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1 â
COURS
DARGHITECTÜRE
CIVIL Å.
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-ocr page 2-
η».
>; ARCHITECTURE,
ou
TRAITE
De la Décoration 9 Difiribution & Conflruzlion
DES' BÂTIMENTS? ï
Commencé
Par feu J. F. Bl on del, lArchice&e du Roi,
& Profeiïèur de l'Académie-Royale
d'Arclikeiiture,
, et Continu'έ
Par M. Patte, Architecte de S. A. S."
Msr le Prince Palatin , Duc régnant de Deux-Ponts«
TOME CINQ ÜIÉME. .
Chez kVeuve Desaint 5Libraire,riiedu Foin-S.-Jacques,
M· DCC. htX VIL
Avec Approbation , & Privilège du Roi,
- ■■■■■·...............■'-'-■"'■iiiïiiÉiiiiiiiiiiiiiiniïilii
-ocr page 3-
ν
AVERTISSEMENT.
Plusieurs Ecrits périodiques fe font
empreiFés de publier l'éloge de M. Blond el·,'
& de rendre hommage à ies tafèns ;, c'eft
pourquoi nous nous bornerons à parler
particulièrement de fon Cours , dont nous-
avons entrepris la continuation.
Avant 1740 , if n'y a voit pas d'École ΐ
Paris où un jeune Architecte pût fe former V
&c apprendre tout ce qu'il lui importoit der
favoir, le Deim* de FArchite&ure, de l'Or-
nementa delà Figure, la Perfpectlve,, 1er
Mathématiques, la Coupe d^s Pierres , le
Toifé, ôl enfîn tous les détails fans nombre
qui concernent la eonitrucHön des bâti-
meus, II· falloit qu'il fe transportât iiit>
eeiîivement chez différents Maîtres pour
s'inftruire de chacun de ces objets , ce qùr
allbngeoit beaucoup fes études, & faifoit,
qu'après l'exercice du deffin , il néglfc*
geoit le plus fouvent tout le reite; Ce fu-
rent ces réflexions qui engagèrent M^
Blonde! à former une Ecole des Arts, où:
-ocr page 4-
VJ         AVEP.TISSEMENT*
pluileurs Profefleurs habiles dans chaque
genre , enfeigneroient , fous fa direction y
dans un même lieu , tout ce qui eil eifen-
tiel pour fe perfectionner dans l'Archite-
cture. Uaccueil que le public fît à fon
établi/ïèment , la réputation que s'acquît
en peu de tems fon Ecole, &: le nombre
d'Elevés diiMngués qu'elle produiiît, ayant
fait concevoir une haute idée du mérite de
de la capacité de celui qui la dirigeoit, le
firent nommer par le Roi, un des membres
de fon Académie d'Architeéhire 5 iorfqu'eîle
fut augmentée en 1756, èc peu de tems
après, ProfeiTeur-Royal de cette Académie.
C'eft principalement dans cette place
qu'il déploya fon talent pour enfeigner Se
toutes les connoiilances qu'il avoît acquife
dans le iîlence du cabinet. L'pn peut dire,
qu'ils donna une nouvelle vie aux leçons
de l'Académie. Depuis long-tems on n'y
avoit vu , ni un auffi grand concours d'E-
levés ji ni autant 'd'émulation régner parmi
eux. Perfuadé que les routines ne font pro-
pres qu'à former des hommes médiocres 9
M. Blonde! avoit pour principes d'éclairer
-ocr page 5-
AVERTISSEMENT.           Vi)
par îe rationnement de le jugement, tout
ce qu'il enfeignok i &; en effet, il n*y a
véritablement que cette méthode de hater
hs progrès en quelque genre d'études:
que ce foit. Auffi a-t-il réuiîî à préparer >
par fes infbu&ions, la révolution qui s'eit
faite depuis 20 ans dans le goût de notre
Architecture, en ne cefïant de faire fentir
la frivolité des formes captteufes , qui
avoient commencé à s'y introduire > par
oppoiition aux beautés mâles des cherV
d'œuvres des Grands-Maîtres: il eft impor-
tant fie ne pas laiiîer ignorer qu'on lui et
cette obligation.
Les applaudiiïèmens qui! s'attira l'en-
gagèrent à recueillir toutes Ces Leçons %
pour en former un Cours complet d'Ar-
chitecture y ou l'on trouveroit réuni tout
ce qui compofe l'euence de cet Art l la.
décoration y la dîilribution & la conitru*
etion ï ouvrage qui manq-uoît r & qui ne
pou voit gueres être produit que par uns
homme confacré par état comme lut, à
tout voir, à tout examiner , à tout com-
parer , &; qui eût lu ou médité tout ce qm
α ιν
-ocr page 6-
Vlij         Αν" ERTIS S E MEN 7\
avok été écrit fur ces différentes matières.
Son but a été principalement d'y ranger
dans un ordre de didactique ce qui confti-
tue les vrais principes de Γ Architecture v
de confronter ce qui a été écrit fur ce
iujet avec les bâtimens anciens & modernes
que l'on admire le plus, pour déduire les
cas où il faut admettre tout Amplement ces.
principes, & les modifications* dont ils
peuvent être fufceptibles, & enfin d'éclai-
rer par le raifonnement leurs véritables
applications fuivant les cirçoniiances y de
maniere à leur ôter ce qu'ils paroiffoient
avoir d'incertains & d'arbitraires. VoUà
ce qui dUHngue cet ouvrage de tous ceux
qui l'ont précédé \ il en efl en quelque forte
la quinteuence , & avec fon fecours, on
pourroit fe paifer de prefqae tous les autres.
, Il eft à obferver que ce fut uniquement,
afin de fe rendre maître d'expofer plus li-
brement fes principes, fa maniere de voir
&; fur-tout fes fençimens fur les ouvrages
qu'il fait paifer en revue , que M. Blondef
avoic pris le parti de feindre qu'un autre
que lui publiait fon Cours avec fon aveu Λ
-ocr page 7-
A V E RT I S S Ε Μ Ε Ν Τ,              IX
Βί qu'il a mieux aimé renoncer à fe parer
du titre d'Académicien dans Ton frontifpke,
que de le foumettre à fa Compagnie ( ι ).
S'il a penfé , comme il le paroît, que fon
Livre en vaudrok mieux, on doit lui favoir '
gré de ce facrifice, quoiqu'après tout ces
titres d'honneurs,ne faiTent gueresqu'enfler
un nom, fans ajouter réellement au mérité
de ceux qui en font décorés : peu importe
au Public qu'un Auteur foit d'une Académie,
pourvu que fon Ouvrage foit bon.
Les quatre volumes de Difcours & les
deux de Figures, qui ont été publiés juï-
qu'iei , contiennent les proportions des
ordonnances d'Archite&ure, la décoration
extérieure &; la diflribution des bâtîmens >
8i il reftoit encore , lors du décès de M.
Blondel (i),iuivant leProfpcclus^ adonner
f"                                         .·■■.. ι                                iii ----r.....Hirn ι—T--i-irr-                   ι -ι-·,·-- ■ - ■' ■ in-—''                                          ι ' ι ιι            ψί
. (ι) Par l'Article XXL des Statuts de l'Académie Royale d'Ar-
chitecture j, il eil dit ; cc L'Académie examinera les Ouvrages
si que les Académiciens fe propoieront de faire imprimer-fut
« l'Architecture.: elle n'y donnera fon approbation qu'après
% une lecture entière faite dans les Aifemblées , ou du moins
33 qu'après un examen 8c -un rapport fait par ceux que la
m Compagnie aura commis à cet examen : ê* nul des Aca-
?3 démiçiens ne pourra mettre aux Ouvrages qu'il fera imprimer
?3 le titre a1 Académicien 7 s'ils n'ont été ainß approuvés par
su l'Académie
dj,
( %) Il mourut à Paris le 9 Janvier 1774 , âgé de $9 ans.
-ocr page 8-
χ       Avertissement»
deux autres volumes de Difcours & un de Fi-
gures, qui dévoient renfermer la décoration
intérieure des appartenons & la conirrudiort
toute entière. Quoiqu'on eût lieu de pré-
fumer que Ton Cours étoit entièrement
terminé lorfqu'on entreprit Ton impreiïïon,
il eil néanmoins confiant que x vers la
fin du IVe Volume , cet Architecte corn-
pofoit à mefiire qu'il imprimoit. Car il n'a
laiiîë qu'environ 48 pages de manufcrit fur
la décoration intérieure des appartemens %
fans
même aucune table de matière pour
guider daps fà continuation , de en outre
36'planches déjà gravées ΤμΓ cette partie %
fans fuite &: fans explication. Quant a la
conitru&ion , on n'a trouvé que l'article
Maçonnerie du Dictionnaire de l'Encyclo-
pédie écrit de fa main , lequel faifoît par-
tie des cahiers qu'il -di&oit à fes Elevés ^
article qui nous a paru médiocrement trai-
té} & en effet, ce n'étoit pas par-M que
brilloîent les leçons de M. Blondei : on*
iait qu'il s'appliquoit plus à former des
Théoriciens que des Praticiens, &c il eftâ
croire qu'il auroic recompofé cette partie
de fpn Cours.
-ocr page 9-
Ar ERT ISS EMÊNT.            XJ
C'eil avec ces entraves &; ce peu de
matériaux qu'on nous a follicité de conti-
nuer cet Ouvrage, que l'ernpreiTement du
Public , à fe procurer les volumes qui
avoient déjà paru, faiibît regretter de voir
imparfait. Sans prétendre faire valoir notre
travail, on concevra aifément combien il
étoit difficile de s'aiTujetir à ce qui étoic
déjà compofé fur la décoration intérieure,
d'en fuîvre le fil, Se d'interpréter desdeiîins
déjà gravés que l'intérêt du Libraire exi-
geoît que l'on fit fervir , & dont nous
croyons même qu'on auroit pu quelque-
fois mieux choiiîr les modelles y auflî de-
mandons-nous quelque indulgence pour
cette partie , que nous Îbmmes bien éloi-
gnés de croire avoir traité complettement.
Dans le Livre de la Conitruction i nous
avons feulement adopté de l'article Ma-
çonnerie
cité ci-devant, ce qui concerne
les qualités des matériaux 9 de ia maniere
de fonder fur les difFérens terrains , en
nous permettant toutefois d'étendre & de
changer ce qui nous a paru fufceptibJe d'être
mieux préfenté 5 tellement que dans les
-ocr page 10-
■ V                             f
x*j           Ar Ε RT IS SEMENT.
120 pages qut fui ν ent notre Introduction a k
Maçonnnerie,, il n'y a environ que ^o pages
de notre format qui appartiennent à M.
Blonde! , comme nous le ferons obferver
en fon lieu : à cela près y tout le reite eit
de notre compoikîon* Notre but. a été
de raiTembler , fuivant le plan de notre
prédéceiTeuf, à peu-près, tout ce qu'il im-
porte à un jeune Pratkiea de favoir > &
nous n'avons omis, à caufe des bornes de.
nos deux Volumes , que les parties que Port
trouve ailleurs fuffifamment approfondies >
telles que la coupe des pierres, les toifés,
& pluiîeurs autres articles que nous avions
déjà traité précédemment danspa? Mémoires
fur les objets les plus importons de ΐArchite-
cture
( 1 ), auxquels nous avons fréquemment
renvoyés, pour ne nous point répéter y
& qui doivent en conféquenee être re-
gardés comme un fupplément néceiTake i
cet Ouvrage.
:(i) Ils fe vendent, ainfi que notre Livre des Monument
a la gloire de Louis XV
/chez Lacorabe , Libraire . rue as
Tournon , pres le Luxembourg.
-ocr page 11-
A FANT-PRO Ρ ÖJ7
ο υ
Précis au contenu du. quatrième Volume.
JLwUS avons expofé , au commencement
de ce Volume, la différence qu'il y avoic
entre le talent , le génie & le goût d'un
véritable Archke&e. Car ce n'eft pas allez
d'avoir fait de bonnes études en Archi-
tecture , d'avoir vu ôc deffiné les plus
beaux Edifices anciens &: modernes , ëc
d'avoir appris cet Art par principes, il
faut encore en favoîr faire une judicieuie
application fuivant les circonitances : fans
cela on pourra bien paifer pour un komme
à talent , mais non pas pour un homme
de goût. Il n'y a en effet que l'affociation
du goût &c des règles , qui puiffe faire
efpérer de produire d^s Ouvrages mémo-
rables , & c'eft cette réunion qui fait prin-
cipalement eitimer Iqs productions des
grands Maîtres. Quant au génie, ce doh
précieux de la Nature, il eft encore au-
deiïus,du talent &l du goût, mais à moins
qu'il ne foit auiîi dirigé par lus principes ,
Ü ne produit que des écarts ,· & ce n'eft
giieres qu'en le réglant qu'on peut parve-^
-ocr page 12-
χΐν         A^ant-Propös*
nir à créer le beau. Nous avons cîté à ce
fujet J. Hardouin Maniard , dont toutes
les produdions portent l'empreinte du
génie aiTocié aux règles de l'art, telles
font l'Orangerie de Verfailles , le Dôme
des Invalides, &c. Ouvrages qu'on ne fau-
roit fe laiTer d'admirer
De-là nous avons paiTé à des obferva-
tions qui peuvent être regardées comme
la Logique de Part , &; comme le moyen
de tirer des confequences diredes de fes
principes , pour établir avec fuccès l'or-
donnance d'un bâtiment. En effet, chaque
forte d'Edifice doit avoir un ilyle , une
expreiîîon particuliere , Sc en un mot, un
efpece de coloris diilin&if qui affigne à
ion eniemble le caradere qui lui efi propre.
Ainiî un Edifice facré doit s'annoncer au-
trement qu'un Edifice héroïque , &; ce
dernier différemment qu'une maîfon par-
ticuliere. Il faut qu'au premier afped , on
ne puiiTe fe méprendre en quelque forte
fur fa deftination : c'efl prefque toujours
un mauvais ligne, quand on eft obligé de
demander, quel eft ce bâtiment ? à quoi
peut-il fervir ? Mais, pour parvenir £
donner ce caradere diftindîf, il faut être
doué de beaucoup de jugement , avoir
acquis un tad fur ôc délicat par de pro-
fondes études, & avoir beaucoup médité
-ocr page 13-
ArANT-PRQPÖS.          XV
fur les vrais principes, dé cet Art. Oeil
une erreur de penfer qu'ils ioient arbitrai-
res , comme on a tenté plufieurs fois de
le faire croire 5 notre Ouvrage a en partie
pour objet de perfuader cette vérité.
Ceil le jugement qui apprend encore à
faiiîr l'excellent, &: à diilinguer ce qui mérite
d'être imité. Parmi les Ouvrages des grands
Maîtres, combien n'y a-t-il pas de choix
à faire ? combien ne fe trompe-t-on pas
tous les jours à cet égard ? c'eil là pourquoi
l'Architecture eil un Art iî difficile", Ôc
pourquoi nous avons dit qu'il falloit le
cultiver toute ia vie pour y réuiîîr. Nous
avons propoie le Château de Maiions comme
un édifice où tout eil précieux à étudier,
où tout eil marqué au coin de la fublimité,
de l'expérience , du iàvoir 7 &; qui mérite
la plus grande attention de Ja part de ceux
qui défirent fe perfectionner a la fois le
jugemeiit & le gout.
A la fuite de ces obfervations , nous
avons rapporté pluiîeurs programmes con-
cernant différents projets d'Architecture ,
ou nous expoibns non-feulement les égards
que les Elevés doivent fe propoier dans
la composition de chacun, par rapport à
leur ordonnance particuliere δί au ilyle
qui leur eil propre -, mais encore les con-
fidérations que doit avoir le ProfeiTeur dans
V
-ocr page 14-
xvj           Avant-Propos.
Ténoncé de leurs conditions, afin qu'il n'y
ait rien d'équivoque, de grandir s'il Te peut
l'imagination des Elevés par leur expofé,
&: de leur faire naître des idées capables de
les diriger dans leur. compoiîtion.
Chapitre Premier.
Dans ce Chapitre , il eil queftion dts
détails de la diftribution & décoration des
Jardins de propreté , Art qui a fait tant
de progrès en France le iîécle dernier.
Nous avons commencé par rapporter les
reproches qu'on nous a fait plus d'une fois,
avec quelque fondement, d'obferver trop
de régularité &: de fymétrie dans la com-
poiîtion de nos Jardins, φ ne pas aiTez
imiter les variétés delà nature, &: enfin de
trop parer nos Jardins, en y aiTerviiïant
tout aux règles de l'art. Nous avons mis
en oppofïtion, la maniere de compofer les
Jardins Anglois que l'on a eiTayé depuis
quelque tems d'accréditer e|n France, où
fous prétexte d'imiter la nature , on in-
troduit le plus fouvent dans des terrains de
peu d'étendue, des monticules, des che-
mins tortueux, des étangs de formes irre-
gulieres, des cavernes, des bouquets d'ar*
bres fans lîaifon, le tout entre-mêlé de
vaftes tapis de gazon , de kiofques , de
ruines , de pavillons , d'obélifques , de
temples,
-ocr page 15-
Ar α Ν'τ-ΡRo pos* * xvij
temples , de colonnades & d'autres ob-
jets femblables , dont l'enfemble n'offre
volontiers qu'une efpéce de confuiion. De
ce parallele, nous avons conclu qu'il riefal-
loit obferver , ni trop de régularité , ni trop
de défordre pour réuilîr à rendre agréable
la diftribution des Parcs & des Jardins de
propreté.
De-là nous avons donné des préceptes
généraux fur la diftribution la plus avanta-
geufe des différentes parties qui compo-
iè'nt hs Parcs & les jardins , & fur les
moyens d'opérer leur réunion , tellement
qu'il en réfulte un enfemble à la fols varié
éc agréable. -C'eft la différente poftion
d'un terrain en plaine, à mi-côte, fur une
m'ontagne, ou dans une vallée, qui doit
décider la composition d'un Parc. On ne
fauroit donner de règles bien pofîtives à
cet égard : tout ce qu'on peut dire , c'eifc
qu'il faut du génie Se de l'imagination pour
varier les objets , pour les rendre fans
celle piquans & intéreiîans, & pour faire
naître au befoin , de vraies beautés, du
'fein' même des obftacles qui femblolent
s'oppofer a leur exécution. Le grand art de
rArcliitecle eu: encore de favoir tirer parti
des terrains les, plus refferres , de fiçon
a les faire paroître beaucoup plus grands
qu'ils ne font réellement , par la maniere
Tome V.
                                   b
-ocr page 16-
Xvllf        AtfAÎ!T»P&OP0S.
dé difpofer toutes les parties environnan-
tes : c'etë en cela qu'excelioit finguliére-
menc le célèbre le Notre. Enfin, pour ré-
fumer tout ce que nous avons dit dans ce
Chapitre, l'eiTentiel eil de choifu- pour la
plantation d'un Parc une ikuation avanta-
Îeufe , une expofition faine Se falubre ,
&, un bon terroir où il y ait des eaux en
abondance : après quoi, il faut s'attacher
àredificr les trop grandes irrégularités d'un
terrain , à prolonger le coup d'œil qui
forme les principales allées, à varier, dans
fa compoiition , les promenades couvertes
& découvertes , & enfin à difpofer fes bof-
quets, tellement qu'ils intéreilènt par leurs
formes, par leurs percés & par des points de
vues qui piquent la curiofité des Etrangers.
A l'appui de nos obfervations, nous avons
rapporté des exemples, tant des diverfes
parties qui entrent dans la compofition
d'un Parc ou d'un Jardin de propreté , &
qui fe placent, foit à couvert, foit à dé-
couvert , que plufieurs pians généraux
de Parcs de notre invention , pour faire
voir comment s'opère la réunion de toutes
ces parties, quel eft leur enchaînement, Se
en un mot, quelles font les confidérations
qu'exige leur diftribution.
.......ι il ■ mm m.....il.........ι
-ocr page 17-
' Chapitres IL HL IV. V &c Vi* "
Tous ces dififérens Chapitres traitent de
la diilribution des bâtiments , qui efr. 'une
branche eflèntielle de l'Architecture pref*
que ignorée des Anciens , & qui n'a été
véritablement bien connue que depuis le
commencement de ce iîéclê. Cependant
quelque progrès qu'elle ait fait , fur-tout
depuis vingt ans, c'eft, comme nous l'avons
remarqué , la partie de l'arc ilir laquelle
on a, le moins écrit 3 car il n'y a pas encore
eu un /eu! ouvrage où l'on ait développé fes
vrais principes. Ce qui fait la difficulté
de traiter à fond cette matière , c*efb fana
doute, & k variété des bâtimens qu*il s'agit
de conilruire ^ Ôc principalement celle des
emplacements fur lefquels il eil queition de
les projetter j variétés qui demandent ians
ceiïe un efprk de reilburce & de combi-
naison , qui fache prendre à propos le
meilleur parti fuivant les circonftances Se
la poiition du local. Que l'on propofe ,
en effet , un même bâtiment à dinxibuer
à pluiîeurs Architectes , on fera étonné de
îa diveriîté de leurs projets ; cependant
parmi ces projets, il y en aura certaine-
ment de mieux penfés ou dé mieux raifon-
nés , foît pour la diftribution , fok pour
h décoration , foit pour la folidité & la.
b ij
-ocr page 18-
3CX           Ar AtfT-P ROPO S.
répartition judicieiife des matériaux 9 foit
enfin pour . l'économie : tous objets de la
plus grande confidération pour celui qui
fait bâtir j car il ne lui eil" pas indifférent
d'être bien logé &c au mei!leur marché.
C'eft donc ce mieux, qu'il faut eiîèntiel-
lement favoir diftinguer, afin de tirer les plus
grands avantages poiîîbles d'une diftriburion.
Le feul moyen de parvenir a le faiiîr , c'eft
évidemment , de faire marcher de pair le
jugement , le raifonnement , & les com-
paraiibns des meilleurs modelles en ce
genre 3 auiîî eil-ce cette marche que nous
avons fuivi pour établir des principes cer-
tains fur ce fujet.
Nous avons d'abord obfervé qu'il yavoit
deux chofes à coniîdérer dans une diftri-
bution 3 l'une la diviiîon des pièces qui
compofent en général un bâtiment 3 l'autre
la répartition des avant-corps, des pavil-
lons , des arriere-corps &: des corps inter-
médiaires qui procurent un certain mou-
vement à l'ordonnance d'une façade , afin
d'accorder enfemble le dehors & le dedans,
& que l'un paroiife fait pour l'autre. En
cohféquence nous avons donné des préce-
ptes fur la difp o fition refpedive des cours,
des baiTe-cours, & des bâtiments qui fer-
vent de dépendances aux corps-de-logis
4eftinés à la réiidence des maîtres , foit à
*.
-ocr page 19-
Ar αν τ-Propos.           xxJ
ïa ville, foit à la campagne. Eniuite nous
avons expliqué la maniere de concevoir le
projet générai d'un .bâtiment 5 quelles con-
llderarions on doit avoir pour le choix de
fori emplacement , & pour la difpoiition ,
tant de fes avenues que de fes principales
dépendances 5 &,à cette occaiîonmous avons
propofé pour exemples , les plans géné-
raux , Toit de nos plus belles Maifons
Royales , foie de nos Maifons de Plaifance
les plus diitinguées , foit de nos Maifons
de campagne particulières, que nous avons
accompagné d'obfervations , pour faire
ièntir les égards qui ont guidé dans leur
diitribution,
                                      . ...
Après avoir expofé quelle doit être
foliation 'reipe&ive de la maiîe générale
des dehors d'un bâtiment, nous foin mes '
entrés dans tous les détails de la diikibu-
tîon intérieure d*un appartement, fok de
paradé', foit cle fociété ,'Îbit de commo-
dité: nous avons donné le dénombrement
des, pièces qui les compofent, dont nous
avons fixé, relativement à-leur ufage, la po-?
iîrion , Tétendue, la forme , la hauteur des
plafonds y la fymétrîe , le caractère. ;qul
convient a chacune; eixobfervant fur-tout:
que les dégagemens néceiîàires aux do-*
meiHques ne nuifent jamais à une diilri-
butio'11 '"'; &: que leurs fervices fe puiiienc
b dj v
>
-ocr page 20-
fcstfj            Ar ANT- Ρ RO POS.
toujours faire d'une maniere commode
M fans troubler les maîtres. Cefi cette
eörrefpondance intime du tout avec les
parties , & de l'utile avec l'agréable , qui
doit faire le principal mérite d'une diitrî-
bution y mais combien , malgré le grand
nombre de bâtiments qui s'élèvent journel-
lement ,'en rencontre-t-on peu qui foient
véritabkment raîfonnés dans leur tota-
lité? Comme les préceptes fur ces fortes
de matières font toujours iufumTans, nous
avons propofé pluiîeurs exemples, tant de
Flans de palais., que de maifons particulières
dans des terrains irrégtiliers, pour faire voir
les rapports de leurs diiFérentes pièces' >
leurs portions rèfpeclives , !& comment ,
entre les mains d'un homme de génie, il eft
|>oiIibie de tirer un parti même avantageux
des iîtuatîonsen apparence les plus ingrattes,
l              Chapitre VII»
-1* Enfin nous avons terminé ce volume par
donner une idée^ par maiTe , des bâtîmens
que nous avons propofé pour FembelliiTe-
ment des Villes de Metz &c de Strasbourg f
&■ des percés mtérreiîàns que nous avons
imaginés pour lier enfémble la plupart
de leurs Edifices publics, malgré les en-
traves lé les difficultés fans nombre qui
paroiiFoient devoir έ'γ öppöfer. "*
-ocr page 21-
**!'*
TABLE DES MATIERES*
des Chapitres et des Planches,
Contenus dans le cinquième Volume«,
A FANT-PROPOS^          I
Expofition-des matières contenues, dans le Volume
précédent.                                           page xiig
Traité de la décoration intérieure
des appartements. 5
■ '■■■■                    - * *■ ·- ,■ ■■.,. '-..%. Κ ι.
Introduction.                                        ) %
CHAPITRE PREMIÉÈ. "
DE L'ART DE PROFILER LA AiENUISÈRtË... î|:
Différents Profils de Portes à Placards*
Planche Premiere,                     i<&
Divers Profils pour les Cadres des Guickus des-
P&ftis Cocheres^
Planche IL                                   2ï.
Divers Profils & développements ,., concernant les*
Çroifées de Menuißrie^
...                               "                                                    >                           φ
Planche III.                                2$
Divers Profils concernant les Lambris de Umteiir-
& les Lambris d'appuu
Planché IV..-                                 $t
CHAPITRE IL
Des Profils en* ρ last ré a l'vsagê des:
petites pièces d'un appartement.
Planche v*.                      3$,
-ocr page 22-
xxiv                       TABLE
Des Profils en Plâtre , à Îufage des moyennes pièces
des Appartements. Planche V I. page 39
Des Profils en Plâtre Λ à tufage des grandes pièces
des Appartements. Planche VII.            41
CHAPITRE III.
De la décoration des Portes a Placard,
Planche VIII, IX, X & XI. 45
: , CHAPITRE IV.
De la décoration des Croisées.
Planches XII, XIII-, XIV & XV. 52
Des Ornements de Cuivre ou de Bronze,
que l'on applique sur les ferrures
des Portes et des Croisées des Ap-
partements,
Planches XVI, & XVII.           61
Γ                  C H A PI Τ R Ε V.
De la Décoration des Cheminées.
Planches XVIII,XIX, XX & XXI. 66
CHAPITRE VI. . -
De la décoration des Lambris d'appui
et de hauteur.
Planches XXII & XXIII.
            73
De la forme & difpofition des Parquets.              76
Des Torchieres & Guéridons. Pl. XXIV.            78
CHAPITRE VI I.
De la Décoration dèsPlafonds. Pl. XXV,
XXVI, XXVII, XXVIII.XXIX& XXX. 79
Des divers Ornements de Serrurerie, qui fervent aux
décorations intérieures & extérieures des Bâtiments.
-ocr page 23-
DES MATIERES.           xxv
pl. xxxi, xxxu, xxxiii, xxxiv,
XXXV & XXXVI.                          , page-82
De l'Ordonnance particuliere des
Pièces qui doivent Composer un
Appartement.                                            85
CHAPITRE VIII.
De la décoration des Vestibules.
Planches XXXVII, XXXVIII , XXXIX ,
; JXL&XLi.
                                                     
CHAPITRE IX.
De la décoration des Antichambres.
Planches XLII & XLIII.
                     94
CHAPITRE X.
De la Décoration d'une Salle de
Compagnie.
Planches XLIV & XLV. 97
CHAPITRE XI.
De la Décoration des Sallons.
Pl. XLVI, XLVII & XLVIII.
          100
C H A Ρ Ι Τ R Ε ΧΊΙ.
De la décoration des Chambres a
Coucher , et principalement des
Chambres de parade.
Planches XLîX , L, LI & LIL 105
CHAPITRE XIII.
De la décoration des Galleries.
Planches, LUI, LIV & LV. 110
C H A PIT R E XIV.
•De la décoration des Cabinets. 114
CHAPITRE XV.
De la décoration des Chapelles 9 qui
-ocr page 24-
xxvj                      TABLE
FONT PARTIE DES APPARTEMENTS.
Pl, LVI, LVII, LVilI & LÏX. page 115
CHAPITRE XVI.
            ;
Z)E LA DISTRIBUTION ET DECORATION
d'une Salle des Bains. Pl. LX. 117
CHAPITRE XVII.
         *
De LA DÉCORATION DES ESCALIERS.
Planches LXI, LXIÏ, & LXIIL 121
nur ......»»h.ii^iii
De la Construction bes Bastiments.
Ι Ν Τ R O D U C f Ι Ο Ν.
De Γ origine & des progrès de Γ Art de bâtir. I2£
De la Maçonnerie.                               ly?
CHAPITRE PREMIER.
]Dz la Pierre en général.                139
Article Premier.
Des différentes efpéces dé Pierres dures β            14 t
Article II.
Des différentes efpém de Pierres tendres..
           14 f
Article I IL
Dès qualités de La Pierre. , .                      147
Article î V.
Dès façons de la Pierre*                                  I4S
A R TIC LE V.i
J)es différentes dénominations de la Pierre*. Ι4φ
Artigle V L
D*s défauts de la Pierre.                                 Ift
Article VIL
Dts Libages,                                                   ^S^
-ocr page 25-
DES MATIERES. Xxvij
Article VIII.
Du Moilon.                                        page 15J
Article IX.
Du G rais.                                                      154
CHAPITRE II.
Du Marbre en Général.                    157
Article Premier.
Des Marbres antiques.                                     158
Article II
Des Marbres modernes.                                    l6l
Article III.
Des défauts du Marbre.                                  165
Article IV.
Ρ es Façons du Marbre.                                  166
CHAPITRE II I.
De la Brique , et de la maniere de
•p-LA FABRIQUER*                                              l68
CHAPITRE IV.
Du Piastre en Général.                    ïfi
Article Premier.
Quelles font fes bonnes & mauvaifes qualités, 174'
Article II.
Des inconvénients du Plâtre.                           J7f
Article III.
De la maniere demp loyer le Plâtre.               IfJ
CHAPITRE V.
£>u Mortier en général.
                   ιη$
-ocr page 26-
T'A BLE
Article Premier.
De la Chaux, de fa cuiffon, & de la maniere de
['éteindre.
                                               page j^
A R Ô I C L Å É I.
jD« Sable,
Article
J7ä Ciment,
Article
Z?ß /ë préparation du Mortier.
Article
Zte /ä Cendrée de Tournay,
À R Ô É C LE
É É É.
é8$
É V.
Ö
, 189
í.
, m
V É.
Z># nouveau Mortier, découvert par M. Loriot, jçyj
: '
           CHAPITRE VI.
Zte l'Excavation des Terres et de
LEURS TRANSPORTS.                                     2Q§
C H A PITRE VI I.
De la maniere de planter un
i;:- Bastiment.                                              213
CHAPI Ô RE VIII.
De la Maniere de fonder suivant
les différents terreins,
Article Premier,
Dts Fondements en général,                             216
Article II.
Des fondements fur le Roc. PLANCHE LXV. 219
Article III.
Des fondements fur le Sable, Pl. LXVI.         22£
Article IV.
Des fondements fur la Glaife,                ï          23^
-ocr page 27-
DES MATIERES. xx&
Article V.
Des fondements fur Pilotis, Pl. LXVI. page 23$
Article VI.
Des fondements fur un bon terrein. Pl. LX VIL 247
Explication des Planches LXV, LXVI
& LXVII.
                                                 251
CHAPITRE IX.
De la Construction en général.
Planches LXVIII & LXIX.
             itf
Article Premier.
Des Foutes & de leur Appareil. Pl. LXX. z6j
Explication de la Planche LXXî , ,
Repréfimant les Outils à fufage du Tailleur de
Pierre & du Maçon,
                                ié$
Article II.
De la conßruclion des Caves ou Souterreins d'un
Bâtiment,
PLANCHE LXXII.
                     270
Article III.
De la Conßruclion des Murs de clôture.
Planche LXXIII.                                 279
Article IV.
De la Conßruclion des Murs de face d?un Bâtiment»
Pl. LXXIII , LXXIV » LXXV , LXXVI,
LXXVII & LXXVI il.
                            282
Des Murs de Face en Pierre de taille. Pl. LXXIV
& LXXV.
                                                 28J
Des Murs de Face, partie en pierre, partie en motions
ou en briques.
PL. LXXVI & LXXVIL 294
Des Murs de Face en motions, Pl. LXXVIII. 298
-ocr page 28-
mx                    "Τ Α Β L Ε
Article V,
Des Murs de refend & mitoyens. Pl.LXXIÎI. p. 30&
Article VI.
De la Conßruclion des Murs de TerraJJe*
Planche LXXIX                              315
Article VIL
Des Efcaliers. PLANCHE LXXIX.                320
Explication des Planches concernant l'exé-
cution des différents murs d'un bâtiment. 326
CHAPITRE X.
Des Constructions particulières.
Article Premier.
De la Conßruclion des Foßes d'aifance.
Planche LXXX.                                   350
Article II.
De la conßrucliondes Puits. Pl. LXXX.         359
Article III.
De la conßruclion des Citernes. Pl. LXXX. 362
Article IV.
De la conßruclion d'un Cloaque ou Puifard.
Planche LXXXI.                               372
Article V.
Delà conßruclion des Baßins. Pl. LXXXI. 374
Article VI.
Procède pour empêcher les eaux pluviales a*endom~
mager les Voûtes des Souterreins,
Pl. LXIV. 380
Explication des Planches LXXX &
LXXXI.
                                                    383
Article VIL
De, la conßruclion des Serres chaudes. Pl, LXXXiï.
387.
-ocr page 29-
DÇS.MATIERE S. xxxj
*            CHAPITRE XL
. i?# i>i Construction des légers
Ouf rage s.
                                      page 39 f
Article Premier.
De la conßruciion des Cheminées. Pl. LXXXIII, 396
Article II.
De la conßruciion des Aires.                          407
Article III.
De la conßruciion des Planchers, & de leurs PL·*
fonds,
Planche LXXXIV.
                       409
Article IV.
De la Maçonnerie des Pans de bois} & des Cloifons, 414
Article V*
De la Maçonnerie des Lambris,                      416
Article VI,
De la Maçonnerie des Efcaliers.                     ibid.
Article VIL
Des Ravalements.                                           417
Article VIII.
Des Scellements.
                                             ibid.
Article IX.
De la conßruciion des Fours. Pl. LXXXIV. 4IQ
A R Τ Ι C L E X.
De la conßruciion des Fourneaux Potagers,
Planche LXXXIV.                       "' 420
Article XI.
Du Carrelage.
                                                 a 12,
CHAPITRE XI I.
DE LA MANIERE DE BASTIR LES MAISONS
en Pisé. Pl. LXXXIV.                        424
Explication des Planches LXXXIII
& LXXXIV.                                         4ly
-ocr page 30-
xxxij TABLE DES MATIERES, ..
CHAPITRE XIII.
Des Machines et des Èchafauts dont
on se sert pour
z'execution des
Bastiments.
Pl. LXXXV.
          page 433
CHAPITRE XIV.
Articles de la Coutume de Paris ,
concernant les β asti ment s,
          438
CHAPITRE XV.
de la maniere de faire le devis de la
Maçonnerie d'un Basti ment
. 465
Fin de la Table.
ERRATA du Cinquième, Volume,
3?ages.
Lignes. _ Fautes.
131
Zl
en multipliant,
. ï$6
10
d'énigme ,
M9
2*
80 pages,
*39
2-7
30 pages,■
l$z
I
fégeler ,
a33
16
Queue d'arondeJ.'
Z04
z8
fait,
177
35
quelque fois,
300
3
qui eft fouvent *
308
1
au moins 5 ou * pouces,
311
%6
de fer plat , . , » i.
311
1%
& encore mieux,
3M
4
bande ,
3J3
16
de iemblables bandes,
33*
I
bandes,
3*5
II
comment feroit ,
396
1<
jambages D fur 3 pieds,
40*
15
cheminées,
414
6
1 5 pouces,
44*
10
fcépeifier ,
4S3
4
la corniche,
Corrections.
en employant peu de
d'incertitude.
            ■- '■■>■'.
12.0 pages.
40 pages,
fe geler.
Queue d'hyronde.
fçait.
d'ordinaire,
qui doit être peu.
su moins 7 pouces,
de fer plat ou quarré.
{à crochet, à trait de
Jupiter, ou
platebande.
des platebandes.
platebandes.
comment il feroit.
γ jambages D des gran-
\ des cheminées fur
3 piedsi
de cheminées.
18 pouces,
fpécifîcr.
leur corniche.
C OURS
-ocr page 31-
Ην c©7 tth ?0. ètt
C Ο U R S:' ";.■■
.. D'ARC HITEGTUKE.'
5
sssgggjggsasM assa
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Ι/ ΓΑΙ SECOND.
S E CO Ν D Ε PAR ΤΙ Ε*
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'•****&hJ$8&',T<r?'"" ''"
ίβϊ
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TRAITÉ
DE LA DÉCORATION INTÉRIEURE
' ■ DESAPPARTEME NTS·· ■
'<piiiMiwii>i..... ι- ' il m ι i n ! 1 ' ι ι i " ......' " 'ί "'            ■' "'·' '                         '" ■'' ' " i ■■-■■■■ ,■ -)M -,, jj fi _γ
In τ r ο du c τ ι ο ν.»
xIlprès la diftribution des appartements, la déco*
ration intérieure eft peut-être la partie la plus
véritablement intérerTante de TArchitedrure, &
celle qui a éprouvé le plus de révolutions depuis
un iiécle. Il faut pour s'en acquitter avec fuecès»
être plus inftruit qu'un Architecte ordinaire , fe
connoître en général aux Beaux-Arts, & fçavoir
choiiir les Artiires dans chaque genre qui doivent
concourir à fan exécution: il .faut être en état de
faire choix des matières réelles ou factices qu'on
peut employer félon la dignité des -Propriétaires ,
Tome V»
                                  A
:___35S
-ocr page 32-
Hh9
%                        ^ ^ 88 ö ü & &■■,:■'
Ie genie de fordonnnance, & 1'ufäge de chaque
|>iéee en particulier : en tin mor il faut avoir fniïi-
famment étudié eette matière pour pouvoir faire
VttL alliage judicieux de tout ce qui eil capable de
concourir à la perfection d'une décoration , afin
que de fon tout enfembîe il réfulte une vraie
beauté. ■
La partie de la Maçonnerie, connue fous le nom
de Légers-Ouvrages, îa pierre , le marbre, le Èêc
tk
particulièrement le bois , font les principales
matières que l'on met en oeuvre pour les revêtiiïe-
ments des intérieurs des appartements ; enfuite la
Sculpture en plâtre , en bois , eii bronze & en
plomb j la Peinture, la Dorure contribuent à leur
éclat, auffi bien que les glaces , les étoffes , les
meubles, FEbénifterie, la Marqueterie, &e,
La réunion de la Théorie & de la Pratique font
deux parties eifentielles à faire marcher enfembîe,
pour s'acquitter dignement de la décoration dont
nous allons traiter. Néanmoins , pour nous affu-
jettir à la loi que nous nous femmes impofée * nous
renvoyons pour la pratique des différents objets
qui la compofenr , au Livre fuivant où il fera
parlé de la conftrucïion , celui-ci étant dèiliné feu-
lement an goût de l'Art * qui a pour but le ftyle
convenable à lachofe qu'on a à traiter, à la beauté
des formes,au choix des ornements, enfin au rai-
fonnement qui amené l'Architeâe à fe permettre
plus ou moins de richeffe ou de fimplicité , félon
que le cas le requiert, & félon l'économie ou l'o-
pulence dont veulent ufer les Propriétaires.
Pour acquérir les eonnoiiïances relatives à îa
décoration inférieure des appartements , il faut
avoir beaucoup vécu avec les différents Ordres de
l'Etat cfei compofent la Société civile. Ceil par ce
-ocr page 33-
d^Archïtec t uni              &
fecoürs qu'on parvient à faire des comparaifons »
qui tournent au profit de l'Artiite déjà fumYamment
ànilruit, & qu'on apprend à éviter tout ce qui dans
les ornements n'eft qu'une mode paflagere; celle-ci
infeniiblement étouffant le germe des talents. Si
l'on y fait mûrement attention, on verra que toutes
les fois que le goût change , par inconilance οιί
autrement, le plus grand nombre des hommes qui
ne fçavent qiumiter, perd le jugement qui étoit
en eux, & qu'ils auroient pu perfectionner ; ils ne
le décident guère que d'après l'opinion d'autrui.
Ils approuvent,non ce qui eil bien» mais ce qu'ils
Voient, & fe trompent d'autant plus qu'ils croient
devoir fuivre ce qu'ils n'auroient dû qu'entrevoir»
Nous lavons dit ailleurs, & ceit ici le lieu de le
répéter , la mode eil le tyran du goût : chaque
Artifte peut, fans doute, avoir le fien ,· mais pour
être bon, il faut qu'il foit guidé par le fouvenir du
beau ; de ce beau de tous les temps qui feul entraîne
la pluralité des fuffrages. Nous le penfons ainii;
les Artifles , dans les ouvrages de goût, ne font
nen de bien, dès qu'ils s'écartent du vraifemblable*
Tous les modèles font dans la nature. Plus nous fc
nous éloignons des exemples qu'elle nous offre fans P
cefle, plus nos productions font imparfaites. Nous
ne tirons plus alors nos modèles que de nos fan-
taiiies ; & le beau de fantaifie n'engendre guère
que des médiocrités, ou du moins ce prétendu
beau η eil pas fait pour être imité. Il n'y a peut-
être pas eu un grand mai que Rome ait eu fou
ßorormai, 6k que nous ayons eu nos Lajoux, nos
Meiffonmer, nos Pinault ; mais il falloir leur lahTet
leur originalité & non les fuivre, comme l'on a
tait pendant long-temps. Aujourd'hui, il eil vrai,
nous η avons plus guère d'Artiiles qui courent
Ai;
-ocr page 34-
!
4                         Goü>$
«près les cqmpofitions extraordinaires ; mais les
Grands , les riches, les femmes ont pris leur place;,
& Ceux-là, pour plaire à la vanité de celles-ci»
s'efforcent, à l'envi les uns des autres, d'imaginer
de nouveaux moyens de dépenfe ; & , diiflent-ils
contrarier les beautés de la nature, ilsintroduifent
dans nos Appartements un luxe toujours, insépara-
ble du mauvais goût, fans fonger que toutes les
fois que celui-ci devient trop difpen dieux, il eil
faui ·, il eil ridicule & prefque toujours infoute-
nable.
           ':.;··.^, '_
Ceft pourquoi, pour fe garantir d'un pareil in-
convénient , i|l faut tout voir, tout examiner ; il
faut entrer dans tous les détails ; il faut, comme
nous venons de le remarquer, vivre avec les
hommes, & fçavoir qu'il n'eiî point de partie, dans
l'Architecture , qui exige plus l'exercice du deiîin
que la décoration des dedans ; que e'enY par le
feeóiirs d'un crayon facile qu'on parvient à bien
rendre fes idées \ par une longue expérience y
qu'on fçait ajouter ou retrancher à fes premières
penfées; par l'examen réitéré dès différents chefs-
d'œuvre en ce genre , qu'on peut fe former un
goût particulier qui, en nous appartenant, plaît
également aux autres ; que c'eil par la fréquenta-
tion des Artiftes célèbres, qu'on devient foi même
expert , qu'on fçait choifir les meilleurs , qu'on
fçait apprécier leurs ouvrages, & devenir l'arbitre
des intérêts des Propriétaires & de la récompenfe
due aux: vrais talents- ':■■ hi
             ùq =; .
Au refte, le goût feul eM: infuffifant pour réuilîr
dans la décoration dès dedans. Il préiide , à la vé- '
rite, a la diftribtîtion des ornements , il les met à
leur place y il décide leurs formes , leurs faillies , il,
amène au choix des allégories , dés attributs & des
-ocr page 35-
d'Architecture:               f
fymtoles ; mais il faut des règles sûres , pour éta-
blir les deffou s , admettre des rapports, des pro-
portions , introduire des repos, des intervalles,
en un mot, mettre en exemples les préceptes dont
nous avons parlé précédemment , en traitant de
l'ordonnance des Façades. On peut, à la vérité,
ufer de moins de févérité dans les dedans| mais il
faut fçavoir qu'on nefçauroït éprouver imevérita-i'
Me fatisfa&ion à l'afpecl d'un compartiment de
lambris ou d'un revênifement en marbre, ii l'on
n'apperçoit que fes parties n'offrent que des beautés
factices, tandis que leurs principales formes doivent
prendre leur fource dans le ftyle de l'ordonnance,
dans le diamètre des pièces, dans leurs dimeniions,
dans la configuration de leurs voûtes, enfin dans
la forme des croifées, des portes à placards , &c.
La décoration intérieure d'un appartement eil
fondée fur les mêmes principes que la décoration
extérieure d'un bâtiment :fon vrai mérite dépend de
fon ordonnance générale , & de la relation des
parties avec leur tout. Orî doit y obferver, avec
un foin extrême , que l?Areniteâ:ure foit toujours
fupérieure aux ornements ; & ç'eft cependant à
quoi on apporte fouvent le moins d'attention : il
faut encore avoir pour régie indifpenfable d'ac-
corder les ornements d'une pièce avec fon ufage 9
& d'en proportionner la richeife avec celle de la
pièce qui la fuit. La matière qu'on y employé ne
demande pas moins de coniidération ; car c'eit
fuivant fa qualité qu'on doit déterminer fon or-
donnance , & rendre fa décoration plus ou moins
-légère. A deflein de donner une notion <les diffé-
rentes efpéces de. décorations qui ornent les ap-
partements d'une maifon un peu confidérable 9
A îij
-ocr page 36-
1
6                        Cours
nous en offrirons divers exemples , fans affe&çr
néanmoins de les rendre trop magnifiques, per-
fuadé d'ailleurs que ce n'eit pas la profnfion des
ornements qui fait la vraie beauté d'un apparte-
ment , mais que celle-ci coniifte dans une fage
répartition des ornements, faite avec goût & difcer-*
nçment.
Comme dans la décoration des appartements
la Menuiferie tient le premier rang , en faveur de
la fatubrité qu'elle leur procure , & à caufe des.
portes, des croifées , des parquets & des lam-
bris qui les décorent le plus fouvent s nous par«
lerons dabord de cette partie intéreffante | mais
ce fera prefque toujours lielativement ά l'Art ,
notre intention étant de nous arrêter peu dans ce
Volume lùr la pratique que nous reprendrons,
ailleurs. Nous nous étendrons davantage a par
exemple, fur la maniere de profilergcet objet
appartenant tout à l'Arehiteâie. Nous dirons auffi,
très-peu de çhofe de la qualité des bois , dont
nous traiterons, dans le Volume fuivant, en par-
lant de la conitruttion de la Charpenterie & de la
Menuiférie. Commençons donc par expo-fer m%
peu de mots l'origine de cette dernière , afin qu'en
remontant à lafource, nous ne perdions point de
vue les rnotifs qui , par la fuite, ont portés les
riches à embellir leurs demeures , dans l'intention;
de fe ëi&inguer des hommes du commun.
Nous avons 4éjà àk ailleurs, qu'il y a Heu dq
préfumer eme le bois eil la-premiere matière dont
'les hommes ont fait ufage, après avoir quittés les
antres & les rochers, qui, pendant long-temps^
leur a voient fervi de démences. Nous en penfons
autant pour ce qui regarde la Menuiferie. Sans
-ocr page 37-
d'Architecture.               7
«toute i'indurtrie, qui ai appris à nos premiers Peres
à débiter, à façonner & à affembler les bois de
charpente que les forets leur offroient en abon-
dance , leur fit auiîi découvrir l'art de choiiir, de
refendre, & de divifer ces mêmes bois » pour la plus
grande sûreté de leurs jxofleflions. Quant à l'Art,
fes progrès durent neceiTairement être lents , à en
juger par l'ignorance où eil encore plongé le plus
grand nombre des Artifans de nos Provinces à cet
égard , & même la plupart de ceux de cette vafte
Cité. Mais s fans nous arrêter à cette difcuffion,
difons que dabord la Menuiferie n'eut pour objet
que l'utilité & la falubrité. Clore fon domaine par
des planches à peine dégroffies, fermer l'entrée de
fa demeure fans affemhlage > fe préferver de l'hu-
midité de l'air extérieur par des chaiHs garnis de
toile, ou des efpéces de tranfparents , comme au-
jourd'hui font nos Atteliers , fut le premier foin
des hommes déjà aiTez inftmits par l'expérience &
le befoin. Enfuite eonnoiflant que le bois, docile à
la coignée du Bûcheron, le pouvoit également
devenir entre les mains de l'Artifan plus éclairé 9
on imagina d'en garnir le fol des planchers , on
en revêtit les murailles , on en fit des meubles ;.
enfin, peu à peu, le Métier fît place à l'Art, le goût
fuccéda à la routine y & l'iifage d'employer de la
menuiferie devint un luxe qui amena dans les appar-
tements la feulpture , la dorure & les glaces 5 dont
on n'abufe que trop ordinairement de nos jours ^
dans nos Palais & dans nos Motels, fans parler de
la demeure de nos Particuliers , où foiiveiit ces;
diverfes parties dégénèrent en abus.
Mais tel eft le fort de tous les Art;s, Îàît lîbê*·
• raux»fok méchaniques : fi les hommes de goût fe
A iv
-ocr page 38-
g                            CO U R S ! -
mêloient feuls de les exercer, les abus idont nous
parlons feroient moins fréquents , parce que les
véritables Artiiies fçavent de bonne heure que la
prodigalité des ornements eit un faite qui a droit
de rebuter les bons efprits. Il faut convenir néan-*
moins que la différence elf grande entre nos pro-
ductions acluelles & celles qui font nées, lors de
l'enfance de l'art : le iiécle dernier même, ce iiécle
célèbre qui doit tant à la libéralité de Louis le
Grand, étoit bien éloigné des découvertes qu'on
a faites depuis dans l'Art de la Menuiferie. Il faut
en convenir ici, la Phyiique δε les Mathématiques »
non-feulement conduifent aujourd'hui nos Déco-
rateurs , mais l'étude de ces deux Sciences a feu
intéreiTer la plupart des Attifants , & ce font elles
qui leur ont appris à iurmonter toute efpéce d'ob-
ftacles , & à rendre par là l'exécution des dei3in&
des grands Maîtres fufceptible de toute la dignité
qu'il convient de donner à l'intérieur de nos
Temples, & à celui des Palais de nos Rois. Qu'on
compare en eifet les décorations de cette efpéce
qui s'exécutent de nos jours par nos Entrepreneurs y
fous la conduite de nos habiles^Maîtres, avec celles,
qui embelliiToient anciennement Vincennes, Cham-
bord ? Saint Germam-en· Laye , le Luxembourg %
les
Tuileries , Fontainebleau, &c, & l'on verra
combien cet Art a acquis & combien la fphere du.
génie d'un Artifte éclairé peut s'étendre δε enfanter
de chefs-d'œuvre : au lieu qu'autrefois % faute des
découvertes qui fe font faites dans l'emploi & l'af-
femblage des bois, l'on étoit obligé d'en employer
d'une trop grande épaiffeur & de multiplier la
main-d'œuvre \ double difficulté ,-, contraire à réca*
nome., & qui portoit à réduire la hauteiu: des par*- ·
-ocr page 39-
d'Architecture.               $
neaiix [a) qui fbrmoient les compartiments des
lambris; raccourcifTement qui nuifoit effentiellement
à la beauté de l'ordonnance.
De cette obfervation abfolument impartiale *
qu'on conçoive ce qu'à pu être la Menuiferie dans
fon origine. Du bois mal corroyé , fans échantil-
lons & fans affemblage , faute d'outils que le laps
des temps a fait imaginer pour parvenir à une accé-
lération ingénieufe dans la main-d'œuvre : des
planches à peine drefîées & rapprochées les unes
des autres fans clefs , fans reinures h fans lan-
guettes , à peu près telles qu'on remarque encore
les portes de nos granges 9 entretenues feulement
avec des barres & non avec des emboîtures , dont
Tidée eil venue tard à nos Artifans : nulle pro-
portion dans le rapport de leur hauteur avec leur
largeur ; à peine même avoient-elles une élévation
proportonnée à la grandeur humaine ; des cor-
royés & un lo£teau de bois leur fervoient à la fois
de ferrure & de ferrure : on ignoroit abfolument
tout ce qui tenoit au goût ; l'agréable étoit in-
connu; peut-être étoit-ce un bien pour la vertu &
pour les mœurs ; mais auffi combien Futile n'y per-
doit-il pas ? & combien l'agrément qu'on fçait pro-
curer aujourd'hui à nos demeures , lorfque le luxe
n'eil pas pouffé trop loin, n'eil-il pas capable*te
nous dédommager par une vie douce & trant-
(a) Les anciens lambris du Château de Trianon , & particu*-
îierement ceux de la Ménagerie, que nous avons cités plus
d'une fois avec éloge, ont c?e défaut j mais ils n'en doivent pas être
moins admirés du côté des Chefs-d'œuvre dans tous les genres
qui y font raiTemblés, Ils doivent feulement faire fentir aux Ama-
teurs & aux Artiftes , combien nous devons au Métier qui per-
met aujourd'hui à l'Ait de fe. .manifcftçr dans tout, fon jour»
-ocr page 40-
f*>                         G O ν R gs
quilles &r-tout à la Campagne, du faite des Cou»
& du tumulte des Villes. Au furplus ce η eit pas la
profufiondes ornements ni la multiplicité des do*
^ures^ui fait la vraie beauté ; elle confiée dans
une judickufe répartition de la Sculpture , alliée
avec m aux belles proportions de f Architedfawe t
ces principes ne font pas moins vrais par rapport
a la décoration intérieure que par rapport à la
décoration extérieure : mais revenons à notre
objet.
La Menuiferie fe divife en trois parties ; la pre**
miete exige la connoiffance des bois qu'il convient
d'employer pour fonufage; la féconde comprend
1 Art de les affembler pour la rendre folide , & lui
procure le degré d'économie relative à cet objet;
la troifieme enfin a pour but la forme qu'il cou*
vient de leur donner , pour rendre la Décoration
la plus analogue à fa deirination.
Selon la Phyfique, la meilleure qualité des bois
propres à la Menuiferie eil le chêne, qu'on doit
choifir tendre, gras & doux, de droit fil y fans-
nœuds vicieux, filiales, galles, aubier ,ni malan-
dres, & fur-tout bien fee; pour qu'il ait cette der«
, niere qualité , il faut qu'il foit débité & refend»
cinq ou fix ans avant dctre employé ,& qu'il fok
expofé à l'air, fans néanmoins recevoir les eaux
dm ciel, ni les humidités de la terre. |i
; L'affemblage de la Menuiferie, objet du Prati-
cien , fe divife en pluikur clafîes. Par exemple»
félon fa deftination particuliere, fes affemblages fe.
font quarrément , a bo.uëment, en onglets, en
fauffe coupe, à clef, à queue d'à ronde & à queue
perdue, Geft par ces divers affemblages, dont nous,
parlerons particulièrement dans le Chapitre de 1»
-ocr page 41-
d'Architecture.            m
Mehuiferie, qu'on parvient à rendre les différents
compartiments des lambris folides & durables; fur-
tout lorfque les bois qu'on y employé ont été
débités fuivant les différents calibres fournis par
le Marchand, & qu'ils ont été bien -corroyés &
bien dreiTés par l'Ouvrier.
A l'égard de la forme dont la Menuiiêrie eft fuf-
ceptible , cela regarde précifément l'Architecte«,
Deux ehofes font également effentieMes dans cette
partie de l'Art ; la premiere * celle de bien profiler;
la féconde , de méditer le contour qu'on peut
donner aux plans & à la configuration des traverfes
qui , ordinairement, déterminent les comparti-
ments des lambris. Ce dernier objet demande fur-
rout beaucoup d'expérience & de goût, afin de ne
pas abufer des contraires qui, à beaucoup près,
ne conviennent jpas par tout ,■& qui , lorfqu'on
croit pouvoir les mettre en "oeuvre , demandent de
l'être avec beaucoup de circonfpeèTtion. A fon tour
l'art de profiler demande de l'acquis, de l'habitude,
pour fçavoir employer à propos les gorges , les
boudins ou les bouements fimples & à baguettes,
les becs de corbin , les (douanes , les cavets , les
réglets , les filets , les grains-d'orge, les plate-
bandes , &c.
La Menuiferie proprement dite, confiite en bâtis,
en cadres & en panneaux qui, l'un & l'autre, s'af-
femblent à tenons & mortoifes, reinures & lan-
guettes colées & chevillées : elle s'appelle dor-
mante , lorfqu'elle s'applique contre les murs de
face ou de refend , & mobile lorfqu'il s'agit des
croifées ou des portes à placard. Elle s'appelle
auiîi à petit cadre, ravalée ou embreuvée & com^
partie de traverfes droites ou chantournées ; en
-ocr page 42-
ra           . -.Cours
général cette Menuiferie s'appelle d'arîembîage>'■&
diffère de celle nommée à placage ou de marque-
terie , qui fe fabrique de bois précieux & rare.
Celle-ci fe débite feulement par feuilles fort min-
ces , ■& s'applique fur la premiere par les Ehé-
niites.
                          ., Λ^ίΐ/ .,'τ
Commençons la Partie qui regarde la Décora-
tion des Appartements , par l'Art de profiler les
lambris coniidérables. Cette fcience devant être
regardée comme les Éléments de cette branche de
TArchiteclure>
          '                                  ,:; d
-ocr page 43-
d'Architecture;
G HAPITRE PREMIER,
De l'Art de Profiler la Menuiserie.
Τ '"·"■
JU'Art de Profiler eil le premier mérite de l'Ar-
chitecte , & l'une des parties eiFenrieiles de la
Décoration intérieure des Appartements : la con-
noiifance des Profils en pierre, qu'on a dû acquérir
en étudiant les Ordres d'Architecture dans le premier
Volume de ce Cours , &■ les principes que nous
avons établis à ce iiijet, doivent contribuer beau-
coup à faire concevoir aux jeunes Architectes le
goût des Profils dont nous allons parler. Ce font
en effet à peu près les mêmes moulures ; néan-
moins , entre les mains de l'Architecte initruit,
elles en différent aiïez pour former une claffe par-
ticuliere, qui demande à être étudiée féparément.
Daborcl, elles doivent avoir moins de faillie que
dans la pierre ; leurs contours doivent être plus
coulants ; on y doit introduire des grains-d'orge
fréquents , pour féparer les moulures circulaires
les unes des autres, & fouvent même les moulures
rondes d'avec les droites. L'une & l'autre fe tien-
nent plus méplattes & d'un contour plus refTenti·
Les talons & les doucines en pierre font conver-
tis , dans la Menuiferie, en bouëments iimpîes
ou à baguettes. lien efl de même des tores qui
étant applatis s'appellent boudins , & qui comme
les" précédents s'exécutent ou nrnples ou à ba-
guettes, & qui, par leurs révolutions, imitent les
moulures connues fous le nom de Bec de-Corbin,
Jefquelles pour cela , ne devroient jamais ? ou
-ocr page 44-
14                       Cour &
bien rarement, s'employer dans la pierre^ mais
feulement en plâtre ou en marbre. Les gorges , les
cavets & les fcoties font aufiï du reiîbrt de la
^lenuiferie. Ces parties concaves , bien diitri-
buées , donnent du relief aux moulures faillantes,
fans être obligées de forcer celles-ci. Au reite , il
faut avoir égard A la grandeur des pièces qu'on
veut revêtir de lambris , prendre garde à l'éléva-
tion des planchers , au plus ou moins de lumière
qui y fera répandu, à la réitération ou la fobriété
des membres qui en compofëront l'ordonnance, à la
richeffe ou à la iimplicité qui devra y préiider,
fóit en Sculpture, foit en Peinture, Dorure , &c,
& enfin faire attention iî celte Menuiferie doit être
mariée avec du marbre ? du bronze, des tableaux,
des glaces & des meubles de prix. Qu'on y prenne
garde ; toutes ces considérations doivent entrer
dans l'efprit de l'Archite£te : il faut qu'il conçoive
l'effet général que devra produire aux yeux des
hommes éclairés la réunion de toutes ces parties ;
puifqu'autrement , ils ne remarqiïeroient plus
qu'une richefTe, indifcrete , dont à peine quelque«
détails pôurroient les dédommager de l'admiration
totale à laquelle ils avoierit lieu de s'attendre.
'Le Deffin, dont nous avons recommandé l'é-
tude, eft eiîentiel ici : il eu impoiîîble de bien
profiler j fi l'on ne deiîine pertinemment : c'eft lui
qui développe les idées : c'eft le goût qui enfeigne
celui propte à la chofe : de là point d'excellents
Profils fans dêffin & fans goût. Pour réufîîr , il
faut une grande habitude à la démonftratiort, puif-
que continuellement, dans l'Atteîier, il faut tracer
fur le bois, fur la pierre, fur le plâtre ; donc pour
s'y accoutumer, il faut, dans le Cabinet, profiler
tant verticalement qii'horifontaîeméht, foit avec m·
ι
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''■ " f - ■                                                                                                      ■■■ .... ,
d'Architecture.            ι }
fcrument * foit à la main , avec de la craie , du
charbon ; à la plume, au pinceau, fur la toile, fur
l'ardoife, fur le papier ; tantôt fur le parque!, tari*
tot contre le mur, fur une échelle , ou fur un
éehafaud volant , quelquefois peu itable on mal
affuré : autant de moyens de paroître moins neuf
lorfqu'il s'agit, comme Ordonnateur, de tracer aux
différents Entrepreneurs fur le tas les divers objets
qu'il a fçu méditer dans le Cabinet, d'après fes
Plans & les intentions primitives du Propriétaire.
Toutes ces précautions, importantes fans doute,
font encore infufïifantes û, au talent de l'Art de
profiler, on ne joint la connoirTanee du calibre des
bois & de la maniere de les affenibler avec intelli-
gence. Qu'on ne s'imagine pas, comme plufiéurs fe
le perfuadent , que ces deux dernières parties
doivent être uniquement le partage de rArtifan.
Beaucoup , à la vérité , font fort experts ; mais,
qu'eil ce qu'un jeune Architecte fans expérience ?
Et combien n'y en a-t-il pas qui ignorent non feule-
ment la qualité & FépaiiTeur des bois, mais encore
le rapport que les épaulements doivent avoir avec
les tenons & avec les mortoifes ; l'art d'économifer
la main-d'œuvre , & les reffources nécerTaires à
employer pour rendre un ouvrage folide , fans ?
abufer de la fuperfluité des bois : connoirTanee qui,
au befoira déterminent TArtifte fans nuire au ftyle
de la Décoration , à donner plus de douceur,
d'aménité , de légèreté ou d'élégance à ces Profils ;
ce que nous allons tâcher de faire entendre en dé-
crivant ceux des Planches fuivantes.
Commençons par traiter des Profils des Portés
à Placard , de ceux àes Portes Cocheres & des
Croifées confidérées comme Menuiferie mobile,
d affemblage & à double parement ; ehfuité nous
-ocr page 46-
ï6                        Cours
traiterons des Profils des lambris de hauteur &
des lambris d'appui, envifagés comme Menuiferie
d'afiemblage dormante & à un feul parement. On
doit s'attendre, comme on l'a pu déjà remarquer
précédemment, que nous nous trouvons forcé de
donner peu d'exemples en ce genre, par la raifon
que les,Planches ie multiplient malgré nous dans
cet Ouvrage, ayant à traiter de beaucoup d'objets;
ce qui nous oblige à économifer les modèles άβ
chacun.
Différents Profils de Portes, à Placards.
Planche Premiere.
Les Profils deiïmés fur cette Planche, ainfi que
ceux tracés fur les fuivantes, font réduits tous à
la moitié de l'exécution. Noiis n'avons pu les don-
ner plus grands à caufe de notre format ; mais il
n'y aura qu'à les doubler pour avoir le rapport
exacl: de chacune des parties qui les compofent ;
non que les épaiffeurs & les faillies déterminées
dans ces figures doivent être les mêmes pour tous
les ouvrages de ce genre, puifqu'il convient d'a-
jouter ou de foufîxaire les proportions qui y font
établies, félon que les ouvertures des croifées &
des portes devront avoir plus ou moins de largeur
&de hauteur , & félon que la grandeur des Ap-
partements eil plus ou moins çoniidérable ; atten- -
tion qui doit déterminer TArriite à choifir dans les
bois marchands répaiffeur néceflaire, afin d'éviter,
d'une part, un débillardement inutile ,& de Tau*·
tre, une main-d'œuvre toujours difpendieufe, qui
n'ajoute rien à la beauté de l'ordonnance.
Après avoir déterminé la qualité des bois, rela-
tivement au genre de l'ouvrage , afin d'établir les
différentes
-ocr page 47-
0*ÀR£HltÈCtURË;            if
t&rrerentes épaiffeurs dès bâtis, des cadres & des
panneaux, & après avoir avant tout acquis l'art
de profiler,ort doit, à raifon delaricheiTe ou de là
implicite que l'on veut admettre dans la pièce, com-
pofer fes profils déplus ou moins de moulures, & en
proportionner le relief & les finuoiités , félon le
îtyle de la décoration qui y doit préiider. Nous
pouvons le dire ici ; c'eft une attention qu'on né-
glige prefque toujours. Ce travail fe fait dans le
Cabinet, ou bien l'on fe débarraiTe de ce foin fui
l'Entrepreneur. D'ailleurs , on fe fait une habitude
de profiler ; chacun croit la iienne la meilleure &
l'on opère* Lorfque c'eft un homme de mérite *'
cette partie n'eil jamais très-mal ; mais l'ouvrage
fini, on ferit qu'elle pourroit être mieux ; parce
que les détails n'étant pas nés de l'enfemble % il en
réfulte au moins des difibnnances qui ont droit
de choquer le goût des Connoifleurs. Il eiï
vrai que cen'eil, ni ce que nous difons , ni les
deiïïns que nous oifrons qui apprendront à fran-
chir les défauts dont nous parlons; l'expérience
& le raifoiinement peuvent fétus conduire l'Elevé
à bien faire; mais du moins l'étude préliminaire
que nous préfëntons ébauchera le jeune Artiile \ le
temps & l'examen des bonnes chofes en ce genre
feront le reite.
Entrons dans quelques détails en faveur des
jeunes Artiites qui, novices encore dans la prati-
que , ne connoilTent guère la Menuiferie que par*
fes furfàces, & ne fe doutent pas de l'attention qu'il
faut avoir dans le choix du calibre des bois, pour
parvenir à une économie toujottfs deiirable en
quelque genre/d'ouvrage que cepuifle être, & dans
la maniere de tes aiTembler pour leur procurer une
folidité confiante. Nous leur confeillerons feule«
Tome. Kt
                                      Β ι
-ocr page 48-
î&                        CoüHs
ment} pour mieux entendre la partie dont nous
allons traiter, de lire d'abord ce qui concerne Y An
de la Mcnuiferk
, dont il fera queilion dans le Vo-
lume fuivant, attendu que nous fuppofons ici que
î'on connoît fes aiTemblages ainfi que tous les rap-
ports de fon exécution , & qu'il ne s'agit plus que
d y appliquer le goût des Profils.
La figure I, donne les profils d'une Porte à Pla-
card, à doubles ventaux & à double parement,
ferrée fur répaiffeur de fon chambranle Β, appli-
qué fur l'un des pied-droits de Maçonnerie A, qui
détermine l'un des côtés de la baye de la porte.
Β , comme nous venons de le dire , repréfente le
chambranle attaché à demeure fur ce même pied-
droit. C, eil le bâtis de la Porte à Placard, qui en-
tre à feuillure fur la rive intérieure du chambranle,
& qui y eil attaché par la fiche-à-yafe *. D, ex-
prime le profil des deux montants du cadre qui
forment les compartiments de la porte, & qui l'un
& l'autre reçoivent dans leur rive le panneau Ε,
qui fe trouve aifemblé à reinure & janguette dans
le cadre D. F eil l'autre bâtis pareil à celui C ,
& qui conjointement avec îss cadres DD & les
panneaux EE, forment l'un des ventaux de la
Porte. La lettre G indique l'arrachement d'un des
bâtis de l'autre ventail, qui doit être tracé de la
même maniere que celui que nous venons de dé-
crire : H eil le même bâtis de la porte que celui C ,
avec cette différence ici que le ventail eil fuppofé
ouvert, pendant que celui C repréfente la porte
fermée : I annonce le bâtis du revêtiiTement de
l'embrafiire de la porte, qui vient s'aiTembler der-
riere îe chambranle : Κ repréfente le bâtis du lam-
bris de hauteur qui, à fon tour, vient s'aiTembler
fur la rive extérieure de ce même chambranle :
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Ό -A k G Ü î Τ È C Y Ü R Ë.              ί$
L ^ft le cadre du lambris de hauteur, & M en eu
le panneau. Ce revêtiifement qui a feulement quinze
lignes d'épaiiTeur, fe pofe à demeure fur le nud du
mur de refend , & c'eft ce qu'on appelle Menui-
ferie dormante & à un feul parement , parce qu'il
n'a qu'un côté de vu, & parce qu'il eil attaché fur
le mur à perpétuelle demeure ; au lieu que îa
Porte à Placard eit appellée Menuiferie mobile &
à double parement, parce qu'outre qu'elle s'ouvre
& fe ferme, elle a deux faces qui ne font pas tou-
jours obligées d'être de même profil, & qu'il eit:
même bon de varier. Par exemple; ici, non-feule*
ïement les cadres a & b font des profils différents »
celui a étant un bouëment à baguette, & celui b un
boudin à baguette ; mais encore les moulures exté-
rieures différent entre elles.
Nous remarquerons auiïï que lorfque les Portes
à Placard ont une certaine élévation, & qu'on au-
roit lieu de craindre que les panneaux de compar»
timent acquièrent trop de hauteur, on fépare ces
derniers par des frifes, dont les cadres fe ravalent*
comme l'exprime la-ligne ponctuée „cd: mais lorf-
que ces portes font considérables , les frifes & les
cadres des panneaux défafïïeurent les bâtis; ce qu'on
appelle embreuver, ainii que l'indique le Profil N*
varié dans (es deux faces. Au relie, dans l'un &
l'autre cas, il convient que les cadres des frifes,
ravalés ou embreuvés, foient tenus moins larges
que les cadres des panneaux ; la force des cadres
devant être aiTortie à la grandeur des comparu-*
ments.
AiTez ordinairement, lorfque l'Artîfle a déter-
miné la largeur des champs & celle des cadres de
fa Décoration, le Menuifier , d'après les mefures
de l'Ordonnateur, fe charge de tracer par mafîe,
Bij
-ocr page 50-
                        C ο υ R S
fur une planche bien planée & blanchie à la.Vêi-
lope, l'épaifleur des bois & leur affemblage, ainiî
que l'indique la figure IL G'eii après ce premier .
travail que l'Arcfaiteâe alors trace lui-même i'es
profils , & qu'il leur donne le fentiment qu'il croit
néceifaire, fuivant l'idée qu'il seil formé de l'or-
donnance entière de la pièce. Cette figure II donne
d'ailleurs une efquiffe, non-feulement de la maniere
de préparer & de débiter les bois dans ΓΑ treuer,
mais de les tracer dans le Bâtiment, fur une aire de
plâtre qu'on pratique à cet effet, fur le plancher, tout
autour de la pièce ; ou, à ce défaut, fur les pare-
ments intérieurs des murs de face ou de refend, &
c'efc là qu'on fe rend compte des faillies & de la
diitribution des compartiments , de i'afTemblage &
des refTauts que doivent former les portes, les croi-
sées , les parquets de glace , les panneaux des
lambris, leurs pilaitres, les frifes u les chambran-
les & les contre-chambranles , qui ordinairement
fe répètent dans les côtés oppolés. Ce travail fe
trace à la pierre noire ou à la fanguine, avec beau-
coup de préciiion, ainfi qu'il eft marqué par la
ligne ponduée du Profil O , fïgure II, & au con-
traire par les lignes ponctuées du.Cadre D, fi-
gure I, qui expriment les mafTes du même Profil.
La figure III eu. une pareille Porte que la pré-
cédente, qui s'ouvre fur la rive intérieure de fon
chambranle. Le Cadre A eil femblable dans {es
deux parements: auffin'eit-ilpas toujours néceifaire
de les varier ; cela ne, doit même arriver que lors-
que l'un de (es deux parements d'un côté donne
dans une Antichambre ou dans un Veftibule ,.& de
l'autre dans une Salle d'AiTemblée ou dans un Sal-
lon; la richeÎTe des profils devant toujours être
gouvernée par celle des lambris & ceux-ci par le
-ocr page 51-
D'A R C H IT ECTUR E.          ( :, 21
plus ou moins d'importance de la pièce. Le bâtis Β
eil de même largeur & de la même épaiffeur que
le précédent. Le Chambranle C diffère en quelque
chofe de celui B, tracé dans la figure Fe. Le genre
des moulures de Menuiferie , ainii que de celles en
pierre , dont nous avons parlé dans le premier
Volume de ce Cours, étant bientôt épuilé , elles
ne peuvent guère différer entre elles que par leur
plus ou moins de relief, & par leurs contours
plus ou moins coulants:les gorges, les baguettes»
les Jiileaux, les cavets, les douanes-, les talons »
&c, étant d'ailleurs les mêmes dans tous les ou-
vrages de Menuiferie : autrement fi, pour fe ré-
péter moins , on vouloit chercher, non de nou-
velles moulures , mais les déplacer , on fortiroit
du genre & tout déplairoit à l'œil, ainii qu'on peut
le remarquer au Chambranle Β de la figure IV»
qui , à tous égards, nous plaît moins que les mou-
lures du Chambranle C , figure III»
Au reite, cette figure IV nous montre en A l'ar-
rachement du hâtis d'une Porte à Placard ferrée finr
le Chambranle Β, par la fiche-à-vafe C ; maniere
la plus ordinaire d'ouvrir les ventaux des portes j
ce qui néanmoins demande beaucoup de pré-
voyance > afin que d'une part , ils puhTent fe
pouier en avant dans la pièce & que de l'autre,.,
cette porte ainii ferrée, puiffe fymmétrifer avec
celles qu'on leur oppofe la plupart -du temps dans,
la Décoration des Appartements. D eil l'arrache*
ment du revêtifiement de l'embrafure qui, ainfi que
le Chambranle Β, s'attache à demeure fur le Pied-
droit en pierre E. F eft le Bâtis,. G le Cadre & H le
panneau du lambris de hauteur, qui revêtit Tinté«
rieur de la pièce où cette porte donne entrée.
Les figures-V & VI indiquent les Profils nc/mmé^
Bii|
-ocr page 52-
t%                           C Q tf R'S
à petits cadres , parce que leurs moulures font
prifes dans l'épaiiTeur du bâtis ordinairement de
quatorze lignes. Ces Profils font deftinésaux Portes
à double parement & à un feul ventail , qui n'ayant
ni la même largeur, ni la même hauteur que celles
à doubles ventaux, peuvent être d'une moindre
épahTeur, & composées de profils moins riches &
îtioins faillants,
Nous ne parlerons point ici des Portes plaines
nommées ainii, parce qu'elles n'ont ni cadres ni
panneaux, & qu'elles ne font composées que de
planches bien dreiTées , affemblées à reinure δε
languette , & emboîtées haut & bas, en ufage feu-
lement pour les pièces diflribuées dans les galetas %
pour celles des maifons à loyer , ou pour celles
îervant de dépendances aux bâtiments un peu
çonfidérables : mais il eft une autre forte de Portes
d'affemblage, qui fervent à la fermeture extérieure
des Palais, des Hôtels, ou de la demeure des riches
particuliers. Ces Portes font connues fous le nom
de Portes cocheres , & différent affez des Portes à
Placard dont nous venons de parler , pour que
nous en donnions quelques Profils; en partiçuliet
clans la Planche fuivante»
J)ïyeis\ Profils pour les. Cadres des Qidchet&
des Portes Cocheres. i .,
Pi a ν e h ε Ι Ι.
.: Là figure Ira donne le profil d'un £uiçhef. de
porte cochere & de fon battement, placé dans la
feuillure de Maçonnerie, qui le reçoit. La groiïeur
, des bois & les profils tracés dans cette Planche font
réduits » comme dans la précédente 5 à la moitié de
leur exécution. Ce n'en: pas; que les proportions
-ocr page 53-
d'Architecture.            %%
^ue nous offrons puuTent fervir d'autorités pour
déterminer le calibre des bois , ceux-ci dépendant
de la largeur & de la hauteur de la porte, à qui cette
Menuiferie fert de fermeture. Car il eft aifé de
concevoir que plus les bayes ont de grandeur, &:
plus il convient de donner de la force aux bâtis,
aux battements, aux cadres, aux panneaux & aux
traverfes , & que par la même raifon, la forme
des profils, leur galbe, leurs divifions > enfin les
gorges qui les féparen't doivent fe reiferitir de l'ag-
grandiffement ou de la diminution des ouvertures.
En général les profils des Guichets des Portes
cocheres ne différent guère de ceux des Portes à
Placard que par leur amplification ; la Menuiferie
ayant un ilyle qui lui efl: particulier, ainfx que le
plâtre , la pierre & le marbre; n'étant pas conve-
nable de faire entrer indiitinctement les moulurés
confacrées à l'un de ces defniers genres dans la
Menuiferie; à moins que celle-ci ne doive rece-
voir après coup la couleur d'une de ces difFé-
               ν
rentes matières : c'eft à FArchite&e alors, en em-
ployant la Menuiferie par économie ou autrement,
de donner à fes profils le caraclere qu'il feroit con-
venable de donner au plâtre, à la pierre & an
marbre. Nous déduirons ailleurs les différents
moyens qu'on peut employer pour y parvenir:
cette remarque ne devant regarder que les profils
des Portes cocheres dont nous parlons, & dont
nous allons expliquer les différentes parties, non-
feulement pour ce qui regarde celles de- la figure I,
mais encore les autres tracées fur cette Planché..
La lettre A > figure I, indique le battement de
Menuiferie d'un des grands ventaux mobiles de la
Porte cochere, reçu dans fa feuillure êri pierre Β %
& qui fe meut par le pivot de fer C, rétenu dans
Biv
-ocr page 54-
M                        C ours
une çrapaudîne en cuivré fceîl.ée dans Îe Teuil ;, coi
mieux encore dans le pavé , ayant reconnu le$
feuils en pierre fort incommodes & de peu de du-
rée, C'eft fur ce battement qu'eft ferré le bâtis dit
Guichet Γ> , par Ja fiche-à-vafe ou à nœud E.
Cell dans ce bâtis qu'eit aiîemblé le Cadre F, &
dans celui-ci le Panneau G. On doit remarquer
que la richefle des profils de ces fortes de Portes
ne fait parement qu'en dehors,& que, du côté du
dedans, les moulures font bien moins çompofées,
fe contentant pour l'ordinaire , de ne pouffer
qu'un bouëment iimple fur les arrêtes, à deffeia
de mafquer feulement les joints des aiTemblages,
Nous avons répété dans les figures II & III %
d'autres profils qui peuvent fe fubilituer à ceux
qui eompofent le Cadre F, figure I, Ces profils
augmentent ou diminuent de largeur , d'épaiiFeur
& de richefTe , félon le plus ou moins d'importance
des Portes cocheres* pans ces deux dernières fi-
gures nous avons marqués aux mçrtoifes <z > des
tenons montants qui s'affemblent dans les traverfes.
Selon la hauteur des portes on établit auffi entre
les grands panneaux des frifes qui, ayant moins de
capacité, ont aufii moins de largeur de profil &
beaucoup moins de faillie. Ce font ces dernières
que nous indiquent les figures IV & V. Enfin la
figure VI donne un deuxième profil d'un, des cotés
du guichet d'une Porte codiere, qui nqn-feulemenr,
différé de celui de la figure ï par les moulures,
mais auflî parce qu'il eil fuppofé pris dans les bat-
tements du milieu & non dans fa feuillure, comme
les précédents. Par exemple , A eil l'un des bâtis
d'un des grands ventaux de la porte qui vient faire
battement avec celui Β , offert ici feulement par
arrachement j en forte que c'eft le bâtis A qui ferc
-ocr page 55-
D ' A R C Η Ι Τ Ε C Τ U R Ε.              1 f
'de ■ battement à celui du Guichet C, & dans lequel
s'aifemble le Cadre D , & dans celui-ci le Pan-r
neau E. PaiTons à préfent aux Profils & aux dé-
veloppements des Croifées·
                        .- - ., ·:
Divers Profils & Développements, concernant
les Croifées de Menuiferie..
Planche II I,
Après les Portes à placard dont nous venons de
parler, les Croifées font l'objet le plus eifentiel de,
la Menuiferie mobile, & la partie de cet Art qui de-
mande le plus d'attention, eu égard à leur folidité
& à la falubrité qu'elles procurent aux apparte-
ments. Les Croifées, ainfi que les autres parties de
la Menuiferie, font auiE fufceptibles dune affez
grande riçheffe , îorfqiul s'agit fur-tout de les faire
entrer pour quelque chofe dans la décoration d'une
pièce d'une certaine importance. Nous traiterons
ailleurs de leurs proportions & de leurs différentes,
formes, U s'agit ici du développement de leurs
chaiïis à verre, de leurs dormants , de leurs im-
polies , de leurs mênaux , de leurs croiiilions , dq
leurs guichets & de leurs embraiiires ; autant de dé^
tails intéreiTants, mais toujours trop négligés lors
de l'étude de l'Architeâure, parce que le plus
grand nombre des jeunes Deifînateurs remet à ac-
quérir ces connoiffances, lorfqu'ils fe livreront,
difent-ils, à la Pratique, ne fe doutant pas qu'il efi
imppffible de rien concevoir fur l'idée générale d'un
projet, fi l'on n'efl prémuni d'une certaine expé-
rience , fans laquelle on ne fait que des images &
non im Deifin qui porte l'empreinte d'une exécu^
tioii facile & conçue félon les loix de l'économie,
$m§ doute ceux dont nous parlotis feroient moins
-ocr page 56-
%G                           Cours
neufs s'ils s'attachoient à tout examiner, à mefurer*
à confidérer, à réfléchir enfin fur les moyens qui
ont fait parvenir à perfectionner l'art de la Menui- (,
ferie dans chacune de fes parties : il feroit à deiirer
<de pouvoir perfuader aux jeunes Artiiles que les
feuls détails qu'ils ignoreront, feront précifément
ceux par lefquels ils auront occafion de commen-
cer leur début. Quoi qu'il en foit, expliquons les
développements des figures tracées fur la Plan-
che III, en faveur de ceux qui aiment à fe rendre
compte de tout ce qu'ils font, & qui prennent oc-
caiion lorfqu'ils en font à la compofition, d'appro-
fondir les objets qu'ils ignorent & d'en faire une
étude particuliere; ce qui feul peut les amener in-
fenfiblement à concilier dans leurs productions la
Théorie , la Pratique & le goût de l'Art.
La figure I offre le plan d'une Groiiée, dont le
profil & le calibre des bois font réduits à moitié de
leur véritable grandeur. A indique la feuillure prife
dans le pied-droit en pierre delà baye de la Croi-
fée; Β le dormant ; C le battant à,noix du chaiîis
à verre; D le montant du petit-bois , figuré ici à
double parement ; Ε les battants-mênaux exprimes
ici à doucinesv, & qui peuvent fe faire à noix:
comme la figure II, ou à chanfrain comme la fi-
gure III : il faut abferver feulement qu'on préfère
les ouvertures à gueule-de-lonp pour les Croifées
ordinaires, attendu qu'elles tiennent les croifées
plus clofes ; & qu'on employé les ouvertures à
chanfrain ou à doucine aux portes cróifées, non-
feulement afin d'éviter d'ouvrir les deux ventaux à
la fois pour entrer ou fortir, mais encore à caufe de
la difficulté d'ouvrir en dehors les mênaux à gueuler
de-loup. E montre le diamètre de la fiche-à-nœudi
attachée fur le dormant Β % pour faire mouvoir lé
-ocr page 57-
^'Architecture.            Vf
chaffis à verre fur le bâtis B. F eil le plan de la
tringle de l'eipagnolette qui fermé haut & bas le
chaifis à verre de la croifée dans les traverfes
inférieures & fupérieures du dormant, & qui fixe
en même temps le bâtis montant du Guichet G,
pendant que celui H eil attaché au dormant Β par
Ja fiche-à-vafe 19 qui en tournant fur fon axe , fait
fermer le guichet & fon bâtis H, tel qu'il eil indi-
qué ici, ou qui le fait ouvrir dans Îembrafure ,
ainii que l'exprime l'arrachement Κ : L M font les
deux montants qui annoncent la brifure d'il même
guichet, & qui fe replient fur eux-mêmes par la
fiche Ν : Ο font les Panneaux du Guichet affem-
blés à reinure & languette dans fes bâtis montants
& dans fes traverfes : Ρ fait voir le commencement
du revêtiflement de l'embrafure , contre lequel
viennent battre & le guichet & le çhaffis à verre
lorfqu'ils font ouverts.
La figure IV repréfente le profil du Chaflis à
verre vu fur fa hauteur : nous l'avons fuppofé ici à
impoile ; ce qui fe pratique ordinairement lorfque
les Croifées ont une certaine élévation, a deiïein
d'empêcher le chafiis qui fe trouvèrent trop élevé,
de voiler lorfqu'il eil ouvert, ou de fe déjetter
lorfqu'il efl fermé ; puifqu'autrement il faudroit
employer des bois de trop forte qualité , ou bien
mettre en ufage une ferrure trop coniidérable:;
d'ailleurs lorfque les portes font plein-cintre 9 &
que ces ouvertures fervent de croifées | ce qui
leur fait donner le nom de Portes-Croifées , Fim-
poile dont nous parlons devient indifpenfable
même dans les ouvertures à plate-bande , parce
que cette traverfe portée environ au tiers ou au
quart de la hauteur de l'ouverture» fert à recevoir
l'épaiiTeur du plancher des entre-fols ? fans nuire
-ocr page 58-
28                         Cours
à la décoration extérieure , ni au cour>cPœiI des.
pièces intérieures. Indiquons à préfent le nom des
principales pièces de bois marquées dans ce Profil
figure IV.
A eil la Feuillure en pierre qui reçoit le forn-
mier de la Croifée ^ Β la Traverfe fupérieure du
dormant encairré dans la feuillure A; C le Revê-
tiÎTement du plafond de l'embrafure , laquelle peut
être inclinée en contre-haut comme ici* ou d'é-
querre ou pratiquée en vouiïure , ainii que nous
aurons occaiion de l'expliquer plus loin : D eu la
Traverfe du chaiîis à verre porté dans la partie
fupérieure de la Croifée : Ε la Traverfe inférieure
du chaffis à verre portant fur l'Importe F , qui fert
également de battement à la traverfe d'en haut du
premier Chaifis indiqué G, H, Profils des petits.
bois horifontaux , femblables à ceux D de la fi-
gure lre : I Traverfe inférieure du chaffis à verre
portant jet-d'eau ? & à qui la traverfe du chaffis
dormant Κ fert de battement,..& s'encaftre dans,
l'appui de pierre L en formant auffi jet-d'eau, pouc
que la pluie ne puifle pénétrer dans l'intérieur de
la pièce. M repréfente le commencement du Par>
quet pofé fur les lambourdes qui le reçoivent :
enfin les lettres Ν indiquent les iraverfes des Gui?
chets qui, ainii que dans la figure I, reçoivent les
; Panneaux O,qui fe trouvent affemblés à reinure &
t languette dans leurs bâtis.
                 \
Il faut chferver que cette figure IV i%eâ repré-
; {entée dans cette Planche que par abbréviation :
c'eit pourquoi, à defrejii de donner une idée plus
préçife, de fon développement général, nous avons
lur une beaucoup plus petite échelle tracé fi-
gure V, un Profil qui fait voir la quantité des fix car-
reaux qui occupent fa hauteur jufqu'à l'importe a &
-ocr page 59-
ΐ> * A R C H I f È C ï U îl È.            10
les deux autres carreaux qui Retrouvent placés entre
rimpofte & la travée fupérieure du cliafîis dormant ;
diflributions de carreaux qui néanmoins fontarbi-^
traires , & qui s'augmentent ou fe diminuent à raifon
de la plus ou moins grande largeur & hauteur des
Croifées. Pour rendre cette figure Vplus conforme
aux développements du Profil IV , nous avons pris
foin de marquer les mêmes lettres, en forte que
cellesa/£,c, <i5e, &c, fe trouvent relatives aux
lettres A,B,C,D,E,&c,ce que l'on peut
concevoir de même pour la largeur de cette même
Croifée , dont nous ne donnons point le Plan, la
figure I étant afTez diitincte en y ajoutant feule-
ment la véritable largeur du carreau depuis a juf-
qu'à b ; grandeur qui fe détermine à raifon de la
largeur & de la hauteur de la baye , en obfervant
néanmoins que chacun de ces carreaux ait à peu
près de hauteur un quart de plus que leur largeur *
étant auffi défagréable à l'œil connoifleur de les
appercevoir d'une forme quarrée que de beaucoup
trop élevée.
                                          : ?
Depuis quelques années, on a cherché à éviter
la multiplicité des petits bois ä qui d'abord fe reïté-
roient pour affurer plus de folidité dans les aÎTem-
blages . ainii que pour économifer la grandeur des
carreaux de verre; mais aujourd'hui que l'art de fe
loger eit devenu un luxe , même pour les Particu-
liers , on employé des verres de Bohême jufques
dans nos maifons à loyer, & alors on fait de grands
carreaux qui, en procurant plus de lumière dans
l'intérieur , ne nuifent cependant en rien à la foli-
dité , parce que l'on donne plus d'épaiffeur aux
bois ; dépenfe qui fe trouve à peu près compen-
fée par la fuppreiîion de la main-d'œuvre. Il eft
vrai que la grandeur des verres & l'augmentation
-ocr page 60-
                        Cours
des bois forcent, pour ainfi clire, de fortifier äufll
ïa ferrure ; de maniere que, tout bien coniidéré ,
cet ufage ne doit guère avoir, lieu que dans les
Edifices d'importance, ou feulement dans les ha-
bitations de nos riches Particuliers.
Pour rendre raifon néanmoins des petits bois »
nous en avons tracé trois efpéces dans les figu-
res VI, VII, VIII. Celle VI repréfente l'aifemblage
de ceux nommés à plinthe-élégie, lefqiielsfont con-
iidérés comme lesplus fimples de tous. Celle VII fe
nomme à pointe-de-diamant. La figure VIII donne
un exemple de tous les petits bois vitrés avec des
verres de Boheme ou avec des glaces, & s'aiTem-
blent ou à pointe-de-diamant , comme dans la
figure VII, ou comme dans cette figure VIII, avec
des oreillons qu'il convient toujours de faire
concaves & jamais convexes , ces derniers étant
moins folides, plaifant moins à l'œil & procurant
moins de lumière. Nous donnerons dans la fuite
plufieurs iDefiîns entiers de Croifées & de Portes?
Croifées , qui nous indiqueront les formes les plus
généralement reçues, &, en en donnant les expli*
cations 3 nous rappellerons ce qui vient d'être dit
touchant leurs Profils & leurs Développements.
Le vrai moyen en général de fe perfectionner dans
l'Art de Profiler, c'eil de tracer les exemples que
nous offrons ici de la grandeur de l'exécution ; c'eil
d'examiner attentivement tous les ouvrages qui fe
préfentent, afin d'en concevoir le méchanifme δε
de s'initruire de la pratique : le médiocre même en
ce genre ert capable d'éclairer à cet égard : quant à
la beauté des formes & au goût de l'Art, c'eil autre
chofe.
Après avoir donné quelques idées des Profils à
i'ufage de la Menuiferie mobile , telles que les
-ocr page 61-
ö'Arch iïicïürë;            3!
Cortes & les Croifées , donnons-en à préfent d'au-
tres du reffort de la Menuiferie dormante , telle
que les Lambris de hauteur & ceux connus fous le
nom de Lambris d'appui \ ces Profils fervant égale-
ment pour les embrafures des Portes & des Ctoi-
fées , leurs Plafonds, leurs Voufîures, &c.
Divers Profils concernaîit les Lambris
de hauteur & les Lambris d'appui*
Planche IV.
Les Lambris de hauteur demandent beaucoup
de goût de la part de l'Ordonnateur. Il ne s'agit,
pas feulement, comme quelques-uns fe l'imagi-
nent, de diitribuer des Panneaux , des Frifes, des
Cadres, des Champs ; ainii que nous le ferons voir
en traitant de cette partie de l'Art, & en rappor-
tant dans ce Volume divers exemples de décora-
tion de ce genre , exécutées dans nos Bâtiments,
qui ont quelque célébrité; c'eft alors que nous dis-
cuterons le plus ou moins bon effet qu'elles doi-
vent produire aux yeux des hommes véritable-
ment intelligents dans cette partie de FArchite-
ûure. Qu'on n'en doute point ; c'eft, l'exemple
fous les yeux, qu'il convient de réfléchir fur ce qui
a droit de plaire ou de déplaire dans la Décora-
tion intérieure d'un Appartement. Nous difons
plus ; nous croyons qu'on n'y peut guère parvenir
avec une forte de fuccès, ii l'on n'entend bien
l'ordonnance des Façades extérieures :car, à beau-
coup d'égards , les préceptes font les mêmes ; au-
trement on n'imagine que des parties détachées les
unes des autres. On y place des Ornements , mais
d'une maniere arbitraire, fans liaifon, fans objet. On
chantourne des traverfes où il les faudroit droites.
Les Propriétaires fe croyant tout permis, déter-
-ocr page 62-
$1                        Co Ü A-'«
minent fouvènt le jeune Archite&eà fuivré ïeurâ
écarts; celui-ci cède d'autant plus volontiers qu'il
croit amener fur la fcène une nouveauté , qui quel-
quefois plaît par fa fmgularité, & qui, pour cette
raifon > trouve des imitateurs ; de maniere que
fouvent il n'en faut pas davantage pour faire révo-
lution & détruire en un jour ce que des hommes
du plus grand mérite s'étoient bien donnés de la
peine à établir pendant une aiîez longue carrière«
Les Profils dont noiis parlons à préfent font mal·
heureufement auiîi fujets. à cette viciffîtude. Un
Artifte intelligent ofe-t-il tenter une nouvelle
route , fans néanmoins trop s'écarter des ufages
reçus, aufli-tôt on en fait la charge en croyant
l'imiter : en forte qu'il ne refte plus au novateur
que l'occaiion de fe repentir d'avoir été, pour
ainii dire, Finftigateur du mauvais goût qui s'in-
troduit malgré lui fous (es yeux.
Pour éviter un pareil inconvénient , nous n'ai \
Ions rapporter dans la Planche IV qu!e des Profils
qui , jufqu'à préfent, ont obtenu tous les filtra-
ges : ce fera aux hommes de génie enfuite à fça^
voir fe permettre des changements que pourront
leur fuggérer les occafions qu'ils auront d'employer
leurs talents.
              ·
Les Profils des lambris d'appui doivent, à peu près*
être les mêmes que ceux des lambris dé hauteur.
