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COURS
DARGHITECTÜRE
CIVIL Å. |
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>; ARCHITECTURE,
ou
TRAITE
De la Décoration 9 Difiribution & Conflruzlion
DES' BÂTIMENTS? ï
Commencé
Par feu J. F. Bl on del, lArchice&e du Roi,
& Profeiïèur de l'Académie-Royale
d'Arclikeiiture,
, et Continu'έ
Par M. Patte, Architecte de S. A. S." Msr le Prince Palatin , Duc régnant de Deux-Ponts« TOME CINQ ÜIÉME. .
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Chez kVeuve Desaint 5Libraire,riiedu Foin-S.-Jacques,
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M· DCC. htX VIL
■ Avec Approbation , & Privilège du Roi,
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ν
AVERTISSEMENT.
Plusieurs Ecrits périodiques fe font
empreiFés de publier l'éloge de M. Blond el·,' & de rendre hommage à ies tafèns ;, c'eft pourquoi nous nous bornerons à parler particulièrement de fon Cours , dont nous- avons entrepris la continuation. Avant 1740 , if n'y a voit pas d'École ΐ
Paris où un jeune Architecte pût fe former V &c apprendre tout ce qu'il lui importoit der favoir, le Deim* de FArchite&ure, de l'Or- nementa delà Figure, la Perfpectlve,, 1er Mathématiques, la Coupe d^s Pierres , le Toifé, ôl enfîn tous les détails fans nombre qui concernent la eonitrucHön des bâti- meus, II· falloit qu'il fe transportât iiit> eeiîivement chez différents Maîtres pour s'inftruire de chacun de ces objets , ce qùr allbngeoit beaucoup fes études, & faifoit, qu'après l'exercice du deffin , il néglfc* geoit le plus fouvent tout le reite; Ce fu- rent ces réflexions qui engagèrent M^ Blonde! à former une Ecole des Arts, où: |
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VJ AVEP.TISSEMENT*
pluileurs Profefleurs habiles dans chaque
genre , enfeigneroient , fous fa direction y dans un même lieu , tout ce qui eil eifen- tiel pour fe perfectionner dans l'Archite- cture. Uaccueil que le public fît à fon établi/ïèment , la réputation que s'acquît en peu de tems fon Ecole, &: le nombre d'Elevés diiMngués qu'elle produiiît, ayant fait concevoir une haute idée du mérite de de la capacité de celui qui la dirigeoit, le firent nommer par le Roi, un des membres de fon Académie d'Architeéhire 5 iorfqu'eîle fut augmentée en 1756, èc peu de tems après, ProfeiTeur-Royal de cette Académie. C'eft principalement dans cette place qu'il déploya fon talent pour enfeigner Se toutes les connoiilances qu'il avoît acquife dans le iîlence du cabinet. L'pn peut dire, qu'ils donna une nouvelle vie aux leçons de l'Académie. Depuis long-tems on n'y avoit vu , ni un auffi grand concours d'E- levés ji ni autant 'd'émulation régner parmi eux. Perfuadé que les routines ne font pro- pres qu'à former des hommes médiocres 9 M. Blonde! avoit pour principes d'éclairer |
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AVERTISSEMENT. Vi)
par îe rationnement de le jugement, tout
ce qu'il enfeignok i &; en effet, il n*y a véritablement que cette méthode de hater hs progrès en quelque genre d'études: que ce foit. Auffi a-t-il réuiîî à préparer > par fes infbu&ions, la révolution qui s'eit faite depuis 20 ans dans le goût de notre Architecture, en ne cefïant de faire fentir la frivolité des formes captteufes , qui avoient commencé à s'y introduire > par oppoiition aux beautés mâles des cherV d'œuvres des Grands-Maîtres: il eft impor- tant fie ne pas laiiîer ignorer qu'on lui et cette obligation. Les applaudiiïèmens qui! s'attira l'en-
gagèrent à recueillir toutes Ces Leçons % pour en former un Cours complet d'Ar- chitecture y ou l'on trouveroit réuni tout ce qui compofe l'euence de cet Art l la. décoration y la dîilribution & la conitru* etion ï ouvrage qui manq-uoît r & qui ne pou voit gueres être produit que par uns homme confacré par état comme lut, à tout voir, à tout examiner , à tout com- parer , &; qui eût lu ou médité tout ce qm |
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α ιν
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Vlij Αν" ERTIS S E MEN 7\
avok été écrit fur ces différentes matières.
Son but a été principalement d'y ranger dans un ordre de didactique ce qui confti- tue les vrais principes de Γ Architecture v de confronter ce qui a été écrit fur ce iujet avec les bâtimens anciens & modernes que l'on admire le plus, pour déduire les cas où il faut admettre tout Amplement ces. principes, & les modifications* dont ils peuvent être fufceptibles, & enfin d'éclai- rer par le raifonnement leurs véritables applications fuivant les cirçoniiances y de maniere à leur ôter ce qu'ils paroiffoient avoir d'incertains & d'arbitraires. VoUà ce qui dUHngue cet ouvrage de tous ceux qui l'ont précédé \ il en efl en quelque forte la quinteuence , & avec fon fecours, on pourroit fe paifer de prefqae tous les autres. , Il eft à obferver que ce fut uniquement, afin de fe rendre maître d'expofer plus li- brement fes principes, fa maniere de voir &; fur-tout fes fençimens fur les ouvrages qu'il fait paifer en revue , que M. Blondef avoic pris le parti de feindre qu'un autre que lui publiait fon Cours avec fon aveu Λ |
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A V E RT I S S Ε Μ Ε Ν Τ, IX
Βί qu'il a mieux aimé renoncer à fe parer
du titre d'Académicien dans Ton frontifpke, que de le foumettre à fa Compagnie ( ι ). S'il a penfé , comme il le paroît, que fon Livre en vaudrok mieux, on doit lui favoir ' gré de ce facrifice, quoiqu'après tout ces titres d'honneurs,ne faiTent gueresqu'enfler un nom, fans ajouter réellement au mérité de ceux qui en font décorés : peu importe au Public qu'un Auteur foit d'une Académie, pourvu que fon Ouvrage foit bon. Les quatre volumes de Difcours & les
deux de Figures, qui ont été publiés juï- qu'iei , contiennent les proportions des ordonnances d'Archite&ure, la décoration extérieure &; la diflribution des bâtîmens > 8i il reftoit encore , lors du décès de M. Blondel (i),iuivant leProfpcclus^ adonner f" .·■■.. ι iii ----r.....Hirn ι—T--i-irr- ι -ι-·,·-- ■ - ■' ■ in-—'' ι ' ι ιι ψί
. (ι) Par l'Article XXL des Statuts de l'Académie Royale d'Ar-
chitecture j, il eil dit ; cc L'Académie examinera les Ouvrages si que les Académiciens fe propoieront de faire imprimer-fut « l'Architecture.: elle n'y donnera fon approbation qu'après % une lecture entière faite dans les Aifemblées , ou du moins 33 qu'après un examen 8c -un rapport fait par ceux que la m Compagnie aura commis à cet examen : ê* nul des Aca- ?3 démiçiens ne pourra mettre aux Ouvrages qu'il fera imprimer ?3 le titre a1 Académicien 7 s'ils n'ont été ainß approuvés par su l'Académie dj, ( %) Il mourut à Paris le 9 Janvier 1774 , âgé de $9 ans. |
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χ Avertissement»
deux autres volumes de Difcours & un de Fi-
gures, qui dévoient renfermer la décoration intérieure des appartenons & la conirrudiort toute entière. Quoiqu'on eût lieu de pré- fumer que Ton Cours étoit entièrement terminé lorfqu'on entreprit Ton impreiïïon, il eil néanmoins confiant que x vers la fin du IVe Volume , cet Architecte corn- pofoit à mefiire qu'il imprimoit. Car il n'a laiiîë qu'environ 48 pages de manufcrit fur la décoration intérieure des appartemens % fans même aucune table de matière pour guider daps fà continuation , de en outre 36'planches déjà gravées ΤμΓ cette partie % fans fuite &: fans explication. Quant a la conitru&ion , on n'a trouvé que l'article Maçonnerie du Dictionnaire de l'Encyclo- pédie écrit de fa main , lequel faifoît par- tie des cahiers qu'il -di&oit à fes Elevés ^ article qui nous a paru médiocrement trai- té} & en effet, ce n'étoit pas par-M que brilloîent les leçons de M. Blondei : on* iait qu'il s'appliquoit plus à former des Théoriciens que des Praticiens, &c il eftâ croire qu'il auroic recompofé cette partie de fpn Cours. |
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Ar ERT ISS EMÊNT. XJ
C'eil avec ces entraves &; ce peu de
matériaux qu'on nous a follicité de conti- nuer cet Ouvrage, que l'ernpreiTement du Public , à fe procurer les volumes qui avoient déjà paru, faiibît regretter de voir imparfait. Sans prétendre faire valoir notre travail, on concevra aifément combien il étoit difficile de s'aiTujetir à ce qui étoic déjà compofé fur la décoration intérieure, d'en fuîvre le fil, Se d'interpréter desdeiîins déjà gravés que l'intérêt du Libraire exi- geoît que l'on fit fervir , & dont nous croyons même qu'on auroit pu quelque- fois mieux choiiîr les modelles y auflî de- mandons-nous quelque indulgence pour cette partie , que nous Îbmmes bien éloi- gnés de croire avoir traité complettement. Dans le Livre de la Conitruction i nous avons feulement adopté de l'article Ma- çonnerie cité ci-devant, ce qui concerne les qualités des matériaux 9 de ia maniere de fonder fur les difFérens terrains , en nous permettant toutefois d'étendre & de changer ce qui nous a paru fufceptibJe d'être mieux préfenté 5 tellement que dans les |
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■ V f
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x*j Ar Ε RT IS SEMENT.
120 pages qut fui ν ent notre Introduction a k
Maçonnnerie,, il n'y a environ que ^o pages de notre format qui appartiennent à M. Blonde! , comme nous le ferons obferver en fon lieu : à cela près y tout le reite eit de notre compoikîon* Notre but. a été de raiTembler , fuivant le plan de notre prédéceiTeuf, à peu-près, tout ce qu'il im- porte à un jeune Pratkiea de favoir > & nous n'avons omis, à caufe des bornes de. nos deux Volumes , que les parties que Port trouve ailleurs fuffifamment approfondies > telles que la coupe des pierres, les toifés, & pluiîeurs autres articles que nous avions déjà traité précédemment danspa? Mémoires fur les objets les plus importons de ΐArchite- cture ( 1 ), auxquels nous avons fréquemment renvoyés, pour ne nous point répéter y & qui doivent en conféquenee être re- gardés comme un fupplément néceiTake i cet Ouvrage. |
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:(i) Ils fe vendent, ainfi que notre Livre des Monument
a la gloire de Louis XV /chez Lacorabe , Libraire . rue as Tournon , pres le Luxembourg. |
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A FANT-PRO Ρ ÖJ7
ο υ
Précis au contenu du. quatrième Volume.
JLwUS avons expofé , au commencement
de ce Volume, la différence qu'il y avoic entre le talent , le génie & le goût d'un véritable Archke&e. Car ce n'eft pas allez d'avoir fait de bonnes études en Archi- tecture , d'avoir vu ôc deffiné les plus beaux Edifices anciens &: modernes , ëc d'avoir appris cet Art par principes, il faut encore en favoîr faire une judicieuie application fuivant les circonitances : fans cela on pourra bien paifer pour un komme à talent , mais non pas pour un homme de goût. Il n'y a en effet que l'affociation du goût &c des règles , qui puiffe faire efpérer de produire d^s Ouvrages mémo- rables , & c'eft cette réunion qui fait prin- cipalement eitimer Iqs productions des grands Maîtres. Quant au génie, ce doh précieux de la Nature, il eft encore au- deiïus,du talent &l du goût, mais à moins qu'il ne foit auiîi dirigé par lus principes , Ü ne produit que des écarts ,· & ce n'eft giieres qu'en le réglant qu'on peut parve-^ |
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χΐν A^ant-Propös*
nir à créer le beau. Nous avons cîté à ce
fujet J. Hardouin Maniard , dont toutes les produdions portent l'empreinte du génie aiTocié aux règles de l'art, telles font l'Orangerie de Verfailles , le Dôme des Invalides, &c. Ouvrages qu'on ne fau- roit fe laiTer d'admirer De-là nous avons paiTé à des obferva-
tions qui peuvent être regardées comme la Logique de Part , &; comme le moyen de tirer des confequences diredes de fes principes , pour établir avec fuccès l'or- donnance d'un bâtiment. En effet, chaque forte d'Edifice doit avoir un ilyle , une expreiîîon particuliere , Sc en un mot, un efpece de coloris diilin&if qui affigne à ion eniemble le caradere qui lui efi propre. Ainiî un Edifice facré doit s'annoncer au- trement qu'un Edifice héroïque , &; ce dernier différemment qu'une maîfon par- ticuliere. Il faut qu'au premier afped , on ne puiiTe fe méprendre en quelque forte fur fa deftination : c'efl prefque toujours un mauvais ligne, quand on eft obligé de demander, quel eft ce bâtiment ? à quoi peut-il fervir ? Mais, pour parvenir £ donner ce caradere diftindîf, il faut être doué de beaucoup de jugement , avoir acquis un tad fur ôc délicat par de pro- fondes études, & avoir beaucoup médité |
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ArANT-PRQPÖS. XV
fur les vrais principes, dé cet Art. Oeil
une erreur de penfer qu'ils ioient arbitrai- res , comme on a tenté plufieurs fois de le faire croire 5 notre Ouvrage a en partie pour objet de perfuader cette vérité. Ceil le jugement qui apprend encore à
faiiîr l'excellent, &: à diilinguer ce qui mérite d'être imité. Parmi les Ouvrages des grands Maîtres, combien n'y a-t-il pas de choix à faire ? combien ne fe trompe-t-on pas tous les jours à cet égard ? c'eil là pourquoi l'Architecture eil un Art iî difficile", Ôc pourquoi nous avons dit qu'il falloit le cultiver toute ia vie pour y réuiîîr. Nous avons propoie le Château de Maiions comme un édifice où tout eil précieux à étudier, où tout eil marqué au coin de la fublimité, de l'expérience , du iàvoir 7 &; qui mérite la plus grande attention de Ja part de ceux qui défirent fe perfectionner a la fois le jugemeiit & le gout. A la fuite de ces obfervations , nous
avons rapporté pluiîeurs programmes con- cernant différents projets d'Architecture , ou nous expoibns non-feulement les égards que les Elevés doivent fe propoier dans la composition de chacun, par rapport à leur ordonnance particuliere δί au ilyle qui leur eil propre -, mais encore les con- fidérations que doit avoir le ProfeiTeur dans |
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V
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xvj Avant-Propos.
Ténoncé de leurs conditions, afin qu'il n'y
ait rien d'équivoque, de grandir s'il Te peut l'imagination des Elevés par leur expofé, &: de leur faire naître des idées capables de les diriger dans leur. compoiîtion. Chapitre Premier.
Dans ce Chapitre , il eil queftion dts
détails de la diftribution & décoration des Jardins de propreté , Art qui a fait tant de progrès en France le iîécle dernier. Nous avons commencé par rapporter les reproches qu'on nous a fait plus d'une fois, avec quelque fondement, d'obferver trop de régularité &: de fymétrie dans la com- poiîtion de nos Jardins, φ ne pas aiTez imiter les variétés delà nature, &: enfin de trop parer nos Jardins, en y aiTerviiïant tout aux règles de l'art. Nous avons mis en oppofïtion, la maniere de compofer les Jardins Anglois que l'on a eiTayé depuis quelque tems d'accréditer e|n France, où fous prétexte d'imiter la nature , on in- troduit le plus fouvent dans des terrains de peu d'étendue, des monticules, des che- mins tortueux, des étangs de formes irre- gulieres, des cavernes, des bouquets d'ar* bres fans lîaifon, le tout entre-mêlé de vaftes tapis de gazon , de kiofques , de ruines , de pavillons , d'obélifques , de temples,
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Ar α Ν'τ-ΡRo pos* * xvij
temples , de colonnades & d'autres ob-
jets femblables , dont l'enfemble n'offre volontiers qu'une efpéce de confuiion. De ce parallele, nous avons conclu qu'il riefal- loit obferver , ni trop de régularité , ni trop de défordre pour réuilîr à rendre agréable la diftribution des Parcs & des Jardins de propreté. De-là nous avons donné des préceptes
généraux fur la diftribution la plus avanta- geufe des différentes parties qui compo- iè'nt hs Parcs & les jardins , & fur les moyens d'opérer leur réunion , tellement qu'il en réfulte un enfemble à la fols varié éc agréable. -C'eft la différente poftion d'un terrain en plaine, à mi-côte, fur une m'ontagne, ou dans une vallée, qui doit décider la composition d'un Parc. On ne fauroit donner de règles bien pofîtives à cet égard : tout ce qu'on peut dire , c'eifc qu'il faut du génie Se de l'imagination pour varier les objets , pour les rendre fans celle piquans & intéreiîans, & pour faire naître au befoin , de vraies beautés, du 'fein' même des obftacles qui femblolent s'oppofer a leur exécution. Le grand art de rArcliitecle eu: encore de favoir tirer parti des terrains les, plus refferres , de fiçon a les faire paroître beaucoup plus grands qu'ils ne font réellement , par la maniere Tome V. b |
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Xvllf AtfAÎ!T»P&OP0S.
dé difpofer toutes les parties environnan-
tes : c'etë en cela qu'excelioit finguliére- menc le célèbre le Notre. Enfin, pour ré- fumer tout ce que nous avons dit dans ce Chapitre, l'eiTentiel eil de choifu- pour la plantation d'un Parc une ikuation avanta- Îeufe , une expofition faine Se falubre , &, un bon terroir où il y ait des eaux en abondance : après quoi, il faut s'attacher àredificr les trop grandes irrégularités d'un terrain , à prolonger le coup d'œil qui forme les principales allées, à varier, dans fa compoiition , les promenades couvertes & découvertes , & enfin à difpofer fes bof- quets, tellement qu'ils intéreilènt par leurs formes, par leurs percés & par des points de vues qui piquent la curiofité des Etrangers. A l'appui de nos obfervations, nous avons rapporté des exemples, tant des diverfes parties qui entrent dans la compofition d'un Parc ou d'un Jardin de propreté , & qui fe placent, foit à couvert, foit à dé- couvert , que plufieurs pians généraux de Parcs de notre invention , pour faire voir comment s'opère la réunion de toutes ces parties, quel eft leur enchaînement, Se en un mot, quelles font les confidérations qu'exige leur diftribution. |
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' Chapitres IL HL IV. V &c Vi* "
Tous ces dififérens Chapitres traitent de
la diilribution des bâtiments , qui efr. 'une branche eflèntielle de l'Architecture pref* que ignorée des Anciens , & qui n'a été véritablement bien connue que depuis le commencement de ce iîéclê. Cependant quelque progrès qu'elle ait fait , fur-tout depuis vingt ans, c'eft, comme nous l'avons remarqué , la partie de l'arc ilir laquelle on a, le moins écrit 3 car il n'y a pas encore eu un /eu! ouvrage où l'on ait développé fes vrais principes. Ce qui fait la difficulté de traiter à fond cette matière , c*efb fana doute, & k variété des bâtimens qu*il s'agit de conilruire ^ Ôc principalement celle des emplacements fur lefquels il eil queition de les projetter j variétés qui demandent ians ceiïe un efprk de reilburce & de combi- naison , qui fache prendre à propos le meilleur parti fuivant les circonftances Se la poiition du local. Que l'on propofe , en effet , un même bâtiment à dinxibuer à pluiîeurs Architectes , on fera étonné de îa diveriîté de leurs projets ; cependant parmi ces projets, il y en aura certaine- ment de mieux penfés ou dé mieux raifon- nés , foît pour la diftribution , fok pour h décoration , foit pour la folidité & la. b ij
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3CX Ar AtfT-P ROPO S.
répartition judicieiife des matériaux 9 foit
enfin pour . l'économie : tous objets de la plus grande confidération pour celui qui fait bâtir j car il ne lui eil" pas indifférent d'être bien logé &c au mei!leur marché. C'eft donc ce mieux, qu'il faut eiîèntiel- lement favoir diftinguer, afin de tirer les plus grands avantages poiîîbles d'une diftriburion. Le feul moyen de parvenir a le faiiîr , c'eft évidemment , de faire marcher de pair le jugement , le raifonnement , & les com- paraiibns des meilleurs modelles en ce genre 3 auiîî eil-ce cette marche que nous avons fuivi pour établir des principes cer- tains fur ce fujet. Nous avons d'abord obfervé qu'il yavoit
deux chofes à coniîdérer dans une diftri- bution 3 l'une la diviiîon des pièces qui compofent en général un bâtiment 3 l'autre la répartition des avant-corps, des pavil- lons , des arriere-corps &: des corps inter- médiaires qui procurent un certain mou- vement à l'ordonnance d'une façade , afin d'accorder enfemble le dehors & le dedans, & que l'un paroiife fait pour l'autre. En cohféquence nous avons donné des préce- ptes fur la difp o fition refpedive des cours, des baiTe-cours, & des bâtiments qui fer- vent de dépendances aux corps-de-logis 4eftinés à la réiidence des maîtres , foit à |
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Ar αν τ-Propos. xxJ
ïa ville, foit à la campagne. Eniuite nous
avons expliqué la maniere de concevoir le projet générai d'un .bâtiment 5 quelles con- llderarions on doit avoir pour le choix de fori emplacement , & pour la difpoiition , tant de fes avenues que de fes principales dépendances 5 &,à cette occaiîonmous avons propofé pour exemples , les plans géné- raux , Toit de nos plus belles Maifons Royales , foie de nos Maifons de Plaifance les plus diitinguées , foit de nos Maifons de campagne particulières, que nous avons accompagné d'obfervations , pour faire ièntir les égards qui ont guidé dans leur diitribution, . ... Après avoir expofé quelle doit être L·
foliation 'reipe&ive de la maiîe générale des dehors d'un bâtiment, nous foin mes ' entrés dans tous les détails de la diikibu- tîon intérieure d*un appartement, fok de paradé', foit cle fociété ,'Îbit de commo- dité: nous avons donné le dénombrement des, pièces qui les compofent, dont nous avons fixé, relativement à-leur ufage, la po-? iîrion , Tétendue, la forme , la hauteur des plafonds y la fymétrîe , le caractère. ;qul convient a chacune; eixobfervant fur-tout: que les dégagemens néceiîàires aux do-* meiHques ne nuifent jamais à une diilri- butio'11 '"'; &: que leurs fervices fe puiiienc b dj v
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fcstfj Ar ANT- Ρ RO POS.
toujours faire d'une maniere commode
M fans troubler les maîtres. Cefi cette eörrefpondance intime du tout avec les parties , & de l'utile avec l'agréable , qui doit faire le principal mérite d'une diitrî- bution y mais combien , malgré le grand nombre de bâtiments qui s'élèvent journel- lement ,'en rencontre-t-on peu qui foient véritabkment raîfonnés dans leur tota- lité? Comme les préceptes fur ces fortes de matières font toujours iufumTans, nous avons propofé pluiîeurs exemples, tant de Flans de palais., que de maifons particulières dans des terrains irrégtiliers, pour faire voir les rapports de leurs diiFérentes pièces' > leurs portions rèfpeclives , !& comment , entre les mains d'un homme de génie, il eft |>oiIibie de tirer un parti même avantageux des iîtuatîonsen apparence les plus ingrattes, l Chapitre VII»
-1* Enfin nous avons terminé ce volume par
donner une idée^ par maiTe , des bâtîmens que nous avons propofé pour FembelliiTe- ment des Villes de Metz &c de Strasbourg f &■ des percés mtérreiîàns que nous avons imaginés pour lier enfémble la plupart de leurs Edifices publics, malgré les en- traves lé les difficultés fans nombre qui paroiiFoient devoir έ'γ öppöfer. "* |
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**!'*
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TABLE DES MATIERES*
des Chapitres et des Planches,
Contenus dans le cinquième Volume«,
A FANT-PROPOS^ I
Expofition-des matières contenues, dans le Volume
précédent. page xiig
Traité de la décoration intérieure
des appartements. 5
■ '■■■■ - * *■ ·- ,■ ■■.,. '-..%. Κ ι.
Introduction. ) %
CHAPITRE PREMIÉÈ. "
DE L'ART DE PROFILER LA AiENUISÈRtË... î|:
Différents Profils de Portes à Placards* Planche Premiere, i<&
Divers Profils pour les Cadres des Guickus des-
P&ftis Cocheres^ Planche IL 2ï.
Divers Profils & développements ,., concernant les*
Çroifées de Menuißrie^
... " > φ
Planche III. 2$
Divers Profils concernant les Lambris de Umteiir-
& les Lambris d'appuu Planché IV..- $t
CHAPITRE IL
Des Profils en* ρ last ré a l'vsagê des:
petites pièces d'un appartement. Planche v*. 3$, |
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xxiv TABLE
Des Profils en Plâtre , à Îufage des moyennes pièces
des Appartements. Planche V I. page 39
Des Profils en Plâtre Λ à tufage des grandes pièces des Appartements. Planche VII. 41
CHAPITRE III.
De la décoration des Portes a Placard,
Planche VIII, IX, X & XI. 45 : , CHAPITRE IV.
De la décoration des Croisées.
Planches XII, XIII-, XIV & XV. 52 Des Ornements de Cuivre ou de Bronze, que l'on applique sur les ferrures des Portes et des Croisées des Ap- partements, Planches XVI, & XVII. 61
Γ C H A PI Τ R Ε V.
De la Décoration des Cheminées.
Planches XVIII,XIX, XX & XXI. 66 CHAPITRE VI. . -
De la décoration des Lambris d'appui
et de hauteur. Planches XXII & XXIII. 73 De la forme & difpofition des Parquets. 76
Des Torchieres & Guéridons. Pl. XXIV. 78
CHAPITRE VI I.
De la Décoration dèsPlafonds. Pl. XXV,
XXVI, XXVII, XXVIII.XXIX& XXX. 79 Des divers Ornements de Serrurerie, qui fervent aux
décorations intérieures & extérieures des Bâtiments. |
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DES MATIERES. xxv
pl. xxxi, xxxu, xxxiii, xxxiv,
XXXV & XXXVI. , page-82
De l'Ordonnance particuliere des
Pièces qui doivent Composer un
Appartement. 85
CHAPITRE VIII.
De la décoration des Vestibules.
Planches XXXVII, XXXVIII , XXXIX , ; JXL&XLi. 9° CHAPITRE IX.
De la décoration des Antichambres. Planches XLII & XLIII. 94 CHAPITRE X.
De la Décoration d'une Salle de Compagnie. Planches XLIV & XLV. 97 CHAPITRE XI.
De la Décoration des Sallons.
Pl. XLVI, XLVII & XLVIII. 100 C H A Ρ Ι Τ R Ε ΧΊΙ.
De la décoration des Chambres a Coucher , et principalement des Chambres de parade. Planches XLîX , L, LI & LIL 105
CHAPITRE XIII.
De la décoration des Galleries.
Planches, LUI, LIV & LV. 110
C H A PIT R E XIV.
•De la décoration des Cabinets. 114
CHAPITRE XV.
De la décoration des Chapelles 9 qui |
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xxvj TABLE
FONT PARTIE DES APPARTEMENTS.
Pl, LVI, LVII, LVilI & LÏX. page 115
CHAPITRE XVI. ; Z)E LA DISTRIBUTION ET DECORATION
d'une Salle des Bains. Pl. LX. 117
CHAPITRE XVII. * De LA DÉCORATION DES ESCALIERS.
Planches LXI, LXIÏ, & LXIIL 121
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nur ......»»h.ii^iii
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De la Construction bes Bastiments.
Ι Ν Τ R O D U C f Ι Ο Ν.
De Γ origine & des progrès de Γ Art de bâtir. I2£ De la Maçonnerie. ly?
CHAPITRE PREMIER.
]Dz la Pierre en général. 139
Article Premier.
Des différentes efpéces dé Pierres dures β 14 t
Article II.
Des différentes efpém de Pierres tendres.. 14 f Article I IL
Dès qualités de La Pierre. , . 147
Article î V.
Dès façons de la Pierre* I4S
A R TIC LE V.i
J)es différentes dénominations de la Pierre*. Ι4φ Artigle V L
D*s défauts de la Pierre. Ift
Article VIL
Dts Libages, ^S^
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DES MATIERES. Xxvij
Article VIII.
Du Moilon. page 15J
Article IX.
Du G rais. 154
CHAPITRE II.
Du Marbre en Général. 157
Article Premier.
Des Marbres antiques. 158
Article II
Des Marbres modernes. l6l
Article III.
Des défauts du Marbre. 165
Article IV.
Ρ es Façons du Marbre. 166
CHAPITRE II I.
De la Brique , et de la maniere de •p-LA FABRIQUER* l68
CHAPITRE IV.
Du Piastre en Général. ïfi
Article Premier.
Quelles font fes bonnes & mauvaifes qualités, 174'
Article II.
Des inconvénients du Plâtre. J7f
Article III.
De la maniere demp loyer le Plâtre. IfJ
CHAPITRE V.
£>u Mortier en général. ιη$ |
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T'A BLE
Article Premier. De la Chaux, de fa cuiffon, & de la maniere de
['éteindre. page j^ A R Ô I C L Å É I.
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jD« Sable,
Article
J7ä Ciment,
Article
Z?ß /ë préparation du Mortier.
Article
Zte /ä Cendrée de Tournay,
À R Ô É C LE
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Z># nouveau Mortier, découvert par M. Loriot, jçyj
: ' CHAPITRE VI. Zte l'Excavation des Terres et de
LEURS TRANSPORTS. 2Q§
C H A PITRE VI I.
De la maniere de planter un
i;:- Bastiment. 213
CHAPI Ô RE VIII.
De la Maniere de fonder suivant
les différents terreins, Article Premier,
Dts Fondements en général, 216
Article II.
Des fondements fur le Roc. PLANCHE LXV. 219
Article III.
Des fondements fur le Sable, Pl. LXVI. 22£
Article IV.
Des fondements fur la Glaife, ï 23^
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DES MATIERES. xx&
Article V. Des fondements fur Pilotis, Pl. LXVI. page 23$
Article VI. Des fondements fur un bon terrein. Pl. LX VIL 247
Explication des Planches LXV, LXVI
& LXVII. 251 CHAPITRE IX.
De la Construction en général. Planches LXVIII & LXIX. itf Article Premier.
Des Foutes & de leur Appareil. Pl. LXX. z6j
Explication de la Planche LXXî , ,
Repréfimant les Outils à fufage du Tailleur de
Pierre & du Maçon, ié$ Article II.
De la conßruclion des Caves ou Souterreins d'un
Bâtiment, PLANCHE LXXII. 270 Article III.
De la Conßruclion des Murs de clôture.
Planche LXXIII. 279
Article IV.
De la Conßruclion des Murs de face d?un Bâtiment»
Pl. LXXIII , LXXIV » LXXV , LXXVI, LXXVII & LXXVI il. 282 Des Murs de Face en Pierre de taille. Pl. LXXIV
& LXXV. 28J Des Murs de Face, partie en pierre, partie en motions
ou en briques. PL. LXXVI & LXXVIL 294 Des Murs de Face en motions, Pl. LXXVIII. 298
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mx "Τ Α Β L Ε
Article V,
Des Murs de refend & mitoyens. Pl.LXXIÎI. p. 30& Article VI.
De la Conßruclion des Murs de TerraJJe* Planche LXXIX 315
Article VIL
Des Efcaliers. PLANCHE LXXIX. 320
Explication des Planches concernant l'exé-
cution des différents murs d'un bâtiment. 326 CHAPITRE X.
Des Constructions particulières. Article Premier. De la Conßruclion des Foßes d'aifance. Planche LXXX. 350
Article II.
De la conßrucliondes Puits. Pl. LXXX. 359
Article III.
De la conßruclion des Citernes. Pl. LXXX. 362
Article IV.
De la conßruclion d'un Cloaque ou Puifard.
Planche LXXXI. 372
Article V.
Delà conßruclion des Baßins. Pl. LXXXI. 374
Article VI. Procède pour empêcher les eaux pluviales a*endom~
mager les Voûtes des Souterreins, Pl. LXIV. 380 Explication des Planches LXXX &
LXXXI. 383 Article VIL
De, la conßruclion des Serres chaudes. Pl, LXXXiï.
387.
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DÇS.MATIERE S. xxxj
* CHAPITRE XL . i?# i>i Construction des légers
Ouf rage s. page 39 f Article Premier.
De la conßruciion des Cheminées. Pl. LXXXIII, 396
Article II.
De la conßruciion des Aires. 407
Article III.
De la conßruciion des Planchers, & de leurs PL·* fonds, Planche LXXXIV. 409 Article IV.
De la Maçonnerie des Pans de bois} & des Cloifons, 414
Article V*
De la Maçonnerie des Lambris, 416
Article VI,
De la Maçonnerie des Efcaliers. ibid.
Article VIL
Des Ravalements. 417
Article VIII.
Des Scellements. ibid. Article IX.
De la conßruciion des Fours. Pl. LXXXIV. 4IQ
A R Τ Ι C L E X. De la conßruciion des Fourneaux Potagers,
Planche LXXXIV. "' 420
Article XI.
Du Carrelage. a 12, CHAPITRE XI I.
DE LA MANIERE DE BASTIR LES MAISONS
en Pisé. Pl. LXXXIV. 424
Explication des Planches LXXXIII
& LXXXIV. 4ly
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xxxij TABLE DES MATIERES, ..
CHAPITRE XIII. Des Machines et des Èchafauts dont
on se sert pour z'execution des Bastiments. Pl. LXXXV. page 433 CHAPITRE XIV.
Articles de la Coutume de Paris ,
concernant les β asti ment s, 438 CHAPITRE XV.
de la maniere de faire le devis de la
Maçonnerie d'un Basti ment . 465 Fin de la Table.
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ERRATA du Cinquième, Volume,
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Corrections.
en employant peu de d'incertitude. ■- '■■>■'. 12.0 pages.
40 pages, fe geler. Queue d'hyronde.
fçait. d'ordinaire,
qui doit être peu. su moins 7 pouces, de fer plat ou quarré. {à crochet, à trait de
Jupiter, ou platebande. des platebandes. platebandes. comment il feroit. γ jambages D des gran- \ des cheminées fur 3 piedsi
de cheminées. 18 pouces, fpécifîcr. leur corniche. C OURS
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TRAITÉ
DE LA DÉCORATION INTÉRIEURE
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In τ r ο du c τ ι ο ν.»
xIlprès la diftribution des appartements, la déco*
ration intérieure eft peut-être la partie la plus véritablement intérerTante de TArchitedrure, & celle qui a éprouvé le plus de révolutions depuis un iiécle. Il faut pour s'en acquitter avec fuecès» être plus inftruit qu'un Architecte ordinaire , fe connoître en général aux Beaux-Arts, & fçavoir choiiir les Artiires dans chaque genre qui doivent concourir à fan exécution: il .faut être en état de faire choix des matières réelles ou factices qu'on peut employer félon la dignité des -Propriétaires , Tome V» A |
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Ie genie de fordonnnance, & 1'ufäge de chaque
|>iéee en particulier : en tin mor il faut avoir fniïi- famment étudié eette matière pour pouvoir faire VttL alliage judicieux de tout ce qui eil capable de concourir à la perfection d'une décoration , afin que de fon tout enfembîe il réfulte une vraie beauté. ■ La partie de la Maçonnerie, connue fous le nom
de Légers-Ouvrages, îa pierre , le marbre, le Èêc tk particulièrement le bois , font les principales matières que l'on met en oeuvre pour les revêtiiïe- ments des intérieurs des appartements ; enfuite la Sculpture en plâtre , en bois , eii bronze & en plomb j la Peinture, la Dorure contribuent à leur éclat, auffi bien que les glaces , les étoffes , les meubles, FEbénifterie, la Marqueterie, &e, La réunion de la Théorie & de la Pratique font
deux parties eifentielles à faire marcher enfembîe, pour s'acquitter dignement de la décoration dont nous allons traiter. Néanmoins , pour nous affu- jettir à la loi que nous nous femmes impofée * nous renvoyons pour la pratique des différents objets qui la compofenr , au Livre fuivant où il fera parlé de la conftrucïion , celui-ci étant dèiliné feu- lement an goût de l'Art * qui a pour but le ftyle convenable à lachofe qu'on a à traiter, à la beauté des formes,au choix des ornements, enfin au rai- fonnement qui amené l'Architeâe à fe permettre plus ou moins de richeffe ou de fimplicité , félon que le cas le requiert, & félon l'économie ou l'o- pulence dont veulent ufer les Propriétaires. Pour acquérir les eonnoiiïances relatives à îa
décoration inférieure des appartements , il faut avoir beaucoup vécu avec les différents Ordres de l'Etat cfei compofent la Société civile. Ceil par ce |
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d^Archïtec t uni &
fecoürs qu'on parvient à faire des comparaifons »
qui tournent au profit de l'Artiite déjà fumYamment ànilruit, & qu'on apprend à éviter tout ce qui dans les ornements n'eft qu'une mode paflagere; celle-ci infeniiblement étouffant le germe des talents. Si l'on y fait mûrement attention, on verra que toutes les fois que le goût change , par inconilance οιί autrement, le plus grand nombre des hommes qui ne fçavent qiumiter, perd le jugement qui étoit en eux, & qu'ils auroient pu perfectionner ; ils ne le décident guère que d'après l'opinion d'autrui. Ils approuvent,non ce qui eil bien» mais ce qu'ils Voient, & fe trompent d'autant plus qu'ils croient devoir fuivre ce qu'ils n'auroient dû qu'entrevoir» Nous lavons dit ailleurs, & ceit ici le lieu de le répéter , la mode eil le tyran du goût : chaque Artifte peut, fans doute, avoir le fien ,· mais pour être bon, il faut qu'il foit guidé par le fouvenir du beau ; de ce beau de tous les temps qui feul entraîne la pluralité des fuffrages. Nous le penfons ainii; les Artifles , dans les ouvrages de goût, ne font nen de bien, dès qu'ils s'écartent du vraifemblable* Tous les modèles font dans la nature. Plus nous fc nous éloignons des exemples qu'elle nous offre fans P cefle, plus nos productions font imparfaites. Nous ne tirons plus alors nos modèles que de nos fan- taiiies ; & le beau de fantaifie n'engendre guère que des médiocrités, ou du moins ce prétendu beau η eil pas fait pour être imité. Il n'y a peut- être pas eu un grand mai que Rome ait eu fou ßorormai, 6k que nous ayons eu nos Lajoux, nos Meiffonmer, nos Pinault ; mais il falloir leur lahTet leur originalité & non les fuivre, comme l'on a tait pendant long-temps. Aujourd'hui, il eil vrai, nous η avons plus guère d'Artiiles qui courent Ai;
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4 Goü>$
«près les cqmpofitions extraordinaires ; mais les
Grands , les riches, les femmes ont pris leur place;, & Ceux-là, pour plaire à la vanité de celles-ci» s'efforcent, à l'envi les uns des autres, d'imaginer de nouveaux moyens de dépenfe ; & , diiflent-ils contrarier les beautés de la nature, ilsintroduifent dans nos Appartements un luxe toujours, insépara- ble du mauvais goût, fans fonger que toutes les fois que celui-ci devient trop difpen dieux, il eil faui ·, il eil ridicule & prefque toujours infoute- nable. ':.;··.^, '_ Ceft pourquoi, pour fe garantir d'un pareil in-
convénient , i|l faut tout voir, tout examiner ; il faut entrer dans tous les détails ; il faut, comme nous venons de le remarquer, vivre avec les hommes, & fçavoir qu'il n'eiî point de partie, dans l'Architecture , qui exige plus l'exercice du deiîin que la décoration des dedans ; que e'enY par le feeóiirs d'un crayon facile qu'on parvient à bien rendre fes idées \ par une longue expérience y qu'on fçait ajouter ou retrancher à fes premières penfées; par l'examen réitéré dès différents chefs- d'œuvre en ce genre , qu'on peut fe former un goût particulier qui, en nous appartenant, plaît également aux autres ; que c'eil par la fréquenta- tion des Artiftes célèbres, qu'on devient foi même expert , qu'on fçait choifir les meilleurs , qu'on fçait apprécier leurs ouvrages, & devenir l'arbitre des intérêts des Propriétaires & de la récompenfe due aux: vrais talents- ':■■ hi ùq =; . Au refte, le goût feul eM: infuffifant pour réuilîr
dans la décoration dès dedans. Il préiide , à la vé- ' rite, a la diftribtîtion des ornements , il les met à leur place y il décide leurs formes , leurs faillies , il, amène au choix des allégories , dés attributs & des |
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d'Architecture: f
fymtoles ; mais il faut des règles sûres , pour éta-
blir les deffou s , admettre des rapports, des pro- portions , introduire des repos, des intervalles, en un mot, mettre en exemples les préceptes dont nous avons parlé précédemment , en traitant de l'ordonnance des Façades. On peut, à la vérité, ufer de moins de févérité dans les dedans| mais il faut fçavoir qu'on nefçauroït éprouver imevérita-i' Me fatisfa&ion à l'afpecl d'un compartiment de lambris ou d'un revênifement en marbre, ii l'on n'apperçoit que fes parties n'offrent que des beautés factices, tandis que leurs principales formes doivent prendre leur fource dans le ftyle de l'ordonnance, dans le diamètre des pièces, dans leurs dimeniions, dans la configuration de leurs voûtes, enfin dans la forme des croifées, des portes à placards , &c. La décoration intérieure d'un appartement eil
fondée fur les mêmes principes que la décoration extérieure d'un bâtiment :fon vrai mérite dépend de fon ordonnance générale , & de la relation des parties avec leur tout. Orî doit y obferver, avec un foin extrême , que l?Areniteâ:ure foit toujours fupérieure aux ornements ; & ç'eft cependant à quoi on apporte fouvent le moins d'attention : il faut encore avoir pour régie indifpenfable d'ac- corder les ornements d'une pièce avec fon ufage 9 & d'en proportionner la richeife avec celle de la pièce qui la fuit. La matière qu'on y employé ne demande pas moins de coniidération ; car c'eit fuivant fa qualité qu'on doit déterminer fon or- donnance , & rendre fa décoration plus ou moins -légère. A deflein de donner une notion <les diffé- rentes efpéces de. décorations qui ornent les ap- partements d'une maifon un peu confidérable 9 A îij
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6 Cours
nous en offrirons divers exemples , fans affe&çr
néanmoins de les rendre trop magnifiques, per- fuadé d'ailleurs que ce n'eit pas la profnfion des ornements qui fait la vraie beauté d'un apparte- ment , mais que celle-ci coniifte dans une fage répartition des ornements, faite avec goût & difcer-* nçment. Comme dans la décoration des appartements
la Menuiferie tient le premier rang , en faveur de la fatubrité qu'elle leur procure , & à caufe des. portes, des croifées , des parquets & des lam- bris qui les décorent le plus fouvent s nous par« lerons dabord de cette partie intéreffante | mais ce fera prefque toujours lielativement ά l'Art , notre intention étant de nous arrêter peu dans ce Volume lùr la pratique que nous reprendrons, ailleurs. Nous nous étendrons davantage a par exemple, fur la maniere de profilergcet objet appartenant tout à l'Arehiteâie. Nous dirons auffi, très-peu de çhofe de la qualité des bois , dont nous traiterons, dans le Volume fuivant, en par- lant de la conitruttion de la Charpenterie & de la Menuiférie. Commençons donc par expo-fer m% peu de mots l'origine de cette dernière , afin qu'en remontant à lafource, nous ne perdions point de vue les rnotifs qui , par la fuite, ont portés les riches à embellir leurs demeures , dans l'intention; de fe ëi&inguer des hommes du commun. Nous avons 4éjà àk ailleurs, qu'il y a Heu dq
préfumer eme le bois eil la-premiere matière dont 'les hommes ont fait ufage, après avoir quittés les antres & les rochers, qui, pendant long-temps^ leur a voient fervi de démences. Nous en penfons autant pour ce qui regarde la Menuiferie. Sans |
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d'Architecture. 7
«toute i'indurtrie, qui ai appris à nos premiers Peres
à débiter, à façonner & à affembler les bois de charpente que les forets leur offroient en abon- dance , leur fit auiîi découvrir l'art de choiiir, de refendre, & de divifer ces mêmes bois » pour la plus grande sûreté de leurs jxofleflions. Quant à l'Art, fes progrès durent neceiTairement être lents , à en juger par l'ignorance où eil encore plongé le plus grand nombre des Artifans de nos Provinces à cet égard , & même la plupart de ceux de cette vafte Cité. Mais s fans nous arrêter à cette difcuffion, difons que dabord la Menuiferie n'eut pour objet que l'utilité & la falubrité. Clore fon domaine par des planches à peine dégroffies, fermer l'entrée de fa demeure fans affemhlage > fe préferver de l'hu- midité de l'air extérieur par des chaiHs garnis de toile, ou des efpéces de tranfparents , comme au- jourd'hui font nos Atteliers , fut le premier foin des hommes déjà aiTez inftmits par l'expérience & le befoin. Enfuite eonnoiflant que le bois, docile à la coignée du Bûcheron, le pouvoit également devenir entre les mains de l'Artifan plus éclairé 9 on imagina d'en garnir le fol des planchers , on en revêtit les murailles , on en fit des meubles ;. enfin, peu à peu, le Métier fît place à l'Art, le goût fuccéda à la routine y & l'iifage d'employer de la menuiferie devint un luxe qui amena dans les appar- tements la feulpture , la dorure & les glaces 5 dont on n'abufe que trop ordinairement de nos jours ^ dans nos Palais & dans nos Motels, fans parler de la demeure de nos Particuliers , où foiiveiit ces; diverfes parties dégénèrent en abus. Mais tel eft le fort de tous les Art;s, Îàît lîbê*·
• raux»fok méchaniques : fi les hommes de goût fe A iv
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g CO U R S ! -
mêloient feuls de les exercer, les abus idont nous
parlons feroient moins fréquents , parce que les véritables Artiiies fçavent de bonne heure que la prodigalité des ornements eit un faite qui a droit de rebuter les bons efprits. Il faut convenir néan-* moins que la différence elf grande entre nos pro- ductions acluelles & celles qui font nées, lors de l'enfance de l'art : le iiécle dernier même, ce iiécle célèbre qui doit tant à la libéralité de Louis le Grand, étoit bien éloigné des découvertes qu'on a faites depuis dans l'Art de la Menuiferie. Il faut en convenir ici, la Phyiique δε les Mathématiques » non-feulement conduifent aujourd'hui nos Déco- rateurs , mais l'étude de ces deux Sciences a feu intéreiTer la plupart des Attifants , & ce font elles qui leur ont appris à iurmonter toute efpéce d'ob- ftacles , & à rendre par là l'exécution des dei3in& des grands Maîtres fufceptible de toute la dignité qu'il convient de donner à l'intérieur de nos Temples, & à celui des Palais de nos Rois. Qu'on compare en eifet les décorations de cette efpéce qui s'exécutent de nos jours par nos Entrepreneurs y fous la conduite de nos habiles^Maîtres, avec celles, qui embelliiToient anciennement Vincennes, Cham- bord ? Saint Germam-en· Laye , le Luxembourg % les Tuileries , Fontainebleau, &c, & l'on verra combien cet Art a acquis & combien la fphere du. génie d'un Artifte éclairé peut s'étendre δε enfanter de chefs-d'œuvre : au lieu qu'autrefois % faute des découvertes qui fe font faites dans l'emploi & l'af- femblage des bois, l'on étoit obligé d'en employer d'une trop grande épaiffeur & de multiplier la main-d'œuvre \ double difficulté ,-, contraire à réca* nome., & qui portoit à réduire la hauteiu: des par*- · |
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d'Architecture. $
neaiix [a) qui fbrmoient les compartiments des
lambris; raccourcifTement qui nuifoit effentiellement à la beauté de l'ordonnance. De cette obfervation abfolument impartiale *
qu'on conçoive ce qu'à pu être la Menuiferie dans fon origine. Du bois mal corroyé , fans échantil- lons & fans affemblage , faute d'outils que le laps des temps a fait imaginer pour parvenir à une accé- lération ingénieufe dans la main-d'œuvre : des planches à peine drefîées & rapprochées les unes des autres fans clefs , fans reinures h fans lan- guettes , à peu près telles qu'on remarque encore les portes de nos granges 9 entretenues feulement avec des barres & non avec des emboîtures , dont Tidée eil venue tard à nos Artifans : nulle pro- portion dans le rapport de leur hauteur avec leur largeur ; à peine même avoient-elles une élévation proportonnée à la grandeur humaine ; des cor- royés & un lo£teau de bois leur fervoient à la fois de ferrure & de ferrure : on ignoroit abfolument tout ce qui tenoit au goût ; l'agréable étoit in- connu; peut-être étoit-ce un bien pour la vertu & pour les mœurs ; mais auffi combien Futile n'y per- doit-il pas ? & combien l'agrément qu'on fçait pro- curer aujourd'hui à nos demeures , lorfque le luxe n'eil pas pouffé trop loin, n'eil-il pas capable*te nous dédommager par une vie douce & trant- |
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(a) Les anciens lambris du Château de Trianon , & particu*-
îierement ceux de la Ménagerie, que nous avons cités plus d'une fois avec éloge, ont c?e défaut j mais ils n'en doivent pas être moins admirés du côté des Chefs-d'œuvre dans tous les genres qui y font raiTemblés, Ils doivent feulement faire fentir aux Ama- teurs & aux Artiftes , combien nous devons au Métier qui per- met aujourd'hui à l'Ait de fe. .manifcftçr dans tout, fon jour» |
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f*> G O ν R gs
quilles &r-tout à la Campagne, du faite des Cou»
& du tumulte des Villes. Au furplus ce η eit pas la profufiondes ornements ni la multiplicité des do* ^ures^ui fait la vraie beauté ; elle confiée dans une judickufe répartition de la Sculpture , alliée avec m aux belles proportions de f Architedfawe t ces principes ne font pas moins vrais par rapport a la décoration intérieure que par rapport à la décoration extérieure : mais revenons à notre objet. La Menuiferie fe divife en trois parties ; la pre**
miete exige la connoiffance des bois qu'il convient d'employer pour fonufage; la féconde comprend 1 Art de les affembler pour la rendre folide , & lui procure le degré d'économie relative à cet objet; la troifieme enfin a pour but la forme qu'il cou* vient de leur donner , pour rendre la Décoration la plus analogue à fa deirination. Selon la Phyfique, la meilleure qualité des bois
propres à la Menuiferie eil le chêne, qu'on doit choifir tendre, gras & doux, de droit fil y fans- nœuds vicieux, filiales, galles, aubier ,ni malan- dres, & fur-tout bien fee; pour qu'il ait cette der« , niere qualité , il faut qu'il foit débité & refend» cinq ou fix ans avant dctre employé ,& qu'il fok expofé à l'air, fans néanmoins recevoir les eaux dm ciel, ni les humidités de la terre. |i ; L'affemblage de la Menuiferie, objet du Prati- cien , fe divife en pluikur clafîes. Par exemple» félon fa deftination particuliere, fes affemblages fe. font quarrément , a bo.uëment, en onglets, en fauffe coupe, à clef, à queue d'à ronde & à queue perdue, Geft par ces divers affemblages, dont nous, parlerons particulièrement dans le Chapitre de 1» |
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d'Architecture. m
Mehuiferie, qu'on parvient à rendre les différents
compartiments des lambris folides & durables; fur- tout lorfque les bois qu'on y employé ont été débités fuivant les différents calibres fournis par le Marchand, & qu'ils ont été bien -corroyés & bien dreiTés par l'Ouvrier. A l'égard de la forme dont la Menuiiêrie eft fuf-
ceptible , cela regarde précifément l'Architecte«, Deux ehofes font également effentieMes dans cette partie de l'Art ; la premiere * celle de bien profiler; la féconde , de méditer le contour qu'on peut donner aux plans & à la configuration des traverfes qui , ordinairement, déterminent les comparti- ments des lambris. Ce dernier objet demande fur- rout beaucoup d'expérience & de goût, afin de ne pas abufer des contraires qui, à beaucoup près, ne conviennent jpas par tout ,■& qui , lorfqu'on croit pouvoir les mettre en "oeuvre , demandent de l'être avec beaucoup de circonfpeèTtion. A fon tour l'art de profiler demande de l'acquis, de l'habitude, pour fçavoir employer à propos les gorges , les boudins ou les bouements fimples & à baguettes, les becs de corbin , les (douanes , les cavets , les réglets , les filets , les grains-d'orge, les plate- bandes , &c. La Menuiferie proprement dite, confiite en bâtis,
en cadres & en panneaux qui, l'un & l'autre, s'af- femblent à tenons & mortoifes, reinures & lan- guettes colées & chevillées : elle s'appelle dor- mante , lorfqu'elle s'applique contre les murs de face ou de refend , & mobile lorfqu'il s'agit des croifées ou des portes à placard. Elle s'appelle auiîi à petit cadre, ravalée ou embreuvée & com^ partie de traverfes droites ou chantournées ; en |
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ra . -.Cours
général cette Menuiferie s'appelle d'arîembîage>'■&
diffère de celle nommée à placage ou de marque- terie , qui fe fabrique de bois précieux & rare. Celle-ci fe débite feulement par feuilles fort min- ces , ■& s'applique fur la premiere par les Ehé- niites. ., Λ^ίΐ/ .,'τ ■ Commençons la Partie qui regarde la Décora-
tion des Appartements , par l'Art de profiler les lambris coniidérables. Cette fcience devant être regardée comme les Éléments de cette branche de TArchiteclure> ' ,:; d |
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"Ά
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d'Architecture;
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G HAPITRE PREMIER,
De l'Art de Profiler la Menuiserie. Τ '"·"■
JU'Art de Profiler eil le premier mérite de l'Ar-
chitecte , & l'une des parties eiFenrieiles de la Décoration intérieure des Appartements : la con- noiifance des Profils en pierre, qu'on a dû acquérir en étudiant les Ordres d'Architecture dans le premier Volume de ce Cours , &■ les principes que nous avons établis à ce iiijet, doivent contribuer beau- coup à faire concevoir aux jeunes Architectes le goût des Profils dont nous allons parler. Ce font en effet à peu près les mêmes moulures ; néan- moins , entre les mains de l'Architecte initruit, elles en différent aiïez pour former une claffe par- ticuliere, qui demande à être étudiée féparément. Daborcl, elles doivent avoir moins de faillie que dans la pierre ; leurs contours doivent être plus coulants ; on y doit introduire des grains-d'orge fréquents , pour féparer les moulures circulaires les unes des autres, & fouvent même les moulures rondes d'avec les droites. L'une & l'autre fe tien- nent plus méplattes & d'un contour plus refTenti· Les talons & les doucines en pierre font conver- tis , dans la Menuiferie, en bouëments iimpîes ou à baguettes. lien efl de même des tores qui étant applatis s'appellent boudins , & qui comme les" précédents s'exécutent ou nrnples ou à ba- guettes, & qui, par leurs révolutions, imitent les moulures connues fous le nom de Bec de-Corbin, Jefquelles pour cela , ne devroient jamais ? ou |
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14 Cour &
bien rarement, s'employer dans la pierre^ mais
feulement en plâtre ou en marbre. Les gorges , les cavets & les fcoties font aufiï du reiîbrt de la ^lenuiferie. Ces parties concaves , bien diitri- buées , donnent du relief aux moulures faillantes, fans être obligées de forcer celles-ci. Au reite , il faut avoir égard A la grandeur des pièces qu'on veut revêtir de lambris , prendre garde à l'éléva- tion des planchers , au plus ou moins de lumière qui y fera répandu, à la réitération ou la fobriété des membres qui en compofëront l'ordonnance, à la richeffe ou à la iimplicité qui devra y préiider, fóit en Sculpture, foit en Peinture, Dorure , &c, & enfin faire attention iî celte Menuiferie doit être mariée avec du marbre ? du bronze, des tableaux, des glaces & des meubles de prix. Qu'on y prenne garde ; toutes ces considérations doivent entrer dans l'efprit de l'Archite£te : il faut qu'il conçoive l'effet général que devra produire aux yeux des hommes éclairés la réunion de toutes ces parties ; puifqu'autrement , ils ne remarqiïeroient plus qu'une richefTe, indifcrete , dont à peine quelque« détails pôurroient les dédommager de l'admiration totale à laquelle ils avoierit lieu de s'attendre. 'Le Deffin, dont nous avons recommandé l'é- tude, eft eiîentiel ici : il eu impoiîîble de bien profiler j fi l'on ne deiîine pertinemment : c'eft lui qui développe les idées : c'eft le goût qui enfeigne celui propte à la chofe : de là point d'excellents Profils fans dêffin & fans goût. Pour réufîîr , il faut une grande habitude à la démonftratiort, puif- que continuellement, dans l'Atteîier, il faut tracer fur le bois, fur la pierre, fur le plâtre ; donc pour s'y accoutumer, il faut, dans le Cabinet, profiler tant verticalement qii'horifontaîeméht, foit avec m· |
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d'Architecture. ι }
fcrument * foit à la main , avec de la craie , du
charbon ; à la plume, au pinceau, fur la toile, fur l'ardoife, fur le papier ; tantôt fur le parque!, tari* tot contre le mur, fur une échelle , ou fur un éehafaud volant , quelquefois peu itable on mal affuré : autant de moyens de paroître moins neuf lorfqu'il s'agit, comme Ordonnateur, de tracer aux différents Entrepreneurs fur le tas les divers objets qu'il a fçu méditer dans le Cabinet, d'après fes Plans & les intentions primitives du Propriétaire. Toutes ces précautions, importantes fans doute,
font encore infufïifantes û, au talent de l'Art de profiler, on ne joint la connoirTanee du calibre des bois & de la maniere de les affenibler avec intelli- gence. Qu'on ne s'imagine pas, comme plufiéurs fe le perfuadent , que ces deux dernières parties doivent être uniquement le partage de rArtifan. Beaucoup , à la vérité , font fort experts ; mais, qu'eil ce qu'un jeune Architecte fans expérience ? Et combien n'y en a-t-il pas qui ignorent non feule- ment la qualité & FépaiiTeur des bois, mais encore le rapport que les épaulements doivent avoir avec les tenons & avec les mortoifes ; l'art d'économifer la main-d'œuvre , & les reffources nécerTaires à employer pour rendre un ouvrage folide , fans ? abufer de la fuperfluité des bois : connoirTanee qui, au befoira déterminent TArtifte fans nuire au ftyle de la Décoration , à donner plus de douceur, d'aménité , de légèreté ou d'élégance à ces Profils ; ce que nous allons tâcher de faire entendre en dé- crivant ceux des Planches fuivantes. Commençons par traiter des Profils des Portés
à Placard , de ceux àes Portes Cocheres & des Croifées confidérées comme Menuiferie mobile, d affemblage & à double parement ; ehfuité nous |
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ï6 Cours
traiterons des Profils des lambris de hauteur &
des lambris d'appui, envifagés comme Menuiferie d'afiemblage dormante & à un feul parement. On doit s'attendre, comme on l'a pu déjà remarquer précédemment, que nous nous trouvons forcé de donner peu d'exemples en ce genre, par la raifon que les,Planches ie multiplient malgré nous dans cet Ouvrage, ayant à traiter de beaucoup d'objets; ce qui nous oblige à économifer les modèles άβ chacun. Différents Profils de Portes, à Placards.
Planche Premiere. Les Profils deiïmés fur cette Planche, ainfi que
ceux tracés fur les fuivantes, font réduits tous à la moitié de l'exécution. Noiis n'avons pu les don- ner plus grands à caufe de notre format ; mais il n'y aura qu'à les doubler pour avoir le rapport exacl: de chacune des parties qui les compofent ; non que les épaiffeurs & les faillies déterminées dans ces figures doivent être les mêmes pour tous les ouvrages de ce genre, puifqu'il convient d'a- jouter ou de foufîxaire les proportions qui y font établies, félon que les ouvertures des croifées & des portes devront avoir plus ou moins de largeur &de hauteur , & félon que la grandeur des Ap- partements eil plus ou moins çoniidérable ; atten- - tion qui doit déterminer TArriite à choifir dans les bois marchands répaiffeur néceflaire, afin d'éviter, d'une part, un débillardement inutile ,& de Tau*· tre, une main-d'œuvre toujours difpendieufe, qui n'ajoute rien à la beauté de l'ordonnance. Après avoir déterminé la qualité des bois, rela-
tivement au genre de l'ouvrage , afin d'établir les différentes
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0*ÀR£HltÈCtURË; if
t&rrerentes épaiffeurs dès bâtis, des cadres & des
panneaux, & après avoir avant tout acquis l'art de profiler,ort doit, à raifon delaricheiTe ou de là implicite que l'on veut admettre dans la pièce, com- pofer fes profils déplus ou moins de moulures, & en proportionner le relief & les finuoiités , félon le îtyle de la décoration qui y doit préiider. Nous pouvons le dire ici ; c'eft une attention qu'on né- glige prefque toujours. Ce travail fe fait dans le Cabinet, ou bien l'on fe débarraiTe de ce foin fui l'Entrepreneur. D'ailleurs , on fe fait une habitude de profiler ; chacun croit la iienne la meilleure & l'on opère* Lorfque c'eft un homme de mérite *' cette partie n'eil jamais très-mal ; mais l'ouvrage fini, on ferit qu'elle pourroit être mieux ; parce que les détails n'étant pas nés de l'enfemble % il en réfulte au moins des difibnnances qui ont droit de choquer le goût des Connoifleurs. Il eiï vrai que cen'eil, ni ce que nous difons , ni les deiïïns que nous oifrons qui apprendront à fran- chir les défauts dont nous parlons; l'expérience & le raifoiinement peuvent fétus conduire l'Elevé à bien faire; mais du moins l'étude préliminaire que nous préfëntons ébauchera le jeune Artiile \ le temps & l'examen des bonnes chofes en ce genre feront le reite. Entrons dans quelques détails en faveur des
jeunes Artiites qui, novices encore dans la prati- que , ne connoilTent guère la Menuiferie que par* fes furfàces, & ne fe doutent pas de l'attention qu'il faut avoir dans le choix du calibre des bois, pour parvenir à une économie toujottfs deiirable en quelque genre/d'ouvrage que cepuifle être, & dans la maniere de tes aiTembler pour leur procurer une folidité confiante. Nous leur confeillerons feule« Tome. Kt Β ι |
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î& CoüHs
ment} pour mieux entendre la partie dont nous
allons traiter, de lire d'abord ce qui concerne Y An de la Mcnuiferk, dont il fera queilion dans le Vo- lume fuivant, attendu que nous fuppofons ici que î'on connoît fes aiTemblages ainfi que tous les rap- ports de fon exécution , & qu'il ne s'agit plus que d y appliquer le goût des Profils. La figure I, donne les profils d'une Porte à Pla-
card, à doubles ventaux & à double parement, ferrée fur répaiffeur de fon chambranle Β, appli- qué fur l'un des pied-droits de Maçonnerie A, qui détermine l'un des côtés de la baye de la porte. Β , comme nous venons de le dire , repréfente le chambranle attaché à demeure fur ce même pied- droit. C, eil le bâtis de la Porte à Placard, qui en- tre à feuillure fur la rive intérieure du chambranle, & qui y eil attaché par la fiche-à-yafe *. D, ex- prime le profil des deux montants du cadre qui forment les compartiments de la porte, & qui l'un & l'autre reçoivent dans leur rive le panneau Ε, qui fe trouve aifemblé à reinure & janguette dans le cadre D. F eil l'autre bâtis pareil à celui C , & qui conjointement avec îss cadres DD & les panneaux EE, forment l'un des ventaux de la Porte. La lettre G indique l'arrachement d'un des bâtis de l'autre ventail, qui doit être tracé de la même maniere que celui que nous venons de dé- crire : H eil le même bâtis de la porte que celui C , avec cette différence ici que le ventail eil fuppofé ouvert, pendant que celui C repréfente la porte fermée : I annonce le bâtis du revêtiiTement de l'embrafiire de la porte, qui vient s'aiTembler der- riere îe chambranle : Κ repréfente le bâtis du lam- bris de hauteur qui, à fon tour, vient s'aiTembler fur la rive extérieure de ce même chambranle : |
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Ό -A k G Ü î Τ È C Y Ü R Ë. ί$
L ^ft le cadre du lambris de hauteur, & M en eu
le panneau. Ce revêtiifement qui a feulement quinze lignes d'épaiiTeur, fe pofe à demeure fur le nud du mur de refend , & c'eft ce qu'on appelle Menui- ferie dormante & à un feul parement , parce qu'il n'a qu'un côté de vu, & parce qu'il eil attaché fur le mur à perpétuelle demeure ; au lieu que îa Porte à Placard eit appellée Menuiferie mobile & à double parement, parce qu'outre qu'elle s'ouvre & fe ferme, elle a deux faces qui ne font pas tou- jours obligées d'être de même profil, & qu'il eit: même bon de varier. Par exemple; ici, non-feule* ïement les cadres a & b font des profils différents » celui a étant un bouëment à baguette, & celui b un boudin à baguette ; mais encore les moulures exté- rieures différent entre elles. Nous remarquerons auiïï que lorfque les Portes
à Placard ont une certaine élévation, & qu'on au- roit lieu de craindre que les panneaux de compar» timent acquièrent trop de hauteur, on fépare ces derniers par des frifes, dont les cadres fe ravalent* comme l'exprime la-ligne ponctuée „cd: mais lorf- que ces portes font considérables , les frifes & les cadres des panneaux défafïïeurent les bâtis; ce qu'on appelle embreuver, ainii que l'indique le Profil N* varié dans (es deux faces. Au relie, dans l'un & l'autre cas, il convient que les cadres des frifes, ravalés ou embreuvés, foient tenus moins larges que les cadres des panneaux ; la force des cadres devant être aiTortie à la grandeur des comparu-* ments. AiTez ordinairement, lorfque l'Artîfle a déter-
miné la largeur des champs & celle des cadres de fa Décoration, le Menuifier , d'après les mefures de l'Ordonnateur, fe charge de tracer par mafîe, Bij
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&ô C ο υ R S
fur une planche bien planée & blanchie à la.Vêi-
lope, l'épaifleur des bois & leur affemblage, ainiî que l'indique la figure IL G'eii après ce premier . travail que l'Arcfaiteâe alors trace lui-même i'es profils , & qu'il leur donne le fentiment qu'il croit néceifaire, fuivant l'idée qu'il seil formé de l'or- donnance entière de la pièce. Cette figure II donne d'ailleurs une efquiffe, non-feulement de la maniere de préparer & de débiter les bois dans ΓΑ treuer, mais de les tracer dans le Bâtiment, fur une aire de plâtre qu'on pratique à cet effet, fur le plancher, tout autour de la pièce ; ou, à ce défaut, fur les pare- ments intérieurs des murs de face ou de refend, & c'efc là qu'on fe rend compte des faillies & de la diitribution des compartiments , de i'afTemblage & des refTauts que doivent former les portes, les croi- sées , les parquets de glace , les panneaux des lambris, leurs pilaitres, les frifes u les chambran- les & les contre-chambranles , qui ordinairement fe répètent dans les côtés oppolés. Ce travail fe trace à la pierre noire ou à la fanguine, avec beau- coup de préciiion, ainfi qu'il eft marqué par la ligne ponduée du Profil O , fïgure II, & au con- traire par les lignes ponctuées du.Cadre D, fi- gure I, qui expriment les mafTes du même Profil. La figure III eu. une pareille Porte que la pré-
cédente, qui s'ouvre fur la rive intérieure de fon chambranle. Le Cadre A eil femblable dans {es deux parements: auffin'eit-ilpas toujours néceifaire de les varier ; cela ne, doit même arriver que lors- que l'un de (es deux parements d'un côté donne dans une Antichambre ou dans un Veftibule ,.& de l'autre dans une Salle d'AiTemblée ou dans un Sal- lon; la richeÎTe des profils devant toujours être gouvernée par celle des lambris & ceux-ci par le |
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D'A R C H IT ECTUR E. ( :, 21
plus ou moins d'importance de la pièce. Le bâtis Β
eil de même largeur & de la même épaiffeur que le précédent. Le Chambranle C diffère en quelque chofe de celui B, tracé dans la figure Fe. Le genre des moulures de Menuiferie , ainii que de celles en pierre , dont nous avons parlé dans le premier Volume de ce Cours, étant bientôt épuilé , elles ne peuvent guère différer entre elles que par leur plus ou moins de relief, & par leurs contours plus ou moins coulants:les gorges, les baguettes» les Jiileaux, les cavets, les douanes-, les talons » &c, étant d'ailleurs les mêmes dans tous les ou- vrages de Menuiferie : autrement fi, pour fe ré- péter moins , on vouloit chercher, non de nou- velles moulures , mais les déplacer , on fortiroit du genre & tout déplairoit à l'œil, ainii qu'on peut le remarquer au Chambranle Β de la figure IV» qui , à tous égards, nous plaît moins que les mou- lures du Chambranle C , figure III» Au reite, cette figure IV nous montre en A l'ar-
rachement du hâtis d'une Porte à Placard ferrée finr le Chambranle Β, par la fiche-à-vafe C ; maniere la plus ordinaire d'ouvrir les ventaux des portes j ce qui néanmoins demande beaucoup de pré- voyance > afin que d'une part , ils puhTent fe pouier en avant dans la pièce & que de l'autre,., cette porte ainii ferrée, puiffe fymmétrifer avec celles qu'on leur oppofe la plupart -du temps dans, la Décoration des Appartements. D eil l'arrache* ment du revêtifiement de l'embrafure qui, ainfi que le Chambranle Β, s'attache à demeure fur le Pied- droit en pierre E. F eft le Bâtis,. G le Cadre & H le panneau du lambris de hauteur, qui revêtit Tinté« rieur de la pièce où cette porte donne entrée. Les figures-V & VI indiquent les Profils nc/mmé^
Bii|
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t% C Q tf R'S
à petits cadres , parce que leurs moulures font
prifes dans l'épaiiTeur du bâtis ordinairement de quatorze lignes. Ces Profils font deftinésaux Portes à double parement & à un feul ventail , qui n'ayant ni la même largeur, ni la même hauteur que celles à doubles ventaux, peuvent être d'une moindre épahTeur, & composées de profils moins riches & îtioins faillants, Nous ne parlerons point ici des Portes plaines
nommées ainii, parce qu'elles n'ont ni cadres ni panneaux, & qu'elles ne font composées que de planches bien dreiTées , affemblées à reinure δε languette , & emboîtées haut & bas, en ufage feu- lement pour les pièces diflribuées dans les galetas % pour celles des maifons à loyer , ou pour celles îervant de dépendances aux bâtiments un peu çonfidérables : mais il eft une autre forte de Portes d'affemblage, qui fervent à la fermeture extérieure des Palais, des Hôtels, ou de la demeure des riches particuliers. Ces Portes font connues fous le nom de Portes cocheres , & différent affez des Portes à Placard dont nous venons de parler , pour que nous en donnions quelques Profils; en partiçuliet clans la Planche fuivante» J)ïyeis\ Profils pour les. Cadres des Qidchet&
des Portes Cocheres. i .,
Pi a ν e h ε Ι Ι.
.: Là figure Ira donne le profil d'un £uiçhef. de
porte cochere & de fon battement, placé dans la feuillure de Maçonnerie, qui le reçoit. La groiïeur , des bois & les profils tracés dans cette Planche font réduits » comme dans la précédente 5 à la moitié de leur exécution. Ce n'en: pas; que les proportions |
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d'Architecture. %%
^ue nous offrons puuTent fervir d'autorités pour
déterminer le calibre des bois , ceux-ci dépendant de la largeur & de la hauteur de la porte, à qui cette Menuiferie fert de fermeture. Car il eft aifé de concevoir que plus les bayes ont de grandeur, &: plus il convient de donner de la force aux bâtis, aux battements, aux cadres, aux panneaux & aux traverfes , & que par la même raifon, la forme des profils, leur galbe, leurs divifions > enfin les gorges qui les féparen't doivent fe reiferitir de l'ag- grandiffement ou de la diminution des ouvertures. En général les profils des Guichets des Portes
cocheres ne différent guère de ceux des Portes à Placard que par leur amplification ; la Menuiferie ayant un ilyle qui lui efl: particulier, ainfx que le plâtre , la pierre & le marbre; n'étant pas conve- nable de faire entrer indiitinctement les moulurés confacrées à l'un de ces defniers genres dans la Menuiferie; à moins que celle-ci ne doive rece- voir après coup la couleur d'une de ces difFé- ν rentes matières : c'eft à FArchite&e alors, en em- ployant la Menuiferie par économie ou autrement, de donner à fes profils le caraclere qu'il feroit con- venable de donner au plâtre, à la pierre & an marbre. Nous déduirons ailleurs les différents moyens qu'on peut employer pour y parvenir: cette remarque ne devant regarder que les profils des Portes cocheres dont nous parlons, & dont nous allons expliquer les différentes parties, non- feulement pour ce qui regarde celles de- la figure I, mais encore les autres tracées fur cette Planché.. La lettre A > figure I, indique le battement de
Menuiferie d'un des grands ventaux mobiles de la Porte cochere, reçu dans fa feuillure êri pierre Β % & qui fe meut par le pivot de fer C, rétenu dans Biv
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M C ours
une çrapaudîne en cuivré fceîl.ée dans Îe Teuil ;, coi
mieux encore dans le pavé , ayant reconnu le$ feuils en pierre fort incommodes & de peu de du- rée, C'eft fur ce battement qu'eft ferré le bâtis dit Guichet Γ> , par Ja fiche-à-vafe ou à nœud E. Cell dans ce bâtis qu'eit aiîemblé le Cadre F, & dans celui-ci le Panneau G. On doit remarquer que la richefle des profils de ces fortes de Portes ne fait parement qu'en dehors,& que, du côté du dedans, les moulures font bien moins çompofées, fe contentant pour l'ordinaire , de ne pouffer qu'un bouëment iimple fur les arrêtes, à deffeia de mafquer feulement les joints des aiTemblages, Nous avons répété dans les figures II & III %
d'autres profils qui peuvent fe fubilituer à ceux qui eompofent le Cadre F, figure I, Ces profils augmentent ou diminuent de largeur , d'épaiiFeur & de richefTe , félon le plus ou moins d'importance des Portes cocheres* pans ces deux dernières fi- gures nous avons marqués aux mçrtoifes <z > des tenons montants qui s'affemblent dans les traverfes. Selon la hauteur des portes on établit auffi entre les grands panneaux des frifes qui, ayant moins de capacité, ont aufii moins de largeur de profil & beaucoup moins de faillie. Ce font ces dernières que nous indiquent les figures IV & V. Enfin la figure VI donne un deuxième profil d'un, des cotés du guichet d'une Porte codiere, qui nqn-feulemenr, différé de celui de la figure ï par les moulures, mais auflî parce qu'il eil fuppofé pris dans les bat- tements du milieu & non dans fa feuillure, comme les précédents. Par exemple , A eil l'un des bâtis d'un des grands ventaux de la porte qui vient faire battement avec celui Β , offert ici feulement par arrachement j en forte que c'eft le bâtis A qui ferc |
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D ' A R C Η Ι Τ Ε C Τ U R Ε. 1 f
'de ■ battement à celui du Guichet C, & dans lequel
s'aifemble le Cadre D , & dans celui-ci le Pan-r neau E. PaiTons à préfent aux Profils & aux dé- veloppements des Croifées· .- - ., ·: Divers Profils & Développements, concernant
les Croifées de Menuiferie..
Planche II I,
Après les Portes à placard dont nous venons de
parler, les Croifées font l'objet le plus eifentiel de, la Menuiferie mobile, & la partie de cet Art qui de- mande le plus d'attention, eu égard à leur folidité & à la falubrité qu'elles procurent aux apparte- ments. Les Croifées, ainfi que les autres parties de la Menuiferie, font auiE fufceptibles dune affez grande riçheffe , îorfqiul s'agit fur-tout de les faire entrer pour quelque chofe dans la décoration d'une pièce d'une certaine importance. Nous traiterons ailleurs de leurs proportions & de leurs différentes, formes, U s'agit ici du développement de leurs chaiïis à verre, de leurs dormants , de leurs im- polies , de leurs mênaux , de leurs croiiilions , dq leurs guichets & de leurs embraiiires ; autant de dé^ tails intéreiTants, mais toujours trop négligés lors de l'étude de l'Architeâure, parce que le plus grand nombre des jeunes Deifînateurs remet à ac- quérir ces connoiffances, lorfqu'ils fe livreront, difent-ils, à la Pratique, ne fe doutant pas qu'il efi imppffible de rien concevoir fur l'idée générale d'un projet, fi l'on n'efl prémuni d'une certaine expé- rience , fans laquelle on ne fait que des images & non im Deifin qui porte l'empreinte d'une exécu^ tioii facile & conçue félon les loix de l'économie, $m§ doute ceux dont nous parlotis feroient moins |
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%G Cours
neufs s'ils s'attachoient à tout examiner, à mefurer*
à confidérer, à réfléchir enfin fur les moyens qui ont fait parvenir à perfectionner l'art de la Menui- (, ferie dans chacune de fes parties : il feroit à deiirer <de pouvoir perfuader aux jeunes Artiiles que les feuls détails qu'ils ignoreront, feront précifément ceux par lefquels ils auront occafion de commen- cer leur début. Quoi qu'il en foit, expliquons les développements des figures tracées fur la Plan- che III, en faveur de ceux qui aiment à fe rendre compte de tout ce qu'ils font, & qui prennent oc- caiion lorfqu'ils en font à la compofition, d'appro- fondir les objets qu'ils ignorent & d'en faire une étude particuliere; ce qui feul peut les amener in- fenfiblement à concilier dans leurs productions la Théorie , la Pratique & le goût de l'Art. La figure I offre le plan d'une Groiiée, dont le
profil & le calibre des bois font réduits à moitié de leur véritable grandeur. A indique la feuillure prife dans le pied-droit en pierre delà baye de la Croi- fée; Β le dormant ; C le battant à,noix du chaiîis à verre; D le montant du petit-bois , figuré ici à double parement ; Ε les battants-mênaux exprimes ici à doucinesv, & qui peuvent fe faire à noix: comme la figure II, ou à chanfrain comme la fi- gure III : il faut abferver feulement qu'on préfère les ouvertures à gueule-de-lonp pour les Croifées ordinaires, attendu qu'elles tiennent les croifées plus clofes ; & qu'on employé les ouvertures à chanfrain ou à doucine aux portes cróifées, non- feulement afin d'éviter d'ouvrir les deux ventaux à la fois pour entrer ou fortir, mais encore à caufe de la difficulté d'ouvrir en dehors les mênaux à gueuler de-loup. E montre le diamètre de la fiche-à-nœudi attachée fur le dormant Β % pour faire mouvoir lé |
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^'Architecture. Vf
chaffis à verre fur le bâtis B. F eil le plan de la
tringle de l'eipagnolette qui fermé haut & bas le chaifis à verre de la croifée dans les traverfes inférieures & fupérieures du dormant, & qui fixe en même temps le bâtis montant du Guichet G, pendant que celui H eil attaché au dormant Β par Ja fiche-à-vafe 19 qui en tournant fur fon axe , fait fermer le guichet & fon bâtis H, tel qu'il eil indi- qué ici, ou qui le fait ouvrir dans Îembrafure , ainii que l'exprime l'arrachement Κ : L M font les deux montants qui annoncent la brifure d'il même guichet, & qui fe replient fur eux-mêmes par la fiche Ν : Ο font les Panneaux du Guichet affem- blés à reinure & languette dans fes bâtis montants & dans fes traverfes : Ρ fait voir le commencement du revêtiflement de l'embrafure , contre lequel viennent battre & le guichet & le çhaffis à verre lorfqu'ils font ouverts. La figure IV repréfente le profil du Chaflis à
verre vu fur fa hauteur : nous l'avons fuppofé ici à impoile ; ce qui fe pratique ordinairement lorfque les Croifées ont une certaine élévation, a deiïein d'empêcher le chafiis qui fe trouvèrent trop élevé, de voiler lorfqu'il eil ouvert, ou de fe déjetter lorfqu'il efl fermé ; puifqu'autrement il faudroit employer des bois de trop forte qualité , ou bien mettre en ufage une ferrure trop coniidérable:; d'ailleurs lorfque les portes font plein-cintre 9 & que ces ouvertures fervent de croifées | ce qui leur fait donner le nom de Portes-Croifées , Fim- poile dont nous parlons devient indifpenfable même dans les ouvertures à plate-bande , parce que cette traverfe portée environ au tiers ou au quart de la hauteur de l'ouverture» fert à recevoir l'épaiiTeur du plancher des entre-fols ? fans nuire
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28 Cours
à la décoration extérieure , ni au cour>cPœiI des.
pièces intérieures. Indiquons à préfent le nom des principales pièces de bois marquées dans ce Profil figure IV. A eil la Feuillure en pierre qui reçoit le forn-
mier de la Croifée ^ Β la Traverfe fupérieure du dormant encairré dans la feuillure A; C le Revê- tiÎTement du plafond de l'embrafure , laquelle peut être inclinée en contre-haut comme ici* ou d'é- querre ou pratiquée en vouiïure , ainii que nous aurons occaiion de l'expliquer plus loin : D eu la Traverfe du chaiîis à verre porté dans la partie fupérieure de la Croifée : Ε la Traverfe inférieure du chaffis à verre portant fur l'Importe F , qui fert également de battement à la traverfe d'en haut du premier Chaifis indiqué G, H, Profils des petits. bois horifontaux , femblables à ceux D de la fi- gure lre : I Traverfe inférieure du chaffis à verre portant jet-d'eau ? & à qui la traverfe du chaffis dormant Κ fert de battement,..& s'encaftre dans, l'appui de pierre L en formant auffi jet-d'eau, pouc que la pluie ne puifle pénétrer dans l'intérieur de la pièce. M repréfente le commencement du Par> quet pofé fur les lambourdes qui le reçoivent : enfin les lettres Ν indiquent les iraverfes des Gui? chets qui, ainii que dans la figure I, reçoivent les ; Panneaux O,qui fe trouvent affemblés à reinure & t languette dans leurs bâtis. \ Il faut chferver que cette figure IV i%eâ repré-
; {entée dans cette Planche que par abbréviation : c'eit pourquoi, à defrejii de donner une idée plus préçife, de fon développement général, nous avons lur une beaucoup plus petite échelle tracé fi- gure V, un Profil qui fait voir la quantité des fix car- reaux qui occupent fa hauteur jufqu'à l'importe a & |
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ΐ> * A R C H I f È C ï U îl È. 10
les deux autres carreaux qui Retrouvent placés entre
rimpofte & la travée fupérieure du cliafîis dormant ; diflributions de carreaux qui néanmoins fontarbi-^ traires , & qui s'augmentent ou fe diminuent à raifon de la plus ou moins grande largeur & hauteur des Croifées. Pour rendre cette figure Vplus conforme aux développements du Profil IV , nous avons pris foin de marquer les mêmes lettres, en forte que cellesa/£,c, <i5e, &c, fe trouvent relatives aux lettres A,B,C,D,E,&c,ce que l'on peut concevoir de même pour la largeur de cette même Croifée , dont nous ne donnons point le Plan, la figure I étant afTez diitincte en y ajoutant feule- ment la véritable largeur du carreau depuis a juf- qu'à b ; grandeur qui fe détermine à raifon de la largeur & de la hauteur de la baye , en obfervant néanmoins que chacun de ces carreaux ait à peu près de hauteur un quart de plus que leur largeur * étant auffi défagréable à l'œil connoifleur de les appercevoir d'une forme quarrée que de beaucoup trop élevée. : ? Depuis quelques années, on a cherché à éviter
la multiplicité des petits bois ä qui d'abord fe reïté- roient pour affurer plus de folidité dans les aÎTem- blages . ainii que pour économifer la grandeur des carreaux de verre; mais aujourd'hui que l'art de fe loger eit devenu un luxe , même pour les Particu- liers , on employé des verres de Bohême jufques dans nos maifons à loyer, & alors on fait de grands carreaux qui, en procurant plus de lumière dans l'intérieur , ne nuifent cependant en rien à la foli- dité , parce que l'on donne plus d'épaiffeur aux bois ; dépenfe qui fe trouve à peu près compen- fée par la fuppreiîion de la main-d'œuvre. Il eft vrai que la grandeur des verres & l'augmentation |
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|ö Cours
des bois forcent, pour ainfi clire, de fortifier äufll
ïa ferrure ; de maniere que, tout bien coniidéré , cet ufage ne doit guère avoir, lieu que dans les Edifices d'importance, ou feulement dans les ha- bitations de nos riches Particuliers. Pour rendre raifon néanmoins des petits bois »
nous en avons tracé trois efpéces dans les figu- res VI, VII, VIII. Celle VI repréfente l'aifemblage de ceux nommés à plinthe-élégie, lefqiielsfont con- iidérés comme lesplus fimples de tous. Celle VII fe nomme à pointe-de-diamant. La figure VIII donne un exemple de tous les petits bois vitrés avec des verres de Boheme ou avec des glaces, & s'aiTem- blent ou à pointe-de-diamant , comme dans la figure VII, ou comme dans cette figure VIII, avec des oreillons qu'il convient toujours de faire concaves & jamais convexes , ces derniers étant moins folides, plaifant moins à l'œil & procurant moins de lumière. Nous donnerons dans la fuite plufieurs iDefiîns entiers de Croifées & de Portes? Croifées , qui nous indiqueront les formes les plus généralement reçues, &, en en donnant les expli* cations 3 nous rappellerons ce qui vient d'être dit touchant leurs Profils & leurs Développements. Le vrai moyen en général de fe perfectionner dans
l'Art de Profiler, c'eil de tracer les exemples que nous offrons ici de la grandeur de l'exécution ; c'eil d'examiner attentivement tous les ouvrages qui fe préfentent, afin d'en concevoir le méchanifme δε de s'initruire de la pratique : le médiocre même en ce genre ert capable d'éclairer à cet égard : quant à la beauté des formes & au goût de l'Art, c'eil autre chofe. Après avoir donné quelques idées des Profils à
i'ufage de la Menuiferie mobile , telles que les |
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ö'Arch iïicïürë; 3!
Cortes & les Croifées , donnons-en à préfent d'au-
tres du reffort de la Menuiferie dormante , telle que les Lambris de hauteur & ceux connus fous le nom de Lambris d'appui \ ces Profils fervant égale- ment pour les embrafures des Portes & des Ctoi- fées , leurs Plafonds, leurs Voufîures, &c. Divers Profils concernaîit les Lambris
de hauteur & les Lambris d'appui*
Planche IV.
Les Lambris de hauteur demandent beaucoup
de goût de la part de l'Ordonnateur. Il ne s'agit, pas feulement, comme quelques-uns fe l'imagi- nent, de diitribuer des Panneaux , des Frifes, des Cadres, des Champs ; ainii que nous le ferons voir en traitant de cette partie de l'Art, & en rappor- tant dans ce Volume divers exemples de décora- tion de ce genre , exécutées dans nos Bâtiments, qui ont quelque célébrité; c'eft alors que nous dis- cuterons le plus ou moins bon effet qu'elles doi- vent produire aux yeux des hommes véritable- ment intelligents dans cette partie de FArchite- ûure. Qu'on n'en doute point ; c'eft, l'exemple fous les yeux, qu'il convient de réfléchir fur ce qui a droit de plaire ou de déplaire dans la Décora- tion intérieure d'un Appartement. Nous difons plus ; nous croyons qu'on n'y peut guère parvenir avec une forte de fuccès, ii l'on n'entend bien l'ordonnance des Façades extérieures :car, à beau- coup d'égards , les préceptes font les mêmes ; au- trement on n'imagine que des parties détachées les unes des autres. On y place des Ornements , mais d'une maniere arbitraire, fans liaifon, fans objet. On chantourne des traverfes où il les faudroit droites. Les Propriétaires fe croyant tout permis, déter- |
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minent fouvènt le jeune Archite&eà fuivré ïeurâ
écarts; celui-ci cède d'autant plus volontiers qu'il croit amener fur la fcène une nouveauté , qui quel- quefois plaît par fa fmgularité, & qui, pour cette raifon > trouve des imitateurs ; de maniere que fouvent il n'en faut pas davantage pour faire révo- lution & détruire en un jour ce que des hommes du plus grand mérite s'étoient bien donnés de la peine à établir pendant une aiîez longue carrière« Les Profils dont noiis parlons à préfent font mal· heureufement auiîi fujets. à cette viciffîtude. Un Artifte intelligent ofe-t-il tenter une nouvelle route , fans néanmoins trop s'écarter des ufages reçus, aufli-tôt on en fait la charge en croyant l'imiter : en forte qu'il ne refte plus au novateur que l'occaiion de fe repentir d'avoir été, pour ainii dire, Finftigateur du mauvais goût qui s'in- troduit malgré lui fous (es yeux. Pour éviter un pareil inconvénient , nous n'ai \
Ions rapporter dans la Planche IV qu!e des Profils qui , jufqu'à préfent, ont obtenu tous les filtra- ges : ce fera aux hommes de génie enfuite à fça^ voir fe permettre des changements que pourront leur fuggérer les occafions qu'ils auront d'employer leurs talents. · Les Profils des lambris d'appui doivent, à peu près*
être les mêmes que ceux des lambris dé hauteur. Ils peuvent feulement varier dans leurs moulures, & acquérir moins de force, leurs compartiments ayant moins de capacité. Ces lambris font à ceux de defTus, ce que les piedeilaiix font aux Ordres ; ils leur fervent de foutien , & empêchent les meu- bles d'intercepter les dimeniions des Panneaux diftribiiés dans la partie fupérieure de la pièce* Leur hauteur doit être prefcrite, depuis deux pieds jufqu'à
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; ί>' A kC H I TE CT Uil E. ,jj
jufqlfà trois pieds un quart , à l'exception des
Entre- ibis $ ou il fuffit' de leur donner quinze oii dix-huit polices : dans eè dernier cas , oh peut les faire feulement à petits cadres ; dans le premier \ les moulures doivent être embreuvëes; Pluiieiirs Archite&es de nos jours ont cht de-
voir ftipprimer les lambris d'appui fous les lambris de hauteur ; dans l'intention ; difent-ils, de pro« curer plus de grandes parties à l'ordonnancé dé lat Décoration : mais ils n'ont pas réfléchi que la hau- teur dés meublée mafquoit riécefTairëment und partie de l'élévation des panneaux.; aufil bien que les Ornements qui quelquefois font appliqués fut! les lambris. D'ailleurs, foit habitude ou autrement^ nous croyons que la cimaife qui fépafe ces* deu^ fortes de revêtiiTemehts s'accorde afTéz bien avec! le doffier dés fiéges ξ lé defïus des tables de mar« bré i les credeiices & fouvent l'impoitë des charnu branles de cheminée* Au refle , il faut prendre garde que, pour s'aifujettir à là hauteur dés .niëiP bles d'ufage, les lambris d'appui ne deviennent trop peu élevés par rapport à la hauteur de la pièce | Sz: c'eft de ce rapport, âinfi que de celui des Portés^ des Croifées , des Attiques, des Corniches & dès Calottes, que nous devrons nous entretenir dans la fuite de ce Volume, après avoir parlé des diffé« rents membres qui conftituent lés Profils des Lärii- bris de hauteur & des Lambris d'appui, traels fut la Planche IY| que nous décrivons; : .,, La figufë I donne à coriiioître le Profil vertical
d'une partie dé Lambris de hauteur appliquée con- tre la furface d'un mur de refend 4 & àfTembléë aàhë la cimaife de ion Lambris d'appui» Il èft àifé dé remarquer que ces lambris n'ont qu'un fêul gé£&* s Tome fc g |
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34 Co Urs
ment, & qu'à raifon de la différente épaifTeùr des
bâtis , il refte un intervalle entre les cadres , les panneaux &" le mur , en forte qu'il n'y a guère que les montants & les traverfes des bâtis qui tou- chent précifément la furface du mur auquel ils *i font attachés à demeure , par des doux à tête perdue, ou fcellés avec des pattes, appellées pour cela pattes à lambris v . La lettre À indique le profil de la travérfe du
cadre fervant de bordure au panneau B. Ce cadre s'aiTemble dans le bâtis D , qui lui-même vient s'aifembler à reinure & languette dans la ci- maife E, qui fert de couronnement au lambris d'appui , déiigné ici depuis E jufqu'à ï , dont les lettres FF expriment les traverfes , champs ou bâtis ; GG les cadres ; HH les panneaux ; enfin I, le focle ou la plinthe qui pofe fur le parquet. Le profil du cadre A diifére de ceux G, comme ap- partenant au lambris de hauteur , il doit avoir plus de largeur, varier dans (ts moulures & re- cevoir des ornements, pendant que les moulures des lambris d'appui pourroient refter lifTes 5 la plu- part étant interceptées par les meubles qui fe placent au devant. La figure II offre un autre profil de lambris d'ap-
pui vu fur fa hauteur, & dont les moulures dés cadres AA, de la plinthe G, de la cimaife B, font différentes de la figure précédente : elle diffère encore en ce que ce lambris d'appui èft fuppofé placé au-deiTous d'une tapifTerie & non fous un lambris de hauteur , en forte que lejchamp ou bâtis D fert de battement à la bordure E ? qui re- couvre l'étoffe tendue fur le chaiïis F Rappliqué, ainii que le bâtis, fur le mur ou la cloifon de re- fend , dont la furface intérieure eft exprimée ici |
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d'Architecture. 35
par des points j> ainii que dans les autres figures
tracées fur cette Planche & les précédentes. La figure III offre en particulier la Cimaife A, le
Bâtis & le Cadre B,de même que le commencement du Panneau C d'un Lambris à petit cadre ravalé j appelle ainii , parce que le cadre & le champ font ëîegis dans la même traverfe faris aflemblage. Cette forte de lambris eä deilinée pour les Mai- ions fubalternes, ou pour les pièces les moins im- portantes d'un Edifice. La figure IV eil plus compliquée ; le Cadre C
étant embreuvé dans le Bâtis Β , & celui-ci étant afîemblé dans une Cimaife A j qui reçoit dans fa feuillure de defTus la languette du Bâtis Ε , appar- tenant au lambris de hauteur : D, ëit le commence- ment du Panneau,&c* La figure V repféfenté encore la partie fupé-
Heure d'un Lambris d'appui, dont la Cimaife A , différente des précédentes par {on profil, reçoit auiîi dans fa partie fupérieure le commencement du Lambris de hauteur Β, & dans fa partie infé- rieure , la languette du champ ou delà Traverfe C , qui s'embreuve à fon tour dans le Cadre D , lequel reçoit la languette du Panneau E, exprimé ici par arrachement. Les Profils défîmes dans les quatre Planches que
•rions venons de décrire, ne font pas lés feuîs qui puifTent s'employer dans la Menuiferie : niais il faut fçavoir , ainii que nous l'avons déjà remar- qué , qu'ils ne peuvent guère différer que par l'au- gmentation ou la fuppreffion dé quelques moulures, & par une certaine prononciation & une articula- tion qu'on ne doit point afFe&er .; ou rarement j dans la pierre & dans le marbre, les végétaux permettant dans la main-d'œuvre , une certaine Ci;
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î<f Cours*
facilité à laquelle fe refufent les minéraux & parti«
ciiliérement la pierre* Les moulures des profils qui s'exécutent en plâtre , font les feules qui peuvent imiter d'aifez près le genre de la Menuiferie, parce que fe pouffant au calibre, cette matière qu'on employé molle & liquide , devient capable de prendre toutes les formes que FArtifte fe propofe de lui donner > félon l'ufage qu'il en veut faire, dans l'intérieur des Appartements. Les. moulures en plâtre s'appliquent particulièrement aux corni- ches intérieures, pour procurer plus d'économie & de célérité : c'eir. pour quoi les membres placés au- defîus des lambris, pour leur fervir de couronne- ment , demandent à porter le même caractère 9 étant fujets à recevoir la même teinte que les lam- bris , ainii que de la Dorure, dont on ufe fouvent jufqu'à la prodigalité. Au refte, il ne faut pas abu- fer de l'emploi des corniches en plâtre; elles ne font guère bonnes à mettre en ufage que dans de petites pièces, les Grands Salions , les ; Galleries > les Chambres de Parade demandent des Couron- nements moins frivoles , & c'eir, de ce choix que dépend fouvent tout le fuccès des productions de l'Architecte. Pour donner l'idée de ces différents Profils, après
avoir parlé de ceux de Menuiferie, nous allons offrir dans les Planches fuivantes, des Profils de Corniches en plâtre, les unes pour les petites , les autres pour les moyennes , enfin d'autres, encore pour les grandes pièces des Appartements, afin de faire voir par leur comparaifon l'arrangement de ces différentes parties, qui contribuent, plus qu'on ne penfe , à la perfection de l'ordonnance des dedans. |
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ρ * A ii c η ι τ e c,T ν R e. 37
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CHAPITRE Ι Ι.
Des Profils en Plastrç Λ L'USAGE DES PETITES PlÉCES
z>*un Appartement,
Planche V, |
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OUS avons rapporté dans le Volume précé^
dent , que quand les planchers devenoient trop bas pour le diamètre des pièces , il falloit, pour corriger ce défaut , donner très-peu de hauteur aux corniches , & fe dédommager de ce furbaiiïe- ment en donnant à cqs mêmes corniches beaucoup plus de faillie, prhe dans la fiirface du plafond. Les figures I, II & III, tracées fur cette Planche, font de ce genre & font compofées à peu près, des mêmes moulures employées dans les profils de Menuiferie que nous venons de donner. Ces trois figures, à l'ufage des petites pièces, font peu com- pofées de moulures ; parce que nous ne les fuppo- fons convenables que pour les maifons à loyer, ou pour fervir de couronnement à des lambris peu chargés de compartiments & dépourvus de Sculpture : alors, comme nous l'avons, déjà oh- fervé , ces corniches fe peignent de la couleur des lambris, ce qui femble élever ceux-ci & diminuer l'étendue du plafond qui reite blanc i néanmoins lorfque les pièces où l'on introduit ces fortes de corniches font fufceptibles de quelque richeilç * telles que les Boudoirs , les Toilettes , les Bains placés à rez-de-chauffée ou dans les entre-fols, on Cnj
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|8 Cours
peut y introduire de la Sculpture : mais il faut
comppfer ces profils pour la recevoir ; toutes les. moulures ne font pas propres à cet enrichiiTemenr; & , dès qu'il devient néceffaire, il convient de leur donner plus ou moins de relief à raifon de la faillie des ornements qu'on taille fur les profils, ou qu'on fait, circuler dans leurs Gorges marquées α , dans l'une des trois figures dont nous parlons i pendant que le membre b efî nommé Architrave , & que celui c s'appelle Cadre. jbn général 9 nous répéte- rons qu'il faut ufer de beaucoup de fobriété dans les ornements des Corniches des petits Apparte- ments ? par la raifon que la fumée des bougies les noircit en peu de temps, les planchers en étant ordinairement peu élevés. Les figures IV, V Sc Vi offrent d'autres Corni-
dies en plâtre, qui différent des précédentes en ce qu'elles ont moins de faillies dans le plafond, & plus de hauteur prife aux dépens de celle du lam- bris. Ces Profils font d'ufage clans les petites pièces; mais un peu plus élevées que les précédentes, foit que les murs foient revêtus de Menuiferie , ou bien feulement tendus de tapifferies : à l'ex- ception de la figure V, celles IV & Vi tiennent de plus près au genre des Corniches en pierre ,&, pour cela, fuppofent que la décoration de deifous ïeroit tenue d'un ityle plus grave; car toutes les parties de la décoration doivent avoir un même caractère; & cela ne fçâuroit être quand toutes les différentes parties de l'ordonnance font compofées chacune féparément ; de forte qu'il arrive que quelque génie qu'on mette dans chaque objet, il n'offre que des beautés déconfites ; tandis que, dans cette partie de l'Architecture , comme par- tout ailleurs, la çpnvenance & l'unité feules ont |
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d'Architecture. 39
droit de plaire à tous les yeux. La figure VÎ offre
une de ces reflburces qu'on peut très-bien mettre en œuvre, à l'exemple de François Manfard , à Maifons, lorsqu'on veut donner un cajra&ere ex- preiîif à une Corniche, & qu'on a peu de hauteur à employer. Enfin les figures VII & VIII présen- tent deux Profils de trois ou quatre pouces feule- ment de hauteur , à l'ufage des Corridors & des dé- gagements deilinés pour le paffage des Maîtres 9 îorfqu'ils veulent communiquer d'un appartement ou d'une pièce dans une autre. Des Profils en Plâtre, à l'ufage des moyennes
Pièces des Appartements. Ρ L A Ν C H E V I.
Nous venons de remarquer que le cara&ere des
Corniches devoit répondre par leurs Profils , au genre de l'ordonnance de la pièce. Celles que nous offre cette Planche , & qui peuvent également s'exécuter en plâtre ou en bois, font d'une efpece à devoir couronner des lambris d'un ilyle ferme & correct. Elles approchent davantage du bon genre, & leurs moulures peuvent être taillées d'oc- nements de Sculpture,. ou, à ce défaut, être peintes de la couleur du. lambris; ce qui, en devenant plus économique, ne réuiîit pas moins bien. Nous pré- férons même cette efpece d'enrichiffement à l'éclat de l'or qu'on prodigue avec tant d'excès , que cette matière premiere femble n'avoir plus rien d'inté- reÎTant par l'abus qu'on en fait, fans compter que, pour appliquer l'or, fa préparation altere la Scul- pture qui le reçoit. Les figures I & II font des Corniches nommées
à Gorges. C'eil dans ces dernières qu'on peut €. ""' . Civ ■'
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P„ t e O U R S
îciijpter ou peindre des ornements, tels que des
ieuiiles de refend , des caneaux ou des entrelas, préférables a beaucoup degards, à ces ornements coulants qui nepréfentent guère à l'imagination du PPftopnr que le dérèglement du génie de celui qui les a compofés. Les autres moulures de ces Corniches, peuvent auffî recevoir des ,oves , des tais-de-çœur , des patenôtres , ainfi qu'il s'en re- marque dans la Planche IX, du premier Volume de ce Cours. Les figures III, IV & V font des Corniches Ar?
chitravées de profils différents, qui tenant à l'Ar- cmtecture & a la Menuiferie, peuvent néanmoins sexécuteren plâtre, & recevoir des ornements ou remployer liiTes, félon leur application dans l'in- térieur des Veffibules, des premières & des fe. tondes Antichambres, fous les Périitiles., les Gal- ienes, les Portiques, &c. La figure VI enfin donne un Profil dont les mouT
jures fmueufes, tendres & dégagées , prenant leur Jouree dans 1 Architecture des dehors , préfentent néanmoins une légèreté qu'il faudroit bien fe gar- der de leur donner dans les Entablements des Fa, çades, ces dernières demandant moins de détails, moins de cavités , en un mot plus de févérité; eniorte que c eil à l'expérience & au goût de l'Art a faire fentir ces différences à l'Araire, la multi- plicité des exemples & la fpécujation la plus éten* pue iuffifant a peme pour faire concevoir aux au- tres ces. nuances délicates, que le ientiment feitf peut indiquer, aidé de l'habitude de bien voir & de la comparaifon qu'on peut faire chi bon avec le îîiediocre dans ce genre. |
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d'Architecture. 41
pes Profils en Plâtre , à ïufage des grandes
Pièces des Appartements, Planche VII. Cette Planche offre quatre Entablements puifés,
jdans nos Maifons Royales & dans nos Grands Hôtels à Paris. Les figures I& II, indiquent celles qui fervoient de couronnement dans les principales Pièces du Château de Clagny 9 avant fa démolir tion : elles font du Defîin d'Hardouin Manfard, qui avoit donné les Plans de cette magnifique dej meure. Il auroit été à defirer que l'on eut confervé k plupart des détails précieux de Décoration qu'elle cpntenoit, par le miniitere de la Gravure, lefquels font maintenant perdus pour nous ; car pn peut compter pour rien, ou pour peu de chofe, les Plans qu'on en trouve dans le Recueil de ÏArckiteBure Françoift Λ & qui ne font que les pre- mières idées imparfaites de l'Archite&e. Les Profils de ces figures I & II, quoique d'un excellent ftyle, n'en ont pas moins paru lourds & pefants aux Arr chite&es du commencement de ce fiécle ? qui tous pnt préférés ceux dans le genre de la Planche V, figures I, II & III, fans avoir égard à la dignité des lieux ni au rang des perfonnes pour lefquelles s e- îevoit le plus grand nombre de nos Edifices : au* jourd'hui pn femhle revenir aux anciennes Corni» ehes,; mais fouvent au lieu de les imiter on en fait la charge, en leur donnant un cara&ere de pefan- teur qui s'affocie û mal avec la légèreté de la Sculpture qu'on y introduit, qu'il faut s'éloigner beaucoup pour juger de l'effet des moulures, δε s'approcher très-près pour en diitinguer les Orne- ments : car ainfi qu'on peut le remarquer ici, nous |
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avons paiTé d'une extrémité à l'autre ; après le
régne des le Brun & des le Pautre qui, par la fé- condité de leur génie, accâbloient quelquefois leurs comportions & de trop de membres d'ArchitÊS ôure & de trop de Sculpture } nous avons donné dans un genre frivole, qui n'a malheure ufement que trop été imité de toutes parts. Nous fommes lin peu revenus il eil vrai de nos futilités paffées; mais nous ne fommes peut-être pas encore au terme defiré. L'Architecture eil de tous les Arts celui qui exige le plus de méditation , de goût & de raifonnement ; & particulièrement fans ce der^ nier il eil difficile, pour ne pas dire impoiîible, d'arriver à un certain degré de perfection, fur tout iorfqu'on n'aura que des idées vagues des diffé- rentes branches qui la conilituent, ou qu'on ne fuivra qu'une mode paiTagere , qui néceiTairement fe trouve détruite par une autre mode dont les meilleurs Maîtres ont fouvent bien de la peine à fe garantir, par une inconféquence naturelle à notre Nation , qui éprife du moment perd de vue les chefs-d'œuvre de nos PrédéceiTeurs , & ne prévoit pas la décadence qu'entraîne après foi cette folie du jour. Mais abandonnons cette digrelîion toute impartiale qu'elle foit, & difons que les Profils des figures I & II., quoique très-variés dans leur com- poiition & d'un de/fin du meilleur genre , cepen- dant ne conviendroient pas par tout ; qu'ils ne peuvent réuffir que dans de très-grandes pièces d'une hauteur convenable ;, & dont les lambris fe- roient comparus d'une maniere à pouvoir foutenir de pareils couronnements, tels qu'Hardouin Man- fard les avoit compofés dans le Château deClagny » & qui dans le coup d'eiTai qu'il fit de fes talents, annoncèrent ce qu'il devoit être un jour. |
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d'Architecture. 43
Nous n'analiferons pas ces deux profils deilinés
fur les lieux avec beaucoup d'exactitude. Ils fe trou- vent tracés ici d'une grandeur affez diilincle pour n'avoir pas befoin d'en donner les mefures parti- culières : d'ailleurs il faut s'attendre que quelque bien que nous paroiffent de telles productions, elles ne peuvent fe copier fervilement ; moins de hauteur dans une pièce, une dimeniion différente entre fa largeur & fa profondeur, une lumière plus pu moins abondante , l'application d'une certaine quantité de glaces , enfin la qualité des matières qui en compofent l'ordonnance , doivent néceffai- rement en changer les proportions & les orne- ments pour n'en retenir que le caractère & l'ex- preffipn : mais il n'en eè pas moins vrai que le ilyle peut s'imiter , & que c'efl fou vent dans le choix de cette imitation que l'Artiile acquiert la réputation méritée d'être homme de gout & homme d'expérience. La figure IIÏ, affez femblable à la figure I, fe
remarque dans fa Salle des Cent-Suiffes du Palais âes Tuileries. Nous la rapportons ici, parce qu'elle nous donne un exemple des légers changements que les Corniches de même genre peuvent rece- voir entre les mains d'un Architecte intelligent, qui a pour but d'affortir toutes les parties de fa décoration au ityle dominant qui préfide dans cha- que pièce. Le deiîin de celle-ci a quelque chofe de plus impofant encore ; les Confoles en font group- pées & les Métopes font plus confidérables ; ce qui ajoute à fa grandeur : auffi ne couronnent-elles que de belles tapifferies , pendant que la Corniche de la figure I couronne des Lambris , qui par la divifion de leurs compartiments exigent des maffes |
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44 Cours
moins fortes dans leur couronnement, & des bas-*
reliefs moins faillants dans les métopes. La figure IV donne la Corniche de la Gaîlerie
de l'Hôtel de Touloufe. Elle eft d'un profil moins févere : auili ne coiïronne-t-elle qu'un Ordre d'Ar- chitecture Pilaitre cqmpofé ; elle eil d'un excellent defiïn, ainii que les ornements de cette belle pièce * dont on trouvera dans ce Volume la Décoration, Planches Uli & LiV, Les Confoles accouplées qu'on remarque dans cette Corniche font placées à plomb de chaque pilailre, & font répétées auiîi an milieu de chaque entre-pilaitre ; ce qui forme entre ces couples de confoles des métopes enrichis de bas-reliefs d'un travail exquis. Nous nous bornçrons à ce peu d'exemples ; l'abon-
dance des matières que nous avons à traiter fixant pour ainfi dire le nombre des Planches fur chaque objet : paifons à préfent à quelques autres parties de détail concernant les Portes , les Croifées , les Attiques 5 les Panneaux, les, Frifes, les Cheminées, & leurs Chambranles ; les Parquets, lés Plafonds, les Ornements de Serrurerie que l'on admet dans les Décorations fur les ferrures ; enfuite nous don- nerons des Deiïins de Lambris relatifs à l'ordon~ nance des différentes pièces qui compofent un Appartement, lefquels exigent un genre de Déco- ration plus ou moins riche & en rapport avec leur defiination. |
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D'ARCHiTEÜTUili. 4ί
CHAPITRE III.
