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COURS
D'ARCHITECTURE
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D'ARCHITECTURE,
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TRAITÉ
De la Décoration, Diflribution & ConfiruËion
BES BÂTIMENTS;
Contenant
Les Leçons données en 1750, & les années
iîiivances, par J. F. Blondel , Architecte,
dans fori École des Arts.
.Publié de l'aveu de l'Auteur, par M. Κ:**Λ
TOME QUATRIEME |
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Çhes la Veuve Desaint, Libraire, rue du Foin-S,-Jac
M DCÇ JJUfJJI.
*fe£ 4Mpmkttmz,,& akmlégt du Roi.
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AVANÏ-BROPÖS,
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Précis: des regies contenues dans
le troiiiénie Volume de ce Cours ; Suivi de quelques ohfervations prélimi*
naires Cur l'Architecîure, $S OÜS INVITONS les perfoiinés, pour lef»
quelles nous avons compôfé ce Cours', de ne pas négliger de lire les Avant-propos placés à la tête de nos Volumes, comme un moyen de fe rappeler en peu de mots,: les différentes madères qui y fotit traitées, &c par-là , de Cuivre le fxl des préceptes diilribués dans chacun. La diviiion que nous... avons employée, étok néceflaire fans dou- te dans un Ouvrage d'une auffi longue ha- leine-;.mais il n'en eil pas moins vrai que le Le&eur qui' veut s'inilruîre , &C fe pé- nétrer de l'enchaînement qui le compo- fe, doit d'abord s'attacher plus particu- lièrement à remplir fön imagination des procédés qui uniffent enfemble les trois branches de l'Art ; parce que, fans ce poînC de vue, fans le raifonnement qui en eil la fuite, on ne peut que rallentir fes études, Tome IV\ a |
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wÊ. -
I
g ÂrANT-PROvos. il
& l'on ne parviendra qu'à la médiocrité.
Rappelons'donc ici ce que contien- nent de plus intéreffant les Chapitres du Tome III ; & que cette courte réca- pitulation mette fous les yeux des Elè- ves ce qu'ils ne peuvent ignorer abfolu- ment : après cela, nous donnerons quelques I nouvelles obfervations qui devront fervir d'introdu&ion aux principes de la diftribu-
tion répandus dans ce Volume ) objet par- ticulier fur lequel peu d'Ecrivains , avant i- nous, ont entrepris de donner des pré- ceptes fuivis.
Nous défirons que ce que nous nous pro-
pofons d'enfeigner, fur cette nouvelle ma- tière , foit trouvé écrit d'une maniere claire I &: précife : perfonne n'eil plus perfuadé que nous des talents qui font néceflaires à
un Profeiîeun mais peu d'hommes font doués des qualités qui lui font eiTencielles, &; malgré trente années d'exercice , nous , nous trouvons nous-même encore éloi- \ gné du terme déiiré. Qu'on y prenne garde ·, nous le difons à ceux qui veulent
courir cette carrière : pour s'acquitter avee fuccès du profeiToriat, &: rendre f&s pen- fées dans un Livre, il faut avoir des idées j fi l'on n'a l'eiprit d'invention , on reite fouvent court au milieu de fa période. Il faut dans fa narration, la majefté d'un |
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Λ r λ h t-Ρ âô ρ ö $> lij
flêüve, &, non la rapidité d'un torrent*
Qu'on ne s'y trompe pas $ 11 ne iuiîît pas d'avoir de la mémoire 5 il faut içavoir rai** Îbnner ce que l'on conçoit, &î ce qifoii Veut faire concevoir aux autres 3 il faut Commencer par émouvoir, eiifuite con« vaincre : il faut de la réflexion , de Pé« xercice, ü faut s'écouter foi-même i. .éc fe perfuader que pour être entendu avec plai- fir, il faut être animé du défir de iîxef l'at- tention de fes Elèves: il faut enfin que l'i- magination ajoute à la vérité de la démon* ftration; en un mot, il faut voir au-dëla de ce qu'il s'agit d'expliquer 5 autrement on parle à l'organe, jamais à l'êiprit de ceux qui écoutent. Afant-Propos du tmjïcme Volume.
Cet Avant-Propos a eu pour objet de
donner fommairement le précis des Le- çons contenues dans les XI Chapitres qui divifent le Tome ΠΙ* Ce fommaire a été fuivi d'une DiiTertation fur l'utilité de jöin« dre à l'étude de l·* Architecture celle des Sciences &; des Arts qui y font relatifs, Pluiîeurs ont été étonnés des connoiifances
que nous fémblioris exiger de nos Elevés f mais on a fans douté oublié qu'à là fin de cette même Diflercatiön 7 nous avon$ dit a'ij
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iv Avant-Propos.
expreiïement eqae ces cènnoijfances s'acqué"
roient pendant toute la vie , & que les plus grands hommes étudioient encore , lorfqiiils ont produit leurs chefs-d!œuvre. Nous o ions donc le répéter : toutes les connoifTan- ces dont nous avo\is fait mention , font indifpenfables pour tout Artiile qui veut tendre à la perfection : d'ailleurs , celles des Sciences <k. des Arts que nous avons recommandé d'aiFocier à l'Archite&u- re, ne fuppofent pas toutes une étude également iuivie &: approfondie; mais iî en faut connoître au moins les éléments. Délirer que nos Elevés aprennent le,s Ma- thématiques , le Deilin , &c. ce n'eil pas faire entendre qu'ils doivent être Mathé- maticiens comme M. ClairauD; Peintres &c Sculpteurs comme M. Vanlo.o & M. Bou- chardon ; c'eit fouhaiter qu'ils fe mettent en état de pouvoir conférer un jour avec les Sçavants δι avec les Artiftes du pre- mier ordre : autrement , comment s'en feroiént-ils entendre, &l quels fecours ti- reroient-ils de leurs lumières , s'ils igno- roient abfolument ces connoiiTances uti- les, & iî, comme cela n'arrive que trop ordinairement, la plupart fe contentoient de la pratique de leur Art, ou de tirer parti d'un Deffin qui, lavé avec gout, ne fert fouvent qu'à en mafquer les défauts ? |
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Λ VA N T-P R Ο Ρ Ο S. V
\ défauts que quelques-uns ne ie difïîmulent
jpas à la vérité 5 mais qu'ils' ne cherchent a faire tels , que dans l'efpoir d'éblouir leurs Examinateurs, au lieu de leur rendre compte, fans ce preitige, dts détails de leurs productions. Flufïeurs trouvent encore que nous nous
loinmes trcp étendu fur chacun de ces objets ; nous en convenons, pour ceux qui fçavent, peut-être mieux que nous, les préceptes de la oonneArchitedure.Maîsnousn^vons jamais eu la témérité de prétendre donner des le- çons aux grands Architecte j c'eit pour une autre elaiTe d'hommes que nous écrivons 5 & , pour ceux-ci, nous ne pouvions leur en trop demander , afin qu'ils nous en accordent^ un peu. Nous invitons donc nos Cenfeurs à approuver notre zèle bien plus que nos talents : nous avouons fincèrement que nous n'avons point de prétention à la célébrité, trop heureux, fi nos veilles der viennent utiles à nos jeunes Citoyens5 plus heureux encore, fi nos forces nous met-: tent à portée, après la publication de ce Cours, de donner , comme nous Savons déjà promis, un autre Ouvrage que nous méditons depuis long-temps, & qui, peut-être, man- que^ eiiencieliement à ceux qui font leur capital de l'Architecture. Cette. DiiTertation a été fuivie de phi-
a iij
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VJ A VA Ν Τ^Ρ Μ Φ Ρ Ο $,
lîeurs pbfervations aiTez importantes iur dif-
férentes parties de notre Art ; la plu* part ont été bien accœuillies ? ce qui nous détermine à en inférer pluileurs au-* tres à la tête de ce Volume. Ces obfer^ vations demandant une attention moins féyère ? nous femblent par cette raifon, a la portée de nos jeunes Lecteurs , qui , par dégrés s les ailirnileront de maniere à trouver le moyen d'en faire ufageun jour, loriqu'ils feront plus avancés dans la car- rière qu'ils embraiïènt. Ainii nous les exhortons à n*en pas négliger la lecture , &c à fe rappeler ce qu'ils en auront re-* tenu , loriqu'ils fe trouveront en état de fë livret à une étude. plus férieuie , & qu'ils fe tranfporteront au pied de nos Edifices, ce que nous leur recommandons fans ceiTe, comme le feul moyen de leur ouvrir les yeux de l'entendement. Au reite , quelques-uns , en applaudiiTant
à notre zèle, ont néanmoins trouvé que nous avions femé ces obfervations d'une, critique un peu févère : nous penfons au contraire , que la cenfure , qui n'a pour but que la plus grande perfe&ion de l'Art, doiç faire également honneur, & à celui qui la fçauroît faire àpropos, &; à celui qui L· fçajt bien recevoir. Qu'on y prenne garde ; une critique judicjeufe , comme nous l'en- ÉÏöJfeïs^ φ rp^vrage de la raifon ) mais ι |
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A V AN T-P R Ο Ρ Ο S. Vi]
pour la faire goûter, &; pour convaincre
celui qui en eil l'objet, il faut deux chofes également intéreiîantes : être en état de faire mieux que l'ouvrage fur lequel tombe la critique ; '&C favoir donner de l'agrément à fa narration : double qualité dont très- peu d'hommes peuvent fe flatter. Nous avons enfin terminé cet Avant-
Propos par indiquer notre Ecole, pour l'é- tude dé notre Art, non à l'excluiîon de toute autre ; mais comme celle où, ayant réuni, depuis trente années, pluiîeurs Pro- feiTeurs habiles, dont les fuccès ont plus d'une fois furpaifé notre attente, les jeu- nes Artiftes confiés à nos foins peuvent fai- re des progrès aiTez rapides. Nous n'aurions pas fans doute , pris le parti de publier l'ordre des Leçons qui s'y donnent, iî no- tre défi η tér eifern ent eut été moins connu, & û un certain nombre d'années ne nous eût perfuadé que l'expérience nous deve- noit, pour ainfî-dire, un sûr gâtant que le Public regardera nos efforts^ même à l'âge où nous fommes, comme un tribut de la reconnoiiïance que nous devons au · plus grand nombre de nos vrais Citoyens. * · '. ■.. Chapitre premier.
Dans ce Chapitre nous avons prouvé, >
a iv
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ylîj A V A Ν T-P R Ο Ρ 0 S.
d'après le fentiment des plus grands Maî-
tres , que les-proportions de l'Architecture ont été puiiëes dans la nature. Nous y avons rapporté le fentiment d'André Pal^ ladio , de Louis Serlio , 6c de François Blondel à cet égard. Si nos jeunes Archi- tectes étoîent plus periuadés de cette véri- té , qu'ils ne le font ordinairement \ nous ver- rions moins ibuvent des compoiîtions comî- jjuement févères, où il feroît néceifaire de rencontrer un ilyle élégant s ils n'emploie- roient pas non plus des futilités où le genre grave devroit préiîder. Les colonnes, loin d'ê- tre prodiguées dans la demeure de nos Lais, ne feroient employées que dans les ouvrages de la plus grande importance. Nous verrions dts Palais fe préfenter pour ce qu'ils font, &c des Maifons particulières fe tenir dans leur rang : nous verrions plus de véritable Ar- chitecture , &: moins de maçonnerie 5 car nous ne pouvons appeler autrement ces larges trumeaux revenus fur la fcêne y &£ ces ouvertures liiTes & unies, furtout lorfque la légèreté Corinthienne fembleroît exiger y de faire circuler autour un chambranle, ainfî que quelques couronnements lieureufement imaginés par hs Manfards : nous verrions Çeut-être moins de Plans d'une expreffîon
'oicane, fe contredire avec le mouvement d'une ordonnance délicate : nous verrions |
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A V A N T-P R Ο Ρ Ο S. IX
les divers membres d'Architecture créés
par l'Art, mieux aiîbrtis avec la dédicace du Bâtiment : nous verrions la convenance mieux obfervée par-tout où elle doit être appelée, pour défigner la fupériorité de tel Edifice, iur tel autre Edifice : nous verrions enfin, comme nous venons de le dire, les pro-* portions de la belle Architecture , ancienne- ment établies fur celles de la nature, δι fur les plus belles images de fes produclions, repren- dre tous leurs droits, Se laiiTer à l'ignorance l'application de ces contraftes s de ces pré- tendues oppofitïons, en un mot , de ces tours de force que le vulgaire applaudît, parce qu'il manque des véritables con- noiiTances de l'Art, Chapitre IL
Pour éclairer la plupart de nos Elèves
fur la différence qu'ils doivent faire des licences · d'avec les reiîources qu'on met quelquefois en œuvre, au défaut des vrais préceptes de l'Architecture ; nous avons rapporté dans le deuxième Chapitre , l'ap- plication qu'on peut faire des reifources & des licences. Nous avons fait plus > nous avons comparé celles-ci , avec les abus de l'Art, & expliqué comment on pouvoit introduire celles - là dans Tes |
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χ Avant-Propos.
comportions $ mais nous avons eu foin
de prouver qu'on ne devoit jamais y ap- peler hs abus , quand on veut produire, quelque ehofe au-deifus du médiocre. Nous oibns croire que cette difcuiîîon n'eil
pas la moins intéreiTante de ce Traité ; auiïï y renvoyons-nous no? Lecteurs, comme à un moyen de s'arîurer de ce qu'ils doi- vent imiter ou rejeter, dans la plupart des exemples qui leur font offerts. Cette difcuiîîon nous a auiîî conduit à parler de l'application des colonnes Ôc des pilaflres dans l'ordonnance des façades; comment il convenoit de les employer, ou quand on ne devoit retenir que l'expreiîion de cha- que ordre. Nous avons cité pluiieurs exenv pies célèbres , où les colonnes &; les pi- lailres font employés avec fuccês, & plu- iieurs autres où ils font moins heureufe- ment amenés. Nous avons fait fentir que la plupart des licences introduites par quelques-uns de nos Modernes, pouvoienc être regardées comme autant de fautes heu- reufes, & qu'elles ne dégénéroîent guères en abus, que par une mal-adroite imita- tion. En effet, pour que les licences puif fent fe fupporter, il faut qu'elles offrent un caractère d'originalité, qui néceiTairement dégénère entre les mains des Co pilles. Nous l'avons dit plus d'une foisj qu'on y prenne |
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A VA nt-Propos. xj
garde, une licence qui n'eft rachetée par au-
cune beauté poiitive,, ne peut que paroître in- soutenable aux yeux intelligents. Au contrai- re, on pardonne prefque toujours les licences dans les détails", lorfqu'elles amènent de gran- des beautés dans Penfemble.En un mot, nous croyons qu'il en eft de limitation des li- cences que les grands Architectes ont mi- les en^ œuvre , comme de vouloir copier trop littéralement les Ouvrages des An- ciens, Rien de iî naturel, fans doute, que d'adopter leurs principes, quand ils nous paroiiTent véritablement applicables à nos uiages : mais ils doivent être abandonnés dans le cas contraire $ fans quoi nos produ- ctions ne deviennent plus que de foibles co- pies faites d'après d'excellents originaux. Ce que nous avançons ici ne fera pas
avoué de tous nos Maîtres, à la vérité 3 auffi les différentes opinions à cet égard ren- dent-elles l'étude de l'Art difficile aux lie* ves5 &femblent en quelque forte autorifer les Propriétaires à fe faire ériger des Edi- fices fouventplus iîngulîers qu'admirables. D'un autre côté, nous voyons tous les jours des Bâtiments reconnus pour bons , qui cependant ne font pas fans défauts» mais ces défauts y font amenés, de maniere que leurs beautés y tiennent & en font, pour awli-dire , inféparables, EiTayez en effet |
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xij Avant-Propos. '
(d'en fupprimer quelque partie que vous
croyez n'avoir pas droit d'y approuver, l'enfemble y perdra, & ne préfentera plus qu'une compoiîtion ordinaire. Il falloitdonc oier y introduire ce que nous appelons ici les licences de l'Art 5 mais, encore une fois, il fallbit qu'elles y fulFent placées par une main habile 3 un Artiite moins inf- truit y auroit échoué. Chez le premier, les licences ont des charmes 3 chez le fé- cond, toute négligence eft un défauts & c'eft à quoi nos Elèves ne prennent pas aiTez garde. Dans ce même Chapitre enfin, nous
ayons condamné les pilailres doublés, les pilaltres évafés à angles obtus ou aigus > les colonnes jumelles, les colonnes ovales, enfin toutes les pénétrations des corps qui, félon les règles de la bonne Architecture y doivent fe trouver féparés par des inter- valles ou par des repos 3 ces derniers ten- dant nécelîairement à faire valoir les par- ties qui demandent vi être aperçues iépa- rément, & qui ne doivent fe réunir que pour en faire admirer l'enfemble. ■ f- '■ ■■·'■ ..'■■",. ■'.'. -■■■ ■'■■■ ■'.,., ■ ..■■'"■■ *''i
Chapitre 1114
* ; Dans le deuxième Volume de cet Ou-
vrage, nous avons prouvé k néceifîté de
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ÄV AN T~P R Ο Ρ Ο S. - Xiij
donner à chaque Edifice un caractère qui
lui rut propre. Dans l'un des Chapitres du Tome lil que nous analifons, nous avons enviiàgé les moyens de parvenir à ce but : pour cela nous avons traité en particulier des Bâtiments à un feul étage, des Bâti- ments à un étage & demi, des Bâtiments à. deux étages réguliers ; de ceux compo- fés d'un foubaiTement à rez-de-chauifée & d'un premier étage au-deiïusj de ceux compofés d'un foubaiTement, d'un bel éta- ge, & d'un Attiquej de ceux compofés d'un ibubaiïement & d'un ordre coloiîal -au-deifus, '&c. Nous avons auiîî fait pluiîeurs citations intéreiTantes des Bâtiments de di- vers genres, élevés en France par nos plus habiles Maîtres, èc dîfcuté leurs différents effets , d'après les principes répandus dans ces leçons $ principes qui ne font autre choie que ce que nous tenons des Anciens & de nos meilleurs Architecte â cet égard. Cette difcLiffiöii nous a amené à compa- rer les différentes hauteurs qu'on a données aux foubaflements , aux attiques, & les rapports qu'ils doivent avoir avec les éta- ges réguliers où les Ordres préildent. Delà nos Temples, nos Places publiques, nos Maifons Royales, nos Palais, nos Hôtels, nos belles Maifons particulières fe font f appelées à nous, afin, de fixer, pour ainiï- |
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xiv A VA N T**P RÔ Ρ Ö S*
dire, toute efpece d'irréfolution fur le Îlylâ
de l'ordonnance de leurs façades, & de frayer à nos Elevés fur cet objet, mie route plus facile qu'elle femble ne l'avoir été jufqu'i- ci. Nous avons auffi préféré de puifèr la plu- part de nos préceptes , d'après nos Bâti- ments François, élevés, quant à leur or- donnance extérieure , d'après les plus cé- lèbres exemples de la Grèce ; les bons Ar- chitectes ayant envifagé ces Peuples, corn* me les Créateurs de la belle Archîte&ure i ou du moins, ayant reconnu qu'ils avoient produit tant de modèles de perfection en ce genre, qu'on pouvoît les regarder com- me les Inventeurs de l'Art. D'après cela, nous n'avons préfenté à nos Elèves, dans ce Chapitre, que les productions Fran- çoifes, qui tiennent de plus près à l'an- tique, plutôt que de chercher à leur remplir l'idée des feuls Edifices Latins, qui, quoi- que iublimes à beaucoup d'égards, ne leur offrent guères qu'une branche particulière de l'Architecture, branche eiTencielle à la vérité, mais qui n'étant liée , ni à nos ufa- ges, ni à l'économie, ni aux matières que nous employons, les écarteroit fouvent de la route qu'ils doivent fuivre : car, au Heu d'imiter précifément ces anciennes pro- ductions, ils doivent fe rendre compte des moyens dont fe font fervi les Lefcor, |
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AvANT~PROP.ps. .Xi
ks Manfard & les Perrault, pour produire
nos chefs-d'œuvre. Qu'eft-il befoin en effet de paiîer les mers pour fe rendre témoins des efforts que des Peuples, ingénieux' fans dou- te , ont faits il y a deux mille ans ? ne devrons onpas plutôt étudier à fond les principes de l'Art qu'ils nous ont tranfmis, concernant l'ordonnance de nos Bâtiments. Nos Elèves doivent donc apprendre de préférence, â concilier ces préceptes, plus convenable- ment qu'on ne le fait aujourd'hui, avec no- tre diftribution & l'emploi de nos matières. Nous l'avons déjà dit, il ne nous refte guères qu'un pas à faire pour approcher de la perfection : les dehors de nos Edi- fices nous offrent déjà plus de nobleiîe , plus de dignité ? que ceux du commencement de ce iîecle j mais, nous le répétons, pour s'éloigner de la petkeife du module, qu'on reproche , peut-être avec raifon, a l'ordon- nance de quelques-uns de nos Bâtiments, précédemment élevés, faire les Ordres trop coloifaux, c'eft un abus, c'effc tomber dans un autre exces. On pouroit même croire qu'il femble que plus nos Architectes font jeunes encore , plus ils afFe&ent d'agrandir leurs ordres, dans l'idée de paroître des per-: fonnages importants ; mais, quelle erreur- s'il nous eii permis de le dire, la vraie gran- deur de l'Architecture confîfte dans le |
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xyj Avant-Propos.
choix du module, & dans le ityle de l'or-
donnance , coniidéré avec le motif qui fait élever l'Edifice. Qu'on y réfléchiûe , ce n'eft pas en s'écartant des limites pref* crites de tout temps par la raifon, qu'on parvient à enfanter des Chefs-d'œuvre. Qu'on ceife auiîî de croire , comme on ne le fait que trop fouvent , que pour produire de vraies beautés, il faut imiter néceiTairement les Ouvrages de la plus hau- te antiquité. N'en doutons point, ce <jue nos Hifloriens nous ont décrit fur ces monuments eil plus véritablement utile à la Peinture, à la Sculpture, qu'à l'Ar- chitecture : ce qu'ils nous ont donné étoit fuffifant pour leurs Contemporains 5 mais ces defcriptîons deviennent pref- que autant d'énigmes pour la portérité ; le flambeau qui nous éclaire aujour- d'hui , ne répandra certainement pas la même lumière pour ceux qui nous fuccé- deront. Chapitre IV.
Nous avons pris occaiïon, dans ce Cha-
pitre , de rapporter divers Deiîms , non des façades entières de nos Edifices im- portants , mais feulement les avant-corps de ces mêmes façades, ordinairement l'ob- jet r
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A V AN T-P RO Ρ Ο S. xvij
jet îe plus difficile à traiter, après Tamor-
tiiTement de ces avant-corps. Par les ima- ges que nous offrons, quoiqu'en petit, on pourra joindre l'exemple aux préceptes. Qu'on nous permette, à cette occafîon, de répéter ici , qu'aucun efprit de par' tialité n'a conduit notre plume 3 nous n'a- vons garde de prétendre que nos obfer- vations ayent force de loi 5 & nous^vons la plus grande vénération pour lts grands Architectes que la France a produits : mais ces grands hommes ne fe ibnt-ils ja- mais trompés ? le vrai moyen de les imi- ter dans ce qu'ils ont fait de plus agréa- ble, ne confiite-t-il pas à examiner avec foin leurs chefs-d'œuvre , à les fuivre dans leurs procédés , à les énier dans leurs écarts, pour acquérir eniuîte l'art de lts atteindre ôc de les furpaiTer, s'il eil poifi« oie. D'après cette idée, nous avons rifqué notre avis : jamais il ne nous eft entré dans l'efprit de prétendre faire la critique de nos Maîtres 3 & fi quelquefois, nous nous fommes permis quelques obferva- tions , on devra , fans doute , s'aperce- voir , que nous ne nous les fommes per« mues, que d'après Iqs productions médio- cres , dont il étoit bon de prévenir k$ jeunes Artiftes, pour lefquels nous avons eompofé ces Leçons. Tome IV. ^
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xviij A F an T-P R ο ρ ο s.
Dans ce Chapitre, nous avons rapporté
les différents avant-corps du Vieux-Lou- vre , du Palais des Tuileries de du Luxem- bourg 5 nous nous fommes plu à en faire fentk les beautés â nos Elèves : en les in- ilruifant, nous avons cherché à nous éclai- rer nous-même, comme le >but que doit fe propofer tout homme épris de la per- fection de fbn Art. Il peut nous être ar- rivé, fans doute, de nous tromper , dans plus d'une de nos remarques : nous avoue- rons nos fautes avec docilité, il notre Ou- vrage eil affez goûté , pour exciter l'at- tention des hommes plus éclairés que nous. Plus nous avançons, plus nous nous aper- cevons de quelques négligences. : mais malgré ces taches, prefque toujours iné- vitables , dans un Ouvrage. un peu éten- du , nous avons la confiance de croire que ce Cours fera de quelque utilité. Nous l'a- vons dit quelque part 5 combien n'eut-il pas été intéreiïant pour nous, que le plus grand nombre de nos Architectes euflent écrit fur leur Art ? Que de vérités de plus n'aurions-nous pas eues à enfeigner à nos Elevés,.&■ quelles difficultés de moins n'au- rions-nous pas éprouvées ? Car, nous fom- mes bien éloigné de croire, comme le prétendent la plupart, que la décoration eft de fantaifie, ou au moins arbitraire. |
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Λ ν Aiïf * Ρ &ο po s* xix
■A là Vérité, ks préceptes qui k Côfnpo-
lent font courts j mais le raifonnement eil infini ; d'où il réiulte qu'il y a plus de rai- fonneurs dans cette partie , que d'Ar- tiftes qui faiTent ufage de leurraifon. Mais fans avoir égard à. l'opinion de ceux-là, fans nous arrêter aux défauts , donc notre Ouvrage n'eft pas exempt, nous n'en confeillons pas moins à l'Elève & au jeune Amateur, d'étudier avec une forte de foin particulièrement ce que ce Chapitre con- tient, parce que nous fommes perfuadé qu'à beaucoup d'égards , il ks mettra en état de porter un jugement réfléchi, JorA qu'ils viendront à viiiter ks principaux Monuments de cette Capitale. 4 Nous avons encore donné dans ce Cha-
pitre, d'autres exemples, & fait de nou- velles obférvâtÎQrts fur les décorations de nos plus belles demeures à la campagne, nous Pavons terminé par ks defcriptions de quelques-uns de nos Hôtels à Paris : & pour prendre occafîon de comparer l'ex- cellent avec le médiocre, nous n'avons pas cru devoir toujours faire choix des plus bdks produdions en ce genre : par ce nioyen , nous avons pu avertit âùs beautés qui doivent être imitées par nos Elèves, & des défauts qu'il leur convenoit d'évi' ter, pour arriver au fublime. De cette dif- h ij
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XX A V AN Τ - Ρ RO Ρ Ο $>
cuiîîon font nées riéceffairement pluiîeurs ob-
fervations intéreiTantes : ii elles ne plaifent pas également à tous, elles n'en font pas moins la route qu'il falloit fuivre , pour éclairer véritablement ceux que nous avons en vue d'inilruire > mais pour en bien profiter, les Elèves doivent être pourvus de génie, de goût, .& fçavoir que le pre- mier peut quelquefois fe paifer du fécond 5 mais que jamais le goût ne peut produire de beautés réelles fans le génie : que d'ail- leurs, le goût, comme nous l'entendons, eft urie de ces choies qu'on ne peut ana- lyferj qu'il doit être ienti , &; que c'effc peut-être par la comparaifon réfléchie des différents goûts, qu'on parvient à perfec- tionner le iîen: qu'en un mot, fans le goût, fans le génie , on peut bien quelquefois Î>arvenir à faire une décoration qui décelé
'homme inftruit j mais que trop de foin dans la main d'œuvre, trop d'exactitude dans les parties, altèrent fouventle mé- rite, & ôtent à l'Art fa force, iâ beauté} un grand Maître vifant plutôt à l'effet gé- néral, qu'à des détails minutieux, le lot ordinaire de l'Artifte fubalterne. Chapitre V.
Dans les quatre premiers Chapitres du
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Αν αν τ - Ρ no ρ os. xxj
troîiîeme Volume, après avoir parlé d'une
manière générale fur l'ordonnance des Fa- çades : pour parvenir à la perfection de l'Art, nous avons traité en particulier, dans le Chapitre V, des Portes , des Croi- . fées, des Niches, des Statues, des Fron- tons, &.C. Dans le troiiieme Chapitre du premier Volume de ce Cours, nos défi- nitions fe font étendues fur les différentes parties de la décoration 3 mais , dans le troiiîeme Volume, notre but a été de ne laiiTer ignorer à aucun de nos Elèves, la ! meilleure maniere de parvenir à bien faire
chacun de ces objets, perfuadé que nous ί fpmmes de la néceffité où l'on eil, avant
d'arrêter fa compoiîtion , de difcuter à fond la ;£orme de ces différentes parties de l'Ar- chitecture, de confrater leurs proportions > de méditer les membres qui les revêtent> les ornements qui les décorenti\ &c l'em- Dtelliiïement qu'ils doivent procurer a la 1 décoration des façades. Dans., l'intention
de^ faire toujours remonter nos jeunes Ar- chitedes à la fource ? nous avons com- mencé dans ce Chapitre $ par leur offrir quelques delïins de portes, donnés par Mi- chel-Ange. Ces deffins, d'une compoiîtion extraordinaire , à beaucoup d'égards, leur prouveront du moins les progrès que l'Art \ a faits dans ce genre, depuis cet Archi- f
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xxij A^aNT-Propös.
teéfce célèbre dans fon temps, & dont plu-
sieurs autres productions très-eftimables ^ lui ont fait accorder l'approbation de la poitérité. Nous avons eniuite propofé quel^ ques exemples de portes 9 exécutées fur les Deiîins de nos Architectes François, & avons accompagné ces exemples de ré- flexions , qui contribueront à en faire fentir les beautés, & à en éviter les parties les moins heureufes. Nous en avons ufé de même pour les Croifées : nous avons dit à leur iujet, ce que ne doivent jamais ou- blier, non-feulement les Architectes, mais encore ceux qui fe mêlent de donner lts projets d'un Bâtiment ·■> c'eft que cette par- tie de la décoration doit être étudiée, de maniere qu'elle produife une véritable (beauté dans ^ordonnance $ parce que cis parties fe multipliant à l'infini, c'eft mul- tiplier l'erreur, que de négliger leur rap- port avec le ftyle de la décoration pM Je choix de leur forme y d'appauvrir leurs cadres, ou de les furcharger au contraire d'ornements mal entendus : le parallele qu'on en fait ordinairement avec d'autres parties plus heureufes, les rend plus infup* portables encore par la comparaifon 5 mais comment faire entendre ce raifonnement mm jeunes Elèves qui débutent, & qui k
plupart rçflemblent à ceux qui croient faire |
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A^A nt-Propos. xxiij
des vers, parce qu'ils font rimer des mots.
En introduifant des colonnes dans leurs premières compofîtions, ces Elèves s'ima- ginent faire de l'Archite&ure > &c pour avoir fuivi quelques Leçons , &: def- iîné pendant plufieurs mois, ils fe regar- dent comme des oracles, fans fe douter que femblables à l'oranger , ils doivent montrer des rieurs les premières années de leurs études, Se enfuite des fruits j qu'autre- ment , ils doivent s'attendre à ne jamais montrer que des écorces. Dans le même Chapitre , nous avons
traité des Niches &, des Statues : nous avons déiîré qu'on fît un ufage plus mo- déré des premières dans nos Bâtiments d'ha- bitation , &; confirmé la néceiïïté de faire les fécondes d'une proportion aifortîe à la grandeur des Niches , &: les unes &; les autres au module de l'ordre qui préiîde dans l'ordonnance. Nous avons prouvé , qu'autrement elles ne préfentoîent plus qu'une richeife îndiferete qui nuit fouvent au cara&ère de l'Edifice. Nous en avons dit autant pour ce qui regarde les Balu- ftrades, les Frontons, les AmorthTements, les SoubaiTements, les Attiques, &c. Nous avons même fait fentir qu'il ne furnfoit pas de fçavoir employer ces divers mem- bres dans fa compoiîtion , que le grand h iv
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Vf.
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XXÎV ÂFANT'PrOPOS.
Art de Γ Architecte coniîftoit à n'appeler
à lui chacun d'eux, qu'autant qu'il pou- voit contribuer à aiîigner un caradère diitindif à fon Edifice : que toutes ces parties dévoient avoir un parfait rapport entr'elles &; avec l'enfemble : que fans cette belle harmonie, la compbikion ne pou- voit être eftimable,, 8l qu'elle n'ofFroit au Spectateur, qu'un amas confus amené fur la fcène par un efprit déréglé; qu'en un mot, tout Monument facré > tout Edifice public, toute habitation particuliere devote avoir fon caradère propre. C'eft ce qu'on remarque affez poiïtivement dans les di~ verfes productions d'Hardouin Manfard, peut-être PArchitede, qui parmi nous, a eu le plus d'émulés ,δε le moins de ri- vaux , de fon temps , 6c dans l'inter- valle qui s'eil paiTé depuis lui jufqu'à nos jours. Ce Chapitre contient auiîi des Leçons
fur l'eipacement des colonnes, 6c fur l'u- iàge des périilyles, dans la décoration de nos Temples δί de nos Palais : nous avons difcuté l'opinion des anciens & des Mo- dernes , fur les cntrecolonnements, &: fait Voir que iî hs premiers rapprochoient aiîez près leurs colonnes hs unes des autres , c'étoit moins pour produire de vraies beau- tés, que pour fatisfaire aux lois de la fo- |
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Avant »Propos. χχϋ
lidité, qui, de leur temps, n'étoîent pas
parvenues au point de perfection où on les a portées chez nous, depuis eux$ auffî avons-nous, dans nos Eléments , recom- mandé aux jeunes Architectes de fe pré- munir , au moins des premières connoii- fances de la conftru&ion, avant de vou- loir commencer le moindre de leurs pro- jets. Sans doute , leur avons-nous dit, une bonne théorie, la ledure des meilleurs Au-, teurs, des voyages faits avec fruit , font de grands avantages 5 cependant n'oubliez jamais que ces connoiflances acquifes font iniliffifantes , fans la pratique : que ians cette partie eiTencielle , toutes les autres deviennent inutiles , &: ne font que des Architectes imparfaitsj que pour être cé- lèbre dans cet Art, il faut réunir la fcience au métier. PveiTouvenez-vous, leur avons- nous dit encore , que l'afpecl; des dehors & la beauté de leur ordonnance, doit inviter à paifer dans les dedans d'un Edi- fice 3 que les dehors doivent annoncer le degré de magnificence qu'on doit remar^ quer dans les dedans 3 qu'une décoration extérieure iîmple, doit déiîgner des Appar- tements de même genre 3 des dehors fomp- tueux, une grande opulence dans l'in- térieur : que la porte d'entrée, les cours, leurs dépendances, les jardins de propreté, |
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xxvj Avant-Propos*
font autant d'objets qui doivent fe reiïèntir
de la naiifance, ou de la vie privée du Pro- priétaire, Ces réflexions, n'en doutons point, devroient guider l'Architecte dans l'emploi àts colonnes, &, par conféquent pour les en- trecolonnements &les pénftyles , dont nous avons traité dans ce Chapitre: perfuadé de ces principes de convenance, il les ferok en- trer dans les Monuments du premier ,or- dre , rarement dans les Bâtiments de peu d'étendue , èc jamais dans les Maiibns particulières. Nous avons enfin terminé ce Chapitre
par traiter du changement qu'il convient d'apporter entre la hauteur réelle des mem- bres d'Architecture élevés les uns au-deiîus des autres dans la décoration des façades , & la hauteur apparente, qui feule eit aper- çue : pour cela, nous avons établi, d'a- près le fentiment des meilleurs Architectes à cet égard, des points de diftance relatifs à l'étendue & à l'élévation des Bâtiments. Nous avons prouvé que pour parvenir à bien juger l'effet de fa compoiition ; il fal- loit d'abord décider le point de diftance &: le point de vue, fuivant le local & les régies de l'optique j qu'aifez généralement y dans les façades des Bâtiments qui n'a- voient guères plus de bafe que de hau- teur , telle que la porte, Saint-Denis , îj |
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Avant-Propos» xxvîj
falloit regarder cette bafe comme celle d'un
triangle équilatérai, du Commet duquel fe- roit fixé le point de di'ftance : que pour trouver celui dont la longueur excède de beaucoup la hauteur, comme le Périityle du Louvre, ou au contraire, celui dont la hauteur furpaiTe la bafe, tel qu'au por- tail de Saint-Gervais, il falloit prendre en , ces deux cas la moitié du produit de l'une & de l'autre dimeniion, pour trouver la perpendiculaire d'un triangle ifbcele, dont le fommet ferok le point de diilance de- mandé 3 mais toujours eh fuppofant que les lieux découverts qui entourent l'Edi- fice, permettent ces différents points de diitance, puifqu'autrement', il faudroit s'af- fujétir au point de itation prefcrit, & pren- dre de moyennes Arithmétiques entre ce point donné & celui établi, ou par le trian- gle équilatérai, ou par le triangle ifocèle propofé. Chapitre VI.
Nous avons examiné, d'une maniere gé*
nérale, dans le iïxieme Chapitre, l'ordon- nance de la plupart de nos Temples, com- me \ts Monuments qui tiennent de plus près à la belle Archite&ure. Nous avons comparé le Val-de-Grâce avec les Inva- lides , la Sorbonne avec 'les quatre Na- |
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XXVlij AV ΑΝ Τ -Ρ RO Ρ 0 S.
tions, l'Eglife de Saint-Sulpîce avec celle
de Saint - Roch , l'Eglife des Dames de Sainte-Marie, près la porte Saint-Antoine, avec celle des Dames de TAiTomption porte Saint-Honoré, Sec. Dans cette com- paraifon, nous avons faiiî la marche que nous délirons que nos Elèves iuivent à leur tour, dans l'examen de ces divers Edifices, afin qu'ils s'aperçoivent, par cette étude fuivie, des différentes nuances qui les ca- radérifent. Confidérés féparément, ils doi- vent être envifagés comme les Muiës, qui,' quoique égales entr'elles, & fe prêtant de mutuels fecours, ont néanmoins des ex*( prenions particulières qui les dîfMnguent les unes des autres. Dans les courtes defcriptions que nous
avons faites de ces Temples, nous avons faiiî l'occafion de faire l'éloge de François Man- iàrd j furnommé le Grand■ j pour le diftingtier de Jules Hardouin Manfard fon neveu ; ce dernier étoit certainement un génie fublime : mais la poftérité ne lui a pas accordé ce glo- rieux titre 3 tant il cil vrai qu'on peut être un bon Architede, &: ne pas mériter cette épithete. Qu'on y prenne garde j pour par- venir à cette diÎHndion , il faut pofféder des règles sûres, une préciiîon & une cor- rection , qui feule a élevé François Manfard au-deiTus de tousjes Archkedes de fon |
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Ar αν τ -Ρ Ko ρ ο s. xxix
temps, &, peut-être du nôtre. Il eil vrai
que le plus grand nombre de ceux de nos jours ont fecoué le joug des entraves que la médiocrité avoit impofées aux. Ouvra- ges élevés, Π y a environ trente années ; mais on peut dire auffi que la beauté des produ- ctions de ce grand Maître a difparu avec lui. Nous nous permettons ces réflexions, non pour faire la cenfùre de nos Ou- vrages modernes, mais pour apprendre de bonne heure à nos jeunes Artirfes,que pour arriver à la perfection, il faut qu'ils étudient fans ceiïè, & qu'ils faiïènt enforte, comme nous leur avons recommandé, dans l'introduction du Volume précédent, que toutes leurs études, leurs lectures tournent au profit de leur Art, fur-tout qu'ils re- lifent les Auteurs à plus d'une reprife, & faiiiiîent les rapports que toutes les par- ties de la littérature peuvent avoir avec leur talent , foit dans les livres qui par- lent de théorie, des Sciences &: des Arts, foit dans ceux qui traitent de la Logique, de la Poéire > car toutes ces diverfes pro- ductions leur offrent tour à tour, ou des idées utiles, ou de pur agrément, qui, dans la fuite leur fourniront les moyens de ièn- tir? de faifir, de fe former le gout. Néan- moins., il faut qu'ils fe reifouviennent de mettre du choix dans leurs le&ures : ce |
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xxx Ä ν αν τ ^Propos.
n'eit pas en lifant beaucoup, c'eft en 11- faut avec méthode &i avec réflexion qu'on acquiert la fcience $ car, quoique la cé- lébrité d'un Auteur invite à lire tout ce qui fort de fa plume, il n'appartient pas à tous de le lire avec fruit. Encore une fois, qu'ils y réfléchilÎent 5 une fleur n'effc quWe fleur pour le papillon s c'eiLun ri- che patrimoine pour fabeille : cependant la plupart de ceux qui ont en vue de fe former à devenir originaux dans leurs pro- ductions , fe contentent de copier celles dont on leur vante Vtxcûlmct > & ils bor^ nent leurs recherches à devenir de froids imitateurs des modèles qu'ils ont fous leurs yeux; fans prendre garde que prefque tout chez nous , fans excepter l'Architecture , eit fujet à une mode paiTagère & prefque momentanée : enfin} fans vouloir les décoiv rager, combien ne remarque-t-on pas, en examinant les compositions de pluiîeurs, qu'ils ont encore befoin de Pœuil du Maî- tre ? On obferve qu'ils ne fçavent retran- cher ni ajouter à leur premiere penfée. On s'aperçoit même qu'ils n'ont produit cette penfée que dans un de ces moments heureux où l'imagination s'accorde avec le précepte, & qu'ils ont bientôt ceiTé d'être ce qu'ils étoient, lorfqu'il s'en: agi de combiner, de réfléchir ôc de produire. On |
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A r An τ-Pr o ρ o s. xxxj
voit enfin qu'ils ont manqué de perfévé^
rance, fans faire attention que tout ce qu'on dérobe à l'ignorance , tourne nécelîàire- ment au profit du talent. De tous Iqs Monuments que nous avons
cités dans ce Chapitre, nous n'avons don- né pour exemple que le Frontifpice du Val-de-Grâce, parce qu'il nous a paru fu- périeur, du moins jufqu'à préfent, à tous ceux avec lequel nous l'avons mis en pa- rallele. Malgré cela , nous n'avons pas diffimulé les défauts dont il n'eft pas exempt ; cet Ouvrage célèbre, ainfi que perfonne ne l'ignore, n'ayant pas été con- tinué par François Manfard. Nous avons fait des obfervations un peu fé-
vères, quoiqu'impartiales, fur les autres Edi- fices de ce genre ; parce qu'il nous a iëmblé qu'il falloit que ces obfervations tombaifent fur nos Edifices François, ayant de jeunes Citoyens à infbruire. Nous avons penfé, d'ail* leurs que plus un Archîte&e a de célébrité , plus Cqs fautes deviennent dangereufes 5 parce qu'elles font imitées par le plus grand nombre. Il y a peu d'Elèves en effet qui ioient en état d'apprécier les ouvrages qu'ils examinent y & fouvent la réputation des Auteurs leur en impofe. Nos Leçons envifagées de ce côté, nous
procureront fans doute des approbateurs 5 |
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XXXij Αν ΑΝ Ύ - Ρ R OP O S.
mais duflîons-nous n'en trouver aucun parmi
nos Contemporains, la qualité de Citoyen , iî on nous l'accorde 7 nous paroîtra préféra- ble à Teloge qu'on pouroit faire de nos ta- lents &: de notre zèle. Chapitre VIL
Dans le feptieme Chapitre, nous avons
donné pluiîeurs exemples d'Edifices facrés de notre composition, comme le fruit des recherches que nous avons faites à cet égard. Nous n'avons pas prétendu offrir des chefs-d'œuvre ; mais feulement préfen- ter des idées, qui, traitées par de meil- leures mains, pouront peut-être faire re- ftituer à nos Temples ce degré de fubli- mité que doivent offrir Iqs Monuments éle- vés à la Religion. Nous avons d'abord of- fert le Plan d'une Eglîfe Cathédrale 3 cnfuite le Plan d'une Eglîfe Paroiiîîale, d'un nouveau genre de diffcrîbution , en propofant auiîi quelques changements dans l'ordre uiité, lors du fervice divin (a), ce |
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(a) Nous nous fommes crus autorifés à ces changements, en
confidérant les ufages particuliers confervés daus l'Eglife de Saint-Jean de Lyon, une des plus anciennes de l'Europe, 8c dont elle ne s'en: jamais écartée. Par exemple ; au rapport de M. l'Abbé .Pernetti, dans ion Tableau de Lyon , on y voit deux Croix fur l'Autel, qui déiïgnent la réunion de l'Eglife Grecque avec la Latine. On n'y fait ufage, ni d'orgues , ni de mufi^ue, ai de livres, pendant la çélébjiatioit de l'office, &c. &c.
qui
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,Akant-Prop ο,$* xxxîij
qui, par-là même* rencontreroit peut-être
quelques difficultés , parce qu'on paroît plus attaché à la routine qu'au déiir de bien faire, que d'ailleurs la plupart des Mini-* lires des Autels femblent ie roidir contre toute efpece d'innovation, & que le plus grand nombre de nos Architectes applau-^ dit rarement aux comportions qui ne for- tent pas de leur crayon, Au reite , nous l'avons déjà dit, nous fommes fans prêtent tion, & nous n'offrons guères ces projets, lî l'on veut) que comme dts efquuTes^ Ge- pendant, nous pouvons le dire ici, ils n'ont pas laîiFé d'être applaudis de plus d'un Prélat, qui délirant le bien, en faveur des beaux Arts^ ne défirent pas moins auffi que la décence règne dans nos Temples, &: que les cérémo- nies religieufes s'y faifent avec plus d'éclat, &., tout enfemble , avec la dignité due aux lieux Saints. Apropos de ce projet, nous avons rap*
porté avec la iîncérité dont nous faifons pro* feffion , la reiTemblancé que notre Plan s'eft trouvé avoir avec celui; de l'Eglife de Saint-Amand, près de Valenciennes 6 que nous ne connoiffions pas alors. Après en avoir été initruit, nous nous fommes tranf» portés fur les lieux, où effectivement nous avons reconnu une partie de nos idées j mais■ j loin de nous décourager par cette remarque*, Tome IP^a ç'
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xxxiv A ν α η τ-Ρ κ ο ρ ο s.
cette reiTemblance nous a paru une raifonde plus pour offrir cette nouvelle compoiitîon, telle que nous l'avons conçue, d'après les di- verfes parties les plus intérefTantes qui fe trouvent répandues dans nos Eglifes ancien- nes 8c modernes : réunion au reite, que nous ibumettons aux lumières des vrais Patrio- tes, &: des véritables Archite&es. Après le Plan de notre Eglife Cathédrale
& de notre Eglife Paroiffiale, nous avons in- iëré, dans ce même Chapitre, celui d'une Eglife Conventuelle, dont nous avons auffi donné les élévations & les coupes, parce que le parti que nous avons pris, pour*ce qui regarde l'ordonnance de cette Edifice, nous a paru neuf, & mériter quelque attention. Le projet de cette Eglife /fait pour la Flan- dre, nous a préfenté plus d'un obftacle à vaincre, quand il a fallu furmonter les en- traves auxquelles on nous avoit aiïùjéti : nous en avons rendu compte à nos Elèves, lors de la defcription de ce Monument 7 pour les avertir qu'il ne faut jamais ten- ter de projets en Pair, &: que dans l'e- xécution, Pon eil prefque toujours gêné , ou par le local, ou par la néceiïité de s'af- iiijétir à d'anciennes fondations, ou enfin par des raifons d'économie. Peut - être trouvera-t-on cet Edifice un peu considé- rable, pour une Eglife conventuelle ι mak |
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Ar ah τ-Ρ ζ op o s. χχχϋ
loriqttfon fe rappellera la grandeur de cello de Saint-Amand, que nous venons de ci- ter, celle de Vigogne, à deux lieues en- deçà 3 enfin la plupart de celles élevées eri Flandre, à Anvers, & dans le plus grand nombre de nos Provinces, on fera moins furpris de l'étendue de ce projet. D'ail- leurs, qui dejious ignore que dans tous les temps, dans tous ks pays de la Chré- tienté, les Monaftères ont été confidëra- bles, & perpétués, pour ainiî-dire, jufqu'à l'excès (i)j Paris même n'en renférrrie-t-iî pas un aiTez grand nombre, de très-vaitës dans le genre Gothique, pour concevoir que i'Eglife d'une Abbaye de Chef d'Or- MÎ&P11 en *V? atU rapport d'un de nos Ecrivains, dans l'A-
ie nom 2£Sr e -e l **&*?? que les Ancieils ont donnée Vous a ÏÏLtÎ ï°P1^qU1 n étoient pas moins faimû, par
ja grandeur des Edifices que par le nombre des Religieux. SiteTW8 rÎ^ou£ celui de l'Abbé Euflat, dans le rL·^
vWnï ÎS i "T <Η ΓΰΓ Une m°nta*nc très-élevée3 &7en- pSs viS ffWAS6 mîIIe Moines 5 dans Jcs cam-
bre0 de ÏÏSS f01t du>rfe\Un beaucoup plus grand hom- foSesiu^*AifclaepftI1,îcte*,ec qui toütes étûien£
AÏS « î "e ,Abbé ' & aV01ent chacune leur Efilife Cet U νί^Α^Ά Ie titre de Chef général de lOrdfe t'enoi
Mobes ïïontÎ V ^f', «ccompagné de cent Saquante
W' e "; /U1' d^S Mules> ? Vêms dc grades robes jourdïui ' Γ donnoiT » cortège un air majeftueux. Au- Vexift, îde ce, Sfand noitlbte d'Eglifes & de Cellules il ££ âUcui IK qUe de ίϊ¥< ^arures > * l'on n'ap'er: |
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xxxvj Avant-Propos.
dre > doit occuper une place plus confîdé-
rable que celle d'un Couvent ordinaire. Après cette Eglîfe Abbatiale Ôc Conven- tuelle , on trouvera le Plan 6c la coupe d'une Eglife en rotonde, que nous avons compofée pour l'Abbaye Royale de Saint- Louis à Metz, &; dont nous avons donné le Frontifpice dans le deuxième Volume de ce Cours, Planche XXXIV. Ce pro- jet , quoique peu coniîdérable , ne laiiîe pas de devenir intéreiïant, par fa difpo- Etreii & par fon ordonnance 3 au refte, nous croyons qu'on nous fçaura quelque gré, d'avoir cherché, autant, qu'il nous a été poffible, à affigner un caractère dii- tinctif à chacune des productions que con- tient ce Chapitre, fok qu'on les envifage féparément, du côté de la diftribution , foit qu'on les coniidére du côté de la dé- coration : il fera plus aifé de s'en coiv· vaincre encore , îorfqùe dans la fuite , nous donnerons les élévations, les coupes Se les développements de notre Eglife Ca- thédrale Se Paroiffiale, qui n'ont pu faire nombre parmi les Planches de ce Cours, ",■'*■■ I
Chapitre VIII.
Moins prévenus qu'on ne fe l'imagine,
far les divérfes productions de l'Italie, nous |
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A V Α Ν Τ-Ρ R Ο Ρ Ο S. XXXVÎj
avons fait un choix de la plupart des façades
des Palais de Rome, &i en avons donné la defcription avec toute l'impartialité dont nous iommes capable3 il eil vrai, qu'en ren- dant juftice aux vraies beautés qui font ré- pandues dans ces façades, nous n'avons pas cru devoir négliger d'obferver les parties moins heureufes qu'il feroit bon d'éviter dans nos comportions Françoifes. Pour prou- ver notre équité à cet égard , nous avons rap- porté auiîi clans ce même Chapitre ? pluiieurs façades exécutées par nos habiles. Maîtres, 5 afin que d'après ce parallele , on ptiiiïè s'aiTurer du choix que Ton dort faire de l'un ou de l'autre genre. Nous avons fait plus 3 nous n'avons pas toujours offert 3 dans ces derniers exemples, les compo- rtions le plus univerfellement reconnues pour bonnes, afin, d'une part^ de ne pas chercher à faire pencherja balance en notre faveur, & de l'autre, de faîiïr cette occafion pour fixer nos Elèves fur le genre de leur imitation. Après avoir traité de ta décoration des
Palais ,·& de nos beaux Hôtels, nous avons terminé ce Volume, par offrir quelques exemples de façades de Maifotis particu- lières 3 l'Architede le plus inflruît ne dé- daignant pas de prêter fes talents pour élever ces fortes de Bâtiments, qui y' bien, |
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xxxviij Ar an t-Pr opo si
confidérés, contribuent plus qu'on ne s'i-
magine, à l'embelliiTement de nos Villes. Nous finirons cette Récapitulation, par
aiïurer que nous aurions bien déliré nous répéter moins, dans notre narration5 mais nous avons regardé la répétition comme une chofe néceiTaire dans un Ouvrage tel que celui-ci, fur-tout ayant eu deiTein, dans les principes qu'il contient, de faire en- vifager à nos Elèves, les nuances prefque imperceptibles, qui peuvent fe rencontrer entre une production & une autre pro- duction y fur-tout quand il s'agit d'apprécier une belle ordonnance, & de la diftinguer de l'ordonnance fublime, ou au contraire de reconnoître une Architecture médiocre d'a- vec une Architecture au-deiTous de la mé- diocrité. Enfin, nous apporterons pour ex^ cufe, ce que M. de Voltaire a dit, au fujet de Vaugelas : II moucha, dit-il, pen- dant trente ans fa traduction de Quint-Curce > IVL de Voltaire ajoute, que tout Auteur qui voudroit bien écrire devrait corriger les Ouvrages toute fa vie. Nous avons été bien tenté de iiiivre cette leçon} mais nous nous fommes déjà expliqué fur le motif qui nous a déterminé à faire paroître cet Ouvrage : d'ailleurs , obligé le plus fou- vent de porter toute notre attention aux préceptes de l'Arc i il a du nous arriver |
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A VA Ν T-P R Ο Ρ Ο S. XXXÎX
néceÎTairement d'en négliger le ftyle : trop
heureux iî, avec ces défauts, nos Leçons deviennent aiTez lumineufes, pour former des Emules, qui un jour puiilent en cor- riger Iqs imperfections. Après avoir donné le précis des huit
Chapitrés du Volume précédent, nous al- lons offrir ici quelques nouvelles Obferva- tions fur l'Archiuäure i elles feront pré- cédées d'une courte DiiTertation, qui aura pour objet de faire comprendre à nos Elè- ves, qu'après avoir acquis les préceptes de l'Art, ils doivent s'attacher à concevoir ce qui conilitue les talents, le goût &; le génie du véritable Architecte. |
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sur differentes parties
de l'Architecture. Moyen de concevoir en quoi con-
siste LE TALENT , ££ GOUT ET L% génie du véritable Architecte,
i ■ · '■ ΠΙΟ ; - ■ l'7'J ι : * "' $ ·'. : \ '
De l'homme à talent en Ar.chueclure,
ju 'homme à talent, comme nous Penten-
dons, éft celui, qui verfé dans les connoif Tances de la théorie de 1 Architecture, $ζ de la pratique du Bâtiment, ne produit rien, fans s'être rendu compte des pro- portions établies parles Anciens, & fuîvies par les meilleurs* de nef Modernes : c'eft celui qui, par la.fçience des combinajfons, fçait obferverdes rapports ©xa&s , entre les maifes & les principales parties de fon Edifice : celui qui, épris ^es règles de PArt &: des lois de la fyniëtrie, fçait réunir dans fon projet, la dillribution des deliors avec celle des dedans, la décoration extérieure avec l'intérieure, enfin la folidité avec Té« conomie qui doit être obfervée dans tous les divers genres d'entreprifes, Touçes ces qualités font exçellerites, fans
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Dissertation sur l'Architect, xlj
doute, dans un Architecte 5 mais combien n'en voyons-nous pas qui, pour s'en être tenus à ces feules parties de l'Art, n'ont guères produit que des comportions cor- rectes , à la vérité, mais froides âc mono- tones, &. ou Ton s'aperçoit qu'ayant voulu feulement imiter les Anciens dans leur or- donnance, ils ont négligé d'autres objets non moins eifenciels, découverts par les Mo- dernes, tels que la commodité & la falubri- té: faute d'avoir réfléchi que l'Architecture eil toujours imparfaite, lorfque l'on ne (c'ait pas parvenir à concilier eniëmble l'utile , le commode Si le grand. Pierre l'Efcot, par exemple^ eil le pre-
mier , par fon talent décidé, qui ait fait revivre en France, les préceptes des Ar- chitectes de l'Antiquité, δ: celui qui les ^ Cuivis d'aflez près, pour ce qui regarde ia proportion &: le ftyle de l'ordonnance extérieure de la Cour du Vieux-Louvre. Oeil fous lui que les Delorme & les Man- iard font devenus des hommes à talent 5 à leur tour , ceux-ci ont fait éclore les talents de pluiieurs des Architectes qui leur ont^ fuccédé : mais il n'en eil pas moins vrai, à juger ces derniers Architectes, par leurs productions , qu'ils ne doivent guères ^etre considérés que comme des imitateurs, & non comme des hommes de goût, ni |
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xlij Dissertation
comme des hommes de génie, qualités eiîèn-
cielles^ néanmoins, pour parvenir à l'excel- lence èc à la fublimité de l'Art. Pour convaincre nos Lecteurs de ce que
\ nous avançons, citons quelques Bâtiments élevés par les hommes à talent dont nous parlons , Ôc ils nous paroîtront véritable- ment recommandables, par l'application des règles de l'Art employées dans l'or- donnance de leurs façades j enfuite nous en examinerons d'autres, où le goût fem- ble prévaloir fur les préceptes : enfin nous parlerons de ceux qui nous paroiifent en- core l'emporter fur les précédents, par le génie de leurs Auteurs. Dans la façade de la Cour du Vieux-
Louvre y l'une des belles productions de l'Architeéture Françoife, on y obferve fans doute une pureté Se une élégance di- gne du beau iiécle d'Athènes : mais com- bien n'y remarque-ton pas aufli de membres déplacés & d'ornements disparates, quoi- qu'admirables, qui nuifent à la perfection de ce premier de nos chefs-d'œuvre? N'en peut-on pas dire autant des faça-
des extérieures du Palais des Tuileries, élevées fur lesDeiïins de Philibert de Lorme, cet Architecte ayant été moins bien fé- condé que Pierre l'Efcot, par le miniftere de la Sculpture, cette compofition paroît |
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sur l'Architecture. xlüj
au-deiTous de ion modèle j les colonnes
Ioniques àts Pavillons de ce Palais, du coté des Jardins, font prefque les iëuls ob- jets qui méritent véritablement des éloges î encore faut-il convenir qu'elles offrent une Γ richeife indifcrete qui nuit au caraclère moyen de cet Ordre : de manière qu'on ne peut guères eilimer cette production,que par ces mêmes colonnes 6c par la fçavante cor- rection des profils que cet Architede tenoit de ion prédéceifeur, δ£ celui-ci des Anciens. François Manfard à Blois , à Maifons
& ailleurs , eft celui des Architedes 5 qui a le plus approché des deux pré- cédents : on peut même avancer qu'il lts a furpailés , dans le vrai talent de i'Architedure , parce qu'il a fçu y aifocier, fur-tout à Maiibns y la pureté du Deffin avec8 la perfedion des ornements. Plu- iîeurs néanmoins lui reprochent la petï- teife des Ordres de ce Château, Ô£ pré- tendent qu'il s'eft trop attaché aux régies. Cette observation n'eil peut-être pas fans fondement : mais elle ne doit pas nous em- pêcher d'admirer ce miracle de l'Art. On peut encore ranger au nombre dts
Architedes d'un véritable talent, Libéral Bruant, M. Cartaud, &; plufieurs Archi- tedes célèbres de nos jours, dont les pro^ dudions peuvent également fervir d'exem- |
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χΐίν Dissertât ι ο ν
pies a ceux de nos Elèves quî ont acquis
aiTez de connoîiTances pour marcher fur leurs traces : mais que pjuiieurs, ne s'y trompent pas, les talents particuliers ne font pas abfo- lument rares j la difficulté eft d'atteindre aux talents univerfels : on peut être habile dans l'Architecture militaire ou navale, &: ignorer la civile. Il y a plus ; dans la dernière , ρΐιι-τ iieurs excellent, l'un dans la Diftribution ,l l'autre dans la Décoration y celui-ci dans la Conftru&ion, celui-là dans le Jardinage: mais rarement la théorie, le goût &; la pratique fe rencontrent dans le même Artifte. Ce- pendant le véritable Architecte doit poifé- der à fond toutes les parties qui condiment PArchite&ure. Qu'on y prenne garde j il n'en eft pas de cet Art, comme de celui de la Peinture : on peut n'être que Peintre d'Hi- ftoire, de Payfage, de Marine, de Por- trait, ffe paiTer pour un excellent Peintre 5 mais on n'eft jamais tin excellent Archi- tecte fans réunir tous les genres de talents dont nous parlons, &; qui feuls peuvent le décider comme tel, De Γ homme de goût .en Arcktteclitre.
L'homme de goût, comme nous le con-
cevons, eft celui qui fçait aiïbcier le ftyle de fon Architecture à la convenance du |
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sur l'Architecture. >*I*
Bâtiment 5 qui fçait diminuer ou augmen-
ter les grandeurs déterminées par les pré- ceptes de l'Art, à raiibii du point de dii- tance, d'où doit être aperçu l'Edifice ; c'eft celui qui fçait faire choix des orne- ments, fixer leurs attributs, leurs allégo- ries & leur relief. L'homme de gout fçait fe rendre compte des fecrets de fon Art, tirer parti des formes, concevoir quand il doit les fymétrifer ou les eontrafter : il eft le/eul qui puifle à propos, franchir les li- mites preferites par les règles, &: aller au- de-là du précepte, fans fe permettre néan- moins des licences que le goût pouroit defavouer. Qu'on y prenne garde j nous avons tous un gout naturel pour le beau : mais il eil difficile de concevoir en com- bien de nuances il fe partage. Il s'en faut bien que le beau excite dans tous les hom- mes les mêmes fenfations : ce qui plaît à l'un} fouvent déplaît à l'autre·, &, quoiqu'on s'accorde aiïez généralement fur les véri- tables beautés de l'Art, néanmoins ce qui paroît admirable a celui-ci, ne fait fou- vent éprouver qu'un médiocre plaiiir à celui-là. Gardcns-nous cependant de nous plaindre de cette diverfité d'opinions : c'eit* n'en doutons point, à cette eipece de contradiction qu'on doit, pour ainfî-dire , ie véritable degré de perfection où nous |
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xlvj DIS S ERTATI ON
voyons porter aujourd'hui la plus grande
partie des productions de l'Architecture. Tout Artiite qui veut réuiîir dans fes
compoiitions, doit faire marcher le goût dont nous parlons9 à pas égal avec les principes de fon Art, & fçavoir que c'eil par fon afïbciâtion avec les règles fonda- mentales de l'Architecture qu'on peut par- venir à faire des chefs-d'œuvre. Nous le répétons : les règles feules ne peuvent guè- res former que des hommes froids &: mé- diocres. Le goût réuni aux règles, forme le bon Architecte. Il eil vrai que le goût » feui.eil infuffifant 5 les préceptes lui appren- nent à régler les mafïes de fon Edifice, à décider les nus, à déterminer les rapports que doivent avoir enfemble les différen- tes parties 5 mais au moins eit-ii sûr que c'eil au goût à les juftifier, à les faire va- loir &; à les embellir. Peu d'Architectes ont excellé dans la
réunion de ces deux parties : François Blondel &C Claude Perrault font ceux qui ont le plus réuni les règles &; le goût de l'Art dans leurs productions, l'un dans le monument de la Porte Saint-Denis , qui peut palier pour l'un de nos chefs-d'œu- vre h l'autre, dans la façade du Périllyle du Louvre, Ouvrage fçavant dans la con- ftruction , admirable dans l'ordonnance , |
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stf& £ Architecture. xlvij
U fublime dans la diftribution des ornements. Bullet, après ces deux grands Maîtres, mérite auffi un rang diftingué , en le confidérant du côté du goût de l'Art : Ton Château d'iily eft, peut-être, un exem- ple de ce que peut le goût dont nous par- lons , appuyé des préceptes * du moins a-t-îl feu rendre raifon des motifs qui Pont dé- terminé à donner la préférence à celui-là fur ceux-ci, ayant fenti que ne s'agiiTant. que d'une Maifon de plaifance de peu d'é- tendue, mais deftinée à la réiidence d'une" grande Princeife, il devoit plaire plutôt que iurpreiidre&étonner.On en peut dire autant de fon Palais Archîépifcopal de Bourges, qui y quoique d'un autre genre, préfente* néanmoins une ordonnance intérêiïante, mais aifortie à l'ufage d'un Edifice de cet efpèce. Son Hôtel de Tliiers, à Paris, a le même degré de fupériorité, &: doit être cité à nos Elèves, comme un objet d'i- mitation, pour fa diftribution îngénieufe, le goût de fon ordonnance extérieure , & l'agrément de la décoration intérieure de {qs Appartements. Au refte, il eft bien difficile «l'expliquer
ce qu'on appelle le goût acquis, autrement dit, Je goût de l'Art, dont nous voulons parler. II ne peut guères que fe fentir : coût ce qu'on peut faire, c'eft de le peiiî- |
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xlviij D ι s s er tat iO Ν
dre, 6c de communiquer fa chaleur > en-
core faut-il, dans celui qui écoute , un goût naturel, qui lui tienne lieu de juge- ment, èc, dans celui qui parle, un cer- tain enthoufiafme auquel on ne peut attein- dre , que par une longue habitude de bien voir &; de comparer les Ouvrages des grands Maîtres dans tous les genres 3 que par la connohTance du vrai beau, &: la manière de l'appliquer aux productions de l'Archi- tecture : du moins ii nous ne nous trompons, les grands Maîtres, dont nous tenons ce que nous enfeignons icià ceux qui rignorent,nous ont-ils appris que fans les principes &l le gout» il ne pouvoit fe rencontrer de véritables beautés. De Γ homme de génie en Arthiteclure.
Nous avons lu quelque part, &c nous
fommes de cet avis, qu'on ne peut trop vanter le génie d'un Artiite \ que la fcience mérite notre reconnoiiTance , le génie nos hommagesj que la premiere nous pro- cure du plaiiîr , que le fécond nous en fait éprouver les tranfportsj qu'enfin la fcience nous inftruît, que le génie nous infpire : au moins eit-il vrai que les avan- tages que l'Art & l'étude peuvent pro- curer à l'Artiite , ne font rien fans le gé- nie. Son attention principale conilite à Je tourner
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Wk l'Archîtecture. χ1ί£
tourner du côté de fes beibins : néanmoins^
il y faut prendre garde, un homme de gé- nie y lî les prineipes rie le dirigent, fe laiiTeî fouvent entraîner par l'impétuoiîté de fon imagination. Il ne peut guères s'afler- vir aux réglés de l'Art : c'eft un torrent qui reriverÎe tout ce qui s'oppofe à lui j il ne s'emharaiTe fouvent , ni des rap- ports 5 ni des détails, ni des parties qui doivent former l'eniemble > il néglige mê- me le ehohé des ornements 5 il ·.' fe per- met des écarts s peu lui importe enfin que ces ornements foient relatifs à l'Edifice, pourvu qu'ils lui plaiiènt : aufli de telles productions né peuvent-elles être imitées, Au contraire , l'homme qui fçait régler fon génie, fçait aufli créer les genres, afli- gner un Caractère propre à l'Edifice, fai- îir le fiyle analogue aux perfonnes, aux lieux, aux temps j il fçait agrandir les ef- paces ^ et tirer parti d'un terrein mon- tueux , réprimer la nature , aiTortir fon ordonnance aux différents matériaux qui lui font offerts ·> en un mot, le génie élève l'Ar- chitede au-deiTus de lui-même, & luî fait faire un choix heureux des plus belles parties de fon Art, pour compofer un tout plus par- fait encore que lés chefs-d'œuvre qu'il fe propofe d'imiter : l'homme de génie en~ fin, d'un feul coup d'œuil, fçait appré* Toms ÏVt d |
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I Dissertation1
der le mérite des Artiiles qu'il a deiTeiiî
d'aiïocier à fes travaux, il fait plus encore, il les fait valoir & les met dans tout leur jour. Jules Hardouin Manfard, par exemple, étoit un de ces hommes privilégiés > on peur même dire qu'il n'a guères laiiTé d'héritiers de fon génie: on obfervera d'ailleurs qu'ii ne doit point, ou bien peu, fa célébrité aux fecours dts Anciens. Tel eil le propre des grands hommes , de ne devoir leurs produ- ctions qu'à eux-mêmes, &; dès-là, de ne pou- voir être imités que par lesArchitectesde leur claiTe: il eil vrai que, chacun a fa maniere d'annoncer fa fupériôrité ; mais combien de nos jeunes Artiiles· n*ont que la prétention au génie, en croyant fuivre la route d*Har- îdouin ? La France, il n'en faut point dou- ter , eil infiniment redevable à cet Archkedej car, fans parler du Château de Clagny, fon coup d'eiTai, ni de tout ce qu'il a produit d'admirable à Verfalles èc ailleurs, le Dô- me des Invalides feul, fait autant d'honneur à cet homme inimitable, qu'au ftécle qui Ta vu naître. : Depuis Jules Hardouin Man fard , M.
BofFrand, parmi nous, femble être celui qui ait le plus approché de fon génie &, ^eut-être, de fes încorrecMons, à en ju- ger par les Edifices que ce grand Maî- tre a exécutés en France & en Allemagne! |
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maïs combien ces mêmes incorrecT;iöns ne
font-elles pas rachetées, par renthouilafme qui accompagnoit fes productions? Au relie, nous n'entendons pas parler ici de cet en- thouiîafme qui tient du dérèglement de l*i* magination, qui dédaigne lÀrt, lts pré- ceptes i le travail} mais de celui, ii nécéiTaH re, dans toutes les occaiîons offertes à l'Ar^ chitette, qu'il fautfçavoir attendre, qui ne fe définit points qui fe fênt, êc qui d'ac^ cord avec le génie, êft au-deifus même du talent : fon véritable lot, il efl: vrai, doic être refervé pour la décoration des théâtres, & certaines pièces de l'intérieur de nos Ap- partements. Datts les dehors dès Edifices d'habitation, dans ûos Temples, dans nos Places publiques j il faut plus de flegme i plus de méthode i moins de ces écarts heureux s trop de génie dans la décoration extérieure i corrompt les formés, nuit à l'unité 6c à Cette Îîmplicité toujours eftimablê, le propre de la véritable Archke&ure. Pour fe convaincre de ce que nous avan-
çons , que Ton compare les belles produ- âions de la Grèce ôc de l'Italie , avec celles de la nouvelle Rome, du temps des Boro- miniî chez nous, celles du iiècle dernier^ par les Manfard & les Perrault 9 avec celles du commencement de celui-ci, par les Me£ fonier, les Oppenord Se leurs pareils, & l'oif ' \ "\ dij ' ·"
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ïlj Dis sert άτι öïï
reconnoîtra facilement que l^enthou/ïairne,
plutôt que le génie qu'ont afredé ces der- niers, dans leurs compoiîtions, n'a pas peu contribué à détruire les vrais principes que les premiers s'étoient efforcés d'établir, &; qui, malgré l'inconféquence de leurs imita- teurs, fervent encore debafe aujourd'hui 5 aux productions des meilleurs Architectes de nos jours. Objcrvations fur différentes parties
de ΐArt* : Il eft peut-être temps d'arrêté? ? s'il eft
poflïble, cette Indépendance Se cette in- certitude qui fe remarquent dans la plu- part des compoiîtions de nos jours, où plu- îîeurs de nos jeunes Architectes ne montrent fouvent qu'une abondance ftérile, qui, tôt ou tard jeteroît du ridicule fur les produ- ctions d'un Art, auffî véritablement reconi- .mandable que l'Architecture: nous pènfons même qu'il eft plus important, qu'on ne s'i- magine, pour l'intérêt dé ces jeunes Emules, & pour leur gloire à venir, que nous nous occupions dans nos Leçons, à leur faire con- noître leurs défauts, à troubler la confiance de ceux-ci, &c à contrarier l'amour-propre de ceux-là, duiîions-nous nous expofer a leur 4é*· '" V .; ù I"
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sur l'Architecture. liîj
fît. Ceft ainiî qu'il faut déchirer le fein de la terre , pour en obtenir la moiiTon. Nous confeillons donc à la plupart, de renfermer leur crayon pour quelque temps, & leur recommandons de s'occuper davan- tage à étudier les Ouvrages des Anciens , pour s'éloigner du goût dominant de quelr ques-uns de leurs contemporains. Nous les exhortons à examiner % plus qu'ils ne le foni ordinairement, les Monuments qui s'élèvent de nos jours, par nos Architectes célèbres : qu'ils ne croient pas , comme quelques-uns leur font entendre, que tout effc épuifé, &: que, pour paraître neuf, il faille avoir recours à la iingularité; rien B'eft fi faux. Il eft un autre moyen d'arriver à l'excellent j il coniîfte à remontera la four- ce , en imitant François Manfard, en éton- nant comme Perrault v en créant comme Hardouin,. en plaifant comme Bullet, &; non en afredant le faite des ornements Ara- bes ou Egyptiens , &; une iîmilitude de mem- bres d'Architedure, fauvent fi peu faits pour aller e-nfemble. S'ils parviennent à goûter ces vérités, ils fe perfuaderont bientôt, qu'on peut faire encore a finon du neuf, du moins des productions très-eftimables. La plupart des obfervations que nous
d iij
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Ην DlSSERTATZO tf
faifons , dans ces paragrafes , ont pour
objet ce que nous appelons la Logique de l'Art 5 Logique, qu'on ne fî trompe pas, mife en ufage par les anciens Architeâes > & qu'il paroît important de rétablir : au- trement, il eft à craindre que ceux qui, dans la fuite, feront leur capital de l'Archi- tecture, ne puiiTent parvenir à s'accorder entre eux fur ces règles fondamentales. Tous nos prétendus Vignots % les dé- ments que nous avons donnés nous-me- me dans les Volumes précédents, ne font bons que pour ceux qui débutent dans la car- rière de notre Artj ils ne nous apprennent guèrés que ce que nous fçavons tous. Autre çhofe eft de concevoir comment on doit ap- pliquer les préceptes qui conilatent les élé- ments de 1*Architecture, & quel ufage on en doit faire dans les différentes occaiîons qu'on a de bâtir. En un mot, les éléments ne font bons que pour fe pénétrer des prin- cipes j mais le raifonnement qui en eft la fuite, mène à la Logique , c'eft-à-dire , à bien tirer les conféquences de ces me- rnes principes, pour établir avec fuçcès l'or^ donnânçe çle nos Bâ^îrnents« s- ni.
Dans toutes les produ&ions de l'Archi*
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sur l'Architecture, Ιψ
tecTrure , le ftyle propre à la chofe eft un
des premiers mérites de l'Art. C'eft par le ftyle que fe regle le genre dont on doit faire choix} relativement au motif qui fait élever l'Edifice. Le ftyle , dans l'Ordonnance des façades δ£ dans la dé- coration des Appartements? eil, au figuré, la Poéfie de Γ Architecture : coloris qui coiir- tribue à rendre toutes les compofitions d'un Architecte, y entablement intéreiïantes. C'eft le ftyle convenable aux différents objets, qui amène cette variété infinie, dans les divers Bâtiments de même genre ou de genre dif- férent. En un mot, le ftyle dont nous par- lons , femblable à celui de l'éloquence , Î>eut parvenir à faire peindre à l'Architecte e genre facré, le genre héroïque, le gen- re paftoral: point de doute} qu'aidé des re- regles, du raifonnement, & du gout de l'Art, on peut arriver au vrai ftyle qui aligne à chaque Edifice le caractère qui lui eft pro- pre , &; que c'eft par lui feul enfin qu'on peut enfanter des chefs-d'œuvre. La belle Archîtedure ne confifte point,
comme pluiieurs de nos Architectes mo- dernes ie le font imaginé, & comme tant de nos Elèves fe le perfuadent encore, à d iv
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1v) Dissertation
introduire beaucoup de membres d'Ar»
chite&ure &: d'ornements de Sculpture s dans la décoration des façades, bc l'inté- rieiir des Appartements, Il en eil de ctt Art comme des Jkllqs-Lettres : le ilyle iîmple eil préférable au ilyle ampoulé : c'eil vouloir aiFoiblir une grande idée s que de chercher à la relever, par la pom- pe des paroles : en Architecture , c'eil dh truire ce qu'elle a de fublîme, que de pré^ férer la hardie/Te des penfées à la iimpli-. çité , qui çonilitue, fori véritable cara- #ère. Qu'on ne s'y trompe pas, trop d*abon-.
dance dans une compoiltion, eil fouvent une preuve de la ilerilité de l'ordonna- teur : s'il eût été plus habile , il auroit été plus fîmpte, plus vrai ; la prétendue fertilité de nos, Élèves, les porte prefque toujours, au-delà de la vraînemblarice. On ne veut pas. fe periuader, ou Ton fe per- iiiade difficilement, que l'intérêt qu'on prend d'abord , a l'afped d\ine décora* tîon, d'ailleurs eilimable, fe perd quelque- fois , dès qu'il fe partage. Les ouvrages des Grecs plairont dans tous les temps, parce que la beauté de leurs jgdiflces coniîile dans l'imité &; la /implicite, |
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Sî/R l'Architecture* Ivîj
SV-
Scaliger prétendoit que toute hiitoire
eft bonne à lire , omnis kifloria efl hona> Nous fommes fort de fon avis; chaque Hiftorien envifageant fon fujet fous un point de vue différent j ce qu'on cherche en vain dans l'un, on le trouve dans un autre. Nous l'avons éprouvé plus d'une fois nous-même : n'ayant eu pour objet, dans nos recherches, que ce qui tient de plus près à notre Art, nous avons puifé nos obfervations dans les différentes Hii- toires anciennes &; modernes, δ£ nous les avons rapprochées, autant que nous avons pu, des befoins de nos Elèves. Au reile, jl faut fçavoir, que l'étude profonde qu'e- xige notre Art, nous met prefque tou- jours au - deiïous de la majefté de 1ΉΪ- iloire : communément trop fuperficiels , & trop attachés à nos opinions , nous habillons à la Romaine toutes les actions de nos Héros, comme les Sculpteurs font leurs ftatuesj nous mêlons, dans un feul & même projet, les principaux traits de Γ Architecture de tous Iqs âges, 6c nous les noyons dans un déluge d'ornements qui fou- vent font plus d'honneur au Sculpteur qu'a l'Architecte. Il efl vrai qu'il ne faut pas tou- |
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D ISS E RTAT I O JV
jours juger des Ouvrages de notre iîécle,
par les productions médiocres. Dans les temps les plus féconds en Artiilcs excel- lents , il ië rencontreencore un plus grand nombre d'Artiftes fubalternes. Il n'en faut point douter, il s'élève plus de mauvais Bâtiments que de bons, &; l'on courroit rifque de prononcer fur l'exemple du plus grand nombre. Tout ce qui fe paiTe au- jourd'hui fous nos yeux, nous apprend furÏÏ- famment , qu'il faut démêler de bonne heure le petit nombre de chefs-d'œuvre qu'on doit imiter, d'avec cette foule de Bâtiments d'un rang inférieur , toujours répandus en plus grand nombre que les fublimes comportions de nos Maîtres. .ι ·■. «■ ·" ; :-:..~ §. VI.
La plupart des Architectes qui s'adon-
nent feulement à la diilribution, s'imagi- nent l'entendre , parce qu'ils s'attachent à la divifion des murs de refend qui par- tagent chaque pièce d'un Appartement. Sans doute, cette partie eil bien une bran- che de la diftribution 5 mais elle regarde plutôt le Propriétaire que l'Architecle : ou du moins ce font les befoins du pre- mier qui indiquent au fécond la marche qu'il doit fuivre, dans la difpofition du |
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sur l'Architecture. lix
rez-de-chauffee & du premier étage de fon Plan. La diftriburion , comme nous l'entendons ici, eft toute autre chofe : il ne fuffit pas de concevoir l'arrangement des pièces de parade , de fociété & de com- modité : il ne fuffit pas d'établir leur vé- ritable diamètre, de régler leur hauteur, & d'en varier les formes j il faut que ces diamètres, ces hauteurs & ces formes , émanent de la diftribution extérieure des corps d'Architecture qui déterminent l'or- donnance des façades : il faut que la iy- métrie foit refpedive des deux parts : il faut que la folidité foit d'accord avec l'un & l'autre de ces deux objets : il faut que les croifées, les portes, les cheminées, les lambris, foient difpofés de maniere ^qu'au- cune de ces parties ne nuife à l'autre : il faut que la beauté des dehors annonce c^lle des dedans s que le caractère, le gen- re , l'expreflion de chaque .membre exté- rieur s'accordent avec le ftyle de la Scul- pture, de la Dorure, de la Peinture ré- pandues dans l'intérieur, pour que l'une & l'autre enfin puiiTent indiquer aux étran- gers, la dignité de la perfonne qui fait bâtir , l'expérience & la capacité de l'Ar- chitecte : autrement, l'Examinateur prend la partie pour le tout j parce que l'Ordon- nateur/loin-4e raffembler dans fa produ- |
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Ix Dissertation*
dion, I'univerialité des connohTances de
1'Architedure , s'applaudit ', &; donne Je nom de talent, de génie, d'invention aux parties acceiîOires de ion Edifice, les- quelles méritent à peine d'être mifes en pa- rallele avec ce que peut avoir d'intéreilant la main d'œuvre. Nous l'avons dit plus d'une fois , il faut
être homme du monde pour bien enteiir- dre la diftribution d'un Bâtiment, &c pour devenir un habile Architede dans cette Î>artie de l'Art : il faut fçavoir encore, que
a diftribution ayant eu, dans fon origine , pour objet la commodité &: la falubritéj elle eut pour but de faire concevoir aux premiers hommes l'art de bâtir 5 elle leur don- na l'idée de la conhrudion, & fit éclore enfuite la néceiïîté de la décoration, afin qu'on piit diftinguer, par l'aiped des de- hors , les Bâtiments publics , d'avec les demeures des particuliers. Au reite, nous ajouterons, que ce n'eil pas toujours aiïez, qu'un bon Architede trouve un ProprieV taire qui ait une certaine fomme à mettre en Bâtiment : pour qu'il foie a portée de bien faire, il faut que cettefomme fuffiiè, non-feu« Jement pour les frais de la conftrudion ß mais encore pour les études particulières des déver loppements, des modèles : préliminaires in^ diipenfables, iorfqu'il s'agit de bâtir avee fuccès, » '■
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$Ü& ζ5Architecture. ixj
§.V11. L'objet de l'examinateur impartial, eft
de coniidérer un Bâtiment, ou pour s'in- ilruire, ou pour faire part aux autres de fes réflexions : delà, on doit fçavoir que la louange & le blâme font inféparabîes l'un de l'autre j delà auflî, les perfonnes intéreifées donnent à ces réflexions le nom de critique. Tâchons de défabufer la plu- part de nos Ledeurs à cet égard. La critique proprement dite, fait toujours
abftraétion des beautés qui fe rencontrene dans l'Edifice, & tombe feule fur les dé- fauts. Elle n'entre, ni dans l'intention de Ρ Architecte :9 ni dans les difficultés de l'en- treprifej elle confond les licences avec les abus ; elle ne cherche jamais à démêler les entraves du local* elle fait tomber fur l'Ar- chite&e les volontés , fouvent peu judi- cieufes des Propriétaires; enfin, elle porte avec elle l'efprit d'aigreur qui n'annonce guères que la partialité du Critique. Un obfervateur éclairé eft autre chofe: fe* , Ion nous, il fe fait un plaiiir d'avouer les beautés j il les balance avec les défauts, mais fans amertume, il entre dans tous les dé- tails qui peuvent juftifier TArchite&e j il applaudît à la manière ingénieufe avec hêé |
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îxij D ïssêrtàt tôtf <
quelle il a feu vaincre les obftades : il
encourage le jeune Artifte par hs applau- diiîements qu'il donne aux parties qui mé- ritent une certaine eilime. S'agit-il des Ouvrages des grands Maîtres, il ne fait jamais entrer de perfonnaiké dans Ces ju- gements, &; annonce, par fes difcuiîîons réfléchies, qu'il eil éclairé dans toutes les Î>arties de Ion Art, en faifant connoître
es reiîburces dont s'eft fervi Γ Architecte, pour pallier les défauts répandus dans fes comportions ; &: , iî jamais il entreprend de condamner fans applaudir, fa cenfure ne tombe que fur hs Ouvrages élevés par hs hommes fans doctrine > Ouvrages qui devroient toujours, il eft vrai, être comptés pour rien ? mais qui trouvant néanmoins des imitateurs} doivent être annoncés pour ce qu'ils font, afin de faire tenir en garde les.Elèves., qui fouveiit, féduks par l'é- clat de la matière, la ilmilitude des mem- bres , & la profuiîon des ornements, pou- roient fe reiîèntir, dans leurs productions à venire de cette imitation dangereufe. H nous reite un confeü à donner à nos
jeunes Artiit.es : s'ils entendent leurs véri- tables intérêts, ils doivent fermer l'oreille au bruit ées éloges fouvent trompeurs, tou- jours pernicieux, & n'écouter que la cri- tique impartiale. La louange nous fait fou-à |
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si/R l'Architecture. IxHj
vent demeurer au-deiïbus de nous-mêmes,
en nous perfuadant que nous fommes au- deilus des autres : ce qui pour l'ordinaire, nous empêche d'arriver à la perfection, en nous entretenant dans une médiocrité vicieufe : au contraire, le blâme qui ne paiTe pas le terme de l'équité, décille les yeux de l'Elève, que l'amour-propre lui' avoit fermés. Nous ferions encore tenté de leur dire
ce que Sophocle & Euripide difoient à un jeune Pocte , qui étok-venu leur annoncer l'envie qu'il avoit de faire des Tragédies : « N'allez pas iî vite ; la Tragédie n'efr, pas » ce que vous penfez , c'en: un feul corps » compoféj de parties différentes, &.bien 55 liées, dont on fait un monftre quand on « ne fçait pas les affbrtir : vous connoiiîèz » ce qu'il faut fçavoir , avant d'étudier » l'art de la Tragédie \ mais vous ne iça- » vez pas encore cet Art ». On en peut dire autant à la plupart de nos Elèves ; vous poiTédez affez bien les principes de l'Ar- chitecture ; mais qu'il y a loin de ces con- noiiîances à être bon Architecte ! Vous içavez , dites - vous : apprenez encore, réglez votre marche, &' iur-tout joi- gnez à la pratique le raifonnement de vo- tre Art. |
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Ιχϊν Ό ïssertatïô$
Nos Architectes à la mode pretendent
que ii les Anciens avoient vécu parmi nous, s'ils avoient connu nos comportions mo- dernes , ils auroîent également fait des règles en leur faveur. Nos productions plai- fent, difent quelques - uns ; c'eil la pre- miere de toutes hs régies ; l'autorité n'y peut rien. Ce fentiment allez général eft au moins hafardé, & ne peut guères avoir lieu que pour ce qui regarde notre diilri- bution^ 6c quelques-unes de.? parties de no- tre décoration intérieure. A l'égard de la- décoration des dehors , il faut convenir que l'exemple des Anciens, doit en fixer les principes. Vitruve &: la plupart de fes Commentateurs , s'étant déclarés pour le goût de l'Architecture qu'ils ont trouvée établie de leur temps, il y faut beaucoup réfléchir, pour enfreindre les bornes qu'ils ont prefcrites j du moins n'appartieiit-il qu'aux grands Maîtres de s'en écarter. Nos jeunes Émules doivent s'appliquera
iuivre d'abord les préceptes de l'antiquité 9 avec une certaine rigueur, fur-tout lorfqu'il s'agit de la décoration de nos Monuments. Il fera temps d'ajouter ou de retrancher a ces* principes, lorfque, chez nous, ils en fçauront
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SUR ^ARCHITECTURE, fa?
fçaurofit aiTez pour chercher à concilier
ce qu'ils auront retenu de l'antique avec nos ufages, nos matières, &; les commo- dités qui caractérisent aujourd'hui notre, Architecture Françoife· §. IX.
Il eil de jeunes Architectes qui préten-
dent que les règles ne fervent qu'à les em- barrarfer , & à émouiTer, pour ainfi-dire , la vivacité de leur imagination > l'efprit > diiënt-ils, n'agiiTant jamais mieux, ni plus heureufement , que lorfqu'U eil affranchi de toute fervitude, Se qu'on lui lahTe une endere liberté. Ce raîfonnement, quelque général qu'il devienne, n' eil rien moins que juile. Quelle différence ne remarque-t on pas entre les productions de ceux qui fea* vent fe rendre compte de ce qu'ils entre- prennent, 6c \ts Ouvrages de ceux qui n'ont d'autre guide que leur imagination ! D'où vient la prévention que les jeunes Artiiles ont pour les régies ? elle naît pref- que toujours du peu d'inclination qu'ils ont pour l'étude. N'eit-ce pas parce qu'ils manquent de principes , qu'ils hafardent ces nouveautés extravagantes, capables de faire déprifer l'Art ? Pour un ou deux gé- nies féconds Ôc extraordinaires, qu'un fîé-> Toms ÏV* € |
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lxvj Dis s ertat ι on
cle a, peine voit naître, & qui, par la force
de leur naturel &; de leur efprit, peuvent fe former un goût judicieux, iàns avoir été aidés du fecours ats régies, n'en voit- on pas mille, au contraire, qui par leur négligence ou leur préiomption, s'égarent dans tout ce qu'ils produiient ? D'ailleurs, qu'on y faiTe attention , ces génies rares & finguliers, dont nous venons de parler, n'ont réuflî que parce qu'ils ont employé, fans trop s'en rendre compte, une fymé- trîe &: une difpofition régulière, entre le tout & les parties*) fymétrie &; difpofition, qui feules ont le droit d'être appelées beau- tés , &: fans lefquelles ils n'auroient pu réu£ ijr j ce qui doit faire juger , qu'aidés du fecours de la théorie, ils auroient produit des Ouvrages encore beaucoup plus eftimables, Dans l'Arcîikedure , comme dans les
autres Arts, peu de ceux qui s'y deftinent, font doués d'une heureufe difpofition $ la plupart font bornés dans leurs vues, ref- ferrés dans leur goût j ou ils l'ont faux, fa&ice : les beautés de la Peinture font autant d'objets indifférents pour le plus grand nombre de nos }euncs Archite&es : quelques-uns nés volages & inappliqués, attaquent toutes les parties de l'Art, fans |
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SV M t* ARCHITECTURE* kvîj
én faiiîr aucune, fans les ramener au but
qu'ils fe propofent. On ne peut affigner à leurs comportions bifarres , un nom qui leur convienne, ni décider à quel particulier elles pouroient être propres. Heureufement ce reproche ne regarde que le petit nombre , mais ce que nous devons dire en paifant, au plus grand, c'eit.qu'ils s'abandonnent trop facilement, à la fougue de leur imagination* Que ceux-ci y prennent garde cependant: il en eil du génie comme du goût : pour par- venir à l'excellent, il faut fçavoir joindre a une étude particuliere, tout ce qui peut faire arriver au grand, au iimpîe : il faut que le jeune Artifte, par un travail fans relâche , s'accoutume à réfléchir>·'à. médi- ter fur tout ce qui peut l'inrlruirej que 5 fur-tout, il fçache éviter la rouille dé Toi- fiveté j qu'aux fçiences utiles', il fçache joindre les connoiflances agréables j qu'il fe forme une heureufe habitude, fouvént fupérieure à la raifon même, de faiiîr le beau , de le difeerner du médiocre , de l'emprunté j c'eil le feul moyen de lui mon- ter le génie dont nous voulons parler, & de le faire parvenir à ajouter aux qualités qui le caractérifent y içavoir, d'une part, Tef- prit d'invention, &: de l'autre Je coup d'œuil philo fophique. Qu'on n'en doute point $ c'eft la vivacité de l'imagination qui rend l'Ar- e ij
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Jxviij D ISSERTAT ION
tifte inventif, c'eit la maturité qui le rend
Philofophej la premiere qualité forme &; étend l'efprit, l'autre le jugement j & c'effc par leur réunion feule qu'on enfante hs Ouvrages de génie. Le jugement, en Architecture , confîfte
à conferver le même ityle, le même cara- ctère, la même expreiïïon dans la décora- tion des façades d'un Bâtiment, ainiï quç ccttt probabilité, qui approche le plus de la vraiifembJance, &: de cet efprit de convenance, que tout Architecte doit fça- voir aiTortir à la naiflance &: aux beibins de fts Propriétaires. Prefque toutes nos Le- vons roulent fur cet objet j mais nous n'héfi- tons pas de le répéter ici, parce que nous regardons ce précepte comme le premier de l'Art, quoiqu'il foît peut-être le plus négligé parmi nous : auffi n'eft-il pas îans exemple, que là plupart des grands Ar- chitectes ayent été eux-mêmes mécontents de leurs Ouvrages 5 parce qu'arrivés à la fin de leurs plus grandes entreprifes, ils découvraient au-delà du terme où- ils ve- noient d'atteindre, & qu'il faut déjà être un grand homme pour s'apercevoir de fts défauts, & en convenir. |
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sur l'Architecture. Ixte
§. XII. Les Artiftes fuperfrciels, & qu'on peut
•appeler les vrais fléaux des Arcs, parce qu'ils font toujours en très-grand nombre ,; ίοηε obligés d'avoir recours a la protection & à l'importunité : à cela ils joignent de là foupleife , de PadrefTe : vrais Protées, ils prennent toutes les formes , ne doutent de rien, rien ne les embarraiTe. Le véri- table Architecte, au contraire, eil iîmpley modefte : l'étude &: l'expérience lui appren- nent à fe tenir en garde contre la préven- tion de l'amour-propre. Il içait douter, il prend du temps pour délibérer, ne fe vante de rien, Se craint toujours de trop pro- mettre : l'air de liberté qu'il refpire dans le commerce des livres, lui iiTiptre une averiîon infurmontable pour la contraint« qui règne ordînakement^ dans le commerce du grand monde : après l'avoir parcouru,, la retraite devient fon élément : il s'y plaît, il ne brigue point îes faveurs, èc plaint tout bas le jeune audacieux qui fe fait cou** ronner avec impudence : trop heureux alors de jouir de cette noble indépendance, qu'on peut appeler le foyer des vrais talents. tf Ut
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hx Dissertation
§. XIII.
On devroit fe reiîbuvenir de rutile ma-
xime de Pline : Stultum eß ßbi ad imïtandum non optime quidvis proponere ; il y a de la folie à ne pasfe propofer les meilleurs mo- dèles, quand on veut imiter. A quoi l'on peut ajouter que ce n'efl pas imiter, que d'imiter mal, ou de déplacer l'objet de l'imitation : en un mot, c'eifc contrefaire les chefs - d'oeuvre des grands Maîtres, que de les mal imiter. Pour fçavoir éviter le médiocre, il faut du goûtj pour bien fai- fir l'excellent, 11 faut du jugement : il faut fçavoir que le fublime ne convient pas par-tout, de même que les licences ne doivent s'employer que rarement , puhÇ qu'autrement elles dégénèrent en abus. Ce Jî*eft pas que les négligences heureufes em- ployées par les grands Arriites , ne puiiTent être confïdérées quelquefois comme le com- ble de l'Art ; mais on n'y peut parvenir, qu'avec le goût : jamais, fans lui, un Ar- ticle ne peut faire admirer iès chefs-d'eeu- ▼re ·· auiîî la plupart de nos Elèves s'y trompent-ils tous les jours 3 il leur paroît plus aiÎë d'arriver aux comportions gigaiH tefques, qu'aux proportions de la belle Ar- chivare 5 prefque de çoue temps 5 il a |
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SUR L'ÂRCHITECTURM. lxxj
paru aux hommes plus facile d'outrer la
nature, que de la lui vre -, faute de fe rap- peler la grande regle de Quîntilieny natu- ram intueri & fequi, contempler la nature ôt la fui vre. j* ' ' , ! " "*X.* ' ■ ■/" ■* -Φ'
;"V. §. XIV,. ·- --·
Peu d'Artiftes font en état de compo-
fer des ouvrages qui puhTent être avoués dans tous les temps ν de lier enfemble la Màjeflé de l'Architecture avec les grâces de la Sculpture s d'enchaîner ces deux par- ties avec un Art imperceptible, & de leur procurer, comme l'a fait François Man- fard au Château de Maifbns, ces repos , ces intervalles qui forment un tout dont les parties font analogues. On ignore que la nature δ£ le goût obfervent les mêmes ré- gies , & que c'eft la jufteiTe & la propor- tion qui produifent les beautés de conve- nance, d'harmonie & de fymétrîe. Que nos Elèves y prennent garde;-j la plupart s'é- loignent des difpoiitions dont la nature l^s a favorifés : Us imitent leurs contempo- rains , en vogue aujourd'hui j mais qui î peut-être ne le feront plus dans vingt ans : d'où il réfuite que dans quelques-unes· de leurs productions, tantôt ils s^élevetit fuir des échaifes, & tantôt ils font au-deifaus e ιν
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lxxîj Dissertation
d'eux-mêmes» Ne doit-il pas paroître éton-
nant , par exemple, que la plupart por- tent une curioiïté reipectueuie, fur quel- ques monuments élevés, il y a plusieurs ßecles , tandis qu'ils négligent & qu'ils dédaignent, pour ainiî - dire , de porter leurs regards fur les Edifices qui ie font élevés par les Lefcot & les Manfard ? Par un effet plus biiarre encore, d'autres ne portent leur attention que fur les Ara- befques & les chimères, qui deviennent û fort à Ja mode aujourd'hui. §. XV.
Notre intention n'eil pas de diiîîmuler ,
que l'Architecture eil un Art difficile : nous l'avons déjà ditj pour y réuiîîr, il le faut cultiver toute fa vie; jouir fréquemment de la· converfation des grands Maîtres en tout genre, de l'étude des bons Auteurs & de la contemplation des chefs-d'œuvre qui nous iont offerts. A la vérité, dans les dehors de ceux-ci , fouvent la pratique impofè iîlence à la théorie j dans les de- dans, quelquefois la théorie l'emporte iiir la pratique ; mais dans tous, il y a dequoi pu /fer s 8sC dût-on fê tromper dans fes pre- mières obfervations, il les faut commencer de bonne heure ; nous n'apportons pas ça |
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sur l'Architecture. Ixxiij
naiflant, l'obligation de toujours réuiïïr èc
de bien voir : mais, à notre avis, ce n'eil point un déshonneur de Te tromper , ni un affront d'être repris. Nous invitons feu- lement nos Elèves, à ne fe pas laiifer abu- fer par les efpeces d'applaudhfements que plufïeurs donnent aux productions de nos jours : non-feulemént la plupart font con- traires à l'efprit de convenance 5 mais on ne les croit neuves , que parce qu'elles font extravagantes, qu'on y confond tous les ftyles, & qu'on y fait entrer tous les ca- prices, toutes les fantaifies des Propriétaires, qui, pour la plupart, fe croient Architectes. Qu'on y prenne garde : on fe fert fou-
vent de l'autorité d'un grand nom, pour mettre au jour des licences qui n'avoient été employees par un Architecte célèbre > que dans des parties acceiïoires : de-la, on ofc tout. Ce n'eft pas que quelquefois on n*ex- cufe les écarts d'un Artifte contemporain; mais nous voudrions faire entendre, que l'indulgence de nos Emules n'eil point un titre pour nous faire approuver de la pofté- rité, D'ailleurs, qu'on y réfléchiiïe, les Ar- tiftes fubalternes croient prefque toujours atteindre, les grands Maîtres, en imitant |
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Ixxiv D iss ε RT άτι oir
leurs écarts, fans fe douter du motif eiîen-
ciel qui \ts leur a fait employer. Il faut déjà fçavoir beaucoup, & c'eft ce que pres- que tous les jeunes gens ignorent, pour être en état d'apprécier ce qui a pu dé- terminer le grand Architecte à iè permettre ttlL· ou telle licence. Pour en venir là, il faut fe nourrir de réflexions férîeufes : 1Έ- leve qui veut réellement profiter, penie beaucoup 3 la réflexion devient fon élé- ment ; il dévore les difficultés Si les obita- cies, pour acquérir la gloire de les fur- monter. Oeil par l'étude des Anciens $c les découvertes des Modernes, que Ton parvient furement à la perfection de fou Art. Quiconque eft effrayé de toutes fes obligations, n'atteindra jamais , quelques efforts qu'il faffe, à fe faire un nom ; car enfin, combien, au premier coup d'œuil^ ne voit-on pas de Bâtiments qui flattent; ,.d'abord, par leur afpe&j mais qui per- dent à l'examen. On rend^ à la vérité, juftice à l'éclat des ornements > mais à peine ,y démèle-t-on l'intention de l'Architecte > parce que fouvent la multiplicité de la Sculpture étouffe ou altère l'idée de l'or·* donnateur. r §. XVII.
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, ν r t " *·■ . ■
JLorfqu'à Paipecl; d'un Bâtiment, nous
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sur l'Architecture. lxxv
apercevons un heureux accord entre les préceptes des Anciens, ai les découvertes des Modernes ; cette réunion doit déter- miner notre jugement, & nous porter à l'imitation d'un pareil chef-d'œuvre : quel- ques licences que nous y découvrons, i:e doivent pas nous en détourner5 elles peu- vent répandre des lumières dans notre eP prit : elles doivent nous engager à faire un choix des beautés que nous devons imi- ter, & à laiiTer les parties qui nous pa- roiiîent déplacées. Qu'on ne s'y trompe pas, le Château de Maifons eft une pro- duction digne, à la fois, d'être imitée, & difficile à imiter. Ce Bâtiment, dès qu'il fut achevé, excita l'admiration des connoiÎ- feurs, rapplaudiiTement des grands Archi- tectes, & la jaloufie des médiocres. En ef- fet , lts beautés de détail répandues dans l'ordonnance de fes façades, font au-deiTus de tout éloge : fans douce, on y remarr que quelques défautsj mais ces derniers préfentent par-tout les reifources de l'Art, plutôt que les licences &c ces abus vul- gaires enfantés par l'ignorance. Nous l'a- vons déjà avancé y tout eft précieux dans cet Edifice, tout y eft marqué au coin de la fublimité , de l'expérience &: du fça- voir. Peu d'Archite&es ont atteint depuis $ux beautés fans itombie qiCon y remar* |
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ÏXXV j D I SS E RTAT I O Ν
que 5 plüiïeurs au contraire ont imité les
légers défauts, dont il n'eft pas exempt, en- core leur infuffifance leur a-t-elle fait clian- Î^er ces défauts en abus : ils ont fait plus, â plupart ont déplacé les reifources &c les tentatives mifes en œuvre, par ce grand Maître, dans cette belle production Fran- çoife. Peut-être reprochera-t-on à Manfard L· petiteiïe de fes modules, 6c l'élévation de trois Ordres de genre différent les uns au~dellus des autres : mais que de juiteife, que de pureté dans cette réunion ! quelle perfection dans l'Architecture ! quel choix dans la Sculpture! que de préciiion dans la main d'oeuvre! On vife au grand, au- jourd'hui , dît-on : on devroît dire plus ι infenfiblement ön parvient au gigantes- que j &: ,^dès-Ià, on ne regarde plus cette merveille de l'Ait que comme un modèle% qu'à peine confeille-t-on d'étudier auxEIèV ves de nos jours. Le plus grand nombre de nos riches Ci-
toyens ne font plus épris que de ce qu'ils ap- pellent la grande Architecture , fans ie douter que les Bâtiments d'habitation doi- vent s'annoncer différemment que nos Temples &: nos Edifices publics. S'il nous étoit permis de rifquer notre avis, nous «cönfeillerions à ces prétendus amateurs, de s'en tenir à leur amour pour notre Art* |
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SUR L'ARCHITECTURE. ÎXXVIJ
&. de ne pas afpirer au-delà : vouloir
aller plus loin ? c'effc fouvent s'expofer à s'annoncer pour de faux connohTeurs , èc à approcher de la vanité ridicule des faux Sçavants. Au reite, la cenfure n'a au* cune part aux obfervatîons que nous faî- fons ici : notre objet eil· feulement d'a- vertir nos Elèves de fe tenir en garde con- tre la révolution où femble être parve- nue l'Archlte&ure depuis quelques années. Nos vrais Architectes ont eu occaiîon d'é- lever quelques Monuments ; leur marche mefurée à raifon de la grandeur de leurs Edifices, a échauffé nos jeunes têtes, &: a perfuadé à la plupart, qu'on ne pou- voit plus faire de colonnes qu'elles n'euÎTent au moins fix pieds de diamètre. Quelle ex- travagance ! §. XVIII.
Nous avons plus d'une fois recomman-
dé à nos Elèves l'étude du deiïin ·-> non cette ma*niere de deiîiner d'un genre pittorefque^ qui appartient plus à la Peinture qu'à l'Ar- chitecture 3 &L qu'il ne faut cependant pas négliger abfolumentj mais qui, lorfqu*on en méfufe , fert plutôt â égarer qu'à fe rendre un véritable compte de l'effet que doit produire fa compoiîtion. Il eft vrai que, pour y parvenir avec fuccès> il fanç |
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Ixxviij Di ss EkTAt ι on
deffiner autre chofe que l'Architecture pfö*f
premenc dite. Nous avons prouvé ailleurs la néceffité de faire entrer dans fes études le Deffin dans tous les genresj parce qu'il eit important à un jeune Architecte tl-e' pou- voir exprimer lui-même fes penfées fur fon projet : mais nous délirerions qu'il mît des bornes à ce genre d'étude, pour s'attacher a deiîîner dans le bon ftyle des Man fard &; des Perrault. Néanmoins pour fatisfaire le génie de ceux qui ie font une paillon du Deffin 5 nous leur rapporterons ici le fen- timent très-judicieux qu'en a porté M. de Montiano, dans une DiiTertation qu'il lût en 1756, à l'Académie Royale de Saint- Ferdinand en Efpagne. L'Auteur, en par- lant de l'origine du Deffin , s'explique ainiî. « Les ombrages des arbres, & le creux
·» des rochers , donnèrent l'idée de la pre- 55 miere cabane 5 mais la verdure des bran- 35 ches qui fervoient de toit à ces dem^u- »res, .venant à fe flétrir, & les branches »j elles-mêmes, qui tenoîent lieu de palliTa- ï5 des^ étant un foible rempart contre lai »5 rigueur des faiibns , le gazon qu'on fou- 55 loit aux pieds, changea de place, &,för~ >3 ma les premiers murs de cette habita- is tion champêtre. Les fociétés augmèn- » tant,'les Edifices s'agrandirent, &; Yoâ |
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sur l'Architecture. Ixxîx
» vit s'ériger des Temples 6c des Palais : »mais pourquoi retoucher ces traits d'une »érudition rebattue? iî quelqu'un doute » de ces faits, qu'il life ou qu'il voyage : » qu'il franchüTe l'obfcurité de fa fphère, « & les barrières de fon indolence. Il ne » feuiiletera pas une page, il ne fera pas un » pas, fans trouver une ample matière à fon » inftrucHon. v » Le DeiTin préfide à la Sculpture, a ctt
»Art d'immortalifer les hommes , & de » nourrir en eux la paffion de la gjoire, »& le defir des honneurs divins, qui fub- » fille encore chez la plupart des nations- » civilifées. . r
» Le Defïïn dirige &: foutient tout, ju£
» qu'à l'expreîTion des paffions, jufqu'a l'ac- » don & aux attitudes. De concert avec la » poéfie, que de faillies heureufes ne four- » nit-il pas au pinceau! il lui apprend à » raflembler les traits du beau, iemés & »mélangés dans la nature, pour en for- » mer les produ&ions les plus intéreiTantes »de l'Art. · » Ceft au Deffin que la Gravure eft re-
»devable de tous fes progrès : fille du ha- »fard, comme les autres inventions, elle »les multipliée les perpétue toutes. C'eft » fur le$|>ords de Γ'Ârno qu'on la vit naître. » Les chiffres de l'amour furent d'abords |
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Ixxx Dissertation
m tracés fur le fable par la main des Ber-
» gers, puis gravés fur le hêtre. Les Deflïns » furent tranfportés, de l'écorce des bois* »fur les métaux, & le temps les rît paiTer » fur le papier, par le fecours de la preiîè. » Aîniî le Sçavant ornc-t-il à peu de frais » fon Cabinet des tableaux du monde 5 ainfi >3 le Phiîofophe embellit fon habitation à 33 la campagne d'une variété de payfages , 33 qu'il a le plaiiîr de comparer avec leurs 33 modèles. C'en: par-là, qu'on tranfporte au »3 milieu des Villes les délices des champs, »3 & qu'on voit, même au fein des hivers, 33 les agneaux errer dans les vallons rleu- 33 ris, & la bergère aiîife au pied d'un chê- 33 ne, écouter le chalumeau de fon amant, »s &: répondre d'un fouris à l'expreifîon de >3 fes regards. »s Arts enchanteurs, continue M. de Mon-
3Jtiano, reproduifez-nous le plaiiir & la 33 vertu fous mille images > exercez l'indufbrie 33 des -hemmes laborieux, Se l'oiiïveté des 33 pareiTeux illuitres. Vous êtes tous frères , 33 tous également rivaux de la nature : ΓΑ11- »tiquité de fon origine ne donne aucun 33 droit à Pun fur l'autre : l'utilité de leurs » productions les met tous au-deiTus de ces >3 vaines preiïeances que les hommes fe dii» » putent. Si quelques nations barbares ont ^méconnu le charme des Arts, leur ra- vage |
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sur ι/'Architecture. îxtxj
h vage ô£ leur perte eft une partie fenfîblo
4/des vengeances que le Ciel a voulu tirer » des fcrirrïes du monde i par là main de »ces peuples défendeurs. Mais enfin les »Arts forteht partout de l'oppreffion oè »ils ont langui fi long-temps j &; comme »l'Efpagnen'a pas été la dernière à éprou-' »- ver leur' décadence ,= elle doit ie hâter » de reiFeiitir lés douces influences de leur 's rétablifïement4 "Ίû1 ι 'λ ? ί)£:α^: Rapportons encore l'extrait d'un Otl·*
y rage lu dans cette même. Académie : dofte ■ l'objet eit de prouver combien tous les Or- dres d'un État: doivent s'inftruire de la cori^c noiilànce dès Arts ■$>& particulièrement de l'Architecture (φ 'h ^..o·..·!; rr:q ;··.„■.' ir·-« - ?>?La noblefièf diè l'Orateur/doit être »s la premiere ^regarder les Arts, comme » un des principaux ornements de fori édu- *> cation , &; à. leur. d°nner les moments » que l'aifance ομ elle dit née lui laifTe \v « bres de tout ibin &. de toute autre in-' » quiétude. Cependant qu'elle né içache y »i comme Trajari,·· que ce qui convient à » la dignité de foh rang, & au bien de l'È- » tat y & qu'elle ne faiTe pas comme Adrien / ^ qui, paüant pour l'Archke&e d'un Tenn (c) J^ous avons ptottoncé anciennement Un Ùifcoufs fur tê
*ï$mè objet, 4ui fe venu à Paris chez Jombert, rue Daiïphiiie.· |
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1. '.,-.■'
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Ixxxij Dissertation
η pie qu'il avoit dédié à Vénus, demanda 59 au célèbre Apollodore, quel jugement il » portoit de ce Monument : Si les Déejfes »fi lev oient de dejffus leur Trône majeßueux, 33 elles fe heurteroient la tête à la voûte, lui ïj répondit Apollodore : c'eß le feul incon* » vènient que j'y trouve. Cette iîncérité cho- v qua la vanité de l'Empereur, 6c coûta la ι? vie au Philofophe. r 33 Mais en évitant le ridicule, les Grands
33 ne doivent pas manquer du degré d'étude 33 & de lumière, néceflaire pour conce* » voir des idées juftes , pour diftinguer le *> bon du médiocre, pour applaudir au par- si fait, &: perfectionner le raifonnable , pour 33 juger des proportions d'un Edifice/'d'un 33 Canal, d'un grand Chemin 5 pour fça- 33 voir accorder en tout cela, la gloire du 33 Prince avec l'intérêt du Peuple, la ma- 33 gmficence du projet avec les réglés de 33 l'économie. L'Intendant, le Gouverneur> 33 le Prélat même, s'ils ignorent les élé- 33 ments de ces Arts, à quelle perte irré* 33 parable, à quelle expérience ruineufe, à 33 quel fujet de rifée ne s'cxpofent-ils pas ? 33 Tout devient confidérable entre les mains 33 de ceux qui dîfpenfent les grâces des » Princes, qui font les dépofitaires de leurs. ?3 tréfors, qui ont la dîreâion ^de leurs en- » treprifes, de leurs Palais & de leurs Edi* '; f ■. * ·■! V' A. '
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St/M lïÂRGHIÏËCtPkË* IxXXÎïj
to fîces» D'un mot j d'un feul iîgne, ils font
»fleurir ou tomber les talents-: ils pro- »3 curent, ou ils anéantiiTent les progrès »des Arts : ils perpétuent la décadence 35 d'une nation entière, &c. &c. >> Avant de quitter cet Avant-Propos,
donnons quelques Programes qui puhTent fervir de guides à nos Elèves , lors- qu'ils voudront fe livrer à la compoiî- tion : puifons ces Programes parmi ceu£ que nous avons donnés, pendant vingt antiées, dans notre Ëcole des Arts, lors- que le plus grand nombre des jeunes Ar« tiites qui nous fuîvoient alors, concöuroic aux prix, que nous y diftribuions tous les automnes, diaprés le jugement des Ardu-* te&es^ des Àrtîftes &; dès Amateurs, qui, pour encourager notre zèle, & foutemr l'é- mulation de ceux qui étoient confiés à nos foins, vouloient bien nous féconder, dans ces jours folemnels^ 6t nous éclairer nous- même, dans la carrière pénible de rinitiu* &ion des beaux Arts. |
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Jxxxiv. ,pRO GRAM È S '%\l% .