Ils peuvent feulement varier dans leurs moulures,
& acquérir moins de force, leurs compartiments
ayant moins de capacité. Ces lambris font à ceux
de defTus, ce que les piedeilaiix font aux Ordres ;
ils leur fervent de foutien , & empêchent les meu-
bles d'intercepter les dimeniions des Panneaux
diftribiiés dans la partie fupérieure de la pièce*
Leur hauteur doit être prefcrite, depuis deux pieds
jufqu'à
*
-ocr page 63-
;               ί>' A kC H I TE CT Uil E.         ,jj
jufqlfà trois pieds un quart , à l'exception des
Entre- ibis $ ou il fuffit' de leur donner quinze oii
dix-huit polices : dans eè dernier cas , oh peut les
faire feulement à petits cadres ; dans le premier \
les moulures doivent être embreuvëes;
Pluiieiirs Archite&es de nos jours ont cht de-
voir ftipprimer les lambris d'appui fous les lambris
de hauteur ; dans l'intention ; difent-ils, de pro«
curer plus de grandes parties à l'ordonnancé dé lat
Décoration : mais ils n'ont pas réfléchi que la hau-
teur dés meublée mafquoit riécefTairëment und
partie de l'élévation des panneaux.; aufil bien que
les Ornements qui quelquefois font appliqués fut!
les lambris. D'ailleurs, foit habitude ou autrement^
nous croyons que la cimaife qui fépafe ces* deu^
fortes de revêtiiTemehts s'accorde afTéz bien avec!
le doffier dés fiéges ξ lé defïus des tables de mar«
bré i les credeiices & fouvent l'impoitë des charnu
branles de cheminée* Au refle , il faut prendre
garde que, pour s'aifujettir à là hauteur dés .niëiP
bles d'ufage, les lambris d'appui ne deviennent
trop peu élevés par rapport à la hauteur de la pièce |
Sz: c'eft de ce rapport, âinfi que de celui des Portés^
des Croifées , des Attiques, des Corniches & dès
Calottes, que nous devrons nous entretenir dans
la fuite de ce Volume, après avoir parlé des diffé«
rents membres qui conftituent lés Profils des Lärii-
bris de hauteur & des Lambris d'appui, traels fut
la Planche IY| que nous décrivons; : .,,
La figufë I donne à coriiioître le Profil vertical
d'une partie dé Lambris de hauteur appliquée con-
tre la furface d'un mur de refend 4 & àfTembléë aàhë
la cimaife de ion Lambris d'appui» Il èft àifé dé
remarquer que ces lambris n'ont qu'un fêul gé£&*
s Tome fc
                                       g
ï-
-ocr page 64-
34                        Co Urs
ment, & qu'à raifon de la différente épaifTeùr des
bâtis , il refte un intervalle entre les cadres , les
panneaux &" le mur , en forte qu'il n'y a guère
que les montants & les traverfes des bâtis qui tou-
chent précifément la furface du mur auquel ils *i
font attachés à demeure , par des doux à tête
perdue, ou fcellés avec des pattes, appellées pour
cela pattes à lambris v
                                            .
La lettre À indique le profil de la travérfe du
cadre fervant de bordure au panneau B. Ce cadre
s'aiTemble dans le bâtis D , qui lui-même vient
s'aifembler à reinure & languette dans la ci-
maife E, qui fert de couronnement au lambris
d'appui , déiigné ici depuis E jufqu'à ï , dont les
lettres FF expriment les traverfes , champs ou
bâtis ; GG les cadres ; HH les panneaux ; enfin I,
le focle ou la plinthe qui pofe fur le parquet. Le
profil du cadre A diifére de ceux G, comme ap-
partenant au lambris de hauteur , il doit avoir
plus de largeur, varier dans (ts moulures & re-
cevoir des ornements, pendant que les moulures
des lambris d'appui pourroient refter lifTes 5 la plu-
part étant interceptées par les meubles qui fe
placent au devant.
La figure II offre un autre profil de lambris d'ap-
pui vu fur fa hauteur, & dont les moulures dés
cadres AA, de la plinthe G, de la cimaife B, font
différentes de la figure précédente : elle diffère
encore en ce que ce lambris d'appui èft fuppofé
placé au-deiTous d'une tapifTerie & non fous un
lambris de hauteur , en forte que lejchamp ou
bâtis D fert de battement à la bordure E ? qui re-
couvre l'étoffe tendue fur le chaiïis F Rappliqué,
ainii que le bâtis, fur le mur ou la cloifon de re-
fend , dont la furface intérieure eft exprimée ici
-ocr page 65-
d'Architecture.             35
par des points j> ainii que dans les autres figures
tracées fur cette Planche & les précédentes.
La figure III offre en particulier la Cimaife A, le
Bâtis & le Cadre B,de même que le commencement
du Panneau C d'un Lambris à petit cadre ravalé j
appelle ainii , parce que le cadre & le champ font
ëîegis dans la même traverfe faris aflemblage.
Cette forte de lambris deilinée pour les Mai-
ions fubalternes, ou pour les pièces les moins im-
portantes d'un Edifice.
La figure IV eil plus compliquée ; le Cadre C
étant embreuvé dans le Bâtis Β , & celui-ci étant
afîemblé dans une Cimaife A j qui reçoit dans fa
feuillure de defTus la languette du Bâtis Ε , appar-
tenant au lambris de hauteur : D, ëit le commence-
ment du Panneau,&c*
La figure V repféfenté encore la partie fupé-
Heure d'un Lambris d'appui, dont la Cimaife A ,
différente des précédentes par {on profil, reçoit
auiîi dans fa partie fupérieure le commencement
du Lambris de hauteur Β, & dans fa partie infé-
rieure , la languette du champ ou delà Traverfe C ,
qui s'embreuve à fon tour dans le Cadre D , lequel
reçoit la languette du Panneau E, exprimé ici par
arrachement.
Les Profils défîmes dans les quatre Planches que
•rions venons de décrire, ne font pas lés feuîs qui
puifTent s'employer dans la Menuiferie : niais il
faut fçavoir , ainii que nous l'avons déjà remar-
qué , qu'ils ne peuvent guère différer que par l'au-
gmentation ou la fuppreffion dé quelques moulures,
& par une certaine prononciation & une articula-
tion qu'on ne doit point afFe&er .; ou rarement j
dans la pierre & dans le marbre, les végétaux
permettant dans la main-d'œuvre , une certaine
Ci;
-ocr page 66-
î<f                     Cours*
facilité à laquelle fe refufent les minéraux & parti«
ciiliérement la pierre* Les moulures des profils qui
s'exécutent en plâtre , font les feules qui peuvent
imiter d'aifez près le genre de la Menuiferie, parce
que fe pouffant au calibre, cette matière qu'on
employé molle & liquide , devient capable de
prendre toutes les formes que FArtifte fe propofe
de lui donner > félon l'ufage qu'il en veut faire,
dans l'intérieur des Appartements. Les. moulures
en plâtre s'appliquent particulièrement aux corni-
ches intérieures, pour procurer plus d'économie &
de célérité : c'eir. pour quoi les membres placés au-
defîus des lambris, pour leur fervir de couronne-
ment , demandent à porter le même caractère 9
étant fujets à recevoir la même teinte que les lam-
bris , ainii que de la Dorure, dont on ufe fouvent
jufqu'à la prodigalité. Au refte, il ne faut pas abu-
fer de l'emploi des corniches en plâtre; elles ne
font guère bonnes à mettre en ufage que dans de
petites pièces, les Grands Salions , les ; Galleries >
les Chambres de Parade demandent des Couron-
nements moins frivoles , & c'eir, de ce choix que
dépend fouvent tout le fuccès des productions de
l'Architecte.
Pour donner l'idée de ces différents Profils, après
avoir parlé de ceux de Menuiferie, nous allons
offrir dans les Planches fuivantes, des Profils de
Corniches en plâtre, les unes pour les petites , les
autres pour les moyennes , enfin d'autres, encore
pour les grandes pièces des Appartements, afin de
faire voir par leur comparaifon l'arrangement de
ces différentes parties, qui contribuent, plus qu'on
ne penfe , à la perfection de l'ordonnance des
dedans.
-ocr page 67-
.*
ρ * A ii c η ι τ e c,T ν R e.           37
I...... ι            ι               lOÙ&AtiSSÇlÎ^'JLiAeu ι           ι ι             Mj »«ι '        ""fyV.
/
CHAPITRE Ι Ι.
Des Profils en Plastrç
Λ L'USAGE DES PETITES PlÉCES
z>*un Appartement,
Planche V,
OUS avons rapporté dans le Volume précé^
dent , que quand les planchers devenoient trop
bas pour le diamètre des pièces , il falloit, pour
corriger ce défaut , donner très-peu de hauteur
aux corniches , & fe dédommager de ce furbaiiïe-
ment en donnant à cqs mêmes corniches beaucoup
plus de faillie, prhe dans la fiirface du plafond.
Les figures I, II & III, tracées fur cette Planche,
font de ce genre & font compofées à peu près,
des mêmes moulures employées dans les profils de
Menuiferie que nous venons de donner. Ces trois
figures, à l'ufage des petites pièces, font peu com-
pofées de moulures ; parce que nous ne les fuppo-
fons convenables que pour les maifons à loyer,
ou pour fervir de couronnement à des lambris
peu chargés de compartiments & dépourvus de
Sculpture : alors, comme nous l'avons, déjà oh-
fervé , ces corniches fe peignent de la couleur des
lambris, ce qui femble élever ceux-ci & diminuer
l'étendue du plafond qui reite blanc i néanmoins
lorfque les pièces où l'on introduit ces fortes de
corniches font fufceptibles de quelque richeilç *
telles que les Boudoirs , les Toilettes , les Bains
placés à rez-de-chauffée ou dans les entre-fols, on
Cnj
-ocr page 68-
|8                         Cours
peut y introduire de la Sculpture : mais il faut
comppfer ces profils pour la recevoir ; toutes les.
moulures ne font pas propres à cet enrichiiTemenr;
& , dès qu'il devient néceffaire, il convient de leur
donner plus ou moins de relief à raifon de la faillie
des ornements qu'on taille fur les profils, ou qu'on
fait, circuler dans leurs Gorges marquées α , dans
l'une des trois figures dont nous parlons i pendant
que le membre b efî nommé Architrave , & que
celui c s'appelle Cadre. jbn général 9 nous répéte-
rons qu'il faut ufer de beaucoup de fobriété dans
les ornements des Corniches des petits Apparte-
ments ? par la raifon que la fumée des bougies les
noircit en peu de temps, les planchers en étant
ordinairement peu élevés.
Les figures IV, V Sc Vi offrent d'autres Corni-
dies en plâtre, qui différent des précédentes en ce
qu'elles ont moins de faillies dans le plafond, &
plus de hauteur prife aux dépens de celle du lam-
bris. Ces Profils font d'ufage clans les petites pièces;
mais un peu plus élevées que les précédentes, foit
que les murs foient revêtus de Menuiferie ,
ou bien feulement tendus de tapifferies : à l'ex-
ception de la figure V, celles IV & Vi tiennent de
plus près au genre des Corniches en pierre ,&,
pour cela, fuppofent que la décoration de deifous
ïeroit tenue d'un ityle plus grave; car toutes les
parties de la décoration doivent avoir un même
caractère; & cela ne fçâuroit être quand toutes les
différentes parties de l'ordonnance font compofées
chacune féparément ; de forte qu'il arrive que
quelque génie qu'on mette dans chaque objet, il
n'offre que des beautés déconfites ; tandis que,
dans cette partie de l'Architecture , comme par-
tout ailleurs, la çpnvenance & l'unité feules ont
-ocr page 69-
d'Architecture.            39
droit de plaire à tous les yeux. La figure VÎ offre
une de ces reflburces qu'on peut très-bien mettre
en œuvre, à l'exemple de François Manfard , à
Maifons, lorsqu'on veut donner un cajra&ere ex-
preiîif à une Corniche, & qu'on a peu de hauteur
à employer. Enfin les figures VII & VIII présen-
tent deux Profils de trois ou quatre pouces feule-
ment de hauteur , à l'ufage des Corridors & des dé-
gagements deilinés pour le paffage des Maîtres 9
îorfqu'ils veulent communiquer d'un appartement
ou d'une pièce dans une autre.
Des Profils en Plâtre, à l'ufage des moyennes
Pièces des Appartements.
Ρ L A Ν C H E V I.
Nous venons de remarquer que le cara&ere des
Corniches devoit répondre par leurs Profils , au
genre de l'ordonnance de la pièce. Celles que nous
offre cette Planche , & qui peuvent également
s'exécuter en plâtre ou en bois, font d'une efpece
à devoir couronner des lambris d'un ilyle ferme
& correct. Elles approchent davantage du bon
genre, & leurs moulures peuvent être taillées d'oc-
nements de Sculpture,. ou, à ce défaut, être peintes
de la couleur du. lambris; ce qui, en devenant plus
économique, ne réuiîit pas moins bien. Nous pré-
férons même cette efpece d'enrichiffement à l'éclat
de l'or qu'on prodigue avec tant d'excès , que cette
matière premiere femble n'avoir plus rien d'inté-
reÎTant par l'abus qu'on en fait, fans compter que,
pour appliquer l'or, fa préparation altere la Scul-
pture qui le reçoit.
Les figures I & II font des Corniches nommées
à Gorges. C'eil dans ces dernières qu'on peut
€. ""'                     .                         Civ ■'
-ocr page 70-
P„               t e O U R S
îciijpter ou peindre des ornements, tels que des
ieuiiles de refend , des caneaux ou des entrelas,
préférables a beaucoup degards, à ces ornements
coulants qui nepréfentent guère à l'imagination du
PPftopnr que le dérèglement du génie de celui
qui les a compofés. Les autres moulures de ces
Corniches, peuvent auffî recevoir des ,oves , des
tais-de-çœur , des patenôtres , ainfi qu'il s'en re-
marque dans la Planche IX, du premier Volume
de ce Cours.
Les figures III, IV & V font des Corniches Ar?
chitravées de profils différents, qui tenant à l'Ar-
cmtecture & a la Menuiferie, peuvent néanmoins
sexécuteren plâtre, & recevoir des ornements ou
remployer liiTes, félon leur application dans l'in-
térieur des Veffibules, des premières & des fe.
tondes Antichambres, fous les Périitiles., les Gal-
ienes, les Portiques, &c.
La figure VI enfin donne un Profil dont les mouT
jures fmueufes, tendres & dégagées , prenant leur
Jouree dans 1 Architecture des dehors , préfentent
néanmoins une légèreté qu'il faudroit bien fe gar-
der de leur donner dans les Entablements des Fa,
çades, ces dernières demandant moins de détails,
moins de cavités , en un mot plus de févérité;
eniorte que c eil à l'expérience & au goût de l'Art
a faire fentir ces différences à l'Araire, la multi-
plicité des exemples & la fpécujation la plus éten*
pue iuffifant a peme pour faire concevoir aux au-
tres ces. nuances délicates, que le ientiment feitf
peut indiquer, aidé de l'habitude de bien voir &
de la comparaifon qu'on peut faire chi bon avec le
îîiediocre dans ce genre.
-ocr page 71-
d'Architecture.             41
pes Profils en Plâtre , à ïufage des grandes
Pièces des Appartements,
Planche VII.
Cette Planche offre quatre Entablements puifés,
jdans nos Maifons Royales & dans nos Grands
Hôtels à Paris. Les figures I& II, indiquent celles
qui fervoient de couronnement dans les principales
Pièces du Château de Clagny 9 avant fa démolir
tion : elles font du Defîin d'Hardouin Manfard,
qui avoit donné les Plans de cette magnifique dej
meure. Il auroit été à defirer que l'on eut confervé
k plupart des détails précieux de Décoration
qu'elle cpntenoit, par le miniitere de la Gravure,
lefquels font maintenant perdus pour nous ; car
pn peut compter pour rien, ou pour peu de chofe,
les Plans qu'on en trouve dans le Recueil de
ÏArckiteBure Françoift Λ & qui ne font que les pre-
mières idées imparfaites de l'Archite&e. Les Profils
de ces figures I & II, quoique d'un excellent ftyle,
n'en ont pas moins paru lourds & pefants aux Arr
chite&es du commencement de ce fiécle ? qui tous
pnt préférés ceux dans le genre de la Planche V,
figures I, II & III, fans avoir égard à la dignité des
lieux ni au rang des perfonnes pour lefquelles s e-
îevoit le plus grand nombre de nos Edifices : au*
jourd'hui pn femhle revenir aux anciennes Corni»
ehes,; mais fouvent au lieu de les imiter on en fait
la charge, en leur donnant un cara&ere de pefan-
teur qui s'affocie û mal avec la légèreté de la
Sculpture qu'on y introduit, qu'il faut s'éloigner
beaucoup pour juger de l'effet des moulures, δε
s'approcher très-près pour en diitinguer les Orne-
ments : car ainfi qu'on peut le remarquer ici, nous
-ocr page 72-
4%                        COU R s
avons paiTé d'une extrémité à l'autre ; après le
régne des le Brun & des le Pautre qui, par la fé-
condité de leur génie, accâbloient quelquefois leurs
comportions & de trop de membres d'ArchitÊS
ôure & de trop de Sculpture } nous avons donné
dans un genre frivole, qui n'a malheure ufement
que trop été imité de toutes parts. Nous fommes
lin peu revenus il eil vrai de nos futilités paffées;
mais nous ne fommes peut-être pas encore au
terme defiré. L'Architecture eil de tous les Arts
celui qui exige le plus de méditation , de goût &
de raifonnement ; & particulièrement fans ce der^
nier il eil difficile, pour ne pas dire impoiîible,
d'arriver à un certain degré de perfection, fur tout
iorfqu'on n'aura que des idées vagues des diffé-
rentes branches qui la conilituent, ou qu'on ne
fuivra qu'une mode paiTagere , qui néceiTairement
fe trouve détruite par une autre mode dont les
meilleurs Maîtres ont fouvent bien de la peine à fe
garantir, par une inconféquence naturelle à notre
Nation , qui éprife du moment perd de vue les
chefs-d'œuvre de nos PrédéceiTeurs , & ne prévoit
pas la décadence qu'entraîne après foi cette folie
du jour. Mais abandonnons cette digrelîion toute
impartiale qu'elle foit, & difons que les Profils des
figures I & II., quoique très-variés dans leur com-
poiition & d'un de/fin du meilleur genre , cepen-
dant ne conviendroient pas par tout ; qu'ils ne
peuvent réuffir que dans de très-grandes pièces
d'une hauteur convenable ;, & dont les lambris fe-
roient comparus d'une maniere à pouvoir foutenir
de pareils couronnements, tels qu'Hardouin Man-
fard les avoit compofés dans le Château deClagny »
& qui dans le coup d'eiTai qu'il fit de fes talents,
annoncèrent ce qu'il devoit être un jour.
/
-ocr page 73-
d'Architecture.            43
Nous n'analiferons pas ces deux profils deilinés
fur les lieux avec beaucoup d'exactitude. Ils fe trou-
vent tracés ici d'une grandeur affez diilincle pour
n'avoir pas befoin d'en donner les mefures parti-
culières : d'ailleurs il faut s'attendre que quelque
bien que nous paroiffent de telles productions,
elles ne peuvent fe copier fervilement ; moins de
hauteur dans une pièce, une dimeniion différente
entre fa largeur & fa profondeur, une lumière plus
pu moins abondante , l'application d'une certaine
quantité de glaces , enfin la qualité des matières
qui en compofent l'ordonnance , doivent néceffai-
rement en changer les proportions & les orne-
ments pour n'en retenir que le caractère & l'ex-
preffipn : mais il n'en eè pas moins vrai que le
ilyle peut s'imiter , & que c'efl fou vent dans le
choix de cette imitation que l'Artiile acquiert la
réputation méritée d'être homme de gout & homme
d'expérience.
La figure IIÏ, affez femblable à la figure I, fe
remarque dans fa Salle des Cent-Suiffes du Palais
âes Tuileries. Nous la rapportons ici, parce qu'elle
nous donne un exemple des légers changements
que les Corniches de même genre peuvent rece-
voir entre les mains d'un Architecte intelligent,
qui a pour but d'affortir toutes les parties de fa
décoration au ityle dominant qui préfide dans cha-
que pièce. Le deiîin de celle-ci a quelque chofe de
plus impofant encore ; les Confoles en font group-
pées & les Métopes font plus confidérables ; ce
qui ajoute à fa grandeur : auffi ne couronnent-elles
que de belles tapifferies , pendant que la Corniche
de la figure I couronne des Lambris , qui par la
divifion de leurs compartiments exigent des maffes
-ocr page 74-
44                       Cours
moins fortes dans leur couronnement, & des bas-*
reliefs moins faillants dans les métopes.
La figure IV donne la Corniche de la Gaîlerie
de l'Hôtel de Touloufe. Elle eft d'un profil moins
févere : auili ne coiïronne-t-elle qu'un Ordre d'Ar-
chitecture Pilaitre cqmpofé ; elle eil d'un excellent
defiïn, ainii que les ornements de cette belle pièce *
dont on trouvera dans ce Volume la Décoration,
Planches Uli & LiV, Les Confoles accouplées
qu'on remarque dans cette Corniche font placées à
plomb de chaque pilailre, & font répétées auiîi an
milieu de chaque entre-pilaitre ; ce qui forme entre
ces couples de confoles des métopes enrichis de
bas-reliefs d'un travail exquis.
Nous nous bornçrons à ce peu d'exemples ; l'abon-
dance des matières que nous avons à traiter fixant
pour ainfi dire le nombre des Planches fur chaque
objet : paifons à préfent à quelques autres parties
de détail concernant les Portes , les Croifées , les
Attiques 5 les Panneaux, les, Frifes, les Cheminées,
& leurs Chambranles ; les Parquets, lés Plafonds,
les Ornements de Serrurerie que l'on admet dans
les Décorations fur les ferrures ; enfuite nous don-
nerons des Deiïins de Lambris relatifs à l'ordon~
nance des différentes pièces qui compofent un
Appartement, lefquels exigent un genre de Déco-
ration plus ou moins riche & en rapport avec leur
defiination.
j
-ocr page 75-
D'ARCHiTEÜTUili.           
CHAPITRE III.
De la Déco ration des Portes
a ρ lac ard.
ν -
PLANCHES VIII ET I X,
•r
JLes Portes à Placard contribuent beaucoup â la
décoration intérieure, fur-tout Jorfqu'elies fe trou-
vent placées dans l'enfilade d'une fuite d'apparte-
ments, & terminées de part & d'autre par des
portes-croifees pratiquées dans les façades■■■laté-
rales des édifices. Elles font encore bien lorfqu'à
cette beauté effentielle elles fe trouvent répétées
avec fyrnmétrie dans chaque pièce, & affez di-
ftantes pour que le milieu de leurs intervalles
puhTe être occupé j ou par une cheminée , ou par
un trumeau de glaces féparé par un pilaftre ou
panneau qui amené autant de repos entre ces
objets de prédiîecÎion.
Les Portes dont nous parlons font fufceptibles
de quelque variété dans leurs formes ; mais il faut
autant qu'il eil poifible faire en forte que le Îom~
met de leur chambranle foit à plate-bande & non
chantourné ; ce mouvement ne convenant guère
que dans les petits appartements, où la gaieté eil
fouvent préférables la févérité qu'on doit obferver
dans les grandes pièces. Ordinairement les portes
à placard font à double ventail & à double pare-
ments ; chacun de ceux*ci eit - comparu de plusieurs
panneaux dont les traverfes font fufceptibles de
çqntQms variés ; ruais il faut obferver que ces
-ocr page 76-
φ                    G ö u M 'à.
contours ibient doux & coulants. Aujourd'hui, â
l'imitation des Anciens , on préfère fcrupuleufë-
ment les traverfes droites. Il s'en faut bien que
nous foyons toujours de cet avis ; mais comme
plufieurs Artiiles ont pouiTé trop loin la finuoiité
de ces traverfes, nos têtes prétendues raiforiiia-
bles ont profcrit toute efpece de mouvement à cet
égard> fans fonger fans doute que l'élégance qui
regne quelquefois dans l'ordonnance de la pièce,
doit donner le ton à toutes les parties qui concou-
rent à fa décoration ; d'où nous conclurons qu'il
ne faut ni fe permettre abfolument les träverfes
droites, ni fe défendre avec partialité Tufage des
traverfes chantournées.
Une attention qu'il convient d'avoir lors de H
diitribution d'un plan , c'eil de déterminer , en fe
rendant compte de la décoration intérieure , de
quel côté doit fe faire l'ouverture des ventaux des
portes à placard. Premièrement, parce qu'autant
que cela fe peut il faut faire en forte qu'on pouffe
le ventail qui doit s'ouvrir au lieu de le tirer à foi :
fecondement, parce qu'il eil intéreifant de ferrer
ces ventaux fur le chambranle lorfqu'il eil nécef-
faire de feindre plufieurs portes dans une même
pièce, tel que fe remarque le Profil A de la figu-
re IV, tracé fur la Planche I de ce Volume ; tandis
que les figures I & III de la même planche fe trou-
vent ferrées derriere le chambranle. Mais dans ce
dernier« cas il faut fçavoif que l'embrafure doit
avoir au moins de profondeur la largeur d'un des
ventaux , & que le revêtiiTement de cette embra-
fure doit être aiTez reculé de la rive du chambranle
pour que les ventaux puiiTent s'ouvrir carrément,
ainii que l'expriment les deux figures que nous ve-
nons de citer. C'eil pourquoi il iaut tenir alors les
-ocr page 77-
d'Arc hitèctür              $f
pied droits en pierre environ dé trois pouces plus
larges de chaque côté que le dans-œuvre des
chambranles des portes, tant à caufe de l'épàifteur
du revêtiffement de l'embrafure & de celle du vcn-
tail , qu'à caufe de la feuillure pratiquée fur la rivé
du chambranle pour fervir de battement à la porte:
aulîi pour bien entendre cette partie, eit-il befoin
d'avoir recours aux figures de la Planche I, &
d'en faire une nouvelle étude avant de s'affurer au
parti qu'on devra prendre pour attaquer une dé-
coration intérieure ; en un mot en la compofani,
il faut fans ceife avoir égard à l'ufage de la pièce j,
à l'ouverture des portes , à l'épaiflèiir des murs
de refend, enfin à la commodité & à l'économie
qu'il convient d'apporter dans toutes les efpeces
d'entreprifes.
                                         ι
Les portes à placard, lorfqu'elles ne fe trouvent
pas contenues dans des arcades feintes qui fym-
métrifent ordinairement avec des portes croifées ,
qui donnent entrée à un Sallon, à une Gaîlerie,
&c, font couronnées par des deifus de porte qu'on
appelle Attique, Ces attiques , dans les grands
appartements, ne doivent guère avoir moins da
quart de la hauteur des portes , y compris leor
chambranle, & ne doivent jamais en excéder le
tiers. Le mouvement & la richefTè des bordures
de ces deifus de porte ont befoin d'être affortis à
celui dont on a fait choix pour les ventaux, Ton
& l'autre doivent puifer leurilyle dans Fufage delà
pièce; ce qui fait qu'on y peut introduire des ta^
bleaux ou des bas-reliefs, enfin des trophées , des
ornemenrs foit réels foit {a&ices ; cqs derniers fur-
tout, peints en camayeux du ton dominant & imi-
tatifdes lambris, forment un accord intéreflant,
fouvent préférable à Téclat de lor & à l'ufage des
-ocr page 78-
48                             Cours,                  ■ ,
tableaux coloriés , qui rarement réuffifïent ÎAën
par tout *.
Lorfqu'ort n'eft pas àifujetti dans une belle pièce
à répéter plufieurs portes feintes , & que le genre
de l'ordonnance amené plufieurs corps faillants
dans la décoration, il eil convenable félon nous
de né ferrer les ventaux des portes ni fur ni der-
riere les chambranles , mais de les faire ouvrir fur
le parement de la pièce voifine, Cette profondeur
ainii pratiquée ajoute à la beauté de l'enfemble,
préfente des martes , procuré des furfaces moins
monotones , offre des demi-teintes & des effets
d'ombre intéreffants, fur-tout lorfqu'il s'agit de la
décoration d'un Sailon, d'une Salle d'Audience,
d'une Galîerie ^ &c
           / ,            ·„'."'' *
La Planche VIII offre l'élévation & le profit
d'une Porte à Placard à deux ventaux & à double
parement. Son chambranle eft à plate-bande. Cha-
que ventail figure I, eft compofé de deux pan-
neaux A & Β, féparés par une frife G, de même
que les côtés de l'embrafement D figuré II : Ε, eft
un deffus de porte ou un Attique dont on pourroit
remplir le panneau par un tableau $ un trophée ou
un bas-relief. Nous avons fupprimé les ornements
de cette porte, afin d'infpirer aux Elevés le defir
de commencer par deiîiner les nuds , & de les
mettre en état de juger de leur perfection ou im*
perfe&ion avant d'y introduire de la Sculpture ;
celle-ci ne contribuant fouvent qu'à mafquer des
défauts. Un œil intelligent aime à voir là marche
deTArchiteâe à découvert; il le complaît à fuivre
les afl'emblages de la Menuiferie, enfuite il con-
temple avec un nouveau plaifir les ornements,
* Ici fe termine' le Manufcrit de M. Blondefc
".                                                      iur-touÊ
-ocr page 79-
d'Architecture.          49;
fur-tout îorfqu'ii remarque que ceux-ci naiiîent de
l'objet , & qu'ils y font amenés comme par né-
ceiîité , pour embellir & non pour accabler le
deiTous,
                                          j                   " ;
Nous avons repréfenté en petit ^dans la figure I
les ferrures de cette porte, coniiftant en une fer-
rure à bafcules a, avec fes verrouils b, b , fa main-
tournante c, δε fes charnières d _, d, que Ton admet
quelquefois de préférence aux nches-à-vafes.
Il'eil à remarquer que dans ce deiTein , nous
n'avons point chantourné les cadres ou traverfes
des panneaux , ainii qu'on le pratiquoit aiTez ordi-
nairement ci-devant , attendu que le nouveau
procédé eil bien fupérieur à l'autre, & procure
beaucoup plus d'économie dans l'emploi des bois,
& que par ce moyen on parvient à mettre en œuvre
des panneaux d'une plus grande élévation, & d'une
plus grande largeur que par le paifé : on peut
même avancer que l'Art proprement dit doit beau-
coup à l'induilrie & à l'intelligence de nos Entre-
preneurs dans cette partie du Bâtiment : induilrie
qui tous les jours procure à l'Architecte la liberté
de donner l'effort à fon génie, de produire des
chefs-d'œuvre de goût, & d'ajouter des rapports
intéreifants entre les objets de détails &l'enfemble
des décorations.
Afin de ne rien laiffer à deiirer , nous avons
repréfenté figure I, Planche XV, le plan, de la
moitié d'une Porte à Placard à deux ventaux &
à double chambranles. A, Ventailà deux parements*
B, Embrafures revêtues de panneau de Menuiferie·'
C, Chambranle derriere lequel eil ferrée la porte,
& qui doit excéder aiTez les embrafures, pour quç
le ventail puifTe s'y loger fans former de faillie,
Tome F.            '"                     X)
l
-ocr page 80-
                       Cours
Β» Autre Chambranle affemblé dans les lambris
de la pièce voiiine. -
Pluiieurs Planches répandues dans ce Volume
offriront divers Deiïins de Portes à l'ufage de la
décoration des appartements, & dont la plupart
feront puifées dans nos Edifices de diftinction.
C'eil pourquoi nous nous bornerons ici à quelques
-exemples de Portes à Placard que nous avons fait
exécuter en diverfes occafions.
La Planche IX représente le deffein d'une Porte
à Placard A , enfermée dans une arcade ; elle eil
ferrée derriere fon Chambranle Β , & celui-ci eil
enfermé dans un petit renfoncement en retour d'é-
querre, autour duquel circule un autre Cham-
branle G , terminé en plein-ceintre, & difpofé
ainii pour fymmétriier avec les ouvertures des
portes-croifées d'un Sallon ou d'une Salle d'Ailém-
blée, de maniere qu'entre le fommier des deux
chambranles fe trouve introduit, foit un tableau ,
foit un bas-relief, foit un trophée D, félon que le
genre de la décoration femble l'exiger. Cette Porte
à Placard A eft à deux-ventaux, dont les traverfes
font droites & unies, ainu que la plate-bande du
chambranle. Nous en avons uie ainfi conformé-
ment au goût acluel, & parce que le> mieux eft
toujours de fermer les portes quarrément j car
lorsqu'on fait les portes ceintrées ou bombées , il
faut, afin qu'elles puiiTent fe ranger dans les em-
brafures , remplir la portion bombée avec un petit
panneau particulier. La raifon encore pour la-
quelle nous n'avons pas donné de contours ii-
nueux aux traverfes , c'eft parce que ces contours
entraînent néceffairement des ornements pittoref-
ques & tourmentés qui, fous le cifeau des Artilïes
fubalternes en ce genre, n'ont que trop produit par
-ocr page 81-
"Ί, '
le paifé des compoiitions extravagantes. Nous n'a-
jouterons rien de plus à defcrîption de cette
porte, & des lambris de hauteur Ε, qui l'aecompa*
gnenr, attendu que la vue du deiiîn rend les dé*
taiis de fes ornements '& de Ces proportions fuâi-
famment feniibles;
Les Planches X & XI fourniÎTent deux exemples
de décorations de la partie iiipérieure d'une Porte
à Placard, ik dont les deiTus de porte font aflujettis à
la même hauteur & à la même longueur.
Le Deiiiin de la Planche X eil mâle & de la formé
îa plus noble ; il pourroit très-bien figurer dans un,
appartement de la plus grande diftinftion ; fort
chambranle eil terminé (juarrément > & fa princi?
pale moulure eil ornée de feuilles de chêne en*
ïaïTées avec un ruban : les panneaux de la porte &
leurs ornements font du même ilyle que le cham-
branle : le deffus de porte repréfenre un bas relief :
fa bordure eil enrichie d'ornements dans îe goût
antique j & elle eil couronnée par deux guirlandes,
avec des rubans qui, en interrompant (as lignes
droites , ôtent la féchereffe que îa trop grande
Unité de fa forme pourroit produire.
Le Deiïîii de la Planche XI eil plus iîmpîe : fon
chambranle eil couronné par une corniche avec
tine frife ornée de rdfaces Ort voit fur cette cor-
niche un vafe d'un genre rtoble , accompagrié de
guirlandes attachées aux anfes & qui viennent s'y
repofer. Il eft à obferver que tous les ornements,
tant des panneaux des portes que de leurs deiFüs,
ont en général peu de reliefs. Il feroit encore un
coup fuperfîii de s'étendre fur les détails de ces
deffms ; d'autant qu'en pareil cas "la vue d'uii
modele inftruit plus d'ordinaire que toutes le»
tieferiptions les plus étendues.
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ft ■■          /*·'·' C"*Q tJ R S* *"
1.· CHAPITRE I V.
De la Décoration des Croisées,
PlanchesXII, XIII,XIV etXV. ;
x% OTRE intention n'eitpas de parler ici5 de toutes
les fortes de Croifées que l'on pratiquoit ancienne?
nient , telles que celles à croifillons iimples &;
doubles, celles à couliffes, &g , mais feulement
de celles à l'ufage des appartements. Ces croifées
font de deux efpeces ; ou bien elles s'ouvrent de
toute la hauteur , ou bien elles s'ouvrent fous un
impolie avec un dormant au-deifus. Les unes &
les autres en général peuvent être pofées ou fur
un appui ou fur une banquette. On appelle appui
le mur de Maçonnerie qui ferme la jCroifée par le
bas, & fur lequel on s'accote pour regarder en
dehors. Quant à la banquette , elle diffère de
l'appui en ce qu'elle eft beaucoup plus baffe, &
qu'on s'agenouille ou s'afîied deffus ; elle confiite
en une tablette de pierre , placée fur des confoles
ou fur une vouffùre en dehors de la façade d'un
bâtiment, avec un appui de fer d'environ deux
t pieds d'élévation. La hauteur des appuis en pierre
eft depuis deux pieds & demi jufqu'à trois pieds ,
& celle des banquettes depuis un pied jufqu'à dix-
huit pouces.
Il y a environ 80 ans que les appuis de pierre
4es croifées embraffoient toute l'épaiffeur des murs,
ce qui empêchoit de voir commodément dans la
rue , & furchargeoit inutilement les plate-bandes
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d'Architecture;        γ$
t ou linteaux des croifées inférieures; mais mainte-
nant il eil d'ufage de fupprimer TépaiiTeur de
l'embrafemen^, de réduire le mut vers cet endroit
à l'épaiffeur feule du tableau δε de la feuillure : ce
qui eil très-bien raifonné pour la confku&ion,
& à la fois plus commode.
Comme ces banquettes fervent à s'affeoir, on
pratique communément au droit des embrafements
dont on a fupprimé la Maçonnerie, des efpeces
de, coffres ou tiroirs qui ne lauTent pas de procurer
beaucoup de commodités à un appartement. On
voit dans le bas de la Planche XII en Ε,., l'éléva-
tion & le profil d'un de ces coffres ou vuides.
Lorfque les croifées defcendent jufques fur le
parquet fans appuis ni banquettes, on les nomme
portes-croifées ; & alors on fe contente de placer
au bas du feuil au droit du tableau, un petit rejet-
d'eau en pierre pour mettre obilacle à l'écoule-
ment des eaux dans l'appartement , ainfî qu'on
peut le remarquer au bas des profils des Plan-
ches XIII & XIV.*-
f On peut donner aux croifées & portes-cróifées
en dedans des appartements la même forme qu'en
dehors , c'eft-à-dire la faire quarrée, bombée,
furbahTée ou plein-ceintre ; il n'y a guère que
dans le cas d'un trop grand efpace entre le haut
de i'embrafement d'une croifée & la corniche d'un
appartement qu'on en ufe autrement, en y pra-
tiquant de ce côté une vouifure en anfe-de,-panier,
comme on le voit Planche XIV, ce qui produit un
bel effet en exécution > procure plus de jour au
plafond, & allège à la fois fa partie fupérieure.
On orne auffi le pourtour de la baye des embrafe-
ments d'une croifée avec un chambranle ou- un
bandeau, que Γοή fait faillir fuffifamment pquç
Diij -
ν
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ι
54                        Cour s
cacher la îsrifure des volets, loriqtulsfoaitmiverts,
^infi que nous allons l'expliquer,
Les Volets -font d'ordinaire brlfés en deux , 8ε
quelquefois en trois parties, félon la profondeur
des embrafements ; quand les épaifieurs des murs
font considérables , il eil poiîîble de ne les. point,
|*rifer & dé les faire fervir de revêtirTements auaç
«mbraiements.;maîs filon eit obligé de les bnfer,
'il e& important de faire en forte que· ce fqiî en deus;
parties égales, *& de faire excéder le chambranle
dé la croifée, afin que les volets piiirTent fe loger'
jtiilé dans l'embrafement & former un même aili-
gnement. Quand rembraiement eil un peu trop
large pour être rempli par le volet brifé en deux
parties , on a coutume , foit de pratiquer der-
fiere le chambranle un pilaitre qui forme un petit-
avam>çorps fiir le volet, foit de taire au contraire
la partie du volet qui tient au dormant de la croi^-
•féé de 'foute la largeur de lémbrafement 9 & de re-
mployer la ipetite partie reliante derriere celle-ci ;
alors comme cette petite pactie eH trop étroite
φόύΐΙ& faire dViTemblage , mn la -fait en panneau
ravalé; mais ceia ne s'admet guère que dans les.
apparteinents qui n'exigent pas une ùertaine déco-»
ration :& il vaut toujours mieux brifer les voleta
en deux parties égalçs, en admettant un pilaitre/
' rderrjere le chambranle. On' verra dans le Chapi-
fre de la Memùfirie, Torm Fi 9\e^ détails âe ces,
dirFérents arrangements.
Quoique l'on fafîe fervir les volets, îorfqu'Îîs
font ouverts, de décoration, onïiè lairTe pas néan-
moins le plus fouvent de revêtir encore les embra-
fements des croifées, de lambris à petits cadrés „
ainfi que d'un plafond de Memiiferie par le haut*
■auquel on donne les fernes champs ék les menie&
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d'Architecture,             ff
moulures qu'aux revêtiiFements des embrafe-
ments.
La Planche XII, figures 1 & II offre l'exemple
d'une croifée quarrée parle haut, qui s'ouvre dans-
toute fa hauteur δε qui eftpofée fur une banquette*
La moitié de la figure I exprime l'élévation de cette
croifée avec fon volet fermé ; & l'autre moitié repré-
fentefon élévation avec fon volet ouvert. A, Chaftis;
Β., Volet fermé , qui fe ployé dans Fépaifleur de
l'embrafement dont il feit fouvent le revêtement;
C , Chambranle intérieur de la croifée ; D , Ban-
quette ou Appui de pierre élevé d'environ un pied
au-deÎTus du parquet ou carreau ; Ε, Tiroir ou
CorTre ; F , Appui de fer. Nous avons exprimé
autant que nous l'avons pu dans cette figure 1%
les ferrures, telles que Fefpagnolette a avec fa,
poignée £; les panetonsc & les agraires d; les-
fiches à vafe e ; les. fiches de brifures ƒ; les fiches
à broche ou à bouton g .* tous objets que nous
développerons par la fuite, lorfque nous traite-
rons, de la Ferrure en particulier.
La figure II repréfente le profil de la croifée
avec fon embrafement G, fon taMeau H * fa bai>
quette D, & foa appui de fer F ; elle achevé de
faire eonnoîtrelaliaifon de fes diverles parties , par
la correfpondance des mêmes lettres de renvois
La Planche XIII fait voir deux moitiés de Portes-
Croifées, Tune ceistrée r l'autre quarrée par 'le
feaut, fig» I & fig. II, lefquelles ouvrent toutes
deux fous une ïmpofte A ». On ajoute d'ordinaire:
des impofles aux croifées r quand elles excédent
dix pieds de hauteur , afin de diminuer par ee
moyen la pefanteur des chafïis & de les empêchée
de voiler ou de fe déjetter, en leur donnant une-
élévation plus coniidérable» On en met auiS quand
' ■ j
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$6                    Cours
les croifees font plein-ceintre ou furbaiiTées, à caufe
de la difficulté de les ouvrir au droit du ceintre ;
mais alors il convient de faire dormante la partie
du chaiîis en évantail ou gui eil au-deiîus de Γϊήι-
pofte, en obfervant de placer ces impolies au ni-
veau du point de centre, & de les accorder avec
les impoftes en pierre de la baye extérieure de la
croifée s'il y en a.
On voit dans ces deux croifees , de même que
,, dans la précédente, de grands carreaux, tels qu'on
en admet maintenant dans les appartements, les-
quels carreaux embraiîent la largeur du chaiîis &
font divifés fur la hauteur par plufieurs traverfes,
ainii que nous l'avons dit en parlant des profils &
développements des croifees.
Comme il arrive quelquefois qu'il fe trouve dans
un même appartement des croifees à banquettes
avec des portes-croifées , il eil d'ufage de pratiquer
dans le bas des dernières un panneau Β, de la hau-
teur des banquettes, afin que la hauteur & la Sym-
metrie des carreaux régnent également dans les
unes comme dans les autres.
On place auiîi des volets derriere les portes-
croifées , lefquels ne defcendent d'ordinaire que
juiqu'au bas du dernier carreau , & ne montent
guère, quand les croifees font ceintrées, quejuf-
qua fimpoite. Car en fuppofant que l'on voulut
des volets au-deifus de l'impoite, il feroit à propos
de terminer la partie fupérieure des embrafements
en araere-vouffure de Marfeill'e, pour parvenir à
Iqs loger, & pour faciliter leur ouverture. Nous
avons également repréfenté en petit fur ce deiHn
toutes les ferrures d'une porte croifée, qui font
les mêmes que celles àes croifees ordinaires ,. à
l'exception du verrou à crampon & à douille G %
que l'on „ajoute dans le bas.
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D ' A R C H ITECTÜ R E.             ff
ν; La figure III fait voir le profil de la porte-croifée
plein-cintre à importe, avec fon volet ouvert & ployé
dans l'embrafement. En comparant enfemble les
rapports du profil .& l'élévation de cette croifée >
on comprendra aifément leur liaifon , & comment
le volet D fe ployé dans i'embrafure.
La Planche XIV offre une Porte-Croifée quar-
rée en dehors , & terminée en dedans avec une
VOiiffure fans importe. La figure 1" repréfente la
moitié de l'élévation , 81 la figure II fait voir fon
profil avec le volet qui eil logé dans Tembrafe»
ment. On orne quelquefois les vouffures de "pan-
neaux de Menuiièrie & d'ornements de Sculpture
en relief, & quelquefois auiîi on fe contente feule-
ment d'y peindre des panneaux & des ornements/
Nous avons repréfente , Planche XV figure II »
le Plan de la moitié d'une croifée ou d'une porte-
croifée, pour en faire fentir tous les développe-
ments. A, Tableau de la croifée : B, chaifis avec fon
• dormant I : C, les battans-menaux ouvrant à noix :
D,efpagnolette : Ε , volet fermé : F ,embrafure re-
vêtue d'un panneau de Menuiferîe : G, volet ployé,
qui eil le même que celui Ε , & que Ton a fuppofé
brifé en deux parties à peu près égales : H, cham-
branle que l'on fait faillir fur le nud de l'embrafe-
ment^ afin que îe volet étant ouvert, l'épaineur
de la brifure ne puifle être apperçue de l'intérieur
, du Sallon , & foit au contraire mafquée par la
faillie du chambranle intérieur de la croifée;
moyen qu'il faut mettre en ufage le plus qu'il eft
poflible , & que l'on doit à la réflexion de nos
Artiiles modernes. En joignant à ce que nous ve-
nons dédire concernant les Portes & lesCroifées,
: l'étude de tous les Profils que nous avons donné
.ci-devant, il fera aifé de comprendre tous les
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?8                         G o υ R s          -
détails de leur exécution , de leurs-rapports & de.
leur liaifon.
                                   *
Nous rappellerons à l'égard des Croifées ce que
nous avons dit précédemment, en parlant des,
■ventaux des Portes à Placard* qui fe ferrent derriere
les chambranles 9. fçavoir qu'il faut calculer la lar-
geur des ventaux & les comparer avec l'épaiÎTeur
des murs de refend 3pour qu'ils puiaent fe loger à
î'aife , ou bien avoir recours à la reiîburce de cal-
ler les lambris jufqu'à ce que leur largeur puiife y
être comprife, lorsqu'on veut loger le guichet fans.
brifure* ainfi que la largeur des veataux de la
porte-croifée. Pour bien fentir tous ces dévelop-
pements , il eft eifentiel encore un coup de faire
une étude particuliere de chaque partie de la dé-
coration : comme les figures que nous .offrons ici
ne feauroient être que fur une échelle bien petite:
en comparaifon de l'exécution, pour obvier à
cet inconvénient , nous répéterons aux jeunes.
Artiftes ce que nous leur avons déjà recommandé
plus d'une fois ; qu'ils traduifent ces déifias de la
grandeur réelle ; qu'ils fe rendent compte dQS pro-
fils & de l'épahTeur des bois r indiqués dans les.
premières planches de ce Volume : que de là ils,
partent dans quelques-uns des Hôtels nouvelle-
ment bâtis à Paris ; qu'ils en examinent avec foia
les revêriffeménts i qu'ils en prennent les mefuresi
qu'ils fe rendent compte de leurs affemblages j,
qu'ils ferment, qu'ils ouvrent & qu'ils referment
encore les portes & les croifées ; qu'ils, confu ken ε
les bâtis, les panneaux., les cadres ,; les. cham-
branles : qu'ils s'appliquent à connoître non-
feulement Ia maniere dont les portes dor-
mantes font attachées > mais encore la ferrure
des portes mobiles ; qu'ils prennent des noues &
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; ·■■''/ ;                                                                                                                                                                                                                    -                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 ■'■■ .\.. ■ ;
d'Architecture.             5:9
qu'ils faiient des efquiffes ; enfin 'qu'ils reviennent
dans ie filence du Cabinet remettre au. net ces diffé-
rentes études ; qu'ils retournent encore fur le lieu ;
■(k s'il leur rede quelque doute » qu'ils paiTent dans
l'Attelier de l'Entrepreneur ; qu'ils y voyent cor-
royer & débiter les bois, les façonner, les aiera-
Wer , les monter; perfuadés que les connohTances
qu'ils acquerront par cet examen réiiéchi, leur
fera juger des choies efîentielles qu'ils n'auroient.
pu deviner : mais revenons aux Porte-Croifées tra«
çées fur les Planches XIII & XIV.
Dans ces Planches comme dans la précédente,
nous avons admis peu d'ornements, parce qu'en-
core une fois il faut fe rendre compte du nud avant
defonger à la Sculpture, que la plupart des jeunes
J^rtiftes , abuiés par l'exercice du Déifia , s'occu-
pent plus volontiers des objets d'agréments que
du fond des chofes , & que pluiieurs même croyent
que c'eil le partage du Menuiüer de faire de la
Menuiferie, fans fe dourer que quelque habile qu'il
foit dans fon Ait, il ne remplira jamais bien l'in-
tention du Propriétaire , lî l'Ârchiîecle lui même
ne donne les deffins & les mefures de toutes les
différentes parties d'une Décoration. Après cette
négligence il ne manquërok plus que de laiiTer
faire auiîi au hasard rôrnementiite ,.& bientôt on
ne verroit plus que de la Menuiferie, de la Scul-
pture & non de l'Architecture. Cefï alors aufll
qu'on ne remarqueroit plus de liaifon, plus de
repos ., plus d'enienible : mais que l'on verroit au
contraire beaucoup de cette richefîe confufe &
indifçrete, qui loin de fatisfaire VëM ? le rebute &
Féîoigne de cetrç efpece d'admiration qu'il avoir
droit d'eipérer, fi FArchite&e plus initruit ou moins
négligent, fe fut donné la peine lui-même de <Mdn ·
-ocr page 90-
6o                        Cours
buer à chaque Artifte les divers objets de fon dé-
partement.
                                                         Λ
Depuis quelques années , pour procurer plus
de lumière & de guaité aux appartements , on fait
ttfage , comme nous l'avons dit plus haut y de
grands carreaux de glace ou de verres de Boheme,
au lieu de cette multiplicité de petits carreaux dont
on accabloit ci-devant les chaffis à verre. On aauilî
diminué la largeur des dormants, des menaux ,
des importes & des bâtis, en forte que les inté-
rieurs des appartements ont acquis non-feulement
plus de clarté ? mais auffi plus d'élégance , & par-
conféquent plus d'agrément : cependant il ne faut
pas abufer de ce rétréciflement dans les bois, à
moins qu'on ne puiffe s'en dédommager par une
plus grande épaiffeur, & accorder cette diminu-
tion avec la grandeur de la baye & le iiyle de la
décoration qui regne dans les pièces. Il faut auiîi
prendre garde que la hauteur de ces carreaux fok
toujours proportionnée à la largeur , & établir
l'une & l'autre relativement à l'économie des glaces
ou des carreaux de verre qui doivent être reçus
dans ces nouveaux compartiments. Pour parvenir
à ce rapport de hauteur.& de largeur , fouvent on
baiiTe les panneaux du bas des portes-croifées, ou
bien on les élevé à la hauteur du lambris d'appui,
ne pouvant, guère raifonnablement faire defcendre
les carreaux de glace jufques près du parquet,
non-feulement à caufé de leur fragilité, mais auiîi
dans le deffein de procurer aux appartements une
falubrité réelle & apparente.
On pratique communément de double-croifées
dans les appartements qui font fur-tout expofés
au Nord. La perfection de leur pofition refpeclive
eil que les carreaux du chaiîis extérieur fe trou-
-ocr page 91-
d' Ar c h it e c τ υ R ι-           6t
refit'égaux, &. vis-à-vis ceux du chafïis intérieur,
que le guichet fe ployé avec facilité dans l'embra-
fement à l'ordinaire, que le chaffis intérieur s'ou-
vre fans difficulté, & que le chaifis extérieur s'ou-
vre fur l'intérieur fans diminuer que de très-peu
l'ouverture de la baye de la croifée ; ce qui exige
beaucoup d'attention , pour empêcher toutes ces
épaiiTeurs différentes de chaiïis , appliquées les
unes furies autres de fe nuire. Nous donnerons
dans le Chapitre particulier de la Menuiferie ,
un détail de ces doubles-chaflis , de même
que de tous les affemblages particuliers à cet
Art.
Des Ornements de CuirRE ou de
Bronze^ que l'on applique sur
les Ferrures des Portes et des
Croisées des Appartements.
Planches XVI et XVII.
La Ferrure deilinée aux appartements eil plus
foignée que celle qui ne fert iimplement qu'à la
sûreté ; elle exige le goût du deiîin, & eil fufce-
ptible de recevoir des ornements qui contribuent
à l'agrément de leur décoration. Elle comprend les
panetons de ferrure que l'on rend plus ou moins
riches fuivant l'importance des appartements; les
boutons , les targettes * les rofettes , les platines,
les gâches, les entrées , les bafcules , les efpa-
gnolettes, les fïches-à-vafe, &c , que Ton revêtit
d'ordinaire d'ornements de bronze ou de cuivre
dorés d'or moulu, ou que l'on fe contente de
peindre en couleur d'eau. »ΤςΙοη la dépenfe que
Ton veut faire.
-ocr page 92-
               [.■'. CoünS
La Planche XVI offre divers deffins ci'df*
fiements de bronze à l'ufage de la ferrure:
tks Portes à Placard , que M. Blondel avoiÊ
fait graver, de même que la fuivante , d'après fort
Ouvrage intitulé de la Dißnbution des Maifons di
Plaifance*
Quoique ces ornements fuiTent plus à
la mode il y a if ans qu'aujourd'hui, parce qu'on
chantournoit alors les traverfes des panneaux des
portes, & que maintenant on afrecf e de les iairè
droites ; néanmoins comme leurs formes iont
fort agréables, nous avons cru devoir les con-
ferver.
                                          #
A, Platine de rofette pour recevoir le bouton*
Β s Β, Moitiés de panetons de Serrure à bafcuieS,
fupportés par des ornements qui en rachètent la
faillie. Ces panetons s'attachent fur la ferrure & lui
fervent de fur-tout. Il convient de leur donner une
forme en rapport avec le contours des panneaux de
Menuiferie qui les renferment. l/ufage de revêtit
les ferrures d'ornements de bronze eil ancien ;
mais Fidée de les chantourner, quand les panneaux:
Je font, eil nouvelle, & produit un affez bon effet*
L'effentiel eit de les accorder avec la forme des
panneaux: ils doivent être iymmétriques; & pou?
est effet il faut que la gacîie, qui s'applique fui
celui des ventaux qui fe nomme dormant, em-
prunte la forme de la ferrure , & ne paroiffe faire
avec elle qu'un tout îorfque la porte eil fermée.
Les ornements qui décorent ces panetons doivenÊ
avoir très-peu de relief, & tenir leur plus grande
beauté de leurs conrours extérieurs. Pour plus dô
magnificence, on fait quelquefois porter ces fer-
rures fur des ornements qui font auilî de bronze,
& qui viennent en racheter la faillie ; mais cette
dépenfe, qui engage à celle de- la dorure &oï
-ocr page 93-
ï>* Architecture.           6}-
tsoü)tf? ne convient que dans des appartements
de m pins grande magnificence.
C j C, Deux différentes Entrées de ièrrure d'un
deffin varié , que l'on doit aiTujettir aux ornements
dont on enrichi le paneton ?
fans néanmoins que
cela ibit trop remarquable, parce qu'alors il fau-
droit feindre une autre entrée dans la gâche qui §
comme nous l'avons dit, doit être rendu conforme
à la ferrure. Il n'en efl pas de même lorfque les en-
trées font d'un côté & les ferrures de l'autre ; on
peut donner pour lors diverfes formes à ces en-
trées j à condition toutefois de ne les pas rendre
trop lourdes , & d'éviter la licence de les orner de
dïiFérents attributs , comme on le fait affez fou-.
^ém» Celles en cartels paroiflent en général mieux
réiiffir que les autres , ainii qu'il eil aifé d'en juger
par la comparaifon des deux exemples ci-joints.
D > Platine qui enferme le. bas du verrouil à.
bafcnie. ik., ~
                          ·<.·α·            .. ^vi
E, Tringle de la bafcule, qui d'un feul tour de
clef fait ouvrir ou fermer les verrouils haut & bas
dans leur gâche ou platine.
F, Targette à Tufage des Portes à Placard.
G , Boutons ι à olive pour les loqueteaux des
portes.
H, Conduit pour recevoir les tringles des fer-*
rures à bafcule.
Comme ces ferrures par leurs richeffes ne con-
viennent qu'à des portes très-décorées, les uns fe
contentent dans les appartements ordinaires de
fupprimer leurs ornements , δε de les peindre en
couleur d'eau; les autres fe bornent à les faire
exécuter en fer poli ; d'autres enfin les font peindre
en couleur de brouze : économie qui n'eit bonne
que pour les veftibules & les premières anticham-
-ocr page 94-
64                   Co v±J        <* .
bres, parce qu'en peu de tems le frottement que
ces différentes pièces de ferrure font les unes
contre les autres , dépouillent la bronze & dé-
couvre le fer dans les joints où fe fait le frotte-
ment. Dans le Chapitre de la Serrurerie, nous ferons
voir particulièrement les détails de ces ferrures
fans ornements,'& telles qu'on les employé com-
munément.
La Planche XVII repréfente les détails des or-
nements dont eft fuiceptible la Ferrure d'une
Groifée. On y remarque fur-tout les développe-
ments d'une Efpagnolette A , à l'ufage d'une Porte-
croifée, & qui peut également fervir à une croifée
en fupprimant le verrouil d'en bas, pour y fubiti-
tuer une gâche comme en haut. Cette forre de
ferrure eft devenue fort en vogue, parce qu'elle
donne la facilité d'ouvrir ou de fermer d'un feul
tour de main un venteau de dix ou douze pieds de
haut: ; elle pourrait même en ouvrir de plus grand :
mais comme il ne fe fait guère de croifées plus
hautes fans impoites , on fe borne à placer la
gâche fupérieure de l'efpagnolette dans fa tra-v
verfe, & pour contenir la partie du guichet qui
s'élève au-deffus de l'importe ? on prolonge l'efpa-
gnolette d'un pied de plus , & l'on ajoute à fon
extrémité un paneton; ce quifuiïït. j *?
Β, Lacet ou Piton qui reçoit la tringle de l'efpa«
gnolette , & qui l'attache aux battants -menaux
de la Croifée.
C,  Paneton foudé à la tringle de Tefpagnolette,
& qui fert à fermer les agrarfes ou boucles atta-
chées fur les volets. .
D,  Àgraffes ou Boucles attachées fur le revers
des volets, & qui par le moyen du paneton C *
les
-ocr page 95-
b ' À R c ίι i τ È è τ ü il ê." ^' f|
les tiennent folidement fermés fur le chaiïîs à
verre. /
E, Main-tournante , qui d'une feule opération
fait ouvrir bu fermer les guichets & la croifée.
F, Douille évuidée en dedans, pour recevoir le
verrouil qui ferme là porte-croifée par en Bas.
G, Poignée du verrouil à reffort.
H, Verrouil à réiTort.
I, Crampon dans lequel va & vient le■ verrouil.'
Κ ? Platiné;
Nous avons repréfenté en petit fur la droite dé
cette Planche , l'efpagnolette vue de face 8t de pro-
fil dans toute fa hauteur, où nous avons afîeclé
de mettre des lettres correfpondantes aux mêmes
objets développés en grand précédemment , afîii
que l'on pnhfe les diftinguer aifénient dans leurs:
diverfes poiidons.
On orne plus ou moins les ferrures félon' la dé-
coration de la pièce oii elles font admifes, mais leurs
tringles & lés pitons à vis né peuvent être que dé
fer bien dont; toute autre matière n'étant aucune-
ment propre à folider ces fortes dé ferrures , pat
rapport au mouvement continuel qu'on leur donné
pour ouvrir ou fermer les ventaux fur îefquels
elles font attachées. L'on fe contente feulement
de faire les platines, les mains & les émhafes èiï
bronze enrichi d'ornements y que l'on doré en cou-
leur d'or ou en or moulu, de- même que toute lai
tringle ; mais quand on né bronze pas la tringle $
il fuifit d'y paiïer, ainiî que nous l'avons dis pottf
la ferrure des portes ,· une couleur d'eau«.'
Tome P"i ■ i                     _                  %
-ocr page 96-
66                      Cours
C HAPITRE V.
Z>E LA DÉCORATION' DES CHEMINEES,
Planches XVIII, XIX, XX et XXI.
TT                                                 ,
jL A plupart des Décorations des anciennes Che-
minées fe reifemblpient : leurs chambranles étoient
toujours de forme quarrée, compofés de groffes
moulures, & terminés par des efpeces d'attiques
chargés d'ornements très-faillants , au-deffus des-
quels on pîaçoit, foit des bas-reliefs, foit des ta-
bleaux , ce qui donnoit à tout leur enfemble ,
malgré la beauté qui pouvoir réfulter des pro-
fils , du choix & de la proportion des orne-
ments , un afpeâ lourd & matériel. Ceit. à l'in-
troduétion des glaces fur les cheminées vers le
commencement de ce fiécle, qu'on eil redevable
du changement de leur décoration. Quoique beau-
coup de perfonnes fe foient recriées contre l'ufage
des glaces fur les cheminées, de même qu'entre
les trumeaux des croifées, fous le prétexte que
des glaces repréfentant des vuides ,. ne pou-
voient raifonnablement être admifes qu'au bout
d'une enfilade d'appartements pour prolonger fon
étendue, ou fur des murs oppofés à des croifées;
& qu'il n'étoit aucunement naturel d'exprimer
comme s'ilétoità jour, ce qui devoir être cenfé
plein ; il faut convenir cependant que les glaces
produifent beaucoup de gaieté dans un apparte-
ment : car non-feulement elles augmentent le jour
& multiplient la nuit la lumière des bougies, mais
-ocr page 97-
D ' À R C Η ϊ Τ Ε C Τ U R E.             èf
encore elles "fervent à faire paraître les endroits
plus grands par la répétition des objets qui leur
font oppofés, fans compter qu'elles facilitent ceux
qui font voifins du feu de voir ce qui fe paffe dans
un appartement, & d'appercevoir ceux qui y en-
trent ou qui en fortent fans tourner la tête. j
On décore les cheminées plus ou moins riche-
ment félon les pièces où elles fe trouvent placées-
Il eil tout fimple que la cheminée d'un Sallon ou
d'une Salle de Compagnie, doit être plus ornée &
plus magnifique que celle d'une Antichambre.'
Leur principale beauté coniiite en général dans
la forme, dans la relation que la Menuiferie, qui
entoure la glace, à avec le chambranle qui, quoi
que d'une différente matière, doit néanmoins pa-
roître la porter avec grâce, & de façon que ces1
deux parties ne faiTent qu'un feul tout. Il eft encore
nécèffaire que la corniche qui termine plafond
d'un appartement , femble faite auifi pour coù>'
ionner une cheminée, foit en faifant faire à1 cette
corniche un reffault de la largeur dû tuyau „
foit en marquant les extrémités de cette lar-
geur par des confoles qui viennent s'y agraf-'
fer, en fe conformant ait galbe du profil de la-
corniche.
                         , ' .          p .            · -
Les chambranles des cheminées s'exécutent: erf
marbre plus ou moins précieux, & fe forti de for-;
mes quarrées on cèintrées foit en plan foit eri
élévation. Ils font compofés de pied-droits , de
pilairres , de confoles , de travérfes ou plate-
bandes que l'on enrichit d'ornements, foit fculptés;
à même le marbre , foit appliqués après- coup êrr
bronze doré & réparés avec foin. Gar ce n'eit"
guère que dans des appartements depeudécóA-
E
-ocr page 98-
4$                       ïC ö υ R s 'α
féquence ou dans des maifons ordinaires, qixe Ϋΰη
exécute des chambranles en pierre de liais»
r Le corps du tuyau des cheminées ou le deiïus de
la cheminée , depuis la tablette jufqu'au défions
des corniches du plafond, fe revérifient de Menui-
ferie , ainii qu'il a été dit plus haut : on y place des
glaces d'un ou de pîufieurs morceaux ; c eil la ri-
ehefié de l'appartement & la dépenie que l'on veut
faire qui décident de leur étendue ; plus elles foitt
grandes & d'un feul morceau , plus elles font ma-
gnifiques. On doit leur donner-au moins de hauteur
deux fois leur largeur; & quand on les fait de
pîufieurs morceaux, il eil fur-tout effentiel d'ob-
ferver d'élever fuffifamment la premiere glace
pour qu'elle ne puiffe défigurer le fpeäateur par
fa jonäion. Il faut encore prendre bien garde ^
que les divers morceaux d'une glace foient
d'une même couleur ou d'une même eau -,
.rien n'efl plus défagréable que de voir une glace
compofée de pîufieurs morceaux , dont les uns
réfléchiffent les objets plus blancs ou plus gris que
les autres qui font à côté. Une autre attention à
avoir , c'efl auffi de placer les glaces bien d'a-
plomb vis à-yis les enfilades des appartements , &
les objers qu'ils doivent répéter, afin d'éviter que
ceux-ci ne paroiffent fe renverfer & pencher de
côté ou d'autre. Leurs bordures s'exécutent plus ou
, moins richement : on les faifoit ci-devant de ro-
cailles , de faifceaux de baguettes environnées de
fleurs vde branches de palmiers > &c ; mais main-
tenant l'ufage eil de les encadrer d'une bordure
fimple, dont la beauté des profils, iirr lefquels on
adapte des ornements imités d'après les plus beaux
Ouvrages antiques, tels que des oves 7 des grains-
-ocr page 99-
d'Architecture.            6$
d'orge % des guillochis , des Feuilles-d'eàu ou d'a-
cante;,:des roiaiïes , &c , fait le-principal agré-
ment. On a auffi changé les couronnements des
glaces j au lieu;d'y introduire dès tableaux &
ues panneaux tourmentés de toutes les manières -,
on fait le plus fouvent leurs bordures quarréès,
& on les termine , foit par des confoles s foit par
des médaillons, foit par des bas-reliefs , foit par
des couronnes ou guirlandes de fleurs entrelaffées
avec des rubans ,&c; ce qui produit un bien meil-
leur 'effets & offre des formes plus mâles, plus fages
& bien préférables à tous ces contour$ tourmentés
ix fort en vogue il y a vingt ans.
L'ufage eil d'accompagner les bordures des
glaces, foit par des arriere-corps tous unis , foit
par de petits pilaftres ravalés avec des ornements
de peu de reliefs , au droit dèfquels on fait profiler
la corniche de l'appartement Ceft fuir ces arriere-
corps ou pilaflres que l'on attache des chandeliers
à pluiieurs branches , ou des bras de bronze dorés
d'or moulu-, pour >portër;des bougies dont M lu-
mière réfléchit dans les glaces. On a coutume de
dorer les bordures des glaces & les ornements qui
les accompagnent ^ mais pour que Tbr faffe de
l'effet , il eft à propos qu'il y foit appli^ué::àVec
art, & de maniere à produire un conp-d'oeil agréa-
ble par l'oppoiition du mat & du bruni; g
Il arrive fou vent que l'on met lihe glâcë vis-à-
vis d'une cheminée pour prolonger là-1épétition
des mêmes objets à l'infini, alors il convient? de
placer en fymmétrie fa même décoration y & dé
mettre aii-deffus du lambris d'appui une frife qui
s'accorde pour la hauteur avec le deffus de4â
tablette de la cheminée. 11 y a cependant' <ks
Eiij
!
-ocr page 100-
79- . .?.■'. O o ν R s·. ','-·;
Archite&es qui font defcendre Ia glace jufques {w
Ie ^ajnbris d appui, en obfervant toutefois de faire
régner fur ce lambris une plinthe femblable à celle
WfiM au-deffus de la tablette, mais cela n'eil pas
a'uffi régulier.
                                . ;,.
La. Planche XVIII contient deux différents def-
fms de chambranles de cheminée à liifage des
Salions* des Salles de Compagnie, & des autres
pièces fufceptibles dé magnificence,
               : >
Le chambranle de la %ure Fe eft du genre le
plus noble : fa traverfe eit droite &: pmée de
Coites ; fes pied-droits forment une petite faillie
Vers leur partie fupérieure; ils font décorés chacun
d une rofette portée fur un çul-de-lampe, & font
terminés vers le bas au-deims du focle par des
feuilles de refend :1a tablette fuit la traverie, ainii
qu on le voit par ion plan. " ' ν ι : : - {
. La figure II offre un chambranle de cheminée
dune forme moins .grave,que la précédente : il y a
une confole ornée de canelures placée dans chaque
angle, qui racheté dansje haut une coquille qui
porte la tablette vers cet endroit : fa traverfe eft
bombée par fon plan quoique cintrée en éléva-
tion ., :βζ M ornée dans le milieu d'une roface &
de deux feuilles de. refend, eôi
La-Planche XIX repréfente une Cheminée dut
meilleur genre, & qui p^ffe pour réufïir affez bien
en éxecution : elle eft xl'un %le grave & compofée
^ ornements çhoiiis. La plate-bande de fon cham-
branle eft droite en plan !& en élévation , & eil
décorée de rofaces ; fes jambages font ornés de
canaux avec des fleurons. La bordure de la glace
#;des plus amples;; eile eil accompagnée dun
araere-corps, & η eil point terminée au-deffus
-ocr page 101-
D'A RCHÏTECTURE.               JT
de la tablette par une traverfe j nouveauté qui
produit en exécution un allez bon eilet. Son amor-
tifTement confifte en une couronne de fleurs qui
entrelaffe un trophée d'amour, d'où il part deux
guirlandes qui defcendent fur la glace & vont
aboutir à deux confoles placées fous la corniche ,
aux extrémités du petit avant-corps formé par la
faillie de la cheminée : enfin les feuilles de refend
qui ornent la corniche du plafond de cet apparte-
ment , contribuent encore à relever la richeffe de
la décoration de cette cheminée. On voit à côté
deux panneaux ravalés ornés de branches de îau~
rier, entrelaffées de maniere à former en montant
par leur réunion des efpéces de couronnes, Il fe-
roit inutile de nous étendre davantage fur la def-
cription de cette cheminée, attendu que Tafpect
de fon deffin en dit plus que tout ce que nous
pourrions ajouter.
La Planche XX offre auiîi une Cheminée dans fon
entier : tout le corps de la cheminée eil occupée
par une glace, dont la bordure eft compofée de
faifceaux de baguettes enlaffées par un ruban , δε
terminée dans ia partie fupérieure en efpéce d'anfe
de panier : elle eft couronnée par un trophée : fon
chambranle efl bombé par le plan & cintré dans
l'élévation. Cette cheminée eil accompagnée
de deux pilaftres portés fur des arrière· corps qui
la noiirriiîent, & lui donnent de la grâce. Nous
avons repréfenté à côté les panneaux d'un lam-
bris de hauteur, propres à décorer avec gaieté un
appartement.
Comme dans la plupart des Antichambres , &
même des Salles à manger , on ne fait point de
Cheminée, mais des. Niches décorées plus ou
E iv
-ocr page 102-
9ß..              . € ο υ κ s
moins richement, où l'on place des Poêles en
^^ÎV ?OUS aV0îls donné dans la Plan,
scne XXI la figure d'un de ces Poêles , lequel
^eprefente un efpéce de Piedeftal fervant de baie
η un trophée de Muiique , d'où s'élève un faii-
peau de tyrfes entouré de pampres de vignes
fervant de tuyau. Ces Niches peignent d'ordi-
naire en compartiments de marbre dont on varie
les couleurs 5 Ou bien fe revêtiiTent de marbre s
imvant la dépenfe <jue l'on veut faire.
-ocr page 103-
7 f
d'Architecture.,
kiiaésSs^A^Èê^Ê.i
■saga
C H A Ρ, Ι Τ R E V I.
)e la Décoration des Lambris
d'appui et de h auteur.
Planches X XU et XXUIt ^
JLes Lambris font des revêtements de Menui-r
ferie dont on décore les murs âes Appartements,
Nous ayons vu précédemment les détails de'leurs
Profils, c'eil pourquoj il ne fera mention ici que
de leur forme & de leur difpoiition générale. Il y a
de deux fortes de Lambris , les uns que Ton
nomme Lambris d'appui, $?: les autres quç l'on
nomme Lambris de hauteur.
L'élévation des lambris d'appui eil commune*
ment depuis % pieds ~ jufqu'à 3 pieds \. Leur fon-
ilion eil de revêtir les murs au-deiTous des tapif-
feries , & de les élever fumYamment au-deiïus des
doiïïers des iiéges ou fauteuils. Ils font compofés
de panneaux & de pilailres de peu de faillie : on
donne d'ordjnaire des formes quarrées à leurs ca-
dres ou traverfes , .&: on les djilribue de maniere
que les compartiments correfpondent à ceux des.
faces oppofées de l'appartement : rarement y
admet-pn quelques ornements , par la raifon qu'ils
fçroient le plus fouvent cachés par les meubles.
Il eil d'ufage de mettre des pilailres dans les an-
gles des pièces x attendu qu'ils paroiffent. mieux
terminer ces endroits que des panneaux , & qu'ils
peuvent-répondre à ceux dont on eil d'obligation
de revêtir les dofferets des portes & des croifées :
enfin, on obferve encorç de mettre autant que faire
-ocr page 104-
74                        Cours
le peut j un panneau au milieu de chaque face de
lambris, & non un pilaftre. Les lambris d'appui
font toujours couronnés par une cimaife, & ter-
minés dans le bas par une plinthe.
Les lambris de hauteur fervent à lambrhTer un
appartement, depuis le deiïus du parquet jufqu'au
deffous delà corniche du plafond : ils font compofés
de panneaux, defrifes, de cadres & de pilailres, que
l'on difpofe avec fymmétrie dans les cotés oppofés
d'un appartement. Plus les panneaux font grands,
plus ils produifent d'effet ; on a coutume de dif-
pofer la partie inférieure d'un lambris de hauteur
comme un lambris d'appui ; ç'eft-à-dire d'y mettre
une plinthe & une cimaife. La proportion des pan-
neaux doit être au moins deux fois, & au plus trois
fois leur largeur. Quant aux pilaftres, on ne leur
donne guère de hauteur moins du huitième de leur
largeur, & au-delà du dixième ; le tout depuis la
cimaife jufqu'au deftous de la corniche. Il eft effen-
tiel de faire en forte de 4aiffer d'une égale largeur
tous les champs des panneaux , tant ho rifontaux
que perpendiculaires, & de mettre , comme nous,
l'avons dis pour les lambris d'appui, avec lefquels
ils doivent toujours correfpondre par la largeur
des panneaux , des pilaftres de préférence dans les
angles de la pièce,. & un panneau au milieu de
chaque face.
On varie la décoration des lambris fuivant f u-
fage & la richefle des appartements; là beauté de
leur forme & le goût de leur compoiition fait tout
leur fuceès, On peut décorer leurs panneaux de
médaillons, & fculpter toutes fortes d'ornements,
dans le goût antique fur leurs moulures y mais ea
général ces ornements doivent être très-délicats,
avoir très-peu de reliefs , & laiffer beaucoup de
A.
-ocr page 105-
D'ARCHITECTURE.            7$
repos entre eux. Il étoit ci-devant d'ufage de chan-
tourner leurs cadres, d'y faire des oreillons avec
des feuilles de refend entrelaffés de toutes fortes
de rocailles; mais présentement on leur dpnne peu
de mouvement -, on y affecte des formes plus fages,
plus judicieufes : il eil à craindre feulement que ce
genre de décoration , quoiqu'exquis en lui-même,
ne parohTe à la fin trop monotone, trop grave, &
ne rende les ornements des appartements trop fé-
rieux, ou trop femblables à ceux des Temples.
On peint les lambris de toutes fortes de cou-
leurs ; celle en blanc, dont on dore tous les orne-
ments & les moulures, eft la plus noble ; elle s'af-
fortit également avec tous les meubles. La cou-
leur qui paroît réunir le mieux après le blanc,
c'eft le verd-d'eau pâle , dont on rechampit les
moulures & les ornements plus pâles que le fond.
Les autres couleurs petit-gris, jonquille, lillas, en;
rechampiffant femblablement lès moulures, peur
vent faire également un bon effet.
Les deux Deiîins que nous propofons pour
exemples, achèveront de donner une idée de 1^
maniere de décorer les lambris.
La Planche XXII exprime la décoration d'un
Lambris de hauteur dans le goût moderne.
A, Lambris d'appui avec de grands panneaux B,
féparés par de petits panneaux ravalés C , qui
tiennent lieu de pilaftre. F, Cimaife : G, Plinthe :
H, Panneaux à grands cadres du lambris de hau-
teur , correfpondant pour la largeur avec celui Β :
ï. Parties liffes & unies régnant au pourtour des
panneaux : K, efpece de Frife un peu bombée, dé-
corée de feuilles de laurier de peu de relief, δε
régnant au pourtour des panneaux avec des ro-
faces dans les angles, Qn voit au bas de cette
-ocr page 106-
76                        (ίθ U RS
Planche le Plan L du Lambris, & à côté fon Pro-
fil M : ce Lambris eil terminé par une Corniche en
plâtre du même ityîe.
La Planche XXIII repréfente auffi un autre
3Lambris de hauteur, mais d'une compoiition toute
différente. A, Lambris d'appuifubdivifé en grands
& petits panneaux Β & C : D* Lambris de hauteur%
dont les angles forment divers contours : le bas eil
orné d'un vafe en bas-rçlief qui eil porté fur une
confole, & environné de guirlandes ; le haut eil
terminé par une couronne de fleurs entrelaiTée
avec des palmiers, d'où partent des guirlandes ;
Ey Pilailres de deux différentes compofitions, avec
des panneaux ravalés & ornés d'une rofette au
milieu. Il eil à remarquer que le grand Panneau de
Jiauteur fait avant-corps fur les Pilailres, & profile
ainfi que le Lambris d'appui, comme il eil exprimé;
dans le Plan F , que l'on voit dans le bas.
De la forme & di/po/Inon des Parquets., f
tes Parquets ordinaires fontcompofés de feuilles
de trois ou trois pieds & demi en quarré, que l'on
difpofe communément en lofange ou diagonale-
ment, par rapport aux murs d'un appartement;
On féparoit autrefois ces feuilles de; parquets par
des frifes ; mais aujourd'hui on n'en met plus
qu'aux pourtours des murs , & à la rencontre du
foyer des cheminées. La ;principale attention à
avoir lors de la pofition du parquet, confiile à
faire en forte que le milieu de la poinfe d'un rang
de feuilles répon4e préciiement au milieu des
portes d'enfilade, ou du moins au milieu du foyer
de la cheminée. Nous avons tracé fur la Plan-
che £LIV, qui; repréfente le plan d'une Salle d©
-ocr page 107-
d'Architecture,            fyf
Compagnie , la difpoiition refpe&iVe des feuilles
de parquet fnivant l'enfilade des Portes AB de
l'appartement, & le milieu de la cheminée. DC.
Quand il eil encpre poffible de faire correspondre
le milieu d'une feuille de parquet, fous le luflre
que l'on pofe communément au centre Ε , d'une
pièce , il en réfulte beaucoup d'agrément pouf
ïensemble du coup-d'œil d'une décoration; mais
rarement eil-il permis de fe procurer tous ces
avantages , à moins que l'Architecle > lors de la
diilributioii de fon Plan, n'y ait eu égard & ne
l'ait prévu. Àuiïi efiVce l'examen de tous ces dé-
tails & de ces attentions fucceffives qui font voir
rhomme fupérieur , auquel rien n'échappe , qui
embraffe tout, & qui ne fait rien.au hafard.
On peut enrichir les parquets & les faire fervir
à augmenter la magnificence d'un appartement, ea
y employant des bois précieux de différentes cou-
leurs , tels que le noyer noir & blanc , les bois de
rofes, de palifTandre, des indes, &c; mais alors ii
faut obferver de n'allier enfemble que des bois
d'une égale confiilance ou denfité , afin qu'ils puif-
fent également réiifler au frottement. On exécutok
le iiécle dernier des Parquets de Marqueterie, aux-
quels on a renoncé à caufe de leur grande dépenfe,
& de leur peu de folidité.
               - %■ }
Les plus riches que l'on faffe aujourd'hui font
de chêne de diverfes nuances, que l'on choifit de
façon que les bâtis foient d'une couleur , & les
panneaux d'une autre couleur plus ou moins fon-
cée j letoutpofé ainfi alternativement, il ifeil pas
toujours nécefîaire de faire les feuilles de Parquets
toutes quarrées ; on peut lès varier de toutes fortes
de compartiments , qui s'alTortiiTent avec la forme
générale de la pièce & de fes différens percés.
-ocr page 108-
7&                         Cours
M. Blondel en a fait exécuter de cette maniere
avec des bois de chêne de différentes nuances,'
dans les Appartements de l'Hôtel de Choifeul à
Paris ? qui font un affez bel eiîeu
Des Torchieres & Guéridons.
Planche XXIV.
Quoique ces fortes de meubles foient accef-
foires à rArchiteéturé, comme ils contribuent à lä
décoration des appartements, & que M. Blondel
en avoit fait graver une Planche, nous avons cru
devoir là conferver.
Les Torchieres, Guéridons ou Candélabres,
car tous ces mots font prefque fynonimes, fervent
à porter des girandoles ou des efpéces deluftres,
pour éclairer les Appartements d'une certaine im-
portance pendant la nuit, tels que des Salions à
double étage & des Galleries : on en fait encore
ufage pour les Salles de Bal, les RéjouiiTances Pu-
bliques & les Maufolées. Ils s'exécutent communé-
ment en bois, que l'on fculpte δε dore de maniéré
à détacher leurs différents ornements par Γορρο-
fition du mat & du bruni ; foit qu'on y employé
de l'or d'une feulé couleur, foit qu'on les eriri-
chifle d'or de diverfes couleurs. On en voit fur la
Planche XXIV , quatre Deiîins variés , tirés des
meilleurs exemples, & qui ont été exécutés dans'
nos Maifons Royales & ailleurs.
\
-ocr page 109-
D*Ar Cil IT EC Τ URE.            f$
n !.....| κ mmiiMm^jAjSfF^^JtAU·, '        ι                  't1."""1' ! ijfatj
CHAPITRE VIL
Z?£ LA DÉCORATION OES PLAFONDS*
Planches XXV, XXVI, XXVÏI,
XXVIII, XXIX et XXX.
Τ
JL'ORDQNNANCE des Plafonds des grands Appar-
tements eil bien différente de ce qu'elle étoîi le
fiéele dernier. On avoir coutume alors de les en-
richir de grands compartiments de iruc , chargés
d'ornements & de figures qui environnoient ou
fervoient de fupports à des tableaux allégoriques-
Ces compartiments donnoient à la vérité une cer-
taine dignité aux appartements , fur-tout quand ils
étoient exécutés par d'excellents Artiftes ; mais
leur compoiition paroirToit produire en général de
la confufion & de la pefanteur j elle rendoit les
appartements fombres , & obligeoit d'augmenter
les lumières pour les éclairer la nuit; telles font
vraifemblablement les raifons qui ont engagé à y
renoncer. Quoi qu'il en foit , il eft rare qu'on
admette aujourd'hui des fujets peints dans les Pla-
fonds, &il eil ordinaire au contraire de lahTer le
plâtre apparent, afin d'égayer par fa blancheur
les appartements, & de les rendre plus clairs par
fa réverbération* On encadre les Plafonds d'enta-
blements ou de corniches plus ou moins ornés 9
fuivant les différents profils que nous avons donné
dans les Planches V, VI δε VU. Ces Corniches
doiyent varier fuivant la forme de la pièce, fuivre
içs contours, les rendre plus coulants & plus
-ocr page 110-
§0                         G ö ü & $
agréables. Il eit d'ufage d'enrichir leurs gorges |
•foit d'ornements imités, fiiivant le goût qui domine
maintenant, d'après les plus beaux Ouvrages anti-
ques , ainii qu'on en voit quelques Deffins détaillés
Planches XXX ; ibit d'arabeiques ou de groief-
ques comme ci-devant, & tels qu'on en remarque
clans la Planche XXVI.
Quand un Plafond eil d'une certaine étendue 9
on interrompt fa Corniche au milieu de chaque
côté de la pièce &: dans les angles, pour y mettre
des cartouches, ou des édifions que l'on remplit,
foit de trophées fculptés en bäs-relief ou bien
peints en carnayeux, foit de fujets relatifs au ca-
ractère de la décoration de l'appartement. La,
Planche XXV offre quatre différentes compoii»
tions de ces fortes de Plafonds. Les feuîs orne-
ments qu'on introduife au milieu font des rofes,
d'une iculpture extrêmement légere , Plan-
che XXVI, que l'on affortit pour la forme & le
goût de la décoration avec les ornements de lä
Corniche. On fait forrir du. centre de ces rofes
un anneau , où. l'on attache un cordon pour fuf-
pendre un luftre de cryiïal de röche, ou un can-
délabre à plufieurs branches doré d'or moulu.
On peint la corniche & la rofe des Plafonds dé
la même couleur que les lambris & les ornements
de la pièce : ii ceux-ci font dorés, on les dore*
s'ils font rechampis, on les rechampit auffi. Ce
n'efl guère que dans de petites pièces, telles que
des boudoirs & des cabinets de toilbtte que l'ori
s'avife de peindre des ornements dans les gorges
des corniches , au lieu de les fcnlpter.
Les Planches XXVII * XXVIII. & XXIX o£
frent des Deffins de pluiieurs Plafonds , dans îe
genre de ceux qu'on exécutoit dans nos Maifons
Royales
/
-ocr page 111-
ï>' ÀRÇHITE ξββ R E.            Il'
Royales le liéele dernier, ·& qui méritent dé fervii:
de modèles par la beauté de leur forme , par la
répartition judicieufe des ornements , par le gé-
nie ψέόΆ remarque dans leur compontion (#)*
Nous obferverons feulement qu'il ne convient d em-
ployer ce genre de décoration pour les Plafonds,
ime dans des lieux vàftes , des Salions à doublé
étage, ou des Galleries très^élevées, qui feroient
revêtus de marbre de diverfés couleurs, dés Salles
de Bals ou de Spectacles, des Eglifes & autres
lieux fpacieux , d'où l'œil puiiîe embraifer aifé-
iment tout leur enfemble. Ils font entremêlés %
comme l'on voit, de bas-reliefs s dé cadres, de
.médaillons & de tableaux, qui produifent un effet
à la fois piquant & varié* Comme nous fup-
pofons qu'on a ces Deiîins fous les yeux , nous
nous difpenferons dé nous étendre fur leur des-
cription, d'autant que leur vue parlera plus ék>~
tfuemmént. en leur faveur que tout ce que nous
pourrions ajouter» .ν
                        ^ ·'■
La Planche XXX repréieiitô deux deiïïns de
Frife, compofés d'ornements de feuilles d'acante*
formant toutes fortes denrouleménts qui naifienf
agréablement lés uns dés autres, &: qui ont été
imités d'après les ouvrages antiques. Nous les avons
détaillé exprès d'une certaine grandeur, afin qu'on
puifie les copier, & pour faire fentir eh même tems la
fupériórité de ce genre d'ornements fur tous ceux
qui ne font que de caprice, ou qui ont été fi fort
en vogue ci-devant*
| ' T.I.-...U.
(éuvreflU/™?hte -Î! Dotations de Plafonds dans les
exemples.
         rautrc > 1U1 °« beaucoup d'affinité avec nos
tome V+
F
-ocr page 112-
Des divers Ornements de Serrurerie, qui fervent
qux Décorations intérieures & extérieures
des Bâtiments.
Planches XXXI, XXXII, XXXIII,
XXXIV, XXXV et XXXVI.
Outre les ferrures des portes & des croifées qui
font iufceptibles de recevoir toutes fortes d'orne-
ments, on décore la Serrurerie des. balcons , des
appuis , des rampes d'efcalier, & des grilles que
Ton place, foit à l'extrémité des Jardins , foit
à l'entrée des Cours & Avant-Cours. La Serrurerie
eil un des Arts dont la main-d'œuvre s'eft le plus
perfectionnée de nos jours : c'eflt à l'Architecte à
donner les Deiîins de ces ouvrages , comme
de tous les autres qui concernent le Bâtiment : c'eil
à lui qu'il appartient d'en fixer la proportion, les
formes , les contours, le goût des ornements , le
choix qu'on en doit faire V ainfi il eil à propos
qu'il foit inftruk de ce qui conilitue leur per-
fection. :
Ce n1eil que depuis 30 ou 40 ans qu'on a trouvé
le moyen d'exécuter en fer les deiîins les plus
difficiles. En général, on peut dire que, pour le
fuccès de la compoiition de ces fortes d'ouvrages,
il faut que les jours y foient à peu près égaux ; que
les contours des enroulements fe contrarient par
leurs variétés -, & que les ornements qui les enri-
chißent foient,exéciités, de maniere qu'ils ne puif-
fent accrocher les habits des perfonnes qui paflent
auprès, ou qui s'appuyent fur les traveriés. Pour
cet eßet, on doit les exécuter en cuivre ou en
-ocr page 113-
jD ' A r c ιί τ f É è f t; ft ε*          y
jhrónzè y parce que le travail de cette matière
η cil pas fujei à tant de petites parties que celui de
la tôle relevée. M* Blondèl a laiffé fur la Serru-
rerie fis Planches gravées , que nous allons nous
borner à décrire fuccincÎementi
La Planche XXXI offre divers exemples de Part-
ïieaiix & de Pilaflres à hauteur d'appui, propres
à être placés entre les grandes travées des baleons ^
foit dans les dedans , foit dans les dehors ; ils peu-
vent être erripoyés indifféremment dans les angles
& dans les portions circulaires, à condition toute-
fois de les placer avec fymmétrie* On remarqué
dans le bas de cette Planche des parties de Pan-
neaux de Serrurerie 5 deilinés à fèrvir d'appui, aux
terraifes $ aux balcons & aux banquettes $ îefquels
fê pofent fur des tablettes de pierre dure, où Tori
fait des trous de diilance en diltance j pour y fceîler
en plomb les barreaux montants qui fervent a fé-
parer les panneaux des balcons 3 lorfqu'ils forment
des compartiments. : 1
La Planche XXXII rëpréfente trois exemples
de Panneaux de grilles d'appui , qui peuvent éga-
lement fervir à des balcons ou à des terraifes : on
leur donne 2 pieds 9 pouces de haut ; & quand ils
ont une certaine étendue, on met des pilaitres
entre les" panneaux. Il eil à obferver qu'on élevé
toujours la traverfe dit'bas d'un balcon d'environ
un pouce , pour faciliter l'écoulement de l'eau
qui tombe fur la tablette.
Les Planches XXXIII & XXXIV ofrVerit des
Deffins dé deux Grilles à hauteur d'appui, dont
l'une fert de Porte à l'entrée du Choeur de la Pa-
roiffe de Saint Germain - l'Auxerrois ^ à Paris , &
Fautfe à l'entrée du Chœur de la Paroifle de Saint-
Roclî. Quoiqu'elles foient employées dans des
Fij
-ocr page 114-
1
$4                        Cour s.
Heux iacr.es, on pourroit néanmoins en faire
ufage également, avec quelques changements à
leurs ornements, dans les Bâtiments ordinaires,
pour ne point dérober le coiip-d'œiïY&pour laiffer
appercevoir par deiTus ce qu'elles renfermeroient
d'intéreffant & de curieux. Nous avons mis au bas
des Planches le Plan de ces Grilles , qui font tra-
vaillées avec un art exquis , & prouvent par la
beauté de leur exécution combien l'art de la Serrure-*
rie a acquis depuis quelque temps. Tous leurs fers
font à découverts , i'a.ns peinture, & ont été polis
Comme de l'acier,: leurs ornements font en bronzé j
d'une compoiition grave & analogue aux lieux ou
ils font placés.
La Planche XXXV repréfente le Deffin de la
Rampe de l'efcalier de la Reine, dans le Château
des Tuileries. Sa compoiition eil d'un excellent
genre, & digne de fervir de modele. Ses orne-
ments font exécutés en bronze : le milieu des pan-
neaux'eil aiïïijetti au rampant de la traverfe Xu-
périeure & inférieure du chaffisi La traverfe fu-
périeure reçoit une plate-bande ornée de mou-
lures. Cette Rampe eil arrondie par fon plan fui-
Van t la forme du limon de l'efcalier, avec lequel
elle s'accorde, & eil terminée en cpnfole ou en en-
roulement pas le bas, vers les premières marches
à l'ordinaire. En général, la regle eil de placer
dans ces fortes, de comportions , 4es panneaux *
dans les rampants, & des pilailres dans les quar-
tiers tournants. Souvent on dore les; ornements &
jon peint les fers d'une couleur à l'huile, quoiqu'ils
{oient à l'abri dés injures de l'air ; mais quelquefois
auiïi on les polit pour les laiiTer à découvert,
comme on a fait à la Rampe du grand efcalier du
Palais-Royal, qui cil travaillée fupérieurement,
y ■■-
/
-ocr page 115-
d'Architecture.            J?$
La Planche XXXVI repréfentè l'élévation, de lé
Grille d'entrée de la Maifon de M. de Voyer
d'Ârgenfon , à Neuilly près Paris, de la compo-
iition de M. Franque, Architecte du Roi. Quoi-
que traitée avec iimplicité , elle ne laifTe pas de
faire un fort bon effet en exécution : les Pilaihes
qui accompagnent cette Porte, la Corniche ornée
de poites qui la termine y & fon couronnement ,.
font dvune agréable compofitiorr ; la hauteur des
venraux eu féparée vers la partie inférieure par
une Frife avec des portes : enfin les travées des·
Grilles font interrompues de diiïance en. diflançe
par des Pilailres , & defcendent jufques en bas
pour ne point boucher la vue. Nous croyons
mutile de nous étendre davantage fur la deferi-
pfion de ces De/fins , attendu que leur examea·
fuffit pour ne rien lairTer à defirer à cet égard % &
en donner une idée complette*
De l^OrooνJSrântCe pArttculterm.
des Pièces qui z> ο ιν ε.ν τ
COMPOSER UN A PPA RTE ME X? T.
: Nous avons expofé jufqii*icï les détails aes prirr—
eipales parties qui enürent dans la compofrtion des
décorations des appartements, tels que des-lam-
brisj des corniches, des portes, des croifées,r des
cheminées, des parquets , des plafonds & des or-
nements qu'on admet fur îeurs ferares. Mainte--
mm il ne s'agit plus que de montrer quelle doit
être leur réunion , & le choix des ornements qu'il
y faut introduire fuivant l'ordonnance de l'appar-
tement g ©u le genre de la pièce qu'il eil à propos
-ocr page 116-
$6                             COURS;'
de décorer. Comme M. Blondel, en expofanî dan$
le Volume IV 3 la diflribuîipn des, diverfes pièces,
qui peuvent çompofer un appartement complet %
foit de panade, foit de fociété, foit privé , a décrit
en même-temps, non-feulement la forme,, la pro-
portion, & la fymmétrie qu'il convient de donner
a chaque pièce en particulier, mais encore le ca-
ractère de décoration dont elle peut être fufcep-
tible , fuivant fon ufage & fa deïîination ; c'eft
pourquoi, fans nous arrêter davantage à ces fpé-,
çulations, nous nous bornerons à en faire voir Tap·?
plication, après avoir expofépréliminairemenL les,
divers changements que la décoration intérieur^
dç nos édifices a éprouvé depuis quelque temps.
Le goiit de la décoration intérieure des appar-
tements a fubi pluiieurs révolutions en France de?.
f mis un fiécle. Sous Louis XiV, on la traitoit avec
a même févérité que la décoration extérieure des
bâtiments. Les portes, les, croifées, les cheminées,
les corniches des appartements étoient toutes d'un
ilyîe grave & férieux : rarement fe permettoit-on
de leur donner d'autres formes que régulières ,
rondes , ovales , quarrées ou paralellograme : les,
profils & les ornements'étoient toujours du, genre
le plus, mâle : entre les mains des Perrault, des
^danfart, & de le Brun , ces fortes de décprarions,
ayoient fans doute de la grâce, de la nobleffe, de
la dignité : elies donnoient l'air le plus important
$. l'intérieur des grands appartements,, ainfi qu'on.
ψί peut juger par les modèles qui nous en reilent.
dans les Châteaux des. Tuileries, , du Louvre,
de Verfailîes & ailleurs. Mais fous leurs imitateurs »
elles dégénérèrent bientôt ; elles devinrent à la
longue d'une monotonie & d'une péfânteur infup-
-ocr page 117-
b'Archï tecture.            $y
portables : on les accabla fous une multitude d'or-
nements placés fans ordre & avec conâtfioxi i ce
qui fit qu'on s'en dégoûta infenûblement.
