du principal corps-de logis,
clans les Maifons de nos riches particuliers. Ces
Niches peuvent contenir des fontaines jailliffan-
�es, des ilatues, enfin des bancs circulaires Telles
fervent alors � corriger l'irr�gularit� du terrein >
ou � cacher les objets qu'il paro�t int�reiTant d�
$e pas tenir � d�couvert, � caufe de leur di�br«
ν
-ocr page 191-
74                        Cours
mit� ou autrement... Nous le r�p�tons volontiers
ici; le Labyrinthe de Verfailles, les Jardins du
nouveau Trianon, offrent diff�rents deffins de ces
fortes de d�corations, qui, en les examinant avec
attention , feront fentir � ceux de nos Elev�s qui
ont du go�t, la pr�f�rence qu'ils m�ritent fur
ceux ex�cut�s � Chantilly ; ces derniers p�chant
abfolument dans leur proportion, contre les r�-
gles de l'Art ; pendant qu'� Tafpecl: des autres ,
on d�m�le les talents des Architectes qui en ont
�t� les ordonnateurs. Nous citerons encore avec
complaifance, les treillages qu'on vient d'�lever
au Colif�e des Champs-Elif�es, comme une �tude
qui peut rapprocher d'une certaine pratique, � cet
�gard nos jeunes Dei�inateurs, dont la plupart ne fe
doutent pas que, peut-�tre, leur d�but aura pour
objet, de donner les dei��ns d'un Jardin particu-
lier, dans lequel, pour jouir plus promptement »
on fera entrer ce genre de d�coration, qui, te-
nant tout � l'Art, exige un talent d�cid� de la
part de l'Architecte.
Des Vafes.
La Planche XXII offre diff�rents dei��ns de
«irafes ex�cut�s en marbre & en bronze, dans les
Jardins de Verfailles. Nous aurions bien d�iir�
pouvoir rapporter la plupart des tr�fors en ce
genre , contenus dans ce f�jour charmant ; mais
nous nous trouvons retenu par Tabondance des
mati�res que ce Cours doit contenir, & nous fem-
mes forc� de nous borner � pr�fenter feulement
quelques objets de chaque efp�ce. Les deux va-
fes trac�s fur le haut de cette Planche, font en
marbre, l'un plac� dans l'all�e du tapis verd �
I
/
-ocr page 192-
^�"^"
d'Architecture.           75
Verfailles, l'autre dans les Jardin»de Trianon ;
tous deux, ainii que le plus grand nombre de ceux
diilribu�s dans ces belles promenades, font du
meilleur genre, & de la plus parfaite ex�cution.
Les deux autres au-deiTous font en bronze , & pla-
c�s fur la tablette de marbre de la terraife du
midi � Verfailles ; ils font du dei��n du c�l�bre
B�lin, & ont �t� jet�s en fonte par les Keller :
il n'y en a pas un fur cette terraffe , φ le nom-
bre en eft allez grand, qui ne m�rite l'attention,
la plus fcrupuleufe. Qu'on ne s'y trompe pas *
l'image que nous offrons ici de ces deux vafes, &
des deux pr�c�dents, eft trop imparfaite, pour
former une id�e pr�cife du degr� de perfection
dont nous voulons parler : c'eil fur le lie» m�me
qu'il fe faut tranfponer, pour admirer ces chefs-;
d'oeuvre : c'eft-l�, comme nous l'avons d�j� re-
command�, que, plein de l'envie de s'inftruire,
on doit, le porte-crayon � la main, effayer fes
forces, & quoiqu'avec des doigts encore mal aiTu-
r�s, mais avec de bons yeux , apprendre � bien
voir» y retenir la beaut� des formes, le contour
des galbes, le choix des ornements, le go�t des
profils, enfin la touche de l'�b�Uchoir , & la d�-
licateife du cifeau des hommes c�l�bres, appel�s
fous Louis le Grand, pour embellir les lieux que
ce Prince habitoit.
La Planche XXIII offre d'autres vafes d'un def-
lin bien inf�rieur au pr�c�dent. Les deux du mu
lieu font ex�cut�s en plomb, & ornent pluiieurs
Jardins de nos Maifons de plaifanee » les autres,
font ex�cut�s en pierre, & fervent d'amorthTe-,
ments fous les baluftrades de quelques-uns de nosr
b�timents, � la Ville ou � la Campagne : nouf
les offrons ici., pourfaire- fen�ir au* jeunes; ^&
-ocr page 193-
j6. .                Cours
tiiles, combien il y a de difficult�s � bien faire, &
combien , avec une forte de talent, on ie trouve
�loign� du bon genre. Ces derniers exemples leur
apprendront encore que , pour parvenir � faire
d'excellents del��ns de cette eipece, il faut �tre
nourri des ouvrages des grands Ma�tres, confi-
d�rer les mati�res qu'on veut employer, conful-
ter l'�loignement, ou le rapprochement de tous
ces divers objets , enfin la touche, le faire, le
mouvement, la fimplicit�, ou la richeffe qu'il con-
vient de donner � chacun. Mais arr�tons-nous
fur ces d�tails , pour palier � la diilribr.tion g�-
n�rale de plui�eurs Jardins, qui, par leur diff�-
rence de diipofition , nous donneront occaiiort
de parler de fuite, des Parcs , des Jardins de pro-
pret� & des B�timents qui donnent lieu � ces belles
promenades.
Diff�rentes compositions de Jar~
oins afec leurs B�timents et les
' ^d�pendances qui en sont la suite.
Nous avons d�fir� d�j� plus d'une fois que hs
�rchite&es entendiifent affez bien l'Art du Jar-
dinage , qui comprend la culture des Jardins de
propret� , pour qu'ils en puirTent donner eux-
m�mes les defiins. Le N�tre �toit le plus c�l�bre
Archite&e de Jardins, que la France ait poiled� ;
Cependant il a fouvent mal f�cond� Jules Har-
�o�in Manfard : auifi, Marly peut-il �tre regard�
comme le feul chef d'oeuvre que; nous ayons ,
fat l'accord qui r�gne entre les [ Jardins & les
B�timents; ils font l'un & l'autreUe Jules-Har-
$owrt, qui, en homme habile, f�ut profita m
-ocr page 194-
���■ΙΜΜΒΒΒΒΗΒΒΜΒαΜΜΜΜΙΗΚΒΙ
d'Architecture. qn.
f�jour de le N�tre en Italie, pour pr�fenter �
Louis le Grand cette magnifique production, vrai-
ment digne du g�nie de cet habile Ma�tre. Le
N�tre, apr�s avoir r�duit le Jardinage en Art,
a peu perfectionn� ce qu'il avoit invent�; il n'a
fait que circuler autour du centre o� il l'avoir,
port�, & ne s'eil prefque pas �tendu au del� des
limites o� il s'�toit fix� ; il paro�t m�me ne l'a-
voir port� � un certain degr� de perfection, que
parce qu'il �toit homme de g�nie , & qu'il f�aVoit
joindre � cette fcience, d'ailleurs fort �tendue ,
la connou�ance des beaux Arts qui font ins�-
parables de celui de planter des Jardins ; au lieu
que la plupart de ceux qui s'en font m�l�s de-
puis lui & Hardouin , n'�toient que des Jardi-
niers proprement dits ; ou, fi quelques Artiftes en
ont plant�, ils n'ont gu�re compof� que des chim�-
res ; cependant ils n'ont pas laiif� d'avoir des admi-
rateurs , parce qu'il n'�toit queiliori que de petits
objets, qui, lorfqu'on a voulu.les imiter dans de
grands, efpaces , n'ont plus montr� que des m�-
diocrit�s. Qu'on y r�flechif�e ; il faut des id�es'
.Varies pour compqfer un grand Jardin ; il faut,
.s'�tre rendu famili�res les diverfes productions de
la nature, & avoir bien �tudi� l'Art, pour tirer
tout le parti qu'on a droit d'attendre de la r�u-
nion de ces deux objets : enforte que , faute de
cette double application, on ne remarque guerey
.dans nos Jardins en France , que-des r�p�titions^
ou du moins, fi l'on y aper�oit quelque diff�-
rence, ce n'eft que dans les parties acceffoires ;
dansd'enfemble, la marche eft toujours la m�me ,
& l'on diroit que Tefprit humain, � cet �gard,
lorsqu'une fois il. eit parvenu � admirer quelque
chofe, fei�xe � cette admiration, & lie voit riein
Γ
-ocr page 195-
�8                        C�u�s
au-del� : d*o� il fuit que les ouvrages imit�s d�-
g�n�rent , � raifon de leur multiplicit�, jufqu'�-ce
qu'enfin il arrive une r�volution occafionn�e par
un g�nie neuf & trarrfcendant, qui attire tous les
regards de fon c�t�, pour amener fur la fc�ne
d'autres nouveaut�s : �poque qui vient d'arriver
� Londres, & qu'� notre tour, nous cherchons
� imiter � Paris, fans pour cela que nous ayons
d'autres raifons, que de changer, & de fuivre une
mode qui panera comme les autres, fans con-
fulter ni le raifonnement de l'Art, ni le go�t na-
tional, ni la temp�rature du climat que nous ha-
bitons. Mais , fans nous arr�ter � cette digreffion,
donnons, fans aucune pr�tention, quelques pro-
jets de notre compofition. Nous allons les faire
pr�c�der de quelques notions fur les Jardins des
anciens peuples, comme un moyen de plus pour
fertilifer l'imagination de ceux qui voudront s'ap-
pliquer � cette branche de l'Architecture.
En tra�ant dans l'introduftion du premier Vo-
lume de ce Cours, une l�gere id�e de l'origine
du Jardinage , nous avons parl� fommairement
des Jardins des anciens : nous y renvoyons
nos Elev�s, & nous allons ajouter ici quelques
nouvelles r�flexions, afin qu'aid�s des defcripnons
vraies ou fauiTes que les Hiiloriens nous ont don-
n�es des Jardins de l'Antiquit� , ils puiiTent r�-
fl�chir fur la route qu'ils doivent fuivre, pour ar-
river � la compofition de leur projet, & y faire
marcher d'un pas �gal, & la partie du Jardinage,
& celle des B�timents & de leurs d�pendances, avec
cette fup�riorit� qu'on remarque dans quelques-
uns de nos Jardins, & particuli�rement � Marly.
Les AiTyriens, dit Diodore de Sicile, fe plai-
faient � cultiver un terrein fpacieux couvert d'ar-
-ocr page 196-
D' Ar c�Ii tec τ »ri.            79
btesde toute efpece, & fur-tout d'arbres frui-
tiers : on y trouvoit des all�es , des fontaines »
des ruiiTeaux, des plantes & des fleurs , dans
tous les genres. Ce terrein, enclos d'un mur ou
d'une paliffade, s'appeloit Paradis chez les Per-
fes, nom qu'ont emprunt� les Grecs , & qu'A-
th�n�e a donn� � une contr�e de la Sicile au-
pr�s de Palerme, parce que c'�toit, dit-il, un
pays agr�able, fertile & bien cultiv�.
X�nophon Liv. IV, nous donne une grande id�e
de la Maifon de campagne de Pharnabaze � d'Afcyle.
On y voyoit, dit-il, de tr�s-beaux B�timents ,
un fleuve tr�s-poiflbnneux, de magnifiques Parcs
pour la chaiTe, &c.
StrabonLiv. XVI, en d�crivant les Jardins de
J�richo, dit qu'ils �toient environn�s de montagnes,
qui de tout c�t� , pr�fentoient un bel amphi-
th��tre ; qu'ils �toient plant�s de palmiers & de
toutes fortes d'arbres fruitiers ; que le terrein y
�toit tr�s-fertile, tr�s-vari�, & arrof� par diff�-
rents ruiiTeaux l'efpace de cent ftades, & que c�-
toit-l� qu'on voyoit le Palais du Roi, & le Pa^
radis, ou les Jardins qui produifoient le Beaume
connu fous le nom de �eaume de J�richo.
Nous avons parl� dans notre introduction ,
des Jardins d'Alcino�s , chant�s par Homere ;
nous y avons dit quelque chofe de ceux des
anciens Romains ; mais nous obferverons que
ces derniers , quoiqu'ils n'ayent pas n�glig�
une certaine fym�trie dans la diftribution de
leurs Jardins , fe rapproch�rent plus pr�s de
la nature que ceux qui, depuis, en ont plan-
t� en Italie & chez nous. Pline l'ancien , rap-
porte entr'autres chofes, qu'on y remarquoit des
Champs, des Lacs, des Vergers, de charmantes
<1
-ocr page 197-
/
8o                     Cour s
Perfpe&ives , & de fuperfaes Maifons de plaifanc�.
Plutarque en fait auffi le m�me �loge. Enfin
Pline le jeune, ainfi que nous l'avons rapport�
ailleurs, fait une ample defcription de fa Maifon
de Toicane,. :,;�.',
                                  'zaS�i
� Que la plupart de nos Elev�s y faf�ent atten-
tion ; dans les circonitances o� nous nous trou-
vons , par rapportai! Jardinage , les citations
que "nous venons de faire, ne font point d�plac�es.
Si nous voulons que nos productions pailent �
la poft�rit� , ayons foin de les faire pr�c�d�e
d'une leckire r�fl�chie des meilleurs Auteurs*
Sans elle Milton , quoique g�nie fub�ime, n'aii»
roit peut-�tre pas produit, dans fon Chant �YΛ
fa charmante defcription du Paradis terreitre ,
dont on trouve la traduction dans Monfieur Ra-
cine. D'apr�s cette lecture , on (ne poura plus
douter que les Anglois , apr�s avoir pr�f�r� long-
temps les produirions de le N�tre, ne prennent
aujourd'hui Milton pour leur Ma�tre. La mani�re
de le N�tre eil prefqu'enti�rement abandonn�e
en Angleterre-s & l'on y trouve" �'peine quelques
.all�es de charmille drefiees & taill�es, comme
elles le fqnt chez nous ; on ne les conferve m�me eri-r
CQ.se.� Londres , dit-on , que comme un �chan-
tillon du mauvais go�t qui r�gne en France ; les
Anglois pr�f�rent d'aller puifer dans les for�ts
abandonn�es' � la nature, les mod�les de leurs
Jardins, ce que quelques enthoufiafles de l'An-
gleterre s'efforcent d'introduire ici, plus par et
prit de fingularit� , que pour autres raifons ;
mais , ainfi que nous l'avons d�j�, remarqu�
quelques efforts qu'ils faf�ent, du moins nous le
penfons ainfi, ils n'y parviendront jamais, nos
.belles productions en France m�ritant la pr�f�-
rence
-ocr page 198-
"^«"■■■^■"■■■"■"■■^^■"»■i
� Architecture;           ftp
rence � beaucoup d'�gards. Il eft vrai que, parmi
nos chefs d'�uvre , la plupart des Articles qui
les ont voulu imiter, fe font abuf�s, en fe croyant
les rivaux de le Notre & d'Hardouin; mais n'ayant
pu parvenir � ce fublime, ils y ont raf�embl�
feulement tant d'objets divers, que prefque tous
ont n�glig� cette belle fimpiicit�, ne fe doutant
pas que les richeffes multipli�es qu'ils y ont pro-
digu�es, fatiguent les yeux, au lieu de ks fatis-
fake; la raifon condamnant la profufion, qui me
pr�fente ordinairement qu'un falle mal entendu ί
au ia, lorfqu'on parcourt ces promenades, dans
l'efpoir d'acqu�rir des connoiiTances , on n'y ga-
gne qu'une lafl�tude fatigante, au-lieu de l'agr�*
ment qu'on s γ �toit promis-
Au reite, toutes ces remarques font inutiles !
pour quiconque η a pas le g�nie de la partie dont
nous traitons : il en eil de celle-ci comme de l'Ar-�
chite&ure proprement dite ; il faut �tre n� Jardi-
nier, ainii que nous l'entendons , comme il faut
etren� Po�te, Muficien : la levure, les pr�ceptes
de l'Art n'�chauffent gu�re que les eiprits natu-
rellement enflamm�s ; il faut �tre p�n�tr� de ce
beau id�al, qui ne fe puife gu�re que dans l'i-
magination, & qui a produit les chefs-d'�uvre de
1 �loquence, & de. nos plus c�l�bres Ecrivains : ces
produaions, lorfqu'on vient � les lire, ne plai-*
fent pas toujours, parce qu'elles nous ont peint
la v�rit�; mais parce qu'elles ne nous ont rien
dit contre la vraiiTemblance ; de maniere qu'il im.
porte affez peu au Leaeur, d�j� inftruit, (nous
parlons ici feulement des beaux Arts j que la des-
cription foit exadement fidele, pourvu qu'elle
ioit, une , fans contradiftion , bien pr�fent�e
ψ en un mot elle puiiTe plaire en inilruifanC
lome ly%                       '.                   ρ
-ocr page 199-
82                        CO URS
Perfonne de nous n'ignore que la plupart des Re-
lations de nos Voyageurs f q), & fur-tout de ceux
qui nous ont rapport� des Edifices de la plus
haute antiquit�, ainfi que les Jardins des Anciens;
nous ont offert plut�t des Romans ing�nieux 7 que
des r�cits exa&s : mais, n�anmoins, lorsqu'ils nous
font pr�fent�s par des hommes de go�t, ils pro-
duifent � peu-pr�s, tout ce qu'on a droit d'at-
tendre du fruit.de ces fortes de lectures; c'eil
(q) A propos du peu de fid�lit� de la plupart des deferip-
tions de nos Hiftoriens 3 nous rapporterons ici l'extrait d'une
lettre �crite de Conftantinople � M. Racine, le 9 Juin 1684,
par Monfieur de Guillerague , AmbaiTadeur de France � la
Porte : cette Lettre m'eft tomb�e entre les mains , & eft con-
�ue en ces termes.
.......Je fuis tr�s-d�go�t� des Pays fameux que vous
avez, chant�s : oui, Moniieur, je fuis tr�s-d�go�t� de ces Pays
dont les Po�tes & les Hiftoriens de l'antiquit� ont dit de i�
belles chofes, & je vois qu'ils n'�toient pas exacts obferva-
teurs de la v�rit�.
Le Scamandre &c le Simo�s font � fec 10 mois de l'ann�e j
leur lit n'eft qu'un folle. L'Ebre eft une rivi�re du quatri�me
ordre, La Natolie , le Pont, la Ni�om�die , l'Itaque , ( pr�fen-
tement la C�phalonie) la Mac�doine, le terroir de Larifle &
celui d'Ath�nes, ne peuvent jamais avoir fourni la quinzi�me
partie.des hommes dont les Hiftoriens font mention. Il eft im-
poliibie que tous ces pays ayent jamais �t� fort peupl�s. Le
terroir eft prefque par-tout pierreux , aride & fans rivi�res :
on y voit des,montagnes & des c�tes pel�es , plus anciennes
que tous les �crivains. Le Port d'Aulide , abfolument g�t� ,
peut avoir �t� bon; mais il n'a jamais pu contenir les mille
vaiiTeaux des Grecs, ni mille barques. D�los eft un mif�rable
rocher. Cithere & Paphos font des lieux affreux. Cithere ou
��rique eft une petite �le la plus d�fagr�able & la plus infer-
tile qui foit au monde. Il n'y a jamais eu un air plus corrom-
pi que celui de Paphos, abfolument inhabit�e. Naxe ne vaut
pas mieux. Les Po�tes ,' apparemment, mettoient V�nus dans
les lieux o� ils avoient leurs maitrelles,; mais ils l'ont tr�s-mai
plac�e. Je ne vous parle point de zooo �v�ch�s en Gr�ce nom-
m�s dans l'Hiftoire Eccl�i�aftique, qui ne peuvent avoir eu ii
iiaroiifes chacun* &c, &c.-r : x
,:.
-ocr page 200-
�'A RC H I � E C t Uft �*            Sj
�ltimt� au jugement, c'eil � l'Artiite � faire dans
fes projets la juile application des lumi�res qu'il
y aura puif�es; & aux pr�ceptes , � fai�iirer de l�
perfection ou de Fimperfedion de ion �uvre.
Plan g�n�ral projet� en 1766 pour le Cateau~*
Cambrefis � fix lieues de Cambrai
,
en Flandre.
Planche XXIV.
Cette Planche offre" le projet que nous fumes
charg� de faire pour Monfeigneur l'Archev�que
de Cambrai, � Foccafion d'une belle Maifon de
plaifance qu'il fe propofoit de faire �lever pr�s
de la ville du Cateau-Cambreiis , dans une affez
belle vue, qui s'�tend jufqu'� une petite monti-
cule , au-deiTus de laquelle en eil une autre qui
Va border un bois de haute - futaie, appartenant
� Sa Majeft�.
On arrive � cette Maifon de plaifance paf l'a-
venue en rampe douce A , dans une grande cotif
circulaire Β, �lev�e d'environ vingt - fept pieds
au-dei�us du fol du grand chemin, par o� l'on ar-
rive de Cambrai : de maniere que de cette cour;
Β , on d�couvre les Jardins potagers C, & eeu3�
D ; au milieu defquels fe remarque une pi�ce
d'eau Ε , qui re�oit la d�charge des bai�ins diitri-
bu�s dans la partie fup�rieure des Jardins.
Le Ch�teau marqu� F eit un Pavillon carr� ?
dans les principales enfilades duquel on d�cou-
vre^ des Villages voifins , dont les afpedts int�-
reflants nous ont d�termin�, fur le lieu, � don-
ner pr�cif�ment au principal corps-de-logis 9
la
Fij
-ocr page 201-
84                        Cours
pofition que l'on remarque dans ce Plan. Nous
diibns , furie lieu; car il ne faut jamais n�gliger,
autant qu'il eil poflible, de s'y traniporter, fur-
tout loriqu'il s'agit de planter en place neuve ;
c'eit-��, n'en doutons point, que les perfonnes
du pays peuvent donner des renfeignements ; c'eil-
l� que Γ Architecte doit m�diter fur le local : pr�-
caution pr�f�rable � tous les M�moires & aux
Cartes , que les propri�taires, ou leurs hommes
d'affaires peuvent, � cet �gard, fournir � VAr-
chite&e. Ce Ch�teau eil �lev� fur un Soubaffe-
ment en terraffe, qui, de part & d'autre, fe r�-
duit en pente douce, pour la facilit� des voi-
tures ; ce qui' donne � cet Edifice beaucoup d'in-
t�r�t, & un air de magnificence digne de l'puilre
Pr�lat qui nous l'avoit ordonn�. Cette terraffe
en pente douce, procure l'avantage d'arriver �
couvert, fous un porche en colonade, plac� �
l'entr�e du Ch�teau, du c�t� de la cour. A la
droite de cet Edifice, & en face d'une plaine
donnant du c�t� de Cambrai, eil plac� un corps
de B�timent G, qui contient la Chapelle & des
logements commodes pour le Grands Vicaires &
les autres Eccl�fiaftiques de la fuite du Pr�lat, ainii
que pluiieurs appartements pour les �trangers.
Tous ces B�timents ont une cour particuliere H ,
orn�e de verdure : cour qui donne entr�e aux baffes-
cours �, dans lefquelles font contenues les �cu-
ries, les remifes, les b�chers, &c. car les cuiii-
nes & les offices font plac�es dans le foubaife-
jnent, fur lequel s'�l�ve le principal corps-de-
loiris. Ce dernier contient feulement � rez-de-
chauff�e, un veitibule , un fallon, un bel Appar-
tement de foci�t�, enfin, une falle � manger &
un efcalier, qui men� � un bel Appartement d'ha-*
-ocr page 202-
d'AKchitect�re.            85
bitation an premier �tage, qui contient une ga-
lerie , un cabinet de tableaux & une biblioth�que :
on trouve aui�i dans ce m�me �tage, un double
Appartement complet � donner ; tous les autres
de cette efpece font diilribu�s, comme nous ve-
nons de le dire , dans le corps de B�timent G, &
fes d�pendances.
Nous ne donnerons ni les Plans, ni la D�co-
ration ext�rieure de cette Maifon de plaifance;'
nous en indiquons feulement, ici l'arrangement,
parce que la diflribiuion&la difpofition g�n�rale des
B�timents tiennent plus qu'on ne s'imagine ordinai-
rement � d�terminer les li�ues, les cours, les d�-
pendances , fou vent m�me la plantation des Jardins,
fur-tout lorfque l'Archite�e fe trouve charg� de
donner les dei�ins de tous ces diff�rents objets.
Du c�t� du Jardin , le Pavillon carr� F fe
trouve ifol� fur une terraffe Κ, plant�e d'arbres
� haute tige, dont le milieu des all�es s'aligne
avec les principales enfilades obferv�es dans les
Appartements. Cette terraffe Κ a quelques mar-
ches qui defcendent aux parterres L , aux deux
c�t�s defquels font distribu�s des quinconces M,
qui, en procurant du couvert � cette premiere
fc�ne , laiffent jouir n�anmoins d�part & d'autre,
du coup d'�uil des d�pendances qui environnent
les murs des Jardins par�s de cette belle demeure.
Au-del� de ces parterres commencent les maffifs
/le moyenne futaie , o� font dii�ribu�es les pi�ces
de verdure & les all�es, � l'ufage de la prome^
nade. La Salle de mar�nniers Ν, au milieu de- ;
laquelle eit une grande pi�ce d'eau, un peu �lev�e
du fol des parterres, men� de droite & de gau-
che � deux Salles de tilleuls O, dont les formes
barlongues s'oppofent � celles oblongues de M
F «i
-ocr page 203-
S6                       Cours
Salle Ν : oppoiltions qu'il eft effenciel d'obferver
dans la diilribution des diff�rentes pi�ces de vei>
dure d'un Jardin de propret�. Ces Salles fe trou-
vent enferm�es dans des all�es de forme re�ran«
gulaire , aux quatre coins defquels fe Trouvent
pratiqu�s autant de carrefours Ρ, qui, avec d'au-
tres all�es qui les accompagnent,. procurent, dans
un efpace affes peu'confid�rable , beaucoup de
promenades fort ombrag�es. De la Salle de Ma-
ronniers N, on defcend par une pente infeniible»
dans une tr�s-grande pi�ce de verdure en bou<�
lingrin ; dans l'efpace de ce boulingrin, eil une
pi�ce d'eau Ο , formant le milieu d'un canal pra~
tiqu� par le fecours d'une petite rivi�re qui tra-
verfe toute la plaine, & fur laquelle on devoit
pratiquer une machine hydraulique marqu�e S ,
pour fournir des eaux jaillifTantes dans les diff�-
rents bai�ins de ce Jardin, & le furplus dans la
pi�ce Ν , qui, comme fup�rieure en hauteur, de-
voir fer vir de r�fervoir, pour diftribuer enfuite
ces eaux dans les parrerres, dans le principal corps-
de-logis & dans les autres b�timents & les baffes-
cours, pour aller enfin fe d�charger dans la pi�ce
E, & de-l� fe r�pandre & arrofer la Ville du
C�teau, dont le fol eil bien inf�rieur au terrein 9
ou ces Jardins , & les B�timents dont nous par-
lons font iitu�s, A la t�te de la pi�ce O , fe
trouve un mur de terraiTe, qui, par des efcaliers
�n pente douce, traverf� un Bofquet de bois an-
ciennement plant� , & dans le mai�if duquel nous
^vons perc� diverfes All�es & un Belveder d�-*
couvert Τ Λ qui de plain pied communique �/une
grande plaine, que nous avons plant�e d'arbres
comparus avec �ym�trie, comme U , & dont les
i�i�es �ondi�fejit � couvert � la Foset Y -<jui aj^»
-ocr page 204-
d'Architecture;            87
partient au Roi. Au milieu des all�es U , eir une
grande pi�ce X, fervant de rendez-vous; la Fo-
r�t V �tant fort peupl�e de b�tee fauves pour
les grandes chaffes, & la plaine fournifiant fuf�i-
famment de gibier & de volatiles pour les chafies
ordinaires.
Nous avons plant� �galement, en face & aux
deux c�t�s de la Salle de maronniers Ν, des all�es
d'arbres dans la plaine , pour prolonger la lon-
gueur de celles contenues dans l'int�rieur des
Jardins : d'ailleurs, ces all�es , diilribu�es ainii,
femblent lier l'ext�rieur avec l'ult�rieur, & pro-
curent � la forme de ce Plan , un enfemble qui
nous a paru int�reffant.
Sans doute les amateurs des formes contrari�es,
n'approuveront point la r�gularit� que nous
avons pr�f�r�e dans la diitribution de ce Plan ι
mais , nous l'avons d�j� annonc� daris le com-
mencement de ce Volume : notre intention ,
avons-nous dit, n'a point �t� de fuivre aucun
efprit de fyft�me ; nous n'avons fuivi � cet �gard
que notre go�t naturel : jamais nous n'applaudi-
rons que forc�ment, au genre que l'on cherche
� introduire en France , d'apr�s les nouvelles pro-
ductions de l'Angleterre. Jamais nous ne nous laf-
ferons d'�tre Citoyen & Fran�ois. Qif'on y prenne
garde ; toutes ces imitations ne tendent qu'� nous
faire cefTer d'�tre , pour ainii-dire, nous-m�mes ;
� force de vouloir reiTemb�er � tous les peuples,
de l'Europe, nous rifquons, peut-�tre un jour*
de ne reiTemb�er � perfonne. Mais, r�pond-ort
� cela , tous les Arts & tous les Propri�taires,
font libres , d'accord ; mais toutes ces innova-
tions dans l'Architecture, dans le Jardinage , dans
notre Mufique3 & dans nos Mcdes.* ne-fervent
-ocr page 205-
88                       Cours
qu'� d�figurer le vrai go�t national : que l'homme
de la Cour, que le riche particulier dans ion
Jardin effayent d'imiter les Jardins de Londres,
J.1 n'y a pas un grand inconv�nient; mais que la
t�te tourne � la Nation, parce que tel Jardin �
Paris, compris dans peu d'efpace, a obtenu quel-
ques fuffrages j & que del�, on veuille changer to-
talement le go�t v�ritablement eilimable des pro-
ductions de ie N�tre & d'Hardouin, nous trou-
vons cette manie inconf�quente, pour ne pas dire,
tour-�-fait d�raifonnable. D'ailleurs, qu'on y r�-
fl�chnTe, il en doit �tre, f�lon nous-, des Jardins
comme des B�timents ; il convient que le ftyle de
ces derniers foit aflbrti � la repr�fentation des
perfonnes pour qui ils font �lev�s. Nous l'avons
dit plus d'une fois , c'eil le caract�re propre �
l'Edifice, qui feul fait beaut�. D'apr�s ce principe
�nconteftable, nous avons cru que nous ne de*
vions pas abandonner ce pr�cepte , lors m�me
de la compoiition des Jardins de cette Maifon de
plaifance. Le m�me efprit nous a conduit dans
les deux autres Plans qui vont fuivre ; nous laif-
fons aux hommes non pr�venus, l� foin de juger
4$ notre opinion � cet �gard,
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins
d*Un. magnifique Ch�teau projet� pour
l'Allemagne,
Ρ % A Ν � H f, X5CV,
Ce projet trait� en grand, raiTemb�e la ma-
jeure parue de. �qus les objets cmi peuvent eon«
-ocr page 206-
1
d'architecture.           89
courir � rembelliffement d'une r�fidence coniid�-
rabl� �lev�e � la campagne pour un Prince d'Alle-
magne ; foit qu'on le confidere du cot� des B�-
timents & de leurs if�ues, foit qu'on en examine
les plantations, telles que les Jardins de propret�,
les Futaies , les Potagers, les Vergers, &c.
L'entr�e A de cette belle habitation eil pr�-
c�d�e d'une grande avenue en patte d'oie Β ;
elle �i'ei� ferm�e que par un pont tournant plac�
au milieu de l'�tendue d'un foff� dont la lon-
gueur d�termine la largeur de la premiere avant-
Cour C, qui, de droite & de gauche, communi-
que � des B�timents deftin�s d'un c�t�, � conte-
nir des Cafernes D & leurs d�pendances , pour
la garde du Prince , & de l'autre des Granges,
des Selliers , des Buanderies, & autres d�parte-
ments E, n�ceflaires � une Maifon de la plus
grande importance. La grande Cour F , fert de
place d'armes pour l'exercice des troupes, celle
G , pour la courfe des chevaux : enfin, les deux
'Jardins potagers H , font deftin�s particuli�re-
ment pour rapprovifionnem�nt des corps de B�-
timents D, E.
De la premiere avant-Cour C, par une grande
all�e I, � ciel ouvert, & bord�e de deux contre-
all�es, On arrive a une f�conde belle avant-Cour
Κ, plant�e d'arbres dans ies parties lat�rales.
Aux deux c�t�s de cette grande all�e I, font distri-
bu�s les Jardins potagers marqu�s L, & les Ver-
gers M, d'une �tendue aiTez coniid�rable; �ces Jar-
dins doivent fournir des fruits & des l�gumes en
abondance, ce Ch�teau ayant �t� projet� pour
un lieu aiTez �loign� d'une ville Capitale : ils font
d'ailleurs plant�s fym�triquement dans un terrein
neuf j prefque de niveau, & r�gulier dans fes di-
-ocr page 207-
po                        Cours
menfions. D'un autre c�t� , comme ces Jardins
fe tiennent ordinairement � d�couvert, particu-
li�rement les potagers L; il eil de n�ceflit� d'ob*
ierver une forte de r�gularit� dans leur difpoii-
tion, rien n'annon�ant tant, � notre avis, la ma-
gnificence de la demeure des grands , que lors-
qu'elle fe trouve pr�c�d�e par des Jardins de cette
efpeee, & que ces Jardins font bien tenus, & pa-
r�s des dons de la nature ; tels qu'on a vu long-
tems ceux plac�s le long de la grande avenue du
Ch�teau de Maifons , dont il ne relie plus aujour-
d'hui que le terrein d�pouill� de culture; mais
dont la belle difpofition pla�t encore aux con-
■noir�eurs.
L'avant-Cour Κ donne, en face, entr�e � la
Cour d'honneur marqu�e Ν ; � droite , dans les
B�timents, les Cours & les d�pendances du d�-
partement de la bouche, d�fign�es par la lettre a;
enfuite dans une baife-cour �,.οίι font des vo-
li�res pour les volailles , & enfin , dans une m�-
nagerie c, o� fe trouvent distribu�s diff�rents B�ti-
ments pour les animaux de diverfes efpeces, une
Laiterie & des logements d, pour les gens charg�s
de leur nourriture & de leur entretien. La m�me
avant-Cour Κ donne entr�e � gauche � des Cours
& des B�timents e , deftin�s polir les Ecuries ,
les Remifes, les Chenils, le logement de l'Ecuyer,
& du fous-Ecuyer; enfuite � une Cour & un,
Man�ge couvert marqu� �; enfin , � un Man�ee
d�couvert g, entour� de verdure, & dans le ΐομά
duquel eil �lev� un Amphith��tre : enforte qiie
par la difpofition de ces B�timents qui fe trou�*
vent align�s par leur axe principal, on jouit 9
avant d'entrer dans la Cour N, de toutes les d�-
�-
-ocr page 208-
d'Architecture.              9t
pendances qui precedent l'habitation du Prince (r).
Arriv� dans la Cour N, au fond de laquelle
eft le Ch�teau, on jou�t pleinement de ion af-
pelt. Il eit double dans fa profondeur & de deux
�tages dans fes fa�ades, y compris le rez-de-
chauiT�e. De cette m�me Cour, on d�couvre �
travers les colonades plac�es de droite & de gau-
che, d'un c�t�, le Jardin & le B�timent de l'O-
rangerie marqu� O ; & de l'autre , un Jardin
fleuriite, & un B�timent Ρ , dans lequel eil plac�
la Salle de fpe&acle : de maniere que ces nou-
veaux B�timents Ο , Ρ, de m�me dimeniion 9
quoique d�f�mes � des ufages diff�rents, offrent
un coup d'�uil fatisfaifant, par les entrecolonne-
ments qui d�corent les- ailes de cette cour prin-
cipale : tous ces objets, dans une Maifon Ele�to-
raie , doivent s'o�Trir � d�couvert aux yeux des
�trangers, parce que les ayant envifag�s, pour
ainii-clire , fous un m�me point de vue, ils s'en
forment la pins grande id�e, & fe font un plai-
iir d'en parcourir � loifir toutes les beaut�s.
Derriere le B�timent P, fe trouve plac� un
Mail circulaire <^, dans le gout de celui de Marly,
& au milieu duquel font difhribu�s des Salies 8c
des
Cabinets de verdure. Derriere le B�timent O 9
on remarque un Labyrinthe , marqu� ^ , qui oe».
βι .. il .,�■ . 1» .!■■■■ Ί h. 1^111-n -1 ir., .�■ r......t. ii ι β ,mli          m '«inpniii nwi-jiiiiiwii(. *m�..n,mm ιμι»ιι^ι.| ι-ι ■ . nui ι�^Λ&ΗΛ
(r) Nous fornmes entres , lors de ce projet , dans le plus
grand detail ; il n'y a pas un feul B�timent cit� ici , dont
nous n'ayons fait les Plans particuliers , les coupes & les d�-
veloppements, f�cond� par M. de la Roche, l'un de nos El�-
ves, qui, � pr�fent tenant un gradediftingu� dans les Ponta
& Chauff�es, f�ait fe concilier, par fes lumi�res & fa pro-
bit�, l'eftime de fes Chefs , & la bienveillance du Minlftr*
i�lai�� qui p^�iide � ce d�partement. ,
-ocr page 209-
92                         Cours
ciipe � peu-pr�s la m�me longueur que le Mail
qui lui eit oppof�.
En face du principal corps-de-�ogis �, r�gne,
dans toute la largeur du Jardin, une double ter-
rafFe toujours int�reiTante � obierver, lorfque le
terrein le peur permettre; parce que, de deiTus
cette �mi'nence, on aper�oit plus facilement les ob-
jets qui font � d�couvert, tels que les parterres,
les pi�ces d'eau, les tapis verds diilribu�s ordinaire-
ment en face du Ch�teau, & d�iign�s ici par les let-
tres R, S, T. Le canal S, � fane de fes extr�-
mit�s , retourne d'�querre, & forme �eux bras
diftribu�s en parties �gales, n'ayant pu l'�tendre
au-del�, parce qu'il eft fourni par deux fources,
& que la pente infeniible , eft toute du c�t� du
Ch�teau , & la partie du tapis verd Τ, parfaite-
ment de niveau ; cette pente infenfib�e auroit
permis, ii Ton eut voulu , de former une cafcade
dans la partie longitudinale de ce canal; mais le
Propri�taire ne jugea pas � propos de faire cette
d�penfe.
Aux deux c�t�s des Parterres Ρ*., font diitri-
im�es des Salies de verdures U , & des Cabinets
moins fpacieux que ceux marqu�s V, X ; parce
qu'�tant plac�s vers le principal corps de logis,
ils doivent fournir plus d'ombrage; ce qu'on n'a
pas droit d'attendre de ces fortes de pi�ces de
yerdure, lorsqu'elles ont un grand diam�tre ; mal-
gr� les petites all�es que Ton prend foin de faire
circuler autour, ainii qu'on le remarque dans ce
Plan. Nous en abr�gerons la defcription , pour
�ne pas r�p�ter ce que nous avons dit pr�c�dem-
ment , en parlant en particulier des Parterres,
des Bofquets , des Boulingrins , &c. Nous fini-
rons feulement par faire obferver5 qu� l'extr�«
-ocr page 210-
d'Architecture.              95
�nit� de cette Planche , fe trouvent plac�s d'un
c�t�, les B�timents , Cours & Jardins d'une Fai-
fanderie Y , qui nous avoit �t� demand�e. Nous
donnerons , dans la fuite de ce Cours, les dei�ins
& les d�tails de ce genre de diitribution ; cette
efpece de B�timent �tant affez ignor�e de plu-
iieurs de nos Elev�s, quoiqu'ils puiffent s'en for-
mer une id�e tr�s-fatisf�ifante , en allant vii�ter
la Faifanderie plac�e dans les Jardins de Chan-
tilly. En face, & de l'autre c�t� de ce petit B�-
timent , en eil un autre Ζ , deilin� � fervir de
retraite au Propri�taire, tel que fe remarque ce-
lui de Trianon pr�s Verfailles ; mais Trianon eil
beaucoup plus coniid�rable que celui que nous
propofons. Nous donnerons dans la fuite , les
d�veloppements de ce dernier.�
Le d�faut eflenciel de ce Plan G�n�ral, eil
d'�tre plant� en plaine ; ce qui rend n�cessaire-
ment i� diitribution monotone : d'un autre c�t�,
les promenades font bien moins fatigantes, que
lorique leur furface eft montueufe ; mais aufli y
dans le premier cas, perd-on l'effet p�ttorefque
que l'on trouve au contraire dans le deuxi�me; '
combien, dans les terreins montueux, ies Jardins
ne pr�fentent-ils pas de vari�t�s ? Nous avons d�j�
fait ces remarques , au commencement de ce
Chapitre; nous ne nous lai�bns point de les r�-
p�ter , pour Futilit� de nos Le�eurs. Certaine-
ment , les Jardins de Verfailles paroiiTent trop
par�s de Sculpture : quelle fut vraii�emblable-
ment la caufe de cette profuiion? ceil fans doute
la n�cef�it� o� l'on s'eil trouv� de leur procurer
de la magnificence par le miniitere de l'Art; ce
lieu �tant d�pourvu, dans fes environs , de toute
efpece de fpe&acle champ�tre. Il eft yrai que >
-ocr page 211-
94                     Cours
dans fon fol, on remarque pluiieurs retraites ;
celles des parterres d'eau, celles du midi & celles
du nord, qui ajoutent un ai�ez grand relief � la
difpofirion de ces Jardins fuperbes ; mais, en-
core une fois, ils ne font v�ritablement admira-
bles que pour les connoiiTeurs & les Artiftes qui
y viennent avec plaifir contempler la plus grande
partie des chefs-d'�uvre de, Sculpture qui fe font
faits fous le regne de Louis le Grand ; au-lieu
que dansles autres Jardins de nos Maifons Royales
& de nos belles Maifons de plaifance, fans �tre
connoifieurs, toutes les claifes de citoyens ( �)
font � port�e d'applaudir � l'ordonnance , � la dif-
pofition; enfin, de jouir δι des beaut�s de l'Art,
& d-2S beaut�s de la nature , lorfqinls parcou-
rent les belles promenades de Saint-Cloud , de
Seaux, de Chantilly (ή, de Saint-Germain-en-Laye 9
de Meudon, bien fup�rieures, par l'afpecl; des en-
virons, � celles de Trianon , de Bagnolet, du
Rinii, & peut-�tre � celles de Marly, qui cepen-
dant � tant d'�gards, m�ritent d'�tre admir�es;
(�) Ce que nous avan�ons nous a �t� confirm� plus d'une
fois; lorfq.ue, dans nos Le�ons publiques, nous nous trans-
portions fur ies lieux avec les �trangers qui nous �toient adref-
i�s, avec les amateurs &'les Amites qui nous fuivoient dans
nos Conf�rences, Conf�rences qui fe r�p�toient toutes les
ann�es j ce qui nous a mis � port�e de r�fl�chir fur tous ces
diff�rents objets : enforte que c'eft moins notre Sentiment
particulier que nous rapportons, que le jugement g�n�ral des
hommes �clair�s, avec qui nous avons �t� � m�me de difcu-
ter les beaut�s ou les m�diocrit�s qui s'offroient � nos regards.
(r) Voyez tous les deil�ns de ces Jardins Tomes IV & Y de
l'Architecture Fran�cife.
-ocr page 212-
D'ARCHITECTURE.             9J
Plan g�n�ral des B�timents & des Jardins
d'une belle Maijon de chajje projet�e en
Allemagne pour l'Electeur de
* * *.
Planche XXVI.
Ce projet , moins confid�rable en apparence
que le pr�c�dent, a n�anmoins tout autant de
promenades, & il ne diff�re gu�re que par les
Jardins fruitiers & potagers qui n'�toient pas n�-
cessaires ici, cette belle habitation n'�tant �loi-
gn�e que de trois lieues d'une des Villes les
plus opulentes de l'Allemagne. Les principaux
B�timents, par la m�me raifon, ont auff� moins
de d�pendances, fans pour cela, qu'aucuns d�-
partements effenciels y foient �pargn�s , ayant
pris foin que leur difpoiition, leur ordonnance
& leur iiructure r�pondirent � la magnificence du
Prince pour qui cette Maifon de chaile avoit �t�
projet�e. La diilribution des Jardins r�pond aui�i
� l'�ciat des B�timents, & l'on fe rappellera que
nous en avons donn� quelques parties dans les
Planches XIV, XV, XV� & XVII de ce Cha-
pitre, Parcourons � pr�fent cette production, &
mettons nos Elev�s � port�e de conno�tre la mar-
che que nous avons fuivie, pour r�pondre aux
intentions du Grand Seigneur, qui nous avoit char-
g� de cette diftribution.
Le Ch�teau A, a aifez peu d'�tendue ; mais il
eft double dans fa profondeur i & a dans les fa�a-
des, deux �tages �lev�s au-deifus d'un foubaf�e-
ment; dans celui-ci, fe trouvent diflribu�s de magni-'
-ocr page 213-
$6                        Cours
fiqiies Appartements de bains , une Grote, une
Salle � manger d'�t�, & des Offices : l'�tage au-
dei�iis efi occup� par un grand Sallon, dans le
go�t de celui de Marly, & de pl�iieurs pi�ces
formant un bel Appartement de foci�t�; de ma-
niere que ce n'eit que dans le premier �tage,
qu'on a pratiqu� quatre Appartements de Ma�-
tres , la plus grande partie des peribnnes de de-
hors �tant � port�e de retourner � la Ville apr�s
le ibup�.
On arrive � ce Ch�teau par une Cour qua-
dranguiake Β , ferm�e feulement par des grilles
dans les parties lat�rales : cette Cour eil pr�c�d�e
d'une belle avenue C , qui tient lieu d'avant-cour ,.
& elle eil auili ferm�e par une grille D : aux deux
extr�mit�s de cette,grille, fe trouvent deux Pa-
villons , l'un pour le SuifTe, l'autre pour un Garde-,
chaiie.
De chaque c�t� de l'avenue C, font diilribu�s *
. � droite, le d�partement des Ecuries & des Be-
mifes E, & � gauche, celui de la bouche, mar-
qu� F ; l'un & l'autre pourvus de toutes les com-
modit�s que la lib�ralit� du Prince avoit per-,
mifes � FArchiteile. C'eil dans l'enfilade des B�*
timents E, F, que fe trouvent plac�s le Manege
d�couvert G, �i la M�nagerie H, raport�e pr�-
c�demment Planches XiV & XV ; nou$ y ren-
voyons; les formes y font plus diltincles & plus
�tudi�es que dans ce Plan, que nous n'avons pu
donner que fur une tr�s-petite �chelle, � caufe
du format de notre ouvrage. Nous aurions voulu
pouvoir en ufer de m�me pour ce qui regarde
�e d�tail de la diflfibution & de la d�coration des
B�timents j, dont nous avons conferv� des doubles,
deifin�s
-ocr page 214-
d'Architecture.             97
ueffm�s avec le plus grand foin (/); mais les
m�mes coniid�rations nous en ont emp�ch�.
Les lettres I d�iignent une partie des Potagers
plant�s � l'entr�e de l'avenue C, La lettre Κ in-
dique une partie des B�timents de l'Orangerie ;
celle L, la Gallerie appel�e la Gallerie des Cerfs,
telles qu'il s'en remarque � Fontainebleau & �
Chantilly, & dans lefquelles, fur des t�tes en
■fculpture, on place les bois des cerfs vaincus � la
chafle. Au commencement de chacune de ces deux
Ailes, & � l'entr�e de la CourB, font plac�s deux
Pavillons a ; l'un pour la Chapelle, & l'autre pour
le Concierge. En face du B�timent , eil un Jar-
din fleuriite, & en face de l'Aile Κ , un Jardin
pour les orangers. En retour d'�querre, on voit
deux autres B�timents M , Ν ; le premier con-
tient une Salle de fpe�acle & {es d�pendances,
le f�cond une Salle de Bal, une Salle de jeu, une
Salle de billard, &c. Derriere celle-ci, eil un
grand Bofquet renfermant un Mail circulaire ; &
derri�re le B�timent Ν, eil plant� un Labyrinthe :
l'une & l'autre de ces deux pi�ces de verdure
fervent de petits Bpfquets pour les promenades du
matin.
Dans la ligne capitale qui enfile la longueur
du Ch�teau, fe trouve plac� le milieu d'une grande
aji�e O, qui traverfe toute la largeur du Parc;
mais dont cette Planche n'offre que les principales
parties. Cette all�e eil � ciel ouvert, & bord�e de
(f) Nous avons �t� f�cond� dans ce travail par M. Delorme,
l'un de nos El�ves alors. & qui, aujourd'hui, par fes talents
d�cid�s, & par la douceur de fes m�urs, a f�u s'attacher la
bienveillance des hommes de la plus haute conlid�ration, aifl�
que celle des Artiftes qui, foa� «a relation 'avec lui.
Tom If.                               G.
-ocr page 215-
98                        Cours
chaque c�t� par une contre all�e couverte, qui
procure de l'ombrage aux peribnnes qui , du
Ch�teau, veulent parcourir les Bofquets du Parc,
contenus entre l'all�e O & celle Ρ , paralelles en-
tr'elles. C'eft dans cette �tendue Ο, Ρ, que font
compr�tes les Salles de fpe&acle champ�tre Q,
& la Salle de bal R, donn�es auffi pr�c�demment
plus en grand, dans les Planches XVI & XVII.
En face du Ch�teau, eft un Canal d'eau vive S ?
au bout duquel on voit une Cafcade Τ, le ter-
rein , vers cet endroit, �tant �lev� d'environ dix-
fept pieds : enfuite, on arrive dans une plaine
fort �tendue, o� fe trouve plant� le commence-
ment d'un Bois de haute-futaie U, qui , affez
pr�s de l'all�e Ρ, Contient deux pi�ces d'eau de
�burce V, lesquelles , par leur fiip�riorit� fur le
fol des Jardins & des B�timents de cette, Maifon
de chaffe, fourniffent de l'eau , & dans les bai�ins,
& dans les Appartements » auffi bien que dans
toutes les d�pendances dont nous venons de faire
la defcription.
Tous les Bofquets, les Salles & les Cabinets
de verdure exprim�s dans ce Plan, font difpof�s
de maniere, qu'ils ont des enfilades refpetlives,
& font entour�es de petites all�es prifes dans les
maflifs des bois : ces all�es formant autant de ber-
ceaux naturels, procurent � toute heure un om-
brage int�refTant pour la promenade. Ces Bof-
quets font orn�s, pour la plupart, de ftatu�s,
de bai�ins , de fontaines qui les ernbelihTent en-
core , &* qui, �tant diilribu�s avec art, fervent
� releVer l'�clat de la belle nature; la verdure,
dans ces cantons, nous ayant fembl� fur les lieux,
plus belle que par-tout ailleurs , tant par i'efpece
d�s arbres du pays 3 que pat lei foins que les J'ai-
-ocr page 216-
�s'A R 6h i � ECt u ri*           99
din�ers, en Allemagne * prennent de leur culture
& du terrein qui les re�oit ; d'ailleurs * il en faut
convenir ; l'abondonce des eaux dans les Jardins
contribue beaucoup par fa fra�cheur , � entrete-
nir f �mail des fleurs ; & � procurer un verd ten-
dre � la chevelure des arbres 3 aux paliiTades, aux
arbuftes, &Ci *
Nous ne nous arr�terons pas � d�crire plus
long-temps la diilribution des pi�ces de verdure
qui fe remarquent dans ce Plan. Les perfonnes
exerc�es dans cette partie de l'Art, ont peu be-
foin de ces defcriptions, & celles qui ne le font
pas ne pouroient l'apprendre dans nos Livres.
Nous le r�p�tons pour la derni�re fois, c'eil dans
les Jardins de nos Maifons Royales , dans ceux
de nos Maifons de Plaifance, enfin , dans les
promenades des Maifons de nos riches particu-
liers, � la campagne, & dans le fein des Villest
qu'on peut feul bien apprendre � �tudier & �
concevoir cette partie ii int�r�iTante de l'Archi-
tecture; aid�, fi l'on veut, des pr�ceptes g�n�-
raux , & des exemples particuliers r�pandus dans
ce Chapitre; quoique nous n'ayons pas pr�ten-
du, ainii que nous favons d�j� annonc�, �puifer
la mati�re ; mais offrir feulement � nos Elev�s ce
qu'ils ne peuvent absolument ignorer � cet �gartfe
-ocr page 217-
'ΐοσ                       Cours
t^^k^^p^JULU,.
CHAPITRE IL
DE LA DISTRIBUTION
des B�timents en g�n�ral.
xN ous avons commenc� les premi�res notions des
pr�ceptes de la diltribution des B�timents , par
celle des Jardins, diitribution qui vient de faire
l'objet du Chapitre pr�c�dent ; il nous a paru
convenable d'ailleurs de faire marcher enfemble ,
lors de �a compontion d'un Plan, la diitribution des
B�timents & celle de leurs Jardins, parce qu'affez
ordinairement, le premier d�fir du Propri�taire,
& le premier foin de Γ Architecte, eit de planter
les Jardins , avant d'entamer la partie des Edi-
fices ; ceux-ci �tant toujours plufieurs ann�es �
�lever , la plantation acquiert de la force pen-
dant les ann�es qui s'�coulent, entre le commen-
cement de la main-d'�uvre , & le moment de
jouir de l'habitation.'
Nous voici donc arriv�s � la diitribution des
B�timents, confid�r�e ici comme la f�conde bran-
che de Γ Architecture , branche, pour ainfi dire,
ignor�e de ,nos anciens Architectes , & que ceux
du commencement de ce fi�cle ont f�u r�duire
en Art. Pour nous convaincre de ce que nous
avan�ons , donnons un pr�cis de l'origine de la
diitribution des B�timents, & rendons compte
comment elle a pris faveur chez nous , au point
que nos productions de ce genre, font imit�es
x,�
-ocr page 218-
'
Β' A R C H I Τ Ε CT V R E.           ��I
avec le plus grand foin par tous les peuples de
l'Europe favante , & m�me par ceux des Na-
tions les plus �loign�es.
Pr�c�demment, nous avons trouv� forigne de
la D�coration de nos Edifices dans les diff�rentes
produirions de la nature ; les arbres particuli�-
rement ont donn� naiffance aux colonnes ; les
feuilles, les fleurs & les fruits aux ornements qui .
les embelliffent. Nous allons trouver l'origine de
la diftribution dans la n�cefl�t� de fe mettre �
l'abri des intemp�ries de l'air, & de fe procurer
les commodit�s relatives � la vie civile.
En remontant � la fource, nous trouverons que
les abeilles naturellement induilrieufes., donn�rent
aux hommes les premi�res notions de l'Art de
divifer & de partager l'int�rieur de leurs demeu-
res. En effet, � peine eurent-ils abandonn� les en-
trailles de la terre, qui, originairement, leur avoient
fervi de retraite, qu'� l'imitation des ruches, ils
�lev�rent des huttes pyramidales qu'ils form�rent
avec du bois enduit de terre graife. D'abord ils
les ifolerent, pour pr�venir les accidents du feu ;
enfuite, s'apercevant du befoin qu'ils avoient d'u-
fer d'�conomie , ils les rapproch�rent , pour fe
communiquer plus facilement. Ils imagin�rent des
portes qui en d�fendiffent l'entr�e, & des croif�es
pour en �clairer "les dedans : ils �tablirent �es
foyers qui les truffent � fabri de la rigueur des
faifons : ils employ�rent plusieurs �tages, dans
le deffein d'occuper moins d'efpacc fur le terreiia
d'o� ils tiroient leur fubfiilance.
La culture des terres , qui amena � fa fuite
le partage des Domaines, introduiiit entre les
Hommes l'id�e de propri�t�. De-l�, ils fe virent
oblig�s de marquer des limites , de planter des
Giij
-ocr page 219-
"*
ιοί                  Cour*
haies, de creufer des foff�s, qui diitinguaiTentleurs
poifeffions d'avec celles de leurs vohins. Les premi�-
res huttes, qui d'abord leur avoient fervi d'aiile,
firent place � des cabanes plus �tendues, o� ils
�tablirent leur r��dence : on y joignit des d�-
pendances pour contenir les animaux n�ceffaires
a l'Agriculture, les d�pouilles de la terre, & les
proviiions dont on avoit beibin pour fubfifter en
attendant une nouvelle r�colte� Le nombre de
ces habitations s'�tant accru avec celui des fa-
milles , on parvint infenfiblement � former des
Hameaux, des Bourgades & des Villes : dans ces
derni�res, on difpofa des rues, on les alligna ;
on �rigea des Temples, on �leva des B�timents
plus r�guliers & plus vair.es pour les principaux
Chefs, enfin on mit, peu � peu, de la fym�-
trie dans la difpoiition de ces diff�rents genres
d'Edifices.
L'aifance & le loifir dont les hommes parvin-
rent � jouir dans la fuite, les d�termin�rent �
porter leurs v*m fur d'autres objets non moins
jnt�rei�knts. Pourvus des premiers befoins, ils fon-
gerent � rendre plu? falubr� l'int�rieur de leurs
demeures , & fe procur�rent plufteurs genres de
commodit�s inconnues � leurs pr�d�cef�eurs : le
cercle de leurs id�es s'agrandit par le commerce
qu'ils eurent les uns avec les autres, d'abord, de
proche en proche ; apr�s , dans les Provinces
les plus �loign�es. La d�cence qui s'introduifit,
dans leurs m�urs, leur fit imaginer de partager
l'int�rieur de leurs demeures en plufieurs pi�ces,
qui d�voient contenir les deux fexes � part» Bien^f
t�t les infirmit�s de la vieilleiTe leur apprirent �
pr�f�rer les, lieux �minents aux vall�es , & � faire�
fh�i& des mati�res cmi affuraffent yn� dur�e plus
-ocr page 220-
d'Architecture.           103
confiante � leurs B�timents, & les d�domma,-
geaffentde la main d'oeuvre dont ils avoient ef-
fuy� les peines, Aux v�g�taux, ils firent fucc�-
der les min�raux & les m�taux, & commenc�-
rent � les allier enfemble : enfin, leur jugement
s'�tant d�velopp� , ils convertirent les d�pouilles
des animaux en �toffes, pour s'en f$re des meu-;
b�es. Ceft par ces diff�rents progr�s fans, doute
que les hommes font parvenus � rendre leurs ha-
bitations, & plus commodes & plus agr�ables:
mais, ofons le dire, ceft de cette commodit� &
de cet agr�ment, qu eft n� le luxe qui r�gne au-
jourd'hui parmi nous. En effet, fi la plupart des
peuples euffent eu moins d'ambition, ils l� fuiTent
content�s d'une demeure fimple ; ils s'en feroient
tenus � la culture des terres, & � l'�ducation de
leurs femblables : combien n'en voyons-nous pas
de nos jours , qui font leur bonheur d?une vie
champ�tre? La plupart des Pafteurs dans le fond
de nos Provinces ; pluiieurs familles dont les
anc�tres ont verf� leur fang pour la patrie : les
Fermiers des grands Seigneurs, leurs Laboureurs,
nos P�tres y vivent encore dans cette fimplicit� ,
qui faifoit partie des m�urs de nos anc�tres.
Aufli, n'eft-ce que dans les Capitales que les be-
foins fe font accumul�s. La fplendeur des Nations.,
Tambition des Peuples, le culte ext�rieur if la
Religion, les c�r�monies d'�clat, la communica-
tion des �trangers, l'opulence des Cours , le voi-
finage des gens du monde , tant d'exemples ont
fait �clore dans tous le d�fir de fe furpafler; ce
que n'e�t jamais fait une vie fobte & retir�e.
Peut-�tre, aurions-nous plus de vertus, fi nous
vivions comme les premiers peuples du monde.
Dun autre c�t�, comparons les ternes, & confia
G�v
-ocr page 221-
104                       Cours
d�rons, avec Plutarque , combien nous fommes
heureux, & combien nos p�res l'�roient peu;
puifque dans le premier �ge, appel� par nos Po�-
tes 1 �ge d'or , la terre nouvellement form�e , &
l'air charg� de vapeurs groi�ieres, �toient indo-
ciles � l'ordre des faifons : le cours incertain des
rivi�res d�gradoir leurs rives de toute part. Des
�tangs, des Lacs , de profonds mar�cages inon-
doient les trois quarts de la furface du globe ;
l'autre �toit couvert de bois & de for�ts ft�riles.
La terre ne produifoit que des fruits imparfaits»
fes habitants navoient nul inih-ument pour le la-
bourage. L� moii�bn ne venoit jamais pour qui
n'avoit rien ferne ; l'hiver, quelques herbages,
quelques racines, �toient leur feule nourriture :
ils regardoient alors la terre comme leur nourice
& leur m�re. Ce ne fut m�me qu'apr�s une lon-
gue exp�rience, qu'ils firent ufage de la chair des
animaux > qu'Us v�curent de poiifons fecs & du
lait de leurs troupeaux. Quelle diff�rence aujour-
d'hui, quelle affluence de bien nous environne!
que de fruits ! que de richeifes dans les campa-
gnes! Quels fecours ne nous donnent pas le corn�*
merce & la navigation, pour apporter dans le
fein de nos Villes les diff�rentes productions des
pays �trangers ! Que ne devons-n�us pas enfin
� rinduftrie d'un peuple raifembl�, & qui �> fou-
tenu par la d�couverte des beaux Arts, fait en-
fanter tant de chefs d'oeuvre.
D'apr�s ce tableau, plus int�reflant pour les
amateurs de l'Hiitoire, que pour les Artiftes, di-
fons qu'aucune Nation , n�anmoins , n'a f�u ,
comme la n�tre, r�duire en Art la diitributio»
qui fait ici notre objet* Les Aflyriens, les H�-
breux, les Egyptiens, n'ont gu�re excell� q«t
-ocr page 222-
.,          i) Architecture..              105
«lans la ftru�ure & Timmenfit� de leurs monu-
ments ; les Grecs & les Romains, dans l'ordonnance
de la d�coration & !a diitrihution int�rieure de
leurs Temples. Nos Provinces d'Italie, le Nord,
l'Allemagne , l'Angleterre m�me, n'ont rien^ro-
duit de bien effenciel fur cette branche de PArchi-
te�hire. Tous ces peuples ont prefque recours aux
exemples des B�timents Fran�ois, lorfqu'il s'agit de
la dii�ribiition de leurs Edifices. Encore, fommes-
nous forc�s de convenir que cet Art n'eit pas fort
ancien chez nous : que ce n'eit. que depuis le r�gne
de Louis le Grand, que nous fommes parvenus
a lui donner un certain degr� de perfection. Nous
pouvons le dire ici : quelle �toit la diitribution de
nos Edifices fous les premi�res races de nos Rois ?
une diitribution int�rieure, fans fym�trie & fan*
r�gularit� : des Appartements mal �clair�s, fans
commodit�s, fans d�gagements : des pi�ces fpa-
cieufes, mais fans proportion, fans enfilades ref-
peclives : des efcaliers obfcurs & fans dignit� ;
en un mot, on n'y remarquoit que de petites ou-
vertures de portes, de croif�es ; o�, au contraire ,
des foyers d'une grandeur exceiTive. Qui de nous
ignore , par exemple , que , fous Charles VI, l'Ap-
partement de ce Prince � l'h�tel de Saint-Pol lu},
confiiloit feulement en une grande anti-chambre,
«ne chambre de parade (x) qui avoit quinze toi-
les de longueur fur dix de largeur ; une autre
chambre d'habitation (y), deux cabinets, une
«
(u) �rige anciennement au quartier Saint-Antoine, dans une
jfattie qu'occupe aujourd'hui la place Royale � Paris.
(*) Qu'on appeloit alors chambre � parer.
ty) Appel�e, dans ce temps, la chambr� au g�te du Roi.
-ocr page 223-
io6                     Cours
falle � manger (φ * une falle d'�tude, une falle
de bains, une chambre du Conieil, &c. [a). Mais ,'"
fans aller chercher des B�timents qui n'exiilent
plus que dans nos Chartres , qu'on examine ceux
du Ch�teau de Saint-Germain-en-Laye, les an-
ciens Appartements de celui de Chantilly, avant;
d'�tre r�par�s , & une infinit� d'autres de ce genre,
�lev�s anciennement dans nos Provinces, & l'on
reconno�tra bient�t combien notre diftribution eil
aujourd'hui fup�rieure. Perfonne n'ignore que
'nous devons cette partie de l'Art � Jules Har-
douin Manfard ; cet homme c�l�bre nous a en
effet prouv� l'univerfalit� de fes connoifTances fur
f Architecture en g�n�ral, mais en particulier ,
fur la diitribution : encore faut-ii convenir que
c'eit depuis cet homme de g�nie, que nos Ar-
chitectes l'ont perfectionn�e , lorfque, pendant
pr�s de trente ann�es, & faute de grandes occa-
fions, ils fe font trouv�s oblig�s de n�gliger l'ob-
jet le plus fublime de leur Art , nous voulons
dire, l'ordonnance ext�rieure de nos Edifices,
pour ne s'attacher qu'� la partie des dedans, �
la commodit� & � la d�coration des Apparte-
ments , que nous avons port�es de nos jours
au dernier p�riode.
Aujourd'hui donc, que toutes les parties de
l'Art nous font connues , & que les grandes en-
treprifes font offertes � nos Architectes c�l�bres,
(^) Que l'on nommoit anciennement la Salle des nappes.
(a) Les M�moires qui nous ont tranfmis ce fait, nous appren-
nent encore, en parlant de la d-coration de cet Appartement,
que les poutres des Chambres les plus orn�es, n'etoient jeix-
richies que de fleurs de lys d'�tain d'or�, & que les chenci?
ji'�toieut que de fer, §c pefoi�at iSo Hyres.
-ocr page 224-
d'Architecture.            107
paf la lib�ralit� du Prince, & par les connoif�
iances acquifes du plus grand nombre de nos
concitoyens : que n'avons-nous pas lieu d'eip�rer
du concours de ces trois branches r�unies , qui«,
fans doute, nous feront laiffer � la poit�rit� des
chefs-d'�uvre, m�me au-deiTus de ceux �lev�s
par nos pr�d�cefleurs.
Quoique nous venions de remarquer que 1$
diftribution avoit fait, de notre temps, les plus
grands progr�s , nous obferverons n�anmoins,
que c'eft peut - �tre la feule partie de l'Art ,
fur laquelle nos Architectes ont Je moins �crit.
Jufqu'� pr�fent, Daviier, M. Boffrand, M. Bri-
feux & nous-m�me, dans notre Trait� de la d�-
coration des Edifices , avons plut�t donn� la def-
eription des B�timents de notre invention, que
des pr�ceptes fur l'Art de diftribuer nos Apparte-
ments : de forte, que les quatre premiers Volumes
de ΓArchite&ure Fran�oife, font, pour ainfi dire,
l'unique ouvrage qui traite de la diftribution d'une
maniere affez int�reffante ; encore, faut-il conve-
nir , que, pour les lire avec fruit, il eil n�cef-
faire de faire pr�c�der cette le&ure par les Le*
�ons que nous offrons aujourd'hui.
Sans doute , la diftribution peut �tre regard�e
comme unefcience difficile � acqu�rir, �caufe del�
vari�t� des Edifices qui s'�l�vent dans la Capitale
& dans nos Provinces : vari�t� qui facilite l'Ar-
chitecte � manifefter, dans plus d'une occafion,
l'eflor de fon g�nie ; qui le force, pour ainfi dire ,
� remonter � la fource, en le portant � r�fl�chir
fur l'importance de cette branche fi int�ieflant�
4e rArchitedure,
Avant d'entrer en mati�re, nous (jirQns> qu'oa.
�pll diftinguer doux fortes de diftribu��n, l'unef
-ocr page 225-
�o$                       Cours
qui a pour objet la diviiion des pi�ces qui com»,
pofent l'int�rieur des Appartements ; l'autre, qui
dans les dehors, contribue � d�terminer la r�-
partition des avant-corps, des pavillons, des ar-
rieres-corps, & des corps interm�diaires qui pro-
curent un certain mouvement � l'ordonnance des
fa�ades. Nous avons d�j� dit quelque chofe de cette
derni�re diilribution, en traitant, dans les Volumes
pr�c�dents, de la d�coration ext�rieure : notre
intention eil d'y revenir encore � la fin de celui-ci,
apr�s que nous aurons expliqu� ce que nous nous
propofons d'enieigner, concernant la diilribution
int�rieure des B�timents. Mais nous expoferons
d'abord les r�gles les plus approuv�es fur les
principales iflues de TEdifice; fur la dimenfion des
cours, des baffes-cours & des B�timents qui y
font contenus, & qui , ordinairement, fervent
de d�pendances aux principaux corps-de-logis,
deilin�s � la r�fidence des Ma�tres, foit � la Ville »
foit � la campagne.
Pr�ceptes g�n�raux, concernant la difpo�tion
des iffues
, des cours principales, des baffes-
cours, & des B�timents qui fervent de d�-
pendances aux corps-de-logis deflin�s � la
r�fidence des Ma�tres. ■
f, il .■                                                                                                           ■....;■■■,■..                                                                                                  ,■■..-»■
'Les B�timents deilin�s � fervir de d�pendances
aux principaux Edifices, exigent, de la part de
TArchite&e, la m�me attention que lorfqu'il eil
requis pour donner les deffins d'un monument de
la premiere importance. N'en doutons point;Tef-
prit de convenance doit le gmder dans toutes fe&
-ocr page 226-
i
d'Architecture,           109
Op�rations; il lui eft �galement indifpenfable, de
Veiller � la difpofition des lieux , � l'expontion
des diff�rents d�partements, & de le rendre compte
de la qualit� des eaux dont on fe propofe de faire
ufage, pour les hommes & pour les animaux.
De la Convenance.
La Convenance doit �tre regard�e comme la
partie la plus eifencielle de toutes les produirions
de l'Architede. C'efl par elle qu'il affortit la di-
gnit� & le caract�re, non-feulement du princi-
pal �difice, mais aui�i de tous les B�timents qui
compofent (es d�pendances. Elle lui enfeigne le
choix des emplacements j elle lui indique le plus
ou moins de pi�ces principales ou de d�gage-
ments qui doivent entrer dans fon plan ; foit pour
la commodit� perfonnelle du Ma�tre, foit pour
ceux qui font en relation avec lui : c'eft la conve-
nance qui indique le rapport quon doit obferver
entre T�tendue ou le racourciffement des B�ti-
ments qui pr�c�dent la principale habitation, &
qui, pour l'ordinaire, fe placent dans les avant-
cours , foit qu'on mafque ceux-ci par des murs de
el�ture, foit au contraire , qu'on en expofe les
fa�ades aux regards des �trangers. Ceft encore
la convenance, qui, apr�s la difpofition de ces
derniers B�timents , indique le genre de leur d�?
coration, celui de leur itru&ure, leur �l�vation,
enfin la richefTe ou la fimpiicit� qu'ils doivent
avoir relativement au ftyle qui pr�fide dans l'or-
donnance du principal corps-de-logis. Qu'on y
prenne garde ; rien de fi inconf�quent, lorfque
ces B�timents fubalternes difputent de grandeur '
©11 de dignit� avec l'objet principal dont ils ne
^
-ocr page 227-
ίιο                       Cours
font1 que Tacceffoire. Pluiieurs de nos belles Mai«
fons de plaifance ont ce d�faut, ainii que quel-5
ques-uns de nos grands H�tels � Paris ; parce
qifaffez fouvent -, ces diverfes parties s'attaquent
dans des temps diff�rents, & qu'un nouvel Ar-
chitecte �tant appel� pour continuer l'Edifice
commenc�, loin de fuivre la marche de fon pr�-
d�ceifeur, fe pla�t � fe frayer une route nouvelle 9
qui »nuit effenciellement � l'efprit de convenanc©
dont nous parlons. Nous avons plus d'une fois
feit ces remarques, � propos de�l'ordonnance
de nos Palais ; on doit les rappeler ici, pour
ce qui concerne la diftribution & la difpofition
des B�timents dont il s'agit. Enfin l'efprit de
convenance exige encore que l'efpace des lieux
o� ces B�timents font contenus, η an�antiffe pas 9
par fa grandeur, la capacit� du principal Edi-
fice : d�faut qu'on pourroit reprocher aux ave-
nues & � l'avant-�our du Ch�teau de Maifons, �
Choiii & ailleurs.
Maniere de concevoir le projet �?un B�timent*
JSOus venons de remarquer que la convenance
doit �tre regard�e comme l'un des premiers prin-
cipes de l'Architeclure : ii cela eil vrai, comme
nous l'avan�ons , un Architecte intelligent doit
d'abord fe former une id�e g�n�rale de tout fon
�difice : il doit fe le repr�fenter dans fon imagi-
nation , comme s'il �toit �lev�, & m�me comme
s'il fe trouvoit charg� d'en faire la critique.
Pour parvenir � cet examen impartial; il faut
qu'il en confidere la diilribution g�n�rale; en-
fuite qu'il appr�cie toutes les parties les unes apr�s
les autres, eu comparant enfemble la d�coratio«
-ocr page 228-
d'Architect �ri.            �ii
ext�rieure avec Fufage des dedans; foit par ra>
port � leurs parties principales , foit relative-
ment � leurs d�iails.
Apr�s avoir con�u l'id�e enti�re de fon Edifice, i!
doit paffer � 1'efqi�i�e des Pians, des �l�vations &
des coupes, & y placer m�me les principaux or-
nements. Il doit pr�voir en m�me temps la hau-
teur qu'il doit donner � fes Planchers ; enfin, il
doit d�rerminer les enfilades eifencielles , dans
l'intention que les dehors & les dedans ayent une
parfaite correfpondance entr'eux : autremeut , il
eil � craindre qu'� la faveur de quelques parties ,
peut-�tre eilimables, il n'en n�glige d'autres plus
importantes, qui ne fe peuvent r�parer qu'en fai-
fant un tout autre projet ; ce qui devient d'au-
tant plus difficile, qifon peut rarement fe fouf-
traire aux fuj �tions & aux entraves qui lui ont
d'abord �t� prefcrites par les perfonnes qui le met-
tent en �uvre.
Nous r�p�terons encore ici ce que nous avons
dit jlorfqu'ils'agif�bit de l'ordonnance ext�rieure : le
moyen le plus s�r de parvenir � bien faire, eil de
ie rendre compte des ouvrages de l'Art que nous
ont lauT�s les plus habiles Ma�tres � cet �gard : ou-
vrages qui fourniront � l'Elev� de nouvelles id�es ,
& le mettront � port�e de paiTer, avec plus de
facilit�, � un autre projet qu'il comparera en-
fuite fans pr�cipitation ni pr�vention avec fa pre-
miere penf�e. Apr�s ce double travail, il en de-
vra conf�rer avec les perfonnes intelligentes, pour
profiter de leurs avis, & fe regarder alors comme
un juge �quitable de fa premiere opinion avec
celle des autres.
* » Il eft encore � propos, lorfque l'Arehitecle a
S
-ocr page 229-
ιιζ                       Cours
du loiiir, & jamais il ne doit fe preffer, il eft
� propos, lorfque >fon projet eil de quelque im-
portance, de lelaiffer repofer pour quelque temps,
afin de l'examiner de nouveau, comme s'il lui
�toit �tranger , & , qu'apr�s en avoir fait une
nouvelle critique, il en tente un troifieme qui
puifle r�unir les avantages des pr�c�dents, �ans
en avoir les d�fauts. Qu'on y prenne garde, tou-
tes ces pr�cautions font indifpenfables, fur-tout
lorfqu'il s'agit du projet d'un B�timent qu'on doit
planter en place neuve. Il en peut �tre autrement,
�ans doute, lorfqu'il eil queilion de projeter un
nouveau corps-de-logis, avec d'anciens B�timents
� raccorder, pour former, dans la fuite, un en-
semble int�rei�ant. Ce genre de compofition de*
mande une m�ditation particuliere , & une exp�-
rience confomm�e : c'eil ici que les pr�ceptes
feuls font infuffif�nts ; c eil fouvent aux reifources
de l'Art qu'il faut avoit-recours. S'agit-il, par exem-
ple , de racheter des biais, des in�galit�s, des
obliquit�s; on appelle � foi les formes circulaires,
elliptiques, triangulaires ou irr�gulieres, qui, Lorf-
quelles font amen�es � propos, procurent � l'ou-
vrage entier un certain agr�ment, pr�f�rable �
une fym�trie fcrupuleufe, & prefque toujours mo-
notone. Mais il eil bon de ne pas abuier de ces
moyens ; la plupart des Edifices exigent des
formes fimples , qui font � beaucoup d'�gards re-
connues meilleures que tout ce que le g�nie le
plus f�cond pouroit imaginer ; ces formes ii-
nueufes ne doivent gu�re fe permettre , que lorf-
qu'il s'agit de nos Maiibns de plaifance, ou de
nos B�timents particuliers , ou Γ Architecte eft
moins ai�ervi, que quand il eil queilion des Tem-
ples, des Places publiques, ou des Palais des Rois.
Pr�cautions
-ocr page 230-
�'A R C�H� ?� C TURK.            IIJ
Pr�cautions qu'il convient de prendre, avant
de b�tir.
L'Archit�c�e, apr�s avoir coii�u le projet d�
fon B�timent, doit commencer, avant de paffer
� l'ex�cution , par prendre connoiffance du lieu
o� il doit b�tir, afin de fe mettre en �tat de pro-
fiter des avantages que peut lui offrir la nature
du terrein , & d'en �viter tous les inconv�nients.
Il doit enfuite �viter auf�i, autant qu'il lui eil
pofl�ble, de s'ai�uj�tir � d'anciens B�timents, qui
le forcent 5 pour ainii dire , � manquer fon pro-
jet; ce qui caufera un jour des regrets au Propri�-
taire, foit parce qu'il fe trouvera mal log�, foit
parce qu'il aura d�penf� tout autant que s'il eut
d�moli la totalit� : inconv�nients dailleurs , qui
font, que les plus excellents Architectes fe trou-
.vent contraints , par ces fortes de fuj�tions, d'in-
troduire , malgr� leur exp�rience & leur capa-
cit�, des licences dont ils ne peuvent fe difpen-
fer : d'o� il r�fulte fouvent, que les anciennes
parties ne fe trouvant avoir aucun rapport avec
les nouvelles, on fe trouve oblig� d'abattre ce
qu'on avoir conferv� avec tant de foin. Il fuit
de-l� que cette �conomie, prefque toujours mal
entendue > ne manque jamais de caufer une plus
granded�penfe, qui, quelquefois, non-feulement
fait abandonner l'ouvrage entier ; mais d�go�te le
Propri�taire du lieu qu'il avoit choiii, & le d�-
termine � b�tir dans un autre, ce qui achev� de
le ruiner enti�rement, comme nous n'en avons
que trop d'exemples. �
Au reile, il faut convenir qu'un Architecte ,
doit de fon c�t� entrer, le plus qu'il lui eil ροίϊί-
-ocr page 231-
114                       Cours
He, dans les vues de la perfonne pour laquelle
il b�tit, & ne faire fes projets que d'une maniere
relative au motif qui lui fait mettre la main �
l'�uvre *. en un mot , il doit profiter habilement
de tous les avantages que lui pr�fent� la diftri-
bution des lieux, & ne jamais rejeter que ce qui
lui paro�t nuifible � la folidit�, � la commodit�
pu � l'ordonnance. C'eft pourquoi, apr�s y avoir
r�fl�chi m�rement, il en doit conf�rer � plus d'une
reprife avec le Propri�taire, lui expofer {qs rai»
fons, entrer avec lai dans les difcui�ions de l'Art»
les lui faire fentir & le convaincre ; enfin, il doit
chercher � lui rendre compte de l'�conomie qui
r�fulteroit de la deftru&ion totale, & de la per-
fection de l'ouvrage entier : apr�s quoi, c'eft �
lux, s'il ne peut le perfuader, de f�avoir renon-
cer � l'entreprife, plut�t que de rifquer fa r�pu-
tation , principalement, lorfqu'il s'agit d'un Edi-
fice d'une certaine importance, pour lequel, alors,
on ne paffe rien � l'Architecte.
                         ;
De l'expofition des B�timents.
- Il eft aiTez difficile de preferire <des r�gles g�-
n�rales , pour ce qui concerne Fexpoiition des B�-
timents ; parce que, ce qu'on prend fou vent foin
d'�viter dans un lieu , eft, au contraire, recherch�
dans un autre. Par exemple , il f� trouve dans
plufieurs de nos Provinces, que le levant eft froid,
& expof� � des vents imp�tueux ; de maniere que,
quoiquaiTez g�n�ralement, cette expofition foit
reconnue la plus falubre & la plus agr�able, on
'eft oblig� d'y renoncer : au contraire, dans les
pays froids, Texpofition du midi eft regard�e
comme la feule avantageufe, le foleil m�me, au
-ocr page 232-
D'A R CHI TE CT�R�*           ΠJ
milieu de T�t� y �tant fuportable ; au-lieu que,
dans les pays chauds , on pr�f�re avec raifon ,
l'expoiition du feptentrion & du levant � toute
autre.
Il faut donc qu'un Archite&e, avant d'entamer
fon projet, prenne foin de fe faire rendre compte
de l'expoiition du lieu o� il veut b�tir, ou de la re-
conno�tre par lui m�me; principalement, lorfqu'il
eit le ma�tre de choiflr celle qui lui paro�t la plus
convenable. Il eftvrai que cela lui arrive rarement,
parce qu'il fe trouve prefque toujours affuj�ti par
des motifs qui paroiiTent inconteilables au Pro-
pri�taire, & qu'alors il force, pour ainii dire,
l'Archite&e � projeter fes Plans, & � planter ΓΕ-
dii�ce, fans avoir �gard � la meilleure expoiition.
Une belle vue, un Jardin tout plant�, un Parc
dans fa perfection, font les motifs qui le d�ter-
minent. Mais c'eft alors � l'Archite&e � employer
toutes fes reiTources, pour chercher � concilier
enfemble l'expoiition avec la iituation ; pour cela,
il peut faire ufage des a�les en retour, & difpo-
fer (es pi�ces d'habitarion, de maniere que plac�es
dans les angles' de fon Edifice, elles puiffent jouir,
tout � la fois, & d'une expofition avantageufe,
& d'une fituation int�reflante. Au reite, fans avoir
�gard � ces diverfes fujetions, donnons les r�gles
g�n�rales qu'on doit obferver, lorfqu'il eil quef-
tion du projet d'un B�timent. :
               . i:
Affez ordinairement, on �vite en France de
faire les principales ouvertures du c�t� du cou-
chant , & l'on pr�f�re le levant , particuli�re-
ment pour les chambres � coucher, les cabinets
deilin�s pour l'�tude, &c. Nous eftimons n�an-
moins, qu'on peut faire ufage de l'expoiition qui
�ft entre le levant & le midi, fur-tout fi le B�-
Hij
-ocr page 233-
ϊιδ                       Cours
timent devient affez confid�rable, pour avoir des
Appartements d'�t� & d'hiver. Une des raifons
qui font �viter de percer les ouvertures au cou-
chant, c'eft que cette expofition eil fuj�te � l'hu-
midit� , � caufe des vents, des orages & des gran-
des pluies, plus abondantes & plus nuilibles de
ce c�t� que de tout autre.
Les ouvertures des biblioth�ques & des galle-
ries de magnificence, doivent auffi �tre expof�es
au levant : n�anmoins, plufieurs Architectes pr�-
f�rent le feptentrion, l'exp�rience leur ayant fait
conno�tre, difent-ils, que les livres & les meubles
de prix fe confervent mieux � cette expoiition.
A l'�gard des cabinets de tableaux, il convient
de choifir le feptentrion , le jour �tant plus �gal
de ce c�t� ; mais il faut obferver qu'il vienne di-
rectement du ciel, & non par r�flexion, les faux
jours, o� les jours gliffants �tant aux tableaux
la plus grande partie de leur effet.
Dans les grands Edifices , on doit toujours
avoir des falies � manger pour l'hiver & pour
l'�t� : les premi�res doivent �tre expof�es au midi,
& les derni�res entre le levant & le feptentrion.
Les Orangeries & les Appartements des bains
doivent �tre expof�s au midi : les �curies au
levant : les remifes au feptentrion, ainii que les
caves, les celliers, les garde-mangers, les gre-
niers, &c. Le vent qui vient de cette partie du
ciel �tant plus pur, eit * par cette raifon , plus
convenable pour la confervation des denr�es qui
y, font contenues.
Les chemin�es des B�timents qui font voifins
de quelques montagnes, ou de quelque monu-
ment confid�rable, font fui �tes � fumer , lorfque
les vents viennent de ce c�t� ; parce qu'en paiTant
-ocr page 234-
^^"■"■^■B
d'Architecture.'            117
par-dei�us ces �minences, il s'�l�ve & fe rabaiiTe
enfuite, & fait refluer la colonne d'air dans l'in-
t�rieur des Appartements ; n�anmoins, il eil des
moyens de pr�venir ces inconv�nients, dont nous
traiterons dans le cinqui�me Volume, en parlant
de la d�coration int�rieure; & dans le i�xieme,
en parlant de la conilrucl�on.
Il eil: bon qu'un Architecte prenne foin de plac�e
vers le feptentrion les lieux o� fe d�chargent les
immondices, foit � la Ville, foit � la campagne;
parce que le vent qui vient de ce c�t� �tant fec
& frais , cbarie au loin les exhalaifons, fans
qu'on en �prouve aucune incommodit�.
Enfin, dans les grandes Capitales , il eil auffi
tres-bon d'obferver de tourner du c�t� du fep-
tentrion les boucheries, les tueries 5 les magafms
&les atteliers des taneurs, des corroyeurs, &c. &
m�me, autant que le fervice public le peut permet-
tre , de les placer hors de l'enceinte de la Ville : en un
mot, il faut faire enforteque ces divers B�timents,
dans quelque endroit qu'on les place , foient en-
vironn�s d'eau courante & en affez grande abon-
dance, pour emporter avec elles les immondices,
& par conf�quent les exhalaifons qui en font la
fuite.
■t                                                                                                            :
Du choix du lieu o� l'on veut b�tir.
Il faut, autant qu'il eft poflible, �viter le voi«
finage des torrents & des grandes rivi�res, qui
�tant fuj�tes � changer de lit en fe d�bordant,
ruinent & renverfent les fondations des Edifices,
lieft encore bon d'�viter les vall�es, o� r�gnent
des vents imp�tueux, qui s'�chappent entre les
montagnes, comme entre autant de canaux, �
-ocr page 235-
�i8                       Cours
moins que, par une longue fuite d'exp�riences9
on ne le foit convaincu que ces vents font oppo-
f�s � la direction du vallon; autrement, ils pro-
curent des maladies consid�rables.
On doit fuir aui�i les lieux bas & mar�cageux ;
ils font fujets aux brouillards, qui, n�ceffairement,
nuifent � la falubrit� de l'air, fi n�ceffaire � la vie.
Ail ez g�n�ralement, on pr�f�re le Commet des
montagnes, parce que cette iituation offre plu-
fieurs afpeds agr�ables ; mais il faut prendre
garde que Couvent cette pr�f�rence prive les Ap-
partements & les Jardins de propret� , des eaux
n�ceffaires, qu'on ne peut alors fe procurer qu'a
grands frais , � caufe de la il�rilit� naturelle de
ces terreins ; d'ailleurs, Mue de ces B�timents
eft toujours d'un affez difficile acc�s. Ce iTeft pas
que, Cur les lieux les plus �lev�s, on ne trouve
quelquefois des fources ; mais du moins, faut-il
s'en affurer avant de faire un tel choix : Meu-
don, Bellevue, Saint-Cloud, �lev�s � une tr�s-
grande hauteur du niveau de la rivi�re, jouiffent
d'eaux affez abondantes ; mais ces exemples ne
peuvent fervir d'autorit� pour les Maifons parti-
culi�res qu'on �lev� � la campagne, � moins,
comme nous le faifons entendre, qu'on ne ren-
contre des fources f�condes , comme on en re-
marque � Montmorency & ailleurs.
D'apr�s ces obfervations, il faut, quand on
veut �lever un B�timent, choifir un lieu qui ait
une quantit� fuffifante de bonnes eaux ; ou s il
n'y en a pas, qu'au moins on y en puiffe amener
de quelqu'endroit voifin. Qu'on y prenne gar^e;
�'�ft ordinairement la bont� des eaux qui affure
la Calubrit� de l'air. D'ailleurs elles facilitent la
m�i�on des l�gumes, elles font utiles aux p�tura-
-ocr page 236-
d'Architecture.'            119
ges ; c'en: par elles enfin, que les habitants font
exempts dinfirmit�s, & que les hommes vivent
plus long temps � la campagne.