'Divers Programms coHtenant
.0 IFFER E'NTS; PR O JE TS
saaïij&ji &'Architecture. '■ rï
Par Frogranie nous, t entendons l'énoncé
d'un projet > un - peu détaillé, que le Pro- feiTeur donne à les Elèves, pour leur faire comprendre fes Intentions, &; la,marche qu'ils doivent fuivre ;^· dans la compoiî- tion de l'efquiiTe qu'ils font chargés de faire fous fes yeux, : lès Elèves, là mettent enfuite au net, fans, pouvoir s'écarter de leur premiere penfée. ;A ion, four i le Pro- feiTeui doit expliquer, d'une maniere claire éi ;précife, les conditiplis du Programe 5 y comprendre les mefures du terrein, fa pla- nimetrie ou fes montupiités, ainfi ,que les entraves inféparables; de toute efpece de f)roducl;ion t dans l'art de bâtit : avant de
e di&er, il doit avoir lui-même., dans le julence du Cabinet, tracé le projet du Pro-t grame, comme le feul moyen 'de ne dire que ce qu'il faut, & par-là, de préparer, pour ainiklire, le travail de l'Elève. Après l'a- voir ainil conçu> %^it encore, en pré- fence de tous, analifér , étendre &; déve- lopper fpéculativement le genre du projet dont il s'agit, faire des citations, & rap- peler aux Elèves tes Edifices de même ■
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SVR l'Architecture. Ixxxv
genre? qui font élevés par les grands Maî-
tres , & ceux dont nos meilleurs Auteurs ont donné les deferiptions : il doit s'ap- pliquer à faire fentir les nuances qui doî* vent diftinguer les Bâtiments élevés pour la même fin : leur faire entendre que dans une Capitale, le Palais d'un Souverain, celui d'un' Prince du Sang, la demeure d'un riche parti* ciilier, quoique coniidérés, comme autanc de Bâtiments d'habitation , doivent né- ceiTaire m ent différer par le ftyl e répandu- dans l'ordonnance : que l'Hôtel d'un Prélat',* celui d'un Militaire, celui d'un Magiftrat, doivent avoir chacun un caractère partieu- lier, qui les annonce pour ce qu'ils font | qu'enfin un Pavillon dans un Jardin , un jKiofque fur l'angle d'une terraife, un petit Trianón dans le fond d'un Parc, doivent s'annoncer- différemment par leur afpecb Par cette attention de la part du Profelîeur, ceux qui concourent, peuvent fe meubler la tête des objets les plus analogues aux* projets dont ils font chargés, &, avant d'o- pérervconcevoir une idée nette, qui les mette a portée de fe tromper moins, fur la difpofïtion &; la convenance que demande chacune de ces compositions. , iî ùp LeProfeifeur doit canfeiller aux Elèves |
de ne fe jamais preffer. Les jours deftinés: 4 faire leur Efquiffe.,on kur: accorde-envi-» Îlf
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Jxxxvj Programes
ron douze heures pour y parvenir : paÎîez-
en d'abord le tiers , leur avons-nous die plus d'une fois, à réfléchir dans le plus grand iilence ■■, enfuîte tentez, pendant le même efpace , pluiîeurs moyens de remplir les conditions du Programe : faites un choix ; enfin , dans hs quatre heures reliantes, traduifez vos penfées, & faites avec préciiion votre Efquiiïe fur l'é- chelle demandée. ReiTouvenez-vous , leur avons-nous dit encore, que, plus elle fera digérée, plus vos Deiîîns au net feront, faciles à rendre. Perfuadez - vous que le jour de l'EfquirTe eft un jour de triomphe \ que la fatigue de cette journée % iî c'en cil une, vous met à votre aife, pendant le temps que dure votre concours, & que, par-là feulement, vous avez droit de pré' tendre à la couronne qui vous attend. Combien peu néanmoins fuîvent notre
avis ! Combien n'en voyons-nous pas, qui % ne prenant qu'un extrait à la hâte du Pro- grame, qui, lui-même, ne doit être re- gardé que comme un précis de l'objet de- manda , s'arment fur le champ, de la régie &: du compas, pour opérer, fans réfléchir que le projet doit être dans la tête, avanç d'en vouloir tracer PefquiiTe far le pa-* pier! Comment, avec cette précipitation, çhoiiîr Je genre propre au fujeç ? Çoinment; |
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sur l'Architecture. Ixxxvîj
pouvoir monter ion génie fur le ton gra- ve, ou fur les grâces de l'Art? Gomment enfin pouvoir faire un choix judicieux du véritable caraófcè're propre à l'Edifice , lorf- que les différentes parties qui le compo- sent ne fe conçoivent que les unes après les autres ? Qu'on n'en doute point , ce défaut de jugement eft fouvent caufe que le mouvement du Plan eil d'un ftyle différent de celui des élévations, &que, plus fouvent encore, les ornements qui de- vroient embellir l'ordonnance , ne fervent qu'à l'accabler & à la défigurer. - Offrons ici plufieurs Programes concer- nant l'ordonnance extérieure des Bâti- ments. Dans le Volume fuivant, nous en préfenterons, fur la diftribudon &; fur la décoration intérieure. ; Commençons par donner l'idée qu'on pouroit concevoir, par exemple, du pro- jet de la porte d'une Prifon, de celui d'une Orangerie, enfuite nous donnerons desPro^ grames particuliers, qui auront pour objet, le projet d'un Arc-de-triomphe, celui d'une Colonne Milliaire, d'une Fontaine jaillif- fante, de la Porte d'un Arfenal, dcc. &c. Une Porte de Prifon doit annoncer, par
fon ordonnance &: parTon expreffion, fi elle donne entrée aunePrifon publique,à une Pri- fonmilkaire,oi» auaePrifpn pàrticuliere^fiii |
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îxxx vlij Pr θ & R a m kr$.
que le choix qu'on aura fait, puilTe déiîgnei
précifément la différence de ces divers Edît Ëces, quoîqu'élevés tous pour le même objet, ChoimTons la Porte d'une Prifon m'ûU taire. L'ordonnance d'une telle Porte doit être ruftique. Si l'ordre Tofcan y préiîde, 11 doit être engagé, & être augmenté'de boiïàges continus & vermiculés : les ar*- riere-corps doivent être profonds j les ta^ bles Taillantes, les clavaux lourds & pefants. Des profils maffifs Se peu compofés, char- gés de mutules carrés, doivent entrer dans fa décoration, ainiï que de petites ouver- tures pour crpiféesj enfin des bornes gar-i, niesde chaînes, doivent fe placer dans un tel Frontifpice. On doit prendre garde en- core , ii l'Edifice auquel cette Porte donne entrée, eft d'une certaine importance * que celle-ci, coniidérée comme feinte y /bit un peu coloiTale, mais baiTe, écrafëe, Çc que la Porte réelle, contenue dans la feinte |; ne préfente qu'un Guichet : la pre- miere, par fa grandeur, devant annoncer l'importance du Monument j la féconde, par fa peticeffe, l'horreur duféjoïir, dont l'en-* trée ne doit; être ouverte qu'aux çoupa^ Hes? Lorfqufon y admet.de la Sculpture^ U faut qu'elle infpirë la terreur,.& que l'hu4 Inanité fembîe bleffée de fon afpecL Juß 'ψί'Μ m0$$% I ^i^tieres :, itqut .άο$ etpf |
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sur l'Architecture Ixxxte
ferut, bâti en pierre dure, d'un grand ap^
pareil, à joints ouverts, & annoncer d'é- paiiTes murailles ', enfin la main d'ceuvre doit paroître vague $c indéterminée. La touche du Deffin même d'un pareil Monument, doit préfenter la riiiKcité de l'ordonnance. Pour conftater l'étendue d'un tel projet, il fufßt que le Programe fpécifle· feulement; la largeur §l la hauteur de ce Frontifpice. L'Orangerie de Verfailles, fans contre-
dit, peut fervir de modèle, & être regar- dée comme un exemple célèbre, pour l'or- donnance d'un Bâtiment de ce genre : maïs comme il peut arriver que l'ordre TofcanX qui préiide dans cet Edifice, doive tenir un rang moins confidérable , dans la dé-< coration extérieure d'un Bâtiment de cette efpece, parce qu'il ne s'agit pas toujours de l'Orangerie d'une Maiion: Royale, ■'& qu'une Orangerie *, au lieu d'être àdoiTée à une terraiTe, peut, ôc doit même être îfolée de toute part; voici comme on peut concevoir un tel projet, pour être exécuté dans les Jardins d'une Maîfon de plaifance. La convenance voulant que l'avant-corps
d'une Serre de l'efpece dont nous parlons, £c la porte qui y donne entrée, foieht éle* yés à raifon de la grandeur des arbres que ion intérieur doit contenir, on peut éle* ?çr :Çet Ayant-corps aii-deiTus de Rentable* |
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M€ Programms
ment> ou de la corniche de couronne-
ment qui règne fur toute la longeur de l'Edifice. Alors cet avant-corps autorife une grande ouverture placée dans un entreco- ionnement, ou clans un entre-pilaitre , J'un ou l'autre aiTorti à l'étendue du Bâ- timent* Si la fituation de cette Orangerie eil: en-
vironnée de taluds, de glacis ; fi elle fe trouve élevée dans une vallée , bordée 4'une chaîne de montagnes, Ôc qu'on amène les colonnes fur la fcènej il convient de /charger celles-ci de boiTages alternatifs 5 au- trement, il faut laiiTer le fut des colonnes lice, de charger de refends le mur de face: travail qui ferviroit de fond aux colonnes, m que nous eftimerions peut-être autant que les boifages placés fur l'ordre 5 ou, dans ce dernier cas, nous voudrions affecter plus de peianteur aux chapiteaux , en for- mant le tailloir d'une feule plate-bande, pomme le propofe Palladio. 'i Nous fommes auiïi d'avis qu'on fupprîme les combles, dans ces fortes d'Edifices j l'in- férieur devant en être voûté, il eft bon d'en mafquer les couvertures. Nous fommes en- core d'avis qu'on y fupprime les frontons, à moins qu'on ne les place dans les pignons, dans le cas où les combles refteroient ap- parents fut toute la longueur de h fa* |
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SUR JÏA&CniTÊCTVRE* XCJ
^ade. L'étendue-& la profondeur d'un Bâti-
ment d'orangerie doivent être proportion- nées à la quantité des arbres qu'il doit conte- nir > il doit être expofé au midi, & avoir une- certaine élévation néceiTaire pour la confer- vation des orangers qui y font renfermés l'hiver. L'Orangerie des Jardins de Sceaux, & celle des Jardins de Montmorenci, peu- vent fervir de guides, lorfqu'il ne s'agit que des Orangeries du fécond genre. PaiTons actuellement aux Programes particuliers que nous venons de promettre, Programe pour un Arc de Triomphe.
Le ProfeiTeur demande le projet d'un
Arc de triomphe dans un Carrefour, doné les deux principales faces donneront fur des rues de vingt-cinq toifes de largeur« $c les deux autres fur des rues de quinze toifës, croifant les premières. Ce Monu- ment n'excédera pas la largeur àts grandes rues, y compris les plus fortes faillies pla- cées fur fes retours. Il poura être décoré d'ordre d'Archice&ure au choix des Elèves, & être percé par les quatre cotés. Les Elèves déiigneront par maffè, L·
forme du Carrefour, ou fera placé cet Edi- fice. Us feront deux Plans, l'un du rez-de* chauffée, l'autre de la partie fupérieure $ |
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une élévation, fur l'une des grandes faça*
des, une autre»fur la face latérale,''& une coupe.-,' ■'r'-shi ; ■ ',n' r-Les efquiiFes feront fur une échelle de
fix lignes pour toife : les Deffins au net,fur une échelle d'un pouce & demi pour toife; hes Elèves auront foin de ne jamais pré- fenter une idée double dans leurs efquirTeslî autrement, elles ne feroient pas reçues pour le concours. |
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Explication fpéculative après k
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'on
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Programe*
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'Λ
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Après la lecture du Programe, z/ e/? $0/2
que le Profeffeur dèfigne le motif qui. donne lieu à Îéreilion du- Monument. : s'il doit être élevé à la gloire d'un Prince triomphateur \ à l'occaßon d'une alliante illufire 9 de. la naifi fance d'un Prince, &c. afin que ;> non-Jeu-^ lement, l'Elève puiffe faire choix de l'or- dre le plus convenable au fujety mais qiiïl appelle à lui les attributs , φ les allégories les plus propres à repréfenter d'une maniere- non-équivoque,,·la dédicace dit Monument.çffa $/ogratte ρομη une Colonne Militaire%
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41 ?
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. Cette Colonne doit être eoloiTale , 6%
.$m:-'mav& s;/dmt fexpreffion annonce la |
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SUR L'ÂÏLCHÎTÈCTURE. xciij
durée des temps. Elle doit être élevée
fur un foubaiTemênt où l'on placera divers attributs qui cara&ériièront le motif qui aura fait ériger l'Ediricë. Ce Monument doit être placé au centre d'une place marchand de y décorée de Bâtiments,,· d'une Arclii- teclure iïmple-\ de d'une élévation propor-1 tionnée au. diamètre de la Place , èc I l'importance du Monument dont îl eft queiHon. , - * vvLes Elèves y après avoir choi file lîeù le
'plus convenabk.j. pour l'élévation de cette Colonne Miiliaire, par exemple f la place du parvis de Notre-Dame ^ feront un Plan géné- ral, fur une échelle de neuf lignés pour toife f ce Plan défgner-a toutes les rues qui abou-* tirant à cette place 5 & ils prendront foin a y exprimer en rouge tout ce qu ils croi-, ront devoir conftruir-e à./-.neuf ; en jaune, tout ce qu'il, conviendra de dé truite/& éc en noir , tout ce qui poura être çpnlerve. ,,\ ,5 W'iiV» f.v-r-:,:^-:'Λ & Les ^élévations'de la Place feront deffi^
fiées fur une échelle d'un pouce & demi pour- tpife· : le Monument particulier-4 fur'une échelle'de deux pouces & demi. Les eiquiiïes feront faites fur.une échelle réduite à 4a moitié des mefufés ci"deJÎu£# |
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xcïv Programm s
: ■■■. ."' ' . . *·■ ' ..',■,'.·'. " ... ·. ... i ... : :... '
Explication,
On fê propofe d élever à Paris une Co·*
tonne Milliaire , à l'imitation du Milliarîum jaureum, qu'Auguße fit élever en marbre au milieu du Marché de Rome, d'où ton comp- tait la dißance de cette Ville , par d*autres Colonnes Milliaires, placées le long des grands chemins. Le Parvis de Notre-Dame fe trouve afè{
précifément le ^centre de Paris , & celui d'à-* près lequel M. Peronnet a fait mefurer exa* clement la dißance des milles qu'on plante actuellement fur tous les grands chemins de la Généralité de Paris ; on en plantera de 7néme par la fuite dans tout té Royaume £ fuiyant les intentions de Sa Majefié. ' D'après cette idée , nos Elèves doivent
s'animer d'une nouvelle ardeur, pour corn- pof er un Monument digne, tout à la fois y de ΐimportance du projet , & du règne du Prince fous lequel il doit être élevé. Programe pour une Fontainejaitliffanteli
Le ProfeiTeur demande à fes Elèves l'é-
lévation & le Plan d'une Fontaine décou- 7 verte §c iailliiTante, décorée de membres |
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sur l'Architecture xcr
d'Archite&ure & de Sculpture. Ce Mo-
nument eil particulièrement deilîné, pour Futilité &c la décoration d'une Place publi- que, faifant partie de la ville Capitale d'u-^ ne de nos Provinces, dans le fein de la-~ quelle paiTe une rivière navigable. L'EiquiiTe de c&s deux Deffins iera faîte
lur une échelle d'un pouce pour toife ; Se les Deffins au net, chacun fur une échelle de deux pouces pour toife. Il eil recommandé aux Elèves de ne faire ni les EfquiiTes, ni les Deffins au net, plus pe- tits, ni fur des échelles plus grandes que celles preferites par ce Programe. Explication. ^
Ce Programs exige fans doute, de la part
de ceux qui concourent, l'habitude du Defßn: aujfi faißffons-nous cette occafion, pour rap* peler à plußeurs, le bejoin qu'ils ont de s'y1 appliquer plus particulièrement τ autrement y forcés d'avoir recours à une main ûfangère , leur projet deviendra difparate y l'Architecture d'un genre , la Sculpture de Vautre, celle-ci trop forte , l'autre trop foibte g par confér quem, la compößtion imparfaite. Nous l'a* vons déjà dit, nous le répétons ι le fuccèà d'un Monument de : ce genre , conßfie dans un parfait rapport entre l'objet principal \ |
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&CVJ P Μ Ο QRAM È S
& les parties ace e foires y ainß que dans le
choix des formes, & la dißribution des eauoé jaillifantes , dont la dijpoßtwn doit contri- buer ? plus qu'on ne s'imagine ? à la beauté de l'enfembL· ■ < ■ " ' Ρrograme polir une Porte d'ArJendL
Le PfqiêiTeur demandé a fés Elèves Je
projet de la décoration extérieure de Ja Forte d'un Arfenàl, donnant iiir une PJace d'Armes. Cette porte doit être ouverte Ar un mur de clôture, qui n'a que vingt-1, une toifes d'étendue. Le Deiîîn fera fait fur une écJielJe d'uiÎ
pouce pour toife, & ceJui au net fur un©· échelle du double, Λ - ^ ^ '; ' ; ■' JSxpàcadorz* , ,\ 7 ^ ^
Zêî Elèves doivent s'attacher à donnera·,
èette Porte,un caractère particulier ^ qui an- nonce l'entrée d'un grand Edifice, dont l'in- térieur eß dejanè à conßruifß Jes armes \ofi, finfives y qui. doivent -détruire, les prétentions de l'ennemi. Si .l'on γ .met des colonness * il ^/? bon. de, Cordt de ία route ordinaire *„i/a- leur faire représenter aumjit,ße'fûts de canon\ & d'appekr à, foi dans la Sculpture y les mor^ tiers g
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St/M L*ÂRCHtTÊCfUkÈ, XCVÎJ
tiers y les bombes, les aubußers , & tout c$
qui peut caraclérijer la foudre y qui doit ρφ venir la témérité des ajfaillants* Programm pour un Portail d'Êgll/e*
Le ProfeiTeur demande à fes Elevés le
Plan & l'élévation extérieure du Portail d'une . Êglile , faifant partie d'un Mona- ftère de Dames Religîeufes» Il eil permis aux Elèves d'y faire entrer un ordre d'Ar-^ chlte&ure i & de répandre une certaine . magnificence dans Ton ordonnance. Les EfquuTes feront faites fur une échtlie
d'une ligne pour pied, & les Deiïins au net, fur une échelle de trois lignes pour pied. |
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Explication;^
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\ .,· :
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ÏSEgUfe des Dames de tÂrinonciade S
■ Samt-Denis , celle- des Dames de Sainte* Marie à Chaillot ? font les modèles que mus citons à nos Elèves, pour régler leur map-' • che dans ce genre de compoßtwn : delà nous prenons occafion de leur recommander plus que jamais, de vifiter tous nos Edifices, d'en faire des Efqtaffis-, des notes f qui les met- tint à portée d'êta moins neufs, lorfqu'ils fi Tome IV* g |
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. 'I i '
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XCviij Ρ R O G RA Μ Ε S
préfentent au concours. Nous leurs confinions
d'ailleurs ^ de méditer le choix de leur ordre > il entre, plus qu'ils ne s'imaginent ordinai- rement , dans la proportion & les rapports qui doivent caractérifir l'Edifice. C'ejt d'après l'Ordre que les majfes fie déterminent , que, les membres d'Architecture prennent leur place ^ & que les ornements acquièrent cette wuchs ferme ou élégante , qui influe fur les nuan- ces , & qui différencie telle production de telle au*- tre production du même genre. Programe pour une Porte d'Ecurie,
Le ProfeiTeur demande à fes Elèves la
décoration extérieure de la porte d'une Ecurie, faîfant partie des dépendances d'u- ne Maifon Royale. L'ordonnance de cette Porte doit être fans Ordre d'Archite&ure, & contenue dans un avant-corps de vingt- fept pieds de largeur. L'EfquuTe fera faite fur une échelle de
deux lignes pour pied, & le Delîîn au net, iiir une échelle de quatre lignes pour pied, Explication.
Le flyh dé ΐ Architecture de cette Porte.
doit avoir un caractère de fermeté qui an-* |
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SUR Î'ÀrChÏTECTURÉ. &cit
nonce fon infériorité d'avec l'ordonnance des
façades qui préfident dans le principal corps- de-logis s mais non de cette fermeté abfolue qui caraclérifie les ouvrages militaires : une· belle forme dans l'élévation , un mouvement modéré dans fin plans & quelques ornementi relatifs à fion ufage, doivent faire tous les frais de cette composition*. Programe pour une Fontaine publique,
Le ProfeiTeur demande à fes Elèves 1*6·*
lévation & le Plan d'une Fontaine publi- que adolTée contre un mur de Clôture iitué en face de la grande rue d'une Ville de Province. On demande que cette dé- coration fort fans ordre d'Architedure i mais d'un ftyle intérêiTant & orné* L/ËquhTe fera faîte fur une échelle de
quatre lignes pour tolfe, & les Définis au net î fLir ulle échelle de neuf lignes pour toife* Explication.
^ Quoique 'nous ayons fouvent recommandé
l'étude fuivie des ordres d Architecture >· il s'en faut bien que nous en exigions l'application, dans tous les genres de compofuion. Dans un projet de même genre, on peut les y faire entrer ou les y fupprimef, filon l'importance |
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€ Programes
de la Province ou de la Capitale où ce Mo-
nument Jeroit élevé ; mais qu'on γ prenne) garde : au défaut de la préfence de l'Ordre 9 du moins il en faut retenir l'expreffion} comme, lefeul moyen de joutenir un caraclère décidé, & de donner à connoitre, quoique l'écono^ mie ait fait la loi , que la décoration n'en efl devenue «> ni moins agréable ? ni moins fa- tisfaifante , malgré la modération des orné" ments 3 occasionnée par l'abfence de l'Ordre, Décoration de ΐ avant-corps d'un Palais.
Le ProfeiTeur demande au choix de fes
Elèves', ta décoration extérieure de l'a- vant-corps principal de la façade d'un Palais du côté de l'entrée. On ajoutera à cet avant-corps quelques croifées feule- ment, appartenantes aux arriere-corps de l'Edifice. L'EfquiiTe fera faite fur une échelle de
quatre lignes pour toife j les Deflïns au net , fur une échelle d'un, pouce pour toife. \ , „,. ,„,,.„„,;. Explication,
'L'Elève doit fe rappeler ce que nous avons,
fu plus, d'une fois^ dans nos Leçons ; Il faut |
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sur l'Architecture. cj
s'attacher au genre de tEdifice-, afin de ne pas
confondre , comme on ne le fait que trop'oß- dinairement, le fiyle qui convient à l'ordon- nance d'une Maifon Royale, d'un Palais pro-r prement dit, d'un Château ou d'une Maifon de■ plaifance; chacun de ces Edifices, encore une fois , devant offrir un afpecl différent % avoir plus ou moins de mouvement > de ri- cheffe i une forme plus ou moins pyramidale, & être amorti diverfement. Jufqu'à prèfent, il femble que l'on ait confondu les genres. r parce qu'on a indifiinclement donne le nom de Château y de Palais, ou de Maifon Roy'aie aux mêmes Edifices j d'où il efl réjulté, que la plupart de ces Bâtiments préfentent le même afpecl ? au lieu d:'offrir autant de caractères particuliers.. Programepûur làDiçorationextépieurç
d'un Belvéder, Le Profeilèur demande à/ fes Elèves îa
principale, élévation d'un très^joîi Bel- véder élevé fur ■-ùnë1"-térra-iïe, ';ô£"Puri &: Pautre ornés de Sculpture. On fera le Maître d^introduire des^ nappes d'eau vdans le maffif de la "ter'rafle , &; de , faire voir les efcaliers qui defeendent 'tJiins les Jardins bas y à l'extrémité fit- |
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cîj Pro crames
périenre defqucls doit être élevé ce Bâ-
timent, 1/EiquiiTe fera faite fur une échelle de
trois lignes pour toife, &: le Deffin au net, iltr une échelle double. Explication,
ließ aifè de concevoir que, quoique ce Prcn
grame nefaße mention que de l'une des élévations de ce Bâtiment, pour y parvenir, les Elèves ne peuvent fe dijpenfer d'en tracer le Plan & même une coupe > dont ils pouront préf enter les intentions , dans l'EfquiJfe. A la vérité, 0n ne leur demande pas ce dernier objet dé- taillé juf qu'à un certain point i mais comment parvenir à fe rendre compte de la forme gè* nérale, de la difpoßtion des terrajfes , & de, fa Divinité à qui on voudra dédier ce petit Monument, fi l'on a pour objet d'en former un Tempk à Apollon , aux Mufes, à ÎA- mour\ ou aux beaux Arts j autant d'objets ■gui faciliteront chaque Elève, à fe rejfembler moins les uns les autres, dans cette production $ les laijfant les maures du choix, & leur étant pçrmis de faire un Deffin de goût, du Pro-* grame qui kwr φ offen iaü |
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Cllj
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SUR ^ARCHITECTURE*
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Programe pour un Phare fur le bord
de la mer.
Le ProfeiTeur demande à fes Elèves la
décoration extérieure d'un Phare, élevé fur le bord d'un Môle, pour éclairer la naviga- tion. Ce Bâtiment doit avoir de bâfe vingt- cinq toifes, &: de hauteur environ trente-cinq toiles 3 être divifé en plufieurs étages, for- mant chacun une terraiTe, êc être terminé par une plate-forme for laquelle s'éleve- roit un fanal ou porte-lumière. L'Efquiiîe fera faite far une échelle de
quatre lignes pour toife , & le Defîin au net, fur une échelle double. Explication.
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2-s-f.-
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La Tour de Cordouan efl peut-être le feul
Edifice de ce genre qui puiffe guider les Elè- ves dans cette efpèce de production (b). On conçoit que le fol de cet Edifice, doit être élevé fur une terrajfe, hors des atteintes de la plus haute marée, & que généralement parlant, il . ne faut pas abujer d'une trop grande rk-hejfe dans l'ordonnance de ce Monument ,fon mérite |
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(h) Voyeï ce que nous avons dit de cette Tour, dans le
IXe Volume de ce Cours, page +6i, & fmvantcs. glv
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cïv Procrames sur l'Architecture,
principal devant confißer dans le rapport de
fa largeur , & dans l'effet pyramidal qu'il doit annoncer y par les tetraffes formant au~ tant de retraites indiquées dans le Programe. Nous nous fomrnes fixé à ce nombre-de Programes concernant la décoration exté- rieure des Bâtiments > non que nous ayons cru épuifer la matière , mais parce qu'il nous a paru que ceux que nous venons d'offrir, peuvent fuffire pour faire parve- nir les Elèves après cette étude, à par- courir la diverfïté infinie que présentent •toutes les productions de l'Art. D'ailleurs, nous nous propofons , dans les Volume$ fuivatits , d'en préfenter encore/qui re- garderont la diilributlon des Edifices : d'au-* tres qui auront pour objet la décoration intérieure des Appartements, enfin que!-* ques-uns fur ce qui concerne Tart du Jar« dinage, &, nos Jardins de propreté. |
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Fin de l'Avmt-propos*.
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TABLE DES MATIERES,
des Chapitres et des Planches
Contenus dans le quatrième Volumeν AVANT-PROPOS.
ou
Précis des régies contenues dans le troiiieme
Volume de ce Gours ; page j Suivi de quelques Obfervcitions préliminaires fur
ΐ ArchiteUure. ibid. Avant-Propos du- twißeme Volume. pag. iij
Dissertation sur différentes parties de.
l'Architecture. xl Moyen de concevoir en quoi consista
le talent , legout et le genie du ve- RITABLE Architecte. ibid. JPe Îhomme 4 talent en Architecture., ibidù
De H homme de gout en Àrchiteclure. xliv
De Îhomme de génie en Architeclure. xlviif
Qbfervations für différentes parties de Ρ Art. Iij
Pi vers Programes contenant diffé-
rents projets d'Architecture. Ixxxiy4 CHAPITRE PREMIER.
* ■. l j- * —
De la Distribution et de la Décora*
Τ ion des Jardins de propreté, % |
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;;k
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"*·
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fcvj TABLE
Observations générales sur les dif-
rx-férentes parties qui composent les * Jardins, Page 9 Observations particulières sur les
différents objets qui se placent a découvert dans les jardins de pro- 'PRETE. 21
'Des différentes fortes de Parterres. ibid.
Des Boulingrins & des Vertugadins. 26
Des Fontaines, des Buffets & des Cafcades. 27
Des différentes efpeces de Terraffes. 31 Des Efcaliers découverts , en ufage dans les Jardins
de propreté, . <■'.-■ 33 wbgs Quinconces. 3Ó
Des diverfes Paliffades. 37
Observations particulières sur les
pifférentes parties qui se placent λ couvert dans les jardins de pro- PRETÉ. 39 'Des afférentes Allées. '\ ibid.
Des différents Bofquets & des Salles de verdure. 41
Des Cloîtres. 42 Des Labyrinthes. \43
Des Cabinets & des Berceaux de treillage. 44
Des Statues & des Vafes. 46
^Différents Dessins de Parterres , de
Broderies et de Massifs dé gazon. 48 Planches I & IL
Différents Deffins de Boulingrins & de Vertugadins.
Planches III & IV.
Des Fontaines jailliffantes. j J Planche V& VI,
|
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ι
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DES MATIERES. cvij
Différents Deffins de Terrajfes & d'Efcaliers. page 57
Planches VII & VIII. Divers Deffins de Paliffades. 6l
Planches IX&X.
Observations particulières sur les
différentes parties qui se placent a couvert dans les Jardins de pro- preté. 6 y Des Bofquets & des Salles de verdure, ibid.
Des Cabinets de treillage. JZ
Des Vafes. 74
Différentes compositions de Jardins
avec leurs Bâtiments et les dépen- dances QUI EN SONT LA SUITE, page 76 Plan général projeté en 1766 pour le Cateau-Cam-
hrefis â fix lieues de Cambrai en Flandre. 83 Planche XXIV.
Plan général des Bâtiments & des Jardins d'un ma-
gnifique Château projeté pour ΐAllemagne. SB Planche XXV.
Plan général des Bâtiments & des Jardins d'une
belle Mai/on de chaffe projetée en Allemagne pour
..y (Électeur **%· ν çfi
Planche XXVI.
C HAPITRE II>
DE IA DISTRIBUTION des Batimen^ EN GÉNÉRAL. LOO
Préceptes généraux, concernant la difpofition des
iffues 5 des cours principales , des -baffes-cours , φ
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eviij TABLE
des Bâtiments qui fervent de dépendances atig
* corps-de-logis dejlinés à la reßdence des Maures. page 108 ",
De la Convenance. v 109 Maniere de concevoir le projet a"un Bâtiment. lîO
Précautions qu'il convient de prendre avant de bâtir. 1J3
De Îcxpofition des Bâtiments. ll\
Du choix du lieu ou ton y eut bâtir. IVJ
De la nature des Eaux. 119
Des Avenues. 121
Des Avant-Cours. I±4
Des Cours principales. llj
Des Baffes-Cours. lip
Plan du Château de Verf ailles i de fes iffues, & de.
fes principales dépendances. 131 Planche X XV11.
Plan de ΐ ancien Château de Meudon, de fes iffues %
de fes cours, & de fes principales dépendances. 134 |
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'l
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Planche XXVI IL
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'Plan du Château de Saint-Cloud, de fes iffues, &
de fes principales dépendances. iy~f
Planche XXIX.
Pian du Château de Maifons, de fes iffues ,& de
fes principales dépendances,: : J H 139
¥ L A NC H E XXX.
Plan général de Champ > de fes iffues , & de. fes
* '-principales dépendances. ;" IAZ,
ν .,',,,t,",Jfe à; ν ç he X XXL
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DES MATIERES. rix
Plan du Château de Montmorenci , de fes ißues, &
de fes principales dépendances. page I46 Planche XXXII.
!
Plans par majfes d'un Bâtiment de foixante -fix
toifes de f ace , de fes ißues, & de fes dépendances ; de la compofition de ΐ Auteur. 14$ Planches XXXIII & XXXIV,
De ΐutilité des différents Modèles dans les ouvrages
importants, ■ \ 158 Dénombrement des Pièces contenues dans chacune
des Ailes qui comprennent les dépendances tracées fur la Planche XXXIII. l6z Des Caves en général. IÓ3
Des Ou fines & de leurs dépendances. 166
Des Offices & de leurs dépendances. 171
Des Ecuries , des Remifcs , & de leurs dépen-
dances. 174 CHAPITRE ΙΠ.
DE LA DISTRIBUTION INTÉRIEURE
EN GÉNÉRAL ; Et en particulier, de la Forme, de la
Proportion et de la Symétrie qu'il convi ent d'observer dans chacun m des pieces qui composent les appar- J TEMENTS. , MV·': v'\ 185
Premiere Distribution intérieure du
principal corps-de-logis d'un palais de soixante-six toises de face, ji Coccafion duquel on traile de la forme s de la pro-
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ex TABLE
portion, & de îufage des différentes pièces qui corn*
pof ent les Appartements de parade , de fociété, &
les Appartements privés\ Pag€ 102
Dtfcripùon de la Planche JÎXXV, 103
Rapport que la hauteur des pièces des Appartements
doit avoir relativement à leur diamètre, félon U
fentiment de Fitruvey de Palladio & de Scamoqji.
200
S intiment des Modernes fur les différents rapports que la hauteur des pièces des Appartements doit avoir relativement à leur diamètre & à leur éleva-' tion ; foit que ces mêmes pièces foient plafonnées ou terminées en calotte. 204 Des Appartements en général* 208
Des Vefiibules* 2IO
Des Salions, Z14
Des Anti-Chambres* 2,2,2,
Des Salles de Compagnie* 227
Des Salles £Affemblée* 2} I
Des Cabinets. 237
Des Chambres de parade* ' 249
Des Galleries. 2Ó2
Des Chapelles faifant partie des Appartements des
Edifices de quelque importance» 27? Des Efcaliers en général. 287
De la maniere de placer convenablement les Efca-
liers. dans un Bâtiment. 20Ó De la grandeur des Efcaliers* 200 Des· différentes formes des Efcaliers* 301 De la lumière qu'on doit donner aux Efcaliers. 302 Regle pour trouver la proportion de la hauteur^ & le giron des marches des Efcaliers. 304 De la décoration des Efcaliers. 300. De 'la Conßrucii'on des Efcaliers, 313 |
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DES MATIERE S. cxj
Distribution du premier étage dont
le rez-de-chaussee vient d'être dé- CRIT, page 318 Planche XLI. Defcription de la. Planche XXXVI* 3i$. CHAPITRE IV. OBSERVATIONS SUR LA DÉCORATION
DES FAÇADES, Appliquées a l'ordonnance extérieurs
du Plan tracé sur la Planche XXXV9 décrit dans le Chapitre précédent. .333
Elévation géomètrale d'une des Façades principales
d'un Palais de foixante-ßx toi/es de face. 334 Planche XL II.
Élévation géomètrale d'une des Façades latérales
d'un Palais de foixante-ßx toifes de face. 34£ Planche XLIII.
Coupe prife fur la profondeur du principal Corps-
de-logis d'un Palais de foixante-ßx toifes de face* 347
Planche XLIV. CHAPITRE V. .
Observations particulières , appli-
quées A LA DISTRIBUTION &UN BeL* VÉDER , A CELLE D'UNE MAISON ABBA- TIALE, ET A CELLE D'UNE MAISON PAR- TICULIERE. 35I Plan dun Belvéder ferrant de retour de chatte.
35*
Planche XLV< |
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cxij TABLE DES MATIERES.
Plan à re%~de-chauffée de la Mai]on Abbatiale de
£ Abbaye des Prémontrés, à Vilkrs-Cotterets. 3 ffî Planche XLVI.
Plan à re^-de-chaußee dune Maifon particuliere. $($Q
Planche XLVIL
V CHAPITRE VI. OVLON TRAITE DE LA DISTRIBUTION
PARTICULIÈRE DES APPÀRTE* MENTS PRIVÉS, 365 Et dans lequel on enseigne la ma-
nière DE LES TRACER REGULIEREMENT, ET DE TIRER AVANTAGE DÈS PLUS PE- TITS espaces. ibid. JDißribution particuliere de F Appartement marqué Β ?
faifant partie du Plan du re^-de-chaußee de lä
Planche XLVI de ce Volume. $6j
Planche XL V I IL .··
Plan de la dißribution dun deuxième Apparté"
ment y détaillé dans le genre du précédent, 3 g 2 Planche XLIX.
G H A PI Τ R Et I L .
Plan par maße des nouveaux Bâtiments & des nou-
velles Communications faites à Met^ depuis 1764« l ' ; 395
Planche L. plan par maße d'une partie des nouveaux Bâti-
ments & des nouvelles communications qiïon élevé à Strasbourg , commencés en 1767* 414 Planche LI.
r Fin de la Tablç»
gantas
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Fauns eßencielles a corriger dans le troifieme Volume
Vage %;i$, ligne ι j , dans- la .Planche que noms décrivons».
Ufer 3 dans- la Planche XLI que nous décrivons. Page zi8* ligne 18 , au bas de la Planche XLII dont nous
parlons , lifèr , au bas de la Planche XLIII. _ ' %* - Même page, ligne 13 Λ la planche XLIII > /^, la Platt-
ïhe XLII. . U Dans les Planches du III. Volume faifant le Tome VI, après
la Planche XL, life^ Planche XL bis.. |
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ERRA Τ A ■_.
du quatrième, Volume |
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les fécondes
répandus s ,\
fréquentées« f
Jardins
Les fécondes
dans les Bofquets d'A-
pollon & de Daphné j d'Hyppomêne & d'Aï talante. de nos Jardins.
ornés
fur les baluftrades
enfuite
un petit monticule,
au-deiTus duquel en cil.
un autre les grands Vicaires
coins defquelles
placée
entourés
l'abondance
Il y faut
page 131
page 134
des Maures j
formant terraiT©
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'Terne IV»
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LifeTf
& en arcs de cloître, chauffée où les Dames en multipliant les gran-» deurs l'une par l'autre, ajoutées
porte-à-faux
que le iîxieme de Γ ordres
au lieu du quart ;
vingt-un fans efforts, intérieurs porteroient cherche fond, toi fes être mifes cîoifons Garderobe D. renfoncement t, CHAPITRE VII, à Metz diamètre 5 que Place Ν Place Ν placée |
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«u Heu de
Sc arcs de cloître ,
cbauilie
où les les Dames
gn multipliant les gran-
deurs de l'une paç l'autre, ajoutes
portes à faux
que le fixieme , au lieu
du quart: ving-un ,
fans effors,
intérieures,
porteroit
cerche
fonds,
troifes
être mue
cjoifon
Garderobe Β.
renfoncement ex
CHAPITRE V,
dans Metz
diamètre, que
Place L
Place L,
placé.
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COURS
D'ARCHITECTURE-
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LIVRE SECOND.
PREMIERE PARTIE. |
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TRAITÉ
DE LA DISTRIBUTION EXTÉRIEURE
,.,./.. ET INTÉRIEURE ES BATIM ENT S--
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9KBmÊS
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CHAPITRE PREMIER.
De la Distribution et då la Décorât é on des Jardin s de propreté. X^l OUS commencerons la diftribution , qui va
faire l'objet de ce IVe Volume , par celle des Jardins de propreté & des diveries parties qui les compofent. Nous ne répéterons point ce que nous avons dit
précédemment, touchant l'origine de l'Art du Tome IF» A |
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% Cours
Jardinage; nous renvoyons pour cet objet à Πη-
troduâion, placée à la tête du premier Volume de ce Cours!, & il fera bon d'y recourir, avant de pafïer aux détails que nous allons offrir dans ce Chapitre. Nous allons faire précéder ces dé- tails de quelques réflexions générales, pour nous préparer à l'étude particuliere de cette branche de l'Architecture. Notre intention n'eu: pas de fuivre aucun efprit
de fyilême dans ce que nous allons rapporter , concernant l'Art de diilribuer les Jardins ; nous fuivrons naturellement, ce que notre goût nous infpire à cet égard ; il eft d'ailleurs appuyé par les plus célèbres exemples que le Nôtre nous a laiffés en France, & prémuni des excellents préceptes établis dans le Trahi de la Théorie du Jardinage de h Blond, dans la dernière Edition duquel M. il'Argenville à ajouté des Obfervations aiuTi utiles qu'in téreiTantes. D'après ce que nous allons rapporter , nous
invitons nos Elevés à aller puifer eux-mêmes dans nos Maifons Royales, ce que nous y avons remarqué plulieurs fois, afin que par-là ils puifîent fe former un goût fur dans cette partie directe- ment relative à rArchiteûure. Perfonne n'ignore les progrès que l'Art du Jar-
dinage a faits en France fous Louis le Grand, & avec quel génie le Nôtre a fçû tirer parti aes occaiions quil a eues d'exercer fes talents fupé- rieurs : avant lui les Baptifte , les Cottart, les le Douteux & pîufieurs autres , avbient, fans doute, ébauché l'Art de planter les Jardins de propreté; mais aucun n'étoit parvenu à la per- fection ; on avoir déjà éifayé, à la vérité , de contraindre la nature , par le fecours de l'Art; |
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p'Arghïtëctürê. %
mais il étoit réfervé à le Nôtre de produire de
véritables chefs-d'œuvre. De ion temps, Jules Har- douin Manfard , nourri des principes de ce grand Maître , & pourvu comme lui d'un talent décidé, eut occaiion de planter les Jardins de Marly; δε il faut convenir que cette production feule lui auroit mérité le titre de grand homme , s'il ne fe fut déjà montré tel dans les divers Edifices qu'il avoit fait élever. Depuis ces habiles Maîtres , Moniieur Defgots,
digne héritier, particulièrement des talents de ces deux Artiiïes célèbres, a montré auffi une gran- de capacité dans le Jardinage ; & c'eit à fon exemple, que depuis , la plupart de nos Archi- tectes fe font appliqués à réunir à l'étude de l'Architecture proprement dite, celle de planter nos Jardins : nouvelle étude qui n'a pas peu con- tribué à donner un degré de fupériorité de plus à leurs productions ; car il eft aile de s'aperce- voir , ainii que nous croyons l'avoir déjà remar- qué quelque part, que la rivalité qui régnoit entre le Nôtre & Hardouin, les avoit fouvenr empêchés de fe concilier dans leurs projets : de maniere que dans pluiieurs des ouvrages où ils ofnt été appelés enfemble,l'un pour ériger les Bâtiments, l'autre pour donner les Deiïins des Jardins, on n'aperçoit que des beautés détachées, rarement des beautés d'enfembie; ce qui continuera toujours d'arriver, lorfque différents Artiites fe mêleront féparément v de ces deux objets. C'eft pourquoi nous per-- fiitons à délirer, que le jeune Architecte s'oc- cupe, lorfqu'il compofe le projet de fon Edi- fice , à concevoir en même temps, les Jardins , ies dépendances, & les diyeries iffues, avec au- tant de foin qyie toutes les parties qui regar- A ij
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4 Cours
0 dent la diftribution de fon principal corps-
de-logis.
Nous remarquerons, en parlant, que nos voi-
sins nous reprochent d'obierver trop de régularité dans la diihibiition de nos Jardins : ils trouvent que nous pouffons l'amour de la fymétrie trop loin ; que nous ne fçavons pas faifir cette va- riété enchantereffe que nous préfentent les di- verses productions de la nature : il femble, difent- îls , que nous ignorions la partie qu'ils appellent le génie. Ils nous reprochent que nos allées font ennuyeufes par leur uniformité, que nos paliflades font trop monotones & trop étudiées , qu'enfin nos Jardins font trop parés ; que tout y paroît contraint & afTervi aux règles de l'Art. Cette cen- fure n'eil pas tout-à-fait fans fondement ; mais il n'en eil pas moins vrai, qu'il a fallu prodigieufe- ment de talents, pour produire ceux de Veriailles, de Marly, de Trianon ; peut-être les feuls Jar- dins chez nous, où l'on ait afFedé une exactitude trop fcrupuleufe; encore eft-il bon de remarquer, qu'à Verfailles , l'Orangerie, le grand Canal, la pièce de Neptune , celle des SuifTes , & les Par- terres d'eau, font d'une beauté, d'une grandeur & d'une magnificence, qui n'ont point, ou bien peu de rivales en Europe : qu'à Marly, la dif- poiition du Château & des douze Pavilions, en- tourés des berceaux artificiels qui les accompa- gnent, /ont d'une heureufe invention , & traités dans le meilleur genre : qu'enfin on en peut dire autant des Jardins & des Bâtiments de Trianon, ainfi que des Tréfors fans nombre, contenus dans les bofquets de ces trois belles Maifons Royales. Peut-être conviendrons-nous cependant , que
les Jardins île Meudon, de Seaux 9 de Chantilly |
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d'Architecture. f
©rîrent d'autres beautés : certainement la nature
s'y montre avec plus d'éclat ; & ces trois pro- ductions annoncent vifiblement que le Nôtre a fçu profiter, en homme de génie , de la difpo- iition des lieux, pour produire des fcenes nou- velles , &, en général, un fpeclacle digne de la plus grande admiration. Qu'on ne s'y trompe pas» le jugement que nous portons ici, eil celui que les Nations éclairées en ont porté elles-mêmes % & qu'enfuite elles ont imité avec un certain fiio cès, fans en excepter l'Angleterre, qui, depuis quelques années feulement, a imaginé de ne plus faire que des Jardins champêtres, & préféré le beau défordre de la Nature, à l'appareil de l'Art le plus étudié. Ce fyilême qui commence à pren- dre parmi nous , plus par inconitanee, que par raifon, demande à être difcuté avec beaucoup de prudence, cette imitation étant fouvent trop im- parfaite, & plus fouvent encore, peu digne de la ibmptuoiité des Bâtiments qui donnent lieu à nos Jardins parés. Ce n'eit pas que nous voulions donner à en-
tendre, que la nature , dans fes divers afpe&s , ne foit bonne à imiter; mais nous croyons feu- lement qu'il ne faut pas vouloir toujours la fai- fir à la rigueur. Par exemple , qu'à l'extrémité d'un grand Jardin, pour fe délafîer d'une fymétrie trop aiFeftée, quoique fouvent indifpenfable dans les parties découvertes, on offre à nos regards des campagnes peu cultivées; ou qu'à la fuite d'une lon- gue allée , on laiffe apercevoir lefrte des environs , nous applaudiifons à cette variété d'objets; parcs que de tels environs , par leur négligence pit- torefque, tendent à faire valoir la difpofition régu- lière des Jardins intérieurs. Certainement alors , ce Anj
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ë Cours
mélange de la nature & de Tart, produit un effet
fublime, & ne peut que déceler la capacité de l'Artiite, ainfi qu'on le remarque à Marly, & plus particulièrement encore à Seaux, déjà cité. Ofons le dire ici, qu'on y réfléchiiTe, eûVcë ·
véritablement imiter la nature , que de chercher, fous prétexte de variété, à introduire dans un Jardin de peu d'étendue, des monticules, dés chemins tortueux , des fentiers en zigzag , des étangs de forme irreguliere , des cavernes, des buttes, enfin des bouquets d'arbres fans liaifori , & d'efpeces différentes, le toitt entremêlé de Kiofques, de Pavillons, d'Öbélifques, de Colo- nades , de Tombeaux épars ça & là, & dont l'en- femble n'offre qu'une certaine confuiion, loin de préfenter les cömpoikions fymétrifées que l'on re- pro clie/ à nos Jardins. Qu'on nous permette quelques réflexions : fi,
véritablement, ce fpedtacle a quelque chofe d'in- téreiTant, ne conviendroit-il pas plutôt de choïfiir là nature que de l'imiter? pourquoi ne pas faiiir m'ifif- tinétement un lieu tout fait, âiniî qu'il s'en rencontre mille dans les environs des grandes Capitales, & en- fuite aiïbrtir au local de ce lieu champêtre, lés Bâtiments d'habitation , pour que l'un & l'autre, paroiiferit faire tin feul & même enfembie , de maniere qu'il ne refteroit plus que quelques-unes des parties de ces lieux originairement incultes à réparer ou à entretenir dans leur état naturel, en remédiant à ce qu'une inondation , ou un£te trop brûlant, aurôit pu détruire ou altérer. D'a- près cette idée, qui nous paroît fimpîe, combien n'éviteroit-on pas de frais immenfes, que coûtent de pareilles entreprifes, quoique ρrefque toujours imparfaites? Quelles Tommes n'emploient pas de- |
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d'Architecture. 7
puis quelques années , plulieurs Seigneurs An-
glois, dans leurs Jardins prétendus modernes, à en juger par celui de Stowe en Buckingnam- shire , appartenant à Richard Grandville , Lord Temple, rapporté dans un nouvel ouvrage tra- duit de l'Anglois par un homme de goût, & dans lequel nous avons trouvé des traits de génie , nous «n citerons quelques-uns, en donnant la def- \ cription des Planches contenues dans ce Cha- pitre; mais avant d'y paffer, clifons un mot de l'ouvrage dont nous parlons. *♦■' LesAnglois ont long-temps obfervé la plus grande
régularité dans la diftribution de leurs Jardins ; ce n'eft guère que depuis le commencement de ce fiecle, qu'ils fë font éloignés du goût de la France en ce genre. L'imitation de la nature , qu'ils afferent aujourd'hui, eft due, à ce qu'on prétend, au génie du célèbre Kent, Auteur re- connu à Londres, comme un homme plein _de talents, même dans rArchitefture & dans la Pein- ture : ce fut lui, dit-on, qui en 172Û, ofa s'é- carter de regies dele Nôtre, dans la compofi- tion des bofqtiets èe la Maifon de campagne du premier Miniilre Ptlham,& qiu introduit dans la fuite la méthode de préférer l'irrégularité à la fymétrie, ufitée jufqu'alors. On petit dire néan- moins, qu'il n'en eft pas précifément l'inventeur; car indépendamment , de ce que dans tous les temps cette méthode avoit été fuivie en Afie, il avoit été prévenu à Paris par Dufrény (λ), a |
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. (a) Dufréni connu favorablement dans la Littérature, ävök
un goût dominant pour l'art des Jardins ; il s'étoit fait un iyite- mc en ce genre qui n'avoit rien de commun avec ccnn des A iv
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8 Cours
peu-près contemporain de le Nôtre. Kent d'ail-
leurs n'jgnoroit pas ce que le Père Duhalde nous a rapporté des Jardins Chinois , qui affe&ent 9 dit-il, un certain défordre champêtre dans toutes leurs promenades , ce qui nous a été confirmé depuis par Moniteur Chambers (£), à préfent premier Architecte du Roi d'Angleterre, qui, en 1757, nous a donné X Art de, dijtnbutr Us Jardins ■ filon Cüjage. des Chinois ; Ouvrage dont nous avons rapporté un extrait dans lintroduQion du pre- mier Volume de ce Cours, page 149. Au reite, cette excellente traduction des Jar-
dins Ànglois, doit être eftimée parmi nous, comme |
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«rands hommes de fon fiecle ; il-atmoit les terreins irreguliere ,:
il lai falloit des obftaclcs a vaincre. Les Jardins de Mignaux près Poiify , ceux de l'Abbé Pajot près Vincennes , ont été Îliantes par cet habile Maître, & ont eu une allez grande cé-
(ibritéj il avoit auffi fait planter deux Jardins, dont les ter- reins lui appartenoient, au fauxbourg Saint-Antoine , l'un connu fous le nom du Moulin, l'autre fous celui du Chemin Creux. Louis XIV qui fe connoiiToit en mérite 3 lui avoit ac- cordé un brevet de Contrôleur de fes Jardins, en faveur de pluiieurs projets qu'il avoit faits pour ceux de Verfailles ; mais la fingularité du génie de Dufrény , & l'txceffive dépenfe qu'il auroit fallu faire pour parvenir à l'exécution, les fit aban- donner. Voyez le Difcours préliminaire placé à la tête du Livre intitulé Y Art de former ies Jardins Modernes , &c, (i>) Voyez auffi. une Defcription inférée dans les Lettres
Edifiantes, publiées en 1749, envoyées de Péquin, en 174? , à M. d'Arfaut, par le frère Attirer, Peintre de l'Empereur de la Chine. Ces Lettres renferment des détails auili curieux qu'intérefTants fur la partie des Jardins dont nous parlons. Néanmoins, à en juger par ces Defcription s, il eft a croire qu'ils font compliques de trop d'objets &. de magnificence , pour que l'imagination puiffe s'y peindre une felitude; tant àe richeife, félon nous, étonne plus qu'elle ne fatisfaitj elle femble exclure l'idée d'un féjour champêtre & tranquille, dé- faut qu'on pouroît peut-être reprocher auili aux Jardins de Verfailles, quoique dans un autre genre. |
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d'Architecture. f
étant utile aux Artiiles, aux Peintres , aux hom-
mes de goût, & contenant un nombre d'obfer- vations fines & iingulieres fur les différents ob- jets du jardinage. L'original Anglois fut publié dernièrement à
Londres, par Sir Thomas Whatdy ; nous aurions déliré de même pouvoir nommer le Trädu&eur» pour lui rendre le jufte tribut de reconnoiffance que nous lui devons, de nous avoir donné dans notre langue , cette efpece de chef-d'œuvre (c) 9 peut-être unique dans fort genre 9 & auquel Γοη, ne peut guère reprocher, ainii que le Traduc- teur en convient, que d'avoir un peu outré le nouveau fyftême des Jardins Anglois , & d'ea avoir banni la fymétrie avec trop de rigueur. PaiTons.à préfent à quelques pbfervations gé-
nérales fur l'Art de planter les Jardins & les dif-4 férentes parties qui les environnent. . Observations générales sur les
nlfférentes parties qui cgmpq« SENT LES JarOINS.
Préjugé à part, les nouveaux Jardins Anglois }
fans doute, ont de la beauté, en ce qu'ils ap- prochent de plus près de la nature ; mais qu'il eft difficile d'y atteindre! Combien d'Artiites, loin de la rendre effe&ivemcnt, la contrefont, croyant l'imi- ter ! D'un autre côté, nos Jardins en France font ad- mirables; mais ne peut-on pas auffi leur repro- cher trop de contrainte & de régularité ? Cer* (c) Cet Ouvrage in-8°, eft intitulé, Y Art de former les Jardins
modernes^, ou l'Art des Jardins Anglois 3 traduit de Γ Anglois* r<£ Paris, chez Charles-Ahtoinc Jombert. |
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ίο G ο υ ii s
tamement, il n'a pas fallu moins que la célébrité
de le Nôtre , pour avoir fixé , pour ainfi dire, la maniere uniforme de planter nos Jardins. Nous aurons occafîon ailleurs de difcuter ces différentes opinions , lorfque nous décrirons les Plans des Jar- dins que nous offrirons dans ce Chapitre : parlons à préfent à quelques obfervations intéreffantes. I.
\ Selon la difpoiition des Jardins , les furfaces
planes doivent dominer principalement dans les Ëfplanades, qu'on pratique ordinairement devant les principaux corps-de-logis ; néanmoins , il ne faut pas abufer d'une planimetrie trop considé- rable ; alors l'œiiil n'y trouve ni repos, ni fatis- facüon : qu'on γ réfléchiiTe, il faut des limites qui\ le délaffent d'une trop vafte étendue ; il faut que la variété répandue dans ces limites foit affez pi- quante, pour le dédommager d'un efpace conii- dérable, tenu dans un parfait niveau : fans doute, on peut faire entrer dans fon projet des parties découvertes, pourvu qu'elles fe trouvent termi- nées par des objets d'une élévation proportionnée à leur efpace; alors ii ceux-ci font bien enten- dus, ils formeront une agréable perfpe&ive , & attireront dans l'intérieur des bofquets le fpe- Êtateur, qui viiitera, avec autant de plaiiir que de furprife , les chefs-d'œuvre qu'ils contiennent : autrement, û une paliiTade, une charmille, maf- ^Öeht la vue, fans contribuer à l'effet général, l'objet que s'étoit propofé i'Architeâe êft manqué. II.
,: L'accord des parties entr'eÎies dans un grand
Jardin, eil peut-être ce qui exige le plus d'atten- |
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d'Architecture, ï ï
tion ; vient enfuite la variété du fol : pour y par-
venir , les parties renfoncées, telles que les Bou- lingrins , font d'une grande reiïburce ; ils font peut-être préférables aux parties élevées , con- nues fous le nom de Fertugadins : cependant ces derniers ne doivent pas être négligés ; leur application dépend de l'effet qu'on a droit d'atten- dre de' leur oppolition avec les Boulingrins;, dit moins ceux-ci ont-ils l'avantage de laiffer pâffer la vue ; les Vertugadins au contraire, femblent devoir être préférés pour en limiter l'étendue. Il faut donc combiner l'avantage & le défavantage que peuvent produire ces cavités ou ces érni- nences , & fçavoir que les premières réuffiÎTent prëfque toujours bien dans un Jardin peu fpà- cieux ; les féconds dans des lieux varies & portés à une très-grande diftance. Certainement, c'eilpär rufäge modéré que Ton fait de l'un & de l'autre, ou des deux enfemble, qu'on parvient à l'imita- tion de la nature, fans laquelle, un terrein qu'on Veut embellir, n'Offre rien de féduifànt. Lès principes de l'Art du Jardinage font égale-
ment intéreiîants à fuivre dans les grandes entre- prifes , comme clans les »plus petites; car quoique dans les premières , on puiiTe moins s'aperce- voir des écarts de ΓArtifte , Tmobfervation dès lois , & le défaut d'union entre le tout & les par- ties , deviennent néceiTairement la fdurce de la confuiion & du dégoût qu'on éprouve à 1'äfpeä: des lieux où l'on a violé les préceptes fondamen- taux de l'Art, & l'imitation de la nature. ; M V.
Nous femmes d'avistfévitèr, ôutÎu moins , de
|
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12 Cours
faire peu d'ufage des formes circulaires dans les
compartiments des Parterres , dans le contour des bofquets & des paliifades, à moins que chacune de ces formes ne ioit accompagnée, dans ion ex- trémité , par des corps re&ilignes, & par des an- gles droits ; d'ailleurs leur oppofition fert à faire valoir les urçes par les autres, fans compter que leur exécution devient plus facile , & leur entre- tien plus aifé, V.
Lorsqu'une fois on a fait choix d'un flyle élé^
gant pour préfider dans la difpoiition & dans la décoration d'un Jardin de propreté, il faut dans toutes les différentes parties qui le compoiént, y obferver des formes délicates, douces & naïves : des effets terribles , des impreffions trop vives, des formes contrariées, en un mot tout ce qui fent l'effort, trouble la jouifTance qu'on doit éprouver à l'afpe£r. d'une fcene deilinéë à l'amufement & au plaiiir. Ici il faut employer une variété iifc- génieufe ; l'uniformité efl iouvent languiiTante, la fublimité même y paroît déplacée : c'eil la di- verfxté des formes qui anime tout, c'eft la dif- pofition du lieu qui doit déterminer le contrafte de celles qui s'avoiflnent l'une l'autre ; certai- nement leur difpoiition change leur eiFet , quoi- que leur configuration foit la même. Qu'on ne s'y trompe pas , il faut beaucoup de goût & d'expé- rience pour juger de l'accord que doivent pro- duire fur le lieu les deiîins conçus dans le iilence du cabinet ; pour déterminer sûrement quel enfemble il réfultera de la penfée qu'un crayon facile aura tracée fur le papier. VI.
Une des raifons qui rendent moins intéreffantes
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d'Architecture- i^
les fcenes deilinées à représenter la douceur 8i
l'aménité dans les formes ; c'eil que malgré la va- riété dont elles font fufceptibles, elles admettent peu de contrarie. Sans cloute la variété nous plaît, & nous fommes frappés par le contrarie ï auiTi efl-ce à l'Artifie à difpofer fon plan , de maniere que tour-à-tour, Tune & l'autre fe' trou- vent répandues dans fa compofition. On doit s'en fouvenir , une régularité trop générale décelé l'Art; or, celui-ci une fois aperçu, détruit tout le preftige qu'on doit rencontrer dans une pro- menade formée de parties diilinâes, découvertes, & féparées les unes des autres. :" ',:..' '-' '../ ':: vu. ".. ~. ' Ί *
Dans les grands Jardins, fur-tout dans les par-
ties les plus éloignées du Bâtiment d'habication, il faut fouvent bruiquer les efforts de l'Art pouf parvenir à mafquer ou mettre à découvert cer- taines parties, qui ne peuvent figurer avec le refte de la compofition , laquelle demande quel- quefois à être traitée dans le genre terrible, fo- litaire, ou tout-à-fait pailoral. Suivant ces diffé- rentes circonflances, il eil des écarts préférables à toutes les règles prefcrites par l'Art; combien de fois la fingtilarité n'a-t-elle pas élevé l'ame , & produit une furprife agréable en ce genre !" Il ne s'agit pas pour cela de grands efpaces, de lieux valles; il faut feulement un génie fublime» des penfées fortes, hardies, & fur-tout le talent de faire choix du caractère le plus convenable à l'objet qu'il s'agit de traiter. Nous avons vu des, Jardins en Allemagne, dont pluueurs pécjioient fouvent jpar les beautés d'enfemble, & par celles du deifin ; nous y avons néanmoins remarqué |
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Ï4 COU RS
àes parties ou le génie & le gout de l'Amite qui
les avoit plantés , ofFroient aux regards des con- noiffeurs, ce preiiige, cette chaleur &: cet enthou- fiafme dont nous voulons parler, & qu'on ne ren- contre point, ou que rarement chez nous. ' ' * ' VIII.' "'""'":.
1 Les Jardins publics doivent être tout autre-
ment traités que ceux des particuliers. Certaine- ment on manqueroit fon but, fi on n'y plantoit pas des allées très-larges, & ii l'on négligeoit leur ali- gnement : en cela , celui des Tuileries eil: fans contredit un des plus célèbres exemples que l'on puiffe citer; auiîi Thomas "Wathely, dont nous avons déjà parlé 9 lui accorde-t-il le premier rang , malgré ion goût dominant pour le nouveau genre^^qui regne actuellement dans les Jardins d'Angleterre. IX,
Non-feulement les formes fe refiemblent un peu
trop dans nos Jardins ; mais, ce qui contribue peut-être à les rendre plus monotones encore , c'eft l'uniformité dans l'efpece des arbres dont ils ■ font plantés : ii l'on étoit bien perfuadé du pouvoir qu'ont fur notre ame les différentes nuances que nous offre la verdure de chaque «fpece d'arbres , fi fon prenoit foin de les op- pofer les uns aux autres, ii enfin l'on avoit l'at- tention de diverfïfier leurs formes ; combien , fans trop nuire à la fymétrie, ne réuiîiroit-on pas a donner & plus de vérité & plus d'éclat à nos Jardins parés! A ces préceptes , joignons plufieurs obferva,-
tions eifencielles à faire, avant d'entreprendre la |
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V'''- ι "'".'·;■
D'A RCH1TECÏÜRE. }$
diitribution des Jardins qui font ordinairement
partie des parcs deilinés aux promenades de nos Maifons Royales, de nos Maifons de plaifance, '& même de nos Maifons de campagne. D'abord, il faut fçavoir choiiir une fituation
avantageufe [d), une expofition faine & falubre , un excellent terroir , la cemmodité du lieu & l'abondance des eaux. Après, vient la difpoiition? qui confiile à, corriger la trop grande irrégularité du terrein, à tâcher, autant qu'il eil poffible , de prolonger le coup d'œuil que forment les prin- cipales allées; erffin, à ne pas mettre inconfidé- rément toutes les parties de ion Jardin à décou- vert. On doit non-feulement fe procurer un om-: brage qui conduife du principal corps-de-logïs aux pièces de verdure qui en font toujours affez éloi- gnées ; mais encore exciter les étrangers à aller viiitet les différents bofquets, qui, chacun fépa- rément, peuvent contenir des curioiités dignes de la plus grande attention. En un mot, il eil bon de donner diverfes formes aux différentes pièces de verdure , en tâchant, le plus qu'il eil polfible, d'imiter la nature dans fes productions,,Cette belle imitation de la nature, doit, dans prefque toutes les occafions, être regardée comme un des prin- cipaux mérites de l'Art du jardinage. De ces obfervations générales, paifons à quelT
ques réflexions particulières ; il. ne faut pas s'at- tendre néanmoins que ces nouvelles réflexiorjs puiflent feules former d'excellents Artiiles : nq§ |
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(d) En Allemagne, on préfère,1a^fituation des montagnes
aux vallées : en Angleterre on fait choix des fonds a cauiè äel canaux : en France on bâtit à. nii-côte aiTez généralement, jjinfi'qu'on le remarque à JMiarly, a Sa^iK-Cloud., &c. ;> - |
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'ï6 Cours
leçons ne peuvent guère être de quelque fe*
cours, qu'à ceux, qui doués d'une heureuie in- telligence, peuvent découvrir beaucoup au-delà de ce que nous leur enfeignons : nous nous mé« £erons toujours de ceux qui s'en rapportent trop littéralement à ce qu'ils liient dans nos Ouvrages« D'ailleurs, qu'on y prenne garde, la plupart de nos obfervations, quoique puifées dans la fource des préceptes, ne peuvent erre univerfeiles ; nous n'avons pas même la prétention de croire que le plus grand nombre puifîe fervir de regle ; on trou- vera fans doute très-peu de ces dernières qui ne fouiFrent des exceptions, & beaucoup d'autres, dont on pouroit fe difpenfer dans une infinité de circonftances ; mais, du moins, nous nous flat- tons que ce qui nous refte à dire, fera de quel- que utilité aux Elevés déjà avancés dans cette partie de l'Art, & les mettra à portée de préférer telle forme à telle autre forme , félon les divers genres qu'ils auront à traiter. 11 ne faut donc pas conclure des obfervations
précédentes, que nous peniions qu'il faille négli- ger d'embellir les Jardins des Maifons de Plaifance & ceux des Maifons élevées dans les cités ; il efl, fans doute , néceffaire de remarquer une affez grande diitin&ion entre eux & les Parcs, les Bois , on les Forêts proprement dites : mais nous ofons avancer, qu'une promenade n'eft véritablement belle, que lorfqu'elle rafTemble des points de vue . intéreffants hors de fon enceinte: de maniere qu'après avoir orné, par le fecours de l'Art, les parties découvertes qui environnent le principal corps-de-logis , on puiife apercevoir à travers les maffifs deftinés à donner de l'ombrage à ces Jardins , des dehors capables de fatisfaire rceuil s
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B*Ar chiTeçt ürè. tj
ϊφχιύ, em faifant paffer alternativement le Specta-
teur , d'une régularité raisonnable, à des formes pittorefques que produiient ordinairement les vallées, les coteaux, les montagnes \ double avan* tage qui transporte, pour ainfi-dire, le poffeiïeur d'un pareil domaine, de la contemplation de la nature , à l'admiration des chefs-d'œuvre de l'Art. Nous venons de dire > un peu plus haut, à peu- . près la même chofe ; mais nous ne craignons point de le répéter : il s'agit ici de l'application des préceptes , il s'agit de faire des citations qui frappent, & qui déterminent à telle ou telle forte d'imitation. D'après cet aveu, nous dirons qu'on eft touché de cette contemplation, &, tout enfemble, de cette admiration, lorique dans les Jardins parés de Saint-Germain-en-Laye , de Meu- don, de Saint-Cloud, on jouît de la beauté des dehors, & de la variété champêtre qui les envi- ronne : qu'au contraire, à Verfailles, à Trianon , l'Art feuî y brille de toute part; enforté que les tréfors qu'ils renferment, préfentent plutôt à î% magination l'effort de 1'efprit humain, que cette belle iimplicité que doit nous offrir la nature, Simplicité, qui, au lieu de fontaines jailliffantes revêtues de bronze, d'efcaliers en marbre , de murs, de terraffe en maçonnerie, de berceaux ar- tificiels élevés à grands frais, ne nous préfente que des cafcades de verdure, des rampes douces ^ des gradins de gazon, des berceaux naturels, des paliffades. où, rindnftrie paroît peu, mais qui fouvent font préférables à tout ce que l'Art a de plus féduifant & de plus riche; car, ofons le dire, cette profuiion de vafes AîlSfe ftatues faites de matières préciéufes, eft plus propre à déco- rer avec magnificence l'intérieur de nos appar- Toms IK B |
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ι8 Go υ R s
tements, qu'à orner les Jardins de nos Maîfonc
Royales. On diftingue ordinairement trois efpeces de
Jardins , ceux d'un niveau égal, ceux à mi-côte, & ceux qu'on nomme en terraffe, ainfi que nous Venons de le remarquer précédemment. Les Jardins plantés dans les plaines, font les
plus agréables pour la promenade ; d'ailleurs leur exécution & leur entretien font moins difpendieux. Il eft vrai qu'il faut employer beaucoup d'Art & de variété, pour fe dédommager de fair de tnfteffe qui y regne , fans compter qu'on n'eil pas dif- penfé, dans ces Jardins de niveau, de pratiquer des pentes fuffifantes pour l'écoulement des eaux du ciel, puifqu'autrement , elles iéjourneroient dans les allées, y cauferoient des ravins, & les détruiroient en peu de temps. De cette néceiTité indifpenfable, il peut arriver qu'on pratique des terraifes comme aux Tuileries, des tains & des gradins de gazon comme à Choiii, ou enfin des rampes douces , telles qu'on en remarque dans les Jardins des Châteaux de Meudon , de Mont- morency, &c. Les Jardins plantés à mi-côte, font les plus fa-
tigants, quoique de diftance à autre, on y pra- tique des terraffes & des pentes douces, pour en réparer les inégalités, & parvenir aux efpîanades, aux pièces découvertes , aux falies de verdure , aux principaux bofquets, &c. Quelquefois aufïi on met en œuvre les talus & les gradins de ga- zon qu'on place en face de chaque maîtreife allée : mais il n'en eft pas moins vrai que ces fortes de promenades font d'un difficile accès , malgré le fpeâacle intéreiTant que procurent à ces Jardins les amphiteâtres, qui femblent en redrefler la dif- |
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d'Architecture, 19
fbrmité. Pour conferver la pente des allées de
ces Jardins à mi-côte, lorsqu'ils font au-delà de quatre pouces par toife, on pratique des mar- ches de gazon en zigzag, connues fous le nom de chevrons ; à deilein de rejeter les eaux des deux côtés dans les maiïifs des bofquets , ainii que nous aurons occaiion d'en parier dans la fuite ; mais il ne convient de les employer, que loin des promenades les plus fréquentés. Les plus magnifiques Jardins, à notre avis f
font ceux plantés fur le fommet des montagnes. ? tels qu'à Meudon & à Saint-Germàin-en-Laye : ces fortes de Jardins font généralement eiHmés , non-feulement, à caufe que de leur fol on aper* çoit les environs; mais parce qu'ils font favora- bles à la chiite des eaux, leur niveau n'étant ja- mais aifez parfait, pour qu'il ne s'y rencontre pas quelques terraifes, qui, fe fer-vant mutuellement de réfervoirs, font également un bon effet, fpit que ces terraifes foient aperçues d'en bas , ou qu'elles foient aperçues du lieu le plus éminent. Il n'en faut pas douter, ces différents afpecls de- viennent autant de fcenes différentes dans le? Jar- dins dont nous parlons, ce qui leur fait donner la préférence fur tous les autres 3 pourvu, toutefois,, que leur planimetrie puiiiè avoir une certaine étendue , depuis le pied de l'édifice, jufqu'à la premiere terraffe & ainii de fuite. Ces Jardins , à la vérité , coûtent de très-grands frais, & exi- gent un entretien comldérable ; mais comme ces fortes d'entreprifes font réfervées pour les Mai- fons Royales, &, après elles, pour celles de la premiere importance, & toujours, lorfque la ii- tuation femble l'exiger, l'agrément qui en ré- sulte, dédommage, en quelque forte? de la dé- |
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ία Cours
penfe qu'on eft obligé de faire pour la conitru$ioii
& la plantation de ces Jardins de magnificence. D'après ce que nous venons de rapporter» il
€É aifé de concevoir que l'Architecte compofera fes Plans , à raifon de la différente difpoiition des terreias où il doit projeter: il aura l'attention de ne pas faire ufage des formes reçues pour un Jafclin à mi-côte ,ïorfqu'il s'agira d'un Jardin déni* veau, ou d'un Jardin en terraffe : pour cela, il doit prévoir que l'optique racourciffant toujours les grandes longueurs, lorfqu'elles font difpofées horifontalement , il faut leur donner une éten- due plus ou moins confidérable, félon leur dif- tance, & le point de vue d'où elles doivent être aperçues; que par la même raifon, il faut procurer une forme elliptique à un tapis vert, ou h une pièce d'eau qu'on veut faire paroître circulaire; qu'on doit former un carré long , lorfque l'on veut faire apercevoir un quadrilatère; qu'il faut les rendre plus ou moins oblongues , félon que le terrein fera de niveau, en pente douce, ou pré- cipité ; qu'enfin il convient d'en ufer de même pour toutes les parties, qui » formant retraite, îe trouvent élevées les unes au-deffus des autres, afin qu'étant aperçues d'en bas , leur hauteur apparente ait une proportion convenable, & avec leur largeur, & avec les parties qui les environnent. Ces diiFérentes confidérations exigent certaine-
ment une intelligence au-deffus de la routine or- dinaire ; néanmoins il ne faut pas s'en rapporter à la feule théorie, ni à un defïin quelquefois compofé de formes élégantes & d'affez bon goût. Qu'on ne s y trompe pas, il y a fouvent loin de l'effet que préfente l'image à l'exécution : com- bien de, fois n'avons-nous pas.vu, des productions |
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d'Architecture. 21
ingénieufes , tracées fur le papier, qui, traduites
fur le terrein, n'oiFroient plus t[ue des formels contraitées , chimériques & hafardées ? PaiTons à préfent aux difïerents objets qui
compofent les Jardins de propreté; commençons par les parties découvertes, telles que les par- terres, les boulingrins, les fontaines jaiMhTantes , les terraffes, <& autres compartiments, placés ordi- fîairement dans les Efplanades qui environnent lô principal corps-de-logis & fes dépendances. Observations particulières s&k
LES DIFFERENTS OBJETS Qpï SE
placent a découvert dans les
Jardins de propreté. |
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Des différentes fortes de parterres.
Les Parterres (*) font de grandes pièces entre-
mêlées de fleurs & de verdure, peu élevées & enfermées de plates-bandes, ou feulement par des bandes de gazon ; ces parterres font àmii entourés de grandes allées découvertes. Ces allées, comme les Parterres, occupent ordinairement FÈfpÎanade qui environne le corps - dé - logis du côté des Jardins. La Forme des Parterres dépend de Tef- pace découvert qui les contient, auffi-Hen que de celui des charmilles Se - des paluTades qui les entourent. Le rapport dé leur longueur à leur lar- geur, eft, pour ainfi-dire, indéterminé; cepen- (e) Parterre du verbe'Latin Partiri, <îivifêr;il fignîfîoic art*
ttënnëtïïéfet «ne »lace à bâtir, àrea hartenfis. Biij
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tl C OURS
dant ils doivent avoir une certaine relation avec
la grandeur du lieu qui les reçoit. En général, il faut que les Parterres foient compofés de grandes parties, & Ton doit avoir l'attention d'employer peu de détails dans leurs ornements , princi- palement lorfqiuîs fe trouvent iitués dans des lieux varies & fort étendus : on peut nier de moins de retenue , lorfqu'au contraire ils font vus de près, & renfermés dans un endroit peu fjpacietix. Les plates-bandes qui entourent les Parterres,
font de quatre efpeces : les premières font celles qu'on laboure en arcs bombés; elles'doivent avoir au moins trois pieds de largeur, & au plus fix ; plus étroites, il eil difficile d'y diitribner des fleurs, qui, dans un Jardin bien entretenu, doi- vent fe fuccéder fans intervalle ; au-delà de fix pieds, il faut marcher dans ces plates-bandes pour les cultiver. Les fécondes font diftrîbuées par compartiments, à l'ufage des Jardins fleuriiles. Les troifiemes font feulement formées de traits de buis, avec des bandes de gazon au milieu, & féparées par des fentiers. Enfin les quatriemesfont d'un parfait niveau , & fablées comme le fond du Jardin. On y range des caiifes, des vafes, des ifs, des ärbriffeaux, &c. Toutes ces plates-bandes font formées par des traits de buis nain, à l'ex- ception de celles des Potagers, qui, au lieu de buis, font plantées d'herbes aromatiques, & quelque- fois entourées de planches de menuiferie peintes en verd, d'environ quatre ou cinq pouces de hauteur. On compte auiïi communément quatre efpeces
de Parterres : les premiers font connus fous 1© nom de Parterres de broderie ; les féconds fous |
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Β'A R C H i TICTURE. 1$
celui de Parterres à compartiments ; les troifiemés
fous celui de maiîifs en gazon ou à i'Angioife. Enfin, les quatrièmes font nommés Parterres de fleurs proprement dits. , : Les Parterres de broderie font ceux dont les
deffins font compofés de rinceaux , d'ornements, enroulés & entremêlés de fleurons, de palmetes , de volutes & d'entreias. Ces différents compar- timents font remplis de couleurs variées, telles que le fable, le mâche-fer, la brique battue ou le tuilot, qui leur font imiter la broderie. Les plus beaux Parterres que nous ayons dans ce genre en France , font, fans contredit, ceux du Jardin des Tuileries dû deiîin de le Nôtre; ils font com- pofés de contours coulants & variés, qui pro- duifent le meilleur eifet. Cette partie du Jardinage demande une étude fuivie : tel Architecte , qui d'ailleurs entend bien les ornements propres à la décoration intérieure'& extérieure des Bâtiments» fe trouve novice ici; c'eft pourquoi dans tous les temps, ainfi que nous l'avons déjà dit, plufieurs Artiftes de mérite ont fait leur capital de l'art de planter les Jardins, dans lequel fe trouvent com- pris les Parterres. Anciennement on chargeoit les Parterres d'ornements ridicules; on y faifoit en* trer des chiffres , des armoiries* des fupports ; mais depuis qu'enfin on à reconnu que le goût étoit-.l'aine de toutes les productions de ce genre, on a fenti qu'il n'eft point de vraie beauté, où regne le défaut de convenance. On eil parvenu à faire des deffins plus raifonnables, & dès-lors, les Parterres de broderie ont repris, faveur chez nous; on les emploie encore dans Jes Jardins pu- blics 9 dans les Jardins de nos grands Hôtels , & dans ceux des Maifons de nos riches particuliers. Β iv
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14 Cô ü ft s
On commence cependant à préférer, dans ces der-*
niers, les Parterres à compartiments, parce que l'on reconnoît tous les jours que lés rinceau^ s'approchant de très-près dans leur naiffançe 5 fi détruifent en peu de temps par la chaleur d'un été brûlant ; de maniere que les brèches que pro** duifent ces lacunes , deviennent défagréables à i'ceuil, & très-difficiles à réparer. Les Parterres à compartiments font ceux dont
le deffin fe répète de part & d'autre avec fymé*- trie, & qui, au lieu de broderie, font compofés de maiTifs de gazon découpés ; ces Parterres s'entourent auiîi de plates-bandes de fleurs comme les précédents. Ceux du Jardin du Luxembourg font de ce genre, & font devenus fort en tifagê dans nos Maifons de campagne > coûtant peu f étant d'un entretien facile, & fé rétabliiïant aifé- ment lorfqu'ils viennent à fe dégrader. Un agré- ment de ces Parterres, c'eft qu'ils font toujours verts, & compofés de moins de petites parties que ceux de broderie; d'ailleurs leur fimplicité s accorde fouvent bien avec les lieux champêtres· qui les environnent, convenance qu'il ne faut pas -négliger ; mûrement ces objets fé trouvent rarement d'accord avec l'enfemble, d*où il refaite un coup d'ceuil défagréable, que les bons Ai- tiftes favént éviter. Les Parterres connus fous le nom de maffifs
en gazon, different de ceux à compartiment, en ce qu'ils ne font compofés que d'un feul tapis vert, entouré d'une plate-bande aufli de gazon, avec un fentier qui fépare l'un & l'autre. Ces Parterres , encore plus ûmples que les féconds dont on vient de parler, font du reffort des Jardins des Maifons Seigneuriales, & éloignées de la Capitale* Pour |
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D* A R CHI TI'C'tpRE. *f
qu'ils foient beaux, il faut, ainfi que toutes les
pièces de verdure de' certe efpece , planter, ce gazon & non le ferner, & prendre foin de pré- férer l'Automne au Printems pour cette opéra- tion , à caufe ûes pluies abondantes qui fuivent cette dernière faifon;ce qui contribue à lui faire prendre racine promptement : de maniere , qu'en Mars, il peut être battu, tondu, farcie , & former un coup d'œuil agréable. Tels font à Paris , les Parterres du Palais Royal, lès feuls qui foient de la beauté de ceux qu'on plante en Angleterre, où effecti- vement ils font admirables, parce que l'humidité confiante qui y regne contribue beaucoup à leur perfection ; au lieu qu'en France , notre tempé- rature » & la négligence de nos Jardiniers, ne nous permettent guère, fans une dépenfe extrême> d% miter les Jardins Anglois à cet égard. Les Parterres de fleurs font ceux, tout corn«
pofés de plates-bandes, chantournées en compar- timents» Sl entourées d'autres plates- bandes droites & continues, le tout rempli de fleurs de diffé- rentes faifons, & au milieu defquelles fe pla- cent des arbuites, des arbriffeaux, & des plantes vivaces, qui forment un enfèmble agréable & varié. Quelquefois au milieu de ces derniers Par- terres , on place des corbeilles , exécutées par des freillageurs, & qui s'élèvent pyramidalement, Ce qui contribue à les embellir encore. Ces fortes de Parterres devenus à la mode aujourd'hui, s'e- xécutent dans de petits Jardins particuliers, près dès appartements privés ; & Γόη prend foin, dans leur compofition, de faire entrer des bafüns* qui, en favorifant leur culture , produisent Un coup (ÈFteuil intéreiTaiit, de llntëriêùf du Bâtiment, , |
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Z)^i Boulingrins & des Vertus-Gadins*
Les Boulingrins ( ƒ) feplacent aiiez ordinairement
près des Parterres, ou dans des bofquets particuliers, lorfqu'il s'agit de décorer les parties découvertes pratiquées au-devant delà façade des Bâtiments , ou qu'une trop grande quantité de Parterres de broderie ne procureroit pas aifez de variété; d'ailleurs ces pièces de verdure ont cela d'utile, que lorfqu'on veut pratiquer une pièce d'eau dans leur renfon- cement, cette profondeur procure plus de hau- teur au jet, ou facilite la multiplicité des nappes , lorfqu'on veut y introduire un buffet ou une caf- cade. Le Boulingrin qui nous a fait le plus de plaiiir dans ce dernier genre , efV celui des Jar- din de Trianoa, nommé le plafond. En général, ces pièces renfoncées, ont encore l'avantage d'é- viter la monotonie du fol dans la difpoiition & la diitribùtion des Jardins ; d'ailleurs , ils facilitent fon nivellement, & procurent des terres, pour élever dans leur voifinage des Vertugadins , qui font préciiement l'inverfe des Boulingrins ; ceux-là, pour la plupart, étant en élévation , ce que ceux- ci font en profondeur. Les Vertugadins diffe- rent encore des Boulingrins, en ce que , fur leur éminence, on place des fiâmes ou des vafes qui fe remarquent de loin, pendant que dans le fond |
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(f) Plusieurs Auteurs font dériver ce nom de boule, qui ii-
gnÎfîe rond & de grin, qui veut dire pré eu gazon ; mais en général, comme la ferme du Boulingrin eft arbitraire , on doit entendre , fous ce nom, toute pièce de verdure renfoncée en_glacis dans-fon' pourtour, 'èc ornée dans foi rmlku, d'un baiîin 3 ou d'un tapis vert, tel qu'il s'en remarque au Jardîa des Tuileries, & ailleurs. |
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d'Architecture. iTf
des Boulingrins , on n'introduit guères que des
tapis verts on des pièces d'eau; mais l'un & l'au- tre produifent également un coup d'œuil intéref- -fant, lorfqu'iîs font bien exécutés, placés conve- nablement, -d'une forme agréable, & compofés de grandes parties. - '. Des Fontaines , des Buffets & des Cafcades*
Nous ne parlerons point de l'origine des Fontai-
nes : le Blond, dans fa théorie du Jardinage, a rappor- té , page 318, l'opinion de plufieurs Auteurs à cet égard. D'ailleurs, notre but principal en: de parlée ici de la décoration des Fontaines jailliiTantes , qui different beaucoup de celles élevées dans les cités, dont nous avons rapporté quelques exem- ples dans le, deuxième Volume dç. ce Cours. Les Fontaines dont il s'agit ici , nous interreffent d'autant mieux , qu'elles contribuent plus que tout autre objet à FembelMement des Jar- dins de nos Maifons de plaifafice, & qu'il faut beaucoup de goût & d'intelligence pour en varier les formes, & les placer de maniere , qu'elles puiiTent être aperçues de différents afpects. Sous le nom de Fontaines i on comprend aiTez
ordinairement auffi les Cafcades & les ßuiFets.»- qui, comme les Fontaines jailihlântes, font fuf- ceptibles d'être compofées de membres d'Archi- tecture δε de Sculpture; mais qui, toutes également, peuvent être convînmes en pierre , en marbre, ou en bronze. Leur beauté capitale confiiïe dans la diilribution des eaux amenées d'un réfervoir par des tuyaux de différents calibres, qui pro- duifent des chûtes & des jets de diverfes efpeces, par le fecours de l'Hydraulique. Elle confiile en- |
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Ύ8 e ö tl r s
core dans le choix des attributs dont elles font
ornées, & dans le prix de la matière avec laquelle €Îles font conilruites ; cette partie de la décora- tion de nos Jardins parés ? exige la connoiffancé <iu defiln, regardée dans tous les temps , comme Tarne des productions des Artiftes. Certainement cette étude effencielle, réunie aux effets des eaux, ptéfente à Tceuil des curieux, un fpe&aele en- chanteur , qui contribue à rendre les promenades, ■et plus intéreffantes & plus agréables. Entre toutes les Fontaines, les Cafcades tien-
nent le premier rang; celles-ci font de deux ef- fîeces, les-^ unes , qu'on nomme Cafcades natu- relles , les autres, Cafcades artificielles : lès pre» filières s'appellent ainfi , parce qu'à limitation dé la nature, on profite de l'inégalité d'un fol môntueux, pour y produire des chûtes & des bouillons, fans que l'Art paroiife y prêter d'au- tres fecôurs que quelques pièces de verdure, des rocailles, des talus ce des glacis : d'ailleurs, ces 'Cafcades champêtres font ordinairement animées
^är des eaux de fource qui les font jaillir eonti- flueilement ; telles font la plupart de celles de Chantilly & de Liancour. A l'égard des Cafcades Rappelées artificielles , communément elles font
cotîftruites à grands frais, & ornées de chûtes , •Ctoime à Saint-Cloud ; de nappes , comme à
Seaux; ou enfin de chûtes & de nappes, comme à Trianon. On mêle auiîi à ces Cafcades, ou dans 4èS baflins qui les accompagnent, des bouillons,
dés moutons, des champignons, des girandoles, ' *ies gerbes, dès jets dardants , &c.
• A l'égard des nappes, il faut, lorfqu'on veut
« 'Qu'elles foient continues & fans rupture, qu'elles • aient peu 'd'élévation ; autrement il convient d'af-
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d'Architecture. 39
feaer des reiïaiïts fur les bords àes coupes ou cih
vettes d'où elles s'échappent; & alors leur hau-« teur peut devenir indéterminée. Les bouillons different des jets, en ce qu'il»
font beaucoup plus gros,"& qu'ils s'élèvent beau* coup moins. Les moutons font des efpeces de bouillons qui
ont beaucoup de largeur, mais très-peu d'éléva^ tion. Ils font fermés par une bavette de plomb, qui arrête la rapidité d'une eau fort abondante, amenée avec viteife, par une conduite venant du réfervoir; tels font ceux qui fe remarquent à la Cafcade champêtre de Mariy. Le Champignon ne diffère guères du bouillon »
qu'en ce qu'il s'élève d'une coupe de marbre , en ) forme de coquille , foutenue par une tige en ba- îuftre , ou par des groupes d'enfants, & qu'en tombant dans un autre baflin, il forme une nappe déchirée, qui fe précipite en bouillonnant. Les Girandoles font des efpèces de gerbes^
qui, vers leur extrémité , imitent, par leur ac- célération, la blancheur de la neige: on affefte quelquefois de mettre à côté des conduits qui amènent les eaux de ces Girandoles , d'autres tuyaux, dans lefquels font contenues des ventou- fes, qui, lorfqueîles viennent à s'échapper, font bouillonner l'eau , & produifent un bruit qui ref- femble affez; à celui d'une forte artillerie ; telles font celles qu'on voit dans la Cafçade, nommée la Çafcade des vents, en face du Château de Marly. Les Gerbes différent des Girandoles, en ce qu'elles
font compofées d'un faifeeau formé de plufieurs ajoutoirs de différents calibres, ou d'une platine de, brons®, peicie pif des tyou§ circulaires 911 |
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$ó Cours
oblongs, & d'inégal diamètre , qui font élever ces
gerbes pyramidaiement. Les Jets d'eau font pouiîes perpendiculaire-
ment à une très-grande hauteur, ainii qu'il s'en Voit à Sainî-Cloud , à Marly & à Veriailles , dont plufieurs furpailent foixante & dix pieds ; ce qui alors, les fait nommer grands Jets. Enfin on ap- pelle Jets dardants, ceux qui en s'élevant, dé- crivent une courbe parabolique, pour former , avec de pareils Jets qui leur font oppofés, un berceau d'eau , tel qu'il s'en remarque dans le bofquet des trois fontaines à Veriailles. Nous l'avons déjà dit, nous le répétons ; la
variété de& formes des Fontaines , des Buffets & Cafeades eil infinie ; la fituation du lieu, la dii- tance d'où ils doivent être aperçus , l'efpace cou- vert ou découvert, enfin les allées ou les pièces de verdure qui les contiennent, déterminent leur contour, leur grandeur & leur élévation ; autant de confidérations qui ne permettent guères d'af- figner de proportion particuliere fur ces divers objets ; c'eit le goût qui doit déterminer leur forme ; c'eit l'opuience des perfonnes qui font planter les Jardins, qui doit décider du degré de leur richeiTe ou de leur iimplicité ; c'eit enfin -, le plus ou moins d'abondance des eaux qu'on a à em- ployer, qui doit contribuer à en augmenter ou à en diminuer la capacité. Pour acquérir tous les degrés de connoiilance
qu'il convient d'avoir fur ces parties interrefTantes de nos Jardins, il n'en faut point douter , ce font nos Maifons Royales qu'il faut aller viiiter ; & là, le porte-crayon à la main, muni de l'exer- cice du deiîin, que nous avons tant de fois recom- mandé , on doit en figurer d'abord les mafîes ? |
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d'Architecture. 3t
puis quelques parties de détail, les obferver de
nouveau , & en prendre enfuite les principales dimeniions, fur tout lorfque ces chefs-d'œuvre de f Art fe trouvent dépouillés dö leurs eaux, afin den pouvoir mieux étudier l'arrangement , & en découvrir le mécanifme. Enfin, ii faut les revoir encore accompagnés alors de Teilet de leurs eaux ; & par ce procédé, on aura bientôt ac- quis la maniere de les concevoir , & d'en faire rufa,ge convenable dans la diihributioa de fes Jardins. >. Nous prendrons foin néanmoins, à la fin de
ce Chapitre, de donner quelques deffins de ces déférentes productions, en faveur de ceux, qui, éloignés de nos Maifons Royales, ne font pas à portée de puifer fur les lieux le véritable goût de l'Art, par l'examen réfléchi des ouvrages de nos célèbres Artiiles. Des différentes efpeces de TerraJfes.
Les TetraÎTes font d'une néceiHté abfoîue, dans
les Jardins ou les Bâtiments font fitués fur le fom- met d'une montagne , ou à mi-côte. De toutes les dépenfes qu'exige l'Art de planter les Jardins, celle des TerraiTes eil la plus coniîdérable, par les travaux immenfes qu'occafionne le tranfport des terres, leur déblai & leur remblai. Il eil vrai qu'il faut convenir que rien n'annonce tant la magni- ficence des Propriétaires, que les TerraiTes, ü\x- tout lorfqu'elles fe trouvent difpofées de maniere à former pluiieurs Jardins en amphithéâtres, & qu'elles font embellies par de grands efcaliers & 4s$ murs de revêtüTenient, traités dans un gepre |
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lelatif à celui du Jardin qu'elles environnent, âï
à l'importance de l'Edifice qui les amené fur la fçène. La Terraffe de l'Orangerie de Versailles, & les efcaliers qui l'accompagnent, font un des plus admirables modèles en ce genre. Sa gran- deur , fa beauté, & fa magnificence, égalent les plus célèbres entreprises uqs Romains. Après cette Terraife, cello de Meudon, quoique dans un tout autre genre, mérite les plus grands éloges, auM* bien que celle du Château neuf de Saint-Germain- en-Laye. On en voit plufieurs autres dans les Jar- dins de nos Maifons de plaifance, qui, quoique moins coniidérables , ne doivent pas moins être l'objet de l'étude particuliere des Elevés qui veu- lent acquérir toutes les eonnohTances de cette partie de l'Art. Ordinairement, on compte trois efpeces de
TerraiTes : les premières , font celles foiitenues par des murs de maçonnerie, revêtus de membres d'Architeclure, tels que des boffages, des refends, des cadres , des tables, qui, à leur tour , reçoi- vent, félon l'importance des lieux & les objets qui les avoiiinent, des congélations, des pétrifi- cations, & autres ouvrages de fculpture ruitique, & fe terminent le plus fouvent par des baluftrades couronnées de trophées, de groupes d'enfants, &c. Ces fortes de Terraifes exigent fouvent des efca- Uers en pierre ou en marbre, dont nous dirons quelque chofe, après avoir parlé des deux autres genres de Terraifes. Le fécondes font celles , qui, au lieu de murs
de revêtuTement, font feulement foutenues par rdes talus de gazons qui entretiennent les terres » & fur lefqueîies, de diftance à autre, on forme $e& gradins pour y monter ou en defeendre plus facilement:
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d'Architecture 55
facilement : on orne alors ces terraiîes avec des
arbriffeaux, des arbres en boules, des itatues 9 des vafes , &c. Les troisièmes , font celles où l'on n'emploie
ni les murs de revêtiffement, ni les talus de ga- zon ; mais où l'on fait feulement ufage de ram- pes douces & continues, & où Ton diipofe des eitrades, des plates-formes & des maiîifs de ver- dure en compartiments, avec une forte de fymér trie refpe&ive. Des Efcalkrs découverts, en ufage dans
les Jardins de -propreté. ;, Les Efcaliers en marbre ou en pierre, contri-
buent beaucoup, ainii que les terraiîes, à la ma- gnificence des Jardins. On en compte auffi de trois fortes : les Efcaliers de maçonnerie adapté« aux murs de Terraffes ; ceux en rampe douce , fans marches, mais toujours appuyés contre les murs de revêtiffement ; & ceux qui, tout de ga- zon, forment des gradins foutenus feulement paf des talus inclinés & tapiiTés de verdure. Les premiers fe conitruifent en pierre ou en
marbre , tels qu'il s'en voit à Verfailles, à Saint- Cloud, aux Tuileries & ailleurs : leur forme fe varie à l'infini * félon là difpoïkion du terrein, la hauteur des Terraffes & le befoin que l'on a de les multiplier dans un même lieu. En général, il eft bon d'obferver que leurs marches n'excè- dent jamais le nombre de treize; pour parvenir à un palier , ■&. que ces marches ayent au moins quatorze pouces de giron, fur cinq pouces dâ hauteur, y compris trois lignes de pente qu'il Tome ÏV* Ç |
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34 Cours
convient de leur donner, pour faciliter l'écoulé-
/ ment des eaux du ciel. Ges fortes d'Efcaliers doi- vent être fondés avec beaucoup de précaution ; autrement, ils font fujets à le dégrader en peu d'années. Lorfque ces Efcaliers font appliqués à des Terraffes peu élevées, on ne fait point ufage des baluftrades pour leur fervir d'appui ; on n'en remarque, ni aux Terra iîes , ni aux Efcaliers des Jardins des Tuileries & du Luxembourg , qui cependant ont une affez grande hauteur. La belle Terraile de Saint-Germain-en-Laye , plus conii- dérable encore, n'en a point non plus. On en a placé dans la grande Terraffe de l'avant-cour du Château de Meudon, parce qu'elle eft d'une élé- vation qui a de quoi étonner *, les Efcaliers placés dans les Jardins de cette magnifique Maifon Royale? en ont auffi ; mais nous eftimons que pour peu que la longueur des marches foit de douze à quinze pieds, il convient de fe paffer de ces fortes d'appuis, qui ôtent aux rampes de ces Ef- caliers leur légèreté , & détruifent en quelque forte leur plus bel effet ; cependant, lorfqu'on ne peut faire autrement, il eft à propos dé pré- férer les baluftrades ou les entrelas, aux rampes de fer qui ne conviennent abfolument que dans les Maifons de campagne très-fubalternes. .Les Efcaliers à rampe douce, doivent être d'un facile accès, npn-feulement pour qu'on les ptiuTe montet ou ^efcendre aifément; mais pour que le fervice des carioles, des traîneaux, ouïe tranfport des caiffes , ,fe; fafle commodément *. quelquefois auffî., an-ljeù de pentes en glacis, on pratique des marches en talus, dont la hau- teur eft , au plus, de trois pouces fur le devant, & leur pente du, quart de leur giron 9 lequel or- |
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Öinairement fe fait de trois ou quatre pieds , telles
que fe remarquent celles du Jardin de Trianon, placées en face d'un des bras du grand Canal de .Verfailles. Les Efcaliers conilruits en gazon, ne doivent
être, ni ii coniidéfabies que les précédents ) ni promettre autant de durée que les Efcaliers en pierre ; mais ils ont cela d'intéreifant, qu'ils font toujours verds, qu'ils font aifés à exécuter, qu'ils coûtent peu à contraire, & que leur entretien n'eil guère difpendieux : on en voit de cette ef- pèce dans les Jardins de Marly , qui peuvent paiier pour autant de chefs-d'œuvre en ce genre» Tous ces différents objets doivent environner
ïe principal corps-de-logis, & contribuer à en augmenter le coup d'œuil, auffi-bien que les fta- tues & les vafes en marbre , en bronze ou en métal , que ces mêmes objets amènent fur la fcène ; mais il faut prendre garde, néanmoins , que leur capacité, leurs formes, & fur-tout leurs allégories, correspondent aux différentes pièces découvertes qui les reçoivent, pour ne pas in- diitin&ement placer des Nymphes, des Naïades & des Tritons * &c, dans les bofquets & les cabinets de verdure; des Silvains & des Faunes, dans les baÖins & les fontaines. D'ailleurs, il faut fçavoir que ces divers ftatues & ces vafes ac- quièrent un nouvel éclat, lorfqu'on peut les iituer au-devant des palhTades qui leur fervent de fond- ïl faut prendre garde de les trop multiplier, ainiî qu'on l'a fait à Verfailles, où Ton en remarque une fi grande quantité, qu'on a peine à conce- voir, que dans un ii court efpace , la France ait pu fournir aiTez d'Artiftes célèbres, pour nous y iàire admirer tant de chefs-d'œuvre- Cij
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Des Quinconces»
Les Quinconces , quoique plantés d'arbres à
haute tige, peuvent être rangés au nombre des pièces découvertes, parce que ces arbres étant élagués à une certaine hauteur, la vue s'échaps à travers les allées que forment ces mêmes ti- ges. Quelquefois on ferne fous ces arbres du gazon , & Ton réferve feulement le fol de quel- ques pièces découvertes qui fe placent au milieu, ainii que les allées qui en divifent lès maffifs. Lorfqif on plante des liiieres de charmille, pour fer- mer l'enceinte des Quinconces , il faut avoir at- tention qu'elles n'excèdent pas la hauteur d'appui, à deflein que l'œuil puiiTe paffer aifément au-deifus ; il en faut ufer de même , lorfquau lieu, de tapis verd, on y plante des charmilles, que pour cela on appelle charmilles récépées , du maiîif defr quelles on voit fortir les tiges des arbres, ce qui forme un agréable effet, ainii qu'il s'en remar-» que dans les bofquets de Daphné & d'Hippo-r mène des Jardins de Marly. #1 Ces pièces de verdure doivent être difpofées de
maniere qu'à chaque angle d'un carré parfait, il y ait un arbre, aufîi-bien que dans le centre ; erç forte que, par cette fymétrie réitérée, on forme un bofquet percé à jour dans toute fon éten- due par des allées paralleles en tout fens : quel? quefois on fupprime l'arbre placé au milieu, & qu'on n'avoit planté , que pour jouir plus prom- ptement du couvert que produit la chevelure de ces jeunes arbres mis près à près ; mais 3 lorsqu'ils ont pris une certaine croilTance, ils peuvent fe fupprimer, à deifeui que les allées deviennent plus |
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d'Architecture. 37
foacieufes ; dçs-lors on Iaiife monter la tige, ce
qui procure plus d'air & plus d'agrément à là pro- menade. Au reite, il faut fçavoir que les Quin- conces (g) ne réiilîiiTent véritablement bien que dans les Jardins hauts , & qu'ils demandent à être plantés dans des eipaces abfolument ré» guhers. Des diverfes Palijfades,
Les PaliiTades procurent aux Jardins de pro-
preté un coup d'œuil agréable ; elles font d'ail- leurs d'un grand fecours pour redreifer les iné- galités des murs de clôture, & fouilraire au fpe- âateur, en certaines occafions , les objets' trop difparates, lefquels nuiroient à la fymétrie qui doit régner dans la forme des Efplanades ou des autres parties découvertes. Les PaliiTadesfervent encore a former des contre-allées , à border les maf- Ms des bois , & à limiter l'enceinte des bof- quets. Le principal agrément des PaliiTades con* iiile à être bien dreifées & garnies depuis leur pied jufqu'à leur fommet : elles font fufceptibles de chantournement dans leur plan, fuivant les lieux qu'elles décorent. Pour offrir une belle ver* dure, elles doivent être plantées en charmille ou en ormille : celles d'érable , d'ifs & de buis, ne produiiént pas, à beaucoup près , un aufli beau coup d'œuil, & elles font d'un plus difficile en- tretien. Affez généralement leur hauteur eit fixée aux deux tiers de la largeur des allées ; & ibrf- que dans les lieux fpacieux on veut les élever da |
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(g) Quinconce ou Qamconge, du mot Latm_ Qaincunx*
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$S tCouR s
vantage, on laifle monter la chevelure des arbres
de haute futaie qui font placés derriere, pour que l'une & l'autre fe réunifient,' foit à plomb , foit en retraite, foit en faillie. On doit obferver de ne jamais enclaver les arbres dans les Paliffades , parce que, lorfqu'un d'eux viendroit à périt, on feroit obligé de faire brèche dans cette dernière, & elle feroit un temps trop conndérable à fe réta- blir. Nous penfons encore qu'il faut éviter de pla- cer les arbres au-devant des Paliffades, leur tige rarement droite, nuifant néceffairement au coup 4'œuii, ainft qu'on le remarque dans l'allée du ta- pis verd à Verfailles, & dans les Jardins de Tria- non. Il n'en faut point douter, les arbres font plus convenablement placés derriere, à la diitance de deux ou trois pieds de la charmille. Il eil en- core bien, félon nous, dans les allées parées où l'on étale à grands frais les chefs-d'œuvre de la Sculpture, de ne laiffer jamais furpaffer la che- velure des arbres, au-delà de la furface des Pa- liifades ; autrement l'eau , qui tombe abondam- ment , dans l'arriére faifon, de deifus ces arbres, ruine ces ouvrages de l'Art, ainfi qu'on le remarque dans les magnifiques Jardins que nous venons de citer, malgré les foins continuels qu'on prend pour les en garantir ; mais le fédiment des feuilles mortes qui s'y attachent pendant Thyver, en détruit in·* fenfiblement toute la finefle , & leur ôte , à la longue, la plus grande partie de leur belle ex* prefliQïu Γ , |
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b'ARCHlTECTUltE. $9
Observât ion s part îcuii ères
sur les différentes parties qui se placent a couvert dans les Jardins de propreté. Des différentes Allées.
Tous les différents objets dont nous venons de
parler n'auroient aucun agrément, ii dans une plantation {h), telle qu'un grand Jardin (i) , un Parc (k), on n'obfervoit du couvert, non-feule- ment pour parvenir aux différentes parties qui les compoient, mais auffi pour procurer de l'ombre à la promenade. Ces deux confxdérations ont fait imaginer les Allées, dont nous parlons ici, pour fervir de communication aux différentes pièces de verdure, & pour entourer quelquefois les Efplà- wades; celles-ci fe placent au-devant des mafiifs |
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(A) AfTez généralement on appelle Plantation, l'art de for-
mer un Jardin, un Parc, un Bois, une Forêt, un Bocage, un Maffif, uirBofquet, &c. (£) Par un Jardin, on entend toutes les parties couvertes ou
découvertes d'une belle promenade plantée d'arbres, d'arbrif- feaux, d'arbuftes Si de fleurs. ,, ,,„... , (k) Parc ; on comprend fous ce nom un grand lieu à la cam-
pagne entouré de murailles, & faifant partie des dépendances d'une Maifon Royale ou Seigneuriale. On en djitingue de deux fortes , l'un que l'on nomme petit Parc planté ,d'ai'bres dé moyenne futaie, qui comprend les Jardins de propreté, dans iéfquels font diftribués les différents Bofquets, & autres pièces 4e verdure : l'autre qu'on nomme grand Parc, où forit percées de grandes avenues ,& où l'on pratique des routes pour ja chaiTe, des réfervoirs, des décharges, &c. On conftruit auifi dans ces derniers , des Ménageries , des Faifandcries , enfin, des Remifes & des retraites pour le gibier. C iv
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40 Cours >
qui fépaPrent les parties découvertes d'avec les
Bois (/), où fe trouvent diitribués les Salions, les Cabinets, les Salles de verdure, &c. On compte ? à peu-près, huit fortes d'Allées : les Allées cou- vertes , les découvertes, les iimples, les Allées doubles, les blanches, les vertes, enfin, les fous- allées & les contre-Allées, qui toutes fervent de communication dans nos Jardins , pour aller d'un lieu à un autre , ainfi que les rues conduifent dans les différents quartiers d'une grande Ville. Les Allées couvertes font celles dont les ar-
bres forment un berceau naturel, ce qui rend leur promenade impénétrable au Toleil ; mais elles ne peuvent fervir de maitrefTes Allées , celles-ci devant avoir beaucoup de largeur : dans ce cas » on les élague à pic, & c'eft ce qu'on appelle Allée découverte, ou à ciel ouvert : ou bien on |
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(/) Sous ce nom on entend les lieux plantés de haute fu-
taie , les Cloîtres à hautes paliifades, les grands efpaces dé- couverts , Sec. Les Bois-taillis ne différent des Bois de haute futaie, que
parce qu'on les couperez-terre tous les neuf ans , d'où ils pren- nent le nom de Taillis. Les Bois de moyenne futaie, font ceux dont on fait ufage
dans les Jardins de propreté , parce qu'ils ne parviennent ja- mais à une fi grande hauteur que ceux de haute futaie, étant ordinairement percés & ornés de Cabinets de verdure , de Portiques, &e. Les Forêts different des Bois par leur grande hauteur, par
leur étendue confiderable ; elles font plantées d'arbres près à {>rès, formant des touffes fort épaiifes , percées de routes pour
a chaffe des bêtes fauves : telle eft celle de Fontainebleau, qui contient vingt mille deux cent quatre-vingt-cinq arpents ; celle de Compiçgne , qui en contient vingt-huit mille ; celle de Vil- lers-Cotterets, vingt-quatre mille cinq cent cinquante-iîxj celle/ de Saint-Germain-en Laye , cinq mille cent quatre-vingt-dix- huit i celle de Ghambor, quatre mille huit cent trois, $cc. , |
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d'Architecture. 4*
les taille feulement en demi-berceau de chaque
côté, de maniere quil reile une afiez grande ou- verture au milieu. Les Allées fimples ne font compofées ^ que de
deux rangs d'arbres , pendant que les Allées dou- bles en ont quatre. On appelle Allées blanches , celles qui font Câblées; & Allées vertes, celles dont le fol eil orné d'un tapis verd. Les fous- Allées font celles qui fe pratiquent dans les par- ties bafîes des Jardins ; on les nomme ainfi, pour les diftinguer clés Allées placées dans les parties fupérieures des belles promenades, ainfi qu'il s en remarque à Meudon, à Marly & ailleurs. Enfin, les contre-Allées, font celles, dont la largeur, ré- duite à la moitié des maitreiTes Allées, compofe les Allées doubles dont nous venons de parler ; alors ces contre-Allées fe trouvent couvertes, pen- dant que celle du milieu fe trouve à ciel ouvert. La configuration des Allées dépend de la difpofi-
tion du terrein & de la compofuion du plan. il s en fait de droites, d'obliques, de circulaires, en zig-zag, en fpirale,en talut,en rampe douce , enterrafTe ,&c. En général, il faut obferver qu'elles ne foient jamais trop de niveau ; mais leur pente ne doit pas aller au-de-là de trois pouces partoife : autrement, elles feroiem fatigantes , & l'on feroit obligé , pour éviter la dégradation qu'occafionneroient les pluies abondantes , d'y pratiquer des chevrons ou des marches de gazon de dîftance à autre , ainfi que nous en avons déjà parlé, J)es différents Bofquets & des Salles
de verdure. Les PalhTadcs déjà citées, font deflinées à CÄr
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4* Cours
tourer Îes Bofquets & les différentes Allées dou-
bles ou iimples, pour y conduire à couvert. La forme des Bofquets (m) fe varie à l'infini ; leur relief fert à faire valoir la planimetrie des pièces découvertes, & procure autant de furprife que d'agrément dans les promenades d'une certaine étendue ; ils prennent leur nom de leur ufagë particulier, des ilatues qu'ils contiennent, ou de î'efpece des arbres dont ils font plantés. Lorfqu'ils font peu confidérables , on les appelle feulement Cabinets de verdure : quand ils occupent un grand efpace , on lès appelle Salles ; félon leur deitina- tion, on les nomme Salles de Bal, Salles de Co- médie , ou Salles de Maronniers, Salles de Tilleuls :. quelquefois aufïi ils prennent le nom des pièces d'eau , ou des principaux groupes qui en font l'ornement ; voilà pourquoi on lès appelle Salle de Diane & d'Endimion , Salle des Antiques * Salle de Neptune, d'Amphitrite, Sec. En général, le fuccès de ces différentes pièces
de verdure dépend beaucoup du choix des Fon- taines , des Amphithéâtres , des Portiques, des Cabinets de treillage qui les embéliffent, & de la communication facile avec les pièces découvertes emi entrent dans la compofition du Jardin. Des Cloîtres»
Les Cloîtres font de très-grandes pièces de
verdure qui fe plantent ordinairement dans le Parc d'une Maifon Royale, au-delà des Jardins |
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(»*). Bofquet de l'Italien, Bofchetto * un petit Bois,
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d'Architecture. 42
de propreté. Ce font des pièces de cinq ou fix
arpents de forme régulière, & entourées de dou- bles Allées.* La furface du milieu de ces Cloîtres eil prefque toujours occupée par une peloufe bien entretenue, fur laquelle on s'exerce à la longue paume : autour & dans des Allées bien battues & à ciel ouvert, on y fait des courfes de chars & de chevaux. Ces grandes pièces font auffi quel- quefois deftinées à donner des fêtes , des bals champêtres , & des comédies paftorales. Au-lieu de péloufe, on y peut pratiquer des pièces d'eau fervant de réfervoirs ; alors on y donne des jou- tes , des feux d'artifices, des illuminations, &c. On voit des Cloîtres de l'efpèce dont nous par- lons, dans le parc de Meudon; ils font de la plus grande beauté , & l'on peut en voir les Delîins dans le plan général de cette belle Maifon Royale, faifant partie du cinquième volume de Γ Archi- tecture Françoife. Des Labyrinthes.
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Les Labyrinthes font encore de grandes pièces
de verdure , compofées de maflifs d'arbres & de Bofquets, dans lefquelles on communique par des Allées droites ou circulaires, mais difpofées de maniere que l'on ne puiffe retrouver fon chemin que difficilement, lorsqu'on en veut fortir. Dans les différents Bofquets qui les compofent, on y diilribue des Pavillons , des Grottes , des Fon- tainès, des Portiques & des Berceaux de rreillageL, enfin des pièces découvertes , contenant les di- vers jeux de la rpitë de fortune , de la balan- çoire, de l'efcarpolette, du trou-madame, du jeu |
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44 C.O.ü R S
de Siam , du jeu d'oie , &c. tels qu'il s'en re-
marque dans les Jardins de Chantilly. Quelque- fois auiîi on y diftribue différentes fontaines qui ont pour objet la repréfentation des Fables d'Éfope, ou de celles des autres Fabuliiles célèbres ; c'eft ce qu'on voit exécuté avec beaucoup d'art dans le Labyrinthe des Jardins de Verfailies. Les Allées des Labyrinthes doivent avoir peu de largeur, afin de produire de l'ombre en tout temps aux cu- rieux , & d'y entretenir une fraîcheur qui con- tribue à embellir la verdure qui les compofe. Ordinairement, au pied de ces Allées couvertes , on place des treillages d'appui, parce que le fo- leil n'y pénétrant jamais, ou que rarement, le bas de ces charmilles devient fujet à fe dégarnir; mais lorfque les Bofquets & les Allées de ces,, pièces de verdure font expofés à découvert, com- me on a vu long-temps celui planté d'aube-épine dans les Jardins de Clagny , & qu'on voit au- jourd'hui celui de Choify, garni en charmille, on évite cette dépenfe; & alors les PalhTades pro- duifent un coup d'œuil plus intéreifant, n'étant pas fujettes à fe déchauffer par l'humidité, comme dans les Labyrinthes précédents. / ' '·.'■ * ' 'j ; '
Des Cabinets & des Berceaux de treillage.