Il y a environ 50 ans que l'on donna dans un*
excès tout oppofé ; on abandonna les formes régu-
lières j on s'appliqua à tourmenter les. décorations
intérieures de toutes les manières , fous prétexte
de les varier, de les alléger & d'égayer les appar-
tements. Les Lajoux, les Pinault, les Meifibnier &
leurs Copiftes firent, fi l'on peut s'exprimer ainfi^
déraifonner en quelque forte l'Architecture. On
n'admit plus dans nos décorations que des con-
tours extraordinaires, qu'un affemblage confus
d'attributs placés fans choix, & alliés avec âes
ornements d'une imagination bifare,, où l'on trouve
un amas ridicule de cartouches de travers , de
rocailles 9 de dragons , de rofeaux,de palmiers, &
de toutes fortes de plantes imaginaires qui ont fait
pendant longtemps les délices de nos décorations
intérieures ; tellement que la Sculpture s'étoit abfo-
îument rendue rnaitrefiede l'Architeélure. La quan-
tiré de gravures qui s'en font répandues dans le
public, indépendamment du grand nombre d'ap-
partements, qui fubfiiient encore avec ce mauvais-
go ût de décoration , font aiTex connoitre l'esira-
vagance de ces comportions frivoles»
On doit à JviM. Servandoni ? Cartaud, BofFrand,,
& à quelques-uns de nos meilleurs Architectes qui
ne s'étoient pas laiffés entraîner par le torrent de
la mode, le retour du bon goât, en faifant fentîr
pau la compasaiibn de leurs ouvrages, ràbfurdité*
de cet alliage monitrueux : peti~à-peu on revint:
donc à des fosmes plus fages, moins bifaresj tk j
enfin le retour du goût antique ayant répandu km
                  Fi»
-ocr page 118-
f$'                        Cours
Influence fur nos arts d'agréments , fur-toiït depuis
environ 15 ans, on peut dire que la décoration inté-i
rieure des appartements , & le ilyle de leurs ameu*
blements font devenus en quelque forte un art non·*
veau.On a ajouté au bon genre des décorations âi\
dernier fiéleAmo.ins de fé vérité, plus de délicateiTe^
plusdç variétés danslesform.es :ona affecléde don-
ner à leurs faillies & à leurs profils peu de relief "pour
en ôter la pefânteur. En adoptant des formes régu-
lières , on s'eft permis en même-temps, fuivant les,
circonftances, de les affimiler à des contours nioinsL
férieux, plus capables de produire à la fois, & uii
enfemble agréable, & moins d'uniformité dans,
l'ordonnance des appartements. £.ηίΐη l'on a appli-
qué aux décorations des dedans , les ornements;
que Ton admire le plu.s dans les meilleurs ouvrages,
antiques 3 tels que les feuillqs d'achante, de lau-
rier, les feitonsjles oves, les rais-de cœur, les crains,
4'orge % les canaux, les guillochis , les poires, les,
médaillons , fiçe, de (orte que 1,'Ar^hitçftu.re a re-
pris Ces droits lur la Sculpture,,,
Qn peut dire en général, que pour réuffir dans;
ce genre de décoration ., iî faut apporter beaucoup:
de jugement & de- difcrétion dans la répartition
des ornements; ils ne doivent paslêtre davantage;
prodigués au hazard dans les dedans que dans les,
dehors d'un édifice,. Car jamais lçur profufion n§
pro duiijt une vraie beauté en Architecture > &%
comme nous l'avons déjà dit, elle décelé com-
munément le défaut de génie & non la capacité de
Tartifte. Il feroit à fouhaiter que l'on eut fans ceû%
préfént à fefprk;, en çompofant une décoration,
d'Architecture, les beaux préceptes qu'a donné à,
ce füjet, le premier génie ds φ$. jours dans 1%
-ocr page 119-
d'Architecture.             89
description du Temple du Goût : ils font applicables
en toutes circonftances.
ίί Simple en étoit la noble Architecture j
33 Chaque Ornement en fa place arrêté ,
« Y fembloit mis par la néceiTité :
as L'Art s'y cachoit fous l'air de la Nature 5
33 L'œil fatisfajt erabraiToit fa ftructure,
33 Jamais furpris , & toujours enchanté 33.
Mais, comme en pareil cas , les Spéculations les
plus étendues ne vallent pas des exemples : nous
allons nous attacher à décrire ceux qui nous ont été
îahTés , auxquels nous ajouterons quelques, def-
iins de notre compoiition pour completter cette-
Partie ; en répétant combien nous regrettons , &
de n'avoir pas été le maître de donner à cette ma-.
tiére toute rétendue qu'on pourrait peut-être de-*
iîrer, pour nous renfermer dans les bornes qui^
nous ont été prefcrites ; & d'être obligé à la fois
de nous aiFujettir à interpréter des Figures déjà
gravées , & dont nous aurions pu quelquefois choi«
fir les modèles différemment.
êm
ψ
I
/
-ocr page 120-
90-                    VCOVRS
κ|?--»ηιι ii i,;'v|i »g; il. jS*gfe^!SBiBpra/^gj^SaègiS8 SB5 Jft8SggJBBS3%!fe
CHÂPIT RE VIII.
Ρι,ΑΝΟϋ^,χχχνιι,χχχνιιι,χχχιχ^
r ;           XL et XLL
/>£ 44 DÉQ0R4TIQN DES WeSTIM.U.IES.^
JuA Décoration des Vefîibules., doit en géné-
ral,, être iimple & grave, fur-tout lorfqu'ils font:
ouverts, 8c qu'ils préparent rentrée, dïm E,fcalier ^
les profils demandent à être peu chargés de. mou-
lures , & ce neft que dans le cas où ils içroient d'o-
bligation d'annoncer des Pièces très, - décorées qu'il
conviendroit de leur donner une richeûe qui y Fût
relative. On les revêtit communément en pierre, Se
quelquefois en marbre : il eil même aifez ordinair©
dans les bâtiments, de quelque importance, d'y
introduire un ordre d'Architecture que l'on élevé
furun piedeilal ou fur un focle tout uni, & que
l'on couronne,, l'oit par une corniche architravée.
ou à gorge, foie par un iimple architrave :.cat on*,
évite fouvent d,'admettre des entablements com-
plets, dans les dedans des appartements,, à cauf©
de leur faillie qui feroit capable d'offuiquer la vue,
de la naifîance des plafonds,.
Qn ne met ni glaces, ni cheminées % ni tableaux x
ni parquets dans les veitibules* Les ornements,.
qu'on y introduit font des tables, des trophées , des.
niches jdes figures fur des piedeftaux , des buftes fc
des bas-reliefs. Quand ces. fortes, de pièces font
ouvertes du côté de l'entrée , comme- quand elles
précédent un Efcalier y il eft quelquefois, difficile
4'accorder la hauteur de leur focle avec celui de?
-ocr page 121-
p'ÀRCHïTSCTURE,               $1
l'ordonnance extérieur^ φι bâtiment, parce que
l'un fe trouve plus haut ou plus bas que l'autre^
alors il n'y a d'autre parti à prendre que de faire;
mourir contre le tableau des arcades ou des por-
tes d'entrée le foçle extérieur , & de faire au con- .
traire mourir dans, leurs, embra'fements le focle iri^
teneur. ,
Les pavements des Veftibules doivent être de
marbre ou de carreaux blancs de pierre de liais*
entremêlés avec des carreau^ noirs, auiïi d$ paar«
bte ou de pierre de Caën,
Les Planches XXXVII & XXXVIII offrent
pour exemple les Plans & coupes du Veilibule du
Château d'ifiy , près Paris , de ΓΑι-chiteäure d§
Bullet. Son Plan eft un.Paralellograrne décoré de
12 Piiaftres doriques, dont ceux des angles font
plies. Ces PUaftres 9 PL XXXVIIL font furraontés
çTun entablement architrave, qui eil le 5 e de leuE
hauteur , & d'une gorge qui va rejoindre le pla-?
fond ; ce qui fait voir qu'il n'çft pas nécefîaire de
donner ni autant de hauteur , pi autant de faillie;
aux entablements des dedans qu'à ceux des dehors %
attendu qu'étant plus près de l'ceil, leur faillie fç
confond avec leur élévation , & contribue à
les faire paroître alors plus hapt qu'ils ne font
réellement , fans compter, comme nous l'avons
dis précédemment ? que cetçç avance excefljve dç«
roheçoit la vue de ce qui feroit au-deifus.
Les ornements de fa Décoration font d'un très-*
bon genre | la porte eft accompagnée d'un ban-
deau fans moulures, & couronnée d'une Crife &
4'une corniche d'un excellent ftyle. Dans, les faces,
les plus larges 5 on voit des niches ornées de figu-m >
res a,vee une impoite & une archivplte, au-deiîu%
ée/cruelles fopt des cables renfoncées ? enrichies d©
■ "                                                     % '.:                                       :",''■'■'.:.:                                             '.',■;■■                                                                                                      '..'■'.                                                                                                                                                                                                                                                                                 .
. »" ■
'"■:,'■:,'·.''/.                            ' ν . .                                              ;; '
-ocr page 122-
çz                         Cours
bas-reliefs d'enfants. Dans les faces les plus érroî-
îes , il y a auffi entre les pilaikes, des tables ren-
foncées avec des. buites.pofésfu-r des confoles.-Ert
général , l'ordonnance de cette Architecture eil1
mâle & afforfie ait caractère qui convient à ces-
fortes de pièces. Tout ce qu'on pourroit' peut-être
reprocher à l'Architecl:e> car quand il s'agit d'inf-*
truire , il ne faut rien diffimuler, c'eft de n'avoir
pas élevé les pilaftres fur un focle pour leur don-
ner plus de grâce, ce qui auroit pu fe faire aiié>
ment au dépend de la gorge du plafond.
La Planche XXXIX repréiénte Iqs. plans de deur
parties de veilibules qui précèdent ;, foit une gai-
îerie, foit un riche fallon, foit un efcalier d'im-
portance, & auxquels on a donné en conséquence
un certain mouvement capable: de produire beau-
coup d'erfet en exécution.
On voie dans la Planche XLU l'élévation dir.
Plan, figure I, dont le ftyie annonce un veitibule
digne de préparer l'entrée d'un appartement de la
plus grande magnificence. Il eil décoré d'un ordre:
Corinthien, dont l'entablement denticulaire & ar-
chitrave n'a guères que le iixiéme de la colonne *
& dont le piedeftal eil le cinquième. On apper-
çoit à droite & à gauche , des niches couronnées;
par une corniche foutenue par des confoîes, &
furraontée par une table avec un bas-relief d'en-
fant ; lefquelles niches font accompagnées de- par-
ties unies» pour les détacher & les faire· valoir-
Lä porte d'entrée eft particulièrement enrichie d'un-,
ordre Ionique·, dont ^entablement architrave *
comme le précèdent, fëutient un archivolte &-dont
la corniche s'accorde avec celle qui couronne les,
niches. La décoration de cette porte eft enfermée;
dans une efpèce dô niche quarrée qui procura.
-ocr page 123-
d'AR GH I TECTUR Ê.'            9|
beaucoup de grâce à tout fon eniemble , fur-tout
par Ïöppoitóon des nuds de mut qui l'environ-
nent.
La Planche XLI, eft l'élévation de la partie du
plan du Veftibule, figure II, Planche XXXVII,
lequel eu. fuppofé donner auffi entrée à un Sallofi
orné de glaces, de dorures & de lambris. Les pro-
portions de fon ordonnance font à peu-près les
mêmes que dans l'exemple précédent. La décora-
tion eil encore plus élégante : les colonnes ifolées
qu'on y remarque feroient propres à lui donner
beaucoup de dignité : leurs intervalles font déco-
.rées de tables renfoncées, enrichies de trophées.
La porte produit le meilleur effet;enfin les figures
placées fur des piedeitaux & qui occupent de part
.& d'autre, Figure II , PI. XXXVII, le fond des
portions circulaires, donnent à cette pièce l'afpeâ:
le plus noble & le plus capable d'annoncer avec
diitin&ion les appartements qu'elle doit précéder·,
^Dfejfe
3mëwL
-ocr page 124-
p4                  tî ötr A S
C HAfITR-E IX.
De la .Decoration des AntichaMbresî
Planches XLII etXLIII.
ï
Λ 1 y a communément dafrs tin Hôtel, & toujours
dans un Palais pluiieurs Antichambres à la fuite
du Veitibule: alors, la première Antichambre eft
deftinée pour la Livrée. Sa décoration ordinaire
confifte en un lambris d'appui au pourtour avec des
tapifferies au-deifusi on n'admet point déglaces
dans - ces fortes de pièces ; & au lieu d'une che-
minée , il eft d'ufage de pratiquer une niche revêtue
de marbre * ou feulement peinte en marbre, for-
mant divers compartiments , dans laquelle on
place un poêle. On peut fe dipenfer de revêtir de
lambris lés embrafements des croifées , & il fuffit
de mettre de fimples panneaux de Menuiferie au-
defïiis des portes j les tableaux, les bas- reliefs y
paroifîent déplacés : en général leur décora-
tion demande à être tenue fimple & mâle ;
& la fymmétrie doit en faire le; principal mé-
rite. On a coutume de placer dans ces fortes
de pièces de grands .coffres en forme de buffets>
que l'on emplit journellement de bois pour le fer-
vice des appartements*
Les fécondes antichambres fervent communé-
ment de Salles à manger; c'eft pour quoi elles
doivent être tenues d'une décoration plus riche &
#plus régulière que les précédentes ; il convient alors
d'orner leurs cheminées de glaces, & de revêtir leur
pourtour, foit de lambris de hauteur ,foit de lambris
-ocr page 125-
^Architecture.            £>$
^apßüi .j avec des tapifleries d'étoffe au-deffus *
•que l?on renouvelle félon les Fanons ; ce qui pro-
cure plus de variété aux appartements que les
lambris de hauteur.
Il y a des Archite&es qui, dans la décoration des
appartements, ont coutume de répéter des portes
'feintes en iymmétrie ou à l'oppoike des vraies,
pour les grandir en apparence , d'où il réfulte que
'dans les pièces où l'on eftd'obligation d'avoir
beaucoup de fièges, on eft contraint d'en mettre
devant ces portes feintes, ce qui ne paroit pas na-
turel; il y eii a d'autres au contraire qui, pour
obvier à cet inconvénient, prennent le parti de
mettre des lambris de hauteur à la place des portes
feintes ; mais alors la décoration n'eft plus parfai-
tement fymmétrique* On voit des exemples de
l'un & l'autre arrangement dans les appartements
les plus importants ;& ileftaffez difficile de décider
lequel de ces deux moyens eft le plus avantageux.
Au furplus que l'on admette des tapifferies, ou des
lambris de hauteur, ou des portes feintes en pa-
reil cas en .correfpondance avec les vraies , il eft
toujours indifpenfable de revêtir de lambris les
murs de face entre les croiiées , de même que
fefpace entre les portes d'enfilade & les chemi-
nées, attendu qu'il relie rarement vers ces en-
droits äffez de place pour des tapifferies, & que
celles-ci ne produifent un bon effet, qu'autant
qu'elles occupent une certaine étendue.
Autrefois on plaçoit dans les Salles à manger
des buffets avec des deffus de marbre, des cuvettes
de pierre ou de marbre , faites en forme de co-
quilles avec des efpeces de fontaines ; & alors on
revêtiiibit ces pièces en ftuc , en marbre, ou en
^ois peint qui i'imitoit : on avoit coutume de les
-ocr page 126-
$6                        Ço ¥ R S
enrichir auiïi de tableaux qui repréfentoient dei
fleurs, des fruits, des poiflons, du gibier ; & eri
conféquence on les pavoit de marbre ou de car-
reaux blancs & noirs ; mais maintenant <> il eil
comme d'ufage de reléguer tous les buffets & les
fontaines dans l'antichambre voifme, & de ne phii
aife&er de décorations véritablement caracÎérl··
iliques aux Salles à manger.
Les Planches XLII & XLIÎI repréfentent le
Plan & l'élévation d'une féconde Antichambre *
deilinée à fervir de Salle à manger, & dont la dé-
coration pourroit également convenir à une Salle:
d'AÎTemblée ; elle a 24 pieds de large fur 32 pieds
de long, & elle eil éclairée par trois croifées oit
portes-croifées :elle eil ornée d'un lambris d'appui
dans tout le pourtour; il n'y a de lambris de hau-1
teur qu'entre les croifées & en accompagnement,
foit des portes d'enfilade , foit de, la cheminée &
de la glace, qui eil placée en correfpondance vis-
à-vis : tout le relie de cette pièce \ tant en face des
croifées j qu'à l'oppoiîte des portes d'enfilade, eil
deilinée à recevoir de la tapifferie.
On remarquera que la glace , qui eil au mi-
lieu de cette façade , fymmétrife pour la déco-
ration & la grandeur avec celle qui feroit placée
en oppoiition fur la cheminée ; la porte eil cou-
ronnée par une corniche & par un deÎTus de porte
repréfentant mi tableau ou un bas-relief : quant à
l'entablement qui termine cette Antichambre, il eil
enrichi de confoles avec des trophées , & d'ùnf
ilyle analogue au refte de fa décoration * .
1 φ
CHAPITRE 2L
-ocr page 127-
d'Architecture.            97
ι·
iM-Si1?ÄS5«£*eE*,
*^^^^^Ξ^%
CHAPITRE X.
Delà Déco rat 10 ν d' υ ν ε S alle
DE Co Μ Ρ AG NI E.
Planches XLIV et XLV.
τ
JUA fymmétrie doit toujours être la baie de la
décoration de ces fortes de pièces, qui ne diffé-
rent des précédentes que par plus de richeffe. Il
eil aflez ordinaire de faire les Salles de Compagnie,
d'AÎfemblée , à Manger & les Antichambres , de
forme oblongue ou parallélogramme , & de dé-
terminer la proportion de la longueur à la largeur
dans le rapport de 10 à 7, ou fuivant la diago-
nale d'un quarre formé fur le petit côté : propor-
tion qui en eifet ne laiiTe pas d'avoir beaucoup
de grâce en exécution, A l'égard de la hauteur du
plafond des différents appartements , il n'y a pas
de règles bien certaines :les fentiments des Archi-
te&es anciens & modernes font partagés, & à
raifon de l'importance des appartements, & félon
qu'on prend le parti de les couronner par des
vouffures, des calottes, des entablements, ou de
fimples plafonds avec des corniches ordinaires.
On établit volontiers la hauteur des pièces termi-
nées en calotte , foit par une diagonale formée
fur le petit diamètre , foit en additionnant leur
longueur & largeur , dont on prend la moitié de
la î'omme ; & quant aux pièces terminées par
un iimple plafond , il fuiEt communément de
leur donner de hauteur les - de la moitié de la
Tome V,
                                  G
-ocr page 128-
98                       Cours
fomme de leur longueur & largeur , ainfi qu'il a
été déjà dit dans le Volume précédent page 204,
en expofant les opinions des principaux Auteurs
àcefujet.
           *
Lorfque les Salles de Compagnie font revêtues
de lambris de hauteur, on pourroit pratiquer en
face des croifées, des. enfoncements femblables à
leurs embrafements, que l'pn orneroit de glaces,
au bas defquelles on mettroit des fophas, &
même couronner ces fophas , fi l'on vouloit faire
une certaine dépenfe , par de magnifiques cam-
panules ou baldaquins , dont les rideaux d'étoffes
d'or & d'argent difpofés avec goût , ferviroient
d'encadrement aux glaces : on en remarque de pa-
reils dans le Sallon des nouveaux Appartements
de feû Madame la Ducheffe d'Orléans au Palais-
Royal , qui produifent un grand effet. Pour ce qui
eft des angles des pièces que l'on veut décorer , il
y a deux obfervations importantes à faire ; l'une
eil que dans le cas où l'on prendroit le parti d'ar-
rondir ces angles , il n'y faut jamais mettre de
glaces circulaires, bien qu'on ait trouvé de nos
jours le moyen de les courber ; attendu que félon
cette forme , elles ne réfléchiroient les objets que
d'une maniere défeâueufe ; auiîi vaut-il toujours
mieux alors revêtir ces portions circulaires de
panneaux de Menuiferie , ou du moins former en
ces endroits des pans-coupés , en fuppofant que
l'on voulut des glaces. L'autre eil de donner aux
doiferets des portes; à placard au moins 20 pouces
de largeur, quand il eil queilion de placer, entre les
trumeaux des croifées , des tables de marbre ; fans
quoi la faillie de ces meubles interromproit la
dire&ion de l'enfilade des Appartements.
Les Planches XL1V & XLV repréfentent le
-ocr page 129-
d'Architecture.            99
Plan & l'élévation d'une Salle de Compagnie,
d'une décoration analogue à ce que nous venons
de dire. Son Plan eft un parallélogramme de 20
pieds de large fur 30 pieds de long , & 18 pieds
de hauteur ious plafond, proportions en rapport
avec celles fixées ci-devant. Ses angles font ar-
rondis & revêtus de panneaux de Menuiferie , & il
y a en fymmétrie des portes feintes avec celles
d'enfilade. Nous avons exprimé fur le plan la iitua-
tion des feuilles de parquet , pour faire voir
comment elles doivent s'accorder , foit avec le
milieu des portes d'enfilade A Β, foit avec le mi-
lieu C 'D de la cheminée, foit avec le luftre fui-
pendu en correfpondance au milieu du plafond E.
L'élévation, Planche XLV , eft prife du côté op-
pofé aux croifées : elle eft entièrement décorée
d'un lambris de hauteur. Les baldaquins font en-
fermés comme au Palais Royal, dans des arcades
femblables aux portes croifées , pour répéter les
Jardins , & autres objets qui fe trouveroient en
face : enfin leurs intervalles font remplis de pan-
neaux portant des efpéces de caftblettes, capa-
bles de donner du caractère à tout fon enfemble.
Comme nous penfons qu'on a les Deiîins fous les
yeux, & qu'on eft à même d'en comparer les dif-
férents rapports , c'eft pour quoi nous croyons
fuperflu d'entrer dans un plus grand détail.
Gij
-ocr page 130-
ioo                       Cours
CHAPITRE XL *
Delà Dec or a τ î ο ν ides S allo ν s.
Planches XLVI3XLV1I et XLVIII.
IkJiï diitîngue trois fortes de Salions; les Salions
à l'italienne ou à double étage, les Salions qui
comprennent la hauteur d'un étage & demi, & les·
Salions qui n'embraifent que la hauteur d'un étage.
On ne fait guère de Salions à deux étages, ou à
un étage & demi, que dans des Châteaux & des
Maifons de Plaifance, les Maifons des Villes ayant
rarement aiîez d'étendue pour comporter des pièces
de cette grandeur. Ils fervent de Salles de Feitins,
de Concerts, de Bals, ou de Jeu. Il eil d'ufage
de les revêtir, foit de pierre de liais 9 foit de mar-
bres réels ou factices de diverfes couleurs , avec
des ornements de métal doré. Leurs décorations
confirment quelquefois en deux Ordres d'Archite-
cture l'un au-deiTus de l'autre, avec des Tribunes
au premier étage , pour placer dans l'occaiion
des Muikiens : enfin on les termine toujours
par des calottes ornées , foit de compartiments
avec des tableaux, foit fimplement de fujets de
peinture allégoriques à leur exécution , qui
embraiTent toute l'étendue des calottes fans for-
mer de compartiments. ,-·«
Les Salions ordinaires font compris dans la
hauteur d'un feul étage , & font revêtus communé-
ment de lambris de Menuiferie ; leur forme dé-
pend de la place ou du goût de l'Architeâe : elle
-ocr page 131-
. d'Architecture.          toi
peut être ronde, ovale, o£togone > quarrée, paral-
lélogramme. On décore ces ibrtes de pièces plus
ou moins richement : elles peuvent être dédiées
aux Muies, aux Arts-Libéràux, ou bien à la Pê-
che , à la Charte, &c. Au lieu de ces Salions d'une
grandeur immenfe qu'on a très-rarement occaiion
de faire exécuter, bornons-nous à parler de ceux
d'une médiocre étendue, tel que celui de notre com-
pofition, reprèfenté PL XL VI & XL VIL II a 16 pieds
en quarré ; l'on entre pur le milieu en face de la
cheminée, & il efl: éclairé par quatre croifées. Sa
décoration coniifte en un Ordre Ionique élevé
fur un piedeilal, & terminé par une corniche
dont la gorge feroit fculptée de rinceaux d'orne-
ments, imités d'après les frifes antiques. La glace
de la cheminée borne .l'enfilade des appartements ,
& ert renfermée dans une arcade plein-cintre, avec
un impoile & une archivolte. Le chambranle de la
cheminée pourroit être de marbre blanc veiné ,
enrichi d'ornements de bronze doré, fur les extré-
mités duquel on placeroit des Génies en bronze,
qui porteroient des bras doré d'ör moulu. Il y ä
entre les pilaftres Ioniques de grands panneaux
de Menuiferie dans le genre d'aujourd'hui, avec
des médaillons au milieu (a). On voit aux quatre
angles de cette pièce âes piedeftaux circulaires, qui
s'accordent pour la hauteur avec ceux de l'Ordre
Ionique, & qui portent des grouppes de Génies
de bronze doré , lefquels foutierinent des giran-
(«0 _Nous avons fait exécuter de femblables Panneaux , qui
paroiilent réunît aiîez bien dans un grand Sallon à l'HôteÎ-de-
■Vule de Grenoble, dont nous avons donné les DeiHns, & donc
les Medaillons ont été remplis de Portraits des huit meilleurs'
Rois qui ayent gouverné la France.
-ocr page 132-
102                       Cours
doles. Ce Sallon n'a que 19 pieds de hauteur,
attendu qu'il n'eft terminé que par un iimple pla-
fond; néanmoins nous aurions pu le couronner
par une calotte, & lui donner un entablement orné
de confoles à peu près dans le genre des exemples
rapportés Planche VU ; mais alors il auroit fallu
augmenter proportionnellement fa hauteur, en éle-
vant la calotte dans l'étage iupérieur ou le comble.
Au furpius , cette décoration telle qu'elle eil,
pourroit diftinguer avantageufement la principale
pièce d'un appartement de fociété, fur-tout û l'on
peignoit fes lambris en blanc, & fi l'on rehaurlbit
en or (es moulures & fes ornements.
En comparant ce genre de décoration avec celui
qm a été fi long-temps en vogue , il fera aifé de
sappercevoir de fa fupériorité > & combien il eit
capable de donner à l'intérieur des appartements
une beauté de tous les temps; confidération qui
devroit toujours être la premiere regle des produ-
ctions des Artiftes : car en général, ainfi que nous
1 avons déjà plus d'une fois recommandé, l'Archi-
tedfure doit toujours dominer fur la Sculpture,
tant dans les décorations intérieures que dans les
extérieures; & la Sculpture ne doit fous aucun
prétexte corrompre les contours des mafTes géné-
rales , des chambranles , des portes, des croifées
& âes autres grandes parties , telles que les com-
partiments des divers panneaux qui fervent à dé-
corer une pièce.
:4I II ne faut pas s'imaginer au furpius qu'il foit
bien aifé d'accorder l'ordonnance des dehors d'un
Edifice avec celle des dedans, à moins qu'on ne fe
fort rendu compte d'avance de toutes leurs com-
binaifons refpeftives. Nous l'avons déjà dit , &
nous croyons devoir ici le répéter : on ne pourra
-ocr page 133-
d'Architecture. ioj
jamais véritablement efpérer d'y réuflir , qu'en
faifant marcher de pair , lors de la composition
d'un Bâtiment«, la décoration intérieure & exté-
rieure , & qu'en fe rendant compte de leurs. rap-
ports , tant en plan qu'en élévation, afin d'arTu-
jettir les trumeaux, les écoinçons, les portes &
les croifées à former une exacte fymmétrie. Car
quand un Architecte a négligé d'étudier ces cor-
refpondances à temps, il n'arrive que tropiouvent
qu'il eft obligé de facrifier le dedans au dehors ou
le dehors au dedans, ou bien qu'il eft contraint
de mutiler les décorations , & de prendre des
licences inexcusables qui déprifent fes productions
aux yeux des ConnohTeurs.
La Planche XLV11I offre la décoration du Sallon
du Château d'Ifly, prife fur fa longueur. Son Plan
eft repréfenté Planche XXXV1!, avec celui de fon
Veftibule. Son ordonnance d'Architeaure eft de
la plus grande maniere; il n'a ni la pefanteur, ni
la confufion des ornements que l'on reproche a
la plupart des décorations du fiécle dernier. Elle
coniifte en un Ordre Pilaftre-Compofite , avec un
entablement architrave , orné de modulons à
double face. Ses entre- pilaftres font garnis de ta-
bles renfoncées avec des trophées pendants : les
portes font couronnées de corniches & d'attiques
portant des trophées, & dont les tables font atiffi.
décorées de bas-reliefs : le chambranle de la che-
minée eft quarré & foutient auift un petit attique,
qui fert de bafe à un grand bas-relief ou tableau.
Encore un coup , on ne fçauroit qu'applaudir à
cette admirable compofition : fes détails font ex-
cellents : les repos qui s'y remarquent font^ bien
préférables à cette multitude d'ornements qu'on a
prodigué avec excès pendant trente ans dans nos
G iv
-ocr page 134-
ÏÖ4                      Cours
Bâtiments. L'Archite&ure en fait feule tous les
frais ; il n'y a point de glace, & ce n'eft pas une
abiblue néceffité de multiplier , comme l'on fait
fans cerTe , ces corps tranfparents : leur prodi-
galité annonce fouvent la ilérilité & non le
'génie de i'Architec~te. Les beaux Appartements
des Châteaux de Richelieu, de Maifons, des Tui-
leries , de Verfailles, de Meudon , &c , n'en ont
point. Ils auroient occupé moins utilement la place
des tréfors qu'ils contiennent, & par conféquent
auroient privé l'homme de goût des productions
des grands Maîtres , qui s'y remarquent : il eii
vrai qu'il n'en eft pas de même des Appartements
de fociété , où. l'on ne paroît pas pouvoir s'en
paiTer. '
                         χ
Ä
9Bi ^.-i
fflSk&&.
-ocr page 135-
d'Architecture.            105
C H APITRE XII.
De la Décoration des Chambres
a Coucher , et principalement
des Chambres de parade.
Planches XLIX, L, LI etLII.
Τ
JLjes Chambres à coucher font de pluiieurs fortes,
ou bien le lit eil iiblé le long du mur qui eil en
face des croifées ; ou bien il eil enfermé dans une
alcôve ou une niche, ou bien il eil féparé de la
chambre par une baluilrade accompagnée de co-
lonnes , pour former une Chambre de Parade. En
général, une Chambre à coucher doit avoir une
forme oblongue, & telle que fefpace , qui refle
jufqu'àux croifées depuis le pied du lit ou la balu-
ilrade , foit quarrée.
Ces Chambres fe décorent différemment fuivant
le but qu'on fe propofe. On revêtit d'ordinaire le
pourtour de celles où le lit eil ifolé d'un lambris
d'appui, avec une tapiiTerie au-deiTus d'une étoffe
femblable à celle du lit & des meubles. On met
une glace fur leur cheminée, & aifez communé-
ment entre les croifées. On pratique près du lit
des portes de dégagement pour le fervice des Do-
meiliques , & pour communiquer dans les garde-
robes, lefquelles portes s'ouvrent le plus fouvent
dans la tapiiTerie & le lambris d'appui.
Les Chambres à alcôve font volontiers entière-
ment revêtues de lambris dans toute leur hauteur, à
-ocr page 136-
iq6                       Cours
laréfervedti pourtour intérieur de l'alcove que Tort
garnit d'étoffes femblables à celle du lit. L'ouverture
d'une alcôve ne fçauroit être moindre que fix pieds ;
on la décore affez ordinairement d'un chambranle
quarré, ou dont on ceintre la partie fupérieure : il
efl d'ufage de faire régner fur le devant la corni-
che du plafond , & de pratiquer une porte de
chaque coté pour communiquer à des cabinets ou
garde-robes fépàrés de I'alcove par des cloifons ,
foit de menuifene, Toit en plâtre. Quand les plan-
chers de ces cabinets font aflez élevés , on les
éclaire par les deffus de porte, où l'on met une
glace avec une gaze peinte par derriere 5 iinon on
eff obligé de vitrer la porte depuis la hauteur de
l'appui.
Quant aux lits en niches, ils n'ont lieu que dans
de petits appartements; & il eil indifférent de re-
vêtir leur chambre de lambris de hauteur, ou de
lambris d'appui avec des tapifferiês.
Les Chambres de parade au contraire exigent
la plus grande richeffe & la plus grande régula-
rité. Le nom qu'on leur donne doit s'entendre de
leur décoration| de l'affortiffement des meubles,
de la fymétrie des glaces > des tableaux & autres
ornements qui doivent y être placés avec une par-
faite intelligence. Quoique la magnificence foit au-
torifée dans leur décoration, elle demande néan-
moins qu'on obfervedes repos entre chacune des
parties qui la compofent. Le Ht doit être féparé
du reife de la pièce par une baluflrade d'environ
% pieds 7 de haut. La corniche de la chambre re-
tourne d'ordinaire quarrément au-deiTus de la ba-
luffrade; &, comme nous l'avons dit ci-devant, l'èf-
pace^depuis les croifées jufqu'à la baluffrade, eif.
d'obligation d'être quarrée par fon plan. On élevé
-ocr page 137-
d'Architecture.           107
d'ordinaire fur cette baluilrade des colonnes cou-
ronnées, foit par un entablement auquel on donne
environ le 6e de la hauteur de la colonne, foit par
une corniche à gorge. On revêtit de lambris de
hauteur l'intérieur de ces chambres jufqu'à la ba-
luilrade , &. l'on garnit d'étoffe & d'un lambri d'ap-
pui la partie qui environne le lit, en pratiquant,
comme de coutume, vers cet endroit des portes
pour le dégagement des garde-robes.
La meilleure maniere de décorer une pareille
pièce , eil de ne point mettre la cheminée au mi-
lieu ; mais 4e la difpofer tellement qu'il fe trouve
entre la porte & la cheminée un panneau de lam-
bris d une même forme & d'une même largeur que
celui qui eil entre la cheminée & la baluilrade.
Nous avons choiii pour modele la Chambre de
parade des nouveaux appartements de feu Ma-
dame la Dueheffe d'Orléans, au Palais - Roy al,
dont le defîin eil de M. Contant, Architefte du
Roi. Sa décoration, Planche XLIX, L & LI > eil
du meilleur genre ; de belles parties , des détails
heureux, des matières précieufes, des étoffes de
prix , tout concourt à donner à cette pièce une
très-grande magnificence. Son Plan, Planche XLIX;
fait voir fuffifamment fa difpofition, celle du lit,
de la baluilrade & des colonnes qui l'accompagnent.
.:, La Planche L, offre l'élévation du côté du lit
de parade ; elle eil une des mieux décorées
qui fe foit vue jufqu'à préfent dans l'intérieur de
nos appartements : les quatre colonnes qui s'y re-
marquent, dont deux font placées fur un plan dif-
ferent de l'autre, donnent à cette ordonnance un
caraäere grave, qui n'ôte cependant rien à fon élé-
gance. D'ailleurs la forme de ce lit, la richeffe
des étoffes , la baluilrade qui le renferme, les gla-
-ocr page 138-
io8                       Cours
ces placées dans les pan-coupés entre les colon-
nes , la forme ingénieuse des chapiteaux & des ca-
nelures de l'ordre, enfin l'exacf e régularité de cha-
que partie j tout dans cet ensemble fait le plus grand
plaiiîr : cette belle pièce eil terminée par une cor-
niche compofée d'ornements d'un excellent genre,
& qui fuit le plan des colonnes fans retourner
quarrément au - déiïïis de la baluilrade , comme
nous avons dit ci-devant que cela fe faifoit le plus
fouvent : changement qui eil autorifé ici par la
difpoiition générale de cette chambre , & des co-
ïonnes qui accompagnent le lit.
La Planche LI, eil une coupe fur la longueur de
cette Chambre de parade : elle fait voir la liaifon de
fa décoration, &. combienfontout enfembleforme
d'unité. Il eil à remarquer principalement la dif-
poiition de la glace de la cheminée & de celles qui
accompagnent le lit : elles font chacune enfermées
dans une arcade pareille à celle de la cheminée,
& dont l'embrafement eil auffi exécuté enperfpec-
tive, de maniere à former en ces endroits de vé-
ritables percés. C'eil un arrangement particulier
de bordures de glace, imaginées parl'Architeâe.dè
cette décoration, & qui ne laiiTe pas de produire
beaucoup d'effet & de vérité en exécution. Les pa-
neaux qui accompagnent la porte font égaux &
'd'une forme tout-à-fait agréable. Enfin la eompofi-
tion des portes avec leur deiïus, & le choix des
ornements qu'on y a admis , ne laifle rien à defirer
dans cette ordonnance. On a déjà publié la déco-
ration de cette Chambre dé parade, dans le pre-
mier Volume des Planches du Dictionnaire de ΐ En-
cyclopedie;
mais comme fes proportions & (es or-
nemens y ont été mutilés & très-mal rendus, nous
croyons qu'on la reverra ici avec plaiiîr.
-ocr page 139-
d'Ar ch itecture.           109
ta Planche Lil, eft l'élévation d'une Alcôve de
notre compofition, & que nous avons fait exécuter
à Paris à l'Hôtel de Deux-Ponts. Dêftinée à fer vir
de chambre à coucher à un Prince, nous avons
eu en vue de donner à fa décoration un ftyle
grave & afïorti à la dignité de la perfonne qui de-
voit l'occuper. Son ouverture efl terminée quar-
rément avec un chambranle enrichi de feuilles de
laurier , dont les angles font ornés de confoles
avec des feuilles d'eau & dont la traverfe eil cou-
ronnée d'un cafque & de branches de laurier : on
voit en accompagnement quatre efpeces de pilaf-
tre , dont les chapiteaux font des dépouilles de
lyon, & de part & d'autre des portes communi-
quant aux garde-robes, & furmontées par une
corniche , au-deffus de laquelle il y a des mé-
daillons qui fervent de croifées , & dont les or-
nements font en rapport avec l'ordonnance de
la Pièce. Enfin la corniche de cette Chambre
retourne fur la face de l'Alcove, & fa gorge eil
décorée de canaux, de fleurons & de feuilles de
- refend à plomb des pilaftres. Nous n'avons pas jugé
à propos de donner un plan particulier de cette
Alcôve, vu qu'il n'ofFriroit rien d'intéreiTant, &
qu'il n'auroit fait que multiplier les Planches inuti-
lement.
I
-ocr page 140-
no                       Cours
CHAPITRE XII Ι.
De la Décoration des Galleries.
Planches LUI, LIV et LV.
\J Ν donne plus ou moins d'étendue aux Galle-
ries. Leur longueur peut être depuis 3 jufqu'à 6 fois
leur largeur. Il eft d'ufage de les orner, foit de
tableaux avec un lambris d'appui au pourtour,
foit de lambris de hauteur de Menuiférie ou même
de marbre. Les unes ne font éclairées que d'un
coté , telle eit la grande Gallerie du Château de
Verfailles , où l'ori a mis des glaces dans des ar-
cades correfpondantes aux croifées, & que Ton a
décoré de Piîaitres d'ordre Comporte revêtus de
marbre. Les autres, font au contraire éclairées des
deux côtés, telle eil la Gallerie du Château de S.
Cloud , ou celle du Palais du Luxembourg à Paris,
où l'on voit entre les trumeaux, des tableaux &
des trophées placés dans des paneaux de Menui-
férie. Il convient de donner à leur décoration un
cara&ere en rapport avec leur deftination : tous
les objets d'agréments, comme la fculpture , les
tableaux, les bronzes, les ameublements précieux
y font adrnifîibles. On peut les enrichir de luilres ,
de candélabres, de torchieres ou guéridons, de
ftatues fur des piedeftaux ou dans des niches , de
médaillons, &c.
Outre les Galleries qui font partie des Appar-
tements de parade, il en eft qui ne fervent que de
communication pour conduire à une Chapelle ou
-ocr page 141-
O'ArCH IT ECTÜRE.           IIΙ
à différents corps' de bâtiments , leiquelles peuvent
être traitées d'une maniere plus grave & plus le-
rièufe : la fimplické doit préiider à leur ordon-
nance , ainii que nous en donnerons ci-après un
exemple en parlant des Chapelles.
On ne fait prefque jamais de cheminées dans les
Galleries , attendu qu'à caufe de la grandeur de
ces fortes de pièces, elles feroient en quelque ma-
niere inutiles. On en voit cependant aux Galle-
ries du Palais-Royal, de l'Hôtel de Touloufe, du
Luxembourg & de l'ancien Hôtel de Villars , au-
jourd'hui l'Hôtel de Coffé ; mais elles ne fervent
guère que pour la magnificence, & rarement s'avife-
£-011 d'y faire du feu.
Pour donner une idée du goût & de la richeffe
qu'on a coutume de répandre dans la décoration
des Galleries , nous offrirons les Deflins de là
décoration de la Gallerie de l'Hôtel de Touloufe
& du Palais-Royal. Comme les Plans de ces Gal-
leries n'offrent qu'un paralellograme, nous n'avons
pas cru devoir en donner particulièrement les def-
fins, pour ne pas multiplier les figures fans nécef-
fité pour l'inrtrudion.
La Gallerie de l'Hôtel de Touloufe , figure I,
planches LUI & LIV , a de longueur près de iixfois
fa largeur. Ses ornements font d'un excellent choix:
elle eil revêtue de menuiferie & décorée de pilas-
tres Corinthiens élevés fur des piedeilaux & cou-
ronnés par une corniche ou entablement orné de
confoles, dont nous avons donné particulièrement
le profil, planche VÎII, figure IV. Elle n'eft éclairée
que d'un feul côté par cinq croifées, à l'oppoiite def-
quelles on a placé des glaces pour augmenter la
lumière , & répéter les objets qui font en face : les
trumeaux entre les glaces & les croifées font oc-
-ocr page 142-
uz                       Cours
cupés par des tableaux richement encadrés, & des
plus excellents Peintres, tels que le Guerchin , le
Guide , Pietre-de-Cortone, le Pouffin & autres.
La voûte de cette Gailerie eil enrichie de beau-
coup d'ornements de fculpture , exécutés par
Vaifé le père, lefquels font le plus grand honneur
à (es Valens. Les fujets de Peinrure & de Sculpture
qui embellifient cette belle Pièce , ont pour objets
îa Marine & la Chaffe. La cheminée, fur-tout, eil
fuperbemént décorée , & d'une maniere allégori-
que ; on voit à fes extrémités deux Tritons dorés
d'or moulu, groupés avec des coquilles qui portent
des torchieres à cinqbranches: à chaque côté de la
cheminée eil une niche , avec une Statue portée fur
une efpece de cul-de-lampe : quoiqu'il rie foit pas
yraifemblable de faire ainfi porter des Statues en
avant des niches fur defe cul-de-lampes , néan-
moins ils font ici richeiTe, & ne làiffent pas de
produire un bon effet. Au^deiTus de la cheminée
eil la Marine , fous la figure d'une Femme ri-
chement vêtue & groupée avec une proue de
vaiiTeau , chargée de cornes d'abondance ; elle
eil accompagnée des Vents & de trophées rela-
tifs au fujet : enfin aux deux côtés & à plomb des
niches, font des groupes de Tritons qui portent les
attributs de l'Amirauté.
Au-deifus de la porte, Planche LI V, par laquelle
on entre dans cette Gailerie, eil la figure de Diane,
fuivie de ïes Compagnes ? & aux côtés de cette
porte, il y a des niches avec deux figures re-
préfenrant l'Afrique & l'Amérique , accompagnées
de leurs attributs. Tous les lambris de cette Gai-
lerie font peints en blanc ; fes ornements & mou-
lures font rehainTés en or; & fon plafond qui eil
terminé
-ocr page 143-
b "* A R C MITE 6TUR Ë.            Il}
terminé- en berceau repréfente divers fujets de
Peinture, allégoriques à la Marine.
La Gallerie du Palais-Royal, Planche LV,n'eit
pas moins décorée richement que la précédente. Ses
ornements font feulement d'un genre plus mâle δε
moins.délicau Nous nous fommes contenté de re-
préfenter le bout de cette Gallerie, où eft la che-
minée , comme étant le morceau le plus intéref-
fant. Sa décoration confiiie en un ordre Corin-
thien Pilaitrë, pofé fur un petit piedeftal & terminé
par un entablement avee des confoles accouplées à
plomb de chaque Pilaitre. Les Entre-pilaftres font
ornés de piramides & de trophées. La cheminée
eil placée au milieu de l'enfilade , & eft coiiron-
née par les Armes de la Maifon d'Orléans J
& aux extrémités de fon chambranle font des
Groupes d'enfants de bronze , qui foutiennent des
torchieres, dontle deiïm fier, hardi, & fait un
très-bel effet. Cette Gallerie n'eit, comme la pré-
cédente , éclairée que d'un feul côté : elle a de
longueur quatre fois fa largeur. II y a des trophées
entre les trumeaux des croifées, - & à. l'opoiite de
grands tableaux , compofés & exécutés par An-
toine Coypel, premier Peintre du Roi, repréfen-'
tant l'Hiftoire d'Eriée : ouvrage digne d'illuitref
l'Ecole Françoife, & fort eilimé des connoiiTeurs*
En général le choix des ornements , & l'élégance
des formes de cette décoration > compofent un tout
capable de fervir de modele en pareil cas.
y
Tome Κ                                       Η
(                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         ■..■'—
-ocr page 144-
'C Ό Ü R iS
■ jaiin ■^■wmaaiift.
.GH API Τ R E XIV.
ί?£ m DÉCORATION OES CaJSINETSs
JLî ê S Cabinets Üé font revêtus comrnuhérrîent que
Jfê. lätöBHs d'appuis & dé tapiiTeriès d'étoffes, fur
té^iiélles on place des tableaux ; bh niét fut leur
•feHërhihëés des glacés, & entré lès croiiéës dès
îarnbris dé hauteur. Le ltylé de leur décoration
TÎoit être grave & peu orné ; c'ëit pourquoi il n'en
ipâs bêfoîn d'en offrir d^ëxërnplës particuliers. Si
t:ês'Cabihëts étoiéiit uniquement dértinés polir des
labléâux, peut-être vaudroit-il mieux lés éclairer
Jjar lé haut, âinil qu'on eh voit ait Palais - Royal ;
xès fdrrès dé jours étant très-avanràgéiiX aux ta-
bleaux, & laiflaiit d'ailleurs le long dés murs Bëaii-
Tottp déplacés pour les diitribuër,
î^ous hé parlerons pas dé la décoration pärti-
tufièfè dés Bibliothèques j elle ne doit coniiftèr
que dans l^rdrë, là propreté, là difpofition dés
tabtëttéâ & des armoires. Ce fönt lès livrés qui
doivent faire en grande partie les frais dé leurs
Èfïhëméns. v
M
-ocr page 145-
t b*AkéÉitfeiff ÜRË-; lij
;ciip ι tri χ ν.
De ia Décoration z>es Chapelles^
Qui Pont partïedes Appartements*
ÊLANCHEs LVI> LVII, LVIII et LIX*
* ; '             V'T ' ' -v -
ju E S Chapelles ne doivent pas être trop près
des appartemens de ibciété : il faut proportionnel
leur grandeur à l'étendue de l'Edifice, & au nombre
des perfonnes qui peuvent l'habiter. Il eil d'üfage
dy pratiquer des tribunes de diilinclion pour les
maîtres , & on les eonitriiit fouvent en pierre de
liais. Quant à leur ordonnance, elle doit être com*
pofée de grandes parties, & aiîbrtie avec le ca^
racleie grave du lieu. Il eil efféntiel que les orne-
mens y ioient diilribués avec choix & fans con*
fuiion. On voit dans la Planche LVI, deiit plans
difFérens de Chapelle* Celui de la Figure I eil plus
coniidérable & plus magnifique que celui de là
Figure II. Son élévation eii représentée 3 Planche
LVII ; & eil décorée d'un ordre Ionique, formant
un périilile pour y plâcërles maîtres & les per-
fonnes de diilinclion. Les entre-colonnes de ce
périilile font ornées de cfoifées & de tables riche-
ment encadrées, & ίόη a pratiqué ait-deifiis une
tribune à l'ufage des domeiliqueSé On n'a admis
dans l'ordonnance de fa décoration * ni ornemens
frivoles , ni formes hafardées ; & il eil à croire
qu'elle ne manqueroit pas de faire beaucoup d'effet
en exécution. L'arrivée de cette Chapelle eil par
Hij
■                                                                                  /
-ocr page 146-
lli$                   ;·; -;·£.. O U R S ,    ' ' ,
une grande gallerie, dont on volt fur ïa mèmê
Planche une partie de la décoration qui eft d'un
genre iimple & noble, & tel qu'il convient à ces
fortes d'endroits , deitines à fervir communément
de paffage & non de pièces de fociété. Nous
avons repréfenté dans la Planche LVIII , l'élé-
vation du bout de cette gallerie avec la porte
d'entrée de la Chapelle qui eft d'un caractère ana-
logue à fa compofition.
, Le Plan de la Chapelle, Figure II, Planche LVI,
eft précédé d'un petit porche circulaire très-agréa-
ble , & l'on voit à fes quatre angles des tribunes,
dont il y en a une à côté de l'Autel, qui feroit
deftinée pour une Sacriilîe.
La Planche LIX repréfenté fon élévation, dont
l'ordonnance eft auffid'ordre Ionique:les ouvertu-
res des tribunes font ornées de draperies, avec des
médaillons au-deflus : entre les croifées font deux
figures fur des piédeftaux : enfin le tout eft terminé
par une calotte en vouiïure , avec différens com-
partimens enrichis de peintures & de bas-reliefs,
aiTortis au caractère de cette pièce.
-ocr page 147-
»'ARCHITECT U R ÏU . f If
CH APITRE XVI. λ
De âa Distribution et Décorât ι ou
D'une Salle όes Bains^
Planche LX*
M. Β L ON del , en traitant de la Diilrihiitibft
des appartemens dans le Volume précédent, a paffe
fous filence les Salles dés bains γ c'eit pourquoi
avant de parler de leur décoration, nous allons y
fuppléery en rapportant en partie ce qifil a dit à
eefujet, dans ion Ouvrage de la DißributioTt & ds:
la Décoration, des Maifons de Piaifance
, Tome II
page
129..
                            iJ^üït.
Sous le nom d'Appartement des bains, on entend
"une Salle à une ou àplufieûrs baignoires, précédée
d'une antichambre pour l'es domeitiques, & accom-
pagnée d'une chambre à coucher à un ou pîufieur»
'lits, fuivant le nombre des baignoires. Près de cette
chambre doit être une garderobe pour changer le
linge ,, & un cabinet d'àifancê. à foupape. Il faut
aufïi conftruîre derriere, fa. Salle y une autre petite-
pièce fèrvant detuve pour contenir l'eau chaude
dans une chaudière mobile , placée fut un four-
neau pratiqué fous un efpece dé hotte de che-
minée, par laquelle; les vapeurs de Feair & là
fumée-du Bois & du charBon fè diiîîpent. Du fond
de cette chaudière il doit partir un tuyau* a plu-
sieurs branches, qui" paiTè au travers du mur pour:
s'aller rendre dans chaque baignoire & y porter
deFeaa- chaude. Il faut auflî'tenir dans cette étiivc;
Eii|
-ocr page 148-
ι                                      ,                                                                           Λ
Un petit réfervoir d'eau froide pour fournir aux
Jrefoins, & où l'eau peut être amenée par un robiner,
branché fur le conduit qui fournit l'eau à ces, fortes
de pièce, & fur lequel peut être pratiqué pluneurs
ajoutoirs qui conduifent l'eau froide aux bai-
gnoires , à la chaudière , Sf au petit réfervoir. Le?
conduit doit prendre naiffance à un réfervoir pra-
tiqué à cet effet dans quelque partie du bâtiment
un peu eminent, afin de donner à Peau le pouvoir
de s'élever félon la néceiîité qu'il y a de tenir les
chaudières , petits réferyoirs Sf baignoires dans
une hauteur inégale 5 & de lui donner en même}
îems plus 4e rapidité : l'on doit aiuli avoir foin άψ:
pratiquer proche l'étuve? une autre petite pièce:
^uel'ou nomme chaufïqir, deftinée en f#,t à fechef
les linges, & à chauffer ceux dqnt qn# fee/pinpour
Je fervice dçs maîfres. ,
On peint les baignoires en huille çn jk$e>nde:
marbre, ou de la couleur qui s'^flbrtit le mieux·
avec celle qui domine dans te pièce : elles ne>
doivent avoir ni moins de % pieds | ni plus d©
| pieds de hauf. On les tient d'une longueur &
largeur plus ou moins grande ftnvant l'étendu^
^u lieu, niais eUes m upivent pas aypiç naojns,
de 4 pieds de long, ni pins de 6> pieds fuj ^ pieds
de large. Qn les fait de différens profils '< quel·«
quefpis ou les tient renflées par ie ba,s en forme*
de baluif re ; quelquefois on les tient droites avec?
desmpulures& des ornemens,; cette dernière ma-
niere eiUa meilleure, parce qu'elles font plus faciles;
4 nétoyer. Au bas & dans le fond intérieur de
ces. baignoires, doit être ajuftée Tembpuehure d'un
tuyau qui fert de décharge, lorfqu*on veut changer
4'eau étant d^ns le bain , par le moyen d\m$
bpnde, qui s'élève & s'abaijFe façUemfpt, Cette-
-ocr page 149-
mmmmm
,d'Ar CHITECf URE.           ΐΐψ
décharge doit s'aller répandre dans les dehors : &
par cet expédient les baignoires ne font poinE
fujettes à être déplacées, & peuvent être tenues
dans un état de propreté, par la commodité de
l'eau qui y eil amenée, 3ε qui a fa fortie, en le-
vant la bonde qui fait le même effet de la maife
de plomb , à lufage des lieux à foupape. î
, Ces baignoires font communément placées dans-
un renfoncement circulaire en forme de niche , êé
couronnées d'un efpece d'impériale garnie de ri-
deaux de toile de coton.
                               -i *■
La Décoration qui convient le mieux aux Sallei.
de bains eil..la pierre de liais ou le marbre ? ea
ce qu'elle eil plus analogue à leur deilination & à
la fraîcheur qui regne dans ces endroits , ainii qu'à
i'humidité que procurent fouvent les baignoires*.
Il y en a cependant qui revêtent leurs riiurs de
menuiferie avec des compartimens, oii font peint
des animaux , des arabefques, &c. Quant au car-
reau , il fe fait de pierre ou de marbre. Comme
la Décoration de ces fortes de pièces doit être
tenue extrêmement fimple, c'eil pourquoi nous,
nous difpenferons d'erç offrir undefTein particulier;.
& l'explication dé la Planché LX achèvera de
donner une idée Comprette delà; diilribution né-
ceifaire pour un appartement de bains«.
A y Plan des bai^noiresv :
Β , Fourneaux pratiqués dans une pièce voifinev
laquelle fert à entretenir l'eau chaude de la chau-
dière qui eil placée au - deiTus, & qui k commu-
nique dans les baignoires A : cette chaudière oit
réfervoir d'eau chaude ell élevée d'environ 4 pieds £
& contient toute la grandeur, du fourneau où elle
efè fcellée.
-ocr page 150-
UlQ             ,.;i -χ-ϋ C O: 17 R S "· ,\·
à C, Tuyau branché qui amené l'eau chaude de
la chaudière dans les baignoires A A.
D, Tuyau amené d'un réfervoir étranger qui
fournit de l'eau froide au réfervoir Ε, à la chau-
dière Β & aux baignores A.
.£, Réfervoir d'eau froide.
F , Branchage qui fournit de l'eau fraîche ? foie
â la cuvette ou coquille, foit dans la chaudière,
foit dans les baignoires.
G, Cuvette ou coquille pour fe laver les mains.
H, Degrés qui conduifent à la chaudière qui
çft élevée defltis le fourneau B.
: I, Tuyau dans l'épaiiTeur du mur par où s'ex-*
halle la fumée du fourneau.
Κ, Embouchure du tuyau, garnie d'une bond&
qui s'élève facilement pour laiffer écouler l'eai*
de§ baignoires, lqrfcjuQiv là veut changer*.
-ocr page 151-
d'Architecture*- 'in
CHAPITRE XVI I. !
/}# χλ Décoration des Escaliers.
Planches LXI, LXII, et LXIII.
JuA Décoration des Efcaliers eft ce qu'il y a de
plus difficile à bien traiter. Ceux des Palais & des
Edifices importans fe font fouvent à double-rampe ;
tels font les Efcaliers du Château des Tuileries %
du Palais-Royal, & du nouvel hôtel des Monnoies
à Paris. Ces fortes d'Ouvrages font iufceptibles
de recevoir toutes les richeffes de FArchiteaure·
Comme ils ne montent qu'au premier étage*
on ne décore leur cage pour l'ordinaire que juf-
qu'au niveau de fon plein-pied, afin que tous les
compartiments deviennent réguliers. L'on revêtit
leurs murs, foit en pierre de liais , foit en marbre %
comme l'étoit autrefois le magnifique Efcalier des
Ambafladeurs dans le Château de VerfaiUes ; &
l'on fait aufli leurs rampes avec des baluilres ou
des entrelas en marbre ou en pierre. Quant aux
Efcaliers d'une moindre importance, on les fait
à une feule rampe, en les proportionnant à l'étendue
du bâtiment. Il faut feulement obferver de les dé-
corer avec fimétrie % & d'un goût mâle, que leur
plafond forme une efpece de calotte, que leurs
rampes fe développent agréablement, que leurs par
liers foient convenablement élevés au-deiïus de
îa tête, & qu'enfin les premières marches s'aron-
diflent d'une maniere gracieufe autour de la volute«
-ocr page 152-
III         .Ui · C O V RS l: [il
Une autre attention qui η'eit pas moins néceffaire
à la beauté d'un Efcalier, c'eii de laiiTer au milieu
un vuide fpacieux & fuffifant pour permettre d'ap-
percevoir , en mettant le pied fur la premiere
marche, le développement des rampes, & fur-
tout le plafond que Ton orne plus ou moins, &
au milieu duquel oafufpend, ecimme de coutuine*
une lanterne.
Comme M. Blondel s'eit beaucoup étendu (ψ-
la compoûtion & l'ordonnance des Efcaliers vers la
en au Volume précédent, pour ne point répéter
ce qu'il a déjà dit, nous nous bornerons à décrire
pour exemples, le grand Efcalier à deux rampes du
Château de Sam>Cloudprès de Paris 7 chef-d'œuvre
de Hardouin Manfard, & un autre Efcalier , à
l'ufage d'un hôtel ordinaire, de notre compositions
< " La Planche LXI repréfente tous les plans &
profils de l'kfcalier du Château de Saint-Cloud,dont
la compoiition eit extraordinaire, à caufe de là
différence du niveau de la cour & cju parc, dont
lune eft de 7 pieds plus élevée que l'autre* La
grande difficulté de fadiilributîon çonuiloit à faire
de part & d'autre une entrée agréable, & il falloit
affurément autant de génie & d'habileté que Man-
fard y pour vaincre les obrlaçles qui paroifloient
s'y oppofer ■>■ & les :. furmqriter aunT heureufement*
La Figure! eil le Plan du rez-de-chauffée. A»
Veitibule regulier du coté de la cour. B, Paffage
qui conduit au parc, G, Entrée du coté du parc \
qui forme un magnifique perron. D, D , Palliers.
ornés de colonnes de marbre. E, Emportes qui
communiquent à "différents appartements 3 diffri-
îwés au rez-de-chauffée d« Château.
La. Figure II repréfente le plan de h cage db
-ocr page 153-
D ' A Κ C M I'T E G Τψ RE.            € f3
l'Efcalier , qui eft éclairé par f rois eroifées don?
nant fur la cour, F, F a Sont deux rampes avec des
baluftrades, en marbre, qui çonduifent de part %:
d'autre dans les appartementÇa Q3 du premier étage,
La Figure ÜI eft une cçupe fur le milieu de la
longueur de l'Efcalier, où l'on peut remarquer la
différence du plein-pied de la cour & du parc :
elle fait voir aunr la Décoration de fa cage qui
eft ornée d'un ordre Ionique Pilaftre * élevé fur
un piedeftal avec des arcades feintas f & qui ©$
terminée par une calotte.
La Figure IV offre une coupe fur la largeur
du pallier fupérieur EK Figure I» vue du côté
oppofé aux çroiféeSt En comparant les déférentes
figures, on s'appercevra aifément de tous leurs
rapports, tant en plan qu'en élévation, & nous
terminerons fa defeription par remarquer que;
la rampe de cet Efcalier eft tmfà m marbre,. &
que Tordre Ionique avec fou piedefM ce aufti
revêtu de marbre.
La Planche LXU repréfente le plan d'un Efcalier
pour un hôtel ordinaire,
La Figure I eft le plan du res-de-çhauifée. A%
Veftibule orné de- colonnes engagées au tiers, Se
de deux niches.. B» Marches, de VEfcalier* C> Paf
iage ou entrée des caves» 'r^h
                      ; έ
La Figure II offre le plan du premier étage
ou de la cage de l'Efcalier. D, D, Palliers. E ?
vuide de l'Efcalier, au milieu duquel on fufpend
une lanterne. F, Grand pallier au niveau des ap-
partenons. Q, G,Entrées des appartemens.
La Planche LXIII eft une coupe fur la longueur
de l'Efcalier, prife par le milieu du veftibule. Sa,
cage eft. décorée d'un ordre Ionique en pierre-, êk
-ocr page 154-
fï2%               ^;er# υ κ- s, &c;
couronnée par un entablement à confolës9 föü
monté d'une calotte. On voit entre les pilaitres*
des arcades feintes, qui fymétrifent avec celles,
des croifées de la face oppofée, & ait milieu def-
quelles il y a des niches avec des trophées en re-
lief fur des piedeftaux. Enfin on remarque entrer
l'importe & l'archivolte de chaque arcade , des co^
quilles accompagnées de cornes d'abondance. '
Nous ne nous étendrons pas davantage fur ce
«jui conftitiie le beau effentiel des Décorations d'un
Appartement : car en vain multiplierions-nous les
exemples ; ils noffrkoient guère que des cas parti-
. culiers, que des circonftanceslocales (ont capables
de faire varier à l'infini. C'eft pourquoi nous ter-
minerons par recommander, comme un moyen sûr
de hâter les progrès dans l'étude de cette partie de
rArchite&ure, de ne pas fe borner à méditer nos
principes dans l'ombré du Cabinet, mais de s'atta-
cher en même tems à en remarquer l'application en
exécution; perfuadé que ce ne fera qu'à force de
mefurer, de deffiner, de développer les bons mo-
dèles en ce genre, & d'obferver fur-tout les effets,
qui résultent,.fok de leur liaifon, foit de-leur rap-
Î>ort , qu'on pourra efpérer de fe perfectionnerf^
„a Théorie dansles Arts étant toujours infuiEfanÊe^
à moins que l'expérience ne l'accompagne,.
-ocr page 155-
• C OU RS"·/
D'AB.CHI.TE'CTURE,
•Se
5ΑάΕΪί^ϊ*ί!6β=Κ:
LI V R Ε Τ RO IS 1E ME,
PREMIERE PARTIE.
:»TT»«8îî3^?Tr
i&
rg;=
Tff»·™
DE LA CONSTRUCTION
ES BAS TI MENT S.
ƒ Ν Τ R O DU C Τ I O Ν.
De l'origine & des progrès de L'An de bâtir.
JL e S rofeaux, les branchages & les troncs d'arbre
maçonnés avec de la terre graffe ou de la boue ,
furent les premiers matériaux dont on fe fervit
pour l'exécution des plus anciennes demeures de
nos Peres ; & il y a lieu de croire que cette ma-
niere de bâtir fubfiila feule pendant très-long-
tems. Les réflexions ayant augmentée l'induitrie,
on s'appliqua à rendre fucceiïivement les maifons
plus agréables & leurs conftru&ions plus folides :
en conféquence ? on employa de petits carreaux
-ocr page 156-
tty:            c ô y ft r
moulés de terre graffe & d'argile, que Ton fit dfa<*
bord fécher au foleil 3 & par la fuite cuire au feu*
C'eft àinii que furent eonitruits les Monuments dé
la haute Antiquité»
Perfonne ne fçait précifémênt en quel tems on
a commencé à employer des pierres taillées dans
les bâtiniéhts j mais il a dû héceffâirement s'écouler
Bien dés fiéclés, avant de parvenir à les mettre
en œuvre. On en fera aifément convaincu , en fai-
fant réflexion que leur emploi fuppofe, non-feu-
lement là découverte des métaux, & fur-tout l'art
de travailler le fer, pour en former des outils, des1
marteaux, des cifeaùx , des fcies , &c, mais en-
core l'invention de quantité de machines ou d'in-
ibruménts propres à trarifportèt les pierres des
carrières , & à les élever; ce qui n'a dû évidem-
ment s'opérer qu'à la longue, & par fucceifion de
tems.
Au rapport des Hiftoriens, l'Egypte paffe pour
avoir été le berceau des conitru&ions en pierre *
de même que de la plupart des Arts Mécaniques.
Comme ce pays manque totalement de bois, tandis
qu'il éft très-abondant en pierre & en marbre , ce
fut une efpéce de nécefîité pour les habitants d'y
avoir recours de bonne heure pour bâtir leurs
maifons. Lés uns font honneur de l'art de tailler
lès pierres à Toforchus fucceiTeur de Menés, uni
des plus anciens Rois d'Egypte : d'autres l'attri-
buent à Dédale j qui parte auiïî pour avoir trouvé
le premier l'ufage de l'aplomb & du niveau. Quoi-
qu'il eh föit | cet Art fut extrêmement fimple dans
fon origine, & le borna pendant long-tems à écar-
rir feulement les pierres , à les placer en lîaifon 9
en talut * ou en retraite les unes fur les autres, 8t
à les, employer principalement des plus grands
-ocr page 157-
^ARCHITECTURE,           îif
Quartiers pbifibles. La perfection de la bâtifle iem^
bloic ne conmier alors qu'à entaffer maffe fur
maffe ·, pierre fur pierre : telle eft l'idée qu'offrent'
les Pyramides d'Egypte , & la plupart des plus
anciens Monuments Egyptiens , dont il fubfiite
encore des ruines.
; ïl n'étoit pas quéftiori de voûtes dans ces tems
reculés ; car elles n'ont été inventées que fort
tard. Tous les linteaux des portes & des croifées
étoient droits , & faits foit de bois foit d'un feul
. bloc de pierre ou de marbre ; les plafonds ou
planchers, tant des falies que des colonades, étoient
d'ordinaire compofés de larges pierres plates dune
grandeur extraordinaire, dont les extrémités por-
toient fuir les murs -, & dont le milieu étoit foutenu
par des piiliers de pierre, quand on jugeoit leur
étendue trop cohiidérable.
ïl paroît que l'art de la conitru&ioh avoit déjà
fait, dès le regne de Sefoftris, des progrès mar-
qués en Egypte, à en juger, foit par tous les ca-
naux que ce Prince fit creufer pour la sûreté & la
commodité de ce pays* foit par les levées d'une
hauteur & d'une étendue immenfe qu'il fît faire
pour mettre les Villes à l'abri des innondations du
-Nil, foit par cette multitude de Temples qu'il or-
donna , dit-on , d'ériger dans chaque Ville en
l'honneur des Divinités qui y étoieni particuliè-
rement révérées , foit enfin pair l'exécution de ces
Obélifques de granit d'un volume fi prodigieux,
dont quelques-uns font encore de nos jours l'or-
nement de la nouvelle Rome , après l'avoir fait de
Tanciennev Si l'on n'a pas exagéré dans les def-
criprions qu'on nous a laiffé de Memphis , de l'an^
cieime Thèbes, & principalement fur la magnifi-
cence des Edifices de cette dernière Ville, dont
-ocr page 158-
^—
U8                       G ö ü it §
les Voyageurs prétendent qu'il fubiiitê éfïCöfê fc
parmi leurs ruines des amas prodigieux de co-*
lonnes & d'entablements de pierre & de marbre s i!
femble probable que, fi le bon goût del'Archite£rure
ne préndoit pas à l'ordonnance de leurs Monu-
ments , de pareils travaux n'ont guère pu s'opé*
rer, fans que l'Art de la bâriffe n'ait été du moins
porté à un certain degré de perfection.
On ne voit pas qu'en Aiie , cette partie dit
monde qui paffe pour avoir été la premiere habi-
tée , l'Art de bâtir fe foit perfectionné plutôt qu'en1»
Egypte. Babylone , Séleucie 3 & les * plus an-
ciennes Villes furent bâties en briques. Rarement
y conitruifoit-on des Edifices en pierre ou en
marbre : les voûtes y furent long-tems ignorées,
à en juger par le Pont que la Reine Nitocris fît
jetrer fur l'Euphrate , qui paffoit pour une des
fept Merveilles du monde , & dont la longueur
avoit un quart de lieue. Ses pilles, au rapport des
Hiftoriens , étoient bâties en pierres cramponnées
avec du fer & coulées en plomb ; & l'on avoit
placé de l'une à l'autre des poutres de bois de
cyprès, avec un couchis de branches de palmier
par deffus.
La conftruction ne fît auffi que des progrès très-
lents dans la Grèce & dans l'Italie : on n'y com*-
mença également à bâtir que fort tard en pierre.
Les plus anciens Temples, tels que ceux de Diane
à Ephèfe, d'Apollon à Delphes, de Vefta à Rome,
& même le Temple de Jérufalem, n'avoient point
de voûtes. Ils étoient tous terminés par des plan-
chers en charpente, dont on revêtiffoit par magni-
ficence les poutres & les folives de plaques d'ivoire,
ou bien de lames de cuivre, d'argent & même
quelquefois d'or. Ce ne fut guère qu'au tems
d'Alexandre
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b* A Rd HiTEC Iure.1           129
ià'ÀÎeXandre le Grand, que les Grecs s'adonnèrent
à cintrer les portes & les croifées> ainii qu'à voûter
les Temples.
En général les conilruclions antiques étoient
uniformes. La plupart des colonnes , à moins
qu'elles ne fuiTent d'un très-grand diamètre, s'opé-
roient d'un feul bloc de marbre; Il paroît qu'on eri
préparait d'avance de toutes fortes de grandeur
& d'ordonnances d'Architecture dans les carrières j
d'où elles étoient voiturées toutes taillées j ainfl
iffcque les architraves que l'on faifoit fouvent toute
d'une piéce> Il réiûhé de là que l'exécution des
colonnades étoit fort iimple ; elle coniiitoit à
transférer les colonnes , à les dreifer fur placé
peu écartées les unes des autres fui van t l'ufage,
& enfuitë à y élever d'axe en axe les àrchi^
traves > au-deffus defqiieîs on pofoit les frifes &
les corniches des entablements (λ). Les plafonds des
portiques ifoiFroient pas davantage de difficultés;
ils fe faifoient, foit en charpente , foit avec âe$
pierres plates quand ils avoient peu de largeur j
foit avec des voûtes légères en briques3
Au reite il ne faut pas s'imaginer que les Grecs
& les Romains exécutaient leurs Edifices , même"
les plus importants, entièrement en marbre. A l'ex-
ception dés portiques & des colonnades , les murs
étoient le plus fouvent bâtis en briques, & révêtus
de tables de marbre, foit en dedans, foit en dehors.
Quant à l'art des Voûtes , dont ils parohTent
avoir été les Inventeurs, il £t chez eux peu de
progrès. On ne remarque nulle hardieffe dans leur
exécution ; ils s'éeartoient rarement du plein-
{âj On lit dans Vitmve la defcription de quelques-unes dey
inachines qui fervoient à ces tranfp'orts;
■>-. Tome Fi
                     .                              ï
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i$ö                      Co υ RS
cintre, & fembloient redouter les voûtes iurbaif-
fées ou anfe-de-panier, Quelle force exceffîve ne
donnoient-ils pas à leurs pied-droits , ainii qu'il
eil aifé den juger par les anciens Ponts qui
fubfiilent encore , & dont les arches de forme
plein-cintre, offrent des piles qui ont quelquefois
d'épaiifeur jufqu'à la moitié de leur diamètre. Leurs
découvertes cependant s'étendirent aufîi jufqu'à
faire des voûtes-d'arrête , des voûtes en arc-de-
cloitre, & même des voûtes demi-fpheriques, pour
couronner les Temples circulaires ; mais ils n'ima«*|
ginerent rien au-delà. Cette multitude de Cirques,
de Théâtres , d'Amphithéâtres & d'Acquéducs,
ne préfente que des répétitions continuelles de
voûtes en berceau droites ou rampantes , dont
toutes les conitrudions fe reifemblent; l'Art ne
leur offroit pas affez de reifources pour les
varier.
Veut-on fçavoir ce qui a rendu les bâtiiTes an-
tiques û recommandables, c'eft la .perfection de la
main-d^uvre j c'eil la bonté ou ténacité du mor-
tier; cêfl l'attention que l'on apportoit à bien
fonder les bâtiments , à bien lier les pierres > à les
cramponner enfemble avec du cuivre. On prétend
même qu'on pofoit quelquefois les pierres à cru
fans mortier , & qu'en frottant leurs lits l'un contre
l'autre avec_du grais très-fin & de l'eau * jufqu'à
ce qu'ils fe touchajfent exactement, on parvenoit
par là à les unir indiiTorublement. Les joints des
colonnes Trajane & Automne à Rome, paroifTent
effectivement avoir été faits de cette maniere , vu
qu'il eil prefque impoffible d'en appercevoir la
ïéunion.
L'Art de la conilrucHon fe foutint à-peu-près
toi même état chez les Anciens jufqu'à l'exécution
-ocr page 161-
b5À ft fc ii ί τ ε e f ü R Ë* 'i"ji
'éii Temple de Sainte-Sophie à Cönftantinöpie fous
l'empire de Jußinien. Ge fut à cette occaiion qns
fArchke&e Anthemius, chargé de ce monument *
imagina d'unir la forme ronde avec la quarrée à la
rencontre des bras de la croix, e'eit-à-dirë * d'é- s
lever un dôme circulaire, foutenu en l'air unique-
ment fur quatre points au milieu des côtés d'un
quarré $ & racheté dans les angles par des encore
bellements triangulaires ou pendentifs {a). Invention
fublime que l'on a beaucoup perfectionnée depuis *
' & qui mérite de faire époque* en ce qu'elle a
procuré à nos Temples modernes un couronne-
ment d'une légèreté & d'une élégance admirables.
Les Goths, ayant peu de terris après ravagés l'Em-
pire , étendirent leur goût bifare fur l'Architeâuré
comme fur tout le reite* L'Art de bâtir néanmoins
ne dégénéra pas pendant ces teins de barbarie ;
car, dans tous les Arts Mécaniques de néceiîité, la
main-d'œuvre ie conferve d'ordinaire long-tems |
après que le bon goût a diiparu \ & bien qu'on ne
voie plus d'habiles Artiftes, il ne laiiTe pas de fuh-
iîiler toujours des Artifans qui fe traiifmettent les
uns aux autres ce qu'ils ont vu opérer préeé-
(a) Cette nouveauté fouffnt, comme l'on fçait , les pluâ
grandes difficultés pour l'exécution; & cela devoit être. Il auroit
fallu plus de connoiifances que Ton en avoit alors } pour appré-
cier d'avance la pouflee d'un pareil fardeau , placé dans und
iituation àiilli extraordinaire , 8c pour comioître la réfiftance
qu'il falloit lui oppofer. On fut donc réduit à procéder au hàCarâ
& en tâtonnant. Auflî rapporte-t-on qu'on eut beaucoup de
peine à conduire cet ouvrage à fa fin ; pendant qu'on achevoit
de bâtir un côté, l'autre crouloit ou s'entrouvroit : enfin on ne
parvint à lui donner la folidité convenable, qVen réduifant fort
dôme à une fimple calotte, qu'en multipliant les contre-forts ,
& qu'en bâtiiTant fa voûte en pierre-ponce pour alléger for*
poids*                                                                   ;
'* ■'                                                                           Τ .'* ■
-ocr page 162-
Λ$1 '. ι?, '" r G O 17. R S
demment. En effet les beaux Edifices Gothiques
font bâtis avec autant de foins que les Monuments
Antiques. » & même avec beaucoup plus de har-
dieifev de légèreté, & une plus judicieufe répar-
tition de matériaux. Au Heu des colonnes bien
proportionnées & des entablemens qui couron-
nent avec tant de grâce les Edifices Grecs &
Romains, ce ne font que des piliers d'une hau-
teur extraordinaire qui imitent des faifceaux de
colonnes très-menues & couronnées par un
,amâs de petites moulures rondes , lefquels ·
-piliers portent des voûtes ogives fans cefTe dif-
pofées; en forme de voûtes d'arrêté. Toutes leurs
conftruciions offrent la même répétition ; rare-
ment y. remarque-t-on d'autre arrangement. Per-
sonne n'ignore que la propriété des voûtes d'arrêté
eil de n'avoir d'aôion que vers la retombée de
leurs angles, & qu'en plaçant des fupporcs ou con-
treforts fuffifants vers ces endroits , on peut
laifier à jour leurs intervalles; c'efî avec cette
.unique reffource combinée de toutes fortes de
manières , & fur-tout en multipliant les fers,
que les Goths ont opéré tous leurs ou-
vrages. On diilingiie deux âges dans les conf-
truâions Gothiques j l'un qui eft pefànt, matériel
& qui a duré jufqu'au commencement du douzième
iiécle, l'autre qui eil léger, délicat, & fuivant les
principes duquel ont été élevé leurs belles Cathé-
drales : ainii, comme l'on voit, les Goths firent
pendant très-long-tems les murs , les pied-droits &
contreforts de leurs voûtes beaucoup plus consi-
dérables qu'il ne falloit, & ce ne fut qu'après avoir
tatoué pendant bien des fiécles , qu'ils parvinrent
enfin à connoître les bornes où ils pouvoient s'ar-
rêter , & à leur donner la légèreté que nous admi-
-ocr page 163-
d'Architecture.            î5I
rons. Des expériences fouvent redreffées fu-
rent évidemment leurs feuls maîtres ; & quel-
que ilhîiion que Fort ait voulu fe faire fur les
fecrets de leur conitruction , il paroît qu'ils neti
eurent pas d'autres, & nous aurons par la fuite
occaiion de développer ce que nous ne- faifons
ici qu'indiquer.
Lorfque par une heureufe révolution, les Arts*
& les Lettres, reprirent faveur en Italie, par la pro-
teâioii que leur accorda la famille des Médias-, le:
Gothique & fes voûtes ogives furent abandonnés.
L'Architecture reprit la vraie route dont elle s'étoif
écartée depuis tant defiécles. On s'appliqua à faire
l'evivre les belles proportions des Edifices Anti-
ques, mais en faiiant des changemens effentiels
dans la conitrudion.. Les colonnes & les archi-
traves ceiferent d'être-exécutés d'un feu! morceau „
tant pour diminuer la dépenfe âes Edifices, qu'à
caufe de la difficulté du tranfport de pareils, far-
deaux. Le marbre fut employé moins, fréquem-
ment dans les lieux mêmes où. cette matière eil .
abondante, pour épargner la main ■* d'œuvre j &
L'on donna la préférence à la pierre ,. comme plus
aifée à travailler.. Ces confidéraîions engagèrent
conféquemment à conihmire les colonnes par tam-
bours, & les architravespar clavaux ; ce qui obligea;
à la. vérisé de multiplier les fers dans ces fortes;
cle CQJ)ilrii£Uons, mais procura en. récompenfer
l'avantage- d.'efpacer les colonnes plus que ne fai—
(oi^nt les Anciens, qui affe&oient de les tenir peu?
écartées les" unes des autres,, pour diminuer la:
portée des architraves.. Enfin, c'efl depuis, cette^
époque que l'Art des voâtes s'efi perfectionné, &:
que l'on a inventé fucceiîivement· de nouvelles;
«Qupes. de. pierre 3 qui ont permis d'exécuter des^
lui
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' '''"'■■■ ' ·                                                                                                               ■ ■ ''Ä'·' '
134                      Ç ο f η s
conftruöjons dont on n'ayoit point eu d'idée, ju&
qu'alors.·
Burneîlefchi entr'autres fe iignala par la conf?
tru£Uon du dpme octogone de Sainte-Marie-des-*
Fleurs à Florence, qui a 125 pieds de diamètre %
& qui eft terminé par une double voûte , que tous,
les Archite&es d'alors çroyoient ne pouvoir être>
exécutée avec fuccès, Michel-Ange fe couvrit,
d'une gloire immortelle par la conitruclion de la cou-<
pole de Saint-Pierre de Rome, où il renchérit beau?
coup fur la hardieiTe du dôme de Sainte-Sophie. Ce
dernier n'en: qu'une fimple calotte portée immé-.
diatement fur les pendentifs, au-lieu que l'autre^
foutient fur fe$ pendentifs , outre une double
yofite, une tour de dôme immenfe décorée de co-
lonnades, ce qui offrqit biçn d'autres difficultés;
.·"' pour l'exécution, Auffi depuis, la réputation de
cet puvrage, & le grand effet qu'il produit, n'a-t-oii
prefque plus élevé d'Eglife impçtrtante, fans I3. déV
ça rer d'un e coupole.
' „ .. Sous le regne de François Ie1', l'Art de la çonfe
trucüon fit en France des progrès marqués dans
tous les genres : mais c'en: fuivtout pendant le iiécle·
à jamais mémorable de Louis XIV qu'elle a reçu fe%
plus grands acçroiflements. Perrault fe fraya une
ropte nouvelle dans l'exécution âes colonnades %
par "la maniere induilrieufe avec laquelle il cank
- truifit les plafonds & platebandes du périftile du,
Louvre, qu'on avoir cru jufques - là ne pouvoir-
réuffir avec des clavaux. Il donna auffi un mo-
dele d'appareil dans l'exécution du bâtiment dq
rObfervatoire, où il n'employa ni fer ni char-
pente. Enfin il renouvella, lors de la bâtifTe des,
fondements de l'arc-de-triomphe du Trône, le$
procédés des Anciens, en frojtant les lits dçs pierre%
-ocr page 165-
»'Arceïtegtwri,           tjf
les uns fur les autres avec, du grais & de l'eau,
pour les lier fans le fecours du mortier. Les conf-
truâions des coupoles des Invalides & du Val-de-
Grace furpaflent de beaucoup , par leur folidité %
tout ce qui a été fait en ce genre en Italie-, & il
n'y a que les Anglois qui> par la belle exécution;
du dôme de Saint-Paul à Londres, pourraient peut-
être fe flatter de l'emporter fur nous à cet égard»
Que de modèles de couftruâions ne nous ont
pas laiffé les Manfard, les Bullet,. les F. Biondelr/
Combien d'arrière vouffures, détrompes, d'efcaliers
fufpendus, de pièces de traits nouvelles, n'a-1 - on
pas inventé ou exécuté avec une hacdiefle 8c une
folidité admirable : en un mot le fiécle dernier
nous a appris, à faire des Edifices , finon plus du-
rables que ceux des Anciens, du moins mieux:
raifonnés en général, quant à l'économie, &; à la:
répartition judicieufe des matériaux.
Quoique depuis cetems nous ayons fait des pro-
grès peu feniïbles" dans la bâti ffe, il fa ut cependant
convenir qu'on eil aujourd'hui beaucoup· mieux;
inilruit de fes vrais principes que ci-devant, &
qu'on eil fur-tout plus en état d'apprécier la
pouffée des voûtes ,. & par coniequent la>.
véritable rénilance qu'il convient de leur op-
pofer fans, procéder au hafard. Grâce à t'ac-
eroùTèment des- connoiiïances humaines, , im
Géométrie, la Mécanique & la Phyfique ont en-
richi l'Art de la conilruâiion de leurs découvertes...
On eil maintenant convaincu que fes regies;;-
dérivent eiTentieîlement des Loix éternelles, der
Féquilibre &i de la pefanteur qui: ont été û. biens
développées de nos jours par les Sçavants,, & que
tout ce qui dérogea ces loix eit impoffiblei Depuis;
âuHQut que. M., de La Hyre a porté le Äambeajs
-ocr page 166-
I3Ö                       C ou RS
cle la Géométrie dans la poiuTée des voûtes 3 er|
déterminant quel devoit être en toutes çirçonf?
tances le rapport de leurs pied-droits pour y ré~
lifter y & depuis que M. Frézier a appliqué les
Mathématiques au trait de la coupe des pierres»
les limites de cet Art paro.uTent en quelque forte
avoir été fixées, parce que les gens inilruits font
maintenant en état d'apprécier & de calculer da?
yance, ce qui eil ou n'eft pas exécutable: il ny
a plus d'énigme à cet égard que pour les ignorants.
Ce font les procédés de conftriiâio.n qui ont
été mis en œuvre par les maîtres de l'Art, que
nous nous propofons ici de rapporter, en nous
renfermant toutefois dans les bornes que nous
nous fommes prefcrites, & en exceptant les maT
tieres que Ton trouve ailleurs fuinfarninenj appro?
fondies.
L'Art de bâtir embraiTe bien des objets , & ren.r
ferme pluireurs parties qui font autant de cîaifes;
diitintSies & féparées les unes des autres; fçavoir,
la Maçonnerie, la Charpenterie, la Serrurerie , la,
Couverture, la Menuiferie, la Plomberie, la Pei%
ture d'impreffion , &c. dont nous allons déYÇ-2.
lopper (ucçenivement les principes,
-ocr page 167-
D'ARCHITECTURE.            I37
......■■„»il          >»SAiii5Siws%SAiA*i          ii..... ι ι in. (m.......—»&M
DE LA MAÇONNERIE,
JLa Maçonnerie tient le premier rang entre
les Arts Mécaniques qui fervent à la conf-.
trudion des Edifices : & Ton comprend fous ce-
nom , non-rfeulement la maniere de fonder les bâ-
timents , d'élever leurs murs , d'exécuter toutes les
efpeces de voûtes, & d'employer les pierres de
. différentes qualités, fuivant les occafions ; mais
encore la maniere de mettre en œuvre le plâtre,
la chaux, le fable & le ciment qui fervent à les
lier , tellement que de leur aifemblage, il réiulte
un tout folide & durable,
La Théorie & la Pratique font également nécef-
iaires pour cette partie eifentielle. La premiere
pour mettre en état de fe rendre compte du poid %
de la pouiTée & du détail de chaque genre de conk
truftion par le fe cours du DeiTein , du Calcul, de
la 'Géométrie , de la Mécanique, &c. La féconde
pour acquérir une expérience capable de con-
duire la main dans l'opération, & de connoître
la qualité 9 les propriétés & l'emploi des différents,
matériaux qui doivent être unis enfemble dans la
bâtifTe. Sans ces deux Parties, il ne fauroit y
avoir d'Architecte véritablement habile : car la
Théorie ■> quoique très - eifentielle en elle-même 9
ne fuffit pas feule pour opérer sûrement l'e-
xécution des bâtiments : elle ferait tomber dans
des défauts d'inadvertance , que l'expérience
apprend à éviter, tels font le double emploi,
la mauvaife qualité des matériaux, les mal-façons,
|kç., . D'un autre côtç* la Pratique devient peu
-ocr page 168-
i}S                     Cours
utile fans le fecours de la Théorie; uTïvku.Pm~
ûcim%
a dit avec raifon M. Frézier ·, η.φ t& g lus
fouvmt qiiun vieil ignorant Ça).
En effet avec de&
routines., on nefçauroit qu'agir au hafard, & que
multiplier les. dépenies fans uéceffité; il eil comme
impoïTible de fe rendre compte , foit des dévelop-
pements d'un Edifice ,., foit uqs rapports du tour,,
avec fes parties , foit des proportions des ordon-
nances d'Architecture dont l'exécution eft, comme;
l'on fçait, un des objets principaux de la Maçon-
nerie. En un mot,.la feule pratique eil infuiHfante;
dans l'Art de bâtir ; La théorie doit en être re-
gardée comme famé, & l'expérience comme le.
Corps qui ne peut fe mouvoir fans elle.
Pour traiter avec ordre de la Maçonnerie, nous,
allons commencer par faire connoître. les diffé-
rentes efpeces de matériaux qu'on y emploie, &;
les agents qui fervent à leur Uaifon, tels, que la
pierre, le marbre, le grais, la brique, le plâtre ^
la chaux, le fable & le ciment dont nous, expli-
querons particulièrement les bonnes ou mauvaifes,
qualités, les préparations & la main-d'œuvre. Après;
quoi nous traiterons delà maniere de fonderies bâti-
mens fuivant la diverfité des terrains ;, enfuit© nous,
parlerons de la conilru£tion des diverfes fortes de
murs, d^ gros & légers ouvrages, & enfin fuc-
ceflivement de tous les travaux qui fetvent à par-
faire la maçonnerie d'un bâtiment ordinaire.
Quant à ce qui regarde- la coniirucHon des.
voûtes, leurs pouffées , Iqs particularités de leur
bâtiffe, & les ouvrages qui n'ont lieu'que- rare-*·
ment, ou dans des Edifices d'importance, nous,
le rejetterons au commencement du VIe Volume.,
m 1 !       Mil ι ι.ι. Μι 111 π nii .........jul—f»»^» Ml| —^^fC !■■■■ ■        ι ιψ Μ. ιίι W HlBlllljl I) IUPIUWln.X l|Hm»,.
(«0 Traité de.. Stéréométrie. x Tome III..
-ocr page 169-
d'Architecture.           135
.CB—ynp —.--------^ «ypa ; . ,.,,; ■ , ,.,r~. ,-.,· jgt/.
CHAPITRE PREMIER.
Z>£ Ζ.Λ PlERRE EN GÊNÉ RAJL (a%
JL«A Pierre eit reconnue pour être la matière la
plus utile dans l'Art de bâtir. On en diftingue de
deux efpeces _, Tune dure & l'autre tendre. Tous
les pays ont leurs différentes fortes de pierre y
auxquelles pn s'affujettit pour la conftrutlion
des bâtiments ; auiîi le premier foin de FÀrchi-
teâe, doit-il être, avant même de projetter, de
viftter les carrières des environs du lieu où il s'agit
de bâtir , & d'examiner foigneufement leurs bonnes
ou mauyaifes qualités, foit en çonfultant les gens
du pays, foit en en expofant une certaine quantité
pendant quelque tems à la gelée (b) fur un terrain
\
ripiui iipi j»miii-'mi mmmmm '■ ' ' ' "<<                    »ι ■ "*■              ',■*■ '- "                  '. . ■ ' >m,· ■ ■·■■■ m . ι .■mil .m |ini|,i '■■_*.
(tf) Nous avons dit dans la Préface de ce V' Volume, quer
parmi le peu de Manufcrits qu'on nous avoir remis pour conti-
nuer ce Cours, nous avions trouvé l'article Maçonnerie, du
Dictionnaire de l'Encyclopédie , qui faifoit partie des leçons que
M. Blonde! diétoit a fes Elevés fur cet objet; c'eft pourquoi'
nous avons cru devoir en faire quelque ufàge pour ce qui re-
garde les qualités des matériaux d'un Bâtiment, & la maniere
de le fonder fuivant les différents terreins , eu nous permettant-
toutefois d'y faire beaucoup de changements & d'augmenta-
tions qui nous ont paru nécefîaires, tellement que ce que l'on
trouvera copié de cet article, & répandu dans les 80 pagest
fuiyantes , ne compote qu'environ 30 pages de notre format,
(b) La raifon pour laquelle elle fend la pierre., c'eft parce
qu'il, s'y trouve quelquefois des cavités imperceptibles remplies,
d'eau, qui, venant à s'eufler par l'effet de la gelée , fait effort
dans ces cavités pour occuper un plus grand efpace que celui où
elle efl reiferrée , de forte que la pierre rie couvant réfifter à
cet effort, fe délite 8ç tombe par éclat,.
ƒ
-ocr page 170-
140                       Cours
juimide; & ii elles réfiftent à cette épreuve fan»
fe fendre ou s'éclater, ce fera une marque indur
bitabîe de leur bonté.
Il faut avoir pour principe de pofei* dans le&
bâtiments les pierres fur leurs lits, c'eif-à-dire, dans
la même fituation qu'elles fe font trouvées placée?
dans la carrière lors de leur formation : car félon,
cette fituation elles font capables de réiifler à
île plus grands, fardeaux , au-lieu, que poiées fur
un autre fens , elles font très-fujettes à s'éclater &.·
n'ont pas à beaucoup près tant de force. Les bons,
ouvriers connoiffent d'un coup d'œil le lit tranët
pierre, mais fi l'on n'y prend garde, ils ne s'affu-
jettiiïent pas toujours à la pofer dans fon fens,
naturel.
La pierre dure eit celle que Ton emploie de
préférence dans le bas des Edifices, parce que
tes pores étant plus condenfés que ceux de la.
pierre tendre, ionx pius capables de fupporter un
poid confidérabîe , de même que les injures dit
tems , l'humidité , &c. Il n'y a que la gelée k
laquelle elle paroifle plus fujette caie: la. pierre^
tendre,
Pour qu'en général la-Pierre foit reconnue bonne*
il faut qu'elle foit pleine, d'un grain fin & uni,,
fans moïes ni fils , & qu'elle ne foit ni coquilleufe;
ni veinée. La pierre fe trouve ordinairement dii-
pofée dans les carrières par bancs plus ou moins
épais , & fe tire par gros quartiers , que,
fön débite fur i'aitelier , fuivant le befoin..
qu'on en a. Les, plus petits morceaux fervent de
libages ou de moeîons à l'ufage des murs de fon-.
dation , mitoyen & de refend, &c. Ces pierres
s'unifient les unes aux autres par le fecours dit
mortier fait de. fabje ou de ciment broyé. m$G:
-ocr page 171-
D 5 A k C H I f E È Τ U 11 E·3         ί4Ι
Hek chaux ou avec du plâtre, félon le lieu oit
l'on bâtit.                               % ,                 f"
On doit fçavoir qu'avant ' d'employer les
pierres, il faut en avoir abbatu tout le boufirt
qui eil à la pierre ce que l'aubier eil au bois ;
il éft "également préjudiciable d'en lauTer à l'une
Comme à l'autre : c'eil proprement une partie tendre,
qui n'étant pas encore bien formée & confolidée ,
eft fujette par conféquent à être diffoute par la pluie
ou l'humidité, de maniere que les lits des pierres
dures ou tendres, dont on n'a pas pris foin d'enle-
ver le boufin, tombent au bout de quelque tems en
pouiiiere, & que leurs arrêtes s'égrainent par le
poids de l'Edifice : ce qui fait dire à quelques ou-
vriers ,. pour couvrir leurs mal-façons , que c'eil
l'eifet de la Lune qui inftue fur la qualité de la
pierre. D'ailleurs ce boufin beaucoup moins com-
pad- que le refle de la pierre, & s'abreuyant fa-
cilement des efprits de la chaux, en exige une
très-grande quantité, & par conféquent demande
beaucoup de tems pour la fécher.
b—- m---------------------------'—'-----j-----"IM                                                     ~~                       "ΓΓ "
Article Premier.
Des différentes efpéces de Pierres dures,.
Gomme la qualité de la pierre diffère fuivant
les différents cantons* après avoir expliqué en
général ce qui conilitue fa bonté, nous nous bor-
nerons à parler des pierres que Ton tire des car-
rières des environs de Paris, & que l'on emploie
journellement pour l'exécution 'de fes bâtiments.,
La premiere pierre dure eft celle de liais, qui
porte ordinairement depuis fept jufqu'à dix pouces
-ocr page 172-
Î4i                       Cbùàs
de hauteur de banc {a), fy: dont on trouve quelques
carrières vers le Fauxhoiîrg Saint-Jacques à Parisi
Cette pierre s'emploie ordinairement pour la conk
trucHon des plus beaux Edifices; il y en a de deux
fortes, l'une que l'on nomme liais franc ou doux,
& l'autre liais férault. Le dernier eft le plus
dur , & il s'emploie par préférence dans les
dehors, ainfi qu'on s'en eft fervi pour la Chapelle
de Verfailles, celle de Meudon, &c# Ce liais, auffi
bien que le franc eft propre à revêtir les dedans
des appartements que l'on veut tenir frais, & oti
l'on veut éviter la dépenfe du marbre ; ces deux
efpeces de pierres recevant aifément la taille de
toutes fortes de membres d'Architecture, ainfi
que de Sculpture; c'eil pourquoi l'on en fait com-
munément des bafes de colonne, des cimaifes d'en-
tablement , des chambranles de cheminée dans les
maifons particulières , le pavé des antichambres 9
des
Salles à manger, en un mot toits les Ouvrages
où il faut que la pierre foit dure & fine.
Il y a encore deux efpeces de liais, l'un que
l'on nomme liais ro/equi reçoit très-bien le poli δε
quife tire vers S. Cloud ; l'autre qu'on nomme franc
liais de S. Leu,
qui fe tire vers les côtes de la
montagne de ce nom, & dont les bancs font de
la même hauteur que les deux précédents.
La féconde pierre dure & la plus en ufage dans
toutes les efpeces de bâtiments, eil celle à'Ar-
ceml
& de Bagneux près Paris ; elle fe diitingue
en haut & bas appareil: le premier porte depuis
18 pouces jufqu'à près de % pieds ~ de hauteur
ta) On appelle Banc, la hauteur des Piefres qui font recon-
nues parfaites dans la Carrière : il diffère félon l'efpéce de h
Carrière, & la qualité de la Pierre.
-ocr page 173-
D'A R C M Ι Τ Ε C Τ U R Ë.              &4%
Ûè banc : le fécond depuis ι pied jufqua 18
pouces. Celui - ci > eft ferme & également folide
partout : il fert à faire des marches, des cimaifes,
des feuiis, des appuis, des tablettes. On trouve près
de ce lieu une pierre qu'on nomme lambourde , qui a
le grain un peu plus gros & de couleur jaune , &
qui eft moins dure que celle d'Arcueil ; elle porte
environ la même hauteur de banc que les autres
pierres d'Arcueil. On l'emploie fotivent à Paris
au défaut de pierre tendre : elle eft fujette à la
gelée , & il faut la laiiier fécher fur la carrière,
avant de la mettre en œuvre.
On tire encore vers le Fauxbourg Saint-Jacques
une pierre grife appellée fotichet qui eft trouée,
poreuië & aifez femblable à celle d'Arcueil, mais
qui n'eft pas à beaucoup près auiïi bonne : elle
porte depuis ι % juiqu'à 16 pouces de hauteur de
banc : on remploie communément dans la conf-
tru&ion des caves.