De la Déco ration des Portes
a ρ lac ard. ν -
PLANCHES VIII ET I X, •r
JLes Portes à Placard contribuent beaucoup â la
décoration intérieure, fur-tout Jorfqu'elies fe trou- vent placées dans l'enfilade d'une fuite d'apparte- ments, & terminées de part & d'autre par des portes-croifees pratiquées dans les façades■■■laté- rales des édifices. Elles font encore bien lorfqu'à cette beauté effentielle elles fe trouvent répétées avec fyrnmétrie dans chaque pièce, & affez di- ftantes pour que le milieu de leurs intervalles puhTe être occupé j ou par une cheminée , ou par un trumeau de glaces féparé par un pilaftre ou panneau qui amené autant de repos entre ces objets de prédiîecÎion. Les Portes dont nous parlons font fufceptibles
de quelque variété dans leurs formes ; mais il faut autant qu'il eil poifible faire en forte que le Îom~ met de leur chambranle foit à plate-bande & non chantourné ; ce mouvement ne convenant guère que dans les petits appartements, où la gaieté eil fouvent préférables la févérité qu'on doit obferver dans les grandes pièces. Ordinairement les portes à placard font à double ventail & à double pare- ments ; chacun de ceux*ci eit - comparu de plusieurs panneaux dont les traverfes font fufceptibles de çqntQms variés ; ruais il faut obferver que ces |
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φ G ö u M 'à.
contours ibient doux & coulants. Aujourd'hui, â
l'imitation des Anciens , on préfère fcrupuleufë- ment les traverfes droites. Il s'en faut bien que nous foyons toujours de cet avis ; mais comme plufieurs Artiiles ont pouiTé trop loin la finuoiité de ces traverfes, nos têtes prétendues raiforiiia- bles ont profcrit toute efpece de mouvement à cet égard> fans fonger fans doute que l'élégance qui regne quelquefois dans l'ordonnance de la pièce, doit donner le ton à toutes les parties qui concou- rent à fa décoration ; d'où nous conclurons qu'il ne faut ni fe permettre abfolument les träverfes droites, ni fe défendre avec partialité Tufage des traverfes chantournées. Une attention qu'il convient d'avoir lors de H
diitribution d'un plan , c'eil de déterminer , en fe rendant compte de la décoration intérieure , de quel côté doit fe faire l'ouverture des ventaux des portes à placard. Premièrement, parce qu'autant que cela fe peut il faut faire en forte qu'on pouffe le ventail qui doit s'ouvrir au lieu de le tirer à foi : fecondement, parce qu'il eil intéreifant de ferrer ces ventaux fur le chambranle lorfqu'il eil nécef- faire de feindre plufieurs portes dans une même pièce, tel que fe remarque le Profil A de la figu- re IV, tracé fur la Planche I de ce Volume ; tandis que les figures I & III de la même planche fe trou- vent ferrées derriere le chambranle. Mais dans ce dernier« cas il faut fçavoif que l'embrafure doit avoir au moins de profondeur la largeur d'un des ventaux , & que le revêtiiTement de cette embra- fure doit être aiTez reculé de la rive du chambranle pour que les ventaux puiiTent s'ouvrir carrément, ainii que l'expriment les deux figures que nous ve- nons de citer. C'eil pourquoi il iaut tenir alors les |
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d'Arc hitèctür L· $f
pied droits en pierre environ dé trois pouces plus
larges de chaque côté que le dans-œuvre des chambranles des portes, tant à caufe de l'épàifteur du revêtiffement de l'embrafure & de celle du vcn- tail , qu'à caufe de la feuillure pratiquée fur la rivé du chambranle pour fervir de battement à la porte: aulîi pour bien entendre cette partie, eit-il befoin d'avoir recours aux figures de la Planche I, & d'en faire une nouvelle étude avant de s'affurer au parti qu'on devra prendre pour attaquer une dé- coration intérieure ; en un mot en la compofani, il faut fans ceife avoir égard à l'ufage de la pièce j, à l'ouverture des portes , à l'épaiflèiir des murs de refend, enfin à la commodité & à l'économie qu'il convient d'apporter dans toutes les efpeces d'entreprifes. ι Les portes à placard, lorfqu'elles ne fe trouvent
pas contenues dans des arcades feintes qui fym- métrifent ordinairement avec des portes croifées , qui donnent entrée à un Sallon, à une Gaîlerie, &c, font couronnées par des deifus de porte qu'on appelle Attique, Ces attiques , dans les grands appartements, ne doivent guère avoir moins da quart de la hauteur des portes , y compris leor chambranle, & ne doivent jamais en excéder le tiers. Le mouvement & la richefTè des bordures de ces deifus de porte ont befoin d'être affortis à celui dont on a fait choix pour les ventaux, Ton & l'autre doivent puifer leurilyle dans Fufage delà pièce; ce qui fait qu'on y peut introduire des ta^ bleaux ou des bas-reliefs, enfin des trophées , des ornemenrs foit réels foit {a&ices ; cqs derniers fur- tout, peints en camayeux du ton dominant & imi- tatifdes lambris, forment un accord intéreflant, fouvent préférable à Téclat de lor & à l'ufage des |
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48 Cours, ■ ,
tableaux coloriés , qui rarement réuffifïent ÎAën
par tout *. Lorfqu'ort n'eft pas àifujetti dans une belle pièce
à répéter plufieurs portes feintes , & que le genre de l'ordonnance amené plufieurs corps faillants dans la décoration, il eil convenable félon nous de né ferrer les ventaux des portes ni fur ni der- riere les chambranles , mais de les faire ouvrir fur le parement de la pièce voifine, Cette profondeur ainii pratiquée ajoute à la beauté de l'enfemble, préfente des martes , procuré des furfaces moins monotones , offre des demi-teintes & des effets d'ombre intéreffants, fur-tout lorfqu'il s'agit de la décoration d'un Sailon, d'une Salle d'Audience, d'une Galîerie ^ &c / , ·„'."'' * La Planche VIII offre l'élévation & le profit
d'une Porte à Placard à deux ventaux & à double parement. Son chambranle eft à plate-bande. Cha- que ventail figure I, eft compofé de deux pan- neaux A & Β, féparés par une frife G, de même que les côtés de l'embrafement D figuré II : Ε, eft un deffus de porte ou un Attique dont on pourroit remplir le panneau par un tableau $ un trophée ou un bas-relief. Nous avons fupprimé les ornements de cette porte, afin d'infpirer aux Elevés le defir de commencer par deiîiner les nuds , & de les mettre en état de juger de leur perfection ou im* perfe&ion avant d'y introduire de la Sculpture ; celle-ci ne contribuant fouvent qu'à mafquer des défauts. Un œil intelligent aime à voir là marche deTArchiteâe à découvert; il le complaît à fuivre les afl'emblages de la Menuiferie, enfuite il con- temple avec un nouveau plaifir les ornements, |
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* Ici fe termine' le Manufcrit de M. Blondefc
". iur-touÊ
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d'Architecture. 49;
fur-tout îorfqu'ii remarque que ceux-ci naiiîent de
l'objet , & qu'ils y font amenés comme par né- ceiîité , pour embellir & non pour accabler le deiTous, j " ; Nous avons repréfenté en petit ^dans la figure I
les ferrures de cette porte, coniiftant en une fer- rure à bafcules a, avec fes verrouils b, b , fa main- tournante c, δε fes charnières d _, d, que Ton admet quelquefois de préférence aux nches-à-vafes. Il'eil à remarquer que dans ce deiTein , nous
n'avons point chantourné les cadres ou traverfes des panneaux , ainii qu'on le pratiquoit aiTez ordi- nairement ci-devant , attendu que le nouveau procédé eil bien fupérieur à l'autre, & procure beaucoup plus d'économie dans l'emploi des bois, & que par ce moyen on parvient à mettre en œuvre des panneaux d'une plus grande élévation, & d'une plus grande largeur que par le paifé : on peut même avancer que l'Art proprement dit doit beau- coup à l'induilrie & à l'intelligence de nos Entre- preneurs dans cette partie du Bâtiment : induilrie qui tous les jours procure à l'Architecte la liberté de donner l'effort à fon génie, de produire des chefs-d'œuvre de goût, & d'ajouter des rapports intéreifants entre les objets de détails &l'enfemble des décorations. Afin de ne rien laiffer à deiirer , nous avons
repréfenté figure I, Planche XV, le plan, de la moitié d'une Porte à Placard à deux ventaux & à double chambranles. A, Ventailà deux parements* B, Embrafures revêtues de panneau de Menuiferie·'
C, Chambranle derriere lequel eil ferrée la porte,
& qui doit excéder aiTez les embrafures, pour quç le ventail puifTe s'y loger fans former de faillie, Tome F. '" X)
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$ö Cours
Β» Autre Chambranle affemblé dans les lambris
de la pièce voiiine. - Pluiieurs Planches répandues dans ce Volume
offriront divers Deiïins de Portes à l'ufage de la décoration des appartements, & dont la plupart feront puifées dans nos Edifices de diftinction. C'eil pourquoi nous nous bornerons ici à quelques -exemples de Portes à Placard que nous avons fait exécuter en diverfes occafions. La Planche IX représente le deffein d'une Porte
à Placard A , enfermée dans une arcade ; elle eil ferrée derriere fon Chambranle Β , & celui-ci eil enfermé dans un petit renfoncement en retour d'é- querre, autour duquel circule un autre Cham- branle G , terminé en plein-ceintre, & difpofé ainii pour fymmétriier avec les ouvertures des portes-croifées d'un Sallon ou d'une Salle d'Ailém- blée, de maniere qu'entre le fommier des deux chambranles fe trouve introduit, foit un tableau , foit un bas-relief, foit un trophée D, félon que le genre de la décoration femble l'exiger. Cette Porte à Placard A eft à deux-ventaux, dont les traverfes font droites & unies, ainu que la plate-bande du chambranle. Nous en avons uie ainfi conformé- ment au goût acluel, & parce que le> mieux eft toujours de fermer les portes quarrément j car lorsqu'on fait les portes ceintrées ou bombées , il faut, afin qu'elles puiiTent fe ranger dans les em- brafures , remplir la portion bombée avec un petit panneau particulier. La raifon encore pour la- quelle nous n'avons pas donné de contours ii- nueux aux traverfes , c'eft parce que ces contours entraînent néceffairement des ornements pittoref- ques & tourmentés qui, fous le cifeau des Artilïes fubalternes en ce genre, n'ont que trop produit par |
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"Ί, '
le paifé des compoiitions extravagantes. Nous n'a-
jouterons rien de plus à L· defcrîption de cette porte, & des lambris de hauteur Ε, qui l'aecompa* gnenr, attendu que la vue du deiiîn rend les dé* taiis de fes ornements '& de Ces proportions fuâi- famment feniibles; Les Planches X & XI fourniÎTent deux exemples
de décorations de la partie iiipérieure d'une Porte à Placard, ik dont les deiTus de porte font aflujettis à la même hauteur & à la même longueur. Le Deiiiin de la Planche X eil mâle & de la formé
îa plus noble ; il pourroit très-bien figurer dans un, appartement de la plus grande diftinftion ; fort chambranle eil terminé (juarrément > & fa princi? pale moulure eil ornée de feuilles de chêne en* ïaïTées avec un ruban : les panneaux de la porte & leurs ornements font du même ilyle que le cham- branle : le deffus de porte repréfenre un bas relief : fa bordure eil enrichie d'ornements dans îe goût antique j & elle eil couronnée par deux guirlandes, avec des rubans qui, en interrompant (as lignes droites , ôtent la féchereffe que îa trop grande Unité de fa forme pourroit produire. Le Deiïîii de la Planche XI eil plus iîmpîe : fon
chambranle eil couronné par une corniche avec tine frife ornée de rdfaces Ort voit fur cette cor- niche un vafe d'un genre rtoble , accompagrié de guirlandes attachées aux anfes & qui viennent s'y repofer. Il eft à obferver que tous les ornements, tant des panneaux des portes que de leurs deiFüs, ont en général peu de reliefs. Il feroit encore un coup fuperfîii de s'étendre fur les détails de ces deffms ; d'autant qu'en pareil cas "la vue d'uii modele inftruit plus d'ordinaire que toutes le» tieferiptions les plus étendues. |
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1.· CHAPITRE I V.
De la Décoration des Croisées, PlanchesXII, XIII,XIV etXV. ; x% OTRE intention n'eitpas de parler ici5 de toutes
les fortes de Croifées que l'on pratiquoit ancienne? nient , telles que celles à croifillons iimples &; doubles, celles à couliffes, &g , mais feulement de celles à l'ufage des appartements. Ces croifées font de deux efpeces ; ou bien elles s'ouvrent de toute la hauteur , ou bien elles s'ouvrent fous un impolie avec un dormant au-deifus. Les unes & les autres en général peuvent être pofées ou fur un appui ou fur une banquette. On appelle appui le mur de Maçonnerie qui ferme la jCroifée par le bas, & fur lequel on s'accote pour regarder en dehors. Quant à la banquette , elle diffère de l'appui en ce qu'elle eft beaucoup plus baffe, & qu'on s'agenouille ou s'afîied deffus ; elle confiite en une tablette de pierre , placée fur des confoles ou fur une vouffùre en dehors de la façade d'un bâtiment, avec un appui de fer d'environ deux t pieds d'élévation. La hauteur des appuis en pierre eft depuis deux pieds & demi jufqu'à trois pieds , & celle des banquettes depuis un pied jufqu'à dix- huit pouces. Il y a environ 80 ans que les appuis de pierre
4es croifées embraffoient toute l'épaiffeur des murs, ce qui empêchoit de voir commodément dans la rue , & furchargeoit inutilement les plate-bandes |
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d'Architecture; γ$
t ou linteaux des croifées inférieures; mais mainte-
nant il eil d'ufage de fupprimer TépaiiTeur de l'embrafemen^, de réduire le mut vers cet endroit à l'épaiffeur feule du tableau δε de la feuillure : ce qui eil très-bien raifonné pour la confku&ion, & à la fois plus commode. Comme ces banquettes fervent à s'affeoir, on
pratique communément au droit des embrafements dont on a fupprimé la Maçonnerie, des efpeces de, coffres ou tiroirs qui ne lauTent pas de procurer beaucoup de commodités à un appartement. On voit dans le bas de la Planche XII en Ε,., l'éléva- tion & le profil d'un de ces coffres ou vuides. Lorfque les croifées defcendent jufques fur le
parquet fans appuis ni banquettes, on les nomme portes-croifées ; & alors on fe contente de placer au bas du feuil au droit du tableau, un petit rejet- d'eau en pierre pour mettre obilacle à l'écoule- ment des eaux dans l'appartement , ainfî qu'on peut le remarquer au bas des profils des Plan- ches XIII & XIV.*- f On peut donner aux croifées & portes-cróifées
en dedans des appartements la même forme qu'en dehors , c'eft-à-dire la faire quarrée, bombée, furbahTée ou plein-ceintre ; il n'y a guère que dans le cas d'un trop grand efpace entre le haut de i'embrafement d'une croifée & la corniche d'un appartement qu'on en ufe autrement, en y pra- tiquant de ce côté une vouifure en anfe-de,-panier, comme on le voit Planche XIV, ce qui produit un bel effet en exécution > procure plus de jour au plafond, & allège à la fois fa partie fupérieure. On orne auffi le pourtour de la baye des embrafe- ments d'une croifée avec un chambranle ou- un bandeau, que Γοή fait faillir fuffifamment pquç Diij -
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54 Cour s
cacher la îsrifure des volets, loriqtulsfoaitmiverts,
^infi que nous allons l'expliquer, Les Volets -font d'ordinaire brlfés en deux , 8ε
quelquefois en trois parties, félon la profondeur des embrafements ; quand les épaifieurs des murs font considérables , il eil poiîîble de ne les. point, |*rifer & dé les faire fervir de revêtirTements auaç «mbraiements.;maîs filon eit obligé de les bnfer, 'il e& important de faire en forte que· ce fqiî en deus; parties égales, *& de faire excéder le chambranle dé la croifée, afin que les volets piiirTent fe loger' jtiilé dans l'embrafement & former un même aili- gnement. Quand rembraiement eil un peu trop large pour être rempli par le volet brifé en deux parties , on a coutume , foit de pratiquer der- fiere le chambranle un pilaitre qui forme un petit- avam>çorps fiir le volet, foit de taire au contraire la partie du volet qui tient au dormant de la croi^- •féé de 'foute la largeur de lémbrafement 9 & de re- mployer la ipetite partie reliante derriere celle-ci ; alors comme cette petite pactie eH trop étroite φόύΐΙ& faire dViTemblage , mn la -fait en panneau ravalé; mais ceia ne s'admet guère que dans les. apparteinents qui n'exigent pas une ùertaine déco-» ration :& il vaut toujours mieux brifer les voleta en deux parties égalçs, en admettant un pilaitre/ ' rderrjere le chambranle. On' verra dans le Chapi- fre de la Memùfirie, Torm Fi 9\e^ détails âe ces, dirFérents arrangements. Quoique l'on fafîe fervir les volets, îorfqu'Îîs
font ouverts, de décoration, onïiè lairTe pas néan- moins le plus fouvent de revêtir encore les embra- fements des croifées, de lambris à petits cadrés „ ainfi que d'un plafond de Memiiferie par le haut* ■auquel on donne les fernes champs ék les menie& |
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d'Architecture, ff
moulures qu'aux revêtiiFements des embrafe-
ments. La Planche XII, figures 1 & II offre l'exemple
d'une croifée quarrée parle haut, qui s'ouvre dans- toute fa hauteur δε qui eftpofée fur une banquette* La moitié de la figure I exprime l'élévation de cette croifée avec fon volet fermé ; & l'autre moitié repré- fentefon élévation avec fon volet ouvert. A, Chaftis; Β., Volet fermé , qui fe ployé dans Fépaifleur de l'embrafement dont il feit fouvent le revêtement; C , Chambranle intérieur de la croifée ; D , Ban- quette ou Appui de pierre élevé d'environ un pied au-deÎTus du parquet ou carreau ; Ε, Tiroir ou CorTre ; F , Appui de fer. Nous avons exprimé autant que nous l'avons pu dans cette figure 1% les ferrures, telles que Fefpagnolette a avec fa, poignée £; les panetonsc & les agraires d; les- fiches à vafe e ; les. fiches de brifures ƒ; les fiches à broche ou à bouton g .* tous objets que nous développerons par la fuite, lorfque nous traite- rons, de la Ferrure en particulier. La figure II repréfente le profil de la croifée
avec fon embrafement G, fon taMeau H * fa bai> quette D, & foa appui de fer F ; elle achevé de faire eonnoîtrelaliaifon de fes diverles parties , par la correfpondance des mêmes lettres de renvois La Planche XIII fait voir deux moitiés de Portes-
Croifées, Tune ceistrée r l'autre quarrée par 'le feaut, fig» I & fig. II, lefquelles ouvrent toutes deux fous une ïmpofte A ». On ajoute d'ordinaire: des impofles aux croifées r quand elles excédent dix pieds de hauteur , afin de diminuer par ee moyen la pefanteur des chafïis & de les empêchée de voiler ou de fe déjetter, en leur donnant une- élévation plus coniidérable» On en met auiS quand |
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$6 Cours
les croifees font plein-ceintre ou furbaiiTées, à caufe
de la difficulté de les ouvrir au droit du ceintre ; mais alors il convient de faire dormante la partie du chaiîis en évantail ou gui eil au-deiîus de Γϊήι- pofte, en obfervant de placer ces impolies au ni- veau du point de centre, & de les accorder avec les impoftes en pierre de la baye extérieure de la croifée s'il y en a. On voit dans ces deux croifees , de même que
,, dans la précédente, de grands carreaux, tels qu'on en admet maintenant dans les appartements, les- quels carreaux embraiîent la largeur du chaiîis & font divifés fur la hauteur par plufieurs traverfes, ainii que nous l'avons dit en parlant des profils & développements des croifees. Comme il arrive quelquefois qu'il fe trouve dans
un même appartement des croifees à banquettes avec des portes-croifées , il eil d'ufage de pratiquer dans le bas des dernières un panneau Β, de la hau- teur des banquettes, afin que la hauteur & la Sym- metrie des carreaux régnent également dans les unes comme dans les autres. On place auiîi des volets derriere les portes-
croifées , lefquels ne defcendent d'ordinaire que juiqu'au bas du dernier carreau , & ne montent guère, quand les croifees font ceintrées, quejuf- qua fimpoite. Car en fuppofant que l'on voulut des volets au-deifus de l'impoite, il feroit à propos de terminer la partie fupérieure des embrafements en araere-vouffure de Marfeill'e, pour parvenir à Iqs loger, & pour faciliter leur ouverture. Nous avons également repréfenté en petit fur ce deiHn toutes les ferrures d'une porte croifée, qui font les mêmes que celles àes croifees ordinaires ,. à l'exception du verrou à crampon & à douille G % que l'on „ajoute dans le bas. |
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D ' A R C H ITECTÜ R E. ff
ν; La figure III fait voir le profil de la porte-croifée
plein-cintre à importe, avec fon volet ouvert & ployé dans l'embrafement. En comparant enfemble les rapports du profil .& l'élévation de cette croifée > on comprendra aifément leur liaifon , & comment le volet D fe ployé dans i'embrafure. La Planche XIV offre une Porte-Croifée quar-
rée en dehors , & terminée en dedans avec une VOiiffure fans importe. La figure 1" repréfente la moitié de l'élévation , 81 la figure II fait voir fon profil avec le volet qui eil logé dans Tembrafe» ment. On orne quelquefois les vouffures de "pan- neaux de Menuiièrie & d'ornements de Sculpture en relief, & quelquefois auiîi on fe contente feule- ment d'y peindre des panneaux & des ornements/ Nous avons repréfente , Planche XV figure II » le Plan de la moitié d'une croifée ou d'une porte- croifée, pour en faire fentir tous les développe- ments. A, Tableau de la croifée : B, chaifis avec fon • dormant I : C, les battans-menaux ouvrant à noix : D,efpagnolette : Ε , volet fermé : F ,embrafure re- vêtue d'un panneau de Menuiferîe : G, volet ployé, qui eil le même que celui Ε , & que Ton a fuppofé brifé en deux parties à peu près égales : H, cham- branle que l'on fait faillir fur le nud de l'embrafe- ment^ afin que îe volet étant ouvert, l'épaineur de la brifure ne puifle être apperçue de l'intérieur , du Sallon , & foit au contraire mafquée par la faillie du chambranle intérieur de la croifée; moyen qu'il faut mettre en ufage le plus qu'il eft poflible , & que l'on doit à la réflexion de nos Artiiles modernes. En joignant à ce que nous ve- nons dédire concernant les Portes & lesCroifées, : l'étude de tous les Profils que nous avons donné .ci-devant, il fera aifé de comprendre tous les |
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?8 G o υ R s -
détails de leur exécution , de leurs-rapports & de.
leur liaifon. * Nous rappellerons à l'égard des Croifées ce que
nous avons dit précédemment, en parlant des, ■ventaux des Portes à Placard* qui fe ferrent derriere les chambranles 9. fçavoir qu'il faut calculer la lar- geur des ventaux & les comparer avec l'épaiÎTeur des murs de refend 3pour qu'ils puiaent fe loger à î'aife , ou bien avoir recours à la reiîburce de cal- ler les lambris jufqu'à ce que leur largeur puiife y être comprife, lorsqu'on veut loger le guichet fans. brifure* ainfi que la largeur des veataux de la porte-croifée. Pour bien fentir tous ces dévelop- pements , il eft eifentiel encore un coup de faire une étude particuliere de chaque partie de la dé- coration : comme les figures que nous .offrons ici ne feauroient être que fur une échelle bien petite: en comparaifon de l'exécution, pour obvier à cet inconvénient , nous répéterons aux jeunes. Artiftes ce que nous leur avons déjà recommandé plus d'une fois ; qu'ils traduifent ces déifias de la grandeur réelle ; qu'ils fe rendent compte dQS pro- fils & de l'épahTeur des bois r indiqués dans les. premières planches de ce Volume : que de là ils, partent dans quelques-uns des Hôtels nouvelle- ment bâtis à Paris ; qu'ils en examinent avec foia les revêriffeménts i qu'ils en prennent les mefuresi qu'ils fe rendent compte de leurs affemblages j, qu'ils ferment, qu'ils ouvrent & qu'ils referment encore les portes & les croifées ; qu'ils, confu ken ε les bâtis, les panneaux., les cadres ,; les. cham- branles : qu'ils s'appliquent à connoître non- feulement Ia maniere dont les portes dor- mantes font attachées > mais encore la ferrure des portes mobiles ; qu'ils prennent des noues & |
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d'Architecture. 5:9
qu'ils faiient des efquiffes ; enfin 'qu'ils reviennent
dans ie filence du Cabinet remettre au. net ces diffé- rentes études ; qu'ils retournent encore fur le lieu ; ■(k s'il leur rede quelque doute » qu'ils paiTent dans l'Attelier de l'Entrepreneur ; qu'ils y voyent cor- royer & débiter les bois, les façonner, les aiera- Wer , les monter; perfuadés que les connohTances qu'ils acquerront par cet examen réiiéchi, leur fera juger des choies efîentielles qu'ils n'auroient. pu deviner : mais revenons aux Porte-Croifées tra« çées fur les Planches XIII & XIV. Dans ces Planches comme dans la précédente,
nous avons admis peu d'ornements, parce qu'en- core une fois il faut fe rendre compte du nud avant defonger à la Sculpture, que la plupart des jeunes J^rtiftes , abuiés par l'exercice du Déifia , s'occu- pent plus volontiers des objets d'agréments que du fond des chofes , & que pluiieurs même croyent que c'eil le partage du Menuiüer de faire de la Menuiferie, fans fe dourer que quelque habile qu'il foit dans fon Ait, il ne remplira jamais bien l'in- tention du Propriétaire , lî l'Ârchiîecle lui même ne donne les deffins & les mefures de toutes les différentes parties d'une Décoration. Après cette négligence il ne manquërok plus que de laiiTer faire auiîi au hasard rôrnementiite ,.& bientôt on ne verroit plus que de la Menuiferie, de la Scul- pture & non de l'Architecture. Cefï alors aufll qu'on ne remarqueroit plus de liaifon, plus de repos ., plus d'enienible : mais que l'on verroit au contraire beaucoup de cette richefîe confufe & indifçrete, qui loin de fatisfaire VëM ? le rebute & Féîoigne de cetrç efpece d'admiration qu'il avoir droit d'eipérer, fi FArchite&e plus initruit ou moins négligent, fe fut donné la peine lui-même de <Mdn · |
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6o Cours
buer à chaque Artifte les divers objets de fon dé-
partement. Λ Depuis quelques années , pour procurer plus
de lumière & de guaité aux appartements , on fait ttfage , comme nous l'avons dit plus haut y de grands carreaux de glace ou de verres de Boheme, au lieu de cette multiplicité de petits carreaux dont on accabloit ci-devant les chaffis à verre. On aauilî diminué la largeur des dormants, des menaux , des importes & des bâtis, en forte que les inté- rieurs des appartements ont acquis non-feulement plus de clarté ? mais auffi plus d'élégance , & par- conféquent plus d'agrément : cependant il ne faut pas abufer de ce rétréciflement dans les bois, à moins qu'on ne puiffe s'en dédommager par une plus grande épaiffeur, & accorder cette diminu- tion avec la grandeur de la baye & le iiyle de la décoration qui regne dans les pièces. Il faut auiîi prendre garde que la hauteur de ces carreaux fok toujours proportionnée à la largeur , & établir l'une & l'autre relativement à l'économie des glaces ou des carreaux de verre qui doivent être reçus dans ces nouveaux compartiments. Pour parvenir à ce rapport de hauteur.& de largeur , fouvent on baiiTe les panneaux du bas des portes-croifées, ou bien on les élevé à la hauteur du lambris d'appui, ne pouvant, guère raifonnablement faire defcendre les carreaux de glace jufques près du parquet, non-feulement à caufé de leur fragilité, mais auiîi dans le deffein de procurer aux appartements une falubrité réelle & apparente. On pratique communément de double-croifées
dans les appartements qui font fur-tout expofés au Nord. La perfection de leur pofition refpeclive eil que les carreaux du chaiîis extérieur fe trou- |
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d' Ar c h it e c τ υ R ι- 6t
refit'égaux, &. vis-à-vis ceux du chafïis intérieur,
que le guichet fe ployé avec facilité dans l'embra- fement à l'ordinaire, que le chaffis intérieur s'ou- vre fans difficulté, & que le chaifis extérieur s'ou- vre fur l'intérieur fans diminuer que de très-peu l'ouverture de la baye de la croifée ; ce qui exige beaucoup d'attention , pour empêcher toutes ces épaiiTeurs différentes de chaiïis , appliquées les unes furies autres de fe nuire. Nous donnerons dans le Chapitre particulier de la Menuiferie , un détail de ces doubles-chaflis , de même que de tous les affemblages particuliers à cet Art. Des Ornements de CuirRE ou de
Bronze^ que l'on applique sur les Ferrures des Portes et des Croisées des Appartements. Planches XVI et XVII.
La Ferrure deilinée aux appartements eil plus
foignée que celle qui ne fert iimplement qu'à la sûreté ; elle exige le goût du deiîin, & eil fufce- ptible de recevoir des ornements qui contribuent à l'agrément de leur décoration. Elle comprend les panetons de ferrure que l'on rend plus ou moins riches fuivant l'importance des appartements; les boutons , les targettes * les rofettes , les platines, les gâches, les entrées , les bafcules , les efpa- gnolettes, les fïches-à-vafe, &c , que Ton revêtit d'ordinaire d'ornements de bronze ou de cuivre dorés d'or moulu, ou que l'on fe contente de peindre en couleur d'eau. »ΤςΙοη la dépenfe que Ton veut faire. |
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6ι [.■'. CoünS
La Planche XVI offre divers deffins ci'df*
fiements de bronze à l'ufage de la ferrure: tks Portes à Placard , que M. Blondel avoiÊ fait graver, de même que la fuivante , d'après fort Ouvrage intitulé de la Dißnbution des Maifons di Plaifance* Quoique ces ornements fuiTent plus à la mode il y a if ans qu'aujourd'hui, parce qu'on chantournoit alors les traverfes des panneaux des portes, & que maintenant on afrecf e de les iairè droites ; néanmoins comme leurs formes iont fort agréables, nous avons cru devoir les con- ferver. # A, Platine de rofette pour recevoir le bouton*
Β s Β, Moitiés de panetons de Serrure à bafcuieS, fupportés par des ornements qui en rachètent la faillie. Ces panetons s'attachent fur la ferrure & lui fervent de fur-tout. Il convient de leur donner une forme en rapport avec le contours des panneaux de Menuiferie qui les renferment. l/ufage de revêtit les ferrures d'ornements de bronze eil ancien ; mais Fidée de les chantourner, quand les panneaux: Je font, eil nouvelle, & produit un affez bon effet* L'effentiel eit de les accorder avec la forme des panneaux: ils doivent être iymmétriques; & pou? est effet il faut que la gacîie, qui s'applique fui celui des ventaux qui fe nomme dormant, em- prunte la forme de la ferrure , & ne paroiffe faire avec elle qu'un tout îorfque la porte eil fermée. Les ornements qui décorent ces panetons doivenÊ avoir très-peu de relief, & tenir leur plus grande beauté de leurs conrours extérieurs. Pour plus dô magnificence, on fait quelquefois porter ces fer- rures fur des ornements qui font auilî de bronze, & qui viennent en racheter la faillie ; mais cette dépenfe, qui engage à celle de- la dorure &oï |
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ï>* Architecture. 6}-
tsoü)tf? ne convient que dans des appartements
de m pins grande magnificence. C j C, Deux différentes Entrées de ièrrure d'un
deffin varié , que l'on doit aiTujettir aux ornements dont on enrichi le paneton ? fans néanmoins que cela ibit trop remarquable, parce qu'alors il fau- droit feindre une autre entrée dans la gâche qui § comme nous l'avons dit, doit être rendu conforme à la ferrure. Il n'en efl pas de même lorfque les en- trées font d'un côté & les ferrures de l'autre ; on peut donner pour lors diverfes formes à ces en- trées j à condition toutefois de ne les pas rendre trop lourdes , & d'éviter la licence de les orner de dïiFérents attributs , comme on le fait affez fou-. ^ém» Celles en cartels paroiflent en général mieux réiiffir que les autres , ainii qu'il eil aifé d'en juger par la comparaifon des deux exemples ci-joints. D > Platine qui enferme le. bas du verrouil à.
bafcnie. ik., ~ ·<.·α· .. ^vi E, Tringle de la bafcule, qui d'un feul tour de
clef fait ouvrir ou fermer les verrouils haut & bas dans leur gâche ou platine. F, Targette à Tufage des Portes à Placard.
G , Boutons ι à olive pour les loqueteaux des
portes. H, Conduit pour recevoir les tringles des fer-*
rures à bafcule. Comme ces ferrures par leurs richeffes ne con-
viennent qu'à des portes très-décorées, les uns fe contentent dans les appartements ordinaires de fupprimer leurs ornements , δε de les peindre en couleur d'eau; les autres fe bornent à les faire exécuter en fer poli ; d'autres enfin les font peindre en couleur de brouze : économie qui n'eit bonne que pour les veftibules & les premières anticham- |
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64 Co v±J <* .
bres, parce qu'en peu de tems le frottement que
ces différentes pièces de ferrure font les unes contre les autres , dépouillent la bronze & dé- couvre le fer dans les joints où fe fait le frotte- ment. Dans le Chapitre de la Serrurerie, nous ferons voir particulièrement les détails de ces ferrures fans ornements,'& telles qu'on les employé com- munément. La Planche XVII repréfente les détails des or-
nements dont eft fuiceptible la Ferrure d'une Groifée. On y remarque fur-tout les développe- ments d'une Efpagnolette A , à l'ufage d'une Porte- croifée, & qui peut également fervir à une croifée en fupprimant le verrouil d'en bas, pour y fubiti- tuer une gâche comme en haut. Cette forre de ferrure eft devenue fort en vogue, parce qu'elle donne la facilité d'ouvrir ou de fermer d'un feul tour de main un venteau de dix ou douze pieds de haut: ; elle pourrait même en ouvrir de plus grand : mais comme il ne fe fait guère de croifées plus hautes fans impoites , on fe borne à placer la gâche fupérieure de l'efpagnolette dans fa tra-v verfe, & pour contenir la partie du guichet qui s'élève au-deffus de l'importe ? on prolonge l'efpa- gnolette d'un pied de plus , & l'on ajoute à fon extrémité un paneton; ce quifuiïït. j *? Β, Lacet ou Piton qui reçoit la tringle de l'efpa«
gnolette , & qui l'attache aux battants -menaux de la Croifée. C, Paneton foudé à la tringle de Tefpagnolette,
& qui fert à fermer les agrarfes ou boucles atta- chées fur les volets. . D, Àgraffes ou Boucles attachées fur le revers
des volets, & qui par le moyen du paneton C * les
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b ' À R c ίι i τ È è τ ü il ê." ^' f|
les tiennent folidement fermés fur le chaiïîs à verre. /
E, Main-tournante , qui d'une feule opération
fait ouvrir bu fermer les guichets & la croifée. F, Douille évuidée en dedans, pour recevoir le
verrouil qui ferme là porte-croifée par en Bas. G, Poignée du verrouil à reffort.
H, Verrouil à réiTort. I, Crampon dans lequel va & vient le■ verrouil.'
Κ ? Platiné;
Nous avons repréfenté en petit fur la droite dé
cette Planche , l'efpagnolette vue de face 8t de pro- fil dans toute fa hauteur, où nous avons afîeclé de mettre des lettres correfpondantes aux mêmes objets développés en grand précédemment , afîii que l'on pnhfe les diftinguer aifénient dans leurs: diverfes poiidons. On orne plus ou moins les ferrures félon' la dé-
coration de la pièce oii elles font admifes, mais leurs tringles & lés pitons à vis né peuvent être que dé fer bien dont; toute autre matière n'étant aucune- ment propre à folider ces fortes dé ferrures , pat rapport au mouvement continuel qu'on leur donné pour ouvrir ou fermer les ventaux fur îefquels elles font attachées. L'on fe contente feulement de faire les platines, les mains & les émhafes èiï bronze enrichi d'ornements y que l'on doré en cou- leur d'or ou en or moulu, de- même que toute lai tringle ; mais quand on né bronze pas la tringle $ il fuifit d'y paiïer, ainiî que nous l'avons dis pottf la ferrure des portes ,· une couleur d'eau«.' |
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Tome P"i ■ i _ %
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66 Cours
C HAPITRE V.
Z>E LA DÉCORATION' DES CHEMINEES,
Planches XVIII, XIX, XX et XXI.
TT ,
jL A plupart des Décorations des anciennes Che-
minées fe reifemblpient : leurs chambranles étoient toujours de forme quarrée, compofés de groffes moulures, & terminés par des efpeces d'attiques chargés d'ornements très-faillants , au-deffus des- quels on pîaçoit, foit des bas-reliefs, foit des ta- bleaux , ce qui donnoit à tout leur enfemble , malgré la beauté qui pouvoir réfulter des pro- fils , du choix & de la proportion des orne- ments , un afpeâ lourd & matériel. Ceit. à l'in- troduétion des glaces fur les cheminées vers le commencement de ce fiécle, qu'on eil redevable du changement de leur décoration. Quoique beau- coup de perfonnes fe foient recriées contre l'ufage des glaces fur les cheminées, de même qu'entre les trumeaux des croifées, fous le prétexte que des glaces repréfentant des vuides ,. ne pou- voient raifonnablement être admifes qu'au bout d'une enfilade d'appartements pour prolonger fon étendue, ou fur des murs oppofés à des croifées; & qu'il n'étoit aucunement naturel d'exprimer comme s'ilétoità jour, ce qui devoir être cenfé plein ; il faut convenir cependant que les glaces produifent beaucoup de gaieté dans un apparte- ment : car non-feulement elles augmentent le jour & multiplient la nuit la lumière des bougies, mais |
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D ' À R C Η ϊ Τ Ε C Τ U R E. èf
encore elles "fervent à faire paraître les endroits
plus grands par la répétition des objets qui leur font oppofés, fans compter qu'elles facilitent ceux qui font voifins du feu de voir ce qui fe paffe dans un appartement, & d'appercevoir ceux qui y en- trent ou qui en fortent fans tourner la tête. j On décore les cheminées plus ou moins riche-
ment félon les pièces où elles fe trouvent placées- Il eil tout fimple que la cheminée d'un Sallon ou d'une Salle de Compagnie, doit être plus ornée & plus magnifique que celle d'une Antichambre.' Leur principale beauté coniiite en général dans la forme, dans la relation que la Menuiferie, qui entoure la glace, à avec le chambranle qui, quoi que d'une différente matière, doit néanmoins pa- roître la porter avec grâce, & de façon que ces1 deux parties ne faiTent qu'un feul tout. Il eft encore nécèffaire que la corniche qui termine lé plafond d'un appartement , femble faite auifi pour coù>' ionner une cheminée, foit en faifant faire à1 cette corniche un reffault de la largeur dû tuyau „ foit en marquant les extrémités de cette lar- geur par des confoles qui viennent s'y agraf-' fer, en fe conformant ait galbe du profil de la- corniche. , ' . p . · - Les chambranles des cheminées s'exécutent: erf
marbre plus ou moins précieux, & fe forti de for-; mes quarrées on cèintrées foit en plan foit eri élévation. Ils font compofés de pied-droits , de pilairres , de confoles , de travérfes ou plate- bandes que l'on enrichit d'ornements, foit fculptés; à même le marbre , foit appliqués après- coup êrr bronze doré & réparés avec foin. Gar ce n'eit" guère que dans des appartements depeudécóA- E 'ή
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4$ ïC ö υ R s 'α
féquence ou dans des maifons ordinaires, qixe Ϋΰη
exécute des chambranles en pierre de liais» r Le corps du tuyau des cheminées ou le deiïus de la cheminée , depuis la tablette jufqu'au défions des corniches du plafond, fe revérifient de Menui- ferie , ainii qu'il a été dit plus haut : on y place des glaces d'un ou de pîufieurs morceaux ; c eil la ri- ehefié de l'appartement & la dépenie que l'on veut faire qui décident de leur étendue ; plus elles foitt grandes & d'un feul morceau , plus elles font ma- gnifiques. On doit leur donner-au moins de hauteur deux fois leur largeur; & quand on les fait de pîufieurs morceaux, il eil fur-tout effentiel d'ob- ferver d'élever fuffifamment la premiere glace pour qu'elle ne puiffe défigurer le fpeäateur par fa jonäion. Il faut encore prendre bien garde ^ que les divers morceaux d'une glace foient d'une même couleur ou d'une même eau -, .rien n'efl plus défagréable que de voir une glace compofée de pîufieurs morceaux , dont les uns réfléchiffent les objets plus blancs ou plus gris que les autres qui font à côté. Une autre attention à avoir , c'efl auffi de placer les glaces bien d'a- plomb vis à-yis les enfilades des appartements , & les objers qu'ils doivent répéter, afin d'éviter que ceux-ci ne paroiffent fe renverfer & pencher de côté ou d'autre. Leurs bordures s'exécutent plus ou , moins richement : on les faifoit ci-devant de ro- cailles , de faifceaux de baguettes environnées de fleurs vde branches de palmiers > &c ; mais main- tenant l'ufage eil de les encadrer d'une bordure fimple, dont la beauté des profils, iirr lefquels on adapte des ornements imités d'après les plus beaux Ouvrages antiques, tels que des oves 7 des grains- |
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d'Architecture. 6$
d'orge % des guillochis , des Feuilles-d'eàu ou d'a-
cante;,:des roiaiïes , &c , fait le-principal agré- ment. On a auffi changé les couronnements des glaces j au lieu;d'y introduire dès tableaux & ues panneaux tourmentés de toutes les manières -, on fait le plus fouvent leurs bordures quarréès, & on les termine , foit par des confoles s foit par des médaillons, foit par des bas-reliefs , foit par des couronnes ou guirlandes de fleurs entrelaffées avec des rubans ,&c; ce qui produit un bien meil- leur 'effets & offre des formes plus mâles, plus fages & bien préférables à tous ces contour$ tourmentés ix fort en vogue il y a vingt ans. L'ufage eil d'accompagner les bordures des
glaces, foit par des arriere-corps tous unis , foit par de petits pilaftres ravalés avec des ornements de peu de reliefs , au droit dèfquels on fait profiler la corniche de l'appartement Ceft fuir ces arriere- corps ou pilaflres que l'on attache des chandeliers à pluiieurs branches , ou des bras de bronze dorés d'or moulu-, pour >portër;des bougies dont M lu- mière réfléchit dans les glaces. On a coutume de dorer les bordures des glaces & les ornements qui les accompagnent ^ mais pour que Tbr faffe de l'effet , il eft à propos qu'il y foit appli^ué::àVec art, & de maniere à produire un conp-d'oeil agréa- ble par l'oppoiition du mat & du bruni; g Il arrive fou vent que l'on met lihe glâcë vis-à-
vis d'une cheminée pour prolonger là-1épétition des mêmes objets à l'infini, alors il convient? de placer en fymmétrie fa même décoration y & dé mettre aii-deffus du lambris d'appui une frife qui s'accorde pour la hauteur avec le deffus de4â tablette de la cheminée. 11 y a cependant' <ks Eiij
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79- . .?.■'. O o ν R s·. ','-·;
Archite&es qui font defcendre Ia glace jufques {w Ie ^ajnbris d appui, en obfervant toutefois de faire régner fur ce lambris une plinthe femblable à celle WfiM au-deffus de la tablette, mais cela n'eil pas a'uffi régulier. . ;,. La. Planche XVIII contient deux différents def-
fms de chambranles de cheminée à liifage des Salions* des Salles de Compagnie, & des autres pièces fufceptibles dé magnificence, : > Le chambranle de la %ure Fe eft du genre le
plus noble : fa traverfe eit droite &: pmée de Coites ; fes pied-droits forment une petite faillie Vers leur partie fupérieure; ils font décorés chacun d une rofette portée fur un çul-de-lampe, & font terminés vers le bas au-deims du focle par des feuilles de refend :1a tablette fuit la traverie, ainii qu on le voit par ion plan. " ' ν ι : : - { . La figure II offre un chambranle de cheminée dune forme moins .grave,que la précédente : il y a une confole ornée de canelures placée dans chaque angle, qui racheté dansje haut une coquille qui porte la tablette vers cet endroit : fa traverfe eft bombée par fon plan quoique cintrée en éléva- tion ., :βζ M ornée dans le milieu d'une roface & de deux feuilles de. refend, eôi La-Planche XIX repréfente une Cheminée dut
meilleur genre, & qui p^ffe pour réufïir affez bien en éxecution : elle eft xl'un %le grave & compofée ^ ornements çhoiiis. La plate-bande de fon cham- branle eft droite en plan !& en élévation , & eil décorée de rofaces ; fes jambages font ornés de canaux avec des fleurons. La bordure de la glace #;des plus amples;; eile eil accompagnée dun araere-corps, & η eil point terminée au-deffus |
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D'A RCHÏTECTURE. JT
de la tablette par une traverfe j nouveauté qui
produit en exécution un allez bon eilet. Son amor- tifTement confifte en une couronne de fleurs qui entrelaffe un trophée d'amour, d'où il part deux guirlandes qui defcendent fur la glace & vont aboutir à deux confoles placées fous la corniche , aux extrémités du petit avant-corps formé par la faillie de la cheminée : enfin les feuilles de refend qui ornent la corniche du plafond de cet apparte- ment , contribuent encore à relever la richeffe de la décoration de cette cheminée. On voit à côté deux panneaux ravalés ornés de branches de îau~ rier, entrelaffées de maniere à former en montant par leur réunion des efpéces de couronnes, Il fe- roit inutile de nous étendre davantage fur la def- cription de cette cheminée, attendu que Tafpect de fon deffin en dit plus que tout ce que nous pourrions ajouter. La Planche XX offre auiîi une Cheminée dans fon
entier : tout le corps de la cheminée eil occupée par une glace, dont la bordure eft compofée de faifceaux de baguettes enlaffées par un ruban , δε terminée dans ia partie fupérieure en efpéce d'anfe de panier : elle eft couronnée par un trophée : fon chambranle efl bombé par le plan & cintré dans l'élévation. Cette cheminée eil accompagnée de deux pilaftres portés fur des arrière· corps qui la noiirriiîent, & lui donnent de la grâce. Nous avons repréfenté à côté les panneaux d'un lam- bris de hauteur, propres à décorer avec gaieté un appartement. Comme dans la plupart des Antichambres , &
même des Salles à manger , on ne fait point de Cheminée, mais des. Niches décorées plus ou E iv
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9ß.. . € ο υ κ s
moins richement, où l'on place des Poêles en
^^ÎV ?OUS aV0îls donné dans la Plan,
scne XXI la figure d'un de ces Poêles , lequel ^eprefente un efpéce de Piedeftal fervant de baie η un trophée de Muiique , d'où s'élève un faii- peau de tyrfes entouré de pampres de vignes fervant de tuyau. Ces Niches (ç peignent d'ordi- naire en compartiments de marbre dont on varie les couleurs 5 Ou bien fe revêtiiTent de marbre s imvant la dépenfe <jue l'on veut faire. |
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d'Architecture.,
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kiiaésSs^A^Èê^Ê.i
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■saga
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C H A Ρ, Ι Τ R E V I.
)e la Décoration des Lambris
d'appui et de h auteur. Planches X XU et XXUIt ^
JLes Lambris font des revêtements de Menui-r
ferie dont on décore les murs âes Appartements, Nous ayons vu précédemment les détails de'leurs Profils, c'eil pourquoj il ne fera mention ici que de leur forme & de leur difpoiition générale. Il y a de deux fortes de Lambris , les uns que Ton nomme Lambris d'appui, $?: les autres quç l'on nomme Lambris de hauteur. L'élévation des lambris d'appui eil commune*
ment depuis % pieds ~ jufqu'à 3 pieds \. Leur fon- ilion eil de revêtir les murs au-deiTous des tapif- feries , & de les élever fumYamment au-deiïus des doiïïers des iiéges ou fauteuils. Ils font compofés de panneaux & de pilailres de peu de faillie : on donne d'ordjnaire des formes quarrées à leurs ca- dres ou traverfes , .&: on les djilribue de maniere que les compartiments correfpondent à ceux des. faces oppofées de l'appartement : rarement y admet-pn quelques ornements , par la raifon qu'ils fçroient le plus fouvent cachés par les meubles. Il eil d'ufage de mettre des pilailres dans les an- gles des pièces x attendu qu'ils paroiffent. mieux terminer ces endroits que des panneaux , & qu'ils peuvent-répondre à ceux dont on eil d'obligation de revêtir les dofferets des portes & des croifées : enfin, on obferve encorç de mettre autant que faire |
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74 Cours
le peut j un panneau au milieu de chaque face de
lambris, & non un pilaftre. Les lambris d'appui font toujours couronnés par une cimaife, & ter- minés dans le bas par une plinthe. Les lambris de hauteur fervent à lambrhTer un
appartement, depuis le deiïus du parquet jufqu'au deffous delà corniche du plafond : ils font compofés de panneaux, defrifes, de cadres & de pilailres, que l'on difpofe avec fymmétrie dans les cotés oppofés d'un appartement. Plus les panneaux font grands, plus ils produifent d'effet ; on a coutume de dif- pofer la partie inférieure d'un lambris de hauteur comme un lambris d'appui ; ç'eft-à-dire d'y mettre une plinthe & une cimaife. La proportion des pan- neaux doit être au moins deux fois, & au plus trois fois leur largeur. Quant aux pilaftres, on ne leur donne guère de hauteur moins du huitième de leur largeur, & au-delà du dixième ; le tout depuis la cimaife jufqu'au deftous de la corniche. Il eft effen- tiel de faire en forte de 4aiffer d'une égale largeur tous les champs des panneaux , tant ho rifontaux que perpendiculaires, & de mettre , comme nous, l'avons dis pour les lambris d'appui, avec lefquels ils doivent toujours correfpondre par la largeur des panneaux , des pilaftres de préférence dans les angles de la pièce,. & un panneau au milieu de chaque face. On varie la décoration des lambris fuivant f u-
fage & la richefle des appartements; là beauté de leur forme & le goût de leur compoiition fait tout leur fuceès, On peut décorer leurs panneaux de médaillons, & fculpter toutes fortes d'ornements, dans le goût antique fur leurs moulures y mais ea général ces ornements doivent être très-délicats, avoir très-peu de reliefs , & laiffer beaucoup de |
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A.
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D'ARCHITECTURE. 7$
repos entre eux. Il étoit ci-devant d'ufage de chan-
tourner leurs cadres, d'y faire des oreillons avec des feuilles de refend entrelaffés de toutes fortes de rocailles; mais présentement on leur dpnne peu de mouvement -, on y affecte des formes plus fages, plus judicieufes : il eil à craindre feulement que ce genre de décoration , quoiqu'exquis en lui-même, ne parohTe à la fin trop monotone, trop grave, & ne rende les ornements des appartements trop fé- rieux, ou trop femblables à ceux des Temples. On peint les lambris de toutes fortes de cou-
leurs ; celle en blanc, dont on dore tous les orne- ments & les moulures, eft la plus noble ; elle s'af- fortit également avec tous les meubles. La cou- leur qui paroît réunir le mieux après le blanc, c'eft le verd-d'eau pâle , dont on rechampit les moulures & les ornements plus pâles que le fond. Les autres couleurs petit-gris, jonquille, lillas, en; rechampiffant femblablement lès moulures, peur vent faire également un bon effet. Les deux Deiîins que nous propofons pour
exemples, achèveront de donner une idée de 1^ maniere de décorer les lambris. La Planche XXII exprime la décoration d'un
Lambris de hauteur dans le goût moderne. A, Lambris d'appui avec de grands panneaux B,
féparés par de petits panneaux ravalés C , qui tiennent lieu de pilaftre. F, Cimaife : G, Plinthe : H, Panneaux à grands cadres du lambris de hau- teur , correfpondant pour la largeur avec celui Β : ï. Parties liffes & unies régnant au pourtour des panneaux : K, efpece de Frife un peu bombée, dé- corée de feuilles de laurier de peu de relief, δε régnant au pourtour des panneaux avec des ro- faces dans les angles, Qn voit au bas de cette |
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76 (ίθ U RS
Planche le Plan L du Lambris, & à côté fon Pro-
fil M : ce Lambris eil terminé par une Corniche en plâtre du même ityîe. La Planche XXIII repréfente auffi un autre
3Lambris de hauteur, mais d'une compoiition toute différente. A, Lambris d'appuifubdivifé en grands & petits panneaux Β & C : D* Lambris de hauteur% dont les angles forment divers contours : le bas eil orné d'un vafe en bas-rçlief qui eil porté fur une confole, & environné de guirlandes ; le haut eil terminé par une couronne de fleurs entrelaiTée avec des palmiers, d'où partent des guirlandes ; Ey Pilailres de deux différentes compofitions, avec des panneaux ravalés & ornés d'une rofette au milieu. Il eil à remarquer que le grand Panneau de Jiauteur fait avant-corps fur les Pilailres, & profile ainfi que le Lambris d'appui, comme il eil exprimé; dans le Plan F , que l'on voit dans le bas. De la forme & di/po/Inon des Parquets., f
tes Parquets ordinaires fontcompofés de feuilles
de trois ou trois pieds & demi en quarré, que l'on difpofe communément en lofange ou diagonale- ment, par rapport aux murs d'un appartement; On féparoit autrefois ces feuilles de; parquets par des frifes ; mais aujourd'hui on n'en met plus qu'aux pourtours des murs , & à la rencontre du foyer des cheminées. La ;principale attention à avoir lors de la pofition du parquet, confiile à faire en forte que le milieu de la poinfe d'un rang de feuilles répon4e préciiement au milieu des portes d'enfilade, ou du moins au milieu du foyer de la cheminée. Nous avons tracé fur la Plan- che £LIV, qui; repréfente le plan d'une Salle d© |
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d'Architecture, fyf
Compagnie , la difpoiition refpe&iVe des feuilles
de parquet fnivant l'enfilade des Portes AB de l'appartement, & le milieu de la cheminée. DC. Quand il eil encpre poffible de faire correspondre le milieu d'une feuille de parquet, fous le luflre que l'on pofe communément au centre Ε , d'une pièce , il en réfulte beaucoup d'agrément pouf ïensemble du coup-d'œil d'une décoration; mais rarement eil-il permis de fe procurer tous ces avantages , à moins que l'Architecle > lors de la diilributioii de fon Plan, n'y ait eu égard & ne l'ait prévu. Àuiïi efiVce l'examen de tous ces dé- tails & de ces attentions fucceffives qui font voir rhomme fupérieur , auquel rien n'échappe , qui embraffe tout, & qui ne fait rien.au hafard. On peut enrichir les parquets & les faire fervir
à augmenter la magnificence d'un appartement, ea y employant des bois précieux de différentes cou- leurs , tels que le noyer noir & blanc , les bois de rofes, de palifTandre, des indes, &c; mais alors ii faut obferver de n'allier enfemble que des bois d'une égale confiilance ou denfité , afin qu'ils puif- fent également réiifler au frottement. On exécutok le iiécle dernier des Parquets de Marqueterie, aux- quels on a renoncé à caufe de leur grande dépenfe, & de leur peu de folidité. - %■ } Les plus riches que l'on faffe aujourd'hui font
de chêne de diverfes nuances, que l'on choifit de façon que les bâtis foient d'une couleur , & les panneaux d'une autre couleur plus ou moins fon- cée j letoutpofé ainfi alternativement, il ifeil pas toujours nécefîaire de faire les feuilles de Parquets toutes quarrées ; on peut lès varier de toutes fortes de compartiments , qui s'alTortiiTent avec la forme générale de la pièce & de fes différens percés. |
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7& Cours
M. Blondel en a fait exécuter de cette maniere
avec des bois de chêne de différentes nuances,' dans les Appartements de l'Hôtel de Choifeul à Paris ? qui font un affez bel eiîeu Des Torchieres & Guéridons.
Planche XXIV.
Quoique ces fortes de meubles foient accef-
foires à rArchiteéturé, comme ils contribuent à lä décoration des appartements, & que M. Blondel en avoit fait graver une Planche, nous avons cru devoir là conferver. Les Torchieres, Guéridons ou Candélabres,
car tous ces mots font prefque fynonimes, fervent à porter des girandoles ou des efpéces deluftres, pour éclairer les Appartements d'une certaine im- portance pendant la nuit, tels que des Salions à double étage & des Galleries : on en fait encore ufage pour les Salles de Bal, les RéjouiiTances Pu- bliques & les Maufolées. Ils s'exécutent communé- ment en bois, que l'on fculpte δε dore de maniéré à détacher leurs différents ornements par Γορρο- fition du mat & du bruni ; foit qu'on y employé de l'or d'une feulé couleur, foit qu'on les eriri- chifle d'or de diverfes couleurs. On en voit fur la Planche XXIV , quatre Deiîins variés , tirés des meilleurs exemples, & qui ont été exécutés dans' nos Maifons Royales & ailleurs. |
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D*Ar Cil IT EC Τ URE. f$
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CHAPITRE VIL
Z?£ LA DÉCORATION OES PLAFONDS*
Planches XXV, XXVI, XXVÏI,
XXVIII, XXIX et XXX. Τ
JL'ORDQNNANCE des Plafonds des grands Appar-
tements eil bien différente de ce qu'elle étoîi le fiéele dernier. On avoir coutume alors de les en- richir de grands compartiments de iruc , chargés d'ornements & de figures qui environnoient ou fervoient de fupports à des tableaux allégoriques- Ces compartiments donnoient à la vérité une cer- taine dignité aux appartements , fur-tout quand ils étoient exécutés par d'excellents Artiftes ; mais leur compoiition paroirToit produire en général de la confufion & de la pefanteur j elle rendoit les appartements fombres , & obligeoit d'augmenter les lumières pour les éclairer la nuit; telles font vraifemblablement les raifons qui ont engagé à y renoncer. Quoi qu'il en foit , il eft rare qu'on admette aujourd'hui des fujets peints dans les Pla- fonds, &il eil ordinaire au contraire de lahTer le plâtre apparent, afin d'égayer par fa blancheur les appartements, & de les rendre plus clairs par fa réverbération* On encadre les Plafonds d'enta- blements ou de corniches plus ou moins ornés 9 fuivant les différents profils que nous avons donné dans les Planches V, VI δε VU. Ces Corniches doiyent varier fuivant la forme de la pièce, fuivre içs contours, les rendre plus coulants & plus |
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§0 G ö ü & $
agréables. Il eit d'ufage d'enrichir leurs gorges |
•foit d'ornements imités, fiiivant le goût qui domine maintenant, d'après les plus beaux Ouvrages anti- ques , ainii qu'on en voit quelques Deffins détaillés Planches XXX ; ibit d'arabeiques ou de groief- ques comme ci-devant, & tels qu'on en remarque clans la Planche XXVI. Quand un Plafond eil d'une certaine étendue 9
on interrompt fa Corniche au milieu de chaque côté de la pièce &: dans les angles, pour y mettre des cartouches, ou des édifions que l'on remplit, foit de trophées fculptés en bäs-relief ou bien peints en carnayeux, foit de fujets relatifs au ca- ractère de la décoration de l'appartement. La, Planche XXV offre quatre différentes compoii» tions de ces fortes de Plafonds. Les feuîs orne- ments qu'on introduife au milieu font des rofes, d'une iculpture extrêmement légere , Plan- che XXVI, que l'on affortit pour la forme & le goût de la décoration avec les ornements de lä Corniche. On fait forrir du. centre de ces rofes un anneau , où. l'on attache un cordon pour fuf- pendre un luftre de cryiïal de röche, ou un can- délabre à plufieurs branches doré d'or moulu. On peint la corniche & la rofe des Plafonds dé
la même couleur que les lambris & les ornements de la pièce : ii ceux-ci font dorés, on les dore* s'ils font rechampis, on les rechampit auffi. Ce n'efl guère que dans de petites pièces, telles que des boudoirs & des cabinets de toilbtte que l'ori s'avife de peindre des ornements dans les gorges des corniches , au lieu de les fcnlpter. Les Planches XXVII * XXVIII. & XXIX o£
frent des Deffins de pluiieurs Plafonds , dans îe genre de ceux qu'on exécutoit dans nos Maifons Royales
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ï>' ÀRÇHITE ξββ R E. Il'
Royales le liéele dernier, ·& qui méritent dé fervii:
de modèles par la beauté de leur forme , par la répartition judicieufe des ornements , par le gé- nie ψέόΆ remarque dans leur compontion (#)* Nous obferverons feulement qu'il ne convient d em- ployer ce genre de décoration pour les Plafonds, ime dans des lieux vàftes , des Salions à doublé étage, ou des Galleries très^élevées, qui feroient revêtus de marbre de diverfés couleurs, dés Salles de Bals ou de Spectacles, des Eglifes & autres lieux fpacieux , d'où l'œil puiiîe embraifer aifé- iment tout leur enfemble. Ils font entremêlés % comme l'on voit, de bas-reliefs s dé cadres, de .médaillons & de tableaux, qui produifent un effet à la fois piquant & varié* Comme nous fup- pofons qu'on a ces Deiîins fous les yeux , nous nous difpenferons dé nous étendre fur leur des- cription, d'autant que leur vue parlera plus ék>~ tfuemmént. en leur faveur que tout ce que nous pourrions ajouter» .ν ^ ·'■ La Planche XXX repréieiitô deux deiïïns de
Frife, compofés d'ornements de feuilles d'acante* formant toutes fortes denrouleménts qui naifienf agréablement lés uns dés autres, &: qui ont été imités d'après les ouvrages antiques. Nous les avons détaillé exprès d'une certaine grandeur, afin qu'on puifie les copier, & pour faire fentir eh même tems la fupériórité de ce genre d'ornements fur tous ceux qui ne font que de caprice, ou qui ont été fi fort en vogue ci-devant* |
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| ' T.I.-...U.
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(éuvreflU/™?hte -Î! Dotations de Plafonds dans les
exemples. rautrc > 1U1 °« beaucoup d'affinité avec nos |
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tome V+
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F
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Des divers Ornements de Serrurerie, qui fervent
qux Décorations intérieures & extérieures
des Bâtiments.
Planches XXXI, XXXII, XXXIII,
XXXIV, XXXV et XXXVI. Outre les ferrures des portes & des croifées qui
font iufceptibles de recevoir toutes fortes d'orne- ments, on décore la Serrurerie des. balcons , des appuis , des rampes d'efcalier, & des grilles que Ton place, foit à l'extrémité des Jardins , foit à l'entrée des Cours & Avant-Cours. La Serrurerie eil un des Arts dont la main-d'œuvre s'eft le plus perfectionnée de nos jours : c'eflt à l'Architecte à donner les Deiîins de ces ouvrages , comme de tous les autres qui concernent le Bâtiment : c'eil à lui qu'il appartient d'en fixer la proportion, les formes , les contours, le goût des ornements , le choix qu'on en doit faire V ainfi il eil à propos qu'il foit inftruk de ce qui conilitue leur per- fection. : Ce n1eil que depuis 30 ou 40 ans qu'on a trouvé
le moyen d'exécuter en fer les deiîins les plus difficiles. En général, on peut dire que, pour le fuccès de la compoiition de ces fortes d'ouvrages, il faut que les jours y foient à peu près égaux ; que les contours des enroulements fe contrarient par leurs variétés -, & que les ornements qui les enri- chißent foient,exéciités, de maniere qu'ils ne puif- fent accrocher les habits des perfonnes qui paflent auprès, ou qui s'appuyent fur les traveriés. Pour cet eßet, on doit les exécuter en cuivre ou en |
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jD ' A r c ιί τ f É è f t; ft ε* y
jhrónzè y parce que le travail de cette matière
η cil pas fujei à tant de petites parties que celui de la tôle relevée. M* Blondèl a laiffé fur la Serru- rerie fis Planches gravées , que nous allons nous borner à décrire fuccincÎementi La Planche XXXI offre divers exemples de Part-
ïieaiix & de Pilaflres à hauteur d'appui, propres à être placés entre les grandes travées des baleons ^ foit dans les dedans , foit dans les dehors ; ils peu- vent être erripoyés indifféremment dans les angles & dans les portions circulaires, à condition toute- fois de les placer avec fymmétrie* On remarqué dans le bas de cette Planche des parties de Pan- neaux de Serrurerie 5 deilinés à fèrvir d'appui, aux terraifes $ aux balcons & aux banquettes $ îefquels fê pofent fur des tablettes de pierre dure, où Tori fait des trous de diilance en diltance j pour y fceîler en plomb les barreaux montants qui fervent a fé- parer les panneaux des balcons 3 lorfqu'ils forment des compartiments. : 1 La Planche XXXII rëpréfente trois exemples
de Panneaux de grilles d'appui , qui peuvent éga- lement fervir à des balcons ou à des terraifes : on leur donne 2 pieds 9 pouces de haut ; & quand ils ont une certaine étendue, on met des pilaitres entre les" panneaux. Il eil à obferver qu'on élevé toujours la traverfe dit'bas d'un balcon d'environ un pouce , pour faciliter l'écoulement de l'eau qui tombe fur la tablette. Les Planches XXXIII & XXXIV ofrVerit des
Deffins dé deux Grilles à hauteur d'appui, dont l'une fert de Porte à l'entrée du Choeur de la Pa- roiffe de Saint Germain - l'Auxerrois ^ à Paris , & Fautfe à l'entrée du Chœur de la Paroifle de Saint- Roclî. Quoiqu'elles foient employées dans des Fij
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$4 Cour s.
Heux iacr.es, on pourroit néanmoins en faire
ufage également, avec quelques changements à leurs ornements, dans les Bâtiments ordinaires, pour ne point dérober le coiip-d'œiïY&pour laiffer appercevoir par deiTus ce qu'elles renfermeroient d'intéreffant & de curieux. Nous avons mis au bas des Planches le Plan de ces Grilles , qui font tra- vaillées avec un art exquis , & prouvent par la beauté de leur exécution combien l'art de la Serrure-* rie a acquis depuis quelque temps. Tous leurs fers font à découverts , i'a.ns peinture, & ont été polis Comme de l'acier,: leurs ornements font en bronzé j d'une compoiition grave & analogue aux lieux ou ils font placés. La Planche XXXV repréfente le Deffin de la
Rampe de l'efcalier de la Reine, dans le Château des Tuileries. Sa compoiition eil d'un excellent genre, & digne de fervir de modele. Ses orne- ments font exécutés en bronze : le milieu des pan- neaux'eil aiïïijetti au rampant de la traverfe Xu- périeure & inférieure du chaffisi La traverfe fu- périeure reçoit une plate-bande ornée de mou- lures. Cette Rampe eil arrondie par fon plan fui- Van t la forme du limon de l'efcalier, avec lequel elle s'accorde, & eil terminée en cpnfole ou en en- roulement pas le bas, vers les premières marches à l'ordinaire. En général, la regle eil de placer dans ces fortes, de comportions , 4es panneaux * dans les rampants, & des pilailres dans les quar- tiers tournants. Souvent on dore les; ornements & jon peint les fers d'une couleur à l'huile, quoiqu'ils {oient à l'abri dés injures de l'air ; mais quelquefois auiïi on les polit pour les laiiTer à découvert, comme on a fait à la Rampe du grand efcalier du Palais-Royal, qui cil travaillée fupérieurement, y ■■-
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d'Architecture. J?$
La Planche XXXVI repréfentè l'élévation, de lé
Grille d'entrée de la Maifon de M. de Voyer d'Ârgenfon , à Neuilly près Paris, de la compo- iition de M. Franque, Architecte du Roi. Quoi- que traitée avec iimplicité , elle ne laifTe pas de faire un fort bon effet en exécution : les Pilaihes qui accompagnent cette Porte, la Corniche ornée de poites qui la termine y & fon couronnement ,. font dvune agréable compofitiorr ; la hauteur des venraux eu féparée vers la partie inférieure par une Frife avec des portes : enfin les travées des· Grilles font interrompues de diiïance en. diflançe par des Pilailres , & defcendent jufques en bas pour ne point boucher la vue. Nous croyons mutile de nous étendre davantage fur la deferi- pfion de ces De/fins , attendu que leur examea· fuffit pour ne rien lairTer à defirer à cet égard % & en donner une idée complette* De l^OrooνJSrântCe pArttculterm.
des Pièces qui z> ο ιν ε.ν τ COMPOSER UN A PPA RTE ME X? T.
: Nous avons expofé jufqii*icï les détails aes prirr—
eipales parties qui enürent dans la compofrtion des décorations des appartements, tels que des-lam- brisj des corniches, des portes, des croifées,r des cheminées, des parquets , des plafonds & des or- nements qu'on admet fur îeurs ferares. Mainte-- mm il ne s'agit plus que de montrer quelle doit être leur réunion , & le choix des ornements qu'il y faut introduire fuivant l'ordonnance de l'appar- tement g ©u le genre de la pièce qu'il eil à propos |
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$6 COURS;'
de décorer. Comme M. Blondel, en expofanî dan$
le Volume IV 3 la diflribuîipn des, diverfes pièces, qui peuvent çompofer un appartement complet % foit de panade, foit de fociété, foit privé , a décrit en même-temps, non-feulement la forme,, la pro- portion, & la fymmétrie qu'il convient de donner a chaque pièce en particulier, mais encore le ca- ractère de décoration dont elle peut être fufcep- tible , fuivant fon ufage & fa deïîination ; c'eft pourquoi, fans nous arrêter davantage à ces fpé-, çulations, nous nous bornerons à en faire voir Tap·? plication, après avoir expofépréliminairemenL les, divers changements que la décoration intérieur^ dç nos édifices a éprouvé depuis quelque temps. Le goiit de la décoration intérieure des appar-
tements a fubi pluiieurs révolutions en France de?. f mis un fiécle. Sous Louis XiV, on la traitoit avec a même févérité que la décoration extérieure des bâtiments. Les portes, les, croifées, les cheminées, les corniches des appartements étoient toutes d'un ilyîe grave & férieux : rarement fe permettoit-on de leur donner d'autres formes que régulières , rondes , ovales , quarrées ou paralellograme : les, profils & les ornements'étoient toujours du, genre le plus, mâle : entre les mains des Perrault, des ^danfart, & de le Brun , ces fortes de décprarions, ayoient fans doute de la grâce, de la nobleffe, de la dignité : elies donnoient l'air le plus important $. l'intérieur des grands appartements,, ainfi qu'on. ψί peut juger par les modèles qui nous en reilent. dans les Châteaux des. Tuileries, , du Louvre, de Verfailîes & ailleurs. Mais fous leurs imitateurs » elles dégénérèrent bientôt ; elles devinrent à la longue d'une monotonie & d'une péfânteur infup- |
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b'Archï tecture. $y
portables : on les accabla fous une multitude d'or-
nements placés fans ordre & avec conâtfioxi i ce qui fit qu'on s'en dégoûta infenûblement. Il y a environ 50 ans que l'on donna dans un*
excès tout oppofé ; on abandonna les formes régu- lières j on s'appliqua à tourmenter les. décorations intérieures de toutes les manières , fous prétexte de les varier, de les alléger & d'égayer les appar- tements. Les Lajoux, les Pinault, les Meifibnier & leurs Copiftes firent, fi l'on peut s'exprimer ainfi^ déraifonner en quelque forte l'Architecture. On n'admit plus dans nos décorations que des con- tours extraordinaires, qu'un affemblage confus d'attributs placés fans choix, & alliés avec âes ornements d'une imagination bifare,, où l'on trouve un amas ridicule de cartouches de travers , de rocailles 9 de dragons , de rofeaux,de palmiers, & de toutes fortes de plantes imaginaires qui ont fait pendant longtemps les délices de nos décorations intérieures ; tellement que la Sculpture s'étoit abfo- îument rendue rnaitrefiede l'Architeélure. La quan- tiré de gravures qui s'en font répandues dans le public, indépendamment du grand nombre d'ap- partements, qui fubfiiient encore avec ce mauvais- go ût de décoration , font aiTex connoitre l'esira- vagance de ces comportions frivoles» On doit à JviM. Servandoni ? Cartaud, BofFrand,,
& à quelques-uns de nos meilleurs Architectes qui ne s'étoient pas laiffés entraîner par le torrent de la mode, le retour du bon goât, en faifant fentîr pau la compasaiibn de leurs ouvrages, ràbfurdité* de cet alliage monitrueux : peti~à-peu on revint: donc à des fosmes plus fages, moins bifaresj tk j enfin le retour du goût antique ayant répandu km ■ Fi»
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f$' Cours
Influence fur nos arts d'agréments , fur-toiït depuis
environ 15 ans, on peut dire que la décoration inté-i rieure des appartements , & le ilyle de leurs ameu* blements font devenus en quelque forte un art non·* veau.On a ajouté au bon genre des décorations âi\ dernier fiéleAmo.ins de fé vérité, plus de délicateiTe^ plusdç variétés danslesform.es :ona affecléde don- ner à leurs faillies & à leurs profils peu de relief "pour en ôter la pefânteur. En adoptant des formes régu- lières , on s'eft permis en même-temps, fuivant les, circonftances, de les affimiler à des contours nioinsL férieux, plus capables de produire à la fois, & uii enfemble agréable, & moins d'uniformité dans, l'ordonnance des appartements. £.ηίΐη l'on a appli- qué aux décorations des dedans , les ornements; que Ton admire le plu.s dans les meilleurs ouvrages, antiques 3 tels que les feuillqs d'achante, de lau- rier, les feitonsjles oves, les rais-de cœur, les crains, 4'orge % les canaux, les guillochis , les poires, les, médaillons , fiçe, de (orte que 1,'Ar^hitçftu.re a re- pris Ces droits lur la Sculpture,,, Qn peut dire en général, que pour réuffir dans;
ce genre de décoration ., iî faut apporter beaucoup: de jugement & de- difcrétion dans la répartition des ornements; ils ne doivent paslêtre davantage; prodigués au hazard dans les dedans que dans les, dehors d'un édifice,. Car jamais lçur profufion n§ pro duiijt une vraie beauté en Architecture > &% comme nous l'avons déjà dit, elle décelé com- munément le défaut de génie & non la capacité de Tartifte. Il feroit à fouhaiter que l'on eut fans ceû% préfént à fefprk;, en çompofant une décoration, d'Architecture, les beaux préceptes qu'a donné à, ce füjet, le premier génie ds φ$. jours dans 1% |
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d'Architecture. 89
description du Temple du Goût : ils font applicables
en toutes circonftances. ίί Simple en étoit la noble Architecture j
33 Chaque Ornement en fa place arrêté , « Y fembloit mis par la néceiTité : as L'Art s'y cachoit fous l'air de la Nature 5 33 L'œil fatisfajt erabraiToit fa ftructure, 33 Jamais furpris , & toujours enchanté 33. Mais, comme en pareil cas , les Spéculations les
plus étendues ne vallent pas des exemples : nous allons nous attacher à décrire ceux qui nous ont été îahTés , auxquels nous ajouterons quelques, def- iins de notre compoiition pour completter cette- Partie ; en répétant combien nous regrettons , & de n'avoir pas été le maître de donner à cette ma-. tiére toute rétendue qu'on pourrait peut-être de-* iîrer, pour nous renfermer dans les bornes qui^ nous ont été prefcrites ; & d'être obligé à la fois de nous aiFujettir à interpréter des Figures déjà gravées , & dont nous aurions pu quelquefois choi« fir les modèles différemment. |
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90- VCOVRS
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CHÂPIT RE VIII.
Ρι,ΑΝΟϋ^,χχχνιι,χχχνιιι,χχχιχ^
r ; XL et XLL
/>£ 44 DÉQ0R4TIQN DES WeSTIM.U.IES.^
JuA Décoration des Vefîibules., doit en géné-
ral,, être iimple & grave, fur-tout lorfqu'ils font: ouverts, 8c qu'ils préparent rentrée, dïm E,fcalier ^ les profils demandent à être peu chargés de. mou- lures , & ce neft que dans le cas où ils içroient d'o- bligation d'annoncer des Pièces très, - décorées qu'il conviendroit de leur donner une richeûe qui y Fût relative. On les revêtit communément en pierre, Se quelquefois en marbre : il eil même aifez ordinair© dans les bâtiments, de quelque importance, d'y introduire un ordre d'Architecture que l'on élevé furun piedeilal ou fur un focle tout uni, & que l'on couronne,, l'oit par une corniche architravée. ou à gorge, foie par un iimple architrave :.cat on*, évite fouvent d,'admettre des entablements com- plets, dans les dedans des appartements,, à cauf© de leur faillie qui feroit capable d'offuiquer la vue, de la naifîance des plafonds,. Qn ne met ni glaces, ni cheminées % ni tableaux x
ni parquets dans les veitibules* Les ornements,. qu'on y introduit font des tables, des trophées , des. niches jdes figures fur des piedeftaux , des buftes fc des bas-reliefs. Quand ces. fortes, de pièces font ouvertes du côté de l'entrée , comme- quand elles précédent un Efcalier y il eft quelquefois, difficile 4'accorder la hauteur de leur focle avec celui de? |
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p'ÀRCHïTSCTURE, $1
l'ordonnance extérieur^ φι bâtiment, parce que
l'un fe trouve plus haut ou plus bas que l'autre^ alors il n'y a d'autre parti à prendre que de faire; mourir contre le tableau des arcades ou des por- tes d'entrée le foçle extérieur , & de faire au con- . traire mourir dans, leurs, embra'fements le focle iri^ teneur. , Les pavements des Veftibules doivent être de
marbre ou de carreaux blancs de pierre de liais* entremêlés avec des carreau^ noirs, auiïi d$ paar« bte ou de pierre de Caën, Les Planches XXXVII & XXXVIII offrent
pour exemple les Plans & coupes du Veilibule du Château d'ifiy , près Paris , de ΓΑι-chiteäure d§ Bullet. Son Plan eft un.Paralellograrne décoré de 12 Piiaftres doriques, dont ceux des angles font plies. Ces PUaftres 9 PL XXXVIIL font furraontés çTun entablement architrave, qui eil le 5 e de leuE hauteur , & d'une gorge qui va rejoindre le pla-? fond ; ce qui fait voir qu'il n'çft pas nécefîaire de donner ni autant de hauteur , pi autant de faillie; aux entablements des dedans qu'à ceux des dehors % attendu qu'étant plus près de l'ceil, leur faillie fç confond avec leur élévation , & contribue à les faire paroître alors plus hapt qu'ils ne font réellement , fans compter, comme nous l'avons dis précédemment ? que cetçç avance excefljve dç« roheçoit la vue de ce qui feroit au-deifus. Les ornements de fa Décoration font d'un très-*
bon genre | la porte eft accompagnée d'un ban- deau fans moulures, & couronnée d'une Crife & 4'une corniche d'un excellent ftyle. Dans, les faces, les plus larges 5 on voit des niches ornées de figu-m > res a,vee une impoite & une archivplte, au-deiîu% ée/cruelles fopt des cables renfoncées ? enrichies d© ■ " ■ % '.: :",''■'■'.:.: '.',■;■■ '..'■'. .
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çz Cours
bas-reliefs d'enfants. Dans les faces les plus érroî-
îes , il y a auffi entre les pilaikes, des tables ren- foncées avec des. buites.pofésfu-r des confoles.-Ert général , l'ordonnance de cette Architecture eil1 mâle & afforfie ait caractère qui convient à ces- fortes de pièces. Tout ce qu'on pourroit' peut-être reprocher à l'Architecl:e> car quand il s'agit d'inf-* truire , il ne faut rien diffimuler, c'eft de n'avoir pas élevé les pilaftres fur un focle pour leur don- ner plus de grâce, ce qui auroit pu fe faire aiié> ment au dépend de la gorge du plafond. La Planche XXXIX repréiénte Iqs. plans de deur
parties de veilibules qui précèdent ;, foit une gai- îerie, foit un riche fallon, foit un efcalier d'im- portance, & auxquels on a donné en conséquence un certain mouvement capable: de produire beau- coup d'erfet en exécution. On voie dans la Planche XLU l'élévation dir.
Plan, figure I, dont le ftyie annonce un veitibule digne de préparer l'entrée d'un appartement de la plus grande magnificence. Il eil décoré d'un ordre: Corinthien, dont l'entablement denticulaire & ar- chitrave n'a guères que le iixiéme de la colonne * & dont le piedeftal eil le cinquième. On apper- çoit à droite & à gauche , des niches couronnées; par une corniche foutenue par des confoîes, & furraontée par une table avec un bas-relief d'en- fant ; lefquelles niches font accompagnées de- par- ties unies» pour les détacher & les faire· valoir- Lä porte d'entrée eft particulièrement enrichie d'un-, ordre Ionique·, dont ^entablement architrave * comme le précèdent, fëutient un archivolte &-dont la corniche s'accorde avec celle qui couronne les, niches. La décoration de cette porte eft enfermée; dans une efpèce dô niche quarrée qui procura. |
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d'AR GH I TECTUR Ê.' 9|
beaucoup de grâce à tout fon eniemble , fur-tout
par Ïöppoitóon des nuds de mut qui l'environ- nent. La Planche XLI, eft l'élévation de la partie du
plan du Veftibule, figure II, Planche XXXVII, lequel eu. fuppofé donner auffi entrée à un Sallofi orné de glaces, de dorures & de lambris. Les pro- portions de fon ordonnance font à peu-près les mêmes que dans l'exemple précédent. La décora- tion eil encore plus élégante : les colonnes ifolées qu'on y remarque feroient propres à lui donner beaucoup de dignité : leurs intervalles font déco- .rées de tables renfoncées, enrichies de trophées. La porte produit le meilleur effet;enfin les figures placées fur des piedeitaux & qui occupent de part .& d'autre, Figure II , PI. XXXVII, le fond des portions circulaires, donnent à cette pièce l'afpeâ: le plus noble & le plus capable d'annoncer avec diitin&ion les appartements qu'elle doit précéder·, |
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p4 tî ötr A S
C HAfITR-E IX.
De la .Decoration des AntichaMbresî
Planches XLII etXLIII.
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Λ 1 y a communément dafrs tin Hôtel, & toujours
dans un Palais pluiieurs Antichambres à la fuite
du Veitibule: alors, la première Antichambre eft deftinée pour la Livrée. Sa décoration ordinaire confifte en un lambris d'appui au pourtour avec des tapifferies au-deifusi on n'admet point déglaces dans - ces fortes de pièces ; & au lieu d'une che- minée , il eft d'ufage de pratiquer une niche revêtue de marbre * ou feulement peinte en marbre, for- mant divers compartiments , dans laquelle on place un poêle. On peut fe dipenfer de revêtir de lambris lés embrafements des croifées , & il fuffit de mettre de fimples panneaux de Menuiferie au- defïiis des portes j les tableaux, les bas- reliefs y paroifîent déplacés : en général leur décora- tion demande à être tenue fimple & mâle ; & la fymmétrie doit en faire le; principal mé- rite. On a coutume de placer dans ces fortes de pièces de grands .coffres en forme de buffets> que l'on emplit journellement de bois pour le fer- vice des appartements* Les fécondes antichambres fervent communé-
ment de Salles à manger; c'eft pour quoi elles doivent être tenues d'une décoration plus riche & #plus régulière que les précédentes ; il convient alors d'orner leurs cheminées de glaces, & de revêtir leur pourtour, foit de lambris de hauteur ,foit de lambris |
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^Architecture. £>$
^apßüi .j avec des tapifleries d'étoffe au-deffus *
•que l?on renouvelle félon les Fanons ; ce qui pro- cure plus de variété aux appartements que les lambris de hauteur. Il y a des Archite&es qui, dans la décoration des
appartements, ont coutume de répéter des portes 'feintes en iymmétrie ou à l'oppoike des vraies, pour les grandir en apparence , d'où il réfulte que 'dans les pièces où l'on eftd'obligation d'avoir beaucoup de fièges, on eft contraint d'en mettre devant ces portes feintes, ce qui ne paroit pas na- turel; il y eii a d'autres au contraire qui, pour obvier à cet inconvénient, prennent le parti de mettre des lambris de hauteur à la place des portes feintes ; mais alors la décoration n'eft plus parfai- tement fymmétrique* On voit des exemples de l'un & l'autre arrangement dans les appartements les plus importants ;& ileftaffez difficile de décider lequel de ces deux moyens eft le plus avantageux. Au furplus que l'on admette des tapifferies, ou des lambris de hauteur, ou des portes feintes en pa- reil cas en .correfpondance avec les vraies , il eft toujours indifpenfable de revêtir de lambris les murs de face entre les croiiées , de même que fefpace entre les portes d'enfilade & les chemi- nées, attendu qu'il relie rarement vers ces en- droits äffez de place pour des tapifferies, & que celles-ci ne produifent un bon effet, qu'autant qu'elles occupent une certaine étendue. Autrefois on plaçoit dans les Salles à manger
des buffets avec des deffus de marbre, des cuvettes de pierre ou de marbre , faites en forme de co- quilles avec des efpeces de fontaines ; & alors on revêtiiibit ces pièces en ftuc , en marbre, ou en ^ois peint qui i'imitoit : on avoit coutume de les |
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$6 Ço ¥ R S
enrichir auiïi de tableaux qui repréfentoient dei
fleurs, des fruits, des poiflons, du gibier ; & eri conféquence on les pavoit de marbre ou de car- reaux blancs & noirs ; mais maintenant <> il eil comme d'ufage de reléguer tous les buffets & les fontaines dans l'antichambre voifme, & de ne phii aife&er de décorations véritablement caracÎérl·· iliques aux Salles à manger. Les Planches XLII & XLIÎI repréfentent le
Plan & l'élévation d'une féconde Antichambre * deilinée à fervir de Salle à manger, & dont la dé- coration pourroit également convenir à une Salle: d'AÎTemblée ; elle a 24 pieds de large fur 32 pieds de long, & elle eil éclairée par trois croifées oit portes-croifées :elle eil ornée d'un lambris d'appui dans tout le pourtour; il n'y a de lambris de hau-1 teur qu'entre les croifées & en accompagnement, foit des portes d'enfilade , foit de, la cheminée & de la glace, qui eil placée en correfpondance vis- à-vis : tout le relie de cette pièce \ tant en face des croifées j qu'à l'oppoiîte des portes d'enfilade, eil deilinée à recevoir de la tapifferie. On remarquera que la glace , qui eil au mi-
lieu de cette façade , fymmétrife pour la déco- ration & la grandeur avec celle qui feroit placée en oppoiition fur la cheminée ; la porte eil cou- ronnée par une corniche & par un deÎTus de porte repréfentant mi tableau ou un bas-relief : quant à l'entablement qui termine cette Antichambre, il eil enrichi de confoles avec des trophées , & d'ùnf ilyle analogue au refte de fa décoration * . 1 φ
CHAPITRE 2L
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d'Architecture. 97
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iM-Si1?ÄS5«£*eE*,
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CHAPITRE X.
Delà Déco rat 10 ν d' υ ν ε S alle
DE Co Μ Ρ AG NI E.
Planches XLIV et XLV.
τ
JUA fymmétrie doit toujours être la baie de la
décoration de ces fortes de pièces, qui ne diffé- rent des précédentes que par plus de richeffe. Il eil aflez ordinaire de faire les Salles de Compagnie, d'AÎfemblée , à Manger & les Antichambres , de forme oblongue ou parallélogramme , & de dé- terminer la proportion de la longueur à la largeur dans le rapport de 10 à 7, ou fuivant la diago- nale d'un quarre formé fur le petit côté : propor- tion qui en eifet ne laiiTe pas d'avoir beaucoup de grâce en exécution, A l'égard de la hauteur du plafond des différents appartements , il n'y a pas de règles bien certaines :les fentiments des Archi- te&es anciens & modernes font partagés, & à raifon de l'importance des appartements, & félon qu'on prend le parti de les couronner par des vouffures, des calottes, des entablements, ou de fimples plafonds avec des corniches ordinaires. On établit volontiers la hauteur des pièces termi- nées en calotte , foit par une diagonale formée fur le petit diamètre , foit en additionnant leur longueur & largeur , dont on prend la moitié de la î'omme ; & quant aux pièces terminées par un iimple plafond , il fuiEt communément de leur donner de hauteur les - de la moitié de la Tome V, G |
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98 Cours
fomme de leur longueur & largeur , ainfi qu'il a
été déjà dit dans le Volume précédent page 204, en expofant les opinions des principaux Auteurs àcefujet. * Lorfque les Salles de Compagnie font revêtues
de lambris de hauteur, on pourroit pratiquer en face des croifées, des. enfoncements femblables à leurs embrafements, que l'pn orneroit de glaces, au bas defquelles on mettroit des fophas, & même couronner ces fophas , fi l'on vouloit faire une certaine dépenfe , par de magnifiques cam- panules ou baldaquins , dont les rideaux d'étoffes d'or & d'argent difpofés avec goût , ferviroient d'encadrement aux glaces : on en remarque de pa- reils dans le Sallon des nouveaux Appartements de feû Madame la Ducheffe d'Orléans au Palais- Royal , qui produifent un grand effet. Pour ce qui eft des angles des pièces que l'on veut décorer , il y a deux obfervations importantes à faire ; l'une eil que dans le cas où l'on prendroit le parti d'ar- rondir ces angles , il n'y faut jamais mettre de glaces circulaires, bien qu'on ait trouvé de nos jours le moyen de les courber ; attendu que félon cette forme , elles ne réfléchiroient les objets que d'une maniere défeâueufe ; auiîi vaut-il toujours mieux alors revêtir ces portions circulaires de panneaux de Menuiferie , ou du moins former en ces endroits des pans-coupés , en fuppofant que l'on voulut des glaces. L'autre eil de donner aux doiferets des portes; à placard au moins 20 pouces de largeur, quand il eil queilion de placer, entre les trumeaux des croifées , des tables de marbre ; fans quoi la faillie de ces meubles interromproit la dire&ion de l'enfilade des Appartements. Les Planches XL1V & XLV repréfentent le
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d'Architecture. 99
Plan & l'élévation d'une Salle de Compagnie,
d'une décoration analogue à ce que nous venons de dire. Son Plan eft un parallélogramme de 20 pieds de large fur 30 pieds de long , & 18 pieds de hauteur ious plafond, proportions en rapport avec celles fixées ci-devant. Ses angles font ar- rondis & revêtus de panneaux de Menuiferie , & il y a en fymmétrie des portes feintes avec celles d'enfilade. Nous avons exprimé fur le plan la iitua- tion des feuilles de parquet , pour faire voir comment elles doivent s'accorder , foit avec le milieu des portes d'enfilade A Β, foit avec le mi- lieu C 'D de la cheminée, foit avec le luftre fui- pendu en correfpondance au milieu du plafond E. L'élévation, Planche XLV , eft prife du côté op- pofé aux croifées : elle eft entièrement décorée d'un lambris de hauteur. Les baldaquins font en- fermés comme au Palais Royal, dans des arcades femblables aux portes croifées , pour répéter les Jardins , & autres objets qui fe trouveroient en face : enfin leurs intervalles font remplis de pan- neaux portant des efpéces de caftblettes, capa- bles de donner du caractère à tout fon enfemble. Comme nous penfons qu'on a les Deiîins fous les yeux, & qu'on eft à même d'en comparer les dif- férents rapports , c'eft pour quoi nous croyons fuperflu d'entrer dans un plus grand détail. |
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CHAPITRE XL *
Delà Dec or a τ î ο ν ides S allo ν s.
Planches XLVI3XLV1I et XLVIII. IkJiï diitîngue trois fortes de Salions; les Salions
à l'italienne ou à double étage, les Salions qui comprennent la hauteur d'un étage & demi, & les· Salions qui n'embraifent que la hauteur d'un étage. On ne fait guère de Salions à deux étages, ou à un étage & demi, que dans des Châteaux & des Maifons de Plaifance, les Maifons des Villes ayant rarement aiîez d'étendue pour comporter des pièces de cette grandeur. Ils fervent de Salles de Feitins, de Concerts, de Bals, ou de Jeu. Il eil d'ufage de les revêtir, foit de pierre de liais 9 foit de mar- bres réels ou factices de diverfes couleurs , avec des ornements de métal doré. Leurs décorations confirment quelquefois en deux Ordres d'Archite- cture l'un au-deiTus de l'autre, avec des Tribunes au premier étage , pour placer dans l'occaiion des Muikiens : enfin on les termine toujours par des calottes ornées , foit de compartiments avec des tableaux, foit fimplement de fujets de peinture allégoriques à leur exécution , qui embraiTent toute l'étendue des calottes fans for- mer de compartiments. ,-·« Les Salions ordinaires font compris dans la
hauteur d'un feul étage , & font revêtus communé- ment de lambris de Menuiferie ; leur forme dé- pend de la place ou du goût de l'Architeâe : elle |
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peut être ronde, ovale, o£togone > quarrée, paral-
lélogramme. On décore ces ibrtes de pièces plus ou moins richement : elles peuvent être dédiées aux Muies, aux Arts-Libéràux, ou bien à la Pê- che , à la Charte, &c. Au lieu de ces Salions d'une grandeur immenfe qu'on a très-rarement occaiion de faire exécuter, bornons-nous à parler de ceux d'une médiocre étendue, tel que celui de notre com- pofition, reprèfenté PL XL VI & XL VIL II a 16 pieds en quarré ; l'on entre pur le milieu en face de la cheminée, & il efl: éclairé par quatre croifées. Sa décoration coniifte en un Ordre Ionique élevé fur un piedeilal, & terminé par une corniche dont la gorge feroit fculptée de rinceaux d'orne- ments, imités d'après les frifes antiques. La glace de la cheminée borne .l'enfilade des appartements , & ert renfermée dans une arcade plein-cintre, avec un impoile & une archivolte. Le chambranle de la cheminée pourroit être de marbre blanc veiné , enrichi d'ornements de bronze doré, fur les extré- mités duquel on placeroit des Génies en bronze, qui porteroient des bras doré d'ör moulu. Il y ä entre les pilaftres Ioniques de grands panneaux de Menuiferie dans le genre d'aujourd'hui, avec des médaillons au milieu (a). On voit aux quatre angles de cette pièce âes piedeftaux circulaires, qui s'accordent pour la hauteur avec ceux de l'Ordre Ionique, & qui portent des grouppes de Génies de bronze doré , lefquels foutierinent des giran- |
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(«0 _Nous avons fait exécuter de femblables Panneaux , qui
paroiilent réunît aiîez bien dans un grand Sallon à l'HôteÎ-de- ■Vule de Grenoble, dont nous avons donné les DeiHns, & donc les Medaillons ont été remplis de Portraits des huit meilleurs' Rois qui ayent gouverné la France. |
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doles. Ce Sallon n'a que 19 pieds de hauteur,
attendu qu'il n'eft terminé que par un iimple pla- fond; néanmoins nous aurions pu le couronner par une calotte, & lui donner un entablement orné de confoles à peu près dans le genre des exemples rapportés Planche VU ; mais alors il auroit fallu augmenter proportionnellement fa hauteur, en éle- vant la calotte dans l'étage iupérieur ou le comble. Au furpius , cette décoration telle qu'elle eil, pourroit diftinguer avantageufement la principale pièce d'un appartement de fociété, fur-tout û l'on peignoit fes lambris en blanc, & fi l'on rehaurlbit en or (es moulures & fes ornements. En comparant ce genre de décoration avec celui
qm a été fi long-temps en vogue , il fera aifé de sappercevoir de fa fupériorité > & combien il eit capable de donner à l'intérieur des appartements une beauté de tous les temps; confidération qui devroit toujours être la premiere regle des produ- ctions des Artiftes : car en général, ainfi que nous 1 avons déjà plus d'une fois recommandé, l'Archi- tedfure doit toujours dominer fur la Sculpture, tant dans les décorations intérieures que dans les extérieures; & la Sculpture ne doit fous aucun prétexte corrompre les contours des mafTes géné- rales , des chambranles , des portes, des croifées & âes autres grandes parties , telles que les com- partiments des divers panneaux qui fervent à dé- corer une pièce. :4I II ne faut pas s'imaginer au furpius qu'il foit
bien aifé d'accorder l'ordonnance des dehors d'un Edifice avec celle des dedans, à moins qu'on ne fe fort rendu compte d'avance de toutes leurs com- binaifons refpeftives. Nous l'avons déjà dit , & nous croyons devoir ici le répéter : on ne pourra |
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jamais véritablement efpérer d'y réuflir , qu'en
faifant marcher de pair , lors de la composition d'un Bâtiment«, la décoration intérieure & exté- rieure , & qu'en fe rendant compte de leurs. rap- ports , tant en plan qu'en élévation, afin d'arTu- jettir les trumeaux, les écoinçons, les portes & les croifées à former une exacte fymmétrie. Car quand un Architecte a négligé d'étudier ces cor- refpondances à temps, il n'arrive que tropiouvent qu'il eft obligé de facrifier le dedans au dehors ou le dehors au dedans, ou bien qu'il eft contraint de mutiler les décorations , & de prendre des licences inexcusables qui déprifent fes productions aux yeux des ConnohTeurs. La Planche XLV11I offre la décoration du Sallon
du Château d'Ifly, prife fur fa longueur. Son Plan eft repréfenté Planche XXXV1!, avec celui de fon Veftibule. Son ordonnance d'Architeaure eft de la plus grande maniere; il n'a ni la pefanteur, ni la confufion des ornements que l'on reproche a la plupart des décorations du fiécle dernier. Elle coniifte en un Ordre Pilaftre-Compofite , avec un entablement architrave , orné de modulons à double face. Ses entre- pilaftres font garnis de ta- bles renfoncées avec des trophées pendants : les portes font couronnées de corniches & d'attiques portant des trophées, & dont les tables font atiffi. décorées de bas-reliefs : le chambranle de la che- minée eft quarré & foutient auift un petit attique, qui fert de bafe à un grand bas-relief ou tableau. Encore un coup , on ne fçauroit qu'applaudir à cette admirable compofition : fes détails font ex- cellents : les repos qui s'y remarquent font^ bien préférables à cette multitude d'ornements qu'on a prodigué avec excès pendant trente ans dans nos G iv
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Bâtiments. L'Archite&ure en fait feule tous les
frais ; il n'y a point de glace, & ce n'eft pas une abiblue néceffité de multiplier , comme l'on fait fans cerTe , ces corps tranfparents : leur prodi- galité annonce fouvent la ilérilité & non le 'génie de i'Architec~te. Les beaux Appartements des Châteaux de Richelieu, de Maifons, des Tui- leries , de Verfailles, de Meudon , &c , n'en ont point. Ils auroient occupé moins utilement la place des tréfors qu'ils contiennent, & par conféquent auroient privé l'homme de goût des productions des grands Maîtres , qui s'y remarquent : il eii vrai qu'il n'en eft pas de même des Appartements de fociété , où. l'on ne paroît pas pouvoir s'en paiTer. ' χ *· |
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C H APITRE XII.
De la Décoration des Chambres
a Coucher , et principalement
des Chambres de parade.
Planches XLIX, L, LI etLII.
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JLjes Chambres à coucher font de pluiieurs fortes,
ou bien le lit eil iiblé le long du mur qui eil en face des croifées ; ou bien il eil enfermé dans une alcôve ou une niche, ou bien il eil féparé de la chambre par une baluilrade accompagnée de co- lonnes , pour former une Chambre de Parade. En général, une Chambre à coucher doit avoir une forme oblongue, & telle que fefpace , qui refle jufqu'àux croifées depuis le pied du lit ou la balu- ilrade , foit quarrée. Ces Chambres fe décorent différemment fuivant
le but qu'on fe propofe. On revêtit d'ordinaire le pourtour de celles où le lit eil ifolé d'un lambris d'appui, avec une tapiiTerie au-deiTus d'une étoffe femblable à celle du lit & des meubles. On met une glace fur leur cheminée, & aifez communé- ment entre les croifées. On pratique près du lit des portes de dégagement pour le fervice des Do- meiliques , & pour communiquer dans les garde- robes, lefquelles portes s'ouvrent le plus fouvent dans la tapiiTerie & le lambris d'appui. Les Chambres à alcôve font volontiers entière-
ment revêtues de lambris dans toute leur hauteur, à |
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laréfervedti pourtour intérieur de l'alcove que Tort
garnit d'étoffes femblables à celle du lit. L'ouverture d'une alcôve ne fçauroit être moindre que fix pieds ; on la décore affez ordinairement d'un chambranle quarré, ou dont on ceintre la partie fupérieure : il efl d'ufage de faire régner fur le devant la corni- che du plafond , & de pratiquer une porte de chaque coté pour communiquer à des cabinets ou garde-robes fépàrés de I'alcove par des cloifons , foit de menuifene, Toit en plâtre. Quand les plan- chers de ces cabinets font aflez élevés , on les éclaire par les deffus de porte, où l'on met une glace avec une gaze peinte par derriere 5 iinon on eff obligé de vitrer la porte depuis la hauteur de l'appui. Quant aux lits en niches, ils n'ont lieu que dans
de petits appartements; & il eil indifférent de re- vêtir leur chambre de lambris de hauteur, ou de lambris d'appui avec des tapifferiês. Les Chambres de parade au contraire exigent
la plus grande richeffe & la plus grande régula- rité. Le nom qu'on leur donne doit s'entendre de leur décoration| de l'affortiffement des meubles, de la fymétrie des glaces > des tableaux & autres ornements qui doivent y être placés avec une par- faite intelligence. Quoique la magnificence foit au- torifée dans leur décoration, elle demande néan- moins qu'on obfervedes repos entre chacune des parties qui la compofent. Le Ht doit être féparé du reife de la pièce par une baluflrade d'environ % pieds 7 de haut. La corniche de la chambre re- tourne d'ordinaire quarrément au-deiTus de la ba- luffrade; &, comme nous l'avons dit ci-devant, l'èf- pace^depuis les croifées jufqu'à la baluffrade, eif. d'obligation d'être quarrée par fon plan. On élevé |
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d'ordinaire fur cette baluilrade des colonnes cou-
ronnées, foit par un entablement auquel on donne environ le 6e de la hauteur de la colonne, foit par une corniche à gorge. On revêtit de lambris de hauteur l'intérieur de ces chambres jufqu'à la ba- luilrade , &. l'on garnit d'étoffe & d'un lambri d'ap- pui la partie qui environne le lit, en pratiquant, comme de coutume, vers cet endroit des portes pour le dégagement des garde-robes. La meilleure maniere de décorer une pareille
pièce , eil de ne point mettre la cheminée au mi- lieu ; mais 4e la difpofer tellement qu'il fe trouve entre la porte & la cheminée un panneau de lam- bris d une même forme & d'une même largeur que celui qui eil entre la cheminée & la baluilrade. Nous avons choiii pour modele la Chambre de
parade des nouveaux appartements de feu Ma- dame la Dueheffe d'Orléans, au Palais - Roy al, dont le defîin eil de M. Contant, Architefte du Roi. Sa décoration, Planche XLIX, L & LI > eil du meilleur genre ; de belles parties , des détails heureux, des matières précieufes, des étoffes de prix , tout concourt à donner à cette pièce une très-grande magnificence. Son Plan, Planche XLIX; fait voir fuffifamment fa difpofition, celle du lit, de la baluilrade & des colonnes qui l'accompagnent. .:, La Planche L, offre l'élévation du côté du lit de parade ; elle eil une des mieux décorées qui fe foit vue jufqu'à préfent dans l'intérieur de nos appartements : les quatre colonnes qui s'y re- marquent, dont deux font placées fur un plan dif- ferent de l'autre, donnent à cette ordonnance un caraäere grave, qui n'ôte cependant rien à fon élé- gance. D'ailleurs la forme de ce lit, la richeffe des étoffes , la baluilrade qui le renferme, les gla- |
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ces placées dans les pan-coupés entre les colon-
nes , la forme ingénieuse des chapiteaux & des ca- nelures de l'ordre, enfin l'exacf e régularité de cha- que partie j tout dans cet ensemble fait le plus grand plaiiîr : cette belle pièce eil terminée par une cor- niche compofée d'ornements d'un excellent genre, & qui fuit le plan des colonnes fans retourner quarrément au - déiïïis de la baluilrade , comme nous avons dit ci-devant que cela fe faifoit le plus fouvent : changement qui eil autorifé ici par la difpoiition générale de cette chambre , & des co- ïonnes qui accompagnent le lit. La Planche LI, eil une coupe fur la longueur de
cette Chambre de parade : elle fait voir la liaifon de fa décoration, &. combienfontout enfembleforme d'unité. Il eil à remarquer principalement la dif- poiition de la glace de la cheminée & de celles qui accompagnent le lit : elles font chacune enfermées dans une arcade pareille à celle de la cheminée, & dont l'embrafement eil auffi exécuté enperfpec- tive, de maniere à former en ces endroits de vé- ritables percés. C'eil un arrangement particulier de bordures de glace, imaginées parl'Architeâe.dè cette décoration, & qui ne laiiTe pas de produire beaucoup d'effet & de vérité en exécution. Les pa- neaux qui accompagnent la porte font égaux & 'd'une forme tout-à-fait agréable. Enfin la eompofi- tion des portes avec leur deiïus, & le choix des ornements qu'on y a admis , ne laifle rien à defirer dans cette ordonnance. On a déjà publié la déco- ration de cette Chambre dé parade, dans le pre- mier Volume des Planches du Dictionnaire de ΐ En- cyclopedie; mais comme fes proportions & (es or- nemens y ont été mutilés & très-mal rendus, nous croyons qu'on la reverra ici avec plaiiîr. |
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d'Ar ch itecture. 109
ta Planche Lil, eft l'élévation d'une Alcôve de
notre compofition, & que nous avons fait exécuter à Paris à l'Hôtel de Deux-Ponts. Dêftinée à fer vir de chambre à coucher à un Prince, nous avons eu en vue de donner à fa décoration un ftyle grave & afïorti à la dignité de la perfonne qui de- voit l'occuper. Son ouverture efl terminée quar- rément avec un chambranle enrichi de feuilles de laurier , dont les angles font ornés de confoles avec des feuilles d'eau & dont la traverfe eil cou- ronnée d'un cafque & de branches de laurier : on voit en accompagnement quatre efpeces de pilaf- tre , dont les chapiteaux font des dépouilles de lyon, & de part & d'autre des portes communi- quant aux garde-robes, & furmontées par une corniche , au-deffus de laquelle il y a des mé- daillons qui fervent de croifées , & dont les or- nements font en rapport avec l'ordonnance de la Pièce. Enfin la corniche de cette Chambre retourne fur la face de l'Alcove, & fa gorge eil décorée de canaux, de fleurons & de feuilles de - refend à plomb des pilaftres. Nous n'avons pas jugé à propos de donner un plan particulier de cette Alcôve, vu qu'il n'ofFriroit rien d'intéreiTant, & qu'il n'auroit fait que multiplier les Planches inuti- lement. I
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CHAPITRE XII Ι.
De la Décoration des Galleries.