Ce feroit peut-�tre ici le lieu d'enfeigner Tart
de lever le Plan du terrein o� l'on veut b�tir;
mais cette connoiflance qui s'acquiert par l'�tude
de la G�om�trie, & que nous fuppofons � nos
le�eurs , nous difpenfe d'en parler, pour les en-
tretenir plus particuli�rement de la nature des
eaux, fans la bont� & l'abondance desquelles, il
feroit inutile de vouloir entreprendre d'�riger un
Edifice.
De la nature, des Eaux.
Les eaux tiennent ordinairement de la nature
des terres par o� elles paflent : il y en a de lim-
pides , qui font mal faines & d�fagr�ables au go�t ;
au contraire, il y en a qui font troubles, & qu'on
eilime falutaires; telles, entre autres, celles du
Tibre & de la Seine ; c'eft pourquoi, pour s'aiTu-
rer de leur excellence , on les garde , pendant
quelques jours , dans des vafes o� l'on met un
peu de gravier, fur lequel elles d�pofent leur li-
mon & leurs parties terreitres.
Il y a des eaux dont on fait ufage, qui, n�an-
moins fe convertiffent en pierres ; ces eaux, par
la fuite des temps, bouchent les tuyaux par o�
elles paffen t, & les remplirent d'une pierre tr�s-
jdure, dont on peut faire d'affez bonne chaux ;
telle eil celle d'Arcueil pr�s de Paris.
Les �aux qui prennent leur origine, ou qui
f�jpurnent dans les carri�res � pl�tre, font fades
au go�t, & »rendent les l�gumes am�res.
Il y � des eaux mjnerales qui font, fort falu-
�.
                                                     H iv
-ocr page 237-
ϊιθ                     Cours
taires dans certaines maladies ; mais on n'en peut
faire fon ufage ordinaire.
En g�n�ral , on conno�t la nature de l'eau,
en la m�lant avec de la teinture de rofe ou de
tournefol ; car cette teinture qui eil violette de-
viendra rouge , fi l'eau a un peu d'acidit�.
On regarde l'e-au la plus l�gere, comme la plus
faine : qn en fait l'�preuve avec l'ar�om�tre, pe-
tite phiole de verre, dont le cou eil fort long &
d�li�. Ce cou eft divif� en pluiieurs parties �gales»
qui fervent � faire conno�tre combien l'ar�om�tre
enfonce dans l'eau, en obfervant de mettre un
peu de vif argent dans le fond pour le faire tenir
droit : plus l'eau eil pefante , moins l'ar�om�tre
enfonce ; au contraire, plus l'eau eil l�g�re , plus
il y entre avant ; ce qui fe reconno�t aux divi-
iions du cou trac�es fur le papier que Ton cole
dans l'int�rieur, avant que de fceller herm�tique-
ment l'orifice de ce m�me cou. On peut, par ce
moyen , fans fe fervir de balances, conno�tre la
pefanteur des fluides; le trait des balances emp�-
cheroit de conno�tre la diff�rence exa�fce de la
pefanteur. On juge encore, par l'ufage de l'ar�o-
m�tre , que l'eau de pluie eft la plus faine d©
toutes, parce qu'elle eil la plus l�g�re ; c'eil pour-
quoi, au d�faut d'eau de rivi�re ou de fource
bien �prouv�e, on la conferve dans des citernes
dont nous parlerons, en traitant de la conftru&ion.
On conno�t encore la bont� de l'eau, fi le gra-
vier fur lequel elle d�pofe, n'eil point fujet � la
moufle j ou tach� d'une couleur rouge�tre ou noi*
r�tre ; ou enfin, fi faifant bouillir l'eau dans quel-
que vafe de terre, jufqu'� ce qu'elle foit enti�re«
ment confomm�e, elle ne laif�e aucun limon dans
�e fond. Cette derni�re �preuve alors fait recon-
-ocr page 238-
d'Architecture.            in
Ho�tre fa puret� : mais pour s'ai�urer de fa qua-
lit� , il faut l'�prouver en y faiiant cuire des l�-
gumes , & , ii elle les cuit promprement, �gale-
ment & fans amertume, on reilime bonne pour l'u-
fage de la vie.
On �prouve encore f eau avec du fa von; car
on eil sur que, ii elle eil bonne, elle le divife
facilement, autrement, il fe r�duit en grumelots :
aui��, les eaux de nos puits � Paris, ne font pas
propres � favonner ; elles font d'ailleurs d'un mau-
vais go�t & nuifibles � la fant�.
Les eaux de neige fondue, caufent ordinaire-
ment des maladies affez confid�rables : c'eil pour
cette raifon, que lorfque l'on conflruit des citernes>
on prend foin de n'y point faire entrer d'eau de
neige fondue; on doit prendre le m�me foin pour
celle qui tombe pendant les orages. Les anciens,
�ilimoient que les meilleures eaux�toient celles qui
tombent pendant le vent du feptentrion, & l'ex-
p�rience nous a confirm� que celles qui tombent
�a nuit font pr�f�rables � celles du jour , l'ait
�tant alors moins charg� de parties h�t�rog�nes.
Nous �tions tent� d'extraire ici du cinqui�me
Volume de l'Enciciop�die, l'article tr�s-int�ref-
fant qui regarde les eaux, nous �tant cru permis
d'avoir recours � cet ouvrage o� nous avons eu
quelque part (i>) ; mais nous avons pr�f�r� d'y ren-
voyer nos Elev�s 9 n'y ayant rien � perdre de
*                              »           m�~****m I . |                 I »        mfimmm niiiLr n mu nn^                 m, t                                                                                II
/.
(b) Noijs nous charge�mes alors avec plaiiir, de la partie qui
concerne Γ Architecture pour l'Enciciop�die , dont nous avons
fourni les Articles & les Deifins des Planches. Il n'a pas m�me
tenu � nous que cette partie int�reiTante ne dev�nt plus com-'
plette dans ce Dictionnaire. Nous avions fait � cette occaiioa
plufieurs Articles qu'on a n�glig� d'y inf�rer, & qu'on tros«
Yera r�pandus dans ce Cours,
-ocr page 239-
122                       Cours
tout ce que nous y avons lu avec le plus grand
piaiiir, pour notre propre inftruttion, C'eit pour-
quoi , nous le citons � ceux de nos le&eurs qui
d�firent acqu�rir des connoiifances au-del� des
�l�ments de l'Art dont nous traitons ici.
Apr�s ces notions pr�liminaires, nous croyons
devoir entrer , avant de parler de la diftribution
des B�timents, clans ce qui concerne leurs iiTues
& leurs principales d�pendances; parce qu'ordi-
nairement celles-ci doivent faire partie de l'enfem-
ble g�n�ral d'un projeta & que les dehors doi-
vent annoncer, plus qu'on ne s'imagine, la beaut�
& la dignit� du principal corps-de-logis, �
Des Avenues,
Autant que cela fe peut, il eft eiTenciel d� faire
pr�c�der les principales entr�es des Edifices �le-
v�s � la campagne, par des avenues plac�es en
face de la ligne capitale du Ch�teau, ne fut ce
que pour prolonger le coup d'�uil, & duffent elles
m�me �tre plant�es au milieu des terres labour�es,
des pr�s, des bois , &c. en fuppofant que le grand
chemin e�t une toute autre direction. Alors, ces
Avenues doivent avoir une largeur proportionn�e,
& � leur longueur, & aux avant-corps diilribu�s
dans la principale fa�ade du c�t� de la cour. Ces
avenues doivent �tre accompagn�es de contre-al-
l�es , & de triples all�es en patte d'oie, f�lon que
l'importance de l'Edifice femble l'exiger : mais une
attention indifpenfable qu'il faut avoir , c'eft de
faire enforte que la file des arbres de l'Avenue &
de fes contre-all�es, foit plant�e de maniere,-qu'elle
rencontre toujours, ou l'angle d'un avant-corps *
eu le milieu du trumeau,tfun amer�-�orpsj &
\
-ocr page 240-
d'Architecture.            123
jamais l'axe d'une arcade, ni celui d'une croifee.
Voil� pourquoi, il eft eflenciel, ainii que nous
l'avons remarqu� plus d'une fois , que f Archi-
tecte qui donne les deffins du B�timent, donne
auffi celui des Jardins & de leurs d�pendances�
Voil� pourquoi encore , il convient, apr�s la
premiere efquiffe, qui rend compte de la tota-
lit�, qu'on attaque la partie int�rieure de la diitri-
bution du Ch�teau ; qu'on arr�te l'ordonnance
des fa�ades, & que ce foit d'apr�s ces deux �tu-
des ins�parables l'une de l'autre , qu'on d�termine
la largeur des all�es & des contre-all�es dont nous
parlons. On n'a pas toujours eu cette attention,
n�anmoins, lorfqu'on a �lev� les B�timents, & qu'on
a plant� la plus grande partie des Maifons de plai-
fance �rig�es en tr�s-grand nombre, dans les en-
virons de cette Capitale.
Lorfque ces avenues fervent de principales if-
fues aux Ch�teaux, on pratique des foff�s ou
des grilles � leur embouchure; & de part & d'au-
tre de ces grilles ou foiT�s, on diitribue des Pa-
villons , qui fervent de corps de garde dans les
Maifons Royales; ou de retraite pour un SuiiTe,
dans les Maifons des grands Seigneurs ; ou en-
fin de loge pour un Portier, dans les Maifons
des riches particuliers. C'eil alors ici qu'il faut bien
fe garder de planter ces Pavillons de maniere qu'ils
offufquent le coup d'�uil du principal corps-de-
logis , qui doit s'annoncer du plus loin poi�ible.
Quelquefois aui�i, ces avenues font bord�es de
murailles perc�es de diftance � autre par des
grilles , � travers lefquelles on d�couvre les prin-
cipales all�es des Potagers, des Vergers ; ainfi
qu'on le remarque au Ch�teau de Maifons, qu«
nous avons cit� pr�c�demment.
-ocr page 241-
i%4                     C O υ � s
Des Avant-Cours.
Les Avant-Cours n'ont gu�re lieu que dans le*
Maifons de la plus grande importance � la cam-
pagne. Elles doivent �tre grandes, varies, � rai~
ion de l'�tendue des B�timents auxquels elles don-
nent entr�e. Quelquefois dans les parties lat�ra-
les de ces Avant-Cours; on �lev� des B�timents
pour les baffes-cours : quelquefois aui�i , pour
plus d'�conomie, on fe contente d'y �lever des
murailles orn�es de quelques membres d'Archi-
tecture , & au-devant defquelles on plante des dou-
bles-all�es d'arbres, & dans leur enceinte, de
grands tapis verds, au milieu defquels eil prati-
qu�e une chauff�e de pav�, pour laiffer p�n�-
trer les voitures jufque dans la Cour d'honneur.
Lorfqu'au contraire, l'�conomie dont nous parlons
n'a pas lieu, les B�timents de la droite & de la
gauche deivent fe correfpondre entre-eux, quoi-
que deffin�s � des ufages diff�rents, & le fty�e
de leur ordonnance, prendre un ton plus ou moins
�lev�, f�lon le degr� de richeffe r�pandu dans
la d�coration ext�rieure du Ch�teau ; mais annon-
cer n�anmoins une inf�riorit� affaz coniid�rable
dans leur �l�vation & dans la maniere dont ils
font couronn�s.
On doit obferver encore, que vers le milieu d�
la longueur de cette Avant-Cour, dans les B�ti-
ments plac�s � droite & � gauche , il y ait d'affez
grandes ouvertures, qui, � leur tour, faffent le
milieu des baffes-cours, & au fond defquelles on
aper�oive d'autres B�timents ou d'autres ouver-
fures qui fe prolongent horifontalement, ou dans
tes Potagers, ou dans des bouquets de bois, ou.
»
-ocr page 242-
d'Architecture.              �25
enfin dans des terres d�pendantes du Domaine du
Propri�taire.
Lors du nivellement du terrein, & apr�s s'�-
tre rendu compte des excavations des terres; il
faut faire enforte que cette Avant-Cour ait une
pente infeniible, & que ion �minence foit plac�e
� l'entr�e de la Cour d'honneur ; cet afpecf �tant
int�reffant, & m�me pr�f�rable � un parfait ni-
veau. Cependant, il faut bien fe garder que cette
pente, ne fut-elle r�duite qu'� un demi-pouce
par toife, ne maique l'entr�e de l'Avant-Cour,
le fol de la Cour d'honneur, & une partie du
focle du principal corps - de - logis : ce qui ar-
riverons n�cessairement , malgr� la pente pres-
crite , ii l'Avant - Cour avoit une tr�s - grande
�tendue.
                                  >
Ce que nous difons ici des Avant-Cours doit
s'entendre des avenues dont nous venons de par-
ler , ainfi que des baffes-cours dont nous parle-
. rons inceffamment.
Lorlque dans les Maifons de plaifance on doit
fe paffer d'Avant-Cours ; il faut au moins , s'il
eil poi�ible , faire ufage des avenues iimples : au-
trement , cette iuppreiiion �tant la dignit� du pro-
jet, ne lui donne plus que l'air d'une Maiibn de cam-
pagne. Il faut prendre garde; chacun de ces Edifices
doit s'annoncer par un caract�re qui le diffingue de
tout autre, & certainement, oe caract�re eil effen-
eiel, ainfique nous l'avons annonc� plus d'une fois,
en parlant de la d�coration des fa�ades : mais
� comme la partie que nous traitons ici, n'eil par
moins indifpenfable , il convient que ces deux
objets concourent enfemble � confirmer le ca-
ract�re relatif � chaque Edifice. �
Hfa L'Avant-Cour & la Cour principale, dans les
mm
-ocr page 243-
ίι6                   C ο υ R s
Maiibns de Pla�fance, ne doivent �tre f�par�es
que par un foff� ou par une grille. Dans les Mai-
ibns Royales, elles peuvent l'�tre par une colo-
nade : mais, s'il nous eil permis de rifquer notre
avis, nous donnons la pr�f�rence aux foli�s re-
v�tus de baluitrades peu �lev�es. Fran�ois Man-
fard , que nous nous plaifons � imiter, en a ui�
aini� dans les d�pendances du Ch�teau de Mai-
ibns. Il a fait plus ; il a pr�f�r� de faire deux en-
tr�es � une feule, dans fes Avenues & dans fes
Avant-Cours, afin de d�couvrir tout-�-fait les
principales enfilades. Il eut �t� � d�firer qu'il en
e�t uf� de m�me pour la Cour principale, comme
nous l'avons remarqu� ailleurs : elle fe trouve mal-
�-propos entour�e de terraiTes & de baluftrades
qui, par une �l�vation mal entendue , font perdre
le coup d'�uil des Jardins diftribu�s de part &
d'autre de cette principale Cour.
La proportion la plus univerfellement re�ue
pour les Avant Cours , eft d'�tablir leur longueur
�iir une diagonale form�e fur un carr� dont les
c�t�s �galent le plus petit diam�tre de ces m�mes
Cours. Leur forme, quelquefois , fe chantourne
du c�t� de l'entr�e. Nous les pr�f�rons par-tout
� angles droits, tous les dehors devant �tre i�m-
ples. N'en doutons point; il faut, par une gra-
dation infenfible que, du commencement de l'A-
venue, � l'entr�e de Γ Avant-Cour, & de celle-ci,
� l'entr�e de la Cour principale, on s'aper�oive
qu'on approche de l'habitation du Ma�tre qu'on
vient viiiter. C'eil par cet encha�nement r�fl�-
chi qu'on n'eit pas oblig� d'avoir recours � la pro-
digalit�, � la multitude des membres d'Architec-
ture , & aux ornements de Sculpture , pour -que
eette Cour principale, & les B�timents qui Xm�«.
-ocr page 244-
d'Architic�ur e.          127
�ourent, puhTent acqu�rir une pr��minence fur
toutes les autres parties acceffoires de l'Edifice»
Des Cours principales.
Ceft l'�tendue des fa�ades du Ch�teau & fon
importance, qui doivent d�terminer le diam�tre
�es Cours principales , ainfi que celui des Avant-
Cours & des avenues dont nous venons de parler*
Lorfqu'une Cour d'honneur f� trouve pr�c�d�e
d'une Avant-Cour, il convient que celle-l� con-
trarie de forme & de grandeur avec celle ci. Elle
peut �tre carr�e ; mais alors il eft int�reiTant que
les ailes de la droite & de la gauche de cette Cour
principale foient plus baffes que la fa�ade du Ch�-
teau, & que fon entr�e foit � d�couvert, comme
nous venons de l'indiquer. Le Ch�teau de Ri-
chelieu auroit acquis plus de dignit�, ii l'on n'eut
pas �lev�, � l'entr�e de la Cour, une a�le de B�-
timents & un Pavillon, tel � peu pr�s qu'on le
remarque au Palais du Luxembourg du c�t� de
la rue de Tournon. Certainement, les B�timents
�lev�s dans le fein des Villes, doivent diff�rer de
ceux qu'on �rige � la campagne. Ce font ces diff�-
rences qui portent au cara&�re de l'Edifice. Nous/
nous r�p�tons fans ceife , parce que fans ceife
nous devons mettre fous les yeux de nos Elev�s
la n�ceflit� de concevoir diversement un projet
d'aVec un autre projet : dunent-ils �tre deftin�s
pour le m�me-Propri�taire ; d�s. que les Edifices ont
des fins diff�rentes , ils doivent s'annoncer fous dif-
f�rents afpeits. Il y faut prendre garde ; un grand
H�tel � Paris , �lev� pour une perfonne de con�-
d�rati�n, o� fans ceffe il eft en repr�fentation,
ao�t avoir un tout autre caract�re que U Maifon
-ocr page 245-
US                       Cours
de pl�ifance qu'il fait b�tir aux environs : &
celle-ci doit diff�rer encore du Ch�teau qu'il fait �ri-
ger dans fes terres & au milieu de fes Domaines*
Peu de ces diff�rents Edifices �lev�s en France,,
nous indiquent la route que nous propofons de
faire fuivre � nos jeunes Architectes ; parce que ,
jufqu'� pr�fent, l'Architecture a �t� fujette � une
certaine vicii�itude, dont il eft temps cie fixer les
lois. Le feul moyen d'y parvenir, c'eft de faire
ce que nous avons fait nous m�me pendant trente
ann�es ; de fe tranfporter fur les lieux ; d'exami-
ner toutes ces produ&ions avec foin, & d'en con-
f�rer avec les Ma�tres de l'Art. Heureux , fi no-
ire exp�rience 5 δε ce que nous enfeignons ici,
contribuent � faire r�fl�chir nos Elev�s fur la
marche qu'ils doivent fuivre, clans les occafions
qui leur feront confi�es : mais , qu'ils y r�fl�-
chiffent, nous leur avons dit plus d\ine fois,
nous leur r�p�tons avec complaifance : avant de
fe tranfporter fur les lieux; qu'ils parcourent l�s
recueils de VArchitecture Fmn�oife , o� tous ces
B�timents font grav�s; qu'ils fe nourriffent des
remarques impartiales que nous avons faites fi�r
pluiieurs, & que, pleins de ces obfervations, ils
s'accoutument � en faire par eux-m�mes, qui,
bient�t les mettront � port�e d'�tre moins no-
vices lorfqu'il s'agira d'entamer la diftribution g�-
n�rale d'un projet. D'ailleurs, pour les aider dans
'ce travail, nous allons leur offrir les principales
difpofitions par m�ffes de plufieur� de nos Mai-
fons Royales, de nos Maifons de pl�ifance, %c
de nos Maifons de campagne ; leurs if�ues, leurs
"cours & leurs principales d�pendances , apr�s
avoir n�anmoins dit quelque chofe, fur les Baffes-
Cours en g�n�ral."
-ocr page 246-
�'Architecture;          �i$
Des Baffes-Cours^
Dans le nombre des Baffes-Cours, celles des
Cuiiines & des Offices * & celles des Ecuries Se
Remifes tiennent le premier rang; aui�� prend-
on foin de les difpofer de mani�re, que lorfqu'ott
eil ma�tre du terrein, elles forment entr'elles une
fym�trie refpe&ive avec les autres d�pendances
du principal corps^de-logis. Pour que ces Baffes-
Cours puiffent procurer un coup d'�uil int�r�t«
iant ; il faut que les B�timents qui les entourent
foient r�guliers, Sr que l'expoiition de chacun
d'eux foit relative � leur destination particuliere.
Il convient encore, pour que ces Cours foient
toujours tenues dans un �tat de propret�, que
d'autres Cours Subalternes les environnent, & que
chacune de celles-ci ait des iffues qui d�gagent
dans les dehors , fans �tre oblig� de paffer par
les Avant-Cours & les Cours principales ; fur-tout
lorfqu'il s'agit d'un projet important. Autre chofe
eil d'une Maifon �conomique, o� tous les diff�-
rents d�partements d'une Maifon de campagne doi-
vent faire leur fervice fous les yeux du Ma�tre
ou de la Ma�treffe du logis.
La d�coration des B�timents des principales
Baffes-Cours , quoique fimple , doit �tre donn�e
par l'Architecte. Tout importe dans l'enfemble
d'un Edifice du premier ordre : la fym�trie, lap*
pareil, l'art des profils , quelques avant - corps
distribu�s � propos} d�c�lent l'intelligence de
l'ordonnateur.'A la campagne, on aime � tout
voir, � tout examiner : moins occup� qu'� la ville,
on fe fait un plaiiir de parcourir l'int�rieur du Do-
maine , les dehors ? les environs ; & l'on n'eft ja-;
Tornt IF*                                           l
-
-ocr page 247-
ΐ$ο                      Cours
mais plus fatisfait , que lorfque par-tout on re-
marque le go�t s�r du Propri�taire , & la m�-
ditation profonde de Γ Architecte. 11 faut �viter
de faire ces principales Baffes Cours, d'une trop
vaile �tendue. 11 faut bien fe garder que leur
grandeur difpute avec celle des Cours & celle
�qs Avant-Cours : en un mot, toutes,ces diff�-
rentes parties doivent concourir � former un beau
Plan. Combien ne voit-on pas d'Edifices impor-
tants �lev�s � la campagne, oii les d�pendances,
& fur tout les Baffes-Cours, ont �t� abandonn�es
4 l'ignorance des Concierges ou des Ma�ons du
lieu. Combien d'autres, au contraire » dont les
iffues , les Avant-Cours, les Cours & les B�ti-
ments qui les environnent, an�antiffent par leur
faite, la demeure du Propri�taire, & les parties
qui l'entourent. Qu'on y prenne garde ; cette �tude
demande de grandes vues, des pr�ceptes s�rs ,
le go�t de l'Art, & une tr�s-grande exp�rience.
Aui��, convient-il de commencer fon projet par
ces premi�res diilributions, & faire enforte que,
de difpofition en difpofition, on parvienne � fixer
la fituat�on du B�timent principal ; de maniere
que toutes les d�pendances lui foient affuj�ties ,
& fe faffent valoir les unes par les autres.
A ces principales Baffes-Cours, & leurs d�pen-
dances , il en eft encore d'autres non moins eiien-
cielles, lorfqu'il s'agit d'une terre coniid�rable,
r�gie par un Receveur : telles (ont les Baffes-
Cours; des grains, des beitiaux; les Cours pour
les celliers, les vendanges, les b�chers, les buan-
deries ; enfin celles des chenils, des volailles , &c.
dont nous traiterons en parlant de la diitribution
des B�timents de chacun des ces diff�rents d�par-
tements , & fur-tout des diff�rentes pi�ces qui les
-ocr page 248-
p'ARCKlTEGT�Rt:        I29
Compofent, de leur difpofition, & de leur expofi-
tion ; autant d'objets que nous comprendrons dans
les deux Planspar mafles qui pr�c�deront la diitriba-
tion du Palais qui nous fervira � expliquer d'une ma-
niere g�n�rale la distribution int�rieure des b�ti-
ments. Panons � pr�fent � l'explication des Plans que
nous avons promis, pour nous donner l'id�e des
principales ii�ues & d�pendances de nos Maifons
Royales, de nos Maifons de plaifance _, & de quel-
ques-unes de nosMaifons particuli�res � la campagne.
Plan du Ch�teau de V"etfailles, de fes ijfues?
& de fes principales d�pendances.
Planche XXVII.
Nous commen�ons les defcriptions que nous
venons de promettre, par les ii�iies & les d�pen-
dances du Ch�teau de Veriailles ; parce qu'aucun
Edifice , � notre avis» ne pr�fente autant de di-
gnit�, de grandeur & de majefl�, que les ave-
nues & les B�timents qui am�nent � cette fu-
perbe Maifon Royale. Il falloit tout le g�nie
d'Hardouin Manfard, & la puiiTance de Louis le
Grand, pour concevoir un tel projet. En effet,
quelle belle difpofition n'offrent pas les trois ave-
nues qui am�nent � ce Ch�teau? Celle du mi-
lieu A venant de Paris;, celle Β venant de Saint-
Cloud, & celle C venant de Seaux : toutes trois
fe r�unifiant � une place d'armes D , d'une
grandeur immenfe , laquelle donne entr�e � la
cour des Miniftres E, � la cour du Ch�teau F,
& enfin � la cour de marbre G ; ces cours font
�lev�es fur une pente qui, quoique douce, fe
-ocr page 249-
132                       Cours
pr�fente amphith�atralement, & procure du Ch�-
teau le plus bel afped qu'il foit poi�ible d'ima-
giner. Il eit vrai que les fa�ades des B�timents
de Verfailles, du c�t� de cette entr�e, n'offrent
rien de bien recommandable ; mais il n'en eil pas
moins certain que de leur int�rieur, on jou�t
avec tranfport, de la difpoiition des cours, des
trois avenues dont nqus venons de parler, & par-
ticuli�rement de l'afpeft des B�timents des gran-
des & des petites Ecuries, marqu�es H, I, plac�es
� la droite & � la gauche de l'avenue de Paris :
B�timents, qui feuls atteileroient la magnificence
de Louis XIV, & la capacit� d'Hardouin, ii l'O-
rangerie , l'int�rieur des Appartements du Ch�-
teau Κ , & les tr�fors fans nombre renferm�s dans
les bofquets du Jardin de cette belle Maifon Roya-
le , ne fe difputoient � l'envi, le droit de fe faire
admirer des connoiffeurs.
Il n'y a pas jufqu'� l'H�tel du grand Veneur,
qui comprend le Chenil marqu� L, & celui du
grand Ma�tre marqu� M , qui n'annoncent avec
dignit�, d�s l'entr�e de la principale avenue, les
d�pendances coniid�rables d'un pareil Palais. Il
�ft vrai que l'int�rieur des B�timents compris en-
tre les trois avenues en patte d'oie, � l'excep-
tion des grandes & petites Ecuries, n'offre rien
de bien r�gulier; mais l'ufage particulier de cha-
cun de ces diff�rents B�timents, a amen� � cette
irr�gularit�, fans pour cela que toutes les par-
ties ext�rieures en foient alt�r�es; & c'eft de cette
fym�trie feulement qu'il s'agit, lorfqu'on compo- ,
fe les abords d'un Edifice , m�me de la plus gran-
de importance : or , l'on peut dire que cette pre-
miere loi a �t� fcrupuleuiement obferv�e, dans
le Pian que nous donnons.
V
-ocr page 250-
^------------------           ......ι......... ■^■■�.                     ι i^mmm*
d'Architecture.          13 j
Autant que le format de cette Planche nous
�a pu permettre, nous y avons compris la maffe
des principaux Edifices, & la majeure partie des
Jardins du petit Parc. La Lettre Κ indique la par-
tie principale du Ch�teau , dans lequel fe trouve
la grande Gallerie. Ν , indique l'aile du midi ;
Ο, celle du nord, � l'extr�mit� de laquelle on vient
de b�tir une fuperbe Salle de fpec�acles. Les deux
ailes de B�timent Ρ, font le logement des Mi-
ni�res ; Q , eil le grand Commun : enfin, R in-
dique les Parterres d'eau : S, les Bai��ns & les
Parterres de Latone : Τ , les Parterres du midi :
U, les Parterres du nord : V, le Jardin de l'O-
rangerie : X , le Bofquet des trois fontaines :
Y, le Bofquet de l'Arc de triomphe : Ζ , le La-
byrinthe : enfin & , le Bofquet du Th��tre d'eau *
enti�rement d�truit aujourd'hui.
Nous ne pr�tendons pas que ce projet, quoi-
que trait� de la plus grande maniere, puiffe fer-
vir de guide � nos Elev�s, pour la plupart des
occafions qui leur feront offertes; mais il peut
les porter du moins � d�velopper leurs id�es %
& � reconno�tre dans la marche de ce Plan, Tor-
dre qu'ils doivent fuivre dans des occafions moins
importantes, & leur apprendre � m�diter la route
la plus s�re pour difpofer les dehors & les d�-
pendances , de maniere � ne faire jamais repen-
tir le Propri�taire de leur avoir confi�, & fes
int�r�ts, & le fucc�s de l'Edifice qu'il veut faire-
�lever.
�».1
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"*■ - *-                                                                                                                                                                                                                        .vi
%}t                       Cours
Plan de l'ancien Ch�teau de Meudon, de fes
iffues , de fes cours, & de fes principales
d�pendances.
Planche XXVIII.
... ■�*.�'■. .■■■ *
Ce Ch�teau dont nous ne donnons ici que les
principales d�pendances , fut b�ti par le Cardinal
de Lorraine, fous le r�gne de Henri II, � deux
lieues de Paris, & fur le fommet d'un coteau
qui borde la rivi�re de Seine. Il a �t� depuis
confid�rab�ement augment� par 'Moniteur. Abel
de Servien, Intendant des Finances, & depuis ,.
par Monfieur le Marquis de Louvois, Mimftre
d'Etat, & enfin par Monfeigneur le Dauphin s
fils de Louis XIV. C'eil ce Prince qui a fait cons-
truire le Ch�teau neuf, & r�par� les Jardins qui
avoient anciennement �t� plant�s par Monfieur
de Louvois , fur les Dei�ins de le N�tre. Nousi
avons plus d'une fois vant� la fituation de ce Ch�-
teau , d'o� Ton d�couvre la ville de Paris, & la
rivi�re qui ferpente non loin du pied de cet Edifice.
Il eil peu d'Archite�es citoyens, & d'�trangers
�clair�s qui n'ayent d�fir� comme nous, que les d�-
penfes qu'on a faites � Verfailles, euifent �t� faites
� Meudon, comme le plus beau lieu du monde, δξ
par fa difpoiition, & par fa fituation : mais fon ap-
proximation avec la * rivi�re emp�cha , dit - on ,
Louis le Grand de choifir ce lieu , dans la crainte
d'�tre importun� par les habitants de Paris, qui,
par le canal de la rivi�re, auroient rendu cettQ
promenade trop tumultueufe.
Um grande Avenue A5 de quinze toifes de
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D'A�tCK�f ε c TUR ε*               135
largeur , & bord�e de deux contre-all�es, amen�
� ce Ch�teau, & conduit � ceh.11 de Belle-vue,
nouvellement �rig� pr�s de PEdirrc� que nous d�-
crivons. Cette Avenue donne entr�e � une grande
avant-cour Β , la plus vafte qui foit en France ;
elle eft pratiqu�e en terraffe du c�t� de la cam-
pagne C. Cette terraiTe s'�l�ve de pr�s de fci-
xante & dix pieds au-dei�us du village,"*& laiffe
d�couvrir de cette avant-cour de cent foixante-
cinq toifes de longueur, fur foixante - deux de
largeur, cette fuperbe vue, dont nous venons de
parler. Cette avant-cour , du c�t� de cette ter-
rafle , eft bord�e d'une baluitrade, & de l'autre t
d'une double all�e de maronniers orn�e de tapis
verds, qui, l'une & l'autre, donnent aux fpec-
tateurs l'id�e des Jardins de S�miramis^ ii vant�s
par nos Hiftoriens, De cette avant-cour, on en-
tre dans la cour d'honneur D , pr�c�d�e d'un-
fofle � fond de cuve; ce foiT� contribue, avec
l'ordonnance qui pr�iide, dans la d�coration de
ce Ch�teau, & les combles qui le terminent,
� lui affigner un caract�re relatif � fon objet.
Au refte, l'ordonnance de ce Ch�teau eft d'une
Architecture aiTez m�diocre, malgr� les reftaura-
tions coniid�rables qu'y a fait faire Louis le Grand,
fur les Dei�ins d'Hardouin Manfard. Les 'combles ,
d'ailleurs, y font d'une hauteur extravagante :
mais rien de ii magnifique, de ii coniid�rabie ,
& de mieux orn� que les immenfes Appartements
contenus dans ce Ch�teau. En effei ,rrren de il
int�reffant pour les amateurs & pour les Artiites.,
que de parcourir les diff�rentes' pi�ces, de cette
belle demeure. La vue dont on jou�t de Tin-
t�rieur de fes Appartements , ajoute encore
aux beaut�s de l'Art qui y font r�pandues. On y
-ocr page 253-
f3$                   Cou«,»
remarque entr'autr�s un Sallon, appel� le Sallon
des morts ; une affez grande Gallerie, une Cha-
pelle heureufement fitu�e, un Veftibule fort beau;
�nfin s un Efcalier d'une difpofition tr�s-ing�nieufe ;
fans parler ici des Jardins dont nous recommandons
l'examen � ceux de nos Elev�s qui s�nt�reffent
v�ritablement � l'Art du Jardinage, � la d�cora-
tion int�rieure , � la Peinture & � la Sculpture
dans tous les genres , enfin, � la fituation & � la
v�ritable grandeur qui le remarque? en entrant
dans cette b�lle Mai�bn Royale.
Peut-�tre fera-t-on �tonn� du peu de d�pen-
dances qu'on remarque dans le Plan que nous
offrons ici; la baffe-cour des Cuifines & des Offi-
ces E, �tant peu con�d�rable , ajnfl que les baffes-
cours des Ecuries & Remifes F, fur-tout lorfqu'on
viendra � les comparer avec l�mmenfit� des iffues
qui am�nent au Ch�teau G ; peut-�tre aui�i trou«
vera-t-onla Cour principale D trop petite, n'ayant
que vingt-quatre toifes de largeur, quoique la fa-
�ade » du c�t� du Jardin, en ait quarante cinq :
mais il faut fe fouvenir qu'originairement cet Edi-
fice n'�tant pas deitin� � faire une Maiion Royale >
il en a. d� r�fulter les d�fauts que nous remar-
quons ici, �ell pour cela que Moniteur le Dau-
phin , lorfqu'il en fit fa r�fidence, fit construire
Un nouveau B�timent qu'on appelle le Ch�teau
neuf de Meudon, dont on trouvera les Pef�ins
dans l'Architecture Fran�oife ; mais dont nous
ne parlerons point ici ? n'en effimant, ni la diitrl�-
bution » ni l'ordonnance , quoiqu'�lev� fur les
Pei�ins de Jules Jrlardonin Manfard, qui lui 3
plut�t donn� l'air d'une belle Manufacture, que
d'un Edifice deiliu� � la r�sidence d'un Prince du
§ang Royal, (l ....,, , ... , n
-ocr page 254-
d'Arch�tect ure.            137
Plan du Ch�teau de Saint-Cloud, de fes
i�ues? & de fes principales
d�pendances.
Planche XXIX,
Apr�s la fituation du Ch�teau de Meudon ί
Hont nous venons de parler, & celle du Ch�-
teau de Saitit-Gemiain-en-Laye, Maifon Royale
� quatre lieues de Paris ; il n'eil peut-�tre point
de Maifon de pla�fan�e mieux �itu�e que le Ch�-
teau de Saint-Ci oud que nous d�crivons. Il eit aulU
�lev� fur le fominet d'un coteau en face de la
fiviere de Seine : coup d'�uil ii int�rei�ant,, qu'on
n'a pas h�fit� de rendre oblique l'avenue A, qui
donne entr�e � cette magnifique demeure ; en-
forte que du Ch�teau Β , & de fa principale
cour C , on jou�t du fpe&acle des Jardins, te-
nus dans la partie baffe du Parc marqu� M, &
de la vue de la rivi�re ; la cour C , dans laquelle on
arrive par l'avant-cour D, fbrm.3 terrafTe vers a*
Le Ch�teau Β contient une quantit� de tr�s-
beaux Appartements, magnifiquement d�cor�s &
orn�s de Peintures du meilleur genre. On y re-
marque entr autres, une belle Gaiierie plac�e en
Ε , pr�c�d�e d'un magnifique Sailon , commun
� une f�conde grande Gaiierie F, qui, l'hiver,
fert de ferre pour les orangers. On y remarque
aui�� un magnifique Efcalier � double rampe, plac�
vers G » rev�tu de marbre, dont nous donnerons
�a d�coration dans le Volume fuivant. Tous ces
B�timents annoncent de la grandeur ; mais ce-
pendant ils tire^nt leur prin�ipaUfliefde la beaut�
-ocr page 255-
i3§                       Cours
de leur fituation : ils ont �t� reftaur�s fous k
r�gence de feu Monfieur le Duc d'Orl�ans, fur
les DeiTms d'Hardouin Manfard, qui s'en eft tir�
en homme de go�t; mais il n'a pu corriger la
difpolition locale des anciens B�timents , qui n'of-
frent rien ici de bien r�gulier. Il en eil � peu pr�s
de m�me de ceux qui contiennent les d�pendances
de ce vafte Edifice : l'aile H, eft celle o� font
contenues les Offices & les Cuiiines; celle I, con-
tient les Ecuries & Rernifes ; enfin , l'aile Κ
eft deftin�e pour les logements des Officiers, &
les Communs. Par cette �num�ration, & la dif-
pofition des B�timents exprim�s dans cette Plan-
che , il eft aif� de concevoir qu'on auroit pu tirer
un meilleur parti de leur enfemble ; mais cette
Maifon de plaifance a fubi le fort de toutes les
grandes entreprifes , qui s'�rigeant dans des temps
diff�rents, & fur les Deffins de divers Archite&es,
produifent rarement un enfemble int�reiTant. Au
refte, f�lon quelques-uns , ce d�fordre annonce
Un coup d'�uil pittorefque, qui s'accorde, di-
fent-iis, avec l'irr�gularit� du terrein & fa fflon-
tuoftt� : fi cela eft vrai � quelques �gards, fans
nuire � la fituation du lieu, il �toit poifihle »
fans doute, d'�tudier les formes g�n�rales des
B�timents, & de les rendre moins difparates en-
tr'elies , fans rien changer au local.
Malgr� ces remarques , on ne peut difconve-
nir que le Ch�teau de Saint-Cloud , fa fituation
& fon expofition, ne m�ritent l'attention des eon-
noiffeurs , & fur-tout des Artiftes. C'eft fur le
lieu, que ceux-ci apprendront plus que par-tout
ailleurs, � d�m�ler les chefs-d'�uvre de l'Art, d'a-
vec les licences dont il n'eft pas exempt. Les
Jardins ? entre-autres chofes, plant�s fur les Bef-
-ocr page 256-
/
Ι) ' A RC Η Ι Τ E C Τ U R E.           Ij0
fins de le N�tre, ofFent cent beaut�s qui ne fe
rencontrent pas ailleurs. L'in�galit� de leur fol,
& l'efpece d'irr�gularit� des pi�ces de verdure
qui les compofent, pourront perfuader � nos
Elev�s , qu'on peut s'�carter d'une fym�trie fcru-
puleufe, fans bleiTer les loix de la convenance,
ni le go�t du Jardinage.
C'eit dans ces Jardins charmants qu'ils y admi-
reront la plus grande & la plus belle Cafcade arti-
ficielle L, que nous connoii�ions en France, & dont
le fpe�acle attire le Citoyen & l'Etranger, pendant
la belle faifon , pour jouir de fon afpeft, & viiiter
les chefs-d'�uvre r�pandus dans l'int�rieur du
Ch�teau.
Plaa du Ch�teau de Maifons, de fes iffues,
& de Jes principales d�pendances.
Planche XXX.
Nous ne craignons point, apr�s avoir d�crit
les trois Plans pr�c�dents, de mettre celui dont
nous allons parler en parallele " avec eux. La
grandeur des dehors, leur magnificence, & tout
enfemble la i�mplicit� fy m �triqu� qui s'y remar-
que , femblent faire le charme des abords de cette
belle Maifon de plaifance. Qu'on y prenne garde ;
cette fym�trie dont nous parlons, fur-tout lors-
qu'elle eil bien entendue, fert � relever encore
l'�clat des beaut�s pittorefques de la nature, or-
dinairement r�pandues dans les dehors.
Ici tout eil taill� en grand , une fuperbe ave-
ulie A, de cinq cent cinquante toifes de longueur, ■*
fur trente-trois de largeur, eil plant�e en face
ώχ Ch�teau, & fe trouve croif�e par une autre
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l40                        Cours
avenue B, en retour d'�querre vers la principale
entr�e de favant-cour C. Cette f�conde avenue
B, a la m�me largeur que la pr�c�dente, fur deux
cents toifes de longueur. A l'extr�mit� de chacune
de ces avenues, font �lev�s des B�timents a, d'une
itru&ure & d'une d�coration pailorale & cham-
p�tre , & o�, pour cette raifon, un ordre Tofcan
pilailre pr�iide : ce qui devoit �tre ainfi ; ces B�-
timents fe trouvant fur le bord de diverfes rou-
tes qui am�nent au Ch�teau y & n'�tant deftin�s-
d'ailleurs que pour les Portiers, les Gardes-chaiTes,
& les auberges o� les �quipages des �trangers &
leur livr�e le retirent, loin du coup d'�uil des
Ma�tres.
Nous avons d�j� fait remarquer, que ces B�-
timents font difpof�s de maniere, que les portes
qui donnent entr�e aux avenues, fe trouvent pla-n
c�es fur le c�t� ; enforte que le milieu n'eft oc-
cup� que par unfoif�» exprim� ici en b, moyen,
tr�s-ing�nieux, dont l'Architecte a auffi uf� � l'en-
tr�e de l'avant-cour C, o� le foff� c fe remarque ;
il l'a de m�me employ� au bout de la grande
avenue A-, qu'on n'a pu rapporter dans ce Plan,
� caufe du format de cette Planche.
A l'entr�e de l'avant-cour C , & de chaque
c�t� du foif� c, font plac�s deux petits b�timents
d, dans lefquels font les portes qui donnent iiTue
� cette avant-cour. Ces B�timents font d'ordon-
nance Dorique , d'une compofition qui feule m�-
riteroit toute l'attention des connoir�eurs, ii elle
ne fe trou voit partag�e par la v�ritable admira-
tion qu'on fe trouve oblig� de portera tout l'en-
femble. Cet Edifice, nous ne nous laffons point
de le r�p�ter, eil peut-�tre le feul chef-d'�uvre
d'Archite&ure en ce genre que nous ayons m
-ocr page 258-
d'Architecture.           141'
France, particuli�rement pour ce qui regarde l'or-
donnance des dehors, & la beaut� des propor-
tions de chacune de fes parties.
L'avant-cour C, eil grande & fpacieufe ; elle
eil entour�e de terrail�s c, qui en rel�vent la
planimetrie. Ceft dans cette avant-cour que fe
remarquent les B�timents des Ecuries D; B�ti-
ments ici de la plus grande importance, & qui
n'ont de rivaux » quoique dans un autre genre,
que les Ecuries de Y er failles. En face de ces Ecu-
ries , eil commenc� un autre B�timent E, deili-
n� pour les Cuifines & Offices , quoiqu'ancien-
nement on en ait pratiqu� proviiionnellement
dans les fouterreins du Ch�teau F. Ces deux B�-
timents D, E, � juger par celui D, enti�rement
fini, auroient form� une avant-fc�ne admirable
au Ch�teau (c) qui, fur un Plan recul� & ifol�
de toute part, produit un fpeclacle & un coup
d'�uil v�ritablement int�reflant : il femble m�me
que Fran�ois Manfard, pour porter � l'illiiiion,
a tenu expr�s le module des ordres des B�timents
D, Ε, beaucoup plus fort que celui des ordres
du Ch�teau F : moyen qui, effectivement, fait
paroitre ce dernier dans un �loignement beaucoup
plus coniid�rable : trait de g�nie, qui feul feroit
l'�loge de cet habile Ma�tre, fi tous (es Ouvrages
n'annon�oient fa fup�riorit� dans l'Architecture�
Le Ch�teau F, eil entour� d'un large foiT�, bord�
d'une terraife qui circule autour de la cour prin-
(c) Voyez la Planche XII de ce Volume, o� nous avons
rapporte Γ avant-corps de ce Ch�teau, du c�t� du Jardin. Voyes
auifi ce que nous avons d�j� dit, page 85 , de cette belle de-
meure: notions qu'il eilbon de tappro�jaiej� avec les remarques
tue aous faifons j�L
-ocr page 259-
14*                       Cours
�ipale G. Ceft cette terraffe n�anmoins que nous
avons trouv�e pr�c�demment trop �lev�e ; fa hau-
teur mafque les Jardins par�s , diitribu�s de part
& d'autre aux deux extr�mit�s de cette m�me
cour.
Du c�t� du Jardin, au pied du Ch�teau & au-
del� des foff�s , fe remarque une terraffe H, qui
defcend dans les parterres I, bord�s de droite
& de gauche, par des all�es Κ en palaTade, dont
nous avons donn� les Dei�ins, Planche IXe de ce
Volume, Figure lere.
Les lettres L , indiquent la iituation des an-
ciens potagers, dont nous avons dit auf�i quel-
que chofe ailleurs. Enfin les B�timents marqu�s
M, font les Maifons du village de Maifons , ii-
tu� pr�s la rivi�re de Seine, � quatre lieues de
Paris , & pr�s de la for�t de Saint-Germain-en-
Laye. Les autres objets exprim�s dans cette Plan-
che, font les d�pendances, & une partie des Jar-
dins de ce Ch�teau : ils font trop n�glig�s au-
jourd'hui pour que nous en donnions la defcrip-
tion ; d'ailleurs ils ne renferment rien de bien
remarquable, � l'exception de quelques grottes,
& de plufieurs belles routes, perc�es dans l'�paif-
feur du Parc. Les Jardins de propret� font prei-
que tous incultes.
Plan g�n�ral de Champ, de fes iffues, & de fes
principales d�pendances.
Planche XXXI.
Ce Ch�teau fitu� en Brie, � quatre lieues de
�aris, fut. b�ti originairement pour Mon�eur le
-ocr page 260-
d'Architecture.            143
�)uc de la Valiiere , fur les DeiTms de Moniieur
de Chambljn Architecte, fils du c�l�bre Bullet,
dont nous avons parl� plus d'une fois avec �lo-
ge. Ce Ch�teau > ou plut�t cette belle Maiibn de
campagne, a paiT� depuis � diff�rents Ma�tres ;
elle eu habit�e aujourd'hui par Madame Michel,
veuve de Moniieur Michel, ancien Tr�ibrier g�-
n�ral de l'Artillerie & du G�nie.
Comme notre intention n'eil pas de donner la
description du principal corps-de-logis, nous ne
dirons rien ici de fon ordonnance ext�rieure;
d'ailleurs, elle reffemble � celle de tous hs B�ti-
ments qui s'�levoient chez nous, il y a cinquante
ans ; je veux dire qu'elle eil commune & triviale.
Nos Architectes alors s'appliquoient plus parti-
culi�rement � la diilribution des dedans > qu'� l'or-
donnance des dehors , qui n'ont repris leur pre-
mier �clat, que depuis qu'on eil parvenu � go�-
ter les productions des Manfards. Au reite, on
a. fenti mieux que ce grand Ma�tre, la n�ce/��t�
de concilier la beaut� ext�rieure avec la com-
modit� & l'agr�ment des dedans ; de maniere
que, de nos jours, on n'oferoit plus faire , entre-
autres choies, comme on le remarque � Champ,
un grand Sallon de quarante-trois pieds de lon-
gueur , & de vingt-neuf pieds de largeur , fur une
hauteur feulement de dix-huit pieds fous plan-
cher (V), d�faut de rapport qui fe remarque dans
plus dhm de nos Edifices, fans excepter le Sallon
du Ch�teau d'IiTy ( e ), quoique bien autrement
trait� du c�t� du ftyle de l'Architecture, & de-
(d) Voyez �es Pians dont nous parlons dans le VI Yolum�
d�s Planches de l'Architecture Fran�oife.
(�) B�ti fur les Dcfe de Pierre Buljct.
I..
-ocr page 261-
144                       C�un
la perfe&ion des ornements. Mais vehoiis a l4or>
jet qui nous occupe dans ce Chapitre ; & di-
ions, que , pour procurer plus de dignit� � l'a-
bord de cette habitation, on a plant� dans les
terres, de Ta utre c�t� du grand chemin, une ave-
nue A , & une demi-lune Β, qui, fe r�unifiant,
pour ainfi dire , � l'avant-cour C , communiquent
un air libre � la cour principale D , & aux Ap-
partements du Ch�teau E. Cette cour D a de lar-
geur vingt-trois toiles feulement;�tendue de la fa�ade
du Ch�teau , & fa longueur eil �tablie fur la diago-
nale d'un carr� , form� fur fon petit diam�tre ;
enforte que toutes fes iffues offrent fur le lieu
un effet affez agr�able, qui nous a d�termin� �
gn donner ici le Plan.
A l'�gard des B�timents des baffes-cours, leur
difpofition fe reifent un peu de la n�gligence que
nous avons d�j� dit qu'on apportoit fouvent dans
leur diftribution g�n�rale : rien de fi facile n�an-
moins que de rendre ces B�timents moins irr�-
guliers, lorfque dans fon projet on les attaque �
la fois, qu'on fe rend compte de leurs diff�rents
ufages ,& qu'on fait mettre en oppofition ceux qui
peuvent figurer enfemble, de maniere que les pa-
villons , les avant-corps, & m�me les murs de
cl�ture paroifTent refpeitivement �gaux entre-eux :
ici cependant la baffe-cour I, qui comprend le
B�timent des Ecuries F, & le Colombier K, ne
paro�t avoir aucune relation avec les Jardins de
l'Orangerie N. D'ailleurs , quelle connexit� re-
marque-t-on entre la baffe-cour des remifes G,
& celle deftin�e pour le logement des domeili-
ques O; qui, toutes deux, d�voient offrir un
coup d'�uil, & plus uniforme & plus r�gulier.
Les baffes-cours plac�es � l'entr�e & � la droite
dg
-ocr page 262-
�'A�CHltE�T�ģ.          �4f
de Favant-cour , & o� fe trouve la glaci�re L,
ne pr�fentent non-plus aucune fym�trie avec la
cour du Jardinier Τ : d'o� il r�fulte qu'il femble
que toutes ces d�pendances ayent �t� �lev�es �
pltiiieurs reprifes fous les ordres du Jardinier , &
que l'Architecte n'ait �t� confult� que pour donner
les Plans du Ch�teau ; ce que jamais nous ne
confeillerons � aucun Propri�taire; le principal
corps-de-logis n'ayant un v�ritable relief', que
lorfque les B�timents qui le pr�c�dent l'annoncent
fous fon v�ritable point de vue. On peut dire m�me
que plus le projet doit �tre fimple > plus il faut
f�avoir fe d�dommager de cette iimplicit� par l'ac-
cord g�n�ral de toutes les parties environnantes.
Sans doute, dans nos belles Maifons Royales ,
& dans nos belles Maifons de plaifance, la fy-
m�trie dont nous parlons, eil peut - �tre moins
effencielle. Tout-, dans ces B�timents d^�clat, d�-
dommage de cette f�v�rit� : l'afpecl des lieux,
une certaine magnificence, une belle vue peut
porter Γ Architecte � �loigner de deifous les yeux
du Ma�tre, les d�pendances de ion Palais : ici au
contraire , l'�conomie le force de raifembler tous
les objets d'utilit�, qui, par leur r�union bien
entendue, ne laiifent pas d'offrir un coup d'�uit
tr�s-int�reffant, malgr� leur fimplicit�. Loin de
trouver ici cette r�union, les divers B�timents,
pr�fentent une difparit� choquante, qui ne pro-
vient fans doute, que de ce qu'ils ont �t� �lev�s
dans des temps diff�rents, & f�lon les befoins
des Propri�taires � qui cette terre a paff� fuc-
cei�ivement. Ces perfonnes ayant regard� ces
B�timents comme autant de parties acceffoires ,
en ont n�glig� l� correfpondance, fans fonger
que la r�gularit� des abords contribue & ato��g
TmtlK         \                 Κ
-ocr page 263-
146                     Cours
beaucoup � la beaut� du principal corps de
logis.
Plan du/ Ch�teau de Montmorency ? de /es
ijjues P & de fes principales d�pendances.
Planche XXXII.
Cette belle Maifon de campagne, iitu�e � quatre
lieues de Paris, a appartenu longtemps � Mon-
iieur� le Brun , premier peintre du Roi, qui, com-
me grand Artifte & homme de go�t, l'avoit d�j�
beaucoup embellie , lorfqu'enfuite elle paiia �
Moniieur Croifat ( � ), qui en a fait b�tir le principal
-corps-de-logis, fur les deffins de Moniieur Cartaud :
les Jardins commenc�s par Monfieur le N�tre &
originairement plant�s fur les deffins de Moniteur
le Brun , furent aufli continu�s par cet Archi-
tecte. Dans les Volumes pr�c�dents de ce Cours »
nous avons fait l'�loge de la difpofition des Jar-
dins charmants de cette belle Mai�on ; on en trou-
vera le Plan, & celui des B�timents dans le Recueil
de ΐArchitecture Fran�oife.
Nous remarquerons
feulement ici, que la. magnifique vue dont jou�t
cette belle demeure, a d�termin�, comme au Ch�-
teau de Saint-Cloud, � placer l'entr�e A, fur le
c�t� ; par ce moyen on a m�nag� de l'int�rieur
an Ch�teau Β, le coup d'�uil des dehors : coup
d'eeuil admirable, qui met cette habitation au*
(�) Cette belle Maifon appartient aujourd'hui � Monfieur
le Duc de Choifeuil, par Madame de Choifeuil, qui l'a ven-
due � vie , a Monfieur & � Madame de Luxembourg.
-ocr page 264-
Λ' , »AACHITfiC��lR�.           147
deflus de toutes les Maifons particuli�res, folles
aux environs de Paris*
Ce n'eft pas qu'on n'e�t pu tirer un meilleur
parti de la difpofition des Cours & des B�timents
qui am�nent au Ch�teau : lavant-cour C eil'
beaucoup trop petite ; la cour principale D eft
dunemauvaife forme: &, quoiqu'elle pr�fente un
aipect affez riant, parce quelle eft orn�e de ta-
pis verds, & entour�e de charmilles perc�es d'ar-
cades; il n'en eft pas moins vrai qu'elle n'a pas
affez de profondeur; & , que fa portion circulaire
en face du Ch�teau, contribue � rendre encore
fa largeur trop- confid�rable pour fa longueur
Nous l'aurions pr�f�r�e redangulaire, & nous au-
rions cherch� � r�unir � la furface de cette cour
celle de la pi�ce de verdure Ε, au milieu de la-
quelle eft une magnifique pi�ce d'eau, qui, au-
jourd'hui, s'aper�oit � peine du Ch�teau, ,, r
Les baffes-cours. F, & leurs B�timents paroiffent
aui�� avoir �t� diftribu�s au hafard. Il �toit poffi-
ble n�anmoins, fans beaucoup de d�penfe, de
les faire entrer pour quelque chofe dans �'en-
femble du projet* Nous avons d�j�« condamn�
cette n�gligence, & elle doit avertir nos Elev�s,
que lorsqu'ils commencent � compofer le Plan
d'un B�timent, foit pour la Ville, foit pour la
campagne, il eft n�ceffaire qu'ils faffent entrer
dans leur premiere efquiffe, ne fut-ce que par
maffe, tous les acceffoires ; qu'ils en �tudient
toutes les parties, & qu'une fois bien mifes cha-
cune en leur place, ils y reviennent encore,
pour les comparer, d'abord avec l'importance
ou la fimplicit� du principal corps-de-logis; en-
luite par rapport � leur difpofition, � leurftruc-
ture, & � leur ordonnance; en un mot, c'eft
Kij
*.
-ocr page 265-
148                       Cours
pour les y amener avec plus de facilit�, que nous
venons de leur offrir les Plans pr�c�dents v fans
leur en diflimuler les d�favantages ; & qu'enfin
nous allons mettre fous leurs yeux , deux autres
Plans de notre compofrtion , faifant partie des
d�pendances projet�es pour un Palais de foixante-
fix toifes de face : ce qui nous fervira, comme
nous l'avons d�j� annonc�, � r�duire en principes,
ce que nous aurons � dire dans la fuite, concer-
nant la diftribution int�rieure des B�timents d'ha-
bitation.
Plans par maffes d'un B�timent de foixante-
fix toifes de face, de fes iffues^ & de fes d�-
pendances i de la compofition de l'Auteur*
Planches XXXIII & XXXIV.
Nous voici arriv�s, pour ainfi-dre, � la th�o-
rie, ou plut�t au rationnement concernant la dif-
tribution des B�timents. Ce que nous avons dit
jufqu'� pr�fent dans ce Chapitre n'a gu�re eu
pour objet que des notions g�n�rales fur cette
branche de l'Archite&ure : il s'agit ici de faire com-
prendre � nos Elev�s* l'art de faire marcher en-
�emble les iffues, les d�pendances & la diftribu-
tion ext�rieure des fa�ades du principal corps
d'un� B�timent, δε d'y obferver plus de r�gularit�
& de relation qu'on ne fait ordinairement : re-
lation que nous avons t�ch� de r�unir dans les
Plans trac�s fur les deux Planches fuivantes. Ces
Plans n�anmoins different entre-eux, parce que
nous avons cru devoir propofer des changements
auf�i confid�rables cm.'int�reffants, dans l'int�rieur
Ι* Λ
■* -
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-ocr page 266-
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d'Architecture. 149
du Palais, dont nous rendrons compte bient�t,
apr�s avoir donn� les d�tails qui regardent les
B�timents r�pandus dans les dehors de ces deux
Plans. Commen�ons par la Planche XXXIII ;
mais avertirions nos Letleurs que notre intention
n'eft pas de leur offrir ces deux productions comme
exemptes de d�fauts; il s'en faut bien que nous
ayons la t�m�rit� de mettre ces deux compoii-
. tions en parallele avec les exemples pr�c�dents;
particuli�rement avec Verfailles , Meudon, Mai-
ions , Saint-Cloud ; nous voulons feulement en-
feigner comment on doit concevoir l'efquhTe d'un
projet, combien il eil int�reffant d'en conf�rer
enfuite avec les Propri�taires , de le recommencer y
de confulter les Ma�tres de l'Art, enfin de le m�-
diter encore, & de paifer aux d�veloppements $
pour parvenir � fe rendre compte du co�t de
la d�penfe , faire des approviiionnements , exca-
ver & b�tir.
Le principal corps-de-logis A, indiqu� dans la
Planche XXXIII dont nous parlons , �tant deiti-
n� � la r�iidence d'un grand Seigneur � la cam-
pagne, fa d�coration ext�rieure a d�, non-feu-
lement offrir une certaine majeft�, mais �tre ab-
folument r�guli�re dans toutes fes parties ; d�s l�,
l'ordonnance des dehors a du donner le ton �
toute la diftribution int�rieure de ce Palais : en�
forte que les licences qu'entra�ne ordinairement
apr�s foi l'application des trois branches de l'Ar-
chiteclure, la d�coration, la diftribution & la conf-
�riiftion, ont d� n�ceffairement fe porter toutes
dans les dedans du B�timent, aini� que nous le
ferons voir lorfque nous en d�crirons le Plan,
Planche XXXV. Au contraire, on remarquera
dans la Planche XXXVI, combien nous avons
Kiij
-ocr page 267-
150                      Cours
d� facrif�er les dehors aux dedans , pour pro-
duire la diilribution moins irreguliere du f�cond
projet fur le premier : mais revenons � la Plan-
XXXIII. Le principal corps-de-logis A, ifol� de
toute part, eil entour� de terraffes, & pr�c�d�
d'une cour d'honneur Β , de quatre-vingt-douze
toiles en tout fens, dont les parties lat�rales font
orn�es de B�timents : celui Ε, eil deilin� pour conte-
nir les Appartements des �trangers, & celui F,
pour le Gouvernement. Ces deux B�timents, de
la longueur de foixante-huit toifes, & de la plus
parfaite fym�trie, font difpof�s de maniere, qu'ils
forment aufli chacun un carr� parfait, au milieu
defquels fe trouvent des cours quadrangulaires U,
V, de cinquante-cinq toifes de diam�tre. L'entr�e
de la cour d'honneur Β, n'eil f�par�e de l'avant-
cour G, que par une grille de fer �lev�e fur un
appui de pierre de deux pieds δε demi de hauteur :
aux deux c�t�s de la porte de cette grille, fe re-
marquent des gu�rites aufli en pierre , mais affez
peu coni�d�rables, pour ne pas mafquer la fa�ade
principale. Au reile, ces gu�rites doivent �tre re-
gard�es comme un objet de premiere n�cef�it�,
pour y mettre � couvert les Sentinelles ; ainfi qu'on
en a plac� � Verfailles, � Choify, � Clagny, &c.
L'avant-cour G a le m�me diam�tre que la cour
d'honneur Β : mais comme elle a beaucoup plus
de longueur, cette derni�re �tant form�e de la
diagonale produite par un carr� �gal � fon petit
diam�tre, elle a acquis une grandeur fuffifante :
Ie, parce que fon �tendue femble s'agrandir en-
core par le coup d'�uil de la cour Β, qui n'eil
f�par�e d'avec celle-ci que par la grille de fer
dont nous venons de faire mention plus haut; z°9
parce que l'entr�e de cette avant-cour n'�tant fer-
-ocr page 268-
d'Architecture. 151 �
m�e que par un foff�, elle y jou�t de l'efpace
qu'occupe la patte d'oie H, & de toute la lon-
gueur de l'avenue 1, qui enfile la ligne capitale
A , Β , G , H, I ; attention qu'il faut apporter : car
les cours & les avant-Cours, perc�es dans leur ex-
tr�mit� , doivent avoir une toute autre propor-
tion que celles qui, �tant ferm�es de toute part,
foit par des B�timents , foit feulement par des
murs de cl�ture, paroiffent beaucoup moins vaf-
tes , quoique tenues de la m�me largeur & de
la m�me profondeur. D'ailleurs , il faut encore
prendre garde ici, que la moiti� de la longueur
de cette cour , dans chacun de fes c�t�s , eil
�vid�e par des all�es d'arbres , qui, � travers les
intervalles de leur tige, laiffent apercevoir � d�-
couvert ,d'une part, la principale cour Κ des Ecu-
ries , & fes B�timents; & de l'autre, celle des Cui-
fines L; difpofition qui a d� nous d�terminer �
ne pas augmenter la largeur de cette avant-cour ;
ce que nous aurions certainement fait, fans cette
consid�ration , ainii que nous en avons uf� dans
le Plan de la Planche fuivante, & que nous l'a-
vons recommand� dans nos pr�ceptes g�n�raux.
Qu'on y prenne garde ; nous appuyons fur ces
d�tails, parce qu'ils font importants � obferver,
fur-tout lorfqu'il s'agit de la diitribution des d�-
pendances d'un Edifice confid�rable. G'eit, pour-
quoi nous engageons nos Elev�s � fe rappeler,
non-feulement nos Le�ons pr�c�dentes ; mais � t�-
cher de fe rendre compte, � l'afped des lieux qu'ils
vifitent, des motifs qui ont fouvent d�termin�
leur Ordonnateur � s'�carter des pr�ceptes le
plus univerfellement re�us, pour fe plier aux di-
verfes circonitances dans lefquelles ils fe trou-
vent engag�s , malgr� leur propre exp�rience.
Κ iv
-ocr page 269-
!J2                       Cours
Or, certainement, il faut faire entrer pour quel«
que chofe dans la difpofition de l'avant-cour G,
non-feulement les perc�s de fes deux extr�mit�s ;
mais la profondeur de la cour des Ecuries Κ, &
celle des Cuifines L, plac�es dans chacun de (qs
c�t�s, & qui toutes deux, comme celle G, font
par�es de verdure, les B�timents qui entourent
celles K, L, ayant d'autres iffues pour les char-
rois qui y am�nent les provisions, & en faci-
litent le fer vice : ces iffues font marqu�es dans
ce Plan par les lettres a; & par elles, on voit
qu'on peut entrer dans les autres cours �, c, d, e, par
les dehors, fans nuire en rien au paffage des Mai*
tres, qui traverfe l'avant-cour G, pour parvenir �
�a cour d'honneur B. La cour b � gauche eft celle
qui particuli�rement donne entr�e au logement
de l'Ecuyer. Celle c9 eil entour�e de B�timents
fubalternes, pour les Palfreniers & les b�tes de
fomme. Dans la cour d, font les B�timents des
Officiers de la bouche ; & celle e, contient ceux:
pour les buanderies, les fournils, les b�chers, les
lavoirs. Sec, Sans doute, tout ce dernier d�par-
tement paro�tra bien �loign� du Ch�teau A : nous
convenons de cette v�rit�; mais en m�me temps,
il faut fonger que lorfqu'il eft queilion de la de-
meure des grands ou des hommes riches; il pa-
ro�t tr�s-int�reffant de fouftraire aux yeux des
Ma�tres & des Etrangers, les B�timents des baffes-
cours , & la plupart des hommes Subalternes qui
les habitent. Qu'on fe rappelle � Verfailles le grand
Commun , iitn� de l'autre c�t� de la rue de la
Surintendance ; qu'on fe reffouvienne de Meu*
don & de Saint-Cloud ,. dont les Cuifines & les
Offices font tr�s-�loign�s ; qu'on fe rende compte
en�n de �a Situation des Cuifines nouvellement
ι
-ocr page 270-
d'Architecture.           15$
b�ties au Ch�teau de Bercy, par feu Moniteur de
la Guipiere ; de celles du Ch�teau du Rin cy, par
Monfieur RouiTette , & de celles de tant d'autres
belles Maifons de plaiiance aux environs de la.
Capitale ; & l'on fera moins �tonn�, que nous
ayons pris le parti que nous propofons, pr�venu
qu'on doit �tre de l'ufage des r�chaurfoirs dans
l'int�rieur du principal corps-de-logis , & �es �tu-
ves ambulantes , pour le tranfport des mets, des
Cuiiines au Ch�teau , en cas de pluie, ou dans
l'avant & l'arri�re faifon : fans oublier que, dans
plus d'un de nos Edifices, o� l'�conomie eft
compt�e pour rien, on peut pratiquer des galle-
ries fouterreines , qui, dans notre Plan , rece-
vraient du jour par les murs d'appui des terraffes
pratiqu�es autour de la cour B. Ces galleries alors
am�neraient au Ch�teau, pendant l'hiver, le fer-
vice du d�partement de la bouche.
La Planche XXXIV offre une toute autre dif-
poiition , dans les cours & les B�timents qui pr�-
c�dent le principal corps� de-logis ; parce que ce-
lui-ci , marqu� A, eit lui m�me difpof� diff�rem-
ment que le pr�c�dent, dans l'intention de ren-
dre l'int�rieur de fa diitribution plus commode,
quoique peut - �tre aux d�pens de la fym�trie
ext�rieure ; mais comme il s'agit dans ces Le�ons
de difcuter de plus d'une maniere, Fart de ren-
dre relatifs les dehors avec les dedans ; nous n'a*
vons pas h�fit� d'offrir ces deux Plans , diff�rents
l'un de l'autre : ils nous donneront occaiion de
traiter plus � fond des difficult�s qui fe pr�fentent
� l'Architecle, lorfqu'il s'agit de concilier enfem-
ble la r�gularit� des dehors, & la diitribution des
dedans, imagin�e par nos Archirecles modernes,
avec la beaut� de l'ordonnance des fa�ades em»
-ocr page 271-
154                      Cours
ploy�e avec tant de fucc�s par nos pr�d�cefleurs.
Dans la Planche XXXIII, la cour d'honneur
�toit quadrangulaire ; ici, celle Β eil oblongue;
fa longueur eil d�termin�e fur la diagonale form�e
par un carr� �tabli fur fon plus petit diam�tre:
au contraire, Favant-cour C pr�fente un carr�
parfait d'un plus grand diam�tre que celui de la
cour Β , dont les B�timents D , plac�s clans fes
parties lat�rales, n'ont qu'un feu! �tage, & par-l�,
procurent une pr��minence confid�rable au Ch�-
teau A, fur toutes les d�pendances qui l'accom-
pagnent. Ses Ailes font f�par�es dans leur milieu
par des grilles de fer, qui laiiTent voir de part
& d'autre , � droite, le B�timent de l'Orangerie Ε,
& fon Jardin F, & � gauche, un B�timent G, de
m�me forme & grandeur, deiliii� pour une Salle
de fpeclacle,& des Jardins fleuraftes H, qui le
pr�c�dent. Ces Jardins, ainii que celui de l'Oran-
gerie, font accompagn�s de Cabinets de verdure I,
& de petites all�es couvertes, qui procurent au-
tant de promenades ombrag�es, pr�s des Appar-
tements d'habitation. Derriere le B�timent de l'O-
rangerie Ε, eil pratiqu�e une Salle de bal cham-
p�tre K, qui conduit � des bofquets pour les ra-
fra�chhTements, mais dont on ne remarque ici
que l'arrachement. Derriere le B�timent G , eil
encore un Jardin fleurifie L, accompagn� de Ca-
binets qui conduifent � d'autres pi�ces de ver-
dure , faifant partie des Jardins de propret� de
cette Maifon de plaifance ; n�anmoins nous ne
les donnons point ici, en ayant oifert plufieurs
exemples au commencement de ce Volume.
L'avant-cour C , n'eit f�par�e de la cour d'hon-
neur Β que par un foiT�. Ses parties lat�rales font
ferm�es par des murs de cl�ture orn�s de pi�droits »
-ocr page 272-
d'Architecture.            155
de corps de refends , & de tables diftribu�es avec
fym�trie, & couronn�es d'un chaperon en pierre
de taille. L'entr�e de cette cour eil ferm�e par
un mur d'appui , au-deffus duquel s'�l�ve une
grille en fer, plac�e fur le bord du grand chemin,
grille qui f�pare la cour d'avec l'efplanade M ,
prife dans les terres d�pendantes du Ch�teau.
Cetre efplanade men� � une grande avenue plac�e
pr�cif�ment en face de ce dernier. A la droite de
la cour C , fe remarque la cour des Cuiiines Ν,
& dans le fond, le B�timent Ο qui les contient.
Les autres B�timents Ρ en font les d�pendances ;
ils comprennent les Offices, les Buanderies, le
Fournil, les B�chers, les Celliers, &c, autant
de diff�rents d�partements qui ont leurs cours
marqu�es a. Les Cuifines Ο ont auf�i de petites
cours b, & au milieu, un paffage qui conduit aux
B�timents & aux cours de la M�nagerie Q, qu'il
convient de placer toujours le plus pr�s qu'il eit
poffible du d�partement de la bouche, � caufe des
volailles qu'elle contient, des Vacheries , des Lai-
teries , &c. La M�nagerie dont nous parlons ici,
eil plut�t une M�nagerie d'utilit� , qu'une Mena-'
gerie de magnificence, deilin�e par-tout ailleurs
� contenir des b�tes fauves, des volatiles, & au-
tres curioiit�s d'hiiloire naturelle.
A la gauctje de cette m�me cour C, s'obferve le
d�partement des Ecuries, tels que le logement du
premier Ecuyer R, celui du fous Ecuyer S , avec
leurs cours particuli�res e ; le B�timent d'une gran-
de Ecurie double Τ ; fa cour principale U , & fa
cour de d�charge V. On y remarque encore les
B�timents pour les chevaux de felle X, avec leurs
baffes-cours c, un pr�au ou man�ge d�couvert Y ;
les baffes-cours & les B�timents des Remifes Ζ ;
-ocr page 273-
�j6                      Cours
enfin la baffe-cour des fourages, &c. ainf� que
d'autres B�timents & des cours de d�charge d,
deitin�s pour les Palfreniers , le Mar�chal , le
Ch�ron ; en un mot, des Ecuries particuli�res pour
des chevaux de fomme ; des hangards pour des
chariots , des fourgons , &c.
Il eft aif� , en comparant ce Plan, & celui qui
le pr�c�de, de remarquer combien toute la dif-
poiition des d�pendances a d� changer de forme
en faveur des diff�rences apport�es dans la dif-
tribution ext�rieure du principal corps-de-logis :
confid�ration qui nous fait encore r�p�ter � nos Ele-
v�s ce que nous leur avons d�j� recommand� plus
d'une fois, c'eit-�-dire, de commencer leur projet,
fur-tout lorfqu'il s'agit de b�tir en place neuve,
par attaquer toutes les parties par mafTes, pres-
que toutes ces parties devant n�ceffairement d�-
pendre les unes des autres, pour concourir � for-
mer un bel enfemble ; mais, ce que nous ne crai-
gnons point de leur r�p�ter, c'eft d'abord de fe
bien p�n�trer du genre de l'Edifice qu'ils ont �
traiter, & de ne jamais oublier l'�conomie dont
on doit ufer , f�lon qu'il s'agit d'un Edifice plus
ou moins important. Par exemple , il eil aif� de
comprendre que les d�pendances de notre der-
nier Plan, doivent co�ter moins que celles du pr�-
c�dent. Ici elles ne font point-du-tout partie du
Ch�teau, � peine les aper�oit - on en traverfant
l'Efplanade M, & l'avant-cour C; pendant que dans
le premier projet-, elles font parement de chaque
c�t�, pour arriver au principal Edifice. Il eft vrai
ici, que les ailes D plac�es dans les parties la-
t�rales de la cour d'honneur Β , fuppofent un
fafte qui ne fe rencontre point dans ce f�cond pro-
jet; mais auffi ne s'agit-il pas des corps de B�ti-
...
-ocr page 274-
�:
d'� rchitecture.            157
ments particuliers pour les �trangers & pour le
gouvernement. Nous avons plac� ces deux d�-
partements � bien moins de frais , & en bien
moins grand nombre, dans les parties des deux
a�les plac�es � l'entr�e de la cour Β ; & les deux
autres parties de ces m�mes ailes, au-del� de la
grille du milieu de cette m�me cour, font d�pen-
dantes du Ch�teau, comme dans le Plan pr�c�dent.
Nous d�firons que ces deux exemples, & les
d�tails dans lefquels nous allons entrer , concer-
nant l'int�rieur de ces diverfes d�pendances, met-
tent nos Elev�s � port�e de bien �tudier ces
diff�rentes parties, qui, quoiqu'accei�bires, font
Couvent Ceules capables de donner a connoitre
la v�ritable intelligence de l'Archite�e, & con-
tribuent plus qu'on ne s'imagine ordinairement,
� annoncer la dignit� & l'opulence du Pro-
Pr NouTdirons encore que le ftyle de l'ordonnance
ext�rieure des divers d�partements qui forment les
d�pendances d'un Palais , doit figurer en quelque
forte, quoique dans un degr� inf�rieur, avec les prin-
cipales fa�ades. Ceft pourquoi, avant de paffer aux
d�tails dans lefquels nous nous propofons d entrer ,
au Cujet de la diftribution des diff�rents d�parte-
ments, qui compoCent chacun de ces deux projets;
nous obferverons , qu'on doit en faire des d�velop-
ments particuliers, & enfuite un modele g�n�ral,
qui donne une id�e complette de la totalit�. Pour
cet effet, parlons de fuite de l'utilit� des mod�les
g�n�raux & particuliers, dans les entrepnfes im-
portantes.
-ocr page 275-
158                       Cours
De l'utilit� des diff�rents Mod�les dans les
ouvrages importants
.
La plupart des Archite&es, ceux m�me qui
ne font pas fans un certain m�rite, mais qui,
faute d'exp�rience , s'en rapportent � leur pre-
miere compoiition , font fou vent dans le cas d'at-
tendre tr�s-peu de fucc�s de leurs Deffins, lorf*
qu'ils feront ex�cut�s ; puifqu'il eit reconnu qu'il
y a une grande diff�rence entre le projet d'un
B�timent & fon enti�re perfection. Qu'on y prenne
garde ; on peut �tre un aifez, bon Deflinateur f
& ignorer l'Art de la conitru�ion : d'ailleurs, plu-
fieurs fe contentent d'un Plan & d'une �l�vation
pour �riger un Edifice; ce qui ne fuffit pas. Pour
r�uffir, il faut faire les diff�rents d�veloppements
de l'ouvrage entier. Sans ces d�veloppements, le
jeune Archite&e fe trouve dans la n�cel�it� d'a-
voir recours � des reffources licencieufes, qu'il
auroit lui-m�me condamn�es dans les productions
de (es contemporains , parce qu'elles apportent
prefque toujours quelqu irr�gularit� remarquable ,
ou dans la d�coration , ou dans la diftribution ?
ou, ce qui eft pis encore, dans la conirru�tion.
Pour �viter de telles licences, lorfque-l'Edifice &
fes d�pendances font coniid�rables, on doit faire de
l'Ouvrage entier, un mod�le d'une m�diocre gran-
deur , par lequel on puiflTe juger de l'effet que pro-
duira l'ex�cution ; il eft plus aif� de conno�tre par
un relief, ce qu'on doit attendre de toute la partie
d'un B�timent, que par un feul Def�in g�om�tral,
ou en peripe&ive, quelque bien entendu qu'il foit»
Il faut m�me f�avoir qu'un mod�le en petit, n'of-
fre jamais pr�cif�ment les proportions que �ompor-
-ocr page 276-
d'Architecture.            159
tera l'Ouvrage en grand : on doit s'attendre �
remarquer toujours des diff�rences fenfibles ;
parce que d'un feul coup d'ceuil , dans le pe-
tit mod�le , on embraife toute la production ;
au lieu que , dans le B�timent, on ne peut exa-
miner les parties que les unes apr�s les autres.
D'ailleurs, il faut coniid�rer que dansles mod�les
g�n�raux dont nous parlons, les diff�rentes maiTes
qui les compofent, font prefque toutes rappro-
ch�es de l'�iiil du fpe�atenr : au lieu que dans
l'ouvrage r�el, elles en font fort �loign�es : fans
compter que dans le premier, les hauteurs appa-
rentes different peu feniihlement des hauteurs
r�elles; ce qui arrive tout autrement, lors de la
conitruclion, eu �gard au point de diitance d'o�
le B�timent doit �tre aper�u : conf�d�ration qui
exige, de la part de Γ Architecte , les connoiffan-
ces acquifes de l'Optique , afin de pouvoir don-
ner � (on Edifice un accord g�n�ral, fans lequel
il n'offre plus qu'une compoiition m�diocre.
D'un autre cot�, il faut remarquer que les pe-
tits mod�les ne pr�fentent jamais aife2 parfaite-
ment la majeft� des grands Edifices , ni leurs d�-
pendances ; ces derniers objets, fur-tout, n'offrant
fouvent rien de bien recommandable dans leur
ordonnance, enforte que ce n'eit gu�re que leur
difpoiition & leur maffe , qui contribuent � en
faire admirer Tenfemble. Par exemple, que peut-
on attendre^, dans un petit modele, de la repr�-
fentation des fa�ades fimples|plac�es dans les avant-
cours & dans les baifes-cours, qui fouvent, font
fans avant-corps, & qui, pour tout couronnement,
font couvertes en tuiles ? quel effet produifent
dans un petit modele, des murs de cl�ture, or-
, n�s feulement de quelques pieds-droits r Abfolu-
-ocr page 277-
i6o                       Cours
ment rien de bien int�reffant ; ii ce nVft l'accord
qui doit r�gner dans toutes ces diff�rentes par^
ties : cependant les plus habiles Archite&es n'ont
pas n�glig� ces acceffoires dans leurs B�timents;
ils en ont fait autant de d�veloppements parti-
culiers , & les profils en grand, avant de paii�r
� l'ex�cution. Que pouroient produire en effet
de petits mod�les, pour repr�ienter une grande
vo�te en brique, toute limpie & fans ornement,
reffes des termes ou bains des Empereurs en Ita»
lie, qu'on ne f�auroit regarder encore aujour-
d'hui fans �tonnement, � en juger par ceux de
Julien Γ Apoitat, � Paris ? Que iignifieroit m�me
la fa�ade de Verfailles du c�t� des Jardins, un
des plus grands Palais qui foient en Europe, pour
fon �tendue ? Que penfer d'un petit modele qui
repr�fenteroit l'Aqu�duc d'Arcueil, entreprife ca-
pable d'�tre mife en parallele avec les plus grands
Ouvrages des Romains ? Enfin, quelle id�e donne-
roit en petit le P�ryftile du Louvre , la porte
Saint-Denis, les Ecuries & l'Orangerie de Ver-
failles, autant d'ouvrages immortels qui hono-
rent notre Nation? Certainement ils ne donne-
roient qu'une id�e bien imparfaite de ces chefs-
d'�uvre ; femblables en cela aux ouvrages de M�-
canique , qui, r�duits en petit, n'offrent jamais
l'effet qu'on a droit d'en attendre, lorfqu'ils font
ex�cut�s en grand.
Il n'en faut point douter; c'eil pour s'ai�urer
del� perfection de leurs �uvres, que les plus
grands Architectes fe font d�termin�s plus d'une
fois � faire faire, fous leurs yeux, des mod�les de
la grandeur de l'ex�cution; ou du moins des par-
ties le plus effencielles , fur-tout de celles qui
doivent fe r�it�rer dans l'Edifice* ainfi que le
Berni�
III«
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d'Architecture. i��
Bernin la pratiqu� pour la colonade de la place
Samt-Pierre; l'Efcot, pour Tun des Pavillons de
la grande cour du vieux Louvre; Perrault, pour
I Arc-de-Tnomphe de la porte Saint-Antoine ; en-
fin
Manfard, pour U majeure partie des fa�ades
du Ch�teau de Maiibns; parce qu'alors, ces grands
Ma�tres jugeoicnt mieux du m�rite de l'ex�cu-
tion , par ces mod�les en grand, que par de petits re-
liefs : ceux-ci, comme nous venons de le remarquer
fe font ordinairement pour donner une id�e g�n�rale
du projet; mais ils ne peuvent faire juger qu'impar-
faitement de la beaut� & de la correction d^s d�tails.
Malgr� ces pr�cautions, encore faut-il s'atten-
dre qu'il y a toujours une grande diff�rence en-
tre la totalit� de l'ouvrage, & quelques-unes de
les parties qu'on voit en grand:, puifqifil eft aif�de
concevoir que l'afpetf que nous offrent quelques
colonnes, quoique munies de leur couronnement
de leur foutien, & de leur accompagnement, ne
pr�fente tout au plus que quelques bdles par-
ties ; mais jamais l'effet des maifes g�n�rales d'o�
d�pend tout le fucc�s de l'Edifice : de m�me qu'un
Pavillon ifol� dans un modele, pour �tre enfuite
flanqu� ou engag� dans une aile de B�timents
n'offre fouvent qu'imparfaitement, la .�, correfpoa-
dance qu'il doit avoir avec l'ouvrage entier. On
en doit dire autant du rapport d'un entablement
poi� feulement fur quelques colonnes de front'
& du rapport qu'il doit avoir, lorfqu'il en cou-'
ronne une certaine quantit�. Enfin , un grand
fronton doit avoir une autre dimen�on qu'un pe-
tit, ainfi de fuite, pour toutes les autres parties
dont les proportions doivent diff�rer, f�lon leur
point de vue, leur �l�vation & leur point de diftan-
ce : d'o� nous conclurons qu'il eft bon, non-feu-
Tome IJK,                                        L
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i6z                      Cours
lement de faire d'abord de tout l'Edifice un mo-
dele g�n�ral d'une m�diocre grandeur; mais en-
fuite d'en faire modeler � part les parties prin-
cipales , telles que dans l'ext�rieur, les colona-
des, les portiques ; dans l'int�rieur , les efcaliers
& les galleries, avec tous leurs ornements , com-
me les chapiteaux r les corniches, les modulons,
les confoles, & toutes les autres parties effencielles,
pour �tre plac�es dans le B�timent, � leur vraie
deftination, afin de juger de leur effet. On ne f�au-
roit douter que les membres d'Architecture & de
Sculpture, deftin�s � �tre appliqu�s au plus haut
de l'Edifice , ne doivent �tre trait�s avec plus de
fiert�, que lorfqu'ils fe trouvent plac�s � la por-
t�e de la vue du fpeitateur, foit dans l'ext�rieur
des fa�ades ■> foit dans l'int�rieur des Appartements".
Entrons � pr�fent dans d'autres d�tails non moins
int�reffants.
D�nombrement des Pi�ces contenues dans cha->
cune des Ailes qui comprennent les d�pens
dances trac�es fur la Planche XXXIII.
' Il eil affez peu ordinaire que dans les d�pen-
dances dont nous allons parler, on pratique des
caves ; cependant, comme elles font utiles aupr�s
des Cuifxnes, des Offices & des Sommelleries ,
nous allons prendre occal�on d'en parler ici, &
ce que nous eil dirons fera autant d'acquis pour
les �buterreins qu'on pratique par n�cef�it� fous
les Appartements d'habitation , plac�s � rez-de-
chauff�e , dans les principaux corps-de-logis , �
deffein de leur procurer plus de falubrit�.
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d'Architecture. 163
Des Caves (g) en g�n�ral.          v
Les Caves font d'une utilit� ef�encielle pour
contenir les provifions, telles que les vins de ta-
ble , les vins de liqueur, le bois, le charbon, &c.
Elles font dans les B�timents fuba�ternes, ce que les
ibuterreins font dans un Edifice coniid�rable ; mais
ceux-ci font feulement deitin�s , ainfi que nous ve-
nons de le remarquer, � rendre le fol du B�timent
moins humide, & par conf�quent plus habitable.
Pour cela, on �lev� le rez-de-chauif�e, au moins
de deux ou trois pieds du fol de la cour, & l'on
y arrive par des marches d'environ cinq pouces de
hauteur, plac�es au devant des principaux avant-
corps de l'Edifice. Cette �l�vation �ert dans les
arriere-corps � pratiquer �es foupiraux pour �clai-
rer ces fouterreins ; ces ouvertures fe doivent pla-
cer les unes vis-�-vis des autres , au pied des
murs de face, du c�t� de la cour & du c�t�.des
Jardins ; afin que par cette direction, elles puifTent
faciliter la circulation de l'air : ce qui contribue �
rendre beaucoup plus fains les Appartements qui
font �lev�s au-deflus.
A l'�gard des Caves proprement dites ; celles
au vin doivent �tre �xpof�es au feptentrion ; leur
hauteur, n'avoir gu�re plus de neuf pieds fous clef;
trop d'�l�vation difl�pe la fra�cheur, & devient
inutile, n'�tant pas d'ufage de placer plus de deux
ou trois pi�ces de vin les unes aii-defTus des au-
tres , encore cela ne fe pratique til que dans les
Celliers � rez-de-chaufT�e, plac�s ordinairement
(g) Cave du mot Latin Cavta% lieu creuf�.
Lij
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i�4                        Cours
pr�s des preffoirs dans les baffes-cours dos ven-
danges. Il ne faut pas non plus que la largeur
des Gaves foit coniid�rable ; � moins que cette
largeur ne foit affuj�tie par les murs de face ou
de refend du rez de-chauff�e. Il convient n�an-
moins de leur donner douze � quinze pieds, afin
qu'on puiffe tourner facilement autour des pi�ces
de vin pour les viiiter. Il eil � confid�rer que
moins les Caves ont de diam�tre, plus leurs vo�-
tes ont de folidit� pour foutenir l'aire de deffus.
Lorfque dans les grands Edifices on fe trouve
forc� de faire les Caves d'un certain diam�tre,
& d'en faire les vo�tes plein-cintre ; dans la crain-
te que celles-ci aient trop de pouff�e par [rap-
port � l'�paiffeur des murs, il faut dans leur lar-
geur pratiquer pluiieurs pieds-droits fur lefquels
ces vo�tes prendront naiffance , qui alors de-
viendront vo�tes d'ar�te vers les pieds-droits, δε
arcs de clo�tre du c�t� des murs.
On doit toujours �loigner les Caves au vin des
foffes d'aifance, malgr� les contre-murs qu'on pra-
tique ordinairement � ces derni�res ; parce qu'il
eft � craindre que les urines ne viennent � filtrer,
au travers des murs, & ne corrompent les vins :
les exhaiaifons feules qui s'�chappent de ces foffes,
font capables de les g�ter. 11 convient que les
principaux efcaliers qui defcendent dans les Ca-
ves foient commodes , & compof�s d'une feule
rampe droite, autant qu'il eft poffible, afin de
pouvoir y defcendre le vin en pi�ce, avec fa-
cilit� , δε en fortir de m�me les futailles : il eft
bon auffi d'y pratiquer un petit efcalier pour le
fervice du fommellier.
Pour ce qui regarde les Caves οιι l'on ferre le
bois & le charbon , il fuifit qu elles ne foient pas
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©'Architecture. 165
humides ; pour cela on expoie leurs ioupiraux
du c�t� du midi, & on les fait ailez grands pour
faciliter la circulation de l'air. On doit auff� don-
ner � ces Caves , plus de hauteur qu'� celles au
vin; mais il faut f�avoir que ce n'eil gu�re que
dans les Maifons particuli�res, b�ties dans nos
Villes, qu'on fait ufage des Caves pour ferrer le
bois � br�ler. Dans les grands Edifices, fur-tout
� la campagne , on conilruit des b�chers dans
les baiTes-cours, qu'on prend foin d'expofer auffi
au midi, & qu'on tient � couvert par des appen-
tis (�).