La pierre de Tonnerre en Champagne, à trente
lieues de Paris, qui porte environ 18 pouces de
hauteur de banc, eft très-eftimée à caufe de fon
grain fin & ferré : elle eft plus tendre,, plus blanche
& aufli pleine que le liais. On s'en fert pour la
Sculpture ^ on en fait des figures, des vafes, des
thermes, &c. La fontaine de la rue de Grenelle
à Paris, eft toute bâtie de cette pierre, aufli bien
que la plupart de fes ornements : les ftatues de
la ne f Si du chœur de TEgHie de Saint-Sulpice,
& pluiieurs autres Ouvrages de cette nature ?
font aufli delà même pierre.
H y a une infinité d'autres fortes de pierres dures,
qui portent plus ou moins de hauteur de banc ,
& dont on fait ufage dans la conftruâion félon
la diverfité des bâtiments ou la proximité des
-ocr page 174-
'tiß                   Cour à ,'. α.,.
carrières , telles font, celle de Belle-Hache pûà
d'Arcueil, qui eil une pierre dure j mais cail-
îouteufe, qui a environ 18 pouces de hauteur dé
banc ; celle de Bombave près Vaugirard * qui porte
depuis 15 jufqu'à 24 pouces de hauteur de banc 5
celle de la Chauffée près Bougival proche Saint-
Germain-en-Laye, qui porte depuis 15 jufqu'à
24 pouces de hauteur de banc ; celle de Cliquart
près d'Arcueil s qui eil un bas appareil d'environ
7 pouces de hauteur, aiTez femblable au liais 9
'& fervant aux mêmes ufages ; celle de Saint-Gloud
qui porte depuis 18 pouces jufqu'à deux ou trois
pieds ; celle de Meudon qui porte depuis 14 juf-
qu'à 18 pouces de hauteur de banc ; celle de
Vernon qui porte 2 & 3 pieds de hauteur de
banc, & qui eil auiîî dure & auffi blanche que
celle de Saint - Cloud ; celle de Senîis , à dix
lieues de Paris * qui porte depuis 12 jufqu'à 16
pouces ; celle de Monteffon qu'oni tire des car-*
rieres près de Nanterre, & qui porte 9 à io pouces
de hauteur* que l'on emploie pour faire des vafes%
des baluilres y enfin la pierre de Caèn en Nor-
mandie , cette dernière efpece eil de couleur noire
d'ardoife, & fert affez fouvent de pavés pour les
compartiments des antichambres * falies à manger,
falle des bains , &c.
Il y a encore nombre de pierres dures, telles
que la pierre de Saint-Maur, de Vitry, de PaiTy*
&c,- dont les-hauteurs des bancs font inégales, &
dont on fait, foit des libages, foit des moilons, foit
de la pierre de taille.
                                               ι-4
Article II
-ocr page 175-
b * A R.c.H ι τ ε c τ υ R 't: 14$
■ad mtMmmvmmtmmmmmmiimimÊÊÊtammmfiÊmimmmtÊmmmeÊieeimmtmÊmÊeÊÊmteaÊaÊmmmÊmmam
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A ft Τ I C L E II.
Des différentes efpéces de Pierres tendres,
Les Pierres tendres ont l'avantage d'être plus
légères , de fe tailler plus facilement que les
autres, & de fe durcir d'ordinaire à ' l'air. De
toutes les pierres tendres, celle deSaine -Leu, à
dix lieues de Paris, eil employée le plus commu-
nément dans les bâtiments ; elle porte de hauteur
de banc, depuis environ deux pieds jufqu'à quatre»
& fe trouve aux environs de Saint-Leu fur-Oife :
fa nature, qui eil d'être rendre , douce & d'une
blancheur tirant un peu fur le jaune , doit faire
éviter de l'employer dans des lieux humides &
fous des fardeaux coniidérables ; c'eil pourquoi
l'on s'en fert dans les étages fupérieurs ,. comme
on,a fait au fécond Ordre du grand Portail de
l'Eglife de Saint. Sulpice , tant pour diminuer le
poids du haut d'un bâtiment («#), que parce quelle
eil d'un travail facile , & quelle ne laiife pas
néanmoins de réfiiler.
Au reite, il y a du choix dans la qualité de
cette pierre ; car il s'en trouve fur les côtés de la
montagne de Saint-Leu , qui peut pafier pour
dure , & dont le grain eil fin & uni. On trouve
auiîi vers ce lieu la pierre de Maillet & deTroßy,
que les Entrepreneurs employent le plus fou vent,
fous le nom de pierre de Saint-Leu.
(a) La Pierre d'Arcueilpefe environ ijolivres parpiedcube}
tandis que celle de Saint-Leu ne pefe que ny.
Tome V.                                    * }£
-ocr page 176-
6
ϊφ                       C Ο U 1 S
Il y a encore une efpéce de pierre de Saint-Leu »
oiion Homme Pierre de VergeUe^ qui eil de trois
fortes. La premiere eil dure, ruiliquée, remplie
de petits trous : elle réiiite bien au fardeau, & eil
d'un bon ufage pour les bâtiments aquatiques : on
s'en fert pour faire des voûtes de ponts, de caves,
d'écuries & d'autres lieux humides. La féconde forte
de Vergelée , qui eil beaucoup meilleure, fe tire
des carrières de Villiers près Saint-Leu. La troi-
Îieme , qui fe prend à Carriere-fous-le-Bois, eil
plus tendre , plus grife & plus remplie de veines
que le Saint-Leu, mais ne fçauroit réfiiler au far-
deau.
La Pierre de Craie eil une pierre tendre très-
blanche ? avec laquelle on bâtit en Champagne
& dans une partie de la Flandres. Cette pierre
porte depuis 8 pouces jufqu'à environ 14 ou 15 de
hauteur : on s'en fert auiïi pour tracer au cordeau,
& pour deiîiner.
La Pierre de Tuf eu. auiîi une pierre tendre, mais
ruilique & pleine de trous, à peu près femblable
à celle de Meulière, il y a quelques endroits en
France & en Italie , 011 l'on en fait ufage dans la
conftruélion des bâtiments.
On emploie encore comme pierre tendre celle
de Conflans S aime-Honorine , à cinq lieues de
Paris, près de Saint Germain-en-Laye. Son grain
eil très-fin : les Entablements des Colonnades de
la Place de Louis XV, & du Porche de la nou-
velle Eglife de Sainte-Geneviève , font exécutés
avec cette pierre.
Quant à la Pierre à Plâtre, elle eil profcrite des
bâtiments , attendu qu'elle eil d'une mauvaife
qualité, qu'elle fe mouline, s'écrafe fous le far-
deau y & fe pourrit dans l'humidité.
-ocr page 177-
d'Architecture,            147
Article II L
Des qualités de la Pierre*
Les qualités de la Pierre dure ou tendre 9 font
d'être vive , franche , pleine , poreuie , verte
& fiere. Définirions ce qu'on entend par ces
différents furnoms. La Pierre vive, eil celle qui
fe durcit dans la carrière comme dehors , tels
font les marbres , la pierre de liais , &c. La
Pierre franche eil la plus parfaite qu'on puiffe
fe procurer , & ne tient , ni de la dureté du
ciel de la carrière, ni de la mauvaife qualité de
celles qui font adhérantes à la terre. La Pierre
pleine
eil celle qui n'eft fujette à aucuns coquil-
lages , ni aux moïes, ni au boulin comme font le
beau liais , la pierre de Tonnerre, &c.
La Pierre poreufe fe nomme ainii, parce qu'elle
eft fujette à être trouée dans fes parements lorf-
qu'on Fa taillée, telle eil la pierre de Tuf, celle de
Meulière, &c.
On dit auiîî par rapport à la qualité de la pierre,
qu'elle eil verte lorfqu'elle fort de la carrière, &
qu'elle n'a pas encore jette ion eau; qu'elle eil
fiére, lorfqu'elle rélifte à l'outil 9 comme le liais, le
marbre, &c.
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-ocr page 178-
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Article IV.
Des façons de ία Pierre.
ON entend par façons, non-feulement les diffé-
rentes formes que reçoit la pierre par le fecours
de l'appareil, félon la place qu'elle occupe dans
un bâtiment, mais encore la premiere forme qu'elle
reçoit à îa fortie de la carrière, avant d'arriver dans le
chantier. Par exemple, on appelle Pierre d'échan-
tillon
, un bloc de pierre aflujetti à une mefure
envoyée par i'Appareilleur au Carrier, à laquelle
ce dernier eil obligé de fe conformer 3 avant que
de le livrer à l'Entrepreneur ; au lieu que toutes
les pierres , fans aucune mefure particuliere , font
autant de carreaux de diverfes grandeurs , que
l'on vend d'ordinaire au pied-cube fuivant un prix
courant.
On appelle Pierres de grand ou bas appareil, celles
qui portent plus ou moins de hauteur de banc,
après avoir été atteintes ait vif.
On nomme en général Pierre brute , la pierre
telle qu'on l'amené de la Carrière au Chantier,
& qui n'eil pas encore éboufinée ; Pierre bien faite,
celle ou il fe trouve peu de déchet en Féquarrif-
fant ; Pierre en chantier, celle qui eil callée par îe
Tailleur de Pierres, avant que d'être façonnée ;
Pierre débitée _, celle qui eil fciée (a); Pierre faite,
( a ) Il faut fçavoir que la pierre dure & la pierre tendre ne fe
débitent pas de la même maniere; l'une fe débite à la feie fans
dents 3 avec de l'eau & du grais, comme le liais , la pierre d'Ar-
cueil 5 l'autre à la fciç à dents /comme le tuf, le Saint-Leu, la
craie.
-ocr page 179-
d'Architecture*            149
celle qui eil entièrement taillée, & en état d'être
mile en place par le Pofeur; Pierre fichée, celle dont
l'intérieur des joints eil rempli· de mortier oir
de plâtre; Pierre de parpain, celle qui traverfe l'é-
paifleur d'un mur de face ou de refend, en faifant
double parement ; Pierre de refend , celle qui repré-
fente la hauteur égale des afiifes , & dont les joints
font refendus de diverfes manières ; Pierre en bof-
Jage,
celle pofée pour attendre des membres
d'Architecture, de Sculpture , &c;
Article V. »
Des différentes dénominations dé la Pierre.
Les Pierres tirent Couvent leur nom de la
place qu'elles occupent, ou de leur deilination.
dans le bâtiment. Par exemple , on appelle premiers
pierre
, celle qui, avant que d'élever les murs de
fondation d'un Edifice, doit renfermer dans une
cavité d'une certaine profondeur, quelques mé*·
dailles d'or ou d'argent , frappées relativement
à fa deilination , & une plaque de bronze fur
laquelle font gravés les Armes de celui par les or-
dres duquel on le conitruit. Cette cérémonie, qui
n'a lieu que pour les Monuments publics ? fe fait
avec plus ou moins de fomptuofité & de magnifi-
cence, félon la dignité du perConnâge, & l'impor-
tance de l'édifice , ainfi qu'on l'a obfervé avec
pompe , Lorfq-ue Louis XV a'pofé la premiere
pierre de l'Eglife de Sainte-Geneviève à Paris, en
1764. Cet ufage exiiloit du tems des Grecs; &
c'eil par ce moyen qu'on a pu apprendre les épo-
ques, de l'édification de leurs principaux édifices^,
. Kiii
-ocr page 180-
150                        Cours
époques qui fans cette précaution , feraient tom-
bées dans l'oubli, par la deflruâion de î^urs bâti-
ments , dans les diverfes révolutions qui font
furvenues.
On appelle dernière pierre, celle qui fe pofe fur
l'une des faces d'un édifice public, & fur laquelle
on grave des Infcriptions, pour apprendre à la
Poilérité le motif de fon édification , ainfi qu'on
l'a pratiqué fur les piçdeitaux des Statues des
Places de Louis XV j de Louis XIV , & de
Louis XIII, à Paris; aux Fontaines publiques;
aux Portes Saint-Martin, Saint-Antoine ^Saint-
Denis, &c, & depuis peu au bâtiment des nou-
velles Ecoles de Chirurgie.
Les pierres d'attente font celles qui lors de la
conitruclion d'un mur de face, laiffent des harpes
ou. arrachements pour attendre la conilruéBon de
celui du voifm, lorfque les Propriétaires bâtif-
fent dans des tem s différents.
On appelle pierre percée, celle deitinée à donner
du jour & de l'air à une cave, & qui fe pofe ordi-
nairement fur le pavé d'une cour, d'une remife,
d'un paffage, &c; & pierre à chajjis , celle qui a une
ouverture quarréë, ou parallélogramme , de quel-
que grandeur que ce foit , avec feuillure pour
recevoir un grillage de fer maillé, deiliné au même
ufage que la pierre percée.
On entend par pierres jeßices, toutes celles, qui
fe peuvent pofer à la maià dans toutes fortes de
conilruclions, & pour le tianfport defquelles l'on
n'eff pas obligé de fe fervir de machines pour les
amener de l'attelier fur le tas.
On donne le nom de pierres perdues, à celles que
l'on jette dans les Fleuves ou Rivières, lorfque
l'on veut y conilruire quelques piles, & que la
-ocr page 181-
d'Architecture.           β5* ■
profondeur ou la qualité du terrain ne permet pas
d'y enfoncer des pieux.
Les pierres méguLieres ou incertaines , font celles
qu'on employé fans y travailler du marteau, au
fortir de la carrière.
                                        λ _
Enfin chaque pierre, fans avoir égard a fa
qualité, porte le nom de l'ufage auquel elle eit
deftinée dans un bâtiment. On appelle évier, une-
pierre creufée, que l'on place dans un lavoir ou
une cuifine, pour laver la vaiffelle. On nomme
une auge , celle que l'on met dans les baffe-cours
pour abreuver les chevaux. Les bornes font des
pierres qui fe placent en délit vis-à-vis les pied-
droits d'une porte codiere, ou d'une remife pour en
éloigner les voitures. On dit encore unfeuil, un banc,
un appui : l'un fe pofe à rez-de-chauffée au bas d'une
porte ; l'autre fe place dans des cours, des jardins
ou à côté de la principale porte des grands Hôtels;,
le troifieme enfin fe pofe dans le bas du tableau
d'une croifée.
Article VI.
Des défauts de la Pierre.
De toutes les pierres dont nous venons de
parler , il n'en eft pas qui n'ayent des défauts,,
capables de les faire rebuter pour la conftruaion:
par exemple, il faut éviter d'employer celles qui
forment le premier banc dans les carrières, étant
fouvent défetliieufes , ou feulement composées
de boulin qui η eft d'aucune valeur ; celle qui eft
coquilleufe, parce que lorfqu'èlle eft taillée, fou
parement ne peut être beau. » celle qui eft huimide»
-ocr page 182-
152                       Cours»
parce qu'elle eil fu jette à fe fégeler s ou à fe
feuilleter.
Ces défauts ne font pas les feuls à éviter; il en
eft qui regardent la taille, & qui doivent faire re-
buter les pierres , telles que celles reconnues au
fortirdela main de l'Ouvrier, pour n'avoir pas les
parements oppofés paralleles , lorfqu'ils doivent
l'être fuivant l'épure ou le calibre , & celles dont
les furfaces ne fe bornoient pas , ou qui ne fe peu-
vent retailler lans déchet. 11 faut auffi éviter avec
foin d'employer la pierre en délit, ou celle qui eft
taillée , de maniere à pouvoir être pofée fur fou
parement & non fur fon lit«
^WÜ H Τ       I, UM..... Il, IIHUMWlll ι ι υ------ΙΡΙ .m ' —WW ' · -- —--wr- ι .|i]i ■■■■ -.....■■■■-- ■ ——1^        IH..........""*■
Article VIL
Des Libages.
Les Libages font de gros quartiers de pierre %
qui ne peuvent être fournis à la toife par le Car-*
rier , étant trop brutes & trop irréguliers pour
être équarris ; on les employé ordinairement
dans les fondations , parce qu'ils font durs , &
qu'ils proviennent le plus fouvent du ciel de la
carrière ou d'un banc trop mince. La qualité des
libages eft proportionnée à celle de la pierre des
différentes carrières d'où on les tire. On les ven-
doit ci-devant à la voie (#), qui en contenoit
cinq & quelquefois fix ou fept. Mais maintenant
on les vend communément au pied cube comme
la pierre.
μ La pierre de Meulière fert auffi, dans les fonda-
\X'a) La voie depiçrre contient ordinairement 15 pieds cubes*
,1
-ocr page 183-
d'Arc Hi tsc τ ure,           153
dations , le mortier Raccrochant facilement a ies
cavités ; mais il y a lieu de craindre les taffements
& les affaiiTements , à caufe de fon irrégularité &
de la grande quantité de mortier qu'il faut em-
ployer pour en remplir les interftices \ ce qui
empêche cette connruction de fécher aufli prom-
ptement", que lorfque le Jit des pierres eil uni.
Cependant il faut convenir que ce mortier étant
une fois bien pris , l'on peut être affuré d'une
bonne & folide eonilru&ion, parce que s'y inii-
nuant mieux que dans toute autre forte de pierres,
il ne fait plus qu'un corps avec elles ; tellement
qu'il eil prefque impoflible de détruire les murs
qui en font bâtis; ainfi qu'on le remarque dans les
démolitions des anciennes conitruûions de cette
efpéce. Gomme cette pierre offre un coup d'oeil
raboteux & inégal , on obferve communément
d'en ravaler l^s parements, foit en mortier , fok
en plâtre.
Article VIII.
■Du Motion.
Le Moilon provient, foit de l'éclat de la pierre,
foit d'un banc peu épais que l'on a débité ainfi.
Sa* qualité principale eil d'être bien équarri , &
bien giflant ; parce qu'alors il. a plus de lit, &
çonfomme moins de plâtre ou de mortier. Le
meilleur eit celui d'Arcueil : la' qualité des autres
eil proportionnée à la pierre des carrières d'où
on le tire , ainfi que celui du Fauxbourg Saint-
Jacques, du Fauxbourg Saint-Marceau, de Vau-
girard & autres.
-ocr page 184-
154                       Cours
On employé le moilon de quatre manières
différentes dans la conftmâ-ion. La premiere con-
nue à le poier horiibntalement fur ion lit, & en
liaifon pour la conilruclion des murs mitoyens
& de retend, &c. La féconde comiile à le pofer en
coupe, c'eil-à-dire fur fon champ pour la con-
itruclion des voûtes. Suivant la troiiieme , il eil
d'ufage , après l'avoir équarri & pofé , de piquer
fon parement avec la pointe du marteau ; c'eiï
ainfi qu'on l'employé fouvent pour la coniforuclion
des voûtes de caves, des murs de hafîes-cours %
des murs de clôture } &c. Quant à la quatrième ,,
qu'on nomme d'appareil , elle exige qu'il foit
équarri & choiii de hauteur égale, pour la con-
ilruclion des murs de face , de terraffe, &c.
Le moilon ainfi que la pierre a hefoin d'être
ébouiiné, cette partie tendre & humide n'ayant
aucune confiilance , empêchant ldfeiortier ou le
plâtre de s'accrocher , & arrêtant par cette humi-
dité l'activité des fels de (es agents , qui feuls
forment les liens de tous les minéraux. On fe fert
du moilon pour l'exécution de toutes fortes de
murs de face, de refend, de clôture, de terraffe ,
de puits, des voûtes de cave , des fondements d'uh
bâtiment : l'Entrepreneur l'acheté à la voie ou à la
îoife.
■——ΕΙ—Μ.....«—,»■.....umi Fiif j..-î»xjj^mi.<,wiiiiiiiii—ii«iiihi mim......iiinag,.
^m ■ ι'n w% m m ■!■■»■                                                   ι                                       ι ' -y                                            ,............
Article IX.
Ou Grais.
Le Grais peut être rangé au nombre des pierres t.
c'eft une efpéce de roche qui fe débite en tous fens
& par carreaux, dont les plus ordinaires font de
>
-ocr page 185-
d'Architecture.           if5
2 pieds de long fur ι pied de hauteur & d'épaifteur.
On en diftingue de deux efpéces : lune tendre, que
l'on employé à la conitru&ion des Bâtiments ( a) »
pour les Grottes , les Fontaines, &c; l'autre dure ,
qui fert à paver les rues , les cours, les places pu-
bliques , les grands chemins, &c. Le plus beau
& le meilleur eft le plus blanc, (ans fils , d'une
dureté & d'une couleur égale. 11 n'a point de lit,
& fe débite en tous fens de telle longueur que Ion
veur.
Comme le grais dans ion principe eit un com-
pofé de grains de fable unis enfemble , qui s'atta-
chent fucceffîvement les uns aux autres , pour te
former par la fuite des tems en blocs ; il eft évi-
dent que fa conilitution aride exige, lors de la
conftruition , un mortier tout compofé de chaux
& de ciment, & non de fable, parce qu'alors les
différentes parties angulaires du ciment , s'infi-
nuânt avec une forte adhérence dans le grais,
unifient fi bien par le fecours de la chaux toutes
les parties de ce foflile , qu'elles ne font pour ainfi
dire qu'un tout : ce qui rend cette conftrucïion in-
diffoluble, & très-capable de réüfe aux injures
des tems,
                                       _,          '■:
Il faut néanmoins ufer de la précaution de for-
mer des cavités en zigzag dans les lits de cette
pierre ; afin que le ciment puiffe y entrer en plus
grande quantité, & n'être pas fujet à fécher trop
promptement par la nature du grais , qiu sa-
breuvé volontiers des efprits de la chaux ; parce
qu'alors , le ciment fe trouvant dépourvu de cet
.                                                                      [in||                                  -n---------______                                          il.                                 ' '                    '"^**™—1
(a) Fontainebleau nous ofFre des ouvrages d*Archite#ure
exécutés e* grais, d'une foliditc à l'épreuve du tems, & d une
aflez belle ordonnance.
/
-ocr page 186-
ï$6                       Cours
agent, n'auroit pas feul le pouvoir de s'accrocher,
& de s'incorporer dans le grais qui, pour contra-
cter une liaifon iblide , a beibin de tous ces
fecours. Les parements doivent être piqués , ne
pouvant être liiTés proprement qu'avec beaucoup
de tems. La taille du grais paiTe pour être fort
dangereufe aux Ouvriers novices > par la fubtilité
de la vapeur qui en fort, & qu'un Ouvrier au fait
de ces fortes d'ouvrages évite en travaillant en
plein air & à contre-vent. Le Commentateur de
Bullet, prétend que cette vapeur eit fi fubtile ?
qu'elle pénètre les pores du verre; & qu'une bou-
teille d'eau bien bouchée , placée près de l'ouvrage
d'un Tailleur de grais , fe trouve quelques jours
après couverte dans le fond d'une pouiliere de
grais très-fine.
Une descaufes principales de la dureté du grais,
provient de ce qu'il fe trouve prefque toujours à
découvert, & qu'alors l'air le durcit extrêmement*
ce qui doit nous initruire qu'en général, toutes les
pierres qui fe trouvent dans la terre , fans beau-
coup creufer, font plus propres aux bâtiments
que celles,que l'on tire du fond des. carrières. C'eâ
# à quoi les Anciens apportaient beaucoup d'attea-
tion ; car pour rendre leurs Edifices d'une plus..
longue durée, ils ne fe fervoient que des premiers
bancs des carrières ; précautions que nous ne poiir
vons prendre en France , la plupart de nos car-
rières étant prefque ufées dans leur fuperikie.
Le caillou de roche eft encore employé pour
la conitrucüon dans certaines Provinces % ainu que
quantité d'autres minéraux qui fe lient les uns aux
autres avec du mortier : c'eit l'excellence de celui·»
ci qui fait la bonté de ces fortes de bâtiffe.
-ocr page 187-
o'Archî tecturë; ï57
«
C HAPÎTRE I I.
D V M Â R JB R È EN GÊNER AL.
τ                                               
JUE Marbre eit une efpéce de pierre ou roche, qui
porte le nom des différents Pays où font fes car-
rières dont on le tire. îl s'en trouve de plnfieurs
couleurs ; les uns font blancs ou noirs ; d'autres
font variés ou mêlés de taches, veines, mouches,
ondes & nuages diiîeremment colorés : les uns &
les autres font opaques ; le blanc feiü eil tranfpa-
reatj lorfquïl efl débité par tranches minces :auffi
M. Felibien rapporte-t-il que les Anciens s'en
fervoïent au lieu de verre pour les croifées des
Bains , Etuves & autres lieux que Ton vouloit ga-
rantir du froid ; & qu'à Florence il y avoit une
Egliie très bien éclairée , dont les croifées en
étoient garnies. Le marbre n'a point de lit; & il n'eit
pas toujours dîme dureté égale, L'on en diftingue
de deux efpéces; Tune que l'on nomme Antique,
& l'autre Moderne, Par marbre antique '; on en-
tend celui dont les carrières font perdues ou
înacceiîibles , & dont nous n'avons connoiiTance
que par quelques ouvrages des Anciens : par
marbre moderne, on entend celui dont les carrières
font exiftantes , & dont on fait a&uellement ufage
dans les bâtiments, il s'employe le plus commu-
nément, à caufe de fa cherté, par incruftation 9
ou par revêtiiiément 9 étant rare qu'on en faffe
ufage en bloc & en parpain, à l'exception des co-
lonnes, des figures , des vafes, &c. Les Châteaux
-ocr page 188-
Ifg                       € OURS
de Verfailles * Trianon &-Marly, fourniiTent d*afïez
beaux exemples de l'emploi de cette matière, dans
la décoration intérieure & extérieure de leurs bâti-
ments , auffi bien que dans les différents bofquets
de leurs jardins.
Quoique la diverfité des marbres foit prefque
infinie, cependant on les réduit à deux ei'péces ,
l'une que Ton nomme veiné, & l'autre bricht; ce
dernier , au lieu d'avoir des veines , eil compofé
d'un amas de petits cailloux de diverfes couleurs
fortement unis enfemble ; de forte que , lorfqu'il fe
caiïe , il s'en forme autant de brèches, qui lui ont
fait donner ce nom.
Article Premier.
Des Marbres A,uiques.i:
Le Porphyre paiTe pour un des plus beaux mar-
bres antiques , & pour le plus dur. Il fe tiroit de
Numidie en AfTrique : il s'en trouve de rouge , de
verd &de gris. Le rouge eil fort dur, & couleur
de lie de vin, femé de petites taches blanches : il
reçoit très-bien le poli : le plus beau eil celui dont
le rouge eil le plus vif, & dont les taches blanches
font les plus petites : Daviler rapporte que les co-
lonnes de Sainte-Sophie à Conilantinople, font de
ce marbre , & patient 40 pieds de hauteur : on en
voit des Vafes & des buftes d'une moyenne gran-
deur , dans la Gallerie du Château de Verfailles,
dans celle du Château de Meudon , ■& dans les
Jardins de Marly. Le porphyre verd eil le plus
rare; il a la même dureté que le précédent'} il eil
entre-mêlé de petites taches vertes & de petits
-ocr page 189-
d'Architecture; ι jp
points gris. Quant au porphyre gris, il eft tacheté
de noir , & beaucoup plus tendre.
, Le Lapis eil ie plus eftimé de tous les marbres ;
fa couleur eil d'un bleu foncé > mouchetée d'un
autre bleu plus clair , tirant fur le céleile , & entre*
mêlé de quelques veines d'or j on en voit quelques
pièces de rapport à plufieurs tables dans les appar-
tements de Trianon & de Marly : la Chapelle de
Saint Ignace , dans FEgliié de Jefus à Rome, eft
entièrement revêtue de ce marbre ; ce qui rend fa
décoration extrêmement précieufe.
Le Serpentin eil un marbre qui fe tiroir des
carrières d'Egypte. Ce marbre eil fort rare, & la
grandeur de fes blocs eil peu coniidérable ; ce qui
fait qu'on ne peut l'employer que par incruilation :
fa couleur eft d'un verd brun avec de petites taches
quarrées & rondes , mêlées de quelques veines
jaune, & d'un verd pâle couleur de ciboule : fa
dureté tient de celle du porphyre. On en voit
quelques tables dans les Appartements du Roi.
VAlbâtre eil un marbre tranfparent fort eftimé :
le blanc fur-tour eil très - recherché pour les fi-
gures de moyenne grandeur, & pour les vafes : il
eft fort tendre fortant de la carrière ? mais il fe
durcit beaucoup à l'air ; on en trouve communé-
ment dans les Alpes & les Pyrennées : celui qui eft
de couleur variée fe nomme Oriental y & il eft
mêlé de veines rofes , jaunes, bleues , & d'un
blanc fort pâle : on en fait des vafes d'une moyenne
grandeur , tels qu'on en voit dans la grande Gal-
lerie de Verfailles.
Le marbre Affricain eft tacheté de rouge brun,
& a quelques veines de blanc fale , & couleur de
chair avec quelques filets d'un verd foncé ; on en
I
-ocr page 190-
ï6ù                      Cours
voit quatre confoles au tombeau du Marquis de
Geivres, aux Céleitins à Paris.
Le marbre Blanc antique fe tiroit ûqs carrières
de la Grèce : c'eit de ce marbre dont on voit de
fi belles ilatues aujourd'hui en Italie.
; Le marbre Blanc & Noir antique, dont les car-
rières iont perdues , eil mêlé par plaques de blanc
très-pur , & de noir très-noir; il reçoit très-bien
le poli : on en voit deux colonnes Compoiites dans
une des Chapelles de l'Eglife des Feuillants, rue
Saint Honoré à Paris, & deux Corinthiennes dans
la Chapelle de Saint Roch aux Maîhurins.
Le marbre Noir antique eil d'un noir pur & fans
tache ; les carrières s'en trouvent dans la Grèce :
l'on en a vu des colonnes de 38 pieds.de haut dans
le Palais que Marcus Scauriis iè fit bâtir à Rome.
Les Egyptiens en ont tiré d'Ethiopie , mais qui
n'étoit pas ii noir. L'Empereur Vefpafien en fit
faire la figure du Nil, accompagnée de celle des
petits Enfants qui fignifioient les crues de ce Fleuve,
& qui de fon teiris fut pofée dans le Temple de la
Paix : on en voit encore une figure repréfentant une
Reine d'Egypte , dans le vcftibule de l'Orangerie
de Veriaiîles.
Le marbre de Brocatdk eil mêlé par petites
nuances de couleurs Iiabelle, jaune , rouge, pâle
& grife; il fe tire d'une carrière antique , iituée en
Efpagne & près de Tortoie en Andaloufie. Les
colonnes Corinthiennes du Maître-Autel des
Mathurins, & les colonnes Compofiîes du Maître-
Autel de Sainte-Geneviève à Paris , font de ce
marbre. On en voit encore quelques blocs d'une
moyenne grandeur dans les Magaiins du Roi, &
quelques chambranles de cheminées dans les Ap-
partements de Trianon.
Le
;·' *
-ocr page 191-
Ö * A R C H I t E C Τ U R E.          ï6i
Le marbre de Jafpe antique eil verdâtrêj mêlé
ûe petites taches rouges : il y a auffi du jafpe noir
& blanc par petites taches, qui eft très-rare. On
appelle en général marbre jafpé, celui qui appro-*
che du jafpe antique : on en voit communément
clés chambranles dans les Appartements de Ver-
failles , de Meudon, & d'autres Maifons Royales.
Le marbre de Paros eft un marbre blanc anti-
que fort eftimé chez les Anciens > qui en faifoient
de belles Statues : on en remarqué quatre beaux
vafes dans la Salle des Maronniers du jardin de
Trianon.
Le marbre Verd antique eft mêlé de verd de
gafon, & de noir par taches d'inégales formes &
grandeurs ; il eft à préfent fort rare, les carrières
en étant perdues ; on en voit quelques chambranles
de cheminées au vieux Château de Meudon*
il y a une infinité d'autres marbres antiques, tels
que le Granit, le Jade, la Brèche, le Verd d'Egypte^
la Pierrede Touche, le Jaune de Sienne ,1e Chip o Un 9
le Porte-or, Sic 9
qui ne différent que par des
couleurs plus ou moins foncées, & que l'on con-
noît en général fous le nom des Pays dans lesquels
fe trouvent les carrières qui les ont produits s &
qui étant de la même efpéce & de la même qualité *
nous difpenfent d'en parler ici.
'j^—'"""TUM——IWI—H ■MMIIUIWI—■■■■MUH l'I I......" IIPWIIIIWII......■wmBll'llllMilMUMPWÎPlHllllllHHMÎIrtU
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A R Τ I C h Ê I I.
Des Marbns Modernes, / * '
Le plus beau Marbre Blanc moderne vient dé
Carare , près de Gènes en Italie , où il s'en trouvé
des blocs de telle grandeur qu'on veut : on tire
Tome V,
                                        L
■H
-ocr page 192-
ι6%                     G o y Rs
aufli en France du marbre blanc des Pyrennées ;
mais ni l'un ni l'autre ne font pas ii durs que l'an-
tique , bien qu'ils ayent le grain très fin, & qu'ils
reçoivent très bien le poli.
Le marbre de Languedoc eil un des plus communs ;
il y en a de deux efpéces ; l'une fe tire de la Ville de
Cofne en Languedoc ; fa couleur eft un fond
rouge de vermillon fale , entremêlé de grandes
veines & de taches blanches ; on en a revêtu ie focle
des piliers de la nef de FEglife de Saint-Sulpice à
Paris ; les colonnes Ioniques de la cour du Châ-
teau de Trianon font aufli de ce marbre. L'autre
qui fe tire de Narbonne, eft de couleur blanche,
grife & bleuâtre, & eft beaucoup plus eftimé.
Le marbre du Bourbonnois , eft d'un rouge
fale, & d'un gris tirant fur le bleu, mêlé de veines
d'un jaune laie ; on en fait ordinairement les com-
partiments de pavé des Sanctuaires, des Salions, des
Périftiles; la Gallerie du nord à Verfailles, de plein-
pied à la Chapelle, eft pavée de ce marbre.
Le marbre de Rame fe tire du Hainaut, δε eft
d'un rouge fale , mêlé de veines & de taches blan-
ches & bleues. 11 s'en trouve de différentes
qualités. Les fix grandes colonnes du Maître-Autel
de la Sorbonne font de ce marbre.
Le Serancolin fe tire d'un lieu appelle le Val-d'Or
ou la Vallée-d'Or , proche Serancolin , aux pieds
des Pyrennées. Il a pour fond une couleur grife
& jaune , mêlée d'un rouge couleur de fang ; il eft
fujet à être filandreux. Le beau marbre de cette
efpéce eft fort rare , la.carrière en étant épuifée:
la bafe du tombeau de M. le Brun, à FEglife de
Saint-Nicolas du Chardonnet, eft de ce marbre :
il y en a encore d'affez beaux chambranles de che-
minées dans le Palais des Tuileries, &c.
-ocr page 193-
;
D'ARC Η IT £ € TU Ε É*        tÇf
Le marbre de Griote eil de couleur de ch^fë
foncée, & veinée de taches rouges, On l'appelle
ainiij parce que ce ronge tient de la couleur des
griotes ou cerifes : on en voit de beaux cham-
branles dans les Appartements de Trianon.
Le marbre Verd-campan eft rouge , blanc 8£
verd, mêlé par taches & par veines , qui font d'urt
verd plus vif mêlé de blanc feulement. Il n'y a
que ce dernier qu'on nomme proprement Verd-
campan. Le plus beau & qui foit du plus
grand calibre, fe voit aux huit colonnes Ioniques
du Château de Trianon du côté de là cour. Les
carrières de ce marbre, fe trouvent près de Tarbgs
en Gafcogne. ,
Le marbre Ferd moderne eft de deux efpeces*
l'une fe nomme improprement Fera d'Egypte, &
fe tire près de Carare, fur les côîes de Gènes ; il
en: d'un verd foncé, mêlé de taches gris de lin, &
d'un peu de blanc : l'autre fe nomme Verd de mer,
qui eft un marbre moderne fort eftimé, & d'uri
verd plus clair avec des veines blanches : on eu
voit quatre colonnes Ioniques aux Carmélites du
Fauxboiirg Saint-Jacques à Paris.
Le marbre de Brecht violette , eft celui qui éiï
général a le fond brun fale avec de longues veines
& taches violettes , entre-mêlées de blanc : les plus
belles colonnes qui fe voient de ce marbre , font
celles dé la Colonnade , dans les bofquets âii
Jardin de Veriailles ί on en voit des blocs affes
coniidérables dansles Magafms du Roi. On appelle
Breche blanche i celle qui eil mêlée de violet,, de
brun & de gris avec de grandes taches blan«
ches ; Brèche dorée $ celle qui eft mêlée d&
taches jaunes & blanches ; Brèche corallm 9
-ocr page 194-
"|$4 ·.'·■ *'■ -V^C t)UKS
celle qui a quelques taches de couleur de corail l
& qu'on nomme auffi brèche ferancolin.
On nomme Große breche celle qui eil par taches
rouges, noires, grifes, jaunes , bleues & blan-
ches , & qui réunit les autres couleurs de toutes
les brèches. Deux des colonnes Ioniques de la
ChâiTe de Sainte-Geneviève , font de ce marbre.
Le marbre Blanc veiné eil mêlé de grandes
veines, de taches grifes & bleues fur un fond blanc.
Ce marbre vient de Garare ; il eil fujet à jaunir &
à fe tacher : on en fait des piedeilaux , des enta-
blements & autres ouvrages d'Architeclure.
Il y a fans doute quantité d'autres marbres
modernes , tels que le Bleu turquin , le Verd de
mer Λ
&c. Mais comme ils différent peu de ceux
dont nous venons de parler , l'exercice fuifira pour
en acquérir la connoiifance. Au furpUis , ceux qui
pourroient defirer être inilruits plus particulière-
ment de la diverfité des marbres , n'ont qu'à con-
fulter le Dictionnaire dArchitecture de Daviier, où
l'on trouvera le détail de près de 80 efpéces.
Outre les marbres naturels , il y en a d'artifi-
ciels , qui font compofés de gipfe en maniere de
iluc, dans lequel on introduit diverfes couleurs pour
imiter le marbre : cette composition quoique d'une
confiilance afTez dure , eil fujette à s'écailler &
craint l'humidité. On fait encore des marbres arti-
ficiels avec des teintures corrofives fur du marbre
blanc , qui imitent les différentes couleurs des
autres marbres , en pénétrant de plus de 4 lignes
dans fon épaiffeur : ce qui fait qu'on peut
peindre deflus des figures & des ornements de
»toute efpéce; en forte que fi Ton pouvoir débiter
<:e marbre par feuilles très-minces , on auroit au-
/
-ocr page 195-
d'Architecture.            ió~f
tant 'de tableaux de même façon. Ceti à M. ig
Comte de Gaylus qu'on doit cette invention.
ΠΒΒΒΒΕ3ΕΒΒΜΜΜΕ)ΒΒΒ3ΗΒ
A" R Τ I C L Ε IIL
Des Défauts du Marbre.
Les Marbres, ainfi que la Pierre , ont des
défauts capables de les faire rebuter. Ainfi on
appelle marbre fier, celui qui à caiife de fa troj>
grande dureté , eil difficile à travailler ; marbre,
filandreux Λ
celui qui a des fils qui le traverfent 9
ainii qu'on le remarque aux-marbres de diverfes
couleurs , comme le Rance , le Serancolin, &c;
lerraßeux 3 celui où l'on reconnoît des parties ten-
dres par endroits , appellées terraßes , qu'on eil
foiirent obligé de remplir de maille ou de fluc;,
comme font la plupart des Brèches, le Languedoc f
& plufieurs autres ; camelota , celui qui après
avoir été poli , paroit tabifé ou terne ; ce qui
le fait rnéfeilimer pour des ouvrages d'importance y
enfin marbre Pouf, celui qui étant de la nature de
grais, ne peut former de vives arrêtes , & ainfi des
autres défauts , qui regardent plutôt la Pratique
que la Théorie.
-ocr page 196-
ι66                    C o ν R s
'A R Τ I C h E Ι V.
]Dçs Façons du Marbre. r<
Le marbre reçoit diverfes dénominations à me-
fure qu'on le travaille.
On Rappelle marbre brut, quand il arrive de la
carrière en bloc d'échantillon, ou feulement par
quartier pour être enfuite travaillé.
            *
On le nomme marbre degroß, lorfqii'il eil débité
dans le chantier à la fcie , ou feulement équarri au
marteau , félon la difpontion d'un vafe , d'une
figure, &c.
On l'appelle marbre ébauché, lorfqu'il a déjà reçu
quelques membres d'Architecture ou de Sculpture,
& qu'il eil travaillé à la double pointe pour la pre-
miere façon , ou approché avec le cifeau pour la
féconde.
On l'appelle marbre βη,Ί ou terminé , quand il
eil prêt à être pofé en plaee , ayant reçu dans le
chantier toute la main-d'œuvre néçeiïàire pour
remplir l'objet qu'on fe propofe.
On le nomme marbre poli ., aprè* qu'il a été
frotté avec le grais & le rabot de bois dur , &
enfuite repaffé avec la pierre-ponce, qui eil une
pierre qui a le grain plus fin que le grais ,'& en-
fin poli au tampon de linge à force de bras , avec
delà potée d'émery pour les marbres de couleurs;.
&dela potée d'étain pour les marbres blancs, parce
que l'érnery les rouiïïroit.
Enfin on le déiigne fous le nom de marbre mat,
quand il a été préparé & frotté avec de la peau de
-ocr page 197-
d'Architecture.           167
chien de mer {a) ou de la preile [b), à deffein de
détacher des membres d- Architecture > ou des orne-
ments de deffus un fond poli ;& fous le nom de mar*
bu piqué,
quand dans des ouvrages ruiliques , il eft
piqué avec la pointe du marteau, pour détacher
les corps faillants de deffus les rentrants , ainii
qu'an en ufe aux Grottes , Fontaines , Caf-
cades, &c.
O) Chien de mery forte de PouTon de mer , dont la peaü a
une certaine rudeife.
(£) Preße, efpéce de Plante aquatique très-rude.
Liv,
-ocr page 198-
ï6B                       Cours
PjÉSJgfea
C Η Α Ρ IT.RE til
4 .£># i4 Brique , et de la maniere-
de LA FABRIQUER.
JLjA Brique eft une efpéce de pierre artificielle
qui fe jette en moule , & dont la couleur eit
rougeâtre ou jaunâtre. Elle, elt très-nécefîaire dans
la conitruition des bâtiments ; & s?employe fur-
tout utilement dans les lieux où la pierre n'çft
pas commune : elle fe lie très^bien avec le mortier
& le plâtre ; & il y a même des genres de çonf-.
truclion où elle eil préférable à tous les autres ma-
tériaux, comme dans l'exécution des voûtes légere^
qui exigent des murs . d'une moindre épaiiieur
pour en retenir la pouflee , que< des voûtes en
pierre , dans celle des tuyaux de cheminée %
des foyers , des contre-cœurs, &c. . . Il y a peu
de Cantons qui ne fournifTent de la terre propre à
faire de la brique ; & comme cette connoiffance
peut être fort utile à un Architeâ;e, fur-tout quand
la pierre eil rare dans le Pays ? où il a occaiiom
de bâtir, c'eft pourquoi nous allons expofer fom-
mairement les qualités qui lui font eflentielles, &
la maniere de la fabriquer.
La terre propre à faire la brique doit êtî?Q
graife , forte, de couleur grife , fans cailloux , ni
gravier ; il y en a de rouge, mais elle n'eft pas,
eftimée la meilleure; l'expérience ayant fait con-
noître que les briques qui en font faites , étoient
fujettes à fe feuilleter & à fe réduire en poudre
-ocr page 199-
Γ              d'Architecture.           169
à la gelée. En général on remarque qu'une terres
eu bonne à faire de la brique, lorfqu'après une
petite pluie} on s'apperçoit qu'en marchant deffus %
elle s'attache aux fouliers , ou bien lqrfqu'en la
paîtriffant avec les mains, on ne la peut divifer
qu'avec peine. Cette terre étant reconnue conve-
nable, il faut l'expofer par monceaux à la gelée à di·*
verfes reprifes dans des tems différents , & la re-
muer avec le rabot jufqu'à ce qu'elle foit bien
corroyée. On choifit les mois de Décembre, Jan?
vier & de Février pour la préparation de cette - ;S
terre , afin quelle éprouve les rigueurs du froid 3
qui contribue à lui donner plus de qualité; de
forte qu'en la fabriquant enfuite fuivant la gran-
deur du moule qu'on aura préparé , elle ait le
tems de fécher pour être cuite au four, vers les
mois de Mai ou de Juin. Il eft bon d'ohferver de
plus, que ces pierres artificielles ne doivent jamais
avoir une grandeur ni une épahTeur trop confidé-
rable , parce que Faâion du feu s'y çommunique*-
roit inégalement , & que le cœur étant moins
atteint que la fuperfîcie, cela les feroit gerfer en
cuifant. Communément on donne à la brique d'é-
chantillon 8 pouces de longueur fur 4 pouces de
largeur , & 2 pouces d'épaiffeur. Suivant ces
dimenfions , chacune pefe une livre & demi, & il
en faut à peu près 27 pour former un pied cube9
Les Anciens , au rapport de Vitruve , prenoient
le plus grand foin pour la perfection de la brique ,
dont ils faifoient un très-fréquent ufage , ainft
qu'on le remarque dans les veftiges de leurs mo-
numents.
Π faut que la brique demeure fept à huit jours dans
le four, non pas que le feu doive refter allumé tout ce
terns là, mais pour lui lahîèr le tems de fe refroidir f
-ocr page 200-
170                       Cours
& pour que les briques encore toutes rouges , ne
foient point faiiïes par l'air , ce qui leur ôteroit
beaucoup de leurs qualités , ainfi que l'ex-
périence fa prouvé en grand nombre de cir-
conßances.
La meilleure maniere de connoître la brique »
avant de l'employer , eft de l'expofer à l'hu-
midité & à la'gelée'pendant l'hiver; car fi elle
réfdtc à cette épreuve , on fera non-feulement sûr
qu'elle fera une folide conitra£tion , mais encore
qu'elle réftftera à la charge, ce qui ne peut arriver
que par la bonne qualité de fa cuiffon. On peut
encore connoître fa bonté , ii, en la frappant,
eîîe produit un fon aigu , fi fa couleur n'eit ni
trop claire ni trop foncée , & fi elle eil d'un grain
ferré & compad , &c. On acheté la brique au
milier : la meilleure fe tire de Bourgogne ; car celle
que Ton fabrique dans les environs de Paris ne
vaut rien : aufline l'employe-t-on qu'aux ouvrages
de peu d'importance.
-ocr page 201-
d'Architecture.           171
11·
CHAPITRE IV.
Ou Piastre 'en' Général.
JLa Pierre à plâtre ne fe trouve que dans quel-
ques Cantons : c'eit un foßile très-important pour
la bâtiife, dont la cuiffon fait la vertu principale ;
plus celle-ci eil parfaite, mieux il vaut; auiïi peut-
on dire que c'eit le feu qui lui communique cette
qualité fpécifique, de s'attacher & d'unir ensem-
ble les autres corps. L'a&ion du plâtre eil extrê-
mement prompte ; il fe fuffit à lui-même , pour
faire un corps folide, à la différence de la chaux,
dont nous parlerons par la fuite, & qui a befoin
d'un autre agent pour acquérir de la dureté.
j La pierre à plâtre fe trouve dans le fein de la
terre, ainii que toutes les autres pierres. Mont-
martre , Meudon , Triel ,. & pluiieurs endroits
près de Paris, fourniffent des Carrières, d'où Ton
tire cette forte de pierre affez abondamment. Elle
eil à la fortie de la carrière d'une couleur grisâtre,
& reffemble affez à un efpéce de marbre gros grain :
elle n'acquiert fa blancheur qu'après avoir paffé
par le feu. il eil rare qu'on employé la pierre à
plâtre dans les Bâtiments , vu qu'elle s'écrafe faci-
lement fous le fardeau. Auiîi n'en fait-on guère
que des murs de clôture hors de Paris ; car dans
cette Capitale , elle eil profcrite , comme nous
lavons déjà dit, & il eil défendu aux Ouvriers d'en
employer.
L'un des caracieres eilemieîs de % pierre à
-ocr page 202-
τ· ■
J7*                       Cou RS
plâtre, eft qu'étant rnife en poudre crue dans tut
chaudron fur un feu ordinaire, dès quell® eil φ.
che , elle commence à bouillir δε à s'agiter comme
ïi eue étoit mêlée avec de l'eau, ou
comme un
VJiai ^lide » pendant un certain tems : & , quand
eue eft parvenue à fon degré de cuite ou de calci-
nation, elle fe précipite comme un vrai fable , &
η opère plus aucune a&ion. L'on fçait que c'en:
de cette maniere que fe préparent les ftucs ou
marbres artificiels , & que pour continuer cette
opération , on détrempe le plâtre avec de l'eau
gommée, ou c.ollée , à laquelle on joint de l'u-
nne , ce qui le rend auffi propre à recevoir
le poli que Je marbre ; après quoi il ne s'agit plus
pour imiter ce dernier , que d'y mêler différentes
couleurs détrempées à l'efprit de vin.
i-a cuiffon parfaite du plâtre confiée à donner
un degré-de chaleur capable de deffécher peu a
peul humidité qui lui iervoft d'aliment, lorfquïl
ecoit dans la carrière , & qui faiTe évaporer le
•iouffre qui uniifoit toutes fes parties : elle confifte.
encore à difpofer le feu , de façon qu'il aeiffe éga-
lement fur Mi
                         '                       *
La meilleure maniere de faire cuire le plâtre, eifc
ö arranger dans le four toutes les pierres qui
doivent être calcinées , en forte quelles foient
toutes également embrafées par le feu : il faut
prendre garde cependant que le plâtre ne foit pas
trop cuit, parce qu'alors il pçrdroit la qualité , que.
les Maçons appellent Camour du plâtre. D'ailleurs,
la trop grande chaleur détruit en lui prefque tous
les fels. qui le compofent ; ce' qui fait que les
pierres que l'on voudroit joindre enfemble par fon
moyen, ne peuvent plus fe lier intimement. Il arri-
vero.it la même chofe à celui qui auroit confervé
-ocr page 203-
D A R e Η Ι Τ Ε C ΐ ¥ R E;           Vf j
Trop d'humidité , pour s'être trouvé dans fa cuiiTon
à l'extrémité fupérieure du four.
Quand la pierre à plâtre eit calcinée par un feu
trop violent , ou trop long-tems continué, le
plâtre qui en provient reite mol avec l'eau, & ne
iè durcit qu'avec peine ; li on le laifTe même rougir
fortement , fon effence fe trouve tellement
détruite , qu'il ne peut plus fe durcir davan-
tage , & il reite conitamment en poudre. Le plâtre
ne reprend pas fa premiere qualité par une fé-
conde calcination, mais on en forme cependant
encore une efpéce de mortier, qui, quand il eit
mêlé avec du plâtre de la premiere cuite en cer-
taine proportion s peut fervir à faire de gros
enduits.
Il faut employer le plâtre au fortir du four,
autant qu'il eft poiîible, & ne l'expofer jamais au
grand air, à Fhumidité , ni au foleil: car celui-ci
FéchauiFe , la pluie le détrempe, & l'air l'éventé.
Le plâtre étant cuit, devient une efpéce de chaux,
dont les efprits ne peuvent être trop vifs ; or,
pour qu'il les conferve, on ne fçauroit trop tôt
les fixer en l'employant ; du moins faut-il le tenir
à couvert dans un lieu fec & à l'abri du foleil.
L'air ainfi que l'humidité abforbent fes fels en les
diffolvant , ce qui fait qu'on ne peut jamais le
mettre en œuvre utilement pendant l'hiver , ni
dans les lieux humides qui anéantiifent fon activité.
M. Belidor a raifon de le comparer à une liqueur
exquife, qui n'a de faveur qu'autant qu'on a eu
foin d'empêcher fes efprits de s'évaporer. Par
toutes ces coniidérations, il s'en fuit que le plus
sûr eit de ne cuire la pierre à plâtre qu'à propor-
tion qu'on en a befoin , pour faire de bons ou-
vrages; & que quand on eil obligé de le conferver,
-ocr page 204-
174                      CoüäS
il faut obferver de le garder le moins de terris
poiHbîe , & de le ferrer en attendant dans des
tonneaux bien fermés de toutes parts*
Après avoir parié de la cuiffon du plâtre , exa-
minons d'abord fes dîverfes qualités, & enfuite
nous expoferons la maniere de s'en fervir dans l'art
de bâtir.
'm π ι·-!,,..-.t. .,..>, i,— 11 5—SSÜS5--------55———!—3Ξ—!-------3—&-***.---------*—,—*
Article Premier.
Quelles font fes bonnes & mauvaifes qualités,.
Le plâtre , avant d'être mis en œuvre , doit
donc premièrement être cuit. Le feu en ayant
expulfé toutes les parties étérogenes ou étran-
gères , on l'écrafe & on le réduit en poudre avec
une batte. C'eit en cet état qu'on le vend au
muid pour être employé. Le muid de plâtre cuit
contient 36 facs r ou 72 boiiTeaux , mefure de
Paris , qui équivalent à 24 pieds cubes : mais
lorfqu'on le vend en pierre , on l'acheté à la toife
ou au cent. Le cent eil un toifé de 16 pieds de
long , 8 pieds de large & 4 pieds de haut y qui
valent 2, toifes 80 pieds cubes.
On appelle Plâtre cm , celui qui n'a pas encore
été cuit au four , & dont on fe fert quelquefois
dans des bâtiffes de peu d'importance, au lieu de
moilons ; mais alors , pour qu'il faffe un meilleur
fervice, il faut le iaiffer long-tems fécher à l'aîr ;
attention que l'on doit obferver également, avant
que de le faire cuire.
La bonne qualité du plâtre eft d'être gras δ£
blanc : fes défauts font d'être verd & éventé. On
nomme Plâtre gras, celui qui étant d'une bonne
cuiffon, eil doux δε facile à employer , quoique
-ocr page 205-
d'Architecture. 17c
prompt à faire liaifon : Plâtre blanc y celui dont on
a extrait le charbon provenant de la cnifTon ; pré-
caution que Ton prend pour l'exécution des ou-
vrages de fujétion : Plâtre gris, celui pour lequel
on n'a pas pris ce foin , comme étant deiliné aux
ouvrages de Maçonnerie ordinaire : Plâtre verd,
celui qui ayant été mal cuit fe diiïbut en l'em-
ployant , ne fait pas corps , & eir. fujet à fe gerfer,
à fe fendre, ou à tomber par morceaux à la moindre
gelée ; enfin Plâtre éventé , celui qui ayant été
trop expofé à l'air ou à rhumidiîé , après avoir été
puivériié ? a de la peine à prendre dans l'auge,
& fait une mauvaife conftrucHon.
^■M. — .,,,.,..,;.,,,,, ,.,,,«■,... _■■.!■_,.,■«. L.     «„I ,1111 I.>.l...... Ml-----■■■...■11,.1. I     llliB IH.L.É.I. ........I ■ ■ ■ J , — „ —■.........■**
Article IL
Des- inconvénients du Plâtre.
On ne doit point fe fervir de plâtre indifférem-
ment en toutes occaiions, pour l'exécution uqs
bâtiments : c'eir. un très-grand défaut de l'employer,
au lieu de mortier, dans les lieux humides , dans
les fondations des bâtiments , & pour la liaifon
des murs en pierre de taille : car il n'eft fait à pro-
prement parler que pour unir de petits matériau?:,
comme les briques & les moilons : il réuiiit aufli
dans les ouvrages intérieurs , tels que les end ats,
les tuyaux de cheminées , les plafonds ; il eil fur-
tout admirable pour les fcellements, &c, Π y a
fept à huit ans que nous développâmes dans
Y Année Littéraire , combien étoit préjudiciable à la
durée des bâtiments , l'abus que l'on en faiibit
dans bien des cas j & M. Baume , fçavant Ghi-
mifte de l'Académie Royale des Sciences, publia
à cette occaiion une Analyfe raifonnée des
1                                                                                                                             '
...............................■........................................................-.....................
-ocr page 206-
i*j6                      C ο Λτ R i
effets du Plâtre , pour confirmer ce que noug
avions avancé précédemment à cet égard , c'eil
pourquoi nous nous bornerons à la rapporter, pour
ne point répéter ce que nous avons déjà dit ailleurs.
« Le Plâtre eil un compofé d'acide vitriolique
» & de terre calcaire (a). Lorfqu'on expofe cette
» matière au feu, elle y perd fon eau de criilalli-
» fation, diminue de poids dans la même propor-
» tion, & fa terre calcaire fe convertit en chaux:
>> vive ; mais l'aiTociation de cette chaux avec
» l'acide vitriolique qui fait partie du plâtre, eil
» caufe que lorfqu'on le mêle avec l'eau, il y pro-
» duit beaucoup moins de chaleur que la chaux
» vive ordinaire. Cette chaleur eil fuffifante néan-
» moins pour tenir le plâtre dans une efpéce de
» diflblution ; rendurciiîement qu'il éprouve, quel-
» que tems après qu'il a été gâché , n'eil rien
» autre chofe qu'une criilallifation confine qui lui
» arrive par le refroidiiTement. Dans cet état, il
» retient toute l'eau qui a fervi à le gâcher ; &
» cette eau le fait agir pendant plus ou moins de
» tems , & avec plus ou moins de force fuivant
» les circonfiances : cet eifet eil même ii fort que
» fi le plâtre fe trouve gêné,ilbrife & renverfe
» les obilacles qu'on lui oppofe. Une portion de
» cette eau n'eil pour ainfi dire qu'interpofée en-
■>> tre les mollécules du plâtre; elle s'évapore avec
» facilité, à l'aide de la chaleur qui iubfifte encore
» pendant un certain tems après qu'il a pris con-
» iiilance ; mais l'autre portion eil combinée , &
» elle n'eil évaporable que par un degré de chaleur
» fupérieure à celui qui regne dans les fouterreins.
» Ainii dans ce cas , cette eau continue d'agir fur
( a) Avant-Coureur j N° 44, A»née 17^7»
» le
-ocr page 207-
' λ d'Ar chit,'ec τ υ he.            177
» le plâtre de la même maniere que dans le tems
» où il^ vient^ d'être gâché ; & cette aâion le per-
» pétuê par l'humidité jufqu'à ce que les particules
» primitives intégrantes du plâtre en ayent été
» attaquées. C'eft là ce qui occafionne le goniîe-
» ment perpétuel qui arrive aux plâtres dans les
ν lieux humides , & qui les détruit plus ou moins
» promptem ent.
                                \ , 1
» Un autre inconvénient , c'eil que dans les
» lieux bas & humides il fe trouve toujours une
» certaine quantité de matière phlogiitique prove-
» riant des animaux qui habitent le bâtiment. Cette
»matière phlogiftique fe combine avec l'acide
» vitriolique du plâtre qu'elle rencontre, le con-
» vertit en acide nitreux % & ce nouvel acide fe
» combinant enfuite avec la terre calcaire de ce
»même plâtre , forme du falpêtre à bafe terreufe.
» Toutes ces combinaifons ne fe font que par un
» mouvement qui tend à détruire continuellement
» l'arrangement primitif des mollécules du plâtre,
» & par conféquent celui des pierres ou moilons,
» auxquels on a voulu le faire fervir de liaifon. Le
» plâtre fe trouve auiïi au bout d'un certain tems
»imprégné de fel marin ordinaire, de fel marin à
» bafe terreufe, & de falpêtre à bafe d'alcali ».
. A R Τ I C L E I II. 'ii
De la maniere d'employer le Plâtre.
Le plâtre s'employé de trois manières : la pre-
miere, comme on le fort du four , ou de la pla-
ziere, après avoir été groiTiérement puivériié avec
une batte , pour s'en fervir dans la conitrudion
Tome Vm                                     M               "
-ocr page 208-
178                       Cours
des fondations, & des gros murs bâtis de moilons
onde libages, ou bien pour ourdir {a) les cloifons,
les bâtis de charpente ou tout autre ouvrage
de cette efpece : la féconde , après l'avoir paifé
au panier, c'eit-à-dire , dans un manequin d'ofier
clair ; celui-ci eil propre aux ouvrages de renfor-
mis ( b ), de gobetage ( c ) & de crépis ( d ) ; la troifieme,
après l'avoir paffe au fas ou tamis ; c'eft ainfi que
l'on prépare le plâtre deftiné pour les enduits ( e) /
les membres d'Architeerure & de Sculpture , &c.
Ces trois manières de préparer le plâtre dans la
conilrucüon , exigent auffi qu'on lui donne des
façons difFérenres, c'eft-à-dire qu'il foit gâché plus
ferré , plus clair , ou tout-à-fait liquide. On le
gâche ferré pour les gros ouvrages , les en-
duits , fcellements , &c ; on le gâche un peu clair
pour traîner au calibre des membres d'Archite-
cture , tels que des cadres , des corniches, &c ;
& enfin Ton y introduit beaucoup d'eau, pour
couler, caller, ficher ou jointoyer les pierres.
La regle eil de ne détremper le plâtre avec de l'eau,
ou de ne le gâcher qu'à mefure qu'on en a befoin,
fans quoi il, fe fécheroit , fe durciroit , & ne
pourroitplus s'employer.
            \\
(α) Haürdir Λ c'eft maçonner grofliérement avec du mortier
ou du plâtre.
(£) Renformir, c'eft réparer des vieux murs.
( c ) Gobeter , c'eft jetter du plâtre avec la truelle 3 & le
faire entrer avec la main dans les joints du mur.
(d) Crépir, c'eft employer du plâtre ou mortier avec un
balai, fans paifer la main ni la truelle par deiîiis.
( e ) Enduit, couche de plâtre ou de mortier unie fur un mur
4e moilon, ou une cloifon de charpente.
"                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       ■ *,.
-ocr page 209-
p'Architecture..            179
* C H A PITRE V.
D υ Mort ι er en gé nê r al.
L<omme Ie Mortier eft un compofé de chaux,
de fable ou de ciment, c'eil pourquoi il eil bon
d'expliquer féparément les bonnes ou mauvaifes
qualités de ces différents ingrédients , avant d'en-
feigner fa préparation.
V.rfK^r'ViWraavnC!«iSti!XiUUBHF
Article Ρ r ε μ ι ε r.
De la Chaux } de fa cuiffon , & delà maniere,
< /ν
                        de l'éteindre.
La Chaux diffère du Plâtre en ce quelle ne
peut agir feule pour lier les pierres , épffu'ii faut
d'autres agents pour la faire valoir , tels que le
fable, le ciment, ou la pozoianne , dont nous
définirons les propriétés , après avoir parlé de
celles de la chaux.
La pierre la plus pefante & la plus blanche eil
la plus propre à faire de bonne chaux. Chaque
Pays produit des pierres à chaux de différentes
qualités; les plus dures font toujours les meil-
leures. Le marbre , lorfqu'on peut en employer,
vaut mieux que toute autre Les cailloux qui fe
trouvent dans les montagnes, dans les torrents, ou
les ravins, font auiii fort bons à faire de la chaux,
aulîi bien que certaines pierres dures qui fe trou-
vent dans les Campagnes , & qui imitent celle de
Mij
-ocr page 210-
ïSo                       € q URS
Meulière : en général toutes les pierres qui font
effervefcence avec l'eau forte , e'eft-à-dire fur lef-
quelles Peau forte agit & bouillonne, font propres
à faire de la chaux. On ne doit fe fervir de pierre
tendre , qu'au défaut de l'autre. La bonne ou
médiocre qualité de la pierre une fois reconnue,
on la fait cuire ou calciner au four , enfuite on la
détrempe avec de l'eau, & on la mêle avec du
fable ou du ciment, pour en faire du mortier*
Entrons dans le détail de ces diverfes opérations.
Le charbon de terre vaut beaucoup mieux, pour
la cuifTon de la pierre à chaux , que le bois ; car
non-feulement la cuifîbn en eil plus prompt^, mais
auiH la chaux qui en provient en efl plus graiTe &
plus onftueufe. Les effets de la chaux font de lier,
d'atracher, & d'accrocher les différents matériaux
que l'on veut unir les uns aux autres. Le moyen
de connoître fa bonne qualité , après la cuhTon,
c'eil de mêler un peu de cette chaux réduite en
cendres, avec de l'eau que l'on battra pendant un
certain tems ; & fi l'on s'apperçoit qu'après avoir
été ainfi battue , elle s'unit comme de la colle,
ce fera une marque de fa perfection j mais
fi au contraire , elle ne fe Hoit point , ce
feroit une preuve qu'elle aurait été dépour-
vue d'une trop grande partie de fes fels par
la cuiflbn.
Selon Philibert Delorme , la meilleure maniere
de connoître la qualité de la chaux, ceft d'exa-
miner lorfqu'elle eft cuite , fi elle eil blanche &■
grafie, fi elle fonne comme un pot de terre , fi
étant mouillée, fa fumée eil abondante & fort
épaifte, & enfinlï elle s'attache fortement au rabot.
Ce font là effectivement les fignes les plus ordinaires
de fa bonté ; il faut-que la pierre à - chaux bien
-ocr page 211-
d'Architecture.          iSi
calcinée foit fonore, quand on frappe deflus, &
qu'elle bouillonne immédiatement après avoir été
arrofée : ébuîition cependant qui dépendi de ïa
qualité des pierres ; car plus elles font dures, plus
cette ébuîition eil fubite.
il eil d'une grande conféquence d'éteindre la chaux
après fa çuiffon, ou de ne la voiturer enfuite en pier-
res que dans des tonneaux bien fermés, file trans-
port eil coriiidérable , afin qu'elle ne foit point at-
teinte par l'air: car quand l'humidité parvient à la pé-
nétrer , elle tombe en poudre pultacée, qui ne fer-
mente plus avec l'eau, & elle ne produit plus que de
mauvais mortier. La chaux trop long-tems confervée
en pierre, quoique dans des endroits fermés & à l'abri
de l'air, perd auffi beaucoup de fa qualité, parce que
ïa chaleur qui lui eil apparemment néceflaire pour
convertir l'eau en matières fubtiles , fe trouve
trop diiîipée : cette chaux ne peut, ni fe divifer auffi
bien , ni foifonner autant que quand elle eil
nouvelle.
La qualité de la pierre eil capable de contri-
buer beaucoup à la bonté de la chaux, indépen-*
damment de fa dureté ; car. il eil confiant que la
grande abondance de fels que contiennent cer-
taines pierres , concourt à la rendre meilleure.
Outre ces coniidérations , la maniere d'éteindre
la chaux avant que de la lier avec le fable ou le
ciment, peut réparer les vices de la pierre , qui ne
fe rencontre pas également bonne dans tous les
lieux où l'on a occafion de bâtir } c'eil pour-
quoi après avoir coniidéré que la pierre à chaux,
avant fa cuiifon , a une certaine confiilance fo-
lide, & qu'au fortir du four elle devient tendre
& farineufe : examinons comment elle s'employe.^
-ocr page 212-
iSi                       Cours
& comment elle reprend fon premier état par îe
fecours du fable ou du ciment.
La premiere attention que l'on doit avoir pour
éteindre la chaux , eil de nettoyer le terrein que
l'on deiHne pour fa fofîe ou fon bafîln , erifuite
d'avoir une quantité d'eau fuitifanîe pour la bien
diffoudre. Suivant Philibert Delorme, la meilleure
maniere d'éteindre la chaux , eil de mettre dans
une iofie la quantité de pierres à chaux vive
que l'on croit devoir employer, après les avoir
concaiTé avec une maffe, pour les réduire en mor-
ceaux à peu près égaux , afin qu'elles puiiîent
s'éteindre uniformément. Il faut erifuite couvrir la
chaux également par tout d'un pied ou deux de
bon fable , & jetter fur ce fable autant d'eau qu'il
en faut pour qu'elle foit fufnfamrnent abreuvée,
& qu'elle puiffe s'éteindre ou fe fufer fans brû-
ler : ii le fable fe fend & donne paffage à la
fumée , on recouvrira furie champ les crevaffes de
nouveau fable : cela fait, on peut laifler repofer cette
chaux auifi lpeg-tems qu'on voudra; alors elle de-
viendra douce , grafie δε admirable pour la Ma-
çonnerie. On prétend que c'étoit ainû que les
Anciens éteignoient la chaux.
Quoique ce procédé foit bon, afin de purger
néanmoins la chaux vive des parties étérogenes
qui peuvent s'y rencontrer , on prend ats pré»
cautions à cet égard , pour l'exécution des ou-
vrages qui demandent un certain foin. On fait
en conféquence deux baffins contigus d'inégales
grandeurs , qui fe communiquent par un conduit.
Le plus petit, qui eil en même tems le plus élevé,
fert à broyer la chaux vive, & à retenir les corps
étrangers qui peuvent s'y trouver : le plus grand
-ocr page 213-
d'Architecture.          i8|
eil deitin é à fervir d'efpéce de réfervoir, propre
à contenir une proviiion de chaux éteinte , pro-
portionnée à la grandeur du bâtiment qu'il s'agit
de conilruire. Afin de ne laiffer paffer dans le der-
nier baiîin , que ce qui doit y être reçu,. on a
foin, non-feulement de mettre dans le conduit de
communication, une grille de fer ou de bois,.pour
arrêter toutes les parties groffieres, mais encore
de tenir le fond du petit baiîin plus élevé du côté
du pafTage ; de maniere que les corps étrangers
foient obligés d'y relier. Ces précautions étant
prifês, on nettoyé bien le premier baiîin, & ort
le remplit de chaux, fur laquelle on verfe d'abord
im peu d'eau pour commencer à l'éteindre : à me-
fure que cette eau fe boit, on continue à en verfer
d'autre, jufqu'à ce qu'elle foit abfolument diiïbute;
après quoi on en verfe encore pour achever de
détremper la chaux, ayant foin de la remuer &
corroyer fortement, pendant cette opération, avec
un rabot de bois. Il faut prendre garde de mettre
trop ou trop peu d'eau : car le trop d'eau noyé la
chaux ou diminue fa force ; & le trop peu au con-
traire la brûle , détruit fes parties & la réduit
en pouiîiere. La chaux comprife dans le petit
baiîin, ayant donc été tourmentée fufKfamment,
à diverfes reprifes , on la laiilé écouler d'elle-
même dans le grand,. en ouvrant la communica-
tion , & en continuant de l'agiter jufqu'à ce qu'il
foit vuide. Après cela , on referme le paffage, &
on recommence fucceffivement la même opéra-
tion jufqu'à ce que le fécond baiîin foit plein.
Enfin quand la chaux ainii détrempée, a pris un
peu de coniiilance dans le grand baiîin % on la
recouvre d'un ou deux pieds de fable , pour pou-
voir la garder à volonté, & l'employer à mefure
-ocr page 214-
d$4 * -Jl 'J ; C ° u l^:^-a ,fi- :U ; ■■ . „,
qu'on en aura befoin , ians craindre qu'elle perde
-de fa qualité. A deiTein de ne rien laiffer à deiirer
'fur la diipöikion refpeâive. de ces baiïins à étein-
dre la chaux , nous en avons donné un plan &
un-profil dans la Planche LXIV, Figures I & Iï?
tôù nous avons mis des lettresή de * renvois cor-
>refpondantes. A , petit Baiim fiipérieur , deftiné
m la préparation de la Chaux. Β , Baifin inférieur
'fervant de Réfervoir. C-, Conduit de communi-
cation du Baiïin A au Baiîîn B, lequel Conduit eft
■* garni d'une Grille.
                     : h v
- Toutes les eaux ne font pas propres à éteindre
la chaux: celles de rivière & de fource font les
-plus convenables : celles de puits peuvent cepen-
dant être d'un bon ufage, mais il : ne faut s'en
.fervir qu'après l'avoir laiiïe: Séjourner quelques
items à l'air, pour lui ôter fa premiere fraîcheur,
.v.qui ne manqueroit pas de reiferer les pores de la
>chaux, & de faire tort à fon activité, il faut éviter
s principalement de fe fervir d'eaux bourbeufes ou
de marais. Celle de la mer , félon quelques-
uns , n'eft point propre à éteindre la chaux ,
! par la' raifon qu'étant falée, le mortier fait de
r chaux détrempée avec cette eau , feroît difficile
à fécher. D'autres prétendent cependant , qu'elle
peut contribuer à faire de bonne chaux ^ pourvu
que celle>ci foit faite avec de la pierre très-dure,
:.-parce qu'alors les fels marins dont elle eil com-
pofée, quoique de différentes natures , concourent
à la coagulation du mortier, f ;,'
( r. La chaux fe vend à Paris , au muîd, qui con-
fient 48 minots : le muid fé divife en 12 feptiers :
le feprier en deux mines, la mine en deux minots,
ïdont chacun compofe un pied cube. On mefure
encore la chaux par futailles : chaque futaille con-
-ocr page 215-
D ' A R C H I TE G Τ U R Ε.            l8f.
tient quatre pieds cubes. Pour un muid il faut
douze futailles, dont fix font mefurés combles?
& les fix autres rafes. Les endroits qui fournifîent
le plus communément de la chaux à cette Ca-
pitale & à fes environs, font Senlis , Corbeil,
Melun , la Chauifée près Marly.
Comme la chaux n'eft pas capable par elle-
même, airifi que nous l'avons précédemment ob-
fervé, d'unir les pierres enfemble, à caufe de fa
fluidité naturelle, & que l'expérience a fait con-
noître qu'il étoit néceiTaire d'y joindre un agent
tels que le ciment ou le fable pour la féconder, &
faire valoir fes propriétés, c'eil pourquoi nous
allons développer ce qui conilitue leurs bonnes
qualités.
Article IL
Du Sable.
Le Sable diffère des cailloux & des pierres : c'eil
une efpéce de gravier de différentes groifeurs, qui
eil diaphane ou opaque, rude , âpre, raboteux,
& fonore , félon la qualité différente des fels dont
il eil formé, & des divers terreins où il fe trouve.
Il y a deux efpéces de fable , l'une de rivière ,
qui eil jaune, rouge ou blanc ; & l'autre qui fe
tire des fablonnieres ou des fouilles des terres,
lorfquel'on conilruit les fondations d'un bâtiment,
ce qui lui fait donner le nom de fable de cave; fa
couleur eil d'un brun noir; il peut être bon, lors-
qu'il a été féché quelque tems à l'air. Ce
dernier eil de deux fortes , l'une que l'on
nomme fable, mâle, qui eil d'une couleur foncée
-ocr page 216-
ι S6                       Cours
& égale dans un même lit; l'autre , qui eft d'une
couleur pâle & inégale , que Ton nomme fable
ferne Ue.
Le fable de rivière eil le plus eftimé pour faire
de bon mortier, ayant été battu par l'eau, & fe
trouvant par là dégagé de toutes les parties ter-
raufes dont il tire fon origine. 11 eft aiié de conce-
voir que plus le fable eft graveleux , plus il
efl propre par fes cavités & la vertu de la
chaux à s'agraiFer dans la pierre , ou au moi-
Ion à qui le mortier fert de liaifon ; mais ii au
Contraire , on ne choiiit pas un fable dépouillé
de toutes parties terreufes , comme il eft plus
doux & plus humide , il eft capable alors d'é-
mouifer & d'amortir les efprits de la chaux, &
d'empêcher le mortier fait de ce fable , de s'incor-
porer aux pierres qu'il doit unir enfemble indif-
folublemént.
Le fable de mer n'eft pas plus propre à faire
du bon mortier, que fon eau n'eft bonne à étein-
dre la chaux, étant naturellement plus limoneux
que graveleux ;rce qui fixe trop tôt les efprits
ignés de la chaux.
Pour que le fable, propre à faire du mortier , foit
reconnu de bonne qualité, il faut qu'il foit affezfec,
pour qu'après l'avoir manié & frotté entre les
mains , il ne refte aucune partie terreufe dans les
doigts. On peut encore en faire l'épreuve dans un
vafe d'eau claire ; car fi après l'avoir brouillé, l'eau
eft bourbeufe , ce fera une marque qu'il eft ter-
reux; mais ii au contraire cette eau eft nette, ou
peu trouble, on pourra le mettre en ufage avec
' , ,-Îuccès.
                                            I)
Dans les Pays où. il ne fe trouve pas de bon
fable pour faire du mortier, il eft toujours aifé
-ocr page 217-
d'Architecture.          187
d'y fuppléer. Pour cet effet il n'y a qu'à prendre de la
terre francheren former des efpéces de boules großes
comme les deux poingts, que Ton pétrira avec
un peu d'eau ; faire enfuite cuire cette terre
franche dans un four comme la pierre à chaux;
puis après cette cuiiïbn fécrafer avec le bout
d'une pièce de bois pour la réduire en pou-
dre , ce qui s'opérera fans effort; & enfin employer
cette poudre vitrifiée de terre franche en guife de
fable; cela produira d'excellent mortier. D'après
l'examen des ouvrages des Anciens , il paroît
qu'ils fuppléoient de cette maniere à la mauvaife
qualité du fable , dans les divers Pays où ils bâ-
tiffoient. ?
Article II ï.
Du Ciment,
On fe fert de Ciment pour mélanger avec la
Chaux dans les ouvrages aquatiques , au lieu de
fable. Le ciment n'eil autre chofe que de la" tuile
concafTée, au défaut de laquelle on fait ufage de
brique pulvérifée : mais comme par fa nature
celle-ci eil plus terreufe & plus tendre que la tuile,
elle eil bien moins capable de réfilter au fardeau,
& produit un ciment moins eilimé que celui fait
de tuile qui, dans fon origine, étant uncompofé
de terre glaife , participe de fes propriétés , qu'il
nous fuffira d'expofer fommairement, pour rendre
raifon de fa fupériorité.
La glaife eil une maffe de terre qui, par les
pluies ou par les fources fouterraines , a été
changée de fimple terre qu'elle étoit, en un corps
lié & vifqueux, rempli de fels vitrioliques & de
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iSS                        Co υ f'S'
foufre; ce changement ίe fait parles pluies qui?
tombant fur une terre difpofée à fe convertir en
glaife, l'imbibent, & y dépofent en y filtrant tousr
ies fels & les foufres dont elles font empreintes;,
c'eit l'aflemblage de ces parties falines & fulphu-
rées , joint à l'humidité naturelle qui reite concen-
trée dans fes pores, qui rend en général la terre,
glaife maffive & grafie,■& qui la conferve tou-
jours fraîche & humide. Or, il eil aifé de conce-
voir qu'étant compofée de fels piquants & cauili-
qoes , elle doit acquérir , par lé fecours de la
chaux , la faculté de s'agraffer à. tous les autres
'minéraux', lorfqu'elle a été cuite au four, & en-
fuite pulvérifée , pour devenir ciment ; d'où il
faut conclure que le ciment qui a pour principe
ia glaife , en retenant la cauilicité de fes fels, ne
peut manquer d'être fort tenace , & bien plus
propre à faire du mortier que la brique, & qu'en
un mot la fermeté de fa fubiiance le rend plus
capable de réfuter aux fardeaux que le fable.
Ajoutez à cela que ce ciment recevant différentes
configurations & inégalités par la pulvérifation
& le concafTement , la multiplicité de fes angles
fait qu'il peut mieux s'encaitrer dans les différents
matériaux qu'il doit unir, principalement loriqu'il
eil chargé de la chaux, dont il foutient l'action
par fes fels , & qui l'ayant entouré lui communi-
que les fiens, de façon que les uns & les autres
s'animant par leur oncÎuoiité mutuelle , s'iniinuent
dans les pores de la pierre , & s'y incorporent
intimement.
                           . ,..,%;-; ^ ^rf^i
En confidérant donc les fels de ce dernier, &
Teiprit de. la chaux , qui agifTent de concert, il eil
aifé de juger qu'ils coopèrent à recueillir & à
exciter ceux des minéraux auxquels on les joint,
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d'Architecture. 189
de maniere qu'un mortier fait de ciment & de
chaux de bonne qualité, eil capable , même dans
f eau, de rendre la conitruclion immuable.
Il y a un ciment que Ton appelle perpétuel, qui
fe fait avec du mâchefer broyé , du tuiilot, du
charbon de terre, & un peu de grais tendre réduit
en poudre , le tout incorporé avec de la chaux
vive, éteinte & bien corroyé au rabot à force de
bras. Il réMe très-bien dans l'eau, & s'employe aux
ouvrages qui en font fans cefle baigné , tels que
les ponts , les quais , les citernes , les aque-
ducs , &c.
Article IV.
De la préparation du Mortier*
Par le Mortier , neus entendons la réunion de
la chaux avec le fable, le ciment ou autres pou-
dres : c'eft de cet alliage que dépend toute la bonté
d'une conilruclioni. La propriété du bon mortier
eil d'unir les pierres indiflolubiernent les unes aux
autres , & de fe durcir quelque tems après avoir
été employé, pour ne faire plus qu'un même
corps avec Iqs autres matériaux.
               ^ .
Suivant Γ Analyfe qu'adonné M. Baume (λ),
«lu mortier à bâtir, e'eit un mélange de chaux vive
éteinte par de l'eau , & d'une matière terreufe
vitrifiable. Ce mélange, qui n'a d'abord aucune
confiftance, a la propriété d'en prendre une con-
sidérable avec le tems, & qui devient même il
forte, en le fuppofant bien compofé, qu'il égale
X*) -Avant-Cpureurr Année 17^7, N° 44.
-ocr page 220-
I9Q                       Cours
alors en folîdité les pierres les plus dures ; effet
iingulier qui eft dû à la matière falino-terreufe que
produit la chaux pendant fon extinûion. Cette
matière, félon cet Académicien , tient en diiïblu-
tion une certaine quantité de la terre propre de la
chaux, & c'eil cette terre qui afrbiblit fes pro-
priétés vraiment falines.
                   ,                             |
« Lorfqu'on applique dit-il, de la chaux éteinte fur         j
» une matière vitrifïable, lafubftance falino-terreufe
» qu'elle contient, s'introduit dans les pores les
» plus imperceptibles des corps vitrifiables , quel-
» ques durs qu'ils foient, comme on en a la preuve,
» en faifant éteindre dans un verre de la chaux
» vive avec un*peu d'eau. La matière falino-ter-
» 'teufe de la chaux prend avec ce verre une telle
» adhérence , qu'au bout de quelques jours il
         f
» n'eft plus poffible de l'en détacher ; le verre eft         I
·>> terne & paroît dépoli.
» Tout cela arrive également à chacun des
» grains de fable que l'on employé pour faire le
» mortier : ils fe trouvent liés les uns aux autres
» par l'effet-de la chaux, & leur adhérence doit
» augmenter avec le tems, à mefure que le mortier
f> perd fon humidité ».
Le premier foin de celui qui veut faire de bon mor-
tier , coniiile donc à bien éteindre la chaux, comme
nous l'avons expliqué : le fécond à choiflr du fable
de la meilleure qualité : le troifieme à ordonner aux
Ouvriers., chargés de mélanger le fable ou le
ciment avec la. chaux, de ne point remettre de
l'eau nouvelle, ou d'en mettre le moins que faire
fe peut, pour corroyer le mortier ; car plus on
en introduit \ plus on furcharge & amortit les
eiprits de la chaux.
                        >                               I
La dofe du fable avec la chaux eil encore une j
I
-ocr page 221-
d'Architecture.          191
qualité eifentielle du mortier. On le trompe,
lorfque l'on dit qu'il faut toujours ~ de chaux fur
| de fable , parce que quelquefois le iable ,
dont on eil obligé de fe fervir , eil d'une telle
aridité que l'un & l'autre , moitié par moitié, te-
roient à peine de bon mortier. Quelquefois aufii,
la chaux peut n'être pas affezbonne pour n'en mettre
qu'un tiers j & cela arrive, lorfque par un trop long
féjour, la plus grande partie de {qs efprits s'eii
exhalée. La précaution qu'on doit prendre à l'é-
gard de la qualité du fable & de la chaux, pour
déterminer la quantité qu'il en faut, doit s'ob-
ferver auffi pour celui qui eil compofé de
chaux & de ciment : car en cas qu'il fût fait
avec de vieux tuilots , auxquels on reconnoîtroit
quelques parties terreufes , ou des parties plus
émouifées & moins cauiliques , l'abondance de
la chaux d'une bonne efpéce feroit feule capable
de remédier aux défauts de la qualité du ciment,
ainii que nous venons de le dire pour ceux du
fable.
Sans s'arrêter ici à la quantité de Tun & de
î'autre, qui ne fe doit déterminer qu'après avoir
reconnu la différente qualité de 'chacun en parti-
culier, nous dirons qu'il y a trois manières diiFé-
rentes de faire du bon mortier. La premiere eil
de le faire avec de la chaux éteinte fur le champ,
& dans laquelle on corroyé le fable ou ciment,
pour être employé incontinent. La féconde eil de
N ne mettre en œuvre la chaux avec le fable ou le
ciment , que quelque tems après qu'elle a été
éteinte; & la troifieme eil de ne fe fervir de la
chaux que quelques années après fon extinäion ;
mais on doit fe reffou venir que dans les deux der-
niers cas, il faut compofer le mortier avec cette
-ocr page 222-
192                       Cours e
ancienne chaux , à force de bras, fans prefque y
introduire d'eau nouvelle , ainii que nous l'avons
recommandé.
On pourra donc, félon la nature des ouvrages que
nous détaillerons par la fuite, fe fervir de ces trois
efpéces de mortier, en obfervant néanmoins de n'en
pas employer d'une qualité lorfqu'il en faut d'une
autre, parce qu'alors il ne produiroit pas l'effet
qu'on en auroit attendu, chaque genre de conilru-
Ùion exigeant des précautions particulières.
Il y a des cas où, lorfque l'on veut que le
mortier prenne promptement, on le délaye avec
de l'urine, dans laquelle on a détrempé de la fuie
de cheminée ; & où, pour rendre le ciment encore
plus folide , on y ajoute de la limaille de fer, ou
de ces petites écailles de fer qui tombent au bas
des forges. Quelques-uns ■eftiment qu'en faifant
diiîoudre du fel ammoniac dans l'eau , 'avec la-
quelle on délaye le mortier , cela lui donne une
action auiii prompte que celle du plâtre ; ce qui
peut être d'un grand fecours pour les ouvrages
qui démandent de la célérité , ou bien dans les
Pays où le plâtre eil rare : mais ii, au lieu de
fable, on pulvérifoit de la même pierre avec
laquelle on a fait la chaux , & qu'on s'en fervfo à
la place de plâtre, ce mortier feroit peut-être
beaucoup meilleur. D'autres prétendent que, pour
faire du mortier impénétrable à l'eau , il faut dé-
tremper la chaux avec de l'huile, avant que de
l'unir avec le fable ou le ciment, & qu'on peut fe
fervir de cette compofition pour les baiiins ,
réfervoirs, &c.
Le mortier fait avec la chaux, le fable où le
ciment «, n'eft pas le feul auquel on puiiTe recou-
rir : il s'en fait encore avec de la po^oiarzne, efpéce
de
-ocr page 223-
β * Â R c ïî ι τ ε c f υ k η: t$$
poudre, nommée ainfi, parce qu'elle fe trouve
dans le territoire de Pouzzol près de Naples , en
Italie» Cette poudre eil rougeâtre, & n'eil autre
chofe que de la terre brute mêlée avec le tuf \ par
les feux fouterreins qui fortent des montagnes aux
environs defquelles on la tire. Le mortier fait avec
cette poudre eil admirable pour les ouvrages de
Maçonnerie , qui fe conilruifent dans l'eau , auffi
bien que celui dans lequel on mêle de la terraffe de
Hollande, qui eil une pierre de couleur grisâtre ,
qu'on trouve près du Bas-Rhin , en Allemagne,
&dans les Pays-Bas. Celle-ci fe prépare comme le
plâtre , & on l'écrafe enfuite pour la détremper
avec de la chaux. Ce mélange fe fait en choifif-
fant d'abord de la meilleure chaux non éteinte,
& autant que l'on peut en employer pendant unefe-
maine. On en étend un lit d'un pied d'épaiffeur dans
un efpéce de baiîin, que Ton arrofe pour l'éteindre;
enfuite on la couvre d'un autre lit de terraffe»
auffi d'un pied d'épaiffeur. Cette préparation
faite, on iaiffe repofer le tout pendant deux ou
trois jours, afin de donner à la chaux le tems de
s'éteindre. Après ce tems on les brouille , & on les
mêle bien ehfemble avec desefpéces de rabots , &
on fait un tas de ce mortier qu'on Iaiffe repofer pen«<
dant deux jours : après quoi on en corroyé de nou-
veau ce que l'on veut en employer dans l'efpace d'un
jour ou deux, en mouillant de tems en tems ce
mélange, jufqu'à ce que l'on s'apperçoive qu'il ne
perd point de fa qualité (λ).
Tome Κ»                                             jsj
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ï94                   G ο υ È s
Article V.
De la Cendrée de Tournay.
Ο Ν attribue à la chaux de Tournay une fiipé»
ïiorité fur toutes les autres, pour faire d'excel-
lent mortier. La pierre avec laquelle on la fabri-
que eft extrêmement dure , de couleur bleuâtre,
& une efpéce de marbre bâtard, que l'on tire des
carrières iîtuées fur le bord de TEfcaut. Sa cuiffon
s'opère avec du charbon de terre ou de la houille.
il eft d'ufage de la mélanger, foit avec du fable pour
les ouvrages ordinaires, foit avec du ciment ou
de la terraffe de Hollande pour les ouvrages dans
l'eau. Mais ce dont on fait un cas tout particulier
èft la cendre qui fe trouve au fond du fourneau
après fa cuiffon , connue fous le nom de cendrée de
Tournay
, & qui n'eft autre chofe qu'un compofé
de cendres de charbon de terre, mêlées de parti-
cules de chaux divifées par l'a&ion du feu. Ses
effets font merveilleux pour lier les pierres indiffo-
lublement, & principalement pour faire des ou-
vrages impénétrables à l'eau. Le tout dépend de la
fçavoir préparer convenablement > & voici com-
ment cela s'opère.
La cendrée ayant été voiturée au bâtiment dans
des facs, on commence par en former un petit tas
d'environ un pied cube , au milieu duquel on fait
un baffin où l'on met un peu d'eau, non-feulement
afin d'éteindre cette cendrée , mais encore pour
aider à fondre les petits grumeleaux de pierre à
chaux qui s'y trouvent : cela étant fait, on laiffe
écouler l'eau qui eft de trop, & on éteint un autre
-ocr page 225-
D* A R C ti Ι Τ É C Τ V R Ë.            I95
tas de la même maniere que l'on ajouté au pre-
mier; enfin Ton répète cette opération jufqu'à ce
que l'on en ait la quantité dont on prévoit avoir be-
soin. On peut garder cette cendrée ainii préparée
à couvert dans des magaiins , tant que l'on veut.
Quelque tems avant de sen. fervir , ou à mefure
qu'on en a beibin, on prend des parties de ce tas;
on en met environ trois pelletées dans une efpéce
d'auge de grais ou de pierre bien dure , reereufée
de 14 ou 15 pouces quarrés fur 9 pouces de pro-
fondeur. Là on la bat à l'aide d'un long pilon de
fer ou de bois armé de fer, fufpendu au-deffus au
bout d'une perche fixée dans un mur , pour aider
l'Ouvrier par fon reffort. Celui-ci, en pilant, n'a
foin que de raffembler de tems en tems , avec une
petite pelle, le mortier vers le milieu de l'auge·^
Après avoir battu cette portion de cendrée pen-
dant un bon quart d'heure, de maniere à faire une
efpéce de pâte ou de bouillie liquide , il la retire
de l'auge, & en fait un tas : il prend enfuite trois
autres pelletées de cendrée éteinte pour les battre
femblablement ; après quoi il les joint au premier
tas, & il continue fucceffivement jufqu'à ce qu'il
ait pilé ainfi par petites parties , toute la cendrée
que l'on a defTein d'employer.
L'Ouvrier ayant laiffé repofer en tas, pendant
trois ou quatre jours, la cendrée qu'il a battu , re-
commence à la battre dans l'auge comme pré-
cédemment , & répète la même opération jufqu'à
fept ou huit fois différentes , en obfervant de
laiffer quelques jours d'intervalle entre les reprifes.
Plus la cendrée eit battue de fois , plus elle
paffe pour faire de bon ouvrage.
Il eft à obferver que quoique le tas de cendrée
paroiffe fe durcir après avoir été éteint, fur-tout
Nij
-ocr page 226-
>,.
I9&                   Cours
à fa fuperflcie, au point d'obliger de la rompr#
avec une hache ; cependant loffqu on veut rem-
ployer & la piler , il n'eil preique pas befoin d'y
ajouter de nouvelle eau pour l'amollir , attendu
que celle qu'on y a introduite en premier lieu*
y eil reliée comme concentrée.
On pourroit garder la cendrée tant qu'on vou~
droit, en la rebattant de tems à autre pour lui
conferver fa qualité, & l'empêcher de devenir une
maffe trop dure & intraitable ; mais comme ce
mortier deviendroit par cette main-d'œuvre extrê-
mement cher, on fe contente d'ordinaire de le
préparer quelque tems avant de l'employer.
On ne fe fert pas de cette cendrée indifférem-
ment pour toutes fortes d'ouvrages, parce qu'elle
fie laiffe pas d'être couteufe, mais feulement pour
opérer les parties principales d'un édifice , telles
que les tambours des colonnes , les joints des
pierres des murs de face , ou des trumeaux de
peu de largeur que l'on deiire qui réiiftent, comme
s'ils étoient tout d'une pièce. Il eft aifé avec cette
cendrée de faire toutes fortes d'enduits 6k de ftucs :
en peu de tems elle devient dure comme du mâche-
fer , & donne aux pierres une inhérence parfaite
même dans l'eau. On y mêle du ciment ou de la
terraife de Hollande pour la faire foifonner ; mais
ei\ l'employant feule , l'ouvrage n'en vaut que
mieux : fouvent encore on y mêle par économie,
en battant la cendrée pour la premiere fois , un
tiers de cendre de charbon de terre paiTée au
tamis, & que l'on acheté en Flandres dans les
BraiTeries, ce qui fait un aifez bon ferviçe, pourvu
qu'on n'épargne pas les battues.
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e» 'Architecture, 197
Article V h
JDu nouveau Mortier, découvert par M. Loriot,
En comparant la dureté des mortiers aes Edi-
fices antiques , qui feniblcnt ne faire qu'un tout
indiiToluble avec les pierres, & le peu de conii-
ilance des mortiers des bâtiments modernes ,: qui
fe réduifefit au contraire en poudre avec la plus
grande facilité lors de leur démolition, on a de tout
rems foupçonné que les Anciens employoient
d'autres procédés que les nôtres dans leur manipu-
lation. En vain Vitruve & Pline nous apprennent-
ils que c étoit le choix des pierres calcaires , la
jufte proportion de la chaux & du fable, & l'at-
tention des Ouvriers à les bien corroyer , qui
opéroient la bonté des anciens mortiers, on n'ob-
tient guère en fuivant fcrupuleufement ces règles „
que des mortiers un peu meilleurs que de cou-
tume , mais qui ne parviennent prefqne jamais à
égaler la dureté & ténacité de ceux des m-onu·*·
ments antiques. A combien d'autres inconvénients·
nos mortiers ne font-ils pas en outre fujets : ils
ont coutume de fe gerfer en féchant,ce qui em-
pêche d'en faire de bans enduits : ils font très-
iong-tems à faire corps ? ce qui oblige de laitier les..
voûtes fur les cintres jufqua ce qu'ils ayent acquis-
quelque confiftance : ils ont encore le défava-ntage
de fe retirer en féchant, & de laiiTer des vuides
dans leur intérieur, après l'évaporation de l'hu-
midité : & enfin ils ne font que rarement impéné-
trables à l'eau.
Ces obfervations ayant engagé M^ Loriot à 1m
Ν HJ.
-ocr page 228-
i磠                     Cours
recherche de quelque préparation plus efficace t
& plus capable de donner à nos mortiers la foîi-
dité qui leur manque, il crut s'appercevoir , après
plufieiirs tentatives, que l'intermède de la chaux
vive en poudre dans le mortier de chaux &
fable , ou de chaux & ciment, pouvoit être un
puiiïant moyen pour obtenir tous les avantages
defirés.
Pour cet effet, il prit de la chaux éteinte depuis
long-tems dans une fbife bien couverte s & en fît
deux lots qu'il gâcha avec attention. Le premier
lot fut mis fans aucun mélange , dans un vafe de
terre verniffée, & expofé à l'ombre à une déification
naturelle : à mefure que l'évaporation de l'humidité
fe fit, la matière fe gerfa en tous fens , fe détacha
des parois du vafe & tomba en mille morceaux
fans coniiftance. Dans un fécond lot, qui avoit été
placé auffi dans un pareil vafe, M. Loriot ne fit
.qu'ajouter un tiers de chaux vive , mife en poudre
& bien gâchée avec la chaux éteinte pour'opérer
un exaél mélange. Pendant l'opération ce mélange
s'échauffa , & acquit dans l'efpace de quelques
minutes une confiftance pareille à celle du meil-
leur plâtre à propos détrempé & employé ; & lors
que fa deffication fut abfolue, elle préfenta une
maffe compare , -fans gerfures » & tellement adhé-
rente aux parois du vafe, qu'il fut impoffibÎe de
l'en tirer fans le brifer. Ce Méchanicien ayant
pouffé fes expériences plus avant , fit enfuite avec
ce mélange des vaiffeaux qu'il remplit d'eau, la-
quelle n'éprouva , en y féjournant, d'autre diminu-
tion que par l'évaporation. Après nombre d'effais
femblables, & toujours répétés avec iuccès ? il
çonclud qu'en mêlant une certaine quantité de
poudre de chaux vive dans le mortier ordinaire *
-ocr page 229-
d'Architecture.            ip^
fok de chaux & de fable , foit de chaux & de
ciment, il pourroit acquérir une dureté confidéra*
foie ; qu'il iëcheroit promptement ; qu'il ièroit pof-
iible de l'employer aux mêmes ufages que le plâtre
& avec la même facilité , fans néanmoins avoir
aucun de fes inconvénients ; & qu'enfin il feroiî
poffibîe d'en faire de bons enduits , incapables
d'être pénétrés par l'eau au fond & aux pourtours
des bafîins.