Planches LUI, LIV et LV. \J Ν donne plus ou moins d'étendue aux Galle-
ries. Leur longueur peut être depuis 3 jufqu'à 6 fois leur largeur. Il eft d'ufage de les orner, foit de tableaux avec un lambris d'appui au pourtour, foit de lambris de hauteur de Menuiférie ou même de marbre. Les unes ne font éclairées que d'un coté , telle eit la grande Gallerie du Château de Verfailles , où l'ori a mis des glaces dans des ar- cades correfpondantes aux croifées, & que Ton a décoré de Piîaitres d'ordre Comporte revêtus de marbre. Les autres, font au contraire éclairées des deux côtés, telle eil la Gallerie du Château de S. Cloud , ou celle du Palais du Luxembourg à Paris, où l'on voit entre les trumeaux, des tableaux & des trophées placés dans des paneaux de Menui- férie. Il convient de donner à leur décoration un cara&ere en rapport avec leur deftination : tous les objets d'agréments, comme la fculpture , les tableaux, les bronzes, les ameublements précieux y font adrnifîibles. On peut les enrichir de luilres , de candélabres, de torchieres ou guéridons, de ftatues fur des piedeftaux ou dans des niches , de médaillons, &c. Outre les Galleries qui font partie des Appar-
tements de parade, il en eft qui ne fervent que de communication pour conduire à une Chapelle ou |
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O'ArCH IT ECTÜRE. IIΙ
à différents corps' de bâtiments , leiquelles peuvent
être traitées d'une maniere plus grave & plus le- rièufe : la fimplické doit préiider à leur ordon- nance , ainii que nous en donnerons ci-après un exemple en parlant des Chapelles. On ne fait prefque jamais de cheminées dans les
Galleries , attendu qu'à caufe de la grandeur de ces fortes de pièces, elles feroient en quelque ma- niere inutiles. On en voit cependant aux Galle- ries du Palais-Royal, de l'Hôtel de Touloufe, du Luxembourg & de l'ancien Hôtel de Villars , au- jourd'hui l'Hôtel de Coffé ; mais elles ne fervent guère que pour la magnificence, & rarement s'avife- £-011 d'y faire du feu. Pour donner une idée du goût & de la richeffe
qu'on a coutume de répandre dans la décoration des Galleries , nous offrirons les Deflins de là décoration de la Gallerie de l'Hôtel de Touloufe & du Palais-Royal. Comme les Plans de ces Gal- leries n'offrent qu'un paralellograme, nous n'avons pas cru devoir en donner particulièrement les def- fins, pour ne pas multiplier les figures fans nécef- fité pour l'inrtrudion. La Gallerie de l'Hôtel de Touloufe , figure I,
planches LUI & LIV , a de longueur près de iixfois fa largeur. Ses ornements font d'un excellent choix: elle eil revêtue de menuiferie & décorée de pilas- tres Corinthiens élevés fur des piedeilaux & cou- ronnés par une corniche ou entablement orné de confoles, dont nous avons donné particulièrement le profil, planche VÎII, figure IV. Elle n'eft éclairée que d'un feul côté par cinq croifées, à l'oppoiite def- quelles on a placé des glaces pour augmenter la lumière , & répéter les objets qui font en face : les trumeaux entre les glaces & les croifées font oc- |
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cupés par des tableaux richement encadrés, & des
plus excellents Peintres, tels que le Guerchin , le Guide , Pietre-de-Cortone, le Pouffin & autres. La voûte de cette Gailerie eil enrichie de beau- coup d'ornements de fculpture , exécutés par Vaifé le père, lefquels font le plus grand honneur à (es Valens. Les fujets de Peinrure & de Sculpture qui embellifient cette belle Pièce , ont pour objets îa Marine & la Chaffe. La cheminée, fur-tout, eil fuperbemént décorée , & d'une maniere allégori- que ; on voit à fes extrémités deux Tritons dorés d'or moulu, groupés avec des coquilles qui portent des torchieres à cinqbranches: à chaque côté de la cheminée eil une niche , avec une Statue portée fur une efpece de cul-de-lampe : quoiqu'il rie foit pas yraifemblable de faire ainfi porter des Statues en avant des niches fur defe cul-de-lampes , néan- moins ils font ici richeiTe, & ne làiffent pas de produire un bon effet. Au^deiTus de la cheminée eil la Marine , fous la figure d'une Femme ri- chement vêtue & groupée avec une proue de vaiiTeau , chargée de cornes d'abondance ; elle eil accompagnée des Vents & de trophées rela- tifs au fujet : enfin aux deux côtés & à plomb des niches, font des groupes de Tritons qui portent les attributs de l'Amirauté. Au-deifus de la porte, Planche LI V, par laquelle
on entre dans cette Gailerie, eil la figure de Diane, fuivie de ïes Compagnes ? & aux côtés de cette porte, il y a des niches avec deux figures re- préfenrant l'Afrique & l'Amérique , accompagnées de leurs attributs. Tous les lambris de cette Gai- lerie font peints en blanc ; fes ornements & mou- lures font rehainTés en or; & fon plafond qui eil terminé
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b "* A R C MITE 6TUR Ë. Il}
terminé- en berceau repréfente divers fujets de
Peinture, allégoriques à la Marine. La Gallerie du Palais-Royal, Planche LV,n'eit
pas moins décorée richement que la précédente. Ses ornements font feulement d'un genre plus mâle δε moins.délicau Nous nous fommes contenté de re- préfenter le bout de cette Gallerie, où eft la che- minée , comme étant le morceau le plus intéref- fant. Sa décoration confiiie en un ordre Corin- thien Pilaitrë, pofé fur un petit piedeftal & terminé par un entablement avee des confoles accouplées à plomb de chaque Pilaitre. Les Entre-pilaftres font ornés de piramides & de trophées. La cheminée eil placée au milieu de l'enfilade , & eft coiiron- née par les Armes de la Maifon d'Orléans J & aux extrémités de fon chambranle font des Groupes d'enfants de bronze , qui foutiennent des torchieres, dontle deiïm qÛ fier, hardi, & fait un très-bel effet. Cette Gallerie n'eit, comme la pré- cédente , éclairée que d'un feul côté : elle a de longueur quatre fois fa largeur. II y a des trophées entre les trumeaux des croifées, - & à. l'opoiite de grands tableaux , compofés & exécutés par An- toine Coypel, premier Peintre du Roi, repréfen-' tant l'Hiftoire d'Eriée : ouvrage digne d'illuitref l'Ecole Françoife, & fort eilimé des connoiiTeurs* En général le choix des ornements , & l'élégance des formes de cette décoration > compofent un tout capable de fervir de modele en pareil cas. |
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Tome Κ Η
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ί?£ m DÉCORATION OES CaJSINETSs
JLî ê S Cabinets Üé font revêtus comrnuhérrîent que
Jfê. lätöBHs d'appuis & dé tapiiTeriès d'étoffes, fur té^iiélles on place des tableaux ; bh niét fut leur •feHërhihëés des glacés, & entré lès croiiéës dès îarnbris dé hauteur. Le ltylé de leur décoration TÎoit être grave & peu orné ; c'ëit pourquoi il n'en ipâs bêfoîn d'en offrir d^ëxërnplës particuliers. Si t:ês'Cabihëts étoiéiit uniquement dértinés polir des labléâux, peut-être vaudroit-il mieux lés éclairer Jjar lé haut, âinil qu'on eh voit ait Palais - Royal ; xès fdrrès dé jours étant très-avanràgéiiX aux ta- bleaux, & laiflaiit d'ailleurs le long dés murs Bëaii- Tottp déplacés pour les diitribuër, î^ous hé parlerons pas dé la décoration pärti-
tufièfè dés Bibliothèques j elle ne doit coniiftèr que dans l^rdrë, là propreté, là difpofition dés tabtëttéâ & des armoires. Ce fönt lès livrés qui doivent faire en grande partie les frais dé leurs Èfïhëméns. v |
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t b*AkéÉitfeiff ÜRË-; lij
;ciip ι tri χ ν.
De ia Décoration z>es Chapelles^
Qui Pont partïedes Appartements*
ÊLANCHEs LVI> LVII, LVIII et LIX*
* ; ' V'T ' ' -v -
ju E S Chapelles ne doivent pas être trop près
des appartemens de ibciété : il faut proportionnel leur grandeur à l'étendue de l'Edifice, & au nombre des perfonnes qui peuvent l'habiter. Il eil d'üfage dy pratiquer des tribunes de diilinclion pour les maîtres , & on les eonitriiit fouvent en pierre de liais. Quant à leur ordonnance, elle doit être com* pofée de grandes parties, & aiîbrtie avec le ca^ racleie grave du lieu. Il eil efféntiel que les orne- mens y ioient diilribués avec choix & fans con* fuiion. On voit dans la Planche LVI, deiit plans difFérens de Chapelle* Celui de la Figure I eil plus coniidérable & plus magnifique que celui de là Figure II. Son élévation eii représentée 3 Planche LVII ; & eil décorée d'un ordre Ionique, formant un périilile pour y plâcërles maîtres & les per- fonnes de diilinclion. Les entre-colonnes de ce périilile font ornées de cfoifées & de tables riche- ment encadrées, & ίόη a pratiqué ait-deifiis une tribune à l'ufage des domeiliqueSé On n'a admis dans l'ordonnance de fa décoration * ni ornemens frivoles , ni formes hafardées ; & il eil à croire qu'elle ne manqueroit pas de faire beaucoup d'effet en exécution. L'arrivée de cette Chapelle eil par Hij
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lli$ ;·; -;·£.. O U R S , ' ' ,
une grande gallerie, dont on volt fur ïa mèmê
Planche une partie de la décoration qui eft d'un genre iimple & noble, & tel qu'il convient à ces fortes d'endroits , deitines à fervir communément de paffage & non de pièces de fociété. Nous avons repréfenté dans la Planche LVIII , l'élé- vation du bout de cette gallerie avec la porte d'entrée de la Chapelle qui eft d'un caractère ana- logue à fa compofition. , Le Plan de la Chapelle, Figure II, Planche LVI,
eft précédé d'un petit porche circulaire très-agréa- ble , & l'on voit à fes quatre angles des tribunes, dont il y en a une à côté de l'Autel, qui feroit deftinée pour une Sacriilîe. La Planche LIX repréfenté fon élévation, dont
l'ordonnance eft auffid'ordre Ionique:les ouvertu- res des tribunes font ornées de draperies, avec des médaillons au-deflus : entre les croifées font deux figures fur des piédeftaux : enfin le tout eft terminé par une calotte en vouiïure , avec différens com- partimens enrichis de peintures & de bas-reliefs, aiTortis au caractère de cette pièce. |
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CH APITRE XVI. λ
De âa Distribution et Décorât ι ou
D'une Salle όes Bains^ Planche LX*
M. Β L ON del , en traitant de la Diilrihiitibft
des appartemens dans le Volume précédent, a paffe fous filence les Salles dés bains γ c'eit pourquoi avant de parler de leur décoration, nous allons y fuppléery en rapportant en partie ce qifil a dit à eefujet, dans ion Ouvrage de la DißributioTt & ds: la Décoration, des Maifons de Piaifance , Tome II page 129.. iJ^üït. Sous le nom d'Appartement des bains, on entend
"une Salle à une ou àplufieûrs baignoires, précédée d'une antichambre pour l'es domeitiques, & accom- pagnée d'une chambre à coucher à un ou pîufieur» 'lits, fuivant le nombre des baignoires. Près de cette chambre doit être une garderobe pour changer le linge ,, & un cabinet d'àifancê. à foupape. Il faut aufïi conftruîre derriere, fa. Salle y une autre petite- pièce fèrvant detuve pour contenir l'eau chaude dans une chaudière mobile , placée fut un four- neau pratiqué fous un efpece dé hotte de che- minée, par laquelle; les vapeurs de Feair & là fumée-du Bois & du charBon fè diiîîpent. Du fond de cette chaudière il doit partir un tuyau* a plu- sieurs branches, qui" paiTè au travers du mur pour: s'aller rendre dans chaque baignoire & y porter deFeaa- chaude. Il faut auflî'tenir dans cette étiivc; Eii|
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Un petit réfervoir d'eau froide pour fournir aux
Jrefoins, & où l'eau peut être amenée par un robiner, branché fur le conduit qui fournit l'eau à ces, fortes de pièce, & fur lequel peut être pratiqué pluneurs ajoutoirs qui conduifent l'eau froide aux bai- gnoires , à la chaudière , Sf au petit réfervoir. Le? conduit doit prendre naiffance à un réfervoir pra- tiqué à cet effet dans quelque partie du bâtiment un peu eminent, afin de donner à Peau le pouvoir de s'élever félon la néceiîité qu'il y a de tenir les chaudières , petits réferyoirs Sf baignoires dans une hauteur inégale 5 & de lui donner en même} îems plus 4e rapidité : l'on doit aiuli avoir foin άψ: pratiquer proche l'étuve? une autre petite pièce: ^uel'ou nomme chaufïqir, deftinée en f#,t à fechef les linges, & à chauffer ceux dqnt qn# fee/pinpour Je fervice dçs maîfres. , On peint les baignoires en huille çn jk$e>nde:
marbre, ou de la couleur qui s'^flbrtit le mieux· avec celle qui domine dans te pièce : elles ne> doivent avoir ni moins de % pieds | ni plus d© | pieds de hauf. On les tient d'une longueur & largeur plus ou moins grande ftnvant l'étendu^ ^u lieu, niais eUes m upivent pas aypiç naojns, de 4 pieds de long, ni pins de 6> pieds fuj ^ pieds de large. Qn les fait de différens profils '< quel·« quefpis ou les tient renflées par ie ba,s en forme* de baluif re ; quelquefois on les tient droites avec? desmpulures& des ornemens,; cette dernière ma- niere eiUa meilleure, parce qu'elles font plus faciles; 4 nétoyer. Au bas & dans le fond intérieur de ces. baignoires, doit être ajuftée Tembpuehure d'un tuyau qui fert de décharge, lorfqu*on veut changer 4'eau étant d^ns le bain , par le moyen d\m$ bpnde, qui s'élève & s'abaijFe façUemfpt, Cette- |
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,d'Ar CHITECf URE. ΐΐψ
décharge doit s'aller répandre dans les dehors : &
par cet expédient les baignoires ne font poinE fujettes à être déplacées, & peuvent être tenues dans un état de propreté, par la commodité de l'eau qui y eil amenée, 3ε qui a fa fortie, en le- vant la bonde qui fait le même effet de la maife de plomb , à lufage des lieux à foupape. î , Ces baignoires font communément placées dans- un renfoncement circulaire en forme de niche , êé couronnées d'un efpece d'impériale garnie de ri- deaux de toile de coton. -i *■ La Décoration qui convient le mieux aux Sallei.
de bains eil..la pierre de liais ou le marbre ? ea ce qu'elle eil plus analogue à leur deilination & à la fraîcheur qui regne dans ces endroits , ainii qu'à i'humidité que procurent fouvent les baignoires*. Il y en a cependant qui revêtent leurs riiurs de menuiferie avec des compartimens, oii font peint des animaux , des arabefques, &c. Quant au car- reau , il fe fait de pierre ou de marbre. Comme la Décoration de ces fortes de pièces doit être tenue extrêmement fimple, c'eil pourquoi nous, nous difpenferons d'erç offrir undefTein particulier;. & l'explication dé la Planché LX achèvera de donner une idée Comprette delà; diilribution né- ceifaire pour un appartement de bains«. A y Plan des bai^noiresv :
Β , Fourneaux pratiqués dans une pièce voifinev
laquelle fert à entretenir l'eau chaude de la chau- dière qui eil placée au - deiTus, & qui k commu- nique dans les baignoires A : cette chaudière oit réfervoir d'eau chaude ell élevée d'environ 4 pieds £ & contient toute la grandeur, du fourneau où elle efè fcellée. |
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UlQ ,.;i -χ-ϋ C O: 17 R S "· ,\·
à C, Tuyau branché qui amené l'eau chaude de
la chaudière dans les baignoires A A. D, Tuyau amené d'un réfervoir étranger qui
fournit de l'eau froide au réfervoir Ε, à la chau- dière Β & aux baignores A. .£, Réfervoir d'eau froide.
F , Branchage qui fournit de l'eau fraîche ? foie
â la cuvette ou coquille, foit dans la chaudière, foit dans les baignoires. G, Cuvette ou coquille pour fe laver les mains.
H, Degrés qui conduifent à la chaudière qui
çft élevée defltis le fourneau B. : I, Tuyau dans l'épaiiTeur du mur par où s'ex-* halle la fumée du fourneau. Κ, Embouchure du tuyau, garnie d'une bond&
qui s'élève facilement pour laiffer écouler l'eai* de§ baignoires, lqrfcjuQiv là veut changer*. |
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d'Architecture*- 'in
CHAPITRE XVI I. !
/}# χλ Décoration des Escaliers. Planches LXI, LXII, et LXIII. |
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JuA Décoration des Efcaliers eft ce qu'il y a de
plus difficile à bien traiter. Ceux des Palais & des Edifices importans fe font fouvent à double-rampe ; tels font les Efcaliers du Château des Tuileries % du Palais-Royal, & du nouvel hôtel des Monnoies à Paris. Ces fortes d'Ouvrages font iufceptibles de recevoir toutes les richeffes de FArchiteaure· Comme ils ne montent qu'au premier étage*
on ne décore leur cage pour l'ordinaire que juf- qu'au niveau de fon plein-pied, afin que tous les compartiments deviennent réguliers. L'on revêtit leurs murs, foit en pierre de liais , foit en marbre % comme l'étoit autrefois le magnifique Efcalier des Ambafladeurs dans le Château de VerfaiUes ; & l'on fait aufli leurs rampes avec des baluilres ou des entrelas en marbre ou en pierre. Quant aux Efcaliers d'une moindre importance, on les fait à une feule rampe, en les proportionnant à l'étendue du bâtiment. Il faut feulement obferver de les dé- corer avec fimétrie % & d'un goût mâle, que leur plafond forme une efpece de calotte, que leurs rampes fe développent agréablement, que leurs par liers foient convenablement élevés au-deiïus de îa tête, & qu'enfin les premières marches s'aron- diflent d'une maniere gracieufe autour de la volute« |
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III .Ui · C O V RS l: [il
Une autre attention qui η'eit pas moins néceffaire
à la beauté d'un Efcalier, c'eii de laiiTer au milieu un vuide fpacieux & fuffifant pour permettre d'ap- percevoir , en mettant le pied fur la premiere marche, le développement des rampes, & fur- tout le plafond que Ton orne plus ou moins, & au milieu duquel oafufpend, ecimme de coutuine* une lanterne. Comme M. Blondel s'eit beaucoup étendu (ψ-
la compoûtion & l'ordonnance des Efcaliers vers la en au Volume précédent, pour ne point répéter ce qu'il a déjà dit, nous nous bornerons à décrire pour exemples, le grand Efcalier à deux rampes du Château de Sam>Cloudprès de Paris 7 chef-d'œuvre de Hardouin Manfard, & un autre Efcalier , à l'ufage d'un hôtel ordinaire, de notre compositions < " La Planche LXI repréfente tous les plans & profils de l'kfcalier du Château de Saint-Cloud,dont la compoiition eit extraordinaire, à caufe de là différence du niveau de la cour & cju parc, dont lune eft de 7 pieds plus élevée que l'autre* La grande difficulté de fadiilributîon çonuiloit à faire de part & d'autre une entrée agréable, & il falloit affurément autant de génie & d'habileté que Man- fard y pour vaincre les obrlaçles qui paroifloient s'y oppofer ■>■ & les :. furmqriter aunT heureufement* La Figure! eil le Plan du rez-de-chauffée. A»
Veitibule regulier du coté de la cour. B, Paffage qui conduit au parc, G, Entrée du coté du parc \ qui forme un magnifique perron. D, D , Palliers. ornés de colonnes de marbre. E, Emportes qui communiquent à "différents appartements 3 diffri- îwés au rez-de-chauffée d« Château. La. Figure II repréfente le plan de h cage db
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D ' A Κ C M I'T E G Τψ RE. € f3
l'Efcalier , qui eft éclairé par f rois eroifées don?
nant fur la cour, F, F a Sont deux rampes avec des baluftrades, en marbre, qui çonduifent de part %: d'autre dans les appartementÇa Q3 du premier étage, La Figure ÜI eft une cçupe fur le milieu de la
longueur de l'Efcalier, où l'on peut remarquer la différence du plein-pied de la cour & du parc : elle fait voir aunr la Décoration de fa cage qui eft ornée d'un ordre Ionique Pilaftre * élevé fur un piedeftal avec des arcades feintas f & qui ©$ terminée par une calotte. La Figure IV offre une coupe fur la largeur
du pallier fupérieur EK Figure I» vue du côté oppofé aux çroiféeSt En comparant les déférentes figures, on s'appercevra aifément de tous leurs rapports, tant en plan qu'en élévation, & nous terminerons fa defeription par remarquer que; la rampe de cet Efcalier eft tmfà m marbre,. & que Tordre Ionique avec fou piedefM ce aufti revêtu de marbre. La Planche LXU repréfente le plan d'un Efcalier
pour un hôtel ordinaire, La Figure I eft le plan du res-de-çhauifée. A%
Veftibule orné de- colonnes engagées au tiers, Se de deux niches.. B» Marches, de VEfcalier* C> Paf iage ou entrée des caves» 'r^h ; έ La Figure II offre le plan du premier étage
ou de la cage de l'Efcalier. D, D, Palliers. E ? vuide de l'Efcalier, au milieu duquel on fufpend une lanterne. F, Grand pallier au niveau des ap- partenons. Q, G,Entrées des appartemens. La Planche LXIII eft une coupe fur la longueur
de l'Efcalier, prife par le milieu du veftibule. Sa, cage eft. décorée d'un ordre Ionique en pierre-, êk |
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fï2% ^;er# υ κ- s, &c;
couronnée par un entablement à confolës9 föü
monté d'une calotte. On voit entre les pilaitres* des arcades feintes, qui fymétrifent avec celles, des croifées de la face oppofée, & ait milieu def- quelles il y a des niches avec des trophées en re- lief fur des piedeftaux. Enfin on remarque entrer l'importe & l'archivolte de chaque arcade , des co^ quilles accompagnées de cornes d'abondance. ' Nous ne nous étendrons pas davantage fur ce «jui conftitiie le beau effentiel des Décorations d'un Appartement : car en vain multiplierions-nous les exemples ; ils noffrkoient guère que des cas parti- . culiers, que des circonftanceslocales (ont capables de faire varier à l'infini. C'eft pourquoi nous ter- minerons par recommander, comme un moyen sûr de hâter les progrès dans l'étude de cette partie de rArchite&ure, de ne pas fe borner à méditer nos principes dans l'ombré du Cabinet, mais de s'atta- cher en même tems à en remarquer l'application en exécution; perfuadé que ce ne fera qu'à force de mefurer, de deffiner, de développer les bons mo- dèles en ce genre, & d'obferver fur-tout les effets, qui résultent,.fok de leur liaifon, foit de-leur rap- Î>ort , qu'on pourra efpérer de fe perfectionnerf^
„a Théorie dansles Arts étant toujours infuiEfanÊe^ à moins que l'expérience ne l'accompagne,. |
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D'AB.CHI.TE'CTURE,
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LI V R Ε Τ RO IS 1E ME,
PREMIERE PARTIE.
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DE LA CONSTRUCTION
ES BAS TI MENT S.
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ƒ Ν Τ R O DU C Τ I O Ν.
De l'origine & des progrès de L'An de bâtir.
JL e S rofeaux, les branchages & les troncs d'arbre
maçonnés avec de la terre graffe ou de la boue , furent les premiers matériaux dont on fe fervit pour l'exécution des plus anciennes demeures de nos Peres ; & il y a lieu de croire que cette ma- niere de bâtir fubfiila feule pendant très-long- tems. Les réflexions ayant augmentée l'induitrie, on s'appliqua à rendre fucceiïivement les maifons plus agréables & leurs conftru&ions plus folides : en conféquence ? on employa de petits carreaux |
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moulés de terre graffe & d'argile, que Ton fit dfa<*
bord fécher au foleil 3 & par la fuite cuire au feu* C'eft àinii que furent eonitruits les Monuments dé la haute Antiquité» Perfonne ne fçait précifémênt en quel tems on
a commencé à employer des pierres taillées dans les bâtiniéhts j mais il a dû héceffâirement s'écouler Bien dés fiéclés, avant de parvenir à les mettre en œuvre. On en fera aifément convaincu , en fai- fant réflexion que leur emploi fuppofe, non-feu- lement là découverte des métaux, & fur-tout l'art de travailler le fer, pour en former des outils, des1 marteaux, des cifeaùx , des fcies , &c, mais en- core l'invention de quantité de machines ou d'in- ibruménts propres à trarifportèt les pierres des carrières , & à les élever; ce qui n'a dû évidem- ment s'opérer qu'à la longue, & par fucceifion de tems. Au rapport des Hiftoriens, l'Egypte paffe pour
avoir été le berceau des conitru&ions en pierre * de même que de la plupart des Arts Mécaniques. Comme ce pays manque totalement de bois, tandis qu'il éft très-abondant en pierre & en marbre , ce fut une efpéce de nécefîité pour les habitants d'y avoir recours de bonne heure pour bâtir leurs maifons. Lés uns font honneur de l'art de tailler lès pierres à Toforchus fucceiTeur de Menés, uni des plus anciens Rois d'Egypte : d'autres l'attri- buent à Dédale j qui parte auiïî pour avoir trouvé le premier l'ufage de l'aplomb & du niveau. Quoi- qu'il eh föit | cet Art fut extrêmement fimple dans fon origine, & le borna pendant long-tems à écar- rir feulement les pierres , à les placer en lîaifon 9 en talut * ou en retraite les unes fur les autres, 8t à les, employer principalement des plus grands |
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^ARCHITECTURE, îif
Quartiers pbifibles. La perfection de la bâtifle iem^
bloic ne conmier alors qu'à entaffer maffe fur maffe ·, pierre fur pierre : telle eft l'idée qu'offrent' les Pyramides d'Egypte , & la plupart des plus anciens Monuments Egyptiens , dont il fubfiite encore des ruines. ; ïl n'étoit pas quéftiori de voûtes dans ces tems
reculés ; car elles n'ont été inventées que fort tard. Tous les linteaux des portes & des croifées étoient droits , & faits foit de bois foit d'un feul . bloc de pierre ou de marbre ; les plafonds ou planchers, tant des falies que des colonades, étoient d'ordinaire compofés de larges pierres plates dune grandeur extraordinaire, dont les extrémités por- toient fuir les murs -, & dont le milieu étoit foutenu par des piiliers de pierre, quand on jugeoit leur étendue trop cohiidérable. ïl paroît que l'art de la conitru&ioh avoit déjà
fait, dès le regne de Sefoftris, des progrès mar- qués en Egypte, à en juger, foit par tous les ca- naux que ce Prince fit creufer pour la sûreté & la commodité de ce pays* foit par les levées d'une hauteur & d'une étendue immenfe qu'il fît faire pour mettre les Villes à l'abri des innondations du -Nil, foit par cette multitude de Temples qu'il or- donna , dit-on , d'ériger dans chaque Ville en l'honneur des Divinités qui y étoieni particuliè- rement révérées , foit enfin pair l'exécution de ces Obélifques de granit d'un volume fi prodigieux, dont quelques-uns font encore de nos jours l'or- nement de la nouvelle Rome , après l'avoir fait de Tanciennev Si l'on n'a pas exagéré dans les def- criprions qu'on nous a laiffé de Memphis , de l'an^ cieime Thèbes, & principalement fur la magnifi- cence des Edifices de cette dernière Ville, dont |
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U8 G ö ü it §
les Voyageurs prétendent qu'il fubiiitê éfïCöfê fc
parmi leurs ruines des amas prodigieux de co-* lonnes & d'entablements de pierre & de marbre s i! femble probable que, fi le bon goût del'Archite£rure ne préndoit pas à l'ordonnance de leurs Monu- ments , de pareils travaux n'ont guère pu s'opé* rer, fans que l'Art de la bâriffe n'ait été du moins porté à un certain degré de perfection. On ne voit pas qu'en Aiie , cette partie dit
monde qui paffe pour avoir été la premiere habi- tée , l'Art de bâtir fe foit perfectionné plutôt qu'en1» Egypte. Babylone , Séleucie 3 & les * plus an- ciennes Villes furent bâties en briques. Rarement y conitruifoit-on des Edifices en pierre ou en marbre : les voûtes y furent long-tems ignorées, à en juger par le Pont que la Reine Nitocris fît jetrer fur l'Euphrate , qui paffoit pour une des fept Merveilles du monde , & dont la longueur avoit un quart de lieue. Ses pilles, au rapport des Hiftoriens , étoient bâties en pierres cramponnées avec du fer & coulées en plomb ; & l'on avoit placé de l'une à l'autre des poutres de bois de cyprès, avec un couchis de branches de palmier par deffus. La conftruction ne fît auffi que des progrès très-
lents dans la Grèce & dans l'Italie : on n'y com*- mença également à bâtir que fort tard en pierre. Les plus anciens Temples, tels que ceux de Diane à Ephèfe, d'Apollon à Delphes, de Vefta à Rome, & même le Temple de Jérufalem, n'avoient point de voûtes. Ils étoient tous terminés par des plan- chers en charpente, dont on revêtiffoit par magni- ficence les poutres & les folives de plaques d'ivoire, ou bien de lames de cuivre, d'argent & même quelquefois d'or. Ce ne fut guère qu'au tems d'Alexandre
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b* A Rd HiTEC Iure.1 129
ià'ÀÎeXandre le Grand, que les Grecs s'adonnèrent
à cintrer les portes & les croifées> ainii qu'à voûter les Temples. En général les conilruclions antiques étoient
uniformes. La plupart des colonnes , à moins qu'elles ne fuiTent d'un très-grand diamètre, s'opé- roient d'un feul bloc de marbre; Il paroît qu'on eri préparait d'avance de toutes fortes de grandeur & d'ordonnances d'Architecture dans les carrières j d'où elles étoient voiturées toutes taillées j ainfl iffcque les architraves que l'on faifoit fouvent toute d'une piéce> Il réiûhé de là que l'exécution des colonnades étoit fort iimple ; elle coniiitoit à transférer les colonnes , à les dreifer fur placé peu écartées les unes des autres fui van t l'ufage, & enfuitë à y élever d'axe en axe les àrchi^ traves > au-deffus defqiieîs on pofoit les frifes & les corniches des entablements (λ). Les plafonds des portiques ifoiFroient pas davantage de difficultés; ils fe faifoient, foit en charpente , foit avec âe$ pierres plates quand ils avoient peu de largeur j foit avec des voûtes légères en briques3 Au reite il ne faut pas s'imaginer que les Grecs
& les Romains exécutaient leurs Edifices , même" les plus importants, entièrement en marbre. A l'ex- ception dés portiques & des colonnades , les murs étoient le plus fouvent bâtis en briques, & révêtus de tables de marbre, foit en dedans, foit en dehors. Quant à l'art des Voûtes , dont ils parohTent avoir été les Inventeurs, il £t chez eux peu de progrès. On ne remarque nulle hardieffe dans leur exécution ; ils s'éeartoient rarement du plein- |
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{âj On lit dans Vitmve la defcription de quelques-unes dey
inachines qui fervoient à ces tranfp'orts; ■>-. Tome Fi . ï |
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i$ö Co υ RS
cintre, & fembloient redouter les voûtes iurbaif-
fées ou anfe-de-panier, Quelle force exceffîve ne donnoient-ils pas à leurs pied-droits , ainii qu'il eil aifé den juger par les anciens Ponts qui fubfiilent encore , & dont les arches de forme plein-cintre, offrent des piles qui ont quelquefois d'épaiifeur jufqu'à la moitié de leur diamètre. Leurs découvertes cependant s'étendirent aufîi jufqu'à faire des voûtes-d'arrête , des voûtes en arc-de- cloitre, & même des voûtes demi-fpheriques, pour couronner les Temples circulaires ; mais ils n'ima«*| ginerent rien au-delà. Cette multitude de Cirques, de Théâtres , d'Amphithéâtres & d'Acquéducs, ne préfente que des répétitions continuelles de voûtes en berceau droites ou rampantes , dont toutes les conitrudions fe reifemblent; l'Art ne leur offroit pas affez de reifources pour les varier. Veut-on fçavoir ce qui a rendu les bâtiiTes an-
tiques û recommandables, c'eft la .perfection de la main-d^uvre j c'eil la bonté ou ténacité du mor- tier; cêfl l'attention que l'on apportoit à bien fonder les bâtiments , à bien lier les pierres > à les cramponner enfemble avec du cuivre. On prétend même qu'on pofoit quelquefois les pierres à cru fans mortier , & qu'en frottant leurs lits l'un contre l'autre avec_du grais très-fin & de l'eau * jufqu'à ce qu'ils fe touchajfent exactement, on parvenoit par là à les unir indiiTorublement. Les joints des colonnes Trajane & Automne à Rome, paroifTent effectivement avoir été faits de cette maniere , vu qu'il eil prefque impoffible d'en appercevoir la ïéunion. L'Art de la conilrucHon fe foutint à-peu-près
toi même état chez les Anciens jufqu'à l'exécution |
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b5À ft fc ii ί τ ε e f ü R Ë* 'i"ji
'éii Temple de Sainte-Sophie à Cönftantinöpie fous
l'empire de Jußinien. Ge fut à cette occaiion qns fArchke&e Anthemius, chargé de ce monument * imagina d'unir la forme ronde avec la quarrée à la rencontre des bras de la croix, e'eit-à-dirë * d'é- s lever un dôme circulaire, foutenu en l'air unique- ment fur quatre points au milieu des côtés d'un quarré $ & racheté dans les angles par des encore bellements triangulaires ou pendentifs {a). Invention fublime que l'on a beaucoup perfectionnée depuis * ' & qui mérite de faire époque* en ce qu'elle a procuré à nos Temples modernes un couronne- ment d'une légèreté & d'une élégance admirables. Les Goths, ayant peu de terris après ravagés l'Em-
pire , étendirent leur goût bifare fur l'Architeâuré comme fur tout le reite* L'Art de bâtir néanmoins ne dégénéra pas pendant ces teins de barbarie ; car, dans tous les Arts Mécaniques de néceiîité, la main-d'œuvre ie conferve d'ordinaire long-tems | après que le bon goût a diiparu \ & bien qu'on ne voie plus d'habiles Artiftes, il ne laiiTe pas de fuh- iîiler toujours des Artifans qui fe traiifmettent les uns aux autres ce qu'ils ont vu opérer préeé- |
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(a) Cette nouveauté fouffnt, comme l'on fçait , les pluâ
grandes difficultés pour l'exécution; & cela devoit être. Il auroit fallu plus de connoiifances que Ton en avoit alors } pour appré- cier d'avance la pouflee d'un pareil fardeau , placé dans und iituation àiilli extraordinaire , 8c pour comioître la réfiftance qu'il falloit lui oppofer. On fut donc réduit à procéder au hàCarâ & en tâtonnant. Auflî rapporte-t-on qu'on eut beaucoup de peine à conduire cet ouvrage à fa fin ; pendant qu'on achevoit de bâtir un côté, l'autre crouloit ou s'entrouvroit : enfin on ne parvint à lui donner la folidité convenable, qVen réduifant fort dôme à une fimple calotte, qu'en multipliant les contre-forts , & qu'en bâtiiTant fa voûte en pierre-ponce pour alléger for* poids* ; '* ■' Τ .'* ■
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Λ$1 '. ι?, '" r G O 17. R S
demment. En effet les beaux Edifices Gothiques font bâtis avec autant de foins que les Monuments Antiques. » & même avec beaucoup plus de har- dieifev de légèreté, & une plus judicieufe répar- tition de matériaux. Au Heu des colonnes bien proportionnées & des entablemens qui couron- nent avec tant de grâce les Edifices Grecs & Romains, ce ne font que des piliers d'une hau- teur extraordinaire qui imitent des faifceaux de colonnes très-menues & couronnées par un ,amâs de petites moulures rondes , lefquels · -piliers portent des voûtes ogives fans cefTe dif- pofées; en forme de voûtes d'arrêté. Toutes leurs conftruciions offrent la même répétition ; rare- ment y. remarque-t-on d'autre arrangement. Per- sonne n'ignore que la propriété des voûtes d'arrêté eil de n'avoir d'aôion que vers la retombée de leurs angles, & qu'en plaçant des fupporcs ou con- treforts fuffifants vers ces endroits , on peut laifier à jour leurs intervalles; c'efî avec cette .unique reffource combinée de toutes fortes de manières , & fur-tout en multipliant les fers, que les Goths ont opéré tous leurs ou- vrages. On diilingiie deux âges dans les conf- truâions Gothiques j l'un qui eft pefànt, matériel & qui a duré jufqu'au commencement du douzième iiécle, l'autre qui eil léger, délicat, & fuivant les principes duquel ont été élevé leurs belles Cathé- drales : ainii, comme l'on voit, les Goths firent pendant très-long-tems les murs , les pied-droits & contreforts de leurs voûtes beaucoup plus consi- dérables qu'il ne falloit, & ce ne fut qu'après avoir tatoué pendant bien des fiécles , qu'ils parvinrent enfin à connoître les bornes où ils pouvoient s'ar- rêter , & à leur donner la légèreté que nous admi- |
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d'Architecture. î5I
rons. Des expériences fouvent redreffées fu-
rent évidemment leurs feuls maîtres ; & quel- que ilhîiion que Fort ait voulu fe faire fur les fecrets de leur conitruction , il paroît qu'ils neti eurent pas d'autres, & nous aurons par la fuite occaiion de développer ce que nous ne- faifons ici qu'indiquer. Lorfque par une heureufe révolution, les Arts*
& les Lettres, reprirent faveur en Italie, par la pro- teâioii que leur accorda la famille des Médias-, le: Gothique & fes voûtes ogives furent abandonnés. L'Architecture reprit la vraie route dont elle s'étoif écartée depuis tant defiécles. On s'appliqua à faire l'evivre les belles proportions des Edifices Anti- ques, mais en faiiant des changemens effentiels dans la conitrudion.. Les colonnes & les archi- traves ceiferent d'être-exécutés d'un feu! morceau „ tant pour diminuer la dépenfe âes Edifices, qu'à caufe de la difficulté du tranfport de pareils, far- deaux. Le marbre fut employé moins, fréquem- ment dans les lieux mêmes où. cette matière eil . abondante, pour épargner la main ■* d'œuvre j & L'on donna la préférence à la pierre ,. comme plus aifée à travailler.. Ces confidéraîions engagèrent conféquemment à conihmire les colonnes par tam- bours, & les architravespar clavaux ; ce qui obligea; à la. vérisé de multiplier les fers dans ces fortes; cle CQJ)ilrii£Uons, mais procura en. récompenfer l'avantage- d.'efpacer les colonnes plus que ne fai— (oi^nt les Anciens, qui affe&oient de les tenir peu? écartées les" unes des autres,, pour diminuer la: portée des architraves.. Enfin, c'efl depuis, cette^ époque que l'Art des voâtes s'efi perfectionné, &: que l'on a inventé fucceiîivement· de nouvelles; «Qupes. de. pierre 3 qui ont permis d'exécuter des^ lui
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134 Ç ο f η s
conftruöjons dont on n'ayoit point eu d'idée, ju&
qu'alors.·
Burneîlefchi entr'autres fe iignala par la conf?
tru£Uon du dpme octogone de Sainte-Marie-des-* Fleurs à Florence, qui a 125 pieds de diamètre % & qui eft terminé par une double voûte , que tous, les Archite&es d'alors çroyoient ne pouvoir être> exécutée avec fuccès, Michel-Ange fe couvrit, d'une gloire immortelle par la conitruclion de la cou-< pole de Saint-Pierre de Rome, où il renchérit beau? coup fur la hardieiTe du dôme de Sainte-Sophie. Ce dernier n'en: qu'une fimple calotte portée immé-. diatement fur les pendentifs, au-lieu que l'autre^ foutient fur fe$ pendentifs , outre une double yofite, une tour de dôme immenfe décorée de co- lonnades, ce qui offrqit biçn d'autres difficultés; .·"' pour l'exécution, Auffi depuis, la réputation de
cet puvrage, & le grand effet qu'il produit, n'a-t-oii prefque plus élevé d'Eglife impçtrtante, fans I3. déV ça rer d'un e coupole. ' „ .. Sous le regne de François Ie1', l'Art de la çonfe trucüon fit en France des progrès marqués dans tous les genres : mais c'en: fuivtout pendant le iiécle· à jamais mémorable de Louis XIV qu'elle a reçu fe% plus grands acçroiflements. Perrault fe fraya une ropte nouvelle dans l'exécution âes colonnades % par "la maniere induilrieufe avec laquelle il cank - truifit les plafonds & platebandes du périftile du,
Louvre, qu'on avoir cru jufques - là ne pouvoir- réuffir avec des clavaux. Il donna auffi un mo- dele d'appareil dans l'exécution du bâtiment dq rObfervatoire, où il n'employa ni fer ni char- pente. Enfin il renouvella, lors de la bâtifTe des, fondements de l'arc-de-triomphe du Trône, le$ procédés des Anciens, en frojtant les lits dçs pierre% |
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»'Arceïtegtwri, tjf
les uns fur les autres avec, du grais & de l'eau,
pour les lier fans le fecours du mortier. Les conf- truâions des coupoles des Invalides & du Val-de- Grace furpaflent de beaucoup , par leur folidité % tout ce qui a été fait en ce genre en Italie-, & il n'y a que les Anglois qui> par la belle exécution; du dôme de Saint-Paul à Londres, pourraient peut- être fe flatter de l'emporter fur nous à cet égard» Que de modèles de couftruâions ne nous ont pas laiffé les Manfard, les Bullet,. les F. Biondelr/ Combien d'arrière vouffures, détrompes, d'efcaliers fufpendus, de pièces de traits nouvelles, n'a-1 - on pas inventé ou exécuté avec une hacdiefle 8c une folidité admirable : en un mot le fiécle dernier nous a appris, à faire des Edifices , finon plus du- rables que ceux des Anciens, du moins mieux: raifonnés en général, quant à l'économie, &; à la: répartition judicieufe des matériaux. Quoique depuis cetems nous ayons fait des pro-
grès peu feniïbles" dans la bâti ffe, il fa ut cependant convenir qu'on eil aujourd'hui beaucoup· mieux; inilruit de fes vrais principes que ci-devant, & qu'on eil fur-tout plus en état d'apprécier la pouffée des voûtes ,. & par coniequent la>. véritable rénilance qu'il convient de leur op- pofer fans, procéder au hafard. Grâce à t'ac- eroùTèment des- connoiiïances humaines, , im Géométrie, la Mécanique & la Phyfique ont en- richi l'Art de la conilruâiion de leurs découvertes... On eil maintenant convaincu que fes regies;;- dérivent eiTentieîlement des Loix éternelles, der Féquilibre &i de la pefanteur qui: ont été û. biens développées de nos jours par les Sçavants,, & que tout ce qui dérogea ces loix eit impoffiblei Depuis; âuHQut que. M., de La Hyre a porté le Äambeajs |
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I3Ö C ou RS
cle la Géométrie dans la poiuTée des voûtes 3 er|
déterminant quel devoit être en toutes çirçonf? tances le rapport de leurs pied-droits pour y ré~ lifter y & depuis que M. Frézier a appliqué les Mathématiques au trait de la coupe des pierres» les limites de cet Art paro.uTent en quelque forte avoir été fixées, parce que les gens inilruits font maintenant en état d'apprécier & de calculer da? yance, ce qui eil ou n'eft pas exécutable: il ny a plus d'énigme à cet égard que pour les ignorants. Ce font les procédés de conftriiâio.n qui ont
été mis en œuvre par les maîtres de l'Art, que nous nous propofons ici de rapporter, en nous renfermant toutefois dans les bornes que nous nous fommes prefcrites, & en exceptant les maT tieres que Ton trouve ailleurs fuinfarninenj appro? fondies. L'Art de bâtir embraiTe bien des objets , & ren.r
ferme pluireurs parties qui font autant de cîaifes; diitintSies & féparées les unes des autres; fçavoir, la Maçonnerie, la Charpenterie, la Serrurerie , la, Couverture, la Menuiferie, la Plomberie, la Pei% ture d'impreffion , &c. dont nous allons déYÇ-2. lopper (ucçenivement les principes, |
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D'ARCHITECTURE. I37
......■■„»il >»SAiii5Siws%SAiA*i ii..... ι ι in. (m.......—»&M
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DE LA MAÇONNERIE,
JLa Maçonnerie tient le premier rang entre
les Arts Mécaniques qui fervent à la conf-. trudion des Edifices : & Ton comprend fous ce- nom , non-rfeulement la maniere de fonder les bâ- timents , d'élever leurs murs , d'exécuter toutes les efpeces de voûtes, & d'employer les pierres de . différentes qualités, fuivant les occafions ; mais encore la maniere de mettre en œuvre le plâtre, la chaux, le fable & le ciment qui fervent à les lier , tellement que de leur aifemblage, il réiulte un tout folide & durable, La Théorie & la Pratique font également nécef-
iaires pour cette partie eifentielle. La premiere pour mettre en état de fe rendre compte du poid % de la pouiTée & du détail de chaque genre de conk truftion par le fe cours du DeiTein , du Calcul, de la 'Géométrie , de la Mécanique, &c. La féconde pour acquérir une expérience capable de con- duire la main dans l'opération, & de connoître la qualité 9 les propriétés & l'emploi des différents, matériaux qui doivent être unis enfemble dans la bâtifTe. Sans ces deux Parties, il ne fauroit y avoir d'Architecte véritablement habile : car la Théorie ■> quoique très - eifentielle en elle-même 9 ne fuffit pas feule pour opérer sûrement l'e- xécution des bâtiments : elle ferait tomber dans des défauts d'inadvertance , que l'expérience apprend à éviter, tels font le double emploi, la mauvaife qualité des matériaux, les mal-façons, |kç., . D'un autre côtç* la Pratique devient peu |
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i}S Cours
utile fans le fecours de la Théorie; uTïvku.Pm~
ûcim% a dit avec raifon M. Frézier ·, η.φ t& g lus fouvmt qiiun vieil ignorant Ça). En effet avec de& routines., on nefçauroit qu'agir au hafard, & que multiplier les. dépenies fans uéceffité; il eil comme impoïTible de fe rendre compte , foit des dévelop- pements d'un Edifice ,., foit uqs rapports du tour,, avec fes parties , foit des proportions des ordon- nances d'Architecture dont l'exécution eft, comme; l'on fçait, un des objets principaux de la Maçon- nerie. En un mot,.la feule pratique eil infuiHfante; dans l'Art de bâtir ; La théorie doit en être re- gardée comme famé, & l'expérience comme le. Corps qui ne peut fe mouvoir fans elle. Pour traiter avec ordre de la Maçonnerie, nous,
allons commencer par faire connoître. les diffé- rentes efpeces de matériaux qu'on y emploie, &; les agents qui fervent à leur Uaifon, tels, que la pierre, le marbre, le grais, la brique, le plâtre ^ la chaux, le fable & le ciment dont nous, expli- querons particulièrement les bonnes ou mauvaifes, qualités, les préparations & la main-d'œuvre. Après; quoi nous traiterons delà maniere de fonderies bâti- mens fuivant la diverfité des terrains ;, enfuit© nous, parlerons de la conilru£tion des diverfes fortes de murs, d^ gros & légers ouvrages, & enfin fuc- ceflivement de tous les travaux qui fetvent à par- faire la maçonnerie d'un bâtiment ordinaire. Quant à ce qui regarde- la coniirucHon des.
voûtes, leurs pouffées , Iqs particularités de leur bâtiffe, & les ouvrages qui n'ont lieu'que- rare-*· ment, ou dans des Edifices d'importance, nous, le rejetterons au commencement du VIe Volume., m 1
(«0 Traité de.. Stéréométrie. x Tome III..
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d'Architecture. 135
.CB—ynp —.--------^ «ypa ; . ,.,,; ■ , ,.,r~. ,-.,· jgt/.
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CHAPITRE PREMIER.
Z>£ Ζ.Λ PlERRE EN GÊNÉ RAJL (a%
JL«A Pierre eit reconnue pour être la matière la
plus utile dans l'Art de bâtir. On en diftingue de deux efpeces _, Tune dure & l'autre tendre. Tous les pays ont leurs différentes fortes de pierre y auxquelles pn s'affujettit pour la conftrutlion des bâtiments ; auiîi le premier foin de FÀrchi- teâe, doit-il être, avant même de projetter, de viftter les carrières des environs du lieu où il s'agit de bâtir , & d'examiner foigneufement leurs bonnes ou mauyaifes qualités, foit en çonfultant les gens du pays, foit en en expofant une certaine quantité pendant quelque tems à la gelée (b) fur un terrain \
(tf) Nous avons dit dans la Préface de ce V' Volume, quer
parmi le peu de Manufcrits qu'on nous avoir remis pour conti- nuer ce Cours, nous avions trouvé l'article Maçonnerie, du Dictionnaire de l'Encyclopédie , qui faifoit partie des leçons que M. Blonde! diétoit a fes Elevés fur cet objet; c'eft pourquoi' nous avons cru devoir en faire quelque ufàge pour ce qui re- garde les qualités des matériaux d'un Bâtiment, & la maniere de le fonder fuivant les différents terreins , eu nous permettant- toutefois d'y faire beaucoup de changements & d'augmenta- tions qui nous ont paru nécefîaires, tellement que ce que l'on trouvera copié de cet article, & répandu dans les 80 pagest fuiyantes , ne compote qu'environ 30 pages de notre format, (b) La raifon pour laquelle elle fend la pierre., c'eft parce
qu'il, s'y trouve quelquefois des cavités imperceptibles remplies, d'eau, qui, venant à s'eufler par l'effet de la gelée , fait effort dans ces cavités pour occuper un plus grand efpace que celui où elle efl reiferrée , de forte que la pierre rie couvant réfifter à cet effort, fe délite 8ç tombe par éclat,. |
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140 Cours
juimide; & ii elles réfiftent à cette épreuve fan»
fe fendre ou s'éclater, ce fera une marque indur bitabîe de leur bonté. Il faut avoir pour principe de pofei* dans le&
bâtiments les pierres fur leurs lits, c'eif-à-dire, dans la même fituation qu'elles fe font trouvées placée? dans la carrière lors de leur formation : car félon, cette fituation elles font capables de réiifler à île plus grands, fardeaux , au-lieu, que poiées fur un autre fens , elles font très-fujettes à s'éclater &.· n'ont pas à beaucoup près tant de force. Les bons, ouvriers connoiffent d'un coup d'œil le lit tranët pierre, mais fi l'on n'y prend garde, ils ne s'affu- jettiiïent pas toujours à la pofer dans fon fens, naturel. La pierre dure eit celle que Ton emploie de
préférence dans le bas des Edifices, parce que tes pores étant plus condenfés que ceux de la. pierre tendre, ionx pius capables de fupporter un poid confidérabîe , de même que les injures dit tems , l'humidité , &c. Il n'y a que la gelée k laquelle elle paroifle plus fujette caie: la. pierre^ tendre, Pour qu'en général la-Pierre foit reconnue bonne*
il faut qu'elle foit pleine, d'un grain fin & uni,, fans moïes ni fils , & qu'elle ne foit ni coquilleufe; ni veinée. La pierre fe trouve ordinairement dii- pofée dans les carrières par bancs plus ou moins épais , & fe tire par gros quartiers , que, fön débite fur i'aitelier , fuivant le befoin.. qu'on en a. Les, plus petits morceaux fervent de libages ou de moeîons à l'ufage des murs de fon-. dation , mitoyen & de refend, &c. Ces pierres s'unifient les unes aux autres par le fecours dit mortier fait de. fabje ou de ciment broyé. m$G: |
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D 5 A k C H I f E È Τ U 11 E·3 ί4Ι
Hek chaux ou avec du plâtre, félon le lieu oit
l'on bâtit. % , f"
On doit fçavoir qu'avant ' d'employer les
pierres, il faut en avoir abbatu tout le boufirt qui eil à la pierre ce que l'aubier eil au bois ; il éft "également préjudiciable d'en lauTer à l'une Comme à l'autre : c'eil proprement une partie tendre, qui n'étant pas encore bien formée & confolidée , eft fujette par conféquent à être diffoute par la pluie ou l'humidité, de maniere que les lits des pierres dures ou tendres, dont on n'a pas pris foin d'enle- ver le boufin, tombent au bout de quelque tems en pouiiiere, & que leurs arrêtes s'égrainent par le poids de l'Edifice : ce qui fait dire à quelques ou- vriers ,. pour couvrir leurs mal-façons , que c'eil l'eifet de la Lune qui inftue fur la qualité de la pierre. D'ailleurs ce boufin beaucoup moins com- pad- que le refle de la pierre, & s'abreuyant fa- cilement des efprits de la chaux, en exige une très-grande quantité, & par conféquent demande beaucoup de tems pour la fécher. b—-
Article Premier.
Des différentes efpéces de Pierres dures,.
Gomme la qualité de la pierre diffère fuivant
les différents cantons* après avoir expliqué en général ce qui conilitue fa bonté, nous nous bor- nerons à parler des pierres que Ton tire des car- rières des environs de Paris, & que l'on emploie journellement pour l'exécution 'de fes bâtiments., La premiere pierre dure eft celle de liais, qui
porte ordinairement depuis fept jufqu'à dix pouces |
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Î4i Cbùàs
de hauteur de banc {a), fy: dont on trouve quelques
carrières vers le Fauxhoiîrg Saint-Jacques à Parisi Cette pierre s'emploie ordinairement pour la conk trucHon des plus beaux Edifices; il y en a de deux fortes, l'une que l'on nomme liais franc ou doux, & l'autre liais férault. Le dernier eft le plus dur , & il s'emploie par préférence dans les dehors, ainfi qu'on s'en eft fervi pour la Chapelle de Verfailles, celle de Meudon, &c# Ce liais, auffi bien que le franc eft propre à revêtir les dedans des appartements que l'on veut tenir frais, & oti l'on veut éviter la dépenfe du marbre ; ces deux efpeces de pierres recevant aifément la taille de toutes fortes de membres d'Architecture, ainfi que de Sculpture; c'eil pourquoi l'on en fait com- munément des bafes de colonne, des cimaifes d'en- tablement , des chambranles de cheminée dans les maifons particulières , le pavé des antichambres 9 des Salles à manger, en un mot toits les Ouvrages où il faut que la pierre foit dure & fine. Il y a encore deux efpeces de liais, l'un que
l'on nomme liais ro/equi reçoit très-bien le poli δε quife tire vers S. Cloud ; l'autre qu'on nomme franc liais de S. Leu, qui fe tire vers les côtes de la montagne de ce nom, & dont les bancs font de la même hauteur que les deux précédents. La féconde pierre dure & la plus en ufage dans
toutes les efpeces de bâtiments, eil celle à'Ar- ceml & de Bagneux près Paris ; elle fe diitingue en haut & bas appareil: le premier porte depuis 18 pouces jufqu'à près de % pieds ~ de hauteur |
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ta) On appelle Banc, la hauteur des Piefres qui font recon-
nues parfaites dans la Carrière : il diffère félon l'efpéce de h Carrière, & la qualité de la Pierre. |
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D'A R C M Ι Τ Ε C Τ U R Ë. &4%
Ûè banc : le fécond depuis ι pied jufqua 18
pouces. Celui - ci > eft ferme & également folide partout : il fert à faire des marches, des cimaifes, des feuiis, des appuis, des tablettes. On trouve près de ce lieu une pierre qu'on nomme lambourde , qui a le grain un peu plus gros & de couleur jaune , & qui eft moins dure que celle d'Arcueil ; elle porte environ la même hauteur de banc que les autres pierres d'Arcueil. On l'emploie fotivent à Paris au défaut de pierre tendre : elle eft fujette à la gelée , & il faut la laiiier fécher fur la carrière, avant de la mettre en œuvre. On tire encore vers le Fauxbourg Saint-Jacques
une pierre grife appellée fotichet qui eft trouée, poreuië & aifez femblable à celle d'Arcueil, mais qui n'eft pas à beaucoup près auiïi bonne : elle porte depuis ι % juiqu'à 16 pouces de hauteur de banc : on remploie communément dans la conf- tru&ion des caves. La pierre de Tonnerre en Champagne, à trente
lieues de Paris, qui porte environ 18 pouces de hauteur de banc, eft très-eftimée à caufe de fon grain fin & ferré : elle eft plus tendre,, plus blanche & aufli pleine que le liais. On s'en fert pour la Sculpture ^ on en fait des figures, des vafes, des thermes, &c. La fontaine de la rue de Grenelle à Paris, eft toute bâtie de cette pierre, aufli bien que la plupart de fes ornements : les ftatues de la ne f Si du chœur de TEgHie de Saint-Sulpice, & pluiieurs autres Ouvrages de cette nature ? font aufli delà même pierre. H y a une infinité d'autres fortes de pierres dures,
qui portent plus ou moins de hauteur de banc , & dont on fait ufage dans la conftruâion félon la diverfité des bâtiments ou la proximité des |
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'tiß Cour à ,'. α.,.
carrières , telles font, celle de Belle-Hache pûà
d'Arcueil, qui eil une pierre dure j mais cail- îouteufe, qui a environ 18 pouces de hauteur dé banc ; celle de Bombave près Vaugirard * qui porte depuis 15 jufqu'à 24 pouces de hauteur de banc 5 celle de la Chauffée près Bougival proche Saint- Germain-en-Laye, qui porte depuis 15 jufqu'à 24 pouces de hauteur de banc ; celle de Cliquart près d'Arcueil s qui eil un bas appareil d'environ 7 pouces de hauteur, aiTez femblable au liais 9 '& fervant aux mêmes ufages ; celle de Saint-Gloud qui porte depuis 18 pouces jufqu'à deux ou trois pieds ; celle de Meudon qui porte depuis 14 juf- qu'à 18 pouces de hauteur de banc ; celle de Vernon qui porte 2 & 3 pieds de hauteur de banc, & qui eil auiîî dure & auffi blanche que celle de Saint - Cloud ; celle de Senîis , à dix lieues de Paris * qui porte depuis 12 jufqu'à 16 pouces ; celle de Monteffon qu'oni tire des car-* rieres près de Nanterre, & qui porte 9 à io pouces de hauteur* que l'on emploie pour faire des vafes% des baluilres y enfin la pierre de Caèn en Nor- mandie , cette dernière efpece eil de couleur noire d'ardoife, & fert affez fouvent de pavés pour les compartiments des antichambres * falies à manger, falle des bains , &c. Il y a encore nombre de pierres dures, telles
que la pierre de Saint-Maur, de Vitry, de PaiTy* &c,- dont les-hauteurs des bancs font inégales, & dont on fait, foit des libages, foit des moilons, foit de la pierre de taille. ι-4 |
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Article II
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b * A R.c.H ι τ ε c τ υ R 't: 14$
■ad mtMmmvmmtmmmmmmiimimÊÊÊtammmfiÊmimmmtÊmmmeÊieeimmtmÊmÊeÊÊmteaÊaÊmmmÊmmam
A ft Τ I C L E II.
Des différentes efpéces de Pierres tendres,
Les Pierres tendres ont l'avantage d'être plus
légères , de fe tailler plus facilement que les autres, & de fe durcir d'ordinaire à ' l'air. De toutes les pierres tendres, celle deSaine -Leu, à dix lieues de Paris, eil employée le plus commu- nément dans les bâtiments ; elle porte de hauteur de banc, depuis environ deux pieds jufqu'à quatre» & fe trouve aux environs de Saint-Leu fur-Oife : fa nature, qui eil d'être rendre , douce & d'une blancheur tirant un peu fur le jaune , doit faire éviter de l'employer dans des lieux humides & fous des fardeaux coniidérables ; c'eil pourquoi l'on s'en fert dans les étages fupérieurs ,. comme on,a fait au fécond Ordre du grand Portail de l'Eglife de Saint. Sulpice , tant pour diminuer le poids du haut d'un bâtiment («#), que parce quelle eil d'un travail facile , & quelle ne laiife pas néanmoins de réfiiler. Au reite, il y a du choix dans la qualité de
cette pierre ; car il s'en trouve fur les côtés de la montagne de Saint-Leu , qui peut pafier pour dure , & dont le grain eil fin & uni. On trouve auiîi vers ce lieu la pierre de Maillet & deTroßy, que les Entrepreneurs employent le plus fou vent, fous le nom de pierre de Saint-Leu. |
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(a) La Pierre d'Arcueilpefe environ ijolivres parpiedcube}
tandis que celle de Saint-Leu ne pefe que ny. Tome V. * }£
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ϊφ C Ο U 1 S
Il y a encore une efpéce de pierre de Saint-Leu »
oiion Homme Pierre de VergeUe^ qui eil de trois fortes. La premiere eil dure, ruiliquée, remplie de petits trous : elle réiiite bien au fardeau, & eil d'un bon ufage pour les bâtiments aquatiques : on s'en fert pour faire des voûtes de ponts, de caves, d'écuries & d'autres lieux humides. La féconde forte de Vergelée , qui eil beaucoup meilleure, fe tire des carrières de Villiers près Saint-Leu. La troi- Îieme , qui fe prend à Carriere-fous-le-Bois, eil plus tendre , plus grife & plus remplie de veines que le Saint-Leu, mais ne fçauroit réfiiler au far- deau. La Pierre de Craie eil une pierre tendre très-
blanche ? avec laquelle on bâtit en Champagne & dans une partie de la Flandres. Cette pierre porte depuis 8 pouces jufqu'à environ 14 ou 15 de hauteur : on s'en fert auiïi pour tracer au cordeau, & pour deiîiner. La Pierre de Tuf eu. auiîi une pierre tendre, mais
ruilique & pleine de trous, à peu près femblable à celle de Meulière, il y a quelques endroits en France & en Italie , 011 l'on en fait ufage dans la conftruélion des bâtiments. On emploie encore comme pierre tendre celle
de Conflans S aime-Honorine , à cinq lieues de Paris, près de Saint Germain-en-Laye. Son grain eil très-fin : les Entablements des Colonnades de la Place de Louis XV, & du Porche de la nou- velle Eglife de Sainte-Geneviève , font exécutés avec cette pierre. Quant à la Pierre à Plâtre, elle eil profcrite des
bâtiments , attendu qu'elle eil d'une mauvaife qualité, qu'elle fe mouline, s'écrafe fous le far- deau y & fe pourrit dans l'humidité. |
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d'Architecture, 147
Article II L
Des qualités de la Pierre*
Les qualités de la Pierre dure ou tendre 9 font
d'être vive , franche , pleine , poreuie , verte & fiere. Définirions ce qu'on entend par ces différents furnoms. La Pierre vive, eil celle qui fe durcit dans la carrière comme dehors , tels font les marbres , la pierre de liais , &c. La Pierre franche eil la plus parfaite qu'on puiffe fe procurer , & ne tient , ni de la dureté du ciel de la carrière, ni de la mauvaife qualité de celles qui font adhérantes à la terre. La Pierre pleine eil celle qui n'eft fujette à aucuns coquil- lages , ni aux moïes, ni au boulin comme font le beau liais , la pierre de Tonnerre, &c. La Pierre poreufe fe nomme ainii, parce qu'elle
eft fujette à être trouée dans fes parements lorf- qu'on Fa taillée, telle eil la pierre de Tuf, celle de Meulière, &c. On dit auiîî par rapport à la qualité de la pierre,
qu'elle eil verte lorfqu'elle fort de la carrière, & qu'elle n'a pas encore jette ion eau; qu'elle eil fiére, lorfqu'elle rélifte à l'outil 9 comme le liais, le marbre, &c. |
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«4$ Cours
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Article IV.
Des façons de ία Pierre.
ON entend par façons, non-feulement les diffé-
rentes formes que reçoit la pierre par le fecours de l'appareil, félon la place qu'elle occupe dans un bâtiment, mais encore la premiere forme qu'elle reçoit à îa fortie de la carrière, avant d'arriver dans le chantier. Par exemple, on appelle Pierre d'échan- tillon , un bloc de pierre aflujetti à une mefure envoyée par i'Appareilleur au Carrier, à laquelle ce dernier eil obligé de fe conformer 3 avant que de le livrer à l'Entrepreneur ; au lieu que toutes les pierres , fans aucune mefure particuliere , font autant de carreaux de diverfes grandeurs , que l'on vend d'ordinaire au pied-cube fuivant un prix courant. On appelle Pierres de grand ou bas appareil, celles
qui portent plus ou moins de hauteur de banc, après avoir été atteintes ait vif. On nomme en général Pierre brute , la pierre
telle qu'on l'amené de la Carrière au Chantier, & qui n'eil pas encore éboufinée ; Pierre bien faite, celle ou il fe trouve peu de déchet en Féquarrif- fant ; Pierre en chantier, celle qui eil callée par îe Tailleur de Pierres, avant que d'être façonnée ; Pierre débitée _, celle qui eil fciée (a); Pierre faite, |
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( a ) Il faut fçavoir que la pierre dure & la pierre tendre ne fe
débitent pas de la même maniere; l'une fe débite à la feie fans dents 3 avec de l'eau & du grais, comme le liais , la pierre d'Ar- cueil 5 l'autre à la fciç à dents /comme le tuf, le Saint-Leu, la craie.
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d'Architecture* 149
celle qui eil entièrement taillée, & en état d'être
mile en place par le Pofeur; Pierre fichée, celle dont l'intérieur des joints eil rempli· de mortier oir de plâtre; Pierre de parpain, celle qui traverfe l'é- paifleur d'un mur de face ou de refend, en faifant double parement ; Pierre de refend , celle qui repré- fente la hauteur égale des afiifes , & dont les joints font refendus de diverfes manières ; Pierre en bof- Jage, celle pofée pour attendre des membres d'Architecture, de Sculpture , &c; Article V. »
Des différentes dénominations dé la Pierre.
Les Pierres tirent Couvent leur nom de la
place qu'elles occupent, ou de leur deilination. dans le bâtiment. Par exemple , on appelle premiers pierre, celle qui, avant que d'élever les murs de fondation d'un Edifice, doit renfermer dans une cavité d'une certaine profondeur, quelques mé*· dailles d'or ou d'argent , frappées relativement à fa deilination , & une plaque de bronze fur laquelle font gravés les Armes de celui par les or- dres duquel on le conitruit. Cette cérémonie, qui n'a lieu que pour les Monuments publics ? fe fait avec plus ou moins de fomptuofité & de magnifi- cence, félon la dignité du perConnâge, & l'impor- tance de l'édifice , ainfi qu'on l'a obfervé avec pompe , Lorfq-ue Louis XV a'pofé la premiere pierre de l'Eglife de Sainte-Geneviève à Paris, en 1764. Cet ufage exiiloit du tems des Grecs; & c'eil par ce moyen qu'on a pu apprendre les épo- ques, de l'édification de leurs principaux édifices^, . Kiii
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150 Cours
époques qui fans cette précaution , feraient tom-
bées dans l'oubli, par la deflruâion de î^urs bâti- ments , dans les diverfes révolutions qui font furvenues. On appelle dernière pierre, celle qui fe pofe fur
l'une des faces d'un édifice public, & fur laquelle on grave des Infcriptions, pour apprendre à la Poilérité le motif de fon édification , ainfi qu'on l'a pratiqué fur les piçdeitaux des Statues des Places de Louis XV j de Louis XIV , & de Louis XIII, à Paris; aux Fontaines publiques; aux Portes Saint-Martin, Saint-Antoine ^Saint- Denis, &c, & depuis peu au bâtiment des nou- velles Ecoles de Chirurgie. Les pierres d'attente font celles qui lors de la
conitruclion d'un mur de face, laiffent des harpes ou. arrachements pour attendre la conilruéBon de celui du voifm, lorfque les Propriétaires bâtif- fent dans des tem s différents. On appelle pierre percée, celle deitinée à donner
du jour & de l'air à une cave, & qui fe pofe ordi- nairement fur le pavé d'une cour, d'une remife, d'un paffage, &c; & pierre à chajjis , celle qui a une ouverture quarréë, ou parallélogramme , de quel- que grandeur que ce foit , avec feuillure pour recevoir un grillage de fer maillé, deiliné au même ufage que la pierre percée. On entend par pierres jeßices, toutes celles, qui
fe peuvent pofer à la maià dans toutes fortes de conilruclions, & pour le tianfport defquelles l'on n'eff pas obligé de fe fervir de machines pour les amener de l'attelier fur le tas. On donne le nom de pierres perdues, à celles que
l'on jette dans les Fleuves ou Rivières, lorfque l'on veut y conilruire quelques piles, & que la |
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d'Architecture. β5* ■
profondeur ou la qualité du terrain ne permet pas
d'y enfoncer des pieux. Les pierres méguLieres ou incertaines , font celles
qu'on employé fans y travailler du marteau, au fortir de la carrière. λ _ Enfin chaque pierre, fans avoir égard a fa
qualité, porte le nom de l'ufage auquel elle eit deftinée dans un bâtiment. On appelle évier, une- pierre creufée, que l'on place dans un lavoir ou une cuifine, pour laver la vaiffelle. On nomme une auge , celle que l'on met dans les baffe-cours pour abreuver les chevaux. Les bornes font des pierres qui fe placent en délit vis-à-vis les pied- droits d'une porte codiere, ou d'une remife pour en éloigner les voitures. On dit encore unfeuil, un banc, un appui : l'un fe pofe à rez-de-chauffée au bas d'une porte ; l'autre fe place dans des cours, des jardins ou à côté de la principale porte des grands Hôtels;, le troifieme enfin fe pofe dans le bas du tableau d'une croifée. |
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Article VI.
Des défauts de la Pierre.
De toutes les pierres dont nous venons de
parler , il n'en eft pas qui n'ayent des défauts,, capables de les faire rebuter pour la conftruaion: par exemple, il faut éviter d'employer celles qui forment le premier banc dans les carrières, étant fouvent défetliieufes , ou feulement composées de boulin qui η eft d'aucune valeur ; celle qui eft coquilleufe, parce que lorfqu'èlle eft taillée, fou parement ne peut être beau. » celle qui eft huimide» |
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152 Cours»
parce qu'elle eil fu jette à fe fégeler s ou à fe
feuilleter.
Ces défauts ne font pas les feuls à éviter; il en
eft qui regardent la taille, & qui doivent faire re- buter les pierres , telles que celles reconnues au fortirdela main de l'Ouvrier, pour n'avoir pas les parements oppofés paralleles , lorfqu'ils doivent l'être fuivant l'épure ou le calibre , & celles dont les furfaces ne fe bornoient pas , ou qui ne fe peu- vent retailler lans déchet. 11 faut auffi éviter avec foin d'employer la pierre en délit, ou celle qui eft taillée , de maniere à pouvoir être pofée fur fou parement & non fur fon lit« ■
Article VIL
Des Libages.
Les Libages font de gros quartiers de pierre %
qui ne peuvent être fournis à la toife par le Car-* rier , étant trop brutes & trop irréguliers pour être équarris ; on les employé ordinairement dans les fondations , parce qu'ils font durs , & qu'ils proviennent le plus fouvent du ciel de la carrière ou d'un banc trop mince. La qualité des libages eft proportionnée à celle de la pierre des différentes carrières d'où on les tire. On les ven- doit ci-devant à la voie (#), qui en contenoit cinq & quelquefois fix ou fept. Mais maintenant on les vend communément au pied cube comme la pierre. μ La pierre de Meulière fert auffi, dans les fonda- |
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\X'a) La voie depiçrre contient ordinairement 15 pieds cubes*
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d'Arc Hi tsc τ ure, 153
dations , le mortier Raccrochant facilement a ies
cavités ; mais il y a lieu de craindre les taffements & les affaiiTements , à caufe de fon irrégularité & de la grande quantité de mortier qu'il faut em- ployer pour en remplir les interftices \ ce qui empêche cette connruction de fécher aufli prom- ptement", que lorfque le Jit des pierres eil uni. Cependant il faut convenir que ce mortier étant une fois bien pris , l'on peut être affuré d'une bonne & folide eonilru&ion, parce que s'y inii- nuant mieux que dans toute autre forte de pierres, il ne fait plus qu'un corps avec elles ; tellement qu'il eil prefque impoflible de détruire les murs qui en font bâtis; ainfi qu'on le remarque dans les démolitions des anciennes conitruûions de cette efpéce. Gomme cette pierre offre un coup d'oeil raboteux & inégal , on obferve communément d'en ravaler l^s parements, foit en mortier , fok en plâtre. |
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Article VIII.
■Du Motion.
Le Moilon provient, foit de l'éclat de la pierre,
foit d'un banc peu épais que l'on a débité ainfi. Sa* qualité principale eil d'être bien équarri , & bien giflant ; parce qu'alors il. a plus de lit, & çonfomme moins de plâtre ou de mortier. Le meilleur eit celui d'Arcueil : la' qualité des autres eil proportionnée à la pierre des carrières d'où on le tire , ainfi que celui du Fauxbourg Saint- Jacques, du Fauxbourg Saint-Marceau, de Vau- girard & autres. |
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154 Cours
On employé le moilon de quatre manières
différentes dans la conftmâ-ion. La premiere con- nue à le poier horiibntalement fur ion lit, & en liaifon pour la conilruclion des murs mitoyens & de retend, &c. La féconde comiile à le pofer en coupe, c'eil-à-dire fur fon champ pour la con- itruclion des voûtes. Suivant la troiiieme , il eil d'ufage , après l'avoir équarri & pofé , de piquer fon parement avec la pointe du marteau ; c'eiï ainfi qu'on l'employé fouvent pour la coniforuclion des voûtes de caves, des murs de hafîes-cours % des murs de clôture } &c. Quant à la quatrième ,, qu'on nomme d'appareil , elle exige qu'il foit équarri & choiii de hauteur égale, pour la con- ilruclion des murs de face , de terraffe, &c. Le moilon ainfi que la pierre a hefoin d'être
ébouiiné, cette partie tendre & humide n'ayant aucune confiilance , empêchant ldfeiortier ou le plâtre de s'accrocher , & arrêtant par cette humi- dité l'activité des fels de (es agents , qui feuls forment les liens de tous les minéraux. On fe fert du moilon pour l'exécution de toutes fortes de murs de face, de refend, de clôture, de terraffe , de puits, des voûtes de cave , des fondements d'uh bâtiment : l'Entrepreneur l'acheté à la voie ou à la îoife. ■—
Article IX.
Ou Grais.
Le Grais peut être rangé au nombre des pierres t.
c'eft une efpéce de roche qui fe débite en tous fens & par carreaux, dont les plus ordinaires font de |
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d'Architecture. if5
2 pieds de long fur ι pied de hauteur & d'épaifteur.
On en diftingue de deux efpéces : lune tendre, que l'on employé à la conitru&ion des Bâtiments ( a) » pour les Grottes , les Fontaines, &c; l'autre dure , qui fert à paver les rues , les cours, les places pu- bliques , les grands chemins, &c. Le plus beau & le meilleur eft le plus blanc, (ans fils , d'une dureté & d'une couleur égale. 11 n'a point de lit, & fe débite en tous fens de telle longueur que Ion veur. Comme le grais dans ion principe eit un com-
pofé de grains de fable unis enfemble , qui s'atta- chent fucceffîvement les uns aux autres , pour te former par la fuite des tems en blocs ; il eft évi- dent que fa conilitution aride exige, lors de la conftruition , un mortier tout compofé de chaux & de ciment, & non de fable, parce qu'alors les différentes parties angulaires du ciment , s'infi- nuânt avec une forte adhérence dans le grais, unifient fi bien par le fecours de la chaux toutes les parties de ce foflile , qu'elles ne font pour ainfi dire qu'un tout : ce qui rend cette conftrucïion in- diffoluble, & très-capable de réüfe aux injures des tems, _, '■: Il faut néanmoins ufer de la précaution de for-
mer des cavités en zigzag dans les lits de cette pierre ; afin que le ciment puiffe y entrer en plus grande quantité, & n'être pas fujet à fécher trop promptement par la nature du grais , qiu sa- breuvé volontiers des efprits de la chaux ; parce qu'alors , le ciment fe trouvant dépourvu de cet . [in|| -n---------
(a) Fontainebleau nous ofFre des ouvrages d*Archite#ure
exécutés e* grais, d'une foliditc à l'épreuve du tems, & d une aflez belle ordonnance.
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ï$6 Cours
agent, n'auroit pas feul le pouvoir de s'accrocher,
& de s'incorporer dans le grais qui, pour contra- cter une liaifon iblide , a beibin de tous ces fecours. Les parements doivent être piqués , ne pouvant être liiTés proprement qu'avec beaucoup de tems. La taille du grais paiTe pour être fort dangereufe aux Ouvriers novices > par la fubtilité de la vapeur qui en fort, & qu'un Ouvrier au fait de ces fortes d'ouvrages évite en travaillant en plein air & à contre-vent. Le Commentateur de Bullet, prétend que cette vapeur eit fi fubtile ? qu'elle pénètre les pores du verre; & qu'une bou- teille d'eau bien bouchée , placée près de l'ouvrage d'un Tailleur de grais , fe trouve quelques jours après couverte dans le fond d'une pouiliere de grais très-fine. Une descaufes principales de la dureté du grais,
provient de ce qu'il fe trouve prefque toujours à découvert, & qu'alors l'air le durcit extrêmement* ce qui doit nous initruire qu'en général, toutes les pierres qui fe trouvent dans la terre , fans beau- coup creufer, font plus propres aux bâtiments que celles,que l'on tire du fond des. carrières. C'eâ # à quoi les Anciens apportaient beaucoup d'attea- tion ; car pour rendre leurs Edifices d'une plus.. longue durée, ils ne fe fervoient que des premiers bancs des carrières ; précautions que nous ne poiir vons prendre en France , la plupart de nos car- rières étant prefque ufées dans leur fuperikie. Le caillou de roche eft encore employé pour
la conitrucüon dans certaines Provinces % ainu que quantité d'autres minéraux qui fe lient les uns aux autres avec du mortier : c'eit l'excellence de celui·» ci qui fait la bonté de ces fortes de bâtiffe. |
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o'Archî tecturë; ï57
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C HAPÎTRE I I.
D V M Â R JB R È EN GÊNER AL.
τ ■
JUE Marbre eit une efpéce de pierre ou roche, qui
porte le nom des différents Pays où font fes car-
rières dont on le tire. îl s'en trouve de plnfieurs couleurs ; les uns font blancs ou noirs ; d'autres font variés ou mêlés de taches, veines, mouches, ondes & nuages diiîeremment colorés : les uns & les autres font opaques ; le blanc feiü eil tranfpa- reatj lorfquïl efl débité par tranches minces :auffi M. Felibien rapporte-t-il que les Anciens s'en fervoïent au lieu de verre pour les croifées des Bains , Etuves & autres lieux que Ton vouloit ga- rantir du froid ; & qu'à Florence il y avoit une Egliie très bien éclairée , dont les croifées en étoient garnies. Le marbre n'a point de lit; & il n'eit pas toujours dîme dureté égale, L'on en diftingue de deux efpéces; Tune que l'on nomme Antique, & l'autre Moderne, Par marbre antique '; on en- tend celui dont les carrières font perdues ou înacceiîibles , & dont nous n'avons connoiiTance que par quelques ouvrages des Anciens : par marbre moderne, on entend celui dont les carrières font exiftantes , & dont on fait a&uellement ufage dans les bâtiments, il s'employe le plus commu- nément, à caufe de fa cherté, par incruftation 9 ou par revêtiiiément 9 étant rare qu'on en faffe ufage en bloc & en parpain, à l'exception des co- lonnes, des figures , des vafes, &c. Les Châteaux |
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Ifg € OURS
de Verfailles * Trianon &-Marly, fourniiTent d*afïez
beaux exemples de l'emploi de cette matière, dans la décoration intérieure & extérieure de leurs bâti- ments , auffi bien que dans les différents bofquets de leurs jardins. Quoique la diverfité des marbres foit prefque
infinie, cependant on les réduit à deux ei'péces , l'une que Ton nomme veiné, & l'autre bricht; ce dernier , au lieu d'avoir des veines , eil compofé d'un amas de petits cailloux de diverfes couleurs fortement unis enfemble ; de forte que , lorfqu'il fe caiïe , il s'en forme autant de brèches, qui lui ont fait donner ce nom. |
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Article Premier.
Des Marbres A,uiques.i:
Le Porphyre paiTe pour un des plus beaux mar-
bres antiques , & pour le plus dur. Il fe tiroit de Numidie en AfTrique : il s'en trouve de rouge , de verd &de gris. Le rouge eil fort dur, & couleur de lie de vin, femé de petites taches blanches : il reçoit très-bien le poli : le plus beau eil celui dont le rouge eil le plus vif, & dont les taches blanches font les plus petites : Daviler rapporte que les co- lonnes de Sainte-Sophie à Conilantinople, font de ce marbre , & patient 40 pieds de hauteur : on en voit des Vafes & des buftes d'une moyenne gran- deur , dans la Gallerie du Château de Verfailles, dans celle du Château de Meudon , ■& dans les Jardins de Marly. Le porphyre verd eil le plus rare; il a la même dureté que le précédent'} il eil entre-mêlé de petites taches vertes & de petits |
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d'Architecture; ι jp
points gris. Quant au porphyre gris, il eft tacheté
de noir , & beaucoup plus tendre. , Le Lapis eil ie plus eftimé de tous les marbres ;
fa couleur eil d'un bleu foncé > mouchetée d'un autre bleu plus clair , tirant fur le céleile , & entre* mêlé de quelques veines d'or j on en voit quelques pièces de rapport à plufieurs tables dans les appar- tements de Trianon & de Marly : la Chapelle de Saint Ignace , dans FEgliié de Jefus à Rome, eft entièrement revêtue de ce marbre ; ce qui rend fa décoration extrêmement précieufe. Le Serpentin eil un marbre qui fe tiroir des
carrières d'Egypte. Ce marbre eil fort rare, & la grandeur de fes blocs eil peu coniidérable ; ce qui fait qu'on ne peut l'employer que par incruilation : fa couleur eft d'un verd brun avec de petites taches quarrées & rondes , mêlées de quelques veines jaune, & d'un verd pâle couleur de ciboule : fa dureté tient de celle du porphyre. On en voit quelques tables dans les Appartements du Roi. VAlbâtre eil un marbre tranfparent fort eftimé :
le blanc fur-tour eil très - recherché pour les fi- gures de moyenne grandeur, & pour les vafes : il eft fort tendre fortant de la carrière ? mais il fe durcit beaucoup à l'air ; on en trouve communé- ment dans les Alpes & les Pyrennées : celui qui eft de couleur variée fe nomme Oriental y & il eft mêlé de veines rofes , jaunes, bleues , & d'un blanc fort pâle : on en fait des vafes d'une moyenne grandeur , tels qu'on en voit dans la grande Gal- lerie de Verfailles. Le marbre Affricain eft tacheté de rouge brun,
& a quelques veines de blanc fale , & couleur de chair avec quelques filets d'un verd foncé ; on en |
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I
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ï6ù Cours
voit quatre confoles au tombeau du Marquis de
Geivres, aux Céleitins à Paris.
Le marbre Blanc antique fe tiroit ûqs carrières
de la Grèce : c'eit de ce marbre dont on voit de fi belles ilatues aujourd'hui en Italie. ; Le marbre Blanc & Noir antique, dont les car- rières iont perdues , eil mêlé par plaques de blanc très-pur , & de noir très-noir; il reçoit très-bien le poli : on en voit deux colonnes Compoiites dans une des Chapelles de l'Eglife des Feuillants, rue Saint Honoré à Paris, & deux Corinthiennes dans la Chapelle de Saint Roch aux Maîhurins. Le marbre Noir antique eil d'un noir pur & fans
tache ; les carrières s'en trouvent dans la Grèce : l'on en a vu des colonnes de 38 pieds.de haut dans le Palais que Marcus Scauriis iè fit bâtir à Rome. Les Egyptiens en ont tiré d'Ethiopie , mais qui n'étoit pas ii noir. L'Empereur Vefpafien en fit faire la figure du Nil, accompagnée de celle des petits Enfants qui fignifioient les crues de ce Fleuve, & qui de fon teiris fut pofée dans le Temple de la Paix : on en voit encore une figure repréfentant une Reine d'Egypte , dans le vcftibule de l'Orangerie de Veriaiîles. Le marbre de Brocatdk eil mêlé par petites
nuances de couleurs Iiabelle, jaune , rouge, pâle & grife; il fe tire d'une carrière antique , iituée en Efpagne & près de Tortoie en Andaloufie. Les colonnes Corinthiennes du Maître-Autel des Mathurins, & les colonnes Compofiîes du Maître- Autel de Sainte-Geneviève à Paris , font de ce marbre. On en voit encore quelques blocs d'une moyenne grandeur dans les Magaiins du Roi, & quelques chambranles de cheminées dans les Ap- partements de Trianon. Le
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Ö * A R C H I t E C Τ U R E. ï6i
Le marbre de Jafpe antique eil verdâtrêj mêlé
ûe petites taches rouges : il y a auffi du jafpe noir & blanc par petites taches, qui eft très-rare. On appelle en général marbre jafpé, celui qui appro-* che du jafpe antique : on en voit communément clés chambranles dans les Appartements de Ver- failles , de Meudon, & d'autres Maifons Royales. Le marbre de Paros eft un marbre blanc anti-
que fort eftimé chez les Anciens > qui en faifoient de belles Statues : on en remarqué quatre beaux vafes dans la Salle des Maronniers du jardin de Trianon. Le marbre Verd antique eft mêlé de verd de
gafon, & de noir par taches d'inégales formes & grandeurs ; il eft à préfent fort rare, les carrières en étant perdues ; on en voit quelques chambranles de cheminées au vieux Château de Meudon* il y a une infinité d'autres marbres antiques, tels
que le Granit, le Jade, la Brèche, le Verd d'Egypte^ la Pierrede Touche, le Jaune de Sienne ,1e Chip o Un 9 le Porte-or, Sic 9 qui ne différent que par des couleurs plus ou moins foncées, & que l'on con- noît en général fous le nom des Pays dans lesquels fe trouvent les carrières qui les ont produits s & qui étant de la même efpéce & de la même qualité * nous difpenfent d'en parler ici. 'j^—'"""TUM——IWI—H ■MMIIUIWI—■■■■MU
A R Τ I C h Ê I I.
Des Marbns Modernes, / * '
Le plus beau Marbre Blanc moderne vient dé
Carare , près de Gènes en Italie , où il s'en trouvé des blocs de telle grandeur qu'on veut : on tire Tome V, L |
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ι6% G o y Rs
aufli en France du marbre blanc des Pyrennées ;
mais ni l'un ni l'autre ne font pas ii durs que l'an- tique , bien qu'ils ayent le grain très fin, & qu'ils reçoivent très bien le poli. Le marbre de Languedoc eil un des plus communs ;
il y en a de deux efpéces ; l'une fe tire de la Ville de Cofne en Languedoc ; fa couleur eft un fond rouge de vermillon fale , entremêlé de grandes veines & de taches blanches ; on en a revêtu ie focle des piliers de la nef de FEglife de Saint-Sulpice à Paris ; les colonnes Ioniques de la cour du Châ- teau de Trianon font aufli de ce marbre. L'autre qui fe tire de Narbonne, eft de couleur blanche, grife & bleuâtre, & eft beaucoup plus eftimé. Le marbre du Bourbonnois , eft d'un rouge
fale, & d'un gris tirant fur le bleu, mêlé de veines d'un jaune laie ; on en fait ordinairement les com- partiments de pavé des Sanctuaires, des Salions, des Périftiles; la Gallerie du nord à Verfailles, de plein- pied à la Chapelle, eft pavée de ce marbre. Le marbre de Rame fe tire du Hainaut, δε eft
d'un rouge fale , mêlé de veines & de taches blan- ches & bleues. 11 s'en trouve de différentes qualités. Les fix grandes colonnes du Maître-Autel de la Sorbonne font de ce marbre. Le Serancolin fe tire d'un lieu appelle le Val-d'Or
ou la Vallée-d'Or , proche Serancolin , aux pieds des Pyrennées. Il a pour fond une couleur grife & jaune , mêlée d'un rouge couleur de fang ; il eft fujet à être filandreux. Le beau marbre de cette efpéce eft fort rare , la.carrière en étant épuifée: la bafe du tombeau de M. le Brun, à FEglife de Saint-Nicolas du Chardonnet, eft de ce marbre : il y en a encore d'affez beaux chambranles de che- minées dans le Palais des Tuileries, &c. |
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D'ARC Η IT £ € TU Ε É* tÇf
Le marbre de Griote eil de couleur de ch^fë
foncée, & veinée de taches rouges, On l'appelle ainiij parce que ce ronge tient de la couleur des griotes ou cerifes : on en voit de beaux cham- branles dans les Appartements de Trianon. Le marbre Verd-campan eft rouge , blanc 8£
verd, mêlé par taches & par veines , qui font d'urt verd plus vif mêlé de blanc feulement. Il n'y a que ce dernier qu'on nomme proprement Verd- campan. Le plus beau & qui foit du plus grand calibre, fe voit aux huit colonnes Ioniques du Château de Trianon du côté de là cour. Les carrières de ce marbre, fe trouvent près de Tarbgs en Gafcogne. , Le marbre Ferd moderne eft de deux efpeces*
l'une fe nomme improprement Fera d'Egypte, & fe tire près de Carare, fur les côîes de Gènes ; il en: d'un verd foncé, mêlé de taches gris de lin, & d'un peu de blanc : l'autre fe nomme Verd de mer, qui eft un marbre moderne fort eftimé, & d'uri verd plus clair avec des veines blanches : on eu voit quatre colonnes Ioniques aux Carmélites du Fauxboiirg Saint-Jacques à Paris. Le marbre de Brecht violette , eft celui qui éiï
général a le fond brun fale avec de longues veines & taches violettes , entre-mêlées de blanc : les plus belles colonnes qui fe voient de ce marbre , font celles dé la Colonnade , dans les bofquets âii Jardin de Veriailles ί on en voit des blocs affes coniidérables dansles Magafms du Roi. On appelle Breche blanche i celle qui eil mêlée de violet,, de brun & de gris avec de grandes taches blan« ches ; Brèche dorée $ celle qui eft mêlée d& taches jaunes & blanches ; Brèche corallm 9 |
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"|$4 ·.'·■ *'■ -V^C t)UKS
celle qui a quelques taches de couleur de corail l
& qu'on nomme auffi brèche ferancolin. On nomme Große breche celle qui eil par taches
rouges, noires, grifes, jaunes , bleues & blan- ches , & qui réunit les autres couleurs de toutes les brèches. Deux des colonnes Ioniques de la ChâiTe de Sainte-Geneviève , font de ce marbre. Le marbre Blanc veiné eil mêlé de grandes
veines, de taches grifes & bleues fur un fond blanc. Ce marbre vient de Garare ; il eil fujet à jaunir & à fe tacher : on en fait des piedeilaux , des enta- blements & autres ouvrages d'Architeclure. Il y a fans doute quantité d'autres marbres
modernes , tels que le Bleu turquin , le Verd de mer Λ &c. Mais comme ils différent peu de ceux dont nous venons de parler , l'exercice fuifira pour en acquérir la connoiifance. Au furpUis , ceux qui pourroient defirer être inilruits plus particulière- ment de la diverfité des marbres , n'ont qu'à con- fulter le Dictionnaire dArchitecture de Daviier, où l'on trouvera le détail de près de 80 efpéces. Outre les marbres naturels , il y en a d'artifi-
ciels , qui font compofés de gipfe en maniere de iluc, dans lequel on introduit diverfes couleurs pour imiter le marbre : cette composition quoique d'une confiilance afTez dure , eil fujette à s'écailler & craint l'humidité. On fait encore des marbres arti- ficiels avec des teintures corrofives fur du marbre blanc , qui imitent les différentes couleurs des autres marbres , en pénétrant de plus de 4 lignes dans fon épaiffeur : ce qui fait qu'on peut peindre deflus des figures & des ornements de »toute efpéce; en forte que fi Ton pouvoir débiter <:e marbre par feuilles très-minces , on auroit au- |
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d'Architecture. ió~f
tant 'de tableaux de même façon. Ceti à M. ig
Comte de Gaylus qu'on doit cette invention. |
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ΠΒΒΒΒΕ3Ε
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A" R Τ I C L Ε IIL
Des Défauts du Marbre.
Les Marbres, ainfi que la Pierre , ont des
défauts capables de les faire rebuter. Ainfi on appelle marbre fier, celui qui à caiife de fa troj> grande dureté , eil difficile à travailler ; marbre, filandreux Λ celui qui a des fils qui le traverfent 9 ainii qu'on le remarque aux-marbres de diverfes couleurs , comme le Rance , le Serancolin, &c; lerraßeux 3 celui où l'on reconnoît des parties ten- dres par endroits , appellées terraßes , qu'on eil foiirent obligé de remplir de maille ou de fluc;, comme font la plupart des Brèches, le Languedoc f & plufieurs autres ; camelota , celui qui après avoir été poli , paroit tabifé ou terne ; ce qui le fait rnéfeilimer pour des ouvrages d'importance y enfin marbre Pouf, celui qui étant de la nature de grais, ne peut former de vives arrêtes , & ainfi des autres défauts , qui regardent plutôt la Pratique que la Théorie. |
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ι66 C o ν R s
'A R Τ I C h E Ι V.
]Dçs Façons du Marbre. r< Le marbre reçoit diverfes dénominations à me-
fure qu'on le travaille. On Rappelle marbre brut, quand il arrive de la
carrière en bloc d'échantillon, ou feulement par quartier pour être enfuite travaillé. * On le nomme marbre degroß, lorfqii'il eil débité
dans le chantier à la fcie , ou feulement équarri au marteau , félon la difpontion d'un vafe , d'une figure, &c. On l'appelle marbre ébauché, lorfqu'il a déjà reçu
quelques membres d'Architecture ou de Sculpture, & qu'il eil travaillé à la double pointe pour la pre- miere façon , ou approché avec le cifeau pour la féconde. On l'appelle marbre βη,Ί ou terminé , quand il
eil prêt à être pofé en plaee , ayant reçu dans le chantier toute la main-d'œuvre néçeiïàire pour remplir l'objet qu'on fe propofe. On le nomme marbre poli ., aprè* qu'il a été
frotté avec le grais & le rabot de bois dur , & enfuite repaffé avec la pierre-ponce, qui eil une pierre qui a le grain plus fin que le grais ,'& en- fin poli au tampon de linge à force de bras , avec delà potée d'émery pour les marbres de couleurs;. &dela potée d'étain pour les marbres blancs, parce que l'érnery les rouiïïroit. Enfin on le déiigne fous le nom de marbre mat,
quand il a été préparé & frotté avec de la peau de |
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d'Architecture. 167
chien de mer {a) ou de la preile [b), à deffein de
détacher des membres d- Architecture > ou des orne- ments de deffus un fond poli ;& fous le nom de mar* bu piqué, quand dans des ouvrages ruiliques , il eft piqué avec la pointe du marteau, pour détacher les corps faillants de deffus les rentrants , ainii qu'an en ufe aux Grottes , Fontaines , Caf- cades, &c. |
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O) Chien de mery forte de PouTon de mer , dont la peaü a
une certaine rudeife.
(£) Preße, efpéce de Plante aquatique très-rude.
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Liv,
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ï6B Cours
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PjÉSJgfea
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C Η Α Ρ IT.RE til
4 .£># i4 Brique , et de la maniere-
de LA FABRIQUER. JLjA Brique eft une efpéce de pierre artificielle
qui fe jette en moule , & dont la couleur eit rougeâtre ou jaunâtre. Elle, elt très-nécefîaire dans la conitruition des bâtiments ; & s?employe fur- tout utilement dans les lieux où la pierre n'çft pas commune : elle fe lie très^bien avec le mortier & le plâtre ; & il y a même des genres de çonf-. truclion où elle eil préférable à tous les autres ma- tériaux, comme dans l'exécution des voûtes légere^ qui exigent des murs . d'une moindre épaiiieur pour en retenir la pouflee , que< des voûtes en pierre , dans celle des tuyaux de cheminée % des foyers , des contre-cœurs, &c. . . Il y a peu de Cantons qui ne fournifTent de la terre propre à faire de la brique ; & comme cette connoiffance peut être fort utile à un Architeâ;e, fur-tout quand la pierre eil rare dans le Pays ? où il a occaiiom de bâtir, c'eft pourquoi nous allons expofer fom- mairement les qualités qui lui font eflentielles, & la maniere de la fabriquer. La terre propre à faire la brique doit êtî?Q
graife , forte, de couleur grife , fans cailloux , ni gravier ; il y en a de rouge, mais elle n'eft pas, eftimée la meilleure; l'expérience ayant fait con- noître que les briques qui en font faites , étoient fujettes à fe feuilleter & à fe réduire en poudre |
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Γ d'Architecture. 169
à la gelée. En général on remarque qu'une terres
eu bonne à faire de la brique, lorfqu'après une petite pluie} on s'apperçoit qu'en marchant deffus % elle s'attache aux fouliers , ou bien lqrfqu'en la paîtriffant avec les mains, on ne la peut divifer qu'avec peine. Cette terre étant reconnue conve- nable, il faut l'expofer par monceaux à la gelée à di·* verfes reprifes dans des tems différents , & la re- muer avec le rabot jufqu'à ce qu'elle foit bien corroyée. On choifit les mois de Décembre, Jan? vier & de Février pour la préparation de cette - ;S terre , afin quelle éprouve les rigueurs du froid 3 qui contribue à lui donner plus de qualité; de forte qu'en la fabriquant enfuite fuivant la gran- deur du moule qu'on aura préparé , elle ait le tems de fécher pour être cuite au four, vers les mois de Mai ou de Juin. Il eft bon d'ohferver de plus, que ces pierres artificielles ne doivent jamais avoir une grandeur ni une épahTeur trop confidé- rable , parce que Faâion du feu s'y çommunique*- roit inégalement , & que le cœur étant moins atteint que la fuperfîcie, cela les feroit gerfer en cuifant. Communément on donne à la brique d'é- chantillon 8 pouces de longueur fur 4 pouces de largeur , & 2 pouces d'épaiffeur. Suivant ces dimenfions , chacune pefe une livre & demi, & il en faut à peu près 27 pour former un pied cube9 Les Anciens , au rapport de Vitruve , prenoient le plus grand foin pour la perfection de la brique , dont ils faifoient un très-fréquent ufage , ainft qu'on le remarque dans les veftiges de leurs mo- numents. Π faut que la brique demeure fept à huit jours dans
le four, non pas que le feu doive refter allumé tout ce terns là, mais pour lui lahîèr le tems de fe refroidir f |
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170 Cours
& pour que les briques encore toutes rouges , ne
foient point faiiïes par l'air , ce qui leur ôteroit beaucoup de leurs qualités , ainfi que l'ex- périence fa prouvé en grand nombre de cir- conßances. La meilleure maniere de connoître la brique »
avant de l'employer , eft de l'expofer à l'hu- midité & à la'gelée'pendant l'hiver; car fi elle réfdtc à cette épreuve , on fera non-feulement sûr qu'elle fera une folide conitra£tion , mais encore qu'elle réftftera à la charge, ce qui ne peut arriver que par la bonne qualité de fa cuiffon. On peut encore connoître fa bonté , ii, en la frappant, eîîe produit un fon aigu , fi fa couleur n'eit ni trop claire ni trop foncée , & fi elle eil d'un grain ferré & compad , &c. On acheté la brique au milier : la meilleure fe tire de Bourgogne ; car celle que Ton fabrique dans les environs de Paris ne vaut rien : aufline l'employe-t-on qu'aux ouvrages de peu d'importance. |
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d'Architecture. 171
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CHAPITRE IV.
Ou Piastre 'en' Général. JLa Pierre à plâtre ne fe trouve que dans quel-
ques Cantons : c'eit un foßile très-important pour la bâtiife, dont la cuiffon fait la vertu principale ; plus celle-ci eil parfaite, mieux il vaut; auiïi peut- on dire que c'eit le feu qui lui communique cette qualité fpécifique, de s'attacher & d'unir ensem- ble les autres corps. L'a&ion du plâtre eil extrê- mement prompte ; il fe fuffit à lui-même , pour faire un corps folide, à la différence de la chaux, dont nous parlerons par la fuite, & qui a befoin d'un autre agent pour acquérir de la dureté. j La pierre à plâtre fe trouve dans le fein de la terre, ainii que toutes les autres pierres. Mont- martre , Meudon , Triel ,. & pluiieurs endroits près de Paris, fourniffent des Carrières, d'où Ton tire cette forte de pierre affez abondamment. Elle eil à la fortie de la carrière d'une couleur grisâtre, & reffemble affez à un efpéce de marbre gros grain : elle n'acquiert fa blancheur qu'après avoir paffé par le feu. il eil rare qu'on employé la pierre à plâtre dans les Bâtiments , vu qu'elle s'écrafe faci- lement fous le fardeau. Auiîi n'en fait-on guère que des murs de clôture hors de Paris ; car dans cette Capitale , elle eil profcrite , comme nous lavons déjà dit, & il eil défendu aux Ouvriers d'en employer. L'un des caracieres eilemieîs de % pierre à |
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τ· ■
J7* Cou RS
plâtre, eft qu'étant rnife en poudre crue dans tut
chaudron fur un feu ordinaire, dès quell® eil φ. che , elle commence à bouillir δε à s'agiter comme |
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ïi eue étoit mêlée avec de l'eau, ou
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comme un
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VJiai ^lide » pendant un certain tems : & , quand
eue eft parvenue à fon degré de cuite ou de calci- nation, elle fe précipite comme un vrai fable , & η opère plus aucune a&ion. L'on fçait que c'en: de cette maniere que fe préparent les ftucs ou marbres artificiels , & que pour continuer cette opération , on détrempe le plâtre avec de l'eau gommée, ou c.ollée , à laquelle on joint de l'u- nne , ce qui le rend auffi propre à recevoir le poli que Je marbre ; après quoi il ne s'agit plus pour imiter ce dernier , que d'y mêler différentes couleurs détrempées à l'efprit de vin. i-a cuiffon parfaite du plâtre confiée à donner
un degré-de chaleur capable de deffécher peu a peul humidité qui lui iervoft d'aliment, lorfquïl ecoit dans la carrière , & qui faiTe évaporer le •iouffre qui uniifoit toutes fes parties : elle confifte. encore à difpofer le feu , de façon qu'il aeiffe éga- lement fur Mi ' * La meilleure maniere de faire cuire le plâtre, eifc
ö arranger dans le four toutes les pierres qui doivent être calcinées , en forte quelles foient toutes également embrafées par le feu : il faut prendre garde cependant que le plâtre ne foit pas trop cuit, parce qu'alors il pçrdroit la qualité , que. les Maçons appellent Camour du plâtre. D'ailleurs, la trop grande chaleur détruit en lui prefque tous les fels. qui le compofent ; ce' qui fait que les pierres que l'on voudroit joindre enfemble par fon moyen, ne peuvent plus fe lier intimement. Il arri- vero.it la même chofe à celui qui auroit confervé |
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D A R e Η Ι Τ Ε C ΐ ¥ R E; Vf j
Trop d'humidité , pour s'être trouvé dans fa cuiiTon
à l'extrémité fupérieure du four. Quand la pierre à plâtre eit calcinée par un feu
trop violent , ou trop long-tems continué, le plâtre qui en provient reite mol avec l'eau, & ne iè durcit qu'avec peine ; li on le laifTe même rougir fortement , fon effence fe trouve tellement détruite , qu'il ne peut plus fe durcir davan- tage , & il reite conitamment en poudre. Le plâtre ne reprend pas fa premiere qualité par une fé- conde calcination, mais on en forme cependant encore une efpéce de mortier, qui, quand il eit mêlé avec du plâtre de la premiere cuite en cer- taine proportion s peut fervir à faire de gros enduits. Il faut employer le plâtre au fortir du four,
autant qu'il eft poiîible, & ne l'expofer jamais au grand air, à Fhumidité , ni au foleil: car celui-ci FéchauiFe , la pluie le détrempe, & l'air l'éventé. Le plâtre étant cuit, devient une efpéce de chaux, dont les efprits ne peuvent être trop vifs ; or, pour qu'il les conferve, on ne fçauroit trop tôt les fixer en l'employant ; du moins faut-il le tenir à couvert dans un lieu fec & à l'abri du foleil. L'air ainfi que l'humidité abforbent fes fels en les diffolvant , ce qui fait qu'on ne peut jamais le mettre en œuvre utilement pendant l'hiver , ni dans les lieux humides qui anéantiifent fon activité. M. Belidor a raifon de le comparer à une liqueur exquife, qui n'a de faveur qu'autant qu'on a eu foin d'empêcher fes efprits de s'évaporer. Par toutes ces coniidérations, il s'en fuit que le plus sûr eit de ne cuire la pierre à plâtre qu'à propor- tion qu'on en a befoin , pour faire de bons ou- vrages; & que quand on eil obligé de le conferver, |
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174 CoüäS
il faut obferver de le garder le moins de terris
poiHbîe , & de le ferrer en attendant dans des tonneaux bien fermés de toutes parts* Après avoir parié de la cuiffon du plâtre , exa-
minons d'abord fes dîverfes qualités, & enfuite nous expoferons la maniere de s'en fervir dans l'art de bâtir. 'm
Article Premier.
Quelles font fes bonnes & mauvaifes qualités,.
Le plâtre , avant d'être mis en œuvre , doit
donc premièrement être cuit. Le feu en ayant expulfé toutes les parties étérogenes ou étran- gères , on l'écrafe & on le réduit en poudre avec une batte. C'eit en cet état qu'on le vend au muid pour être employé. Le muid de plâtre cuit contient 36 facs r ou 72 boiiTeaux , mefure de Paris , qui équivalent à 24 pieds cubes : mais lorfqu'on le vend en pierre , on l'acheté à la toife ou au cent. Le cent eil un toifé de 16 pieds de long , 8 pieds de large & 4 pieds de haut y qui valent 2, toifes 80 pieds cubes. On appelle Plâtre cm , celui qui n'a pas encore
été cuit au four , & dont on fe fert quelquefois dans des bâtiffes de peu d'importance, au lieu de moilons ; mais alors , pour qu'il faffe un meilleur fervice, il faut le iaiffer long-tems fécher à l'aîr ; attention que l'on doit obferver également, avant que de le faire cuire. La bonne qualité du plâtre eft d'être gras δ£
blanc : fes défauts font d'être verd & éventé. On nomme Plâtre gras, celui qui étant d'une bonne cuiffon, eil doux δε facile à employer , quoique |
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d'Architecture. 17c
prompt à faire liaifon : Plâtre blanc y celui dont on
a extrait le charbon provenant de la cnifTon ; pré- caution que Ton prend pour l'exécution des ou- vrages de fujétion : Plâtre gris, celui pour lequel on n'a pas pris ce foin , comme étant deiliné aux ouvrages de Maçonnerie ordinaire : Plâtre verd, celui qui ayant été mal cuit fe diiïbut en l'em- ployant , ne fait pas corps , & eir. fujet à fe gerfer, à fe fendre, ou à tomber par morceaux à la moindre gelée ; enfin Plâtre éventé , celui qui ayant été trop expofé à l'air ou à rhumidiîé , après avoir été puivériié ? a de la peine à prendre dans l'auge, & fait une mauvaife conftrucHon. Article IL
Des- inconvénients du Plâtre.