Ces Cabinets artificiels, ont de tout temps figuré
dans nos plus magnifiques Jardins. Ils fervent fouvent de frontifpice à l'entrée des principales Allées , fituées à l'extrémité des Efplanades^ , placées en face du principal corps-de-logis : ils ont cela d'avantageux, que l'on jouit promptement de leur ufage particulier & de leur décoration* |
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D'ARCHITECTURE. 4$
Leur ordonnance tient d'ailleurs aux proportions
de la belle Archite&ure ; on les compofe ordinaire- ment de Colonnes » de Pilaftres, d'Arcades , de Niches, de Frontons, de Dômes & d'Amortîffe- ments, dans l'intention de repréfenter l'image d'un Sallon, d'un Belvéder, ou d'un Kiofque élevés en marbre ou en pierre ; la gaieté & l'élégance des Treillages paroît plus analogue à la verdure qui les environne, & ils fervent à en relever l'éclat. Les Jardins de Chantilly, ceux de Verfailles 9 δζ. particulièrement ceux du nouveau Trianon , près de cette Maifon Royale, offrent plus d'un chef-d'œuvre en ce genre. Le goût des Treillages demande une étude parti-
culiere : les échalas & le bois de boiffeau qu'on y emploie, pofés fur des châiïis de fer, fcellés avec folidité fur des maffifs de maçonnerie, exi- gent de la part de l'Artiite une intelligence pra- tique qui le mette en état d'obferver entre les plains & les vides , un rapport capable d'inté- »effer le coup d'œuil des Spectateurs éclairés (n). On fait auffi en Treillage des Portiques, des
Niches & autres corps d'Architecture ; enfin des Efpaliers à hautes & baffes tiges, qui contribuent beaucoup à rembelliffement des Jardins parés , foit dans nos Maifons particulières, foit dans les Potagers de nos Maifons Royales. Les Berceaux en treillage font auffi une fuite de cette magnifi- cence; on les garn t de Jafmin, de Rofes oude Chèvrefeuille ; & il fervent alors de communica* |
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(à) On vient de détruire à Glagny , un Cabinet de treil-
lage de cette efpece > élevé fur les deiïïns de jules-Hardoum Manfird, qui certainement paiToit pour un des meiMeu^s ou- vrages qui f© foient exécutée depui§ tes^-temp*. |
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46 ^ ς C O Ü R S
tion pour paffer à couvert d'un lieu à im autröj
on l'a pratiqué ainii avec le plus grand fuccès dans les Jardins de Marly & de Sceaux ; ils produi- sent un admirable effet dans ces promenades char- mantes : comparés avec les Paliflades δε les Ber- ceaux naturels, ils y préfentent une oppofition tout-à-fait intéreffante. Lorfque des principaux Bâ- timents on veut arriver à l'ombre dans les diffé- rents Boiquets d'un Parc, il eil bon d'en nier ainii ; & il s'en voit un très-grand nombre dans les environs de cette Capitale, élevés fur les Deflins de le Nôtre, & des Archite&es de nos tours. ■.'.:!·
Des Statues & des Vafcs,
Les Statues & les Vafes contribuent, ainii que
nous l'avons dit ailleurs, plus qu'aucun autre ob- jet , à rembellifTement des Jardins de propreté ; Semblables aux Fontaines, ils en peuplent la foli- tude, & annoncent la magnificence des Proprié- taires. Nous fomiiies néanmoins bien éloignés de croire qu'il faille les employer dans nos Jardins jufqu'à la prodigalité ; certainement ceux de Ver- failles offrent trop abondamment des chefs-d'œu- vre de ce genre : on a ufé de plus de retenue à cet égard dans les Jardins de Marly; encore ceux de Chantilly & de Seaux nous plaifent-ils davan- tage , parce qu'on 'y trouve plus volontiers le loiiir d'examiner avec fruit les beautés de cette efpece qu'ils contiennent , fans un trop grand excès. Au contraire, les promenades de Verfailles, ainiî que nous venons de le remarquer, femblent annoncer un attelier ouvert feulement pour fa- tisfaire les Amateurs & les Artiffes. En effet, la quan- tité de Statues .qu'on y obferye a de quoi fatiguer |
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D* A R C H'l Τ E C Τ U R E. 47
ïöeuil, & femble nuire 5 pour ainfi-dire, à-la beauté
4e la nature qui devroit faire prefquetous les frais de la décoration de nos Jardins de propreté. Ordinairement les Figures & les Vafes font de
marbre blanc, de bronze ou de métal : quelque- fois , au lieu de Statues, on fait ufage de Termes, figures à demi-corps, élevées fur une gaine , & qui, félon la place qu'elles occupent, produifent un aifez bel effet. Les Planches contenues dans ce Chapitre n'offriront , ni les Statues , ni les Termes dont nous parlons ; ces merveilles appar- tiennent eifenciellement à la Sculpture; les Coife- vox, les Girardon, les Couftou, nous ont aifez prouvé de leur temps , ce que pouvoit cet Art divin dans les mains d'aufîi habiles Maîtres; ou- vrages admirables, qui doivent feryir de modèles aux jeunes Artift.es de nos jours, & faire fans ceife l'objet de leur méditation. Les Vafes, félon nousa appartiennent davantage à l'Architecture ; leurs profils , le choix de leur galbe eil de fon reiTort; c'efl: encore à Verfailles, à Trianort, à Marly, qu'il faudra aller puifer les plus belles formes en ce genre, & s'y pénétrer de la touche & de la fineife de la plus parfaite exécution; auiïi en rapporte- rons-nous quelques exemples dans les Planches qui vont fuivre, dans l'intention de monter le génie de nos Elevés fur cette partie fi intéreiTante de la décoration des nos Jardins. A ces obfervations, nous allons faire fuccéder
plufieurs compoiitions des diverfes parties dont nous venons de parler. On ne doit pas s'atten- dre néanmoins à trouver dans ce Chapitre une aifez grande quantité de Deffins de chaque genre; tous ces différents objets éxîgeroient feuls un vo- lume particulier; nous avons tâché feulçment de |
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48 Cours
faire choix des plus belles formes qui convien-
nent à chacun. Qu'on ne s'y trompe pas , pour parvenir à l'excellence de cette branche de Γ Ar- chitecture, c'eil aux Tuileries, c'eir. dans les en- virons de'cette'Cité'qu'il faut aller-, pour puher le véritable goût de l'Art : tout importe, un Par- terre, une Pièce d'eau , une Fontaine jailliffante, un Portique, un Groupe, un Vafe, un Bofquet, intéreiîent le Deiîinateur praticien; il doit tout mefurer , prendre les détails, s'en faire une étude, une collection , en un mot, faire entrer la com- poiition de tous ces objets dans fon projet gé- néral; autrement, il doit s'attendre à η offrir que des beautés détachées, dniribuées au hafard, & fouvent difpofées fans choix δε fans convenance. Nous n'allons donc préfenter les Planches qui vont fuivre, que comme autant d'images qui doi- vent faire fentir à nos Elevés, l'importance d'e- xaminer avec attention tout ce qui peut contri- buer à rembelliiTement de nos Jardins parés. Différents Dessins de Parterres y
de Broderie et de Massifs dé gazon. ρ l an c h ε s i & ii.
• La Planche I offre quatre Parterres de deiîins
différents ; celui de la figure I en donne un de Broderie, enfermé dans un trait dé buis , avec un fentier qui le fépare de la plate-bande de fleurs qui fert de bordure à fa totalité : c'eft dans cette dernière que font diftribués des arbriffeaux & des fleurs > fa broderie eft aufii formée par des traits |
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BARCHÏTTECÎtÏRt. m
de buis, & fes rinceaux font remplis âe fables
de diverfes couleurs, qui, par là, imitent ks ra- mages d'une étoffe, dont les nuances afîorties* préfentent un coup d'œuil fatisfaifaht* Il faut fça* Voir néanmoins ne les employer que dans des lieux peu fpacieux; ils exigent beaucoup de dé- penfe & un entretien confidérable. Ce genre d'or* tiement demande un goût particulier ι nous Ta* Vons déjà remarqué ailleurs, un bon Deffinateur fe trouve quelquefois novice, Jorfqu'il eft requit den d©nner un deffin : pour y parvenir > il faut entendre le jardinage, & fçavoir applanir les di& ^cultes de la main d'œuvre, afin d'en pouvoir faciliter l'exécution au Jardinier, On fe fert de buis iiain^ pour en former les contours, & l'on doit choiiir la fin de l'Automne pour les planter les pluies d'hiver leur faifant prendre plus facile* ment racine, & la roféë du Printemps leur don- nant de la force en leur rendant leur premiere ver- dure & leur premiere fraîcheur* En général , il faut tâcher d'éviter les petites parties dans leur compofition ; il eil même important d'empêcher autant qu'il eft poffible, l'approximation des traits de buis dont ils font formés, parce que venant as'épaiifir avec le temps, il eft difficile au cifeau du Jardinier de leur reftituer leur forme primitive dou réfultent dans la fuite des jarrets, qui ot$m à ces Parterres leur mérite principal* La Figure II offre un Parterre compofé de Maf»
fifs de gazon , comparas & enfermes d'un trait de buis ^ avec des chemins ou feiiriers qui condui- fent à trois baffins, dont deux font circulaires & l'autre oftogone. Ce Parterre eft auffi entouré de plates-bandes de gazon relies contiennent dés rigoles & de petits baffins orné de bouillons 0ui Tome IK ρ M"* |
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so Cours
procurent au Parterre une grande richeffe, mais
qui exigent une dépenfe coniidérable -y aufli ne les employe-t-on gueres que dans les Jardins de nos Maifons Royales : ou lorfqu'on en fait ufage dans nos habitations particulières; c'eft pour les placer très-près des appartements privés, parce que leur coup d'ceuil & le gazouillement de leurs eaux femblent en réveiller la folitude. Cette Figure II eil tirée des Jardins de Liancourt, où ces Parterres exécutés en grand, ont produit le plus bel effet, avant qu'ils fuffent détruits , aufli bien que la plus grande partie des autres chefs-d'œuvre qui y avoient été faits fur les deflins & fous la con- duite du célèbre le Nôtre. # La Figure III eftun autre Parterre de broderie ,
comme celui de la Figure I, avec cette diffé- rence, que non-feulement il neftpomt enferme dans un double trait de buis ; mais qui! eil tra- verfé par une allée oblique bonne a imiter , lorl- que la largeur d'un Parterre devient trop confi- dérable , comparée avec fa longueur : défaut de rapport fouvent occafionné, foit par la difpofition du terrein qu'on neft pas toujours le maître de cor- riger, foit pour fe procurer plus dair ou plus d'efpace ,foit enfin par la diipofition des avant-corps des Façades , dont la diilribution des croifées exige une ailée blanche qui en alligne l'axe. La broderie eil d'ailleurs d'un affez bon gout de def- fin, elle nous plaît plus que celui de la Figure I ; aufli ce parterre eil-il du Deflin du fieur Tou- char, qui a excellé de fon temps dans cette par- tie de l'Art du Jardinage. La Figure IV eil encore un autre Parterre de
broderie; mais bien moins compofé que les pré- cédents : fes chûtes font affez bien jetées, quoi- |
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D'ARcaiTieruRË. ft
qu'elles paroiffent un peu maigres ; c'eiî: une at-
tention qu'il faut avoir, d'obferverles vides dans des efpaces à peu près égaux; il n'eft pas moins con« traire au goût de l'Art, de laiffer trop d'inter- valle dans les fonds, que de charger trop conii- dérablement la broderie. Nous crayons aufli que les traits de buis qui forment le deifin de ces fortes de Parterres, ne doivent pas être placés trop près du buis qui détermine la largeur inté- rieure de là plate-bande; Tavoifinement de cette dernière ne pouvant que nuire par fon terreau » à la propreté qu'exigent les fables de couleur, dont on orne ordinairement les compartiments $ les rinceaux & leurs tiges« Les Figures I, II, III Se IV de la féconde
Planche offrent auffi d'autres deffins à peu près dans le même genre ; mais dont les formes font variées diverfement, & peuvent l'être à l'infini fous le crayon d'un habile Maître, & félon le local où l'on met en œuvre ces fortes d'embeHiiTe- ments dans les Jardins de propreté. Aü reite la nature du terrein où l'on plante les Parterres * doit entrer pour beaucoup clans le choix de leurs compofitions ; le défaut de falubrité dans l'air 9 une terre trop humide ou trop légere > une éx- polition trop découverte ou trop ombragée, font autant d'obftacles qiii doivent déterminer l'Ar* tiile à préférer les maffifs de verdure à la bro- derie , les fleurs vivaees aux fleura printanieres 9 les planches de chêne aux traits de buis * les plates* bandes de gazon à celles plantées d'arbriffeaux ί enfin les Baiîîns, les Statues r les Vafes aux Cor- beilles, aux Tapis verds> aux Ifs> &c* Pi)
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£* Cours
Différtnts DeJJins de Boulingrins & dt
Kertugadins. Planches III & IV.
La Planche III donne différents Deilîns de
Boulingrins 9 eipèces de Parterres plantés tout de gazon en compartiment, dont le milieu eil rern foncé, & le pourtour formé par un talut incliné fur quarante-cinq degrés. La Figure I eil de cette dernière efpèce; & fes
maiïifs font entourés d'un trait de buis qui contri- bue à procurer à ce Parterre plus de richefle; ce qui devroit le faire préférer dans les parties découvertes, qui, ordinairement, fe placent en face du Château, ou dans fes parties latérales. La forme de ce Boulingrin eil oäogone ; le fonds eil occupé par un tapis de gazon de forme circulaire. A la place de celui-ci, on pouroit faire ufage d'un baiîin avec un jet d'eau, félon que la beauté du lieu l'exigeroit. On pouroit de même en prati- quer un dans le Boulingrin de la Figure II, qui, au-lieu d'être à pans, eil de figure oblongue, avec des; oreillons en tour creufe, pour confi- gurer avec les quatre ronds, auffi de gazon, qui font placés à fes extrémités. Ge DeiTin eil plus iimple que le précédent, & peut être réfervé pour les parties les moins prochaines du principal corps- - de-logis : fi l'on vouloit imiter les compartiments de ce Boulingrin, nous confeillerions de lui don- ner un peu plus de largeur, fur-tout s'il devoit être aperçu fur fa longueur; car il faut fe fou- yenir de ce que nous venons d'enfeigner dans les |
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d'Architec τ ν re. 5$
principes généraux ; que c'eft la fituation des \
lieux qui doit déterminer la forme & la propor- tion de toutes les pièces de verdure. Tel Delîin qui , fur le papier réduit géométriquement, plaît à l'œuil, iie rétuTit que rarement fur le terrein , * parce qu'il arrive fouvent que le Defïinateur néglige ou perd de vue »dans le Cabinet, les points de diftance , ou les éminences d'où fes formes doivent être aperçues : encore une fois , tout importe, le fuccès des différentes parties du Jardinage intéreiTe tout autant le véritable ama- teur, que le revêtiiTement de la décoration inté-- rieure d'un Sallon , d'une Galerie, &c. Ce que nous difons ici eil une vérité, dont nous fouhai- tons que nos Elevés foient intimement perfuadés ; ils doivent donc tout examiner, nôn^feulement en hommes de goût ; mais en Géomètres , eit Praticiens , en un mot, avec Tœuil de le Nôtre» s'ils veulent marcher fur les pas de ce grand Maître*. ih mm' <■/*.& La FigureIII eiÎ un grand Boulingrin, dans
le fonds duquel eft une pièce d'eau entourée d'un gazon découpé en compartiments ; il eft, ainii que celui de la Figure IV, d'une forme affezin- téreffante , & tous deux ont été exécutés avec fuccès, fur les deffins de le Blond, l'un de nos Architedes, qui ont fçu mettre le plus à profit 9 parmi nous,. les préceptes du grand Maître que nous venons de citer. Il faut convenir néanmoins que, pour les imiter, il conviendroit d?être pourvu d'une certaine intelligence. Combien n'a- vons-nous, pas vu de fois de jeunes Artiiles ou des Jardiniers qui paflbient pour bons, kfquels » perfuadés qu'ils fuivoient littéralement les pro- durions qu'ils trouvent dans nos Livres, s'ima» On
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14 Coyns
ginoiemvalprs exécuter des çhefè-d'œuvre, pen·
dant au contraire, que , faute d'avoir fçu ajouter
ou retrancher certaines parties aux imitations
qu'ils avoient pour objet · on ne remarquoit
plus que des duTonnances, & des difparités, qui
rendoient méconnoiiTables. 8l quelquefois même
au^deflous de la médiocrité 9jes penfées des hommes
habiles qu'ils avoient çhoifis pour guides. Nous n'a*
vons que trop d'exemples de cç que nous avançons,
Nous fommes d'ailleurs de bonne foi » tous les
deiïïns que nous donnons dans ce Chapitre, quoi*
que d'un aflez bon choix, ne font pas offerts ici
pour être fuivis à la lettre; mais feulement pour
Indiquer le genre de chaque partie ; ç'eit à l'hom«?
me de goût qui exécute & qui fe trouve chargé
d'une entrepnfe plus ou moins çonfidérable en
iait de Jardinage, à juger des formes les plus con*
yçnables, des véritables grandeurs & du choix
qu'il doit faire de telles ou telles pièces de ver*
dure? félon quelles feront deitinées à être ex*
ppfées à couvert pu à découvert \ car cette feule
différence doit en apporter beaucoup dans la dif-
pQÎîtion, dans les reliefs & dans l'ordonnance des
pièces de même genre. Il ne doit pas non plus ou*
blier, que féloignement ou l'approximation doit
ç?ianger néceiTairemenr la hauteur & les gradations
qu'il convient de donner à une liiiere dç charmille
placée au-devant d'une paliffade, enfin aux Tajuts,
aux Amphithéâtres , aux Vertugadins , Sec,
IL^a Planche IV donne pluiieurs Deifins de Ver-
tu gadins , efpeces d'Amphithéâtres, qui different des. Boulingrins dont nous venons de parler, en ce que leur fol formé de plufieurs paliers , & d'un certain nombre de gradins, produit autant d'é^ l§în§gçf§? qiû, distribuées avec intelligence f fré*' |
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d'Architecture. j£
fentent divers objets intéreffants : tels font ceux
que nous avons déjà cités, en parlant âes jar- dins de Marly. Les deiîins qui fe remarquent fur cette Planche, font, pour la-plupart, entourés par des paliffades de charmille qui leur fervent de doffiers. Il fe fait néanmoins des Vertugadins ifolés de toutes parts, & du fommet defquels on découvre une certaine quantité d'objets agréa- bles ; ce qui leur fait donner quelquefois le nom de Belvéders découverts, lorsqu'ils ont vme cer- taine élévation j mais lorfquils en ont moins, ils font nommés tout fimplement Vertugadins, ainfl qu'on appelle volontiers ceux des figures, que nous rapportons dans cette Planche, Amphithéâ- tres , ou du moins Vertugadins en Amphithéâtres * Ils nous ont paru d'ailleurs d'un aifez bon genre» & le Blond eft l'Auteur où nous les avons, puifés; nous n'y avons fait que de légers changements· Des Fontaines jaillißantes*
Planches V δε VI.
La Planche V offre deux deiîins de Fontaines
jailliiTantes, qui ordinairement fe placent dans le milieu des grands baffins ; telles font celles qu'on voit à Verfailles dans le baffin du bofquet des Dômes, & dans celui de la Colonnade. Quel- quefois on les dïftribue auffi d'ans des niches 9 dans les angles ou dans les pans coupés des grandes pièces de verdure ; il s'en remarque de pareilles dans les Jardins de Marly, en face du bofquet d'Agrippine. Ordinairement ces fontaines, qu'on nomme auffi coupes, fe eonftruifent en marbre ou en plomb j. ces dernières font foutenues pap D iv
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)6 Cours
de$ armatures de fer, & alors elles fe bronzen«
à l'huile. Leur forme , comme les Parterres , quoique dans un autre genre, peut fe varier à l'infini ; & c'eft à l'ébauchoir à ieconder le génie de l'Artifte. Aflez volontiers ces fortes de tra- vaux font confiés aux Sculpteurs , & lorfqu'ils font habiles, cette oonfiance leur eil due. Malr gré cela , nous confeillons à nos jeunes Ardu* te&e$ de devenir d'aiTez bons Deiïinateurs a pour les compofer eux-mêmes, & pouvoir e« décider les galbes, les proportions & les attri- buts les plus convenables , pour enfuite en aban- donner l'exécution aux hommes du premier mé- rite en ce genre. Les deux Deiîins que nous of- frons ici, font dans le goût de ceux qu'on re*· marque dans les Jardins de Chantilly & de Liait- court, parce que ces Fontaines nous ont paru d'un gifez bon choix. Nous aurions bien déliré pour- voir en donner plus d'un modèle ; mais il en eft de cette partie comme de toutes les autres com» priies en ce Chapitre,: nous n'avons pu qu'indi- quer le genre de chacune ; la Théorie de le Blond , Fol. in - 40 , excellent Traité , & 011 Iîqus n'avons pas craint de pnifer plusieurs objets, eil lui-même infufRfant, pour donner une cer- taine quantité de tous les Ouvrages de goût qui f mbraitent les Jardins de magnificence. D'ailleurs, ïlQlïs 1§ répétons , ceû le local qui détermine l'Artifte à varier fes différentes comportions 9 félon la néceflîté ou il fe trouve d'embellir fes promenades * Cette confédération nous a fait évi-* î§r de comprendre dans ces Planches quelques fbfUnj d© Caicades 9 Jç plus ou moins d'abondance ffç$ §n\ïH pouvant feule Indiquer l'importance o« U implicite d% çç§ ©uvragfs de Îàn* Pqw y (\ψ
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d'Architecture; 57
pléer, nous compilions à ceux de nos Elevés, qui
féjournent dans cette Capitale, d'aller viiiter les belles Maifons de plaifance, élevées dans (es en- virons ; leurs Jardins leur fourniront de quoi fe for- mer le goût dans cette branche de l'Archïtechire , d'après les modèles érigés fur les DeiTins de Charles le Brun, Peintre célèbre, & l'un des plus beaux génies que la France ait produits ; la plupart de fes Ouvrages, qui raviffent notre admiration, ont été exécutés par le$ plus habiles Sculpteurs,° de fon temps. A l'égard de ceux qui fe trouvent éloignés de cette Cité , ils peuvent avoir recours à l'CEuvre du Cabinet du Roi, grand Atlas en plufieurs volumes, qui fe trouve dans la plupart Uqs Bibliothèques ; ils pouront y prendre connoif- fance du plus grand nombre des chefs-d'œuvre que la magnificence de Louis le Grand a fait élever fous fon règne; ils y trouveront enfin les modèles de le Brun & des autres Artiftes de réputation gra- vés avec la plus grande intelligence. La Planche VI offre différents deiîins de Cu-
vettes r de Mafcarons , & de la majeure partie d'une des pyramides d'eau, qui fe trouve dans le bofquet de l'Arc de triomphe des Jardins de Ver- failles. Ces différents fragments exécutés en plomb , font d'un excellent genre , & nous ont paru pro- pres à infpirer à nos Elevés le deûr d'aller fur les lieux vifiter ces beaux modèles, pour s'y nourrir dçs merveilles , dont cette Maifon Royale eil rem- plie ? peutrqtre même avec trop de prodigalité, , Différents Deffim de Termjßs & d'Efcaliers.
Planches VII& VIII. Notre objet neit pas ici 4'ofFrir les Deflins des |
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$£ Conus
différents revêtiffements des grandes TerrafTes »
telles qu'il s'en remarque à Meudon près Paris , du côté de la campagne ; au Château d'Amboife en Touraine , & ailleurs : revêtiffements qui, pour toute décoration , ne préfentent que quelques corps de refend ou des boffages, couronnés d'un cordon, furmontés d'un mur d'appui en baluftrade. 11 eft vrai qu'à la droite de l'avant-cour du Châ- teap de Meudon , on remarque une autre Ter- KuTe qui foutient les terres des Jardins hauts de cette magnifique Maifon Royale, & que fur les tevêtiffements des murs de cette féconde Terraffe » on a placé des pilaftres en gaines , d'un Defliii plus fmgulier que raifonnable, puifqu'il faudroit que, pour être approuvés, ils iiiffent continués paralleles, & non pas plus étroits vers leur bafe que vers leur fommet ; cette forme extérieure, n'en doutons point, eil contraire, du moins en appa- rence , & à l'empâtement du mur, & à la pouffée ûes terres. Qu'on y prenne garde ; il en eit de la décoration des murs dont nous parlons , comme de toutes les autres productions de i'Archire&ure ; jamais l'Architecte n'arrivera à fes fins, ii l'objet qui le détermine à tel ou tel genre de conftruétion , ne lui indique l'efpèce de décoration la plus con- venable pour fon parement. Que diroit-on d'un Payfagifte, qui, par inadvertance, introduiroit Fécorce d'un hêtre fur la tige d'un chêne. C'eil ici à ,peu-près la même choie; la forme de la dé- coration extérieure doit annoncer les précautions qu'on a dû prendre pour procurer la plus grande folidité à l'intérieur des murs. En un nx>t, nous croyons que les furfaces hors-œuvre, doivent annoncer, par le ftyle de leur ordonnance folide ©u délicate, la réiiftance la plus étonnante, ou |
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D Architecture 59
î'élégance que l'économie fçait quelquefois mettre
en œuvre, lorsqu'il ne s'agit que de quelques Édi- fices de peu d'importance. Mais lorfqu'on fe pro- pofe d'annoncer la plus parfaite folidité , & qu'on veut s'éloigner du iimple, il faut du moins puifer la richeffe dans le genre dç la chofe, dans le choix & la qualité de la matière ; autrement, on rifque de ne préfenter qu'un plaquis, des pièces de rapport, enfin des comportions de fantaifie, qui ne peuvent s'attirer le fuiFrage des hommes éclairés, La Planche VII nous donne Us Deffins d'une
Terraffe de douze pieds feulement d'élévation , avec l'efcalier, qui, du niveau de la cour, def* cend au petit canal des Jardins de Saint-Cloud. Cette Terraffe & fon efcalier, font en pierre , & ont été exécutés fur les Deffins de Jules Har* douin Manfard: ils font tous deux d'un bon genre; & quoique limples, ils figurent, on ne peut pas mieux, avec les autres parties qui les environnent dans cette promenade charmante. Sur cette mê- me Planche, on a tracé la coupe de l'efcalier, & le profil de la Terraffe , dont on n'a point donné le plan, la {implicite d.e cette composition n'ayant pas paru l'exiger. La Planche VIII offre le Deffin d'une autre
Terraffe & de fon Efcalier, de la compofition dç h Blond, Cette production, dune grande magnifi- cence , en; ornée d'un Buffet d'eau & de deux Champignons ; richeffe qui la rend digne d'en- trer dans la décoration des Jardins de nos Mai- fons Royales, Néanmoins , fa forme générale , grande , mais iimple quant à l'Architecture , la rend auiïï fufceptihle d'être mife-en œuvre dans les promenades beaucoup mpins importantes, parce |
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6o Co un s
que, fans rien changer à fa difpoiition, on peut
en fupprimer la fculpture & les eaux jailliiTantes ; & alors elle différeroit peu de celles qui fe re- marquent aux Tuileries, & qui toutes font fort eitimées des connoiiTeurs. La fuppreffion que nous propofons dans ce Deffin,nous rappelle ce que, plus d'une fois, nous avons recommandé à nos Elèves, & qu'il eft peut - être important de leur répéter ici. Lorfqu'il arrive qu'on fe propofe d'en- richir un projet, il faut commencer par le faire iîmple de forme, & dépouillé de tout ornement ; mais néanmoins en établir les nus, d'après la Sculpture qu'il peut recevoir dans la fuite, enforte qu'il faiTe également bien, dépourvu de toutes ri- cheiTes , ou revêtu du faite de la Sculpture & des eaux jailliiTantes, fans jamais, dans l'un ou Fautre cas, devenir médiocre ou confus ; ce qui ne poura jamais arriver, nTArtiite n'a obiervé un jufte rapport entre les parties & le tout, s'il n'a ca- dencé fes Plans , enfin , fi (es profils n'expriment par leur fermeté ou leur élégance, un cara&ère propre à l'objet. Pour fe convaincre de cette vé- rité, que fur un papier particulier, on fupprime, par exemple, tous les ornements gravés fur cette Planche, & l'on concevra aifément, que les feuls membres de fon Architecture n'en produiront pas moins un ouvrage excellent, parce que, lorfqu'une fois les formes font bien combinées, les orne- ments qu'on y peut ajouter, ne peuvent que con- tribuer encore à rendre l'ouvrage entier, & plus pittoresque, & .plus admirable. La coupe & le profil deiïïnés fur cette même
Planche, contribueront à faire fentir plus pofiti- vement, ce que nous avons voulu faire entendre en applaudiffant à cette compofition, & fourni- |
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d'Architecture. 6t
ront les moyens d'en tracer le Plan, que nous
n'avons pu joindre ici, dans la crainte de trop multiplier les Planches. Nous ne donnerons point dans ce Chapitre, de
JDeiîins de Quinconces ; perfonne ne révoque en doute le bon effet qu'ils produifent dans les Jar- dins des Tuileries & du Palais Royal : d'un autre côté, leur compoiition eft fi iimple, que ce le- roit vouloir multiplier les figures , fans aucune efpece de néceffité. Ainii, pour fuivre l'ordre que nous avons obfervé dans les préceptes généraux du commencement de ce Volume , nous allons paffer aux diverfes Paliffades que va nous offrir la Planche IX. Divers Deffins de Paliffades.
Plan c h es IX & X.
Nous ne répéterons point ce que nous avons
déjà dit des Paliffades ; d'ailleurs, les divers exem- ples qui font tracés fur cette Planche, nous pa- roiffent préférables à unefpéculation fort étendue; ces paliffades ont été defîinées d'après le plus grand nombre de celles que l'on admire dans les Jardins de Maifons , de Verfailles, de Marly, de Lian- court, de Chantilly, &c. & ont été rapportées par le Blond, dans fa Théorie du Jardinage, ou- vrage dans lequel nous les avons puifées, comme autant de modèles à offrir à nos Elevés. Qu'on prenne garde qu'il s'agit ici d'un corps de Le- çons , & que nous avons averti à la tête du pre- mier Volume de ce Cours, que nous nous fe- rions un devoir de rapporter des meilleurs Au- teurs 7 tout ce qui pouroit contribuer à faire écloi^ |
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€i Cours
le goût des jeunes Artiftes : d'ailleurs, le plus
grand nombre des objets que nous offrons, font exécutés, &, comme tels, appartiennent à la Ré- publique des Arts, ainii qu à ceux qui les pro- ïeffent. Nous nous flattons donc, que l'on ne nous accufera, ni de plagiat, ni de larcin , pour re- donner dans notre Ouvrage quelques Deiîins an- ciennement gravés, qu'il nous a paru effenciel de remettre fous les yeux du Leâeur. L'indication des fources où nous avons puifé, & l'éloge que nous faifons du Livre & de ion Auteur, doivent nous mettre à l'abri de tout reproche à cet égard. Après cet aveu, faifons feulement quelques ob«
fervations fur les différentes figures deffinées dans cette Planche IX. La figure I offre les Paliffades plantées dans les Jardins en face du Château de Maifons : elles produifent beaucoup d'ombrage, & comme le maiïif des Charmilles n'eft foutenu que par la tige des arbres, elles laiffent un libre accès, pour découvrir de ces Jardins, la plaine qui fe trouve placée de l'autre côté de la ri- vière, & dans laquelle eil plantée une avenue coniidérable, qui procure à ce Château un coup d'ceuil très-intéreffant, Il feroit à défirer que ces Charmilles & ces PalhTades fofîent élaguées un, peu plus hautes; faute d'un certain entretien, la tige des arbres eff devenue trop baffe, enforte qu'on ne refpire guères qu'un air étouffé fous ces promenades ; ce qu'on auroit évité, fi l'on avok pris foin de bonne heure d'en élever les tiges, 8c d'en racoucir d'autant plus la hauteur de la Che· velure des arbres. La Figure II donne le Deffin de la Paliffade de
la Salle des Antiques du Jardin de Trianon, qui, route fimple qu'elle paroît „ ne laiiïe pas de pro» |
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d'Architecture. 63
«faire un bon effet, étant d'ailleurs ornée dans
chacun des trumeaux des arcades qui la eompo- fent, d'un Buße antique en marbre blanc , fou- tenu fur un fcabellon de marbre de couleur, qu'on n'a point exprimé ici, ce genre de magnificence étant indépendant de notre objet. La Figure III eft encore une des PaliiTades exé-
cutées à Trianon, laquelle entoure le grand Bou- lingrin, nommé le Plafond,dont nous avons parlé plus haut, page 26. La Figure IV donne la décoration d'une Pa-
lifîade en arcades, au travers defquelles on en aperçoit une autre, liiTe, bordant une contre- allée. On en voit de cette efpèce dans les Jardins de Chantilly ; &, quoiqu'elles exigent un entre- tien afTez confidérable, elles peuvent s'employer avec fuccès dans les Salles de bal, diitribuées dans les bofquets d'un Parc ; parce qu'elles re- çoivent facilement les lumières néceiTaires pendant la nuit pour éclairer ces fortes de fêtes champêtres. La Figure V peut fervir au même ufage , &
paroît plus propre à la décoratiou d'une Salle moins vafte que la précédente : elle a cela d'in- térefTant, que les arcades ne defcendant pas juf- ques fur le fol , on peut pratiquer des gradins dans la hauteur de leur appui, & placer une beau- coup plus grande quantité de lumières dans les trumeaux qui féparent ces arcades. Au refte, on pouroit faire ceux-ci moins larges , & , au con*^ traire, augmenter ceux de la Figure IV , fans que ces changements nuifuTent à l'effet général ; la difpoiition des lieux, la grandeur des bofquets δε l'é- lévation de la verdure qui les entoure, étant autant d'objets qui doivent détermine* l'Artifte à c/bferyec |
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64 G o üRS
plus ou moins d'élégance dans les décoratiotlS dft
cette efpèce. La Figure VI préfente une Paliffade plus légere
encore que celles dont nous venons de parler : il s'en trouve d'exécutées dans ce genre à Lian* court ; elles produifent le plus bel effet , en fa- veur des jets placés au milieu de chaque arcade ? & dont les chûtes tombent dans des baiîins en- tourés de bandes de gazon, élevées fur une Ter- rafle , qui, elle-même, fe trouve aufli élevée fur trois gradins : cette éminence donne à cette com- poiition un air amphithéatral, qui n'offre cepen- dant rien defaftueux, parce que la Sculpture eil, pour ainii dire, fans apprêts , & qu'on n'y remar- que ni marbre, ni bronze ; mais feulement les beautés qui tiennent toutes à la nature, aidée du fecours de l'Art. La Planche X offre d'autres Paîifîades beau-
coup plus compofées; aufîi celles de la Figure I & de la Figure II font-elles tirées des Jardins de Marly , plantés fur les Deffins de Jules Hardouin Manfard , l'Architecte de fon fiecle, qui a montré le plus de goût & de génie dans fes productions ^ & particulièrement dans les Jardins charmants dé cette Maifon Royale : Jardins dans lefquels il a içu foumettre la nature aux règles de l'Art, ce que les Anglois de nos jours , condamnent ouver- tement, en applaudiffant néanmoins à ces chefs- d'œuvre , parée quen effet ils font admirables. Les Figures III & IV font du Deiîin de le Blond,
autre Artifte d'un génie fupérieur, qui nous a donné un excellent traité fur la Théorie du Jar- dinage, dont nous avons déjà parlé plus d'une fois, & dans lequel nous avons puifé les exemples 'tracés fur sette Planche, cornue autant d'excel- lents |
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t>'A R c si τ ε 1t y R ë; ,.r èf
leiits modèles à offrir à nos Elèves , pourvu toute**
fois qu'ils en fâchent faire une; joile application", dans les différentes occaiions qu'ils auront d'exer- cer leurs talents. Observations parrïm?£ïÊR:iïs-iï&R
LES 3ÎFFÊR Ε Ν TES PARTI ES''QUI SE
PLACENT A COUV.ERT.:E>ANS LE&'J'AR-* i\l'NS'nE jé'ROpJRMTàti*',*. * !'*'<V"\;, Dès 'Bofàutts & 'désïSaÏÏés de vefdufè*1·
y.uï:o ζύ-ί " Vj înob î 20ii;.^ïD7 ;; τ, ... :;; Dans· nos obfefvätiöns' générales'» îiotls a'tbnS
parlé■ des différentes allées3;aiö«s n'en donnerons point icir d'exemples * cette partie du jafdmagè étant - cömiiie · de tdut le ' monde : I mais comme les Bofquets- & ' les SalleS'de' verdure demandent une étude particuliere ·, nous allons en offrir phV iieurs deffins £ dans les Planches fui vantes û La Planche *XI donne lés jOéiîïns de quatre
Bofquets de formes différentes, entourés de plu-* fieurs allées-'pdiftribuées -divérfement. Les Bof- quets peuventΊfe varier "^l'infini, félon féten^- due des mâiîifs où ils fë''trouvent 'placés, &~là largeur des grandes allées qui les entourent;" car il eft höh dOkferver, que ces'-^aîtrèfles allées^ tenues ordinairement · à ciel'Ί ouvert, procurant beaucoup'de' chaleur en ·été^aU* Bofquets ,■'- % ■plaifir de la 'promenade, Cónfiiié à trouver dané les maffifs de petites allées dé fix à huit pieds de large feulement ν où'l'on fe retire à'Fombré > & quij pour cela fé»placent près «des Salles & des Cabi- nets de verdure, afin qu'on puiffe paiTer alter- nativement des objets découverts , dans des lieux; moins.ëxpofés au foleil, ou tput-à-fait couverts, Tome II^, E |
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66 c: ρ υ Rs
La Planche XII offre deux Deffins de Salles
de verdure avec des allées difpofées en étoiles. Ces Salles fe placent aifez ordinairement dans les maffifs des Parcs qui avoifinent les Jardins parés, & fe font de diverfe grandeur , félon les objets qu'elles contiennent, tels que des pièces d'eau , des boulingrins , des portiques , des group- pes , &c. La Planche XIII préfente deux autres Deffins
de Bofquets ou Salles de verdure : la Figure A donne la diftribution du Bofquet des trois fon- taines à Yerfailles , dont l'effet des eaux fait le principal mérité ; enforte que nous ne rap- portons ici ce Plan, que pour exciter la curio- îité dans nos Elevés à aller voir ce che£d'oeu- vre hydraulique, ainfi que plufieurs autres Bos- quets de ce genre, répandus dans les Jardins de cette fuperbe Maifon Royale. Ceft dans ces Bof- quets , plus que par-tout ailleurs, qu'ils pouront réfléchir fur la fimplicité de la forme générale qu'on leur a donnée , la plupart tirant tout leur relief de la diftribution des eaux qui les embel- liffent. C'eft ici, n'en doutons point, qu'ils s'aper- cevront, que moins les productions de l'Art fe trou- vent accablées par la multiplicité des formes, plus la nature trouve le moyen de fe faire valoir , fans avoir recours à la prodigalité des membres d'Arche îeclure & des ouvrages de Sculpture qui en décorent d'autres avec une forte d'excès. Qu'on y prenne gar- de, les tréfors renfermés dans ces derniers, feroient peut-être plus convenablement placés à couvert dans de magnifiques Galleries , où les belles ftatues des bains d'Apollon * l'enlèvement de Proferpine du Bofquet de la Colonade , Sic. pouroient te- nir un rang diftingué. La Fig. Β. donne le dcfim |
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d'Architecture. 67
«3e la Salle des Antiques, diftribuée dans le même
Jardin. Le milieu de cette Salle eft orné d'un ■baffin en rigole. Dans les palifladeS qui l'entou- rent, font pratiquées des niches occupées par des figures & des buftes qui attirent dans ce lieu les Amateurs de la belle Antiquités Les quatre Planches fuivantes font plus com-
pliquées que les précédentes : elles donnent les développements des parties les plus intéreifantes du Plan général offert dans la Planche XXV de ce Chapitre : Plan général dont nous parlerons dans la fuite, ainii que de deux autres Plans de Jardins, tracés fur les Planches XXIV & XXVI. Ces trois Planches donneront alors l'occafion de parler de la relation que doivent avoir eilfem- ble les principaux Bâtiments, leurs dépendances, & les Jardins de nos belles Maifons de plaifancé. La Planche XIV donne le Plan d'une grande
Salle de verdure marquée A , fervant de manége découvert ; celui-ci le trouve limitrophe au Bâti- ment des Écuries , placé dans l'avant-cour du Château défigné dans la Planche XXV que nous Venons d'annoncer. Autour de cette pièce de ver- dure qui eft de forme circulaire, eft pratiquée une allée, pour mettre à l'ombre les curieux de ce genre d'exercice, pendant que le Prince & fes Courtifans occupent l'amphithéâtre B, lequel con- tribue , avec les objets qui l'environnent, à for- mer un fpe&acle intéreflant. Ordinairement, près des manéges couverts contenus dans les Bâti- ments des écuries, on donne des exercices, lors de la belle faifon, dans de grandes cours plantées d'arbres qui font partie des dépendances du dé- partement des écuries & des remifes. Nous avons préféré ici de glacer ce manége découvert dans E ij
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68 -Cou R s
le maßif des bois du Parc & des Jardins dont noui
parlons, parce que cette partie de rEquitatioii eil devenue une branche de..l'éducation clés hom|- mes bien nés, & même un exercice falutaire pour le beau fexe. On peut aufli, dans ces lieux décou- verts , faire des courfes de chars,. des cavalcades , & y donner , en abrégé, des fêtes dans le. genre de nos anciens Carroufeîs : fpeclacles champê- tres d'autant plus néceifaires, qu'en formant nos jeunes Gentilshommes à l'exercice de la guerre, ils fortifient leur conilitution , & en font des Ci- toyens utiles à la patrie, & tout à la; fois, des hommes aimables pour la fociété. Plein de cette .idée, dans le même maiïif où ce manége eil fi- * tué, nous avons tracé. une autre Salle de ver- dure C , deftinee à diilribuer les prix qui, feroient offerts aux vainqueurs par les Dames, ainii que plufieurs Cabinets de verdure, D , pour fervir des rafraichijTements : on y communiqueroit par des allées ombragées E,difpofées de maniere à recevoir, là nuit, des nominations, qui par leur difpofition, ne laiiTeroient pas .d'offrir , à peu de frais , beaucoup d'éclat. Qu'on ne s'y trompe pas, toutes ces confidérations doivent entrer dans. iV. magination de l'Ârtifte, félon ie sgenre de lacom- pofition dont il eil chargé. : La Planche XV donne.la diitribution des bâ-
timents par maifes & des Jardins d'une Ménage- rie dont on trouvera aiiiE ladifpovkion dan$4a Planche XXV. Nous ayons ifolé tous fes. bâti- ments marqués A , chacun , d'eux étant deiliné à contenir des animaux de différentes efpeces/. les uns, des oifeaux ; les. autres, des bêtes fau- ves; ceux-ci , des animaux aquatiques ; ceux làr, des animaux de iimple curioiité , &c. Ce Plan "™*f ''■·■ .. _ ,^ '■■-■■
...,.;,..· ,.., .... ^ ;, .·. . ; .... >
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d'architecture, 69
annonce aufîi différentes pièces d'eau B, qui, en formant fpeclacle, ont leur utilité pour abreu- ver les volailles , & fournir dans les bâtiments des abreuvoirs aux quadrupèdes. Les autres pié-. ces d'eau C, font feulement pour l'agrément, & pour procurer de la fraîcheur à chacune des pièces de verdure , au milieu defquelles ces baf- fins font contenus. Les divers bâtiments dont on vient de parler, font munis de cours particuliè- res D, deiHnées à faire prendre Fair aux diffé- rents animaux, & à communiquer aux logements des Domeitiques chargés de leur nourriture ; en- forte que tom l'intérieur des Jardins de cette Mé- nagerie peut être tenu dans un état de propreté, qui néceifairement y attirerait la préience des Maîtres, n'étant peuplé d'ailleurs que d'animaux domeitiques & d'oifeaux privés, dont le coup d'œuil devient toujours intéreffant pour les cu- rieux dans cette partie de l'hiitoire naturelle. · , Nous avons deftiné le bâtiment A a , à con- tenir un Sallon à double étage, pour y refpirer ïe frais; mi Appartement de jour, à gauche; & à droite, une Laiterie parée : ce dernier genre d'oc- cupation champêtre nétant point indigne d'amufer le loifir des jeunes personnes qui font leur féjour à la campagne pendant la belle faifon. Nous nous rap- pelons toujours', avec le plus grand plaifir,la Lai- terie placée dans la Ménagerie du Jardin de Chan- tilly ? & au milieu de laquelle eft une fource d'èait vive qui en fait les délices : mais ce qui dok exciter- la curiofité de nos Élevés, c'eit, fur-tout, la dit- pofîtion ik la diitribùtion très - ingénieufe de la Ménagerie de Verfailies. Qu'on nous permette cette plainte; on va toujours la voir avec trop-dé précipitation i & quand on en revient Ä/on. ne £H |
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70 Cours
rappelle guère que la difformité des bêtes fauves
qu'on y a vues, tandis qu'on auroit dû en faiiir l'enfemble , la divifion intérieure, (es abords, & particulièrement la décoration des appartements contenus dans le Pavillon où les plus célè- bres Artiftes fe font efforcés à l'envi de donner des preuves de leurs talents fupérieurs, Je Tai déliré pluiieurs fois, & je faifis encore cette oc- caiion de le répéter, je fouhakçrois que ceux de nos Elevés qui entendent bien1 le deiîin , fe traniporiairent furie lieu, pour y deiîiner à loi- iir tous les tréfors de l'Art que ces appartements contiennent, foit dans la Sculpture, foit dans la Peinture. En un mc-t, les Arabefques, la pierre , le bois, le plâtre , tout y eil d'une exécution ad" mirable , qui rappelle aux connoilTeurs ce qu'ont pu les beaux Arts fous le règne précédent , au- quel nous devons les efforts que font les Artiites de nos jours, pour atteindre le degré de perfec* tion où nous voyons, particulièrement aujour- d'hui, les ornements. La Planche XVI donne encore, ainfi que le
deiîin fuivant, les développements de deux Salles de verdure qui fe trouvent dans la Planche XXV· Gelle dont nous parlons, marquée A , eft une Salle propre à donner un Bal champêtre ; elle efî: entourée d'une allée en paliflade, dans le goût de celle de la Figure IV de la planche IX. Le Heu de la fcène eil fermé par une baluitrade de marbre, qui contient raiTemblée ; en face, dans une grande; niche Β , eft placé l'orcheitre. On communique à cette Salle de Bal par différentes maîtrelTes allées, C; & de plus petites, D, con* duifent à différents cabinets de verdure, les uns, E, pour les rafraîchiiTements; lçs autres 9 F, fervanç |
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d'Architecture. 71
àe loges pour y changer d'habits. Toutes les mai-
treffes allées, C, font à ciel ouvert, plantées d ar- bres à haute tige, & celles D, font feulement garnies de paliiTades de charmilles, au-deffus del- quelles viennent fe réunir en berceau les che- velures des arbres plantés dans les maiiifs ; a deifein que par ces diverfes allées couvertes & découvertes, on puiffe ,félon l'avant ou 1 arrière faifon, fe garantir de l'ardeur du foleil on du le- rein, ces fortes de fêtes fe donnant le plus iou- vent pendant le jour, en été , & pendant la nuit, dans l'automne. , Enfin, la Planche XVII offre une Salle de ver-
dure A, fervant à donner, à découvert, des Co- médies pailorales fur un théâtre B, greffe a cet effet, & fur la furface duquel font diilribuees des lifieres de charmille tenant lieu de couhffes. On pratique aufli dans la Salle A proprement dite, un orcheftre a, des gradins *, un parquet c, en un mot, toutes les commodités du reffort de ce Speftacle champêtre. Les deux Salles de verdure, C D, fervent de buffets ; les Cabinets Ε , pour habiller les Acleurs : enfin , les allées couvertes, F, & leurs carrefours, de promenades & de com- munications pour le fervice du théâtre. Nous ne dirons rien ici de la compofmon des
quatre dernières Planches que nous venons de décrire; il ne nous appartient pas de nous juger nous-même; mais les hommes éclairés qui les on* vues , nous en ayant paru fatisfaits , nous avons cru pouvoir en enrichir ce Volume. Donnons a préfent deux deffins de Labyrinthes, dune eom~ pofition très-différente , & que nous avons piu- fés dans ks Jardins de nos belles Maiions cte plaiCance., |
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L
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Jf$i Ç O V η. -S -ν r Λ %7 '
La Planche XVIII donne le nouveau Labyrin-
the exécuté, depuis quelques années , dans les Jardins de Choiiy , fur les deffins de Moniieur Gabriel·, premier Architeéte du Roi ; ce Plan nous a paru d'une forme très-ingénieufe, & rem- plir très-bien l'idée qu pn doit fe former d'un bof- quet de cette efpece, où chaque pas que l'on fait, Io ri qu'on y eil entré, conduit à s'égarer : les pa- liilades, dont ce Labyrinthe eil formé , ont peu de hauteur; à deiTçin que, du Château, le coup d'œujl de la rivière* ne foit point intercepté. D'ail- leurs, ce peu d'élévation aux charmilles procure plus d'air à ces fortes de promenades, qui, quel- quefois , fe plantent d'aubépine. & les maflifs d'ar- buites odorants; ainfi qu'il s'en remarque dans les Jardins de Seaux, & qu'anciennement, on en a vu dans les Jardins dç Clagny, , |
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La Planche XIX , offre un de
différent, il avpit été projeté pour |
in -tout-à-rfait
les Jardins de |
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Chantilly, par M. le Nôtre, qui en.ayoit çom*
pofépluiieurs ; cçlui qui s'y remarque eft très-ingé- nieux, & beaucoup plus coniidérable que celui que nous donnons ici ; mais la fingujarité nous X a. fait préférer ; auiïi, a-t-on pris foin de le gra- ver fur une table de pierre, qui le voit encorej aujourd'hui dans le Parc de cette belle Maifon de plaifance : Parc qui, par la beauté & l'abondance?, <lç fes eaux, naturelles, n'a gueres de rival en France que celui de Liancour, & qui, tous deux par cette, feule considération, l'emportent fur toutç$ les beau* tés de l'Art répandues avec tant deprofufion, dans, Igs Jardins de VerfaUles , deMady & de Trianoî}« '., ff*2$ 'Çaèinets detrçillagesi'
La Planche XX gffre wu Porticrue m treillages g
ψ β ■ *jpv . ,ι
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d'Architecture. 73
deiïiné à donner entrée à un bofquet. Nous Fa-
VOns déjà dit, nous le répétons : les proportions de la belle Architecture font applicables à ces fortes de décorations ; & ii, dans pluiïëurs, on remarque qu'on les a négligées, c'eit que la plu- part des Treillageurs ignorent lés préceptes de l'Art; raifon pour laquelle il eil intéreflànt que ce foient les Ârchite&es qui en donnent les âe{- flns ; & pour réuiîir plus sûrement, il convient qu'ils connoiifent à leur tour les matières qui fervent à leur ■ conftru&ion, & qu'ils defcendent dans les opé- rations de la main d'œuvre, connoiffances qui peu- vent , feules j les amener à difpofer les corps d'Ar- chiteclure, les moulures & les ornements , avec goût & avec intelligence. Au reile , il faut conve- nir que les Treillageurs de nos jours font plus éclai- rés que par le parlé : le plus grand nombre def- iine paiTablement; &, pour peu que l'Archite&e leur trace fes intentions , & que les principales mefures foient cottées avec foin, il eit peu de ces fortes d'ouvrages qui ne réuiîiiTent aujourd'hui; auilî, depuis quelque temps , ont-ils repris fa- » veur , & contribuent-ils , par leurs fuccès , à l'em« belliiïement de nos Jardins parés, ainii que nous l'avons rapporté plus haut. ., La Planche XXI donne le deiîin d'une Niche
en treillage , qui, ordinairement, fe pîaceà l'em- bouchure d'une grande allée, à l'extrémité d'une terraife, ou en face du principal corps-de logis, clans les Maifons de nos riches particuliers. Ces Niches peuvent contenir des fontaines jailliffan- îes, des ilatues, enfin des bancs circulaires Telles fervent alors à corriger l'irrégularité du terrein > ou à cacher les objets qu'il paroît intéreiTant dö $e pas tenir à découvert, à caufe de leur diôbr« |
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74 Cours
mité ou autrement... Nous le répétons volontiers
ici; le Labyrinthe de Verfailles, les Jardins du nouveau Trianon, offrent différents deffins de ces fortes de décorations, qui, en les examinant avec attention , feront fentir à ceux de nos Elevés qui ont du goût, la préférence qu'ils méritent fur ceux exécutés à Chantilly ; ces derniers péchant abfolument dans leur proportion, contre les rè- gles de l'Art ; pendant qu'à Tafpecl: des autres , on démêle les talents des Architectes qui en ont été les ordonnateurs. Nous citerons encore avec complaifance, les treillages qu'on vient d'élever au Colifée des Champs-Elifées, comme une étude qui peut rapprocher d'une certaine pratique, à cet égard nos jeunes Deiîinateurs, dont la plupart ne fe doutent pas que, peut-être, leur début aura pour objet, de donner les deiîîns d'un Jardin particu- lier, dans lequel, pour jouir plus promptement » on fera entrer ce genre de décoration, qui, te- nant tout à l'Art, exige un talent décidé de la part de l'Architecte. Des Vafes.
La Planche XXII offre différents deiîîns de
«irafes exécutés en marbre & en bronze, dans les Jardins de Verfailles. Nous aurions bien déiiré pouvoir rapporter la plupart des tréfors en ce genre , contenus dans ce féjour charmant ; mais nous nous trouvons retenu par Tabondance des matières que ce Cours doit contenir, & nous fem- mes forcé de nous borner à préfenter feulement quelques objets de chaque efpèce. Les deux va- fes tracés fur le haut de cette Planche, font en marbre, l'un placé dans l'allée du tapis verd à |
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d'Architecture. 75
Verfailles, l'autre dans les Jardin»de Trianon ;
tous deux, ainii que le plus grand nombre de ceux diilribués dans ces belles promenades, font du meilleur genre, & de la plus parfaite exécution. Les deux autres au-deiTous font en bronze , & pla- cés fur la tablette de marbre de la terraife du midi à Verfailles ; ils font du deiïîn du célèbre Bâlin, & ont été jetés en fonte par les Keller : il n'y en a pas un fur cette terraffe , φ le nom- bre en eft allez grand, qui ne mérite l'attention, la plus fcrupuleufe. Qu'on ne s'y trompe pas * l'image que nous offrons ici de ces deux vafes, & des deux précédents, eft trop imparfaite, pour former une idée précife du degré de perfection dont nous voulons parler : c'eil fur le lie» même qu'il fe faut tranfponer, pour admirer ces chefs-; d'oeuvre : c'eft-là, comme nous l'avons déjà re- commandé, que, plein de l'envie de s'inftruire, on doit, le porte-crayon à la main, effayer fes forces, & quoiqu'avec des doigts encore mal aiTu- rés, mais avec de bons yeux , apprendre à bien voir» y retenir la beauté des formes, le contour des galbes, le choix des ornements, le goût des profils, enfin la touche de l'ébâUchoir , & la dé- licateife du cifeau des hommes célèbres, appelés fous Louis le Grand, pour embellir les lieux que ce Prince habitoit. La Planche XXIII offre d'autres vafes d'un def-
lin bien inférieur au précédent. Les deux du mu lieu font exécutés en plomb, & ornent pluiieurs Jardins de nos Maifons de plaifanee » les autres, font exécutés en pierre, & fervent d'amorthTe-, ments fous les baluftrades de quelques-uns de nosr bâtiments, à la Ville ou à la Campagne : nouf les offrons ici., pourfaire- fenîir au* jeunes; ^& |
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j6. . Cours
tiiles, combien il y a de difficultés à bien faire, &
combien , avec une forte de talent, on ie trouve éloigné du bon genre. Ces derniers exemples leur apprendront encore que , pour parvenir à faire d'excellents delîîns de cette eipece, il faut être nourri des ouvrages des grands Maîtres, confi- dérer les matières qu'on veut employer, conful- ter l'éloignement, ou le rapprochement de tous ces divers objets , enfin la touche, le faire, le mouvement, la fimplicité, ou la richeffe qu'il con- vient de donner à chacun. Mais arrêtons-nous fur ces détails , pour palier à la diilribr.tion gé- nérale de pluiîeurs Jardins, qui, par leur diffé- rence de diipofition , nous donneront occaiiort de parler de fuite, des Parcs , des Jardins de pro- preté & des Bâtiments qui donnent lieu à ces belles promenades. Différentes compositions de Jar~
oins afec leurs Bâtiments et les
' ^dépendances qui en sont la suite.
Nous avons défiré déjà plus d'une fois que hs
Àrchite&es entendiifent affez bien l'Art du Jar- dinage , qui comprend la culture des Jardins de propreté , pour qu'ils en puirTent donner eux- mêmes les defiins. Le Nôtre étoit le plus célèbre Archite&e de Jardins, que la France ait poiledé ; Cependant il a fouvent mal fécondé Jules Har- ëoüin Manfard : auifi, Marly peut-il être regardé comme le feul chef d'oeuvre que; nous ayons , fat l'accord qui règne entre les [ Jardins & les Bâtiments; ils font l'un & l'autreUe Jules-Har- $owrt, qui, en homme habile, fçut profita m |
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•—•■ΙΜΜΒΒΒΒΗΒΒΜΒαΜΜΜΜΙΗΚΒΙ
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d'Architecture. qn.
féjour de le Nôtre en Italie, pour préfenter à
Louis le Grand cette magnifique production, vrai- ment digne du génie de cet habile Maître. Le Nôtre, après avoir réduit le Jardinage en Art, a peu perfectionné ce qu'il avoit inventé; il n'a fait que circuler autour du centre où il l'avoir, porté, & ne s'eil prefque pas étendu au delà des limites où il s'étoit fixé ; il paroît même ne l'a- voir porté à un certain degré de perfection, que parce qu'il étoit homme de génie , & qu'il fçaVoit joindre à cette fcience, d'ailleurs fort étendue , la connouîance des beaux Arts qui font insé- parables de celui de planter des Jardins ; au lieu que la plupart de ceux qui s'en font mêlés de- puis lui & Hardouin , n'étoient que des Jardi- niers proprement dits ; ou, fi quelques Artiftes en ont planté, ils n'ont guère compofé que des chimè- res ; cependant ils n'ont pas laiifé d'avoir des admi- rateurs , parce qu'il n'étoit queiliori que de petits objets, qui, lorfqu'on a voulu.les imiter dans de grands, efpaces , n'ont plus montré que des mé- diocrités. Qu'on y réflechifîe ; il faut des idées' .Varies pour compqfer un grand Jardin ; il faut, .s'être rendu familières les diverfes productions de la nature, & avoir bien étudié l'Art, pour tirer tout le parti qu'on a droit d'attendre de la réu- nion de ces deux objets : enforte que , faute de cette double application, on ne remarque guerey .dans nos Jardins en France , que-des répétitions^ ou du moins, fi l'on y aperçoit quelque diffé- rence, ce n'eft que dans les parties acceffoires ; dansd'enfemble, la marche eft toujours la même , & l'on diroit que Tefprit humain, à cet égard, lorsqu'une fois il. eit parvenu à admirer quelque chofe, feiîxe à cette admiration, & lie voit riein |
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£8 Côuês
au-delà : d*où il fuit que les ouvrages imités dé-
génèrent , à raifon de leur multiplicité, jufqu'à-ce qu'enfin il arrive une révolution occafionnée par un génie neuf & trarrfcendant, qui attire tous les regards de fon côté, pour amener fur la fcène d'autres nouveautés : époque qui vient d'arriver à Londres, & qu'à notre tour, nous cherchons à imiter à Paris, fans pour cela que nous ayons d'autres raifons, que de changer, & de fuivre une mode qui panera comme les autres, fans con- fulter ni le raifonnement de l'Art, ni le goût na- tional, ni la température du climat que nous ha- bitons. Mais , fans nous arrêter à cette digreffion, donnons, fans aucune prétention, quelques pro- jets de notre compofition. Nous allons les faire précéder de quelques notions fur les Jardins des anciens peuples, comme un moyen de plus pour fertilifer l'imagination de ceux qui voudront s'ap- pliquer à cette branche de l'Architecture. En traçant dans l'introduftion du premier Vo-
lume de ce Cours, une légere idée de l'origine du Jardinage , nous avons parlé fommairement des Jardins des anciens : nous y renvoyons nos Elevés, & nous allons ajouter ici quelques nouvelles réflexions, afin qu'aidés des defcripnons vraies ou fauiTes que les Hiiloriens nous ont don- nées des Jardins de l'Antiquité , ils puiiTent ré- fléchir fur la route qu'ils doivent fuivre, pour ar- river à la compofition de leur projet, & y faire marcher d'un pas égal, & la partie du Jardinage, & celle des Bâtiments & de leurs dépendances, avec cette fupériorité qu'on remarque dans quelques- uns de nos Jardins, & particulièrement à Marly. Les AiTyriens, dit Diodore de Sicile, fe plai-
faient à cultiver un terrein fpacieux couvert d'ar- |
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D' Ar cîIi tec τ »ri. 79
btesde toute efpece, & fur-tout d'arbres frui-
tiers : on y trouvoit des allées , des fontaines » des ruiiTeaux, des plantes & des fleurs , dans tous les genres. Ce terrein, enclos d'un mur ou d'une paliffade, s'appeloit Paradis chez les Per- fes, nom qu'ont emprunté les Grecs , & qu'A- thénée a donné à une contrée de la Sicile au- près de Palerme, parce que c'étoit, dit-il, un pays agréable, fertile & bien cultivé. Xénophon Liv. IV, nous donne une grande idée
de la Maifon de campagne de Pharnabaze à d'Afcyle. On y voyoit, dit-il, de très-beaux Bâtiments , un fleuve très-poiflbnneux, de magnifiques Parcs pour la chaiTe, &c. StrabonLiv. XVI, en décrivant les Jardins de
Jéricho, dit qu'ils étoient environnés de montagnes, qui de tout côté , préfentoient un bel amphi- théâtre ; qu'ils étoient plantés de palmiers & de toutes fortes d'arbres fruitiers ; que le terrein y étoit très-fertile, très-varié, & arrofé par diffé- rents ruiiTeaux l'efpace de cent ftades, & que cé- toit-là qu'on voyoit le Palais du Roi, & le Pa^ radis, ou les Jardins qui produifoient le Beaume û connu fous le nom de ßeaume de Jéricho. Nous avons parlé dans notre introduction ,
des Jardins d'Alcinoüs , chantés par Homere ; nous y avons dit quelque chofe de ceux des anciens Romains ; mais nous obferverons que ces derniers , quoiqu'ils n'ayent pas négligé une certaine fymétrie dans la diftribution de leurs Jardins , fe rapprochèrent plus près de la nature que ceux qui, depuis, en ont plan- té en Italie & chez nous. Pline l'ancien , rap- porte entr'autres chofes, qu'on y remarquoit des Champs, des Lacs, des Vergers, de charmantes <1
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8o Cour s
Perfpe&ives , & de fuperfaes Maifons de plaifancè·.
Plutarque en fait auffi le même éloge. Enfin Pline le jeune, ainfi que nous l'avons rapporté ailleurs, fait une ample defcription de fa Maifon de Toicane,. :,;·.', 'zaSÎi „ Que la plupart de nos Elevés y fafîent atten-
tion ; dans les circonitances où nous nous trou- vons , par rapportai! Jardinage , les citations que "nous venons de faire, ne font point déplacées. Si nous voulons que nos productions pailent à la poftérité , ayons foin de les faire précédée d'une leckire réfléchie des meilleurs Auteurs* Sans elle Milton , quoique génie fubïime, n'aii» roit peut-être pas produit, dans fon Chant ÏYΛ fa charmante defcription du Paradis terreitre , dont on trouve la traduction dans Monfieur Ra- cine. D'après cette lecture , on (ne poura plus douter que les Anglois , après avoir préféré long- temps les produirions de le Nôtre, ne prennent aujourd'hui Milton pour leur Maître. La manière de le Nôtre eil prefqu'entiérement abandonnée en Angleterre-s & l'on y trouve" à'peine quelques .allées de charmille drefiees & taillées, comme elles le fqnt chez nous ; on ne les conferve même eri-r CQ.se.à Londres , dit-on , que comme un échan- tillon du mauvais goût qui règne en France ; les Anglois préfèrent d'aller puifer dans les forêts abandonnées' à la nature, les modèles de leurs Jardins, ce que quelques enthoufiafles de l'An- gleterre s'efforcent d'introduire ici, plus par et prit de fingularité , que pour autres raifons ; mais , ainfi que nous l'avons déjà, remarqué quelques efforts qu'ils fafîent, du moins nous le penfons ainfi, ils n'y parviendront jamais, nos .belles productions en France méritant la préfé- rence |
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ß Architecture; ftp
rence à beaucoup d'égards. Il eft vrai que, parmi
nos chefs d'œuvre , la plupart des Articles qui les ont voulu imiter, fe font abufés, en fe croyant les rivaux de le Notre & d'Hardouin; mais n'ayant pu parvenir à ce fublime, ils y ont rafîemblé feulement tant d'objets divers, que prefque tous ont négligé cette belle fimpiicité, ne fe doutant pas que les richeffes multipliées qu'ils y ont pro- diguées, fatiguent les yeux, au lieu de ks fatis- fake; la raifon condamnant la profufion, qui me préfente ordinairement qu'un falle mal entendu ί au ia, lorfqu'on parcourt ces promenades, dans l'efpoir d'acquérir des connoiiTances , on n'y ga- gne qu'une laflîtude fatigante, au-lieu de l'agré* ment qu'on s γ étoit promis- Au reite, toutes ces remarques font inutiles !
pour quiconque η a pas le génie de la partie dont nous traitons : il en eil de celle-ci comme de l'Ar-· chite&ure proprement dite ; il faut être né Jardi- nier, ainii que nous l'entendons , comme il faut etrené Poète, Muficien : la levure, les préceptes de l'Art n'échauffent guère que les eiprits natu- rellement enflammés ; il faut être pénétré de ce beau idéal, qui ne fe puife guère que dans l'i- magination, & qui a produit les chefs-d'œuvre de 1 éloquence, & de. nos plus célèbres Ecrivains : ces produaions, lorfqu'on vient à les lire, ne plai-* fent pas toujours, parce qu'elles nous ont peint la vérité; mais parce qu'elles ne nous ont rien dit contre la vraiiTemblance ; de maniere qu'il im. porte affez peu au Leaeur, déjà inftruit, (nous parlons ici feulement des beaux Arts j que la des- cription foit exadement fidele, pourvu qu'elle ioit, une , fans contradiftion , bien préfentée ψ en un mot elle puiiTe plaire en inilruifanC lome ly% '. ρ |
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82 CO URS
Perfonne de nous n'ignore que la plupart des Re-
lations de nos Voyageurs f q), & fur-tout de ceux qui nous ont rapporté des Edifices de la plus haute antiquité, ainfi que les Jardins des Anciens; nous ont offert plutôt des Romans ingénieux 7 que des récits exa&s : mais, néanmoins, lorsqu'ils nous font préfentés par des hommes de goût, ils pro- duifent à peu-près, tout ce qu'on a droit d'at- tendre du fruit.de ces fortes de lectures; c'eil |
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(q) A propos du peu de fidélité de la plupart des deferip-
tions de nos Hiftoriens 3 nous rapporterons ici l'extrait d'une lettre écrite de Conftantinople à M. Racine, le 9 Juin 1684, par Monfieur de Guillerague , AmbaiTadeur de France à la Porte : cette Lettre m'eft tombée entre les mains , & eft con- çue en ces termes. .......Je fuis très-dégoûté des Pays fameux que vous
avez, chantés : oui, Moniieur, je fuis très-dégoûté de ces Pays
dont les Poètes & les Hiftoriens de l'antiquité ont dit de iï belles chofes, & je vois qu'ils n'étoient pas exacts obferva- teurs de la vérité. Le Scamandre &c le Simoïs font à fec 10 mois de l'année j
leur lit n'eft qu'un folle. L'Ebre eft une rivière du quatrième ordre, La Natolie , le Pont, la Niçomédie , l'Itaque , ( préfen- tement la Céphalonie) la Macédoine, le terroir de Larifle & celui d'Athènes, ne peuvent jamais avoir fourni la quinzième partie.des hommes dont les Hiftoriens font mention. Il eft im- poliibie que tous ces pays ayent jamais été fort peuplés. Le terroir eft prefque par-tout pierreux , aride & fans rivières : on y voit des,montagnes & des côtes pelées , plus anciennes que tous les Écrivains. Le Port d'Aulide , abfolument gâté , peut avoir été bon; mais il n'a jamais pu contenir les mille vaiiTeaux des Grecs, ni mille barques. Délos eft un miférable rocher. Cithere & Paphos font des lieux affreux. Cithere ou Çérique eft une petite île la plus défagréable & la plus infer- tile qui foit au monde. Il n'y a jamais eu un air plus corrom- pi que celui de Paphos, abfolument inhabitée. Naxe ne vaut pas mieux. Les Poètes ,' apparemment, mettoient Vénus dans les lieux où ils avoient leurs maitrelles,; mais ils l'ont très-mai placée. Je ne vous parle point de zooo Évêchés en Grèce nom- més dans l'Hiftoire Eccléiîaftique, qui ne peuvent avoir eu ii iiaroiifes chacun* &c, &c.-r : x |
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ö'A RC H I ï E C t Uft Ë* Sj
êltimtë au jugement, c'eil à l'Artiite à faire dans
fes projets la juile application des lumières qu'il y aura puifées; & aux préceptes , à faiïiirer de lä perfection ou de Fimperfedion de ion œuvre. Plan général projeté en 1766 pour le Cateau~*
Cambrefis à fix lieues de Cambrai, en Flandre. Planche XXIV.
Cette Planche offre" le projet que nous fumes
chargé de faire pour Monfeigneur l'Archevêque de Cambrai, à Foccafion d'une belle Maifon de plaifance qu'il fe propofoit de faire élever près de la ville du Cateau-Cambreiis , dans une affez belle vue, qui s'étend jufqu'à une petite monti- cule , au-deiTus de laquelle en eil une autre qui Va border un bois de haute - futaie, appartenant à Sa Majefté. On arrive à cette Maifon de plaifance paf l'a-
venue en rampe douce A , dans une grande cotif circulaire Β, élevée d'environ vingt - fept pieds au-deiïus du fol du grand chemin, par où l'on ar- rive de Cambrai : de maniere que de cette cour; Β , on découvre les Jardins potagers C, & eeu3£ D ; au milieu defquels fe remarque une pièce d'eau Ε , qui reçoit la décharge des baiïins diitri- bués dans la partie fupérieure des Jardins. Le Château marqué F eit un Pavillon carré ?
dans les principales enfilades duquel on décou- vre^ des Villages voifins , dont les afpedts inté- reflants nous ont déterminé, fur le lieu, à don- ner précifément au principal corps-de-logis 9 la Fij
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84 Cours
pofition que l'on remarque dans ce Plan. Nous
diibns , furie lieu; car il ne faut jamais négliger, autant qu'il eil poflible, de s'y traniporter, fur- tout loriqu'il s'agit de planter en place neuve ; c'eit-îà, n'en doutons point, que les perfonnes du pays peuvent donner des renfeignements ; c'eil- là que Γ Architecte doit méditer fur le local : pré- caution préférable à tous les Mémoires & aux Cartes , que les propriétaires, ou leurs hommes d'affaires peuvent, à cet égard, fournir à VAr- chite&e. Ce Château eil élevé fur un Soubaffe- ment en terraffe, qui, de part & d'autre, fe ré- duit en pente douce, pour la facilité des voi- tures ; ce qui' donne à cet Edifice beaucoup d'in- térêt, & un air de magnificence digne de l'puilre Prélat qui nous l'avoit ordonné. Cette terraffe en pente douce, procure l'avantage d'arriver à couvert, fous un porche en colonade, placé à l'entrée du Château, du côté de la cour. A la droite de cet Edifice, & en face d'une plaine donnant du côté de Cambrai, eil placé un corps de Bâtiment G, qui contient la Chapelle & des logements commodes pour le Grands Vicaires & les autres Eccléfiaftiques de la fuite du Prélat, ainii que pluiieurs appartements pour les étrangers. Tous ces Bâtiments ont une cour particuliere H , ornée de verdure : cour qui donne entrée aux baffes- cours ï, dans lefquelles font contenues les écu- ries, les remifes, les bûchers, &c. car les cuiii- nes & les offices font placées dans le foubaife- jnent, fur lequel s'élève le principal corps-de- loiris. Ce dernier contient feulement à rez-de- chauffée, un veitibule , un fallon, un bel Appar- tement de fociété, enfin, une falle à manger & un efcalier, qui mené à un bel Appartement d'ha-* |
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d'AKchitectüre. 85
bitation an premier étage, qui contient une ga-
lerie , un cabinet de tableaux & une bibliothèque : on trouve auiîi dans ce même étage, un double Appartement complet à donner ; tous les autres de cette efpece font diilribués, comme nous ve- nons de le dire , dans le corps de Bâtiment G, & fes dépendances. Nous ne donnerons ni les Plans, ni la Déco-
ration extérieure de cette Maifon de plaifance;' nous en indiquons feulement, ici l'arrangement, parce que la diflribiuion&la difpofition générale des Bâtiments tiennent plus qu'on ne s'imagine ordinai- rement à déterminer les liïues, les cours, les dé- pendances , fou vent même la plantation des Jardins, fur-tout lorfque l'Architeâe fe trouve chargé de donner les deiîins de tous ces différents objets. Du côté du Jardin , le Pavillon carré F fe
trouve ifolé fur une terraffe Κ, plantée d'arbres à haute tige, dont le milieu des allées s'aligne avec les principales enfilades obfervées dans les Appartements. Cette terraffe Κ a quelques mar- ches qui defcendent aux parterres L , aux deux côtés defquels font distribués des quinconces M, qui, en procurant du couvert à cette premiere fcène , laiffent jouir néanmoins départ & d'autre, du coup d'œuil des dépendances qui environnent les murs des Jardins parós de cette belle demeure. Au-delà de ces parterres commencent les maffifs /le moyenne futaie , où font diiïribuées les pièces de verdure & les allées, à l'ufage de la prome^ nade. La Salle de marónniers Ν, au milieu de- ; laquelle eit une grande pièce d'eau, un peu élevée du fol des parterres, mené de droite & de gau- che à deux Salles de tilleuls O, dont les formes barlongues s'oppofent à celles oblongues de M F «i
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S6 Cours
Salle Ν : oppoiltions qu'il eft effenciel d'obferver
dans la diilribution des différentes pièces de vei> dure d'un Jardin de propreté. Ces Salles fe trou- vent enfermées dans des allées de forme reéran« gulaire , aux quatre coins defquels fe Trouvent pratiqués autant de carrefours Ρ, qui, avec d'au- tres allées qui les accompagnent,. procurent, dans un efpace affes peu'confidérable , beaucoup de promenades fort ombragées. De la Salle de Ma- ronniers N, on defcend par une pente infeniible» dans une très-grande pièce de verdure en bou<· lingrin ; dans l'efpace de ce boulingrin, eil une pièce d'eau Ο , formant le milieu d'un canal pra~ tiqué par le fecours d'une petite rivière qui tra- verfe toute la plaine, & fur laquelle on devoit pratiquer une machine hydraulique marquée S , pour fournir des eaux jaillifTantes dans les diffé- rents baiîins de ce Jardin, & le furplus dans la pièce Ν , qui, comme fupérieure en hauteur, de- voir fer vir de réfervoir, pour diftribuer enfuite ces eaux dans les parrerres, dans le principal corps- de-logis & dans les autres bâtiments & les baffes- cours, pour aller enfin fe décharger dans la pièce E, & de-là fe répandre & arrofer la Ville du Câteau, dont le fol eil bien inférieur au terrein 9 ou ces Jardins , & les Bâtiments dont nous par- lons font iitués, A la tête de la pièce O , fe trouve un mur de terraiTe, qui, par des efcaliers çn pente douce, traverfç un Bofquet de bois an- ciennement planté , & dans le maiïif duquel nous ^vons percé diverfes Allées & un Belveder dé-* couvert Τ Λ qui de plain pied communique à/une grande plaine, que nous avons plantée d'arbres comparus avec îymétrie, comme U , & dont les iîiées çondiùfejit à couvert à la Foset Y -<jui aj^»
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d'Architecture; 87
partient au Roi. Au milieu des allées U , eir une
grande pièce X, fervant de rendez-vous; la Fo- rêt V étant fort peuplée de bêtee fauves pour les grandes chaffes, & la plaine fournifiant fufïi- famment de gibier & de volatiles pour les chafies ordinaires. Nous avons planté également, en face & aux
deux côtés de la Salle de maronniers Ν, des allées d'arbres dans la plaine , pour prolonger la lon- gueur de celles contenues dans l'intérieur des Jardins : d'ailleurs, ces allées , diilribuées ainii, femblent lier l'extérieur avec l'ultérieur, & pro- curent à la forme de ce Plan , un enfemble qui nous a paru intéreffant. Sans doute les amateurs des formes contrariées,
n'approuveront point la régularité que nous avons préférée dans la diitribution de ce Plan ι mais , nous l'avons déjà annoncé daris le com- mencement de ce Volume : notre intention , avons-nous dit, n'a point été de fuivre aucun efprit de fyftême ; nous n'avons fuivi à cet égard que notre goût naturel : jamais nous n'applaudi- rons que forcément, au genre que l'on cherche à introduire en France , d'après les nouvelles pro- ductions de l'Angleterre. Jamais nous ne nous laf- ferons d'être Citoyen & François. Qif'on y prenne garde ; toutes ces imitations ne tendent qu'à nous faire cefTer d'être , pour ainii-dire, nous-mêmes ; à force de vouloir reiTembîer à tous les peuples, de l'Europe, nous rifquons, peut-être un jour* de ne reiTembîer à perfonne. Mais, répond-ort à cela , tous les Arts & tous les Propriétaires, font libres , d'accord ; mais toutes ces innova- tions dans l'Architecture, dans le Jardinage , dans notre Mufique3 & dans nos Mcdes.* ne-fervent |
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88 Cours
qu'à défigurer le vrai goût national : que l'homme
de la Cour, que le riche particulier dans ion Jardin effayent d'imiter les Jardins de Londres, J.1 n'y a pas un grand inconvénient; mais que la tête tourne à la Nation, parce que tel Jardin à Paris, compris dans peu d'efpace, a obtenu quel- ques fuffrages j & que delà, on veuille changer to- talement le goût véritablement eilimable des pro- ductions de ie Nôtre & d'Hardouin, nous trou- vons cette manie inconféquente, pour ne pas dire, tour-à-fait déraifonnable. D'ailleurs, qu'on y ré- fléchnTe, il en doit être, félon nous-, des Jardins comme des Bâtiments ; il convient que le ftyle de ces derniers foit aflbrti à la repréfentation des perfonnes pour qui ils font élevés. Nous l'avons dit plus d'une fois , c'eil le caractère propre à l'Edifice, qui feul fait beauté. D'après ce principe ïnconteftable, nous avons cru que nous ne de* vions pas abandonner ce précepte , lors même de la compoiition des Jardins de cette Maifon de plaifance. Le même efprit nous a conduit dans les deux autres Plans qui vont fuivre ; nous laif- fons aux hommes non prévenus, lç foin de juger 4$ notre opinion à cet égard, Plan général des Bâtiments & des Jardins
d*Un. magnifique Château projeté pour
l'Allemagne,
Ρ % A Ν Ç H f, X5CV,
Ce projet traité en grand, raiTembîe la ma-
jeure parue de. îqus les objets cmi peuvent eon« |
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d'architecture. 89
courir à rembelliffement d'une réfidence coniidé-
rablé élevée à la campagne pour un Prince d'Alle- magne ; foit qu'on le confidere du coté des Bâ- timents & de leurs ifîues, foit qu'on en examine les plantations, telles que les Jardins de propreté, les Futaies , les Potagers, les Vergers, &c. L'entrée A de cette belle habitation eil pré-
cédée d'une grande avenue en patte d'oie Β ; elle îi'eiï fermée que par un pont tournant placé au milieu de l'étendue d'un foffé dont la lon- gueur détermine la largeur de la premiere avant- Cour C, qui, de droite & de gauche, communi- que à des Bâtiments deftinés d'un côté, à conte- nir des Cafernes D & leurs dépendances , pour la garde du Prince , & de l'autre des Granges, des Selliers , des Buanderies, & autres départe- ments E, néceflaires à une Maifon de la plus grande importance. La grande Cour F , fert de place d'armes pour l'exercice des troupes, celle G , pour la courfe des chevaux : enfin, les deux 'Jardins potagers H , font deftinés particulière- ment pour rapprovifionnemént des corps de Bâ- timents D, E. De la premiere avant-Cour C, par une grande
allée I, à ciel ouvert, & bordée de deux contre- allées, On arrive a une féconde belle avant-Cour Κ, plantée d'arbres dans ies parties latérales. Aux deux côtés de cette grande allée I, font distri- bués les Jardins potagers marqués L, & les Ver- gers M, d'une étendue aiTez coniidérable; „ces Jar- dins doivent fournir des fruits & des légumes en abondance, ce Château ayant été projeté pour un lieu aiTez éloigné d'une ville Capitale : ils font d'ailleurs plantés fymétriquement dans un terrein neuf j prefque de niveau, & régulier dans fes di- |
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po Cours
menfions. D'un autre côté , comme ces Jardins
fe tiennent ordinairement à découvert, particu- lièrement les potagers L; il eil de néceflité d'ob* ierver une forte de régularité dans leur difpoii- tion, rien n'annonçant tant, à notre avis, la ma- gnificence de la demeure des grands , que lors- qu'elle fe trouve précédée par des Jardins de cette efpeee, & que ces Jardins font bien tenus, & pa- rés des dons de la nature ; tels qu'on a vu long- tems ceux placés le long de la grande avenue du Château de Maifons , dont il ne relie plus aujour- d'hui que le terrein dépouillé de culture; mais dont la belle difpofition plaît encore aux con- ■noirîeurs. L'avant-Cour Κ donne, en face, entrée à la
Cour d'honneur marquée Ν ; à droite , dans les Bâtiments, les Cours & les dépendances du dé- partement de la bouche, défignées par la lettre a; enfuite dans une baife-cour £,.οίι font des vo- lières pour les volailles , & enfin , dans une mé- nagerie c, où fe trouvent distribués différents Bâti- ments pour les animaux de diverfes efpeces, une Laiterie & des logements d, pour les gens chargés de leur nourriture & de leur entretien. La même avant-Cour Κ donne entrée à gauche à des Cours & des Bâtiments e , deftinés polir les Ecuries , les Remifes, les Chenils, le logement de l'Ecuyer, & du fous-Ecuyer; enfuite à une Cour & un, Manége couvert marqué ƒ; enfin , à un Manéee découvert g, entouré de verdure, & dans le ΐομά duquel eil élevé un Amphithéâtre : enforte qiie par la difpofition de ces Bâtiments qui fe trou·* vent alignés par leur axe principal, on jouit 9 avant d'entrer dans la Cour N, de toutes les dé- |
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d'Architecture. 9t
pendances qui precedent l'habitation du Prince (r).
Arrivé dans la Cour N, au fond de laquelle eft le Château, on jouît pleinement de ion af- pelt. Il eit double dans fa profondeur & de deux étages dans fes façades, y compris le rez-de- chauiTée. De cette même Cour, on découvre à travers les colonades placées de droite & de gau- che, d'un côté, le Jardin & le Bâtiment de l'O- rangerie marqué O ; & de l'autre , un Jardin fleuriite, & un Bâtiment Ρ , dans lequel eil placé la Salle de fpe&acle : de maniere que ces nou- veaux Bâtiments Ο , Ρ, de même dimeniion 9 quoique défîmes à des ufages différents, offrent un coup d'œuil fatisfaifant, par les entrecolonne- ments qui décorent les- ailes de cette cour prin- cipale : tous ces objets, dans une Maifon Ele£to- raie , doivent s'oîTrir à découvert aux yeux des étrangers, parce que les ayant envifagés, pour ainii-clire , fous un même point de vue, ils s'en forment la pins grande idée, & fe font un plai- iir d'en parcourir à loifir toutes les beautés. Derriere le Bâtiment P, fe trouve placé un
Mail circulaire <^, dans le gout de celui de Marly, & au milieu duquel font difhribués des Salies 8c des Cabinets de verdure. Derriere le Bâtiment O 9 on remarque un Labyrinthe , marqué ^ , qui oe». (r) Nous fornmes entres , lors de ce projet , dans le plus
grand detail ; il n'y a pas un feul Bâtiment cité ici , dont nous n'ayons fait les Plans particuliers , les coupes & les dé- veloppements, fécondé par M. de la Roche, l'un de nos Elè- ves, qui, à préfent tenant un gradediftingué dans les Ponta & Chauffées, fçait fe concilier, par fes lumières & fa pro- bité, l'eftime de fes Chefs , & la bienveillance du Minlftr* içlaiïé qui p^éiide à ce département. , |
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92 Cours
ciipe à peu-près la même longueur que le Mail
qui lui eit oppofé. En face du principal corps-de-îogis £, règne,
dans toute la largeur du Jardin, une double ter- rafFe toujours intéreiTante à obierver, lorfque le terrein le peur permettre; parce que, de deiTus cette émi'nence, on aperçoit plus facilement les ob- jets qui font à découvert, tels que les parterres, les pièces d'eau, les tapis verds diilribués ordinaire- ment en face du Château, & déiignés ici par les let- tres R, S, T. Le canal S, à fane de fes extré- mités , retourne d'équerre, & forme âeux bras diftribués en parties égales, n'ayant pu l'étendre au-delà, parce qu'il eft fourni par deux fources, & que la pente infeniible , eft toute du côté du Château , & la partie du tapis verd Τ, parfaite- ment de niveau ; cette pente infenfibîe auroit permis, ii Ton eut voulu , de former une cafcade dans la partie longitudinale de ce canal; mais le Propriétaire ne jugea pas à propos de faire cette dépenfe. Aux deux côtés des Parterres Ρ*., font diitri-
imées des Salies de verdures U , & des Cabinets moins fpacieux que ceux marqués V, X ; parce qu'étant placés vers le principal corps de logis, ils doivent fournir plus d'ombrage; ce qu'on n'a pas droit d'attendre de ces fortes de pièces de yerdure, lorsqu'elles ont un grand diamètre ; mal- gré les petites allées que Ton prend foin de faire circuler autour, ainii qu'on le remarque dans ce Plan. Nous en abrégerons la defcription , pour îne pas répéter ce que nous avons dit précédem- ment , en parlant en particulier des Parterres, des Bofquets , des Boulingrins , &c. Nous fini- rons feulement par faire obferver5 quà l'extré« |
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d'Architecture. 95
înité de cette Planche , fe trouvent placés d'un
côté, les Bâtiments , Cours & Jardins d'une Fai- fanderie Y , qui nous avoit été demandée. Nous donnerons , dans la fuite de ce Cours, les deiîins & les détails de ce genre de diitribution ; cette efpece de Bâtiment étant affez ignorée de plu- iieurs de nos Elevés, quoiqu'ils puiffent s'en for- mer une idée très-fatisfâifante , en allant viiîter la Faifanderie placée dans les Jardins de Chan- tilly. En face, & de l'autre côté de ce petit Bâ- timent , en eil un autre Ζ , deiliné à fervir de retraite au Propriétaire, tel que fe remarque ce- lui de Trianon près Verfailles ; mais Trianon eil beaucoup plus coniidérable que celui que nous propofons. Nous donnerons dans la fuite , les développements de ce dernier.· Le défaut eflenciel de ce Plan Général, eil
d'être planté en plaine ; ce qui rend nécessaire- ment iâ diitribution monotone : d'un autre côté, les promenades font bien moins fatigantes, que lorique leur furface eft montueufe ; mais aufli y dans le premier cas, perd-on l'effet pïttorefque que l'on trouve au contraire dans le deuxième; ' combien, dans les terreins montueux, ies Jardins ne préfentent-ils pas de variétés ? Nous avons déjà fait ces remarques , au commencement de ce Chapitre; nous ne nous laiîbns point de les ré- péter , pour Futilité de nos Leöeurs. Certaine- ment , les Jardins de Verfailles paroiiTent trop parés de Sculpture : quelle fut vraiiïemblable- ment la caufe de cette profuiion? ceil fans doute la nécefîité où l'on s'eil trouvé de leur procurer de la magnificence par le miniitere de l'Art; ce lieu étant dépourvu, dans fes environs , de toute efpece de fpe&acle champêtre. Il eft yrai que > |
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94 Cours
dans fon fol, on remarque pluiieurs retraites ;
celles des parterres d'eau, celles du midi & celles du nord, qui ajoutent un aiîez grand relief à la difpofirion de ces Jardins fuperbes ; mais, en- core une fois, ils ne font véritablement admira- bles que pour les connoiiTeurs & les Artiftes qui y viennent avec plaifir contempler la plus grande partie des chefs-d'œuvre de, Sculpture qui fe font faits fous le regne de Louis le Grand ; au-lieu que dansles autres Jardins de nos Maifons Royales & de nos belles Maifons de plaifance, fans être connoifieurs, toutes les claifes de citoyens ( ƒ) font à portée d'applaudir à l'ordonnance , à la dif- pofition; enfin, de jouir δι des beautés de l'Art, & d-2S beautés de la nature , lorfqinls parcou- rent les belles promenades de Saint-Cloud , de Seaux, de Chantilly (ή, de Saint-Germain-en-Laye 9 de Meudon, bien fupérieures, par l'afpecl; des en- virons, à celles de Trianon , de Bagnolet, du Rinii, & peut-être à celles de Marly, qui cepen- dant à tant d'égards, méritent d'être admirées; |
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(ƒ) Ce que nous avançons nous a été confirmé plus d'une
fois; lorfq.ue, dans nos Leçons publiques, nous nous trans- portions fur ies lieux avec les étrangers qui nous étoient adref- iés, avec les amateurs &'les Amites qui nous fuivoient dans nos Conférences, Conférences qui fe répétoient toutes les années j ce qui nous a mis à portée de réfléchir fur tous ces différents objets : enforte que c'eft moins notre Sentiment particulier que nous rapportons, que le jugement général des hommes éclairés, avec qui nous avons été à même de difcu- ter les beautés ou les médiocrités qui s'offroient à nos regards. (r) Voyez tous les deilîns de ces Jardins Tomes IV & Y de
l'Architecture Françcife. |
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D'ARCHITECTURE. 9J
Plan général des Bâtiments & des Jardins
d'une belle Maijon de chajje projetée en Allemagne pour l'Electeur de * * *. Planche XXVI.
Ce projet , moins confidérable en apparence
que le précédent, a néanmoins tout autant de promenades, & il ne diffère guère que par les Jardins fruitiers & potagers qui n'étoient pas né- cessaires ici, cette belle habitation n'étant éloi- gnée que de trois lieues d'une des Villes les plus opulentes de l'Allemagne. Les principaux Bâtiments, par la même raifon, ont auffî moins de dépendances, fans pour cela, qu'aucuns dé- partements effenciels y foient épargnés , ayant pris foin que leur difpoiition, leur ordonnance & leur iiructure répondirent à la magnificence du Prince pour qui cette Maifon de chaile avoit été projetée. La diilribution des Jardins répond auiîi à l'éciat des Bâtiments, & l'on fe rappellera que nous en avons donné quelques parties dans les Planches XIV, XV, XVÏ & XVII de ce Cha- pitre, Parcourons à préfent cette production, & mettons nos Elevés à portée de connoître la mar- che que nous avons fuivie, pour répondre aux intentions du Grand Seigneur, qui nous avoit char- gé de cette diftribution. Le Château A, a aifez peu d'étendue ; mais il
eft double dans fa profondeur i & a dans les faça- des, deux étages élevés au-deifus d'un foubafïe- ment; dans celui-ci, fe trouvent diflribués de magni-' |
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fiqiies Appartements de bains , une Grote, une
Salle à manger d'été, & des Offices : l'étage au- deiïiis efi occupé par un grand Sallon, dans le goût de celui de Marly, & de plùiieurs pièces formant un bel Appartement de fociété; de ma- niere que ce n'eit que dans le premier étage, qu'on a pratiqué quatre Appartements de Maî- tres , la plus grande partie des peribnnes de de- hors étant à portée de retourner à la Ville après le ibupé. On arrive à ce Château par une Cour qua-
dranguiake Β , fermée feulement par des grilles dans les parties latérales : cette Cour eil précédée d'une belle avenue C , qui tient lieu d'avant-cour ,. & elle eil auili fermée par une grille D : aux deux extrémités de cette,grille, fe trouvent deux Pa- villons , l'un pour le SuifTe, l'autre pour un Garde-, chaiie. De chaque côté de l'avenue C, font diilribués *
. à droite, le département des Ecuries & des Be- mifes E, & à gauche, celui de la bouche, mar- qué F ; l'un & l'autre pourvus de toutes les com- modités que la libéralité du Prince avoit per-, mifes à FArchiteile. C'eil dans l'enfilade des Bâ* timents E, F, que fe trouvent placés le Manege découvert G, èi la Ménagerie H, raportée pré- cédemment Planches XiV & XV ; nou$ y ren- voyons; les formes y font plus diltincles & plus étudiées que dans ce Plan, que nous n'avons pu donner que fur une très-petite échelle, à caufe du format de notre ouvrage. Nous aurions voulu pouvoir en ufer de même pour ce qui regarde îe détail de la diflfibution & de la décoration des Bâtiments j, dont nous avons confervé des doubles, deifinés
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ueffmés avec le plus grand foin (/); mais les
mêmes coniidérations nous en ont empêché. Les lettres I déiignent une partie des Potagers
plantés à l'entrée de l'avenue C, La lettre Κ in- dique une partie des Bâtiments de l'Orangerie ; celle L, la Gallerie appelée la Gallerie des Cerfs, telles qu'il s'en remarque à Fontainebleau & à Chantilly, & dans lefquelles, fur des têtes en ■fculpture, on place les bois des cerfs vaincus à la chafle. Au commencement de chacune de ces deux Ailes, & à l'entrée de la CourB, font placés deux Pavillons a ; l'un pour la Chapelle, & l'autre pour le Concierge. En face du Bâtiment Ü, eil un Jar- din fleuriite, & en face de l'Aile Κ , un Jardin pour les orangers. En retour d'équerre, on voit deux autres Bâtiments M , Ν ; le premier con- tient une Salle de fpeâacle & {es dépendances, le fécond une Salle de Bal, une Salle de jeu, une Salle de billard, &c. Derriere celle-ci, eil un grand Bofquet renfermant un Mail circulaire ; & derrière le Bâtiment Ν, eil planté un Labyrinthe : l'une & l'autre de ces deux pièces de verdure fervent de petits Bpfquets pour les promenades du matin. Dans la ligne capitale qui enfile la longueur
du Château, fe trouve placé le milieu d'une grande ajiée O, qui traverfe toute la largeur du Parc; mais dont cette Planche n'offre que les principales parties. Cette allée eil à ciel ouvert, & bordée de |
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(f) Nous avons été fécondé dans ce travail par M. Delorme,
l'un de nos Elèves alors. & qui, aujourd'hui, par fes talents décidés, & par la douceur de fes mœurs, a fçu s'attacher la bienveillance des hommes de la plus haute conlidération, aifl£ que celle des Artiftes qui, foaç «a relation 'avec lui. Tom If. G. |
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chaque côté par une contre allée couverte, qui
procure de l'ombrage aux peribnnes qui , du Château, veulent parcourir les Bofquets du Parc, contenus entre l'allée O & celle Ρ , paralelles en- tr'elles. C'eft dans cette étendue Ο, Ρ, que font comprîtes les Salles de fpe&acle champêtre Q, & la Salle de bal R, données auffi précédemment plus en grand, dans les Planches XVI & XVII. En face du Château, eft un Canal d'eau vive S ? au bout duquel on voit une Cafcade Τ, le ter- rein , vers cet endroit, étant élevé d'environ dix- fept pieds : enfuite, on arrive dans une plaine fort étendue, où fe trouve planté le commence- ment d'un Bois de haute-futaie U, qui , affez près de l'allée Ρ, Contient deux pièces d'eau de îburce V, lesquelles , par leur fiipériorité fur le fol des Jardins & des Bâtiments de cette, Maifon de chaffe, fourniffent de l'eau , & dans les baiïins, & dans les Appartements » auffi bien que dans toutes les dépendances dont nous venons de faire la defcription. Tous les Bofquets, les Salles & les Cabinets
de verdure exprimés dans ce Plan, font difpofés de maniere, qu'ils ont des enfilades refpetlives, & font entourées de petites allées prifes dans les maflifs des bois : ces allées formant autant de ber- ceaux naturels, procurent à toute heure un om- brage intérefTant pour la promenade. Ces Bof- quets font ornés, pour la plupart, de ftatués, de baiïins , de fontaines qui les ernbelihTent en- core , &* qui, étant diilribués avec art, fervent à releVer l'éclat de la belle nature; la verdure, dans ces cantons, nous ayant femblé fur les lieux, plus belle que par-tout ailleurs , tant par i'efpece dçs arbres du pays 3 que pat lei foins que les J'ai- |
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îs'A R 6h i î ECt u ri* 99
dinîers, en Allemagne * prennent de leur culture
& du terrein qui les reçoit ; d'ailleurs * il en faut convenir ; l'abondonce des eaux dans les Jardins contribue beaucoup par fa fraîcheur , à entrete- nir f émail des fleurs ; & à procurer un verd ten- dre à la chevelure des arbres 3 aux paliiTades, aux arbuftes, &Ci * Nous ne nous arrêterons pas à décrire plus
long-temps la diilribution des pièces de verdure qui fe remarquent dans ce Plan. Les perfonnes exercées dans cette partie de l'Art, ont peu be- foin de ces defcriptions, & celles qui ne le font pas ne pouroient l'apprendre dans nos Livres. Nous le répétons pour la dernière fois, c'eil dans les Jardins de nos Maifons Royales , dans ceux de nos Maifons de Plaifance, enfin , dans les promenades des Maifons de nos riches particu- liers, à la campagne, & dans le fein des Villest qu'on peut feul bien apprendre à étudier & à concevoir cette partie ii intéréiTante de l'Archi- tecture; aidé, fi l'on veut, des préceptes géné- raux , & des exemples particuliers répandus dans ce Chapitre; quoique nous n'ayons pas préten- du, ainii que nous favons déjà annoncé, épuifer la matière ; mais offrir feulement à nos Elevés ce qu'ils ne peuvent absolument ignorer à cet égartfe |
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'ΐοσ Cours
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CHAPITRE IL
DE LA DISTRIBUTION
des Bâtiments en général.
xN ous avons commencé les premières notions des
préceptes de la diltribution des Bâtiments , par celle des Jardins, diitribution qui vient de faire l'objet du Chapitre précédent ; il nous a paru convenable d'ailleurs de faire marcher enfemble , lors de îa compontion d'un Plan, la diitribution des Bâtiments & celle de leurs Jardins, parce qu'affez ordinairement, le premier défir du Propriétaire, & le premier foin de Γ Architecte, eit de planter les Jardins , avant d'entamer la partie des Edi- fices ; ceux-ci étant toujours plufieurs années à élever , la plantation acquiert de la force pen- dant les années qui s'écoulent, entre le commen- cement de la main-d'œuvre , & le moment de jouir de l'habitation.' Nous voici donc arrivés à la diitribution des
Bâtiments, confidérée ici comme la féconde bran- che de Γ Architecture , branche, pour ainfi dire, ignorée de ,nos anciens Architectes , & que ceux du commencement de ce fiécle ont fçu réduire en Art. Pour nous convaincre de ce que nous avançons , donnons un précis de l'origine de la diitribution des Bâtiments, & rendons compte comment elle a pris faveur chez nous , au point que nos productions de ce genre, font imitées |
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Β' A R C H I Τ Ε CT V R E. ÏÖI
avec le plus grand foin par tous les peuples de
l'Europe favante , & même par ceux des Na- tions les plus éloignées. Précédemment, nous avons trouvé forigne de
la Décoration de nos Edifices dans les différentes produirions de la nature ; les arbres particuliè- rement ont donné naiffance aux colonnes ; les feuilles, les fleurs & les fruits aux ornements qui . les embelliffent. Nous allons trouver l'origine de la diftribution dans la néceflîté de fe mettre à l'abri des intempéries de l'air, & de fe procurer les commodités relatives à la vie civile. En remontant à la fource, nous trouverons que
les abeilles naturellement induilrieufes., donnèrent aux hommes les premières notions de l'Art de divifer & de partager l'intérieur de leurs demeu- res. En effet, à peine eurent-ils abandonné les en- trailles de la terre, qui, originairement, leur avoient fervi de retraite, qu'à l'imitation des ruches, ils élevèrent des huttes pyramidales qu'ils formèrent avec du bois enduit de terre graife. D'abord ils les ifolerent, pour prévenir les accidents du feu ; enfuite, s'apercevant du befoin qu'ils avoient d'u- fer d'économie , ils les rapprochèrent , pour fe communiquer plus facilement. Ils imaginèrent des portes qui en défendiffent l'entrée, & des croifées pour en éclairer "les dedans : ils établirent âes foyers qui les truffent à fabri de la rigueur des faifons : ils employèrent plusieurs étages, dans le deffein d'occuper moins d'efpacc fur le terreiia d'où ils tiroient leur fubfiilance. La culture des terres , qui amena à fa fuite
le partage des Domaines, introduiiit entre les Hommes l'idée de propriété. De-là, ils fe virent obligés de marquer des limites , de planter des Giij
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ιοί Cour*
haies, de creufer des foffés, qui diitinguaiTentleurs
poifeffions d'avec celles de leurs vohins. Les premiè- res huttes, qui d'abord leur avoient fervi d'aiile, firent place à des cabanes plus étendues, où ils établirent leur réûdence : on y joignit des dé- pendances pour contenir les animaux néceffaires a l'Agriculture, les dépouilles de la terre, & les proviiions dont on avoit beibin pour fubfifter en attendant une nouvelle récolte· Le nombre de ces habitations s'étant accru avec celui des fa- milles , on parvint infenfiblement à former des Hameaux, des Bourgades & des Villes : dans ces dernières, on difpofa des rues, on les alligna ; on érigea des Temples, on éleva des Bâtiments plus réguliers & plus vair.es pour les principaux Chefs, enfin on mit, peu à peu, de la fymé- trie dans la difpoiition de ces différents genres d'Edifices. L'aifance & le loifir dont les hommes parvin-
rent à jouir dans la fuite, les déterminèrent à porter leurs v*m fur d'autres objets non moins jntéreiïknts. Pourvus des premiers befoins, ils fon- gerent à rendre plu? falubrô l'intérieur de leurs demeures , & fe procurèrent plufteurs genres de commodités inconnues à leurs prédécefîeurs : le cercle de leurs idées s'agrandit par le commerce qu'ils eurent les uns avec les autres, d'abord, de proche en proche ; après , dans les Provinces les plus éloignées. La décence qui s'introduifit, dans leurs mœurs, leur fit imaginer de partager l'intérieur de leurs demeures en plufieurs pièces, qui dévoient contenir les deux fexes à part» Bien^f tôt les infirmités de la vieilleiTe leur apprirent à préférer les, lieux éminents aux vallées , & à faire· fhûi& des matières cmi affuraffent ynç durée plus |
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d'Architecture. 103
confiante à leurs Bâtiments, & les dédomma,-
geaffentde la main d'oeuvre dont ils avoient ef- fuyé les peines, Aux végétaux, ils firent fuccé- der les minéraux & les métaux, & commencè- rent à les allier enfemble : enfin, leur jugement s'étant développé , ils convertirent les dépouilles des animaux en étoffes, pour s'en f$re des meu-; bîes. Ceft par ces différents progrès fans, doute que les hommes font parvenus à rendre leurs ha- bitations, & plus commodes & plus agréables: mais, ofons le dire, ceft de cette commodité & de cet agrément, qu eft né le luxe qui règne au- jourd'hui parmi nous. En effet, fi la plupart des peuples euffent eu moins d'ambition, ils lé fuiTent contentés d'une demeure fimple ; ils s'en feroient tenus à la culture des terres, & à l'éducation de leurs femblables : combien n'en voyons-nous pas de nos jours , qui font leur bonheur d?une vie champêtre? La plupart des Pafteurs dans le fond de nos Provinces ; pluiieurs familles dont les ancêtres ont verfé leur fang pour la patrie : les Fermiers des grands Seigneurs, leurs Laboureurs, nos Pâtres y vivent encore dans cette fimplicité , qui faifoit partie des mœurs de nos ancêtres. Aufli, n'eft-ce que dans les Capitales que les be- foins fe font accumulés. La fplendeur des Nations., Tambition des Peuples, le culte extérieur if la Religion, les cérémonies d'éclat, la communica- tion des étrangers, l'opulence des Cours , le voi- finage des gens du monde , tant d'exemples ont fait éclore dans tous le défir de fe furpafler; ce que n'eût jamais fait une vie fobte & retirée. Peut-être, aurions-nous plus de vertus, fi nous vivions comme les premiers peuples du monde. Dun autre côté, comparons les ternes, & confia Gàv
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dérons, avec Plutarque , combien nous fommes
heureux, & combien nos pères l'éroient peu; puifque dans le premier âge, appelé par nos Poè- tes 1 âge d'or , la terre nouvellement formée , & l'air chargé de vapeurs groiîieres, étoient indo- ciles à l'ordre des faifons : le cours incertain des rivières dégradoir leurs rives de toute part. Des étangs, des Lacs , de profonds marécages inon- doient les trois quarts de la furface du globe ; l'autre étoit couvert de bois & de forêts ftériles. La terre ne produifoit que des fruits imparfaits» fes habitants navoient nul inih-ument pour le la- bourage. Là moiiïbn ne venoit jamais pour qui n'avoit rien ferne ; l'hiver, quelques herbages, quelques racines, étoient leur feule nourriture : ils regardoient alors la terre comme leur nourice & leur mère. Ce ne fut même qu'après une lon- gue expérience, qu'ils firent ufage de la chair des animaux > qu'Us vécurent de poiifons fecs & du lait de leurs troupeaux. Quelle différence aujour- d'hui, quelle affluence de bien nous environne! que de fruits ! que de richeifes dans les campa- gnes! Quels fecours ne nous donnent pas le corn·* merce & la navigation, pour apporter dans le fein de nos Villes les différentes productions des pays étrangers ! Que ne devons-nóus pas enfin à rinduftrie d'un peuple raifemblé, & qui ·> fou- tenu par la découverte des beaux Arts, fait en- fanter tant de chefs d'oeuvre. D'après ce tableau, plus intéreflant pour les
amateurs de l'Hiitoire, que pour les Artiftes, di- fons qu'aucune Nation , néanmoins , n'a fçu , comme la nôtre, réduire en Art la diitributio» qui fait ici notre objet* Les Aflyriens, les Hé- breux, les Egyptiens, n'ont guère excellé q«t |
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., i) Architecture.. 105
«lans la ftruöure & Timmenfité de leurs monu-
ments ; les Grecs & les Romains, dans l'ordonnance de la décoration & !a diitrihution intérieure de leurs Temples. Nos Provinces d'Italie, le Nord, l'Allemagne , l'Angleterre même, n'ont rien^ro- duit de bien effenciel fur cette branche de PArchi- teéhire. Tous ces peuples ont prefque recours aux exemples des Bâtiments François, lorfqu'il s'agit de la diiîribiition de leurs Edifices. Encore, fommes- nous forcés de convenir que cet Art n'eit pas fort ancien chez nous : que ce n'eit. que depuis le règne de Louis le Grand, que nous fommes parvenus a lui donner un certain degré de perfection. Nous pouvons le dire ici : quelle étoit la diitribution de nos Edifices fous les premières races de nos Rois ? une diitribution intérieure, fans fymétrie & fan* régularité : des Appartements mal éclairés, fans commodités, fans dégagements : des pièces fpa- cieufes, mais fans proportion, fans enfilades ref- peclives : des efcaliers obfcurs & fans dignité ; en un mot, on n'y remarquoit que de petites ou- vertures de portes, de croifées ; où, au contraire , des foyers d'une grandeur exceiTive. Qui de nous ignore , par exemple , que , fous Charles VI, l'Ap- partement de ce Prince à l'hôtel de Saint-Pol lu}, confiiloit feulement en une grande anti-chambre, «ne chambre de parade (x) qui avoit quinze toi- les de longueur fur dix de largeur ; une autre chambre d'habitation (y), deux cabinets, une «
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(u) Érige anciennement au quartier Saint-Antoine, dans une
jfattie qu'occupe aujourd'hui la place Royale à Paris. (*) Qu'on appeloit alors chambre à parer. ty) Appelée, dans ce temps, la chambré au gîte du Roi. |
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falle à manger (φ * une falle d'étude, une falle
de bains, une chambre du Conieil, &c. [a). Mais ,'" fans aller chercher des Bâtiments qui n'exiilent plus que dans nos Chartres , qu'on examine ceux du Château de Saint-Germain-en-Laye, les an- ciens Appartements de celui de Chantilly, avant; d'être réparés , & une infinité d'autres de ce genre, élevés anciennement dans nos Provinces, & l'on reconnoîtra bientôt combien notre diftribution eil aujourd'hui fupérieure. Perfonne n'ignore que 'nous devons cette partie de l'Art à Jules Har- douin Manfard ; cet homme célèbre nous a en effet prouvé l'univerfalité de fes connoifTances fur f Architecture en général, mais en particulier , fur la diitribution : encore faut-ii convenir que c'eit depuis cet homme de génie, que nos Ar- chitectes l'ont perfectionnée , lorfque, pendant près de trente années, & faute de grandes occa- fions, ils fe font trouvés obligés de négliger l'ob- jet le plus fublime de leur Art , nous voulons dire, l'ordonnance extérieure de nos Edifices, pour ne s'attacher qu'à la partie des dedans, à la commodité & à la décoration des Apparte- ments , que nous avons portées de nos jours au dernier période. Aujourd'hui donc, que toutes les parties de
l'Art nous font connues , & que les grandes en- treprifes font offertes à nos Architectes célèbres, |
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(^) Que l'on nommoit anciennement la Salle des nappes.
(a) Les Mémoires qui nous ont tranfmis ce fait, nous appren-
nent encore, en parlant de la d-coration de cet Appartement, que les poutres des Chambres les plus ornées, n'etoient jeix- richies que de fleurs de lys d'étain d'oré, & que les chenci? ji'étoieut que de fer, §c pefoiçat iSo Hyres. |
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d'Architecture. 107
paf la libéralité du Prince, & par les connoif·
iances acquifes du plus grand nombre de nos concitoyens : que n'avons-nous pas lieu d'eipérer du concours de ces trois branches réunies , qui«, fans doute, nous feront laiffer à la poitérité des chefs-d'œuvre, même au-deiTus de ceux élevés par nos prédécefleurs. Quoique nous venions de remarquer que 1$
diftribution avoit fait, de notre temps, les plus grands progrès , nous obferverons néanmoins, que c'eft peut - être la feule partie de l'Art , fur laquelle nos Architectes ont Je moins écrit. Jufqu'à préfent, Daviier, M. Boffrand, M. Bri- feux & nous-même, dans notre Traité de la dé- coration des Edifices , avons plutôt donné la def- eription des Bâtiments de notre invention, que des préceptes fur l'Art de diftribuer nos Apparte- ments : de forte, que les quatre premiers Volumes de ΓArchite&ure Françoife, font, pour ainfi dire, l'unique ouvrage qui traite de la diftribution d'une maniere affez intéreffante ; encore, faut-il conve- nir , que, pour les lire avec fruit, il eil nécef- faire de faire précéder cette le&ure par les Le* çons que nous offrons aujourd'hui. Sans doute , la diftribution peut être regardée
comme unefcience difficile à acquérir, àcaufe delà variété des Edifices qui s'élèvent dans la Capitale & dans nos Provinces : variété qui facilite l'Ar- chitecte à manifefter, dans plus d'une occafion, l'eflor de fon génie ; qui le force, pour ainfi dire , à remonter à la fource, en le portant à réfléchir fur l'importance de cette branche fi intéieflantç 4e rArchitedure, Avant d'entrer en matière, nous (jirQns> qu'oa.
épll diftinguer doux fortes de diftribuûçn, l'unef |
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ïo$ Cours
qui a pour objet la diviiion des pièces qui com»,
pofent l'intérieur des Appartements ; l'autre, qui dans les dehors, contribue à déterminer la ré- partition des avant-corps, des pavillons, des ar- rieres-corps, & des corps intermédiaires qui pro- curent un certain mouvement à l'ordonnance des façades. Nous avons déjà dit quelque chofe de cette dernière diilribution, en traitant, dans les Volumes précédents, de la décoration extérieure : notre intention eil d'y revenir encore à la fin de celui-ci, après que nous aurons expliqué ce que nous nous propofons d'enieigner, concernant la diilribution intérieure des Bâtiments. Mais nous expoferons d'abord les règles les plus approuvées fur les principales iflues de TEdifice; fur la dimenfion des cours, des baffes-cours & des Bâtiments qui y font contenus, & qui , ordinairement, fervent de dépendances aux principaux corps-de-logis, deilinés à la réfidence des Maîtres, foit à la Ville » foit à la campagne. Préceptes généraux, concernant la difpoßtion
des iffues, des cours principales, des baffes- cours, & des Bâtiments qui fervent de dé- pendances aux corps-de-logis deflinès à la réfidence des Maîtres. ■ f, il .■ ■....;■■■,■.. ,■■..-»■
'Les Bâtiments deilinés à fervir de dépendances
aux principaux Edifices, exigent, de la part de TArchite&e, la même attention que lorfqu'il eil requis pour donner les deffins d'un monument de la premiere importance. N'en doutons point;Tef- prit de convenance doit le gmder dans toutes fe& |
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d'Architecture, 109
Opérations; il lui eft également indifpenfable, de
Veiller à la difpofition des lieux , à l'expontion des différents départements, & de le rendre compte de la qualité des eaux dont on fe propofe de faire ufage, pour les hommes & pour les animaux. De la Convenance.