Comme ce mortier nous paroît devoir mériter
l'attention des Conftru&eurs, nous croyons qu'on
nous fçaura gré de développer particulièrement fa
préparation, & d'entrer dans tous les détails de fa
main-d'œuvre , pour mettre chacun en état d'en
faire ufage dans l'occaiion.
De la préparation & de l'emploi de ce Mortier.
Toute la différence entre ce mortier & le mor-
tier ufité , coniifle à ajouter dans le dernier une
certaine portion de chaux vive nouvellement cuite
& réduite en poudre. Ainii l'eifentiel eil, non-feu-
lement de fçavoir au juile la quantité proportion-
nelle de chaux nouvelle qu'il convient, fuivant
ion degré de force,. de faire entrer dans le mor-
tier ordinaire, mais encore de connoître comment
fe doit faire cette addition.
Nous avons dit que, pour obtenir de bon mor-
tier fuivant le procédé ordinaire, il falloit allier
à, peu près les f » foit de bon fable de rivière, foit
de bon ciment, compofé de tuiles concafTées & bien
cuites, avec un tiers de chaux de bonne qualité%,
convenablement éteinte, & corroyer le tout en-
femble avec le moins d'eau poffibîe, de façon à
opérer un parfait mélange. En partant de cette·
Ν iv
-ocr page 230-
200                       Cours
opération bien connue, voici ce qu'il convient â?ch
jouter pour çompofer le mortieren queilion ; il faut
fe procurer delà pierre à chaux nouvellement cuite,
& fur-tout très-bien cuite ; c'eit une attention im-
portante à faire en pareil cas, vu que les Chau-
fourniers , pour épargner le bois , négligent fou-
vent de la faire cuire affez. AÎÏiiré de la nouveauté
& de la bonté de la chaux , on fait piler ou écrafer
fiicceflivement la pierre à chaux fur les dalles ou
le pavé dun magafin deiliné pour cet objet, avec
des pilons de bois faits en cône d'environ trois
pieds de longueur, & garnis d'une plaque de fer
par le gros bout qui a 3 ou 4 pouces de diamètre·
Après en avoir réduit une certaine quantité en
poudre , comme il fe trouve mêlé parmi cette
poudre nombre de pierrailles étrangères à la chaux,
ou qui n'ont point été éerafées, on en fait la fé-
paration, en mettant le tout dans un bluteau, que,
Ton mçut avec une manivelle : on recueille la pou-
dre tombée fous le bluteau dans une boîte ; enfin
l'on rejette ce qui n'a pu pafler, pour être éteint
avec la chaux du mortier ordinaire.
Quand on a réduit à peu près la quantité de-
chaux en poudre, dont on prévoit avoir beio'm
pour quelques jours , il ne s'agit que d'en mettre
iuccefïïvement une portion déterminée dans cha-
que augée de mortier ordinaire. Il eil à remarquer
que l'auge dont on fe fert communément dans ces
fortes d'ouvrages eil plus grande que celle ulîtée,
& pourroit contenir à peu près deux pieds cubes
de mortier ; mais qu'on fe contente d'en mettre
environ un pied cube & ^, afin d'y laifTer de la
place pour le corroyer de nouveau ; ce qui fe fait
avec des efpéces de truelles qui ont des manches;
de 4 ou f pieds de longueur. Toutes les particules
-ocr page 231-
«■■■■■m
d'Architecture.          201
de ciment ou de fable, fuivant la nature du mor-
tier , ayant été jugées bien imprégnées de chaux,
on jette de l'eau dans ce mortier pour le rendre
un peu plus liquide qu'il ne le faudrait fuivant la
préparation ufitée : cela étant fait , il n'eft plus
queftion que d'y introduire la portion de chaux,
vive ; & voici comme fe fait cette opération. On
prend une mefure ronde de 6 pouces de diamètre
fur 6 pouces de hauteur, laquelle contient à peu
près la 5 e partie de la quantité de mortier ordi-
naire , mife précédemment dans l'auge : on rem-
plit cette mefure de chaux vive en poudre, que
l'on verfe fur lafuperücie de l'augée de mortier,
en obfervant de la bien mêler à l'aide des truelles
à longs manches, afin qu'elle fe répande ou qu'elle
pénétre également dans toute fa maffe. Ce mé-
lange ayant été fait avec foin , il faut fe hâter de
le mettre en œuvre , pour prévenir faclion de la
chaux vive que Ton y a incorporée , & qui ne
doit avoir lieu qu'après fon emploi.
Suppofons, par exemple , qu'il s'agiiTe d'opérer
un baifîn avec le Mortier-Loriot-.après avoir fait
les excavations des terres néceiTaires , on com-
mencera , comme de coutume ? par conitruire fes
bords en moiions maçonnés fuivant l'art, avec le
nouveau mortier de chaux & ciment. Après quoi
pour faire fon plafond , on étendra une aire dudît
mortier de 2 à 3 pouces d'épaifTeur , directement,
fur la terre que l'on aura eu foin de bien battre
pour l'affermir , après l'avoir arrofé : on intro-
duira , ou enfoncera enfuite dans cette aire du.
inoilon dur, de la Meulière, ou d'autres pierres
jointivement, & de maniere à faire refluer le
mortier entre leurs joints , ce qui formera une
efpéce de maflîf de 6 ou 7 pouces d'épaifTeur à peu;
-ocr page 232-
102                       Cours
près de niveau par deffus: enfin pour dernière ope-*
ration, on fera une chape ou un enduit fur tout
le pourtour intérieur des murs de ce baffin, & fur
fon plafond, conMant en une aire de mortier
comme ci-devant, mais auquel on donnera feule-
ment un pouce d'épaiifeur. Cette chape ne fe fait
que par parties , & fucceffivement par bandes 9
comme ii l'on pofoit des tables de plomb, fuivant
leur longueur, en embraffant la traversée du baflin.
L'Ouvrier fe fert pour cette opération d'une truelle
de forme triangulaire, & emmanchée à l'ordinaire,
à l'aide de laquelle il étend Faire , en la condenfant
fuivant l'art, & il finit par unir le plus qu'il peut
fa fuperfîcie. Une bande étant faite, il en recom-
mence une autre voiûne, en apportant un grand
"foin à la relier avec la précédente, afin qu'il ne
paroiße aucune marque de réunion. Quelques
minutes après que le mortier a été employé, ou
qu'un enduit a été terminé, on s'apperçok que la
chaux vive qui y a été introduite fermente ; qu'il
fe fait une eiFervefcence dans toutes les parties *
qu'il s'en exhale des vapeurs humides qui mouil·*
lent le linge , & qu'enfin l'enduit s'échauffe au
point d'y pouvoir à peine foufFrir la main. C'efk
cette fermentation modérée avec art, ni trop lente
ni trop précipitée , qui fait tout le fuccès de la
composition de ce nouveau mortier.
Les terraffes font encore moins difficiles à faire
que les baiîins ; il ne s'agit que de maçonner les
reins de la voûte où l'on veut l'arTeoir avec du
mortier, & d'y étendre enfuite une aire bien en-
duite avec les mêmes attentions que ci-devant »
lequel enduit difpenfera de carrelage, de dalles de
pierres, de tables de plomb, & n'en fera pas pour
cek moins impénétrable à l'eau*
-ocr page 233-
d'Architecture*            îo$
, On a fait depuis peu des terraffes fur une partie
des bâtiments du Château de Vincerines , fuivant
ce procédé. Elles étoient couvertes précédera*
ment de dalles , que Ton a lupprime, & a la place
desquelles on a mis un enduit d'un pouce de Mor-
tier-Loriot, ïl n'y a eu que quelque changement
dans le mélange du mortier ordinaire , fçayoir
/ qu'au lieu de f de ciment, on y a introduit par
égale portion, une partie de ciment, une partie
de mâchefer, & une partie de terre franche cal-
cinée au four, ainfi qu'il a été expliqué ci-devant
à l'article du fable.
A combien d'autres travaux ce mortier ne fe-
roit-il pas propre ? On réunirait vraifemblable-
ment à en compofer des pierres faâices, capables
de remplacer celles qui manquent, foit dans les
murs, foit dans les voûtes. Il ne s'agiroit pour cet
eifet que detailler les pierres adjacentes, ou les cô-
tés du vuide en queftion en queue d'aronde, & que
de remplir enfuite ce vuide de Maçonnerie faite
avec du Mortier-Loriot ; & quand ce viendrait
vers la fuperficie, on feroit un enduit d'un pouce,
dans lequel on mêleroit, au lieu de fable , de la
pierre pulvérifée, de la même qualité que celle
de la voûte ou du „mur ; le tout pour donner, au
dehors de cette pierre factice, le même coup-d'ceil
qu'aux autres pierres du bâtiment, avec lesquelles
il faudrait s'accorder.
Quel parti n'en tiréroit-on pas encore, foit pour
fuppléer aux .filets en .plâtre des couvertures de
tuile, qu'il faut fi fouvent renouveîler, foit pour,
maçonner les foifes d'aifance dont il eifc fi difficile
de contenir les urines, foit pour empêcher la ruine
des voûtes fouterreines, à l'exemple de ce qui
vient d'être pratiqué avec tant de fugcès à l'Oran-
*
-ocr page 234-
Î04                      C Ό V Κ Ê            -
gerie de Verfailles. Sagiroit-il d'arrêter une fource»
ou de la détourner d'un endroit où elle coule ? Il
n'y auroit qu'à enfoncer cjans lbn paffage une
boule ou un tampon de Mortier-Loriot ; en un
mot, ii pourrok être propre à mouler des vafes,
des figures, & toutes fortes d'ornements faits pour
être expofés aux injures de l'air. Ce qu'il faut
principalement obierver pour fa réuifite, c'eft de
ne l'employer que depuis le commencement de
Mai jufqu'à la mi-Oftcbre : car le tems des gelées
lui eil préjudiciable j & ii l'on fe trouvoit obligé
de s'en fervir dans l'arriére faifon, il feroit à propos
de couvrir les travaux ' de terre , de paillaifons,
ou même dans le cas d'une terraffe ou d'un baiïin,
d'étendre en outre fur fon enduit une couche
d'huile de noix mêlée avec un peu de couleur
quelconque : ce n'eft pas que cette précaution
foit abfolument eiïentiellé, mais elle ne peut que
contribuer à affurer en toutes circonitances la
bonté de l'ouvrage, en bouchant entièrement les
pores de l'enduit.
Malgré ce que nous avons dit précédemment,
on ne fçauroit cependant affigner bien précifé-
ment le 5 e du mortier ordinaire déjà mis dans
l'auge pour la proportion de chaux vive qu'il eil
a propos d'ajouter ι parce que cette proportion
doit dépendre de la qualité delà chaux que l'on
fait différer fuivant celle de la pierre employée à fa
fabrication ,& qui a auffî d'autant plus de force
qu'elle eil nouvellement cuite. Il y a un égal m.4
convénient à mettre trop de chaux vive, comme
de n'en pas mettre aiTez ; ce qu'il y a de certain %
c'eft qu'il eil à propos d'en augmenter progreiîi-
vement la doie , & que plus elle eil ancienne %
plus il en faut. Dans les travaux dont nous avons.
s ■
-ocr page 235-
d'Architecture.' iof
'été témoins '„ & même dont nous avons fait des
eflais en ce genre, le lendemain ou le iur-lende-r
main que la chaux avoit été cuite, on n'y mettent
que la mefure ronde dont il a été queftion plus ,
haut, de 6 pouces de diamètre fur 6 pouces de
hauteur : le jour fuivant on y mettoit une mefure
& un quart; le quatrième & le cinquième jour,
on y mettoit jufquà une mefure & "demie.^ On fe
régloit à cet égard, non-feulement fur l'efpace
de tems qui s'étoit écoulé depuis que cette chaux
avoit été mife dans l'auge jufquà ia fermentation,
lequel eft aifé à conilater par le toucher. ■;; ;
Remarquoit-on qu'elle fe faifoit trop précipi-
tamment ? on mettoit moins de chaux vive Re-
marquoit-on quelle fe faifoit plus tard que de
coutumet on en augmentent la dofe : ainfi comme.
l'on voit, cette addition ne fçauroit être uni-
forme : reffentiei eil de commencer par éprouver
la chaux d'un Canton avant de compofer ce mor-
tier , afin de connoître la quantité de chaux
Vive qu'il convient d'y introduire. On verra par
ces eifais , qu'en admettant plus de chaux vive
qu'il n'eft nécefîaire , fa fermentation devenant
trop brufque & trop précipitée, outre que ΓΟιι-
Vrier n'a pas le tems d'employer ce mortier , il
fe fait une déification abfolue dans fon intérieur
qui diflout toutes les parties, & que févaporation
de fon humidité devenant trop confiderable , il ne
refte plus aifez de gluten pour les unir ; de forte
que le mortier fe trouvant ainfi dénué de toute
confiftance , tombe alors néceifairement en
pouffiere.
On sappercevra au contraire , que quand on.
n'y admet pas aifez de chaux viye , ou que quand
la chaux vive eft ancienne à un certain point ?
-ocr page 236-
âo6                       Cours
l'effet en eu. très-lent : à peine ient-on quelque
chaleur du tems après qu'elle a été employée; d'où
il refaite que l'humidité du mortier y refte con
centrée ; qu'il s'y forme par la fuite des crevaffes »
des gerfures, & qu'en un mot ce mortier recelle
fous les inconvénients du mortier ordinaire.
Il a été fait il y a quelque tems des baflïns aux
Portes de Paris avec ce mortier, où Ton a échoué,
pour n'avoir pas fait affez d'attention à la nou*-
veauté de la chaux vive ; on a recommencé de-
puis cet ouvrage avec les précautions convenar
bles , & l'on a réulîi : ce qui prouve combien il eit
effentiel de fe munir de chaux nouvelle, & qu'il
ne faut pas y être moins attentif qu'à fa dofe : ces
deux chofes une fois reconnues , l'emploi de ce
mortier n'eft plus qu'une routine pour les Ou-
vriers.
Au furplus, ce que nous avançons fur la bonté
de ce mortier, n'eli pas fondé fur de iimples con-
jectures , mais fur des ouvrages nombreux exécutés
avec fuecès , foit à Menards, foit aux Châteaux
de Verfailles & de Vincennes > foit à Paris (a) &
dans {es environs. Si l'on a fait ailleurs quelques
eifais qui n'ont pas également réuiîi, on n'en peut
conclure autre chofe, iinon que les mal-adroits
ou les gens mal inftruits décréditent quelquefois
les meilleures inventions : car la bonté & l'effica-
cité de ce mortier font démonftratives : elles font
une fuite néceffaire & immuable de fa conititu-
tion. La chaux vive que l'on y ajoute lui donne
une activité pour lier les pierres que ne fçauroit
avoir le mortier ordinaire , où l'on employé que
(a) On vient tout récemment de refaire la grande terrafle
su Bâtiment de. l'Obfervatoire avec ce Mortier.
-ocr page 237-
D * A R C H I Τ Ε C ΐ U R E.             ÎO7
deïa chaux tout à fait noyée : en-échauffant-au.'
même initaat tout fon intérieur, elle force nécef-
fairement l'humidité fiiperflue de fortir à la fois
de toutes fes parties j elle opère une efpéce de
cuiffon générale qui les unit, les refferre , les
condenfe , les fixe , & empêche qu'il n'y refte
aucun vuide j tellement qu'il n'y a plus à craindre
ni lézardes, ni gerfures, & que i'aâion du foleil 9
fi préjudiciable aux autres mortiers , ne fçauroit
plus déformais produire d'autre effet fur fa maffe
-totale, que de la durcir encore davantage (a).
{a) M. de Morveau a fait voir, dans un Mémoire inféré
dans le Journal intitulé , Obfervations fur la Phyßque 6' i'Hz~
fioire Naturelle ,
par M. Γ Abbé Rozier , Novembre 1774, qu'il
étoit poflîble de remplacer la pulvérifation & le blutage de la
chaux vive, deux opérations qui paroirTent difpendkufes par
un procédé plus économique. Ce procédé confiite à Ce pourvoir
de la* quantité de chaux "dont on prévoir avoir befoin en l'état
de chaux vive j à étendre cette chaux fur le pavé dans un lieu
couvert, pour la biffer éteindre à l'air libre, ce qui s'opère de
foi-même , à ce qu'on prétend, en trois femaines environ. Or ,
comme la chaux éteinte fe réduit naturellement en pouffiere * il
ne s'agit, fuivant lui, que de recalciner enfuite cette chaux en
pouffiere dans un four fait exprès, Se qui puifle fournir à plu-
iieurs Ouvriers , à mefure qu'ils en auront befoin , pour mêler
dans fe mortier ordinaire; de forte que par ce moyen il ne fera pas
néceiTaire de pulvérifer particulièrement la chaux vive. Mais»
attendu que M. de Morveaune cite aucune épreuve autentique
de cet expédient, & qu'il ne paroît pas vraif emblable que de la
chaux en poudre recalcinée unexfeconde fois, ait autant de^ertu
que la premiere , & que d'ailleurs la conftruction de ces fortes
de four ne laiiferoit pas de coûter, nous, croyons que, malgré
la fujétion de pulvérifer la pierre à chaux, fuivant la méthode
4e M. Loriot, il fera toujours plus sûr de s'y tenir.
-ocr page 238-
1θ8                  C O URS
C H AP Ι Τ R E VI.
De l'Excav'atι on des Terres,
et de leurs τ ran sp o rts.
Χι A fouille des terres & leurs tranfports, Îortttou-
|ours un objet très-confidérable dans la conftru-
<ftion d'un édifice. Rien ne demande plus d'attention*
& faute d'avoir l'expérience nécefîaire à ce fujet,
on multiplie fouvent ces opérations fans s'en ap-
percevoir, & l'on augmente coniidérablement les
dépenfes des excavations des terres : ici, parce
qu'on eft obligé de rapporter des terres par dô
trop longs circuits , pour n'en avoir pas aflez
amaffé avant d'élever dès murs de maçonnerie ou
de terraffe :là , parce jqu'il s'en trouve une trop
grande quantité , qu'on' eft obligé de tranfporteff
ailleurs , quelquefois même auprès de l'endroit
d'où on les avoit tiré ; de maniere que ces terres,
au lieu de n'avoir été remuées qu'une fois, le font
deux, trois & quelquefois plus ; ce qui double ou
I' triple fouvent les frais, J\
Ceux qui méprifent la Pratique, donnent pour
excufe que cette partie du bâtiment eft tout-à-fait
du reffort de entrepreneur ·9 néanmoins il faut
convenir que fi un Architecte vouloit entrer dans
ce détail, il en réfulteroit deux avantages : le pre-
mier , d'empêcher de faire beaucoup plus d'ou-
vrage qu'il n'en eft befoin; le fécond , que s'il fe
trouvoit obligé de bâtir, dans un lieu où il n'y eut
pas d'Entrepreneur habile dans cette partie , il
. feroit
-ocr page 239-
fc' ArCîïîïë Cf ü &%.            209
féroît en £tat de donner fes confeils pour Conduire
les Ouvriers. D'ailleurs il arrive quelquefois que ,
par économie ou autrement, l'Architecte eil chargé
perfonnellement de toute la bâtifle ; alors il faut
qu'il foit inilruit de la maniéré d'opérer ces fouilles
fans faire de double emploi. Encore un coup , c'eil
clans le tranfport des terres que l'intelligence eit
néceiTaire pour obvier à toutes les difficultés qui
fe rencontrent en pareille occafion ;& le moyen le
plus sur pour ménager la dépenfe, eil de tranf-
porter les terres le plus près qu'il fera poiïîble,
ces travaux étant toujours fort longs & très-dift
pendieux.
La maniere la plus ordinaire pour tranfportetf
les terres , lorfqu'il y a loin , & que ce font des
édifices bâtis dans une Vilie , eft de les faire voiturer
dans un tombereau, ou du moins dans un camion*
qui contient 11 à i.z pieds cubes de terre, ce qui eft
plus prompt & moins coûteux, que li l'on fe fervoit
île dix ou douze hommes avec des hottes , qui ne
portent guère qu'un pied cube chacun , oit de douze
hommes avec des brouettes ou banaux, &c.
La différente iituation des lieux, là rareté des
Ouvriers , ou le prix des ouvrages , doivent
décider de la maniere de tranfporter les terres ;
car il eil certain , par exemple , que lorfque
Ton bâtit fur une demi côte , les tombereaux ne
peuvent être mis en ufage > à moins de former des
chemins en zigzag, qui adouciiTenr les pentes _, ce
qui fe pratique dans les ouvrages d'une certaine
importance. Il eft encore effentiei d'obferver dans
ces occaiions, de payer les Ouvriers préférable-
mènt à la toife , tant pour éviter les détails embar-
raiTants, que parce qu'ils vont beaucoup plus vite;
autrement les Ouvriers , sûrs de leur gain, font
.tome Κ                 '                    Ο
-ocr page 240-
210                        CO URS
pareffeiix, & font traîner les ouvrages ert lon-
gueur ; de forte que les fouillés qui doivent pré-
céder la conitru&ion , ne fe trouvant pas faites
dans le tems où les faifons permettent de mettre
la main à l'œuvre, la bâtiiTe en eil retardée > & on
fe trouve dnns l'hiver avant d'avoir pu fortir les
fondements hors de terre ; en un mot, la qualité du
terrein que l'on fouille , Féloignement du tranf-
port des terres ,ia vigilance des Infpe&eurs fur les
Ouvriers qui y font employés , la connoiffance
du prix des journées , la provifion fuffifante
d'outils néceffaires , leur entretien, les relais,
la faifon où l'on fait ces fortes d'ouvrages,
font autant de confidérations qui exigent pie in-
telligence confommée dans cette partie de la conf-
truclion , & qui peuvent feules déterminer le prix
d'un bâtiment, & le tems qu'il faudra pour mettre
ces fouilles en état de recevoir les fondements
qu'on a réfolu de faire, fuivant l'importance de
l'édifice.
11 faut prévoir deux inconvénients qui arrivent
ordinairement , quand on néglige de fe rendre
compte des différentes parties dont on vient de
parler, & que dans l'idée d'aller plus vite & de
fauver le coût des excavations d'un bâtiment, on
commence par fouiller une partie du terrein
fur laquelle on fe met d'abord à fonder. Le
premier eil que TAttelier fe trouve furchargé
d'Ouvriers & d'équipages de différentes fortes,
qui demandent chacun un ordre particulier ; que
d'ailleurs , ces Ouvriers quelquefois en grand
nombre appartenant à plufieurs Entrepreneurs
dont les intérêts font différents, s'embarraûent les
uns les autres ; ce qui nuit également à l'acçélé-,
cation de la fouille des terres. Le fécond incon-
' ' ' '                       '                                                  .*"',(.·., "" ·                ' '; V.' "
.'■■)..■.                                                                                                                                                                                                                                                               -■                                                                                  ..;■ ;''■'■* ■; ; ■'.■■'■'/
-ocr page 241-
D'An e H lÎBCTURL'          %ll
Venient, eil que les tranchées n'étant pas faites
de fuite, & les murs -étant conftruits en des tems
& des faifons différentes , il arrive que toutes
les parties d'un bâtiment, qui devroient être
élevées enfembîe pour taffer à la fois , ayant au
contraire été bâties à diverfes reprifes , s'affaiifent
inégalement , ..·& engendrent des furplombs-,'des
lézardes$ &c, ainii qu'on en remarque dans la plu-
part des édifices même les plus importants , où
l'on a préféré la diligence à la iolidité.
Sous le nom d'excavation, on ne comprend pas
feulement la fouille des fondations d'un bâtiment
jufques fur le bon fond5 l'on entend auffi celle qu'il
convient de faire pour unir, drefier & applanir
les terreins des avant-cours, des cours & des
baiTes-cours , auffi bien que les terraifes & les
jardins des maifons de plaifance, ou de celles que.
l'on fait bâtir à la Ville ; car il n'eit guère pof-
iible qu'un terrein que l'on choiiit, n*ait des inéga-
lités qu'il ne faille redrefTer, pour en rendre Fufage
plus commode ou plus agréable ; 'alors il faut ou le
mettre tout de niveau , ou le dreiTer feulement
fuivant fa pente naturelle. Dans le dernier cas,
on {q, contente de rafer les buttes, & de remplir
les cavités; dans le premier, il faut fe fervir d'un
infiniment appelle niveau d'eau , qui facilite le
moyen de dreiTer fa furfa.ce avec tant de précirion,,
qu'il ne reile aucune pente dans toute fou étendue,,
Nous n'entrerons point ici dans la pratique de
cette opération ; on la trouvera dans tous les Au-
teurs qui ont écrit fur la Géométrie Pratique ; nous
remarquerons feulement que lorfquil s'agira d'un
ouvrage de quelque importance , où l'on aura
beaucoup de terres à rapporter, pour s'aifurer de
la fidélité des Entrepreneurs ? on doit les obligée
Oij
-ocr page 242-
.4 tl                      Cours
à laiiïer des témoins fur le tas , jufqu'à ce que les tr&*
Vaux foient entièrement finis, Ces témoins font des
mottes de terre delà hauteur du terrein qu'on laiffe
de diilance à autre, pour pouvoir toifer, après le
déblais ou remblais, les vuidanges ou furcharges
ûes terres * qu'il aura fallu enlever ou rapporter
fuivant l'occafion , leiquelles font payées à la
toife cube , contenant 216 pieds , & plus ou
moins cher , félon que ces fouilles font, foit
de terre franche-, foit de gravier ou de fable,
foit de tuf ou de roc. Toute terre où Ton n'a be-
foin que du louchet ou bêche pour l'enlever,
eil eilimée terre franche (λ), ou ordinaire; celle
où il fuffit de la pioche & du pic, eil regardée
comme fable ; & celle où il faut fe fervir de mine ,
de coin , de maffe & d'éguille , eil coniidérée
comme roc.
(a) On diftingue deux efpéces de terre franche , l'une qu'on
appelle terre hors d'eau , qui eil celle qui peut s'enlever à Ctc ,
&c Te tranfporter fans difficulté:l'autre qu'on appelle terre dans
l'eau,
dont le mtnfport coûte beaucoup, tant à caufe des peines
que l'on a de détourner les fources, qu'à caufe des épuifemeuts
qu'on eft obligé de faire.
-ocr page 243-
^'Architecture          213
*
-—---"             '------------.... —-•^ΑΜί/ρ------------            " .           ....'. ... -j
__«î......-               ι »ι . ■ -*χ)ζβ —1 ,t .....                  ,11.,,.,.,ι,,.,.—.gjy^
CHAPITRE VIL
De LA M AN Ι Ε RE ΏΕ PLANTER
U Ν Β AST IM EN T.
v
Jl/expéiuence & la* connoifiance de la Géo-
métrie font également néceflaires pour cet objet ;
c'eit. fur-tout par le moyen de cette dernière que
Ton peut tracer avec exactitude fur le terrein les
tranchées des fondations d'un bâtiment , qu'on
aura foin de placer d'allignement aux principaux
points de vue qui doivent en embellir l'afpe£t>
obfervation fi néceifaire & li eÎTentielle , qu'il
y a des occafions où il vaudrait peut - être
mieux négliger l'expofition , pour préférer l'alli-
gnement direcl des principales iffues, à l'obliquité^
de la iituation du bâtiment.
L'art de cotter les deiîins eil d'une grande
utilité, pour bien diriger la .plantation d'un bâti-
ment : deux chofes y font également néceifaires*
l'une que les parties s'accordent avec les mefures
générales, de maniere qu'elles fe fervent conti-
nuellement de preuves & de contre-preuves ;
l'autre d'éviter la confuiion. On doit exprimer
avec exactitude l'ouverture des angles principaux
de l'édifice , & cotter la poiition & les points de
diitance des centres des figures circulaires. Il faut
donner d'abord des deiîins au trait, où l'on fup-
primera toutes les faillies qui doivent n'être ap-
parentes qu'au deiTus des fondements , ayant foira
néanmoins d'exprimer les empattements nécef-
-ocr page 244-
ατ4                      Cours
faires pour recevoir les retours des corps faillants
où rentrants , ou tout autre corps qtii peut contri-
buer à la décoration , ou à la diilribution intérieure
ou extérieure. Il faut être muni, pour tracer un
plan fur le terrein, de piquets, de jallons, de cor-
deaux , d'une toife , d'une double toile , d'une
grande équerre & d'un graphomètre "ou quart de
cercle, pour déterminer les angles.
Avant de planter un bâtiment, il faut avoir bien
drefle le terrein de niveau, ou fuivant une pente
donnée à l'aide du nivellement} laquelle pente on
doit avoir marqué par des repaires , ou avec des
piquets coupés & arafés à la même-hauteur. Après
cela, la premiere opération confifte à former un
trait quarré fur le terrein, ou à tracer avec des
cordeaux fur le milieu du terrein deux lignes réci-
proquement perpendiculaires, ou qui fe coupent
à angles droits ; ce qui eil extrêmement aifé à faire:
alors on partira de ces deux lignes comme bafes,
pour tirer autant de paralleles & de perpendicu-
laires qu'il faudra pour tracer les différents alligné-
ments du bâtiment, & déterminer tous fes angles
& retours tant en dedans qu'en dehors. Après que
les allignements des fondations auront été tracés fur
le terrein, il conviendra de recommencer une féconde
fois les mêmes opérations, pour fervir de preuves
ou de vérifications aux premières , & s'affurer de
ne s'être pas trompé : car c'eft de cette opération pré-
liminaire que dépend tout le fueçès de la planta-
tion d'un bâtiment. Cela étant fait, on enfoncera des
^pièces de bois bien équarries affez avant dans la
terre, & à quelque diitance des murs de face,
pour faciliter les opérations & la main-d'œuvre.
Ces pièces de bois ferviront à recevoir des cor-
deaux à demeure bien tendus , pour marquer
-ocr page 245-
d'Architecture.' ai?
les épaiffeurs des murs, & même la hauteur des
afîifes à mefure qu'on les élèvera fucceiïiverrïent.
Les lignes étant tendues de la largeur des em-
pattements marqués fur les plans , on fera alors
l'ouverture des terres de la grandeur néceffaire »
de maniere que les tranchées n'ayent guère plus
que répaifleur des murs ; & pour empêcher les
terres de s'ébouler, on les entretiendra par des
étréiillons & des doffes pendant la conftru&ionu
Les fondements étant arrivés à la hauteur conve-
nable pour recevoir les murs hors de terre 5
on doit apporter la plus grande attention à
pofer la premiere affife de pierre dure , en
obfervant de laiffer les retraites marquées fur les
plans; ainfi que nous l'expliquerons , après avoir:
expofé la maniere de fonder fuivant la nature des
différents terreins*
                                     '
«5
-ocr page 246-
%ι6                    Cours
gffigÉ^HgfeSg
C H A PITRE VIII.
\E 14 MANIERE Ό E F ONOER SUIVANT
LES DIFFÉRENTS TERREINS.
"Akt ï c l ε Ρ & ε μ ι ε r.
:^f ivJ f>es Fondements en générât
Ji$j|f f<àn4enients ('^fÄÄI.^liifesä en font véri·*
t^blement Ja b^fe : quoique cachés fous terre, e@
font eux qui portent tout ce qui s'élève au-deiTus 2
c'eit pourquoi ils exigent les plus grandes précau-
tions pour en affurer la folidité. De tontes les
fautes que l'on peut faire en bâtiflant, c'eft la plus
grave y parce Qu'elle entraîne après elle le plus
fou vent la ruine d'un édifice, & qu'on ne peut y
yemédier fans de grandes difficultés.
Avant de fonder ? il faut çonfidérer fi le terrein
eft fonde : fouvent il pak>ît bon» & ce n'eft qu'un
lit de terre de trop peu d'épairXeur. Il y a des fon-
dements naturels, tels que le roc, le tuf, le gros
fable mêlé de terre, les terreins pierreux , lefquelt
font fufiUants pour porter une grande maffe de
(a) On confond fouvent fondement & fondations cependant
ces deux mots iïgnifîent deux chofès différentes. Le fondement
d'une maifon eft proprement le maffif de maçonnerie qui 1^
fupporte , Sf fa fondation eft l'excavation ou la fouille $U.e. i'oft
fait daAS la terre pour recevoir ce rnaiGf."
-ocr page 247-
d'Architecture. %ïf
bâtiments ; mais il n'en eil pas ainii lorfque le
terrein eil, foit un fable doux, foit delà terre-giaife,
foit une terre remuée ou marécageufe, parce qu'il
peut s'écarter fous le faix. Nous ferons voir par la
fuite particulièrement comment on peut fe fervir
de ces différents terreins, & remédier par art à
ceux qui ne font pas folides.
Le meilleur moyen de s'afTurer de la qualité au
terrein, & de connoître les différents lits de terre
auxquels on peut s'arrêter, c'eil de faire des puits
en plufieurs endroits. Bullet dit que pour fçavoîr
ii le terrein afuffifamment d'épaifléur ,'& s'il n'y a
pas de mauvaifes terres au-deffous, il faut avoir;
une pièce de bois comme une groffe folive de 6 ou
8 pieds, & battre la terre avec le bout : fi elle
réfiile au coup, (k que le fon paroifie fec & un
peu clair, on peut s'affurer , fuivant lui, que le
terrein eil ferme ; mais ii en frappant la terre elle
rend un fon fourd, δε fans aucune réiiilance , c'eil
une marque que le fond n'en vaut rien.
Il eil encore facile de s'affurer de la qualité du
terrein par le moyen d'une fonde ou tarriere, qui
eil une longue branche de fer , faite de façon
jqu'eile rapporte en la retirant un échantillon du
fond que l'on a percé. Si Ton eft obligé de fonder
bien avant, on allonge la fonde par le moyen
d'une ou de plufieurs branches qui s'ajuilent au bout
de la premiere avec des vis à écroux. Enfin pour
ne rien négliger dans cette recherche, il eil encore
à propos de çonfulter les Maçons du Pays , at-
tendu qu'ils comioiffent par pratique la nature du
terrein.
Le fond des tranchées des fondations, quel que
foit la qualité du fol, doit être mis bien de niveau *
& Je milieu du mur doit répondre au milieu d@
-ocr page 248-
ïïÊ                       Cours
îa fondation , 8t être bien perpendiculaire : on .-.V.
obferve cette méthode jufqu'au faîte du bâtiment.
Quand il y a des caves ou fouterreins , il faut qu'il
n'y ait aucune partie de mur ou colonne qui porte
à faux, que le plein porte toujours fur le plein,
& jamais furie vuide; & cela afin que le bâtiment
puiffe taffer bien également. Quant au dehors des
murs des fondements , il eft d'ufage de les élever
d'à-plomb, attendu qu'ils font accotés de toutes
parts par les terres , ainii que nous lé verrons par
la fuite.
Pour parvenir à donner aux fondements une fo-
îidité convenable 9 il faut confidérer leur profon-
deur & la hauteur des murs qui doivent s'élever
defîiis,afin de régler en conféquence leur épaiffeur:
car c'eil. de cette dernière que dépend tout le
fuccès de la conitru&ion d'un édifice.
Palladio recommande de donner d'épaiffeur
aux fondements des édifices le double des murs
élevés au-deflus : Sçàmozzi veut qu'on leur
donne le quart au plus & le iixieme au moins:·
Philibert Delorme propofe la moitié : M. Bruant,
à l'Hôtel de Belleiile , leur a donné les deux
tiers , & MM. Manfard , aux Invalides & au
Château de Maifons \\ leur ont donné la
moitié. En général l'épaiffeur des murs de fonda-
tion d'un édifice doit fe régler für leur profondeur,
leur hauteur , & la qualité du terrein ; mais
lof fqu'il s'agit d'une maifôn ordinaire, il fuffit de
donner aux murs de fondations un quart en fus
de l'épaiffeur de la première afïife des murs pris
au rez-de-chauffée.
La différente qualité des matériaux qu'on em-
ployé pour la conftruëtion , eil encore une confé-
dération importante pour conftater l'épaiffeur des
s
-ocr page 249-
d'Architecture:         fl9
fondements des murs de face & de refend , leur
diverfité étant auffi infinie que l'efpéce des terres
fur ïefquelles on eil obligé de les affeoir , ett
différente. En général ces terres fe réduiient a
trois efpéces ; fçavoir celle de tuf ou roc, celle de
fable, & celle de terre ordinaire. La premiereelt
facile à connoître, par la réfiftance que les Ou-
vriers trouvent en fouillant ; la féconde fe ^»bri-
gue en deux fortes, l'une qu'on nomme table
ferme & dur , fur lequel on peut fonder iolide-
ment; l'autre qu'on appelle fable mouvant, dont le
peu de folidité ne permet pas de rifquer de fonder
deffus, fans prendre des précautions contre les
accidents qui pourroient arriver : la troifieme
fe divife en quatre ; fçavoir la terre ordinaire ou
franche, la graffe , la glaife , & la tourbe : cette
dernière ne fe trouve que dans lès lieux aquati-
ques, & eft une efpéce de terre graffe , noire &
bitumineufe, qui fe confume au feu après lavoir
fait fécher. On en fait beaucoup d'ufage en Hol-
lande ,'& dans quelques Provinces de France ou
le bois eft rare.                                                ,
Entrons dans les détails delà maniere de tonder
fuivant la nature des différents terreins.
Article IL
Des fondements fur le Roc.
Ρ L ANCHE LXV.
QUOIQUE les fondements fur le roc paroiffent
les plus aifés à faire , à caufe de la folidité du fond,
il n'en faut pas moins pendre de grandes précau-
-ocr page 250-
220                        Ç OU R S.*
lions : & pour cet effet avant d'y fonder, il con-
vient toujours de commencer par s'affurer de fa
fermeté ; ce qui fe peut faire avec le fecours d'une
fonde, pour fçavoir s'iï n'y aurait pas de cavités
deffous , ou quelque carrière qui, par le peu d'é-
naiffeur qu'elle laifferoit au roc dans l'endroit ou
ion voudroit affeoir les fondements , ne permet-
trait pas d'élever deffus un poids confidérable de
Maçonnerie. Alors il faudrait placer des piles &
bander des arcs dans ces cavités , pour foutenir le
fardeau de la conftruftion que l'on voudroit éleyer
fur le roc ; afin d'éviter ce qui eil arrivé en bâtif-
fautTEgiife du Vaï-de-Grace à Paris, où, lorf-
Φ*'°η eut trouvé le roc, on crut y affeoir avec
sûreté fes fondements ; mais leur poids fit fléchir le
ciel d'une carrière , qui anciennement avoit été
fouillée fous cet endroit; de force qu'on fut ohligé
après coup de percer lç roc, &' d'établir par def-
fous-œuvre des piliers de diilance en diÛance
dans cette 'carrière, pcjur foutenir le poids de l'é-
difice que l'on voit aujourd'hui.
En fuppofant donc que le roc foit reconnu pour
avoir une iuiHfante épaiffeur, il faut y affeoir & y
encailrer de niveau les premières aiTifes de pierre
du bas d'un mur, en formant s'il eil befoin des
efpéces de marches dans; le roc en montant, de
maniere que le mortier puiffe les unir enfemble»
          |
La figure Fe, Planche LXV, feif voir cette diipo-
iition. A, eil le Profil du roc : Β, le Profil du mur;,
          j
& C, font les Reffauts pratiqués pour recevoir pat          I
encailrement les premières afiiies.                                   I
Mais fi le roç par ion eicarpement permet d'y          j
adoffer le mur, alors on peut réduire Fépaiffeur           j
de fa Maçonnerie , à condition de pratiquer dans
le roc des arrachements fufSfants, piqués dans-
-ocr page 251-
D'Architecture. ut
leurs lits, pour recevoir les harpes des pierres du
mur, afin de les confolider enfemble par le moyen
du mortier. La figure II repréfente cet arrange-
ment. D, eil un Profil du roc :E, eil celui du
mur; & F, fait voir les Harpes encailrées dans le
roc.
On peut affeoir, dit Bullet ( a ), un bon fonde-
ment fur le roc, quand il eil poffible de le mettre
de niveau à la hauteur dont on a befoin ; ce qui
n'eil pas quelquefois aifé : toujours eil-il qu'il faut
faire en forte de le couper de niveau, au moins
dans chaque face du mur : car ii le roc étoit de
différentes hauteurs dans une façade, il efl évident
qu'il fe feroit un tafîement plus coniidérable dans
la partie du mur où il y auroit plus de Maçon-
nerie, & moins d'afFaiffement où le roc feroit le plus
haut; ce qui occaiionneroit des lézardes & des
fractions au mur. C'eil pourquoi dans les endroits
où il eil difficile de mettre le roc de niveau , il
convient de faire la Maçonnerie des parties les
plus baffes , la meilleure qu'on pourra, & de la
läiffer bien fécher, afin qu'elle prenne une cori-
liilance folide. Il faut fur-tout obferver dans la
longueur d'une façade, de couper le roc par partie
de niveau & par retraite, & de faire en forte qu'il
foit un peu en pente fur le derriere dans l'épaif-
feur du fondement, tellement que le pied du mur,
qui eil en talut, foit pofé fur un plan qui s'oppofe
à la pouffée.
Lorfqu'on veut bâtir fur des rochers, dont la
furface eil très-inégale, on peut éviter la peine de
les tailler en employant toutes les menues pierres
qui embarraifent l'Attelier, & qui avec le mortier
(λ) Architeiïure Pratique, page xja.
-ocr page 252-
211                        COU RS
remploient très-bien toutes les inégalités du tôt*
Cette conitfuâtion étoit très-eftimée des Anciens«
M. Bélidor, dans ion Ouvrage intitulé, la Science
des Ingénieurs
, paroît en faire grand cas : il dit l'a-
voir mife en pratique ; & que quand elle eil une
fois endurcie, elle forme une maffe li folide qu'elle
ne peut jamais s'affaiffer, malgré les poids inégaux
dont elle peut être chargée, ou les parties de ter-
rein plus ou moins folides fur lesquelles elle eil
pofée. Ces fortes de fondements font appelles
pierrées _, & fe font de cette maniere.
Après avoir creufé le Roc G, figure III, d'en-
viron 7 à 8 pouces , on borde les allignements
des deux côtés H & I, avec des cloifons de char-
pente , en forte qu'elles compofent des coffres,
dont les bords fupérieurs H& I, doivent être
pofés le plus horifontalement qu'il eilpoiîible, &
dont les bords inférieurs Κ , doivent fuivre les
inégalités du Roc. On amaffe enfuite une grande
quantité de menues pierres , en y mêlant li l'on
veut des décombres du roc , lorfqu'ils font de
bonne qualité, que l'on corroyé avec du mortier,
& dont on fait pluiieurs tas. Le lendemain ou le
fur-lendemain au plus, les uns le pofent immédia-
tement fur le roc, & en rempliffent les coffres fans
interruption dans toute leur étendue, tandis que
les autres le battent également par tout avec la
demoifelle à meiure que la maçonnerie s'élève,
mais fur-tout dans le commencement, afin que le
mortier & les pierres s'infirment plus facilement dans
les finuoiités du roc. Lorfque cette maçonnerie eil
fuffifamment féche, & qu'elle a déjà une certaine*fo-
lidité,on détache les cloifonspour s'en fervir ailleurs.
Cependant lorfqu'on eil obligé de faire dès reffauts
en montant ou en defcendant, on foutient la ma-
-.*;/.·;■ ■*>.: 1:: ■;-■,:.s-.vr:i\
-ocr page 253-
D Architecture.          223
Çonnerie par les côtés avec d'autres Cîoifbns L;
& de cette maniere on furmontele roc jufqu'à en-
viron 3 ou 4 pieds de hauteur félon le befoin ;
ênfuite on poi'e d'autres fondements par affifes
égales , fur lefquels on élevé des murs à l'or-
dinaire.
Lorfque le Roc Ρ eil fort efcarpé, figure IV,
pour éviter les remblais derriere les fondements M,
on fe contente quelquefois d'établir une feule cloi-
Γ011 fur le devant Ν , pour foutenir la Maçon-
nerie Ο , & on remplit enfuite cet intervalle,
de pierrée comme auparavant.
La hauteur des fondements étant établie , &
arrafée convenablement dans toute l'étendue que
l'on a embraffée, on continue la même chofe en
prolongeant, obfervant toujours de faire obliques
les extrémités de la Maçonnerie déjà faite , de
jetter de L'eau deflus , & de bien battre la nou-
velle, afin de les mieux lier enfemble. Une .pa-
reille Maçonnerie faite avec de bonne chaux eil,
fuivant M. Bélidor, la plus excellente & la plus
commode que l'on puiiTe faire (a).'
Quand on eil dans un Pays où la pierre dure eil
rare, on peut, ajoute cet Ingénieur, faire les foubaf-
fements des gros murs de cette maniere , avec de
bonne chaux s'il eil poiïible , qui à la vérité ren-
chérit l'ouvrage par la quantité qu'il en faut;
mais l'économie , dit-il encore, ne doit pas avoir
lieu lorfqu'il s'agit d'un édifice de quelque impor-
tance. Cependant tout bien confidéré, cette Ma-
çonnerie coûte moins qu'en pierre de taille. Ses
parements ne font point il eft vrai agréables à la
■ ■■■'-:. 1 '                                                             ■ ' - · i ''.. .: '
(a) Science des Ingénieurs 3 Livre III,
-ocr page 254-
âi4                       C o ü ft s
vue, à caufe de leurs inégalités, mais il eÄ facile
d'y remédier comme nous allons le voir.
Avant que de contraire , on'fait deux efpéces
de mortier, Tun mêlé de gravier, & l'autre, ainfi
que nous l'avons dit 9 mêlé de menues pierres. Si
l'on fe trouvoit dans un Pays où il y eut deux
efpéces de chaux, la meilleure ferviroit pour celui
de gravier ,& l'autre, pour celui de menues pierres.
On commence par jetter un lit de mortier fin dans
le fond du coffre, attendu qu'il s'agraffe mieux que
        l
* l'autre fur le roc : enfuite, daine quantité d'Où·*
vriers employés à cette opération , les uns jettent [
le mortier fin de part & d'autre fur les bors inté- }
rieurs du coffre qui foutiennent les parements;
d'autres rerapliffent le milieu de pierrées, tandis
que d'autres encore le battent. Si cette opération
■eft faite avec foin , le mortier fin fe liant avec
celui du milieu , formera un parement uni qui,
en fe durcifTant, deviendra avec le tems aufli dur
que la pierre, &' fera le même effet : on pourra
même quelque tems après , fi on le juge à propos,
y figurer des joints.
Néanmoins nous eitimons qu'il vaut beaucoup
mieux employer la pierre de taille ou les libages ,
fur-tout pour fonder les murs de face, de refend,
ou de pignon, & faire fi l'on veut les rempliffages
en moilons à bain de mortier, fur-tout lorfque le
roc eft d'inégale hauteur dans toute l'étendue d'un
bâtiment, à caufe des taiïements qui pourfoient
         \
ne pas s'opérer uniformément : inconvénient
effentiel qu'un ConfTriifteur doit fans cefle s'atta-
cher à obvier.
On peut encore par économie, lorfque les fonde-
ments auroient beaucoup de hauteur, pratiquer des
Arcades Q, figure V, dont une des retombée pofe
quelquefois
-ocr page 255-
oVARCBt îîldïtiRÈ. il ƒ
Quelquefois d'un coté fur le Roc R , & de l'autre
iur un Pied^-droit ou Maffif S, pofé fur un bon
terreinX, battu & affermi, où fur lequel on a mis
des plate-formes : mais alors il faut que lès pierres
qui compofent cemaiîif foient pofées fans mortier»
& que leurs furfaces ayent été frottées les unes
fur les autres1 avec l'ëau & le grais , jufqu'à ce
qu'elles fe touchent dans toutes leurs parties , Se
cela jufqu'à la hauteur T, T, du Roc j car ii Ton em*
ployoit du mortiét pour les joindre enfemble, il
faudroit du moins lui donner le tems néceÎTaire
pour fécherj afin que d'un côté ce màiîif ne fut
pas fujet à raffet, tandis que du côté du roc il ne
tafferoit pas» Il ne faut pas cependant négliger de
remplir de mortier les joints que forment les jon-
ctions dés pierres avec le roc, parce qu'elles ne
font pas fujetes au taÎTement, & que c'efl: la feule
Haifoii qui puiffe les entretenir*
If·"· ■.......          ii ÎwÉpwÉpÉJiBii         * ι" .ijimmii ιιιίιιιιΐ ι'ιιι· fi imhiii'îim^é—
A r τ ι g t ë I IL        ;
Des fondements fur U SakL·
a PlA'ftiifË' LXVI» ';.
, " :;-'; - ■: "■ ■ , ? ) il ft ' "                    -, ',-< ! '' " " ' '                     ')
Pqvîl pouvoir fondef /ur le fable avec sûreté i
il faut qu'il foit mêlé de cailloux, & que fa maiTé
ferrée forme urt corps folide & ftabîe. Il arrive
quelquefois que malgré cette qualité réquife , en
fouillant jufquàune certaine profondeur -s Γόη
trouve des fources qui bouillonnent & foulevent
le fable; ce qui fait nommer ce àzmitï fable bouil-
hanu
Alors il faut commencer par amaffer près de
^
         Tome V*                                t Ρ
Ν
-ocr page 256-
fendroit Qiïfoii veut bâtir les matériaux iléceiTalrél
aux, fondements, tels que: de£,ubages, du mpjlóh ;|
& fur-tout de la chaux vivefortant du four ; en-
fuite, on ouvrira les tranchées avec précautions
partie par partie , & à peu près ce que l'on peuç
faire de Maçonnerie pendant un jour : quand ort
$apperçeyra^ qu'une iburce (VQudra s'élever , ou
qu'elle, commencera à fuinter-x on jettera deffus
de la chatix-vive qui,-en fe détrempant, arrêtera
l$s tranfpiratians d'eau , puis pn poiera avec la
plus grande diligence une ajlïfès de gros libages, ou
de pierres plattes , fur laquelle, on en placera une
autre en /liajibn avec de bou \mortier ;-dejs forte
qu'après avoir furmonté cet-obßacle , on fera
en état' d'élever les fondements, comme à l'ordi-^
naire. Mais fi, à caufe de latrop grande abondance
d,1eau, on v*oy;pit quelquefois les, affifes flotter, &
paroître ne pas prendre une bonne confillance;-,
il ne feudroit pas s'inquiéter, ni craindre pour la
fölidité dé la Maçonnerie j car" il arrive d'ordi-
naire que. quelque tems après elle s'affermit d'elle-
même , & comme fi elle àvoit été placée fur un
terrein bien folide. ;- ... *^d : 'λ ■■·;'/'.
Lorfque les fables font trop mouvants , ou que
leur profondeur confidérable .«-ne permet pas de
parvenir au bon fond par une excavation fuivie ,
l'on enfoncé aux deux côtés "4e: là tràricîiéê des
Paiplanches A i figure I > pointues par un de leurp·
jfoouts comme B> que l'on fait entrer dé quelques
pieds dans -le'tetveia folide-'[G* Leurs extrémités
fupérieures fönt avTemblées àjtenon: & niortoîfe
dans des Chapeaux D , entretenus de diftance ëff
diftance par des Liérnés E, pour foutenir la pouf·*
fiée des Sables F) F ; eniuïté on continue les excava4
J
-ocr page 257-
Λ.
ö ' A ît c ή i te £ τ' ϋ ft Ë. ".;,. iif
lions jufqu'à ce qu'on foit parvenu au fond fo-
îide, fur lequel on élevé entre les palplanchôs la
Maçonnerie des fondations G * à l'ordinaire.
Si le bon fond C, étoit très-profond, & que la
hauteur du Sable F, fut π confidérable qiie la plus
grande longueur des palplanches ne put y attein-
dre j il faudroit avoir recours à des caiffes faites
avec des madriers cloués fur des chaflis de char-
pente, que l'on réitéreroit, à mefure qu'ils s'enfon-<
ceroient, jufqu'à la parfaite folidité du terrein fur
lequel on voudrait affeoir fa Maçonnerie. Si l'on
trouvoit en fouillant auui profondément une eau
abondante, il faudroit pratiquer une Grillede bois
de charpente H, figure Π, qu'on placeroit dans le
fond de la tranchée, & dont on remplirait les
Intervalles avec du fnoilon , du caillou, ou de la
îhëiiliérè. 11 y en a qui veulent que l'on pofe des
plate-formes fur les grilles ; d'autres qui préten-
dent qu'il vaut mieux s'en paiTer, attendu qu'en
pofant de la Maçonnerie entre ces grilles , cela
produit une meilleure liaifoii avec les murs que
l'on élevé aii-deiTus ; quoi qu'il en foit, quand on
fe trouve obligé par la mauvaile confiitançe du
rerreiiï de faire des grilles, il faut obferver de les
tenir au moins un pied plus larges de chaque côté
que répàiiTeur des murs de fondation*
On peut encore fonder d'une maniere différente
de celles que nous venons d'expliquer, & qu'on
appelle par Coffres, figure III. On l'employé auffi
dans les terreins mouvans, où il eil nécéflaire dé
fe garantir des éboulements & des fources. OU ,
commence d'abord (a) par faire une Tranchée L>
( à ) 'Sciènèé dès Ingénieurs, Lî Vr-e ίΗ.
Pij
-ocr page 258-
                   Cours
d'environ 4 ou J pieds de long , & qui ait àû îai*
geur l'épaifTeur des murs. On applique fur les
bords des terres, de part & d'autre pour les con*-
tenir, des Madriers I, d^environ ζ pouces d'épais
Îeur, foutenus à leur tour de diilance en diitance
par des Pièces de bois K> en travers, qui fervent
d'étréftîlohs. Ces coffres étant faits, on les rem-
plit de bonne Maçonnerie , & on ôte les Etréfil·-
Ions K, à rnefure que les Madriers I, fe trouvent
appuyés par la Maçonnerie : enfuite on en fait
d'autres femblables à côté, dont l'abondance plus
ou moins grande desfources , doit déterminer les
dimenfions pour n'en être point incommodé. Ce-
pendant s'il arrivoit ? comme cela fe peut, que les
ïburces euffent aiTefe de force pour pouffer fans
im'on put les en empêcher, malgré toutes les pré*-
cautions qu*on auroit prife ? il faut, félon quel-
ques-uns , avoir recours-à de là chaux vive
&fortant du four , que l'on jettera promptement
defTus, avec du moilon & du libage mêlé avec du
mortier, ainii qu'il a été expliqué ci-devant, &
par ce moyen on bouchera la fource, <k on l'obligerai
de prendre un autre cours , fans quoi on fe trou-;
Veroit inondé de toutes parts, & il ne feroit pas
poiîîble alors de fonder fans faire des épuifements.
Lorfqu'on a fait trois ou quatre coffres , & que la
Maçonnerie des premiers eft un peu ferme , on
peut ôter les madriers qui fervoient à la foutenir
pour s'en fervir ailleurs : mais û on ne pouvoit les
retirer fans donner du jour à quelques fources , il
feroit mieux en ce cas de les abandonner.
Lorfqu'il eft queftion de fonder dans Teau, &
qu'on ne peut faire des épuifements \ comme dans
les grands lacs, bras de mer, &c; ii c'eft dans le
fond de la mer, on profite dw tems que la marée
I
-ocr page 259-
d'Architecture. 219
tft baffe pour unir le terrein, planter des repaires^
& faire les allignements néçeffaires. On doit com-
prendre pour cela, non-feulement le terrein de la
grandeur du bâtiment, mais encore beaucoup au-
delà , afin qu'il y ait autour des murailles un em-
pattement affez grand pour en affuret davantage
le pied : on emplit enfuite une certaine quantité
de bateaux s des matériaux néeeffaires» & ayant
choifi le tems le plus commode , on commence
par jetter un lit de cailloux, de pierres ou de
moilons 'tels qu'ils fortent de la carrière > fur le-
quel on fait un autre lit de chaux 3 mêlée de *
pozzolane, de cendrée de Tournay, ou de terraffe
de Hollande. Il faut avoir foin de placer les plus
1 , groffes pierres fur les bords , & de leur donner un
talut de deux fois leur hauteur : enfuite on fait un
fécond lit de moilons & de cailloux , que Ton
couvre encore de chaux & de pozzolane comme
auparavant, & alternativement un lit de Tun & un
lit de l'autre. Par la propriété de ces différentes
poudres, il fe forme auffi-tôt un maftic qui rend
cette maçonnerie indiffoluble, & aufïî folide que
û elle avoit été faite avec beaucoup de précaution ;
car quoique la grandeur des eaux & les crues de
la mer empêchent qu'on ne puiffe travailler de
fuite ; cependant on peut continuer par reprîfes »
fans que cela faffe aucun tort aux ouvrages. Lorf-
qu'on aura élevé cette maçonnerie au-deffus des^
I          eaux,oti au rezrde-chauffée, on peut la. laiffer-
1          pendant quelques années à l'épreuve dès inconvé-
nients de la mer s en la chargeant de tous les ma-
tériaux néeeffaires à îa conilruction, de l'édifice v
I          afin qu'en lui donnant tout le poids qu'elle pourrai
jamais porter, elle s'affaiffe également & fuMam«·
\         ment par tout, S* au bout cTun tems on s^pperçôit
-ocr page 260-
' "                                                                                                                                                                                                                                                                        '                                                                                                                   **■■' ' ' r                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 . ■■ f
*jq ,           c mm ra,-,.
qu'il n'eit réfulté aucun accident coniidérabîe àef
maffif, on peut y placer un grillage de. charpente; %
comme nous l'ayons déjà yu, figure II, & bâtir,
enivûte defTus avec folidité, fans craindre de faire,
une mauyaife conilruction. Il ferqit encore mieux
fans doute}-fi l'on pouyoit, de battre des pilota
autour de la maçonnerie, pour former un bon em?.
pättement, qui garantiroit le pied des dégrada,-
- fions qui pourroient furyenir par la fuite : mais cel$
n'eit pas toujours facile.
Il eit poilîble encore de fonder dans l'eau paç
4 un autre procédé, en fe feryant de CahTons M \
%
figures IV & V, qui ne font autre chofe ,qu'ui\
aiTernblage de charpente & de madriers bien calfatés.,!
dans l'intérieur defquels l'eau ne fçauroit entrer^
& dont la hauteur des bords fe proportionne à la,
profondeur de l'eau ou ils doivent; être pqfés, en
pbfervant de les faire un peu plus hauts , afin,
que les Ouvriers n'en foient pas incommodés, Oii
commence par placer & arranger les caiifons d'allk
gnement dans fendroit où Ton veut fonder : on*
les attache avec des cables qui pafTent dans des,
anneaux cle fer attachés deffus. Etant ainû prérv
parés, on les remplit de bonne maçonnerie; à
mefure que les ouvrages avancent, leur propre
poids les fait enfoncer au fond de l'eau: quand la
profondeur, eit confidérable, on augmente leuiç
hauteur avec des hauifes , à mefure qu'ils ap-,,
. prochent du fond. Ce procédé,ei|, d'une grande
utilité & très-folide.
                  . ^ .
Op fonde encore dans la merdes moles,, àe$>
risbans „ des pharres , & autres, ouvrages fem-,
blables en faifant des jettées,, Pour cet effet, on
coule à fond nombre de gros, quartiers de pierre v
difpofés en -Wm ; en forte, que feflots de la mer.
-ocr page 261-
D * A R € H I ï È C Τ U R E.           3$%
nè faffent que gliffer. deffns pour ne. pas les, dé-
iunirl car en y 'fäifant' rouler les quartiers de
pierre , ils diminueroient enfuite à vue d'oeil, en
sarrondiffant ou fe brifant les^ uns contre les
autres , de maniere à devenir à la fin du vrai
fable. Ces jéttées étant faites, on les lie avec des
chaînes de pierres maçonnées depuis les plus baffes
marées, & avec des revetiffements de maçonnerie j
fur lefquels maiïifs on bâtit des magafms, δε des
plate formes pour mettre des batteries de canon ;.
élever des quais , &c. Gautier ,page 5)7 , de ion
Traité des Ponts & Chauffées,
rapporte que le Port de
Toulon a été fait à peu près de cette maniere.
1° On a fait une jettée de plufieürs gros quartiers
de roche à une certaine hauteur, & de niveau.
3,° On a pofé fur cette arafe , & auffi de niveau'J
plufièurs grands grillages à certaine diftancé fous,
la fuperfiçie des eaux, 3° On a mis des encaiffe-
ments fur ces grillages, que Von a rempli de ma-
çonnerie, qui a été élevée jüfqtia la fuperfkie des.
plus baffes eaux, avec de bons parements de pierre-
de taille du côté de la mer pour réfuter aux flots y
lorfque les bois des encaiffements viendront |
manquer par la fuite. 40 Enfinon a fait une blciffû:
au-deffus des encaiiîements V;tfune hauteur :âi:
périeure à celle des plus hautes marées, & dont
les parements fuiTent en,''état de réfifter au&
Piv
\
-ocr page 262-
^Ji                       C Q V Β"*
Article Ι ¥,
Des fondements fur ta Glaife*
La Glajfe eft d'une, nature graife , & çonfçrve
facilement les ea,ux qui coulent fur fe fuperfiäe j
fouvçnt même elle en retient d'autres par deffous 5
ce qui fait que plus on creufe , dans rçfpérançe dg
trouver un meilleur terrein, plus en le trouva
mauvais communément» Ç'eit pourquoi il faut
éviter * quand cela fe peut, de fpnder un bâtiment
fur I3. glaife > afin, de mieux s'aiïurer de fa fojijàtè,
Il feroit à fquhaiter de pouvoir Fcnlever avant de
fonder à ca.ufe de fes inconvénients , & on doit i§
faire % à, moins que fon banc ne fe trouve fyn®
cpaivTeiU· fi eonftdçLable , qu'il ne foit pas poffiblq
de l'enlever fans beaucoup <Je dépenfe 9 au à moins
qiül ne fe trouve deifous, un terrein encore plus
vicieux^ Mais quand on çil forcé par des raifóns
" > çiïentiçUes. de planter un bâtiment dans un terrein.
glaifeux,. u faut fçavoir qu'il eit dangereux dç toUr·*
pienter la glaife, ik que c'eitla raifon pour laquelle 01*
ne peut fe fervir de, pilotis en cette qçcaûon : car l'ex·*
périençe a appris qu'en enfonçant un pilot à une des
extrêrnités delà fondation ? où Ton, crpypit avoir at-^
teint le bon fond, pn s.'appercevoit qu'en erienfon^
çant un autre à l'autre extrémité , le premier fàutoic
avec violence par le gonflement delà glajfe qu|
fe trouvant ferrée,. & étant d'une matière vif«
queufe, n'avoit pas la fojree d'agrafe les furfaces
du pilot, & le défîchpit à mefure qu'on renfonçait i
- ce qui fa;t qu'pn prend alors le parti de creufer le
mçins pQÎfible, & de niveau , dans, VépaiiTetir d$
ψί ":ί
-ocr page 263-
d'Architecture. 133
la glaiie. On eu doit ufer ainii avec d'autant plus
de raifon qu'il fe trouve, comme nous l'avons dit
plus haut, d'ordinaire fous les lits de glaife un il
mauvais terrein , qu'il faudroit des pieux d'une
longueur trop confidérable pour pouvoir atteindre
un fond ftable & folide.
Tous ces inconvénients » quand on a fait l'é-
preuve d'un terrein de cette nature fur lequel on
veut afleoir un bâtiment, font prendre le parti de
creufer 3 ou 4 pieds feulement d'un parfait niveau
dans la profondeur de la glaife ,,& d'y pofer une
grille compofée de longues pièces de bois de 9 à
îo pouces de groffeur, & d'un pied ou deux plus
large que les fondements, pour lui donner plus d'em-
pattement. On aifemble les pièces de bois de cette
grille-, tant plein que vuide & à queue d'aronde, fous,
toute l'étendue des murs de fondation , fur lef-
quelles on pofe des madriers de 3 à 4 pouces d'épàif-
feur , bien attachés avec des chevilles de fer à
tête perdue. Enfuite on y élevé la maçonnerie
faite de libage par afïifes,égales, avec uniformité
dans toute retendue du bâtiment; de forte que; l'on
ne pofç pas une deuxième aflife que la premiere
ne foit conitruite dans tout fon pourtour, , afin
de lui procurer un taifement égal, & que le ter-
rein de deifous la glaife ne foit jamais preffé plus
d'un côté que de l'autre. ■ τ
Lorfque le bâtiment qu'il eft queilion d4éleveï
fur un terrein que l'on fçait être glaifeux neft pas
confidérable , l'on en pofe quelquefois les pre-
mières aflifes fur la terre ferme, qui ordinairement
fe trouve fur la glaife de la hauteur de 3
ou 4 pieds; cette terre étant fouvent aifez affer-*
mie par la Haifon des racines & des herbes
ψ-ί en occupent la furface 5 néanmoins, il faut
\ .'■■■'. ■                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              * · ■ '.
-ocr page 264-
Z34 < «*£'*?. SC ou# s                      _ ..,
obferyet que cette pratique n'eft bonne que pouf
un aile de bâtiment peu élevée, dépendant d'un;
grand édifice pour lequel on auroit pris la précau-
tion dont nous avons parlé,
Au refte , les terreins glaifeux ont cela cTavan*
tageux, qu'ileit rare que les eaux incommodent
durant la bâtiffe , la glaife les arrêtant par'deffus
& par deiTous, de maniere qu'il n'eft pas étonnant
de leis voir féjourner en aiîez grande abondance
fur le ibmmet des montagnes, pendant qu'il eft
difficile iouvent de pratiquer des puits dans des;
vallées , fans une dépenfe' confidérable.
On a çonfervé dans Y Architecture, moderne {4) le
procédé qui a été employé le iiécle dernier, par
M. François Blonde!, Architecte de la Porte de-
Saint-Denis à Paris, pour fonder Ja Corderie de
Ro'cheibrt, qui eil: bâtie fur un fond tout de glaife *
que nous ne. pouvons nous empêcher de rap-
porter , comme un exemple à fui vre en pareille
occafion , plus capable d'inftruire que tous les.
préceptes & les fpéçulations fur lesquels nous,
pourrions raifohner.
« Cette Corderie -eft un édifice à deux étages»,
» de 4 toifes. de largeur dans œuvre fur 2j6toifesde
»longueur , non compris les pavillons des deux
»extrémités. Remplacement quavoit çhoiii cet Ar-
» chite&e pour élever fori bâtiment, étoit finie fur
» une fort belle prairie, longue d'environ £ 50 toifes*
» & large au moins de ço dans le plus; étrph\ Cette
» prairie eil bornée d\in côté par la rivière de Cha-
»rente, & de: l'autre par un canal. La premiere
»opération que ût M. Blondel, fut de fonder ce
» terrein en pluueurs endroits.. Il reconnut qu'àt*
■ζά) Livre I'} page: $%Â
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D'ARCH IT ECTUR't           l|f
l* defTous de la premiere croûte, formée par environ
» 2 pieds de bonne terre noire couverte de gafon »
» il y avoir par tout une couche de glaife très-ferme
» .& très-folide par le haut, de TépaiiTeur de loàl|,
» pieds ; mais que s'amolliffant enfuite peu à peu,
» le fond de cette glaife étoit terminée par une boue .
»ou vafe molle & à demi-liquide i de même nature
» que celle que l'on trouve fur les bords & dans le
»fond de cette rivière. Ce, mauvais terrein conti-*
» nuoit fous la glaife à une telle profondeur , qu'il
9lui fut impoffible d'en trouver le fond, ni d'autre
>> terrein au^defibus. Cependant fon édifice de voit.
» être trop confidérable pour ofer fuivre la pratique
» des Maçons du Pays jlefquels fe çontentoient de
» pofer fur l'herbe les premières aflifes de leurs bâv .
» timents, fans creufer en aucune maniere pour
>> aiTurer leurs fondations j l'expérience leur ayant
» fait connoître que ces % pieds de bonne terre,
i>îiée & affermie par les racines des herbages qui y
» croiffoient, fuffifent pour foutenirlamafiê médiq-
» cre de leurs maifons ordinaires, & pour les garant
» tir des mouvements de la glaife qui eft ati-deflous;
» Cet Architecte étoit trop prudent pour fe fier
» à cette glaife dont il connoifïbit le peu de cqih
»fiitançe,| auifi fe garda-t-ilbien d'y enfoncer des
»pilots. Il étoit initruit d'ailleurs de l'accident qui
»vendit d'arriver alors au Pont de Xaintes , lequel
»avoit été renverfé par les efforts de la glaife qui Λ
» en fe tourmentant, avoit repoufTé & chaiTé les
» pilots, ce qui avoit caufé la mine du Pont, parce
» que , comme nous l'avons dis plus haut, la glaife
»éventée & tourmentée par le battement des pilots,
»rejette en fe renflant tout ce qu'on y a enfoncé,
» il prit donc le parti de fonder fon édifice fur uri
». grillage de charpente çn maniere de plate-formé $
•\
-ocr page 266-
2.36                       Cours
» ainii qu'il l'avoit vu pratiquer, à ce qu'on prétend
» dans de femblables occaiions en Hollande & ail-
» leurs , mais particulièrement dans la Citadelle, dit
» Havre, dont M. Dargeneourt, Ingénieur des For-
» tifications, avqit aiîis précifément les fondements
» fuivant la même méthode, fur un fond à peu près
» de pareille nature. Aufîï arriva-t-il quelque tems
»après , que le fond du terrein s'étant afFaifîe fous
» le poids des bâtiments qu'on y avok élevés, toute
» la maiTe de la Citadelle le fui-vie uniformément &
» d'une feule pièce fans aucune fraäion , & fans
» s'être dérangé de lamoindre chofe ; de forte qu'ac-
» tueîlement, des rues de la Ville, on voit une partie
»du toit des logements pratiqués dans l'intérieur
» de la Citadelle , au lieu qu'avant cet affaiiTeraent,
» à peine en pouvoit-on découvrir le fommet. Le
» même Ingénieur abolit déjà fait conikuire à
» Brouageun ouvrage à: corne , qu'il avoit fondé
» de la même maniere Se avec un égal fuccès.
» M. Blondel, autorité par ces exemples , fit tra-
» cer fur le terrein les largeurs qu'il vouloir donner
» aux fondements des murs , tant ceux du contour
» de la Corderie & des bâtiments qui en dépendoient,
»que ceux des murs de traverfe qu'il fe propofoit
j jb » d'élever intérieurement de 4 toifes en 4 toifes, fur
» toute la longueur de la Corderie jufqu au rez-de-
» chauffée feulement, pour lier enfemble les deux
» murs de face. Enfuite il fît creufer environ 5 pieds
y » fur le niveau de la prairie ; c'eit-à-dire , qu'il fit
» fouiller 3 pieds dans le maflif de la glaife ; puis
»ayant fait mettre de niveau très-exa&ement tout
» le fond de ces fouilles d'un bout à l'autre , il fît
affeoir un grillage de longues pièces de bois de
» chêne de 10 à 11 pouces de gros, aflembîées l'une
»à l'autre tant plein que vuide àqueued'aioade»
-ocr page 267-
Ü*AftCHïf ÊètUftÈ.        lp
to dans toute l'étendue des fondations , c'eft-à-dire
»fous lés murs de traverfe, auffi bien que fous les
»principaux murs* Sur ce grillage, il fit étendre en
» maniere de plate-formé un Ht de madriers plats
»auifi de chêne , de 3 à 4 pouces d'épaiffeur, bien
» affis fur un même niveau , & chevillés à demeure
»fur tous les bois de la grille. Sur cette plate-forme
» M. Blondel fît pofer les premières affifes des
» fondements de fes murs, faites de bons quartiers
» de libages, avec de longues boulines ; & il fit con-
»itruireïefdirs murs en bonne maçonnerie à-plomb
» par le dedans, & diminuant par retraites en dehors,
» jufqu'à la hauteur d'environ 5 pieds au-deffus du
» niveau de la prairie. Cet Architecte jugea à propos
» de donner cette grande élévation à fon rez-de-
» chauffée, pour le garantir des incommodités des
» eaux de la rivière de la Charente , laquelle étant *
» fujette à déborder , principalement dans le terns
» desEquinoxes & des grandes marées, couvrait &
» inondoit la plus grande partie des prairies de fon
»voiiinage. Enfin il fit affeoîr fur ce fondement les
, »murs de fon édifice, mais avec tant de régularité
» dans toute fon étendue , qu'il n'a jamais fouffert
»»que Ton posât une pierre pour recommencer une
» aiîife, dans aucun endroit du pourtour de la Cor-
» derie » que l'affife de deffous ne fut entièrement
»achevée de pçfer , afin que toute la maffe prenant
» également par tout fon afTaiiTement,le terrein fous
»le grillage ne fe trouvât jamais plus chargé d'un
»côté que de l'autre. Auffi ce fuperbe édifice a-t-il
»fubfifté jufqu'à préfentfansfe déranger en aucune
»façon»,
V
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ij! -λ ■ \€· o π« ft's- Λ
^J^rià r τ i' cl ;ë; v.,,j.'
Des fondements fur Pilotis*
Ρ LA NC Η Ε L XV h
LES fondements les plus difficiles font ceux qui!
faut faire dans des endroits marécageux , parce
que le fond de la terre eft communément mauvais 5
lorfqu'oh ne peut fe difpenfer de fonder dans ces
fortes de terreins, il faut premièrement faire les
tranchées des fondations très-larges , &, pour em-
pêcher l'éboulement des terres, foutenir les côtés
par des planches & des claies bien étréfillonnées *
& enduites de limon de terre graffe, de moufle, &c ;
fecondement en épuifer les eaux avec une pompe
jufqu'à ce qu'on découvre le fond ; troiûémemenc
couvrir de fable le fond & la bourbe : quatrième-
ment enfin, battre plufieurs files de pieux pour
recevoir une grille de charpente δε des plate-for-
mes, fur lefquelles on élèvera les fondements à
l'ordinaire. A la place des pilotis, il y en a qui fe
contentent - d'encaifîemënts ? ainiî que nous l'a*
vons expliqué en décrivant la maniere de fonder fur
le fable : mais quand l'eau eil ίρη abondante *
comme on eft alors obligé de faire des épuifements
continuels, & de conftruife dès batardeaux * pro-
cédé que nous expoferons en parlant dans la
fuite, de la conftrucHon des Ponts, les pilotis font
dans ces circonftances une fuite nécefTaire de ce
genre de conilruclioil*
Il arrive quelquefois qu'un terrein ne fe trouvant
pas afTez bon pour foncier'folidement, &: que vou-
-ocr page 269-
ï>■■* A àtnitêcïurë; ä.ß
kot çcèufer davantage on le trouve au contraire
encore plus mauvais, alors il eil mieux de creufer
le moins qu'on pourra, & de pofer deflus un Gril-
lage, de charpente P., -figurés VI & Vil m fur lequel
on pofe'.quelquefois, ainii qu'il a été dit plus
haut, un plancher de Madriers Q ; «nais ce plan*
cher Q, ne paroiffant pas toujours néceiTaire , on
fe contente aifez fouvent d'élever la maçonnerie
fur ce grillage, obfervant d'en faire les parements
eh pierre j ni qu'au rez-de-chaurTée > δι plus haut ii
l'ouvrage étoit de quelque importance. Il eil bon
de faire régner , autour des fondations fur le bord
dit grillage, des Heurtoirs R, qui font des efpéces
de pilots enfoncés dans la terre au refus du mou-
ton , pour empêcher le pied de la fondation de
gliiTer, principalement lorfqu'il eil pofe fur un
plancher de madriers , ainii que cela eil arrivé
plufieursföis. : * I ; ^ :
                   ' \ ::.
iMais quand il s'agît de donner encore plus de
folidité à un terrein , on enfonce dia gona temen t
dans chacun des intervalles du grillage un, ou
deux Pilots S, de rem plage fur toute l'étendue
des fondations ; u & fur les bords du grillage
des Pilots de bordage ou de garde Τ, près à
près, le long defquels on: pofe des palplanches
pour empêcher le courant des eaux , s'il s'en trou-
voit, de dégrader la maçonnerie, Palladio recom-
mande expreiîément, lorfqu'on enfonce des pilots,
de les frapper à petits coups redoublés, parce
que'0 dit:-il, en les chaiïaat avec violence , ils
pourroient ébranler le fond, Il y en a qui veulent
que quelques jours après avoir battu des pilots au
refus du mouton, il foit hefoin de les rebattre en-
core ime feconde fois ; méthode que nous croyons
excelleiite. Quoi qu'il en foit on achevé de remplir
-ocr page 270-
ä49                     Co ν ft -'S
de cäillöUX öu de moilons, à bain de mortier 5
vuides reftés entre la tête des pilots. On arrafö
bien le tout , & on élevé deflus les fondements.
Pour connoître la longueur des Pilots, fig. VIII*
il faut obferver avant de piloter jufqu'à quelle
profondeur le terrein fait une affez grande réfi-
ftançe ,& s'ôppofe fortement à la pointe d'urt pilot*
qu'on enfonce exprès ; ainii fçachant de combien
il eft entré , on pourra déterminer la longueur
des autres en les faifant un peu plus longs * fe
pouvant rencontrer des endroits où le terrein ré-
iiftera moins , & les laiffera entrer plus avant-
La longueur des pilots étant déterminée , on
leur donne de groiTeur environ la douzième
partie de leur longueur quand ils ne parlent pas
12 pieds, & 13 ou 14 pouces de diamètre lorfqu'ilg,
ont près de 18 ou 20 pieds.
Le bois de chêne eft reconnu le meilleur pour les
pilots; il fe durcit dans l'eau, & s'y-conferve mieux
que tout autre. Cependant, félon le fentiment ,dd
quelques-uns, le bois d'aulne , qui croît dans les-
lieux humides, y eft äußi très-propre, lorfqu'on
l'a fait paffer au feu avant que de Remployer*
Malgré cette opinion, on ne doit néanmoins en
faire ufage qu'au défaut du chêne, excepté feule-
ment pour les racinaux, les chapeaux, les plate-
formes. Le bois de fapin cependant fe conferve
auiîi très-bien dans l'eau. Lors d'un voyage que
nous fîmes à Amfterdam en 1769, il y eut une
des portes de cette Ville, bâtie fur pilotis depuis
plus de 100 ans, qui fut renverfée, parce que fori
fol avoit été miné infeniiblement par les eaux,
& nous fûmes à même dé juger, quand on arra-
cha les pilots pour reconftruire cette porte, que
quoique
1                                                                                                       . j
-ocr page 271-
d'Architecture,            141
quoique de fapln » ils s'étoient tous confervés
biens fains, & fans aucune altération.
Les pilots ont toujours une de leurs extré-
mités faites en pointe de diamant , dont la
longueur doit être depuis une fois & demie leur
diamètre jtifqu'à deux fois. II faut avoir foin de ne
point donner à leurs pointes, ni plus ni moins ; car,
lorfquelles ont plus, elles deviennent trop fbibles,
& s'émoufTent û elles rencontrent des parties
dures, & lorsqu'elles ont moins, il eft difficile de
les faire entrer. En fuppofant que le terrein dans le-
quel on enfonce les pilots, ne réiifte pas beaucoup ,
il yen a qui fe contentent d'en brûler la pointe pour
la durcir, & quelquefois auffi la tête , afin que
les coups de mouton ne l'éclattent point : mais s'il fe
trouve dans le terrein des pierres, des cailloux, ou
de gros graviers qui en émouiTent la pointe 9
on la garnit d'un Sabot de îot^V , figure Vlïi,
que l'on attache au pilot par trois ou quatre
branches. L'on peut encore armer la tête W y
d'une virole de fer, qu'on appelle Frette, , pour
l'empêcher de s'éclatter. On proportionne la
diflance des pilots à la quantité qu^on croit en
avoir befoin pour rendre les fondements folides,
mais il ne faut pas, fuivant Palladio, les appro-
cher l'un de l'autre de plus d'un diamètre, afin
qu'il puiiTe refter entre eux afiez de terre pour les
entretenir.
Quand on veut placer des Pilots de garde X,
figure IX , entrelaffés de Palpîanches Z, le long
des fondements, on fait à chacun d'eux, après les
avoir équarris , deux Rainures Y, oppofées Tune
à l'autre de 2 pouces de profondeur fur toute leur
longueur, pour y enfoncer entre deux des Plan-
ches Z, qui s'introduifent à coulifTes, & dont
Tomt Κ
                                  Q
• \
-ocr page 272-
241                      Cours
ïepaiiTeur diffère félon la longueur. Par exemple »
fi elles ont 6 pieds , elles doivent avoir trois
pouces cTépameur; fi elles en ont ία, qui eitla
plus grande longueur qu'elles puiffent avoir , on
leur donne 4 pouces d'épaiffeur, & cette épaiifeur
doit déterminer la largeur des Rainures Y, le lqng
des pilots , en obiervant de leur donner à peu près
un pouce de jeu, afin qu'elles puiflfent y entrer
facilement.
Voici comme Ton joint les palplanches avec
les pilots : on enfonce d'abord deux Pilots X, bien
perpendiculairement dans la terre, distants l'un de
l'autre de la largeur des Palplanches Ζ , qui eft
d'ordinaire de 12 à 15 pouces , & placés de
maniere que deux rainures fe trouvent l'une vis-à-
vis de l'autre. Après cela , on enfonce au refus du
mouton une palplanche entre les deux,, & on la
fait entrer à force dans les deux rainures : enfuite
on pofe à la même diitance un pilot, δε on en-
fonce , comme auparavant, une autre palplanche,
en continuant ainfi à battre alternativement un
pilot & une palplanche. Si le terrein réfiiloit à leurs
pointes,il faudroit les armer comme les pilots,
d'un fabot de fer par un bout & d'une frette par
l'autre (a).
On peut encore fonder fur pilotis, en commen-
çant d'abord par enfoncer le long des fondements,
au refus du mouton, des rangées de Pilots A,
figure I, Planche LXYII , éloignés les uns des
autres d'environ un pied ou deux plus ou moins,
& difpofés en échiquier, en obfervant toujours
de placer les plus longs & les plus forts dans les
angles, ces endroits ayant beaucoup plus befoiri
ia) Seience des Ingénieurs, Livre ÏII*
-ocr page 273-
î3*AâcHi τ ε cri; re.         %$
'mê folidité que Ie reite pour retenir la maçonnerie*
enfuite on récépera de niveau tous les pilots
fur lefquels on pofera >, comme ei- devant $
un Grillage de charpente Β , de façon qu'il fë
trouve toujours un pilot fous chaque croifée*
pour l'arrêter deffus avec une cheville de fer à tête
perdue; après quoi, pour faire de bon ouvrage»
on fera battre des Pieux de garde G, au-devant du
Pilotis fur la face du mur , un peu plus élevé que
le deiîus du grillage > afin de mieux arrêter la ma-
çonnerie. Le tout étant ainfi préparé, on ôtera un
peu de terre d'autour des Pilots A » & d'entre les
vuides du grillage * pour mettre jufqu'à fon niveau
du Moilon dur D, dans leurs intervalles, qu'il faudra
battre avec force j & enfin on élèvera là-deiTus les
Fondements Ε j à l'ordinaire , comme on le voit
dans le Profil du mur, figure II, où l'on a mis les
mêmes lettres de renvois quo dans la figure I *
afin de faire remarquer leur eorrefpondance*
Quoiqu'on employé fouvent les pilots pour
affermir un mauvais terrein* cependant il fe trouve
des circonitarices où l'on ne peut les employer
fans rifque. Si l'on fondok, par exemple ^ dans un
terrein aquatique fur un fable mouvant, alors les
pilots feroient non-feulement nuifibles, mais en-
core éventeroient les fources, & fourniroient une
quantité prodigieufe d'eau, qui rendroient en ce
cas le terrein plus mauvais qu'auparavant; D'ail-
leurs, on voit tous les jours que ces pilots ayant
été enfoncés au refus du mouton avec autant de
difficultés que dans un bon terrein , fortent dé
terre quelques heures après , ou le lendemain ?
l'eau des fourcés les ayant repouffés en faifarit
effort pour förtif, de maniere que f on eft forée
dé renoncer à les employer à cet ufàge«*
Qij
V
-ocr page 274-
ί44                   * Cours
On peut rapporter, à l'appui de cela, l'exemple
du Pont de Moulins fur l'Allief, en Bourbonnois {a),
qui a été exécuté il y a une dixaine d'années par
M. de Regemorte* La conitruclion particuliere de
ce pont n'a rien de bien remarquable ; mais les
difficultés immenfés qui fe font rencontrées pouf
le fonder,& la maniere induftrieufe avec laquelle
on eft parvenu à les furmonter, méritent que nous1
nous attachions à les décrire.
Il faut fçavoir que le lit de l'Allier, à l'endroit
où eft conftruit ce Pont, eft compofé d'un fable
mouvant qui a près de 50 pieds d'épaiffeur , δε
que dans les crues d'eau , le courant de la rivière
forme des affouillements jufqu'à 15 & 20 pieds de
profondeur, lefquels affouillements font le plus
lbuvent occasionnés par la plus légere réfiftance^
Trois Ponts de pierre , exécutés fur pilotis depuis
un fiécle , & dont le dernier étoit un ouvrage du
célèbre Hardouin Manfard , avoient été ren-»
verfés cbnfécutivemeht. Gommé c'étoit nia-
nifeftement les affouillements opérés fous les
piles de ces Ponts qui avoient occafionrtés leurs
ruines, l'Ingénieur chargé en dernier lieu de fa
reeonftru&ion ? chercha une méthode capable
d'obvier à "cet iiic@nvénient. En eonfédmence, ait
lieu de piloter, comme de coutume , il réfblut
d'établir un radier, ou maffif continu de maçon-
nerie fous toute la longueur & largeur du Pont,
à travers du lit de la rivière, pour lui fervir de
: ; .             ·■ ! ..■;/-./ ..:.;;,■ ^'jf\i ·                                                    *■"'■ ' ;
■ι                  ' .            .                  1               ' " '                         '                  '                   -         
(a) Ge Pont eft un des plus confidérables ouvrages que l'on,
ait entrepris de nos jours5 il a 154 toifes de longueur, y compri*
lés culées , 7 toifes de largeur, & eft compofé de 13 arches,
furbaiiTées au tiers de chacune 10 toifes d'ouvertures, & foute-
awe par des piles de 12. pieds d'épaiffeur.
-ocr page 275-
D ' A R e Η Ι Τ E G Τ U R Ε.          245
fondements. L'invention d'un radier n'étoit pas.une
•çhofe nouvelle ; on en avoit fait fouyent ufage
pour fonder des moles & des risbans que l'on
avance dans la mer, & l'on fçait que F. Blon-
del avoit employé ce moyen avec fuccès le iiécle
dernier, à l'occafion d'un Pont qu'il avoit bâti à
Xaintes, fur la Charente. Toute la, difficulté con-
fîitoit uniquement à aiTeoir folidement ce radier
fur le lit de l'Allier, tant à caufe des affouillements
à craindre, qu'à caufe des fikrations d'eau conti-
nuelles à travers les fables, qui fembloient rendre
les épuifements impoflibles. Voici comme M. de
Regemorte s'y prit.
Après avoir fait fonder la couche de fable fur
laquelle il vouloit aiTeoir ce Pont , & reconnu
qu'elle avoit près de 47 pieds d'épaiffeur, il com-
mença ,i° par en faire draguer 9 ou 10 pieds au-
defîou.s des plus baiTes eaux : il fit battre 5 rangs
de palplançhes bien jointives, fçavoir 3 rangs au-
deifus des avant-becs, & 2 rangs au-defibus des
arriere-becs, efpacés de maniere à former des
efpécesde batardeaux}& une crèche capable de
conrre-garder tout l'ouvrage durant & après fort
exécution : 3? ayant fait régaler les fables de l'em-
placement que devoit occuper le radier, il fît
verfer des terres glaifes fur toute la fuperficie de
fa fondation , à, l'aide de deux bateaux placés à
une certaine diftance l'un de l'autre , fuivant la
largeur du Pont, & foutenant fur leurs bords des
efpéces de grillages , dont les fonds pouvoient
s'ouvrir , & fermer tous, enfemble à volonté avec
des trapes ou clapets. Après avoir couvert ces
trapes de terre gîaife , on les lâcha toutes à la
fois -, afin que la glaife par fa chute fe répandit uni-
formément fur la fondation, Cela étant fait, on
Qui
-ocr page 276-
%4&                        Cours
avança les bateaux plus loin, & Ton répéta eett^
opération jufqu'à ce que le fol du Pont que:
Ton avoit entrepris , ûtt tout-à-feit couvert :
4° pour empêcher l'eau de délayer cette terre
glaife, on defcendk enfuite , par le moyen des,
mêmes bateaux bien quarrément, des chaffis de
planches de 12 pieds en quarré, chargés dénom-
bre de moilons pour les contenir au fond de l'eau ι
lefquels moilons fe trouvèrent ainii tous portés pou?
commencer après les épuifements la conftriiytiort
du radier: ces çhafiis étoient afferablés par d'au-
tres planches qui les traverfoient ; & pour que
rien ne put tranfpirer à travers leurs joints, on y
avoir cloué des Bandes de coutil : 5° cet expédient
ayant opéré l'effet d'un eij^éce de batardeau,. placé
dans le fond de l'eau , & capable d'arrêter les,
tranfpirations, on fut en état d'entreprendre les
épuifements; & pour y réufîîr, on remplit à Forr·.
dinaire les batardeaux de terre glaife. Si l'on fit
jouer les chapelets qui, en peu de tems, épui-*
ferent les eaux jufqu'aux chaffis : 0° enfin fur ces
chalîis on confbuïrk à fec , bien quarrément à 3;
pieds au-deffous des plus baffes eaux, fç radiei?
auquel on donna 6 pieds d'épaiffeur de maçon-
nerie , & l'on remplit femblablement l'intervalle
entre les palplanches & la crèche.
A l'aide de toutes ces précautions , on parvint,
à captiver le fable de toutes parts , à vaincre les,
afîbuillements & les filtrations ; le radier fut rendu
inébranlable , & l'on vint à bout d'y élever #$
Pont à l'ordinaire, comme fur un ibj( parfaitemefit;
folide («}.
:Ϊ«λ) Ceux qui défireroient être inftniits particulièrement des.
développements de cette boite conftmclion, peuvent coniukW
\
-ocr page 277-
d'Architecture.          ζ47
Il ferok à fouhaiter, fans doute, que l'on fît
davantage ufage du radier pour la plupart des
ouvrages que Ton fondé dans l'eau, d'autant que
toute maffe ifolée dans une eau courante , eft
expofée à la deftruaion ; au lieu qu'un radier lie
le fond d'une rivière avec fes bords, & offre une
maffe capable de s'oppofer aux plus grands efforts r
d'ailleurs la réparation en eft aifée, tandis que
celle des pilotis eft toujours très-difficiiitueiife.
A R Τ I C L Ε V. L
Des Fondements far un bon terrein.
Pl ANC HE LXVIL
Lorsqu'on recontre tin terrein folide en fouil-
lant i tel que du tuf, du gravier, de la terre fran-r
che, il ne fe trouve pas communément de difficultés,
pour y affeoir un bâtiment. La profondeur des fon-
dements ne fçauroit être fixée précifément , que
dans le cas où l'on auroit fait d'avance des fondes
pour la connaître. Dès qu'on trouve le bon terrein,
c'eft une dépenfe fuperflue de creufer plus bas> à
moins que l'on ait des raifons particulières pour
cela, comme fi, en fondant les murs iïwiz maifon-,
on fe trouvoit forcé, pour donneraffez de hauteur
aux caves, de l'entamer. Le tout eft d'établir les
fondements fur une bafe ferme & bien affurée:
Hfl Ouvrage que M. de Regcmorte. a publié à· ce fïijet, intitulé:£
t>eÇcription d'un nouveau Pont de pierre confiruit fur la^ rivière^
d'Allier
} a Moulins, avec l'Expo fé des motifs qui ont déterminé'
fpn emplacement φζηί à des Vejftns
& détails relatifs afin ex.i*
çutioru
                                                                  .
Qiv
-ocr page 278-
24§                      Cours
& ίι le terrein, comme nous l'avons expliqué pré-
cédemment , ne donnoit pas naturellement cet
avantageai feroit effentielde fe le procurer par art.
Mais, en fuppofant qu'il fallût confidérablement
creufer pour atteindre le bon fond, il y a des
Conftru&eurs expérimentés qui veulent que,
pourvu qu'un terrein ne foit pas marécageux ou
uii fable'mouvant, on putfTe fe difpenfer de def-
cendre les fondements d'une maifon ordinaire au-
delà de la profondeur dont on a befoin, en met-
tant au fond des rigoles ou tranchées , des plate-
formes de chêne de 3 pouces d'épaifleur, bien de
niveau, avec des racinaux en travers par deiïbus,
qui embraffent toute la longueur & largeur des
fondements , parce qu'alors , difent-iîs, en bâtif-
fant deiTus ces plate-formes quarrément par affifes
égales, & de maniere que tout le poids puiffe
taffer uniformément, il n'en fçauroit réfulter d'in-
convénient par rapport à la folidité , & l'on vient
à bout par là d'opérer beaucoup d'économie.
Quoi qu'il en foit, le plus siir en pareil cas, &
fur-tout dans un bâtiment d'importance , eil de
pratiquer de double caves, les unes fur les au-
tres , ou, fi l'on veut éviter la dépenfe , de con-
traire dans les fondements des Arcades F, fig- III,
Planche LXVH , ainii que le recommande Phili-
bert Deforme» dont les Pied-droits G,G, foient
placés fur le Terrein folide H : par ce moyen on
épargnera la matière, & on affurera néanmoins
immuablement les fondements d'un édifice : ce
qu'il faut principalement obferver en pareil cas,
c'eil de bien laiffer fécher la maçonnerie de ces
arcades , afin de lui donner le tems d'acquérir de
la cojififtance, avant d'entreprendre de la charger.
Léon - Baptifte Alberti propûfe une très-
-ocr page 279-
d'Architecture.^ M*
bonne méthode 5 pour contenir les piliers des
fondements d'un édifice, & pour les obliger de
preffer le fol uniformément ; méthode dont on a
fait en partie ufage dans la conitru&ion des fon-
dements de la nouvelle Eglife de Sainte-Geneviève
à Paris : elle confifte à pratiquer au bas des Pi-
liers L, des Arcs renverfés I, comme il eft ex-
primé dans la figure IV. Ce procédé pourroit
auffi être employé avec fuccès , quand un terrein
eft d'inégale confiftance, & feroit très-capable
d'empêcher les inégalités de taffement·
Le terrein ayant été jugé convenable pour por-
ter un bâtiment, on fera les tranchées de la lar-
geur & profondeur qui auront été déterminées.
On mettra le fond des rigoles defdites tranchées
bien de niveau , afin que le poids du bâtiment le
preiTe uniformément. S'il· s'agit d'un édifice publie
onde quelque importance, il eil d'ufage de bâtir
fes fondements en Iibages , & en grands cruar-
tiers de pierres plattes ; mais dans les maifons
ordinaires, on les exécute partie en îibages, partie
en moiions durs. On met des Iibages fous tous les
points d'appui , & en correfpondance fous lès
trumeaux, les têtes des murs, les jambes-étrieres,
les encognures, les chaînes & arcs de pierre, &
tout le reile des fondements dans, leur intervalle,
s'opère avec de gros moiions. La premiere aflife ,
tant de Iibages que de gros moiions, fepofeà fec
au fond des rigoles : fur celle-ci on en élevé une
féconde , à bain de mortier de chaux & fable en
bonne liaifon , & ainfi fucceflivement jufquau foi
des caves ou au rez-de-chauiTée de la rue , s'il η y
a pas de caves i en bbfervant les retraites & em-
pattements défignés d'avance par les deflins, & de
conduire l'ouvrage de niveau entre des lignes pa«-
-ocr page 280-
ZW                      Cours
ralletes dans toute fa hauteur & longueur. II faur
avoir l'attention fur-tout de ne point entreprendre
un nouveau cours d'aiîife que le précédent ne foit
entièrement achevé ; & cela , afin qu'il refaite fans
ceife un taifement égal de la part du fol. Les liba-
ges employés dans les fondements doivent faire »
s'il eil poifible, toute l'épaiifenr des murs, & leurs
lits doivent être faits comme ceux de la pierre de
taille : on les pofe fur le mortier, fans calies, en
les frappant avec le bout d'une pièce de hois, afin
que le mortier qui eft de trop en forte, δε que les
joints étant bien pleins , il y ait le moins de tafie-
ment poflible. Il faut encore que les moilons ibient
bien giflants , 6c obferver de garnir exa&emeiit
leurs intervalles avec des clofoirs ou moilons plus
petits, enfoncés auifi avant que faire fe peut, &
de maniere à arrafer les lits ; le tout maçonné %
comme il a été dit, avec de bon mortier.