On ne doit point fe fervir de plâtre indifférem-
ment en toutes occaiions, pour l'exécution uqs bâtiments : c'eir. un très-grand défaut de l'employer, au lieu de mortier, dans les lieux humides , dans les fondations des bâtiments , & pour la liaifon des murs en pierre de taille : car il n'eft fait à pro- prement parler que pour unir de petits matériau?:, comme les briques & les moilons : il réuiiit aufli dans les ouvrages intérieurs , tels que les end ats, les tuyaux de cheminées , les plafonds ; il eil fur- tout admirable pour les fcellements, &c, Π y a fept à huit ans que nous développâmes dans Y Année Littéraire , combien étoit préjudiciable à la durée des bâtiments , l'abus que l'on en faiibit dans bien des cas j & M. Baume , fçavant Ghi- mifte de l'Académie Royale des Sciences, publia à cette occaiion une Analyfe raifonnée des 1 '
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i*j6 C ο Λτ R i
effets du Plâtre , pour confirmer ce que noug
avions avancé précédemment à cet égard , c'eil pourquoi nous nous bornerons à la rapporter, pour ne point répéter ce que nous avons déjà dit ailleurs. « Le Plâtre eil un compofé d'acide vitriolique » & de terre calcaire (a). Lorfqu'on expofe cette » matière au feu, elle y perd fon eau de criilalli- » fation, diminue de poids dans la même propor- » tion, & fa terre calcaire fe convertit en chaux: >> vive ; mais l'aiTociation de cette chaux avec » l'acide vitriolique qui fait partie du plâtre, eil » caufe que lorfqu'on le mêle avec l'eau, il y pro- » duit beaucoup moins de chaleur que la chaux » vive ordinaire. Cette chaleur eil fuffifante néan- » moins pour tenir le plâtre dans une efpéce de » diflblution ; rendurciiîement qu'il éprouve, quel- » que tems après qu'il a été gâché , n'eil rien » autre chofe qu'une criilallifation confine qui lui » arrive par le refroidiiTement. Dans cet état, il » retient toute l'eau qui a fervi à le gâcher ; & » cette eau le fait agir pendant plus ou moins de » tems , & avec plus ou moins de force fuivant » les circonfiances : cet eifet eil même ii fort que » fi le plâtre fe trouve gêné,ilbrife & renverfe » les obilacles qu'on lui oppofe. Une portion de » cette eau n'eil pour ainfi dire qu'interpofée en- ■>> tre les mollécules du plâtre; elle s'évapore avec » facilité, à l'aide de la chaleur qui iubfifte encore » pendant un certain tems après qu'il a pris con- » iiilance ; mais l'autre portion eil combinée , & » elle n'eil évaporable que par un degré de chaleur » fupérieure à celui qui regne dans les fouterreins. » Ainii dans ce cas , cette eau continue d'agir fur |
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( a) Avant-Coureur j N° 44, A»née 17^7»
» le
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' λ d'Ar chit,'ec τ υ he. 177
» le plâtre de la même maniere que dans le tems
» où il^ vient^ d'être gâché ; & cette aâion le per- » pétuê par l'humidité jufqu'à ce que les particules » primitives intégrantes du plâtre en ayent été » attaquées. C'eft là ce qui occafionne le goniîe- » ment perpétuel qui arrive aux plâtres dans les ν lieux humides , & qui les détruit plus ou moins » promptem ent. \ , 1 » Un autre inconvénient , c'eil que dans les
» lieux bas & humides il fe trouve toujours une » certaine quantité de matière phlogiitique prove- » riant des animaux qui habitent le bâtiment. Cette »matière phlogiftique fe combine avec l'acide » vitriolique du plâtre qu'elle rencontre, le con- » vertit en acide nitreux % & ce nouvel acide fe » combinant enfuite avec la terre calcaire de ce »même plâtre , forme du falpêtre à bafe terreufe. » Toutes ces combinaifons ne fe font que par un » mouvement qui tend à détruire continuellement » l'arrangement primitif des mollécules du plâtre, » & par conféquent celui des pierres ou moilons, » auxquels on a voulu le faire fervir de liaifon. Le » plâtre fe trouve auiïi au bout d'un certain tems »imprégné de fel marin ordinaire, de fel marin à » bafe terreufe, & de falpêtre à bafe d'alcali ». |
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. A R Τ I C L E I II. 'ii
De la maniere d'employer le Plâtre.
Le plâtre s'employé de trois manières : la pre-
miere, comme on le fort du four , ou de la pla- ziere, après avoir été groiTiérement puivériié avec une batte , pour s'en fervir dans la conitrudion Tome Vm M " |
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178 Cours
des fondations, & des gros murs bâtis de moilons
onde libages, ou bien pour ourdir {a) les cloifons, les bâtis de charpente ou tout autre ouvrage de cette efpece : la féconde , après l'avoir paifé au panier, c'eit-à-dire , dans un manequin d'ofier clair ; celui-ci eil propre aux ouvrages de renfor- mis ( b ), de gobetage ( c ) & de crépis ( d ) ; la troifieme, après l'avoir paffe au fas ou tamis ; c'eft ainfi que l'on prépare le plâtre deftiné pour les enduits ( e) / les membres d'Architeerure & de Sculpture , &c. Ces trois manières de préparer le plâtre dans la
conilrucüon , exigent auffi qu'on lui donne des façons difFérenres, c'eft-à-dire qu'il foit gâché plus ferré , plus clair , ou tout-à-fait liquide. On le gâche ferré pour les gros ouvrages , les en- duits , fcellements , &c ; on le gâche un peu clair pour traîner au calibre des membres d'Archite- cture , tels que des cadres , des corniches, &c ; & enfin Ton y introduit beaucoup d'eau, pour couler, caller, ficher ou jointoyer les pierres. La regle eil de ne détremper le plâtre avec de l'eau, ou de ne le gâcher qu'à mefure qu'on en a befoin, fans quoi il, fe fécheroit , fe durciroit , & ne pourroitplus s'employer. \\ |
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(α) Haürdir Λ c'eft maçonner grofliérement avec du mortier
ou du plâtre. (£) Renformir, c'eft réparer des vieux murs.
( c ) Gobeter , c'eft jetter du plâtre avec la truelle 3 & le
faire entrer avec la main dans les joints du mur. (d) Crépir, c'eft employer du plâtre ou mortier avec un
balai, fans paifer la main ni la truelle par deiîiis. ( e ) Enduit, couche de plâtre ou de mortier unie fur un mur
4e moilon, ou une cloifon de charpente. " ■ *,.
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p'Architecture.. 179
* C H A PITRE V.
D υ Mort ι er en gé nê r al. L<omme Ie Mortier eft un compofé de chaux,
de fable ou de ciment, c'eil pourquoi il eil bon d'expliquer féparément les bonnes ou mauvaifes qualités de ces différents ingrédients , avant d'en- feigner fa préparation. |
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V.rfK^r'ViWraavnC!«iSti!XiUUBHF
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Article Ρ r ε μ ι ε r.
De la Chaux } de fa cuiffon , & delà maniere,
< /ν de l'éteindre. La Chaux diffère du Plâtre en ce quelle ne
peut agir feule pour lier les pierres , épffu'ii faut d'autres agents pour la faire valoir , tels que le fable, le ciment, ou la pozoianne , dont nous définirons les propriétés , après avoir parlé de celles de la chaux. La pierre la plus pefante & la plus blanche eil
la plus propre à faire de bonne chaux. Chaque Pays produit des pierres à chaux de différentes qualités; les plus dures font toujours les meil- leures. Le marbre , lorfqu'on peut en employer, vaut mieux que toute autre Les cailloux qui fe trouvent dans les montagnes, dans les torrents, ou les ravins, font auiii fort bons à faire de la chaux, aulîi bien que certaines pierres dures qui fe trou- vent dans les Campagnes , & qui imitent celle de Mij
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ïSo € q URS
Meulière : en général toutes les pierres qui font
effervefcence avec l'eau forte , e'eft-à-dire fur lef- quelles Peau forte agit & bouillonne, font propres à faire de la chaux. On ne doit fe fervir de pierre tendre , qu'au défaut de l'autre. La bonne ou médiocre qualité de la pierre une fois reconnue, on la fait cuire ou calciner au four , enfuite on la détrempe avec de l'eau, & on la mêle avec du fable ou du ciment, pour en faire du mortier* Entrons dans le détail de ces diverfes opérations. Le charbon de terre vaut beaucoup mieux, pour
la cuifTon de la pierre à chaux , que le bois ; car non-feulement la cuifîbn en eil plus prompt^, mais auiH la chaux qui en provient en efl plus graiTe & plus onftueufe. Les effets de la chaux font de lier, d'atracher, & d'accrocher les différents matériaux que l'on veut unir les uns aux autres. Le moyen de connoître fa bonne qualité , après la cuhTon, c'eil de mêler un peu de cette chaux réduite en cendres, avec de l'eau que l'on battra pendant un certain tems ; & fi l'on s'apperçoit qu'après avoir été ainfi battue , elle s'unit comme de la colle, ce fera une marque de fa perfection j mais fi au contraire , elle ne fe Hoit point , ce feroit une preuve qu'elle aurait été dépour- vue d'une trop grande partie de fes fels par la cuiflbn. Selon Philibert Delorme , la meilleure maniere
de connoître la qualité de la chaux, ceft d'exa- miner lorfqu'elle eft cuite , fi elle eil blanche &■ grafie, fi elle fonne comme un pot de terre , fi étant mouillée, fa fumée eil abondante & fort épaifte, & enfinlï elle s'attache fortement au rabot. Ce font là effectivement les fignes les plus ordinaires de fa bonté ; il faut-que la pierre à - chaux bien |
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d'Architecture. iSi
calcinée foit fonore, quand on frappe deflus, &
qu'elle bouillonne immédiatement après avoir été arrofée : ébuîition cependant qui dépendi de ïa qualité des pierres ; car plus elles font dures, plus cette ébuîition eil fubite. il eil d'une grande conféquence d'éteindre la chaux après fa çuiffon, ou de ne la voiturer enfuite en pier- res que dans des tonneaux bien fermés, file trans- port eil coriiidérable , afin qu'elle ne foit point at- teinte par l'air: car quand l'humidité parvient à la pé- nétrer , elle tombe en poudre pultacée, qui ne fer- mente plus avec l'eau, & elle ne produit plus que de mauvais mortier. La chaux trop long-tems confervée en pierre, quoique dans des endroits fermés & à l'abri de l'air, perd auffi beaucoup de fa qualité, parce que ïa chaleur qui lui eil apparemment néceflaire pour convertir l'eau en matières fubtiles , fe trouve trop diiîipée : cette chaux ne peut, ni fe divifer auffi bien , ni foifonner autant que quand elle eil nouvelle. La qualité de la pierre eil capable de contri-
buer beaucoup à la bonté de la chaux, indépen-* damment de fa dureté ; car. il eil confiant que la grande abondance de fels que contiennent cer- taines pierres , concourt à la rendre meilleure. Outre ces coniidérations , la maniere d'éteindre la chaux avant que de la lier avec le fable ou le ciment, peut réparer les vices de la pierre , qui ne fe rencontre pas également bonne dans tous les lieux où l'on a occafion de bâtir } c'eil pour- quoi après avoir coniidéré que la pierre à chaux, avant fa cuiifon , a une certaine confiilance fo- lide, & qu'au fortir du four elle devient tendre & farineufe : examinons comment elle s'employe.^ |
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iSi Cours
& comment elle reprend fon premier état par îe
fecours du fable ou du ciment. La premiere attention que l'on doit avoir pour
éteindre la chaux , eil de nettoyer le terrein que l'on deiHne pour fa fofîe ou fon bafîln , erifuite d'avoir une quantité d'eau fuitifanîe pour la bien diffoudre. Suivant Philibert Delorme, la meilleure maniere d'éteindre la chaux , eil de mettre dans une iofie la quantité de pierres à chaux vive que l'on croit devoir employer, après les avoir concaiTé avec une maffe, pour les réduire en mor- ceaux à peu près égaux , afin qu'elles puiiîent s'éteindre uniformément. Il faut erifuite couvrir la chaux également par tout d'un pied ou deux de bon fable , & jetter fur ce fable autant d'eau qu'il en faut pour qu'elle foit fufnfamrnent abreuvée, & qu'elle puiffe s'éteindre ou fe fufer fans brû- ler : ii le fable fe fend & donne paffage à la fumée , on recouvrira furie champ les crevaffes de nouveau fable : cela fait, on peut laifler repofer cette chaux auifi lpeg-tems qu'on voudra; alors elle de- viendra douce , grafie δε admirable pour la Ma- çonnerie. On prétend que c'étoit ainû que les Anciens éteignoient la chaux. Quoique ce procédé foit bon, afin de purger
néanmoins la chaux vive des parties étérogenes qui peuvent s'y rencontrer , on prend ats pré» cautions à cet égard , pour l'exécution des ou- vrages qui demandent un certain foin. On fait en conféquence deux baffins contigus d'inégales grandeurs , qui fe communiquent par un conduit. Le plus petit, qui eil en même tems le plus élevé, fert à broyer la chaux vive, & à retenir les corps étrangers qui peuvent s'y trouver : le plus grand |
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d'Architecture. i8|
eil deitin é à fervir d'efpéce de réfervoir, propre
à contenir une proviiion de chaux éteinte , pro- portionnée à la grandeur du bâtiment qu'il s'agit de conilruire. Afin de ne laiffer paffer dans le der- nier baiîin , que ce qui doit y être reçu,. on a foin, non-feulement de mettre dans le conduit de communication, une grille de fer ou de bois,.pour arrêter toutes les parties groffieres, mais encore de tenir le fond du petit baiîin plus élevé du côté du pafTage ; de maniere que les corps étrangers foient obligés d'y relier. Ces précautions étant prifês, on nettoyé bien le premier baiîin, & ort le remplit de chaux, fur laquelle on verfe d'abord im peu d'eau pour commencer à l'éteindre : à me- fure que cette eau fe boit, on continue à en verfer d'autre, jufqu'à ce qu'elle foit abfolument diiïbute; après quoi on en verfe encore pour achever de détremper la chaux, ayant foin de la remuer & corroyer fortement, pendant cette opération, avec un rabot de bois. Il faut prendre garde de mettre trop ou trop peu d'eau : car le trop d'eau noyé la chaux ou diminue fa force ; & le trop peu au con- traire la brûle , détruit fes parties & la réduit en pouiîiere. La chaux comprife dans le petit baiîin, ayant donc été tourmentée fufKfamment, à diverfes reprifes , on la laiilé écouler d'elle- même dans le grand,. en ouvrant la communica- tion , & en continuant de l'agiter jufqu'à ce qu'il foit vuide. Après cela , on referme le paffage, & on recommence fucceffivement la même opéra- tion jufqu'à ce que le fécond baiîin foit plein. Enfin quand la chaux ainii détrempée, a pris un peu de coniiilance dans le grand baiîin % on la recouvre d'un ou deux pieds de fable , pour pou- voir la garder à volonté, & l'employer à mefure |
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qu'on en aura befoin , ians craindre qu'elle perde -de fa qualité. A deiTein de ne rien laiffer à deiirer 'fur la diipöikion refpeâive. de ces baiïins à étein- dre la chaux , nous en avons donné un plan & un-profil dans la Planche LXIV, Figures I & Iï? tôù nous avons mis des lettresή de * renvois cor- >refpondantes. A , petit Baiim fiipérieur , deftiné m la préparation de la Chaux. Β , Baifin inférieur 'fervant de Réfervoir. C-, Conduit de communi- cation du Baiïin A au Baiîîn B, lequel Conduit eft ■* garni d'une Grille. : h v - Toutes les eaux ne font pas propres à éteindre
la chaux: celles de rivière & de fource font les -plus convenables : celles de puits peuvent cepen- dant être d'un bon ufage, mais il : ne faut s'en .fervir qu'après l'avoir laiiïe: Séjourner quelques items à l'air, pour lui ôter fa premiere fraîcheur, .v.qui ne manqueroit pas de reiferer les pores de la >chaux, & de faire tort à fon activité, il faut éviter s principalement de fe fervir d'eaux bourbeufes ou de marais. Celle de la mer , félon quelques- uns , n'eft point propre à éteindre la chaux , ! par la' raifon qu'étant falée, le mortier fait de r chaux détrempée avec cette eau , feroît difficile à fécher. D'autres prétendent cependant , qu'elle peut contribuer à faire de bonne chaux ^ pourvu que celle>ci foit faite avec de la pierre très-dure, :.-parce qu'alors les fels marins dont elle eil com- pofée, quoique de différentes natures , concourent à la coagulation du mortier, f ;,' ( r. La chaux fe vend à Paris , au muîd, qui con- fient 48 minots : le muid fé divife en 12 feptiers : le feprier en deux mines, la mine en deux minots, ïdont chacun compofe un pied cube. On mefure encore la chaux par futailles : chaque futaille con- |
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D ' A R C H I TE G Τ U R Ε. l8f.
tient quatre pieds cubes. Pour un muid il faut
douze futailles, dont fix font mefurés combles? & les fix autres rafes. Les endroits qui fournifîent le plus communément de la chaux à cette Ca- pitale & à fes environs, font Senlis , Corbeil, Melun , la Chauifée près Marly. Comme la chaux n'eft pas capable par elle-
même, airifi que nous l'avons précédemment ob- fervé, d'unir les pierres enfemble, à caufe de fa fluidité naturelle, & que l'expérience a fait con- noître qu'il étoit néceiTaire d'y joindre un agent tels que le ciment ou le fable pour la féconder, & faire valoir fes propriétés, c'eil pourquoi nous allons développer ce qui conilitue leurs bonnes qualités. |
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Article IL
Du Sable.
Le Sable diffère des cailloux & des pierres : c'eil
une efpéce de gravier de différentes groifeurs, qui eil diaphane ou opaque, rude , âpre, raboteux, & fonore , félon la qualité différente des fels dont il eil formé, & des divers terreins où il fe trouve. Il y a deux efpéces de fable , l'une de rivière ,
qui eil jaune, rouge ou blanc ; & l'autre qui fe tire des fablonnieres ou des fouilles des terres, lorfquel'on conilruit les fondations d'un bâtiment, ce qui lui fait donner le nom de fable de cave; fa couleur eil d'un brun noir; il peut être bon, lors- qu'il a été féché quelque tems à l'air. Ce dernier eil de deux fortes , l'une que l'on nomme fable, mâle, qui eil d'une couleur foncée |
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ι S6 Cours
& égale dans un même lit; l'autre , qui eft d'une
couleur pâle & inégale , que Ton nomme fable ferne Ue.
Le fable de rivière eil le plus eftimé pour faire
de bon mortier, ayant été battu par l'eau, & fe trouvant par là dégagé de toutes les parties ter- raufes dont il tire fon origine. 11 eft aiié de conce- voir que plus le fable eft graveleux , plus il efl propre par fes cavités & la vertu de la chaux à s'agraiFer dans la pierre , ou au moi- Ion à qui le mortier fert de liaifon ; mais ii au Contraire , on ne choiiit pas un fable dépouillé de toutes parties terreufes , comme il eft plus doux & plus humide , il eft capable alors d'é- mouifer & d'amortir les efprits de la chaux, & d'empêcher le mortier fait de ce fable , de s'incor- porer aux pierres qu'il doit unir enfemble indif- folublemént. Le fable de mer n'eft pas plus propre à faire
du bon mortier, que fon eau n'eft bonne à étein- dre la chaux, étant naturellement plus limoneux que graveleux ;rce qui fixe trop tôt les efprits ignés de la chaux. Pour que le fable, propre à faire du mortier , foit
reconnu de bonne qualité, il faut qu'il foit affezfec, pour qu'après l'avoir manié & frotté entre les mains , il ne refte aucune partie terreufe dans les doigts. On peut encore en faire l'épreuve dans un vafe d'eau claire ; car fi après l'avoir brouillé, l'eau eft bourbeufe , ce fera une marque qu'il eft ter- reux; mais ii au contraire cette eau eft nette, ou peu trouble, on pourra le mettre en ufage avec ' , ,-Îuccès. I) Dans les Pays où. il ne fe trouve pas de bon
fable pour faire du mortier, il eft toujours aifé |
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d'Architecture. 187
d'y fuppléer. Pour cet effet il n'y a qu'à prendre de la
terre francheren former des efpéces de boules großes comme les deux poingts, que Ton pétrira avec un peu d'eau ; faire enfuite cuire cette terre franche dans un four comme la pierre à chaux; puis après cette cuiiïbn fécrafer avec le bout d'une pièce de bois pour la réduire en pou- dre , ce qui s'opérera fans effort; & enfin employer cette poudre vitrifiée de terre franche en guife de fable; cela produira d'excellent mortier. D'après l'examen des ouvrages des Anciens , il paroît qu'ils fuppléoient de cette maniere à la mauvaife qualité du fable , dans les divers Pays où ils bâ- tiffoient. ? Article II ï.
Du Ciment,
On fe fert de Ciment pour mélanger avec la
Chaux dans les ouvrages aquatiques , au lieu de fable. Le ciment n'eil autre chofe que de la" tuile concafTée, au défaut de laquelle on fait ufage de brique pulvérifée : mais comme par fa nature celle-ci eil plus terreufe & plus tendre que la tuile, elle eil bien moins capable de réfilter au fardeau, & produit un ciment moins eilimé que celui fait de tuile qui, dans fon origine, étant uncompofé de terre glaife , participe de fes propriétés , qu'il nous fuffira d'expofer fommairement, pour rendre raifon de fa fupériorité. La glaife eil une maffe de terre qui, par les
pluies ou par les fources fouterraines , a été changée de fimple terre qu'elle étoit, en un corps lié & vifqueux, rempli de fels vitrioliques & de |
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iSS Co υ f'S'
foufre; ce changement ίe fait parles pluies qui?
tombant fur une terre difpofée à fe convertir en glaife, l'imbibent, & y dépofent en y filtrant tousr ies fels & les foufres dont elles font empreintes;, c'eit l'aflemblage de ces parties falines & fulphu- rées , joint à l'humidité naturelle qui reite concen- trée dans fes pores, qui rend en général la terre, glaife maffive & grafie,■& qui la conferve tou- jours fraîche & humide. Or, il eil aifé de conce- voir qu'étant compofée de fels piquants & cauili- qoes , elle doit acquérir , par lé fecours de la chaux , la faculté de s'agraffer à. tous les autres 'minéraux', lorfqu'elle a été cuite au four, & en- fuite pulvérifée , pour devenir ciment ; d'où il faut conclure que le ciment qui a pour principe ia glaife , en retenant la cauilicité de fes fels, ne peut manquer d'être fort tenace , & bien plus propre à faire du mortier que la brique, & qu'en un mot la fermeté de fa fubiiance le rend plus capable de réfuter aux fardeaux que le fable. Ajoutez à cela que ce ciment recevant différentes configurations & inégalités par la pulvérifation & le concafTement , la multiplicité de fes angles fait qu'il peut mieux s'encaitrer dans les différents matériaux qu'il doit unir, principalement loriqu'il eil chargé de la chaux, dont il foutient l'action par fes fels , & qui l'ayant entouré lui communi- que les fiens, de façon que les uns & les autres s'animant par leur oncÎuoiité mutuelle , s'iniinuent dans les pores de la pierre , & s'y incorporent intimement. . ,..,%;-; ^ ^rf^i En confidérant donc les fels de ce dernier, &
Teiprit de. la chaux , qui agifTent de concert, il eil aifé de juger qu'ils coopèrent à recueillir & à exciter ceux des minéraux auxquels on les joint, |
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d'Architecture. 189
de maniere qu'un mortier fait de ciment & de
chaux de bonne qualité, eil capable , même dans f eau, de rendre la conitruclion immuable. Il y a un ciment que Ton appelle perpétuel, qui
fe fait avec du mâchefer broyé , du tuiilot, du charbon de terre, & un peu de grais tendre réduit en poudre , le tout incorporé avec de la chaux vive, éteinte & bien corroyé au rabot à force de bras. Il réMe très-bien dans l'eau, & s'employe aux ouvrages qui en font fans cefle baigné , tels que les ponts , les quais , les citernes , les aque- ducs , &c. Article IV.
De la préparation du Mortier*
Par le Mortier , neus entendons la réunion de
la chaux avec le fable, le ciment ou autres pou- dres : c'eft de cet alliage que dépend toute la bonté d'une conilruclioni. La propriété du bon mortier eil d'unir les pierres indiflolubiernent les unes aux autres , & de fe durcir quelque tems après avoir été employé, pour ne faire plus qu'un même corps avec Iqs autres matériaux. ^ . Suivant Γ Analyfe qu'adonné M. Baume (λ),
«lu mortier à bâtir, e'eit un mélange de chaux vive éteinte par de l'eau , & d'une matière terreufe vitrifiable. Ce mélange, qui n'a d'abord aucune confiftance, a la propriété d'en prendre une con- sidérable avec le tems, & qui devient même il forte, en le fuppofant bien compofé, qu'il égale |
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X*) -Avant-Cpureurr Année 17^7, N° 44.
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I9Q Cours
alors en folîdité les pierres les plus dures ; effet
iingulier qui eft dû à la matière falino-terreufe que produit la chaux pendant fon extinûion. Cette matière, félon cet Académicien , tient en diiïblu- tion une certaine quantité de la terre propre de la chaux, & c'eil cette terre qui afrbiblit fes pro- priétés vraiment falines. , | « Lorfqu'on applique dit-il, de la chaux éteinte fur j
» une matière vitrifïable, lafubftance falino-terreufe
» qu'elle contient, s'introduit dans les pores les » plus imperceptibles des corps vitrifiables , quel- » ques durs qu'ils foient, comme on en a la preuve, » en faifant éteindre dans un verre de la chaux » vive avec un*peu d'eau. La matière falino-ter- » 'teufe de la chaux prend avec ce verre une telle » adhérence , qu'au bout de quelques jours il f » n'eft plus poffible de l'en détacher ; le verre eft I
·>> terne & paroît dépoli.
» Tout cela arrive également à chacun des
» grains de fable que l'on employé pour faire le » mortier : ils fe trouvent liés les uns aux autres » par l'effet-de la chaux, & leur adhérence doit » augmenter avec le tems, à mefure que le mortier f> perd fon humidité ». Le premier foin de celui qui veut faire de bon mor-
tier , coniiile donc à bien éteindre la chaux, comme nous l'avons expliqué : le fécond à choiflr du fable de la meilleure qualité : le troifieme à ordonner aux Ouvriers., chargés de mélanger le fable ou le ciment avec la. chaux, de ne point remettre de l'eau nouvelle, ou d'en mettre le moins que faire fe peut, pour corroyer le mortier ; car plus on en introduit \ plus on furcharge & amortit les eiprits de la chaux. > I La dofe du fable avec la chaux eil encore une j
I
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d'Architecture. 191
qualité eifentielle du mortier. On le trompe,
lorfque l'on dit qu'il faut toujours ~ de chaux fur | de fable , parce que quelquefois le iable , dont on eil obligé de fe fervir , eil d'une telle aridité que l'un & l'autre , moitié par moitié, te- roient à peine de bon mortier. Quelquefois aufii, la chaux peut n'être pas affezbonne pour n'en mettre qu'un tiers j & cela arrive, lorfque par un trop long féjour, la plus grande partie de {qs efprits s'eii exhalée. La précaution qu'on doit prendre à l'é- gard de la qualité du fable & de la chaux, pour déterminer la quantité qu'il en faut, doit s'ob- ferver auffi pour celui qui eil compofé de chaux & de ciment : car en cas qu'il fût fait avec de vieux tuilots , auxquels on reconnoîtroit quelques parties terreufes , ou des parties plus émouifées & moins cauiliques , l'abondance de la chaux d'une bonne efpéce feroit feule capable de remédier aux défauts de la qualité du ciment, ainii que nous venons de le dire pour ceux du fable. Sans s'arrêter ici à la quantité de Tun & de
î'autre, qui ne fe doit déterminer qu'après avoir reconnu la différente qualité de 'chacun en parti- culier, nous dirons qu'il y a trois manières diiFé- rentes de faire du bon mortier. La premiere eil de le faire avec de la chaux éteinte fur le champ, & dans laquelle on corroyé le fable ou ciment, pour être employé incontinent. La féconde eil de N ne mettre en œuvre la chaux avec le fable ou le ciment , que quelque tems après qu'elle a été éteinte; & la troifieme eil de ne fe fervir de la chaux que quelques années après fon extinäion ; mais on doit fe reffou venir que dans les deux der- niers cas, il faut compofer le mortier avec cette |
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192 Cours e
ancienne chaux , à force de bras, fans prefque y
introduire d'eau nouvelle , ainii que nous l'avons
recommandé.
On pourra donc, félon la nature des ouvrages que
nous détaillerons par la fuite, fe fervir de ces trois efpéces de mortier, en obfervant néanmoins de n'en pas employer d'une qualité lorfqu'il en faut d'une autre, parce qu'alors il ne produiroit pas l'effet qu'on en auroit attendu, chaque genre de conilru- Ùion exigeant des précautions particulières. Il y a des cas où, lorfque l'on veut que le
mortier prenne promptement, on le délaye avec de l'urine, dans laquelle on a détrempé de la fuie de cheminée ; & où, pour rendre le ciment encore plus folide , on y ajoute de la limaille de fer, ou de ces petites écailles de fer qui tombent au bas des forges. Quelques-uns ■eftiment qu'en faifant diiîoudre du fel ammoniac dans l'eau , 'avec la- quelle on délaye le mortier , cela lui donne une action auiii prompte que celle du plâtre ; ce qui peut être d'un grand fecours pour les ouvrages qui démandent de la célérité , ou bien dans les Pays où le plâtre eil rare : mais ii, au lieu de fable, on pulvérifoit de la même pierre avec laquelle on a fait la chaux , & qu'on s'en fervfo à la place de plâtre, ce mortier feroit peut-être beaucoup meilleur. D'autres prétendent que, pour faire du mortier impénétrable à l'eau , il faut dé- tremper la chaux avec de l'huile, avant que de l'unir avec le fable ou le ciment, & qu'on peut fe fervir de cette compofition pour les baiiins , réfervoirs, &c. Le mortier fait avec la chaux, le fable où le
ciment «, n'eft pas le feul auquel on puiiTe recou- rir : il s'en fait encore avec de la po^oiarzne, efpéce de
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β * Â R c ïî ι τ ε c f υ k η: t$$
poudre, nommée ainfi, parce qu'elle fe trouve
dans le territoire de Pouzzol près de Naples , en Italie» Cette poudre eil rougeâtre, & n'eil autre chofe que de la terre brute mêlée avec le tuf \ par les feux fouterreins qui fortent des montagnes aux environs defquelles on la tire. Le mortier fait avec cette poudre eil admirable pour les ouvrages de Maçonnerie , qui fe conilruifent dans l'eau , auffi bien que celui dans lequel on mêle de la terraffe de Hollande, qui eil une pierre de couleur grisâtre , qu'on trouve près du Bas-Rhin , en Allemagne, &dans les Pays-Bas. Celle-ci fe prépare comme le plâtre , & on l'écrafe enfuite pour la détremper avec de la chaux. Ce mélange fe fait en choifif- fant d'abord de la meilleure chaux non éteinte, & autant que l'on peut en employer pendant unefe- maine. On en étend un lit d'un pied d'épaiffeur dans un efpéce de baiîin, que Ton arrofe pour l'éteindre; enfuite on la couvre d'un autre lit de terraffe» auffi d'un pied d'épaiffeur. Cette préparation faite, on iaiffe repofer le tout pendant deux ou trois jours, afin de donner à la chaux le tems de s'éteindre. Après ce tems on les brouille , & on les mêle bien ehfemble avec desefpéces de rabots , & on fait un tas de ce mortier qu'on Iaiffe repofer pen«< dant deux jours : après quoi on en corroyé de nou- veau ce que l'on veut en employer dans l'efpace d'un jour ou deux, en mouillant de tems en tems ce mélange, jufqu'à ce que l'on s'apperçoive qu'il ne perd point de fa qualité (λ). |
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Tome Κ» jsj
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ï94 G ο υ È s
Article V.
De la Cendrée de Tournay.
Ο Ν attribue à la chaux de Tournay une fiipé»
ïiorité fur toutes les autres, pour faire d'excel- lent mortier. La pierre avec laquelle on la fabri- que eft extrêmement dure , de couleur bleuâtre, & une efpéce de marbre bâtard, que l'on tire des carrières iîtuées fur le bord de TEfcaut. Sa cuiffon s'opère avec du charbon de terre ou de la houille. il eft d'ufage de la mélanger, foit avec du fable pour les ouvrages ordinaires, foit avec du ciment ou de la terraffe de Hollande pour les ouvrages dans l'eau. Mais ce dont on fait un cas tout particulier èft la cendre qui fe trouve au fond du fourneau après fa cuiffon , connue fous le nom de cendrée de Tournay , & qui n'eft autre chofe qu'un compofé de cendres de charbon de terre, mêlées de parti- cules de chaux divifées par l'a&ion du feu. Ses effets font merveilleux pour lier les pierres indiffo- lublement, & principalement pour faire des ou- vrages impénétrables à l'eau. Le tout dépend de la fçavoir préparer convenablement > & voici com- ment cela s'opère. La cendrée ayant été voiturée au bâtiment dans
des facs, on commence par en former un petit tas d'environ un pied cube , au milieu duquel on fait un baffin où l'on met un peu d'eau, non-feulement afin d'éteindre cette cendrée , mais encore pour aider à fondre les petits grumeleaux de pierre à chaux qui s'y trouvent : cela étant fait, on laiffe écouler l'eau qui eft de trop, & on éteint un autre |
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D* A R C ti Ι Τ É C Τ V R Ë. I95
tas de la même maniere que l'on ajouté au pre-
mier; enfin Ton répète cette opération jufqu'à ce que l'on en ait la quantité dont on prévoit avoir be- soin. On peut garder cette cendrée ainii préparée à couvert dans des magaiins , tant que l'on veut. Quelque tems avant de sen. fervir , ou à mefure qu'on en a beibin, on prend des parties de ce tas; on en met environ trois pelletées dans une efpéce d'auge de grais ou de pierre bien dure , reereufée de 14 ou 15 pouces quarrés fur 9 pouces de pro- fondeur. Là on la bat à l'aide d'un long pilon de fer ou de bois armé de fer, fufpendu au-deffus au bout d'une perche fixée dans un mur , pour aider l'Ouvrier par fon reffort. Celui-ci, en pilant, n'a foin que de raffembler de tems en tems , avec une petite pelle, le mortier vers le milieu de l'auge·^ Après avoir battu cette portion de cendrée pen- dant un bon quart d'heure, de maniere à faire une efpéce de pâte ou de bouillie liquide , il la retire de l'auge, & en fait un tas : il prend enfuite trois autres pelletées de cendrée éteinte pour les battre femblablement ; après quoi il les joint au premier tas, & il continue fucceffivement jufqu'à ce qu'il ait pilé ainfi par petites parties , toute la cendrée que l'on a defTein d'employer. L'Ouvrier ayant laiffé repofer en tas, pendant
trois ou quatre jours, la cendrée qu'il a battu , re- commence à la battre dans l'auge comme pré- cédemment , & répète la même opération jufqu'à fept ou huit fois différentes , en obfervant de laiffer quelques jours d'intervalle entre les reprifes. Plus la cendrée eit battue de fois , plus elle paffe pour faire de bon ouvrage. Il eft à obferver que quoique le tas de cendrée
paroiffe fe durcir après avoir été éteint, fur-tout Nij
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I9& Cours
à fa fuperflcie, au point d'obliger de la rompr#
avec une hache ; cependant loffqu on veut rem- ployer & la piler , il n'eil preique pas befoin d'y ajouter de nouvelle eau pour l'amollir , attendu que celle qu'on y a introduite en premier lieu* y eil reliée comme concentrée. On pourroit garder la cendrée tant qu'on vou~
droit, en la rebattant de tems à autre pour lui conferver fa qualité, & l'empêcher de devenir une maffe trop dure & intraitable ; mais comme ce mortier deviendroit par cette main-d'œuvre extrê- mement cher, on fe contente d'ordinaire de le préparer quelque tems avant de l'employer. On ne fe fert pas de cette cendrée indifférem-
ment pour toutes fortes d'ouvrages, parce qu'elle fie laiffe pas d'être couteufe, mais feulement pour opérer les parties principales d'un édifice , telles que les tambours des colonnes , les joints des pierres des murs de face , ou des trumeaux de peu de largeur que l'on deiire qui réiiftent, comme s'ils étoient tout d'une pièce. Il eft aifé avec cette cendrée de faire toutes fortes d'enduits 6k de ftucs : en peu de tems elle devient dure comme du mâche- fer , & donne aux pierres une inhérence parfaite même dans l'eau. On y mêle du ciment ou de la terraife de Hollande pour la faire foifonner ; mais ei\ l'employant feule , l'ouvrage n'en vaut que mieux : fouvent encore on y mêle par économie, en battant la cendrée pour la premiere fois , un tiers de cendre de charbon de terre paiTée au tamis, & que l'on acheté en Flandres dans les BraiTeries, ce qui fait un aifez bon ferviçe, pourvu qu'on n'épargne pas les battues. |
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e» 'Architecture, 197
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Article V h
JDu nouveau Mortier, découvert par M. Loriot,
En comparant la dureté des mortiers aes Edi-
fices antiques , qui feniblcnt ne faire qu'un tout indiiToluble avec les pierres, & le peu de conii- ilance des mortiers des bâtiments modernes ,: qui fe réduifefit au contraire en poudre avec la plus grande facilité lors de leur démolition, on a de tout rems foupçonné que les Anciens employoient d'autres procédés que les nôtres dans leur manipu- lation. En vain Vitruve & Pline nous apprennent- ils que c étoit le choix des pierres calcaires , la jufte proportion de la chaux & du fable, & l'at- tention des Ouvriers à les bien corroyer , qui opéroient la bonté des anciens mortiers, on n'ob- tient guère en fuivant fcrupuleufement ces règles „ que des mortiers un peu meilleurs que de cou- tume , mais qui ne parviennent prefqne jamais à égaler la dureté & ténacité de ceux des m-onu·*· ments antiques. A combien d'autres inconvénients· nos mortiers ne font-ils pas en outre fujets : ils ont coutume de fe gerfer en féchant,ce qui em- pêche d'en faire de bans enduits : ils font très- iong-tems à faire corps ? ce qui oblige de laitier les.. voûtes fur les cintres jufqua ce qu'ils ayent acquis- quelque confiftance : ils ont encore le défava-ntage de fe retirer en féchant, & de laiiTer des vuides dans leur intérieur, après l'évaporation de l'hu- midité : & enfin ils ne font que rarement impéné- trables à l'eau. Ces obfervations ayant engagé M^ Loriot à 1m
Ν HJ.
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iç£ Cours
recherche de quelque préparation plus efficace t
& plus capable de donner à nos mortiers la foîi- dité qui leur manque, il crut s'appercevoir , après plufieiirs tentatives, que l'intermède de la chaux vive en poudre dans le mortier de chaux & fable , ou de chaux & ciment, pouvoit être un puiiïant moyen pour obtenir tous les avantages defirés. Pour cet effet, il prit de la chaux éteinte depuis
long-tems dans une fbife bien couverte s & en fît deux lots qu'il gâcha avec attention. Le premier lot fut mis fans aucun mélange , dans un vafe de terre verniffée, & expofé à l'ombre à une déification naturelle : à mefure que l'évaporation de l'humidité fe fit, la matière fe gerfa en tous fens , fe détacha des parois du vafe & tomba en mille morceaux fans coniiftance. Dans un fécond lot, qui avoit été placé auffi dans un pareil vafe, M. Loriot ne fit .qu'ajouter un tiers de chaux vive , mife en poudre & bien gâchée avec la chaux éteinte pour'opérer un exaél mélange. Pendant l'opération ce mélange s'échauffa , & acquit dans l'efpace de quelques minutes une confiftance pareille à celle du meil- leur plâtre à propos détrempé & employé ; & lors que fa deffication fut abfolue, elle préfenta une maffe compare , -fans gerfures » & tellement adhé- rente aux parois du vafe, qu'il fut impoffibÎe de l'en tirer fans le brifer. Ce Méchanicien ayant pouffé fes expériences plus avant , fit enfuite avec ce mélange des vaiffeaux qu'il remplit d'eau, la- quelle n'éprouva , en y féjournant, d'autre diminu- tion que par l'évaporation. Après nombre d'effais femblables, & toujours répétés avec iuccès ? il çonclud qu'en mêlant une certaine quantité de poudre de chaux vive dans le mortier ordinaire * |
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d'Architecture. ip^
fok de chaux & de fable , foit de chaux & de
ciment, il pourroit acquérir une dureté confidéra* foie ; qu'il iëcheroit promptement ; qu'il ièroit pof- iible de l'employer aux mêmes ufages que le plâtre & avec la même facilité , fans néanmoins avoir aucun de fes inconvénients ; & qu'enfin il feroiî poffibîe d'en faire de bons enduits , incapables d'être pénétrés par l'eau au fond & aux pourtours des bafîins. Comme ce mortier nous paroît devoir mériter
l'attention des Conftru&eurs, nous croyons qu'on nous fçaura gré de développer particulièrement fa préparation, & d'entrer dans tous les détails de fa main-d'œuvre , pour mettre chacun en état d'en faire ufage dans l'occaiion. De la préparation & de l'emploi de ce Mortier.
Toute la différence entre ce mortier & le mor-
tier ufité , coniifle à ajouter dans le dernier une certaine portion de chaux vive nouvellement cuite & réduite en poudre. Ainii l'eifentiel eil, non-feu- lement de fçavoir au juile la quantité proportion- nelle de chaux nouvelle qu'il convient, fuivant ion degré de force,. de faire entrer dans le mor- tier ordinaire, mais encore de connoître comment fe doit faire cette addition. Nous avons dit que, pour obtenir de bon mor-
tier fuivant le procédé ordinaire, il falloit allier à, peu près les f » foit de bon fable de rivière, foit de bon ciment, compofé de tuiles concafTées & bien cuites, avec un tiers de chaux de bonne qualité%, convenablement éteinte, & corroyer le tout en- femble avec le moins d'eau poffibîe, de façon à opérer un parfait mélange. En partant de cette· Ν iv
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200 Cours
opération bien connue, voici ce qu'il convient â?ch
jouter pour çompofer le mortieren queilion ; il faut fe procurer delà pierre à chaux nouvellement cuite, & fur-tout très-bien cuite ; c'eit une attention im- portante à faire en pareil cas, vu que les Chau- fourniers , pour épargner le bois , négligent fou- vent de la faire cuire affez. AÎÏiiré de la nouveauté & de la bonté de la chaux , on fait piler ou écrafer fiicceflivement la pierre à chaux fur les dalles ou le pavé dun magafin deiliné pour cet objet, avec des pilons de bois faits en cône d'environ trois pieds de longueur, & garnis d'une plaque de fer par le gros bout qui a 3 ou 4 pouces de diamètre· Après en avoir réduit une certaine quantité en poudre , comme il fe trouve mêlé parmi cette poudre nombre de pierrailles étrangères à la chaux, ou qui n'ont point été éerafées, on en fait la fé- paration, en mettant le tout dans un bluteau, que, Ton mçut avec une manivelle : on recueille la pou- dre tombée fous le bluteau dans une boîte ; enfin l'on rejette ce qui n'a pu pafler, pour être éteint avec la chaux du mortier ordinaire. Quand on a réduit à peu près la quantité de-
chaux en poudre, dont on prévoit avoir beio'm pour quelques jours , il ne s'agit que d'en mettre iuccefïïvement une portion déterminée dans cha- que augée de mortier ordinaire. Il eil à remarquer que l'auge dont on fe fert communément dans ces fortes d'ouvrages eil plus grande que celle ulîtée, & pourroit contenir à peu près deux pieds cubes de mortier ; mais qu'on fe contente d'en mettre environ un pied cube & ^, afin d'y laifTer de la place pour le corroyer de nouveau ; ce qui fe fait avec des efpéces de truelles qui ont des manches; de 4 ou f pieds de longueur. Toutes les particules |
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d'Architecture. 201
de ciment ou de fable, fuivant la nature du mor-
tier , ayant été jugées bien imprégnées de chaux, on jette de l'eau dans ce mortier pour le rendre un peu plus liquide qu'il ne le faudrait fuivant la préparation ufitée : cela étant fait , il n'eft plus queftion que d'y introduire la portion de chaux, vive ; & voici comme fe fait cette opération. On prend une mefure ronde de 6 pouces de diamètre fur 6 pouces de hauteur, laquelle contient à peu près la 5 e partie de la quantité de mortier ordi- naire , mife précédemment dans l'auge : on rem- plit cette mefure de chaux vive en poudre, que l'on verfe fur lafuperücie de l'augée de mortier, en obfervant de la bien mêler à l'aide des truelles à longs manches, afin qu'elle fe répande ou qu'elle pénétre également dans toute fa maffe. Ce mé- lange ayant été fait avec foin , il faut fe hâter de le mettre en œuvre , pour prévenir faclion de la chaux vive que Ton y a incorporée , & qui ne doit avoir lieu qu'après fon emploi. Suppofons, par exemple , qu'il s'agiiTe d'opérer
un baifîn avec le Mortier-Loriot-.après avoir fait les excavations des terres néceiTaires , on com- mencera , comme de coutume ? par conitruire fes bords en moiions maçonnés fuivant l'art, avec le nouveau mortier de chaux & ciment. Après quoi pour faire fon plafond , on étendra une aire dudît mortier de 2 à 3 pouces d'épaifTeur , directement, fur la terre que l'on aura eu foin de bien battre pour l'affermir , après l'avoir arrofé : on intro- duira , ou enfoncera enfuite dans cette aire du. inoilon dur, de la Meulière, ou d'autres pierres jointivement, & de maniere à faire refluer le mortier entre leurs joints , ce qui formera une efpéce de maflîf de 6 ou 7 pouces d'épaifTeur à peu; |
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102 Cours
près de niveau par deffus: enfin pour dernière ope-*
ration, on fera une chape ou un enduit fur tout le pourtour intérieur des murs de ce baffin, & fur fon plafond, conMant en une aire de mortier comme ci-devant, mais auquel on donnera feule- ment un pouce d'épaiifeur. Cette chape ne fe fait que par parties , & fucceffivement par bandes 9 comme ii l'on pofoit des tables de plomb, fuivant leur longueur, en embraffant la traversée du baflin. L'Ouvrier fe fert pour cette opération d'une truelle de forme triangulaire, & emmanchée à l'ordinaire, à l'aide de laquelle il étend Faire , en la condenfant fuivant l'art, & il finit par unir le plus qu'il peut fa fuperfîcie. Une bande étant faite, il en recom- mence une autre voiûne, en apportant un grand "foin à la relier avec la précédente, afin qu'il ne paroiße aucune marque de réunion. Quelques minutes après que le mortier a été employé, ou qu'un enduit a été terminé, on s'apperçok que la chaux vive qui y a été introduite fermente ; qu'il fe fait une eiFervefcence dans toutes les parties * qu'il s'en exhale des vapeurs humides qui mouil·* lent le linge , & qu'enfin l'enduit s'échauffe au point d'y pouvoir à peine foufFrir la main. C'efk cette fermentation modérée avec art, ni trop lente ni trop précipitée , qui fait tout le fuccès de la composition de ce nouveau mortier. Les terraffes font encore moins difficiles à faire
que les baiîins ; il ne s'agit que de maçonner les reins de la voûte où l'on veut l'arTeoir avec du mortier, & d'y étendre enfuite une aire bien en- duite avec les mêmes attentions que ci-devant » lequel enduit difpenfera de carrelage, de dalles de pierres, de tables de plomb, & n'en fera pas pour cek moins impénétrable à l'eau* |
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d'Architecture* îo$
, On a fait depuis peu des terraffes fur une partie
des bâtiments du Château de Vincerines , fuivant ce procédé. Elles étoient couvertes précédera* ment de dalles , que Ton a lupprime, & a la place desquelles on a mis un enduit d'un pouce de Mor- tier-Loriot, ïl n'y a eu que quelque changement dans le mélange du mortier ordinaire , fçayoir / qu'au lieu de f de ciment, on y a introduit par égale portion, une partie de ciment, une partie de mâchefer, & une partie de terre franche cal- cinée au four, ainfi qu'il a été expliqué ci-devant à l'article du fable. A combien d'autres travaux ce mortier ne fe-
roit-il pas propre ? On réunirait vraifemblable- ment à en compofer des pierres faâices, capables de remplacer celles qui manquent, foit dans les murs, foit dans les voûtes. Il ne s'agiroit pour cet eifet que detailler les pierres adjacentes, ou les cô- tés du vuide en queftion en queue d'aronde, & que de remplir enfuite ce vuide de Maçonnerie faite avec du Mortier-Loriot ; & quand ce viendrait vers la fuperficie, on feroit un enduit d'un pouce, dans lequel on mêleroit, au lieu de fable , de la pierre pulvérifée, de la même qualité que celle de la voûte ou du „mur ; le tout pour donner, au dehors de cette pierre factice, le même coup-d'ceil qu'aux autres pierres du bâtiment, avec lesquelles il faudrait s'accorder. Quel parti n'en tiréroit-on pas encore, foit pour
fuppléer aux .filets en .plâtre des couvertures de tuile, qu'il faut fi fouvent renouveîler, foit pour, maçonner les foifes d'aifance dont il eifc fi difficile de contenir les urines, foit pour empêcher la ruine des voûtes fouterreines, à l'exemple de ce qui vient d'être pratiqué avec tant de fugcès à l'Oran- |
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gerie de Verfailles. Sagiroit-il d'arrêter une fource»
ou de la détourner d'un endroit où elle coule ? Il n'y auroit qu'à enfoncer cjans lbn paffage une boule ou un tampon de Mortier-Loriot ; en un mot, ii pourrok être propre à mouler des vafes, des figures, & toutes fortes d'ornements faits pour être expofés aux injures de l'air. Ce qu'il faut principalement obierver pour fa réuifite, c'eft de ne l'employer que depuis le commencement de Mai jufqu'à la mi-Oftcbre : car le tems des gelées lui eil préjudiciable j & ii l'on fe trouvoit obligé de s'en fervir dans l'arriére faifon, il feroit à propos de couvrir les travaux ' de terre , de paillaifons, ou même dans le cas d'une terraffe ou d'un baiïin, d'étendre en outre fur fon enduit une couche d'huile de noix mêlée avec un peu de couleur quelconque : ce n'eft pas que cette précaution foit abfolument eiïentiellé, mais elle ne peut que contribuer à affurer en toutes circonitances la bonté de l'ouvrage, en bouchant entièrement les pores de l'enduit. Malgré ce que nous avons dit précédemment,
on ne fçauroit cependant affigner bien précifé- ment le 5 e du mortier ordinaire déjà mis dans l'auge pour la proportion de chaux vive qu'il eil a propos d'ajouter ι parce que cette proportion doit dépendre de la qualité delà chaux que l'on fait différer fuivant celle de la pierre employée à fa fabrication ,& qui a auffî d'autant plus de force qu'elle eil nouvellement cuite. Il y a un égal m.4 convénient à mettre trop de chaux vive, comme de n'en pas mettre aiTez ; ce qu'il y a de certain % c'eft qu'il eil à propos d'en augmenter progreiîi- vement la doie , & que plus elle eil ancienne % plus il en faut. Dans les travaux dont nous avons. |
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d'Architecture.' iof
'été témoins '„ & même dont nous avons fait des
eflais en ce genre, le lendemain ou le iur-lende-r main que la chaux avoit été cuite, on n'y mettent que la mefure ronde dont il a été queftion plus , haut, de 6 pouces de diamètre fur 6 pouces de hauteur : le jour fuivant on y mettoit une mefure & un quart; le quatrième & le cinquième jour, on y mettoit jufquà une mefure & "demie.^ On fe régloit à cet égard, non-feulement fur l'efpace de tems qui s'étoit écoulé depuis que cette chaux avoit été mife dans l'auge jufquà ia fermentation, lequel eft aifé à conilater par le toucher. ■;; ; Remarquoit-on qu'elle fe faifoit trop précipi- tamment ? on mettoit moins de chaux vive Re- marquoit-on quelle fe faifoit plus tard que de coutumet on en augmentent la dofe : ainfi comme. l'on voit, cette addition ne fçauroit être uni- forme : reffentiei eil de commencer par éprouver la chaux d'un Canton avant de compofer ce mor- tier , afin de connoître la quantité de chaux Vive qu'il convient d'y introduire. On verra par ces eifais , qu'en admettant plus de chaux vive qu'il n'eft nécefîaire , fa fermentation devenant trop brufque & trop précipitée, outre que ΓΟιι- Vrier n'a pas le tems d'employer ce mortier , il fe fait une déification abfolue dans fon intérieur qui diflout toutes les parties, & que févaporation de fon humidité devenant trop confiderable , il ne refte plus aifez de gluten pour les unir ; de forte que le mortier fe trouvant ainfi dénué de toute confiftance , tombe alors néceifairement en pouffiere.
On sappercevra au contraire , que quand on.
n'y admet pas aifez de chaux viye , ou que quand la chaux vive eft ancienne à un certain point ? |
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âo6 Cours
l'effet en eu. très-lent : à peine ient-on quelque
chaleur du tems après qu'elle a été employée; d'où il refaite que l'humidité du mortier y refte con centrée ; qu'il s'y forme par la fuite des crevaffes » des gerfures, & qu'en un mot ce mortier recelle fous les inconvénients du mortier ordinaire. Il a été fait il y a quelque tems des baflïns aux
Portes de Paris avec ce mortier, où Ton a échoué, pour n'avoir pas fait affez d'attention à la nou*- veauté de la chaux vive ; on a recommencé de- puis cet ouvrage avec les précautions convenar bles , & l'on a réulîi : ce qui prouve combien il eit effentiel de fe munir de chaux nouvelle, & qu'il ne faut pas y être moins attentif qu'à fa dofe : ces deux chofes une fois reconnues , l'emploi de ce mortier n'eft plus qu'une routine pour les Ou- vriers. Au furplus, ce que nous avançons fur la bonté
de ce mortier, n'eli pas fondé fur de iimples con- jectures , mais fur des ouvrages nombreux exécutés avec fuecès , foit à Menards, foit aux Châteaux de Verfailles & de Vincennes > foit à Paris (a) & dans {es environs. Si l'on a fait ailleurs quelques eifais qui n'ont pas également réuiîi, on n'en peut conclure autre chofe, iinon que les mal-adroits ou les gens mal inftruits décréditent quelquefois les meilleures inventions : car la bonté & l'effica- cité de ce mortier font démonftratives : elles font une fuite néceffaire & immuable de fa conititu- tion. La chaux vive que l'on y ajoute lui donne une activité pour lier les pierres que ne fçauroit avoir le mortier ordinaire , où l'on employé que |
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(a) On vient tout récemment de refaire la grande terrafle
su Bâtiment de. l'Obfervatoire avec ce Mortier. |
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D * A R C H I Τ Ε C ΐ U R E. ÎO7
deïa chaux tout à fait noyée : en-échauffant-au.'
même initaat tout fon intérieur, elle force nécef- fairement l'humidité fiiperflue de fortir à la fois de toutes fes parties j elle opère une efpéce de cuiffon générale qui les unit, les refferre , les condenfe , les fixe , & empêche qu'il n'y refte aucun vuide j tellement qu'il n'y a plus à craindre ni lézardes, ni gerfures, & que i'aâion du foleil 9 fi préjudiciable aux autres mortiers , ne fçauroit plus déformais produire d'autre effet fur fa maffe -totale, que de la durcir encore davantage (a). |
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{a) M. de Morveau a fait voir, dans un Mémoire inféré
dans le Journal intitulé , Obfervations fur la Phyßque 6' i'Hz~ fioire Naturelle , par M. Γ Abbé Rozier , Novembre 1774, qu'il étoit poflîble de remplacer la pulvérifation & le blutage de la chaux vive, deux opérations qui paroirTent difpendkufes par un procédé plus économique. Ce procédé confiite à Ce pourvoir de la* quantité de chaux "dont on prévoir avoir befoin en l'état de chaux vive j à étendre cette chaux fur le pavé dans un lieu couvert, pour la biffer éteindre à l'air libre, ce qui s'opère de foi-même , à ce qu'on prétend, en trois femaines environ. Or , comme la chaux éteinte fe réduit naturellement en pouffiere * il ne s'agit, fuivant lui, que de recalciner enfuite cette chaux en pouffiere dans un four fait exprès, Se qui puifle fournir à plu- iieurs Ouvriers , à mefure qu'ils en auront befoin , pour mêler dans fe mortier ordinaire; de forte que par ce moyen il ne fera pas néceiTaire de pulvérifer particulièrement la chaux vive. Mais» attendu que M. de Morveaune cite aucune épreuve autentique de cet expédient, & qu'il ne paroît pas vraif emblable que de la chaux en poudre recalcinée unexfeconde fois, ait autant de^ertu que la premiere , & que d'ailleurs la conftruction de ces fortes de four ne laiiferoit pas de coûter, nous, croyons que, malgré la fujétion de pulvérifer la pierre à chaux, fuivant la méthode 4e M. Loriot, il fera toujours plus sûr de s'y tenir. |
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1θ8 C O URS
C H AP Ι Τ R E VI.
De l'Excav'atι on des Terres,
et de leurs τ ran sp o rts. Χι A fouille des terres & leurs tranfports, Îortttou-
|ours un objet très-confidérable dans la conftru- <ftion d'un édifice. Rien ne demande plus d'attention* & faute d'avoir l'expérience nécefîaire à ce fujet, on multiplie fouvent ces opérations fans s'en ap- percevoir, & l'on augmente coniidérablement les dépenfes des excavations des terres : ici, parce qu'on eft obligé de rapporter des terres par dô trop longs circuits , pour n'en avoir pas aflez amaffé avant d'élever dès murs de maçonnerie ou de terraffe :là , parce jqu'il s'en trouve une trop grande quantité , qu'on' eft obligé de tranfporteff ailleurs , quelquefois même auprès de l'endroit d'où on les avoit tiré ; de maniere que ces terres, au lieu de n'avoir été remuées qu'une fois, le font deux, trois & quelquefois plus ; ce qui double ou I' triple fouvent les frais, J\ Ceux qui méprifent la Pratique, donnent pour
excufe que cette partie du bâtiment eft tout-à-fait du reffort de entrepreneur ·9 néanmoins il faut convenir que fi un Architecte vouloit entrer dans ce détail, il en réfulteroit deux avantages : le pre- mier , d'empêcher de faire beaucoup plus d'ou- vrage qu'il n'en eft befoin; le fécond , que s'il fe trouvoit obligé de bâtir, dans un lieu où il n'y eut pas d'Entrepreneur habile dans cette partie , il . feroit
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fc' ArCîïîïë Cf ü &%. 209
féroît en £tat de donner fes confeils pour Conduire
les Ouvriers. D'ailleurs il arrive quelquefois que , par économie ou autrement, l'Architecte eil chargé perfonnellement de toute la bâtifle ; alors il faut qu'il foit inilruit de la maniéré d'opérer ces fouilles fans faire de double emploi. Encore un coup , c'eil clans le tranfport des terres que l'intelligence eit néceiTaire pour obvier à toutes les difficultés qui fe rencontrent en pareille occafion ;& le moyen le plus sur pour ménager la dépenfe, eil de tranf- porter les terres le plus près qu'il fera poiïîble, ces travaux étant toujours fort longs & très-dift pendieux. La maniere la plus ordinaire pour tranfportetf
les terres , lorfqu'il y a loin , & que ce font des édifices bâtis dans une Vilie , eft de les faire voiturer dans un tombereau, ou du moins dans un camion* qui contient 11 à i.z pieds cubes de terre, ce qui eft plus prompt & moins coûteux, que li l'on fe fervoit île dix ou douze hommes avec des hottes , qui ne portent guère qu'un pied cube chacun , oit de douze hommes avec des brouettes ou banaux, &c. La différente iituation des lieux, là rareté des
Ouvriers , ou le prix des ouvrages , doivent décider de la maniere de tranfporter les terres ; car il eil certain , par exemple , que lorfque Ton bâtit fur une demi côte , les tombereaux ne peuvent être mis en ufage > à moins de former des chemins en zigzag, qui adouciiTenr les pentes _, ce qui fe pratique dans les ouvrages d'une certaine importance. Il eft encore effentiei d'obferver dans ces occaiions, de payer les Ouvriers préférable- mènt à la toife , tant pour éviter les détails embar- raiTants, que parce qu'ils vont beaucoup plus vite; autrement les Ouvriers , sûrs de leur gain, font .tome Κ ' Ο
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210 CO URS
pareffeiix, & font traîner les ouvrages ert lon-
gueur ; de forte que les fouillés qui doivent pré- céder la conitru&ion , ne fe trouvant pas faites dans le tems où les faifons permettent de mettre la main à l'œuvre, la bâtiiTe en eil retardée > & on fe trouve dnns l'hiver avant d'avoir pu fortir les fondements hors de terre ; en un mot, la qualité du terrein que l'on fouille , Féloignement du tranf- port des terres ,ia vigilance des Infpe&eurs fur les Ouvriers qui y font employés , la connoiffance du prix des journées , la provifion fuffifante d'outils néceffaires , leur entretien, les relais, la faifon où l'on fait ces fortes d'ouvrages, font autant de confidérations qui exigent pie in- telligence confommée dans cette partie de la conf- truclion , & qui peuvent feules déterminer le prix d'un bâtiment, & le tems qu'il faudra pour mettre ces fouilles en état de recevoir les fondements qu'on a réfolu de faire, fuivant l'importance de l'édifice. 11 faut prévoir deux inconvénients qui arrivent
ordinairement , quand on néglige de fe rendre compte des différentes parties dont on vient de parler, & que dans l'idée d'aller plus vite & de fauver le coût des excavations d'un bâtiment, on commence par fouiller une partie du terrein fur laquelle on fe met d'abord à fonder. Le premier eil que TAttelier fe trouve furchargé d'Ouvriers & d'équipages de différentes fortes, qui demandent chacun un ordre particulier ; que d'ailleurs , ces Ouvriers quelquefois en grand nombre appartenant à plufieurs Entrepreneurs dont les intérêts font différents, s'embarraûent les uns les autres ; ce qui nuit également à l'acçélé-, cation de la fouille des terres. Le fécond incon- ' ' ' ' ' .*"',(.·., "" · ' '; V.' "
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D'An e H lÎBCTURL' %ll
Venient, eil que les tranchées n'étant pas faites
de fuite, & les murs -étant conftruits en des tems & des faifons différentes , il arrive que toutes les parties d'un bâtiment, qui devroient être élevées enfembîe pour taffer à la fois , ayant au contraire été bâties à diverfes reprifes , s'affaiifent inégalement , ..·& engendrent des furplombs-,'des lézardes$ &c, ainii qu'on en remarque dans la plu- part des édifices même les plus importants , où l'on a préféré la diligence à la iolidité. Sous le nom d'excavation, on ne comprend pas
feulement la fouille des fondations d'un bâtiment jufques fur le bon fond5 l'on entend auffi celle qu'il convient de faire pour unir, drefier & applanir les terreins des avant-cours, des cours & des baiTes-cours , auffi bien que les terraifes & les jardins des maifons de plaifance, ou de celles que. l'on fait bâtir à la Ville ; car il n'eit guère pof- iible qu'un terrein que l'on choiiit, n*ait des inéga- lités qu'il ne faille redrefTer, pour en rendre Fufage plus commode ou plus agréable ; 'alors il faut ou le mettre tout de niveau , ou le dreiTer feulement fuivant fa pente naturelle. Dans le dernier cas, on {q, contente de rafer les buttes, & de remplir les cavités; dans le premier, il faut fe fervir d'un infiniment appelle niveau d'eau , qui facilite le moyen de dreiTer fa furfa.ce avec tant de précirion,, qu'il ne reile aucune pente dans toute fou étendue,, Nous n'entrerons point ici dans la pratique de cette opération ; on la trouvera dans tous les Au- teurs qui ont écrit fur la Géométrie Pratique ; nous remarquerons feulement que lorfquil s'agira d'un ouvrage de quelque importance , où l'on aura beaucoup de terres à rapporter, pour s'aifurer de la fidélité des Entrepreneurs ? on doit les obligée Oij
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.4 tl Cours
à laiiïer des témoins fur le tas , jufqu'à ce que les tr&*
Vaux foient entièrement finis, Ces témoins font des mottes de terre delà hauteur du terrein qu'on laiffe de diilance à autre, pour pouvoir toifer, après le déblais ou remblais, les vuidanges ou furcharges ûes terres * qu'il aura fallu enlever ou rapporter fuivant l'occafion , leiquelles font payées à la toife cube , contenant 216 pieds , & plus ou moins cher , félon que ces fouilles font, foit de terre franche-, foit de gravier ou de fable, foit de tuf ou de roc. Toute terre où Ton n'a be- foin que du louchet ou bêche pour l'enlever, eil eilimée terre franche (λ), ou ordinaire; celle où il fuffit de la pioche & du pic, eil regardée comme fable ; & celle où il faut fe fervir de mine , de coin , de maffe & d'éguille , eil coniidérée comme roc. |
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(a) On diftingue deux efpéces de terre franche , l'une qu'on
appelle terre hors d'eau , qui eil celle qui peut s'enlever à Ctc , &c Te tranfporter fans difficulté:l'autre qu'on appelle terre dans l'eau, dont le mtnfport coûte beaucoup, tant à caufe des peines que l'on a de détourner les fources, qu'à caufe des épuifemeuts qu'on eft obligé de faire. |
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^'Architecture 213
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CHAPITRE VIL
De LA M AN Ι Ε RE ΏΕ PLANTER
U Ν Β AST IM EN T. v Jl/expéiuence & la* connoifiance de la Géo-
métrie font également néceflaires pour cet objet ; c'eit. fur-tout par le moyen de cette dernière que Ton peut tracer avec exactitude fur le terrein les tranchées des fondations d'un bâtiment , qu'on aura foin de placer d'allignement aux principaux points de vue qui doivent en embellir l'afpe£t> obfervation fi néceifaire & li eÎTentielle , qu'il y a des occafions où il vaudrait peut - être mieux négliger l'expofition , pour préférer l'alli- gnement direcl des principales iffues, à l'obliquité^ de la iituation du bâtiment. L'art de cotter les deiîins eil d'une grande
utilité, pour bien diriger la .plantation d'un bâti- ment : deux chofes y font également néceifaires* l'une que les parties s'accordent avec les mefures générales, de maniere qu'elles fe fervent conti- nuellement de preuves & de contre-preuves ; l'autre d'éviter la confuiion. On doit exprimer avec exactitude l'ouverture des angles principaux de l'édifice , & cotter la poiition & les points de diitance des centres des figures circulaires. Il faut donner d'abord des deiîins au trait, où l'on fup- primera toutes les faillies qui doivent n'être ap- parentes qu'au deiTus des fondements , ayant foira néanmoins d'exprimer les empattements nécef- |
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ατ4 Cours
faires pour recevoir les retours des corps faillants
où rentrants , ou tout autre corps qtii peut contri- buer à la décoration , ou à la diilribution intérieure ou extérieure. Il faut être muni, pour tracer un plan fur le terrein, de piquets, de jallons, de cor- deaux , d'une toife , d'une double toile , d'une grande équerre & d'un graphomètre "ou quart de cercle, pour déterminer les angles. Avant de planter un bâtiment, il faut avoir bien
drefle le terrein de niveau, ou fuivant une pente donnée à l'aide du nivellement} laquelle pente on doit avoir marqué par des repaires , ou avec des piquets coupés & arafés à la même-hauteur. Après cela, la premiere opération confifte à former un trait quarré fur le terrein, ou à tracer avec des cordeaux fur le milieu du terrein deux lignes réci- proquement perpendiculaires, ou qui fe coupent à angles droits ; ce qui eil extrêmement aifé à faire: alors on partira de ces deux lignes comme bafes, pour tirer autant de paralleles & de perpendicu- laires qu'il faudra pour tracer les différents alligné- ments du bâtiment, & déterminer tous fes angles & retours tant en dedans qu'en dehors. Après que les allignements des fondations auront été tracés fur le terrein, il conviendra de recommencer une féconde fois les mêmes opérations, pour fervir de preuves ou de vérifications aux premières , & s'affurer de ne s'être pas trompé : car c'eft de cette opération pré- liminaire que dépend tout le fueçès de la planta- tion d'un bâtiment. Cela étant fait, on enfoncera des ^pièces de bois bien équarries affez avant dans la terre, & à quelque diitance des murs de face, pour faciliter les opérations & la main-d'œuvre. Ces pièces de bois ferviront à recevoir des cor- deaux à demeure bien tendus , pour marquer |
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d'Architecture.' ai?
les épaiffeurs des murs, & même la hauteur des
afîifes à mefure qu'on les élèvera fucceiïiverrïent. Les lignes étant tendues de la largeur des em- pattements marqués fur les plans , on fera alors l'ouverture des terres de la grandeur néceffaire » de maniere que les tranchées n'ayent guère plus que répaifleur des murs ; & pour empêcher les terres de s'ébouler, on les entretiendra par des étréiillons & des doffes pendant la conftru&ionu Les fondements étant arrivés à la hauteur conve- nable pour recevoir les murs hors de terre 5 on doit apporter la plus grande attention à pofer la premiere affife de pierre dure , en obfervant de laiffer les retraites marquées fur les plans; ainfi que nous l'expliquerons , après avoir: expofé la maniere de fonder fuivant la nature des différents terreins* ' |
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%ι6 Cours
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gffigÉ^HgfeSg
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C H A PITRE VIII.
\E 14 MANIERE Ό E F ONOER SUIVANT
LES DIFFÉRENTS TERREINS. |
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"Akt ï c l ε Ρ & ε μ ι ε r.
:^f ivJ f>es Fondements en générât
Ji$j|f f<àn4enients ('^fÄÄI.^liifesä en font véri·*
t^blement Ja b^fe : quoique cachés fous terre, e@ font eux qui portent tout ce qui s'élève au-deiTus 2 c'eit pourquoi ils exigent les plus grandes précau- tions pour en affurer la folidité. De tontes les fautes que l'on peut faire en bâtiflant, c'eft la plus■ grave y parce Qu'elle entraîne après elle le plus fou vent la ruine d'un édifice, & qu'on ne peut y yemédier fans de grandes difficultés. Avant de fonder ? il faut çonfidérer fi le terrein
eft fonde : fouvent il pak>ît bon» & ce n'eft qu'un lit de terre de trop peu d'épairXeur. Il y a des fon- dements naturels, tels que le roc, le tuf, le gros fable mêlé de terre, les terreins pierreux , lefquelt font fufiUants pour porter une grande maffe de (a) On confond fouvent fondement & fondations cependant
ces deux mots iïgnifîent deux chofès différentes. Le fondement d'une maifon eft proprement le maffif de maçonnerie qui 1^ fupporte , Sf fa fondation eft l'excavation ou la fouille $U.e. i'oft fait daAS la terre pour recevoir ce rnaiGf." |
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d'Architecture. %ïf
bâtiments ; mais il n'en eil pas ainii lorfque le terrein eil, foit un fable doux, foit delà terre-giaife, foit une terre remuée ou marécageufe, parce qu'il peut s'écarter fous le faix. Nous ferons voir par la fuite particulièrement comment on peut fe fervir de ces différents terreins, & remédier par art à ceux qui ne font pas folides. Le meilleur moyen de s'afTurer de la qualité au
terrein, & de connoître les différents lits de terre auxquels on peut s'arrêter, c'eil de faire des puits en plufieurs endroits. Bullet dit que pour fçavoîr ii le terrein afuffifamment d'épaifléur ,'& s'il n'y a pas de mauvaifes terres au-deffous, il faut avoir; une pièce de bois comme une groffe folive de 6 ou 8 pieds, & battre la terre avec le bout : fi elle réfiile au coup, (k que le fon paroifie fec & un peu clair, on peut s'affurer , fuivant lui, que le terrein eil ferme ; mais ii en frappant la terre elle rend un fon fourd, δε fans aucune réiiilance , c'eil une marque que le fond n'en vaut rien. Il eil encore facile de s'affurer de la qualité du
terrein par le moyen d'une fonde ou tarriere, qui eil une longue branche de fer , faite de façon jqu'eile rapporte en la retirant un échantillon du fond que l'on a percé. Si Ton eft obligé de fonder bien avant, on allonge la fonde par le moyen d'une ou de plufieurs branches qui s'ajuilent au bout de la premiere avec des vis à écroux. Enfin pour ne rien négliger dans cette recherche, il eil encore à propos de çonfulter les Maçons du Pays , at- tendu qu'ils comioiffent par pratique la nature du terrein. Le fond des tranchées des fondations, quel que
foit la qualité du fol, doit être mis bien de niveau * & Je milieu du mur doit répondre au milieu d@ |
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ïïÊ Cours
îa fondation , 8t être bien perpendiculaire : on .-.V.
obferve cette méthode jufqu'au faîte du bâtiment. Quand il y a des caves ou fouterreins , il faut qu'il n'y ait aucune partie de mur ou colonne qui porte à faux, que le plein porte toujours fur le plein, & jamais furie vuide; & cela afin que le bâtiment puiffe taffer bien également. Quant au dehors des murs des fondements , il eft d'ufage de les élever d'à-plomb, attendu qu'ils font accotés de toutes parts par les terres , ainii que nous lé verrons par la fuite. Pour parvenir à donner aux fondements une fo-
îidité convenable 9 il faut confidérer leur profon- deur & la hauteur des murs qui doivent s'élever defîiis,afin de régler en conféquence leur épaiffeur: car c'eil. de cette dernière que dépend tout le fuccès de la conitru&ion d'un édifice. Palladio recommande de donner d'épaiffeur
aux fondements des édifices le double des murs élevés au-deflus : Sçàmozzi veut qu'on leur donne le quart au plus & le iixieme au moins:· Philibert Delorme propofe la moitié : M. Bruant, à l'Hôtel de Belleiile , leur a donné les deux tiers , & MM. Manfard , aux Invalides & au Château de Maifons \\ leur ont donné la moitié. En général l'épaiffeur des murs de fonda- tion d'un édifice doit fe régler für leur profondeur, leur hauteur , & la qualité du terrein ; mais lof fqu'il s'agit d'une maifôn ordinaire, il fuffit de donner aux murs de fondations un quart en fus de l'épaiffeur de la première afïife des murs pris au rez-de-chauffée. La différente qualité des matériaux qu'on em-
ployé pour la conftruëtion , eil encore une confé- dération importante pour conftater l'épaiffeur des |
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s
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d'Architecture: fl9
fondements des murs de face & de refend , leur
diverfité étant auffi infinie que l'efpéce des terres fur ïefquelles on eil obligé de les affeoir , ett différente. En général ces terres fe réduiient a trois efpéces ; fçavoir celle de tuf ou roc, celle de fable, & celle de terre ordinaire. La premiereelt facile à connoître, par la réfiftance que les Ou- vriers trouvent en fouillant ; la féconde fe ^»bri- gue en deux fortes, l'une qu'on nomme table ferme & dur , fur lequel on peut fonder iolide- ment; l'autre qu'on appelle fable mouvant, dont le peu de folidité ne permet pas de rifquer de fonder deffus, fans prendre des précautions contre les accidents qui pourroient arriver : la troifieme fe divife en quatre ; fçavoir la terre ordinaire ou franche, la graffe , la glaife , & la tourbe : cette dernière ne fe trouve que dans lès lieux aquati- ques, & eft une efpéce de terre graffe , noire & bitumineufe, qui fe confume au feu après lavoir fait fécher. On en fait beaucoup d'ufage en Hol- lande ,'& dans quelques Provinces de France ou le bois eft rare. ,
Entrons dans les détails delà maniere de tonder
fuivant la nature des différents terreins. |
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Article IL
Des fondements fur le Roc.
Ρ L ANCHE LXV.
QUOIQUE les fondements fur le roc paroiffent
les plus aifés à faire , à caufe de la folidité du fond, il n'en faut pas moins pendre de grandes précau- |
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220 Ç OU R S.*
lions : & pour cet effet avant d'y fonder, il con-
vient toujours de commencer par s'affurer de fa fermeté ; ce qui fe peut faire avec le fecours d'une fonde, pour fçavoir s'iï n'y aurait pas de cavités deffous , ou quelque carrière qui, par le peu d'é- naiffeur qu'elle laifferoit au roc dans l'endroit ou ion voudroit affeoir les fondements , ne permet- trait pas d'élever deffus un poids confidérable de Maçonnerie. Alors il faudrait placer des piles & bander des arcs dans ces cavités , pour foutenir le fardeau de la conftruftion que l'on voudroit éleyer fur le roc ; afin d'éviter ce qui eil arrivé en bâtif- fautTEgiife du Vaï-de-Grace à Paris, où, lorf- Φ*'°η eut trouvé le roc, on crut y affeoir avec sûreté fes fondements ; mais leur poids fit fléchir le ciel d'une carrière , qui anciennement avoit été fouillée fous cet endroit; de force qu'on fut ohligé après coup de percer lç roc, &' d'établir par def- fous-œuvre des piliers de diilance en diÛance dans cette 'carrière, pcjur foutenir le poids de l'é- difice que l'on voit aujourd'hui. En fuppofant donc que le roc foit reconnu pour
avoir une iuiHfante épaiffeur, il faut y affeoir & y encailrer de niveau les premières aiTifes de pierre du bas d'un mur, en formant s'il eil befoin des efpéces de marches dans; le roc en montant, de maniere que le mortier puiffe les unir enfemble» | La figure Fe, Planche LXV, feif voir cette diipo-
iition. A, eil le Profil du roc : Β, le Profil du mur;, j & C, font les Reffauts pratiqués pour recevoir pat I
encailrement les premières afiiies. I
Mais fi le roç par ion eicarpement permet d'y j
adoffer le mur, alors on peut réduire Fépaiffeur j
de fa Maçonnerie , à condition de pratiquer dans
le roc des arrachements fufSfants, piqués dans- |
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D'Architecture. ut
leurs lits, pour recevoir les harpes des pierres du
mur, afin de les confolider enfemble par le moyen du mortier. La figure II repréfente cet arrange- ment. D, eil un Profil du roc :E, eil celui du mur; & F, fait voir les Harpes encailrées dans le roc. On peut affeoir, dit Bullet ( a ), un bon fonde-
ment fur le roc, quand il eil poffible de le mettre de niveau à la hauteur dont on a befoin ; ce qui n'eil pas quelquefois aifé : toujours eil-il qu'il faut faire en forte de le couper de niveau, au moins dans chaque face du mur : car ii le roc étoit de différentes hauteurs dans une façade, il efl évident qu'il fe feroit un tafîement plus coniidérable dans la partie du mur où il y auroit plus de Maçon- nerie, & moins d'afFaiffement où le roc feroit le plus haut; ce qui occaiionneroit des lézardes & des fractions au mur. C'eil pourquoi dans les endroits où il eil difficile de mettre le roc de niveau , il convient de faire la Maçonnerie des parties les plus baffes , la meilleure qu'on pourra, & de la läiffer bien fécher, afin qu'elle prenne une cori- liilance folide. Il faut fur-tout obferver dans la longueur d'une façade, de couper le roc par partie de niveau & par retraite, & de faire en forte qu'il foit un peu en pente fur le derriere dans l'épaif- feur du fondement, tellement que le pied du mur, qui eil en talut, foit pofé fur un plan qui s'oppofe à la pouffée. Lorfqu'on veut bâtir fur des rochers, dont la
furface eil très-inégale, on peut éviter la peine de les tailler en employant toutes les menues pierres qui embarraifent l'Attelier, & qui avec le mortier |
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(λ) Architeiïure Pratique, page xja.
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211 COU RS
remploient très-bien toutes les inégalités du tôt*
Cette conitfuâtion étoit très-eftimée des Anciens« M. Bélidor, dans ion Ouvrage intitulé, la Science des Ingénieurs , paroît en faire grand cas : il dit l'a- voir mife en pratique ; & que quand elle eil une fois endurcie, elle forme une maffe li folide qu'elle ne peut jamais s'affaiffer, malgré les poids inégaux dont elle peut être chargée, ou les parties de ter- rein plus ou moins folides fur lesquelles elle eil pofée. Ces fortes de fondements font appelles pierrées _, & fe font de cette maniere. Après avoir creufé le Roc G, figure III, d'en-
viron 7 à 8 pouces , on borde les allignements des deux côtés H & I, avec des cloifons de char- pente , en forte qu'elles compofent des coffres, dont les bords fupérieurs H& I, doivent être pofés le plus horifontalement qu'il eilpoiîible, & dont les bords inférieurs Κ , doivent fuivre les inégalités du Roc. On amaffe enfuite une grande quantité de menues pierres , en y mêlant li l'on veut des décombres du roc , lorfqu'ils font de bonne qualité, que l'on corroyé avec du mortier, & dont on fait pluiieurs tas. Le lendemain ou le fur-lendemain au plus, les uns le pofent immédia- tement fur le roc, & en rempliffent les coffres fans interruption dans toute leur étendue, tandis que les autres le battent également par tout avec la demoifelle à meiure que la maçonnerie s'élève, mais fur-tout dans le commencement, afin que le mortier & les pierres s'infirment plus facilement dans les finuoiités du roc. Lorfque cette maçonnerie eil fuffifamment féche, & qu'elle a déjà une certaine*fo- lidité,on détache les cloifonspour s'en fervir ailleurs. Cependant lorfqu'on eil obligé de faire dès reffauts en montant ou en defcendant, on foutient la ma- |
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-.*;/.·;■ ■*>.: 1:: ■;-■,:.s-.vr:i\
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D Architecture. 223
Çonnerie par les côtés avec d'autres Cîoifbns L;
& de cette maniere on furmontele roc jufqu'à en- viron 3 ou 4 pieds de hauteur félon le befoin ; ênfuite on poi'e d'autres fondements par affifes égales , fur lefquels on élevé des murs à l'or- dinaire. Lorfque le Roc Ρ eil fort efcarpé, figure IV,
pour éviter les remblais derriere les fondements M, on fe contente quelquefois d'établir une feule cloi- Γ011 fur le devant Ν , pour foutenir la Maçon- nerie Ο , & on remplit enfuite cet intervalle, de pierrée comme auparavant. La hauteur des fondements étant établie , &
arrafée convenablement dans toute l'étendue que l'on a embraffée, on continue la même chofe en prolongeant, obfervant toujours de faire obliques les extrémités de la Maçonnerie déjà faite , de jetter de L'eau deflus , & de bien battre la nou- velle, afin de les mieux lier enfemble. Une .pa- reille Maçonnerie faite avec de bonne chaux eil, fuivant M. Bélidor, la plus excellente & la plus commode que l'on puiiTe faire (a).' Quand on eil dans un Pays où la pierre dure eil
rare, on peut, ajoute cet Ingénieur, faire les foubaf- fements des gros murs de cette maniere , avec de bonne chaux s'il eil poiïible , qui à la vérité ren- chérit l'ouvrage par la quantité qu'il en faut; mais l'économie , dit-il encore, ne doit pas avoir lieu lorfqu'il s'agit d'un édifice de quelque impor- tance. Cependant tout bien confidéré, cette Ma- çonnerie coûte moins qu'en pierre de taille. Ses parements ne font point il eft vrai agréables à la ■ ■■■'-:. 1 ' ■ ' - · i ''.. .: '
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(a) Science des Ingénieurs 3 Livre III,
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âi4 C o ü ft s
vue, à caufe de leurs inégalités, mais il eÄ facile
d'y remédier comme nous allons le voir. Avant que de contraire , on'fait deux efpéces
de mortier, Tun mêlé de gravier, & l'autre, ainfi que nous l'avons dit 9 mêlé de menues pierres. Si l'on fe trouvoit dans un Pays où il y eut deux efpéces de chaux, la meilleure ferviroit pour celui de gravier ,& l'autre, pour celui de menues pierres. On commence par jetter un lit de mortier fin dans le fond du coffre, attendu qu'il s'agraffe mieux que l * l'autre fur le roc : enfuite, daine quantité d'Où·*
vriers employés à cette opération , les uns jettent [ le mortier fin de part & d'autre fur les bors inté- } rieurs du coffre qui foutiennent les parements; d'autres rerapliffent le milieu de pierrées, tandis que d'autres encore le battent. Si cette opération ■eft faite avec foin , le mortier fin fe liant avec celui du milieu , formera un parement uni qui, en fe durcifTant, deviendra avec le tems aufli dur que la pierre, &' fera le même effet : on pourra même quelque tems après , fi on le juge à propos, y figurer des joints. Néanmoins nous eitimons qu'il vaut beaucoup
mieux employer la pierre de taille ou les libages , fur-tout pour fonder les murs de face, de refend, ou de pignon, & faire fi l'on veut les rempliffages en moilons à bain de mortier, fur-tout lorfque le roc eft d'inégale hauteur dans toute l'étendue d'un bâtiment, à caufe des taiïements qui pourfoient \ ne pas s'opérer uniformément : inconvénient
effentiel qu'un ConfTriifteur doit fans cefle s'atta- cher à obvier. On peut encore par économie, lorfque les fonde-
ments auroient beaucoup de hauteur, pratiquer des Arcades Q, figure V, dont une des retombée pofe quelquefois
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oVARCBt îîldïtiRÈ. il ƒ
Quelquefois d'un coté fur le Roc R , & de l'autre iur un Pied^-droit ou Maffif S, pofé fur un bon terreinX, battu & affermi, où fur lequel on a mis des plate-formes : mais alors il faut que lès pierres qui compofent cemaiîif foient pofées fans mortier» & que leurs furfaces ayent été frottées les unes fur les autres1 avec l'ëau & le grais , jufqu'à ce qu'elles fe touchent dans toutes leurs parties , Se cela jufqu'à la hauteur T, T, du Roc j car ii Ton em* ployoit du mortiét pour les joindre enfemble, il faudroit du moins lui donner le tems néceÎTaire pour fécherj afin que d'un côté ce màiîif ne fut pas fujet à raffet, tandis que du côté du roc il ne tafferoit pas» Il ne faut pas cependant négliger de remplir de mortier les joints que forment les jon- ctions dés pierres avec le roc, parce qu'elles ne font pas fujetes au taÎTement, & que c'efl: la feule Haifoii qui puiffe les entretenir* If·"· ■....... ii ÎwÉpwÉpÉJiBii * ι" .ijimmii ιιιίιιιιΐ ι'ιιι· fi imhiii'îim^é—m»
A r τ ι g t ë I IL ;
Des fondements fur U SakL·
a PlA'ftiifË' LXVI» ';. , " :;-'; - ■: "■ ■ , ? ) il ■ ft ' " -, ',-< ! '' " " ' ' ')
Pqvîl pouvoir fondef /ur le fable avec sûreté i
il faut qu'il foit mêlé de cailloux, & que fa maiTé ferrée forme urt corps folide & ftabîe. Il arrive quelquefois que malgré cette qualité réquife , en fouillant jufquàune certaine profondeur -s Γόη trouve des fources qui bouillonnent & foulevent le fable; ce qui fait nommer ce àzmitï fable bouil- hanu Alors il faut commencer par amaffer près de ^ Tome V* t Ρ |
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fendroit Qiïfoii veut bâtir les matériaux iléceiTalrél
aux, fondements, tels que: de£,ubages, du mpjlóh ;| & fur-tout de la chaux vivefortant du four ; en- fuite, on ouvrira les tranchées avec précautions partie par partie , & à peu près ce que l'on peuç faire de Maçonnerie pendant un jour : quand ort $apperçeyra^ qu'une iburce (VQudra s'élever , ou qu'elle, commencera à fuinter-x on jettera deffus de la chatix-vive qui,-en fe détrempant, arrêtera l$s tranfpiratians d'eau , puis pn poiera avec la plus grande diligence une ajlïfès de gros libages, ou de pierres plattes , fur laquelle, on en placera une autre en /liajibn avec de bou \mortier ;-dejs forte qu'après avoir furmonté cet-obßacle , on fera en état' d'élever les fondements, comme à l'ordi-^ naire. Mais fi, à caufe de latrop grande abondance d,1eau, on v*oy;pit quelquefois les, affifes flotter, & paroître ne pas prendre une bonne confillance;-, il ne feudroit pas s'inquiéter, ni craindre pour la fölidité dé la Maçonnerie j car" il arrive d'ordi- naire que. quelque tems après elle s'affermit d'elle- même , & comme fi elle àvoit été placée fur un terrein bien folide. ;- ... *^d : 'λ ■■·;'/'. Lorfque les fables font trop mouvants , ou que
leur profondeur confidérable .«-ne permet pas de parvenir au bon fond par une excavation fuivie , l'on enfoncé aux deux côtés "4e: là tràricîiéê des Paiplanches A i figure I > pointues par un de leurp· jfoouts comme B> que l'on fait entrer dé quelques pieds dans -le'tetveia folide-'[G* Leurs extrémités fupérieures fönt avTemblées àjtenon: & niortoîfe dans des Chapeaux D , entretenus de diftance ëff diftance par des Liérnés E, pour foutenir la pouf·* fiée des Sables F) F ; eniuïté on continue les excava4 |
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lions jufqu'à ce qu'on foit parvenu au fond fo- îide, fur lequel on élevé entre les palplanchôs la Maçonnerie des fondations G * à l'ordinaire. Si le bon fond C, étoit très-profond, & que la
hauteur du Sable F, fut π confidérable qiie la plus grande longueur des palplanches ne put y attein- dre j il faudroit avoir recours à des caiffes faites avec des madriers cloués fur des chaflis de char- pente, que l'on réitéreroit, à mefure qu'ils s'enfon-< ceroient, jufqu'à la parfaite folidité du terrein fur lequel on voudrait affeoir fa Maçonnerie. Si l'on trouvoit en fouillant auui profondément une eau abondante, il faudroit pratiquer une Grillede bois de charpente H, figure Π, qu'on placeroit dans le fond de la tranchée, & dont on remplirait les Intervalles avec du fnoilon , du caillou, ou de la îhëiiliérè. 11 y en a qui veulent que l'on pofe des plate-formes fur les grilles ; d'autres qui préten- dent qu'il vaut mieux s'en paiTer, attendu qu'en pofant de la Maçonnerie entre ces grilles , cela produit une meilleure liaifoii avec les murs que l'on élevé aii-deiTus ; quoi qu'il en foit, quand on fe trouve obligé par la mauvaile confiitançe du rerreiiï de faire des grilles, il faut obferver de les tenir au moins un pied plus larges de chaque côté que répàiiTeur des murs de fondation* On peut encore fonder d'une maniere différente
de celles que nous venons d'expliquer, & qu'on appelle par Coffres, figure III. On l'employé auffi dans les terreins mouvans, où il eil nécéflaire dé fe garantir des éboulements & des fources. OU , commence d'abord (a) par faire une Tranchée L> ( à ) 'Sciènèé dès Ingénieurs, Lî Vr-e ίΗ.
Pij
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tû Cours
d'environ 4 ou J pieds de long , & qui ait àû îai*
geur l'épaifTeur des murs. On applique fur les bords des terres, de part & d'autre pour les con*- tenir, des Madriers I, d^environ ζ pouces d'épais Îeur, foutenus à leur tour de diilance en diitance par des Pièces de bois K> en travers, qui fervent d'étréftîlohs. Ces coffres étant faits, on les rem- plit de bonne Maçonnerie , & on ôte les Etréfil·- Ions K, à rnefure que les Madriers I, fe trouvent appuyés par la Maçonnerie : enfuite on en fait d'autres femblables à côté, dont l'abondance plus ou moins grande desfources , doit déterminer les dimenfions pour n'en être point incommodé. Ce- pendant s'il arrivoit ? comme cela fe peut, que les ïburces euffent aiTefe de force pour pouffer fans im'on put les en empêcher, malgré toutes les pré*- cautions qu*on auroit prife ? il faut, félon quel- ques-uns , avoir recours-à de là chaux vive &fortant du four , que l'on jettera promptement defTus, avec du moilon & du libage mêlé avec du mortier, ainii qu'il a été expliqué ci-devant, & par ce moyen on bouchera la fource, <k on l'obligerai de prendre un autre cours , fans quoi on fe trou-; Veroit inondé de toutes parts, & il ne feroit pas poiîîble alors de fonder fans faire des épuifements. Lorfqu'on a fait trois ou quatre coffres , & que la Maçonnerie des premiers eft un peu ferme , on peut ôter les madriers qui fervoient à la foutenir pour s'en fervir ailleurs : mais û on ne pouvoit les retirer fans donner du jour à quelques fources , il feroit mieux en ce cas de les abandonner. Lorfqu'il eft queftion de fonder dans Teau, &
qu'on ne peut faire des épuifements \ comme dans les grands lacs, bras de mer, &c; ii c'eft dans le fond de la mer, on profite dw tems que la marée I
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d'Architecture. 219
■ tft baffe pour unir le terrein, planter des repaires^
& faire les allignements néçeffaires. On doit com- prendre pour cela, non-feulement le terrein de la grandeur du bâtiment, mais encore beaucoup au- delà , afin qu'il y ait autour des murailles un em- pattement affez grand pour en affuret davantage le pied : on emplit enfuite une certaine quantité de bateaux s des matériaux néeeffaires» & ayant choifi le tems le plus commode , on commence par jetter un lit de cailloux, de pierres ou de moilons 'tels qu'ils fortent de la carrière > fur le- quel on fait un autre lit de chaux 3 mêlée de * pozzolane, de cendrée de Tournay, ou de terraffe de Hollande. Il faut avoir foin de placer les plus 1 , groffes pierres fur les bords , & de leur donner un
talut de deux fois leur hauteur : enfuite on fait un fécond lit de moilons & de cailloux , que Ton couvre encore de chaux & de pozzolane comme auparavant, & alternativement un lit de Tun & un lit de l'autre. Par la propriété de ces différentes poudres, il fe forme auffi-tôt un maftic qui rend cette maçonnerie indiffoluble, & aufïî folide que û elle avoit été faite avec beaucoup de précaution ; car quoique la grandeur des eaux & les crues de la mer empêchent qu'on ne puiffe travailler de fuite ; cependant on peut continuer par reprîfes » fans que cela faffe aucun tort aux ouvrages. Lorf- qu'on aura élevé cette maçonnerie au-deffus des^ I eaux,oti au rezrde-chauffée, on peut la. laiffer-
1 pendant quelques années à l'épreuve dès inconvé-
nients de la mer s en la chargeant de tous les ma-
tériaux néeeffaires à îa conilruction, de l'édifice v I afin qu'en lui donnant tout le poids qu'elle pourrai
jamais porter, elle s'affaiffe également & fuMam«·
\ ment par tout, S* au bout cTun tems on s^pperçôit
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qu'il n'eit réfulté aucun accident coniidérabîe àef
maffif, on peut y placer un grillage de. charpente; % comme nous l'ayons déjà yu, figure II, & bâtir, enivûte defTus avec folidité, fans craindre de faire, une mauyaife conilruction. Il ferqit encore mieux fans doute}-fi l'on pouyoit, de battre des pilota autour de la maçonnerie, pour former un bon em?. pättement, qui garantiroit le pied des dégrada,- - fions qui pourroient furyenir par la fuite : mais cel$
n'eit pas toujours facile. Il eit poilîble encore de fonder dans l'eau paç
4 un autre procédé, en fe feryant de CahTons M \ % figures IV & V, qui ne font autre chofe ,qu'ui\ aiTernblage de charpente & de madriers bien calfatés.,! dans l'intérieur defquels l'eau ne fçauroit entrer^ & dont la hauteur des bords fe proportionne à la, profondeur de l'eau ou ils doivent; être pqfés, en pbfervant de les faire un peu plus hauts , afin, que les Ouvriers n'en foient pas incommodés, Oii commence par placer & arranger les caiifons d'allk gnement dans fendroit où Ton veut fonder : on* les attache avec des cables qui pafTent dans des, anneaux cle fer attachés deffus. Etant ainû prérv parés, on les remplit de bonne maçonnerie; à mefure que les ouvrages avancent, leur propre poids les fait enfoncer au fond de l'eau: quand la profondeur, eit confidérable, on augmente leuiç hauteur avec des hauifes , à mefure qu'ils ap-,, . prochent du fond. Ce procédé,ei|, d'une grande
utilité & très-folide. . ^ . Op fonde encore dans la merdes moles,, àe$>
risbans „ des pharres , & autres, ouvrages fem-, blables en faifant des jettées,, Pour cet effet, on coule à fond nombre de gros, quartiers de pierre v difpofés en -Wm ; en forte, que feflots de la mer. |
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D * A R € H I ï È C Τ U R E. 3$%
nè faffent que gliffer. deffns pour ne. pas les, dé-
iunirl car en y 'fäifant' rouler les quartiers de pierre , ils diminueroient enfuite à vue d'oeil, en sarrondiffant ou fe brifant les^ uns contre les autres , de maniere à devenir à la fin du vrai fable. Ces jéttées étant faites, on les lie avec des chaînes de pierres maçonnées depuis les plus baffes marées, & avec des revetiffements de maçonnerie j fur lefquels maiïifs on bâtit des magafms, δε des plate formes pour mettre des batteries de canon ;. élever des quais , &c. Gautier ,page 5)7 , de ion Traité des Ponts & Chauffées, rapporte que le Port de Toulon a été fait à peu près de cette maniere. 1° On a fait une jettée de plufieürs gros quartiers de roche à une certaine hauteur, & de niveau. 3,° On a pofé fur cette arafe , & auffi de niveau'J plufièurs grands grillages à certaine diftancé fous, la fuperfiçie des eaux, 3° On a mis des encaiffe- ments fur ces grillages, que Von a rempli de ma- çonnerie, qui a été élevée jüfqtia la fuperfkie des. plus baffes eaux, avec de bons parements de pierre- de taille du côté de la mer pour réfuter aux flots y lorfque les bois des encaiffements viendront | manquer par la fuite. 40 Enfinon a fait une blciffû: au-deffus des encaiiîements V;tfune hauteur :âi: périeure à celle des plus hautes marées, & dont les parements fuiTent en,''état de réfifter au& |
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Piv
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^Ji C Q V Β"*
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Article Ι ¥,
Des fondements fur ta Glaife*
La Glajfe eft d'une, nature graife , & çonfçrve
facilement les ea,ux qui coulent fur fe fuperfiäe j fouvçnt même elle en retient d'autres par deffous 5 ce qui fait que plus on creufe , dans rçfpérançe dg trouver un meilleur terrein, plus en le trouva mauvais communément» Ç'eit pourquoi il faut éviter * quand cela fe peut, de fpnder un bâtiment fur I3. glaife > afin, de mieux s'aiïurer de fa fojijàtè, Il feroit à fquhaiter de pouvoir Fcnlever avant de fonder à ca.ufe de fes inconvénients , & on doit i§ faire % à, moins que fon banc ne fe trouve fyn® cpaivTeiU· fi eonftdçLable , qu'il ne foit pas poffiblq de l'enlever fans beaucoup <Je dépenfe 9 au à moins qiül ne fe trouve deifous, un terrein encore plus vicieux^ Mais quand on çil forcé par des raifóns " > çiïentiçUes. de planter un bâtiment dans un terrein.
glaifeux,. u faut fçavoir qu'il eit dangereux dç toUr·* pienter la glaife, ik que c'eitla raifon pour laquelle 01* ne peut fe fervir de, pilotis en cette qçcaûon : car l'ex·* périençe a appris qu'en enfonçant un pilot à une des extrêrnités delà fondation ? où Ton, crpypit avoir at-^ teint le bon fond, pn s.'appercevoit qu'en erienfon^ çant un autre à l'autre extrémité , le premier fàutoic avec violence par le gonflement delà glajfe qu| fe trouvant ferrée,. & étant d'une matière vif« queufe, n'avoit pas la fojree d'agrafe les furfaces du pilot, & le défîchpit à mefure qu'on renfonçait i - ce qui fa;t qu'pn prend alors le parti de creufer le
mçins pQÎfible, & de niveau , dans, VépaiiTetir d$ |
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ψί ":ί
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d'Architecture. 133
la glaiie. On eu doit ufer ainii avec d'autant plus de raifon qu'il fe trouve, comme nous l'avons dit plus haut, d'ordinaire fous les lits de glaife un il mauvais terrein , qu'il faudroit des pieux d'une longueur trop confidérable pour pouvoir atteindre un fond ftable & folide. Tous ces inconvénients » quand on a fait l'é-
preuve d'un terrein de cette nature fur lequel on veut afleoir un bâtiment, font prendre le parti de creufer 3 ou 4 pieds feulement d'un parfait niveau dans la profondeur de la glaife ,,& d'y pofer une grille compofée de longues pièces de bois de 9 à îo pouces de groffeur, & d'un pied ou deux plus large que les fondements, pour lui donner plus d'em- pattement. On aifemble les pièces de bois de cette grille-, tant plein que vuide & à queue d'aronde, fous, toute l'étendue des murs de fondation , fur lef- quelles on pofe des madriers de 3 à 4 pouces d'épàif- feur , bien attachés avec des chevilles de fer à tête perdue. Enfuite on y élevé la maçonnerie faite de libage par afïifes,égales, avec uniformité dans toute retendue du bâtiment; de forte que; l'on ne pofç pas une deuxième aflife que la premiere ne foit conitruite dans tout fon pourtour, , afin de lui procurer un taifement égal, & que le ter- rein de deifous la glaife ne foit jamais preffé plus d'un côté que de l'autre. ■ τ Lorfque le bâtiment qu'il eft queilion d4éleveï
fur un terrein que l'on fçait être glaifeux neft pas confidérable , l'on en pofe quelquefois les pre- mières aflifes fur la terre ferme, qui ordinairement fe trouve fur la glaife de la hauteur de 3 ou 4 pieds; cette terre étant fouvent aifez affer-* mie par la Haifon des racines & des herbes ψ-ί en occupent la furface 5 néanmoins, il faut
\ .'■■■'. ■ * · ■ '.
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Z34 < «*£'*?. SC ou# s _ ..,
obferyet que cette pratique n'eft bonne que pouf
un aile de bâtiment peu élevée, dépendant d'un; grand édifice pour lequel on auroit pris la précau- tion dont nous avons parlé, [ψ Au refte , les terreins glaifeux ont cela cTavan*
tageux, qu'ileit rare que les eaux incommodent durant la bâtiffe , la glaife les arrêtant par'deffus & par deiTous, de maniere qu'il n'eft pas étonnant de leis voir féjourner en aiîez grande abondance fur le ibmmet des montagnes, pendant qu'il eft difficile iouvent de pratiquer des puits dans des; vallées , fans une dépenfe' confidérable. On a çonfervé dans Y Architecture, moderne {4) le
procédé qui a été employé le iiécle dernier, par M. François Blonde!, Architecte de la Porte de- Saint-Denis à Paris, pour fonder Ja Corderie de Ro'cheibrt, qui eil: bâtie fur un fond tout de glaife * que nous ne. pouvons nous empêcher de rap- porter , comme un exemple à fui vre en pareille occafion , plus capable d'inftruire que tous les. préceptes & les fpéçulations fur lesquels nous, pourrions raifohner. « Cette Corderie -eft un édifice à deux étages»,
» de 4 toifes. de largeur dans œuvre fur 2j6toifesde »longueur , non compris les pavillons des deux »extrémités. Remplacement quavoit çhoiii cet Ar- » chite&e pour élever fori bâtiment, étoit finie fur » une fort belle prairie, longue d'environ £ 50 toifes* » & large au moins de ço dans le plus; étrph\ Cette » prairie eil bornée d\in côté par la rivière de Cha- »rente, & de: l'autre par un canal. La premiere »opération que ût M. Blondel, fut de fonder ce » terrein en pluueurs endroits.. Il reconnut qu'àt* |
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■ζά) Livre I'} page: $%Â
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D'ARCH IT ECTUR't l|f
l* defTous de la premiere croûte, formée par environ
» 2 pieds de bonne terre noire couverte de gafon » » il y avoir par tout une couche de glaife très-ferme » .& très-folide par le haut, de TépaiiTeur de loàl|, » pieds ; mais que s'amolliffant enfuite peu à peu, » le fond de cette glaife étoit terminée par une boue . »ou vafe molle & à demi-liquide i de même nature » que celle que l'on trouve fur les bords & dans le »fond de cette rivière. Ce, mauvais terrein conti-* » nuoit fous la glaife à une telle profondeur , qu'il 9lui fut impoffible d'en trouver le fond, ni d'autre >> terrein au^defibus. Cependant fon édifice de voit. » être trop confidérable pour ofer fuivre la pratique » des Maçons du Pays jlefquels fe çontentoient de » pofer fur l'herbe les premières aflifes de leurs bâv . » timents, fans creufer en aucune maniere pour >> aiTurer leurs fondations j l'expérience leur ayant » fait connoître que ces % pieds de bonne terre, i>îiée & affermie par les racines des herbages qui y » croiffoient, fuffifent pour foutenirlamafiê médiq- » cre de leurs maifons ordinaires, & pour les garant » tir des mouvements de la glaife qui eft ati-deflous; » Cet Architecte étoit trop prudent pour fe fier » à cette glaife dont il connoifïbit le peu de cqih »fiitançe,| auifi fe garda-t-ilbien d'y enfoncer des »pilots. Il étoit initruit d'ailleurs de l'accident qui »vendit d'arriver alors au Pont de Xaintes , lequel »avoit été renverfé par les efforts de la glaife qui Λ » en fe tourmentant, avoit repoufTé & chaiTé les » pilots, ce qui avoit caufé la mine du Pont, parce » que , comme nous l'avons dis plus haut, la glaife »éventée & tourmentée par le battement des pilots, »rejette en fe renflant tout ce qu'on y a enfoncé, » il prit donc le parti de fonder fon édifice fur uri ». grillage de charpente çn maniere de plate-formé $ |
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2.36 Cours
» ainii qu'il l'avoit vu pratiquer, à ce qu'on prétend
» dans de femblables occaiions en Hollande & ail- » leurs , mais particulièrement dans la Citadelle, dit » Havre, dont M. Dargeneourt, Ingénieur des For- » tifications, avqit aiîis précifément les fondements » fuivant la même méthode, fur un fond à peu près » de pareille nature. Aufîï arriva-t-il quelque tems »après , que le fond du terrein s'étant afFaifîe fous » le poids des bâtiments qu'on y avok élevés, toute » la maiTe de la Citadelle le fui-vie uniformément & » d'une feule pièce fans aucune fraäion , & fans » s'être dérangé de lamoindre chofe ; de forte qu'ac- » tueîlement, des rues de la Ville, on voit une partie »du toit des logements pratiqués dans l'intérieur » de la Citadelle , au lieu qu'avant cet affaiiTeraent, » à peine en pouvoit-on découvrir le fommet. Le » même Ingénieur abolit déjà fait conikuire à » Brouageun ouvrage à: corne , qu'il avoit fondé » de la même maniere Se avec un égal fuccès. » M. Blondel, autorité par ces exemples , fit tra-
» cer fur le terrein les largeurs qu'il vouloir donner » aux fondements des murs , tant ceux du contour » de la Corderie & des bâtiments qui en dépendoient, »que ceux des murs de traverfe qu'il fe propofoit j jb » d'élever intérieurement de 4 toifes en 4 toifes, fur
» toute la longueur de la Corderie jufqu au rez-de- » chauffée feulement, pour lier enfemble les deux » murs de face. Enfuite il fît creufer environ 5 pieds y » fur le niveau de la prairie ; c'eit-à-dire , qu'il fit
» fouiller 3 pieds dans le maflif de la glaife ; puis »ayant fait mettre de niveau très-exa&ement tout » le fond de ces fouilles d'un bout à l'autre , il fît *é affeoir un grillage de longues pièces de bois de » chêne de 10 à 11 pouces de gros, aflembîées l'une »à l'autre tant plein que vuide àqueued'aioade» |
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Ü*AftCHïf ÊètUftÈ. lp
to dans toute l'étendue des fondations , c'eft-à-dire
»fous lés murs de traverfe, auffi bien que fous les »principaux murs* Sur ce grillage, il fit étendre en » maniere de plate-formé un Ht de madriers plats »auifi de chêne , de 3 à 4 pouces d'épaiffeur, bien » affis fur un même niveau , & chevillés à demeure »fur tous les bois de la grille. Sur cette plate-forme » M. Blondel fît pofer les premières affifes des » fondements de fes murs, faites de bons quartiers » de libages, avec de longues boulines ; & il fit con- »itruireïefdirs murs en bonne maçonnerie à-plomb » par le dedans, & diminuant par retraites en dehors, » jufqu'à la hauteur d'environ 5 pieds au-deffus du » niveau de la prairie. Cet Architecte jugea à propos » de donner cette grande élévation à fon rez-de- » chauffée, pour le garantir des incommodités des » eaux de la rivière de la Charente , laquelle étant * » fujette à déborder , principalement dans le terns » desEquinoxes & des grandes marées, couvrait & » inondoit la plus grande partie des prairies de fon »voiiinage. Enfin il fit affeoîr fur ce fondement les , »murs de fon édifice, mais avec tant de régularité » dans toute fon étendue , qu'il n'a jamais fouffert »»que Ton posât une pierre pour recommencer une » aiîife, dans aucun endroit du pourtour de la Cor- » derie » que l'affife de deffous ne fut entièrement »achevée de pçfer , afin que toute la maffe prenant » également par tout fon afTaiiTement,le terrein fous »le grillage ne fe trouvât jamais plus chargé d'un »côté que de l'autre. Auffi ce fuperbe édifice a-t-il »fubfifté jufqu'à préfentfansfe déranger en aucune »façon», |
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V
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^J^rià r τ i' cl ;ë; v.,,j.'