La Convenance doit être regardée comme la
partie la plus eifencielle de toutes les produirions de l'Architede. C'efl par elle qu'il affortit la di- gnité & le caractère, non-feulement du princi- pal édifice, mais auiîi de tous les Bâtiments qui compofent (es dépendances. Elle lui enfeigne le choix des emplacements j elle lui indique le plus ou moins de pièces principales ou de dégage- ments qui doivent entrer dans fon plan ; foit pour la commodité perfonnelle du Maître, foit pour ceux qui font en relation avec lui : c'eft la conve- nance qui indique le rapport quon doit obferver entre Tétendue ou le racourciffement des Bâti- ments qui précèdent la principale habitation, & qui, pour l'ordinaire, fe placent dans les avant- cours , foit qu'on mafque ceux-ci par des murs de elôture, foit au contraire , qu'on en expofe les façades aux regards des étrangers. Ceft encore la convenance, qui, après la difpofition de ces derniers Bâtiments , indique le genre de leur dé·? coration, celui de leur itru&ure, leur élévation, enfin la richefTe ou la fimpiicité qu'ils doivent avoir relativement au ftyle qui préfide dans l'or- donnance du principal corps-de-logis. Qu'on y prenne garde ; rien de fi inconféquent, lorfque ces Bâtiments fubalternes difputent de grandeur ' ©11 de dignité avec l'objet principal dont ils ne |
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font1 que Tacceffoire. Pluiieurs de nos belles Mai«
fons de plaifance ont ce défaut, ainii que quel-5 ques-uns de nos grands Hôtels à Paris ; parce qifaffez fouvent -, ces diverfes parties s'attaquent dans des temps différents, & qu'un nouvel Ar- chitecte étant appelé pour continuer l'Edifice commencé, loin de fuivre la marche de fon pré- déceifeur, fe plaît à fe frayer une route nouvelle 9 qui »nuit effenciellement à l'efprit de convenanc© dont nous parlons. Nous avons plus d'une fois feit ces remarques, à propos de·l'ordonnance de nos Palais ; on doit les rappeler ici, pour ce qui concerne la diftribution & la difpofition des Bâtiments dont il s'agit. Enfin l'efprit de convenance exige encore que l'efpace des lieux où ces Bâtiments font contenus, η anéantiffe pas 9 par fa grandeur, la capacité du principal Edi- fice : défaut qu'on pourroit reprocher aux ave- nues & à l'avant-çour du Château de Maifons, à Choiii & ailleurs. Maniere de concevoir le projet ê?un Bâtiment*
JSOus venons de remarquer que la convenance
doit être regardée comme l'un des premiers prin- cipes de l'Architeclure : ii cela eil vrai, comme nous l'avançons , un Architecte intelligent doit d'abord fe former une idée générale de tout fon Édifice : il doit fe le repréfenter dans fon imagi- nation , comme s'il étoit élevé, & même comme s'il fe trouvoit chargé d'en faire la critique. Pour parvenir à cet examen impartial; il faut
qu'il en confidere la diilribution générale; en- fuite qu'il apprécie toutes les parties les unes après les autres, eu comparant enfemble la décoratio« |
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d'Architect üri. ïii
extérieure avec Fufage des dedans; foit par ra>
port à leurs parties principales , foit relative- ment à leurs déiails. Après avoir conçu l'idée entière de fon Edifice, i!
doit paffer à 1'efqiüiïe des Pians, des élévations & des coupes, & y placer même les principaux or- nements. Il doit prévoir en même temps la hau- teur qu'il doit donner à fes Planchers ; enfin, il doit dérerminer les enfilades eifencielles , dans l'intention que les dehors & les dedans ayent une parfaite correfpondance entr'eux : autremeut , il eil à craindre qu'à la faveur de quelques parties , peut-être eilimables, il n'en néglige d'autres plus importantes, qui ne fe peuvent réparer qu'en fai- fant un tout autre projet ; ce qui devient d'au- tant plus difficile, qifon peut rarement fe fouf- traire aux fuj étions & aux entraves qui lui ont d'abord été prefcrites par les perfonnes qui le met- tent en œuvre. Nous répéterons encore ici ce que nous avons
dit jlorfqu'ils'agifîbit de l'ordonnance extérieure : le moyen le plus sûr de parvenir à bien faire, eil de ie rendre compte des ouvrages de l'Art que nous ont lauTés les plus habiles Maîtres à cet égard : ou- vrages qui fourniront à l'Elevé de nouvelles idées , & le mettront à portée de paiTer, avec plus de facilité, à un autre projet qu'il comparera en- fuite fans précipitation ni prévention avec fa pre- miere penfée. Après ce double travail, il en de- vra conférer avec les perfonnes intelligentes, pour profiter de leurs avis, & fe regarder alors comme un juge équitable de fa premiere opinion avec celle des autres. * » Il eft encore à propos, lorfque l'Arehitecle a |
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ιιζ Cours
du loiiir, & jamais il ne doit fe preffer, il eft
à propos, lorfque >fon projet eil de quelque im- portance, de lelaiffer repofer pour quelque temps, afin de l'examiner de nouveau, comme s'il lui étoit étranger , & , qu'après en avoir fait une nouvelle critique, il en tente un troifieme qui puifle réunir les avantages des précédents, îans en avoir les défauts. Qu'on y prenne garde, tou- tes ces précautions font indifpenfables, fur-tout lorfqu'il s'agit du projet d'un Bâtiment qu'on doit planter en place neuve. Il en peut être autrement, îans doute, lorfqu'il eil queilion de projeter un nouveau corps-de-logis, avec d'anciens Bâtiments à raccorder, pour former, dans la fuite, un en- semble intéreiïant. Ce genre de compofition de* mande une méditation particuliere , & une expé- rience confommée : c'eil ici que les préceptes feuls font infuffifànts ; c eil fouvent aux reifources de l'Art qu'il faut avoit-recours. S'agit-il, par exem- ple , de racheter des biais, des inégalités, des obliquités; on appelle à foi les formes circulaires, elliptiques, triangulaires ou irrégulieres, qui, Lorf- quelles font amenées à propos, procurent à l'ou- vrage entier un certain agrément, préférable à une fymétrie fcrupuleufe, & prefque toujours mo- notone. Mais il eil bon de ne pas abuier de ces moyens ; la plupart des Edifices exigent des formes fimples , qui font à beaucoup d'égards re- connues meilleures que tout ce que le génie le plus fécond pouroit imaginer ; ces formes ii- nueufes ne doivent guère fe permettre , que lorf- qu'il s'agit de nos Maiibns de plaifance, ou de nos Bâtiments particuliers , ou Γ Architecte eft moins aiïervi, que quand il eil queilion des Tem- ples, des Places publiques, ou des Palais des Rois. Précautions
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ö'A R CÎHÏ ?Ê C TURK. IIJ
Précautions qu'il convient de prendre, avant
de bâtir.
L'ArchitêcÎe, après avoir coiiçu le projet dö
fon Bâtiment, doit commencer, avant de paffer à l'exécution , par prendre connoiffance du lieu où il doit bâtir, afin de fe mettre en état de pro- fiter des avantages que peut lui offrir la nature du terrein , & d'en éviter tous les inconvénients. Il doit enfuite éviter aufîi, autant qu'il lui eil poflîble, de s'aiîujétir à d'anciens Bâtiments, qui le forcent 5 pour ainii dire , à manquer fon pro- jet; ce qui caufera un jour des regrets au Proprié- taire, foit parce qu'il fe trouvera mal logé, foit parce qu'il aura dépenfé tout autant que s'il eut démoli la totalité : inconvénients dailleurs , qui font, que les plus excellents Architectes fe trou- .vent contraints , par ces fortes de fujétions, d'in- troduire , malgré leur expérience & leur capa- cité, des licences dont ils ne peuvent fe difpen- fer : d'où il réfulte fouvent, que les anciennes parties ne fe trouvant avoir aucun rapport avec les nouvelles, on fe trouve obligé d'abattre ce qu'on avoir confervé avec tant de foin. Il fuit de-là que cette économie, prefque toujours mal entendue > ne manque jamais de caufer une plus grandedépenfe, qui, quelquefois, non-feulement fait abandonner l'ouvrage entier ; mais dégoûte le Propriétaire du lieu qu'il avoit choiii, & le dé- termine à bâtir dans un autre, ce qui achevé de le ruiner entièrement, comme nous n'en avons que trop d'exemples. · Au reile, il faut convenir qu'un Architecte ,
doit de fon côté entrer, le plus qu'il lui eil ροίϊί- |
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114 Cours
He, dans les vues de la perfonne pour laquelle
il bâtit, & ne faire fes projets que d'une maniere relative au motif qui lui fait mettre la main à l'œuvre *. en un mot , il doit profiter habilement de tous les avantages que lui préfentè la diftri- bution des lieux, & ne jamais rejeter que ce qui lui paroît nuifible à la folidité, à la commodité pu à l'ordonnance. C'eft pourquoi, après y avoir réfléchi mûrement, il en doit conférer à plus d'une reprife avec le Propriétaire, lui expofer {qs rai» fons, entrer avec lai dans les difcuiîions de l'Art» les lui faire fentir & le convaincre ; enfin, il doit chercher à lui rendre compte de l'économie qui réfulteroit de la deftru&ion totale, & de la per- fection de l'ouvrage entier : après quoi, c'eft à lux, s'il ne peut le perfuader, de fçavoir renon- cer à l'entreprife, plutôt que de rifquer fa répu- tation , principalement, lorfqu'il s'agit d'un Edi- fice d'une certaine importance, pour lequel, alors, on ne paffe rien à l'Architecte. ; De l'expofition des Bâtiments.
- Il eft aiTez difficile de preferire <des règles gé-
nérales , pour ce qui concerne Fexpoiition des Bâ- timents ; parce que, ce qu'on prend fou vent foin d'éviter dans un lieu , eft, au contraire, recherché dans un autre. Par exemple , il fë trouve dans plufieurs de nos Provinces, que le levant eft froid, & expofé à des vents impétueux ; de maniere que, quoiquaiTez généralement, cette expofition foit reconnue la plus falubre & la plus agréable, on 'eft obligé d'y renoncer : au contraire, dans les pays froids, Texpofition du midi eft regardée comme la feule avantageufe, le foleil même, au |
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D'A R CHI TE CTÜRË* ΠJ
milieu de Tété y étant fuportable ; au-lieu que,
dans les pays chauds , on préfère avec raifon , l'expoiition du feptentrion & du levant à toute autre. Il faut donc qu'un Archite&e, avant d'entamer
fon projet, prenne foin de fe faire rendre compte de l'expoiition du lieu où il veut bâtir, ou de la re- connoître par lui même; principalement, lorfqu'il eit le maître de choiflr celle qui lui paroît la plus convenable. Il eftvrai que cela lui arrive rarement, parce qu'il fe trouve prefque toujours affujéti par des motifs qui paroiiTent inconteilables au Pro- priétaire, & qu'alors il force, pour ainii dire, l'Archite&e à projeter fes Plans, & à planter ΓΕ- diiîce, fans avoir égard à la meilleure expoiition. Une belle vue, un Jardin tout planté, un Parc dans fa perfection, font les motifs qui le déter- minent. Mais c'eft alors à l'Archite&e à employer toutes fes reiTources, pour chercher à concilier enfemble l'expoiition avec la iituation ; pour cela, il peut faire ufage des aîles en retour, & difpo- fer (es pièces d'habitarion, de maniere que placées dans les angles' de fon Edifice, elles puiffent jouir, tout à la fois, & d'une expofition avantageufe, & d'une fituation intéreflante. Au reite, fans avoir égard à ces diverfes fujetions, donnons les règles générales qu'on doit obferver, lorfqu'il eil quef- tion du projet d'un Bâtiment. : . i: Affez ordinairement, on évite en France de
faire les principales ouvertures du côté du cou- chant , & l'on préfère le levant , particulière- ment pour les chambres à coucher, les cabinets deilinés pour l'étude, &c. Nous eftimons néan- moins, qu'on peut faire ufage de l'expoiition qui çft entre le levant & le midi, fur-tout fi le Bâ- Hij
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ϊιδ Cours
timent devient affez confidérable, pour avoir des
Appartements d'été & d'hiver. Une des raifons qui font éviter de percer les ouvertures au cou- chant, c'eft que cette expofition eil fujète à l'hu- midité , à caufe des vents, des orages & des gran- des pluies, plus abondantes & plus nuilibles de ce côté que de tout autre. Les ouvertures des bibliothèques & des galle-
ries de magnificence, doivent auffi être expofées au levant : néanmoins, plufieurs Architectes pré- fèrent le feptentrion, l'expérience leur ayant fait connoître, difent-ils, que les livres & les meubles de prix fe confervent mieux à cette expoiition. A l'égard des cabinets de tableaux, il convient de choifir le feptentrion , le jour étant plus égal de ce côté ; mais il faut obferver qu'il vienne di- rectement du ciel, & non par réflexion, les faux jours, où les jours gliffants ôtant aux tableaux la plus grande partie de leur effet. Dans les grands Edifices , on doit toujours
avoir des falies à manger pour l'hiver & pour l'été : les premières doivent être expofées au midi, & les dernières entre le levant & le feptentrion. Les Orangeries & les Appartements des bains
doivent être expofés au midi : les écuries au levant : les remifes au feptentrion, ainii que les caves, les celliers, les garde-mangers, les gre- niers, &c. Le vent qui vient de cette partie du ciel étant plus pur, eit * par cette raifon , plus convenable pour la confervation des denrées qui y, font contenues. Les cheminées des Bâtiments qui font voifins
de quelques montagnes, ou de quelque monu- ment confidérable, font fui êtes à fumer , lorfque les vents viennent de ce côté ; parce qu'en paiTant |
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d'Architecture.' 117
par-deiïus ces éminences, il s'élève & fe rabaiiTe
enfuite, & fait refluer la colonne d'air dans l'in- térieur des Appartements ; néanmoins, il eil des moyens de prévenir ces inconvénients, dont nous traiterons dans le cinquième Volume, en parlant de la décoration intérieure; & dans le iîxieme, en parlant de la conilruclâon. Il eil: bon qu'un Architecte prenne foin de placée
vers le feptentrion les lieux où fe déchargent les immondices, foit à la Ville, foit à la campagne; parce que le vent qui vient de ce côté étant fec & frais , cbarie au loin les exhalaifons, fans qu'on en éprouve aucune incommodité. Enfin, dans les grandes Capitales , il eil auffi
tres-bon d'obferver de tourner du côté du fep- tentrion les boucheries, les tueries 5 les magafms &les atteliers des taneurs, des corroyeurs, &c. & même, autant que le fervice public le peut permet- tre , de les placer hors de l'enceinte de la Ville : en un mot, il faut faire enforteque ces divers Bâtiments, dans quelque endroit qu'on les place , foient en- vironnés d'eau courante & en affez grande abon- dance, pour emporter avec elles les immondices, & par conféquent les exhalaifons qui en font la fuite. ■t :
Du choix du lieu où l'on veut bâtir.
Il faut, autant qu'il eft poflible, éviter le voi«
finage des torrents & des grandes rivières, qui étant fujètes à changer de lit en fe débordant, ruinent & renverfent les fondations des Edifices, lieft encore bon d'éviter les vallées, où régnent des vents impétueux, qui s'échappent entre les montagnes, comme entre autant de canaux, à |
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îi8 Cours
moins que, par une longue fuite d'expériences9
on ne le foit convaincu que ces vents font oppo- fés à la direction du vallon; autrement, ils pro- curent des maladies considérables. On doit fuir auiïi les lieux bas & marécageux ;
ils font fujets aux brouillards, qui, néceffairement, nuifent à la falubrité de l'air, fi néceffaire à la vie. Ail ez généralement, on préfère le Commet des montagnes, parce que cette iituation offre plu- fieurs afpeds agréables ; mais il faut prendre garde que Couvent cette préférence prive les Ap- partements & les Jardins de propreté , des eaux néceffaires, qu'on ne peut alors fe procurer qu'a grands frais , à caufe de la ilérilité naturelle de ces terreins ; d'ailleurs, Mue de ces Bâtiments eft toujours d'un affez difficile accès. Ce iTeft pas que, Cur les lieux les plus élevés, on ne trouve quelquefois des fources ; mais du moins, faut-il s'en affurer avant de faire un tel choix : Meu- don, Bellevue, Saint-Cloud, élevés à une très- grande hauteur du niveau de la rivière, jouiffent d'eaux affez abondantes ; mais ces exemples ne peuvent fervir d'autorité pour les Maifons parti- culières qu'on élevé à la campagne, à moins, comme nous le faifons entendre, qu'on ne ren- contre des fources fécondes , comme on en re- marque à Montmorency & ailleurs. D'après ces obfervations, il faut, quand on
veut élever un Bâtiment, choifir un lieu qui ait une quantité fuffifante de bonnes eaux ; ou s il n'y en a pas, qu'au moins on y en puiffe amener de quelqu'endroit voifin. Qu'on y prenne gar^e; ç'çft ordinairement la bonté des eaux qui affure la Calubrité de l'air. D'ailleurs elles facilitent la mïiïon des légumes, elles font utiles aux pâtura- |
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d'Architecture.' 119
ges ; c'en: par elles enfin, que les habitants font
exempts dinfirmités, & que les hommes vivent plus long temps à la campagne. Ce feroit peut-être ici le lieu d'enfeigner Tart
de lever le Plan du terrein où l'on veut bâtir; mais cette connoiflance qui s'acquiert par l'étude de la Géométrie, & que nous fuppofons à nos leâeurs , nous difpenfe d'en parler, pour les en- tretenir plus particulièrement de la nature des eaux, fans la bonté & l'abondance desquelles, il feroit inutile de vouloir entreprendre d'ériger un Edifice. De la nature, des Eaux.
Les eaux tiennent ordinairement de la nature
des terres par où elles paflent : il y en a de lim- pides , qui font mal faines & défagréables au goût ; au contraire, il y en a qui font troubles, & qu'on eilime falutaires; telles, entre autres, celles du Tibre & de la Seine ; c'eft pourquoi, pour s'aiTu- rer de leur excellence , on les garde , pendant quelques jours , dans des vafes où l'on met un peu de gravier, fur lequel elles dépofent leur li- mon & leurs parties terreitres. Il y a des eaux dont on fait ufage, qui, néan-
moins fe convertiffent en pierres ; ces eaux, par la fuite des temps, bouchent les tuyaux par où elles paffen t, & les remplirent d'une pierre très- jdure, dont on peut faire d'affez bonne chaux ; telle eil celle d'Arcueil près de Paris. Les çaux qui prennent leur origine, ou qui
féjpurnent dans les carrières à plâtre, font fades au goût, & »rendent les légumes amères. Il y à des eaux mjnerales qui font, fort falu-
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ϊιθ Cours
taires dans certaines maladies ; mais on n'en peut
faire fon ufage ordinaire.
En général , on connoît la nature de l'eau,
en la mêlant avec de la teinture de rofe ou de tournefol ; car cette teinture qui eil violette de- viendra rouge , fi l'eau a un peu d'acidité. On regarde l'e-au la plus légere, comme la plus
faine : qn en fait l'épreuve avec l'aréomètre, pe- tite phiole de verre, dont le cou eil fort long & délié. Ce cou eft divifé en pluiieurs parties égales» qui fervent à faire connoître combien l'aréomètre enfonce dans l'eau, en obfervant de mettre un peu de vif argent dans le fond pour le faire tenir droit : plus l'eau eil pefante , moins l'aréomètre enfonce ; au contraire, plus l'eau eil légère , plus il y entre avant ; ce qui fe reconnoît aux divi- iions du cou tracées fur le papier que Ton cole dans l'intérieur, avant que de fceller hermétique- ment l'orifice de ce même cou. On peut, par ce moyen , fans fe fervir de balances, connoître la pefanteur des fluides; le trait des balances empê- cheroit de connoître la différence exaéfce de la pefanteur. On juge encore, par l'ufage de l'aréo- mètre , que l'eau de pluie eft la plus faine d© toutes, parce qu'elle eil la plus légère ; c'eil pour- quoi, au défaut d'eau de rivière ou de fource bien éprouvée, on la conferve dans des citernes dont nous parlerons, en traitant de la conftru&ion. On connoît encore la bonté de l'eau, fi le gra-
vier fur lequel elle dépofe, n'eil point fujet à la moufle j ou taché d'une couleur rougeâtre ou noi* râtre ; ou enfin, fi faifant bouillir l'eau dans quel- que vafe de terre, jufqu'à ce qu'elle foit entière« ment confommée, elle ne laifîe aucun limon dans ïe fond. Cette dernière épreuve alors fait recon- |
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d'Architecture. in
Hoître fa pureté : mais pour s'aiîurer de fa qua-
lité , il faut l'éprouver en y faiiant cuire des lé- gumes , & , ii elle les cuit promprement, égale- ment & fans amertume, on reilime bonne pour l'u- fage de la vie. On éprouve encore f eau avec du fa von; car
on eil sur que, ii elle eil bonne, elle le divife facilement, autrement, il fe réduit en grumelots : auiïï, les eaux de nos puits à Paris, ne font pas propres à favonner ; elles font d'ailleurs d'un mau- vais goût & nuifibles à la fanté. Les eaux de neige fondue, caufent ordinaire-
ment des maladies affez confidérables : c'eil pour cette raifon, que lorfque l'on conflruit des citernes> on prend foin de n'y point faire entrer d'eau de neige fondue; on doit prendre le même foin pour celle qui tombe pendant les orages. Les anciens, çilimoient que les meilleures eauxétoient celles qui tombent pendant le vent du feptentrion, & l'ex- périence nous a confirmé que celles qui tombent îa nuit font préférables à celles du jour , l'ait étant alors moins chargé de parties hétérogènes. Nous étions tenté d'extraire ici du cinquième
Volume de l'Enciciopédie, l'article très-intéref- fant qui regarde les eaux, nous étant cru permis d'avoir recours à cet ouvrage où nous avons eu quelque part (i>) ; mais nous avons préféré d'y ren- voyer nos Elevés 9 n'y ayant rien à perdre de /.
(b) Noijs nous chargeâmes alors avec plaiiir, de la partie qui concerne Γ Architecture pour l'Enciciopédie , dont nous avons fourni les Articles & les Deifins des Planches. Il n'a pas même tenu à nous que cette partie intéreiTante ne devînt plus com-' plette dans ce Dictionnaire. Nous avions fait à cette occaiioa plufieurs Articles qu'on a négligé d'y inférer, & qu'on tros« Yera répandus dans ce Cours, |
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122 Cours
tout ce que nous y avons lu avec le plus grand
piaiiir, pour notre propre inftruttion, C'eit pour- quoi , nous le citons à ceux de nos le&eurs qui défirent acquérir des connoiifances au-delà des éléments de l'Art dont nous traitons ici. Après ces notions préliminaires, nous croyons
devoir entrer , avant de parler de la diftribution des Bâtiments, clans ce qui concerne leurs iiTues & leurs principales dépendances; parce qu'ordi- nairement celles-ci doivent faire partie de l'enfem- ble général d'un projeta & que les dehors doi- vent annoncer, plus qu'on ne s'imagine, la beauté & la dignité du principal corps-de-logis, ƒ Des Avenues,
Autant que cela fe peut, il eft eiTenciel dé faire
précéder les principales entrées des Edifices éle- vés à la campagne, par des avenues placées en face de la ligne capitale du Château, ne fut ce que pour prolonger le coup d'œuil, & duffent elles même être plantées au milieu des terres labourées, des prés, des bois , &c. en fuppofant que le grand chemin eût une toute autre direction. Alors, ces Avenues doivent avoir une largeur proportionnée, & à leur longueur, & aux avant-corps diilribués dans la principale façade du côté de la cour. Ces avenues doivent être accompagnées de contre-al- lées , & de triples allées en patte d'oie, félon que l'importance de l'Edifice femble l'exiger : mais une attention indifpenfable qu'il faut avoir , c'eft de faire enforte que la file des arbres de l'Avenue & de fes contre-allées, foit plantée de maniere,-qu'elle rencontre toujours, ou l'angle d'un avant-corps * eu le milieu du trumeau,tfun amerç-çorpsj & |
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d'Architecture. 123
jamais l'axe d'une arcade, ni celui d'une croifee.
Voilà pourquoi, il eft eflenciel, ainii que nous l'avons remarqué plus d'une fois , que f Archi- tecte qui donne les deffins du Bâtiment, donne auffi celui des Jardins & de leurs dépendances· Voilà pourquoi encore , il convient, après la premiere efquiffe, qui rend compte de la tota- lité, qu'on attaque la partie intérieure de la diitri- bution du Château ; qu'on arrête l'ordonnance des façades, & que ce foit d'après ces deux étu- des inséparables l'une de l'autre , qu'on détermine la largeur des allées & des contre-allées dont nous parlons. On n'a pas toujours eu cette attention, néanmoins, lorfqu'on a élevé les Bâtiments, & qu'on a planté la plus grande partie des Maifons de plai- fance érigées en très-grand nombre, dans les en- virons de cette Capitale. Lorfque ces avenues fervent de principales if-
fues aux Châteaux, on pratique des foffés ou des grilles à leur embouchure; & de part & d'au- tre de ces grilles ou foiTés, on diitribue des Pa- villons , qui fervent de corps de garde dans les Maifons Royales; ou de retraite pour un SuiiTe, dans les Maifons des grands Seigneurs ; ou en- fin de loge pour un Portier, dans les Maifons des riches particuliers. C'eil alors ici qu'il faut bien fe garder de planter ces Pavillons de maniere qu'ils offufquent le coup d'œuil du principal corps-de- logis , qui doit s'annoncer du plus loin poiîible. Quelquefois auiîi, ces avenues font bordées de
murailles percées de diftance à autre par des grilles , à travers lefquelles on découvre les prin- cipales allées des Potagers, des Vergers ; ainfi qu'on le remarque au Château de Maifons, qu« nous avons cité précédemment. |
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Des Avant-Cours.
Les Avant-Cours n'ont guère lieu que dans le*
Maifons de la plus grande importance à la cam- pagne. Elles doivent être grandes, varies, à rai~ ion de l'étendue des Bâtiments auxquels elles don- nent entrée. Quelquefois dans les parties latéra- les de ces Avant-Cours; on élevé des Bâtiments pour les baffes-cours : quelquefois auiîi , pour plus d'économie, on fe contente d'y élever des murailles ornées de quelques membres d'Archi- tecture , & au-devant defquelles on plante des dou- bles-allées d'arbres, & dans leur enceinte, de grands tapis verds, au milieu defquels eil prati- quée une chauffée de pavé, pour laiffer péné- trer les voitures jufque dans la Cour d'honneur. Lorfqu'au contraire, l'économie dont nous parlons n'a pas lieu, les Bâtiments de la droite & de la gauche deivent fe correfpondre entre-eux, quoi- que deffinés à des ufages différents, & le ftyîe de leur ordonnance, prendre un ton plus ou moins élevé, félon le degré de richeffe répandu dans la décoration extérieure du Château ; mais annon- cer néanmoins une infériorité affaz coniidérable dans leur élévation & dans la maniere dont ils font couronnés. On doit obferver encore, que vers le milieu dô
la longueur de cette Avant-Cour, dans les Bâti- ments placés à droite & à gauche , il y ait d'affez grandes ouvertures, qui, à leur tour, faffent le milieu des baffes-cours, & au fond defquelles on aperçoive d'autres Bâtiments ou d'autres ouver- fures qui fe prolongent horifontalement, ou dans tes Potagers, ou dans des bouquets de bois, ou. |
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d'Architecture. Î25
enfin dans des terres dépendantes du Domaine du
Propriétaire. Lors du nivellement du terrein, & après s'ê-
tre rendu compte des excavations des terres; il faut faire enforte que cette Avant-Cour ait une pente infeniible, & que ion éminence foit placée à l'entrée de la Cour d'honneur ; cet afpecf étant intéreffant, & même préférable à un parfait ni- veau. Cependant, il faut bien fe garder que cette pente, ne fut-elle réduite qu'à un demi-pouce par toife, ne maique l'entrée de l'Avant-Cour, le fol de la Cour d'honneur, & une partie du focle du principal corps - de - logis : ce qui ar- riverons nécessairement , malgré la pente pres- crite , ii l'Avant - Cour avoit une très - grande étendue. > Ce que nous difons ici des Avant-Cours doit
s'entendre des avenues dont nous venons de par- ler , ainfi que des baffes-cours dont nous parle- . rons inceffamment. Lorlque dans les Maifons de plaifance on doit
fe paffer d'Avant-Cours ; il faut au moins , s'il eil poiîible , faire ufage des avenues iimples : au- trement , cette iuppreiiion ôtant la dignité du pro- jet, ne lui donne plus que l'air d'une Maiibn de cam- pagne. Il faut prendre garde; chacun de ces Edifices doit s'annoncer par un caractère qui le diffingue de tout autre, & certainement, oe caractère eil effen- eiel, ainfique nous l'avons annoncé plus d'une fois, en parlant de la décoration des façades : mais • comme la partie que nous traitons ici, n'eil par moins indifpenfable , il convient que ces deux objets concourent enfemble à confirmer le ca- ractère relatif à chaque Edifice. · Hfa L'Avant-Cour & la Cour principale, dans les |
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ίι6 C ο υ R s
Maiibns de Plaîfance, ne doivent être féparées
que par un foffé ou par une grille. Dans les Mai- ibns Royales, elles peuvent l'être par une colo- nade : mais, s'il nous eil permis de rifquer notre avis, nous donnons la préférence aux foliés re- vêtus de baluitrades peu élevées. François Man- fard , que nous nous plaifons à imiter, en a uië ainiî dans les dépendances du Château de Mai- ibns. Il a fait plus ; il a préféré de faire deux en- trées à une feule, dans fes Avenues & dans fes Avant-Cours, afin de découvrir tout-à-fait les principales enfilades. Il eut été à défirer qu'il en eût ufé de même pour la Cour principale, comme nous l'avons remarqué ailleurs : elle fe trouve mal- à-propos entourée de terraiTes & de baluftrades qui, par une élévation mal entendue , font perdre le coup d'œuil des Jardins diftribués de part & d'autre de cette principale Cour. La proportion la plus univerfellement reçue
pour les Avant Cours , eft d'établir leur longueur ïiir une diagonale formée fur un carré dont les côtés égalent le plus petit diamètre de ces mêmes Cours. Leur forme, quelquefois , fe chantourne du côté de l'entrée. Nous les préférons par-tout à angles droits, tous les dehors devant être iîm- ples. N'en doutons point; il faut, par une gra- dation infenfible que, du commencement de l'A- venue, à l'entrée de Γ Avant-Cour, & de celle-ci, à l'entrée de la Cour principale, on s'aperçoive qu'on approche de l'habitation du Maître qu'on vient viiiter. C'eil par cet enchaînement réflé- chi qu'on n'eit pas obligé d'avoir recours à la pro- digalité, à la multitude des membres d'Architec- ture , & aux ornements de Sculpture , pour -que eette Cour principale, & les Bâtiments qui Xm·«. |
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d'Architicïur e. 127
îourent, puhTent acquérir une prééminence fur
toutes les autres parties acceffoires de l'Edifice» Des Cours principales.
Ceft l'étendue des façades du Château & fon
importance, qui doivent déterminer le diamètre âes Cours principales , ainfi que celui des Avant- Cours & des avenues dont nous venons de parler* Lorfqu'une Cour d'honneur fé trouve précédée d'une Avant-Cour, il convient que celle-là con- trarie de forme & de grandeur avec celle ci. Elle peut être carrée ; mais alors il eft intéreiTant que les ailes de la droite & de la gauche de cette Cour principale foient plus baffes que la façade du Châ- teau, & que fon entrée foit à découvert, comme nous venons de l'indiquer. Le Château de Ri- chelieu auroit acquis plus de dignité, ii l'on n'eut pas élevé, à l'entrée de la Cour, une aîle de Bâ- timents & un Pavillon, tel à peu près qu'on le remarque au Palais du Luxembourg du côté de la rue de Tournon. Certainement, les Bâtiments élevés dans le fein des Villes, doivent différer de ceux qu'on érige à la campagne. Ce font ces diffé- rences qui portent au cara&ère de l'Edifice. Nous/ nous répétons fans ceife , parce que fans ceife nous devons mettre fous les yeux de nos Elevés la néceflité de concevoir diversement un projet d'aVec un autre projet : dunent-ils être deftinés pour le même-Propriétaire ; dès. que les Edifices ont des fins différentes , ils doivent s'annoncer fous dif- férents afpeits. Il y faut prendre garde ; un grand Hôtel à Paris , élevé pour une perfonne de conû- dératiön, où fans ceffe il eft en repréfentation, aoît avoir un tout autre caractère que U Maifon |
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US Cours
de plâifance qu'il fait bâtir aux environs : &
celle-ci doit différer encore du Château qu'il fait éri- ger dans fes terres & au milieu de fes Domaines* Peu de ces différents Edifices élevés en France,, nous indiquent la route que nous propofons de faire fuivre à nos jeunes Architectes ; parce que , jufqu'à préfent, l'Architecture a été fujette à une certaine viciiîitude, dont il eft temps cie fixer les lois. Le feul moyen d'y parvenir, c'eft de faire ce que nous avons fait nous même pendant trente années ; de fe tranfporter fur les lieux ; d'exami- ner toutes ces produ&ions avec foin, & d'en con- férer avec les Maîtres de l'Art. Heureux , fi no- ire expérience 5 δε ce que nous enfeignons ici, contribuent à faire réfléchir nos Elevés fur la marche qu'ils doivent fuivre, clans les occafions qui leur feront confiées : mais , qu'ils y réflé- chiffent, nous leur avons dit plus d\ine fois, nous leur répétons avec complaifance : avant de fe tranfporter fur les lieux; qu'ils parcourent lés recueils de VArchitecture Fmnçoife , où tous ces Bâtiments font gravés; qu'ils fe nourriffent des remarques impartiales que nous avons faites fiïr pluiieurs, & que, pleins de ces obfervations, ils s'accoutument à en faire par eux-mêmes, qui, bientôt les mettront à portée d'être moins no- vices lorfqu'il s'agira d'entamer la diftribution gé- nérale d'un projet. D'ailleurs, pour les aider dans 'ce travail, nous allons leur offrir les principales difpofitions par màffes de plufieurà de nos Mai- fons Royales, de nos Maifons de plâifance, %c de nos Maifons de campagne ; leurs ifîues, leurs "cours & leurs principales dépendances , après avoir néanmoins dit quelque chofe, fur les Baffes- Cours en général." |
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ö'Architecture; îi$
Des Baffes-Cours^
Dans le nombre des Baffes-Cours, celles des
Cuiiines & des Offices * & celles des Ecuries Se Remifes tiennent le premier rang; auiïî prend- on foin de les difpofer de manière, que lorfqu'ott eil maître du terrein, elles forment entr'elles une fymétrie refpe&ive avec les autres dépendances du principal corps^de-logis. Pour que ces Baffes- Cours puiffent procurer un coup d'œuil intérêt« iant ; il faut que les Bâtiments qui les entourent foient réguliers, Sr que l'expoiition de chacun d'eux foit relative à leur destination particuliere. Il convient encore, pour que ces Cours foient toujours tenues dans un état de propreté, que d'autres Cours Subalternes les environnent, & que chacune de celles-ci ait des iffues qui dégagent dans les dehors , fans être obligé de paffer par les Avant-Cours & les Cours principales ; fur-tout lorfqu'il s'agit d'un projet important. Autre chofe eil d'une Maifon économique, où tous les diffé- rents départements d'une Maifon de campagne doi- vent faire leur fervice fous les yeux du Maître ou de la Maîtreffe du logis. La décoration des Bâtiments des principales
Baffes-Cours , quoique fimple , doit être donnée par l'Architecte. Tout importe dans l'enfemble d'un Edifice du premier ordre : la fymétrie, lap* pareil, l'art des profils , quelques avant - corps distribués à propos} décèlent l'intelligence de l'ordonnateur.'A la campagne, on aime à tout voir, à tout examiner : moins occupé qu'à la ville, on fe fait un plaiiir de parcourir l'intérieur du Do- maine , les dehors ? les environs ; & l'on n'eft ja-; Tornt IF* l
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ΐ$ο Cours
mais plus fatisfait , que lorfque par-tout on re-
marque le goût sûr du Propriétaire , & la mé- ditation profonde de Γ Architecte. 11 faut éviter de faire ces principales Baffes Cours, d'une trop vaile étendue. 11 faut bien fe garder que leur grandeur difpute avec celle des Cours & celle ûqs Avant-Cours : en un mot, toutes,ces diffé- rentes parties doivent concourir à former un beau Plan. Combien ne voit-on pas d'Edifices impor- tants élevés à la campagne, oii les dépendances, & fur tout les Baffes-Cours, ont été abandonnées 4 l'ignorance des Concierges ou des Maçons du lieu. Combien d'autres, au contraire » dont les iffues , les Avant-Cours, les Cours & les Bâti- ments qui les environnent, anéantiffent par leur faite, la demeure du Propriétaire, & les parties qui l'entourent. Qu'on y prenne garde ; cette étude demande de grandes vues, des préceptes sûrs , le goût de l'Art, & une très-grande expérience. Auiïï, convient-il de commencer fon projet par ces premières diilributions, & faire enforte que, de difpofition en difpofition, on parvienne à fixer la fituatîon du Bâtiment principal ; de maniere que toutes les dépendances lui foient affujéties , & fe faffent valoir les unes par les autres. A ces principales Baffes-Cours, & leurs dépen-
dances , il en eft encore d'autres non moins eiien- cielles, lorfqu'il s'agit d'une terre coniidérable, régie par un Receveur : telles (ont les Baffes- Cours; des grains, des beitiaux; les Cours pour les celliers, les vendanges, les bûchers, les buan- deries ; enfin celles des chenils, des volailles , &c. dont nous traiterons en parlant de la diitribution des Bâtiments de chacun des ces différents dépar- tements , & fur-tout des différentes pièces qui les |
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p'ARCKlTEGTüRt: I29
Compofent, de leur difpofition, & de leur expofi-
tion ; autant d'objets que nous comprendrons dans les deux Planspar mafles qui précéderont la diitriba- tion du Palais qui nous fervira à expliquer d'une ma- niere générale la distribution intérieure des bâti- ments. Panons à préfent à l'explication des Plans que nous avons promis, pour nous donner l'idée des principales iiïues & dépendances de nos Maifons Royales, de nos Maifons de plaifance _, & de quel- ques-unes de nosMaifons particulières à la campagne. Plan du Château de V"etfailles, de fes ijfues?
& de fes principales dépendances. Planche XXVII.
Nous commençons les defcriptions que nous
venons de promettre, par les iiîiies & les dépen- dances du Château de Veriailles ; parce qu'aucun Edifice , à notre avis» ne préfente autant de di- gnité, de grandeur & de majeflé, que les ave- nues & les Bâtiments qui amènent à cette fu- perbe Maifon Royale. Il falloit tout le génie d'Hardouin Manfard, & la puiiTance de Louis le Grand, pour concevoir un tel projet. En effet, quelle belle difpofition n'offrent pas les trois ave- nues qui amènent à ce Château? Celle du mi- lieu A venant de Paris;, celle Β venant de Saint- Cloud, & celle C venant de Seaux : toutes trois fe réunifiant à une place d'armes D , d'une grandeur immenfe , laquelle donne entrée à la cour des Miniftres E, à la cour du Château F, & enfin à la cour de marbre G ; ces cours font élevées fur une pente qui, quoique douce, fe |
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132 Cours
préfente amphithéatralement, & procure du Châ-
teau le plus bel afped qu'il foit poiïible d'ima- giner. Il eit vrai que les façades des Bâtiments de Verfailles, du côté de cette entrée, n'offrent rien de bien recommandable ; mais il n'en eil pas moins certain que de leur intérieur, on jouît avec tranfport, de la difpoiition des cours, des trois avenues dont nqus venons de parler, & par- ticulièrement de l'afpeft des Bâtiments des gran- des & des petites Ecuries, marquées H, I, placées à la droite & à la gauche de l'avenue de Paris : Bâtiments, qui feuls atteileroient la magnificence de Louis XIV, & la capacité d'Hardouin, ii l'O- rangerie , l'intérieur des Appartements du Châ- teau Κ , & les tréfors fans nombre renfermés dans les bofquets du Jardin de cette belle Maifon Roya- le , ne fe difputoient à l'envi, le droit de fe faire admirer des connoiffeurs. Il n'y a pas jufqu'à l'Hôtel du grand Veneur,
qui comprend le Chenil marqué L, & celui du grand Maître marqué M , qui n'annoncent avec dignité, dès l'entrée de la principale avenue, les dépendances coniidérables d'un pareil Palais. Il çft vrai que l'intérieur des Bâtiments compris en- tre les trois avenues en patte d'oie, à l'excep- tion des grandes & petites Ecuries, n'offre rien de bien régulier; mais l'ufage particulier de cha- cun de ces différents Bâtiments, a amené à cette irrégularité, fans pour cela que toutes les par- ties extérieures en foient altérées; & c'eft de cette fymétrie feulement qu'il s'agit, lorfqu'on compo- , fe les abords d'un Edifice , même de la plus gran- de importance : or , l'on peut dire que cette pre- miere loi a été fcrupuleuiement obfervée, dans le Pian que nous donnons. |
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d'Architecture. 13 j
Autant que le format de cette Planche nous
îa pu permettre, nous y avons compris la maffe des principaux Edifices, & la majeure partie des Jardins du petit Parc. La Lettre Κ indique la par- tie principale du Château , dans lequel fe trouve la grande Gallerie. Ν , indique l'aile du midi ; Ο, celle du nord, à l'extrémité de laquelle on vient de bâtir une fuperbe Salle de fpecïacles. Les deux ailes de Bâtiment Ρ, font le logement des Mi- nières ; Q , eil le grand Commun : enfin, R in- dique les Parterres d'eau : S, les Baiîîns & les Parterres de Latone : Τ , les Parterres du midi : U, les Parterres du nord : V, le Jardin de l'O- rangerie : X , le Bofquet des trois fontaines : Y, le Bofquet de l'Arc de triomphe : Ζ , le La- byrinthe : enfin & , le Bofquet du Théâtre d'eau * entièrement détruit aujourd'hui. Nous ne prétendons pas que ce projet, quoi-
que traité de la plus grande maniere, puiffe fer- vir de guide à nos Elevés, pour la plupart des occafions qui leur feront offertes; mais il peut les porter du moins à développer leurs idées % & à reconnoître dans la marche de ce Plan, Tor- dre qu'ils doivent fuivre dans des occafions moins importantes, & leur apprendre à méditer la route la plus sûre pour difpofer les dehors & les dé- pendances , de maniere à ne faire jamais repen- tir le Propriétaire de leur avoir confié, & fes intérêts, & le fuccès de l'Edifice qu'il veut faire- élever. |
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%}t Cours
Plan de l'ancien Château de Meudon, de fes
iffues , de fes cours, & de fes principales
dépendances.
Planche XXVIII.
... ■·*.·'■. .■■■ *
Ce Château dont nous ne donnons ici que les
principales dépendances , fut bâti par le Cardinal de Lorraine, fous le règne de Henri II, à deux lieues de Paris, & fur le fommet d'un coteau qui borde la rivière de Seine. Il a été depuis confidérabîement augmenté par 'Moniteur. Abel de Servien, Intendant des Finances, & depuis ,. par Monfieur le Marquis de Louvois, Mimftre d'Etat, & enfin par Monfeigneur le Dauphin s fils de Louis XIV. C'eil ce Prince qui a fait cons- truire le Château neuf, & réparé les Jardins qui avoient anciennement été plantés par Monfieur de Louvois , fur les Deiîins de le Nôtre. Nousi avons plus d'une fois vanté la fituation de ce Châ- teau , d'où Ton découvre la ville de Paris, & la rivière qui ferpente non loin du pied de cet Edifice. Il eil peu d'ArchiteÛes citoyens, & d'étrangers éclairés qui n'ayent défiré comme nous, que les dé- penfes qu'on a faites à Verfailles, euifent été faites à Meudon, comme le plus beau lieu du monde, δξ par fa difpoiition, & par fa fituation : mais fon ap- proximation avec la * rivière empêcha , dit - on , Louis le Grand de choifir ce lieu , dans la crainte d'être importuné par les habitants de Paris, qui, par le canal de la rivière, auroient rendu cettQ promenade trop tumultueufe. Um grande Avenue A5 de quinze toifes de
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D'AïtCKïf ε c TUR ε* 135
largeur , & bordée de deux contre-allées, amené
à ce Château, & conduit à ceh.11 de Belle-vue, nouvellement érigé près de PEdirrcé que nous dé- crivons. Cette Avenue donne entrée à une grande avant-cour Β , la plus vafte qui foit en France ; elle eft pratiquée en terraffe du côté de la cam- pagne C. Cette terraiTe s'élève de près de fci- xante & dix pieds au-deiïus du village,"*& laiffe découvrir de cette avant-cour de cent foixante- cinq toifes de longueur, fur foixante - deux de largeur, cette fuperbe vue, dont nous venons de parler. Cette avant-cour , du côté de cette ter- rafle , eft bordée d'une baluitrade, & de l'autre t d'une double allée de maronniers ornée de tapis verds, qui, l'une & l'autre, donnent aux fpec- tateurs l'idée des Jardins de Sémiramis^ ii vantés par nos Hiftoriens, De cette avant-cour, on en- tre dans la cour d'honneur D , précédée d'un- fofle à fond de cuve; ce foiTé contribue, avec l'ordonnance qui préiide, dans la décoration de ce Château, & les combles qui le terminent, à lui affigner un caractère relatif à fon objet. Au refte, l'ordonnance de ce Château eft d'une
Architecture aiTez médiocre, malgré les reftaura- tions coniidérables qu'y a fait faire Louis le Grand, fur les Deiîins d'Hardouin Manfard. Les 'combles , d'ailleurs, y font d'une hauteur extravagante : mais rien de ii magnifique, de ii coniidérabie , & de mieux orné que les immenfes Appartements contenus dans ce Château. En effei ,rrren de il intéreffant pour les amateurs & pour les Artiites., que de parcourir les différentes' pièces, de cette belle demeure. La vue dont on jouît de Tin- térieur de fes Appartements , ajoute encore aux beautés de l'Art qui y font répandues. On y |
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f3$ Cou«,»
remarque entr'autrçs un Sallon, appelé le Sallon
des morts ; une affez grande Gallerie, une Cha- pelle heureufement fituée, un Veftibule fort beau; çnfin s un Efcalier d'une difpofition très-ingénieufe ; fans parler ici des Jardins dont nous recommandons l'examen à ceux de nos Elevés qui sïntéreffent véritablement à l'Art du Jardinage, à la décora- tion intérieure , à la Peinture & à la Sculpture dans tous les genres , enfin, à la fituation & à la véritable grandeur qui le remarque? en entrant dans cette bçlle Maiîbn Royale. Peut-être fera-t-on étonné du peu de dépen-
dances qu'on remarque dans le Plan que nous offrons ici; la baffe-cour des Cuifines & des Offi- ces E, étant peu conüdérable , ajnfl que les baffes- cours des Ecuries & Remifes F, fur-tout lorfqu'on viendra à les comparer avec lïmmenfité des iffues qui amènent au Château G ; peut-être auiîi trou« vera-t-onla Cour principale D trop petite, n'ayant que vingt-quatre toifes de largeur, quoique la fa- çade » du côté du Jardin, en ait quarante cinq : mais il faut fe fouvenir qu'originairement cet Edi- fice n'étant pas deitiné à faire une Maiion Royale > il en a. dû réfulter les défauts que nous remar- quons ici, Çell pour cela que Moniteur le Dau- phin , lorfqu'il en fit fa réfidence, fit construire Un nouveau Bâtiment qu'on appelle le Château neuf de Meudon, dont on trouvera les Pefîins dans l'Architecture Françoife ; mais dont nous ne parlerons point ici ? n'en effimant, ni la diitrl·- bution » ni l'ordonnance , quoiqu'élevé fur les Peiîins de Jules Jrlardonin Manfard, qui lui 3 plutçt donné l'air d'une belle Manufacture, que d'un Edifice deiliué à la résidence d'un Prince du §ang Royal, (l ....,, , ... , n |
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d'Archïtect ure. 137
Plan du Château de Saint-Cloud, de fes
ißues? & de fes principales
dépendances.
Planche XXIX,
Après la fituation du Château de Meudon ί
Hont nous venons de parler, & celle du Châ- teau de Saitit-Gemiain-en-Laye, Maifon Royale à quatre lieues de Paris ; il n'eil peut-être point de Maifon de plaîfançe mieux Îituée que le Châ- teau de Saint-Ci oud que nous décrivons. Il eit aulU élevé fur le fominet d'un coteau en face de la fiviere de Seine : coup d'œuil ii intéreiîant,, qu'on n'a pas héfité de rendre oblique l'avenue A, qui donne entrée à cette magnifique demeure ; en- forte que du Château Β , & de fa principale cour C , on jouît du fpe&acle des Jardins, te- nus dans la partie baffe du Parc marqué M, & de la vue de la rivière ; la cour C , dans laquelle on arrive par l'avant-cour D, fbrm.3 terrafTe vers a* Le Château Β contient une quantité de très-
beaux Appartements, magnifiquement décorés & ornés de Peintures du meilleur genre. On y re- marque entr autres, une belle Gaiierie placée en Ε , précédée d'un magnifique Sailon , commun à une féconde grande Gaiierie F, qui, l'hiver, fert de ferre pour les orangers. On y remarque auiîî un magnifique Efcalier à double rampe, placé vers G » revêtu de marbre, dont nous donnerons ïa décoration dans le Volume fuivant. Tous ces Bâtiments annoncent de la grandeur ; mais ce- pendant ils tire^nt leur prinçipaUfliefde la beauté |
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i3§ Cours
de leur fituation : ils ont été reftaurés fous k
régence de feu Monfieur le Duc d'Orléans, fur les DeiTms d'Hardouin Manfard, qui s'en eft tiré en homme de goût; mais il n'a pu corriger la difpolition locale des anciens Bâtiments , qui n'of- frent rien ici de bien régulier. Il en eil à peu près de même de ceux qui contiennent les dépendances de ce vafte Edifice : l'aile H, eft celle où font contenues les Offices & les Cuiiines; celle I, con- tient les Ecuries & Rernifes ; enfin , l'aile Κ eft deftinée pour les logements des Officiers, & les Communs. Par cette énumération, & la dif- pofition des Bâtiments exprimés dans cette Plan- che , il eft aifé de concevoir qu'on auroit pu tirer un meilleur parti de leur enfemble ; mais cette Maifon de plaifance a fubi le fort de toutes les grandes entreprifes , qui s'érigeant dans des temps différents, & fur les Deffins de divers Archite&es, produifent rarement un enfemble intéreiTant. Au refte, félon quelques-uns , ce défordre annonce Un coup d'œuil pittorefque, qui s'accorde, di- fent-iis, avec l'irrégularité du terrein & fa fflon- tuoftté : fi cela eft vrai à quelques égards, fans nuire à la fituation du lieu, il étoit poifihle » fans doute, d'étudier les formes générales des Bâtiments, & de les rendre moins difparates en- tr'elies , fans rien changer au local. Malgré ces remarques , on ne peut difconve-
nir que le Château de Saint-Cloud , fa fituation & fon expofition, ne méritent l'attention des eon- noiffeurs , & fur-tout des Artiftes. C'eft fur le lieu, que ceux-ci apprendront plus que par-tout ailleurs, à démêler les chefs-d'œuvre de l'Art, d'a- vec les licences dont il n'eft pas exempt. Les Jardins ? entre-autres chofes, plantés fur les Bef- |
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Ι) ' A RC Η Ι Τ E C Τ U R E. Ij0
fins de le Nôtre, ofFent cent beautés qui ne fe
rencontrent pas ailleurs. L'inégalité de leur fol, & l'efpece d'irrégularité des pièces de verdure qui les compofent, pourront perfuader à nos Elevés , qu'on peut s'écarter d'une fymétrie fcru- puleufe, fans bleiTer les loix de la convenance, ni le goût du Jardinage. C'eit dans ces Jardins charmants qu'ils y admi-
reront la plus grande & la plus belle Cafcade arti- ficielle L, que nous connoiiîions en France, & dont le fpeÛacle attire le Citoyen & l'Etranger, pendant la belle faifon , pour jouir de fon afpeft, & viiiter les chefs-d'œuvre répandus dans l'intérieur du Château. Plaa du Château de Maifons, de fes iffues,
& de Jes principales dépendances. Planche XXX.
Nous ne craignons point, après avoir décrit
les trois Plans précédents, de mettre celui dont nous allons parler en parallele " avec eux. La grandeur des dehors, leur magnificence, & tout enfemble la iîmplicité fy m étriqué qui s'y remar- que , femblent faire le charme des abords de cette belle Maifon de plaifance. Qu'on y prenne garde ; cette fymétrie dont nous parlons, fur-tout lors- qu'elle eil bien entendue, fert à relever encore l'éclat des beautés pittorefques de la nature, or- dinairement répandues dans les dehors. Ici tout eil taillé en grand , une fuperbe ave-
ulie A, de cinq cent cinquante toifes de longueur, ■* fur trente-trois de largeur, eil plantée en face ώχ Château, & fe trouve croifée par une autre |
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l40 Cours
avenue B, en retour d'équerre vers la principale
entrée de favant-cour C. Cette féconde avenue B, a la même largeur que la précédente, fur deux cents toifes de longueur. A l'extrémité de chacune de ces avenues, font élevés des Bâtiments a, d'une itru&ure & d'une décoration pailorale & cham- pêtre , & où, pour cette raifon, un ordre Tofcan pilailre préiide : ce qui devoit être ainfi ; ces Bâ- timents fe trouvant fur le bord de diverfes rou- tes qui amènent au Château y & n'étant deftinés- d'ailleurs que pour les Portiers, les Gardes-chaiTes, & les auberges où les équipages des étrangers & leur livrée le retirent, loin du coup d'œuil des Maîtres. Nous avons déjà fait remarquer, que ces Bâ-
timents font difpofés de maniere, que les portes qui donnent entrée aux avenues, fe trouvent pla-n cées fur le côté ; enforte que le milieu n'eft oc- cupé que par unfoifé» exprimé ici en b, moyen, très-ingénieux, dont l'Architecte a auffi ufé à l'en- trée de l'avant-cour C, où le foffé c fe remarque ; il l'a de même employé au bout de la grande avenue A-, qu'on n'a pu rapporter dans ce Plan, à caufe du format de cette Planche. A l'entrée de l'avant-cour C , & de chaque
côté du foifé c, font placés deux petits bâtiments d, dans lefquels font les portes qui donnent iiTue à cette avant-cour. Ces Bâtiments font d'ordon- nance Dorique , d'une compofition qui feule mé- riteroit toute l'attention des connoirïeurs, ii elle ne fe trou voit partagée par la véritable admira- tion qu'on fe trouve obligé de portera tout l'en- femble. Cet Edifice, nous ne nous laffons point de le répéter, eil peut-être le feul chef-d'œuvre d'Archite&ure en ce genre que nous ayons m |
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d'Architecture. 141'
France, particulièrement pour ce qui regarde l'or-
donnance des dehors, & la beauté des propor- tions de chacune de fes parties. L'avant-cour C, eil grande & fpacieufe ; elle
eil entourée de terrailés c, qui en relèvent la planimetrie. Ceft dans cette avant-cour que fe remarquent les Bâtiments des Ecuries D; Bâti- ments ici de la plus grande importance, & qui n'ont de rivaux » quoique dans un autre genre, que les Ecuries de Y er failles. En face de ces Ecu- ries , eil commencé un autre Bâtiment E, deili- né pour les Cuifines & Offices , quoiqu'ancien- nement on en ait pratiqué proviiionnellement dans les fouterreins du Château F. Ces deux Bâ- timents D, E, à juger par celui D, entièrement fini, auroient formé une avant-fcène admirable au Château (c) qui, fur un Plan reculé & ifolé de toute part, produit un fpeclacle & un coup d'œuil véritablement intéreflant : il femble même que François Manfard, pour porter à l'illiiiion, a tenu exprès le module des ordres des Bâtiments D, Ε, beaucoup plus fort que celui des ordres du Château F : moyen qui, effectivement, fait paroitre ce dernier dans un éloignement beaucoup plus coniidérable : trait de génie, qui feul feroit l'éloge de cet habile Maître, fi tous (es Ouvrages n'annonçoient fa fupériorité dans l'Architecture· Le Château F, eil entouré d'un large foiTé, bordé d'une terraife qui circule autour de la cour prin- (c) Voyez la Planche XII de ce Volume, où nous avons
rapporte Γ avant-corps de ce Château, du côté du Jardin. Voyes auifi ce que nous avons déjà dit, page 85 , de cette belle de- meure: notions qu'il eilbon de tapproçjaiejç avec les remarques tue aous faifons jçL |
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14* Cours
çipale G. Ceft cette terraffe néanmoins que nous
avons trouvée précédemment trop élevée ; fa hau- teur mafque les Jardins parés , diitribués de part & d'autre aux deux extrémités de cette même cour. Du côté du Jardin, au pied du Château & au-
delà des foffés , fe remarque une terraffe H, qui defcend dans les parterres I, bordés de droite & de gauche, par des allées Κ en palaTade, dont nous avons donné les Deiïins, Planche IXe de ce Volume, Figure lere. Les lettres L , indiquent la iituation des an-
ciens potagers, dont nous avons dit aufîi quel- que chofe ailleurs. Enfin les Bâtiments marqués M, font les Maifons du village de Maifons , ii- tué près la rivière de Seine, à quatre lieues de Paris , & près de la forêt de Saint-Germain-en- Laye. Les autres objets exprimés dans cette Plan- che, font les dépendances, & une partie des Jar- dins de ce Château : ils font trop négligés au- jourd'hui pour que nous en donnions la defcrip- tion ; d'ailleurs ils ne renferment rien de bien remarquable, à l'exception de quelques grottes, & de plufieurs belles routes, percées dans l'épaif- feur du Parc. Les Jardins de propreté font prei- que tous incultes. Plan général de Champ, de fes iffues, & de fes
principales dépendances. Planche XXXI.
Ce Château fitué en Brie, à quatre lieues de
Çaris, fut. bâti originairement pour Monâeur le |
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d'Architecture. 143
î)uc de la Valiiere , fur les DeiTms de Moniieur
de Chambljn Architecte, fils du célèbre Bullet, dont nous avons parlé plus d'une fois avec élo- ge. Ce Château > ou plutôt cette belle Maiibn de campagne, a paiTé depuis à différents Maîtres ; elle eu habitée aujourd'hui par Madame Michel, veuve de Moniieur Michel, ancien Tréibrier gé- néral de l'Artillerie & du Génie. Comme notre intention n'eil pas de donner la
description du principal corps-de-logis, nous ne dirons rien ici de fon ordonnance extérieure; d'ailleurs, elle reffemble à celle de tous hs Bâti- ments qui s'élevoient chez nous, il y a cinquante ans ; je veux dire qu'elle eil commune & triviale. Nos Architectes alors s'appliquoient plus parti- culièrement à la diilribution des dedans > qu'à l'or- donnance des dehors , qui n'ont repris leur pre- mier éclat, que depuis qu'on eil parvenu à goû- ter les productions des Manfards. Au reite, on a. fenti mieux que ce grand Maître, la néce/ïîté de concilier la beauté extérieure avec la com- modité & l'agrément des dedans ; de maniere que, de nos jours, on n'oferoit plus faire , entre- autres choies, comme on le remarque à Champ, un grand Sallon de quarante-trois pieds de lon- gueur , & de vingt-neuf pieds de largeur , fur une hauteur feulement de dix-huit pieds fous plan- cher (V), défaut de rapport qui fe remarque dans plus dhm de nos Edifices, fans excepter le Sallon du Château d'IiTy ( e ), quoique bien autrement traité du côté du ftyle de l'Architecture, & de- |
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(d) Voyez îes Pians dont nous parlons dans le VI Yolumç
dés Planches de l'Architecture Françoife. (ë) Bâti fur les Dcfe de Pierre Buljct. |
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144 Cóun
la perfe&ion des ornements. Mais vehoiis a l4or>
jet qui nous occupe dans ce Chapitre ; & di- ions, que , pour procurer plus de dignité à l'a- bord de cette habitation, on a planté dans les terres, de Ta utre côté du grand chemin, une ave- nue A , & une demi-lune Β, qui, fe réunifiant, pour ainfi dire , à l'avant-cour C , communiquent un air libre à la cour principale D , & aux Ap- partements du Château E. Cette cour D a de lar- geur vingt-trois toiles feulement;étendue de la façade du Château , & fa longueur eil établie fur la diago- nale d'un carré , formé fur fon petit diamètre ; enforte que toutes fes iffues offrent fur le lieu un effet affez agréable, qui nous a déterminé à gn donner ici le Plan. A l'égard des Bâtiments des baffes-cours, leur
difpofition fe reifent un peu de la négligence que nous avons déjà dit qu'on apportoit fouvent dans leur diftribution générale : rien de fi facile néan- moins que de rendre ces Bâtiments moins irré- guliers, lorfque dans fon projet on les attaque à la fois, qu'on fe rend compte de leurs différents ufages ,& qu'on fait mettre en oppofition ceux qui peuvent figurer enfemble, de maniere que les pa- villons , les avant-corps, & même les murs de clôture paroifTent refpeitivement égaux entre-eux : ici cependant la baffe-cour I, qui comprend le Bâtiment des Ecuries F, & le Colombier K, ne paroît avoir aucune relation avec les Jardins de l'Orangerie N. D'ailleurs , quelle connexité re- marque-t-on entre la baffe-cour des remifes G, & celle deftinée pour le logement des domeili- ques O; qui, toutes deux, dévoient offrir un coup d'œuil, & plus uniforme & plus régulier. Les baffes-cours placées à l'entrée & à la droite dg
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Ö'AÄCHltE€TÜÄ£. Ï4f
de Favant-cour , & où fe trouve la glacière L,
ne préfentent non-plus aucune fymétrie avec la cour du Jardinier Τ : d'où il réfulte qu'il femble que toutes ces dépendances ayent été élevées à pltiiieurs reprifes fous les ordres du Jardinier , & que l'Architecte n'ait été confulté que pour donner les Plans du Château ; ce que jamais nous ne confeillerons à aucun Propriétaire; le principal corps-de-logis n'ayant un véritable relief', que lorfque les Bâtiments qui le précèdent l'annoncent fous fon véritable point de vue. On peut dire même que plus le projet doit être fimple > plus il faut fçavoir fe dédommager de cette iimplicité par l'ac- cord général de toutes les parties environnantes. Sans doute, dans nos belles Maifons Royales , & dans nos belles Maifons de plaifance, la fy- métrie dont nous parlons, eil peut - être moins effencielle. Tout-, dans ces Bâtiments d^éclat, dé- dommage de cette févérité : l'afpecl des lieux, une certaine magnificence, une belle vue peut porter Γ Architecte à éloigner de deifous les yeux du Maître, les dépendances de ion Palais : ici au contraire , l'économie le force de raifembler tous les objets d'utilité, qui, par leur réunion bien entendue, ne laiifent pas d'offrir un coup d'œuit très-intéreffant, malgré leur fimplicité. Loin de trouver ici cette réunion, les divers Bâtiments, préfentent une difparité choquante, qui ne pro- vient fans doute, que de ce qu'ils ont été élevés dans des temps différents, & félon les befoins des Propriétaires à qui cette terre a paffé fuc- ceiîivement. Ces perfonnes ayant regardé ces Bâtiments comme autant de parties acceffoires , en ont négligé là correfpondance, fans fonger que la régularité des abords contribue & atoûîg TmtlK \ Κ |
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146 Cours
beaucoup à la beauté du principal corps de
logis. Plan du/ Château de Montmorency ? de /es
ijjues P & de fes principales dépendances. Planche XXXII.
Cette belle Maifon de campagne, iituée à quatre
lieues de Paris, a appartenu longtemps à Mon- iieur· le Brun , premier peintre du Roi, qui, com- me grand Artifte & homme de goût, l'avoit déjà beaucoup embellie , lorfqu'enfuite elle paiia à Moniieur Croifat ( ƒ ), qui en a fait bâtir le principal -corps-de-logis, fur les deffins de Moniieur Cartaud : les Jardins commencés par Monfieur le Nôtre & originairement plantés fur les deffins de Moniteur le Brun , furent aufli continués par cet Archi- tecte. Dans les Volumes précédents de ce Cours » nous avons fait l'éloge de la difpofition des Jar- dins charmants de cette belle Maiîon ; on en trou- vera le Plan, & celui des Bâtiments dans le Recueil de ΐArchitecture Françoife. Nous remarquerons feulement ici, que la. magnifique vue dont jouît cette belle demeure, a déterminé, comme au Châ- teau de Saint-Cloud, à placer l'entrée A, fur le côté ; par ce moyen on a ménagé de l'intérieur an Château Β, le coup d'œuil des dehors : coup d'eeuil admirable, qui met cette habitation au* |
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(ƒ) Cette belle Maifon appartient aujourd'hui à Monfieur
le Duc de Choifeuil, par Madame de Choifeuil, qui l'a ven- due à vie , a Monfieur & à Madame de Luxembourg. |
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Λ' , »AACHITfiCïïlRÉ. 147
deflus de toutes les Maifons particulières, folles
aux environs de Paris* Ce n'eft pas qu'on n'eût pu tirer un meilleur
parti de la difpofition des Cours & des Bâtiments qui amènent au Château : lavant-cour C eil' beaucoup trop petite ; la cour principale D eft dunemauvaife forme: &, quoiqu'elle préfente un aipect affez riant, parce quelle eft ornée de ta- pis verds, & entourée de charmilles percées d'ar- cades; il n'en eft pas moins vrai qu'elle n'a pas affez de profondeur; & , que fa portion circulaire en face du Château, contribue à rendre encore fa largeur trop- confidérable pour fa longueur Nous l'aurions préférée redangulaire, & nous au- rions cherché à réunir à la furface de cette cour celle de la pièce de verdure Ε, au milieu de la- quelle eft une magnifique pièce d'eau, qui, au- jourd'hui, s'aperçoit à peine du Château, ,, r Les baffes-cours. F, & leurs Bâtiments paroiffent
auiïî avoir été diftribués au hafard. Il étoit poffi- ble néanmoins, fans beaucoup de dépenfe, de les faire entrer pour quelque chofe dans î'en- femble du projet* Nous avons déjà« condamné cette négligence, & elle doit avertir nos Elevés, que lorsqu'ils commencent à compofer le Plan d'un Bâtiment, foit pour la Ville, foit pour la campagne, il eft néceffaire qu'ils faffent entrer dans leur premiere efquiffe, ne fut-ce que par maffe, tous les acceffoires ; qu'ils en étudient toutes les parties, & qu'une fois bien mifes cha- cune en leur place, ils y reviennent encore, pour les comparer, d'abord avec l'importance ou la fimplicité du principal corps-de-logis; en- luite par rapport à leur difpofition, à leurftruc- ture, & à leur ordonnance; en un mot, c'eft Kij
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148 Cours
pour les y amener avec plus de facilité, que nous
venons de leur offrir les Plans précédents v fans leur en diflimuler les défavantages ; & qu'enfin nous allons mettre fous leurs yeux , deux autres Plans de notre compofrtion , faifant partie des dépendances projetées pour un Palais de foixante- fix toifes de face : ce qui nous fervira, comme nous l'avons déjà annoncé, à réduire en principes, ce que nous aurons à dire dans la fuite, concer- nant la diftribution intérieure des Bâtiments d'ha- bitation. Plans par maffes d'un Bâtiment de foixante-
fix toifes de face, de fes iffues^ & de fes dé- pendances i de la compofition de l'Auteur* Planches XXXIII & XXXIV.
Nous voici arrivés, pour ainfi-dre, à la théo-
rie, ou plutôt au rationnement concernant la dif- tribution des Bâtiments. Ce que nous avons dit jufqu'à préfent dans ce Chapitre n'a guère eu pour objet que des notions générales fur cette branche de l'Archite&ure : il s'agit ici de faire com- prendre à nos Elevés* l'art de faire marcher en- îemble les iffues, les dépendances & la diftribu- tion extérieure des façades du principal corps d'un· Bâtiment, δε d'y obferver plus de régularité & de relation qu'on ne fait ordinairement : re- lation que nous avons tâché de réunir dans les Plans tracés fur les deux Planches fuivantes. Ces Plans néanmoins different entre-eux, parce que nous avons cru devoir propofer des changements aufîi confidérables cm.'intéreffants, dans l'intérieur Ι* Λ ■* -
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d'Architecture. 149
du Palais, dont nous rendrons compte bientôt,
après avoir donné les détails qui regardent les Bâtiments répandus dans les dehors de ces deux Plans. Commençons par la Planche XXXIII ; mais avertirions nos Letleurs que notre intention n'eft pas de leur offrir ces deux productions comme exemptes de défauts; il s'en faut bien que nous ayons la témérité de mettre ces deux compoii- . tions en parallele avec les exemples précédents; particulièrement avec Verfailles , Meudon, Mai- ions , Saint-Cloud ; nous voulons feulement en- feigner comment on doit concevoir l'efquhTe d'un projet, combien il eil intéreffant d'en conférer enfuite avec les Propriétaires , de le recommencer y de confulter les Maîtres de l'Art, enfin de le mé- diter encore, & de paifer aux développements $ pour parvenir à fe rendre compte du coût de la dépenfe , faire des approviiionnements , exca- ver & bâtir. Le principal corps-de-logis A, indiqué dans la
Planche XXXIII dont nous parlons , étant deiti- né à la réiidence d'un grand Seigneur à la cam- pagne, fa décoration extérieure a dû, non-feu- lement offrir une certaine majefté, mais être ab- folument régulière dans toutes fes parties ; dès là, l'ordonnance des dehors a du donner le ton à toute la diftribution intérieure de ce Palais : en· forte que les licences qu'entraîne ordinairement après foi l'application des trois branches de l'Ar- chiteclure, la décoration, la diftribution & la conf- îriiftion, ont dû néceffairement fe porter toutes dans les dedans du Bâtiment, ainiî que nous le ferons voir lorfque nous en décrirons le Plan, Planche XXXV. Au contraire, on remarquera dans la Planche XXXVI, combien nous avons Kiij
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150 Cours
dû facrifîer les dehors aux dedans , pour pro-
duire la diilribution moins irreguliere du fécond projet fur le premier : mais revenons à la Plan- XXXIII. Le principal corps-de-logis A, ifolé de toute part, eil entouré de terraffes, & précédé d'une cour d'honneur Β , de quatre-vingt-douze toiles en tout fens, dont les parties latérales font ornées de Bâtiments : celui Ε, eil deiliné pour conte- nir les Appartements des étrangers, & celui F, pour le Gouvernement. Ces deux Bâtiments, de la longueur de foixante-huit toifes, & de la plus parfaite fymétrie, font difpofés de maniere, qu'ils forment aufli chacun un carré parfait, au milieu defquels fe trouvent des cours quadrangulaires U, V, de cinquante-cinq toifes de diamètre. L'entrée de la cour d'honneur Β, n'eil féparée de l'avant- cour G, que par une grille de fer élevée fur un appui de pierre de deux pieds δε demi de hauteur : aux deux côtés de la porte de cette grille, fe re- marquent des guérites aufli en pierre , mais affez peu coniîdérables, pour ne pas mafquer la façade principale. Au reile, ces guérites doivent être re- gardées comme un objet de premiere nécefïité, pour y mettre à couvert les Sentinelles ; ainfi qu'on en a placé à Verfailles, à Choify, à Clagny, &c. L'avant-cour G a le même diamètre que la cour d'honneur Β : mais comme elle a beaucoup plus de longueur, cette dernière étant formée de la diagonale produite par un carré égal à fon petit diamètre, elle a acquis une grandeur fuffifante : Ie, parce que fon étendue femble s'agrandir en- core par le coup d'œuil de la cour Β, qui n'eil féparée d'avec celle-ci que par la grille de fer dont nous venons de faire mention plus haut; z°9 parce que l'entrée de cette avant-cour n'étant fer- |
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d'Architecture. 151 ·
mée que par un foffé, elle y jouît de l'efpace
qu'occupe la patte d'oie H, & de toute la lon- gueur de l'avenue 1, qui enfile la ligne capitale A , Β , G , H, I ; attention qu'il faut apporter : car les cours & les avant-Cours, percées dans leur ex- trémité , doivent avoir une toute autre propor- tion que celles qui, étant fermées de toute part, foit par des Bâtiments , foit feulement par des murs de clôture, paroiffent beaucoup moins vaf- tes , quoique tenues de la même largeur & de la même profondeur. D'ailleurs , il faut encore prendre garde ici, que la moitié de la longueur de cette cour , dans chacun de fes côtés , eil évidée par des allées d'arbres , qui, à travers les intervalles de leur tige, laiffent apercevoir à dé- couvert ,d'une part, la principale cour Κ des Ecu- ries , & fes Bâtiments; & de l'autre, celle des Cui- fines L; difpofition qui a dû nous déterminer à ne pas augmenter la largeur de cette avant-cour ; ce que nous aurions certainement fait, fans cette considération , ainii que nous en avons ufé dans le Plan de la Planche fuivante, & que nous l'a- vons recommandé dans nos préceptes généraux. Qu'on y prenne garde ; nous appuyons fur ces détails, parce qu'ils font importants à obferver, fur-tout lorfqu'il s'agit de la diitribution des dé- pendances d'un Edifice confidérable. G'eit, pour- quoi nous engageons nos Elevés à fe rappeler, non-feulement nos Leçons précédentes ; mais à tâ- cher de fe rendre compte, à l'afped des lieux qu'ils vifitent, des motifs qui ont fouvent déterminé leur Ordonnateur à s'écarter des préceptes le plus univerfellement reçus, pour fe plier aux di- verfes circonitances dans lefquelles ils fe trou- vent engagés , malgré leur propre expérience. Κ iv
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!J2 Cours
Or, certainement, il faut faire entrer pour quel«
que chofe dans la difpofition de l'avant-cour G, non-feulement les percés de fes deux extrémités ; mais la profondeur de la cour des Ecuries Κ, & celle des Cuifines L, placées dans chacun de (qs côtés, & qui toutes deux, comme celle G, font parées de verdure, les Bâtiments qui entourent celles K, L, ayant d'autres iffues pour les char- rois qui y amènent les provisions, & en faci- litent le fer vice : ces iffues font marquées dans ce Plan par les lettres a; & par elles, on voit qu'on peut entrer dans les autres cours £, c, d, e, par les dehors, fans nuire en rien au paffage des Mai* tres, qui traverfe l'avant-cour G, pour parvenir à îa cour d'honneur B. La cour b à gauche eft celle qui particulièrement donne entrée au logement de l'Ecuyer. Celle c9 eil entourée de Bâtiments fubalternes, pour les Palfreniers & les bêtes de fomme. Dans la cour d, font les Bâtiments des Officiers de la bouche ; & celle e, contient ceux: pour les buanderies, les fournils, les bûchers, les lavoirs. Sec, Sans doute, tout ce dernier dépar- tement paroîtra bien éloigné du Château A : nous convenons de cette vérité; mais en même temps, il faut fonger que lorfqu'il eft queilion de la de- meure des grands ou des hommes riches; il pa- roît très-intéreffant de fouftraire aux yeux des Maîtres & des Etrangers, les Bâtiments des baffes- cours , & la plupart des hommes Subalternes qui les habitent. Qu'on fe rappelle à Verfailles le grand Commun , iitné de l'autre côté de la rue de la Surintendance ; qu'on fe reffouvienne de Meu* don & de Saint-Cloud ,. dont les Cuifines & les Offices font très-éloignés ; qu'on fe rende compte enûn de îa Situation des Cuifines nouvellement |
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d'Architecture. 15$
bâties au Château de Bercy, par feu Moniteur de
la Guipiere ; de celles du Château du Rin cy, par Monfieur RouiTette , & de celles de tant d'autres belles Maifons de plaiiance aux environs de la. Capitale ; & l'on fera moins étonné, que nous ayons pris le parti que nous propofons, prévenu qu'on doit être de l'ufage des réchaurfoirs dans l'intérieur du principal corps-de-logis , & âes étu- ves ambulantes , pour le tranfport des mets, des Cuiiines au Château , en cas de pluie, ou dans l'avant & l'arriére faifon : fans oublier que, dans plus d'un de nos Edifices, où l'économie eft comptée pour rien, on peut pratiquer des galle- ries fouterreines , qui, dans notre Plan , rece- vraient du jour par les murs d'appui des terraffes pratiquées autour de la cour B. Ces galleries alors amèneraient au Château, pendant l'hiver, le fer- vice du département de la bouche. La Planche XXXIV offre une toute autre dif-
poiition , dans les cours & les Bâtiments qui pré- cèdent le principal corps· de-logis ; parce que ce- lui-ci , marqué A, eit lui même difpofé différem- ment que le précédent, dans l'intention de ren- dre l'intérieur de fa diitribution plus commode, quoique peut - être aux dépens de la fymétrie extérieure ; mais comme il s'agit dans ces Leçons de difcuter de plus d'une maniere, Fart de ren- dre relatifs les dehors avec les dedans ; nous n'a* vons pas héfité d'offrir ces deux Plans , différents l'un de l'autre : ils nous donneront occaiion de traiter plus à fond des difficultés qui fe préfentent à l'Architecle, lorfqu'il s'agit de concilier enfem- ble la régularité des dehors, & la diitribution des dedans, imaginée par nos Archirecles modernes, avec la beauté de l'ordonnance des façades em» |
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154 Cours
ployée avec tant de fuccès par nos prédécefleurs.
Dans la Planche XXXIII, la cour d'honneur
étoit quadrangulaire ; ici, celle Β eil oblongue; fa longueur eil déterminée fur la diagonale formée par un carré établi fur fon plus petit diamètre: au contraire, Favant-cour C préfente un carré parfait d'un plus grand diamètre que celui de la cour Β , dont les Bâtiments D , placés clans fes parties latérales, n'ont qu'un feu! étage, & par-là, procurent une prééminence confidérable au Châ- teau A, fur toutes les dépendances qui l'accom- pagnent. Ses Ailes font féparées dans leur milieu par des grilles de fer, qui laiiTent voir de part & d'autre , à droite, le Bâtiment de l'Orangerie Ε, & fon Jardin F, & à gauche, un Bâtiment G, de même forme & grandeur, deiliiié pour une Salle de fpeclacle,& des Jardins fleuraftes H, qui le précèdent. Ces Jardins, ainii que celui de l'Oran- gerie, font accompagnés de Cabinets de verdure I, & de petites allées couvertes, qui procurent au- tant de promenades ombragées, près des Appar- tements d'habitation. Derriere le Bâtiment de l'O- rangerie Ε, eil pratiquée une Salle de bal cham- pêtre K, qui conduit à des bofquets pour les ra- fraîchhTements, mais dont on ne remarque ici que l'arrachement. Derriere le Bâtiment G , eil encore un Jardin fleurifie L, accompagné de Ca- binets qui conduifent à d'autres pièces de ver- dure , faifant partie des Jardins de propreté de cette Maifon de plaifance ; néanmoins nous ne les donnons point ici, en ayant oifert plufieurs exemples au commencement de ce Volume. L'avant-cour C , n'eit féparée de la cour d'hon-
neur Β que par un foiTé. Ses parties latérales font fermées par des murs de clôture ornés de piédroits » |
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d'Architecture. 155
de corps de refends , & de tables diftribuées avec
fymétrie, & couronnées d'un chaperon en pierre de taille. L'entrée de cette cour eil fermée par un mur d'appui , au-deffus duquel s'élève une grille en fer, placée fur le bord du grand chemin, grille qui fépare la cour d'avec l'efplanade M , prife dans les terres dépendantes du Château. Cetre efplanade mené à une grande avenue placée précifément en face de ce dernier. A la droite de la cour C , fe remarque la cour des Cuiiines Ν, & dans le fond, le Bâtiment Ο qui les contient. Les autres Bâtiments Ρ en font les dépendances ; ils comprennent les Offices, les Buanderies, le Fournil, les Bûchers, les Celliers, &c, autant de différents départements qui ont leurs cours marquées a. Les Cuifines Ο ont aufîi de petites cours b, & au milieu, un paffage qui conduit aux Bâtiments & aux cours de la Ménagerie Q, qu'il convient de placer toujours le plus près qu'il eit poffible du département de la bouche, à caufe des volailles qu'elle contient, des Vacheries , des Lai- teries , &c. La Ménagerie dont nous parlons ici, eil plutôt une Ménagerie d'utilité , qu'une Mena-' gerie de magnificence, deilinée par-tout ailleurs à contenir des bêtes fauves, des volatiles, & au- tres curioiités d'hiiloire naturelle. A la gauctje de cette même cour C, s'obferve le
département des Ecuries, tels que le logement du premier Ecuyer R, celui du fous Ecuyer S , avec leurs cours particulières e ; le Bâtiment d'une gran- de Ecurie double Τ ; fa cour principale U , & fa cour de décharge V. On y remarque encore les Bâtiments pour les chevaux de felle X, avec leurs baffes-cours c, un préau ou manége découvert Y ; les baffes-cours & les Bâtiments des Remifes Ζ ; |
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îj6 Cours
enfin la baffe-cour des fourages, &c. ainfî que
d'autres Bâtiments & des cours de décharge d, deitinés pour les Palfreniers , le Maréchal , le Châron ; en un mot, des Ecuries particulières pour des chevaux de fomme ; des hangards pour des chariots , des fourgons , &c. Il eft aifé , en comparant ce Plan, & celui qui
le précède, de remarquer combien toute la dif- poiition des dépendances a dû changer de forme en faveur des différences apportées dans la dif- tribution extérieure du principal corps-de-logis : confidération qui nous fait encore répéter à nos Ele- vés ce que nous leur avons déjà recommandé plus d'une fois, c'eit-à-dire, de commencer leur projet, fur-tout lorfqu'il s'agit de bâtir en place neuve, par attaquer toutes les parties par mafTes, pres- que toutes ces parties devant néceffairement dé- pendre les unes des autres, pour concourir à for- mer un bel enfemble ; mais, ce que nous ne crai- gnons point de leur répéter, c'eft d'abord de fe bien pénétrer du genre de l'Edifice qu'ils ont à traiter, & de ne jamais oublier l'économie dont on doit ufer , félon qu'il s'agit d'un Edifice plus ou moins important. Par exemple , il eil aifé de comprendre que les dépendances de notre der- nier Plan, doivent coûter moins que celles du pré- cédent. Ici elles ne font point-du-tout partie du Château, à peine les aperçoit - on en traverfant l'Efplanade M, & l'avant-cour C; pendant que dans le premier projet-, elles font parement de chaque côté, pour arriver au principal Edifice. Il eft vrai ici, que les ailes D placées dans les parties la- térales de la cour d'honneur Β , fuppofent un fafte qui ne fe rencontre point dans ce fécond pro- jet; mais auffi ne s'agit-il pas des corps de Bâti- |
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d'à rchitecture. 157
ments particuliers pour les étrangers & pour le
gouvernement. Nous avons placé ces deux dé- partements à bien moins de frais , & en bien moins grand nombre, dans les parties des deux aîles placées à l'entrée de la cour Β ; & les deux autres parties de ces mêmes ailes, au-delà de la grille du milieu de cette même cour, font dépen- dantes du Château, comme dans le Plan précédent. Nous défirons que ces deux exemples, & les détails dans lefquels nous allons entrer , concer- nant l'intérieur de ces diverfes dépendances, met- tent nos Elevés à portée de bien étudier ces différentes parties, qui, quoiqu'acceiïbires, font Couvent Ceules capables de donner a connoitre la véritable intelligence de l'Architeâe, & con- tribuent plus qu'on ne s'imagine ordinairement, à annoncer la dignité & l'opulence du Pro- Pr NouTdirons encore que le ftyle de l'ordonnance
extérieure des divers départements qui forment les dépendances d'un Palais , doit figurer en quelque forte, quoique dans un degré inférieur, avec les prin- cipales façades. Ceft pourquoi, avant de paffer aux détails dans lefquels nous nous propofons d entrer , au Cujet de la diftribution des différents départe- ments, qui compoCent chacun de ces deux projets; nous obferverons , qu'on doit en faire des dévelop- ments particuliers, & enfuite un modele général, qui donne une idée complette de la totalité. Pour cet effet, parlons de fuite de l'utilité des modèles généraux & particuliers, dans les entrepnfes im- portantes. |
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158 Cours
De l'utilité des différents Modèles dans les
ouvrages importants. La plupart des Archite&es, ceux même qui
ne font pas fans un certain mérite, mais qui, faute d'expérience , s'en rapportent à leur pre- miere compoiition , font fou vent dans le cas d'at- tendre très-peu de fuccès de leurs Deffins, lorf* qu'ils feront exécutés ; puifqu'il eit reconnu qu'il y a une grande différence entre le projet d'un Bâtiment & fon entière perfection. Qu'on y prenne garde ; on peut être un aifez, bon Deflinateur f & ignorer l'Art de la conitruâion : d'ailleurs, plu- fieurs fe contentent d'un Plan & d'une élévation pour ériger un Edifice; ce qui ne fuffit pas. Pour réuffir, il faut faire les différents développements de l'ouvrage entier. Sans ces développements, le jeune Archite&e fe trouve dans la nécelîité d'a- voir recours à des reffources licencieufes, qu'il auroit lui-même condamnées dans les productions de (es contemporains , parce qu'elles apportent prefque toujours quelqu irrégularité remarquable , ou dans la décoration , ou dans la diftribution ? ou, ce qui eft pis encore, dans la conirruâtion. Pour éviter de telles licences, lorfque-l'Edifice &
fes dépendances font coniidérables, on doit faire de l'Ouvrage entier, un modèle d'une médiocre gran- deur , par lequel on puiflTe juger de l'effet que pro- duira l'exécution ; il eft plus aifé de connoître par un relief, ce qu'on doit attendre de toute la partie d'un Bâtiment, que par un feul Defîin géométral, ou en peripe&ive, quelque bien entendu qu'il foit» Il faut même fçavoir qu'un modèle en petit, n'of-
fre jamais précifément les proportions que çompor- |
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d'Architecture. 159
tera l'Ouvrage en grand : on doit s'attendre à
remarquer toujours des différences fenfibles ; parce que d'un feul coup d'ceuil , dans le pe- tit modèle , on embraife toute la production ; au lieu que , dans le Bâtiment, on ne peut exa- miner les parties que les unes après les autres. D'ailleurs, il faut coniidérer que dansles modèles généraux dont nous parlons, les différentes maiTes qui les compofent, font prefque toutes rappro- chées de l'œiiil du fpeÛatenr : au lieu que dans l'ouvrage réel, elles en font fort éloignées : fans compter que dans le premier, les hauteurs appa- rentes different peu feniihlement des hauteurs réelles; ce qui arrive tout autrement, lors de la conitruclion, eu égard au point de diitance d'où le Bâtiment doit être aperçu : confédération qui exige, de la part de Γ Architecte , les connoiffan- ces acquifes de l'Optique , afin de pouvoir don- ner à (on Edifice un accord général, fans lequel il n'offre plus qu'une compoiition médiocre. D'un autre coté, il faut remarquer que les pe-
tits modèles ne préfentent jamais aife2 parfaite- ment la majefté des grands Edifices , ni leurs dé- pendances ; ces derniers objets, fur-tout, n'offrant fouvent rien de bien recommandable dans leur ordonnance, enforte que ce n'eit guère que leur difpoiition & leur maffe , qui contribuent à en faire admirer Tenfemble. Par exemple, que peut- on attendre^, dans un petit modele, de la repré- fentation des façades fimples|placées dans les avant- cours & dans les baifes-cours, qui fouvent, font fans avant-corps, & qui, pour tout couronnement, font couvertes en tuiles ? quel effet produifent dans un petit modele, des murs de clôture, or- , nés feulement de quelques pieds-droits r Abfolu- |
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i6o Cours
ment rien de bien intéreffant ; ii ce nVft l'accord
qui doit régner dans toutes ces différentes par^ ties : cependant les plus habiles Archite&es n'ont pas négligé ces acceffoires dans leurs Bâtiments; ils en ont fait autant de développements parti- culiers , & les profils en grand, avant de paiiér à l'exécution. Que pouroient produire en effet de petits modèles, pour repréienter une grande voûte en brique, toute limpie & fans ornement, reffes des termes ou bains des Empereurs en Ita» lie, qu'on ne fçauroit regarder encore aujour- d'hui fans étonnement, à en juger par ceux de Julien Γ Apoitat, à Paris ? Que iignifieroit même la façade de Verfailles du côté des Jardins, un des plus grands Palais qui foient en Europe, pour fon étendue ? Que penfer d'un petit modele qui repréfenteroit l'Aquéduc d'Arcueil, entreprife ca- pable d'être mife en parallele avec les plus grands Ouvrages des Romains ? Enfin, quelle idée donne- roit en petit le Péryftile du Louvre , la porte Saint-Denis, les Ecuries & l'Orangerie de Ver- failles, autant d'ouvrages immortels qui hono- rent notre Nation? Certainement ils ne donne- roient qu'une idée bien imparfaite de ces chefs- d'œuvre ; femblables en cela aux ouvrages de Mé- canique , qui, réduits en petit, n'offrent jamais l'effet qu'on a droit d'en attendre, lorfqu'ils font exécutés en grand. Il n'en faut point douter; c'eil pour s'aiîurer
delà perfection de leurs œuvres, que les plus grands Architectes fe font déterminés plus d'une fois à faire faire, fous leurs yeux, des modèles de la grandeur de l'exécution; ou du moins des par- ties le plus effencielles , fur-tout de celles qui doivent fe réitérer dans l'Edifice* ainfi que le Berniß
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III«
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d'Architecture. i£î
Bernin la pratiqué pour la colonade de la place
Samt-Pierre; l'Efcot, pour Tun des Pavillons de la grande cour du vieux Louvre; Perrault, pour I Arc-de-Tnomphe de la porte Saint-Antoine ; en- fin Manfard, pour U majeure partie des façades du Château de Maiibns; parce qu'alors, ces grands Maîtres jugeoicnt mieux du mérite de l'exécu- tion , par ces modèles en grand, que par de petits re- liefs : ceux-ci, comme nous venons de le remarquer fe font ordinairement pour donner une idée générale du projet; mais ils ne peuvent faire juger qu'impar- faitement de la beauté & de la correction d^s détails. Malgré ces précautions, encore faut-il s'atten- dre qu'il y a toujours une grande différence en- tre la totalité de l'ouvrage, & quelques-unes de les parties qu'on voit en grand:, puifqifil eft aiféde concevoir que l'afpetf que nous offrent quelques colonnes, quoique munies de leur couronnement de leur foutien, & de leur accompagnement, ne préfente tout au plus que quelques bdles par- ties ; mais jamais l'effet des maifes générales d'où dépend tout le fuccès de l'Edifice : de même qu'un Pavillon ifolé dans un modele, pour être enfuite flanqué ou engagé dans une aile de Bâtiments n'offre fouvent qu'imparfaitement, la .·, correfpoa- dance qu'il doit avoir avec l'ouvrage entier. On en doit dire autant du rapport d'un entablement poié feulement fur quelques colonnes de front' & du rapport qu'il doit avoir, lorfqu'il en cou-' ronne une certaine quantité. Enfin , un grand fronton doit avoir une autre dimenûon qu'un pe- tit, ainfi de fuite, pour toutes les autres parties dont les proportions doivent différer, félon leur point de vue, leur élévation & leur point de diftan- ce : d'où nous conclurons qu'il eft bon, non-feu- Tome IJK, L |
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i6z Cours
lement de faire d'abord de tout l'Edifice un mo-
dele général d'une médiocre grandeur; mais en- fuite d'en faire modeler à part les parties prin- cipales , telles que dans l'extérieur, les colona- des, les portiques ; dans l'intérieur , les efcaliers & les galleries, avec tous leurs ornements , com- me les chapiteaux r les corniches, les modulons, les confoles, & toutes les autres parties effencielles, pour être placées dans le Bâtiment, à leur vraie deftination, afin de juger de leur effet. On ne fçau- roit douter que les membres d'Architecture & de Sculpture, deftinés à être appliqués au plus haut de l'Edifice , ne doivent être traités avec plus de fierté, que lorfqu'ils fe trouvent placés à la por- tée de la vue du fpeitateur, foit dans l'extérieur des façades ■> foit dans l'intérieur des Appartements". Entrons à préfent dans d'autres détails non moins intéreffants. Dénombrement des Pièces contenues dans cha->
cune des Ailes qui comprennent les dépens dances tracées fur la Planche XXXIII. ' Il eil affez peu ordinaire que dans les dépen-
dances dont nous allons parler, on pratique des caves ; cependant, comme elles font utiles auprès des Cuifxnes, des Offices & des Sommelleries , nous allons prendre occalîon d'en parler ici, & ce que nous eil dirons fera autant d'acquis pour les îbuterreins qu'on pratique par nécefïité fous les Appartements d'habitation , placés à rez-de- chauffée , dans les principaux corps-de-logis , à deffein de leur procurer plus de falubrité. |
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d'Architecture. 163
Des Caves (g) en général. v
Les Caves font d'une utilité efîencielle pour
contenir les provifions, telles que les vins de ta- ble , les vins de liqueur, le bois, le charbon, &c. Elles font dans les Bâtiments fubaïternes, ce que les ibuterreins font dans un Edifice coniidérable ; mais ceux-ci font feulement deitinés , ainfi que nous ve- nons de le remarquer, à rendre le fol du Bâtiment moins humide, & par conféquent plus habitable. Pour cela, on élevé le rez-de-chauifée, au moins de deux ou trois pieds du fol de la cour, & l'on y arrive par des marches d'environ cinq pouces de hauteur, placées au devant des principaux avant- corps de l'Edifice. Cette élévation îert dans les arriere-corps à pratiquer âes foupiraux pour éclai- rer ces fouterreins ; ces ouvertures fe doivent pla- cer les unes vis-à-vis des autres , au pied des murs de face, du côté de la cour & du côté.des Jardins ; afin que par cette direction, elles puifTent faciliter la circulation de l'air : ce qui contribue à rendre beaucoup plus fains les Appartements qui font élevés au-deflus. A l'égard des Caves proprement dites ; celles
au vin doivent être éxpofées au feptentrion ; leur hauteur, n'avoir guère plus de neuf pieds fous clef; trop d'élévation diflîpe la fraîcheur, & devient inutile, n'étant pas d'ufage de placer plus de deux ou trois pièces de vin les unes aii-defTus des au- tres , encore cela ne fe pratique til que dans les Celliers à rez-de-chaufTée, placés ordinairement |
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(g) Cave du mot Latin Cavta% lieu creufé.
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ié4 Cours
près des preffoirs dans les baffes-cours dos ven-
danges. Il ne faut pas non plus que la largeur des Gaves foit coniidérable ; à moins que cette largeur ne foit affujétie par les murs de face ou de refend du rez de-chauffée. Il convient néan- moins de leur donner douze à quinze pieds, afin qu'on puiffe tourner facilement autour des pièces de vin pour les viiiter. Il eil à confidérer que moins les Caves ont de diamètre, plus leurs voû- tes ont de folidité pour foutenir l'aire de deffus. Lorfque dans les grands Edifices on fe trouve forcé de faire les Caves d'un certain diamètre, & d'en faire les voûtes plein-cintre ; dans la crain- te que celles-ci aient trop de pouffée par [rap- port à l'épaiffeur des murs, il faut dans leur lar- geur pratiquer pluiieurs pieds-droits fur lefquels ces voûtes prendront naiffance , qui alors de- viendront voûtes d'arête vers les pieds-droits, δε arcs de cloître du côté des murs. On doit toujours éloigner les Caves au vin des
foffes d'aifance, malgré les contre-murs qu'on pra- tique ordinairement à ces dernières ; parce qu'il eft à craindre que les urines ne viennent à filtrer, au travers des murs, & ne corrompent les vins : les exhaiaifons feules qui s'échappent de ces foffes, font capables de les gâter. 11 convient que les principaux efcaliers qui defcendent dans les Ca- ves foient commodes , & compofés d'une feule rampe droite, autant qu'il eft poffible, afin de pouvoir y defcendre le vin en pièce, avec fa- cilité , δε en fortir de même les futailles : il eft bon auffi d'y pratiquer un petit efcalier pour le fervice du fommellier. Pour ce qui regarde les Caves οιι l'on ferre le
bois & le charbon , il fuifit qu elles ne foient pas |
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©'Architecture. 165
humides ; pour cela on expoie leurs ioupiraux
du côté du midi, & on les fait ailez grands pour faciliter la circulation de l'air. On doit auffî don- ner à ces Caves , plus de hauteur qu'à celles au vin; mais il faut fçavoir que ce n'eil guère que dans les Maifons particulières, bâties dans nos Villes, qu'on fait ufage des Caves pour ferrer le bois à brûler. Dans les grands Edifices, fur-tout à la campagne , on conilruit des bûchers dans les baiTes-cours, qu'on prend foin d'expofer auffi au midi, & qu'on tient à couvert par des appen- tis (£). Anciennement , on pîaçoit ordinairement les
Cuiiînes, les Offices & leurs dépendances dans ies fouterreins pratiqués fous le principal corps-de- logis, ou fous les ailes de Bâtiment qui lui étoient contigiies ; ainii qu'on le remarque au Château de Maifons, de Montmorency , de Clagny, &c. mais à moins que des foffés ne circulent autour, il faut que la hauteur de ces fouterreins foit prife moitié en terre & moitié dehors, parce qu'alors cette élévation au-deilus du fol, procure des, ou- vertures convenables à l'ufage de ces fortes de pièces : dans ce cas , on fait fervir de bûchers, les fouterreins qui ne peuvent être éclairés , à taufe1 des maflifs des pérons; & alors, fous ces fouterreins,.on pratique des Caves pour conte- nir le vin , les liqueurs, &c. On évite aujourd'hui de faire ufage de ces fou-
- terreins, pour y placer les Cuiiines &: les OfE- |
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(/z) Efpece de Hangar, tire da mot Allemand, Hangen, lieu
couvert d'un demi-comblç , adolîé contre un mur porté fur des pièces de bois debout, ou des piliers de pierre de diilanç© à» autre, pour Soutenir le combi«, |
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i66 Coü'Rj
ces ; ces pièces, par leur ufage , ont îe défagré-
ment de communiquer à travers les voûtes, de mauvaifes odeurs dans les Appartements, & y caufent un bruit inévitable : d'ailleurs, elles amè- nent néceiTairement fous les yeux âes Maîtres, des hommes fubalternes, auffi inconiidérés qu'ils font curieux & indifcrets. Nous obferverons en- core que ces Cuifines, ainii pratiquées fous terre , ont l'inconvénient de ne pouvoir écouler leurs eaux que dans des puifarts ( i ), & de-là fe per- dre dans des Aqueducs ( k ), qui les condmifent loin de l'Edifice; ce qui néanmoins n'eil pas tou- jours pratiquable, & entraîne après foi une dé- penfe très-confidérable. Des Cuifines & de leurs dépendances.
Commençons la defcription des dépendances ,
exprimées dans la Planche XXXIII, par la cour L, & les Bâtiments des Cuifines (/) qui l'en- tourent ; mais avant d'y paffer, parlons des Cui- fines en général. Dans quelqu'endroit que foient fituées les Cui-
fines , elles doivent avoir de l'air, & être, félon nous, le plus éloignées qu'il eft poifible du prin- cipal corps-de-logis, à caufe des exhalaifons |
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(i) Puifarts, efpeces de puits bâtis en pierre feches, placés
au milieu d'une cour, ou fous des Cuifines fouterreines , où fe rendent les eaux pluviales, les eaux des 'Cuifines qui fe per- dent dans le maflif des terres. ( k ) Aqueducs , moi dérivé de deux mots Latins, Aqu&
duäust conduite d'eau; c'eft, comme nous l'entendons, une efpèçe de Canal fouterrein & voûté, pour conduire l'eau d'uîi lieu à un autre. (/) Cuifige, du mot Latin, Culina. *
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»'Architecture. 167
qu'elles envoient. On doit auiîi prendre foin de
placer leurs cheminées de maniere qu'elles ne foient jamais expofées aux vents impétueux, ce qui rendroit ces pièces impraticables ; d'ailleurs, les Cuiiines doivent être grandes & fpacieufes, à caufe du feu continuel qui y eil allumé. Les cheminées doivent être en hotte, & affez élevées, pour que deiTous' on puiffe fe tenir debout, & être affez faillantes pour recevoir la bouche du four, ordinairement placée fous cette même hotte. On doit auiîi obferver un contre-cœur en bri- que à ces fortes de cheminées, pour que l'ar- deur du feu ne dégrade pas les murs mitoyens, contre lefquels elles font fouvent adoffées ; leurs jambages doivent être formés en encorbellement, pour, d'une part, ernbarraffer moins le fol, & de l'autre , fupporter la.faillie de la hotte. Dans les Cuiiines , on doit pratiquer des fourneaux ou potagers (/π), qui foient difpofés d'une maniere commode, & expofés à la lumière. On doit auiîi s'y procurer de l'eau, ou par un puits, ou par des robinets qui l'amènent d'un réfervoir fupé- rieur. On doit y conftruire encore une pa'iilaiTe 1 près de la cheminée ; petite plate-forme en bri- que de douze ou quatorze pouces de hauteur, & d'environ fix pieds de long , fur deux pieds |
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(m) Potager, efpece de corps de maçonnerie à hauteur ^'ap-
pui, dans lequel on établit des réchauds ; ces corps de maçon- nerie font évidés par des arcades d'environ deux pieds de large, qui ont leur retombée fur de petits murs de brique, qui ont huit à neuf pouces d'épaiiTeur, &' dont l'aire eft retenue fur fes bords par une plate-bande de fer. Les réchauds de ces potagers fe font de fer fondu de différentes grandeurs , de forme quadran- gulaire, & fe diilribuent en échiquier, pour faciliter l'ufagc de ces Potagers, Λ Liy
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jt68 Cours.
& demi de large, deilinée pour entretenir la cha-
leur des ragoûts , en attendant qu'on les ferve fur la table des Maîtres : on doit y placer une grande table bien expofée à la lumière, un billot pour y couper les viandes de boucherie, & en- fin toutes les commodités à l'ufage des Chefs de Cuifine & de leurs aides. En général, les Cuiiines doivent être d'une grandeur proportionnée à la quantité des Maîtres & des Domeftiques de la Mai- fon ; être élevées, claires, & voûtées pour pré- venir les accidents du feu. Avant de quitter ces ohfervations générales fur
les Cuifines, nous dirons, que de quelque ma- niere que l'on conçoive le projet d'un Bâtiment, & foit que les Cuifines foient contenues dans le principal corps-de-logis, ou en aile ; il faut afte&er que leur fol foit le plus élevé de l'aire du pavé qu'il eil poiîible, afin que, par-là, on ait la fa- cilité d'en écouler les eaux; car, on doit considé- rer que les Edifices élevés dans les Villes , fe trouvent prefque toujours, par la fuite des temps, plus enfoncés qu'ils ne l'étoient d'abord ; les rues des grandes Capitales s'élevant toujours peu à peu lorfqu'on les pave de nouveau, par les renfor- mis qu'on remet fous les pavés, fans enlever ce- lui qui étoit fous les anciens · d'où il arrive qu'il faut relever les cours, à raifon du nouveau fol des rues, & que, par-là, les Cuifines, les Ecu- ries , les Remifes, & généralement toutes les piè- ces à rez-de*chauffée deviennent inhabitables : fans compter que ce relèvement de pavé corrompt la proportion des ouvertures „ dont les largeurs ne fe trouvant plus en rapport avec les hauteurs, ren* dent l'ordonnance des façades plus imparfaite« Mais reyenons à notre Plan. |
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d'Architecture. 169
Lorfqiie nous avons étudié les détails que con-
tiennent les ailes de Bâtiment, & les dépendances de la Planche XXXIII ; nous avons obfervé tou- tes ces précautions pour la Cuiiine, contenue dans l'aile de Bâtiment qui fait face à celle des Ecuries tracées dans notre Plan. Parlons de fuite à préfent des principales pièces qui doivent ac- compagner les Cuifines ; δτ ce que nous en dirons poura fervir pour tous les départements de cette efpece. La Cuifine que nous citons, eil précédée d'une
aide de Cuifine, dans laquelle fe préparent fous les yeux d'un fous-Chef, toutes les viandes qui fe font cuire dans la Cuifine fous Fœuil du Chef & de fes aides. Cette féconde pièce eil précédée d'un commun, dans lequel mange la livrée, 8c où, le matin , en préfence du Maître d'Hôtel, s'apportent les provifions, pour être diilribuées chacune dans leur deilination. Près de la Cuifine proprement dite , fe place la rotiiTerie, & une petite pièce particuliere pour y larder les vian- des, une boucherie, un dépôt pour la volaille, un autre dépôt pour la venaifon; ces dernières pièces doivent être expofées au nord. Il faut auiîi, attenant à la Cuifine, ménager une dépenfe où fe ferrent à la clef, les provifions confiées au Chef de Cuifine par le Maître-d'Hôtel ; une pâ- tifferie avec un four particulier , une autre pièce pour la préparer, enfin, un gardé-manger & un lavoir : ce dernier, fur-tout, doit être éloigné de la Cuifine, & particulièrement de la boucherie* des dépôts & du garde-manger, les viandes ne pouvant fe conferver à la chaleur, mais bien dans des lieux frais, fecs, & ouverts du côté du fej*- Sentrion, Une faut pas oublier <jue les lavoirs dti^ |
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170 Cours
vent être fermés avec une fureté relative au dé-
pôt que l'on confie aux Domeftiques , & qu'ils doivent être munis d'un évier ( η ), d'un ou -de pluiieurs fourneaux, d'un vahTeUier, d'un égou- loir, &c. Toutes ces différentes pièces doivent fe com-
muniquer l'une à l'autre, par un corridor com- mun : ce corridor, autant qu'il eil pofîible, doit circuler autour du département de la bouche , afin que le Chef, les fous - Chefs & les Aides, puiffent conférer facilement enfemble pour le bien du fervice. Ces différentes pièces doivent aufîi avoir des cours particulières , telles qu'on le re- marque dans notre Plan, pour y contenir tous les objets communs, qui ne fçauroient qu'offuf- quer le coup d'ceuil des cours principales; au lieu que la baife-cour c contient les bûchers feu- lement pour les Cuifmes & Offices , ceux des Ap- partements du Château étant placés dans les Bâ- timents qui entourent la cour du Gouvernement U, & ceux deftinés pour les étrangers dans les Bâtiments de la cour V. Ceil auffi dans les ailes de la baffe-cour e, qu'efl comprife la Buanderie (o) où fe fait la lefïive, les féchoirs pour le linge » les pièces pour le repaffer & le contenir, deux ' |
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(«) Evier, pjerre platte d'environ fix pouces d'épaiiFeur, &
creufee d'à peu-près trois pouces, placée près d'une Cuiiîne, pour y laver »Se faire couler l'eau de la vaiiTelle, qui par un caniveau, fe. répand dansles baiTes-cours. (o) Buanderie j fous ce nom on comprend pluiieurs Salles a
rcz-de-chauiTée, dans l'une defquelles on pratique un fourneau & des cuviers pour couler la leflive ; on doit amener dans celle- ci des eaux aflez abondantes, & dans des cours adjacentes, des lavoirs couverts & découverts 5 ceux-ci au milieu des cours > ceux-là fous des appentis. |
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d'A rchitecture. 171
Fournils, Tun pour le pain des Maîtres, l'autre
pour celui des gens; enfin, au-deÎTus, des gre- niers pour ferrer les grains & les farines. Il ne faut pas oublier que toutes ces provilions en- trent dans ces différentes cours par les portes a, pratiquées dans les dehors, aînli que nous Fu- yons déjà obfervé. Des Offices & de leurs- dépendances.