En général, il çft important d'apporter la plus
grande attention pour la perfection de la bâtiife
des fondements d'une maifon , perfuadé que c'eft
principalement de la fermeté de cette bafe que
dépendra fa folidité, ayant égard dans leur éléva-
tion aux taluts & aux empattements néceiTaires
fous les murs, du rez-de-chavujée.» ainii que nous
le dirons ci-après.
Nous avons déjà traité dans nos Mémoires fur
les objets les plus importants de l"Architecture , de lat
maniere de fonder les Edifices,, δε nous y avons
expofé les principes de Statique, d'où dérive la
folidité qu'on doit leur donner\ le tout confirmé
par les exemples de plufieurs Monuments élevés,
de nos jours ; c'eft pourquoi on peut y avoir re-
cours , comme à un fupplément néceiîaire à φ
que nous venons de dire fur cette matière inté»
-ocr page 281-
d'Architecture. ιρ
reffante ; & nous terminerons ce Chapitre par
une Explication particuliere des Planches s qui
offrent les détails des divers procédés dont on fe
fert, pour fonder fuivant les différents terreins.
Explication de la Planche LXV,
Repréfentant, ainfiqueks (uiventes, les iiverfis
manières d'opérer les Fondements
des Bâtiments,
La Figure ï , fait voir la maniere d'affeoir un
Mur fur un Roc.
A, Profil du Roc,
Β, Profil du Mur.
C, Redents pratiqués dans le Roc, pour rece«
voir par encadrement les premières aflifes du
mur.
La Figure II, eft un Mur adoffé à un Roc.
D , Roc où l'on a fait des Arrachements F.
E, Mur afîis fur le Roc par le bas , & lié par
derriere avec lui, au moyen des harpes qu'on y a
Jancé.
La Figure III, repréfente la maniere de fonder
fur des Rochers, dont la fur-face eu inégale avec
^ies pierrées,
G, Η , Ι, Κ , L , Cloifons de charpente for**
mant des Coffres, que l'on remplit de Maçonne-
rie, & que l'on ôte quand elle a fait corps.
La Figure IV, fait voir comment on peut fon-
der au bas d'un Rocher, auiîi par pierrées*
M3 Profil du Mur,
Ν, Qoiibn placée fur te devant du Mur* "·.*B-
-ocr page 282-
%}%                          Cours
O, Pierrailles maçonnées avec de bon mortier.
Ρ, Profil du Rocher.
La Figure V , eit le fondement d'un Mur, où
Ton a praîîtjiié des Arcades par économie, & dont
une partie des Pied-droits éft placée fur un bon
Terrein ordinaire, & l'autre fur un Rocher.
Q, Arcades.                                        (
R ψ Rocher taillé pour recevoir les Pied-
droits V
9 V.
S, S, Pied-droits fondés fur un bon Terrein
ordinaire X.
RjT, Ligne ponftuée, repréfentant le niveau
des Fondements appuyés fur le Roc, & jufqu'où
on doit obferver de pofer les pierres des Pied-
droits S, S, V, fans mortier, en frottant leurs lits les
uns fur les autres, pour éviter le tafTement. qui fe
feroit vers ces Pied-droits, tandis que le Rocher
ne tafleroit pas.
' "'*■'■'■■.' f '.."*,. ■■· ■ ;.'■■ 'M '                                                                                                                '                                                                                                           '"'.".
EXPLICATION DE LA PLANCHE LXVL
La Figure Pa, fait voir la maniere de fonder
iiir un Sable mouvant.
Ί1 VI ij:.;;.J :,-{ ::                  ,>
A, Forme d'une Palplanche, vue de face & de
profil, dont le Bout Β , elè fait en pointe.
C,  Terrein folide,                    . , ,l·
D,  Chapeaux.
E, Lierne pour entretenir les Chapeaux.
F,  Sable mouvant. ; i
G,  Intervalle entre les Palplanches, dont on a
tiré le fable mouvant jufquau bon fond, pour y
afleoirlesfondemenîs dinpjr. u ;; w
La Figure II, eil un Mur aiïis fur un Grillage,
qui fert de baie à fes fondements.
-ocr page 283-
D'A RCHIfECTURL            à $J
H} Repréfente le Plan du Grillage ; & A » le
Profil du Mur & du Grillage.
La Figure III, offre la maniéré de fonder par
Coffres on EncaifTements.
L, L, Tranchée faite dans le fable ou la terre.
1,1, Madriers de part & d'autre de cette Tran»
chéé.
K, K, Etréfillons que l'on ôte, après que le
mur eil érigé.
Les Figures IV & V, expriment comment l'on
fonde avec des CaifTons dans l'eau.
M, M, Fig. IV, Plan des CaifTons mis à côté Fun
de l'autre,& remplis de Maçonnerie*
N, Plan du Mur avec fes Contreforts, qu'on
doit élever fur les CaifTons.
O , Fig. V, Profil d'un CaifTon & du Mur, avec
îin de fes Contreforts,
Les Figures VI & VII , repréfentent l'une îe
Plan , & l'autre lé Profil d'un Mur fondé fur
Pilotis , avec des lettres correfpondanîès aux
mêmes objets, pour en mieux faire remarquer la
relation,
                                                          .,,.,.,'
Ρ , Grillage de charpente.
Q, Madriers ou Plate-formes.
R, Heurtoirs.
S, Pilots de rem plage.
T, Pilots, de garde.
Explication de la Planche LXVÎL
Les Figures I & II repréfentent le Plan & le
Profil d'une autre manière de fonder fur Pilotis,
avec des lettres de renvois femblables aux mêmes
objets.
MBB
-ocr page 284-
âf4                   Cöüftj
A, Pilotfc
Β, Grillage de charpente.
C , Pieux de garde.
D,  Maçonnerie entre lé Grillagé*
E, Fig. Il, Profil du Mur & du Pilotis.
La Figure III, fait voir comment on peut écönóM
mifer la conitrucltion dés fondements d'une très-*
grande profondeur, en pratiquant des Areades *
dont on de/cend lés Piéd-dróits jufques fiir le bon
fond.
F, F, Arcades de j ou 4 toifes de diamètre> &
que Ton peut faire plein-cintre ou ogive.
ù, Pied-dr§its affis fut le terrein folide*
H, Niveau du terrein folide*
La Figure IV, exprimé la maniere de contenir
lm terrein d'inégale coniiitance.
                           #
I, Arcs reriverfés, dont les Vouffoirs tehdenï'
vers le Centre K.
L, Piliers férvartt de fondements à dés Pied-*
droits, à des Colonnes, &C.
M, Maffif de moilon éritré les Piliers-;
Les Figurés V * VI & VII, font voir la prépâ*
ration des Pierres de taille & leur pofe.
O, Lit ruftiqué datts le milieu, avec une Cife-
Iure au pourtour.
P, Profil de deux Pierres pofées l'une fui
l'autre*
Q, Pierre à recouvrement & en liaifon.
R, Mains de Pierre pour faciliter leur pofe,
fans craindre de les écorner.
®B^*
-ocr page 285-
î>* ARCÊIT'EC TURË.          2j[f
CHAPITRE II.
Z>£ la Construction en général,
Planches LXVIIl et LXI3L
iLa Bâtiffe ne fçatiroit être uniforme dans tous les
Pays;elle dépend de la qualité des matériaux qui
s'y rencontrent i Les plus ordinaires font, la pierre
de taille, le moilon, la brique, le caillou , le
grais, &c. Entre ces différents matériaux * la pierre
tient fans contredit le premier rang ; mais attendti
qu'il y a des endroits où elle eft très-rare, & que
dans les lieux mêmes où elle eil commune 3
ce genre de conitru&ion coûte fort cher, on eil
fouvent obligé d'avoir recours aux autres.
Les Anciens * au rapport dé Vitruve, Livre II%
Chapitre VIII;
& de Palladio, Livre I, Chapitre IX,
employoient différents procédés dans leur bâtiffe,
dont plufieurs ne font plus en ufage.
Le premier procédé confiiloit à difpofer les
Pierres A, en échiquier au dehors d'un mur, à
faire fes Angles Β, en briques, & à pofer à 2 pieds ~
de diflance,furfa hauteur, trois rangs de Briques C,
dans toute fon épaiffeur. Les figures l & II
de la Planche LXVIIl, offrent une Elévation &
un Profil de cette Bâtiffe, dont on ne connoît pas
d'exemples dans les ouvrages antiques.
Le deuxième confiiloit à élever en bonne liaifoft
des rangs de Briques D, ou des carreaux de
Pierre en dehors fur toutes les faces d'un mur, en -
façon d'encaiffement, dont le milieu fe rempliffoic
-ocr page 286-
256                      C ö ü k s
avec des morceaux de Briques-F, maçonnés avec
mortier de ciment y & de 3 pieds en 3 pieds fur la
hauteur du mur, on faifoit régner dans toute
Tépaiffeur 3 rangs de Briques Ε, plus grandes que
les autres, en obfervant de placer le premier rang
& le troifieme fuivant le petit côté, & le deuxième
ou celui du milieu fuvant le grand côté : c'eft ainfi
que font bâtis les murs du Panthéon, des Thermes
de Dioclétien, & de pluiieurs Edifices de l'an-
cienne Rome. Les figures III & IV repréfentent
l'Elévation & le Profil de cette co.nilruûion.
Le troifieme confiftoit à conilruire les murs en-
tièrement de gros Cailloux G , maçonnés de ci-
ment , & à poîér de 2 pieds en 2 pieds , fuivant
la hauteur, trois rangs de Briques H, en liaifon
comme ci-devant. On mafquoit enfuite ces cail-
loux par d'autres cailloux de rivière caffés par le
milieu, & dont le côté fendu étoit placé en de-
hors , pour rendre l'ouvrage uni & agréable à la
vue. Les murs de l'Amphithéâtre de la Ville de
Vérone , en Italie, qui fubfiitent encore en partie ?
font bâtis ainfi. Les figures V & VI5 font voir fon
Elévation & fon Profil.
Le quatrième procédé, qu'on appelloit rußique?
confiftoit à employer les Pierres de toutes fortes
de figures inégales I, fi ce n'eil aux angles qui
étoient faits de pierre de taille en liaifon. On fe
fervoit, dit-on , pour l'exécution de ces murs,
d'une regle de plomb, que l'on ployoit fuivant
la place deftinée à recevoir chaque pierre , afin
de la tailler jufte pour le lieu où il s'agîffoit de la
placer; ce qui donnoit néceiîairement beaucoup
de fujétions fans procurer davantage de folidité.
On prétend que les murs de la Ville de Prenefle
étoient bâtis de cette maniere. Les figures VU &
VIII
:.'.:,Ac»«* ...
-ocr page 287-
d'Architecture,          if/
Vil! de la Planche LXIX, repréfentent l'Eléva-
tion & le Profil d'un de ces murs«
         . υ: F
Le cinquième confiitoit à placer les pierres dö
taille en bonne liaiibn L, comme on le pratique
d'ordinaire : c'eft ainfi que font confiants la plu-
part des Théâtres , Amphithéâtres, & des princi-
paux monuments de l'antiquité. Les figures IX &
X expriment leur arrangement. Tantôt on couloir
les lits des pierres avec du mortier de chaux &
fable ; tantôt on pofoit les pierres l'une fur l'autre à
cru fans mortier, en ufant leurs lits, jufqu'à. ce que
leurs furfaces fe toucha ii 'ent exaöement,, γ? : *
Le fixieme s'opéroit par encaiiiement. On fai'foit
des CaiiTes de bois M, dont les planches étoient
efpacées de l'épaifîeur que l'on vouloit donner aux
murs, & que l'on remplhlbit de toutes fortes, de
Pierres ou Pierrailles Ν , à bain de mortier.· Quand
la partie encàiifée étoit finie , On démon toit Îen-
caifTement j on le plaçoit plus loin ou plus haut,
afin de continuer le mur que l'on termihoit enfuite
par un enduit. Beaucoup d'Acquéducs & d'ouvra-
ges fouterreins paroiffènt avoir : été faits de-cette
maniere. Les figures XI & XII, expriment l'Eléva-
tion & le Profil d'un de ces£ncaiflements.£ s;;; ,
Enfin le feptieme procédé conflitoit à revêtir des
murs très-épais, en pierre deitaiiLe feulement le long '
de leurs faces apparentes © ; fe à placer fuivant
leur épaiffeur d'autres Murs Ρ :, auiîi en pierre 9
diilants d'environ 5 ou 6 pieds l'un de Tàutre;,; ce
qui form oit des efpéces de- Cofiires Qa,;que l'on
remplifloit de moiloiis, de pierrailles & de mortier.
Les figures Xïii&XlV., neTaiiTçnt-:rie& à deiirer
pour l'intelligence de l'élévation & -du „profil de
cette conftruäion. mime
              fcè&i ;         ;
-ocr page 288-
2$8                       Cours
La maniere de bâtir de nos jours , diffère à
quelques égards de celle des Anciens. On la diviie
communément en cinq efpéces. La premiere con-
iiite à conitruire les murs tout en pierres de taille,
dures ou tendres en bonne liaifon, bien pofées en
recouvrement les unes furies autres, à l'exemple
du 5 e procédé des Anciens.
La féconde eil celle entièrement en briques,
pofées auffi en? liaifon, & maçonnées , foit avec
du mortier, Tok avec du plâtre.
La troiiieme fe fait en moilons apparents , bien
équarris, bien giflants fur leurs lits , pofés de niveau
de même hauteur, en liaifon , & piqués en leurs
parements : on l'employé d'ordinaire pour la con-
itruition des murs de cave , de clôture, de ter-
rafle, &c.
                      '
La quatrième s'opère en moilons pofés aufli fur
leurs lits & en liaifon, mais feulement eflemillés,
c'efl-à-dire grofliérement équarris , pour former
parement dans les lieux de peu de conséquence.
La cinquième fe fait de blocage , ç'enVà-dire de
menues pierres qui s'employent avee du mortier
dans les fondations, & avec un enduit, foit de
plâtre ,· foit de mortier > dans les ouvrages hors
de terre.*.- -i ■ >-*>;«>.'i-.·--
ν Quelquefois on allie enfemble plufieurs de ces
procédés dans l'exécution d'un même mur. On fait
des parties en pierres de taille, comme les ëncognu-
tes , lés jambes fous poutres ; des parties en bri-
ques, comme au droit dés cheminées ; des parties en
moilons, foit apparents, foit eflemillés , föit en-
duits, fuivant que l'on defire plus ou moins éco-
ïiomifer, ou fuivant .que l'on a deflein de rendre
les ouvrages plus ou moins durables,.
Ce qui fait , regle générale, la. folidité d'un
..jaa&tMifc.,,..,.. ,
-ocr page 289-
d'Architecture,           i§q
mur, c'eil le bon afTemblage des matériaux, & la
maniere la plus avantageufe de les employer,
fuivant leurs proportions , leurs difpoütïons &
leur convenance mutuelle. Leur difpoiition doit dé-
pendre fur-tout de la maniere dont la nature en a
difpofé la formation \ c'eit-à-dire que ceux qui ont
été difpofés par couches, doivent être pofés dans
le même fens, mais que ceux qui ont été formés
en maiTe, comme le roc» le grais, le marbre, &
dont toutes les parties n'arTe&ent aucune iituation
particuliere , peuvent être pofés indifféremment
dans tous les fens. Après cette obfervaticn, l'ellen-
tiel eil de faire en forte que la forme extérieure
àes pierres foit telle , que le volume de leur ma-
tière puifTe être compris entre des plans bien pa-
ralleles , & réciproquement perpendiculaires les
uns aux autres, ou également inclinés fuivant que
le cas l'exige , afin que fe convenant mutuelle-
ment , elles fe touchent dans tous les points de
leurs furfaces, autant qu'il eil poiïibîe«
Dans les murs bâtis en pierres de taille , chaque
pierre doit être pofée fur fon lit; <5c comme elle
eil brute ou velue en arrivant de la carrière , la
premiere opération confiile à i'équarrir , à en
tailler les lits & parements avec foin, fans y laiiier
aucun gauche. Il faut fur-tout la bien ébouiiner,
l'atteindre au vif, & réformer celle où il fe trouve-
roit des moyes, des veines graffes, des fils, &c.
Il eil d'uiage de pratiquer le long des lits & des
joints des parements vus, des plumées, cifelures ,
ou parties liiTes , figure V , Planche LXVÏI, d'en-
viron 3 pouces de large, & de ruiliquer le Mi-
lieu O : il y en a même qui tiennent ce milieu un
peu renfoncé , ainii qu'on le voit par le Profil,
figure VI, de maniere à former une efpéce de
Rij
-ocr page 290-
■y
260                      Cours
petit Baffin P, On remplit de mortier cette partie
ruiliquée ou renfoncée j & avant de pofer la pierre
fupérieure en recouvrement, on place des calles,
qui ne font que des efpéces de bout de lattes de
2 ou 3 lignes d'épaiiïeur fur les plumées , à
un pouce près des bords des 'joints , attention
qui eil très-effentielle en pareil cas ; car ii on pia-
çoit ces calles tout-à-fait fur les bords des pierres,
il feroit à craindre qu'elles ne fiiTent éclater les
arrêtes ; ce qui arrive d'ordinaire quand on n'y
prend pas garde.
La Pierre Q, en recouvrement, figure VII,
étant mife en place & callée bien de niveau,
on fiche les joints, en y introduifant une regle
ou une latte , pour étendre également le mor-
tier qu'on a déjà mis entre les lits , & à l'aide de
laquelle on achevé d'y en faire entrer le plus
qu'on peut de nouveau. Cette dernière opéra-
tion fe fait par les joints des côtés de la pierre,
ou qui font oppofés au parement ; & même afin
d'empêcher le mortier de s'échapper par les joints
du parement, on y introduit d'avance de la filaiTe,
que l'on arrache par la fuite , quand il a pris
corpsî
11 eil important de pofer de fuite chaque cours
d'aiïife de pierre le long d'un mur, & de ne pas en-
treprendre un nouveau cours, que le précédent
ne foit entièrement achevé, ïe tout afin d'opérer
fans ceife une égalité de taffement fur les fonde-
ments. Il convient encore d'obferver conflamment
de placer chaque pierre fur fon lit , en bonne
liaifon , tellement qu'aucun joint montant ou ver-
tical de deux cours d'aifife ne fe rencontre
jamais vis-à-vis l'un de l'autre. Il y a même des
Conilru&eurs qui affectent, pour la beauté de
r
-ocr page 291-
d'Architecture.           261
l'appareil, de donner une égale hauteur à tous les
cours d'affife; ce qui en exécution produit un coup
d'œil fort agréable.
Dans les conitru&ions où Ton eil jaloux de la
propreté de l'exécution, il eil bon de lahTer des
Mains ou petits BofTages R, figure Vlï , aux pare-
ments des pierres , que l'on ne coupe que lors du
ragrénient du mur : par ce moyen le Pofeur peut
les mouvoir facilement,& les mettre en place fans
rifquer de les écorner , comme lorfqu'il eil obligé
d'introduire des pinces entre les joints des pare-
ments pour cela.
Il arrive quelquefois que , dans les murs d'une
grande élévation , les calles de leurs parties infé-
rieures s'applatirTent au point de permettre aux
joints des pierres de fe toucherΓ, & de faire éclater
ou épaufrer leurs arrêtes ; mais alors il eilaifé de pré-
venir cet inconvénient, dès qu'on s'en apperçoit, en
faifant un trait de fcie dans lefdits joints, d'environ
un pouce de profondeur pour les élargir»
Le mur étant bâti fuivant l'art, on en fait le
ragrément ; on coupe les mains des pierres ; on re-
fait les joints des parements des pierres dures
avec mortier de chaux & grais, & ceux des pierres
tendres avec mortier de badigeon.
Outre ces attentions, qui contribuent à la per-
fection d'une bâtiffe, il y a encore pluiieurs obser-
vations capitales à faire pour aiiurer fa folidité.
La premiere confiile à faire les premières airifes
du rez-de-chauffée en pierre dure , afin qu'elles
réiiftent mieux à l'humidité de la terre & de la
pluie, ainfi qu'au fardeau d'un mur ?fur-tout quand
il doit avoir une certaine élévation : la deuxième,
à mettre les pierres d'un même cours d'aiîife , de
même qualité, afin que le poids de la partie fu-
Riij
-ocr page 292-
ι6ι                      Cours
périeure chargeant uniformément la furface de la
partie inférieure, trouve par tout une réiiftance
égale : la troifieme, à difpofer toutes les pierres
& moilons dans un parfait niveau en bonne liaifon,
comme il a déjà été dit ci-devant, & à carreau &
boutifle, c'eff-à-dire de maniere que la longueur
oes unes foit fuivant la face du mur, & la longueur
des autres fuivant fon épaiffeur ; le tout à joints
& lits quarrés, & maçonné avec mortier de chaux
& fable : la quatrième , à laiffer, quand on maçonne
des murs moilons en plâtre , un petit intervalle
entre leur arrachement & celui des chaînes de
pierre , afin de lui donner la facilité de faire fon
effet, attendu que le plâtre eil fujet à renfler, &
à pouffer quelques jours après qu'il a été employé:
lequel petit intervalle ne fe remplit que lors du
ravalement général.
Tels font fommairement les procédés que Fort
trouve mis en pratique dans l'exécution des édifices
les mieux bâtis : mais pour ne nous point borner à
           j
des généralités, & mettre de Tordre dans les détails
où nous nous propofons d'entrer , nous parlerons
           j
• d'abord de l'appareil des voûtes & de la conftru&ion           )
des caves , de-là nous expliquerons quelle doit être           j
la bâtiffe des différents murs , & nous rendrons
compte enfin de tous les travaux particuliers qui
fervent à la confection d'une maiibn ordinaire.
■'. ■ ': *■;■,·■■■''                                                     "' V.',
■*"- "' .V '■'■....-■                         
-ocr page 293-
d'Architecture.           16}
Article Premier.
Des Coûtes & de leur Appareil.·
Planche LXX.
ïl a été publié pluneurs bons Ouvrages fur îa
Coupe des pierres. Philibert Delorme, qui écrivoit
en 15 57, eit le premier qui ait traité méthodique-
ment de cet Art: Mathurin Jouffe , en 1642, y
ajouta quelques Découvertes, qu'il intitula , le
Secret de Ρ Architecture'.ho. Père Deran , en 1643 ,
publia un Ouvrage encore plus profond fur cette
matière , & plus relatif aux befoins de l'Ouvrier :
la même année Abraham Boffe mit au jour le
Syflime de De/argues : M. Delarue , en 172.8 , re-
nouvella le Traité du Père Deran s avec plufieurs
additions & augmentations intéreffantes, qui doi-
vent faire regarder fon Livre comme le réfultat de
tous ceux qui l'avoient précédés : enfin en 1737 >
M. Frezier , Dire&eur en chef des Fortifications
de la Bretagne , a démontré la Pratique & la
Théorie de la Coupe des Pierres, d'une maniere
capable d'illuftrer cette partie de Γ Architecture ;
fon Ouvrage eil tel qu'il y refte peu de chofe à
defirer; & nous y renvoyons d'autant plus volon-
tiers , que les limites de notre Ouvrage ne nous
permettent pas d'entrer dans tous les détails né-
ceflaires pour approfondir , comme il le faudroit i
cette importante matière j c'eft pourquoi nous
nous bornerons , après avoir expofé forrimaire-
ment l'efprk de la Coupe des Pierres ,. & les
moyens de s'y .perfeâionnfr;_ea .peu de tems.·, à
Riv
-ocr page 294-
264                       C O U p. S r,
donner une idée de la forme des diverfes epéces
de Voûtes , & à décrire enfuite les Outils dont Te
fervent les Tailleurs de Pierres & les Maçons dans
leurs travaux.
Quoique la plupart des Appareilleurs n'opèrent
la coupe des pierres que par routines , il y a ce-
pendant peu d'Arts auffi fufceptible d'être rai-
. ionné, attendu que fes principes dérivent efîen-
tielîernent de la Stéréométrie, partie de la Géo-
métrie, qui enfeigne les développements de toutes
fortes de corps, tels que les fpheres , les cylin-
dres, les côues, &c. Il n'eiî queftion, pour y
réuffir, que de fçavoir tracer les courbes produites
par les projedions & fecHons que l'on peut faire
fur ces folides , par la rencontre , foit de deux
cylindres ou cônes qui fe pénétrent l'un l'autre,
foit d'un cône dans un cylindre, foit d'un cylin-
dre dans un cône, foit d'un cylindre dans une
fphere , &c. Le vrai moyen d'y parvenir eit i° de
couper les folides qui fe pénétrent par des plans
paralleles entre eux comme par tranches : 2° de
recormoître dans chacune de ces tranches , la par-
tie commune aux deux corps : 3.0 enfin de lier par
des traits les points communs aux deux furfaces,
paiTant de Tune à l'autre fur les furfaces courbes
mêmes, pour avoir la courbe naturelle, ou fur
une furface plane pour en avoir l'imitation pro-
duite par la projection. Après s'être exercé fur les
développements de ces projections.& pénétrations,
il n'y aura qu'un pas à faire pour opérer toutes
fortes d'épuré \ il ne fera plus befoin que de fe
bien repréfenter le rapport que la pièce, qu'il
s'agira d'appareiller , peut avoir avec les déve-
loppements des corps en quèition*; ou avec leurs
diverfes projections & pénétrations. Si par exempte
-ocr page 295-
d'Architecture.          265
Γοη veut faire une Porte en talut, & en Tour-
ronde , il ne s'agira que d'obferver que cell la
pénétration d'un demi-cylindre dans un cône; fi
c'en: une Voûte d'arrêté, on remarquera que ce
n'eft que la rencontre de deux demi-cylindres ; fi
cell une Defcente de cave , on verra que ce n'eft
que la coupe d'un demi-cylindre oblique , &c. En
fe rendant ainfi toujours attentif à quelle courbe
géométrique, ou portion de courbe , chaque pièce
de trait peut appartenir ; il fera poiïible de réufîir
en peu de tems, & par jugement, fans prefque
aucun autre fecours, à tracer toutes fortes de
pièces de trait, & à redreffer au befoin les routines
des Appareilleurs.
On peut tracer les Epures , foit par panneaux,
foit par équarrhTement. La méthode par panneaux
eil la meilleure , & produit moins de déchet pour
la pierre. Après qu'on a tracé l'épure de la gran-
deur de l'exécution, fur un mur, ou fur un aire
que l'on a dreifé exprès, on leve les panneaux
avec du carton , des voliges ou planches minces,
que l'on applique enfuitefurla pierre , après l'avoir
bien éboufinée, équarrie & dégauchie. Quel que
foit cet Appareil , il doit être tel que tous les
joints des voufioirs s'appliquent bien exa&ement
les uns contre les autres, en tendant vers le centre
ou les différents centres de la courbe de la voûte,
& de façon à reporter Ton poids & fon aftion le
plus avantageufement vers les fupports.
         
il y a diverfes fortes de voûtes qui tirent leurs
noms des figures qu'elles reçoivent. Elles font en gé-
néral compofées de voufioirs appareillés de différen-
tes manières , dont la forme varie à raifon de la fi-
gure de la voûte , & delà place qu'ils doivent occu-
per. On nomme Clef, le vouifoir qui couronne le
-ocr page 296-
i66                      Cours
haut d'une voûte, & qui eft également éloigné de
fes retombées, & Coufjinet, le dernier vouffoir qui
repofe immédiatement fur l'impofte ou le pied-
droit.
La figure I fait voir le développement des Pan-
neaux d'un Vouffoir, qui eil ordinairement com-
pofé de fix faces lorfqu'il fait parpin : a, Panneau
de douelle : bb,Panneaux de joints : ce , Panneaux
de tète.
La figure lï offre à part un Vouffoir tout taillé:
dd> Faces du Vouffoir: e3 Douelle ou Intradof :
f/, Lits ou Joints ruftiqués avec cifelure : h, Ex-
trados.
Les Voûtes les plus ordinaires font celles en
berceau ; il y en a de furhaujfées comme la figure III,
de furbaiffées comme la figure IV, & de plein-cintr&
comme la figure V.
Lorfqu'un berceau eft convexe ou concave , ou
bien forme un angle par fon plan, il reçoit diffé-
rentes dénominations , & on l'appelle , foit une
Paru en tour ronde, foit une Porte en tour creufe?
foit une Porte fur Le coin.
On nomme D&fcente, une voûte en berceau qui
va en rampant, telle eft la figure XV ; Voûte d%ar-
rëte
, figure XI, une voûte compofée de deux ber-
ceaux qui fe croifent, de maniere à former par
leur rencontre des arrêtes faiiiantes emdiagonale;
Voûte en arc-dé- Cloître $ figure X, une voûte for-
mée par des triangles fphériques, qui offrent par
leur rencontre des angles rentrants; Voûte fur le
noyau,
figure XIV, une voûte en berceau tour-
nant autour d'un pilier.
On appelle Plate-bandes, des efpéces de voûtes
qui terminent le haut des bayes, des portes , oit
des croifées. Les unes font droites,'figure VI; les
-ocr page 297-
d'Architecture.            167
autres font bombées , figure VII : leurs Claveaux
ou Vouffoirs i, tendent d'ordinaire au fommet
d'un Triangle équilatéral g, dont la bafe eft la lon-
gueur de la Plate-bande. On voit cependant dans
la moitié de la figure VI, que les Joints A, font
perpendiculaires j ce qui fe pratique quelquefois
en devant d'une plate-bande pour le coup-dœil,
mais l'intérieur defdits joints ne laiffe pas pour
cela de tendre vers le point g, ainfi qu'il vient
d'être dit.                                                          Λ
Quand une baye plein-cintre ou furbaiilee eit
terminée fur une de fes faces par une plate-bande,
comme dans la figure VIII, on la nomme une
Arrière-Foußure de Marfeille : mais , quand au con-
traire elle eil terminée par un arc plein-cintre,
comme dans la figure IX, on la nomme une Ar-
ricre-Fouffure Saint-Antoine.
On appelle Voûte Jphèrique, celle qui forme une
hémi-cicle parfait concave , telle eit d'ordinaire la
Voûte d'un Dôme , figure XII; Pendentif, une
demi-fphere tronquée par fon fommet ,& péné-
trée par quatre voûtes en berceaux , qui laiffent
entre elles quatre efpaces triangulaires fphériques,
comme on le voit figure XIII.
                       λ
Il y a encore plufieurs autres fortes de Voûtes,
telles que des Trompes dans ? angle , comme la
figure XVI, des Trompes en tour ronde Se fur le coin,
pièces de traits dont on ne fait guère ufage fans
une abfolue néceffité ; des Cornes de vache, des
Cornes de bœuf.
Les Efcaliers font de tous les ouvrages les plus
difficiles à bien opérer pour la coupe des pierres;
on les fait, foit à jour, ou à Vis fufpendue dans
une Tour ronde , comme on le voit figure XVII,
foit en Vis Saint-Gilles quarré, foit à Noyau. Les
-ocr page 298-
i68                      Cours
plus beaux fe font à jour avec un vuide au milieu,
& font ceux dont on foutient les Rampes & Pal-
liers en l'air par des VomTures , par des Arcs-de-
Cloître, par des Trompes , ou par des Piate-
' bandes.
Explication de la Planche LXXI,
Repréfentant les Outils à l'ufage du Tailleur
de Pierre & du Maçon.
A , Marteau appelle Têtu, fervant à dégroiîir
la pierre : on voit à côté fo.n Fer a, repréfenré en
plan avec fon œil.
Β, Marteau à pointe pour tailler la pierre , avec
le plan de fon Fer b , vu auiîi du côté de fon œil.
Il eil à remarquer qu'un des côtés de ce Marteau
eit fait en hache , & que l'autre a des brételures ,
ou des efpéces de petites dents pour la pierre dure.
C,  Marteau à pointe avec ion Fer c, que l'on
nomme Pioche , & qui fert également à tailler la
pierre.
D, Pic, dont le bout eft terminé tout-à-faît en
pointe ; mais, lorfque ce bout va en s'élarguTant,
on le nomme auiîi Pioche, & il fert alors à creufer
la terre.
Ε, Riflard, qui peut %re avec brételures ou fans
brételures,
F, Différents Cifeaux. Ces Outils & les précé-
dents fervent à finir les parements des pierres, à
les ragréer, à y tailler des moulures.
G,  Maillet.
II, Niveau de Pofeur.
I, Equerre,
Κ , Compas d'Appareilleur.
-ocr page 299-
. d'Architecture.           269
L, Sauterelle , ou fauife Equerre , fervant à
prendre l'ouverture des angles.
M, Regle d'Appareilleur, qui eil d'ordinaire
de 4 pieds de long.
Ν , Scie fans dents , fervant pour la pierre
dure ; car celle qui a des dents fert pour la pierre
tendre.
Ο, Gouge pour faire les moulures , ou les
ragréer.
Ρ , Auge pour gâcher le plâtre ou le mortier.
Q, L'Oifeau , fervant à porter le mortier fur les
épaules»
R, Truelles de deux formes différentes : celle
qui eil circulaire par devant fert pour le plâtre,
& celle qui eil triangulaire fert pour le mortier.
S, Tamis pour paffer le plâtre ou le"ciment.
T, Ligne ou Cordeau , avec fon Plomb & foti
Chas t.
V, Hachette à l'ufage du Maçon.
X, Batte pour écrafer le plâtre.                 ^
Y, Rabot pour corroyer le mortier.
Il y a encore d'autres Outils , Uilenfiles & ïri-
ilruments à l'ufage du Maçon & du Tailleur de
Pierre , tels que des Pinces, des Brouettes, des
Hottes, des Pelles, des Claies, &c, lefquels font
£ connus qu'il n'eil pas befoin de les reiré-
Center.
-ocr page 300-
">
270                     Co υ R s
*%■ ·             ΠΙ I.IH.IM - mi         ι» -.....■ ιι m im.........«milMl ι                Μ                       -^- m ιι .^.-ιι, f------1.| ι — - — — nfc.n.W
Article IL
Z)e /a Conflriiclion des Caves ou Souterràns
d'un Bâtiment.
Planche LXXII.
On conftruit les caves , foit tout en pierre de
taille, foit tout en moilon , foit partie en pierre de
taille & partie en moilon. Quoique le premier
procédé foit. fans contredit le plus folide , il eil
rare qu'on l'employé , & le plus ordinairement on
fait u.fage du dernier. Quant au fécond, il n'a guère
lieu que dans les bâtiments de peu d'importance
& par économie.
Les fondements des murs de cave font les mêmes
que ceux des murs de face , de refend & mitoyen
d'une maifon, avec quelque empattement de plus
au niveau de l'aire des caves. Ils doivent, comme
précédemment, êîre faits en gros moilons & bons
libages , dont la premiere aiîife foit pofée à iec fur
le terrein reconnu pour folide. On élevé les murs
des caves, en laiflant fur leurs fondements une re-
traite de 3 pouces de chaque côté le long des murs
de refend & mitoyen , & en laifTant feulement une
retraite de 3 pouces du côté de l'intérieur des caves,
le long des murs qui portent ceux de face «d'une
maifon; la raifon de cette différence vient de ce que
les premiers murs font ifolés , tandis que les
autres font adoffés aux terres qui les fortifient
fuflifamment vers cet endroit.
De même que l'on met dans les fondements, des
libages en correfpondance fous tous les points
*
-ocr page 301-
d'Architecture.           271
dappui capitaux du rez-de-chau-fîee d'un bâtiment,
tels que les têtes des murs , les jambes-étrieres,
les encogmires > les pied-droits & chaînes qui
foutiennent des poitrails ou des poutres^ on doit
continuer auffi à élever fur ces libages , des affifes
& chaînes de pierre dans ïa hauteur des murs de-
cave , pour porter dire&ement ces points d'appui.
On difpofe enûtite des chaînes & arcs environ à
12 pieds de diitance de milieu en milieu, le long
UQS berceaux pour les fortifier : on eft encore
obligé de mettre de fembiables arcs en pierre, foit
en correfpondance - fous les murs de refend, foit
fous les parpins des cloifons qui portent plan-
chers , quand les uns ou les autres traverfent la
largeur des berceaux ; enfin l'on fait également en
pierre les foupiraux, les pied-droits & les plate-
bandes des portes : car pour tout le refte de la con-
traction des murs & voûtes de cave , il s'exécute
communément en moilons apparents, piqués en
leurs parements, ouiimplement eifemiliés du côté
où ils font vus.
                                  : :-
Il eil efténtiel que les chaînes , pied-droits &
plate-bandes. des pierres faflent toute l'épauleur
des murs, & foient pofés alternativement à car-
reaux & boutiffes de 5 à 6 pouces environ de part
<& d'autre,/le maniere que les moindres affîfes
ayent 15 à 18 pouces de tête. Le mortier dont on
fe fert pour les conitru&ions des caves & des fon*
déments, doit toujours être de chaux & fable^
ceà par abus qu'on les maçonne en plâtre dans
Jes pays où il eil commun : car jamais le plâtre
jae fait corps dans l'humidité par fa nature; &. l'ori
peut fe rappeller les raifons phyiiques que nous
01 avons donné à l'article du Plâtre : cependant la
plupart des Ouvriers à Paris maçonnent d'ordi-
-ocr page 302-
272.                    Cours
naire les murs des caves avec du mortier , &
maçonnent au contraire leurs voûtes avec dit
plâtre , fous prétexte d'accélérer l'ouvrage , de
reflerrer leurs voufToirs par fon renflement , &
fur-tout pour s'exempter de laiffer les cintres auiîi
îong-tems qu'ils y feroient obligés , s'ils opéroient
aufii la voûte en mortier : mais encore un coup , il
s'en faut bien que les voûtes puiffent avoir autant
de durée, lorsqu'elles font maçonnées en plâtre.
Quand on bâtit les murs de cave tout en rrioilon-,
on ne fait point les plate-bandes & les pied-droits
des portes en pierre : on ne met auffi ni chaînes ni
«ires de pierre de diilance en diilance le long des
berceaux, ni chaînes de pierre à la tête des murs,
ii ce n'eft fous les jambes-étrieres : auiîi -cette
conilruclion eil-elle de peu de durée, & ne doit-
elle avoir lieu que par économie : cependant quant
à la place de moilons, on. peut employer de la
pierre de Meulière avec de bon mortier, on réuffit
à faire des ouvrages en ce genre qui font folides.
Les voûtes des caves ont communément de
hauteur fous clef, depuis 7 jufqu'à 9 ou 10. pieds:
elles fe font rarement plein-cintre , mais le plus
fouvent en berceau ou en anfe-de-panier , pour
faciliter de paffer derriere les tonneaux. On donne
à leurs voûtes au moins 16 pouces «Tépaiffeur à
la clef, & on laiffe au-deffus de cette clef environ
8 pouces jufqu'au rez-de-chauffée : enfin on garait
leurs reins jufquà leur couronnement en moilons
maçonnés comme ci-devant, où l'on fait de fauffés
aires avec de petites pierres & des plâtras, fur les-
quelles on carele , ou bien l'on feeîle des lam-
bourdes pour recevoir du parquet.
1 ':[ H eft affez indifférent d'appuyer les voûtes des
Caves fur les murs de face ou de refend; on doit
feulement
-ocr page 303-
D'A ft G H I T £ C Τ 't/ ft £.           17J
Îeulemerrt obferver, quand on les appuie fur les
murs rde refend , de continuer à les bander fur les
mêmes murs ; & ii l'on eil obligé de les tourner:
autrement, il faut faire à chacune des caves voi-
fines, & contre le mur de refend, une demie voûte
en arc-de cloître pour racheter îe berceau , & fer-
vir de culée à la voûte de la cave du milieu.
Il eil néceffaire de faire un contre-mur d'un pied
d'épaiiTeur dans* les caves , y compris l'empatte-
ment du mur au rez-de-chauifée au droit d'un mur
mitoyen, le long des voûtes en berceau, quand
leur retomJbée ou naiilance y eiï appuyée. Ce con-
tre-mur doit faire une bonne liaiibn avec le mus;
mitoyen, non - feulement pour porter lefditel
, voûtes , mais auiîi pour foutenir leur pouffée , &
empêcher qu'elles ne faffent déverfer le mur mi-
toyen : cela dépend au furplus de la grandeur
dé la voûte ; car fi elle étcit fort furbaiffée tk
d'un grand diamètre, il pourrok arriver que l'é-
paifTeur d'un pied, jointe à celle de la moitié de
répaiiTeur du mur mitoyen , ne fût pas fuffifante ;
& alors il feront important d'augmenter propor-
tionnellement l'épaifïeur du contre-mur, afin de
le mettre en état d'en foutenir l'effort (λ). Au fur-
plus , quelque foit la courbe des berceaux des
caves, il ne faut point que la coupe des pierres
ou des moilons de" leur naiiTance , entre dans
l'épaiffeur du corps du mur mitoyen.
La raifon pour laquelle on ne donne pas mx
(a) Si le mur de face d'une cave éroit aflis fur de la gjaife, il fau-
drait en ce cas faire un contre-mur dans les terres en dehors , de
iz à 15 pouces d'épaifleur en moilons, pour empêcher que le
poids .du mur fur la glaife ne la fît remonter, gc n'occaiiomiat
beaucoup de taflement.
, Tome V.           "                            S
-ocr page 304-
274                      Cours
pied-droits ou fupports des voûtes de cave ordi-
naires , d'autre épaiffeur que celle des fondements
des murs de face» de refend, ou mitoyens avec
leur empattement, c'eftque ces voûtes fontenterrées
& contenues de toutes parts par les terrés, & que
leurs fupports font chargés en outre par la grande
élévation des murs de face ou de refend, qui, en
les roidiffant, augmente ainfi leur force, & les
met par conféquent en état »d'en foutenir la
poufféè : car, fi ces fupports étoient ifolés &
hors de terre, il conviendroit de les proportionner
tout différemment, ainfi qu'on le fait.
Quand les voûtes de cave font obligées d'avoir
une certaine étendue, au lieu de faire une feule
voûte fort large & fort plate, on élevé des piliers
au milieu de leur largeur, à une certaine diftance
les uns des autres, qui rachètent deux berceaux
avec des lunettes, ce qui forme des voûtes d'arrêté ;
mais pour quelles ibient bien folides, il faut bâtir
ces voûtes d'arrêté, ainfi que les pied-droits &
dofîerets qui foutiennent leurs retombées , en
pierre de taille. Il n'eft pas néceffaire de faire des
contre-murs vis-à-vis les lunettes des voûtes d'ar-
rêté, à la rencontre dès murs mitoyens, mais il
fuffit de donner un pied de faillie environ à leurs
doiierets, & même plusjfi la poufTée de la voûte le
requiert, attendu que ce font ces dofîerets qui
portent la voûte. Il eft rare que l'on emploie dans
les caves d'autres voûtes que celles en berceau ou
d'arrêté : les voûtes mêmes en Arc-de-Cloître y
font peu d'ufage, fi ce n'eft pour l'exécution de
quelques caveaux.
On ne met ni crampons, ni chaînes de fer,
ι m tirants dans les fondements d'un bâtiment,
& au droit des voûtes de cave, attendu qu'il
-ocr page 305-
d'Architecture. 275
n'eu: pas à craindre que des pierres contenues
par les terres punTent fe déranger , quand elles
ont été pofées bien de niveau, & fur un bon fond :
cependant on s'eil permis de cramponer depuis
peu toutes les aflifes des fondements de l'Eglife
de la Magdeleine de la Ville-l'Evêque à Paris : c'eit
peut-être la premiere fois que cela elt arrivé. On
peut voir dans nos Mémoires ce que nous avons
dit fur ce fujet , de même que fur le défaut
de liaifon des fondements de cet édiiîce ,
que l'on a eflayé de rectifier depuis nos obfer-
vations.
Les Defcentes de cave fe placent fous les prin-
cipaux efcaliers : leurs voûtes font rampantes &
s'exécutent en berceau, dont l'un des pied-droits
eft foutenu par un gros mur, & l'autre par un
mur que l'on nomme déchiffre , lequel mur dé-
chiffre s'élève jufqu'au rez-de-chaiiffée , & eit.
deiliné à porter le focle que Ton met au bas d'un
efcalier, ainii que fon limon. On fait les têtes de
ces murs déchiffre en pierre dure , & le reite ordi-
nairement en moilons piqués, que l'on maçonne
comme ci-devant. Quant aux marches des
defcentes, on les exécute en pierre de taille dure,
d'une feule pièce , & même le plus fouvent on les
taille en chamfrein par devant pourgagner du giron :
enfin, outre qu'on fait porter ces marches dans le
mur déchiffre & le gros mur, ön pratique.encore
des voûtes rampantes par deffous pour les fou-
tenir, û on le juge néceifaire.
Si]
-ocr page 306-
27<5                        Cours
Explication des F ι g u r e s
de la Planche LXXII, ,<:'
Reprèfemant les détails de la Conßruclion
moyenne d'une Cave, c'efi-à-dire bâtie
partie en pierres, partie en moilons.
La Figure I eil le Plan de deux Berceaux de
Caves.
A, A, Murs de cave, fervant à porter deux
murs de face , qui font fencognure de deux
rues.
Β, Mur de refend des deux berceaux, deftiné
à porter un autre mur auiTi de refend, au rez de-
chauffée du bâtiment. /1, .
C, Mur mitoyen, fortifié d'un contre-mur d'un
pied, y compris l'empattement, du côté de la re-
tombée du berceau.
D9D\ Direction des Berceaux, exprimée par
des lignes ponctuées.
E, Baye de porte.
G, Soupirail                 jl
I, Empattement des fondements fous les murs
des Caves.
Κ, Κ, Lignes ponctuées, exprimant deux arcs
de pierre dans les Berceaux.
L, L Parties de mur des caves, confiantes en
pierre de taille, & que nous avons teintées davan-
tage , pour les différencier du reite qui eit bâti en
moilons. Ces parties en pierre de taille font pla-
cées à la tête ou rencontre de tous les murs , aux
chaînes 5 aux pied-droits de la porte Ε, au pour-
MgïMïU
-ocr page 307-
d'ârchitectur e.           277
tour du foupirail G, & en correfpondance fous tous
les points d'appui principaux du rez-de-chauffée.
La Figure II, repréfente le Profil d'un des Ber-
ceaux de Cave fur fa longueur, fuivant la ligne xx9
du Plan figure I.
M, lJrofîl du mur de cave, qui porte le mur de
face, & qui eil élevé d'à-plomb , tant du côté des
leeres que du côté des caves , en laiffant un em-
pattement de 3 pouces fur fon fondement en de-
dans.
N, Chaîne ou Arc en pierre en carreaux & bou-
îhTes, que l'on place communément à 12 pieds de
diitance l'un de l'autre , de milieu en milieu le
long des berceaux, pour les fortifier , ainii que
fous les murs de refend, ou les murs parpm des
cloifons qui portent planchers, & montent de fond
quand ils traverfent la largeur de la voûte : car , en
fuppofant qu'on ne voulût pas de chaînes en pareil
cas , on ne pourroit fe difpenfer de faire un
Mur Ο, dans les Caves en correfpondance.
Ρ, Jambes de pierre de taille à la rencontre de
tous les murs pour les lier, & qui s'élèvent per-
pendiculairement jufqu'au rez-de-chauffée en pé-
nétrant les voûtés ou berceaux.
Q, Murs bâtis en moiions apparents piqués en
tête , de niveau , à vive,arrête, à lits & joints
quarrés, en bonne liaifon , & démaigris en queue
dans l'épauTeur du mur.
Quelquefois au lieu de piquer les moiions, on
fe contente de les effemiUer ou équarrir avec la
hachettej ou bien on les enduit en plâtre ; ce qu'il
faut éviter, vu qu'il fe détache en peu de tems.
R, Cours d'Afîifes en pierre dure, que l'on
doit mettre pour le mieux au bas des murs de
cave : car quelquefois on fe contente de placer des
Siij
-ocr page 308-
%7$                      Cours
moilons vers cet endroit, fur la retraite des fon-
dements.
5,  Murs de fondements des caves avec des
libages , en correfpondance fous les parties en
pierre de taille.
Τ, Mur de refend au rez-de-chaiifTée.
V, Profil d'un Mur parpin Soutenant une cloi-
fon montant de fond, & qui eil porté fur l'arc en
pierre N.
La Figure III, repréfente un Profil des deux
Berceaux de Cave fur leur largeur γ y, figure I.
W, Voûtes de Cave que l'on fait en berceau ,
foit plein-cintre , foit anfe - de - panier , foit
furmonté» & toujours de maniere que leurs cour-
bes ne nuifent pas à l'arrangement des tonneaux
le long des murs : on garnit les reins de ces Voûtes
en moilons jufqu'à leur couronnement,
X, Chaînes de pierre portant au rez-de-chauiTée
le pied-droit d'un poitrail , ou d'un point d'appui
principal.
Y, Vue de face du Soupirail.'
Ζ, Profil d'un Mur de Cave, deiliné à foutenir
un mur de face au rez-de-chauiiée.
6, Profil d'un Mur de refend.
ä, Murs de moilons piqués en leur parement
apparent.
b, Profil d'un Mur mitoyen , fortifié d'un contre-
mur de 9 pouces d'épaiifeur , exprimé par une
Ligne ponctuée c, non compris les 3 pouces d'em-
pattement du rez-de-chauffée.
d, Fondements des Murs de Cave.
e Λ Murs de face au rez-de-chauiTée.
-ocr page 309-
d'Architecture.
279
Article III.
De la Conftruclioii des Murs de Clôture,
Planche LXXIII.
On diftingue pluiieurs fortes de murs , qui exi-
gent dans leur bâtiffe différentes confidérations.
Les plus fimples & les plus aifés à exécuter font
ceux de clôture pour les cours, les jardins & les
parcs. Il eil d'ufage de leur donner environ 15
pouces d'épaiffeur , outre l'empattement de leur
fondation, qui doit avoir 3 pouces de chaque côté.
Leur élévation eft fixée parla coutume à 10 pieds,
depuis le rez-de-chauffée jufquau haut du chape-
ron, On ne defcend pas communément la fonda-
tion d'un mur de clôture au-delà de 3 pieds de
profondeur, lors même que le terrein fe trouve
médiocrement folide; & cela fuifit, parce que ces
fortes de murs n'étant pas chargés, n'ont pas be-
foin d'une fermeté pareille à ceux deftines à porter
un édifice. Cependant, enfuppofant que l'on trouvât
le terrein folide à une moindre profondeur , on
pourroit s'y arrêter, pourvu toutefois qu'il y eût
au moins 18 pouces de fondements : car ii Ton
trouvoit le bon terrein à la furface du rez-
de-chauffée , il faudroit l'entamer , afin d'em-
pêcher les eaux pluviales de dégrader le
deffous du mur. Il n'y a qu'un feul cas où l'on
pourroit s'en difpenfer, c'eft celui où l'on trouve-
roit un roc : encore feroit-il à propos d'y encaftrer
de quelques pouces la premiere affife-
Mais, comme il eft poifihle que l'on trouve un
Siv
?
-ocr page 310-
iSo                      Cours
fable mouvant, des terres gîaifes, on des terres
rapportées d'une grande profondeur à l'endroit où
l'on deiire fonder un mur de clôture, alors il faut,
après avoir creufé à environ 4 pieds de profon-
deur ,-mettre un cours de plate formes fur des ra-
cinaux dans le bas de la fondation ; ce qui difpen-
fera de piloter, à moins que le terrein ne fok
abfolument marécageux.
On fait les murs de clôture avec les matériaux
les plus communs dans le pays , tels que des
pierrailles , des cailloux , des biocages, en obfer-
vant toujours de mettre les plus gros dans le bas,
& de les maçonner , foit avec mortier de chaux &
{ßhle, foit avec mortier de terre graffe , que l'on
crépira, enfuite & chaperonnera , foit avec mortier
de chaux & fable, foit avec du plâtre.
Il y a des Provinces où l'on bâtit la plupart des
murs de clôture en beaiige, foit par économie,
foit parce que la pierre y eil rare. On appelle
ßeauge, delà terre grafie mêlée avec de la paille
achée. Quand cette bârifie eil bien faite , elle
équivaut prefque à celle en moilon : nous avons
vu des murs ainii bâtis , qui fubiiitoient depuis
plus de 30 ans dans le miÉlieur état, il faut pour
en aiîurer la durée , leur donner 2 pieds d'épaifTeur
dans· le bas , les élever avec fruit en cailloux ma-
çonnés avec mortier jufqu'à environ un pied~ hors
déterre, conduire la beauge parallèlement dans
toute la longueur du mur, afin que le tafTement
de toutes les parties inférieures s'opère uniformé-
ment, & enfin terminer le tout par un enduit de
terre graiie : quant au chaperon, il s'exécute avec
du chaume que l'on fait faillir de 5 ou 6 pouces de
chaque coté, afin que l'égoût des eaux pluviales
tombe au-delà du pied du mur»
-ocr page 311-
, *
d'Architecture. ι%\
Les murs de clôture les plus folides fe bâtiffent
en Moilons piqués apparents A, avec des Chaînes
de pierres de tailles β, de 12 pieds en 12 pieds d'un
milieu à l'autre, figures I &II, Planche LXXIIL
On donne à ces chaînes environ % f/ieds ~ réduit
de largeur, &Γοη met dans le bas un cours d'Affîfe
de pierre dure C, ainfi que des Tablettes D, de
pierre dure pour chaperon ; le tout maçonné pour
le mieux avec mortier de chaux & fable.
On termine communément le Chaperon D,
d'un mur de clôture en pointe, avec un filet des
deux côtés pour rejetter les eaux hors des pare-
ments du mur , quand ledit mur eil mitoyen ; mais
s'il n'eil pas mitoyen , on ne fait volontiers
qu'un filet ou égoût du côté de celui à qui le
murfeul appartient Les chaperons reçoivent deux
différentes dénominations à raifon de leurs conf-
truaions ; ceux faits en moilofis ou pierres plattes
maçonnés avec mortier s'appellent Filets ; & ceux
faits entièrement en plâtre fe nomment Larmiers.
Il arrive quelquefois qu'un mur de clôture fépare
des terreins d'inégales hauteurs : dans ce cas le
Propriétaire du terrein le plus élevé eil tenu de
faire de fon côté, à fes dépens , un contre-mur
de 12 pouces d'épaifleur dans toute fa longueur,
& de pareille conilru&ion que le mur ; mais fouvent
à deffein d éviter ce contre-mur , on fait ^ des
chaînes d'environ 9 pieds en 9 pieds jufqu'à la
hauteur du fol le plus élevé , & Ton met auffi
dans les terres de diilance en diilance quelques
éperons de maçonnerie, de il pouces de faillie
fur 18 à 20 pouces de face, pour réfiiler à la
pouifée des terres.
• >
β
t
;
1
-ocr page 312-
îSl                       C CK U R S
^ iin ι......» ., ι , - , —.——ι-- ■                                                 ι                                       ι .—                               — —ι
Article IV.
Z^ la Confiruction des Murs de Face
d'un Bâtiment*
Planches LXXIII, LXXIV, LXXV, LXXVI,
LXXVII, et LXXVIII.
L'ÉPAISSEUR des murs de race d'une maifon,
quelque foit leur conilruclion, doit être propor-
tionnée à leur élévation & à la charge qu'ils feront
obligés de foutenir. On donne communément à
ceux qui portent planchers deux pieds d'épahTeur
parle bas, fur 8à lotoifes d'élévation,& quelques
pouces de moins à ceux qui n'ont que leur propre
fardeau à foutenir.
L'ufage eil de donner du fruit ou talut aux murs de
face par dehors, & de les élever au contraire à-plomb
en dedans d'une maifon, vu qu'ils font fufHfamment
contenus par les planchers vers cet endroit ; &
que par cette iituation , ils contrebalancent
leur pouffée. Ce fruit doit commencer depuis
le pied du mur au rez-de-chauffée, & continuer
jufqu'à (on couronnement , fans avoir égard au
focle que l'on met d'ordinaire au bas defdits murs,
& qui eil réputé ajouté au-delà de l'épaiiTeur défi-
gnée. Π y a deux manières d'exprimer ce fruit,
l'une & l'autre adoptées par d'excellents Conilru-
öeurs. La premiere coniiile à donner 3 lignes de
talut en dehors par chaque toife d'élévation , & à
faire en outre une retraite d'un pouce à l'extérieur
fur chaque plinthe, ou au droit de chaque plancher,
*"
-ocr page 313-
d'Architecture.          283
à la réferve de celui de l'entrefol, s'il y en a, lequel
eft cenfé compris dans la hauteur du 'rez-de-
chauifée. Ainfi un mur de 60 pieds de haut avec
quatre étages fans le rez-de-chauffée, ayant 2 pieds
dans le bas , fe trouvera , fuivant ce fyilême,
réduit à 17 pouces ~ vers fon couronnement,
c'eità-dire aura à peu près un quart d'épaiffeur
de moins dans le haut. La féconde confifte à donner
uniformément une ligne par pied de fruit en de-
hors fur toute la hauteur d'un mur, ce qui produit
moins de diminution dans l'épaifleur de fa partie
fupérieure ; ainn fur 60 pieds, il n'y aura que 5
pouces de moins dans le haut. Le premier procédé efl
le plus généralement fuivi, & nous paroît préféra-
ble, en ce qu'il conferve l'uniformité d'épahTeur
des tableaux des croifées, & l'à-plomb des étages :
ce qui n'eit pas indifférent pour le coup d'oeil.
Les Anciens avoient coutume d'élever les
murs de face fur la retraite des fondements du rez-
de-chauifée, d'à-plomb en dehors jufqu'à la plinthe
du premier étage ; & ils ne commençoient que du
deflus de cette plinthe à donner du fruit, d'où il
réfultoit que les façades étoient fujettes à boucler
par la fuite, ou à former un ventre en dehors vers
cet endroit ; ce qui nuifoit à leur durée, occaiion-
n'oit des allarmes aux Locataires, & obligeoit à
de fréquentes réparations. C'eil fans doute pour
obvier à cet inconvénient , dont la plupart des
vieilles maifons font foi, qu'on a réformé ce pro-
cédé , & jugé plus convenable pour la folidité de
commencer ce fruit depuis le pavé du rez-de-
chauifée. Tout ce que l'on pourroit peut-être
defirer encore à cet égard , ce feroit que l'on
pourfuivît ce fruit en contre-bas , depuis la re-
traite du rez-de-chaiuTée jufqu'au fond des rigoles
-ocr page 314-
...... πι......i^mimmifmmmmimf^^^^^ffcmmi
2$4                       Cours
des fondations en dehors : par ce moyen tes murs
de face s'élevant toujours en talut, depuis leurs
plus baffes fondations jufqu'à leur couronnement,
acquéreroient la plus grande fermeté poffible & la
plus capable de prolonger leur durée. On voit
dans le bas de la Figure ÜI, Planche LXXIÏI, une
Ligne pon&uée χ , qui exprime la prolongation
de ce talut.
Au reireil ne fufïït pas feulement de propor-
tionner f épaiffeur des murs de iace d'une maifon
a leur élévation, les différents poids des combles
& des planchers, la pouifée des voûtes qu'ils au-
ront à contenir, la multiplicité des vuides des
arcades , des croifées ou des portes , le fcellement
des poutres, &c, doivent encore fuivant les cir-
confiances contribuer à les varier. Mais dans tous
les cas il convient fur-tout de fortifier ou de donner
plus dëpaiffeur aux encognures des murs de face,
des avant-corps , des pavillons & des extrémités
d'un bâtiment, à caufe de la plus grande pouffée
occafionnée vers ces endroits par les voûtes, les
planchers , les croupes des combles & leurs arrê-
tiers, &c; inégalités d'épaiffeur qui Ce réparent au
befoin, dans l'intérieur d'un bâtiment par les revê-
tiifements des lambris , & en dehors par la faillie
des corps qui entrent dans l'ordonnance de la dé-
coration extérieure.
On diftingue trois manières de bâtir les murs
de face ; la premiere & la meilleure eil en pierre
de taille ; la féconde eil partie en pierre de taille
& partie en moilon ; la troifieme eil toute en,
moilon : attachons - nous à tes décrire féparé-
ment.
-ocr page 315-
d'Architecture.          285
Des Murs de Face en Pierre de taille.
Planches LXXIV et LXXV.
Les murs des fondements étant élevés , comme
il a été expliqué ci-devant, à la hauteur des terres,
& les voûtes des caves , s'il y en a, étant arraiees,
il faut pofer à 3 pouces de retraite , tant en dehors
qu'en dedans, iuivant la diftribution du plan, un
cours d'aiEfe de pierre de taille de haut banc, de
la meilleure & plus dure qualité , bien de niveau,
bien ébouiinée , atteinte au vif, & coulée avec de
bon mortier. Cette premiere afîiie doit faire toute
répailTeur du mur, & porter les pied-droits des
portes , des croifées, & les corps faillants ; & elle
doit avoir lieu quelque foit la conilruclion d'un
mur , tant pour le fortifier par le bas, que par
rapport à l'humidité & aux eaux pluviales.
Quand on bâtit un mur de face tout en pierre
de taille , on continue à élever les autres aiîîfes
au-deiîus de la premiere en bonne liaii'on , avec
l'attention de donner à chaque cours d'afïife la
même hauteur, & à chaque pierre toute l'épaiiTeur
du mur.
11 eft à remarquer que, quoiqu'on érige un mur
tout en pierre de taille, on n'y met cependant de
la pierre dure que juf qu'à une certaine hauteur,
& qu'au delà on le continue d'ordinaire en pierre
tendre , tant par économie , que pour alléger le
haut du bâtiment. Il n'y a pas de règles précifes
pour déterminer cette hauteur ; cell à l'expé-
rience de l'Architecte à juger où il convient de
s'arrêter, en confédération de l'élévation du bâti-
ment , de la qualité de la pierre, & du poids qu'elle
«*·
-ocr page 316-
/
lS6                       C O V' R S
eit en état de porter, ainii que de la largeur , foit
des pied-droits des portes , foit des trumeaux qui
féparent les croifées. Si un bâtiment n'a que 30 ou
40 pieds d'élévation , il fuffit communément de
mettre au bas 3 ou 4 cours d'affife de pierre dure;
mais s'il doit avoir 5001160 pieds, on met volontiers
de la pierre dure jufqu'au \ ou au { de fa hauteur,
ou même jufqu'au premier étage : ce font en un
mot les fardeaux, la multiplicité des ouvertures,
& la groffeur des points d'appui qui peuvent dé-
cider à cet égard.
Nous avons dit que la premiere affife du rez»
de-chauiTée devoir toujours faire l'épaiiTeur du
mur ; cependant cela ne s'obferve guère que pour
les murs de médiocre épaiiTeur , tels que ceux
des maifons Ordinaires : car quand ils ont , par
exemple , 4, 5 ou 6 pieds d'épaiiTeur, il fuffit que
les pierres faffent parpin de deux l'une. Quand on
érige un mur, on commence par pofer les pre-
mières affifes des encognures , les angles en re-
tours des avant-corps ou des extrémités : c'eil
toujours vers ces endroits que l'on doit s'attacher
à mettre les plus gros quartiers de pierre , & à
donner le plus de fermeté : on continue enfuke à
placer les différents, cours d'affife en les arrafant
de même hauteur. S'il y avoit beaucoup de fu-
jétions dans la plantation de la premiere affife,
à caufe des retours & de la figure extraordinaire
du plan, il faudroit faire alors un enduit fur le
haut du maffif des fondements au niveau du rez-
de-chauffée, pour y tracer ces retours, & em-
pêcher les Pofeurs & l'Appàreilleur de fe tromper.
A mefure qu'on élevé un mur de face , on doit
avoir l'attention de ménager les bayes pour les
portes , les croifées , les foupiraux & les diffé-
-ocr page 317-
d'Architecture.          287
rentes ouvertures marquées fur le deflin. L eiîentiel
eil d'obferver pour la folidité de faire correfpondre,
lors de la compofition du plan d\m bâtiment, les
vuides des croifées à-plomb les uns des autres dans
une façade, & de faire en forte que les trumeaux
foient d'une égale largeur. Nous ne parlerons pas
de la proportion des croifées , c'eil l'élévation des
planchers, & l'efpéce de bâtiment auquel elles
appartiennent qui la détermine ; nous dirons feu-
lement qu'il feroit à defirer que l'on donnât tou-
jours de largeur à chaque trumeau , au moins
celle du vuide des croifées qu'il fépare, & que l'on
donnât aux encogr.ures des bâtiments ifolés une
fois & demie au moins la largeur de ces mêmes
croifées , afin de fortifier convenablement ces
angles qui fouffrent plus que tout le reite.
La hauteur des étages d'un bâtiment ne fçauroit
non plus erre uniforme. Les planchers des appar-
tements doivent être fans contredit plus élevés
que ceux des logements ordinaires , & peuvent
varier fuivant leur importance. Une bonne pro-
portion de hauteur de plancher pour une maifon
à boutique eil 11 pieds pour la boutique ; 7 pieds
pour l'entrefol au-deffus ; H pieds pour le plan-
cher du premier étage ; 10 pieds pour le plancher
du fécond; 9 pieds pour celui du troiiieme; &
8 pieds pour celui du quatrième : le tout fans
comprendre l'épaifTeur defdits planchers, qui peut
être de 15 pouces quand on admet du parquet,
& d'un pied lorfqn'on veut du carreau feule-
ment.
Il y a des Conftruûeiirs qui laiiTent en boifage
les moulures des chambranles , impoiles , archi-
voltes & corniches , ou du moins qui fe conten-
tent de les dégroflir, fe réfervant à les faire ter-
-ocr page 318-
aS8                      Cours
miner fur le tas ; mais il y en a d'autres qui lai/Tent
au contraire les pierres feulement en boffage de
deux l'une : le tout pour conferver la vivacité des
arrêtes , la perfection de leur jonclion n'étant
jamais auili exacte , lorfqu'on les pofe toutes
taillées.
On termine les croifées, foit en plein-cintre s
foit en anfe-de-panier, foit en plate-bande droite
ou bombée : mais quelques figures qu'elles ayent,
leurs vouiToirs doivent toujours être en nombre
impair , & celui du milieu forme ce qu'on ap-
pelle la clef. Dans les croifées plein-cintre ou
anfe-de-pamer , les joints des vouffoirs tendent
vers le centre ou les centres de ces courbes : &
dans les croifées à plate-bande , ils tendent au
fooimet d'un triangle équilatéral dont la largeur:
des croifées détermine le côté. On obferve dans
le dernier cas , c'eft-à-dire dans l'exécution des
croifées à plate-bande, de tailler quelquefois les
vouffoirs à crofette par le bas pour éviter i'aigtùté
des angles ; & même il y en a qui afîëclent de dé-
rober l'obliquité des joints de ces vouffoirs en
dehors, en pratiquant fur le devant de fauifes
coupes pour les faire paroître comme s'ils étoient
perpendiculaires , ainfi que nous l'avons expliqué
précédemment en décrivant la figure VI de la
Planche LXX. Enfin on foulage communément le
poids & la pouffée des plate-bandes droites des por-
tes & des croifées parle moyen d'un linteau de fer,
qu'on encadre de toute fon épaiffeur par deffous.
On laiffoit autrefois au-deffous de la baye des
croifées un appui de pierre de 2 pieds { ou 3
pieds de hauteur, de toute l'épaiffeur du mur,
que l'on recouvroit d'une tablette de pierre dure 9
pofée un peu en pente fur le devant ; mais ayant
remarqué
*                                       ·
-ocr page 319-
d'Architecture.          289
Remarqué que des murs d'appui auili matériels
n'étoient nullement néceiTaires , & cliargeoient
inutilement les plate-bandes des croifées infé-
rieures, on a fupprimé avec raifon la partie du
mur comprife dans l'embrafement, & l'on n'a con-
fervé que l'épaiifeur du tableau dans les maifons
même les plus communes. Car dans les maifons
bourgeoifes de même que dans les Hôtels, on fait
maintenant les croifées avec des balcons ou de£
banquettes. Les tableaux des croifées à balcons
dëfcendent juiqu'es fur le plancher , & les croi-
fées peuventfervir alors en même tems de portes:
mais les tableaux de celles à banquettes , au con-
traire , en font élevés de 12 ou 15 pouces. Ou
appelle proprement banquette , une tablette eu
pierre dure , ornée de moulures en dehors , qui
ïert d'appui à une croifée, Quant aux balcons ,
ce font des efpeces de dalles de pierre fou tenues?
en l'air fur des confoies , des encorbellements,'
ou des voiifîures : voyez les figures IV, V & Vi ,'
Planche L.XXVI. on diiÎmgue de grands & de
petits balcons : les derniers ont peu de faillie & né
fervent que pour une croifée, tandis que les grands
occupent la longueur d'une façade , ou feulement
la largeur d'un avant-corps.
Les porte-cocHères & les boutiques fe termi-
nent , foit en plate-bandes droites ou bombées",
formées en claveaux, foit en plein-cintre , foit en1
anfe-de-panier. Ce font les ouvertures fermées en1
plate bandes qui o firent le plus de difficultés en
exécution, fur-tout lorsqu'elles ont quelque éten-
due. On ne parvient à les "lolidér qu'en plaçant
vers les extrémités des corps de maçonnerie capa-
bles de contenir leur pouilee , & qu'en foulageajii:
leur poids, foit par des bureaux de fer incmifél"
Tome F:
                                          Τ
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200                        Cours
de leur épaiiTeur fous les plate-bandes, fok par
des chaînes de fer quarré placées en deiïus , &
auxquelles font attachés des étriers ou T. ren-
verfés , que Ton inferre entre les claveaux.
A y figure 1, Planche LXXV, rend fenfible le der-
nier arrangement.
Quoiqu'une façade foit bâtie toute en pierre , on
ne lai fie pas cependant de mettre quelquefois des poi-
trails de charpente au-deifus des boutiques ; dans ce
cas, il faut éviter de leur donner trop de portée, &
afîeoir bien quarrcment de niveau & fans aucune
calie leurs extrémités fur les pied-droits ou ta-
blettes , afin que le mur qui s'élèvera au-deilus
n'ait à craindre aucun déverfement.
On laiffe fouvent les poitrails apparents en de-
hors , en les enduifant d'une couleur de pierre à
l'huile : mais quelquefois on les recule d'un pouce
de l'affleurement du mur , pour les huer , & y
faire un enduit en plâtre badigeoné, où l'on grave
des joints qui imitent une plate-bande en pierre.
Il y a auiïi des circonilances où Ion met dans une
façade une poutre en correlpondance fous un
poirrail, comme lorfqu'il s'agit de pratiquer un
entre-fol au-deiïus d'une boutique ; alors les tru-
meaux ou pied droits des croifées de l'entre-fol
peuvent foulager le poitrail, en rejettant en partie
ion fardeau fur la poutre, qui à fon tour eil aidée
par le poteau qui fert de fermeture à la boutique.
L'infpe&ion des figures 111, IV & V, de la Plan-
che LXXV , fuffit pour faire comprendre cette
difpoiition. K, Poitrail apparent ou recouvert;
T, Poutre; V, Pied-droit des croifées de l'entre-fol
qui pofe fur la poutre & foulage le poitrail ;
X , Pilier de bois pofé fur l'appui de la boutique,
& fervant à fortifier la poutre. Au iùrplus > on
-ocr page 321-
d'Architecture.           291
pourroit, fil'on vouloit à la place de cette poutre T9
faire aufîi fur le devant de l'entre-fol, une plate-
bande en pierre, comme ci-devant, & de la même
conilruÛion.
Les corniches & entablements qui couronnent
les façades doivent comprendre tout le parpin du
mur, & avoir dans le mur des queues fuffifantes
pour fou tenir la baffecule de leur faillie. On fait
communément les corniches en pierre tendre, non-
feulement par économie & afin de faciliter la taille
de leurs moulures, mais encore pour moins fur-
charger le haut d'une maifon. On n'excepte guère
que la cimaile , que l'on fait d'ordinaire en pierre
dure , fur-tout iorfque fa partie iupérieure doit
refter découverte ; car quand elle ell deftinée à
recevoir fur fon extrémité l'égoût d'un toit qui eft
garni d'un doubli de tuiles , ou bien quand on a
deflein de couvrir le deiius d'une corniche en
plomb, on peut faire la cimaife en pierre tendre
comme le reite.
On en ufe de même lors de l'exécution des
frontons, dont on couronne les avant corps des
façades. Leurs corniches rampantes fe font auiîi en
pierre tendre, à l'exception de la cimaife ,à moins
qu'on ne veuille la revêtir en plomb par deffus.
Les cours d'aiïifes de ces corniches s'exécutent,
foit à joints quarrés & perpendiculaires au ram-
pant , foit d'à-plomb. Dans l'un & l'autre cas , s'il
y a des modulons dans la corniche d'un fronton,
il efl bon de diftribuer fes joints montants , de
façon à n'être point coupés par leur rencontre ; le
tout afin que l'ouvrage en foit plus folide. Les
tympants des frontons font d'ordinaire compofés
de cours d'aiufe horifontaux portant hofTages,
pour recevoir de la feulpture ? en fuppoiant que
Τ ij
-ocr page 322-
±$i                         Cours
Γοη veuille en admettre. La principale difficulté
pour l'exécution de ces fortes d'ouvrages , coiv
iifte à contenir la pouffée du rampant vers le
vuide, & l'on n'y réuilit qu'en cramponant les
aiiiies des corniches } & qu'en plaçant, aux angles
ί ai liants en retour de leurs extrémités, des blocs ou
quartiers de pierre coniidérabîes , avec de longues
queues dans les murs , capables de faire par leur
maffe des efpécesdeculiées. Nous n'entrerons pas
pour le préfent dans un plus grand· détail à ce
îujet , attendu que nous y reviendrons dans le
"Volume iuivant , en décrivant la conftruclion du
fronton de la Colonnade du Louvre.
Il arrive quelquefois que l'on décore \qs façades
des Hôtels , avec des colonnes engagées ou
ifolées ; alors s'il y a deux Ordres élevés l'un
au-deiïlis de l'autre , il faut faire les fûts des
colonnes inférieures en pierre dure ; & ce n'eil
guère que dans le cas d'un feul Ordre deftiné à ne
porter que ion entablement, qu'on fe permet de
le faire en pierre tendre : encore vaut-il mieux
exécuter en toutes circonilances les fûts des co-
lonnes en pierre dure, à la réferve des chapiteaux
des Ordres Ioniques, Corinthiens & Comportes,
où l'on peut introduire de la pierre tendre , pour
épargner îa main-d'œuvre de leur fculpture.
Les tambours des colonnes doivent s'opérer par
affiles égales, non-feulement pour la beauté de
l'appareil, mais encore afin que n'y ayant pas plus
d'afllie à l'un des fûts qu'à l'autre , il en réfulte
une uniformité dans le tadement ou la compreiïion
des joints î ce qui eil néceiïaire pour maintenir
i'entablemeni dans un pariait niveau. Les uns
admettent un axe de fer ou mandrin pour entre-
tenir les tambours des colonnes dans toute leur
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d' A 11 C H ï TECT U R E.             ?*93
hauteur , & les autres non admettent pas ;_ néan-
moins nous perdons qu'il feroit bon d'en mierer
toujours dans les colonnes des angles , comme ioui-
frant davantage de lapouflee des plate-bandes.
Quand les colonnes ont un grand diamètre , on
fait ies tambours de deux morceaux , & même de
trois , que l'on crampone, en obiervant de les
placer les uns à l'égard des autres en bonne liaifon,
& de faire auiii en forte de difpofer les joints
montants dans le cas où Fou voudroit tailler aes
canelures le long des fûts, de maniere qu'ils ne le
rencontrent pas fur leurs arrêtes ou. leurs liliels;
le tout pour la folidité defdites arrêtes.
On infère dans le haut de chaque colonne un
fort mandrin d'axe qui pénétre le chapiteau , l'ar-
chitrave, la frife & le lias de la corniche : & on lie
les mandrins de toutes les colonnes par des chaînes
de fer placées , fok par délions l'architrave, loit
entre la frife & l'architrave ; ce qui a pour objet
de contenir la póuffée des plate-band.es de 1 enta-
blement , & d'entretenir les colonnes. Comme
nous avons déjà traité de la coniirucYion des Co-
lonnades fort au long, dans nos Mémoires fur les
objets les plus importants de t'Architecture Λ
nous y
renvoyons pour ne point nous répéter,
Lorfqu'il s'agit d'accorder un nouveau mur en
pierre avec un vieux, ou bien de placer après
coup des colonnes au devant d'un ancien mur , il
eit effentiel de tenir les joints des pierres du nou-
veau mur , ou des tambours des colonnes, les plus
petits pofïibles , afin qu'ils s'appliquent bien exacte-
ment les uns fur les autres, faufà dégager les arrêtes
de ces joints, de crainte quelles ne s'éclairent : il
feroit même bon en pareil cas de frotter les lits des
pierres les uns fur Les autres avec de l'eau & da
τ ni
-ocr page 324-
194                       Cours
grais, à l'exemple des Anciens , pour qu'ils Te
touchent dans toutes leurs parties, & pour rendre
par là le taiTement du nouveau mur irvîeniible à fa
jonction, fans quoi il fe formerait des lézardes en
cet endroit , ainii que cela arrive pour peu qu'on
néglige ces précautions.
Des Murs de Face , partie en pierre, partie en
moilons ou en briques.
Planches LXXVI et LXXVIï.
Cette maniere de bâtir les murs de face d'une
maifon eil pour ainfi dire équivalente à la précé-
dente: elle coniiile à faire le rez-de-chauffée en
pierre dure , fi le bâtiment doit être fort élevé ; &
s'il doit l'être peu, à mettre feulement quelques
affifes de pierre dure au pied des murs par rapport à
l'humidité. On exécute auiîîen pierre dure, les jam-
bes fous poutre, les appuis des croifées , les feuils,
les cimaifes; & l'on für, comme ci-devant, en pierre
tendre les plate-bandes, les corniches , les plin-
thes : quant aux intervalles entre les parties en
pierre, ils s'opèrent en moilons en bonne liaifon,
maçonnés avec mortier de chaux & fable pour le
mieux , & ravalés , foit en plâtre, foit en mortier
par dehors & enduits par dedans.
La Planche LXXVI, figures I, II & III , offre
un exemple de cette conitru&ion. Le rez-de-
chauiTée eil occupé par une boutique A , terminée
icien anfe-de-panier, mais qui pourrait l'être égale-
ment , foit par une plate bande en pierre , foit par
un poitrail de charpente apparent ou recouvert
en plâtre. Elle eil couronnée par une vouiTureE,au
droit du premier étage, qui porte un grand balcon
-ocr page 325-
d'Architecture.           295
de 2 meds \ de faillie , dont ie détail de la conf-
trucüon eit particulièrement repréienté , ng. IV.
On y remarquera que chaque vouffoir a embraffe
toute Tépaiffeur du mur , & eft contenu par des
efpéce de Τ renverfés e, placés entre les joints &
portés par un linteau de fer c.Les encognuresHdes
étages au-deffus du rez-de-chauffée» les plinthes G,
les corniches M, les plate-bandes F & les embrafures
des croifées , à l'exception des tablettes d'appui,
font en pierre tendre , & tout le relie 1 elï en
moilons ravalés en dehors & enduits en dedans,
comme on l'a dit ci-deffus.
Quand un mur doit avoir une certaine épaif-
feur , telle que 4 pieds & plus, il y en a qui fe
contentent de mettre , par économie , de la pierre
en parement des deux côtés en forme d'encaiffe-
ment, & de remplir l'intervalle de cailloux , de
moilons , ou de briques, maçonnés avec mortier
de chaux & fable : procédé qui étoit en ufage chez
les Anciens, Planche LXIX, figures Xill & XIV,
& qui a été fouvent mis en œuvre par les Mo-
dernes. La grande Gallerie du Louvre à Paris , &
beaucoup d'anciens Châteaux font bâtis de cette
maniere; & Ton en ufe ainfi principalement dans
les Pays où la pierre eft rare , même pour les
Edifices les plus importants. Les murs du Temple
de Saint-Paul à Londres font bâtis en briques, &
revêtus en dehors de pierre de Porteland. Les
murs du Dôme de Saint-Pierre de Rome, & les
gros Piliers qui le foutiennent, font également
exécutés intérieurement en briques , & extérieu-
rement en pierre de Travertin. Si l'on faifoit da-
vantage ufage de cette méthode , il réfuiteroit
néceffairement une grande économie dans la bâ-
tiffe de la plupart de nos Edifices de France, où
Τ iv
-ocr page 326-
ΐγ&                        Cours
.ions le prétexte que la pierre y eil commune ? on
la prodigue fouvent inutilement dans l'intérieur
des murs les plus épais ; car, pourvu que les bri-
ques ou les moilons ibient de bonne qualité , de
même que le mortier , il fera toujours poflible
d'opérer , par ce moyen , des conitrutlions compa-
rables à celles entièrement en pierre : cela eil
attefté par tant d'exemples qu'on n'en fçauroit
clouter.
Il eil libre , au lieu de moilons , de bâtir les
murs d'une maifon en briques, en l'alliant, comme
ci-devant, avec de la pierre , c'eil-à-dire en em-
ployant celles-ci au rez-de -chauffée, aux jambes
fous-poutre , aux encognures , au pourtour des
portes & des croifées, aux plinthes 8>i aux corni-
ches. Les Places Royale & Danphine à Paris,
offrent des modèles de ces fortes de bâtiffe. Afin
de montrer la maniere de faire cet alliage, nous
avons reprefenté dans la Planche LXXVII une
Façade de maifon compofée d'un avant-corps &
de deux arriere-corps. Le rez-cîe chauffée feroir
entièrement bâtie en pierre dure , en fuppofant
que le mur dût avoir une grande élévation , fans
quoi il fufHroit, comme dans notre aeffm , de
mettre 4 ou 5 affifes de pierre dure A dans le bas,
& de continuer tout le relie , à l'exception des
jambes fous-poutre & des tablettes des croifées,
en pierre tendre. On y voit que les encognures Β ,
les pied droits C des portes & des croifées avec leurs
appuis, les plinthes & les corniches font en pierre,
&que !eur intervalle G eilen brique. Les parties en
pierre font toute l'épaiffeur du mur pour l'ordi-
naire , mais quelquefois auiïi elles ne font qu'in-
cruilées de 12 ou 1 ^ pouces dans les murs en
briques , quand ils ont une certaine épaiffeur.
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d'Architecture.           297
On doit obferver clans ces fortes de conitruchons
d'employer la brique en liaiibn , de manière que
les rangs de briques foient pofés à plat alternati-
vement fuivant le grand &'le petit côté ie long
des faces du mur , fans laiffer aucun vuide dans
l'intérieur.
Rien nempêched'enduire les murs de briques en
dehors comme en dedans, mais le mieux eil de laiffer
les briques apparentes à l'extérieur d'un bâtiment;
& quand leurs joints font bien refaits, il n'en içau-
roit réfulter qu'un afpecl fatisfaifant. Il y a deux
manières de refaire ces joints ; l'une confifte a
peindre fimplement les parties yifiblés des murs
en briques avec de l'ocre rouge, & à figurer enfiute
leurs joints avec un lait de chaux : l'autre, qui eit
beaucoup plus folide, coniifte à étendre un enduit
peu épais de plâtre mêlé d'ocre rouge fur les murs
en briques , & à graver des joints fur cet enatnt;
alors, en faifant un fécond enduit très-léger ^de
pur plâtre fur le premier, ce nouveau plâtre s in-
firmera dans les joints gravés; & il ne s'agira pois
que de gratter le fécond enduit , pour que les
joints des briques fe détachent en blanc avec
propreté.
Nous terminerons cet article , par remarquer
qu'en fuppofant qu'on prît le parti de revêtir en
pierre un mur de briques feulement par dehors,
comme on le pratique quelquefois, il conviendroit
en ce cas de mettre de 3 pieds en 3 pieds, dans la
hauteur dudit mur, un cours d affile de pierre , qui
embrafsât toute fon épaiffeur ; par la raiion que la
brique ayant beaucoup plus de joints que la pierre,
& que le dedans du mur, du côté de l'intérieur du
bâtiment, fe trouvant par ce moyen fufceptible de
taffer davantage, il feroit à craindre que, fans cette
-ocr page 328-
Z9%                       Cours
précaution, le fardeau en agiiiant de préférence
vers cet endroit, ne fit boucler le mur en dehors ,
ou n'y opérât des lézardes.
Des Murs de Face en moilons.
Planche L XX VIII.
La troïiieme maniere de bâtir les murs de face
d'une maifon efi la moindre de toutes les conf-
tructions. Elle s'exécute entièrement en moilons,
à l'exception de la premiere ou des deux premières
affilés du rez-de-chauffée , des jambes-bouthTes
& des jambes fous-poutre , que l'on eft toujours
obligé de faire en pierre de taille dure, comme ci-de-
vant. On maçonne ces murs en plâtre ou mortier : on
les enduit des deux cètés, & l'on fait les plinthes, les
Corniches , les chambranles des portes & des croi-
fées en plâtre. Les règles de l'Art exigent de pofer
les moilons par affifes égales, & que chaque aiîiié
porte à plein fur la précédente en bonne liaifon,
tellement qu'il ne fe trouve jamais, foit dans la
hauteur d'un mur, deux joints Fun fur l'autre , foit
dans fon épaiiTeur, deux joints vis-à-vis l'un de
l'autre , foit dans fon intérieur, des vuides fans
être exactement garnis par des claufoirs ou des
éclats de pierre maçonnés avec de bon mortier.
Dans les bâtiifes en moilons, il eil ordinaire de
mettre des linteaux de bois H au-deiïus des bayes des
portes & des croifées ; dans ce cas il faut avoir
l'attention de ne point alfeoir fur ces linteaux les
moilons à plat, mais de les pofer toujours en coupe
ou en décharge avec un peu de bombement, afin
que li les linteaux venoient à pourrir par la fuite,
le mur au-deffus n'en fut point endommagé. On a
Ν
-ocr page 329-
d'Architecture.            299
encore coutume de placer toujours des poitrails
de charpente 1, fur les ouvertures des boutiques ,
dans les façades bâties en moilons, de même que
nous avons vu que cela fe pratiquoit quelquefois
dans celles bâties tout en pierre : leurs portées
doivent être également foutenues fur des pied-
droits en pierre dure D, E, & peuvent être auffi fou-
lagées vers le milieu par des poteaux Κ, placés
fur le mur d'appui, qui fert de fermeture au bas
des boutiques.
Lorfque les murs de face en moilons font d'obli-
gation de porter plancher, ce qu'on évite autant
que l'on peut, il convient de faire paffér des cours
de plate-formes Ν, de 4 à 5 pouces d'épaiffeur à la
hauteur de chaque étage, pour recevoir les por-
tées des enchevêtrures O, que l'on doit faire eniorte
de pofer à-plomb des trumeaux des croifées, &
non des vuides. Le but de ces plate formes eil de
répartir le poids des planchers uniformément le
long des murs de face , & de produire , fur les
moilons dont ils font compofés, un taffement égal.
Il y a des Conitru&eurs qui donnent de largeur à
ces plate-formes toute l'épaiffeur du mur , ce qui
le coupe & interrompt fa liaifon' à chaque étage ;
mais ceux qui fe piquent de faire de meilleur
ouvrage , fe bornent à faire occuper à ces plate-
formes les deux tiers de l'épaiffeur du mur, ou
feulement l'épaiffeur de l'embrafement des croifées,
& font tout le dehors en moilons fans interru-
ption , de même que les plate-bandes du devant des
croifées, en obfervânt d'y pofer les moilons en
coupe, & de les foutenir en deffous par une barre
de linteau. On voit vers le haut de la Planche
LXXVill, figure IV » un Profil de cet arran-
gement.
«
-ocr page 330-
$oö                       Cours
Les corniches Ρ qui terminent ces fortes de fa-
çades fe font toutes en plâtre. Et à l'effet de foli-
der leur faillie, qui eft fouvent confidérable , &
de les bien lier avec le mur qui leur eft adoffé, ou
avance un peu les derniers rangs fupérieurs des
moilons en dehors, en leur donnant fuffîfamment
de queue , & l'on fcelle en outre des efpéces de
fantons, ou des petites potences de fer dans ledit
mur, de diftance en diftance, pour aider à foute*
nir leur encorbellement.
Le mur étant terminé, on met au bas des ta-
bleaux des croifées, des appuis Q en pierre à l'ordi-
naire, & 9 η entreprend fon ravallement, en ajou-
tant des corps de refend, s'il y en a dans le deffin ,
de même que les plinthes, les chambranles, les
bandeaux, les confoles, & en un mot tous les
ornements qui doivent compofer la décoration de
la façade projettée.
Pour ce qui eft des conftru£tions toutes en bri-?
ques, foit apparentes , foit enduites ; elles s'opè-
rent à peu près comme celles en moilons. 11 faut
mettre auffi quelques aftifes de pierre dure au rez-
de-chauiîee, de même que des chaînes de pierre
fous les portées des poutres, aux jambes-étrieres
& à la tête des murs mitoyens. Nous avons vu pré-
cédemment que, quandon prenoit le parti de laitier
la brique apparente dans un mur, il étoit d'ufage
de faire les plinthes & les corniches en pierre;
auiîi n'eft-ce guère que dans le cas où Ton fe dé-
termine à enduire les briques, que l'on savife de
faire les plinthes & les corniches en plâtre. Tout
ce qu'on pourroit deiirer, pour donner davantage
de folidité aux murs tout en briques, ce fer oit que
l'on mît de diftance en diftance, dans leur hauteur,
des briques plus grandes à l'exemple des Anciens,
-ocr page 331-
D * Â R d H i f Ê C Τ U R ti          jöi
Manche LXVIIÏ, figures III & IV, ou du moins
un cours de moilons qui embrafsât toute Fépaif-
feur defdits murs. Cela prodùiroit de l'égalité dans
le-taffement des joints des briques, que leur trop
grande multiplicité fans interruption dérange
volontiers. Au furplus, nous le répétons , cette
conilruclion eft la moindre de toutes , & ce n'efl
qu'en l'alliant avec de la pierre 'qu'on peut efpérer
de la rendre durable.
Ce font là en général les règles qu'il eft impoiv
tant de fuivre pour l'exécution des murs de face
d'un bâtiment, quelque foient leurs conilrucHons ;
& nous finirons ce que nous avons à dire à cet
égard, par recommander de tracer toujours d'a-
vance, à la pierre noire & de la grandeur de l'exécu-
tion, fur quelque muf voiiin, où l'on fera à ce fujet
un enduit s'il eft befoin , chaque partie de détail
de la décoration d'une façade qui peut exiger de la
préciiion en exécution , foit pour la proportion 9
foie pour les profils ; tels font les entre colonne-
ments , les galbes des colonnes, leurs bafes,· leurs
chapiteaux, leurs entablements, les baluilrades »
les croifées avec leurs chambranles, les corniches
& confoles , &c, le tout afin que les Ouvriers ne
puiifent jamais fe tromper dans leurs mefures, &
îoient en état de parvenir à exécuter chaque choie1
gvec toute l'exaâitude requife.
-ocr page 332-
Soi                       Cours
Article, V.
Des Murs de Refend & Mitoyens.
Planche LXX1II.
On eft le maître d'exécuter les murs de refend
& mitoyens entièrement en pierre de tailie comme
les murs de face ; mais c'elt ce qu'on ne fait prefque
jamais , & l'on a coutume de les bâtir , foit en
nioiions , foit pour le mieux d'une conilrirclion
moyenne , c'en1- à-dire , en moilons avec des en-
cognures en pierre, & des chaînes de pierre dans
tous les endroits néceifaires : c'eft ce dernier pro-
cédé que nous allons nous attacher ici particuliè-
rement à décrire.
On donne communément aux murs de refend
18 ou 20 pouces d'épaufeur, & l'on devroit donner
auffi cette même épairTeur aux murs mitoyens;
cependant à peine ceux-ci ont-ils le plus fouvent
13 ou 14 pouces d'épaiffeur. On a de tous tems
deiiré avec raifon un règlement à cet égard,
attendu que la foihleiîe de ces murs eil volon-
tiers une des principales caufes de la ruine des
maifons.
                                                        v
Quoique nous venions de déterminer en quel-
que forte l'épaiffeur des murs de refend , elle doit
cependant différer, de même que celle des murs de
face , félon les circonftances de leur élévation,
félon la longueur & la groffeur des pièces de bois
qu'ils font d'obligation de porter , relativement à
la grandeur des appartements qu'ils féparent, ou
félon qu'ils fervent de cages à des efcaliers dont
-ocr page 333-
d'Architecture.           303
les voûtes, les rampes, & le mouvement continuel
qu'ils fouffrent , exigent des murs dont la force
réponde à leurs différentes fuj étions.
On affeâe d'ordinaire , dans la plupart àcs
maifons, de faire porter les planchers , à moins
que les portées des poutres & les paffages des
cheminées n'y mettent trop d'obftacle , iur les
murs de refend & mitoyens , ainii que fur les
cloifons de charpente montant de fond, plutôt que
fur les murs de face : il y a cependant des Archi-
tectes qui obfervent de faire porter, quand cela
fe peut, les planchers , à chaque étage , alternati-
vement fur les murs de refend & mitoyens, & fur
les murs de face: le tout pour partager leur poids,
& le répartir à peu près également fur tous les
murs : ce que nous croyons une fort bonne
méthode.
Quelquefois on élève les murs de refend & mi-
toyens à-plomb fur chaque étage , & d'une égale
épaiffeur en haut comme en bas, fous le préteste
qu'ils font entretenus de part & d'autre par les
planchers ; mais le plus folide eft de leur donner
un peu de fruit en élévation, tel que 2 lignes par
toife de chaque côté, en faifant toutefois corres-
pondre leur axe fur le milieu de leurs fondements.
Ainû*, en fuppofant un mur de refend ou mitoyen
de 10 toifes d'élévation & de 18 pouces d'épaif-
feur dans le bas, il aura 3 pouces 4 lignes de moins
dans le haut, ou 14 pouces S lignes d'épaiffeur.
La différence entre un mur mitoyen & de refend,
c'eft qu'il eft permis au Propriétaire d'une maifon
d'ufer de ce dernier comme bon lui femble ; d'y
faire toutes fortes de percés ; d?y engager fes che-
minées ; d'y fceller généralement Iç bout de toutes
fes folives : au lieu que dans l'autre, c eft-à-dire,
-ocr page 334-
3Ó4                   6 ö u ä s
dans un mur mitoyen, il n'eût pas permis d'y pra-
tiquer des armoires , des niches , des enfonce-
menrs , ni d'y engager aucune louche de chemi-
née y car fi ces encaftrements étoient tolérés $
chaque voiiin ufant de fon droit, ces murs fe-
roient quelquefois tellement arToiblis qu'ils n'au-
roient plus de folidité. Il efl même notamment
défendu par la Coutume, Article io8 , de loger la
portée des poutres & des enchevêtrures au-delà
de la moitié de l'épâiffeur d'un mur mitoyen , mais
cela ne s'obferve guère que quand les poutres des
deux maifons voifines fè rencontrent les unes vis-
à-vis des autres & font juftement oppoiées :
excepté cette circonilance , les voifins fe tolèrent
réciproquement de profiter, autant qu'il eil poiîi-
bîe , de l'épaiiTeur du mur commun , pour aiïeoir
plus fclidement la portée des poutres ? & en même
tems pour obvier au deverfement des murs dans
le cas que les poutres ne s'y oppoferoient pas. La
feule attention que l'on apporte, eil de n'enfoncer
la portée' des poutres ou des autres bois que juf-
qu'à 3 pouces du parement du côté du voiiin,
pourvu toutefois qu'il ne fe rencontre pas dé
fouches de cheminées qui paffent derriere ladite
portée ; car alors il faudroit laiifer environ 6
pouces entre le dedans de la cheminée & le bout
de la poutre.
Il eil d'ufage de faire encore porter dans les
murs mitoyens , outre les poutres , les folives
d'enchevêtrure des planchers , les fablieres des
cloifons de refend , les poitreaux, les panes , les
plate-formes , les faîtages & liens des combles ; le
tout toujours aux conditions de ne leur point faire
excéder la moitié de l'épaiiTeur du mur. Les autres
folives fe pofent le plus fouvent fur des fablieres
miies;
-ocr page 335-
/
d'Architè.cïuré. jof
mifes par cUtTous au long"deidits murs mitoyens,
& portées fur des corbeaux de fer (celles dans ces
murs de diflaiice en diilance ; mais comme ces fa-
blieres font une faillie par deifous les planchers 9
ón préfère de placer dans leur épaiiTeur ^ tant au
droit des murs mitoyens que de refend, des ln>-
çoirs que l'on aiTemble dans des enchevêtrures.
Nous détaillerons particulièrement cet objet, en
parlant par la fuite de la diitribution de la Char-
pente des planchers ; & il nous fufîira pour le pré«
lent de remarquer, quec'eitune mauvaife pratique
de faire porter le bout de toutes les iolives d'un
plancher â chaque étage dans un mur quel qu'il
l'oit, parce que cela le découpe , ôte fa liaifon &
l'affoiblit; & qu'en outre, dans le cas que le bout
de ces folives viendroit à pourrir, la moitié du
mur fe trouvant mal garni, il coureroit le rifque
de déverfer.
Comme le bout d'une poutre qui porte dans un
mur, charge néceiTairement ce mur de préférence
en cet endroit, il eil raifonnable de lui donner
plus de force pour qu'il pniiTe en foutenir le far-
deau : c'eft pourquoi par rapport à la folidité , la
loi ordonne que dans tous les murs mitoyens ou
autres bâtis dans cette Capitale , on doit, mettre
fous les portées des poutres, des Jambes de pierre
de taille M, figure V, Planche LXXIII, de toute
î'épaiiTeur du mur, δε confiante depuis le bas de
la fondation en libages, fous peine d'amende, & de
faire même remettre une jambe de pierre de taille
après coup.