Anciennement , on p�a�oit ordinairement les
Cuii�nes, les Offices & leurs d�pendances dans
ies fouterreins pratiqu�s fous le principal corps-de-
logis, ou fous les ailes de B�timent qui lui �toient
contigiies ; ainii qu'on le remarque au Ch�teau
de Maifons, de Montmorency , de Clagny, &c.
mais � moins que des foff�s ne circulent autour,
il faut que la hauteur de ces fouterreins foit prife
moiti� en terre & moiti� dehors, parce qu'alors
cette �l�vation au-deilus du fol, procure des, ou-
vertures convenables � l'ufage de ces fortes de
pi�ces : dans ce cas , on fait fervir de b�chers,
les fouterreins qui ne peuvent �tre �clair�s , �
taufe1 des maflifs des p�rons; & alors, fous ces
fouterreins,.on pratique des Caves pour conte-
nir le vin , les liqueurs, &c.
On �vite aujourd'hui de faire ufage de ces fou-
- terreins, pour y placer les Cuiiines &: les OfE-
(/z) Efpece de Hangar, tire da mot Allemand, Hangen, lieu
couvert d'un demi-combl� , adol�� contre un mur port� fur des
pi�ces de bois debout, ou des piliers de pierre de diilan�© �»
autre, pour Soutenir le combi«,
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i66                       Co�'Rj
ces ; ces pi�ces, par leur ufage , ont �e d�fagr�-
ment de communiquer � travers les vo�tes, de
mauvaifes odeurs dans les Appartements, & y
caufent un bruit in�vitable : d'ailleurs, elles am�-
nent n�ceiTairement fous les yeux �es Ma�tres,
des hommes fubalternes, auffi inconiid�r�s qu'ils
font curieux & indifcrets. Nous obferverons en-
core que ces Cuifines, ainii pratiqu�es fous terre ,
ont l'inconv�nient de ne pouvoir �couler leurs
eaux que dans des puifarts ( i ), & de-l� fe per-
dre dans des Aqueducs ( k ), qui les condmifent
loin de l'Edifice; ce qui n�anmoins n'eil pas tou-
jours pratiquable, & entra�ne apr�s foi une d�-
penfe tr�s-confid�rable.
Des Cuifines & de leurs d�pendances.
Commen�ons la defcription des d�pendances ,
exprim�es dans la Planche XXXIII, par la cour
L, & les B�timents des Cuifines (/) qui l'en-
tourent ; mais avant d'y paffer, parlons des Cui-
fines en g�n�ral.
Dans quelqu'endroit que foient fitu�es les Cui-
fines , elles doivent avoir de l'air, & �tre, f�lon
nous, le plus �loign�es qu'il eft poifible du prin-
cipal corps-de-logis, � caufe des exhalaifons
(i) Puifarts, efpeces de puits b�tis en pierre feches, plac�s
au milieu d'une cour, ou fous des Cuifines fouterreines , o� fe
rendent les eaux pluviales, les eaux des 'Cuifines qui fe per-
dent dans le maflif des terres.
( k ) Aqueducs , moi d�riv� de deux mots Latins, Aqu&
du�ust
conduite d'eau; c'eft, comme nous l'entendons, une
efp��e de Canal fouterrein & vo�t�, pour conduire l'eau d'u�i
lieu � un autre.
(/) Cuifige, du mot Latin, Culina.                 *
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»'Architecture.            167
qu'elles envoient. On doit aui�i prendre foin de
placer leurs chemin�es de maniere qu'elles ne
foient jamais expof�es aux vents imp�tueux, ce
qui rendroit ces pi�ces impraticables ; d'ailleurs,
les Cuiiines doivent �tre grandes & fpacieufes,
� caufe du feu continuel qui y eil allum�. Les
chemin�es doivent �tre en hotte, & affez �lev�es,
pour que deiTous' on puiffe fe tenir debout, &
�tre affez faillantes pour recevoir la bouche du
four, ordinairement plac�e fous cette m�me hotte.
On doit aui�i obferver un contre-c�ur en bri-
que � ces fortes de chemin�es, pour que l'ar-
deur du feu ne d�grade pas les murs mitoyens,
contre lefquels elles font fouvent adoff�es ; leurs
jambages doivent �tre form�s en encorbellement,
pour, d'une part, ernbarraffer moins le fol, &
de l'autre , fupporter la.faillie de la hotte. Dans
les Cuiiines , on doit pratiquer des fourneaux ou
potagers (/π), qui foient difpof�s d'une maniere
commode, & expof�s � la lumi�re. On doit aui�i
s'y procurer de l'eau, ou par un puits, ou par
des robinets qui l'am�nent d'un r�fervoir fup�-
rieur. On doit y conftruire encore une pa'iilaiTe
1 pr�s de la chemin�e ; petite plate-forme en bri-
que de douze ou quatorze pouces de hauteur,
& d'environ fix pieds de long , fur deux pieds
(m) Potager, efpece de corps de ma�onnerie � hauteur ^'ap-
pui, dans lequel on �tablit des r�chauds ; ces corps de ma�on-
nerie font �vid�s par des arcades d'environ deux pieds de large,
qui ont leur retomb�e fur de petits murs de brique, qui ont
huit � neuf pouces d'�paiiTeur, &' dont l'aire eft retenue fur fes
bords par une plate-bande de fer. Les r�chauds de ces potagers
fe font de fer fondu de diff�rentes grandeurs , de forme quadran-
gulaire, & fe diilribuent en �chiquier, pour faciliter l'ufagc
de ces Potagers,
                                 Λ
Liy
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jt68                        Cours.
& demi de large, deilin�e pour entretenir la cha-
leur des rago�ts , en attendant qu'on les ferve
fur la table des Ma�tres : on doit y placer une
grande table bien expof�e � la lumi�re, un billot
pour y couper les viandes de boucherie, & en-
fin
toutes les commodit�s � l'ufage des Chefs de
Cuifine & de leurs aides. En g�n�ral, les Cuiiines
doivent �tre d'une grandeur proportionn�e � la
quantit� des Ma�tres & des Domeftiques de la Mai-
fon ; �tre �lev�es, claires, & vo�t�es pour pr�-
venir les accidents du feu.
Avant de quitter ces ohfervations g�n�rales fur
les Cuifines, nous dirons, que de quelque ma-
niere que l'on con�oive le projet d'un B�timent, &
foit que les Cuifines foient contenues dans le
principal corps-de-logis, ou en aile ; il faut afte&er
que leur fol foit le plus �lev� de l'aire du pav�
qu'il eil poi�ible, afin que, par-l�, on ait la fa-
cilit� d'en �couler les eaux; car, on doit consid�-
rer que les Edifices �lev�s dans les Villes , fe
trouvent prefque toujours, par la fuite des temps,
plus enfonc�s qu'ils ne l'�toient d'abord ; les rues
des grandes Capitales s'�levant toujours peu � peu
lorfqu'on les pave de nouveau, par les renfor-
mis qu'on remet fous les pav�s, fans enlever ce-
lui qui �toit fous les anciens � d'o� il arrive qu'il
faut relever les cours, � raifon du nouveau fol
des rues, & que, par-l�, les Cuifines, les Ecu-
ries , les Remifes, & g�n�ralement toutes les pi�-
ces � rez-de*chauff�e deviennent inhabitables : fans
compter que ce rel�vement de pav� corrompt la
proportion des ouvertures � dont les largeurs ne fe
trouvant plus en rapport avec les hauteurs, ren*
dent l'ordonnance des fa�ades plus imparfaite«
Mais reyenons � notre Plan.
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d'Architecture.             169
Lorfqiie nous avons �tudi� les d�tails que con-
tiennent les ailes de B�timent, & les d�pendances
de la Planche XXXIII ; nous avons obferv� tou-
tes ces pr�cautions pour la Cuiiine, contenue
dans l'aile de B�timent qui fait face � celle des
Ecuries trac�es dans notre Plan. Parlons de fuite
� pr�fent des principales pi�ces qui doivent ac-
compagner les Cuifines ; δτ ce que nous en dirons
poura fervir pour tous les d�partements de cette
efpece.
La Cuifine que nous citons, eil pr�c�d�e d'une
aide de Cuifine, dans laquelle fe pr�parent fous
les yeux d'un fous-Chef, toutes les viandes qui
fe font cuire dans la Cuifine fous F�uil du Chef
& de fes aides. Cette f�conde pi�ce eil pr�c�d�e
d'un commun, dans lequel mange la livr�e, 8c
o�, le matin , en pr�fence du Ma�tre d'H�tel,
s'apportent les provifions, pour �tre diilribu�es
chacune dans leur deilination. Pr�s de la Cuifine
proprement dite , fe place la rotiiTerie, & une
petite pi�ce particuliere pour y larder les vian-
des, une boucherie, un d�p�t pour la volaille,
un autre d�p�t pour la venaifon; ces derni�res
pi�ces doivent �tre expof�es au nord. Il faut aui�i,
attenant � la Cuifine, m�nager une d�penfe o�
fe ferrent � la clef, les provifions confi�es au
Chef de Cuifine par le Ma�tre-d'H�tel ; une p�-
tifferie avec un four particulier , une autre pi�ce
pour la pr�parer, enfin, un gard�-manger & un
lavoir : ce dernier, fur-tout, doit �tre �loign� de
la Cuifine, & particuli�rement de la boucherie*
des d�p�ts & du garde-manger, les viandes ne
pouvant fe conferver � la chaleur, mais bien dans
des lieux frais, fecs, & ouverts du c�t� du fej*-
Sentrion, Une faut pas oublier <jue les lavoirs dti^
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170                       Cours
vent �tre ferm�s avec une furet� relative au d�-
p�t que l'on confie aux Domeftiques , & qu'ils
doivent �tre munis d'un �vier ( η ), d'un ou -de
pluiieurs fourneaux, d'un vahTeUier, d'un �gou-
loir, &c.
Toutes ces diff�rentes pi�ces doivent fe com-
muniquer l'une � l'autre, par un corridor com-
mun : ce corridor, autant qu'il eil pof�ible, doit
circuler autour du d�partement de la bouche ,
afin que le Chef, les fous - Chefs & les Aides,
puiffent conf�rer facilement enfemble pour le bien
du fervice. Ces diff�rentes pi�ces doivent auf�i
avoir des cours particuli�res , telles qu'on le re-
marque dans notre Plan, pour y contenir tous
les objets communs, qui ne f�auroient qu'offuf-
quer le coup d'ceuil des cours principales; au
lieu que la baife-cour c contient les b�chers feu-
lement pour les Cuifmes & Offices , ceux des Ap-
partements du Ch�teau �tant plac�s dans les B�-
timents qui entourent la cour du Gouvernement
U, & ceux deftin�s pour les �trangers dans les
B�timents de la cour V. Ceil auffi dans les ailes
de la baffe-cour e, qu'efl comprife la Buanderie (o)
o� fe fait la lef�ive, les f�choirs pour le linge »
les pi�ces pour le repaffer & le contenir, deux '
(«) Evier, pjerre platte d'environ fix pouces d'�paiiFeur, &
creufee d'� peu-pr�s trois pouces, plac�e pr�s d'une Cuii�ne,
pour y laver »Se faire couler l'eau de la vaiiTelle, qui par un
caniveau, fe. r�pand dansles baiTes-cours.
(o) Buanderie j fous ce nom on comprend pluiieurs Salles a
rcz-de-chauiT�e, dans l'une defquelles on pratique un fourneau
& des cuviers pour couler la leflive ; on doit amener dans celle-
ci des eaux aflez abondantes, & dans des cours adjacentes,
des lavoirs couverts & d�couverts 5 ceux-ci au milieu des cours >
ceux-l� fous des appentis.
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d'A rchitecture.            171
Fournils, Tun pour le pain des Ma�tres, l'autre
pour celui des gens; enfin, au-de�Tus, des gre-
niers pour ferrer les grains & les farines. Il ne
faut pas oublier que toutes ces provilions en-
trent dans ces diff�rentes cours par les portes a,
pratiqu�es dans les dehors, a�nli que nous Fu-
yons d�j� obferv�.
Des Offices & de leurs- d�pendances.
En g�n�ral, les Offices (/>) font partie du d�-
partement de la bouche; ils doivent �tre plus 011
moins fpacieux, f�lon qu'ils appartiennent � une
Maifon particuliere, ou � un B�timent confid�ra-
ble. Ici, ils font diilribu�s dans les trois c�t�s
de la cour, 'd, & r�pondent � l'importance des
�uiiines dont on vient de parler. Ils font com-
pof�s d'une pi�ce appel�e, Office par� , o� vien-
nent d�jeuner les Ma�tres, & o� les Officiers de
la bouche prennent leur repas. C'eit dans cette
forte de pi�ces qu'on �tale aui�� l'argenterie, les
criilaux*, les porcelaines , &c. Pr�s d'elle eil ordi-
nairement pratiqu� un laboratoire d'Office , lieu
o� fe pr�parent & s'appr�tent les defferts ; une
Etuve pour les pr�ferver de toute humidit�;
une cantine pour contenir le fucre, les �pices ,
les confitures, & les liqueurs ; une d�penfe pour
les proviiions qui font confi�es par le Ma�tre-
d'H�tel � l'Officier pour la femaine; une pi�ce
(p) Office j lieu o� fe d�pofent dans les Maifons particuli�-
res , la deflerte de la table, les liqueurs, les fruits, fous la garde
de la femme de charge. Dans les Edifices conf�d�rables>(Jes
Offices font compof�s de plui�eurs pi�ces dont nous donnons
dans
le texte le d�nombrement.
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ijl                     Cours
particuliere , avec un four pour pr�parer & cuire
les croquantes , les bifcuits, les maffepins, &c ;
une autre pi�ce pour contenir l'argenterie con-
fi�e � la garde de l'Officier d'office. Cette pi�ce
doit �tre ferm�e avec s�ret�, & �tre fitu�e en-
tre les Offices & les Cuiiines, ou enfin, �tre
plac�e pr�s du logement du Ma�tre-d'H�tel. Ce lo-
gement doit �tre, entre-autres, compof� d'une Salle
� manger, o� il traite les perfonnes de dehors,
qui ne pouvant �tre admifes � la table des Ma�-
tres, ne peuvent non-plus prendre leur repas �
rOffice.
De l'autre c�t� de l'all�e Ν, & pr�s de la cour
L , & des B�timents des Cuifines, font diftri-
bu�es la baffe-cour Ο , & celles Q, P. Celle Ο
n'eit qu'un grand pr�au plant� de gazon : au mi-
lieu de ce pr�au fe trouve une canardiere , &
� la t�te eft plac� un Colombier en pied ( q ).
Cette cour eft � pans coup�s, & dans fes an-
gles font quatre autres petites cours ferrant de
retraite pour les volailles , pour les toits � porcs,
&c. La cour Q & fes B�timents, font deftin�s �
fervir de m�nagerie, lieu o� l'on �lev� les ani-
maux domeitiques, & o� on les engraiiTe : on y
(q) Un Colombier en pied eft r�put� feigne�rial ; les autres
s'appellent volets , fuies ; mais les particuliers n'en peuvent
avoir, s'ils n'ont un certain nombre d'arpents de terre., o� les
pigeons font cenf�s fe nourir. Les fen�tres des Colombiers doi-
vent �tre expof�es au midi. Les Colombiers en pied doivent �tre
pr�f�r�s circulaires, � toute autre efpece de forme, �tant plus
commodes dans leur int�rieur, pour y placer une �chelle tour-
nante : leur fondation doit qjpre folide, Se leur aire bien battue
& ciment�e ; la fiente des pigeons �tant fujete � ruiner les
fondements. Ordinairement on blanchit �n-dehors & en-dedans
les Colombiers ; la blancheur plaifant aux pigeon«, S� les y atj*�
tirant plus facilement;.
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d'Architecture.           173
diilribue auffi quelques voli�res pour y renfer-
mer des oifeaux d'une cfpece moins commune,
que celle des baifes-cours proprement dites : dans
cette vue , la difpofition des B�timents & des
cours, doit �tre tenue dans une parfaite fym�-
trie ; fur - tout devant figurer , comme dans ce
Plan , avec ceux de la baffe-cour Ρ , deilin�s
� contenir le b�tail & les fburages.
Toutes ces ailes de B�timent font peu �lev�es, &
d'une d�coration iimple, mais r�guli�re ; c'eit le feul
moyen dont on doive ufer pour attirer quelquefois
la pr�fence des Ma�tres & des �trangers dans ces
lieux �cart�s : auffi avons nous recommand� d�j�
plus d'une fois que la diitribiition de tous ces
B�timents entre dans le projet de i'Architecle, &
qu'il pr�fide lui-m�me � leur ordonnance. Une
autre confid�ration non moins importante de fa
part, eil de fonger � expofer chacun de ces dif-
f�rents d�partements d'une maniere relative � leur
objet particulier; ce qui lui fait fouvent chan-
ger la difpoiition de ion premier Plan ; parce que
ce n'eft gu�re que fur le lieu m�me , qu'on peut
d�terminer convenablement la iituation de ces
diff�rentes ailes, & en y conf�rant avec les per-
fonnes charg�es de veiller � la confervation des
divers objets que ces B�timents contiennent. Il eil
vrai que toutes ces pr�cautions, n�anmoins in-
difpenfables, rencontrent beaucoup de difficult�s ;
auffi ell-ce pour cela , & pour �viter la d�penfe >
qu'entra�ne apr�s foi la fym�tfie que nous recom-
mandons , qu'on remarque tant d'irr�gularit� dans
la plupart des d�pendances de nos Maifons de
plaifance aux environs de Paris ; ainii que dans
celles de nos Provinces. Ce faite & cette opu-
lence 9 dit-un , ne conviennent gu�re que pour nos
-ocr page 291-
174                       Cours
Maifons Royales , o� tout doit �tre m�dit� �i
r�fl�chi. Cela peut �tre vrai ; mais nous d�li-
rerions qu'on y penf�t davantage, m�me lors-
qu'il ne s'agit que des bai�'es-cours plant�es � neuf
dans nos Marions de campagne , ou dans les B�-
timents d'�conomie ; la fym�trie, apr�s la propor-
tion & le rapport des mafles aux parties , te-
nant lieu d'une certaine d�coration qui doit �tre
r�ferv�e pour le principal corps-de-logis , & quel-
quefois dans les parties correfpondantes qui Fa-
voiiinent. Pai�bns � pr�i�nt de l'autre'c�t� de
l'avant-cour G, pour parler de fuite des baffes-
cours contenues dans ce Plan.
Des Ecuries > des Remifes, & de leurs
d�pendances.
La cour Κ femblable � celle L, parce qu'elles
s'aper�oivent enfemble en traverfant l'avant-cour
G, contient dans fa profondeur, une aile de B�-
timent femblable � celle qui lui eil oppof�e, &
dans laquelle eil plac�e l'Ecurie (r) du Ma�tre
du logis. Cette Ecurie eil double, & au milieu
de fa largeur font diilribu�s des pieds - droits 9
*■.<                                      ζ                            ---------                   '       ' "------'-------�""■" ■»""" '                                   Il                    I                                                             
(r) Ecurie ; on comprend fous ce nom tout le d�partement
des Ecuyers, des fous-Ecuyers, & des Domeftiques attach�s
� ces fortes de B�timents. Ordinairement elles font i�mpies,
comme celles plac�es fous les Galleries du Louvre, b�ties avec
beaucoup d'art, par Philibert Delorme. Les Ecuries doubles fe
font de deux efpeces, f�avoir, avec un paflage au milieu, com-
me celles de Chantilly, par M. Aubert, ou avec deux paiTages
de chaque c�t�, &: les chevaux t�te � t�te; comme dans les
petites Ecuries du Roi � Verfailles, b�ties fur les Dei�ins d'Har-
douin Manfard. Les piliers qui f�parent les chevaux de carolTe,
doivent avoir quatre pieds de diftance ; il fuffit feulement da
�$0i donner trois pieds & demi pour les chevaux de felle.
,;
-ocr page 292-
p'Architecture.            175?
portant des arcs , & qui forment deux vo�tes
plein-cintre, qui terminent la partie fup�rieure
de cette Ecurie. Les mangeoirs des chevaux font
adoiT�s de chaque c�t� de ces pied-droits : d'o�
il arrive que la lumi�re ne frappe que fur leur
croupe, le jour les incommodant, lorfqu'il ont la
t�te tourn�e du cot� des croif�es. Ces �curies
doubles doivent avoir trente - trois pieds dans
�uvre ; trois pieds de pieds-droits ; huit pieds
pour la longueur de chaque rang de chevaux, y
compris les mangeoirs; & huit pieds pour cha-
cun des pai�ages. Les vo�tes doivent �tre por-
t�es � une certaine �l�vation, & leurs arcs dou-
bleaux conitruits en pierre ; enfin, ces vo�tes
f� font en moilon ou en brique.
Les Ecuries de Verfailles, ainf� que nous l'a-
vons d�j� dit ailleurs, peuvent paffer pour au-
tant de chefs-d'�uvre en ce genre. Celles de Chan-
tilly b�ties nouvellement, & que nous n'eiHmons
gu�re , font aui�� doubles ; mais les chevaux ont
la t�te tourn�e du c�t� des ouvertures, & elles
n'ont qu'un paffage commun entre les deux rangs
de chevaux. Ces Ecuries occupent moins d'efpace,
& n'ont befoin que de vingt-quatre ou vingt-fix
pieds dans �uvre. Nous venons de recommander
de donner une certaine �l�vation aux vo�tes des
Ecuries ; mais il faut prendre garde n�anmoins de
leur donner trop de hauteur. Celles de Chantilly
font trop �lev�es, aui�� les chevaux y ont-ils
froid, lorfqu'il n'y en a pas la quantit� qu'elles
doivent contenir. Les Ecuries du Ch�teau de
Maifons, apr�s celles de Verfailles, font encore
tr�s-bien.
Les Ecuries fimples peuvent n'avoir de largeur
%uq feize ou dix-fept pieds j celles-ci, dans lei
-ocr page 293-
ij6                     Cours
grands Edifices , fervent pour les chevaux d�
main, de manege & de chai�e ; dans les doubles, on
met les chevaux d'�quipage : ί ou ν ent, au milieu de
ces derni�res, lorfqu'elles ont beaucoup d'�tendue,
on pratique un grand porche carr� , circulaire , ou
� pans , termin� en calotte ; &, dans les angles , on
place des abreuvoirs en pierre remplis d'eau , pour
la nuit, & en cas d'incendie : quelquefois aui�i, lorf-
que ces porches ont un certain diam�tre, ils fer-
vent de man�ge couvert, pour exercer les chevaux
� la courfe.
Les principales ouvertures des Ecuries doivent
�tre tourn�es du c�t� du feptentrion , � moins
qu'il ne s'agiife de celles deilinees particuli�rement
pour les chevaux malades; alors , elles doivent
�tre expof�es au midi; au contraire , celles qui con-
tiennent les chevaux entiers , peuvent l'�tre au
nord. Le fol des Ecuries, en g�n�rai, doit �tre
pav� avec des revers qui en �coulent facilement
les urines : il y faut difpofer aui�i des endroits com-
modes , pour contenir les coffres � l'avoine &. les
lits pour les palfreniers.
Attenant les grandes Ecuries, il faut m�nager
des pi�ces particuli�res pour ferrer les feiles &
harnois , &. des Salles pour le travail des ouvriers
charg�s du foin de leurs r�parations. Il faut aui�i
m�nager des cours � fumier & des abreuvoirs;
enfin, dans une enceinte particuliere, le loge-
ment de l'Ecuyer, compof� ordinairement de deux
ou trois Appartements, d'un Office, d'une Cui-
fme, de pluiieufs Remifes 6k de deux petites Ecu-
ries , f une pour les chevaux de felle, & l'autre
pour ceux de carroffe. Dans notre Plan, ce d�-
partement eft plac� en h , pendant que la cour c
qui lui eil oppof�e contient le logement du fous-
Ecuyetr
ί                                                .''                                                                                                                       ' '■*..'V '■",.- -
-ocr page 294-
�c�yer, charg� du foin de iaire dreiTer les che-
vaux pour la cou rie, & de toute la manuten-
tion de ce d�partement. C'eft auf�� dans les B�-
timents de cette cour c , que font diitribu��s quel-
ques remifes pour les charriots & les �quipages
de campagne , quelques Ecuries particuli�res ; enc-
an des
Greniers � foin, � paille & � avoine, des
Chambres pour les palefreniers, les cochers ; des
Latrines, &c*
Tous ces B�timents , dans notre Plan �, font
plant�s r�guli�rement , aui��-bien que ceux qui
leur font oppof�s;',&;, comme nous l'avons d�j�
remarqu�, ils ont peu de hauteur, n'y ayant que
les B�timents des grandes Ecuries & celui des
Cui�nes , plac�s en face l'un de l'autre , qui ayent
une certaine �l�vation ; le B�timent d�s Ecu-
ries, dans le fond de la cour K; celui de la Cui-
iin�, dans le fond de la cour h. Qu'on y prenne
garde ; cei� cette oppohtion de hauteur, dans
les B�timents dont nous parlons �, qui 9 r�unie
avec la difpoiition fym�trique de leur distribu-
tion, fait le charme des d�pendances de nos belles
demeures ; rien n'annon�ant tant la tnagnii�cence
du Ma�tre & la capacit� de l'Architede , que l'af-
peet r�gulier & fou vent pyramidal dont ces d�-
pendances font fufceptibles ; ainii qu'on le peut voir
au Ch�teau de Maifons b�ti par Manfard, & parti-
culi�rement � celui de Richelieu , b�ti par le Mer-
cier : ce dernier eil peut-�tre, le feul Edifice en
France de cette efp�ce, qui f�it enti�rement ache-
v� dans toutes fes parties, & fur-tout dans (es iiTues
& f�s d�pendances.
En face des grandes �Curies, & de l'autre c�t�
de l'all�e de communication Ν, ��. plac�e la cour
�l, fervant de man�ge d�couvert, dont nous
Toms IF.
                                     M
-ocr page 295-
178                     Cours
avons pr�c�demment expliqu� l'uiage. Cette cour
R donne entr�e, par une de fes extr�mit�s , � une
baffe -cour T, entour�e de B�timents deftin�s pour
le Chenil (�), contenant les chiens de chai�e, le
logement des Piqueurs, des valets de chiens , &�:
Ces Chenils font de grandes Salles � rez - de-
chauff�e ,., expof�es diverfement f�lon les diff�-
rentes efp�ces qui compofent la meute. Pr�s des
chenils , il faut m�nager des cours particuli�res
munies d'eaux abondantes pour laver, rafra�chir
& abreuver ces animaux.
La cour S contient les B�timents oii font pla-
c�es les remifes; celles deitin�es pour les �qui-
pages des Ma�tres, doivent �tre expof�es au fep-
tentrion, jamais an midi ni au couchant. Cha-
cune de ces remifes doit avoir de profondeur au
moins vingt-un pieds , fur neuf de largeur, & �tre
ferm�e par des portes de menuiferie qui en con-
servent les �quipages : les autres remifes deiti-
n�es pour les carroiles de moindre valeur, peu-
vent �tre expof�es au nord , & avoir moins de
largeur & de profondeur : mais s dans toutes ,
il faut y pratiquer des couriieres, compof�es de
pi�ces de charpente de forme triangulaire , qui fa-
cilitent l'entr�e & la fortie des �quipages dans les
remifes, fans qu'ils fe nuifent les uns aux autres. Les
autres remifes pour les chaifes de pofte, les ca-
briolets 8� les diligences peuvent fe placer in-
diitin&ement � diff�rentes expofitions. Il ne faut
pas oublier, que pr�s de ces remifes, il faut pra-
(f) Chenil, 4U Latin �anik , d�riv� de Cards , chien- C'eft
ordinairement le lieu o� fe retirent & o� fe couchent les chiens
de chaiie. Sous ce nom 011 comprend aui�i les B�timents defti-
n�s � loger les Officiers de la V�nerie, les Piqueurs.
-ocr page 296-
d'Architecture. ify
tiquer des cours de d�charge; ainfi que des at-
teliers pour les Charrons , des forges pour les
Mar�chaux, des magarins pour d�pofer les uften-
files & les provirions , des eicaliers pour mon-
ter dans les combles; enfin, des pompes, oit au
moins des puits, & toutes les autres commodit�s �je
leur rerTort,
Nous le r�p�tons ; pour parvenir � entrer dans
tous les d�tails , concernant ces diff�rents B�ti-
ments, il faut les �tudier chacun f�par�ment, tou-
jours d'apr�s le Plan par mafles, & en faire les
d�veloppements fur une �chelle un peu grande,
afin de pouvoir fe rendre compte de l'�conomie
dont on peut ufer dans la b�tiiTe, de la com-
modit� que doit contenir chaque d�partement,
& de la iirnp�icit� ou du certain degr� de richefle
qu'on peut leur procurer. PaiTons � pr�fent � d'au-
tres d�partements non moins importants, parce
qu'ils font partie de la d�coration del� cour d'hon-
neur B.
Les B�timents qui fe remarquent � droite, en-
tourent une grande cour U, & contiennent dans
leur int�rieur ee qu'on appelle, dans un Edifice
coniid�rable, le Gouvernement. C'eft ici que fe
diitribue le logement du Gouverneur du Ch�teau ;
celui de l'Intendant, des Secr�taires, de l'Aum�-
nier , du Concierge, du Receveur des Domaines,
enfin, ceux des anciens OfEciers de la> Maifon, �
qui le Ma�tre conferve une retraite honorable.
Tous ces Appartements fe trouvent ici � r'�z-d�-
chauff�e avec des Entrefols pratiqu�s fur les
moyennes & les petites pi�ces. Tous ces diff�-
rents appartements doivent fe communiquer par
une galierie int�rieure * pom faciliter la cortirtuini-
cation des perfonnes qui habitent ce nouveau d�s
Mij
-ocr page 297-
i8o                       Cours
parlement. On y place quelquefois une Salle
de fpec~lacle , des Salles de billard, un Jeu de pau-
me , des Bains , une Chapelle ind�pendante de
celle contenue dans l'int�rieur du principal corps-
de-logis : affez fou vent auffi , comme nous l'avons
d�j� indiqu�, le fol de ces cours eil garni de ta-
pis verds, pour plus d'�conomie} d'ailleurs ils pro-
eurent un coup d'�uil plus int�retfant aux Appar-
tements, & difpenfent de l'entretien du pav�.
Le corps de B�timent plac� � la gauche de la
cour d'honneur Β , & qui entoure la cour V,
eil de m�me grandeur & de m�me forme que
celui que nous venons de d�crire. Ceil dans les
quatre ailes de ce corps de B�timent que font
diitribu�s les diff�rents Appartements des �tran-
gers , munis chacun de toutes les commodit�s
qu'on aime � rencontrer � la campagne. Quel-
ques-uns doivent avoir leur Cuifme particuliere ;
on doit aufii y pratiquer le logement d'un Concier-
ge , qui puiife communiquer � tout ce d�parte-
ment, par une Gallerie int�rieure qui en faci-
lite les communications refpeclives. Nous n'en-
trerons point � pr�fent dans les d�tails de la diitri-
hution de ces diff�rentes pi�ces ; les proc�d�s dont
on doit ufer ici, �tant les m�mes que ceux dont
nous aurons occaiion de parler, en d�crivant le
principal corps-de-logis A, dont nous offrirons les
diilributions int�rieures dans la Planche XXXV.
Nous obfe*rverons feulement que la d�coration
des Appartements dont nous parlons, doit �tre
trait�e avec bien plus de fimplicit� que celle du
Ch�teau ; la commodit� & la fym�trie devant en
faire prefque tous les irais.
Ce corps de B�timent & celui du Gouvernement
-ocr page 298-
d'Architecture.          τ$ι
qui lui eu. oppof�, para�tront peut-�tre un peu
�loign�s du ch�teau ; & l'on regardera comme im
un tr�s-grand inconv�nient de ne pouvoir y com-
muniquer � couvert ; n�anmoins l'avantage que
�e principal corps-de-logis fe trouve avoir d'�-
tre iibl� de toute part, nous a fait paffer par-
deffus cette consid�ration, ainii qu'on le remar-
que dans prefque toutes nos belles Maifons de Plai-
fance en France , o� l'on a recours alors aux
chaifes � porteur dans le cas de mauvais temps ,
pour que les Ma�tres puiffent fe rendre chacun
� leur deitination. PaiTons � pr�fent � la Plan-
che XXXIV.
Nous avons d�j� d�crit la diff�rence qui fe
rencontre dans la diitribution �^s d�pendances
de la Planche dont nous venons de parler, com-
par�e avec celle-ci ; ainii, nous n'ajouterons rien
� ce que nous en avons dit, page 150, non plus
qu'aux d�tails des diff�rentes baffes - cours ; ils
peuvent s'appliquer ici. Nous remarquerons feu-
lement que l'aile de l'Orangerie plac�e en E, &
celle qui lui eit oppoiee G, dans laquelle fe trou-
ve comprife la Salle de fpectasle, femblent exi-
ger de nous quelques d�tails.
Dans ce deuxi�me Plan, plus �conomique que
le pr�c�dent, on ne remarque ni le B�timent par-
ticulier pour les �trangers, ni celui deftin� pour
le gouvernement : ces deux d�partements parti-
culiers fe rr�uvant compris , quoiqu'en abr�g�,
dans les ailes plac�es � la droite & � la gauche
de l'entr�e de la cour d'honneur Β, du milieu de
laquelle s'aper�oit le B�timent de l'Orangerie E»
dont la principale fa�ade fe remarque du cot�
du parterre F , & fait face � celle du B�timent G ;
l'int�rieur de ce B�timent renferme une petite Salle
M iij
r
-ocr page 299-
i8i                       Cours
de fpe<�a�le,une Salle de bal & de concert, leurs
d�pendances, & quelques pi�ces pour les rafra�-
chiffements. Ces fortes de Salles demandent une
�tude particuliere, & , pour �tre bien entendues ,
exigent des d�veloppements bien dei�in�s : d�velop-
pements toujours plus faciles � concevoir, qu'une
narration d�pouill�e de fes exemples ; ainfi, nous
en traiterons ailleurs en donnant les Plans de quel-
ques-unes qui viennent de s'ex�cuter nouvelle-
ment � Paris avec autant d'art que de capacit�,
de la part de leurs ordonnateurs.
A l'�gard des B�timents defiin�s l'hiver � fer.
rer les orangers, nous dirons qu'ils doivent tou-
jours avoir dans leur int�rieur , leurs ouvertures
perc�es du c�t� du midi, & �tre plus ou moins
fpacieux, � raifon de la quantit� des arbres qu'ils
doivent contenir : il faut qu'ils foient vo�t�s-, que
les murs en foient folidement b�tis , & que les
croife.es foient garnies de doubles ch�ffis , pour
pr�ferv�r ces pi�ces du froid pendant l'hiver.
Nous obferverons encore qu'il ne �ufRt pas d'ex-
pofer les ouvertures de ces B�timents au midi ;
mais qu'il convient qu'ils foient ifol�s de toute
part, dans la crainte que d'anciens B�timents ,
de petites cours ou des bouquets de^ bois en les
entourant, ne leur occafionnent de l'humidit�. Il
eft encore bon d'�viter qu'ils foient plac�s dans
un fond; cependant, pour les garantir de ce d�-
faut , on ne doit pas les �lever fur des terraffes ,
� caufe de la difficult� du tranfport des caiffes
de la ferre dans le Jardin , & du Jardin dans la
Af�ez fouvent l'int�rieur de ces B�timeqts. eil
fufceptible de quelque d�coration , f�lon qu'on
les d�ftine > l'�t� � y donner des f�tes,ou, des:fe�~
*
-ocr page 300-
d'Architecture.          183
tins. L'Orangerie de Saint-Cloud & celle de Seaux
nous ont paru les plus propres � fervir de mod�les
en ce genre � nos Elev�s ; celle de Verfailles �tant
d'une �tendue & d'une magnificence dont on a
peu d'exemples en Europe.
On peut compter encore dans ce d�nombre-
ment des d�pendances de nos belles Maifons de
plaifanee, les Serres chaudes (/).& les Pavillons (ie),
tels qu'ils s'en remarque dans les Jardins pota-
gers de Choify & de Seaux; les Grottes ( χ ) ,
comme dans les Jardins de Noii'y & de Montmo-
rency ; les Kiofques 0)? comme � Bercy; les
petits Trianons (z_}9 comme � Saint-Cloud; les
Belveders ( a ), comme dans les Jardins de Ba-
(i) Les Serres chaudes font des pi�ces toutes vitr�es du c�t� du
midi, & o�, l'hiver, on entretient la chaleur par des poiles
pour y �lever des fruits pr�coces , des fleurs & des plantes
�trang�res, aini� qu'il s'en remarque dans les Jardins de nos
Maifons Royales , dans ceux de nos riches particuliers, & qu'il
s'en voit une au Jardin du Roi � Paris.
(w) Pavillon , petit B�timent compofe feulement d'un Sallon
pour y fervir la colation , &: de deux petits Cabinets, l'un
pour les rafra�chiffements, & l'autre pour fervir de garderobe.
(χ) Grotte , efpece de petit B�timent fouterrein orn� de ro-
cailles , termin� en vo�te, & fouvent perc� d'une lunette �
travers laquelle on d�couvre le ciel. Sur l'aire de ces Grottes
on place des bai�ins avec des eaux jaiiliifantcs, & l'on prati-
que pr�s d'elles de petites pi�ces, pour y contenir des rafra�-
chillements.
(y) Kiofque , petit Sallon, � l'imitation de ceux des Le-
vantins, ouvert de toute part, plac� en belle vue fur le bord
d'un grand chemin , d'un lac ou d'une rivi�re, & difpof� de
maniere qu'il falle point de vue avec quelque ma�treiTe all�e,
& qu'il correfponde � quelque autre objet � peu-pr�s du m�me
genre.
(�) Trianon , petit B�timent fervant de retraite aux Ma�tres
ou aux Convives , pour Le fouilraire au tumulte, pour s'y reti-
rer en cas d'indifpofitio�, ou y vivre dans la Phi�ofophie &
la folitude.
(a) Belvedcrs , petits B�timents expof�s en belle vue, &
Miv
-ocr page 301-
ιδ4                 Cou κ s
gnolet, enfin les Laiteries (�), & les Faifande-
ries (c), comme � Chantilly, autant de produc-
tions ing�nieuies , dont nous donnerons quelques
def�ins particuliers, dans les Volumes qui fuivront
notre Cours , o� nous prendrons loin de rapporter
les B�timents de Paris & de fes environs qui n'ont
point �t� grav�s, & particuli�rement les Edifices
les plus importants, �lev�s dans les Provinces du
Royaume; nouvel ouvrage qui, pr�c�d� des Le-
�ons que nous donnons ici, fournira aux jeunes
Archite&es des reiTources & des exemples int�-
rei�ants, qui, en leur f�rtilifant l'imagination, les
rapprocheront du vrai caract�re qu'il conviendra
4e donner � chacune de leurs productions.
Parlons � pr�fent � la diitribution {d) int�rieure
des Appartements (<-), dont �e m�rite effenciel,
ain� que nous l'avons d�j� remarqu�, conflits
� ne jamais nuire aux dehors, � quelque degr�
de perfe&ion qu'on la veuille porter, �oit pour
la commodit�, la beaut� , ou l'agr�ment.
jWff- *,*'I.I.I.U. JJ',-11-. )' Ψ '11'. LI ' ■h""'lli'l'':J' "J" ■■■<■■■",■'^'t-'-'**�'------..^■�».-�»■■.■.^lim.ymif.�.ifci�-»-. ......., uni ,u
contenant un Sallon & un ou deux petits appartements, avec
Cuifine & OfHce dans les fouterreins , & o� fe retire le Ma�tre
� quand il vient feul avec un ami, dans fes Domaines.
(�) Laiterie , lieu, comme nous l'avons dit ailleurs, o� les
Jes Dames viennent prendre le lait, battre le beure, & faire
des fromages, pour fe d�laffer des courfes �c des amufements
champ�tres,
(c) Faifanderie , petit B�timent, dont nous avons auiT� parl� ,
en citant &; promettant la defeription de celle plac�e dans
les Jardins de Chantilly.
(a) Diitribution , nomm�e par Vitruve Ordina�o, s'entend
4e la divifion & de l'arrangement des diff�rentes pi�ces qui com»
pof�nt le Plan des divers �tages d'un B�timent,
(e) Appartement, dq mot Latin Par�mentum, qui vient du,
\c�be« rartiri� dUYiieir,
-ocr page 302-
d'Architecture. iSj
CHAPITRE III.
DE LA DISTRIBUTION INT�-
RIEURE EN G�N�RAL;
Et en particulier, de la Forme,
de la Proportion et de la Sy-
m�trie qu'il co ν vi ε nt d'ob-
server DANS CHACU Ν Ε DES
pi�ces (iui composent les
Appartements.
JOUR pouvoir entrer dans tous les d�tails que
comprend cette partie de l'Architecture ; nous
donnerons deux Plans faits pour le m�me Palais :
dans le premier, nous avons facrifi� une partie
des dedans aux dehors ; dans le f�cond au contraire,
nous avons pr�f�r� la commodit� int�rieure � la
beaut� ext�rieure. Nous avons cru devoir pren-
dre cette route, parce qu'elle nous a amen� na-
turellement � des difcui�ions, qui, appartenant
� notre propre ouvrage, ont pu nous difpenfer
de faire la cenfure des productions de nos Ma�tres.
Il ne faut donc pas s'attendre � trouver, dans ces
deux projets, tout le degr� de perfedion qu'on
a droit d'efp�rer ; puifqu'il eil queition ici de
-ocr page 303-
i86                         Cours
faire fentir la difficult� de concilier la diitribu-
tion, dont nous parlons, avec l'ordonnance des
B�timents , qui a fait l'objet des Volumes pr�-
c�dents.
On doit d'ailleurs fe rappeler que ces deux
Plans, vari�s dans leur diftribution int�rieure &
ext�rieure , nous ont d�j� fourni foccafion ,
page 148 & fuivantes de ce Volume, de pr�fenter
des d�pendances qui ne fe reifemblent point,
dans les Planches XXXIII & XXXIV ; ce qui
nous a port� � faire fentir plus d'une fois l'avan-
tage ou le d�favantage d'un projet fur l'autre; �
traiter, en outre , des diff�rentes exportions qu'il
convient de donner � chaque d�partement ; en-
fin de l'�conomie qu'il faut apporter , dans la
f�rucTture & l'ordonnance de chacun de ces ob-
jets , coni�d�r� en particulier. Nous dirons m�-
me ici, que cette m�thode , quoique trait�e af�ez
bri�vement,*a plu � la plupart de nos Lecteurs;
� en juger par les furfrages que nous ont donn�s
les Ma�tres de l'Art & les Amateurs qui ont fnivi
nos Cours. Fond� fur cette approbation , nous
avons cru devoir fuivre le m�me proc�d� ,
tant pour les dedans dont nous allons parler,
que pour les dehors dont nous avons trait� dans
les Chapitres pr�c�dents : par-l� , nous fuivrons
l'ordre que nous avons tenu dans nos Le�ons ,
jufques � pr�fent. Nous oibns m�me avancer ,
d'apr�s cette marche, que les meilleurs Elev�s
qui font fortis de nos mains, mont gu�re atteint
le degr� d'eftime dont ils jouiffent aujourd'hui,
que parce que nous avons pris foin , dans nos
Conf�rences , de nous �loigner de la routine qui
fait la bafe de la plupart des Livres qui traitent
-ocr page 304-
d'Architecture.              187
de la diftribution, & o�, aiTez commun�ment,
on ne trouve que les defcriprions des Ouvra-
ges de leur Auteur, plut�t que des principes
fur cette partie ii efTencielle de l'Architecture.
Sans nous inqui�ter donc , jufqu'� un certain
point, des objections qu'on pouroit nous faire,
fur la diviiion de ce Trait� , nous nous en
tiendrons � la m�thode qui nous a r�ui�i, pour
le plus grand nombre des jeunes Artiftes con-
fi�s � nos foins ; & nous allons rendre compte
des motifs qui nous ont port� � fuivre cette
route.
Le d�faut de pr�ceptes r�pandus dans nos Au-
teurs , nous a d�termin� � aller viiiter , � di-
verfes reprifes , les diff�rents genres d'Edifices de
cette Capitale & de (es environs, � deifein de pren-
dre occaiion d'y conf�rer avec les Propri�taires 9
d'y prendre les mefures exactes de quelques-uns ,
& d'en compofer enfuite de notre invention ,
afin , par-l� , de fuppl�er � ceux qui fe trouvent
r�pandus dans nos 'Recceuils , & qui, quoiqu'eili-
mables, � beaucoup d'�gards, ne font pas tou-
jours diilribu�s , de maniere � r�unir toutes les
commodit�s dont on, fait faire ufage aujourd'hui :
en forte que " nous rie nous propofons pas feule-
ment de donner ici des exemples & des d�finitions
g�n�rales; mais auiii d'entrer dans le d�tail de
chacune des parties , qui conitituent la diitribu-
tion proprement dite , & d'en appliquer, dans
la fuite, les pr�ceptes � la d�coration ext�rieure
& int�rieure des B�timents de m�me genre & de
genre diff�rent.
- Nous avons d�j� cit�, page 107 de ce Volume 7
-ocr page 305-
i88                       Cours
d'Aviler (�), M; BoiFrand (g), M. Brifeux (//),
notre Trait� de la D�coration des Edifices (i) *
enrin l'Architecture Fran�oife ( k ), dont nous
avons donn� la defcription des quatre pre-
miers Volumes ; autant d'Ouvrages que nous
rappelons encore ici, comme devant faire l'ob-
(�) Commentateur de la premiere Edition deVignoIe, Ar-
chiteclre Italien, cit� premier Volume de ce Cours, page 2.15 ,
Kote (o).
Cette premiere Edition fut imprim�e en 16913 petit //2-4°. La
f�conde le fut en 1710, �c la troiiieme en 1710, c'eil dans cette
derni�re qu'Alexandre le. Blond, dont nous avons fait mention
dans i'mtiOduclion du premier Volume, page 155 , Note (%) ,
& dont nous parlons dans ce quatri�me Volume, page χ ,
a donn� les diitributions. En 1737 3 nous avons revu la
quatri�me �dition de cet Ouvrage, format grand �n-40. o� en
conservant les diilributions de le Blond , nous avons donn�
de nouveaux deifins de d�coration int�rieure ; cette partie de
Γ Architecture ayant fou ifert dans tous les temps 3 en France ,
des changements allez conl�d�rables.
Daviler �to�t n� � Paris, o� il elt mort en 170a, �g� de 47
ans. Le Blond �toit aui�� n� � Paris, & eft mort � P�tersbourg ,
�g� de 40 ans. C'eft de cet Archite�le qu'eft l'excellent Trait�
de La th�orie du Jardinage,
qui, aini� que l'Ouvrage de �'AvUer,
fe trouve � Paris, chez Jombert.
(g) Voyez ce que nous avons dit de cet Architec�e, dans
l'introduction du premier Volume de ce Cours , Note (�).
(k) Cet Architecte a donn� en 1741, l'Art de b�tir'les
Maifo.'is de campagne, \
vol. in-40 , & les* diftributions en
font plus eltim�es que les d�corations. Nous avons auifi de
cet Architecie ζ vol. in-4,0. qui traitent du beau eiTenciel dans
les Arts j Ouvrage fyft�matique, qui a eu peu de fucc�s.
(i) Nous avons donn� cet Ouvrage d'Archite�lure en 1757»
en ζ vol. grand z/z-40. & dans lefquels fe trouvent plui�eurs
B�timents , � propos defquels, nous avons eu occaiion de
parler de la diftribution, de la d�coration ext�rieure & int�-
rieure , ainh que du Jardinage. A Paris chez Jombert.
(*) Voyez ce que nous avons dit de cet Ouvrage impor-
tant , dans les diff�rents Volumes de notre Cours : nous en
avons recommand� eiTencielkment, & l'�tude & l'examen, $
�ios Elev�s.
/ ■                                                                                                           ''■..■■ �                                                                                                                                                                                                                                                       i ;
\
-ocr page 306-
d'Architecture.           i'%
jet de la m�ditation de nos Elev�s ? malgr� Fint-
perfedion dont la plupart de ces productions ne
font pas exemptes. L'Art de diftrfb�er Tint�rieut
des B�timents doit �tre confid�r� comme une
fcience in�puifable , par la diveriit� �es motifs
& des occaiions qui offrent � l'Architecte de
nouveaux moyens d'arriver � la perfection.
Il n'y a point de .doute, cependant, qu'il ex.iir.e
des principes g�n�raux � obierver, dans la cliilri�
bution des dedans, comme dans l'ordonnance des
fa�ades, ainii que des ufages particuliers , qui
confiftent � mettre une certaine vari�t� dans la
forme des pi�ces d'un Appartement, � d�terminer
leur diam�tre relativement � leur hauteur, � ai�ii-
j�tir leur expoiitio.n � raifon de leur deftination ;
enfin, � procurer � une Maifon d'�conomie, feu-
lement les commodit�s de fon rei�brt : � un H�-
tel, les pi�ces de foci�t� qui en font l'agr�ment;
� la r�iidence d'un Souverain , non - feulement
les Appartements de parade & les autres pi�ces
fpacieufes relatives � fa dignit�, mais encore celles
utiles aux perfonnes qui (ont attach�es � fa fuite,
� fa perfonne, ou qui compofent fa foci�t�.
Pour parvenir � diitinguer ces diff�rents ob-
jets , il eil trois chofes efl�ncielles � obierver : la
premiere, dans toutes les efpeces de diftributions,
d'avoir �gard aux pi�ces de n�cef�it�; la deuxi�me,
d'obferver celles de commodit�, & la troilieme
enfin, de donner toute fon attention � celles de
bienf�ance. D�fmiffons ces trois objets en par-
ticulier.
Les pi�ces de n�cef�it� femhJent avoir un fon-
dement certain & r�el, parce qu'il paro�t naturel
qu'un Edifice �lev� pour la demeure des hommes,
ioit muni eiTenciellemehi des pi�ces relatives �
-ocr page 307-
190                       Cours
l'�tat ou � la fortune du Propri�taire qui le fait
�riger, auffi-bien qu'au nombre des petfonnes qui
compofent fa famille ou fa foci�t�. De ce prin-
cipe de convenance na�t la difpofitioti du B�ti-
ment & l'arrangement des diff�rentes pi�ces d'un
Appartement, quoique les Edifices dont nous
parlons, femblent �tre �lev�s pour les m�mes fins.
De-l� na�t encore la quantit� des �tages qu'on
�lev� les uns au-deffus des autres , principale-
ment lorfqu'on fe trouve, pour ainfi-dire, forc�
de b�tir dans le quartie�. d'une Capitale tr�s-fr�-
quent� , foit par raport � fes affaires particuli�res,
�oit � la faveur du voiiinage des grands avec lef-
que�s celui qui b�tit eil en relation. Qu'on y prenne
garde ; ces diff�rentes confid�rations j, loin de re-
buter Γ Architecte, doivent lui fournir de nouveaux
moyens de manifefter fes talents ; elles lui font
na�tre des id�es nouvelles qui varient fes pro-
ductions , quoiqu'elles ne foient pas toujours faites
pour �tre imit�es,»parce que les tournures qu'il
a prifes , doivent feulement leurs fucc�s � foc-
caiion, & que fouvent un autre projet, quoique
de m�me genre, exige une toute autre marche,
prefque toujours ignor�e du jeune Artiite, qui,
comptant bien faire, copie tout ce qui lui paro�t
neuf; mais dont il abufe n�ceffairement, faute de
bien faifir l'intention du v�ritable Architecte, &
les befoins du Propri�taire.
Que nos Elev�s ne s'y trompent pas ; qu'ils
f�achent que c'ei� en accordant les choies de n�-
cef�it�, fans nuire � l'accord g�n�ral de tout le
projet, & en les tenant dans un rapport exact,
avec toutes les parties de la conftru&i�n & de
la d�coration, qu'ils peuvent feuls r�uf�ir. Qu'ils
fe rappellent encore, en compofant leurs Plans?
-ocr page 308-
d'Arghitect�re.            191
que cette m�me conitru�ion exige que les vides
foient en rapport avec les pleins, que les parties
foibles ibient foutenues par des parties fblides,
& que l'�conomie dans les mati�res, eil du ref-
fort
de toutes leurs productions : enfin , qu 'ils
n'ignorent pas que la d�coration demande que les
portes qui donnent entr�e � l'Edifice, foient dif-
poi�es de maniere � faire �poque dans Tordon-
donnance, que les croif�es qui l'�clairent ibient
d'une grandeur proportionn�e � tes premi�res
ouvertures, au diam�tre des pi�ces , & qu'elles
foient d'une forme relative au caracl�r� des fa-
�ades ext�rieures.
Les pi�ces qui regardent la commodit�, ont
auffi leurs fuj�tions � caufe de la relation qu'elles
doivent n�cessairement avoir avec Pexpofirion g�-
n�rale de l'Edifice, avec fa iituation, & avec fa
difpofition ; fans oublier la relation imm�diate que
l'on doit mettre entre la grandeur de ces m�mes
pi�ces^ & l'�tendue du B�timent ou fes limites;
enfin, � caufe des d�gagements dont il faut qu'elles
foient pourvues , fans cependant nuire en rien
aux Appartements de foci�t�, � ceux de parade,
ni aux pi�ces confacr�es au repos, dont la plu-
part doivent fe communiquer avec celles desti-
n�es � contenir les Domeftiques, pour que ceux-
ci puiiTent faire leur fervice fans troubler les Ma�-
tres. Qu'on y prenne garde ; fans toutes ces pr�-
cautions , on arrive rarement � procurer � nos
demeures, les eomm|dit�s dont nous parlons,
lefquelles nous portent n�anmoins � ch�rir ce qui
nous eil propre, & � �viter tout ce qui peut
nous nuire, principalement dans les Edifices def-
tin�s � l'habitation, & relatifs � la vie civile.
A l'�gard des pi�ces de bienf�ance, il eil peut-
-ocr page 309-
19*                  Cov-�i
�tre plus difficile d'en donner des notions jufteS
& pr�ciies , parce qu'elles tiennent, prefque tour-
tes � la magnificence, & que, par-l�, elles font
iujettes aux diff�rents ufages des grands Seigneurs, '
qui, i'elon le rang qu'ils tiennent dans l'�tat, exi-
gent une opulence qui, par-tout, ne peut raifon-
nablement �tre la m�me. Mais fans nous arr�ter
� pr�fent � cette difcuflion particuliere , dont
nous traiterons dans fon lieu, parlons d'une ma-
niere g�n�rale des moyens de r�duire en pratique
ces diff�rentes parties de la diftribution*
Premiere Di stri β ut ι ο ν int�-
rieure du principal Corps-de«
logis d'un Palais de soixante-
six toises de face,
A l'occa�on duquel on traite de la firme, d�
la proportion, & de �ufage des diff�rentes
pi�ces qui comp of ent les Appartements de
parade, de joci�t� , & les Appartements
priv�s.
Le B�timent dont nous allons faire la defcriri�
tion, coniifte dans la diitribution d'un Plan � rez-
de-chaui�ee de foixante fix toifes de longueur, le-
quel fera fuivi d'une autre diftribution pour le
m�me Palais ; ces deux <|bjets nous am�neront
aux difcui�ions que nous avons promifes. Nous don-
nerons aui�i dans la fuite une �l�vation principale »
une fur la face lat�rale, & une coupe de ce m�-
me Edifice , qui nous fourniront l'occaiion de r�-
capituler ce que nous avons pu dire d'int�ref-
fant?
-ocr page 310-
D'ARCH��ECtUk�.             193
�ant, concernant la d�coration des dehors dans
le Volume pr�c�dent , � deffein de r�unir, dans ce-
lui-ci, la relation qui doit fe rencontrer n�ceiiai-
rement, entre les dedans & les dehors des Edi-
fices d'une certaine importance.
Oejcription de la Planche XXX�^.
Le principal objet de la difpofrtion int�rieure
d'un Edifice, eil d'obferver, que les enfilades les
plus eiTencielles s'allignent les unes avec les au-
tres , de maniere, que, des pi�ces de parade &
de celles d� ibci�t�, on puifie > non-feulement
jouir de toute l'�tendue de l'int�rieur du B�ti-
ment & de Tes dehors, mais a�ffi de fa profon-
deur ; tel que l'expriment dans cette Planche les
lignes AS., CD, EF, GH, VX, ST, &c. Il
�il m�me � remarquer, que c'eil par le fecours
de ces diff�rentes enfilades & de ces diff�rentes
lignes qui s'�l�vent perpendiculairement les unes
fur les autres , que Ton parvient � planter r�-
guli�rement les murs de face & ceux de refend,
qui confKtuent la cage du B�timent, ainii que
les principales divifions des pi�ces qui le com-
pofent. ,,
                    "\\:■. ,
Le B�timent dont nous parlons, peut �tre confl-
d�r� comme une Dii�ribution double, femi-dou*
ble & fimple : par exemple, le principal corps du
milieu, marqu� I, eil nomm� double, parce que,
non-feulement, entre fes deux murs de face eil
interpof� un mur de refend; mais parce que la
plupart des pi�ces diilribu�es dans fa profondeur,
font � peu-pr�s �gales entre elles ; au-lieu que
la diilribiition des arrieres-eorps , marqu�e Κ , eil
nomm�e femi double, parce que les pi�ces d'en-
Tome IF,
                                    Ν
-ocr page 311-
194                      Cours
filade du c�t� du Jardin , font grandes &■ fpa*
cieufes , .& que celles du c�t� de la cour ont peu
de profondeur, �tant deftin�es feulement pour
des garde-robes, de petits cabinets, des d�gage-
ments , &c. & qu'enfin, les ailes en retour, mar-
qu�es L, �tant compof�es d'un feul rang de pi�ces
continues, comprifes entre deux nilirs de face,
font une diftribution iimple.
Nous remarquerons ici que le projet de ce B�-
timent , fuppofe une d�penfe illimit�e, en faveur
du double, du femi-double & du fimple qui corn-
pofent ce Plan ; d�penfe qu'il faudroit favoir �vi-
ter en toute autre occafion, � caufe de la mul-
tiplicit� des murs de face qui font toujours infi-
niment plus difpendi�ux que les murs de refend,
ceux-l� �tant fufceptibles d'une d�coration � la-
quelle ceux-ci ne font pas fujets. Les premiers,
dans toute leur �tendue, & leur pourtour , doi-
vent avoir4a m�me ordonnance, les m�mes mem-
bres d'Architecture, & les m�mes ornements, pen-
dant que les f�conds f�parant feulement les pi�-
ces de parade, les antichambres & les garde-robes»
& n'�tant conftruits qu'en ma�onnerie fujette, �
la v�rit�, � recevoir divers rev�tiiTements, ils ne
peuvent entrer en comparaifon avec l'ordonnance
des fa�ades. ,-'::■/:: :m ?P.Of : ;;:.�...'..:..!
Nous ajputerons ici, que le B�timent dont nous
parlons, �tant � un feul �tage, dans fa plus grande
- partie, a exig� plus d'�tendue & de p�rym�tre;
que, par-l� , fa d�penfe s'eft multipli�e, puifqu'il
eft aif� de concevoir que les fondations, la char-
pente & la couverture ont du doubler � propor-
tion de la longueur des. fa�ades ; ce qui ne feroit
pas arriv�, fi la m�me quantit� de pi�ces e�t �t�
comprife dans deux �tages.
-ocr page 312-
o Architecture.           195
Il ei�: vrai qu'il faut convenir que ce genre d'E-
difice, loriqiwl s'agit de la demeure d'un grand
Seigneur, eil prefque le feul convenable � mettre
en �uvre, & que c'�if � la prudence de l'Archi-
tedte , � �viter la r�it�ration des �tages dans fon
B�timent, � raifon de l'importance de la perfonne
pour laquelle il b�tit, fur-tout, s'il s'agit de l'�-
lever � la campagne, & non � la Ville, l'acqui-
iition des terreins, clans les grandes Capitales »
�tant toujours tr�s - difp�ndieufe , � moins qu'on
ne puiffe s'�carter vers l'extr�mit� de quelques-
uns de leurs fatixbourgs, ainfi que cela fe prati-
que � Paris, o� nos plus belles habitations font,
�lev�es hors de fes limites.
Quoique nous paroii�ions applaudir aux B�ti-
ments � un feul �tage, n�anmoins , lorfqu'ils font
d'une certaine �tendue, il en faut �lever le prin-
cipal avant-corps, afin de procurer � ce genre
d'Edifice , une forme piramidale qui le diflingue
des Maif�ns ordinaires. D'ailleurs le double �ta-
ge, que-nous iemblons propofer, leur procure
un air de dignit�, fans lequel ils reffemblent de
trop pr�s aux B�timents d'Orangeries ; critique
afTez judicieufe qu'on a faite du Palais Bourbon,
avant qu'il f�t reilaur� comme on le voit au-
jourd'hui , & qui, dans fon �tat actuel, paro�t
encore trop peu �lev�, quoiqu'il ait moins de lon-
gueur que celui trac� fur cette Planche.
           0*
Il eil vrai que nous avons des Edifices impor-
tants , �lev�s � plu�eurs �tages ; mais qui cepen-
dant , ne pyramident pas dans leur milieu : le Ch�-
teau de Yerfailles, par exemple, eil dans ce cas;
mais les ailes en arri�res-corps , font fi fort re-
cul�es fur Favantcorps , qu'il offre naturellement,
du point de diftance, pris � la terrafTe fup�rieure
-ocr page 313-
196                       Cours
de Latone, un effet pyramidal qui femble �lever
cette partie du milieu, de toute la hauteur de
l'�tage Attique ; magie dont Hardouin Manfard
a fenti tout le preilige, & qu'on ne iauroit trop
applaudir dans le cas dont il s'agit.
Qu'on y prenne garde : les obfervations que
nous faiions ici, n'appartiennent pas feulement �
la d�coration ext�rieure; elles tiennent effenciei-
lement � la diftribution des dedans, dont nous
parlons dans ce Chapitre ; & l'on ne peut fe dii-
penfer de faire marcher enfemble ces obferva-
tions, lorfqu'on veut �tablir une v�ritable cor-
refpondance entre les dehors, les dedans, & la
relation qu'on doit obferver entre la Diftribution,
la D�coration & la Conftmttion.
D'apr�s ce que nous venons de rapporter, il
eit aiTez facile de concevoir, que rien n'eft dif-
ficile � compofer qu'un Pian , fur-tout lorfqu'�
Tefprit de convenance > on veut allier l'utilit� , le
commode & le grand : car, quoiqu'il paroifTe d'a-
bord, que la Diftribution, n'a pour objet que de
conftater les diff�rents diam�tres des pi�ces, leur
'forme & leur proportion, fuivant leur ufage par-
ticulier; que devi�ndroient ces m�mes diam�tres,
ces proportions & ces formes, fi. l'on ne connoif-
foit , en d�terminant leur difpoiition, les rap-
ports que leur largeur & leur longueur doivent
avoir, pr�cif�ment avec leur hauteur, &: ii on ne
les faif�it pas correfpondre � la magnificence ,
ou � la {implicite des dehors, � la hauteur des
�rages , � la fym�trie ext�rieure & int�rieure, �
l'enfliade des portes, � la fituation des chemi-
n�es , &c. D'ailleurs, comment d�terminer dans
les dedans, la largeur & la hauteur des ouver-
tures qui �clairent ces, diff�rentes pi�ces ? dans
-ocr page 314-
                                                                                                                       -' ■'■'■' :,:.■ ■
d'Arc h itecture.            197
les dehors, les entrecolonnements, les trumeaux,
les �coin�ons, fi l'on ne s'eil attach� , dans le
commencement de fori projet, � combiner les re-
lations que toutes ces diverfes parties doivent
avoir avec les principes �tablis dans les Volumes
pr�c�dents, o� nous avons trait� de la D�cora-
tion ext�rieure, en annon�ant fon analogie, avec-
la Diirribution dont nous parlons ici.
Qu'on y r�flechiffe : dans quel abus ne font
pas tomb�s quelques-uns de nos jeunes Archi-
teclcs, pour avoir voulu pr�cipitamment planter
leur Edifice fur la compofkion de leur premier
Plan; h'eft-ce pas une n�gligence condamnable
de leur part, d'attendre, lors de la pleine ex�-
cution, � r�foudre fur.le lieu les difficult�s qui
fe rencontrent fouvent dans la main d'�livre ;
au lieu de faire , avant tout', non-feulement les
d�veloppements n�ceffaires ; mais m�me des mo-
d�les en grand des parties les plus eiTencielles.
Quelle autre erreur encore, de vouloir faire enten-
dre , comme nous en avons �t� t�moins plus d'une
fois, qu'on peut fe paiTer de faire d�s �l�vations
& des coupes, pour d�terminer fon Plan ? Que
nous penfons d�fr�remment ! Nous ne craignons
pas m�me d'avancer, que le g�nie le plus f�cond,
& l'exp�rience la plus confomm�e, ne peuvent dif-
penfer un Architecte , quelqu'habile qu'il foit d'ail-
leurs, d'entrer dans tous les d�tails qu'entra�ne
apr�s foi le projet d'un B�timent; puifqu'il efc re-
connu, que les plus petites inadvertances con-
tent toujours infiniment � r�parer , foit par rap-
port � la mati�re, foit relativement au temps qu'il
faut employer pour fe corriger. Combien de jeu-
nes Architectes ne n�gligent ils pas la Diflrihtuion,
parce qu'ils la regardent feulement comme une
Ν iij
-ocr page 315-
198                       Cours
partie acceffoire de l'Architecture, fans fe dou-
ter que pour r�uffir � faire un beau Plan; ii faut
beaucoup de jugement, d'ufage, & m�me de go�t,
afin de pouvoir d�cider, f�lon i'occafion, du choix
des formes des diff�rentes pi�ces d'un Apparte-
ment, de la fym�trie refpe�ive, & des propor-
tions vari�es , qu'il convient de donner � leur
diam�tre, � l'�l�vation de leurs Planchers, enfin, �
la courbure de leurs plafonds; connoiflances , fans
lefquelles, toutes les produ&ions d'un Archite&e
fe reifemblent ; & malgr� la diverfit� des occa-
i�ons qu'il a de b�tir, on le reconno�t par tout
pour un Artiite foible 9 timide , ou fans exp�-
rience.
Pour nous former dans la th�orie de cette par-
tie de l'Archite�ure ; coniid�rons le B�timent qui
fait ici notre objet, comme un Edifice o� un
grand Seigneur peut faire fa r�iidence, & qui,
pour cette raifon, doit �tre muni de toutes les
pi�ces que comportent une belle Dii�ribiition ^
l'ordonnance d'une D�coration int�rei�ante , &
l'appareil d'une Conitru�ion ioign�e. Rendons
compte en m�me temps des difficult�s que nous
avons rencontr�es, en cherchant � r�unir dans un
m�me projet les principes de la convenance, de la
fym�trie, des proportions & de la main d'oeuvre.
Notre intention n'e'i� pas de diffimuler les im-
perfections qui fe rencontrent dans notre Plan ;
nous devons en avertir ceux � qui ce Cours
eil deilin� , pour qu'ils parviennent � d�m�ler
les pr�ceptes d'avec les ref�burces , celles-ci, d'a-
vec les licences, & les abus de l'Art; par-l�, ils fe
reifouviendront que, fans de tr�s-grandes confi-
d�rations particuli�res, ils ne doivent point n�-
gliger Tefprit de convenance , les lois de la (y-
-ocr page 316-
d'Architecture.            199
m�trie & les proportions dont nous allons dire
un mot en parlant. :
                    . . �. .
Par l'efprit de convenance, relativement � la
Diitribution , nous entendons les diff�rents de-
gr�s de magnificence qu'on doit chercher � r�-
pandre dans l'int�rieur des Appartements, f�lon
la dignit� du Propri�taire qui doit l'habiter, auif�
bien que l'attention que l'Architede doit appor-
ter � rendre les principales pi�ces plus ou moins
fpadeufes, de formes vari�es , bien perc�es ,
�clair�es & d�gag�es, f�lon l'ufage de chacune.
Par la fym�trie , l'on entend la r�gularit� ref-
pe�Hve des corps mis en oppofition, les uns vis-
�-vis des autres; la n�cef�it� de placer les che-
min�es & les trumeaux dans le milieu de la lon-
gueur & de la largeur des pi�ces. La fym�trie
conufte encore dans la relation que doivent avoir
entr'elles les diff�rentes pi�ces d'un Appartement;
elle exige, autant que cela fe peut, que l'un des
axes du Sallon, plac� ordinairement au centre,
s'alligne avec l'enfilade qui r�gne dans toute l'�-
tendue du B�timent, comme celle A Β ; que la li-
gne G H enfile arnli le milieu de la gallerie, com-
me celle Ε F enfile une partie des Appartements
diilnbu�s dans l'aile qui eil oppof�e � cette m�-
me gallerie ; que les pi�ces de forme vari�e foient
r�guli�res, iinon dans les quatre angles, du moins
du c�t� oppof� � la principale entr�e , ainii qu'on
l'a obferv� dans la Biblioth�que , ou dans le grand
Cabinet marqu� Ν 5.
Par la proportion, on doit entendre combien.
il eft eifenciel de donner aux diff�rentes pi�ces-
d'un B�timent, les hauteurs relatives � leur dif-
f�rents diam�tres & � leur ufage particulier, ainfi
que d'�tablir un rapport d�re�t entre leur-longueus
-ocr page 317-
loo                       Cours
& leur largeur: on doit, par exemple, donner aux
grands Cabinets , aux Salles de compagnie, aux
Salles d'afTembl�e, des formes rectangulaires ; en
forte , que leur largeur foit � leur longueur,
comme fept eil � dix ; ou que cette derni�re foit
d�termin�e par la diagonale d'un carr� form� fur
le petit c�t� , pendant au contraire , que les Sal-
ions peuvent �tre carr�s, circulaires:3 elliptiques,
ou � pans. La proportion demande que les gal-
leries & les grandes Biblioth�ques, aient au moins
de longueur, quatre fois leur largeur, & au plus
de longueur, fept fois leur largeur ; mais de toutes
ees proportions, la plus eifencielle , eft celle qui
�tablit le rapport qu'on doit obferver entre les
diam�tres de ces diff�rentes pi�ces, & leur hau-
teur. Comme ce rapport eil tr�s-important, nous
allons donner celui que les Anciens ont �tabli �
cet �gard \ ehfuite nous expliquerons les diff�-
rentes dimenfions des pi�ces trac�es dans notre
Plan, en citant les proportions de celles de nos
Edifices les plus coniid�rables, afin que , par T�-
tude de ces divers proc�d�s, le jeune Artiile
puiiTe trouver les moyens d'�tablir des relations
convenables aux diff�rentes'pi�ces qui compofe-
ront les Appartements de fon Plan.
Rapport que la hauteur des pi�ces des Appar�*
tements doit avoir relativement � leur dia-
m�tre^ f�lon le fentinum de Vitruve} de
Palladio & det Scamo^jy,
Vitruve prefcr.it, que les falies ■& Iqs chambres,
qu'il appelle Triclinia, aient de longueur le dou-
ble de leur largeur, & que leur hauteur foit �gale
-ocr page 318-
d'Architecture.           aoi
� la. moiti� de la longueur & de la largeur prifes
enfemble; & il recommande que la hauteur des
pi�ces qui font carr�es par leur Plan , Toit �gale
feulement � un diam�tre & demi.
Palladio pr�tend que les plus belles formes des
chambres (/) font au nombre de fept, f�avoir
les rondes, qui font, dit-il, les plus rares, les
carr�es, celles dont la longueur eit �gale � la dia-
gonale du carr� form� fur leur largeur , celles
d'un carr� &� un tiers, d'un carr� & demi, d'un
carr� & deux tiers, ou enfin de deux carr�s, telles
qu'elles fe trouvent trac�es, dans les Plans A, Β, C,
D, Ε, F, G. Fig. I de Planche XXXVII ; & que
l� plus belle proportion de la hauteur de ces diff�-
rentes pi�ces, doit toujours �tre la m�me que leur
largeur, lorfqu'elles font plafonn�es : mais qu'elles
doivent diff�rer, elles font termin�es en vo�te ;
c'eil-�-dire, que dans ce cas , les pi�ces carr�es
doivent avoir un tiers de plus, fous clef, que
leur largeur ; & qu'� l'�gard de celles qui font
plus longues que larges , leur hauteur, fous clef*
peut fe trouver de trois mani�res; favoir,
La premiere, apr�s les rondes & les carr�es,
par une moyenne arithm�tique entre la longueur
& la largeur, qui fe trouvera, en prenant la moi-
ti� de l'une & de l'autre fommes ajout�es enfem-
ble; ou en lignes de cette maniere.
(7) Vitruve, Palladio & Scamozzi, appellent indilKn&ement
toutes les pi�ces d'un appartement, falies ou chambres; les
Modernes entendent plus convenablement par cette derni�re
d�nomination, les pi�ces deilin�es feulement au repos, Se o�
l'on place un lit en eftrade, en niche, &c. & appellent toutes
les autres, fuivant leurs deftinations particuli�res, anti-cham-
fcxe, falle d.'aiTemty�e, fallon,Xalle � manger, cabinet, &c.
-ocr page 319-
;
202                          ' C O U R S
PRATIQUE. Soit la longueur AB & la largeur
Β C ; d�crivez un quart de cercle C D, qui ait pour
rayon C Β ; puis, divifez A D en deux �galement
au point E, duquel, comme centre, vous d�crirez
un demi-cercle A F D, & la hauteur Ε F fera celle
d�iir�e. Voyez cette d�monitration N° premier,
Fig. II de la Planche XXXVII.
La deuxi�me, par une moyenne G�om�trique,
entre la longueur & la largeur, qui fe trouve en
nombre, en multipliant les grandeurs de l'une par
l'autre , & prenant la racine carr�e du produit,
& en ligne de cette maniere.
Pratique. Soit la ligne A Β �gale toute en-
femble � la longueur AE, & � la largeur Ε F.
Divifez AB en deux �galement au point C, pour,
de ce point comme centre, d�crire le demi-cercle'
A DB ; & l'endroit o� la ligne Ε F, prolong�e en
D, rencontrera la demi-circonf�rence D Ε , don-
nera la hauteur propof�e. Voyez le N° II, m�me
Planche.
La troifieme, par une quatri�me proportion-
nelle � trois grandeurs, dont la premiere eil la
moyenne arithm�tique entre la longueur & la
largeur, & les deux autres, de la m�me longueur
& de la m�me largeur ; elle fe trouve en nom-
bre, en multipliant la longueur par le double de
la largeur, & divifant le produit par la fomme
de la longueur & de la largeur, ajout�s enfem-
ble, & en ligne, de cette maniere.
Pratique. Soit la ligne A Β, moyenne arith-
m�tique , entre la longueur BC , & la largeur CD.
Du point A, par Ε, prolongez la ligne AE, jui-
; qu'en F, de maniere que la perpendiculaire CD
�tant prolong�e aiuTi en F, la hauteur FD iok
-ocr page 320-
d'Architecture.            203
celle que Ton fe propofe de trouver. Voyez le
N° III, m�me Planche (m);.
Scamozzi dit que les Anciens faifoient leurs
chambres carr�es, ou bien deux fois plus longues
que larges , & que leur hauteur en g�n�ral, foit
qu'elles fuiTent vo�t�es en plein cintre , en arc
furbaiiT� ou en ogive , avoient la largeur de la
pi�ce au moins , ou, au plus, la moiti� de la lar-
geur & de la longueur prifes enfemble ; & il eil
du fentiment que les cabinets, ou Salions, peu-
vent �tre agr�ables, de forme circulaire, octo-
gone , � pans , ou de toute autre forme r�guli�re.
Voici les cinq mani�res qu'il propofe, & que
nous avons trac�es fur la Planche XXXVIII. Les
premi�res, dit il, font carr�es, comme le N° �,
les f�condes ont de longueur une fois un quart leur
largeur N° IL� les troifiemes une fois & demie, N° III:
les quatri�mes, une fois trois quarts, N° IV ; &
les cinqui�mes , le double, N° V. Il prefcrit de
hauteur aux premi�res, leur petit diam�tre : il
donne aux deuxi�mes le huiti�me de plus que
leur largeur ; aux troifiemes , un quart; aux qua-
tri�mes, trois huiti�mes; & aux cinqui�mes, une
fois & demie leur largeur : & il ajoute que toutes
les hauteurs des pi�ces du premier �tage doivent
�tre un peu plus baffes que celles � rez-de-chauff�e,
fond� fur ce qu'il dit de la proportion des colonnes.
En cela, il paro�t �tre du fentiment de Palladio, qui
pr�tend que les Appartements fup�rieurs doivent
avoir un iixieme de moins que ceux de deiTous.
,-�;�.------------------■__---------���. ,----------------------�rs-----------i |! ' ! ..»'■
(m) Cette d�monftration & cette op�ration pratique que nous
donne Palladio , ne peuvent avoir lieu dans les pi�ces a unfeul
�tage ; leur hauteur feroit extravagante, ayantplus de deux fois
leur petit diam�tre : mais elles pourraient feryir de regle, pour
d�terminer la hauteur des pi�ces qui monteroient de fond, dans
lin B�timent,
-ocr page 321-
/
204                       ; C OURS
Sentiment des Modernes fur les diff�rents rap-
ports que ία hauteur des pi�ces des Appar-
tements doit avoir relativement � leur diam�-
tre & � leur �l�vation ijoit que ces m�mes pie-
ces /oient plafonn�es ou termin�es en calotte.
Nos Architectes Fran�ois d�terminent ordinai-
rement la forme de leurs pi�ces, � raiion de leur
deftination particuliere, & f�lon la vari�t� qu'il
convient d'apporter dans celles de leur Plan. A
l'�gard de leurs proportions; ils d�terminent leurs
pi�ces carr�es, lorsqu'elles fe trouvent termin�es
en calotte, par leur diam�tre plus un iixieme ;
& lorfquelles font feulement plafonn�es, leur hau-
teur �gale feulement leur largeur. On peut m�me
leur donner quelque chofe de moins, lorfquelles
font circulaires ou � pans, parce que ces derni�res
pr�fentant moins de furface, elles peuvent avoir
moins de hauteur fous plancher.
Pour ce qui regarde les pi�ces rectangulaires
attribu�es aifez ordinairement aux falies d'af-
fembl�e, aux falies de compagnie , aux falies �
manger , &c. commun�ment, leur longueur eft
�tablie comme chez les Anciens, par une diago-
nale form�e fur leur plus petit diam�tre, tel que
l'exprime la Figure I , trac�e fur la Plan-
che XXXIX, & dont la profondeur �tant de
vingt-cinq pieds , donne la longueur de trente-
cinq pieds & demi : enfuite, pour trouver leur
hauteur, on additionne ces deux fommes enfem-
ble, qui donnent foixante pieds fix pouces, dont
on prend la moiri� du produit, qui eil de trente
pieds un quart, pour d�terminer la hauteur des
-ocr page 322-
d'Architecture,            xo$
pi�ces ;, o� la partie fup�rieure imite la courbure
d'une vo�te. Cette hauteur, ainii d�termin�e,
doit fe divifer en neuf parties , comme dans la
Figure 11 : on en donnera deux neuvi�mes
pour la courbure de la calotte, & une neuvi�me
partie pour la corniche de couronnement : les fix
parties reitantes feront r�ferv�es pour les lambris
ou les �toffes. Lorfque ces pi�ces ne font que
plafonn�es, comme la Figure III, elles peuvent
�tre r�duites aux fept neuvi�mes des pr�c�dentes,
&: l'on donne de m�me un neuvi�me du total �
la hauteur de la corniche. Il faut prendre garde
que nous avons trac� ces deux derni�res Figures
fur le grand diam�tre, & que, pour faire fen-
tir leur rapport exa�, nous avons aui�� trac�,
Figure IV, cette m�me pi�ce fur fon petit dia-
m�tre , dont la moiti� A fait voir la pi�ce vo�-
t�e, & l'autre, Β , celle qui n'eil que plafonn�e*
Nous obferverons que c'eil en faveur de ce pe-
tit diam�tre, qu'on ne doit pas donner plus de
hauteur � ces pi�ces; autrement, les d�corations
qui les rev�tiroient dans leur profondeur,, s'ac-
�orderoient difficilement avec celles qui orneroient
ces m�mes pi�ces fur leur longueur ; attention
� laquelle on ne prend pas toujours aiiez garde,
fur-tout lorfqu'on ne s'occupe, dans fon projet,
que de la diitribution des Appartements, fans
fe rendre compte de la d�coration int�rieure ,s
& de la relation que celle-ci doit avoir avec celle,
�QS dehors.
                (/
Lorfqu'on ne peut donner au Plan de fes autres
pi�ces, pour longueur, la diagonale du carr�,
form� fur le petit c�t�, on doit toujours pren-
dre, fur-tout lorfqu'elles doivent �tre termin�es
en calotte , la moiti� du produit des deux fommes
-ocr page 323-
,
ιο6                       Cours
de la longueur & de la largeur, pour en d�termi-
ner'la. hauteur ; il en faut prendre feulement les fept
neuv emes, lorfqu'elles ne peuvent �tre que plafon-
n�es. Il faut fe reffou venir n�anmoins, que les pi�ces
termin�es en vo�te, font toujours un beaucoup
meilleur effet que celles plafonn�es ; principale-
ment �orfqu'il s'agit d'un Appartement faifant par-
tie d'un Edifice public3 d'un Palais, ou d'un grand
H�tel.
Parlons d'un autre moyen , que la plupart de
nos Archite&es mettent en �uvre, lorfque dans
la diffribution de leurs B�timents , ils ne peuvent
donner � la hauteur de leurs planchers , une �l�-
vation relative au diam�tre de leurs pi�ces. Apr�s
avoir coniid�r� la plus grande & les moyennes
pi�ces de leur Plan , & dont la premiere femble
exiger une �l�vation au-del� de la hauteur de l'�-
tage ; ils prennent d'abord celle - ci, fuppof�e ,
dans la Figure V, de trente pieds fix pouces,
comme devant avoir naturellement le plus d'�l�-
vation; enfuite, ils coniiderent celles qui, com-
me moyennes , doivent en avoir moins ; celles,
par exemple, � qui il fuffiroit de donner vingt-
deux pieds fix pouces : alors ils additionnent trente
pieds fix pouces, & vingt deux pieds & demi,
valant enfemble cinquante - trois pieds, dont la
moti� du produit eil vingt-fix pieds fix pouces ;
�l�vation qui alors d�termine la v�ritable hauteur
des planchers du premier �tage. Par ce moyen , il
eil aif� de concevoir que la grande pi�ce, Fig. V,
deviendra trop baffe de quatre pieds, & les moyen-
nes pi�ces , Figures VI & VII, trop �lev�es de
quatre pieds. Voici alors comme on parvient �
corriger ce d�faut de rapport, �tant fo�vent obli-
g� d'avoir recours aux reffources, au d�faut des
i
-ocr page 324-
d'Architecture.            %�J
pr�ceptes de l'Art. Dans la grande pi�ce, Fig, V,
on fait ufage feulement d'une corniche � gorge »
� laquelle on donne la douzi�me partie de la hau-
teur de la pi�ce ; par-l�, le lambris acquiert plus
d'�l�vation, & le plafond moins de furface. Dans
Tune des moyennes pi�ces, Fig. VI, on pratique
un entablement r�gulier, � qui l'on donne la ii-
xieme partie de la hauteur totale; enfin, dans celles
qui ont encore moins de diam�tre, comme la Fi-
gure VII, on pratique une calotte au-dei�us de ia cor-
siiche, Tune & l'autre chacune de la huiti�me partie
de la hauteur de la pi�ce ; moyen qui, en quelque
forte, efface � l'�iiil les imperfections , qui fe ren-
contreraient entre la hauteur r�elle que ces pi�ces
devraient avoir. Nous ne parlons point ici des
petites pi�ces au-deflus defquelles on pratique or-
dinairement des entrefols, ce qui, en levant toute
difficult�, procure des commodit�s eilencielles �
obferver dans un Plan, au-deilus des petits Appar-
tements d'habitation. Difons un mot � pr�fent de
la folidit� qui regarde la diilribution, apr�s quoi,
nous traiterons des Appartements en g�n�ral, &
enfuite des- pi�ces en particulier.
Par la folidit�, nous entendons ici la n�ceilit�
d'accorder les lois de la eonftruction avec les
principes �tablis pr�c�demment, concernant la
diftribution ; lois qui confident � donner aux
murs de face une �paifleur relative � leur hauteur
& � leur charge , � lier & � unir les murs de re-
fend les uns avec les autres, & � leur procurer
tin encha�nement mutuel qui les fafle concourir
� ne former qu'un tout avec les murs qui for-
ment la cage du. B�timent; � �viter fur-tout les
portes � faux dans les murs de refend , enforte
que la diilribution du premier �tage foit tellement
-ocr page 325-
io8                       Cours
difpof�e, qu'elle n'interrompe aucune des pi�ces
ef�encielles du rez, de-chauff�e , principalement,
lorfque ce dernier eft confacr� aux pi�ces de fo-
ci�t� & de parade; d'�loigner enfin , le plus qu'il
eft poffible, les portes & les croif�es de l'extr�-
mit� de l'Edifice ou de l'angle Taillant des avant-
corps ; autant de pr�cautions indifpenfables, uti-
les , non-feulement � la fym�trie int�rieure des
B�timents ; mais pour maintenir la folidit�, en-
tretenir la liaifon des murs, les rendre capables
de r�fifter � la pouff�e �ss vo�tes, � foutenif
le poid des planchers, enfin, la charge des com-
bles , &c.
Paffons � pr�fent � la difpoiition des trois Ap-
partements , dont nous avons donn� pr�c�dem-
ment les d�finitions.
D�s Appartements en g�n�ral.
Quatre Appartements , marqu�s M, Ν, Ο, Ρ »
compofent la diftribution du Plan trac� fur l�
Planche XXXV. Nous avons d�j� dit, que fous
le nom d'Appartement * l'on entendoit la com-
munication deplufieurs pi�ces, ayant pour objet la
m�me deftination confid�r�e en g�n�ral ; mais dortt
chacune d'elles peut avoir des ufages particuliers ;
par exemple, l'Appartement marqu� M , doit �tre
ici coniid�r�, comme l'Appartement de foci�t�;
ceux Ρ, Ν, comme Appartements de parade, &:
celui Ο , feulement comme Appartement priv� ,
ou de commodit�.
Nous avons encore dit que, fous le nom d'Ap-
partement de foci�t�, l'on devoit entendre celui
def�in�, par le propri�taire, � recevoir fa famille
&
-ocr page 326-
D Architecture.           209
& fes amis particuliers. Nous recommanderons �
pr�ient , que cet Appartement par� foit fitu�
de maniere, que , dans le cas dune f�te , il puiii'e
fe r�unir aux autres Appartements ; afin que, de
la principale enfilade, il ne paroiiTe former qu'un
feul enfemble avec celui de parade, & que l'un
& l'autre annoncent l'opulence du propri�taire :
avantage obferv� dans la diitribution , dont nous
parlons; les Appartements Ν, Μ, Ρ �tant diitri-
bu�s de forte, qu'aucune pi�ce deftin�e pour les
domeitiques ,� ne fe trouve comprife dans l'en-
filade A B.
En parlant des Appartements de parade, nous
avons rapport�, qu'ils �toient deltin�s � raiTem-
bler les meubles de prix ; nous ajouterons ici qu'ils
fervent fouvent, dans les grands Edifices, pour
la demeure perfonnelle des Ma�tres ; que c'eil
dans ces Appartements qu'ils traitent d'affaires im-
portantes, δζ qu'ils re�oivent les perfonnes de la
premiere confid�ration. Pour les m�mes raifons,
que nous venons de rapporter, il convient que
ces pi�ces de parade s'allignent avec celles de ib-
ci�t�, pour que, de l'enfilade principale, on puiffe
y jouir du coup d'�uil des ornements , de la di-
verfit� des mati�res, de la richefTe des ameuble-
ments, & qu'� l'afpea de ces beaut�s raffembl�es,
les �trangers qui viennent vifiter la �emeure des
Grands, puiiTent emporter une id�e fatisfaifante
de l'opulence du Propri�taire , du go�t de l'Ar-
chite�e, & du talent des Artiifes, qu'il aura f�u
ai�bcier � fes entreprifes.