Des fondements fur Pilotis*
Ρ LA NC Η Ε L XV h LES fondements les plus difficiles font ceux qui!
faut faire dans des endroits marécageux , parce que le fond de la terre eft communément mauvais 5 lorfqu'oh ne peut fe difpenfer de fonder dans ces fortes de terreins, il faut premièrement faire les tranchées des fondations très-larges , &, pour em- pêcher l'éboulement des terres, foutenir les côtés par des planches & des claies bien étréfillonnées * & enduites de limon de terre graffe, de moufle, &c ; fecondement en épuifer les eaux avec une pompe jufqu'à ce qu'on découvre le fond ; troiûémemenc couvrir de fable le fond & la bourbe : quatrième- ment enfin, battre plufieurs files de pieux pour recevoir une grille de charpente δε des plate-for- mes, fur lefquelles on élèvera les fondements à l'ordinaire. A la place des pilotis, il y en a qui fe contentent - d'encaifîemënts ? ainiî que nous l'a* vons expliqué en décrivant la maniere de fonder fur le fable : mais quand l'eau eil ίρη abondante * comme on eft alors obligé de faire des épuifements continuels, & de conftruife dès batardeaux * pro- cédé que nous expoferons en parlant dans la fuite, de la conftrucHon des Ponts, les pilotis font dans ces circonftances une fuite nécefTaire de ce genre de conilruclioil* Il arrive quelquefois qu'un terrein ne fe trouvant
pas afTez bon pour foncier'folidement, &: que vou- |
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ï>■■* A àtnitêcïurë; ä.ß
kot çcèufer davantage on le trouve au contraire
encore plus mauvais, alors il eil mieux de creufer le moins qu'on pourra, & de pofer deflus un Gril- lage, de charpente P., -figurés VI & Vil m fur lequel on pofe'.quelquefois, ainii qu'il a été dit plus haut, un plancher de Madriers Q ; «nais ce plan* cher Q, ne paroiffant pas toujours néceiTaire , on fe contente aifez fouvent d'élever la maçonnerie fur ce grillage, obfervant d'en faire les parements eh pierre j ni qu'au rez-de-chaurTée > δι plus haut ii l'ouvrage étoit de quelque importance. Il eil bon de faire régner , autour des fondations fur le bord dit grillage, des Heurtoirs R, qui font des efpéces de pilots enfoncés dans la terre au refus du mou- ton , pour empêcher le pied de la fondation de gliiTer, principalement lorfqu'il eil pofe fur un plancher de madriers , ainii que cela eil arrivé plufieursföis. : * I ; ^ : ' \ ::. iMais quand il s'agît de donner encore plus de
folidité à un terrein , on enfonce dia gona temen t dans chacun des intervalles du grillage un, ou deux Pilots S, de rem plage fur toute l'étendue des fondations ; u & fur les bords du grillage des Pilots de bordage ou de garde Τ, près à près, le long defquels on: pofe des palplanches pour empêcher le courant des eaux , s'il s'en trou- voit, de dégrader la maçonnerie, Palladio recom- mande expreiîément, lorfqu'on enfonce des pilots, de les frapper à petits coups redoublés, parce que'0 dit:-il, en les chaiïaat avec violence , ils pourroient ébranler le fond, Il y en a qui veulent que quelques jours après avoir battu des pilots au refus du mouton, il foit hefoin de les rebattre en- core ime feconde fois ; méthode que nous croyons excelleiite. Quoi qu'il en foit on achevé de remplir |
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ä49 Co ν ft -'S
de cäillöUX öu de moilons, à bain de mortier 5 H§
vuides reftés entre la tête des pilots. On arrafö bien le tout , & on élevé deflus les fondements. Pour connoître la longueur des Pilots, fig. VIII*
il faut obferver avant de piloter jufqu'à quelle profondeur le terrein fait une affez grande réfi- ftançe ,& s'ôppofe fortement à la pointe d'urt pilot* qu'on enfonce exprès ; ainii fçachant de combien il eft entré , on pourra déterminer la longueur des autres en les faifant un peu plus longs * fe pouvant rencontrer des endroits où le terrein ré- iiftera moins , & les laiffera entrer plus avant- La longueur des pilots étant déterminée , on leur donne de groiTeur environ la douzième partie de leur longueur quand ils ne parlent pas 12 pieds, & 13 ou 14 pouces de diamètre lorfqu'ilg, ont près de 18 ou 20 pieds. Le bois de chêne eft reconnu le meilleur pour les
pilots; il fe durcit dans l'eau, & s'y-conferve mieux que tout autre. Cependant, félon le fentiment ,dd quelques-uns, le bois d'aulne , qui croît dans les- lieux humides, y eft äußi très-propre, lorfqu'on l'a fait paffer au feu avant que de Remployer* Malgré cette opinion, on ne doit néanmoins en faire ufage qu'au défaut du chêne, excepté feule- ment pour les racinaux, les chapeaux, les plate- formes. Le bois de fapin cependant fe conferve auiîi très-bien dans l'eau. Lors d'un voyage que nous fîmes à Amfterdam en 1769, il y eut une des portes de cette Ville, bâtie fur pilotis depuis plus de 100 ans, qui fut renverfée, parce que fori fol avoit été miné infeniiblement par les eaux, & nous fûmes à même dé juger, quand on arra- cha les pilots pour reconftruire cette porte, que quoique
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d'Architecture, 141
quoique de fapln » ils s'étoient tous confervés
biens fains, & fans aucune altération. Les pilots ont toujours une de leurs extré-
mités faites en pointe de diamant , dont la longueur doit être depuis une fois & demie leur diamètre jtifqu'à deux fois. II faut avoir foin de ne point donner à leurs pointes, ni plus ni moins ; car, lorfquelles ont plus, elles deviennent trop fbibles, & s'émoufTent û elles rencontrent des parties dures, & lorsqu'elles ont moins, il eft difficile de les faire entrer. En fuppofant que le terrein dans le- quel on enfonce les pilots, ne réiifte pas beaucoup , il yen a qui fe contentent d'en brûler la pointe pour la durcir, & quelquefois auffi la tête , afin que les coups de mouton ne l'éclattent point : mais s'il fe trouve dans le terrein des pierres, des cailloux, ou de gros graviers qui en émouiTent la pointe 9 on la garnit d'un Sabot de îot^V , figure Vlïi, que l'on attache au pilot par trois ou quatre branches. L'on peut encore armer la tête W y d'une virole de fer, qu'on appelle Frette, , pour l'empêcher de s'éclatter. On proportionne la diflance des pilots à la quantité qu^on croit en avoir befoin pour rendre les fondements folides, mais il ne faut pas, fuivant Palladio, les appro- cher l'un de l'autre de plus d'un diamètre, afin qu'il puiiTe refter entre eux afiez de terre pour les entretenir. Quand on veut placer des Pilots de garde X,
figure IX , entrelaffés de Palpîanches Z, le long des fondements, on fait à chacun d'eux, après les avoir équarris , deux Rainures Y, oppofées Tune à l'autre de 2 pouces de profondeur fur toute leur longueur, pour y enfoncer entre deux des Plan- ches Z, qui s'introduifent à coulifTes, & dont Tomt Κ Q |
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241 Cours
ïepaiiTeur diffère félon la longueur. Par exemple »
fi elles ont 6 pieds , elles doivent avoir trois pouces cTépameur; fi elles en ont ία, qui eitla plus grande longueur qu'elles puiffent avoir , on leur donne 4 pouces d'épaiffeur, & cette épaiifeur doit déterminer la largeur des Rainures Y, le lqng des pilots , en obiervant de leur donner à peu près un pouce de jeu, afin qu'elles puiflfent y entrer facilement. Voici comme Ton joint les palplanches avec
les pilots : on enfonce d'abord deux Pilots X, bien perpendiculairement dans la terre, distants l'un de l'autre de la largeur des Palplanches Ζ , qui eft d'ordinaire de 12 à 15 pouces , & placés de maniere que deux rainures fe trouvent l'une vis-à- vis de l'autre. Après cela , on enfonce au refus du mouton une palplanche entre les deux,, & on la fait entrer à force dans les deux rainures : enfuite on pofe à la même diitance un pilot, δε on en- fonce , comme auparavant, une autre palplanche, en continuant ainfi à battre alternativement un pilot & une palplanche. Si le terrein réfiiloit à leurs pointes,il faudroit les armer comme les pilots, d'un fabot de fer par un bout & d'une frette par l'autre (a). On peut encore fonder fur pilotis, en commen-
çant d'abord par enfoncer le long des fondements, au refus du mouton, des rangées de Pilots A, figure I, Planche LXYII , éloignés les uns des autres d'environ un pied ou deux plus ou moins, & difpofés en échiquier, en obfervant toujours de placer les plus longs & les plus forts dans les angles, ces endroits ayant beaucoup plus befoiri |
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ia) Seience des Ingénieurs, Livre ÏII*
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î3*AâcHi τ ε cri; re. %$
'mê folidité que Ie reite pour retenir la maçonnerie*
enfuite on récépera de niveau tous les pilots fur lefquels on pofera >, comme ei- devant $ un Grillage de charpente Β , de façon qu'il fë trouve toujours un pilot fous chaque croifée* pour l'arrêter deffus avec une cheville de fer à tête perdue; après quoi, pour faire de bon ouvrage» on fera battre des Pieux de garde G, au-devant du Pilotis fur la face du mur , un peu plus élevé que le deiîus du grillage > afin de mieux arrêter la ma- çonnerie. Le tout étant ainfi préparé, on ôtera un peu de terre d'autour des Pilots A » & d'entre les vuides du grillage * pour mettre jufqu'à fon niveau du Moilon dur D, dans leurs intervalles, qu'il faudra battre avec force j & enfin on élèvera là-deiTus les Fondements Ε j à l'ordinaire , comme on le voit dans le Profil du mur, figure II, où l'on a mis les mêmes lettres de renvois quo dans la figure I * afin de faire remarquer leur eorrefpondance* Quoiqu'on employé fouvent les pilots pour
affermir un mauvais terrein* cependant il fe trouve des circonitarices où l'on ne peut les employer fans rifque. Si l'on fondok, par exemple ^ dans un terrein aquatique fur un fable mouvant, alors les pilots feroient non-feulement nuifibles, mais en- core éventeroient les fources, & fourniroient une quantité prodigieufe d'eau, qui rendroient en ce cas le terrein plus mauvais qu'auparavant; D'ail- leurs, on voit tous les jours que ces pilots ayant été enfoncés au refus du mouton avec autant de difficultés que dans un bon terrein , fortent dé terre quelques heures après , ou le lendemain ? l'eau des fourcés les ayant repouffés en faifarit effort pour förtif, de maniere que f on eft forée dé renoncer à les employer à cet ufàge«* Qij
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ί44 * Cours
On peut rapporter, à l'appui de cela, l'exemple
du Pont de Moulins fur l'Allief, en Bourbonnois {a), qui a été exécuté il y a une dixaine d'années par M. de Regemorte* La conitruclion particuliere de ce pont n'a rien de bien remarquable ; mais les difficultés immenfés qui fe font rencontrées pouf le fonder,& la maniere induftrieufe avec laquelle on eft parvenu à les furmonter, méritent que nous1 nous attachions à les décrire. Il faut fçavoir que le lit de l'Allier, à l'endroit
où eft conftruit ce Pont, eft compofé d'un fable mouvant qui a près de 50 pieds d'épaiffeur , δε que dans les crues d'eau , le courant de la rivière forme des affouillements jufqu'à 15 & 20 pieds de profondeur, lefquels affouillements font le plus lbuvent occasionnés par la plus légere réfiftance^ Trois Ponts de pierre , exécutés fur pilotis depuis un fiécle , & dont le dernier étoit un ouvrage du célèbre Hardouin Manfard , avoient été ren-» verfés cbnfécutivemeht. Gommé c'étoit nia- nifeftement les affouillements opérés fous les piles de ces Ponts qui avoient occafionrtés leurs ruines, l'Ingénieur chargé en dernier lieu de fa reeonftru&ion ? chercha une méthode capable d'obvier à "cet iiic@nvénient. En eonfédmence, ait lieu de piloter, comme de coutume , il réfblut d'établir un radier, ou maffif continu de maçon- nerie fous toute la longueur & largeur du Pont, à travers du lit de la rivière, pour lui fervir de : ; . ·■ ! ..■;/-./ ..:.;;,■ ^'jf\i · '· *■"'■ ' ;
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(a) Ge Pont eft un des plus confidérables ouvrages que l'on,
ait entrepris de nos jours5 il a 154 toifes de longueur, y compri* lés culées , 7 toifes de largeur, & eft compofé de 13 arches, furbaiiTées au tiers de chacune 10 toifes d'ouvertures, & foute- awe par des piles de 12. pieds d'épaiffeur. |
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D ' A R e Η Ι Τ E G Τ U R Ε. 245
fondements. L'invention d'un radier n'étoit pas.une
•çhofe nouvelle ; on en avoit fait fouyent ufage pour fonder des moles & des risbans que l'on avance dans la mer, & l'on fçait que F. Blon- del avoit employé ce moyen avec fuccès le iiécle dernier, à l'occafion d'un Pont qu'il avoit bâti à Xaintes, fur la Charente. Toute la, difficulté con- fîitoit uniquement à aiTeoir folidement ce radier fur le lit de l'Allier, tant à caufe des affouillements à craindre, qu'à caufe des fikrations d'eau conti- nuelles à travers les fables, qui fembloient rendre les épuifements impoflibles. Voici comme M. de Regemorte s'y prit. Après avoir fait fonder la couche de fable fur
laquelle il vouloit aiTeoir ce Pont , & reconnu qu'elle avoit près de 47 pieds d'épaiffeur, il com- mença ,i° par en faire draguer 9 ou 10 pieds au- defîou.s des plus baiTes eaux : i° il fit battre 5 rangs de palplançhes bien jointives, fçavoir 3 rangs au- deifus des avant-becs, & 2 rangs au-defibus des arriere-becs, efpacés de maniere à former des efpécesde batardeaux}& une crèche capable de conrre-garder tout l'ouvrage durant & après fort exécution : 3? ayant fait régaler les fables de l'em- placement que devoit occuper le radier, il fît verfer des terres glaifes fur toute la fuperficie de fa fondation , à, l'aide de deux bateaux placés à une certaine diftance l'un de l'autre , fuivant la largeur du Pont, & foutenant fur leurs bords des efpéces de grillages , dont les fonds pouvoient s'ouvrir , & fermer tous, enfemble à volonté avec des trapes ou clapets. Après avoir couvert ces trapes de terre gîaife , on les lâcha toutes à la fois -, afin que la glaife par fa chute fe répandit uni- formément fur la fondation, Cela étant fait, on Qui
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%4& Cours
avança les bateaux plus loin, & Ton répéta eett^
opération jufqu'à ce que le fol du Pont que: Ton avoit entrepris , ûtt tout-à-feit couvert : 4° pour empêcher l'eau de délayer cette terre glaife, on defcendk enfuite , par le moyen des, mêmes bateaux bien quarrément, des chaffis de planches de 12 pieds en quarré, chargés dénom- bre de moilons pour les contenir au fond de l'eau ι lefquels moilons fe trouvèrent ainii tous portés pou? commencer après les épuifements la conftriiytiort du radier: ces çhafiis étoient afferablés par d'au- tres planches qui les traverfoient ; & pour que rien ne put tranfpirer à travers leurs joints, on y avoir cloué des Bandes de coutil : 5° cet expédient ayant opéré l'effet d'un eij^éce de batardeau,. placé dans le fond de l'eau , & capable d'arrêter les, tranfpirations, on fut en état d'entreprendre les épuifements; & pour y réufîîr, on remplit à Forr·. dinaire les batardeaux de terre glaife. Si l'on fit jouer les chapelets qui, en peu de tems, épui-* ferent les eaux jufqu'aux chaffis : 0° enfin fur ces chalîis on confbuïrk à fec , bien quarrément à 3; pieds au-deffous des plus baffes eaux, fç radiei? auquel on donna 6 pieds d'épaiffeur de maçon- nerie , & l'on remplit femblablement l'intervalle entre les palplanches & la crèche. A l'aide de toutes ces précautions , on parvint,
à captiver le fable de toutes parts , à vaincre les, afîbuillements & les filtrations ; le radier fut rendu inébranlable , & l'on vint à bout d'y élever #$ Pont à l'ordinaire, comme fur un ibj( parfaitemefit; folide («}. |
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:Ϊ«λ) Ceux qui défireroient être inftniits particulièrement des.
développements de cette boite conftmclion, peuvent coniukW |
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d'Architecture. ζ47
Il ferok à fouhaiter, fans doute, que l'on fît
davantage ufage du radier pour la plupart des ouvrages que Ton fondé dans l'eau, d'autant que toute maffe ifolée dans une eau courante , eft expofée à la deftruaion ; au lieu qu'un radier lie le fond d'une rivière avec fes bords, & offre une maffe capable de s'oppofer aux plus grands efforts r d'ailleurs la réparation en eft aifée, tandis que celle des pilotis eft toujours très-difficiiitueiife. |
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A R Τ I C L Ε V. L
Des Fondements far un bon terrein.
Pl ANC HE LXVIL Lorsqu'on recontre tin terrein folide en fouil-
lant i tel que du tuf, du gravier, de la terre fran-r che, il ne fe trouve pas communément de difficultés, pour y affeoir un bâtiment. La profondeur des fon- dements ne fçauroit être fixée précifément , que dans le cas où l'on auroit fait d'avance des fondes pour la connaître. Dès qu'on trouve le bon terrein, c'eft une dépenfe fuperflue de creufer plus bas> à moins que l'on ait des raifons particulières pour cela, comme fi, en fondant les murs iïwiz maifon-, on fe trouvoit forcé, pour donneraffez de hauteur aux caves, de l'entamer. Le tout eft d'établir les fondements fur une bafe ferme & bien affurée: |
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Hfl Ouvrage que M. de Regcmorte. a publié à· ce fïijet, intitulé:£
t>eÇcription d'un nouveau Pont de pierre confiruit fur la^ rivière^
d'Allier} a Moulins, avec l'Expo fé des motifs qui ont déterminé' fpn emplacement φζηί à des Vejftns & détails relatifs afin ex.i* çutioru . Qiv
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24§ Cours
& ίι le terrein, comme nous l'avons expliqué pré-
cédemment , ne donnoit pas naturellement cet avantageai feroit effentielde fe le procurer par art. Mais, en fuppofant qu'il fallût confidérablement
creufer pour atteindre le bon fond, il y a des Conftru&eurs expérimentés qui veulent que, pourvu qu'un terrein ne foit pas marécageux ou uii fable'mouvant, on putfTe fe difpenfer de def- cendre les fondements d'une maifon ordinaire au- delà de la profondeur dont on a befoin, en met- tant au fond des rigoles ou tranchées , des plate- formes de chêne de 3 pouces d'épaifleur, bien de niveau, avec des racinaux en travers par deiïbus, qui embraffent toute la longueur & largeur des fondements , parce qu'alors , difent-iîs, en bâtif- fant deiTus ces plate-formes quarrément par affifes égales, & de maniere que tout le poids puiffe taffer uniformément, il n'en fçauroit réfulter d'in- convénient par rapport à la folidité , & l'on vient à bout par là d'opérer beaucoup d'économie. Quoi qu'il en foit, le plus siir en pareil cas, &
fur-tout dans un bâtiment d'importance , eil de pratiquer de double caves, les unes fur les au- tres , ou, fi l'on veut éviter la dépenfe , de con- traire dans les fondements des Arcades F, fig- III, Planche LXVH , ainii que le recommande Phili- bert Deforme» dont les Pied-droits G,G, foient placés fur le Terrein folide H : par ce moyen on épargnera la matière, & on affurera néanmoins immuablement les fondements d'un édifice : ce qu'il faut principalement obferver en pareil cas, c'eil de bien laiffer fécher la maçonnerie de ces arcades , afin de lui donner le tems d'acquérir de la cojififtance, avant d'entreprendre de la charger. Léon - Baptifte Alberti propûfe une très- |
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d'Architecture.^ M*
bonne méthode 5 pour contenir les piliers des
fondements d'un édifice, & pour les obliger de preffer le fol uniformément ; méthode dont on a fait en partie ufage dans la conitru&ion des fon- dements de la nouvelle Eglife de Sainte-Geneviève à Paris : elle confifte à pratiquer au bas des Pi- liers L, des Arcs renverfés I, comme il eft ex- primé dans la figure IV. Ce procédé pourroit auffi être employé avec fuccès , quand un terrein eft d'inégale confiftance, & feroit très-capable d'empêcher les inégalités de taffement· Le terrein ayant été jugé convenable pour por-
ter un bâtiment, on fera les tranchées de la lar- geur & profondeur qui auront été déterminées. On mettra le fond des rigoles defdites tranchées bien de niveau , afin que le poids du bâtiment le preiTe uniformément. S'il· s'agit d'un édifice publie onde quelque importance, il eil d'ufage de bâtir fes fondements en Iibages , & en grands cruar- tiers de pierres plattes ; mais dans les maifons ordinaires, on les exécute partie en îibages, partie en moiions durs. On met des Iibages fous tous les points d'appui , & en correfpondance fous lès trumeaux, les têtes des murs, les jambes-étrieres, les encognures, les chaînes & arcs de pierre, & tout le reile des fondements dans, leur intervalle, s'opère avec de gros moiions. La premiere aflife , tant de Iibages que de gros moiions, fepofeà fec au fond des rigoles : fur celle-ci on en élevé une féconde , à bain de mortier de chaux & fable en bonne liaifon , & ainfi fucceflivement jufquau foi des caves ou au rez-de-chauiTée de la rue , s'il η y a pas de caves i en bbfervant les retraites & em- pattements défignés d'avance par les deflins, & de conduire l'ouvrage de niveau entre des lignes pa«- |
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ZW Cours
ralletes dans toute fa hauteur & longueur. II faur
avoir l'attention fur-tout de ne point entreprendre un nouveau cours d'aiîife que le précédent ne foit entièrement achevé ; & cela , afin qu'il refaite fans ceife un taifement égal de la part du fol. Les liba- ges employés dans les fondements doivent faire » s'il eil poifible, toute l'épaiifenr des murs, & leurs lits doivent être faits comme ceux de la pierre de taille : on les pofe fur le mortier, fans calies, en les frappant avec le bout d'une pièce de hois, afin que le mortier qui eft de trop en forte, δε que les joints étant bien pleins , il y ait le moins de tafie- ment poflible. Il faut encore que les moilons ibient bien giflants , 6c obferver de garnir exa&emeiit leurs intervalles avec des clofoirs ou moilons plus petits, enfoncés auifi avant que faire fe peut, & de maniere à arrafer les lits ; le tout maçonné % comme il a été dit, avec de bon mortier. En général, il çft important d'apporter la plus
grande attention pour la perfection de la bâtiife des fondements d'une maifon , perfuadé que c'eft principalement de la fermeté de cette bafe que dépendra fa folidité, ayant égard dans leur éléva- tion aux taluts & aux empattements néceiTaires fous les murs, du rez-de-chavujée.» ainii que nous le dirons ci-après. Nous avons déjà traité dans nos Mémoires fur
les objets les plus importants de l"Architecture , de lat maniere de fonder les Edifices,, δε nous y avons expofé les principes de Statique, d'où dérive la folidité qu'on doit leur donner\ le tout confirmé par les exemples de plufieurs Monuments élevés, de nos jours ; c'eft pourquoi on peut y avoir re- cours , comme à un fupplément néceiîaire à φ que nous venons de dire fur cette matière inté» |
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d'Architecture. ιρ
reffante ; & nous terminerons ce Chapitre par
une Explication particuliere des Planches s qui offrent les détails des divers procédés dont on fe fert, pour fonder fuivant les différents terreins. Explication de la Planche LXV,
Repréfentant, ainfiqueks (uiventes, les iiverfis
manières d'opérer les Fondements
des Bâtiments,
La Figure ï , fait voir la maniere d'affeoir un
Mur fur un Roc. A, Profil du Roc,
Β, Profil du Mur.
C, Redents pratiqués dans le Roc, pour rece«
voir par encadrement les premières aflifes du mur. La Figure II, eft un Mur adoffé à un Roc.
D , Roc où l'on a fait des Arrachements F.
E, Mur afîis fur le Roc par le bas , & lié par
derriere avec lui, au moyen des harpes qu'on y a Jancé. La Figure III, repréfente la maniere de fonder
fur des Rochers, dont la fur-face eu inégale avec ^ies pierrées, G, Η , Ι, Κ , L , Cloifons de charpente for**
mant des Coffres, que l'on remplit de Maçonne- rie, & que l'on ôte quand elle a fait corps. La Figure IV, fait voir comment on peut fon-
der au bas d'un Rocher, auiîi par pierrées* M3 Profil du Mur,
Ν, Qoiibn placée fur te devant du Mur* "·.*B-
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%}% Cours
O, Pierrailles maçonnées avec de bon mortier.
Ρ, Profil du Rocher.
La Figure V , eit le fondement d'un Mur, où
Ton a praîîtjiié des Arcades par économie, & dont une partie des Pied-droits éft placée fur un bon Terrein ordinaire, & l'autre fur un Rocher. Q, Arcades. (
R ψ Rocher taillé pour recevoir les Pied-
droits V 9 V. S, S, Pied-droits fondés fur un bon Terrein
ordinaire X. RjT, Ligne ponftuée, repréfentant le niveau
des Fondements appuyés fur le Roc, & jufqu'où on doit obferver de pofer les pierres des Pied- droits S, S, V, fans mortier, en frottant leurs lits les uns fur les autres, pour éviter le tafTement. qui fe feroit vers ces Pied-droits, tandis que le Rocher ne tafleroit pas. ' "'*■'■'■■.' f '.."*,. ■■· ■ ;.'■■ 'M ' ' '"'.".
EXPLICATION DE LA PLANCHE LXVL
La Figure Pa, fait voir la maniere de fonder
iiir un Sable mouvant. Ί1 VI ij:.;;.J :,-{ :: ,> A, Forme d'une Palplanche, vue de face & de
profil, dont le Bout Β , elè fait en pointe. C, Terrein folide, . , ,l·
D, Chapeaux.
E, Lierne pour entretenir les Chapeaux.
F, Sable mouvant. ; i
G, Intervalle entre les Palplanches, dont on a
tiré le fable mouvant jufquau bon fond, pour y afleoirlesfondemenîs dinpjr. u ;; w La Figure II, eil un Mur aiïis fur un Grillage,
qui fert de baie à fes fondements. |
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D'A RCHIfECTURL à $J
H} Repréfente le Plan du Grillage ; & A » le
Profil du Mur & du Grillage. La Figure III, offre la maniéré de fonder par
Coffres on EncaifTements. L, L, Tranchée faite dans le fable ou la terre. 1,1, Madriers de part & d'autre de cette Tran»
chéé. K, K, Etréfillons que l'on ôte, après que le
mur eil érigé. Les Figures IV & V, expriment comment l'on
fonde avec des CaifTons dans l'eau. M, M, Fig. IV, Plan des CaifTons mis à côté Fun
de l'autre,& remplis de Maçonnerie* N, Plan du Mur avec fes Contreforts, qu'on
doit élever fur les CaifTons. O , Fig. V, Profil d'un CaifTon & du Mur, avec
îin de fes Contreforts, Les Figures VI & VII , repréfentent l'une îe
Plan , & l'autre lé Profil d'un Mur fondé fur Pilotis , avec des lettres correfpondanîès aux mêmes objets, pour en mieux faire remarquer la relation, .,,.,.,' Ρ , Grillage de charpente.
Q, Madriers ou Plate-formes.
R, Heurtoirs.
S, Pilots de rem plage.
T, Pilots, de garde.
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Explication de la Planche LXVÎL
Les Figures I & II repréfentent le Plan & le
Profil d'une autre manière de fonder fur Pilotis, avec des lettres de renvois femblables aux mêmes objets. |
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MBB
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âf4 Cöüftj
A, Pilotfc
Β, Grillage de charpente.
C , Pieux de garde.
D, Maçonnerie entre lé Grillagé*
E, Fig. Il, Profil du Mur & du Pilotis.
La Figure III, fait voir comment on peut écönóM
mifer la conitrucltion dés fondements d'une très-* grande profondeur, en pratiquant des Areades * dont on de/cend lés Piéd-dróits jufques fiir le bon fond. F, F, Arcades de j ou 4 toifes de diamètre> &
que Ton peut faire plein-cintre ou ogive. ù, Pied-dr§its affis fut le terrein folide*
H, Niveau du terrein folide*
La Figure IV, exprimé la maniere de contenir
lm terrein d'inégale coniiitance. # I, Arcs reriverfés, dont les Vouffoirs tehdenï'
vers le Centre K. L, Piliers férvartt de fondements à dés Pied-*
droits, à des Colonnes, &C. M, Maffif de moilon éritré les Piliers-;
Les Figurés V * VI & VII, font voir la prépâ*
ration des Pierres de taille & leur pofe. O, Lit ruftiqué datts le milieu, avec une Cife-
Iure au pourtour. P, Profil de deux Pierres pofées l'une fui
l'autre* Q, Pierre à recouvrement & en liaifon.
R, Mains de Pierre pour faciliter leur pofe,
fans craindre de les écorner. |
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î>* ARCÊIT'EC TURË. 2j[f
CHAPITRE II.
Z>£ la Construction en général, Planches LXVIIl et LXI3L iLa Bâtiffe ne fçatiroit être uniforme dans tous les
Pays;elle dépend de la qualité des matériaux qui s'y rencontrent i Les plus ordinaires font, la pierre de taille, le moilon, la brique, le caillou , le grais, &c. Entre ces différents matériaux * la pierre tient fans contredit le premier rang ; mais attendti qu'il y a des endroits où elle eft très-rare, & que dans les lieux mêmes où elle eil commune 3 ce genre de conitru&ion coûte fort cher, on eil fouvent obligé d'avoir recours aux autres. Les Anciens * au rapport dé Vitruve, Livre II%
Chapitre VIII; & de Palladio, Livre I, Chapitre IX, employoient différents procédés dans leur bâtiffe, dont plufieurs ne font plus en ufage. Le premier procédé confiiloit à difpofer les
Pierres A, en échiquier au dehors d'un mur, à faire fes Angles Β, en briques, & à pofer à 2 pieds ~ de diflance,furfa hauteur, trois rangs de Briques C, dans toute fon épaiffeur. Les figures l & II de la Planche LXVIIl, offrent une Elévation & un Profil de cette Bâtiffe, dont on ne connoît pas d'exemples dans les ouvrages antiques. Le deuxième confiiloit à élever en bonne liaifoft
des rangs de Briques D, ou des carreaux de Pierre en dehors fur toutes les faces d'un mur, en - façon d'encaiffement, dont le milieu fe rempliffoic |
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256 C ö ü k s
avec des morceaux de Briques-F, maçonnés avec
mortier de ciment y & de 3 pieds en 3 pieds fur la hauteur du mur, on faifoit régner dans toute Tépaiffeur 3 rangs de Briques Ε, plus grandes que les autres, en obfervant de placer le premier rang & le troifieme fuivant le petit côté, & le deuxième ou celui du milieu fuvant le grand côté : c'eft ainfi que font bâtis les murs du Panthéon, des Thermes de Dioclétien, & de pluiieurs Edifices de l'an- cienne Rome. Les figures III & IV repréfentent l'Elévation & le Profil de cette co.nilruûion. Le troifieme confiftoit à conilruire les murs en-
tièrement de gros Cailloux G , maçonnés de ci- ment , & à poîér de 2 pieds en 2 pieds , fuivant la hauteur, trois rangs de Briques H, en liaifon comme ci-devant. On mafquoit enfuite ces cail- loux par d'autres cailloux de rivière caffés par le milieu, & dont le côté fendu étoit placé en de- hors , pour rendre l'ouvrage uni & agréable à la vue. Les murs de l'Amphithéâtre de la Ville de Vérone , en Italie, qui fubfiitent encore en partie ? font bâtis ainfi. Les figures V & VI5 font voir fon Elévation & fon Profil. Le quatrième procédé, qu'on appelloit rußique?
confiftoit à employer les Pierres de toutes fortes de figures inégales I, fi ce n'eil aux angles qui étoient faits de pierre de taille en liaifon. On fe fervoit, dit-on , pour l'exécution de ces murs, d'une regle de plomb, que l'on ployoit fuivant la place deftinée à recevoir chaque pierre , afin de la tailler jufte pour le lieu où il s'agîffoit de la placer; ce qui donnoit néceiîairement beaucoup de fujétions fans procurer davantage de folidité. On prétend que les murs de la Ville de Prenefle étoient bâtis de cette maniere. Les figures VU & VIII
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:.'.:,Ac»«* ...
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d'Architecture, if/
Vil! de la Planche LXIX, repréfentent l'Eléva-
tion & le Profil d'un de ces murs« . υ: F Le cinquième confiitoit à placer les pierres dö
taille en bonne liaiibn L, comme on le pratique d'ordinaire : c'eft ainfi que font confiants la plu- part des Théâtres , Amphithéâtres, & des princi- paux monuments de l'antiquité. Les figures IX & X expriment leur arrangement. Tantôt on couloir les lits des pierres avec du mortier de chaux & fable ; tantôt on pofoit les pierres l'une fur l'autre à cru fans mortier, en ufant leurs lits, jufqu'à. ce que leurs furfaces fe toucha ii 'ent exaöement,, γ? : * Le fixieme s'opéroit par encaiiiement. On fai'foit des CaiiTes de bois M, dont les planches étoient efpacées de l'épaifîeur que l'on vouloit donner aux murs, & que l'on remplhlbit de toutes fortes, de Pierres ou Pierrailles Ν , à bain de mortier.· Quand la partie encàiifée étoit finie , On démon toit Îen- caifTement j on le plaçoit plus loin ou plus haut, afin de continuer le mur que l'on termihoit enfuite par un enduit. Beaucoup d'Acquéducs & d'ouvra- ges fouterreins paroiffènt avoir : été faits de-cette maniere. Les figures XI & XII, expriment l'Eléva- tion & le Profil d'un de ces£ncaiflements.£ s;;; , Enfin le feptieme procédé conflitoit à revêtir des murs très-épais, en pierre deitaiiLe feulement le long ' de leurs faces apparentes © ; fe à placer fuivant leur épaiffeur d'autres Murs Ρ :, auiîi en pierre 9 diilants d'environ 5 ou 6 pieds l'un de Tàutre;,; ce qui form oit des efpéces de- Cofiires Qa,;que l'on remplifloit de moiloiis, de pierrailles & de mortier. Les figures Xïii&XlV., neTaiiTçnt-:rie& à deiirer pour l'intelligence de l'élévation & -du „profil de cette conftruäion. mime fcè&i ; ; |
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2$8 Cours
La maniere de bâtir de nos jours , diffère à
quelques égards de celle des Anciens. On la diviie communément en cinq efpéces. La premiere con- iiite à conitruire les murs tout en pierres de taille, dures ou tendres en bonne liaifon, bien pofées en recouvrement les unes furies autres, à l'exemple du 5 e procédé des Anciens. La féconde eil celle entièrement en briques,
pofées auffi en? liaifon, & maçonnées , foit avec du mortier, Tok avec du plâtre. La troiiieme fe fait en moilons apparents , bien
équarris, bien giflants fur leurs lits , pofés de niveau de même hauteur, en liaifon , & piqués en leurs parements : on l'employé d'ordinaire pour la con- itruition des murs de cave , de clôture, de ter- rafle, &c. ' La quatrième s'opère en moilons pofés aufli fur
leurs lits & en liaifon, mais feulement eflemillés, c'efl-à-dire grofliérement équarris , pour former parement dans les lieux de peu de conséquence. La cinquième fe fait de blocage , ç'enVà-dire de
menues pierres qui s'employent avee du mortier dans les fondations, & avec un enduit, foit de plâtre ,· foit de mortier > dans les ouvrages hors de terre.*.- -i ■ >-*>;«>.'i-.·-- ν Quelquefois on allie enfemble plufieurs de ces
procédés dans l'exécution d'un même mur. On fait des parties en pierres de taille, comme les ëncognu- tes , lés jambes fous poutres ; des parties en bri- ques, comme au droit dés cheminées ; des parties en moilons, foit apparents, foit eflemillés , föit en- duits, fuivant que l'on defire plus ou moins éco- ïiomifer, ou fuivant .que l'on a deflein de rendre les ouvrages plus ou moins durables,. Ce qui fait , regle générale, la. folidité d'un
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..jaa&tMifc.,,..,.. ,
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d'Architecture, i§q
mur, c'eil le bon afTemblage des matériaux, & la
maniere la plus avantageufe de les employer, fuivant leurs proportions , leurs difpoütïons & leur convenance mutuelle. Leur difpoiition doit dé- pendre fur-tout de la maniere dont la nature en a difpofé la formation \ c'eit-à-dire que ceux qui ont été difpofés par couches, doivent être pofés dans le même fens, mais que ceux qui ont été formés en maiTe, comme le roc» le grais, le marbre, & dont toutes les parties n'arTe&ent aucune iituation particuliere , peuvent être pofés indifféremment dans tous les fens. Après cette obfervaticn, l'ellen- tiel eil de faire en forte que la forme extérieure àes pierres foit telle , que le volume de leur ma- tière puifTe être compris entre des plans bien pa- ralleles , & réciproquement perpendiculaires les uns aux autres, ou également inclinés fuivant que le cas l'exige , afin que fe convenant mutuelle- ment , elles fe touchent dans tous les points de leurs furfaces, autant qu'il eil poiïibîe« Dans les murs bâtis en pierres de taille , chaque
pierre doit être pofée fur fon lit; <5c comme elle eil brute ou velue en arrivant de la carrière , la premiere opération confiile à i'équarrir , à en tailler les lits & parements avec foin, fans y laiiier aucun gauche. Il faut fur-tout la bien ébouiiner, l'atteindre au vif, & réformer celle où il fe trouve- roit des moyes, des veines graffes, des fils, &c. Il eil d'uiage de pratiquer le long des lits & des
joints des parements vus, des plumées, cifelures , ou parties liiTes , figure V , Planche LXVÏI, d'en- viron 3 pouces de large, & de ruiliquer le Mi- lieu O : il y en a même qui tiennent ce milieu un peu renfoncé , ainii qu'on le voit par le Profil, figure VI, de maniere à former une efpéce de Rij
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260 Cours
petit Baffin P, On remplit de mortier cette partie
ruiliquée ou renfoncée j & avant de pofer la pierre fupérieure en recouvrement, on place des calles, qui ne font que des efpéces de bout de lattes de 2 ou 3 lignes d'épaiiïeur fur les plumées , à un pouce près des bords des 'joints , attention qui eil très-effentielle en pareil cas ; car ii on pia- çoit ces calles tout-à-fait fur les bords des pierres, il feroit à craindre qu'elles ne fiiTent éclater les arrêtes ; ce qui arrive d'ordinaire quand on n'y prend pas garde. La Pierre Q, en recouvrement, figure VII,
étant mife en place & callée bien de niveau, on fiche les joints, en y introduifant une regle ou une latte , pour étendre également le mor- tier qu'on a déjà mis entre les lits , & à l'aide de laquelle on achevé d'y en faire entrer le plus qu'on peut de nouveau. Cette dernière opéra- tion fe fait par les joints des côtés de la pierre, ou qui font oppofés au parement ; & même afin d'empêcher le mortier de s'échapper par les joints du parement, on y introduit d'avance de la filaiTe, que l'on arrache par la fuite , quand il a pris corpsî 11 eil important de pofer de fuite chaque cours
d'aiïife de pierre le long d'un mur, & de ne pas en- treprendre un nouveau cours, que le précédent ne foit entièrement achevé, ïe tout afin d'opérer fans ceife une égalité de taffement fur les fonde- ments. Il convient encore d'obferver conflamment de placer chaque pierre fur fon lit , en bonne liaifon , tellement qu'aucun joint montant ou ver- tical de deux cours d'aifife ne fe rencontre jamais vis-à-vis l'un de l'autre. Il y a même des Conilru&eurs qui affectent, pour la beauté de |
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r
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d'Architecture. 261
l'appareil, de donner une égale hauteur à tous les
cours d'affife; ce qui en exécution produit un coup d'œil fort agréable. Dans les conitru&ions où Ton eil jaloux de la
propreté de l'exécution, il eil bon de lahTer des Mains ou petits BofTages R, figure Vlï , aux pare- ments des pierres , que l'on ne coupe que lors du ragrénient du mur : par ce moyen le Pofeur peut les mouvoir facilement,& les mettre en place fans rifquer de les écorner , comme lorfqu'il eil obligé d'introduire des pinces entre les joints des pare- ments pour cela. Il arrive quelquefois que , dans les murs d'une
grande élévation , les calles de leurs parties infé- rieures s'applatirTent au point de permettre aux joints des pierres de fe toucherΓ, & de faire éclater ou épaufrer leurs arrêtes ; mais alors il eilaifé de pré- venir cet inconvénient, dès qu'on s'en apperçoit, en faifant un trait de fcie dans lefdits joints, d'environ un pouce de profondeur pour les élargir» Le mur étant bâti fuivant l'art, on en fait le
ragrément ; on coupe les mains des pierres ; on re- fait les joints des parements des pierres dures avec mortier de chaux & grais, & ceux des pierres tendres avec mortier de badigeon. Outre ces attentions, qui contribuent à la per-
fection d'une bâtiffe, il y a encore pluiieurs obser- vations capitales à faire pour aiiurer fa folidité. La premiere confiile à faire les premières airifes du rez-de-chauffée en pierre dure , afin qu'elles réiiftent mieux à l'humidité de la terre & de la pluie, ainfi qu'au fardeau d'un mur ?fur-tout quand il doit avoir une certaine élévation : la deuxième, à mettre les pierres d'un même cours d'aiîife , de même qualité, afin que le poids de la partie fu- Riij
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ι6ι Cours
périeure chargeant uniformément la furface de la
partie inférieure, trouve par tout une réiiftance égale : la troifieme, à difpofer toutes les pierres & moilons dans un parfait niveau en bonne liaifon, comme il a déjà été dit ci-devant, & à carreau & boutifle, c'eff-à-dire de maniere que la longueur oes unes foit fuivant la face du mur, & la longueur des autres fuivant fon épaiffeur ; le tout à joints & lits quarrés, & maçonné avec mortier de chaux & fable : la quatrième , à laiffer, quand on maçonne des murs moilons en plâtre , un petit intervalle entre leur arrachement & celui des chaînes de pierre , afin de lui donner la facilité de faire fon effet, attendu que le plâtre eil fujet à renfler, & à pouffer quelques jours après qu'il a été employé: lequel petit intervalle ne fe remplit que lors du ravalement général. Tels font fommairement les procédés que Fort
trouve mis en pratique dans l'exécution des édifices les mieux bâtis : mais pour ne nous point borner à j des généralités, & mettre de Tordre dans les détails
où nous nous propofons d'entrer , nous parlerons j • d'abord de l'appareil des voûtes & de la conftru&ion )
des caves , de-là nous expliquerons quelle doit être j
la bâtiffe des différents murs , & nous rendrons
compte enfin de tous les travaux particuliers qui fervent à la confection d'une maiibn ordinaire. ■'. ■ ': *■;■,·■■■'' "' V.',
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d'Architecture. 16}
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Article Premier.
Des Coûtes & de leur Appareil.·
Planche LXX.
ïl a été publié pluneurs bons Ouvrages fur îa
Coupe des pierres. Philibert Delorme, qui écrivoit en 15 57, eit le premier qui ait traité méthodique- ment de cet Art: Mathurin Jouffe , en 1642, y ajouta quelques Découvertes, qu'il intitula , le Secret de Ρ Architecture'.ho. Père Deran , en 1643 , publia un Ouvrage encore plus profond fur cette matière , & plus relatif aux befoins de l'Ouvrier : la même année Abraham Boffe mit au jour le Syflime de De/argues : M. Delarue , en 172.8 , re- nouvella le Traité du Père Deran s avec plufieurs additions & augmentations intéreffantes, qui doi- vent faire regarder fon Livre comme le réfultat de tous ceux qui l'avoient précédés : enfin en 1737 > M. Frezier , Dire&eur en chef des Fortifications de la Bretagne , a démontré la Pratique & la Théorie de la Coupe des Pierres, d'une maniere capable d'illuftrer cette partie de Γ Architecture ; fon Ouvrage eil tel qu'il y refte peu de chofe à defirer; & nous y renvoyons d'autant plus volon- tiers , que les limites de notre Ouvrage ne nous permettent pas d'entrer dans tous les détails né- ceflaires pour approfondir , comme il le faudroit i cette importante matière j c'eft pourquoi nous nous bornerons , après avoir expofé forrimaire- ment l'efprk de la Coupe des Pierres ,. & les moyens de s'y .perfeâionnfr;_ea .peu de tems.·, à Riv
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264 C O U p. S r,
donner une idée de la forme des diverfes epéces
de Voûtes , & à décrire enfuite les Outils dont Te fervent les Tailleurs de Pierres & les Maçons dans leurs travaux. Quoique la plupart des Appareilleurs n'opèrent
la coupe des pierres que par routines , il y a ce- pendant peu d'Arts auffi fufceptible d'être rai- . ionné, attendu que fes principes dérivent efîen- tielîernent de la Stéréométrie, partie de la Géo- métrie, qui enfeigne les développements de toutes fortes de corps, tels que les fpheres , les cylin- dres, les côues, &c. Il n'eiî queftion, pour y réuffir, que de fçavoir tracer les courbes produites par les projedions & fecHons que l'on peut faire fur ces folides , par la rencontre , foit de deux cylindres ou cônes qui fe pénétrent l'un l'autre, foit d'un cône dans un cylindre, foit d'un cylin- dre dans un cône, foit d'un cylindre dans une fphere , &c. Le vrai moyen d'y parvenir eit i° de couper les folides qui fe pénétrent par des plans paralleles entre eux comme par tranches : 2° de recormoître dans chacune de ces tranches , la par- tie commune aux deux corps : 3.0 enfin de lier par des traits les points communs aux deux furfaces, paiTant de Tune à l'autre fur les furfaces courbes mêmes, pour avoir la courbe naturelle, ou fur une furface plane pour en avoir l'imitation pro- duite par la projection. Après s'être exercé fur les développements de ces projections.& pénétrations, il n'y aura qu'un pas à faire pour opérer toutes fortes d'épuré \ il ne fera plus befoin que de fe bien repréfenter le rapport que la pièce, qu'il s'agira d'appareiller , peut avoir avec les déve- loppements des corps en quèition*; ou avec leurs diverfes projections & pénétrations. Si par exempte |
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d'Architecture. 265
Γοη veut faire une Porte en talut, & en Tour-
ronde , il ne s'agira que d'obferver que cell la pénétration d'un demi-cylindre dans un cône; fi c'en: une Voûte d'arrêté, on remarquera que ce n'eft que la rencontre de deux demi-cylindres ; fi cell une Defcente de cave , on verra que ce n'eft que la coupe d'un demi-cylindre oblique , &c. En fe rendant ainfi toujours attentif à quelle courbe géométrique, ou portion de courbe , chaque pièce de trait peut appartenir ; il fera poiïible de réufîir en peu de tems, & par jugement, fans prefque aucun autre fecours, à tracer toutes fortes de pièces de trait, & à redreffer au befoin les routines des Appareilleurs. On peut tracer les Epures , foit par panneaux,
foit par équarrhTement. La méthode par panneaux eil la meilleure , & produit moins de déchet pour la pierre. Après qu'on a tracé l'épure de la gran- deur de l'exécution, fur un mur, ou fur un aire que l'on a dreifé exprès, on leve les panneaux avec du carton , des voliges ou planches minces, que l'on applique enfuitefurla pierre , après l'avoir bien éboufinée, équarrie & dégauchie. Quel que foit cet Appareil , il doit être tel que tous les joints des voufioirs s'appliquent bien exa&ement les uns contre les autres, en tendant vers le centre ou les différents centres de la courbe de la voûte, & de façon à reporter Ton poids & fon aftion le plus avantageufement vers les fupports. ■ il y a diverfes fortes de voûtes qui tirent leurs
noms des figures qu'elles reçoivent. Elles font en gé- néral compofées de voufioirs appareillés de différen- tes manières , dont la forme varie à raifon de la fi- gure de la voûte , & delà place qu'ils doivent occu- per. On nomme Clef, le vouifoir qui couronne le |
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i66 Cours
haut d'une voûte, & qui eft également éloigné de
fes retombées, & Coufjinet, le dernier vouffoir qui repofe immédiatement fur l'impofte ou le pied- droit. La figure I fait voir le développement des Pan-
neaux d'un Vouffoir, qui eil ordinairement com- pofé de fix faces lorfqu'il fait parpin : a, Panneau de douelle : bb,Panneaux de joints : ce , Panneaux de tète. La figure lï offre à part un Vouffoir tout taillé:
dd> Faces du Vouffoir: e3 Douelle ou Intradof : f/, Lits ou Joints ruftiqués avec cifelure : h, Ex- trados. Les Voûtes les plus ordinaires font celles en
berceau ; il y en a de furhaujfées comme la figure III, de furbaiffées comme la figure IV, & de plein-cintr& comme la figure V. Lorfqu'un berceau eft convexe ou concave , ou
bien forme un angle par fon plan, il reçoit diffé- rentes dénominations , & on l'appelle , foit une Paru en tour ronde, foit une Porte en tour creufe? foit une Porte fur Le coin. On nomme D&fcente, une voûte en berceau qui
va en rampant, telle eft la figure XV ; Voûte d%ar- rëte, figure XI, une voûte compofée de deux ber- ceaux qui fe croifent, de maniere à former par leur rencontre des arrêtes faiiiantes emdiagonale; Voûte en arc-dé- Cloître $ figure X, une voûte for- mée par des triangles fphériques, qui offrent par leur rencontre des angles rentrants; Voûte fur le noyau, figure XIV, une voûte en berceau tour- nant autour d'un pilier. On appelle Plate-bandes, des efpéces de voûtes
qui terminent le haut des bayes, des portes , oit des croifées. Les unes font droites,'figure VI; les |
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d'Architecture. 167
autres font bombées , figure VII : leurs Claveaux
ou Vouffoirs i, tendent d'ordinaire au fommet d'un Triangle équilatéral g, dont la bafe eft la lon- gueur de la Plate-bande. On voit cependant dans la moitié de la figure VI, que les Joints A, font perpendiculaires j ce qui fe pratique quelquefois en devant d'une plate-bande pour le coup-dœil, mais l'intérieur defdits joints ne laiffe pas pour cela de tendre vers le point g, ainfi qu'il vient d'être dit. Λ
Quand une baye plein-cintre ou furbaiilee eit
terminée fur une de fes faces par une plate-bande, comme dans la figure VIII, on la nomme une Arrière-Foußure de Marfeille : mais , quand au con- traire elle eil terminée par un arc plein-cintre, comme dans la figure IX, on la nomme une Ar- ricre-Fouffure Saint-Antoine. On appelle Voûte Jphèrique, celle qui forme une
hémi-cicle parfait concave , telle eit d'ordinaire la Voûte d'un Dôme , figure XII; Pendentif, une demi-fphere tronquée par fon fommet ,& péné- trée par quatre voûtes en berceaux , qui laiffent entre elles quatre efpaces triangulaires fphériques, comme on le voit figure XIII. λ Il y a encore plufieurs autres fortes de Voûtes,
telles que des Trompes dans ? angle , comme la figure XVI, des Trompes en tour ronde Se fur le coin, pièces de traits dont on ne fait guère ufage fans une abfolue néceffité ; des Cornes de vache, des Cornes de bœuf. Les Efcaliers font de tous les ouvrages les plus
difficiles à bien opérer pour la coupe des pierres; on les fait, foit à jour, ou à Vis fufpendue dans une Tour ronde , comme on le voit figure XVII, foit en Vis Saint-Gilles quarré, foit à Noyau. Les |
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i68 Cours
plus beaux fe font à jour avec un vuide au milieu,
& font ceux dont on foutient les Rampes & Pal- liers en l'air par des VomTures , par des Arcs-de- Cloître, par des Trompes , ou par des Piate- ' bandes. Explication de la Planche LXXI,
Repréfentant les Outils à l'ufage du Tailleur
de Pierre & du Maçon. A , Marteau appelle Têtu, fervant à dégroiîir
la pierre : on voit à côté fo.n Fer a, repréfenré en plan avec fon œil. Β, Marteau à pointe pour tailler la pierre , avec
le plan de fon Fer b , vu auiîi du côté de fon œil. Il eil à remarquer qu'un des côtés de ce Marteau eit fait en hache , & que l'autre a des brételures , ou des efpéces de petites dents pour la pierre dure. C, Marteau à pointe avec ion Fer c, que l'on
nomme Pioche , & qui fert également à tailler la pierre. D, Pic, dont le bout eft terminé tout-à-faît en
pointe ; mais, lorfque ce bout va en s'élarguTant, on le nomme auiîi Pioche, & il fert alors à creufer la terre. Ε, Riflard, qui peut %re avec brételures ou fans
brételures, F, Différents Cifeaux. Ces Outils & les précé-
dents fervent à finir les parements des pierres, à les ragréer, à y tailler des moulures. G, Maillet.
II, Niveau de Pofeur.
I, Equerre,
Κ , Compas d'Appareilleur.
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. d'Architecture. 269
L, Sauterelle , ou fauife Equerre , fervant à
prendre l'ouverture des angles. M, Regle d'Appareilleur, qui eil d'ordinaire
de 4 pieds de long. Ν , Scie fans dents , fervant pour la pierre
dure ; car celle qui a des dents fert pour la pierre tendre. Ο, Gouge pour faire les moulures , ou les
ragréer. Ρ , Auge pour gâcher le plâtre ou le mortier.
Q, L'Oifeau , fervant à porter le mortier fur les
épaules» R, Truelles de deux formes différentes : celle
qui eil circulaire par devant fert pour le plâtre, & celle qui eil triangulaire fert pour le mortier. S, Tamis pour paffer le plâtre ou le"ciment.
T, Ligne ou Cordeau , avec fon Plomb & foti
Chas t. V, Hachette à l'ufage du Maçon.
X, Batte pour écrafer le plâtre. ^
Y, Rabot pour corroyer le mortier.
Il y a encore d'autres Outils , Uilenfiles & ïri-
ilruments à l'ufage du Maçon & du Tailleur de Pierre , tels que des Pinces, des Brouettes, des Hottes, des Pelles, des Claies, &c, lefquels font £ connus qu'il n'eil pas befoin de les reiré- Center. |
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270 Co υ R s
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Article IL
Z)e /a Conflriiclion des Caves ou Souterràns
d'un Bâtiment. Planche LXXII.
On conftruit les caves , foit tout en pierre de
taille, foit tout en moilon , foit partie en pierre de taille & partie en moilon. Quoique le premier procédé foit. fans contredit le plus folide , il eil rare qu'on l'employé , & le plus ordinairement on fait u.fage du dernier. Quant au fécond, il n'a guère lieu que dans les bâtiments de peu d'importance & par économie. Les fondements des murs de cave font les mêmes
que ceux des murs de face , de refend & mitoyen d'une maifon, avec quelque empattement de plus au niveau de l'aire des caves. Ils doivent, comme précédemment, êîre faits en gros moilons & bons libages , dont la premiere aiîife foit pofée à iec fur le terrein reconnu pour folide. On élevé les murs des caves, en laiflant fur leurs fondements une re- traite de 3 pouces de chaque côté le long des murs de refend & mitoyen , & en laifTant feulement une retraite de 3 pouces du côté de l'intérieur des caves, le long des murs qui portent ceux de face «d'une maifon; la raifon de cette différence vient de ce que les premiers murs font ifolés , tandis que les autres font adoffés aux terres qui les fortifient fuflifamment vers cet endroit. De même que l'on met dans les fondements, des
libages en correfpondance fous tous les points |
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d'Architecture. 271
dappui capitaux du rez-de-chau-fîee d'un bâtiment,
tels que les têtes des murs , les jambes-étrieres, les encogmires > les pied-droits & chaînes qui foutiennent des poitrails ou des poutres^ on doit continuer auffi à élever fur ces libages , des affifes & chaînes de pierre dans ïa hauteur des murs de- cave , pour porter dire&ement ces points d'appui. On difpofe enûtite des chaînes & arcs environ à 12 pieds de diitance de milieu en milieu, le long UQS berceaux pour les fortifier : on eft encore obligé de mettre de fembiables arcs en pierre, foit en correfpondance - fous les murs de refend, foit fous les parpins des cloifons qui portent plan- chers , quand les uns ou les autres traverfent la largeur des berceaux ; enfin l'on fait également en pierre les foupiraux, les pied-droits & les plate- bandes des portes : car pour tout le refte de la con- traction des murs & voûtes de cave , il s'exécute communément en moilons apparents, piqués en leurs parements, ouiimplement eifemiliés du côté où ils font vus. : :- Il eil efténtiel que les chaînes , pied-droits &
plate-bandes. des pierres faflent toute l'épauleur des murs, & foient pofés alternativement à car- reaux & boutiffes de 5 à 6 pouces environ de part <& d'autre,/le maniere que les moindres affîfes ayent 15 à 18 pouces de tête. Le mortier dont on fe fert pour les conitru&ions des caves & des fon* déments, doit toujours être de chaux & fable^ ceà par abus qu'on les maçonne en plâtre dans Jes pays où il eil commun : car jamais le plâtre jae fait corps dans l'humidité par fa nature; &. l'ori peut fe rappeller les raifons phyiiques que nous 01 avons donné à l'article du Plâtre : cependant la plupart des Ouvriers à Paris maçonnent d'ordi- |
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272. Cours
naire les murs des caves avec du mortier , &
maçonnent au contraire leurs voûtes avec dit plâtre , fous prétexte d'accélérer l'ouvrage , de reflerrer leurs voufToirs par fon renflement , & fur-tout pour s'exempter de laiffer les cintres auiîi îong-tems qu'ils y feroient obligés , s'ils opéroient aufii la voûte en mortier : mais encore un coup , il s'en faut bien que les voûtes puiffent avoir autant de durée, lorsqu'elles font maçonnées en plâtre. Quand on bâtit les murs de cave tout en rrioilon-,
on ne fait point les plate-bandes & les pied-droits des portes en pierre : on ne met auffi ni chaînes ni «ires de pierre de diilance en diilance le long des berceaux, ni chaînes de pierre à la tête des murs, ii ce n'eft fous les jambes-étrieres : auiîi -cette conilruclion eil-elle de peu de durée, & ne doit- elle avoir lieu que par économie : cependant quant à la place de moilons, on. peut employer de la pierre de Meulière avec de bon mortier, on réuffit à faire des ouvrages en ce genre qui font folides. Les voûtes des caves ont communément de hauteur fous clef, depuis 7 jufqu'à 9 ou 10. pieds: elles fe font rarement plein-cintre , mais le plus fouvent en berceau ou en anfe-de-panier , pour faciliter de paffer derriere les tonneaux. On donne à leurs voûtes au moins 16 pouces «Tépaiffeur à la clef, & on laiffe au-deffus de cette clef environ 8 pouces jufqu'au rez-de-chauffée : enfin on garait leurs reins jufquà leur couronnement en moilons maçonnés comme ci-devant, où l'on fait de fauffés aires avec de petites pierres & des plâtras, fur les- quelles on carele , ou bien l'on feeîle des lam- bourdes pour recevoir du parquet. 1 ':[ H eft affez indifférent d'appuyer les voûtes des Caves fur les murs de face ou de refend; on doit feulement
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D'A ft G H I T £ C Τ 't/ ft £. 17J
Îeulemerrt obferver, quand on les appuie fur les
murs rde refend , de continuer à les bander fur les mêmes murs ; & ii l'on eil obligé de les tourner: autrement, il faut faire à chacune des caves voi- fines, & contre le mur de refend, une demie voûte en arc-de cloître pour racheter îe berceau , & fer- vir de culée à la voûte de la cave du milieu. Il eil néceffaire de faire un contre-mur d'un pied
d'épaiiTeur dans* les caves , y compris l'empatte- ment du mur au rez-de-chauifée au droit d'un mur mitoyen, le long des voûtes en berceau, quand leur retomJbée ou naiilance y eiï appuyée. Ce con- tre-mur doit faire une bonne liaiibn avec le mus; mitoyen, non - feulement pour porter lefditel , voûtes , mais auiîi pour foutenir leur pouffée , & empêcher qu'elles ne faffent déverfer le mur mi- toyen : cela dépend au furplus de la grandeur dé la voûte ; car fi elle étcit fort furbaiffée tk d'un grand diamètre, il pourrok arriver que l'é- paifTeur d'un pied, jointe à celle de la moitié de répaiiTeur du mur mitoyen , ne fût pas fuffifante ; & alors il feront important d'augmenter propor- tionnellement l'épaifïeur du contre-mur, afin de le mettre en état d'en foutenir l'effort (λ). Au fur- plus , quelque foit la courbe des berceaux des caves, il ne faut point que la coupe des pierres ou des moilons de" leur naiiTance , entre dans l'épaiffeur du corps du mur mitoyen. La raifon pour laquelle on ne donne pas mx
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(a) Si le mur de face d'une cave éroit aflis fur de la gjaife, il fau-
drait en ce cas faire un contre-mur dans les terres en dehors , de iz à 15 pouces d'épaifleur en moilons, pour empêcher que le poids .du mur fur la glaife ne la fît remonter, gc n'occaiiomiat beaucoup de taflement.
, Tome V. " S
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274 Cours
pied-droits ou fupports des voûtes de cave ordi-
naires , d'autre épaiffeur que celle des fondements des murs de face» de refend, ou mitoyens avec leur empattement, c'eftque ces voûtes fontenterrées & contenues de toutes parts par les terrés, & que leurs fupports font chargés en outre par la grande élévation des murs de face ou de refend, qui, en les roidiffant, augmente ainfi leur force, & les met par conféquent en état »d'en foutenir la poufféè : car, fi ces fupports étoient ifolés & hors de terre, il conviendroit de les proportionner tout différemment, ainfi qu'on le fait. Quand les voûtes de cave font obligées d'avoir
une certaine étendue, au lieu de faire une feule voûte fort large & fort plate, on élevé des piliers au milieu de leur largeur, à une certaine diftance les uns des autres, qui rachètent deux berceaux avec des lunettes, ce qui forme des voûtes d'arrêté ; mais pour quelles ibient bien folides, il faut bâtir ces voûtes d'arrêté, ainfi que les pied-droits & dofîerets qui foutiennent leurs retombées , en pierre de taille. Il n'eft pas néceffaire de faire des contre-murs vis-à-vis les lunettes des voûtes d'ar- rêté, à la rencontre dès murs mitoyens, mais il fuffit de donner un pied de faillie environ à leurs doiierets, & même plusjfi la poufTée de la voûte le requiert, attendu que ce font ces dofîerets qui portent la voûte. Il eft rare que l'on emploie dans les caves d'autres voûtes que celles en berceau ou d'arrêté : les voûtes mêmes en Arc-de-Cloître y font peu d'ufage, fi ce n'eft pour l'exécution de quelques caveaux. On ne met ni crampons, ni chaînes de fer,
ι m tirants dans les fondements d'un bâtiment,
& au droit des voûtes de cave, attendu qu'il
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d'Architecture. 275
n'eu: pas à craindre que des pierres contenues par les terres punTent fe déranger , quand elles ont été pofées bien de niveau, & fur un bon fond : cependant on s'eil permis de cramponer depuis peu toutes les aflifes des fondements de l'Eglife de la Magdeleine de la Ville-l'Evêque à Paris : c'eit peut-être la premiere fois que cela elt arrivé. On peut voir dans nos Mémoires ce que nous avons dit fur ce fujet , de même que fur le défaut de liaifon des fondements de cet édiiîce , que l'on a eflayé de rectifier depuis nos obfer- vations. Les Defcentes de cave fe placent fous les prin-
cipaux efcaliers : leurs voûtes font rampantes & s'exécutent en berceau, dont l'un des pied-droits eft foutenu par un gros mur, & l'autre par un mur que l'on nomme déchiffre , lequel mur dé- chiffre s'élève jufqu'au rez-de-chaiiffée , & eit. deiliné à porter le focle que Ton met au bas d'un efcalier, ainii que fon limon. On fait les têtes de ces murs déchiffre en pierre dure , & le reite ordi- nairement en moilons piqués, que l'on maçonne comme ci-devant. Quant aux marches des defcentes, on les exécute en pierre de taille dure, d'une feule pièce , & même le plus fouvent on les taille en chamfrein par devant pourgagner du giron : enfin, outre qu'on fait porter ces marches dans le mur déchiffre & le gros mur, ön pratique.encore des voûtes rampantes par deffous pour les fou- tenir, û on le juge néceifaire. |
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Si]
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27<5 Cours
Explication des F ι g u r e s
de la Planche LXXII, ,<:' Reprèfemant les détails de la Conßruclion
moyenne d'une Cave, c'efi-à-dire bâtie
partie en pierres, partie en moilons.
La Figure I eil le Plan de deux Berceaux de
Caves. A, A, Murs de cave, fervant à porter deux
murs de face , qui font fencognure de deux rues. Β, Mur de refend des deux berceaux, deftiné
à porter un autre mur auiTi de refend, au rez de- chauffée du bâtiment. /1, . C, Mur mitoyen, fortifié d'un contre-mur d'un
pied, y compris l'empattement, du côté de la re- tombée du berceau. D9D\ Direction des Berceaux, exprimée par
des lignes ponctuées. E, Baye de porte.
G, Soupirail jl
I, Empattement des fondements fous les murs
des Caves. Κ, Κ, Lignes ponctuées, exprimant deux arcs
de pierre dans les Berceaux. L, L Parties de mur des caves, confiantes en
pierre de taille, & que nous avons teintées davan- tage , pour les différencier du reite qui eit bâti en moilons. Ces parties en pierre de taille font pla- cées à la tête ou rencontre de tous les murs , aux chaînes 5 aux pied-droits de la porte Ε, au pour- |
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MgïMïU
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d'ârchitectur e. 277
tour du foupirail G, & en correfpondance fous tous
les points d'appui principaux du rez-de-chauffée. La Figure II, repréfente le Profil d'un des Ber-
ceaux de Cave fur fa longueur, fuivant la ligne xx9 du Plan figure I. M, lJrofîl du mur de cave, qui porte le mur de
face, & qui eil élevé d'à-plomb , tant du côté des leeres que du côté des caves , en laiffant un em- pattement de 3 pouces fur fon fondement en de- dans. N, Chaîne ou Arc en pierre en carreaux & bou-
îhTes, que l'on place communément à 12 pieds de diitance l'un de l'autre , de milieu en milieu le long des berceaux, pour les fortifier , ainii que fous les murs de refend, ou les murs parpm des cloifons qui portent planchers, & montent de fond quand ils traverfent la largeur de la voûte : car , en fuppofant qu'on ne voulût pas de chaînes en pareil cas , on ne pourroit fe difpenfer de faire un Mur Ο, dans les Caves en correfpondance. Ρ, Jambes de pierre de taille à la rencontre de
tous les murs pour les lier, & qui s'élèvent per- pendiculairement jufqu'au rez-de-chauffée en pé- nétrant les voûtés ou berceaux. Q, Murs bâtis en moiions apparents piqués en
tête , de niveau , à vive,arrête, à lits & joints quarrés, en bonne liaifon , & démaigris en queue dans l'épauTeur du mur. Quelquefois au lieu de piquer les moiions, on
fe contente de les effemiUer ou équarrir avec la hachettej ou bien on les enduit en plâtre ; ce qu'il faut éviter, vu qu'il fe détache en peu de tems. R, Cours d'Afîifes en pierre dure, que l'on
doit mettre pour le mieux au bas des murs de cave : car quelquefois on fe contente de placer des Siij
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%7$ Cours
moilons vers cet endroit, fur la retraite des fon-
dements. 5, Murs de fondements des caves avec des
libages , en correfpondance fous les parties en pierre de taille. Τ, Mur de refend au rez-de-chaiifTée.
V, Profil d'un Mur parpin Soutenant une cloi-
fon montant de fond, & qui eil porté fur l'arc en pierre N. La Figure III, repréfente un Profil des deux
Berceaux de Cave fur leur largeur γ y, figure I. W, Voûtes de Cave que l'on fait en berceau ,
foit plein-cintre , foit anfe - de - panier , foit furmonté» & toujours de maniere que leurs cour- bes ne nuifent pas à l'arrangement des tonneaux le long des murs : on garnit les reins de ces Voûtes en moilons jufqu'à leur couronnement, X, Chaînes de pierre portant au rez-de-chauiTée
le pied-droit d'un poitrail , ou d'un point d'appui principal. Y, Vue de face du Soupirail.'
Ζ, Profil d'un Mur de Cave, deiliné à foutenir
un mur de face au rez-de-chauiiée. 6, Profil d'un Mur de refend.
ä, Murs de moilons piqués en leur parement
apparent. b, Profil d'un Mur mitoyen , fortifié d'un contre-
mur de 9 pouces d'épaiifeur , exprimé par une Ligne ponctuée c, non compris les 3 pouces d'em- pattement du rez-de-chauffée. d, Fondements des Murs de Cave.
e Λ Murs de face au rez-de-chauiTée.
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d'Architecture.
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279
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Article III.
De la Conftruclioii des Murs de Clôture,
Planche LXXIII. On diftingue pluiieurs fortes de murs , qui exi-
gent dans leur bâtiffe différentes confidérations. Les plus fimples & les plus aifés à exécuter font ceux de clôture pour les cours, les jardins & les parcs. Il eil d'ufage de leur donner environ 15 pouces d'épaiffeur , outre l'empattement de leur fondation, qui doit avoir 3 pouces de chaque côté. Leur élévation eft fixée parla coutume à 10 pieds, depuis le rez-de-chauffée jufquau haut du chape- ron, On ne defcend pas communément la fonda- tion d'un mur de clôture au-delà de 3 pieds de profondeur, lors même que le terrein fe trouve médiocrement folide; & cela fuifit, parce que ces fortes de murs n'étant pas chargés, n'ont pas be- foin d'une fermeté pareille à ceux deftines à porter un édifice. Cependant, enfuppofant que l'on trouvât le terrein folide à une moindre profondeur , on pourroit s'y arrêter, pourvu toutefois qu'il y eût au moins 18 pouces de fondements : car ii Ton trouvoit le bon terrein à la furface du rez- de-chauffée , il faudroit l'entamer , afin d'em- pêcher les eaux pluviales de dégrader le deffous du mur. Il n'y a qu'un feul cas où l'on pourroit s'en difpenfer, c'eft celui où l'on trouve- roit un roc : encore feroit-il à propos d'y encaftrer de quelques pouces la premiere affife- Mais, comme il eft poifihle que l'on trouve un
Siv
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iSo Cours
fable mouvant, des terres gîaifes, on des terres
rapportées d'une grande profondeur à l'endroit où l'on deiire fonder un mur de clôture, alors il faut, après avoir creufé à environ 4 pieds de profon- deur ,-mettre un cours de plate formes fur des ra- cinaux dans le bas de la fondation ; ce qui difpen- fera de piloter, à moins que le terrein ne fok abfolument marécageux. On fait les murs de clôture avec les matériaux
les plus communs dans le pays , tels que des pierrailles , des cailloux , des biocages, en obfer- vant toujours de mettre les plus gros dans le bas, & de les maçonner , foit avec mortier de chaux & {ßhle, foit avec mortier de terre graffe , que l'on crépira, enfuite & chaperonnera , foit avec mortier de chaux & fable, foit avec du plâtre. Il y a des Provinces où l'on bâtit la plupart des
murs de clôture en beaiige, foit par économie, foit parce que la pierre y eil rare. On appelle ßeauge, delà terre grafie mêlée avec de la paille achée. Quand cette bârifie eil bien faite , elle équivaut prefque à celle en moilon : nous avons vu des murs ainii bâtis , qui fubiiitoient depuis plus de 30 ans dans le miÉlieur état, il faut pour en aiîurer la durée , leur donner 2 pieds d'épaifTeur dans· le bas , les élever avec fruit en cailloux ma- çonnés avec mortier jufqu'à environ un pied~ hors déterre, conduire la beauge parallèlement dans toute la longueur du mur, afin que le tafTement de toutes les parties inférieures s'opère uniformé- ment, & enfin terminer le tout par un enduit de terre graiie : quant au chaperon, il s'exécute avec du chaume que l'on fait faillir de 5 ou 6 pouces de chaque coté, afin que l'égoût des eaux pluviales tombe au-delà du pied du mur» |
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d'Architecture. ι%\
Les murs de clôture les plus folides fe bâtiffent
en Moilons piqués apparents A, avec des Chaînes de pierres de tailles β, de 12 pieds en 12 pieds d'un milieu à l'autre, figures I &II, Planche LXXIIL On donne à ces chaînes environ % f/ieds ~ réduit de largeur, &Γοη met dans le bas un cours d'Affîfe de pierre dure C, ainfi que des Tablettes D, de pierre dure pour chaperon ; le tout maçonné pour le mieux avec mortier de chaux & fable. On termine communément le Chaperon D,
d'un mur de clôture en pointe, avec un filet des deux côtés pour rejetter les eaux hors des pare- ments du mur , quand ledit mur eil mitoyen ; mais s'il n'eil pas mitoyen , on ne fait volontiers qu'un filet ou égoût du côté de celui à qui le murfeul appartient Les chaperons reçoivent deux différentes dénominations à raifon de leurs conf- truaions ; ceux faits en moilofis ou pierres plattes maçonnés avec mortier s'appellent Filets ; & ceux faits entièrement en plâtre fe nomment Larmiers. Il arrive quelquefois qu'un mur de clôture fépare
des terreins d'inégales hauteurs : dans ce cas le Propriétaire du terrein le plus élevé eil tenu de faire de fon côté, à fes dépens , un contre-mur de 12 pouces d'épaifleur dans toute fa longueur, & de pareille conilru&ion que le mur ; mais fouvent à deffein d éviter ce contre-mur , on fait ^ des chaînes d'environ 9 pieds en 9 pieds jufqu'à la hauteur du fol le plus élevé , & Ton met auffi dans les terres de diilance en diilance quelques éperons de maçonnerie, de il pouces de faillie fur 18 à 20 pouces de face, pour réfiiler à la pouifée des terres. |
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îSl C CK U R S
Article IV.
Z^ la Confiruction des Murs de Face
d'un Bâtiment* Planches LXXIII, LXXIV, LXXV, LXXVI,
LXXVII, et LXXVIII. L'ÉPAISSEUR des murs de race d'une maifon,
quelque foit leur conilruclion, doit être propor- tionnée à leur élévation & à la charge qu'ils feront obligés de foutenir. On donne communément à ceux qui portent planchers deux pieds d'épahTeur parle bas, fur 8à lotoifes d'élévation,& quelques pouces de moins à ceux qui n'ont que leur propre fardeau à foutenir. L'ufage eil de donner du fruit ou talut aux murs de
face par dehors, & de les élever au contraire à-plomb en dedans d'une maifon, vu qu'ils font fufHfamment contenus par les planchers vers cet endroit ; & que par cette iituation , ils contrebalancent leur pouffée. Ce fruit doit commencer depuis le pied du mur au rez-de-chauffée, & continuer jufqu'à (on couronnement , fans avoir égard au focle que l'on met d'ordinaire au bas defdits murs, & qui eil réputé ajouté au-delà de l'épaiiTeur défi- gnée. Π y a deux manières d'exprimer ce fruit, l'une & l'autre adoptées par d'excellents Conilru- öeurs. La premiere coniiile à donner 3 lignes de talut en dehors par chaque toife d'élévation , & à faire en outre une retraite d'un pouce à l'extérieur fur chaque plinthe, ou au droit de chaque plancher, |
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d'Architecture. 283
à la réferve de celui de l'entrefol, s'il y en a, lequel
eft cenfé compris dans la hauteur du 'rez-de- chauifée. Ainfi un mur de 60 pieds de haut avec quatre étages fans le rez-de-chauffée, ayant 2 pieds dans le bas , fe trouvera , fuivant ce fyilême, réduit à 17 pouces ~ vers fon couronnement, c'eità-dire aura à peu près un quart d'épaiffeur de moins dans le haut. La féconde confifte à donner uniformément une ligne par pied de fruit en de- hors fur toute la hauteur d'un mur, ce qui produit moins de diminution dans l'épaifleur de fa partie fupérieure ; ainn fur 60 pieds, il n'y aura que 5 pouces de moins dans le haut. Le premier procédé efl le plus généralement fuivi, & nous paroît préféra- ble, en ce qu'il conferve l'uniformité d'épahTeur des tableaux des croifées, & l'à-plomb des étages : ce qui n'eit pas indifférent pour le coup d'oeil. Les Anciens avoient coutume d'élever les
murs de face fur la retraite des fondements du rez- de-chauifée, d'à-plomb en dehors jufqu'à la plinthe du premier étage ; & ils ne commençoient que du deflus de cette plinthe à donner du fruit, d'où il réfultoit que les façades étoient fujettes à boucler par la fuite, ou à former un ventre en dehors vers cet endroit ; ce qui nuifoit à leur durée, occaiion- n'oit des allarmes aux Locataires, & obligeoit à de fréquentes réparations. C'eil fans doute pour obvier à cet inconvénient , dont la plupart des vieilles maifons font foi, qu'on a réformé ce pro- cédé , & jugé plus convenable pour la folidité de commencer ce fruit depuis le pavé du rez-de- chauifée. Tout ce que l'on pourroit peut-être defirer encore à cet égard , ce feroit que l'on pourfuivît ce fruit en contre-bas , depuis la re- traite du rez-de-chaiuTée jufqu'au fond des rigoles |
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...... πι......i^mimmifmmmmimf^^^^^ffcmmi
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2$4 Cours
des fondations en dehors : par ce moyen tes murs
de face s'élevant toujours en talut, depuis leurs plus baffes fondations jufqu'à leur couronnement, acquéreroient la plus grande fermeté poffible & la plus capable de prolonger leur durée. On voit dans le bas de la Figure ÜI, Planche LXXIÏI, une Ligne pon&uée χ , qui exprime la prolongation de ce talut. Au reireil ne fufïït pas feulement de propor-
tionner f épaiffeur des murs de iace d'une maifon a leur élévation, les différents poids des combles & des planchers, la pouifée des voûtes qu'ils au- ront à contenir, la multiplicité des vuides des arcades , des croifées ou des portes , le fcellement des poutres, &c, doivent encore fuivant les cir- confiances contribuer à les varier. Mais dans tous les cas il convient fur-tout de fortifier ou de donner plus dëpaiffeur aux encognures des murs de face, des avant-corps , des pavillons & des extrémités d'un bâtiment, à caufe de la plus grande pouffée occafionnée vers ces endroits par les voûtes, les planchers , les croupes des combles & leurs arrê- tiers, &c; inégalités d'épaiffeur qui Ce réparent au befoin, dans l'intérieur d'un bâtiment par les revê- tiifements des lambris , & en dehors par la faillie des corps qui entrent dans l'ordonnance de la dé- coration extérieure. On diftingue trois manières de bâtir les murs
de face ; la premiere & la meilleure eil en pierre de taille ; la féconde eil partie en pierre de taille & partie en moilon ; la troifieme eil toute en, moilon : attachons - nous à tes décrire féparé- ment. |
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d'Architecture. 285
Des Murs de Face en Pierre de taille.
Planches LXXIV et LXXV. Les murs des fondements étant élevés , comme
il a été expliqué ci-devant, à la hauteur des terres, & les voûtes des caves , s'il y en a, étant arraiees, il faut pofer à 3 pouces de retraite , tant en dehors qu'en dedans, iuivant la diftribution du plan, un cours d'aiEfe de pierre de taille de haut banc, de la meilleure & plus dure qualité , bien de niveau, bien ébouiinée , atteinte au vif, & coulée avec de bon mortier. Cette premiere afîiie doit faire toute répailTeur du mur, & porter les pied-droits des portes , des croifées, & les corps faillants ; & elle doit avoir lieu quelque foit la conilruclion d'un mur , tant pour le fortifier par le bas, que par rapport à l'humidité & aux eaux pluviales. Quand on bâtit un mur de face tout en pierre
de taille , on continue à élever les autres aiîîfes au-deiîus de la premiere en bonne liaii'on , avec l'attention de donner à chaque cours d'afïife la même hauteur, & à chaque pierre toute l'épaiiTeur du mur. 11 eft à remarquer que, quoiqu'on érige un mur
tout en pierre de taille, on n'y met cependant de la pierre dure que juf qu'à une certaine hauteur, & qu'au delà on le continue d'ordinaire en pierre tendre , tant par économie , que pour alléger le haut du bâtiment. Il n'y a pas de règles précifes pour déterminer cette hauteur ; cell à l'expé- rience de l'Architecte à juger où il convient de s'arrêter, en confédération de l'élévation du bâti- ment , de la qualité de la pierre, & du poids qu'elle |
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eit en état de porter, ainii que de la largeur , foit
des pied-droits des portes , foit des trumeaux qui féparent les croifées. Si un bâtiment n'a que 30 ou 40 pieds d'élévation , il fuffit communément de mettre au bas 3 ou 4 cours d'affife de pierre dure; mais s'il doit avoir 5001160 pieds, on met volontiers de la pierre dure jufqu'au \ ou au { de fa hauteur, ou même jufqu'au premier étage : ce font en un mot les fardeaux, la multiplicité des ouvertures, & la groffeur des points d'appui qui peuvent dé- cider à cet égard. Nous avons dit que la premiere affife du rez»
de-chauiTée devoir toujours faire l'épaiiTeur du mur ; cependant cela ne s'obferve guère que pour les murs de médiocre épaiiTeur , tels que ceux des maifons Ordinaires : car quand ils ont , par exemple , 4, 5 ou 6 pieds d'épaiiTeur, il fuffit que les pierres faffent parpin de deux l'une. Quand on érige un mur, on commence par pofer les pre- mières affifes des encognures , les angles en re- tours des avant-corps ou des extrémités : c'eil toujours vers ces endroits que l'on doit s'attacher à mettre les plus gros quartiers de pierre , & à donner le plus de fermeté : on continue enfuke à placer les différents, cours d'affife en les arrafant de même hauteur. S'il y avoit beaucoup de fu- jétions dans la plantation de la premiere affife, à caufe des retours & de la figure extraordinaire du plan, il faudroit faire alors un enduit fur le haut du maffif des fondements au niveau du rez- de-chauffée, pour y tracer ces retours, & em- pêcher les Pofeurs & l'Appàreilleur de fe tromper. A mefure qu'on élevé un mur de face , on doit
avoir l'attention de ménager les bayes pour les portes , les croifées , les foupiraux & les diffé- |
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rentes ouvertures marquées fur le deflin. L eiîentiel
eil d'obferver pour la folidité de faire correfpondre, lors de la compofition du plan d\m bâtiment, les vuides des croifées à-plomb les uns des autres dans une façade, & de faire en forte que les trumeaux foient d'une égale largeur. Nous ne parlerons pas de la proportion des croifées , c'eil l'élévation des planchers, & l'efpéce de bâtiment auquel elles appartiennent qui la détermine ; nous dirons feu- lement qu'il feroit à defirer que l'on donnât tou- jours de largeur à chaque trumeau , au moins celle du vuide des croifées qu'il fépare, & que l'on donnât aux encogr.ures des bâtiments ifolés une fois & demie au moins la largeur de ces mêmes croifées , afin de fortifier convenablement ces angles qui fouffrent plus que tout le reite. La hauteur des étages d'un bâtiment ne fçauroit
non plus erre uniforme. Les planchers des appar- tements doivent être fans contredit plus élevés que ceux des logements ordinaires , & peuvent varier fuivant leur importance. Une bonne pro- portion de hauteur de plancher pour une maifon à boutique eil 11 pieds pour la boutique ; 7 pieds pour l'entrefol au-deffus ; H pieds pour le plan- cher du premier étage ; 10 pieds pour le plancher du fécond; 9 pieds pour celui du troiiieme; & 8 pieds pour celui du quatrième : le tout fans comprendre l'épaifTeur defdits planchers, qui peut être de 15 pouces quand on admet du parquet, & d'un pied lorfqn'on veut du carreau feule- ment. Il y a des Conftruûeiirs qui laiiTent en boifage
les moulures des chambranles , impoiles , archi- voltes & corniches , ou du moins qui fe conten- tent de les dégroflir, fe réfervant à les faire ter- |
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miner fur le tas ; mais il y en a d'autres qui lai/Tent
au contraire les pierres feulement en boffage de
deux l'une : le tout pour conferver la vivacité des
arrêtes , la perfection de leur jonclion n'étant
jamais auili exacte , lorfqu'on les pofe toutes
taillées.
On termine les croifées, foit en plein-cintre s
foit en anfe-de-panier, foit en plate-bande droite ou bombée : mais quelques figures qu'elles ayent, leurs vouiToirs doivent toujours être en nombre impair , & celui du milieu forme ce qu'on ap- pelle la clef. Dans les croifées plein-cintre ou anfe-de-pamer , les joints des vouffoirs tendent vers le centre ou les centres de ces courbes : & dans les croifées à plate-bande , ils tendent au fooimet d'un triangle équilatéral dont la largeur: des croifées détermine le côté. On obferve dans le dernier cas , c'eft-à-dire dans l'exécution des croifées à plate-bande, de tailler quelquefois les vouffoirs à crofette par le bas pour éviter i'aigtùté des angles ; & même il y en a qui afîëclent de dé- rober l'obliquité des joints de ces vouffoirs en dehors, en pratiquant fur le devant de fauifes coupes pour les faire paroître comme s'ils étoient perpendiculaires , ainfi que nous l'avons expliqué précédemment en décrivant la figure VI de la Planche LXX. Enfin on foulage communément le poids & la pouffée des plate-bandes droites des por- tes & des croifées parle moyen d'un linteau de fer, qu'on encadre de toute fon épaiffeur par deffous. On laiffoit autrefois au-deffous de la baye des
croifées un appui de pierre de 2 pieds { ou 3 pieds de hauteur, de toute l'épaiffeur du mur, que l'on recouvroit d'une tablette de pierre dure 9 pofée un peu en pente fur le devant ; mais ayant remarqué
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Remarqué que des murs d'appui auili matériels
n'étoient nullement néceiTaires , & cliargeoient inutilement les plate-bandes des croifées infé- rieures, on a fupprimé avec raifon la partie du mur comprife dans l'embrafement, & l'on n'a con- fervé que l'épaiifeur du tableau dans les maifons même les plus communes. Car dans les maifons bourgeoifes de même que dans les Hôtels, on fait maintenant les croifées avec des balcons ou de£ banquettes. Les tableaux des croifées à balcons dëfcendent juiqu'es fur le plancher , & les croi- fées peuventfervir alors en même tems de portes: mais les tableaux de celles à banquettes , au con- traire , en font élevés de 12 ou 15 pouces. Ou appelle proprement banquette , une tablette eu pierre dure , ornée de moulures en dehors , qui ïert d'appui à une croifée, Quant aux balcons , ce font des efpeces de dalles de pierre fou tenues? en l'air fur des confoies , des encorbellements,' ou des voiifîures : voyez les figures IV, V & Vi ,' Planche L.XXVI. on diiÎmgue de grands & de petits balcons : les derniers ont peu de faillie & né fervent que pour une croifée, tandis que les grands occupent la longueur d'une façade , ou feulement la largeur d'un avant-corps. Les porte-cocHères & les boutiques fe termi-
nent , foit en plate-bandes droites ou bombées", formées en claveaux, foit en plein-cintre , foit en1 anfe-de-panier. Ce font les ouvertures fermées en1 plate bandes qui o firent le plus de difficultés en exécution, fur-tout lorsqu'elles ont quelque éten- due. On ne parvient à les "lolidér qu'en plaçant vers les extrémités des corps de maçonnerie capa- bles de contenir leur pouilee , & qu'en foulageajii: leur poids, foit par des bureaux de fer incmifél" Tome F: Τ |
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de leur épaiiTeur fous les plate-bandes, fok par
des chaînes de fer quarré placées en deiïus , & auxquelles font attachés des étriers ou T. ren- verfés , que Ton inferre entre les claveaux. A y figure 1, Planche LXXV, rend fenfible le der- nier arrangement. Quoiqu'une façade foit bâtie toute en pierre , on
ne lai fie pas cependant de mettre quelquefois des poi- trails de charpente au-deifus des boutiques ; dans ce cas, il faut éviter de leur donner trop de portée, & afîeoir bien quarrcment de niveau & fans aucune calie leurs extrémités fur les pied-droits ou ta- blettes , afin que le mur qui s'élèvera au-deilus n'ait à craindre aucun déverfement. On laiffe fouvent les poitrails apparents en de-
hors , en les enduifant d'une couleur de pierre à l'huile : mais quelquefois on les recule d'un pouce de l'affleurement du mur , pour les huer , & y faire un enduit en plâtre badigeoné, où l'on grave des joints qui imitent une plate-bande en pierre. Il y a auiïi des circonilances où Ion met dans une façade une poutre en correlpondance fous un poirrail, comme lorfqu'il s'agit de pratiquer un entre-fol au-deiïus d'une boutique ; alors les tru- meaux ou pied droits des croifées de l'entre-fol peuvent foulager le poitrail, en rejettant en partie ion fardeau fur la poutre, qui à fon tour eil aidée par le poteau qui fert de fermeture à la boutique. L'infpe&ion des figures 111, IV & V, de la Plan- che LXXV , fuffit pour faire comprendre cette difpoiition. K, Poitrail apparent ou recouvert; T, Poutre; V, Pied-droit des croifées de l'entre-fol qui pofe fur la poutre & foulage le poitrail ; X , Pilier de bois pofé fur l'appui de la boutique, & fervant à fortifier la poutre. Au iùrplus > on |
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d'Architecture. 291
pourroit, fil'on vouloit à la place de cette poutre T9
faire aufîi fur le devant de l'entre-fol, une plate- bande en pierre, comme ci-devant, & de la même conilruÛion. Les corniches & entablements qui couronnent
les façades doivent comprendre tout le parpin du mur, & avoir dans le mur des queues fuffifantes pour fou tenir la baffecule de leur faillie. On fait communément les corniches en pierre tendre, non- feulement par économie & afin de faciliter la taille de leurs moulures, mais encore pour moins fur- charger le haut d'une maifon. On n'excepte guère que la cimaile , que l'on fait d'ordinaire en pierre dure , fur-tout iorfque fa partie iupérieure doit refter découverte ; car quand elle ell deftinée à recevoir fur fon extrémité l'égoût d'un toit qui eft garni d'un doubli de tuiles , ou bien quand on a deflein de couvrir le deiius d'une corniche en plomb, on peut faire la cimaife en pierre tendre comme le reite. On en ufe de même lors de l'exécution des
frontons, dont on couronne les avant corps des façades. Leurs corniches rampantes fe font auiîi en pierre tendre, à l'exception de la cimaife ,à moins qu'on ne veuille la revêtir en plomb par deffus. Les cours d'aiïifes de ces corniches s'exécutent, foit à joints quarrés & perpendiculaires au ram- pant , foit d'à-plomb. Dans l'un & l'autre cas , s'il y a des modulons dans la corniche d'un fronton, il efl bon de diftribuer fes joints montants , de façon à n'être point coupés par leur rencontre ; le tout afin que l'ouvrage en foit plus folide. Les tympants des frontons font d'ordinaire compofés de cours d'aiufe horifontaux portant hofTages, pour recevoir de la feulpture ? en fuppoiant que Τ ij
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Γοη veuille en admettre. La principale difficulté
pour l'exécution de ces fortes d'ouvrages , coiv iifte à contenir la pouffée du rampant vers le vuide, & l'on n'y réuilit qu'en cramponant les aiiiies des corniches } & qu'en plaçant, aux angles ί ai liants en retour de leurs extrémités, des blocs ou quartiers de pierre coniidérabîes , avec de longues queues dans les murs , capables de faire par leur maffe des efpécesdeculiées. Nous n'entrerons pas pour le préfent dans un plus grand· détail à ce îujet , attendu que nous y reviendrons dans le "Volume iuivant , en décrivant la conftruclion du fronton de la Colonnade du Louvre. Il arrive quelquefois que l'on décore \qs façades
des Hôtels , avec des colonnes engagées ou ifolées ; alors s'il y a deux Ordres élevés l'un au-deiïlis de l'autre , il faut faire les fûts des colonnes inférieures en pierre dure ; & ce n'eil guère que dans le cas d'un feul Ordre deftiné à ne porter que ion entablement, qu'on fe permet de le faire en pierre tendre : encore vaut-il mieux exécuter en toutes circonilances les fûts des co- lonnes en pierre dure, à la réferve des chapiteaux des Ordres Ioniques, Corinthiens & Comportes, où l'on peut introduire de la pierre tendre , pour épargner îa main-d'œuvre de leur fculpture. Les tambours des colonnes doivent s'opérer par
affiles égales, non-feulement pour la beauté de l'appareil, mais encore afin que n'y ayant pas plus d'afllie à l'un des fûts qu'à l'autre , il en réfulte une uniformité dans le tadement ou la compreiïion des joints î ce qui eil néceiïaire pour maintenir i'entablemeni dans un pariait niveau. Les uns admettent un axe de fer ou mandrin pour entre- tenir les tambours des colonnes dans toute leur |
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hauteur , & les autres non admettent pas ;_ néan-
moins nous perdons qu'il feroit bon d'en mierer toujours dans les colonnes des angles , comme ioui- frant davantage de lapouflee des plate-bandes. Quand les colonnes ont un grand diamètre , on
fait ies tambours de deux morceaux , & même de trois , que l'on crampone, en obiervant de les placer les uns à l'égard des autres en bonne liaifon, & de faire auiii en forte de difpofer les joints montants dans le cas où Fou voudroit tailler aes canelures le long des fûts, de maniere qu'ils ne le rencontrent pas fur leurs arrêtes ou. leurs liliels; le tout pour la folidité defdites arrêtes. On infère dans le haut de chaque colonne un
fort mandrin d'axe qui pénétre le chapiteau , l'ar- chitrave, la frife & le lias de la corniche : & on lie les mandrins de toutes les colonnes par des chaînes de fer placées , fok par délions l'architrave, loit entre la frife & l'architrave ; ce qui a pour objet de contenir la póuffée des plate-band.es de 1 enta- blement , & d'entretenir les colonnes. Comme nous avons déjà traité de la coniirucYion des Co- lonnades fort au long, dans nos Mémoires fur les objets les plus importants de t'Architecture Λ nous y renvoyons pour ne point nous répéter, Lorfqu'il s'agit d'accorder un nouveau mur en
pierre avec un vieux, ou bien de placer après coup des colonnes au devant d'un ancien mur , il eit effentiel de tenir les joints des pierres du nou- veau mur , ou des tambours des colonnes, les plus petits pofïibles , afin qu'ils s'appliquent bien exacte- ment les uns fur les autres, faufà dégager les arrêtes de ces joints, de crainte quelles ne s'éclairent : il feroit même bon en pareil cas de frotter les lits des pierres les uns fur Les autres avec de l'eau & da τ ni
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grais, à l'exemple des Anciens , pour qu'ils Te
touchent dans toutes leurs parties, & pour rendre par là le taiTement du nouveau mur irvîeniible à fa jonction, fans quoi il fe formerait des lézardes en cet endroit , ainii que cela arrive pour peu qu'on néglige ces précautions. Des Murs de Face , partie en pierre, partie en
moilons ou en briques. Planches LXXVI et LXXVIï.
Cette maniere de bâtir les murs de face d'une
maifon eil pour ainfi dire équivalente à la précé- dente: elle coniiile à faire le rez-de-chauffée en pierre dure , fi le bâtiment doit être fort élevé ; & s'il doit l'être peu, à mettre feulement quelques affifes de pierre dure au pied des murs par rapport à l'humidité. On exécute auiîîen pierre dure, les jam- bes fous poutre, les appuis des croifées , les feuils, les cimaifes; & l'on für, comme ci-devant, en pierre tendre les plate-bandes, les corniches , les plin- thes : quant aux intervalles entre les parties en pierre, ils s'opèrent en moilons en bonne liaifon, maçonnés avec mortier de chaux & fable pour le mieux , & ravalés , foit en plâtre, foit en mortier par dehors & enduits par dedans. La Planche LXXVI, figures I, II & III , offre
un exemple de cette conitru&ion. Le rez-de- chauiTée eil occupé par une boutique A , terminée icien anfe-de-panier, mais qui pourrait l'être égale- ment , foit par une plate bande en pierre , foit par un poitrail de charpente apparent ou recouvert en plâtre. Elle eil couronnée par une vouiTureE,au droit du premier étage, qui porte un grand balcon |
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de 2 meds \ de faillie , dont ie détail de la conf-
trucüon eit particulièrement repréienté , ng. IV. On y remarquera que chaque vouffoir a embraffe toute Tépaiffeur du mur , & eft contenu par des efpéce de Τ renverfés e, placés entre les joints & portés par un linteau de fer c.Les encognuresHdes étages au-deffus du rez-de-chauffée» les plinthes G, les corniches M, les plate-bandes F & les embrafures des croifées , à l'exception des tablettes d'appui, font en pierre tendre , & tout le relie 1 elï en moilons ravalés en dehors & enduits en dedans, comme on l'a dit ci-deffus. Quand un mur doit avoir une certaine épaif-
feur , telle que 4 pieds & plus, il y en a qui fe contentent de mettre , par économie , de la pierre en parement des deux côtés en forme d'encaiffe- ment, & de remplir l'intervalle de cailloux , de moilons , ou de briques, maçonnés avec mortier de chaux & fable : procédé qui étoit en ufage chez les Anciens, Planche LXIX, figures Xill & XIV, & qui a été fouvent mis en œuvre par les Mo- dernes. La grande Gallerie du Louvre à Paris , & beaucoup d'anciens Châteaux font bâtis de cette maniere; & Ton en ufe ainfi principalement dans les Pays où la pierre eft rare , même pour les Edifices les plus importants. Les murs du Temple de Saint-Paul à Londres font bâtis en briques, & revêtus en dehors de pierre de Porteland. Les murs du Dôme de Saint-Pierre de Rome, & les gros Piliers qui le foutiennent, font également exécutés intérieurement en briques , & extérieu- rement en pierre de Travertin. Si l'on faifoit da- vantage ufage de cette méthode , il réfuiteroit néceffairement une grande économie dans la bâ- tiffe de la plupart de nos Edifices de France, où Τ iv
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ΐγ& Cours
.ions le prétexte que la pierre y eil commune ? on
la prodigue fouvent inutilement dans l'intérieur des murs les plus épais ; car, pourvu que les bri- ques ou les moilons ibient de bonne qualité , de même que le mortier , il fera toujours poflible d'opérer , par ce moyen , des conitrutlions compa- rables à celles entièrement en pierre : cela eil attefté par tant d'exemples qu'on n'en fçauroit clouter. Il eil libre , au lieu de moilons , de bâtir les
murs d'une maifon en briques, en l'alliant, comme ci-devant, avec de la pierre , c'eil-à-dire en em- ployant celles-ci au rez-de -chauffée, aux jambes fous-poutre , aux encognures , au pourtour des portes & des croifées, aux plinthes 8>i aux corni- ches. Les Places Royale & Danphine à Paris, offrent des modèles de ces fortes de bâtiffe. Afin de montrer la maniere de faire cet alliage, nous avons reprefenté dans la Planche LXXVII une Façade de maifon compofée d'un avant-corps & de deux arriere-corps. Le rez-cîe chauffée feroir entièrement bâtie en pierre dure , en fuppofant que le mur dût avoir une grande élévation , fans quoi il fufHroit, comme dans notre aeffm , de mettre 4 ou 5 affifes de pierre dure A dans le bas, & de continuer tout le relie , à l'exception des jambes fous-poutre & des tablettes des croifées, en pierre tendre. On y voit que les encognures Β , les pied droits C des portes & des croifées avec leurs appuis, les plinthes & les corniches font en pierre, &que !eur intervalle G eilen brique. Les parties en pierre font toute l'épaiffeur du mur pour l'ordi- naire , mais quelquefois auiïi elles ne font qu'in- cruilées de 12 ou 1 ^ pouces dans les murs en briques , quand ils ont une certaine épaiffeur. |
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On doit obferver clans ces fortes de conitruchons
d'employer la brique en liaiibn , de manière que les rangs de briques foient pofés à plat alternati- vement fuivant le grand &'le petit côté ie long des faces du mur , fans laiffer aucun vuide dans l'intérieur.
Rien nempêched'enduire les murs de briques en
dehors comme en dedans, mais le mieux eil de laiffer les briques apparentes à l'extérieur d'un bâtiment; & quand leurs joints font bien refaits, il n'en içau- roit réfulter qu'un afpecl fatisfaifant. Il y a deux manières de refaire ces joints ; l'une confifte a peindre fimplement les parties yifiblés des murs en briques avec de l'ocre rouge, & à figurer enfiute leurs joints avec un lait de chaux : l'autre, qui eit beaucoup plus folide, coniifte à étendre un enduit peu épais de plâtre mêlé d'ocre rouge fur les murs en briques , & à graver des joints fur cet enatnt; alors, en faifant un fécond enduit très-léger ^de pur plâtre fur le premier, ce nouveau plâtre s in- firmera dans les joints gravés; & il ne s'agira pois que de gratter le fécond enduit , pour que les joints des briques fe détachent en blanc avec propreté.
Nous terminerons cet article , par remarquer
qu'en fuppofant qu'on prît le parti de revêtir en pierre un mur de briques feulement par dehors, comme on le pratique quelquefois, il conviendroit en ce cas de mettre de 3 pieds en 3 pieds, dans la hauteur dudit mur, un cours d affile de pierre , qui embrafsât toute fon épaiffeur ; par la raiion que la brique ayant beaucoup plus de joints que la pierre, & que le dedans du mur, du côté de l'intérieur du bâtiment, fe trouvant par ce moyen fufceptible de taffer davantage, il feroit à craindre que, fans cette |
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précaution, le fardeau en agiiiant de préférence
vers cet endroit, ne fit boucler le mur en dehors , ou n'y opérât des lézardes. Des Murs de Face en moilons.
Planche L XX VIII. La troïiieme maniere de bâtir les murs de face
d'une maifon efi la moindre de toutes les conf- tructions. Elle s'exécute entièrement en moilons, à l'exception de la premiere ou des deux premières affilés du rez-de-chauffée , des jambes-bouthTes & des jambes fous-poutre , que l'on eft toujours obligé de faire en pierre de taille dure, comme ci-de- vant. On maçonne ces murs en plâtre ou mortier : on les enduit des deux cètés, & l'on fait les plinthes, les Corniches , les chambranles des portes & des croi- fées en plâtre. Les règles de l'Art exigent de pofer les moilons par affifes égales, & que chaque aiîiié porte à plein fur la précédente en bonne liaifon, tellement qu'il ne fe trouve jamais, foit dans la hauteur d'un mur, deux joints Fun fur l'autre , foit dans fon épaiiTeur, deux joints vis-à-vis l'un de l'autre , foit dans fon intérieur, des vuides fans être exactement garnis par des claufoirs ou des éclats de pierre maçonnés avec de bon mortier. Dans les bâtiifes en moilons, il eil ordinaire de
mettre des linteaux de bois H au-deiïus des bayes des portes & des croifées ; dans ce cas il faut avoir l'attention de ne point alfeoir fur ces linteaux les moilons à plat, mais de les pofer toujours en coupe ou en décharge avec un peu de bombement, afin que li les linteaux venoient à pourrir par la fuite, le mur au-deffus n'en fut point endommagé. On a |
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encore coutume de placer toujours des poitrails
de charpente 1, fur les ouvertures des boutiques , dans les façades bâties en moilons, de même que nous avons vu que cela fe pratiquoit quelquefois dans celles bâties tout en pierre : leurs portées doivent être également foutenues fur des pied- droits en pierre dure D, E, & peuvent être auffi fou- lagées vers le milieu par des poteaux Κ, placés fur le mur d'appui, qui fert de fermeture au bas des boutiques. Lorfque les murs de face en moilons font d'obli-
gation de porter plancher, ce qu'on évite autant que l'on peut, il convient de faire paffér des cours de plate-formes Ν, de 4 à 5 pouces d'épaiffeur à la hauteur de chaque étage, pour recevoir les por- tées des enchevêtrures O, que l'on doit faire eniorte de pofer à-plomb des trumeaux des croifées, & non des vuides. Le but de ces plate formes eil de répartir le poids des planchers uniformément le long des murs de face , & de produire , fur les moilons dont ils font compofés, un taffement égal. Il y a des Conitru&eurs qui donnent de largeur à ces plate-formes toute l'épaiffeur du mur , ce qui le coupe & interrompt fa liaifon' à chaque étage ; mais ceux qui fe piquent de faire de meilleur ouvrage , fe bornent à faire occuper à ces plate- formes les deux tiers de l'épaiffeur du mur, ou feulement l'épaiffeur de l'embrafement des croifées, & font tout le dehors en moilons fans interru- ption , de même que les plate-bandes du devant des croifées, en obfervânt d'y pofer les moilons en coupe, & de les foutenir en deffous par une barre de linteau. On voit vers le haut de la Planche LXXVill, figure IV » un Profil de cet arran- gement. |
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Les corniches Ρ qui terminent ces fortes de fa-
çades fe font toutes en plâtre. Et à l'effet de foli- der leur faillie, qui eft fouvent confidérable , & de les bien lier avec le mur qui leur eft adoffé, ou avance un peu les derniers rangs fupérieurs des moilons en dehors, en leur donnant fuffîfamment de queue , & l'on fcelle en outre des efpéces de fantons, ou des petites potences de fer dans ledit mur, de diftance en diftance, pour aider à foute* nir leur encorbellement. Le mur étant terminé, on met au bas des ta-
bleaux des croifées, des appuis Q en pierre à l'ordi- naire, & 9 η entreprend fon ravallement, en ajou- tant des corps de refend, s'il y en a dans le deffin , de même que les plinthes, les chambranles, les bandeaux, les confoles, & en un mot tous les ornements qui doivent compofer la décoration de la façade projettée. Pour ce qui eft des conftru£tions toutes en bri-?
ques, foit apparentes , foit enduites ; elles s'opè- rent à peu près comme celles en moilons. 11 faut mettre auffi quelques aftifes de pierre dure au rez- de-chauiîee, de même que des chaînes de pierre fous les portées des poutres, aux jambes-étrieres & à la tête des murs mitoyens. Nous avons vu pré- cédemment que, quandon prenoit le parti de laitier la brique apparente dans un mur, il étoit d'ufage de faire les plinthes & les corniches en pierre; auiîi n'eft-ce guère que dans le cas où Ton fe dé- termine à enduire les briques, que l'on savife de faire les plinthes & les corniches en plâtre. Tout ce qu'on pourroit deiirer, pour donner davantage de folidité aux murs tout en briques, ce fer oit que l'on mît de diftance en diftance, dans leur hauteur, des briques plus grandes à l'exemple des Anciens, |
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D * Â R d H i f Ê C Τ U R ti jöi
Manche LXVIIÏ, figures III & IV, ou du moins
un cours de moilons qui embrafsât toute Fépaif-
feur defdits murs. Cela prodùiroit de l'égalité dans le-taffement des joints des briques, que leur trop grande multiplicité fans interruption dérange volontiers. Au furplus, nous le répétons , cette conilruclion eft la moindre de toutes , & ce n'efl qu'en l'alliant avec de la pierre 'qu'on peut efpérer de la rendre durable. Ce font là en général les règles qu'il eft impoiv
tant de fuivre pour l'exécution des murs de face d'un bâtiment, quelque foient leurs conilrucHons ; & nous finirons ce que nous avons à dire à cet égard, par recommander de tracer toujours d'a- vance, à la pierre noire & de la grandeur de l'exécu- tion, fur quelque muf voiiin, où l'on fera à ce fujet un enduit s'il eft befoin , chaque partie de détail de la décoration d'une façade qui peut exiger de la préciiion en exécution , foit pour la proportion 9 foie pour les profils ; tels font les entre colonne- ments , les galbes des colonnes, leurs bafes,· leurs chapiteaux, leurs entablements, les baluilrades » les croifées avec leurs chambranles, les corniches & confoles , &c, le tout afin que les Ouvriers ne puiifent jamais fe tromper dans leurs mefures, & îoient en état de parvenir à exécuter chaque choie1 gvec toute l'exaâitude requife. |
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Soi Cours
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Article, V.
Des Murs de Refend & Mitoyens.