Lorfqu'un mur a peu d'épaifleur , & qu'une
poutre a une grande longueur , celui à qui la
poutre appartient doit fortifier encore la chaîne
de pierre par un dofferet de 2 ou 3 ρ ο aces de
Tome V«                      t:                 «&n
\
-ocr page 336-
$û6                      'Cours
iaillie au-delà de l'épaiiTeur du mur de fon côté,
s'il eft mitoyen ; ou bien ajouter de fon côté un
corbeau de pierre au haut de la chaîne, de 7 ou H
pouces de faillie, & dont la queue fane toute l'é-
paiiTeur du mur.
Les fondements des jambes & chaînes de pierres,
de même que ceux des trumeaux & pied-droits
des murs de face, doivent être bâtis en libages*
ainfi qu'il a été déjà dit en parlant de la conftru-
âion des caves, dont les lits foient faits comme
ceux de la pierre de taille , & coulés en mortier»
Il feroit bien à deiner que l'on obfervât conftam-
ment cette regle , par rapport à la durée des murs
de face d'une grande élévation, d'autant que les
moilons, quoique durs, ne font pas auiîi iîables,
& font plus capables, foit de fe déranger, foit de
fléchir fous le fardeau : auiîi n'y a-t-il que par
économie que l'on s'en difpenfe dans les maifons
peu confidérablei;, & dans celles que l'on bâtit à
la campagne.
11 en: à obferver qu'on évite de placer les pou-
tres des étages fupérieurs d'un bâtiment, hors de
l'à-plomb de celles des étages inférieurs , par la
raifon qu'il ne faut alors qu'une jambe fous-poutre
montant de fond, au lieu que fans cela il faudroit
autant de jambes de pierre, montant depuis l'em-
pattement du mur mitoyen ou de refend, qu'il y
auroit de poutres.
Sous les portées des enchevêtrures , des panes
dans les combles , des fartages & des fablieres , on
rfeft pas d'obligation de mettre des chaînes de
pierres , parce que ces pièces de bois ne portent
guère les folives que par un de leurs bouts ; mais
toutes les fois qu'une pièce de bois porte deux
trayées d@ planchers, U y a alors nécefîité de
-ocr page 337-
l)*ARCEif kCTURE.         3<77
mettre fous chaque portée une jambe de pierre : car,
regle générale, on ne doit point mettre de poutre
fans chaîne de pierre fous fes portées , les Loix des
Bâtiments
font formelles à cet égard , ainû que
nous l'avons dit précédemment.
La bonne conftruclion exige que toutes les
affifes des jambes fous-poutre embraffent tout lé
parpin du mur, & fuient chacune d'un fetil quar-
tier de pierre. Les petites doivent avoir au moins
la largeur de la poutre, & les grandes au moins
4 pouces de plus de chaque côté. Les chaînes fé
font d'ordinaire en Conilruifant le mur ; & ii elles
font dans un mur mitoyen, c'eit à celui qui a be-
foin de la poutre à payer à lui feul la plus va-
leur de la chaîne ou jambe de pierre , & le voififi
ne doit contribuer que comme au reitant du mur j
c'eil-à-dirë que comme à un mur de möüons, fi le
refte du mur eil coniÎruit en moilons.
Quand les façades font bâties en moilons , il eit
ordonné de mettre à la tête d'un Mur mitoyen Ρ 4
figure V) une Jambe - boutiilé M, Planche LXXIII *
ou une Jambe - étriere en pierre Ν , figure Vil > eri
l'étage du rez-de-chauifée à frais commun. Ori
appelle Jambe-boutijfe , celle qui en s'étendant lé
long des murs de face de deux maifons voifines^
n'y forme qu'une efpéce de chaîne ; & Jambc-
étriere
_, celle qui fait pied - droit ou tableau de baye^
e'eit-à-dire de portes, de croifées ou de boutiques
de part & d'autre. Mais que ce foit une Jambe ou
BoutiiTe M, ou Etriere Ν > elle doit également faire
queue dans le Mur mitoyen Ρ : il faut que chaque
aiîiÇe foit d'un feul quartier de pierre de taille ^
régnant par fa tête de part & d'autre lé long du
mur de face, & faifant alternativement de longues
& de courtes queues dans le mur mitoyen; Les
-ocr page 338-
3o8                       Cours
courtes doivent avoir au moins 5 0116 pouces dans
ledit mur, & les longues au moins un pied. S'ilarrivoit
que la Jambe de pierre Orfig. VI, ne fît tableau que
da côté d'un mur mitoyen , & formât iimplement
uue chaîne de l'autre , comme on le voit dans le
pi in delà même figure VI, elle feroit étriere pour
le premier voiiin & boutiiTe pour l'autre.
Quoique fiiivant la Loi on ne puiffe obliger un
voiiin de faire monter les jambes , foit boutiffes,
foit étrieres, au-deiîus de l'étage du rez-de-chauf-
fée, Dégodets & fon Commentateur ( a ), ont
grande raifon de deiirer qu'on put toujours con-
traindre le« Propriétaires à faire monter les jambes-
bouthTes jufqii'au haut des murs de face, quand on
bâtit en moilons : car lorfque ces têtes de mur font
continuées en moilons, on remarque en effet qu'elles
s'écarçent aifément, & que c'eil d'ordinaire par ces
endroits que commence la ruine des faces des
bâtiments. Au furplus , ce n'eft que dans les
maiibns de Villes , à caufe de leur grande éléva-
tion , qu'on eil obligé à des jambes fous-poutre & à
des jambes-boutifTes ; il fuffit dans les bâtiments de
Campagne, de mettre fous chaque portée de la pou-
tre un bon quartier de pierre qui fafTe tout le parpin
du mur , & de mettre au droit de la tête des murs
mitoyens , de gros moilons bien giflants ou des
îibages.
On doit apporter dans le choix des matériaux
la même attention pour ceux des murs de refend
& mitoyens, que pour ceux des murs de face : les
mieux bâtis font ceux dont la premiere afllfe eft
en pierres de taille dure au rez-de-chaufTée , &
dont on fait àuffi en pierres de taille les pied-droits ,
( a ) Lqîx des Bâtiments 3 page 324.
-ocr page 339-
d'Architecture.          309
les plate-bandes des portes & les autres ouvertures:
les moilons qu'on y employé doivent être durs,
de bonne qualité, maçonnés avec mortier de chaux
& fable : on peut IaiiTer les moilons apparents, ou
les recouvrir d'un enduit.
Depuis quelques années , on fait beaucoup
d'ufage de la pierre de Meulière , à la place du
moilon ordinaire. C'eil une pierre dure de toutes
fortes de formes , raboteufe & remplie de troux,
laquelle fe maçonne avec mortier de chaux &
fable : on en peut faire tout un bâtiment, les murs
de cave , les murs de refend ou mitoyens , &
jufqu'aux murs de face tout entier , fans autre
pierre qu'un ou deux rangs de libages au bas des
rigoles des fondations, & qu'une aflife de pierres
de taille au rez-de-chaufTée. On met des cours de
plate-formes à la hauteur de chaque étage, le long
des murs de face deilinés à porter planchers , iinon.
en met des linteaux de bois au-deiTus de l'embrafe-
ment des croifées, & l'on bande le haut des ta-
bleaux en dehors avec des moilons de Meulière
taillés en coupe , fous lefquels on place par
précaution des barres de linteau. L'on ravalle
enfuite la furface de ces murs en plâtre , &
l'on fait de la même matière , les corniches , les
chambranles & les ornements. On voit des façades
d'Hôtels, qui paroiiTent très-importantes, & déco-
rées de pilaflres d'Ordre d'Architecture, lefquelles
font en grande partie bâties de Meulière, & où l'on
a fait feulement en pierres, les corniches, les enta-
blements , les plinthes , les encognures, les pila-
irres, les focles, & tout le reile a été couvert d'un
enduit en plâtre, badigeonné enfuite en couleur
de pierre. Le défaut de la Meulière , comme nous
l'avons déjà dit, eft d'être caiTante , de ne pas
-ocr page 340-
3IQ                      Cours
former une bonne aiîîéte , & d'opérer des înéga-
lités de taifement j c'eft pourquoi il eft eiïentiel de
prendre des précautions à cet égard.
Il eft à propos à la rencontre d'un mur mi-?
toyen avec un mur de face ifolé δε bâti en pierres
çle taille, de laifler des Harpes dans toute la hau-
teur I, figure II, Planche LXXIV , pour le pou-
voir lier avec le mur de face du voiiin, quand il
voudra bâtir par la fuite. On en doit ufer de
même à l'égard des murs de face conftruits en
moilons ; & ii par hafard on avoit négligé d'y
Jaifler des harpes, en fuppofant que le voiiin ve-
nant à bâtir auffi en moilons, voulût fe relier avec
ce mur, au lieu d'y faire après coup une tranchée
pour loger le nouveau mur , ce qui défuniroit les
parties de l'ancien , & feroit même capable de le
faire déverfer, il vaudroit toujours mieux en pareil
cas faire des arrachements dans l'ancien mur, c'eft-
à-clire de deux moilons en arracher un, pour y
lancer en liaifon des moilons.
On eft le maître d'engager dans les murs de re?
fend les tuyaux de cheminées, tant & fi peu que l'on
Veut, de les y encaftrer tout-à-faît, de les dévoyer
foit les uns devant les autres, foit les uns à côté
des autres , tellement qu'au droit des greniers »
ces murs ne font quelquefois plus que de vérita-
bles coffres, foutenus de part & d'autre par des
murs en ailes. On méfufe en général trop du droit
que l'on a d'engager les cheminées dans les murs
de reiend. La folidité exigeroit qu'on ne fe fervît
de ces murs que comme des murs mitoyens : Auffi
peut-on dire que cet abus eft une des principales
çaufes du peu de durée des màifpns modernes. La
ligure III , Planche LXXVIII , fait voir trois
Tuyaux de cheminées dévoyés à côté les uns des
s
-ocr page 341-
d'Architec tu r e.           3 ι ι
autres, foit à demi engagés dans un mur de re-
fend , foit feulement adoffésâ un mur mitoyen.
On fe permet volontiers dans les maifons
ordinaires , de continuer les murs de refend &
mitoyens en plâtras au-deiFus des derniers plan-
chers des greniers, dans les pointes des combles
& aux doffiers des cheminées ; mais alors il faut
crépir l'élévation de ce mur en dehors pour le
mieux lier & cacher la difformité de cette conitru-
&ion, y ayant des plâtras noirs , jeaunes δε peu
unis en leurs parements
Si l'on admet des linteaux-de bois au-deffus des
portes , il convient, ainû que nous l'avons déjà re-
commandé précédemment , de pofer en décharge
& de champ le premier rang de moilons, afin que,
ii le linteau venoit à pourrir par la fuite ? le mur
fupérieur n'en fût point endommagé»
Il ne fufHt pas de bâtir les murs d'une maifon
avec les attentions que nous venons de décrire ;
comme ils doivent être chargés par le poids des
planchers & des combles, qui les pouife néceiiaire-
ment au vuide en dehors, on prend d'étage en
étage, des précautions à cet égard, lors de leur
conitrucYion , pour contenir cet écartement, en
mettant au milieu des murs ou dans leur épaif-
feur, des chaînes de fer plat, bien tendues &
folidement arrêtées vers leurs extrémités avec des
ancres , lefquelies lient enfemble lefdits murs de
façon à ne pouvoir agir Tun fans l'autre y & à fe
prêter de mutuels fecours. Ces chaînes fe placent
dans les murs en les conilruifant : elles s'aiTem-
blent à crémaillères ,& encore mieux avec des
moufFies, où Ton chaiTe des coins pour les bander
autant qu'il efl poffihe.,
Au furplus ce n'eft guère que dans des Edifices
Viv
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pz.                 Cours
importants que Ton met des chaînes dans touts
la longueur des murs ; car dans les maiibns ordi-
naires on fe borne à pofer des tirants à la tête ou
plutôt à la rencontre de tous les murs de refend
& mitoyens avec les murs de face à chaque étage,
de la longueur feulement de 7 à 8 pieds , lefquels
tirants font retenus à l'oppoiite de l'ancre par un
crampon fceîlé dans les murs (a). On ne met pas
non plus de chaînes dans toute la longueur des
murs de face, à moins qu'ils ne foient ifoles, attendu
que, quand leurs extrémités font bien accotées par
dçs bâtiments voiims, elles deviennent inutiles.
Autrefois on laiiîoit les ancres apparents en
dehors des murs de face d'un bâtiment, & on les
faifoit en S ou en Y, pour embraiTer une plus
grande étendue , mais maintenant par rapport au
coup d'œil des façades, bien que cela ne foit pas
aum* fonde, on les dérobe à la vue, on les fait
droit, & on les ençaftre d'environ 2 ou 3 pouces
en dehors. Si le mur eit en moilons , on y pratique
tout amplement une tranchée pour loger l'ancre,
que l'on rebouche avec du mortier ou du plâtré,
& s'il eil en pierres , on taille, en le bâtiiîant, le
trou néceftaire pour le recevoir, du moins dans
îaiîifefupéneuLÇ, car pour l'aiîife inférieure, on la
perce d'ordinaire après coup fur place avec un
pic, de l'eau & du grais/à force dç la battre: c'eft
ce qu'on appelle en termes d'Ouvriers, battre le
beurre*
(a) Quelquefois au lieu déplacer un tirant dans l'épaiiTeur
d'un mur de refend & mitoyen , on l'ajoute après coup le long
dudit mur dans l'épaiiTeur du plancher , en l'attachant au bouc
d'un linçoir ou d'une folive : ce qui produit quelque économie
(Jans Je fer ? mais ri'eft pas auiïi foÛde.'
-ocr page 343-
d'Architecture.           313
Outre les chaînes que l'on place dans Tépaifleur
des murs, on attache encore aux extrémités de
chaque Poutre V, figure VIII, Planche LXXI1Ï,
fur leur partie inférieure ou fupérieure, une Bande
de fer à talon R, d'environ 4 pieds de long fur 2
pouces de large , δε 6 lignes d'épais, au bout de
laquelle eft un œil où l'on paffe auifi un Ancre S,
qui s'encailre également au dehors de la Chaîne
de pierre T,,qui foutient fa portée. S'il fe rencon-
troit par hafard les bouts de deux poutres vis-à-vis
Fun l'autre au milieu d'un mur, comme cela peut
arriver, quand les appartements font doubles, alors
on les lieroit enfemble par une bande de fer io-
lidement clouée, comme ci-devant, avec des
clouds dentelés, & retenue avec des crampons ou
talons à chaque bout.
On met encore de femblables bandes de fer avec
des ancres, au bout des fablieres des grofTes cloi-
fons de charpente au droit des planchers, & au
bout des entraits des fermes des combles, qui fer-
vent alors de chaînes ou tirants ; enfin on en met
également à l'extrémité des panes , des faitages,
foit à leur rencontre avec les murs de face, ioit
avec celle des murs pignons d'un bâtiment, lorf-
qiuis font fur-tout ifolés : le tout à deffein d'em-
pêcher d'étage en étage le déverfement des murs
de face, & que le bâtiment ne puiffe tirer au vuide
d'aucun coté.
Il arrive fouvent qu'on ne fçauroit terminer en
une campagne tous les murs d'une maifon, &
qu'on eil obligé d'interrompre leurs travaux aux
approches de l'hiver, à caufe des gelées que Ton
fçait être fujettes à faire fendre les pierres, & à
décompofer les mortiers , quand on n'a pas quitté
ks ouvrages à tems, & pris des précautions à cet
-ocr page 344-
314                    Couns
égard. Ces précautions coniiitent d'abord à éviter
d'employer vers l'arriére faifon âes pierres vertes
ou nouvellement tirées de la carrière, dont l'hu-
midité ne foit pas encore évaporée, eniliite à cou-
vrir foigneufement la partie fupérieure des murs
avant le retour du froid, avec du chaume ou des
efpéces de paillaflbns , formant un égoût faillant
de part & d'autre, pour en écarter les eaux plu-
viales , & enfin à tenir le pourtour des ouvrages
bien aérés de toutes parts, de crainte d'y concen-
trer l'humidité : car il ne furvient guère de dom-
mages aux murs par les gelées, que par la faute des
Ouvriers; auiîi eft-ce avec raifon qu'ils doivent en
être refponfables.
Les murs tant de face que de refend ou mitoyens
d'un bâtiment étant élevés ; les planchers étant
pofés, & la couverture étant auiîi terminée, on
entreprend fon ragrément , que l'on commence
toujours par le haut en defeendant fucceiïivement
vers le bas. Celui des murs en pierres confiile à
couper les mains des pierres ii on en a laifle , à ôter
les baîevres , à finir les moulures des chambranles,
des impoiles, clés archivoltes & des corniches qui
feront reitées en boifages : on taille auiîi fur place:
le plus fouvent les corps de refend ; enfin on
fculpte les ornements énoncés fur les deiîîns : cela
feit , on finit par refaire le dehors des joints:
ceux de la pierre dure fe font avec mortier de grais
au Heu de fable ; ceux de la pierre tendre fe font
avec mortier de badigeon, ou delà pierre de Saint-
Leu écrafée, tellement que, quand un mur efl bien
ragréé, on n'apperçoit prefque aucun joint, & il a
l'air d'être tout d'une pièce.
Quant au ragrément des façades bâtis en moi-
Ions, il conMe de même que celui des murs de refend
-ocr page 345-
....." ■■■
d'Architecture.           315
& mitoyens, à les crépir & enduire en plâtre ou en
mortier ( car il eil rare qu'on laiiïe en pareil cas
les moilons apparents ) ; à faire difparokre les
troux des échafaudages ; à terminer leurs corni-
ches , leurs plinthes , leurs ornements atiiii en
plâtre ; après quoi on fait les tuyaux de chemi-
nées , les plafonds des appartements, la maçonnerie
des cloifons & des dealers, ainii que nous l'expli-
querons par la fuite.
ΙΙΠΠ 11 1 11 I 1 11 Wh B) 'i 1 .Ijl 11 il UI 'HiUlILLmiIlHI'll IHII.IH I lllll.lMnl^IWWÏtfflMifflHIW'=*' 'm"tJf/PWlfW:mtm^n'*ll"*iiu'1m"*-ÜUM*'''f-jm''m'^m^am
*· '              ------------'-----!---------------------------------------- r --------------------------------.' ' - '           '
Article VI.
De la Conflruclion des Murs de T&rraJJe.
Planche LXXIX.
Les murs de terraiTe different des précédents
en ce que , non-feulement ils n'ont qu'un pare-
ment , mais encore parce qu'ils doivent foutenir
la poiùTée des terres contre lefqiielîes ils font
adoffés. 11 eil difficile de déterminer, au juile Fe-
paifleur qui leur eil néceifaire pour contenir cette
pouifée, à caufe des différentes natures des ter-
reins : car, par exemple 5 les terres fortes jufqu'à
ce qu'elles ayent pris leur affaiiTement, pouffent
d'abord davantage les murs qui les foutiennent
que les terres légères ; mais auiïï quand elles ont
fait leur taiTement, elles fe foutiennent en quel-
que forte d'elles-mêmes. Les fables ou les terres
légères au contraire pouffent continuellement,
attendu que leurs parties gliifent aifément les unes
fur les autres ; par conséquent il eil donc néceifaire
de faire les murs plus épais dans le dernier cas que
dans le premier : encore un coup il ne fçaitroit y
avoir une regle bien uniforme à cet égard, & c'eil
-ocr page 346-
3i6                      Cours
à l'expérience de l'Architéde à décider d'après
Tezamen de la nature du terrein qu'il faut foute-
nir, quelle doit être la force du mur d'une terrafîe,
fur-tout d'une certaine hauteur.
Les fondements des murs de terraiTe, ainfl que
ceux des murs de face d'une maifon, doivent être
à-plomb du côté des terres , & inclinés du côté
Oppofé en formant de bons empattements dans
le bas. îl y a des Architectes qui leur donnent en
dehors de talut, la óe partie de leur hauteur : mais
comme cette pente eft confidérable , & qu'elle
expofe trop leurs parements aux injures du tems ,
nous eftimons qu'il fuffit de leur donner la 9e par-
tie, & qu'il convient d'établir cette épaiffeur à
l'extrémité de leur fommet, loriqu'on ne fait point
ufage de contre-forts.
Après avoir élevé les fondements jufqu'au rez-
de-chauffée le plus bas , l'opération la plus impor-
tante eft de difpofer convenablement les terres
deftinées à erre adoiîees au mur de la terrafte, & à
remplir le forié. H eft d'ufage d'en faire plufieurs
tas félon leurs qualités , afin de mettre dans le bas
celles qui ont le plus de pouffée, & dans le haut
celles qui en ont le moins; précaution qu'il eft im-
portant de prendre, & fans laquelle il arriveroit
que d'un côté le mur ne fe trouyeroit pas fouvent
affez fort pour retenir la pouffée des terres, tandis
que de l'autre il fe trouveroit plus fort qu'il η'eft
néceffaire. On fait donc , de ces terres rapportées
de même qualité , des lits d'environ un pied d'é-
paiffeur , K, figure IV, Planche LXXIX, que
Ton incline du côté du terrein pour les empêcher
de s'ébouler, & que l'on aifermit fucceffivement en
les battant & les arrofant, jufqu'à ce que l'on foie
parvenu au haut de la' terraiîb : cela s'opère en
-ocr page 347-
d'Archî tecture. ^ 317
même tems que Ton conitruit le mur , en obfervant
de laiiler un petit efpace entre les terres & le mur,
que Ton ne remplit qu'après l'avoir fait. La ranon
pour laquelle on ne remet pas à battre c&s terres
rapportées après la conftrn&ion du mur, c'eft non-
feulement pour quelles foientplus fermes, attendu
qu'alors on ne pourroit guère battre que leur lu-
perficie , mais encore parce qu'il ieroit à craindre
qu'on n'ébranlât fa folidité.
' Toute la difficulté de ces fortes de conftruchons
fe réduit à aiîigner aux murs une épaiiïeur propor-
tionnée à la hauteur des terres rapportées au-
deiliîs du niveau du terrein de l'autre côté : la Mé-
chanique peut être d'un grand fecours pour la ré-
gler ; M. Bélidor , dans le Livre I de la Science^ des
Ingénieurs ,
a expliqué comment on en faiibit l'ap-
plication en pareil cas ; & comme on peut y avoir
recours , nous nous bornerons ici à rapporter la
regle pratique que fuivent la plupart des Conftru-
&eurs, & que M. Dégodets rapporte dans ion
Ouvrage intitulé, "des Loix des Bâtiments, page
Si les terres rapportées font élevées de 3 pieds
de hauteur derriere un mur, il faut, dit-il, ajouter
à fon épaiffeur, au rez-de-chauifée ordinaire, un
contre-mur d'un pied d'épaiffeur, & à proportion
de ce que les terres rapportées feront plus élevées
que ces 3 pieds , il convient d'augmenter l'é-
pahTeur du contre-mur de 2 pouces par chaque
pied de hauteur. Ainfi, lorfque les terres rap-
portées n'auront que 3 pieds de haut au-deiTus
du niveau du terrein de l'autre côté du mur , le
contre-mur aura un pied d'épaiffeur : fi les terres
rapportées font de 6 pieds plus haut que les
terres de l'autre côté , le contre-mur aura ig
-ocr page 348-
3ί§                       Cours
pouces d'épaiffeur dans la hauteur des j pre-
miers pieds de haut, où il fera fait une retraite
de 6 pouces , & il y aura un pied d'épaiffeur au-
deiïiis : ii les terres rapportées font de 9 pieds dö
hauteur, il faudra donner au contre· mur 2 pieds
d'épaiffeur par le bas jufqu'à 3 pieds de hautj
18 pouces d'épaiffeur dans la hauteur des 3 au-
tres pieds au-deffus , & un pied d'épaiffeur dans
la hauteur des 3 antres pieds reliants du haut :
Si les terres rapportées ont 18 pieds d'élévation,
le contre-mur aura 6 redents chacun de 3 pieds
de haut & de 6 pouces de retraite ; le premier,
qui eil au niveau du fol extérieur, aura 3 pieds
~; le fécond aura 3 pieds ; le troiiieme aura 2
pieds ±; le quatrième aura 2 pieds; le cinquième
aura 1 pied \ ; & le iixieme aura 1 pied. Enfin ii
les terres rapportées étoient plus élevées, il fau-
drait augmenter fuivant ce procédé répaiiTeur
du contre-mur à proportion , en forte qu'il (î\l
feul fuiHfant pour foutenir la pouffée des terres.
Le plus fouvent, au lieu d'un contre-mur d'é-
paiffeur uniforme dans la longueur du mur , ort
met de diffance en diffance des contreforts du côté
des terres A, figures I, II & III, Planche LXXIX*
Communément on les efpace d'environ 12 pieds de
milieu en milieu, & on les élevé à redents Ε, Ε, Ε,
figure III, d'environ 3 pieds dé hauteur & de 6
pouces de retraite comme ci-devant, en obfervant
de donner à ces contreforts une bonne liaifon
avec l'épaiffeur du mur; le tout maçonné avec dé
bon mortier de chaux & fable. On donne affez
Volontiers à ces contre-forts 3 pieds de lar-
geur réduite en dehors, & d'épaiffeur dans le bas
environ le f de la hauteur des terres rapportées
plus uri frxieme, & l'on donne d'épaiffeur au bas
1
-ocr page 349-
D'ÂRCHltECTURE,           %l$
du Mur B, figure ï, compris dans l'intervalle des
contre-forts , la moitié de leur épaifleur. Soit par
exemple , une terraile de 18 pieds de hauteur de
terres rapportées, les contre-forts étant diftants de
12 pieds d'axe en axe, & ayant 3 pieds de largeur,
auront 7 pieds d'épaineur , & les murs compris
entre eux auront 3 pieds ~t La vue des figures de
la Planche LXXIX , fuffit pour donner une idée
de leur conitrucüon , qui fe fait d'ordinaire en
moilons piqués & apparents en dehors, en obfer-
vant de faire les joints les plus petits poffibles.
On pratique dans le bas des murs de terraffe, des
ouvertures ou BarbacanesD, fig. Il, durantes l'une
de l'autre de 10 à 12 pieds, & que l'on élevé un peu
au-deiïiis du pavé. Leur fonction eit de fécher les
terres adoffées aux murs de terraffe par le paffage
de l'air dans ces endroits, & de laiffer en même
tems égouter les eaux qui pourroient s'y arrêter.
On fait quelquefois * au lieu de contre forts en
dedans des terres, des Eperons H en dehors, fig.V,
qui gênent le paffage, & font un mauvais effet
pour le coup d'œil j cependant 9 quand on ne peut
Te difpenfer d'en admettre , il faut les efpacer
comme les contre-forts, & leur donner à peu près
la même épaîffeur ou proportion , û ce n'eft qu'à
la place de redents, il erf: d'ufage de les opérer
@n talut.
-ocr page 350-
320
Cours
Article VIL
Des Efcaliers.
Planche L Χ Χ ί X,
Dans les Maiibns diftinguées , dans les Hôtels
& clans les Edifices publics, on confirait toujours
les Efcaliers tout en pierre. M. Blondel a déjà
amplement traité dans le Quatrième Volume, de
ïa diveriité des Eicaliers, de leur forme, de leur
compofition ,.de leur décoration, & même a dé-
crit en général les principales attentions qu'il con-
vient d'apporter dans leur exécution, La conftru-
iHon de ces fortes d'ouvrages clépend effentielie-
rnent de la coupe des pierres , qui t£t une des plus
difficiles parties deTArt debâtir. Comme nous avons
renvoyé pour cette étude aux Traités de MM. De-
larue & Frezier, qui laiiTent peu à defirer fur cette
matière , nous nous bornerons à rapporter les
obfervations principales auxquelles on doit avoir
égard, pour ériger avec folidité un Efcalier.
Après la compofition d'un efcalier , ceft la
beauté de fon appareil qui en doit faire le prin-
cipal mérite. Les plus beaux efcaliers font d'ordi-
naire évuidés dans le milieu, & conftruits en pierres
de taille ; ils doivent fe foutenir en l'air par l'arti-
fice de leur conftru&ion, & par la maniere dont
on rejette le poids fur les murs qui les environ-
nent. Leurs parties les plus effentielles font les
marches, les limons, les appuis & les parements
au-deffous des marches. On donne aux marches
de largeur environ un pied de giron fur 6 pouces
de
-ocr page 351-
b' Ar g H ι 't e CT uii e.           t
de hauteur, & on les féparè par des paliers dé
diitance en diilance. La cage d'un eicalier peilt être
quarrée , paralellögramë, circulaire , ovale ou en
fer à cheval, mais, dans tous les cas, il eil d'ufage de
laiiîerdes paliers dans les quartiers tournants, &ii
l'on y met des marches, il faut du moins qu'elles
foient aufli larges dans le milieu de leur longueur que
les autres marches aiTemblées quarrément dans le
limon , en obfervant aufli de · faire leurs colets à
peu près égaux.
On foutient les rampes des ëfcaliers par des
vôuifures, foit droites , foit rampantes , foit en
tour creufe : on foutient aufli leurs paliers par des
voûtes en arc-de-cloître <> des plate bandes, des cnls-
de-fbur,ou des trompes. Quelquefois on fait leurs
grands paliers tout droits par deiîbus, quoiqu'entié-
rement bâtis en pierre; mais alors on ne vient à
bout de contenir leurs claveaux ou vouffoirs dans
une pareille poiition, qu'en mettant des Τ de fer
dans leurs joinrs , & qu'en multipliant les tirants'
dans l'épaiifeur defdits paliers, de maniere à em-
pêcher tout efpéce de pouffée , fur-tout vers lé
vuide de l'efealier. La figure VI eft le Plan dit
grand Palier d'un eicalier à deux rampes; ©il y
voit la difpofition circulaire des Claveaux Ν -, au^
tour des angles, ainli que des Tirants en croix Ο $
cachés fous le carreau, pour empêcher l'écarte-
ment des murs. La figure VII eil le Profil de la
Plate-bande.P, à l'arrivée des marches , dont les
claveaux font foutenus de deux Γιιη pair des Τ ren-
verfés, viifés dans une chaîne de fer quarré deilinée:
à contenir en même tems les murs oppofés. Mais
le plus fouvent par économie j> on fe borne à exé-
cuter les planchers de ces grands paliers en char-
pente, & alors on prend le parti d'appuyer lë§
Tome V,
                                  X
-ocr page 352-
322                       Cours
voii Mures des rampes contre les marches defdits
paliers.
11 eir rare , dans un bâtiment de conséquence, de
feire continuer en pierre un efcalier au-delà du
premier étage j mais, quand on en ufe autrement,
on fe contente , pour alléger le fardeau, de con-
tinuer le limon en pierre) & de faire des fauifes
Marches en bois Q, que Ton recouvre par devant
& B-ar <$e,iïus avec des Dalles de pierre R, qui
portent une moulure à f ordinaire , figure VIII j
enfuite on ravalle la coquille ou le defTous des
marches en plâtre ; on le badigeone, ■& on y grave
des joints pour imiter l'aiiemblage des pierres , de
iorte que cette continuation a par ce moyen la
beauté & l'apparence d'un efcalier tout en pierre
de taille.
         ,s
Il y a même des efcaliers d'Hôtels de quelque
importance , où, à l'exception des premières
marches & des deux ou trois premières affîfes
à rez-de-chauiTée , les limons & les courbes
rampantes font exécutés en bois, ainii que leurs
marches» que Ton recouvre feulement en deifus
de" dalles de pierre de FepaiiTeur de la moulure.
On peint enfuite en couleur de pierre à l'huile tous
les-bois apparents des marches , des limons, des
courbes rampantes, ainii que la coquille comme
ci-devant, & on trace de faillies coupes fur le tout
pour donner le change : quand cela eil bien fait,
il en peut réfulter une grande économie. 11 n'y a
pas jufqu'aux enduits des murs pourtours des efca-
liers, que l'on ne s'avife/ dépeindre, lorfqu'ils font
en moiions, en couleur de pierre, après y avoir gravé
auffi des joints , pour imiter la pierre de taille.,
La conitruflion des efcaliers en pierre s'opère
en général, en mettant fur le mur déchiffre deux
'^P'
-ocr page 353-
d'Architecture.          323
tours d'affifes de pierre dure en forme de focle,
pour porter le bas du limon : au-deiuis de ces
aflifes , on employé encore de la pierre dure
jufques fous les rampes & juiqu'à la naiifance des
voûtes, eh obiérvant d'y faire les cadres , pila-
ilres & compartiments marqués fur les deffins ; le
tout maçonné avec mortier de chaux & fable, &
les joints ragréés à l'ordinaire de chaux & de grais
pilé : on place fur les dernières affifes en pierre
dure , les voûtes qui portent les rampes & paliers·,
lefquelles voûtes fe font en pierre tendre de
Saint-Leti , maçonnée de mortier, & ragtéé avec
badigeon , & fervent à porter les marches qui ne
font pas vifibles par défions* Dans les eicalièrs à
rampes droites, & diilribués dans un quarré ou
paralellograme, on iimplifie beaucoup leur exé-
cution j fur-tout quand oh bâtit les paliers des
sangles ψ & les grands paliers en charpente ; le
limon alors eil un ouvrage particulier compofé éè
longues pierres où Ton fait des entailles 3 pour re-
cevoir le bout des marches d'une part , tandis
"que l'autre eft fcellé dans le mur : ce font dé
"tous les eicalîers les plus ailés à exécuter* Les
marches fe font de pierre dure de liais ou d'Ar·»-
cueil, d'une feule pièce, & on lés orne par le de-
vant d'un quart de rond avec fo η filet; on pave le$
paliers de carreaux blancs & noirs $ foit de marbre \>
foit de pierre de liais entremêlés de petits pavéà
noirs dé pierre de Caèti,
Quant au plancher des efcaliers, qui ilë mon-
tent que jufqu'ati premier étage., il eft rare qu'on
les termine par un iimple plafond comnie lés ap-
partements , mais il eil ordinaire * comme nous
l'avons dit en parlant de leur décoration, de les
couronner par mi entablement | où une corniche
-ocr page 354-
5 '                                                ......
32-4                        Cours-
capable de donner du caradere à leur enfembîe,
& que l'on furmonte par une calotte au milieu de
laquelle on iufpend une lanterne.
On fait en Angleterre des efcaliers en pierre
beaucoup plus iimples que les nôtres · on n'y em-
ployé point de voûtes ni de limon : tout l'art
coniiile dans la maniere de tailler les marches,
qui font d'un feul morceau de pierre dure, & de
les placer les unes au-defTus des autres , en fcel-
lant.un de leurs bouts bien folidement dans les
murs ; il ne fe trouve pas communément d'autres
difficultés» il y a plufieurs façons de faire ces
marches, auxquelles on ne donne guère au-delà de
4 à 5 pieds de longueur : la plus uiitée eil de les
délarder par deiïbus , afin qu'elles faffent plafond :
on taille leur recouvrement en coupe d'environ
2 pouces de faillie , en obfervant de laiffer quarrée
la partie du bout de la marche qui doit être icellée
dans le mur, & de faire retourner la moulure qui
regne furie devant de chaque marche , par le côté
du bout opppie , pour tenir lieu de limon. Toutes
les marches étant ainii préparées , on les pofe fuc-
cefiivenient dans la tranchée pratiquée dans le
mur ·, en faifanî attention de placer à mefure fous
la têtede chaque marche, une pièce de bois de bout
que, l'on n'ôte que quand fefcalier eu. .fini- La
figure X repréfente trois de ces Marches vues par
|e bout, du côté du vuide deTefcalier; & la flg. XI
fait voir la coupe particuliere dame Marche.
Pour ce qui eil des paliers, vu qu'on ne monte
guère en Angleterre au delà de 20 marches à cha*
que étage , rarement en pratique-t-on au milieu :
ceux qu'on fait au droit des étages font le plus
fou vent en bois, & confident en une poutre qui
reçoit la rampe, & contre laquelle viennent butter
y ■
:~ .                       Λ                    -                                                             1
-ocr page 355-
ρ Ά R C H I Τ Ε C Τ U R Ε.           3 2 5
les marches. Quelquefois cependant on exécute
auiîi ces paliers comme dans la figure XII, en
dalles de pierre auxquelles on donne 7 ou 8 pouces
d'épaiifeur , & que l'on fait porter comme les
marches de 5 à 6 pouces dans le mur. D'ordinaire
on taille les joints de ces dalles en embrevement »
ou en efpéce de queue d'aronde, & on les coule
en plomb.
Après que les marches & les paliers font pofés,
on fcelle en plomb chaque barreau montant de la
rampe de fer fur la tête des marches & le bord des
paliers, & enfin l'on finit par cacher le deifus de la
plate-bande de la rampe de fer par un rampant
de bois des Indes orné de moulures.
L'ufage eil d'éclairer par le haut la plupart de
ces fortes d'efcaîiers , qui ne montent guère au-
delà du troifieme étage. Pour cet effet 3 on place
à la hauteur des toits un vitrail porté par de la
charpente ; ce qui nous paroît une fort bonne
méthode , en ce que les efçaliers ne tirant pas leur
jour du côté de la rue ou de la cour, & fe trou-
vant compris au milieu du bâtiment , facilitent
néceiTairement fa diitrihution, & augmentent les
logements. Les murs de ces efçaliers font conftrtiits
en briques (car on ne bâcic guère autrement en
Angleterre ), fur lefquels on met dans l'intérieur.
des appartements des enduits de blanc en boure,
que l'on badigeone & que l'on décore de plinthes
avec des guillochis , de poiles , de rofaffês , ou
de frifes imitées d'après les ouvrages antiques.
Nous avons repréfenté, figure IX s le plan d'un
de ces Efçaliers , qui fuffira pour en donner une,
idée.
Avant de nous engager davantage, il eil a pro-
pos d'expliquer particulièrement les Figures qui
X iij
-ocr page 356-
Ji6                      Cours
repréfentent la conftruäiun des murs d'un bâti-»
ment ; ce qui nous donnera occaiion d'entrer dans
nombre de détails eiTentiels, que nous n'avons
fait fouvent qu'indiquer , de récapituler ce que
nous avons dit précédemment, &t de faire remar-
quer auiîî l'application de beaucoup d'obfervations
importantes , que nous n'ayons faites qu'en
général.
Explication de la Planche LXXÏÏL
Les Figures I & II font le Plan & l'Elévation
d'un Mur de clôture, avec des lettres de renvois,
femblables en correspondance aux mêmes objets.
A, Mur conitruit en moilons apparents , pi-
qués ou Amplement eifemillés, & maçonnés avec
chaux & fable.
Β, Chaînes de pierre à carreaux & boutiffes %
efpacées de 12 pieds de milieu en milieu.
Ç, Cours d'Afîife de pierre dure au bas du mur.
D , Chaperon conftruit en pierre.
E, Profil du Mur de clôture & de fes fonde-
ments , en gros moilons, faifant un empattement
de 2 ou 3 pouces de chaque côté.
La Figure III eil le Profil du mur de face d'une
Maifon, lequel fait voir les différentes épaifTeurs &
retraites, depuis les plus baffes fondations jufqu'à
ion couronnement. Il eil élevé à-plomb du côté de
l'intérieur du bâtiment depuis le rez-de-chauflee, &
en talut par dehors. En fiippofant qu'il fupporte
quatre étages, que fa hauteur foit 54 pieds, & que
le Mur HÏ, au rez-de-chauffée ait 2 pieds d'épaif-
feur au droit du focle , ce Mur G des caves doit
avoir 2 pieds 6 pouces, pour laiffer un empat-
!
1
-ocr page 357-
)
d'Architecture.             327
tement de 3 pouces de chaque côté fous le
Mur Hl : & le Mur F, de fondations des caves ,
doit avoir 3 pouces de plus d'empattement feule-
ment du côté des caves, c'eft-à dire 2 pieds 9
pouces ; car du côté des terres on élevé d'ordinaire
les murs à-plomb. Sur quoi il faut remarquer que,
s'il n'y avoit pas de cave, cette dernière retraite
n'auroit pas lieu, & que tout le mur G juiqu'au rez-
de~chauiîee feroit réputé fondement, avec 3 pouces
d'empattement de chaque côté, comme il a été dit
plus haut. Quantautalut du dehors, on peut lui don-
ner uniformément une ligne par pied de hauteur,
c'eft-à-dire 54 lignes ou 4 pouces | de moins dans
le haut qu'au rez-de-chauffée, & pour le mieux
3 lignes par toife , en faifant en outre une re>
traite en dehors fur chaque plinthe d'un pouce à
chaque étage ; de forte qu'en fuivant ce dernier
procédé , le mur étant fuppofé de 22 pouces |
d'épaiifeur au-deiÎus du focle, fera réduit à fon
couronnement à 16 pouces \, au lieu de 18 pouce?
fuivant le premier,
χ, Ligne ponctuée , qui exprime la continuité
du talut du mur de face en dehors, depuis la re-
traite du rez-de chauffée jufquaux plus baffes
fondations ; talut qui nelt pas ufité, mais que nous
eftimons devoir davantage fortifier les fondements'
du côté des terres, que le procédé ordinaire.,
La Figure IV offre le Profil d'un Mur de refend
ou mitoyen, dont la Ligne ponctuée Κ L, repréiente
le milieu« Il fuffifde donner à fes plus baffes fonda-
tions Κ, au niveau défaire des caves, 3 pouces de
retraite de chaque côté , & au rez-de-chauffée
encore 3 autres pouces de retraite aufli de chaque-
côté. Si ce mur a, par exemple, 18 pouces d'é-
paiffeur au rez-de'Chauffée ? Fépaineur Κ de fes.
-ocr page 358-
328                       Cours
plus baiTes fondations fera de 30 pouces , Se celle
au droit des caves fera de 24 pouces. Quant à
fon élévation depuis le rez-de-chauffée , on élevé
fouvent ces fortes de mur à-plomb de chaque
côté , fous le prétexte qu'ils font entretenus par
les planchers de part & d'autre; mais il eil préfé-
rable de lahTer uniformément 2 lignes par toile de
fruit de part & d'autre dans toute fa hauteur, fans
faire de retraite au.droit de chaque plancher : en
fuppofant ce mur de 9 toifes de haut, comme le
précédent, il fera par ce moyen réduit vers fon
fommet environ à 14 pouces.
La Figure V repréfente le Plan & l'Elévation
d'une Chaîne de pierre dure M, fervant, foit à
porter le bout d'une poutre dans un mur de refend
ou mitoyen, foit à former la tête d'un Mur mi-
toyen Ρ, au rez-de-chauffée iiir la rue, torique
ledit mur eil bâti en moilon. Dans ce dernier cas,,
on nomme cette Chaîne M, Jambe-bontuTe.
La Figure VI fait voir le Plan & l'Elévation d'une
Jambe à la fois boutiife & étriere Ο, & fa liaifon
avec le Mur mitoyen P.
La Figure VII eil le Plan & l'Elévation d'une
Jambe-étriere N. Ces jambes boulin1 es & étrieres
fervent fouvent de pied-droits à des Poitrails Q.
Quand les portées de deux poitrails ou de deux pou-
tres portent fur une même jambe de pierre , il
eil ordinaire de les lier enfemble par une bande
de fer. ;
La Figure VIII eil le Profil d'une Poutre V, au b ont
de laquelle eil une bande de ferR, qui y eil clouée
& arrêtée par un talon , & un Ancre S, de 3 k 4
pieds de longueur , deiliné à retenir l'écartement
d'un Mur de face ST, au droit d'un plancher.
Qn met de femblables chaînes & ançrçs à la tête
7 ':. -'
-ocr page 359-
d'Architecture.           3 29
des murs mitoyens & de refend à chaque étage,
& au bout des fahlieres des groffes cloifons de
charpente ; en obfervant d'encaitrer les ancres
à 2 ou 3 pouces près du dehors du mur de face ,
ainfi qu'on le voit dans cette figure.
Explication de la Planche LXXIV,
Repréfentant le Plan , l'Elévation & le Profil
d'une Façade de Bâtiment en pierre de taille.
Figure ILe, Plan d'un mur de face en pierre de
taille, avec deux Murs A & Β, Tun de refend &
l'autre mitoyen, conilruits en moilon.
La Figure ÏI, eil l'Elévation d'un mur de face.
C,  Pierre dure d'Arcueil, depuis le rez-de-
çhauffée jufqu'à la hauteur de la Plinthe Ε du pre-
mier étage.
D,  Croifée terminée en plate-bande , dont les
joints des claveaux tendent au fommet d'un trian-
gle équilatéral. Quelquefois ces claveaux font
crofettes par le bas, & quelquefois auiîi l'on fait
leurs joints perpendiculaires en dehors.
F, Pierre tendre de Saint-Leu , dont eil cons-
truite cette Façade, depuis la Plinthe Ε, jufques
& y compris la Corniche qui la termine.
G,  Appui de croifée en pierre dure, que l'on
orne de moulures par devant pour fervir de ban-
quettes.
H j Corniche architravée , compofée de deux
cours d'affifes en pierre tendre, & d'une tablette
de pierre dure, formant cimaife & revers d'eau.
En fuppofant qu'on voulût faire cette cimaife auiîi
-ocr page 360-
330                       Cours
en pierre tendre, il faudroit couvrir le deiTns de
fa faillie en plomb, en ardoife on en tuile, ou bien
avancer jufqu'au bord l'égoût du toît.
. On remarquera dans cette figure, qu'on a ex-
primé Us joints montants & les joints horifontaux
âes pierres , & que pour la beauté de l'exécution
on a ofofervé· de faire d'égale hauteur tous les
cours d'afiifes d'une même qualité de pierre ;
égalité à laquelle on doit fur-tout fe rendre attentif,
quand on veut décorer une façade de corps de
refend , afin que les joints horifontaux de chaque
cours fe rencontrent au milieu des refends. S'il
arrivoit que la pierre fut d'un trop haut banc pour
n'occuper que la hauteur d'un refend,. il faudroit
faire en forte d'en employer d'une hauteur de banc
iußiiame pour lui faire embraiTer à la fois deux
refends : car cela fait toujours un bien meilleur
effet, que de voir un joint entre deux refends,
ainii que le pratiquent afTez fouvent les Entrepre-
neurs, peu jaloux du coup d'œil de leur ouvrage.
I, Harpes ou queues de pierre que l'on met
d'ordinaire à la tête d'un mur mitoyen , pour fa-
ciliter de le lier avec le mur de face de la maifort
voiiine : fans ces harpes les murs feroient feule-
ment appliqués l'un contre l'autre [ ils ne fe prê-
teroient point de mutuels fecours ; ils fe détache-
roient ou fe déverferoient aifément.
Κ, Ancres & chaînes de fer que l'on met à
la tête des murs de refend & mitoyen , pour
contenir à chaque étage l'écartement des murs 'de
face : les ancres doivent être encailrés fufEfam-
ment dans le dehors du mur de face pour n'être
pas vifibîes. On voit en plan, figure 1, le paiTage de
ces chaînes à la tète des murs de refend & mitoyens :
& fi-le mur de face étok ifolé, il en faudroit mettre
-ocr page 361-
d'Architecture. 331
néceffairement à chaque étage dans toute fa
longueur.
La Figure III, repréfente le Profil du mur de
face de la figure II, depuis les plus baffes fonda-
tions jufqifà fon couronnement.
L, Mur des plus baffes fondations confiant en
libages, & ayant 3 pouces d'empattement en de-
dans des caves.
M, Mur des caves fous la face du bâtiment,
qui a 3 pouces d'épaiffeur de moins que le pré-
cédent L.
Ν , Mur de face faifant retraite de 3 pouces de
chaque côté fur le Mur M, & s'élevant en dedans
du bâtiment tfa-plomb, en laiffant, foit un pouce de
retraite en dehors à chaque étage avec 3 lignes par
toife de fruit, foit feulement une ligne par pied de
taliit.
Ο, Caves bâties en moilons apparents, piqués
par aßlfes.
F, Chaînes & Arcs en pierre, placés le long des
berceaux pour les fortifier.
Q, Chaînes de pierre dans les caves, qui cor-
refpondent à celle R> placée à la rencontre de
tous les murs de refend & mitoyens avec les murs
de face.
S , Niveau du pavé de la rue.
T, Porte de cave terminée en plate-bande
bombée , avec des pied-droits en pierre faifant
liaifon dans les murs moilons.
                          .
V, Coupe de la Voûte, dont les reins jufqu au
couronnement font garnis en moilons.
X, Cours d'affife de pierre dure au bas de tous
les murs de refend & mitoyens : on met arnSdes
parpins de pierre fous toutes les cloifons de char-
pente à res-de- chauffée ; & comme nous favoris
-ocr page 362-
332                       Cours
déjà dhs quand des cîoifons doiventporter plancher,
il eil eiTentiel de les aiTeoir, foit fur un mur mon-
tant de fond dans les caves, foit fur un arc en
pierre correfpondant.
Y, Y, Mur de refend ou mitoyen , que l'on
enduit d'ordinaire en plâtre en dedans des appar-
tements, entre les chaînes en pierre s'il y en a.
Ζ, Bayes de portes , dont les pied-droits &
plate-bandes fe font en pierre tendre.
&, Plancher d'un pied d'épaiiTeur , en le fup-
pofant careié , & de ι y pouces en le fuppofant
parqueté.
a0 Chaîne de pierre dure, que Ton doit ériger
fous la portée des poutres. Comme nous avons
fuppofé ici des poutres à chaque étage en cor-
refpondance les unes fous les autres, nous avons
élevé cette chaîne de toute la hauteur du bâti-
ment $ & c'eft ainii qu'il convient de les placer
ordinairement.
Explication de la Planche LXXV,
Qui φ une continuation de là Planche
précédente,
La Figure I, en: une Boutique , terminée par
une Plate-bande A, en pierre, dont les claveaux
fe foutiennen.t par leur coupe.
B, Linteau de fer de 18 lignes quarrées , fee*
vant de tirant , terminé par un œil à chaque
extrémité, avec un ancre qui eil placé au milieu
du mur, fur le haut des claveaux de la plate-
bande , & qui fert à contenir fa pouffée.
Quelquefois on met feulement fous la Plate-
bande A, une barre de linteau que l'on y incruile
-ocr page 363-
d*Arcïïitectürë.          333
de (on épahTeur, lequel linteau iert à fouîager
le poids des claveaux : cependant comme nous
fuppoibns ici la plate-bande d'une certaine éien-«
due, il vaut mieux placer en ce cas la barre de
linteau en deiTus les claveaux , afin de la faire
porter & tirer à la fois.
C, Etriers placés entre les claveaux , de deux
l'un : ces étriers font terminés en Τ par le bas, δε
ont un crochet ou un œil dans le haut, à travers
lequel pafle le linteau. Leur fonction efl de fou-
îager la plate-bande , & d'empêcher en partie fa
pouifée.          .·.:...■:. .                       '
- D, Pied-droit en pierre dure , jufqu'à la hau-
teur de la plinthe.
                   τ α,-r
Ε, Mur en pierre tendre, percé de croifées à
plate-bande.
          :::
F, Trumeau portant fur le milieu de la plate-
bande.
        ..m                               !& : .
G,  Ancre avec chaîne de fer régnant,à chaque
étage, au milieu du mur de face, que nous fuppo-
ibns ici iiblé.
                            3Ô ÏSÎJHA
La Figure II eir le Plan de la Plate-bande A ,
vue par deifus ; elle exprime la pofition ref-
pe&ive des claveaux, des ancres & du linteau,
avec de petites lettres correfpondantes aux
grandes dans la figure I.
La Figure 11 i, repréfente une Boutique termi-
née par un poitrail, bien que la façade foit bâtie
en pierre.
H, Murs de face ou pied-droits en pierre dure,
jufqu'à la hauteur du premier étage , ou de la
Plinthe Ν M. ~ , , ,
|,τ Petit Pan -coupé que l'on pratique d'ordi-
naire à l'encognure d'un bâtiment, au droit de
-ocr page 364-
334                    Cours
deux rues , pour faciliter le tournant des voi-
tures.
K, Poitrail d'environ ί6 pouces de gros, & de
la pieds de longueur entre fes portées, il y a
diverfes manières de poier ces poitrails : ou bien
on les laiiTe apparents , &· on les avance jufqu'à
faiHeuremenî du dehors des murs , en obfervant
de les peindre par la fuite en couleur de pierre à
•l'huile j ou bien on les recule en arrière -d'environ
un pouce, pour y faire un latis & un enduit de
plâtre , où l'on -grave des claveaux pour lui
donner le coup d'œil d'une plate-bande en pierre :
dans ce dernier cas , il eil ordinaire de mafqiiêr
les portées du poitrail, & d'y faire une levée de
part & d'autre de 2 óu 3 pouces fuivant l'épaif-
fenr, pour l'encaitrer folidement dans la pierre :
de forte qu'au droit dès Portées L·, L, il y aenviron 4
pouces d'épahTeur de pierre par devant. Nous avons
exprimé, fur une moitié de ce poitrail 5 des cla-
veaux, & nous avons iaiffé l'autre apparente.
M, Ancres & Plate-bandes de fer d'envi-
ron 4 pieds de long, clouées avec des clouds
dentés , & arrêtées à talon fur* les extrémités dit
Poitrail Κ, lequel par ce moyen tient lieu de
chaîne au droit du premier étage : s'il y avoir tili
autre poitrail fur la Boutique attenante , on pour-
roit les lier enfemble par une femblable plate-
bande.
N, Ancre avec bande de fer arrêtée fur la fabîieré
d'une cloifon de refend, fervaiit à Contenir l'écar-
tement du mur de face.
Ο, Plinthe en pierre dure régnant fur le devant
du Poitrail Κ, & qui encait/re fa partie fupérieure
d'environ 2 pouces*
-ocr page 365-
d'Architecture. 335
Ρ, Premier Etage exécuté en Saint-Leu, ainiî
que tous les autres Etages fupérieurs.
Q, Trumeau porté fur le Poitrail.
R, Croifée à plate-bande avec une barre de
linteau.
S, Chaîne de fer avec un Ancre au droit du
plancher du premier étage, & régnant dans l'épaif-
leur du mur de face, que nous fuppofons ifo'lé.
T, Efpéce de petit Poitrail ou Poutre d'un pied
de gros, fervant à porter le plancher de l'entre-fol
aii-deiTus de la Boutique : fes portées peuvent être
encailrées dans les pied-droits comme ci-devant* Il
n'eft pas d'ufage de mettre ni tirants , ni ancres
aux extrémités de cette poutre ; & on peut auffi la
recouvrir en dehors par un enduit de plâtre pour
y pratiquer , foit une table , foit des claveaux,
ou bien la laiiiîer apparente.
V, Trumeau entre les croifées de l'entre-fol »
que l'on peut faire en pierre ou en charpente,
& qui par fa iîtuation fert à foulager le Poitrail Κ,
X, Petit Pilier de charpente de 5 & 9 pouces de
gros , pofé fur l'Appui de pierre Y de la Boutique y
lequel ferf à fa fermeture, & à la fois à fortifier la
Poutre T.
Ζ , Borne que Ton place de diftance en diftance
le long d'une Façade fur la rue, & fur-tout aux
encognures pour empêcher les roues des voitures
de l'endommager. Ces bornes s'ajoutent après
coup fur un petit maiîif de moilons d'environ un
pied & demi d'épaiileur , -& fe font d'une feule
pierre placée en délit, & qui ne fait pas liaifon
avec le mur. On voit féparément le Profil d'une de
ces Bornes , figure VI.
La Figure IV eil un Plan du Poitrail Κ, vu en
deifus avec la difpofition de les portées/,/, dans
les murs où elles fontencaftrées. On y remarquera
-ocr page 366-
33Ó                      Cours
auffi l'arrangement, tant uqs Bandes de fer m, mt dam
Fencognure de la façade où elles ont un ancre
commun, que de la Bande de fer η, qui doit joindre
le poitrail de la boutique voiiine quand il y en a >
& de celle attachée à la fabiiere de la cloifon-j
dont l'ancre affleure de 2 ou 3 pouces le dehors du
mur de face.
La Figure V eil le Profil du mur de face b ßg. III,
où nous avons mis de petites lettres correipon-
dantes aux grandes , pour qu'en l'étudiant on
puiffe reconnoître aifément les rapports des mêmes
objets. Ainfi k eil la Coupe du poitrail placé au
niveau du plancher-bas du premier étage : 0, Coupe
de la Plinthe en pierre qui encailre Je deffus du
poitrail : r, Profil de la Croifée du premier étage
avec une barre de linteau : t, Coupe de la Poutre *
& du Plancher de l'entre-fol & de fa croifée : χ Profil
du Pilier pofé fur un efpéce de femele de bois »
qui couvre le deilùs du mtir d'appui y* Il eil à re^
marquer, dans cette figure V, la liaifon des murs
de face en pierre avec les murs de refend x>u
mitoyens en moilons, par le moyen des Harpes & ?
qu'on laiife à leur rencontre*
La Figure VII, exprime en α 3 b & c, les diffé-
rentes formes que l'on donne aux refends dont on
décore les façades.
Les Figures VIII & IX font voir # l'une le Plan
d'un Appui de croifée en pierre dit à banquette *
& l'autre fon Profil. On taille à part féparément
chaque appui avec une feuillure, pour recevoir le
dormant du bas de la croifée , & des rejets ou
revers d'eau d : enfuite on fait une tranchée
dans le mur , au bas du tableau de chaque
croifée pour le loger , de maniere que les revers
empêchent l'eau de s'arrêter à fa jon&ion dans
-ocr page 367-
d'Architecture.           337
îe mur ' îa comparaifon entre le Pian & le Profil
fera ί en tir aiiément cet arrangement.
Explication de la Planche LXXVIs
Hepréfentant lé Plan ^ t Elévation & le Profil
d'une Façade de Mai jon. conflruite depuis
le pre?nier étage
, partie en Pierre , partie,
en Moilon
, & avec une Boutique portant
un Balcon en voujjure*
La Figure 1, eu. f Elévation cTun Bâtiment*
A, Boutique terminée en anie-de-panier.
Β & C, Pied-droits en pierre dure jufqu'au pre*
mier étage.
D , Arji'e-de-panier, dont les vouiïbirs occupent
toute répaiffeur du mur.
E,  Voufiure portant un Balcon , dont nous par-
lerons ci après de la Conilruclion.
F,  Croiiées dont hs Plate-bandes & les Pied·*,
droits font en pierre tendre.
G,  Plinthe exécutée en pierre tendre.
H, Encognure en pierre tendre, depuis le pre«
mier étage jufqu'au haut du bâament.
i, Murs-moilons ra vallés en plâtre , entre les
pied-droits des croiiées.
Κ, Appuis des Croiiées s dont la tablette eft en
pierre dure.
M , Corniche de Couronnement en pierre
tendre.
L, Ancres 6c Chaînes à la hauteur de cha-
que étage dans répaiffeur des murs. U eil à
i
■,"(.■'>' ■ ·
■■■■■{ ,'■·'
-ocr page 368-
33§                     Cours
obferver que, comme nous fuppofons ce bâtiment
iiblé , il faut mettre en ce cas des chaînes de fer en
retour le long des murs de face à chaque étage,
pour contenir de part & d'autre les ancres qui
feront places dans l'encognure, ou le retour des
deux murs ifolés.
La Figure II, repréfente le Profil du Mur de
face précédent.
Ν , Cave bâtie, comme ci-devant , partie en
pierre , partie en moilcns : les voûtes buttent
contre les murs de face , & leurs cintres font fur-
baifîes, à deffein de ménager un paiTage derriere
les tonneaux.
O, Profil du Mur de face , auquel on peut
donner feulement ίο pouces d'épaiiTeur au rez-de-
chauffée , en fuppoiant qu'il ne porte pas plan-
cher , ainfi qu'on le pratique afîez fouvent.
P, Profil de la Vouffure qui porte le Balcon.
Q, Profil de la Corniche, dont la cimaife doit
être en pierre dure , en cas qu'on n'avance pas
l'égoût du toît jufqu'au bord.
La Figure III, repréfente le Plan de cette Fa-
çade , pris au niveau du premier étage & du
balcon.
La Hgure IV, fait voir plus en grand un Profil
& une vue de face de ce Balcon. Chaque Vouf-
foir a fait vouffure , & embraffe toute l'épaifTeur
du mur, que nous fuppofons de 19 pouces envi-
ron. Pour la folidité il faut mettre dans l'épaiffeur
du mur, figures III & IV, un Tirant c de fer
quarré , qui fera contenu par des Ancres d, placés
au milieu de chaque trumeau. Ce tirant fert
à porter des Etrîers e , figure IV, placés entre
chaque vouïToir & deitinés à les fou tenir indépen-
damment de leur coupe, Au-deflus de ces vouf-
-ocr page 369-
d'Archîtëcturé» 339
foirs j on place enfuite en recouvrement une Ta-
blette/, figure I & IV, formant un quart de rond
par devant, fur laquelle eft fcellé le balcon de
fer.
il y a plufieurs autres procédés pour foutenir
les balcons. Le premier confiite à placer fur les
trumeaux des croifées de l'étage inférieur, des
ConfoÎes en pierre #, qui font parpin avec le mur»
& fur lefquelles on pofe des linteaux de fer, fï*
gure V, pour foutenir la Tablette h du Balcon» Le
fécond, à ajouter après coup les ConfoIes k, iîg. VI*
en pratiquant dans le mur une Tranchée Ί, de
4 pouces de profondeur i pour les y encaflrer
bien exactement, & enfuite à faire paffer à tra^
vers du mur deux Tirants /, m9 de chacun 18 lignes
xle gros, que l'on contiendra en dedans par un.
Ancre η ο. Le Tirant fupérieur / doit avoir uri
Crochet/», pour entrer dans le haut de la confole »
& une des Extrémités q, doit être difpoféea recevoir
une douille paffant à travers de la Tablette r > pour
porter les montants du chaiîis en fer du balcorh
Quant au fécond Tirant m , fon extrémité eft ter*
minée en Τ, pour contenir & arrêter le bas de là
confole. Le troiiieme procédé j> figure VII, confiftâ
à faire porter les tablettes fur des potences de fèt
avec des barres de linteau de l'une à l'autre , foit
apparentes, foit entartrées dans la pierre : quelque^
fois on rnafque ces potences avec des confoles d$
plâtre qui font creufes en dedans.
/
-ocr page 370-
340                      Cours
Explication de la Planche LXXVII,
Meprefentani le Plan & ΐElévation d'uni
Façade 3 bâtie en Pierre & en Briques,
La figure I, eil le Plan de la Façade pris au mi-
lieu des croifées du rez-de-chauiTée , où Ton a
différencié par une teinte plus forte, ce qui eil
bâti en pierre d'avec ce qui Teil en briques.
La figure II, eil l'Elévation de cette Façade.
A, Petit Soubarlernent fait en pierre dure.
Β, Encoignures & Têtes de mur continuées en
pierre dure ou tendre, au-deiîus clufoubafTement,
dans la hauteur du rez-de-chauifée : c'eil l'éléva-
tion du bâtiment & la force des pied droits qui
doivent décider où il convient de s'arrêter à cet
égard.
C, Embrafures & Pourtours de portes & de
croifées en pierre.
D, Corniche en pierre, de même que le fron-
ton qui couronne la porte.
Ε, Ε, Appui des Croifées, Corps de refend &
Corniches en pierre.
F,  Tables en pierre, qui ne font volontiers
incruilées que de 9 ou ι Ο pouces.
G, G, Parties de mur en briques.
H, Ancres & Chaînes fervant à contenir l'écar-
tement des murs.
Il eil à obferver que , quoiqu'à la réferve des
tables , nous ayons dit que les. encognures , les
appuis & les corniches embraiïbient l'épaiiTeur du
»mr, néanmoins on fe permet d'employer quel*·
-ocr page 371-
DÀRCHITECTURE.             34I
qiiefois la pierre en incruitement de 9 ou 10 pouces
d'épaiifeur par dehors, même dans ces endroits : il
n'y a que les premières affiies du rez-de chauffée
qu'on ne fçauroit fe difpenier de mettre toujours
en pierre pleine.
La figure III3 fait voir le Profil de la façade en
briques piife au milieu des croiiees.
Explication delaPlanche LXXVIII*
Kepréfentant le Plan, l'Elévation & le Profil
d'une Façade de Mai/bn, bâtie en Moilons y
& ravalée en Plâtre.
Là figure I, eil: une partie du Plan de la Façade.
A , Boutique avec fon Mur d'appui.
Β, Pied-droit de la Porte d'entrée de la maiibn,
lequel eiladoffé à une cloifon de charpente>portée
par un mur parpin. "
C, Tête du Mur mitoyen.
La figure II, eil l'Elévation de la façade du
bâtiment, laquelle eit compofée de trois étages,
d'une boutique , & d'un étage en galetas.
D,  Pied-droit fait en pierre dure.
Ε , Jambe-étriere aufîi en pierre dure à la tête
du Mur mitoyen.
F,  Mur d'appui de la Boutique en pierre dure,
dans lequel eft percé un foupirail.
G, Mur de refend du fond de la Boutique bâti
en moilons crépis, & enduits des deux côtés.
H, Porte avec un Linteau, & dont les moilons
au-deffus font placés en coupe, comme cela de-
vroit toujours être en pareil cas.
               ....·; ·:"·* u?ï
Y ut
-ocr page 372-
341                       Cours
1 » Poitrail de charpente de 15 pouces de gros,
dont les extrémités font foutenues fur le Pied^
droit D, & la Jambe^étriere Ε, & de plus par des
efpéces de Confoles , que Ton ajoute quelquefois
pour fortifier fes portées.
Κ , Poteau pour la fermeture de la Boutique,
& fervant à fortifier le poitrail.
L , Mur-raoilon érigé fur ce poitrail jufqu'au
haut de la façade, & maçonné en plâtre : on fup-
pofe ici qu'il n'eit pas encore ravalé, ou recouvert
d'un crépi & enduit.
M, Linteaux de bois au haut des croifées *
compofés d'ordinaire non d'une feule pièce de?
charpente de toute TépairTeur du mur , mais de
deux placées à côté l'une de l'autre : la raifon pour
laquelle on met deux pièces de bois, c'eit pour
que l'une forme le tableau du haut de la croiiée,
& pour que l'autre faiTe l'embrafement, en la pla-
çant un peu plus haut.
Ν, Cours de Plate- forme d'environ 4 pouces d'é-
paifieur, traverfant toute la longueur & l'épaiffeur
du mur de face cà la hauteur de chaque étage 9
îefquelles plate-formes font aiTemblées dans leur
about à mi-bois & à queue d'aronde. Leur fon-
tion eil de porter les bouts des Enchevêtrures Ο 3
où font aiTemblées les folives des planchers , &
d'opérer l'égalité de taiTement le long du mur ;
mais en fuppofant que le mur ne portât pas
plancher, on le continueroit fans interruption»
& on n'auroit pas befoin de cours de plate-
formes.
P, Sommet du Mur, dont les deux derniers;
rangs, de moilons avancent un peu en encorbelle-
ment pour recevoir la faillie de la corniche, que
Γρ,η. fait enfuite en plâtre, en la traînant avec un
-ocr page 373-
d'Architecture.            343
calibre ; laquelle faillie on contient en outre par
des efpéces de fantons, crochets ou chevilles de
fer 5 fcellés dans le mur : les Coniforudeurs font
ces fortes de corniches en plâtre & moilons
dans toute leur longueur ; cependant il y en
a quelques-uns qui mettent une affife de pierre
tendre à leurs encognures , & aux extrémités
des avant- corps , ce qui vaut beaucoup
mieux.
Q, Appui de Croifées en pierre dure, & que
Ton orne de moulures en dehors pour former des
banquettes.
R, Ancres & Tirants placés à chaque étage au
milieu & à la tête des murs mitoyen & de reiend ,
ou au droit des fablieres des cloifons, pour empê-
cher Técartement des murs de face.
S, Arrachements que Ton laifie pour lier le
mur voiûn ? & faire un tout avec lui.
T, Souche de Cheminée appliquée contre le
mur mitoyen , & que Ton élevé au-deflus des
combles voilins , pour empêcher les cheminées de
fumer.
V, Sommet du Mur mitoyen que Ton doit
élever jufqu'à 3 pieds au-demis du faîtage des
combles , pour ôter la communication du feu en
cas d'incendie d'une des deux maifons.
W, Toît à deux égoûts percé de lucarnes.
Quant une façade eil ainu bâtie en moilons »
on la ravale entièrement en plâtre ordinaire-
ment; on fait auiïi en plâtre toutes les corniches,.
les plinthes , les chambranles des croifées s ii on
en veut, & en un mot tous fes ornements ; de
forte qu'on n'apperçoit plus ni moilons ·> ni tirants *
ni ancres, ni plate-formes , ni linteaux. Après
quoi on étend en dehors fur le tout une eau
Yiv
-ocr page 374-
344 \                Cours
colorée de badigeon, ou de pierre de Saint Leu
pilée, pour ôter la grande blancheur du plâtre,
& lui donner le ton de la pierre.
Il feroit aifé de conitruire une pareille façade en
pierre de Meulière, au lieu de moilon ordinaire,
mais il faudroit. maçonner l'intérieur du mur en
mortier de chaux & fable, & ravaler à la bonne
heure le dehors en plâtre , comme ci - devant.
Quoique les murs d'une maifon foient bâtis en
moilons , il eil libre de faire les plinthes & les
corniches en pierre au lieu de plâtre : autre-
fois on ne fouiFroit pas que Ton mît de la pierre fur
du moiion,mais maintenant on permet de les aliier
en ces fortes d'occaiions; & l'on va même jui'qu'à
faire régner des plnnhes en pierre au-defliis des
poitrails , comme on l'a vu précédemment.
On pourroit encore bâtir la façade d'une maifon
toute en brique, en mettant des chaînes de pierres
aux encognures ; & , en fuppofant qu'on n'ait
pas de plâtre pour la ravalîer , comme les en-
duits de mortier ordinaire font peu durables, on
y fuppîée en lahTant les briques apparentes,
en bandant le haut des croifées en briques par
devant, enfin en faiiant les plinthes de chaque
étage en pierre, ainli que la corniche de couron-
nement. Quand le tout eiï terminé , on a coutume
de paifer une couleur d'ocre rouge fur toutes les
briques endehors, & de tirer leurs joints avec
lin lait de chaux.
La figure III, eil la Coupe de la Façade.
X, Profil du Mur de face élevé à-plomb en
dedans , & avec les retraites ordinaires en dehors
à chaque étage, fur (es fondements & au rez-de-
chauiTée. On ne donne volontiers que 17 ou 18
pouces d'épaifleur au mur du rez-de-chauffée de ces
-ocr page 375-
d'Architecture.           345
fortes de conilruäions , & 15 ou 16 pouces aux
murs mitoyens & de retend ; le tout compris le
ravalement.
Y, Mars des Caves entièrement con&ruits en
moilons excepte fous la jambe-étriere, & maçonnes
en plâtre ; mais qui vaudroient mieux s'ils étoient
maçonnés avec mortier de chaux &■ iable , par
rapport à l'humidité de ces endroits.
2, Profil de la Jambe étriere faifant harpe dans
le mur mitoyen : on fe pique volontiers d'avancer
beaucoup ces harpes dans les murs mitoyens s &
de leur donner plus d'un pied, mais cela n'eft pas
foiide; ces longues harpes l'ont le plus fouvent
rompues par l'effet du taffement du mur ; & il vaut
toujours mieux les réduire environ à 6 pouces; la
liaifon en eil meilleure.
&, Mur mitoyen en moilon. Il feroit à fouhaiter
que l'on mît au bas de tous les murs à rez-de-chauf-
fée, même dans l'intérieur d'un bâtiment , un cours
d'aififes de pierre dure, leur conilru&ion en vau-
droit mieux : au ûirplus ,il ne faut pas négliger d'en
mettre au moins un cours d'afïife au pied de tous
les murs de face quelconque.
tf, Profil du Poitrail d'environ 14 ou 15 pouces
de gros : il y en a qui veulent que ces poitrails
foient tout d'une feule pièce d'écarriffage ; d'au-
tres qui veulent qu'on le fcie en deux, & quon
en place les deux morceaux à côté l'un de
l'autre , bien boulonnés enfemble , prétendant
que ces deux morceaux féparés ont ainli plus der
force, que quand ils étoient réunis en un foui:
tout l'avantage que l'on pàroît tirer de ce procédé,
eft'de donner de l'air au cœur du bois, mais c'eil,
félon nous, au dépend de fa folidité.
b, b, Planchers à la hauteur defquels font placés
-ocr page 376-
                      Cours7
des chaînes & des ancres, pour contenir les mur®
de face , les plate-formes, & les extrémités du
poitrail.
c, Profil du linteau des Croifées.
d) Profil des Plate-formes.
ƒ, Profil de la Corniche T fur le hord de laquelle
eil avancé régoût du toît. En fuppofant qu'on
voulût laiifer le deffus de cette corniche à décou-
vert, il faudrait faire fa cimaife en pierre dure,
ou du moins couvrir en plomb} tuile ou ardoife fa
partie fupérieure, pour l'empêcher d'être bientôt
dégradée par les eaux pluviales.
g,h9i, Cheminées avec leurs Manteaux en
plâtre, qui s'élèvent perpendiculairement jufqu'à
la hauteur de chaque plancher, & dont les tuyaux
de dévoyement fe rangent à côté les uns des au-
tres , le long du mur mitoyen ou de refend. Le
tuyau de la cheminée g, eil dévoyé à gauche ;
celui de la cheminée h, eil dévoyé à droite , &
celui de la cheminée i, s'élève d'à-plomb entre les
deux précédents , pour former une fouche com-
mune jufqu'à 3 pieds au-deiTus de la pointe du
toît o. Il eil à obferver que les languettes des
tuyaux de cheminées ne s'opèrent volontiers que
quand un mur eil fini, & que quand elles font en
plâtre, on y fait après coup des tranchées pour les
loger. Nous n'en dirons pas maintenant davantage,
vu que nous donnerons par la fuite les détails
particuliers de leur conilru&ion.
k, Souche compofée de trois tuyaux de che-
minées avec des mitres.
/, Mur en aile, dont on revêtit la face du ram-
pant en ardoife.
m, Profil dîme Lucarne.
n, Profil d'un Mur de refend , de 16 pouces
-ocr page 377-
d'Architecture.           347
d'épauTeur tout compris, bâtis en moilons, enduits
des deux côtés avec clés linteaux de bois, au droit
des bayes des portes.
Cette maniere de bâtir les murs de face d'une mai-
fon eil la plus expéditive, & beaucoup moins cou-
teufe que les deux précédentes; mais elle n'eftpas à
beaucoup près , ni auiîl iolide, ni auffi durable.
L'on pourroit faire les murs d'une maifon
à la Campagne , fans pierre de taille , excepté
une aiîîfe au rez-de-chauffée , à caufe des eaux
pluviales & de l'humidité, Car ce n'eil que parce
que nous avons fuppoié une maifon d'une grande
élévation, avec un mur mitoyen & une boutique
avec un poitrail, qui nécefîitent une jambe-étriere
& un pied-droit pour fon foutien, que nous en
avons admis : la différence entre le prix de la
maçonnerie d'une pareille façade & celui d'une
façade en pierre, eil au moins des f.
Explication de la Planche LXXIX.
Les Figures 1,11* III & IV, repréfentent le
Plan , l'Elévation , & les Profils d'un Mur de
terraffe.
                            r.
A, Contre-forts en pierre de taille, figures I
8t H.
Β, Mur en moilons piqués.
C, Socle en pierre.                           *
Ρ, Barbacane pour l'écoulement des eaux.
La figure 111, eil un Profil des figures 1 & II,
pris au milieu d'un Contre-fort A.
Ε, Ε, Ε, Retraites de 3 pieds en 3 pieds de
hauteur, du côté des terres.
F, Mur d'appui ou parapet.
-ocr page 378-
348                       Cours
G, Fondement du Mur en gros moiîons ou
libages.
La figure IV, exprime le Profil particulier d'un
Mur de terraffe , d'épaiffeur uniforme & fans
Contre-fort.
                             '
I, Talut.
L, Coupe des terres naturelles.
K, Terres je&iffes ou rapportées derriere le Mur,
& que l'on difpofe par lits, en les inclinant du côté
des terres.
M, Fondement ayant beaucoup d'empatte-
ments fur le devant du Mur, à Foppofite de la
poufféé des terres.
La figure V, repréfente le Profil d'un Mur de
terraffe avec des Contre-forts, ou des Eperons H
placés en dehors.
La figure VI, repréfente le Palier du premier
étage d'un grand Eicaiier à deux rampes, lequel
palier eil tout droit par deffous comme un plan-
cher, & confirait entièrement avec des claveaux
en pierre.
N, Claveaux dont les joints tendent vers les
angles du Palier, & font difpofés circulairement.
O, Tirants de fer plat avec des Mouilles, pla-
cés diagonaîement à l'effet de contenir les murs
contre lapouffée.
Ρ, Plate-bande fur le devant du Palier, ayant
environ un pied d'épaiffeur , & fervant de mar-
che-palier. Sur, cette plate-bande eil un tirant de
fer quarré , traverfé par des étriers , dont les têtes
font contenues par un écrou à l'effet de foutenir de
deux l'un fes claveaux. "-
La figure VII, eil le Profil de la Plate-bande,
ainii que du Tirant, & de fes Etriers à écroux>
placés de deux l'un entre fes joints*
I                                                                     "
-ocr page 379-
d'Architecture. 34p
La fïgure VIII, fait voir comment l'on unît des
Marches en pierre avec un Limon de bois peint
en couleur de pierre à l'huile.
Q, Pièce de bois portée dans le limon & dans
le mur de PEfcalier.
R, Revêtiffement par deiîus & par devant,
compofé de deux Dalles de pierre d'environ 2
pouces d'épaiffeur. Quelquefois on ne met que
la dalle fupérieure , & l'on avance la Pièce de
bois Q, par devant jufqu'à la moulure, & alors
on peint en couleur de pierre à l'huile le devant
de cette pièce comme le limon.
La figure IX , eil le Plan d'un Efcalier à la
maniere des Anglois, fans limon , & dont chaque
marche eil foutenue par un de fes bouts dans le
mur, & pofée en coupe l'une au-deffus de l'autre.
La figure X, fait voir le bout de ces Marches
du côté du vuide de l'Ëfcalier.
La figure XI, repréfente à part le Profil d'une
Marche pris par le milieu.
La figure XII, eil la Coupe d'un Palier, qui
eil compofé de Dalles de pierres de 6 ou 7 pouces
d'épaiffeur, lefquelles font erabreuvées les unes
dans les autres , & portées, dans le mur par un de
leurs bouts.
La figure XIII, eil le Profil d'un Perron de cour
ou de jardin ; fes Marches R, font pofées fur un
Maflif-moilon S, fondé environ d'un pied - au™
deffbus du fol de la cour ou du jardin.
-ocr page 380-
350                      Cours
CHAPITRE X.
Des Constructions Particulières*
<L/utbe les Ouvrages que nous avons détaillé
jufqu'ici , il en eil encore d'autres qui s'opèrent
également en pierre , & qui font partie de la
conitrucuon d'un bâtiment ou de (es dépendances,
tels font les FoiTes d'aifance, les Puits, les Puifards
ou Egoûts, les Citernes, les Bafîins , les Serres
chaudes , &c, c'eil pourquoi nous allons expofer
particulièrement les procédés dont on fe fert dans
leur exécution.
't                                                                                                                 K-
Article Premier.
De la Conßruäion des Foffes d'aifance.
Figures I et II, Planche LXXX.
... .. ,                                           £
Il y a bien des précautions à prendre par rap-
port à la iituation des foffes d'aifance. On doit
éviter, autant qu'il eil poilible, de les creufef
jufqu'à l'eau, ainii que de les placer au niveau
des caves. Il convient encore de faire enforte de
les éloigner des puits, afin que les eaux qui au-
roient monté dans les foiTes, en venant à s'écouler
de leur côté, ayent le tems de fe purifier, avant
â'y parvenir. Quand on ne fauroit éloigner fuf-
fuamment une foife d'aifance, il eil effenriel en
la bâtiffant de faire du moins (es murs pourtours ? de
-ocr page 381-
d'Architecture. 351
conftruclion convenable, pour empêcher les eaux
ànfe&ées de pénétrer ou de iburciller vers le puits.
Les Ordonnances enjoignent au propriétaire d'une
fofle qui eft près d'un puits appartenant au voiiin ,
ou qui eft près d'un mur mitoyen, de mettre un
bon contre-mur au moins d'un pied d'épaiiTeur,
à prendre au-deflus de l'empâtement du rez-de-
chauffée, pour empêcher les urines de les endom-
mager, & de communiquer, foit dans le puits,
foit dans les caves voifines. Mais s'il arrîvoit que
ce contre-mur, quoique de l'épaiiTeur portée par
les Ordonnances, n'eut pas cependant empêché
les urines de filtrer, il faudroit en faire un autre
d'épaiiTeur & conftrucuon capables d'y mettre obf-
tacle.            χ
Il étoit autrefois d'ufage d'appliquer le contre-
mur au droit du mur mitoyen, & de ne point
incorporer l'un avec l'autre ; & cela dans la crainte
d'endommager le mur, lorsqu'on étoit obligé de
refaire le contre-mur, quand il avoit été corrompu
par la pénétration des matières fécales , mais
comme on a reconnu que ces murs ainii détachés,
nétoient pas capables , à caufe de leur peu d'é-
paiiTeur , de foutenir le poid des voûtes des fofîes,
& qu'ils s'aifaifToient fouvent, ce qui obligeoit à
de fréquentes réparations, on prend le parti au-
jourd'hui de lier TépaiiTeur du contre - mur avec
celle du mur mitoyen, de forte que l'un & l'autre
•ne font qu'un audroit des foiTes ; conftru&ion qui
en effet eft beaucoup plus folide, & qui mérite
d'être toujours imitée en pareil cas.
Ondefcendles fondements des fofles d'aifance »
fig. II, un pied plus bas que le fond des dites foiTes;
leurs murs s'opèrent çTordinaire en moilons piqués
aux parements, & fe maçonnent avec mortier de
-ocr page 382-
3 5a                      Cours
chaux & fabîe; il eil d'ufage de leur donne? i$
ponces ou 2 pieds d'épaiijfenr, & de les voûter en ber-
ceaux auifi en moilons poiës de champ : la grande
difficulté de leur exécution coniiile à les rendre
capables de bien contenir les urines, & Ton em-
ploie à cet effet différents procédés.
Le premier confitte à étendre un aire de mor-
tier de chaux & ciment iur le terrain deitiné à
recevoir les fondements des murs d'une folle d'ai-
fance, & à arTeoir fur cet aire le premier rang de
moilons ou de pierre à bain de mortier, à l'eiFec
d'empêcher les urines de filtrer par le defTous des
dits fondements. On pave enfuite en pavé de grais
le fond des foffes auiii fur un aire de ciment, ou
ce qui vaut mieux, on met fous ce pavé un maffif
de moilons pofés de champ d'environ un pied d'é-
paiffeur, enobiervant, comme ci-devant, démettre
une couche de ciment fur le terrain dans toute
l'étendue de la foife ,· avant d'y placer le premier
rang de moilons. Il y a des conftrueteurs qui, au
lieu de maffif, mettent fous le pavé un corroi de
glaife, mais ce procédé n'eil pas auiîi folide. Un
corroi de glaife ne fauroit faire, ainii que l'ex-
périence le démontre tous les jours, une îiaifon
îblide avec la maçonnerie du mur & du contre-
mur , en forte que les urines & les eaux infeclées
fe font volontiers un paiîage entre la glaife & les
murs, fur tout lorfque le ciment du pavé vient
à fe dégrader ; c'eft pourquoi il faut toujours
donner la préférance au maffif de moilon maçonné
avec ciment, vu qu'il s'incorpore avec les murs,
pourtours, les contre-murs, & le ciment du pavé,
comme étant d'une égale qualité, d'où il ne peut
manquer de résulter une meilleure conüruction.;
Le fécond procédé dont le Commentateur de
M. Dégodets
-ocr page 383-
d'Architecture. . 3 ^
M.Dégodetsa donné les détails (a), paffe pour être
meilleur que le précédent dans les lieux oit le
plâtre eil commun. On commence par faire un
maffifde moilons d'un pied' d'épaiffeur, pofés fur
leurs lits & maçonnés avec plâtre pur paiTé au
panier, pour en ôter les gravois ; on étend une
forme de fable de 4 ou <j pouces d'épais fur ce
mairif, & au deiïus on pave avec pavé de grais
pofé à bain de mortier de chaux & ciment, en
obfervant de mettre toujours le revers du pavé du
côté du puits j s'il y en a un dans le yoiiinage ,
de crainte de quelques filtrations. On maçonne
auffi les murs & contre - murs, pourtours avec
plâtre pur comme ci-devant j & fur chaque rang
& lits de moilons, on coule du plâtre aiTez clair,
pour s'iniinuer dans les petits vuides qui auroient
pu refter après la premiere conilruclion des murs.
Les murs de la foÎTe ayant été ainii conftruits,
on fait une chemife de plâtre de 2 à 3 pouces
d'épaiffeur dans l'intérieur de la föfTe jufqu'à la
hauteur de 5 à 6 pieds, pour donner le loiiir au
plâtre du corps des murs de fécher & de durcir,
pendant le tems que les matières de la foffe
employeront à pénétrer & à corroder cette che-
mife de plâtre.
Le troiiieme procédé que beaucoup d'Archi-
tecles regardent encore comme fupérieur aux deux
précédents, coniiite à faire fous toute, l'étendue
d'une fdffe, y compris l'épauTeur de fes murs, un
maffif en moilon de deux pieds d'épaifTeurs , ma-
çonné de la maniere fuivante. On commence par
étendre un bon aire de plâtre, & pendant qu'il
eil: bien liquide, on y enfonce le premier rang
(a) Loix des Bâtiments, page 118.
Tome, V.                                         Ζ
-ocr page 384-
354                    Cours
de moilons. Ce premier rang étant pofé, on l'en*
duit par defïus, & fur cet enduit on met encore
un aire de plâtre, dans lequel on enfonce le fé-
cond rang de moilons que l'on enduit aufiî par
deffus, & enfin on continue ainii la conftrucüon
de ce maiîif dans toute fa hauteur. Après l'avoir
terminé, il faut pofer un rang de moilons à fec
fur le dernier enduit du maffif, formant parement
au pourtour intérieur de la foiTe, dont on fera
les joints montants en plâtre avec foin : derriere
ce rang de moilons, on remplira l'intervalle juf-
qu'aux terres, c'eil-à-dire le refte de l'épailTeur
du mur , de plâtre liquide oii l'on enfoncera d'au-
tres moilons avec des garnis qui feront arrafés
avec le premier rang, lequel plâtre remplira par
ce moyen tous les vuides : Enfin on continuera
élever fucceiîivement le mur en queflion, en en-
fonçant ainii chaque rang de moilons dans un lit
de plâtre liquide, avec de bons garnis dans leur
intervalle comme ci - devant : Une pareille foffe
faite avec toute l'attention que nous venons de
décrire, pafîe pour être impénétrable aux urines.
Nous nous fommes étendu exprès fur les diffé-
rents procédés connus pour opérer les foifes d'ai-
fance, à caufe des difficultés que l'on rencontre
communément pour réuflir dans ces fortes d'ou-
vrages. Mais, malgré ce que nous venons d'ex-
pofer fur l'emploi du plâtre, dont nos conilruc-
teurs parohTent faire le plus grand cas dans cette
circonftance , nous croyons qu'on parviendroit
encore plus fûrement à folider les fofîes d'aifance»
& à les rendre propres à contenir les matières
comme dans un pot, fi on les maçonnoit entiè-
rement avec mortier de chaux vive & ciment, &
ii l'on enduifoit enfuite tout leur pourtour inté-
-ocr page 385-
ï>* À ft e η 11 e c ΐ υ R e. 3^5
tietif "avec de la cendrée de Tournay ou du mor-
tier-loriot, dont nous avons expliqué les pro*
priétés, articles V & VI du Chapitre premier.
Il eil à remarquer que, quand il fe trouve des
foffes d'aifance des deux côtés d'un mur mitoyen,
la Coutume, article 191, enjoint aux deux Proprié-
taires de faire à chaque foffe un contre-mur au
moins d'un pied d'épaiffeur, y compris les retraites
des empâtements de la fondation; c'eft-à-dire, que û
le mur mitoyen avoit 18 pouces d'épaiffeur fans les
retraites, il feroit à propos de lui donner 3 pieds \
d'épaiffeur au droit des foffes, y compris les deux
contre-murs. Mais en vain, comme nous l'a-
vons dit précédemment par rapport au voiiinage
des puits, auroit-on obfervé la loi, fi, malgré
cela, les matières venoient à pénétrer d'une foffe
dans l'autre, les Propriétaires des foffes feroient
obligés de faire refpecîivement des murs & contre-
murs , de conitruétion & épaiffeur fuiEfantes, pour
empêcher leur communication.
On doit ménager deux ouvertures dans le haut
de la voûte d'une foffe d'aifance ou à travers de
fes reins : la premiere vers l'une de fes extrémités
en correfpondance avec le tuyau de chauffe d'ai-
fance, deiliné à y conduire les matières: la fé-
conde vers le milieu de la voûte, à laquelle ou-
verture on donne environ 2 pieds \ de long fur
I pied 8 pouces de large. On environne la der-*-
nie re d'ordinaire d'un chaiîis en pierre , avec une
feuillure pour recevoir un couvercle de pierre
de raille , qui fe leve à volonté , quand il s*agit de
faire les vuidanges de la foffe ; cependant paf
économie, on fe contente quelquefois de pratiquer
une feuillure fur le haut de la voûte au pourtour
de la dite ouverture, fans faire de chaflis.
Zij
-ocr page 386-
356                      Cours
Les chauffes ou tuyaux d'aifance Β figure II,
prennent depuis le haut des foffes jufqu'aux
lièges ; elles fe font avec des tuyaux, foit de plomb,
ibit de fonte, foit de boiffeaux de terre cuite.
Les derniers font les plus en ufage ; ils doivent
être bien verniffés en dedans , fans fentes ni caf-
■ fures, bien joints les uns fur les autres & mafti-
qués dans les joints avec du plâtre ou dumaftic.
Les uns veulent qu'on les entoure ou recouvre
Amplement d'une chemife de plâtre pur à l'exté-
rieur , de deux pouces environ d'épaiffeur dans
toute leur hauteur ; d'autres veulent, & nous pen-
fons que cela vaut beaucoup mieux, qu'on les
maçonne d'abord de chaux & fable, par la raifon
que le mortier lieft pas ii facile à pénétrer que
lé plâtre, & que Ton mette enfuite un enduit
de plâtre par deffus ce mortier dans ce qui fera vu.
Comme les chauffes fe placent communément
dans les angles des efcaliers, on fait en forte de
les rnafquer , en formant des efpeces de tours
creufes qui en dérobent la vue. il eft d'ufage d'é-
lever toujours les boiffeaux de terre cuite d'a-
plomb fans les dévoyer, fi faire fe peut ; & l'on
icelle, de diitance en diftance, dans les murs aux-
quels ils font adoffés, des gâches ou embraffures
de fer plat, qui aident à les maintenir, & à les
porter en même tems. ,
On fait quelquefois les chauffes d'aifance en
pierre de taille dansles Edifices d'importance, avec
des feuillures jointoyées en ciment, & l'on fait
paffer des tuyaux de plomb dans l'intérieur du
canal de pierre.
A l'effet d'empêcher l'infeciion des Cabinets
d'aifance de fe répandre dans l'intérieur d'un bâ-
timent , on a coutume de placer une ventoufe
-ocr page 387-
d'Architecture. 357
compofée de petits tuyaux de terre cuite d'en-
viron 3 pouces de diamètre, vers la partie iiipé-
rieure du tuyau de la chauffe d'aifance, laquelle
ventoufe doit s'élever jufqu'au-deffus de la couver-
ture de la maifon ,pour exhaler fans ceffe l'odeur de
la foffe dans l'air. Le mieux feroit fans contredit,
de faire partir ces ventoufes dire&ement de la
Voûte de la foffe, jufqu'au toit, ce qui fe pour-
roit aifément en lui faifant côtoyer la cjiauiîe, &
alors on parviendrok encore plus sûrement à
écarter toute infection de l'intérieur d'une maifon.
Lorfque les chauffes d'aifance doivent être
adoffées à des murs mitoyens, il eil à propos de
les ifoler, & de laiffer un eipace de 3 pouces de
viiide dans toute fa hauteur & largeur entre le
dehors de la chemife de la chauffe & le mur mi-
toyen, afin que le mur ne rifque point d'être endorn^
mage. Il faut encore que le mur mitoyen foit enduit,
Si même, en bonne regle , l'ifolement devroit être
tout ouvert & apparent par le devant ; mais cette
ouverture n'a prefque jamais lieu, parce que les
Propriétaires fe tolèrent réciproquement cette clô-
ture d'ifolement. Tout ce que Ton obferve, c'eit
de faire alors le mur mitoyen d'une conitru&ion
telle que les mauvaifes odeurs ne puiffent le pé-
nétrer.
Au lieu des latrines ordinaires, on fait main-
tenant dans le voifinage des appartements des lieux
à foupape. ou à l'angloife ; on creufe, pour cet
effet, de petites foffes jufqu à l'eau en moilons
pofés à fec, dans lesquelles on pratique diverfes
ouvertures, afin que les matières fe mêlant avec
l'eau qui y entre, puiffent aifément s'échapper >
& fe perdre dans les terres environnantes. Les
tuyaux ou chauffes montent jufques fous la eu*
-ocr page 388-
i
358                       Cours
vette (a) du iiége d'aifance, & s'exécutent en mot-
ions piqués avec mortier de ciment ; il eil d'ufage
de faire ces tuyaux d'une certaine largeur, pour
empêcher les matières de s'y attacher : enfin on
y »pratique aufli des ventouies qui montent juf-
qu'au-deiîus du toit, pour ôter toute odeur.
(a) Cette cuvette doit être de marbre poli ; fa proportion
ordinaire eft 3 pieds de long, 16 pouces de large, & 15 pouces
de haut : on la creufe en pente dans fa longue.ir, & on arrondit
fes angles intérieurement : au fond de la pente eft un trou
d'environ 3 pouces de diamètre, & aux côtés font pratiqués
deux paffages pour la place des jets-d'eau. Yoytz,page 157 du
IVe Volume, une Defcription particuliere de la compofition du
iîége des lieux à foupape.
On fé fert , par économie , dans les maifons Bourgeoifes, de
cuvettes de fayance , dont la décharge tend vers une fofle
commune ; ce qui demande beaucoup de précautions pour ne point
fentir d'odeurs , lorfqu'on leve le tampon. AuiR , pour l'éviter.,
doit-on ne lever le tampon , que, quand la cuvette eft fuffifam-
inçnt remplie d'eau, & }a refermer au moment que le tout eft papu
%f*k,J*të
-ocr page 389-
De la ConflruBion des Puits,
Figures III,IVet V, Planche LXXX;
Personne n'ignore que les eaux des puits pro-
viennent ou de fources , ou de rivière, ou de
l'eau qui féjourne d'un niveau égal à une certaine
profondeur iur la fuperfkie de la terre : ainfi leur
fouille eil plus ou moins profonde, félon la pro-
fondeur des eaux & l'élévation du lieu où l'on
bâtit. Les fouilles doivent fe faire auiîî bas qu'il
eil néceffaire, pour avoir au moins 3 pieds d'eau
vive lors des plus baffes eaux de la Rivière, les
Entrepreneurs ne fauroient être tenus à davan-
tage. On les fait ronds ou ovales ; mais quel
que foit leur forme, il eil bien effentiel de prendre
garde pendant leur conÎlruéHon aux éboulis des
terres & des fables qui poiirroient occaiionner
des fractions aux bâtiments voiiins.
On pofe les murs des puits fur un rouet de
Charpente C, figure IV, en bois de chêne d'en-
viron 3 pieds de diamètre dans oeuvre fur 4 δε
12 pouces de gros , que l'on enfonce dbs qu'on
rencontre l'eau, le plus que l'on peut, à l'aide d'une
damoifelle. On prend d'ordinaire le tems de l'Eté»
c'eil-à-dire le tems où les eaux font les plus baffes,,
pour fonder un puits ; car quand elles font hautes %
on eil d'obligation de pomper Teau pour par-
venir à defcendre le rouet fuffifamment, & à y
établir les murs folidement, ce qui augmente
dépenfe^
Ziv
l,
-ocr page 390-
$6q                      Cours
Les murs doivent avoir une force proportionnée
au diamètre du puits & à fa profondeur. Coiiî-
munément on leur donne 15 à 18 pouces d'épaif-
feur, & on élevé les cinq ou iix premières affiles E
au-defïus du rouet en pierres de taille dures, po-
fées en coupe & maçonnées avec mortier de chaux
& ciment , en obiervant de les retenir les unes
avec les autres avec des crampons de fer fcellés
en mortier. Le relie du puits dans toute fa hau-
teur jufqu'à 5 ou 6 pouces au-deiïbus du rez-de*·
chauifée fe continue avec moilons piqués par affile
du côté de leur intérieur, & maçonnés avec de bon
mortier de chaux & fable. Enfin on termine le
puits, en faifant au rez-de-chauffée un mur cir-
culaire élevé de 2 pieds ~ hors de terre, com»
pofé de trois affifes de pierre dure, dont les deux
inférieures ont ri pouces d'épaiffeur & font re-
tenues l'une à l'autre avec des crampons de fer
fcellés en mortier, & dont la fupérieure D ,
figure IV, que l'on nomme marddk, a 12 pouces,
& forme une faillie d'un pouce en dehors des
deux précédentes : cette mardelle fe fait d'une
feule pierre quand cela fe peut, ou feulement de
deux pierres cramponées & fcellées en plomb.