En général, les Offices (/>) font partie du dé-
partement de la bouche; ils doivent être plus 011 moins fpacieux, félon qu'ils appartiennent à une Maifon particuliere, ou à un Bâtiment confidéra- ble. Ici, ils font diilribués dans les trois côtés de la cour, 'd, & répondent à l'importance des Çuiiines dont on vient de parler. Ils font com- pofés d'une pièce appelée, Office paré , où vien- nent déjeuner les Maîtres, & où les Officiers de la bouche prennent leur repas. C'eit dans cette forte de pièces qu'on étale auiîî l'argenterie, les criilaux*, les porcelaines , &c. Près d'elle eil ordi- nairement pratiqué un laboratoire d'Office , lieu où fe préparent & s'apprêtent les defferts ; une Etuve pour les préferver de toute humidité; une cantine pour contenir le fucre, les épices , les confitures, & les liqueurs ; une dépenfe pour les proviiions qui font confiées par le Maître- d'Hôtel à l'Officier pour la femaine; une pièce |
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(p) Office j lieu où fe dépofent dans les Maifons particuliè-
res , la deflerte de la table, les liqueurs, les fruits, fous la garde de la femme de charge. Dans les Edifices confîdérables>(Jes Offices font compofés de pluiîeurs pièces dont nous donnons dans le texte le dénombrement. |
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ijl Cours
particuliere , avec un four pour préparer & cuire
les croquantes , les bifcuits, les maffepins, &c ; une autre pièce pour contenir l'argenterie con- fiée à la garde de l'Officier d'office. Cette pièce doit être fermée avec sûreté, & être fituée en- tre les Offices & les Cuiiines, ou enfin, être placée près du logement du Maître-d'Hôtel. Ce lo- gement doit être, entre-autres, compofé d'une Salle à manger, où il traite les perfonnes de dehors, qui ne pouvant être admifes à la table des Maî- tres, ne peuvent non-plus prendre leur repas à rOffice. De l'autre côté de l'allée Ν, & près de la cour
L , & des Bâtiments des Cuifines, font diftri- buées la baffe-cour Ο , & celles Q, P. Celle Ο n'eit qu'un grand préau planté de gazon : au mi- lieu de ce préau fe trouve une canardiere , & à la tête eft placé un Colombier en pied ( q ). Cette cour eft à pans coupés, & dans fes an- gles font quatre autres petites cours ferrant de retraite pour les volailles , pour les toits à porcs, &c. La cour Q & fes Bâtiments, font deftinés à fervir de ménagerie, lieu où l'on élevé les ani- maux domeitiques, & où on les engraiiTe : on y |
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(q) Un Colombier en pied eft réputé feigneûrial ; les autres
s'appellent volets , fuies ; mais les particuliers n'en peuvent avoir, s'ils n'ont un certain nombre d'arpents de terre., où les pigeons font cenfés fe nourir. Les fenêtres des Colombiers doi- vent être expofées au midi. Les Colombiers en pied doivent être préférés circulaires, à toute autre efpece de forme, étant plus commodes dans leur intérieur, pour y placer une échelle tour- nante : leur fondation doit qjpre folide, Se leur aire bien battue & cimentée ; la fiente des pigeons étant fujete à ruiner les fondements. Ordinairement on blanchit ën-dehors & en-dedans les Colombiers ; la blancheur plaifant aux pigeon«, Sç les y atj*· tirant plus facilement;. |
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d'Architecture. 173
diilribue auffi quelques volières pour y renfer-
mer des oifeaux d'une cfpece moins commune, que celle des baifes-cours proprement dites : dans cette vue , la difpofition des Bâtiments & des cours, doit être tenue dans une parfaite fymé- trie ; fur - tout devant figurer , comme dans ce Plan , avec ceux de la baffe-cour Ρ , deilinés à contenir le bétail & les fburages. Toutes ces ailes de Bâtiment font peu élevées, &
d'une décoration iimple, mais régulière ; c'eit le feul moyen dont on doive ufer pour attirer quelquefois la préfence des Maîtres & des étrangers dans ces lieux écartés : auffi avons nous recommandé déjà plus d'une fois que la diitribiition de tous ces Bâtiments entre dans le projet de i'Architecle, & qu'il préfide lui-même à leur ordonnance. Une autre confidération non moins importante de fa part, eil de fonger à expofer chacun de ces dif- férents départements d'une maniere relative à leur objet particulier; ce qui lui fait fouvent chan- ger la difpoiition de ion premier Plan ; parce que ce n'eft guère que fur le lieu même , qu'on peut déterminer convenablement la iituation de ces différentes ailes, & en y conférant avec les per- fonnes chargées de veiller à la confervation des divers objets que ces Bâtiments contiennent. Il eil vrai que toutes ces précautions, néanmoins in- difpenfables, rencontrent beaucoup de difficultés ; auffi ell-ce pour cela , & pour éviter la dépenfe > qu'entraîne après foi la fymétfie que nous recom- mandons , qu'on remarque tant d'irrégularité dans la plupart des dépendances de nos Maifons de plaifance aux environs de Paris ; ainii que dans celles de nos Provinces. Ce faite & cette opu- lence 9 dit-un , ne conviennent guère que pour nos |
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174 Cours
Maifons Royales , où tout doit être médité ëi
réfléchi. Cela peut être vrai ; mais nous déli- rerions qu'on y penfât davantage, même lors- qu'il ne s'agit que des baiî'es-cours plantées à neuf dans nos Marions de campagne , ou dans les Bâ- timents d'économie ; la fymétrie, après la propor- tion & le rapport des mafles aux parties , te- nant lieu d'une certaine décoration qui doit être réfervée pour le principal corps-de-logis , & quel- quefois dans les parties correfpondantes qui Fa- voiiinent. Paiîbns à préiént de l'autre'côté de l'avant-cour G, pour parler de fuite des baffes- cours contenues dans ce Plan. Des Ecuries > des Remifes, & de leurs
dépendances. La cour Κ femblable à celle L, parce qu'elles
s'aperçoivent enfemble en traverfant l'avant-cour G, contient dans fa profondeur, une aile de Bâ- timent femblable à celle qui lui eil oppofée, & dans laquelle eil placée l'Ecurie (r) du Maître du logis. Cette Ecurie eil double, & au milieu de fa largeur font diilribués des pieds - droits 9 *■
(r) Ecurie ; on comprend fous ce nom tout le département
des Ecuyers, des fous-Ecuyers, & des Domeftiques attachés à ces fortes de Bâtiments. Ordinairement elles font iîmpies, comme celles placées fous les Galleries du Louvre, bâties avec beaucoup d'art, par Philibert Delorme. Les Ecuries doubles fe font de deux efpeces, fçavoir, avec un paflage au milieu, com- me celles de Chantilly, par M. Aubert, ou avec deux paiTages de chaque côté, &: les chevaux tête à tête; comme dans les petites Ecuries du Roi à Verfailles, bâties fur les Deiïins d'Har- douin Manfard. Les piliers qui féparent les chevaux de carolTe, doivent avoir quatre pieds de diftance ; il fuffit feulement da ï$0i donner trois pieds & demi pour les chevaux de felle. |
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p'Architecture. 175?
portant des arcs , & qui forment deux voûtes
plein-cintre, qui terminent la partie fupérieure de cette Ecurie. Les mangeoirs des chevaux font adoiTés de chaque côté de ces pied-droits : d'où il arrive que la lumière ne frappe que fur leur croupe, le jour les incommodant, lorfqu'il ont la tête tournée du coté des croifées. Ces Écuries doubles doivent avoir trente - trois pieds dans œuvre ; trois pieds de pieds-droits ; huit pieds pour la longueur de chaque rang de chevaux, y compris les mangeoirs; & huit pieds pour cha- cun des paiïages. Les voûtes doivent être por- tées à une certaine élévation, & leurs arcs dou- bleaux conitruits en pierre ; enfin, ces voûtes fé font en moilon ou en brique. Les Ecuries de Verfailles, ainfî que nous l'a-
vons déjà dit ailleurs, peuvent paffer pour au- tant de chefs-d'œuvre en ce genre. Celles de Chan- tilly bâties nouvellement, & que nous n'eiHmons guère , font auiïï doubles ; mais les chevaux ont la tête tournée du côté des ouvertures, & elles n'ont qu'un paffage commun entre les deux rangs de chevaux. Ces Ecuries occupent moins d'efpace, & n'ont befoin que de vingt-quatre ou vingt-fix pieds dans œuvre. Nous venons de recommander de donner une certaine élévation aux voûtes des Ecuries ; mais il faut prendre garde néanmoins de leur donner trop de hauteur. Celles de Chantilly font trop élevées, auiïï les chevaux y ont-ils froid, lorfqu'il n'y en a pas la quantité qu'elles doivent contenir. Les Ecuries du Château de Maifons, après celles de Verfailles, font encore très-bien. Les Ecuries fimples peuvent n'avoir de largeur
%uq feize ou dix-fept pieds j celles-ci, dans lei |
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ij6 Cours
grands Edifices , fervent pour les chevaux dé
main, de manege & de chaiîe ; dans les doubles, on met les chevaux d'équipage : ί ou ν ent, au milieu de ces dernières, lorfqu'elles ont beaucoup d'étendue, on pratique un grand porche carré , circulaire , ou à pans , terminé en calotte ; &, dans les angles , on place des abreuvoirs en pierre remplis d'eau , pour la nuit, & en cas d'incendie : quelquefois auiîi, lorf- que ces porches ont un certain diamètre, ils fer- vent de manège couvert, pour exercer les chevaux à la courfe. Les principales ouvertures des Ecuries doivent
être tournées du côté du feptentrion , à moins qu'il ne s'agiife de celles deilinees particulièrement pour les chevaux malades; alors , elles doivent être expofées au midi; au contraire , celles qui con- tiennent les chevaux entiers , peuvent l'être au nord. Le fol des Ecuries, en générai, doit être pavé avec des revers qui en écoulent facilement les urines : il y faut difpofer auiîi des endroits com- modes , pour contenir les coffres à l'avoine &. les lits pour les palfreniers. Attenant les grandes Ecuries, il faut ménager
des pièces particulières pour ferrer les feiles & harnois , &. des Salles pour le travail des ouvriers chargés du foin de leurs réparations. Il faut auiîi ménager des cours à fumier & des abreuvoirs; enfin, dans une enceinte particuliere, le loge- ment de l'Ecuyer, compofé ordinairement de deux ou trois Appartements, d'un Office, d'une Cui- fme, de pluiieufs Remifes 6k de deux petites Ecu- ries , f une pour les chevaux de felle, & l'autre pour ceux de carroffe. Dans notre Plan, ce dé- partement eft placé en h , pendant que la cour c qui lui eil oppofée contient le logement du fous- Ecuyetr
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Ëcùyer, chargé du foin de iaire dreiTer les che-
vaux pour la cou rie, & de toute la manuten- tion de ce département. C'eft aufïï dans les Bâ- timents de cette cour c , que font diitribuéés quel- ques remifes pour les charriots & les équipages de campagne , quelques Ecuries particulières ; enc- an des Greniers à foin, à paille & à avoine, des Chambres pour les palefreniers, les cochers ; des Latrines, &c* Tous ces Bâtiments , dans notre Plan ·, font
plantés régulièrement , auiîî-bien que ceux qui leur font oppofés;',&;, comme nous l'avons déjà remarqué, ils ont peu de hauteur, n'y ayant que les Bâtiments des grandes Ecuries & celui des Cuiânes , placés en face l'un de l'autre , qui ayent une certaine élévation ; le Bâtiment dés Ecu- ries, dans le fond de la cour K; celui de la Cui- iiné, dans le fond de la cour h. Qu'on y prenne garde ; ceiï cette oppohtion de hauteur, dans les Bâtiments dont nous parlons ·, qui 9 réunie avec la difpoiition fymétrique de leur distribu- tion, fait le charme des dépendances de nos belles demeures ; rien n'annonçant tant la tnagniiîcence du Maître & la capacité de l'Architede , que l'af- peet régulier & fou vent pyramidal dont ces dé- pendances font fufceptibles ; ainii qu'on le peut voir au Château de Maifons bâti par Manfard, & parti- culièrement à celui de Richelieu , bâti par le Mer- cier : ce dernier eil peut-être, le feul Edifice en France de cette efpèce, qui fôit entièrement ache- vé dans toutes fes parties, & fur-tout dans (es iiTues & fés dépendances. En face des grandes ËCuries, & de l'autre côté
de l'allée de communication Ν, éû. placée la cour ïl, fervant de manége découvert, dont nous Toms IF. M |
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178 Cours
avons précédemment expliqué l'uiage. Cette cour
R donne entrée, par une de fes extrémités , à une baffe -cour T, entourée de Bâtiments deftinés pour le Chenil (ƒ), contenant les chiens de chaiïe, le logement des Piqueurs, des valets de chiens , &ç: Ces Chenils font de grandes Salles à rez - de- chauffée ,., expofées diverfement félon les diffé- rentes efpèces qui compofent la meute. Près des chenils , il faut ménager des cours particulières munies d'eaux abondantes pour laver, rafraîchir & abreuver ces animaux. La cour S contient les Bâtiments oii font pla-
cées les remifes; celles deitinées pour les équi- pages des Maîtres, doivent être expofées au fep- tentrion, jamais an midi ni au couchant. Cha- cune de ces remifes doit avoir de profondeur au moins vingt-un pieds , fur neuf de largeur, & être fermée par des portes de menuiferie qui en con- servent les équipages : les autres remifes deiti- nées pour les carroiles de moindre valeur, peu- vent être expofées au nord , & avoir moins de largeur & de profondeur : mais s dans toutes , il faut y pratiquer des couriieres, compofées de pièces de charpente de forme triangulaire , qui fa- cilitent l'entrée & la fortie des équipages dans les remifes, fans qu'ils fe nuifent les uns aux autres. Les autres remifes pour les chaifes de pofte, les ca- briolets 8ç les diligences peuvent fe placer in- diitin&ement à différentes expofitions. Il ne faut pas oublier, que près de ces remifes, il faut pra- |
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(f) Chenil, 4U Latin Çanik , dérivé de Cards , chien- C'eft
ordinairement le lieu où fe retirent & où fe couchent les chiens de chaiie. Sous ce nom 011 comprend auiîi les Bâtiments defti- nés à loger les Officiers de la Vénerie, les Piqueurs. |
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d'Architecture. ify
tiquer des cours de décharge; ainfi que des at- teliers pour les Charrons , des forges pour les Maréchaux, des magarins pour dépofer les uften- files & les provirions , des eicaliers pour mon- ter dans les combles; enfin, des pompes, oit au moins des puits, & toutes les autres commodités çje leur rerTort, Nous le répétons ; pour parvenir à entrer dans
tous les détails , concernant ces différents Bâti- ments, il faut les étudier chacun féparément, tou- jours d'après le Plan par mafles, & en faire les développements fur une échelle un peu grande, afin de pouvoir fe rendre compte de l'économie dont on peut ufer dans la bâtiiTe, de la com- modité que doit contenir chaque département, & de la iirnpîicité ou du certain degré de richefle qu'on peut leur procurer. PaiTons à préfent à d'au- tres départements non moins importants, parce qu'ils font partie de la décoration delà cour d'hon- neur B. Les Bâtiments qui fe remarquent à droite, en-
tourent une grande cour U, & contiennent dans leur intérieur ee qu'on appelle, dans un Edifice coniidérable, le Gouvernement. C'eft ici que fe diitribue le logement du Gouverneur du Château ; celui de l'Intendant, des Secrétaires, de l'Aumô- nier , du Concierge, du Receveur des Domaines, enfin, ceux des anciens OfEciers de la> Maifon, à qui le Maître conferve une retraite honorable. Tous ces Appartements fe trouvent ici à r'ëz-dë- chauffée avec des Entrefols pratiqués fur les moyennes & les petites pièces. Tous ces diffé- rents appartements doivent fe communiquer par une galierie intérieure * pom faciliter la cortirtuini- cation des perfonnes qui habitent ce nouveau dés Mij
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i8o Cours
parlement. On y place quelquefois une Salle
de fpec~lacle , des Salles de billard, un Jeu de pau- me , des Bains , une Chapelle indépendante de celle contenue dans l'intérieur du principal corps- de-logis : affez fou vent auffi , comme nous l'avons déjà indiqué, le fol de ces cours eil garni de ta- pis verds, pour plus d'économie} d'ailleurs ils pro- eurent un coup d'œuil plus intéretfant aux Appar- tements, & difpenfent de l'entretien du pavé. Le corps de Bâtiment placé à la gauche de la
cour d'honneur Β , & qui entoure la cour V, eil de même grandeur & de même forme que celui que nous venons de décrire. Ceil dans les quatre ailes de ce corps de Bâtiment que font diitribués les différents Appartements des étran- gers , munis chacun de toutes les commodités qu'on aime à rencontrer à la campagne. Quel- ques-uns doivent avoir leur Cuifme particuliere ; on doit aufii y pratiquer le logement d'un Concier- ge , qui puiife communiquer à tout ce départe- ment, par une Gallerie intérieure qui en faci- lite les communications refpeclives. Nous n'en- trerons point à préfent dans les détails de la diitri- hution de ces différentes pièces ; les procédés dont on doit ufer ici, étant les mêmes que ceux dont nous aurons occaiion de parler, en décrivant le principal corps-de-logis A, dont nous offrirons les diilributions intérieures dans la Planche XXXV. Nous obfe*rverons feulement que la décoration des Appartements dont nous parlons, doit être traitée avec bien plus de fimplicité que celle du Château ; la commodité & la fymétrie devant en faire prefque tous les irais. Ce corps de Bâtiment & celui du Gouvernement |
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d'Architecture. τ$ι
qui lui eu. oppofé, paraîtront peut-être un peu
éloignés du château ; & l'on regardera comme im un très-grand inconvénient de ne pouvoir y com- muniquer à couvert ; néanmoins l'avantage que îe principal corps-de-logis fe trouve avoir d'ê- tre iiblé de toute part, nous a fait paffer par- deffus cette considération, ainii qu'on le remar- que dans prefque toutes nos belles Maifons de Plai- fance en France , où l'on a recours alors aux chaifes à porteur dans le cas de mauvais temps , pour que les Maîtres puiffent fe rendre chacun à leur deitination. PaiTons à préfent à la Plan- che XXXIV. Nous avons déjà décrit la différence qui fe
rencontre dans la diitribution â^s dépendances de la Planche dont nous venons de parler, com- parée avec celle-ci ; ainii, nous n'ajouterons rien à ce que nous en avons dit, page 150, non plus qu'aux détails des différentes baffes - cours ; ils peuvent s'appliquer ici. Nous remarquerons feu- lement que l'aile de l'Orangerie placée en E, & celle qui lui eit oppoiee G, dans laquelle fe trou- ve comprife la Salle de fpectasle, femblent exi- ger de nous quelques détails. Dans ce deuxième Plan, plus économique que
le précédent, on ne remarque ni le Bâtiment par- ticulier pour les étrangers, ni celui deftiné pour le gouvernement : ces deux départements parti- culiers fe rróuvant compris , quoiqu'en abrégé, dans les ailes placées à la droite & à la gauche de l'entrée de la cour d'honneur Β, du milieu de laquelle s'aperçoit le Bâtiment de l'Orangerie E» dont la principale façade fe remarque du coté du parterre F , & fait face à celle du Bâtiment G ; l'intérieur de ce Bâtiment renferme une petite Salle M iij
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i8i Cours
de fpe<äa€le,une Salle de bal & de concert, leurs
dépendances, & quelques pièces pour les rafraî- chiffements. Ces fortes de Salles demandent une étude particuliere, & , pour être bien entendues , exigent des développements bien deiïinés : dévelop- pements toujours plus faciles à concevoir, qu'une narration dépouillée de fes exemples ; ainfi, nous en traiterons ailleurs en donnant les Plans de quel- ques-unes qui viennent de s'exécuter nouvelle- ment à Paris avec autant d'art que de capacité, de la part de leurs ordonnateurs. A l'égard des Bâtiments defiinés l'hiver à fer.
rer les orangers, nous dirons qu'ils doivent tou- jours avoir dans leur intérieur , leurs ouvertures percées du côté du midi, & être plus ou moins fpacieux, à raifon de la quantité des arbres qu'ils doivent contenir : il faut qu'ils foient voûtés-, que les murs en foient folidement bâtis , & que les croife.es foient garnies de doubles châffis , pour préfervér ces pièces du froid pendant l'hiver. Nous obferverons encore qu'il ne ÎufRt pas d'ex- pofer les ouvertures de ces Bâtiments au midi ; mais qu'il convient qu'ils foient ifolés de toute part, dans la crainte que d'anciens Bâtiments , de petites cours ou des bouquets de^ bois en les entourant, ne leur occafionnent de l'humidité. Il eft encore bon d'éviter qu'ils foient placés dans un fond; cependant, pour les garantir de ce dé- faut , on ne doit pas les élever fur des terraffes , à caufe de la difficulté du tranfport des caiffes de la ferre dans le Jardin , & du Jardin dans la Afîez fouvent l'intérieur de ces Bâtimeqts. eil
fufceptible de quelque décoration , félon qu'on les dèftine > l'été à y donner des fêtes,ou, des:fe£~ |
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d'Architecture. 183
tins. L'Orangerie de Saint-Cloud & celle de Seaux
nous ont paru les plus propres à fervir de modèles en ce genre à nos Elevés ; celle de Verfailles étant d'une étendue & d'une magnificence dont on a peu d'exemples en Europe. On peut compter encore dans ce dénombre-
ment des dépendances de nos belles Maifons de plaifanee, les Serres chaudes (/).& les Pavillons (ie), tels qu'ils s'en remarque dans les Jardins pota- gers de Choify & de Seaux; les Grottes ( χ ) , comme dans les Jardins de Noii'y & de Montmo- rency ; les Kiofques 0)? comme à Bercy; les petits Trianons (z_}9 comme à Saint-Cloud; les Belveders ( a ), comme dans les Jardins de Ba- |
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(i) Les Serres chaudes font des pièces toutes vitrées du côté du
midi, & où, l'hiver, on entretient la chaleur par des poiles pour y élever des fruits précoces , des fleurs & des plantes étrangères, ainiî qu'il s'en remarque dans les Jardins de nos Maifons Royales , dans ceux de nos riches particuliers, & qu'il s'en voit une au Jardin du Roi à Paris. (w) Pavillon , petit Bâtiment compofe feulement d'un Sallon
pour y fervir la colation , &: de deux petits Cabinets, l'un pour les rafraîchiffements, & l'autre pour fervir de garderobe. (χ) Grotte , efpece de petit Bâtiment fouterrein orné de ro-
cailles , terminé en voûte, & fouvent percé d'une lunette à travers laquelle on découvre le ciel. Sur l'aire de ces Grottes on place des baiïins avec des eaux jaiiliifantcs, & l'on prati- que près d'elles de petites pièces, pour y contenir des rafraî- chillements. (y) Kiofque , petit Sallon, à l'imitation de ceux des Le-
vantins, ouvert de toute part, placé en belle vue fur le bord d'un grand chemin , d'un lac ou d'une rivière, & difpofé de maniere qu'il falle point de vue avec quelque maîtreiTe allée, & qu'il correfponde à quelque autre objet à peu-près du même genre. (ç) Trianon , petit Bâtiment fervant de retraite aux Maîtres
ou aux Convives , pour Le fouilraire au tumulte, pour s'y reti- rer en cas d'indifpofitioü, ou y vivre dans la Phiîofophie & la folitude. (a) Belvedcrs , petits Bâtiments expofés en belle vue, &
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ιδ4 Cou κ s
gnolet, enfin les Laiteries (£), & les Faifande-
ries (c), comme à Chantilly, autant de produc- tions ingénieuies , dont nous donnerons quelques defïins particuliers, dans les Volumes qui fuivront notre Cours , où nous prendrons loin de rapporter les Bâtiments de Paris & de fes environs qui n'ont point été gravés, & particulièrement les Edifices les plus importants, élevés dans les Provinces du Royaume; nouvel ouvrage qui, précédé des Le- çons que nous donnons ici, fournira aux jeunes Archite&es des reiTources & des exemples inté- reiïants, qui, en leur fërtilifant l'imagination, les rapprocheront du vrai caractère qu'il conviendra 4e donner à chacune de leurs productions. Parlons à préfent à la diitribution {d) intérieure
des Appartements (<-), dont îe mérite effenciel, ainü que nous l'avons déjà remarqué, conflits à ne jamais nuire aux dehors, à quelque degré de perfe&ion qu'on la veuille porter, ïoit pour la commodité, la beauté , ou l'agrément. jW
contenant un Sallon & un ou deux petits appartements, avec
Cuifine & OfHce dans les fouterreins , & où fe retire le Maître • quand il vient feul avec un ami, dans fes Domaines. (£) Laiterie , lieu, comme nous l'avons dit ailleurs, où les
Jes Dames viennent prendre le lait, battre le beure, & faire des fromages, pour fe délaffer des courfes ôc des amufements champêtres, (c) Faifanderie , petit Bâtiment, dont nous avons auiTî parlé ,
en citant &; promettant la defeription de celle placée dans les Jardins de Chantilly. (a) Diitribution , nommée par Vitruve Ordinaûo, s'entend
4e la divifion & de l'arrangement des différentes pièces qui com» pofént le Plan des divers étages d'un Bâtiment, (e) Appartement, dq mot Latin Parùmentum, qui vient du,
\cïbe« rartiriï dUYiieir, |
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d'Architecture. iSj
CHAPITRE III.
DE LA DISTRIBUTION INTÉ-
RIEURE EN GÉNÉRAL; Et en particulier, de la Forme,
de la Proportion et de la Sy- métrie qu'il co ν vi ε nt d'ob- server DANS CHACU Ν Ε DES pièces (iui composent les
Appartements. JOUR pouvoir entrer dans tous les détails que
comprend cette partie de l'Architecture ; nous donnerons deux Plans faits pour le même Palais : dans le premier, nous avons facrifié une partie des dedans aux dehors ; dans le fécond au contraire, nous avons préféré la commodité intérieure à la beauté extérieure. Nous avons cru devoir pren- dre cette route, parce qu'elle nous a amené na- turellement à des difcuiîions, qui, appartenant à notre propre ouvrage, ont pu nous difpenfer de faire la cenfure des productions de nos Maîtres. Il ne faut donc pas s'attendre à trouver, dans ces deux projets, tout le degré de perfedion qu'on a droit d'efpérer ; puifqu'il eil queition ici de |
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i86 Cours
faire fentir la difficulté de concilier la diitribu-
tion, dont nous parlons, avec l'ordonnance des Bâtiments , qui a fait l'objet des Volumes pré- cédents. On doit d'ailleurs fe rappeler que ces deux
Plans, variés dans leur diftribution intérieure & extérieure , nous ont déjà fourni foccafion , page 148 & fuivantes de ce Volume, de préfenter des dépendances qui ne fe reifemblent point, dans les Planches XXXIII & XXXIV ; ce qui nous a porté à faire fentir plus d'une fois l'avan- tage ou le défavantage d'un projet fur l'autre; à traiter, en outre , des différentes exportions qu'il convient de donner à chaque département ; en- fin de l'économie qu'il faut apporter , dans la fïrucTture & l'ordonnance de chacun de ces ob- jets , coniîdéré en particulier. Nous dirons mê- me ici, que cette méthode , quoique traitée afîez brièvement,*a plu à la plupart de nos Lecteurs; à en juger par les furfrages que nous ont donnés les Maîtres de l'Art & les Amateurs qui ont fnivi nos Cours. Fondé fur cette approbation , nous avons cru devoir fuivre le même procédé , tant pour les dedans dont nous allons parler, que pour les dehors dont nous avons traité dans les Chapitres précédents : par-là , nous fuivrons l'ordre que nous avons tenu dans nos Leçons , jufques à préfent. Nous oibns même avancer , d'après cette marche, que les meilleurs Elevés qui font fortis de nos mains, mont guère atteint le degré d'eftime dont ils jouiffent aujourd'hui, que parce que nous avons pris foin , dans nos Conférences , de nous éloigner de la routine qui fait la bafe de la plupart des Livres qui traitent |
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d'Architecture. 187
de la diftribution, & où, aiTez communément,
on ne trouve que les defcriprions des Ouvra- ges de leur Auteur, plutôt que des principes fur cette partie ii efTencielle de l'Architecture. Sans nous inquiéter donc , jufqu'à un certain point, des objections qu'on pouroit nous faire, fur la diviiion de ce Traité , nous nous en tiendrons à la méthode qui nous a réuiîi, pour le plus grand nombre des jeunes Artiftes con- fiés à nos foins ; & nous allons rendre compte des motifs qui nous ont porté à fuivre cette route. Le défaut de préceptes répandus dans nos Au-
teurs , nous a déterminé à aller viiiter , à di- verfes reprifes , les différents genres d'Edifices de cette Capitale & de (es environs, à deifein de pren- dre occaiion d'y conférer avec les Propriétaires 9 d'y prendre les mefures exactes de quelques-uns , & d'en compofer enfuite de notre invention , afin , par-là , de fuppléer à ceux qui fe trouvent répandus dans nos 'Recceuils , & qui, quoiqu'eili- mables, à beaucoup d'égards, ne font pas tou- jours diilribués , de maniere à réunir toutes les commodités dont on, fait faire ufage aujourd'hui : en forte que " nous rie nous propofons pas feule- ment de donner ici des exemples & des définitions générales; mais auiii d'entrer dans le détail de chacune des parties , qui conitituent la diitribu- tion proprement dite , & d'en appliquer, dans la fuite, les préceptes à la décoration extérieure & intérieure des Bâtiments de même genre & de genre différent. - Nous avons déjà cité, page 107 de ce Volume 7
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i88 Cours
d'Aviler (ƒ), M; BoiFrand (g), M. Brifeux (//),
notre Traité de la Décoration des Edifices (i) * enrin l'Architecture Françoife ( k ), dont nous avons donné la defcription des quatre pre- miers Volumes ; autant d'Ouvrages que nous rappelons encore ici, comme devant faire l'ob- |
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(ƒ) Commentateur de la premiere Edition deVignoIe, Ar-
chiteclre Italien, cité premier Volume de ce Cours, page 2.15 , Kote (o). Cette premiere Edition fut imprimée en 16913 petit //2-4°. La
féconde le fut en 1710, ëc la troiiieme en 1710, c'eil dans cette dernière qu'Alexandre le. Blond, dont nous avons fait mention dans i'mtiOduclion du premier Volume, page 155 , Note (%) , & dont nous parlons dans ce quatrième Volume, page χ , a donné les diitributions. En 1737 3 nous avons revu la quatrième édition de cet Ouvrage, format grand ïn-40. où en conservant les diilributions de le Blond , nous avons donné de nouveaux deifins de décoration intérieure ; cette partie de Γ Architecture ayant fou ifert dans tous les temps 3 en France , des changements allez conlîdérables. Daviler étoît né à Paris, où il elt mort en 170a, âgé de 47
ans. Le Blond étoit auiîî né à Paris, & eft mort à Pétersbourg , âgé de 40 ans. C'eft de cet Architeéle qu'eft l'excellent Traité de La théorie du Jardinage, qui, ainiî que l'Ouvrage de à'AvUer, fe trouve à Paris, chez Jombert. (g) Voyez ce que nous avons dit de cet Architecïe, dans
l'introduction du premier Volume de ce Cours , Note (ƒ). (k) Cet Architecte a donné en 1741, l'Art de bâtir'les
Maifo.'is de campagne, \ vol. in-40 , & les* diftributions en font plus eltimées que les décorations. Nous avons auifi de cet Architecie ζ vol. in-4,0. qui traitent du beau eiTenciel dans les Arts j Ouvrage fyftématique, qui a eu peu de fuccès. (i) Nous avons donné cet Ouvrage d'Architeélure en 1757»
en ζ vol. grand z/z-40. & dans lefquels fe trouvent pluiïeurs Bâtiments , à propos defquels, nous avons eu occaiion de parler de la diftribution, de la décoration extérieure & inté- rieure , ainh que du Jardinage. A Paris chez Jombert. (*) Voyez ce que nous avons dit de cet Ouvrage impor-
tant , dans les différents Volumes de notre Cours : nous en avons recommandé eiTencielkment, & l'étude & l'examen, $ îios Elevés.
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d'Architecture. i'%
jet de la méditation de nos Elevés ? malgré Fint-
perfedion dont la plupart de ces productions ne font pas exemptes. L'Art de diftrfbùer Tintérieut des Bâtiments doit être confidéré comme une fcience inépuifable , par la diveriité âes motifs & des occaiions qui offrent à l'Architecte de nouveaux moyens d'arriver à la perfection. Il n'y a point de .doute, cependant, qu'il ex.iir.e
des principes généraux à obierver, dans la cliilri— bution des dedans, comme dans l'ordonnance des façades, ainii que des ufages particuliers , qui confiftent à mettre une certaine variété dans la forme des pièces d'un Appartement, à déterminer leur diamètre relativement à leur hauteur, à aiïii- jétir leur expoiitio.n à raifon de leur deftination ; enfin, à procurer à une Maifon d'économie, feu- lement les commodités de fon reiîbrt : à un Hô- tel, les pièces de fociété qui en font l'agrément; à la réiidence d'un Souverain , non - feulement les Appartements de parade & les autres pièces fpacieufes relatives à fa dignité, mais encore celles utiles aux perfonnes qui (ont attachées à fa fuite, à fa perfonne, ou qui compofent fa fociété. Pour parvenir à diitinguer ces différents ob-
jets , il eil trois chofes eflèncielles à obierver : la premiere, dans toutes les efpeces de diftributions, d'avoir égard aux pièces de nécefîité; la deuxième, d'obferver celles de commodité, & la troilieme enfin, de donner toute fon attention à celles de bienféance. Défmiffons ces trois objets en par- ticulier. Les pièces de nécefîité femhJent avoir un fon-
dement certain & réel, parce qu'il paroît naturel qu'un Edifice élevé pour la demeure des hommes, ioit muni eiTenciellemehi des pièces relatives à |
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190 Cours
l'état ou à la fortune du Propriétaire qui le fait
ériger, auffi-bien qu'au nombre des petfonnes qui compofent fa famille ou fa fociété. De ce prin- cipe de convenance naît la difpofitioti du Bâti- ment & l'arrangement des différentes pièces d'un Appartement, quoique les Edifices dont nous parlons, femblent être élevés pour les mêmes fins. De-là naît encore la quantité des étages qu'on élevé les uns au-deffus des autres , principale- ment lorfqu'on fe trouve, pour ainfi-dire, forcé de bâtir dans le quartieç. d'une Capitale très-fré- quenté , foit par raport à fes affaires particulières, ïoit à la faveur du voiiinage des grands avec lef- queîs celui qui bâtit eil en relation. Qu'on y prenne garde ; ces différentes confidérations j, loin de re- buter Γ Architecte, doivent lui fournir de nouveaux moyens de manifefter fes talents ; elles lui font naître des idées nouvelles qui varient fes pro- ductions , quoiqu'elles ne foient pas toujours faites pour être imitées,»parce que les tournures qu'il a prifes , doivent feulement leurs fuccès à foc- caiion, & que fouvent un autre projet, quoique de même genre, exige une toute autre marche, prefque toujours ignorée du jeune Artiite, qui, comptant bien faire, copie tout ce qui lui paroît neuf; mais dont il abufe néceffairement, faute de bien faifir l'intention du véritable Architecte, & les befoins du Propriétaire. Que nos Elevés ne s'y trompent pas ; qu'ils
fçachent que c'eiî en accordant les choies de né- cefîité, fans nuire à l'accord général de tout le projet, & en les tenant dans un rapport exact, avec toutes les parties de la conftru&iön & de la décoration, qu'ils peuvent feuls réufîir. Qu'ils fe rappellent encore, en compofant leurs Plans? |
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d'Arghitectüre. 191
que cette même conitruäion exige que les vides
foient en rapport avec les pleins, que les parties foibles ibient foutenues par des parties fblides, & que l'économie dans les matières, eil du ref- fort de toutes leurs productions : enfin , qu 'ils n'ignorent pas que la décoration demande que les portes qui donnent entrée à l'Edifice, foient dif- poiées de maniere à faire époque dans Tordon- donnance, que les croifées qui l'éclairent ibient d'une grandeur proportionnée à tes premières ouvertures, au diamètre des pièces , & qu'elles foient d'une forme relative au caraclèré des fa- çades extérieures. Les pièces qui regardent la commodité, ont
auffi leurs fujétions à caufe de la relation qu'elles doivent nécessairement avoir avec Pexpofirion gé- nérale de l'Edifice, avec fa iituation, & avec fa difpofition ; fans oublier la relation immédiate que l'on doit mettre entre la grandeur de ces mêmes pièces^ & l'étendue du Bâtiment ou fes limites; enfin, à caufe des dégagements dont il faut qu'elles foient pourvues , fans cependant nuire en rien aux Appartements de fociété, à ceux de parade, ni aux pièces confacrées au repos, dont la plu- part doivent fe communiquer avec celles desti- nées à contenir les Domeftiques, pour que ceux- ci puiiTent faire leur fervice fans troubler les Maî- tres. Qu'on y prenne garde ; fans toutes ces pré- cautions , on arrive rarement à procurer à nos demeures, les eomm|dités dont nous parlons, lefquelles nous portent néanmoins à chérir ce qui nous eil propre, & à éviter tout ce qui peut nous nuire, principalement dans les Edifices def- tinés à l'habitation, & relatifs à la vie civile. A l'égard des pièces de bienféance, il eil peut-
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19* Cov-Äi
être plus difficile d'en donner des notions jufteS
& préciies , parce qu'elles tiennent, prefque tour- tes à la magnificence, & que, par-là, elles font iujettes aux différents ufages des grands Seigneurs, ' qui, i'elon le rang qu'ils tiennent dans l'État, exi- gent une opulence qui, par-tout, ne peut raifon- nablement être la même. Mais fans nous arrêter à préfent à cette difcuflion particuliere , dont nous traiterons dans fon lieu, parlons d'une ma- niere générale des moyens de réduire en pratique ces différentes parties de la diftribution* Premiere Di stri β ut ι ο ν inté-
rieure du principal Corps-de« logis d'un Palais de soixante- six toises de face, A l'occaßon duquel on traite de la firme, dé
la proportion, & de Îufage des différentes pièces qui comp of ent les Appartements de parade, de jociétè , & les Appartements privés. Le Bâtiment dont nous allons faire la defcriri·
tion, coniifte dans la diitribution d'un Plan à rez- de-chauiîee de foixante fix toifes de longueur, le- quel fera fuivi d'une autre diftribution pour le même Palais ; ces deux <|bjets nous amèneront aux difcuiîions que nous avons promifes. Nous don- nerons auiîi dans la fuite une élévation principale » une fur la face latérale, & une coupe de ce mê- me Edifice , qui nous fourniront l'occaiion de ré- capituler ce que nous avons pu dire d'intéref- fant?
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D'ARCHÎÏECtUkÉ. 193
Îant, concernant la décoration des dehors dans
le Volume précédent , à deffein de réunir, dans ce- lui-ci, la relation qui doit fe rencontrer néceiiai- rement, entre les dedans & les dehors des Edi- fices d'une certaine importance. Oejcription de la Planche XXXÎ^.
Le principal objet de la difpofrtion intérieure
d'un Edifice, eil d'obferver, que les enfilades les plus eiTencielles s'allignent les unes avec les au- tres , de maniere, que, des pièces de parade & de celles dé ibciété, on puifie > non-feulement jouir de toute l'étendue de l'intérieur du Bâti- ment & de Tes dehors, mais aûffi de fa profon- deur ; tel que l'expriment dans cette Planche les lignes AS., CD, EF, GH, VX, ST, &c. Il éil même à remarquer, que c'eil par le fecours de ces différentes enfilades & de ces différentes lignes qui s'élèvent perpendiculairement les unes fur les autres , que Ton parvient à planter ré- gulièrement les murs de face & ceux de refend, qui confKtuent la cage du Bâtiment, ainii que les principales divifions des pièces qui le com- pofent. ,, "\\:■. , Le Bâtiment dont nous parlons, peut être confl-
déré comme une Diièribution double, femi-dou* ble & fimple : par exemple, le principal corps du milieu, marqué I, eil nommé double, parce que, non-feulement, entre fes deux murs de face eil interpofé un mur de refend; mais parce que la plupart des pièces diilribuées dans fa profondeur, font à peu-près égales entre elles ; au-lieu que la diilribiition des arrieres-eorps , marquée Κ , eil nommée femi double, parce que les pièces d'en- Tome IF, Ν |
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194 Cours
filade du côté du Jardin , font grandes &■ fpa*
cieufes , .& que celles du côté de la cour ont peu de profondeur, étant deftinées feulement pour des garde-robes, de petits cabinets, des dégage- ments , &c. & qu'enfin, les ailes en retour, mar- quées L, étant compofées d'un feul rang de pièces continues, comprifes entre deux nilirs de face, font une diftribution iimple. Nous remarquerons ici que le projet de ce Bâ-
timent , fuppofe une dépenfe illimitée, en faveur du double, du femi-double & du fimple qui corn- pofent ce Plan ; dépenfe qu'il faudroit favoir évi- ter en toute autre occafion, à caufe de la mul- tiplicité des murs de face qui font toujours infi- niment plus difpendiéux que les murs de refend, ceux-là étant fufceptibles d'une décoration à la- quelle ceux-ci ne font pas fujets. Les premiers, dans toute leur étendue, & leur pourtour , doi- vent avoir4a même ordonnance, les mêmes mem- bres d'Architecture, & les mêmes ornements, pen- dant que les féconds féparant feulement les piè- ces de parade, les antichambres & les garde-robes» & n'étant conftruits qu'en maçonnerie fujette, à la vérité, à recevoir divers revêtiiTements, ils ne peuvent entrer en comparaifon avec l'ordonnance des façades. ,-'::■/:: :m ?P.Of : ;;:.·...'..:..! Nous ajputerons ici, que le Bâtiment dont nous
parlons, étant à un feul étage, dans fa plus grande - partie, a exigé plus d'étendue & de pérymètre; que, par-là , fa dépenfe s'eft multipliée, puifqu'il eft aifé de concevoir que les fondations, la char- pente & la couverture ont du doubler à propor- tion de la longueur des. façades ; ce qui ne feroit pas arrivé, fi la même quantité de pièces eût été comprife dans deux étages. |
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o Architecture. 195
Il eiî: vrai qu'il faut convenir que ce genre d'E-
difice, loriqiwl s'agit de la demeure d'un grand Seigneur, eil prefque le feul convenable à mettre en œuvre, & que c'éif à la prudence de l'Archi- tedte , à éviter la réitération des étages dans fon Bâtiment, à raifon de l'importance de la perfonne pour laquelle il bâtit, fur-tout, s'il s'agit de l'é- lever à la campagne, & non à la Ville, l'acqui- iition des terreins, clans les grandes Capitales » étant toujours très - difpèndieufe , à moins qu'on ne puiffe s'écarter vers l'extrémité de quelques- uns de leurs fatixbourgs, ainfi que cela fe prati- que à Paris, où nos plus belles habitations font, élevées hors de fes limites. Quoique nous paroiiîions applaudir aux Bâti-
ments à un feul étage, néanmoins , lorfqu'ils font d'une certaine étendue, il en faut élever le prin- cipal avant-corps, afin de procurer à ce genre d'Edifice , une forme piramidale qui le diflingue des Maiföns ordinaires. D'ailleurs le double éta- ge, que-nous iemblons propofer, leur procure un air de dignité, fans lequel ils reffemblent de trop près aux Bâtiments d'Orangeries ; critique afTez judicieufe qu'on a faite du Palais Bourbon, avant qu'il fût reilauré comme on le voit au- jourd'hui , & qui, dans fon état actuel, paroît encore trop peu élevé, quoiqu'il ait moins de lon- gueur que celui tracé fur cette Planche. 0* Il eil vrai que nous avons des Edifices impor-
tants , élevés à pluûeurs étages ; mais qui cepen- dant , ne pyramident pas dans leur milieu : le Châ- teau de Yerfailles, par exemple, eil dans ce cas; mais les ailes en arriéres-corps , font fi fort re- culées fur Favantcorps , qu'il offre naturellement, du point de diftance, pris à la terrafTe fupérieure |
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196 Cours
de Latone, un effet pyramidal qui femble élever
cette partie du milieu, de toute la hauteur de l'étage Attique ; magie dont Hardouin Manfard a fenti tout le preilige, & qu'on ne iauroit trop applaudir dans le cas dont il s'agit. Qu'on y prenne garde : les obfervations que
nous faiions ici, n'appartiennent pas feulement à la décoration extérieure; elles tiennent effenciei- lement à la diftribution des dedans, dont nous parlons dans ce Chapitre ; & l'on ne peut fe dii- penfer de faire marcher enfemble ces obferva- tions, lorfqu'on veut établir une véritable cor- refpondance entre les dehors, les dedans, & la relation qu'on doit obferver entre la Diftribution, la Décoration & la Conftmttion. D'après ce que nous venons de rapporter, il
eit aiTez facile de concevoir, que rien n'eft û dif- ficile à compofer qu'un Pian , fur-tout lorfqu'à Tefprit de convenance > on veut allier l'utilité , le commode & le grand : car, quoiqu'il paroifTe d'a- bord, que la Diftribution, n'a pour objet que de conftater les différents diamètres des pièces, leur 'forme & leur proportion, fuivant leur ufage par- ticulier; que deviéndroient ces mêmes diamètres, ces proportions & ces formes, fi. l'on ne connoif- foit , en déterminant leur difpoiition, les rap- ports que leur largeur & leur longueur doivent avoir, précifément avec leur hauteur, &: ii on ne les faiföit pas correfpondre à la magnificence , ou à la {implicite des dehors, à la hauteur des érages , à la fymétrie extérieure & intérieure, à l'enfliade des portes, à la fituation des chemi- nées , &c. D'ailleurs, comment déterminer dans les dedans, la largeur & la hauteur des ouver- tures qui éclairent ces, différentes pièces ? dans |
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d'Arc h itecture. 197
les dehors, les entrecolonnements, les trumeaux,
les écoinçons, fi l'on ne s'eil attaché , dans le commencement de fori projet, à combiner les re- lations que toutes ces diverfes parties doivent avoir avec les principes établis dans les Volumes précédents, où nous avons traité de la Décora- tion extérieure, en annonçant fon analogie, avec- la Diirribution dont nous parlons ici. Qu'on y réflechiffe : dans quel abus ne font
pas tombés quelques-uns de nos jeunes Archi- teclcs, pour avoir voulu précipitamment planter leur Edifice fur la compofkion de leur premier Plan; h'eft-ce pas une négligence condamnable de leur part, d'attendre, lors de la pleine exé- cution, à réfoudre fur.le lieu les difficultés qui fe rencontrent fouvent dans la main d'œlivre ; au lieu de faire , avant tout', non-feulement les développements néceffaires ; mais même des mo- dèles en grand des parties les plus eiTencielles. Quelle autre erreur encore, de vouloir faire enten- dre , comme nous en avons été témoins plus d'une fois, qu'on peut fe paiTer de faire dés élévations & des coupes, pour déterminer fon Plan ? Que nous penfons dîfréremment ! Nous ne craignons pas même d'avancer, que le génie le plus fécond, & l'expérience la plus confommée, ne peuvent dif- penfer un Architecte , quelqu'habile qu'il foit d'ail- leurs, d'entrer dans tous les détails qu'entraîne après foi le projet d'un Bâtiment; puifqu'il efc re- connu, que les plus petites inadvertances con- tent toujours infiniment à réparer , foit par rap- port à la matière, foit relativement au temps qu'il faut employer pour fe corriger. Combien de jeu- nes Architectes ne négligent ils pas la Diflrihtuion, parce qu'ils la regardent feulement comme une Ν iij
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198 Cours
partie acceffoire de l'Architecture, fans fe dou-
ter que pour réuffir à faire un beau Plan; ii faut beaucoup de jugement, d'ufage, & même de goût, afin de pouvoir décider, félon i'occafion, du choix des formes des différentes pièces d'un Apparte- ment, de la fymétrie refpeâive, & des propor- tions variées , qu'il convient de donner à leur diamètre, à l'élévation de leurs Planchers, enfin, à la courbure de leurs plafonds; connoiflances , fans lefquelles, toutes les produ&ions d'un Archite&e fe reifemblent ; & malgré la diverfité des occa- iîons qu'il a de bâtir, on le reconnoît par tout pour un Artiite foible 9 timide , ou fans expé- rience. Pour nous former dans la théorie de cette par-
tie de l'Architeâure ; coniidérons le Bâtiment qui fait ici notre objet, comme un Edifice où un grand Seigneur peut faire fa réiidence, & qui, pour cette raifon, doit être muni de toutes les pièces que comportent une belle Diiïribiition ^ l'ordonnance d'une Décoration intéreiïante , & l'appareil d'une Conitruâion ioignée. Rendons compte en même temps des difficultés que nous avons rencontrées, en cherchant à réunir dans un même projet les principes de la convenance, de la fymétrie, des proportions & de la main d'oeuvre. Notre intention n'e'iï pas de diffimuler les im-
perfections qui fe rencontrent dans notre Plan ; nous devons en avertir ceux à qui ce Cours eil deiliné , pour qu'ils parviennent à démêler les préceptes d'avec les refîburces , celles-ci, d'a- vec les licences, & les abus de l'Art; par-là, ils fe reifouviendront que, fans de très-grandes confi- dérations particulières, ils ne doivent point né- gliger Tefprit de convenance , les lois de la (y- |
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d'Architecture. 199
métrie & les proportions dont nous allons dire
un mot en parlant. : . . ·. . Par l'efprit de convenance, relativement à la
Diitribution , nous entendons les différents de- grés de magnificence qu'on doit chercher à ré- pandre dans l'intérieur des Appartements, félon la dignité du Propriétaire qui doit l'habiter, auifî bien que l'attention que l'Architede doit appor- ter à rendre les principales pièces plus ou moins fpadeufes, de formes variées , bien percées , éclairées & dégagées, félon l'ufage de chacune. Par la fymétrie , l'on entend la régularité ref-
pe£Hve des corps mis en oppofition, les uns vis- à-vis des autres; la nécefîité de placer les che- minées & les trumeaux dans le milieu de la lon- gueur & de la largeur des pièces. La fymétrie conufte encore dans la relation que doivent avoir entr'elles les différentes pièces d'un Appartement; elle exige, autant que cela fe peut, que l'un des axes du Sallon, placé ordinairement au centre, s'alligne avec l'enfilade qui règne dans toute l'é- tendue du Bâtiment, comme celle A Β ; que la li- gne G H enfile arnli le milieu de la gallerie, com- me celle Ε F enfile une partie des Appartements diilnbués dans l'aile qui eil oppofée à cette mê- me gallerie ; que les pièces de forme variée foient régulières, iinon dans les quatre angles, du moins du côté oppofé à la principale entrée , ainii qu'on l'a obfervé dans la Bibliothèque , ou dans le grand Cabinet marqué Ν 5. Par la proportion, on doit entendre combien.
il eft eifenciel de donner aux différentes pièces- d'un Bâtiment, les hauteurs relatives à leur dif- férents diamètres & à leur ufage particulier, ainfi que d'établir un rapport dïre£t entre leur-longueus |
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loo Cours
& leur largeur: on doit, par exemple, donner aux
grands Cabinets , aux Salles de compagnie, aux Salles d'afTemblée, des formes rectangulaires ; en forte , que leur largeur foit à leur longueur, comme fept eil à dix ; ou que cette dernière foit déterminée par la diagonale d'un carré formé fur le petit côté , pendant au contraire , que les Sal- ions peuvent être carrés, circulaires:3 elliptiques, ou à pans. La proportion demande que les gal- leries & les grandes Bibliothèques, aient au moins de longueur, quatre fois leur largeur, & au plus de longueur, fept fois leur largeur ; mais de toutes ees proportions, la plus eifencielle , eft celle qui établit le rapport qu'on doit obferver entre les diamètres de ces différentes pièces, & leur hau- teur. Comme ce rapport eil très-important, nous allons donner celui que les Anciens ont établi à cet égard \ ehfuite nous expliquerons les diffé- rentes dimenfions des pièces tracées dans notre Plan, en citant les proportions de celles de nos Edifices les plus coniidérables, afin que , par Té- tude de ces divers procédés, le jeune Artiile puiiTe trouver les moyens d'établir des relations convenables aux différentes'pièces qui compofe- ront les Appartements de fon Plan. Rapport que la hauteur des pièces des Appar·*
tements doit avoir relativement à leur dia- mètre^ félon le fentinum de Vitruve} de Palladio & det Scamo^jy, Vitruve prefcr.it, que les falies ■& Iqs chambres,
qu'il appelle Triclinia, aient de longueur le dou- ble de leur largeur, & que leur hauteur foit égale |
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d'Architecture. aoi
à la. moitié de la longueur & de la largeur prifes
enfemble; & il recommande que la hauteur des pièces qui font carrées par leur Plan , Toit égale feulement à un diamètre & demi. Palladio prétend que les plus belles formes des
chambres (/) font au nombre de fept, fçavoir les rondes, qui font, dit-il, les plus rares, les carrées, celles dont la longueur eit égale à la dia- gonale du carré formé fur leur largeur , celles d'un carré &· un tiers, d'un carré & demi, d'un carré & deux tiers, ou enfin de deux carrés, telles qu'elles fe trouvent tracées, dans les Plans A, Β, C, D, Ε, F, G. Fig. I de Planche XXXVII ; & que là plus belle proportion de la hauteur de ces diffé- rentes pièces, doit toujours être la même que leur largeur, lorfqu'elles font plafonnées : mais qu'elles doivent différer, û elles font terminées en voûte ; c'eil-à-dire, que dans ce cas , les pièces carrées doivent avoir un tiers de plus, fous clef, que leur largeur ; & qu'à l'égard de celles qui font plus longues que larges , leur hauteur, fous clef* peut fe trouver de trois manières; favoir, La premiere, après les rondes & les carrées,
par une moyenne arithmétique entre la longueur & la largeur, qui fe trouvera, en prenant la moi- tié de l'une & de l'autre fommes ajoutées enfem- ble; ou en lignes de cette maniere. |
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(7) Vitruve, Palladio & Scamozzi, appellent indilKn&ement
toutes les pièces d'un appartement, falies ou chambres; les Modernes entendent plus convenablement par cette dernière dénomination, les pièces deilinées feulement au repos, Se où l'on place un lit en eftrade, en niche, &c. & appellent toutes les autres, fuivant leurs deftinations particulières, anti-cham- fcxe, falle d.'aiTemtyée, fallon,Xalle à manger, cabinet, &c. |
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202 ' C O U R S
PRATIQUE. Soit la longueur AB & la largeur
Β C ; décrivez un quart de cercle C D, qui ait pour rayon C Β ; puis, divifez A D en deux également au point E, duquel, comme centre, vous décrirez un demi-cercle A F D, & la hauteur Ε F fera celle déiirée. Voyez cette démonitration N° premier, Fig. II de la Planche XXXVII. La deuxième, par une moyenne Géométrique,
entre la longueur & la largeur, qui fe trouve en nombre, en multipliant les grandeurs de l'une par l'autre , & prenant la racine carrée du produit, & en ligne de cette maniere. Pratique. Soit la ligne A Β égale toute en-
femble à la longueur AE, & à la largeur Ε F. Divifez AB en deux également au point C, pour, de ce point comme centre, décrire le demi-cercle' A DB ; & l'endroit où la ligne Ε F, prolongée en D, rencontrera la demi-circonférence D Ε , don- nera la hauteur propofée. Voyez le N° II, même Planche. La troifieme, par une quatrième proportion-
nelle à trois grandeurs, dont la premiere eil la moyenne arithmétique entre la longueur & la largeur, & les deux autres, de la même longueur & de la même largeur ; elle fe trouve en nom- bre, en multipliant la longueur par le double de la largeur, & divifant le produit par la fomme de la longueur & de la largeur, ajoutés enfem- ble, & en ligne, de cette maniere. Pratique. Soit la ligne A Β, moyenne arith-
métique , entre la longueur BC , & la largeur CD. Du point A, par Ε, prolongez la ligne AE, jui- ; qu'en F, de maniere que la perpendiculaire CD étant prolongée aiuTi en F, la hauteur FD iok |
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d'Architecture. 203
celle que Ton fe propofe de trouver. Voyez le
N° III, même Planche (m);. Scamozzi dit que les Anciens faifoient leurs
chambres carrées, ou bien deux fois plus longues que larges , & que leur hauteur en général, foit qu'elles fuiTent voûtées en plein cintre , en arc furbaiiTé ou en ogive , avoient la largeur de la pièce au moins , ou, au plus, la moitié de la lar- geur & de la longueur prifes enfemble ; & il eil du fentiment que les cabinets, ou Salions, peu- vent être agréables, de forme circulaire, octo- gone , à pans , ou de toute autre forme régulière. Voici les cinq manières qu'il propofe, & que
nous avons tracées fur la Planche XXXVIII. Les premières, dit il, font carrées, comme le N° ï, les fécondes ont de longueur une fois un quart leur largeur N° IL· les troifiemes une fois & demie, N° III: les quatrièmes, une fois trois quarts, N° IV ; & les cinquièmes , le double, N° V. Il prefcrit de hauteur aux premières, leur petit diamètre : il donne aux deuxièmes le huitième de plus que leur largeur ; aux troifiemes , un quart; aux qua- trièmes, trois huitièmes; & aux cinquièmes, une fois & demie leur largeur : & il ajoute que toutes les hauteurs des pièces du premier étage doivent être un peu plus baffes que celles à rez-de-chauffée, fondé fur ce qu'il dit de la proportion des colonnes. En cela, il paroît être du fentiment de Palladio, qui prétend que les Appartements fupérieurs doivent avoir un iixieme de moins que ceux de deiTous. ,-—;—.------------------■__---------
(m) Cette démonftration & cette opération pratique que nous
donne Palladio , ne peuvent avoir lieu dans les pièces a unfeul étage ; leur hauteur feroit extravagante, ayantplus de deux fois leur petit diamètre : mais elles pourraient feryir de regle, pour déterminer la hauteur des pièces qui monteroient de fond, dans lin Bâtiment, |
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204 ; C OURS
Sentiment des Modernes fur les différents rap-
ports que ία hauteur des pièces des Appar- tements doit avoir relativement à leur diamè- tre & à leur élévation ijoit que ces mêmes pie- ces /oient plafonnées ou terminées en calotte. Nos Architectes François déterminent ordinai-
rement la forme de leurs pièces, à raiion de leur deftination particuliere, & félon la variété qu'il convient d'apporter dans celles de leur Plan. A l'égard de leurs proportions; ils déterminent leurs pièces carrées, lorsqu'elles fe trouvent terminées en calotte, par leur diamètre plus un iixieme ; & lorfquelles font feulement plafonnées, leur hau- teur égale feulement leur largeur. On peut même leur donner quelque chofe de moins, lorfquelles font circulaires ou à pans, parce que ces dernières préfentant moins de furface, elles peuvent avoir moins de hauteur fous plancher. Pour ce qui regarde les pièces rectangulaires
attribuées aifez ordinairement aux falies d'af- femblée, aux falies de compagnie , aux falies à manger , &c. communément, leur longueur eft établie comme chez les Anciens, par une diago- nale formée fur leur plus petit diamètre, tel que l'exprime la Figure I , tracée fur la Plan- che XXXIX, & dont la profondeur étant de vingt-cinq pieds , donne la longueur de trente- cinq pieds & demi : enfuite, pour trouver leur hauteur, on additionne ces deux fommes enfem- ble, qui donnent foixante pieds fix pouces, dont on prend la moirié du produit, qui eil de trente pieds un quart, pour déterminer la hauteur des |
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d'Architecture, xo$
pièces ;, où la partie fupérieure imite la courbure
d'une voûte. Cette hauteur, ainii déterminée, doit fe divifer en neuf parties , comme dans la Figure 11 : on en donnera deux neuvièmes pour la courbure de la calotte, & une neuvième partie pour la corniche de couronnement : les fix parties reitantes feront réfervées pour les lambris ou les étoffes. Lorfque ces pièces ne font que plafonnées, comme la Figure III, elles peuvent être réduites aux fept neuvièmes des précédentes, &: l'on donne de même un neuvième du total à la hauteur de la corniche. Il faut prendre garde que nous avons tracé ces deux dernières Figures fur le grand diamètre, & que, pour faire fen- tir leur rapport exaÛ, nous avons auiïî tracé, Figure IV, cette même pièce fur fon petit dia- mètre , dont la moitié A fait voir la pièce voû- tée, & l'autre, Β , celle qui n'eil que plafonnée* Nous obferverons que c'eil en faveur de ce pe- tit diamètre, qu'on ne doit pas donner plus de hauteur à ces pièces; autrement, les décorations qui les revêtiroient dans leur profondeur,, s'ac- çorderoient difficilement avec celles qui orneroient ces mêmes pièces fur leur longueur ; attention à laquelle on ne prend pas toujours aiiez garde, fur-tout lorfqu'on ne s'occupe, dans fon projet, que de la diitribution des Appartements, fans fe rendre compte de la décoration intérieure ,s & de la relation que celle-ci doit avoir avec celle, ÓQS dehors. (/ Lorfqu'on ne peut donner au Plan de fes autres
pièces, pour longueur, la diagonale du carré, formé fur le petit côté, on doit toujours pren- dre, fur-tout lorfqu'elles doivent être terminées en calotte , la moitié du produit des deux fommes |
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ιο6 Cours
de la longueur & de la largeur, pour en détermi-
ner'la. hauteur ; il en faut prendre feulement les fept neuv emes, lorfqu'elles ne peuvent être que plafon- nées. Il faut fe reffou venir néanmoins, que les pièces terminées en voûte, font toujours un beaucoup meilleur effet que celles plafonnées ; principale- ment îorfqu'il s'agit d'un Appartement faifant par- tie d'un Edifice public3 d'un Palais, ou d'un grand Hôtel. Parlons d'un autre moyen , que la plupart de
nos Archite&es mettent en œuvre, lorfque dans la diffribution de leurs Bâtiments , ils ne peuvent donner à la hauteur de leurs planchers , une élé- vation relative au diamètre de leurs pièces. Après avoir coniidéré la plus grande & les moyennes pièces de leur Plan , & dont la premiere femble exiger une élévation au-delà de la hauteur de l'é- tage ; ils prennent d'abord celle - ci, fuppofée , dans la Figure V, de trente pieds fix pouces, comme devant avoir naturellement le plus d'élé- vation; enfuite, ils coniiderent celles qui, com- me moyennes , doivent en avoir moins ; celles, par exemple, à qui il fuffiroit de donner vingt- deux pieds fix pouces : alors ils additionnent trente pieds fix pouces, & vingt deux pieds & demi, valant enfemble cinquante - trois pieds, dont la motié du produit eil vingt-fix pieds fix pouces ; élévation qui alors détermine la véritable hauteur des planchers du premier étage. Par ce moyen , il eil aifé de concevoir que la grande pièce, Fig. V, deviendra trop baffe de quatre pieds, & les moyen- nes pièces , Figures VI & VII, trop élevées de quatre pieds. Voici alors comme on parvient à corriger ce défaut de rapport, étant foùvent obli- gé d'avoir recours aux reffources, au défaut des |
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d'Architecture. %ùJ
préceptes de l'Art. Dans la grande pièce, Fig, V,
on fait ufage feulement d'une corniche à gorge » à laquelle on donne la douzième partie de la hau- teur de la pièce ; par-là, le lambris acquiert plus d'élévation, & le plafond moins de furface. Dans Tune des moyennes pièces, Fig. VI, on pratique un entablement régulier, à qui l'on donne la ii- xieme partie de la hauteur totale; enfin, dans celles qui ont encore moins de diamètre, comme la Fi- gure VII, on pratique une calotte au-deiïus de ia cor- siiche, Tune & l'autre chacune de la huitième partie de la hauteur de la pièce ; moyen qui, en quelque forte, efface à l'œiiil les imperfections , qui fe ren- contreraient entre la hauteur réelle que ces pièces devraient avoir. Nous ne parlons point ici des petites pièces au-deflus defquelles on pratique or- dinairement des entrefols, ce qui, en levant toute difficulté, procure des commodités eilencielles à obferver dans un Plan, au-deilus des petits Appar- tements d'habitation. Difons un mot à préfent de la folidité qui regarde la diilribution, après quoi, nous traiterons des Appartements en général, & enfuite des- pièces en particulier. Par la folidité, nous entendons ici la néceilité
d'accorder les lois de la eonftruction avec les principes établis précédemment, concernant la diftribution ; lois qui confident à donner aux murs de face une épaifleur relative à leur hauteur & à leur charge , à lier & à unir les murs de re- fend les uns avec les autres, & à leur procurer tin enchaînement mutuel qui les fafle concourir à ne former qu'un tout avec les murs qui for- ment la cage du. Bâtiment; à éviter fur-tout les portes à faux dans les murs de refend , enforte que la diilribution du premier étage foit tellement |
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io8 Cours
difpofée, qu'elle n'interrompe aucune des pièces
efîencielles du rez, de-chauffée , principalement, lorfque ce dernier eft confacré aux pièces de fo- ciété & de parade; d'éloigner enfin , le plus qu'il eft poffible, les portes & les croifées de l'extré- mité de l'Edifice ou de l'angle Taillant des avant- corps ; autant de précautions indifpenfables, uti- les , non-feulement à la fymétrie intérieure des Bâtiments ; mais pour maintenir la folidité, en- tretenir la liaifon des murs, les rendre capables de réfifter à la pouffée àss voûtes, à foutenif le poid des planchers, enfin, la charge des com- bles , &c. Paffons à préfent à la difpoiition des trois Ap-
partements , dont nous avons donné précédem- ment les définitions. Dès Appartements en général.
Quatre Appartements , marqués M, Ν, Ο, Ρ »
compofent la diftribution du Plan tracé fur là Planche XXXV. Nous avons déjà dit, que fous le nom d'Appartement * l'on entendoit la com- munication deplufieurs pièces, ayant pour objet la même deftination confidérée en général ; mais dortt chacune d'elles peut avoir des ufages particuliers ; par exemple, l'Appartement marqué M , doit être ici coniidéré, comme l'Appartement de fociété; ceux Ρ, Ν, comme Appartements de parade, &: celui Ο , feulement comme Appartement privé , ou de commodité. Nous avons encore dit que, fous le nom d'Ap-
partement de fociété, l'on devoit entendre celui defîiné, par le propriétaire, à recevoir fa famille &
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D Architecture. 209
& fes amis particuliers. Nous recommanderons à
préient , que cet Appartement paré foit fitué de maniere, que , dans le cas dune fête , il puiii'e fe réunir aux autres Appartements ; afin que, de la principale enfilade, il ne paroiiTe former qu'un feul enfemble avec celui de parade, & que l'un & l'autre annoncent l'opulence du propriétaire : avantage obfervé dans la diitribution , dont nous parlons; les Appartements Ν, Μ, Ρ étant diitri- bués de forte, qu'aucune pièce deftinée pour les domeitiques ,· ne fe trouve comprife dans l'en- filade A B. En parlant des Appartements de parade, nous
avons rapporté, qu'ils étoient deltinés à raiTem- bler les meubles de prix ; nous ajouterons ici qu'ils fervent fouvent, dans les grands Edifices, pour la demeure perfonnelle des Maîtres ; que c'eil dans ces Appartements qu'ils traitent d'affaires im- portantes, δζ qu'ils reçoivent les perfonnes de la premiere confidération. Pour les mêmes raifons, que nous venons de rapporter, il convient que ces pièces de parade s'allignent avec celles de ib- ciété, pour que, de l'enfilade principale, on puiffe y jouir du coup d'œuil des ornements , de la di- verfité des matières, de la richefTe des ameuble- ments, & qu'à l'afpea de ces beautés raffemblées, les étrangers qui viennent vifiter la äemeure des Grands, puiiTent emporter une idée fatisfaifante de l'opulence du Propriétaire , du goût de l'Ar- chiteûe, & du talent des Artiifes, qu'il aura fçu aiîbcier à fes entreprifes. T Lorfque nous avons défini les Apparrements de
commodité, ou privés, nous avons encore recom- mandé qu'ils fuifent moins fpacieux que ks pré cédents, & qu'ils fuifent expofés d'une maniere Tome IV* Q |
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2IÔ COURS
convenable à leur deftination particuliere. Nous
ajouterons que ces efpeces d'Appartements ne doivent jamais faire partie des enfilades princi- pales , que l'on fait voir aux perfonnes de de- hors ; parce* qu'étant deftinés au repos & au re- cœuillement des Maîtres , il convient que les Etrangers puiiTent entrer & fortir, après avoir vifité l'Edifice , fans être obligés d'obferver un cérémonial fouvent gênant, envers les per- fonnes de même^rang, naiffance ou dignité : & ii l'étendue du Bâtiment ne permet pas de prati- quer ces pièces privées , près des grands Appar- tements , on les diftribue fouvent en entre-fol ou en aile, en y obfervant tous les dégagements & tou- tes Iqs commodités dont noqs parlerons, en décri- vant les garde-robes, qui font partie des pièces parées dont nous allons traiter, en commençant par les Veftibules /comme les premières pièces, qui, ordinairement, donnent entrée à l'Edifice. Des KefiibuUs.
La pièce marquée M ι , toujours Planche
XXXV, eft un veftibule [n) de trente-deux pieds de longueur, fur vingt-cinq de profondeur, & vingt-un de hauteur, fous Plancher. Ce Veftibule eft de l'ef- pece de ceux nommés fimples, parce qu'il n'a aucun reffaut fenfible fur la furface de (es murs, & que £qs côtés latéraux font décorés & percés, aux co- |
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(«) Veftibule, du latin Veflis une robe, & ambulare, mar-
cher ; ce lieu étant dans un bâtiment confidérable, la pièce où l'on commence à laifler traîner fes robes pour les viiîtes de cérémonie. Martinien fait dériver ce mot de Vefi&ßabulum, parce que chez les Anciens, les Yeftibules étoient dédiés à la Dcefle Ycfta. |
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d'Arc h ite c tu he« m
ÎOtines & pilaftres près, comme celui du Châ-
teau des Tuileries , qui a" de longueur foixante pieds, fur trente-un de largeur. Il en eil d'autres que Ton appelle Veitibules à reffauts , lorfqu'ils font compofés d'avant & d'arrière- corps , tel que celui du Château de Maifons , qui a dix-huit pieds, fur vingt-quatre. On donne le nom de tétraityles, aux Veitibules qui ont quatre colonnes ifolées & refpeitives à des pilaftres , ou à des colonnes engagées, comme au Porche des Invalides , qui a de longueur quarante-huit pieds, fur vingt-huit de largeur. Les Veitibules ocloftyles ronds , font ceux qui ont huit colonnes adoiïées, comme le Porche du Palais du Luxembourg, qui a vingt- cinq pieds & demi de diamètre ; ou ifolées, comme celui de l'Hôtel de Beauvais, qui a dix-fept pieds dans œuvre. Voyez les Plans de ces trois Por- ches, tracés fur la Planche XXXIX. On appelle encore Veitibule en périityle, celui qui eit di- vifé en trois parties, par quatre files de colonnes, comme celui du Château de Verfailles, au fond de la cour de marbre, qui a de longueur trente pieds, fur vingt-deux δε demi de largeur. Enfin, on appelle Veitibule en aile , celui qui étant eomr- pofé» feulement de deux files de colonnes, laifle un paflfage dans le milieu, plus grand que les deux autres, pour les voitures , tel que celui du gros pavillon du vieux Louvre, du côté de la rue Fro- menteau, qui a de longueur cinquante-huit pieds, fur quarante quatre. Voyez dans ΓArchitecture Fran- çoife, le Plan de ces différentes pièces, que nous ne pouvons donner toutes ici. Au reite, il ne faut pas confondre les Veiti-
bules , avec les Porches dont nous venons de par- ler -, ces derniers font deftinés à y pafler en voiture » Oij
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212. C O U lt S
leur fol étant de plain-pied avec celui des cours $
au-lieu que celui des Veftibules eil toujours élevé de quelques marches , & de plain-pied aux Ap- partements du rez-de-chauffée. La difpofition la plus générale des Veftibules,
eft de fe préfenter plutôt fur leur longueur, que fur leur profondeur. Il n'y a même que dans des cas indifpenfables, qu'on peut s'éloigner de cette difpofition ; néanmoins , il faut éviter de les faire trop barlongs, comparés avec leur profondeur, parce qu'ils tiendroient de trop près à la forme des périftyles , & que chaque pièce doit avoir un genre déterminé, relatif à fon ufage ; par exem- ple , le Veftibule de la Planche dont nous par- lons , & dont la longueur eft environ à la largeur, comme fix eft à cinq, paroît établir un rapport affez convenable, pour le Plan de ce genre de pièces : nous difons affez convenable, parce que, dans le cas dont il s'agit, quelque différence fur cette dimenfion, ne caufe jamais une erreur importante, comme s'il s'agiffoit de la proportion d'une colonne, ^l'une porte, d'une croifée. D'ailleurs il faut obferver, que les rapports que nous recommandons, à l'é- gard des Veftibules, peuvent fupporrer quelque altération, félon que ces pièces fe trouveront à pans, ou arrondis par les angles ; qu'ils auront des reffauts , des avant-corps, de grandes ouvertures, des renfoncements, &c. puifqifalors, il faut avoir attention à ces différentes formes , pour établir des moyennes proportionnelles , qui déterminent de nouvelles dimenfions, qui répondent d'une ma- niere relative , à la diverfité des contours qui com- pofent leur pérymètre ; fans oublier que, non-feu- lement la principale dimenfion de ces fortes de pie- ces fe juge par leur fol, mais encore par la furface |
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d'Architecture. iif
de leur plafond, à compter du dans-œuvre de leur
corniche, & du devant des colonnes & des pi- laitres qui les décorent. D'après cette réflexion- qui regarde leur diitribution particuliere, répé- tons qu'il faut fonger à la relation que ces di>- verfes formes peuvent avoir avec leur hauteur » ainii qu'à la courbure de leur plafond , ou à la forme méplate de ces* derniers : enfemble , d'où dépend abfolument tout le fuccès d'une pièce·., C'eft pour cela que nous avons donné plufieurs exemples exécutés, dans la Planche XXXIX, en indiquant les moyens d'arriver, par différentes modifications , à fatisfaire l'œuil par la route du goût, au défaut d'une exactitude géométrique. Le revêtiiTement des Veftibules fe fait ordi-
nairement de pierre de Saint Leu , de pierre de Liais ou de marbre, félon leur avoiiînement avec les grands efcaiiers, qui peuvent être conilruits de ces différentes matières r & dans leiquels , communément y les Veitibules donnent entrée, & fouvent même ne forment qu'un tout enfemble.. Quelquefois on applique les ordres d'Architec- ture dans ces fortes de pièces , principalement, lorfqu'elles font ouvertes fur la cour : alors le diamè- tre de ces ordres doit être égal à celui des colonnes de dehors; autrement, lorfqueces pièces font fer- mées par un mur de face, leur module & le choix dé l'ordre devient plus arbitraire. Ces ordres introduits dans les Veftibules, n'exigent pas toujours un en- tablement régulier : quelquefois un feul Architrave y fuffit ; ou bien on y fubflitue une corniche de couronnement architravée, ou à gorge, à laquelle on fe contente de ne donner de hauteur , que le fixieme , au lieu du quart : mais il faut éviter d'y faire uiàge des corniches, qu'on appelle corni- O iij
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iï4 Cours
ches en plâtre, parce qu'elles imitent trop la me-
nuiferie, & qu'elles ne doivent être employées que fur les lambris d'un Appartement. La déco- ration du Veltibule du Plan dont nous parlons, eft fort iimple, fans ordre ni ornements, à l'ex- ception de la Sculpture des Claveaux des arcades; voyez la Planche XL1V ; enforte que la proportion & la régularité, font feules les frais de cette pièce. Cette retenue nous a paru néceflaire ici, parce que ce ■Veftibuîe donne entrée, principalement, à un grand Sallon , dont la décoration conferve une cer- taine fvmplicité, dans fon ordonnance, malgré la richeiTe de la matière dont il eft revêtu. 11 en faudroit ufer autrement fans doute , ii cette premiere pièce donnoit entrée à un Sallon orné de lambris, de do- rures & de glaces ; car quoique les Veftibules puiffent être revêtus de maçonnerie , comme nous venons de le rapporter, on ne feroit pas difpenfé pour cela d'introduire, dans leur décoration, une richeiTe relative aux,pièces qui les environnent; les lois de la convenance exigeant que , depuis Tanti-chambre jufqu'à la gallerie, on obferve une gradation relative à la deftination, & à l'ufage de chaque pièce, j v Des Salions,
La pièce M % de notre Planche XXXV, eft
un Sallon (o) de trente-cinq pieds de largeur, fur quarante-fix de longueur, & dont la hauteur, qui eft de foixapte un pieds, eft à deux étages, non compris la calotte qui les couronne ; enforte que fon diamètre eft à fa hauteur, comme qua- |
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ο) Saiicu f du Latin, Ada,
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d'Architecture. 215
tre eftà fept, à trois pouces près; différence que
nous avons déjà obfervée être peu importante, iorfqu'il s'agit du rapport d'une pièce intérieure. D'ailleurs, cette dimeniion a été affez heureufe- ment obfervée aux Salions des Châteaux de Cla- gni & du Rainii ; au-lieu que ceux des Châteaux de Marly & de Montmorenci, n'ont de diamètre, que les quatre iixiemes de leur hauteur. Au reiîe, il faut favoir , que la diverfité des formes des Salions , doit fouvent apporter de la variété dans le rapport de leur largeur, comparée avec leur hau- teur. Par exemple, celle que nous propofons, eit bonne à mettre en œuvre, pour lel Salions à l'I- talienne , tel que celui dont nous parlons ; car lors- qu'ils font octogones, comme à Marly ; ou ellipti- ques, comme à Montmorenci, leur hauteur peut fe réduire aux quatre fixieraes. Ce qui autorife ces changements , c'eft fouvent la nécefîité d'ailu- jettir la hauteur de ces pièces, à celle des étages de l'Edifice , ainii qu'à celle des combles; mais , dans quelque occaijon que ce puifTe être, il faut avoir l'attention de terminer la partie fupérieure, par des voûtes ou calottes , qui occafionnent fou- vent rintroducüon des combles, dans la partie du milieu du Bâtiment, tel qu'on le remarque au gros Pavillon des Tuileries (ρ), & que nous en avons (ƒ ) On en voit aufïi un au vieux Château de Meudon, dont
la forme pentagonale, & dont la hauteur extérieure paroit t'a- . travagaute : fans doute cette hauteur exorbitante, a été faite ainii, à deiTein de pouvoir donner une grande élévation au Sallon, nommé Sallon des Maures, placé au premier étage <te ce Château, Se dont le Plan elliptique a de diamètre quarante-deux pieds fix pouces, fur trente-deux ρίεψ & deffU yàpMxgém), & cinquante quatre de hauteur, .ί&Μάψ- Oiv
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z\6 Cours
placé un fur l'avant-corps du Palais que nous dé-
crivons, & dont on trouvera une des principales élévations, Planche XLII de ce Volume. Ordinairement les Salions à double étage ne fe
pratiquent guère que dans les Maifons de plai- fance, les Edifices érigés dans les Villes, étant ra- rement affez confidérables , pour les y mettre en œuvre: les efcaliers font preîque les feules pièces qui montent de fond, à caufe de la néceiîité de communiquer des Appartements du rez-de-chauf- fée, à ceux du premier étage ; & le Bâtiment de l'obfervatoire à Paris, eft le feul où nous connoif- iions un vefttbule à pans, dont le premier plan- cher foit percé , & dont le trotoir qui circule au- tour , foit foutenu par une vouffure ; mais cet exemple que nous citons, comme appartenant à un Edifice d'une claffe extraordinaire , paro'it peu propre à être imité dans un Bâtiment d'habitation. Notre Sallon revêtu de marbre, 'eil décoré de
colonnes comportes à rez-de-chauffée, & de pi- laftres Corinthiens air premier étage. Ces colon- nes foutiennent un entablement fur lequel eft pra- tiqué un trotoir de trois pieds de largeur , non compris la faillie de la corniche. Ce trotoir devient ici intéreffant, non-feulement pour communiquer aux pièces adjacentes, pratiquées au premier éta- ge ( q ) ; mais pour y placer un Orchéftre en cas de fête. Pour le rendre plus commode encore 4 nous avons préféré un balcon de fer à une baluf- trade. Dans tout autre cas, celle-ci feroit préfé- rable , étant toujours plus du reffort de l'ordon- |
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(q) Voyez ce Plan que nous annonçons PlancheXLI de ce
Volume. - >'■■·■ · · .. Λ· - J |
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d'Architecture. 217
nance de Γ Architecture où les Ordes préfident.
Nous obferverons encore, que ces pièces à
double étage n'exigent guère de cheminées, parce que leur grande élévation & leur diamètre, ren- droient inutile la chaleur d'une feule, & même, de plufieurs cheminées (/·').; d'ailleurs, il feroit difficile de placer dans l'étage fupérieur, un genre de décoration qui pût aller avec celle du man- teau & du chambranle, placés à rez-de chauffée. Une arcade feinte y fait mal ; un tableau , ( un 4>as- relief, n'y réufïifTent guère mieux : enforte que, fi quelque circonftance particuliere exigeoit que ces Salions fufTent échauffés pendant l'hiver, il faudroit avoir recours aux. poêles, comme ceux marqués QQ dans cette Planche; poêles qui fe trouvent mafqués par les revêtiffements des portes feintes, & qui peuvent s'allumer , l'un par le def- fous du grand efcalier Y ι ; l'autre , par la pièce M 3 , de maniere que ce dernier échaufferoit aufîi la pièce dont nous parlons, & la Salle de com- pagnie M 4. Les entrecolonnements du rez-de-chauffée font
occupés par douze arcades plein - cintre , dont quatre, feulement, font feintes; dans les huit au- tres font pratiquées les portes croifées qui don- nent fur le Jardin, les portes à placard qui fe trou- vent comprifes dans l'enfilade A Β , & celles qui donnent du côté du Veftibule. Les çntrecolonne- ments du premier étage font occupés par des por- tes & des croifées enfoncées dans des chambranles |
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(r) On en a pratiqué néanmoins une, dans chacun des qua-
tre pans du Sallon du Château de Marly, qui a de diamètre quarante-huit pieds ; mais nous n'approuvons pas lès quatre tableaux placés au-deiTus dans l'étage fupérieur. |
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2i8 Cour s
bombés 9 aii-deffas defquels font diflribués des
pmneaux de fculpture. Nous avons au'ffi préféré de la fculpture aux tableaux , pour les deifus-de- porte du rez-de-chauffée, L'ufage ordinaire» nous le favons^ eil d'y placer des tableaux, parce qu'é- tant plus près de l'œuil, ils font plus d'effet. Mais quand la hauteur d'une pièce eil confidérable , & qu'il s'agit d'orner un petit efpace, il eil plus naturel de forcer les ornements de fculpture, que les fymboles ou les allégories rendues, par le mi- niilere du pinceau : autrement 9 on eil fouvent obligé de faire choix de demi-figures , de propor- tion naturelle, qui, non feulement, produîfent un mauvais effet; mais's'accordent toujours mal avec le genre de l'ordonnance. D'ailleurs, dans ce Sal- lon, revêtu de marbre de couleurs variées, com- me il nous a paru indifpenfable de peindre la voûte de la calotte placée dans fa partie fupé- rieure ; nous aurions craint de nuire au repos né- eeiTaireà obferver ,-û nous y avions préféré des tableaux à! la fculpture, fur les deiîus-de-porte. Les petits entrecolonnements font ornés de ta- bles , & reçoivent des trophées de métal do- ré , ainii que les bafes & les chapiteaux des or- dres ; trophées que nous avons préférés à des niches , dont, félon nous, on doit faire peu d'u- fage dans la décoration intérieure des Edifices, qui ne font pas confacrés au culte du Seigneur. ,- Si à la place du marbre de couleur, on revêaiïbit ce Sallon en marbre blanc veiné, ou en pierre de Liais ; au-lieu de peindre la calotte, d'un fu- jet colorié, il y faudroit peindre feulement des arcs doiibïeaux, dans les compartiments defquels on exprimeroit des bas-reliefs en grifaille ; les fujets coloriés faifant un aflez mauvais effet, pour |
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D'A R C H Ι Τ Ε C Τ URE. 2lp
couronner de tels revêtiilements ; ce qu'il fau-
droit même évker , ii, par économie , ou pour plus de falubrité , on faiioic ufage de la menuife- rie peinte en blanc ; car les grands iujets de peinture ne conviennent abiolument que dansles lieux conf- truits de marbre, ornés de bronze, ou revêtus de menuiferie mariée avec la fculpture, la dorure & les glaces ; il faut même, lorfque ces pie- ces font en marbre, apporter un grand foin dans leur choix ; pour que leur ton dominant ne foit point contredit par le coloris des tableaux : at- tention qu'on n'a pas négligée, lorfqu'on a déco- ré le Sallon d'Hercule à Verfailles, dont la ca- lotte eft un chef-d'œuvre de peinture, du célè- bre le Moine. Pour convaincre nos Elevés, fur ce que nous
avançons, nous les invitons .de voir à plus d'une, reprife cette merveille de l'Art, & d'examiner, en même temps, le Veilibule de la Chapelle qui pré- cède cette pièce, & dont le révêtiffement n'étant que de pierre de Liais, eft feulement orné de fculp- ture dans la courbure de fon plafond : idée de convenance qui devroit, à plus forte raifon, s'ob- ferver dans nos Temples , où, le plus fouvent 9 on enrichit les Dômes de peinture coloriée & de dorure, comme on le remarque aux Invalides» Malgré la célébrité de cet Edifice, il femble que la coupole & les arcs doubleaux auroient été pré- férables en pierre ou en iluc. Nous contredifons ici l'opinion la plus commune; mais nous ne nous permettrons jamais d'employer le pinceau de nos Artiftes dans ce genre de peinture, que lorfque les jcoupoles, ou l'intérieur des Appartements pour- ront être revêtus de marbre & de bronze, foit réel, foit fa&ice. Il eft vrai que le Sallon de Marly, |
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)
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120 Cours
revêtu de menuiferie & imprimé en blanc, con-
tient quelques tableaux coloriés ; ce n'elt pas ce que nous y approuvons le plus, & nous ne fe- rons guère tenté d'imiter cet exemple. Il en eft, félon nous, du contrarie des tons dans les cou- leurs , comme des contraries dans les formes de l'Archite&ure & de la Sculpture. Si nous ne nous trompons, une belle {implicite doit plaire à tous les yeux ; elle nous femble préférable à cet affem- blage de différentes matières, qu'on < n'entaife, que trop ordinairement, les unes fur les autres, fans autre but que de parvenir à une très-grande richefTe. Nous avons dit plus haut, que les Salions à
double étage étoient peu communs dans nos Edi- fices François, & nous n'avons pu guère citer que ceux de Marly, du Rainû, & de Clagny : on fe contente pour l'ordinaire de leur faire compren- dre la hauteur d'un étage & demi, tel qu'au Châ- teau de Montmorenci, dont nous donnerons les décorations dans le Volume fuivant : quelquefois auffi, on élevé feulement la hauteur de leur ca- lotte dans l'étage fupérieur , comme on le remar- que à l'hôtel d'Argenfon, rue des Bons-Enfans, & à l'Hôtel de Nivernois, rue de Tournon à Paris. Cette maniere nous paroît la feule bonne à mettre en oeuvre, fur-tout lorfqu'il s'agit d'un Sallon principal, faifant partie d'une belle Maîfon par- ticuliere; rien n'étant ii défectueux, à notre avis, que de terminer ces pièces d'éclat par un plafond, & de négliger le rapport de leur hauteur avec leur diamètre; comme cela fe remarque dans la ■plupart de nos Edifices, fans excepter- même ce- lui du Château d'Iïfy , que nous avons déjà cité, & dont nous donnerons néanmoins la deeoratioa |
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d'Architecture. m
dans le cinquième Volume , parce qu'à ce défaut
près, elle eil d\in excellent genre. En général, nous observerons , qu'on abufe ,
trop ibuvent de la prodigalité des ornements, de la dorure, des bronzes , & des glaces, dans nos Salions : cette richeife nous paroît prefque toujours déplacée; &, ή jamais elle peut être to- lérée , du moins faudroit-il la réferver pour les Galleries & les Salles de compagnie, faifant partie des Appartements de fociété. il nous femble que les Salions, qui ordinairement occupent le centre de l'Edifice, & qui font fuite avec Jes. Apparte- ments de parade, doivent être décorés avec no- bleiTe & avec retenue : avec nobleife, parce que ces pièces de marque ont toujours une certaine capacité : avec retenue , parce qu'elles peuvent être coniidérées comme un paffage du Veftibule au Jardin, & qu'elles deviennent une communica- tion indifpenfable avec la droite & la gauche du Bâtiment. Ce que nous difons ici, ne regarde, ni les petits Salions, ni les Cabinets de jour, ni les Boudoirs , où Γ Architecte peut fe permettre da- vantage ; mais il ne doit jamais oublier que la convenance doit accompagner chaque partie de fes œuvres. Nous traiterons, en particulier, de tous ces objets dans le Volume qui va fuivre; re- venons à la fuite de notre Plan. Le Sallon à l'Italienne M 2, que nous venons: ·
de décrire, donne entrée à là droite & à la gau- che de tout l'Edifice, & fe trouve d'autant plus heureufement difpofé, que, du centre , on dé- couvre toute la longueur de l'enfilade A Β, qui fe retourne d'équerre für l'enfilade C D : attention qu'il eft indifpenfable d'avoir \ dans la diilribu- tion d'un Bâtiment d'une certaine importance j? |
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22i . Cours
pourvu toutefois, qu'il foit précédé d'un VefH-
bule, dans lequel fe tiennent les Domeftiques : au- trement, une telle pièce, ii elle étoit feulement comprife entre deux murs de face , ne devien- droit elle-même qu'un Veitibule; ce défaut fe re- marque au Château de Clagnî, dont le Bâtiment eil limple. Nous l'avons évité, dans notre Plan, l'avant-corps du milieu étant double ; enforte que ΓΑηπ-chamhre M 3, donne entrée aux Apparte- ments Mr N, & i'Eicalier Y χ , à ceux M, P. Des Anti-chambres.
La pièce marquée M 3, eu une Anti-.chambre (ƒ)
de vingt-lix pieds de largeur , fur vingt neuf de profondeur , & de vingt-un pieds de hauteur : elle fert ici de Salle à manger; il feroit néanmoins à délirer, 6k c'eil un défaut dans notre Plan que nous ne voulons pas diffimuler, que cette pièce fut précédée d'une premiere ^nti-chambre , dans laquelle la livrée pût fe tenir. Les Salles à manger doivent être fufceptibles de quelque décoration, à caufe de la préfence des Maîtres & des étran- gers à l'heure des repas : attention qu'on néglige affez ordinairement, dans les Anti-chambres pro- prement dites, à caufe de l'imprudence des Do- mestiques. Malgré ce défaut, nous ne confére- rions pas de faire la Salle à manger de la pièce M4; parce que celle-ci fe trouvant lituée dans l'enfilade A Β , elle intercepteroit, au moins pen- dant quelques heures, la communication que cette |
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(ƒ) Anti-chambre Vitruve, l'appelle Anti-thalamus, pièce qui
précède une Chambre à coucher. |
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d'Architecture. 225
pièce doit avoir avec les Appartements ; & que
cette communication, dans tous les genres de Bâ- timents , doit être coniidérée comme une des beau- tés principales de la diitribution. Cette attention eil néanmoins tous les jours oubliée par nos jeunes Architectes ; elle l'a même éré par le plus grand nombre de ceux qui ont élevé les Edifices gravés dans 11 Architecture Françoife ; ceque nous avons eu occaiion de remarquer plus d'une fois , en fai- fant la defcription des quatre premiers Volumes de ce Recœuil important. Nous ferons prendre garde ici, que ce qui nous
a empêché , dans ce Plan , de faire précéder d'une premiere Anti - chambre , celle qui fert ici de Salle à manger, c'eit que notre Bâtiment n'eil dou- ble, que dans l'avant-corps, marqué l, pendant que les ailes Κ ne font que femi-doubles, ce qui prive toute cette diitribution des principales corn* modités du reiïbrt d'un Palais. Mais, qu'on s'en reilbuvienne, nous avons déjà averti que ce pro- jet n'étoit pas fans imperfections ; que notre dei- iein même avoit été de le préfenrer tel, pour en faire comprendre quelquefois rinconiéquence à nos Elevés ; inconféquence que nous avons laiiîé fubfiiler, pour leur faire fentir , qu'il ne faut pas feulement s'appliquer à la beauté 3es dehors ; mais, s'attacher également à la régularité & à la conve- nance des dedans : auiïi rectifierons-nous, dans la fuite, les imperfections de cePlan ; lorfque nous en offrirons un fécond, Planche XXXVI, fait pour le même projet, {ans taire néanmoins, que ce mieux, dans ce deuxième Plan, concernant la commodité des dedans, eil peut-être pris au préjudice des de- hors, atnli que nous en avons déjà averti,enavouant, que c'eit par cette difcuiïîon, que nous pouvions. paj> |
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2.24 Cours
venir à faire concevoir aux perfonnes, pour les-
quelles nous avons compofé ce Cours, combien il eil difficile de concilier la partie dont nous trai- tons à préfent, avec l'ordonnance des façades extérieures qui a fait le fujet des Volumes pré- cédents. Au reile, nous pouvons le dire ici, il faut quel-
quefois , dans un grand Edifice, favoir facrifîer l'intérieur à l'extérieur; par exemple, nous avons penie que les dehors, dans le projet dont il eil queftion , pouvoient avoir le pas fur les dedans, principalement, lorfqu'il ne s'agit que des pièces acceifoires, toutes les autres devant nécessairement être régulières, ainii que nous aurons occaiion de le faire fentir, en continuant cette defcription. Moins vrai que nous ne le fommes , nous poli- rions avancer, pour en impofer à nos Lecteurs, que la régularité des façades de notre Palais fem- ble autorifer , en quelque forte, le défaut du Plan : mais ce feroit, tout au plus , une excufe ; & toute excufe fuppofe une imperfection con- damnable dans Γ Architecture : or, il ne faut fe permettre aucun défaut, dans un projet de cette importance ; pour cela , nous répétons à nos Ele- vés , qu'après la connoiffance des préceptes de leur Art, il leur faut le courage de recommencer plus d'une fois leurs produirions ; qu'à un travail opiniâtre, ils doivent joindre beaucoup de défin- téreffement, que c'ell-là le feul moyen de per- fectionner leurs projets, & d'éviter les défauts dont celui-ci n'eil pas exempt ; mais, nous ne le don- nons tel, que dans l'intention de nous procurer îoccaiion d'en relever les erreurs, & de mettre nos Elevés en état de- fe garantir du même in- convénient. Pour
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d'Architecture. 225
Pour remédier au défaut de fAnti chambre, qui devroit précéder la pièce M 3 , le Veilibule pouroit ici en tenir lieu , & fervir dû buffet ; ce Palais, pour la campagne, n'étant guère habité que dans la belle faifon. On pouroit alors fermer par des porres croifées, les deux arcades qui donnent entrée à rEfcalier Y 1 ; fermeture qui contribueroit à rendre cette pièce plus habitable : d'un autre côté, nous ne pouvons diffimuler, qu'il paroît eiTenciel de ne pas mafquer le grand efcalier par ces portes qui en intercepteroient, pour ainii-dire, la communication. Nous confidérons donc ici la Pièce M 3, comme
Anti-chambre ; nous aurons occaiion ailleurs de traiter des Salles à manger; &, quoiqu'irréguiiere , cette pièce, comme Anti - chambre, eil fans in- convénient. Nous difons irreguliere, parce qu'elle eü feulement à pans coupés, du côté oppofé au mur de face , & que chaque cheminée eil placée dans un de {es angles : fans doute" elle eût été mieux iituée en face de la croifée ; mais l'enfilade S Τ, nous a paru préférable. D'ailleurs cette pièce s'eil trouvée trop peu profonde, pour placer cette cheminée fur le mur de refend, qui fépare cette pièce d'avec le Veilibule : le mur de face qui lui eil oppofé, ne pouvoit pas non plus la recevoir, à caufe de la décoration extérieure, & delà croifée indifpenfable, qui fe trouve de ce coté; croifée néanmoins , qui ne rend pas cette Anti-chambre mieux éclairée , n'en ayant qu'une du côté de l'entrée, & celle-là produifant peu de lumière ; fon principal objet, dans ce Plan, eil de contri- buer à former l'enfilade VX; percé néceffaine à la fymétrie des dehors , & qu'il nous a paru eflen- cielde ne pas négliger. Au refte, ces irrégularités Tome IF. * Ρ |
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22Ó Cours
peuvent fe tolérer dans cette Anti-chambre; mais
elles deviendroient autant de licences dans une pièce plus| importante. Il eil donc eflenciel que î'Architeâe fçache fe défendre ou fe permettre 1'ufage des reffources ou des licences de fon Art; ces dernières font prefqùe inévitables , fur-tout lorfquil s'agit de la diilribution d'un Edifice con- fidérable, où il convient de concilier enfemble la folidité, la commodité & l'ordonnance. Nous ne doutons point que ce ne foient ces difficultés qui ont empêché la plupart des Maîtres de l'Art, de donner des préceptes particuliers fur la distribu- tion. A notre égard, nous avons cru devoir fran- chir cette crainte, en avouant de bonne foi les écœuils qu'entraîne après foi cette triple unité. No- tre Plan n'eil pas exempt de défauts fans doute; mais ces défauts nous fournifTent l'occafion de parler des moyens qu'il convient d'apporter, pour les faire éviter à nos Elevés, dans les parties les plus eflen- cielles de leurs productions. La décoration de cette Anti-chambre doit être
tenue d'une moyenne richefTe , parce qu'elle fert ici de Salle à manger. Sa corniche , y compris fa vouflure, a de hauteur la feptieme partie de toute celle de la pièce. Deux portes feintes qui fymé- trifent, l'une à celle qui donne entrée dans cette Anti-chambre parle Veftibule, l'autre, à la croifée comprife dans l'enfilade V X, contribuent à fa ré- gularité : fes lambris peuvent être imprimés en blanc, & être ornés de Sculpture, à caufe de la préfence des Maîtres , & en faveur de fon avoi- iinement avec la Salle de compagnie M 4, dont nous allons parler, après avoir obfervé que le ventail d'une des portes feintes de cette Anti- chambre , communique à une garde-robe marquée |
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D'A R CHI TE CT URE. 227
M 5 , que nous aurons occafion de décrire dans
la fuite. Des Salles de Compagnie,
La Pièce marquée M 4, eil défignée ici fous le
nom de Salle de compagnie (/). Elle a vingt-huit pieds de largeur, fur trente - huit de profon- deur , & ving-un pieds de hauteur. Les enfilades S Τ & A Β parlent par le centre, ce qui lui pro- cure une difpofition avantageufe ; mais il eil a re- marquer que , pour fatisfàire à cette difpofition, il en eft réfulté la néceffité de placer les cheminées dans les angles, du côté de l'entrée , par l'Anti- chambre M 3 : ce qui nous a déterminé, ne pou- vant guère faire autrement, d'affecter, du côté oppofé à ces pans coupéss des tours creüfes, qui, en rendant cette pièce, pour ainfi-dife irreguliere ] ne laiifent pas néanmoins de conferver une forte de fymétrie dans chacun de (es angles, quoiqu'ils diffèrent dans leur forme. Ce qui nous a fait prendre ce parti, que nous
ne conieillons pas d'imiter, fans de fortes raifons, ceil que, d'une part, la largeur des croifées nous' a laiffé trop peu d'écoinçons du côté du mur de face, pour pratiquer des pans coupés , & que |
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(t) Le mot de Salle, félon Volfïus, vient de l'Allemand,
Saal 3 quia la même iîgnifîcation. Vitruve, Liv. 6, Cliap. y , parle de trois efpeces de Salles : les premières, qu'il nomme Tétraftyles, ont, dit-il, quatre colonnes ; les fécondes, qu'il nomme Corinthiennes , ont des colonnes engagées dans le mur ; les troiiïémes qu'il appelle Egyptiennes , ont dans leur pourtour un périftyle de colonnes ifolées. Ce font ces der- nières pièces que nous nommons en France, Salions à l'Ita- lienne , tel, à peu-près, que celui de notre Plan marqué M z. Pij
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22.8 Cours
du côté de Γ Anti-chambre, il a fallu néceiTaire-
ment obferver ces pans coupés, pour y placer des cheminées d'une largeur relative à la grandeur de la pièce. Cette dernière coniidération nous a dé- terminé à rendre irréguliers les angles, pour ame- ner , de 'l'autre part, la régularité des quatre gran- des parties des lambris placés à côté des deux portes d'enfilade. En faveur de ces quatre parties de lambris , nous avons renoncé à l'agrément qui auroit pu réfulter d'une décoration plus exa&e, ii les quatre angles de cette pièce euiîent été fem- blables entr'eux: car on ne peut diiîimuler, qu'en entrant dans cette Salle de compagnie , par le Sallon M ζ, qui s'annonce par l'enfilade A Β, les deux parties anguleufes, de droite & de gauche, préfentent une difparité choquante , qui ne s'ob- ierve pas, en entrant par l'Antichambre M 3 '9 fans détruire néanmoins , le défaut dont nous par- lons. Or ce défaut ne peut fe tolérer ici, qu'en ,faveur des dehors, qui, dans ce projet, devien- nent , pour ainii-dire , un objet de préférence, au- quel tout doit céder ; quoique dans l'intérieur » cette pièce piiiffe néanmoins être regardée com- me capitale, dans cette diilribution, par raport à fa deitination particuliere, & par raport à l'enfi- lade principale. Pour fe rapprocher plus près de la fymétrie ,
on a affe&é une cheminée feinte, à la droite de cette pièce , qui peut être échauffée par un poêle placé derriere , ou qu'on allumeroit par la Pièce M 3, fans nuire à la folidité, quoiqu'il paroiffe ici, que cette partie anguleufe foit aifoiblie par le vide Q : mais comme ce vide ne monte pas de fond, il ne peut nuire' à la conftruóHon. Au reite, nous ne rapportons ces obfervations, que |
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d'Architecture. 229
pour faire part, à nos Le&eurs ? des licences qu'on peut fe permettre quelquefois, pourvu qu'on évite d'en faire ufage, lorfqu'on peut s'en difpenfer » & qu'il en réfulte un bien réel, pour les de- dans & pour les dehors de l'Edifice : ce qui , dans ce cas, annonce plutôt l'intelligence de l'Ar- tifle, que fon impéritie. Il faut convenir, cependant, que la pièce dont
nous parlons , fujette à raffembler une nombreufe compagnie , porte le défagrément, par fa difpo- fition , de ne pouvoir contenir un certain nom- bre de fieges, néceffaires à fon ufage, défaut qu'il convient d'éviter, & qui entraîne après foi l'in- convénient de faire faire des meubles exprès : dé- penfe excefîive, qu'on ne peut guère fe permettre, que lorfqu'ileil queftion d'une MàifonRoyale; au- trement, ces acceiîbires, achèvent fouvent de rui- ner le Propriétaire : de maniere, qu'on a vu plus d'une fois ces derniers, forcés de fe défaire de leurs demeures, pour le prix que leur avoient coûté les meubles. Nous remarquerons encore, que la Pièce, dont
nous parlons , eil un peu profonde , pour n'être éclairée que par deux croifées, dont les parties fupérieures fe trouvent à couvert, par la faillie du fofite de l'architrave de l'entablement exté- rieur. Comme Salle de compagnie, certainement cette pièce demanderoit une lumière plus confi- dérable : deux croifées fuffifent, fans doute , pour une deuxième Anti-chambre ; mais comme on l'an- nonce ici pour un autre ufage, comme elle fait partie des enfilades A Β, & qu'elle avoifme le grand Sallon M 2, elle auroit dû recevoir plus de lumière. Pour obvier à ce défaut, nous ne connoifTons qu'une reiTource, c'eil d'y multiplier les glaces, ce qui Ρ iij
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5-30 Cours
ne fe peut guère ici par la difpoiition des lambris ;
en forte que le meilleur parti qu'on puiffe pren- dre , en pareille circonfïance, eft de peindre fes revêtîffements en blanc, ou d'une couleur tendre , qui puiffe en corriger l'obicurité. Néanmoins , ce confeil, bon par-tout ailleurs, ne convient guère dans cette pièce, parce que dans une Salle de compa- gnie, d'une continuelle habitation, ces couleurs clai- res font fujettes, pendant l'hiver, à fe ternir, ainii que les dorures , par la chaleur du foyer & la fumée des bougies. Ces coniidérations doivent encore faire ufer avec prudence de l'emploi de la Sculpture dans les plafonds ; car ces ornements deviennent mé- ConnohTables au bout de quelques années, ainii qu'on le remarque , dans la plupart des Apparte- ments des grands Hôtels bâtis dans cette Capitale. Enfin, nous remarquerons qu'une Salle de com- pagnie, qui, ordinairement, fuccéde à une Salle à manger, doit avoir au moins un percé qui donne, d'un côté, dans l'une des croifées du mur de face, & qu'il faut faire enforte, que cette croifée foit plutôt placée du côté du Jardin, que du côté de l'entrée, quoiqu'elle ne fe trouve pas ainii dans notre Plan. Ce qui détermine à en ufer de cette maniere, c'eft, qu'étant à table fur le midi, on aime à jouir de l'afpecl des Jardins : comme le foir, on eil bien aife qu'une glace, placée dans le trumeau , du côté de l'entrée, perpétue la lu- mière des girandoles , & termine agréablement cette enfilade , pratiquée dans la profondeur du Bâtiment. Au refle, quand cela ne fe peut ainiî, deux percés font un également bon effet, ainii que deux trumeaux ; mais il faut éviter abfolument qu'on aperçoive d'un côté, une partie du tru- meau , & de l'autre, une demi croifée : cette ir- |
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d'Architecture. 231
régularité eil un défaut contraire à la fymétrie
qu'on doit obferver jufques dans nos Maifons par- ticulières. Dans notre Plan, la difpoiition des dehors, n'a pu nous permettre ce percé, que du côté de l'entrée, quoiqu'il eût été mieux du côté des Jardins, ce qui auroit pu fe faire à la vérité, en ne perçant ce dernier mur que par une feule croifée > comme du côté de l'entrée; mais alors la Pièce M 4 n'auroit plus été aifez éclairée , dé- faut plus condamnable encore que celui qui fe remarque dans ce Plan. ■
Des Salies a'Affzmblèe.
La Pièce marquée M 6 , eil une Salle d'afTem-
blee de trente deux pieds de longueur , fur vingt- cinq de profondeur , & fur autant de hauteur. Elle eil ici bien éclairée par trois croifées ; fa che- minée eil auiîi placée convenablement dans le milieu de fa profondeur, fur le mur de refend, Ien face de fa principale entrée. La néceiîité d'ob-
ferver une fymétrie exa£te dans cette pièce, nous a fait placer une cloifon fur laquelle eil attaché le lambris, vers l'écoinçon de l'angle K, à deiTein de faire ce dernier égal avec celui qui lui eil op- pofé. Il eil vrai que cette cloifon, ainfi pratiquée r donne fept pieds de largeur, à l'embrafure de la porte à placard, qui donne entrée à cette Salle d'affemblée , par la Salle de compagnie, & que ce lambris, ainii avancé, diminue d'autant la lon- gueur de cette pièce ; mais nous avons mieux aimé employer ce moyen, que de rendre les.écbin- çons inégaux, dans une pièce telle que celle-ci, fufceptible par fon ufage, d'une décoration inté- reiTante ; d'ailleurs, l'intervalle obfervé entre cette Piv
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232 Cours
cloifon & le mur de refend , peut fervir d'armoire,
capable de contenir différents uilenfiles relatifs à rufage de la pièce. Nous difons relatifs à Tufage de la pièce ; car, fous le nom de Salle d'aiTem- blée, on comprend ordinairement celle j où s'affem* bie la fociété Faprès midi, pour y tenir jeu, faire de la muiique, &c : ou bien celles qui font deiti- nées à donner des audiences publiques ou parti- culières , comme fe remarque dans notre Plan, la Pièce M 10, faifant partie de l'Appartement de parade, deitiné pour le Maître de la Maifon : quelquefois auiîi on la donne à un Etranger de quelque confidération, pondant fon féjour à la campagne. Chez les Princes du Sang, cet Ap- partement eil deitiné pour le Monarque ; ainfi que cela eft arrivé à l'ancien Château de Mai- fons , à celui de Petit-Bourg; & que cela fe pra- tique encore aujourd'hui à Chantilly , à Ram- bouillet , & ailleurs. Au reite, de quelque efpèce que foient les Salles
d'aiTemblée, dont nous parlons, il faut que leur périmètre foit de forme régulière, à caufe du nombre des iiéges & des meubles d'ufage qu'elles doivent contenir. On a coutume d'y placer des fofas , des tables de marbre, des encoignures , un bureau, un Clavecin, &c. confidération qui nous a déterminé à n'affe£ter aucune porte feinte, dans les deux Salles d'aiTemblée M 6 & M 10, parce qu'il nous paroît peu vraiffembfable , contre l'ufage ordinaire, de placer des fiéges ou des meubles devant des portes , qui, quoique factices , paroiiTent aux Etrangers devoir s'ouvrir. Cette réflexion nous a auiïi fait prendre le parti de laiiTer la cheminée fur Tun des murs latéraux/ de cette pièce , & non en face des croifées; cette |
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D'A R C H Ι Τ Ε € Τ U RJE. 233
dernière maniere ne fe tolérant guère que dans
les Cabinets de travail ou d'étude (u). D'ailleurs , il faut prendre foin, lorfqu'on les place, comme dans les pièces M6&M10, qu'elles foient tou- jours en face de la principale porte d'entrée : premièrement, parce qu'elles font fpeclacle, leur chambranle étant de marbre , leur manteau re- vêtu d'une mënuiferie ornée de fculpture , de dorure & de glaces ; fecondement, parce qu'elles permettent plus volontiers, l'hiver, de faire cercle autour de leur foyer : ajoutons que, placées ainfi, elles font moins fujettes à fumer; parce qu'il eil plus aifé alors de proportionner le volume d'air qui circule dans la pièce, à la colonne d'air ex^ térieure , qui fe rrouve , pour ainii-dire, challée avec violence, par le vent de la porte d'entrée, qui , s'oLivrant plus fréquemment que celle qui lui eil oppofée, fert, pour ainfi-dire , de venti- lateur à cette cheminée. Les Salles d'aifemblées fe décorent, félon la di-
veriité de leur ufage , de belles tapiiTeries ou de lambris. Lorfque ce font des tapiiTeries, on en décore feulement les parties marquées a, £, ex- primées dans la pièce M 6 ; Je reite eil occupé par de la menuiferie. Ces tapiiTeries alors., fe re- nouvellent, félon les faiibns, ce qui occafionne une certaine variété aux Appartements, que les lambris ne peuvent leur procurer : car à l'ex- - w / .
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(«)%On préfère quelquefois, dans ces fortes de pièces, de
placer les cheminées en face des croifées, parce que l'hiver, près du foyer, & livré à la lecture, la lumière vient frapper fur les livres, fans fatiguer la vue 3 pourquoi, nous l'a- vons pratiqué aiiaß,, Pièce Ν 5, dont nous parlerons en fon lieu. |
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2j4 Cours
ception des fieges, âes rideaux & des portières (χ) ,
leur décoration reite toujours uniforme. L'ufage des étoffes, dans les pièces dont nous parlons , n'empêche pas que les murs de face, & ceux de retour, y compris les portes à placard & les che- minées , ne foient revêtus de menuiferie ; mais c'eit ici qu'il faut réfléchir fur les teintes qu'il convient de donner aux lambris; teintes qui doi- vent tout à la fois , tenir du ton foncé des meu- bles d'hiver, & du ton clair des meubles d'été. Qu'on ne s'y trompe pas, ces diverfes réflexions font inféparables de la compoiition du Plan de l'Architette; auffi avons-nous recommandé plus d'une fois, à nos Elevés, & leur recommandons-nous encore ici, de viiiter fouvent les demeures des grands Seigneurs , les Edifices publics , & les Maifons des riches particuliers ; là, de réfléchir fur l'efprit de convenance, furies objets de goût, & fur les chofes d'agrément ; afin qu'au befoin & fans effors, ils puiiTent faifir le véritable genre qu'il convient de donner à la décoration de cha- que Appartement, & toujours à raifon de l'éco- nomie ou de l'opulence des perfonnes pour qui l'on bâtit. |
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(x) On ne fait plus guère ufage aujourd'hui des portières
dans nos Appartements parés, à l'exception des pièces defti- nées, l'hiver, à l'habitation des Maîtres; encore cela ne s'ob- ierve-t-il guère que dans les Maifons élevées dans la Capitale, quoiqu'il s'en remarque encore dans le-s Appartements du Roi., à Verfailles , à Fontainebleau, à Marly & ailleurs : cette efpece de meuble, félon nous, anonce cependant une certaine dignité -, elle contribue d'ailleurs à caraclérifer tel Appartement d'a- vec tel autre Appartement 5 mais la mode aujourd'hui fembie exclure tout ce que nous appelons dans ce Cours 3 le raifon-- nement de l'Art. |
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d'Architecture. 235
Nous en avertiiïbns, les obfervations que nous
faifons fur la partie de la décoration intérieure, à propos de la diitribution de notre Plan, ne font point déplacées ; & , duiîions-nous nous répéter dans le Volume qui va fuivre, nous, croyons que le vrai moyen d'acquérir l'art de diftribuer un Plan, eil de faire fentir en même temps a nos Elevés, la relation que cette partie intéreifante de l'Architecture doit avoir avec la décoration des dedans, & celle-ci avec celle des dehors; il faut donc s'attendre & même s'accoutumer à cette répétition indifpenfable , dans un ouvrage d'une certaine étendue, & divifé, comme nous avons cru le devoir faire , en trois parties, pour diiHn- guer chacun des objets particuliers de l'Art, qui réunis aifemble , dans un projet, doivent paroître ne faire qu'un feul & même tout. Dans notre Plan , la Salle d'affemblée M 6,
qui appartient à un Appartement de fociété, eft tenue un peu plus profonde que les dimenfions propofées au commencement de ce Chapitre ; mais l'ufage auquel cette pièce eit deitinée ici, nous a engagé à lui donner vingt-cinq pieds de profondeur, tandis que nous n'en avons donné que vingt-un {y) à celle M 10. Nous avons pris ces quatre pieds, fur lefpace qu'occupent les garde- robes pratiquées dans le femi-double de ce Plan. Les dofferets des portes à placard qui forment
la principale enfilade AB , & qui font corps avec le mur de face, font peut-être, un peu foibles ici ; (y) Nous rendrons compte dans la fuite de notre defcription,
pourquoi Ja Salle d'aiTemblée M 10, peut avoir moins de pro- fondeur que celle. M 6, |
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2j6 Cours
& il l'on plaçoit dans les trumeaux de chaque
pièce, des tables de marbre, ou des crédences, comme cela fe ^pratique ordinairement, il feroit à craindre que les faillies de ces meubles n'in- terrompiflent la direction de cette même enfilade , ainii qu'on le peut obferver, dans les grands Ap- partements de Verfailles. Certainement, ce dé- faut que nous relevons , & dans cette Maifon Royale, & dans notre Plan , doit s'éviter abfolu- ment : ainfi, on ne peut raisonnablement, donner a ces dofferets moins de vingt-un pouces ; de même qu'il eft effenciel de ne leur jamais donner au-delà de deux pieds & demi ; dans la crainte qu'une plus grande largeur n'empêchât de placer l&s cheminées, dans le milieu de la profondeur des pièces , ou n'obligeât d'approcher ii près leur chambranle de celui des portes, qu'on n'eût plus la liberté de faire ufage du foyer. Au reite, lorf- qu'on ne peut donner à ces pieds-droits qu'en- viron" un pied, il faut avoir l'attention de con- fulter la moindre largeur qu'on peut donner aux chambranles des portes à placard, relativement au caractère qui doit préfider dans l'ordonnance de la pièce ; il faut auiîi coniidérer le recouvrement que doit avoir le lambris fur la maçonnerie; & enfin la diflance ({) que l'on peut laiiîer entre ce revêtiiîement & le chambranle. Ce n'eil que d'a- près toutes ces attentions , que l'on doit conitater |
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(r) Cette diftance ne doit jamais avoir moins de quatre pou-
ces , afin que le chambranle ne fe confonde pas avec le devant du lambris de revêtiiîement du mur de face ; d'ailleurs , les quatre pouces propofes ici, font, ailez, ordinairement, la lar- geur des champs qui forment l'intervalle des cadres qui coiu- pofent les compartiments des lambris. |
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d'Architecture. 237
définitivement la largeur des dofferets : mais û ,
par rapport à l'enfilade principale, on ne pouvoir leur donner que moins d'un pied , il faudroit alors convertir ce chambranle en bandeau, afin d'éviter que non-feulement il ne pénétrât le lam- bris du mur de face, mais qu'il pût y avoir un champ qui l'en féparât. Dans le cas où cette même enfilade contraindroit de donner à ce doiTeret vingt, vingt-cinq ou trente pouces de largeur , il faudroit d'abord à côté dtl· chambranle, intro- duire un champ qui fit avant-corps, & enfuite un pilailre ravalé ou embreuvé , qu'on pren- droitfoin de répéter de l'autre côté du chambranle, pour plus de fymétrie. Ce que nous venons de dire, concernant les
Salles d'aifemblée , regarde également les Salles des gardes , les Salles d'Audience, les Salles du dais, les Salles de compagnie, les Salles à man- ger , &c. La fymétrie & la proportion font, non- feulement du reifort des pièces dont nous par- lons ; mais auffi de toutes celles qui entrent dans la compoiition d'un Plan. Nous détaillerons ces différentes pièces, à mefure que nous avancerons dans la defcription de notre projet, ainfi qu'à l'occafion des diitributions filivantes, Des Cabinets.