Planche LXX1II. On eft le maître d'exécuter les murs de refend
& mitoyens entièrement en pierre de tailie comme les murs de face ; mais c'elt ce qu'on ne fait prefque jamais , & l'on a coutume de les bâtir , foit en nioiions , foit pour le mieux d'une conilrirclion moyenne , c'en1- à-dire , en moilons avec des en- cognures en pierre, & des chaînes de pierre dans tous les endroits néceifaires : c'eft ce dernier pro- cédé que nous allons nous attacher ici particuliè- rement à décrire. On donne communément aux murs de refend
18 ou 20 pouces d'épaufeur, & l'on devroit donner auffi cette même épairTeur aux murs mitoyens; cependant à peine ceux-ci ont-ils le plus fouvent 13 ou 14 pouces d'épaiffeur. On a de tous tems deiiré avec raifon un règlement à cet égard, attendu que la foihleiîe de ces murs eil volon- tiers une des principales caufes de la ruine des maifons. v Quoique nous venions de déterminer en quel-
que forte l'épaiffeur des murs de refend , elle doit cependant différer, de même que celle des murs de face , félon les circonftances de leur élévation, félon la longueur & la groffeur des pièces de bois qu'ils font d'obligation de porter , relativement à la grandeur des appartements qu'ils féparent, ou félon qu'ils fervent de cages à des efcaliers dont |
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d'Architecture. 303
les voûtes, les rampes, & le mouvement continuel
qu'ils fouffrent , exigent des murs dont la force réponde à leurs différentes fuj étions. On affeâe d'ordinaire , dans la plupart àcs
maifons, de faire porter les planchers , à moins que les portées des poutres & les paffages des cheminées n'y mettent trop d'obftacle , iur les murs de refend & mitoyens , ainii que fur les cloifons de charpente montant de fond, plutôt que fur les murs de face : il y a cependant des Archi- tectes qui obfervent de faire porter, quand cela fe peut, les planchers , à chaque étage , alternati- vement fur les murs de refend & mitoyens, & fur les murs de face: le tout pour partager leur poids, & le répartir à peu près également fur tous les murs : ce que nous croyons une fort bonne méthode. Quelquefois on élève les murs de refend & mi-
toyens à-plomb fur chaque étage , & d'une égale épaiffeur en haut comme en bas, fous le préteste qu'ils font entretenus de part & d'autre par les planchers ; mais le plus folide eft de leur donner un peu de fruit en élévation, tel que 2 lignes par toife de chaque côté, en faifant toutefois corres- pondre leur axe fur le milieu de leurs fondements. Ainû*, en fuppofant un mur de refend ou mitoyen de 10 toifes d'élévation & de 18 pouces d'épaif- feur dans le bas, il aura 3 pouces 4 lignes de moins dans le haut, ou 14 pouces S lignes d'épaiffeur. La différence entre un mur mitoyen & de refend,
c'eft qu'il eft permis au Propriétaire d'une maifon d'ufer de ce dernier comme bon lui femble ; d'y faire toutes fortes de percés ; d?y engager fes che- minées ; d'y fceller généralement Iç bout de toutes fes folives : au lieu que dans l'autre, c eft-à-dire, |
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dans un mur mitoyen, il n'eût pas permis d'y pra-
tiquer des armoires , des niches , des enfonce- menrs , ni d'y engager aucune louche de chemi- née y car fi ces encaftrements étoient tolérés $ chaque voiiin ufant de fon droit, ces murs fe- roient quelquefois tellement arToiblis qu'ils n'au- roient plus de folidité. Il efl même notamment défendu par la Coutume, Article io8 , de loger la portée des poutres & des enchevêtrures au-delà de la moitié de l'épâiffeur d'un mur mitoyen , mais cela ne s'obferve guère que quand les poutres des deux maifons voifines fè rencontrent les unes vis- à-vis des autres & font juftement oppoiées : excepté cette circonilance , les voifins fe tolèrent réciproquement de profiter, autant qu'il eil poiîi- bîe , de l'épaiiTeur du mur commun , pour aiïeoir plus fclidement la portée des poutres ? & en même tems pour obvier au deverfement des murs dans le cas que les poutres ne s'y oppoferoient pas. La feule attention que l'on apporte, eil de n'enfoncer la portée' des poutres ou des autres bois que juf- qu'à 3 pouces du parement du côté du voiiin, pourvu toutefois qu'il ne fe rencontre pas dé fouches de cheminées qui paffent derriere ladite portée ; car alors il faudroit laiifer environ 6 pouces entre le dedans de la cheminée & le bout de la poutre. Il eil d'ufage de faire encore porter dans les
murs mitoyens , outre les poutres , les folives d'enchevêtrure des planchers , les fablieres des cloifons de refend , les poitreaux, les panes , les plate-formes , les faîtages & liens des combles ; le tout toujours aux conditions de ne leur point faire excéder la moitié de l'épaiiTeur du mur. Les autres folives fe pofent le plus fouvent fur des fablieres miies;
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d'Architè.cïuré. jof
mifes par cUtTous au long"deidits murs mitoyens,
& portées fur des corbeaux de fer (celles dans ces murs de diflaiice en diilance ; mais comme ces fa- blieres font une faillie par deifous les planchers 9 ón préfère de placer dans leur épaiiTeur ^ tant au droit des murs mitoyens que de refend, des ln>- çoirs que l'on aiTemble dans des enchevêtrures. Nous détaillerons particulièrement cet objet, en parlant par la fuite de la diitribution de la Char- pente des planchers ; & il nous fufîira pour le pré« lent de remarquer, quec'eitune mauvaife pratique de faire porter le bout de toutes les iolives d'un plancher â chaque étage dans un mur quel qu'il l'oit, parce que cela le découpe , ôte fa liaifon & l'affoiblit; & qu'en outre, dans le cas que le bout de ces folives viendroit à pourrir, la moitié du mur fe trouvant mal garni, il coureroit le rifque de déverfer. Comme le bout d'une poutre qui porte dans un
mur, charge néceiTairement ce mur de préférence en cet endroit, il eil raifonnable de lui donner plus de force pour qu'il pniiTe en foutenir le far- deau : c'eft pourquoi par rapport à la folidité , la loi ordonne que dans tous les murs mitoyens ou autres bâtis dans cette Capitale , on doit, mettre fous les portées des poutres, des Jambes de pierre de taille M, figure V, Planche LXXIII, de toute î'épaiiTeur du mur, δε confiante depuis le bas de la fondation en libages, fous peine d'amende, & de faire même remettre une jambe de pierre de taille après coup. Lorfqu'un mur a peu d'épaifleur , & qu'une
poutre a une grande longueur , celui à qui la
poutre appartient doit fortifier encore la chaîne
de pierre par un dofferet de 2 ou 3 ρ ο aces de
Tome V« t: «&n
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$û6 'Cours
iaillie au-delà de l'épaiiTeur du mur de fon côté,
s'il eft mitoyen ; ou bien ajouter de fon côté un corbeau de pierre au haut de la chaîne, de 7 ou H pouces de faillie, & dont la queue fane toute l'é- paiiTeur du mur. Les fondements des jambes & chaînes de pierres,
de même que ceux des trumeaux & pied-droits des murs de face, doivent être bâtis en libages* ainfi qu'il a été déjà dit en parlant de la conftru- âion des caves, dont les lits foient faits comme ceux de la pierre de taille , & coulés en mortier» Il feroit bien à deiner que l'on obfervât conftam- ment cette regle , par rapport à la durée des murs de face d'une grande élévation, d'autant que les moilons, quoique durs, ne font pas auiîi iîables, & font plus capables, foit de fe déranger, foit de fléchir fous le fardeau : auiîi n'y a-t-il que par économie que l'on s'en difpenfe dans les maifons peu confidérablei;, & dans celles que l'on bâtit à la campagne. 11 en: à obferver qu'on évite de placer les pou-
tres des étages fupérieurs d'un bâtiment, hors de l'à-plomb de celles des étages inférieurs , par la raifon qu'il ne faut alors qu'une jambe fous-poutre montant de fond, au lieu que fans cela il faudroit autant de jambes de pierre, montant depuis l'em- pattement du mur mitoyen ou de refend, qu'il y auroit de poutres. Sous les portées des enchevêtrures , des panes
dans les combles , des fartages & des fablieres , on rfeft pas d'obligation de mettre des chaînes de pierres , parce que ces pièces de bois ne portent guère les folives que par un de leurs bouts ; mais toutes les fois qu'une pièce de bois porte deux trayées d@ planchers, U y a alors nécefîité de |
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l)*ARCEif kCTURE. 3<77
mettre fous chaque portée une jambe de pierre : car,
regle générale, on ne doit point mettre de poutre fans chaîne de pierre fous fes portées , les Loix des Bâtiments font formelles à cet égard , ainû que nous l'avons dit précédemment. La bonne conftruclion exige que toutes les
affifes des jambes fous-poutre embraffent tout lé parpin du mur, & fuient chacune d'un fetil quar- tier de pierre. Les petites doivent avoir au moins la largeur de la poutre, & les grandes au moins 4 pouces de plus de chaque côté. Les chaînes fé font d'ordinaire en Conilruifant le mur ; & ii elles font dans un mur mitoyen, c'eit à celui qui a be- foin de la poutre à payer à lui feul la plus va- leur de la chaîne ou jambe de pierre , & le voififi ne doit contribuer que comme au reitant du mur j c'eil-à-dirë que comme à un mur de möüons, fi le refte du mur eil coniÎruit en moilons. Quand les façades font bâties en moilons , il eit
ordonné de mettre à la tête d'un Mur mitoyen Ρ 4 figure V) une Jambe - boutiilé M, Planche LXXIII * ou une Jambe - étriere en pierre Ν , figure Vil > eri l'étage du rez-de-chauifée à frais commun. Ori appelle Jambe-boutijfe , celle qui en s'étendant lé long des murs de face de deux maifons voifines^ n'y forme qu'une efpéce de chaîne ; & Jambc- étriere _, celle qui fait pied - droit ou tableau de baye^ e'eit-à-dire de portes, de croifées ou de boutiques de part & d'autre. Mais que ce foit une Jambe ou BoutiiTe M, ou Etriere Ν > elle doit également faire queue dans le Mur mitoyen Ρ : il faut que chaque aiîiÇe foit d'un feul quartier de pierre de taille ^ régnant par fa tête de part & d'autre lé long du mur de face, & faifant alternativement de longues & de courtes queues dans le mur mitoyen; Les |
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3o8 Cours
courtes doivent avoir au moins 5 0116 pouces dans
ledit mur, & les longues au moins un pied. S'ilarrivoit que la Jambe de pierre Orfig. VI, ne fît tableau que da côté d'un mur mitoyen , & formât iimplement uue chaîne de l'autre , comme on le voit dans le pi in delà même figure VI, elle feroit étriere pour le premier voiiin & boutiiTe pour l'autre. Quoique fiiivant la Loi on ne puiffe obliger un
voiiin de faire monter les jambes , foit boutiffes, foit étrieres, au-deiîus de l'étage du rez-de-chauf- fée, Dégodets & fon Commentateur ( a ), ont grande raifon de deiirer qu'on put toujours con- traindre le« Propriétaires à faire monter les jambes- bouthTes jufqii'au haut des murs de face, quand on bâtit en moilons : car lorfque ces têtes de mur font continuées en moilons, on remarque en effet qu'elles s'écarçent aifément, & que c'eil d'ordinaire par ces endroits que commence la ruine des faces des bâtiments. Au furplus , ce n'eft que dans les maiibns de Villes , à caufe de leur grande éléva- tion , qu'on eil obligé à des jambes fous-poutre & à des jambes-boutifTes ; il fuffit dans les bâtiments de Campagne, de mettre fous chaque portée de la pou- tre un bon quartier de pierre qui fafTe tout le parpin du mur , & de mettre au droit de la tête des murs mitoyens , de gros moilons bien giflants ou des îibages. On doit apporter dans le choix des matériaux
la même attention pour ceux des murs de refend & mitoyens, que pour ceux des murs de face : les mieux bâtis font ceux dont la premiere afllfe eft en pierres de taille dure au rez-de-chaufTée , & dont on fait àuffi en pierres de taille les pied-droits , |
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( a ) Lqîx des Bâtiments 3 page 324.
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d'Architecture. 309
les plate-bandes des portes & les autres ouvertures:
les moilons qu'on y employé doivent être durs, de bonne qualité, maçonnés avec mortier de chaux & fable : on peut IaiiTer les moilons apparents, ou les recouvrir d'un enduit. Depuis quelques années , on fait beaucoup
d'ufage de la pierre de Meulière , à la place du moilon ordinaire. C'eil une pierre dure de toutes fortes de formes , raboteufe & remplie de troux, laquelle fe maçonne avec mortier de chaux & fable : on en peut faire tout un bâtiment, les murs de cave , les murs de refend ou mitoyens , & jufqu'aux murs de face tout entier , fans autre pierre qu'un ou deux rangs de libages au bas des rigoles des fondations, & qu'une aflife de pierres de taille au rez-de-chaufTée. On met des cours de plate-formes à la hauteur de chaque étage, le long des murs de face deilinés à porter planchers , iinon. en met des linteaux de bois au-deiTus de l'embrafe- ment des croifées, & l'on bande le haut des ta- bleaux en dehors avec des moilons de Meulière taillés en coupe , fous lefquels on place par précaution des barres de linteau. L'on ravalle enfuite la furface de ces murs en plâtre , & l'on fait de la même matière , les corniches , les chambranles & les ornements. On voit des façades d'Hôtels, qui paroiiTent très-importantes, & déco- rées de pilaflres d'Ordre d'Architecture, lefquelles font en grande partie bâties de Meulière, & où l'on a fait feulement en pierres, les corniches, les enta- blements , les plinthes , les encognures, les pila- irres, les focles, & tout le reile a été couvert d'un enduit en plâtre, badigeonné enfuite en couleur de pierre. Le défaut de la Meulière , comme nous l'avons déjà dit, eft d'être caiTante , de ne pas |
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3IQ Cours
former une bonne aiîîéte , & d'opérer des înéga-
lités de taifement j c'eft pourquoi il eft eiïentiel de prendre des précautions à cet égard. Il eft à propos à la rencontre d'un mur mi-?
toyen avec un mur de face ifolé δε bâti en pierres çle taille, de laifler des Harpes dans toute la hau- teur I, figure II, Planche LXXIV , pour le pou- voir lier avec le mur de face du voiiin, quand il voudra bâtir par la fuite. On en doit ufer de même à l'égard des murs de face conftruits en moilons ; & ii par hafard on avoit négligé d'y Jaifler des harpes, en fuppofant que le voiiin ve- nant à bâtir auffi en moilons, voulût fe relier avec ce mur, au lieu d'y faire après coup une tranchée pour loger le nouveau mur , ce qui défuniroit les parties de l'ancien , & feroit même capable de le faire déverfer, il vaudroit toujours mieux en pareil cas faire des arrachements dans l'ancien mur, c'eft- à-clire de deux moilons en arracher un, pour y lancer en liaifon des moilons. On eft le maître d'engager dans les murs de re?
fend les tuyaux de cheminées, tant & fi peu que l'on Veut, de les y encaftrer tout-à-faît, de les dévoyer foit les uns devant les autres, foit les uns à côté des autres , tellement qu'au droit des greniers » ces murs ne font quelquefois plus que de vérita- bles coffres, foutenus de part & d'autre par des murs en ailes. On méfufe en général trop du droit que l'on a d'engager les cheminées dans les murs de reiend. La folidité exigeroit qu'on ne fe fervît de ces murs que comme des murs mitoyens : Auffi peut-on dire que cet abus eft une des principales çaufes du peu de durée des màifpns modernes. La ligure III , Planche LXXVIII , fait voir trois Tuyaux de cheminées dévoyés à côté les uns des |
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d'Architec tu r e. 3 ι ι
autres, foit à demi engagés dans un mur de re-
fend , foit feulement adoffésâ un mur mitoyen. On fe permet volontiers dans les maifons
ordinaires , de continuer les murs de refend & mitoyens en plâtras au-deiFus des derniers plan- chers des greniers, dans les pointes des combles & aux doffiers des cheminées ; mais alors il faut crépir l'élévation de ce mur en dehors pour le mieux lier & cacher la difformité de cette conitru- &ion, y ayant des plâtras noirs , jeaunes δε peu unis en leurs parements Si l'on admet des linteaux-de bois au-deffus des
portes , il convient, ainû que nous l'avons déjà re- commandé précédemment , de pofer en décharge & de champ le premier rang de moilons, afin que, ii le linteau venoit à pourrir par la fuite ? le mur fupérieur n'en fût point endommagé» Il ne fufHt pas de bâtir les murs d'une maifon
avec les attentions que nous venons de décrire ; comme ils doivent être chargés par le poids des planchers & des combles, qui les pouife néceiiaire- ment au vuide en dehors, on prend d'étage en étage, des précautions à cet égard, lors de leur conitrucYion , pour contenir cet écartement, en mettant au milieu des murs ou dans leur épaif- feur, des chaînes de fer plat, bien tendues & folidement arrêtées vers leurs extrémités avec des ancres , lefquelies lient enfemble lefdits murs de façon à ne pouvoir agir Tun fans l'autre y & à fe prêter de mutuels fecours. Ces chaînes fe placent dans les murs en les conilruifant : elles s'aiTem- blent à crémaillères ,& encore mieux avec des moufFies, où Ton chaiTe des coins pour les bander autant qu'il efl poffihe., Au furplus ce n'eft guère que dans des Edifices
Viv
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pz. Cours
importants que Ton met des chaînes dans touts
la longueur des murs ; car dans les maiibns ordi- naires on fe borne à pofer des tirants à la tête ou plutôt à la rencontre de tous les murs de refend & mitoyens avec les murs de face à chaque étage, de la longueur feulement de 7 à 8 pieds , lefquels tirants font retenus à l'oppoiite de l'ancre par un crampon fceîlé dans les murs (a). On ne met pas non plus de chaînes dans toute la longueur des murs de face, à moins qu'ils ne foient ifoles, attendu que, quand leurs extrémités font bien accotées par dçs bâtiments voiims, elles deviennent inutiles. Autrefois on laiiîoit les ancres apparents en
dehors des murs de face d'un bâtiment, & on les faifoit en S ou en Y, pour embraiTer une plus grande étendue , mais maintenant par rapport au coup d'œil des façades, bien que cela ne foit pas aum* fonde, on les dérobe à la vue, on les fait droit, & on les ençaftre d'environ 2 ou 3 pouces en dehors. Si le mur eit en moilons , on y pratique tout amplement une tranchée pour loger l'ancre, que l'on rebouche avec du mortier ou du plâtré, & s'il eil en pierres , on taille, en le bâtiiîant, le trou néceftaire pour le recevoir, du moins dans îaiîifefupéneuLÇ, car pour l'aiîife inférieure, on la perce d'ordinaire après coup fur place avec un pic, de l'eau & du grais/à force dç la battre: c'eft ce qu'on appelle en termes d'Ouvriers, battre le beurre* |
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(a) Quelquefois au lieu déplacer un tirant dans l'épaiiTeur
d'un mur de refend & mitoyen , on l'ajoute après coup le long dudit mur dans l'épaiiTeur du plancher , en l'attachant au bouc d'un linçoir ou d'une folive : ce qui produit quelque économie (Jans Je fer ? mais ri'eft pas auiïi foÛde.' |
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d'Architecture. 313
Outre les chaînes que l'on place dans Tépaifleur
des murs, on attache encore aux extrémités de chaque Poutre V, figure VIII, Planche LXXI1Ï, fur leur partie inférieure ou fupérieure, une Bande de fer à talon R, d'environ 4 pieds de long fur 2 pouces de large , δε 6 lignes d'épais, au bout de laquelle eft un œil où l'on paffe auifi un Ancre S, qui s'encailre également au dehors de la Chaîne de pierre T,,qui foutient fa portée. S'il fe rencon- troit par hafard les bouts de deux poutres vis-à-vis Fun l'autre au milieu d'un mur, comme cela peut arriver, quand les appartements font doubles, alors on les lieroit enfemble par une bande de fer io- lidement clouée, comme ci-devant, avec des clouds dentelés, & retenue avec des crampons ou talons à chaque bout. On met encore de femblables bandes de fer avec
des ancres, au bout des fablieres des grofTes cloi- fons de charpente au droit des planchers, & au bout des entraits des fermes des combles, qui fer- vent alors de chaînes ou tirants ; enfin on en met également à l'extrémité des panes , des faitages, foit à leur rencontre avec les murs de face, ioit avec celle des murs pignons d'un bâtiment, lorf- qiuis font fur-tout ifolés : le tout à deffein d'em- pêcher d'étage en étage le déverfement des murs de face, & que le bâtiment ne puiffe tirer au vuide d'aucun coté. Il arrive fouvent qu'on ne fçauroit terminer en
une campagne tous les murs d'une maifon, & qu'on eil obligé d'interrompre leurs travaux aux approches de l'hiver, à caufe des gelées que Ton fçait être fujettes à faire fendre les pierres, & à décompofer les mortiers , quand on n'a pas quitté ks ouvrages à tems, & pris des précautions à cet |
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314 Couns
égard. Ces précautions coniiitent d'abord à éviter
d'employer vers l'arriére faifon âes pierres vertes ou nouvellement tirées de la carrière, dont l'hu- midité ne foit pas encore évaporée, eniliite à cou- vrir foigneufement la partie fupérieure des murs avant le retour du froid, avec du chaume ou des efpéces de paillaflbns , formant un égoût faillant de part & d'autre, pour en écarter les eaux plu- viales , & enfin à tenir le pourtour des ouvrages bien aérés de toutes parts, de crainte d'y concen- trer l'humidité : car il ne furvient guère de dom- mages aux murs par les gelées, que par la faute des Ouvriers; auiîi eft-ce avec raifon qu'ils doivent en être refponfables. Les murs tant de face que de refend ou mitoyens
d'un bâtiment étant élevés ; les planchers étant pofés, & la couverture étant auiîi terminée, on entreprend fon ragrément , que l'on commence toujours par le haut en defeendant fucceiïivement vers le bas. Celui des murs en pierres confiile à couper les mains des pierres ii on en a laifle , à ôter les baîevres , à finir les moulures des chambranles, des impoiles, clés archivoltes & des corniches qui feront reitées en boifages : on taille auiîi fur place: le plus fouvent les corps de refend ; enfin on fculpte les ornements énoncés fur les deiîîns : cela feit , on finit par refaire le dehors des joints: ceux de la pierre dure fe font avec mortier de grais au Heu de fable ; ceux de la pierre tendre fe font avec mortier de badigeon, ou delà pierre de Saint- Leu écrafée, tellement que, quand un mur efl bien ragréé, on n'apperçoit prefque aucun joint, & il a l'air d'être tout d'une pièce. Quant au ragrément des façades bâtis en moi-
Ions, il conMe de même que celui des murs de refend |
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d'Architecture. 315
& mitoyens, à les crépir & enduire en plâtre ou en
mortier ( car il eil rare qu'on laiiïe en pareil cas les moilons apparents ) ; à faire difparokre les troux des échafaudages ; à terminer leurs corni- ches , leurs plinthes , leurs ornements atiiii en plâtre ; après quoi on fait les tuyaux de chemi- nées , les plafonds des appartements, la maçonnerie des cloifons & des dealers, ainii que nous l'expli- querons par la fuite. ΙΙΠΠ 11 1 11 I 1 11 Wh B) 'i 1 .Ijl 11 il UI 'HiUl
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Article VI.
De la Conflruclion des Murs de T&rraJJe.
Planche LXXIX. Les murs de terraiTe different des précédents
en ce que , non-feulement ils n'ont qu'un pare- ment , mais encore parce qu'ils doivent foutenir la poiùTée des terres contre lefqiielîes ils font adoffés. 11 eil difficile de déterminer, au juile Fe- paifleur qui leur eil néceifaire pour contenir cette pouifée, à caufe des différentes natures des ter- reins : car, par exemple 5 les terres fortes jufqu'à ce qu'elles ayent pris leur affaiiTement, pouffent d'abord davantage les murs qui les foutiennent que les terres légères ; mais auiïï quand elles ont fait leur taiTement, elles fe foutiennent en quel- que forte d'elles-mêmes. Les fables ou les terres légères au contraire pouffent continuellement, attendu que leurs parties gliifent aifément les unes fur les autres ; par conséquent il eil donc néceifaire de faire les murs plus épais dans le dernier cas que dans le premier : encore un coup il ne fçaitroit y avoir une regle bien uniforme à cet égard, & c'eil |
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3i6 Cours
à l'expérience de l'Architéde à décider d'après
Tezamen de la nature du terrein qu'il faut foute- nir, quelle doit être la force du mur d'une terrafîe, fur-tout d'une certaine hauteur. Les fondements des murs de terraiTe, ainfl que
ceux des murs de face d'une maifon, doivent être à-plomb du côté des terres , & inclinés du côté Oppofé en formant de bons empattements dans le bas. îl y a des Architectes qui leur donnent en dehors de talut, la óe partie de leur hauteur : mais comme cette pente eft confidérable , & qu'elle expofe trop leurs parements aux injures du tems , nous eftimons qu'il fuffit de leur donner la 9e par- tie, & qu'il convient d'établir cette épaiffeur à l'extrémité de leur fommet, loriqu'on ne fait point ufage de contre-forts. Après avoir élevé les fondements jufqu'au rez-
de-chauffée le plus bas , l'opération la plus impor- tante eft de difpofer convenablement les terres deftinées à erre adoiîees au mur de la terrafte, & à remplir le forié. H eft d'ufage d'en faire plufieurs tas félon leurs qualités , afin de mettre dans le bas celles qui ont le plus de pouffée, & dans le haut celles qui en ont le moins; précaution qu'il eft im- portant de prendre, & fans laquelle il arriveroit que d'un côté le mur ne fe trouyeroit pas fouvent affez fort pour retenir la pouffée des terres, tandis que de l'autre il fe trouveroit plus fort qu'il η'eft néceffaire. On fait donc , de ces terres rapportées de même qualité , des lits d'environ un pied d'é- paiffeur , K, figure IV, Planche LXXIX, que Ton incline du côté du terrein pour les empêcher de s'ébouler, & que l'on aifermit fucceffivement en les battant & les arrofant, jufqu'à ce que l'on foie parvenu au haut de la' terraiîb : cela s'opère en |
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d'Archî tecture. ^ 317
même tems que Ton conitruit le mur , en obfervant
de laiiler un petit efpace entre les terres & le mur, que Ton ne remplit qu'après l'avoir fait. La ranon pour laquelle on ne remet pas à battre c&s terres rapportées après la conftrn&ion du mur, c'eft non- feulement pour quelles foientplus fermes, attendu qu'alors on ne pourroit guère battre que leur lu- perficie , mais encore parce qu'il ieroit à craindre qu'on n'ébranlât fa folidité. ' Toute la difficulté de ces fortes de conftruchons fe réduit à aiîigner aux murs une épaiiïeur propor- tionnée à la hauteur des terres rapportées au- deiliîs du niveau du terrein de l'autre côté : la Mé- chanique peut être d'un grand fecours pour la ré- gler ; M. Bélidor , dans le Livre I de la Science^ des Ingénieurs , a expliqué comment on en faiibit l'ap- plication en pareil cas ; & comme on peut y avoir recours , nous nous bornerons ici à rapporter la regle pratique que fuivent la plupart des Conftru- &eurs, & que M. Dégodets rapporte dans ion Ouvrage intitulé, "des Loix des Bâtiments, page Si les terres rapportées font élevées de 3 pieds
de hauteur derriere un mur, il faut, dit-il, ajouter à fon épaiffeur, au rez-de-chauifée ordinaire, un contre-mur d'un pied d'épaiffeur, & à proportion de ce que les terres rapportées feront plus élevées que ces 3 pieds , il convient d'augmenter l'é- pahTeur du contre-mur de 2 pouces par chaque pied de hauteur. Ainfi, lorfque les terres rap- portées n'auront que 3 pieds de haut au-deiTus du niveau du terrein de l'autre côté du mur , le contre-mur aura un pied d'épaiffeur : fi les terres rapportées font de 6 pieds plus haut que les terres de l'autre côté , le contre-mur aura ig |
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3ί§ Cours
pouces d'épaiffeur dans la hauteur des j pre-
miers pieds de haut, où il fera fait une retraite de 6 pouces , & il y aura un pied d'épaiffeur au- deiïiis : ii les terres rapportées font de 9 pieds dö hauteur, il faudra donner au contre· mur 2 pieds d'épaiffeur par le bas jufqu'à 3 pieds de hautj 18 pouces d'épaiffeur dans la hauteur des 3 au- tres pieds au-deffus , & un pied d'épaiffeur dans la hauteur des 3 antres pieds reliants du haut : Si les terres rapportées ont 18 pieds d'élévation, le contre-mur aura 6 redents chacun de 3 pieds de haut & de 6 pouces de retraite ; le premier, qui eil au niveau du fol extérieur, aura 3 pieds ~; le fécond aura 3 pieds ; le troiiieme aura 2 pieds ±; le quatrième aura 2 pieds; le cinquième aura 1 pied \ ; & le iixieme aura 1 pied. Enfin ii les terres rapportées étoient plus élevées, il fau- drait augmenter fuivant ce procédé répaiiTeur du contre-mur à proportion , en forte qu'il (î\l feul fuiHfant pour foutenir la pouffée des terres. Le plus fouvent, au lieu d'un contre-mur d'é-
paiffeur uniforme dans la longueur du mur , ort met de diffance en diffance des contreforts du côté des terres A, figures I, II & III, Planche LXXIX* Communément on les efpace d'environ 12 pieds de milieu en milieu, & on les élevé à redents Ε, Ε, Ε, figure III, d'environ 3 pieds dé hauteur & de 6 pouces de retraite comme ci-devant, en obfervant de donner à ces contreforts une bonne liaifon avec l'épaiffeur du mur; le tout maçonné avec dé bon mortier de chaux & fable. On donne affez Volontiers à ces contre-forts 3 pieds de lar- geur réduite en dehors, & d'épaiffeur dans le bas environ le f de la hauteur des terres rapportées plus uri frxieme, & l'on donne d'épaiffeur au bas |
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D'ÂRCHltECTURE, %l$
du Mur B, figure ï, compris dans l'intervalle des
contre-forts , la moitié de leur épaifleur. Soit par exemple , une terraile de 18 pieds de hauteur de terres rapportées, les contre-forts étant diftants de 12 pieds d'axe en axe, & ayant 3 pieds de largeur, auront 7 pieds d'épaineur , & les murs compris entre eux auront 3 pieds ~t La vue des figures de la Planche LXXIX , fuffit pour donner une idée de leur conitrucüon , qui fe fait d'ordinaire en moilons piqués & apparents en dehors, en obfer- vant de faire les joints les plus petits poffibles. On pratique dans le bas des murs de terraffe, des
ouvertures ou BarbacanesD, fig. Il, durantes l'une de l'autre de 10 à 12 pieds, & que l'on élevé un peu au-deiïiis du pavé. Leur fonction eit de fécher les terres adoffées aux murs de terraffe par le paffage de l'air dans ces endroits, & de laiffer en même tems égouter les eaux qui pourroient s'y arrêter. On fait quelquefois * au lieu de contre forts en
dedans des terres, des Eperons H en dehors, fig.V, qui gênent le paffage, & font un mauvais effet pour le coup d'œil j cependant 9 quand on ne peut Te difpenfer d'en admettre , il faut les efpacer comme les contre-forts, & leur donner à peu près la même épaîffeur ou proportion , û ce n'eft qu'à la place de redents, il erf: d'ufage de les opérer @n talut. |
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320
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Cours
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Article VIL
Des Efcaliers.
Planche L Χ Χ ί X, Dans les Maiibns diftinguées , dans les Hôtels
& clans les Edifices publics, on confirait toujours les Efcaliers tout en pierre. M. Blondel a déjà amplement traité dans le Quatrième Volume, de ïa diveriité des Eicaliers, de leur forme, de leur compofition ,.de leur décoration, & même a dé- crit en général les principales attentions qu'il con- vient d'apporter dans leur exécution, La conftru- iHon de ces fortes d'ouvrages clépend effentielie- rnent de la coupe des pierres , qui t£t une des plus difficiles parties deTArt debâtir. Comme nous avons renvoyé pour cette étude aux Traités de MM. De- larue & Frezier, qui laiiTent peu à defirer fur cette matière , nous nous bornerons à rapporter les obfervations principales auxquelles on doit avoir égard, pour ériger avec folidité un Efcalier. Après la compofition d'un efcalier , ceft la
beauté de fon appareil qui en doit faire le prin- cipal mérite. Les plus beaux efcaliers font d'ordi- naire évuidés dans le milieu, & conftruits en pierres de taille ; ils doivent fe foutenir en l'air par l'arti- fice de leur conftru&ion, & par la maniere dont on rejette le poids fur les murs qui les environ- nent. Leurs parties les plus effentielles font les marches, les limons, les appuis & les parements au-deffous des marches. On donne aux marches de largeur environ un pied de giron fur 6 pouces de
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b' Ar g H ι 't e CT uii e. %ï t
de hauteur, & on les féparè par des paliers dé
diitance en diilance. La cage d'un eicalier peilt être quarrée , paralellögramë, circulaire , ovale ou en fer à cheval, mais, dans tous les cas, il eil d'ufage de laiiîerdes paliers dans les quartiers tournants, &ii l'on y met des marches, il faut du moins qu'elles foient aufli larges dans le milieu de leur longueur que les autres marches aiTemblées quarrément dans le limon , en obfervant aufli de · faire leurs colets à peu près égaux. On foutient les rampes des ëfcaliers par des
vôuifures, foit droites , foit rampantes , foit en tour creufe : on foutient aufli leurs paliers par des voûtes en arc-de-cloître <> des plate bandes, des cnls- de-fbur,ou des trompes. Quelquefois on fait leurs grands paliers tout droits par deiîbus, quoiqu'entié- rement bâtis en pierre; mais alors on ne vient à bout de contenir leurs claveaux ou vouffoirs dans une pareille poiition, qu'en mettant des Τ de fer dans leurs joinrs , & qu'en multipliant les tirants' dans l'épaiifeur defdits paliers, de maniere à em- pêcher tout efpéce de pouffée , fur-tout vers lé vuide de l'efealier. La figure VI eft le Plan dit grand Palier d'un eicalier à deux rampes; ©il y voit la difpofition circulaire des Claveaux Ν -, au^ tour des angles, ainli que des Tirants en croix Ο $ cachés fous le carreau, pour empêcher l'écarte- ment des murs. La figure VII eil le Profil de la Plate-bande.P, à l'arrivée des marches , dont les claveaux font foutenus de deux Γιιη pair des Τ ren- verfés, viifés dans une chaîne de fer quarré deilinée: à contenir en même tems les murs oppofés. Mais le plus fouvent par économie j> on fe borne à exé- cuter les planchers de ces grands paliers en char- pente, & alors on prend le parti d'appuyer lë§ Tome V, X |
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322 Cours
voii Mures des rampes contre les marches defdits
paliers.
11 eir rare , dans un bâtiment de conséquence, de
feire continuer en pierre un efcalier au-delà du premier étage j mais, quand on en ufe autrement, on fe contente , pour alléger le fardeau, de con- tinuer le limon en pierre) & de faire des fauifes Marches en bois Q, que Ton recouvre par devant & B-ar <$e,iïus avec des Dalles de pierre R, qui portent une moulure à f ordinaire , figure VIII j enfuite on ravalle la coquille ou le defTous des marches en plâtre ; on le badigeone, ■& on y grave des joints pour imiter l'aiiemblage des pierres , de iorte que cette continuation a par ce moyen la beauté & l'apparence d'un efcalier tout en pierre de taille. ,s Il y a même des efcaliers d'Hôtels de quelque
importance , où, à l'exception des premières marches & des deux ou trois premières affîfes à rez-de-chauiTée , les limons & les courbes rampantes font exécutés en bois, ainii que leurs marches» que Ton recouvre feulement en deifus de" dalles de pierre de FepaiiTeur de la moulure. On peint enfuite en couleur de pierre à l'huile tous les-bois apparents des marches , des limons, des courbes rampantes, ainii que la coquille comme ci-devant, & on trace de faillies coupes fur le tout pour donner le change : quand cela eil bien fait, il en peut réfulter une grande économie. 11 n'y a pas jufqu'aux enduits des murs pourtours des efca- liers, que l'on ne s'avife/ dépeindre, lorfqu'ils font en moiions, en couleur de pierre, après y avoir gravé auffi des joints , pour imiter la pierre de taille., La conitruflion des efcaliers en pierre s'opère
en général, en mettant fur le mur déchiffre deux |
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d'Architecture. 323
tours d'affifes de pierre dure en forme de focle,
pour porter le bas du limon : au-deiuis de ces aflifes , on employé encore de la pierre dure jufques fous les rampes & juiqu'à la naiifance des voûtes, eh obiérvant d'y faire les cadres , pila- ilres & compartiments marqués fur les deffins ; le tout maçonné avec mortier de chaux & fable, & les joints ragréés à l'ordinaire de chaux & de grais pilé : on place fur les dernières affifes en pierre dure , les voûtes qui portent les rampes & paliers·, lefquelles voûtes fe font en pierre tendre de Saint-Leti , maçonnée de mortier, & ragtéé avec badigeon , & fervent à porter les marches qui ne font pas vifibles par défions* Dans les eicalièrs à rampes droites, & diilribués dans un quarré ou paralellograme, on iimplifie beaucoup leur exé- cution j fur-tout quand oh bâtit les paliers des sangles ψ & les grands paliers en charpente ; le limon alors eil un ouvrage particulier compofé éè longues pierres où Ton fait des entailles 3 pour re- cevoir le bout des marches d'une part , tandis "que l'autre eft fcellé dans le mur : ce font dé "tous les eicalîers les plus ailés à exécuter* Les marches fe font de pierre dure de liais ou d'Ar·»- cueil, d'une feule pièce, & on lés orne par le de- vant d'un quart de rond avec fo η filet; on pave le$ paliers de carreaux blancs & noirs $ foit de marbre \> foit de pierre de liais entremêlés de petits pavéà noirs dé pierre de Caèti, Quant au plancher des efcaliers, qui ilë mon-
tent que jufqu'ati premier étage., il eft rare qu'on les termine par un iimple plafond comnie lés ap- partements , mais il eil ordinaire * comme nous l'avons dit en parlant de leur décoration, de les couronner par mi entablement | où une corniche Aï
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32-4 Cours-
capable de donner du caradere à leur enfembîe,
& que l'on furmonte par une calotte au milieu de laquelle on iufpend une lanterne. On fait en Angleterre des efcaliers en pierre
beaucoup plus iimples que les nôtres · on n'y em- ployé point de voûtes ni de limon : tout l'art coniiile dans la maniere de tailler les marches, qui font d'un feul morceau de pierre dure, & de les placer les unes au-defTus des autres , en fcel- lant.un de leurs bouts bien folidement dans les murs ; il ne fe trouve pas communément d'autres difficultés» il y a plufieurs façons de faire ces marches, auxquelles on ne donne guère au-delà de 4 à 5 pieds de longueur : la plus uiitée eil de les délarder par deiïbus , afin qu'elles faffent plafond : on taille leur recouvrement en coupe d'environ 2 pouces de faillie , en obfervant de laiffer quarrée la partie du bout de la marche qui doit être icellée dans le mur, & de faire retourner la moulure qui regne furie devant de chaque marche , par le côté du bout opppie , pour tenir lieu de limon. Toutes les marches étant ainii préparées , on les pofe fuc- cefiivenient dans la tranchée pratiquée dans le mur ·, en faifanî attention de placer à mefure fous la têtede chaque marche, une pièce de bois de bout que, l'on n'ôte que quand fefcalier eu. .fini- La figure X repréfente trois de ces Marches vues par |e bout, du côté du vuide deTefcalier; & la flg. XI fait voir la coupe particuliere dame Marche. Pour ce qui eil des paliers, vu qu'on ne monte
guère en Angleterre au delà de 20 marches à cha* que étage , rarement en pratique-t-on au milieu : ceux qu'on fait au droit des étages font le plus fou vent en bois, & confident en une poutre qui reçoit la rampe, & contre laquelle viennent butter |
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ρ Ά R C H I Τ Ε C Τ U R Ε. 3 2 5
les marches. Quelquefois cependant on exécute
auiîi ces paliers comme dans la figure XII, en dalles de pierre auxquelles on donne 7 ou 8 pouces d'épaiifeur , & que l'on fait porter comme les marches de 5 à 6 pouces dans le mur. D'ordinaire on taille les joints de ces dalles en embrevement » ou en efpéce de queue d'aronde, & on les coule en plomb. Après que les marches & les paliers font pofés,
on fcelle en plomb chaque barreau montant de la rampe de fer fur la tête des marches & le bord des paliers, & enfin l'on finit par cacher le deifus de la plate-bande de la rampe de fer par un rampant de bois des Indes orné de moulures. L'ufage eil d'éclairer par le haut la plupart de
ces fortes d'efcaîiers , qui ne montent guère au- delà du troifieme étage. Pour cet effet 3 on place à la hauteur des toits un vitrail porté par de la charpente ; ce qui nous paroît une fort bonne méthode , en ce que les efçaliers ne tirant pas leur jour du côté de la rue ou de la cour, & fe trou- vant compris au milieu du bâtiment , facilitent néceiTairement fa diitrihution, & augmentent les logements. Les murs de ces efçaliers font conftrtiits en briques (car on ne bâcic guère autrement en Angleterre ), fur lefquels on met dans l'intérieur. des appartements des enduits de blanc en boure, que l'on badigeone & que l'on décore de plinthes avec des guillochis , de poiles , de rofaffês , ou de frifes imitées d'après les ouvrages antiques. Nous avons repréfenté, figure IX s le plan d'un de ces Efçaliers , qui fuffira pour en donner une, idée. Avant de nous engager davantage, il eil a pro-
pos d'expliquer particulièrement les Figures qui X iij
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Ji6 Cours
repréfentent la conftruäiun des murs d'un bâti-»
ment ; ce qui nous donnera occaiion d'entrer dans nombre de détails eiTentiels, que nous n'avons fait fouvent qu'indiquer , de récapituler ce que nous avons dit précédemment, &t de faire remar- quer auiîî l'application de beaucoup d'obfervations importantes , que nous n'ayons faites qu'en général. |
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Explication de la Planche LXXÏÏL
Les Figures I & II font le Plan & l'Elévation
d'un Mur de clôture, avec des lettres de renvois, femblables en correspondance aux mêmes objets. A, Mur conitruit en moilons apparents , pi-
qués ou Amplement eifemillés, & maçonnés avec chaux & fable. Β, Chaînes de pierre à carreaux & boutiffes %
efpacées de 12 pieds de milieu en milieu. Ç, Cours d'Afîife de pierre dure au bas du mur.
D , Chaperon conftruit en pierre.
E, Profil du Mur de clôture & de fes fonde-
ments , en gros moilons, faifant un empattement de 2 ou 3 pouces de chaque côté. La Figure III eil le Profil du mur de face d'une
Maifon, lequel fait voir les différentes épaifTeurs & retraites, depuis les plus baffes fondations jufqu'à ion couronnement. Il eil élevé à-plomb du côté de l'intérieur du bâtiment depuis le rez-de-chauflee, & en talut par dehors. En fiippofant qu'il fupporte quatre étages, que fa hauteur foit 54 pieds, & que le Mur HÏ, au rez-de-chauffée ait 2 pieds d'épaif- feur au droit du focle , ce Mur G des caves doit avoir 2 pieds 6 pouces, pour laiffer un empat- |
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d'Architecture. 327
tement de 3 pouces de chaque côté fous le
Mur Hl : & le Mur F, de fondations des caves , doit avoir 3 pouces de plus d'empattement feule- ment du côté des caves, c'eft-à dire 2 pieds 9 pouces ; car du côté des terres on élevé d'ordinaire les murs à-plomb. Sur quoi il faut remarquer que, s'il n'y avoit pas de cave, cette dernière retraite n'auroit pas lieu, & que tout le mur G juiqu'au rez- de~chauiîee feroit réputé fondement, avec 3 pouces d'empattement de chaque côté, comme il a été dit plus haut. Quantautalut du dehors, on peut lui don- ner uniformément une ligne par pied de hauteur, c'eft-à-dire 54 lignes ou 4 pouces | de moins dans le haut qu'au rez-de-chauffée, & pour le mieux 3 lignes par toife , en faifant en outre une re> traite en dehors fur chaque plinthe d'un pouce à chaque étage ; de forte qu'en fuivant ce dernier procédé , le mur étant fuppofé de 22 pouces | d'épaiifeur au-deiÎus du focle, fera réduit à fon couronnement à 16 pouces \, au lieu de 18 pouce? fuivant le premier, χ, Ligne ponctuée , qui exprime la continuité
du talut du mur de face en dehors, depuis la re- traite du rez-de chauffée jufquaux plus baffes fondations ; talut qui nelt pas ufité, mais que nous eftimons devoir davantage fortifier les fondements' du côté des terres, que le procédé ordinaire., La Figure IV offre le Profil d'un Mur de refend
ou mitoyen, dont la Ligne ponctuée Κ L, repréiente le milieu« Il fuffifde donner à fes plus baffes fonda- tions Κ, au niveau défaire des caves, 3 pouces de retraite de chaque côté , & au rez-de-chauffée encore 3 autres pouces de retraite aufli de chaque- côté. Si ce mur a, par exemple, 18 pouces d'é- paiffeur au rez-de'Chauffée ? Fépaineur Κ de fes. |
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328 Cours
plus baiTes fondations fera de 30 pouces , Se celle
au droit des caves fera de 24 pouces. Quant à fon élévation depuis le rez-de-chauffée , on élevé fouvent ces fortes de mur à-plomb de chaque côté , fous le prétexte qu'ils font entretenus par les planchers de part & d'autre; mais il eil préfé- rable de lahTer uniformément 2 lignes par toile de fruit de part & d'autre dans toute fa hauteur, fans faire de retraite au.droit de chaque plancher : en fuppofant ce mur de 9 toifes de haut, comme le précédent, il fera par ce moyen réduit vers fon fommet environ à 14 pouces. La Figure V repréfente le Plan & l'Elévation
d'une Chaîne de pierre dure M, fervant, foit à porter le bout d'une poutre dans un mur de refend ou mitoyen, foit à former la tête d'un Mur mi- toyen Ρ, au rez-de-chauffée iiir la rue, torique ledit mur eil bâti en moilon. Dans ce dernier cas,, on nomme cette Chaîne M, Jambe-bontuTe. La Figure VI fait voir le Plan & l'Elévation d'une
Jambe à la fois boutiife & étriere Ο, & fa liaifon avec le Mur mitoyen P. La Figure VII eil le Plan & l'Elévation d'une
Jambe-étriere N. Ces jambes boulin1 es & étrieres fervent fouvent de pied-droits à des Poitrails Q. Quand les portées de deux poitrails ou de deux pou- tres portent fur une même jambe de pierre , il eil ordinaire de les lier enfemble par une bande de fer. ; La Figure VIII eil le Profil d'une Poutre V, au b ont de laquelle eil une bande de ferR, qui y eil clouée & arrêtée par un talon , & un Ancre S, de 3 k 4 pieds de longueur , deiliné à retenir l'écartement d'un Mur de face ST, au droit d'un plancher. Qn met de femblables chaînes & ançrçs à la tête 7 ':. -'
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d'Architecture. 3 29
des murs mitoyens & de refend à chaque étage,
& au bout des fahlieres des groffes cloifons de charpente ; en obfervant d'encaitrer les ancres à 2 ou 3 pouces près du dehors du mur de face , ainfi qu'on le voit dans cette figure. |
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Explication de la Planche LXXIV,
Repréfentant le Plan , l'Elévation & le Profil
d'une Façade de Bâtiment en pierre de taille. Figure ILe, Plan d'un mur de face en pierre de
taille, avec deux Murs A & Β, Tun de refend & l'autre mitoyen, conilruits en moilon. La Figure ÏI, eil l'Elévation d'un mur de face.
C, Pierre dure d'Arcueil, depuis le rez-de-
çhauffée jufqu'à la hauteur de la Plinthe Ε du pre- mier étage. D, Croifée terminée en plate-bande , dont les
joints des claveaux tendent au fommet d'un trian- gle équilatéral. Quelquefois ces claveaux font crofettes par le bas, & quelquefois auiîi l'on fait leurs joints perpendiculaires en dehors. F, Pierre tendre de Saint-Leu , dont eil cons-
truite cette Façade, depuis la Plinthe Ε, jufques & y compris la Corniche qui la termine. G, Appui de croifée en pierre dure, que l'on
orne de moulures par devant pour fervir de ban- quettes. H j Corniche architravée , compofée de deux
cours d'affifes en pierre tendre, & d'une tablette de pierre dure, formant cimaife & revers d'eau. En fuppofant qu'on voulût faire cette cimaife auiîi |
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330 Cours
en pierre tendre, il faudroit couvrir le deiTns de
fa faillie en plomb, en ardoife on en tuile, ou bien avancer jufqu'au bord l'égoût du toît. . On remarquera dans cette figure, qu'on a ex- primé Us joints montants & les joints horifontaux âes pierres , & que pour la beauté de l'exécution on a ofofervé· de faire d'égale hauteur tous les cours d'afiifes d'une même qualité de pierre ; égalité à laquelle on doit fur-tout fe rendre attentif, quand on veut décorer une façade de corps de refend , afin que les joints horifontaux de chaque cours fe rencontrent au milieu des refends. S'il arrivoit que la pierre fut d'un trop haut banc pour n'occuper que la hauteur d'un refend,. il faudroit faire en forte d'en employer d'une hauteur de banc iußiiame pour lui faire embraiTer à la fois deux refends : car cela fait toujours un bien meilleur effet, que de voir un joint entre deux refends, ainii que le pratiquent afTez fouvent les Entrepre- neurs, peu jaloux du coup d'œil de leur ouvrage. I, Harpes ou queues de pierre que l'on met
d'ordinaire à la tête d'un mur mitoyen , pour fa- ciliter de le lier avec le mur de face de la maifort voiiine : fans ces harpes les murs feroient feule- ment appliqués l'un contre l'autre [ ils ne fe prê- teroient point de mutuels fecours ; ils fe détache- roient ou fe déverferoient aifément. Κ, Ancres & chaînes de fer que l'on met à
la tête des murs de refend & mitoyen , pour contenir à chaque étage l'écartement des murs 'de face : les ancres doivent être encailrés fufEfam- ment dans le dehors du mur de face pour n'être pas vifibîes. On voit en plan, figure 1, le paiTage de ces chaînes à la tète des murs de refend & mitoyens : & fi-le mur de face étok ifolé, il en faudroit mettre |
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d'Architecture. 331
néceffairement à chaque étage dans toute fa
longueur.
La Figure III, repréfente le Profil du mur de
face de la figure II, depuis les plus baffes fonda- tions jufqifà fon couronnement. L, Mur des plus baffes fondations confiant en
libages, & ayant 3 pouces d'empattement en de- dans des caves. M, Mur des caves fous la face du bâtiment,
qui a 3 pouces d'épaiffeur de moins que le pré- cédent L. Ν , Mur de face faifant retraite de 3 pouces de
chaque côté fur le Mur M, & s'élevant en dedans du bâtiment tfa-plomb, en laiffant, foit un pouce de retraite en dehors à chaque étage avec 3 lignes par toife de fruit, foit feulement une ligne par pied de taliit.
Ο, Caves bâties en moilons apparents, piqués
par aßlfes.
F, Chaînes & Arcs en pierre, placés le long des
berceaux pour les fortifier. Q, Chaînes de pierre dans les caves, qui cor-
refpondent à celle R> placée à la rencontre de tous les murs de refend & mitoyens avec les murs de face.
S , Niveau du pavé de la rue.
T, Porte de cave terminée en plate-bande
bombée , avec des pied-droits en pierre faifant liaifon dans les murs moilons. . V, Coupe de la Voûte, dont les reins jufqu au
couronnement font garnis en moilons. X, Cours d'affife de pierre dure au bas de tous
les murs de refend & mitoyens : on met arnSdes parpins de pierre fous toutes les cloifons de char- pente à res-de- chauffée ; & comme nous favoris |
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332 Cours
déjà dhs quand des cîoifons doiventporter plancher,
il eil eiTentiel de les aiTeoir, foit fur un mur mon- tant de fond dans les caves, foit fur un arc en pierre correfpondant. Y, Y, Mur de refend ou mitoyen , que l'on
enduit d'ordinaire en plâtre en dedans des appar- tements, entre les chaînes en pierre s'il y en a. Ζ, Bayes de portes , dont les pied-droits &
plate-bandes fe font en pierre tendre. &, Plancher d'un pied d'épaiiTeur , en le fup-
pofant careié , & de ι y pouces en le fuppofant parqueté. a0 Chaîne de pierre dure, que Ton doit ériger
fous la portée des poutres. Comme nous avons fuppofé ici des poutres à chaque étage en cor- refpondance les unes fous les autres, nous avons élevé cette chaîne de toute la hauteur du bâti- ment $ & c'eft ainii qu'il convient de les placer ordinairement. Explication de la Planche LXXV,
Qui φ une continuation de là Planche
précédente, La Figure I, en: une Boutique , terminée par
une Plate-bande A, en pierre, dont les claveaux fe foutiennen.t par leur coupe. B, Linteau de fer de 18 lignes quarrées , fee*
vant de tirant , terminé par un œil à chaque extrémité, avec un ancre qui eil placé au milieu du mur, fur le haut des claveaux de la plate- bande , & qui fert à contenir fa pouffée. Quelquefois on met feulement fous la Plate- bande A, une barre de linteau que l'on y incruile |
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d*Arcïïitectürë. 333
de (on épahTeur, lequel linteau iert à fouîager
le poids des claveaux : cependant comme nous fuppoibns ici la plate-bande d'une certaine éien-« due, il vaut mieux placer en ce cas la barre de linteau en deiTus les claveaux , afin de la faire porter & tirer à la fois. C, Etriers placés entre les claveaux , de deux
l'un : ces étriers font terminés en Τ par le bas, δε ont un crochet ou un œil dans le haut, à travers lequel pafle le linteau. Leur fonction efl de fou- îager la plate-bande , & d'empêcher en partie fa pouifée. .·.:...■:. . '
- D, Pied-droit en pierre dure , jufqu'à la hau-
teur de la plinthe. τ α,-r Ε, Mur en pierre tendre, percé de croifées à
plate-bande. ::: F, Trumeau portant fur le milieu de la plate-
bande. ..m !& : . G, Ancre avec chaîne de fer régnant,à chaque
étage, au milieu du mur de face, que nous fuppo- ibns ici iiblé. 3Ô ÏSÎJHA La Figure II eir le Plan de la Plate-bande A ,
vue par deifus ; elle exprime la pofition ref- pe&ive des claveaux, des ancres & du linteau, avec de petites lettres correfpondantes aux grandes dans la figure I. La Figure 11 i, repréfente une Boutique termi-
née par un poitrail, bien que la façade foit bâtie en pierre. H, Murs de face ou pied-droits en pierre dure,
jufqu'à la hauteur du premier étage , ou de la Plinthe Ν M. ~ , , , |,τ Petit Pan -coupé que l'on pratique d'ordi-
naire à l'encognure d'un bâtiment, au droit de |
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334 Cours
deux rues , pour faciliter le tournant des voi-
tures. K, Poitrail d'environ ί6 pouces de gros, & de
la pieds de longueur entre fes portées, il y a diverfes manières de poier ces poitrails : ou bien on les laiiTe apparents , &· on les avance jufqu'à faiHeuremenî du dehors des murs , en obfervant de les peindre par la fuite en couleur de pierre à •l'huile j ou bien on les recule en arrière -d'environ un pouce, pour y faire un latis & un enduit de plâtre , où l'on -grave des claveaux pour lui donner le coup d'œil d'une plate-bande en pierre : dans ce dernier cas , il eil ordinaire de mafqiiêr les portées du poitrail, & d'y faire une levée de part & d'autre de 2 óu 3 pouces fuivant l'épaif- fenr, pour l'encaitrer folidement dans la pierre : de forte qu'au droit dès Portées L·, L, il y aenviron 4 pouces d'épahTeur de pierre par devant. Nous avons exprimé, fur une moitié de ce poitrail 5 des cla- veaux, & nous avons iaiffé l'autre apparente. M, Ancres & Plate-bandes de fer d'envi-
ron 4 pieds de long, clouées avec des clouds dentés , & arrêtées à talon fur* les extrémités dit Poitrail Κ, lequel par ce moyen tient lieu de chaîne au droit du premier étage : s'il y avoir tili autre poitrail fur la Boutique attenante , on pour- roit les lier enfemble par une femblable plate- bande. N, Ancre avec bande de fer arrêtée fur la fabîieré
d'une cloifon de refend, fervaiit à Contenir l'écar- tement du mur de face. Ο, Plinthe en pierre dure régnant fur le devant
du Poitrail Κ, & qui encait/re fa partie fupérieure d'environ 2 pouces* |
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d'Architecture. 335
Ρ, Premier Etage exécuté en Saint-Leu, ainiî
que tous les autres Etages fupérieurs. Q, Trumeau porté fur le Poitrail.
R, Croifée à plate-bande avec une barre de
linteau. S, Chaîne de fer avec un Ancre au droit du
plancher du premier étage, & régnant dans l'épaif- leur du mur de face, que nous fuppofons ifo'lé. T, Efpéce de petit Poitrail ou Poutre d'un pied
de gros, fervant à porter le plancher de l'entre-fol aii-deiTus de la Boutique : fes portées peuvent être encailrées dans les pied-droits comme ci-devant* Il n'eft pas d'ufage de mettre ni tirants , ni ancres aux extrémités de cette poutre ; & on peut auffi la recouvrir en dehors par un enduit de plâtre pour y pratiquer , foit une table , foit des claveaux, ou bien la laiiiîer apparente. V, Trumeau entre les croifées de l'entre-fol »
que l'on peut faire en pierre ou en charpente, & qui par fa iîtuation fert à foulager le Poitrail Κ, X, Petit Pilier de charpente de 5 & 9 pouces de
gros , pofé fur l'Appui de pierre Y de la Boutique y lequel ferf à fa fermeture, & à la fois à fortifier la Poutre T. Ζ , Borne que Ton place de diftance en diftance
le long d'une Façade fur la rue, & fur-tout aux encognures pour empêcher les roues des voitures de l'endommager. Ces bornes s'ajoutent après coup fur un petit maiîif de moilons d'environ un pied & demi d'épaiileur , -& fe font d'une feule pierre placée en délit, & qui ne fait pas liaifon avec le mur. On voit féparément le Profil d'une de ces Bornes , figure VI. La Figure IV eil un Plan du Poitrail Κ, vu en
deifus avec la difpofition de les portées/,/, dans les murs où elles fontencaftrées. On y remarquera |
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33Ó Cours
auffi l'arrangement, tant uqs Bandes de fer m, mt dam
Fencognure de la façade où elles ont un ancre commun, que de la Bande de fer η, qui doit joindre le poitrail de la boutique voiiine quand il y en a > & de celle attachée à la fabiiere de la cloifon-j dont l'ancre affleure de 2 ou 3 pouces le dehors du mur de face. La Figure V eil le Profil du mur de face b ßg. III,
où nous avons mis de petites lettres correipon- dantes aux grandes , pour qu'en l'étudiant on puiffe reconnoître aifément les rapports des mêmes objets. Ainfi k eil la Coupe du poitrail placé au niveau du plancher-bas du premier étage : 0, Coupe de la Plinthe en pierre qui encailre Je deffus du poitrail : r, Profil de la Croifée du premier étage avec une barre de linteau : t, Coupe de la Poutre * & du Plancher de l'entre-fol & de fa croifée : χ Profil du Pilier pofé fur un efpéce de femele de bois » qui couvre le deilùs du mtir d'appui y* Il eil à re^ marquer, dans cette figure V, la liaifon des murs de face en pierre avec les murs de refend x>u mitoyens en moilons, par le moyen des Harpes & ? qu'on laiife à leur rencontre* La Figure VII, exprime en α 3 b & c, les diffé-
rentes formes que l'on donne aux refends dont on décore les façades. Les Figures VIII & IX font voir # l'une le Plan
d'un Appui de croifée en pierre dit à banquette * & l'autre fon Profil. On taille à part féparément chaque appui avec une feuillure, pour recevoir le dormant du bas de la croifée , & des rejets ou revers d'eau d : enfuite on fait une tranchée dans le mur , au bas du tableau de chaque croifée pour le loger , de maniere que les revers empêchent l'eau de s'arrêter à fa jon&ion dans |
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d'Architecture. 337
îe mur ' îa comparaifon entre le Pian & le Profil
fera ί en tir aiiément cet arrangement. Explication de la Planche LXXVIs
Hepréfentant lé Plan ^ t Elévation & le Profil
d'une Façade de Mai jon. conflruite depuis le pre?nier étage , partie en Pierre , partie, en Moilon, & avec une Boutique portant un Balcon en voujjure* La Figure 1, eu. f Elévation cTun Bâtiment*
A, Boutique terminée en anie-de-panier.
Β & C, Pied-droits en pierre dure jufqu'au pre*
mier étage. D , Arji'e-de-panier, dont les vouiïbirs occupent
toute répaiffeur du mur. E, Voufiure portant un Balcon , dont nous par-
lerons ci après de la Conilruclion. F, Croiiées dont hs Plate-bandes & les Pied·*,
droits font en pierre tendre. G, Plinthe exécutée en pierre tendre.
H, Encognure en pierre tendre, depuis le pre«
mier étage jufqu'au haut du bâament. i, Murs-moilons ra vallés en plâtre , entre les
pied-droits des croiiées. Κ, Appuis des Croiiées s dont la tablette eft en
pierre dure. M , Corniche de Couronnement en pierre
tendre. L, Ancres 6c Chaînes à la hauteur de cha-
que étage dans répaiffeur des murs. U eil à |
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33§ Cours
obferver que, comme nous fuppofons ce bâtiment
iiblé , il faut mettre en ce cas des chaînes de fer en retour le long des murs de face à chaque étage, pour contenir de part & d'autre les ancres qui feront places dans l'encognure, ou le retour des deux murs ifolés. La Figure II, repréfente le Profil du Mur de
face précédent. Ν , Cave bâtie, comme ci-devant , partie en
pierre , partie en moilcns : les voûtes buttent contre les murs de face , & leurs cintres font fur- baifîes, à deffein de ménager un paiTage derriere les tonneaux. O, Profil du Mur de face , auquel on peut
donner feulement ίο pouces d'épaiiTeur au rez-de- chauffée , en fuppoiant qu'il ne porte pas plan- cher , ainfi qu'on le pratique afîez fouvent. P, Profil de la Vouffure qui porte le Balcon.
Q, Profil de la Corniche, dont la cimaife doit
être en pierre dure , en cas qu'on n'avance pas l'égoût du toît jufqu'au bord. La Figure III, repréfente le Plan de cette Fa-
çade , pris au niveau du premier étage & du balcon. La Hgure IV, fait voir plus en grand un Profil
& une vue de face de ce Balcon. Chaque Vouf- foir a fait vouffure , & embraffe toute l'épaifTeur du mur, que nous fuppofons de 19 pouces envi- ron. Pour la folidité il faut mettre dans l'épaiffeur du mur, figures III & IV, un Tirant c de fer quarré , qui fera contenu par des Ancres d, placés au milieu de chaque trumeau. Ce tirant fert à porter des Etrîers e , figure IV, placés entre chaque vouïToir & deitinés à les fou tenir indépen- damment de leur coupe, Au-deflus de ces vouf- |
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d'Archîtëcturé» 339
foirs j on place enfuite en recouvrement une Ta-
blette/, figure I & IV, formant un quart de rond par devant, fur laquelle eft fcellé le balcon de fer. il y a plufieurs autres procédés pour foutenir
les balcons. Le premier confiite à placer fur les trumeaux des croifées de l'étage inférieur, des ConfoÎes en pierre #, qui font parpin avec le mur» & fur lefquelles on pofe des linteaux de fer, fï* gure V, pour foutenir la Tablette h du Balcon» Le fécond, à ajouter après coup les ConfoIes k, iîg. VI* en pratiquant dans le mur une Tranchée Ί, de 4 pouces de profondeur i pour les y encaflrer bien exactement, & enfuite à faire paffer à tra^ vers du mur deux Tirants /, m9 de chacun 18 lignes xle gros, que l'on contiendra en dedans par un. Ancre η ο. Le Tirant fupérieur / doit avoir uri Crochet/», pour entrer dans le haut de la confole » & une des Extrémités q, doit être difpoféea recevoir une douille paffant à travers de la Tablette r > pour porter les montants du chaiîis en fer du balcorh Quant au fécond Tirant m , fon extrémité eft ter* minée en Τ, pour contenir & arrêter le bas de là confole. Le troiiieme procédé j> figure VII, confiftâ à faire porter les tablettes fur des potences de fèt avec des barres de linteau de l'une à l'autre , foit apparentes, foit entartrées dans la pierre : quelque^ fois on rnafque ces potences avec des confoles d$ plâtre qui font creufes en dedans. |
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340 Cours
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Explication de la Planche LXXVII,
Meprefentani le Plan & ΐElévation d'uni
Façade 3 bâtie en Pierre & en Briques, La figure I, eil le Plan de la Façade pris au mi-
lieu des croifées du rez-de-chauiTée , où Ton a différencié par une teinte plus forte, ce qui eil bâti en pierre d'avec ce qui Teil en briques. La figure II, eil l'Elévation de cette Façade.
A, Petit Soubarlernent fait en pierre dure.
Β, Encoignures & Têtes de mur continuées en
pierre dure ou tendre, au-deiîus clufoubafTement, dans la hauteur du rez-de-chauifée : c'eil l'éléva- tion du bâtiment & la force des pied droits qui doivent décider où il convient de s'arrêter à cet égard. C, Embrafures & Pourtours de portes & de
croifées en pierre. D, Corniche en pierre, de même que le fron-
ton qui couronne la porte. Ε, Ε, Appui des Croifées, Corps de refend &
Corniches en pierre. F, Tables en pierre, qui ne font volontiers
incruilées que de 9 ou ι Ο pouces. G, G, Parties de mur en briques.
H, Ancres & Chaînes fervant à contenir l'écar-
tement des murs. Il eil à obferver que , quoiqu'à la réferve des
tables , nous ayons dit que les. encognures , les appuis & les corniches embraiïbient l'épaiiTeur du »mr, néanmoins on fe permet d'employer quel*· |
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DÀRCHITECTURE. 34I
qiiefois la pierre en incruitement de 9 ou 10 pouces
d'épaiifeur par dehors, même dans ces endroits : il n'y a que les premières affiies du rez-de chauffée qu'on ne fçauroit fe difpenier de mettre toujours en pierre pleine. La figure III3 fait voir le Profil de la façade en
briques piife au milieu des croiiees. |
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Explication delaPlanche LXXVIII*
Kepréfentant le Plan, l'Elévation & le Profil
d'une Façade de Mai/bn, bâtie en Moilons y
& ravalée en Plâtre.
Là figure I, eil: une partie du Plan de la Façade.
A , Boutique avec fon Mur d'appui.
Β, Pied-droit de la Porte d'entrée de la maiibn,
lequel eiladoffé à une cloifon de charpente>portée par un mur parpin. " C, Tête du Mur mitoyen.
La figure II, eil l'Elévation de la façade du
bâtiment, laquelle eit compofée de trois étages, d'une boutique , & d'un étage en galetas. D, Pied-droit fait en pierre dure.
Ε , Jambe-étriere aufîi en pierre dure à la tête
du Mur mitoyen. F, Mur d'appui de la Boutique en pierre dure,
dans lequel eft percé un foupirail. G, Mur de refend du fond de la Boutique bâti
en moilons crépis, & enduits des deux côtés. H, Porte avec un Linteau, & dont les moilons
au-deffus font placés en coupe, comme cela de- vroit toujours être en pareil cas. ....·; ·:"·* u?ï Y ut
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341 Cours
1 » Poitrail de charpente de 15 pouces de gros,
dont les extrémités font foutenues fur le Pied^ droit D, & la Jambe^étriere Ε, & de plus par des efpéces de Confoles , que Ton ajoute quelquefois pour fortifier fes portées. Κ , Poteau pour la fermeture de la Boutique,
& fervant à fortifier le poitrail. L , Mur-raoilon érigé fur ce poitrail jufqu'au
haut de la façade, & maçonné en plâtre : on fup- pofe ici qu'il n'eit pas encore ravalé, ou recouvert d'un crépi & enduit. M, Linteaux de bois au haut des croifées *
compofés d'ordinaire non d'une feule pièce de? charpente de toute TépairTeur du mur , mais de deux placées à côté l'une de l'autre : la raifon pour laquelle on met deux pièces de bois, c'eit pour que l'une forme le tableau du haut de la croiiée, & pour que l'autre faiTe l'embrafement, en la pla- çant un peu plus haut. Ν, Cours de Plate- forme d'environ 4 pouces d'é-
paifieur, traverfant toute la longueur & l'épaiffeur du mur de face cà la hauteur de chaque étage 9 îefquelles plate-formes font aiTemblées dans leur about à mi-bois & à queue d'aronde. Leur fon- tion eil de porter les bouts des Enchevêtrures Ο 3 où font aiTemblées les folives des planchers , & d'opérer l'égalité de taiTement le long du mur ; mais en fuppofant que le mur ne portât pas plancher, on le continueroit fans interruption» & on n'auroit pas befoin de cours de plate- formes. P, Sommet du Mur, dont les deux derniers;
rangs, de moilons avancent un peu en encorbelle- ment pour recevoir la faillie de la corniche, que Γρ,η. fait enfuite en plâtre, en la traînant avec un |
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d'Architecture. 343
calibre ; laquelle faillie on contient en outre par
des efpéces de fantons, crochets ou chevilles de fer 5 fcellés dans le mur : les Coniforudeurs font ces fortes de corniches en plâtre & moilons dans toute leur longueur ; cependant il y en a quelques-uns qui mettent une affife de pierre tendre à leurs encognures , & aux extrémités des avant- corps , ce qui vaut beaucoup mieux. Q, Appui de Croifées en pierre dure, & que
Ton orne de moulures en dehors pour former des banquettes. R, Ancres & Tirants placés à chaque étage au
milieu & à la tête des murs mitoyen & de reiend , ou au droit des fablieres des cloifons, pour empê- cher Técartement des murs de face. S, Arrachements que Ton laifie pour lier le
mur voiûn ? & faire un tout avec lui. T, Souche de Cheminée appliquée contre le
mur mitoyen , & que Ton élevé au-deflus des combles voilins , pour empêcher les cheminées de fumer. V, Sommet du Mur mitoyen que Ton doit
élever jufqu'à 3 pieds au-demis du faîtage des combles , pour ôter la communication du feu en cas d'incendie d'une des deux maifons. W, Toît à deux égoûts percé de lucarnes.
Quant une façade eil ainu bâtie en moilons » on la ravale entièrement en plâtre ordinaire- ment; on fait auiïi en plâtre toutes les corniches,. les plinthes , les chambranles des croifées s ii on en veut, & en un mot tous fes ornements ; de forte qu'on n'apperçoit plus ni moilons ·> ni tirants * ni ancres, ni plate-formes , ni linteaux. Après quoi on étend en dehors fur le tout une eau Yiv
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344 \ Cours
colorée de badigeon, ou de pierre de Saint Leu
pilée, pour ôter la grande blancheur du plâtre, & lui donner le ton de la pierre. Il feroit aifé de conitruire une pareille façade en
pierre de Meulière, au lieu de moilon ordinaire, mais il faudroit. maçonner l'intérieur du mur en mortier de chaux & fable, & ravaler à la bonne heure le dehors en plâtre , comme ci - devant. Quoique les murs d'une maifon foient bâtis en moilons , il eil libre de faire les plinthes & les corniches en pierre au lieu de plâtre : autre- fois on ne fouiFroit pas que Ton mît de la pierre fur du moiion,mais maintenant on permet de les aliier en ces fortes d'occaiions; & l'on va même jui'qu'à faire régner des plnnhes en pierre au-defliis des poitrails , comme on l'a vu précédemment. On pourroit encore bâtir la façade d'une maifon
toute en brique, en mettant des chaînes de pierres aux encognures ; & , en fuppofant qu'on n'ait pas de plâtre pour la ravalîer , comme les en- duits de mortier ordinaire font peu durables, on y fuppîée en lahTant les briques apparentes, en bandant le haut des croifées en briques par devant, enfin en faiiant les plinthes de chaque étage en pierre, ainli que la corniche de couron- nement. Quand le tout eiï terminé , on a coutume de paifer une couleur d'ocre rouge fur toutes les briques endehors, & de tirer leurs joints avec lin lait de chaux. La figure III, eil la Coupe de la Façade.
X, Profil du Mur de face élevé à-plomb en
dedans , & avec les retraites ordinaires en dehors à chaque étage, fur (es fondements & au rez-de- chauiTée. On ne donne volontiers que 17 ou 18 pouces d'épaifleur au mur du rez-de-chauffée de ces |
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d'Architecture. 345
fortes de conilruäions , & 15 ou 16 pouces aux
murs mitoyens & de retend ; le tout compris le ravalement. Y, Mars des Caves entièrement con&ruits en
moilons excepte fous la jambe-étriere, & maçonnes en plâtre ; mais qui vaudroient mieux s'ils étoient maçonnés avec mortier de chaux &■ iable , par rapport à l'humidité de ces endroits. 2, Profil de la Jambe étriere faifant harpe dans
le mur mitoyen : on fe pique volontiers d'avancer beaucoup ces harpes dans les murs mitoyens s & de leur donner plus d'un pied, mais cela n'eft pas foiide; ces longues harpes l'ont le plus fouvent rompues par l'effet du taffement du mur ; & il vaut toujours mieux les réduire environ à 6 pouces; la liaifon en eil meilleure. &, Mur mitoyen en moilon. Il feroit à fouhaiter
que l'on mît au bas de tous les murs à rez-de-chauf- fée, même dans l'intérieur d'un bâtiment , un cours d'aififes de pierre dure, leur conilru&ion en vau- droit mieux : au ûirplus ,il ne faut pas négliger d'en mettre au moins un cours d'afïife au pied de tous les murs de face quelconque. tf, Profil du Poitrail d'environ 14 ou 15 pouces
de gros : il y en a qui veulent que ces poitrails foient tout d'une feule pièce d'écarriffage ; d'au- tres qui veulent qu'on le fcie en deux, & quon en place les deux morceaux à côté l'un de l'autre , bien boulonnés enfemble , prétendant que ces deux morceaux féparés ont ainli plus der force, que quand ils étoient réunis en un foui: tout l'avantage que l'on pàroît tirer de ce procédé, eft'de donner de l'air au cœur du bois, mais c'eil, félon nous, au dépend de fa folidité. b, b, Planchers à la hauteur defquels font placés
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%φ Cours7
des chaînes & des ancres, pour contenir les mur®
de face , les plate-formes, & les extrémités du poitrail. c, Profil du linteau des Croifées.
d) Profil des Plate-formes. ƒ, Profil de la Corniche T fur le hord de laquelle eil avancé régoût du toît. En fuppofant qu'on voulût laiifer le deffus de cette corniche à décou- vert, il faudrait faire fa cimaife en pierre dure, ou du moins couvrir en plomb} tuile ou ardoife fa partie fupérieure, pour l'empêcher d'être bientôt dégradée par les eaux pluviales. g,h9i, Cheminées avec leurs Manteaux en
plâtre, qui s'élèvent perpendiculairement jufqu'à la hauteur de chaque plancher, & dont les tuyaux de dévoyement fe rangent à côté les uns des au- tres , le long du mur mitoyen ou de refend. Le tuyau de la cheminée g, eil dévoyé à gauche ; celui de la cheminée h, eil dévoyé à droite , & celui de la cheminée i, s'élève d'à-plomb entre les deux précédents , pour former une fouche com- mune jufqu'à 3 pieds au-deiTus de la pointe du toît o. Il eil à obferver que les languettes des tuyaux de cheminées ne s'opèrent volontiers que quand un mur eil fini, & que quand elles font en plâtre, on y fait après coup des tranchées pour les loger. Nous n'en dirons pas maintenant davantage, vu que nous donnerons par la fuite les détails particuliers de leur conilru&ion. k, Souche compofée de trois tuyaux de che-
minées avec des mitres. /, Mur en aile, dont on revêtit la face du ram-
pant en ardoife. m, Profil dîme Lucarne.
n, Profil d'un Mur de refend , de 16 pouces
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d'Architecture. 347
d'épauTeur tout compris, bâtis en moilons, enduits
des deux côtés avec clés linteaux de bois, au droit des bayes des portes. Cette maniere de bâtir les murs de face d'une mai-
fon eil la plus expéditive, & beaucoup moins cou- teufe que les deux précédentes; mais elle n'eftpas à beaucoup près , ni auiîl iolide, ni auffi durable. L'on pourroit faire les murs d'une maifon à la Campagne , fans pierre de taille , excepté une aiîîfe au rez-de-chauffée , à caufe des eaux pluviales & de l'humidité, Car ce n'eil que parce que nous avons fuppoié une maifon d'une grande élévation, avec un mur mitoyen & une boutique avec un poitrail, qui nécefîitent une jambe-étriere & un pied-droit pour fon foutien, que nous en avons admis : la différence entre le prix de la maçonnerie d'une pareille façade & celui d'une façade en pierre, eil au moins des f. |
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Explication de la Planche LXXIX.
Les Figures 1,11* III & IV, repréfentent le
Plan , l'Elévation , & les Profils d'un Mur de terraffe. r. A, Contre-forts en pierre de taille, figures I
8t H. Β, Mur en moilons piqués.
C, Socle en pierre. *
Ρ, Barbacane pour l'écoulement des eaux.
La figure 111, eil un Profil des figures 1 & II,
pris au milieu d'un Contre-fort A. Ε, Ε, Ε, Retraites de 3 pieds en 3 pieds de
hauteur, du côté des terres. F, Mur d'appui ou parapet.
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348 Cours
G, Fondement du Mur en gros moiîons ou
libages. La figure IV, exprime le Profil particulier d'un
Mur de terraffe , d'épaiffeur uniforme & fans Contre-fort. ' I, Talut.
L, Coupe des terres naturelles.
K, Terres je&iffes ou rapportées derriere le Mur,
& que l'on difpofe par lits, en les inclinant du côté des terres. M, Fondement ayant beaucoup d'empatte-
ments fur le devant du Mur, à Foppofite de la poufféé des terres. La figure V, repréfente le Profil d'un Mur de
terraffe avec des Contre-forts, ou des Eperons H placés en dehors. La figure VI, repréfente le Palier du premier
étage d'un grand Eicaiier à deux rampes, lequel palier eil tout droit par deffous comme un plan- cher, & confirait entièrement avec des claveaux en pierre. N, Claveaux dont les joints tendent vers les
angles du Palier, & font difpofés circulairement. O, Tirants de fer plat avec des Mouilles, pla-
cés diagonaîement à l'effet de contenir les murs contre lapouffée. Ρ, Plate-bande fur le devant du Palier, ayant
environ un pied d'épaiffeur , & fervant de mar- che-palier. Sur, cette plate-bande eil un tirant de fer quarré , traverfé par des étriers , dont les têtes font contenues par un écrou à l'effet de foutenir de deux l'un fes claveaux. "- La figure VII, eil le Profil de la Plate-bande,
ainii que du Tirant, & de fes Etriers à écroux> placés de deux l'un entre fes joints* I "
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d'Architecture. 34p
La fïgure VIII, fait voir comment l'on unît des Marches en pierre avec un Limon de bois peint en couleur de pierre à l'huile. Q, Pièce de bois portée dans le limon & dans
le mur de PEfcalier. R, Revêtiffement par deiîus & par devant,
compofé de deux Dalles de pierre d'environ 2 pouces d'épaiffeur. Quelquefois on ne met que la dalle fupérieure , & l'on avance la Pièce de bois Q, par devant jufqu'à la moulure, & alors on peint en couleur de pierre à l'huile le devant de cette pièce comme le limon. La figure IX , eil le Plan d'un Efcalier à la
maniere des Anglois, fans limon , & dont chaque marche eil foutenue par un de fes bouts dans le mur, & pofée en coupe l'une au-deffus de l'autre. La figure X, fait voir le bout de ces Marches
du côté du vuide de l'Ëfcalier. La figure XI, repréfente à part le Profil d'une
Marche pris par le milieu. La figure XII, eil la Coupe d'un Palier, qui
eil compofé de Dalles de pierres de 6 ou 7 pouces d'épaiffeur, lefquelles font erabreuvées les unes dans les autres , & portées, dans le mur par un de leurs bouts. La figure XIII, eil le Profil d'un Perron de cour
ou de jardin ; fes Marches R, font pofées fur un Maflif-moilon S, fondé environ d'un pied - au™ deffbus du fol de la cour ou du jardin. |
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350 Cours
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CHAPITRE X.
Des Constructions Particulières* <L/utbe les Ouvrages que nous avons détaillé
jufqu'ici , il en eil encore d'autres qui s'opèrent également en pierre , & qui font partie de la conitrucuon d'un bâtiment ou de (es dépendances, tels font les FoiTes d'aifance, les Puits, les Puifards ou Egoûts, les Citernes, les Bafîins , les Serres chaudes , &c, c'eil pourquoi nous allons expofer particulièrement les procédés dont on fe fert dans leur exécution.
't ■K-
Article Premier.
De la Conßruäion des Foffes d'aifance.
Figures I et II, Planche LXXX.
... .. , £
Il y a bien des précautions à prendre par rap-
port à la iituation des foffes d'aifance. On doit éviter, autant qu'il eil poilible, de les creufef jufqu'à l'eau, ainii que de les placer au niveau des caves. Il convient encore de faire enforte de les éloigner des puits, afin que les eaux qui au- roient monté dans les foiTes, en venant à s'écouler de leur côté, ayent le tems de fe purifier, avant â'y parvenir. Quand on ne fauroit éloigner fuf- fuamment une foife d'aifance, il eil effenriel en la bâtiffant de faire du moins (es murs pourtours ? de |
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d'Architecture. 351
conftruclion convenable, pour empêcher les eaux
ànfe&ées de pénétrer ou de iburciller vers le puits. Les Ordonnances enjoignent au propriétaire d'une fofle qui eft près d'un puits appartenant au voiiin , ou qui eft près d'un mur mitoyen, de mettre un bon contre-mur au moins d'un pied d'épaiiTeur, à prendre au-deflus de l'empâtement du rez-de- chauffée, pour empêcher les urines de les endom- mager, & de communiquer, foit dans le puits, foit dans les caves voifines. Mais s'il arrîvoit que ce contre-mur, quoique de l'épaiiTeur portée par les Ordonnances, n'eut pas cependant empêché les urines de filtrer, il faudroit en faire un autre d'épaiiTeur & conftrucuon capables d'y mettre obf- tacle. χ Il étoit autrefois d'ufage d'appliquer le contre-
mur au droit du mur mitoyen, & de ne point incorporer l'un avec l'autre ; & cela dans la crainte d'endommager le mur, lorsqu'on étoit obligé de refaire le contre-mur, quand il avoit été corrompu par la pénétration des matières fécales , mais comme on a reconnu que ces murs ainii détachés, nétoient pas capables , à caufe de leur peu d'é- paiiTeur , de foutenir le poid des voûtes des fofîes, & qu'ils s'aifaifToient fouvent, ce qui obligeoit à de fréquentes réparations, on prend le parti au- jourd'hui de lier TépaiiTeur du contre - mur avec celle du mur mitoyen, de forte que l'un & l'autre •ne font qu'un audroit des foiTes ; conftru&ion qui en effet eft beaucoup plus folide, & qui mérite d'être toujours imitée en pareil cas. Ondefcendles fondements des fofles d'aifance »
fig. II, un pied plus bas que le fond des dites foiTes; leurs murs s'opèrent çTordinaire en moilons piqués aux parements, & fe maçonnent avec mortier de |
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3 5a Cours
chaux & fabîe; il eil d'ufage de leur donne? i$
ponces ou 2 pieds d'épaiijfenr, & de les voûter en ber- ceaux auifi en moilons poiës de champ : la grande difficulté de leur exécution coniiile à les rendre capables de bien contenir les urines, & Ton em- ploie à cet effet différents procédés. Le premier confitte à étendre un aire de mor-
tier de chaux & ciment iur le terrain deitiné à recevoir les fondements des murs d'une folle d'ai- fance, & à arTeoir fur cet aire le premier rang de moilons ou de pierre à bain de mortier, à l'eiFec d'empêcher les urines de filtrer par le defTous des dits fondements. On pave enfuite en pavé de grais le fond des foffes auiii fur un aire de ciment, ou ce qui vaut mieux, on met fous ce pavé un maffif de moilons pofés de champ d'environ un pied d'é- paiffeur, enobiervant, comme ci-devant, démettre une couche de ciment fur le terrain dans toute l'étendue de la foife ,· avant d'y placer le premier rang de moilons. Il y a des conftrueteurs qui, au lieu de maffif, mettent fous le pavé un corroi de glaife, mais ce procédé n'eil pas auiîi folide. Un corroi de glaife ne fauroit faire, ainii que l'ex- périence le démontre tous les jours, une îiaifon îblide avec la maçonnerie du mur & du contre- mur , en forte que les urines & les eaux infeclées fe font volontiers un paiîage entre la glaife & les murs, fur tout lorfque le ciment du pavé vient à fe dégrader ; c'eft pourquoi il faut toujours donner la préférance au maffif de moilon maçonné avec ciment, vu qu'il s'incorpore avec les murs, pourtours, les contre-murs, & le ciment du pavé, comme étant d'une égale qualité, d'où il ne peut manquer de résulter une meilleure conüruction.; Le fécond procédé dont le Commentateur de
M. Dégodets
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d'Architecture. . 3 ^
M.Dégodetsa donné les détails (a), paffe pour être
meilleur que le précédent dans les lieux oit le plâtre eil commun. On commence par faire un maffifde moilons d'un pied' d'épaiffeur, pofés fur leurs lits & maçonnés avec plâtre pur paiTé au panier, pour en ôter les gravois ; on étend une forme de fable de 4 ou <j pouces d'épais fur ce mairif, & au deiïus on pave avec pavé de grais pofé à bain de mortier de chaux & ciment, en obfervant de mettre toujours le revers du pavé du côté du puits j s'il y en a un dans le yoiiinage , de crainte de quelques filtrations. On maçonne auffi les murs & contre - murs, pourtours avec plâtre pur comme ci-devant j & fur chaque rang & lits de moilons, on coule du plâtre aiTez clair, pour s'iniinuer dans les petits vuides qui auroient pu refter après la premiere conilruclion des murs. Les murs de la foÎTe ayant été ainii conftruits, on fait une chemife de plâtre de 2 à 3 pouces d'épaiffeur dans l'intérieur de la föfTe jufqu'à la hauteur de 5 à 6 pieds, pour donner le loiiir au plâtre du corps des murs de fécher & de durcir, pendant le tems que les matières de la foffe employeront à pénétrer & à corroder cette che- mife de plâtre. Le troiiieme procédé que beaucoup d'Archi-
tecles regardent encore comme fupérieur aux deux précédents, coniiite à faire fous toute, l'étendue d'une fdffe, y compris l'épauTeur de fes murs, un maffif en moilon de deux pieds d'épaifTeurs , ma- çonné de la maniere fuivante. On commence par étendre un bon aire de plâtre, & pendant qu'il eil: bien liquide, on y enfonce le premier rang |
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(a) Loix des Bâtiments, page 118.
Tome, V. Ζ
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354 Cours
de moilons. Ce premier rang étant pofé, on l'en*
duit par defïus, & fur cet enduit on met encore un aire de plâtre, dans lequel on enfonce le fé- cond rang de moilons que l'on enduit aufiî par deffus, & enfin on continue ainii la conftrucüon de ce maiîif dans toute fa hauteur. Après l'avoir terminé, il faut pofer un rang de moilons à fec fur le dernier enduit du maffif, formant parement au pourtour intérieur de la foiTe, dont on fera les joints montants en plâtre avec foin : derriere ce rang de moilons, on remplira l'intervalle juf- qu'aux terres, c'eil-à-dire le refte de l'épailTeur du mur , de plâtre liquide oii l'on enfoncera d'au- tres moilons avec des garnis qui feront arrafés avec le premier rang, lequel plâtre remplira par ce moyen tous les vuides : Enfin on continuera ,à élever fucceiîivement le mur en queflion, en en- fonçant ainii chaque rang de moilons dans un lit de plâtre liquide, avec de bons garnis dans leur intervalle comme ci - devant : Une pareille foffe faite avec toute l'attention que nous venons de décrire, pafîe pour être impénétrable aux urines. Nous nous fommes étendu exprès fur les diffé- rents procédés connus pour opérer les foifes d'ai- fance, à caufe des difficultés que l'on rencontre communément pour réuflir dans ces fortes d'ou- vrages. Mais, malgré ce que nous venons d'ex- pofer fur l'emploi du plâtre, dont nos conilruc- teurs parohTent faire le plus grand cas dans cette circonftance , nous croyons qu'on parviendroit encore plus fûrement à folider les fofîes d'aifance» & à les rendre propres à contenir les matières comme dans un pot, fi on les maçonnoit entiè- rement avec mortier de chaux vive & ciment, & ii l'on enduifoit enfuite tout leur pourtour inté- |
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ï>* À ft e η 11 e c ΐ υ R e. 3^5
tietif "avec de la cendrée de Tournay ou du mor-
tier-loriot, dont nous avons expliqué les pro* priétés, articles V & VI du Chapitre premier. Il eil à remarquer que, quand il fe trouve des
foffes d'aifance des deux côtés d'un mur mitoyen, la Coutume, article 191, enjoint aux deux Proprié- taires de faire à chaque foffe un contre-mur au moins d'un pied d'épaiffeur, y compris les retraites des empâtements de la fondation; c'eft-à-dire, que û le mur mitoyen avoit 18 pouces d'épaiffeur fans les retraites, il feroit à propos de lui donner 3 pieds \ d'épaiffeur au droit des foffes, y compris les deux contre-murs. Mais en vain, comme nous l'a- vons dit précédemment par rapport au voiiinage des puits, auroit-on obfervé la loi, fi, malgré cela, les matières venoient à pénétrer d'une foffe dans l'autre, les Propriétaires des foffes feroient obligés de faire refpecîivement des murs & contre- murs , de conitruétion & épaiffeur fuiEfantes, pour empêcher leur communication. On doit ménager deux ouvertures dans le haut
de la voûte d'une foffe d'aifance ou à travers de fes reins : la premiere vers l'une de fes extrémités en correfpondance avec le tuyau de chauffe d'ai- fance, deiliné à y conduire les matières: la fé- conde vers le milieu de la voûte, à laquelle ou- verture on donne environ 2 pieds \ de long fur I pied 8 pouces de large. On environne la der-*- nie re d'ordinaire d'un chaiîis en pierre , avec une feuillure pour recevoir un couvercle de pierre de raille , qui fe leve à volonté , quand il s*agit de faire les vuidanges de la foffe ; cependant paf économie, on fe contente quelquefois de pratiquer une feuillure fur le haut de la voûte au pourtour de la dite ouverture, fans faire de chaflis. Zij
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356 Cours
Les chauffes ou tuyaux d'aifance Β figure II,
prennent depuis le haut des foffes jufqu'aux lièges ; elles fe font avec des tuyaux, foit de plomb, ibit de fonte, foit de boiffeaux de terre cuite. Les derniers font les plus en ufage ; ils doivent être bien verniffés en dedans , fans fentes ni caf- ■ fures, bien joints les uns fur les autres & mafti- qués dans les joints avec du plâtre ou dumaftic. Les uns veulent qu'on les entoure ou recouvre Amplement d'une chemife de plâtre pur à l'exté- rieur , de deux pouces environ d'épaiffeur dans toute leur hauteur ; d'autres veulent, & nous pen- fons que cela vaut beaucoup mieux, qu'on les maçonne d'abord de chaux & fable, par la raifon que le mortier lieft pas ii facile à pénétrer que lé plâtre, & que Ton mette enfuite un enduit de plâtre par deffus ce mortier dans ce qui fera vu. Comme les chauffes fe placent communément
dans les angles des efcaliers, on fait en forte de les rnafquer , en formant des efpeces de tours creufes qui en dérobent la vue. il eft d'ufage d'é- lever toujours les boiffeaux de terre cuite d'a- plomb fans les dévoyer, fi faire fe peut ; & l'on icelle, de diitance en diftance, dans les murs aux- quels ils font adoffés, des gâches ou embraffures de fer plat, qui aident à les maintenir, & à les porter en même tems. , On fait quelquefois les chauffes d'aifance en
pierre de taille dansles Edifices d'importance, avec des feuillures jointoyées en ciment, & l'on fait paffer des tuyaux de plomb dans l'intérieur du canal de pierre. A l'effet d'empêcher l'infeciion des Cabinets
d'aifance de fe répandre dans l'intérieur d'un bâ- timent , on a coutume de placer une ventoufe |
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d'Architecture. 357
compofée de petits tuyaux de terre cuite d'en- viron 3 pouces de diamètre, vers la partie iiipé- rieure du tuyau de la chauffe d'aifance, laquelle ventoufe doit s'élever jufqu'au-deffus de la couver- ture de la maifon ,pour exhaler fans ceffe l'odeur de la foffe dans l'air. Le mieux feroit fans contredit, de faire partir ces ventoufes dire&ement de la Voûte de la foffe, jufqu'au toit, ce qui fe pour- roit aifément en lui faifant côtoyer la cjiauiîe, & alors on parviendrok encore plus sûrement à écarter toute infection de l'intérieur d'une maifon. Lorfque les chauffes d'aifance doivent être adoffées à des murs mitoyens, il eil à propos de les ifoler, & de laiffer un eipace de 3 pouces de viiide dans toute fa hauteur & largeur entre le dehors de la chemife de la chauffe & le mur mi- toyen, afin que le mur ne rifque point d'être endorn^ mage. Il faut encore que le mur mitoyen foit enduit, Si même, en bonne regle , l'ifolement devroit être tout ouvert & apparent par le devant ; mais cette ouverture n'a prefque jamais lieu, parce que les Propriétaires fe tolèrent réciproquement cette clô- ture d'ifolement. Tout ce que Ton obferve, c'eit de faire alors le mur mitoyen d'une conitru&ion telle que les mauvaifes odeurs ne puiffent le pé- nétrer. Au lieu des latrines ordinaires, on fait main-
tenant dans le voifinage des appartements des lieux à foupape. ou à l'angloife ; on creufe, pour cet effet, de petites foffes jufqu à l'eau en moilons pofés à fec, dans lesquelles on pratique diverfes ouvertures, afin que les matières fe mêlant avec l'eau qui y entre, puiffent aifément s'échapper > & fe perdre dans les terres environnantes. Les tuyaux ou chauffes montent jufques fous la eu* |
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358 Cours
vette (a) du iiége d'aifance, & s'exécutent en mot-
ions piqués avec mortier de ciment ; il eil d'ufage de faire ces tuyaux d'une certaine largeur, pour empêcher les matières de s'y attacher : enfin on y »pratique aufli des ventouies qui montent juf- qu'au-deiîus du toit, pour ôter toute odeur. |
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(a) Cette cuvette doit être de marbre poli ; fa proportion
ordinaire eft 3 pieds de long, 16 pouces de large, & 15 pouces de haut : on la creufe en pente dans fa longue.ir, & on arrondit fes angles intérieurement : au fond de la pente eft un trou d'environ 3 pouces de diamètre, & aux côtés font pratiqués deux paffages pour la place des jets-d'eau. Yoytz,page 157 du IVe Volume, une Defcription particuliere de la compofition du iîége des lieux à foupape. On fé fert , par économie , dans les maifons Bourgeoifes, de
cuvettes de fayance , dont la décharge tend vers une fofle commune ; ce qui demande beaucoup de précautions pour ne point fentir d'odeurs , lorfqu'on leve le tampon. AuiR , pour l'éviter., doit-on ne lever le tampon , que, quand la cuvette eft fuffifam- inçnt remplie d'eau, & }a refermer au moment que le tout eft papu |
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%f*k,J*të
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De la ConflruBion des Puits,
Figures III,IVet V, Planche LXXX; Personne n'ignore que les eaux des puits pro-
viennent ou de fources , ou de rivière, ou de l'eau qui féjourne d'un niveau égal à une certaine profondeur iur la fuperfkie de la terre : ainfi leur fouille eil plus ou moins profonde, félon la pro- fondeur des eaux & l'élévation du lieu où l'on bâtit. Les fouilles doivent fe faire auiîî bas qu'il eil néceffaire, pour avoir au moins 3 pieds d'eau vive lors des plus baffes eaux de la Rivière, les Entrepreneurs ne fauroient être tenus à davan- tage. On les fait ronds ou ovales ; mais quel que foit leur forme, il eil bien effentiel de prendre garde pendant leur conÎlruéHon aux éboulis des terres & des fables qui poiirroient occaiionner des fractions aux bâtiments voiiins. On pofe les murs des puits fur un rouet de
Charpente C, figure IV, en bois de chêne d'en- viron 3 pieds de diamètre dans oeuvre fur 4 δε 12 pouces de gros , que l'on enfonce dbs qu'on rencontre l'eau, le plus que l'on peut, à l'aide d'une damoifelle. On prend d'ordinaire le tems de l'Eté» c'eil-à-dire le tems où les eaux font les plus baffes,, pour fonder un puits ; car quand elles font hautes % on eil d'obligation de pomper Teau pour par- venir à defcendre le rouet fuffifamment, & à y établir les murs folidement, ce qui augmente L· dépenfe^ Ziv
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$6q Cours
Les murs doivent avoir une force proportionnée
au diamètre du puits & à fa profondeur. Coiiî- munément on leur donne 15 à 18 pouces d'épaif- feur, & on élevé les cinq ou iix premières affiles E au-defïus du rouet en pierres de taille dures, po- fées en coupe & maçonnées avec mortier de chaux & ciment , en obiervant de les retenir les unes avec les autres avec des crampons de fer fcellés en mortier. Le relie du puits dans toute fa hau- teur jufqu'à 5 ou 6 pouces au-deiïbus du rez-de*· chauifée fe continue avec moilons piqués par affile du côté de leur intérieur, & maçonnés avec de bon mortier de chaux & fable. Enfin on termine le puits, en faifant au rez-de-chauffée un mur cir- culaire élevé de 2 pieds ~ hors de terre, com» pofé de trois affifes de pierre dure, dont les deux inférieures ont ri pouces d'épaiffeur & font re- tenues l'une à l'autre avec des crampons de fer fcellés en mortier, & dont la fupérieure D , figure IV, que l'on nomme marddk, a 12 pouces, & forme une faillie d'un pouce en dehors des deux précédentes : cette mardelle fe fait d'une feule pierre quand cela fe peut, ou feulement de deux pierres cramponées & fcellées en plomb. Souvent l'on rencontre de très - grandes diffi-
cultés dans l'exécution des puits de la part des différents terreins, & notament lorfqu'ils font glai- feux. Pour y réuflir , il faut alors percer le puits jufcju'à la glaife ferme F, figure V, qui a quelquefois 20 ou 30 pieds de profondeur : puis y pofer pour rouet une pierre bien horifontale percée à jour d'un trou de huit à neuf pouces de diamètre, & aifeoir fur cette pierre la conftruclion du mur du puits Ρ, en obiervant de faire un couroi de glaife Κ de 2 pieds d'épaiiTeur entre le mur Ρ |
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d'Architecture. 361
& la terre I. Après cela, on enfonce par le trou G
une groife tarriere L, dont le poinçon ou l'effieu s'élève jufqu'au deiTus de la mardelle M, où fe trouvent placés les bras de la manivelle NN, qui, étant tournés à bras d'hommes, percent la glaife qu'on enlevé au manequin jufqu'à-ce qu'il fe trouve de l'eau O, qui monte en abondance, dès qu'elle a pris l'air par le trou de la glaife P. Lorf- qu'il s'agit de nétoyer par la fuite le puits, on rebouche le trou de la pierre-G avec un tam- pon , on épuife l'eau pour enlever les ordures, & on la laiife revenir après en ôtant le tampon. S'il arrivoit que la profondeur du lit de la glaife fut plus confidérable que nous n'avons dit, on allongeront en ce cas l'axe ou l'eifieu de la tarriere avec des barres de fer bien clavettées & bou- lonnées; lequel eifieu feroit entretenu par des chaflis de Charpente de 10 à 12 pieds d'intervalle, félon que la profondeur du puits l'exigeroit, Il y a des puits ouverts continuellement, & où
l'on tire de l'eau avec des fceaux, mais il y en a d'autres auiïi qui font fermés, où l'on met une pompe , & que l'on ouvre feulement quand il eft néceifaire de travailler, foit à la pompe, foit au puits : dans ce dernier cas il n'eft pas néceifaire de faire les puits d'un auffi grand diamètre, & on peut les réduire environ à moitié. Il eft ordonné par les Loix des Bâtiments, quand un puits eft adoifé à un mur mitoyen , de faire un contre-mur d'un pied d'épàuTeur pour fa confer- vation & empêcher les eaux de dégrader les joints de fa fondation, & que s'il fe trouve un puits de chaque côté dudit mur, il faut au moins 3 pieds d'é- paiffeur de maçonnerie entre leur intérieur, & qu'en- fin s'il fe rencontre une fofie d'aifance de Vautre côté |
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362 Cours
du mur, il faut 4 pieds de maçonnerie entre eux
ou du moins telle épaiiTeur de mur fufïïfante, pour empêcher les matières & urines de pénétrer dans ledit puits, ainfî que nous l'avons déjà dit dans l'article précédent. Article III.
Oè la ConflruËion des Citernes.