                                 T
Lorfque nous avons d�fini les Apparrements de
commodit�, ou priv�s, nous avons encore recom-
mand� qu'ils fuifent moins fpacieux que ks pr�
c�dents, & qu'ils fuifent expof�s d'une maniere
Tome IV*
                                    Q
i
-ocr page 327-
2I�                            COURS
convenable � leur deftination particuliere. Nous
ajouterons que ces efpeces d'Appartements ne
doivent jamais faire partie des enfilades princi-
pales , que l'on fait voir aux perfonnes de de-
hors ; parce* qu'�tant deftin�s au repos & au re-
c�uillement des Ma�tres , il convient que les
Etrangers puiiTent entrer & fortir, apr�s avoir
vifit� l'Edifice , fans �tre oblig�s d'obferver
un c�r�monial fouvent g�nant, envers les per-
fonnes de m�me^rang, naiffance ou dignit� : & ii
l'�tendue du B�timent ne permet pas de prati-
quer ces pi�ces priv�es , pr�s des grands Appar-
tements , on les diftribue fouvent en entre-fol ou
en aile, en y obfervant tous les d�gagements & tou-
tes Iqs commodit�s dont noqs parlerons, en d�cri-
vant les garde-robes, qui font partie des pi�ces
par�es dont nous allons traiter, en commen�ant
par les Veftibules /comme les premi�res pi�ces,
qui, ordinairement, donnent entr�e � l'Edifice.
Des KefiibuUs.
La pi�ce marqu�e M ι , toujours Planche
XXXV, eft un veftibule [n) de trente-deux pieds de
longueur, fur vingt-cinq de profondeur, & vingt-un
de hauteur, fous Plancher. Ce Veftibule eft de l'ef-
pece de ceux nomm�s fimples, parce qu'il n'a aucun
reffaut fenfible fur la furface de (es murs, & que
�qs c�t�s lat�raux font d�cor�s & perc�s, aux co-
(«) Veftibule, du latin Veflis une robe, & ambulare, mar-
cher ; ce lieu �tant dans un b�timent confid�rable, la pi�ce o�
l'on commence � laifler tra�ner fes robes pour les vii�tes de
c�r�monie. Martinien fait d�river ce mot de Vefi&�abulum,
parce que chez les Anciens, les Yeftibules �toient d�di�s � la
Dcefle Ycfta.
-ocr page 328-
d'Arc h ite c tu he« m
�Otines & pilaftres pr�s, comme celui du Ch�-
teau des Tuileries , qui a" de longueur foixante
pieds, fur trente-un de largeur. Il en eil d'autres
que Ton appelle Veitibules � reffauts , lorfqu'ils
font compof�s d'avant & d'arri�re- corps , tel que
celui du Ch�teau de Maifons , qui a dix-huit pieds,
fur vingt-quatre. On donne le nom de t�traityles,
aux Veitibules qui ont quatre colonnes ifol�es &
refpeitives � des pilaftres , ou � des colonnes
engag�es, comme au Porche des Invalides , qui
a de longueur quarante-huit pieds, fur vingt-huit
de largeur. Les Veitibules ocloftyles ronds , font
ceux qui ont huit colonnes adoi��es, comme le
Porche du Palais du Luxembourg, qui a vingt-
cinq pieds & demi de diam�tre ; ou ifol�es, comme
celui de l'H�tel de Beauvais, qui a dix-fept pieds
dans �uvre. Voyez les Plans de ces trois Por-
ches, trac�s fur la Planche XXXIX. On appelle
encore Veitibule en p�riityle, celui qui eit di-
vif� en trois parties, par quatre files de colonnes,
comme celui du Ch�teau de Verfailles, au fond
de la cour de marbre, qui a de longueur trente
pieds, fur vingt-deux δε demi de largeur. Enfin,
on appelle Veitibule en aile , celui qui �tant eomr-
pof�» feulement de deux files de colonnes, laifle
un paflfage dans le milieu, plus grand que les deux
autres, pour les voitures , tel que celui du gros
pavillon du vieux Louvre, du c�t� de la rue Fro-
menteau, qui a de longueur cinquante-huit pieds,
fur quarante quatre. Voyez dans ΓArchitecture Fran-
�oife,
le Plan de ces diff�rentes pi�ces, que nous
ne pouvons donner toutes ici.
Au reite, il ne faut pas confondre les Veiti-
bules , avec les Porches dont nous venons de par-
ler -, ces derniers font deftin�s � y pafler en voiture »
Oij
ι
-ocr page 329-
212.                         C O U lt S
leur fol �tant de plain-pied avec celui des cours $
au-lieu que celui des Veftibules eil toujours �lev�
de quelques marches , & de plain-pied aux Ap-
partements du rez-de-chauff�e.
La difpofition la plus g�n�rale des Veftibules,
eft de fe pr�fenter plut�t fur leur longueur, que
fur leur profondeur. Il n'y a m�me que dans des
cas indifpenfables, qu'on peut s'�loigner de cette
difpofition ; n�anmoins , il faut �viter de les faire
trop barlongs, compar�s avec leur profondeur,
parce qu'ils tiendroient de trop pr�s � la forme
des p�riftyles , & que chaque pi�ce doit avoir un
genre d�termin�, relatif � fon ufage ; par exem-
ple , le Veftibule de la Planche dont nous par-
lons , & dont la longueur eft environ � la largeur,
comme fix eft � cinq, paro�t �tablir un rapport affez
convenable, pour le Plan de ce genre de pi�ces : nous
difons affez convenable, parce que, dans le cas dont
il s'agit, quelque diff�rence fur cette dimenfion, ne
caufe jamais une erreur importante, comme s'il
s'agiffoit de la proportion d'une colonne, ^l'une
porte, d'une croif�e. D'ailleurs il faut obferver,
que les rapports que nous recommandons, � l'�-
gard des Veftibules, peuvent fupporrer quelque
alt�ration, f�lon que ces pi�ces fe trouveront �
pans, ou arrondis par les angles ; qu'ils auront des
reffauts , des avant-corps, de grandes ouvertures,
des renfoncements, &c. puifqifalors, il faut avoir
attention � ces diff�rentes formes , pour �tablir
des moyennes proportionnelles , qui d�terminent
de nouvelles dimenfions, qui r�pondent d'une ma-
niere relative , � la diverfit� des contours qui com-
pofent leur p�rym�tre ; fans oublier que, non-feu-
lement la principale dimenfion de ces fortes de pie-
ces fe juge par leur fol, mais encore par la furface
-ocr page 330-
' \.
d'Architecture.            iif
de leur plafond, � compter du dans-�uvre de leur
corniche, & du devant des colonnes & des pi-
laitres qui les d�corent. D'apr�s cette r�flexion-
qui regarde leur diitribution particuliere, r�p�-
tons qu'il faut fonger � la relation que ces di>-
verfes formes peuvent avoir avec leur hauteur »
ainii qu'� la courbure de leur plafond , ou � la
forme m�plate de ces* derniers : enfemble , d'o�
d�pend abfolument tout le fucc�s d'une pi�ce�.,
C'eft pour cela que nous avons donn� plufieurs
exemples ex�cut�s, dans la Planche XXXIX,
en indiquant les moyens d'arriver, par diff�rentes
modifications , � fatisfaire l'�uil par la route du
go�t, au d�faut d'une exactitude g�om�trique.
Le rev�tiiTement des Veftibules fe fait ordi-
nairement de pierre de Saint Leu , de pierre de
Liais ou de marbre, f�lon leur avoii�nement avec
les grands efcaiiers, qui peuvent �tre conilruits
de ces diff�rentes mati�res r & dans leiquels ,
commun�ment y les Veitibules donnent entr�e, &
fouvent m�me ne forment qu'un tout enfemble..
Quelquefois on applique les ordres d'Architec-
ture dans ces fortes de pi�ces , principalement,
lorfqu'elles font ouvertes fur la cour : alors le diam�-
tre de ces ordres doit �tre �gal � celui des colonnes
de dehors; autrement, lorfqueces pi�ces font fer-
m�es par un mur de face, leur module & le choix d�
l'ordre devient plus arbitraire. Ces ordres introduits
dans les Veftibules, n'exigent pas toujours un en-
tablement r�gulier : quelquefois un feul Architrave
y fuffit ; ou bien on y fubflitue une corniche de
couronnement architrav�e, ou � gorge, � laquelle
on fe contente de ne donner de hauteur , que le
fixieme , au lieu du quart : mais il faut �viter d'y
faire ui�ge des corniches, qu'on appelle corni-
O iij
-ocr page 331-
i�4                      Cours
ches en pl�tre, parce qu'elles imitent trop la me-
nuiferie, & qu'elles ne doivent �tre employ�es
que fur les lambris d'un Appartement. La d�co-
ration du Veltibule du Plan dont nous parlons,
eft fort iimple, fans ordre ni ornements, � l'ex-
ception de la Sculpture des Claveaux des arcades;
voyez la Planche XL1V ; enforte que la proportion
& la r�gularit�, font feules les frais de cette pi�ce.
Cette retenue nous a paru n�ceflaire ici, parce que
ce ■Veftibu�e donne entr�e, principalement, � un
grand Sallon , dont la d�coration conferve une cer-
taine fvmplicit�, dans fon ordonnance, malgr� la
richeiTe de la mati�re dont il eft rev�tu. 11 en faudroit
ufer autrement fans doute , ii cette premiere pi�ce
donnoit entr�e � un Sallon orn� de lambris, de do-
rures & de glaces ; car quoique les Veftibules
puiffent �tre rev�tus de ma�onnerie , comme nous
venons de le rapporter, on ne feroit pas difpenf�
pour cela d'introduire, dans leur d�coration, une
richeiTe relative aux,pi�ces qui les environnent;
les lois de la convenance exigeant que , depuis
Tanti-chambre jufqu'� la gallerie, on obferve une
gradation relative � la deftination, & � l'ufage
de chaque pi�ce,
                              j v
Des Salions,
La pi�ce M % de notre Planche XXXV, eft
un Sallon (o) de trente-cinq pieds de largeur, fur
quarante-fix de longueur, & dont la hauteur,
qui eft de foixapte un pieds, eft � deux �tages,
non compris la calotte qui les couronne ; enforte
que fon diam�tre eft � fa hauteur, comme qua-
Wl'I-^i'^ - n«W.... it.'.......11. ......«..ι�-�               ι τι τ,-        ,, .umi�,, un�*&$ Mm ,, ι , ι, �mml'IM*********
ο) Saiicu f du Latin, Ada,
-ocr page 332-
d'Architecture.            215
tre eft� fept, � trois pouces pr�s; diff�rence que
nous avons d�j� obferv�e �tre peu importante,
iorfqu'il s'agit du rapport d'une pi�ce int�rieure.
D'ailleurs, cette dimeniion a �t� affez heureufe-
ment obferv�e aux Salions des Ch�teaux de Cla-
gni & du Rainii ; au-lieu que ceux des Ch�teaux
de Marly & de Montmorenci, n'ont de diam�tre,
que les quatre iixiemes de leur hauteur. Au rei�e,
il faut favoir , que la diverfit� des formes des
Salions , doit fouvent apporter de la vari�t� dans
le rapport de leur largeur, compar�e avec leur hau-
teur. Par exemple, celle que nous propofons, eit
bonne � mettre en �uvre, pour lel Salions � l'I-
talienne , tel que celui dont nous parlons ; car lors-
qu'ils font octogones, comme � Marly ; ou ellipti-
ques, comme � Montmorenci, leur hauteur peut
fe r�duire aux quatre fixieraes. Ce qui autorife
ces changements , c'eft fouvent la n�cef�it� d'ailu-
jettir la hauteur de ces pi�ces, � celle des �tages
de l'Edifice , ainii qu'� celle des combles; mais ,
dans quelque occaijon que ce puifTe �tre, il faut
avoir l'attention de terminer la partie fup�rieure,
par des vo�tes ou calottes , qui occafionnent fou-
vent rintroduc�on des combles, dans la partie du
milieu du B�timent, tel qu'on le remarque au gros
Pavillon des Tuileries (ρ), & que nous en avons
(� ) On en voit auf�i un au vieux Ch�teau de Meudon, dont
la forme pentagonale, & dont la hauteur ext�rieure paroit t'a- .
travagaute : fans doute cette hauteur exorbitante, a �t� faite
ainii, � deiTein de pouvoir donner une grande �l�vation au
Sallon, nomm� Sallon des Maures, plac� au premier �tage <te ce
Ch�teau, Se dont le Plan elliptique a de diam�tre quarante-deux
pieds fix pouces, fur trente-deux ρίεψ & deffU y�pMxg�m), &
cinquante quatre de hauteur,
                                      .ί&Μάψ-
Oiv
-
-ocr page 333-
z\6                       Cours
plac� un fur l'avant-corps du Palais que nous d�-
crivons, & dont on trouvera une des principales
�l�vations, Planche XLII de ce Volume.
Ordinairement les Salions � double �tage ne fe
pratiquent gu�re que dans les Maifons de plai-
fance, les Edifices �rig�s dans les Villes, �tant ra-
rement affez confid�rables , pour les y mettre en
�uvre: les efcaliers font pre�que les feules pi�ces
qui montent de fond, � caufe de la n�cei�it� de
communiquer des Appartements du rez-de-chauf-
f�e, � ceux du premier �tage ; & le B�timent de
l'obfervatoire � Paris, eft le feul o� nous connoif-
iions un vefttbule � pans, dont le premier plan-
cher foit perc� , & dont le trotoir qui circule au-
tour , foit foutenu par une vouffure ; mais cet
exemple que nous citons, comme appartenant �
un Edifice d'une claffe extraordinaire , paro'it peu
propre � �tre imit� dans un B�timent d'habitation.
Notre Sallon rev�tu de marbre, 'eil d�cor� de
colonnes comportes � rez-de-chauff�e, & de pi-
laftres Corinthiens air premier �tage. Ces colon-
nes foutiennent un entablement fur lequel eft pra-
tiqu� un trotoir de trois pieds de largeur , non
compris la faillie de la corniche. Ce trotoir devient
ici int�reffant, non-feulement pour communiquer
aux pi�ces adjacentes, pratiqu�es au premier �ta-
ge ( q ) ; mais pour y placer un Orch�ftre en cas
de f�te. Pour le rendre plus commode encore 4
nous avons pr�f�r� un balcon de fer � une baluf-
trade. Dans tout autre cas, celle-ci feroit pr�f�-
rable , �tant toujours plus du reffort de l'ordon-
(q) Voyez ce Plan que nous annon�ons PlancheXLI de ce
Volume.
                                                             - >'■■�■                � .. Λ� - J
-ocr page 334-
d'Architecture.            217
nance de Γ Architecture o� les Ordes pr�fident.
Nous obferverons encore, que ces pi�ces �
double �tage n'exigent gu�re de chemin�es, parce
que leur grande �l�vation & leur diam�tre, ren-
droient inutile la chaleur d'une feule, & m�me,
de plufieurs chemin�es (/�').; d'ailleurs, il feroit
difficile de placer dans l'�tage fup�rieur, un genre
de d�coration qui p�t aller avec celle du man-
teau & du chambranle, plac�s � rez-de chauff�e.
Une arcade feinte y fait mal ; un tableau , ( un
4>as- relief, n'y r�uf�ifTent gu�re mieux : enforte
que, fi quelque circonftance particuliere exigeoit
que ces Salions fufTent �chauff�s pendant l'hiver,
il faudroit avoir recours aux. po�les, comme ceux
marqu�s QQ dans cette Planche; po�les qui fe
trouvent mafqu�s par les rev�tiffements des portes
feintes, & qui peuvent s'allumer , l'un par le def-
fous du grand efcalier Y ι ; l'autre , par la pi�ce
M 3 , de maniere que ce dernier �chaufferoit auf�i
la pi�ce dont nous parlons, & la Salle de com-
pagnie M 4.
Les entrecolonnements du rez-de-chauff�e font
occup�s par douze arcades plein - cintre , dont
quatre, feulement, font feintes; dans les huit au-
tres font pratiqu�es les portes croif�es qui don-
nent fur le Jardin, les portes � placard qui fe trou-
vent comprifes dans l'enfilade A Β , & celles qui
donnent du c�t� du Veftibule. Les �ntrecolonne-
ments du premier �tage font occup�s par des por-
tes & des croif�es enfonc�es dans des chambranles
(r) On en a pratiqu� n�anmoins une, dans chacun des qua-
tre pans du Sallon du Ch�teau de Marly, qui a de diam�tre
quarante-huit pieds ; mais nous n'approuvons pas l�s quatre
tableaux plac�s au-deiTus dans l'�tage fup�rieur.
-ocr page 335-
2i8                       Cour s
bomb�s 9 aii-deffas defquels font diflribu�s des
pmneaux de fculpture. Nous avons au'ffi pr�f�r�
de la fculpture aux tableaux , pour les deifus-de-
porte du rez-de-chauff�e, L'ufage ordinaire» nous
le favons^ eil d'y placer des tableaux, parce qu'�-
tant plus pr�s de l'�uil, ils font plus d'effet. Mais
quand la hauteur d'une pi�ce eil confid�rable ,
& qu'il s'agit d'orner un petit efpace, il eil plus
naturel de forcer les ornements de fculpture, que
les fymboles ou les all�gories rendues, par le mi-
niilere du pinceau : autrement 9 on eil fouvent
oblig� de faire choix de demi-figures , de propor-
tion naturelle, qui, non feulement, produ�fent un
mauvais effet; mais's'accordent toujours mal avec
le genre de l'ordonnance. D'ailleurs, dans ce Sal-
lon, rev�tu de marbre de couleurs vari�es, com-
me il nous a paru indifpenfable de peindre la
vo�te de la calotte plac�e dans fa partie fup�-
rieure ; nous aurions craint de nuire au repos n�-
eeiTaire� obferver ,-� nous y avions pr�f�r� des
tableaux �! la fculpture, fur les dei�us-de-porte.
Les petits entrecolonnements font orn�s de ta-
bles , & re�oivent des troph�es de m�tal do-
r� , ainii que les bafes & les chapiteaux des or-
dres ; troph�es que nous avons pr�f�r�s � des
niches , dont, f�lon nous, on doit faire peu d'u-
fage dans la d�coration int�rieure des Edifices,
qui ne font pas confacr�s au culte du Seigneur.
,- Si � la place du marbre de couleur, on rev�ai�bit
ce Sallon en marbre blanc vein�, ou en pierre
de Liais ; au-lieu de peindre la calotte, d'un fu-
jet colori�, il y faudroit peindre feulement des
arcs doiib�eaux, dans les compartiments defquels
on exprimeroit des bas-reliefs en grifaille ; les
fujets colori�s faifant un aflez mauvais effet, pour
-ocr page 336-
D'A R C H Ι Τ Ε C Τ URE.         2lp
couronner de tels rev�tiilements ; ce qu'il fau-
droit m�me �vker , ii, par �conomie , ou pour
plus de falubrit� , on faiioic ufage de la menuife-
rie peinte en blanc ; car les grands iujets de peinture
ne conviennent abiolument que dansles lieux conf-
truits de marbre, orn�s de bronze, ou rev�tus
de menuiferie mari�e avec la fculpture, la dorure
& les glaces ; il faut m�me, lorfque ces pie-
ces font en marbre, apporter un grand foin dans
leur choix ; pour que leur ton dominant ne foit
point contredit par le coloris des tableaux : at-
tention qu'on n'a pas n�glig�e, lorfqu'on a d�co-
r� le Sallon d'Hercule � Verfailles, dont la ca-
lotte eft un chef-d'�uvre de peinture, du c�l�-
bre le Moine.
Pour convaincre nos Elev�s, fur ce que nous
avan�ons, nous les invitons .de voir � plus d'une,
reprife cette merveille de l'Art, & d'examiner, en
m�me temps, le Veilibule de la Chapelle qui pr�-
c�de cette pi�ce, & dont le r�v�tiffement n'�tant
que de pierre de Liais, eft feulement orn� de fculp-
ture dans la courbure de fon plafond : id�e de
convenance qui devroit, � plus forte raifon, s'ob-
ferver dans nos Temples , o�, le plus fouvent 9
on enrichit les D�mes de peinture colori�e &
de dorure, comme on le remarque aux Invalides»
Malgr� la c�l�brit� de cet Edifice, il femble que
la coupole & les arcs doubleaux auroient �t� pr�-
f�rables en pierre ou en iluc. Nous contredifons
ici l'opinion la plus commune; mais nous ne nous
permettrons jamais d'employer le pinceau de nos
Artiftes dans ce genre de peinture, que lorfque
les jcoupoles, ou l'int�rieur des Appartements pour-
ront �tre rev�tus de marbre & de bronze, foit
r�el, foit fa&ice. Il eft vrai que le Sallon de Marly,
)
-ocr page 337-
120                      Cours
rev�tu de menuiferie & imprim� en blanc, con-
tient quelques tableaux colori�s ; ce n'elt pas ce
que nous y approuvons le plus, & nous ne fe-
rons gu�re tent� d'imiter cet exemple. Il en eft,
f�lon nous, du contrarie des tons dans les cou-
leurs , comme des contraries dans les formes de
l'Archite&ure & de la Sculpture. Si nous ne nous
trompons, une belle {implicite doit plaire � tous
les yeux ; elle nous femble pr�f�rable � cet affem-
blage de diff�rentes mati�res, qu'on < n'entaife,
que trop ordinairement, les unes fur les autres,
fans autre but que de parvenir � une tr�s-grande
richefTe.
Nous avons dit plus haut, que les Salions �
double �tage �toient peu communs dans nos Edi-
fices Fran�ois, & nous n'avons pu gu�re citer que
ceux de Marly, du Rain�, & de Clagny : on fe
contente pour l'ordinaire de leur faire compren-
dre la hauteur d'un �tage & demi, tel qu'au Ch�-
teau de Montmorenci, dont nous donnerons les
d�corations dans le Volume fuivant : quelquefois
auffi, on �lev� feulement la hauteur de leur ca-
lotte dans l'�tage fup�rieur , comme on le remar-
que � l'h�tel d'Argenfon, rue des Bons-Enfans,
& � l'H�tel de Nivernois, rue de Tournon � Paris.
Cette maniere nous paro�t la feule bonne � mettre
en oeuvre, fur-tout lorfqu'il s'agit d'un Sallon
principal, faifant partie d'une belle Ma�fon par-
ticuliere; rien n'�tant ii d�fectueux, � notre avis,
que de terminer ces pi�ces d'�clat par un plafond,
& de n�gliger le rapport de leur hauteur avec
leur diam�tre; comme cela fe remarque dans la
■plupart de nos Edifices, fans excepter- m�me ce-
lui du Ch�teau d'I�fy , que nous avons d�j� cit�,
& dont nous donnerons n�anmoins la deeoratioa
-ocr page 338-
d'Architecture.           m
dans le cinqui�me Volume , parce qu'� ce d�faut
pr�s, elle eil d\in excellent genre.
En g�n�ral, nous observerons , qu'on abufe ,
trop ibuvent de la prodigalit� des ornements,
de la dorure, des bronzes , & des glaces, dans
nos Salions : cette richeife nous paro�t prefque
toujours d�plac�e; &, ή jamais elle peut �tre to-
l�r�e , du moins faudroit-il la r�ferver pour les
Galleries & les Salles de compagnie, faifant partie
des Appartements de foci�t�. il nous femble que
les Salions, qui ordinairement occupent le centre
de l'Edifice, & qui font fuite avec Jes. Apparte-
ments de parade, doivent �tre d�cor�s avec no-
bleiTe & avec retenue : avec nobleife, parce que
ces pi�ces de marque ont toujours une certaine
capacit� : avec retenue , parce qu'elles peuvent
�tre coniid�r�es comme un paffage du Veftibule
au Jardin, & qu'elles deviennent une communica-
tion indifpenfable avec la droite & la gauche du
B�timent. Ce que nous difons ici, ne regarde, ni
les petits Salions, ni les Cabinets de jour, ni les
Boudoirs , o� Γ Architecte peut fe permettre da-
vantage ; mais il ne doit jamais oublier que la
convenance doit accompagner chaque partie de
fes �uvres. Nous traiterons, en particulier, de
tous ces objets dans le Volume qui va fuivre; re-
venons � la fuite de notre Plan.
Le Sallon � l'Italienne M 2, que nous venons: �
de d�crire, donne entr�e � l� droite & � la gau-
che de tout l'Edifice, & fe trouve d'autant plus
heureufement difpof�, que, du centre , on d�-
couvre toute la longueur de l'enfilade A Β, qui fe
retourne d'�querre f�r l'enfilade C D : attention
qu'il eft indifpenfable d'avoir \ dans la diilribu-
tion d'un B�timent d'une certaine importance j?
-ocr page 339-
22i .                 Cours
pourvu toutefois, qu'il foit pr�c�d� d'un VefH-
bule, dans lequel fe tiennent les Domeftiques : au-
trement, une telle pi�ce, ii elle �toit feulement
comprife entre deux murs de face , ne devien-
droit elle-m�me qu'un Veitibule; ce d�faut fe re-
marque au Ch�teau de Clagn�, dont le B�timent
eil limple. Nous l'avons �vit�, dans notre Plan,
l'avant-corps du milieu �tant double ; enforte que
ΓΑηπ-chamhre M 3, donne entr�e aux Apparte-
ments Mr N, & i'Eicalier Y χ , � ceux M, P.
Des Anti-chambres.
La pi�ce marqu�e M 3, eu une Anti-.chambre (�)
de vingt-lix pieds de largeur , fur vingt neuf de
profondeur , & de vingt-un pieds de hauteur :
elle fert ici de Salle � manger; il feroit n�anmoins
� d�lirer, 6k c'eil un d�faut dans notre Plan que
nous ne voulons pas diffimuler, que cette pi�ce
fut pr�c�d�e d'une premiere ^nti-chambre , dans
laquelle la livr�e p�t fe tenir. Les Salles � manger
doivent �tre fufceptibles de quelque d�coration,
� caufe de la pr�fence des Ma�tres & des �tran-
gers � l'heure des repas : attention qu'on n�glige
affez ordinairement, dans les Anti-chambres pro-
prement dites, � caufe de l'imprudence des Do-
mestiques. Malgr� ce d�faut, nous ne conf�re-
rions pas de faire la Salle � manger de la pi�ce
M4; parce que celle-ci fe trouvant litu�e dans
l'enfilade A Β , elle intercepteroit, au moins pen-
dant quelques heures, la communication que cette
(�) Anti-chambre Vitruve, l'appelle Anti-thalamus, pi�ce qui
pr�c�de une Chambre � coucher.
-ocr page 340-
d'Architecture.          225
pi�ce doit avoir avec les Appartements ; & que
cette communication, dans tous les genres de B�-
timents , doit �tre coniid�r�e comme une des beau-
t�s principales de la diitribution. Cette attention
eil n�anmoins tous les jours oubli�e par nos jeunes
Architectes ; elle l'a m�me �r� par le plus grand
nombre de ceux qui ont �lev� les Edifices grav�s
dans 11 Architecture Fran�oife ; ceque nous avons
eu occaiion de remarquer plus d'une fois , en fai-
fant la defcription des quatre premiers Volumes
de ce Rec�uil important.
Nous ferons prendre garde ici, que ce qui nous
a emp�ch� , dans ce Plan , de faire pr�c�der d'une
premiere Anti - chambre , celle qui fert ici de
Salle � manger, c'eit que notre B�timent n'eil dou-
ble, que dans l'avant-corps, marqu� l, pendant
que les ailes Κ ne font que femi-doubles, ce qui
prive toute cette diitribution des principales corn*
modit�s du rei�brt d'un Palais. Mais, qu'on s'en
reilbuvienne, nous avons d�j� averti que ce pro-
jet n'�toit pas fans imperfections ; que notre dei-
iein m�me avoit �t� de le pr�fenrer tel, pour
en faire comprendre quelquefois rinconi�quence
� nos Elev�s ; inconf�quence que nous avons laii��
fubfiiler, pour leur faire fentir , qu'il ne faut pas
feulement s'appliquer � la beaut� 3es dehors ; mais,
s'attacher �galement � la r�gularit� & � la conve-
nance des dedans : aui�i rectifierons-nous, dans la
fuite, les imperfections de cePlan ; lorfque nous
en offrirons un f�cond, Planche XXXVI, fait pour
le m�me projet, {ans taire n�anmoins, que ce mieux,
dans ce deuxi�me Plan, concernant la commodit�
des dedans, eil peut-�tre pris au pr�judice des de-
hors, atnli que nous en avons d�j� averti,enavouant,
que c'eit par cette difcui��on, que nous pouvions. paj>
-ocr page 341-
2.24                      Cours
venir � faire concevoir aux perfonnes, pour les-
quelles nous avons compof� ce Cours, combien
il eil difficile de concilier la partie dont nous trai-
tons � pr�fent, avec l'ordonnance des fa�ades
ext�rieures qui a fait le fujet des Volumes pr�-
c�dents.
Au reile, nous pouvons le dire ici, il faut quel-
quefois , dans un grand Edifice, favoir facrif�er
l'int�rieur � l'ext�rieur; par exemple, nous avons
penie que les dehors, dans le projet dont il eil
queftion , pouvoient avoir le pas fur les dedans,
principalement, lorfqu'il ne s'agit que des pi�ces
acceifoires, toutes les autres devant n�cessairement
�tre r�guli�res, ainii que nous aurons occaiion de
le faire fentir, en continuant cette defcription.
Moins vrai que nous ne le fommes , nous poli-
rions avancer, pour en impofer � nos Lecteurs,
que la r�gularit� des fa�ades de notre Palais fem-
ble autorifer , en quelque forte, le d�faut du
Plan : mais ce feroit, tout au plus , une excufe ;
& toute excufe fuppofe une imperfection con-
damnable dans Γ Architecture : or, il ne faut fe
permettre aucun d�faut, dans un projet de cette
importance ; pour cela , nous r�p�tons � nos Ele-
v�s , qu'apr�s la connoiffance des pr�ceptes de
leur Art, il leur faut le courage de recommencer
plus d'une fois leurs produirions ; qu'� un travail
opini�tre, ils doivent joindre beaucoup de d�fin-
t�reffement, que c'ell-l� le feul moyen de per-
fectionner leurs projets, & d'�viter les d�fauts dont
celui-ci n'eil pas exempt ; mais, nous ne le don-
nons tel, que dans l'intention de nous procurer
�occaiion d'en relever les erreurs, & de mettre
nos Elev�s en �tat de- fe garantir du m�me in-
conv�nient.
Pour
-ocr page 342-
d'Architecture. 225
Pour rem�dier au d�faut de fAnti chambre,
qui devroit pr�c�der la pi�ce M 3 , le Veilibule
pouroit ici en tenir lieu , & fervir d� buffet ; ce
Palais, pour la campagne, n'�tant gu�re habit�
que dans la belle faifon. On pouroit alors fermer
par des porres croif�es, les deux arcades qui
donnent entr�e � rEfcalier Y 1 ; fermeture qui
contribueroit � rendre cette pi�ce plus habitable :
d'un autre c�t�, nous ne pouvons diffimuler,
qu'il paro�t eiTenciel de ne pas mafquer le grand
efcalier par ces portes qui en intercepteroient,
pour ainii-dire, la communication.
Nous confid�rons donc ici la Pi�ce M 3, comme
Anti-chambre ; nous aurons occaiion ailleurs de
traiter des Salles � manger; &, quoiqu'irr�guiiere ,
cette pi�ce, comme Anti - chambre, eil fans in-
conv�nient. Nous difons irreguliere, parce qu'elle
e� feulement � pans coup�s, du c�t� oppof� au
mur de face , & que chaque chemin�e eil plac�e
dans un de {es angles : fans doute" elle e�t �t�
mieux iitu�e en face de la croif�e ; mais l'enfilade
S Τ, nous a paru pr�f�rable. D'ailleurs cette pi�ce
s'eil trouv�e trop peu profonde, pour placer cette
chemin�e fur le mur de refend, qui f�pare cette
pi�ce d'avec le Veilibule : le mur de face qui lui
eil oppof�, ne pouvoit pas non plus la recevoir,
� caufe de la d�coration ext�rieure, & del� croif�e
indifpenfable, qui fe trouve de ce cot�; croif�e
n�anmoins , qui ne rend pas cette Anti-chambre
mieux �clair�e , n'en ayant qu'une du c�t� de
l'entr�e, & celle-l� produifant peu de lumi�re ;
fon principal objet, dans ce Plan, eil de contri-
buer � former l'enfilade VX; perc� n�ceffaine �
la fym�trie des dehors , & qu'il nous a paru eflen-
cielde ne pas n�gliger. Au refte, ces irr�gularit�s
Tome IF.
            *                               Ρ
-ocr page 343-
22�                       Cours
peuvent fe tol�rer dans cette Anti-chambre; mais
elles deviendroient autant de licences dans une
pi�ce plus| importante. Il eil donc eflenciel que
�'Archite�e f�ache fe d�fendre ou fe permettre
1'ufage des reffources ou des licences de fon Art;
ces derni�res font prefq�e in�vitables , fur-tout
lorfquil s'agit de la diilribution d'un Edifice con-
fid�rable, o� il convient de concilier enfemble la
folidit�, la commodit� & l'ordonnance. Nous ne
doutons point que ce ne foient ces difficult�s qui
ont emp�ch� la plupart des Ma�tres de l'Art, de
donner des pr�ceptes particuliers fur la distribu-
tion. A notre �gard, nous avons cru devoir fran-
chir cette crainte, en avouant de bonne foi les
�c�uils qu'entra�ne apr�s foi cette triple unit�. No-
tre Plan n'eil pas exempt de d�fauts fans doute; mais
ces d�fauts nous fournifTent l'occafion de parler des
moyens qu'il convient d'apporter, pour les faire
�viter � nos Elev�s, dans les parties les plus eflen-
cielles de leurs productions.
La d�coration de cette Anti-chambre doit �tre
tenue d'une moyenne richefTe , parce qu'elle fert
ici de Salle � manger. Sa corniche , y compris fa
vouflure, a de hauteur la feptieme partie de toute
celle de la pi�ce. Deux portes feintes qui fym�-
trifent, l'une � celle qui donne entr�e dans cette
Anti-chambre parle Veftibule, l'autre, � la croif�e
comprife dans l'enfilade V X, contribuent � fa r�-
gularit� : fes lambris peuvent �tre imprim�s en
blanc, & �tre orn�s de Sculpture, � caufe de la
pr�fence des Ma�tres , & en faveur de fon avoi-
iinement avec la Salle de compagnie M 4, dont
nous allons parler, apr�s avoir obferv� que le
ventail d'une des portes feintes de cette Anti-
chambre , communique � une garde-robe marqu�e
-ocr page 344-
D'A R CHI TE CT URE.               227
M 5 , que nous aurons occafion de d�crire dans
la fuite.
Des Salles de Compagnie,
La Pi�ce marqu�e M 4, eil d�fign�e ici fous le
nom de Salle de compagnie (/). Elle a vingt-huit
pieds de largeur, fur trente - huit de profon-
deur , & ving-un pieds de hauteur. Les enfilades
S Τ & A Β parlent par le centre, ce qui lui pro-
cure une difpofition avantageufe ; mais il eil a re-
marquer que , pour fatisf�ire � cette difpofition,
il en eft r�fult� la n�ceffit� de placer les chemin�es
dans les angles, du c�t� de l'entr�e , par l'Anti-
chambre M 3 : ce qui nous a d�termin�, ne pou-
vant gu�re faire autrement, d'affecter, du c�t�
oppof� � ces pans coup�ss des tours cre�fes, qui,
en rendant cette pi�ce, pour ainfi-dife irreguliere ]
ne laiifent pas n�anmoins de conferver une forte
de fym�trie dans chacun de (es angles, quoiqu'ils
diff�rent dans leur forme.
Ce qui nous a fait prendre ce parti, que nous
ne conieillons pas d'imiter, fans de fortes raifons,
ceil que, d'une part, la largeur des croif�es nous'
a laiff� trop peu d'�coin�ons du c�t� du mur de
face, pour pratiquer des pans coup�s , & que
(t) Le mot de Salle, f�lon Volf�us, vient de l'Allemand,
Saal 3 quia la m�me i�gnif�cation. Vitruve, Liv. 6, Cliap. y ,
parle de trois efpeces de Salles : les premi�res, qu'il nomme
T�traftyles, ont, dit-il, quatre colonnes ; les f�condes, qu'il
nomme Corinthiennes , ont des colonnes engag�es dans le
mur ; les troii��mes qu'il appelle Egyptiennes , ont dans leur
pourtour un p�riftyle de colonnes ifol�es. Ce font ces der-
ni�res pi�ces que nous nommons en France, Salions � l'Ita-
lienne , tel, � peu-pr�s, que celui de notre Plan marqu� M z.
Pij
i
-ocr page 345-
22.8                        Cours
du c�t� de Γ Anti-chambre, il a fallu n�ceiTaire-
ment obferver ces pans coup�s, pour y placer des
chemin�es d'une largeur relative � la grandeur de
la pi�ce. Cette derni�re coniid�ration nous a d�-
termin� � rendre irr�guliers les angles, pour ame-
ner , de 'l'autre part, la r�gularit� des quatre gran-
des parties des lambris plac�s � c�t� des deux
portes d'enfilade. En faveur de ces quatre parties
de lambris , nous avons renonc� � l'agr�ment qui
auroit pu r�fulter d'une d�coration plus exa&e,
ii les quatre angles de cette pi�ce eui�ent �t� fem-
blables entr'eux: car on ne peut dii�imuler, qu'en
entrant dans cette Salle de compagnie , par le
Sallon M ζ, qui s'annonce par l'enfilade A Β, les
deux parties anguleufes, de droite & de gauche,
pr�fentent une difparit� choquante , qui ne s'ob-
ierve pas, en entrant par l'Antichambre M 3 '9
fans d�truire n�anmoins , le d�faut dont nous par-
lons. Or ce d�faut ne peut fe tol�rer ici, qu'en
,faveur des dehors, qui, dans ce projet, devien-
nent , pour ainii-dire , un objet de pr�f�rence, au-
quel tout doit c�der ; quoique dans l'int�rieur »
cette pi�ce piiiffe n�anmoins �tre regard�e com-
me capitale, dans cette diilribution, par raport
� fa deitination particuliere, & par raport � l'enfi-
lade principale.
Pour fe rapprocher plus pr�s de la fym�trie ,
on a affe&� une chemin�e feinte, � la droite de
cette pi�ce , qui peut �tre �chauff�e par un po�le
plac� derriere , ou qu'on allumeroit par la Pi�ce
M 3, fans nuire � la folidit�, quoiqu'il paroiffe
ici, que cette partie anguleufe foit aifoiblie par
le vide Q : mais comme ce vide ne monte pas
de fond, il ne peut nuire' � la conftru�Hon. Au
reite, nous ne rapportons ces obfervations, que
a
-ocr page 346-
d'Architecture. 229
pour faire part, � nos Le&eurs ? des licences qu'on
peut fe permettre quelquefois, pourvu qu'on �vite
d'en faire ufage, lorfqu'on peut s'en difpenfer »
& qu'il en r�fulte un bien r�el, pour les de-
dans & pour les dehors de l'Edifice : ce qui ,
dans ce cas, annonce plut�t l'intelligence de l'Ar-
tifle, que fon imp�ritie.
Il faut convenir, cependant, que la pi�ce dont
nous parlons , fujette � raffembler une nombreufe
compagnie , porte le d�fagr�ment, par fa difpo-
fition , de ne pouvoir contenir un certain nom-
bre de fieges, n�ceffaires � fon ufage, d�faut qu'il
convient d'�viter, & qui entra�ne apr�s foi l'in-
conv�nient de faire faire des meubles expr�s : d�-
penfe excef�ive, qu'on ne peut gu�re fe permettre,
que lorfqu'ileil queftion d'une M�ifonRoyale; au-
trement, ces accei�bires, ach�vent fouvent de rui-
ner le Propri�taire : de maniere, qu'on a vu plus
d'une fois ces derniers, forc�s de fe d�faire de leurs
demeures, pour le prix que leur avoient co�t�
les meubles.
Nous remarquerons encore, que la Pi�ce, dont
nous parlons , eil un peu profonde , pour n'�tre
�clair�e que par deux croif�es, dont les parties
fup�rieures fe trouvent � couvert, par la faillie
du fofite de l'architrave de l'entablement ext�-
rieur. Comme Salle de compagnie, certainement
cette pi�ce demanderoit une lumi�re plus confi-
d�rable : deux croif�es fuffifent, fans doute , pour
une deuxi�me Anti-chambre ; mais comme on l'an-
nonce ici pour un autre ufage, comme elle fait partie
des enfilades A Β, & qu'elle avoifme le grand Sallon
M 2, elle auroit d� recevoir plus de lumi�re. Pour
obvier � ce d�faut, nous ne connoifTons qu'une
reiTource, c'eil d'y multiplier les glaces, ce qui
Ρ iij
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5-30                       Cours
ne fe peut gu�re ici par la difpoiition des lambris ;
en forte que le meilleur parti qu'on puiffe pren-
dre , en pareille circonf�ance, eft de peindre fes
rev�t�ffements en blanc, ou d'une couleur tendre ,
qui puiffe en corriger l'obicurit�. N�anmoins , ce
confeil, bon par-tout ailleurs, ne convient gu�re
dans cette pi�ce, parce que dans une Salle de compa-
gnie, d'une continuelle habitation, ces couleurs clai-
res font fujettes, pendant l'hiver, � fe ternir, ainii que
les dorures , par la chaleur du foyer & la fum�e des
bougies. Ces coniid�rations doivent encore faire
ufer avec prudence de l'emploi de la Sculpture dans
les plafonds ; car ces ornements deviennent m�-
ConnohTables au bout de quelques ann�es, ainii
qu'on le remarque , dans la plupart des Apparte-
ments des grands H�tels b�tis dans cette Capitale.
Enfin, nous remarquerons qu'une Salle de com-
pagnie, qui, ordinairement, fucc�de � une Salle
� manger, doit avoir au moins un perc� qui donne,
d'un c�t�, dans l'une des croif�es du mur de face,
& qu'il faut faire enforte, que cette croif�e foit
plut�t plac�e du c�t� du Jardin, que du c�t� de
l'entr�e, quoiqu'elle ne fe trouve pas ainii dans
notre Plan. Ce qui d�termine � en ufer de cette
maniere, c'eft, qu'�tant � table fur le midi, on
aime � jouir de l'afpecl des Jardins : comme le
foir, on eil bien aife qu'une glace, plac�e dans
le trumeau , du c�t� de l'entr�e, perp�tue la lu-
mi�re des girandoles , & termine agr�ablement
cette enfilade , pratiqu�e dans la profondeur du
B�timent. Au refle, quand cela ne fe peut aini�,
deux perc�s font un �galement bon effet, ainii que
deux trumeaux ; mais il faut �viter abfolument
qu'on aper�oive d'un c�t�, une partie du tru-
meau , & de l'autre, une demi croif�e : cette ir-
-ocr page 348-
�^^��
d'Architecture. 231
r�gularit� eil un d�faut contraire � la fym�trie
qu'on doit obferver jufques dans nos Maifons par-
ticuli�res. Dans notre Plan, la difpoiition des
dehors, n'a pu nous permettre ce perc�, que du
c�t� de l'entr�e, quoiqu'il e�t �t� mieux du c�t�
des Jardins, ce qui auroit pu fe faire � la v�rit�,
en ne per�ant ce dernier mur que par une feule
croif�e > comme du c�t� de l'entr�e; mais alors
la Pi�ce M 4 n'auroit plus �t� aifez �clair�e , d�-
faut plus condamnable encore que celui qui fe
remarque dans ce Plan.
Des Salies a'Affzmbl�e.
La Pi�ce marqu�e M 6 , eil une Salle d'afTem-
blee de trente deux pieds de longueur , fur vingt-
cinq de profondeur , & fur autant de hauteur.
Elle eil ici bien �clair�e par trois croif�es ; fa che-
min�e eil aui�i plac�e convenablement dans le
milieu de fa profondeur, fur le mur de refend,
Ien face de fa principale entr�e. La n�cei�it� d'ob-
ferver une fym�trie exa�te dans cette pi�ce, nous
a fait placer une cloifon fur laquelle eil attach�
le lambris, vers l'�coin�on de l'angle K, � deiTein
de faire ce dernier �gal avec celui qui lui eil op-
pof�. Il eil vrai que cette cloifon, ainfi pratiqu�e r
donne fept pieds de largeur, � l'embrafure de la
porte � placard, qui donne entr�e � cette Salle
d'affembl�e , par la Salle de compagnie, & que
ce lambris, ainii avanc�, diminue d'autant la lon-
gueur de cette pi�ce ; mais nous avons mieux
aim� employer ce moyen, que de rendre les.�cbin-
�ons in�gaux, dans une pi�ce telle que celle-ci,
fufceptible par fon ufage, d'une d�coration int�-
reiTante ; d'ailleurs, l'intervalle obferv� entre cette
Piv
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232                       Cours
cloifon & le mur de refend , peut fervir d'armoire,
capable de contenir diff�rents uilenfiles relatifs �
rufage de la pi�ce. Nous difons relatifs � Tufage
de la pi�ce ; car, fous le nom de Salle d'aiTem-
bl�e, on comprend ordinairement celle j o� s'affem*
bie la foci�t� Fapr�s midi, pour y tenir jeu, faire
de la muiique, &c : ou bien celles qui font deiti-
n�es � donner des audiences publiques ou parti-
culi�res , comme fe remarque dans notre Plan, la
Pi�ce M 10, faifant partie de l'Appartement de
parade, deitin� pour le Ma�tre de la Maifon :
quelquefois aui�i on la donne � un Etranger de
quelque confid�ration, pondant fon f�jour � la
campagne. Chez les Princes du Sang, cet Ap-
partement eil deitin� pour le Monarque ; ainfi
que cela eft arriv� � l'ancien Ch�teau de Mai-
fons , � celui de Petit-Bourg; & que cela fe pra-
tique encore aujourd'hui � Chantilly , � Ram-
bouillet , & ailleurs.
Au reite, de quelque efp�ce que foient les Salles
d'aiTembl�e, dont nous parlons, il faut que leur
p�rim�tre foit de forme r�guli�re, � caufe du
nombre des ii�ges & des meubles d'ufage qu'elles
doivent contenir. On a coutume d'y placer des
fofas , des tables de marbre, des encoignures ,
un bureau, un Clavecin, &c. confid�ration qui
nous a d�termin� � n'affe�ter aucune porte feinte,
dans les deux Salles d'aiTembl�e M 6 & M 10,
parce qu'il nous paro�t peu vraiffembfable ,
contre l'ufage ordinaire, de placer des fi�ges ou
des meubles devant des portes , qui, quoique
factices , paroiiTent aux Etrangers devoir s'ouvrir.
Cette r�flexion nous a aui�i fait prendre le parti
de laiiTer la chemin�e fur Tun des murs lat�raux/
de cette pi�ce , & non en face des croif�es; cette
ν
_________                              ---------�
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D'A R C H Ι Τ Ε � Τ U RJE.         233
derni�re maniere ne fe tol�rant gu�re que dans
les Cabinets de travail ou d'�tude (u). D'ailleurs ,
il faut prendre foin, lorfqu'on les place, comme
dans les pi�ces M6&M10, qu'elles foient tou-
jours en face de la principale porte d'entr�e :
premi�rement, parce qu'elles font fpeclacle, leur
chambranle �tant de marbre , leur manteau re-
v�tu d'une m�nuiferie orn�e de fculpture , de
dorure & de glaces ; fecondement, parce qu'elles
permettent plus volontiers, l'hiver, de faire cercle
autour de leur foyer : ajoutons que, plac�es ainfi,
elles font moins fujettes � fumer; parce qu'il eil
plus aif� alors de proportionner le volume d'air
qui circule dans la pi�ce, � la colonne d'air ex^
t�rieure , qui fe rrouve , pour ainii-dire, chall�e
avec violence, par le vent de la porte d'entr�e,
qui , s'oLivrant plus fr�quemment que celle qui
lui eil oppof�e, fert, pour ainfi-dire , de venti-
lateur � cette chemin�e.
Les Salles d'aifembl�es fe d�corent, f�lon la di-
veriit� de leur ufage , de belles tapiiTeries ou de
lambris. Lorfque ce font des tapiiTeries, on en
d�core feulement les parties marqu�es a, �, ex-
prim�es dans la pi�ce M 6 ; Je reite eil occup�
par de la menuiferie. Ces tapiiTeries alors., fe re-
nouvellent, f�lon les faiibns, ce qui occafionne
une certaine vari�t� aux Appartements, que les
lambris ne peuvent leur procurer : car � l'ex-
-                                                                                                          w /                                                            .
(«)%On pr�f�re quelquefois, dans ces fortes de pi�ces, de
placer les chemin�es en face des croif�es, parce que l'hiver,
pr�s du foyer, & livr� � la lecture, la lumi�re vient frapper
fur les livres, fans fatiguer la vue 3 pourquoi, nous l'a-
vons pratiqu� aiia�,, Pi�ce Ν 5, dont nous parlerons en fon
lieu.
'■■)
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2j4                      Cours
ception des fieges, �es rideaux & des porti�res (χ) ,
leur d�coration reite toujours uniforme. L'ufage
des �toffes, dans les pi�ces dont nous parlons ,
n'emp�che pas que les murs de face, & ceux de
retour, y compris les portes � placard & les che-
min�es , ne foient rev�tus de menuiferie ; mais
c'eit ici qu'il faut r�fl�chir fur les teintes qu'il
convient de donner aux lambris; teintes qui doi-
vent tout � la fois , tenir du ton fonc� des meu-
bles d'hiver, & du ton clair des meubles d'�t�.
Qu'on ne s'y trompe pas, ces diverfes r�flexions
font inf�parables de la compoiition du Plan de
l'Architette; auffi avons-nous recommand� plus
d'une fois, � nos Elev�s, & leur recommandons-nous
encore ici, de viiiter fouvent les demeures des
grands Seigneurs , les Edifices publics , & les
Maifons des riches particuliers ; l�, de r�fl�chir
fur l'efprit de convenance, furies objets de go�t,
& fur les chofes d'agr�ment ; afin qu'au befoin
& fans effors, ils puiiTent faifir le v�ritable genre
qu'il convient de donner � la d�coration de cha-
que Appartement, & toujours � raifon de l'�co-
nomie ou de l'opulence des perfonnes pour qui
l'on b�tit.
(x) On ne fait plus gu�re ufage aujourd'hui des porti�res
dans nos Appartements par�s, � l'exception des pi�ces defti-
n�es, l'hiver, � l'habitation des Ma�tres; encore cela ne s'ob-
ierve-t-il gu�re que dans les Maifons �lev�es dans la Capitale,
quoiqu'il s'en remarque encore dans le-s Appartements du Roi.,
� Verfailles , � Fontainebleau, � Marly & ailleurs : cette efpece
de meuble, f�lon nous, anonce cependant une certaine dignit� -,
elle contribue d'ailleurs � caracl�rifer tel Appartement d'a-
vec tel autre Appartement 5 mais la mode aujourd'hui fembie
exclure tout ce que nous appelons dans ce Cours 3 le raifon--
nement de l'Art.
-
%..
-ocr page 352-
d'Architecture.           235
Nous en avertii�bns, les obfervations que nous
faifons fur la partie de la d�coration int�rieure,
� propos de la diitribution de notre Plan, ne font
point d�plac�es ; & , dui�ions-nous nous r�p�ter
dans le Volume qui va fuivre, nous, croyons que
le vrai moyen d'acqu�rir l'art de diftribuer un
Plan, eil de faire fentir en m�me temps a nos
Elev�s, la relation que cette partie int�reifante
de l'Architecture doit avoir avec la d�coration
des dedans, & celle-ci avec celle des dehors; il
faut donc s'attendre & m�me s'accoutumer � cette
r�p�tition indifpenfable , dans un ouvrage d'une
certaine �tendue, & divif�, comme nous avons
cru le devoir faire , en trois parties, pour diiHn-
guer chacun des objets particuliers de l'Art, qui
r�unis aifemble , dans un projet, doivent paro�tre
ne faire qu'un feul & m�me tout.
Dans notre Plan , la Salle d'affembl�e M 6,
qui appartient � un Appartement de foci�t�, eft
tenue un peu plus profonde que les dimenfions
propof�es au commencement de ce Chapitre ;
mais l'ufage auquel cette pi�ce eit deitin�e ici,
nous a engag� � lui donner vingt-cinq pieds de
profondeur, tandis que nous n'en avons donn� que
vingt-un {y) � celle M 10. Nous avons pris ces
quatre pieds, fur lefpace qu'occupent les garde-
robes pratiqu�es dans le femi-double de ce Plan.
Les dofferets des portes � placard qui forment
la principale enfilade AB , & qui font corps avec
le mur de face, font peut-�tre, un peu foibles ici ;
(y) Nous rendrons compte dans la fuite de notre defcription,
pourquoi Ja Salle d'aiTembl�e M 10, peut avoir moins de pro-
fondeur que celle. M 6,
-ocr page 353-
2j6                     Cours
& il l'on pla�oit dans les trumeaux de chaque
pi�ce, des tables de marbre, ou des cr�dences,
comme cela fe ^pratique ordinairement, il feroit
� craindre que les faillies de ces meubles n'in-
terrompiflent la direction de cette m�me enfilade ,
ainii qu'on le peut obferver, dans les grands Ap-
partements de Verfailles. Certainement, ce d�-
faut que nous relevons , & dans cette Maifon
Royale, & dans notre Plan , doit s'�viter abfolu-
ment : ainfi, on ne peut raisonnablement, donner
a ces dofferets moins de vingt-un pouces ; de
m�me qu'il eft effenciel de ne leur jamais donner
au-del� de deux pieds & demi ; dans la crainte
qu'une plus grande largeur n'emp�ch�t de placer
l&s chemin�es, dans le milieu de la profondeur
des pi�ces , ou n'oblige�t d'approcher ii pr�s leur
chambranle de celui des portes, qu'on n'e�t plus
la libert� de faire ufage du foyer. Au reite, lorf-
qu'on ne peut donner � ces pieds-droits qu'en-
viron" un pied, il faut avoir l'attention de con-
fulter la moindre largeur qu'on peut donner aux
chambranles des portes � placard, relativement au
caract�re qui doit pr�fider dans l'ordonnance de
la pi�ce ; il faut aui�i coniid�rer le recouvrement
que doit avoir le lambris fur la ma�onnerie; &
enfin la diflance ({) que l'on peut laii�er entre ce
rev�tii�ement & le chambranle. Ce n'eil que d'a-
pr�s toutes ces attentions , que l'on doit conitater
(r) Cette diftance ne doit jamais avoir moins de quatre pou-
ces , afin que le chambranle ne fe confonde pas avec le devant
du lambris de rev�tii�ement du mur de face ; d'ailleurs , les
quatre pouces propofes ici, font, ailez, ordinairement, la lar-
geur des champs qui forment l'intervalle des cadres qui coiu-
pofent les compartiments des lambris.
-ocr page 354-
ι
d'Architecture.           237
d�finitivement la largeur des dofferets : mais ,
par rapport � l'enfilade principale, on ne pouvoir
leur donner que moins d'un pied , il faudroit
alors convertir ce chambranle en bandeau, afin
d'�viter que non-feulement il ne p�n�tr�t le lam-
bris du mur de face, mais qu'il p�t y avoir un
champ qui l'en f�par�t. Dans le cas o� cette m�me
enfilade contraindroit de donner � ce doiTeret
vingt, vingt-cinq ou trente pouces de largeur ,
il faudroit d'abord � c�t� dtl� chambranle, intro-
duire un champ qui fit avant-corps, & enfuite
un pilailre raval� ou embreuv� , qu'on pren-
droitfoin de r�p�ter de l'autre c�t� du chambranle,
pour plus de fym�trie.
Ce que nous venons de dire, concernant les
Salles d'aifembl�e , regarde �galement les Salles
des gardes , les Salles d'Audience, les Salles du
dais, les Salles de compagnie, les Salles � man-
ger , &c. La fym�trie & la proportion font, non-
feulement du reifort des pi�ces dont nous par-
lons ; mais auffi de toutes celles qui entrent dans
la compoiition d'un Plan. Nous d�taillerons ces
diff�rentes pi�ces, � mefure que nous avancerons
dans la defcription de notre projet, ainfi qu'�
l'occafion des diitributions filivantes,
Des Cabinets.
La Pi�ce M 7 eft un Cabinet (a), �clair� par
deux croif�es : il a feulement vingt - trois pieds de
profondeur, fur vingt-un de largeur, & autant
(a) Cabinet , du latin Tablinum &\Muf&um t pi�ce fe-
erete, o� l'on s'applique � l'�tude.
-ocr page 355-
r$8                       Cours
de hauteur : cette forme, prefque quadrangulaire,
oppof�e � celle de la Pi�ce M 6 qui la pr�c�de, & �
celle de Ni, qui lui fuccede, procure une va-
ri�t� n�ceflaire , dans les diverfes Pi�ces qui com-
pofent la diilribution d'un Plan. Il feroit d�fa- �
gr�able , ainfi qu'on le remarque dans la plupart
de nos anciens Edifices , que toutes les Pi�ces d'un
B�timent fuiTent de m�me forme & grandeur. Il
faut m�me prendre garde que, lorfque nous avons
rapport�, qu'aujourd'hui on donnoit trop de mou-
vement ou trop de chantournement au p�rim�tre
des Chambres, des Cabinets, des Salles � man-
ger , &c. cette r�flexion ne portoit que fur les
contours diflemblables & irr�guliers de chacune
de ces Pi�ces , coniid�r�e f�par�ment, & non fur
leurs difpoiitions, qui doivent n�cessairement dif-
f�rer entr'elles ; de maniere qu'on puiffe, dans
l'enfilade d'un Edifice , d'une certaine �tendue ,
en rencontrer d'oblongues, de barlongues, de
carr�es & � pans, ainii que fe remarquent celles
M4, M 6 & M 7 de notre Plan.
A ces obfervations, plus importantes qu'on ne
s'imagine, il faut ajouter que, de ces Pi�ces de
diff�rente grandeur, fur une m�me hauteur de
plancher, il r�iulte plus d'une difficult�, pour ac-
corder les rapports de leurs divers diam�tres ?
avec leur �l�vation commune , puifqu'il eil prou-
v�, d'apr�s ce que nous avons rapport� pr�c�dem-
ment, page 201 & fuivantes, que, plus les Pi�ces
ont de diam�tre, & plus elles doivent �tre �lev�es ;
qu'au contraire, elles doivent �tre r�duites � une
moyenne hauteur, lorfque leur diam�tre devient
moyen. Nous avons rapport� encore , & il con-
vient de le rappeler ici, que, dans le cas o� les
Appartements fup�rieurs doivent �tre de plain-
-ocr page 356-
d'Architecture,           239
pied, il faut , apr�s avoir pris la moiti� du
produit de la hauteur des plus grandes Pi�ces, 8έ
de celle des moyennes, avoir recours pour ces
premi�res aux corniches de couronnement com-
pos�es , offertes dans la Planche XXXIX Fig. I.
A moins qu'on ne fe trouve dans le cas des B�ti-
ments � un feul �tage, tels , que le Palais Bour-
bon, l'H�tel de Laf�ay, le Ch�teau de Trianon, &c.
& telles que font les Pi�ces de notre Plan, qui fe
trouvent comprifes dans les ailes KL, dont on
peut baiffer ou �lever les planchers , dans la char-
pente des combles pratiqu�s au-deiTus, afin que,
par-l�, on puiffe concilier la hauteur des Pi�ces
d'un plus petit diam�tre , ou d'un diam�tre plus
coniid�rable ; avantage dont nous avons profit�
clans notre projet, en compofant les ailes Κ L
d'un feul �tage ; ce qui, en procurant de l'agr�-
ment & de la vari�t� dans l'int�rieur, a produit
aui�i une ordonnance d'Architecture dans les de-
hors , qui nous paro�t r�ui�ir dans la d�coration
des Palais de l'efpece de celui dont nous parlons.
Pour ne pas r�p�ter ce que nous avons d�j� dit,
fur les corniches des Appartements, nous obferve-
rons que celle du Cabinet M 7, regard� comme
pi�ce moyenne dans ce Plan, a feulement trois
pieds & demi de hauteur, y compris une calotte
d'environ deux pieds; en forte que ce Cabinet
fous corniche , n'a gu�re que dix-fept pieds &
demi de hauteur de lambris, dont il faut d�duire
environ deux pieds trois quarts, pour le lambris
d'appui ; � quoi nous ajouterons que les profils ,
dont eil compof�e cette corniche , doivent
fe reffentir du caract�re de l�g�ret� 6k de ri-
cheffe du rev�tiffement de Menuiferie qu'elle cour
ronne : qu'enfin elle peut �tre fculpt�e & dor�e ;
-ocr page 357-
240                        Cours
mais qu'elle ne doit pas recevoir la m�me cou-
leur d'imprei�ion que le lambris , afin que la hau-
teur de ce dernier paroiffe fe terminer fous la
corniche ; pendant, au contraire, que dans les
grandes pi�ces, o� la hauteur des corniches doit
�tre r�duite, il faut affecter de les colorier comme
le lambris , � deifein de faire paro�tre les pi�ces
plus �lev�es, de maniere qu'il n'y ait plus que
la furface du plafond qui ibit peinte en blanc:
cette rei�burce, d'ailleurs, apporte une ing�nieufe
diveri�t� , dans les pi�ces qui compofent les lam-
bris d'un Appartement.
C'eil j n'en doutons point, dans cette partie de
la d�coration , que la plupart des Architectes de
nos jours ont excell�, quoiqu'ils fe foient �loi-
gn�s du genre des le Brun & des le Pautre, & que
plufieurs aient port�e l'�l�gance , & peut-�tre la
frivolit� trop loin : mais on ne peut difconvenir,
qu'au moins , il fe rencontre des d�tails charmants
dans les produirions de ce dernier genre : que,
m�me aujourd'hui, le go�t des ornements fe fait
admirer , ainli que nous aurons occafion de le
rapporter, dans le cinqui�me Volume de ce Cours.
Contentons-nous � pr�fent, de faire entendre � nos
Elev�s, que, pour avoir ce genre cle talent, il
faut qu'ils aient foin de s'occuper de bonne heure ,
de cette partie du go�t qui ne s'acquiert ordinai-
rement que par l'exercice du def�in; en exami-
nant, avec attention, la route que les meilleurs
Ma�tres ont fuivie, & en fe rendant compte des
obitacles qu'ils ont f�u vaincre, des reffources
qu'ils ont employ�es, enfin des moyens qu'ils ont
mis en �uvre, pour parvenir � concilier enfemb�e
la commodit� avec la folidit�, la fymetrie avec la
beaut�, & fouvent, la dignit� avec la belle fimplicit�.
La
-ocr page 358-
ΨΨφφφΨ$!�0�Μ
^mtmmm
ο Architecture. 24I
La chemin�e du Cabinet, dont nous parlons ,
elt aui� plac�e dans le mur de refend oppoi� �
la porte qui, del� Salle d'affembl�e M 6, don-
ne entr�e dans cette pi�ce; Tune & l'autre faifant
partie de 1 Appartement de foci�t�. Ce Cabinet,
alors, eit particuli�rement deitin� , les jours de
galas , � retirer les Convives, & � les garantir du
tumulte d'une compagnie nombreufe ; ou au
contraire, on s'y amufe � des jeux qui , deve-
nant bruyants, troubleroient le plus grand nom-
bre des perionnes qui compofent la foci�t�. Nous
avons aui�� �vit� les portes feintes dans ce Cabinet
a deifein de laiffer plus de place pour les fieees'
Cette pi�ce, & la pr�c�dente, n'ont aucune com-
munication apparente avec ks Garderobes M �
«■ M 8, deihn�es cependant, pour les commo-
dit�s de 1 Appartement de foci�t�, compof�, non
compris le Sallon M 2 & la Pi�ce M ο, des Pi�ces
M 3, M 4, M 6 & M 7; de mani�re que, fans
la porte mafqu�ee, il faudroit revenir par l'An-
tichambre , pour faire ufage de ces Garderobes
ce qui apporteroit un inconv�nient aui�i ind�-
cent que p�nible. C'eft pour �viter un tel incon-
v�nient , que nous avons perc� cette porte e
elle s'ouvre avec le lambris, & fe trouve, dans
le mur de refend oppof� aux croif�es, pour com-
muniquer plus facilement aux Garderobes d�ia '
cit�es, dont celle M $ , eil deftin�e pour tenir
une femme de chambre : alors cette petite pi�ce
donnerait entr�e au lieu � foupape M 8 , pour
les Dames; car il feroit peu convenable que les
perfonnes de dehors fiflent ufage des autres Gar
d�robes marqu�es Ν 2, Ν 3, N7, qui, dans ce Plan,
lont r�iervees pour l'Appartement par� Ni Ν/
linutrophe de celui de foci�t� dont nous parlons'
Tome IF.                                     Q              V
^_^
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242                       Cours
;� Pour traiter d� fuite des Pi�ces quicompofent
φ l'Appartement de foci�t�, paffons � celle mar-
qu�e M 9, qui doit lui fervir de fuppl�ment.
Cette Pi�ce a vingt-huit pieds de largeur, trente-
quatre de profondeur, & vingt-un de hauteur.
Comme l'enfilade A Β lui fert d'axe , cela nous a
d�termin� � placer la chemin�e fur le mur de re-
fend oppof� aux croif�es; cette pi�ce, d'ailleurs ,
ne doit avoir aucune communication avec le grand
Efcalier Y i. La forme de ce Cabinet eft irr�gu-
li�rement r�guli�re, l'int�rieur du mur de face �tant
furbaiff�, & celui vis-�-vis, d�termin� par une
■feule ligne droite. Nous n'avons pas craint de faire
ici ufage de cette forme, afin que les parties de
lambris c d, foient parfaitement fym�triques. Nous
remarquerons n�anmoins > que cette tout creufe
qui, du c�t� de la chemin�e , fait unifiez bon
effet j paro�t vicieufe , lorfqu'on traverfe cette
pi�ce par l'enfilade A Β ; fa droite & fa gauche ,
vers fes extr�mit�s, �tant duTemblables. Mais,
-comme nous venons de le dire, il �toit indifpen»
fable d'obferver une V�gularit� fcrupuleufe, dans
^�es quatre parties de lambris c d; ce qui ne feroit
pas arriv�, fi nous avions continu� le mur d�
face, comme le mur de refend, tel que l'exprime
* la ligne ponftu�e ef. D'un autre c�t�, ii nous
avions fait continuer le lambris dans une m�me di-
rection, comme la f�conde ligne ponctu�e 'a b,
'les embrafures des croif�es feraient devenues trop
profondes, & cette profondeur auroit fouftrait
une partie de la lumi�re qu'il �toit n�eeifaire de
conferver, dans une pi�ce de trente-quatre pieds de
longueur. Plus les pi�ces ont d'�tendue, moins il faut
donner d'embrafure aux croif�es ; on doit m�me
«tenir celles-ci le plus �lev�es qu'il eft poifibie;
«2*
-ocr page 360-
!
d'Architecture.             243
parla raifon, que le Soleil �lev� � quarante-cinq
d�gr�s,.ne peut p�n�trer jufqu'au rev�tiiTement
plac� fur le mur oppof� aux croif�es : d'o� il r�-
iulte que toute la d�coration des lambris , l�s
tableaux & la fculpture plac�s de ce c�t�, fe
trouvent �clair�s de reflet, ce qui produit un
changement in�vitable dans les maiTes & dans les
parties , quoique le d�corateur ait pris le plus
grand foin de rendre chacun de ces objets r�-
guliers.
Les deux derniers moyens propof�s , par la li-
gne ponctu�e e �,- a b, ne peuvent donc avoir lieu
ici;-& la tour creufe nous a paru obvier � ces
deux inconv�nients; non que nous approuvions
ce contrarie dans la forme d'une^, pi�ce fufcep-
tible d'une certaine magnificence : autre chofe
eit. de fe permettre de caler un lambris de quel-
ques pouces , de rejeter une erreur peu conii-
d�rable fur la largeur d'un panneau, d'un pilaitre,
.ou autre corps de menuiferie; ces erreurs �tant
toujours compt�es pour rien, fur-tout lorfqu'elles
font port�es fur les grandes parties de la d�cora-
tion , & que TArtifte , en fe les perrnerant, fait
les mafquer, par fon induitrie & fon intelligence.
Quelquefois encore, lorfque les embrafures de-
viennent trop profondes , on a recours , dans les
Appartements d'hiver, aux doubles ch�ffis, les
uns, pour fatisfaire � la d�coration ext�rieure, les
autres, pour parvenir � celle des dedans. Il faut
fa voir n�anmoins que ces doubles ch�ifis �ten-t
beaucoup de jour, & que, pour y rem�dier, il
ne faut employer que des ch�ff�s comparus par
de grands carreaux garnis de glaces ou de verres
de Boh�me; & que, malgr� cela, il convient de
peindre les lambris en blanc, ce qui cependant
Qij
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244                       Cours
ne doit pas fe faire dans toutes les pi�ces d'un
Appartement , ainfi que nous le remarquerons
bient�t.
Nous avons d�j� dit quelque chofe de la Pi�ce
M 10, en la faiiant conno�tre "comme une Salle
d'aifembl�e de trente-trois pieds de longueur,
fur vingt-un pieds de profondeur, & vingt-trois
d'�l�vation ; mais nous avons promis d'y revenir,
pour d�iigner fon ufage particulier : car, quoi-
qu'elle puiffe faire partie, dans l'occafion, de ΓΑρ»
parlement de foci�t�, encore eit-il certain qu'elle
eil principalement deilin�e � fervir de Salle d'au-
dience � l'Appartement de parade marqu� Ρ ; cette
pi�ce �tant d�gag�e par une Anti-chambre Mu,
prife dans la profondeur du B�timent, & qui a
fon entr�e par le grand Efcalier Y ι : en forte que
le Propri�taire, dans le cas de donner une au-
dience extraordinaire pendant les heures confa-
cr�es � la foci�t� , celle-ci auroit pour retraite les
pi�ces Mo,Mi,M4,M6,M7, dans lefquelles
on arriveroit par le Veftibule M ι, & par l'Anti-
chambre M 3. Alors cette Salle d'affembl�e M 10,
quoique faifant partie de l'enfilade A Β, devroit
�tre d�cor�e d'un ftyle plus grave; on y em-
ployerpit moins de fculpture, de glaces & de do-
rure que dans les pi�ces pr�c�dentes. Qu'on y
prenne garde, cette obfervation doit �tre regard�e
comme dn principe inconteftable, parce qu'il eit
contre les r�gles de la convenance, d'orner �ga-
lement , & dans un m�me genre, les diff�rentes
pi�ces int�rieures d'un Edifice : cependant, ofons
le dire , c'eil un d�faut dans lequel tombent g�n�*
ralement prefque tous nos D�corateurs ; la mul-
tiplicit� des ornements femble �tre feule leur ob-
jet. Il eft vrai qu'on ne fait plus de rocailles > de
-ocr page 362-
©'Architecture;           245
dragons, de palmettes, de pagodes, comme il y
a vingt ou trente ans; mais on leur a fubilitu�
depuis, fans trop favoir pourquoi, des rofaces,
des ferlons, des guillochis, des formes carr�es ,
pefantes & �gyptiennes ; enfuite, comme c'eil la
mode aujourd hui, on a introduit, m�me dans les
lieux les plus graves, les Chim�res & Iqs Ara-'
befques, en attendant, fans doute, qu'� leur tour,
les marmoufets �cs Gots viennent occuper la fc�ne.
Il eil vrai qu'il faut convenir, fur-tout � pr�fent,
que tous ces diff�rents objets �tant trait�s par
nos plus habiles Artiiles, l'excellence de leur tra-
vail f�duit la plupart des perfonnes de go�t ; mais,
f�lon nous, qu'il y a loin de cette richei�e � la
beaut� que nous concevons! Qu'on nous permette
une r�minifcence : pourquoi ne s'en eil on pas tenu
aux productions d'Hardouin & de Bullet en ce
genre ? Qui de nous ne fe rappelle pas avec plai-
iir la d�coration int�rieure de Clagni, de Trianon,
& du Ch�teau dlify pour les grands Apparte-
ments ; &, pour les petits, les dedans de la M�-
nagerie, charmante bagatelle, o� tout annonce
une l�g�ret� ing�nieufe. Mais finirions cette di-
greffion, & difons , que quelques excellents ta-
bleaux all�goriques fur un fond d'�toffe de cou-
leur affortie � celle des lambris , nous paro�-
troient la d�coration la plus convenable, pour le
rev�tiffement de la pi�ce M 10. Nous croyons
encore que le chambranle de la chemin�e, de-
vrait �tre d'un beau marbre antique, rev�tu de
bronze d'un bon genre, d'une forme f�v�re ; mais
non-reifemblante � nos pieds de tables. Nous d�-
ferions peu d'ornements au-dei�us; mais nous
les voudrions r�guliers : enfin, au lieu de glaces *
nous pr�f�rerions des panneaux de fculpture dans
-ocr page 363-
c ■
246            ^ T Cours
les trumeaux du mur de face. Nous fouhaiterions
que les porces � placard fuffent parfaitement fy-
m�triques,& d'une proportion'relative � celle des
croif�es ; que la forme des attiques fut analogue �
la richeife des portes � piacard, & au manteau
de chemin�e ; en un mot, que les meubles ,
les luilres , les torchieres fe trouvarTent ai�brtis �
l'ordonnance impofante qui doit pr�fider dans
cette pi�ce.
Il ne faut pas s'y tromper, la retenue que nous
recommandons ici, ne peut jamais nuire � l'accord
qui doit r�gner dans les diff�rentes pi�ces coxn-
prifes dans l'enfilade principale ; au contraire, cette
vari�t� de ilyle fait oppofition, pourvu qu'on y
fache �viter une difparit� choquante, �cart que
nous n'avons garde de jamais approuver ,< ni de
confeiller � nos Elev�s.
Cette pi�ce M 10, paro�tra peut-�tre un peu
oblongue, ayant trente-trois pieds de longueur, fur
vingt-un de largeur feulement; mais nous avons d�j�
averti, que l'on pouvoir quelquefois s'�carter du
rapport d�termin�, par la diagonale du carr� for-
m� fur fon petit diam�tre : par exemple, il fem-
ble ici qu'elle doit avoir une certaine longueur,
�tant deitin�e � contenir une quantit� de iieges
pour les Gourtifans, � donner des audiences, &c.
que pour cela, on y doit circuler avec facilit� ,
fans emp�cher n�anmoins les perfonnes �g�es ,
fatigu�es ou infirmes, de fe repofer, en attendant
la pr�fence du Ma�tre. On doit favoir encore,
qu'autant qu'il eft poifible, il convient de terminer
la partie fup�rieure de ces fortes de pi�ces , par
des vo�tes en arc de clo�tre furbaiflees; autrement,
lorfqu'elles ne font que plein-cintre en berceau,
elles ont trop de reiTembiance avec les vo�tes des
-ocr page 364-
d'Architecture.          247
fouterra�ns ; genre peu convenable � la d�cora-
tion des Appartements. Mais,:pour que cette vo�-
te produife un bon effet, il faut pouvoir don- *
ner, comme nous l'avons;dit ailleurs , une aifez
grande hauteur au plancher; autrement, on doit
fe contenter d'une calotte qui pouroit avoir ici
dix-huit pouces, ainfi que la corniche : dans ce
cas , nous croyons que celle-ci devroit �tre orn�e
de confoles & de m�topes, qu� bien des �gards,
nous paroiiTent pr�f�rables � ces del�ins co�tants,
& fouyent trop l�gers, qu'on afFe&e dans; les
gorges des corniches des pi�ces de nos Appar-
tements.
L'Anti-chambre M ij., n'a que vingt-deux pieds
de longueur, fur quinze pieds de profondeur. La
m�diocrit� de fa furface, .«compar�e aux autres
grandes pi�ces diftribu�es du c�t� des Jardins,
eil caufe que, nous ne lui avons donn� que treize
pieds d'�l�vation fous plancher ; ce qui pouroit faci-
liter au-deflns un entre-fol de fept pieds de hauteur ;
lequel pouroit fe continuer 5,fur toutes les petites
pi�ces iitu�es du c�t� de l'entr�e, & o� ion arri-
veroit par l'efca�ier Y 2. Il faut favoir n�anmoins,
.que ces entre-fols pratiqu�s ainfi fur les anti-cham-
bres, qui donnent entr�e aux Appartements de
parade, font d�fectueux ; toutes les pi�ces qui
pr�c�dent les grands Appartements, devant * par
leur diam�tre & leur �l�vation, annoncer l'impor- -
■ tance & la magnificence de celles deilin�es, � �a
pr�fence des Ma�tres & des Etrangers; enforte,
que le peu de grandeur de notre Anti-chambre,
eft ici un vice*qui ne pouroit fe tol�rer ,, que
lorfquil feroit queition d'un Appartement priv� : ■
d'un autre c�t� , fon peu de hauteur paro�troit -'u?
. info utenable., Peut-�tre auf�i feroit-il ridicule de
Qiv
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248                       Cours
lui laifler toute l'�l�vation du plancher -.enforte
que, pour �viter l'un & l'autre exc�s , il faudroit
feulement pratiquer un faux plancher, qui la fix�t
� feize ou dix-fept pieds; encore ce dernier moyen
n'emp�cheroit-il pas cette Anti-chambre d'�tre,
par fa petiteiTe, trop peu digne de celles aux-
quelles elle donne entr�e.
Cette pi�ce eil �clair�e par deux croif�es, dont
l'une enfile le mil�u de la Salle d'aflembl�e Mio,
& elle eft �chauff�e par un po�le, la fym�trie ne
nous ayant pas permis de faire ufage d'une che-
min�e. D'ailleurs, il eft affez ordinaire, lorfque
ces fortes de pi�ces ne fervent pas d� Salles �*
manger, de n'y pratiquer que des po�les, qui
�chauffent plus facilement les lieux deftin�s � con-
tenir les Domeftiques , & pr�fervent mieux les
Appartements de l'air froid des dehors.
La pi�ce marqu�e M 12, eft un Cabinet de
vingt pieds de hauteur, fur vingt-un pieds de lar-
geur, en tout fens : i�lon les circonftances, elle
pouroit encore faire partie de l'Appartement de
loci�t�; mais comme elle fe trouve limitrophe de
l'Appartement de parade, il feroit convenable de
la deftiner ρομΓ une Salle du dais s en obfervant ce*
pendant que, pour ce dernier ufage, il eft bon
t|ue ces fortes de pi�ces foient plus profondes
que larges, ce qui ne fe feroit pu faire ici, qu'en
rendant la chambre en niche Ρ 2, moins coniid�-
rable ; parti que nous n'avons pas cru devoir
prendre , parce qu'il eft effenciel que, pr�s d'une
chambre par�e , comme celle Ρ ι , o�l pratique
un double Appartement, pour l'habitation parti-
ticuliere du Ma�tre. C'eft pour cette raifon que
nous avons pr�f�r� de faire de cette pi�ce M 12,
un Cabinet de forme quadrangulaire 5 & non une
-ocr page 366-
»'Architecture.              249
Salle du dais. Quoi qu'il en Toit, obfervons qu'il
faut �viter, dans ces derni�res pi�ces, de placer
le dais au-deffus de la chemin�e, comme il s'en
remarque aux H�tels de Soubife, de Villeroi, &c.
Car il paro�t peu vraiffemblable qu'on puifle don-
ner des audiences* publiques , ou recevoir des
hommages, fous un dais ainii plac�, quoique fou-
vent , cette marque de dignit� ne foit qu'une �ti-
quette , dans la plupart des demeures des Grands.
Ce Cabinet doit aui�i �tre d�cor� avec une
forte de retenue, pour la m�me confid�ration que
nous venons de rapporter, en parlant de la pi�ce
M 10; c'eft-�-dire, qu'�tant deftin� � traiter d'af-
faires particuli�res, il faut �viter dans fes rev�tif-
fements , l'�l�gance des ornements ; ils doivent
�tre r�ferv�s pour le Cabinet M 7, qui, faifant par-
tie de l'Appartement de foci�t�,, peut, plus rai-
fonnablemenr, ibutenir dans fa d�coration, l'appli-
cation de la fculpture, de la peinture, de la dorure
& des glaces.
Des Chambres de Parade.
Les pi�ces marqu�es Pi, Ni, font deux
chambres (f) par�es, nomm�es ainii, Tune, jkr�e
qu'elle fait partie de l'Appartement de parade Rjv
l'autre, parce qu'elle eft une fuite de celui de fo-
ci�t� M. C'eft dans ces fortes de pi�ces, qu'on
raffemble les meubles & les �toffes les plus pr�-
cieufes ; conf�d�ration qui ne les fait gu�re habi-
($) Chambre, du mot Latin Camera, vo�te furbaiii�ej il
«d�rive de Cameras, courb� ou cambr�, parce qu'anciennement
la plupart des Chambres �toient vo�t�es en arc L� clo�tre.
-ocr page 367-
JtJfO                         C O URS
ter par les Propri�taires, que dans des cas ex-
traordinaires , les Ma�tres pr�f�rant de fe retirer >
fur-tout l'hiver, dans de petits Appartements plus
commodes, & d'un fervice plus aif�, tel qu'on
remarque dans notre Plan, celui compof� des pie-
�es Ρ 2, Ρ 3 ,.Ρ 4 & Ρ f, au-deffus defquelles l'ont
pratiqu�s des entre-fols 5 o� le Valet-de-chambre
puiiTe renfermer le linge , les habits, & les autres
.objets dont il eil charg�. Ordinairement, Iqs
-Chambres dont nous parlons, font orn�es de co-
lonnes qui renferment l'enceinte du lit, & au-de-
vant defquelles on pofe une baluftrade de me-
. nuiferie qui le contient & le f�pare, pour ainfi-
-MtQ9d'avec lereile de la pi�ce. Alors il faut faire
: enf�rte dbbferver dans ces Chambres par�es, une
-»proportion, int�reiTante ; par exemple, � compter
�du devant des colonnes au mur de face , leur pro-
.fondeur doit �tre �gale � leur largeur; dimeniion
� que nous avons obferv�e dans celles M 7 & Ρ ι,
qui chacune ont vingt-un pieds de hauteur, de
largeur & de profondeur, non compris l'enceinte
du lit, qui eft de fept pieds; ce qui fait en tout
vingt-huit pieds de profondeur.
Il eil aiTe^ d'ufage de rev�tir de menuiferie les
, murs des Chambres de parade , � l'exception n�an-
moins, de l'endroit o� le lit eftrcontenu, qui,
,jpfClairement, fe garnit de la m�me �toffe que le
f�it; de maniere que cette tenture, rion-fetil�ment
rend cette enceinte plus falubre, en apparence;
.mais autorife � colorier les -lambris de l'int�rieur
de la pi�ce, d'une couleur analogue au fond do-
minant des �toffes qu'on a choifies , en l'ai�br-
tiiTant n�anmoins, avec les meubles d'hiver ou
�/cft�t�;; enforte, que� la couleur, pr�f�r�e reliant
courues la m�me, elle ne devienne jamais diiparate
-ocr page 368-
d'Architecture.            251
avec les tentures qui fe renouvellent deux fois
l'an, dans les grands Appartements. Mais il faut
favoir �viter, fur-tout dans les pi�ces coni'acr�es
au repos, aui�i bien que dans celles deitin�es �
une habitation journali�re pendant l'hiver, d'im-
primer ces lambris en blanc ; cette couleur qui
imite le ftuc ou le marbre blanc paro�t froide �
l'�uil, pour les chambres � coucher, & fe falit ai-
f�ment dans les pi�ces d'habitation. Il eil vrai que
l'�clat de l'or , fur un fond blanc, d�termine fou-
vent de pr�f�rer cette couleur � toute autre : mais
qu'on s'en reffouvienne, nous avons dit ailleurs,
que, dans les Salles de compagnie, dans les Salles
d'aifembl�e, &c. o� l'on faifoit ufage, la nuit.,
d'une certaine quantit� de lumi�res ; les lambris
imprim�s de blanc �toient trop fujets � fe noircir :
ce qui doit d�terminer � n'employer cette couleur
qu'avec beaucoup de circonfpe&ion, m�me par-
tout ailleurs , que dans les Chambres � coucher
dont nous parlons.
                                             *
En g�n�ral, depuis long-temps, dans la d�co-
ration int�rieure de nos Appartements , on ne
laiiTe plus � la menuiferie fa couleur naturelle.;
on la trouve trifte : mais pour �viter cet incon-
v�nient aifez vrai, � certains �gards, on eft peut-
�tre tomb� dans un autre exc�s, en imprimant in-
difHn&ement toutes les pi�ces en blanc ; ce qui,
ind�pendamment des d�fauts dont nous venons
de parler, �blouit & fatigue la vue. Cet incon-
v�nient a fait imaginer, depuis , d'imprimer les
lambris en verd d'eau, en jonquille, en lilas, �n
bleu tendre, &c. Ce moyen a r�ui�� phis d'une
■ fois ; ces divers tons s'ai�brtnTent affez bien av^c
les diff�rentes couleurs des �toffes : pour �viter
la dorure, on a m�me effay� de rechampir.;fes
-ocr page 369-
i?2                     Cours
moulures des lambris : nous difcuterons ailleurs
l'ufag� qu'on doit faire de ces diff�rentes couleurs,
des rechampiffages & de l'emploi de l'or, lorfque
nous traiterons en particulier, de la d�coration
int�rieure, ainii que des plafonds, des divers com-
partiments des vo�tes , enfin, de l'art d'unir & de
marier enfemble , & fans confuiion, l'Architec-
ture , la Sculpture, la Peinture & la dorure ; ob-
jets trop int�reffants, pour �tre n�glig�s dans nos
Le�ons , & dont le plus grand nombre de nos El�-
ves a befoin de conno�tre jufqu'aux plus petits
d�tails.
La fituation du lit, dans une Chambre � cou-
cher, & principalement dans une Chambre par�e,
n'eft point arbitraire. Il eu d'ufage re�u, de pla-
cer ce meuble de n�cei�it� en face des croif�es,
en forte, qu'il fe trouve pr�cif�ment dans le mi-
lieu de la profondeur de la pi�ce, & vis-�-vis le
trumeau des croif�es ; nous difons le trumeau ,
parce qu'il eft rare qu'on donne plus de deux
croif�es � une pi�ce de l'efpece de celle dont nous
parlons, & qu'il n'y a que dans des cas particuliers,
qu'on doit fe contenter d'une feule ouverture. Sa
forme, comme nous l'avons fait entendre, doit
�tre rectangulaire, puifqu'elle contient un meuble
principal, auquel cette forme femb�e �tre confacr�e,
& que naturellement, ce meuble doit d�terminer la
difpoiition du p�rim�tre de la pi�ce. Certainement,
un lit, de forme oblongue , plac� dans une Cham-
bre barlongue, carr�e, ou circulaire, ne peut faire
un bon effet; &, fi cela fe peut permettre, c�ne
doit �tre que dansles Appartements priv�s, fu-
balternes, ou en galetas. Il faut encore obferver
que les portes de d�gagements, qui paffent d'une
Chambre par�e, dans les Garderobes, foient per-
-ocr page 370-
D'ARCHITECTURE.             2J3
c�es fous les �toffes qui garniffent l'int�rieur de
l'alcove ; autrement, ces portes coupent les lam-
bris , d�rangent les meubles, nuifent � la fym�trie,
& emp�chent le fer vice journalier des Domefti-
ques : aui�i avons-nous pris cette pr�caution 9
dans la pi�ce Ρ ι ; & nous y avons plac� ces portes
de maniere � ne pouvoir nuire aux li�ges qu'on
place ordinairement de chaque c�t� du lit. L'une
de ces portes donne entr�e dans la Chambre
d'habitation Ρ 2.; l'autre, dans un arri�re Cabinet
Ρ 5 : & toutes deux fe communiquent encore ,
par les petites pi�ces Ρ 3 , Ρ 4 ; la premiere fer-
vant de foupape, & la f�conde de ferre papier :
de forte que, par ces diff�rents d�gagements , le
Ma�tre peut � fon lever, fans paffer parles grands
Appartements, s'entretenir avec fa famille, dort*
ner des ordres � fes gens, & exp�dier des d�p�-
ches, fans �tre troubl� ni aper�u des perfonnes
de dehors, que la curiofit� pouroit attirer , pour
vii�ter les grands Appartements.
C'eft au-deifus de ces petites pi�ces Ρ 2, Ρ 3 ,
Ρ 4, Ρ 5, que font pratiqu�s les entre-fols, dont
nous avons dit quelque chofe pr�c�demment, en
parlant de l'�nti-chambre M 11. Le peu de diam�-
tre de ces petites pi�ces nous a d�termin� � en
baiffer les planchers ; le rapport de leur hauteur ,
compar�e avec leur largeur, �tant effenciel � ob-
ierver, lors m�me qu'il ne s'agit que de petits
Appartements ; car, rien n'efl li choquant dans
un Edifice, que de cencontrer de grandes pi�ces
txop baffes , & de petites trop �lev�es. D'ailleurs ,
quoique l'entr�e de ces petits Appartements foit Λ
pour ainfi-dire, interdite aux �trangers, ils exi-
gent une forte de proportion, de la fym�trie &
une magnificence affortie � l'importance du Pro-
-ocr page 371-
2,54                        Cours
pti�taire ; pour cela , il η eu pas permis de n�-
gliger les dimeniions qu'il convient de donner aux
diff�rentes pi�ces qui les compofent ; confid�ra-
�ion m�me , qui porte quelquefois rArchitec"te �
faire, d'une hauteur in�gale, les entre-ibls pra-
tiqu�s au-deflus de ces pi�ces; ainii qu'on peut
le remarquer dans ceux du Ch�teau de Marly ,
au-dei�us de l'Appartement de Monfieur & de
Madame la Dauphine.