La Pièce M 7 eft un Cabinet (a), éclairé par
deux croifées : il a feulement vingt - trois pieds de profondeur, fur vingt-un de largeur, & autant |
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(a) Cabinet , du latin Tablinum &\Muf&um t pièce fe-
erete, où l'on s'applique à l'étude. |
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r$8 Cours
de hauteur : cette forme, prefque quadrangulaire,
oppofée à celle de la Pièce M 6 qui la précède, & à celle de Ni, qui lui fuccede, procure une va- riété néceflaire , dans les diverfes Pièces qui com- pofent la diilribution d'un Plan. Il feroit défa- · gréable , ainfi qu'on le remarque dans la plupart de nos anciens Edifices , que toutes les Pièces d'un Bâtiment fuiTent de même forme & grandeur. Il faut même prendre garde que, lorfque nous avons rapporté, qu'aujourd'hui on donnoit trop de mou- vement ou trop de chantournement au périmètre des Chambres, des Cabinets, des Salles à man- ger , &c. cette réflexion ne portoit que fur les contours diflemblables & irréguliers de chacune de ces Pièces , coniidérée féparément, & non fur leurs difpoiitions, qui doivent nécessairement dif- férer entr'elles ; de maniere qu'on puiffe, dans l'enfilade d'un Edifice , d'une certaine étendue , en rencontrer d'oblongues, de barlongues, de carrées & à pans, ainii que fe remarquent celles M4, M 6 & M 7 de notre Plan. A ces obfervations, plus importantes qu'on ne
s'imagine, il faut ajouter que, de ces Pièces de différente grandeur, fur une même hauteur de plancher, il réiulte plus d'une difficulté, pour ac- corder les rapports de leurs divers diamètres ? avec leur élévation commune , puifqu'il eil prou- vé, d'après ce que nous avons rapporté précédem- ment, page 201 & fuivantes, que, plus les Pièces ont de diamètre, & plus elles doivent être élevées ; qu'au contraire, elles doivent être réduites à une moyenne hauteur, lorfque leur diamètre devient moyen. Nous avons rapporté encore , & il con- vient de le rappeler ici, que, dans le cas où les Appartements fupérieurs doivent être de plain- |
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d'Architecture, 239
pied, il faut , après avoir pris la moitié du
produit de la hauteur des plus grandes Pièces, 8έ de celle des moyennes, avoir recours pour ces premières aux corniches de couronnement com- posées , offertes dans la Planche XXXIX Fig. I. A moins qu'on ne fe trouve dans le cas des Bâti- ments à un feul étage, tels , que le Palais Bour- bon, l'Hôtel de Lafîay, le Château de Trianon, &c. & telles que font les Pièces de notre Plan, qui fe trouvent comprifes dans les ailes KL, dont on peut baiffer ou élever les planchers , dans la char- pente des combles pratiqués au-deiTus, afin que, par-là, on puiffe concilier la hauteur des Pièces d'un plus petit diamètre , ou d'un diamètre plus coniidérable ; avantage dont nous avons profité clans notre projet, en compofant les ailes Κ L d'un feul étage ; ce qui, en procurant de l'agré- ment & de la variété dans l'intérieur, a produit auiîi une ordonnance d'Architecture dans les de- hors , qui nous paroît réuiîir dans la décoration des Palais de l'efpece de celui dont nous parlons. Pour ne pas répéter ce que nous avons déjà dit,
fur les corniches des Appartements, nous obferve- rons que celle du Cabinet M 7, regardé comme pièce moyenne dans ce Plan, a feulement trois pieds & demi de hauteur, y compris une calotte d'environ deux pieds; en forte que ce Cabinet fous corniche , n'a guère que dix-fept pieds & demi de hauteur de lambris, dont il faut déduire environ deux pieds trois quarts, pour le lambris d'appui ; à quoi nous ajouterons que les profils , dont eil compofée cette corniche , doivent fe reffentir du caractère de légèreté 6k de ri- cheffe du revêtiffement de Menuiferie qu'elle cour ronne : qu'enfin elle peut être fculptée & dorée ; |
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240 Cours
mais qu'elle ne doit pas recevoir la même cou-
leur d'impreiïion que le lambris , afin que la hau- teur de ce dernier paroiffe fe terminer fous la corniche ; pendant, au contraire, que dans les grandes pièces, où la hauteur des corniches doit être réduite, il faut affecter de les colorier comme le lambris , à deifein de faire paroître les pièces plus élevées, de maniere qu'il n'y ait plus que la furface du plafond qui ibit peinte en blanc: cette reiïburce, d'ailleurs, apporte une ingénieufe diveriîté , dans les pièces qui compofent les lam- bris d'un Appartement. C'eil j n'en doutons point, dans cette partie de
la décoration , que la plupart des Architectes de nos jours ont excellé, quoiqu'ils fe foient éloi- gnés du genre des le Brun & des le Pautre, & que plufieurs aient portée l'élégance , & peut-être la frivolité trop loin : mais on ne peut difconvenir, qu'au moins , il fe rencontre des détails charmants dans les produirions de ce dernier genre : que, même aujourd'hui, le goût des ornements fe fait admirer , ainli que nous aurons occafion de le rapporter, dans le cinquième Volume de ce Cours. Contentons-nous à préfent, de faire entendre à nos Elevés, que, pour avoir ce genre cle talent, il faut qu'ils aient foin de s'occuper de bonne heure , de cette partie du goût qui ne s'acquiert ordinai- rement que par l'exercice du defîin; en exami- nant, avec attention, la route que les meilleurs Maîtres ont fuivie, & en fe rendant compte des obitacles qu'ils ont fçu vaincre, des reffources qu'ils ont employées, enfin des moyens qu'ils ont mis en œuvre, pour parvenir à concilier enfembîe la commodité avec la folidité, la fymetrie avec la beauté, & fouvent, la dignité avec la belle fimplicité. La
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ο Architecture. 24I
La cheminée du Cabinet, dont nous parlons ,
elt auiü placée dans le mur de refend oppoié à la porte qui, delà Salle d'affemblée M 6, don- ne entrée dans cette pièce; Tune & l'autre faifant partie de 1 Appartement de fociété. Ce Cabinet, alors, eit particulièrement deitiné , les jours de galas , à retirer les Convives, & à les garantir du tumulte d'une compagnie nombreufe ; ou au contraire, on s'y amufe à des jeux qui , deve- nant bruyants, troubleroient le plus grand nom- bre des perionnes qui compofent la fociété. Nous avons auiîï évité les portes feintes dans ce Cabinet a deifein de laiffer plus de place pour les fieees' Cette pièce, & la précédente, n'ont aucune com- munication apparente avec ks Garderobes M ç «■ M 8, deihnées cependant, pour les commo- dités de 1 Appartement de fociété, compofé, non compris le Sallon M 2 & la Pièce M ο, des Pièces M 3, M 4, M 6 & M 7; de manière que, fans la porte mafquéee, il faudroit revenir par l'An- tichambre , pour faire ufage de ces Garderobes ce qui apporteroit un inconvénient auiîi indé- cent que pénible. C'eft pour éviter un tel incon- vénient , que nous avons percé cette porte e · elle s'ouvre avec le lambris, & fe trouve, dans le mur de refend oppofé aux croifées, pour com- muniquer plus facilement aux Garderobes déia ' citées, dont celle M $ , eil deftinée pour tenir une femme de chambre : alors cette petite pièce donnerait entrée au lieu à foupape M 8 , pour les Dames; car il feroit peu convenable que les perfonnes de dehors fiflent ufage des autres Gar dérobes marquées Ν 2, Ν 3, N7, qui, dans ce Plan, lont réiervees pour l'Appartement paré Ni Ν/ linutrophe de celui de fociété dont nous parlons' Tome IF. Q V
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242 Cours
;î Pour traiter dé fuite des Pièces quicompofent
φ l'Appartement de fociété, paffons à celle mar-
quée M 9, qui doit lui fervir de fupplément. Cette Pièce a vingt-huit pieds de largeur, trente- quatre de profondeur, & vingt-un de hauteur. Comme l'enfilade A Β lui fert d'axe , cela nous a déterminé à placer la cheminée fur le mur de re- fend oppofé aux croifées; cette pièce, d'ailleurs , ne doit avoir aucune communication avec le grand Efcalier Y i. La forme de ce Cabinet eft irrégu- lièrement régulière, l'intérieur du mur de face étant furbaiffé, & celui vis-à-vis, déterminé par une ■feule ligne droite. Nous n'avons pas craint de faire ici ufage de cette forme, afin que les parties de lambris c d, foient parfaitement fymétriques. Nous remarquerons néanmoins > que cette tout creufe qui, du côté de la cheminée , fait unifiez bon effet j paroît vicieufe , lorfqu'on traverfe cette pièce par l'enfilade A Β ; fa droite & fa gauche , vers fes extrémités, étant duTemblables. Mais, -comme nous venons de le dire, il étoit indifpen» fable d'obferver une Végularité fcrupuleufe, dans ^îes quatre parties de lambris c d; ce qui ne feroit pas arrivé, fi nous avions continué le mur dé face, comme le mur de refend, tel que l'exprime * la ligne ponftuée ef. D'un autre côté, ii nous
avions fait continuer le lambris dans une même di- rection, comme la féconde ligne ponctuée 'a b, 'les embrafures des croifées feraient devenues trop profondes, & cette profondeur auroit fouftrait une partie de la lumière qu'il étoit néeeifaire de conferver, dans une pièce de trente-quatre pieds de longueur. Plus les pièces ont d'étendue, moins il faut donner d'embrafure aux croifées ; on doit même «tenir celles-ci le plus élevées qu'il eft poifibie; «2*
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d'Architecture. 243
parla raifon, que le Soleil élevé à quarante-cinq
dégrés,.ne peut pénétrer jufqu'au revêtiiTement placé fur le mur oppofé aux croifées : d'où il ré- iulte que toute la décoration des lambris , lès tableaux & la fculpture placés de ce côté, fe trouvent éclairés de reflet, ce qui produit un changement inévitable dans les maiTes & dans les parties , quoique le décorateur ait pris le plus grand foin de rendre chacun de ces objets ré- guliers. Les deux derniers moyens propofés , par la li-
gne ponctuée e ƒ,- a b, ne peuvent donc avoir lieu ici;-& la tour creufe nous a paru obvier à ces deux inconvénients; non que nous approuvions ce contrarie dans la forme d'une^, pièce fufcep- tible d'une certaine magnificence : autre chofe eit. de fe permettre de caler un lambris de quel- ques pouces , de rejeter une erreur peu conii- dérable fur la largeur d'un panneau, d'un pilaitre, .ou autre corps de menuiferie; ces erreurs étant toujours comptées pour rien, fur-tout lorfqu'elles font portées fur les grandes parties de la décora- tion , & que TArtifte , en fe les perrnerant, fait les mafquer, par fon induitrie & fon intelligence. Quelquefois encore, lorfque les embrafures de- viennent trop profondes , on a recours , dans les Appartements d'hiver, aux doubles châffis, les uns, pour fatisfaire à la décoration extérieure, les autres, pour parvenir à celle des dedans. Il faut fa voir néanmoins que ces doubles châifis ôten-t beaucoup de jour, & que, pour y remédier, il ne faut employer que des châffîs comparus par de grands carreaux garnis de glaces ou de verres de Bohême; & que, malgré cela, il convient de peindre les lambris en blanc, ce qui cependant Qij
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244 Cours
ne doit pas fe faire dans toutes les pièces d'un
Appartement , ainfi que nous le remarquerons
bientôt.
Nous avons déjà dit quelque chofe de la Pièce
M 10, en la faiiant connoître "comme une Salle d'aifemblée de trente-trois pieds de longueur, fur vingt-un pieds de profondeur, & vingt-trois d'élévation ; mais nous avons promis d'y revenir, pour déiigner fon ufage particulier : car, quoi- qu'elle puiffe faire partie, dans l'occafion, de ΓΑρ» parlement de fociété, encore eit-il certain qu'elle eil principalement deilinée à fervir de Salle d'au- dience à l'Appartement de parade marqué Ρ ; cette pièce étant dégagée par une Anti-chambre Mu, prife dans la profondeur du Bâtiment, & qui a fon entrée par le grand Efcalier Y ι : en forte que le Propriétaire, dans le cas de donner une au- dience extraordinaire pendant les heures confa- crées à la fociété , celle-ci auroit pour retraite les pièces Mo,Mi,M4,M6,M7, dans lefquelles on arriveroit par le Veftibule M ι, & par l'Anti- chambre M 3. Alors cette Salle d'affemblée M 10, quoique faifant partie de l'enfilade A Β, devroit être décorée d'un ftyle plus grave; on y em- ployerpit moins de fculpture, de glaces & de do- rure que dans les pièces précédentes. Qu'on y prenne garde, cette obfervation doit être regardée comme dn principe inconteftable, parce qu'il eit contre les règles de la convenance, d'orner éga- lement , & dans un même genre, les différentes pièces intérieures d'un Edifice : cependant, ofons le dire , c'eil un défaut dans lequel tombent gêné* ralement prefque tous nos Décorateurs ; la mul- tiplicité des ornements femble être feule leur ob- jet. Il eft vrai qu'on ne fait plus de rocailles > de |
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©'Architecture; 245
dragons, de palmettes, de pagodes, comme il y
a vingt ou trente ans; mais on leur a fubilitué depuis, fans trop favoir pourquoi, des rofaces, des ferlons, des guillochis, des formes carrées , pefantes & Égyptiennes ; enfuite, comme c'eil la mode aujourd hui, on a introduit, même dans les lieux les plus graves, les Chimères & Iqs Ara-' befques, en attendant, fans doute, qu'à leur tour, les marmoufets âcs Gots viennent occuper la fcêne. Il eil vrai qu'il faut convenir, fur-tout à préfent, que tous ces différents objets étant traités par nos plus habiles Artiiles, l'excellence de leur tra- vail féduit la plupart des perfonnes de goût ; mais, félon nous, qu'il y a loin de cette richeiïe à la beauté que nous concevons! Qu'on nous permette une réminifcence : pourquoi ne s'en eil on pas tenu aux productions d'Hardouin & de Bullet en ce genre ? Qui de nous ne fe rappelle pas avec plai- iir la décoration intérieure de Clagni, de Trianon, & du Château dlify pour les grands Apparte- ments ; &, pour les petits, les dedans de la Mé- nagerie, charmante bagatelle, où tout annonce une légèreté ingénieufe. Mais finirions cette di- greffion, & difons , que quelques excellents ta- bleaux allégoriques fur un fond d'étoffe de cou- leur affortie à celle des lambris , nous paroî- troient la décoration la plus convenable, pour le revêtiffement de la pièce M 10. Nous croyons encore que le chambranle de la cheminée, de- vrait être d'un beau marbre antique, revêtu de bronze d'un bon genre, d'une forme févère ; mais non-reifemblante à nos pieds de tables. Nous dé- ferions peu d'ornements au-deiïus; mais nous les voudrions réguliers : enfin, au lieu de glaces * nous préférerions des panneaux de fculpture dans |
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les trumeaux du mur de face. Nous fouhaiterions
que les porces à placard fuffent parfaitement fy- métriques,& d'une proportion'relative à celle des croifées ; que la forme des attiques fut analogue à la richeife des portes à piacard, & au manteau de cheminée ; en un mot, que les meubles , les luilres , les torchieres fe trouvarTent aiïbrtis à l'ordonnance impofante qui doit préfider dans cette pièce. Il ne faut pas s'y tromper, la retenue que nous
recommandons ici, ne peut jamais nuire à l'accord qui doit régner dans les différentes pièces coxn- prifes dans l'enfilade principale ; au contraire, cette variété de ilyle fait oppofition, pourvu qu'on y fache éviter une difparité choquante, écart que nous n'avons garde de jamais approuver ,< ni de confeiller à nos Elevés. Cette pièce M 10, paroîtra peut-être un peu
oblongue, ayant trente-trois pieds de longueur, fur vingt-un de largeur feulement; mais nous avons déjà averti, que l'on pouvoir quelquefois s'écarter du rapport déterminé, par la diagonale du carré for- mé fur fon petit diamètre : par exemple, il fem- ble ici qu'elle doit avoir une certaine longueur, étant deitinée à contenir une quantité de iieges pour les Gourtifans, à donner des audiences, &c. que pour cela, on y doit circuler avec facilité , fans empêcher néanmoins les perfonnes âgées , fatiguées ou infirmes, de fe repofer, en attendant la préfence du Maître. On doit favoir encore, qu'autant qu'il eft poifible, il convient de terminer la partie fupérieure de ces fortes de pièces , par des voûtes en arc de cloître furbaiflees; autrement, lorfqu'elles ne font que plein-cintre en berceau, elles ont trop de reiTembiance avec les voûtes des |
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fouterraîns ; genre peu convenable à la décora-
tion des Appartements. Mais,:pour que cette voû- te produife un bon effet, il faut pouvoir don- * ner, comme nous l'avons;dit ailleurs , une aifez grande hauteur au plancher; autrement, on doit fe contenter d'une calotte qui pouroit avoir ici dix-huit pouces, ainfi que la corniche : dans ce cas , nous croyons que celle-ci devroit être ornée de confoles & de métopes, quÄ bien des égards, nous paroiiTent préférables à ces delîins coûtants, & fouyent trop légers, qu'on afFe&e dans; les gorges des corniches des pièces de nos Appar- tements. L'Anti-chambre M ij., n'a que vingt-deux pieds
de longueur, fur quinze pieds de profondeur. La médiocrité de fa furface, .«comparée aux autres grandes pièces diftribuées du côté des Jardins, eil caufe que, nous ne lui avons donné que treize pieds d'élévation fous plancher ; ce qui pouroit faci- liter au-deflns un entre-fol de fept pieds de hauteur ; lequel pouroit fe continuer 5,fur toutes les petites pièces iituées du côté de l'entrée, & où ion arri- veroit par l'efcaîier Y 2. Il faut favoir néanmoins, .que ces entre-fols pratiqués ainfi fur les anti-cham- bres, qui donnent entrée aux Appartements de parade, font défectueux ; toutes les pièces qui précèdent les grands Appartements, devant * par leur diamètre & leur élévation, annoncer l'impor- - ■ tance & la magnificence de celles deilinées, à îa préfence des Maîtres & des Etrangers; enforte, que le peu de grandeur de notre Anti-chambre, eft ici un vice*qui ne pouroit fe tolérer ,, que lorfquil feroit queition d'un Appartement privé : ■ d'un autre côté , fon peu de hauteur paroîtroit -'u? . info utenable., Peut-être aufîi feroit-il ridicule de Qiv
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248 Cours
lui laifler toute l'élévation du plancher -.enforte
que, pour éviter l'un & l'autre excès , il faudroit feulement pratiquer un faux plancher, qui la fixât à feize ou dix-fept pieds; encore ce dernier moyen n'empêcheroit-il pas cette Anti-chambre d'être, par fa petiteiTe, trop peu digne de celles aux- quelles elle donne entrée. Cette pièce eil éclairée par deux croifées, dont
l'une enfile le milÊu de la Salle d'aflemblée Mio, & elle eft échauffée par un poêle, la fymétrie ne nous ayant pas permis de faire ufage d'une che- minée. D'ailleurs, il eft affez ordinaire, lorfque ces fortes de pièces ne fervent pas dé Salles à* manger, de n'y pratiquer que des poêles, qui échauffent plus facilement les lieux deftinés à con- tenir les Domeftiques , & préfervent mieux les Appartements de l'air froid des dehors. La pièce marquée M 12, eft un Cabinet de
vingt pieds de hauteur, fur vingt-un pieds de lar- geur, en tout fens : ièlon les circonftances, elle pouroit encore faire partie de l'Appartement de lociété; mais comme elle fe trouve limitrophe de l'Appartement de parade, il feroit convenable de la deftiner ρομΓ une Salle du dais s en obfervant ce* pendant que, pour ce dernier ufage, il eft bon t|ue ces fortes de pièces foient plus profondes que larges, ce qui ne fe feroit pu faire ici, qu'en rendant la chambre en niche Ρ 2, moins coniidé- rable ; parti que nous n'avons pas cru devoir prendre , parce qu'il eft effenciel que, près d'une chambre parée , comme celle Ρ ι , oïl pratique un double Appartement, pour l'habitation parti- ticuliere du Maître. C'eft pour cette raifon que nous avons préféré de faire de cette pièce M 12, un Cabinet de forme quadrangulaire 5 & non une |
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Salle du dais. Quoi qu'il en Toit, obfervons qu'il
faut éviter, dans ces dernières pièces, de placer le dais au-deffus de la cheminée, comme il s'en remarque aux Hôtels de Soubife, de Villeroi, &c. Car il paroît peu vraiffemblable qu'on puifle don- ner des audiences* publiques , ou recevoir des hommages, fous un dais ainii placé, quoique fou- vent , cette marque de dignité ne foit qu'une éti- quette , dans la plupart des demeures des Grands. Ce Cabinet doit auiïi être décoré avec une forte de retenue, pour la même confidération que nous venons de rapporter, en parlant de la pièce M 10; c'eft-à-dire, qu'étant deftiné à traiter d'af- faires particulières, il faut éviter dans fes revêtif- fements , l'élégance des ornements ; ils doivent être réfervés pour le Cabinet M 7, qui, faifant par- tie de l'Appartement de fociété,, peut, plus rai- fonnablemenr, ibutenir dans fa décoration, l'appli- cation de la fculpture, de la peinture, de la dorure & des glaces. Des Chambres de Parade.
Les pièces marquées Pi, Ni, font deux
chambres (f) parées, nommées ainii, Tune, jkrêe qu'elle fait partie de l'Appartement de parade Rjv l'autre, parce qu'elle eft une fuite de celui de fo- ciété M. C'eft dans ces fortes de pièces, qu'on raffemble les meubles & les étoffes les plus pré- cieufes ; confédération qui ne les fait guère habi- |
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($) Chambre, du mot Latin Camera, voûte furbaiiiéej il
«dérive de Cameras, courbé ou cambré, parce qu'anciennement la plupart des Chambres étoient voûtées en arc L· cloître. |
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JtJfO C O URS
ter par les Propriétaires, que dans des cas ex-
traordinaires , les Maîtres préférant de fe retirer > fur-tout l'hiver, dans de petits Appartements plus commodes, & d'un fervice plus aifé, tel qu'on remarque dans notre Plan, celui compofé des pie- çes Ρ 2, Ρ 3 ,.Ρ 4 & Ρ f, au-deffus defquelles l'ont pratiqués des entre-fols 5 où le Valet-de-chambre puiiTe renfermer le linge , les habits, & les autres .objets dont il eil chargé. Ordinairement, Iqs -Chambres dont nous parlons, font ornées de co- lonnes qui renferment l'enceinte du lit, & au-de- vant defquelles on pofe une baluftrade de me- . nuiferie qui le contient & le fépare, pour ainfi- -MtQ9d'avec lereile de la pièce. Alors il faut faire : enfórte dbbferver dans ces Chambres parées, une -»proportion, intéreiTante ; par exemple, à compter „du devant des colonnes au mur de face , leur pro- .fondeur doit être égale à leur largeur; dimeniion î que nous avons obfervée dans celles M 7 & Ρ ι, qui chacune ont vingt-un pieds de hauteur, de largeur & de profondeur, non compris l'enceinte du lit, qui eft de fept pieds; ce qui fait en tout vingt-huit pieds de profondeur. Il eil aiTe^ d'ufage de revêtir de menuiferie les
, murs des Chambres de parade , à l'exception néan- moins, de l'endroit où le lit eftrcontenu, qui, ,jpfClairement, fe garnit de la même étoffe que le fîit; de maniere que cette tenture, rion-fetilèment rend cette enceinte plus falubre, en apparence; .mais autorife à colorier les -lambris de l'intérieur de la pièce, d'une couleur analogue au fond do- minant des étoffes qu'on a choifies , en l'aiîbr- tiiTant néanmoins, avec les meubles d'hiver ou î/cftété;; enforte, que· la couleur, préférée reliant courues la même, elle ne devienne jamais diiparate |
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d'Architecture. 251
avec les tentures qui fe renouvellent deux fois
l'an, dans les grands Appartements. Mais il faut favoir éviter, fur-tout dans les pièces coni'acrées au repos, auiîi bien que dans celles deitinées à une habitation journalière pendant l'hiver, d'im- primer ces lambris en blanc ; cette couleur qui imite le ftuc ou le marbre blanc paroît froide à l'œuil, pour les chambres à coucher, & fe falit ai- fément dans les pièces d'habitation. Il eil vrai que l'éclat de l'or , fur un fond blanc, détermine fou- vent de préférer cette couleur à toute autre : mais qu'on s'en reffouvienne, nous avons dit ailleurs, que, dans les Salles de compagnie, dans les Salles d'aifemblée, &c. où l'on faifoit ufage, la nuit., d'une certaine quantité de lumières ; les lambris imprimés de blanc étoient trop fujets à fe noircir : ce qui doit déterminer à n'employer cette couleur qu'avec beaucoup de circonfpe&ion, même par- tout ailleurs , que dans les Chambres à coucher dont nous parlons. * En général, depuis long-temps, dans la déco-
ration intérieure de nos Appartements , on ne laiiTe plus à la menuiferie fa couleur naturelle.; on la trouve trifte : mais pour éviter cet incon- vénient aifez vrai, à certains égards, on eft peut- être tombé dans un autre excès, en imprimant in- difHn&ement toutes les pièces en blanc ; ce qui, indépendamment des défauts dont nous venons de parler, éblouit & fatigue la vue. Cet incon- vénient a fait imaginer, depuis , d'imprimer les lambris en verd d'eau, en jonquille, en lilas, çn bleu tendre, &c. Ce moyen a réuiïî phis d'une ■ fois ; ces divers tons s'aiîbrtnTent affez bien av^c les différentes couleurs des étoffes : pour éviter la dorure, on a même effayé de rechampir.;fes |
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i?2 Cours
moulures des lambris : nous difcuterons ailleurs
l'ufagè qu'on doit faire de ces différentes couleurs, des rechampiffages & de l'emploi de l'or, lorfque nous traiterons en particulier, de la décoration intérieure, ainii que des plafonds, des divers com- partiments des voûtes , enfin, de l'art d'unir & de marier enfemble , & fans confuiion, l'Architec- ture , la Sculpture, la Peinture & la dorure ; ob- jets trop intéreffants, pour être négligés dans nos Leçons , & dont le plus grand nombre de nos Elè- ves a befoin de connoître jufqu'aux plus petits détails. La fituation du lit, dans une Chambre à cou-
cher, & principalement dans une Chambre parée, n'eft point arbitraire. Il eu d'ufage reçu, de pla- cer ce meuble de néceiîité en face des croifées, en forte, qu'il fe trouve précifément dans le mi- lieu de la profondeur de la pièce, & vis-à-vis le trumeau des croifées ; nous difons le trumeau , parce qu'il eft rare qu'on donne plus de deux croifées à une pièce de l'efpece de celle dont nous parlons, & qu'il n'y a que dans des cas particuliers, qu'on doit fe contenter d'une feule ouverture. Sa forme, comme nous l'avons fait entendre, doit être rectangulaire, puifqu'elle contient un meuble principal, auquel cette forme fembîe être confacrée, & que naturellement, ce meuble doit déterminer la difpoiition du périmètre de la pièce. Certainement, un lit, de forme oblongue , placé dans une Cham- bre barlongue, carrée, ou circulaire, ne peut faire un bon effet; &, fi cela fe peut permettre, cène doit être que dansles Appartements privés, fu- balternes, ou en galetas. Il faut encore obferver que les portes de dégagements, qui paffent d'une Chambre parée, dans les Garderobes, foient per- |
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D'ARCHITECTURE. 2J3
cées fous les étoffes qui garniffent l'intérieur de
l'alcove ; autrement, ces portes coupent les lam- bris , dérangent les meubles, nuifent à la fymétrie, & empêchent le fer vice journalier des Domefti- ques : auiïi avons-nous pris cette précaution 9 dans la pièce Ρ ι ; & nous y avons placé ces portes de maniere à ne pouvoir nuire aux lièges qu'on place ordinairement de chaque côté du lit. L'une de ces portes donne entrée dans la Chambre d'habitation Ρ 2.; l'autre, dans un arrière Cabinet Ρ 5 : & toutes deux fe communiquent encore , par les petites pièces Ρ 3 , Ρ 4 ; la premiere fer- vant de foupape, & la féconde de ferre papier : de forte que, par ces différents dégagements , le Maître peut à fon lever, fans paffer parles grands Appartements, s'entretenir avec fa famille, dort* ner des ordres à fes gens, & expédier des dépê- ches, fans être troublé ni aperçu des perfonnes de dehors, que la curiofité pouroit attirer , pour viiîter les grands Appartements. C'eft au-deifus de ces petites pièces Ρ 2, Ρ 3 ,
Ρ 4, Ρ 5, que font pratiqués les entre-fols, dont nous avons dit quelque chofe précédemment, en parlant de l'Ànti-chambre M 11. Le peu de diamè- tre de ces petites pièces nous a déterminé à en baiffer les planchers ; le rapport de leur hauteur , comparée avec leur largeur, étant effenciel à ob- ierver, lors même qu'il ne s'agit que de petits Appartements ; car, rien n'efl li choquant dans un Edifice, que de cencontrer de grandes pièces txop baffes , & de petites trop élevées. D'ailleurs , quoique l'entrée de ces petits Appartements foit Λ pour ainfi-dire, interdite aux étrangers, ils exi- gent une forte de proportion, de la fymétrie & une magnificence affortie à l'importance du Pro- |
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2,54 Cours
ptiétaire ; pour cela , il η eu pas permis de né-
gliger les dimeniions qu'il convient de donner aux différentes pièces qui les compofent ; confidéra- üion même , qui porte quelquefois rArchitec"te à faire, d'une hauteur inégale, les entre-ibls pra- tiqués au-deflus de ces pièces; ainii qu'on peut le remarquer dans ceux du Château de Marly , au-deiîus de l'Appartement de Monfieur & de Madame la Dauphine. La Chambre de parade Ν ι, eil auffi pourvue
des Garderobes qui lui font néceflaires , & dans lefquelles on entre par une feule porte , pratiquée dans l'intérieur de ion alcôve. Cette porte donne entrée à une foupape Ν 2, & de-là, dans un Ca- binet Ν 3 ? qui, à fon tour , dégage dans une Garderobe Ν y, pour un Domeflique : cette der- nière a fon entrée par l'efcalier Y 3, qui fert à monter aux entre-fols pratiqués fur tout ce femi- double. Arrêtons-nous un moment, pour parler plus précifément des Garderobes en général, piè- ces d'où dépend la commodité des Appartements. Quoique les Garderobes (c) tiennent , pour
àinû dire, le dernier rang dans la diftribution d'un Plan , cependant, c'eil par leur fecours que les pièces de parade & de fociété confervent leur beauté, acquièrent de la commodité , & que le |
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(c) Garderobe, en Latin Veßiarium, que Perrault entend,
dans Vitruve, par Sella JamiLiarica, connu aujourd'hui fous le nom de Cabinet d'aifance. -è Garderobe, chez les Italiens, fe prend pour Garde-meuble.
On appelle Garderobe de baih , le lieu où l'on fe déshabille ; ce lieu eft appelé par Vitruve, Apoditerium : il appelle celles des Théâtres, Ckoragium, & dit qu'elles font compofées de plu- Îieurs petites pièces près du théâtre, où s'habillent féparé- rrient les Aéleurs , δ£ où fe tiennent les habits , aufli bien que tout ce qui dépend de l'appareil; de la fcêne. |
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d'Architecture. >$$!£·
Jervice des Domeitiques fe fait avec exa£titude^
Ordinairement, fous le nom de Garderobes , on comprend les petites Anti-chambres de dega-· gement, les Cabinets de toilette, les Méridiennes , les petites Chambres en niche, celles oit couchent les Valets-de-chambre, les lieux à foupape , les petites pièces où fe tiennent le linge & les habits du Maître ou de la Maîtrefle du logis. Cell auiïï dans- Tune de ces petites pièces qu'ils ferrent avec fureté leur argent, leurs papiers, leurs titres ; enfin, on ap- pelle Garderobes toutes celles, qui iituées de plain- pied aux Appartements ou aux Entre-fols, font au- tant de lieux privés,'également indifpenfables, dans les Bâtiments élevés à la Ville ou à la campagne. Les Garderobes de Maîtres doivent, félon leur
ufage particulier , être décorées avec plus ou moins de richefTe; & à l'exception de celles nom- mées à foupape , elles doivent avoir, autant qu'il eft poiîible, xdes cheminées, ainii que la plupart* de celles où fe tiennent les Domeitiques ; afin que ceux-ci puhTent, en toute faifon , procurer à leurs Maîtres tous les fecours dont ils pouroient avoir befoin. Il n'eft pas toujours facile de donner à ces fortes de pièces , même à celles deihnées pour l'ufage des Propriétaires , les dimeniions que l'on deiireroit ; & c'eil ici que les règles de l'art fe plient à la néceilité. Il en e à peu près de même, pour ce qui regarde leur décoration , où l'on peut cependant j plus que par-tout ailleurs, don- ner carrière à fon imagination ; la fymétrie, dans les formes principales, étant tout ce qu'il paroît ehenciel d'y obferver. Mais une chofe à laquelle il faut prendre garde ; c'eil que les Garderobes prin- cipales foient bien éclairées, que celles du (er cond genre le foient fuffifamraent, & qu'elles aient |
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i$6 Cours
beaucoup d'air, des dégagements & des commu-
nications , qui facilitent le îervice auquel elles font deilinées. Toutes celles diltribuées dans notre Plan, jouuTent des avantages dont nous parlons , étant compriies dans le femi-double placé derriere les Appartements de parade & de Ibciété : conii- dération qui nous a déterminé, pour ainii-dire „ à diilribuer ainii notre projet, & tel, à peu-près, que M. de TAflurance avoir compofé fon Châ- teau de Petit- Bourg, lorfqu'il le fit bâtir pour M, le Duc d'Antin. Nous ne dirons rien ici de précis , touchant
la décoration des Garderobes de Maîtres ; elles font moins fujettes à la régularité des préceptes de l'Art, que toutes les autres pièces des grands Appartements, & il ne faut guère que du goût & un peu d'imagination, pour s^en acquitter avec fuccès , & parvenir à furmonter les difficul- tés qui fe préfentent dans leur diitribution. D'ail- leurs, de quoi le génie ne vient-il pas à bout, fur- ïout lorfqu'il ne s'agit que des chofes d'agrément, que l'ufage des lieux autorife ? Nous recom- manderons pourtant, dans ces fortes de pièces, comme par-tout ailleurs , de ne jamais abufer de la prodigalité de la Sculpture : moins les lieux ont d'efpace , plus il faut ufer de retenue ; l'élégance & la légèreté dans les formes , le choix dans les ornements, des contours doux & coulants dans les Plans, font les objets qu'il faut préférer ; la richefle des matières , réelles ou feintes, vient enfuite, pour charmer la folitude que procurent ces différentes pièces deilinées, pour l'ordinaire , à éloigner les Maîtres du tumulte qui fe pafle dans les grands Appartements. A l'égard des Garderobes connues fous le nom
de
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ö'AïlCKl TS CTURE, 2J7
«ie lieux à foiipape, difons qu'on y doit pratiquer
une niche circulaire ou carrée par ion Plan ynSfe pable de contenir une banquette d'environ7qua- torze ou quinze pouces de hauteur, dans laquelle on enferme un bloc de marbre., percé, évicié & taillé dans Ton intérieur en talus , pour faciliter la chute des matières ^ telles que l'expriment les Figures de la Planche XL. La Figure I préfente le revêtiïïement horifon-
tal, fait de menuiferie ou de marqueterie, que for- me la banquette. A , représente la moitié de la lunette, dont l'autre eil recouverte par le revê- tiiîement Β, qui s'élève ou s'abaiife » félon^ le be- foin. C, déiigne l'endroit de la main ou poignée > qui leve la foupape ou bonde D Ν, Figure III, lorfqu'on veut laiffer paffer la matière : voyei auiîi la Figure II. Ε F , Figure I , font deutf poi- gnées , la premiere, lorfqu elle eil ouverte, pour faire fortir l'eau abondamment qui chaffe la ma- tière G Figure III, dans le tuyau de deicente de la foiTe H ; la féconde, pour faire jouer un robinet nommé flageolet, marqué L, Figures II & III, d'où il fort un jet au milieu & au-deiTus de la lu- nette A. Ces deux poignées en forme d'olives y font foudées chacune , dans un tuyau de plomb I, formant un enfourchement exprimé dans la Fi- gure II : par l'un de ces enfourchements, la poi- gnée E, Figure I, étant ouverte, l'eau en fort avec tant d'abondance , que, lorfque la bonde ou foupape Ν eil: levée, cette eau fe précipite fur le talus KK, Figure III, & rencontrant la ma- tière G, la chaffe dans la defcente H , avec tant de précipitation, que la matière ne laifle aucune efpece d'odeur dans l'intérieur de la Garderobe , fur-tout lorfque la bonde Ν eil bien jointe & def- Tomc IF. R |
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âj8 Cours
cendue dans fa feuillure : car , autrement, Fexha :
laifon de la foffe communiqueroit dans le fiége ; de ce dernier, dans la pièce, & enfin dans les Ap- partements , lors même qu'on préféreroit des foffes perdues ; foffes qui ne peuvent pas toujours fe pratiquer, foit à caufe de l'inégalité des terrains, toit parce que ces foffes corrompent l'eau des puits. D'ailleurs, quand il feroit poflible de pra- tiquer de ces fortes de foffes, on ne feroit pas difpenfé pour cela , de faire ufage des lieux à foupape dont nous parlons , fur-tout, lorfqu'on doit les tenir ptès des Appartements : car les mà- tieresÄui s'attachent aux parois intérieures de la defcehte H, conftruite ordinairement en pierre ou en poterie , porteroit une odeur infuportable dans les Garderobes, malgré les ventoufes que Ton doit pratiquera tous les iiéges d'aifance. Cette bonde C D Ν , Figure I & Figure III,
eft compofée d'une maffe de plomb, afin que, par fon propre poids, elle fe ferme le plus exactement poffible dans fa feuillure. Cette maffe eil foudée à une tige ou tringle de bronze ou de fer, qui perce le revêtiffemenr borifontal de la banquette Β, afin qu'étant aiîis fur la lunette A , d'une main on leve la bonde C, & de l'autre, on tourne la poignée E, & que, dans le même mitant, la matière foit précipitée dans le tuyau de defcente H, avant qu'on foit forti de deffus la lunette : ën- fuite, fi on le juge à propos, on fait ufage de la poignée F , pour faire venir Veau au centre de la lunette A, par le flageolet L, d'où s'élève un fi- let d'eau, pourfe laver, ainfi que l'exprime la Ffr* gure III, & qu'elle eft tracée dans le Plan de la figure IL On a donné long-temps à ces Garderobes, le
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» *A ït C Η ί Τ E C Τ V R E» 2J£
Hom de Lieux à l'Angloife, quelques Aftiites ayant
prétendu qu'on en devoit la découverte à cette Nation; mais comme plufieurs perfonnes de conû- dération qui habitent Londres » nous ont afluré les avoir méconnus avant leur ufage en France t nous leur donnons ici le nom de Lieux à foupape, à cauie que la bonde ou maffe Ν, nommée ainfi par les Artifans, empêche par ion moyen, f o» deur des foffes d'aifance de tranfpirer dans Tinté- rieur des pièces , au point qu'on n'héfite plus de ies placer très-près des Appartements d'une conti- nuelle habitation, ce qui eil d'une beaucoup plus grande commodité que les chaifes percées dont on fe iervoit auparavant, & que la négligence des Domeftiques rendoit impraticables ; de maniere qu'on ne fait ufage de ces dernières aujourd'hui que par économie, ou lorfqu'on ne peut pratiquer au- tant de foffes dans les fouterrains , qu'on auroit beioin de les multiplier dans la diiïribution d'un Plan. Nous convenons que la conftruÔion des aifances dont nous parlons, occaiionne une cer- taine dépenfe ; mais l'avantage qui en réfulte ne doit jamais empêcher leur ufage dans un Bâti- ment un peu confidérable > ni même dans une Maifon ordinaire«, Chez les particuliers , pour ne pas trop multiplier les frais, on tâche de faire ré- pondre ces différentes Garderobes dans une même forTe i d'ailleurs, au lieu de faire ces foupapes en marbre, en bronze & en marquererie, on peut faire le bloc en pierre, les poignées en fonte très- lirhple & fans ornements, & les banquettes en menuiferie > au lieu d'ébénifterie» Les communications qu'on eil obligé de prati-
quer, entre les Lieux à foupapes, & les Apparte* ments de Maîtres, pour faciliter Tufage de ces Rij
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&6ö COU RS
petites pièces, font fouvent, qu'on eft obligé d'u-
ier de formes irrégulieres, dans leur Plan ; mais on doit alors profiter de ces mêmes irrégularités, pour former des armoires capables de contenir différents ufteiifiles néceffaires à la propreté. En général, les portes de ces Garderobes doivent être à un feul ventail , les corniches être peu élevées, les moulures des lambris & les couron- nements peu faillants ; fouvent même, la Peinture doit y être préférée aux corps de relief, &c. Revenons à préfent aux pièces des grands Ap- partements. Celle marquée Ρ 6, eil encore un Cabinet de
vingt-un pieds de hauteur , de largeur & de pro- fondeur : il doit être décoré avec quelque ma- gnificence ; non-feulement, parce qu'il fait partie de la principale enfilade A Β ; mais parce qu'il £Îl intermédiairement placé entre une Chambre de parade & une grande Galerie. Cette pièce Ρ 6 peut fervir ici au Propriétaire, pour y donner des audiences fecrètes à des perfonnes de confidéra- tion qui y feroient annoncées de préférence , par le Veftibule Ρ 9, & par la grande Gallerie. C'eft dans ce Cabinet, que doit être néceffaire- ment placé un bureau, pour y dreffer des rranf- a&ions, y figner les expéditions, les dépêches, &c. Alors l'arriére Cabinet Ρ j, ferviroit à tenir le premier Secrétaire , qui, des dehors, entreroit par une des arcades qui lui fert de croifée. Au reite , comme le Plan dont nous parlons*, eil fuppofé élevé à la campagne , & qu'ordinaire- ment on vient s'y délaffer des occupations de la Ville; l'arriére Cabinet Ρ 5 pouroit fuffire, pour contenir le bureau & les papiers du Maître. Par ce moyen, celui Ρ 6 > refteroit libre en faveur |
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d'Architecture. 261
de la principale enfilade : mais, à tout événe-
ment, il feroit bon de méditer le genre de la décoration de cette pièce, afin que, dans le be- foin, les attributs & les allégories qui y feroient répandus, puifent correfpondre , & à la magni- ficence âes Appartements voifins, & à Furage particulier auquel cette pièce pouroit être deitinée. Ce Cabinet eil éclairé par deux croifées don-
nant fur le Jardin; Tun des murs de refend de cette pièce fe trouve placé à droite dans la partie anguleufe Κ : ce mur de refend eil dou- ble , tant à caufe de la fymétrie des écoinçons, que parce que cette partie anguleufe devoit être renforcée , pour fatisfaire à la folidité de cet angle rentrant. Au reite, ces deux murs ici font réunis enfemble à la hauteur d'environ dix pieds , par une voûte qui forme liaifon dans fa partie fupérieure. C'eil fur Γύη de ces murs que fe trouve placée la cheminée ; autrement, il auroit fallu ï'adoiTer à celui qui fépare la chambre de parade de ce Cabinet : alors, fans la raifon de folidité dont nous parlons, on auroit pu ié contenter d'une feule cloifon en brique, en charpente, ou en menuiferie, telle qu'on en remarque dans les Salles d'affemblée M 6 & M 10. D\in autre côté » il faut fe fouvenir que nous avons recommandé de placer, autant qu'il eit poiïibîe, les cheminées en face des principales entrées; d'ailleurs, il étoit important de fortifier, par un double mur, cette partie du Bâtiment, comme nous l'avons obfervé dans le côté oppofé de cet Edifice, ainfi qu'aux, angles rentrants Κ du côté de l'entrée : de plus» ces doubles murs n'occaiionnent pas une dépenfe Ru)
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coniidérabie pour un Edifice auffi important. Au-
tre chofe feroit, s'il s'agiffoit d'un Bâtiment éco- nomique, où il faudroit même tâcher d'adoffer les cheminées les unes contre les autres, pour les réunir à leur extrémité fupérieure, dans une même fouche , & éviter la réitération du perce- ment des combles ; ainii que nous l'expliquerons en parlant des couvertures & des différents ob- jets d'économie dont il convient d'ufer, lors de la conftruclion. Des Galleries.
Les Galleries étant toujours un objet très-im-
portant dans un Edifice ; non-feulement , nous allons donner la defcription de celle comprife dans notre Plan; mais encore rapporter les di- menfions de la plupart de celles de nos Maifons Royales & de nos grands Hôtels, afin de donner à nos Elevés une idée diilincle de l'ufage, de la proportion & de la décoration de ces fortes de pièces. La Gallerie Ρ η (d) a vingt - quatre pieds de
largeur fur cent vingt-fept de longueur, & vingt- quatre de hauteur ; en forte que j fa largeur eft à peu-près à fa longueur, comme un eft ';'; V ' "" i .■"....
(d) Gallerie, en Latin Porticus, s'entend d'un lieu cou-
vert , mais percé d'arcades, pour communiquer extérieure- ment autour d'un Edifice -confidérable. C'eft ce que nous ap- pelons chez nous Portique. Les Galleries comme nous l'en- îendons, font des pièces intérieures décorées avec magnifi- cence, ornées d'Architeéture , de Sculpture & de Peinture, & où quelquefois on fait entrer les bronzes , les dorures 8c les glaces, félon l'ufage particulier de ces fortes de pièces, & l'importance des Edifices où elles font élevées. |
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à cinq, non compris les tours creufes pratiquées
dans fes extrémités. Ces tours creufes forment vouffure, & par - là femblent raccourcir à Tceuil la longueur de cette Gallerie. Cependant on »e doit faire ufage de ces moyens qu'avec beau- coup de prudence; car, ainfi que nous l'avons remarqué plus d'une fois, il ne faut jamais abufer des tours rondes, des tours creufes & des pans coupés, dans les décorations graves, & qu'on veut tenir régulières. Ce qui nous a déterminé ici à faire ufage de ces arrondiiTements, ce η eil pas la crainte que cette pièce ne parût avoir trop de longueur, puifque, comme nous le verrons dans la fuite, les grandes Galleries peuvent avoir juf- qu'à fept fois leur largeur ; c'eft la difficulté d'é- clairer fuffifamment les deux extrémités de cette pièce, par raport à la dîfpoiition des croifées ex- térieures : celles ci, fans cela, auroient occafionné des écoinçons trop confidérables, & une certaine obfcurité que ces tours creufes en vouiïure , fem- blent faire difparoitre. Nous obferverons néanmoins deux chofes : lorfqu'on eft obligé de faire ufage de ces tours creufes, premièrement on doit faire en forte que ces arrondiiTements foient proportionnés à la grandeur de la pièce, pour que les angles de la corni- che puiiTent fe remarquer aûez, & concourir à la beauté de toutl'enfemble :fecondement il faut obfer- ver, autant qu'il eil poflible, que ces formes circu- laires foient répétées dans leurs côtés oppofés, afin de fatisfaire à la fymétrie , fur-tout lorfque l'entrée principale de ces fortes de pièces fe trouve placée fur la longueur, comme dans notre Plan. Il eft vrai que ces portes, ainfi difpofées, ne produisent jamais un aufîi bon effet, que lorfquon entre par l?une des extrémités, comme à Verfailles, à Meu* Riv
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264 Cours
don, à Saint-Cîoud , à Paris , dans celles du Pa-
lais Royal, de l'Hôtel de Touloufe, de Villars, &c. On remarque, dans cette dernière 9 des arron-
diijements placés dans les deux angles du fond, beaucoup trop petits, comparaifon faite avec la grandeur de la pièce. Au refte , cette pièce eft moins une Gallerie, qu'un très-grand Cabinet , lorfqu'on vient à comparer fa longueur avec fa largeur. Chaque genre de pièces doit avoir un rapport relatif à ion ufage, & le mérite princi- pal eft d'obferver les dimeniions qui y convien- nent ; rapport trop négligé dans la pièce que nous citons ; les ornements d'ailleurs en font trop fri- voles, quoique d'une aflez bonne exécution. La Gallerie de l'Hôtel de Touloufe, au contraire,
a de longueur près de ftx fois fa largeur ; fes orne- ments font d'un excellent genre, & peuvent fer- vir d'exemples à beaucoup d'égards, pour la dé- coration de ces forces de pièces ; auiîi en donne- rons-nous les deiîins , dans le Volume fuivant. Nous dirons feulement ici, que les trumeaux pla- cés entre les croifées de cette Gallerie , paroî- tront trop larges , ce qui apporte un peu d'obfcu- rité dans cette pièce ; mais , d'un autre côté, cette largeur , occupée par d'excellents tableaux, pro- duit un admirable effet, &l'on peut remarquer, que le peu de lumière dont nous parlons, eft racheté avec beaucoup d'art, par les glaces pla- cées en face des croifées ; fltuation, feule conve- nable pour ces corps tranfparents : peut-être mê- me le manteau de là cheminée , fttuée en face de Tentrée, auroit-il mieux été occupé par un bas-relief que par une glace ; ce bas-relief auroit été aflbrti au compartiment de la voûte , qui, d'accord avec celui des lambris 3 les peintures & |
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d'Architecture. lóy
la dorure, forme un tout intéreifant, digne des
talents de VaiTé le père, qui a été chargé de l'or- donnance & de l'exécution de ce chef-d'œuvre. La Gallerie du Palais Royal, n'a de longueur
qu'environ quatre fois fa largeur ; au reite elle eft décorée avec une très-grande magnificence. Peut- être les ornements y font-ils trop prodigués ; mais ils font d'un très-beau choix. D'ailleurs, cette Gal- lerie eil bien annoncée par le Sallon de tableaux qui la précède ; ce Sallon eil éclairé par en-haut. Nous faifiiTons cette occafion, pour obferver, qu'il conviendrait que toutes les pièces un peu fpa- cieufes, & de Fefpece de celle-ci, fuiTent ainii éclairées ; autrement, on jouit imparfaitement des chefs-d'ceuvre qu'elles contiennent ; auiîi, dans le même Palais, en a-t-on pratiqué un autre, où. font rangés avec beaucoup d'ordre , les Ouvrages des plus grands Peintres. Il nous femble que ces deux exemples dçvroient fuffire , pour dé- terminer nos Artiiles à faire un plus fréquent ufage, dans nos Appartements , de ces pièces à double étage. Cependant, à l'exception du Palais dont nous parlons , elles ne fe rencontrent dans aucun de nos Hôtels , ni chez nos riches parti- culiers, quoique la plupart des Amateurs de la Peinture foient convaincus du bon effet que pro- duifent ces pièces éclairées par en-haut, comme nous le propofons. En effet, on ne peut difcon- venxr que les Cabinets de nos Curieux, ni même les Appartements dans lefquels font expofés les tableaux du Roi aux Luxembourg, ne foient mal éclairés : néanmoins les tréfors qu'ils contiennent méritent bien la peine qu'on y réflechiffe ; puif- que cette lumière mettroit en même temps, dans tout leur jour, les talents des grands Artiiles, |
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%66 Cours
qui fe font iignalés dans les trois Ecoles, & qu'on
raffemble affez volontiers dans ces fortes de pièces. j Nous penfons encore que les Galleries qui fer-
vent à renfermer affez ordinairement ce que cha- que particulier a de plus précieux en ce genre, feroient aufli très-bien éclairées de cette maniere. On devroit peut-être en ufer de même pour les Bi- bliothèques & les Cabinets d'eftampes; d'ailleurs, la décoration de ces derniers deviendroit plus fymé- trique, & ce jour feroit plus propre que tout autre, au recœuillement néceffaire à l'étude. Il eil vrai qu'on ne peut guère tirer parti de ce genre de pièces, que lorfqu'elles entrent dans la premiere compoli- tion du Plan, & qu'il eil difficile de les pratiquer ainfi, dans d'anciens Édifices, fans faire de très-grands fa- criflces, dans les pièces du premier étage,àcaufe de la conilruclion des lanternes ou calottes qu'il y faut pratiquer, pour attirer des dehors une lumière convenable dans les dedans; nous ajou- terons même que notre climat, plus fujet aux neiges que les pays méridionnaux , apporte fou- vent de grands obilacles pour ce genre de cou- verture ; mais, fans s'arrêter à ces difficultés , l'art pouvant les foumettre toutes, difons que, foit qu'on les éclaire par en-haut, comme on a vu long-temps le grand efcalier des Ambaffadeurs à Verfailles , foit qu'on tire ces jours par des croifées fupérieures, comme au Palais Royal, ou par des croifées attiqii^ , comme on Ta prati- qué dans le fécond Cabinet de tableaux du même Palais, la dépenfe ne devient jamais affez conii- dérable, pour rebuter un Propriétaire affez opu- lent d'ailleurs, pour acquérir une collection de tableaux d'un grand prix. 1
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d'Architecture. 267
Nous obferverons néanmoins, qu'en tirant ces jours par en-haut, il faut éviter d'orner les extrémités iupérieures de ces ouvertures, par des vouffures portées trop près des calottes du plafond, ces deux formes en tour creufe, produifant une mo- notonie défagréable à l'œiiil. D'ailleurs , les orne- ments de Peinture ou de Sculpture qu'on intro- duit quelquefois dans ces vomTures , ne fe trou- vant éclairés que de reflet, produifent rarement l'effet qu'on a droit d'en attendre. Nous dirons de plus que, lorfqu'on éclaire ces
pièces par des lanternes verticales, il faut faire enforte que la largeur de ces dernières foit au diamètre total, comme trois eit à cinq ; & que leur hauteur ait les deux tiers de leur largeur, non compris la calotte de leur plafond. Les jours tirés d'en-haut, par des glaces inclinées, peuvent être tenus moins coniidérables : il fufïït que leur largeur foit à celle de la pièce, comme deux eil à trois, & que leur hauteur ait les deux cinquièmes de leur largeur. Cette dernière maniere a moins de dignité, quoique le grand efcalier des AmbafTa- deurs à Verfailles, déjà cité , fût éclairé ainii. On a fuivi à peu-près les mêmes proportions dans la nouvelle Chapelle de Saint-Méry; mais la dif- pofition de celle de Saint-Jean-en-Grêve dans le même genre , nous plaît davantage* Au refte j il faut convenir, que cette maniere
de tirer les jours par des lanternons , ne peut réuffir que dans les pièces d'un certain diamètre ; parce que ces lanternons, ainfi continués dans des Galleries, deviendroient difformes, en com- parant leur largeur avec leur longueur : il faudroit alors les divifer en pluiieurs parties , δε cette diviiion paroîtroit mefquine dans une pièce |
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268 Cours
d'éclat. Cette méthode ne peut donc raifonna-
blement être admife que pour les dortoirs dans nos Maifons Religieufes^ ou pour les corridors dans nos Maifons de plaifance. En général , il convient que les Galleries à
tez-de chauffée, qui font partie des Appartements de fociété , & qui donnent fur des Jardins parés , foient éclairées comme toutes les autres pièces de l'Edifice. En effet, ces Galleries étant ordi- nairement deftinées pour le jeu, le bal & les concerts , il eil intéreffant que, de l'intérieur de ces pièces, une nombreufe affemblée puiffe jouir de l'afpecl des dehors : on jouit de cet avantage dans celle de Choify-le-Roi. Ces divers ufages auxquels on defiine les Galleries, font qu'on en diftingue de quatre efpèces : celles qui, diitri- buées, comme nous le difons, à rezr-de-chauffée , fervent d'aiile à la fociété : celles qui, dans les Maifons Royales , fervent de communication aux grands Appartements : celles deftinées à fervir de Bibliothèques, ou à contenir des tableaux ; & celles où l'on raffemble des machines, des curio- ûtés d'Hiftoire naturelle, des médailles, &c. Par ces différentes deftinations, il eil aifé de
concevoir la néceflité de varier la forme, la dif- pofition & l'ordonnance de ces différentes Gal- leries. Pair exemple, les premières doivent être Îufceptibles, dans leur décoration, de tous les objets d'agrément, tels que la Sculpture, les ta- bleaux, les bronzes, les glaces, & tout ce qui peut infpirer la gaieté & l'enjouement : les fécondes doivent être traitées avec plus de majefté; le choix de la matière , la proportion Ide l'Architedure, le détail des ornements, & la beauté de leur exécu- tion , doivent avoir la préférence fur Pçlégance |
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d'Architecture. 269
des formes, & la multiplicité des contours. La
iimplicité doit régner dans l'ordonnance des troi- iiemes ; & l'arrangement des Livres , fuivant l'or- dre des matières , doit former leur beauté princi- pale. Le mérite des quatrièmes enfin, doit confifcer dans la diitrihution des corps d'armoire qui doi- vent contenir les différents, genres de curiofités qu'on y raffemble ; elles doivent avoir peu d'or- nements , à deflein que l'attention des fpecla- teurs fe puiffe porter toute entière & fans diffrac- tion , fur les beautés de la nature. Rarement pratique-t-on des cheminées dans les
grandes Galleries ; celles de Verfailles, de Meu- don, de Saint-Cloud, du Vieux-Louvre n'en ont point. On en a placé une à la Gallerie du Palais Royal, à celle du Luxembourg, à l'Hôtel de Vil- lars, & à celui de Touloufe; mais ces cheminées ont été introduites dans les grandes pièces que nous citons , plutôt pour la magnificence , que pour l'utilité ; puifqu'autrement il faudroit en pla- cer à chaque extrémité, ou bien les ranger fur la longueur , ainii qu'on le remarque dans l'une des Salles du grand Appartement du Luxembourg. Or, félon nous, ces cheminées placées ainii, font un effet défagréable ; & nous croyons qu'il vaudroit mieux les fupprimer tout-à-fait, lorfqu'une n'y peut fuifire. Dans notre Plan, il s'en remarque une feule
en face des croifées, à deffein de conferver l'en- filade G H, que d'ailleurs, nous ne pouvions in- terrompre, en faveur de la principale entrée de notre Gallerie, par le Veftibule Ρ 9. D'un autre côté , la Chapelle Ρ 8 fe trouvant placée à l'une de (es extrémités ; il étoit eflenciel d'en procurer le coup d'œuil, de l'inférieur de la Gallerie, lorfque |
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3?o Coüfts
les Maîtres s'y rendroient pour entendre la Mefîe*
Nous ne diffimulerons pas néanmoins , que la ίϊ* tuation de cette Chapelle devient un obftacle à l'enfilade G H, n'étant guère convenable, à fex* ception des heures confacrées au fervice divin » que ce lieu de recœuiilement faffe partie d'un grand Appartement, & que fur-tout il fe trouve placé à l'extrémité d'une Gallerie deilinée, chez un grand Seigneur , à recevoir , les jours de galas , nombreufe compagnie. Cette Chapelle ne peut donc fe tolérer ainfi, que parce que la Gallerie Ρ 7 fait ici partie de l'Appartement de parade, & non de celui de fociété : autrement, il auroit fallu tranfporter cette Chapelle par-tout ailleurs , par exemple , dans le Cabinet ou petit Sailon marqué M 6. Elle auroit eu alors pour principale entrée > la Bibliothèque ou le grand Cabinet M $ ; lieu plus convenable que tout autre pour précéder une Chapelle particuliere, ainii que nous aurons occafion de le dire dans la fuite. Sans cette tranf- pofition, il eft aifé de remarquer que l'enfilade G H n'eft d'aucune utilité pour cette Gallerie, puifque , dans l'état a&uel de notre Plan , d'une part, la porte qui donne entrée dans la Chapelle f doit, par décence, être prefque toujours fermée 9 & que, de l'autre, celle du Veftibule Ρ 9, qui donne entrée à cette Gallerie, ne doit s'ouvrir> que pour introduire ou reconduire les perfonnes à qui, de préférence & par diftin&ion, le Pro- priétaire déiireroit donner le matin des audiences îecrètes , ou l'après midi, fans troubler la fociété qui fe tiendroit affemblée dans les différentes pièces qui fervent à former l'enfilade A B. Notre Gallerie eil éclairée par fept portes
croifées : vis-à-vis de celle du muUeu, eft la che* |
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minée, à la place de laquelle on potiroit fubiü-
tuer un trumeau de glace, ii l'on craignoit qu'une feule fût infuffifante pour échauffer cette pièce : en face de chacune des autres croifées, font pla- cées des arcades feintes, renfermant aufli des gla- ces; foit que ces arcades contiennent des portes à placard, des ouvertures, ou feulement des ni- ches en renfoncement : nous difons des ouvertu- res , parce que nous avons réfervé deux croifées vers Κ ; or , non-feulement nous croyons que celles-ci procureroient un jour louche ; mais que ces deux percés font inutiles, parce qu'ils pou- roient nuire à l'accord général, & empêcher d'e- xaminer avec attention, les ornements dont cette Gallerie pouroit être ornée. D'ailleurs, ces deux ouvertures font, pour ainii-dire, indépendantes des dehors, & les glaces qu'on y fubititueroit intérieurement, ainfi que toutes celles rangées de ce côté, contribueroient à répéter, du dedans de cette Gallerie , le fpe&acle des Jardins > dernière conndération qui nous a fait préférer d'éclairer cette Gallerie à rez-de-chauffée, par des portes croifées, & non en lanternes , comme nous venons de le propofer pour les Bibliothè- ques ou les Cabinets de tableaux placés au pre- mier étage. Pour bien éclairer la partie fupé- rieure de la Gallerie de notre Plan, δε toutes celles de fon efpece 3 il convient de terminer les portes croifées qui l'éclairent, en vouffure ; cette maniere procure plus de lumière au plafond \ mais il eft intérefîant de prendre garde de ne pas faire les corniches en gorge, principalement, lorfqu'au deifus, on pratique une calotte, parce que ces triples courbes placées lune fur l'autre, produifent un mauvais effet, qui doit au moins faire. |
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Vf i Cours
préférer un entablement régulier, parce que la
ïrife verticale de celui-ci apporte un repos, qui, placé entre la vouffure de la croifée, & la cour- bure de la calotte du plafond, empêche la mono- tonie que préfenteroient néceiTairement ces trois efpeces de tours creufes; répétition toujours déf- agréable dans l'ordonnance de la décoration des dedans. Il e£t vrai que les vouffures' dont nous parlons , ne font pas continues dans toute la lon- gueur de la pièce ; mais il ne faut pas moins prendre garde, que les trumeaux n'ayant guère dans les dedans, que la moitié de la largeur des croifées, ces vouffures réitérées occaiionnent, com- me nous venons de le remarquer , une répétition que l'homme d'expérience fait éviter; laiffant à la mode ou à la routine, tout ce qui ne préfente qu'imparfaitement les vraies beautés de l'art & l'arrangement de (es parties. Lorfque dans les Galleries dont nous parlons,
ou dans les autres pièces d'un Edifice, on intro- duit des glaces, foit, parce que ces pièces font fréquentées bien avant dans la nuit, à raifon de leur ufage ; foit que, dans le jour, ces corps tranfparents contribuent à répandre une lumière plus abondante, on doit prendre garde que ces glaces femblent agrandir l'efpace de ces pièces; que , pour cela, il convient de donner aux mem- bres d'Archite&ure, & aux ornements de la dé- coration , un cara&ère de légèreté, qui fatisfaffe à la fois, & à la grandeur réelle de la pièce, & à l'augmentation apparente que femble lui pro- curer l'effet des glaces. Il eft aif£ de concevoir» par exemple, que fi l'on en introduit dans les trumeaux, tel qu'il s'en voit à l'Hôtel de Villars; alors ces glaces avec le vide des croifées, donnent à la
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d'Architecture. 27$
à-la Gallerie, l'air d'être percée φ jour : raiion
qui, fans doute, a porté l'Archite&e à ufer de trop de légèreté dans les ornements : ainfi la Gal- lerie de l'Hôtel de Touloufe nous plaît heaucoLip plus, parce que , dans les trumeaux , on a placé des tableaux, & qu'on n'a mis des glaces qu'en face des croiiées. Nous remarquerons encore qu'il eil eiTenciel,
dans ces fortes de pièces , lorsqu'on fait ufage des glaces , de ne pas en diflribuer dans tout le pour- tour , principalement, lorfque la hauteur du plan- cher n'eu que moyenne ; parce que néceiTaire- ment cette multiplicité de corps tranfparents, femhle agrandir le diamètre de la pièce, ce qui fait paroître le plafond trop bas. D'ailleurs, nous croyons qu'il convient de les fupprimer tout-à-fait, lorfque les trumeaux intérieurs ont moins que la moitié de la largeur des croifées : car ces glaces qui pré- fentent des vides, femblent devoir être affujéties en quelque forte , à la proportion régulière des ouvertures réelles : rapport auquel on ne prend pas aiTez garde, quand on leur donne de hauteur jnfqu'à trois fois , ou trois fois & demie leur lar- geur. Souvent on tombe encore dans le défaut d'approcher les bordures de ces glaces, iî près des chambranles , des portes ou des croifées j, que ces corps folides paroiffent à peine avoir fix ou fept pouces de largeur, comme on le remarque au grand Cabinet de l'Hôtel de Belle-Ifle : ce qui, non-feulement préfente un défaut de folidité ; mais ne laiiTe aucun efpace convenable , pour pou- voir placer fur ces pieds-droits , des girandoles, des portières , des rideaux, &c. Dans les tours creufes, placées aux extrémités
de notre Gallerie , on pouroit pratiquer des ni« Tome IV, $ |
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ZJ4 Cours
ches, pour recevoir des ftatues, telles qu'il sien
voit dans celle de l'Hôtel de Touloufe à Paris ; néanmoins, malgré cet exemple affez célèbre, ce genre de décoration nous paroît peu propre à figurer avec les ornements, les glaces & la pein- ture , dont ces fortes de Galleries font ordinai- rement ornées, ces niches ne pouvant guères convenir, que lorfque ces Galleries font toutes décorées d'Architecture, de Sculpture & de ta- bleaux ; comme celles de Meudon, de Clagny, & celle d'Apollon au Vieux-Louvre ; ou bien dans les Galleries de magnificence, telles qu'à Ver- failles , où les matières précieufes, la Sculpture, la Peinture, les bronzes , les glaces , font ma- riés avec beaucoup d'art, & où néanmoins on re- marque des ftatues, fans être enfermées dans des niches, ces dernières ne nous paroiffant guères convenables, que dans l'intérieur des Temples, ainii que nous l'avons déjà expliqué dans les Volumes précédents. Néanmoins , lorfqu'on croit pouvoir faire ufage des niches, dans les pièces idont nous parlons ; il faut confulter fi les murs qui les reçoivent ont affez d'épaiffeur pour pou- voir donner à ces niches une profondeur, qui les rende capables de recevoir les ftatues & les attributs , fans que celles-ci foient obligées d'ex- céder le devant de leur demi-diamètre; puifqu'au- trement, on eft obligé de faire placer les ftatues en porte-à-faux fur des culs de lampes; ainfi qu'on l'a pratiqué contre toute idée de vraiffem- blance , dans la Gallerie de l'Hôtel de Touloufe , & dans celle de Meudon. N'en doutons point, on doit préférer à ces niches imparfaites , de grandes torchieres , des candélabres, quelques beaux médailliers ou des meubles, dans le goût de |
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D'A RCHITECTURE. ZJ^
ceux que Boulle, le plus célèbre Sculpteur, & le
plus habile Ebénifte que la France ait produit de fon temps, a fait exécuter, dans nos Maifons Royales ; ou ii, enfin, les ilatues parohTent né- ceffaires ici, en faveur de la grandeur du vahTeau, il faut qu'elles foient ifolées & portées fur des piédeitaux qui prennent naiffance fur le parquet. PaiTons à préfent à la Chapelle placée au bout de notre Gallerie. Ό es Chapelles, faifant partie des Apparuments
des Edifices de quelque importance,' Les Chapelles dont nous nous propofons de
parler ici, font dé petites Eglifes à rez-de-chauiTée, avec Tribune pour la Muiîque, comme celle de Verfailles & celle de Fontainebleau ; ou bien, dans un Palais, c'eft une pièce attenant les grands appartements, & dans laquelle eit un Autel pour dire la MeiTe & l'entendre, fans fortir du prin- cipal corps-de-logis, telles que font à Paris, celles des Palais des Tuileries & du Luxembourg. Lorf- que ces Chapelles font détachées des Bâtiments, on les défigne en dehors, par quelques fymboles puifés dans le Chriftianifme; autrement, il faut s'en abitenir; ces fymboles fe trouvant le plus fouvent confondus avec les allégories profanes de l'Edifice, & plus fouvent encore, avec les at- tributs du Paganiime ; ainfi qu'on le remarque au Palais du Luxembourg du côté des Jardins. Quelquefois ces Chapelles font pratiquées tout
près des principales pièces, comme au Château de Vincennes, à celui de Belle-Vue & ailleurs : ce qui difpenîe de traverfer tous les grands Ap- partements , comme à Verfalles, à Fontainebleau 9 Sij
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276 Cours
à Meudon; ou bien de defcendre & de monter des
Appartements dans la Chapelle , pour entendre la Meffe ; comme aux Tuileries & au Luxem- bourg; fituation peu commode, l'hiver, à caufe de l'air froid qu'on éprouve, pendant la longueur du trajet. Au refte, il faut convenir que ii, d'un côté , ce trajet n'eft pas fans difficulté , de l'autre, il eft contre la bienféance de placer ces Cha- pelles trop près des pièces de fociété ; puifque, raifonnablement, elles doivent être éloignées de toute action mondaine, Mais c'eft, fur-tout, man- quer à cette même bienféance, que de les placer, comme on ne le fait que trop communément, atte- nant les Anti-chambres où fe tient la livrée, ou dans des retranchements pratiqués dans les Salles à manger. La décoration des Chapelles dont nous par-
lons , n'exige pas moins de retenue dans fon or- donnance , que de précautions pour ce qui re- garde leur fituation & leur difpofition : leur gran- deur & leurs dépendances doivent auffi être pro- portionnées à l'étendue de l'Edifice, au nombre des Maîtres, & à celui des Domeftiques ; enforte que, félon le befoin, on pratique des tribunes, par diftinction pour les premiers , & des places particulières pour les derniers : ce qui détermine ibuvent à faire monter de fond ces Chapelles, comme celles de Choiii, de Meudon, &c. & ainiî que nous l'avons pratiqué dans celle marquée Ρ 8 de notre Plan, dont la forme circulaire eft de vingt- quatre pieds de diamètre, & s'élève dans toute la hauteur de TEdifice ; de maniere que, pour arriver aux Tribunes élevées au plain-pied des terraffes du premier étage , on peut, de l'in- térieur de la Gallerie Ρ 7 , y monter par le |
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d'Architecture. 277
petit Efcàiier ƒ, pris dans le mailif des murs.
Cette Chapelle eil éclairée par trois grandes
arcades à rez-de chauffée, & par fept autres pla- cées au-deffus (e), & dont les embrafures fer- vent de tribunes , qui fe communiquent par un trotoir formé fur la faillie de la corniche ; ainiï qu'on le remarque dans le Plan du premier étage de ce projet, Planche XLI. Au rez-de-chauiTée, & en face de l'enfilade de
la grande Gallerie, eil placé un autel & im re- table , qui eil détaché du nu du mur, de trois pieds & demi ; ce retable eil adapté contre un lambris de neuf pieds de hauteur, derriere lequel eil pratiquée une petite Sacriilie g, un pafTage extérieur hr & un Oratoire i pour l'Aumônier ; qui, des dehors, peut entrer dans cette Cha- pelle, fans paffer par les Appartements : ce lam- bris eil continué circulairement par une balus- trade d'appui, élevée fur trois marches ; elle forme , à rez-de-chauffée, des tribunes baiTes, qui, par la profondeur des embrafures l, procurent un efpace fuffifant, pour contenir des lièges, des banquettes, &c. \ ■ \ Cette Chapelle eil terminée en calotte ornée
d'arcs doubleaux qui répondent à chaque trumeau placé entre les huit arcades du premier étage. Elle eil fuppofée conilruite en pierre de Liais , & fon ordonnance compofée de grandes parties. Les ornements doivent y être diilnbués avec choix & fans coniufion ; la proportion & la rim- plicité doivent y préfider plus que dans tout an- |
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Ce) La huitième eft feinte à caufe de la communication du
petit efcalier. Siij
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ijS Cours
tre genre de décoration ; car il ne convient point
ici d'employer des ornements frivoles , ou des formes haiardées ; ils font trop contraires à la majeité du lieu : celles de Meudon, de Clagny & de Seaux font des modèles à imiter, & toutes les trois préférables à toutes celles que nous ne citons pas, mais où l'on remarque que l'Archi- \ec~ture, la Peinture & la dorure n'offrent que de la profufion , δε de trop petites parties : exem- ples dangereux qui nous portent à répéter, que le premier mérite de l'Archite&e coniiite à mon- ter le ftyle de fon ordonnance, à raifon de la deftination des lieux $ & des matières qu'il doit employer; autrement, toutes fes productions fe reffemblent, quoiqu'élevées pour des fins diffé- rentes. Nous avons déjà défaprouvé dans notre Plan,
la pontion de cette Chapelle, placée à l'extrémité d'une Gallerie de communication aux Apparte- ments ; cette pofition n'étant guères favorable que dans le cas d'un Palais Epifcopal, ou de tout autre Edifice de ce genre : parce qu'alors la porte qui eft vis-à-vis l'autel , étant ouverte, procu- reroit la facilité au Prélat d'entendre la Meile, de l'intérieur de la Gallerie : mais ici, cette Cha- pelle prive néceffairement cette Gallerie du fpec- tacle des Jardins ; coup d'œuil trop intéreflant pour être négligé , dans un Edifice de l'efpece de celui dont nous parlons : auffi , avons-nous déjà avancé , qu'elle feroit mieux fituée dans le Cabinet ou petit Sallon Ν 6, l'enfilade Ε F , étant interceptée par le mur de refend qui divife les pièces Ο 2 & Ο 3 , à caufe de la Chambre à coucher qui fait partie de l'Appartement privé; ainii que nous le dirons bientôt. |
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d'Architecture. 279
La pièce Ρ 9, eil un Veitibule de forme cir-
culaire de vingt-quatre pieds de diamètre, qui donne entrée à la Gailerie; & celle-ci à l'Appar- tement de parade Ρ, fans être obligé de paffer par celui de fociété M; de maniere, qu'en tranf- pofant la Chapelle dans la pièce Ν 6, la Gailerie pouroit avoir, à l'une de (es extrémités, un Sallon , dont la forme figureroit avec le Veitibule. On pouroit même orner ce dernier, à raifon de la magnificence répandue dans l'ordonnance de la Gailerie, & du Sallon qui prendroit la place de la Chapelle. Ce Sallon & le Veitibule n'auroient à la vérité, que vingt-un pieds de hauteur ; celle des planchers étant aiïujétie aux pièces de deiïus; mais cela n'empêcheroit pas que la Gailerie en eût vingt-quatre : ces trois jMeds d'augmentation pouvant être pris dans la hauteur des combles qui couvrent les ailes iimples de ce projet. La chambre de parade Ni, dont nous avons
parlé, en décrivant celle Ρ I , a fa principale en- trée par les pièces M 7 , M 6, M 4, M 3 & M 1, qui compofent l'Appartement du Maîrre, & celui de fociété. Cette pièce Ν ι , a pour dépendances celles Ν 4,Ν 5 &N 6. Nous avons nommé celle mar- quée Ν 4, arrière Cabinet ; la Chambre Ν ι, étant précédée d'un Cabinet proprement dit : enforte que la pièce Ν 4, peut fervir à contenir un bu- reau , & à donner entrée à la pièce N'y, qui fer- viroit de Bibliothèque d'une fufîifante grandeur, pour une Maifon de plaifance : elle auroit d'ail- leurs , pour fupplément, le petit Sallon ou Ca- binet Ν 6, capable de contenir des curioiités, des tableaux, des eftampes,* &c. Pour le fervice du Maître , nous avons pratiqué une Garderobe particuliere Ν 7; afin que, livré à l'étude, il ne |
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2.8ο Cours
foit pas obligé de traverfer fon Appartement,
pour venir chercher celle M 2.; précaution né- ceffaire à ohferver dans la diitribution d'un Plan ; l'Appartement Ρ étant, comme nous l'avons déjà dit, un Appartement de parade, & celui Ο , que nous allons décrire, un Appartement privé, deftiné pour la Maîtreffe du logis. Les pièces Oi,0.2, Oj, 4, 5&6, com-
pofent l'Appartement d'habitation derliné pour la Maîtreffe de la Maifon ; auiîi n'eft-il pas compris dans l'enfilade A Β, ni dans le dénombrement des pièces indiquées dans notre Plan M ? Ν , P. Cet Appartement privé , placé près de celui Ν , ha- bité par le Propriétaire, a fon entrée particu- liere parTAnti-chambre O 1; entrée qui ne doit avoir rien de commun avec celles par où les Etran- gers arrivent; mais feulement pour les perfonnes en familiarité avec la Maîtreffe qui rende dans cet Appartement. Celui-ci eft compofé d'une Anti- chambre , dont les angles font à pans coupés ; elle a vingt quatre pieds de diamètre, & efl éclairée par trois portes croifées; elle peut être échauffée par un poêle introduit dans la cheminée placée dans l'un de fes angles. La décoration de cette Antichambre doit être de menuiferie compartie 3. grands panneaux, fans Sculpture , dorure , 111 glaces, non-feulement à caufe du féjour conti- nuel des Domeftiques ; mais encore,, parce, que cette pièce eft la premiere, qui donne entrée à l'Appartement d'habitation, lequel, comme privé , peut être décoré avec moins de magnificence ; & comme tel, il effconvenable qu'il n'ait au- cune communication-avec l'enfilade E F. Cette communication fe trouve ici interceptée par îe mur de refend qui fépare la pièce O 3 de celle |
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d'Architecture. 281
O 2 ; ainfi que nous l'avons déjà remarqué.
Dans Tun des maiîifs des pans coupés de cette
pièce , eil placé un petit efcalier à vis évidée, ainfi qu'il s'en trouve pratiqués dans les autres Pavillons placés dans les angles de cet Edifice : ces efcaliers fervent à monter au premier étage élevé fur ces Pavillons. A la droite de cette An- tichambre , eil un bouge marqué Ο y, nommé ainfi, parce que cette petite pièce eil peu éclai- rée , & qu'elle ne fert ordinairement qu'à conte- nir du bois pour les Appartements, & pour ferrer les uileniiles utiles aux Domeiliques : enforte que 9 par ce moyen, ces bouges ou dépots débarrafTent les Antichambres , & les tiennent dans un certain état de propreté. . :._ De cette Antichambre, on parle dans une Salle
de compagnie ou Cabinet de jour Ο 2, éclairé par trois croiiées qui donnent du côté de l'entrée : celles du côté du Jardin ne font que feintes ; l'axe de ces dernières ne fe rencontre pas avec les autres, à l'exception de celles qui pouroient s'alligner avec l'enfilade V X : mais nous n'en avons point fait ufage ici, parce que cet alligne- ment ne fe trouvant pas placé dans le centre de la pièce, nous croyons qu'il vaut «lieux inter- cepter cette enfilade , que d'en faire ufage dans l'un de fes angles ; fur-tout lorfque la pièce fe trouve fufHfamment éclairée ; ces jours placés ainfi, produisent uil louche qui réuffit toujours mal, comme nous l'avons remarqué ailleurs. Nous avons placé la cheminée de cette pièce en face de fa principale entrée ; &, par cette pofition , elle arrête l'enfilade È F , ' pour les raifons que nous venons de rapporter. A la gauche de cette cheminée, eil placée une porte à placard? qui |
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i$i Cours
donne entrée à la chambre à coucher O 3 ; enforte
que l'enfilade E F, peut reprendre fon alligne- ment j depuis la cheminée de cette Chambre , jufqu'à la porte croifée du Cabinet M 6 qui donne fur la terrafle ; en fuppofant qu'on déiire que les pièces Ν 5 & Ν 6, communiquent avec la pièce Ο 3, dont nous allons parler. Le lit de cette Chambre eft placé dans une al-
côve (ƒ), qui diffère des eftrades (g) qu'on re- marque dans les Chambres de parade Ν ι, Ρ r ; parce que les alcôves ne font foutenues que par des pieds droits ; & que les ouvertures des eftrades ont pour point dappui des colonnes, au bas des- quelles font pratiquées des baluilrades, qui fouvent font élevées fur des marche-pieds, tels qu'on en remarque encore dans la plupart dé nos anciennes Maifons Royales : aujourd'hui, on ne fait plus tifage de ces marche-pieds, tous nos Apparte- ments étant parquetés. On diftingue feulement l'enceinte du lit par des tapis de pied, & par-là, on évite de monter & defcendre; ces gradins ne s'obfervent plus que dans les Chambres du dais» du trône , &c. Nous avons recommandé que, dans une Cham-
bre à coucher, le lit fût placé en face des croiiées, |
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(ƒ) Alcôve 3 en Latin Zêta, ou félon les Arabes, Elcoba,
qui lignifie une tente fous laquelle on dort : nous ferions tenté de croire que ce mot vient plutôt à'Aiveus, qui veut dire en latin, une cellule, un efpace, un enfoncement, une retraite, une niche. Le lit d'une rivière en latin s'appelle Aiveus : la petite cellule des ruches qu'occupe chaque chrifalide ou chaque mouche, s'appelle Aiveus : nous en avons même fait le mot François Alvéole. (g) Du latin Stratus, couché. Les eftrades des Divans & les
falies d'audience chez les peuples du Levant, font appelés Sopha-. |
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d'Architecture. 285
& qu'il fût iitué dans le milieu d'une des extré-
mités de la profondeur de la pièce ; ainii qu'on le remarque dans les pièces Ν ι, Ρ ι. Ici l'enfi- lade Ε F, quoiqu'interceptée, nous a empêché de le placer où eu la cheminée : d'ailleurs, comme nous l'avons déjà dit, il faut éviter, autant qu'il eft poiîîble, de placer la principale entrée d'une telle pièce, fort près du lit; à moins que celui-ci ne foit en niche, comme dans la Chambre Ρ 2 : autrement, l'air des pièces qui précèdent, rend prefque impraticable,pendant l'hiver, l'ufage de ce meuble effenciel : d'un autre côté, la faillie qu'il forme, vu de front, lorfqu'il eil ifolé, maf- que la décoration des portes entre lefquelles il fe trouve placé : nous difons des portes; car, pour fatisfaire à la fymétrie, on eft obligé d'en feindre une du côté oppofé à la véritable entrée : d'où il s'enfuit que le lit paroît être placé entre deux: ouvertures réelles, ce qui bleffe toute idée de convenance, fur-tout lorfqu'il s'agit d'un Appar- tement de diftinclion : autre chofe eit d'une Cham- bre ordinaire-, où fouvent, on fupprime les portes feintes pour ranger le lit dans un des angles de la pièce ; ce qui n'eft fupportabie néanmoins , que dans une Maifon bourgeoife, & non dans un Edi- fice élevé par la magnificence. Pour pratiquer en face des croifées l'alcove de
la Chambre à coucher Ο 3, dont nous parlons 9 &, tout à la fois, fatisfaire à la iymétrie , nous avons profité de la profondeur des deux doubles murs de refend, & nous y avons renfermé cette alcôve ; de maniere qu'il n'y a que la baluftrade qui faille dans l'intérieur de la pièce ; & que, de l'enceinte de cette haluitracle, on peut déga- ger, d'une part, dans le Cabinet Ν 4, pour ar- |
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2§4 Cours
river à la Chambre de parade Ν ι , & de Fa titre,
dans les Garderobes O 4, O 5 ; lefquelles aii- roient à leur tour leurs dégagements par la pièce O 6, deftinée pour une femme de chambre, qui auroit fa fortie par l'une des portes croifées, clircri- huée du côté de l'entrée , & par la terrafîe qui re- gne au pourtour de cet Edifice. Nous obferverons , qu'à la place de la Garde-
robe O 4 , deftinée ici pour les lieux à foupape, on pouroif en faire un Cabinet de toilette, & placer plus convenablement ces aifances dans la petite pièce O 5 ; car il eil plus naturel de paffer de la toilette dans la Garderobe , que de celle-ci dans l'autre : d'ailleurs, ces aifances tranfpofées aixiii , pouroient fervir pour l'Appartement Ν ; & de la petite pièce Ν 2, on en feroit un poudrier, quoi- que nous ayons recommandé, en général, de pro- curer à chaque Appartement une Garderobe par- ticuliere à foupape, & même d'en pratiquer de doubles pour les étrangers, telle que celle M S que nous avons deftinée à cet ufage. Nous avons déjà dit, que nous avons prati-
qué le pafîage qui fe trouve à la droite du lit de la Chambre O 3 r pour communiquer à l'Appar- tement Ν : nous répéterons , que ces ι doubles murs de refend font obfervés ainfi , pour lier, d'une maniere plus conftante, l'angle rentrant Κ du mur de face , & fatisraire à la fymétrie des écoinçonS de l'arriére Cabinet Ν 4, clans le même cas que celui Ρ 6 ? que nous avons décrit précédemment. Le grand Cabinet , ou la Bibliothèque Ν 5 , a
■vingt-quatre pieds de hauteur & de largeur , & quarante-neuf de longueur, non compris la tour creufe placée à l'une de fes extrémités ; cette tour creufe eft encore pratiquée ici, dans Tinten- |
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d'Architecture. ig£
îion de corriger le défaut de fymétrie qui fe fe-
roit rencontré dans fes angles, ii Ton n'eut con- tinué droit le mur de refend qui fépare cette pièce d'avec le Cabinet ou petit Sallon Ν 6. Au milieu de cette tour creufe, fe remarque une porte d'enfilade, dont l'embrafure eft tenue un peu profonde, à caufe cïqs maiïiis des Pavillons qui s'élèvent à pans coupés au premier étage , & que , dans l'embrafure de cette porte, on a pu en pratiquer deux autres petites ; l'une , don- nant entrée à un piiïbir Ν 7 (A) ; l'autre, à un petit efcalier qui monte de fond : il eft bon néan- moins , d'éviter la trop grande profondeur de ces embrafures, qui nécefîairement deviennent obf- cures dans leur paiTage ; mais fouvent on s'y trou- ve forcé, en faveur de la fymétrie, qu'on eft obligé de conferver dans les pièces principales : enforte que c'eft à la prudence de 1 Architecte, de combiner l'avantage qui peut réfulter de ce léger inconvénient, pour ofer fe le permettre ou fe le défendre abfolument. Cette pièce Ν 5, eft éclairée par trois portes
croifées, percées dans la face latérale de ce Pa- lais : vis-à-vis de celle du milieu eft une cheminée enfermée dans une arcade feinte, ainii que nous en avons obferyé une , pour recevoir la porte à placard qui fe trouve placée dans l'enfilade A B. Pour plus de régularité, nous en avons auffi af- fe&é une de l'autre côté de la cheminée ; de ma- |
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_ (h) Cette petite pièce* n'aurait de hauteur que huit à neuf
pieds, & ferait voûtée, afin que le vide qu'elle occupe dans le malîlf, ne pût nuire à la folidité des pans coupés placés dans les angles du premier étage : voyez ces pans coupés dans la Planche XLI, |
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2.S6 Cours
niere, que vis-à-vis des trois arcades réelles, on
en trouve autant de feintes, qui, en fatisfaifant à la fymétrie, n'en reçoivent pas moins différents genres de décorations, aiîbrties à l'ufage de la pièce. Ce feroit dans les trumeaux placés entre chacune de ces arcades réelles ou feintes, qu'on pouroit, en calant les lambris , pratiquer des ar- moires pour contenir des livres ; cependant, nous dirons qu'il eil bon d'obferver, de ne jamais pla- cer ces Bibliothèques, dans l'enfilade du princi- pal corps de logis, leur ufage particulier exigeant une forte de recœuillement qui-, dans les heures d'étude, priveroit néceifairement de la jouïiTance de l'enfilade AB, ce qui, dans ce Plan, devien- droit un défaut eifenciel ; pu, ce qui feroit pire encore, on s'y trouveroit diitrait, par le con- cours de la fociété, les portes étant ouvertes : enforte que le moyen d'éviter ces deux inconvé- nients, ce feroit de faire ce Cabinet de Livres, ordinairement peu nombreux à la campagne, dans le Cabinet ou petit Sallon Ν 6, ii l'on n'y plaçoit _ pas la Chapelle , comme nous l'avons propofé précédemment ; ou bien on pouroit tranfporter au premier étage cette Bibliothèque, & faire des deux pièces Ν 5 & 6, ou feulement de la pièce Ν y, un Cabinet de tableaux, qui fe trouveroit placé alors avec une forte d'intérêt, à l'une des extrémités de l'enfilade des grands Appartements. Il ne nous reite plus guère à parler que des Efcaliers ; mais comme ce genre de pièces exige des connoirTances particulières, nous allons d'a- bord en traiter 'd'une maniere générale : nous par- lerons enfuite de celui Y 1 , par lequel nous terminerons la diftribution du rez-dç-chauifée de ce Palais. |
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d'Arc η ιτ ec τ ure. 287
Des Ejcaliers en général.
Ce que les Anciens ont laiffé concernant les
Efcaliers (i), nous fournit peu d'exemples. Ce qu'il en reite aux Thermes , aux Théâtres , aux Amphithéâtres , dans les Temples & ailleurs , sous prouve affez, que les Archite&es de l'Anti- quité ont négligé cette partie du Bâtiment; fans doute, parce qu'ils diftribuoient leurs Apparte- ments à rez-de-chauffée, & qu'ils ne pratiquoient que de petits Efcaliers, pour monter aux entre- fols & fur les terraffes. Ce qui nous confirme dans cette opinion , c'eft que les veitiges que l'on re- marque dans la plupart des ruines de ceux de l'ancienne Rome, ont des dégrés fort élevés , étant faits, pour l'ordinaire , fur la proportion du triangle de Pytagore (£) ; enforte, qu'il n'eil guères poffible de concevoir que ces Efcaliers fuiïent propres à Tufage des Bâtiments civils; l'in- clinaifon de leur limon étant trop roide, & leurs dégrés trop élevés. Entre les Auteurs qui ont écrit depuis Vitruve,
tels qu'Alberti, Palladio, Savot & Scamozzi , ce dernier erï celui qui s'eft le plus étendu fur cette partie de la diitribution, dont il propófe dix exemples : favoir, fix pour les grands & moyens |
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(i) Efcalier, du latin Scala, qui dérive du verbe Scanden ,
monter. (/<) Vitruve prétend, L. 9. C. 1, que parmi les différents ufa-
ges de ce triangle , finéceifaire dans le Bâtiment, celui de dé- terminer la mefure des Efcaliers, eft le plus utiles car, dit-il, fi l'on partage la hauteur depuis le rez-de-chauilée jufqu'au premier étage , en trois parties , & qu'on donne quatre de ces parties à la bafe , l'oblique qui aura cinq parties, fera une inclinaifon conve.nable p0,ur établie les rampes & les marches des Efcaliers. |
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iS8 Cours
Efcaliers, & quatre pour les petits. Les fix pre-
miers qu'il appelle à branche longue & fimple, à branche double avec des paliers dans le milieu, à branche double ou fimple, & vide dans le milieu , à branche fimple ou double avec les dégrés fecrets ou de dégagement, à branche à quatre rampes, de droite & de gauche , &: vide dans le milieu. Les quatre autres pour les Efcaliers de dégage- ment qu'il apelle en amande, en ovale, en co- quille & en limace, dont il donne l'explication dans fon Livre. Nous y renvoyons nos Elevés : la plu- part de ces différents genres d'Efcaliers ne font plus en ufage ; nos Architectes François ont fait des dé- couvertes beaucoup plus intéreifantes à cet égard. Savot rapporte auffi que les Anciens fe fervoient
fréquemment des Efcaliers à rampes fans marches , mais feulement en talut, auxquels ils donnoient de hauteur la fixieme partie de la bafe, ainfi que Vignole Ta obfervé au Château de Capraroles, & qu'il s'en voit un au Palais du Vatican à Rome , & aux grands Efcaliers en terraife du Château neuf de Saint-Germain-en-Laie. On en voit encore à peu-près de cette efpece dans les Jardins du Châ- teau de Trianon ( L ) , placés à la tête d'un des bras du Canal de Verfailles ; mais ces Efcaliers ne font d'ufage ordinairement que pour les écu- ries fouterraines , les ferres, & les orangeries ;' ils ne font pas partie des Efcaliers dont nous vou- lons parler, & que Ton peut confidérer au nom- bre de vingt-quatre. Par exemple on appelle principal ou grand
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( /) Ces fortes /l'ECcalieis fe nomment à girons rampans,
parce que les marches qui les compofent, ont beaucoup de largeur & peu de hauteur, &c par conféquent un talut aiTçz doux, pour que les cheyauxpuiiTçftt y monter & defcendre.
£fçalier?
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ö'A HC H IT E G Τ ÜB. Ë. 3&$
Efcalier, celui qui, ne montant qu'au premier
étage où f©nt placés les beaux Appartements , eil le plus fpacieux de l'Edifice , & dont la déco- ration répond à la magnificence du grand Seigneur qui l'a fait élever* On appelle Efcalier en periflyle circulaire $ celui
dont les rampes (m) font portées fur des colonnes, tel que celui à vis du Château de Gaprarôles ; celui du Palais Borghèfe à Rome; & à Paris, celui de l'Hôtel de Beauvais* On appelle Efcalier à ptriflyh droit & en per*
fpeciîve, celui dont la rampe continue (tel que ce- lui du Vatican) fe trouve entre deux rangs de colonnes non paralleles, & dont les diamètres font inégaux ; de maniere que celles d'en-haut font environ d'un cinquième moins élevées que celles d'en-bas, quoique du même ordre , & d'un dia- mètre proportionné à leur différente hauteur ; enforte que le berceau (h) rampant qui porte ces colonnes, n'étant pas non plus parallele à la pente des marches, l'enfemble delà cage de l'Ef- calier forme une gradation d'objets qui lui donné |
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(m) On comprend fous le nom de rampes, autant une fuite
de dégrés fans interruption entre deux paliers, que leur baluf- trade à hauteur d'appui, que ces dernières foient de marbre, ou de pierre, ou de fer, &c. On appelle rampe courbe 3 une portion d'Ei'calier à vis fufpendue^ ou à'noyau évidé, laquelle fe trouve par une cerche"rallongée , pour former des quartiers . tournants àl'ufage des Efcaliers circulaires» On appelle rampe à ri/faut, celle dont la continuité eft interrompue par des piédeftaux placés dans les angles dee paliers : mais il faut obferver, que celles-ci ne font jamais fi bien que les rampes continues. .; ' (n) On appelle berceau, une voûte en plein-cintre , comme
celles d'une cave , d'une écurie & d'une orangerie, qui peuvent être coniîdérées comme yoûtes droites, biailes, ou en ogive. Tome IK T
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290 Cours
une longueur apparente au-deiTus de la réalité.
Cet ouvrage ingénieux eft du Cavalier Bernin. On appelle Efcalier à deux rampes alternatives,
celui qui eft droit, & dont les échiffres (o) por- tent de fond, tel qu'un mur de refend ; ainii qu'on le remarque aux grands Efcaliers du Vieux-Lou- vre à Paris, &c. On appelle Efcalier à deux rampes paralleles ,
celui qui, d'un même palier à rez-de-chauffée, monte au premier étage par deux rampes, l'une à droite , l'autre à gauche , fur deux murs de re- fend oppofés, & qui aboutiflent en-haut fur un palier {p ) commun ; tel que celui du Château de Saint-Cloud, qui diffère de celui du Palais des Tuileries, en ce que ce dernier eft compofé de ïrois rampes , l'une qui monte fur un palier, pratiqué environ à la moitié de fa hauteur , & deux autres qui montent de ce palier au pre- mier étage. On appelle Efcalier à deux rampes oppofées ,
celui qui monte à droite & à gauche, par deux rampes égales , vis-à-vis l'une de l'autre, & qui |
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(î>) Echiffre eft le mur rampant qui porte les marches d'un
Efcalier , & fur lequel on pofe la rampe de pierre ou de fer; il eft ainii nommé , parce que pour pofer les marches, on mar- que fur ce mur des chiffres, qui expriment leur quantité, la largeur de leur giron & leur hauteur. (p) Palier ou repos , eft un efpace entre deux rampes & dans
les retours d'un Efcalier ; & dont la largeur communément eft égale à la longueur des marches , ces paliers fervent à fe délafler de la fatigue d'avoir monté ou defeendu de fuite. Une certaine quantité de marches. Il'eft des demi-paliers qui n'ont de largeur que deux girons, & que Philibert de Lorme appelle double marche; mais il en faut éviter l'ufage., ii ce n'eft dans les Efcaliers à vis, ou petits Efcaliers dérobés, oii de vingt marches en vingt marches , on peut obferver un palier que l'oa nomme triangulaire. |
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D'A ft C Hï Τ E Ç Τ VK-Ë, · ipï
toutes deux commencent fur un palier commun au rez-de-chaïuTée , & fmiiTent à une même hauteur , tel qu'on a vu celui des AmbaiTadeurs à Verfailles. On appelle Efcalier commun , celui qui dans un
Bâtiment, fert à communiquer à deux corps-de- logis par des paliers de communication , quand les étages font de plain-pied; ou par des paliers alternatifs, lorfque les Appartements font d'iné- gale hauteur; ainii que cela arrive dans prefque toutes les Maifons particulières, dont le corps- de-logis eil fur la rue, & les autres Appartements en aîle, entre cour & jardin. On appelle Efcalier à repos, celui dont les mar-
ches des rampes droites font paralleles, & fe ter- minent alternativement à des paliers, foit qu'ils ne montent qu'au premier étage, foit qu'ils mon- tent jufqu'aux combles. On appelle Efcalier a quartiers tournants, celui
dont les rampes dans une cage de moyenne gran- deur , font obligées de retourner plufieurs fois pour arriver à la hauteur d'un étage propofé, & qui, dans chacun de leurs retours? ont des paliers ou des marches tournantes en forme de rayons , où les colets {q) viennent fe réunir; ce qui doit déterminer à arrondir ces quartiers tournants le plus qu'il elt poflible, afin de procurer une plus grande largeur à ces colets, qu'il faut cependant éviter dans un Efcalier un peu conûdérable. On appelle Efcalier triangulaire, eelui dont 1«
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(q) Colet s'entend ordinairement de la partie la plus étroite
du giron d'une marche. Il faut les éviter, autant qu'il eit, poiïi* ble, dans les grands Efçaliçrs j ils ne font tolérables que dans ceux de dégagement. Tij
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292 Cours
limon (r) & la cage forment deux triangles pa-
ralleles ; mais ces Efcaliers ne doivent être d'ufage que pour les dégagements. On appelle encore Ef- calier triangulaire & à double rampe, celui dont les limons font faits de deux triangles dans une cage carrée , conilruits ainii par la mjétion du terrain ; cet Efcalier peut fe mettre en pratique dans les Bâtiments ordinaires. On appelle Efcalier antre, celui dont une des
extrémités eil circulaire ou elliptique , enforte que les collets de fes marches font plus larges ? vers cet arrondiiïement que vers fon noyau (ƒ) , comme dans tous les Efcaliers à vis (t), qui fe pratiquent avec des courbes rampantes & fulpen- dues , tel que celui de Fobfervatoire. On appelle Efcalier à jour , celui qui, non-feu-
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1 (r) On appelle limon , une tablette rampante 3 qui, ' dans
un Efcalier, fert à porter les marches, les rampes ou les ba- lullrades. (ƒ*) Noyau, eft un cilïndre de pierre qui porte de fonds, &
qui efh formé par les colets des marches gironnées d'un Ef- calier à vis. On appelle Noyau creux, celui qui étant d'un diamètre fuffifant, contient une defeente ou décharge pour les .Éatrx des combles, tel qu'il s'en remarque aux Invalides. On appelle Noyau creux 3 evidé ou fufpenddXcelui qui étant percé à jour, en forme d'hélice, produit une légèreté agréable dans Ta conftruéHon , tel qu'on le remarque aux petits Efcaliers qui montent aux tribunes de la Chapelle de Verfailles , & au Château de la Ménagerie. On appelle auih Noyau3 une pièce de bois pofée à plomb , qui reçoit dans fes mortaifes , les te- nons des marches d'un Efcalier de- charpente. "■'■(t)-VUi s'entend d'un noyau plein ou évidé , fait en fpi- ral, & taillé d'une groiTe moulure en forme de feotie pour ' recevoir un écuyer. Il faut avoir attention au diamètre de ce noyau , pour y creufer cette moulure , & iî l'on craignoit qu'elle n'en altérât la folidité, il ferait mieux de placer cette feotie dans le mur de cage, tel qu'on l'a pratiqué à l'Efcalier à-vis qui" monte du premier étage au comble du Château de Maifons. "«Λ' |
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D A R C H I Τ Ε C Τ ÜRE. ±$$
lement eil tout ouvert d'un côté fans croifées,
fans portes, nL bamitrades ; mais auffi générale- ment tous ceux dont les murs d'échiffre , les li- mons ou les noyaux font évidés ; enforte que la lumière, foit qu'elle vienne des murs de face,, foit qu'elle vienne d'en haut, plonge facilement fur les paliers. ■ On appelle Efcalier rond, fphérique , ou cylindri-
que , celui qui efl en vis ou hélice avec noyau, & dont les marches tournantes , en forme de rayons droits, mixtes ou courbes, portent des déîar- dements (#), ou adouciifements rampants : ces mar- ches font foutenues par leurs colets furies cylindres qui montent de fond, & dont elles font partie. On appelle Efcalier rond fafpendu , celui qui efl
fans noyau , & dont les marches tiennent à une efpece de limon formant fpirale, qui laûTe un vide circulaire dans le milieu, faute de jour fur le mur de cage , afin d'éclairer au moins les colets de ces marches par en-haut, lorfque ces fortes d'Ef- caliers font pris entre deux murs de refend* On appelle Efcalier rond a double vis, celui qui
a de doubles rampes l'une fur l'autre, tel que celui de Chambor, dont les marches tiennent par leurs colets à un mur intérieur auffi circulaire, & percé d'arcades, qui donnent du jour dans le milieu y tel encore que celui des Bernardins à Paris. On appelle Efcalier à vis Saint-Gilles , ronde 9
(h) Dé/arder 3 c'eft couper obliquement le deiTous d'une
marche de pierre que Ton veut rendre apparente 3c fans ra- valement -, foit qu'elle foit à joints ou à redens 5 c'eft pourquoi l'on dit dans un devis , que Jcs marches porteront leur dëlàr*- dement. Ce terme s'applique auffi aux Efcaliets de charpente, lorfque l'on en veut ravaler la coquille , ou laiiTer les bois- apparents par économie.
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3tp4 Cours
celui dont les marches portent ifne voûte ram-
pante fur le noyau , tel que celui du Prieuré de Saint-Gilles en Languedoc, dont le nom lui a été donné, & à l'exemple duquel ceux de Saint-Martin » des Barnabites, de Saint-Roch, à Paris, &c. ont été exécutés. On appelle Efcalkr λ vis S'ain,t-Gilles, carrée,
celui qui au lieu d'être conilruit dans une cage circulaire, èfl pratiqué dans une cage carrée par fon Plan, tel qu'il s'en remarque au Luxembourg, à Paris, On appelle Efcalkr ovaL· à noyau fufpendu, ce-
lui qui ne diffère des précédents que par fon Plan qui eil elliptique. On appelle Efcalkr en limace {x} , celui qui,
dans une cage ronde ou ovale, a î'qs rampes qui tournent à vis autour d'un mur circulaire percé d'arcades rampantes, & foutenu par des vouifures m trompe. On appelle Efcalkr en arc de cloître, à lunette &
à repos, celui dont les paliers carrés en retour , portés par des voûtes en arc de cloître, rachè- tent des berceaux rampants, dont les retombées font foutenues par des arcs auiîi rampants, qui portent fur des piliers ou noyaux montants de fond, qui laiffent un vide au milieu, & dont les arcs rampants forment des lunettes en décharges oppofées dans îes berceaux, tel qu'il s'en remarque au grand Efcalier du Luxembourg. (a) Lîmaee Λ nom qui dérive de l'efpèce de voûtes dont font!
isonitruites ces fortes d'Efcaliers $ on les nomme voûtes en li- maçons , ce qui s'entend de toute voûte fphérique , ronde s droite, furbaiiTée, ou furmontécs & dont les aflifes ne font pas pofées de niveau j mais conduites en fpirafô depuis tes fouiTmetg jufqu'à h clef, |
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d'Architecture. 29$
On appelle Efcalier en arc de cloître- ,fufpendu & à
repos, celui dont les rampes & paliers carrés & en re- tour , portent en l'air fur une demi-voûte en arc de cloître , comme celui de l'aile du nord au Châ- teau de Verfailles. On appelle Efcalier hors œuvre. 5 celui dont la
cage eft en dehors d'un Bâtiment, y tenant feule- ment par un de fes côtés, tel qu'on pratiquoit la plupart des anciens Efcaliers, qui aujourd'hui ne font plus d'ufage, à moins qu'ils ne fe trouvent compris dans un pavillon faillant, pour fymétrifer avec un autre qui lui fera oppofé. On appelle Efcalier dérobé, celui qui fert à dé-
gager les Appartements du premier étage, & du rez-de-chauiîée d'un Bâtiment; il fert auffi à mon- ter aux entrefols δε aux étages en galletas ; la plupart de ces Efcaliets montent de fond, & def- cendent même jufques dans les fouterrains. On appelle enfin, Efcalier en fer à cheval, celui
qui dans l'extérieur d'un Bâtiment eft appelé com- munément grand Perron (j), dont le Plan eft: circulaire, & les marches non paralleles, tel que |
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(y) Perroni eft: un grand Efcalier découvert dans un Bâti-
ment, qui fe fait de différentes formes & grandeurs, feloiv l'efpace & la hauteur où il doit arriver : il en eft de plufîeurs efpèces, de doubles , de carrés, de cintrés & à pans. Les Perrons doubles, font ceux qui ont deux rampes éga-
les , qui arri tctit à un même palier, ou deux rampes oppofées pour y arriver, comme celui de la cour des Fontaines à Fon- tainebleau. Il en eft d'autres qui ont ces deux difpofitions , tel que celui du Château neuf de Saint-Germain , du deflîn de Guillaume Marchand, Architecte de Henri IV , Se ceux du Jardin des Tuileries, par le Nôtre. L'ufage de ces derniers eft fort ancien j car, au rapport de Delande, dans fon Livre des beautés de la Perfc; on voit encore, dit-il, les veftiges d'un Perron de cette efpèce, parmi les raines de Tcheflminar, près Schyras en Perfe, Tiv
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296 Cours
celui çte Fontainebleau, celui de Trianon près Ver-
failles, &c. De la maniere de placer convenablement les
Efcaliers dans un Bâtiment. On plaçoit autrefois les Efcaliers en faillie au
milieu du Bâtiment dans des tours rondes, dans des tours ou des pavillons carrés, circulaires ou à pans, ainii qu'on le remarque encore aujourd'hui dans la plupart de nos anciens Châteaux. Cela fe pra- tiquoit ainii, félon l'opinion des Architectes de ce temps, dans l'intention de laiifer libre la com- munication intérieure des Appartements \ mais comme on a reconnu depuis que cette difpoii- tion défiguroit l'ordonnance extérieure de l'Edi- fice. On a préféré de les iituer dans la cage du Bâtiment, enforte qu'il ne s'en conitruit plus de cette premiere efpèce dans nos Maifons un peu coniidérables ; mais à leur place on conilruit de grands Perrons, tels que ceux dont nous venons de parler. Â ces Efcaliers en faillie, ont fuccédé ceux
qui font placés dans -le milieu de l'intérieur de l'Edifice , tel que fe remarque encore celui du Palais du Luxembourg ? & qu'on a vu dans le dernier iiecle j celui que Philibert de Lorme, avoit l
Lps carrés , font ceux qui font d'équerre , comme à la
Sorbone , au Val-de-Grâce , à Marly j &c. Les cintrés , font ceux dont les marches font rondes ou
©valçs, & qui forment un palier circulaire ou elliptique au piiliëu ; ainiï qu'on le remarque dans les jardins du Luxembourg. Le Perrons a pans , font ceux dont les encoignures font cou-
pées par un angle, dç 45 degrés, comme au, portail dçs, quatîQ waiiQftg à Paris,
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D'A RCHITECTURE. 297
fait conitruire dans le gros Pavillon du milieu
du. Château des Tuileries ({·).. Ces Efcaliers ainii placés communiquoient fouvent à deux Appar- tements diilribués à la droite & à la gauche de l'Edifice; ce qui dans ce.temps, paroiilbit fuffire pour la demeure des têtes couronnées : aujour- d'hui nous ne penfons plus de même ; le com- merce que nous avons eu avec les Romains, qui donnoient la plus grande partie de leur loiiir au faite & à la magnificence, nous a fait imaginer, de longues fuites d'enfilades d'Appartements, par lefquels il convient de paffer, avant d'arriver à l'Appartement du Maître ; & c'en: cette confidé- ration qui nous fait éviter de placer les grands Efcaliers dans le milieu de l'Edifice ; & nous en- gage à préférer leur fituation à la droite du Veili- bule ; tel que le Veau eut ordre de le faire au commencement de ce iiecle , au Château des Tuileries. Au reile, cette fituation nous paroît préférable à toute autre, malgré le fentiment de quelques Architectes , qui , indiitin&ement les placent dans des ailes particulières,, de maniere à n'être pas aperçus ; tel étoit l'ancien Efcalier du Palais Royal. Difons donc, que dans une Mai- fon de quelqu'importance, & principalement lors- que le bel Appartement fe trouve fitué au pre- mier étage,, il convient d'annoncer le bel Efca- lier dès le Veilibule, en obfervant pour cela une |
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(r) Cet Efcalier étoit rond & à vis fans noyau, la iampe
en étoit fufpenduc en l'air, fon diamètre éitoit de ζ 7 pieds partagés en 3 , 9 pieds pour chaque longueur de marche, Se neuf de vide. Il étoit confttuit avec tant d'induilrie, & tant d'art, au rapport de François Blondel , qu'il fervoit, dit-il , d'étude à ceux qui vouloiënt s'inftruirê dans la feience de l'arc ilu um, , ■ , : |
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±98 Cours
grande ouverture, qui peut fe terminer dans fon
extrémité fupérieure, par une plate-bande droite foutenue par des colonnes ou des pilaitres, ou par un arc iurbaiffé , élevé fur des piédroits , afin d'éviter par ce percé, un mur de refend qui mafqueroit néceiTairement l'entrée de l'Efcalier» D'ailleurs il eil bon d'obferver, que dans un grand Bâtiment, cette pièce doit être fufceptible d'une belle ordonnance, qui contribue ordinairement 'â annoncer aux étrangers, la magnificence du Propriétaire qu'ils viennent vifiter. Cette fituation cependant, n'a pas toujours été obfervée dans la plupart de nos Edifices à Paris : par exemple, î'Efcalier de l'Hôtel de Touloufe, a non-feule- ment le défaut d'être placé à la gauche du Bâti- ment ; mais encore , d'être ii éloigné du Veitibule qui lui donne entrée, que ce chemin qu'il faut par- courir le rend prefque toujours ignoré des perfon- nes de dehors. Au contraire, aux Hôtels deSoubife, de Luines, d'Auvergne, &c. les Efcaliers font pla- cés à droite. Il femble en eifet que la nature nous porte à chercher nos befoins de ce côté ; & nous eilirnons, que pour fe difpenfer de ce préjugé ou de cette habitude, il faut avoir des raifons effencielles, telles que l'expofition ou la iituation d'un Edifice ; ce font les feules coniidé- rations qui doivent déterminer à changer ces Ef- caliers de côté , pour diitribuer les Appartements félon leurs divers ufages , au midi, au levant, ou au feptentrion. Il faut obferver encore, que dans un Bâtiment
coniidérable, compofé d'un principal corps-de-lo- gis, & de plufieurs grandes ailes; il eft nécef- faire de pratiquer différents Efcaliers de Maître, qui s'annoncent également bien aux Etran- |
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d'Architecture. 299
gers , tel qu'on a vu celui des AmbaiTadeurs
a Verfailles , & que Ton y voit encore celui nommé de la Reine, & celui des Princes. A l'é- gard des moyens Efcaliers, & de ceux de déga- gement ; leur iituation n'exige pas tant de févé- rité , n'étant conitruits , la plupart, que pour la communication des Maîtres les uns avec les autres; enforte qu'il fuffit de les placer de ma- niere qu'ils ne puiiTent interrompre les principales enfilades qui traverfent les pièces de parade & de föciété. Il faut obferver encore de les diftribuer de façon qu'ils dégagent plufieurs Appartements à la fois, afin qu'en évitant leur multiplicité , on évite auiïï la perte du terrain qu'ils occupent, & une dépenfe toujours affez conndérable. Pour ce qui eil des Efcaliers de dégagement, il
£Îl bon d'obferver de ne les jamais placer trop près des chambres à coucher, principalement lorfque les murs auxquels ils font adoffés, ne font que des cloifons, parce que le bruit que font les Do- meitiques dans leur fervice , trouble le repos des Maîtres. Au moins , faut-il avoir foin, lorfque cela ne fe peut autrement, de conftruire ces Ef- caliers en pierre ; ou , lorfqu'ils font de char- pente, revêtir le de/Tus des marches avec des dales dans toute leur longueur, & dans toute la largeur de leur giron, à deifein de rendre ces Efcaliers plus fourds, & d'empêcher le bruit de pénétrer jufques dans les Appartements d'habitation. De la grandeur des Efcaliers.
L'efpace qu'occupe un Efcalier , doit être pro-
portionné à la grandeur du Bâtiment ; il faut entendre néanmoins que cet efpace ne comprend |
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300 Cours
que la grandeur de la cage , la longueur des mar-
ches, & Fintervale 'que l'on obferve entre leurs limons; car la hauteur & le giron (a) des mar- ches , -auflî-bien que leur appui, doivent être à peu - près par - tout les mêmes , foit dans les Efcaliers des grands Edifices, foit dans ceux des Maifons particulières. A l'égard de leurs cages, la hauteur des planchers détermine leur grandeur, de même que la réitération des paliers; ceux-ci doivent être mis en ufage en plus ou moins grande quantité , félon l'étendue du Bâtiment, & l'impor- tance du Propriétaire. Au reile , il faut obferver en général, que les Efcaliers n'occupent pas trop* d'efpace dans une Maifon particulière, ainiî qu'il feroit hors de convenance que, dans un grand Edifice, l'Efcalier fût trop reiferré; en forte que •pour éviter l'un & l'autre excès, on peut établir, que les moindres longueurs des marches, doivent être de quatre pieds , & les plus grandes de huk à neuf ; encore- ces dernières ne doivent-eîles être mifes en œuvre, que dans les Maifons Roya- les, ou dans les Edifices deilinés aux Commu- nautés Religie ufes. Les vides qu'on obferve aujourd'hui entre les
Hmons , occasionnent beaucoup d'efpace pour les |
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• Ça) Giron, fous ce nom on entend la largeur d'une marche
fur laquelle on pofe le pied. Il en eft de droits, de triangu- laires , & de rampants. Les premiers font ceux qui font conti- nués entre, deux lignes paralleles , foit que les marches foient droites , courbes ou imueufes. Les féconds ·, font ceux qui fe rétrécirent vers le colet, & s'élargiiTent vers le mur de cage* Les troifiemes font ceux qui ont une pente fufhfante pour écouler les eaux, ou bien une grande largeur, fort peu d'é- lévation, & une pente aifez . confidérable pour que les che- vaux puiifçnt en moijter les marches, |
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d'Architecture. 301
cages des Eicaliers; mais d'un côté, il en réfulte
que les paliers fe trouvent placés convenablement, dans les quartiers tournants, & de l'autre, que du rez-de-chauiTée, l'on découvre les calottes, que l'on affe&e ordinairement dans l'extrémité fupé- rieure de leur cage. D'ailleurs, ce vide' un peu fpacieux dégage les rampes, leur procure de la lumière, & donne à leur coniîruclion & à leur or- donnance , un air de légèreté qui produit tou- jours un bel effet. Des différentes firmes des Efcaliers.