Figures VI, VII et VIII, Planche LXXX. La ïiécefCité ayant obligé de bâtir, foit des
villes coniidérables dans le voiiinage de la mer ? foit des fonerefTes dans des lieux élevés, & où il n'eit fouvent pas poiïible de fe procurer de l'eau naturelle comme celle des fontaines ou, des puits, on a cherché les moyens de ramafler l'eau de la pluie dans des refervóirs que Ton nomme Citernes, où, après avoir été purifiée en paiTant à travers du fable de rivière s elle pût fe conferver long-tems exempte de toute corruption. La per- fection de leur conilrucHon coniiile à les rendre capables de bien contenir l'eau ; ce qui dépend du choix des matériaux nécefTaîres pour leur exé- cution , & à la fois de la maniere de les employer. On bâtit les citernes Q, figure VII, avec de
grandes pierres dures que l'on fait joindre parfai- tement en frottant leurs s lits l'un contre l'autre avec de l'eau & du grais pilé. A l'égard des joints montans, ort doit les remplir bien exactement avec de bon mortier de chaux & ciment mêlé de limaille de fer ou de mache-fer battu, le tout délayé dans de 1 urine. Les voûtes des citernes. |
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d'Architecture. 3° J
fe font communément en berceau plein cintre ou
iurbaiffé ; & leur conftruaion s'opère comme celle des murs, en obfervant de les maçonner tellement que les eaux de pluie, qui paffent à travers de la terre, n'y puiffent en aucune maniere pénétrer, & mêler des eaux impures avec celles qui doivent être purifiées. On peut auffi, au dé- faut de grandes pierres, fe fervir de moilons durs, de pierre de meulière, & de cailloux, dont on fera un maffif fur toute la fuperficie de la citerne avec mortier de chaux & ciment ; &, après avoir élevé les murs avec les mêmes matériaux, recouvrir le tout d'un enduit en état de réfifter à l'eau, tel que d'afphalte, de cendrée de Tournay, de terraffe de Hollande, ou de chaux détrempée avec de l'huile de noix & mêlée de ciment battu très-fin : nous penfons qu'on pourroit encore fe fervir très-avan- tageufement du mortier-loriot pour faire cet en- duit. , Λ Mais comme une des principales attentions a avoir dans la conftruaion d'une citerne, eil de bien purifier l'eau qu'on doit y lahTer entrer , on bâtit pour cela à côté un petit citerneau R de même conftruäion , dont le fond éft de 4 ou 5 pieds plus élevé, & qui eft comme fcn réfervoir. Ce citerneau doit être rempli de gravier ou de fable de rivière bien net δε bien lavé ; c'eft la ou on laiiTe d'abord entrer l'eau de pluie qu'on veut raifembler, laquelle palTe enfuite dans la citerne par une ouverture de communication V qiu«eft au bas du citerneau ; & afin que l'eau n'entraîne pas le fable dans le grand réfervoir Q, on bouche cette ouverture avec une plaque de plomb, de cuivre ou de fer, percée de quantité de petits troux par où l'eau feule peut couler. On obferve de |
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364 Cours
nétoyer & de changer de tems en tems le fable
du citerneau, ou du moins celui qui fe trouve cleiïiis, comme étant le plus fufceptible de receler les ordures & le limon. Il eil à obferver qu'il faut pratiquer, dans le
haut de la voûte de la citerne en la conftruifant, une ouverture X en forme de puits pour en re- nouveller l'air, pour y puifer de l'eau, ou pour y defcendre dans foccaiion , laquelle ouverture fe ferme par un couvercle de bois ; & que l'on doit pratiquer femblablement vers le haut de la voûte du citerneau deux ouvertures, l'une S où l'on encaftre un tuyau de plomb pour y conduire l'eau, foit des toits, foit des différents endroits d'où on la raffemble, l'autre Τ pour nétoyer au befoin le citerneau. M. de La Hyre de l'Académie Royale des
Sciences & ProfeiTeur à celle d'Architecture , lut à cette dernière Académie en 1703 un Mémoire très- inilructiffur la conflrticlion des citernes , & les recti- fications dont elles feroient fufceptibles, pour parve- nir à n'y admettre que des eaux extrêmement pures. Comme ce Mémoire manufcrit nous eft tombé entre les mains & qu'il eft rempli d'obfervations importantes & curieufes fur cette matière, nous croyons qu'on nous faura gré de le rapporter ici [a). « Ayant remarqué que fuivant la conitru&ioiî
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(a) Il y a dans les Mémoires de l'Académie des Sciences,
Année 1703, un Mémoire du même Auteur auififur les Citernes , où l'on trouve quelques fragments de ce qui eft dit dans celui- ci , fur la qualité des eaux qu'il y faut admettre3 mais il n'y eft queftion 3 ni de leurs rectifications, ni de leurs nouvelles conf- truclions , ni des moyens d'épurer leurs eaux avant d'v entre* x ni çnfin d'auçuge %urç, - r
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d'Architecture. }6j
*> ordinaire des citernes, l'eau qui a paiTé au tra-
» vers du fable de rivierre n'eft cas entièrement » purifiée5 & qu'elle ne laifie pas d'entraîner avec » elle beaucoup de limon , on pourroit prévenir » cet inconvénient en obligeant l'eau qui auroit » paffé à travers du fable, de remonter jufqu'à la » hauteur de la voûte pour être admife enfuite » dans la citerne ; & alors il n'y auroit que l'eau » qui en s'élevant auroit été bien déchargée de » toute impureté qui pourroit y entrer : voici » comment feroit poffible d'opérer ce que je pro- » pofe. » En bâtifTantle mur de la citerne Y, figure VIII
» qui fait la féparàtion du citerneau , on conf- » traira en même tems dans l'épaiiTeur du mur un » tuyau en forme de fiphon recourbé a, ce qu'on » pourroit faire auiïi en fe fervant de tuyaux de » grais : les ouvertures des deux branches de ce » tuyau ou fiphon feront à même hauteur & feu- » îement de 3 ou 4 pouces plus élevées que Faire >Kdu citerneau Ζ : la courbure du fiphon doit » être au-deffous de la clef de la voûte du citer- » neau d'environ 1 pied ~. Il arrivera par ce » moyen que l'eau qui entrera dans le citerneau., » y étant élevée jufqu'à la hauteur de la courbure » du fiphon, commencera à couler par le tuyau » dans la citerne, jufqu'à-ce qu'elle fe foit mife » de niveau dans le citerneau & dans la citerne : » mais cette eau qui paifera dans la citerne étant » feulement celle qui a été purifiée dans le fable » ayant paiTé au travers , elle ne pourra pas évi- » demment entraîner avec elle, en remontant dans » le tuyau, le reite du limon dont elle pouvoit » être encore chargée ni aucune partie du fable, « quelque déliée qu'elle puifîe être. On peut voir |
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$66 Cours
» cette difpofition dans la figure VIII. Tout ce qu'il
» faudra feulement obferver c'eil de mettre le » tuyau courbe a fur la longueur du mur & non » pas fur fon épaiiîeur, comme je l'ai repréfenté » ici, afin qu'elle tienne moins de place, Ainfi, » lorfqu'il entrera de nouvelle eau dans le citer- » neau, celle qui eil purifiée dans le bas paifera » auiîi-tôt dans la citerne, de forte que le tuyau » étant plein & les eaux de la citerne & du ci- » terneau étant toujours de niveau, il arrivera » qu'en tirant de l'eau de la citerne , celle du » citerneau qui eil purifiée, viendra occuper fuc- » ceiïivement la place de celle qu'on en aura tiré. » Ceux qui font curieux d'avoir de bonne eau, >> & qui ne font aucun doute que celle de pluie » eil préférable à toutes les autres dans tous les » ufages de la vie , étant fondés fur les expé- » riences qu'on a coutume de faire pour con- » noître la nature de Feau, obfervent foigneufe- » ment de ne point laiiTer entrer, dans leurs citernes* » de certaines eaux de pluies & d'orage ; ils regar- » dent fur-tout comme mauvaifes celles des neiges » fondues ; mais il me femble que ni les eaux d'o- » rages ni celles de neiges rie font point différentes » de celles des pluies ordinaires ^ quoique com- » munément on tienne que la neige renferme plu- » iieurs fels qui font propres pour rendre les terres » plus fécondes : car je fuis perfuadé que cette » fécondité n'efl pas une qualité propre à la neige, » qui n'eit que la vapeur dont fe forme la pluie » qui s'eil gelée en l'air, avant que de s'être ra- » maiTée en gouttes, mais que cette qualité fé- » conde ou ces fels, en s'élevant de la terre , & » rencontrant la neige qui la couvre & qui y féjourne » quelquefois des mois entiers, s'y attachent & ne |
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d'Architecture. $6y
w fe diifipent pas, de forte que la neige venant
» à fe fondre, ces fels engrauTent la terre, & la » font produire plus abondamment quelle ne fe- » roit fans ce fecours. » Mais il y a d'autres eaux de pluies qu'on doit
» foigneufement rejetter des citernes. Depuis plu- » iieurs années je tiens un regiÎlre fort exacl de » la quantité d'eau de pluie qui tombe à l'Obfer- » vatoire de Paris, au fujet de l'origine des fon- » taines. J'ai fait faire pour cet effet une efpece de » cuvette plate de fer-blanc bien étamé & quarrée » de 4 pieds de fuperficie avec des rebords de 6 » pouces, en forte que l'eau de la pluie qui tombe » dans cette cuvette qui eil expofée à l'air & qui eil » un peu en pente vers l'un de fes angles , coule » auffi-tôt par un petit tuyau qui eil en cet endroit » dans un vaiffeau placé au-deiTous ; & toutes les » fois qu'il pleut, je melure l'eau qui eil tombée, » dans un vaie de figure cubique qui étant plein » vaut une demie ligne de hauteur d'eau fur la fu- » perfide de la cuvette. J'ai fouvent ramaffé de » cette eau pour en boire & pour reconnoître quel » goût elle a par rapport à celle d'Arcueil, ou de » Rungîs , qui eil la principale de celles qui vien- » nent à Paris ; & je n'y avois jamais remarqué » qu'une petite faveur de terre ou de limon, ce » qui eil commun à toutes les eaux de pluie. Un » jour je fus furpris que cette eau eut un goût » très-fort de fumée; je recherchais auiîi*tôt quelle » pouvoit avoir été l'occafion de cette odeur: je » ne pouvois foupçonner la fumée des cheminées » du lieu où je fuis, car elles font fort éloignées « de l'endroit où eil la cuvette , & de plus elle » eil placée bien plus bas, enforte qu'il n'y a point » de fumée qui puiiTe en approcher. Mais comme |
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368 Cours
» je marque auffi les vents qu'il fait pendant toute
» l'année * je connus quelle étoit la véritable cauie » de cette odeur : car la pluie qui me donna cette » eau enfumée étoit venue avec un vent de Nord, » ce qui eft afîez extraordinaire, attendu qu'il pleut » rarement de ce vent, & c'eil auiîi pourquoi je » n'avois encore remarqué rien de femblable : & » comme Paris eil au nord de l'Obfervatoire, je » ne fis aucun doute que les fumées de la Ville » en s'éîevant, s'étant mêlées avec l'eau de la » pluie , ayoient été enfuite portées par le vent au « lieu ou^j'étois. » Je conjecture delà que, lorfque les citernes
» font placées proche des lieux d'où il s'élève de » mauvaifes odeurs , comme font les fumées dont »je viens de parler, les voiries où l'on tranfporte » toutes les immondices d'une ville, & d'autres » femblables caufes, foit naturelles, foit acciden- » telles , on doit foigneufement fermer la citerne, » lorfque le vent qui donne la pluie vient du côté » de ces mauvaifes odeurs. Car les eaux infe&ées » des fels qui occaiionnent ces mauvaifes odeurs, » fe mêlant avec la bonne, la corromproient, & » il en poürroit arriver des accidents fâcheux pour » la fanté de ceux qui en boiroient. » On devroit encore rejetter des citernes
»les eaux qui viennent dès qu'il commence » à pleuvoir , fur-tout en Eté , quand il y a » long-tems qu'il n'a plu. Car les premières » eaux, qui lavent les toits des maifons, en em- » portent toutes les ordures qui s'y font ramafTées, » comme la pouffiere dans les villes qui n'eifc » qu'une boue defféchée, la fiente des chats, des » pigeons & d'autres oifeaux,ce qui peut être un
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d'Architectu & è. 369
» un levain capable de corrompre toute l'eau de
» la citerne. ;v;S ; r.J zh » Si l'on doit préférer l'eau des citernes à toutes
» les autres eaux, & même à celles des rivières qu'on, » eftime les meilleures, on devroit aufft chercher » tous les moyens d'avoir des citernes dans les » maifons un peu coniidérables, comme on le pra- » tique volontiers fur le bord de la mer, où il n'y a » point de fontaines & ou toutes les eaux des » puits font falées , à caufe du terrein; qui n'eft » qu'un fable léger, à travers duquel l'eau de la » mer ne peut pas fe deflaler. C'eft ce qui m'a » fait penfer qu'on pourroit pratiquer dans chaque » maifon un petit lieu élevé , au-deiTus du rez-de? » chauffée, de 6 pieds feulement , lequel étant » bordé de murailles épaiffes & bien nattées par » dedans , renfermeroit un réfervoir çler plomb » pour ramaifer toutes les eaux de. pluie, qui tonv- » bent fur les toits. Son étendue pourroit être k ein« » quantième partie de la fuperrlcie des toits .de ,;» la maifon : on le placeront dans un endroit conye-î » nable & où il n'incommodéroit point par fon » humidité. Quant à fa hauteur, il fuffiroit de »lui donner 8 ou 10 pieds fous la toute, lies; » eaux ayant été purifiées, en paffant par du fable » de rivière avant que d'entrer dans ledit réfer- » voir , on empêcheroit parla l'eau de ie geler, » en Hiver, & de s'échauffer en Eté, ce qui, comme » l'on fait, eft capable de la corrompre : on pourroit, » faire en ce lieuune'petite ouverture fermée d'une » bonne porte & nattée auiîi par dedans., laquelle » ferviroit pour entrer dans le réfervoir & pout » le nétoyer de tems en tems. La raifon de la » hauteur du fol dudit réfervoir., fur le rez-de- » chauffée ,ΐ'είΐ pour le mettre en état de diftribuer Tome F. A a |
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$yo C o ν m s
»commodément Ëeau dans les cuiiinès & dans les
» offices de la maifon. » J'ai' fait le calcul de l'eau de pluie & de neige
» qui tombe pendant une année, & j'ai reconnu » qu'elle'eil plus que fuffifante pour tous les ufa- » ges de tëùx qui habitent une maifon , quoÎ- » qu'elle ne foit ramaffée feulement que des toits. »Car'j'ai trouvé qu'il tombe ordinairement 19 à »20 pouces de hauteur d'eau chaque année, & » ce que jTài rémarqué à Paris sTeil confirmé par » les mêmes expériences qui ont été faites dans » la citadelle de Lille en Flandres, dont ayant fait » la comparaifon de plusieurs années, j'ai reconnu » qtf il n3èn tomboit qu'un pouce de plus qu'à Paris » pendant tout le cours d'une année, ce qui pro- j* "vient ^eut^ être de ce que ce pays-là étant plus »proche de la mer que celui-ci, les pluies y font »ordinairement plus abondantes. Mais fi l'on »jprënd feulement 18 pouces ou 1 pied 7 , & fi la » fuj3>erflcie de la màifon, dont on ramaffe l'eau »dès toits , eft par exemple 8ô toifes , ou »:288ο pieds, on aura pendant une année 4320 » ^iedir cubes d'eau ; or chaque pied pefant » *fo livres, & contenant 36pintes à-peu-près, ce » qiu eft plus de 3 '&èapL dansflëfc[iiéls on porte » ' ordinairement ' ré au , qri âuroit donc 12960 » fceaiix d'eau pâr'àri. Ëh divifant cette fomme »;^är 365', nombre des jours de chaque année , » en trouvera plus de 3 5 fceaux d'eau par jour y » Si quand il y âuroit 3-5 perfdnnes dans la mai- » fön'φΐ€^ai iuppofée, & qui n-eft que médiocre, >ί 11$' auroient plus d'eau qu'il rie faut pour tous »les tifages de là vie. » " ïiëlséiîernes fe conitruifent en'FIandres d'une fa-
çon totite différente devëlles que nous avons rap- |
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ö'ARÉHifECTURË. yfi
porté. On fait un plateau en briques, bien maçonné^
d'environ un pied d'épaiiTeur, au pourtour duquel on bâtit un mur compofé de deux rangs de briques, dont le premier * du côté de l'intérieur, eft pofé à plat fuivant fa longueur,-de;' maniere à produire 4 pouces d'épaiiTeur, & le fécond, du côté de l'ex- térieur-, eil pofé de champ eh bonne liaifon pour lé recouvrement des joints avec le précédent. Oft maçonne le tout avec de la cendrée de Tournay > & Ton en faitenfuite un enduit dans tout l'intérieur de la citerne d'environ 6 lignes d'épaiiTeur.. C'eft à - peu - près fuivant ce procédé que Ton
fait auffi les citernes en Hollande: la feule diffé- rence, c'eft-que dans l'arrangement des briques* on met le rang extérieur de briques à plat & le rang intérieur de champ * mais diagonale·* ment. On conftruit encore fuivant cette même méthode à Amfterdam des chambres baffes , figure IX Planche LXXX, pour des cuifines, des offices, des magafinsj ou des celliers dont le foi eft placé au - deffous du niveau des canaux > fans γ crainte que l'eau y pénètre. Comme cette eonf- trucÜon eft peu connue, & peut être utile en bien
des occaiions, pouf empêcher l'eau de pénétrer dans dés caves ou des fouterreins, nous croyons devoir la rapporter, ;·,, '. Après avoir fait les fondements des murs d'une
maifon fur pilotis, byb à l'ordinaire , on conftniit un plateau de briques c d'un pied d'épaiiTeur, bien maçonné avec du mortier compofé de chaux de Tournay & de terraffe de Hollande * en,©Jbferyant de laiffer entre le plateau & les murs pourtours une diiîance g d'un pied. On élevé enfuite, fur les bords du plateau, des murs de 8 ou 9 pouces d'épaiffeur d compofés de deux rangs de briques $ A a ij
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17* Cours
arrangés, Comme il a été dit ci-devant, le pre-
ïnier à plat & le fécond de champ diagonalement, ma.çonnéscommele plateau, & enduits en dedans la chambre avec de la cendrée de Tournay. Ces murs d ne s'élèvent que jufqu'à ι pied ou 2 au-defTus des plus hautes eaux des canaux, & on y couche deiîus des efpeces de plate-formes & qui foutien- ïient des poteaux ou piliers ƒ pour porter le plan- cher fupérieur i, & pour tenir à la fois en reîpe& le plateau c contre l'effort de l'eau qui pourroit le foulever ; enfin l'on finit par remplir de terre legere, lefpace glaifîé entre les deux murs , &lon pra- tique des armoires h entre les piliers. 11 eil évident tjue , par cet arrangement, l'eau peut circuler librement autour des petits murs de cette falle fans y entrer, & fans qu'il puiffe réfulter aucune filtration, quand l'ouvrage a été bien fait. |
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Article IV.
De la CûJiflruclion d'un Cloaque ou Puifard.
Figures I et II,.Planche LXXXI. L'A différence entre un Cloaque & un Puifard,
eil que l'un eil delliné à recevoir les ordures d'une rnaifon, & l'autre à recevoir fimplement les eaux pluviales , pour les confommer & diffiper après l'écoulement. Leur forme peut être ronde, quar- rée, ou de toutes autres figures quelconques. On peut les creufer jufqu'à Teau vive , pourvu que l'eau des cloaques ne pénètre ou ne fe communique pas avec celle des puits voifins. On les entoure de murs , & on les couvre communément |
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d'Architectüei. 37$
d'un chafîis de pierre,percé &refeuillé-,,pour y mettre une grille qui affleure le pavé. La Coutume a prefcrit des Loix pour leur difpofition, & elle ordonne de laiffer 6 pieds de diflance entre un puifard & un mur mitoyen c'eft-à-dire, à prendre du devant du mur mitoyen jufqu'au mur intérieur du puifard, en fuppofant toutefois que la dißance entre le mur en queilion & celui du puifard, fera garnie d'une terre-plein raaiïif & bien compa£L Les voûtes des égoûts ou aqueducs fouterreios >
pour les eaux pluviales & l'écoulement des immon- dices par deiïbus le pavé des rues vers la rivière ou ailleurs » fefont pour l'ordinaire en moilons durs* avec des chaînes de pierre de taille de n pieds en 12 pieds; le tout maçonné avec mortier de chaux. & fable. On affeoit leur caniveau fur un petit maflif-moilon à bain de chaux & ciment, avec <> lignes de pente par toife. Ce caniveau doit fe faire d'une feule pierre, qui embrafle au moins toute la largeur de l'égoût. Les uns taillent le caniveau, un peu en pente vers le milieu, comme il eil ex- primé en A, figure ï :. les autres- le creufent en portion circulaire B, figure 11;, ce qui vaut beau- coup mieux, & eft bien plus capable de faciliter l'écoulement des immondices ,„ en les empêchane de s'arrêter de droite & de gauche vers les bords. On fait encore des pierrées fous terre, pour con-
duire les eaux hors d'un bâtiment couleur donne l8 pouces de large fur z, pieds, de haut,. avec. des. murs d'un pied d'épauTeur enmoilon* maçonnés. avec chaux & fable; On pave le fond, des pierrées,. fur un petit maiif ; & on recouvre leur partie fupé- rieure de dalles brutes deópouces d'épaiiTeut,posr- tant de 6 pouces fur chaque mur>& bien jpintives^ afin qu'il n'y pujuepafler ni fable ni terre. ^ A.aiij
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374 Ç o v:r s.
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Article V.
Z)e la Çanflruciion des jßaßins.
Figures III, IV , V et 'VI, Planche LXXXL Tout fart de ^a CQnftniciion d'un Baflin çonfiile
à faire en forte que l'eau ne puiiTe s'en échapper \ çéit là le difficile; auffi ne fçauroit-on trop'^ap- porter d'attention à ce ftijet, & les moindres né- gligences rendent-elles fouvent le mal incurable, Il y a piiuieurs procédés pour opérer un baffin. Le premier & en même tems le plus um pie, eft de
le faire en terre franche ; après avpirçreufé le baffin, il ne s'agit que d'élever deux Murs pourtours Ç &D4 figures iil, fur le terrein naturel d'environ 2 pieds d'épaiiTeur ,à 3 pieds de diftance l'un de l'autre, dont on garnira l'intervalle de terre franche Ε, & dont on formera le plafond en terre naturelle bien battue. C'eft de ce procédé dont on fe fert pour l'exécution des plus grandes pièces d'eau, afin dç diminuer la déperîfe. Le fécond, figure IV, qui eil apffi d'ufage pour
les grands baflins , confiée à employer de la terre gîaife·, au lieu de terre franche, ce qui eft beau- coup plus sûr. Voici comme on s y prend : on commence d'abord par élever un Mur F d'un pied d'épaiiTeur, à la diitànce! de 3 pieds de l'intérieur diu baffin, que l'on nomme mur de terre, parce qu'on, ne lé maçonne qu'avec du mortier de terre : après avoir fait ùiie provifion fuffifante de terre glaife,, on la ^prépare en 'là maniant, en la rompant par |
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d'Architecture. 375
morceau, en y jettant de- l'eau de rems en temsy enfin en la corroyant de maniere à n'y fouffrir ni ordures ni mottes qui ne f oient bien pétries» Enfuite on met une couche de cette terre glaife G, d'environ 18 pouces de hauteur fur 7 ou 8 pieds de largeur, tout au pourtour intérieur du mur de terre vers le bas. On élevé fur cette couche de glaife G, à 18 pouces de diftance du mur F, un fécond mur K, nommé mur de douve, d'environ 18 pouces d'épahTeur ; & pour l'y affeoir fonde- ment , on place des Racinaux H, ou des efpéces de Chevrons de 3 pouces de gros qui débordent ce mur, & que Ton couvre de Plate-formes I, oude longues planches de bateaux bien de niveau, dont deux jointes enfemble font la largeur du mur. Le Mur de douve K, fe conftruit en moilons durs en bonne liaifon, maçonnés de mortier de chaux & fable, en ayant foin de pofer de tems en tems des moilons qui fanent toute l'épaiffeur du mur, & de recouvrir le pourtour de fa partie fupérieiire de dalles de pierre bien jointives M. Après cela on remplit de glaife l'intervalle entre les deux murs jufqu'au haut, & l'on couvre d'environ 18 pouces de glaife tout le Plafond L du baiîin que l'on relie y avec celle qui a été mife précédemment tout au pourtour : enfin l'on termine le tout par répandre \ ou 6 pouces d'épahTeur de fable fur le Plafond L du baiîin , ou bien , ce qui vaut mieux & empêche même pour un tems les herbes d'y croître, on y fait une aire de chaux & ciment d'un pouce ou • deux d'épahTeur fur lequel on pave. Par ce moyen la glaife enveloppant l'eau de toutes parts , met obitacle. à ce qu'elle puiffe s'échapper* Le défaut de ces fortes de baflins, e'eft que la glaife e& fusette |
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¥l& Cours
à fe fécher & à fe fendre, ce qui oblige de la re-
manier de tems en tems : aufli pour y obvier, borde-t-on fouvent d'un gazon le deffus de Γίη- tervalle entre les deux murs, pour entretenir la glaife vers cet endroit dans un efpéce de fraîcheur ou d'humidité continuelle. Le troiiieme procédé eil à la fois le plus folide& le plus durable de tous y quand il a été bien exécuté: il coniifle, figure V , à faire le baiîin à chaux & ci- ment : pour cet effet, il ne s'agit que de faire tout au pourtour du baffin, un Mur-moilon d'un pied d'é- paiffeur Ν, & un Maiïif de maçonnerie Ο , fous toute fa fuperficie, de pareille conitruâion, le tout maçonné avec mortier de chaux & fable : enfuite on garnit le pourtour & le fond du baiïin d'une Chappe ou d'une Chemife Ρ, compofée de mortier de chaux & de ciment, corroyé à force de bras avec peu d'eau , & mêlé de petits cailloux de vignes mis par lits, de maniere à ne fe point toucher, à laquelle chappe on donne 8 pouces d'épaiiTeur : pour dernière opération , on met fur toute cette chappe un enduit de ciment Q, paffé au fas avant de le mêler avec la chaux, que l'on ohferve de frotter pendant 4 ou 5 jours de fuite avec de l'huile de noix ou du fang de bœuf pour l'empêcher de fe gerfer : enfin l'on finit par couvrir le haut du Mur N, & delà chemife de ciment, par des Tablettes de pierre R. Il eil im* portant d'entreprendre ces fortes de baifins pen- dant les chaleurs de l'été, & defe preifer à eaufe du haie, de les emplir d'eau auffi-tôt qu'ils font finis. Π y en a qui, pour garantir de la gelée les bords àés baiîîns de ciment, couvrent quelquefois leur chappe d'une ceinture de moilons piqués, pofés |
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d'Architecture. 377
Cur leurs lits, & maçonnés auiîi avec mortier de chaux & ciment (λ). Depuis la découverte du mortier-loriot , on
peut faire ces fortes de'badins comme nous l'avons remarqua , Article VI, Chapitre premier, à moins de frais & bien plus folidement j il n'eft queition que de maçonner fes murs & fon plafond avec ledit mortier, & d'y étendre enfuite un enduit d'un pouce d'épaiffeur, compofé d'un tiers de chaux ordinaire , & de ~ de ciment & de mâchefer réduit en poudre mis par moitié , & bien corroyé à l'ordinaire, dans lequel on ajoutera une certaine quantité de chaux vive réduite en poudre. En fuppofant que cet enduit fût fait avec le foin convenable, & dans un tems opportun , il n'y auroit à craindre aucune gerfure, quand bien même on ne rempliroit pas le baflin d'eau inconti- nent , & pourvu qu'on ne négligeât pas de mettre fur ledit enduit une bonne couche de couleur d'huile de noix. Le quatrième procédé eft le plus coûteux, &
n'a guère lieu que pour des baffins de médiocre étendue. Il confifte ;à conftruire, comme ci-devant, dans tout leur pourtour un Mur-moilon S, fig. VI, d'environ un pied d'épaiifeur, & un Plafond Τ, feulement de 8 pouces , & de revêtir tout fon intérieur de Tables de plomb V, que l'on unit les unes aux autres par de la foudure. Il faut avoir |
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(a) Quand on fait des enduits avec mortier de .ciment, il
faut 4 après les avoir étendus, les battre à petits coups jufqu'à ce qu'ils ayent acquis une confiftance un peu folide. On frotte enfuite ces enduits avec de l'huile de lûuou de noix. Alberti diç que fi l'on détrempoit de la chaux avec de l'huile, au lieu d'eau » en mêlant enfuite cette chaux avec le fable du le ciment s elfe formetoit un mortier impénétrable à l'eau. / |
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37& Cours
attention de maçonner les murs pourtours & le
plafond avec mortier tout de plâtre, lequel vaut mieux en cette circonftance, que celui de chaux & fable , attendu que la chaux paffe pour ronger le plomb. Quant aux Bords X de ces baiîins, on les recouvre de tablettes ou dalles de pierre » comme précédemment. On donne en général aux baiîins 2 pieds de
profondeur : il eft effentiel de poier leurs bords d'un parfait niveau, & de difpofer au contraire leurs plafonds un peu en penre du coté de la dé- charge où eft la foupape , qui fert à les vuider entièrement dans l'occafion ; une autre obferva- tion non moins importante, eft de les tenir tou- jours pleins d'eau, afin que le chaud & le froid ne produife aucune imprefîïon contre leurs bords , & de faire toujours en outre paffer à découvert, les tuyaux de conduite fur les plafonds des baffins % fans les y enfoncer ; le tout afin d'y pouvoir re- médier plus aifément. Nous avons fuppofé dans les différents procé-
dés de conftruâion, que nous venons d'expofer, que le fol où l'on vouloit placer les baiîins étoit folide , néanmoins s'il étoit compofé de terres rapportées, il faudroit, fur-tout, dans les deux pre- miers procédés où les murs du baiîin font ifolés fur le fond, & ne font pas liés par un mailîf-moilon établi fur le plafond, comme dans les deux der- niers, il faudroit, dis-je , foutenir le mur de terre ott extérieur de 6 pieds en 6 pieds par des éperons de maçonnerie, qui euffent autant de largeur d'em- pattement par le pied , que l'éperon auroit de hau- teur; & même iî y a des cas où on eil quelque- fois obligé d'afïèrmir le fol du plafond, par des; grillages, des plate-formes, &c* |
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d'Architecture. 379
Nous terminerons ce que nous venons de dire
Au* les baflins, par expofer les diverfes manières dont on y amené les eaux. Les conduits ou tuyaux en plomb font ceux qui
font le meilleur fer vice ", les moulés font plus fo- lides que les fondés ou laminés , fur-tout lorfqu'il doit y avoir des jets. On η employé guère des tuyaux de grais que par économie, ou que pour conduire des eaux plates j car quand on veut lés employer à conduire des eaux forcées , il faut leur donner ypouces cEépanTeur, & les entourer en outre, d'une chemife de 6 à 7 pouces d'épais, que l'onlaif- fera fécher cinq ou fix mois , avant d'y faire paifer Veau : ces fortes de tuyaux , pour les fontaines à boire , valent mieux que les autres, quand ils font fur-tout bien verniffés , attendu qu'ils ne prennent aucun goût comme le plomb , le bois ou le fer. On fe fert auffi, par économie, de tuyaux de
fonte pour les conduits, que Ton raccorde, dans les coudes & au droit des robinets, par des tuyaux de plomb. Il eil bon d'obferver en général, d'enfon- cer toujours les tuyaux de 2 ou 3 pieds fous terre; à caufe de la gelée, &: de les faire paffer dans les allées des jardins , & jamais dans des bois, pour ne point s'obliger à déplanter, quand il s'agit de les raccommoder , ayant foin de les caller avec des pierres , &, pour le mieux,de lespofer fur lu* petit mafiif de maçonnerie. Quant aux tuyaux que l'on fait paffer fous les
chemins publics fujets aux voitures , il feroit à fouhaiter que l'on fît une petite voûte le long defdits tuyaux, ou du moins qu'on eût l'attention de les enfoncer fiiffifarumént dans terrç > pour empêcher |
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38ο Cours
limpreffion des fardeaux de les brifer on de les
fendre.
Il y a des pays, tels qu'en Angleterre & en
Allemagne , où l'on fait beaucoup d'ufage des tuyaux de bois d'orme, emboîtés les uns dans les autres, mais ils font d'un mauvais fervice , & il y a iàns ceffeà y travailler. Article V L
Procédé pour empêcher les eaux pluviales
d'endommager les Foutes des Souterreins^ Figure VI, Planche LXîV.
Il eil toujours très-difficile d'empêcher les eaux
de tranfpirer à travers les voûtes des fouterreins y & de les ruiner infeniibiement, fur-tout lorfqu'ils paffent fous des cours , des terraifes, ou des en- droits expofés à toutes les injures de l'air. On fçait avec quel fuccès M. Loriot eil venu à bout de met- tre à couvert les voûtes, de l'Orangerie du Château de VerÎajHes (<*)', qui étoiènt menacées d'une ruine. |
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{a) Il eft étonnant cependant combien Manfard avoit apporté
de foins à la conftruction de la terraiTe de cette Orangerie.. M. Bélidornous en a eonfervé les détails, Livre III, page 81, de la Science des Ingénieurs, qu'il n'eft pas inutile de rapporter pour les comparer. «Après que les voûtes furent faites, on né- 33 taya Isdeflus des reins ,.aubas defquels on commença à placer sj un lit de pierre ou de moilon à Ccc, de 18 pouces de hauteur s *> avec de la pouiïïere de chaux entre leurs joints : enfuke on a m mis au-deiTus un lit auflî de pouifieie de chaux de 4 pouces - « d'épaiffemv, & fur celui-ci on en fît un ttoifierne de cailloux 33 de vignes & de galets bien lavés, de 12. pouces d'épaijfetir x as fur lequel on en mit de rechef un quatrième de pouffiere d©„ |
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d'Architecture. 381
prochaine» de même que les fouterrepis du Château
de Trianon, à faide de ion mortier, & Von pourra toujours fe flatter d'une égale réuiîlte en fuivant fon procédé. Développons comment on s'y eil pris pour ga-
rantir les ibuterreins de Trianon, & arrêter les eaux qui paiToient à travers leurs voûtes. i° Après avoir découvert le deiTus de la voûte du fouter- rein endommagé, on a maçonné & refait fes joints avec du mortier-loriot, puis on y a étendu un Enduit L, d'un pouce du même mortier, que l'on a dirigé un peu en pente, & pourfuivi vers un des côtés de la voûte, de maniere à y former un efpéce de Caniveau M, alîis fur des pierrailles bien maçonnées, & que l'on a couvert par de grandes Pierres plattes Ν, foutenues par leurs extrémités fur d'autres pierres : 2° on a placé deffus l'Enduit L deux rangs de pierres, chacun de 3 ou 4 pouces d'épauîeur à fec fans mortier, & arran- gés de façon à laifler entre-elles de petits vuides pour permettre à l'air d'y circuler : 30 on a étendu fur ces pierres féches un fécond Enduit P, de mortier-loriot d'un pouce d'épais, auffi dirigé en pente comme le précédent vers le Caniveau M: 40 enfin on a pratiqué de diftance en diftance 33 chaux toujours de 4 pouces, & par deffus un cinquième de
w galets, & ainfi jufqu'au niveau du fommet de la voûte, fur »3 lequel on a pofé un dernier lit de galets de ii pouces, recou- 3» vert d'une couche de mortier , qui occupe tout l'efpace d* « deffus » jufqu'au dc4à même des pied-droits 33, Malgré toutes ces précautions,'on fçaït que les eaux avoient
filtré & commencé à endommager coniidérablement leg voûtes de cette Orangerie : en vain depuis 40 ans avoit-on effayé d'y remédier, rien n'avoit pu arrêter les progrès du malj & il n'y a eu que le mortier en queftion qui ait reuma empêcher la ruine de ces édifice, |
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}Èz C ö ü il s
%arisfiß fociè de la baluftrade ou du mut d'appül
-de Ia terrafle, vis-à-vis les deux rangs de pierres féehes ci-deflus mentionnés , des petits Soupi- raux Q, de 5 ou 6 poüces de large, par où l'air s'introduit fans ceffe entre les deux enduits. En réfléchiiTant fur cet arrangement, il fera aifé
de s'appercevoir que Teau ne fçauroit jamais en- dommager la voûte, ni pénétrer par fes joints * parce qu'après avoir coulé fur l'Enduit fupérieur Β, elle fera conduite dans le Caniveau M, & de là dans un puifard ou tuyau de décharge R ; parce qu'en fuppofant que l'eau vînt à paffer par hafard à travers quelque endroit du premier Enduit P, elle feroit reçue fur le fécond Enduit L ; entre les pierres plattes, où l'air par fon paffage l'évaporeroit promptement ; & parce qu'en un mot j au pis aller, elle feroit portée le long du fécond Enduit L, vers le Caniveau M, comme ci-devant. S'il étoit permis de faire un reproche à cette conftru&ion , c'eft dé pécher peut-être par un excès de précaution 9 vu qu'il eût été facile de réuffir avec le feul Enduit L5 fur les reins de la Voûte, à caufe de la bonté du mortier en queftion, & en mettant deffus quelques rangs de pierres féches , recouverts d'un lit de moufle, capable de boucher leurs interilices. Au furplus, dans les occaiions importantes, c'eft tou- jours très-bien fait d'affurer fes opérations, ,* |
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d'Architecture. 383
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Explication des Figures
de la Planche LXXX. Les Figures 1 & II, représentent le Plan & le
Profil d'une Foffe d'aifance , avec des lettres de renvois correfpondantes aux mêmes objets. On y voit que le pavé de la foffe eft pofé fur un maflif, compofé de deux rangs de moilons. A , Ouverture pratiquée dans la voûté pour la
vuider, & bordée d'un chaffis conftruit en pierre dure , de 9 pouces de large fur 9 pouces d'épaif- feur, laquelle fe ferme par une feule pierre qui eft reçue dans une feuillure pratiquée au pourtour du chaffis, & qui fe leve à l'aide d'un anneau de fer, fcellé en plomb dans le milieu., Β, Chauffe-d'aifance compofée de boiffeaux de
terre cuite verniffés , encaftrés les uns dans les autres, bien mailiqués & attachés au mur adoffé par des coliers de fer. Ces boiffeaux font recou- verts d'une chemife de mortier, & enfuite* d'un enduit de plâtre. ,i% La figure III eft le Plan d'un Puits ; il eft cir-
culaire , mais il pourroit être également ovale. La figuré IV eft le Profil d'un Puits.
C, Rouet de charpente.
- D, Mardelle ou bord fupérieùr du Puits ,cûhfè mût en pierre de taille dure. E, Mur du Puits, dontäes Crémières affifes for
le rouet font en pierres 4e taille dure cramponéés, & tlont le refté eft bâti eh'; moilons piques au pa- rement; ïaorî^.fW3a§aolAjiii «-La figure V, eft une coupe du même Puits
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3§4 Cours
dont on a fuppofé que le fond étoit un banc de
terre glaife. F, Terre glaife.
G, Grande pierre ronde percée par un trou*
fervant de rouet. H, Pavé ou fol de la cour, ou du rez-de-
chauffée. îp Terre naturelle.
K, Courroi de terre glaife.
L, Tarriere pour percer la glaife.
MjMardelle.
N, N, Bras de la manivelle de la tarriere.
Ps Mur du Puits conftruit comme ci-devant.
Les figures VI & VII, font lune le Plan & l'au-
tre le Profil d'une Citerne, avec des lettres fem- blables aux mêmes objets. Q, Intérieur de la Citerne.
R, Citerneau pour épurer l'eau.
S, Entrée de l'eau de pluie dans le Citerneau.
V, Conduit de l'eau du Citerneau , dans la
Citerne. Τ, Ouverture pour nétoyer au befoin le Citer-
neau. X, Puits ou ouverture pour puifer de l'eau dans
la Citerne, & en renouveller l'air. La figure VIÏI, eft une autre coupe d'une Ci-
terne & d'un Citerneau, qui ne diffère delà pré- cédente que par la profondeur du Citerneau, & par un conduit de communication plus propre à épurer f eau. Z, Citerneau d'une profondeur égale à la Ci-
terne Y. a, Conduite en forme de fyphon, placée dans Té-
pauTeur du mur fuivant. fè longueur, & non fuivant & largeur,
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b ' À Â e h ι τ ε ύ τ υ R α 3^ί
largeur, comme il a été repréfërtté dans notre
deffin i pour le rendre fenfible. La figure IX j eil le Profil d'une Salle baffe ou
d'un Magaiin conftruit au-defibus du niveau de l'eau, à ia maniere des Hollandois; b,by Pilotisi
c, Plateau en briques pofées à plat.
d, Mur avec deux rangs de briques j l'un pofé
à plat, l'autre de champ & diagonalement* e, Plate-forme.
ƒ, Piliers dé charpenté.
g, Vuide entre les deux murs9 dans lequel monté
l'eau. h, Armoire que Tort pratique au-deffus dit
vuide s. i) Plancher.
i,m, Murs de la Salle baffe > fondés fur pilotis $
où l'on voit d'une part une Porte /, & des gradins pon&ués pour defcendre dans la Salle, & de l'au- tre une Croifée m, percée dans une cour, fervant à l'éclairer* |
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Explication de la Planché LXXXI,
Reprèfintaru la Gonfiruclion d'un E goût,
& de divers BaßhiSi La figure î , eft le Profil d'un Egoût ou Aque-
duc fouterréin, dont le Caniveau A eft fait d'une feule pierre platte * ereufée un peu en pente vers le milieu. La figure 11, eft le Profil d'un Egoût iemblablé
au précédent, avec un Caniveau Β, recreufé eh portion de cercle^ Tome ti Β b
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3$δ Co hü m s *
L«s figures III » IV *, V & VI, représentent les
différentes conftrudions d'un Baffin* ; La figure III, eil le Profil d'un BafTm en terre
franche, C & D, Murs-moilons.
E, Terre franche , comprife entre les deux
murs. .·::':<■■ :'·· ■·; ·■■>-.; ,...;·., La figure IV, eft le Profil d'un Baffin en terre
glaiie. zûsu- v,.;...·; :- ·. F, Mur de terre.
C, Terre glaife. H, Racinaux ou bouts de chevrons.
I, Plate-formes de charpente.
Κ, Mur de douve.
L, Plafond garni de fable.
M, Tablette de pierre au pourtour des bords du
Baffin. u « La figure V, eft le Profil d'un Baffin maçonné
tout en ciment. Ν* Mur-moilon.
Ο, Maffif-moilon formant le plafond.
$?, Chappe de cimenu
Q, Enduit que l'on met fur la chappe de ciment,
& que Ton frotte d'huile ou de fang de bœuf. R, Tablette de pierre. Nous avons représenté
en points au milieu de ce Baffin, un jet-d'eau avec fon tuyau de conduite, pour faire voir qu'il faut toujours faire paffer le tuyau à découvert fur le plafond d'un Baffin, quel que foit fa conitru&ion, afin de le pouvoir raccommoder au befoin plus aifément. , La figure VI > eft le Profil d'un Baffin garni de
plomb. M 'T S j Mur-moilom *
T? Plateau ou maffif-moilon.
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d*Architè cture. 387
V * Tables de plomb * revêtiffarit tout le plafond
& le pourtour intérieur du Baffin. X, Tablette de pierre au pourtour des bords.
il'.' I ' 1 ■ 1 ■ ι 'Ι.... _____„-----------
Article VIL
De La Confiruciioîi des Serres Chaudes,
Planche LXXXI1.
La conitru£tion des Serres-Chaudes n'eit pas
moins de la compétence d'un Architecte, que les au- tres ouvrages dont nous avons parlé jufqu'ici» De- puis que les Naturaliftes ont répandu de nouvelles lumières fur la Phyiique, les jardiniers, enfaifant ufage de leurs principes , font parvenus à cultiver les plantes & les arbres étrangers, pour raflembler dans un même lieu les plus belles productions de la terre. La chaleur de nos climats n'étant pas à beaucoup près affez conficlérable pour les cultiver naturellement, on a tâché de diminuer la froi- dure de l'air, & d'augmenter par art la chaleur des endroits où l'on vouloit élever ces fortes de plantes , pour fe rapprocher, autant que faire fe peut, de la température néceiTaire à leur production. Les Hol- landois & les Danois ont eu, pendant un tems, la plus grande réputation , tant pour conftnure les ferres- chaudes, que pour les adminiitrer, mais aujour- d'hui cefynt les Anglois qui paffent pour furpaffer tous les autres. L'expöiTtiÖh des ferrés"ë'ft la premiere dhofé à
coniidérer dans leur plantation; celle du midi e il là plus favorable & celle qu'on préfère* Elles doivent toujours s'étendre fur une même s' ßfr'j
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3$S Cours
ligne droite ; car ii on les faifoit de fofnlê
convexe ou concave _, il s'enfuivroit qu'en Hiver fur«:tout, une partie de la ferre feroit privée des rayons du foleil, pendant un certain tems de la journée, de forte que les arbres ou plantes n'é- tant pas également vivifiés par les rayons du Soleil, il y en auroit qui languiroient. Les petites ferres que l'on appelle à chafîis n'of-
frent aucune difficulté en exécution à caufe de leur iimplicité. Elles fervent, comme l'on fçait, à élever des poids , des légumes δ: des pri- meurs. Elles coniifient en 4 murs de briques, diipofés en pente , ihr leiquels on place des vitraux. On donne communément 6 pieds de lar- geur à ces ferres , 1 pied 9 pouces de hauteur au mur de devant, & 4 pieds ~ à celui de derriere. Mais en revanche les grandes ferres à fourneaux demandent bien des attentions dans leur bâiiiTe, & il y a peu d'Architeûes qui l'entendent bien. On en diftingue de deux fortes, les unes fer-
vent à cultiver des arbres à fruits , les autres à cultiver des plantes exoitiques & particulièrement des ananas. Les premières ferres font beaucoup plus élevées que les fécondes : on y entretient des arbres en pleine terre & dans des caifles fur des gradins près des vitraux, tels que des pêchers, des figuiers , des abricotiers, des pruniers, des ceriliers , &c. pour en obtenir du fruit en-toutes faifons la). Les ferres doivent être précédées d'un veftibuîe,
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(a) Les arbres que l'on élevé fous les chaiTis ne durent pas
plus de 7 ou 8 ans, & de plus ne produifent pas également tous les ans : iî Γοιι Yeut avoir des fruits régulièrement, il faut plufîeurs ferres. |
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d'Architecture. 389
pour empêcher d'y entrer tout de fui se, decraintede
les refroidir trop en Hiver, tems où il eil néceflaire de conferver toujours le même degré de chaleur. Leurs fourneaux ie conilruifent de briques pofées à plat avec des conduits ou tuyaux qui circulent autour de la ferre, foit fous le carreau, foit feu- lement le long des murs, pour y promener la cha- leur. On obierve de ne pas conduire la chaleur au-delà de o, toifes de longueur, parce qu'alors elle deviendroit à rien au bout oppofé au four- neau , de forte que les plantes en foufFriroiehr. C'eit pourquoi, quand une ferre a plus de 9 à îo toifes de long , il faut la partager & pratiquer alors deux fourneaux , fi l'on veut, l'un à côté de Fautre avec des conduits, dont Tun éçhaufera îa droite, & l'autre la gauche. Il eil d'ufage de ne faire faire qu'un tour à chaque conduit dans une ferre à fruits, parce qu'il n'eu pas befoin de beaucoup de feu, & qu'on ne la chauffe gueres que durant les fortes gelées, ou que quand le Soleil eil pluiieurs jours fans paraître,, comme il arrive pendant l'Hiver. Le conduit doit pailer le long du vitrail fur le devant de la ferre 5 attendu que s'il étoit vers le milieu il altereroit la racine des arbres ; & l'on pouffe même cette attention jufqu'au point de ne point planter d'arbre plus près du fourneau que 4 pieds f* Les conduits fe font auffi de briques à plat,
& font recouverts de grands carreaux de terre cuite qui ont un pied quarré, & qui font pofés dans une petite feuillure : fous chacun des car- reaux on fcelle une petite bande de fer plat, afin de leur donner plus de folîdité, quand on marche deffus,ou quand la brouette y paffe. Il'y en a c|ui % au lieu de carreaux, mettent de petites pîa* |
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|ρθ G OURS
qiies de fer fondu avec du fable deiFüs ? préten-
dant que ces plaques réiiiftent mieux , & éçhauf·* £ent d'ailleurs d'avantage l'endroit. Comme les ferres à ananas exigent beaucoup,
plus de chaleur que les autres, on fait faire fou-» vent deux tours à leurs conduits le long dii grand mur doffier, de maniere qu'en fe reployant fur eux-mêmes, ils ne font féparés que par une ftmple languette, C'eil ainfi qu'on l'a pratiqué dans les ferres du Château de Trianon ; les conduits ou les tuyaux occupent toute la longueur du mur, 8c ne font compofés que d'une brique poiée de champ, du coté de la ferre, enduite en dedans & en de-* hors ; & on a lahTé de 12 pieds en χ 2 pieds des efpeces d'ouvertures ou trappes d'environ 15 pouces quarrés, qui ne font fermées que par de légères languettes de plâtre, faciles à enfoncer pour les ramoner ; ce qui fe fait avec de longs, balais , en attirant à foi la fuie vers les ouvert tnres que l'on rebouche, après cette opération % comme auparavant (a). |
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(a) Les Hollandois difpofent leurs ferres différemment que
les François & les Anglois. Ils font à la fois une ferre tempérée du côté du Nord, & une ferre au Midi : ils couvrent en dehors, les chaiïis avec des rideaux Se des couvertures , qui font roules, vers le haut de chaque fenêtre en maniere de flores, & que l'on fait defeendre fur les chaffis., en lâchant les cordes qui les. re- tiennent. Le tuyau du fourneau fait deux tours ; il a χ à $■ pieds de large, & regne fous la terre. Le fourneau eft place dans une petite pièce féparée ; il eft conftruit de_ briques, & eft entouré d'un contre-mur de maçonnerie, qui laille de tous côtés un pouce d'intervalle , que l'on remplit en fui ce. de fable. Le tuyau eft conftruit de même ; fa partie fupé- rieure eft formée avec de grandes plaques de fer, où l'on forme un aire qui eft carrelé : fur le carreau on répand en- viron ι pouces d'épaiffeur de fable : enfin , entre le plafond & le toit , on laiffe un vuide que l'on remplit avec du foin, pour· |
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Db* A R G Η Ι Τ Ε € Τ V R Ε* ^$1
On doit placer dans une ferre un réfervoir dans
fépaifTeur du mur, où l'on amené l'eau par un petit conduit , laquelle eau s'entretient par ce moyen au même degré de chaleur que celui de la ferre, & fert à arrofer les plantes & les arbres. il y a deux différences remarquables entre les ferres à fruits & celles à plantes exofliques ; l'une eft quQ9 dans les dernières, on éleve vers le milieu une couche à la hauteur d'environ 4 pieds , que Γοη entourre de murs de briques à plat, à l'excep- tion de la premiere rangée \ fupérieure qui eil pofée de champ ; on emplit cette couche de ter- reau, de fumier &■ de tan, pour y placer des pots; l'autre eft la forme & la fituation des vitraux que l'on tient beaucoup moins inclinés dans les ferres à fruits. On n'eft pas encore d'accord. fur les degrés de cette inclinaifon, & il paroît bien difHcile de la déterminer précifément. Les plus, grands carreaux de verre font les meil-
leurs pour les vitraux, parce que recevant plus de rayons du Soleil , la chaleur d'une ferre en eil augmentée : les c.hafïis des ferres à fruits ne s'ouvrent qu'avec des couplets, mais les autres dans,; leur partie fupérieure s'ouvrent à co.uliiles. : les. carreaux de ces derniers font fautenus, du moins., eu Angleterre, fur les côtés par des tringles de fer, & fuivant la hauteur du rampant à recouvre- ment ;,le tout bien maftiqué , afiu d'empêcher l'hu- midité de pénétrer : l'ufage eu encore, dans ce pays > de couvrir les vitraux pendant la nuit, on quand on craint la grêle, non avec des paiilaiTons?mais avec mieux défendre l'air intérieur du froid , & on renouvelle au be-
soin l'air de laferré-chaude, avec celui de laierre tempérée qui «j(l aioifée. Bbiv
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$M Cours
des contrevents de toile cirée, qui s'adaptent dan§
des couliiTes pratiquées syx dormants des yU traux (a), La Pefeription de la Planche LXXXiI que
nous avons deffiné d'après les ferres à fourneaux de feu M, de Janiin, rue de Babylone à Paris ^ qui ayoit pris pour modèles les plus helles ferres Angloifes, achèvera de donner une idée cqmpleite de cçs fortes d'Ouvrages, |
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(a) Ce n'eft qu'en hiver que l'on renferme les plantes & le$
fruits dans les ferres ; car l'été , Se vers la fin de Mai, on ôte les, çhaflis; alors les fruits continuent très bien à mûrir en plein air, δε même ils ont meilleur goût que s'ils reiloient toujours renfermés. Le talent d'un jardinier, eftd'entretenir dans une ferre le degré de chaleur dont les plantes ont befoin , & de les arrofer à propos, Auffi, afin de connoître ce degré de chaleur qui doit être celle de la terre , quand elle eft dans fon état ie plus favorable à la végétation, convient-il de placer toujours dans une ferre, un] çhermomêtre vers fon milieu» 'l
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ρ'Α β .e η ι TEC tu R ■$. 393
Explication delà PlancheLXXXI^ Qui repréfente les détails d'une Sern chaude
à Ananas, fuivant la méthode des Anglois. La Figure I eft le plan d'une ferre divifée en
deux parties, qui ont chacune 7 toifes £ de long fur 15 pieds de large, & dont on ne voit que \q commencement d'une des deux parties, A, Veftibule commun»
B,B, Deux Fourneaux conftruits en briques,
ayant chacun fon conduit particulier , poiu* chauffer les deux parties de la ferre. C, Conduit ou Tuyau qui promené la fumée
& la chaleur au pourtour de la ferre. D, Tuyau qui parcourt deux fois la longueuç
du mur doffier , avant de laiffer échapper la fumée par la Cheminée E, F, Couche environnée de 4murs en briques.
G, Réfervoir d'eau fervant à arrofer les plantes.
H, Paffage au pourtour de la couche. I, Plan des Chaffis verticaux.
La Figure II, repréfente l'élévation d'une partie $q la ferre dont l'échelle eft double du plan. Κ, Porte du Veftibule. L, Chaffis perpendiculaire ouvrant avec des. couplets.
M, Chaffis inclinés ouvrant à couliffes avec
des mains ou anneaux pour les tirer : on remar- quera qu'entre ces chaffis, il y a des dormants avec des caulifiés propres à recevoir d'autres chaffis garnis de toile cirée, que Fon met pendant; la nuit, ou quand on-craint la grêle., |
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$$4 Cours
Ν, Petit mur élevé plus haut que la ferre , pou«
garantir des vents du Nord». Ο, Mur en briques avec une goutiere en bois
yue de face, pour recevoir les eaux qui tombent (ιπ les chaflîs ou les volets de toile cirée, & empêcher qu'elles ne féjoument au pied du mur. La Figure III eit le profil de la ferre fur fa lar-
geur; elle à il pieds de hauteur vers le mm* dof« iier, & 6 pieds près des vitraux. P, Coupe de la couche & de (es murs».
Q, Paiïage qui circule autour de la couche.
Il, Profil des conduits élevés le long des vi-
traux , & que l'on place auiïï quelquefois fous les paffages, ' S, S, Profils de deux autres conduits le long
des murs, conflruits avec des briques à plat ou. encore mieux pofées de champ du coté de la ferre,, pour la chauffer davantage, T, Profil des chaiîis de la ferre : on pratique
d'ordinaire au haut des chaffis. de petites trappes de ig pieds en 10 pieds pour donner de l'air, en cas qu'il y faiTe trop chaud, V, Supports de fer pour fouîager la portée des,
çhaffis.. X y Fondemens de la ferre en gros moilonso.
Y , Profil de la goutiere recevant les eaux qui
tombent du toit de la ferre, pour les empêcher det s'arrêter au bas du mur. La Figure IV eu le développement particulier
d'une partie des chailis.. a, Carreaux à recouvrement fur leur hauteur;;
leurs proportions eft de n pouces, fur 12 pouces., 4, Tringle de fer plat avec feuillure,, portant les
carreaux félon, la longueuErfte. la ferre,. |
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CHAPITRE XI.
De la Construction oes légers
Ouvrages, i^ous n'avons traité jufqu'ici que de la partie
de la Conitru&ion qu'on appelle les gros Ouvrages , & l'on comprend ? fous ce nom, tous les murs de face i de refend ? mitoyen, de clôture ? de terraffe, les voûtes des caves , les foffes d'aifànce, les murs des puits , les murs d'échiffre , les efcaliers en pierre avec leurs marches, enfin tout ce qui eft bâti en pierre ou en moilon, de quelque nature que foitl'ouvrage: maintenant nous allons expofer dans ce Chapitre la cohftrudion des légers Ou- vrages qui font, les cheminées , les planchers, les. plafonds avec leurs corniches en plâtre , les cloi- ions, les lambris, les ravalements des pans de bois δε des efcaliers de charpenterie , les fours, les fourneaux, les enduits , les crépis & renformis faits contre les vieux murs, enfin les divers fel- le ments. |
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55>6 Cours
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Article Premie b.
De Iß Conßruciioti des Cheminées*
Planche LXXXIII. ÏL faut diiïinguer dans une cheminée le man*
teaii d'avec le tuyau : on entend par manteau l'ouverture de la cheminée dans la chambre, {es jambages, fa tablette, fa gorge, fa hotte s'il y en a , & ion contre - cœur. C'eil pourquoi nous traiterons féparément de la eonftrttâion de cha- cun de ces objets. On proportionne les cheminées à l'étendue des
lieux où on les bâtit : les plus grandes ont d'or- dinaire 6 pieds entre les jambages fur 4 pieds de haut j ufqu'au- deiTns de leurs tablettes , & 2 pieds de profondeur; les moyennes ont environ 4 pieds de largeur fur 3 pieds~de hauteur, & 22 pouces de profondeur; enfin les plus petites n'ont jamais moins de 3 pieds de large fur 3 pieds de haut, & 20 pouces de profondeur. 11 eÛ défendu par les Ordonnances de pofer les
atrçs de cheminées fur les poutres & folives des planchers, & il eil enjoint au contraire aux En- trepreneurs d'y laißer un vuide A , que l'on nom- me Trémie , figure ι, Planche LXXXIÏI, qui doit être au moins d'un pouce de chaque côté, plus largç que le dedans œuvre des. jambages D, fur 3 pieds de diftance entre le chevêtre C,&le mur E contre lequel la cheminée eft adoffée. En. traitant de la charpente des planchers % nous expliquerons par* ticuliérement la difpofiîion des pièces da Bois il |
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d'Architecture. $0
& G , qui entourent une partie de ce vuide : notre
but n'étant maintenant que de parler de la Ma- çonnerie* 11 faut placer , au milieu de la Trémie A,
d'une Enchevêtrure Β à l'autre, deux bandes de fer que l'on appelle Bandes de Trémie , lesquelles partageront la diftance du mur auchevêtre à-peu- près en 3 parties égales. Ces bandes de trémie doivent defcendre en contre-bas de l'épaifleur du plancher, & être recourbées par leurs extrémités pour s'aiTeoir fur les Enchevêtrures Β, Β: on voit en a une de ces bandes de trémie à part, fur la droite de la figure I : la fonction de ces enche- vêtrures & trémies eit de porter l'hourdis de plâtre & plâtras que l'on fait fous l'âtre : on carrelé enfuite, la partie comprife entre les jambages & la profondeur de la cheminée, en grands carreaux quarrés de terre cuite; & fur le refte de l'hourdis, on pofe un foyer, foit en pierre, foit en marbre ? ou bien on avance jufques là le carreau de la chambre. Il eft àobferver que, quand l'âtre a beaucoup de
largeur, de crainte que les bandes de trémie n'ayent une trop grande portée, on doit placer en travers de l'âtre dans le milieu de fa longueur une barre de fer d'environ un pouce quarré, dont un des bouts fe fcelle dans le mur, & dont l'autre , qui eil coudé, fe pofe fur le chevêtre ; & afin que cette barre de fer, en paffant fous ces bandes de trémie, les affleure, on a l'attention de replier celles-ci par le milieu. Dansles cheminées des grandes cuifines', on
conilruit les jambages en pierre de taille ou en briques, fous lefquels on fait de petits murs en fondation ; leurs manteaux fe font en hotte & |
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398 Cours
s'élèvent à 6 pieds au-deiîus de l'aire du pavé*
On place fouvent fous cette hotte ou dans l'inté- rieur de ces cheminées des fours pour la pâtif- ferie, & on fait leurs contre cœurs de briques bien cuites & encore mieux de tuillots 5 que l'on garnit de grandes plaques de fonte très- fortes , portées fur des corbeaux de fer (celles dans le mur , & contre- gardées de barres de fer debout fur le devant , pour refluer ait choc des bûches* Il eil d'ufage de faire les plate-bandes qui portent Ja hotte avec des pièces de bois de charpente recouvertes de plâtre de tous côtés , ce qui ne fauroit avoir d'inconvé- nient, vu leur élévation & leur grand éloigne- ment du feu. L'âtre de ces fortes de cheminée fe fait d'ordinaire de briques pofées de champ, & encore mieux dépavés de grais au Meu de carreaux, pour pouvoir réiifter plus long-tems à la violence du feu. Les jambages D ? D? des cheminées ordinaires fe
font, foit en pierre, foit en briques , foit en plâtre & plâtras. On place au-defTus un manteau de Fer F, n*g. ί &1I j d'un pouce quarré environ, qui e ft coudé par les deux bouts, & que l'on fceS'e dans le mur Ε , adoiTé à la cheminée. Son office eil de porter au-deiïiis du vuide des jambages , la plate-* bande & la gorge du tuyau; on en voit une re* préfentation particuliere en e à côté de ia %. I* Si la cheminée eft bâtie en briques, on pratique quelquefois à la naiffance du tuyau un arc en décharge avec des briques de champ, pour rejetter une partie de fon poid vers les jambages : mais le mieux eil de pofer fous la naiffance de la lan- guette de face au-deffus des jambages une Barre de fer G, d'environ un pouce quarré, dite barre |
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d'Architecture. Jç$
éé languette 9 dont on voit la figure g repréfentée
aufïi à part. On met au contre-cœur d'une cheminée une
Plaque de fer fondu H , & même dans les appar- tements, on a coutume de revêtir l'intérieur de tout leur pourtour, de plaques de fonte qui, en renvoyant la chaleur, fervent à les chauffer da^· vantage. Quand on ne veut pas mettre de pla- ques par économie , il eft d'ufage de faire le contre-cœur d'une cheminée adoiïée à un mur à foi appartenant, detuillots ou de bonnes briques 9 pour empêcher le feu d'endommager le mur en cet endroit. Mais fi la cheminée eft contre un mur mitoyen, on ne faut oit fe difpenfer , fuivant l'article 189 de la Coutume , d'ajouter un contre- mur de tuillots ou d'autres matières convenables d'un - pied d'épaiiïeur, & de hauteur fuififante pour que le feu ne puiiie endommager ledit mur, c'eil-à-dire à la hauteur de 3 ou 4 pieds. Nohs avons dit ci-devant qu'il étoit défendu de
placer l'âtre d'une cheminée fur les folives d'un plancher, cependant il y a quelquefois des cir- conitances où l'on ne fauroit faire autrement, comme lorfquil s'agit d'ajouter une cheminée après coup & qui n'a pas été prévue : alors on fait un âtre relevé, [lequel confiée à étendre d'a- bord fur les folives un aire de plâtre bien plein avec carreau par déffus , & à pofer, à 3 pouces de diitance au-deffus dudit carreau, uneforte plaque de fonte qui occupe tonte la largeur de l'âtre, de forte qu'à la faveur de ce vuide, il ne fauroit y avoir rien à craindre par rapport au feu. 11 eil effentiel, en diftribiiant le plan d'un bâ-
timent , qu'un Architecte fafîé attention à la ponc- tion des cheminées. Il doit favoir que, lorfquelles |
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Φ0 € O U R §
font adoflees contre un mur mitoyen, il eil dé^3
fendu, fous peine d'amende & de démolition, des les enfoncer ainfi que leurs tuyaux dans fon épaif- feur, & qu'il faut qu'elles foyent placées dans toute leur hauteur en faillie contre ledit mur. Il doit encore être initruit que les Ordonnances de Police enjoignent de ne point adoffer les che- minées contre des cloifons ou pans de bois, pour quelque raifon que ce foit, quand bien même on y feroit un contre-mur de 6 à 8 pouces d'épaif- feur j & que , û l'on ne peut faire autrement j il faut, à l'endroit deiliné pour la cheminée * couper le pan de bois ou la cioifon, & eonf- truire à la place un mur de moilon ou de briques dans toute la hauteur de fon tuyau, lequel mur excédera de 6 pouces chaque côté du man- teau de la cheminée, comme on le voit 4 fig. V ï enfin il ne doit pas ignorer qu'il n'eit pas permis de faire paffer des poutres , des panes , des faî- tages , des folives ou autres pièces de bois en dedans des tuyaux de cheminées, quelque recou* vrement que l'on y puiffe faire ; & qu'en un mot> fuppofé que l'on foit obligé de faire paffer des tuyaux de cheminées contre les pièces de bois des cloifons, des combles ou autres, il faut du moins toujours obferver de mettre 6 pouces de charge de maçonnerie ou plâtre , entre les pièces de bois & l'intérieur defdits tuyaux. Il n'y a que, quand les cheminées (ont placée«
contre des murs à foi appartenant entièrement $ qu'il eil libre de les engager, ainfi que leurs tuyaux, comme on le juge à propos, en fup- pofant toutefois que ces murs ayent une épaiffeur îuififante. 11 eil rare cependant qu'on les adoffe contre des murs de face , parce qu'outre qu'elle®
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d'Architecture. 401
qu'elles les chargent., elles font un mauvais effet en dehors, & qu'à raifon fur-tout de leur grand ifolement fuivant cette poiition, il eft difficile de pouvoir les contenir long-tems contre les efforts des vents. Autrefois on plaçoir les tuyaux de cheminées
des différents étages au devant les uns des autres, ce qui chargeoit beaucoup les planchers, dimi* nuoit les chambres, & y fbrmoit une faillie tout- à-fait incommode; mais maintenant Tufage eil de les dévoyer, à côté les uns des autres» le long des murs; c'eit pourquoi, lors de la diftribution du plan d'une maifon,on doit prévoir l'arrangement defdits tuyaux , foit qu'on les adoife aux murs mi- toyens, foit qu'on les engage en tout ou en partie dans les murs de refend, foit enfin quand on fe trouve obligé de mettre des tuyaux adoifés vis-à-vis les uns des autres. Souvent l'on cache, pour la régularité des appartements , les inter- valles qui reilent entre les tuyaux de dévoie- ment, foit avec de fauifes hottes ou des manteaux qui les relient tous enfemble, foit en pratiquant des armoires entre eux, pour fauver leur irrégu- larité ou diformité. On doit encore s'attacher à rendre la diftribu-
tion des fouches de cheminées au defTus du toit* îa pius reguliere poiTible, en les tenant d'égales hauteurs & groiTeurs, & en les difpofant en de- hors avec une forte de fymétrie, fur-tout dans les bâtiments d'importance, au point même que Ton fe trouve quelquefois obligé de faire de faufîes fouches, pour correfpondre avec celles qui ,foric réelles. ν Il feroit, fuivant nous, important de ne point
engager les tuyaux dans un mur de refend au- Tome V. ' Ce ι
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<φ& Λ ,; ;·; Γ G Ό Χί R.S ■■-.
-delà de la moitié de fon épaiiTeur, & que » quand
on les y engage tout-à-fait, on obfervât du moins de né les point dévoyer dans toute leur hauteur de plus dun pied^ ou de plus de la moitiéde la longueur du tuyau, fans quoi le mur au~deifus du dévoie- «nent, portant entièrement en l'air fur un vuide, n'auroit point de folidité. Il en eft de même, lorf- qu'on fait ramper les tuyaux le long des murs mitoyens ou de refend au-delà de la moitié de la longueur defdits tuyaux; car, en outrant les dévoie- ments, comme on le pratique affez fouvent, on fatigue beaucoup les murs; &cet abus n'eft pas une des moindres caufes du peu de durée de la plupart de nos bâtiments modernes : tout au con- traire, quand les dévoiements des tuyaux font modérés, ils ne chargent gueresphis un mur,prin- cipalement quand le bâtiment eil continué de l'autre côté, que s'ils étoient montés d'aplomb, attendu qu'ils font foutenus d'étage en étage par les plan- chers , & fur-tout par les folives d'enchevêtrure. <Àuiïi, regle générale, dès que les tuyaux ceifent d'être entretenus par les planchers, comme au droit des combles , il eil important de fe bien garder de les élever depuis le dernier plancher, autrement que d'aplomb jufqu'à leur fermeture ; par la raifon qu'au-defïus de cet endroit, ils n'ont plus d'autre foutien que les équerres de fer & fantons qui lient leurs languettes avec les murs adoiîes. Le dedans œuvre des Tuyaux de cheminées I,
figure II & III, quel que foit leur conftrudtion , étoit fixé ci-devant à 3 pieds de longueur fur 10 pouces de largeur, & l'on ne pouvoit leur donner moins ; - mais fur la repréfentation qui fut faite à la Chambre - Royale des Bâtiments par la . Communauté des Maîtres Maçons, que la Ion- |
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ί> ' A R C M Ι Τ Ε € Τ Ρ R Ê. 40$
güetir des tuyaux prefcrite par les Ordonnancés
étant trop forte les expofoit à fumer, & que le re*- mede le plus ordinaire des fumiftes ne coniiftoit qu'à y faire de nouvelles languettes qui en ifêdui*- foient la longueur , on fît, il y a quelques années > un nouveau Règlement qui permet de ne plus donner que 2 pieds ~ de long fur 10 pouces de large aux tuyaux des'grandes cheminées $ & 2 pieds ~ de long aux tuyaux des petites ; lesquelles dimeniions font en effet fùffifantes pour pouvoir ramoner les cheminées & en ôter la fuie (#). On conitruit les tuyaux de cheminées de trois
manières, de même que leurs manteaux , c'efVà-*· dire en pierre de taille, en briques ou en plâtre* Il n'y a guère que dans les bâtiments d'im*
portance qu'on fafTe les tuyaux en pierre depuis le bas jufqu'à leur fermeture ; dans ce cas on doit les élever en même tems que les murs où ils font adoifés, & de la même qualité de pierre j on leur donne 4 pouces d'épaiiïéur * & l'on obferve que les pierres en foient bien jointes & entrete- nues au-deffus de la couverture avec des équerres 6c" des crampons de fer : on n'enduit point en dedans ces fortes de tuyaux, mais on maçonne leurs joints bien proprement avec du mortier fin. Il eil rare cependant que l'on exécute les tuyaux en pierre dans toute leur hauteur, & l'on fe con- tente d'ordinaire de faire en pierre feulement leur partie apparente au-deffus du toit > & de faire (a) On a même permis par cette Ordonnance , de
diminuer leè tuyaux jufqu'à deux pieds de longueur dans les vieilles maifons, dans le cas où il faudrait refaire les planchers | pour fe conformer à la longueur prefcriie, ... i U Ccij
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404 Cours
enfuite en briques leur partie inférieure qui eft
comprife dans la hauteur des appartements.
Les tuyaux en briques ont 4 pouces d'épaif-
feur, ils doivent être compofés de briques de bonne qualité , bien cuites , & pofées à plat en bonne liaifon les unes fur les autres. On les arrête avec des crampons ou équerres de fer dit Côte de Vache Κ, efpacés de diitance en dif- tance , & fcellés par leurs extrémités dans les murs où ils font adoiTés, Dans les endroits où le plâtre eil commun, on les maçonne avec du plâtre, iinon avec du mortier de chaux & fable paifé au panier. 11 faut avoir foin d'enduire leur intérieur le plus uniment & avec le moins d'épaiiTeur de plâtre ou de mortier, afin que la fuie s'y attache moins. Quand un tuyau en briques eil entière- ment compris dans Fépaiffeur d'un mur de refend, on fait en briques toute cette partie dudit mur, & il n'y a que quand il eil peu engagé qu'on fe borne à faire en briques fa partie faillante du côté de l'appartement. Les tuyaux en plâtre ne s'opèrent qu'après
que les murs où ils doivent être, foit adoffés , foit à demi engagés, font élevés ; alors on fait dans lefdits murs, après coup, àes tranchées dans toute leur hauteur pour les recevoir. La conilruction des tuyaux en plâtre fe fait avec plâtre pur pigeonne à la main, &l'on ne doit pas leur donner moins de 3 pouces d'épaiiTeur avec leurs enduits. On appelle pigeonner à la main , prendre fur une
truelle une quantité de plâtre fufHfante dans l'auge, que l'on pétrit dans la main, & que l'on applatit enfuite avec la truelle pour le réduire à-peu-près à 2 pouces d'épaiiTeur. L'Ouvriejr place d'abord |
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d'Architecture. 40$
un rang de ces pigeons, il pofe le fuivant au-
deiïlis en liaifon , & pourfuit ainii fon tuyau juf- qu'au haut, il doit pigeonner de même les lan- guettes rampantes , ainii que celles qui font à plomb , en couchant le pigeon fur le rampant des planches qui leur fervent de guide. A mefure qu'il monte les tuyaux, il obferve de faire ua enduit de 6 lignes d'épaifTeur dans leur inté- rieur le plus uniment qu'il peut, & de ravaler leur dehors. ;; En conitruifant les tuyaux en plâtre, on doit
mettre fur leur hauteur des chaînes de fantons à environ 3 pieds de diflance les unes des autres par les faces & par les côtés, tant pour les relier entre eux, qu'avec les murs contre lef- quels ils font adoiTés. Ρ, Figure IV, rendfenfible la difpofition de ces fantons. Lorfque trois ou quatre tuyaux pafîent enfemble
à côté l'un de l'autre au droit d'un plancher , il eil d'ufage de lahTer, entre le deuxième & le troiiieme tuyau, ou après deux tuyaux vis-à-vis cet endroit, une diftance fuffifante, non feulement pour pou- voir fceller dans le mur où ils font adoffés le bout d'une folive d'enchevêtrure, mais encore pour qu'il puiffe y avoir, de part & d'autre de l'en- chevêtrure , une charge de maçonnerie de 6 pouces jufqu'au dedans d'oeuvre de chacun des tuyaux voilins, & ce fous peine d'amende & de démoli- tion. On en ufe ainii, comme nous le verrons dans l'article de la Charpenterk, afin d'éviter de donner à 3 0114 tuyaux paffants un chevêtre com- mun qui alors auroit trop de portée, pour fou- tenir folidement le poid de la travée de folives, qui y feroit affemblée. On doit élever les fouches ou tuyaux, foit en
Ce iij
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4ö6 C o υ RS
briques » ίοit en plâtre au moins 3 pieds au«
deffus dii faîte des combles, & les fermer inté- rieurement dans le haut par un adouciifement ou por- tion de Cercle M, figure III, de maniere à ne laiffer que 4 pouces de largeur d'ouverture, pour le paiïage de la fumée, fur environ 20 pouces de longueur. On termine l'extérieur dît haut des cheminées en briques par linô double Plinthe L , L, en pierre tendre, dont on crampone les joints, & même, afin que la tête de ces cheminées hors du comble fois d'une plus belle couleuï de briques, on y met deux couches d'ocre rouge à Wiuile, & l'on fait les }oints,îafithorifontaux que montaris, avec un lait de chaux. Quant aux larmiers & plinthes des fouches cheminées en plâtre , on les fait auflî en plâtre , & quelquefois pour la décoration on figure des briques en dehors dans leurs tuyaux apparents au-deiïus des combles, en les peignant auffi avec deTocre rouge, & y gravant des joints qui dé* couvrent le plâtre. On acote les tuyaux de cheminées en plâtre
dans les combles, & à leur fortie, par des Murs doiîiers en plâtras Ν figure Π, & Τ figure VIII, d'environ 13 ou 14 pouces d'épaifTeur, qui fe ter- minent en glacis, & montent jufqu'à 2 pieds 7 ou 3 pieds au defTous de la fermeture. Ce n'efï gueres que quand les tuyaux font en pierre ou en briques que l'on s'en difpenfe, ou bien lors- qu'il y a plufieurs tuyaux réunis enfèmble vis-à- vis les uns des autres dans un mur de refend. Cependant fuppofé * que Ton foit contraint, par rapport aux bâtiments voifins, d'élever les tuyaux, foit en plâtre, foit en briques, au - defltis des combles fufqu'à un certain point, il faut nécei- ikirement alors les contenir avec des tyrants & |
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D*ARCHIT EGT 17 RE. 407
de double ancres faits en S , lefqueîs tirants
s'attachent 'au ■ faîtage -, aux panes ou a une maîtreûe pièce de Charpente des combles, en obfervant de couvrir avec des fabots de plomba le paffage defdits tirants à la rencontre delà- cou- vertu re.
Enfin au droit dun mur mitoyen, iV y * obii-
gation d'élever toujours un mur doiïiér derriere les cheminées, quelle que foit leur conftrudion ait moins jufqua k hauteur de la pointe du comble , & même versies côtés de la longueur des tuyaux , on ajoute encore des murs en aile Ν &_^, figure II & VIII, qui excédent la fouche^d un- pied ou environ par le haut de chaque côté , & qui vont joindre en talut ou en s'élargifiant les murs de face. Le but de ces murs ell, non- feulement de fortifier les louches des cheminées, mais encore de couper vers la charpente toute communication , er* cas d'incendie de la maifor* voiiine.. Article I L
De ία CmflrucUon des Aires.,
Les Aires fe font, fok fur la terre, foit fur
des voûtes, foit for le-lattis An plancher , poue recevoir, du carreau , des lambourdes, ou bien du pavé de marbre ou de pierre déliais* Avant d'étendre un aire à rez-de-chauiïee lut
terre, il eft néceffaire défaire un petit maffif de maçonnerie de 5 ou ^pouces, d'épaïuenr avec da moilon, des pierrailles oii des recoupes bien bat- tues λ le tout maçonné avec mortier de chaux & Ce iv
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4θ8 Co ν R s
fable , ou bien avec du^gros plâtre; 6c pat deÎTus,
on fera enfuite l'aire en queition le plus uniment qu'il fe pourra. ,_ ,-t -^ηκ ·. ; S'il s'agit de faire un aîre fur une voûte, il faut
auparavant que fes reins foient garnis & arrafés de niveau; & alors on pourra y étendre l'aire de mortier ou de gros plâtre comme ci-devant 5 pour y carreler enfuite v foit en carreaux de terre cuite, foit en pavé de pierre ou de marbre, foitpour y placer des lambourdes , fi l'on veut parqueter. S'il eil: queilion d'opérer un aire fur un lattis,
rien η eil plus fimple, il ne faut qu'étendre du mortier ou du gros plâtre le plus de niveau qu'il fera pofïible, & de TépaiiTeur que l'on demande. En général il faut obferver, en faifant un aire
en plâtre fur un plancher, de laifler une petite diftance ou lifiere d'un pouce [- ou 2 pouces au pourtour des murs joignant ledit plancher, la- quelle liiiere ne fera rebouchée que quelque tems après, & que quand le plâtre 5 (qui fe dilate & renfle lorfque la fermentation commence à lui donner de la confiftance ) aura produit tout foh effet : car , fans cette précaution > la pouiTée du plâtre feroit capable, en agiifant contre les murs, de les faire boucler en dehors : & même l'on doit ob- ferver, en rempliiiant par la fuite cette lifiere , de mêler parmi le plâtre moitié de poufiîere. La plu- part des ventres que l'on remarque aux murs de face des anciennes maifons, ne font provenus que pour avoir négligé cette attention. |
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b'àrchitectur e. 409
Article lî I. De la Conflruclion des Planchers, & de leurs*
Plafonds,
Figures Vil, VIII et IX, Planche LXXXIV.
On doit diftinguer dans l'exécution, des plan-
chers, de même que dans celle des <ïloifons, la Charpenterie de la Maçonnerie : nous fuppoferons ici que la charpente d'un plancher eft pofée, & qu'il ne s'agit plus que de la maçonner. On opère les planchers de, pluiiçurs manières
différentes. ...1 La premiere , qui eil la plus fimple, confifte à
mettre des tampons de bois entre les folives, ou, ce qui vaut mieux, à clouer des doux de cha- rette ou des rappointiffages fur les côtés des fo- lives, & à hourder leurs entre-voux avec plâtre & plâtras jufqu à l'affleurement defdites folives, de maniere à conferver les bois apparents par deÎTus & par deffous. * ν La deuxième maniere confifte à laiffer en vue
les folives de trois côtés; on appelle ces fortes de planchers à entre-voux. Pour les opérer, on com- mence par latter par deifus les folives prefque jointivement & en bonne liaifon ; après quoi on fait un aire de 2 ou 3 pouces d'épaiffeur de gros plâtre, plâtras & menues pierres , qui excède le deffus de la plus haute folive & fur lequel on car- relé à l'ordinaire ; enfin l'on finit par tirer l'entre-' voux, c'eft-à-dire par faire un enduit par deifous avec du plâtre paffé au tamis. On voit, fig. VII |
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4IO ~C O URS ■
Planche LXXXIV, un profil de ces. fortes d«
Planchers. La troifieme conftrucÜon de plancher coniiile
à larder de clouds δε de rapointiflage les côtés des folives, à les fetter par deiTous en liaiion à claire-voie, ou tant plein que vuide, à maçonner entièrement en plâtre & plâtras les entre voux, & à les plafonner par 4e!îaus* On laiffe quelquefois, dans ces fortes de planchers les folives apparentes par deiïus , ou bien on y étend une fauiïe-aire de 2-pouces , fur laquelle en pofe le carreau comme de coutume. G'eit ainfi que s'exécutent commu- nément . les planchers des paliers des efcaliers , & ceux des écuries, lôifqu'irfe trouve des appar- tements au-deffus, afin d'empêcher l'odeur de tranfpirer. £ Le quatrième procédé, qui eft eh ufage pour
les .planchers des appartements, confiite à les faire erëux : en conféqueiïcé on les latte par dëiîïis· &par ideiîous à lattes prefque jointives; on met defiits une faiule- aire de gros plâtre de 2 ou- 3 pouces d'épaifîeur, fur laquelle on carrelé; 01* bien, ii l'on veut du parquet, on pofe fur cet aire des lambourdes que Ton y fcelle à augets. Ce pro- cédé au furplus n'eit pas uniforme; il y a des Conftrudeufs-'qui.,, pour diminuer Vépaiffèur de* planchers dans l'öccaiidn , ou bien par éco-* »omieyfuppriment faire, & pofentles lambourdes for les lattes jointives; & nous en avons même vu qui pofoient le parquet directement fur les folives , dont le deiTus avoir été bien dreifé de niveau. Enfin on termine ces planchers par un- plafond , pour l'exécution duquel on emploie d'abord du plâtre paifé au panier , & que Ton finit: m faifant un enduit de plaire fin. paîé an tamis^ |
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d'Architecture. 4i>
Sc étendu le plus uniment que faire fé peut?
Perfonne n'ignore que l'inconvénient de la plu- part des plafonds en plâtre eft d'être fujet à fe lézarder au bout de peu de tems ; cela provient principalement de l'ufage où font les maçons de ferrer leurs lattes le plus poffible par éco- nomie , & afin qu'il entre moins de plâtre dans leur conftrutlion ; d'où il refaite que le plâtré n'étant feulement qu'appliqué contre le bois y Si n'enveloppant pas la latte , fë détache aifémënt §c forme par la fuite les léfardes & les gerfures , dont on ne ceiTe de fe plaindre. Le remede à cela eft d'exécuter les planchers à augets, dont voici le procédé ; il faut latter les folives par defïbus tant plein que vuide, larder d'un rang de cloudè efpacés l'un de l'autre d'environ un pouce le bord inférieur des entre^Voux , appliquer enfuite du plâtre dans ces entre-voux le long de leurs jouées,1 de maniere à être retenu par les têtes des elouds, & à former un efpece d'auge entre les folives : alors, en faifant le plafond par deffous, le nou* veau plâtre s'incorporera avec l'ancien qui eft dans l'auge à travers les vuides reftés entre les lattes , ce qui augmentera fa folidité & Tempe* çhera de fe détacher comme de coutume ; en fup- pofant toutefois qu'on ait employé de la latte de cœur de chêne, & non de la latte de bois blanc qui, en fe pourriffant promptement & en ne fervant plus de foutien au plâtre■', lui permettroit en- core de fe détacher comme ci-devant. L,e profil de la figure Viïl, fait voir cet arrangement. Après que les plafonds font terminés, les ma-
çons opèrent les corniches & les gorges dont on les orne, en obfervant de les faires faillir par le bas fur le nud des murs d'environ ι pouces, pour |
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4ii Cours
qu'elles excédent TépaiiTeur, foit du lambris, foir
du porte-tapifferie. Ils fe fervent à cet effet d'une petite planche de bois découpée fuivant les profils donnés par l'Archite&e, pour en faire un calibre qu'ils traînent enfuite tout au pourtour dé la charge de plâtre, qui a été mife le long de ces endroits ; enfin ils finifTent par ragréer les moulyres fuivant l'efprit du deffein &le plus uni- ment qu'il efl poffible. Nous, avons donné , Plan- che VII du Traité de 1$. Décoration intérieure des Appartements pluiieurs modèles de ces fortes de corniches en plâtre. Il arrive fouvent que, lorfqu'il n'y a pas de
cave fous des falies à rez-de-chauffée, on eil obligé,par rapporta l'humidité ,de creufer après coup & de former des efpeces de fouterreins où l'on ménage quelques ouvertures en dehors, par Iefquelles on y introduit de l'air. Ces fouterreins s'opèrent, foit en pratiquant de petites voûtes en briques, foit en faifant un plancher de charpente fur le vuide que l'on a fouillé, avec un lattis & un aire de plâtre pour recevoir du carreau ou des lambourdes pour du parquet, ce qui ne laifle pas de devenir difpendieux. Mais on peut, à l'aide du mortier - loriot » réufîir à beaucoup moins de frais & épargner la charpente, Nous avons re- préfenté au bas de la Planche LXIV, cette nou- velle conftruclion. La Figure III, efl une partie du plan d'une falle à rez-de-chauifée ; la fig. IV, eft un profil du plancher bas de cette falle fur Ê longueur ; & la figure V, efl: un profil fur fa
rgeur. Pour mettre ce lieu à l'abri de toute hu- midité , il ne s'agit que d'enlever environ un pied de terre fous le fol de la falle en queftion \ puis faire un petit Mafîif D , figure IV & V, d'en- |
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d'Architecture. 413
yjron 6 pouces d'épaiiïeur, garni de recoupes δε
de pierrailles, lequel maiïlf on enduira par deffus avec du mortier-loriot. Après cela , oft dif- pofera fur cet enduit des rangs de Briques à plat Ε, diftants Tun de l'autre de 9 pouces de milieu en milieu, figure ïiï & V , de maniere à laiiTer au bout de chaque rang un petit Efpace de 5 pouces F , figure III ^ afin que l'air puuTe cir- culer librement dans les canaux. On placera fur ces rangs de Briques Ε, un autre rang de Briques aufïià plat G, figure IV, qui portera par fes bouts , de 8 ou 9 lignes, fur les Briques E ; enfuite on pratiquera dans les murs ορροί es & extérieurs de la falle, deux petits Soupiraux H & I, de 7 ou 8 pouces en quarré, qui feront garnis de tôle percée de troux, par où l'air entrera continuel- lement: enfin on mettra fur le rang de Brjques G, un autre enduit de mortier-loriot d'un pouce d'é- paiffeur bien de niveau , fur lequel on carrelera à l'ordinaire. Par ce moyen l'air fe trouvant re- nouvelle fans cefTe fous le carreau , on viendra à bout d'intercepter toute humidité ; & un pareil plancher, fut-il au niveau du fol de la rue ou· d'un jardin, fera auiïi fec qu'on puiffe le défirer : nous en avons fait exécuter de pareils fous des appartements , au lieu de fouterreins , qui ont parfaitement réuffi. /1 |
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4'4 Cours
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Article IV.
De ία. Maçonnerie des Pans de bois ,
& des Cloifons. ON pofe au rez-de-chauffée, foit fur des murs
montant de fond ? foit fur des voûtes de caves, des murs de parpain d'environ 15 pouces de hau* teur fur 8 à 10 pouces d'épahTeur pour fervir de fon- dation aux cloifons : lefquels murs de parpain » comme nous l'avons déjà dit, font compofés de pierres de taille dures , à lits & joints quarrés, à faces & parements égaux des deux côtés, & doivent être maçonnés avec mortier de chaux & fable. ■ II. y a trois fortes de cloifons, les unes'font
fimples, les autres font pleines & les troiiiemes font çreufes. Les cloifons fimples s'opèrent en laiffant les
bois apparents fur leurs faces, en clouant du ra* pointiflage fur leurs côtés ,& en faifantun hourdis, entre leurs poteaux , de plâtras & plâtre , que l'on enduit de part & d'autre. Les cloifons pleines s'exécutent en faifant
Thourdis comme ci- devant, en lattant de 3 pouces en 3 pouces des deux côtés en liaifon, & en fai- fant un crépi par deffus de plâtre au panier, que l'on enduit enfuite de plâtre fin. Quelquefois on fe contente de faire un lattis & un enduit d'un des côtés d'une cioifon pleine , & on laiiTe les poteaux apparents de l'autre : les pans de bois fur les faces des maifons fe maçonnent com- munément de même que les cloifons pleines j ainfi |
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t>5 Architecture. 415
U feroit inutile de nous arrêter à les décrire par-
ticulièrement. Les cloifons creufes s'opèrent à lattes jointives
des deux côtés avec un crépi & un enduit de plâtre fur le lattis» Il eft à obferver que, dans les cloifons dont
noxis venons de parler, on peut laiffer les bois ûqs huifferies des portes & des croifées, appa- rents , ou qu'on peut les feuiller & recouvrir de plâtre en deffus & dans leurs tableaux j & qu'en un mot, quand on ne met point de lattis fur une pièce de bois à deffein de diminuer l'épaiffeur de l'enduit , il faut toujours y larder des clouds & du rapointiflage pour y faire tenir le plâtre , fans quoi il ne s'y attacheroit pas : en effet autant le fer fe lie bien avec le plâtre, & en eft l'ami, autant au contraire le bois femble en être l'ennemi. Il y a encore une autre forte de cloifons lé-
gères qui n'ont qu'environ 3 pouces d'épaiffeur tout compris : on les fait avec des planches de batteaux, affemblées à claire-voie dans des eou- liffes haut & bas, & entretenues dans leur hau- teur par des traverfes ou entre-toifes que l'on laiffe apparentes ; ces cloifons fe lattent tant plein que vuide, fe crépiffent & enduifent des deux côtés , & elles font d'une grande reffource dans la diitri- bution des appartements, attendu quelles char- gent très-peu les planchers. |
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416
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Article V.
De la Maçonnerie des Lambris,
Les lambris dans les étages en galetas fe lat-
tent, foit à lattes jointives , foit tant plein que vuide contre les chevrons cru autres bois. Quand il fe trouve des lucarnes dans ces étages, on ma- çonne leurs jouées comme les cloifons pleines, c'eft-à-dire qu'on les hourde , foit en laiffant les bois apparents 3 foit en y faifant un lattis de 3 pouces en 3 pouces avec un enduit. Article VI.
De la Maçonnerie des Efcaliers.
IL y a quelques travaux de maçonnerie à faire
dans l'exécution des efcaliers de charpente, lef- quels conMent à latter le deifous des paliers & des rampes des marches , que l'on nomme communé- ment coquille, à lattes jointives bien clouées, & à maçonner enfuite par deffus, entre les mar- ches , avec plâtre & plâtras : après cette opé- ration , on enduit de plâtre fin le deifous des marches & paliers, & enfin Ton finit par couvrir le deffus avec des carreaux de terre cuite, qui affleurent lefiites marches. ■„ ■■■,■■". ■ - ■■' '- *■' \Λ ' -
Article VII.
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ü^Architécïuüë. 417
1 Article VIL Des Ravalements.
Les Ravalements 11 ont aucune difficulté : ils
confiaient à faire un crépi & enduit en plâtre fur nn mur vieux ou neuf en moilons ; fi c'eft fur un vieux mur , il fmit acher l'ancien ravale« ment , dégrader les joints , y faire des lancis de moilons , lorfqiùl en manque. On fait auiïï des ravalements fur un pan de bois : après l'avoir latte , on le crépit & l'enduit, en obfervant de mettre du rapointiiiage fur les bois, afin que le plâtre puifle s'y attacher. Les ravailements s'opè- rent en commençant par le haut d'un mur, & en iînifTant par le bas* |
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Article VII ï.
Des Scellements,
Les Scellements s'opèrent d'ordinaire avec du
plâtre ; & comme le trou, quand il s'agit fiir- tout de fceller un gond ou une barre de fer, eu fouvent beaucoup trop grand pour le recevoir » on le remplit de morceaux de tuillois qui", avec le plâtre , compofent un maflif fort foiide. Quand on n'a pas de plâtre & que Ton eil obligé de fcellef des gonds en mortier, alors il faut enfoncer des mor- ceaux de bois taillés en coins , en faiiant entrer les uns par le gros bout & les autres par la pointe ou le petit bout : mais ces gonds ne peuvent guères Tome F» Dd
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4Û Cours
être folides qu'autant que le bois relie fain, c*eft
pourquoi il ne faut employer pour cette opéra-*· tion que de bon cœur de chêne capable de fub* iifter long-tems fans fe pourrir. On fcelle encore au défaut de plâtre les gonds
avec du mortier de chaux & ciment, dans lequel on mêle de la moufle qui ne pourrit jamais, & qui donne ainû du fontien au mortier* Il y a des endroits où l'on fe fert pour le même
objet de limaille de fer détrempée dans du vi- naigre : après avoir entouré le gond de fiïafTe , on le fait entrer dans fon trou qu'on remplit de li- maille autant qu'on peut \ le vinaigre, en faifant rouiller cette limaille , unit fes grains enfemble jufqu'à en faire une maffe foiide & très - dure ; d'autres ajoutent à la limaille du tuillot pilé & paffé au tamis. Le défaut de ce maftic eft d'être long-tems à prendre corps ; & comme la li- maille gonfle en rouillant, elle eu: fujette à faire éclater les pierres lorfqifelles font tendres, ou quand le fcellement eft près du bord de la pierre : en ce cas on pourroit employer un maftic fait avec de la poudre de chaux bien détrempée avec une huile defiicative ,dela iuaiTe& du ciment paiïe au tamis de crin , & en obfervant de fourer dans le trou des morceaux de tuillots frottés d'huile. Il y en a qui allient de la poudre de tuilots avec des li- maces rouges broyées: enfin d'autres fe fervent de diverfes efpeces de ciment, comme de la chaux vive & du ciment gâché avec du fromage mol & du lait. En général le plâtre eil fupérieur à tous les maftics en cette circonftance : auiîi dans tous les pays même oit ce minéral eft le plus rare, fait-on enforte de s'en pourvoir pour opé- rer les fcellements avec folidké. |
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d'architecture* 419
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Article IX.
De la Conßruclion des Fours*
PlangheLXXXIV. On conftruit les Fours, Figure Ι, II & III, aflez
ordinairement à côté de la cheminée d'une cui- iine, dont on élevé & difpofe la hôte en con- séquence, afin que fon tuyau ait fon iffue dans cette cheminée pour l'échappée de la fumée. Les fours font ordinairement ronds, & fe font plus ou moins grands s fuivant qu'on les deitine à faires du pain ou de la patiiFerie : rarement cependant leur donne-t-on au-delà de 7 pieds de diamètre* L'aire d'un four doit-être élevé à 3 pieds au- deiiiis du rez-de-chauiTée, afin d'y pouvoir ma- nœuvrer avec facilité : on donne près de 2 pieds d'ouverture à fa bouche qu'on environne de,deux bandes de fer, fur 9 à 10 pouces de hauteur. Il faut obferver de tenir la voûte de la cha-
pelle d'un four la plus furbaiffée qu'il eil poffibie j & de ne lut point donner au-delà de 15 pouces de montée, quel que foit fon diamètre. La premiere * Affife C , tout au pourtour, fe fait fouvent en grais ; & le refle de la voûte fe conitruit avec du tuillot pofé de champ, maçonné avec du mor- tier de terre franche, & non avec du plâtre ou du mortier ordinaire que la violence du feu cal- cineroit en peu de tems : l'épaiiîeur de fa voûte au fommet dok être à-peu-près 8 à 10 pouces, & 12 à 15 pouces vers fa naiiïance. Quant à fon carrelage j les uns veulent qu'oa
Ddij
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420 Cours
l'opère avec de grands carreaux de terre culte de
2 pouces d'épaiffeur ; d'autres veulent qu'on le faite avec de la brique pofée de champ, ce qui n'eit pas auiîi bon ; quoi qu'il en foit on le ma- çonne comme la voûte du four avec mortier de terre franche (a). Enfin on laifie au devant de la bouche une Saillie B, de 7 ou 8 pouces, for- mant un efpece de tablette garnie d'une bande de fer plat par devant pour contenir fon carreau. Il eil ordonné par la Coutume de laifler au
droit d'un mur mitoyen , contre lequel on vou- drait conftruire un four, environ un ~ pied d'i- iolement ou d'intervalle, que Ton nomme vulgai- rement le Tour du chat, entre ledit mur mitoyen & le mur du four ; ifolement qui a pour but d'em- pêcher la chaleur du four d'endommager le mur commun. Article X.
De, la Conflruclion des Fourneaux Potagers.
Planche LXXX1V.
Les Fourneaux fe conilruifent, Fig. IV, V & Vi,
foit en briques avec mortier de chaux & fable, foit en moilons & plâtre avec un carrelage par deiîus. On affeoit leurs piédroits fur les voûtes, ou bien il faut leur faire un fondement exprès que l'on defcend d'un ou de 2 pieds au-deiïbus du fol de la cuifine. Leur élévation depuis le pavé |
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(a) Les Boulangers communément ne carrelent pas leurs
fours , mais y étendent feulement un aire de terre franche. |
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1.
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d'Architecture. 421
doit être 2 pieds ~ ou au plus 2 pieds 9 pouces. Ori difpofe d'ordinaire leur conftru&ion par arcade de 2 pieds de largeur, que l'on élevé fur de petits murs de Parpin M ^ de $ k 9 pouces d'é- paiffeur, & qui ioutiennent vers leur naiifance le Cendrier Ν ; ce cendrier eil compofé d'un aire de plâtre carrelé d'environ 2 pouces d'épaiffeur, lequel eft foutenu par de petites barres de fer dit côte de vache, efpacées de 5 à 6 pouces. Enfin l'on met fur le devant du pourtour du cen- drier & du bord fupérieur des fourneaux , deux bandes de fer plat de 2 pouces de large, pofées de champ , pour retenir le carreau , & dont les extrémités font fcellées dans le mur qui eft adoffé- audit fourneau, afin d'entretenir le tout folide- ment. On doit obferver lors de cette conftruction la
place pour les Réchaux de fonte H, figure IV, lefquels fe font de forme quarrée, au bien oblon- gue pour les poiiTonieres. On fait auffi des fourneaux - potagers fans ar-
cades , avec des plates-bandes en briques , foute» nues par des bandes de fer plat, efpacés de 7 ou 8 pouces fuivant la largeur du fourneau , & pofées comme celle du cendrier fur les murs de fépara- tion : ils font plus commodes que les autres, mais {ont plus coûteux. |
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Ό du}
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4%i Cours
Il
Article X I.
Du Carrelage.
ON ne met du parquet que dans les apparte-t
ments ? & on le pofe fur des lambourdes ma-?, çonnées à auget iur un plancher, pour pouvoir le dreffer & l'arrêter convenablement : mais les antichambres 3 les garderobes, les corridors , les logements de domeftiques., ainfi. que les planchers, îles maifons ordinaires , fe carreient avec du car™, reau de terre cuite. Le carrelage faifoit , il y a 50 ans , partie de$
légers Ouvrages d'un bâtiment, & fe payoit com·? me tels : mais aujourd'hui ce font des Potiers de terre & non les maîtres Maçons qui entrepren- nent ces fortes d'ouvrages , & qui fournüTent Iqs. ouvriers pour les pofer. On diitingue pluiieurs fortes de carreaux : les
uns font de forme quarrée $, & les autres font à pans ou de forme exagone. Comme les derniers, ont plus de folidité que les premiers , attendu que leurs angles ne font pas auiîi fujets à s'écor- ner, on les emploie de préférence dans les chani*: bres, & l'on réferve les carreaux quarrés feuler ment pour lès âtres de cheminées. Les carreaux à pans font de deux échantillons
différents, les petits ont 4 pouces & les grands 6 pouces: il en faut de ceux-ci 160a & environ, 300 des autres. Après que l'aire de gros, plâtre que le maçon.
a étendu fur le lattis d'un plancher efl bien fec, lç carreleur mei une fauffe aire aiiiE de plâtre |
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d'Architecture. 41$
dans lequel il mêle de la pouiEere pour amortir
(on aäion, Stil enfonce le carreau dans, cette fauffe- aire le plus près qu'il peut, en ubfervant de le bien drefler de niveau dans, tous les (ens ; il n'y a communément point d'autre difficulté dans cette opération.
On met volontiers dans les vefYibules , les. anti-
chambres ,, les falies à manger, les falies âes bains,, les paliers des efcaliers % au lieu de carreaux de terre cuite % des dalles de pierre de liais d'un pouce d'épaiffeur , que Ton façonne en deiïus, par dçts traits de fcie de 2 on y lignes de pro- fondeur,, ce qui imite des carreaux quarrés,.& eil beaucoup plus folide que Si on les mettait vérita- blement féparés les uns des autres. On trace éga- lement fur ces dalles des carreaux à pans, & Ton refouille entre eux des places , pour y loger de petits carreaux quarrés noirs de pierre de Caen ou de marbre. Ce font les marbriers qui four- niiTent & pofent; ces daiies ? ain£ que ces, fortes de,. |
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Cours
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42-4
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C H A PITRE XII.
j) ε la maniere de β ast 1 r les
Maisons toute en τ εrrε,
dite Pisé. Figure X5 Planche L'X XXIV".
1 ^ Ο υ S avons oublié en traitant de la contrac-
tion des Murs de parler des bâtiiies en terre 9 qui ont lieu dans plufieurs Provinces de France. Comme dies peuvent être utiles clans les endroits où il n'y auroit pas de pierre , nous croyons ne devoir pas laiiler ignorer comment elles s'o- pèrent, La bâtiffe en pifé eft fort en ufage depuis très-*
long-tems dans le Lyonnois, l'Auvergne, le Bour- bonnais , le Dauphiné, la Principauté de Dombes, & les Provinces circonvoiilnes. Le Pifé eil une çfpece de terre graveleuie très - commune dans ces endroits, & fufceptible de pouvoir être rendue »fiez compacte par l'art, pour ne point s'écrafer fous les fardeaux, 11 eil poiîibie d'élever avec cette feule matière les murs d'une maiion juf- qu'à 2 étages, & de leur donner une durée com- parable à ceux bâtis en pierre. Les Fondations Q de ces fortes de murs s'o-
pèrent â l'ordinaire , ceit-à-dire en pierres ou en moilöns jufqu'à environ ι pieds au-deffus du pavé, à l'eiFet de les mettre à l'abri de l'humidité, Quand QU îù pas de tnoilons, il faut ereufer les |
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IpPiP". . " ■ πΓ -^ T -„-—.,—„-. .
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d'Architecture. 425
rigoles des fondations de la largeur précife dont
©n a befoin : puis on fait ce qu'on appelle du mortier de Baum , qui coniifte à prendre de la chaux en pierre que l'on couvre de gros gravier, & à jetter de l'eau fur ledit gravier, laquelle, après l'avoir pénétré, fait fufer la chaux : pendant que cette chaux eft bouillante , on mélange bien le tout enfemble, & on remplit fur le champ , avec ce mortier , les fondations jufqu'à la hauteur du terrein feulement. On choifit enfuite les plus gros cailloux qui fe trouvent parmi le gravier, & on en fait des murs de deux pieds de hauteur au-deiTus du rez,-de-chauffée comme ci-devant, le tout maçonné avec de bon mortier ordinaire. On place fur ces fondations qu'on a eu foin
de bien arrafer un Encaiffemenr R, compofé de deux rangs de Planches S, aiïemblées à rainure » d'environ 10 pieds de long,fur 2 pieds \ de haut, lesquelles font efpacées d'à peu-près 20 pouces , qui eil l'épaiiTeur que l'on donne d'ordinaire aux murs en queftion. Ces planches font entretenues çn dehors par des Montants Τ , dont le bas eft arrêté par des Traverfes V , qui débordent les murs avec des mortoifesaleurs extrémités , & dont le haut eft arrêté par des brides & des étréfil·- lons W. Le Pifé ayant été tranfporté à l'attelier clans
des facs , les ouvriers en rempliiTent peu à peu TencaifTement, en obfervant de îe battre à mefure avec de gros Pilons de bois Ζ , pour le com- primer autant qu'il eft poffible : cela fait, on dé- monte l'encaiflement en débridant les Montants T, (k en retirant les traverfes, pour le tranfporter plus loin & entreprendre une autre portion de mur. On pouriiut ainft fucceiîivemem tous les |
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42.6 Cours
murs, foit de face, foit de refend, dans toute
leur longueur jufqu'à-ce qu'ils ibient tous ter- minés à la même hauteur, comme ii on plaçoit un court d'affife en pierre. La feule attention à avoir eil de terminer en talut, & non par une ligne perpendiculaire , la jonftxon de chaque partie d'encaifTement, comme on le voit en X, & d'étendre enfuite fur chaque talud du mortier de chaux & fable 5 pour lier la partie d'ençaiiTemenf fuivante. Le premier rang étant fini , on pofê l'encaif-
fement au-deifus, afin d'en conftruire un fécond en bonne liaifon, &: en affectant de ΐΐ&η jjamaia entreprendre un nouveau que le précédent n'ait été entièrement terminé dans tout fon pourtour. On obferve à la hauteur de chaque plancher % de mettre, en conitruifant ces murs, un cours de plateformes de 3 ou 4 pouces dans leur épaif- feur, pour porter le bout de& folives & rendre leur compreiîion égale ;. &l s'il y a des poutres , on place directement fous leurs portées un efpece de coufixnet ou de plate-forme de 2 pieds de lon^ gueur fur un pied de largeur : enfin fur le haut des murs, on établit, comme de coutume, un cour? de plateforme pour recevoir la charpente du toit«, Ceft ainii qu'on élevé tous les murs d'une man fon en pifé jufqu'au faîte, en leur donnant à Γοχ- dinaire un peu de fruit. A mefure que l'on fait un mur, on obférve de
pofer des linteaux 3 des huirTeries & des chaffis au droit des portes & des croifées ; & ft l'on vouloit ériger les jambages des portes & des croifées en pierre ou en briques avec des linteaux de bois 5 il faudrait auffi les élever en mime, terns que les murs ; m&& |
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d'Architecture. 42,7
quand on juge que les murs ont exhallés toute
leur humidité, on finit par revêtir leurs parçments intérieur & extérieur d'un bon enduit de chaux & fable \ & pour que i'endujt s'attache aifément fur ces murs , on les pique ruftiquement avec la pointe d'un marteau. Il y en a qui gravent en- fuite des joints fur cet enduit pour imiter des cours d'affifes de pierre , ce qui donne à ces fortes d'ouvrages un coup d'œil très - agréable δς femblable à celui des maifons ordinaires. Ce genre de bâtiffe eil à la fois très-économi-
que & très - expéditif ; il pourroit être employé avec avantage en bien des endroits où la pierre eil rare, d'autant que la terre graveleufe nécefc faire pour l'opérer, eft çn général plus commune qu'on ne penfe. Explication de la Planche LXXXIII,
Repréfintatit les détails de la Conflraction
d'une Cheminée, Les Figures I, II & III, font voir le plan, l'élé-
vation &le profil d'une cheminée en briques, avec des lettres de renvoi femblables aux mêmes objets. A » Vuide de la trémie garni de 2 bandes de
fer coudées aux extrémités : une de ces bandes de fer eil repréfentée à part en a , à cpté de I3, figure i. Β, Β, Solives d'enchevêtrure fervant à porter
les jambages de. la cheminée & les bandes de, trémie, Ç 3 Çhçvêtre dç charpente,
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■4-S ■ Cours
D , D, Jambages de la cheminée que Ton ma-
çonne avec plâtre & plâtras , ou eu briques. E, Mur contre lequel la cheminée eitacIoiTée,
s'il eil mitoyen ,& où elle peut être engagée »s'il en de refend. On fait d'ordinaire dans ce mur une tranchée après coup , pour loger les lan- guettes coitieres, & de refend, fur-tout quand les tuyaux font en plâtre. F, Tablette de la cheminée, fous le milieu de
laquelle on met un manteau de fer quarré fcellé dans le mur ; lequel manteau eil représenté féparé- ment en/', à côté de la figure I. G, Linteau de. fer quarré appelle Barre de lan-
guette , que Ton met à-plomb & fous la naiffance de la languette de face d'un tuyau , & qui eft porté fur les jambages D , D, pour aider à le foutenir au droit du vuide ou de l'ouverture de là cheminée. H, Contre-cœur garni d'une plaque de fonte,
arrêtée avec des pattes coudées, fcellées dans le mur : fouvent on garnit de plaques de fonte tout le pourtour intérieur de la cheminée d'un appartement; ce qui compofe 5 plaques; fçavoir, une grande dans le milieu à l'ordinaire > deux moyennes au droit des jambages , & deux dans les angles qui font creufes par le plan. 1,1, Figure I & Π , Tuyau confierait en bri-
que ; on fait quelquefois un arc en décharge def- tiné à rejetter fon poid de part & d'autre vers les jambages: cependant à moins qu'une cheminée ne foie très-grande, il fufïït d'ordinaire de pofer une barre de languette fur les jambages, comme on l'a dit plus haut. L, Double-Plintfie en pierre tendre, dont on
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d'Architecture. 429
êrampone les affifes par deiïiis au droit des joints. M, Figure III, Fermeture de cheminée ar-
rondie en dedans en quart de cercle , δε 'qui ré* duit dans le haut la largeur du tuyau à 4 pouces d'ouverture. K, Equerres de fer qui embraffent le pourtour1
des languettes faites en briques, & qui font in- ferrées dans leur épaiffeur à 3 pieds de dliîance environ Tune de l'autre fur la hauteur du tuyau. On voit en k, au bas de la Planche la figure d'une de ces equerres que l'on fait de fer plat, dit côte de vache , dont les extrémités font fendues & relevées. Ν , Murs en aile, qui vont joindre mfenilblement
les murs de face. La Figure IV exprime le plan d'une partie de
cheminée faite en plâtre. Ο, Tranchée faite après coup dans le mur
moilon. Ρ, Chaînes de fantons que Ton met de 2 pieds
en 2 pieds fur la hauteur du tuyau pour lier en- femble les languettes de face, celles de refend & de codieres avec les murs doffiers. On voit en ρ j ρ, la forme particuliere des fantons avec leurs crochets. La Figure V, eft une cheminée comprife dans
une clofïon de charpente, & dont on fait ia p-irtie correfpondante Q, tout en briques, en laifïant de part & d'autre entre l'intérieur du tuyau & les poteaux R, environ 6 pouces , fuivant les Or- donnances. Quant à la fabliere , qui contient le pied de la cloifon, il faut dans ce car- la couper au droit du foyer de la cheminée , & lier fes deux parties vers cet endroit avec une bande de fer. 11 y en a cependant qui, m. lieu d'interrompre cette |
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430 C o u ft s
fabliere, fe contentent, ibit de la placer tiii peu
plus bas que de coutume, foit de la diminuer d'é- pahTeur, en y faifant une levée au-deiTous de l'âtre , afin qu'elle fóit ifoiée; mais cela n'eit pas auffi sûr. La figure VI, offre différents Plans de tuyaux
de cheminées , compris, foit entièrement, foit ert partie dans l'épaiffeur d'un mur de refend. Le bas de cette figure exprime le Pian des jambages j & le haut exprime les tuyaux engages plus ou moins dans le mur. La figure VII, eff. le Plan d'une fouche com-
pofée de quatre tuyaux de cheminées , dont trois font dévoyés à côté les uns des autres, & dont le quatrième eit placé en avant. La figure VIII, eft le Plan & l'Elévation d'une
Souche compofée de trois tuyaux de cheminées, terminés par des mitres , & accompagnés de Murs en aile Τ : les lignes ponctuées horifontales, re~ préfentent les chaînes des fàntons, & les verti- cales , les languettes de, refend des tuyaux. <taniAlg
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Explication des Figures
de la Planche LXXXIV. Les Figures I, II & III repréfentent, la pre^
miere le Plan d'un Four , la féconde fa Coupe, & la troifieme fon Elévation vue de face. Elles ont toutes trois des lettres de renvois correfpondantes aux mêmes objets. A, Bouche du Four.
Β, Tuyau pour le paflage de la fumée, qui va
répondre dans celui de la cuiiine, figures II & IIL C, Chapelle du four qui eft carrelée.
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D * À R C H I ΐ Ε C Τ U R Ë. 431
D , Tablette auiîi carrelée > qui eft pofée au-
-devant de la bouche & garnie-d'une bande de fer* E, Voûte de la Chapelle conftruite en tuilot,
figure IL F, Figures II & III, deiïous du Four, où l'on
met d'ordinaire fécher le bois. La figure IV, repréfente en partie le Plan d'un
fourneau Potager. G, Fourneau de fonte de forme quarrée ou
circulaire. H, Autre Fourneau de fonte de forme oblongue,
nommé Poiiïonniere* I, Bande de fer qui environne les fourneaux ,
& qui eil fceilée dans le mur adoffé. La figure V , fait voir une partie de l'élévation
d'un Fourneau à arcades, conftruit en briques. Κ & L, Bandes de fer.
M, Mur de parpin fervant de Pied-droit.
Ν , Cendrier garni d'une bande de fer.
La figure VI, eft le Profil du Fourneau.
Ο, Maftif-moilon fervant de fondation.
Ρ, Profil du Cendrier, où l'on voit la coupe des
petites barres de fer qui le fupporte. Q, Profil d'une Arcade , & d'un Fourneau de
fonte. R, Paffage d'un autre Fourneau.
La figure VÎI, repréfente le Profil d'un Plancher
à entre-voux. La figure VIII, fait voir le Profil d'un Plancher
ä äuget. La figure IX, eft le Profil d'un Plancher ordi-
naire avec des lambourdes , vues en coupe pour pofer du parquet. La figure X, exprime la façon de bâtir les murs
en terre dite pifé. |
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% Cours
Q, Murs-moilons ou de blocage, fervant de fou*
déments ,& élevés de 2 pieds au-deffus du pavé. S y Encaiffement compofé de 2 ou 3 rangs de
planches, que Ton remplit de terre. T, T, Montants.
V, V, Traverfes où les montants font encaitrés,
& entretenus dans le bas par de petits coins de bois. "W ? Brides & Etréfillons fervant à contenir les
montants Τ, par le haut. X ? Forme oblique que Von doit donner au pifé »
au bout de chaque encaiffement, afin de foraieï une bonne liaifon avec le fuivant. Y, Partie de Mur, déjà élevée en pifé, où Ton
voit encore les troux des Traverfes V% que Fofâ bouche après coup. Ζ, Pilon vu de face & de profil, fervant à battre
le pifé dans l'encaiiTement, pour FaiFermir & lui donner la confiilance nécefîaire. |
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CHAPITRE xnii
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d'Arc h ι τ ε c τ u r e. 433
..-.Ι.Ι... .ΙΙ.,.Ι.^,νν^^,ίί^ν^ΑΐΑ»»,.,.....IU.II-I1 Ι»!......111. IH........"H^/l
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CHAPITRE XIII.
Des1-' Machines et des Echafäuts
dont on se sert pour l* execution DES BaSTIMENTS.
^Planche LXXXV.