La Chambre de parade Ν ι, eil auffi pourvue
des Garderobes qui lui font n�ceflaires , & dans
lefquelles on entre par une feule porte , pratiqu�e
dans l'int�rieur de ion alc�ve. Cette porte donne
entr�e � une foupape Ν 2, & de-l�, dans un Ca-
binet Ν 3 ? qui, � fon tour , d�gage dans une
Garderobe Ν y, pour un Domeflique : cette der-
ni�re a fon entr�e par l'efcalier Y 3, qui fert �
monter aux entre-fols pratiqu�s fur tout ce femi-
double. Arr�tons-nous un moment, pour parler
plus pr�cif�ment des Garderobes en g�n�ral, pi�-
ces d'o� d�pend la commodit� des Appartements.
Quoique les Garderobes (c) tiennent , pour
�in� dire, le dernier rang dans la diftribution d'un
Plan , cependant, c'eil par leur fecours que les
pi�ces de parade & de foci�t� confervent leur
beaut�, acqui�rent de la commodit� , & que le
(c) Garderobe, en Latin Ve�iarium, que Perrault entend,
dans Vitruve, par Sella JamiLiarica, connu aujourd'hui fous
le nom de Cabinet d'aifance.
          -
Garderobe, chez les Italiens, fe prend pour Garde-meuble.
On appelle Garderobe de baih , le lieu o� l'on fe d�shabille ; ce
lieu eft appel� par Vitruve, Apoditerium : il appelle celles des
Th��tres, Ckoragium, & dit qu'elles font compof�es de plu-
�ieurs petites pi�ces pr�s du th��tre, o� s'habillent f�par�-
rrient les A�leurs , δ� o� fe tiennent les habits , aufli bien que
tout ce qui d�pend de l'appareil; de la fc�ne.
-ocr page 372-
d'Architecture.           >$$!��
Jervice des Domeitiques fe fait avec exa�titude^
Ordinairement, fous le nom de Garderobes ,
on comprend les petites Anti-chambres de dega-�
gement, les Cabinets de toilette, les M�ridiennes ,
les petites Chambres en niche, celles oit couchent
les Valets-de-chambre, les lieux � foupape , les
petites pi�ces o� fe tiennent le linge & les habits du
Ma�tre ou de la Ma�trefle du logis. Cell aui�� dans-
Tune de ces petites pi�ces qu'ils ferrent avec furet�
leur argent, leurs papiers, leurs titres ; enfin, on ap-
pelle Garderobes toutes celles, qui iitu�es de plain-
pied aux Appartements ou aux Entre-fols, font au-
tant de lieux priv�s,'�galement indifpenfables, dans
les B�timents �lev�s � la Ville ou � la campagne.
Les Garderobes de Ma�tres doivent, f�lon leur
ufage particulier , �tre d�cor�es avec plus ou
moins de richefTe; & � l'exception de celles nom-
m�es � foupape , elles doivent avoir, autant qu'il
eft poi�ible, xdes chemin�es, ainii que la plupart*
de celles o� fe tiennent les Domeitiques ; afin
que ceux-ci puhTent, en toute faifon , procurer �
leurs Ma�tres tous les fecours dont ils pouroient
avoir befoin. Il n'eft pas toujours facile de donner
� ces fortes de pi�ces , m�me � celles deihn�es
pour l'ufage des Propri�taires , les dimeniions que
l'on deiireroit ; & c'eil ici que les r�gles de l'art fe
plient � la n�ceilit�. Il en e� � peu pr�s de m�me,
pour ce qui regarde leur d�coration , o� l'on
peut cependant j plus que par-tout ailleurs, don-
ner carri�re � fon imagination ; la fym�trie, dans
les formes principales, �tant tout ce qu'il paro�t
ehenciel d'y obferver. Mais une chofe � laquelle il
faut prendre garde ; c'eil que les Garderobes prin-
cipales foient bien �clair�es, que celles du (er
cond genre le foient fuffifamraent, & qu'elles aient
-ocr page 373-
i$6                       Cours
beaucoup d'air, des d�gagements & des commu-
nications , qui facilitent le �ervice auquel elles font
deilin�es. Toutes celles diltribu�es dans notre
Plan, jouuTent des avantages dont nous parlons ,
�tant compriies dans le femi-double plac� derriere
les Appartements de parade & de Ibci�t� : conii-
d�ration qui nous a d�termin�, pour ainii-dire �
� diilribuer ainii notre projet, & tel, � peu-pr�s,
que M. de TAflurance avoir compof� fon Ch�-
teau de Petit- Bourg, lorfqu'il le fit b�tir pour M,
le Duc d'Antin.
Nous ne dirons rien ici de pr�cis , touchant
la d�coration des Garderobes de Ma�tres ; elles
font moins fujettes � la r�gularit� des pr�ceptes
de l'Art, que toutes les autres pi�ces des grands
Appartements, & il ne faut gu�re que du go�t &
un peu d'imagination, pour s^en acquitter avec
fucc�s , & parvenir � furmonter les difficul-
t�s qui fe pr�fentent dans leur diitribution. D'ail-
leurs, de quoi le g�nie ne vient-il pas � bout, fur-
�out lorfqu'il ne s'agit que des chofes d'agr�ment,
que l'ufage des lieux autorife ? Nous recom-
manderons pourtant, dans ces fortes de pi�ces,
comme par-tout ailleurs , de ne jamais abufer de
la prodigalit� de la Sculpture : moins les lieux ont
d'efpace , plus il faut ufer de retenue ; l'�l�gance
& la l�g�ret� dans les formes , le choix dans les
ornements, des contours doux & coulants dans
les Plans, font les objets qu'il faut pr�f�rer ; la
richefle des mati�res , r�elles ou feintes, vient
enfuite, pour charmer la folitude que procurent
ces diff�rentes pi�ces deilin�es, pour l'ordinaire ,
� �loigner les Ma�tres du tumulte qui fe pafle dans
les grands Appartements.
A l'�gard des Garderobes connues fous le nom
de
-ocr page 374-
�'A�lCKl TS CTURE,         2J7
«ie lieux � foiipape, difons qu'on y doit pratiquer
une niche circulaire ou carr�e par ion Plan ynSfe
pable de contenir une banquette d'environ7qua-
torze ou quinze pouces de hauteur, dans laquelle
on enferme un bloc de marbre., perc�, �vici� &
taill� dans Ton int�rieur en talus , pour faciliter
la chute des mati�res ^ telles que l'expriment les
Figures de la Planche XL.
La Figure I pr�fente le rev�ti��ement horifon-
tal, fait de menuiferie ou de marqueterie, que for-
me la banquette. A , repr�sente la moiti� de la
lunette, dont l'autre eil recouverte par le rev�-
tii�ement Β, qui s'�l�ve ou s'abaiife » f�lon^ le be-
foin. C, d�iigne l'endroit de la main ou poign�e >
qui leve la foupape ou bonde D Ν, Figure III,
lorfqu'on veut laiffer paffer la mati�re : voyei
aui�i la Figure II. Ε F , Figure I , font deutf poi-
gn�es , la premiere, lorfqu elle eil ouverte, pour
faire fortir l'eau abondamment qui chaffe la ma-
ti�re G Figure III, dans le tuyau de deicente de
la foiTe H ; la f�conde, pour faire jouer un robinet
nomm� flageolet, marqu� L, Figures II & III,
d'o� il fort un jet au milieu & au-deiTus de la lu-
nette A. Ces deux poign�es en forme d'olives y
font foud�es chacune , dans un tuyau de plomb I,
formant un enfourchement exprim� dans la Fi-
gure II : par l'un de ces enfourchements, la poi-
gn�e E, Figure I, �tant ouverte, l'eau en fort
avec tant d'abondance , que, lorfque la bonde ou
foupape Ν eil: lev�e, cette eau fe pr�cipite fur
le talus KK, Figure III, & rencontrant la ma-
ti�re G, la chaffe dans la defcente H , avec tant
de pr�cipitation, que la mati�re ne laifle aucune
efpece d'odeur dans l'int�rieur de la Garderobe ,
fur-tout lorfque la bonde Ν eil bien jointe & def-
Tomc IF.
                                     R
-ocr page 375-
�j8                        Cours
cendue dans fa feuillure : car , autrement, Fexha :
laifon de la foffe communiqueroit dans le fi�ge ;
de ce dernier, dans la pi�ce, & enfin dans les Ap-
partements , lors m�me qu'on pr�f�reroit des foffes
perdues ; foffes qui ne peuvent pas toujours fe
pratiquer, foit � caufe de l'in�galit� des terrains,
toit parce que ces foffes corrompent l'eau des
puits. D'ailleurs, quand il feroit poflible de pra-
tiquer de ces fortes de foffes, on ne feroit pas
difpenf� pour cela , de faire ufage des lieux �
foupape dont nous parlons , fur-tout, lorfqu'on
doit les tenir pt�s des Appartements : car les m�-
tieres�ui s'attachent aux parois int�rieures de la
defcehte H, conftruite ordinairement en pierre
ou en poterie , porteroit une odeur infuportable
dans les Garderobes, malgr� les ventoufes que
Ton doit pratiquera tous les ii�ges d'aifance.
Cette bonde C D Ν , Figure I & Figure III,
eft compof�e d'une maffe de plomb, afin que, par
fon propre poids, elle fe ferme le plus exactement
poffible dans fa feuillure. Cette maffe eil foud�e
� une tige ou tringle de bronze ou de fer, qui
perce le rev�tiffemenr borifontal de la banquette
Β, afin qu'�tant ai�is fur la lunette A , d'une main
on leve la bonde C, & de l'autre, on tourne la
poign�e E, & que, dans le m�me mitant, la
mati�re foit pr�cipit�e dans le tuyau de defcente
H, avant qu'on foit forti de deffus la lunette : �n-
fuite, fi on le juge � propos, on fait ufage de la
poign�e F , pour faire venir Veau au centre de la
lunette A, par le flageolet L, d'o� s'�l�ve un fi-
let d'eau, pourfe laver, ainfi que l'exprime la Ffr*
gure III, & qu'elle eft trac�e dans le Plan de la
figure IL
On a donn� long-temps � ces Garderobes, le
-ocr page 376-
» *A �t C Η ί Τ E C Τ V R E»            2J�
Hom de Lieux � l'Angloife, quelques Aftiites ayant
pr�tendu qu'on en devoit la d�couverte � cette
Nation; mais comme plufieurs perfonnes de con�-
d�ration qui habitent Londres » nous ont aflur�
les avoir m�connus avant leur ufage en France t
nous leur donnons ici le nom de Lieux � foupape,
� cauie que la bonde ou maffe Ν, nomm�e ainfi
par les Artifans, emp�che par ion moyen, f o»
deur des foffes d'aifance de tranfpirer dans Tint�-
rieur des pi�ces , au point qu'on n'h�fite plus de
ies placer tr�s-pr�s des Appartements d'une conti-
nuelle habitation, ce qui eil d'une beaucoup plus
grande commodit� que les chaifes perc�es dont
on fe iervoit auparavant, & que la n�gligence des
Domeftiques rendoit impraticables ; de maniere
qu'on ne fait ufage de ces derni�res aujourd'hui que
par �conomie, ou lorfqu'on ne peut pratiquer au-
tant de foffes dans les fouterrains , qu'on auroit
beioin de les multiplier dans la dii�ribution d'un
Plan. Nous convenons que la conftru�ion des
aifances dont nous parlons, occaiionne une cer-
taine d�penfe ; mais l'avantage qui en r�fulte ne
doit jamais emp�cher leur ufage dans un B�ti-
ment un peu confid�rable > ni m�me dans une
Maifon ordinaire«, Chez les particuliers , pour ne
pas trop multiplier les frais, on t�che de faire r�-
pondre ces diff�rentes Garderobes dans une m�me
forTe i d'ailleurs, au lieu de faire ces foupapes en
marbre, en bronze & en marquererie, on peut
faire le bloc en pierre, les poign�es en fonte tr�s-
lirhple & fans ornements, & les banquettes en
menuiferie > au lieu d'�b�nifterie»
Les communications qu'on eil oblig� de prati-
quer, entre les Lieux � foupapes, & les Apparte*
ments de Ma�tres, pour faciliter Tufage de ces
Rij
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λ                                          _
&6�                       COU RS
petites pi�ces, font fouvent, qu'on eft oblig� d'u-
ier de formes irr�gulieres, dans leur Plan ; mais
on doit alors profiter de ces m�mes irr�gularit�s,
pour former des armoires capables de contenir
diff�rents ufteiifiles n�ceffaires � la propret�. En
g�n�ral, les portes de ces Garderobes doivent
�tre � un feul ventail , les corniches �tre peu
�lev�es, les moulures des lambris & les couron-
nements peu faillants ; fouvent m�me, la Peinture
doit y �tre pr�f�r�e aux corps de relief, &c.
Revenons � pr�fent aux pi�ces des grands Ap-
partements.
Celle marqu�e Ρ 6, eil encore un Cabinet de
vingt-un pieds de hauteur , de largeur & de pro-
fondeur : il doit �tre d�cor� avec quelque ma-
gnificence ; non-feulement, parce qu'il fait partie
de la principale enfilade A Β ; mais parce qu'il
��l interm�diairement plac� entre une Chambre
de parade & une grande Galerie. Cette pi�ce Ρ 6
peut fervir ici au Propri�taire, pour y donner des
audiences fecr�tes � des perfonnes de confid�ra-
tion qui y feroient annonc�es de pr�f�rence ,
par le Veftibule Ρ 9, & par la grande Gallerie.
C'eft dans ce Cabinet, que doit �tre n�ceffaire-
ment plac� un bureau, pour y dreffer des rranf-
a&ions, y figner les exp�ditions, les d�p�ches, &c.
Alors l'arri�re Cabinet Ρ j, ferviroit � tenir le
premier Secr�taire , qui, des dehors, entreroit
par une des arcades qui lui fert de croif�e. Au
reite , comme le Plan dont nous parlons*, eil
fuppof� �lev� � la campagne , & qu'ordinaire-
ment on vient s'y d�laffer des occupations de la
Ville; l'arri�re Cabinet Ρ 5 pouroit fuffire, pour
contenir le bureau & les papiers du Ma�tre. Par
ce moyen, celui Ρ 6 > refteroit libre en faveur
-ocr page 378-
d'Architecture.           261
de la principale enfilade : mais, � tout �v�ne-
ment, il feroit bon de m�diter le genre de la
d�coration de cette pi�ce, afin que, dans le be-
foin, les attributs & les all�gories qui y feroient
r�pandus, puifent correfpondre , & � la magni-
ficence �es Appartements voifins, & � Furage
particulier auquel cette pi�ce pouroit �tre
deitin�e.
Ce Cabinet eil �clair� par deux croif�es don-
nant fur le Jardin; Tun des murs de refend de
cette pi�ce fe trouve plac� � droite dans la
partie anguleufe Κ : ce mur de refend eil dou-
ble , tant � caufe de la fym�trie des �coin�ons,
que parce que cette partie anguleufe devoit �tre
renforc�e , pour fatisfaire � la folidit� de cet
angle rentrant. Au reite, ces deux murs ici font
r�unis enfemble � la hauteur d'environ dix pieds ,
par une vo�te qui forme liaifon dans fa partie
fup�rieure. C'eil fur Γύη de ces murs que fe trouve
plac�e la chemin�e ; autrement, il auroit fallu
�'adoiTer � celui qui f�pare la chambre de parade
de ce Cabinet : alors, fans la raifon de folidit�
dont nous parlons, on auroit pu i� contenter
d'une feule cloifon en brique, en charpente, ou
en menuiferie, telle qu'on en remarque dans les
Salles d'affembl�e M 6 & M 10. D\in autre c�t� »
il faut fe fouvenir que nous avons recommand�
de placer, autant qu'il eit poi�ib�e, les chemin�es
en face des principales entr�es; d'ailleurs, il �toit
important de fortifier, par un double mur, cette
partie du B�timent, comme nous l'avons obferv�
dans le c�t� oppof� de cet Edifice, ainfi qu'aux,
angles rentrants Κ du c�t� de l'entr�e : de plus»
ces doubles murs n'occaiionnent pas une d�penfe
Ru)
-ocr page 379-
i6i                       Cours
coniid�rabie pour un Edifice auffi important. Au-
tre chofe feroit, s'il s'agiffoit d'un B�timent �co-
nomique, o� il faudroit m�me t�cher d'adoffer
les chemin�es les unes contre les autres, pour
les r�unir � leur extr�mit� fup�rieure, dans une
m�me fouche , & �viter la r�it�ration du perce-
ment des combles ; ainii que nous l'expliquerons
en parlant des couvertures & des diff�rents ob-
jets d'�conomie dont il convient d'ufer, lors de
la conftruclion.
Des Galleries.
Les Galleries �tant toujours un objet tr�s-im-
portant dans un Edifice ; non-feulement , nous
allons donner la defcription de celle comprife
dans notre Plan; mais encore rapporter les di-
menfions de la plupart de celles de nos Maifons
Royales & de nos grands H�tels, afin de donner
� nos Elev�s une id�e diilincle de l'ufage, de la
proportion & de la d�coration de ces fortes de
pi�ces.
La Gallerie Ρ η (d) a vingt - quatre pieds de
largeur fur cent vingt-fept de longueur, & vingt-
quatre de hauteur ; en forte que j fa largeur
eft � peu-pr�s � fa longueur, comme un eft
';'; V '                                                   "" i                                                                                                                     .■"....
(d) Gallerie, en Latin Porticus, s'entend d'un lieu cou-
vert , mais perc� d'arcades, pour communiquer ext�rieure-
ment autour d'un Edifice -confid�rable. C'eft ce que nous ap-
pelons chez nous Portique. Les Galleries comme nous l'en-
�endons, font des pi�ces int�rieures d�cor�es avec magnifi-
cence, orn�es d'Archite�ture , de Sculpture & de Peinture,
& o� quelquefois on fait entrer les bronzes , les dorures 8c
les glaces, f�lon l'ufage particulier de ces fortes de pi�ces,
& l'importance des Edifices o� elles font �lev�es.
/
-ocr page 380-
d'Architecture.           263
� cinq, non compris les tours creufes pratiqu�es
dans fes extr�mit�s. Ces tours creufes forment
vouffure, & par - l� femblent raccourcir � Tceuil
la longueur de cette Gallerie. Cependant on »e
doit faire ufage de ces moyens qu'avec beau-
coup de prudence; car, ainfi que nous l'avons
remarqu� plus d'une fois, il ne faut jamais abufer
des tours rondes, des tours creufes & des pans
coup�s, dans les d�corations graves, & qu'on veut
tenir r�guli�res. Ce qui nous a d�termin� ici �
faire ufage de ces arrondiiTements, ce η eil pas la
crainte que cette pi�ce ne par�t avoir trop de
longueur, puifque, comme nous le verrons dans
la fuite, les grandes Galleries peuvent avoir juf-
qu'� fept fois leur largeur ; c'eft la difficult� d'�-
clairer fuffifamment les deux extr�mit�s de cette
pi�ce, par raport � la d�fpoiition des croif�es ex-
t�rieures : celles ci, fans cela, auroient occafionn�
des �coin�ons trop confid�rables, & une certaine
obfcurit� que ces tours creufes en voui�ure , fem-
blent faire difparoitre. Nous obferverons n�anmoins
deux chofes : lorfqu'on eft oblig� de faire ufage de
ces tours creufes, premi�rement on doit faire en forte
que ces arrondiiTements foient proportionn�s � la
grandeur de la pi�ce, pour que les angles de la corni-
che puiiTent fe remarquer a�ez, & concourir � la
beaut� de toutl'enfemble :fecondement il faut obfer-
ver, autant qu'il eil poflible, que ces formes circu-
laires foient r�p�t�es dans leurs c�t�s oppof�s, afin
de fatisfaire � la fym�trie , fur-tout lorfque l'entr�e
principale de ces fortes de pi�ces fe trouve plac�e
fur la longueur, comme dans notre Plan. Il eft
vrai que ces portes, ainfi difpof�es, ne produisent
jamais un auf�i bon effet, que lorfquon entre par
l?une des extr�mit�s, comme � Verfailles, � Meu*
Riv
-ocr page 381-
264                       Cours
don, � Saint-C�oud , � Paris , dans celles du Pa-
lais Royal, de l'H�tel de Touloufe, de Villars, &c.
On remarque, dans cette derni�re 9 des arron-
diijements plac�s dans les deux angles du fond,
beaucoup trop petits, comparaifon faite avec la
grandeur de la pi�ce. Au refte , cette pi�ce eft
moins une Gallerie, qu'un tr�s-grand Cabinet ,
lorfqu'on vient � comparer fa longueur avec fa
largeur. Chaque genre de pi�ces doit avoir un
rapport relatif � ion ufage, & le m�rite princi-
pal eft d'obferver les dimeniions qui y convien-
nent ; rapport trop n�glig� dans la pi�ce que nous
citons ; les ornements d'ailleurs en font trop fri-
voles, quoique d'une aflez bonne ex�cution.
La Gallerie de l'H�tel de Touloufe, au contraire,
a de longueur pr�s de ftx fois fa largeur ; fes orne-
ments font d'un excellent genre, & peuvent fer-
vir d'exemples � beaucoup d'�gards, pour la d�-
coration de ces forces de pi�ces ; aui�i en donne-
rons-nous les dei�ins , dans le Volume fuivant.
Nous dirons feulement ici, que les trumeaux pla-
c�s entre les croif�es de cette Gallerie , paro�-
tront trop larges , ce qui apporte un peu d'obfcu-
rit� dans cette pi�ce ; mais , d'un autre c�t�, cette
largeur , occup�e par d'excellents tableaux, pro-
duit un admirable effet, &l'on peut remarquer,
que le peu de lumi�re dont nous parlons, eft
rachet� avec beaucoup d'art, par les glaces pla-
c�es en face des croif�es ; fltuation, feule conve-
nable pour ces corps tranfparents : peut-�tre m�-
me le manteau de l� chemin�e , fttu�e en face
de Tentr�e, auroit-il mieux �t� occup� par un
bas-relief que par une glace ; ce bas-relief auroit
�t� aflbrti au compartiment de la vo�te , qui,
d'accord avec celui des lambris 3 les peintures &
-ocr page 382-
d'Architecture.           l�y
la dorure, forme un tout int�reifant, digne des
talents de VaiT� le p�re, qui a �t� charg� de l'or-
donnance & de l'ex�cution de ce chef-d'�uvre.
La Gallerie du Palais Royal, n'a de longueur
qu'environ quatre fois fa largeur ; au reite elle eft
d�cor�e avec une tr�s-grande magnificence. Peut-
�tre les ornements y font-ils trop prodigu�s ; mais
ils font d'un tr�s-beau choix. D'ailleurs, cette Gal-
lerie eil bien annonc�e par le Sallon de tableaux
qui la pr�c�de ; ce Sallon eil �clair� par en-haut.
Nous faifiiTons cette occafion, pour obferver, qu'il
conviendrait que toutes les pi�ces un peu fpa-
cieufes, & de Fefpece de celle-ci, fuiTent ainii
�clair�es ; autrement, on jouit imparfaitement des
chefs-d'ceuvre qu'elles contiennent ; aui�i, dans le
m�me Palais, en a-t-on pratiqu� un autre, o�.
font rang�s avec beaucoup d'ordre , les Ouvrages
des plus grands Peintres. Il nous femble que
ces deux exemples d�vroient fuffire , pour d�-
terminer nos Artiiles � faire un plus fr�quent
ufage, dans nos Appartements , de ces pi�ces �
double �tage. Cependant, � l'exception du Palais
dont nous parlons , elles ne fe rencontrent dans
aucun de nos H�tels , ni chez nos riches parti-
culiers, quoique la plupart des Amateurs de la
Peinture foient convaincus du bon effet que pro-
duifent ces pi�ces �clair�es par en-haut, comme
nous le propofons. En effet, on ne peut difcon-
venxr que les Cabinets de nos Curieux, ni m�me
les Appartements dans lefquels font expof�s les
tableaux du Roi aux Luxembourg, ne foient mal
�clair�s : n�anmoins les tr�fors qu'ils contiennent
m�ritent bien la peine qu'on y r�flechiffe ; puif-
que cette lumi�re mettroit en m�me temps, dans
tout leur jour, les talents des grands Artiiles,
-ocr page 383-
%66                       Cours
qui fe font iignal�s dans les trois Ecoles, & qu'on
raffemble affez volontiers dans ces fortes de
pi�ces.
                                     j
Nous penfons encore que les Galleries qui fer-
vent � renfermer affez ordinairement ce que cha-
que particulier a de plus pr�cieux en ce genre,
feroient aufli tr�s-bien �clair�es de cette maniere.
On devroit peut-�tre en ufer de m�me pour les Bi-
blioth�ques & les Cabinets d'eftampes; d'ailleurs, la
d�coration de ces derniers deviendroit plus fym�-
trique, & ce jour feroit plus propre que tout autre,
au rec�uillement n�ceffaire � l'�tude. Il eil vrai
qu'on ne peut gu�re tirer parti de ce genre de pi�ces,
que lorfqu'elles entrent dans la premiere compoli-
tion du Plan, & qu'il eil difficile de les pratiquer ainfi,
dans d'anciens �difices, fans faire de tr�s-grands fa-
criflces, dans les pi�ces du premier �tage,�caufe
de la conilruclion des lanternes ou calottes qu'il
y faut pratiquer, pour attirer des dehors une
lumi�re convenable dans les dedans; nous ajou-
terons m�me que notre climat, plus fujet aux
neiges que les pays m�ridionnaux , apporte fou-
vent de grands obilacles pour ce genre de cou-
verture ; mais, fans s'arr�ter � ces difficult�s ,
l'art pouvant les foumettre toutes, difons que,
foit qu'on les �claire par en-haut, comme on a
vu long-temps le grand efcalier des Ambaffadeurs
� Verfailles , foit qu'on tire ces jours par des
croif�es fup�rieures, comme au Palais Royal, ou
par des croif�es attiqii^ , comme on Ta prati-
qu� dans le f�cond Cabinet de tableaux du m�me
Palais, la d�penfe ne devient jamais affez conii-
d�rable, pour rebuter un Propri�taire affez opu-
lent d'ailleurs, pour acqu�rir une collection de
tableaux d'un grand prix.
1
-ocr page 384-
d'Architecture. 267
Nous obferverons n�anmoins, qu'en tirant ces
jours par en-haut, il faut �viter d'orner les extr�mit�s
iup�rieures de ces ouvertures, par des vouffures
port�es trop pr�s des calottes du plafond, ces
deux formes en tour creufe, produifant une mo-
notonie d�fagr�able � l'�iiil. D'ailleurs , les orne-
ments de Peinture ou de Sculpture qu'on intro-
duit quelquefois dans ces vomTures , ne fe trou-
vant �clair�s que de reflet, produifent rarement
l'effet qu'on a droit d'en attendre.
Nous dirons de plus que, lorfqu'on �claire ces
pi�ces par des lanternes verticales, il faut faire
enforte que la largeur de ces derni�res foit au
diam�tre total, comme trois eit � cinq ; & que
leur hauteur ait les deux tiers de leur largeur,
non compris la calotte de leur plafond. Les jours
tir�s d'en-haut, par des glaces inclin�es, peuvent
�tre tenus moins coniid�rables : il fuf��t que leur
largeur foit � celle de la pi�ce, comme deux eil
� trois, & que leur hauteur ait les deux cinqui�mes
de leur largeur. Cette derni�re maniere a moins de
dignit�, quoique le grand efcalier des AmbafTa-
deurs � Verfailles, d�j� cit� , f�t �clair� ainii. On
a fuivi � peu-pr�s les m�mes proportions dans
la nouvelle Chapelle de Saint-M�ry; mais la dif-
pofition de celle de Saint-Jean-en-Gr�ve dans le
m�me genre , nous pla�t davantage*
Au refte j il faut convenir, que cette maniere
de tirer les jours par des lanternons , ne peut
r�uffir que dans les pi�ces d'un certain diam�tre ;
parce que ces lanternons, ainfi continu�s dans
des Galleries, deviendroient difformes, en com-
parant leur largeur avec leur longueur : il
faudroit alors les divifer en pluiieurs parties , δε
cette diviiion paro�troit mefquine dans une pi�ce
-ocr page 385-
268                       Cours
d'�clat. Cette m�thode ne peut donc raifonna-
blement �tre admife que pour les dortoirs dans
nos Maifons Religieufes^ ou pour les corridors
dans nos Maifons de plaifance.
En g�n�ral , il convient que les Galleries �
tez-de chauff�e, qui font partie des Appartements
de foci�t� , & qui donnent fur des Jardins par�s ,
foient �clair�es comme toutes les autres pi�ces
de l'Edifice. En effet, ces Galleries �tant ordi-
nairement deftin�es pour le jeu, le bal & les
concerts , il eil int�reffant que, de l'int�rieur de
ces pi�ces, une nombreufe affembl�e puiffe jouir
de l'afpecl des dehors : on jouit de cet avantage
dans celle de Choify-le-Roi. Ces divers ufages
auxquels on defiine les Galleries, font qu'on en
diftingue de quatre efp�ces : celles qui, diitri-
bu�es, comme nous le difons, � rezr-de-chauff�e ,
fervent d'aiile � la foci�t� : celles qui, dans les
Maifons Royales , fervent de communication aux
grands Appartements : celles deftin�es � fervir de
Biblioth�ques, ou � contenir des tableaux ; &
celles o� l'on raffemble des machines, des curio-
�t�s d'Hiftoire naturelle, des m�dailles, &c.
Par ces diff�rentes deftinations, il eil aif� de
concevoir la n�ceflit� de varier la forme, la dif-
pofition & l'ordonnance de ces diff�rentes Gal-
leries. Pair exemple, les premi�res doivent �tre
�ufceptibles, dans leur d�coration, de tous les
objets d'agr�ment, tels que la Sculpture, les ta-
bleaux, les bronzes, les glaces, & tout ce qui
peut infpirer la gaiet� & l'enjouement : les f�condes
doivent �tre trait�es avec plus de majeft�; le choix
de la mati�re , la proportion Ide l'Architedure, le
d�tail des ornements, & la beaut� de leur ex�cu-
tion , doivent avoir la pr�f�rence fur P�l�gance
-ocr page 386-
d'Architecture.           269
des formes, & la multiplicit� des contours. La
iimplicit� doit r�gner dans l'ordonnance des troi-
iiemes ; & l'arrangement des Livres , fuivant l'or-
dre des mati�res , doit former leur beaut� princi-
pale. Le m�rite des quatri�mes enfin, doit confifcer
dans la diitrihution des corps d'armoire qui doi-
vent contenir les diff�rents, genres de curiofit�s
qu'on y raffemble ; elles doivent avoir peu d'or-
nements , � deflein que l'attention des fpecla-
teurs fe puiffe porter toute enti�re & fans diffrac-
tion , fur les beaut�s de la nature.
Rarement pratique-t-on des chemin�es dans les
grandes Galleries ; celles de Verfailles, de Meu-
don, de Saint-Cloud, du Vieux-Louvre n'en ont
point. On en a plac� une � la Gallerie du Palais
Royal, � celle du Luxembourg, � l'H�tel de Vil-
lars, & � celui de Touloufe; mais ces chemin�es
ont �t� introduites dans les grandes pi�ces que
nous citons , plut�t pour la magnificence , que
pour l'utilit� ; puifqu'autrement il faudroit en pla-
cer � chaque extr�mit�, ou bien les ranger fur la
longueur , ainii qu'on le remarque dans l'une des
Salles du grand Appartement du Luxembourg. Or,
f�lon nous, ces chemin�es plac�es ainii, font un
effet d�fagr�able ; & nous croyons qu'il vaudroit
mieux les fupprimer tout-�-fait, lorfqu'une n'y
peut fuifire.
Dans notre Plan, il s'en remarque une feule
en face des croif�es, � deffein de conferver l'en-
filade G H, que d'ailleurs, nous ne pouvions in-
terrompre, en faveur de la principale entr�e de
notre Gallerie, par le Veftibule Ρ 9. D'un autre
c�t� , la Chapelle Ρ 8 fe trouvant plac�e � l'une
de (es extr�mit�s ; il �toit eflenciel d'en procurer
le coup d'�uil, de l'inf�rieur de la Gallerie, lorfque
-ocr page 387-
3?o                      Co�fts
les Ma�tres s'y rendroient pour entendre la Mef�e*
Nous ne diffimulerons pas n�anmoins , que la ίϊ*
tuation de cette Chapelle devient un obftacle
� l'enfilade G H, n'�tant gu�re convenable, � fex*
ception des heures confacr�es au fervice divin »
que ce lieu de rec�uiilement faffe partie d'un grand
Appartement, & que fur-tout il fe trouve plac�
� l'extr�mit� d'une Gallerie deilin�e, chez un
grand Seigneur , � recevoir , les jours de galas ,
nombreufe compagnie. Cette Chapelle ne peut
donc fe tol�rer ainfi, que parce que la Gallerie
Ρ 7 fait ici partie de l'Appartement de parade, &
non de celui de foci�t� : autrement, il auroit fallu
tranfporter cette Chapelle par-tout ailleurs , par
exemple , dans le Cabinet ou petit Sailon marqu�
M 6. Elle auroit eu alors pour principale entr�e >
la Biblioth�que ou le grand Cabinet M $ ; lieu
plus convenable que tout autre pour pr�c�der
une Chapelle particuliere, ainii que nous aurons
occafion de le dire dans la fuite. Sans cette tranf-
pofition, il eft aif� de remarquer que l'enfilade
G H n'eft d'aucune utilit� pour cette Gallerie,
puifque , dans l'�tat a&uel de notre Plan , d'une
part, la porte qui donne entr�e dans la Chapelle f
doit, par d�cence, �tre prefque toujours ferm�e 9
& que, de l'autre, celle du Veftibule Ρ 9, qui
donne entr�e � cette Gallerie, ne doit s'ouvrir>
que pour introduire ou reconduire les perfonnes
� qui, de pr�f�rence & par diftin&ion, le Pro-
pri�taire d�iireroit donner le matin des audiences
�ecr�tes , ou l'apr�s midi, fans troubler la foci�t�
qui fe tiendroit affembl�e dans les diff�rentes
pi�ces qui fervent � former l'enfilade A B.
Notre Gallerie eil �clair�e par fept portes
croif�es : vis-�-vis de celle du muUeu, eft la che*
,,
-ocr page 388-
d'Architecture.           %η\
min�e, � la place de laquelle on potiroit fubi�-
tuer un trumeau de glace, ii l'on craignoit qu'une
feule f�t infuffifante pour �chauffer cette pi�ce :
en face de chacune des autres croif�es, font pla-
c�es des arcades feintes, renfermant aufli des gla-
ces; foit que ces arcades contiennent des portes
� placard, des ouvertures, ou feulement des ni-
ches en renfoncement : nous difons des ouvertu-
res , parce que nous avons r�ferv� deux croif�es
vers Κ ; or , non-feulement nous croyons que
celles-ci procureroient un jour louche ; mais que
ces deux perc�s font inutiles, parce qu'ils pou-
roient nuire � l'accord g�n�ral, & emp�cher d'e-
xaminer avec attention, les ornements dont cette
Gallerie pouroit �tre orn�e. D'ailleurs, ces deux
ouvertures font, pour ainii-dire, ind�pendantes
des dehors, & les glaces qu'on y fubititueroit
int�rieurement, ainfi que toutes celles rang�es
de ce c�t�, contribueroient � r�p�ter, du dedans
de cette Gallerie , le fpe&acle des Jardins >
derni�re connd�ration qui nous a fait pr�f�rer
d'�clairer cette Gallerie � rez-de-chauff�e, par des
portes croif�es, & non en lanternes , comme
nous venons de le propofer pour les Biblioth�-
ques ou les Cabinets de tableaux plac�s au pre-
mier �tage. Pour bien �clairer la partie fup�-
rieure de la Gallerie de notre Plan, δε toutes
celles de fon efpece 3 il convient de terminer les
portes croif�es qui l'�clairent, en vouffure ; cette
maniere procure plus de lumi�re au plafond \
mais il eft int�ref�ant de prendre garde de ne pas
faire les corniches en gorge, principalement,
lorfqu'au deifus, on pratique une calotte, parce
que ces triples courbes plac�es lune fur l'autre,
produifent un mauvais effet, qui doit au moins faire.
:
-ocr page 389-
Vf i                     Cours
pr�f�rer un entablement r�gulier, parce que la
�rife verticale de celui-ci apporte un repos, qui,
plac� entre la vouffure de la croif�e, & la cour-
bure de la calotte du plafond, emp�che la mono-
tonie que pr�fenteroient n�ceiTairement ces trois
efpeces de tours creufes; r�p�tition toujours d�f-
agr�able dans l'ordonnance de la d�coration des
dedans. Il e�t vrai que les vouffures' dont nous
parlons , ne font pas continues dans toute la lon-
gueur de la pi�ce ; mais il ne faut pas moins
prendre garde, que les trumeaux n'ayant gu�re
dans les dedans, que la moiti� de la largeur des
croif�es, ces vouffures r�it�r�es occaiionnent, com-
me nous venons de le remarquer , une r�p�tition
que l'homme d'exp�rience fait �viter; laiffant �
la mode ou � la routine, tout ce qui ne pr�fente
qu'imparfaitement les vraies beaut�s de l'art &
l'arrangement de (es parties.
Lorfque dans les Galleries dont nous parlons,
ou dans les autres pi�ces d'un Edifice, on intro-
duit des glaces, foit, parce que ces pi�ces font
fr�quent�es bien avant dans la nuit, � raifon de
leur ufage ; foit que, dans le jour, ces corps
tranfparents contribuent � r�pandre une lumi�re
plus abondante, on doit prendre garde que ces
glaces femblent agrandir l'efpace de ces pi�ces;
que , pour cela, il convient de donner aux mem-
bres d'Archite&ure, & aux ornements de la d�-
coration , un cara&�re de l�g�ret�, qui fatisfaffe
� la fois, & � la grandeur r�elle de la pi�ce, &
� l'augmentation apparente que femble lui pro-
curer l'effet des glaces. Il eft aif� de concevoir»
par exemple, que fi l'on en introduit dans les
trumeaux, tel qu'il s'en voit � l'H�tel de Villars;
alors ces glaces avec le vide des croif�es, donnent
� la
-ocr page 390-
d'Architecture.          27$
�-la Gallerie, l'air d'�tre perc�e φ jour : raiion
qui, fans doute, a port� l'Archite&e � ufer de
trop de l�g�ret� dans les ornements : ainfi la Gal-
lerie de l'H�tel de Touloufe nous pla�t heaucoLip
plus, parce que , dans les trumeaux , on a plac�
des tableaux, & qu'on n'a mis des glaces qu'en
face des croii�es.
Nous remarquerons encore qu'il eil eiTenciel,
dans ces fortes de pi�ces , lorsqu'on fait ufage des
glaces , de ne pas en diflribuer dans tout le pour-
tour , principalement, lorfque la hauteur du plan-
cher n'eu que moyenne ; parce que n�ceiTaire-
ment cette multiplicit� de corps tranfparents, femhle
agrandir le diam�tre de la pi�ce, ce qui fait paro�tre
le plafond trop bas. D'ailleurs, nous croyons qu'il
convient de les fupprimer tout-�-fait, lorfque les
trumeaux int�rieurs ont moins que la moiti� de
la largeur des croif�es : car ces glaces qui pr�-
fentent des vides, femblent devoir �tre affuj�ties
en quelque forte , � la proportion r�guli�re des
ouvertures r�elles : rapport auquel on ne prend
pas aiTez garde, quand on leur donne de hauteur
jnfqu'� trois fois , ou trois fois & demie leur lar-
geur. Souvent on tombe encore dans le d�faut
d'approcher les bordures de ces glaces, i� pr�s
des chambranles , des portes ou des croif�es j,
que ces corps folides paroiffent � peine avoir fix
ou fept pouces de largeur, comme on le remarque
au grand Cabinet de l'H�tel de Belle-Ifle : ce qui,
non-feulement pr�fente un d�faut de folidit� ; mais
ne laiiTe aucun efpace convenable , pour pou-
voir placer fur ces pieds-droits , des girandoles,
des porti�res , des rideaux, &c.
Dans les tours creufes, plac�es aux extr�mit�s
de notre Gallerie , on pouroit pratiquer des ni«
Tome IV,
                                     $
-ocr page 391-
ZJ4                       Cours
ches, pour recevoir des ftatues, telles qu'il sien
voit dans celle de l'H�tel de Touloufe � Paris ;
n�anmoins, malgr� cet exemple affez c�l�bre, ce
genre de d�coration nous paro�t peu propre �
figurer avec les ornements, les glaces & la pein-
ture , dont ces fortes de Galleries font ordinai-
rement orn�es, ces niches ne pouvant gu�res
convenir, que lorfque ces Galleries font toutes
d�cor�es d'Architecture, de Sculpture & de ta-
bleaux ; comme celles de Meudon, de Clagny,
& celle d'Apollon au Vieux-Louvre ; ou bien dans
les Galleries de magnificence, telles qu'� Ver-
failles , o� les mati�res pr�cieufes, la Sculpture,
la Peinture, les bronzes , les glaces , font ma-
ri�s avec beaucoup d'art, & o� n�anmoins on re-
marque des ftatues, fans �tre enferm�es dans des
niches, ces derni�res ne nous paroiffant gu�res
convenables, que dans l'int�rieur des Temples,
ainii que nous l'avons d�j� expliqu� dans les
Volumes pr�c�dents. N�anmoins , lorfqu'on croit
pouvoir faire ufage des niches, dans les pi�ces
idont nous parlons ; il faut confulter fi les murs
qui les re�oivent ont affez d'�paiffeur pour pou-
voir donner � ces niches une profondeur, qui
les rende capables de recevoir les ftatues & les
attributs , fans que celles-ci foient oblig�es d'ex-
c�der le devant de leur demi-diam�tre; puifqu'au-
trement, on eft oblig� de faire placer les ftatues
en porte-�-faux fur des culs de lampes; ainfi
qu'on l'a pratiqu� contre toute id�e de vraiffem-
blance , dans la Gallerie de l'H�tel de Touloufe ,
& dans celle de Meudon. N'en doutons point,
on doit pr�f�rer � ces niches imparfaites , de
grandes torchieres , des cand�labres, quelques
beaux m�dailliers ou des meubles, dans le go�t de
V
-ocr page 392-
■'�.
D'A RCHITECTURE.           ZJ^
ceux que Boulle, le plus c�l�bre Sculpteur, & le
plus habile Eb�nifte que la France ait produit
de fon temps, a fait ex�cuter, dans nos Maifons
Royales ; ou ii, enfin, les ilatues parohTent n�-
ceffaires ici, en faveur de la grandeur du vahTeau,
il faut qu'elles foient ifol�es & port�es fur des
pi�deitaux qui prennent naiffance fur le parquet.
PaiTons � pr�fent � la Chapelle plac�e au bout
de notre Gallerie.
Ό es Chapelles, faifant partie des Apparuments
des Edifices de quelque importance,'
Les Chapelles dont nous nous propofons de
parler ici, font d� petites Eglifes � rez-de-chauiT�e,
avec Tribune pour la Mui�que, comme celle de
Verfailles & celle de Fontainebleau ; ou bien,
dans un Palais, c'eft une pi�ce attenant les grands
appartements, & dans laquelle eit un Autel pour
dire la MeiTe & l'entendre, fans fortir du prin-
cipal corps-de-logis, telles que font � Paris, celles
des Palais des Tuileries & du Luxembourg. Lorf-
que ces Chapelles font d�tach�es des B�timents,
on les d�figne en dehors, par quelques fymboles
puif�s dans le Chriftianifme; autrement, il faut
s'en abitenir; ces fymboles fe trouvant le plus
fouvent confondus avec les all�gories profanes
de l'Edifice, & plus fouvent encore, avec les at-
tributs du Paganiime ; ainfi qu'on le remarque au
Palais du Luxembourg du c�t� des Jardins.
Quelquefois ces Chapelles font pratiqu�es tout
pr�s des principales pi�ces, comme au Ch�teau
de Vincennes, � celui de Belle-Vue & ailleurs :
ce qui difpen�e de traverfer tous les grands Ap-
partements , comme � Verfalles, � Fontainebleau 9
Sij
-ocr page 393-
276                       Cours
� Meudon; ou bien de defcendre & de monter des
Appartements dans la Chapelle , pour entendre
la Meffe ; comme aux Tuileries & au Luxem-
bourg; fituation peu commode, l'hiver, � caufe
de l'air froid qu'on �prouve, pendant la longueur
du trajet. Au refte, il faut convenir que ii, d'un
c�t� , ce trajet n'eft pas fans difficult� , de l'autre,
il eft contre la bienf�ance de placer ces Cha-
pelles trop pr�s des pi�ces de foci�t� ; puifque,
raifonnablement, elles doivent �tre �loign�es de
toute action mondaine, Mais c'eft, fur-tout, man-
quer � cette m�me bienf�ance, que de les placer,
comme on ne le fait que trop commun�ment, atte-
nant les Anti-chambres o� fe tient la livr�e, ou
dans des retranchements pratiqu�s dans les Salles
� manger.
La d�coration des Chapelles dont nous par-
lons , n'exige pas moins de retenue dans fon or-
donnance , que de pr�cautions pour ce qui re-
garde leur fituation & leur difpofition : leur gran-
deur & leurs d�pendances doivent auffi �tre pro-
portionn�es � l'�tendue de l'Edifice, au nombre
des Ma�tres, & � celui des Domeftiques ; enforte
que, f�lon le befoin, on pratique des tribunes,
par diftinction pour les premiers , & des places
particuli�res pour les derniers : ce qui d�termine
ibuvent � faire monter de fond ces Chapelles,
comme celles de Choiii, de Meudon, &c. & aini�
que nous l'avons pratiqu� dans celle marqu�e Ρ 8 de
notre Plan, dont la forme circulaire eft de vingt-
quatre pieds de diam�tre, & s'�l�ve dans toute
la hauteur de TEdifice ; de maniere que, pour
arriver aux Tribunes �lev�es au plain-pied des
terraffes du premier �tage , on peut, de l'in-
t�rieur de la Gallerie Ρ 7 , y monter par le
-ocr page 394-
d'Architecture. 277
petit Efc�iier �, pris dans le mailif des murs.
Cette Chapelle eil �clair�e par trois grandes
arcades � rez-de chauff�e, & par fept autres pla-
c�es au-deffus (e), & dont les embrafures fer-
vent de tribunes , qui fe communiquent par un
trotoir form� fur la faillie de la corniche ; aini�
qu'on le remarque dans le Plan du premier �tage
de ce projet, Planche XLI.
Au rez-de-chauiT�e, & en face de l'enfilade de
la grande Gallerie, eil plac� un autel & im re-
table , qui eil d�tach� du nu du mur, de trois
pieds & demi ; ce retable eil adapt� contre un
lambris de neuf pieds de hauteur, derriere lequel
eil pratiqu�e une petite Sacriilie g, un pafTage
ext�rieur hr & un Oratoire i pour l'Aum�nier ;
qui, des dehors, peut entrer dans cette Cha-
pelle, fans paffer par les Appartements : ce lam-
bris eil continu� circulairement par une balus-
trade d'appui, �lev�e fur trois marches ; elle
forme , � rez-de-chauff�e, des tribunes baiTes, qui,
par la profondeur des embrafures l, procurent
un efpace fuffifant, pour contenir des li�ges, des
banquettes, &c. \
                                            \
Cette Chapelle eil termin�e en calotte orn�e
d'arcs doubleaux qui r�pondent � chaque trumeau
plac� entre les huit arcades du premier �tage.
Elle eil fuppof�e conilruite en pierre de Liais ,
& fon ordonnance compof�e de grandes parties.
Les ornements doivent y �tre diilnbu�s avec
choix & fans coniufion ; la proportion & la rim-
plicit� doivent y pr�fider plus que dans tout an-
Ce) La huiti�me eft feinte � caufe de la communication du
petit efcalier.
Siij
-ocr page 395-
ijS                       Cours
tre genre de d�coration ; car il ne convient point
ici d'employer des ornements frivoles , ou des
formes haiard�es ; ils font trop contraires � la
majeit� du lieu : celles de Meudon, de Clagny
& de Seaux font des mod�les � imiter, & toutes
les trois pr�f�rables � toutes celles que nous ne
citons pas, mais o� l'on remarque que l'Archi-
\ec~ture, la Peinture & la dorure n'offrent que de
la profufion , δε de trop petites parties : exem-
ples dangereux qui nous portent � r�p�ter, que
le premier m�rite de l'Archite&e coniiite � mon-
ter le ftyle de fon ordonnance, � raifon de la
deftination des lieux $ & des mati�res qu'il doit
employer; autrement, toutes fes productions fe
reffemblent, quoiqu'�lev�es pour des fins diff�-
rentes.
Nous avons d�j� d�faprouv� dans notre Plan,
la pontion de cette Chapelle, plac�e � l'extr�mit�
d'une Gallerie de communication aux Apparte-
ments ; cette pofition n'�tant gu�res favorable
que dans le cas d'un Palais Epifcopal, ou de tout
autre Edifice de ce genre : parce qu'alors la porte
qui eft vis-�-vis l'autel , �tant ouverte, procu-
reroit la facilit� au Pr�lat d'entendre la Meile,
de l'int�rieur de la Gallerie : mais ici, cette Cha-
pelle prive n�ceffairement cette Gallerie du fpec-
tacle des Jardins ; coup d'�uil trop int�reflant
pour �tre n�glig� , dans un Edifice de l'efpece
de celui dont nous parlons : auffi , avons-nous
d�j� avanc� , qu'elle feroit mieux fitu�e dans le
Cabinet ou petit Sallon Ν 6, l'enfilade Ε F ,
�tant intercept�e par le mur de refend qui divife
les pi�ces Ο 2 & Ο 3 , � caufe de la Chambre
� coucher qui fait partie de l'Appartement priv�;
ainii que nous le dirons bient�t.
?
-ocr page 396-
d'Architecture.           279
La pi�ce Ρ 9, eil un Veitibule de forme cir-
culaire de vingt-quatre pieds de diam�tre, qui
donne entr�e � la Gailerie; & celle-ci � l'Appar-
tement de parade Ρ, fans �tre oblig� de paffer
par celui de foci�t� M; de maniere, qu'en tranf-
pofant la Chapelle dans la pi�ce Ν 6, la Gailerie
pouroit avoir, � l'une de (es extr�mit�s, un Sallon ,
dont la forme figureroit avec le Veitibule. On
pouroit m�me orner ce dernier, � raifon de la
magnificence r�pandue dans l'ordonnance de la
Gailerie, & du Sallon qui prendroit la place de
la Chapelle. Ce Sallon & le Veitibule n'auroient
� la v�rit�, que vingt-un pieds de hauteur ; celle
des planchers �tant ai�uj�tie aux pi�ces de dei�us;
mais cela n'emp�cheroit pas que la Gailerie en
e�t vingt-quatre : ces trois jMeds d'augmentation
pouvant �tre pris dans la hauteur des combles
qui couvrent les ailes iimples de ce projet.
La chambre de parade Ni, dont nous avons
parl�, en d�crivant celle Ρ I , a fa principale en-
tr�e par les pi�ces M 7 , M 6, M 4, M 3 & M 1,
qui compofent l'Appartement du Ma�rre, & celui
de foci�t�. Cette pi�ce Ν ι , a pour d�pendances
celles Ν 4,Ν 5 &N 6. Nous avons nomm� celle mar-
qu�e Ν 4, arri�re Cabinet ; la Chambre Ν ι, �tant
pr�c�d�e d'un Cabinet proprement dit : enforte
que la pi�ce Ν 4, peut fervir � contenir un bu-
reau , & � donner entr�e � la pi�ce N'y, qui fer-
viroit de Biblioth�que d'une fuf�ifante grandeur,
pour une Maifon de plaifance : elle auroit d'ail-
leurs , pour fuppl�ment, le petit Sallon ou Ca-
binet Ν 6, capable de contenir des curioiit�s, des
tableaux, des eftampes,* &c. Pour le fervice du
Ma�tre , nous avons pratiqu� une Garderobe
particuliere Ν 7; afin que, livr� � l'�tude, il ne
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.1                                                                                                                                                                                                                                                                                       
2.8ο                       Cours
foit pas oblig� de traverfer fon Appartement,
pour venir chercher celle M 2.; pr�caution n�-
ceffaire � ohferver dans la diitribution d'un Plan ;
l'Appartement Ρ �tant, comme nous l'avons d�j�
dit, un Appartement de parade, & celui Ο , que
nous allons d�crire, un Appartement priv�, deftin�
pour la Ma�treffe du logis.
Les pi�ces Oi,0.2, Oj, 4, 5&6, com-
pofent l'Appartement d'habitation derlin� pour la
Ma�treffe de la Maifon ; aui�i n'eft-il pas compris
dans l'enfilade A Β, ni dans le d�nombrement des
pi�ces indiqu�es dans notre Plan M ? Ν , P. Cet
Appartement priv� , plac� pr�s de celui Ν , ha-
bit� par le Propri�taire, a fon entr�e particu-
liere parTAnti-chambre O 1; entr�e qui ne doit
avoir rien de commun avec celles par o� les Etran-
gers arrivent; mais feulement pour les perfonnes
en familiarit� avec la Ma�treffe qui rende dans cet
Appartement. Celui-ci eft compof� d'une Anti-
chambre , dont les angles font � pans coup�s ;
elle a vingt quatre pieds de diam�tre, & efl �clair�e
par trois portes croif�es; elle peut �tre �chauff�e
par un po�le introduit dans la chemin�e plac�e
dans l'un de fes angles. La d�coration de cette
Antichambre doit �tre de menuiferie compartie 3.
grands panneaux, fans Sculpture , dorure , 111
glaces, non-feulement � caufe du f�jour conti-
nuel des Domeftiques ; mais encore,, parce, que
cette pi�ce eft la premiere, qui donne entr�e �
l'Appartement d'habitation, lequel, comme priv� ,
peut �tre d�cor� avec moins de magnificence ;
& comme tel, il effconvenable qu'il n'ait au-
cune communication-avec l'enfilade E F. Cette
communication fe trouve ici intercept�e par �e
mur de refend qui f�pare la pi�ce O 3 de celle
-ocr page 398-
d'Architecture. 281
O 2 ; ainfi que nous l'avons d�j� remarqu�.
Dans Tun des mai�ifs des pans coup�s de cette
pi�ce , eil plac� un petit efcalier � vis �vid�e,
ainfi qu'il s'en trouve pratiqu�s dans les autres
Pavillons plac�s dans les angles de cet Edifice :
ces efcaliers fervent � monter au premier �tage
�lev� fur ces Pavillons. A la droite de cette An-
tichambre , eil un bouge marqu� Ο y, nomm�
ainfi, parce que cette petite pi�ce eil peu �clai-
r�e , & qu'elle ne fert ordinairement qu'� conte-
nir du bois pour les Appartements, & pour ferrer
les uileniiles utiles aux Domeiliques : enforte que 9
par ce moyen, ces bouges ou d�pots d�barrafTent
les Antichambres , & les tiennent dans un certain
�tat de propret�.
                     . :._
De cette Antichambre, on parle dans une Salle
de compagnie ou Cabinet de jour Ο 2, �clair� par
trois croii�es qui donnent du c�t� de l'entr�e :
celles du c�t� du Jardin ne font que feintes ; l'axe
de ces derni�res ne fe rencontre pas avec les
autres, � l'exception de celles qui pouroient
s'alligner avec l'enfilade V X : mais nous n'en
avons point fait ufage ici, parce que cet alligne-
ment ne fe trouvant pas plac� dans le centre de
la pi�ce, nous croyons qu'il vaut «lieux inter-
cepter cette enfilade , que d'en faire ufage dans
l'un de fes angles ; fur-tout lorfque la pi�ce fe
trouve fufHfamment �clair�e ; ces jours plac�s
ainfi, produisent uil louche qui r�uffit toujours
mal, comme nous l'avons remarqu� ailleurs. Nous
avons plac� la chemin�e de cette pi�ce en face
de fa principale entr�e ; &, par cette pofition ,
elle arr�te l'enfilade � F , ' pour les raifons que
nous venons de rapporter. A la gauche de cette
chemin�e, eil plac�e une porte � placard? qui
-ocr page 399-
i$i                         Cours
donne entr�e � la chambre � coucher O 3 ; enforte
que l'enfilade E F, peut reprendre fon alligne-
ment j depuis la chemin�e de cette Chambre ,
jufqu'� la porte croif�e du Cabinet M 6 qui donne
fur la terrafle ; en fuppofant qu'on d�iire que les
pi�ces Ν 5 & Ν 6, communiquent avec la pi�ce
Ο 3, dont nous allons parler.
Le lit de cette Chambre eft plac� dans une al-
c�ve (�), qui diff�re des eftrades (g) qu'on re-
marque dans les Chambres de parade Ν ι, Ρ r ;
parce que les alc�ves ne font foutenues que par des
pieds droits ; & que les ouvertures des eftrades
ont pour point dappui des colonnes, au bas des-
quelles font pratiqu�es des baluilrades, qui fouvent
font �lev�es fur des marche-pieds, tels qu'on en
remarque encore dans la plupart d� nos anciennes
Maifons Royales : aujourd'hui, on ne fait plus
tifage de ces marche-pieds, tous nos Apparte-
ments �tant parquet�s. On diftingue feulement
l'enceinte du lit par des tapis de pied, & par-l�,
on �vite de monter & defcendre; ces gradins ne
s'obfervent plus que dans les Chambres du dais»
du tr�ne , &c.
Nous avons recommand� que, dans une Cham-
bre � coucher, le lit f�t plac� en face des croii�es,
(�) Alc�ve 3 en Latin Z�ta, ou f�lon les Arabes, Elcoba,
qui lignifie une tente fous laquelle on dort : nous ferions tent�
de croire que ce mot vient plut�t �'Aiveus, qui veut dire en
latin, une cellule, un efpace, un enfoncement, une retraite,
une niche. Le lit d'une rivi�re en latin s'appelle Aiveus : la
petite cellule des ruches qu'occupe chaque chrifalide ou chaque
mouche, s'appelle Aiveus : nous en avons m�me fait le mot
Fran�ois Alv�ole.
(g) Du latin Stratus, couch�. Les eftrades des Divans & les
falies d'audience chez les peuples du Levant, font appel�s
Sopha-.
-ocr page 400-
d'Architecture.           285
& qu'il f�t iitu� dans le milieu d'une des extr�-
mit�s de la profondeur de la pi�ce ; ainii qu'on
le remarque dans les pi�ces Ν ι, Ρ ι. Ici l'enfi-
lade Ε F, quoiqu'intercept�e, nous a emp�ch� de
le placer o� eu la chemin�e : d'ailleurs, comme
nous l'avons d�j� dit, il faut �viter, autant qu'il
eft poi��ble, de placer la principale entr�e d'une
telle pi�ce, fort pr�s du lit; � moins que celui-ci
ne foit en niche, comme dans la Chambre Ρ 2 :
autrement, l'air des pi�ces qui pr�c�dent, rend
prefque impraticable,pendant l'hiver, l'ufage de
ce meuble effenciel : d'un autre c�t�, la faillie
qu'il forme, vu de front, lorfqu'il eil ifol�, maf-
que la d�coration des portes entre lefquelles il fe
trouve plac� : nous difons des portes; car, pour
fatisfaire � la fym�trie, on eft oblig� d'en feindre
une du c�t� oppof� � la v�ritable entr�e : d'o�
il s'enfuit que le lit paro�t �tre plac� entre deux:
ouvertures r�elles, ce qui bleffe toute id�e de
convenance, fur-tout lorfqu'il s'agit d'un Appar-
tement de diftinclion : autre chofe eit d'une Cham-
bre ordinaire-, o� fouvent, on fupprime les portes
feintes pour ranger le lit dans un des angles de la
pi�ce ; ce qui n'eft fupportabie n�anmoins , que
dans une Maifon bourgeoife, & non dans un Edi-
fice �lev� par la magnificence.
Pour pratiquer en face des croif�es l'alcove de
la Chambre � coucher Ο 3, dont nous parlons 9
&, tout � la fois, fatisfaire � la iym�trie , nous
avons profit� de la profondeur des deux doubles
murs de refend, & nous y avons renferm� cette
alc�ve ; de maniere qu'il n'y a que la baluftrade
qui faille dans l'int�rieur de la pi�ce ; & que,
de l'enceinte de cette haluitracle, on peut d�ga-
ger, d'une part, dans le Cabinet Ν 4, pour ar-
-ocr page 401-
2§4                       Cours
river � la Chambre de parade Ν ι , & de Fa titre,
dans les Garderobes O 4, O 5 ; lefquelles aii-
roient � leur tour leurs d�gagements par la pi�ce
O 6, deftin�e pour une femme de chambre, qui
auroit fa fortie par l'une des portes croif�es, clircri-
hu�e du c�t� de l'entr�e , & par la terraf�e qui re-
gne au pourtour de cet Edifice.
Nous obferverons , qu'� la place de la Garde-
robe O 4 , deftin�e ici pour les lieux � foupape,
on pouroif en faire un Cabinet de toilette, & placer
plus convenablement ces aifances dans la petite
pi�ce O 5 ; car il eil plus naturel de paffer de la
toilette dans la Garderobe , que de celle-ci dans
l'autre : d'ailleurs, ces aifances tranfpof�es aixiii ,
pouroient fervir pour l'Appartement Ν ; & de la
petite pi�ce Ν 2, on en feroit un poudrier, quoi-
que nous ayons recommand�, en g�n�ral, de pro-
curer � chaque Appartement une Garderobe par-
ticuliere � foupape, & m�me d'en pratiquer de
doubles pour les �trangers, telle que celle M S que
nous avons deftin�e � cet ufage.
Nous avons d�j� dit, que nous avons prati-
qu� le paf�age qui fe trouve � la droite du lit de
la Chambre O 3 r pour communiquer � l'Appar-
tement Ν : nous r�p�terons , que ces ι doubles murs
de refend font obferv�s ainfi , pour lier, d'une
maniere plus conftante, l'angle rentrant Κ du mur
de face , & fatisraire � la fym�trie des �coin�onS
de l'arri�re Cabinet Ν 4, clans le m�me cas que
celui Ρ 6 ? que nous avons d�crit pr�c�demment.
Le grand Cabinet , ou la Biblioth�que Ν 5 , a
■vingt-quatre pieds de hauteur & de largeur , &
quarante-neuf de longueur, non compris la tour
creufe plac�e � l'une de fes extr�mit�s ; cette
tour creufe eft encore pratiqu�e ici, dans Tinten-
-ocr page 402-
d'Architecture.             ig�
�ion de corriger le d�faut de fym�trie qui fe fe-
roit rencontr� dans fes angles, ii Ton n'eut con-
tinu� droit le mur de refend qui f�pare cette
pi�ce d'avec le Cabinet ou petit Sallon Ν 6. Au
milieu de cette tour creufe, fe remarque une
porte d'enfilade, dont l'embrafure eft tenue un
peu profonde, � caufe c�qs mai�iis des Pavillons
qui s'�l�vent � pans coup�s au premier �tage ,
& que , dans l'embrafure de cette porte, on a
pu en pratiquer deux autres petites ; l'une , don-
nant entr�e � un pii�bir Ν 7 (A) ; l'autre, � un
petit efcalier qui monte de fond : il eft bon n�an-
moins , d'�viter la trop grande profondeur de ces
embrafures, qui n�cef�airement deviennent obf-
cures dans leur paiTage ; mais fouvent on s'y trou-
ve forc�, en faveur de la fym�trie, qu'on eft
oblig� de conferver dans les pi�ces principales :
enforte que c'eft � la prudence de 1 Architecte,
de combiner l'avantage qui peut r�fulter de ce
l�ger inconv�nient, pour ofer fe le permettre ou
fe le d�fendre abfolument.
Cette pi�ce Ν 5, eft �clair�e par trois portes
croif�es, perc�es dans la face lat�rale de ce Pa-
lais : vis-�-vis de celle du milieu eft une chemin�e
enferm�e dans une arcade feinte, ainii que nous
en avons obfery� une , pour recevoir la porte
� placard qui fe trouve plac�e dans l'enfilade A B.
Pour plus de r�gularit�, nous en avons auffi af-
fe&� une de l'autre c�t� de la chemin�e ; de ma-
_ (h) Cette petite pi�ce* n'aurait de hauteur que huit � neuf
pieds, & ferait vo�t�e, afin que le vide qu'elle occupe dans
le mal�lf, ne p�t nuire � la folidit� des pans coup�s plac�s
dans les angles du premier �tage : voyez ces pans coup�s dans
la Planche XLI,
/
-ocr page 403-
2.S6                      Cours
niere, que vis-�-vis des trois arcades r�elles, on
en trouve autant de feintes, qui, en fatisfaifant
� la fym�trie, n'en re�oivent pas moins diff�rents
genres de d�corations, ai�brties � l'ufage de la
pi�ce. Ce feroit dans les trumeaux plac�s entre
chacune de ces arcades r�elles ou feintes, qu'on
pouroit, en calant les lambris , pratiquer des ar-
moires pour contenir des livres ; cependant, nous
dirons qu'il eil bon d'obferver, de ne jamais pla-
cer ces Biblioth�ques, dans l'enfilade du princi-
pal corps de logis, leur ufage particulier exigeant
une forte de rec�uillement qui-, dans les heures
d'�tude, priveroit n�ceifairement de la jou�iTance
de l'enfilade AB, ce qui, dans ce Plan, devien-
droit un d�faut eifenciel ; pu, ce qui feroit pire
encore, on s'y trouveroit diitrait, par le con-
cours de la foci�t�, les portes �tant ouvertes :
enforte que le moyen d'�viter ces deux inconv�-
nients, ce feroit de faire ce Cabinet de Livres,
ordinairement peu nombreux � la campagne, dans
le Cabinet ou petit Sallon Ν 6, ii l'on n'y pla�oit
_ pas la Chapelle , comme nous l'avons propof�
pr�c�demment ; ou bien on pouroit tranfporter
au premier �tage cette Biblioth�que, & faire des
deux pi�ces Ν 5 & 6, ou feulement de la pi�ce
Ν y, un Cabinet de tableaux, qui fe trouveroit
plac� alors avec une forte d'int�r�t, � l'une des
extr�mit�s de l'enfilade des grands Appartements.
Il ne nous reite plus gu�re � parler que des
Efcaliers ; mais comme ce genre de pi�ces exige
des connoirTances particuli�res, nous allons d'a-
bord en traiter 'd'une maniere g�n�rale : nous par-
lerons enfuite de celui Y 1 , par lequel nous
terminerons la diftribution du rez-d�-chauif�e de
ce Palais.
->
-ocr page 404-
d'Arc η ιτ ec τ ure.          287
Des Ejcaliers en g�n�ral.
Ce que les Anciens ont laiff� concernant les
Efcaliers (i), nous fournit peu d'exemples. Ce
qu'il en reite aux Thermes , aux Th��tres , aux
Amphith��tres , dans les Temples & ailleurs ,
sous prouve affez, que les Archite&es de l'Anti-
quit� ont n�glig� cette partie du B�timent; fans
doute, parce qu'ils diftribuoient leurs Apparte-
ments � rez-de-chauff�e, & qu'ils ne pratiquoient
que de petits Efcaliers, pour monter aux entre-
fols & fur les terraffes. Ce qui nous confirme dans
cette opinion , c'eft que les veitiges que l'on re-
marque dans la plupart des ruines de ceux de
l'ancienne Rome, ont des d�gr�s fort �lev�s ,
�tant faits, pour l'ordinaire , fur la proportion
du triangle de Pytagore (�) ; enforte, qu'il n'eil
gu�res poffible de concevoir que ces Efcaliers
fui�ent propres � Tufage des B�timents civils; l'in-
clinaifon de leur limon �tant trop roide, & leurs
d�gr�s trop �lev�s.
Entre les Auteurs qui ont �crit depuis Vitruve,
tels qu'Alberti, Palladio, Savot & Scamozzi ,
ce dernier er� celui qui s'eft le plus �tendu fur
cette partie de la diitribution, dont il prop�fe dix
exemples : favoir, fix pour les grands & moyens
(i) Efcalier, du latin Scala, qui d�rive du verbe Scanden ,
monter.
(/<) Vitruve pr�tend, L. 9. C. 1, que parmi les diff�rents ufa-
ges de ce triangle , fin�ceifaire dans le B�timent, celui de d�-
terminer la mefure des Efcaliers, eft le plus utiles car, dit-il,
fi l'on partage la hauteur depuis le rez-de-chauil�e jufqu'au
premier �tage , en trois parties , & qu'on donne quatre de ces
parties � la bafe , l'oblique qui aura cinq parties, fera une
inclinaifon conve.nable p0,ur �tablie les rampes & les marches
des Efcaliers.
-ocr page 405-
iS8                      Cours
Efcaliers, & quatre pour les petits. Les fix pre-
miers qu'il appelle � branche longue & fimple,
� branche double avec des paliers dans le milieu,
� branche double ou fimple, & vide dans le milieu ,
� branche fimple ou double avec les d�gr�s fecrets
ou de d�gagement, � branche � quatre rampes,
de droite & de gauche , &: vide dans le milieu.
Les quatre autres pour les Efcaliers de d�gage-
ment qu'il apelle en amande, en ovale, en co-
quille & en limace, dont il donne l'explication dans
fon Livre. Nous y renvoyons nos Elev�s : la plu-
part de ces diff�rents genres d'Efcaliers ne font plus
en ufage ; nos Architectes Fran�ois ont fait des d�-
couvertes beaucoup plus int�reifantes � cet �gard.
Savot rapporte auffi que les Anciens fe fervoient
fr�quemment des Efcaliers � rampes fans marches ,
mais feulement en talut, auxquels ils donnoient
de hauteur la fixieme partie de la bafe, ainfi que
Vignole Ta obferv� au Ch�teau de Capraroles, &
qu'il s'en voit un au Palais du Vatican � Rome ,
& aux grands Efcaliers en terraife du Ch�teau
neuf de Saint-Germain-en-Laie. On en voit encore
� peu-pr�s de cette efpece dans les Jardins du Ch�-
teau de Trianon ( L ) , plac�s � la t�te d'un des
bras du Canal de Verfailles ; mais ces Efcaliers
ne font d'ufage ordinairement que pour les �cu-
ries fouterraines , les ferres, & les orangeries ;'
ils ne font pas partie des Efcaliers dont nous vou-
lons parler, & que Ton peut confid�rer au nom-
bre de vingt-quatre.
Par exemple on appelle principal ou grand
( /) Ces fortes /l'ECcalieis fe nomment � girons rampans,
parce que les marches qui les compofent, ont beaucoup de
largeur & peu de hauteur, &c par conf�quent un talut aiT�z
doux, pour que les cheyauxpuiiT�ftt y monter & defcendre.
�f�alier?
.�
.
-ocr page 406-
�'A HC H IT E G Τ �B. �.              3&$
Efcalier, celui qui, ne montant qu'au premier
�tage o� f©nt plac�s les beaux Appartements ,
eil le plus fpacieux de l'Edifice , & dont la d�co-
ration r�pond � la magnificence du grand Seigneur
qui l'a fait �lever*
On appelle Efcalier en periflyle circulaire $ celui
dont les rampes (m) font port�es fur des colonnes,
tel que celui � vis du Ch�teau de Gaprar�les ;
celui du Palais Borgh�fe � Rome; & � Paris,
celui de l'H�tel de Beauvais*
On appelle Efcalier � ptriflyh droit & en per*
fpeci�ve,
celui dont la rampe continue (tel que ce-
lui du Vatican) fe trouve entre deux rangs de
colonnes non paralleles, & dont les diam�tres
font in�gaux ; de maniere que celles d'en-haut font
environ d'un cinqui�me moins �lev�es que celles
d'en-bas, quoique du m�me ordre , & d'un dia-
m�tre proportionn� � leur diff�rente hauteur ;
enforte que le berceau (h) rampant qui porte
ces colonnes, n'�tant pas non plus parallele � la
pente des marches, l'enfemble del� cage de l'Ef-
calier forme une gradation d'objets qui lui donn�
(m) On comprend fous le nom de rampes, autant une fuite
de d�gr�s fans interruption entre deux paliers, que leur baluf-
trade � hauteur d'appui, que ces derni�res foient de marbre,
ou de pierre, ou de fer, &c. On appelle rampe courbe 3 une
portion d'Ei'calier � vis fufpendue^ ou �'noyau �vid�, laquelle
fe trouve par une cerche"rallong�e , pour former des quartiers
. tournants �l'ufage des Efcaliers circulaires» On appelle rampe
� ri/faut,
celle dont la continuit� eft interrompue par des
pi�deftaux plac�s dans les angles dee paliers : mais il faut
obferver, que celles-ci ne font jamais fi bien que les rampes
continues.
         .; '
(n) On appelle berceau, une vo�te en plein-cintre , comme
celles d'une cave , d'une �curie & d'une orangerie, qui peuvent
�tre coni�d�r�es comme yo�tes droites, biailes, ou en ogive.
Tome IK                                    T
-ocr page 407-
290                      Cours
une longueur apparente au-deiTus de la r�alit�.
Cet ouvrage ing�nieux eft du Cavalier Bernin.
On appelle Efcalier � deux rampes alternatives,
celui qui eft droit, & dont les �chiffres (o) por-
tent de fond, tel qu'un mur de refend ; ainii qu'on
le remarque aux grands Efcaliers du Vieux-Lou-
vre � Paris, &c.
On appelle Efcalier � deux rampes paralleles ,
celui qui, d'un m�me palier � rez-de-chauff�e,
monte au premier �tage par deux rampes, l'une
� droite , l'autre � gauche , fur deux murs de re-
fend oppof�s, & qui aboutiflent en-haut fur un
palier {p ) commun ; tel que celui du Ch�teau de
Saint-Cloud, qui diff�re de celui du Palais des
Tuileries, en ce que ce dernier eft compof� de
�rois rampes , l'une qui monte fur un palier,
pratiqu� environ � la moiti� de fa hauteur , &
deux autres qui montent de ce palier au pre-
mier �tage.
On appelle Efcalier � deux rampes oppof�es ,
celui qui monte � droite & � gauche, par deux
rampes �gales , vis-�-vis l'une de l'autre, & qui
(�>) Echiffre eft le mur rampant qui porte les marches d'un
Efcalier , & fur lequel on pofe la rampe de pierre ou de fer; il
eft ainii nomm� , parce que pour pofer les marches, on mar-
que fur ce mur des chiffres, qui expriment leur quantit�, la
largeur de leur giron & leur hauteur.
(p) Palier ou repos , eft un efpace entre deux rampes & dans
les retours d'un Efcalier ; & dont la largeur commun�ment
eft �gale � la longueur des marches , ces paliers fervent � fe
d�lafler de la fatigue d'avoir mont� ou defeendu de fuite.
Une certaine quantit� de marches. Il'eft des demi-paliers qui
n'ont de largeur que deux girons, & que Philibert de Lorme
appelle double marche; mais il en faut �viter l'ufage., ii ce n'eft
dans les Efcaliers � vis, ou petits Efcaliers d�rob�s, oii de vingt
marches en vingt marches , on peut obferver un palier que l'oa
nomme triangulaire.
-ocr page 408-
D'A ft C H� Τ E � Τ VK-�, � ip�
toutes deux commencent fur un palier commun
au rez-de-cha�uT�e , & fmiiTent � une m�me
hauteur , tel qu'on a vu celui des AmbaiTadeurs �
Verfailles.
On appelle Efcalier commun , celui qui dans un
B�timent, fert � communiquer � deux corps-de-
logis par des paliers de communication , quand
les �tages font de plain-pied; ou par des paliers
alternatifs, lorfque les Appartements font d'in�-
gale hauteur; ainii que cela arrive dans prefque
toutes les Maifons particuli�res, dont le corps-
de-logis eil fur la rue, & les autres Appartements
en a�le, entre cour & jardin.
On appelle Efcalier � repos, celui dont les mar-
ches des rampes droites font paralleles, & fe ter-
minent alternativement � des paliers, foit qu'ils
ne montent qu'au premier �tage, foit qu'ils mon-
tent jufqu'aux combles.
On appelle Efcalier a quartiers tournants, celui
dont les rampes dans une cage de moyenne gran-
deur , font oblig�es de retourner plufieurs fois
pour arriver � la hauteur d'un �tage propof�, &
qui, dans chacun de leurs retours? ont des paliers
ou des marches tournantes en forme de rayons ,
o� les colets {q) viennent fe r�unir; ce qui doit
d�terminer � arrondir ces quartiers tournants le
plus qu'il elt poflible, afin de procurer une plus
grande largeur � ces colets, qu'il faut cependant
�viter dans un Efcalier un peu con�d�rable.
On appelle Efcalier triangulaire, eelui dont 1«
(q) Colet s'entend ordinairement de la partie la plus �troite
du giron d'une marche. Il faut les �viter, autant qu'il eit, poi�i*
ble, dans les grands Ef�ali�rs j ils ne font tol�rables que dans
ceux de d�gagement.
Tij
-ocr page 409-
292                      Cours
limon (r) & la cage forment deux triangles pa-
ralleles ; mais ces Efcaliers ne doivent �tre d'ufage
que pour les d�gagements. On appelle encore Ef-
calier triangulaire & � double rampe, celui dont
les limons font faits de deux triangles dans une
cage carr�e , conilruits ainii par la mj�tion du
terrain ; cet Efcalier peut fe mettre en pratique dans
les B�timents ordinaires.
On appelle Efcalier antre, celui dont une des
extr�mit�s eil circulaire ou elliptique , enforte que
les collets de fes marches font plus larges ? vers
cet arrondii�ement que vers fon noyau (�) ,
comme dans tous les Efcaliers � vis (t), qui fe
pratiquent avec des courbes rampantes & fulpen-
dues , tel que celui de Fobfervatoire.
On appelle Efcalier � jour , celui qui, non-feu-
1 (r) On appelle limon , une tablette rampante 3 qui, ' dans
un Efcalier, fert � porter les marches, les rampes ou les ba-
lullrades.
(�*) Noyau, eft un cil�ndre de pierre qui porte de fonds, &
qui efh form� par les colets des marches gironn�es d'un Ef-
calier � vis. On appelle Noyau creux, celui qui �tant d'un
diam�tre fuffifant, contient une defeente ou d�charge pour les
.�atrx des combles, tel qu'il s'en remarque aux Invalides. On
appelle Noyau creux 3 evid� ou fufpenddXcelui qui �tant perc�
� jour, en forme d'h�lice, produit une l�g�ret� agr�able dans
Ta conftru�Hon , tel qu'on le remarque aux petits Efcaliers qui
montent aux tribunes de la Chapelle de Verfailles , & au
Ch�teau de la M�nagerie. On appelle auih Noyau3 une pi�ce
de bois pof�e � plomb , qui re�oit dans fes mortaifes , les te-
nons des marches d'un Efcalier de- charpente.
"■'■(t)-VUi s'entend d'un noyau plein ou �vid� , fait en fpi-
ral, & taill� d'une groiTe moulure en forme de feotie pour
' recevoir un �cuyer. Il faut avoir attention au diam�tre de ce
noyau , pour y creufer cette moulure , & i� l'on craignoit
qu'elle n'en alt�r�t la folidit�, il ferait mieux de placer cette
feotie dans le mur de cage, tel qu'on l'a pratiqu� � l'Efcalier
�-vis qui" monte du premier �tage au comble du Ch�teau de
Maifons.
                                                          Λ'
-ocr page 410-
D A R C H I Τ Ε C Τ �RE.          ±$$
lement eil tout ouvert d'un c�t� fans croif�es,
fans portes, nL bamitrades ; mais auffi g�n�rale-
ment tous ceux dont les murs d'�chiffre , les li-
mons ou les noyaux font �vid�s ; enforte que la
lumi�re, foit qu'elle vienne des murs de face,,
foit qu'elle vienne d'en haut, plonge facilement
fur les paliers. ■
On appelle Efcalier rond, fph�rique , ou cylindri-
que
, celui qui efl en vis ou h�lice avec noyau,
& dont les marches tournantes , en forme de
rayons droits, mixtes ou courbes, portent des d��ar-
dements (#), ou adouciifements rampants : ces mar-
ches font foutenues par leurs colets furies cylindres
qui montent de fond, & dont elles font partie.
On appelle Efcalier rond fafpendu , celui qui efl
fans noyau , & dont les marches tiennent � une
efpece de limon formant fpirale, qui la�Te un vide
circulaire dans le milieu, faute de jour fur le mur
de cage , afin d'�clairer au moins les colets de
ces marches par en-haut, lorfque ces fortes d'Ef-
caliers font pris entre deux murs de refend*
On appelle Efcalier rond a double vis, celui qui
a de doubles rampes l'une fur l'autre, tel que celui
de Chambor, dont les marches tiennent par leurs
colets � un mur int�rieur auffi circulaire, & perc�
d'arcades, qui donnent du jour dans le milieu y
tel encore que celui des Bernardins � Paris.
On appelle Efcalier � vis Saint-Gilles , ronde 9
(h) D�/arder 3 c'eft couper obliquement le deiTous d'une
marche de pierre que Ton veut rendre apparente 3c fans ra-
valement -, foit qu'elle foit � joints ou � redens 5 c'eft pourquoi
l'on dit dans un devis , que Jcs marches porteront leur d�l�r*-
dement. Ce terme s'applique auffi aux Efcaliets de charpente,
lorfque l'on en veut ravaler la coquille , ou laiiTer les bois-
apparents par �conomie.
T. ��
111
-ocr page 411-
3tp4                      Cours
celui dont les marches portent ifne vo�te ram-
pante fur le noyau , tel que celui du Prieur� de
Saint-Gilles en Languedoc, dont le nom lui a �t�
donn�, & � l'exemple duquel ceux de Saint-Martin »
des Barnabites, de Saint-Roch, � Paris, &c. ont
�t� ex�cut�s.
On appelle Efcalkr λ vis S'ain,t-Gilles, carr�e,
celui qui au lieu d'�tre conilruit dans une cage
circulaire, �fl pratiqu� dans une cage carr�e par
fon Plan, tel qu'il s'en remarque au Luxembourg,
� Paris,
On appelle Efcalkr ovaL� � noyau fufpendu, ce-
lui qui ne diff�re des pr�c�dents que par fon Plan
qui eil elliptique.
On appelle Efcalkr en limace {x} , celui qui,
dans une cage ronde ou ovale, a �'qs rampes qui
tournent � vis autour d'un mur circulaire perc�
d'arcades rampantes, & foutenu par des vouifures
m trompe.
On appelle Efcalkr en arc de clo�tre, � lunette &
� repos
, celui dont les paliers carr�s en retour ,
port�s par des vo�tes en arc de clo�tre, rach�-
tent des berceaux rampants, dont les retomb�es
font foutenues par des arcs aui�i rampants, qui
portent fur des piliers ou noyaux montants de
fond, qui laiffent un vide au milieu, & dont les
arcs rampants forment des lunettes en d�charges
oppof�es dans �es berceaux, tel qu'il s'en remarque
au grand Efcalier du Luxembourg.
             I !. I H.1 >■' .'!�� 11..ι |»U ι ί HJIil Ml1. . ι' . i'*l ι W» Il "'!■ ni)" » M. Ι 11 il 1             . ι■ ι ι         Ι ' **
(a) L�maee Λ nom qui d�rive de l'efp�ce de vo�tes dont font!
isonitruites ces fortes d'Efcaliers $ on les nomme vo�tes en li-
ma�ons , ce qui s'entend de toute vo�te fph�rique , ronde s
droite, furbaiiT�e, ou furmont�cs & dont les aflifes ne font
pas pof�es de niveau j mais conduites en fpiraf� depuis tes
fouiTmetg jufqu'� h clef,
>
-ocr page 412-
d'Architecture. 29$
On appelle Efcalier en arc de clo�tre- ,fufpendu & �
repos,
celui dont les rampes & paliers carr�s & en re-
tour , portent en l'air fur une demi-vo�te en arc
de clo�tre , comme celui de l'aile du nord au Ch�-
teau de Verfailles.
On appelle Efcalier hors �uvre. 5 celui dont la
cage eft en dehors d'un B�timent, y tenant feule-
ment par un de fes c�t�s, tel qu'on pratiquoit la
plupart des anciens Efcaliers, qui aujourd'hui ne
font plus d'ufage, � moins qu'ils ne fe trouvent
compris dans un pavillon faillant, pour fym�trifer
avec un autre qui lui fera oppof�.
On appelle Efcalier d�rob�, celui qui fert � d�-
gager les Appartements du premier �tage, & du
rez-de-chaui��e d'un B�timent; il fert auffi � mon-
ter aux entrefols δε aux �tages en galletas ; la
plupart de ces Efcaliets montent de fond, & def-
cendent m�me jufques dans les fouterrains.
On appelle enfin, Efcalier en fer � cheval, celui
qui dans l'ext�rieur d'un B�timent eft appel� com-
mun�ment grand Perron (j), dont le Plan eft:
circulaire, & les marches non paralleles, tel que
(y) Perroni eft: un grand Efcalier d�couvert dans un B�ti-
ment, qui fe fait de diff�rentes formes & grandeurs, feloiv
l'efpace & la hauteur o� il doit arriver : il en eft de pluf�eurs
efp�ces, de doubles , de carr�s, de cintr�s & � pans.
Les Perrons doubles, font ceux qui ont deux rampes �ga-
les , qui arri tctit � un m�me palier, ou deux rampes oppof�es
pour y arriver, comme celui de la cour des Fontaines � Fon-
tainebleau. Il en eft d'autres qui ont ces deux difpofitions ,
tel que celui du Ch�teau neuf de Saint-Germain , du defl�n de
Guillaume Marchand, Architecte de Henri IV , Se ceux du
Jardin des Tuileries, par le N�tre. L'ufage de ces derniers eft
fort ancien j car, au rapport de Delande, dans fon Livre des
beaut�s de la Perfc; on voit encore, dit-il, les veftiges d'un
Perron de cette efp�ce, parmi les raines de Tcheflminar, pr�s
Schyras en Perfe,
Tiv
-ocr page 413-
\
296                       Cours
celui �te Fontainebleau, celui de Trianon pr�s Ver-
failles, &c.
De la maniere de placer convenablement les
Efcaliers dans un B�timent.
On pla�oit autrefois les Efcaliers en faillie au
milieu du B�timent dans des tours rondes, dans
des tours ou des pavillons carr�s, circulaires ou
� pans, ainii qu'on le remarque encore aujourd'hui
dans la plupart de nos anciens Ch�teaux. Cela fe pra-
tiquoit ainii, f�lon l'opinion des Architectes de
ce temps, dans l'intention de laiifer libre la com-
munication int�rieure des Appartements \ mais
comme on a reconnu depuis que cette difpoii-
tion d�figuroit l'ordonnance ext�rieure de l'Edi-
fice. On a pr�f�r� de les iituer dans la cage du
B�timent, enforte qu'il ne s'en conitruit plus de
cette premiere efp�ce dans nos Maifons un peu
coniid�rables ; mais � leur place on conilruit de
grands Perrons, tels que ceux dont nous venons
de parler.
� ces Efcaliers en faillie, ont fucc�d� ceux
qui font plac�s dans -le milieu de l'int�rieur de
l'Edifice , tel que fe remarque encore celui du
Palais du Luxembourg ? & qu'on a vu dans le
dernier iiecle j celui que Philibert de Lorme, avoit
ltl ι                       ! 1.1 .'.1 ι.»......L-"! 1 ■■.■*■■! >m»"ii|W *. IJl Ji Γ»ιι m ιριι jni ■»■ .ι ι ��W; 1 m� .ι in ...mf ι»! ι ■;■■' i""M. ij ■ni ifl
Lps carr�s , font ceux qui font d'�querre , comme � la
Sorbone , au Val-de-Gr�ce , � Marly j &c.
Les cintr�s , font ceux dont les marches font rondes ou
©val�s, & qui forment un palier circulaire ou elliptique au
piili�u ; aini� qu'on le remarque dans les jardins du Luxembourg.