Quoique nous ayons reconnu précédemment,
que la forme des Eicaliers étoit infinie, il faut convenir ici, que les formes carrées ou quadran- gûlaires, font préférables, principalement lorfqu'iÎ s'agit des grands Eicaliers à l'uiage des Edifices publics, & des Maifons Royales, malgré les exem- ples de cette efpèce, que nous remarquons dans quelques-uns de ces Monuments , où l'on en voit de circulaires , à pans , ou demi - ellipti- ques , ce qui ne peut être imité que dans les Ef- caliers de peu d'importance, & où l'on fe trouve contraint de faire ufage de ces différentes formes , par quelques luj étions indifpenfables ; encore faut-il éviter d'employer dans les rampes de ces Efca- liers, des marches bombées en dehors, ou creu- fées en-dedans, commefemble l'autorifer Palladio* Cette maniere de gironner les marches eil peu sûre, principalement lorfqne les girons ne font pas paralleles. Le génie que l'on ne peut refufer à quelques*·,
uns de nos Architectes François, forcés d'ailleurs par quelques circonitances difficiles à furmonter, |
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302 Cours
leur a fait imaginer plus d'une fois des fqrmes ïr-
régulieres dans le Plan de leurs Eicaliers, dans le contour de leurs limons, & dans la iinuolité de leurs marches ; mais il eit certain que ce fonr autant de licences à éviter dans cette partie du Bâtiment ; la nobleffe & la iimplicité devant être préférables à la iingularité. L'efprit toujours at- tentif dans l'aâion qui nous fait monter ou des- cendre , aime à rencontrer des formes iimples δε analogues aux mouvements naturels qui nous font agir ; de maniere que ii le génie peut avoir lieu à l'égard des Efcaliers, il ne doit fe manifeiter que dans ce qui concerne leur décoration. De la lumière qu'un doit donner aux Efcaliers,
Après la commodité , le jour doit être regardé
comme la principale partie dans un Efcalier; l'é- galité de la lumière eil auiîi une chofe à laquelle il faut prendre garde, afin de n'en pas répandre trop dans certains endroits , & trop peu dans d'au- tres : cette oppofition produit un mauvais effet dans un lieu qui eil extrêmement fréquenté: & l'égalité de la lumière dans un Eicalier demande toute l'attention de l'Architetfe, parce que plus la lumière eft vive fur une rampe, plus le paflage de cette grande lumière, à un palier moins éclairé, eil défagréable; c'eil ce qu'on remarque à celui des Princes au Château de Verfailles, qui quoi- que vaile, a le défaut d'être mal éclairé, ainii que la plupart de ceux de nos beaux Hôtels à Paris; considération qui devroit déterminer, félon nous, à tirer le jour de ces fortes de pièces par en-haut, comme on l'avoit obfervé à celui des Ajnbaffadeurs, du Château que nous venons de |
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dArchitectüee. 303
citer; parce qu'alors les rampes reçoivent un jour
égal', principalement lorfqu'elles ne montent qu'au premier étage , & que l'on prend foin de laifler un vide fpacieux entre les limons des rampes. Il eft bon auffi d'éviter dans ce cas, de pratiquer un palier continu au-deiîus des rampes; ce palier porteroit fur les marches une ombre inévitable , qui rendroit leur pratique peu sûre; enforte que» fi l'on eft obligé de faire retourner pluiieurs fois les rampes les unes fur les autres, il faut préférer les croifées dans les murs de cage placés à cha- que érage du Bâtiment, & tâcher qu'elles fe trou- vent difpofées fymétriquement en face de chaque palier, ou au moins au milieu des rampes, ce qui à la vérité n'eft pas toujours facile , parce que la difpofition de ces croifées par rapport à l'Ef- calier, doit être affujétie à l'ordonnance du de- hors. Cette coniidération doit porter Γ Architecte à fe rendre compte, avant de mettre la main à l'œuvre , de la diitributiqn intérieure, & de la dé- coration extérieure de tout fon Edifice. Si pour quelque raifon indifpenfable on fe trou-
Voit forcé de conftruire un Efcalier iitué de ma- niere à ne pouvoir tirer des jours que par en-haut, & qu'on fût obligé de monter de fond cet Efcalier, e'eft-à-dire, de lui donner pluiieurs rampes les unes fur les autres, il faudroit avoir attention de ne faire le diamètre de la lanterne, que de la largeur du vide entre les limons , afin que la lumière verticale d'un des côtés de cette lanterne placée, à droite , pût éclairer les rampes de la gauche, & ainii de fuite ; à moins qu'on ne pratiquât cette lumière en forme de comble. Mais comme cette maniere de tirer des jours par en-haut n'a rien d'agréable pour la décoration extérieure} il faut tâcher de préférer |
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les lanternes proprement dites, dont nous avons
parlé en traitant des Cabinets de tableaux.
Lorfque la diilribution intérieure porte un Ar-
chite&e à ranger FEfcalier dans l'encoignure de ion Bâtiment, & que la cage de ce dernier fe trou- ve adoffée entre deux murs mitoyens & deux murs de refend ; fi la hauteur des étages , & les couvertures des combles ne lui permettoient pas de tirer des jours d'en-haut, il ne devroit pas hé- fiter de faire uiage de FEfcalier que nous avons nommé triangulaire, page 291, c'eit-à-dire, de pratiquer un pan coupé du côté de la cour, d'une largeur convenable ; afin qu'au rez-de-chauitée, on pût avoir une grande arcade qui en éclairât le fol, & une croifée au premier étage , qui fournît du jour aux rampes fupérieures ; & Ton réitéreroit ces dernières , û Ton étoit obligé de faire monter cet Efcalier de fond en comble. Mais ii cet Efcalier ainfi pratiqué à trois rampes doubles, rendoit la longueur des marches trop peu confidérable, à caufe du peu d'efpace de la cage, on pouroit faire les limons rampants , quadrangulaires & continus. Ce dernier paroîtroit, & plus grand, & plus éco- nomique ; mais l'autre {croit plus régulier, jouï- roit d'ufie lumière plus égale, & deviendrait fuf·- ceptible d'une décoration plus relative à un Bâ- timent de quelque importance. ' ΐ2 ■ " ;·'''""'V'" ' ■·■ '■'■'· ■''" : '?- ' '■ * '■'.';''....s
JLegle pour trouver la proportion de lahauteury
& le giroji des marches d'un Efcalier. La plupart des Archite&es font d'avis, que -
lorsqu'on ne peut donner à la largeur des mar- che« |
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d'Architecture. Sjriy
dies (b) une proportion relative à leur hauteur ,
on peut incliner en devant leur giron * afin, di- fent-ils , de les rendre plus faciles à monter ; ce- pendant , il eil certain , que ii d'un côté on rend les marches plus commodes en montant, il n'en eft pas de même lorsqu'on defcend ; car pour peu que cette pente foit coniidérable (elle ne peut être néanmoins que d'un quarante-huitième de la largeur ) cela produit un mauvais effet : enforte que cette précaution n'eft bonne à mettre en œu- vre, que lorfque ces Efcaliers font extérieurs, connus fous le nom de.perrons, dont nous avons déjà parlé précédemment ; parce que ces efpeces "i";'- 1 ■ t\,",.i- 11 tfî ':;'i r.i'i'i ■■ ^ ■■ ;» ' f"'.· KVi'iàif '"'i"',W'.E
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{b) Sous le nom de marches, on entend la partie de VEC-
Xvàhx fur laquelle on pofe le pied, & qui tout· enfemble fi- gnifie, la longueur, la largeur & la hauteur de la marche; il eft des marches que l'on appelle carrées ou droites, d'autres qu'on nomme marches d'angle, gïronnées, délardées, moulées + rampantes, &c.< > ■ *;.\ : Les carrées, font celles dont le giron eft contenu entre deufc
paralleles. Les marches d'angle , fönt celles qui font fîtuéès dans la
plus grande longueur des quartiers tournants. Les marches gironnées, font celles des quartiers tournants à
pratiquées dans un Efcalier circulaire ou ovale. Les marches délardées, font celles qui font démaigries &
chanfreinées par~deiïous. Les marches moulées, font celles qui ont une moulure fur
l'extrémité du devant de leur giron, & à 1 a partie fupérieure de leur hauteur. Cette efpece de marche eft appelée par les Ouvriers quarderonnée, parce que généralement ils appellent sinfi tout contour en forme de cercle ou demi-cercle parfait, qui approche de cette figure : mais ordinairement, une marche ornée de moulures, ne devroic être appelée, ni quarderonnée # ni moulée, parce qu'une marche ne le jette point en moule , & qu'on n'y peut faire ufage d'un quart de cercle, à moins qu'il ne foit renverfé. Les marches rampantes, font celles dont le giron eft tenu
fort large , & incliné fur le devant. |
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305 COU RS
d'Efcaliers découverts , étant fujets à recevoir les
eaux du ciel, il paroît néceifaire d'en écouler les eaux par une pente infeniible ; pente qu'il ne pa- roît cependant pas que l'on ait obfervée, ni à ceux de l'Orangerie de Verfailles, ni à celui de la Cour du Château de Fontainebleau, ni à ceux du Jardin des Tuileries, &c. L'Archite&e du Quirinal, ou de Monte Cavallo
à Rome, a pratiqué le contraire de cette pente dans un grand Efcalier qui monte du Palais de la Datterie à celui du Pape. Les marches de cet Ef- calier , quoique d'une largeur de giron aiTez conii- dérabîe , & fort peu élevées, font inclinées en ar- rière d'environ un quarante-huitième de leur gi- ron: contrepente qui, fuivant quelques-uns, pro- duit de la commodité à ceux qui montent cet Ef- calier ; cette pente adouciffant, difent-ils, la fati- gue que caufe une longue fuite de marches. Néan- moins , à l'exception des marches découvertes , nous ferions d'avis d'éviter ces deux genres de pentes ; l'une , parce quelle fe porte en de- vant , & que l'ufage fréquent d'un Efcalier pro- duit déjà cette pente qui devient coniidérabîe en peu d'années; & l'autre, non-feulement, parce qu'elle ne peut fe pratiquer à des Perrons, ni à des Efcaliers découverts, qui fe dégradent en peu de temps ; mais parce que dans un grand Ef- calier , cette pente en arrière gëneroit ceux qui defcendroient, & produiroit à Fœuil des angles diflemblables , qui ne peuvent fe tolérer que dans un Efcalier à vis & de peu d'importance | où Ton eft obligé de monter une grande fuite de mar- ches fans paliers. Pour éviter ces pentes, qui, difons-nous, ne
peuvent être mifes en ufage dans les marches d'u» |
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d'Architecture. 307
Efcalier de quelque confidération , examinons
quelle hauteur il convient de leur donner, rela- tivement à leurs girons, afin de rendre leur ac- cès facile dans toutes les occafions, en exceptant néanmoins celles des Efcaliers fouterrains, déro- bés, & de dégagement; l'économie & la néceiîîté l'emportant dans ce dernier cas fur la commo- dité , la beauté,. & la régularité. Nous avons déjà parlé du triangle de Pytha-
gore, concernant la proportion de la hauteur & du giron des marches, dont le côté eil à la baze, comme trois eil à quatre j mais nous avons re- connu que cette dimeniion ne pouvoit avoir lieu que pour les gradins , àl'ufage de nos fpeclacles, δε des Jardins de nos Maifons de plaifance ; & que , dans nos defcentes de Caves , & dans nos Efcaliers qui montent de fonds, cette forme ne iâuroit être mife en ufage. Scamozzy donne deux manières de trouvée
cette proportion. La première, par un triangle équilatéral, dont il donne la perpendiculaire au giron, δε la moitié de la bafe à la hauteur de la marche. Cette proportion nous paroît plus conve- nable que celle que Vitmve enfeigne d'après Py- thagore ; mais elle eil encore trop élevée pour un Efcalier coniidérable , δε Γοη doit préférer la fé- conde que Scamozzi donne par un triangle rec- tangle , dont la bafe foit le double de la perpen- diculaire, δε dont cette dernière forme la hau- teur de la marche, δε l'autre celle du giron. Néan- moins , cette maniere préférable à la précé- dente , nous paroît encore trop élevée ; c'eil pourquoi nous allons tâcher d'établir une propor- tion invariable , applicable à tous les genres tTEfcaliers. |
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3o8 Cours
La longueur du pas d'une perfonne qui marche
de niveau ou horizontalement, eil communément de deux pieds, & la hauteur du pas de celle qui monte à plomb, n'eft que d'un pied, d'où il fuit que la longueur du pas horizontal, eil double de celui fait perpendiculairement. Or, pour les join- dre enfemble, il faut que la hauteur de la mar- che , prife avec le giron , compofe un pas qui égale la longueur de deux pieds ; enforte que ii dans une rampe d'Efcalier , on ne don- noit qu'un pouce de hauteur à la marche , il faudroit donner vingt-deux pouces à fon giron, parce que ces vingt-deux pouces de niveau avec le pouce vertical qui vaut deux horizontaux, éga- leroient vingt-quatre pouces qui font le pas na- turel. Si la marche à deux pouces de haut, qui égalent quatre pouces de large, elle ne devra avoir alors que vingt pouces de giron ; fi elle a trois pouces de haut, fa largeur fera de dix-huit pouces , ainâ des autres. Cette proportion eil confirmée par l'expérience, & elle doit s'obfér- ver dans tous les cas, quoiqu'elle ne le rencon- tre pas toujours exactement : par exemple, à à Meudon , les marches ont de hauteur cinq pou- ces fur quinze; à Saint-Martin-des-champs», cinq pouces fur feize; à l'Hôtel de Soubife, cinq pou- ces fur dix-fept ou dix-huit; à Saint-Germain- «n~Laie au contraire, fix pouces fur onze, &ci différence qui fait fentir la difficulté qu'il y a d'affujétir la grandeur des cages avec la hauteur des planchers, & la néceiiité de pratiquer des paliers relatifs à la différente longueur des. ram- pes; ce qui fait que dans plus d'un Efcalier un peu coniidérable, les girons des marches, & quelquefois leur hauteur font duîemblabies j » . . .. ί' ^
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d'Architecture; 309
difparité qu'il faut éviter autant qu'il eil poiîi-
ble , principalement lorfque cette différence eil trop fréquente. Autrement un quart de pouce eil de peu d'importance fur un giron, de même qu'une ligne fur fa hauteur, fur-tout quand cette irrégularité produit un bien réel pour les dimen- fions générales. De la décoration des Efialiers.
La partie la plus indifpenfabîe de la décoration
des Efcaliers eil la fymétrie. Elle eil d'autant plus difficile à mettre en œuvre, qu'on eil fouvent gêné par l'ordonnance des dehors ; ce qui doit déterminer un Architecte, ainfi que nous l'avons récommandé plus d'une fois, & que nous le re- commanderons encore, à faire marcher d'un pas égal, lors de la diilribution de fon Plan, la déco- ration intérieure & extérieure de fón Edifice , afin d'aiTujétir. les écoinçons, les trumeaux, les portes & les croifées avec l'ordonnance entière. Qu'on y prenne garde ; la moindre négligence à cet égard, le rend inexeufable aux yeux des connoiifeurs. En un mot, aucune licence ne doit avoir lieu que dans le cas d'une réparation ou d'une reitauration ; mais lorfqu'on bâtit à neuf, les licences ne peuvent porter aucune efpece d'excufe. Après la fymétrie, la convenance doit préii-
der dans la décoration d'un Efcalier. C'eil-elle qui empêche que dans un Bâtiment de peu d'im- portance, on ne donne à un Efcalier trop de ri- cheiTe , foit par la multiplicité des membres d'Ar- chite&ure, foit par la prodigalité des ornements, X<a convenance empêche auffi que dans les Edi- |
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3iö Cours
£cQs d'une certaine confidération, la décoration de
ces fortes de pièces ne {bit tenue trop iimple ; elle exige de plus que , dans tous, mais particu- lièrement dans les Monuments confacrés à la piété, la douceur des rampes, la longueur des marches, leur peu de hauteur, la largeur de leurs girons, la grandeur de leur cage, l'élévation de cette dernière , & la beauté de l'appareil, foient pré- férées à toute autre objet. A l'égard de ceux de nos Palais , & de nos grands Hôtels , il eft bon que leur ordonnance réponde à la ma- gnificence des dehors & des dedans de l'Edifice; mais, dût-on n'employer que le miniftere de la Peinture , au lieu de l'Archite&ure & de la Sculp- ture en relief ; il faut en éloigner le faite mal en- tendu dont on a ufé dans les Efcaliers de l'Hôtel de Soubife ( c) & de l'Hôtel de Luynes ; de même qu'il eil bon d'éviter au contraire la trop grande implicite qu'on remarque à celui du Palais des Tuileries. Il faut obferver que plus la convenance du
Bâtiment paroît exiger de richeffe dans un Ef- calier, plus il eft néceffaire que les paliers fu» périeurs ne nuifent point d'en-bas au coup d'ceuil de la cage, & même de fon plafond , qui doit ■
(c) La décoration feiate de l'Efcalier de cet Hôtel, eft d'une
belle exécution ; mais fon fafte théâtral , la rend trop peu vraisemblable. Ön a ufé à celui de l'Hôtel de Luynes de plus de retenue ; mais les fujets galants qu'on y a peints, y font déplacés, ainfi que la plus grande partie des ornements qui décorent les voûtes & les rampes de cet Efcalier. La Pein- ture de l'Efcalier de l'Hôtel de Thiers, eft une de celles qui nous plaifent le plus ; parce qu'elle ne préfente à l'œuil du connoiifeur, que les membres d'Archite&ure, & les orne- ments qne l'Archiccâe avok droit d'y placer. |
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toujours, autant qu'il eft poiïible, être terminé
en forme de voûte, foit que le jour vienne de cette voûte, foit qu elle foit feulement ornée de Sculp- ture ou de Peinture ; à propos de quoi nous di- rons que la premiere y convient davantage , à moins que la Peinture n'y foit employée en gri- faille ; principalement lorique la conftruclion de l'Efcalier fera de maçonnerie : autrement les fu- jets coloriés tranchent trop fur le fond blanc des murs de cage ; ainii qu'on peut le remarquer au grand Efcalier de la Bibliothèque du Roi, ce qui ne peut fe tolérer, que lorfque les revêtifîements des murs de cette pièce font de marbre, comme on a vu celui des Ambaftadeurs à Verfailles, & qu'on remarque encore celui nommé des Princes dans le même Palais. Mais comme ces incrufta- tions , toujours difpendieufes , n'appartiennent guères qu'aux Maifons Royales, il faut éviter de feindre en marbre , les revêtuTements des Efca- liers des Maifons ordinaires , & par la même rai- fon , y fupprimer la Peinture & la dorure, qu'on a employée, peut-être indifcrétement, à l'Efca- lier de l'Hôtel de Tunis , place de Vendôme ', non-feulement parce que cette richeffe eft fu- perflue, mais parce que l'air extérieur ternit en peu d'années ce genre de décoration. On fait fouvent ufage des ordres d'Archite&u-
re dans la décoration des Efcaliers ; mais il eft à propos de remarquer, que leur ordonnance n'eft bonne à mettre en ufage , que lorfque les ram- pes fmiffent aux paliers du premier étage, afin que les ordres colonnes ou pilaftres , fe trou- vent de niveau avec le plain-pied de l'étage fu- périeur; autrement ces ordres fe trouvent mat 3&S fur des bafçs rampantes, & les architraves mal y iv
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portés fur des chapiteaux inclinés; c'eit-à-dire,
paralleles aux rampes; tel qu'on le remarque au grand Efcaîier du Palais Quirinal à Rome, à ce- lui de Bei\*éder, & à celui de Capraroles : défaut que le Cavalier Bernîn a voulu éviter au Vatican» en faifant les bafes & les chapiteaux de niveau, malgré l'obliquité des rampes. Cette maniere , quoique moins vicieufe , n'eil cependant guère plus agréable à l'œuil, à caufe des focles trian- gulaires en forme de coins, qui fe contredifent avec l'inclinaifon des rampes, qui à peine font tolérahles dans les baluitrades des Efcaliers. Pour éviter l'un & l'autre inconvénient, il faut néces- sairement Supprimer les pilaftres dans la partie ûqs rampes, y fubiKtuer un foubaf)ement orné de tables & de corniches rampantes, & employer feulement les ordres d'Archite&ure dans la par- tie horizontale du premier étage, ainii qu'on le remarque au grand Efcaîier du Château de Saint-· Cloud, dont nous donnerons la décoration dans le Volume fuivant, & tel qu'on le voit encore à celui nommé de la Reine à Verfailles, & à celui de l'Hôtel de Touloufe à Paris. Alors les ordres, les entrecolonnes ou pilallres, tous les compar- timents, & les bas-reliefs deviennent réguliers. Les rampes d'un Efcaîier ajoutent beaucoup à
fa décoration : pour qu'elles faifent un bel effet, il faut qu'elles foient continues & fans reifaut, tel qu'il s'en voit au Château de Maifons, & ail- leurs. Ces reffauts paroiiTent contraires à leur ufa^ ge, qui femble exiger qu'on s'appuie fur ces rampes pour defcendre & monter ces Efcaliers. Pour éviter l'obliquité des piédeftaux & des
chapiteaux des baluilres, ou les focles en forme de coins dont nous venons.de parler, on fubili^ .- |
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tue affez communément les rampes de fer à celles
de pierre ou de marbre. Cependant quoique les rampes de fer paroifiènt agrandir la longueur des marches, donner plus de jour aux rampes, plus de dégagement aux quartiers tournants, & moins de pefanteur aux voûtes, les baluitrades de pierre ou de marbre ne doivent pas être fiipprimées in- diitin&ement, principalement lorfqiul s'agit de l'ordonnance d'un Efcaîier dont la décoration doit être grave, & où les rampes de fer paroitroient trop légères , trop évidées , trop frivoles, dans un lieu vaite, dont les revêtiilements font d'une matière folide. Mais pour éviter la fragilité des chapiteaux & des baies des baîuitrades , on peut iàire ufage d'entre-las, d'un caractère relatif à l'or- donnance qui préiide dans la décoration; ces entre- las par leurs contours variés, mafquent pour ainfi- dire, les obliquités indifpenfables des ram- pes , &c. De la Conßruclion des EfcalUrs*
La partie la plus effencielle d'un Efcaîier, eft
la conitruction ; qui a pour objet la folidité, Fart du trait, & la beauté de l'appareil. En effet, on peut ne mettre aucune eipece de décoration dans un Efcaîier ; mais on ne peut fe difpenfer de lui donner une folidité capable de réfuter à la pouffée dés voûtes qui le compofent, & au mou- vement ' continuel des peribnnes qui montent δε defeendent les étages qui conduifent aux Appar- tements d'un Edifice public, ou d'un Bâtiment de quelque importance. Ordinairement leur conitrue* tion fe fait de marbre, de pierre ou de bois de charpente. Ces derniers ne font d'ufage que pour |
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les Efcaliers qui dégagent les Appartements d'un
grand Hôtel, d'une Maifon à loyer, &c. Xes grands Efcaliers au contraire fe conitruifent
en'pierre ou tendre , ou dure; ils font compofés de voûtes de diverfes efpèces, plein-cintre , fur- baiflees ou méplates , en vouiTures rampantes ou droites, ou enfin en tours creufes avec des culs- de - four, des trompes , &c. leurs paliers font foutenus par des plates - bandes droites en cou- pe , δε par des claveaux à têtes égales. Ceux de marbre ont la même fujétion,que ceux conitruits de maçonnerie , & ne different guère de ces der- niers, que par leurs revêtiiTements , le maiïîf des voûtes & des murs étant aum* de pierre, & feu- lement recouvert de marbre par compartiments, marbre uni à la Maçonnerie par des agraffes de bronze ou de fer. Quelquefois par économie, on conilruit les Ef-
caliers en pierre , feulement jufqu'au premier étage, & le reile en charpente appuyée fur uii poitrail qui fert de marche de palier ; alors les parties Supérieures fe revêtent de maçonnerie , & peuvent être ornées de cadres qui imitent la pierre. Ge genre de conftru&ion , moins eftimé que celui tout en pierre, produit de f accélération dans la main d'œuvre, de l'économie dans la dé- penfe, & donne un air de légèreté à la déco- ration des Efcaliers : ces derniers ne laiffent pas non-plus d'avoir de la fölidité, & n'ont guère con- tre-eux que de réiiiter moins à une grande portée, & au fervice journalier. De quelque genre de conftru&ion que l'on
veuille faire ufage dans les Efcaliers , il faut tâ- cher de rendre la forme des voûtes légère, d\m beau galbe & fans jarrets ; pratiquer, autant qu'il |
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D Architecture. 315
eft poiîible, des piédroits fous la naiffance des
rampes, pour foutenir le poids & la pouifée des voûtes qui les compofentj, fans cependant trop embarrafler le rez-de-chaufiee , ni affe&er une hardieffe téméraire. Il eft bon que les voûtes pa- roiiTent retenues par l'art du trait ; mais il faut lifer de beaucoup de circonfpeâion dans leur afpeét ; car, quoique la théorie nous raiïure contre la légèreté apparente des voûtes, il eft de la prudence d'un Architecte , de conferver de la vraisemblance dans ce genre de conftruclion ; autrement on y monte avec inquiétude, & en cela ils reffemblent aux Edifices gothiques , qui font trouvés par les connohTeurs, plus fin- guliers que raifonnables. La magie de l'Art veut des bornes ; trop de hardiefîe étonne plus qu elle ne fatisfait. En un mot, une légèreté trop affe&ée, quoique reconnue folide par les Maîtres de l'Art> n*eft pas plus reeevable, dans le cas dont il s'agit, que l'ignorante pefanteur dont on ufoit dans les Efcaliers du dernier fiecle. Tout confifte dans le choix des voûtes, foit par rapport à leur folidité, foit par rapport à la forme de leur courbe, & la relation de leur largeur avec leur hauteur : par exemple, jamais les voûtes d'un Efcalier ne fe- ront un bon effet, fi la grandeur de la cage n'eft proportionnée à la hauteur du premier étage; car fi, pour faire un Efcalier dont les rampes fuiTent très-douces, on leur vouloit donner beau- coup de longueur pour rendre l'ouverture de l'an- gle moins grande, alors, il faudrait allonger le côté du reitangle, fans pour cela que le plancher pût être plus élevé. Or cette nouvelle grandeur de cage fous une hauteur de plancher donnée, feroit paroître aéceifaircment la voûte > & trop |
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écrafée & trop furbaiffée pour fa largeur : enfort®
que de quelque artifice que l'on puiffe uier dans l'art.du trait pour rendre cette voûte réellement folide & légere en apparence, les mafTes n'étant pas faites pour les parties de détail, produiroient toujours un effet défagréable à l'œiiil. La conftrudion des Efcaiiers coniiile encore
dans l'art de l'appareil; c'efl-à-dire, dans la ré- gularité des affifes établies à une même hauteur; dans la précifion , & dans la propreté des joints, ainfi que dans le ragrément des parements, des cadres des moulures, &c. Ceft par le fecours de l'appareil, qui ajoute conildérabiement à la beauté d'un Edifice , que la Chapelle de Verfailles, le Dôme des Invalides & la Fontaine de Grenelles à Paris, font au-deiïus de tous les autres monu- ments de cette Capitale, quoiqu'elle en renferme un grand nombre de beaucoup plus étendus , & de beaucoup plus confidérables. Difons un mot à préfent de celui marqué Y l, dans
le Plan à rez de-chauffée du Palais qui a fervi d'occa- fion aux préceptes qui concernent la diflribution , & qui font ici notre objet. Cet Efcalier eft à trois rampes, tel que celui du Château des Tuileries, & diffère feulement de ce dernier , en ce qu'il eft d'une conftruftion & d'une ordonnance plus légere, & que le grand palier du premier étage marqué G, Planche XLI, communique à un tro- toir marqué H, qui tourne autour de la cage de cet Efcalier ; afin que par ce paifage de commu- nication, on puifTe arriver dans une Salle deilinee pour les Concerts particuliers , fans être obligé de paffer , ni par Fanti-chambre C , ni par le tro- toir E du grand Sallon, Le trotoir'H eft pofé fur jm jnaifif qui rend la cage du rez-de-çhaiuTé@ |
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plus étroite que celle du premier étage ; ce maiiif
nous a fait éviter une trompe qu'il auroit fallu pratiquer, pour foutenir la faillie de ce trotoir ; & quoique la conflruclion n'en eût pas fouffert, cette trompe & ce porte-à faux auroient été con- traires à une folidité vraiffemblable que nous venons de recommander dans la conflruclion des Efcaliers. D'ailleurs, ii nous euiîions préféré les trompes à ce foubaiTement, une partie de la lon- gueur âes marches des deux dernières rampes au- roit été à couvert par cette faillie , ce qui au- roit produit un mauvais effet; au lieu que le fou- baiTement propofé, tient lieu d'empâtement au pre- mier étage, & procure un air de folidité à cet Eicalier, fans lui pter l'élégance dont il peut être fufceptible. .Tout ce Bâtiment eil environné de terraiTes 9
dont les formes principales font aifujéties au mou- vement extérieur des façades. Ces terraffes font munies de grands perrons placés dans l'alligné- ment des enfilades les plus eifencielles de l'inté» rieur de l'Edifice. Nous ne donnerons point ici les jardins de ce
Palais : nous renvoyons au premier Chapitre de ce i Volume où nous avons traité de cet objet en particulier, , & dont les préceptes peuvent s'appliquer à tous les Bâtiments d'habitation». A l'égard des dépendances de ce Palais, voyez la Planche XXXIII, & même celle que nous avons donnée pour le fécond projet de cet Edifice» Planche XXXIV. PaiTons à préfent à la diitribu- tion des pièces du premier étage contenues au-de£· fus des principales parties du Plan que nous vei- nons de décrire ; enfuite nous donnerons la def- cription du deuxième projet de. ce Palais* |
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Distribution du premier étage
dont le rez-de-chaussée vient
d'être décrit.
Planche X L I.
La diitribution de ce Plan eil comprife feule-
ment, dans le principal avant-corps, & dans les pavillons des quatre extrémités de ce projet ; le reite n'eit occupé que par des combles peu élevés, pour qu'ils ne ibient pas aperçus d'en-bas. Ces combles font d'ailleurs mafqués par une baluitrade qui regne autour de la façade du Bâtiment, & derriere laquelle eil un .chemin pour communi- quer aux quatre Pavillons qui fe remarquent dans cette Planche. Le grand Efcalier marqué A , dont nous venons de parler, donne entrée par le pa- lier G , à une Anti-chambre C , & à une Salle D, par le trotoir marqué H. Cet Efcalier eil éclairé au premier étage par trois croifées qui n'empê- cheroient pas , comme nous l'avons dit ailleurs , qu'il fût éclairé par une lanterne comprife dans la calotte, fans que celle-ci fût apparente au-deiîiis des baluirrades extérieures. Les trotoirs marqués H, que nous n'avons pu tenir plus larges à caufe des maiîifs du rez-de-chauiTée qui les foutiennent, pouroient faire préférer une rampe de fer à une baluitrade de pierre ou de marbre ; mais il faut fe reifouvenir que dans tous les cas , celles-ci doivent être préférées, & que pour lés mettre en œuvre, & conferver une faillie de trotoir con- venable, il vaudrait peut-être mieux fe réfou- dre à arrafer la faillie des bafes des pilailçes, dont |
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d'Architecture. 319
la baîuftrade mafqueroit la mutilation. Cette cir-
conftance montre une de ces occaiions où il faut qu'un Architecte fache facrifler quelquefois les parties au tout ; ce qui ne fe peut néanmoins, comme nous l'avons déjà remarqué, que par une expérience confommée, qu'on ne fauroit acqué- rir que par l'examen des chofes faites : un homme timide n'ofera jamais prendre fur lui cette liberté>* s'il n'a pour autorité, l'exemple de quelque grand Maître, ou une raifon luffifante pour apprécier l'imitation des licences , qu'il veut mettre en oeuvre. L'Anti-chambre C eft toute revêtue de pierre
de Liais, & décorée de pilaftres Ioniques, placées entre iix arcades : trois de celles-ci fervent de portes croifées, & donnent entrée fur une baîuf- trade F, dont la faillie eft. portée fur les colonnes Comportes, placées en avant - corps au rez-de- chauffée ; les trois arcades qui leur font oppofées , donnent entrée fur un autre trotoir marqué Ε, pra- tiqué au pourtour du Sallon Β ; ce trotoir eft porté auffi par des colonnes Compofttes, qui décorent le rez-de-chauffée de ce Sallon à double étage, & terminé en calotte : voyez la Planche XLIV. Sur le mur de refend de Γ Anti-chambre, du côté de l'Efcalier, font deux arcades, qui diffèrent des. fix précédentes , en ce qu'elles font bombées , pour fymétrifer à celles qui leur font oppofées , Tune feinte, l'autre réelle, donnant entrée à un Cabinet marqué I. Cette Anti-chambre eft cou- ronnée d'une corniche en ftuc, au-deiîus de la- quelle eft une vouiïure. A la place de cette der- nière , on auroit pu pratiquer une calotte prife dans la hauteur de la charpente; mais il auroit été à craindre qu'une plus grande élévation donnée |
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à cette pièce, n'eût difputé avec la hauteur dit
premier étage du Sallon Β ; d'ailleurs, ce plafond tenu méplat, forme oppofition avec la calotte du Sallon qu'il étoit important de laiffer dominer. * Par les trotoirs H du grand Efcalier A , on ar-
rive a la pièce D, deftinée pour la répétition des Concerts qui pouroient fe donner dans le grand Sallon B; la iimphonie feroit placée fur les tro- toirs E. La forme de cette pièce D eil abfolument la même que celle du rez-de-chauffée, & peut com- muniquer du trotoir H à celui Ε, félon le befoin & la deftination de la pièce D, fi elle cefToit d'être une Salle de Concert ou de répétition. Le Cabinet I eft à pans, du côté oppofé aux
croifées , non-feulement à deifein de placer la cheminée dans l'un de fes angles ; mais pour trou- ver dans l'autre la place d'un Efcalier à noyau, qui, de ce premier étage, monte aux combles pra- tiqués fur les pièces ï, L, C, D. Ce Cabinet I a une porte croifée Κ, qui donne fur la terraife, pour communiquer à découvert aux Cabinets M, Ν, fans être obligé de redefcendre au rez-de-chauffée pour y arriver par les petits Efcaliers dont nous avons 'parlé précédemment. ■ Ce Cabinet I peut fervir, ainiî que celui L ,
à contenir des tableaux & des livres, s'il arri- voit, comme nous l'avons remarqué , que la Bi- bliothèque marquée Ν 5 au rez-de-chauffée, Plan- jche XXXV, ne fût pas placée convenablement „dans la principale enfilade \ ces fortes de pièces de- mandant du recœuillement. . Du trotoir H, on peut auffi arriver par l'une
de fes portes croifées Q, aux pièces marquées P, Ö, paf la communication des terraffes > afin d'éviter » comme
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fcömnte nous l'avons remarqué de l'autre côté < de
ce Plan , d'être obligé de defcendre au rez-de* chauffée, pour arriver aux pièces fupérieures,pra* tiquées dans les quatre Pavillons, qui flanquent les extrémités de ce principal corps-de-logis. Nous ne parlerons point de la proportion des
différentes pièces du premier étage, qui compo· fent ce Plan ; elles font affujéties à celles du rez-de- chauffée : les murs de face & tle refend montent de fond, & la hauteur des planchers peut acquérir plus ou moins d'élévation, & être prife dans celle dts combles fupérieurs. A Pégard de ceux qui fe remarquent ici, ils font mafqués parla baluftrade, parce que nous avons voulu faire paroître ce Bâ- timent couvert en platte forme ? comme à Ver- failles , au Palais Bourbon ? &c. Dans l'un des angles de chacun des Pavillons
M, Ν, Ο, Ρ, font marqués lès orifices fupérieurs des defcentes de plomb a pour l'écoulement des eaux ; ces defcentes traverfent le maffif des murs du, rez-de-chauffée jufques dans des aqueducs pratiqués fous terre; & ces aqueducs conduifent les eaux dans une petite rivière qui paffe près de ce Palais. Ces dek centes enclavées dans l'épaiffeur des murs évitent les conduits de plomb extérieurs, qu'on remarque dans les Edifices du dernier fiecle, & qui interrom- jDoient l'ordonnance des façades , coupoient les corniches, & généralement tous les membres fail- îants d'Architecture. Il eil vrai qu'il faut convenir que iî d'un coté les defcentes dont faous parlons, produifent un bon effet dans la décoration àes, dehors ; de l'autre, elles exigent une grande pré- caution, quand elles font ainfi. pratiquées dans les épaiffeurs des murs ; autrement , lorfque ces Tome IV· X |
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322 C OU IR S
fortes de defcentes viennent à s'engorger (d), if
eil difficile d'apporter un remede aiTez prompt pour éviter les dommages qu'y peut cauier le fé- jour des eaux occauonné par quelque irruption, par quelque engorgement, ou par quelque congé- lation. Les defcentes dont nous parlons , lorfqu'on à
peu de place , fe conitruifent en pierres dures „ jointoyées à chaux & à ciment; mais il eft mieux, iorfque les murs qui les reçoivent ont fuffifam- ment d'épaiffeur , de pratiquer des efpeces de puits d'environ deux pieds ou deux pieds & demi de diamètre, au milieu defquels on pofe la de{- cente de plomb, enforte qu'un ouvrier peut cir- culer autour, les dégorger, les rétablir & veiller à leur confervation. Si les murs n'ont pas aiTez d'é- pahTeur, on emploie des tuyaux de grès , de bois, de fer fondu ou de plomb; mais il faut favoir que ceux de grès font fujets à fe caifer à la gelée ; ceux de bois à fe pourrir, ceux de fer à fe rouiller, & ceux de plomb à fe crevaifer. D'ailleurs tous ces tuyaux fönt difficiles à retirer , quand ils font précifément contenus dans les defcentes de pieyre. Au refte celles-ci doivent avoir la préfé- rence, quand elles peuvent avoir un diamètre aiTez confidérable. Il eÛ encore un moyen de fe fervir de celles-ci, quoique d'un petit diamètre; c'eit d'obferver de neuf pieds en neuf pieds, ou plus près, s'il eft poifible, des ouvertures dans leur hau- ■
ï* " * f " ι ' * " '
(d) Pour empêcher que les débris des couvertures ne paiTcn.t
dans ces conduits , & ne les engorgent, on pofe fur leur ori- fice fupérieur des grilles de fer en dômes , qui s'encaftrent dans des feuillures : ces grilles alors arrêtent tous les corps étrangers qui poiiroîent fe précipiter &ans ces defcentes. |
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b JARCH ITECTUitË. $%}
ieiir : ces fortes d'ouvertures facilitent ie dégor-*
gement auquel ©n remédie par l'intérieur des piè- ces de peu d'importance, ou même par l'exté- rieur des façades > en obfervant de mettre un carreau de pierre à recouvrement entre deux joints, afin de cacher ces ouvertures. Cette pré- caution, quoiqu*affez fujette* nous paroît préfé- rable à toutes celles dont nous venons de parler, & particulièrement dans les defcentes de plomb ou de bronze que Ton pratiquoit anciennement dans l'extérieur des Edifices* Il eil encore néceifaire d'obferver que lorfque
l'eau de ces defcentes ne peut s'écouler fur le pavé des cours, faute d'avoir des pentes fufE-* fantes qui la conduifent au-dehors, ou parce que ïe principal corps-de-logis fe trouve élevé fur une terraffe environnée de jardins, on eil obligé de pratiquer des canaux fous terre, qui conduifent la chute de ces eaux affez loin , pour éviter les exhalaifons des eaux dormantes, qui nécefîaire- ment corromproient la falubrité de l'air : ou il faut avoir la précaution de rafîèmbler une partie des eaux du ciel dans des réfervoirs pratiqués fur les combles , comme on l'avoit obfervé avec ; fuccès au Château de Petit-Bourg, & que nous en avons pratiqué ici marqués b ; ou bien en- fin, on doit fe déterminer à en contenir la plus grande partie dans des citernes pour le fervice des baiTes - cours , des jardins - potagers , légu- miers , &c. On a marqué fur la couverture des combles
de ce Plan, les louches de cheminées des Appar- tements du rez-de-chàuffée. On ne leur a affeâé aucune fymétrie, n'étant pas aperçues d'en-bas, à caufe de l'élévation des baluitrades , & du peu . Xi)
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3*4 Cours
de hauteur des combles. Cependant il faut fa voit
en général, qu'il eft eifenciel d'élever ces fou- ches de cheminées d'environ trois pieds au-deffus des faîtages , pour empêcher le vent de fe ra- battre dans leur tuy ati ; caufe ordinaire de la fu- mée qui fe communique dans les Appartements, Les anciens Architectes prétendoient que plus les tuyaux de cheminées avoient d'élévation, & moins elles étoient fujettes à fumer : pour cette raifon, ils leur donnoient une hauteur conii- dérable ; ce qui les engageoit à une décoration fort difpendîeufe ; ainfi qu'on remarque celles du Louvre, du Palais des Tuileries, du Château de Maifons, de Blois , &c. Mais l'expérience a ap- pris & confirmé, que le moyen d'empêcher la fu- mée dans l'intérieur des pièces ne coniiftoit pas dans la hauteur des tuyaux ; mais bien dans la maniere de les dévoyer; feul moyen de mettre en équilibre la colonne d'air extérieure avec celle de la fumée produite par le foyer : enforte qu'on évite aujourd'hui la dépenfe & le poids énorme de ces anciennes fouches; leur décoration entre maintenant pour peu de chofe dans celle de nos Bâtiments. Aux quatre extrémités de ce Plan font prati-
quées autant de pièces marquées Ο , Μ, Ν, P. Celle défignée par Ρ, eft la Chapelle , qui monte de fonds depuis le rez-de-chauffée jufquau com- ble, & dont le trotoir S de plain-pied au pre- mier étage fert de tribune, y compris lés em- brafures des croifées. On arrive à cette tribune à découvert par les termites, & à couvert par le petit Efcalier à noyau, marqué V; l'intérieur de cette pièce eft circulaire , & l'extérieur à pans , ainfi que les trois autres pavillon«, dont celui |
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d'Architecture. 325
marqué M peut fervir de laboratoire de Chimie ;
celui Ν, d'Obfervatoire ou de Bibliothèque ; & ce- lui Ο, pour placer un tour. Chacune de ces pièces a des Efcaliers particuliers, & leurs portes, croi- fées principales communiquent à des baluftrades en faillies, prifes fur les entre-colonnements^ cora- pofites placés au rez-de-chauffée de ce Palais. Après avoir décrit les deux Plans du rez-de-
chauffée & du premier étage de notre premier projet, Planches XXXV & XLI, & en avoir fait fentir les avantages & les défavantages ; donnons dans ce même Chapitre, comme nous l'avons promis page 192 de ce Volume, une nouvelle diitribution, faite pou* le même Palais, en ren- dant compte des motifs qui nous ont porté à faire les changements affez confidérables , qu'on remarquera fur la Planche dont nous aidons par- ler , comparée avec la Planche XXXV ; enfuite, nous préfenterons feulement les façades exté- rieures & la coupe de ce premier projet, qui nous donneront occafion de récapituler ce que nous avons enfeigné précédemment, concernant l'ordonnance des dehors.. Defcription de la Planche XXXF7·
Nous avons déjà rapporté que, lorfquil sV
giflbit d'élever un Edifice de quelque importance* il étoit indifpenfable que TArchite&e mît tous fes foins à rendre les dehors très-réguliers : nous répéterons ici que pour parvenir à cette fin » nous avons laiffé dans la diftribution de la Plan- che XXXV plus d'une imperfection, que nous n'avons pas négligé de faire fentir, lorfque nous en avons fait la defcription : nous nous fomme&i X ii|
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$i6 Cours
même fervi, comme on a dû l'obferver, des dé-
fauts qui s'y remarquent, pour laiffer voir quand on fe les peut permettre en faveur du bien qu'ils peuvent procurer, foit pour ce qui concerne la commodité, foit pour ce qui regarde l'ordonnance extérieure, ou la décoration des dedans. Ce nouveau Plan que nous offrons ici, eil fans
doute plus régulier, il a plus de grandeur, plus de commodité; mais nous ne voulons pas diffi- muler que l'ordonnance des dehors, rapportée Planche XLII, XLIII & XLIV de ce Volume, & qui eft celle de notre premier Plan, offre, û nous ne nous y trompons pas , un afpet~t plus in- téreffant que les dehors du projet que nous dé- crivons actuellement (e), fur-tout ïx l'on examine avec attention la façade latérale, Planche XLIII* de laquelle on aperçoit au premier étage la profon- deur de tout l'avant-corps , préciiément placé dans le milieu de cette face latérale,: avantage qui ne fe rencontreront pas dans le Plan dont nous parlons ; aiifîi avons-nous changé la difpo- fition des dépendances qui l'accompagnent, comme on peut le remarquer |dans la Planche XXXIII, qu'on poura comparer avec celle XXXIV : dans ces deux Planches font exprimées les différences qui caracférifent ces deux projets, ainfi que nous en avons rendu compte, page 149 & fuivantes de ce Volume. Une des principales différences de ce Plan fur
l'autre , c'eft d'avoir fait doubles, au lieu de femi- |
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(e) Nous n'avons pas eru devoir donner les élévations de ce
deuxième projet; il ne diffère guère du premier que dans la difpo- fition des ailçs; le ftyle de l'ordonnance des façades eil abiV Ijjmçnç le même, quç dans la Flanche XLII & les fuivanccs. |
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«'Architect ure. 327
doubles, les arrieres-corps du principal corps-de-lo-
gis. De ce changement, font nées toutes les commo- dités qui manquoient dans le Plan précédent, fans cependant avoir nui en rien à la dimenfionr & à la difpoiition du grand avant-corps du milieu ; le Veilibule A , leSallcn Β & l'Efcalier C , étant abfolument les mêmes j les Salles d'ailemblée D, E, ne différant non plus "de"l'autre Plan, que parce quelles font plus régulières dans leur forme : nous y avons fuppriméles tours rondes & les pans coupés qui s'y remarquent, parce que fouvent ils font con- traires à la dignité qui doit préfider dansles Apparte- ments de magnificence* Il eil vrai que la premiere Antichambre F n'eil pas plus grande, & qu'elle fe trouve moins éclairée ; mais elle eil plus régu- lière , en ayant faillirait les pans coiipés, & placé (es cheminées en race de la croifée : par ce moyen, elles fe trouvent adoifées à celle de la Salle d'aifem- blée. Par le fecöurs de la deuxième Antichambre marquée. G, les pièces ED n'ont plus befoiii de com- munication : & cette Antichambre G donne entrée à la Salle à manger H :: ces deux dernières pièces manquoient eifeiiciellement dans notre dernier projet ; ce qui, certainement, n'étoit pas un dé*· faut peu coniidérable. De 'cette Salle à manger, on entre dans h Salle de compagnie I, dont les, croifées du milieu, pratiquées, dans les murs de face , s'allignent parfaitement ; ce qui procure à ces deux pièces un. agrément qui ne fe ren- contre pas dans la Planche XX*XV. Par ce moyen, cette Salle de compagnie fe trou-
ve placée entre les deux Cabinets : cet enfemble forme une fuite de pièces de fociété, qui annonce un Appartement digne de la perfonne à qui cet pdifice eil deiliné :. avantage,. qu'on y prenne: Xiv
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3iS Cours
garde, que les Bâtiments doubles auront toujours
fur les feml·doubles & fur les iimples. Nous avons pratiqué, pour cet Appartement une garderobe particuliere Ή, qui a fon dégagement par le pe- tit Efcalier N. Ce petit Efcalier fert auiîi à monter aux entrefols placés fur les pièces qui fervent de dépendance à l'Appartement de parade mar- qué Ο, & à l'Appartement d'habitation marqué P; tous deux ici, deilinés pour la Maître/Te du lo- gis : nous n'en donnons pas les détails, dans la crainte de nous répéter avec ce que nous avons déjà dit, concernant l'arrangement, la difpofition, & la forme des différentes pièces des Apparte- ments : nous obferverons feulement que l'Appar- tement d'habitation marqué Ρ , eil: très-complet dans cette diftribution, & que la pièce Ρ ι , dans laquelle on entre des dehors, par la porte croi- fée a, fert auffi d'Antichambre à la Chapelle Q , afTez heureufement iituée dans l'enfilade des pièces P, O, placées en aile, & tenues iimples, comme dans notre premier projet. Cette Chapelle eil de la même forme, & fuf-
ceptible de la même décoration que celle que nous avons déjà décrite ; mais elle ne doit pas monter de fond, les quatre Pavillons R, S, T, U, pla- cés aux extrémités de ce Plan étant à un feuî étage; autrement, les façades latérales V feroient devenues irrégulieres dans leur décoration, n'ayant pas eu deffein de faire les deux Pavillons S, Τ , plus élevés que les arrière-corps X, afin delaifler dominer Tavant-corps Y , & par fa faillie, & par le double étage qui eft élevé au-deiTus, fembla- ble en cela aux élévations du premier projet |' tracé fur les Planches XUI, XLIII & XLiV. En décrivant ce Pian3 nous ne parlerons point*
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D'A RCHITECTURE. 3*9
«3e la maniere dont doivent être décorées les piè-
ces qui le eompofent : ce'que nous avons dit pré- cédemment , concernant cette partie de l'Art, pouvant s'appliquer ici. Pafions à préfent à la droite de ce deuxième projet, dont nous ne ferons non plus, que parcourir affez rapidement les diitri- butions ; l'afpeft de cette Planche XXXVI fup- pléera fuffifamment à un détail plus circonftancié , qui ne pouroit fe faire fans une répétition aulïi vaine qu'ennuyeufe. Nous avons déjà averti que le Veilibule A 9 ...
& le grand Sallon B, étoient abfolument de la même forme, de la même grandeur, & de la mê- me décoration que dans le Plan précédent : l'Efca- lier C eil auiïï dans le même cas. Il n'y a donc que la Salle d'aifemblée E qui en cfifFére ; nous y avons retranché la tour creufe du côté du mur de face , & à la place de cette tour nous avons pratiqué de petits piédroits b, à deffein de rendre toujours ;les quatre parties de lambris c parfaitement ré- gulières : ces piédroits peuvent être ici terminés dans leur partie fupérieure, par des Cariatides ; elles paroîtroient foutenir & foulager la portée du fofîte de l'architrave qui traverfe cette pièce dans toute fa largeur. Ce ireit pas qu'on ne puiffe ima- giner un tout autre genre de fupport ; mais celui que nous propofons eil fans conféquerice, & il n'exige pas fa répétition dans tout le pourtour de la pièce; encore conviendrons-nous qu'il fe- roit mieux de n'être pas obligé d'avoir recours à cet expédient, qui annonce toujours la néceifité d'éviter un inconvénient par un autre. Au moyen de ce que les deux avant-corps X font
doubles du côté de l'entrée, de femi-doubles qu'ils étoknt dans notre premier Planji'An&chaaikre %% |
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3)0 Cours
diifrifïuée à la droite de ce deuxième projet, elf
■devenue d'une grandeur plus relative à l'Appar- tement de parade & à celui d'habitation, diÛribués de ce côté ; Appartements que nous ne détaille- rons point, le nom des pièces qui les composent déiignant fufôfamment leur ufage particulier. Nous obferverons feulement que toutes celles marquées A A , indiquent le grand Appartement paré , & celles Β Β, l'Appartement privé ou d'habitation, qui devient plus commode ici que celui du pre- mier Plan, parce qu'il occupe plus d'efpace , à caufe du double dans lequel il ié trouve diftri- bué. Mais un objet fur lequel nous croyons de- voir nous arrêter, c'eit la.Gallerie , dont la dif- pofition & la fituation nous paroifîent de beau- coup préférables à la précédente : premièrement, ,parce qu'elle ne fait pas partie de l'enfilade prin- cipale, & que , par-là, elle peut contenir tel; ou tel genre de collection, fans être expofée à la cu- riofité fouvent indifcrète d'une fociété nombreufe : fecondement, parce qu'elle eil terminée dans fes (extrémités par deux Salions: celui A A f, defti- ge à fervir pour les entrées de prédilection dans l'Ap- partement de parade : celui A A 2, pour, des Ap<- partements , arriver dans cette 4Sallerie. Cette: belle pièce, parfaitement régulière, eft éclairée par neuf portes croifées ; &, dans le milieu de fa longueur , on peut, à raifon de l'ufage auquel on la deiH- neroit, placer une cheminée. Enfin , à la place des tours creufes employées dans la précédente , fe remarquent ici des colonnes qui figurent avan- tageufement avec les pilaftres, qui décorent le pourtour de cette Gallerie ; en_ un mot, il faut prendre garde que, -du centre du Sallon A A 2, pn jouit, à.la fois, de l'eafilade UT, & de celle |
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d'Architecture; 331
qui, en retour d'équerre, continue dans toute lf longueur du Bâtiment : ce coup d'œuil manquoit à notre premier projet, puifque l'enfilade AB, Planche XXXV, non-feulement traverfe la Gal- lerie , ce qui ne peut convenir que dans le cas où cette dernière feroit deftinée à fervir de pièce de fociété ; mais cette enfilade ne ie trouve' pas précifément dans le milieu de fa longueur : défaut qu'il faut éviter avec foin, & que nous nous fommes permis dans notre premier projet, en faveur de l'ordonnance des dehors. Avant de paffer à la décoration des façades de ce
Palais, jetons encore un coup d'œuil rapide furies deux Plans gravés, Planches XXXV & XXXVI; & ne craignons pas de répéter, que la premiere diftribution, moins parfaite que la féconde, a produit des dehors plus réguliers; ainii que nous allons le remarquer en décrivant les Planches XLII, XLIII & XLIV qui vont fuivre. Mais examinons que cette fymétrie extérieure convenable à ob- server dans les façades d'un Edifice ifolé de toute part, ne doit pas faire négliger à FArchitefte la relation qu'il doit mettre entre les dedans & les dehors ; piuiqù'autrement ce feroit vouloir, comme dans nos anciennes demeures, facrifier la com- modité des Appartements à l'ordonnance des fa- çades : ce défaut ne feroit plus tolérable aujour- d'hui; nos Archite&es, depuis les Manfards, ont donné à la diitribution de nos Bâtiments, un dé- gré de perfe£Hon, dont nous ne pouvons plus raifonnablement nous écarter, en ayant une fois reconnu l'utilité & l'agrément, C'eft donc à l'ex- périence de l'ordonnateur, & aux reiTources de fon imagination, de chercher des moyens de conci- liation, pour accorder, autant qu'il eft poffible. |
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332 Cours
l'extérieur avec l'intérieur ; il faut qu'il retourne
à diverfes reprifes, les mafles de 'fon Plan, dût-il y changer toute la difpofition de fon projet, ainii que nous l'avons fait nous-même ; car notre deu-' xieme Plan a beaucoup d'avantage fur le premier ; cependant les dehors, quoique différents de ceux de la Planche XXXV, n'en font pas moins ré- guliers; ils font dans un autre genre, & Ton peut remarquer dans les dedans, plus d'efpaces, des pièces plus libres , plus commodes & plus conve- nables à l'objet de l'Edifice. Un autre avantage » à notre avis , c'eft que cette diilribution eil plus fimple, & moins tourmentée; qu'elle montre moins de petites parties, de reffauts, d'angles ^de con- tours, en un mot, que fa marche paroît aîfée r autant de qualités effencielles à obferver dans un Plan, δε qui, lorfqu'on fçait fon Art, n'empê- chent pas qu'on accorde au génie, les chofes d'a- grément dans les parties acceiToires, fans nuire à la dignité qui doit préfider dans les pièces ca- pitales. Cette variété, bien loin de bieffer Fœuil» fait au contraire juger avantageufement des ref- fources, du goût & de l'expérience de l'Architeck* |
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d'Architecture;
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CHAPITRE IV,
OBSERVATIONS SUR LA DÉCO-
RATION DES FAÇADES, Appliquées a l'ordonnance exté-
rieure du Plan tracé sur la Planche XXXV, décrit dans le Chapitre précédent. Notre intention η eft pas de répéter dans ce
Chapitre, les règles que nous avons enfeignées dans les Volumes précédents, concernant la dé- coration extérieure des Édifices; mais ieulement de rendre compte des motifs qui nous ont porté au choix des ordres Compofite & Corinthien, pour l'ordonnance des Façades de ce Palais , & des raifons qui nous ont fait élever deux Ordres l'un au-deffus de lautre dans certaines parties de ce Bâtiment. Enfin, nous dirons pourquoi nous avons couronné d'un comble la partie du milieu du grand avant-corps, pendant que nous avons fupprimé les combles par-tout ailleurs. Il ne faut donc pas s'attendre à trouver ici des préceptes ; mais feulement l'efpece de raifonnement qui doit accompagner toutes les produdions dun Archv teSe ; raifonnement qui ne s enfeigne point ; |
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334 Cours
mais qui s'acquiert à force de comparer, les uns
avec les autres, les ouvrages élevés par nos Maî- tres , & de chercher à ?fe rendre compte des objets qu'il eil bon d'imiter , & de ceux qu'il con- vient d'éviter. Les objets qui fouvent nous ont paru bien faire où nous les avons aperçus, peuvent ne point convenir à notre compofition , & engen- drer un abus dans l'ordonnance , quoique dans l'Édifice où nous les avons vus, ils annonçaient, peut-être , une reifource in génie ufe employée par l'ordonnateur. Planche XLIL
Elévation géométralc d'une des Façades prin-
cipales d'un Palais de foixante-fix toifes de face, La Façade exprimée fur cette Planche donne
la décoration extérieure du côté de rentrée , prife fur toute la longueur du Palais , dont nous avons donné la diilribution Planche XXXV , & dont l'ordonnance peut fervir, à quelque chofe près, pour. le.fécond projet Planche XXXVI, dont nous venons außi de rendre compte plus haut. Nous avons préféré l'crdre Compofite, pour
régner dans tout le pourtour du rez-de-chauffée de cet Edifice ; comme l'ordre qui, indépendam- ment de fa richeiTe , prête le plus à la diitiibu- tion des membres extérieurs, & à la relation que ceux-ci doivent avoir avec la décoration des de- dans ; enforte que nous n'avons furmonté cec #rdre par le Corinthien, que dans le grand avant- |
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HM^BH
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d'Architecture 335
fcorps du milieu, à deffein de faire pyramider ce dernier, fur toute l'étendue delà façade : &, com- me cet avant-corps a lui-même une certaine capa- cité , nous lui avons fait faire un reffaut que nous avons couronné d'un fronton, triangulaire , au- deffus duquel s'élève un comble en plate-forme, lequel femble donner à toute cette partie majeure, une forme pyramidale, que nous avons cru né- ceffaire dans un tel Edifice. Dans le rez-de-chauffée de cet avant-corps >
font des colonnes ifolées, à plomb defquelles s'é- lève une baluitrade, & au-deffus de chaque pié- deftal des ilatues, qui, par leur faillie, donnent de l'intérêt à cette ordonnance ; la décoration des ieuls pilaftres qui régnent au premier étage , fert encore à la faire valoir, fans néanmoins appor- ter de difparité dans ces deux étages : le premier au contraire, paroît être une fuite de celui du rez-de-chauffée, décoré auiïi de pilaftres placés derriere les colonnes, de maniere que celles-ci forment, pour ainii-dire , toute la richeiie de cette Façade. On obfervera de plus, que leurs entre^ colonnements fe trouvent difpofés de telle forte, que la proportion des arcades qui occupent leur efpace, ainii que les piédroits , les importes, les archivoltes & les claveaux, font dans un par- fait rapport avec l'expreffion Compofite, & que la largeur de ces entrecolonnements a été cal- culée de maniere, que les entre-pilaflres du pre- mier étage ont pu recevoir des niches carrées,' qui contiennent les ouvertures : ces niches à rez^ de-chauffée ont autorifé les tables, placées au- deffus, dont l'application & la difpofition fon| toujours un bon effet, comme nous l'avons re- piarçjué plufieur^^>is?_ dans les premiers Volume«. |
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336 § Cours
de ce Cours, en parlant de la porte Saint-Denis #
deTArc-de-triomphe du Trône , de la Nef du Val-de-Grâce, &c. Qu'on ne s'imagine pas que ce foit l'apologie de
notre élévation que nous nous propofons de faire ici ; nous fommes bien éloignés de la croire fans défauts; notre intention eil feulement de rendre compte des procédés dont nous nous fommes fervi, & qui émanent abfolument des règles que nous avons enfeignées dans les Leçons précé- dentes. Pour convaincre nos Le&eurs de cette vé- rité, nous aurions bien déiiré pouvoir donner en grand les détails dans lefquels nous fommes entrés à cet égard; mais nous ne pouvons leur offrir que des gravures. affez imparfaites, & ré- duites fur une fort petite échelle ; nous les ex^· hortons donc à traduire en grand, les éléments à la main, un ou deux entre-colonnements du rez- de-chauifée , & autant d'entre-pilailres du pre- mier étage, pour s'affurer, par une combinaifon réfléchie , combien ce que nous leur confeillons eft intéreffant, & combien il eft poifible d'arriver, malgré les difficultés de l'Art, à un certain dé- gré de jufteffe. Cette étude que nous regardons comme indifpenfable, les empêchera de fairô ufage , dans leurs Façades, de membres d'Ar- cEitecfure pris au hazard ; membres qui, faute d'avoir des rapports entr'eux , &. d'annoncer le véritable caractère de l'Ordre, ne préfentent fou- vent à l'examinateur, que des productions , dans lefquellés on remarque tout à la fois le gsnre an- tique, ancien & moderne; ou, ce qui ne vaut guères mieux , le genre pefant avec le délicat; On eft expofé à tomber dans ces défauts, quand qïi a été mal enfeigné, ou qu'on ne fe donne pas la
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d'Architecture. §37
h. peine de fe rappeler & de fuivre les vrais pré-
ceptes de l'Art. Les baluilrades qui Te remarquent dans la
Planche que nous décrivons, paroiflent un peu élevées ; mais il faut prendre gardé qu'elles font exprimées ici fuivant leur hauteur réelle, & non félon leur hauteur apparente, parce que cette élévation eil vue géométralement : car autre- ment, il eil aifé de concevoir que, par l'effet de l'Optique, la faillie de la corniche de l'ordre de deiïous mafqueroit nécéffairement une grande partie de cette hauteur; attention qu'il ne faut point perdre de vue , & qui exige de la part de l'Archkeéte des lumières plus étendues que celles d'une théorie puremenî ipéculativè^ Au refte, il n'y a,qu'à fe rappeler ce que nous avons enfei* gnéà cet égard dans îe Volume précédent , page 291, en décrivant la Planche U. „ ïNqus'n'avons placé qu'une ouverture, dans la largeur des arriere-corps, qui acotent celui du mi- lieu , couronné d'un fronton ; d'où il a réfulté de moyens entrecolonnements, dont les eipaces font occupés par des tables ornées de trophées, tant dans l'ordre d'en bas, que dans celui d'en haut. Ces moyens entrecolonnements, difpofés ainii, & la feule ouverture dont nous parlons, engen- drent des trumeaux, fans doute un peu peiâhts; nous avouons ce défaut, car c'en eil un , la largeur des trumeaux devant certainement fe reflentir de la fermeté, ou de l'élégance des Ordres : or, ce font les Ordres délicats qui préndent ici : il éroit donc efTenciel que les trumeaux euiTehr plus d'é- légance qu'on n'en remarque dans cette ordon- nance ; mais de deux chofes l'une, ou il falloir en ufer., comme on. le voit ici > « ou il fol- |
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338 Cours
lolt placer deux arcades dans ces arriere-corps.
Cette ordonnance que nous avons employée dans les Plans des Planches XXXV & XXXVI, du côté des Jardins, a produit un trumeau dans le milieu, qu'il eil toujours effenciel d'éviter, dans les parties capitales d'un Édifice. Ces deux défauts , dans ces deux projets, font nés d'une part, de la difpofition des maffes du Plan; de l'autre, de la relation qu'il a fallu donner à toute la lar- geur de cet avant-corps, comparée avec l'éten- due des ailes qui l'accompagnent : de maniere, que nous pouvons avancer, que c'eft dans ces oc- cafions, qu'il faut que l'Architecte fçache pren- dre ion parti, en faveur des dehors ou des de- dans de fön projet ; parce que, lorsqu'il s'agit d'ac- corder la beauté de l'ordonnance extérieure, avec la commodité intérieure des Appartements, il eft föuvent néceffaire, quand les règles manquent, d'avoir recours aux refiburces, pour concilier, le moins imparfaitement qu'il eft poflible, ces deux parties intérerTantes de l'Archite£ture; ten- tative néanmoins qui n'avoit pas encore été faite du temps de François Manfard, de Débroffes, dele Mercier,&c. aufli ces grands hommes élé« voient-ils des Façades plus régulières. Au refte V notre intention n'eft pas de le taire, le défaut que nous remarquons dans notre élévation, n'eft pas trop bien racheté par la perfeaion des dedans; puifque nous avons déjà obfervé , en parlant du premier Plan de ce Palais, Planche XXXV, que l'Anti-chambre ou la Salle à manger M 3 , & la Salle de compagnie M 4, étoient aflez mal çclairéés. Nous avons connu ces défauts , fans doute ; mais nous les y avons laines, parce que le premier mérite d'un tel projet, nous paroi* |
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o'ARGHîTEetUÂE. J39
tonÎiÔer dans lés beautés d'enfemble, & quil vaut
mieux, en faveur de celles-ci, pécher dans les acceifoires. Dans un Edifice de cette importance \ les maffes doivent avoir la préférence iur les dé- tails : il vaudrait mieux fans contredit, que toutes les parties fuffent régulières ; mais, comment par* Venir à ce degré de perfection, depuis fur*tout , que nos Architectes modernes, guidés par la ré- flexion & le bon goût, ont regardé, comme une loi indifpenfable, de faire marcher enfemble, $: d'un pas égal, les trois branches de l'Architecture|' la commodité , l'ordonnance & la folidité. Qu'on y prenne garde ; cette triple unité ifeft plus une icience ignorée aujourd'hui, même de la plupart dé nos Elevés. Il eit vrai que cette conciliation entraîne après foi des licences prefqu'ihèvitables £ & que c'eft le plus habile qui les met en oeuvre 1 pendant que celui qui en fait moins '9 îe$ trans- forme en abus, & ne produit que des médiocre tés, dont nous avons fait, plus d'une fbis,aper* cevoir l'ineptie dans nos Leçons précédentes. Il ne s'agit donc plus, dans ce Chapitre, de rele- ver de telles erreurs ; notre objet eft tle faire connoître,'fans vouloir pallier nos propres dé* fauts, que l'Artifte le plus initruit, n'eil pas tou- jours le maître de réunir toutes les beautés dé l'Art dans (es compositions, & que dans l'Archi* teéture, celui qui acquiert le plus de célébrité, eft précifément celui qui fait mettre le plus a profit les licences de l'Art, pour faire valoir, avec plus d'éclat les maiFés de fon Édifice. Ofons citer encore une fois Hardouin Manfard ;
quels traits de génie n'admire-t*on pas dans1 fes ouvrages ! combien néanmoins de licences dans fes chefs-d'œuvre! Mais, qu'on y réfléchifle, ? H
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340 Co v R s
ces écarts peuvent être regardés comme des
fautes heureufes , parce qu'il étoit un grand hom- me , & qu'il n'y a que des yeux févères qui puif- ient les démêler au milieu des beautés fans nom- bre dont ils font remplis. * Tranchons le mot ; il n'efl plus gueres queftion ici
des éléments, concernant la commodité & l'ordon- nance des Bâtiments; nos Leûeurs font cenfés aifez inilruits fur ces deux parties intéreifantes de l'Ar- jchitç&ure : dès-là, ils doivent eflayer de voler de leurs propres ailes, & nous les croyons en état, après les préceptes enfeignés jufqu'ici, de n'avoir plus que des confeils à demander aux Maîtres de l'Art, pour s'affermir dans la carrière où ils font entrés : il ne leur refte donc qu'à examiner » qu'a penfer & à réfléchir , pour , enfuite, s'at- tacher à là décoration des dedans, dont nous traiterons , dans le Volume fuivant, & de-là , paffer à l'expérience, dont nous leur donnerons des notions fufîifantes , dans le fixieme & der- nier Volume de ce Cours. j Nous avons déjà fait remarquer, que nous avons placé un comble au-deffus du fronton de l'avant-corps du milieu de ce Palais. Nous di- rons ici, que, quoique notre intention ait été principalement, en l'amenant fur la fcène, de faire pyramider cet Edifice, c'eil particulièrement i'u- fage intérieur du grand Sallon , fon diamètre & fon élévation, qui nous y ont autorifé, tant les de- dans influent fur les dehorsii & que peut-être, fans lanéceffité de donner beaucoup de hauteur à cette pièce, nous nous ferions paifé de cette forme, pyramidale, parce que cet Edifice étant partout ailleurs fans combles apparents, on pou- roit regarder celui dont nous ^parlons,., comme tin |
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^'Architecture. 341
objet fëparé & peu aflbrti à l'ordonnance des fa-
çades. Nous ne ferions donc point étonné que ce comble éprouvât cette cenfure : nous fommes même tout prêt à en convenir; mais'-en meine temps, nous croyons pouvoir avancer que nous ne conférerions pas de vouloir le continuer , fur-tout au premier étage de ce Bâtiment, parce que-ce comble, ainii continué, ôteroit à l'Edi- fice le caraclère de Palais, pour lui donner celui de Château ; cependant, comme nous l'avons dit ail- leurs* chaque Bâtiment doit avoir une maniere de s'annoncer qui lui foit propre : fentiment au* quel nous tenons beaucoup, quoiqu'il foit com- battu par le plus grand nombre, à en juger par la plupart de nos prodticBons Françoifes, élevées dans la Capitale ou à la campagne;' v" Nous avons placé dans les ailes qui font d'un
feul étage, des portes troifées, comme dans le 'grand avant - corps : nous fommes perfuadé que ce même genre de décoration , non-feule- ment contribue à l'unité que nous avons tant recommandée ; mais que ces arcades ajoutent beau- coup plus à la grandeur de l'Edifice , que fi à leur place on eût mis des croifées ; parce que ce dif- férent genre d'ouvertures femble divifer l'Ordon- nance. D'ailleurs ces deux ailes, qui, comparées avec le rèfle de la façade, ont beaucoup moins d'élévation, auroient paru trop difparàtes , fi l'on eût changé le ilyle dans ces ouvertures. La feule différence qui fe remarque ici, c'eil que ces ar- cades fe trouvent enfermées dans des niches car- rées , tandis que celles du grand avant-corps n'êri ont point ; par la raifon, que la largeur des en- trecolonnements du rez-de-chauffée doit tou- jours être moindre que celle des entrepilafires ^ Y.iij
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342 ,3 C ο ν R s
à caufe de la portée des plates-bandes des âr~
chitraves, qui étant foutenues en fair d\ine coi lonne à l'autre, exigent une folidité réfléchie, & qu'en Architecture, cette partie de l'Art doit avoir le pas fur toute autre confidération : d'ail- leurs, il y faut prendre garde; il n'y a gueres que les modernes qui fe foient permis la très- grande largeur des entre colonnements qu'on re-? marque dans la plupart de nos Bâtiments : au contraire, les anciens rapprochaient leurs colon- nes fort près les unes des autres, & les diftri- buoient, dans le même Edifice, d'une parfaite éga- lité , pendant que nous les éloignons fouvent trop, & que nous varions, dans une même façade , leur éçartement,^ à raifon du befoin de concilier les dehors avec lés dedans;,. A jCe dernier égard, nous croyons que c'eft une1 obligation que nous avons de plus 'à nos Architeâes François , parce qu@ cette diverlité de largeur entre les colonnes , apporte 'que^efois , dans l'ordonnance de nos Edifices, particulièrement dans ceux deilinés à l'habitation, une difpofition moins monotone qui réufîit toujours bien , lorfque l'Artifte nufe de cette variété que pour donner plus d'éclat, plus de jeu , plus de mouvement à fa cpmpoiition. Au reite, il faut fçavoir ne jamais méfufer de cette liberté. Par exemple, ce feroit au moins une né- gligence, de faire les entrecolonnements inégaux entr'eux dans une même façade, lorfqu'ils ont une même deftination , ainfi qu'on peut k remar- quer dans les Pavillons des extrémités de notre Façade; inégalité que nous avons tracée ainfi, pour en faire fentir l'abus, aucune raifon légitime ne pouvant autorifer cette diifonance. Qu'on s'en ïeiTouvienne} nous l'avons dit ailleurs, les entrç-* |
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d'Arcs ï τ ε c τ υ r e. . 34$**
colorinements doivent avoir une relation déter-
minée avec l'expreffion de l'Ordre : or, comment conferver cette relation indifpenfable , lorfqu'on fe permet cette licence ? La commodité des de- dans eft infuffifante , δε ne peut favoriier cette inattention ; & ii quelquefois , le rapport que les maffes doivent avoir avec les parties principales , femble exiger cette inégalité, il en faut ufer avec tant de prudence, & rendre ces différences fi peu fenfibles, que le fpe&ateur le plus intelli- gent fe trouve forcé d'applaudir aux reiïburces de FArchite&e. En un mot, nous ne nous laiTons point de le répéter, aucune confédération parti- culiere ne peut prévaloir fur les raifons de fo- lidité ; & lors même que l'Art fait furmonter tou- tes les difficultés de la main-d'œuvre, on n'eil pas difpenfé pour cela de rendre là conftru&iori de fon ordonnance vraiiTemblable ; autrement, elle inquiète l'examinateur éclairé, & devient une forte d'énigme pour ceux qui le font moins. Les Pavillons des extrémités de cette Façade
ont auffi deux Ordres d'Architeoure, comme dans le grand avant-corps ; mais, pour donner plus de mouvement & de légèreté à l'étage fupérieur de ces Pavillons, nous avons, dans chacun de leurs an- gles , formé des pans coupés , Comme on peut le re- marquer dans le Plan de la Planche XLI.Nous avons cru pouvoir faire ufage ici de ces pans coupés ; premièrement, parce que l'élégance des Ordres qui décorent cette Façade, autorife ce mouve- ment dans les Plans & dans les élévations ; fecon- dement, parce que nous aurions craint qu'en mon- tant carrément ces Pavillons, ils ne deviniTent pefants à 1'ceuil, & que cette pefanteur n'offrît une eontradi&ion, comparée avec le cara&ère dé|icai Yîy
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344 Cours i
des Ordres employés ici. Au reite* nouslahTóns
aux Maîtres de Γ Art à juger fi nous avons eu raifon ^ mais* en attendant ce jugement, qui, à le bien prendre, n'eil qu'une affaire d'opinion , nous rappellerons à nos Elevés, -que dans les élé- ments du commencement de ce Cours , nous leur avons prouvé combien il eil important que tous les membres d'Architedure amenés dans la déco- ration , pnifent leur fource dans Texpreffion des Ordres qui préiident dans l'ordonnance, & com- bien il eil intérefiant que la forme des Plans, & le mouvement des élévations y prennent aufli le caraclère que chacun d'eux y doit offrir, foit en les confidérant féparément, foit dans la réunion des partjes comparées les unes avec les autres. Fondé fiifc ce raiibnnement, trop négligé par
le plus grand nombre , du moins nous rendons compte à ceux qui défirent bien faire, des mo- tifs qui nous ont fait préférer ces pans coupés, & comme analogues à l'Ordre Corinthien, & comme contribuant à faire pyramider chacun de ces Pa- villons, fans pour cela, avoir recours à aucune autre efpece de couronnement, que la baluilrade fupérieure : le Plan ιde« cette dernière , aidé de l'ef- fet de l'optique ,fuffit pour produire la forme pyra- midale qu'on pouvoit défirer ; & l'on eil bien fondé a défaprouver les attiques, les combles & les lan- ternons qu'on emploie aifez ordinairement en pa- reille occaiion, fans réfléchir que non feulement ces fortes d'amortiiTements ne conviennent pas par-tout ; mais que fouvent ils fe contredirent avec Je caractère de f Edifice. |
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©'Architecture:. , 34I
Elévation géomètrale d'une des Façades laté-«
raies d'un Palais dejoixante-fix toifzs
de face.
'Planche XLIIL -
Nous ne répéterons point ce que nous venons
de dire, touchant la décoration de ce Palais* cette face latérale étant aiïujétie à la même or- donnance que la précédente : nous nous propo- fons feulement de faire remarquer, que c'eit pour , rendre cette élévation plus fymétrifée, que nous avons placé Taxe du pignon du grand avant- corps, précifément à plomb de celui de reten- due de cette façade ; ce qui nous a engagé à faire régner à égale diftance , tant du côté des jardins, que du côté de l'entrée, l'aile fimple qu on remarque dans la Planche XXXV : il étoit néceflaire d'obferver cette fymétrié dans les de- hors de ce Palais; parce que cette face latérale1 eil aperçue dans route la longueur des allées plantées en face du retour de cet Edifice, dont nous avons indiqué la difpofition dans le Pla»j par maflfe de la Planche XXXIÏI. Nous ne fai- îbns cette obfervation, que parce qu'on néglige' affez ordinairement les faces latérales de nos" Bâtiments, ce qui, cependant ne devroit avoir· lieu, que lorfque le principal corps-de-logis fe trouve flanqué par quelques bouquets de bbis·,- ou par quelques dépendances principales de ΙΈ*> difice. Ici notre intention eu toute autre; noué' avons voulu Îifoler de toute part, afin de pou^ yöjr rendre compte des difficultés d'un tel pro- |
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%φ Cours-i
jet, toujours plus difficile à exécuter, qu'un Bâ-
timent dont les retours ne font point aperçus, ou ne le font que bien peu. Au relie , c'eit à l'ex- périence de l'Architecte, à prévoir les inconvé- nients qui peuvent en réfulter; & c'eit pour aider ceux qui débutent dans cette partie de l'Art, que nous avons fait fuivre au projet de la PI. XXXV, une autre distribution tracée fur la PI. XXXVI, à l'occafion de laquelle nous avons auffi préfen- |é d'autres dépendances , indiquées fur la Plan* che XXXIV, Planches où nous renvoyons nos Lecteurs, ainfi qu'à leurs diftributions ; c'eiï le feul moyen de faifir nos idées , & d'acquérir, par la fuite , la faeulté d'ajouter de nouvelles études à.ce que nous enfeignons dans ce Volume, fans néanmoins vouloir trop s'écarter des pré- ceptes qu'il contient. • -Il eil aifé de s'apercevoir que la continuité du
comble qui fe remarque fur le premier étage de ©etté façade latérale » fait un bien moins bon effet que dans la Planche précédente , fa malfe paroif- fant lourde & pauvre ; auffi eft-ce pour corriger ©S défaut, que nous l'avons terminée en plate- forme couronnée d'un appui de fer ; un faux qoriible Fauroit rendue plus infoutenable encore* - A l'égard des deux croifées du premier étage,
dans lefquelles Taxe ne tombe pas à plomb de celles du rez-de-chauffée , cette irrégularité né peut paffer pour un défaut : il faut fçavoir fe per- mettre cette licence, fur-tout lorfque, comme ici, le premier étage eft reculé de la face prin*: ciptle d'environ vingt-quatre toifes; puifque cette diitance & l'optique rendroient nulle la févérité, dont on auroit voulu ufer pour les rendre ré- gulières. Ceft4à un de ces cas, par exemple 9 où |
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d'Architecture. 347
il faut en fçavoir affez, pour ofer s'écarter des
règles reçues. La feule théorie rend iouvent ti- mide , & empêche de quitter la regle & le com- pas; l'expérience , le goût,le raifonnement, fça- vent franchir le précepte, ou du moins, ils in- diquent le moyen de l'interpréter; & c'eit. delà, nous pouvons le dire, que font nés les ouvrages cle génie qui honorent la France & nos Artiftes. Mais , qu'on y prenne garde : il eft un tempjr pour ofer ; il n'appartient pas à' tous de le faire; il faut avoir beaucoup vu, avoir examiné avec foin les reifources employées par les grands Maî- tres , avoir appris de bonne heure à difcuter l'Art ; en un mot, il faut avoir réfléchi fur les tenta- tives qui ont réuffi, & fur celles qui n'ont en* gendre que des médiocrités : autrement, il faut s'en tenir aux Eléments, jufqu'à ce qu'on ait ac- quis aifes de talents, pour juger ce qu'on doit fe permettre ou fe défendre abfolument. Coupe prife fur la profondeur du principal
Corp s-de-logis d'un Palais de foixante^fx toifes de face. ,i, r
Planche X L I V.
Nous ne parlerons dans cette Planche, que de
la coupe prife dans la profondeur du grand avant- corps du principal corps-de-logis de ce Palais ; les deux Pavillons, & ce que Ton vpit des deux ailes en retour, étant abfolument de la même ordonnance que les élévations dont nous venons de parler ; mais nous répéterons encore une fois * parce que cette répétition eft importante ici, que |
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$4$ # Cours
c eil pour avoir voulu placer ce principal avänc-
corps précisément dans le milieu des quatre Pa- villons qui flanquent cet Edifice, & faire pafler l'enfilade AB, du Plan de la Planche XXXV, dans le centre du grand Salîon, que cette même enfilade ne fe trouve pas dans le milieu de la lon- gueur de la Gallerie ; défaut que nous avons re- ® marqué en décrivant celle tracée fur la PI. XXXVI, beaucoup plus intérefTante que celle de la Plan- che XXXV : c'eit pour cette raifon que nous avons changé toute la difpoiition de ce deuxième projet, lequel mérite la préférence à beaucoup d'égards, pour ce qui regarde la commodité des dedans, comme le premier la mérite en faveur de là régularité des dehors. En effet, qu'on fe rap- pelle la façade latérale, dont nous venons de faire mention, avec l'image extérieure des dedans dé ëétte coupe, & l'on fera convaincu qu'il n'y au^ roit pas à balancer fur le choix du premier pro- jet , fî , comme la plupart de nos prédécef- Ί ieùrs, nous n'enflions eu pour objet que la dé- coration extérieure, tels qu'en ont ufé les Lef- cot, les Delorme, les Desbroffes, les le Mercier y les le Veau; mais dans ces Leçons, où il s'agit d'enfeigner les moyens de réunir eniemble les- trois branches de l'Art, qu'on cherche à conci- lier aujourd'hui, nous n'avons pu nous difpenfer d'introduire dans notre projet, quelques licences dont Hardoliin Manfard nous a enfeigné lui-même là route, dans fes productions célèbres. Il ne,,, fuffifoit donc pas de donner nos Plans de diitri- bution, il falloit encore produire les façades ex- térieures , & la coupe dé ce Palais, afin d'avoir occafion de revenir à plus d'une reprife fur ce projet : cette maniere d'opérer donnera fans douta. |
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d'Architecture, 149
à nos Elevés, l'idée de revenir de même dun
objet à l'autre, pour réfléchir à loiiir fur les par- ties qui peuvent autorifer les licences les plus in- difpenfables, mais qui, lorfquelles fe trouvent dé- placées, ne montrent plus aux connoiffeurs que l'abus, au lieu des reffources & des préceptes de l'Art. On peut voir par cette coupe, que la charpente
du comble auroit pu ne régner que fur le grand, Sallon ; élévation indifpenfable à caufe de la hau- teur de la calotte qui termine l'intérieur de cette pièce. On auroit pu de même fe contenter d'un comble à deux égouts, fur l'Anti-chambre du pre- mier étage, placée au-deffus du Veilibule, du côté de l'entrée ; mais, d'un côté , le grand avant** corps, en arrivant à ce Palais , auroit été ter- miné moins henreufemënt; & de l'autre, èe com- ble , difparate dans fa forme , auroit rendu la fa- çade latérale , Planche XLIII, mal couronnée , cette élévation devant, comme nous l'avons re-, marqué plus haut , être aperçue d'un point de diilance affez coniidérable. En décrivant le Plan auquel appartient cette cou-
pe , nous avons aufli annoncé, page 216 de ce Volu- me, que l'ordonnance intérieure de ce grand Sallon, devoir être en marbre, & que pour cette raifon , nous avons tenu fa décoration d'un flyle grave; le choix de la matière devant gouverner le genret de FArchite&ure. Nous avons encore infmué , que, relativement au ton varié de fes marbres de couleur, on pouvoit, au lieu de Sculpture, pré^ férer le miniitère de la Peinture, dans la voûte de cette pièce , ainli qu'on a voulu l'indiquer dans cette Planche, affez mal gravée à la vérité; ceux qui fe mêlent de graver l'Architecture , étant , |
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3 fo Cooks
pour la plupart, fans principes & fans goût, mal-
gré les fecours qui leur font offerts, dans nos Conférences publiques, depuis nombre d'années ; enforte qu'il ne faut regarder cette coupe, que Comme une image aiTez imparfaite, qui donne feulement l'idée de notre compoiition. Nous terminerons ici la récapitulation que nous
nous étions propofé de faire, concernant l'or- donnance extérieure des Bâtiments : récapitula- tion qui, d'ailleurs , nous a paru indifpenfable , pour faifir l'occaiion de rappeler à nos Elevés la relation intime qu'ils doivent s'efforcer d'ob- ferver entre les dehors & les dedans de leur Edi- fice; ce qui, comme nous l'avions promis, nous a amené à des difcuiïions réfléchies qui confir- ment les préceptes, de l'Art, en les prévenant néanmoins , de la difficulté d'y arriver, fur-tout lorfqu'il s'agit de réunir enfemble, dans un même projet, la partie de la folidité avec la commo- dité, & celle-ci, avec la beauté de l'ordonnance. Avant de paffer à la décoration intérieure des
Edifices, que nous réfervons pour le cinquième Volume de ce Cours ; donnons encore dans le Chapitre fuivant, d'autres diftributions : mais choi- fiffons-les dans un genre plus iimplé, à deffein de nous mettre à portée du plus grand nombre j & ap- pliquons-nous particulièrement à détailler la plus grande partie des commodités./du reffort des ha- bitations particulières. Commençons néanmoins, jà la fuite dit Palais que nous venons de décrire-, par donner le Plan d'un Belvéder, ou d'une Maifon de chaffe de notre compofition , afin d'accoutu- mer nos Elevés, a paffer , du genre compofé , au genre moyen, '"tic'; de celui-ci,' au genre fiiîïple. Ni. " ' Γ ■
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d'Architecture. 351
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CHAPITRE V.
Observations particulières , ap^
i * -
PLIQUEES A LA DISTRIBUTION D'UNT
t BeLVÊDER% A CELLE D'UNE MAI- son abbatiale, et a celle d'une Maison particuliere. \^ OMME il ne s'agit que de porter nos obfer-
Yations fur la diitribution intérieure, ndus ne don-v nerons, ni les élévations, ni les coupes'des Plans qui vont fuivre : cependant, comme nous avons droit de fuppofer, qu'après les Leçons précéden- tes, nos Le&eurs ont acquis l'art de juger l'or-; donnance des dehors, par l'afpeâ: des dedans ; nous avons pris le plus grand foin de tracer en grand les développements des Bâtiments que nous allons donner. Ceit pourquoi, nous invitons la plupart de ceux entre les mains defquels parvien- dra cet Ouvrage, de defïïner par eux-mêmes tous les détails que nous ne pouvons offrir ici, dans la crainte de nous répéter fans cefle, & de multi- plier les Planches au-delà des hornçs de ce Cours* ! - Ρ Un d'un Belvéderfervant de, retour de chajfe.
Ρ X. A Ν C H Ε XL V.
Le Plan que nous donnons ici tient à îa ma-
gnificence du Palais décrit précédemment; auui Îq trouve-t-il placé k l'extrémité du Parc, formant" ' ' ' ' '■' , ' , ·' " " \
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3J2 Cour s
la fuite des Jardins de propreté de ce Palais *(ƒ)#
Nous rappelons Belvéder, parce qu'il fe trouve élevé fur une éminence ntuée en belle vue; & nous lui donnons le titre de retour de charTe, parce qu'il eil aufïi delïiné à fervir de retraite % avant ou après cet exercice falutaire, pour l'un & l'autre fexe. Ce Bâtiment de feize troifes fur chaque face Ψ
contient un grand Sallon A, de cinquante-un pieds de diamètre, & de foixante pieds d'élévation fous clef. Ce Sallon eft décoré d'un ordre compoiite, pilailre, accouplé & percé de huit arcades de mê- me forme & grandeur. Dans quatre de ces ar- cades font encailrées des portes à placard ; les |
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(ƒ) Cette Maifon de chaiTe fe trouve élevée fur une plate-
forme de trente-deux toifcs en carré, à laquelle on monte par neuf marches continues : cette plate-forme eft elle-même élevée fur une terraiTe de cent-cinquante toifes de longueur, fur foixante-dix-fept de profondeur, & à laquelle on arrive par un perron que l'on monte en deux temps , d'abord par neuf marches , enfuite par fept, avec un grand palier qui lesfépare. Aux deux extrémités de ce grand perron, font deux Cabinets de verdure, qui ne s'élèvent de deiTus la terrafle que d'environ quatre pieds, pour laifler échapper la vue qui eft admirable de ce coté, vue qui produit, de l'intérieur du Bâtiment, le coup d'œuil le plus intéreifant, & à qui tout a du céder. Du côté oppofé à ce perron, du côté de l'entrée du Bâtiment, cft pratiquée une cfplauade où fe réunit le rendez- vous pour la chaiTe & fon retour. A l'extrémité de cette ef- planade, terminée en demi - Lune du côté de la forêt 3 on ap- perçoit fept- allées : celle du milieu cft deftiaée pour le grand che- min , les fix autres fervent de route pour les Chaileurs, Sec. Nous défiions que ce léger extrait falfe naître à quelques-uns de nos Elevés les moins avancés , l'idée de compofer les dé- pendances du Plan que nous offrons, ce qui, par dégrés , les ameneroit à effayer enfuite leurs propres forces, 6c à conce- voir' la néceiïité de commencer leurs comportions, par ob- ferver une relation direde entre les dépendances de la difpa- fition de leu»; Edijâce» . , ; ;- ; -, . . ... ■·-; ,,,; , autres
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D^RCHlÏÊCÏÜRi; $||
autres lont feulement fermées par des portes vi--
trées, comme à Marli. Ces quatre portes vitrées donnent chacune dans autant de Veftibules eri périftylë. Ce périftylë Β * ouvert fur le mur dé face par fes entrecolonnemenrs, dont l'ordre eft Ionique , forme avant-corps fur la façade ; ce qui donne à ce Bâtiment un air de gaieté qui ne convient guères qu'à lui, oU à ceux de fon ef* pece, les Bâtiments d'habitation proprement dits, exigeant d'être fermés de toute parc. La diago- nale de ce Salion , & les quatre angles de ce Bâti- ment , ont chacun une pièce qui iërt d'accompa- gnement & de dépendance à celle A. La pièce C eft un Buffet en cas que l'on veuille
donner un banquet ou une fête dans le grand Salîon , ou feulement fervir des rafraîchiffements dans la pièce D. Le diamètre de ce Buffet eft réduit ici à quatorze pieds & demi, & c'eft au- tour de fon enceinte qu'eft pratiqué un efcalier circulaire de trois pieds neuf pouces de longueur dé marche, & dont la rampe a defcend aux Cui* fines & aux Offices ménagés fous terre, pendant que celle b monte aux terraffes éievées fur ce Bâ- timent , & de-là, par de petits efcaliers à vis, fur la calotte extérieure du Salion. La petite pièce c, eft une décharge pour contenir les criftaux ; & dans les deux embrâfures d, font dreftées des ta^ bles, l'une pour la deftèrt-e de la table, l'autre pour y drefter les fruits; enförte que cette diftributieh. particuliere comporte toutes les commodités d'u- fage à un tel département. La pièce D fervant ici de Salle-à-manger > eft à
pans ;; elle a vingt pieds en Carré, & peut être
revêtue de ftuc ou de marbre. Dans l'infde fes
angles e , on a ménagé un pifîbir> & dans les au-
Tom$ Ifr Ζ
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354 Cou RS
tres ƒ, des armoires, pour dépofer les ufteniilei
relatives à une telle pièce : dans l'angle G, eft une porte à placard , qui enfile la diagonale de ce Bâtiment : enforte que, du centre A, on jouit de huit points de vue différents ; dont quatre per- cent jufques dans les dehors, quatre autres indiquent l'intérieur de cet Edifice, apperçu dans fa plus grande étendue. En face de Tune àçs croifées de cette pièce, eft une cheminée, 8ε vis-à-vis de l'autre, une niche A, pour contenir une Ottomane ; de maniere que dans fes quatre grands côtés, fe remarque une arcade réelle ou feinte, δε dans (es pans, quatre portes à placard terminées par des piédroits d'une fufïifante largeur, pour recevoir des chambranles, δε les champs qui doivent les accompagner. Il eft important de prendre cette précaution, δε de prévoir cette fymétrie,lors de la diftribution de fon Plan ; autrement, lorfqu'on remet à fe rendre compte des détails de la déco- ration intérieure, après la bâtiffe, on eft forcé d'avoir recours à des expédients, qui nuifent eifen- ciellement à la régularité des dedans. La pièce Ε eft un Cabinet de jeu, de vingt-un
pieds neuf pouces en carré : il eft auffi à pans coupés, comme les pièces précédentes. Ce Ca- binet peut être boifé, enrichi de fculpture, de dorure δε de glaces , & être terminé par une ca- lotte ornée de peinture enarabefque, ce genre a'or- nement pouvant fe permettre ici, c'eft-à-dire » dans .un lieu deftiné feulement à l'agrément δε. m*plaifir. La pièce F eft une Chambre en ruche, réduite
à environ quinze pieds de diamètre δε de hauteur, enforte quau-defîus , on pouroit pratiquer des entre-fols ou l'on monteroit par l'efcalier i, fous leqvel fe tïouveroit plaeéie Cabinet dWance K. ■■■
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ί·!
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©'AUCH! TËCÏ üftË* *.y
Cet êntre-fol feroit deiliné pour un pretmer Do*
ffieitique, û le Maître vouloit jouir dans cet afyle , de quelques jours de folitude. De l'autre côté du Cabinet d'aifancè k, eil un Cabinet l, qui, par* le moyen des trois tours creufes (g) qui le com^ pofent, ne laiiîe pas d'avoir huit pieds de largeur, fur fept de profondeur, efpace fiiffifant pour une* toilette champêtre» La petite pièce ?/z, eil un dé* pot pour le linge, & quelques vêtements nécef- faires a la campagne, en cas de pluie ou de fa* tigue, par l'exercice de la chaffe : en face d'une des croifées, eil placé le lit en niche, enfortë que quatre arcades réelles ou feintes, décorent les quatre grands côtés, tandis que les quatre pans coupés font occupés par des portes à placard, comme dans les trois pièces précédentes* Nous avons exprimé dans ce Plan, les ConV
pârtiments de marbre* dont eil revêtu le fol de1 toutes ces pièces de^ diilributiori, à l'exception de la Chambre en niche, qui, pour plus dé fa-* lubrité, doit être parquetée, &, pour plus de ma- gnificence, doit l'être en marqueterie (Λ), Artcieià* |
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(β) Dans la crainte que ces tours .creufes n'altèrent 1« t0H-
dite des muis de la partie anguleufe de cet Edifice oh fo devra terminer en cul-de-four, & faire reprendre l'épaifleUr dei rnurs au-delius de ces culs-de-four, qui ne feront <*uère< plus élevés que de treize pieds fous clefs. w«to 1 Hotel de Soubife & au Château de Maifon, d'un "deflin
ancien, M. le Duc de Choifeuil vient" dernièrement d'im faiM faire a fori Hôtel rue de Richelieu , qui font de M Fflus ö7f iaite exécution; mais peut-être feroit-il à défirer qu'il g &<£*« compofees dé plus grandes parties, la multiplicité dos détails ne convenant dans aUçun genre de productions. Noils lohne ions, dans le Volume fuivanf, quelques deffins de cetrle ciW «n traitant de la dccoiaciofl deç Appartements, ζ ij
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3}6 Cours
nement la marqueterie étoit fort en ufage ; nos
Artiftes Tont fait revivre depuis quelques années , avec beaucoup de fuccès. Nous dirons néanmoins, qu'on devroit s'attacher davantage à obferver plus d'analogie , entre les deffins de ces efpeces de com- partiments , & ceux qui composent les voûtes & les plafonds ; fans cette relation entre l'un & l'au- tre, ainii qu'avec les revêtiflements des pièces, tous ces objets, féparément eftimables , loin de préfenter un enfemble intéreffant, paroiffent avoir été imaginés dans des temps différents, & exé- cutés par divers Artiiles qui, faute d'être con- duits par un Chef éclairé , ne produifent qu'un tout défafforti, qui nuit effenciellement à l'ac- cord général. Nous avons déjà dit que le Sallon A étoit décoré
de feize pilailres d'ordre Compofite; nous ajou- terons ici qu'il eft revêtu de marbre enrichi d® bronze, & qu'il fe trouve éclairé par huit croifées ovales , percées' dans la principale voûte de cette belle pièce, indépendamment des quatre portes vitrées qui donnent dans les Veitibules Β : ces croifées ovales font féparées par de doubles arcs double aux , dont chacun tombe à plomb des pi- laflres Compoiites. Au-deffus de cette premiere voûte, eil une lunette ornée de peinture, qui, comme nous l'avons remarqué ailleurs , s'affortit toujours bien avec le ton des marbres, & non autreoîent. Cette lunette a précifément le même diamètre que celle de la grande étoile qui fe re- marque dans le compartiment du pavé, & c'eil cette égalité de diamètre, qui forme entre les par- ties fupérieures & inférieures, la relation dont nous voulions parler tout-à-1'heure ; relation, en- core une fois, qu'il faut méditer, qu'il faut pré- |
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d'Architecture. 357
voir, lors de la premiere penfée de fon projet,
ii Ton veut parvenir à mettre de l'accord dans fon enfemble, & faire dépendre toutes les parties les unes des autres. Qu'on η en doute point, la re- , lation que nous recommandons , ©ft moins diffi- cile qu'on ne s'imagine, il ne s'agit que de la bien faiiir, & d'enchaîner fes idées de maniere, qu'en concevant les maiTes, on puiiTe prévoir ce qui réfultera des détails, dût-on, pour y parvenir, tarer à diverfes reprifes les moyens d'y arriver, ce qui fera toujours plus aifé au jeune Archi- tecte, lors de la compofition de fon Plan , que de chercher après-coup les accords que nous recommandons. Il eit vrai que pour cela, il lui faut des études, du goût, & de Texpérience ; mais quels fecours n'a-t-il pas, dans cette partie de l'Art, en parcourant nos belles demeures, & fainuit précéder cet examen important , du rai- fonnement que nous cherchons à. lui indiquer dans ces Leçons» :· * ■■. \ ; Platï a-rei-de-chaujße de la Mai/on Abba-
tiale de lÀbbay e des Ρ remontrés \/ à Villers-Cotttrets. Ρ L A NC H Ε XLVL ..
Nous avons cru ne pouvoir mieux finir nos ob-
fervations, fur la diftribution intérieure des Bâ- timents y qu'en offrant versTa fin de ce Volume y deux productions de M. Franque, Architecfe du Roi, qui , comme à fon ordinaire, par amitié pour nous, & pour fe prêter à l'initru&ion de bos Elevés , a bien voulu nous confier de fes |
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îî'8 Cours
porte-feuilles, les Plans que nous allons décrire,
Çejui dont nous parlons , donne la diilribution 4'une Maifon Abbatiale qu'il a fait exécuter en 176 5 : Ce Plan devenu très-régulier, par cet ha- bile. Maître, dans un périmètre aiTez irrégulier, s eft un exemple de ce que peuvent le génie Se l'expérience. Il s'aguToit, dans un aufli court ef- paçe ? de trouver une Salle de compagnie A » dç vingt-iix pieds de longueur, fur vingt-cinq de largeur, qui, deilinée à rafîembler la fociété, communiquât , fur la droite, à un Appartement complet Β, pour J'Abbé * fur la gauche, à un pe- tit Appartement C,muni de fes dépendances; §c qui pût s'ofFrir à un étranger de diuMnétion* On arrive ^ la Salle de compagnie par un Veftibule JD? qui lui fert d'Antichambre , & qui, en face . de fa principale porte d'entrée , annonce l'Efca* lier qui monte au premier étage, où l'on trouve auflj trois Appartements a donner. A la gauche. 4e cette Anti-chambre , eil placée la Salle à-man» ger 1, Pes Çuifines F, on vient fervir à cou- vert dans cette Salle ; ces Cuifines ont été con-? fervées de l'ancien Bâtiment, ainii que l'Office & les autres dépendances de la bouche qui fe remarquent ici. Derriere cette SàhVà-manger 8ç î'efcalier, eil ménagée une Cour qui fert de dér charge à l'Office, & de dégagement aux Garde* robes à l'ufage de la $alle de compagnie A? & $e l'Appartement C, Kous ne détaillerons point les objets de eom*
modité dont cette habitation eil fufceptible ; nous nous propofons de donner, Chapitre VI, fépa-r rément, & fur une beaucoup plus grande échelle? la Chambre à coucher δε les dépendances de l'Ap- partement %, afjô de prendre, Qççaiîpn ? à Çf fu- |
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d'Architecture. $59
jet d'enfeigner à ceux de nos Elèves qui débu-
tent dans la diftribution, quel parti ils peuvent tirer de f irrégularité des lieux, & tout enfemble j les moyens d'arriver à en tracer le Plan , avec cette correction fi néceffaire, pour être entendu & fuivi par les Entrepreneurs. Nous regardons même cette partie de l'Art fi intéreffante, pour la plupart de ceux à qui cet Ouvrage eft defti- né, que nous donnerons encore les développe- ments d'un autre Appartement que nous avons fait exécuter à trois lieues de Paris, & dont nous offrirons peut-être la diftribution entière, les élé- vations & les coupes, après les deux Volumes qui nous reftent à donner , pour compléter notre Cours. Un des objets effenciels qu'il faut remarquer,
dans le Plan dont nous parlons , Planche XLVI, c'eft l'art avec lequel M. Franque a fçu fe re- tourner d'équerre , & fur l'axe du Jardin G, & fur celui de la Cour H, en rendant la façade du fond de cette dernière , d'une forme cintrée fur fon Plan, & eh évafant les ailes en retour I ; de maniere , que cet habile Architecte a tiré un parti li avantageux du terrein, que cette production iimple en apparence , n'annonce pas moins fes talents décidés dans fon Art ; aufîi cette compo- fition a-t-elle plu à tous les yeux » & nous nous flattons qu'on nous fçaura quelque gré de l'avoir préférée à tant d'autres plus régulières r fans doute j mais beaucoup moins utiles pour la plu- part de nos Lecteurs. Nous ne donnons point le Plan du premier
étage de cette Maifon Abbatiale, étant aifé de concevoir par celui tracé ici, la difpofïtion de l'étage fupérieur i par la différence des teintés de - Ziv
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360 Cours
' la gravure qui indique par deux tailles l'étage qui
s'élève au-deiïiis du rez-de-chauiïëe, & par une feule , ce qui n'a qu'un étage proprement "dit. Nous priverons auiîi nos Lecfeurs des élévations & de la coupe de ce Bâtiment, parce, que notre ob- jet principal, dans ce Chapitre, eit feulement de traiter de la diftribution; mais nous ofons aiïii- rer que ces façades , qui nous ont auiTi été com- muniquées , font du meilleur genre ; & c'eft avec regret , que nous nous trouvons forcé d'abréger le nombre des Planches. PaiTons à préfent à une autre diitribution , auffi
de la compofition de M. Franque, & qui, félon nous, n'eft pas moins intéreflante que la pré- cédente , quoiqu'elle ne foit projetée que pour une Maifon particuliere qui doit s'exécuter à Amiens. Plan à rez-de-chauffée, d'une Maifon.
particuliere. Planche XLVII.
Il femble qu'il ait été réfervé à M. Franque,
entre la quantité des Edifices qu'il a fait élever, cfue la plupart des terreins qui lui ont été offerts., fe foient trouvés renfermés dans des périmètres d'une irrégularité prefque inconcevable. Nous avons déjà eu occafion de rapporter dans le Dic- tionnaire de l'Encyclopédie, différentes produc- tions de cet habile Maître, ainfi que de celles de M. le Carpentier, Archite&e du Roi. C'eil dans le premier Volume des Planches de ce grand Ouvrage, qu'on trouvera le Plan à rez-de-chauf- fée, du projet delà tyjaifon de M, le Marquis de |
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d'Architecture. 361
Villefranche, à Avignon, & dont le terrein eil
d'une forme ii bifarre , qu'on auroit peine à croire qu'il exifte, fi nous n'en avions donné la confi- guration exacte. Nous avions deffein de répéter ici cette production ingénieufe de M. Franque , par la difficulté, pour le plus grand nombre, de fe procurer ce Dictionnaire important; mais nous nous trouvons forcé d'y renvoyer nos Le£teurs; & c'eil pour les en dédommager en quelque forte, que nous leur offrons cette nouvelle production de cet Architecte : producfion qui, comparée avec celle que nous venons de citer, peut cer- tainement contribuer à faire éclôre le génie de nos Elevés, dans cette partie de la diilribütion moderne, fans pouvoir néanmoins nuire en rien à l'imitation de la décoration des Edifices anciens , qu'on cherche à introduire aujourd'hui dans les dehors de nos Bâtiments, avec beaucoup plus de fuccès, nous pouvons le dire ici, que dans le commencement de ce fiécle. Entrons donc dans quelques détails, à l'occa-
fion de la Planche XLVII, en faifant compren- dre que , quoiqu'il s'agaTe feulement ici delà diilri- bütion d'une Ma ifon particuliere, T Archite&e de ce projet l'a conçu û heureufement, que non-feulement l'irrégularité du terrein fe trouve prefqu'entière- ment mafquée;mais que chaque pièce intérieure eil devenue d'une parfaite fymétrie , & compofée de formes auiîi agréables qiuntéreiTantes. Ce Bâtiment, du côté de la principale entrée A,
n'a de face que vingt-deux pieds & demi dans œuvre, pendant que celle qui lui eft oppofée Β, en a foixante - fix aufîi dans œuvre , fur cent trente-deux pieds de profondeur : cependant , dans la furface de çç terrein, on ne peut paf |
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362 Cours
plus irregulier, & qui ne contient qu'environ
dix - neuf cent quarante - quatre toifes carrées fié fitperfîcié , l'Archite&e a ménagé à rez-de- ëhai$ffée trois Cours CDE, non compris trois autres plus petites abc, cette dernière pour les fomîers, les deux autres , pour éclairer & donner cie l'âir aux Garderobes ed ; plus un Appartement 'de fociété complet F , un petit Appartement à don- eer G-, une Cuifine & fes dépendances H, enfin uns Ecurie pour fix chevaux & deux Remues I, avec des logements & des Greniers au-defïus. Comme Bâtiment d'économie, on auroit pu,
ainfi que c'eil affez l'ufage en Picardie, bâtir les jprmcipaiix murs de face intérieurs en brique, ou , comme on en ufe fouvent à Paris, & dans quelques-unes de nos Provinces, les conftruire en charpente; mais nous avons préféré de les repréfenter ici élevés en maçonnerie , dans le «kiTem de n'offrir à nos Elevés , que des Plans d'une folidité plus confiante. Ce n'eft pas que îà brique ou les pans de bois, n'aient leur avan- tage ; ils occafionnent, fur-tout les derniers, plus de célérité dans la bâtifle, &, comme les murs en brique, ils occupent moins de place , & rendent îefpace des lieux plus grands; mais auffi, à moins que ces murs de race, dans ce genre de conftruc- tion, ne fe trouvent expofés, convenablement, ils rendent nécefTairement les Appartements beau- coup plus froids l'hiver, & beaucoup trop chauds pendant l'été : coniidération pour laquelle la bri- que & la charpente ne peuvent guère être mife en œuvre que dans les dedans des Appartements, comme cloifon de refend, ainfî que nous les avons voulu exprimer e, en brique '9 dans le Plan xlont nous parlons, & en charpente, dans la cloifort |
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D'A RCHITECTÜRE. $6$
indiquée f. Nous avons auiîi tâché, autant que la
petitefle de notre échelle l'a pu permettre, de faire connoître celle g, comme coniïruite feulement en menuiferie ; détail néceifaire & économique qu'il ne faut pas négliger ; la fimétrie des portes à placard, les écoinçons , les cheminées des diffé- rentes pièces d'un Appartement, dépendant abfo- lument du compte qu'on doit fe rendre, de la différente épaiffeur des murs de face , en pierre ou en moeion, & des cloifons en brique ou en charpente, & enfin des revêtifiements des lambris, & de leurs diverfes efpeces, fans oublier leur cale- ment, fur la fuffsçê où ils fe trouvent appliqués. ; Le principal EfcaHer Κ deicgnd aux foutei- reins, & conduit au premier étage. Ort tfOHYÇ dans ce dernier,, trois Appartements de Maître complets , du côté du mur de face A. L'Efcalier L monte aulîi à un double Appartement, donnant du côté du mur de face Β ; les uns & les autres de ces Appartements fe communiquent par une Antichambre commune, pratiquée au-deifus de la pièce F, appelée buffet, dans le Plan que nous décrivons. Nous ne donnons point le Plan du pre- mier étage, ni l'élévation de ce Bâtiment, pour les raifons que nous avons produites précédem- ment : mais c'eit ici le lieu de répéter à nos jeunes Piflributeurs, que f>our bien entendre & parve- nir à imiter cette diftribution ingénieufë, il faut qu'ils traduifent d'abord ce Plan fur une très-grande échelle ,par exemple, de trois pouces pour toife, enfuite qu'ils compofent le premier étage d'a- près les renfeignements que nous leur donnons^ de même que les étages fupérieurs & le Plan des, fouterreins ; qu'ils continuent par tenter les élé- vations & Jes coupes dans tou$ les fefts, & qu'ils. |
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364 COU RS
terminent enfin cette étude par les développe-
ments les plus intéreffants, concernant la Maçon- nerie , la Charpenterie, la Menuiferie , &c. .déve- loppements ' que - nous prendrons foin nous-même de détailler dans la fuite. Nous terminerons nos observations fur ce Plan,
par faire remarquer que les équipages qui amè- nent les Maîtres, pour defcendre à TEfcalier K, traverfent enfuite toute la profondeur du Bâti- ment, & qu'ils font obligés de fortir dans l'autre rue, pour aller remifer dans le fond de la Baffe- cour E. Ge trajetctieû pas fans difficulté, fans doute ; mais Firrégularité du terrein, & les com- modités que contient cette Baffe-cour, doivent faire paffer par-deffus ce léger ; inconvénient?■*.: d'ailleurs , combien d'Hôtels importants à Paris 9 font dans ce cas, & combien n'auroit-on pas perdus d'objets intéreffants > fi, pour éviter ce.'trajets,- on eût voulu faire entrer les voitures, par un paffage pratiqué à la place où fe, trouve fitué ici l'Office H. Au reite, ces derniers arrangements tiennent plutôt à la volonté des Propriétaires en général, qua l'art de la diffribution proprement dite ; & c'eft dans ces occafions, que les talents de l'Architede doivent fçavoir fe plier à la né- ceffité & aux différents befoins:dès perfomies pour lefquelles il bâtit : auffi, en pareille circonftance, fait-il plufieurs projets , où, fans trop s'écarter des règles de fpn Art, il parvient à concilier les lois de la bonne diftribution , avec les di- vers motifs qui, tous les jours, donnent occa- fion d'élever nos Bâtiments particuliers : Bâti- ments, nous pouvons le dire en paffant, peut- être plus difficiles que toute efpece de productions dans ce genre. |
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d'Architecture. 365
C H AP Ι Τ RE VI
OU DON TRAITE DE LA DISTRI-
BUTION PARTICULIERE DES AFP AR Τ Ε ME NT S PRIVÉS,
ET DANS LEQUEL ON ENSEIGNE LA MA*
NIERE DE LES TRACER RÉGULIÈRE-* MENT, ET DE TIRER AVANTAGE DES PLUS PETIT? ESPACES. Après avoir donné les règles générales , fur
la maniere de distribuer les Bâtiments d'habita- tion & leurs dépendances , nous allons rapporter, dans ce Chapitre, fur une beaucoup plus grande échelle , que nous ne l'a vons fait jufqu'ici, la diitribution de deux Appartements, Γιιη faifant partie du Plan de la Planche XLVI de ce Volu- me, l'autre extrait d'une Maifon de Plaifance que nous avons fait bâtir, comme nous l'avons dît, à trois lieues de Paris; & nous allons faifir, a pro- pos de ces deux Plans, l'occafion d'enfeigner à nos Elevés, la maniere de les deffiner dans le Ca- binet ; comme ils doivent être tracés dans l'Atte- Jier, afin de les accoutumer à s'y prendre fur le papier de la même maniere qu'on doit opérer fur le terrein , pour repréfenter avec précifion^ & mettre à profit les plus petits efpaces, afin> |
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$66 Cours
par-là, de multiplier les commodités du reftbrt
des Appartements privés. Ces détails minutieux pour ceux qui en font
à la théorie, deviennent très-importants, pour les jeunes gens qui n'en font encore qu'aux Eléments, & qui , avec quelques notions de Géométrie, n'en fçavent cependant pas affez, pour en appli- quer les préceptes à l'Architecture. Cette appli- cation des principes de Géométrie à 1'Architeäu- re, eil difficile à plufieurs des Elevés, parce qu'ils ne prennent que des leçons de Mathématiques ifolées, fans réfléchir à l'analogie que cette fcience a néceffairement avec leur profeffion; enforte qu'il y en a plus d'un, qui, après avoir expofé leurs projets au grand jour , & avoir obtenu quelques fuffrages, du côté du génie & de l'intelligence du deifin, ne feroient pas en état pour cela de tracer fur le lieu > le Plan d'un boudoir, & d'en diitribuer les mefnres aux divers Entrepreneurs. Si nos Leçons publiques & particulières pou-
voient être fuivies par le plus grand nombre de ' nos Lecteurs , nous leur aurions épargné, & à nous auffi , ce nouveau travail, parce que cha- cune de nos conférences eft ordinairement aidée de démonilrations, qui préfentent à l'idée, l'en- chaînement de la pratique avec la théorie : mais ici, notre narration étant dépourvue d'opérations manuelles, & des développements que la peti- tefle des Planches η a pu nous permettre de don- ner d'un certain volume, nous allons tâcher , dans nos explications δε dans le compte que nous allons rendre des deux Planches qui vont fuivre, de dédommager les moins avancés de fabfence des nos conférences. D'ailleurs, par ce que nous rapporterons, indépendamment de cette étude in- |
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d'Architecture. 367
téreffante, ils apprendront encore à faire uiage
des reffources dont on peut ufer, loriquon ie trouve gêné , ou par les règles de l'Art, ou pa* les befoins particuliers du Propriétaire. Amii, loin de négliger les nouvelles connoiffances que nous avons à leur offrir ici, nous leur recommandons a« contraire de s'y attacher avec foin, parce quafiea* . ordinairement, elles deviennent l'objet de leur dé- but & que plus d'un grand Maître a commencé fa carrière par la diftribution & la décoration, dans le genre de celles dont nous parlons. Diftribution particuliere de ïAppartement
marqué B, faifant partie du Pian du re{- derchaufféc de h Planche XL FI de ce Volume. Planche XXVIII.