%J Ν fait' ufage de pînfieurs machines dans l'exé-
cution des bâtiments, qu'il eil bon de ne pas laiffer ignorer. La plus confidérable eil la Grue A flgurei, dont
l'office eil de tranfporter les pierres les plus lourdes jufqu'au faîte dun édifice,& même de les pofer dans la place qui leur convient.Eüe eil compoiee d'un Arbre de bout ou poinçon A , dont le pied eil porté fur huit Pièces de bois fty qui fe croifent „ & eil entretenu par des Contre-riches G. L'arbre de cette machine eil toujours immobile,
& foutient dans fa partie fupérieure un Pivot armé de fer D, fur lequel peut tourner tout le reile ; fçavoir l'EcheUier E, pièce de bois placée obli- quement & garnie de chevilles, fervant comme d'échelle pour monter jufqu'au haut; les Moifes F, & les Liens G , fervant à contenir l'échellier dans fa pofition ; les Sonpantes H , fervant à porter le Tambour i ,& le Treuil Κ. -ι Son jeu confiile à faire mouvoir le Tambour I
«m, en tournant, fait filer ou défiler,autour du
treuil K, le Cable L, au bout duquel eil la Pierre M :
-alors, quand on juge la pierre fùiîifamment élevée,
Tome V, Ee
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MA Cours
■on fait tourner toute la partie fupérieure de la
machine fur le Pivot D , avec la pierre, jufqu'à Fà-plomb de l'endroit où elle doit être pofée. Toutes les pièces de cette machine font aflerri-
blées, de maniere à pouvoir fe décheviller & fe démonter facilement pour être mife dans un ma- gafin , quand on n'en veut plus faire ufage. Le Gruau , figure 11, eil plus fimple que la
grue , & fert à élever des fardeaux moins coniidé- rables : il eil compofé d'un Pivot Ν , d'un Echel- lier Ο, d'une Contre-fiche Ρ , & d'un Treuil Q, fur lequel le cable , où eft attachée la pierre, fe dévide; l'on fait tourner le treuil, non avec un tambour, comme ci-devant, mais feulement avec quatre Bras R, difpofés en croix, L'infpecîion delà figure fuffit pour faire fentir comment fa partie fupérkure doit enlever une pierre & peut tourner fur fon pivot. L1'Engin , figure III, fert comme les deux précé-
dentes machines à élever les pierres, mais ne donne pas la même facilité de les pofer où l'on veut. Il eft compofé d'un Fauconneau S, d'une SelietfôfTj d'un Poinçon V , avec deux Contre- fiches W ·> d'une ÈeheUier X , qui arcboute la machine , & d'un Treuil Y, fur lequel le cable fe dévide*. <■ "oh ::ni ,-. La Çkevre, figure IV, s'employe communément
pour élever les pierres des maifons ordinaires', car on n'employé guère les grues & gruaux que pour l'exécution les grands édifices. Elle eil com- pofée d'un treuil avec un bras , autour duquel file pu défile·un cable , d'une poulie , & de deux çfpéces de jambes de force, entretenues par deux traverfes. , %Ά Sonem ou Mouton, figure V, eil deilinéeà |
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d'Architecture. 43*5
enfoncer des piiots à l'aide d'un gros Billot de
bois a, de 5 ou 600 livres pelant , placé entre deux couliffes, & qui s'élève -à force de bras , par le moyen de Cordages £, pour le laiffer rëtomber- enfuite fur la tête du Piloî c Le Cabeßariy figure Vi, eil un efpéce de Roü- j
leau d, pofé verticalement, & que l'on fait tour- ner avec quatre Leviers e,es difpolés eû> croix dans fa partie fupérieüre ; ia fonâion efl'de tirer horifontalement les fardeaux à l'aide d'un Cable fi Le VindäS) figure Vil , eil un Rouleau cylin-
drique g', pofé horifontalement, dont les extré- mités font percées par quatre Leviers Ä, placés en croix, pour faire filer & défiler le cable. îl fertà • élever des pierres perpendiculairement ; ön; en voit communément au-defliis des puits des* carrières de moilon; \ - La Loiùvè, figure VIII, eil d'ordinaire une-pièce
de fer quarréë à queue d'aronde , garnie d'un œil ou d'un anneau dans lequel on paffe un S de fer, fervaïif à y attacher la corde ou le cable: à côté font dieux autres morceaux de fer égaux qu'on nomme Lowetaüx.Son ufagë efl de retenir les pierre» qu'on eiileve : pour cet effet on pratiqué dans uri'dë leurs lits, un trou plus large dans le bas que dansle haut /où on logé d'abord la louve ,& ert-- iuite ksdëu^ louveteau &, lefquels · tiennent- cette main de fêi' ÎiîféVmë i? qltë la pierre rie fçauroit s'en détachëTv ■· ·;· Γ tai■GWjféy'figure IX :/fért ait même ufagë que
la lotwe· : elle eil faite comme des ciieaux : il faut auffî-pratiquer daris le lit delà pierre une mortôifé plus large'dans lé fond1 qu'à Feutrée pour'la* rete^ Vbif ;idërfbrië que, quand fca griffe y efl introduite, W poids* d& lü pierrè~; Me écarter fes branchés > Eeij
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■Ì^ÇÇÑ·ÑÑÑ<ÌñÀÉ^çêçñ^Ñ^^^*^^«^^ÂíÇÌ·ÌÂçñ·«ÑÑÉÉÂ<Ñ«ÉÀñÀÀñÇÑÌÂÉÇÇ!Ì^
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4}6 Cours
& les oblige à ferrer d'avantage les côtés de la
mortoife.
Le Cric, figure X, eft une machine qui fert aux
Ouvriers pour foulever les pierres d'une certaine groiTeur, & les mettre en chantier : il ne s'agit pour cela que de tourner la Manivelle/, qui élevé à proportion le CroifTant k, foit lorfqu'il eil chargé de la pierre, foit lorfqu'il eft placé fous la pierre. La Demoifelle, figure XI, fert à faire taffer les
pierres. La Civierre, figure XIII, fert pour transférer de
petites pierres à bras d'hommes. La Manivelle, figure XII, fert aux Ouvriers à
remuer leurs pierres : elle eft traversée dans le milieu d'un Boulon de fer m, pour faciliter cette opération , à l'aide du Levier > figure XIV. Indépendamment des machines qu'on employé
journellement pour la conftru&ion , on fait divers échafauts couverts de planches pour le fervice d'un bâtiment. Les échafauts les plus légers fe nomment volans »
& font faits de planches portées par des pièces de bois qui entrent par les bayes des croifées dans les chambres, où l'on foutient leurs baffecules : mais les échafauts les plus ordinaires montent de fond, & font portés par des écoperches ou perches pla- cées de bout, & des boulins placés horifontale- ment, fcellés dans les murs par un bout, & atta- chés par l'autre avec des cordages aux écoperches. Comme ces fortes d'échafauts embarrafTent le paf- fage de la rue, on difpofe yolontiers dans le bas des perches ou boulins inclinés en maniere de liens ou de contre-fiches, que Ton appuie .contre le bas du mur, & fur lefquels on élevé enfuite les écoperches & les boulins, où l'on place des pian- |
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d'Architecture. 437
ches comme ci devant. Ces échafauts fervent à
porter les Ouvriers , foit qu'ils pofent les pierres * foit qu'ils érigent des murs ordinaires, foit qu'ils faifent des ravalements ou ragréments. Quant aux grands échafauts , ils fe font en
charpente , & montent de fond; tls font compofés de pointails pofés fur des couches ou chantiers, & contreventés par des arc-boutants ou contre- fiches , qui forment des efpéces de fermes deftinées à recevoir des planchers à de certaines hauteurs. |
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Cours
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CHAPITRE Χ Ϊ V.
ARTICLES DE LA COUTUME DE PARIS ,
<?£// REGARDENT LES BjSTIMENTS.
Τ JLiA connoiffance des Loix des Bâtiments eil
eiiëntieile à un Archke£k\ Sans cette étude , il court riiqiie de conflituer les Propriétaires qui l'employent, dans des procès ruineux avec leurs voiiins, & capables de nuire à ia réputation. Il eil important, qu'il fok inilruit comment il lui eil permis d'en uier à l'égard des maifons voifines, & quelles font les feryitudes auxquelles il eil tenu en bâtiilant. On appelle fervitude raffujétiffement d'une choie à un autre. Les fervitudes font de trois fortes : les unes font d'obligation, & pref- crites par la Coutume ; les autres font celles de convention, ou par titres, &. qui font attachées à la propriété d'un bâtiment, comme d'avoir droit de vue directe fur fon voiiin, cave fous fa maifon, un puits commun, paiTage des eaux ïur fon ter- rein , &c. Les troifiemes font des tolérances ou des permiiîions que l'on accorde verbalement, & qui peuvent être fupprirnées & otées dès qu'il plaît à celui qui l'a permis, ou quand il veut faire bâtir. " La Coutume de Paris concernant les Bâtiments,
a été rédigée en 1580 fous Henri iil, & a été com- mentée depuis par nombre de Jurifconfultes (a), 00 Les principaux Jurifconfultes qifi ont commenté la Coia-
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d'Architecture, 439
& même par quelques Archite£tes , entre au-
tres par M. Defgodets (a) , Archite&e du Roi , & ProfeiTeur de l'Académie Royale tiune de Paris ,.& d'après lefquels nos Experts ont puifé leurs
interprétations, font : Charles Dumoulin , Avocat célèbre , né à Paris en 1500.
Louis Lecaron , né à Paris, & mort à Cleimont en 16157.
Gilles Fortin qui donna , en 1595, des Remarques utiles fur la
Coutume. René Chopin , d'Angers , mort à Paris en 1606,
Jean Tronfon , qui nous a lailTé des Commentaires fur la
Coutume , qu'il fît paroître en 1618. Maîtres Tournée, Labbé Se Joly , qui tous trois ont fait des
notes fur la Coutume, Celles du premier datent de 16x3 ; celles des deux autres font dans une nouvelle Edition, à la fuite des notes de Tournet. Claude Guérin , né à Angers , qui imprima un Commentaire
fur la Coutume en 1634. Julien Brodot, Auteur célèbre , qui a donné, en 1558 , deux
Volumes fur la Coutume. Marie Ricard , né à Beauvais en iîîiS , Un des habiles Avocats
de Paris Λ mort en 1666, Auteur exaét & fort eftimé des Jurif- confultes. Barthelemi Ozonet, né à Paris en 1^91, mort en 1673, qui
nous a donné des notes fort fçavantes fur la Coutume. Claude Dupleflis, habile Avocat, né en Perche en i6%6, qui
nous a laiifé d'excellentes maximes fur notre Droit coutumier. Jean Le Camus , Lieutenant Civil, né à Paris en 1637, mort
en 1710, qui a publié un excellent Traité & des Obferva- tions très-eiîentielles fur cette partie de notre Jurifprudence. Enfin Eufebe Delorieres , Avocat, qui nous a laiifé en 1698
des notes excellentes fur la Coutume de Paris 5 mais particulier rement un GloiTaire du Droit François, qui s'eft attiré l'appro- bation générale des Sçavants. La Coutume de Paris n'eft point générale pour tout le Royau-
me , & elle diffère fur bien des articles dans la plupart de nos Provinces : c'eft pourquoi un Architecte , avant d'y bâtir, doit ■s'en inftruirc. (d) Antoine Defgodets , naquit à Paris eni<>n & mourut
en 1718. En paifant en 1674 en Italie pour s'inftruire , il fut pris par des Corfaires d'Alger } & emmené en captivité , où il demeura jufqu'en 1676 , qu'il fut échangé par ordre de Louis- le-Grand : de-la il continua fa route pour Rome, où il employa 16 mois à former fon Recueil intitulé, Les Edifices Antiques de E e ιν
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-^asSLiaii_____
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44° Cours
d'Archite&we , dont on eilime particulière-
ment l'interprétation , fur-tout avec les notes qui y ont été ajoutées par feû M. Goupi, Archi- tecte-Expert Bourgeois. La plupart des Experts ne font rien moins que
d'accord fur l'interprétation de la Coutume; aufii eit-elle la matière de la plupart des procès en fait de bâtiments ; c'eit pourquoi , fans adopter un fentiment plus que l'autre, nous nous bornerons à expofer le tvxie de ces Loix , en y joignant feulement quelques observations pour en faire comprendre le fens littéral , dont on convient affez généralement, renvoyant pour les difcutions aux différents Commentaires que Ton a publié. |
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Rome, mis au jour en Ié8^ ; Ouvrage qui lui a fait beaucoup
d'honneur ; quelque rems après fon retour cle Rome, il fut nommé Architecte du Roi, puis Contrôleur de fes Bâtiments à Chambord, & fucceiïïvement au Département de Paris : en 17151 il remplaça M. de la Hyre, en qualité de ProfeiTeur à l'Académie Royale d'Architecture ; place qu'il a rempli avec beaucoup de diilin- £hoii pendant 9 années. |
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d'Architecture, 44*
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Article 184.
Quand & comment Je font les Vifitations
\ & Rapports d'Experts-Jurés. En toutes matières fujettes à vifitatîon,
les Parties doivent convenir en jugement des Jurés ou Experts , ou Gens à ce con- noiiTans, qui font le ferment pardevant les Juges : ôc doit être le rapport apporté en juftice, pour, en plaidant ou en jugeant le procès y y avoir tel égard que de raifon, ïans qu'on puiiÎe demander amendement -, peut néanmoins le Juge ordonner autre ou plus ample vifitatîon être faite s'il y écheoit > & où les Parties ne conviennent de per- fonne, le Juge en nomme d'office. ParunEdit du Roi de 1690, il a été créé foi-
xante Charges d'Archite&es-Experts pour la Ville de Paris, qui ont droit d'exercer par toute l'éten- due du Royaume , dont trente font Experts- Bourgeois, & les trente autres Experts Entrepre- neurs , fans compter feize Charges de Greffiers de TEcritoire. Les vacations font réputées d'environ trois heures de travail, & font payées à raifon de fix livres à Paris, & de douze livres à la Campagne pour chaque Expert, le quart desquelles fommes fe met en bourfe commune. Outre cela, il a été créé fix Charges d'Experts dans toutes les Villes où il y a Parlement, qui n'ont droit d'exercer que |
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44* Cours
dans l'étendue du reffort, & de plus trois autres
Charges d'Experts dans toutes les Villes où il y a Généralité & Préfidial , qui n'ont droit d'exercer que dans l'étendue du reffort de la Généralité ou du Préfidial. Ce font ces Experts feuîs qui font réputés être
les gens à ce connoiffans en juftice, & qui feuls peuvent être nommés pour faire ces fortes de vifites & de rapports. On les appelle Jurés, parce qu'ils font obligés de prêter ferment, & d'affirmer en jugement de rapporter la vérité avant la vifite àes travaux : cependant ils ne font guère ce fer- ment qu'une fois pour toutes lors de leur ré- ception. Les matières fujettes à viiitation ont pour objet,
les eitimatiofls des ouvrages en bâtiment, les dif- cutions qui fuf viennent par rapport aux fervitudes, les prifées de la valeur des biens pour les par- tages entre les héritiers, les procès entre les Pro- priétaires & les Entrepreneurs, pour le règlement des mémoires, ou lorfqu'on aceufe ces derniers de n'avoir pas exécuté les devis & les marchés convenus, &c. Quand il furvient quelques difcutions en bâti-
ments , il erl d'ufage que chaque Partie nomme un Expert; s'ils ne s'accordent pas, le Juge nomme un troiiieme Expert d'office. Les Experts doivent être toujours afliftés d'un Greffier de l'Ecritoire, dont îa fonction eil d'écrire, de rédiger les rap- ports , les prifées, d'en garder les minutes, d'en délivrer des copies ou expéditions à ceux qui en ont beibin, - |
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d'Architecture. 443
Article 185.
Comment doit être fait , figné & délivré
le Rapport. Et font tenus lefdits Jurés δ£ Gens à ce
connoiiÎans, faire & rédiger'par écrit, 8c ligner la minute du rapport fur le lieu, & paravant d'en partir, ck mettre à l'inilant ladite minute ès-mains du Clerc (a) qui les affilie , lequel eil tenu dedans les vingt- quatre heures après de livrer ledit rapport aux Parties qui le requièrent. On fuppofe dans cet article , que le rapport
peut être fini en une feule* vacation ; mais comme cela n'eft pas toujours poffible lorfqiul y en a pluueurs , il faut entendre que cette délivrance de rapport ne fe doit compter que vingt-quatre heures depuis la dernière vacation. {a) Ce font les Greffiers de l'Ecritoire , que l'on'défigne ici
fous le nom de Clercs. ARTICLE- 186.
Si la Servitude ou la Liberté s'acquiert par
prefcription.
Droit de Servitude ne s'acquiert par
longue jouiilance, quelle qu'elle foit, fans titre , encore que l'on ait joui par cent axis: mais la Liberté fe peut réacquérir contre le |
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444 Cours
titre de Servitude , par trente ans entre
%és &; non privilégiés ( a ). Aînfi il ne fçauroit y avoir , fuivant cet arti-
cle 5 de fouiFrance quelconque d'une maifon fur l'autre, fans titre par écrit qui en explique claire- ment toutes les circonilances ; telles,par exemple, que des vues droites dans des murs mitoyens, des paflages pour les eaux à travers un terrein voiSn , ou l'égoût des toits d'une maifon fur l'autre, &c ; mais , en fuppofant que cette fervi- lude (ut due à un voifin, & que celui-ci ait ceffé d'en faire ufage pendant trente ans confécutifs ou de fuite, fi cela eil prouvé par témoins , il y a prefcription, & il perd fon privilège '9 c'eft le fens de cette Loi. (a) Par Privilégiés , on entend les Mineurs , les Commu«
tînmes Reîigieufes, les Eglifes, les Hôpitaux , les Colleges , les Scigneuts Haut-JuiKeiers. Article 187.
Qui a le fol a Le dejfus & Le deßbus} s'iL ri y a
titre au contraire. Quiconque a le fol, appelle l'étage du
rez-de chauffée, a le deiTus & le deiTous de fon fol, Se peut édifier par deiTus & par deiibus, &; y faire puits, aiféments & autres clioiès licites, s'il n'y a titre au contraire. Le fol eft la furface du terrein de la rue ou du
chemin ; c'eil en cet endroit que fe prennent tous les alîignemeflts, foit des murs de face, foit des murs mitoyens d'un bâtiment, fans avoir égard aux empattements de (es fondations. |
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d'Architecture. 445
Article 188.
Contre-Murs pour Etables & autres.
Qui fait Etables., ou autres choies fem-
bîables contre un mur mitoyen, il doit faire contre-mur de huit pouces d'épaifTeur , de hauteur jufqu'au rez-de-chauiïëe (a) de la mangeoire. Il n'eft pas ordinaire de faire des contre-murs
dans les écuries bâties dans les Villes , attendu qu'elles font communément pavées à chaux & ciment, & qu'on n'y laiiTe pas féjourner du fumier fous les mangeoires, mais de la litière, que l'on renouvelle fouvent. 11 n'elt befoin de faire un contre-mur de fon côté , contre un mur mitoyen, que quand on y doit entaiTer du fumier : alors il faut donner d'étendue au contre-mur la hauteur & largeur que doit occuper le fumier, & cela, afin que ledit mur ne puilTe être détérioré par fon féjour : l'ufage eit de ne point lier en ce cas la maçonnerie du contre-mur avec celle du vrai mur, pour mieux garantir le dernier. (<z) On doit entendre par le η-ξ-de-chaujfée de la mangeoke,
le niveau de la mangeoire. Article 189.
Contre-murs pour Cheminées 6? Afires.
Qui veut faire Cheminées & Ailres
contre un mur mitoyen , doit faire contre- mur de tuilots, & autres chofes fu'ffifantes de demi-pied d'épaiileur. |
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446 Cours
Cela ne doit s'obferver à l'égard des murs mi-
toyens , que lorfqu'on ne met pas de plaques de fonte aux contre-cœurs des cheminées , pour em- pêcher la chaleur du feu de l'endommager. La Coutume ne détermine pas l'étendue que doit avoir ce conrre-mur de tuilots ou de briques , parce qu'elle a penfé fans doute , que cette étendue de- voir nécelTairement occuper toute la largeur du fond d'une cheminée entre les jambages, & s'éle- ver jufqu'à la hauteur des plate-bandes de fou manteau, de fa tablette ou de fa hotte. ; A R τ ι c L ε ic>o.
Pour Forge 7 Four ou Fourneau^ ce qu'on
doit obferver.
Qui veut faire Forge , Four ou Four-
neaux contre un mur mitoyen, cl oit la hTer demi-pied de vuide & intervalle encre-deux du mur du Four ou Forge, & doit erre ledit mur d'un pied d'épaiffeur. Ce vuide de 6 pouces que Ton recommande ici,
s'appelle vulgairement le tour äu chat ; il n'a guère lieu que pour les fours des Boulangers, Pâtifiiers, Potiers de terre, & qu'au droit des forges des Cou- teliers, Serruriers, Taillandiers, qui par leur feu continuel , pourraient endommager le mur mi- toyen ; car pour les fours des maifons particu- lières, on fe contente de faire un contre mm; de «;pouces. Le tout fondé fur cette Loi'liniveTfelle, qu^ilne faut pas qu'un voifin puilfe détériorer'ce qui eft commun y ou c'aufer de préjudice à ce' qui lui appartient en commun. |
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d'Architecture. 447
Article 191. Contre-Murs pour Âifances & Puits.
Qui veut faire âifances de Privés ou
Puits contre un mur mitoyen, doit faire un. contre-mur {a) d'un pied d'épaiiïeur : où il y a de chacun côté, Puits d'un coté &; Aifance de l'autre, il fuffit quii y ait quatre pieds de maçonnerie d'épaiiïeur entre deux, comprenant les épahfeurs des murs d'une part & d'autre ■■> mais entre deux puks Îuffi- iënt trois pieds pour le moins. En vain auroit-on fatisfait à cet article, comme
nous l'avons 4éjà dit dans l'article de la contrac- tion des foffes d'aifance & des puits, en obfervam de faire les contre-murs de répaiffeur-recommandée an droit du mur mitoyen, fi malgré cela les matières venoient à filtrer à travers ledit mur, ou à s'é- couler dans les caves de la maifon voiiine , le Propriétaire feroittenu de faire ceffer îe dommage, & de faire refaire le mur mitoyen vers cet endroit, à fes dépens , d'épaiiTeur & qualités fuffifantes pour contenir fes matières : tous les jugements font formels à cet egard; par conséquent c'eil mpîns l'épaiiTeur des murs que leur bonne conftru&ion, que cet article de la Coutume a en vue ïci, & quil faut confidérer en pareil cas : l'eiîentiel eft d'empê- cher toute fîltration. (a) Voyez ce que nous avons dit page 355, fur la maniere
dont doivent être conftrujts les contre-murs, & même les mars en pareil cas. |
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44& Cours
Article 192.
Pour Terres kbourées & fumées , & pour
Terres jeciiees. Celui qui a place, jardin, & autre lieu
vuide, qui joint immédiatement un mur d'autrui ou un mur mitoyen, &: y veut faire labourer & fumer, eft tenu d'y faire contre- mur de demi-pied d'épaiiTeur 5 & s'il y a terres jectices (β), il eft tenu de faire contre- mur d'un pied d'épaiiTeur. Cela n'a lieu que pour empêcher le labour d'en-
dommager le pied d'un mur mitoyen, dont un côté eft un jardin & l'autre un bâtiment; car pour les murs de parcs, ou de jardin, ou Amplement de clôture , qui aboutiffent contre des terres labou- rables, on n'y a point d'égard, lempattement de leurs fondations tenant lieu d'ordinaire de contre- murs. (<j) On entend par terres jeilices, des terres rapportées pour,
élever le fol d'un des côtés du mur mitoyen au*defl"us de l'autre : quoique la Coutume ordonne alors un contre-mur d'un pied! d'épaiiTeur, fouvent cela n'eft pas fuffifant 5 c'eft toujours la hauteur des terres jeérices, qui doit régler à ce fujet. On auroic dû dire un contre-mur d'épaiileur fuffifante Se proportionnée à l'élévation des terres jeciiees , en prenant toutefois fur fon héritage la plus épanTeur du mur : tel eft, en efFet, le fentiment de la plupart des Experts & Commentateurs, fie le fcul qai jiaroiile conforme à la raifon. |
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Article 193.
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d'Architecture. 449
Article 103.
Il faut avoir, Privés en la Ville & Fauxhourgs
' ':■"- '!ί;· ! de Paris.
Tous Propriétaires de maifons en la
Vilie £c Fauxbourgs de Paris , font tenus avoir Latrines & Privés fuflifants en leurs maifons. Cet article peut regarder également les autres
Villes , & concerne particulièrement la Police. Article 194.
Bâtiffam contre un Mur non mitoyen,,
qui doit payer , & quand? Si quelqu'un veut bâtir contre un mur
non mitoyen, faire le peut, en payant la moitié, tant dudit mur que fondation d'ice- lui, juiqu'à fon hébergé-(a)5 ce qu'il eil tenu de payer par avant que rien démolir ni bâtir 3 en l'eiKmation duquel mur eil comprife, la valeur de la terre fur laquelle ledit mur eiVaiîis., au cas que celui qui a fait le mur Tait tout pris fur ion héritage. (a) On entend par héberge, la fuperficie qu'occupe une maifon
contre un mur mitoyen, ou l'adouenient d'un bâtiment'contre un mur mitoyen : quand on dit, par exemple, qu'un Propriétaire n'eft tenu de contribuer à là bâtifle d'un mur mitoyen -', que jufqu'à fon héberge , cela lignifie fuivant l'étendue de _ce - qu'il en occupe. jg · Tome V. F £
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45° Cours 4
Âinii il eil libre de fe fervir du mur que fori
voifin aura fait bâtir à fes frais & dépens, & fur fon propre fond, en le rembourfant, fuivant l'eiti- mation qui fera faite par Experts , de la moitié des dépenfes dudit mur , & de la moitié du prix du terrein qu'il occupe : fur quoi il faut obferver que cette eftimation du mur doit être faite, eu égard à fon état acluel, fans confidérer ce qu'il a coûté au tems de fa conftruc~tion ; & qu'on ne fçauroit forcer le Propriétaire du mur à recevoir le rem- bourfement de fa moitié , ce qui eft une condition dure pour lui, que dans le cas où le voifin ieroit réellement décidé à bâtir contre ledit mur, pour fon utilité & non autrement. Article 195.
Si l'on peut hauffer un Mur mitoyen,
& comment ? Il eft loiiible à un voifin de hauiïer à fcs
dépens le mur mitoyen d'entre lui ■& ion voifin, iî haut que bon lui femble, fans le contentement de (on νο,ίίΐη, s'il n'y a 'titre au contraire en payant les chargés: pourvu toutefois que le mur foit fuffîfant pour porter le fur-haiiflement j & Vil-'n'eil: pas îliffifant ^ il faut que celui qui veut rehaufler, le fafTe fortifier ,&c fe doit prendre la plus forte épaifTètir dé ibn côté. Tous lés Interprétés de la Coutume S'accordent
à dire que par Ces mots , li haut que hon lui femble, il faut entendre pourvu que cet exhauf- |
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d'Aï* CHiîfcCTUft e. _ m 4fI
fernem foit d'une abfolue iiécëffité pour a doffer un bâtiment; car ή cet êxhâuffement n'avoit pour but que le plaifir de nuire ou de faire clu tort à la maifon voiilne } eu lui ôtant le jour & l'air, on pourrait le faire banTer, ainii qu'il a été jugé par nonibre d'Arrêts. Article 196.
Pour bâtir fur Uß Mur de clôture.
Si le mur eil bon pour clôture & de
durée b celui qui veut bâtir deiTus , &. dé- molir ledit mur ancien pour n'être fuffifanC pour porter Ton bâtiment, eft tenu de payer entièrement tous les frais, ôc en ce faifant il ne payera aucunes charges : mais s'il s'aide du mur ancien, il payera les charges. Rarement un mur de clôture efi fuffifant pour
porter un bâtiment : par conféquent il eil jufts que celui qui a befoin d'un mur de meilleure qualité, foit obligé de le reconilruire entièrement à fes riais, en prenant toutefois la plus épàuTëur de fon côté. Article 197.
Charges qui fe payent au Voißn,
Les charges font de* payer & rembourser
par celui qui fe loge & héberge contre M deiTus un mur mitoyen* de fix toifes l'une^ de ce qui fera bâti au-deiïus de dix pieds. On ne parle ici que d'un mur de clôture, que
Ffij
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4jîv Cours
l'on iuppofe être bon pour porter un bâtiment,
mais cela doit s'étendre également à tous les murs mitoyens, que l'un des voißns voudroit élever à une plus grande hauteur que l'autre n'a befoin. La raifon pour laquelle celui qui élevé le plus doit des charges à l'autre, c'eil parce que cette plus grande hauteur, en furchargeant le mur commun, le fatigue & y occaiionne de plus fréquents réta- bliffements. Ces charges une fois acquittées, les frais d'entretien. & de rétabliffement de ce mur mitoyen deviennent communs jufqu'à^ la hauteur du bâtiment qui eil le moins élevé ; & le Proprié- taire du plus élevé eil obligé d'entretenir le reite du mur tout feul; ce qui paroît très-juile. Article 198.
Comment on peut fe fervir d'un Mur mitoyen.
Il eft loifibte à un voîiin de fe loger ou
édifier au mur commun & mitoyen, d'entre lui êc Ton voifin, fi haut que bon lui iem- blera, en payant la moitié dudlt mur mi- toyen , s'il n'y a titre au contraire. Cet article eil une efpéce de répétition des pré-
cédents , & paroît même avoir une contradiction dans fon énoncé ; car fi le mur eil commun & mi- toyen ,, d'où vient l'un des voifins doit-il être obligé de payer la moitié dudit mur en bâtiffant contre ? La plupart des Commentateurs penfent qu'il falloit dire, il eil loifible à un voiiin de fe loger ou édifier au mur qui appartient en entier à fon voifin, bien que Je fond fur lequel il eft conf- truit foit mitoyen, fi haut que bon lui femblera, |
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d'Architecture. 453
&ç. Et en effet c'eil le feul fens valable que Ton
puiiTe donner à cet article , qui fans cela devient inintelligible. Article 199.
Nulle F mètre ou Trou, pour vue 3
au Mur mitoyen. En mur mitoyen ne peut l'un des voifins,
fans l'accord 6c le confentement de l'autre, faire faire Fenêtres ou Trous pour vue, en quelques manières que ce foit, à verre dormant ou autrement. On prétend cependant qu'un des voifins qui
éléveroit à fes dépens feul un mur mitoyen plus que l'autre, auroit droit de tirer dans cet exhauf- fement des jours de coutume, comme il fera dit ci-après ; & il y a pluiieurs Arrêts qui confirment ce droit, & que M. Dégodets rapporte dans fon Commentaire. Article zoo.
Fenêtres & Vues en Mur particulier^
& comment. Toutefois fi aucun a mur à lui feul
appartenant, joignant fans moyen à l'héri- tage d'autrui (a) 5 il peut en ce mur avoir (a) Joignant fans moyen h l'héritage d'autrui; c'eft-à-dire qui
eft bâti fur fon propre fond;, de maniere que le dehors de fon mur, du côté du voifin, fafle la ligne de féparatton des deux héri- tages. F f iij
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414 Cours
fenêtres & lumières, ou vues , aux us &;
Coutumes de Paris , c'eil à fçavoir neuf pieds de haut au-deiïus du rez-de-chauffée & terre, quant au premier étage : de quant aux autres étages, de fept pieds au-deffus du rez-de-chauffëe (a)? le tout à fer maillé & verre dormant. Il eft à obferver que ces fenêtres & jours de
Coutume, quoique pratiqués dans un mur à foi appartenant, pourront être fupprimées dès que le voiiin voudra bâtir contre ledit mur , & fe le rendre mitoyen, fuivant le droit qu'il en a , en rembourfant la moitié , en conféq-uence de Xarti- cle ic)8 : c'eft pourquoi quand on tire de pareils jours, il eil à propos de fe précautionner , afin de pouvoir s'en paffer dans foccafion, (b) On entend, ici par le mot re^-de-chaujfée, le niveau de
l'aire du plancher bas de chaque étage ; c'eft de-là qu'il faut prendre ks j> & 7 pieds en queiîion. Article 201.
Ce que c'efl que fer maillé & verre dormant.
) Fer maille & treillis, dont les trous ne
peuvent être que de quatre pouces en tous
iens .· & verre dormant eft verre attaché 5c
fcQÏlé en plâtre, qu'on ne peut ouvrir.
Cela veut dire que ce n'efl pas aiTez de mettre
aes treillis de fer formant des quarrés de 4 pouces, fceliés dans le- tableau d'une croifée, pratiquée dans un mur mitoyen, mais qu'il faut encore que |
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d'Architecture. 455
celui qui pratique cette croifée pour en tirer du
jour, mette , à fes dépens, un chaffis de verre fcellé en plâtre, de maniere à ne pouvoir l'ou- vrir; & cela afin qu'on ne puïiîe rien j etter par cette croifée , ni voir chez le voilin. ί Ar τ ι c l e 202.
Dißancepour une vue droite , & baye de coté,
AUCUN ne peut faire vue droite fur fon
voiiin, nî fur place à lui appartenante , s'il n'y a fix pieds de diftance entre ladite vue & l'héritage du voiiîn y & ne peut avoir baye de côté, s'il n'y a deux pieds de dis- tance. Cette article n'eft nullement clair, & n'explique
point précifément comment on doit déterminer les limites en queition. Suivant la plupart des Commen- tateurs, on doit entendre que pour avoir une vue droite fur fon voiiîn, il faut fix pieds de diftance, depuis le parement extérieur du mur à foi appar- tenant jufqu'à la ligne milieu du mur mitoyen, ou jufqua la ligne qui fépare l'héritage de celui qui a la vue d'avec l'héritage de fon voiiin; & que pour avoir une vue ou baye de côté, il faut % pieds , depuis l'arrête du jambage ou pied-droit de la croifée la plus proche du voifin, jufqu'au milieu du mur mitoyen, ou de la ligne qui fépare les deux : héritages. Geft en effet la regle que l'on fuit en pareil cas. |
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Ffiy
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/ ... Λ * '
45^ G ou R s
Article 203.
Signifier avant que de démolir, percer ou rétablir
un Mur mitoyen. Les Maçons ne peuvent toucher ni faire
1er a un mur mitoyen pour le démolir, percer & réédifier, fans y appelier lts voi- ims qui y ont intérêt, par une iîmple iîgni- fieation feule j & ce à peine de tous dépens, dommages & intérêts , & rétablifTement dudk nlur. Cela fe 'fait non pas verbalement, mais par
Huiffier, aiîn que le voiiin n'en prétende caufe d'ignorance , & puiiTe fe précautionner contre ces percements , ces démolitions , & éviter les dom- mages qu'ils pourroient lui caufer, s'il n'étoit pas bien & duement averti à tems Cet article regarde les Entrepreneurs plutôt que les Propriétaires. "\ Article 2.04.
Comment on peut percer, démolir & édifier
de nouveau un Mur mitoyen. ; Il eil îoiiîbÎe à un voifin, percer ou faire
percer, & démolir le mur commun & mi- toyen d'entre lui &fon νοίίιη 9, pour fe loger .& édifier, en le rétablîiïant duement à (es dépens, s'il n'y. a titre au contraire, en le dénonçant toutefois au préalable a fon voi- |
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d'Architecture. 457
ίιη, & eil: tenu de faire incontinent &; fans
difcontinuation ledit rétabliflement. Article 205.
Contribution à faire, refaire- le Mur commun
& mitoyen , fendant & corrompu. Il eil loiiîble à un voîiîn , contraindre ou
faire contraindre par Juftice fon autre voiL iîn ? à faire ou faire refaire le mur &; édifice 'commun pendant 6c corrompu (a) entre lui & fondit voiiin , & d'en payer fa part & portion chacun félon fon héberge, & pour telle part & portion que lefdites Parties ont & peuvent avoir audit mur &: édifice mitoyen. Cet article .& les deux précédents occafionnent
fouvent bien des difcutions entre les Propriétaires voiiins. Quand un mur mitoyen eil mauvais , il faut riéceflairement le refaire; mais ne peut-il pas arriver que bien qu'un mur mitoyen ne foie pas neuf, il foit bon néanmoins pour l'un des voiiins, & qu'il vienne à n'être pas fuffiiant pour l'autre qu'eu égard à des changements, à des augmenta- tions , ou à la xédirication que ce dernier voudroit faire de fon bâtiment : c'eft au difeernement des (a) On entend par pendant & corrompu, un mur qui fur-
plombé, ou qui eft déverfé fur fa hauteur de plus de la moitié de fon épaiiTeur d'un côté: alors il efl: condamnable fuivant tous les Experts : il n'y a que dans les murs de clôture ou l'on n'a point d'égard à cette regle, parce qu'ils ne portent rien , & qu'ils font peu élevés. " ■ _ -.,,..'' |
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458 Cours
Experts à apprécier quelle doit être la contribu-
tion de chacun des voiiins, relativement au cas où ii peut fe trouver : car il ne paroît pas juita que celui qui n'a pas beibin d'une nouvelle conf- trußion , & auquel le mur pouvoit fuffire tel qu'il èfi encore long-tems, paye autant que l'autre , à raifon de la plus grande charge que le dernier voudrait lui faire porter, ou de la rédification do fa maifon. Article 206.
Poutres & Solives ne fe mettent point
dans le Mur non mitoyen. N'EST loiiîbie à un voifin de mettre ou
faire mettre les folives ou poutres de fa maifon , dans le mur d'entre lui èc Ton voilai, fi ledit mur n'eit mitoyen. On ne doit pas fe fervir de ce qui n'eir. pas à
foi, ou de ce qui n'eit pas commun ; rien n'eiï plus raifonnabîe. Article 207.
Concernant ce qu'il faut faire pour aßeoir
Poutres & Solives-m un Mur mitoyen. Il n'eit toiiïble à un voifin mettre ou faire
mettre & aileoir poutres de fa maifon dans ie mur mitoyen d'entre lui & fou voifin y fans y faire faire & mettre jambes par- |
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paîgnes (a), ou chaînes & corbeaux fuffiiànts
de pierre de taille pour porter lefdkes poutres , en rétabliiTant ledit mur : toute- fois , pour les murs des champs , il fuffit y mettre matière fuffifante(£)· Ce n'eit pas feulement'dans un mur mitoyen,
foit en le hâtiiiant, foit en le rétabliiTant, qu'il faut mettre des chaînes ou jambes de pierre fous les poutres, mais on n'eft pas moins obligé d'en mettre fous la portée de toutes les poutres dans tous les murs quelconques , bien que la Loi nen parle (a) Les jambes parpaignes & chaînes de pierre de taille doi-
vent faire tout le parpain du mur : les corbeaux font des faillies en pierre que l'on ajoute aux murs de peu d'épailfeur fous la portée des poutres , à l'effet de la fortifier. Ces chaînes ou jambes de pierre fe font au dépens du voifin feul qui en a befom, & l'autre voifin ne doit contribuera cette partie du mur, que comme mur bâti en moilon, lî le mur eft fait en moilon, (6) C'eft-à-dire de gros moilons, & un bon quartier de pierre
ou libage, qui falle toute, f épaiÎTeur du mur fous la portee de la poutre. Article zo8.
Poutres comment fe placent dans les Murs
mitoyens.
Aucun ne peut, percer le mur mitoyen
d'entre lui & fori voifin, pour y mettre &i loger ks poutres de fa maifon, que jufqu'à l'épaiiTeur de la moitié dudit mur, & au point du milieu , en rétabliiTant ledit mur, & en mettant ou faifant mettre jambes, chaînes &. corbeaux, comme deifus. |
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4ôo Cours
Cette Loi ne s'obferve prefque jamais. Les murs
mitoyens ont communément trop peu d'épaiffeur pour pouvoir porter avec folidité les poutres, en ne les logeant que jufqu'à la moitié* Auiïi, à moins que les bouts des poutres des deux maifons voi- fines ne fe rencontrent vis-à-vis l'un l'autre , on fe tolère réciproquement de les enfoncer jufqu'à un pouce près de la face du mur voifin, pour la charge de l'enduit ; pourvu toutefois qu'il n'y ait pas de tuyaux adoffés vers cet endroit ; auquel cas il eft d'obligation , fuivant les Règlements de la Maçonnerie, de laiffer 5 ou 6 pouces d'épaiffeur de charge entre le bout de la poutre & ledit tuyau. Article 209.
Contribution pour Mur de clôture.
Chacun peut contraindre Ton voifin es
Villes & Fauxbourgs de la Prévôté Se Vicomte de Paris, à contribuer pour faire faire clôture , faifant féparation de leurs maifons, cours &; jardins, efdites Villes de Fauxbourgs, jufqu'à la hauteur de 10 pieds de haut du rez-de-chauiTée , compris le chaperon. Art ι c le 210.
Des Murs de clôture hors des Villes & Faux*
bourgs d'icelles. Hors defdites Villes 8t Fauxbourgs, on
ne peut contraindre le voifin à faire mur |
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nouvel, feparant les cours & jardins; maïs
bien le peut-on contraindre à l'entretenez ment & réfeclion néceiTaîre des murs an- ciens , félon l'ancienne hauteur dëfdits murs, fi mieux le voifin n'aime quitter le droit de mur, êc la terre fur laquelle il eil ailîs. A R Τ I C L/E 2 11.
Si Murs de féparation font mitoyens.
Tous murs féparans cours §c jardins,
font réputés mitoyens, 3R1 n'y a titre au contraire : & celui qui veut faire bâtir nou- veau mur , ou refaire l'ancien corrompu, peut faire appeller fön voifin pour contri- buer au bâtiment ou réfection dudit mur, ou bien lui accorder lettres que le mur foit tout fien. Ainii, en fuppofant qu'un voifin ne voulût pas
contribuer pour fa part à la reconftruclion d'un mur mitoyen corrompu, l'autre voifin a le droit de fe le rendre propre en le faifant refaire entière- ment à fes frais. Article 212.
Gemment on peut rentrer au droit de mur.
Et néanmoins, es cas des deux précé-
dents articles, eft le voifin reçu, quand bon lui femble, à demander moitié dudit mur |
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461 Cours
bâti & fonds d'iceliii, oit à rentrer en ion
premier droit, en remboursant moitié dudk mur & fonds d'icelui. Article 213.
Des anciens Fojjés communs, idem que des
Murs de féparation. Le femblable en; gardé pour la réfection,
vuidange , & entretenement àts anciens folles communs & mitoyens. Article 214.
Marques de Murs mitoyens*
Filets doivent être faits accompagnés
de pierre, pour faire connoître que le mur eil mitoyen, ou à un feul. On termine le plus fouvent un mur de clôture
par un chaperon à deux pentes, avec un filet ou larmier de part & d'autre s'il eft mitoyen ; & on fe contente de faire le chaperon à une pente du côté de celui à qui feul il appartient, quand il n'eiî: pas mitoyen : mais, pour Iqs autres murs * il n'eft pas auiîi aifé de diitinglier s'ils font mitoyens; à moins qu'il n'y ait un titre par écrit, tous les autres il* gnes font équivoques, A R Τ I CL Ε i IJ.
Des Servitudes retenues ou çonfiituèes
par un Père de famille. Quand un père de familîe met hors iès
mains partie de fa maifon λ il doit fpéciale-r |
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d'Architecture. 463
ment déclarer quelles fervitudes il retient iur l'héritage qu'il met hors (es mains, ou quelles il conftitue fur le fien. il faut nom- mément & fpécialement déclarer, tant pour l'endroit , grandeur , hauteur , meiure , qu'efpéce de fervitude : autrement toutes conilkutions générales de fervitudes , fans lts déclarer comme deflus, ne vallent. L'efîentiel eil d'expliquer bien clairement, &
dans toutes les circonftances, ces fervitudes ; fans quoi elles deviennent par Îa fuite des matières à procès.
Article 116.
Deßination de Père de famille par écrit.
Destination de père de famille vaut
titre, quand eile eil ou a été par écrit & non autrement.
Cet article eil une fuite du précédent.
Article 217.
Diflance de mur mitoyen ou appartenant au
Voifin , pour foffi à eaux ou cloaques. Nul ne peut faire foiTé à eaux ou cloa-
ques , s'il n'y a fix pjed^ de diftance en tous iens, des murs appartenants au voiiin , ou mitoyens. Souvent cette diflance de 6 pieds de terre-plein
ne fuffit pas pour contenir les eaux des cloaques; |
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464 Cours
i'eifentiel eil de les faire de telle conftruction, ou
de laiiTer une diilance telle que les eaux ne puiiTent pénétrer chez les voiiins; fans cela, en vain au- roit-on obfervé la Loi , on ne feroit pas moins contraint à les refaire. Article 218.
Porter hors la Kille Vidanges d§ privés.
Nul ne peut mettre yuidange de foiïè
'& privé dans la Ville. Article 219.
Enduits & Crépis en vieil mur, comment toifés.
Les enduits $c crépis de Maçonnerie ?
faits à vieil mur, fe tojfent à raifon de lîx toifes pour une de gros murs. Cet article ne s'obferve jamais : d'ordinaire les
crépis & enduits fur vieux murs fe compte quatre toifes pour une de légers ouvrages ; & lorfqu'on refait les joints des moilons , & qu'il y a des trous à reboucher, ce que l'on nomme rmformi, l'ufage eil de les toifer trois toifes pour une de légers. |
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CHAPITRE XV.
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ö'A&CHI Τ SCIURE. 4#|ί'
CHAPITRE XV.
De LA MANIERE DE FAIRE LE DEVIS
delaMaconneried'un Bastiment.
jLes Devis font généraux ou particuliers. Les
généraux embraffent l'univerfalité des ouvrages néceffaires pour parfaire un bâtiment dans ion entier, ceil-à-dire la Maçonnerie, la Charpen- terie, la Couverture, la Plomberie, la Vitrerie, la Menuiferie, la Ferrure, le Pavé & la Peinture d'imprefïion, Les Particuliers ne comprennent qu'un feul genre d'ouvrage, comme la Maçonne^ rie feule , la Charpente feule , la Couverture feule, &c.
11 faut, avant d'entreprendre le devis d'un bâti-
ment , que fon projet foit arrêté immuablement, de maniere à n'avoir plus rien à y changer, & que l'Architecte fe foit rendu d'avance un compte exact de tous les détails de fon exécution , tant par des plans circonitanciés de tous les différents étages depuis les caves jufquaux greniers , que par°des élévations & profils dans tous les fens, où foient cottes avec foin , les longueurs, hauteurs & épaiffeurs des différents murs, depuis les plus baffes fondations jufqu'au faîte. Les Deifins étant bien arrêtés , on commencera
le Pevis par une defcription fommaire du bâti- ment projette , où l'on énoncera fes principales dîmenfions, fa longueur, largeur, hauteur, s'il eft double ou fimple, .δε combien il y a d'étages, Tome F. G$ |
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466 Cours
renvoyant pour tous les détails aux plans , éléva-
tions & deiîins cottes, approuvés & iignés par les 1 arties. Delà on expofera quelles doivent être les façons &
qualités des matériaux qui feront employés pour l'exécution dudit bâtiment, & on développera, non- feulement Tordre qu'il faudra fuivre dans fa conf- truction , mais encore la maniere dont chacune de fes parties fera coniïruite. Suivant cet ordre, i° il conviendra de fcépcifier
d'abord la démolition de l'ancien bâtiment , s'il en exiffe fur la place où l'on veut bâtir, à l'effet de ftipuler ii les vieux matériaux feront aban- donnés à l'Entrepreneur , pour l'indemnifer des } frais de démolition, du tranfport des gravois aux champs, & des fouilles pour les nouvelles fon- dations j ou bien ii léfdites démolitions feront faites par économie aux dépens du Propriétaire, pour remployer les matériaux qui en proviendront dans la nouvelle conftrudion : c'eil à la fagacité de l'Architecte à diftinguer ce qui eitle plus avantageux en cette circonftance pour l'intérêt de celui qui fait bâtir. 2° On parlera des fouilles des terres maffives & des tranchées néceffaires à faire jufques fur le bon & folide fond pour les fondations des caves & des foffes d'aifance, &c. 3° On expofera comment feront faites les fondations de chaque efpéce de mur , en diitinguant les parties deitinées à être exécutées en libages , en pierres de taille & en moilons ; comment feront faites les voûtes de cave, les chaînes , les pied-droits des portes, les têtes des murs à leur rencontre, & enfin les foffes d'aifance. 4° On paffera enfuite à l'établiffement des murs de face, de refend & mitoyens au rez-de-chauffée, dont on fixera les retraites, les différentes épaif- |
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d'Architecture. 467
feurs à chaque étage ,les qualités des pierres & des
autres matériaux qu'il faudra employer dans leur élévation. 50 On développera comment feront exécutés les efcaliers , les murs de clôture , les puits & puifards. 6°'On traitera'des légers ou- vrages, en fpécifiant la bonne qualité & façon de chacun d'iceux. y° Enfin on fixera des prix conve- nables pour chacun des différents travaux?-de Maçonnerie. Ainfi , comme il eil aifé d'en juger par cet
expofé , un devis bien fait doit être un vrai guide pour l'Entrepreneur ? deftiné à le conduire comme par la main dans toutes fes opérations, depuis la premiere jufqu'à la dernière : il faut en. conféquence que chaque article y foit expofé le plus clairement poiiible, fans Iaifler la moindre équivoque qui puiifé induire l'Entrepreneur en erreur , ou donner lieu par la fuite à des contefta- tions & à des procès. Ceft fur tout dans la ma- niere de dreffer un devis , de Tenvifager fuivant tous fes rapports, & en un mot de particuiarifer toutes fes circonitances , que l'on remarque d'ordinaire l'expérience d'un Archite&e; aufli ne fçauroit-il fe flatter d'y réuiîir, qu'à proportion qu'il fera confommé dans la pratique. Comme nous n'avons jufqu'ici traité que de îa
Maçonnerie , nous nous bornerons à donner une idée de la maniere dedrefTerun devis particulier des travaux compris fous cette dénomination ; & pour embrafTerlefdits travaux dans leur généralité , nous fuppoferons un grand bâtiment, compofé de plu— fieurs corps de logis ifolés, d'élévation , conftruc- tion & décorations différentes ; lefquels compren- dront à peu près tous les genres d'ouvrages ufités dans l'exécution d'un Hôtel, ou d'une maifonbour- G g »!
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f468 Cours
geoife ordinaire : ce qui nous donnera occaiion,"
non-feulement de faire une efpéce de récapitula- tion de tout ce que nous avons dit jufqu'ici fur cette matière importante , mais encore de faire voir à la fois, la liaifon & fucceffion de tous les différents ouvrages de Maçonnerie, néceiiaires pour conduire un bâtiment à fon entière perfe&ion , depuis fe$ fondements jufqu'à fon couronnement. |
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d'Architecture. 469
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VijiiilMI WHMiii m wl.iiMliifiii iii,.:;miii - - '-- '.....- "·"*------------------------------*"-
DEVIS
Des Ouvrages de Maçonnerie à faire pour la
conßruclion d'une mai/on , compofée de plufieurs corps de logis, que M.** defire faire bâtir fur un terrein à lui appartenant 9 fuivant les plans > élévations & coupes agréés par ledit Sieur} le/quels dejjîns ont été fignés par lui, & feront exécutés comme il fuit. Le bâtiment fera compofé de quatre corps de
logis, fçavoir l'un fur la rue, deux autres en aile fur la cour, & le quatrième , en face du premier, fera entre cour & jardin. Le corps de logis fur la rue aura... de lon-
gueur hors œuvre fur ... auffi hors œuvre. Il fera compofé d'un rez-de-chauiTée avec un entre-fol, & de trois étages avec une manfarde , le tout faifant cinquante-cinq pieds de hauteur, depuis le pavé de la rue jufqu'au deiïus de la corniche de couronnement, Suivant les plans, les appartements feront double, & il y aura des caves dans toute l'étendue dudit corps de logis, qui auront.....
de hauteur fous voûte, avec des foifes d'aifance
aü-deiTöus defdites caves : fuivant les élévations , les murs de face feront bâtis tout en pierre avec une porte cochere au milieu, ainfi que des boutiques de part δε d'autre. On entrera par ladite porte coehere dans une
cour quia,ura .... pieds de longueur fur ... pieds Ggiij .
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'47° C ο υ ίΐ s
de largeur ; à droite & à gauche de laquelle feront
deux corps de logis iimples en ailes, ayant.....
pieds de longueur hors œuvre, fur......pieds
de profondeur auiîi hors œuvre , & quarante pieds
de hauteur depuis le pavé jufqu'au deffus de la corniche du couronnement; lefquels feront élevés de deux étages au-deiTus du rez de-chauffée de la cour, & terminés par un comble à la Françoife. Ces deux corps de logis feront de conilruûion
différente. Le corps de logis à droite aura des caves fous
toute fon étendue , de.....pieds de hauteur fous
voûte 5 & fa façade fera élevée partie en pierre,
partie en moilon, avec des portes & croifées dont les pied-droits & plate-bandes feront en pierre. Le corps de logis à gauche au contraire n'aura
pas de cave, & fera bâti tout en moilon. Le corps de logis du fond entre cour & jardin,
fuivant la diftribution de fon plan , fera double : il aura.....pieds de longueur hors œuvre,
fur .... pieds de largeur auiîi hors œuvre. Il fera
compofé d'un feul étage, avec des fouterrèins au- deffous, pour des Cuifines, Offices & Selliers ; de forte -qu'il fera élevé de cinq pieds au-deffus du fol delà cour. Les façades du côté du jardin & du côté de l'entrée feront en pierre : elles auront chacune un avant-corps , précédé d'un perron avec quatre colonnes Ioniques de dix-huit pouces de diamètre» qui feront engagées au tiers du côté de la cour, & qui feront ifolées du côté du jardin ; entre les- quelles feront trois portes croifées cintrées. Tout ce corps de logis fera terminé par un entablement, formant plate-bandes entre les colonnes des avant- corps , & furmonté d'un fronton au droit de î'avant-corps du côté du jardin. Enfin tout ce |
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d'Architecture. 471
bâtiment fera couronné par une baluilrade avec
des baluilres , & par un toit bas. Quant aux croifées qui éclaireront le reite des appartements, elles feront fermées à plate-bande, & ornées de chambranles. La hauteur totale dudit bâtiment , depuis le
fol jufqu'au haut de l'entablement, fera de vingt- quatre pieds, & de vingt-fept pieds & demi, en y comprenant la baluilrade. Entre lefdits corps de logis , qui feront tous
ifolés, il fera contait des bâtiments compoies d'un rez-de-chauffée, & d'un entre-fol pour les remifes, écuries & cuiiines ; le tout conformé- ment aux deflins. Seront faites au furplus les diftributions de tous
les étages de ces différents corps de bâtiment, fui- vant les mefures, grandeurs & hauteurs, cottées fur les plans, élévations & coupes, préfentés par M. *** Architecte, qui a compofé lefdits deffins, qui aura la direction defdits ouvrages, & qui donnera fucceffivement à l'Entrepreneur tous les détails & profils particuliers des moulures, cor- niches , & des autres parties d'Archite&ure dont il aurabefoin. Démolition.
Sera faite la démolition des anciens bâtiments
exiilants aux endroits où doivent être bâtis les neufs , dont les meilleurs matériaux de chaque efpéce , qui fe trouveront de bonne qualité & propres à reifer vir j feront rangés & mis à part, pour être remployés aux nouvelles conilruirions, & dont les pierres de taille, moilons & carreaux de terre cuite , appartiendront à l'Entrepreneur de Ggiv
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472 Cours
la Maçonnerie, pour l'indemnifer, tant defdites
démolitions de maçonnerie, que de l'envoi des gravois aux champs, pour rendre la place nette. Les bois de Charpente, les ouvrages de Menui-
ferie , les tuiles, les fers, les plombs, & autres matériaux bons à reffervir, feront pareillement donnés en compte aux Entrepreneurs de chaque efpéce d'ouvrage, ainii qu'il fera dit dans les devis particuliers pafTés avec chacun d'eux : lefquels matériaux feront déduits fur les ouvrages qu'ils auront faits aux nouvelles conilru&ions , & ne leur feront payés que pour façon de main- d'œuvre. Fouilles des Fondations.
Seront faites les fouilles ou vuidanges des terres
maffives , tant pour les tranchées & rigoles des fondations de tous les murs de face, de refend & mitoyens, que pour le vuide des caves, & les fofTes d'aifanee, au-deiïbus défaites caves, des profondeurs néceifaires, jufques fur le bon & fo- lide fond, conduites de niveau fans redents ; le tout de maniere à avoir les hauteurs & largeurs néceifaires portées par les plans. Seront faites de même les fouilles & vuidanges pour les puits fuivant les diamètres marqués fur les plans ;lefquelles terres feront envoyées aux champs, ou dans les endroits indiqués par Γ Architecte ; & s'il fe trouvoit, dans îefdkes fouilles, du fable quifoit reconnu de bonne qualité , il fera libre à l'Entrepreneur de s'en fervir. ^ |
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d'Architecture. 473
Façons & qualités des Matériaux*
Le mortier fera compofé d'un tiers de la meil-
leure chaux de Melun ou de Senlis, & de deux tiers de fable de rivière, ou autre reconnu de bonne qualité, bien mélangés & incorporés enfemble. Le ciment fera fait de tuilots & non de briques.
Les pierres de taille dure feront tirées des car-
rières d'Arcueil, de Bagneux, & de Montfouris, de la meilleure qualité , fans moies ni fans fils qui les traverfent, bieh éboufinées , atteintes au vif dans leurs lits , taillées & layées à leurs parements vus , proprement à vive arrête ; elles feront pofées fur le plat ou de champ , fuivant que l'ouvrage le requerra , & toujours en bonne liaifön entre elles d'environ huit à neuf pouces. Les moilons & les libages feront aufîî des car-
rières d'Arcueil , de la meilleure qualité , bien éboufinés au vif, & bien giflants. Toute la pierre de taille tendre fera tirée des
carrières de Saint-Leu ou de Vergelé, de la meil- leure qualité, à vive arrête, arrêtée & ragréé au fer; & il n'en fera pas employé de celle qui eil trop coquilleufe ou moulinée de diverfes couleurs : elle fera pofée, comme la pierre dure, c'eil- à-dire fur le plat ou de champ, fuivant les cir confiances. En général, toutes les pierres tant dures que
tendres feront pofées fur calles, fichées, coulées & jointoyées avec mortier des qualités fufdites, en ayant foin de faire les joints montants les plus petits que faire fe pourra , & les joints de lits de trois lignes au plus de largeur. Le plâtre fera nouvellement cuit , tiré des car-
rières de Montmartre ou de Belleville, & employé |
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474 Cours
fans aucun mélange de terre ni pouffiere, pour
quelque raifon que ce foit.
Les carreaux de terre cuite petits & grands fe-
ront à iix pans, de bonne qualité , pofés à plâtre pur & de niveau. Toutes les briques feront de Bourgogne , ou du
moins de la meilleure qualité de celles qui fe tirent des environs de Paris. Les lattes employées aux légers ouvrages pour
les plafonds, les aires de planchers, les cloifons & autres, feront de cœur de chêne fans aubier, les plus droites qu'il fe pourra , pofées en liaiion & clouées, fur chaque folive pour les aires o u plafonds, fur les poteaux pour les cloifons , & fous les chevrons pour les lambris des étages en galetas. |
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Maçonnerie du grand corps
de logis sur la rue. Fondations des Murs & des Voûtes.
Les fouilles des fondations ayant été faites juf-
ques fur le tuf, le gravier ou le terrein reconnu pour iiiffifamment folide, & capable de porter le poids du bâtiment en queition, il fera aiîis au fond des rigoles, à fec fans mortier fur ledit ter- rein , un cours de libages en pierre dure fervanî: de plate-forme d'environ un pied de hauteur, fai- fant toute l'épaiiTeur du mur, bien de niveau, fans redents , dont les joints montants feront équarris & fichés avec mortier de chaux & fable.· Aux retours des angles faillants & rentrants des
murs de face , & à la tête de tous les murs de re- |
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d'Architecture. 47$
fend & mitoyens, de même cfu'en correfpondance
fous les jambes fous poutres & les chaînes , feront élevés des murs libages qui feront parpain,enobfer- vant de laiffer des harpes d'environ fix pouces pour laliaifon des murs enmoilon. Les libages employés dans les fondations feront des quartiers de pierre dure de trois à quatre pieds cubes au moins, bien eflemillés, pofés en liaifon entre eux, dont les lits feront faits comme ceux delà pierre détaille; le tout à bain de mortier de chaux & fable. Tout le reile des murs de fondation fera conf-
truit en gros moilons durs , pofés fur leurs lits en bonne liaifon entre eux , tant dans les faces qu'en dedans defdits murs, en ayant foin d'élever leurs deux faces entre deux lignes , de ne les point blo- quer contre les terres, & de ne point laiffer de vuide au milieu defdits murs entre les moilons, qui ne foit bien garni d'éclats de pierre ou de bons claufoirs, le tout maçonné avec mortier de chaux & fable. Conflruclion des Caves. '
A trois pouces au-deffous de l'aire (jes caves, & en
retraite fur les fondements précédents, fera placée une affife de pierre de taille dure, faifant toute l'épaiffeur des m^irs , piquée du côté des terres, & en parement du côté des caves, à lits & joints quarrés. Il fera mis de diftance en diftance dans les caves,
au-deffus du cours de l'affife en pierre, des chaînes de pierres de taille dure, dont les pierres feront alternativement de deux pieds & demi de face fur dix-huit pouces d'épaiffeur, & dix-huit pouces de |
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4?6 Cours
face fur vingt-quatre pouces d'épaineur : il fera
mis aufil des chaînes femblables en correfpon- dance , à-plomb des chaînes fous poutre de l'étage ilipérieur du rez-de-chauffée , en obfervant que les boutiiTes & carreaux faiTent tous parpain (λ). Les pied-droits des portes des cayes feront
conitruits en pierre de taille dure, pofées en car- reaux & boutiiTes faifant parpain , ayant de lon- gueur réduite vingt-un pouce; de forte que les affifes auront dix-huit & vingt-quatre pouces alter- nativement ; leurs fermetures feront en plein- cintre ou en arcs bombés, dont les voufîbirs ou davealix auront quinze à dix-huit pouces de coupe, feront parpain de même que les pied- droits , & rachèteront lunette s'il le faut. Les encognures & les têtes de murs dans les
caves, élevées en libages dans l'article précédent des fondations , feront continuées en pierre de taille jufqu'à trois pouces au-deiTous du rez de- chauffée, faifant parpain de dix-huit & vingt-quatre pouces de queue alternativement. Ifout le reite defdits murs fera bâti en
moilons piqués au parement vu du côté des caves, bien giiTants, pofés de plat , en bonne liaifon tant au dehors que dans TépaiiTeur des murs, fans laiiîer aucun vuide qui ne foit bien rempli de mortier de chaux & fable, & de bons éclats de pierre ou claufoirs comme précédemment. (a) Nous fuppofons dans ce devis qu'il n'eft queftion que
d'an bâtiment ordinaire, tel qu'un Hôtel ou qu'une maifon bour- geoife, dont les murs n'excédant guère au-delà|de deux à trois pied$ d'épaiffeur , peuvent faire parpain 5 car dans les Edifices qui exigent des murs d'une épaiifeur plus confidérable, on met les pierres de pluileurs morceaux dans TépaiiTeur des murs, & on obferve de les lier en dedans comme en dehors. |
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d'Architecture. 477
Les voûtes de caves feront en berceau plein-
cintre ou furbaiffé , félon ce qui fera eotté fur les coupes, avec des arcs en pierres de taille qui au- ront la même face que les chaînes en carreaux & boutiffes, c'eft-à-direqui auront, de même que les chaînes , deux pieds & demi, & dix-huit pouces de face alternativement, & dix-huit δε vingt-quatre pouces de coupe auiïi alternativement, réduits à quinze pouces d'épaiffeur vers la clef. Elles feront pofées fur cintre, coulées , fichées δε jointoyées en plâtre. Le furplus de la maçonnerie des voûtes fera en
moilons piqués dans leurs parements en coupe , en bonneliaifon, δε en forme de petits vouffoirs. Les reins defdites voûtes feront garnis δε arrafés
de niveau jufqu'au deffiis de leur couronnement, & remplis de moilons, en prolongement de coupe, autant qu'il fe pourra ; le tout maçonné avec mor- tier de chaux δε fable , comme ci-devant. Il fera mis de la pierre de taille aux lunettes des
abajours ou foupiraux. ConßrucHon des Foffes d'aifance.
Les foffes d'aifance feront de la hauteur δε lar-
geur marqués fur les deflins : les voûtes feront en berceau : leurs murs auront deux pieds d'épaiffeur, δε feront conftruits en moilons piqués au pare- ment , le tout maçonné avec mortier de plâtre. On laiffera dans les voûtes un trou de trente pouces de long, fur vingt pouces de large, pour la vuidange defdites foffes : au pourtour duquel trou fera mis un chaffis en pierre dure avec feuillure, pour recevoir une pierre d'un feul morceau , qui aura pareille feuillure, δε fervira de couvercle ; au milieu de laquelle pierre fera fcellé un anneau. |
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478 Cours
On établira dans le fond de chaque foffe un
malîif-moilon d'un pied d'épaifTeur , pofé de cnamp, maçonné à bain de mortier, où Ton éten- dra un aire de ciment, fur lequel on pavera eii pavé de grais. Cofiflruciion des Defcentes de Caves ►
Sera faite une defcente de cave fous le principal
efcalier, formant un arc rampant en moilons pi- qués & pofés de champ, appuyé d'une part fur le mur de la cage de l'efcalier, & de l'autre fur un mur déchiffre d'un pied d'épaifTeur, confirait auiii en moilons piqués , dont les têtes feront en pierre dure, de douze & dix-huit pouces de largeur alter- nativement; lequel mur déchiffre fera élevé jufqu'à rez-de-chauifée , pour recevoir le focle deiliné à porter le limon de l'efcalier. Les marches des defcentes feront d'un feul mor-
ceau de pierre dure d'une feule pièce , délardée par derriere, s'il eil néceiTaire, quarrée par devant ou chanfrinée, s'il eil bejfoin , pour gagner du giron , en recouvrement de trois pouces Tune fur l'autre, Conßruclion du Puits.
Sera faite la fouille & vuidange âes terres pour
ïe puits , aufîi bas que befoin fera , pour avoir trois pieds d'eau vive au moins, lors des plus baffes eaux. Il fera mis au fond dudit puits un rouet de charpente, fur lequel fera pofée la premiere afïife des murs du puits , qui auront dix-huit pouces d'épaifTeur. Les quatre ou cinq premières aflifes feront en pierre de taille, taillées à la cherche & en coupe félon leur circonférence , dont les diffé- |
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d'Architecture. 479
rents morceaux feront cramponés & retenus en-
semble avec des crampons de dix pouces de lon- gueur icellés en mortier. Leidits murs jufqifà trois pouces au-deffous du pavé feront continués en moilons piqués apparents en dedans, proprement gobtés & jointoyés ; le tout maçonné avec mortier de chaux & fable. Au rez-de-chauffée , feront po- fées deux affifes circulaires de pierre l'une fur l'autre de dix pouces d'épaifleur, retenues l'une à l'autre avec crampons fcellés en mortier ; & fur lefdites deux affifes, il en fera mife une troifieme 9 d'une feule pièce fi faire fe peut, un peu en faillie & en dehors des deux autres, ou du moins de deux morceaux retenus avec crampons fceliés en plomb. Conßruclion des Murs de face & de renfend*
Les murs de face feront conitruits en pierre de
taille depuis le rez-de-chauffée , jufques & y com- pris la corniche de couronnement. Sera placé à rez-de-chauffée , à trois pouces au-
defïbus du niveau du pavé , &à trois pouces de retraite de chaque côté fur les murs des caves, un focle de trois pieds & demi de hauteur, en pierre la plus dure, qui embraffera toute l'épaifTeur du mur , & formera l'embafe du bâtiment. Ledit ibcle fera compofé de deux cours d'aiîife de vingt-un pouces chacun , dans lequel focle feront ménagés les ouvertures des foupiraux &. les bayes de la porte cochere , des portes bâtardes, & des bouti- ques , marquées fur les deiîins. Au-deffus dudit focle fera obfervée une retraite
d'un pouce & demi en dehors, & fera continué le mur de face en pierre à-plomb du côté de la face |
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480 'C o υ ft $
qui regarde le bâtiment, & avec fruit en dehors
de trois lignes par toife, fans compter une retraite d'un pouce à chaque étage au droit de chaque plinthe. Le mur de face fera conitruit en pierre dure,
dans toute la hauteur du rez-de-chauffée, jufques au-deiïous des poitrails ou plate-bandes qui ferme- ront l'ouverture des boutiques au deffus des entre- fols , y compris même la plinthe qui le féparera du premier étage ; & le mur de. face du côté de la cour fera élevé en pierre dure feulement jufqu'à la hauteur du plancher bas de Feutre-fol : pour ce qui eft du reite defdites façades , il fera continué juf- qu'à fon couronnement en pierre de Sairit-Lèu. On obfervera dans îefdites façades les portes,
les croifées, les entablements , les plinthes , & tous les boffages pour les ornements marqués fur les deffins Λ & dont les détails feront donnés fuc- ceflîvement par FArchiteéte. Toutes les pierres de' taille employées audit
mur feront toutes parpain, même les plinthes & entablements avec leur faillie > à lits & joints quarrés, pofées alternativement en bonne liaifon les unes au-deffus des autres, portant harpes de neuf à dix pouces au moins dans les murs de re- fend, en obfervant ce qui a été déjà dit pour leur emploi & façon, dans l'article concernant les qua- lités des matériaux; le tout maçonné avec mortier de chaux & fable, & ragréé le plus proprement que faire fe pourra : on remplira les joints de la pierre dure en dehors avec mortier de chaux & grais, & ceux de la pierre tendre avec mortier de badigeon. Les appuis des croifées , les fetiils des portes
au rez-de-chauffée, de même que la cimaife qui couronnera
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d'Architecture. 481
couronnera la corniche du haut du bâtiment, iera
en pierre dure. Les murs de refends & mitoyens auront dans le
bas un cours d aihle de pierre , qui ernbraffera toute leur épa.iilèur , & qui tera une retraite de trois pouces de chaque cote fur las murs des caves. 11 fera mis cies chaînes de pierre de taille de fond en comble au droit des poutres , pour recevoir leurs portées , lefqueiies chaînes feront toutes parpain à carreaux & boutifies de dix huit pouces f & de deux pieds & demi alternativement. A toutes les ouvertures ou bayes de portes, il fera mis au rez-de-chauiiée des pied droits en pierre dure, & des pied droits en pierre tendre à toutes les autres bayes & portes des autres étages ; lefquels pied- droits ieront toute fépaiiîeur defdits murs en bonne iiaifon , dont les pierres les plus courtes auront un pied de tête, & les longues dix-huic pouces : les fermetures defdites portes feront en plate-bandes des mêmes qualités de pierre que leurs pied droits, dont les claveaux auront qua- torze pouces de coupe, & feront auffi parpain. A la rencontre ou tête defdits murs de refend
avec ceux de face , il y aura des chaînes de pierre de deux à trois pieds de faillie en dedans defdits murs de face, & prolongées dans ceux de re- fends & mitoyens , formant des harpes pour les lier eniemble convenablement j en obfervant à la tête defdits murs & dans leur épaiiTeur, les jncruitements néceiTaires pour placer les ancres, chaînes & harpons par tout oùbefoin fera, fuivant les dimenfions qui feront données dans le temps par F Architecte. Tout le reite defdits murs de refend & mitoyens
fera fait en moilons durs, bien ébouiinés , eile* Tome V.» H h |
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4§i Cours
milles , pofés de niveau & par arafe fur leurs lits , à
bain de mortier de chaux & fable, & enduits des deux côtés entre les chaînes ou les parties en pierre de taille. Lefdits murs de refends & mitoyens, au-deffus
du dernier plancher du bâtiment, feront continués jufqu'à la pointe des combles en plâtre & plarras , crépis & enduits des deux côtés , de même que les murs en aîle, deilinés à accoter les louches des cheminées. Les murs parpain fous les cloifons du rez-de-
chaufiée, poiés, foit fur les voûtes des caves, ioit fur un mur montant de fond , auront dix-huît pouces de hauteur fur huit pouces d'épaiffeur, & feront de pierre dure à lit & joints quarrés. Seront faites les bornes en pierre dure de quatre
pieds & demi de haut, y compris ce qui fera enterré, taillées & piquées proprement, pofées & fcellées fur un maiîif de moilons en mortier de chaux & fable, ou en plâtre. Epaijfeurs des Murs de face & de refend.
Les fondements des murs de face, depuis le bas
des rigoles des fondations jufqu'à trois pouces au- defTous de l'aire des caves, feront uniformément de trois pieds neuf pouces d'épaifTeur en toute leur hauteur; & depuis cet endroit jufqu'à trois pouces au-defTous du fol du pavé, ils auront deux pieds & demi, en obfervant de laiffer du coté des caves la retraite de trois pouces, & d'élever à-plomb lef- dits murs de part & d'autre. Le bas des murs de face à rez-de chauffée, fera de vingt-quatre pouces d'épaifleur au droit du focle, & formera une re- traite de trois pouces de chaque côté du mur des |
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d'Architecture* 4S3
Cäves;il aura enfuite au-deifus duditfocle vingt-deu^
pouces & demi, en laiffant une retraite d'un pouce & demi en dehors. Lefdits'murs s'élèveront depuis le bas jufqu'à fa corniche de couronnement à~- plomb du côté de rintérieur du bâtiment, & ils auront de fruit en dehors jufqu'à ladite corniche trois lignes par toife, & en outré un pouce dé retraite au droit de chaque plinthe : par conséquent la façade devant avoir cinquante-cinq pieds de haut, & trois étages fans fentre-fol, ledit mur fera réduit à feize pouces & demi au droit de la cor- niche. Les murs de refend & mitoyens auront trente pou-
ces d'épaiffeur, dès les plus baffes fondations , dans îouteleur hauteur jufques près de l'aire des caves $ enfuite vingt-quatre pouces depuis l'aire des caves jufqu'à trois pouces près du rez-de-chauffée, de ma- niereà laiffer trois pouces de retraite de chaque côté fur leur fondation ; & enfin dix-huit pouces fur le mur des caves , avec encore trois pouces de retraite de chaque côté. Lefdits murs s'élèveront d'à^-plomb dans leur hauteur , en obfervant feule- ment deux lignes de retraite de part & d'autre au' droit de chaque étage , de forte qu'il fera réduit à feize pouces dans le haut. Quant aux murs doffîers élevés depuis le dernier plancher jufqu'à là* pointé du comble , ils auront deux lignes de fruit par toife en élévation de chaque côté» ConfirucHon des EfcaUefs*
Le principal efcaîier montant jùfqu'au premier
etage , aura un focle compofé dé deux cours d'aiîîfe de pierre de taille, qui fera pofé fur lé mur d'échiffre : il fera encore employé dé la pierr© H hij
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484 Cours ,,
dure,tant jufques fous les rampes, que jufqu'à la
naiffance. des voûtes dudit efcaîier, & le reile fera continué en pierre tendre pour porter les voûtes & paliers. Sous lefdites voûtes & rampes , feront obfervés les boffages & maifes de pierre, nécef- faires pour y former les moulures & autres orne- ments qui feront détaillés dans le tems. Les joints de la pierre dure feront ragréés avec mortier de chaux & grais, & ceux de la pierre tendre avec mortier de badigeon à l'ordinaire. Les marches feront d'une feule pièce , du plus
beau liais d'Arcueil, leurs girons feront de fciage, & les premières arrondies fur leurs plans confor- mément aux deffins cottes : elles feront ornées pat- devant d'un congé, d'un filet & d'un quart de rond, fuivant le profil qui en fera donné : elles feront en recouvrement au moins de deux pouces l'une fur l'autre , portées de deux ou trois pouces dans les murs , & dégauchies par deiïbus, s'il eil befoin. Sera mife une plinthe fur le focle de pierre de
liais pour porter la baluilrade de fer, laquelle plinthe fera ornée de moulures conformément aux deiîins. Les paliers feront pavés de carreaux de marbre blanc & noir , ou de pierre de liais & de Caën ; le tout poli au grais. Les autres efcaliers montant depuis le rez-de-
chaufTée jufqu'au haut du bâtiment , tant dans ce corps de logis que dans les trois autres dont il fera queilion ci-après , auront les trois premières marches en pierre dure d'une feule pièce, portant moulures à l'ordinaire : fous le patin fera pofé un cours d'aiTife de neuf pouces d'épaiffeur, & de quinze pouces de hauteur fur le mur déchifTre, dont il y en aura trois pouces d'en- |
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d'Architecture. 4S5
terrés : le furplus fera fait en légers ouvrages,
comme il fera expliqué dans l'article qui en
traitera. *
Chauffes d'aifance.
Seront faites les chauffes depuis le deffus
des voûtes des foifes d'aifance en boiffeaux de terre cuite, jufqu'aux différents iiéges , bien verniffés en dedans , maitiqués les uns fur les au- tres , maçonnés avec mortier de chaux & fable, avec une chemife de plâtre par deffus, en obfer- vant l@s ventoufes comme de coutume. Quant aux chauffes d'aifance, qui pourroient
fe trouver pratiquées dans l'épaiffeur des murs en pierre, on y mettra des tuyaux de defcente en, plomb. ,ün<ir Maçonnerie du corps de logis
agaucheyen entrant dans la cour. Conßruclion des Fondements &0des Murs.
Les fondations feront defcendues un pied δε
demi plus bas que Taire des caves où eil le bon terrein (a), & Ton mettra un cours de libages à fec au fond des rigoles, bien de niveau,. fans re- dents, emhraffant toute l'épaiffeur des fondements, d'environ un pied de hauteur , & dont les joints montants feront coulés en mortier de chaux & fable. ? V /, Sur ledit cours de libages feront élevés les murs
des caves, en obfervant trois pouces de retraite (a) Nous avons fuppofé précédemment , qu'on avoit été
obligé de defcendre les fondements à une certaine profondeur pour trouver le bon teriein 5 ici nous: fuppofons qu'pn le trouvera à quinze ou dix-huit pouces au-deifous de 1'air.e des caves. Hhiij
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486 Cours
départ & d'autre au bas des murs de refend, &
trois pouces feulement du côté de l'intérieur des caves au bas des murs de face. Seront mifes aux encognures du bâtiment, aux
têtes & rencontres de tous les murs, & en corref- pondance fous les jambes fous poutre , fous les jambes-étrieres , & fous la retombée des arcs , des chaînes de pierre jufqu'à rez-de-chauffée, faifant le parpain defdits murs, avec des harpes de cinq à fix pouces pour former une bonne liaifon.^ Les pied-droits des portes de caves, ainfi que
les plate-bandes ou arcs bombés, feront en pierre, comme ci-devant} & tout le relie fera bâti en rnoilons durs, foit apparents', foit crépis & en- duits enmomer entre les chaînes, ou ravales en plâtre. Les voûtes des caves feront en berceau fur-
baiffé, bandées d'un mur de refend à l'autre, & auront un arc en pierre dans le milieu. Les lunettes des foupiraux feront auffi en pierre,
& des formes marqués fur les deffins. Sera mis un focle en pierre au bas des murs de
face de trois pieds & demi de hauteur', compofe de deux aiufès , dont la premiere fera enterrée de trois pouces, & fera à tin parement. On élèvera fur ce focle, en biffant un pouce &
demi de retraite par dehors les encognures , & les
pied-tiroirs des portes & des croifées en pierre
dure, jufqu'à fix pieds ati-deffus du pavé de la
çoiir.^ cette hauteur , lefdites encognures, ainii
-que %s pied-droirs des portes & des croifées, ie-
■'ipnt: continuées en pierre tendre ; feront faites
■■auèi eu pierre tendre les corniches & les plinthes.
Seront mis ? au droit des portes, des feuils en
"pierre; dttïç,
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d'Architecture. #7
Àu-deffus des plinthes du premier & fécond
étage, fera mis un cours d'affilé de pierre tendre d'an pied de hauteur, qui s'arrafera avec les ban- quettes en pierre dure, qui recevront les appuis de fer des croifées. · . Le reftant de la maçonnerie entre letthtes par-
ties en pierre, fera fait en moilon dur, crépi entre les chaînes, & propre à recevoir des enduits de plâtre en dedans & en dehors. > ; ? ilv^'v Les pierres des encognures feront le parpam des
murs, tant en pierre dure qu en pierre tendre & les pied droits des croifées & portes feront haifon en pierre dans les murs moilons , en renfonçant ce qui fera néceiTaire dans l'intervalle, pour recevoir un enduit. Chaque affiie fera arrafée d'appareil égal dans chaque face extérieure. Les pied-droits des portes & croifées feront parpain, montant de fuite depuis la retraite du focle jufquçs fous la plinthe , de quinze & vingt pouces délace.alter- nativement. Les fermetures auront dix-iept pouces de hauteur de coupe jufqu'au deffous de la plin- the au rez-de-chauifée, & quinze pouces aux deiyx autres étages jufqu'au deffous de la plinthe & corniche. ■ - "£ r t
Les corniches & plinthes feront dune feule
affife, & embrafferont toute répaiffeur du mur, outre leur faillie. · ■'- i;9vt:i Seront mis à toutes les croifées, des appuis de
pierre dure dun feul morceau , avec des allèges de Saint-Leu à celles, du ,*ez- de -chauffée par deffous. r: ., ,
Les murs de refend feront en moilons , des
mêmes conftruaions que dans le corps de logis
précédent, avec une affife en pierre dure^au bas t
.fes pied-droits des portes feront en,pierre dp
1 Hhiv
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'488 Cour s
Saint-Leii 9 aînii que leurs fermetures ; Sr l'on
obiervera que les têtes des murs ioienr bien liées à leur rencontre avec les murs de face. Les chaînes lotis poutre au rez de -chauffée fe-
ront en pierre dure , & en verge.é ou en lam- bourde dans les deux autres étages. Sera fait un rnamf-moilon , vis à vis ta porte
d'entrée, d'un pied d'épaiffeur & des grandeurs por- tées par les plans, pour recevoir trois marches fans moulures par devant, & pofées avec recou- vrement de trois pouces. Mac onnerie nu corps de logis
., ■ A DROITE.
Conßruclioh des Fondements & des Murs.
Tous lès murs en fondation de face & de refend
feront defcendus iniques fur le bon fond, de tuf ou de gravier. Ceux de face auront vingt-quatre pouces d'épaiffeur , & ceux de refend vingt-un :pouces": ils feront bâtis en gros moilons, & élevés entre deux lignes d'à-plomb jufqifà trois pouces près du rez-de-chauffée de la cour, maçonnés avec mortier.de chaux & fable. Comme il n'y aura pas de caves fous ce corps de bâtiment, il lera fait, au niveau du rez de-ehauffée ,un maffîf moilon fous toute rétendue des pièces, p-ofé de champ, à bain de mortier de chaux & fable , qui recevra faire néceffaire pour paver ou carreler à l'ordinaire. Il fera mis en retraite de chaque côté defdits
murs de fondation , au bas des murs de face, deux affifes de pierre de taille dure par rapporta Îhutriidité & aux eaux pluviales , enfemble de trois pieds & demi de hauteur , comme ci-de- |
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d'Architecture. 4^9
devant, dont la premiere fera enterrée de trois
pouces , & fera à un parement. Il y aura en dehors fur le focle une retraite d'un pouce , & leimts murs feront élevés d'aplomb en dedans des chambres, & avec fruit de fix lignes par toile, depuis ledit focle jufqu'à la corniche de couron- nement ; de forte que ces murs de face ayant dix huit pouces d'épaiffeur dans le bas^, feront réduits à quinze pouces à leur extrémité iu- périeure.
Lefdits murs feront conitruits en moilons, en
bonne liaifon tant en dedans qu'en dehors &
dans leur épaiffeur, maçonnés en plâtre , rava es
' en dehors & enduits en dedans ; les plinthes , les
corniches , les corps de refend feront en plâtre.
On mettra pour fermeture aux portes & aux
croifées , des linteaux de bois avec des moilons pofés en coupe , formant bombement par deiius^ Les tablettes d'appui des croifées des chfte- rents étages, & les feu ils des portes à rez-de- chauffée, feront en pierre dure d'un feul mor- ceau. ;J „, Les murs de refend auront quinze pouces ae- paiffeur : ils laifîeront une retraite de trois pouces de chaque côté , & s'élèveront en laiffant un^eu de fruit départ & d'autre, de maniere à être ré- duits à quatorze pouces au droit du dernier plan- cher ;& depuis ce dernier plancher, ils feront continués en plâtras crépis & enduits jufqu'à la pointe du comble , pour fervir de mur tfofîier aux fouches des cheminées. Tous les chambranles & bandeaux des portes
& croifées avec leurs confoles, de même que les tables, les plinthes , les corniches , & tous les ornements feront faits en plâtre. |
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49° '··■ ".'C ours
Ma ço ν ne' rie nu c ο rps η ε logis
entre Cour et Jardin. Cphßruäion des Fondements & des Murs.
Seront faites les fouilles ou vuidanges des terres
maffives pour les caves & fouterreins , ainii que les fouilles & tranchées pour les murs en fonda- tions jniques fur le bon & folide fond conduites de niveau. Les plus baffes fondations feront élevées entre
deux lignes, avec maçonnerie de moilon de Meu- lière : les encognures des extrémités dudit bâti- ment feront fondées en libages dans toute leur hauteur, ainii que les avant- corps pour recevoir les colonnes : le tout maçonné avec mortier de chaux & fable, & élevé jufques fous la premiere aiîife de pierre dure. Au niveau des fouterreins , fera placé un cours
d'affife en pierre dure à un parement, de vingt- un pouces de hauteur, compris trois pouces en- terrés, & de dix-huit pouces d'épaiffeur réduite. Le furplus au derriere fera en moilon de Meu- lière, avec mortier de chaux & fable, r Ëes murs defdits fouterreins feront continués en moilons piqués ,. dilti pied de lit réduit. Les voûtes feront auiîi en moilons piqués , de
quinze pouces d'épaiffeur réduite à la clef, hour- dées en plâtre. v% Seront mis des chaînes & arcs de pierre à un
parement de deux pieds réduits de face, & de dix- huit pouces d'épaiffeur réduire; & celles à deux parements des mêmes faces fero-nt îe parpain du mur, avec des arcs de quinze pouces de coupe ré- duite à la clef, .s . ^ ·::οΐ:ί; .·.: l... |
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b'ÂRCH Ι Τ E CfURE, 49I
Les pied-droits des abajours fervant à éclairer
les fouterreins, feront en pierre dure de quinze & vingt-un pouces de face , & de dix-huit pouces de parpain réduit. Les lunettes defdits abajours feront de pareille pierre , avec arrêtiers 4e vingt- un pouees de face , & de quinze pouces de coupe. Le mur d'échiffre de l'efcalier conduifant des
fouterreins, fera dans le bas en pierre dure , & continué en moilons piqués, & il aura dix pouces d'épahTeur. Les voûtes fous les marches & paliers de ladite defcente , feront dç douze pouces d'é- pahTeur à la clef en moilon piqué» Les marches des defcentes feront en pierre dure,
d'un feul morceau dans leur longueur , & d'un pied de giron avec trois pouces de recouvrement. Lefdits fouterreins feront en partie pavés en
dalles de pierre dure de quatre pouces d'épahTeur, pofées fur un maflif, en liaifon, & dont les joints feront les plus petits que faire fe pourra. Du déifias des murs des fouterreins, fera élevé
au rez-de-chauifée un petit foubaifement de cinq pieds de hauteur en pierre dure, en retraite de trois pouces de part & d'autre fur lefdits tmms> dont la premiere aiTife fera enterrée de trois pouces, pour former un focle d'un pouce de retraite, & dont la fupérieure fera terminée par une plinthe» > ri 11 fera obfervé dans ledit foubaffement des
abajours pour éclairer les fouterreins , dont les pied-droits feront les parpains des murs , & dont la fermeture d'une feule pierre aura au moins fix pouces de portée fur les pied-droits. Au-deffus du foubaiïernent, tout au pourtour
du bâtiment, tant du côté du jardin que deia cour, fera placé un cours d'affiie en pierre dure d-e feize pouces de hauteur , formant les bafes des |
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'49* Cours
colonnes engagées & partie de leurs fûts , de
même que les bafes des pilaitres , lequel fera le parpain dudit mur & la faillie defdites bafes. Le furplus de la hauteur des murs de face du bâti- ment fera en pierre de Saint-Leu, avec des cours d'aiîifes d'égale hauteur formant toute l'épaiffeur du mur , & une bonne & fuffifante liaifon , avec les retours des arriere-corps , ainii qu'avec les eouffinets & \çs vouiïoirs des portes croifées cin- trées des avant-corps , qui feront pareillement toute l'épaifleiir du mur. Les bafes des colonnes ifolées feront de pierre
dure d'un leulmorceau de feize pouces de hauteur, formant auffi une partie du fuit. Pour ce qui eft du refté du fuit defdites colonnes, il fera élevé en Saint-Leu, par tambour d'un feul morceau, & de la hauteur des cours d'aiïifes régnant dans les faces du bâtiment. > c ^ -i '*»-- ; Sera obfervé de faire fculpter les chapiteaux dès
pilaftres & des colonnes avant de les pofer en place. Les plate-bandes feront exécutées en Saint-Leu
avec fommiefs à-plomb des colonnes , & auront chacune de largeur la diftanee defdites colonnes, portant de coupe la hauteur de l'architrave & de la frife, & entrant dans le corps du muradofTé; chaque fommier fera traverfé d'un mandrin dé fer de dix-huit lignes à l'à-plomb de chaque colonne, 'lequel pénétrera, non-feulement fon chapiteau, mais encore d'un pied dans fon premier tam- bour. Les claveaux des plate-bandes auront la même
hauteur de coupe que les fommiers, & entreront dans le corps des murs adoiTés aux colonnes. r.i '-J On -pôfera fous lefdites plate bandes μη linteau |
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d'Architecture. 493
de fer de vingt lignes quarrées , entuiîlé de fon
épaiffeur , avec œil dans les bouts, pour être en- filés par les mandrins des fommiers. La corniche defdites plate bandes , également
comme celle de l'entablement régnant au pour- tour du bâtiment , fera en Saint-Leu, à l'exce- ption de la cimaife qui fera en pierre d'Arcueil; elle fera s'il eft poiîible toute l'épaineur du mur, ou du moins, au droit des avant-corps , entrera dans le corps du mur de neuf & douze pouces alternativement. Le fronton-, qui terminera Favant-corps du côté
du jardin, fera en pierre de Saint-Leu , de dix-huit pouces réduit d'épaiiTeur au droit du tympan, fans la faillie des bofTages pour la fculpture j le derriere , pour achever TépaiiTeur dudit mur, fera continué en maçonnerie de moilon avec mortier de chaux & fable. La corniche rampante dudit fronton fera de
même conftruâion que la corniche de la plate- bande au-deÎTous. La cimaife de ladite corniche rampante fera de
pierre dure , des plus grands morceaux que faire fe pourra , faifant route l'épaifTeur du mur , & la faillie de la corniche aura fes joints re- couverts en feuillure. Labalullrade fervant de couronnement auxdits
murs de face aura trois pieds & demi de hauteur, dix pouces d'épaiiTeur au nud, fera décorée de pilaftres & de baluilres. Le focle fera de pierre dure de quatorze pouces de hauteur & de douze pouces d'épaiiTeur. La tablette fera auffi de pierre dure de douze pouces de largeur, d'un feul mor- ceau en la longueur des travées de baluilres , Ci#mponée fur les joints 9 avec crampons fcellés e« |
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494 Cours
plomb. Enfin le corps des pilaftres & arrière-corps^
aiafi que les baluftres , feront en Saint-Leu. L'avant-corps du mur de face du côté de la
cour , décoré de colonnes engagées à moitié »fera de même conrtruétion que le précédent, en obfer-> vant feulement que les aiïxfes des tambours for- ment toute l'épaiffeur du mur. Les pkte-bandes feront avec claveaux & fommiers, entrant dans le corps du mur avec coupe de la hauteur de l'architrave & de la frife, & la corniche formera aulïi toute i'épaUTeur du mur & de ladite plate- bande. Seront obférvés à tous lefdits murs de face, les
chambranles des croifées, les impolies , les archi- voltes , toutes les faillies d'Archite&ure & bof- fa ges pour la Sculpture, marqués fur les deiïins & élévations, fuivant les profils qui en feront donnés. Au-deiTus de l'aflife de pierre dure de feize
pouces de hauteur, dont il a été queilion précé- demment , placée au-deiîus du foubaffement & régnant tout au pourtour, feront élevés les arrière- corps des murs de face, avec pied-droits & ferme- tures de croifées formant plate-bande, tant du côté de la cour que du jardin, le tout en Saint- Leu faifant le parpain du mur. Les fermetures defdkes croifées auront dix-fept pouces'de hauteuï de coupe à la clef. Les appuis des croifées feront en pierre dure »
de même que les feuils des portes croifées. Les murs de refend feront des épaiffeurs cottées
fur les deiïins, confiants en moilons de Meulière avec mortier de chaux & fable , enduits des deux côtés en plâtre, avec des têtes en pierre de Saint-Leu de deux pieds de face réduite- |
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d'Architecture. 495
Les portes dans lefdits murs feront avec pied-
droits en Saint-Leu, faifant tout le patpain jufques fous les linteaux , au-deifus deiqueis fera fait des décharges en moilons. Les affiles de parpain fous les cloifons auront
huit pouces d'épaiffeur & dix-huit pouces de hau- teur, compris trois pouces enterrés. Les marches des perrons , tant fur le jardin que
fur la cour , feront de pierre dure de quatorze pouces de giron, avec trois pouces de recouvre- ment l'une fur l'autre : les paliers feront auifi de pierre dure de fix pouces d'épaiffeur , des plus grands morceaux qu'il fera pofîible , pofés fur des maffifs-moilons formant trois pouces d'empat- tement , du devant des premières marches , coulés, fichés & jointoyés en mortier de chaux & ciment. Conflruclion des Murs de Clôture»
Seront faits les murs de clôture en moilons de
chaux & fable, avec vingt pouces d'épaiffeur en fondation > au-deiïus de laquelle fera faite une re- traite de deux pouces & demi de chaque coté pour avoir quinze pouces au rez-de-chauffée : ils feront élevés avec fruit & réduit à quatorze pouces fous le chaperon qui fera fait avec bordures, allignées d'un rang de moilon pofé fur le plat en boutiifes failîantes des deux côtés. Lefdits murs feront gobtés en mortier de chaux & fable, à moilons apparents des deux côtés, avec des chaînes de pierre de douze pieds en douze pieds de milieu en milieu, & de trois pieds d'épaiffeur réduite. La porte cochere comprife dans l'un defdits
murs de clôture 9 fera compofée de deux piliers 9 |
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4$}6 Cours
entre lefquels fera une porte cintrée , couronnée
d'une corniche conformément aux deifins. Le bas defdits piliers aura quatre affiles de pierre dure fai- fant cinq pieds & demi de hauteur, dont la premiere fera enterrée de trois pouces , & dont la troifieme formera une retraite d'un pouce & demi de faillie. Le reite de ladite porte en élévation lera exécutée en Saint-Leu. La fermeture de la porte fera en vouifoirs de dix-huit pouces de coupe : la corniche de couronnement fera auffi en pierre tendre , à l'exception de la cimaife qui fera en pierre dure. Seront élevés des pied-droits ou chaînes de pierre dure fous la portée des poitrails au-deiïus des remi- i'es; lefquels pied-droits & chaînes commenceront a rez~de-chauffée avec une fondation de libage, poiée fur un bon fond, qui fera de largeur fuffifante pour faire retraite de deux pouces & demi de chaque côté. Conßruction d'un Puifard & d'une Pierree,
Sera fait un Puifard à l'endroit défigné fur le
plan, pour recevoir les eaux de pluie & des égoûts, tant des différents corps de logis que des cours. Ce puifard aura trois pieds *de diamètre , avec des murs de dixhuit pouces d'épaiiTeur en pierre dure faifant parpain : au fond dudit puifard, fera mis une dalle de pierre dure de fix pouces dfépai fleur, pofée fur un maifif de maçonnerie en moilons d'un pied de haut :& dans fa partie fupérieure il fera mis un chaiîis de pierre dure de douze pouces d'épaiffeur, percé & refeuiilé, pour recevoir une grille de ter qui affleurera le pavé. La Pierree fervant à décharge des eaux du.
Puifard, & pour les conduire au dehors du bâti- ment, fera placée fous terre au bas dudit Puifard: elle
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d'Architecture. 497
elle aura dix-huit pouces de largeur fur dix huit pouces de hauteur. Ses murs ieront en moilons durs ou en pierre de Meulière, de dix pouces d'épaiffeur, qui fera pofé de champ , avecmafïif en moilon dur de huit pouces d'épauTeur poié de champ; ie tout maçonné de mortier de chaux & fable. Ladite Pierrée fera couverte avec des dalles brutes de pierre dure , de fix pouces d'épaiffeur , portant par le bout de fix pouces fur chaque mur , les- quelles dalles feront bien jointes les unes contre les autres , de maniere qu'il ne puiffe entrer ni fable ni terre, capables de l'engorger, , Légers Ouvrages,
Cheminées, Seront faits les tuyaux de cheminées, auffi haut
•que betoin fera, au-deffus du faîte du comble , de plâtre pur pigeonne à la main, dont les languettes auront trois pouces d'épaiffeur , & feront ravalées en dehors & enduites en dedans le plus uniment qu'il fe pourra* Lefdits tuyaux feront dévoyés à côté les uns des autres , comme il eil marqué fur les deffins, & feront liés avec les murs adoffés, de trois pieds en rrois pieds . par des chaînes de fau- tons , faifant tout le contour des tuyaux, en ob- fervant de faire leurs fermetures & plinthes en plâtre à l'ordinaire. Les jambages des cheminées feront en petits
moilons ou avec plâtras , maçonnés avec plâtre, & proprement enduits tant en dedans qu'en dehors. Les gorges feront auffi hourdées avec plâtfe & plâtras : les corps des manteaux , tant droits que rampants, feront de plâtre pur pigeonne à la main, & enduits des deux côtés : feront iaits en Tome F* li |
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49'S Cour s
outre les âtres & contre cœurs , fçavoir les âtres en
grands carreaux de terre cuite, & les contre tœurs garnis de plaque de fonte. A l'égard des cheminées en briques , leurs lan-
guettes auront quatre pouces depaiffeur, & feront conitruites avec des briques b;en cuites , pofées fur le plat en liaifon les unes au deffus des autres , arrêtées avec crampons & équerres de fer plat, maçonnées avec mortier de chaux & fable fin, ■& enduites très - uniment par dedans avec du même mortier. Seront faites les plinthes & fermetures en pierre de Saint-Leu, arrêtées avec des crampons. Il fera mis fur la partie des tuyaux de cheminées, apparente en dehors au-deffus des combles, deux couches d'ocre rouge à l'huile , & l'on tirera les joints, tant montants qu'horifontaux, avec unt lait de chaux comme de coutume. Efcaliers,
* . ii
Sera fait fous les marches des Efcaîiers de char-
pente , un lattis à lattes jointives en liaifon les unes avec les autres, & fera maçonné par deffus ledit lattis entre les marches avec plâtre & plâtras, )ufqu'à un pouce près du deffus defdites marches, pour y pofer le carreau de terre cuite ; quant au- deffous defdites rampes ou coquilles , il fera crépi & enduit de plâtre fin. Les paliers feront hourdés plein , lattes à
claire voie par deffous pour .être plafonnés , δε feront par deffus à lattes jointives fur lefquelles fera mis un aire pour le carrelage. |
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ß Architecture, 499
Planckers. -, ,4t
Sera faite la maçonnerie des planchers de diffé-
rentes manières. Les planchers à entre-voux ou à bois apparents
en trois fens par deiîous , feront lattes à lattes jointives, bien clouées fur les folives en bonne liaifon, fur lequel lattis fera mis un aire de plâtre pour recevoir le carreau de terre cuite ; & les entre-voux defdits planchers feront tirés avec plâtre fin par deffous. Les planchers plafonnés feront creux , lattes
par deiïbus les folives tant plein que vuide en bonne liaifon, maçonnés à augets entre lefdites folives , & par deÎÏus feront lattes jointivement, foit pour recevoir des lambourdes auffi f celles à augets dans les chambres où l'on mettra du parquer, foit pour recevoir un aire bien de niveau dans les chambres deilinées à être carrelées. Les plafonds feront faits de plâtre au panier,
& enduits le plus uniment que faire fe pourra fans ondesj & feront, au pourtour defdits plafonds,faites des corniches dans toutes les pièces où il en fera ordonné, fuivant les profils qui feront donnés par l'Architede. Entre les enchevêtrures des planchers _, feront
ïnife.; fous les âtros des bandes de trémie, fur ïe(- quelles fera faite une maçonnerie en plâtre δε plâtras en façon de plate-bande. Cloifons*
Les cloifons pleines feront hourdées entre les
poteaux avec plâtre & plâtras, lattées de quatre |
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Sop Cours
pouces en quatre pouces des deux cotés, & en-
duites en plâtre. Les cloifons creufes feront îattées à lattes join-
tives , clouées en liaifon des deux côtés, crépies & enduites de pâtre fin. Les cloifons à bois apparents feront maçonnées
en plâtras & plaire entre les poteaux , & feront enduites de plâtre fin entre lefdits j oteaux. Les cloiions de planches feront hourdées en.
plâtre entre elles, Iattées de quatre pouces en quatre pouces, recouvertes de plâtre des deux côtés , jusqu'aux huiiTeries das portes & fablieres ; iefquelles huiiTeries relieront apparentes , & fe- ront ci'épaiileui fufEfame pour que les enduits & plâtres affleurent le bois. Lambris rampants.
Seront faits les Lambris rampants des étages en
galetas à lattes jointivés , en bonne liaifon les unes avec les autres , crépis de plâtre au panier, δι enduits de plâtre fin, Seront faits les exhaufTcments fous le pied des
chevrons jufqu'aux lambris rampants, en motions, ρ âtre & plâtras , crépis & enduits en plâtre , de même que les murs. Fours & Fourneaux.
Sera fait le Four de la forme & grandeur mar-
quées par le plan, conftruit fur une petite affife de grais , & élevé compris la chapelle avec tuilots pofés de champ, & maçonnés avec mortier de terre franche, de même que le carreau qui fera de deux pouces d'épaûTeur : il fera pofé une ta- |
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D* Architecture. joi
blette de pierre au-devant de la bouche dudit four,
&le furplus de fa maçonnerie fera fait en plâtre. Seront faits les Fourneaux potagers des cmiir.es
& offices,.dont les murs & voûtes feront conftruits en briques. Leidits murs auront huit pouces d'épaiiFeur , & les voûtes feront en coupe avec liaifon. Les deffus feront carrelés de grands carreaux de terre cuite* en y obfervant les ouver- tures pour les réchaux. Conclusion.
Tous lefqueîs Ouvrages de Maçonnerie ci-
deiïus détaillés feront faits & parfaits à dire d'Ex- perts , ou gens à ce connohTans , conformément au préfent Devis ; & pour leur exécution, l'Entre- preneur fournira tous les matériaux néceiiaires, comme pierres de taille des qualités ci-devant déclarées, moilons, briques, chaux, fable, plâtre, chariots, grues, gruaux, chèvres, engins, cor- dages, équipages , échafaudages, peines d'Ou- vriers., tous les cintres de charpente pour l'exécu- tion des voûtes , & généralement tout ce qui fera nécellaire pour l'entière perfection & conitructiöh de fes ouvrages fuivant l'art. L'Entrepreneur fuivra exactement les cottes des
plans , profils & élévations iignés & paraphés par l'Architecte , & ne fe permettra aucun changement fans fon ordre. L'Entrepreneur ne pourra porter en compte de
journées d'Ouvriers fans une reconnoiffance par écrit & fîgnée par Γ Architecte, qui expliquera à quoi elles auront été employées ; & à la fin de chaque femaine fera coniîaté par ledit Architecte, ou pair |
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502 Cours
qti Ίqu'un de fa part , le nombre defdites jour-
nées. L'Entrepreneur ne pourra demander pareille-
ment qu'il lui foit tenu compte d'aucun ouvrage, qu'il allégueroit avoir été fait à deux fois , foit par changement , foit autrement, fans un ordre par écrit & figné de i'Architeäe qui lautorife ; lequel écrit conitatera , avant de rien démolir, le tollé des parties à changer. Enfin l'Entrepreneur enverra les terres & gra-
vois aux champs , ou endroits indiqués , pour rendre la place nette & libre , & les lieux propres à habiter dans le teins de.....à peine de tous
dépens , dommages & intérêts.
Le tout fait & parfait moyennant les prix lpe-
cifïés ci-deifoiis par chaque toife d'ouvrage. Se avoir :
Pour chaque toife cube de Fouille de terre &
enlèvement , la fomme de .,..·· · Pour chaque toife cube de Moilon , la fomme
de............... Pour chaque toife cube de Libage, la fomme
de.............· · Pour chaque toife fuperficielle de Mur en pierre
dure à un ou deux parements , de telle épaifleur & qualité, la fomme de . . . · ■ · · · Pour chaque toife fuperflcielle de Mur en pierre
11 / * /Y1
tendre à un ou deux parements, de*telle epanieur
& qualité ( a ), la fomme de.... · . · * ' |
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( a ) Chaque mur fe paye différemment, à raifon de !a qualité
de la pierre cendre ou dure , àraiion de ion épatfleur , & a rai ton de ce qu'il cil à un ou deux parements : c'eft pourquoi il iau-t |
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ï ."■-.' i
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...... :____
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d'Architecture. 503
Pour chaque toife fiiperficielle de Murs-moilons
apparents, de telle épaiiTeur, la fomme de . . Pour chaque toiie ftiperiicieile de Murs-moi-
lons , de telle épaifleur, crépis & enduits des deux côtés , la fomme de.........
Pour chaque toife fiiperficielle de Voûtes en
pierre dure , de telle épaiiTeur y compris leurs reins , la fomme de.........
Pour chaque toife fiiperficielle de Voûtes en
pierre tendre , de telle épaiiTeur y compris les reins , la fomme de . . ... . . .'■"■% Pour chaque toife fiiperficielle de Voûtes en
moilons , de telle épaiiTeur y compris les reins, la fomme de.........
Pour chaque toife fiiperficielle de plus valeur
de Moilons piqués , la fomme de.....
Pour chaque toife fiiperficielle de Marches -
de defcente de cave , la fomme de.....
Pour chaque toife fiiperficielle de Mur de puits,
la fomme de . . . . . . · , . . . Pour chaque toife de Saillie de moulure en
pierre dure , la fomme de . . * * -V .,.. «·■ Et en pierre tendre, la fomme de *\ . - . > t*M»W>Wi
décailler particulièrement dans un devis chaque forte de mur,
fuivant fun épaiifeur , fa ,qualité , fes pavements , en un mot fuivant fa maniere d'être , & mettre un prix à chacun en confé- quence. On Ce regle volontiers à cet égard à tant le pouce ; fi Λ par exemple, la toife fuperficielle d'un mur de face de deux pieds d'épaiiïéur à deux parements ,vaut fuivant les détails de fa con- ftrudion, 144 livres, la toife fuperficielle dé chaque pouce vaudra par conféq lent 6 livres : ainfi pour fixer les prix de la toife des autres murs plus ou moins épais de même qualité;, il ne s'agira ■donc plus que 'de multiplier le nombre de pouces qu'ils ont 4'épauTeur par 6, & que de retrancher de fa totalité le prix de la taille d'un parement, s'il y en a un de moins. On détermine de même le prix des murs-moilons à tant le
pouce, & l'on augmente ou diminue ledit prix; fuivant mj'il*
font apparents, ou, crépis &. enduits.
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^^—•anmfmam=
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504 Cours d* A r c h t τ E c τ ν R £.j
Pour chaque toile fuperficielie de Murs-plâtre
& plâtras, de teile épaiiTeur, la fomme de ... . Pour chaque toife fuperficielie de Marches de
perrons, la fomme de...... Pour chaque toife fuperficielie de Dalles, de
telle épaifîeur, la fomme de....... Pour chaque toife fuperficielie de Voûtes des
efcaliers , la fomme de........ Pour chaque toile fuperficielie de Mur parpain
fous les çipifons , de telle épaiiTeur, la fomme ce ·, .·..«·.·«.··* Pour chaque Appui de croifée , de telle lon-
gueur, épaiiTeur & largeur, la fomme de · · · Pour chaque toife fuperficielie de Marches
d'efcaliers, de pierrede liais, la fomme de . . Pour chaque Borne , y compris fon maiTif de
fondation,la fomme de ........ Pour chaque toife de Tuyaux de cheminées en.
briques, de quatre pouces d'épaiiTeur , la fomme de..............· Pour chaque toife fuperficielie de Voûtes de
four, la fomme de....... · · Pour chaque toife de légers Ouvrages , la
fomme de . ,.......... • Aprlsr cette énumiration , on fixe les termes des
différents payements qui feront faits à fEntrepreneur , tant pendant le cours des ouvrages, qu'après leur per- fection , & on t oblige à reconnoitre , par devant No~. taire ρ U devis & les prix convenus, fin du Cinquième Volume*
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A PARIS. De l'Imprimerie de Lot χ in l'aîné.
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