Le Perrons a pans , font ceux dont les encoignures font cou-
p�es par un angle, d� 45 degr�s, comme au, portail d�s, quat�Q
waiiQftg � Paris,
-ocr page 414-
D'A RCHITECTURE.             297
fait conitruire dans le gros Pavillon du milieu
du. Ch�teau des Tuileries ({�).. Ces Efcaliers ainii
plac�s communiquoient fouvent � deux Appar-
tements diilribu�s � la droite & � la gauche de
l'Edifice; ce qui dans ce.temps, paroiilbit fuffire
pour la demeure des t�tes couronn�es : aujour-
d'hui nous ne penfons plus de m�me ; le com-
merce que nous avons eu avec les Romains, qui
donnoient la plus grande partie de leur loiiir au
faite & � la magnificence, nous a fait imaginer,
de longues fuites d'enfilades d'Appartements, par
lefquels il convient de paffer, avant d'arriver �
l'Appartement du Ma�tre ; & c'en: cette confid�-
ration qui nous fait �viter de placer les grands
Efcaliers dans le milieu de l'Edifice ; & nous en-
gage � pr�f�rer leur fituation � la droite du Veili-
bule ; tel que le Veau eut ordre de le faire au
commencement de ce iiecle , au Ch�teau des
Tuileries. Au reile, cette fituation nous paro�t
pr�f�rable � toute autre, malgr� le fentiment de
quelques Architectes , qui , indiitin&ement les
placent dans des ailes particuli�res,, de maniere
� n'�tre pas aper�us ; tel �toit l'ancien Efcalier
du Palais Royal. Difons donc, que dans une Mai-
fon de quelqu'importance, & principalement lors-
que le bel Appartement fe trouve fitu� au pre-
mier �tage,, il convient d'annoncer le bel Efca-
lier d�s le Veilibule, en obfervant pour cela une
(r) Cet Efcalier �toit rond & � vis fans noyau, la iampe
en �toit fufpenduc en l'air, fon diam�tre �itoit de ζ 7 pieds
partag�s en 3 , 9 pieds pour chaque longueur de marche, Se
neuf de vide. Il �toit confttuit avec tant d'induilrie, & tant
d'art, au rapport de Fran�ois Blondel , qu'il fervoit, dit-il ,
d'�tude � ceux qui vouloi�nt s'inftruir� dans la feience de l'arc
ilu um,                         , ■ , :
-ocr page 415-
±98                      Cours
grande ouverture, qui peut fe terminer dans fon
extr�mit� fup�rieure, par une plate-bande droite
foutenue par des colonnes ou des pilaitres, ou
par un arc iurbaiff� , �lev� fur des pi�droits ,
afin d'�viter par ce perc�, un mur de refend qui
mafqueroit n�ceiTairement l'entr�e de l'Efcalier»
D'ailleurs il eil bon d'obferver, que dans un grand
B�timent, cette pi�ce doit �tre fufceptible d'une
belle ordonnance, qui contribue ordinairement
'� annoncer aux �trangers, la magnificence du
Propri�taire qu'ils viennent vifiter. Cette fituation
cependant, n'a pas toujours �t� obferv�e dans la
plupart de nos Edifices � Paris : par exemple,
�'Efcalier de l'H�tel de Touloufe, a non-feule-
ment le d�faut d'�tre plac� � la gauche du B�ti-
ment ; mais encore , d'�tre ii �loign� du Veitibule
qui lui donne entr�e, que ce chemin qu'il faut par-
courir le rend prefque toujours ignor� des perfon-
nes de dehors. Au contraire, aux H�tels deSoubife,
de Luines, d'Auvergne, &c. les Efcaliers font pla-
c�s � droite. Il femble en eifet que la nature
nous porte � chercher nos befoins de ce c�t� ;
& nous eilirnons, que pour fe difpenfer de ce
pr�jug� ou de cette habitude, il faut avoir des
raifons effencielles, telles que l'expofition ou la
iituation d'un Edifice ; ce font les feules coniid�-
rations qui doivent d�terminer � changer ces Ef-
caliers de c�t� , pour diitribuer les Appartements
f�lon leurs divers ufages , au midi, au levant,
ou au feptentrion.
Il faut obferver encore, que dans un B�timent
coniid�rable, compof� d'un principal corps-de-lo-
gis, & de plufieurs grandes ailes; il eft n�cef-
faire de pratiquer diff�rents Efcaliers de Ma�tre,
qui s'annoncent �galement bien aux Etran-
-ocr page 416-
d'Architecture.            299
gers , tel qu'on a vu celui des AmbaiTadeurs
a Verfailles , & que Ton y voit encore celui
nomm� de la Reine, & celui des Princes. A l'�-
gard des moyens Efcaliers, & de ceux de d�ga-
gement ; leur iituation n'exige pas tant de f�v�-
rit� , n'�tant conitruits , la plupart, que pour
la communication des Ma�tres les uns avec les
autres; enforte qu'il fuffit de les placer de ma-
niere qu'ils ne puiiTent interrompre les principales
enfilades qui traverfent les pi�ces de parade & de
f�ci�t�. Il faut obferver encore de les diftribuer de
fa�on qu'ils d�gagent plufieurs Appartements �
la fois, afin qu'en �vitant leur multiplicit� , on
�vite aui�� la perte du terrain qu'ils occupent, &
une d�penfe toujours affez connd�rable.
Pour ce qui eil des Efcaliers de d�gagement, il
��l bon d'obferver de ne les jamais placer trop pr�s
des chambres � coucher, principalement lorfque
les murs auxquels ils font adoff�s, ne font que
des cloifons, parce que le bruit que font les Do-
meitiques dans leur fervice , trouble le repos des
Ma�tres. Au moins , faut-il avoir foin, lorfque
cela ne fe peut autrement, de conftruire ces Ef-
caliers en pierre ; ou , lorfqu'ils font de char-
pente, rev�tir le de/Tus des marches avec des dales
dans toute leur longueur, & dans toute la largeur
de leur giron, � deifein de rendre ces Efcaliers
plus fourds, & d'emp�cher le bruit de p�n�trer
jufques dans les Appartements d'habitation.
De la grandeur des Efcaliers.
L'efpace qu'occupe un Efcalier , doit �tre pro-
portionn� � la grandeur du B�timent ; il faut
entendre n�anmoins que cet efpace ne comprend
-ocr page 417-
300                       Cours
que la grandeur de la cage , la longueur des mar-
ches, & Fintervale 'que l'on obferve entre leurs
limons; car la hauteur & le giron (a) des mar-
ches , -aufl�-bien que leur appui, doivent �tre �
peu - pr�s par - tout les m�mes , foit dans les
Efcaliers des grands Edifices, foit dans ceux des
Maifons particuli�res. A l'�gard de leurs cages,
la hauteur des planchers d�termine leur grandeur,
de m�me que la r�it�ration des paliers; ceux-ci
doivent �tre mis en ufage en plus ou moins grande
quantit� , f�lon l'�tendue du B�timent, & l'impor-
tance du Propri�taire. Au reile , il faut obferver
en g�n�ral, que les Efcaliers n'occupent pas trop*
d'efpace dans une Maifon particuli�re, aini� qu'il
feroit hors de convenance que, dans un grand
Edifice, l'Efcalier f�t trop reiferr�; en forte que
�pour �viter l'un & l'autre exc�s, on peut �tablir,
que les moindres longueurs des marches, doivent
�tre de quatre pieds , & les plus grandes de huk
neuf ; encore- ces derni�res ne doivent-e�les
�tre mifes en �uvre, que dans les Maifons Roya-
les, ou dans les Edifices deilin�s aux Commu-
naut�s Religie ufes.
Les vides qu'on obferve aujourd'hui entre les
Hmons , occasionnent beaucoup d'efpace pour les
�a) Giron, fous ce nom on entend la largeur d'une marche
fur laquelle on pofe le pied. Il en eft de droits, de triangu-
laires , & de rampants. Les premiers font ceux qui font conti-
nu�s entre, deux lignes paralleles , foit que les marches foient
droites , courbes ou imueufes. Les f�conds �, font ceux qui fe
r�tr�cirent vers le colet, & s'�largiiTent vers le mur de cage*
Les troifiemes font ceux qui ont une pente fufhfante pour
�couler les eaux, ou bien une grande largeur, fort peu d'�-
l�vation, & une pente aifez . confid�rable pour que les che-
vaux puiif�nt en moijter
les marches,
f                                          �
-ocr page 418-
d'Architecture.           301
cages des Eicaliers; mais d'un c�t�, il en r�fulte
que les paliers fe trouvent plac�s convenablement,
dans les quartiers tournants, & de l'autre, que
du rez-de-chauiT�e, l'on d�couvre les calottes, que
l'on affe&e ordinairement dans l'extr�mit� fup�-
rieure de leur cage. D'ailleurs, ce vide' un peu
fpacieux d�gage les rampes, leur procure de la
lumi�re, & donne � leur coni�ruclion & � leur or-
donnance , un air de l�g�ret� qui produit tou-
jours un bel effet.
Des diff�rentes firmes des Efcaliers.
Quoique nous ayons reconnu pr�c�demment,
que la forme des Eicaliers �toit infinie, il faut
convenir ici, que les formes carr�es ou quadran-
g�laires, font pr�f�rables, principalement lorfqu'i�
s'agit des grands Eicaliers � l'uiage des Edifices
publics, & des Maifons Royales, malgr� les exem-
ples de cette efp�ce, que nous remarquons dans
quelques-uns de ces Monuments , o� l'on en
voit de circulaires , � pans , ou demi - ellipti-
ques , ce qui ne peut �tre imit� que dans les Ef-
caliers de peu d'importance, & o� l'on fe trouve
contraint de faire ufage de ces diff�rentes formes ,
par quelques luj �tions indifpenfables ; encore faut-il
�viter d'employer dans les rampes de ces Efca-
liers, des marches bomb�es en dehors, ou creu-
f�es en-dedans, commefemble l'autorifer Palladio*
Cette maniere de gironner les marches eil peu
s�re, principalement lorfqne les girons ne font
pas paralleles.
Le g�nie que l'on ne peut refufer � quelques*�,
uns de nos Architectes Fran�ois, forc�s d'ailleurs
par quelques circonitances difficiles � furmonter,
-ocr page 419-
302                      Cours
leur a fait imaginer plus d'une fois des fqrmes �r-
r�gulieres dans le Plan de leurs Eicaliers, dans
le contour de leurs limons, & dans la iinuolit�
de leurs marches ; mais il eit certain que ce fonr
autant de licences � �viter dans cette partie du
B�timent ; la nobleffe & la iimplicit� devant �tre
pr�f�rables � la iingularit�. L'efprit toujours at-
tentif dans l'a�ion qui nous fait monter ou des-
cendre , aime � rencontrer des formes iimples δε
analogues aux mouvements naturels qui nous font
agir ; de maniere que ii le g�nie peut avoir lieu
� l'�gard des Efcaliers, il ne doit fe manifeiter que
dans ce qui concerne leur d�coration.
De la lumi�re qu'un doit donner aux Efcaliers,
Apr�s la commodit� , le jour doit �tre regard�
comme la principale partie dans un Efcalier; l'�-
galit� de la lumi�re eil aui�i une chofe � laquelle
il faut prendre garde, afin de n'en pas r�pandre
trop dans certains endroits , & trop peu dans d'au-
tres : cette oppofition produit un mauvais effet
dans un lieu qui eil extr�mement fr�quent�: &
l'�galit� de la lumi�re dans un Eicalier demande
toute l'attention de l'Architetfe, parce que plus
la lumi�re eft vive fur une rampe, plus le paflage
de cette grande lumi�re, � un palier moins �clair�,
eil d�fagr�able; c'eil ce qu'on remarque � celui
des Princes au Ch�teau de Verfailles, qui quoi-
que vaile, a le d�faut d'�tre mal �clair�, ainii
que la plupart de ceux de nos beaux H�tels �
Paris; consid�ration qui devroit d�terminer, f�lon
nous, � tirer le jour de ces fortes de pi�ces par
en-haut, comme on l'avoit obferv� � celui des
Ajnbaffadeurs, du Ch�teau que nous venons de
-ocr page 420-
dArchitect�ee.           303
citer; parce qu'alors les rampes re�oivent un jour
�gal', principalement lorfqu'elles ne montent qu'au
premier �tage , & que l'on prend foin de laifler
un vide fpacieux entre les limons des rampes. Il
eft bon auffi d'�viter dans ce cas, de pratiquer
un palier continu au-dei�us des rampes; ce palier
porteroit fur les marches une ombre in�vitable ,
qui rendroit leur pratique peu s�re; enforte que»
fi l'on eft oblig� de faire retourner pluiieurs fois
les rampes les unes fur les autres, il faut pr�f�rer
les croif�es dans les murs de cage plac�s � cha-
que �rage du B�timent, & t�cher qu'elles fe trou-
vent difpof�es fym�triquement en face de chaque
palier, ou au moins au milieu des rampes, ce
qui � la v�rit� n'eft pas toujours facile , parce que
la difpofition de ces croif�es par rapport � l'Ef-
calier, doit �tre affuj�tie � l'ordonnance du de-
hors. Cette coniid�ration doit porter Γ Architecte
� fe rendre compte, avant de mettre la main �
l'�uvre , de la diitributiqn int�rieure, & de la d�-
coration ext�rieure de tout fon Edifice.
Si pour quelque raifon indifpenfable on fe trou-
Voit forc� de conftruire un Efcalier iitu� de ma-
niere � ne pouvoir tirer des jours que par en-haut,
& qu'on f�t oblig� de monter de fond cet Efcalier,
e'eft-�-dire, de lui donner pluiieurs rampes les unes
fur les autres, il faudroit avoir attention de ne faire
le diam�tre de la lanterne, que de la largeur du vide
entre les limons , afin que la lumi�re verticale d'un
des c�t�s de cette lanterne plac�e, � droite , p�t
�clairer les rampes de la gauche, & ainii de fuite ;
� moins qu'on ne pratiqu�t cette lumi�re en forme
de comble. Mais comme cette maniere de tirer
des jours par en-haut n'a rien d'agr�able pour la
d�coration ext�rieure} il faut t�cher de pr�f�rer
-ocr page 421-
304                       C � υ Ά $
les lanternes proprement dites, dont nous avons
parl� en traitant des Cabinets de tableaux.
Lorfque la diilribution int�rieure porte un Ar-
chite&e � ranger FEfcalier dans l'encoignure de
ion B�timent, & que la cage de ce dernier fe trou-
ve adoff�e entre deux murs mitoyens & deux
murs de refend ; fi la hauteur des �tages , & les
couvertures des combles ne lui permettoient pas
de tirer des jours d'en-haut, il ne devroit pas h�-
fiter de faire uiage de FEfcalier que nous avons
nomm� triangulaire, page 291, c'eit-�-dire, de
pratiquer un pan coup� du c�t� de la cour, d'une
largeur convenable ; afin qu'au rez-de-chauit�e,
on p�t avoir une grande arcade qui en �clair�t le
fol, & une croif�e au premier �tage , qui fourn�t du
jour aux rampes fup�rieures ; & Ton r�it�reroit ces
derni�res , � Ton �toit oblig� de faire monter cet
Efcalier de fond en comble. Mais ii cet Efcalier
ainfi pratiqu� � trois rampes doubles, rendoit la
longueur des marches trop peu confid�rable, �
caufe du peu d'efpace de la cage, on pouroit faire
les limons rampants , quadrangulaires & continus.
Ce dernier paro�troit, & plus grand, & plus �co-
nomique ; mais l'autre {croit plus r�gulier, jou�-
roit d'ufie lumi�re plus �gale, & deviendrait fuf�-
ceptible d'une d�coration plus relative � un B�-
timent de quelque importance.
' ΐ2 ■ "                         ;�'''""'V'" ' ■�■                                                             '■'■'� ■''" : '?-                       ' '■ * '■'.';''....s
JLegle pour trouver la proportion de lahauteury
& le giroji des marches d'un Efcalier.
La plupart des Archite&es font d'avis, que -
lorsqu'on ne peut donner � la largeur des mar-
che«
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d'Architecture.         Sjriy
dies (b) une proportion relative � leur hauteur ,
on peut incliner en devant leur giron * afin, di-
fent-ils , de les rendre plus faciles � monter ; ce-
pendant , il eil certain , que ii d'un c�t� on rend
les marches plus commodes en montant, il n'en
eft pas de m�me lorsqu'on defcend ; car pour peu
que cette pente foit coniid�rable (elle ne peut
�tre n�anmoins que d'un quarante-huiti�me de
la largeur ) cela produit un mauvais effet : enforte
que cette pr�caution n'eft bonne � mettre en �u-
vre, que lorfque ces Efcaliers font ext�rieurs,
connus fous le nom de.perrons, dont nous avons
d�j� parl� pr�c�demment ; parce que ces efpeces
"i";'- 1 ■ t\,",.i-                        11 tf� ':;'i r.i'i'i ■■ ^ ■■ ;» ' f"'.� KVi'i�if '"'i"',W'.E
{b) Sous le nom de marches, on entend la partie de VEC-
Xv�hx
fur laquelle on pofe le pied, & qui tout� enfemble fi-
gnifie, la longueur, la largeur & la hauteur de la marche;
il eft des marches que l'on appelle carr�es ou droites, d'autres
qu'on nomme marches d'angle, g�ronn�es, d�lard�es, moul�es +
rampantes, &c.< >
                                    ■ *;.\ :
Les carr�es, font celles dont le giron eft contenu entre deufc
paralleles.
Les marches d'angle , f�nt celles qui font f�tu��s dans la
plus grande longueur des quartiers tournants.
Les marches gironn�es, font celles des quartiers tournants
pratiqu�es dans un Efcalier circulaire ou ovale.
Les marches d�lard�es, font celles qui font d�maigries &
chanfrein�es par~dei�ous.
Les marches moul�es, font celles qui ont une moulure fur
l'extr�mit� du devant de leur giron, & � 1 a partie fup�rieure
de leur hauteur. Cette efpece de marche eft appel�e par les
Ouvriers quarderonn�e, parce que g�n�ralement ils appellent
sinfi tout contour en forme de cercle ou demi-cercle parfait,
qui approche de cette figure : mais ordinairement, une marche
orn�e de moulures, ne devroic �tre appel�e, ni quarderonn�e #
ni moul�e, parce qu'une marche ne le jette point en moule ,
& qu'on n'y peut faire ufage d'un quart de cercle, � moins
qu'il ne foit renverf�.
Les marches rampantes, font celles dont le giron eft tenu
fort large , & inclin� fur le devant.
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305                    COU RS
d'Efcaliers d�couverts , �tant fujets � recevoir les
eaux du ciel, il paro�t n�ceifaire d'en �couler les
eaux par une pente infeniible ; pente qu'il ne pa-
ro�t cependant pas que l'on ait obferv�e, ni �
ceux de l'Orangerie de Verfailles, ni � celui de
la Cour du Ch�teau de Fontainebleau, ni � ceux
du Jardin des Tuileries, &c.
L'Archite&e du Quirinal, ou de Monte Cavallo
� Rome, a pratiqu� le contraire de cette pente
dans un grand Efcalier qui monte du Palais de la
Datterie � celui du Pape. Les marches de cet Ef-
calier , quoique d'une largeur de giron aiTez conii-
d�rab�e , & fort peu �lev�es, font inclin�es en ar-
ri�re d'environ un quarante-huiti�me de leur gi-
ron: contrepente qui, fuivant quelques-uns, pro-
duit de la commodit� � ceux qui montent cet Ef-
calier ; cette pente adouciffant, difent-ils, la fati-
gue que caufe une longue fuite de marches. N�an-
moins , � l'exception des marches d�couvertes ,
nous ferions d'avis d'�viter ces deux genres de
pentes ; l'une , parce quelle fe porte en de-
vant , & que l'ufage fr�quent d'un Efcalier pro-
duit d�j� cette pente qui devient coniid�rab�e en
peu d'ann�es; & l'autre, non-feulement, parce
qu'elle ne peut fe pratiquer � des Perrons, ni �
des Efcaliers d�couverts, qui fe d�gradent en peu
de temps ; mais parce que dans un grand Ef-
calier , cette pente en arri�re g�neroit ceux qui
defcendroient, & produiroit � F�uil des angles
diflemblables , qui ne peuvent fe tol�rer que dans
un Efcalier � vis & de peu d'importance | o� Ton
eft oblig� de monter une grande fuite de mar-
ches fans paliers.
Pour �viter ces pentes, qui, difons-nous, ne
peuvent �tre mifes en ufage dans les marches d'u»
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d'Architecture.           307
Efcalier de quelque confid�ration , examinons
quelle hauteur il convient de leur donner, rela-
tivement � leurs girons, afin de rendre leur ac-
c�s facile dans toutes les occafions, en exceptant
n�anmoins celles des Efcaliers fouterrains, d�ro-
b�s, & de d�gagement; l'�conomie & la n�cei��t�
l'emportant dans ce dernier cas fur la commo-
dit� , la beaut�,. & la r�gularit�.
Nous avons d�j� parl� du triangle de Pytha-
gore, concernant la proportion de la hauteur &
du giron des marches, dont le c�t� eil � la baze,
comme trois eil � quatre j mais nous avons re-
connu que cette dimeniion ne pouvoit avoir lieu
que pour les gradins , �l'ufage de nos fpeclacles, δε
des Jardins de nos Maifons de plaifance ; & que ,
dans nos defcentes de Caves , & dans nos Efcaliers
qui montent de fonds, cette forme ne i�uroit �tre
mife en ufage.
Scamozzy donne deux mani�res de trouv�e
cette proportion. La premi�re, par un triangle
�quilat�ral, dont il donne la perpendiculaire au
giron, δε la moiti� de la bafe � la hauteur de la
marche. Cette proportion nous paro�t plus conve-
nable que celle que Vitmve enfeigne d'apr�s Py-
thagore ; mais elle eil encore trop �lev�e pour un
Efcalier coniid�rable , δε Γοη doit pr�f�rer la f�-
conde que Scamozzi donne par un triangle rec-
tangle , dont la bafe foit le double de la perpen-
diculaire, δε dont cette derni�re forme la hau-
teur de la marche, δε l'autre celle du giron. N�an-
moins , cette maniere pr�f�rable � la pr�c�-
dente , nous paro�t encore trop �lev�e ; c'eil
pourquoi nous allons t�cher d'�tablir une propor-
tion invariable , applicable � tous les genres
tTEfcaliers.
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3o8                   Cours
La longueur du pas d'une perfonne qui marche
de niveau ou horizontalement, eil commun�ment
de deux pieds, & la hauteur du pas de celle qui
monte � plomb, n'eft que d'un pied, d'o� il fuit
que la longueur du pas horizontal, eil double de
celui fait perpendiculairement. Or, pour les join-
dre enfemble, il faut que la hauteur de la mar-
che , prife avec le giron , compofe un pas
qui �gale la longueur de deux pieds ; enforte
que ii dans une rampe d'Efcalier , on ne don-
noit qu'un pouce de hauteur � la marche , il
faudroit donner vingt-deux pouces � fon giron,
parce que ces vingt-deux pouces de niveau avec
le pouce vertical qui vaut deux horizontaux, �ga-
leroient vingt-quatre pouces qui font le pas na-
turel. Si la marche � deux pouces de haut, qui
�galent quatre pouces de large, elle ne devra
avoir alors que vingt pouces de giron ; fi elle a
trois pouces de haut, fa largeur fera de dix-huit
pouces , ain� des autres. Cette proportion eil
confirm�e par l'exp�rience, & elle doit s'obf�r-
ver dans tous les cas, quoiqu'elle ne le rencon-
tre pas toujours exactement : par exemple, �
� Meudon , les marches ont de hauteur cinq pou-
ces fur quinze; � Saint-Martin-des-champs», cinq
pouces fur feize; � l'H�tel de Soubife, cinq pou-
ces fur dix-fept ou dix-huit; � Saint-Germain-
«n~Laie au contraire, fix pouces fur onze, &ci
diff�rence qui fait fentir la difficult� qu'il y a
d'affuj�tir la grandeur des cages avec la hauteur
des planchers, & la n�ceiiit� de pratiquer des
paliers relatifs � la diff�rente longueur des. ram-
pes; ce qui fait que dans plus d'un Efcalier un
peu coniid�rable, les girons des marches, &
quelquefois leur hauteur font du�emblabies j
» . . .. ί' ^
�. ■".                                                                                                                                                                                   '                                                                         .si
-'■.■■                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    ' ■"�                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 ■ ., ■
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d'Architecture; 309
difparit� qu'il faut �viter autant qu'il eil poi�i-
ble , principalement lorfque cette diff�rence eil
trop fr�quente. Autrement un quart de pouce eil
de peu d'importance fur un giron, de m�me
qu'une ligne fur fa hauteur, fur-tout quand cette
irr�gularit� produit un bien r�el pour les dimen-
fions g�n�rales.
De la d�coration des Efialiers.
La partie la plus indifpenfab�e de la d�coration
des Efcaliers eil la fym�trie. Elle eil d'autant plus
difficile � mettre en �uvre, qu'on eil fouvent
g�n� par l'ordonnance des dehors ; ce qui doit
d�terminer un Architecte, ainfi que nous l'avons
r�command� plus d'une fois, & que nous le re-
commanderons encore, � faire marcher d'un pas
�gal, lors de la diilribution de fon Plan, la d�co-
ration int�rieure & ext�rieure de f�n Edifice ,
afin d'aiTuj�tir. les �coin�ons, les trumeaux, les
portes & les croif�es avec l'ordonnance enti�re.
Qu'on y prenne garde ; la moindre n�gligence
� cet �gard, le rend inexeufable aux yeux des
connoiifeurs. En un mot, aucune licence ne doit
avoir lieu que dans le cas d'une r�paration ou
d'une reitauration ; mais lorfqu'on b�tit � neuf,
les licences ne peuvent porter aucune efpece
d'excufe.
Apr�s la fym�trie, la convenance doit pr�ii-
der dans la d�coration d'un Efcalier. C'eil-elle
qui emp�che que dans un B�timent de peu d'im-
portance, on ne donne � un Efcalier trop de ri-
cheiTe , foit par la multiplicit� des membres d'Ar-
chite&ure, foit par la prodigalit� des ornements,
X<a convenance emp�che auffi que dans les Edi-
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3i�                       Cours
�cQs d'une certaine confid�ration, la d�coration de
ces fortes de pi�ces ne {bit tenue trop iimple ;
elle exige de plus que , dans tous, mais particu-
li�rement dans les Monuments confacr�s � la pi�t�,
la douceur des rampes, la longueur des marches,
leur peu de hauteur, la largeur de leurs girons,
la grandeur de leur cage, l'�l�vation de cette
derni�re , & la beaut� de l'appareil, foient pr�-
f�r�es � toute autre objet. A l'�gard de ceux
de nos Palais , & de nos grands H�tels , il
eft bon que leur ordonnance r�ponde � la ma-
gnificence des dehors & des dedans de l'Edifice;
mais, d�t-on n'employer que le miniftere de la
Peinture , au lieu de l'Archite&ure & de la Sculp-
ture en relief ; il faut en �loigner le faite mal en-
tendu dont on a uf� dans les Efcaliers de l'H�tel de
Soubife ( c) & de l'H�tel de Luynes ; de m�me
qu'il eil bon d'�viter au contraire la trop grande
implicite qu'on remarque � celui du Palais des
Tuileries.
Il faut obferver que plus la convenance du
B�timent paro�t exiger de richeffe dans un Ef-
calier, plus il eft n�ceffaire que les paliers fu»
p�rieurs ne nuifent point d'en-bas au coup d'ceuil
de la cage, & m�me de fon plafond , qui doit
...... .....ι ι » III ,. Ι, ι, ι ι                                       . LU           I 'I                                        'l.l.n....-., ,.                                  ■■
(c) La d�coration feiate de l'Efcalier de cet H�tel, eft d'une
belle ex�cution ; mais fon fafte th��tral , la rend trop peu
vraisemblable. �n a uf� � celui de l'H�tel de Luynes de plus
de retenue ; mais les fujets galants qu'on y a peints, y font
d�plac�s, ainfi que la plus grande partie des ornements qui
d�corent les vo�tes & les rampes de cet Efcalier. La Pein-
ture de l'Efcalier de l'H�tel de Thiers, eft une de celles qui
nous plaifent le plus ; parce qu'elle ne pr�fente � l'�uil du
connoiifeur, que les membres d'Archite&ure, & les orne-
ments qne l'Archicc�e avok droit d'y placer.
-ocr page 428-
d'Architecture. 311
toujours, autant qu'il eft poi�ible, �tre termin�
en forme de vo�te, foit que le jour vienne de cette
vo�te, foit qu elle foit feulement orn�e de Sculp-
ture ou de Peinture ; � propos de quoi nous di-
rons que la premiere y convient davantage , �
moins que la Peinture n'y foit employ�e en gri-
faille ; principalement lorique la conftruclion de
l'Efcalier fera de ma�onnerie : autrement les fu-
jets colori�s tranchent trop fur le fond blanc des
murs de cage ; ainii qu'on peut le remarquer au
grand Efcalier de la Biblioth�que du Roi, ce qui
ne peut fe tol�rer, que lorfque les rev�tif�ements
des murs de cette pi�ce font de marbre, comme
on a vu celui des Ambaftadeurs � Verfailles, &
qu'on remarque encore celui nomm� des Princes
dans le m�me Palais. Mais comme ces incrufta-
tions , toujours difpendieufes , n'appartiennent
gu�res qu'aux Maifons Royales, il faut �viter de
feindre en marbre , les rev�tuTements des Efca-
liers des Maifons ordinaires , & par la m�me rai-
fon , y fupprimer la Peinture & la dorure, qu'on
a employ�e, peut-�tre indifcr�tement, � l'Efca-
lier de l'H�tel de Tunis , place de Vend�me ',
non-feulement parce que cette richeffe eft fu-
perflue, mais parce que l'air ext�rieur ternit en
peu d'ann�es ce genre de d�coration.
On fait fouvent ufage des ordres d'Archite&u-
re dans la d�coration des Efcaliers ; mais il eft �
propos de remarquer, que leur ordonnance n'eft
bonne � mettre en ufage , que lorfque les ram-
pes fmiffent aux paliers du premier �tage, afin
que les ordres colonnes ou pilaftres , fe trou-
vent de niveau avec le plain-pied de l'�tage fu-
p�rieur; autrement ces ordres fe trouvent mat
3&S fur des baf�s rampantes, & les architraves mal
y iv
-ocr page 429-
$1%                          C O U R S
port�s fur des chapiteaux inclin�s; c'eit-�-dire,
paralleles aux rampes; tel qu'on le remarque au
grand Efca�ier du Palais Quirinal � Rome, � ce-
lui de Bei\*�der, & � celui de Capraroles : d�faut
que le Cavalier Bern�n a voulu �viter au Vatican»
en faifant les bafes & les chapiteaux de niveau,
malgr� l'obliquit� des rampes. Cette maniere ,
quoique moins vicieufe , n'eil cependant gu�re
plus agr�able � l'�uil, � caufe des focles trian-
gulaires en forme de coins, qui fe contredifent
avec l'inclinaifon des rampes, qui � peine font
tol�rahles dans les baluitrades des Efcaliers. Pour
�viter l'un & l'autre inconv�nient, il faut n�ces-
sairement Supprimer les pilaftres dans la partie
�qs rampes, y fubiKtuer un foubaf)ement orn�
de tables & de corniches rampantes, & employer
feulement les ordres d'Archite&ure dans la par-
tie horizontale du premier �tage, ainii qu'on le
remarque au grand Efca�ier du Ch�teau de Saint-�
Cloud, dont nous donnerons la d�coration dans
le Volume fuivant, & tel qu'on le voit encore �
celui nomm� de la Reine � Verfailles, & � celui
de l'H�tel de Touloufe � Paris. Alors les ordres,
les entrecolonnes ou pilallres, tous les compar-
timents, & les bas-reliefs deviennent r�guliers.
Les rampes d'un Efca�ier ajoutent beaucoup �
fa d�coration : pour qu'elles faifent un bel effet,
il faut qu'elles foient continues & fans reifaut,
tel qu'il s'en voit au Ch�teau de Maifons, & ail-
leurs. Ces reffauts paroiiTent contraires � leur ufa^
ge, qui femble exiger qu'on s'appuie fur ces rampes
pour defcendre & monter ces Efcaliers.
Pour �viter l'obliquit� des pi�deftaux & des
chapiteaux des baluilres, ou les focles en forme
de coins dont nous venons.de parler, on fubili^ .-
\
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d'Architecture.           315
tue affez commun�ment les rampes de fer � celles
de pierre ou de marbre. Cependant quoique les
rampes de fer paroifi�nt agrandir la longueur des
marches, donner plus de jour aux rampes, plus
de d�gagement aux quartiers tournants, & moins
de pefanteur aux vo�tes, les baluitrades de pierre
ou de marbre ne doivent pas �tre fiipprim�es in-
diitin&ement, principalement lorfqiul s'agit de
l'ordonnance d'un Efca�ier dont la d�coration doit
�tre grave, & o� les rampes de fer paroitroient
trop l�g�res , trop �vid�es , trop frivoles, dans
un lieu vaite, dont les rev�tiilements font d'une
mati�re folide. Mais pour �viter la fragilit� des
chapiteaux & des baies des ba�uitrades , on peut
i�ire ufage d'entre-las, d'un caract�re relatif � l'or-
donnance qui pr�iide dans la d�coration; ces entre-
las par leurs contours vari�s, mafquent pour ainfi-
dire, les obliquit�s indifpenfables des ram-
pes , &c.
De la Con�ruclion des EfcalUrs*
La partie la plus effencielle d'un Efca�ier, eft
la conitruction ; qui a pour objet la folidit�, Fart
du trait, & la beaut� de l'appareil. En effet, on
peut ne mettre aucune eipece de d�coration
dans un Efca�ier ; mais on ne peut fe difpenfer de
lui donner une folidit� capable de r�futer � la
pouff�e d�s vo�tes qui le compofent, & au mou-
vement ' continuel des peribnnes qui montent δε
defeendent les �tages qui conduifent aux Appar-
tements d'un Edifice public, ou d'un B�timent de
quelque importance. Ordinairement leur conitrue*
tion fe fait de marbre, de pierre ou de bois de
charpente. Ces derniers ne font d'ufage que pour
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314                       Cours
les Efcaliers qui d�gagent les Appartements d'un
grand H�tel, d'une Maifon � loyer, &c.
Xes grands Efcaliers au contraire fe conitruifent
en'pierre ou tendre , ou dure; ils font compof�s
de vo�tes de diverfes efp�ces, plein-cintre , fur-
baiflees ou m�plates , en vouiTures rampantes ou
droites, ou enfin en tours creufes avec des culs-
de - four, des trompes , &c. leurs paliers font
foutenus par des plates - bandes droites en cou-
pe , δε par des claveaux � t�tes �gales. Ceux de
marbre ont la m�me fuj�tion,que ceux conitruits
de ma�onnerie , & ne different gu�re de ces der-
niers, que par leurs rev�tiiTements , le mai��f des
vo�tes & des murs �tant aum* de pierre, & feu-
lement recouvert de marbre par compartiments,
marbre uni � la Ma�onnerie par des agraffes de
bronze ou de fer.
Quelquefois par �conomie, on conilruit les Ef-
caliers en pierre , feulement jufqu'au premier
�tage, & le reile en charpente appuy�e fur uii
poitrail qui fert de marche de palier ; alors les
parties Sup�rieures fe rev�tent de ma�onnerie ,
& peuvent �tre orn�es de cadres qui imitent la
pierre. Ge genre de conftru&ion , moins eftim�
que celui tout en pierre, produit de f acc�l�ration
dans la main d'�uvre, de l'�conomie dans la d�-
penfe, & donne un air de l�g�ret� � la d�co-
ration des Efcaliers : ces derniers ne laiffent pas
non-plus d'avoir de la f�lidit�, & n'ont gu�re con-
tre-eux que de r�iiiter moins � une grande port�e,
& au fervice journalier.
De quelque genre de conftru&ion que l'on
veuille faire ufage dans les Efcaliers , il faut t�-
cher de rendre la forme des vo�tes l�g�re, d\m
beau galbe & fans jarrets ; pratiquer, autant qu'il
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D Architecture.            315
eft poi�ible, des pi�droits fous la naiffance des
rampes, pour foutenir le poids & la pouif�e des
vo�tes qui les compofentj, fans cependant trop
embarrafler le rez-de-chaufiee , ni affe&er une
hardieffe t�m�raire. Il eft bon que les vo�tes pa-
roiiTent retenues par l'art du trait ; mais il faut
lifer de beaucoup de circonfpe�ion dans leur
afpe�t ; car, quoique la th�orie nous rai�ure
contre la l�g�ret� apparente des vo�tes, il eft de
la prudence d'un Architecte , de conferver de
la vraisemblance dans ce genre de conftruclion ;
autrement on y monte avec inqui�tude, & en
cela ils reffemblent aux Edifices gothiques ,
qui font trouv�s par les connohTeurs, plus fin-
guliers que raifonnables. La magie de l'Art veut
des bornes ; trop de hardief�e �tonne plus qu elle
ne fatisfait. En un mot, une l�g�ret� trop affe&�e,
quoique reconnue folide par les Ma�tres de l'Art>
n*eft pas plus reeevable, dans le cas dont il s'agit,
que l'ignorante pefanteur dont on ufoit dans les
Efcaliers du dernier fiecle. Tout confifte dans le
choix des vo�tes, foit par rapport � leur folidit�,
foit par rapport � la forme de leur courbe, & la
relation de leur largeur avec leur hauteur : par
exemple, jamais les vo�tes d'un Efcalier ne fe-
ront un bon effet, fi la grandeur de la cage n'eft
proportionn�e � la hauteur du premier �tage;
car fi, pour faire un Efcalier dont les rampes
fuiTent tr�s-douces, on leur vouloit donner beau-
coup de longueur pour rendre l'ouverture de l'an-
gle moins grande, alors, il faudrait allonger le
c�t� du reitangle, fans pour cela que le plancher
p�t �tre plus �lev�. Or cette nouvelle grandeur
de cage fous une hauteur de plancher donn�e,
feroit paro�tre a�ceifaircment la vo�te > & trop
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'
3�6                      Cours
�craf�e & trop furbaiff�e pour fa largeur : enfort®
que de quelque artifice que l'on puiffe uier dans
l'art.du trait pour rendre cette vo�te r�ellement
folide & l�gere en apparence, les mafTes n'�tant
pas faites pour les parties de d�tail, produiroient
toujours un effet d�fagr�able � l'�iiil.
La conftrudion des Efcaiiers coniiile encore
dans l'art de l'appareil; c'efl-�-dire, dans la r�-
gularit� des affifes �tablies � une m�me hauteur;
dans la pr�cifion , & dans la propret� des joints,
ainfi que dans le ragr�ment des parements, des
cadres des moulures, &c. Ceft par le fecours de
l'appareil, qui ajoute conild�rabiement � la beaut�
d'un Edifice , que la Chapelle de Verfailles, le
D�me des Invalides & la Fontaine de Grenelles
� Paris, font au-dei�us de tous les autres monu-
ments de cette Capitale, quoiqu'elle en renferme
un grand nombre de beaucoup plus �tendus ,
& de beaucoup plus confid�rables.
Difons un mot � pr�fent de celui marqu� Y l, dans
le Plan � rez de-chauff�e du Palais qui a fervi d'occa-
fion aux pr�ceptes qui concernent la diflribution ,
& qui font ici notre objet. Cet Efcalier eft � trois
rampes, tel que celui du Ch�teau des Tuileries,
& diff�re feulement de ce dernier , en ce qu'il
eft d'une conftruftion & d'une ordonnance plus
l�gere, & que le grand palier du premier �tage
marqu� G, Planche XLI, communique � un tro-
toir marqu� H, qui tourne autour de la cage de
cet Efcalier ; afin que par ce paifage de commu-
nication, on puifTe arriver dans une Salle deilinee
pour les Concerts particuliers , fans �tre oblig�
de paffer , ni par Fanti-chambre C , ni par le tro-
toir E du grand Sallon, Le trotoir'H eft pof� fur
jm jnaifif qui rend la cage du rez-de-�haiuT�@
-ocr page 434-
^^^^mm�mm
d'Architecture.             317
plus �troite que celle du premier �tage ; ce maiiif
nous a fait �viter une trompe qu'il auroit fallu
pratiquer, pour foutenir la faillie de ce trotoir ;
& quoique la conflruclion n'en e�t pas fouffert,
cette trompe & ce porte-� faux auroient �t� con-
traires � une folidit� vraiffemblable que nous
venons de recommander dans la conflruclion des
Efcaliers. D'ailleurs, ii nous eui�ions pr�f�r� les
trompes � ce foubaiTement, une partie de la lon-
gueur �es marches des deux derni�res rampes au-
roit �t� � couvert par cette faillie , ce qui au-
roit produit un mauvais effet; au lieu que le fou-
baiTement propof�, tient lieu d'emp�tement au pre-
mier �tage, & procure un air de folidit� � cet
Eicalier, fans lui pter l'�l�gance dont il peut �tre
fufceptible.
.Tout ce B�timent eil environn� de terraiTes 9
dont les formes principales font aifuj�ties au mou-
vement ext�rieur des fa�ades. Ces terraffes font
munies de grands perrons plac�s dans l'allign�-
ment des enfilades les plus eifencielles de l'int�»
rieur de l'Edifice.
Nous ne donnerons point ici les jardins de ce
Palais : nous renvoyons au premier Chapitre de
ce i Volume o� nous avons trait� de cet objet
en particulier, , & dont les pr�ceptes peuvent
s'appliquer � tous les B�timents d'habitation».
A l'�gard des d�pendances de ce Palais, voyez
la Planche XXXIII, & m�me celle que nous
avons donn�e pour le f�cond projet de cet Edifice»
Planche XXXIV. PaiTons � pr�fent � la diitribu-
tion des pi�ces du premier �tage contenues au-de��
fus des principales parties du Plan que nous vei-
nons de d�crire ; enfuite nous donnerons la def-
cription du deuxi�me projet de. ce Palais*
-ocr page 435-
3i8                     Cours
Distribution du premier �tage
dont le rez-de-chauss�e vient
d'�tre d�crit.
Planche X L I.
La diitribution de ce Plan eil comprife feule-
ment, dans le principal avant-corps, & dans les
pavillons des quatre extr�mit�s de ce projet ; le
reite n'eit occup� que par des combles peu �lev�s,
pour qu'ils ne ibient pas aper�us d'en-bas. Ces
combles font d'ailleurs mafqu�s par une baluitrade
qui regne autour de la fa�ade du B�timent, &
derriere laquelle eil un .chemin pour communi-
quer aux quatre Pavillons qui fe remarquent dans
cette Planche. Le grand Efcalier marqu� A , dont
nous venons de parler, donne entr�e par le pa-
lier G , � une Anti-chambre C , & � une Salle D,
par le trotoir marqu� H. Cet Efcalier eil �clair�
au premier �tage par trois croif�es qui n'emp�-
cheroient pas , comme nous l'avons dit ailleurs ,
qu'il f�t �clair� par une lanterne comprife dans la
calotte, fans que celle-ci f�t apparente au-dei�iis
des baluirrades ext�rieures. Les trotoirs marqu�s
H, que nous n'avons pu tenir plus larges � caufe
des mai�ifs du rez-de-chauiT�e qui les foutiennent,
pouroient faire pr�f�rer une rampe de fer � une
baluitrade de pierre ou de marbre ; mais il faut
fe reifouvenir que dans tous les cas , celles-ci
doivent �tre pr�f�r�es, & que pour l�s mettre en
�uvre, & conferver une faillie de trotoir con-
venable, il vaudrait peut-�tre mieux fe r�fou-
dre � arrafer la faillie des bafes des pilail�es, dont
-ocr page 436-
d'Architecture.            319
la ba�uftrade mafqueroit la mutilation. Cette cir-
conftance montre une de ces occaiions o� il faut
qu'un Architecte fache facrifler quelquefois les
parties au tout ; ce qui ne fe peut n�anmoins,
comme nous l'avons d�j� remarqu�, que par une
exp�rience confomm�e, qu'on ne fauroit acqu�-
rir que par l'examen des chofes faites : un homme
timide n'ofera jamais prendre fur lui cette libert�>*
s'il n'a pour autorit�, l'exemple de quelque grand
Ma�tre, ou une raifon luffifante pour appr�cier
l'imitation des licences , qu'il veut mettre en
oeuvre.
L'Anti-chambre C eft toute rev�tue de pierre
de Liais, & d�cor�e de pilaftres Ioniques, plac�es
entre iix arcades : trois de celles-ci fervent de
portes croif�es, & donnent entr�e fur une ba�uf-
trade F, dont la faillie eft. port�e fur les colonnes
Comportes, plac�es en avant - corps au rez-de-
chauff�e ; les trois arcades qui leur font oppof�es ,
donnent entr�e fur un autre trotoir marqu� Ε, pra-
tiqu� au pourtour du Sallon Β ; ce trotoir eft port�
auffi par des colonnes Compofttes, qui d�corent
le rez-de-chauff�e de ce Sallon � double �tage, &
termin� en calotte : voyez la Planche XLIV. Sur
le mur de refend de Γ Anti-chambre, du c�t� de
l'Efcalier, font deux arcades, qui diff�rent des.
fix pr�c�dentes , en ce qu'elles font bomb�es ,
pour fym�trifer � celles qui leur font oppof�es ,
Tune feinte, l'autre r�elle, donnant entr�e � un
Cabinet marqu� I. Cette Anti-chambre eft cou-
ronn�e d'une corniche en ftuc, au-dei�us de la-
quelle eft une voui�ure. A la place de cette der-
ni�re , on auroit pu pratiquer une calotte prife
dans la hauteur de la charpente; mais il auroit
�t� � craindre qu'une plus grande �l�vation donn�e
-ocr page 437-
$10                      Cours
� cette pi�ce, n'e�t difput� avec la hauteur dit
premier �tage du Sallon Β ; d'ailleurs, ce plafond
tenu m�plat, forme oppofition avec la calotte du
Sallon qu'il �toit important de laiffer dominer.
* Par les trotoirs H du grand Efcalier A , on ar-
rive a la pi�ce D, deftin�e pour la r�p�tition des
Concerts qui pouroient fe donner dans le grand
Sallon B; la iimphonie feroit plac�e fur les tro-
toirs E. La forme de cette pi�ce D eil abfolument
la m�me que celle du rez-de-chauff�e, & peut com-
muniquer du trotoir H � celui Ε, f�lon le befoin
& la deftination de la pi�ce D, fi elle cefToit
d'�tre une Salle de Concert ou de r�p�tition.
Le Cabinet I eft � pans, du c�t� oppof� aux
croif�es , non-feulement � deifein de placer la
chemin�e dans l'un de fes angles ; mais pour trou-
ver dans l'autre la place d'un Efcalier � noyau,
qui, de ce premier �tage, monte aux combles pra-
tiqu�s fur les pi�ces �, L, C, D. Ce Cabinet I a une
porte croif�e Κ, qui donne fur la terraife, pour
communiquer � d�couvert aux Cabinets M, Ν, fans
�tre oblig� de redefcendre au rez-de-chauff�e pour
y arriver par les petits Efcaliers dont nous avons
'parl� pr�c�demment.
Ce Cabinet I peut fervir, aini� que celui L ,
� contenir des tableaux & des livres, s'il arri-
voit, comme nous l'avons remarqu� , que la Bi-
blioth�que marqu�e Ν 5 au rez-de-chauff�e, Plan-
jche XXXV, ne f�t pas plac�e convenablement
�dans la principale enfilade \ ces fortes de pi�ces de-
mandant du rec�uillement. .
Du trotoir H, on peut auffi arriver par l'une
de fes portes croif�es Q, aux pi�ces marqu�es P, �,
paf la communication des terraffes > afin d'�viter »
comme
-ocr page 438-
θ 'A R � � � τ e e\t υ a �: $%t
fc�mnte nous l'avons remarqu� de l'autre c�t� < de
ce Plan , d'�tre oblig� de defcendre au rez-de*
chauff�e, pour arriver aux pi�ces fup�rieures,pra*
tiqu�es dans les quatre Pavillons, qui flanquent
les extr�mit�s de ce principal corps-de-logis.
Nous ne parlerons point de la proportion des
diff�rentes pi�ces du premier �tage, qui compo�
fent ce Plan ; elles font affuj�ties � celles du rez-de-
chauff�e : les murs de face & tle refend montent
de fond, & la hauteur des planchers peut acqu�rir
plus ou moins d'�l�vation, & �tre prife dans celle
dts combles fup�rieurs. A P�gard de ceux qui fe
remarquent ici, ils font mafqu�s parla baluftrade,
parce que nous avons voulu faire paro�tre ce B�-
timent couvert en platte forme ? comme � Ver-
failles , au Palais Bourbon ? &c.
Dans l'un des angles de chacun des Pavillons
M, Ν, Ο, Ρ, font marqu�s l�s orifices fup�rieurs
des defcentes de plomb a pour l'�coulement des
eaux ; ces defcentes traverfent le maffif des murs du,
rez-de-chauff�e jufques dans des aqueducs pratiqu�s
fous terre; & ces aqueducs conduifent les eaux dans
une petite rivi�re qui paffe pr�s de ce Palais. Ces dek
centes enclav�es dans l'�paiffeur des murs �vitent
les conduits de plomb ext�rieurs, qu'on remarque
dans les Edifices du dernier fiecle, & qui interrom-
jDoient l'ordonnance des fa�ades , coupoient les
corniches, & g�n�ralement tous les membres fail-
�ants d'Architecture. Il eil vrai qu'il faut convenir
que i� d'un cot� les defcentes dont faous parlons,
produifent un bon effet dans la d�coration �es,
dehors ; de l'autre, elles exigent une grande pr�-
caution, quand elles font ainfi. pratiqu�es dans
les �paiffeurs des murs ; autrement , lorfque ces
Tome IV�
                                     X
-ocr page 439-
322                         C OU IR S
fortes de defcentes viennent � s'engorger (d), if
eil difficile d'apporter un remede aiTez prompt
pour �viter les dommages qu'y peut cauier le f�-
jour des eaux occauonn� par quelque irruption,
par quelque engorgement, ou par quelque cong�-
lation.
Les defcentes dont nous parlons , lorfqu'on �
peu de place , fe conitruifent en pierres dures �
jointoy�es � chaux & � ciment; mais il eft mieux,
iorfque les murs qui les re�oivent ont fuffifam-
ment d'�paiffeur , de pratiquer des efpeces de
puits d'environ deux pieds ou deux pieds & demi
de diam�tre, au milieu defquels on pofe la de{-
cente de plomb, enforte qu'un ouvrier peut cir-
culer autour, les d�gorger, les r�tablir & veiller
� leur confervation. Si les murs n'ont pas aiTez d'�-
pahTeur, on emploie des tuyaux de gr�s , de bois,
de fer fondu ou de plomb; mais il faut favoir que
ceux de gr�s font fujets � fe caifer � la gel�e ;
ceux de bois � fe pourrir, ceux de fer � fe rouiller,
& ceux de plomb � fe crevaifer. D'ailleurs tous
ces tuyaux f�nt difficiles � retirer , quand ils
font pr�cif�ment contenus dans les defcentes de
pieyre. Au refte celles-ci doivent avoir la pr�f�-
rence, quand elles peuvent avoir un diam�tre aiTez
confid�rable. Il e� encore un moyen de fe fervir
de celles-ci, quoique d'un petit diam�tre; c'eit
d'obferver de neuf pieds en neuf pieds, ou plus
pr�s, s'il eft poifible, des ouvertures dans leur hau-
i                                     -------}.. ■" ' lin'. , ι;' '-;.-------------------1�-------&*H-----------?'"- ■;>
�*                         "                                         * f " ι ' * " '
(d) Pour emp�cher que les d�bris des couvertures ne paiTcn.t
dans ces conduits , & ne les engorgent, on pofe fur leur ori-
fice fup�rieur des grilles de fer en d�mes , qui s'encaftrent
dans des feuillures : ces grilles alors arr�tent tous les corps
�trangers qui poiiro�ent fe pr�cipiter &ans ces defcentes.
-ocr page 440-
b JARCH ITECTUit�.         $%}
ieiir : ces fortes d'ouvertures facilitent ie d�gor-*
gement auquel ©n rem�die par l'int�rieur des pi�-
ces de peu d'importance, ou m�me par l'ext�-
rieur des fa�ades > en obfervant de mettre un
carreau de pierre � recouvrement entre deux
joints, afin de cacher ces ouvertures. Cette pr�-
caution, quoiqu*affez fujette* nous paro�t pr�f�-
rable � toutes celles dont nous venons de parler,
& particuli�rement dans les defcentes de plomb ou
de bronze que Ton pratiquoit anciennement dans
l'ext�rieur des Edifices*
Il eil encore n�ceifaire d'obferver que lorfque
l'eau de ces defcentes ne peut s'�couler fur le
pav� des cours, faute d'avoir des pentes fufE-*
fantes qui la conduifent au-dehors, ou parce que
�e principal corps-de-logis fe trouve �lev� fur une
terraffe environn�e de jardins, on eil oblig� de
pratiquer des canaux fous terre, qui conduifent
la chute de ces eaux affez loin , pour �viter les
exhalaifons des eaux dormantes, qui n�cef�aire-
ment corromproient la falubrit� de l'air : ou il
faut avoir la pr�caution de raf��mbler une partie
des eaux du ciel dans des r�fervoirs pratiqu�s
fur les combles , comme on l'avoit obferv� avec ;
fucc�s au Ch�teau de Petit-Bourg, & que nous
en avons pratiqu� ici marqu�s b ; ou bien en-
fin, on doit fe d�terminer � en contenir la plus
grande partie dans des citernes pour le fervice
des baiTes - cours , des jardins - potagers , l�gu-
miers , &c.
On a marqu� fur la couverture des combles
de ce Plan, les louches de chemin�es des Appar-
tements du rez-de-ch�uff�e. On ne leur a affe��
aucune fym�trie, n'�tant pas aper�ues d'en-bas,
� caufe de l'�l�vation des baluitrades , & du peu .
Xi)
-ocr page 441-
3*4                     Cours
de hauteur des combles. Cependant il faut fa voit
en g�n�ral, qu'il eft eifenciel d'�lever ces fou-
ches de chemin�es d'environ trois pieds au-deffus
des fa�tages , pour emp�cher le vent de fe ra-
battre dans leur tuy ati ; caufe ordinaire de la fu-
m�e qui fe communique dans les Appartements,
Les anciens Architectes pr�tendoient que plus
les tuyaux de chemin�es avoient d'�l�vation,
& moins elles �toient fujettes � fumer : pour
cette raifon, ils leur donnoient une hauteur conii-
d�rable ; ce qui les engageoit � une d�coration
fort difpend�eufe ; ainfi qu'on remarque celles du
Louvre, du Palais des Tuileries, du Ch�teau de
Maifons, de Blois , &c. Mais l'exp�rience a ap-
pris & confirm�, que le moyen d'emp�cher la fu-
m�e dans l'int�rieur des pi�ces ne coniiftoit pas
dans la hauteur des tuyaux ; mais bien dans la
maniere de les d�voyer; feul moyen de mettre
en �quilibre la colonne d'air ext�rieure avec celle
de la fum�e produite par le foyer : enforte qu'on
�vite aujourd'hui la d�penfe & le poids �norme
de ces anciennes fouches; leur d�coration entre
maintenant pour peu de chofe dans celle de nos
B�timents.
Aux quatre extr�mit�s de ce Plan font prati-
qu�es autant de pi�ces marqu�es Ο , Μ, Ν, P.
Celle d�fign�e par Ρ, eft la Chapelle , qui monte
de fonds depuis le rez-de-chauff�e jufquau com-
ble, & dont le trotoir S de plain-pied au pre-
mier �tage fert de tribune, y compris l�s em-
brafures des croif�es. On arrive � cette tribune �
d�couvert par les termites, & � couvert par le
petit Efcalier � noyau, marqu� V; l'int�rieur de
cette pi�ce eft circulaire , & l'ext�rieur � pans ,
ainfi que les trois autres pavillon«, dont celui
ι                             �                                                                                                                      '■'■'■�.:'
-ocr page 442-
■'.
d'Architecture.            325
marqu� M peut fervir de laboratoire de Chimie ;
celui Ν, d'Obfervatoire ou de Biblioth�que ; & ce-
lui Ο, pour placer un tour. Chacune de ces pi�ces
a des Efcaliers particuliers, & leurs portes, croi-
f�es principales communiquent � des baluftrades
en faillies, prifes fur les entre-colonnements^ cora-
pofites plac�s au rez-de-chauff�e de ce Palais.
Apr�s avoir d�crit les deux Plans du rez-de-
chauff�e & du premier �tage de notre premier
projet, Planches XXXV & XLI, & en avoir fait
fentir les avantages & les d�favantages ; donnons
dans ce m�me Chapitre, comme nous l'avons
promis page 192 de ce Volume, une nouvelle
diitribution, faite pou* le m�me Palais, en ren-
dant compte des motifs qui nous ont port� �
faire les changements affez confid�rables , qu'on
remarquera fur la Planche dont nous aidons par-
ler , compar�e avec la Planche XXXV ; enfuite,
nous pr�fenterons feulement les fa�ades ext�-
rieures & la coupe de ce premier projet, qui
nous donneront occafion de r�capituler ce que
nous avons enfeign� pr�c�demment, concernant
l'ordonnance des dehors..
Defcription de la Planche XXXF7�
Nous avons d�j� rapport� que, lorfquil sV
giflbit d'�lever un Edifice de quelque importance*
il �toit indifpenfable que TArchite&e m�t tous
fes foins � rendre les dehors tr�s-r�guliers : nous
r�p�terons ici que pour parvenir � cette fin »
nous avons laiff� dans la diftribution de la Plan-
che XXXV plus d'une imperfection, que nous
n'avons pas n�glig� de faire fentir, lorfque nous
en avons fait la defcription : nous nous fomme&i
X ii|
1
-ocr page 443-
$i6                       Cours
m�me fervi, comme on a d� l'obferver, des d�-
fauts qui s'y remarquent, pour laiffer voir quand
on fe les peut permettre en faveur du bien qu'ils
peuvent procurer, foit pour ce qui concerne la
commodit�, foit pour ce qui regarde l'ordonnance
ext�rieure, ou la d�coration des dedans.
Ce nouveau Plan que nous offrons ici, eil fans
doute plus r�gulier, il a plus de grandeur, plus
de commodit�; mais nous ne voulons pas diffi-
muler que l'ordonnance des dehors, rapport�e
Planche XLII, XLIII & XLIV de ce Volume,
& qui eft celle de notre premier Plan, offre,
nous ne nous y trompons pas , un afpet~t plus in-
t�reffant que les dehors du projet que nous d�-
crivons actuellement (e), fur-tout �x l'on examine
avec attention la fa�ade lat�rale, Planche XLIII*
de laquelle on aper�oit au premier �tage la profon-
deur de tout l'avant-corps , pr�cii�ment plac�
dans le milieu de cette face lat�rale,: avantage
qui ne fe rencontreront pas dans le Plan dont
nous parlons ; aiif�i avons-nous chang� la difpo-
fition des d�pendances qui l'accompagnent, comme
on peut le remarquer |dans la Planche XXXIII,
qu'on poura comparer avec celle XXXIV : dans
ces deux Planches font exprim�es les diff�rences
qui caracf�rifent ces deux projets, ainfi que nous
en avons rendu compte, page 149 & fuivantes de
ce Volume.
Une des principales diff�rences de ce Plan fur
l'autre , c'eft d'avoir fait doubles, au lieu de femi-
(e) Nous n'avons pas eru devoir donner les �l�vations de ce
deuxi�me projet; il ne diff�re gu�re du premier que dans la difpo-
fition des ail�s; le ftyle de l'ordonnance des fa�ades eil abiV
Ijjm�n� le m�me, qu� dans la Flanche XLII & les fuivanccs.
-ocr page 444-
«'Architect ure.              327
doubles, les arrieres-corps du principal corps-de-lo-
gis. De ce changement, font n�es toutes les commo-
dit�s qui manquoient dans le Plan pr�c�dent, fans
cependant avoir nui en rien � la dimenfionr &
� la difpoiition du grand avant-corps du milieu ;
le Veilibule A , leSallcn Β & l'Efcalier C , �tant
abfolument les m�mes j les Salles d'ailembl�e D, E,
ne diff�rant non plus "de"l'autre Plan, que parce
quelles font plus r�guli�res dans leur forme : nous y
avons fupprim�les tours rondes & les pans coup�s
qui s'y remarquent, parce que fouvent ils font con-
traires � la dignit� qui doit pr�fider dansles Apparte-
ments de magnificence* Il eil vrai que la premiere
Antichambre F n'eil pas plus grande, & qu'elle fe
trouve moins �clair�e ; mais elle eil plus r�gu-
li�re , en ayant faillirait les pans coiip�s, & plac�
(es chemin�es en race de la croif�e : par ce moyen,
elles fe trouvent adoif�es � celle de la Salle d'aifem-
bl�e. Par le fec�urs de la deuxi�me Antichambre
marqu�e. G, les pi�ces ED n'ont plus befoiii de com-
munication : & cette Antichambre G donne entr�e
� la Salle � manger H :: ces deux derni�res pi�ces
manquoient eifeiiciellement dans notre dernier
projet ; ce qui, certainement, n'�toit pas un d�*�
faut peu coniid�rable. De 'cette Salle � manger,
on entre dans h Salle de compagnie I, dont
les, croif�es du milieu, pratiqu�es, dans les murs
de face , s'allignent parfaitement ; ce qui procure
� ces deux pi�ces un. agr�ment qui ne fe ren-
contre pas dans la Planche XX*XV.
Par ce moyen, cette Salle de compagnie fe trou-
ve plac�e entre les deux Cabinets : cet enfemble
forme une fuite de pi�ces de foci�t�, qui annonce
un Appartement digne de la perfonne � qui cet
pdifice eil deilin� :. avantage,. qu'on y prenne:
Xiv
-ocr page 445-
3iS                       Cours
garde, que les B�timents doubles auront toujours
fur les feml�doubles & fur les iimples. Nous avons
pratiqu�, pour cet Appartement une garderobe
particuliere Ή, qui a fon d�gagement par le pe-
tit Efcalier N. Ce petit Efcalier fert aui�i � monter
aux entrefols plac�s fur les pi�ces qui fervent
de d�pendance � l'Appartement de parade mar-
qu� Ο, & � l'Appartement d'habitation marqu� P;
tous deux ici, deilin�s pour la Ma�tre/Te du lo-
gis : nous n'en donnons pas les d�tails, dans la
crainte de nous r�p�ter avec ce que nous avons
d�j� dit, concernant l'arrangement, la difpofition,
& la forme des diff�rentes pi�ces des Apparte-
ments : nous obferverons feulement que l'Appar-
tement d'habitation marqu� Ρ , eil: tr�s-complet
dans cette diftribution, & que la pi�ce Ρ ι , dans
laquelle on entre des dehors, par la porte croi-
f�e a, fert auffi d'Antichambre � la Chapelle Q ,
afTez heureufement iitu�e dans l'enfilade des pi�ces
P, O, plac�es en aile, & tenues iimples, comme
dans notre premier projet.
Cette Chapelle eil de la m�me forme, & fuf-
ceptible de la m�me d�coration que celle que nous
avons d�j� d�crite ; mais elle ne doit pas monter
de fond, les quatre Pavillons R, S, T, U, pla-
c�s aux extr�mit�s de ce Plan �tant � un feu�
�tage; autrement, les fa�ades lat�rales V feroient
devenues irr�gulieres dans leur d�coration, n'ayant
pas eu deffein de faire les deux Pavillons S, Τ ,
plus �lev�s que les arri�re-corps X, afin delaifler
dominer Tavant-corps Y , & par fa faillie, & par
le double �tage qui eft �lev� au-deiTus, fembla-
ble en cela aux �l�vations du premier projet |'
trac� fur les Planches XUI, XLIII & XLiV.
En d�crivant ce Pian3 nous ne parlerons point*
-ocr page 446-
D'A RCHITECTURE.          3*9
«3e la maniere dont doivent �tre d�cor�es les pi�-
ces qui le eompofent : ce'que nous avons dit pr�-
c�demment , concernant cette partie de l'Art,
pouvant s'appliquer ici. Pafions � pr�fent � la
droite de ce deuxi�me projet, dont nous ne ferons
non plus, que parcourir affez rapidement les diitri-
butions ; l'afpeft de cette Planche XXXVI fup-
pl�era fuffifamment � un d�tail plus circonftanci� ,
qui ne pouroit fe faire fans une r�p�tition aul�i
vaine qu'ennuyeufe.
Nous avons d�j� averti que le Veilibule A 9 ...
& le grand Sallon B, �toient abfolument de la
m�me forme, de la m�me grandeur, & de la m�-
me d�coration que dans le Plan pr�c�dent : l'Efca-
lier C eil aui�� dans le m�me cas. Il n'y a donc que
la Salle d'aifembl�e E qui en cfifF�re ; nous y avons
retranch� la tour creufe du c�t� du mur de face ,
& � la place de cette tour nous avons pratiqu� de
petits pi�droits b, � deffein de rendre toujours
;les quatre parties de lambris c parfaitement r�-
guli�res : ces pi�droits peuvent �tre ici termin�s
dans leur partie fup�rieure, par des Cariatides ;
elles paro�troient foutenir & foulager la port�e
du fof�te de l'architrave qui traverfe cette pi�ce dans
toute fa largeur. Ce ireit pas qu'on ne puiffe ima-
giner un tout autre genre de fupport ; mais celui
que nous propofons eil fans conf�querice, & il
n'exige pas fa r�p�tition dans tout le pourtour
de la pi�ce; encore conviendrons-nous qu'il fe-
roit mieux de n'�tre pas oblig� d'avoir recours
� cet exp�dient, qui annonce toujours la n�ceifit�
d'�viter un inconv�nient par un autre.
Au moyen de ce que les deux avant-corps X font
doubles du c�t� de l'entr�e, de femi-doubles qu'ils
�toknt dans notre premier Planji'An&chaaikre %%
-ocr page 447-
3)0                       Cours
diifrif�u�e � la droite de ce deuxi�me projet, elf
■devenue d'une grandeur plus relative � l'Appar-
tement de parade & � celui d'habitation, di�ribu�s
de ce c�t� ; Appartements que nous ne d�taille-
rons point, le nom des pi�ces qui les composent
d�iignant fuf�famment leur ufage particulier. Nous
obferverons feulement que toutes celles marqu�es
A A , indiquent le grand Appartement par� , &
celles Β Β, l'Appartement priv� ou d'habitation,
qui devient plus commode ici que celui du pre-
mier Plan, parce qu'il occupe plus d'efpace , �
caufe du double dans lequel il i� trouve diftri-
bu�. Mais un objet fur lequel nous croyons de-
voir nous arr�ter, c'eit la.Gallerie , dont la dif-
pofition & la fituation nous paroif�ent de beau-
coup pr�f�rables � la pr�c�dente : premi�rement,
,parce qu'elle ne fait pas partie de l'enfilade prin-
cipale, & que , par-l�, elle peut contenir tel; ou
tel genre de collection, fans �tre expof�e � la cu-
riofit� fouvent indifcr�te d'une foci�t� nombreufe :
fecondement, parce qu'elle eil termin�e dans fes
(extr�mit�s par deux Salions: celui A A f, defti-
ge � fervir pour les entr�es de pr�dilection dans l'Ap-
partement de parade : celui A A 2, pour, des Ap<-
partements , arriver dans cette 4Sallerie. Cette: belle
pi�ce, parfaitement r�guli�re, eft �clair�e par neuf
portes croif�es ; &, dans le milieu de fa longueur ,
on peut, � raifon de l'ufage auquel on la deiH-
neroit, placer une chemin�e. Enfin , � la place
des tours creufes employ�es dans la pr�c�dente ,
fe remarquent ici des colonnes qui figurent avan-
tageufement avec les pilaftres, qui d�corent le
pourtour de cette Gallerie ; en_ un mot, il faut
prendre garde que, -du centre du Sallon A A 2,
pn jouit, �.la fois, de l'eafilade UT, & de celle
.
-ocr page 448-
d'Architecture; 331
qui, en retour d'�querre, continue dans toute lf
longueur du B�timent : ce coup d'�uil manquoit
� notre premier projet, puifque l'enfilade AB,
Planche XXXV, non-feulement traverfe la Gal-
lerie , ce qui ne peut convenir que dans le cas
o� cette derni�re feroit deftin�e � fervir de pi�ce
de foci�t� ; mais cette enfilade ne ie trouve'
pas pr�cif�ment dans le milieu de fa longueur :
d�faut qu'il faut �viter avec foin, & que nous
nous fommes permis dans notre premier projet,
en faveur de l'ordonnance des dehors.
Avant de paffer � la d�coration des fa�ades de ce
Palais, jetons encore un coup d'�uil rapide furies
deux Plans grav�s, Planches XXXV & XXXVI;
& ne craignons pas de r�p�ter, que la premiere
diftribution, moins parfaite que la f�conde, a
produit des dehors plus r�guliers; ainii que nous
allons le remarquer en d�crivant les Planches XLII,
XLIII & XLIV qui vont fuivre. Mais examinons
que cette fym�trie ext�rieure convenable � ob-
server dans les fa�ades d'un Edifice ifol� de toute
part, ne doit pas faire n�gliger � FArchitefte la
relation qu'il doit mettre entre les dedans & les
dehors ; piuiq�'autrement ce feroit vouloir, comme
dans nos anciennes demeures, facrifier la com-
modit� des Appartements � l'ordonnance des fa-
�ades : ce d�faut ne feroit plus tol�rable aujour-
d'hui; nos Archite&es, depuis les Manfards, ont
donn� � la diitribution de nos B�timents, un d�-
gr� de perfe�Hon, dont nous ne pouvons plus
raifonnablement nous �carter, en ayant une fois
reconnu l'utilit� & l'agr�ment, C'eft donc � l'ex-
p�rience de l'ordonnateur, & aux reiTources de
fon imagination, de chercher des moyens de conci-
liation, pour accorder, autant qu'il eft poffible.
'-...
-ocr page 449-
φ
332                     Cours
l'ext�rieur avec l'int�rieur ; il faut qu'il retourne
� diverfes reprifes, les mafles de 'fon Plan, d�t-il
y changer toute la difpofition de fon projet, ainii
que nous l'avons fait nous-m�me ; car notre deu-'
xieme Plan a beaucoup d'avantage fur le premier ;
cependant les dehors, quoique diff�rents de ceux
de la Planche XXXV, n'en font pas moins r�-
guliers; ils font dans un autre genre, & Ton peut
remarquer dans les dedans, plus d'efpaces, des
pi�ces plus libres , plus commodes & plus conve-
nables � l'objet de l'Edifice. Un autre avantage »
� notre avis , c'eft que cette diilribution eil plus
fimple, & moins tourment�e; qu'elle montre moins
de petites parties, de reffauts, d'angles ^de con-
tours, en un mot, que fa marche paro�t a�f�e r
autant de qualit�s effencielles � obferver dans un
Plan, δε qui, lorfqu'on f�ait fon Art, n'emp�-
chent pas qu'on accorde au g�nie, les chofes d'a-
gr�ment dans les parties acceiToires, fans nuire
� la dignit� qui doit pr�fider dans les pi�ces ca-
pitales. Cette vari�t�, bien loin de bieffer F�uil»
fait au contraire juger avantageufement des ref-
fources, du go�t & de l'exp�rience de l'Architeck*
\)
,k. / :-■■■;,. "■ ■ ,- J-\-� ' ,<:..;'
~�■=■"--- � i
-ocr page 450-
333
d'Architecture;
CHAPITRE IV,
OBSERVATIONS SUR LA D�CO-
RATION DES FA�ADES,
Appliqu�es a l'ordonnance ext�-
rieure du Plan trac� sur la
Planche XXXV, d�crit dans le
Chapitre pr�c�dent.
Notre intention η eft pas de r�p�ter dans ce
Chapitre, les r�gles que nous avons enfeign�es
dans les Volumes pr�c�dents, concernant la d�-
coration ext�rieure des �difices; mais ieulement
de rendre compte des motifs qui nous ont port�
au choix des ordres Compofite & Corinthien,
pour l'ordonnance des Fa�ades de ce Palais , &
des raifons qui nous ont fait �lever deux Ordres
l'un au-deffus de lautre dans certaines parties de
ce B�timent. Enfin, nous dirons pourquoi nous
avons couronn� d'un comble la partie du milieu
du grand avant-corps, pendant que nous avons
fupprim� les combles par-tout ailleurs. Il ne faut
donc pas s'attendre � trouver ici des pr�ceptes ;
mais feulement l'efpece de raifonnement qui doit
accompagner toutes les produdions dun Archv
teSe ; raifonnement qui ne s enfeigne point ;
-ocr page 451-
334                    Cours
mais qui s'acquiert � force de comparer, les uns
avec les autres, les ouvrages �lev�s par nos Ma�-
tres , & de chercher � ?fe rendre compte des
objets qu'il eil bon d'imiter , & de ceux qu'il con-
vient d'�viter. Les objets qui fouvent nous ont paru
bien faire o� nous les avons aper�us, peuvent ne
point convenir � notre compofition , & engen-
drer un abus dans l'ordonnance , quoique dans
l'�difice o� nous les avons vus, ils annon�aient,
peut-�tre , une reifource in g�nie ufe employ�e par
l'ordonnateur.
Planche XLIL
El�vation g�om�tralc d'une des Fa�ades prin-
cipales d'un Palais de foixante-fix
toifes de face,
La Fa�ade exprim�e fur cette Planche donne
la d�coration ext�rieure du c�t� de rentr�e ,
prife fur toute la longueur du Palais , dont nous
avons donn� la diilribution Planche XXXV , &
dont l'ordonnance peut fervir, � quelque chofe
pr�s, pour. le.f�cond projet Planche XXXVI,
dont nous venons au�i de rendre compte plus
haut.
Nous avons pr�f�r� l'crdre Compofite, pour
r�gner dans tout le pourtour du rez-de-chauff�e
de cet Edifice ; comme l'ordre qui, ind�pendam-
ment de fa richeiTe , pr�te le plus � la diitiibu-
tion des membres ext�rieurs, & � la relation que
ceux-ci doivent avoir avec la d�coration des de-
dans ; enforte que nous n'avons furmont� cec
#rdre par le Corinthien, que dans le grand avant-
HM^BH
-ocr page 452-
d'Architecture 335
fcorps du milieu, � deffein de faire pyramider ce
dernier, fur toute l'�tendue del� fa�ade : &, com-
me cet avant-corps a lui-m�me une certaine capa-
cit� , nous lui avons fait faire un reffaut que nous
avons couronn� d'un fronton, triangulaire , au-
deffus duquel s'�l�ve un comble en plate-forme,
lequel femble donner � toute cette partie majeure,
une forme pyramidale, que nous avons cru n�-
ceffaire dans un tel Edifice.
Dans le rez-de-chauff�e de cet avant-corps >
font des colonnes ifol�es, � plomb defquelles s'�-
l�ve une baluitrade, & au-deffus de chaque pi�-
deftal des ilatues, qui, par leur faillie, donnent de
l'int�r�t � cette ordonnance ; la d�coration des
ieuls pilaftres qui r�gnent au premier �tage , fert
encore � la faire valoir, fans n�anmoins appor-
ter de difparit� dans ces deux �tages : le premier
au contraire, paro�t �tre une fuite de celui du
rez-de-chauff�e, d�cor� aui�i de pilaftres plac�s
derriere les colonnes, de maniere que celles-ci
forment, pour ainii-dire , toute la richeiie de cette
Fa�ade. On obfervera de plus, que leurs entre^
colonnements fe trouvent difpof�s de telle forte,
que la proportion des arcades qui occupent leur
efpace, ainii que les pi�droits , les importes, les
archivoltes & les claveaux, font dans un par-
fait rapport avec l'expreffion Compofite, & que
la largeur de ces entrecolonnements a �t� cal-
cul�e de maniere, que les entre-pilaflres du pre-
mier �tage ont pu recevoir des niches carr�es,'
qui contiennent les ouvertures : ces niches � rez^
de-chauff�e ont autorif� les tables, plac�es au-
deffus, dont l'application & la difpofition fon|
toujours un bon effet, comme nous l'avons re-
piar�ju� plufieur^^>is?_ dans les premiers Volume«.
-ocr page 453-
336 §         Cours
de ce Cours, en parlant de la porte Saint-Denis #
deTArc-de-triomphe du Tr�ne , de la Nef du
Val-de-Gr�ce, &c.
Qu'on ne s'imagine pas que ce foit l'apologie de
notre �l�vation que nous nous propofons de faire
ici ; nous fommes bien �loign�s de la croire fans
d�fauts; notre intention eil feulement de rendre
compte des proc�d�s dont nous nous fommes
fervi, & qui �manent abfolument des r�gles que
nous avons enfeign�es dans les Le�ons pr�c�-
dentes. Pour convaincre nos Le&eurs de cette v�-
rit�, nous aurions bien d�iir� pouvoir donner
en grand les d�tails dans lefquels nous fommes
entr�s � cet �gard; mais nous ne pouvons leur
offrir que des gravures. affez imparfaites, & r�-
duites fur une fort petite �chelle ; nous les ex^�
hortons donc � traduire en grand, les �l�ments
� la main, un ou deux entre-colonnements du rez-
de-chauif�e , & autant d'entre-pilailres du pre-
mier �tage, pour s'affurer, par une combinaifon
r�fl�chie , combien ce que nous leur confeillons
eft int�reffant, & combien il eft poifible d'arriver,
malgr� les difficult�s de l'Art, � un certain d�-
gr� de jufteffe. Cette �tude que nous regardons
comme indifpenfable, les emp�chera de fair�
ufage , dans leurs Fa�ades, de membres d'Ar-
cEitecfure pris au hazard ; membres qui, faute
d'avoir des rapports entr'eux , &. d'annoncer le
v�ritable caract�re de l'Ordre, ne pr�fentent fou-
vent � l'examinateur, que des productions , dans
lefquell�s on remarque tout � la fois le gsnre an-
tique, ancien & moderne; ou, ce qui ne vaut
gu�res mieux , le genre pefant avec le d�licat;
On eft expof� � tomber dans ces d�fauts, quand
q�i a �t� mal enfeign�, ou qu'on ne fe donne pas
la
-ocr page 454-
d'Architecture.         §37
h. peine de fe rappeler & de fuivre les vrais pr�-
ceptes de l'Art.
Les baluilrades qui Te remarquent dans la
Planche que nous d�crivons, paroiflent un peu
�lev�es ; mais il faut prendre gard� qu'elles font
exprim�es ici fuivant leur hauteur r�elle, & non
f�lon leur hauteur apparente, parce que cette
�l�vation eil vue g�om�tralement : car autre-
ment, il eil aif� de concevoir que, par l'effet de
l'Optique, la faillie de la corniche de l'ordre de
dei�ous mafqueroit n�c�ffairement une grande
partie de cette hauteur; attention qu'il ne faut
point perdre de vue , & qui exige de la part de
l'Archke�te des lumi�res plus �tendues que celles
d'une th�orie puremen� ip�culativ�^ Au refte, il
n'y a,qu'� fe rappeler ce que nous avons enfei*
gn�� cet �gard dans �e Volume pr�c�dent ,
page 291, en d�crivant la Planche U.
� �Nqus'n'avons plac� qu'une ouverture, dans la
largeur des arriere-corps, qui acotent celui du mi-
lieu , couronn� d'un fronton ; d'o� il a r�fult� de
moyens entrecolonnements, dont les eipaces font
occup�s par des tables orn�es de troph�es, tant
dans l'ordre d'en bas, que dans celui d'en haut.
Ces moyens entrecolonnements, difpof�s ainii,
& la feule ouverture dont nous parlons, engen-
drent des trumeaux, fans doute un peu pei�hts; nous
avouons ce d�faut, car c'en eil un , la largeur
des trumeaux devant certainement fe reflentir de
la fermet�, ou de l'�l�gance des Ordres : or, ce
font les Ordres d�licats qui pr�ndent ici : il �roit
donc efTenciel que les trumeaux euiTehr plus d'�-
l�gance qu'on n'en remarque dans cette ordon-
nance ; mais de deux chofes l'une, ou il falloir
en ufer., comme on. le voit ici > « ou il fol-
-ocr page 455-
338                       Cours
lolt placer deux arcades dans ces arriere-corps.
Cette ordonnance que nous avons employ�e dans
les Plans des Planches XXXV & XXXVI, du
c�t� des Jardins, a produit un trumeau dans le
milieu, qu'il eil toujours effenciel d'�viter, dans
les parties capitales d'un �difice. Ces deux d�fauts ,
dans ces deux projets, font n�s d'une part, de
la difpofition des maffes du Plan; de l'autre, de
la relation qu'il a fallu donner � toute la lar-
geur de cet avant-corps, compar�e avec l'�ten-
due des ailes qui l'accompagnent : de maniere,
que nous pouvons avancer, que c'eft dans ces oc-
cafions, qu'il faut que l'Architecte f�ache pren-
dre ion parti, en faveur des dehors ou des de-
dans de f�n projet ; parce que, lorsqu'il s'agit d'ac-
corder la beaut� de l'ordonnance ext�rieure, avec
la commodit� int�rieure des Appartements, il eft
f�uvent n�ceffaire, quand les r�gles manquent,
d'avoir recours aux refiburces, pour concilier,
le moins imparfaitement qu'il eft poflible, ces
deux parties int�rerTantes de l'Archite�ture; ten-
tative n�anmoins qui n'avoit pas encore �t� faite
du temps de Fran�ois Manfard, de D�broffes,
dele Mercier,&c. aufli ces grands hommes �l�«
voient-ils des Fa�ades plus r�guli�res. Au refte V
notre intention n'eft pas de le taire, le d�faut que
nous remarquons dans notre �l�vation, n'eft pas
trop bien rachet� par la perfeaion des dedans;
puifque nous avons d�j� obferv� , en parlant du
premier Plan de ce Palais, Planche XXXV,
que l'Anti-chambre ou la Salle � manger M 3 ,
& la Salle de compagnie M 4, �toient aflez mal
�clair��s. Nous avons connu ces d�fauts , fans
doute ; mais nous les y avons laines, parce que
le premier m�rite d'un tel projet, nous paroi*
-ocr page 456-
ί<;
o'ARGH�TEetU�E.           J39
ton�i�er dans l�s beaut�s d'enfemble, & quil vaut
mieux, en faveur de celles-ci, p�cher dans les
acceifoires. Dans un Edifice de cette importance \
les maffes doivent avoir la pr�f�rence iur les d�-
tails : il vaudrait mieux fans contredit, que toutes
les parties fuffent r�guli�res ; mais, comment par*
Venir � ce degr� de perfection, depuis fur*tout ,
que nos Architectes modernes, guid�s par la r�-
flexion & le bon go�t, ont regard�, comme une
loi indifpenfable, de faire marcher enfemble, $:
d'un pas �gal, les trois branches de l'Architecture|'
la commodit� , l'ordonnance & la folidit�. Qu'on
y prenne garde ; cette triple unit� ifeft plus une
icience ignor�e aujourd'hui, m�me de la plupart
d� nos Elev�s. Il eit vrai que cette conciliation
entra�ne apr�s foi des licences prefqu'ih�vitables �
& que c'eft le plus habile qui les met en oeuvre 1
pendant que celui qui en fait moins '9 �e$ trans-
forme en abus, & ne produit que des m�diocre
t�s, dont nous avons fait, plus d'une fbis,aper*
cevoir l'ineptie dans nos Le�ons pr�c�dentes. Il
ne s'agit donc plus, dans ce Chapitre, de rele-
ver de telles erreurs ; notre objet eft tle faire
conno�tre,'fans vouloir pallier nos propres d�*
fauts, que l'Artifte le plus initruit, n'eil pas tou-
jours le ma�tre de r�unir toutes les beaut�s d�
l'Art dans (es compositions, & que dans l'Archi*
te�ture, celui qui acquiert le plus de c�l�brit�,
eft pr�cif�ment celui qui fait mettre le plus a
profit les licences de l'Art, pour faire valoir,
avec plus d'�clat les maiF�s de fon �difice.
Ofons citer encore une fois Hardouin Manfard ;
quels traits de g�nie n'admire-t*on pas dans1 fes
ouvrages ! combien n�anmoins de licences dans
fes chefs-d'�uvre! Mais, qu'on y r�fl�chifle,
? H
\
-ocr page 457-
340                      Co v R s
ces �carts peuvent �tre regard�s comme des
fautes heureufes , parce qu'il �toit un grand hom-
me , & qu'il n'y a que des yeux f�v�res qui puif-
ient les d�m�ler au milieu des beaut�s fans nom-
bre dont ils font remplis. *
Tranchons le mot ; il n'efl plus gueres queftion ici
des �l�ments, concernant la commodit� & l'ordon-
nance des B�timents; nos Le�eurs font cenf�s aifez
inilruits fur ces deux parties int�reifantes de l'Ar-
jchit�&ure : d�s-l�, ils doivent eflayer de voler de
leurs propres ailes, & nous les croyons en �tat,
apr�s les pr�ceptes enfeign�s jufqu'ici, de n'avoir
plus que des confeils � demander aux Ma�tres de
l'Art, pour s'affermir dans la carri�re o� ils font
entr�s : il ne leur refte donc qu'� examiner »
qu'a penfer & � r�fl�chir , pour , enfuite, s'at-
tacher � l� d�coration des dedans, dont nous
traiterons , dans le Volume fuivant, & de-l� ,
paffer � l'exp�rience, dont nous leur donnerons
des notions fuf�ifantes , dans le fixieme & der-
nier Volume de ce Cours.
j Nous avons d�j� fait remarquer, que nous
avons plac� un comble au-deffus du fronton de
l'avant-corps du milieu de ce Palais. Nous di-
rons ici, que, quoique notre intention ait �t�
principalement, en l'amenant fur la fc�ne, de faire
pyramider cet Edifice, c'eil particuli�rement i'u-
fage int�rieur du grand Sallon , fon diam�tre &
fon �l�vation, qui nous y ont autorif�, tant les de-
dans influent fur les dehorsii & que peut-�tre,
fans lan�ceffit� de donner beaucoup de hauteur
� cette pi�ce, nous nous ferions paif� de cette
forme, pyramidale, parce que cet Edifice �tant
partout ailleurs fans combles apparents, on pou-
roit regarder celui dont nous ^parlons,., comme tin
\
-ocr page 458-
^'Architecture.           341
objet f�par� & peu aflbrti � l'ordonnance des fa-
�ades. Nous ne ferions donc point �tonn� que
ce comble �prouv�t cette cenfure : nous fommes
m�me tout pr�t � en convenir; mais'-en meine
temps, nous croyons pouvoir avancer que nous
ne conf�rerions pas de vouloir le continuer ,
fur-tout au premier �tage de ce B�timent, parce
que-ce comble, ainii continu�, �teroit � l'Edi-
fice le caracl�re de Palais, pour lui donner celui de
Ch�teau ; cependant, comme nous l'avons dit ail-
leurs* chaque B�timent doit avoir une maniere
de s'annoncer qui lui foit propre : fentiment au*
quel nous tenons beaucoup, quoiqu'il foit com-
battu par le plus grand nombre, � en juger par
la plupart de nos prodticBons Fran�oifes, �lev�es
dans la Capitale ou � la campagne;' v"
Nous avons plac� dans les ailes qui font d'un
feul �tage, des portes troif�es, comme dans le
'grand avant - corps : nous fommes perfuad�
que ce m�me genre de d�coration , non-feule-
ment contribue � l'unit� que nous avons tant
recommand�e ; mais que ces arcades ajoutent beau-
coup plus � la grandeur de l'Edifice , que fi � leur
place on e�t mis des croif�es ; parce que ce dif-
f�rent genre d'ouvertures femble divifer l'Ordon-
nance. D'ailleurs ces deux ailes, qui, compar�es
avec le r�fle de la fa�ade, ont beaucoup moins
d'�l�vation, auroient paru trop difpar�tes , fi l'on
e�t chang� le ilyle dans ces ouvertures. La feule
diff�rence qui fe remarque ici, c'eil que ces ar-
cades fe trouvent enferm�es dans des niches car-
r�es , tandis que celles du grand avant-corps n'�ri
ont point ; par la raifon, que la largeur des en-
trecolonnements du rez-de-chauff�e doit tou-
jours �tre moindre que celle des entrepilafires ^
Y.iij
-ocr page 459-
342           ,3 C ο ν R s
� caufe de la port�e des plates-bandes des �r~
chitraves, qui �tant foutenues en fair d\ine coi
lonne � l'autre, exigent une folidit� r�fl�chie, &
qu'en Architecture, cette partie de l'Art doit
avoir le pas fur toute autre confid�ration : d'ail-
leurs, il y faut prendre garde; il n'y a gueres
que les modernes qui fe foient permis la tr�s-
grande largeur des entre colonnements qu'on re-?
marque dans la plupart de nos B�timents : au
contraire, les anciens rapprochaient leurs colon-
nes fort pr�s les unes des autres, & les diftri-
buoient, dans le m�me Edifice, d'une parfaite �ga-
lit� , pendant que nous les �loignons fouvent trop,
& que nous varions, dans une m�me fa�ade , leur
��artement,^ � raifon du befoin de concilier les
dehors avec l�s dedans;,. A jCe dernier �gard, nous
croyons que c'eft une1 obligation que nous avons
de plus '� nos Archite�es Fran�ois , parce qu@
cette diverlit� de largeur entre les colonnes ,
apporte 'que^efois , dans l'ordonnance de nos
Edifices, particuli�rement dans ceux deilin�s �
l'habitation, une difpofition moins monotone qui
r�uf�it toujours bien , lorfque l'Artifte nufe de
cette vari�t� que pour donner plus d'�clat, plus
de jeu , plus de mouvement � fa cpmpoiition. Au
reite, il faut f�avoir ne jamais m�fufer de cette
libert�. Par exemple, ce feroit au moins une n�-
gligence, de faire les entrecolonnements in�gaux
entr'eux dans une m�me fa�ade, lorfqu'ils ont
une m�me deftination , ainfi qu'on peut k remar-
quer dans les Pavillons des extr�mit�s de notre
Fa�ade; in�galit� que nous avons trac�e ainfi,
pour en faire fentir l'abus, aucune raifon l�gitime
ne pouvant autorifer cette diifonance. Qu'on s'en
�eiTouvienne} nous l'avons dit ailleurs, les entr�-*
-ocr page 460-
d'Arcs � τ ε c τ υ r e. . 34$**
colorinements doivent avoir une relation d�ter-
min�e avec l'expreffion de l'Ordre : or, comment
conferver cette relation indifpenfable , lorfqu'on
fe permet cette licence ? La commodit� des de-
dans eft infuffifante , δε ne peut favoriier cette
inattention ; & ii quelquefois , le rapport que les
maffes doivent avoir avec les parties principales ,
femble exiger cette in�galit�, il en faut ufer avec
tant de prudence, & rendre ces diff�rences fi
peu fenfibles, que le fpe&ateur le plus intelli-
gent fe trouve forc� d'applaudir aux rei�burces de
FArchite&e. En un mot, nous ne nous laiTons
point de le r�p�ter, aucune conf�d�ration parti-
culiere ne peut pr�valoir fur les raifons de fo-
lidit� ; & lors m�me que l'Art fait furmonter tou-
tes les difficult�s de la main-d'�uvre, on n'eil
pas difpenf� pour cela de rendre l� conftru&iori
de fon ordonnance vraiiTemblable ; autrement,
elle inqui�te l'examinateur �clair�, & devient une
forte d'�nigme pour ceux qui le font moins.