La Planche que nous offrons ici eil la répéti-
tion en grand de l'Appartement dont nous avons déjà donné la diftribution, Planche XLVI. Notre intention, ainfi que nous l'avons promis, eil de faire obferver, à propos de cette Planche, non- feulement le (jompte que l'Artiile doit fe rqndre de la maçonnerie; mais auffi la relation quelle doit avoir avec la menuilerie, qui fe trouve or- dinairement dans la plus grande partie des pièces d'un Appartement; fans nuire néanmoins a \eco- nomie dont on doit ufer à l'égard de la^ premiere, ni vouloir fe priver de l'utilité & de la falubrité que procure la féconde, dans les pièces d ha- bitation. ■<* .,... Il Nous avons déjà fait çonnoitre combien il étoit |
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}6$ Cours
important, que près d'une chambre à Coucher §
on ménageât un Cabinet de travail, une Garde- robe, une petite Anti-chambre, une pièce pour coucher un Domeilique, enfin, les autres com- modités relatives à un ufage continuel & jour- nalier. Nous avons fait choix de ce Plan, de pré- férence à tout antre, parce que les pièces qui le com- pofent étant deftinées pour le logement d'un Abbé commendataire, il tient à peu près le milieu en- tre l'importance d'un Appartement qui fait partie d'uneMaifon Royale, &la retenue qu'on doit affe- cter dans ceux d'une Maifon particuliere proprement dite : Nous avons auflî choiii un lieu reiferré, pour parvenir a. prouver que dans peu d'efpace, il faut fçavoir tirer parti de tous les vides que procure néceiTairement une diftribution fimétrifée , quoi- que faite dans un terrein d'autant plus irrégulier, que la plus grande partie des dépendances du Bâtiment qui contient cet Appartement, a été confervée, & que, fuivant notre remarque de la page 358 de ce Volume, le terrein où cet Edi- fice fe trouve élevé , eil lui-même, on ne peut pas plus irrégulier. Au rede, cette difficulté eit devenue un attrait de plus pour nous, parce qa'elle eil l'image de prefque toutes les entraves, qui fans ceffe font offertes à TArchiteâe, & que ce font ces difficultés .vaincues, qui dans cette partie de TArt , font le plus d'honneur : vérité que sous avons bien de la peine à faire comprendre à la plupart de nos Elevés qui regardent les fu- jétions dont nous parlons, comme autant d'ob* ilacles au génie , fans fe douter que la commo- dité & l'économie, doivent avoir la préférence fur tout ce que la partie du goût peut enfanter de plus ingénieux. |
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D'ARCHlTECfÜRË» $6f
On peut voir dans le Plan de la Planche XJLVI
àe ce Volume , que la principale entree de la Chambre à coucher B, donne du côté de la Salle de compagnie ; mais qu'il étoit néceffaire de mé- nager une autre entrée qui dégageât cet Appar- tement, ce que Ton à fait du côcé dé la baiîe- couf ; enibrte que cette entrée A, à laquelle on arrive par un Eicalier extérieur a , conduit à une petite Anti-chambre C b dans laquelle eil un lit ' pour le Domeitique , pratiqué dans renfoncement h, fans être aperçu , parce que l'ouverture de devant peut être fermée par des portes de me·* nuiferie garnies de fil de laiton : par cette difpo- iition , on poura d'une part > au lieu d'un Do- meitique , faire coucher dans cette pièce un Valet- de-chambre; & de l'autre, un Receveur, un Fer- mier , ou quelques autres gens du dehors pou* ront attendre, dans cette Anti-chambre, le'lever du Propriétaire, pour fe faire introduire par la porte/, dans le Cabinet de travail D. L'entrée de la Salle de compagnie dont nous venons de parler, eft deftinée pour les viiîtes, ou pour les perfonnes de coniidération qui, ayant à traiter d'affaires particulières, feroient introduites dans le Cabinet de travail, & dë-îà , dans la Biblio- thèque qui vient enfuiie; ainii qu'on le voit ex- primé dans le Plan de M. Franque , Planche XL VI. Du côté du lit, à droite, eil un dépôt c, à Fiifage d'un Domeitique ; de l'autre, une porte <f, pour dé- gager la Garde-robe à foupape E. Dans les parties latérales de la pièce C, pour plus de fymétrie font pratiquées deux clouons de menuiferie qui en fe retournant d'équerre fur le mur de face parcourent à gauche un poêle, contenu dans une niche en brique, & à côté, ainfi qu'en face, des Tome IV. A a |
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370 Cours
armoires e ; armoires d'une utilité indifpenfabîe,
pour contenir les différents objets, à l'ufage du Maître , fous la garde du Domeitique. Comme l'entrée de cette Anti-chambre donne
fur la baiTe-cour de cette Maifon Abbatiale, pour procurer à cette pièce plus de grandeur & de commodités, nous n'avons pas craint de faire faire à l'ancien mur F, les deux reifauts G H , ce qui nous a produit la petite pièce I , deflinée à fer- vir de Garde-robe acceifoire au Maître du logis, lorfquil féjotmie dans fon Cabinet D ; commo- dités qu'il 'faut.· bien fe garder de négliger près d'un Cabinet de travail. Cette pièce 1 éft très-petite à la vérité; mais comme piffoir,elle eilfuffifante; d'ailleurs on auroit pu la rendre plus grande ^ fans altérer la coailruclion des murs; auffi avons- nous pratiqué une niche en cul-de-four dans l'an- gle , pour donner plus de profondeur à cette Garde-robe ; cette niche eil deilinée à recevoir une tablette de marbre, pour y dépofer les vafes utiles dans un tel lieu; celle E étant pourvue des autres commodités qui manquent à celle-ci. L'ou- verture ƒ eil une demie porte qui fymétrife dans le Cabinet D , avec un venrail dormant, les por- tes de ce Cabinet étant à deux ventaux; de ma- niere que par ce moyen, nous avons pu prati- quer le piffoir I, en mettant à profit le peu d'ef- pace que nous procuroit ce ventail dormant, & la niche en cul-de-four , dont nous venons de parler. Qu'on y prenne garde ; ce font-là de ces moyens
que l'expérience fait mettre en œuvre, fans nuire à la folidité ; c'eil par-là qu'on procure à un Ap- partement les commodités qu'on à droit d'atten- dre d'une diüVibution bien entendue. Ces moyens |
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d'Architecture, 371
ne iaitroient nuire à la iblidité ; parce que comme
nous l'avons exprimé par les lignes , & une teinte tracée très-légèrement, on retrouve au-deffus du paffage/, & dé la Garde-robe I, la liaifon & l'é- paiffeur des murs de conitrudion : ils contribuent à la commodité, parce que les vides e, le paffage ƒ, & la petite pièce I, procurent, entre la pièce du Maître & celle du Domeftique, la facilité d'a- voir fous la main, les objets d'une utilité com- mune. Or, nous demandons comment nos Elevés parviendront, à faiiir ces deu'x points effenciels , lors de la diitribution d'un Plan, ii de bonne heure > ils n'apprennent à le rendre compte de leur tra- vail , par le fecours des préceptes & du raifoii- nement de l'Art, & à tirer parti des divers ob- jets dont nous traitons ici. Qu'ils ne s'y trom- pent pas; l'afpeâ: même des lieux que nous leur confections fréquemment de vifiter , ne leur offre guère que des furfaces, dans cette partie de f Ar- chitecture ; il ne fuffit pas pour qu'ils découvrent le mécanifme intérieur, & les refföurces ingénieufes dont Γ Architecte s'eft fervi, de gliffer fur les com- modités relatives à la fortune &àl'ufage du Proprio- taire. Il eft vrai qu'il reffe une reffource à nos jeu- nes Architectes; c'eft de lever féparément quelques- unes de ces productions : ou, ce qui eff mieux encore, de fe rendre témoins fur les lieux , des opérations qu'entraîne après foi la main d'oeuvre. Mais, qu'ils y prennent garde ; d'une part, les Edi- fices , lorfqu'ils font habités , font prefque tou- jours inacceiïibles aux Artiftes : de l'autre, le plus grand nombre en fçaitil affez, pour s'inté- reffer véritablement à cette opération ? pour aller épier, à diverfes reprifes, δε; fuivre de près tous Aaij
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372 Cours
les détails qu'exige ce genre de connoiiïance ? If
en faut convenir; cela eft très-rare. D'ailleurs, il faut fe fouvenir que ceux qui étudient dans nos Provinces, font privés de tout fecours à cet égard. C'eft donc pour faciliter les moyens d'y parvenir que nous offrons de nouveau ces dé- tails , comme autant de préliminaires , qui doi- vent précéder les effais du jeune Architecte, pour paffer enfuite aux productions les plus eilimables. Nous ne donnons qu'une portion du Cabinet D, qui, dans fa totalité , a de largeur onze pieds huit pouces, fur vingt-un pieds un quart de lon- gueur. Il eft cintré, dans Tune de fes extrémités, comme on le voit ici ; parce que cette tour creufe facilite l'entrée de la Chambre à coucher Β , dans îe Cabinet D , & que ce paffage , deiliné pour les Maîtres, demande à être annoncé avec une forte de dignité. D'ailleurs, le Cabinet dont nous parlons, donne lui-même entrée à une Bibliothè- que , qui a de longueur trente-fix pieds & demi, fur onze pieds huit pouces de largeur, ainii qu'on le remarque dans la Planche XLVI de ce Volume. C'eft une attention qu'il faut avoir ; quand une Chambre & un Cabinet font partie d'un Apparte- ment de Maître, l'une ne doit jamais conduire à l'autre par des paffages obfcurs & d'une trop grande profondeur, par des tambours, ni même par de petites pièces ; à peine ces moyens fe tc- lerent-ils, dans une reftauration : jamais on ne les admet dans un Bâtiment érigé à neuf, où il convient que ces principales entrées foient libres , fpacieufes , & fur-tout, afforties à l'importance de l'Appartement, & à la dignité du Propriétaire : ce n'eft même qu'à regret, que nous avons été forcé de faire le paffage g oblique, & d'une cet- |
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taine profondeur ; mais le lit placé en niche & les armoires h y qui procurent de très-grandes com- modités à cette Chambre , nous ont fait paiTer par-deffus cette obliquité , & Tariez grande pro- fondeur de Fembrafure. Pour rendre cette Chambre en niche Β plus
régulière, nous n'avons pas craint d'y répéter une tour creuie; premièrement , elle a rendu l'em- brafure g moins profonde qu'elle ne l'auroit été, fans cette courbure ; fecondenient , elle nous a facilité une Garde-robe E, qui, quoique d'un arTez petit diamètre, ne laiife pas d'être très-utile à cette Chambre d'habitation; troiûémement enfin , elle a procuré plus d'étendue à cette pièce, fans em- pêcher la fymétrie obfervée dans les quatres par- ties de lambris Ί, k, /, m; enforte que l'on peut \ dire que, malgré cette portion circulaire , elle η en eil pas moins régulière , quoique diiiemblable dans deux de fes côtés oppoles. Il efl vrai que le lit fe trouve encafîré.·, pour ainiirdire, dans la ni- che ; encadrement qui, certainement, devient plus incommode, que lorfque ce meuble fe trou- ve ifolé dans une alcôve; mais dans un petit es- pace, on n'eft pas toujours le maître de fatisfaire à toutes les commodités d'ufage : c'eit à raifort des perfonnes pour lefquelles on bâtit, qu'on fe permet airjourd'hui ce qu'on doit fe défendre de- main ; pourvu toutefois que ces objets de com- modité foient difcutés, en préfence du Propriet taire, avant de pafTer à l'exécution. Au reite * nous le remarquerons, il ne s'agit guères ici que d'un Appartement particulier : autre chofe feroit, s'il eût été question d'un Appartement de parade deftiné pour un grand Seigneur, ou pour la Dame de la Maifon i ce qui exigeroit encore plus de A aiij
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374 Cours
précaution. En effet ce que nous avons enfeigné
précédemment, a dû nous apprendre que la ma- gnificence & la commodité des Appartements font relatives au rang des perfonnes qui doivent les habiter. Nous avons encore dit à ce fujet , qu'il convient pour ces raifons, que la perfonne chargée de la diitribution d'un Plan, foit initruite, & de l'étiquette des Cours, & des différents états qui compofent la fociété civile ; afin de ne pas décorer avec trop de faite, les habitations par- ticulières , ni avec trop de fimplicité, les Palais des Rois ; en un mot, il faut que les commodités, les formes & les dépendances de l'Appartement, foïent afforties au motif qui donne lieu à la dif- •tribution. Le Plan de la Gardé-robe E, eft de forme el-
liptique ; Tun des carreaux feulement du châiîis è verre, donnant fur la cour principale (voyez la Planche XLVI ) éclaire cette petite pieee ; ce jour, en œuil de boeuf, fe trouve placé dans une niche qui contient la banquette , à Tufage de la foupape qui s'y trouve renfermée. Aux deux cô- tés de cette niche, font pratiquées deux armoi- res η, réfervées pour contenir les uftenfiles né* ceflaires à l'adte de propreté. En face de cette niche, en eft figurée une autre, pour contenir une tablette de marbre, qui recevroit les vafes de nécefîité , & ceux deffinés à contenir les odenrs .-& Içs parfums. Aux deux côtés de cette féconde niche, font auiîi pratiquées de très-petites ar- moires ο, pour renfermer les flacons, les épon» gçs,-See* Aucun terrein ne doit fe perdre, l'Art çojifiite, comme nous l'avons dit plus d'une fois, à mettre à profit le plus petit efpaces Sur Tautre Aslirl êfc ççm Garclc-robe ? font, außi figurées |
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d'Architecture. 375 '
deux ouvertures pareilles aux précédentes : l'une, pour paiîer de la Chambre à coucher, dans cette pièce : l'autre, pour la dégager par l'Anticham- bre C, par le pafiage d. Nous n'avons pu rendre ce paffage plus régulier, dans la crainte d'aifoi- blir la folidité du mur de refend, qui vers cet an- gle, doit faire liaifon avec le mur de face ; réu- nion que nous avons exprimée par une teîntç légere : ces deux murs reprennent leur coniiilance au-deffus du percement de cette porte. Encore une fois, nous entrons dans ces détails, pour faire fentir combien il eil eiTenciel de faire mar- cher enfemble, dans fa compoiition, la folidité avec la commodité, & celle-ci avec la« fymétrie qu'exige la décoration; auffi remarquera-t-on, dans cette Planche, que par le fecours de la Gra- vure, nous avons affefté de deux tailles, la ma- çonnerie qui monte de fond; d'une taille très- légère , celle qui eil fufpendue en Fair, par le miniftere du trait; & d'une feule taille plus fon- cée , l'épaiffeur des lambris qui revêtent les piè- ces , dont nous venons de parler, ainii que les cloifons , qui divifent les dégagements & les dé- pots tracés dans ce Plan , & décrits dans ces Leçons. Après les détails dans lefquels nous venons d'en-
trer , qu'on nous en permette encore d'autres qui, quoique d'un genre différent, n'en font pas moins intéreflants pour la plupart de nos Lecteurs. Il s'agit de leur enfeigner à defïiner régulière- ment le périmètre de chaque pièce qui compofe ce Plan, & à déterminer les foyers qui doivent en tracer les courbes , tel que l'Architeéie efl obligé de le faire faire fous fes yeux, fur le ter- rein , par les différents Entrepreneurs, enfotte -que A a iv
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37<5 Cours
le Deflinateur, inftruit de cette marche, y ioît
tout accoutumé, &' fe trouve moins neuf, lorf- que, du Cabinet, il paffe à l'Attelier. Qu'on ne dife pas que ce travail eil fuperflu pour
l'Elevé ; il n'y a point d'Architecte habile qui ne fe trouve heureux d'avoir pour infpedleur , un homme înirruit fur ces détails, que la plupart de nos Pi- queurs de Plan ignorent : ils fe trouvent dépayfés fur le tas , faute d'avoir appliqué de bonne heure 4es éléments de la Géométrie aux éléments de î'Archire£ture , & particulièrement, à l'art de la diitriburion. Combien de fautes ne fe gliffent-eîles pas dans nos Bâtiments , par l'ignorance ou la pareffe de ceux qui nous fervent de féconds dans la bâtiffe ? Mais, difent quelques-uns , ces dé- tails s'apprennent par la pratique; nous en conve- nons : mais les fautes de début ne font pas moins des fautes; & le Propriétaire qui fait la .dépenfe, eil le feul qui ignore ces bévues. Nous parlons ici par expérience; peut-être perfonne n'a plus été dans le cas que nous d'éprouver Finconfé- quence des jeunes gens, pour lefqtiels nous nous fommes véritablement intéreffé : ainii, loin de craindre qu'on nous fache mauvais gré du foin que notts prenons ici, nous croyons rendre un fervice effenciel, e£l recommandant à ceux à qui ces Leçons font deitinées , de s'attacher particu- lièrement à deiîiner, d'une manière pratique, & de ne jamais ordonner le percement d'une porte, faire pofer un lambris, deiîiner la place d'une cheminée, fans avoir prévu la relation que ces additions doivent avoir avec la pièce entière? le rapport & la proportion qu'il convient de don- ner à ces différents détails : ils font toujours in- téreiTants pour le Propriétaire j il ne confulte or* |
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d'Architecture. 377
dinairement un Artiile , que pour tirer, aux moin-
dres frais 5 meilleur parti de fon terrein & de l'ordonnance. Pour parvenir à deiîiner correctement, comme
on doit opérer dans le Bâtiment, commençons par vouloir établir carrément les cloiibns a, b, qui déterminent la forme de FAnti-chambre C- Pour cela , faifons ufage de la ligne c, d, inté- rieure du mur de face, comme baie de la perpen- diculaire e, f, qui fert d'axe à cette pièce : en portant les cloiibns a, b, de part & d'autre pa- ralleles à la perpendiculaire e, f, elles rendront néceiTairement des angles droits les quatre angles g, h, i & k, de maniere que les cloiibns a, b, mafqueront & corrigeront abfolument rinégalité des murs de maçonnerie, & que la petite corni- che de cette pièce fera parfaitement régulière. On obiervera néanmoins de former le devant de fon fofïte de trois quarts de pouce plus faillant que la furface intérieure des cloiibns, afin que , l'or£ qu'on viendra dans la fuite à poier ces dernières, la corniche en légers ouvrages & la menuiferie paroiifent avoir été élevées en même temps, comme ii elles étoient de la même matière. Ce que nous difons ici , touchant la corniche du couronne- ment de l'intérieur de cette pièce C, doit être obfervé dans toutes celles de ce Plan; auffi y avons-nous marqué toutes les faillies des corni- ches , & celles de leur fofïte, fur le nu des lam- bris, par des lignes pon&uées; enforte, par exem- ple, que , dans le Cabinet D , la ligne ponctuée 1, indique le nu du mur, celle m, le fonte, celle n, le cadre de cette même corniche , & enfin celle o, le devant du lambris : procédé dont ©n doit fe fervir, lorfqiul s'agit de la décoration des Aj^ |
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37^ Cours
partements revêtus de lambris de hauteur; car
îorfqu'on n'y place que des lambris d'appui s il iufHt alors que le fofite des corniches n'excède guères plus le nu du mur que d'un pouce ou un pouce & demi, félon l'épairleur des étoffes d'été ©u d'hiver qui décorent la plupart des pièces des Appartements. Faute d'être avertis de la rela- tion intime qu'on doit obferver entre les corni- ches , les revêtiffements ou les cloiibns de me- nuiferie qui divifent, partagent ou féparent les niches, les dégagements, les armoires pratiquées dans les grandes pièces, ou même les avant-corps qu'on y ajoute, pour procurer plus de mouve- ment à l'ordonnance, combien de jeunes Archi- tectes n'oiFrent-ils pas d'inadvertances qui cho- quent les yeux intelligents ? Nous le répétons donc, cette étude eil indifpenfable : autrement, on néglige l'économie, l'accélération fe ralentit, les licences naiflent fous le crayon du Deiîina- teur, & les imperfections fe multiplient dans la main d'oeuvre : négligence qu'on ne peut pardon- ner, même dans les Maifons à loyer, & qu'on ne rencontre néanmoins que trop communément dans des Edifices de la plus grande importance. -\i Ce que nous venons de dire, touchant la baie & la perpendiculaire tracées dans l'Anti-chambre C, doit fe répéter dans les autres pièces. Cette bafe & cette perpendiculaire fe trouvent indi- quées fur cette Planche, par une pointe feche très-légère. Nous obfervons feulement qu'on ne fçauroit apporter trop d'attention, à faire ufage de ces lignes, tant dans les largeurs, que dans les profondeurs des pièces , parce qu'elles pro- curent autant d'axes, pour déterminer avec {y- metric, la difpofition de chaque objet de la dé- |
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d'Architecture. 379
coration , foit qu'il ne s'agiffe encore que du
deffin, foit qu'il faille tracer ces axes fur le ter- rein , lorfqu'on vient à pofer les parquets, la me- nuiferie , la fculpture , les glaces , &c. Ce que jiotis expliquons ici ne regarde que les lambris, qui, ppfés régulièrement, fe trouvent paralleles les uns aux autres. Il faut d'autres précautions, pour tracer les courbes qui, dans certaines par- ties d'une pièce, fe trouvent forcément intro- duites; & c'eil ce que nous allons expliquer d'une maniere précife, parce que ces courbes font plus difficiles à établir qu'on ne s'imagine ordinaire- ment. .., La plupart de ceux de nos Elevés qui ne fe
font encore attachés qu'aux Eléments de la Géo- métrie, & qui débutent dans l'Architeclure, croient qu'il fuffit, par les procédés Mathématiques, de trouver des foyers , pour établir les courbes fphé- riques , elliptiques , paraboliques ou hyperboli- ques , pour exprimer des tours rondes ou des tours creufes , qu'il efl quelquefois néceiTaire d'introduire dans un Plan ; cela eil vrai, à beau- coup d'égards; mais il n'en eii pas moins cer- tain, que ces différentes courbes, toujours. inté- reffantes quand on les amené à propos, & qu'elles font d'une forme agréable , manquent prefque toujours leur but, quand elles ne font pas d'a- bord déterminées par les yeux du goût, & d'une maniere plus ou moins reifentie, félon les pièces où elles fe trouvent appliquées. Il faut par confé- quent 3 avoir une aflez grande pratique du deffin , pour les tracer & en faire le choix le plus conve- nable ; enforte que ce n'eil guère qu'après cette .çonnoiiTance, & après s'être rendu compte de la cherche trouvée 9 qu'on peut s'aiTurer cki nombre |
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38o Cours
des foyers qu'il convient d'employer, pour dé-
terminer géométriquement telle courbure, dont on a befoin : de maniere que la fcience & l'Art ié trouvent fi bien réunis eniémble , qu'on ne puiiTe douter de la véritable intelligence de i'Ar- tiite. Une autre attention non moins intéreiîante,' & qui échappe à tous ceux qui s'en tiennent à la routine, c'eft de commencer par décider la courbure des angles d'après le plafond, & non d'après le fol. Si au contraire on trace la cherche fur l'aire du plancher , d'après les difpofitions d'un Plan mal réfléchi, lorfque les cloifons font éle- vées , la faillie des membres extérieurs de la corniche en plâtre , fe trouve fouvent for- mer des angles aigus ou jarreceux avec le lam- bris. Qu'on n'en doute point, c'eft. cette inat- tention dont on s'aperçoit trop tard, qui force, pour ainiî-dire, de former des enroulements dans les angles Taillants & rentrants des membres δε des gorges des corniches : de-là , tous ces contours tortueux dans les plafonds , dont les hommes fa- ges même n'ont pas toujours pu fe garantir; delà font nés enfuite ces ornements futiles &■ fans liaifon , qu'on remarque encore aujourd'hui, dans plus d'une de nos belles demeures élevées il y a vingt ou trente années; productions, nous pou- vons le dire ici, imaginées alors, au mépris de ces décorations fi eitimables, fi ingénieufes & il bien réfléchies, employées d'après les deifins d'Hardouin & de plufieurs autres Architectes cé- lèbres de fon temps; décorations que les bons yeux admirent encore avec le plus grand plaifir. Pour parvenir à éviter la plupart des abus que nous venons de rapporter, difons que, lors- qu'on a déterminé la nature de fa courbure , ⧠|
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p'AïlC H ITEC TV RE. 3S1
maniere à fatisfaire l'oeuil, par exemple, celle
qui forme la tour creufe de la Chambre en ni- che Β ■; au lieu de tracer le diamètre de l'ellipfe qui la compofe, du devant du lambris ρ & q, comme on ne le fait que trop ordinairement, il faut l'établir du devant de la corniche? vers les points r & f, pour, des foyecs t & u, tracer les courbures r, ν & s, x; puis du foyer y, diiiant de vingt-fept pieds & demi du devant de H niche, tracer la grande cherche u, χ ; enfuite des mêmes foyers, circonfcrire la ligne intérieure de la cor- niche , & enfin le devant du lambris, afin que par ce moyen, les angles r, s puiffent être réputés droits, ce qui ne pouroit arriver , û , comme nous venons de le remarquer, on prenoit les deux premiers foyers fur le diamètre qui alligne les extrémités du lambris ρ & q : mais encore une fois , avant de nous rendre compte de ce procédé, n'oublions jamais de tracer d'abord ces courbures à la main , & concevons que chacune d'elles doit avoir plus ou moins de fermeté, de douceur on d'aménité , félon l'ufage des pièces où l'on veut les introduire ; & que, dans le cas dont il s'a- git , le goût doit être regardé comme le modé- rateur des préceptes , qui feuls font infiiffifants , s'ils, ne font précédés du génie propre à la choie, & de l'imitation des meilleurs exemples en ce genre. Ce que nous recommandons à propos des détails qui font ici notre objet, devient d'autant plus intéreifant pour le jeune Artifte & l'Amateur, qu'il ne s'agit ni de faite , ni de magnificence , '& que plus l'économie doit préiider dans la dé- coration d'une pièce, plus il faut fçavoir racheter une iimplicité raifonnable , par la beauté des for- mes , par une fyîuétrie exaÛe & par la combi- |
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382 Cours
naifon des rappors que chaque partie doit avoir
avec l'enfemble. La tour creufe qui fe remarque dans le Ca-
binet D, diffère de celle de la Chambre en ni- che Β , en ce que celle-ci eft elliptique, & celle-là fphérique, & que la courbure de cette dernière eil décrite par un feul foyer dont le diamètre eft auiîi pris du devant de la corniche , & non du devant du lambris, à caufe des coniidérations que nous venons d'expliquer plus haut, & qui doivent fubiifter pour la maniere de décrire la courbure du Cabinet à foupape E , ainii que celle du fond du piffóir I ; autant de pièces dans lefquelles nous nous fotnmes contentés de tra- cer légèrement les lignes de conftruftion-, & les différents foyers qui décident la circonvolution de leur courbe. Pafîbns à préfent au fécond Plan détaillé que
nous avons promis : quoique d'un autre genre que celui que nous venons de décrire, il ne fera pas moins utile à ceux qui défirent acquérir les différents moyens de parvenir à concilier enfém- ble l'agrément des formes, avec la commodité & l'utilité. Plan de là diftribution d'un deuxième Appar-
tement y détaillé dans le genre du précèdent. Planche X L I X.- ;
La diftribution de cet Appartement offre une par-
tie du Plan à rez-de-chauffée du Château dé la Gran- ge 9 appartenant anciennement à M. le Maréchal |
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d'Architecture. 383
de Saxe , & où, depuis nous avons fait des ad-
ditions coniidérables, entre-autres l'Appartement tracé fur cette Planche , diitribué pour la Dame de la Maiibn qui y avoit déiiré les plus grandes commodités. Peut-être donnerons-nous dans la fuite , aihfi que nous l'avons déjà dit, les Plans, les élévations & les développements de tout ce Bâtiment, dont la diilribution intérieure eit de- venue affez heureufe, malgré plufieurs murs de refend qu'il a fallu conferver, ainii que les murs de* face, dont nous rapporterons auffi les nou- velles décorations que nous avions propofées, par incruitation , parce qu'elles nous paroiffent avoir le caractère qui convient à une Maifon de plaifance (i) de l'efpece dont nous parlons. Sur toutes les pièces exprimées dans cette
Planche, à l'exception de celles marquées A , font pratiqués des Entre-fols, dans lefquels on a diitribué un petit Appartement de bain , un lc- (z) Nous appelons cette habitation,' Maifon, de plaifance ,
quoiqu'elle foit connue fous la dénomination du Château de la Grange du milieu : parce que, dans nos définitions du pre- mier Volume, nous avons avancé que chaque efpece de Bâ- timent devoir avoir un caractère diftindif : qu'une Maifon de plaifance 3 comme nous l'entendons , doit être fuppofée un Edifice élevé près de la Capitale, où les Maîtres vont 'feule- ment paifer quelques jours 3 pour fe déialfer des affaires qui les attachent à la Ville; au Heu qu'un Château proprement dit, eft un Bâtiment érigé au milieu d'une Terre ou d'un Do- maine dont le Propriétaire tire fon principal revenu. Il eft cependant vrai que quelquefois les Maiibns de campagne, bâ- ties près des Cités , joignent à leur habitation des dépendances qui exigent fouvent un Receveur ou un Fermier ; mais qu'il y a loin des revenus qu'on en tire, à ceux d'une Terre en forme : diftinction qui échappe aux Propriétaires , & à l'Ar- chitecte y d'où il réfulte que la plupart de nos Edifices con- fervent dans leur décoration une monotonie } qui confond^/* tous les genres, au mépris des préceptes fondamentaux de l'Atti |
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3$4 Cours
gement de deux femmes-de-chambre, &; une pièce
deilinée à contenir le linge & les habits de la Maître île du logis : enforte que la hauteur du Plancher du rez - de - chauffée ayant vingt - deux pieds, les entre-fols ont ièpt pieds d'élévation & les pièces de deilbus treize pieds. L'Efcalier Β qui, félon le befoin , defcend dans les fouter- rains, & monte juiques fur les couvertures, fert auiiï à communiquer aux Entre-fols dont nous par- lons, ce qui par leur 11103^11 , multiplie les com- modités du petit Appartement que nous allons décrire : cet Efcalier Β fert d'entrée & de dém~ gement a la petite Anti-chambre C; mais nous obferverons que , comme il eil contenu dans une cage peu fpacieufe, il n'auroit pas eu a/fez d'échappée fous la révolution de fa première ram- pe ; ainii noj.j.s avons tenu le Palier a, plus bas de trois marches , qu'il faut defcendre en Z>, & remonter en c : de manière que, par ce moyen, il reite auiïi affez de hauteur du Palier a à la rampe Supérieure 9 pour gagner la première marche d, qui annonce la defcente de la Cave. Ce Palier λ , ainii renfoncé, eil une imperfection qu'il ne faudroit pas le permettre îndiilinclement; on η en doit faire ufage que comme d'une refiburce qu'il ne faut pas confondre avec les vrais principes de la diilriburion; mais nous avons pu la hazarder ici dans ce paiTage fubalterne ; &, en pareille circonflance „, on peut mettre en ufage μη tel Palier. On doit auffi remarquer que la forme de cet Efcalier eil très-irrégulière ; mais l'objet efTen- ciel étoit, de tirer parti de fon irrégularité même, occasionnée par le pan coupé extérieur du mur de face , fans nuire aux diverfes révolutions de fes rampes, pour arriver à des Paliers qui mè- nent |
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ü'A R GH.ÎTÊ C Τ ÜftË* J'§J
tténf aux différents étages du Pavillon-oit ie trou-
ve placée la diilribution que nous offrons ici* Dans Γ Anti-chambre C, fe trouve une chemin née en face de la croifée; c'eil une attention à laquelle il faut manquer le moins qu'il eil poffi* Me , fur-tout lorfqu'il s'agit d'une Antichambre faifant partie d'un petit Appartement d'habitation deiliné pour la MaîtrefTe du logis % parce que cette cheminée rend plus facile le fervïce des femmes-de-chambre. Nous avons auffi pratiqué une armoire e ■> dans cette Anti-chambre b non-^ feulement pour lui procurer quelques commo- dités de plus ; mais parce que, pour1 trouver les deux girons des trois marches c, il a fallu don- ner à l'embrafure de la porte, plus de profondeur que l'épahTeur du mur ne le comportoit. Comme Anti-chambre fubalterne, nous avons négligé la fymétrie qu'on doit obier ver par-tout ailleurs. ; auiîî la cheminée & la croifée ne fe trouvent*elles pas dans le milieu' de la longueur de la pièce · mais cette Antichambre étant déjà fort petite, il eût été plus fautif encore de vouloir préférer une régularité inutile, plutôt que de chercher1 à agrandir fa fur-face. La porte/dégage, par cette Anti-chambre, la Garderobe D , laquelle tire fon jour par la porte g, qui, étant ouverte«, prend fa lumière d'une glace h, placée cffins le fond de la niche qui donne dans la Chambre à couchef A* & qui fe trouve féparée de la Garderobe D par le couloir i, qu'il étoit néceflaire d'obfef- Ver entre le lit & la Garderobe, pour arriver fe* crétement à celle-ci, D'ailleurs, il eil bon de lie pas négliger ces couloirs , derriere les niches dès Chambres à coucher > fur-tout, lorfque ces pièces font deitinées. à l'ufage des Darnes * ftors-feuÎg« T*miW. Bb ■ .·
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$86 Cours
ment ils procurent la facilité de faire le lit com-
modément , fans être obligé de le tirer au mi- lieu de la Chambre ; mais, par ce moyen , la Propriétaire étant incommodée, il eil plus aifé de lui procurer les fecours qui lui font néceffaires, que lorfqu'on ne peut pratiquer le dégagement dont nous parlons, & que nous n'avons pu ob- server dans le Plan précédent ; dégagement moins néceifaire à la vérité, dans une Chambre de Maître, que dans celle que nous décrivons. La glace Ätranf- parente que nous venons d'annoncer, femble de* venir un obltacle à l'ouverture de cette cloifon ; mais il faut fçavoir qu'elle eil contenue dans un châlîis de forte menuiferie, & qu'elle s'élève dans: l'entre-fol, par le moyen de deux roues dentées 9 & de deux reiïbrts, de manière que, par un dé- dit & un contre-poids, elle s'abaiffe facilement, lorfqu'on veut tenir le fond de cette niche fermé. Cette glace a de largeur quarante-trois pouces, & ies deux battements k, l, lorfque la glace eft en- levée, s'ouvrent de droite & de gauche par des charnières qui procurent à cette niche une lar- geur complette, pour faire le lit, ou foigner la malade. Nous regardons la commodité d'avoir un cou-
loir pratiqué derriere un lit en niche, ii effen- çielle, que , É«s avoir récours à la dépënfe çonû- dérable qu'entraîne après foi la glace en queftion, & fa mécanique, il convient au moins de prati- quer une cloifon brifée en trois ou quatre par- ties, ou à fon défaut un flore qui s'élève ou s'a- baiffe , lorfque le befoin le requiert ; ce que nous aurions préféré ici, fi, d'une part , l'économie nous y eut forcé ; & de l'autre , fi la glace h ne n.Qus fut pas devenue néceifaire pour éclairer U |
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d'Architecture; 387
frarderobe B„ D'ailleurs * cette Garderobe reçoit
de l'air par le Ventilateur m^ qui monte jufqu'au- deflus des combles , ainii que la ventoufe η, de« ftinée à exhaler l'odeur de la foiTe > dernières % précautions , fans lefquelles, la plupart des Garde- * robes de nos Appartements font infe&es , fans; en excepter même celles à foupape, dont nous avons donné précédemment la defcription. UAnti-chambre C communique à la Chambre à
coucher A, par le paffage E, petite pièce* diitri- buée régulièrement, & qui fert encore, fi l'on veut, à faire introduire le matin, par le couloir 'ι, les Î>erfonnes familières dans les pièces F, G, H, où
a MaitreiTe fe retire après fon lever. Ce cou- loir eil encore niceffaire pour une fuivante, qui, par fon fecours, peut entrer dans ce petit Ap- partement , fans être obligée de traverfer la Cham- bre à coucher A, pendant que la femme de cham- bre habille fa Maîtreffe, ou reçoit fes ordres. Le paiîage E , dégage auiîî dans la Salle à man- ger I, par l'un des ventaux de la porte à placard o, l'autre ventail />, fervant à fermer une armoire; & tous les deux figurent avec la porte à deux ventaux & à double parement, qui, de la pièce I, donne entrée à la Chambre à coucher A. La pièce F, eft une.Garderebe de propreté, autour de la plus grande partie de laquelle, font prati- quées des armoires, pour contenir les chofes d'u- fage à une telle Garderobe. De celle-ci, on pafle dans un Cabinet G, à qui l'on donne le nom de méridienne; parce que dans une niche, comme celle ρ, on place une Ottomane, efpecé de lit de repos, où l'on dort aifez communément l'a-» près midi, lors des grandes chaleurs, ou bien , gh. Von fe repçjfe lein du tumulte, dans le cas, Β bij
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388 Cours
dune légère indifpoiition. De cette méridienne, '
on paffe atiiïi.dans la Garderobe D, par la baye ?, pratiquée dans l'un des angles de la tour creufe, placée à l'une des extrémités de ce Cabinet : dans l'autre angle de cette tour, fe remarque une pa- reille porte ouvrant une grande armoire r, pour contenir les déshabillés. La décoration extérieure nous ayant fait la loi, nous n'avons pu placer dans cette pièce G qu'une croifée à hauteur d'ap- pui, & d'une moyenne grandeur; mais, comme deftinée au repos, cette pièce nous a paru n'a- voir pas befoin d'un jour trop éclarant: d'ailleurs, pour la rendre plus lumineufe en apparence, & iatisfaire à une {ymétrie plus exa&e, à côté de la vraie croifée , eft placée une glace étamée de même forme & grandeur, qui prête à Tilluiion, & dans la croifée réelle, à la même profondeur, nous avons eu foin d'en placer une tranfparente, qui, par le fecours d'un rideau de mouffeline, mafque les petits bois du châiîîs à verre, qui ferme la vé- ritable croiiée dans les dehors. Nous avons auffi exprimé dans cette pièce, par la lettre s, deux petites armoires, d'autant plus néceffaires , que le peu d'efpace du terrein ne permet pas une certaine quantité de meubles , & que ces ar- moires , la plupart fecrètes, étant renfermées dans l'épaiiTeur des lambris, deviennent plus utiles ici que des commodes, un fecrétaire, &c. Nous ve- nons de dire que la croifée réelle, & celle qui n'eit que feinte, étoient feulement à hauteur d'ap- pui ; nous les avons toutes deux faites ainii, parce que l'on peut mettre de petits fophas en confeiïion- naux dans chacun de leur renfoncement e, & placer une crédence u entre lés deux glaces , ainii que les quatre fiéges aux deux côtés de la porte, |
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d'Architecture. 389
qui entre dans la toilette H ; enfin deux guéri-
dons dans les angles ν ; autant de moyens qui s'offrent à l'Architecte,. félon le local & la né- ceffité. Nous en parlons dans ces Leçons, pour faire ientir au jeune Artiite, combien il eft inté- reffant qu'il entre dans tous ces détails, & qu'il foit prévenu des reffources auxquelles il peut avoir recours , pour tirer parti de la diftribu- tion & de la décoration d'un petit Appartement. Le Cabinet H eft allez régulier : nous y avons
placé une cheminée , parce qu'à la campagne , le temps qu'on paffe à la toilette, dans l'avant & l'arriére-faifon , exige une chaleur tempérée. Dans le milieu -de la tour creufe & en face de la principale porte de cette pièce , en eil une autre qui ouvre une armoire χ , pour ferrer les uitenfiles à fon ufage ; & à côté, fe trouve un piffoir γ, qui peut, par la petite porte (, fe dé- gager, ainii que le Cabinet H. Cette porte poura lervir aulîî à donner entrée aux marchandes de modes & autres , pendant la toilette, & de paffage à la femme-de-chambre, pour, des entre-fols, com- muniquer aux petits Appartements H, G, F, & y préparer tout, en attendant l'heure du lever de la MaîtrefTe de la Maifon. On trouvera, fans doute , les tours creufes
trop multipliées dans ce Plan : mais il faut ob- ferver que c'eit par leur fecours que nous fom- mes parvenus à placer avec une forte de fymétrie les portes des pièces qui fe communiquent les unes aux autres , & que ces arrondiffements nous . ont procuré des commodités eiiéncielles derriere les lambris qui les compofent. D'ailleurs, jamais un Propriétaire ne s'oppofe à ce qu'on multi- plie les paralleles, & les angles feniblablesy..<jaiis Bbiij
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590 ' > Co u RS
les pièces carrées s barlongues ou obionguès $
jamais un Architecte ne fe refufe à cette répéti- tion. Pourquoi ne pouroit-on pas de même faire un ufage fréquent des formes circulaires, pourvu qu'on parvienne à en varier les contours , &, comme nous l'avons déjà remarqué, qu'on cher- che à affortir leurs différentes courbures appelées à raii'on des différentes pièces d'un Appartement. Nous penfons donc que, fans déroger aux ré- gies prefcrites par l'Art, on peut faire ufage de toutes les formes que le goût autorife, princi- palement dans les petites pièces deiHnées à l'a- grément & à l'habitation d'une femme aimable, dont l'aménité & la douceur doivent s'annoncer jufque dans l'ordonnance des pièces qu'elle choiik pour fa demeure habituelle. Nous difons plus ; c'eif ici qu'en faveur de la difpofition agréable du Plan , on doit monter fon génie pour en rendre la décoration enchantereiTe, & aiTortie à la jeuneiTe & aux talents de la Dame qui l'habitera. Qu'on y refléchifle : il eft hors de doute que cette confi- cération doit entrer pour beaucoup lors de la com- pofition de l'Archite&e ; l'âge , les mceors de la perfonne pour laquelle il bâtit doivent néceflai- ïement lui infpirer le ftyle dont il doit faire choix ; de maniere que , jufques dans les pièces dont nous parlons , on doit s'apercevoir que l'Artiite a dû modérer fon imagination ou l'étendre, félon le goût de la perfonne qui le met en œuvre. Nous paiïbrçs rapidement fur ce qui doit être dit à ce îiijet ; parce que nous comptons nous étendre davantage dans le difcours du Volume fuivant : néanmoins, comme il s'agit, dans celui-ci, de la diilribution, & que la forme de la diftribution amené néceflairement la décoration intérieure £ |
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d'A RCHiTEC türë; 35>i
nous ne pouvons guère nous difpenfer, dans ces
Leçons, d'ébaucher les préceptes qui, dans la fuite, feront détaillés plus au long; car, encore une fois, comment établir une porte, un cham- branle , un écoinçon , dans un Plan, û, en y pro- cédant, on ne tente au moins une efquiiTe de l'ordonnance, feul moyen de ne jamais être obligé de revenir fur {es pas, ou, ce qui eft pire encore, de fe trouver forcé d'avoir recours aux expé- dients, la fource de la plupart des médiocrités qu'on ne rencontre que trop fouvent, dans les productions de ce genre* Peut-être eut-ce été ici la place de donner les
décorations de ce petit Appartement; mais la divifion de notre Cours fembie s'y oppofeF; d'ail- leurs , en parlant dans le Volume iuivant de la décoration des dedans, nous prendrons occaiion de donner de nouveaux Plans de détails , afin d'enchaîner autant que nous le potirons , ces deux branches de l'Art, de manière à ne faire qu'un feul & même objet* Nous obferverons feu- lement ici, quTà l'exception de la Chambre à cou- cher A , nous n'avons point revêtu de lambris les pièces de cet Appartement ; car on ne doit pas regarder comme tels les cloifons qui fe remar- quent ici, pour déterminer leurs contours, les dégagements, les armoires , & les autres com- modités de leur reffort. Au lieu de lambris , nous avons peint fur les parois des murs & des cloifons ? en briques & en bois, des arabefques & des fleurs, qui procurent à ces différentes pièces un coup xToeuil riant & pittorefque ; genre que nous avons préféré ici, d'une part, parce que la peinture égayé cete petite habitation ; de l'autre, parce qu'elle fembie ejt agrandir l'efpace- très-refferré , ainft Bbiy
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J9£ C o»v as
qu'on peut le remarquer, par les mefures que
nous avons pris foin de coter dans chaque pièce. Cette maniere de décorer eil difpendieufe, à la vérité; mais nous avons déjà dit que nous n'a- vions pas été gêné par l'économie ; d'ailleurs, qu'on Te rappelle quelques-unes des décorations de ce genre exécutées dans nos Palais,, dans nos Hôtels, &. dans plufieurs habitations de nos ri- ches particuliers , & l'on aura moins de peine àt fe periuader que cette dépenie n'a pas lieu d'é- tonner un Amateur éclairé par les yeux du goût, qui fe plait à décorer la retraite d'une époufe ché- rie, & qui", alors, rejeté toute efpece de médiocrité. Si au contraire, il eft retenu par les frais qu'occa? lionne néceiTairement ce genre de décoration ? il ai-? mera mieux faire ufage des étoffes légères, plutôt que d'employer des Artifles fubalternes, pour dé^ çorer des lieux, qui, pour plaire, doivent raflern·? h\§V tçus les .talents qu'enfantent les beaux Arts, .''.,; î ■'>%· ■■'.-.*' i'- - ■". i '"'"■■ · ' ' ■' "■ "■ . ■' ^
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d'Architecture. 593
CHAPITRE V.
■jT3lPRÈs avoir parlé dans les Chapitres précé-
dents de la diitribution extérieure & intérieure des Bâtiments, finiffons ce Volume par donner quelque idée de la relation que ces productions doivent avoir avec la difpofition des Monuments, & la fituation des Edifices publics, élevés dans une même Cité ; afin que les uns & les autres, mis en oppoiition , concourent à faire beauté , fans cependant nuire à l'économie toujours dé- iirable, lorfqu'il s'agit de grandes entreprifes. Pour que nos obfervations ne foient pas dé-
nuées de vraiffemblance , donnons par maffes , les Bâtiments que nous avons fait ériger à Metz, Îous les. ordres de feu M. le Maréchal d'Etrées, à Toccafion des nouvelles communica- tions qui fe font faites fous fori Gouvernement, & qui fe continuent aujourd'hui fous celui de M. le Maréchal de Broglie qui lui a fuccédé : ënfuite nous offrirons, auffi par mafîe,les Edifi- ces civils & militaires que le Magiftrat de Straf- bourg fait élever actuellement fiir nos deiïins, d'après le plan général de la Ville , que nous avons fait lever fous nos yeux, & à propos du-' quel nous avons projeté tous les ouvrages qui doivent s'ériger iiicceiïivement dans la fuite des temps, projets approuvés par fa Majeflé, à Marli • le 28 Septembre 1767, fous le miniftërë de M. le Duc de Choifeuil. 11 ne faut pas s'attendre à trouver, clans ces
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deux Plans par maffe, de ces projets à perte dé
vue, que propofent de temps à autre, nos fpec- tateurs oififs : perfonne n'ignore que, dans les Villes de guerre, dont l'enceinte eil circonfcrite par les fortifications, il n'eft jamais poiîible de s'étendre au-delà des limites preicrites par la ii- tuation de la place ; enforte que les Monuments publics & les Édifices de marque fe reiTentent tou- jours un peu d'une économie forcée,, occaiionnée par le peu d'efpace. D'ailleurs, la prudence exige que les Maifons des particuliers qu'on fe trouve obligé de détruire, pour élever des Places d'ar- mes , des Magaiins militaires, & des communi- cations pour le défilé des troupes, puiffent fe re~ cpnilruire en d'autres endroits. Autrement, les Citoyens font contraints de s'exiler, le commerce eil ruiné, & la Ville qu'on a embellie devient déferre: conduite tout-à-fait contraire à une fage adminiikation. Dans les grandes Capitales non . fortifiées, e'eil autre chofe ; la planimetrie eil, pour ainfi-dire, fans bornes. L'Archite£te peut exercer fon génie , donner carrière à fon imagination, &-. propofer des projets dignes du Prince , du Mi- nuière & de fes talents; encore doit-ü fe renfer- mer dans des efpaces légitimes; fans cela, fes com- pofitions, quoiqu'admirees, font condamnées à, reiler dans les Archives, & à n'être jamais, exé- cutées. Pour éviter de tels inconvénients., nous, avons préfér.é de donner les projets faits pour Metz & pour Strasbourg, afin d'avoir occaiion d'aver- tir nos Elèves , des entraves & des difficultés, fans nombre, inféparables de taute efpèce. de pra« dwcüon en Archite&ure* |
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, b'ArChitèct¥r£ 39f
Plan par maffe des nouveaux Bâtiments (S*
des nouvelles communications faites.
à Mct^ depuis 1764*
Feu M; le Maréchal de Belifle, fous fon Gou-
vernement, avoit fait commencer à Metz des Communications pour le fervice du Roi, & il fe propofoit de faire conitruire une Place d'armes, d'élever des Magafins militaires , un Gouverne- tirent, un Hôtel-dè-Ville, un Edifice pour le Par- lement , &c. Un homme de mérite , mais fans doute trop ardent, & peut-être, mauvais cal- É culateur, à qui M. de Belifle avoit donné fa con-
fiance , entama les opérations, avant de faire un Plan général, enforte que, plus occupé d'aller- vite que de bien faire, on acquit des terreins,' plufieurs maifons furent abattues , on perça de nouvelles rues, l'autorité s'en mêla plus que la prudence , on obtint des fonds de la bienfaifance dev Sa Majefté , & les travaux fe continuèrent jufqu'à la mort du Maréchal, qui, avec les vues les plus droites & la meilleure intention, laiiTa des ouvrages mal commencés , & des Entrepreneurs à payer : c'eil dans cet état que M. le Maréchal d'Etrées trouva les chofes ; cependant par fa pru- dence , fes foins & fon économie, il a dans un efpace ? malheureufement trop court, non dé- truit le mal fait avant lui, mais fçu tirer parti de ce qui lui reftoit à faire, pour donner à fes ( communications δε aux Bâtiments qu'il a fait éle-
ver fous fon adminiftration, un enfemble δε un accord qui fait honneur à fa mémoire. Ceft auiîi |rçrs ce temps-& que je fus à Metz par ordrg |
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3$6 Cours .
de la Cour, à l'occaiion de la réunion des deux
Abbayes de Saint-Pierre & de Sainte-Marie, pour * choifir le plus convenable des deux terrein s J· δε y élever un Edifice important. M. le Marquis «TArmentieres, Commandant de la Place , fait de- puis Maréchal'de France,à qui j'avois été adrefle, iatisfait des projets que je fis fur les lieux, à l'oc- caiion des deux Abbayes déjà cités, me propofa à M. le Maréchal d'Eitrées pour fon Architecte, afin que je procuraife plus d'enfemble aux Edifices qu'il s'agiiïbit d'élever alors dans cette Ville ; il me propofa auffi à M. f Evêque de Metz, pour fon Pa- lais Epifcopal , enfin aux Officiers municipaux pour l'Hôtel-de-Ville. Ces proportions ayant été acceptées, je fus chargé, en même temps, de ces divers projets : je ne m'occupai plus que de mettre le plus de liaifon poffihle entre ces diffé- rentes productions , en m'aiïujédiTant néanmoins aux indications qui m'en furent données, pour, cha- que genre d'Edifice. Dans la fuite, chargé par M. le Maréchal d'Eftrées d'attaquer le projet d'un, nou- veau Bâtiment pour le fiége du Parlement de Metz, nous crûmes devoir chercher à lui donner une rela- tion générale qui ne nuisît en rien à fon objet particulier : c'eft de ces divers Monuments, & de leur communication qu'il s'agit ici, lefquels font exprimés fur la Planche àoni nous allons parler; nous les avons diitingués par une taille , au lieu que nous n'avons que pointillé ceux confervés dans leur ancien état. En faifant la defcription abrégée de chacun de ces Bâtiments , rendons compte des fujétions qu'il nous a fallu furmonter, pour les amener au point où on les voit aujour- d'hui , à deffin de faire connoître de plus en plus à nos Elèves, qu'on ne fait point de projets ,ùmï |
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d'Architecture. 397
entraves, & que Îe grand Art de l'Arcbitecle ei|
de faire enfortë cependant , qu'elles nuifent le moins poiîible à leur perfection. ', Planche L.
Nous venons de parler du choix que nous
avions été chargé de faire, ou du terrein de l'Ab- baye des Dames de Saint-Pierre, ou de celui des Dames de Sainte-Marie. Avant de nous décider, nous jugeâmes convenable de faire différents pro- jets fur chaque terrein ; &, c'efl d'après ce tra- vail , que nous avons mis les perfonnes intéreiTées en état de choiiir celui marqué A, où précé- demment étoit l'Abbaye de Saint-Pierre. D'après ce choix, Madame î'Abbeffe & les Dames Cha^- noineiîes, fe font retirées à Sainte-Marie, dom nous avons marqué la iituation dans notre Plan, en Β : ces Dames y font acluellement, jufqua la parfaite conitruction de la nouvelle Abbaye Roya- le , déiignée aujourd'hui fous l'invocation de Saint- Louis, quoiqu'elle séïeve fur l'ancien terrein des Dames de Saint-Pierre. Nous venons de dire aiiffi que nous avions fait plufieurs projets fur chacun des deux terreins ; en effet , nous en compofâ- mes trois pour celui-ci, & deux pour l'autre. Dans l'un des trois projets, fait pour être placé en A , nous avions propofé de mettre l'entrée du côté du Quai; mais celui tracé fur cette Plan- che à prévalu, & l'on a préféré de placer cette entrée du côté de la rue des Jardins , dont le fol fort élevé , procure aux Appartements âes Dames qui donnent fur un bras delà Mozelle & en face de l'Intendance, un coup d'œuil fort 'm~ , 1 i
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39^ Cours
térejant (£). Le genre de ce projet, quoiqu'il ibit
queition d'une Abbaye Royale, n'eu pas dans le cas des Abbayes cloîtrées; ici ce fortt des Dames ChanoineiTes de la plus haute nobleffe, qui vi- vent chacune en leur particulier^ fous la direction immédiate de Madame de Choifeuil qui en elt l'Abbefle, Dame du mérite le plus éminent, δε vivant avec cette urbanité peu commune à la grande nauTance ; auiîi toutes ces Dames fe font-elles un plaiiir bien iincère de l'avoir pour Chef. Ce Bâtiment a quatre-vingt-dix toifes &-demie
de longueur, fur environ dix-neuf toifes de pro- fondeur ; la Maifon Abbatiale eit ikuée en a, le Doyenné en h, & le logement des Dames Cha- noineiTes en c : les dépendances font difpofées en d\ l'Eglife en rotonde, dont nous avons donné le Plan & la coupe dans le troiiieme Volume, Plan- che LX & LXI, & le frontifpice dans le deuxième Volume, Planche XXXIV, eil placée en e, en face de la place de Chambre, ainii. que nous l'avons an- noncé en faifantla defcription de ce Monument. Les diitributions des Bâtiments de cette Abbaye Royale, ont cela de particulier, comme nous venons de le re- marquer, qu'elles n'ont rien de commun avec celles des autres Edifices de ce genre ; c'eft pour cela que nous en donnerons peut-être, dans la fuite, les Plans, |
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(k) Ce projet ayant étépréfenté au Roi, à Fontainebleau , en
Octobre 1765, fut auifi choifi par Sa Majefté, qui nous, fit l'Honneur d'en approuver la compoiition, & d'en défirer l'e- técution. Il daigna même, avec bonté, entrer dans les plus petits détails, après avoir applaudi à l'ensemble : époque que nous nous rappelons avec la plus grande fatisfaifion, & qui nous a procuré l'honneur de lui préfenter d'autres projets pour Met;z & pour. Strasbourg. qu'il 3 aulfi approuvés» |
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b'àughïtecture; 39$
les élévations & les développements, auxquels nous /
joindrons l'un des projets faits fur le terrein des JDames de Sainte-Marie, dont la difpofition locale nous a porté à faire un Plan de diitribution ab- solument neuf, & qui, pour cela, mérite fans .doute quelque attention. Pour parvenir à exécuter le Plan de l'Abbaye
ûq Saint-Louis, on a redreffé les finuofités que formoit la rivière de la Mozelle, qui paffe au pied du nouveau Quai : d'un côté, ce Quai doit alligner celui des Juifs, & de l'autre, celui de Sainte-Marie; de manière que l'érection de cette Abbaye, confédérée comme Edifice public, con- tribuera auffi à rendre plus libres les communi- cations , à faciliter la navigation , & à décorer la Ville de Metz : triple avantage qu'il convient d'ob- ferver , lorfqu'il s'agit d'élever quelque Edifice d'importance dans yine Cité. Ce projet une fois approuvé , lorfqu'il fut ques-
tion d'attaquer les communications utiles au dé- filé des troupes, nous propofames à M. Le Ma- réchal d'Etrées de percer une nouvelle rue mar- quée C, nommée aujourd'hui la rue l'Evêque ; percé qu'on avoit négligé jufqu'alors, & à la pla- ce duquel on avoit pratiqué un chemin iinueux, où fe voit le Perron D : enforte que les équipages étoient obligés de paffer fur la plate-forme de Saint-Etienne Ε, pour aller gagner la place Saint- Jacques F, en traverfant & parlant fous d'anciens Bâtiments G, qui, depuis, ont été conitruits à neuf. Cette rue C, une fois établie, nous avons formé le Perron D, femblable à celui déjà con- ftruit en H ; & fur le mur formant la terrafTe de la plate-forme de Saint Etienne, nous avons fait ériger une fontaine adoffée I, qui contribue à |
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400 Cours .f .λ
rendre moins difforme ce mur de revêtiiTemeiîî
anciennement bâti. A l'extrémité de la rue l'Evêque C, & dans
l'ancienne cour de l'Evêché, par une tranfa&ion faite entre M. l'Evêque de Metz, & M. le Ma- réchal d'Etrées, fur le bon du Roi, nous avons projeté une Place Κ, & une Rue L, qui doit être appelée la rue d'Etrées ; enforte que l'axe de cette nouvelle Place Κ, & de la Rue L , doit s'al- ligner précifément avec la ligne capitale , qui traverfe la Cathédrale; Eglife fur le pignon de . laquelle nous avons acloffé un portique Dorique , & percé une arcade, qui aujourd'hui, forme la principale entrée de ce monument : ce qui n'e- xiitoit point auparavant, les vieux Bâtiments de l'Evêché joignant le devant de ce frontifpice. Ce Portique n'étoit pas facile à bien faire, fa
hauteur n'excédant guères que la moitié de l'an- cien pignon de cette Eglife ; il s'agiffoit de confer- ver un grand vitrail, qui en éclaire la nef inté- rieure : delà, il a fallu , non 3 compofer une or- donnance gothique ; mais au moins éviter une Ar- chitecture trop févère : d'un autre côté, ce Por- tique devoit avoir pour acotement un Pavillon d'habitation à chacune de fes extrémités ; & nous fûmes forcé de rendre l'ordonnance des arrière- corps d'un genre qui tînt le milieu entre le ftyle facré & la fimplicité qu'il convenoit de donner à ces Pavillons qui font face à ceux de l'Evêché & du Parlement, ainfi qu'on le remarque dans notre Plan. Pour parvenir à cette triple unité, & après avok
eu fait choix du Dorique, dans la compofition
, duquel nous avons fait ufage des moyens que nous
avons propofés, dans le deuxième Volume de ce
Cours,
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d'Architecture, 401
Cours, concernant l'accouplement de Cet Ordre,
nous en avons fait néanmoins les chapiteaux 9 femblables à celui de la Salie des Antiques du Vieux- Louvre , par l'Efcot ; à celui de la Cour du Val- de-Grâce, par Manfard , &i à celui de l'ancien Château de Meudon , reftauré par Hardouin ; & afin de rendre, en apparence, cet Ordre un peu au de/Tous de fon exprelîion, dans le tiers infé- rieur des cannelures , nous avons ajcûîé des joncs convexes, ainii que Manfard en a nie au Château de Maifons (l). Pour faire paroître cette ordonnance moins régulière encore, nous avons pratiqué une table faillante qui occupe la hau- teur de la frife & de l'architrave, Se qui règne fur toute la longueur dû grand entrecolonnement, ta- ble que nous ne nous ferions pas permife en toute autre occaiion, malgré les exemples aiîez célè- bres que nous en ont laiifés les TEicot, les Phili- bert de Lorme au Vieux-Louvre & aux Tui- leries ; enfin , nous avons couronné l'avant-corps de ce Frontifpice , par un fronton circulaire , afin de l'accorder mieux avec l'ancienne Arch> teâure qui fe laiiTe voir au-defïus. Dans chaque arriere-corps, nous avons placé
une niche; celle à gauche contient la Statue de la France, celle à droite la Statue delà Religion, toutes deux faifant alluiion aux vœux de la Pa- trie , lorfque le Roi tomba dangereusement ma- lade dans Metz à fon retour de l'armée. Nous ne nous étendrons pas davantage fur l'objet de ce Portail ; il a été gravé, par ordre de feu M. le ■
(/) Voyez ces cannelures dans le premier Volume de cç
Cours, rapportées Planche YIII, Fig, VI. Tome IF. C c
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40i Cours
Maréchal d'Etrées, & Ton y trouve les infcriptions
qui, ©nt été placées fur les tables au-deiius de chaque niche, & fur celle inférée dans la frife, dont nous venons de parler : nous dirons feule- ment que les colonnes ont quatre pieds un quart de diamètre, que ce Frontifpice eil d'une belk exécution, & que Paris n'a guères d'Edifices mieux appareillés , & d'une main-d'œuvre plus accomplie : perfection due aux foins & aux ta- lents de M. le Brun, Ingénieur de la Ville de Metz, qui a bien voulu féconder nos vues, & faire exécuter littéralement tous les profils que nous avons donnés en grand ; il étoit aidé d'ail- leurs, d'un modèle qui, dans le temris, fut ap- plaudi des connohTeurs. Qu'on nous permette de faifir l'occaiion de
ce Portique, pour aÎTurer à ceux qui en pou- roient douter, que le moyen que nous avons propofé dans notre Cours, pour l'accouplement de l'ordre Dorique, & que nous enfeignons dans nos Leçons depuis trente années , produit fur le lieu le meilleur effet. Nous attendions une cir- conilance favorable pour le mettre à exécution ; nous l'avons fait à Metz, l'Eglife de la Cathé- drale, dédiée à Saint-Etienne, Martyr, nous ayant permis de faire ufage de cet Ordre folide. Nous le répétons ; c'eil d'après un examen impartial que nous ofons affurer qu'il nous a fait beau- coup de plaifir après fon entière exécution ; ce que nous rapportons ici, pour donner toute con- fiance à cet égard, à ceux de nos Elèves quife trouveront dans le cas de l'accouplement Dori- que : car autrement, notre avis eil de fuivre Vi- gnole , qui a fçu faire un chef-d'œuvre de cet Ordre , mais qu'on n'a imité que très-imparfaite- |
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d'Architecture. 403
Öïênt, lorfqua fa méthode on a voulu joindre l'ac-
couplement mis en œuvre par nos Archite&es François , fans en excepter les Débroffes , les Bruant, les Manfard & les le'Veau, ainfi que nous l'avons rapporté précédemment. La Cathédrale à laquelle appartient le Portail
dont nous venons de parler, eit un des beaux Edifices Gothiques que nous connoiifions. MM. du Chapitre de Metz fe propofent de faire faire des embellifTements dans l'intérieur de cette Eglife. Un des avantages du lieu, c'eft que le fol du Sanctuaire & du Chœur eft plus élevé que celui de la nef d'environ fept pieds; difpofition qui nous a fait accepter, avec le plus grand plaifir, la propo- rtion qui nous fut faite de donner les deffîns de cette décoption ; d'en faire faire un modele fous nos yeux, & de veiller à la conduite de cette ,reftauration importante; mais comme nous don- nerons darts le Volume fuivant ks Deffins de ce projet, nous ne rapporterons rien ici de fa com- pofition :à en juger par les applaudiiTements des Maîtres de l'Art qui en ont vu le modèle, nous ofons préfumer qu'on en verra avec une forte d'intérêt, les détails dans notre Cours; & c'eft alors que nous rappellerons , en décrivant nos Planches, ce que nous avons dit fur la décora- tion de nos Temples , dans le deuxième Volume de cet Ouvrage, à deffein d'appuyer le précepte par l'exemple. Paiïbns à préfent aux Bâtiments du nouvel Hôrel-de-Ville marqué M dans notre Plan.'Cet Edifice fe trouve fitué'vis-à-vis la face latérale de la Cathédrale dont nous venons de dire un mot. Cet Hôtel-de-Ville n'a de face que vingt-cinq
toifes, fur environ vingt toifes de profondeur, & il C c jj
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404 Cours
eil planté fur le fornmet d'un monticule plus élevé
de vingt-un pieds que le fol de la Place Ν ; en- forte que l'entrée ordinaire pour les affaires de la Ville, le trouve iituée fur la rue derriere Saint- Gorgon, & l'entrée de repréfentation, eil par la Place Ν, où l'on arrive au premier étage, par un grand eicalier à trois rampes , précédé d'un grand Périilyle élevé feulement de trois marches du niveau de la Place. Quoique ce Bâtiment n'ait réellement que vingt-cinq toiies de face , on a continué la même ordonnance dans la longueur de quarante-neuf toifes; de maniere que vers l'ex- trémité ƒ, fur la même face , 'eil compris l'Hôtel de'la Princerie; & vers g, on va conilmire un Bâtiment particulier à la place de l'Eglife de Saint- Gorgon, démolie depuis peu. Cette façade eil ainfi élevée, dans l'intention de rendre la déco- ration de la Place L plus régulière. La décora- tion de cette grande façade, malgré fa fimplicité, ne laiiTe pas de produire un bon effet : les de- dans d'ailleurs , font commodes & aifez bien dé- corés , par les foins & fous la conduite de M. le Brun; nous n'avons eu d'autre part à cet Edifice que d'en avoir donné les Deiîins , fous les ordres de M. le Maréchal d'Etrées, & ils ont été approu- vés par le Corps-de-Ville. Le Bâtiment marqué O, eil un corps-de garde
nouvellement bâti, dont nous avons aufîi donné les Deiîins ; il y a des magaiins au-deiTus. Derriere ce Bâtiment, eil une île de Maifons deilinées pour les particuliers, avec qui l'on a fait des échanges, afin de remplacer les terreins qu'ils ont cédés, pour élever les Edifices qu'ont occaiionnées les nouvelles communications. En face de l'Hôtel de-Ville M, & au bas de la
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d'Architecture. 405
Cathédrale, nous avons bâti aux frais du Roi ·>
une façade qui ne s'élève qu'à la hauteur du fou- baÎTement, de vingt-un pieds , & dans lequel eil / diftribuée une partie des pièces du rez de chauiTée de l'Hôtel-de-Ville. Le terrein, depuis ce nou- veau mur de face, jufqu'à celui de la Cathédrale, a été cédé au Chapitre ; il y a fait conftruire des boutiques qui, en rendant la Place L mar- chande , Vont fait, pour ainiî- dire , paroître ré- gulière , du moins dans fa planimetrie. Sur le milieu de la longueur de la Place N,1
& en face du Corps-de-garde Ο, nous venons d'élever la façade du Parlement ; l'ancienne tom- boit en ruine; & d'ailleurs M. le Maréchal d'E- trées avoit eu deflein de terminer entièrement la décoration de cette Place. Cette nouvelle façade n'a pu fe faire, fans projeter un Plan de la diilri- bution intérieure , & c'eit d'après ce Plan , qu'on a fait des acquittions, des échanges , & qu'on y a compris le terrein de l'ancien Hôtel de-Ville. Un des mérites eiFenciels de ces diftributions, eil que l'avant - corps de ce Bâtiment fe trouve précifément dans le milieu de la place Ν , en- forte que l'un des arriere-corps , du côté de la Cathédrale, fert de façade au Parlement, pen- dant que l'autre tient lieu de mur de face aux Maifons particulières qui occupent le furplus dit terrein , donnant iur la largeur de cette place ; ce qui donne à cet Edifice une étendue appa- - rente de vingt-cinq toifes de face, quoiqu'il n'en ait effectivement que dîx-fept. Un autre avan- tage de ce projet, c'eit que îe milieu de la cour du Parlement P, du côté de la place de TEvêché K, fe trouve alligner le milieu de celle du Palais Epifcopal Q, ce qui forme un enfemble fatisfai- |
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406 C O Ü R S
fant, qui fe rencontre rarement, lorfque les Edi-
tées s'élèvent féparément, dans des temps dif- férents , & fur les deiïins de divers Architectes. Nous avons fait pluiîeurs projets pour ce Parle-
ment ; le plus économique, fans doute, a été préfé- ré : nous n'avons confervé de véritable grandeur dans ce projet, que pour un veitibule du côté de la Place Ν , lequel mené à un Périilyle en colonade, qui donne fur la Cour Ρ ; ce ré* riiîyle conduit à un grand efcalier à trois ram- pes , dont le premier palier mène à une Chapelle circulaire, & enfuite à Ja Grand'Chambre, à la Salle du Confeil, &c. placées au premier étage : Je refte de cette diitribution eit aifujétie feulement aux différents départements du reifort d'un tel Edifice. Peut-être donnerons-nous auiîi dans la fuite les détails de ce Bâtiment, non parce qu'il offre dans fon enfemble, cette marche hardie & ces . grands traits qu'on voit étalés avec faiîe, dans les projets imaginaires que nous préfentent fouvent nos Elèves ; mais précifément parce que la diitri- bution & la décoration extérieure ne compor- tent que ce qu'il faut, lorfqu'il ne s'agit que d'un Bâtiment public du fécond ordre, élevé dans nos Provinces, & parce que ce projet eit aiTujéti à un terrein affez reiferré & irrégulier qui a dû néanmoins contenir, non-feulement ce qui re* garde le Parlement proprement dit ; mais un Bail- liage , des prifons, une Conciergerie, enfin un Hôtel particulier, pour le premier Préiident, Nous venons de remarquer que l'axe de la coup
du Parlement P, aïlignoit celui de la cour du Pa* lais Epifcopal Q. Difons un mot de ce dernier projet qu'il a falu rendre digne du Siège de Metz, & du grand Seigneur qui le doit habiier. Pour le |
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d'Architecture. 407
tendre conforme à cette idée, on eft convenu de réunir la ParohTe de Saint-Viàor, placé dans l'un des angles du terrein où cet Evêché doit s'éle- ver, avec une autre ParoiiTe de la Ville. C'eit d'après cette difpoiitioii, que nous avons d'abord formé le Plan par maffe qui fe remarque ici, & qu'enfuite, nous avons c®mpofé les Plans, les élé- vations δε les coupes, d'après les intentions de l'illuftre Prélat qui nous en avoit chargé fpécia- îement, Prélat qui, pour le bien général , a con- senti, par une tranfaäion, dont nous avons fait mention précédemment, d'abandonner la majeure partie de la cour de l'ancien Evêché, pour pra- tiquer la Place Κ, qui doit fervir d'avant - cour aux nouveaux Palais projetés; de manière que les principales entrées & du Parlement & de l'Eve- ché feront en face l'une de l'autre ? & auront, d'un côté , le nouveau frontlipice de la Cathédrale , & en face la rue α Etrées L, prolongée jufqu'à la rue Pierre-Hardi. ; La diftribution intérieure de ce Palais Epifco-
pal eft traitée dans la plus grande manière. La décoration des dehors eft noble & ornée : nous avons même été excité à les faire ainfi, par la magnificence que M. de Laval Montmorenci, Evê- que de Metz, avoit fçu nous infpirer, en nous communiquant fes intentions , enforte que nous croyons cette produftion digne de figurer un jour à côté des Monuments de ce genre, élevés en France par les Bullet & les de Côte. Après avoir fait une courte énumération des
nouveaux Edifices bâtis & à élever encore à Metz , d'après notre Plan, faifons obferver à nos Elèves, en quoi a dû confifter l'avantage d'avoir attaqué tout à la fois dans ce projet, les Bâtiments eiTen* Cciv
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4o8 C o υ κ s
ciels qu'il s-agiiToit de conitruire; & ne diffimulons
pas ce qu'il auroit peut-être fallu faire pour parve- nir au mieux, dune part, ii le local l'eut pu per- mettre, & de l'antre, fi les fonds accordés pour ces travaux enflent été plus confidérables. Com- mençons par les avantages, enfuite nous porte- rons nos réflexions, fur les parties dans lesquelles il auroit été peut être à défirer que l'on eût mis moins d'économie. D'abord, il étoit eiTenciel d'établir une bafe
h9 i, en perçant la nouvelle rue i'Evêque, dont nous avons parlé, & de la percer de maniere, qu'elle allignât l'embouchure de la rue Fournirue. Par ce moyen cette baie eil parallele à la direc- tion du portail de la Cathédrale , enforte que cette ligne h, i, fe trouve d'équerre avec celle k, /, qui traverfe la longueur de FEglifej, la Place K, enfin la rue d'Etrées L, jufqu'à la rue Pierre-Hardi, point de ftation /, d'où fe doit voir le Portique nouvellement élevé au pied de l'ancien Fontifpice de la Cathédrale. Ces deux axes en' retour d'é- querre, une fois déterminés, & après avoir fixé la largeur de la Place Ν 3 il a été queition d'éta- blir une autre ligne m9 /2, parallele à celle kf /, qui nous a donné le milieu de l'avant-corps du Bâtiment du Corps-de-garde O, & celui de l'a- vant corps du Parlement Ρ ; après quoi nous avons abaiffé une perpendiculaire ο, ρ, auiïï parallele à la ligne i, h, & enfin une autre parallele à œtiQ même ligne, qui nous a donné celle s, t. Cette dernière, de la porte latérale delà Cathédrale, &, par le nouveau percé y , va rendre à la Place d'armes, & précifément en face de la Salle de fpê&ade iituée de l'autre coté de la Mozeile; re- lation, comme on peut le remarquer, qu'il eût |
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d'Architecture. 409
été impoiTible d'accorder, ii le même Architede
n'avoit été chargé d'attaquer à la fois ces divers projets , qui raflemblés dans le même canton, dévoient avoir néceiTairement une difpofition ref- peäive. Comment, d'ailleurs, fans ce moyen , auroit-on pu difpofer d'un même coup de crayon les Pavillons u, qui acotent le Portail de la Ca- thédrale , avec ceux ν qui appartiennent au Par- lement , & avec ceux χ, placés vis-à vis, & qui font partie de la façade du côté de l'entrée du Palais Epifcopal ? difpofition générale qui, par cette correfpondance, apporte une iimétrie dans l'enfemble, qui agrandit en apparence, i'efpace, &, fi nous ne nous trompons, procure en même temps à ces divers Edifices, un afpeÖ: fatisfaiiant. On en peut dire autant des deux portes , dont l'une donne entrée au Parlement, l'autre au Pa- lais Epifcopal, qui, fans être de la même ordon- nance , n'en rendent pas moins la Place Κ plus régulière par leur oppofition : leur décoration , d'ailleurs , figure avantageufement, d'un côté , avec le Portique de la Cathédrale , de l'au- tre , avec une Fontaine publique adofTée , que nous avons propofée dans la rue Pierre-Hardi, vers l. On peut encore obferver, que c'en1 par le fe-
cours de ce Plan général, que la fituation de l'Hôtel-de-Ville une fois décidée, on a dû con- cevoir d'élever en face , & le long de la Cathé- drale le foubaifement, dont nous avons parlé pré- cédemment : fbubafTement qui, comme nous l'a- vons déjà obfervé, rend cette Place régulière, du moins dans fa planimetrie. On doit compter encore au nombre des avantages qui réfulteront des nouveaux travaux de Metz, le redreiTement |
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410 C OURS ,
& la continuation du nouveau Quai, depuis ce-
lui des Juifs, jufqu'à celui de Sainte-Marie : Quai qui, en facilitant d'établir un Sas près du pont de l'Intendance, détruira une iuite de Maifons plus que fubalternes, qui aujourd'hui bleffent l'œuil, & qui interceptent le Quai, depuis le pont de l'in- tendance que nous venons de citer, jufqu'à ce« lui où font placées les Eclufes. Au refte, nous n'avons entrepris ces obferv-a-.
rions, que dans le deflein de porter nos Elèves à fe fervir, en pareille circonftance, non dès mêmes procédés, parce que le local n'eil pas le même par-tout ; mais à s'appliquer, plus qu'on ne le fait ordinairement, à concevoir que tout doit marcher enfemble, dans un projet de pareille importance, & principalement lorfqiiïl s'agit de l'embelliiTement d'une Ville , & d'y élever des Mo- numents facrés, des Edifices publics & des Bâti- ments particuliers qui, pour former un tout fa™ tisfaifant, doivent être combinés, médités & ré- fléchis , de manière à être applaudis des Citoyens & de la poftérité. Examinons à préfent ce qu'il auroit été à dé-
firer qu'on eût pu faire , pour porter tin plus grand degré de perfection à chacun de ces divers Edifi- ces , ainii qu'à leur iffue, i° Au lieu de la terraife & des perrons qui fe remarquent à la platte-forme Saint-Etienne, nous avions propofé de démolir toute cette partie précédemment commencée , pour y fubitituer un grand Perron continu avec de fréquents Paliers, tel qu'on Favoit vu ancien- nement , ce qui auroit donné plus de dignité à Tune des entrées de la Cathédrale , qui fe trouve de ce côte, & procuré plus d'air & plus d'efpace à la place de Chambre ; en conféquence, on auroit |
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d'Architecture. 411
donné plus de largeur à la rue en face, que nous
avons projetée; elle auroit eu au moins quarante pieds de largeur, au lieu de vingt-un pieds qu'on a eu bien de la peine à nous accorder, z° On peut remarquer aufîi que toutes les nouvelles com- munications font un peu étroites , la rue l'Eve- que n'ayant que vingt-quatre pieds, & celle de la rue des Jardins, faite fous M. de Beliile, n'en ayant que vingt-un, au lieu de trente que nous avions propofés , comme fe voit la rue d'Etrées , qui ayant moins de longueur que les précédentes, fait un bien meilleur effet, 11 eil vrai qu'il faut convenir que, dans une Ville de guerre, dont le terrein des particuliers eil précieux, il eil de la prudence de ne pas donner trop de largeur aux rues aux dépens des Maifons des habitants ; du moins ne le faut-il faire qu'avec la plus grande précaution , dans les endroits de premiere né- ceffité, & particulièrement dans les parties qui environnent les Temples, les Edifices publics, & les principaux Monuments élevés y pour le fer- vice de fa Majeilé. 30 La Place de l'Evêché Κ eft , fans doute, trop petite, n'ayant que dix-huit toifes & demie, fur trente-trois ; il y a des cours dans plufieurs de nos Hôtels à Paris qui ont plus de fuperfîcie; mais combien n'a-t-il pas été diffi- cile d'obtenir ce petit emplacement, dans un lieu très-reiferré, fans nuire d'ailleurs à la difpoiitioa & à la diilribution des deux Edifices, qui ont cha- cun leur entrée fur cette Place. 40 La cour du Parlement eil dans le même cas : il eil vrai que la grande entrée eil du côté de la Place Ν ; mais il n'y a pas moins lieu de craindre que la hauteur des Bâtiments ne rende cette cour obfcure & peu faîubre. Pour obvier à un tel inconvénient, il au- |
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4*2 Cours
roit fallu néceflairement prendre toute l'île de
Maifons qui s'étend jufqu'à la rue vieille Râpe , en face de la place Saint-Jacques ; mais, d'un au- tre côté, quel échange auroit-on pu faire avec les Propriétaires à qui appartiennent les terreins de cette île. Nous l'avons déjà dit, nous le ré- pétons ; il n'en eil pas de même dans une Ville de guerre que dans une Ville libre , où Ton peut plus ou moins s'étendre à raifon des em- placements qu'exigent les Edifices de marque qu'il s'agit d'élever. Cependant nous ne pouvons le diflimuler , il convient de voir en grand ces prin- cipaux objets, dût-on mettre moins de célérité, dans leur exécution : il faut fe donner le loifir d'a- maiTer des fonds, & méditer pendant long-temps , ces différentes opérations ; autrement , on doit s'attendre que les projets fe reifentiront toujours, ou d'une précipitation indifcrete , ou , ce qui eil peut-être pis, d'une économie mal entendue. 50 On ne peut pas non-plus diiconvenir que la Place N, ne fait beaucoup trop petite, n'ayant que vingt- deux toiles de largeur : à la vérité elle a quarante- une toifes de longueur ; mais c'eil précifément cette étendue qui la fait paraître plus étroite ; à quoi il faut ajouter que d'un côté la grande hauteur de la Cathédrale , & de l'autre , les Bâtiments de ΓHôtel-de-Ville, fort élevés, contribuent à rendre cette place prefque difforme & fombre. Pour cor- riger en apparence la longueur de cette place, on a élevé vers £ un mur d'appui en baluilrade d'une certaine hauteur, terminé par un piédeilal à cha- que extrémité, fervant de fontaine , & furmonté de trophées d'armes; ce mur, il eil vrai, en cor- rigeant cette extrême longueur, forme, pour ainfi- dire, une avant-place devant le Parlement. Ce |
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d'Architecture. , 4*3
moyen efl une reiïburce, fans doute ; mais elle ne fait que pallier le défaut dont nous venons de par- ler. Pour éviter la difformité de cette Place , nous avions propofé d'abord de placer l'Hôtei-de-Ville en face du Parlement, & de réiargir la Place Ν, juf qu'à l'alignement de la rue des Clercs ; d'a- battre l'Eglife de Saint-Gorgon qui tomboit en ruine, ce qu'on a fait depuis, fans aucun avan- tagé pour le bien du fervice ; de détruire l'Hô- tel de la Princerie , pour le rebâtir en face de la Cathédrale, où eil a&uellement l'Hôtel-de-Ville : alors cette Place feroit devenue fpacieufe; on au- roit pu y élever une Statue pédeilre pour le Prin- ce, & en faire un marché au pain. Nous n'avons jamais été d'avis de la deftiner à une Place d'ar- mes, comme l'avoit projeté M. le Maréchal de Belifle , les exercices militaires troublant d'une part néceiTairement les fonctions des Magiilrats, & de l'autre le filence qu'il convient d'obferver près du Temple du Seigneur. Nous finirons ces observations, par faire re-
marquer que les maffes de l'Abbaye Royale de Saint r Louis , annoncent un grand Edifice fans doute ; mais que fa difpofition n'offre guè- res ce qu'on appelle un beau Plan , en- forte que nous regretterons toujours, que, des trois projets que nous avions faits für ce terrein , on ait choiii celui-ci. Nous confervons dans nos Portefeuilles avec le plus grand foin ces projets r ainfi que tous ceux que nous avons faits pour les autres Edifices élevés ou à élever à Metz, & nous les communiquons volontiers à nos Elèves, afin de leur apprendre combien il faut de cou- rage , pour lutter contre les intentions , fouvent mal digérées » des perfonnes qui nous mettent en |
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œuvre, & combien il leur faut de labeur, pour
parvenir à concilier ces mêmes intentions, avec les préceptes de leur Art, & une certaine célé- brité déjà acquife. Plan par maffe d'une partie des nouveaux
Bâtiments, & des nouvelles communications qu'on élevé à Strasbourg s commencés en 1767»
»
- j ■*. ■ .
Le Magiitrat de Strasbourg ayant conçu le def-
fein de faire conftruire pluiieurs corps de Ca- fernes, pour contenir la Garnifon de cette Ville 9 ainii qu'une Place d'armes & de nouvelles com- munications , pour rendre le défilé des troupes plus commode, fans nuire à la circulation des ha^ bitants, demanda à la Cour un Architeûe expé- rimenté , qui pût fe tranfporter fur les lieux, à deffein d'y faire lever un Plan exacl, de projeter fur ce Plan les Bâtiments à faire pour le fervice du Roi, & en même temps, de défïgner les em- placements les plus convenables, pour élever dans la fuite un Sénat, une Place propre à contenir la Statue pédeftre du Prince, une Salle de fpeöa- cle, des Marchés, des Halles, &c. Nous eûmes l'honneur d'être choiii pour ces différentes opé- rations. Nous ne rapporterons de cet important travail, que ce qui nous paroît le plus intéref- fant, pour donner à connoître aux jeunes Ar- chitectes qui fe trouveront dans le même cas, les précautions dont il nous a fallu ufer, afin d'accorder la dignité avec l'économie , & le lo- cal , fouvent ingrat, avec les préceptes de l'Art. Pour leur rendre compte de pluiieurs genres de projets faits pour cette Ville ? nous allons offris |
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D 'À R CHI Τ Ε C Τ U II È* 4I f
dans la Planche fuivante, la route que les Etran-
gers font obligés de fuivre , pour paffer de France en Allemagne par Strasbourg ; paffage fur lequel fe trouvera, dans la fuite, entre autres objets intéreifants, la Place d'armes, la Salle de fpe&a- cle, la Place du Roi, le Sénat & les Cafernes de l'Artillerie, autant d'objets dont nous allons donner une defcription très-abrégée , comme nous venons de le faire pour les nouveaux Bâtiments élevés à Metz fur nos Deiîins; mais avant d'y paffer , remarquons combien il feroit intérefTant, qu'à l'exemple du Magiftrat de Strasbourg, nos Villes Capitales fe propofafTent le même but, lorfqu'il s'agit de leur embellifTement. Difons plus; quel avantage n'auroit.- on pas pu tirer pour celui de Paris , ii, feulement depuis cinquante ans, on eut levé , à cet effet , un Plan de cette grande Cité, & qu'on eut avifé , par des allignements réfléchis, d'abord la marche que dé- voient fuivre les habitants pour conirruire leurs demeures, & qu'enfuite on eût défigné les lieux les plus convenables, pour y ériger la plus grande partie des Monuments qui, en fatisfaifant à l'uti- lité publique , contribueroientauiîiàla décoration. Croira-t-cm toujours qu'il fuffit d'ériger des Halles, des Salles de fpeâacle, & d'autres Edia fices femblables, fi ceux-ci, quelque bien qu'ils foient d'ailleurs , n'embelliiîent pas véritablement Paris? Croira-t-on qu'en accordant trop peu d'ef- pace aux Architectes, ils piiifTent donner l'effor à leur génie, fans fortir néanmoins des bornes qu'exige le genre de l'Edifice ? Croira-t-on enfin qu'on puiffe fe contenter de terreins, la plupart malfkués ou encombrés, par des rues étroites, tor- tueufes & faws dire&ion continue ? Non, fans doute. i
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%ι6 Cours
Nous dirons à la vérité, comme le plus grand
nombre ; on ne laiiTe pas de beaucoup bâtir dans cette Capitale, depuis quelques années ; mais nous n'avouerons jamais que les Bâtiments qui s'élèvent de nos jours ayent pour objet de Fembellir : d'ailleurs , faifons-nous des Places ? des Carrefours ?.allignons-nous & rélargiflons-nous nos rues ? élevons-nous des Fontaines? confirai- fons-nous des Priions, des Hôpitaux? fongeons- nous à détruire le grand & le petit Châtelet, qui oiFufquent Paris dans fon centre ? Non ; mais^ en revanche nous reitaurons les Palais des Prin- ces au lieu de les bâtir à neuf; nous élevons des Hôtels pour des particuliers, des Temples à nos Lais, & nous plantons des Jardins à TAngloife. C'eil alors qu'on crie merveille ; mais que ces exclamations font peu philbfophiques, & qu'il eil peu de vrais citoyens parmi nous ! Heureufe- ment que cette épidémie n'eft pas générale ; nous exceptons avec le plus grand plaifir, pluiieurs Mo- numents qui s'élèvent par nos plus habiles Ar- chitectes : mais encore une fois, il faut convenir que la plupart, quoique des chefs-d'œuvre , pro- curent rarement une vraie beauté à nos Quais „ vers nos promenades , & dans les principaux quartiers de cette Cité; il faut les deviner, les aller chercher, les examiner fans point de diftan- ce, les juger partie par partie, renoncer à Fen- femble, & n'emporter avec foi qu'une idée im- parfaite de ce qui auroit pu exciter notre admi- ration, li, comme nous le déiirions tout-a-Hieure,,' la iituation & la difpoiition de ces Edifices eufîent été prévus depuis long-temps, par un Plan bieri dreffé , examiné avec foin parle Gouvernement, approuvé par les hommes en placé ^ dans cha- que |
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£>5ÀR GH IT ÈCÏtiAÊi- 41^
tniê département, & applaudi pai les Maîtres de
l'Art : mais revenons à notre objet, en attendant que cette idée > qui n'eft pas neuve » fe réaliié. Lorique le Plan général de la Ville de Stras-
bourg fut levé i après avoir pris les renfeigne-* ments néceilaires au fujet .des Bâtiments que le Magiitrat fe propofoit d'élever j après avoir con* féré avec FÊtat Major, & nous être fait rendre compte des différentes pofitions où l'on pouvoit £tuer convenablement les Edifices militaires, & les Bâtiments civils, nous attaquâmes fur le lieu un premier projet, qui nous mit à portée de re- cevoir de nouveaux éclaireiiTeménts ; de-là nous paifâmes à un fécond : nous obtînmes eniuite un co- mité , pour conférer deux fois la femaine fur cet ob- jet , en préfence de M. le Préteur Royal , avec plu- iieurs Magiftrats, du nombre defquels étoient MM* les Directeurs des Bâtiments de la Ville ; enfin, après bien des difcuiîions* ce fécond projet fut approu- vé préliminàirement» De retour à Paris, nous îe présentâmes à Mi
le Duc de Choifeuil, qui, après l'avoir exami- né, nous excita à entrer dans des vues moins économiques * nous laiffant entrevoir que cette vaile entreprife étoit l'ouvrage du temps ; que * par cette raifon, il ne falloit rien épargner * pour produire un Plan , digne du règne fous le·» quel nous vivions. Echauffé par les idées élevées que nous communiqua ce Minifïre éclairé; nous fimes un troifieme projet qui reçut fon approba- tion, & à l'occaiion duquel, nous retournâmes à Strasbourg * pour le foumettre au Magiitrat. Ce dernier ouvrage* beaucoup plus important que les précédents, fut fujet à pluiieurs cönteitations : nous fîmes de nouveaux efforts, pour parvenir à ςαα·· Tome IF* Bd |
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4i8 Cours
eilief les idées de grandeur, puifées à Verfalles, S&
celles d'économie qui nous furent recommandées à Strasbourg ; enforte, qu'après avoir paffé cinq mois de fuite dans cette Ville, nous eûmes la fatis- fa&ion d'obtenir l'approbation unanime de l'Etat- Major, de la Nobleue, du Clergé & de la Bour- geoisie, tous également intéreffés aux nouveaux allignements preferits, aux acquifitions à faire, en argent ou par échange ; & nous revînmes à Paris, avec les mémoires d'obfervations que nous avions faits fur chaque objet. Ce Plan & les pro- jets auxquels il avoit donné lieu, furent préfen- tés de nouveau, à M. le Duc de Choifeuil; nous les lui offrîmes à Marly avec M. le Maréchal de Conta- des, Commandant de Strasbourg , & avec M. Gayot, Préteur Royal de cette Ville ; enfin l'au- tomne fuivant, le ζ O&obre 1768 , nous eûmes l'honneur de les préfenter à Sa Majefté, qui en approuva l'exécution. C'en: la majeure partie de ces projets que nous avons tracée par mafTes fur la Planche LI, dont nous allons donner une lé- gere idée , comme nous venons de le promettre, en attendant que nous nous déterminions à en gra- ver les Plans , les coupes & les élévations , lorfqu'à la fuite de notre Cours, nous offrirons un autre Ouvrage, qui contiendra les Edifices lés plus recom- mandantes , élevés dans les Provinces de la Fran- ce. Dans cet Ouvrage feront compris les projets que nous avons faits pour la Flandre, Metz & Strasbourg, & c'efiV alors que nous entrerons dans quelques détails concernant la fituation des lieux, la qualité des matières dont on fait üfage pour bâtir, l'énumération des Edifices anciens , & la profpérité des Arts qui font en vigueur ? &c. &c." |
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D'Architecturî. 41$
Planche LI.
La porte A iituée fur les remparts, nommée
la porte de Saverne, eil la première fur laquelle on paffe , en arrivant de Paris. Nous avons tra- cé une ligne, de cette porte A à celle Β , appelée la porte des Bouchers ; cette ligne , ainii que nous l'avons déjà obfervé , indique la route que les étrangers parcourent lorfqu'ils traverfent la Ville : c'eil pourquoi nous allons décrire de fuite les Edifices militaires ou civils qu'ils rencontrent fur leur paffage ; enfuite nous parlerons, en peu de mots, des autres Bâtiments que notre Planche n'a pu contenir. La rue C qui traverfe le fauxbourg de Saverne
eft droite & affez bien allignée : à fori entrée à gauche, nous avons projeté un Marché au blé D , finie convenablement en cet endroit , au déiir du Magiftrat & des habitants : vers le mi- lieu de cette rue, en eil une autre , prefque d'é- querre à celle- ci, d'où l'on aperçoit à droite , les anciennes Caféines de Saverne E, auxquelles nous n'avons ajc/uté qu'un Pavillon ifolé à cha- que extrémité pour les Officiers, & dont on ne voit ici que celui,.f : à gauche, on aperçoit la rue G ; elle féparê les nouvelles Cafernes de ca- valerie & d'infanterie > qui fe bâtiffent actuelle- ment fur nos Définis. A l'extrémité de la rue C, fera conilruit un pont éïi pierre H (m), à la place |
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(m) Tous les ponts de cette Ville Tont en bois, & le nom-
bre en eft fi grand, qu'on appelle la Ville de Strasbourg, la Ville aux cent ponts 5 mais au moyen des nouvelles communica- tions qu'on vient d'y établir, on en détruira la majeure par- tie , & , par la fuite, on les reconftruira en'pierre, ainfï qu'eut, l'a déjà fait pour quelques-uns» D d ij
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4Z0 ,-i Cours
d'une faufle porte qui y eil a&uellement éîevée?
ainii qu'à 1'extrèmité de toutes les rues des Faux- bourgs de cette Ville, dont l'intérieur fe trouve féparé par la rivière , d'avec les Fauxbourgs, qui tous fe terminent aux fortifications. A l'entrée de cette porte, dans l'intérieur de la Ville, nous avons projeté une Place I, dans le fond de laquelle & en face du pont, on doit bâtir un Edifice régulier, utile pour le fervice du Magiftrat. En continuant la ligne d'indication AB, on traverfe la rue du vieux marché au vin K-, celle de la petite bouche- rie L , & enfin , on arrive à l'ancienne tour Au- phenin M , à la place de laquelle on vient de bâtir un pont de pierre qui, près de-là, mené y â droite, à la Place d'armes Ν, qui a foixante & douze toifes de longueur, fur environ cinquante de largeur. Cette Place d'armes eu, aujourd'hui une des
principales beautés de la ville de Strasbourg. Sa forme, qtioiqu'irrégulière, ne laiffe pas de pro- duire un bon effet; & fa décoration , dans un genre iimple, deviendra intéreffante, lorfque, dans la fuite, chaque particulier, qui a des maifons fur cette places fe fera aiTujéti à fuivre la même ordon- nance dans les façades : en attendant cette époque r nous avons planté une allée d'arbres dans fon pour- tour , qui, enmafquant, pour ainii-dire, la difparité aöuelle, de fes Bâtiments ; procure de l'ombre aux troupes , lôrqu'elles viennent y faire l'exercice & monter la parade. Un des mérites eifenciels de cette Place, c'elt que, vers fon extrémité fupérieure, & dans les parts coupés pratiqués dans fa plus grande largeur , d'un côté , on aperçoit une rue bien allignéè; elle enfile les deux corps de Ca- fernes qui s'éleyent actuellement au iauxboiirg |
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d'Architecture; %iî
ét Saverne ; les Cafernes Ο , pour quatre ef-
cadrons, & celles Ρ, pour quatre bataillons : on voit de l'autre côté, une rue Q qui enfile auiîi un nouveau corps de Cafernes, pour quatre ba- taillons ; ces cafernes s'élèveront inceffamment près du pont, nommé le Pont couvert, & qui n'a pu trouver place dans cette Planche. Nous avons fait divers projets de décoration
pour cette Place d'armes, un entre-autres, dans lequel nous avions affecté un genre de fermeté, analogue à fon ufage ; cette ordonnance eil la feule qui puuTe convenir à une Place d'armes; mais comme elle exigeoit de grands trumeaux, des corps redrilignes, une certaine dignité mili- taire, elle ne put avoir lieu, parce qu'elle au- roit néceÎTairement nui à l'ufage intérieur des Bâtiments particuliers : enforte que les façades actuelles déjà commencées , n'ont plus que bien peu le caractère de la chofe ; l'économie, dans la plupart des projets efTenciels, devenant le fléau des productions les plus eitimables : car, le genre de l'Edifice une fois manqué, on n'offre plus guères qu'une compofition imparfaite : à quoi il faut ajou- ter que l'exécution , prefque toujours négligée loin des yeux de l'Ordonnateur, contribue à n'offrir plus aux regards, que des Bâtiments de la plus grande médiocrité; & c'eit: à peu-près ce qui nous arrive à Strasbourg, l'éloignement du lieu de notre Capitale, s'oppofant en quelque forte à former dans cette Ville des Artift.es en fécond, qui puiifent rendre avec intelligence les mefures, les rapports, les profils & le goût de l'Architecture qui leur font confiés; auffi ne re- marque-t-on rien de véritablement intéreifant, dans cette Place d'armes , exécutée aujourd'hui, D d iij
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%%i Cours
fi l'on en excepte fa difpofition, fa iituation, & fa pla-
nimetrie; car nous comptons pour rien fa décoration. Arrivé au Pont de pierre M, & après avoir
aperçu la Place d'Armes Ν, on arrive à un Mar- ché aux grains R, dans le fond duquel, &, en face du Pont, fera placée un jour la Salle de fpeç- tacle S : enforte que du point Τ, on poura aper- cevoir à la fois, le coup d'œuil de cette Salle, & par la rue des Arcades U, la Place Royale V; enfin le Sénat X. Mais avant de pourfuivre la li- gne A B, difons un mot des divers Edifices que nous venons d'indiquer. Nous avions d'abord propofé de placer la Salle
delà Comédie dans le fond de la Place d'armes, l'intention du Magiftrat , étant de détruire un jour celle qui fe trouve iituée fur la promenade du Broglie, promenade qui commence dans notre Plan à l'endroit marqué Y; mais l'Etat Major ayant craint que les habitants , fortant du fpe&acle, ne îroublarïent Tordre qui fe donne tous les foirs dans cette Place, & ne devinifent un obftacle au fervice du Roi, on a décidé en quelque forte de la conftriûteen S. Le fpe&acle aifez fréquenté à Strasbourg, vu
le nombre des habitants , & à caufe de la Garni- fon, exige une étendue aifez conlidérabîe ; en conséquence, nous avons fait pluiieurs projets de ce genre; mais tous pour le fond de la Place d'armes, avant qu'on eût obfervé qu'il convenoit de la placer ailleurs. Dans la fuite nous donnerons celui qui a reçu le plus d'applaudiffements , & dont la Salle, de forme circulaire, a cinquante- deux pieds de diamètre·, un Amphithéâtre qui cir- cule autour, & trois rangs de loges en gradins, pratiquées dans la hauteur de cette Salle, h- |
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£> ' A R t H ΙΤ Ε C Τ U R Ε. ^lj
quelle eil précédée d'un grand périilyle, à char
que extrémité duquel eik un efcalier pour monter aux premières loges, deux autres , montant fé- parement aux fécondes & aux troifiemes : enfin ^ dans ce projet, nous avons obfervé toutes les remarques que nous avons nous-même proposées dans le deuxième Volume de ce Cours, page 263 ·& fuivantes, où nous renvoyons, en attendant ■que nous fafîions graver le projet dont nous par- lons («); une description plus détaillée, fans le fecours des Planches, étant toujours infuffifante, fur-tout, lorfqu'il s'agit de difcuter les anciens ufages, & de propofer des innovations que l'en- têtement ou l'habitude applaudifTent rarement. A l'égard de la Place Royale V, nous n'avons
pu raifonnablement la faire plus vafte; il faut fe reffouvenir qu'il s'agit ici d'une Ville de guerre, & que, comme nous l'avons déjà remarqué, il eil moins poffible dans cette occafion que dans toute au- tre, de détruire les Maifons des particuliers; & quiconque voudra réfléchir , conviendra que c'eil beaucoup, que nous ayons pu y deiliner un terrein de trente toifes!de largeur , fur au- tant de profondeur. Il eil vrai qu'il y faut ' » ' .. 1
(n) Il paraîtra, fans doute,, fîngulier qu'il nous foit atriyé xÄ#
-3. peu-près ce que nous avons éprouvé, à propos de l'Églifc !. ' «de Saint-Amand : on a dernièrement projeté un très-beau Plan ,,. 3>our la Comédie Françoife à Paris ; les deux Architectes de ïnérite, Auteurs de ce projet, n'avoient certainement pas vu le nôtre , fait quatre ans auparavant $ néanmoins leur Plan Veft trouvé différer très-peu de celui que nous avons fais pour Strasbourg; circonftance , qui, au lieu de nous décon- certer , nous flatte j mais nous la rapportons , pour que dans \ la fuite , nous ne foyons pas foupçonné de plagiat ; nous en avons d'ailleurs prévenu Tan, des Architectes du projet de 1« v Comédie Françoife. » D div
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%i4 Cours
ajouter 1'efpace de la rue des Arcades TJ, aufîi-
bien que celui des deux autres rues, qui longent aux deux côtés du Sénat X. Un des grands avan- tages de cette Place, au milieu de laquelle doit s'élever la Statue du Prince , c'eiî: que celle-ci ferat vue du point Τ , qui en eil diftant de cent dix toifes. D'ailleurs cette Place a pour fond la façade du Sénat, & la Statue fe trouvera précifément en face du Portail de la Cathédrale a , qui, lui mê- me , a pour afpecl cette Statue; &, en face, un Bâtiment régulier £, s'élèvera un jour à la Place de l'ancien Hôtel-de Ville , lorfque le nouveau .Sénat fera exécuté. Nous n'avons pas eu deifein d'orner cette Place; nous nous fommes contenté, pour entrer dans les vues du Magiftat, de la ren- dre feulement régulière & fymétrique, dans (es côtés oppofés. En effet, qu'on y réfléchnTe; c'eiî: déjà obtenir beaucoup dans une Ville frontière, que de fonmettre les habitants à élever leurs fa- çades uniformément : d'ailleurs , il faut confidérer que cette Place, voifine de la Halle aux poiffons, placée en c, eu auiïï deitinée pour un Marché, de maniere que la repréfentation du Héros fe trou- vera placée au milieu de l'abondance, en face du temple de Thémis, & vis-à-vis celui de la Reli- gion. Nous ne donnerons point dans la fuite , la décoration de cette Place, vu la iimplicité de fou ordonnance ; mais nous offrirons le Deffm que nous avons compofé, pour le Monument qui doit s'élever à la gloire de Louis XV, traité dans le genre que nous avons décrit dans le deuxième Volume de ce Cours, page 258. Nous donne- rons auffi les Plans & les développements du pro* jet approuvé par le Magißrai, pour le Bâtiment éa Sénat Xj nous difons le projet approuvés 1
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d'Architecture. 42?
Car nous en avons fait quatre, les uns plus grands ,
les autres plus fimples, félon la difpoiition des lieux qui nous avoient été propofés ; mais enfin, la pofition de celui-ci une fois choiiie, nous nous fommes attaché à le rendre fufceptible de tous les avantages contenus dans les précédents , & nous ofons croire que cette production eft, peut- être, une des meilleures que nous ayons faites dans le nombre infini de projets qui regardent Strasbourg. Nous nous flattons d'autant plus que cette compofition poura plaire , que les diffé- rents départements qu'elle contient, n'ont guères de reifemblance avec les autres Bâtiments connus fous le nom de Bafiliques, de Parlements , de Chambres Souveraines, &c. û ce n'eft dans fa dé- coration extérieure ; encore faut-il fçavoir que toute efpece de Monument élevé dans une Ville de guerre, doit fe reffentir, dans Ton ordonnance, de ce genre de fermeté qu impofe l'Art militaire, fans néanmoins fortir trop du caractère que doit avoir chaque Edifice coniidéré en particulier. Ce Bâtiment X n'occupe pas un efpace bien
coniidérable, n'ayant de largeur, hors œuvre, que vingt-deux toifes, fur environ trente toifes de profondeur : mais un de fes avantages , & qu'on devroit toujours obferver, dans les Edi- fices publics, c'eft'd'être ifolé de toute part, & de contenir dans fon intérieur, une Cour de dix toifes de largeur, fur quinze de profondeur. Le Rez-de-chauffée de cet Edifice eft compris dans un foubaffement, fur lequel s'élève un grand ordre Ionique qui embrafTe deux rangs de eroi- fées. Cet Ordre eil couronné par des combles, d'une hauteur proportionnée à tout le Bâtiment : il eft d'ailleurs flanqué de Pavillons & d'arrière- |
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4*6 Cours
corps d'une forme re&iligne, qui n'ont cependant
rien d'arïeété, mais qui lui procurent ce caractère mâle, d'autant plus convenable ici, comme nous venons de le remarquer, que cet Edifice eit non- feuiement élevé dans une Ville de guerre, mais qu'il % trouve entouré de Marchés publics & de Bâtiments particuliers d'une décoration très- Simple, quoique régulière. Depuis ce Bâtiment jufqu'à la porte des Bou-
chers, il ne fe trouve plus d'Edifices remarqua- bles en parcourant la ligne A Β , que le pont du Corbeau d, précédé d'une nouvelle Place e » dans l'intérieur de la Ville, & à côté de laquelle eir la grande Boucherie ƒ, une des plus belles .que nous connoiffions. Après ce pont, on voit aufïï une autre Place circulaire g, qui, par la rue h, conduit enfin à une autre Place i9 aux deux cotés de laquelle nous avons élevé des Bâ- timents k , fervant de fuppléments aux anciennes Çafemes de l'Artillerie /. Pour faire juger de l'importance & de l'utilité
des changements propofés pour Strasbourg, nous ferons remarquer, que dans la feule partie de la Ville que nous offrons dans cette Planche , il n'eu point, ou prefque point de Carrefours que nous n'ayons convertis en place , point de rues que nous n'ayons allignées, de maniere à former, dans la fuite, des communications beaucoup plus rér gulières qu'elles ne l'étoient précédemment. Nous avons indiqué par la lettre m, les Places reftaurées, qui fe trouvent comprifes dans notre Plan. Ces Places font devenues, les unes plus, les autres «loins confidérables, félon l'importance des mar- chés qui doivent s'y tenir, & à raiibn des quar- tiers où elles font iituées. Sous les alligneaients |
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d'Architecture." 427
des nouveaux Quais, nous avons laiiîé fubiiiler par un trait léger les anciens, ce qui donne à connoître combien la plupart étoient obihués, interceptés, tortueux, étroits, & fouvent im- praticables dans la crue des eaux, pour la circu- lation du commerce. Nous avons auffi, par de pareils traits légers, laiffé à connoître la plus gran- de parîie des culs-de-fac que nous avons iiippri- més ; enfin, nous avons fait des nivellements ; ils facilitent aujourd'hui l'écoulement des eaux qui, reftant anciennement dormantes dans pluneurs quartiers de la Ville, nuifoient effenciellement â la falubrîté de l'air; opération dans laquelle nous avons été fécondé par M. Werner, Contrôleur des Bâtiments de la Ville , & aidé des confeils de MM. les Directeurs des Bâtiments de Strasbourg : enforte que, par ce travail important, un jour cette Ville fera percée moins irrégulièrement, & offrira aux étrangers des Edifices de marque; ce qui ne f© peut faire néanmoins que par la fuite des temps, quoique, depuis que ces opérations font commencées, les particuliers, prévenus des intentions des Magiflrats autorifés par Arrêt du Conieü, qui ordonne l'exécution de notre Plan, fe font portés d'eux-mêmes, pour la plupart, à bâtir fuivant les nouvelles, dire&ions des rues tra- cées dans notre projet, les uns ayant fait déjà des échanges avec leurs vohins, lorfqu'ils ne fe trou- voient plus aifez de profondeur ; les autres ayant cédé leur terrein à la Ville, & acquis ailleurs des emplacements pour bâtir; ceux-ci s'étant retirés, félon Tallignement prefcrit ; ceux-là enfin, ayant difpofé leurs diitributions, de maniere qu'ils n'é- lèveront leur mur de face que lorfque la rue ou ils fe trouvent fitués aura acquis fpn parfait allï- |
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42§ Cours
gnement : autant de moyens que nous avons pro-
poiés aux Magiilrats, par des Mémoires fans nom- bre dreffés à cet effet. Ces Mémoires ont fait naître beaucoup de difcuiîions , mais toutes ten- dantes aux biens des habitants ; & , après avoir été approuvés , ils ont mis chaque Propriétaire en état de prendre le parti qui lui paroiifoit le plus convenable. Le Magiibat, d'ailleurs, apporte la plus parfaite attention, pour faciliter ces opéra- tions , fans qu'aucun Citoyen ibit léfé ; enforte que cette entreprife inouïe, & qui, par-tout ail- leurs, auroit paru une hydre, s'exécute avec une facilité prefqu'incroyable : tant il eir vrai que la prudence, l'aménité & l'urbanité , dont ufent les Chefs, peuvent parvenir à furmonter les plus grands obilacles. Pour faire connoître l'immenfité de cette en-
treprife, donnons une idée de la grandeur de cette Ville, & difons : que fon étendue , à compter de l'intérieur de (es fortifications, eft d'environ huit millions huit cent trente-huit mille fix-cent trente- deux toifes de fuperficie , non compris la Ci- tadelle ; qu'elle eft divifée en dix quartiers ou cantons , le premier contenant trois cent quinze Maifons ; le deuxième, trois cent foixante-huit ; r le troiiieme, trois cent foixante-dix-neuf ; le qua- trième, quatre cent foixante-iix; le cinquième, deux cent quarante; le iixieme, quatre cent trentë- fix; le feptieme, quatre cent cinquante-fix ; le huitième, deux cent foixante-treize ; le neuvième, deux cent quarante-iix ; & le dixième, quatre cent cinquante-fept : au total, trois mille cinq cent trente-iix, fans compter les Eglifes Catho- liques $; Luthériennes, les Bâtiments pour le fer- yiçe du Roi ? tels que les Cafernes, les Prifons^ |
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D'ARCHITIGTÜRË, 429
l'Hôpital militaire, 1'Arfénal, la Place d'armes, VM4:
planade, les Magaiins à poudre, & les Bâtiments deitinés à la manutention des troupes ; enfin ceux à l'ufage duMagiilrat, tels que le Sénat, les Ma- gaiins de la Ville, l'Hôpital des Bourgeois, les Marchés , les Halles , &c. indiquons fommairement, à préfent, les nou-
veaux corps de Cafernes qui doivent s'élever dans la fuite, & qui n'ont pu être compris dans no- tre Planche ; ainii que les communications, poiur le défilé des troupes, de la Place d'Armes aux Cafernes , & de celles-ci à la Place d'Armes , routes que nous avons exprimées ici par des li- gnes ponctuées, pour ce qui regarde feulement les anciennes Cafernes E, & les nouvelles pla- cées en P, O, au Fauxbourg de Saverne : ce que nous n'avons pu faire pour les autres , le for- mat de notre Ouvrage s'y étant oppofé; fçavoir les Cafernes du Pont couvert, pour quatre ba- taillons; à l'Efplanade, pour quarre efcadrons; enfin des fuppléments à celles de la Courtine des Juifs, à la porte des Pêcheurs, à Finkmatt, fans compter les fuppléments de celles de la porte des Bouchers, du Fauxbourg de Saverne , & les deux nouveaux corps de Bâtiments pour les Officiers, tous les deux femblables à celui E : enfin, ceux Ρ , Ο , défignés feulement dans notre Plan. Tous ces nouveaux Bâtiments font diitribués com- modément , munis de toutes leurs dépendances & d'une décoration, nous pouvons le dire, plus régulière, & -d'une ordonnance moins triviale qu'on ne les fait communément ; auffi donnerons- nous dans la fuite, les deiïins de celles O, P, qui comprennent deux corps de Bâtiment, Tun pour la Cavalerie , l'autre pour l'infanterie ; ils |
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410 Cours
feront connoître le parti qu'on petit tirer de ce
genre d'Edifice, lorfqu'on veut réunir l'utilité à la fymétrie. Terminons cette courte defcriptiort, par faire
iremarquer en pafTant, que nous avons mis tous nos foins à faire enforte , que les nouveaux Bâtiments fuffent plantés régulièrement, & que nous nous fommes attaché d'autant plus volontiers à cette partie de l'Art, que nous n'avons guères lieu cfefpérer que leur décoration foit jamais exé- cutée , d'une maniere fatisfaifante ; car, comme nous l'avons déjà remarqué 5 il y a dans cette Ville peu d'Artiftes qui entendent l'Archite&ure., Il y a, fans doute , des hommes d'expérience ; mais à ces connoiffances, il faut joindre d'autres talents, tels que celui de la théorie & le goût de l'Art, fans quoi les projets les mieux conçus avortent entre de telles mains. Nous l'avons dit quelque part, dans notre Cours ; combien n'a- vons-nous pas vu de Bâtiments dans nos Pro- vinces, qui ne nous ont paru imparfaits, que parce qu'ils avoient été élevés, loin de l'œuil de celui qui en avoit donné les defîîns : nous y re- connoiifions*, à la vérité, dans Fenfemble, la mar- che d'un Maître; mais combien les parties n'é- îoient-elles pas défigurées, par le défaut de lu- mière des Condu&eurs, Qu'on y prenne garde; c'eft parce qu'on doit s'attendre à cet inconvé- nient , que nous recommandons fans ceife à nos Elevés, de s'appliquer véritablement à l'étude de rArchitecÎure, de redoubler leurs efforts, lors- qu'il s'agira d'éleVer quelques Edifices , loin de la Capitale ; de s'attacher particulièrement à dé- cider la forme de leur Plan , à en caradérifer les reifauts & les retours, par des avant ou des |
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^'Architecture. 43 ι
arrière-corps un peu Caillants, à les bien retourner d'équerre. Ceft pour cela que nous les avertiffons encore , lorfqu'ils fe trouveront forcés a quelque obliquité, de chercher à faire fymétrifer ceux-ci avec leurs côtés oppofés ; enfin , de faire con- trailer des portions circulaires avec des angles droits, ou des côtés paralleles, afin de prévenir une planimetrie monotone ; en un mot, de termi- ner le plus convenablement poffible, un point de vue par une fontaine, ou par un avant-corps, dût-il n'appartenir qu'à une Maifon particuliere. Ces précautions font d'autant plus effencie les , qu'il faut s'attendre que, de tout le projet, il η y aura guère que ces beautés qui fe feront remarquer : toutes les bonnes têtes fe connoiffent en fyméme, en régularité ; mais il n'y a qu'un petit nombre de perfonnes qui jugent avec diicememeiit des autres parties de l'Architecture. Fin du Quatrième Folume*
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De l'Imprimerie de LoTTiN aîné î 1773·
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APPROBATION
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(Ä Cenfeur"Royal*
J*AI lu, par l'ordre de Monfeîgneur le Chance-
lier, le Manufcrit des Tomes troifieme & qua- trième du CWî d'Architecture , ou Ütfaj^ Λ la Décoration, Difiribution, & Confiruction des Bâti- ments ; & il m'a paru que cette fuite nouvelle d'un Ouvrage déjà bien accueilli du Public jufti- fieroit l'impatience de le voir heureufement ter- miné par l'Auteur : Donné à Paris, le 31 d'O&o- bre 1772· PHILIPPE DE PRÊTOT, des Académies
Royales des Sciences , Belles - Lettres
& Arts , d'Angers & de Rouen«
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-V
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Le Privilege du Roi fi trouve à la fin du fécond Volume^
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