Les Pavillons des extr�mit�s de cette Fa�ade
ont auffi deux Ordres d'Architeoure, comme dans
le grand avant-corps ; mais, pour donner plus de
mouvement & de l�g�ret� � l'�tage fup�rieur de
ces Pavillons, nous avons, dans chacun de leurs an-
gles , form� des pans coup�s , Comme on peut le re-
marquer dans le Plan de la Planche XLI.Nous avons
cru pouvoir faire ufage ici de ces pans coup�s ;
premi�rement, parce que l'�l�gance des Ordres
qui d�corent cette Fa�ade, autorife ce mouve-
ment dans les Plans & dans les �l�vations ; fecon-
dement, parce que nous aurions craint qu'en mon-
tant carr�ment ces Pavillons, ils ne deviniTent
pefants � 1'ceuil, & que cette pefanteur n'offr�t une
eontradi&ion, compar�e avec le cara&�re d�|icai
Y�y
; : '                                                          Λ ■:.'■■■'                                             ' ίv'
-ocr page 461-
344                      Cours i
des Ordres employ�s ici. Au reite* nouslahT�ns
aux Ma�tres de Γ Art � juger fi nous avons eu
raifon ^ mais* en attendant ce jugement, qui, �
le bien prendre, n'eil qu'une affaire d'opinion ,
nous rappellerons � nos Elev�s, -que dans les �l�-
ments du commencement de ce Cours , nous leur
avons prouv� combien il eil important que tous
les membres d'Architedure amen�s dans la d�co-
ration , pnifent leur fource dans Texpreffion des
Ordres qui pr�iident dans l'ordonnance, & com-
bien il eil int�refiant que la forme des Plans, &
le mouvement des �l�vations y prennent aufli le
caracl�re que chacun d'eux y doit offrir, foit en
les confid�rant f�par�ment, foit dans la r�union
des partjes compar�es les unes avec les autres.
Fond� fiifc ce raiibnnement, trop n�glig� par
le plus grand nombre , du moins nous rendons
compte � ceux qui d�firent bien faire, des mo-
tifs qui nous ont fait pr�f�rer ces pans coup�s, &
comme analogues � l'Ordre Corinthien, & comme
contribuant � faire pyramider chacun de ces Pa-
villons, fans pour cela, avoir recours � aucune
autre efpece de couronnement, que la baluilrade
fup�rieure : le Plan ιde« cette derni�re , aid� de l'ef-
fet de l'optique ,fuffit pour produire la forme pyra-
midale qu'on pouvoit d�firer ; & l'on eil bien fond�
a d�faprouver les attiques, les combles & les lan-
ternons qu'on emploie aifez ordinairement en pa-
reille occaiion, fans r�fl�chir que non feulement
ces fortes d'amortiiTements ne conviennent pas
par-tout ; mais que fouvent ils fe contredirent
avec Je caract�re de f Edifice.
-ocr page 462-
©'Architecture:. , 34I
El�vation g�om�trale d'une des Fa�ades lat�-«
raies d'un Palais dejoixante-fix toifzs
de face.
'Planche XLIIL                -
Nous ne r�p�terons point ce que nous venons
de dire, touchant la d�coration de ce Palais*
cette face lat�rale �tant ai�uj�tie � la m�me or-
donnance que la pr�c�dente : nous nous propo-
fons feulement de faire remarquer, que c'eit pour ,
rendre cette �l�vation plus fym�trif�e, que nous
avons plac� Taxe du pignon du grand avant-
corps, pr�cif�ment � plomb de celui de reten-
due de cette fa�ade ; ce qui nous a engag� �
faire r�gner � �gale diftance , tant du c�t� des
jardins, que du c�t� de l'entr�e, l'aile fimple
qu on remarque dans la Planche XXXV : il �toit
n�ceflaire d'obferver cette fym�tri� dans les de-
hors de ce Palais; parce que cette face lat�rale1
eil aper�ue dans route la longueur des all�es
plant�es en face du retour de cet Edifice, dont
nous avons indiqu� la difpofition dans le Pla»j
par maflfe de la Planche XXXI�I. Nous ne fai-
�bns cette obfervation, que parce qu'on n�glige'
affez ordinairement les faces lat�rales de nos"
B�timents, ce qui, cependant ne devroit avoir�
lieu, que lorfque le principal corps-de-logis fe
trouve flanqu� par quelques bouquets de bbis�,-
ou par quelques d�pendances principales de ΙΈ*>
difice. Ici notre intention eu toute autre; nou�'
avons voulu �ifoler de toute part, afin de pou^
y�jr rendre compte des difficult�s d'un tel pro-
-ocr page 463-
                    Cours-i
jet, toujours plus difficile � ex�cuter, qu'un B�-
timent dont les retours ne font point aper�us,
ou ne le font que bien peu. Au relie , c'eit � l'ex-
p�rience de l'Architecte, � pr�voir les inconv�-
nients qui peuvent en r�fulter; & c'eit pour aider
ceux qui d�butent dans cette partie de l'Art, que
nous avons fait fuivre au projet de la PI. XXXV,
une autre distribution trac�e fur la PI. XXXVI,
� l'occafion de laquelle nous avons auffi pr�fen-
|� d'autres d�pendances , indiqu�es fur la Plan*
che XXXIV, Planches o� nous renvoyons nos
Lecteurs, ainfi qu'� leurs diftributions ; c'ei� le
feul moyen de faifir nos id�es , & d'acqu�rir,
par la fuite , la faeult� d'ajouter de nouvelles
�tudes �.ce que nous enfeignons dans ce Volume,
fans n�anmoins vouloir trop s'�carter des pr�-
ceptes qu'il contient.
� -Il eil aif� de s'apercevoir que la continuit� du
comble qui fe remarque fur le premier �tage de
©ett� fa�ade lat�rale » fait un bien moins bon effet
que dans la Planche pr�c�dente , fa malfe paroif-
fant lourde & pauvre ; auffi eft-ce pour corriger
©S d�faut, que nous l'avons termin�e en plate-
forme couronn�e d'un appui de fer ; un faux
qoriible Fauroit rendue plus infoutenable encore*
- A l'�gard des deux croif�es du premier �tage,
dans lefquelles Taxe ne tombe pas � plomb de
celles du rez-de-chauff�e , cette irr�gularit� n�
peut paffer pour un d�faut : il faut f�avoir fe per-
mettre cette licence, fur-tout lorfque, comme
ici, le premier �tage eft recul� de la face prin*:
ciptle d'environ vingt-quatre toifes; puifque cette
diitance & l'optique rendroient nulle la f�v�rit�,
dont on auroit voulu ufer pour les rendre r�-
guli�res. Ceft4� un de ces cas, par exemple 9 o�
-ocr page 464-
d'Architecture.            347
il faut en f�avoir affez, pour ofer s'�carter des
r�gles re�ues. La feule th�orie rend iouvent ti-
mide , & emp�che de quitter la regle & le com-
pas; l'exp�rience , le go�t,le raifonnement, f�a-
vent franchir le pr�cepte, ou du moins, ils in-
diquent le moyen de l'interpr�ter; & c'eit. del�,
nous pouvons le dire, que font n�s les ouvrages
cle g�nie qui honorent la France & nos Artiftes.
Mais , qu'on y prenne garde : il eft un tempjr
pour ofer ; il n'appartient pas �' tous de le faire;
il faut avoir beaucoup vu, avoir examin� avec
foin les reifources employ�es par les grands Ma�-
tres , avoir appris de bonne heure � difcuter l'Art ;
en un mot, il faut avoir r�fl�chi fur les tenta-
tives qui ont r�uffi, & fur celles qui n'ont en*
gendre que des m�diocrit�s : autrement, il faut
s'en tenir aux El�ments, jufqu'� ce qu'on ait ac-
quis aifes de talents, pour juger ce qu'on doit
fe permettre ou fe d�fendre abfolument.
Coupe prife fur la profondeur du principal
Corp s-de-logis d'un Palais de foixante^fx
toifes de face.                    ,i, r
Planche X L I V.
Nous ne parlerons dans cette Planche, que de
la coupe prife dans la profondeur du grand avant-
corps du principal corps-de-logis de ce Palais ;
les deux Pavillons, & ce que Ton vpit des deux
ailes en retour, �tant abfolument de la m�me
ordonnance que les �l�vations dont nous venons
de parler ; mais nous r�p�terons encore une fois *
parce que cette r�p�tition eft importante ici, que
-ocr page 465-
$4$ #            Cours
c eil pour avoir voulu placer ce principal av�nc-
corps pr�cis�ment dans le milieu des quatre Pa-
villons qui flanquent cet Edifice, & faire pafler
l'enfilade AB, du Plan de la Planche XXXV,
dans le centre du grand Sal�on, que cette m�me
enfilade ne fe trouve pas dans le milieu de la lon-
gueur de la Gallerie ; d�faut que nous avons re- ®
marqu� en d�crivant celle trac�e fur la PI. XXXVI,
beaucoup plus int�refTante que celle de la Plan-
che XXXV : c'eit pour cette raifon que nous
avons chang� toute la difpoiition de ce deuxi�me
projet, lequel m�rite la pr�f�rence � beaucoup
d'�gards, pour ce qui regarde la commodit� des
dedans, comme le premier la m�rite en faveur de
l� r�gularit� des dehors. En effet, qu'on fe rap-
pelle la fa�ade lat�rale, dont nous venons de faire
mention, avec l'image ext�rieure des dedans d�
��tte coupe, & l'on fera convaincu qu'il n'y au^
roit pas � balancer fur le choix du premier pro-
jet , f� , comme la plupart de nos pr�d�cef- Ί
ie�rs, nous n'enflions eu pour objet que la d�-
coration ext�rieure, tels qu'en ont uf� les Lef-
cot, les Delorme, les Desbroffes, les le Mercier y
les
le Veau; mais dans ces Le�ons, o� il s'agit
d'enfeigner les moyens de r�unir eniemble les-
trois branches de l'Art, qu'on cherche � conci-
lier aujourd'hui, nous n'avons pu nous difpenfer
d'introduire dans notre projet, quelques licences
dont Hardoliin Manfard nous a enfeign� lui-m�me
l� route, dans fes productions c�l�bres. Il ne,,,
fuffifoit donc pas de donner nos Plans de diitri-
bution, il falloit encore produire les fa�ades ex-
t�rieures , & la coupe d� ce Palais, afin d'avoir
occafion de revenir � plus d'une reprife fur ce
projet : cette maniere d'op�rer donnera fans douta.
'.
-ocr page 466-
d'Architecture,            149
� nos Elev�s, l'id�e de revenir de m�me dun
objet � l'autre, pour r�fl�chir � loiiir fur les par-
ties qui peuvent autorifer les licences les plus in-
difpenfables, mais qui, lorfquelles fe trouvent d�-
plac�es, ne montrent plus aux connoiffeurs que
l'abus, au lieu des reffources & des pr�ceptes
de l'Art.
On peut voir par cette coupe, que la charpente
du comble auroit pu ne r�gner que fur le grand,
Sallon ; �l�vation indifpenfable � caufe de la hau-
teur de la calotte qui termine l'int�rieur de cette
pi�ce. On auroit pu de m�me fe contenter d'un
comble � deux �gouts, fur l'Anti-chambre du pre-
mier �tage, plac�e au-deffus du Veilibule, du c�t�
de l'entr�e ; mais, d'un c�t� , le grand avant**
corps, en arrivant � ce Palais , auroit �t� ter-
min� moins henreufem�nt; & de l'autre, �e com-
ble , difparate dans fa forme , auroit rendu la fa-
�ade lat�rale , Planche XLIII, mal couronn�e ,
cette �l�vation devant, comme nous l'avons re-,
marqu� plus haut , �tre aper�ue d'un point de
diilance affez coniid�rable.
En d�crivant le Plan auquel appartient cette cou-
pe , nous avons aufli annonc�, page 216 de ce Volu-
me, que l'ordonnance int�rieure de ce grand Sallon,
devoir �tre en marbre, & que pour cette raifon ,
nous avons tenu fa d�coration d'un flyle grave;
le choix de la mati�re devant gouverner le genret
de FArchite&ure. Nous avons encore infmu� ,
que, relativement au ton vari� de fes marbres de
couleur, on pouvoit, au lieu de Sculpture, pr�^
f�rer le miniit�re de la Peinture, dans la vo�te
de cette pi�ce , ainli qu'on a voulu l'indiquer dans
cette Planche, affez mal grav�e � la v�rit�; ceux
qui fe m�lent de graver l'Architecture , �tant ,
l
I
-ocr page 467-
3 fo                    Cooks
pour la plupart, fans principes & fans go�t, mal-
gr� les fecours qui leur font offerts, dans nos
Conf�rences publiques, depuis nombre d'ann�es ;
enforte qu'il ne faut regarder cette coupe, que
Comme une image aiTez imparfaite, qui donne
feulement l'id�e de notre compoiition.
Nous terminerons ici la r�capitulation que nous
nous �tions propof� de faire, concernant l'or-
donnance ext�rieure des B�timents : r�capitula-
tion qui, d'ailleurs , nous a paru indifpenfable ,
pour faifir l'occaiion de rappeler � nos Elev�s
la relation intime qu'ils doivent s'efforcer d'ob-
ferver entre les dehors & les dedans de leur Edi-
fice; ce qui, comme nous l'avions promis, nous
a amen� � des difcui�ions r�fl�chies qui confir-
ment les pr�ceptes, de l'Art, en les pr�venant
n�anmoins , de la difficult� d'y arriver, fur-tout
lorfqu'il s'agit de r�unir enfemble, dans un m�me
projet, la partie de la folidit� avec la commo-
dit�, & celle-ci, avec la beaut� de l'ordonnance.
Avant de paffer � la d�coration int�rieure des
Edifices, que nous r�fervons pour le cinqui�me
Volume de ce Cours ; donnons encore dans le
Chapitre fuivant, d'autres diftributions : mais choi-
fiffons-les dans un genre plus iimpl�, � deffein de
nous mettre � port�e du plus grand nombre j & ap-
pliquons-nous particuli�rement � d�tailler la plus
grande partie des commodit�s./du reffort des ha-
bitations particuli�res. Commen�ons n�anmoins,
j� la fuite dit Palais que nous venons de d�crire-,
par donner le Plan d'un Belv�der, ou d'une Maifon
de chaffe de notre compofition , afin d'accoutu-
mer nos Elev�s, a paffer , du genre compof� ,
au genre moyen, '"tic'; de celui-ci,' au genre fii��ple.
Ni. " ' Γ                                                                                           
-ocr page 468-
d'Architecture.           351
. . >■ . ■ :.,- ■                                                                � /                              i ' ■■                          . J ■'■■;■■■■ '                           '                      . . . :'\, ' : ,:'■'. ..V'
CHAPITRE V.
Observations particuli�res , ap^
i                                                                      * -
PLIQUEES A LA DISTRIBUTION D'UNT
t BeLV�DER% A CELLE D'UNE MAI-
son abbatiale, et a celle d'une
Maison particuliere.
\^ OMME il ne s'agit que de porter nos obfer-
Yations fur la diitribution int�rieure, ndus ne don-v
nerons, ni les �l�vations, ni les coupes'des Plans
qui vont fuivre : cependant, comme nous avons
droit de fuppofer, qu'apr�s les Le�ons pr�c�den-
tes, nos Le&eurs ont acquis l'art de juger l'or-;
donnance des dehors, par l'afpe�: des dedans ;
nous avons pris le plus grand foin de tracer en
grand les d�veloppements des B�timents que nous
allons donner. Ceit pourquoi, nous invitons la
plupart de ceux entre les mains defquels parvien-
dra cet Ouvrage, de def��ner par eux-m�mes tous
les d�tails que nous ne pouvons offrir ici, dans
la crainte de nous r�p�ter fans cefle, & de multi-
plier les Planches au-del� des horn�s de ce
Cours*
                  ! -
Ρ Un d'un Belv�derfervant de, retour de chajfe.
Ρ X. A Ν C H Ε XL V.
Le Plan que nous donnons ici tient � �a ma-
gnificence du Palais d�crit pr�c�demment; auui
�q trouve-t-il plac� k l'extr�mit� du Parc, formant"
' ' ' '                                           '■' ,                                                                              '                 , �' "                    " \
-ocr page 469-
3J2                       Cour s
la fuite des Jardins de propret� de ce Palais *(�)#
Nous rappelons Belv�der, parce qu'il fe trouve
�lev� fur une �minence ntu�e en belle vue; &
nous lui donnons le titre de retour de charTe,
parce qu'il eil auf�i del�in� � fervir de retraite %
avant ou apr�s cet exercice falutaire, pour l'un
& l'autre fexe.
Ce B�timent de feize troifes fur chaque face Ψ
contient un grand Sallon A, de cinquante-un pieds
de diam�tre, & de foixante pieds d'�l�vation fous
clef. Ce Sallon eft d�cor� d'un ordre compoiite,
pilailre, accoupl� & perc� de huit arcades de m�-
me forme & grandeur. Dans quatre de ces ar-
cades font encailr�es des portes � placard ; les
(�) Cette Maifon de chaiTe fe trouve �lev�e fur une plate-
forme de trente-deux toifcs en carr�, � laquelle on monte
par neuf marches continues : cette plate-forme eft elle-m�me
�lev�e fur une terraiTe de cent-cinquante toifes de longueur,
fur foixante-dix-fept de profondeur, & � laquelle on arrive
par un perron que l'on monte en deux temps , d'abord par
neuf marches , enfuite par fept, avec un grand palier qui
lesf�pare. Aux deux extr�mit�s de ce grand perron, font deux
Cabinets de verdure, qui ne s'�l�vent de deiTus la terrafle
que d'environ quatre pieds, pour laifler �chapper la vue qui
eft admirable de ce cot�, vue qui produit, de l'int�rieur du
B�timent, le coup d'�uil le plus int�reifant, & � qui tout a
du c�der. Du c�t� oppof� � ce perron, du c�t� de l'entr�e du
B�timent, cft pratiqu�e une cfplauade o� fe r�unit le rendez-
vous pour la chaiTe & fon retour. A l'extr�mit� de cette ef-
planade, termin�e en demi - Lune du c�t� de la for�t 3 on ap-
per�oit fept- all�es : celle du milieu cft deftia�e pour le grand che-
min , les fix autres fervent de route pour les Chaileurs, Sec.
Nous d�fiions que ce l�ger extrait falfe na�tre � quelques-uns
de nos Elev�s les moins avanc�s , l'id�e de compofer les d�-
pendances du Plan que nous offrons, ce qui, par d�gr�s , les
ameneroit � effayer enfuite leurs propres forces, 6c � conce-
voir' la n�cei�it� de commencer leurs comportions, par ob-
ferver une relation direde entre les d�pendances de la difpa-
fition de leu»; Edij�ce» . ,
             ; ;- ; -, .            . ... ■�-; ,,,;
, autres
-ocr page 470-
D^RCHl��C��Ri;          $||
autres lont feulement ferm�es par des portes vi--
tr�es, comme � Marli. Ces quatre portes vitr�es
donnent chacune dans autant de Veftibules eri
p�riftyl�. Ce p�riftyl� Β * ouvert fur le mur d�
face par fes entrecolonnemenrs, dont l'ordre eft
Ionique , forme avant-corps fur la fa�ade ; ce
qui donne � ce B�timent un air de gaiet� qui ne
convient gu�res qu'� lui, oU � ceux de fon ef*
pece, les B�timents d'habitation proprement dits,
exigeant d'�tre ferm�s de toute parc. La diago-
nale de ce Salion , & les quatre angles de ce B�ti-
ment , ont chacun une pi�ce qui i�rt d'accompa-
gnement & de d�pendance � celle A.
La pi�ce C eft un Buffet en cas que l'on veuille
donner un banquet ou une f�te dans le grand
Sal�on , ou feulement fervir des rafra�chiffements
dans la pi�ce D. Le diam�tre de ce Buffet eft
r�duit ici � quatorze pieds & demi, & c'eft au-
tour de fon enceinte qu'eft pratiqu� un efcalier
circulaire de trois pieds neuf pouces de longueur
d� marche, & dont la rampe a defcend aux Cui*
fines & aux Offices m�nag�s fous terre, pendant
que celle b monte aux terraffes �iev�es fur ce B�-
timent , & de-l�, par de petits efcaliers � vis, fur
la calotte ext�rieure du Salion. La petite pi�ce c,
eft une d�charge pour contenir les criftaux ; &
dans les deux embr�fures d, font dreft�es des ta^
bles, l'une pour la deft�rt-e de la table, l'autre pour
y drefter les fruits; enf�rte que cette diftributieh.
particuliere comporte toutes les commodit�s d'u-
fage � un tel d�partement.
La pi�ce D fervant ici de Salle-�-manger > eft �
pans ;; elle a vingt pieds en Carr�, & peut �tre
rev�tue de ftuc ou de marbre. Dans l'infde fes
angles e , on a m�nag� un pif�bir> & dans les au-
Tom$ Ifr                               Ζ
-ocr page 471-
354                      Cou RS
tres �, des armoires, pour d�pofer les ufteniilei
relatives � une telle pi�ce : dans l'angle G, eft
une porte � placard , qui enfile la diagonale de
ce B�timent : enforte que, du centre A, on jouit
de huit points de vue diff�rents ; dont quatre per-
cent jufques dans les dehors, quatre autres indiquent
l'int�rieur de cet Edifice, apper�u dans fa plus
grande �tendue. En face de Tune ��s croif�es de
cette pi�ce, eft une chemin�e, 8ε vis-�-vis de
l'autre, une niche A, pour contenir une Ottomane ;
de maniere que dans fes quatre grands c�t�s, fe
remarque une arcade r�elle ou feinte, δε dans (es
pans, quatre portes � placard termin�es par des
pi�droits d'une fuf�ifante largeur, pour recevoir
des chambranles, δε les champs qui doivent les
accompagner. Il eft important de prendre cette
pr�caution, δε de pr�voir cette fym�trie,lors de
la diftribution de fon Plan ; autrement, lorfqu'on
remet � fe rendre compte des d�tails de la d�co-
ration int�rieure, apr�s la b�tiffe, on eft forc�
d'avoir recours � des exp�dients, qui nuifent eifen-
ciellement � la r�gularit� des dedans.
La pi�ce Ε eft un Cabinet de jeu, de vingt-un
pieds neuf pouces en carr� : il eft auffi � pans
coup�s, comme les pi�ces pr�c�dentes. Ce Ca-
binet peut �tre boif�, enrichi de fculpture, de
dorure δε de glaces , & �tre termin� par une ca-
lotte orn�e de peinture enarabefque, ce genre a'or-
nement pouvant fe permettre ici, c'eft-�-dire » dans
.un lieu deftin� feulement � l'agr�ment δε. m*plaifir.
La pi�ce F eft une Chambre en ruche, r�duite
� environ quinze pieds de diam�tre δε de hauteur,
enforte quau-def�us , on pouroit pratiquer des
entre-fols ou l'on monteroit par l'efcalier i, fous
leqvel fe t�ouveroit plae�ie Cabinet dWance K.
■■■
-ocr page 472-
ί�!
©'AUCH! T�C� �ft�*            *.y
Cet �ntre-fol feroit deilin� pour un pretmer Do*
ffieitique, le Ma�tre vouloit jouir dans cet afyle ,
de quelques jours de folitude. De l'autre c�t� du
Cabinet d'aifanc� k, eil un Cabinet l, qui, par*
le moyen des trois tours creufes (g) qui le com^
pofent, ne laii�e pas d'avoir huit pieds de largeur,
fur fept de profondeur, efpace fiiffifant pour une*
toilette champ�tre» La petite pi�ce ?/z, eil un d�*
pot pour le linge, & quelques v�tements n�cef-
faires a la campagne, en cas de pluie ou de fa*
tigue, par l'exercice de la chaffe : en face d'une
des croif�es, eil plac� le lit en niche, enfort� que
quatre arcades r�elles ou feintes, d�corent les
quatre grands c�t�s, tandis que les quatre pans
coup�s font occup�s par des portes � placard,
comme dans les trois pi�ces pr�c�dentes*
Nous avons exprim� dans ce Plan, les ConV
p�rtiments de marbre* dont eil rev�tu le fol de1
toutes ces pi�ces de^ diilributiori, � l'exception
de la Chambre en niche, qui, pour plus d� fa-*
lubrit�, doit �tre parquet�e, &, pour plus de ma-
gnificence, doit l'�tre en marqueterie (Λ), Artciei�*
>W«iiinnr-T -vi------mr r r -----
(β) Dans la crainte que ces tours .creufes n'alt�rent 1« t0H-
dite des muis de la partie anguleufe de cet Edifice oh fo
devra terminer en cul-de-four, & faire reprendre l'�paifleUr dei
rnurs au-delius de ces culs-de-four, qui ne feront <*u�re<
plus �lev�s que de treize pieds fous clefs.
                      w«to
1 Hotel de Soubife & au Ch�teau de Maifon, d'un "deflin
ancien, M. le Duc de Choifeuil vient" derni�rement d'im faiM
faire a fori H�tel rue de Richelieu , qui font de M Fflus �7f
iaite ex�cution; mais peut-�tre feroit-il � d�firer qu'il g &<�*«
compofees d� plus grandes parties, la multiplicit� dos d�tails
ne convenant dans aU�un genre de productions. Noils lohne
ions, dans le Volume fuivanf, quelques deffins de cetrle ciW
«n traitant de la dccoiaciofl de� Appartements,
ζ ij
-ocr page 473-
3}6                      Cours
nement la marqueterie �toit fort en ufage ; nos
Artiftes Tont fait revivre depuis quelques ann�es ,
avec beaucoup de fucc�s. Nous dirons n�anmoins,
qu'on devroit s'attacher davantage � obferver plus
d'analogie , entre les deffins de ces efpeces de com-
partiments , & ceux qui composent les vo�tes &
les plafonds ; fans cette relation entre l'un & l'au-
tre, ainii qu'avec les rev�tiflements des pi�ces,
tous ces objets, f�par�ment eftimables , loin de
pr�fenter un enfemble int�reffant, paroiffent avoir
�t� imagin�s dans des temps diff�rents, & ex�-
cut�s par divers Artiiles qui, faute d'�tre con-
duits par un Chef �clair� , ne produifent qu'un
tout d�fafforti, qui nuit effenciellement � l'ac-
cord g�n�ral.
Nous avons d�j� dit que le Sallon A �toit d�cor�
de feize pilailres d'ordre Compofite; nous ajou-
terons ici qu'il eft rev�tu de marbre enrichi d®
bronze, & qu'il fe trouve �clair� par huit croif�es
ovales , perc�es' dans la principale vo�te de cette
belle pi�ce, ind�pendamment des quatre portes
vitr�es qui donnent dans les Veitibules Β : ces
croif�es ovales font f�par�es par de doubles arcs
double aux , dont chacun tombe � plomb des pi-
laflres Compoiites. Au-deffus de cette premiere
vo�te, eil une lunette orn�e de peinture, qui,
comme nous l'avons remarqu� ailleurs , s'affortit
toujours bien avec le ton des marbres, & non
autreo�ent. Cette lunette a pr�cif�ment le m�me
diam�tre que celle de la grande �toile qui fe re-
marque dans le compartiment du pav�, & c'eil
cette �galit� de diam�tre, qui forme entre les par-
ties fup�rieures & inf�rieures, la relation dont
nous voulions parler tout-�-1'heure ; relation, en-
core une fois, qu'il faut m�diter, qu'il faut pr�-
-ocr page 474-
d'Architecture.           357
voir, lors de la premiere penf�e de fon projet,
ii Ton veut parvenir � mettre de l'accord dans fon
enfemble, & faire d�pendre toutes les parties les
unes des autres. Qu'on η en doute point, la re-
, lation que nous recommandons , ©ft moins diffi-
cile qu'on ne s'imagine, il ne s'agit que de la bien
faiiir, & d'encha�ner fes id�es de maniere, qu'en
concevant les maiTes, on puiiTe pr�voir ce qui
r�fultera des d�tails, d�t-on, pour y parvenir,
tarer � diverfes reprifes les moyens d'y arriver,
ce qui fera toujours plus aif� au jeune Archi-
tecte, lors de la compofition de fon Plan , que
de chercher apr�s-coup les accords que nous
recommandons. Il eit vrai que pour cela, il lui
faut des �tudes, du go�t, & de Texp�rience ;
mais quels fecours n'a-t-il pas, dans cette partie
de l'Art, en parcourant nos belles demeures, &
fainuit pr�c�der cet examen important , du rai-
fonnement que nous cherchons �. lui indiquer dans
ces Le�ons» :� * ■■.
                                  \ ;
Plat� a-rei-de-chauj�e de la Mai/on Abba-
tiale de l�bbay e des Ρ remontr�s \/
� Villers-Cotttrets.
Ρ L A NC H Ε XLVL ..
Nous avons cru ne pouvoir mieux finir nos ob-
fervations, fur la diftribution int�rieure des B�-
timents y qu'en offrant versTa fin de ce Volume y
deux productions de M. Franque, Architecfe du
Roi, qui , comme � fon ordinaire, par amiti�
pour nous, & pour fe pr�ter � l'initru&ion de
bos Elev�s , a bien voulu nous confier de fes
-ocr page 475-
��'8                 Cours
porte-feuilles, les Plans que nous allons d�crire,
�ejui dont nous parlons , donne la diilribution
4'une Maifon Abbatiale qu'il a fait ex�cuter en
176 5 : Ce Plan devenu tr�s-r�gulier, par cet ha-
bile. Ma�tre, dans un p�rim�tre aiTez irr�gulier, s
eft un exemple de ce que peuvent le g�nie Se
l'exp�rience. Il s'aguToit, dans un aufli court ef-
pa�e ? de trouver une Salle de compagnie A »
d� vingt-iix pieds de longueur, fur vingt-cinq
de largeur, qui, deilin�e � raf�embler la foci�t�,
communiqu�t , fur la droite, � un Appartement
complet Β, pour J'Abb� * fur la gauche, � un pe-
tit Appartement C,muni de fes d�pendances; §c
qui p�t s'ofFrir � un �tranger de diuMn�tion* On
arrive ^ la Salle de compagnie par un Veftibule
JD? qui lui fert d'Antichambre , & qui, en face
. de fa principale porte d'entr�e , annonce l'Efca*
lier qui monte au premier �tage, o� l'on trouve
auflj trois Appartements a donner. A la gauche.
4e cette Anti-chambre , eil plac�e la Salle �-man»
ger 1, Pes �uifines F, on vient fervir � cou-
vert dans cette Salle ; ces Cuifines ont �t� con-?
ferv�es de l'ancien B�timent, ainii que l'Office
& les autres d�pendances de la bouche qui fe
remarquent ici. Derriere cette S�hV�-manger 8�
�'efcalier, eil m�nag�e une Cour qui fert de d�r
charge � l'Office, & de d�gagement aux Garde*
robes � l'ufage de la $alle de compagnie A? &
$e l'Appartement C,
Kous ne d�taillerons point les objets de eom*
modit� dont cette habitation eil fufceptible ; nous
nous propofons de donner, Chapitre VI, f�pa-r
r�ment, & fur une beaucoup plus grande �chelle?
la Chambre � coucher δε les d�pendances de l'Ap-
partement %, afj� de prendre, Q��ai�pn ?
� �f fu-
0
-ocr page 476-
d'Architecture. $59
jet d'enfeigner � ceux de nos El�ves qui d�bu-
tent dans la diftribution, quel parti ils peuvent
tirer de f irr�gularit� des lieux, & tout enfemble j
les moyens d'arriver � en tracer le Plan , avec
cette correction fi n�ceffaire, pour �tre entendu &
fuivi par les Entrepreneurs. Nous regardons
m�me cette partie de l'Art fi int�reffante, pour
la plupart de ceux � qui cet Ouvrage eft defti-
n�, que nous donnerons encore les d�veloppe-
ments d'un autre Appartement que nous avons
fait ex�cuter � trois lieues de Paris, & dont nous
offrirons peut-�tre la diftribution enti�re, les �l�-
vations & les coupes, apr�s les deux Volumes
qui nous reftent � donner , pour compl�ter notre
Cours.
Un des objets effenciels qu'il faut remarquer,
dans le Plan dont nous parlons , Planche XLVI,
c'eft l'art avec lequel M. Franque a f�u fe re-
tourner d'�querre , & fur l'axe du Jardin G, &
fur celui de la Cour H, en rendant la fa�ade du
fond de cette derni�re , d'une forme cintr�e fur
fon Plan, & eh �vafant les ailes en retour I ; de
maniere , que cet habile Architecte a tir� un parti
li avantageux du terrein, que cette production
iimple en apparence , n'annonce pas moins fes
talents d�cid�s dans fon Art ; auf�i cette compo-
fition a-t-elle plu � tous les yeux » & nous nous
flattons qu'on nous f�aura quelque gr� de l'avoir
pr�f�r�e � tant d'autres plus r�guli�res r fans
doute j mais beaucoup moins utiles pour la plu-
part de nos Lecteurs.
Nous ne donnons point le Plan du premier
�tage de cette Maifon Abbatiale, �tant aif� de
concevoir par celui trac� ici, la difpof�tion de
l'�tage fup�rieur i par la diff�rence des teint�s de -
Ziv
.�
%
-ocr page 477-
360                      Cours
' la gravure qui indique par deux tailles l'�tage qui
s'�l�ve au-dei�iis du rez-de-chaui��e, & par une
feule , ce qui n'a qu'un �tage proprement "dit.
Nous priverons aui�i nos Lecfeurs des �l�vations
& de la coupe de ce B�timent, parce, que notre ob-
jet principal, dans ce Chapitre, eit feulement de
traiter de la diftribution; mais nous ofons ai�ii-
rer que ces fa�ades , qui nous ont auiTi �t� com-
muniqu�es , font du meilleur genre ; & c'eft avec
regret , que nous nous trouvons forc� d'abr�ger
le nombre des Planches.
PaiTons � pr�fent � une autre diitribution , auffi
de la compofition de M. Franque, & qui, f�lon
nous, n'eft pas moins int�reflante que la pr�-
c�dente , quoiqu'elle ne foit projet�e que pour une
Maifon particuliere qui doit s'ex�cuter � Amiens.
Plan � rez-de-chauff�e, d'une Maifon.
particuliere.
Planche XLVII.
Il femble qu'il ait �t� r�ferv� � M. Franque,
entre la quantit� des Edifices qu'il a fait �lever,
cfue la plupart des terreins qui lui ont �t� offerts.,
fe foient trouv�s renferm�s dans des p�rim�tres
d'une irr�gularit� prefque inconcevable. Nous
avons d�j� eu occafion de rapporter dans le Dic-
tionnaire de l'Encyclop�die, diff�rentes produc-
tions de cet habile Ma�tre, ainfi que de celles
de M. le Carpentier, Archite&e du Roi. C'eil
dans le premier Volume des Planches de ce grand
Ouvrage, qu'on trouvera le Plan � rez-de-chauf-
f�e, du projet del� tyjaifon de M, le Marquis de
-ocr page 478-
........,, ..�ρ-»^�ρ��
d'Architecture.           361
Villefranche, � Avignon, & dont le terrein eil
d'une forme ii bifarre , qu'on auroit peine � croire
qu'il exifte, fi nous n'en avions donn� la confi-
guration exacte. Nous avions deffein de r�p�ter
ici cette production ing�nieufe de M. Franque ,
par la difficult�, pour le plus grand nombre, de fe
procurer ce Dictionnaire important; mais nous
nous trouvons forc� d'y renvoyer nos Le�teurs;
& c'eil pour les en d�dommager en quelque forte,
que nous leur offrons cette nouvelle production
de cet Architecte : producfion qui, compar�e
avec celle que nous venons de citer, peut cer-
tainement contribuer � faire �cl�re le g�nie de
nos Elev�s, dans cette partie de la diilrib�tion
moderne, fans pouvoir n�anmoins nuire en rien
� l'imitation de la d�coration des Edifices anciens ,
qu'on cherche � introduire aujourd'hui dans les
dehors de nos B�timents, avec beaucoup plus de
fucc�s, nous pouvons le dire ici, que dans le
commencement de ce fi�cle.
Entrons donc dans quelques d�tails, � l'occa-
fion de la Planche XLVII, en faifant compren-
dre que , quoiqu'il s'agaTe feulement ici del� diilri-
b�tion d'une Ma ifon particuliere, T Archite&e de ce
projet l'a con�u heureufement, que non-feulement
l'irr�gularit� du terrein fe trouve prefqu'enti�re-
ment mafqu�e;mais que chaque pi�ce int�rieure eil
devenue d'une parfaite fym�trie , & compof�e de
formes aui�i agr�ables qiunt�reiTantes.
Ce B�timent, du c�t� de la principale entr�e A,
n'a de face que vingt-deux pieds & demi dans
�uvre, pendant que celle qui lui eft oppof�e Β,
en a foixante - fix auf�i dans �uvre , fur cent
trente-deux pieds de profondeur : cependant ,
dans la furface de �� terrein, on ne peut paf
*
-ocr page 479-
362                       Cours
plus irregulier, & qui ne contient qu'environ
dix - neuf cent quarante - quatre toifes carr�es
fi� fitperf�ci� , l'Archite&e a m�nag� � rez-de-
�hai$ff�e trois Cours CDE, non compris trois
autres plus petites abc, cette derni�re pour les
fom�ers, les deux autres , pour �clairer & donner
cie l'�ir aux Garderobes ed ; plus un Appartement
'de foci�t� complet F , un petit Appartement � don-
eer G-, une Cuifine & fes d�pendances H, enfin
uns Ecurie pour fix chevaux & deux Remues I,
avec des logements & des Greniers au-def�us.
Comme B�timent d'�conomie, on auroit pu,
ainfi que c'eil affez l'ufage en Picardie, b�tir les
jprmcipaiix murs de face int�rieurs en brique,
ou , comme on en ufe fouvent � Paris, & dans
quelques-unes de nos Provinces, les conftruire
en charpente; mais nous avons pr�f�r� de les
repr�fenter ici �lev�s en ma�onnerie , dans le
«kiTem de n'offrir � nos Elev�s , que des Plans
d'une folidit� plus confiante. Ce n'eft pas que
�� brique ou les pans de bois, n'aient leur avan-
tage ; ils occafionnent, fur-tout les derniers, plus
de c�l�rit� dans la b�tifle, &, comme les murs en
brique, ils occupent moins de place , & rendent
�efpace des lieux plus grands; mais auffi, � moins
que ces murs de race, dans ce genre de conftruc-
tion, ne fe trouvent expof�s, convenablement,
ils rendent n�cefTairement les Appartements beau-
coup plus froids l'hiver, & beaucoup trop chauds
pendant l'�t� : coniid�ration pour laquelle la bri-
que & la charpente ne peuvent gu�re �tre mife
en �uvre que dans les dedans des Appartements,
comme cloifon de refend, ainf� que nous les
avons voulu exprimer e, en brique '9 dans le Plan
xlont nous parlons, & en charpente, dans la cloifort
-ocr page 480-
D'A RCHITECT�RE.           $6$
indiqu�e f. Nous avons aui�i t�ch�, autant que la
petitefle de notre �chelle l'a pu permettre, de faire
conno�tre celle g, comme coni�ruite feulement
en menuiferie ; d�tail n�ceifaire & �conomique
qu'il ne faut pas n�gliger ; la fim�trie des portes
� placard, les �coin�ons , les chemin�es des diff�-
rentes pi�ces d'un Appartement, d�pendant abfo-
lument du compte qu'on doit fe rendre, de la
diff�rente �paiffeur des murs de face , en pierre
ou en moeion, & des cloifons en brique ou en
charpente, & enfin des rev�tifiements des lambris,
& de leurs diverfes efpeces, fans oublier leur cale-
ment
, fur la fuffs�� o� ils fe trouvent appliqu�s. ;
Le principal EfcaHer Κ deicgnd aux foutei-
reins, & conduit au premier �tage. Ort tfOHY�
dans ce dernier,, trois Appartements de Ma�tre
complets , du c�t� du mur de face A. L'Efcalier L
monte aul�i � un double Appartement, donnant
du c�t� du mur de face Β ; les uns & les autres
de ces Appartements fe communiquent par une
Antichambre commune, pratiqu�e au-deifus de
la pi�ce F, appel�e buffet, dans le Plan que nous
d�crivons. Nous ne donnons point le Plan du pre-
mier �tage, ni l'�l�vation de ce B�timent, pour
les raifons que nous avons produites pr�c�dem-
ment : mais c'eit ici le lieu de r�p�ter � nos jeunes
Piflributeurs, que f>our bien entendre & parve-
nir � imiter cette diftribution ing�nieuf�, il faut
qu'ils traduifent d'abord ce Plan fur une tr�s-grande
�chelle ,par exemple, de trois pouces pour toife,
enfuite qu'ils compofent le premier �tage d'a-
pr�s les renfeignements que nous leur donnons^
de m�me que les �tages fup�rieurs & le Plan des,
fouterreins ; qu'ils continuent par tenter les �l�-
vations & Jes coupes dans tou$ les fefts, & qu'ils.
-ocr page 481-
364                         COU RS
terminent enfin cette �tude par les d�veloppe-
ments les plus int�reffants, concernant la Ma�on-
nerie , la Charpenterie, la Menuiferie , &c. .d�ve-
loppements ' que - nous prendrons foin nous-m�me
de d�tailler dans la fuite.
Nous terminerons nos observations fur ce Plan,
par faire remarquer que les �quipages qui am�-
nent les Ma�tres, pour defcendre � TEfcalier K,
traverfent enfuite toute la profondeur du B�ti-
ment, & qu'ils font oblig�s de fortir dans l'autre
rue, pour aller remifer dans le fond de la Baffe-
cour E. Ge trajetctie� pas fans difficult�, fans
doute ; mais Firr�gularit� du terrein, & les com-
modit�s que contient cette Baffe-cour, doivent
faire paffer par-deffus ce l�ger ; inconv�nient?■*.:
d'ailleurs , combien d'H�tels importants � Paris 9
font dans ce cas, & combien n'auroit-on pas perdus
d'objets int�reffants > fi, pour �viter ce.'trajets,-
on e�t voulu faire entrer les voitures, par un
paffage pratiqu� � la place o� fe, trouve fitu� ici
l'Office H. Au reite, ces derniers arrangements
tiennent plut�t � la volont� des Propri�taires en
g�n�ral, qua l'art de la diffribution proprement
dite ; & c'eft dans ces occafions, que les talents
de l'Architede doivent f�avoir fe plier � la n�-
ceffit� & aux diff�rents befoins:d�s perfomies pour
lefquelles il b�tit : auffi, en pareille circonftance,
fait-il plufieurs projets , o�, fans trop s'�carter
des r�gles de fpn Art, il parvient � concilier
les lois de la bonne diftribution , avec les di-
vers motifs qui, tous les jours, donnent occa-
fion d'�lever nos B�timents particuliers : B�ti-
ments, nous pouvons le dire en paffant, peut-
�tre plus difficiles que toute efpece de productions
dans ce genre.
-ocr page 482-
d'Architecture.         365
C H AP Ι Τ RE VI
OU DON TRAITE DE LA DISTRI-
BUTION PARTICULIERE DES
AFP AR Τ Ε ME NT S PRIV�S,
ET DANS LEQUEL ON ENSEIGNE LA MA*
NIERE DE LES TRACER R�GULI�RE-*
MENT, ET DE TIRER AVANTAGE DES
PLUS PETIT? ESPACES.
Apr�s avoir donn� les r�gles g�n�rales , fur
la maniere de distribuer les B�timents d'habita-
tion & leurs d�pendances , nous allons rapporter,
dans ce Chapitre, fur une beaucoup plus grande
�chelle , que nous ne l'a vons fait jufqu'ici, la
diitribution de deux Appartements, Γιιη faifant
partie du Plan de la Planche XLVI de ce Volu-
me, l'autre extrait d'une Maifon de Plaifance que
nous avons fait b�tir, comme nous l'avons d�t, �
trois lieues de Paris; & nous allons faifir, a pro-
pos de ces deux Plans, l'occafion d'enfeigner �
nos Elev�s, la maniere de les deffiner dans le Ca-
binet ; comme ils doivent �tre trac�s dans l'Atte-
Jier, afin de les accoutumer � s'y prendre fur le
papier de la m�me maniere qu'on doit op�rer
fur le terrein , pour repr�fenter avec pr�cifion^
& mettre � profit les plus petits efpaces, afin>
-ocr page 483-
$66                    Cours
par-l�, de multiplier les commodit�s du reftbrt
des Appartements priv�s.
Ces d�tails minutieux pour ceux qui en font
� la th�orie, deviennent tr�s-importants, pour les
jeunes gens qui n'en font encore qu'aux El�ments,
& qui , avec quelques notions de G�om�trie,
n'en f�avent cependant pas affez, pour en appli-
quer les pr�ceptes � l'Architecture. Cette appli-
cation des principes de G�om�trie � 1'Archite�u-
re, eil difficile � plufieurs des Elev�s, parce qu'ils
ne prennent que des le�ons de Math�matiques
ifol�es, fans r�fl�chir � l'analogie que cette fcience
a n�ceffairement avec leur profeffion; enforte qu'il
y en a plus d'un, qui, apr�s avoir expof� leurs
projets au grand jour , & avoir obtenu quelques
fuffrages, du c�t� du g�nie & de l'intelligence
du deifin, ne feroient pas en �tat pour cela de
tracer fur le lieu > le Plan d'un boudoir, & d'en
diitribuer les mefnres aux divers Entrepreneurs.
Si nos Le�ons publiques & particuli�res pou-
voient �tre fuivies par le plus grand nombre de
' nos Lecteurs , nous leur aurions �pargn�, & �
nous auffi , ce nouveau travail, parce que cha-
cune de nos conf�rences eft ordinairement aid�e
de d�monilrations, qui pr�fentent � l'id�e, l'en-
cha�nement de la pratique avec la th�orie : mais
ici, notre narration �tant d�pourvue d'op�rations
manuelles, & des d�veloppements que la peti-
tefle des Planches η a pu nous permettre de don-
ner d'un certain volume, nous allons t�cher ,
dans nos explications δε dans le compte que nous
allons rendre des deux Planches qui vont fuivre,
de d�dommager les moins avanc�s de fabfence
des nos conf�rences. D'ailleurs, par ce que nous
rapporterons, ind�pendamment de cette �tude in-
-ocr page 484-
■........"'■"■ ' '.
d'Architecture.          367
t�reffante, ils apprendront encore � faire uiage
des reffources dont on peut ufer, loriquon ie
trouve g�n� , ou par les r�gles de l'Art, ou pa*
les befoins particuliers du Propri�taire. Amii, loin
de n�gliger les nouvelles connoiffances que nous
avons � leur offrir ici, nous leur recommandons a«
contraire de s'y attacher avec foin, parce quafiea* .
ordinairement, elles deviennent l'objet de leur d�-
but & que plus d'un grand Ma�tre a commenc�
fa carri�re par la diftribution & la d�coration,
dans le genre de celles dont nous parlons.
Diftribution particuliere de �Appartement
marqu� B, faifant partie du Pian du re{-
derchauff�c de h Planche XL FI de
ce
Volume.
Planche XXVIII.
La Planche que nous offrons ici eil la r�p�ti-
tion en grand de l'Appartement dont nous avons
d�j� donn� la diftribution, Planche XLVI. Notre
intention, ainfi que nous l'avons promis, eil de
faire obferver, � propos de cette Planche, non-
feulement le (jompte que l'Artiile doit fe rqndre
de la ma�onnerie; mais auffi la relation quelle
doit avoir avec la menuilerie, qui fe trouve or-
dinairement dans la plus grande partie des pi�ces
d'un Appartement; fans nuire n�anmoins a \eco-
nomie dont on doit ufer � l'�gard de la^ premiere,
ni vouloir fe priver de l'utilit� & de la falubrit�
que procure la f�conde, dans les pi�ces d ha-
bitation.
                                            ■<*                          .,... Il
Nous avons d�j� fait �onnoitre combien il �toit
it)
-ocr page 485-
}6$                       Cours
important, que pr�s d'une chambre � Coucher §
on m�nage�t un Cabinet de travail, une Garde-
robe, une petite Anti-chambre, une pi�ce pour
coucher un Domeilique, enfin, les autres com-
modit�s relatives � un ufage continuel & jour-
nalier. Nous avons fait choix de ce Plan, de pr�-
f�rence � tout antre, parce que les pi�ces qui le com-
pofent �tant deftin�es pour le logement d'un Abb�
commendataire, il tient � peu pr�s le milieu en-
tre l'importance d'un Appartement qui fait partie
d'uneMaifon Royale, &la retenue qu'on doit affe-
cter dans ceux d'une Maifon particuliere proprement
dite : Nous avons aufl� choiii un lieu reiferr�, pour
parvenir a. prouver que dans peu d'efpace, il faut
f�avoir tirer parti de tous les vides que procure
n�ceiTairement une diftribution fim�trif�e , quoi-
que faite dans un terrein d'autant plus irr�gulier,
que la plus grande partie des d�pendances du
B�timent qui contient cet Appartement, a �t�
conferv�e, & que, fuivant notre remarque de la
page 358 de ce Volume, le terrein o� cet Edi-
fice fe trouve �lev� , eil lui-m�me, on ne peut
pas plus irr�gulier. Au rede, cette difficult� eit
devenue un attrait de plus pour nous, parce qa'elle
eil l'image de prefque toutes les entraves, qui
fans ceffe font offertes � TArchite�e, & que ce
font ces difficult�s .vaincues, qui dans cette partie
de TArt , font le plus d'honneur : v�rit� que
sous avons bien de la peine � faire comprendre
� la plupart de nos Elev�s qui regardent les fu-
j�tions dont nous parlons, comme autant d'ob*
ilacles au g�nie , fans fe douter que la commo-
dit� & l'�conomie, doivent avoir la pr�f�rence
fur tout ce que la partie du go�t peut enfanter de
plus ing�nieux.
-ocr page 486-
D'ARCHlTECf�R�»           $6f
On peut voir dans le Plan de la Planche XJLVI
�e ce Volume , que la principale entree de la
Chambre � coucher B, donne du c�t� de la Salle
de compagnie ; mais qu'il �toit n�ceffaire de m�-
nager une autre entr�e qui d�gage�t cet Appar-
tement, ce que Ton � fait du c�c� d� la bai�e-
couf ; enibrte que cette entr�e A, � laquelle on
arrive par un Eicalier ext�rieur a , conduit � une
petite Anti-chambre C b dans laquelle eil un lit
' pour le Domeitique , pratiqu� dans renfoncement
h, fans �tre aper�u , parce que l'ouverture de
devant peut �tre ferm�e par des portes de me�*
nuiferie garnies de fil de laiton : par cette difpo-
iition , on poura d'une part > au lieu d'un Do-
meitique , faire coucher dans cette pi�ce un Valet-
de-chambre; & de l'autre, un Receveur, un Fer-
mier , ou quelques autres gens du dehors pou*
ront attendre, dans cette Anti-chambre, le'lever
du Propri�taire, pour fe faire introduire par la
porte/, dans le Cabinet de travail D. L'entr�e
de la Salle de compagnie dont nous venons de
parler, eft deftin�e pour les vii�tes, ou pour les
perfonnes de coniid�ration qui, ayant � traiter
d'affaires particuli�res, feroient introduites dans
le Cabinet de travail, & d�-�� , dans la Biblio-
th�que qui vient enfuiie; ainii qu'on le voit ex-
prim� dans le Plan de M. Franque , Planche XL VI.
Du c�t� du lit, � droite, eil un d�p�t c, � Fiifage d'un
Domeitique ; de l'autre, une porte <f, pour d�-
gager la Garde-robe � foupape E. Dans les parties
lat�rales de la pi�ce C, pour plus de fym�trie
font pratiqu�es deux clouons de menuiferie qui
en fe retournant d'�querre fur le mur de face
parcourent � gauche un po�le, contenu dans une
niche en brique, & � c�t�, ainfi qu'en face, des
Tome IV.
                                   A a
-ocr page 487-
370                      Cours
armoires e ; armoires d'une utilit� indifpenfab�e,
pour contenir les diff�rents objets, � l'ufage du
Ma�tre , fous la garde du Domeitique.
Comme l'entr�e de cette Anti-chambre donne
fur la baiTe-cour de cette Maifon Abbatiale, pour
procurer � cette pi�ce plus de grandeur & de
commodit�s, nous n'avons pas craint de faire faire
� l'ancien mur F, les deux reifauts G H , ce qui
nous a produit la petite pi�ce I , deflin�e � fer-
vir de Garde-robe acceifoire au Ma�tre du logis,
lorfquil f�jotmie dans fon Cabinet D ; commo-
dit�s qu'il 'faut.� bien fe garder de n�gliger pr�s d'un
Cabinet de travail. Cette pi�ce 1 �ft tr�s-petite
� la v�rit�; mais comme piffoir,elle eilfuffifante;
d'ailleurs on auroit pu la rendre plus grande ^
fans alt�rer la coailruclion des murs; auffi avons-
nous pratiqu� une niche en cul-de-four dans l'an-
gle , pour donner plus de profondeur � cette
Garde-robe ; cette niche eil deilin�e � recevoir
une tablette de marbre, pour y d�pofer les vafes
utiles dans un tel lieu; celle E �tant pourvue des
autres commodit�s qui manquent � celle-ci. L'ou-
verture � eil une demie porte qui fym�trife dans
le Cabinet D , avec un venrail dormant, les por-
tes de ce Cabinet �tant � deux ventaux; de ma-
niere que par ce moyen, nous avons pu prati-
quer le piffoir I, en mettant � profit le peu d'ef-
pace que nous procuroit ce ventail dormant, &
la niche en cul-de-four , dont nous venons de
parler.
Qu'on y prenne garde ; ce font-l� de ces moyens
que l'exp�rience fait mettre en �uvre, fans nuire
� la folidit� ; c'eil par-l� qu'on procure � un Ap-
partement les commodit�s qu'on � droit d'atten-
dre d'une di�Vibution bien entendue. Ces moyens
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d'Architecture,           371
ne iaitroient nuire � la iblidit� ; parce que comme
nous l'avons exprim� par les lignes , & une teinte
trac�e tr�s-l�g�rement, on retrouve au-deffus du
paffage/, & d� la Garde-robe I, la liaifon & l'�-
paiffeur des murs de conitrudion : ils contribuent �
la commodit�, parce que les vides e, le paffage
�, & la petite pi�ce I, procurent, entre la pi�ce
du Ma�tre & celle du Domeftique, la facilit� d'a-
voir fous la main, les objets d'une utilit� com-
mune. Or, nous demandons comment nos Elev�s
parviendront, � faiiir ces deu'x points effenciels ,
lors de la diitribution d'un Plan, ii de bonne heure >
ils n'apprennent � le rendre compte de leur tra-
vail , par le fecours des pr�ceptes & du raifoii-
nement de l'Art, & � tirer parti des divers ob-
jets dont nous traitons ici. Qu'ils ne s'y trom-
pent pas; l'afpe�: m�me des lieux que nous leur
confections fr�quemment de vifiter , ne leur offre
gu�re que des furfaces, dans cette partie de f Ar-
chitecture ; il ne fuffit pas pour qu'ils d�couvrent
le m�canifme int�rieur, & les reff�urces ing�nieufes
dont Γ Architecte s'eft fervi, de gliffer fur les com-
modit�s relatives � la fortune &�l'ufage du Proprio-
taire. Il eft vrai qu'il reffe une reffource � nos jeu-
nes Architectes; c'eft de lever f�par�ment quelques-
unes de ces productions : ou, ce qui eff mieux
encore, de fe rendre t�moins fur les lieux , des
op�rations qu'entra�ne apr�s foi la main d'oeuvre.
Mais, qu'ils y prennent garde ; d'une part, les Edi-
fices , lorfqu'ils font habit�s , font prefque tou-
jours inaccei�ibles aux Artiftes : de l'autre, le
plus grand nombre en f�aitil affez, pour s'int�-
reffer v�ritablement � cette op�ration ? pour aller
�pier, � diverfes reprifes, δε; fuivre de pr�s tous
Aaij
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372                     Cours
les d�tails qu'exige ce genre de connoii�ance ? If
en faut convenir; cela eft tr�s-rare. D'ailleurs,
il faut fe fouvenir que ceux qui �tudient dans
nos Provinces, font priv�s de tout fecours � cet
�gard. C'eft donc pour faciliter les moyens d'y
parvenir que nous offrons de nouveau ces d�-
tails , comme autant de pr�liminaires , qui doi-
vent pr�c�der les effais du jeune Architecte, pour
paffer enfuite aux productions les plus eilimables.
Nous ne donnons qu'une portion du Cabinet D,
qui, dans fa totalit� , a de largeur onze pieds
huit pouces, fur vingt-un pieds un quart de lon-
gueur. Il eft cintr�, dans Tune de fes extr�mit�s,
comme on le voit ici ; parce que cette tour creufe
facilite l'entr�e de la Chambre � coucher Β , dans
�e Cabinet D , & que ce paffage , deilin� pour
les Ma�tres, demande � �tre annonc� avec une
forte de dignit�. D'ailleurs, le Cabinet dont nous
parlons, donne lui-m�me entr�e � une Biblioth�-
que , qui a de longueur trente-fix pieds & demi,
fur onze pieds huit pouces de largeur, ainii qu'on
le remarque dans la Planche XLVI de ce Volume.
C'eft une attention qu'il faut avoir ; quand une
Chambre & un Cabinet font partie d'un Apparte-
ment de Ma�tre, l'une ne doit jamais conduire
� l'autre par des paffages obfcurs & d'une trop
grande profondeur, par des tambours, ni m�me
par de petites pi�ces ; � peine ces moyens fe tc-
lerent-ils, dans une reftauration : jamais on ne
les admet dans un B�timent �rig� � neuf, o� il
convient que ces principales entr�es foient libres ,
fpacieufes , & fur-tout, afforties � l'importance
de l'Appartement, & � la dignit� du Propri�taire :
ce n'eft m�me qu'� regret, que nous avons �t�
forc� de faire le paffage g oblique, & d'une cet-
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d'Architecture. 373
taine profondeur ; mais le lit plac� en niche & les
armoires h y qui procurent de tr�s-grandes com-
modit�s � cette Chambre , nous ont fait paiTer
par-deffus cette obliquit� , & Tariez grande pro-
fondeur de Fembrafure.
Pour rendre cette Chambre en niche Β plus
r�guli�re, nous n'avons pas craint d'y r�p�ter une
tour creuie; premi�rement , elle a rendu l'em-
brafure g moins profonde qu'elle ne l'auroit �t�,
fans cette courbure ; fecondenient , elle nous a
facilit� une Garde-robe E, qui, quoique d'un arTez
petit diam�tre, ne laiife pas d'�tre tr�s-utile � cette
Chambre d'habitation; troi��mement enfin , elle
a procur� plus d'�tendue � cette pi�ce, fans em-
p�cher la fym�trie obferv�e dans les quatres par-
ties de lambris Ί, k, /, m; enforte que l'on peut
\ dire que, malgr� cette portion circulaire , elle η en
eil pas moins r�guli�re , quoique diiiemblable
dans deux de fes c�t�s oppoles. Il efl vrai que le
lit fe trouve encaf�r�.�, pour ainiirdire, dans la ni-
che ; encadrement qui, certainement, devient
plus incommode, que lorfque ce meuble fe trou-
ve ifol� dans une alc�ve; mais dans un petit es-
pace, on n'eft pas toujours le ma�tre de fatisfaire
� toutes les commodit�s d'ufage : c'eit � raifort
des perfonnes pour lefquelles on b�tit, qu'on fe
permet airjourd'hui ce qu'on doit fe d�fendre de-
main ; pourvu toutefois que ces objets de com-
modit� foient difcut�s, en pr�fence du Propriet
taire, avant de pafTer � l'ex�cution. Au reite *
nous le remarquerons, il ne s'agit gu�res ici que
d'un Appartement particulier : autre chofe feroit,
s'il e�t �t� question d'un Appartement de parade
deftin� pour un grand Seigneur, ou pour la Dame
de la Maifon i ce qui exigeroit encore plus de
A aiij
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374                       Cours
pr�caution. En effet ce que nous avons enfeign�
pr�c�demment, a d� nous apprendre que la ma-
gnificence & la commodit� des Appartements
font relatives au rang des perfonnes qui doivent
les habiter. Nous avons encore dit � ce fujet ,
qu'il convient pour ces raifons, que la perfonne
charg�e de la diitribution d'un Plan, foit initruite,
& de l'�tiquette des Cours, & des diff�rents �tats
qui compofent la foci�t� civile ; afin de ne pas
d�corer avec trop de faite, les habitations par-
ticuli�res , ni avec trop de fimplicit�, les Palais
des Rois ; en un mot, il faut que les commodit�s,
les formes & les d�pendances de l'Appartement,
fo�ent afforties au motif qui donne lieu � la dif-
�tribution.
Le Plan de la Gard�-robe E, eft de forme el-
liptique ; Tun des carreaux feulement du ch�i�is
� verre, donnant fur la cour principale (voyez
la Planche XLVI ) �claire cette petite pieee ; ce
jour, en �uil de boeuf, fe trouve plac� dans une
niche qui contient la banquette , � Tufage de la
foupape qui s'y trouve renferm�e. Aux deux c�-
t�s de cette niche, font pratiqu�es deux armoi-
res η, r�ferv�es pour contenir les uftenfiles n�*
ceflaires � l'adte de propret�. En face de cette
niche, en eft figur�e une autre, pour contenir
une tablette de marbre, qui recevroit les vafes
de n�cef�it� , & ceux deffin�s � contenir les odenrs
.-& I�s parfums. Aux deux c�t�s de cette f�conde
niche, font aui�i pratiqu�es de tr�s-petites ar-
moires ο, pour renfermer les flacons, les �pon»
g�s,-See* Aucun terrein ne doit fe perdre, l'Art
�ojifiite, comme nous l'avons dit plus d'une fois,
� mettre � profit le plus petit efpaces Sur Tautre
Aslirl �fc ��m Garclc-robe ? font, au�i figur�es
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d'Architecture. 375 '
deux ouvertures pareilles aux pr�c�dentes : l'une,
pour pai�er de la Chambre � coucher, dans cette
pi�ce : l'autre, pour la d�gager par l'Anticham-
bre C, par le pafiage d. Nous n'avons pu rendre
ce paffage plus r�gulier, dans la crainte d'aifoi-
blir la folidit� du mur de refend, qui vers cet an-
gle, doit faire liaifon avec le mur de face ; r�u-
nion que nous avons exprim�e par une te�nt�
l�gere : ces deux murs reprennent leur coniiilance
au-deffus du percement de cette porte. Encore
une fois, nous entrons dans ces d�tails, pour
faire fentir combien il eil eiTenciel de faire mar-
cher enfemble, dans fa compoiition, la folidit�
avec la commodit�, & celle-ci avec la« fym�trie
qu'exige la d�coration; auffi remarquera-t-on,
dans cette Planche, que par le fecours de la Gra-
vure, nous avons affeft� de deux tailles, la ma-
�onnerie qui monte de fond; d'une taille tr�s-
l�g�re , celle qui eil fufpendue en Fair, par le
miniftere du trait; & d'une feule taille plus fon-
c�e , l'�paiffeur des lambris qui rev�tent les pi�-
ces , dont nous venons de parler, ainii que les
cloifons , qui divifent les d�gagements & les d�-
pots trac�s dans ce Plan , & d�crits dans ces
Le�ons.
Apr�s les d�tails dans lefquels nous venons d'en-
trer , qu'on nous en permette encore d'autres qui,
quoique d'un genre diff�rent, n'en font pas moins
int�reflants pour la plupart de nos Lecteurs. Il
s'agit de leur enfeigner � def�iner r�guli�re-
ment le p�rim�tre de chaque pi�ce qui compofe
ce Plan, & � d�terminer les foyers qui doivent
en tracer les courbes , tel que l'Archite�ie efl
oblig� de le faire faire fous fes yeux, fur le ter-
rein , par les diff�rents Entrepreneurs, enfotte -que
A a iv
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37<5                        Cours
le Deflinateur, inftruit de cette marche, y io�t
tout accoutum�, &' fe trouve moins neuf, lorf-
que, du Cabinet, il paffe � l'Attelier.
Qu'on ne dife pas que ce travail eil fuperflu pour
l'Elev� ; il n'y a point d'Architecte habile qui ne fe
trouve heureux d'avoir pour infpedleur , un homme
�nirruit fur ces d�tails, que la plupart de nos Pi-
queurs de Plan ignorent : ils fe trouvent d�payf�s
fur le tas , faute d'avoir appliqu� de bonne heure
4es �l�ments de la G�om�trie aux �l�ments de
�'Archire�ture , & particuli�rement, � l'art de la
diitriburion. Combien de fautes ne fe gliffent-e�les
pas dans nos B�timents , par l'ignorance ou la
pareffe de ceux qui nous fervent de f�conds dans
la b�tiffe ? Mais, difent quelques-uns , ces d�-
tails s'apprennent par la pratique; nous en conve-
nons : mais les fautes de d�but ne font pas moins
des fautes; & le Propri�taire qui fait la .d�penfe,
eil le feul qui ignore ces b�vues. Nous parlons
ici par exp�rience; peut-�tre perfonne n'a plus
�t� dans le cas que nous d'�prouver Finconf�-
quence des jeunes gens, pour lefqtiels nous nous
fommes v�ritablement int�reff� : ainii, loin de
craindre qu'on nous fache mauvais gr� du foin
que notts prenons ici, nous croyons rendre un
fervice effenciel, e�l recommandant � ceux � qui
ces Le�ons font deitin�es , de s'attacher particu-
li�rement � dei�iner, d'une mani�re pratique, & de
ne jamais ordonner le percement d'une porte,
faire pofer un lambris, dei�iner la place d'une
chemin�e, fans avoir pr�vu la relation que ces
additions doivent avoir avec la pi�ce enti�re? le
rapport & la proportion qu'il convient de don-
ner � ces diff�rents d�tails : ils font toujours in-
t�reiTants pour le Propri�taire j il ne confulte or*
*
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d'Architecture.          377
dinairement un Artiile , que pour tirer, aux moin-
dres frais 5 meilleur parti de fon terrein & de
l'ordonnance.
Pour parvenir � dei�iner correctement, comme
on doit op�rer dans le B�timent, commen�ons
par vouloir �tablir carr�ment les cloiibns a, b,
qui d�terminent la forme de FAnti-chambre C-
Pour cela , faifons ufage de la ligne c, d, int�-
rieure du mur de face, comme baie de la perpen-
diculaire e, f, qui fert d'axe � cette pi�ce : en
portant les cloiibns a, b, de part & d'autre pa-
ralleles � la perpendiculaire e, f, elles rendront
n�ceiTairement des angles droits les quatre angles
g, h, i & k, de maniere que les cloiibns a, b,
mafqueront & corrigeront abfolument rin�galit�
des murs de ma�onnerie, & que la petite corni-
che de cette pi�ce fera parfaitement r�guli�re. On
obiervera n�anmoins de former le devant de fon
fof�te de trois quarts de pouce plus faillant que
la furface int�rieure des cloiibns, afin que , l'or�
qu'on viendra dans la fuite � poier ces derni�res,
la corniche en l�gers ouvrages & la menuiferie
paroiifent avoir �t� �lev�es en m�me temps, comme
ii elles �toient de la m�me mati�re. Ce que nous
difons ici , touchant la corniche du couronne-
ment de l'int�rieur de cette pi�ce C, doit �tre
obferv� dans toutes celles de ce Plan; auffi y
avons-nous marqu� toutes les faillies des corni-
ches , & celles de leur fof�te, fur le nu des lam-
bris, par des lignes pon&u�es; enforte, par exem-
ple, que , dans le Cabinet D , la ligne ponctu�e 1,
indique le nu du mur, celle m, le fonte, celle n,
le cadre de cette m�me corniche , & enfin celle
o, le devant du lambris : proc�d� dont ©n doit
fe fervir, lorfqiul s'agit de la d�coration des Aj^
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37^                      Cours
partements rev�tus de lambris de hauteur; car
�orfqu'on n'y place que des lambris d'appui s il
iufHt alors que le fofite des corniches n'exc�de
gu�res plus le nu du mur que d'un pouce ou un
pouce & demi, f�lon l'�pairleur des �toffes d'�t�
©u d'hiver qui d�corent la plupart des pi�ces des
Appartements. Faute d'�tre avertis de la rela-
tion intime qu'on doit obferver entre les corni-
ches , les rev�tiffements ou les cloiibns de me-
nuiferie qui divifent, partagent ou f�parent les
niches, les d�gagements, les armoires pratiqu�es
dans les grandes pi�ces, ou m�me les avant-corps
qu'on y ajoute, pour procurer plus de mouve-
ment � l'ordonnance, combien de jeunes Archi-
tectes n'oiFrent-ils pas d'inadvertances qui cho-
quent les yeux intelligents ? Nous le r�p�tons
donc, cette �tude eil indifpenfable : autrement,
on n�glige l'�conomie, l'acc�l�ration fe ralentit,
les licences naiflent fous le crayon du Dei�ina-
teur, & les imperfections fe multiplient dans la
main d'oeuvre : n�gligence qu'on ne peut pardon-
ner, m�me dans les Maifons � loyer, & qu'on ne
rencontre n�anmoins que trop commun�ment dans
des Edifices de la plus grande importance.
-\i Ce que nous venons de dire, touchant la baie
& la perpendiculaire trac�es dans l'Anti-chambre
C, doit fe r�p�ter dans les autres pi�ces. Cette
bafe & cette perpendiculaire fe trouvent indi-
qu�es fur cette Planche, par une pointe feche
tr�s-l�g�re. Nous obfervons feulement qu'on ne
f�auroit apporter trop d'attention, � faire ufage
de ces lignes, tant dans les largeurs, que dans
les profondeurs des pi�ces , parce qu'elles pro-
curent autant d'axes, pour d�terminer avec {y-
metric, la difpofition de chaque objet de la d�-
-ocr page 496-
d'Architecture.            379
coration , foit qu'il ne s'agiffe encore que du
deffin, foit qu'il faille tracer ces axes fur le ter-
rein , lorfqu'on vient � pofer les parquets, la me-
nuiferie , la fculpture , les glaces , &c. Ce que
jiotis expliquons ici ne regarde que les lambris,
qui, ppf�s r�guli�rement, fe trouvent paralleles
les uns aux autres. Il faut d'autres pr�cautions,
pour tracer les courbes qui, dans certaines par-
ties d'une pi�ce, fe trouvent forc�ment intro-
duites; & c'eil ce que nous allons expliquer d'une
maniere pr�cife, parce que ces courbes font plus
difficiles � �tablir qu'on ne s'imagine ordinaire-
ment.
.., La plupart de ceux de nos Elev�s qui ne fe
font encore attach�s qu'aux El�ments de la G�o-
m�trie, & qui d�butent dans l'Architeclure, croient
qu'il fuffit, par les proc�d�s Math�matiques, de
trouver des foyers , pour �tablir les courbes fph�-
riques , elliptiques , paraboliques ou hyperboli-
ques , pour exprimer des tours rondes ou des
tours creufes , qu'il efl quelquefois n�ceiTaire
d'introduire dans un Plan ; cela eil vrai, � beau-
coup d'�gards; mais il n'en eii pas moins cer-
tain, que ces diff�rentes courbes, toujours. int�-
reffantes quand on les amen� � propos, & qu'elles
font d'une forme agr�able , manquent prefque
toujours leur but, quand elles ne font pas d'a-
bord d�termin�es par les yeux du go�t, & d'une
maniere plus ou moins reifentie, f�lon les pi�ces
o� elles fe trouvent appliqu�es. Il faut par conf�-
quent 3 avoir une aflez grande pratique du deffin ,
pour les tracer & en faire le choix le plus conve-
nable ; enforte que ce n'eil gu�re qu'apr�s cette
.�onnoiiTance, & apr�s s'�tre rendu compte de la
cherche trouv�e 9 qu'on peut s'aiTurer cki nombre
y
-ocr page 497-
38o                      Cours
des foyers qu'il convient d'employer, pour d�-
terminer g�om�triquement telle courbure, dont
on a befoin : de maniere que la fcience & l'Art
i� trouvent fi bien r�unis eni�mble , qu'on ne
puiiTe douter de la v�ritable intelligence de i'Ar-
tiite. Une autre attention non moins int�rei�ante,'
& qui �chappe � tous ceux qui s'en tiennent �
la routine, c'eft de commencer par d�cider la
courbure des angles d'apr�s le plafond, & non
d'apr�s le fol. Si au contraire on trace la cherche
fur l'aire du plancher , d'apr�s les difpofitions d'un
Plan mal r�fl�chi, lorfque les cloifons font �le-
v�es , la faillie des membres ext�rieurs de la
corniche en pl�tre , fe trouve fouvent for-
mer des angles aigus ou jarreceux avec le lam-
bris. Qu'on n'en doute point, c'eft. cette inat-
tention dont on s'aper�oit trop tard, qui force,
pour aini�-dire, de former des enroulements dans
les angles Taillants & rentrants des membres δε
des gorges des corniches : de-l� , tous ces contours
tortueux dans les plafonds , dont les hommes fa-
ges m�me n'ont pas toujours pu fe garantir; del�
font n�s enfuite ces ornements futiles &■ fans
liaifon , qu'on remarque encore aujourd'hui, dans
plus d'une de nos belles demeures �lev�es il y
a vingt ou trente ann�es; productions, nous pou-
vons le dire ici, imagin�es alors, au m�pris de
ces d�corations fi eitimables, fi ing�nieufes & il
bien r�fl�chies, employ�es d'apr�s les deifins
d'Hardouin & de plufieurs autres Architectes c�-
l�bres de fon temps; d�corations que les bons
yeux admirent encore avec le plus grand plaifir.
Pour parvenir � �viter la plupart des abus
que nous venons de rapporter, difons que, lors-
qu'on a d�termin� la nature de fa courbure , �§
/
-ocr page 498-
p'A�lC H ITEC TV RE.           3S1
maniere � fatisfaire l'oeuil, par exemple, celle
qui forme la tour creufe de la Chambre en ni-
che Β ■; au lieu de tracer le diam�tre de l'ellipfe
qui la compofe, du devant du lambris ρ & q,
comme on ne le fait que trop ordinairement, il
faut l'�tablir du devant de la corniche? vers les
points r & f, pour, des foyecs t & u, tracer les
courbures r, ν & s, x; puis du foyer y, diiiant de
vingt-fept pieds & demi du devant de H niche,
tracer la grande cherche u, χ ; enfuite des m�mes
foyers, circonfcrire la ligne int�rieure de la cor-
niche , & enfin le devant du lambris, afin que par
ce moyen, les angles r, s puiffent �tre r�put�s
droits, ce qui ne pouroit arriver , , comme
nous venons de le remarquer, on prenoit les
deux premiers foyers fur le diam�tre qui alligne
les extr�mit�s du lambris ρ & q : mais encore une
fois , avant de nous rendre compte de ce proc�d�,
n'oublions jamais de tracer d'abord ces courbures
� la main , & concevons que chacune d'elles doit
avoir plus ou moins de fermet�, de douceur on
d'am�nit� , f�lon l'ufage des pi�ces o� l'on veut
les introduire ; & que, dans le cas dont il s'a-
git , le go�t doit �tre regard� comme le mod�-
rateur des pr�ceptes , qui feuls font infiiffifants ,
s'ils, ne font pr�c�d�s du g�nie propre � la choie,
& de l'imitation des meilleurs exemples en ce
genre. Ce que nous recommandons � propos des
d�tails qui font ici notre objet, devient d'autant
plus int�reifant pour le jeune Artifte & l'Amateur,
qu'il ne s'agit ni de faite , ni de magnificence ,
'& que plus l'�conomie doit pr�iider dans la d�-
coration d'une pi�ce, plus il faut f�avoir racheter
une iimplicit� raifonnable , par la beaut� des for-
mes , par une fy�u�trie exa�e & par la combi-
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382                      Cours
naifon des rappors que chaque partie doit avoir
avec l'enfemble.
La tour creufe qui fe remarque dans le Ca-
binet D, diff�re de celle de la Chambre en ni-
che Β , en ce que celle-ci eft elliptique, & celle-l�
fph�rique, & que la courbure de cette derni�re
eil d�crite par un feul foyer dont le diam�tre
eft aui�i pris du devant de la corniche , & non
du devant du lambris, � caufe des coniid�rations
que nous venons d'expliquer plus haut, & qui
doivent fubiifter pour la maniere de d�crire la
courbure du Cabinet � foupape E , ainii que
celle du fond du piff�ir I ; autant de pi�ces dans
lefquelles nous nous fotnmes content�s de tra-
cer l�g�rement les lignes de conftruftion-, & les
diff�rents foyers qui d�cident la circonvolution de
leur courbe.
Paf�bns � pr�fent au f�cond Plan d�taill� que
nous avons promis : quoique d'un autre genre
que celui que nous venons de d�crire, il ne fera
pas moins utile � ceux qui d�firent acqu�rir les
diff�rents moyens de parvenir � concilier enf�m-
ble l'agr�ment des formes, avec la commodit�
& l'utilit�.
Plan de l� diftribution d'un deuxi�me Appar-
tement y d�taill� dans le genre
du pr�c�dent.
Planche X L I X.- ;
La diftribution de cet Appartement offre une par-
tie du Plan � rez-de-chauff�e du Ch�teau d� la Gran-
ge 9 appartenant anciennement � M. le Mar�chal
-ocr page 500-
d'Architecture.            383
de Saxe , & o�, depuis nous avons fait des ad-
ditions coniid�rables, entre-autres l'Appartement
trac� fur cette Planche , diitribu� pour la Dame
de la Maiibn qui y avoit d�iir� les plus grandes
commodit�s. Peut-�tre donnerons-nous dans la
fuite , aihfi que nous l'avons d�j� dit, les Plans,
les �l�vations & les d�veloppements de tout ce
B�timent, dont la diilribution int�rieure eit de-
venue affez heureufe, malgr� plufieurs murs de
refend qu'il a fallu conferver, ainii que les murs
de* face, dont nous rapporterons auffi les nou-
velles d�corations que nous avions propof�es,
par incruitation , parce qu'elles nous paroiffent
avoir le caract�re qui convient � une Maifon de
plaifance (i) de l'efpece dont nous parlons.
Sur toutes les pi�ces exprim�es dans cette
Planche, � l'exception de celles marqu�es A ,
font pratiqu�s des Entre-fols, dans lefquels on a
diitribu� un petit Appartement de bain , un lc-
(z) Nous appelons cette habitation,' Maifon, de plaifance ,
quoiqu'elle foit connue fous la d�nomination du Ch�teau de
la Grange du milieu : parce que, dans nos d�finitions du pre-
mier Volume, nous avons avanc� que chaque efpece de B�-
timent devoir avoir un caract�re diftindif : qu'une Maifon de
plaifance 3 comme nous l'entendons , doit �tre fuppof�e un
Edifice �lev� pr�s de la Capitale, o� les Ma�tres vont 'feule-
ment paifer quelques jours 3 pour fe d�ialfer des affaires qui
les attachent � la Ville; au Heu qu'un Ch�teau proprement
dit, eft un B�timent �rig� au milieu d'une Terre ou d'un Do-
maine dont le Propri�taire tire fon principal revenu. Il eft
cependant vrai que quelquefois les Maiibns de campagne, b�-
ties pr�s des Cit�s , joignent � leur habitation des d�pendances
qui exigent fouvent un Receveur ou un Fermier ; mais qu'il
y a loin des revenus qu'on en tire, � ceux d'une Terre en
forme : diftinction qui �chappe aux Propri�taires , & � l'Ar-
chitecte y d'o� il r�fulte que la plupart de nos Edifices con-
fervent dans leur d�coration une monotonie } qui confond^/*
tous les genres, au m�pris des pr�ceptes fondamentaux de l'Atti
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3$4                   Cours
gement de deux femmes-de-chambre, &; une pi�ce
deilin�e � contenir le linge & les habits de la
Ma�tre �le du logis : enforte que la hauteur du
Plancher du rez - de - chauff�e ayant vingt - deux
pieds, les entre-fols ont i�pt pieds d'�l�vation
& les pi�ces de deilbus treize pieds. L'Efcalier Β
qui, f�lon le befoin , defcend dans les fouter-
rains, & monte juiques fur les couvertures, fert
auii� � communiquer aux Entre-fols dont nous par-
lons, ce qui par leur 11103^11 , multiplie les com-
modit�s du petit Appartement que nous allons
d�crire : cet Efcalier Β fert d'entr�e & de d�m~
gement a la petite Anti-chambre C; mais nous
obferverons que , comme il eil contenu dans
une cage peu fpacieufe, il n'auroit pas eu a/fez
d'�chapp�e fous la r�volution de fa premi�re ram-
pe ; ainii noj.j.s avons tenu le Palier a, plus bas
de trois marches , qu'il faut defcendre en Z>, &
remonter en c : de mani�re que, par ce moyen, il
reite aui�i affez de hauteur du Palier a � la rampe
Sup�rieure 9 pour gagner la premi�re marche d,
qui annonce la defcente de la Cave. Ce Palier
λ , ainii renfonc�, eil une imperfection qu'il ne
faudroit pas le permettre �ndiilinclement; on η en
doit faire ufage que comme d'une refiburce qu'il
ne faut pas confondre avec les vrais principes de
la diilriburion; mais nous avons pu la hazarder
ici dans ce paiTage fubalterne ; &, en pareille
circonflance �, on peut mettre en ufage μη tel
Palier. On doit auffi remarquer que la forme de
cet Efcalier eil tr�s-irr�guli�re ; mais l'objet efTen-
ciel �toit, de tirer parti de fon irr�gularit� m�me,
occasionn�e par le pan coup� ext�rieur du mur
de face , fans nuire aux diverfes r�volutions de
fes rampes, pour arriver � des Paliers qui m�-
nent
-ocr page 502-
�'A R GH.�T� C Τ �ft�*           J'§J
tt�nf aux diff�rents �tages du Pavillon-oit ie trou-
ve plac�e la diilribution que nous offrons ici*
Dans Γ Anti-chambre C, fe trouve une chemin
n�e en face de la croif�e; c'eil une attention �
laquelle il faut manquer le moins qu'il eil poffi*
Me , fur-tout lorfqu'il s'agit d'une Antichambre
faifant partie d'un petit Appartement d'habitation
deilin� pour la Ma�trefTe du logis % parce que
cette chemin�e rend plus facile le ferv�ce des
femmes-de-chambre. Nous avons auffi pratiqu�
une armoire e ■> dans cette Anti-chambre b non-^
feulement pour lui procurer quelques commo-
dit�s de plus ; mais parce que, pour1 trouver les
deux girons des trois marches c, il a fallu don-
ner � l'embrafure de la porte, plus de profondeur
que l'�pahTeur du mur ne le comportoit. Comme
Anti-chambre fubalterne, nous avons n�glig� la
fym�trie qu'on doit obier ver par-tout ailleurs. ;
aui�� la chemin�e & la croif�e ne fe trouvent*elles
pas dans le milieu' de la longueur de la pi�ce �
mais cette Antichambre �tant d�j� fort petite,
il e�t �t� plus fautif encore de vouloir pr�f�rer
une r�gularit� inutile, plut�t que de chercher1
agrandir fa fur-face. La porte/d�gage, par cette
Anti-chambre, la Garderobe D , laquelle tire
fon jour par la porte g, qui, �tant ouverte«, prend
fa lumi�re d'une glace h, plac�e cffins le fond de
la niche qui donne dans la Chambre � couchef A*
& qui fe trouve f�par�e de la Garderobe D
par le couloir i, qu'il �toit n�ceflaire d'obfef-
Ver entre le lit & la Garderobe, pour arriver fe*
cr�tement � celle-ci, D'ailleurs, il eil bon de lie
pas n�gliger ces couloirs , derriere les niches d�s
Chambres � coucher > fur-tout, lorfque ces pi�ces
font deitin�es. � l'ufage des Darnes * ftors-feu�g«
T*miW.                              Bb
■ .�
-ocr page 503-
$86                       Cours
ment ils procurent la facilit� de faire le lit com-
mod�ment , fans �tre oblig� de le tirer au mi-
lieu de la Chambre ; mais, par ce moyen , la
Propri�taire �tant incommod�e, il eil plus aif�
de lui procurer les fecours qui lui font n�ceffaires,
que lorfqu'on ne peut pratiquer le d�gagement
dont nous parlons, & que nous n'avons pu ob-
server dans le Plan pr�c�dent ; d�gagement moins
n�ceifaire � la v�rit�, dans une Chambre de Ma�tre,
que dans celle que nous d�crivons. La glace �tranf-
parente que nous venons d'annoncer, femble de*
venir un obltacle � l'ouverture de cette cloifon ;
mais il faut f�avoir qu'elle eil contenue dans un
ch�l�is de forte menuiferie, & qu'elle s'�l�ve dans:
l'entre-fol, par le moyen de deux roues dent�es 9
& de deux rei�brts, de mani�re que, par un d�-
dit & un contre-poids, elle s'abaiffe facilement,
lorfqu'on veut tenir le fond de cette niche ferm�.
Cette glace a de largeur quarante-trois pouces, &
ies deux battements k, l, lorfque la glace eft en-
lev�e, s'ouvrent de droite & de gauche par des
charni�res qui procurent � cette niche une lar-
geur complette, pour faire le lit, ou foigner la
malade.
Nous regardons la commodit� d'avoir un cou-
loir pratiqu� derriere un lit en niche, ii effen-
�ielle, que , �«s avoir r�cours � la d�p�nfe �on�-
d�rable qu'entra�ne apr�s foi la glace en queftion,
& fa m�canique, il convient au moins de prati-
quer une cloifon brif�e en trois ou quatre par-
ties, ou � fon d�faut un flore qui s'�l�ve ou s'a-
baiffe , lorfque le befoin le requiert ; ce que nous
aurions pr�f�r� ici, fi, d'une part , l'�conomie
nous y eut forc� ; & de l'autre , fi la glace h ne
n.Qus fut pas devenue n�ceifaire pour �clairer U
-ocr page 504-
d'Architecture;          387
frarderobe B� D'ailleurs * cette Garderobe re�oit
de l'air par le Ventilateur m^ qui monte jufqu'au-
deflus des combles , ainii que la ventoufe η, de«
ftin�e � exhaler l'odeur de la foiTe > derni�res %
pr�cautions , fans lefquelles, la plupart des Garde- *
robes de nos Appartements font infe&es , fans;
en excepter m�me celles � foupape, dont nous
avons donn� pr�c�demment la defcription.
UAnti-chambre C communique � la Chambre �
coucher A, par le paffage E, petite pi�ce* diitri-
bu�e r�guli�rement, & qui fert encore, fi l'on veut,
� faire introduire le matin, par le couloir , les
�>erfonnes famili�res dans les pi�ces F, G, H, o�
a MaitreiTe fe retire apr�s fon lever. Ce cou-
loir eil encore niceffaire pour une fuivante, qui,
par fon fecours, peut entrer dans ce petit Ap-
partement , fans �tre oblig�e de traverfer la Cham-
bre � coucher A, pendant que la femme de cham-
bre habille fa Ma�treffe, ou re�oit fes ordres. Le
pai�age E , d�gage aui�� dans la Salle � man-
ger I, par l'un des ventaux de la porte � placard o,
l'autre ventail />, fervant � fermer une armoire;
& tous les deux figurent avec la porte � deux
ventaux & � double parement, qui, de la pi�ce I,
donne entr�e � la Chambre � coucher A. La
pi�ce F, eft une.Garderebe de propret�, autour
de la plus grande partie de laquelle, font prati-
qu�es des armoires, pour contenir les chofes d'u-
fage � une telle Garderobe. De celle-ci, on pafle
dans un Cabinet G, � qui l'on donne le nom de
m�ridienne; parce que dans une niche, comme
celle ρ, on place une Ottomane, efpec� de lit
de repos, o� l'on dort aifez commun�ment l'a-»
pr�s midi, lors des grandes chaleurs, ou bien ,
gh. Von fe rep�jfe lein du tumulte, dans le cas,
Β bij
-ocr page 505-
388                       Cours
dune l�g�re indifpoiition. De cette m�ridienne, '
on paffe atii�i.dans la Garderobe D, par la baye ?,
pratiqu�e dans l'un des angles de la tour creufe,
plac�e � l'une des extr�mit�s de ce Cabinet : dans
l'autre angle de cette tour, fe remarque une pa-
reille porte ouvrant une grande armoire r, pour
contenir les d�shabill�s. La d�coration ext�rieure
nous ayant fait la loi, nous n'avons pu placer
dans cette pi�ce G qu'une croif�e � hauteur d'ap-
pui, & d'une moyenne grandeur; mais, comme
deftin�e au repos, cette pi�ce nous a paru n'a-
voir pas befoin d'un jour trop �clarant: d'ailleurs,
pour la rendre plus lumineufe en apparence, &
iatisfaire � une {ym�trie plus exa&e, � c�t� de
la vraie croif�e , eft plac�e une glace �tam�e
de m�me forme & grandeur, qui pr�te � Tilluiion,
& dans la croif�e r�elle, � la m�me profondeur, nous
avons eu foin d'en placer une tranfparente, qui, par
le fecours d'un rideau de mouffeline, mafque les
petits bois du ch�i��s � verre, qui ferme la v�-
ritable croii�e dans les dehors. Nous avons auffi
exprim� dans cette pi�ce, par la lettre s, deux
petites armoires, d'autant plus n�ceffaires , que
le peu d'efpace du terrein ne permet pas une
certaine quantit� de meubles , & que ces ar-
moires , la plupart fecr�tes, �tant renferm�es dans
l'�paiiTeur des lambris, deviennent plus utiles ici
que des commodes, un fecr�taire, &c. Nous ve-
nons de dire que la croif�e r�elle, & celle qui
n'eit que feinte, �toient feulement � hauteur d'ap-
pui ; nous les avons toutes deux faites ainii, parce
que l'on peut mettre de petits fophas en confei�ion-
naux dans chacun de leur renfoncement e, &
placer une cr�dence u entre l�s deux glaces , ainii
que les quatre fi�ges aux deux c�t�s de la porte,
-ocr page 506-
d'Architecture. 389
qui entre dans la toilette H ; enfin deux gu�ri-
dons dans les angles ν ; autant de moyens qui
s'offrent � l'Architecte,. f�lon le local & la n�-
ceffit�. Nous en parlons dans ces Le�ons, pour
faire ientir au jeune Artiite, combien il eft int�-
reffant qu'il entre dans tous ces d�tails, & qu'il
foit pr�venu des reffources auxquelles il peut
avoir recours , pour tirer parti de la diftribu-
tion & de la d�coration d'un petit Appartement.
Le Cabinet H eft allez r�gulier : nous y avons
plac� une chemin�e , parce qu'� la campagne ,
le temps qu'on paffe � la toilette, dans l'avant
& l'arri�re-faifon , exige une chaleur temp�r�e.
Dans le milieu -de la tour creufe & en face de
la principale porte de cette pi�ce , en eil une
autre qui ouvre une armoire χ , pour ferrer les
uitenfiles � fon ufage ; & � c�t�, fe trouve un
piffoir γ, qui peut, par la petite porte (, fe d�-
gager, ainii que le Cabinet H. Cette porte poura
lervir aul�� � donner entr�e aux marchandes de
modes & autres , pendant la toilette, & de paffage
� la femme-de-chambre, pour, des entre-fols, com-
muniquer aux petits Appartements H, G, F, &
y pr�parer tout, en attendant l'heure du lever
de la Ma�trefTe de la Maifon.
On trouvera, fans doute , les tours creufes
trop multipli�es dans ce Plan : mais il faut ob-
ferver que c'eit par leur fecours que nous fom-
mes parvenus � placer avec une forte de fym�trie
les portes des pi�ces qui fe communiquent les unes
aux autres , & que ces arrondiffements nous
. ont procur� des commodit�s eii�ncielles derriere
les lambris qui les compofent. D'ailleurs, jamais
un Propri�taire ne s'oppofe � ce qu'on multi-
plie les paralleles, & les angles feniblablesy..<jaiis
Bbiij
-ocr page 507-
590 ' >           Co u RS
les pi�ces carr�es s barlongues ou obiongu�s $
jamais un Architecte ne fe refufe � cette r�p�ti-
tion. Pourquoi ne pouroit-on pas de m�me faire
un ufage fr�quent des formes circulaires, pourvu
qu'on parvienne � en varier les contours , &,
comme nous l'avons d�j� remarqu�, qu'on cher-
che � affortir leurs diff�rentes courbures appel�es
� raii'on des diff�rentes pi�ces d'un Appartement.
Nous penfons donc que, fans d�roger aux r�-
gies prefcrites par l'Art, on peut faire ufage de
toutes les formes que le go�t autorife, princi-
palement dans les petites pi�ces deiHn�es � l'a-
gr�ment & � l'habitation d'une femme aimable,
dont l'am�nit� & la douceur doivent s'annoncer
jufque dans l'ordonnance des pi�ces qu'elle choiik
pour fa demeure habituelle. Nous difons plus ;
c'eif ici qu'en faveur de la difpofition agr�able
du Plan , on doit monter fon g�nie pour en rendre
la d�coration enchantereiTe, & aiTortie � la jeuneiTe
& aux talents de la Dame qui l'habitera. Qu'on
y refl�chifle : il eft hors de doute que cette confi-
c�ration doit entrer pour beaucoup lors de la com-
pofition de l'Archite&e ; l'�ge , les mceors de la
perfonne pour laquelle il b�tit doivent n�ceflai-
�ement lui infpirer le ftyle dont il doit faire choix ;
de maniere que , jufques dans les pi�ces dont
nous parlons , on doit s'apercevoir que l'Artiite
a d� mod�rer fon imagination ou l'�tendre, f�lon
le go�t de la perfonne qui le met en �uvre. Nous
pai�br�s rapidement fur ce qui doit �tre dit � ce
�iijet ; parce que nous comptons nous �tendre
davantage dans le difcours du Volume fuivant :
n�anmoins, comme il s'agit, dans celui-ci, de la
diilribution, & que la forme de la diftribution
amen� n�ceflairement la d�coration int�rieure �
-ocr page 508-
d'A RCHiTEC t�r�;            35>i
nous ne pouvons gu�re nous difpenfer, dans ces
Le�ons, d'�baucher les pr�ceptes qui, dans la
fuite, feront d�taill�s plus au long; car, encore
une fois, comment �tablir une porte, un cham-
branle , un �coin�on , dans un Plan, , en y pro-
c�dant, on ne tente au moins une efquiiTe de
l'ordonnance, feul moyen de ne jamais �tre oblig�
de revenir fur {es pas, ou, ce qui eft pire encore,
de fe trouver forc� d'avoir recours aux exp�-
dients, la fource de la plupart des m�diocrit�s
qu'on ne rencontre que trop fouvent, dans les
productions de ce genre*
Peut-�tre eut-ce �t� ici la place de donner les
d�corations de ce petit Appartement; mais la
divifion de notre Cours fembie s'y oppofeF; d'ail-
leurs , en parlant dans le Volume iuivant de la
d�coration des dedans, nous prendrons occaiion
de donner de nouveaux Plans de d�tails , afin
d'encha�ner autant que nous le potirons , ces
deux branches de l'Art, de mani�re � ne faire
qu'un feul & m�me objet* Nous obferverons feu-
lement ici, quT� l'exception de la Chambre � cou-
cher A , nous n'avons point rev�tu de lambris les
pi�ces de cet Appartement ; car on ne doit pas
regarder comme tels les cloifons qui fe remar-
quent ici, pour d�terminer leurs contours, les
d�gagements, les armoires , & les autres com-
modit�s de leur reffort. Au lieu de lambris , nous
avons peint fur les parois des murs & des cloifons ?
en briques & en bois, des arabefques & des fleurs,
qui procurent � ces diff�rentes pi�ces un coup
xToeuil riant & pittorefque ; genre que nous avons
pr�f�r� ici, d'une part, parce que la peinture �gay�
cete petite habitation ; de l'autre, parce qu'elle
fembie ejt agrandir l'efpace- tr�s-refferr� , ainft
Bbiy
i
-ocr page 509-
J9�                    C o»v as
qu'on peut le remarquer, par les mefures que
nous avons pris foin de coter dans chaque pi�ce.
Cette maniere de d�corer eil difpendieufe, � la
v�rit�; mais nous avons d�j� dit que nous n'a-
vions pas �t� g�n� par l'�conomie ; d'ailleurs,
qu'on Te rappelle quelques-unes des d�corations
de ce genre ex�cut�es dans nos Palais,, dans nos
H�tels, &. dans plufieurs habitations de nos ri-
ches particuliers , & l'on aura moins de peine �t
fe periuader que cette d�penie n'a pas lieu d'�-
tonner un Amateur �clair� par les yeux du go�t,
qui fe plait � d�corer la retraite d'une �poufe ch�-
rie, & qui", alors, rejet� toute efpece de m�diocrit�.
Si au contraire, il eft retenu par les frais qu'occa?
lionne n�ceiTairement ce genre de d�coration ? il ai-?
mera mieux faire ufage des �toffes l�g�res, plut�t
que d'employer des Artifles fubalternes, pour d�^
�orer des lieux, qui, pour plaire, doivent raflern�?
h\§V t�us les .talents qu'enfantent les beaux Arts,
.''.,; �                                   ■'>%� ■■'.-.*' i'-                                                   - ■".                               i '"'"■■ �                                                                           ' ' ■' "■ "■ . ■' ^
**"y *sJ* 4tW
ν
^■^M^
-ocr page 510-
d'Architecture.          593
CHAPITRE V.
■jT3lPR�s avoir parl� dans les Chapitres pr�c�-
dents de la diitribution ext�rieure & int�rieure
des B�timents, finiffons ce Volume par donner
quelque id�e de la relation que ces productions
doivent avoir avec la difpofition des Monuments,
& la fituation des Edifices publics, �lev�s dans
une m�me Cit� ; afin que les uns & les autres,
mis en oppoiition , concourent � faire beaut� ,
fans cependant nuire � l'�conomie toujours d�-
iirable, lorfqu'il s'agit de grandes entreprifes.
Pour que nos obfervations ne foient pas d�-
nu�es de vraiffemblance , donnons par maffes ,
les B�timents que nous avons fait �riger �
Metz, �ous les. ordres de feu M. le Mar�chal
d'Etr�es, � Toccafion des nouvelles communica-
tions qui fe font faites fous fori Gouvernement,
& qui fe continuent aujourd'hui fous celui de
M. le Mar�chal de Broglie qui lui a fucc�d� :
�nfuite nous offrirons, auffi par maf�e,les Edifi-
ces civils & militaires que le Magiftrat de Straf-
bourg fait �lever actuellement fiir nos dei�ins,
d'apr�s le plan g�n�ral de la Ville , que nous
avons fait lever fous nos yeux, & � propos du-'
quel nous avons projet� tous les ouvrages qui
doivent s'�riger iiiccei�ivement dans la fuite des
temps, projets approuv�s par fa Majefl�, � Marli
� le 28 Septembre 1767, fous le minift�r� de M. le
Duc de Choifeuil.
11 ne faut pas s'attendre � trouver, clans ces
-ocr page 511-
■*.._
394                   C ο ν κ i
deux Plans par maffe, de ces projets � perte d�
vue, que propofent de temps � autre, nos fpec-
tateurs oififs : perfonne n'ignore que, dans les
Villes de guerre, dont l'enceinte eil circonfcrite
par les fortifications, il n'eft jamais poi�ible de
s'�tendre au-del� des limites preicrites par la ii-
tuation de la place ; enforte que les Monuments
publics & les �difices de marque fe reiTentent tou-
jours un peu d'une �conomie forc�e,, occaiionn�e
par le peu d'efpace. D'ailleurs, la prudence exige
que les Maifons des particuliers qu'on fe trouve
oblig� de d�truire, pour �lever des Places d'ar-
mes , des Magaiins militaires, & des communi-
cations pour le d�fil� des troupes, puiffent fe re~
cpnilruire en d'autres endroits. Autrement, les
Citoyens font contraints de s'exiler, le commerce
eil ruin�, & la Ville qu'on a embellie devient
d�ferre: conduite tout-�-fait contraire � une fage
adminiikation. Dans les grandes Capitales non
. fortifi�es, e'eil autre chofe ; la planimetrie eil, pour
ainfi-dire, fans bornes. L'Archite�te peut exercer
fon g�nie , donner carri�re � fon imagination, &-.
propofer des projets dignes du Prince , du Mi-
nui�re & de fes talents; encore doit-� fe renfer-
mer dans des efpaces l�gitimes; fans cela, fes com-
pofitions, quoiqu'admirees, font condamn�es �,
reiler dans les Archives, & � n'�tre jamais, ex�-
cut�es. Pour �viter de tels inconv�nients., nous,
avons pr�f�r.� de donner les projets faits pour Metz
& pour Strasbourg, afin d'avoir occaiion d'aver-
tir nos El�ves , des entraves & des difficult�s,
fans nombre, inf�parables de taute efp�ce. de pra«
dwc�on en Archite&ure*
-ocr page 512-
, b'ArChit�ct�r� 39f
Plan par maffe des nouveaux B�timents (S*
des nouvelles communications faites.
� Mct^ depuis 1764*
Feu M; le Mar�chal de Belifle, fous fon Gou-
vernement, avoit fait commencer � Metz des
Communications pour le fervice du Roi, & il fe
propofoit de faire conitruire une Place d'armes,
d'�lever des Magafins militaires , un Gouverne-
tirent, un H�tel-d�-Ville, un Edifice pour le Par-
lement , &c. Un homme de m�rite , mais fans
doute trop ardent, & peut-�tre, mauvais cal-
culateur, � qui M. de Belifle avoit donn� fa con-
fiance , entama les op�rations, avant de faire un
Plan g�n�ral, enforte que, plus occup� d'aller-
vite que de bien faire, on acquit des terreins,'
plufieurs maifons furent abattues , on per�a de
nouvelles rues, l'autorit� s'en m�la plus que la
prudence , on obtint des fonds de la bienfaifance
dev Sa Majeft� , & les travaux fe continu�rent
jufqu'� la mort du Mar�chal, qui, avec les vues
les plus droites & la meilleure intention, laiiTa des
ouvrages mal commenc�s , & des Entrepreneurs
� payer : c'eil dans cet �tat que M. le Mar�chal
d'Etr�es trouva les chofes ; cependant par fa pru-
dence , fes foins & fon �conomie, il a dans un
efpace ? malheureufement trop court, non d�-
truit le mal fait avant lui, mais f�u tirer parti
de ce qui lui reftoit � faire, pour donner � fes
( communications δε aux B�timents qu'il a fait �le-
ver fous fon adminiftration, un enfemble δε un
accord qui fait honneur � fa m�moire. Ceft aui�i
|r�rs ce temps-& que je fus � Metz par ordrg
r
-ocr page 513-
3$6                       Cours .
de la Cour, � l'occaiion de la r�union des deux
Abbayes de Saint-Pierre & de Sainte-Marie, pour
* choifir le plus convenable des deux terrein s J� δε
y �lever un Edifice important. M. le Marquis
«TArmentieres, Commandant de la Place , fait de-
puis Mar�chal'de France,� qui j'avois �t� adrefle,
iatisfait des projets que je fis fur les lieux, � l'oc-
caiion des deux Abbayes d�j� cit�s, me propofa
� M. le Mar�chal d'Eitr�es pour fon Architecte,
afin que je procuraife plus d'enfemble aux Edifices
qu'il s'agii�bit d'�lever alors dans cette Ville ; il me
propofa auffi � M. f Ev�que de Metz, pour fon Pa-
lais Epifcopal , enfin aux Officiers municipaux
pour l'H�tel-de-Ville. Ces proportions ayant �t�
accept�es, je fus charg�, en m�me temps, de
ces divers projets : je ne m'occupai plus que de
mettre le plus de liaifon poffihle entre ces diff�-
rentes productions , en m'ai�uj�diTant n�anmoins
aux indications qui m'en furent donn�es, pour, cha-
que genre d'Edifice. Dans la fuite, charg� par M. le
Mar�chal d'Eftr�es d'attaquer le projet d'un, nou-
veau B�timent pour le fi�ge du Parlement de Metz,
nous cr�mes devoir chercher � lui donner une rela-
tion g�n�rale qui ne nuis�t en rien � fon objet
particulier : c'eft de ces divers Monuments, & de
leur communication qu'il s'agit ici, lefquels font
exprim�s fur la Planche �oni nous allons parler;
nous les avons diitingu�s par une taille , au lieu
que nous n'avons que pointill� ceux conferv�s
dans leur ancien �tat. En faifant la defcription
abr�g�e de chacun de ces B�timents , rendons
compte des fuj�tions qu'il nous a fallu furmonter,
pour les amener au point o� on les voit aujour-
d'hui , � deffin de faire conno�tre de plus en plus
� nos El�ves, qu'on ne fait point de projets ,�m�
-ocr page 514-
d'Architecture.           397
entraves, & que �e grand Art de l'Arcbitecle ei|
de faire enfort� cependant , qu'elles nuifent le
moins poi�ible � leur perfection.
                          ',
Planche L.
Nous venons de parler du choix que nous
avions �t� charg� de faire, ou du terrein de l'Ab-
baye des Dames de Saint-Pierre, ou de celui des
Dames de Sainte-Marie. Avant de nous d�cider,
nous juge�mes convenable de faire diff�rents pro-
jets fur chaque terrein ; &, c'efl d'apr�s ce tra-
vail , que nous avons mis les perfonnes int�reiT�es
en �tat de choiiir celui marqu� A, o� pr�c�-
demment �toit l'Abbaye de Saint-Pierre. D'apr�s
ce choix, Madame �'Abbeffe & les Dames Cha^-
noinei�es, fe font retir�es � Sainte-Marie, dom
nous avons marqu� la iituation dans notre Plan,
en Β : ces Dames y font acluellement, jufqua la
parfaite conitruction de la nouvelle Abbaye Roya-
le , d�iign�e aujourd'hui fous l'invocation de Saint-
Louis, quoiqu'elle s��eve fur l'ancien terrein des
Dames de Saint-Pierre. Nous venons de dire aiiffi
que nous avions fait plufieurs projets fur chacun
des deux terreins ; en effet , nous en compof�-
mes trois pour celui-ci, & deux pour l'autre.
Dans l'un des trois projets, fait pour �tre plac�
en A , nous avions propof� de mettre l'entr�e
du c�t� du Quai; mais celui trac� fur cette Plan-
che � pr�valu, & l'on a pr�f�r� de placer cette
entr�e du c�t� de la rue des Jardins , dont le
fol fort �lev� , procure aux Appartements �es
Dames qui donnent fur un bras del� Mozelle &
en face de l'Intendance, un coup d'�uil fort 'm~ ,
1                                          i
-ocr page 515-
39^                    Cours
t�rejant (�). Le genre de ce projet, quoiqu'il ibit
queition d'une Abbaye Royale, n'eu pas dans
le cas des Abbayes clo�tr�es; ici ce fortt des Dames
ChanoineiTes de la plus haute nobleffe, qui vi-
vent chacune en leur particulier^ fous la direction
imm�diate de Madame de Choifeuil qui en elt
l'Abbefle, Dame du m�rite le plus �minent, δε
vivant avec cette urbanit� peu commune � la
grande nauTance ; aui�i toutes ces Dames fe
font-elles un plaiiir bien iinc�re de l'avoir pour
Chef.
Ce B�timent a quatre-vingt-dix toifes &-demie
de longueur, fur environ dix-neuf toifes de pro-
fondeur ; la Maifon Abbatiale eit iku�e en a, le
Doyenn� en h, & le logement des Dames Cha-
noineiTes en c : les d�pendances font difpof�es en
d\ l'Eglife en rotonde, dont nous avons donn�
le Plan & la coupe dans le troiiieme Volume, Plan-
che LX & LXI, & le frontifpice dans le deuxi�me
Volume, Planche XXXIV, eil plac�e en e, en face
de la place de Chambre, ainii. que nous l'avons an-
nonc� en faifantla defcription de ce Monument. Les
diitributions des B�timents de cette Abbaye Royale,
ont cela de particulier, comme nous venons de le re-
marquer, qu'elles n'ont rien de commun avec celles
des autres Edifices de ce genre ; c'eft pour cela que
nous en donnerons peut-�tre, dans la fuite, les Plans,
(k) Ce projet ayant �t�pr�fent� au Roi, � Fontainebleau , en
Octobre 1765, fut auifi choifi par Sa Majeft�, qui nous, fit
l'Honneur d'en approuver la compoiition, & d'en d�firer l'e-
t�cution. Il daigna m�me, avec bont�, entrer dans les plus
petits d�tails, apr�s avoir applaudi � l'ensemble : �poque que
nous nous rappelons avec la plus grande fatisfaifion, & qui
nous a procur� l'honneur de lui pr�fenter d'autres projets pour
Met;z & pour. Strasbourg. qu'il 3 aulfi approuv�s»
-ocr page 516-
b'�ugh�tecture;          39$
les �l�vations & les d�veloppements, auxquels nous /
joindrons l'un des projets faits fur le terrein des
JDames de Sainte-Marie, dont la difpofition locale
nous a port� � faire un Plan de diitribution ab-
solument neuf, & qui, pour cela, m�rite fans
.doute quelque attention.
Pour parvenir � ex�cuter le Plan de l'Abbaye
�q Saint-Louis, on a redreff� les finuofit�s que
formoit la rivi�re de la Mozelle, qui paffe au
pied du nouveau Quai : d'un c�t�, ce Quai doit
alligner celui des Juifs, & de l'autre, celui de
Sainte-Marie; de mani�re que l'�rection de cette
Abbaye, conf�d�r�e comme Edifice public, con-
tribuera auffi � rendre plus libres les communi-
cations , � faciliter la navigation , & � d�corer la
Ville de Metz : triple avantage qu'il convient d'ob-
ferver , lorfqu'il s'agit d'�lever quelque Edifice
d'importance dans yine Cit�.
Ce projet une fois approuv� , lorfqu'il fut ques-
tion d'attaquer les communications utiles au d�-
fil� des troupes, nous propofames � M. Le Ma-
r�chal d'Etr�es de percer une nouvelle rue mar-
qu�e C, nomm�e aujourd'hui la rue l'Ev�que ;
perc� qu'on avoit n�glig� jufqu'alors, & � la pla-
ce duquel on avoit pratiqu� un chemin iinueux, o�
fe voit le Perron D : enforte que les �quipages
�toient oblig�s de paffer fur la plate-forme de
Saint-Etienne Ε, pour aller gagner la place Saint-
Jacques F, en traverfant & parlant fous d'anciens
B�timents G, qui, depuis, ont �t� conitruits �
neuf. Cette rue C, une fois �tablie, nous avons
form� le Perron D, femblable � celui d�j� con-
ftruit en H ; & fur le mur formant la terrafTe de
la plate-forme de Saint Etienne, nous avons fait
�riger une fontaine adoff�e I, qui contribue �
-ocr page 517-
400                      Cours                           .f .λ
rendre moins difforme ce mur de rev�tiiTemei��
anciennement b�ti.
A l'extr�mit� de la rue l'Ev�que C, & dans
l'ancienne cour de l'Ev�ch�, par une tranfa&ion
faite entre M. l'Ev�que de Metz, & M. le Ma-
r�chal d'Etr�es, fur le bon du Roi, nous avons
projet� une Place Κ, & une Rue L, qui doit �tre
appel�e la rue d'Etr�es ; enforte que l'axe de
cette nouvelle Place Κ, & de la Rue L , doit s'al-
ligner pr�cif�ment avec la ligne capitale , qui
traverfe la Cath�drale; Eglife fur le pignon de .
laquelle nous avons acloff� un portique Dorique ,
& perc� une arcade, qui aujourd'hui, forme la
principale entr�e de ce monument : ce qui n'e-
xiitoit point auparavant, les vieux B�timents de
l'Ev�ch� joignant le devant de ce frontifpice.
Ce Portique n'�toit pas facile � bien faire, fa
hauteur n'exc�dant gu�res que la moiti� de l'an-
cien pignon de cette Eglife ; il s'agiffoit de confer-
ver un grand vitrail, qui en �claire la nef int�-
rieure : del�, il a fallu , non 3 compofer une or-
donnance gothique ; mais au moins �viter une Ar-
chitecture trop f�v�re : d'un autre c�t�, ce Por-
tique devoit avoir pour acotement un Pavillon
d'habitation � chacune de fes extr�mit�s ; & nous
f�mes forc� de rendre l'ordonnance des arri�re-
corps d'un genre qui t�nt le milieu entre le ftyle
facr� & la fimplicit� qu'il convenoit de donner
� ces Pavillons qui font face � ceux de l'Ev�ch�
& du Parlement, ainfi qu'on le remarque dans
notre Plan.
Pour parvenir � cette triple unit�, & apr�s avok
eu fait choix du Dorique, dans la compofition
, duquel nous avons fait ufage des moyens que nous
avons propof�s, dans le deuxi�me Volume de ce
Cours,
-ocr page 518-
d'Architecture,           401
Cours, concernant l'accouplement de Cet Ordre,
nous en avons fait n�anmoins les chapiteaux 9
femblables � celui de la Salie des Antiques du Vieux-
Louvre , par l'Efcot ; � celui de la Cour du Val-
de-Gr�ce, par Manfard , &i � celui de l'ancien
Ch�teau de Meudon , reftaur� par Hardouin ; &
afin de rendre, en apparence, cet Ordre un peu
au de/Tous de fon exprel�ion, dans le tiers inf�-
rieur des cannelures , nous avons ajc��� des
joncs convexes, ainii que Manfard en a nie au
Ch�teau de Maifons (l). Pour faire paro�tre cette
ordonnance moins r�guli�re encore, nous avons
pratiqu� une table faillante qui occupe la hau-
teur de la frife & de l'architrave, Se qui r�gne fur
toute la longueur d� grand entrecolonnement, ta-
ble que nous ne nous ferions pas permife en toute
autre occaiion, malgr� les exemples ai�ez c�l�-
bres que nous en ont laiif�s les TEicot, les Phili-
bert de Lorme au Vieux-Louvre & aux Tui-
leries ; enfin , nous avons couronn� l'avant-corps
de ce Frontifpice , par un fronton circulaire ,
afin de l'accorder mieux avec l'ancienne Arch>
te�ure qui fe laiiTe voir au-def�us.
Dans chaque arriere-corps, nous avons plac�
une niche; celle � gauche contient la Statue de
la France, celle � droite la Statue del� Religion,
toutes deux faifant alluiion aux v�ux de la Pa-
trie , lorfque le Roi tomba dangereusement ma-
lade dans Metz � fon retour de l'arm�e. Nous ne
nous �tendrons pas davantage fur l'objet de ce
Portail ; il a �t� grav�, par ordre de feu M. le
I»l                                               '                              "                         u ι         ι ι ι.. 1              1 1..1 1 1 il.!                                                         ι , ■!
(/) Voyez ces cannelures dans le premier Volume de c�
Cours, rapport�es Planche YIII, Fig, VI.
Tome IF.                                     C c
-ocr page 519-
40i                      Cours
Mar�chal d'Etr�es, & Ton y trouve les infcriptions
qui, ©nt �t� plac�es fur les tables au-deiius de
chaque niche, & fur celle inf�r�e dans la frife,
dont nous venons de parler : nous dirons feule-
ment que les colonnes ont quatre pieds un quart
de diam�tre, que ce Frontifpice eil d'une belk
ex�cution, & que Paris n'a gu�res d'Edifices
mieux appareill�s , & d'une main-d'�uvre plus
accomplie : perfection due aux foins & aux ta-
lents de M. le Brun, Ing�nieur de la Ville de
Metz, qui a bien voulu f�conder nos vues, &
faire ex�cuter litt�ralement tous les profils que
nous avons donn�s en grand ; il �toit aid� d'ail-
leurs, d'un mod�le qui, dans le temris, fut ap-
plaudi des connohTeurs.
Qu'on nous permette de faifir l'occaiion de
ce Portique, pour a�Turer � ceux qui en pou-
roient douter, que le moyen que nous avons
propof� dans notre Cours, pour l'accouplement
de l'ordre Dorique, & que nous enfeignons dans
nos Le�ons depuis trente ann�es , produit fur
le lieu le meilleur effet. Nous attendions une cir-
conilance favorable pour le mettre � ex�cution ;
nous l'avons fait � Metz, l'Eglife de la Cath�-
drale, d�di�e � Saint-Etienne, Martyr, nous ayant
permis de faire ufage de cet Ordre folide. Nous
le r�p�tons ; c'eil d'apr�s un examen impartial
que nous ofons affurer qu'il nous a fait beau-
coup de plaifir apr�s fon enti�re ex�cution ; ce
que nous rapportons ici, pour donner toute con-
fiance � cet �gard, � ceux de nos El�ves quife
trouveront dans le cas de l'accouplement Dori-
que : car autrement, notre avis eil de fuivre Vi-
gnole , qui a f�u faire un chef-d'�uvre de cet
Ordre , mais qu'on n'a imit� que tr�s-imparfaite-
-ocr page 520-
d'Architecture.          403
���nt, lorfqua fa m�thode on a voulu joindre l'ac-
couplement mis en �uvre par nos Archite&es
Fran�ois , fans en excepter les D�broffes , les
Bruant, les Manfard & les le'Veau, ainfi que
nous l'avons rapport� pr�c�demment.
La Cath�drale � laquelle appartient le Portail
dont nous venons de parler, eit un des beaux
Edifices Gothiques que nous connoiifions. MM.
du Chapitre de Metz fe propofent de faire faire
des embellifTements dans l'int�rieur de cette Eglife.
Un des avantages du lieu, c'eft que le fol du
Sanctuaire & du Ch�ur eft plus �lev� que celui
de la nef d'environ fept pieds; difpofition qui nous a
fait accepter, avec le plus grand plaifir, la propo-
rtion qui nous fut faite de donner les deff�ns de
cette d�coption ; d'en faire faire un modele fous
nos yeux, & de veiller � la conduite de cette
,reftauration importante; mais comme nous don-
nerons darts le Volume fuivant ks Deffins de ce
projet, nous ne rapporterons rien ici de fa com-
pofition :� en juger par les applaudiiTements des
Ma�tres de l'Art qui en ont vu le mod�le, nous
ofons pr�fumer qu'on en verra avec une forte
d'int�r�t, les d�tails dans notre Cours; & c'eft
alors que nous rappellerons , en d�crivant nos
Planches, ce que nous avons dit fur la d�cora-
tion de nos Temples , dans le deuxi�me Volume
de cet Ouvrage, � deffein d'appuyer le pr�cepte
par l'exemple. Pai�bns � pr�fent aux B�timents
du nouvel H�rel-de-Ville marqu� M dans notre
Plan.'Cet Edifice fe trouve fitu�'vis-�-vis la face
lat�rale de la Cath�drale dont nous venons de
dire un mot.
Cet H�tel-de-Ville n'a de face que vingt-cinq
toifes, fur environ vingt toifes de profondeur, & il
C c jj
-ocr page 521-
' 'χ
404                         Cours
eil plant� fur le fornmet d'un monticule plus �lev�
de vingt-un pieds que le fol de la Place Ν ; en-
forte que l'entr�e ordinaire pour les affaires de
la Ville, le trouve iitu�e fur la rue derriere Saint-
Gorgon, & l'entr�e de repr�fentation, eil par la
Place Ν, o� l'on arrive au premier �tage, par
un grand eicalier � trois rampes , pr�c�d� d'un
grand P�riilyle �lev� feulement de trois marches
du niveau de la Place. Quoique ce B�timent n'ait
r�ellement que vingt-cinq toiies de face , on a
continu� la m�me ordonnance dans la longueur
de quarante-neuf toifes; de maniere que vers l'ex-
tr�mit� �, fur la m�me face , 'eil compris l'H�tel
de'la Princerie; & vers g, on va conilmire un
B�timent particulier � la place de l'Eglife de Saint-
Gorgon, d�molie depuis peu. Cette fa�ade eil
ainfi �lev�e, dans l'intention de rendre la d�co-
ration de la Place L plus r�guli�re. La d�cora-
tion de cette grande fa�ade, malgr� fa fimplicit�,
ne laiiTe pas de produire un bon effet : les de-
dans d'ailleurs , font commodes & aifez bien d�-
cor�s , par les foins & fous la conduite de M. le
Brun; nous n'avons eu d'autre part � cet Edifice
que d'en avoir donn� les Dei�ins , fous les ordres
de M. le Mar�chal d'Etr�es, & ils ont �t� approu-
v�s par le Corps-de-Ville.
Le B�timent marqu� O, eil un corps-de garde
nouvellement b�ti, dont nous avons auf�i donn�
les Dei�ins ; il y a des magaiins au-deiTus. Derriere
ce B�timent, eil une �le de Maifons deilin�es
pour les particuliers, avec qui l'on a fait des
�changes, afin de remplacer les terreins qu'ils ont
c�d�s, pour �lever les Edifices qu'ont occaiionn�es
les nouvelles communications.
En face de l'H�tel de-Ville M, & au bas de la
-ocr page 522-
d'Architecture. 405
Cath�drale, nous avons b�ti aux frais du Roi �>
une fa�ade qui ne s'�l�ve qu'� la hauteur du fou-
ba�Tement, de vingt-un pieds , & dans lequel eil /
diftribu�e une partie des pi�ces du rez de chauiT�e
de l'H�tel-de-Ville. Le terrein, depuis ce nou-
veau mur de face, jufqu'� celui de la Cath�drale,
a �t� c�d� au Chapitre ; il y a fait conftruire
des boutiques qui, en rendant la Place L mar-
chande , Vont fait, pour aini�- dire , paro�tre r�-
guli�re , du moins dans fa planimetrie.
Sur le milieu de la longueur de la Place N,1
& en face du Corps-de-garde Ο, nous venons
d'�lever la fa�ade du Parlement ; l'ancienne tom-
boit en ruine; & d'ailleurs M. le Mar�chal d'E-
tr�es avoit eu deflein de terminer enti�rement la
d�coration de cette Place. Cette nouvelle fa�ade
n'a pu fe faire, fans projeter un Plan de la diilri-
bution int�rieure , & c'eit d'apr�s ce Plan , qu'on
a fait des acquittions, des �changes , & qu'on y
a compris le terrein de l'ancien H�tel de-Ville.
Un des m�rites eiFenciels de ces diftributions, eil
que l'avant - corps de ce B�timent fe trouve
pr�cif�ment dans le milieu de la place Ν , en-
forte que l'un des arriere-corps , du c�t� de la
Cath�drale, fert de fa�ade au Parlement, pen-
dant que l'autre tient lieu de mur de face aux
Maifons particuli�res qui occupent le furplus dit
terrein , donnant iur la largeur de cette place ;
ce qui donne � cet Edifice une �tendue appa-
- rente de vingt-cinq toifes de face, quoiqu'il n'en
ait effectivement que d�x-fept. Un autre avan-
tage de ce projet, c'eit que �e milieu de la cour
du Parlement P, du c�t� de la place de TEv�ch�
K, fe trouve alligner le milieu de celle du Palais
Epifcopal Q, ce qui forme un enfemble fatisfai-
-ocr page 523-
406                      C O � R S
fant, qui fe rencontre rarement, lorfque les Edi-
t�es s'�l�vent f�par�ment, dans des temps dif-
f�rents , & fur les dei�ins de divers Architectes.
Nous avons fait plui�eurs projets pour ce Parle-
ment ; le plus �conomique, fans doute, a �t� pr�f�-
r� : nous n'avons conferv� de v�ritable grandeur
dans ce projet, que pour un veitibule du c�t�
de la Place Ν , lequel men� � un P�riilyle
en colonade, qui donne fur la Cour Ρ ; ce r�*
rii�yle conduit � un grand efcalier � trois ram-
pes , dont le premier palier m�ne � une Chapelle
circulaire, & enfuite � Ja Grand'Chambre, � la
Salle du Confeil, &c. plac�es au premier �tage :
Je refte de cette diitribution eit aifuj�tie feulement
aux diff�rents d�partements du reifort d'un tel
Edifice. Peut-�tre donnerons-nous aui�i dans la
fuite les d�tails de ce B�timent, non parce qu'il offre
dans fon enfemble, cette marche hardie & ces
. grands traits qu'on voit �tal�s avec fai�e, dans les
projets imaginaires que nous pr�fentent fouvent
nos El�ves ; mais pr�cif�ment parce que la diitri-
bution & la d�coration ext�rieure ne compor-
tent que ce qu'il faut, lorfqu'il ne s'agit que d'un
B�timent public du f�cond ordre, �lev� dans nos
Provinces, & parce que ce projet eit aiTuj�ti �
un terrein affez reiferr� & irr�gulier qui a d�
n�anmoins contenir, non-feulement ce qui re*
garde le Parlement proprement dit ; mais un Bail-
liage , des prifons, une Conciergerie, enfin un
H�tel particulier, pour le premier Pr�iident,
Nous venons de remarquer que l'axe de la coup
du Parlement P, a�lignoit celui de la cour du Pa*
lais Epifcopal Q. Difons un mot de ce dernier
projet qu'il a falu rendre digne du Si�ge de Metz,
& du grand Seigneur qui le doit habiier. Pour le
-ocr page 524-
d'Architecture. 407
tendre conforme � cette id�e, on eft convenu de
r�unir la ParohTe de Saint-Vi�or, plac� dans l'un
des angles du terrein o� cet Ev�ch� doit s'�le-
ver, avec une autre ParoiiTe de la Ville. C'eit
d'apr�s cette difpoiitioii, que nous avons d'abord
form� le Plan par maffe qui fe remarque ici, &
qu'enfuite, nous avons c®mpof� les Plans, les �l�-
vations δε les coupes, d'apr�s les intentions de
l'illuftre Pr�lat qui nous en avoit charg� fp�cia-
�ement, Pr�lat qui, pour le bien g�n�ral , a con-
senti, par une tranfa�ion, dont nous avons fait
mention pr�c�demment, d'abandonner la majeure
partie de la cour de l'ancien Ev�ch�, pour pra-
tiquer la Place Κ, qui doit fervir d'avant - cour
aux nouveaux Palais projet�s; de mani�re que les
principales entr�es & du Parlement & de l'Eve-
ch� feront en face l'une de l'autre ? & auront, d'un
c�t� , le nouveau frontlipice de la Cath�drale ,
& en face la rue α Etr�es L, prolong�e jufqu'� la
rue Pierre-Hardi. ;
La diftribution int�rieure de ce Palais Epifco-
pal eft trait�e dans la plus grande mani�re. La
d�coration des dehors eft noble & orn�e : nous
avons m�me �t� excit� � les faire ainfi, par la
magnificence que M. de Laval Montmorenci, Ev�-
que de Metz, avoit f�u nous infpirer, en nous
communiquant fes intentions , enforte que nous
croyons cette produftion digne de figurer un jour
� c�t� des Monuments de ce genre, �lev�s en
France par les Bullet & les de C�te.
Apr�s avoir fait une courte �num�ration des
nouveaux Edifices b�tis & � �lever encore � Metz ,
d'apr�s notre Plan, faifons obferver � nos El�ves,
en quoi a d� confifter l'avantage d'avoir attaqu�
tout � la fois dans ce projet, les B�timents eiTen*
Cciv
-ocr page 525-
4o8                  C o υ κ s
ciels qu'il s-agiiToit de conitruire; & ne diffimulons
pas ce qu'il auroit peut-�tre fallu faire pour parve-
nir au mieux, dune part, ii le local l'eut pu per-
mettre, & de l'antre, fi les fonds accord�s pour
ces travaux enflent �t� plus confid�rables. Com-
men�ons par les avantages, enfuite nous porte-
rons nos r�flexions, fur les parties dans lesquelles
il auroit �t� peut �tre � d�firer que l'on e�t mis
moins d'�conomie.
D'abord, il �toit eiTenciel d'�tablir une bafe
h9 i, en per�ant la nouvelle rue i'Ev�que, dont
nous avons parl�, & de la percer de maniere,
qu'elle allign�t l'embouchure de la rue Fournirue.
Par ce moyen cette baie eil parallele � la direc-
tion du portail de la Cath�drale , enforte que
cette ligne h, i, fe trouve d'�querre avec celle k, /,
qui traverfe la longueur de FEglifej, la Place K,
enfin la rue d'Etr�es L, jufqu'� la rue Pierre-Hardi,
point de ftation /, d'o� fe doit voir le Portique
nouvellement �lev� au pied de l'ancien Fontifpice
de la Cath�drale. Ces deux axes en' retour d'�-
querre, une fois d�termin�s, & apr�s avoir fix�
la largeur de la Place Ν 3 il a �t� queition d'�ta-
blir une autre ligne m9 /2, parallele � celle kf /,
qui nous a donn� le milieu de l'avant-corps du
B�timent du Corps-de-garde O, & celui de l'a-
vant corps du Parlement Ρ ; apr�s quoi nous avons
abaiff� une perpendiculaire ο, ρ, aui�� parallele �
la ligne i, h, & enfin une autre parallele � �tiQ
m�me ligne, qui nous a donn� celle s, t. Cette
derni�re, de la porte lat�rale del� Cath�drale,
&, par le nouveau perc� y , va rendre � la Place
d'armes, & pr�cif�ment en face de la Salle de
fp�&ade iitu�e de l'autre cot� de la Mozeile; re-
lation, comme on peut le remarquer, qu'il e�t
-ocr page 526-
d'Architecture.           409
�t� impoiTible d'accorder, ii le m�me Architede
n'avoit �t� charg� d'attaquer � la fois ces divers
projets , qui raflembl�s dans le m�me canton,
d�voient avoir n�ceiTairement une difpofition ref-
pe�ive. Comment, d'ailleurs, fans ce moyen ,
auroit-on pu difpofer d'un m�me coup de crayon
les Pavillons u, qui acotent le Portail de la Ca-
th�drale , avec ceux ν qui appartiennent au Par-
lement , & avec ceux χ, plac�s vis-� vis, & qui
font partie de la fa�ade du c�t� de l'entr�e du
Palais Epifcopal ? difpofition g�n�rale qui, par
cette correfpondance, apporte une iim�trie dans
l'enfemble, qui agrandit en apparence, i'efpace,
&, fi nous ne nous trompons, procure en m�me
temps � ces divers Edifices, un afpe�: fatisfaiiant.
On en peut dire autant des deux portes , dont
l'une donne entr�e au Parlement, l'autre au Pa-
lais Epifcopal, qui, fans �tre de la m�me ordon-
nance , n'en rendent pas moins la Place Κ plus
r�guli�re par leur oppofition : leur d�coration ,
d'ailleurs , figure avantageufement, d'un c�t� ,
avec le Portique de la Cath�drale , de l'au-
tre , avec une Fontaine publique adofT�e , que
nous avons propof�e dans la rue Pierre-Hardi,
vers l.
On peut encore obferver, que c'en1 par le fe-
cours de ce Plan g�n�ral, que la fituation de
l'H�tel-de-Ville une fois d�cid�e, on a d� con-
cevoir d'�lever en face , & le long de la Cath�-
drale le foubaifement, dont nous avons parl� pr�-
c�demment : fbubafTement qui, comme nous l'a-
vons d�j� obferv�, rend cette Place r�guli�re,
du moins dans fa planimetrie. On doit compter
encore au nombre des avantages qui r�fulteront
des nouveaux travaux de Metz, le redreiTement
-ocr page 527-
410                      C OURS        ,
& la continuation du nouveau Quai, depuis ce-
lui des Juifs, jufqu'� celui de Sainte-Marie : Quai
qui, en facilitant d'�tablir un Sas pr�s du pont de
l'Intendance, d�truira une iuite de Maifons plus
que fubalternes, qui aujourd'hui bleffent l'�uil,
& qui interceptent le Quai, depuis le pont de l'in-
tendance que nous venons de citer, jufqu'� ce«
lui o� font plac�es les Eclufes.
Au refte, nous n'avons entrepris ces obferv-a-.
rions, que dans le deflein de porter nos El�ves
� fe fervir, en pareille circonftance, non d�s
m�mes proc�d�s, parce que le local n'eil pas le
m�me par-tout ; mais � s'appliquer, plus qu'on
ne le fait ordinairement, � concevoir que tout
doit marcher enfemble, dans un projet de pareille
importance, & principalement lorfqii�l s'agit de
l'embelliiTement d'une Ville , & d'y �lever des Mo-
numents facr�s, des Edifices publics & des B�ti-
ments particuliers qui, pour former un tout fa�
tisfaifant, doivent �tre combin�s, m�dit�s & r�-
fl�chis , de mani�re � �tre applaudis des Citoyens
& de la poft�rit�.
Examinons � pr�fent ce qu'il auroit �t� � d�-
firer qu'on e�t pu faire , pour porter tin plus grand
degr� de perfection � chacun de ces divers Edifi-
ces , ainii qu'� leur iffue, i° Au lieu de la terraife
& des perrons qui fe remarquent � la platte-forme
Saint-Etienne, nous avions propof� de d�molir
toute cette partie pr�c�demment commenc�e ,
pour y fubitituer un grand Perron continu avec
de fr�quents Paliers, tel qu'on Favoit vu ancien-
nement , ce qui auroit donn� plus de dignit� �
Tune des entr�es de la Cath�drale , qui fe trouve
de ce c�te, & procur� plus d'air & plus d'efpace �
la place de Chambre ; en conf�quence, on auroit
-ocr page 528-
d'Architecture. 411
donn� plus de largeur � la rue en face, que nous
avons projet�e; elle auroit eu au moins quarante
pieds de largeur, au lieu de vingt-un pieds qu'on
a eu bien de la peine � nous accorder, On
peut remarquer auf�i que toutes les nouvelles com-
munications font un peu �troites , la rue l'Eve-
que n'ayant que vingt-quatre pieds, & celle de
la rue des Jardins, faite fous M. de Beliile, n'en
ayant que vingt-un, au lieu de trente que nous
avions propof�s , comme fe voit la rue d'Etr�es ,
qui ayant moins de longueur que les pr�c�dentes,
fait un bien meilleur effet, 11 eil vrai qu'il faut
convenir que, dans une Ville de guerre, dont le
terrein des particuliers eil pr�cieux, il eil de la
prudence de ne pas donner trop de largeur aux
rues aux d�pens des Maifons des habitants ; du
moins ne le faut-il faire qu'avec la plus grande
pr�caution , dans les endroits de premiere n�-
ceffit�, & particuli�rement dans les parties qui
environnent les Temples, les Edifices publics, &
les principaux Monuments �lev�s y pour le fer-
vice de fa Majeil�. 30 La Place de l'Ev�ch� Κ
eft , fans doute, trop petite, n'ayant que dix-huit
toifes & demie, fur trente-trois ; il y a des cours
dans plufieurs de nos H�tels � Paris qui ont plus
de fuperf�cie; mais combien n'a-t-il pas �t� diffi-
cile d'obtenir ce petit emplacement, dans un lieu
tr�s-reiferr�, fans nuire d'ailleurs � la difpoiitioa
& � la diilribution des deux Edifices, qui ont cha-
cun leur entr�e fur cette Place. 40 La cour du
Parlement eil dans le m�me cas : il eil vrai que
la grande entr�e eil du c�t� de la Place Ν ; mais
il n'y a pas moins lieu de craindre que la hauteur
des B�timents ne rende cette cour obfcure & peu
fa�ubre. Pour obvier � un tel inconv�nient, il au-
-ocr page 529-
4*2                       Cours
roit fallu n�ceflairement prendre toute l'�le de
Maifons qui s'�tend jufqu'� la rue vieille R�pe ,
en face de la place Saint-Jacques ; mais, d'un au-
tre c�t�, quel �change auroit-on pu faire avec
les Propri�taires � qui appartiennent les terreins
de cette �le. Nous l'avons d�j� dit, nous le r�-
p�tons ; il n'en eil pas de m�me dans une Ville
de guerre que dans une Ville libre , o� Ton
peut plus ou moins s'�tendre � raifon des em-
placements qu'exigent les Edifices de marque qu'il
s'agit d'�lever. Cependant nous ne pouvons le
diflimuler , il convient de voir en grand ces prin-
cipaux objets, d�t-on mettre moins de c�l�rit�,
dans leur ex�cution : il faut fe donner le loifir d'a-
maiTer des fonds, & m�diter pendant long-temps ,
ces diff�rentes op�rations ; autrement , on doit
s'attendre que les projets fe reifentiront toujours,
ou d'une pr�cipitation indifcrete , ou , ce qui eil
peut-�tre pis, d'une �conomie mal entendue. 50 On
ne peut pas non-plus diiconvenir que la Place N,
ne fait beaucoup trop petite, n'ayant que vingt-
deux toiles de largeur : � la v�rit� elle a quarante-
une toifes de longueur ; mais c'eil pr�cif�ment cette
�tendue qui la fait para�tre plus �troite ; � quoi
il faut ajouter que d'un c�t� la grande hauteur
de la Cath�drale , & de l'autre , les B�timents de
ΓH�tel-de-Ville, fort �lev�s, contribuent � rendre
cette place prefque difforme & fombre. Pour cor-
riger en apparence la longueur de cette place, on
a �lev� vers � un mur d'appui en baluilrade d'une
certaine hauteur, termin� par un pi�deilal � cha-
que extr�mit�, fervant de fontaine , & furmont�
de troph�es d'armes; ce mur, il eil vrai, en cor-
rigeant cette extr�me longueur, forme, pour ainfi-
dire, une avant-place devant le Parlement. Ce
-ocr page 530-
r
d'Architecture. , 4*3
moyen efl une rei�burce, fans doute ; mais elle ne
fait que pallier le d�faut dont nous venons de par-
ler. Pour �viter la difformit� de cette Place , nous
avions propof� d'abord de placer l'H�tei-de-Ville
en face du Parlement, & de r�iargir la Place Ν,
juf qu'� l'alignement de la rue des Clercs ; d'a-
battre l'Eglife de Saint-Gorgon qui tomboit en
ruine, ce qu'on a fait depuis, fans aucun avan-
tag� pour le bien du fervice ; de d�truire l'H�-
tel de la Princerie , pour le reb�tir en face de la
Cath�drale, o� eil a&uellement l'H�tel-de-Ville :
alors cette Place feroit devenue fpacieufe; on au-
roit pu y �lever une Statue p�deilre pour le Prin-
ce, & en faire un march� au pain. Nous n'avons
jamais �t� d'avis de la deftiner � une Place d'ar-
mes, comme l'avoit projet� M. le Mar�chal de
Belifle , les exercices militaires troublant d'une
part n�ceiTairement les fonctions des Magiilrats,
& de l'autre le filence qu'il convient d'obferver
pr�s du Temple du Seigneur.
Nous finirons ces observations, par faire re-
marquer que les maffes de l'Abbaye Royale de
Saint r Louis , annoncent un grand Edifice fans
doute ; mais que fa difpofition n'offre gu�-
res ce qu'on appelle un beau Plan , en-
forte que nous regretterons toujours, que, des
trois projets que nous avions faits f�r ce terrein ,
on ait choiii celui-ci. Nous confervons dans nos
Portefeuilles avec le plus grand foin ces projets r
ainfi que tous ceux que nous avons faits pour
les autres Edifices �lev�s ou � �lever � Metz, &
nous les communiquons volontiers � nos El�ves,
afin de leur apprendre combien il faut de cou-
rage , pour lutter contre les intentions , fouvent
mal dig�r�es » des perfonnes qui nous mettent en
-ocr page 531-
4*4                  � � υ r s
�uvre, & combien il leur faut de labeur, pour
parvenir � concilier ces m�mes intentions, avec
les pr�ceptes de leur Art, & une certaine c�l�-
brit� d�j� acquife.
Plan par maffe d'une partie des nouveaux
B�timents, & des nouvelles communications
qu'on �lev� � Strasbourg s commenc�s en 1767»
»
- j ■*. ■                                                                                                                                                               .
Le Magiitrat de Strasbourg ayant con�u le def-
fein de faire conftruire pluiieurs corps de Ca-
fernes, pour contenir la Garnifon de cette Ville 9
ainii qu'une Place d'armes & de nouvelles com-
munications , pour rendre le d�fil� des troupes
plus commode, fans nuire � la circulation des ha^
bitants, demanda � la Cour un Archite�e exp�-
riment� , qui p�t fe tranfporter fur les lieux, �
deffein d'y faire lever un Plan exacl, de projeter
fur ce Plan les B�timents � faire pour le fervice
du Roi, & en m�me temps, de d�f�gner les em-
placements les plus convenables, pour �lever dans
la fuite un S�nat, une Place propre � contenir
la Statue p�deftre du Prince, une Salle de fpe�a-
cle, des March�s, des Halles, &c. Nous e�mes
l'honneur d'�tre choiii pour ces diff�rentes op�-
rations. Nous ne rapporterons de cet important
travail, que ce qui nous paro�t le plus int�ref-
fant, pour donner � conno�tre aux jeunes Ar-
chitectes qui fe trouveront dans le m�me cas,
les pr�cautions dont il nous a fallu ufer, afin
d'accorder la dignit� avec l'�conomie , & le lo-
cal , fouvent ingrat, avec les pr�ceptes de l'Art.
Pour leur rendre compte de pluiieurs genres de
projets faits pour cette Ville ? nous allons offris
-ocr page 532-
. -.'                                                                                                                                                                                                                                                                                                         s, '
D '� R CHI Τ Ε C Τ U II �*            4I f
dans la Planche fuivante, la route que les Etran-
gers font oblig�s de fuivre , pour paffer de France
en Allemagne par Strasbourg ; paffage fur lequel
fe trouvera, dans la fuite, entre autres objets
int�reifants, la Place d'armes, la Salle de fpe&a-
cle, la Place du Roi, le S�nat & les Cafernes
de l'Artillerie, autant d'objets dont nous allons
donner une defcription tr�s-abr�g�e , comme nous
venons de le faire pour les nouveaux B�timents
�lev�s � Metz fur nos Dei�ins; mais avant d'y
paffer , remarquons combien il feroit int�refTant,
qu'� l'exemple du Magiftrat de Strasbourg, nos
Villes Capitales fe propofafTent le m�me but,
lorfqu'il s'agit de leur embellifTement. Difons plus;
quel avantage n'auroit.- on pas pu tirer pour
celui de Paris , ii, feulement depuis cinquante
ans, on eut lev� , � cet effet , un Plan de
cette grande Cit�, & qu'on eut avif� , par des
allignements r�fl�chis, d'abord la marche que d�-
voient fuivre les habitants pour conirruire leurs
demeures, & qu'enfuite on e�t d�fign� les lieux
les plus convenables, pour y �riger la plus grande
partie des Monuments qui, en fatisfaifant � l'uti-
lit� publique , contribueroientaui�i�la d�coration.
Croira-t-cm toujours qu'il fuffit d'�riger des
Halles, des Salles de fpe�acle, & d'autres Edia
fices femblables, fi ceux-ci, quelque bien qu'ils
foient d'ailleurs , n'embellii�ent pas v�ritablement
Paris? Croira-t-on qu'en accordant trop peu d'ef-
pace aux Architectes, ils piiifTent donner l'effor
� leur g�nie, fans fortir n�anmoins des bornes
qu'exige le genre de l'Edifice ? Croira-t-on enfin
qu'on puiffe fe contenter de terreins, la plupart
malfku�s ou encombr�s, par des rues �troites, tor-
tueufes & faws dire&ion continue ? Non, fans doute.
i
-ocr page 533-
%ι6                    Cours
Nous dirons � la v�rit�, comme le plus grand
nombre ; on ne laiiTe pas de beaucoup b�tir
dans cette Capitale, depuis quelques ann�es ;
mais nous n'avouerons jamais que les B�timents
qui s'�l�vent de nos jours ayent pour objet de
Fembellir : d'ailleurs , faifons-nous des Places ?
des Carrefours ?.allignons-nous & r�largiflons-nous
nos rues ? �levons-nous des Fontaines? confirai-
fons-nous des Priions, des H�pitaux? fongeons-
nous � d�truire le grand & le petit Ch�telet,
qui oiFufquent Paris dans fon centre ? Non ; mais^
en revanche nous reitaurons les Palais des Prin-
ces au lieu de les b�tir � neuf; nous �levons des
H�tels pour des particuliers, des Temples � nos
Lais, & nous plantons des Jardins � TAngloife.
C'eil alors qu'on crie merveille ; mais que ces
exclamations font peu philbfophiques, & qu'il eil
peu de vrais citoyens parmi nous ! Heureufe-
ment que cette �pid�mie n'eft pas g�n�rale ; nous
exceptons avec le plus grand plaifir, pluiieurs Mo-
numents qui s'�l�vent par nos plus habiles Ar-
chitectes : mais encore une fois, il faut convenir
que la plupart, quoique des chefs-d'�uvre , pro-
curent rarement une vraie beaut� � nos Quais �
vers nos promenades , & dans les principaux
quartiers de cette Cit�; il faut les deviner, les
aller chercher, les examiner fans point de diftan-
ce, les juger partie par partie, renoncer � Fen-
femble, & n'emporter avec foi qu'une id�e im-
parfaite de ce qui auroit pu exciter notre admi-
ration, li, comme nous le d�iirions tout-a-Hieure,,'
la iituation & la difpoiition de ces Edifices euf�ent
�t� pr�vus depuis long-temps, par un Plan bieri
dreff� , examin� avec foin parle Gouvernement,
approuv� par les hommes en plac� ^ dans cha-
que
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�>5�R GH IT �C�tiA�i-            41^
tni� d�partement, & applaudi pai les Ma�tres de
l'Art : mais revenons � notre objet, en attendant
que cette id�e > qui n'eft pas neuve » fe r�alii�.
Lorique le Plan g�n�ral de la Ville de Stras-
bourg fut lev� i apr�s avoir pris les renfeigne-*
ments n�ceilaires au fujet .des B�timents que le
Magiitrat fe propofoit d'�lever j apr�s avoir con*
f�r� avec F�tat Major, & nous �tre fait rendre
compte des diff�rentes pofitions o� l'on pouvoit
�tuer convenablement les Edifices militaires, &
les B�timents civils, nous attaqu�mes fur le lieu
un premier projet, qui nous mit � port�e de re-
cevoir de nouveaux �claireiiTem�nts ; de-l� nous
paif�mes � un f�cond : nous obt�nmes eniuite un co-
mit� , pour conf�rer deux fois la femaine fur cet ob-
jet , en pr�fence de M. le Pr�teur Royal , avec plu-
iieurs Magiftrats, du nombre defquels �toient MM*
les Directeurs des B�timents de la Ville ; enfin, apr�s
bien des difcui�ions* ce f�cond projet fut approu-
v� pr�limin�irement»
De retour � Paris, nous �e pr�sent�mes � Mi
le Duc de Choifeuil, qui, apr�s l'avoir exami-
n�, nous excita � entrer dans des vues moins
�conomiques * nous laiffant entrevoir que cette
vaile entreprife �toit l'ouvrage du temps ; que *
par cette raifon, il ne falloit rien �pargner *
pour produire un Plan , digne du r�gne fous le�»
quel nous vivions. Echauff� par les id�es �lev�es
que nous communiqua ce Minif�re �clair�; nous
fimes un troifieme projet qui re�ut fon approba-
tion, & � l'occaiion duquel, nous retourn�mes �
Strasbourg * pour le foumettre au Magiitrat. Ce
dernier ouvrage* beaucoup plus important que
les pr�c�dents, fut fujet � pluiieurs c�nteitations :
nous f�mes de nouveaux efforts, pour parvenir � ςαα��
Tome IF*
                                   Bd
-ocr page 535-
4i8                       Cours
eilief les id�es de grandeur, puif�es � Verfalles, S&
celles d'�conomie qui nous furent recommand�es
� Strasbourg ; enforte, qu'apr�s avoir paff� cinq
mois de fuite dans cette Ville, nous e�mes la fatis-
fa&ion d'obtenir l'approbation unanime de l'Etat-
Major, de la Nobleue, du Clerg� & de la Bour-
geoisie, tous �galement int�reff�s aux nouveaux
allignements preferits, aux acquifitions � faire,
en argent ou par �change ; & nous rev�nmes �
Paris, avec les m�moires d'obfervations que nous
avions faits fur chaque objet. Ce Plan & les pro-
jets auxquels il avoit donn� lieu, furent pr�fen-
t�s de nouveau, � M. le Duc de Choifeuil; nous les
lui offr�mes � Marly avec M. le Mar�chal de Conta-
des, Commandant de Strasbourg , & avec M.
Gayot, Pr�teur Royal de cette Ville ; enfin l'au-
tomne fuivant, le ζ O&obre 1768 , nous e�mes
l'honneur de les pr�fenter � Sa Majeft�, qui en
approuva l'ex�cution. C'en: la majeure partie de
ces projets que nous avons trac�e par mafTes fur
la Planche LI, dont nous allons donner une l�-
gere id�e , comme nous venons de le promettre,
en attendant que nous nous d�terminions � en gra-
ver les Plans , les coupes & les �l�vations , lorfqu'�
la fuite de notre Cours, nous offrirons un autre
Ouvrage, qui contiendra les Edifices l�s plus recom-
mandantes , �lev�s dans les Provinces de la Fran-
ce. Dans cet Ouvrage feront compris les projets
que nous avons faits pour la Flandre, Metz &
Strasbourg, & c'efiV alors que nous entrerons
dans quelques d�tails concernant la fituation des
lieux, la qualit� des mati�res dont on fait �fage
pour b�tir, l'�num�ration des Edifices anciens ,
& la profp�rit� des Arts qui font en vigueur ?
&c. &c."
-ocr page 536-
D'Architectur�.            41$
Planche LI.
La porte A iitu�e fur les remparts, nomm�e
la porte de Saverne, eil la premi�re fur laquelle
on paffe , en arrivant de Paris. Nous avons tra-
c� une ligne, de cette porte A � celle Β , appel�e
la porte des Bouchers ; cette ligne , ainii que
nous l'avons d�j� obferv� , indique la route que
les �trangers parcourent lorfqu'ils traverfent la
Ville : c'eil pourquoi nous allons d�crire de fuite
les Edifices militaires ou civils qu'ils rencontrent
fur leur paffage ; enfuite nous parlerons, en peu
de mots, des autres B�timents que notre Planche
n'a pu contenir.
La rue C qui traverfe le fauxbourg de Saverne
eft droite & affez bien allign�e : � fori entr�e �
gauche, nous avons projet� un March� au bl�
D , finie convenablement en cet endroit , au
d�iir du Magiftrat & des habitants : vers le mi-
lieu de cette rue, en eil une autre , prefque d'�-
querre � celle- ci, d'o� l'on aper�oit � droite ,
les anciennes Caf�ines de Saverne E, auxquelles
nous n'avons ajc/ut� qu'un Pavillon ifol� � cha-
que extr�mit� pour les Officiers, & dont on ne
voit ici que celui,.f : � gauche, on aper�oit la
rue G ; elle f�par� les nouvelles Cafernes de ca-
valerie & d'infanterie > qui fe b�tiffent actuelle-
ment fur nos D�finis. A l'extr�mit� de la rue C,
fera conilruit un pont ��i pierre H (m), � la place
(m) Tous les ponts de cette Ville Tont en bois, & le nom-
bre en eft fi grand, qu'on appelle la Ville de Strasbourg, la Ville
aux cent ponts 5 mais au moyen des nouvelles communica-
tions qu'on vient d'y �tablir, on en d�truira la majeure par-
tie , & , par la fuite, on les reconftruira en'pierre, ainf� qu'eut,
l'a d�j� fait pour quelques-uns»
D d ij
-ocr page 537-
4Z0             ,-i Cours
d'une faufle porte qui y eil a&uellement ��ev�e?
ainii qu'� 1'extr�mit� de toutes les rues des Faux-
bourgs de cette Ville, dont l'int�rieur fe trouve
f�par� par la rivi�re , d'avec les Fauxbourgs, qui
tous fe terminent aux fortifications. A l'entr�e de
cette porte, dans l'int�rieur de la Ville, nous avons
projet� une Place I, dans le fond de laquelle &
en face du pont, on doit b�tir un Edifice r�gulier,
utile pour le fervice du Magiftrat. En continuant
la ligne d'indication AB, on traverfe la rue du
vieux march� au vin K-, celle de la petite bouche-
rie L , & enfin , on arrive � l'ancienne tour Au-
phenin M , � la place de laquelle on vient de
b�tir un pont de pierre qui, pr�s de-l�, men� y
� droite, � la Place d'armes Ν, qui a foixante
& douze toifes de longueur, fur environ cinquante
de largeur.
Cette Place d'armes eu, aujourd'hui une des
principales beaut�s de la ville de Strasbourg. Sa
forme, qtioiqu'irr�guli�re, ne laiffe pas de pro-
duire un bon effet; & fa d�coration , dans un
genre iimple, deviendra int�reffante, lorfque, dans
la fuite, chaque particulier, qui a des maifons fur
cette places fe fera aiTuj�ti � fuivre la m�me ordon-
nance dans les fa�ades : en attendant cette �poque r
nous avons plant� une all�e d'arbres dans fon pour-
tour , qui, enmafquant, pour ainii-dire, la difparit�
a�uelle, de fes B�timents ; procure de l'ombre aux
troupes , l�rqu'elles viennent y faire l'exercice &
monter la parade. Un des m�rites eifenciels de cette
Place, c'elt que, vers fon extr�mit� fup�rieure,
& dans les parts coup�s pratiqu�s dans fa plus
grande largeur , d'un c�t� , on aper�oit une rue
bien allign��; elle enfile les deux corps de Ca-
fernes qui s'�leyent actuellement au iauxboiirg
-ocr page 538-
d'Architecture;         %i�
�t Saverne ; les Cafernes Ο , pour quatre ef-
cadrons, & celles Ρ, pour quatre bataillons : on
voit de l'autre c�t�, une rue Q qui enfile aui�i
un nouveau corps de Cafernes, pour quatre ba-
taillons ; ces cafernes s'�l�veront inceffamment pr�s
du pont, nomm� le Pont couvert, & qui n'a pu
trouver place dans cette Planche.
Nous avons fait divers projets de d�coration
pour cette Place d'armes, un entre-autres, dans
lequel nous avions affect� un genre de fermet�,
analogue � fon ufage ; cette ordonnance eil la
feule qui puuTe convenir � une Place d'armes;
mais comme elle exigeoit de grands trumeaux,
des corps redrilignes, une certaine dignit� mili-
taire, elle ne put avoir lieu, parce qu'elle au-
roit n�ce�Tairement nui � l'ufage int�rieur des
B�timents particuliers : enforte que les fa�ades
actuelles d�j� commenc�es , n'ont plus que bien
peu le caract�re de la chofe ; l'�conomie, dans
la plupart des projets efTenciels, devenant le fl�au
des productions les plus eitimables : car, le genre
de l'Edifice une fois manqu�, on n'offre plus gu�res
qu'une compofition imparfaite : � quoi il faut ajou-
ter que l'ex�cution , prefque toujours n�glig�e
loin des yeux de l'Ordonnateur, contribue �
n'offrir plus aux regards, que des B�timents de
la plus grande m�diocrit�; & c'eit: � peu-pr�s
ce qui nous arrive � Strasbourg, l'�loignement
du lieu de notre Capitale, s'oppofant en quelque
forte � former dans cette Ville des Artift.es en
f�cond, qui puiifent rendre avec intelligence les
mefures, les rapports, les profils & le go�t de
l'Architecture qui leur font confi�s; auffi ne re-
marque-t-on rien de v�ritablement int�reifant,
dans cette Place d'armes , ex�cut�e aujourd'hui,
D d iij
-ocr page 539-
%%i                       Cours
fi l'on en excepte fa difpofition, fa iituation, & fa pla-
nimetrie; car nous comptons pour rien fa d�coration.
Arriv� au Pont de pierre M, & apr�s avoir
aper�u la Place d'Armes Ν, on arrive � un Mar-
ch� aux grains R, dans le fond duquel, &, en
face du Pont, fera plac�e un jour la Salle de fpe�-
tacle S : enforte que du point Τ, on poura aper-
cevoir � la fois, le coup d'�uil de cette Salle,
& par la rue des Arcades U, la Place Royale V;
enfin le S�nat X. Mais avant de pourfuivre la li-
gne A B, difons un mot des divers Edifices que
nous venons d'indiquer.
Nous avions d'abord propof� de placer la Salle
del� Com�die dans le fond de la Place d'armes,
l'intention du Magiftrat , �tant de d�truire un
jour celle qui fe trouve iitu�e fur la promenade
du Broglie, promenade qui commence dans notre
Plan � l'endroit marqu� Y; mais l'Etat Major ayant
craint que les habitants , fortant du fpe&acle, ne
�roublar�ent Tordre qui fe donne tous les foirs
dans cette Place, & ne devinifent un obftacle au
fervice du Roi, on a d�cid� en quelque forte de
la conftri�teen S.
Le fpe&acle aifez fr�quent� � Strasbourg, vu
le nombre des habitants , & � caufe de la Garni-
fon, exige une �tendue aifez conlid�rab�e ; en
cons�quence, nous avons fait pluiieurs projets
de ce genre; mais tous pour le fond de la Place
d'armes, avant qu'on e�t obferv� qu'il convenoit
de la placer ailleurs. Dans la fuite nous donnerons
celui qui a re�u le plus d'applaudiffements , &
dont la Salle, de forme circulaire, a cinquante-
deux pieds de diam�tre�, un Amphith��tre qui cir-
cule autour, & trois rangs de loges en gradins,
pratiqu�es dans la hauteur de cette Salle, h-
-ocr page 540-
�> ' A R t H ΙΤ Ε C Τ U R Ε.           ^lj
quelle eil pr�c�d�e d'un grand p�riilyle, � char
que extr�mit� duquel eik un efcalier pour monter
aux premi�res loges, deux autres , montant f�-
parement aux f�condes & aux troifiemes : enfin ^
dans ce projet, nous avons obferv� toutes les
remarques que nous avons nous-m�me propos�es
dans le deuxi�me Volume de ce Cours, page 263
�& fuivantes, o� nous renvoyons, en attendant
■que nous faf�ions graver le projet dont nous par-
lons («); une description plus d�taill�e, fans le
fecours des Planches, �tant toujours infuffifante,
fur-tout, lorfqu'il s'agit de difcuter les anciens
ufages, & de propofer des innovations que l'en-
t�tement ou l'habitude applaudifTent rarement.
A l'�gard de la Place Royale V, nous n'avons
pu raifonnablement la faire plus vafte; il faut fe
reffouvenir qu'il s'agit ici d'une Ville de guerre, &
que, comme nous l'avons d�j� remarqu�, il eil moins
poffible dans cette occafion que dans toute au-
tre, de d�truire les Maifons des particuliers; &
quiconque voudra r�fl�chir , conviendra que
c'eil beaucoup, que nous ayons pu y deiliner
un terrein de trente toifes!de largeur , fur au-
tant de profondeur. Il eil vrai qu'il y faut
' » '            .. 1.1 ι ι                                                         lllll                               ,ι.Ι                              ι                           U'
(n) Il para�tra, fans doute,, f�ngulier qu'il nous foit atriy� x�#
-3. peu-pr�s ce que nous avons �prouv�, � propos de l'�glifc !. '
«de Saint-Amand : on a derni�rement projet� un tr�s-beau Plan ,,.
3>our la Com�die Fran�oife � Paris ; les deux Architectes de
�n�rite, Auteurs de ce projet, n'avoient certainement pas vu
le n�tre , fait quatre ans auparavant $ n�anmoins leur Plan
Veft trouv� diff�rer tr�s-peu de celui que nous avons fais
pour Strasbourg; circonftance , qui, au lieu de nous d�con-
certer , nous flatte j mais nous la rapportons , pour que dans \
la fuite , nous ne foyons pas foup�onn� de plagiat ; nous en
avons d'ailleurs pr�venu Tan, des Architectes du projet de 1« v
Com�die Fran�oife.
»                                            D div
-ocr page 541-
%i4                      Cours
ajouter 1'efpace de la rue des Arcades TJ, auf�i-
bien que celui des deux autres rues, qui longent
aux deux c�t�s du S�nat X. Un des grands avan-
tages de cette Place, au milieu de laquelle doit
s'�lever la Statue du Prince , c'ei�: que celle-ci ferat
vue du point Τ , qui en eil diftant de cent dix
toifes. D'ailleurs cette Place a pour fond la fa�ade
du S�nat, & la Statue fe trouvera pr�cif�ment en
face du Portail de la Cath�drale a , qui, lui m�-
me , a pour afpecl cette Statue; &, en face, un
B�timent r�gulier �, s'�l�vera un jour � la Place
de l'ancien H�tel-de Ville , lorfque le nouveau
.S�nat fera ex�cut�. Nous n'avons pas eu deifein
d'orner cette Place; nous nous fommes content�,
pour entrer dans les vues du Magiftat, de la ren-
dre feulement r�guli�re & fym�trique, dans (es
c�t�s oppof�s. En effet, qu'on y r�fl�chnTe; c'ei�:
d�j� obtenir beaucoup dans une Ville fronti�re,
que de fonmettre les habitants � �lever leurs fa-
�ades uniform�ment : d'ailleurs , il faut confid�rer
que cette Place, voifine de la Halle aux poiffons,
plac�e en c, eu aui�� deitin�e pour un March�,
de maniere que la repr�fentation du H�ros fe trou-
vera plac�e au milieu de l'abondance, en face du
temple de Th�mis, & vis-�-vis celui de la Reli-
gion. Nous ne donnerons point dans la fuite , la
d�coration de cette Place, vu la iimplicit� de fou
ordonnance ; mais nous offrirons le Deffm que
nous avons compof�, pour le Monument qui doit
s'�lever � la gloire de Louis XV, trait� dans le
genre que nous avons d�crit dans le deuxi�me
Volume de ce Cours, page 258. Nous donne-
rons auffi les Plans & les d�veloppements du pro*
jet approuv� par le Magi�rai, pour le B�timent
�a S�nat Xj nous difons le projet approuv�s
1
-ocr page 542-
d'Architecture.            42?
Car nous en avons fait quatre, les uns plus grands ,
les autres plus fimples, f�lon la difpoiition des
lieux qui nous avoient �t� propof�s ; mais enfin,
la pofition de celui-ci une fois choiiie, nous nous
fommes attach� � le rendre fufceptible de tous
les avantages contenus dans les pr�c�dents , &
nous ofons croire que cette production eft, peut-
�tre, une des meilleures que nous ayons faites
dans le nombre infini de projets qui regardent
Strasbourg. Nous nous flattons d'autant plus que
cette compofition poura plaire , que les diff�-
rents d�partements qu'elle contient, n'ont gu�res
de reifemblance avec les autres B�timents connus
fous le nom de Bafiliques, de Parlements , de
Chambres Souveraines, &c. ce n'eft dans fa d�-
coration ext�rieure ; encore faut-il f�avoir que
toute efpece de Monument �lev� dans une Ville
de guerre, doit fe reffentir, dans Ton ordonnance,
de ce genre de fermet� qu impofe l'Art militaire,
fans n�anmoins fortir trop du caract�re que doit
avoir chaque Edifice coniid�r� en particulier.
Ce B�timent X n'occupe pas un efpace bien
coniid�rable, n'ayant de largeur, hors �uvre,
que vingt-deux toifes, fur environ trente toifes
de profondeur : mais un de fes avantages , &
qu'on devroit toujours obferver, dans les Edi-
fices publics, c'eft'd'�tre ifol� de toute part, &
de contenir dans fon int�rieur, une Cour de
dix toifes de largeur, fur quinze de profondeur.
Le Rez-de-chauff�e de cet Edifice eft compris
dans un foubaffement, fur lequel s'�l�ve un grand
ordre Ionique qui embrafTe deux rangs de eroi-
f�es. Cet Ordre eil couronn� par des combles,
d'une hauteur proportionn�e � tout le B�timent :
il eft d'ailleurs flanqu� de Pavillons & d'arri�re-
Ν
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4*6                      Cours
corps d'une forme re&iligne, qui n'ont cependant
rien d'ar�e�t�, mais qui lui procurent ce caract�re
m�le, d'autant plus convenable ici, comme nous
venons de le remarquer, que cet Edifice eit non-
feuiement �lev� dans une Ville de guerre, mais
qu'il % trouve entour� de March�s publics &
de B�timents particuliers d'une d�coration tr�s-
Simple, quoique r�guli�re.
Depuis ce B�timent jufqu'� la porte des Bou-
chers, il ne fe trouve plus d'Edifices remarqua-
bles en parcourant la ligne A Β , que le pont
du Corbeau d, pr�c�d� d'une nouvelle Place e »
dans l'int�rieur de la Ville, & � c�t� de laquelle
eir la grande Boucherie �, une des plus belles
.que nous connoiffions. Apr�s ce pont, on voit
auf�� une autre Place circulaire g, qui, par la
rue h, conduit enfin � une autre Place i9 aux
deux cot�s de laquelle nous avons �lev� des B�-
timents k , fervant de fuppl�ments aux anciennes
�afemes de l'Artillerie /.
Pour faire juger de l'importance & de l'utilit�
des changements propof�s pour Strasbourg, nous
ferons remarquer, que dans la feule partie de la
Ville que nous offrons dans cette Planche , il n'eu
point, ou prefque point de Carrefours que nous
n'ayons convertis en place , point de rues que
nous n'ayons allign�es, de maniere � former, dans
la fuite, des communications beaucoup plus r�r
guli�res qu'elles ne l'�toient pr�c�demment. Nous
avons indiqu� par la lettre m, les Places reftaur�es,
qui fe trouvent comprifes dans notre Plan. Ces
Places font devenues, les unes plus, les autres
«loins confid�rables, f�lon l'importance des mar-
ch�s qui doivent s'y tenir, & � raiibn des quar-
tiers o� elles font iitu�es. Sous les alligneaients
-ocr page 544-
d'Architecture." 427
des nouveaux Quais, nous avons laii�� fubiiiler
par un trait l�ger les anciens, ce qui donne �
conno�tre combien la plupart �toient obihu�s,
intercept�s, tortueux, �troits, & fouvent im-
praticables dans la crue des eaux, pour la circu-
lation du commerce. Nous avons auffi, par de
pareils traits l�gers, laiff� � conno�tre la plus gran-
de par�ie des culs-de-fac que nous avons iiippri-
m�s ; enfin, nous avons fait des nivellements ; ils
facilitent aujourd'hui l'�coulement des eaux qui,
reftant anciennement dormantes dans pluneurs
quartiers de la Ville, nuifoient effenciellement �
la falubr�t� de l'air; op�ration dans laquelle nous
avons �t� f�cond� par M. Werner, Contr�leur
des B�timents de la Ville , & aid� des confeils de
MM. les Directeurs des B�timents de Strasbourg :
enforte que, par ce travail important, un jour
cette Ville fera perc�e moins irr�guli�rement, &
offrira aux �trangers des Edifices de marque; ce
qui ne f© peut faire n�anmoins que par la fuite
des temps, quoique, depuis que ces op�rations
font commenc�es, les particuliers, pr�venus des
intentions des Magiflrats autorif�s par Arr�t du
Conie�, qui ordonne l'ex�cution de notre Plan,
fe font port�s d'eux-m�mes, pour la plupart, �
b�tir fuivant les nouvelles, dire&ions des rues tra-
c�es dans notre projet, les uns ayant fait d�j�
des �changes avec leurs vohins, lorfqu'ils ne fe trou-
voient plus aifez de profondeur ; les autres ayant
c�d� leur terrein � la Ville, & acquis ailleurs des
emplacements pour b�tir; ceux-ci s'�tant retir�s,
f�lon Tallignement prefcrit ; ceux-l� enfin, ayant
difpof� leurs diitributions, de maniere qu'ils n'�-
l�veront leur mur de face que lorfque la rue ou
ils fe trouvent fitu�s aura acquis fpn parfait all�-
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42§                       Cours
gnement : autant de moyens que nous avons pro-
poi�s aux Magiilrats, par des M�moires fans nom-
bre dreff�s � cet effet. Ces M�moires ont fait
na�tre beaucoup de difcui�ions , mais toutes ten-
dantes aux biens des habitants ; & , apr�s avoir
�t� approuv�s , ils ont mis chaque Propri�taire en
�tat de prendre le parti qui lui paroiifoit le plus
convenable. Le Magiibat, d'ailleurs, apporte la
plus parfaite attention, pour faciliter ces op�ra-
tions , fans qu'aucun Citoyen ibit l�f� ; enforte
que cette entreprife inou�e, & qui, par-tout ail-
leurs, auroit paru une hydre, s'ex�cute avec une
facilit� prefqu'incroyable : tant il eir vrai que la
prudence, l'am�nit� & l'urbanit� , dont ufent les
Chefs, peuvent parvenir � furmonter les plus
grands obilacles.
Pour faire conno�tre l'immenfit� de cette en-
treprife, donnons une id�e de la grandeur de cette
Ville, & difons : que fon �tendue , � compter de
l'int�rieur de (es fortifications, eft d'environ huit
millions huit cent trente-huit mille fix-cent trente-
deux toifes de fuperficie , non compris la Ci-
tadelle ; qu'elle eft divif�e en dix quartiers ou
cantons , le premier contenant trois cent quinze
Maifons ; le deuxi�me, trois cent foixante-huit ; r
le troiiieme, trois cent foixante-dix-neuf ; le qua-
tri�me, quatre cent foixante-iix; le cinqui�me,
deux cent quarante; le iixieme, quatre cent trent�-
fix; le feptieme, quatre cent cinquante-fix ; le
huiti�me, deux cent foixante-treize ; le neuvi�me,
deux cent quarante-iix ; & le dixi�me, quatre
cent cinquante-fept : au total, trois mille cinq
cent trente-iix, fans compter les Eglifes Catho-
liques $; Luth�riennes, les B�timents pour le fer-
yi�e du Roi ? tels que les Cafernes, les Prifons^
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D'ARCHITIGT�R�,            429
l'H�pital militaire, 1'Arf�nal, la Place d'armes, VM4:
planade, les Magaiins � poudre, & les B�timents
deitin�s � la manutention des troupes ; enfin ceux
� l'ufage duMagiilrat, tels que le S�nat, les Ma-
gaiins de la Ville, l'H�pital des Bourgeois, les
March�s , les Halles , &c.
indiquons fommairement, � pr�fent, les nou-
veaux corps de Cafernes qui doivent s'�lever dans
la fuite, & qui n'ont pu �tre compris dans no-
tre Planche ; ainii que les communications, poiur
le d�fil� des troupes, de la Place d'Armes aux
Cafernes , & de celles-ci � la Place d'Armes ,
routes que nous avons exprim�es ici par des li-
gnes ponctu�es, pour ce qui regarde feulement
les anciennes Cafernes E, & les nouvelles pla-
c�es en P, O, au Fauxbourg de Saverne : ce que
nous n'avons pu faire pour les autres , le for-
mat de notre Ouvrage s'y �tant oppof�; f�avoir
les Cafernes du Pont couvert, pour quatre ba-
taillons; � l'Efplanade, pour quarre efcadrons;
enfin des fuppl�ments � celles de la Courtine des
Juifs, � la porte des P�cheurs, � Finkmatt, fans
compter les fuppl�ments de celles de la porte des
Bouchers, du Fauxbourg de Saverne , & les deux
nouveaux corps de B�timents pour les Officiers,
tous les deux femblables � celui E : enfin, ceux
Ρ , Ο , d�fign�s feulement dans notre Plan.
Tous ces nouveaux B�timents font diitribu�s com-
mod�ment , munis de toutes leurs d�pendances
& d'une d�coration, nous pouvons le dire, plus
r�guli�re, & -d'une ordonnance moins triviale
qu'on ne les fait commun�ment ; auffi donnerons-
nous dans la fuite, les dei�ins de celles O, P,
qui comprennent deux corps de B�timent, Tun
pour la Cavalerie , l'autre pour l'infanterie ; ils
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410                       Cours
feront conno�tre le parti qu'on petit tirer de ce
genre d'Edifice, lorfqu'on veut r�unir l'utilit� �
la fym�trie.
Terminons cette courte defcriptiort, par faire
iremarquer en pafTant, que nous avons mis tous nos
foins � faire enforte , que les nouveaux B�timents
fuffent plant�s r�guli�rement, & que nous nous
fommes attach� d'autant plus volontiers � cette
partie de l'Art, que nous n'avons gu�res lieu
cfefp�rer que leur d�coration foit jamais ex�-
cut�e , d'une maniere fatisfaifante ; car, comme
nous l'avons d�j� remarqu� 5 il y a dans cette
Ville peu d'Artiftes qui entendent l'Archite&ure.,
Il y a, fans doute , des hommes d'exp�rience ;
mais � ces connoiffances, il faut joindre d'autres
talents, tels que celui de la th�orie & le go�t
de l'Art, fans quoi les projets les mieux con�us
avortent entre de telles mains. Nous l'avons dit
quelque part, dans notre Cours ; combien n'a-
vons-nous pas vu de B�timents dans nos Pro-
vinces, qui ne nous ont paru imparfaits, que
parce qu'ils avoient �t� �lev�s, loin de l'�uil de
celui qui en avoit donn� les def��ns : nous y re-
connoiifions*, � la v�rit�, dans Fenfemble, la mar-
che d'un Ma�tre; mais combien les parties n'�-
�oient-elles pas d�figur�es, par le d�faut de lu-
mi�re des Condu&eurs, Qu'on y prenne garde;
c'eft parce qu'on doit s'attendre � cet inconv�-
nient , que nous recommandons fans ceife � nos
Elev�s, de s'appliquer v�ritablement � l'�tude de
rArchitec�ure, de redoubler leurs efforts, lors-
qu'il s'agira d'�leVer quelques Edifices , loin de
la Capitale ; de s'attacher particuli�rement � d�-
cider la forme de leur Plan , � en carad�rifer
les reifauts & les retours, par des avant ou des
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^'Architecture. 43 ι
arri�re-corps un peu Caillants, � les bien retourner
d'�querre. Ceft pour cela que nous les avertiffons
encore , lorfqu'ils fe trouveront forc�s a quelque
obliquit�, de chercher � faire fym�trifer ceux-ci
avec leurs c�t�s oppof�s ; enfin , de faire con-
trailer des portions circulaires avec des angles
droits, ou des c�t�s paralleles, afin de pr�venir
une planimetrie monotone ; en un mot, de termi-
ner le plus convenablement poffible, un point de
vue par une fontaine, ou par un avant-corps,
d�t-il n'appartenir qu'� une Maifon particuliere.
Ces pr�cautions font d'autant plus effencie les ,
qu'il faut s'attendre que, de tout le projet, il η y
aura gu�re que ces beaut�s qui fe feront remarquer :
toutes les bonnes t�tes fe connoiffent en fym�me,
en r�gularit� ; mais il n'y a qu'un petit nombre de
perfonnes qui jugent avec diicememeiit des autres
parties de l'Architecture.
Fin du Quatri�me Folume*
De l'Imprimerie de LoTTiN a�n� � 1773�
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APPROBATION
-& . ■ ■ ''"■ :■ v:                                               �-'; " - ? ■- ■ ■ ' ' '                              *,.-■■■                       --■ ^-:*f: �-?,
(Cenfeur"Royal*
J*AI lu, par l'ordre de Monfe�gneur le Chance-
lier, le Manufcrit des Tomes troifieme & qua-
tri�me du CW� d'Architecture , ou �tfaj^ Λ la
D�coration
, Difiribution, & Confiruction des B�ti-
ments ;
& il m'a paru que cette fuite nouvelle
d'un Ouvrage d�j� bien accueilli du Public jufti-
fieroit l'impatience de le voir heureufement ter-
min� par l'Auteur : Donn� � Paris, le 31 d'O&o-
bre 1772�
PHILIPPE DE PR�TOT, des Acad�mies
Royales des Sciences , Belles - Lettres
& Arts , d'Angers & de Rouen«
-V
Le Privilege du Roi fi trouve � la fin du f�cond Volume^