Souvent l'on rencontre de très - grandes diffi-
cultés dans l'exécution des puits de la part des
différents terreins, & notament lorfqu'ils font glai-
feux. Pour y réuflir , il faut alors percer le
puits jufcju'à la glaife ferme F, figure V, qui a
quelquefois 20 ou 30 pieds de profondeur : puis y
pofer pour rouet une pierre bien horifontale percée
à jour d'un trou de huit à neuf pouces de diamètre,
& aifeoir fur cette pierre la conftruclion du mur
du puits Ρ, en obiervant de faire un couroi de
glaife Κ de 2 pieds d'épaiiTeur entre le mur Ρ
■.
-ocr page 391-
d'Architecture.          361
& la terre I. Après cela, on enfonce par le trou G
une groife tarriere L, dont le poinçon ou l'effieu
s'élève jufqu'au deiTus de la mardelle M, où fe
trouvent placés les bras de la manivelle NN, qui,
étant tournés à bras d'hommes, percent la glaife
qu'on enlevé au manequin jufqu'à-ce qu'il fe
trouve de l'eau O, qui monte en abondance, dès
qu'elle a pris l'air par le trou de la glaife P. Lorf-
qu'il s'agit de nétoyer par la fuite le puits, on
rebouche le trou de la pierre-G avec un tam-
pon , on épuife l'eau pour enlever les ordures, &
on la laiife revenir après en ôtant le tampon.
S'il arrivoit que la profondeur du lit de la glaife
fut plus confidérable que nous n'avons dit, on
allongeront en ce cas l'axe ou l'eifieu de la tarriere
avec des barres de fer bien clavettées & bou-
lonnées; lequel eifieu feroit entretenu par des
chaflis de Charpente de 10 à 12 pieds d'intervalle,
félon que la profondeur du puits l'exigeroit,
Il y a des puits ouverts continuellement, & où
l'on tire de l'eau avec des fceaux, mais il y en
a d'autres auiïi qui font fermés, où l'on met
une pompe , & que l'on ouvre feulement
quand il eft néceifaire de travailler, foit à la
pompe, foit au puits : dans ce dernier cas il n'eft
pas néceifaire de faire les puits d'un auffi grand
diamètre, & on peut les réduire environ à moitié.
Il eft ordonné par les Loix des Bâtiments, quand
un puits eft adoifé à un mur mitoyen , de faire
un contre-mur d'un pied d'épàuTeur pour fa confer-
vation & empêcher les eaux de dégrader les joints
de fa fondation, & que s'il fe trouve un puits de
chaque côté dudit mur, il faut au moins 3 pieds d'é-
paiffeur de maçonnerie entre leur intérieur, & qu'en-
fin s'il fe rencontre une fofie d'aifance de Vautre côté
-ocr page 392-
362                       Cours
du mur, il faut 4 pieds de maçonnerie entre eux
ou du moins telle épaiiTeur de mur fufïïfante, pour
empêcher les matières & urines de pénétrer dans
ledit puits, ainfî que nous l'avons déjà dit dans
l'article précédent.
Article III.
Oè la ConflruËion des Citernes.
Figures VI, VII et VIII, Planche LXXX.
La ïiécefCité ayant obligé de bâtir, foit des
villes coniidérables dans le voiiinage de la mer ?
foit des fonerefTes dans des lieux élevés, & où
il n'eit fouvent pas poiïible de fe procurer de
l'eau naturelle comme celle des fontaines ou, des
puits, on a cherché les moyens de ramafler l'eau
de la pluie dans des refervóirs que Ton nomme
Citernes, où, après avoir été purifiée en paiTant à
travers du fable de rivière s elle pût fe conferver
long-tems exempte de toute corruption. La per-
fection de leur conilrucHon coniiile à les rendre
capables de bien contenir l'eau ; ce qui dépend
du choix des matériaux nécefTaîres pour leur exé-
cution , & à la fois de la maniere de les employer.
On bâtit les citernes Q, figure VII, avec de
grandes pierres dures que l'on fait joindre parfai-
tement en frottant leurs s lits l'un contre l'autre
avec de l'eau & du grais pilé. A l'égard des joints
montans, ort doit les remplir bien exactement
avec de bon mortier de chaux & ciment mêlé
de limaille de fer ou de mache-fer battu, le tout
délayé dans de 1 urine. Les voûtes des citernes.
-ocr page 393-
d'Architecture.           3° J
fe font communément en berceau plein cintre ou
iurbaiffé ; & leur conftruaion s'opère comme
celle des murs, en obfervant de les maçonner
tellement que les eaux de pluie, qui paffent à
travers de la terre, n'y puiffent en aucune maniere
pénétrer, & mêler des eaux impures avec celles
qui doivent être purifiées. On peut auffi, au dé-
faut de grandes pierres, fe fervir de moilons durs,
de pierre de meulière, & de cailloux, dont on fera
un maffif fur toute la fuperficie de la citerne avec
mortier de chaux & ciment ; &, après avoir élevé
les murs avec les mêmes matériaux, recouvrir le
tout d'un enduit en état de réfifter à l'eau, tel que
d'afphalte, de cendrée de Tournay, de terraffe de
Hollande, ou de chaux détrempée avec de l'huile
de noix & mêlée de ciment battu très-fin : nous
penfons qu'on pourroit encore fe fervir très-avan-
tageufement du mortier-loriot pour faire cet en-
duit.
                                                          , Λ
Mais comme une des principales attentions a
avoir dans la conftruaion d'une citerne, eil de
bien purifier l'eau qu'on doit y lahTer entrer , on
bâtit pour cela à côté un petit citerneau R de
même conftruäion , dont le fond éft de 4 ou 5
pieds plus élevé, & qui eft comme fcn réfervoir.
Ce citerneau doit être rempli de gravier ou de
fable de rivière bien net δε bien lavé ; c'eft la ou
on laiiTe d'abord entrer l'eau de pluie qu'on veut
raifembler, laquelle palTe enfuite dans la citerne
par une ouverture de communication V qiu«eft
au bas du citerneau ; & afin que l'eau n'entraîne
pas le fable dans le grand réfervoir Q, on bouche
cette ouverture avec une plaque de plomb, de
cuivre ou de fer, percée de quantité de petits troux
par où l'eau feule peut couler. On obferve de
-ocr page 394-
364                     Cours
nétoyer & de changer de tems en tems le fable
du citerneau, ou du moins celui qui fe trouve
cleiïiis, comme étant le plus fufceptible de receler
les ordures & le limon.
Il eil à obferver qu'il faut pratiquer, dans le
haut de la voûte de la citerne en la conftruifant,
une ouverture X en forme de puits pour en re-
nouveller l'air, pour y puifer de l'eau, ou pour
y defcendre dans foccaiion , laquelle ouverture
fe ferme par un couvercle de bois ; & que l'on doit
pratiquer femblablement vers le haut de la voûte
du citerneau deux ouvertures, l'une S où l'on
encaftre un tuyau de plomb pour y conduire l'eau,
foit des toits, foit des différents endroits d'où
on la raffemble, l'autre Τ pour nétoyer au befoin
le citerneau.
M. de La Hyre de l'Académie Royale des
Sciences & ProfeiTeur à celle d'Architecture , lut à
cette dernière Académie en 1703 un Mémoire très-
inilructiffur la conflrticlion des citernes , & les recti-
fications dont elles feroient fufceptibles, pour parve-
nir à n'y admettre que des eaux extrêmement pures.
Comme ce Mémoire manufcrit nous eft tombé
entre les mains & qu'il eft rempli d'obfervations
importantes & curieufes fur cette matière, nous
croyons qu'on nous faura gré de le rapporter
ici [a).
« Ayant remarqué que fuivant la conitru&ioiî
« "' ------------------»—■—-»--------------------------*-—,-------------,-------------------------;------------------------—··—
(a) Il y a dans les Mémoires de l'Académie des Sciences,
Année 1703, un Mémoire du même Auteur auififur les Citernes ,
où l'on trouve quelques fragments de ce qui eft dit dans celui-
ci , fur la qualité des eaux qu'il y faut admettre3 mais il n'y eft
queftion 3 ni de leurs rectifications, ni de leurs nouvelles conf-
truclions , ni des moyens d'épurer leurs eaux avant d'v entre* x
ni çnfin d'auçuge %urç,
- r
-ocr page 395-
d'Architecture.           }6j
*> ordinaire des citernes, l'eau qui a paiTé au tra-
» vers du fable de rivierre n'eft cas entièrement
» purifiée5 & qu'elle ne laifie pas d'entraîner avec
» elle beaucoup de limon , on pourroit prévenir
» cet inconvénient en obligeant l'eau qui auroit
» paffé à travers du fable, de remonter jufqu'à la
» hauteur de la voûte pour être admife enfuite
» dans la citerne ; & alors il n'y auroit que l'eau
» qui en s'élevant auroit été bien déchargée de
» toute impureté qui pourroit y entrer : voici
» comment feroit poffible d'opérer ce que je pro-
» pofe.
» En bâtifTantle mur de la citerne Y, figure VIII
» qui fait la féparàtion du citerneau , on conf-
» traira en même tems dans l'épaiiTeur du mur un
» tuyau en forme de fiphon recourbé a, ce qu'on
» pourroit faire auiïi en fe fervant de tuyaux de
» grais : les ouvertures des deux branches de ce
» tuyau ou fiphon feront à même hauteur & feu-
» îement de 3 ou 4 pouces plus élevées que Faire
>Kdu citerneau Ζ : la courbure du fiphon doit
» être au-deffous de la clef de la voûte du citer-
» neau d'environ 1 pied ~. Il arrivera par ce
» moyen que l'eau qui entrera dans le citerneau.,
» y étant élevée jufqu'à la hauteur de la courbure
» du fiphon, commencera à couler par le tuyau
» dans la citerne, jufqu'à-ce qu'elle fe foit mife
» de niveau dans le citerneau & dans la citerne :
» mais cette eau qui paifera dans la citerne étant
» feulement celle qui a été purifiée dans le fable
» ayant paiTé au travers , elle ne pourra pas évi-
» demment entraîner avec elle, en remontant dans
» le tuyau, le reite du limon dont elle pouvoit
» être encore chargée ni aucune partie du fable,
« quelque déliée qu'elle puifîe être. On peut voir
,··'
-ocr page 396-
$66                    Cours
» cette difpofition dans la figure VIII. Tout ce qu'il
» faudra feulement obferver c'eil de mettre le
» tuyau courbe a fur la longueur du mur & non
» pas fur fon épaiiîeur, comme je l'ai repréfenté
» ici, afin qu'elle tienne moins de place, Ainfi,
» lorfqu'il entrera de nouvelle eau dans le citer-
» neau, celle qui eil purifiée dans le bas paifera
» auiîi-tôt dans la citerne, de forte que le tuyau
» étant plein & les eaux de la citerne & du ci-
» terneau étant toujours de niveau, il arrivera
» qu'en tirant de l'eau de la citerne , celle du
» citerneau qui eil purifiée, viendra occuper fuc-
» ceiïivement la place de celle qu'on en aura tiré.
» Ceux qui font curieux d'avoir de bonne eau,
>> & qui ne font aucun doute que celle de pluie
» eil préférable à toutes les autres dans tous les
» ufages de la vie , étant fondés fur les expé-
» riences qu'on a coutume de faire pour con-
» noître la nature de Feau, obfervent foigneufe-
» ment de ne point laiiTer entrer, dans leurs citernes*
» de certaines eaux de pluies & d'orage ; ils regar-
» dent fur-tout comme mauvaifes celles des neiges
» fondues ; mais il me femble que ni les eaux d'o-
» rages ni celles de neiges rie font point différentes
» de celles des pluies ordinaires ^ quoique com-
» munément on tienne que la neige renferme plu-
» iieurs fels qui font propres pour rendre les terres
» plus fécondes : car je fuis perfuadé que cette
» fécondité n'efl pas une qualité propre à la neige,
» qui n'eit que la vapeur dont fe forme la pluie
» qui s'eil gelée en l'air, avant que de s'être ra-
» maiTée en gouttes, mais que cette qualité fé-
» conde ou ces fels, en s'élevant de la terre , &
» rencontrant la neige qui la couvre & qui y féjourne
» quelquefois des mois entiers, s'y attachent & ne
'
-ocr page 397-
d'Architecture. $6y
w fe diifipent pas, de forte que la neige venant
» à fe fondre, ces fels engrauTent la terre, & la
» font produire plus abondamment quelle ne fe-
» roit fans ce fecours.
» Mais il y a d'autres eaux de pluies qu'on doit
» foigneufement rejetter des citernes. Depuis plu-
» iieurs années je tiens un regiÎlre fort exacl de
» la quantité d'eau de pluie qui tombe à l'Obfer-
» vatoire de Paris, au fujet de l'origine des fon-
» taines. J'ai fait faire pour cet effet une efpece de
» cuvette plate de fer-blanc bien étamé & quarrée
» de 4 pieds de fuperficie avec des rebords de 6
» pouces, en forte que l'eau de la pluie qui tombe
» dans cette cuvette qui eil expofée à l'air & qui eil
» un peu en pente vers l'un de fes angles , coule
» auffi-tôt par un petit tuyau qui eil en cet endroit
» dans un vaiffeau placé au-deiTous ; & toutes les
» fois qu'il pleut, je melure l'eau qui eil tombée,
» dans un vaie de figure cubique qui étant plein
» vaut une demie ligne de hauteur d'eau fur la fu-
» perfide de la cuvette. J'ai fouvent ramaffé de
» cette eau pour en boire & pour reconnoître quel
» goût elle a par rapport à celle d'Arcueil, ou de
» Rungîs , qui eil la principale de celles qui vien-
» nent à Paris ; & je n'y avois jamais remarqué
» qu'une petite faveur de terre ou de limon, ce
» qui eil commun à toutes les eaux de pluie. Un
»
jour je fus furpris que cette eau eut un goût
» très-fort de fumée; je recherchais auiîi*tôt quelle
» pouvoit avoir été l'occafion de cette odeur: je
» ne pouvois foupçonner la fumée des cheminées
» du lieu où je fuis, car elles font fort éloignées
« de l'endroit où eil la cuvette , & de plus elle
» eil placée bien plus bas, enforte qu'il n'y a point
» de fumée qui puiiTe en approcher. Mais comme
-ocr page 398-
368                    Cours
» je marque auffi les vents qu'il fait pendant toute
» l'année * je connus quelle étoit la véritable cauie
» de cette odeur : car la pluie qui me donna cette
» eau enfumée étoit venue avec un vent de Nord,
» ce qui eft afîez extraordinaire, attendu qu'il pleut
» rarement de ce vent, & c'eil auiîi pourquoi je
» n'avois encore remarqué rien de femblable : &
» comme Paris eil au nord de l'Obfervatoire, je
» ne fis aucun doute que les fumées de la Ville
» en s'éîevant, s'étant mêlées avec l'eau de la
» pluie , ayoient été enfuite portées par le vent au
« lieu ou^j'étois.
» Je conjecture delà que, lorfque les citernes
» font placées proche des lieux d'où il s'élève de
» mauvaifes odeurs , comme font les fumées dont
»je viens de parler, les voiries où l'on tranfporte
» toutes les immondices d'une ville, & d'autres
» femblables caufes, foit naturelles, foit acciden-
» telles , on doit foigneufement fermer la citerne,
» lorfque le vent qui donne la pluie vient du côté
» de ces mauvaifes odeurs. Car les eaux infe&ées
» des fels qui occaiionnent ces mauvaifes odeurs,
» fe mêlant avec la bonne, la corromproient, &
» il en poürroit arriver des accidents fâcheux pour
» la fanté de ceux qui en boiroient.
» On devroit encore rejetter des citernes
»les eaux qui viennent dès qu'il commence
» à pleuvoir , fur-tout en Eté , quand il y a
» long-tems qu'il n'a plu. Car les premières
» eaux, qui lavent les toits des maifons, en em-
» portent toutes les ordures qui s'y font ramafTées,
» comme la pouffiere dans les villes qui n'eifc
» qu'une boue defféchée, la fiente des chats, des
» pigeons & d'autres oifeaux,ce qui peut être
un
-ocr page 399-
d'Architectu & è.         369
» un levain capable de corrompre toute l'eau de
» la citerne.
                         ;v;S ; r.J zh
» Si l'on doit préférer l'eau des citernes à toutes
» les autres eaux, & même à celles des rivières qu'on,
» eftime les meilleures, on devroit aufft chercher
» tous les moyens d'avoir des citernes dans les
» maifons un peu coniidérables, comme on le pra-
» tique volontiers fur le bord de la mer, où il n'y a
» point de fontaines & ou toutes les eaux des
» puits font falées , à caufe du terrein; qui n'eft
» qu'un fable léger, à travers duquel l'eau de la
» mer ne peut pas fe deflaler. C'eft ce qui m'a
» fait penfer qu'on pourroit pratiquer dans chaque
» maifon un petit lieu élevé , au-deiTus du rez-de?
» chauffée, de 6 pieds feulement , lequel étant
» bordé de murailles épaiffes & bien nattées par
» dedans , renfermeroit un réfervoir çler plomb
» pour ramaifer toutes les eaux de. pluie, qui tonv-
» bent fur les toits. Son étendue pourroit être k ein«
» quantième partie de la fuperrlcie des toits .de
,;» la maifon : on le placeront dans un endroit conye-î
» nable & où il n'incommodéroit point par fon
» humidité. Quant à fa hauteur, il fuffiroit de
»lui donner 8 ou 10 pieds fous la toute, lies;
» eaux ayant été purifiées, en paffant par du fable
» de rivière avant que d'entrer dans ledit réfer-
» voir , on empêcheroit parla l'eau de ie geler,
» en Hiver, & de s'échauffer en Eté, ce qui, comme
» l'on fait, eft capable de la corrompre : on pourroit,
» faire en ce lieuune'petite ouverture fermée d'une
» bonne porte & nattée auiîi par dedans., laquelle
» ferviroit pour entrer dans le réfervoir & pout
» le nétoyer de tems en tems. La raifon de la
» hauteur du fol dudit réfervoir., fur le rez-de-
» chauffée ,ΐ'είΐ pour le mettre en état de diftribuer
Tome F.
                                     A a
-ocr page 400-
$yo                   C o ν m s
»commodément Ëeau dans les cuiiinès & dans les
» offices de la maifon.
» J'ai' fait le calcul de l'eau de pluie & de neige
» qui tombe pendant une année, & j'ai reconnu
» qu'elle'eil plus que fuffifante pour tous les ufa-
» ges de tëùx qui habitent une maifon , quoÎ-
» qu'elle ne foit ramaffée feulement que des toits.
»Car'j'ai trouvé qu'il tombe ordinairement 19 à
»20 pouces de hauteur d'eau chaque année, &
» ce que jTài rémarqué à Paris sTeil confirmé par
» les mêmes expériences qui ont été faites dans
» la citadelle de Lille en Flandres, dont ayant fait
» la comparaifon de plusieurs années, j'ai reconnu
» qtf il n3èn tomboit qu'un pouce de plus qu'à Paris
» pendant tout le cours d'une année, ce qui pro-
j* "vient ^eut^ être de ce que ce pays-là étant plus
»proche de la mer que celui-ci, les pluies y font
»ordinairement plus abondantes. Mais fi l'on
»jprënd feulement 18 pouces ou 1 pied 7 , & fi la
» fuj3>erflcie de la màifon, dont on ramaffe l'eau
»dès toits , eft par exemple 8ô toifes , ou
»:288ο pieds, on aura pendant une année 4320
» ^iedir cubes d'eau ; or chaque pied pefant
» *fo livres, & contenant 36pintes à-peu-près, ce
» qiu eft plus de 3 '&èapL dansflëfc[iiéls on porte
» ' ordinairement ' ré au , qri âuroit donc 12960
» fceaiix d'eau pâr'àri. Ëh divifant cette fomme
»;^är 365', nombre des jours de chaque année ,
» en trouvera plus de 3 5 fceaux d'eau par jour y
» Si quand il y âuroit 3-5 perfdnnes dans la mai-
» fön'φΐ€^ai iuppofée, & qui n-eft que médiocre,
>ί 11$' auroient plus d'eau qu'il rie faut pour tous
»les tifages de là vie. »
" ïiëlséiîernes fe conitruifent en'FIandres d'une fa-
çon totite différente devëlles que nous avons rap-
-ocr page 401-
ö'ARÉHifECTURË. yfi
porté. On fait un plateau en briques, bien maçonné^
d'environ un pied d'épaiiTeur, au pourtour duquel
on bâtit un mur compofé de deux rangs de briques,
dont le premier * du côté de l'intérieur, eft pofé à
plat fuivant fa longueur,-de;' maniere à produire
4 pouces d'épaiiTeur, & le fécond, du côté de l'ex-
térieur-, eil pofé de champ eh bonne liaifon pour lé
recouvrement des joints avec le précédent. Oft
maçonne le tout avec de la cendrée de Tournay >
& Ton en faitenfuite un enduit dans tout l'intérieur
de la citerne d'environ 6 lignes d'épaiiTeur..
C'eft à - peu - près fuivant ce procédé que Ton
fait auffi les citernes en Hollande: la feule diffé-
rence, c'eft-que dans l'arrangement des briques*
on met le rang extérieur de briques à plat &
le rang intérieur de champ * mais diagonale·*
ment. On conftruit encore fuivant cette même
méthode à Amfterdam des chambres baffes ,
figure IX Planche LXXX, pour des cuifines, des
offices, des magafinsj ou des celliers dont le foi
eft placé au - deffous du niveau des canaux > fans
γ
           crainte que l'eau y pénètre. Comme cette eonf-
trucÜon eft peu connue, & peut être utile en bien
des occaiions, pouf empêcher l'eau de pénétrer
dans dés caves ou des fouterreins, nous croyons
devoir la rapporter,
                                ;·,,
'. Après avoir fait les fondements des murs d'une
maifon fur pilotis, byb à l'ordinaire , on conftniit
un plateau de briques c d'un pied d'épaiiTeur, bien
maçonné avec du mortier compofé de chaux de
Tournay & de terraffe de Hollande * en,©Jbferyant
de laiffer entre le plateau & les murs pourtours
une diiîance g d'un pied. On élevé enfuite, fur
les bords du plateau, des murs de 8 ou 9 pouces
d'épaiffeur d compofés de deux rangs de briques $
A a ij
-ocr page 402-
17*                      Cours
arrangés, Comme il a été dit ci-devant, le pre-
ïnier à plat & le fécond de champ diagonalement,
ma.çonnéscommele plateau, & enduits en dedans la
chambre avec de la cendrée de Tournay. Ces murs
d ne s'élèvent que jufqu'à ι pied ou 2 au-defTus
des plus hautes eaux des canaux, & on y couche
deiîus des efpeces de plate-formes & qui foutien-
ïient des poteaux ou piliers ƒ pour porter le plan-
cher fupérieur i, & pour tenir à la fois en reîpe&
le plateau c contre l'effort de l'eau qui pourroit le
foulever ; enfin l'on finit par remplir de terre legere,
lefpace glaifîé entre les deux murs , &lon pra-
tique des armoires h entre les piliers. 11 eil évident
tjue , par cet arrangement, l'eau peut circuler
librement autour des petits murs de cette falle
fans y entrer, & fans qu'il puiffe réfulter aucune
filtration, quand l'ouvrage a été bien fait.
Article IV.
De la CûJiflruclion d'un Cloaque ou Puifard.
Figures I et II,.Planche LXXXI.
L'A différence entre un Cloaque & un Puifard,
eil que l'un eil delliné à recevoir les ordures d'une
rnaifon, & l'autre à recevoir fimplement les eaux
pluviales , pour les confommer & diffiper après
l'écoulement. Leur forme peut être ronde, quar-
rée, ou de toutes autres figures quelconques. On
peut les creufer jufqu'à Teau vive , pourvu que
l'eau des cloaques ne pénètre ou ne fe communique
pas avec celle des puits voifins. On les entoure
de murs , & on les couvre communément
-ocr page 403-
d'Architectüei. 37$
d'un chafîis de pierre,percé &refeuillé-,,pour y
mettre une grille qui affleure le pavé. La Coutume
a prefcrit des Loix pour leur difpofition, & elle
ordonne de laiffer 6 pieds de diflance entre un
puifard & un mur mitoyen c'eft-à-dire, à prendre
du devant du mur mitoyen jufqu'au mur intérieur
du puifard, en fuppofant toutefois que la dißance
entre le mur en queilion & celui du puifard, fera
garnie d'une terre-plein raaiïif & bien compa£L
Les voûtes des égoûts ou aqueducs fouterreios >
pour les eaux pluviales & l'écoulement des immon-
dices par deiïbus le pavé des rues vers la rivière
ou ailleurs » fefont pour l'ordinaire en moilons durs*
avec des chaînes de pierre de taille de n pieds en
12 pieds; le tout maçonné avec mortier de chaux.
& fable. On affeoit leur caniveau fur un petit
maflif-moilon à bain de chaux & ciment, avec <>
lignes de pente par toife. Ce caniveau doit fe faire
d'une feule pierre, qui embrafle au moins toute
la largeur de l'égoût. Les uns taillent le caniveau,
un peu en pente vers le milieu, comme il eil ex-
primé en A, figure ï :. les autres- le creufent en
portion circulaire B, figure 11;, ce qui vaut beau-
coup mieux, & eft bien plus capable de faciliter
l'écoulement des immondices ,„ en les empêchane
de s'arrêter de droite & de gauche vers les bords.
On fait encore des pierrées fous terre, pour con-
duire les eaux hors d'un bâtiment couleur donne
l8 pouces de large fur z, pieds, de haut,. avec. des.
murs d'un pied d'épauTeur enmoilon* maçonnés.
avec chaux & fable; On pave le fond, des pierrées,.
fur un petit maiif ; & on recouvre leur partie fupé-
rieure de dalles brutes deópouces d'épaiiTeut,posr-
tant de 6 pouces fur chaque mur>& bien jpintives^
afin qu'il n'y pujuepafler ni fable ni terre. ^
A.aiij
-ocr page 404-
374                  Ç o v:r s.
Article V.
Z)e la Çanflruciion des jßaßins.
Figures III, IV , V et 'VI, Planche LXXXL
Tout fart de ^a CQnftniciion d'un Baflin çonfiile
à faire en forte que l'eau ne puiiTe s'en échapper \
çéit là le difficile; auffi ne fçauroit-on trop'^ap-
porter d'attention à ce ftijet, & les moindres né-
gligences rendent-elles fouvent le mal incurable,
Il y a piiuieurs procédés pour opérer un baffin.
Le premier & en même tems le plus um pie, eft de
le faire en terre franche ; après avpirçreufé le baffin,
il ne s'agit que d'élever deux Murs pourtours Ç &D4
figures iil, fur le terrein naturel d'environ 2 pieds
d'épaiiTeur ,à 3 pieds de diftance l'un de l'autre,
dont on garnira l'intervalle de terre franche Ε, &
dont on formera le plafond en terre naturelle bien
battue. C'eft de ce procédé dont on fe fert pour
l'exécution des plus grandes pièces d'eau, afin dç
diminuer la déperîfe.
Le fécond, figure IV, qui eil apffi d'ufage pour
les grands baflins , confiée à employer de la terre
gîaife·, au lieu de terre franche, ce qui eft beau-
coup plus sûr. Voici comme on s y prend : on
commence d'abord par élever un Mur F d'un pied
d'épaiiTeur, à la diitànce! de 3 pieds de l'intérieur
diu baffin, que l'on nomme mur de terre, parce qu'on,
ne lé maçonne qu'avec du mortier de terre : après
avoir fait ùiie provifion fuffifante de terre glaife,,
on la ^prépare en 'là maniant, en la rompant par
-ocr page 405-
d'Architecture. 375
morceau, en y jettant de- l'eau de rems en temsy
enfin en la corroyant de maniere à n'y fouffrir ni
ordures ni mottes qui ne f oient bien pétries»
Enfuite on met une couche de cette terre glaife G,
d'environ 18 pouces de hauteur fur 7 ou 8 pieds
de largeur, tout au pourtour intérieur du mur de
terre vers le bas. On élevé fur cette couche de
glaife G, à 18 pouces de diftance du mur F, un
fécond mur K, nommé mur de douve, d'environ
18 pouces d'épahTeur ; & pour l'y affeoir fonde-
ment , on place des Racinaux H, ou des efpéces
de Chevrons de 3 pouces de gros qui débordent
ce mur, & que Ton couvre de Plate-formes I, oude
longues planches de bateaux bien de niveau, dont
deux jointes enfemble font la largeur du mur.
Le Mur de douve K, fe conftruit en moilons durs
en bonne liaifon, maçonnés de mortier de chaux
& fable, en ayant foin de pofer de tems en tems
des moilons qui fanent toute l'épaiffeur du mur,
& de recouvrir le pourtour de fa partie fupérieiire
de dalles de pierre bien jointives M. Après cela
on remplit de glaife l'intervalle entre les deux murs
jufqu'au haut, & l'on couvre d'environ 18 pouces
de glaife tout le Plafond L du baiîin que l'on relie y
avec celle qui a été mife précédemment tout au
pourtour : enfin l'on termine le tout par répandre
\ ou 6 pouces d'épahTeur de fable fur le Plafond L
du baiîin , ou bien , ce qui vaut mieux & empêche
même pour un tems les herbes d'y croître, on y
fait une aire de chaux & ciment d'un pouce ou
• deux d'épahTeur fur lequel on pave. Par ce moyen
la glaife enveloppant l'eau de toutes parts , met
obitacle. à ce qu'elle puiffe s'échapper* Le défaut
de ces fortes de baflins, e'eft que la glaife e& fusette
-ocr page 406-
¥l&                       Cours
à fe fécher & à fe fendre, ce qui oblige de la re-
manier de tems en tems : aufli pour y obvier,
borde-t-on fouvent d'un gazon le deffus de Γίη-
tervalle entre les deux murs, pour entretenir la
glaife vers cet endroit dans un efpéce de fraîcheur
ou d'humidité continuelle.
Le troiiieme procédé eil à la fois le plus folide& le
plus durable de tous y quand il a été bien exécuté:
il coniifle, figure V , à faire le baiîin à chaux & ci-
ment : pour cet effet, il ne s'agit que de faire tout au
pourtour du baffin, un Mur-moilon d'un pied d'é-
paiffeur Ν, & un Maiïif de maçonnerie Ο , fous
toute fa fuperficie, de pareille conitruâion, le tout
maçonné avec mortier de chaux & fable : enfuite
on garnit le pourtour & le fond du baiïin d'une
Chappe ou d'une Chemife Ρ, compofée de mortier
de chaux & de ciment, corroyé à force de bras
avec peu d'eau , & mêlé de petits cailloux de
vignes mis par lits, de maniere à ne fe point
toucher, à laquelle chappe on donne 8 pouces
d'épaiiTeur : pour dernière opération , on met
fur toute cette chappe un enduit de ciment Q,
paffé au fas avant de le mêler avec la chaux,
que l'on ohferve de frotter pendant 4 ou 5 jours
de fuite avec de l'huile de noix ou du fang de
bœuf pour l'empêcher de fe gerfer : enfin l'on finit
par couvrir le haut du Mur N, & delà chemife de
ciment, par des Tablettes de pierre R. Il eil im*
portant d'entreprendre ces fortes de baifins pen-
dant les chaleurs de l'été, & defe preifer à eaufe
du haie, de les emplir d'eau auffi-tôt qu'ils font
finis. Π y en a qui, pour garantir de la gelée les
bords àés baiîîns de ciment, couvrent quelquefois
leur chappe d'une ceinture de moilons piqués, pofés
/
-ocr page 407-
d'Architecture. 377
Cur leurs lits, & maçonnés auiîi avec mortier de
chaux & ciment (λ).
Depuis la découverte du mortier-loriot , on
peut faire ces fortes de'badins comme nous l'avons
remarqua , Article VI, Chapitre premier, à moins
de frais & bien plus folidement j il n'eft queition
que de maçonner fes murs & fon plafond avec ledit
mortier, & d'y étendre enfuite un enduit d'un
pouce d'épaiffeur, compofé d'un tiers de chaux
ordinaire , & de ~ de ciment & de mâchefer réduit
en poudre mis par moitié , & bien corroyé à
l'ordinaire, dans lequel on ajoutera une certaine
quantité de chaux vive réduite en poudre. En
fuppofant que cet enduit fût fait avec le foin
convenable, & dans un tems opportun , il n'y
auroit à craindre aucune gerfure, quand bien
même on ne rempliroit pas le baflin d'eau inconti-
nent , & pourvu qu'on ne négligeât pas de mettre
fur ledit enduit une bonne couche de couleur
d'huile de noix.
Le quatrième procédé eft le plus coûteux, &
n'a guère lieu que pour des baffins de médiocre
étendue. Il confifte ;à conftruire, comme ci-devant,
dans tout leur pourtour un Mur-moilon S, fig. VI,
d'environ un pied d'épaiifeur, & un Plafond Τ,
feulement de 8 pouces , & de revêtir tout fon
intérieur de Tables de plomb V, que l'on unit
les unes aux autres par de la foudure. Il faut avoir
(a) Quand on fait des enduits avec mortier de .ciment, il
faut 4 après les avoir étendus, les battre à petits coups jufqu'à
ce qu'ils ayent acquis une confiftance un peu folide. On frotte
enfuite ces enduits avec de l'huile de lûuou de noix. Alberti diç
que fi l'on détrempoit de la chaux avec de l'huile, au lieu d'eau »
en mêlant enfuite cette chaux avec le fable du le ciment s elfe
formetoit un mortier impénétrable à l'eau. /
-ocr page 408-
37&                       Cours
attention de maçonner les murs pourtours & le
plafond avec mortier tout de plâtre, lequel vaut
mieux en cette circonftance, que celui de chaux
& fable , attendu que la chaux paffe pour ronger
le plomb. Quant aux Bords X de ces baiîins, on
les recouvre de tablettes ou dalles de pierre »
comme précédemment.
On donne en général aux baiîins 2 pieds de
profondeur : il eft effentiel de poier leurs bords
d'un parfait niveau, & de difpofer au contraire
leurs plafonds un peu en penre du coté de la dé-
charge où eft la foupape , qui fert à les vuider
entièrement dans l'occafion ; une autre obferva-
tion non moins importante, eft de les tenir tou-
jours pleins d'eau, afin que le chaud & le froid ne
produife aucune imprefîïon contre leurs bords ,
& de faire toujours en outre paffer à découvert,
les tuyaux de conduite fur les plafonds des baffins %
fans les y enfoncer ; le tout afin d'y pouvoir re-
médier plus aifément.
Nous avons fuppofé dans les différents procé-
dés de conftruâion, que nous venons d'expofer,
que le fol où l'on vouloit placer les baiîins étoit
folide , néanmoins s'il étoit compofé de terres
rapportées, il faudroit, fur-tout, dans les deux pre-
miers procédés où les murs du baiîin font ifolés fur
le fond, & ne font pas liés par un mailîf-moilon
établi fur le plafond, comme dans les deux der-
niers, il faudroit, dis-je , foutenir le mur de terre
ott extérieur de 6 pieds en 6 pieds par des éperons
de maçonnerie, qui euffent autant de largeur d'em-
pattement par le pied , que l'éperon auroit de hau-
teur; & même iî y a des cas où on eil quelque-
fois obligé d'afïèrmir le fol du plafond, par des;
grillages, des plate-formes, &c*
/
-ocr page 409-
d'Architecture.          379
Nous terminerons ce que nous venons de dire
Au* les baflins, par expofer les diverfes manières
dont on y amené les eaux.
Les conduits ou tuyaux en plomb font ceux qui
font le meilleur fer vice ", les moulés font plus fo-
lides que les fondés ou laminés , fur-tout lorfqu'il
doit y avoir des jets. On η employé guère des
tuyaux de grais que par économie, ou que pour
conduire des eaux plates j car quand on veut lés
employer à conduire des eaux forcées , il faut leur
donner ypouces cEépanTeur, & les entourer en outre,
d'une chemife de 6 à 7 pouces d'épais, que l'onlaif-
fera fécher cinq ou fix mois , avant d'y faire paifer
Veau : ces fortes de tuyaux , pour les fontaines
à boire , valent mieux que les autres, quand ils
font fur-tout bien verniffés , attendu qu'ils ne
prennent aucun goût comme le plomb , le bois ou
le fer.
On fe fert auffi, par économie, de tuyaux de
fonte pour les conduits, que Ton raccorde, dans les
coudes & au droit des robinets, par des tuyaux de
plomb. Il eil bon d'obferver en général, d'enfon-
cer toujours les tuyaux de 2 ou 3 pieds fous terre;
à caufe de la gelée, &: de les faire paffer dans les
allées des jardins , & jamais dans des bois, pour
ne point s'obliger à déplanter, quand il s'agit de
les raccommoder , ayant foin de les caller avec
des pierres , &, pour le mieux,de lespofer fur lu*
petit mafiif de maçonnerie.
Quant aux tuyaux que l'on fait paffer fous les
chemins publics fujets aux voitures , il feroit à
fouhaiter que l'on fît une petite voûte le long defdits
tuyaux, ou du moins qu'on eût l'attention de les
enfoncer fiiffifarumént dans terrç > pour empêcher
-ocr page 410-
38ο                     Cours
limpreffion des fardeaux de les brifer on de les
fendre.
Il y a des pays, tels qu'en Angleterre & en
Allemagne , où l'on fait beaucoup d'ufage des
tuyaux de bois d'orme, emboîtés les uns dans les
autres, mais ils font d'un mauvais fervice , & il y
a iàns ceffeà y travailler.
Article V L
Procédé pour empêcher les eaux pluviales
d'endommager les Foutes des Souterreins^
Figure VI, Planche LXîV.
Il eil toujours très-difficile d'empêcher les eaux
de tranfpirer à travers les voûtes des fouterreins y
& de les ruiner infeniibiement, fur-tout lorfqu'ils
paffent fous des cours , des terraifes, ou des en-
droits expofés à toutes les injures de l'air. On fçait
avec quel fuccès M. Loriot eil venu à bout de met-
tre à couvert les voûtes, de l'Orangerie du Château
de VerÎajHes (<*)', qui étoiènt menacées d'une ruine.
{a) Il eft étonnant cependant combien Manfard avoit apporté
de foins à la conftruction de la terraiTe de cette Orangerie..
M. Bélidornous en a eonfervé les détails, Livre III, page 81, de
la Science des Ingénieurs,
qu'il n'eft pas inutile de rapporter
pour les comparer. «Après que les voûtes furent faites, on né-
33 taya Isdeflus des reins ,.aubas defquels on commença à placer
sj un lit de pierre ou de moilon à Ccc, de 18 pouces de hauteur s
*> avec de la pouiïïere de chaux entre leurs joints : enfuke on a
m mis au-deiTus un lit auflî de pouifieie de chaux de 4 pouces
- « d'épaiffemv, & fur celui-ci on en fît un ttoifierne de cailloux
33 de vignes & de galets bien lavés, de 12. pouces d'épaijfetir x
as fur lequel on en mit de rechef un quatrième de pouffiere d©„
-ocr page 411-
d'Architecture.           381
prochaine» de même que les fouterrepis du Château
de Trianon, à faide de ion mortier, & Von pourra
toujours fe flatter d'une égale réuiîlte en fuivant
fon procédé.
Développons comment on s'y eil pris pour ga-
rantir les ibuterreins de Trianon, & arrêter les
eaux qui paiToient à travers leurs voûtes. i° Après
avoir découvert le deiTus de la voûte du fouter-
rein endommagé, on a maçonné & refait fes joints
avec du mortier-loriot, puis on y a étendu un
Enduit L, d'un pouce du même mortier, que l'on
a dirigé un peu en pente, & pourfuivi vers un des
côtés de la voûte, de maniere à y former un
efpéce de Caniveau M, alîis fur des pierrailles
bien maçonnées, & que l'on a couvert par de
grandes Pierres plattes Ν, foutenues par leurs
extrémités fur d'autres pierres : 2° on a placé deffus
l'Enduit L deux rangs de pierres, chacun de 3 ou
4 pouces d'épauîeur à fec fans mortier, & arran-
gés de façon à laifler entre-elles de petits vuides
pour permettre à l'air d'y circuler : 30 on a étendu
fur ces pierres féches un fécond Enduit P, de
mortier-loriot d'un pouce d'épais, auffi dirigé en
pente comme le précédent vers le Caniveau M:
40 enfin on a pratiqué de diftance en diftance
33 chaux toujours de 4 pouces, & par deffus un cinquième de
w galets, & ainfi jufqu'au niveau du fommet de la voûte, fur
»3 lequel on a pofé un dernier lit de galets de ii pouces, recou-
3» vert d'une couche de mortier , qui occupe tout l'efpace d*
« deffus » jufqu'au dc4à même des pied-droits 33,
Malgré toutes ces précautions,'on fçaït que les eaux avoient
filtré & commencé à endommager coniidérablement leg
voûtes de cette Orangerie : en vain depuis 40 ans avoit-on
effayé d'y remédier, rien n'avoit pu arrêter les progrès du malj
& il n'y a eu que le mortier en queftion qui ait reuma empêcher
la ruine de ces édifice,
-ocr page 412-
}Èz                       C ö ü il s
%arisffociè de la baluftrade ou du mut d'appül
-de Ia terrafle, vis-à-vis les deux rangs de pierres
féehes ci-deflus mentionnés , des petits Soupi-
raux Q, de 5 ou 6 poüces de large, par où l'air
s'introduit fans ceffe entre les deux enduits.
En réfléchiiTant fur cet arrangement, il fera aifé
de s'appercevoir que Teau ne fçauroit jamais en-
dommager la voûte, ni pénétrer par fes joints *
parce qu'après avoir coulé fur l'Enduit fupérieur Β,
elle fera conduite dans le Caniveau M, & de là
dans un puifard ou tuyau de décharge R ; parce
qu'en fuppofant que l'eau vînt à paffer par hafard
à travers quelque endroit du premier Enduit P,
elle feroit reçue fur le fécond Enduit L ; entre les
pierres plattes, où l'air par fon paffage l'évaporeroit
promptement ; & parce qu'en un mot j au pis aller,
elle feroit portée le long du fécond Enduit L, vers le
Caniveau M, comme ci-devant. S'il étoit permis
de faire un reproche à cette conftru&ion , c'eft dé
pécher peut-être par un excès de précaution 9 vu
qu'il eût été facile de réuffir avec le feul Enduit L5
fur les reins de la Voûte, à caufe de la bonté du
mortier en queftion, & en mettant deffus quelques
rangs de pierres féches , recouverts d'un lit de
moufle, capable de boucher leurs interilices. Au
furplus, dans les occaiions importantes, c'eft tou-
jours très-bien fait d'affurer fes opérations, ,*
-ocr page 413-
d'Architecture. 383
Explication des Figures
de la Planche LXXX.
Les Figures 1 & II, représentent le Plan & le
Profil d'une Foffe d'aifance , avec des lettres de
renvois correfpondantes aux mêmes objets. On y
voit que le pavé de la foffe eft pofé fur un maflif,
compofé de deux rangs de moilons.
A , Ouverture pratiquée dans la voûté pour la
vuider, & bordée d'un chaffis conftruit en pierre
dure , de 9 pouces de large fur 9 pouces d'épaif-
feur, laquelle fe ferme par une feule pierre qui eft
reçue dans une feuillure pratiquée au pourtour
du chaffis, & qui fe leve à l'aide d'un anneau de
fer, fcellé en plomb dans le milieu.,
Β, Chauffe-d'aifance compofée de boiffeaux de
terre cuite verniffés , encaftrés les uns dans les
autres, bien mailiqués & attachés au mur adoffé
par des coliers de fer. Ces boiffeaux font recou-
verts d'une chemife de mortier, & enfuite* d'un
enduit de plâtre.
                                          ,i%
La figure III eft le Plan d'un Puits ; il eft cir-
culaire , mais il pourroit être également ovale.
La figuré IV eft le Profil d'un Puits.
C, Rouet de charpente.
- D, Mardelle ou bord fupérieùr du Puits ,cûhfè
mût en pierre de taille dure.
E, Mur du Puits, dontäes Crémières affifes for
le rouet font en pierres 4e taille dure cramponéés,
& tlont le refté eft bâti eh'; moilons piques au pa-
rement; ïaorî^.fW3a§aolAjiii
«-La figure V, eft une coupe du même Puits
-ocr page 414-
3§4                      Cours
dont on a fuppofé que le fond étoit un banc de
terre glaife.
F, Terre glaife.
G, Grande pierre ronde percée par un trou*
fervant de rouet.
H, Pavé ou fol de la cour, ou du rez-de-
chauffée.
îp Terre naturelle.
K, Courroi de terre glaife.
L, Tarriere pour percer la glaife.
MjMardelle.
N, N, Bras de la manivelle de la tarriere.
Ps Mur du Puits conftruit comme ci-devant.
Les figures VI & VII, font lune le Plan & l'au-
tre le Profil d'une Citerne, avec des lettres fem-
blables aux mêmes objets.
Q, Intérieur de la Citerne.
R, Citerneau pour épurer l'eau.
S, Entrée de l'eau de pluie dans le Citerneau.
V, Conduit de l'eau du Citerneau , dans la
Citerne.
Τ, Ouverture pour nétoyer au befoin le Citer-
neau.
X, Puits ou ouverture pour puifer de l'eau dans
la Citerne, & en renouveller l'air.
La figure VIÏI, eft une autre coupe d'une Ci-
terne & d'un Citerneau, qui ne diffère delà pré-
cédente que par la profondeur du Citerneau, &
par un conduit de communication plus propre à
épurer f eau.
Z, Citerneau d'une profondeur égale à la Ci-
terne Y.
a, Conduite en forme de fyphon, placée dans Té-
pauTeur du mur fuivant. fè longueur, & non fuivant &
largeur,
-ocr page 415-
b ' À Â e h ι τ ε ύ τ υ R α 3^ί
largeur, comme il a été repréfërtté dans notre
deffin i pour le rendre fenfible.
La figure IX j eil le Profil d'une Salle baffe ou
d'un Magaiin conftruit au-defibus du niveau de
l'eau, à ia maniere des Hollandois;
b,by Pilotisi
c,  Plateau en briques pofées à plat.
d, Mur avec deux rangs de briques j l'un pofé
à plat, l'autre de champ & diagonalement*
e, Plate-forme.
ƒ, Piliers dé charpenté.
g, Vuide entre les deux murs9 dans lequel monté
l'eau.
h, Armoire que Tort pratique au-deffus dit
vuide s.
i) Plancher.
i,m, Murs de la Salle baffe > fondés fur pilotis $
où l'on voit d'une part une Porte /, & des gradins
pon&ués pour defcendre dans la Salle, & de l'au-
tre une Croifée m, percée dans une cour, fervant à
l'éclairer*
Explication de la Planché LXXXI,
Reprèfintaru la Gonfiruclion d'un E goût,
& de divers BaßhiSi
La figure î , eft le Profil d'un Egoût ou Aque-
duc fouterréin, dont le Caniveau A eft fait d'une
feule pierre platte * ereufée un peu en pente vers
le milieu.
La figure 11, eft le Profil d'un Egoût iemblablé
au précédent, avec un Caniveau Β, recreufé eh
portion de cercle^
Tome ti                                      Β b
-ocr page 416-
3$δ                  Co hü m s *
L«s figures III » IV *, V & VI, représentent les
différentes conftrudions d'un Baffin* ;
La figure III, eil le Profil d'un BafTm en terre
franche,
C & D, Murs-moilons.
E, Terre franche , comprife entre les deux
murs.
           .·::':<■■ :'·· ■·; ·■■>-.;              ,...;·.,
La figure IV, eft le Profil d'un Baffin en terre
glaiie. zûsu-
          v,.;...·; :- ·.
F,  Mur de terre.
C, Terre glaife.
H, Racinaux ou bouts de chevrons.
I, Plate-formes de charpente.
Κ, Mur de douve.
L, Plafond garni de fable.
M, Tablette de pierre au pourtour des bords du
Baffin. u «
La figure V, eft le Profil d'un Baffin maçonné
tout en ciment.
Ν* Mur-moilon.
Ο, Maffif-moilon formant le plafond.
$?, Chappe de cimenu
Q, Enduit que l'on met fur la chappe de ciment,
& que Ton frotte d'huile ou de fang de bœuf.
R, Tablette de pierre. Nous avons représenté
en points au milieu de ce Baffin, un jet-d'eau avec
fon tuyau de conduite, pour faire voir qu'il faut
toujours faire paffer le tuyau à découvert fur le
plafond d'un Baffin, quel que foit fa conitru&ion,
afin de le pouvoir raccommoder au befoin plus
aifément. ,
La figure VI > eft le Profil d'un Baffin garni de
plomb.
                  M 'T
S j Mur-moilom *
T? Plateau ou maffif-moilon.
-ocr page 417-
d*Architè cture.            387
V * Tables de plomb * revêtiffarit tout le plafond
& le pourtour intérieur du Baffin.
X, Tablette de pierre au pourtour des bords.
il'.'             I ' 1 ■ 1 ■ ι 'Ι.... _____„-----------                    — ,. 1        - ..----------- , ■■ —........          -............„-.                   111 'H
Article VIL
De La Confiruciioîi des Serres Chaudes,
Planche LXXXI1.
La conitru£tion des Serres-Chaudes n'eit pas
moins de la compétence d'un Architecte, que les au-
tres ouvrages dont nous avons parlé jufqu'ici» De-
puis que les Naturaliftes ont répandu de nouvelles
lumières fur la Phyiique, les jardiniers, enfaifant
ufage de leurs principes , font parvenus à cultiver
les plantes & les arbres étrangers, pour raflembler
dans un même lieu les plus belles productions de
la terre. La chaleur de nos climats n'étant pas à
beaucoup près affez conficlérable pour les cultiver
naturellement, on a tâché de diminuer la froi-
dure de l'air, & d'augmenter par art la chaleur des
endroits où l'on vouloit élever ces fortes de plantes ,
pour fe rapprocher, autant que faire fe peut, de la
température néceiTaire à leur production. Les Hol-
landois & les Danois ont eu, pendant un tems, la plus
grande réputation , tant pour conftnure les ferres-
chaudes, que pour les adminiitrer, mais aujour-
d'hui cefynt les Anglois qui paffent pour furpaffer
tous les autres.
L'expöiTtiÖh des ferrés"ë'ft la premiere dhofé à
coniidérer dans leur plantation; celle du midi
e il là plus favorable & celle qu'on préfère*
Elles doivent toujours s'étendre fur une même
s'                       ßfr'j
-ocr page 418-
3$S                    Cours
ligne droite ; car ii on les faifoit de fofnlê
convexe ou concave _, il s'enfuivroit qu'en Hiver
fur«:tout, une partie de la ferre feroit privée des
rayons du foleil, pendant un certain tems de la
journée, de forte que les arbres ou plantes n'é-
tant pas également vivifiés par les rayons du
Soleil, il y en auroit qui languiroient.
Les petites ferres que l'on appelle à chafîis n'of-
frent aucune difficulté en exécution à caufe de
leur iimplicité. Elles fervent, comme l'on fçait,
à élever des poids , des légumes δ: des pri-
meurs. Elles coniifient en 4 murs de briques,
diipofés en pente , ihr leiquels on place des
vitraux. On donne communément 6 pieds de lar-
geur à ces ferres , 1 pied 9 pouces de hauteur
au mur de devant, & 4 pieds ~ à celui de derriere.
Mais en revanche les grandes ferres à fourneaux
demandent bien des attentions dans leur bâiiiTe,
& il y a peu d'Architeûes qui l'entendent bien.
On en diftingue de deux fortes, les unes fer-
vent à cultiver des arbres à fruits , les autres à
cultiver des plantes exoitiques & particulièrement
des ananas. Les premières ferres font beaucoup
plus élevées que les fécondes : on y entretient des
arbres en pleine terre & dans des caifles fur des
gradins près des vitraux, tels que des pêchers,
des figuiers , des abricotiers, des pruniers, des
ceriliers , &c. pour en obtenir du fruit en-toutes
faifons la).
Les ferres doivent être précédées d'un veftibuîe,
(a) Les arbres que l'on élevé fous les chaiTis ne durent pas
plus de 7 ou 8 ans, & de plus ne produifent pas également tous
les ans : iî Γοιι Yeut avoir des fruits régulièrement, il faut
plufîeurs ferres.
-ocr page 419-
d'Architecture.           389
pour empêcher d'y entrer tout de fui se, decraintede
les refroidir trop en Hiver, tems où il eil néceflaire
de conferver toujours le même degré de chaleur.
Leurs fourneaux ie conilruifent de briques pofées
à plat avec des conduits ou tuyaux qui circulent
autour de la ferre, foit fous le carreau, foit feu-
lement le long des murs, pour y promener la cha-
leur. On obierve de ne pas conduire la chaleur
au-delà de o, toifes de longueur, parce qu'alors
elle deviendroit à rien au bout oppofé au four-
neau , de forte que les plantes en foufFriroiehr.
C'eit pourquoi, quand une ferre a plus de 9 à îo
toifes de long , il faut la partager & pratiquer
alors deux fourneaux , fi l'on veut, l'un à côté de
Fautre avec des conduits, dont Tun éçhaufera
îa droite, & l'autre la gauche. Il eil d'ufage de ne
faire faire qu'un tour à chaque conduit dans une
ferre à fruits, parce qu'il n'eu pas befoin de
beaucoup de feu, & qu'on ne la chauffe gueres
que durant les fortes gelées, ou que quand le
Soleil eil pluiieurs jours fans paraître,, comme
il arrive pendant l'Hiver. Le conduit doit pailer
le long du vitrail fur le devant de la ferre 5
attendu que s'il étoit vers le milieu il altereroit
la racine des arbres ; & l'on pouffe même cette
attention jufqu'au point de ne point planter d'arbre
plus près du fourneau que 4 pieds f*
Les conduits fe font auffi de briques à plat,
& font recouverts de grands carreaux de terre
cuite qui ont un pied quarré, & qui font pofés
dans une petite feuillure : fous chacun des car-
reaux on fcelle une petite bande de fer plat, afin
de leur donner plus de folîdité, quand on marche
deffus,ou quand la brouette y paffe. Il'y en a
c|ui % au lieu de carreaux, mettent de petites pîa*
-ocr page 420-
\
|ρθ                     G OURS
qiies de fer fondu avec du fable deiFüs ? préten-
dant que ces plaques réiiiftent mieux , & éçhauf·*
£ent d'ailleurs d'avantage l'endroit.
Comme les ferres à ananas exigent beaucoup,
plus de chaleur que les autres, on fait faire fou-»
vent deux tours à leurs conduits le long dii grand
mur doffier, de maniere qu'en fe reployant fur
eux-mêmes, ils ne font féparés que par une
ftmple languette, C'eil ainfi qu'on l'a pratiqué dans
les ferres du Château de Trianon ; les conduits ou
les tuyaux occupent toute la longueur du mur, 8c
ne font compofés que d'une brique poiée de champ,
du coté de la ferre, enduite en dedans & en de-*
hors ; & on a lahTé de 12 pieds en χ 2 pieds des
efpeces d'ouvertures ou trappes d'environ 15
pouces quarrés, qui ne font fermées que par de
légères languettes de plâtre, faciles à enfoncer
pour les ramoner ; ce qui fe fait avec de longs,
balais , en attirant à foi la fuie vers les ouvert
tnres que l'on rebouche, après cette opération %
comme auparavant (a).
(a) Les Hollandois difpofent leurs ferres différemment que
les François & les Anglois. Ils font à la fois une ferre tempérée
du côté du Nord, & une ferre au Midi : ils couvrent en dehors,
les chaiïis avec des rideaux Se des couvertures , qui font roules,
vers le haut de chaque fenêtre en maniere de flores, & que l'on
fait defeendre fur les chaffis., en lâchant les cordes qui les. re-
tiennent. Le tuyau du fourneau fait deux tours ; il a χ à $■
pieds de large, & regne fous la terre. Le fourneau eft place
dans une petite pièce féparée ; il eft conftruit de_ briques,
& eft entouré d'un contre-mur de maçonnerie, qui laille de
tous côtés un pouce d'intervalle , que l'on remplit en fui ce.
de fable. Le tuyau eft conftruit de même ; fa partie fupé-
rieure eft formée avec de grandes plaques de fer, où l'on
forme un aire qui eft carrelé : fur le carreau on répand en-
viron ι pouces d'épaiffeur de fable : enfin , entre le plafond &
le toit , on laiffe un vuide que l'on remplit avec du foin, pour·
-ocr page 421-
Db* A R G Η Ι Τ Ε € Τ V R Ε*             ^$1
On doit placer dans une ferre un réfervoir dans
fépaifTeur du mur, où l'on amené l'eau par un
petit conduit , laquelle eau s'entretient par ce
moyen au même degré de chaleur que celui de
la ferre, & fert à arrofer les plantes & les arbres.
il y a deux différences remarquables entre les
ferres à fruits & celles à plantes exofliques ; l'une
eft quQ9 dans les dernières, on éleve vers le milieu
une couche à la hauteur d'environ 4 pieds , que
Γοη entourre de murs de briques à plat, à l'excep-
tion de la premiere rangée \ fupérieure qui eil
pofée de champ ; on emplit cette couche de ter-
reau, de fumier &■ de tan, pour y placer des pots;
l'autre eft la forme & la fituation des vitraux
que l'on tient beaucoup moins inclinés dans
les ferres à fruits. On n'eft pas encore d'accord.
fur les degrés de cette inclinaifon, & il paroît bien
difHcile de la déterminer précifément.
Les plus, grands carreaux de verre font les meil-
leurs pour les vitraux, parce que recevant plus
de rayons du Soleil , la chaleur d'une ferre
en eil augmentée : les c.hafïis des ferres à fruits ne
s'ouvrent qu'avec des couplets, mais les autres dans,;
leur partie fupérieure s'ouvrent à co.uliiles. : les.
carreaux de ces derniers font fautenus, du moins.,
eu Angleterre, fur les côtés par des tringles de
fer, & fuivant la hauteur du rampant à recouvre-
ment ;,le tout bien maftiqué , afiu d'empêcher l'hu-
midité de pénétrer : l'ufage eu encore, dans ce pays >
de couvrir les vitraux pendant la nuit, on quand
on craint la grêle, non avec des paiilaiTons?mais avec
mieux défendre l'air intérieur du froid , & on renouvelle au be-
soin l'air de laferré-chaude, avec celui de laierre tempérée qui
«j(l aioifée.
Bbiv
-ocr page 422-
$M                      Cours
des contrevents de toile cirée, qui s'adaptent dan§
des couliiTes pratiquées syx dormants des yU
traux (a),
La Pefeription de la Planche LXXXiI que
nous avons deffiné d'après les ferres à fourneaux
de feu M, de Janiin, rue de Babylone à Paris ^
qui ayoit pris pour modèles les plus helles ferres
Angloifes, achèvera de donner une idée cqmpleite
de cçs fortes d'Ouvrages,
(a) Ce n'eft qu'en hiver que l'on renferme les plantes & le$
fruits dans les ferres ; car l'été , Se vers la fin de Mai, on ôte les,
çhaflis; alors les fruits continuent très bien à mûrir en plein air, δε
même ils ont meilleur goût que s'ils reiloient toujours renfermés.
Le talent d'un jardinier, eftd'entretenir dans une ferre le degré de
chaleur dont les plantes ont befoin , & de les arrofer à propos,
Auffi, afin de connoître ce degré de chaleur qui doit être celle
de la terre , quand elle eft dans fon état ie plus favorable à la
végétation, convient-il de placer toujours dans une ferre, un]
çhermomêtre vers fon milieu»
'l
-ocr page 423-
ρ'Α β .e η ι TEC tu R ■$. 393
Explication delà PlancheLXXXI^
Qui repréfente les détails d'une Sern chaude
à Ananas, fuivant la méthode des Anglois.
La Figure I eft le plan d'une ferre divifée en
deux parties, qui ont chacune 7 toifes £ de long
fur 15 pieds de large, & dont on ne voit que \q
commencement d'une des deux parties,
A, Veftibule commun»
B,B, Deux Fourneaux conftruits en briques,
ayant chacun fon conduit particulier , poiu*
chauffer les deux parties de la ferre.
C,  Conduit ou Tuyau qui promené la fumée
& la chaleur au pourtour de la ferre.
D, Tuyau qui parcourt deux fois la longueuç
du mur doffier , avant de laiffer échapper la
fumée par la Cheminée E,
F,  Couche environnée de 4murs en briques.
G, Réfervoir d'eau fervant à arrofer les plantes.
H, Paffage au pourtour de la couche.
I, Plan des Chaffis verticaux.
La Figure II, repréfente l'élévation d'une partie
$q la ferre dont l'échelle eft double du plan.
Κ, Porte du Veftibule.
L, Chaffis perpendiculaire ouvrant avec des.
couplets.
M, Chaffis inclinés ouvrant à couliffes avec
des mains ou anneaux pour les tirer : on remar-
quera qu'entre ces chaffis, il y a des dormants
avec des caulifiés propres à recevoir d'autres
chaffis garnis de toile cirée, que Fon met pendant;
la nuit, ou quand on-craint la grêle.,
-ocr page 424-
$$4                       Cours
Ν, Petit mur élevé plus haut que la ferre , pou«
garantir des vents du Nord».
Ο, Mur en briques avec une goutiere en bois
yue de face, pour recevoir les eaux qui tombent
(ιπ les chaflîs ou les volets de toile cirée, &
empêcher qu'elles ne féjoument au pied du
mur.
La Figure III eit le profil de la ferre fur fa lar-
geur; elle à il pieds de hauteur vers le mm* dof«
iier, & 6 pieds près des vitraux.
P, Coupe de la couche & de (es murs».
Q, Paiïage qui circule autour de la couche.
Il, Profil des conduits élevés le long des vi-
traux , & que l'on place auiïï quelquefois fous les
paffages, '
S, S, Profils de deux autres conduits le long
des murs, conflruits avec des briques à plat ou.
encore mieux pofées de champ du coté de la ferre,,
pour la chauffer davantage,
T, Profil des chaiîis de la ferre : on pratique
d'ordinaire au haut des chaffis. de petites trappes
de ig pieds en 10 pieds pour donner de l'air, en
cas qu'il y faiTe trop chaud,
V, Supports de fer pour fouîager la portée des,
çhaffis..
X y Fondemens de la ferre en gros moilonso.
Y , Profil de la goutiere recevant les eaux qui
tombent du toit de la ferre, pour les empêcher det
s'arrêter au bas du mur.
La Figure IV eu le développement particulier
d'une partie des chailis..
a, Carreaux à recouvrement fur leur hauteur;;
leurs proportions eft de n pouces, fur 12 pouces.,
4, Tringle de fer plat avec feuillure,, portant les
carreaux félon, la longueuErfte. la ferre,.
λ ■                                                                                                   r'
-ocr page 425-
d'Architecture.
395
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CHAPITRE XI.
De la Construction oes légers
Ouvrages,
i^ous n'avons traité jufqu'ici que de la partie
de la Conitru&ion qu'on appelle les gros Ouvrages ,
& l'on comprend ? fous ce nom, tous les murs de
face i de refend ? mitoyen, de clôture ? de terraffe,
les voûtes des caves , les foffes d'aifànce, les murs
des puits , les murs d'échiffre , les efcaliers en
pierre avec leurs marches, enfin tout ce qui eft
bâti en pierre ou en moilon, de quelque nature
que foitl'ouvrage: maintenant nous allons expofer
dans ce Chapitre la cohftrudion des légers Ou-
vrages
qui font, les cheminées , les planchers, les.
plafonds avec leurs corniches en plâtre , les cloi-
ions, les lambris, les ravalements des pans de bois
δε des efcaliers de charpenterie , les fours, les
fourneaux, les enduits , les crépis & renformis
faits contre les vieux murs, enfin les divers fel-
le ments.
/
-ocr page 426-
55>6                        Cours
Article Premie b.
De Iß Conßruciioti des Cheminées*
Planche LXXXIII.
ÏL faut diiïinguer dans une cheminée le man*
teaii d'avec le tuyau : on entend par manteau
l'ouverture de la cheminée dans la chambre, {es
jambages, fa tablette, fa gorge, fa hotte s'il y
en a , & ion contre - cœur. C'eil pourquoi nous
traiterons féparément de la eonftrttâion de cha-
cun de ces objets.
On proportionne les cheminées à l'étendue des
lieux où on les bâtit : les plus grandes ont d'or-
dinaire 6 pieds entre les jambages fur 4 pieds
de haut j ufqu'au- deiTns de leurs tablettes , & 2 pieds
de profondeur; les moyennes ont environ 4 pieds
de largeur fur 3 pieds~de hauteur, & 22 pouces
de profondeur; enfin les plus petites n'ont jamais
moins de 3 pieds de large fur 3 pieds de haut, &
20 pouces de profondeur.
11 défendu par les Ordonnances de pofer les
atrçs de cheminées fur les poutres & folives des
planchers, & il eil enjoint au contraire aux En-
trepreneurs d'y laißer un vuide A , que l'on nom-
me Trémie , figure ι, Planche LXXXIÏI, qui doit
être au moins d'un pouce de chaque côté, plus largç
que le dedans œuvre des. jambages D, fur 3 pieds
de diftance entre le chevêtre C,&le mur E contre
lequel la cheminée eft adoffée. En. traitant de la
charpente des planchers % nous expliquerons par*
ticuliérement la difpofiîion des pièces da Bois il
-ocr page 427-
d'Architecture.         $0
& G , qui entourent une partie de ce vuide : notre
but n'étant maintenant que de parler de la Ma-
çonnerie*
11 faut placer , au milieu de la Trémie A,
d'une Enchevêtrure Β à l'autre, deux bandes de
fer que l'on appelle Bandes de Trémie , lesquelles
partageront la diftance du mur auchevêtre à-peu-
près en 3 parties égales. Ces bandes de trémie
doivent defcendre en contre-bas de l'épaifleur du
plancher, & être recourbées par leurs extrémités
pour s'aiTeoir fur les Enchevêtrures Β, Β: on voit
en a une de ces bandes de trémie à part, fur la
droite de la figure I : la fonction de ces enche-
vêtrures & trémies eit de porter l'hourdis de plâtre
& plâtras que l'on fait fous l'âtre : on carrelé
enfuite, la partie comprife entre les jambages &
la profondeur de la cheminée, en grands carreaux
quarrés de terre cuite; & fur le refte de l'hourdis,
on pofe un foyer, foit en pierre, foit en marbre ?
ou bien on avance jufques là le carreau de la
chambre.
Il eft àobferver que, quand l'âtre a beaucoup de
largeur, de crainte que les bandes de trémie n'ayent
une trop grande portée, on doit placer en travers
de l'âtre dans le milieu de fa longueur une barre
de fer d'environ un pouce quarré, dont un des
bouts fe fcelle dans le mur, & dont l'autre , qui
eil coudé, fe pofe fur le chevêtre ; & afin que
cette barre de fer, en paffant fous ces bandes de
trémie, les affleure, on a l'attention de replier
celles-ci par le milieu.
Dansles cheminées des grandes cuifines', on
conilruit les jambages en pierre de taille ou en
briques, fous lefquels on fait de petits murs en
fondation ; leurs manteaux fe font en hotte &
-ocr page 428-
\
398                      Cours
s'élèvent à 6 pieds au-deiîus de l'aire du pavé*
On place fouvent fous cette hotte ou dans l'inté-
rieur de ces cheminées des fours pour la pâtif-
ferie, & on fait leurs contre cœurs de briques
bien cuites & encore mieux de tuillots 5 que
l'on garnit de grandes plaques de fonte très-
fortes , portées fur des corbeaux de fer (celles
dans le mur , & contre- gardées de barres de
fer debout fur le devant , pour refluer ait
choc des bûches* Il eil d'ufage de faire les
plate-bandes qui portent Ja hotte avec des pièces
de bois de charpente recouvertes de plâtre de
tous côtés , ce qui ne fauroit avoir d'inconvé-
nient, vu leur élévation & leur grand éloigne-
ment du feu. L'âtre de ces fortes de cheminée fe fait
d'ordinaire de briques pofées de champ, & encore
mieux dépavés de grais au Meu de carreaux, pour
pouvoir réiifter plus long-tems à la violence du
feu.
Les jambages D ? D? des cheminées ordinaires fe
font, foit en pierre, foit en briques , foit en plâtre &
plâtras. On place au-defTus un manteau de Fer F,
n*g. ί &1I j d'un pouce quarré environ, qui e ft coudé
par les deux bouts, & que l'on fceS'e dans le
mur Ε , adoiTé à la cheminée. Son office eil de
porter au-deiïiis du vuide des jambages , la plate-*
bande & la gorge du tuyau; on en voit une re*
préfentation particuliere en e à côté de ia %. I*
Si la cheminée eft bâtie en briques, on pratique
quelquefois à la naiffance du tuyau un arc en
décharge avec des briques de champ, pour rejetter
une partie de fon poid vers les jambages : mais
le mieux eil de pofer fous la naiffance de la lan-
guette de face au-deffus des jambages une Barre
de fer G, d'environ un pouce quarré, dite barre
-ocr page 429-
d'Architecture.           Jç$
éé languette 9 dont on voit la figure g repréfentée
aufïi à part.
On met au contre-cœur d'une cheminée une
Plaque de fer fondu H , & même dans les appar-
tements, on a coutume de revêtir l'intérieur de
tout leur pourtour, de plaques de fonte qui, en
renvoyant la chaleur, fervent à les chauffer da^·
vantage. Quand on ne veut pas mettre de pla-
ques par économie , il eft d'ufage de faire le
contre-cœur d'une cheminée adoiïée à un mur à
foi appartenant, detuillots ou de bonnes briques 9
pour empêcher le feu d'endommager le mur en
cet endroit. Mais fi la cheminée eft contre un
mur mitoyen, on ne faut oit fe difpenfer , fuivant
l'article 189 de la Coutume , d'ajouter un contre-
mur de tuillots ou d'autres matières convenables
d'un - pied d'épaiiïeur, & de hauteur fuififante
pour que le feu ne puiiie endommager ledit mur,
c'eil-à-dire à la hauteur de 3 ou 4 pieds.
Nohs avons dit ci-devant qu'il étoit défendu de
placer l'âtre d'une cheminée fur les folives d'un
plancher, cependant il y a quelquefois des cir-
conitances où l'on ne fauroit faire autrement,
comme lorfquil s'agit d'ajouter une cheminée
après coup & qui n'a pas été prévue : alors on
fait un âtre relevé, [lequel confiée à étendre d'a-
bord fur les folives un aire de plâtre bien plein
avec carreau par déffus , & à pofer, à 3 pouces de
diitance au-deffus dudit carreau, uneforte plaque de
fonte qui occupe tonte la largeur de l'âtre, de forte
qu'à la faveur de ce vuide, il ne fauroit y avoir
rien à craindre par rapport au feu.
11 eil effentiel, en diftribiiant le plan d'un bâ-
timent , qu'un Architecte fafîé attention à la ponc-
tion des cheminées. Il doit favoir que, lorfquelles
-ocr page 430-
Φ0                      € O U R §
font adoflees contre un mur mitoyen, il eil dé^3
fendu, fous peine d'amende & de démolition, des
les enfoncer ainfi que leurs tuyaux dans fon épaif-
feur, & qu'il faut qu'elles foyent placées dans
toute leur hauteur en faillie contre ledit mur.
Il doit encore être initruit que les Ordonnances
de Police enjoignent de ne point adoffer les che-
minées contre des cloifons ou pans de bois, pour
quelque raifon que ce foit, quand bien même on
y feroit un contre-mur de 6 à 8 pouces d'épaif-
feur j & que , û l'on ne peut faire autrement j
il faut, à l'endroit deiliné pour la cheminée *
couper le pan de bois ou la cioifon, & eonf-
truire à la place un mur de moilon ou de briques
dans toute la hauteur de fon tuyau, lequel mur
excédera de 6 pouces chaque côté du man-
teau de la cheminée, comme on le voit 4 fig. V ï
enfin il ne doit pas ignorer qu'il n'eit pas permis
de faire paffer des poutres , des panes , des faî-
tages , des folives ou autres pièces de bois en
dedans des tuyaux de cheminées, quelque recou*
vrement que l'on y puiffe faire ; & qu'en un mot>
fuppofé que l'on foit obligé de faire paffer des
tuyaux de cheminées contre les pièces de bois
des cloifons, des combles ou autres, il faut du
moins toujours obferver de mettre 6 pouces de
charge de maçonnerie ou plâtre , entre les pièces
de bois & l'intérieur defdits tuyaux.
Il n'y a que, quand les cheminées (ont placée«
contre des murs à foi appartenant entièrement $
qu'il eil libre de les engager, ainfi que leurs
tuyaux, comme on le juge à propos, en fup-
pofant toutefois que ces murs ayent une épaiffeur
îuififante. 11 eil rare cependant qu'on les adoffe
contre des murs de face , parce qu'outre
qu'elle®
-ocr page 431-
d'Architecture. 401
qu'elles les chargent., elles font un mauvais effet
en dehors, & qu'à raifon fur-tout de leur grand
ifolement fuivant cette poiition, il eft difficile
de pouvoir les contenir long-tems contre les
efforts des vents.
Autrefois on plaçoir les tuyaux de cheminées
des différents étages au devant les uns des autres,
ce qui chargeoit beaucoup les planchers, dimi*
nuoit les chambres, & y fbrmoit une faillie tout-
à-fait incommode; mais maintenant Tufage eil de les
dévoyer, à côté les uns des autres» le long des murs;
c'eit pourquoi, lors de la diftribution du plan
d'une maifon,on doit prévoir l'arrangement defdits
tuyaux , foit qu'on les adoife aux murs mi-
toyens, foit qu'on les engage en tout ou en
partie dans les murs de refend, foit enfin quand
on fe trouve obligé de mettre des tuyaux adoifés
vis-à-vis les uns des autres. Souvent l'on cache,
pour la régularité des appartements , les inter-
valles qui reilent entre les tuyaux de dévoie-
ment, foit avec de fauifes hottes ou des manteaux
qui les relient tous enfemble, foit en pratiquant
des armoires entre eux, pour fauver leur irrégu-
larité ou diformité.
On doit encore s'attacher à rendre la diftribu-
tion des fouches de cheminées au defTus du toit*
îa pius reguliere poiTible, en les tenant d'égales
hauteurs & groiTeurs, & en les difpofant en de-
hors avec une forte de fymétrie, fur-tout dans
les bâtiments d'importance, au point même que
Ton fe trouve quelquefois obligé de faire de faufîes
fouches, pour correfpondre avec celles qui ,foric
réelles.
                                       ν
Il feroit, fuivant nous, important de ne point
engager les tuyaux dans un mur de refend au-
Tome V.
               '                       Ce
ι
-ocr page 432-
<φ&            Λ ,; ;·; Γ G Ό Χί R.S ■■-.
-delà de la moitié de fon épaiiTeur, & que » quand
on les y engage tout-à-fait, on obfervât du moins
de né les point dévoyer dans toute leur hauteur de
plus dun pied^ ou de plus de la moitiéde la longueur
du tuyau, fans quoi le mur au~deifus du dévoie-
«nent, portant entièrement en l'air fur un vuide,
n'auroit point de folidité. Il en eft de même, lorf-
qu'on fait ramper les tuyaux le long des murs
mitoyens ou de refend au-delà de la moitié de la
longueur defdits tuyaux; car, en outrant les dévoie-
ments, comme on le pratique affez fouvent, on
fatigue beaucoup les murs; &cet abus n'eft pas
une des moindres caufes du peu de durée de la
plupart de nos bâtiments modernes : tout au con-
traire, quand les dévoiements des tuyaux font
modérés, ils ne chargent gueresphis un mur,prin-
cipalement quand le bâtiment eil continué de l'autre
côté, que s'ils étoient montés d'aplomb, attendu
qu'ils font foutenus d'étage en étage par les plan-
chers , & fur-tout par les folives d'enchevêtrure.
<Àuiïi, regle générale, dès que les tuyaux ceifent d'être
entretenus par les planchers, comme au droit des
combles , il eil important de fe bien garder de
les élever depuis le dernier plancher, autrement
que d'aplomb jufqu'à leur fermeture ; par la raifon
qu'au-defïus de cet endroit, ils n'ont plus d'autre
foutien que les équerres de fer & fantons qui
lient leurs languettes avec les murs adoiîes.
Le dedans œuvre des Tuyaux de cheminées I,
figure II & III, quel que foit leur conftrudtion ,
étoit fixé ci-devant à 3 pieds de longueur fur
10 pouces de largeur, & l'on ne pouvoit leur
donner moins ; - mais fur la repréfentation qui fut
faite à la Chambre - Royale des Bâtiments par la
. Communauté des Maîtres Maçons, que la Ion-
-ocr page 433-
ί> ' A R C M Ι Τ Ε € Τ Ρ R Ê.          40$
güetir des tuyaux prefcrite par les Ordonnancés
étant trop forte les expofoit à fumer, & que le re*-
mede le plus ordinaire des fumiftes ne coniiftoit
qu'à y faire de nouvelles languettes qui en ifêdui*-
foient la longueur , on fît, il y a quelques années >
un nouveau Règlement qui permet de ne plus
donner que 2 pieds ~ de long fur 10 pouces de
large aux tuyaux des'grandes cheminées $ & 2
pieds ~ de long aux tuyaux des petites ; lesquelles
dimeniions font en effet fùffifantes pour pouvoir
ramoner les cheminées & en ôter la fuie (#).
On conitruit les tuyaux de cheminées de trois
manières, de même que leurs manteaux , c'efVà-*·
dire en pierre de taille, en briques ou en plâtre*
Il n'y a guère que dans les bâtiments d'im*
portance qu'on fafTe les tuyaux en pierre depuis
le bas jufqu'à leur fermeture ; dans ce cas on doit
les élever en même tems que les murs où ils font
adoifés, & de la même qualité de pierre j on
leur donne 4 pouces d'épaiiïéur * & l'on obferve
que les pierres en foient bien jointes & entrete-
nues au-deffus de la couverture avec des équerres
6c" des crampons de fer : on n'enduit point en
dedans ces fortes de tuyaux, mais on maçonne
leurs joints bien proprement avec du mortier fin. Il
eil rare cependant que l'on exécute les tuyaux
en pierre dans toute leur hauteur, & l'on fe con-
tente d'ordinaire de faire en pierre feulement leur
partie apparente au-deffus du toit > & de faire
(a) On a même permis par cette Ordonnance , de
diminuer leè tuyaux jufqu'à deux pieds de longueur dans les
vieilles maifons, dans le cas où il faudrait refaire les planchers |
pour fe conformer à la longueur prefcriie,
               ... i U
Ccij
sj
-ocr page 434-
/
404                      Cours
enfuite en briques leur partie inférieure qui eft
comprife dans la hauteur des appartements.
Les tuyaux en briques ont 4 pouces d'épaif-
feur, ils doivent être compofés de briques de
bonne qualité , bien cuites , & pofées à plat
en bonne liaifon les unes fur les autres. On
les arrête avec des crampons ou équerres de fer
dit Côte de Vache Κ, efpacés de diitance en dif-
tance , & fcellés par leurs extrémités dans les
murs où ils font adoiTés, Dans les endroits où le
plâtre eil commun, on les maçonne avec du plâtre,
iinon avec du mortier de chaux & fable paifé au
panier. 11 faut avoir foin d'enduire leur intérieur
le plus uniment & avec le moins d'épaiiTeur de
plâtre ou de mortier, afin que la fuie s'y attache
moins. Quand un tuyau en briques eil entière-
ment compris dans Fépaiffeur d'un mur de refend,
on fait en briques toute cette partie dudit mur, &
il n'y a que quand il eil peu engagé qu'on fe borne
à faire en briques fa partie faillante du côté de
l'appartement.
Les tuyaux en plâtre ne s'opèrent qu'après
que les murs où ils doivent être, foit adoffés , foit
à demi engagés, font élevés ; alors on fait dans
lefdits murs, après coup, àes tranchées dans toute
leur hauteur pour les recevoir. La conilruction
des tuyaux en plâtre fe fait avec plâtre pur
pigeonne à la main, &l'on ne doit pas leur donner
moins de 3 pouces d'épaiiTeur avec leurs enduits.
On appelle pigeonner à la main , prendre fur une
truelle une quantité de plâtre fufHfante dans l'auge,
que l'on pétrit dans la main, & que l'on applatit
enfuite avec la truelle pour le réduire à-peu-près
à 2 pouces d'épaiiTeur. L'Ouvriejr place d'abord
-ocr page 435-
d'Architecture.          40$
un rang de ces pigeons, il pofe le fuivant au-
deiïlis en liaifon , & pourfuit ainii fon tuyau juf-
qu'au haut, il doit pigeonner de même les lan-
guettes rampantes , ainii que celles qui font
à plomb , en couchant le pigeon fur le rampant
des planches qui leur fervent de guide. A mefure
qu'il monte les tuyaux, il obferve de faire ua
enduit de 6 lignes d'épaifTeur dans leur inté-
rieur le plus uniment qu'il peut, & de ravaler leur
dehors.
                         ;;
En conitruifant les tuyaux en plâtre, on doit
mettre fur leur hauteur des chaînes de fantons
à environ 3 pieds de diflance les unes des
autres par les faces & par les côtés, tant pour
les relier entre eux, qu'avec les murs contre lef-
quels ils font adoiTés. Ρ, Figure IV, rendfenfible
la difpofition de ces fantons.
Lorfque trois ou quatre tuyaux pafîent enfemble
à côté l'un de l'autre au droit d'un plancher , il eil
d'ufage de lahTer, entre le deuxième & le troiiieme
tuyau, ou après deux tuyaux vis-à-vis cet endroit,
une diftance fuffifante, non feulement pour pou-
voir fceller dans le mur où ils font adoffés le bout
d'une folive d'enchevêtrure, mais encore pour
qu'il puiffe y avoir, de part & d'autre de l'en-
chevêtrure , une charge de maçonnerie de 6 pouces
jufqu'au dedans d'oeuvre de chacun des tuyaux
voilins, & ce fous peine d'amende & de démoli-
tion. On en ufe ainii, comme nous le verrons
dans l'article de la Charpenterk, afin d'éviter de
donner à 3 0114 tuyaux paffants un chevêtre com-
mun qui alors auroit trop de portée, pour fou-
tenir folidement le poid de la travée de folives,
qui y feroit affemblée.
On doit élever les fouches ou tuyaux, foit en
Ce iij
-ocr page 436-
4ö6                       C o υ RS
briques » ίοit en plâtre au moins 3 pieds au«
deffus dii faîte des combles, & les fermer inté-
rieurement dans le haut par un adouciifement ou por-
tion de Cercle M, figure III, de maniere à ne laiffer
que 4 pouces de largeur d'ouverture, pour le paiïage
de la fumée, fur environ 20 pouces de longueur.
On termine l'extérieur dît haut des cheminées
en briques par linô double Plinthe L , L, en pierre
tendre, dont on crampone les joints, & même, afin
que la tête de ces cheminées hors du comble fois
d'une plus belle couleuï de briques, on y met deux
couches d'ocre rouge à Wiuile, & l'on fait les
}oints,îafithorifontaux que montaris, avec un lait de
chaux. Quant aux larmiers & plinthes des fouches
cheminées en plâtre , on les fait auflî en plâtre ,
& quelquefois pour la décoration on figure des
briques en dehors dans leurs tuyaux apparents
au-deiïus des combles, en les peignant auffi avec
deTocre rouge, & y gravant des joints qui dé*
couvrent le plâtre.
On acote les tuyaux de cheminées en plâtre
dans les combles, & à leur fortie, par des Murs
doiîiers en plâtras Ν figure Π, & Τ figure VIII,
d'environ 13 ou 14 pouces d'épaifTeur, qui fe ter-
minent en glacis, & montent jufqu'à 2 pieds 7 ou
3 pieds au defTous de la fermeture. Ce n'efï
gueres que quand les tuyaux font en pierre ou
en briques que l'on s'en difpenfe, ou bien lors-
qu'il y a plufieurs tuyaux réunis enfèmble vis-à-
vis les uns des autres dans un mur de refend.
Cependant fuppofé * que Ton foit contraint, par
rapport aux bâtiments voifins, d'élever les tuyaux,
foit en plâtre, foit en briques, au - defltis des
combles fufqu'à un certain point, il faut nécei-
ikirement alors les contenir avec des tyrants &
-ocr page 437-
D*ARCHIT EGT 17 RE.            407
de double ancres faits en S , lefqueîs tirants
s'attachent 'au ■ faîtage -, aux panes ou a une
maîtreûe pièce de Charpente des combles, en
obfervant de couvrir avec des fabots de plomba
le paffage defdits tirants à la rencontre delà- cou-
vertu re.
Enfin au droit dun mur mitoyen, iV y * obii-
gation d'élever toujours un mur doiïiér derriere
les cheminées, quelle que foit leur conftrudion ait
moins jufqua k hauteur de la pointe du comble ,
& même versies côtés de la longueur des tuyaux ,
on ajoute encore des murs en aile Ν &_^,
figure II & VIII, qui excédent la fouche^d un-
pied ou environ par le haut de chaque côté , &
qui vont joindre en talut ou en s'élargifiant les
murs de face. Le but de ces murs ell, non-
feulement de fortifier les louches des cheminées,
mais encore de couper vers la charpente toute
communication , er* cas d'incendie de la maifor*
voiiine..
Article I L
De ία CmflrucUon des Aires.,
Les Aires fe font, fok fur la terre, foit fur
des voûtes, foit for le-lattis An plancher , poue
recevoir, du carreau , des lambourdes, ou bien
du pavé de marbre ou de pierre déliais*
Avant d'étendre un aire à rez-de-chauiïee lut
terre, il eft néceffaire défaire un petit maffif de
maçonnerie de 5 ou ^pouces, d'épaïuenr avec
da moilon, des pierrailles oii des recoupes bien bat-
tues λ le tout maçonné avec mortier de chaux &
Ce iv
-ocr page 438-
4θ8                       Co ν R s
fable , ou bien avec du^gros plâtre; 6c pat deÎTus,
on fera enfuite l'aire en queition le plus uniment
qu'il fe pourra.
          ,_                             ,-t -^ηκ ·. ;
S'il s'agit de faire un aîre fur une voûte, il faut
auparavant que fes reins foient garnis & arrafés
de niveau; & alors on pourra y étendre l'aire de
mortier ou de gros plâtre comme ci-devant 5 pour
y carreler enfuite v foit en carreaux de terre cuite,
foit en pavé de pierre ou de marbre, foitpour y
placer des lambourdes , fi l'on veut parqueter.
S'il eil: queilion d'opérer un aire fur un lattis,
rien η eil plus fimple, il ne faut qu'étendre du
mortier ou du gros plâtre le plus de niveau qu'il
fera pofïible, & de TépaiiTeur que l'on demande.
En général il faut obferver, en faifant un aire
en plâtre fur un plancher, de laifler une petite
diftance ou lifiere d'un pouce [- ou 2 pouces au
pourtour des murs joignant ledit plancher, la-
quelle liiiere ne fera rebouchée que quelque tems
après, & que quand le plâtre 5 (qui fe dilate &
renfle lorfque la fermentation commence à lui
donner de la confiftance ) aura produit tout foh
effet : car , fans cette précaution > la pouiTée du
plâtre feroit capable, en agiifant contre les murs,
de les faire boucler en dehors : & même l'on doit ob-
ferver, en rempliiiant par la fuite cette lifiere , de
mêler parmi le plâtre moitié de poufiîere. La plu-
part des ventres que l'on remarque aux murs de
face des anciennes maifons, ne font provenus que
pour avoir négligé cette attention.
-ocr page 439-
b'àrchitectur e. 409
Article lî I.
De la Conflruclion des Planchers, & de leurs*
Plafonds,
Figures Vil, VIII et IX, Planche LXXXIV.
On doit diftinguer dans l'exécution, des plan-
chers, de même que dans celle des <ïloifons, la
Charpenterie de la Maçonnerie : nous fuppoferons
ici que la charpente d'un plancher eft pofée, &
qu'il ne s'agit plus que de la maçonner.
On opère les planchers de, pluiiçurs manières
différentes.
                                                       ...1
La premiere , qui eil la plus fimple, confifte à
mettre des tampons de bois entre les folives, ou,
ce qui vaut mieux, à clouer des doux de cha-
rette ou des rappointiffages fur les côtés des fo-
lives, & à hourder leurs entre-voux avec plâtre
& plâtras jufqu à l'affleurement defdites folives, de
maniere à conferver les bois apparents par deÎTus
& par deffous.
              *            ν
La deuxième maniere confifte à laiffer en vue
les folives de trois côtés; on appelle ces fortes de
planchers à entre-voux. Pour les opérer, on com-
mence par latter par deifus les folives prefque
jointivement & en bonne liaifon ; après quoi on
fait un aire de 2 ou 3 pouces d'épaiffeur de gros
plâtre, plâtras & menues pierres , qui excède le
deffus de la plus haute folive & fur lequel on car-
relé à l'ordinaire ; enfin l'on finit par tirer l'entre-'
voux, c'eft-à-dire par faire un enduit par deifous
avec du plâtre paffé au tamis. On voit, fig. VII
-ocr page 440-
4IO                        ~C O URS             
Planche LXXXIV, un profil de ces. fortes d«
Planchers.
La troifieme conftrucÜon de plancher coniiile
à larder de clouds δε de rapointiflage les côtés
des folives, à les fetter par deiTous en liaiion à
claire-voie, ou tant plein que vuide, à maçonner
entièrement en plâtre & plâtras les entre voux, &
à les plafonner par 4e!îaus* On laiffe quelquefois,
dans ces fortes de planchers les folives apparentes
par deiïus , ou bien on y étend une fauiïe-aire de
2-pouces , fur laquelle en pofe le carreau comme
de coutume. G'eit ainfi que s'exécutent commu-
nément . les planchers des paliers des efcaliers ,
& ceux des écuries, lôifqu'irfe trouve des appar-
tements au-deffus, afin d'empêcher l'odeur de
tranfpirer.
£ Le quatrième procédé, qui eft eh ufage pour
les .planchers des appartements, confiite à les faire
erëux : en conféqueiïcé on les latte par dëiîïis·
&par ideiîous à lattes prefque jointives; on met
defiits une faiule- aire de gros plâtre de 2 ou-
3 pouces d'épaifîeur, fur laquelle on carrelé; 01*
bien, ii l'on veut du parquet, on pofe fur cet aire
des lambourdes que Ton y fcelle à augets. Ce pro-
cédé au furplus n'eit pas uniforme; il y a des
Conftrudeufs-'qui.,, pour diminuer Vépaiffèur de*
planchers dans l'öccaiidn , ou bien par éco-*
»omieyfuppriment faire, & pofentles lambourdes
for les lattes jointives; & nous en avons même
vu qui pofoient le parquet directement fur les
folives , dont le deiTus avoir été bien dreifé de
niveau. Enfin on termine ces planchers par un-
plafond , pour l'exécution duquel on emploie
d'abord du plâtre paifé au panier , & que Ton finit:
m faifant un enduit de plaire fin. paîé an tamis^
-ocr page 441-
d'Architecture.           4i>
Sc étendu le plus uniment que faire fé peut?
Perfonne n'ignore que l'inconvénient de la plu-
part des plafonds en plâtre eft d'être fujet à fe
lézarder au bout de peu de tems ; cela provient
principalement de l'ufage où font les maçons de
ferrer leurs lattes le plus poffible par éco-
nomie , & afin qu'il entre moins de plâtre dans
leur conftrutlion ; d'où il refaite que le plâtré
n'étant feulement qu'appliqué contre le bois y Si
n'enveloppant pas la latte , fë détache aifémënt
§c forme par la fuite les léfardes & les gerfures
, dont on ne ceiTe de fe plaindre. Le remede à cela
eft d'exécuter les planchers à augets, dont voici
le procédé ; il faut latter les folives par defïbus
tant plein que vuide, larder d'un rang de cloudè
efpacés l'un de l'autre d'environ un pouce le bord
inférieur des entre^Voux , appliquer enfuite du
plâtre dans ces entre-voux le long de leurs jouées,1
de maniere à être retenu par les têtes des elouds,
& à former un efpece d'auge entre les folives :
alors, en faifant le plafond par deffous, le nou*
veau plâtre s'incorporera avec l'ancien qui eft
dans l'auge à travers les vuides reftés entre les
lattes , ce qui augmentera fa folidité & Tempe*
çhera de fe détacher comme de coutume ; en fup-
pofant toutefois qu'on ait employé de la latte de
cœur de chêne, & non de la latte de bois blanc
qui, en fe pourriffant promptement & en ne fervant
plus de foutien au plâtre■', lui permettroit en-
core de fe détacher comme ci-devant. L,e profil
de la figure Viïl, fait voir cet arrangement.
Après que les plafonds font terminés, les ma-
çons opèrent les corniches & les gorges dont on
les orne, en obfervant de les faires faillir par le
bas fur le nud des murs d'environ ι pouces, pour
-ocr page 442-
4ii                       Cours
qu'elles excédent TépaiiTeur, foit du lambris, foir
du porte-tapifferie. Ils fe fervent à cet effet d'une
petite planche de bois découpée fuivant les
profils donnés par l'Archite&e, pour en faire un
calibre qu'ils traînent enfuite tout au pourtour
dé la charge de plâtre, qui a été mife le long
de ces endroits ; enfin ils finifTent par ragréer les
moulyres fuivant l'efprit du deffein &le plus uni-
ment qu'il efl poffible. Nous, avons donné , Plan-
che VII du Traité de 1$. Décoration intérieure des
Appartements
pluiieurs modèles de ces fortes de
corniches en plâtre.
Il arrive fouvent que, lorfqu'il n'y a pas de
cave fous des falies à rez-de-chauffée, on eil
obligé,par rapporta l'humidité ,de creufer après
coup & de former des efpeces de fouterreins où
l'on ménage quelques ouvertures en dehors, par
Iefquelles on y introduit de l'air. Ces fouterreins
s'opèrent, foit en pratiquant de petites voûtes en
briques, foit en faifant un plancher de charpente
fur le vuide que l'on a fouillé, avec un lattis &
un aire de plâtre pour recevoir du carreau ou
des lambourdes pour du parquet, ce qui ne laifle
pas de devenir difpendieux. Mais on peut, à l'aide
du mortier - loriot » réufîir à beaucoup moins de
frais & épargner la charpente, Nous avons re-
préfenté au bas de la Planche LXIV, cette nou-
velle conftruclion. La Figure III, efl une partie
du plan d'une falle à rez-de-chauifée ; la fig. IV,
eft un profil du plancher bas de cette falle fur
Ê longueur ; & la figure V, efl: un profil fur fa
rgeur. Pour mettre ce lieu à l'abri de toute hu-
midité , il ne s'agit que d'enlever environ un pied
de terre fous le fol de la falle en queftion \ puis
faire un petit Mafîif D , figure IV & V, d'en-
-ocr page 443-
d'Architecture. 413
yjron 6 pouces d'épaiiïeur, garni de recoupes δε
de pierrailles, lequel maiïlf on enduira par deffus
avec du mortier-loriot. Après cela , oft dif-
pofera fur cet enduit des rangs de Briques à
plat Ε, diftants Tun de l'autre de 9 pouces de
milieu en milieu, figure ïiï & V , de maniere à
laiiTer au bout de chaque rang un petit Efpace de
5 pouces F , figure III ^ afin que l'air puuTe cir-
culer librement dans les canaux. On placera fur
ces rangs de Briques Ε, un autre rang de Briques
aufïià plat G, figure IV, qui portera par fes bouts ,
de 8 ou 9 lignes, fur les Briques E ; enfuite on
pratiquera dans les murs ορροί es & extérieurs de
la falle, deux petits Soupiraux H & I, de 7 ou
8 pouces en quarré, qui feront garnis de tôle
percée de troux, par où l'air entrera continuel-
lement: enfin on mettra fur le rang de Brjques G,
un autre enduit de mortier-loriot d'un pouce d'é-
paiffeur bien de niveau , fur lequel on carrelera
à l'ordinaire. Par ce moyen l'air fe trouvant re-
nouvelle fans cefTe fous le carreau , on viendra
à bout d'intercepter toute humidité ; & un pareil
plancher, fut-il au niveau du fol de la rue ou·
d'un jardin, fera auiïi fec qu'on puiffe le défirer :
nous en avons fait exécuter de pareils fous des
appartements , au lieu de fouterreins , qui ont
parfaitement réuffi.
/1
-ocr page 444-
4'4                      Cours
Article IV.
De ία. Maçonnerie des Pans de bois ,
& des Cloifons.
ON pofe au rez-de-chauffée, foit fur des murs
montant de fond ? foit fur des voûtes de caves,
des murs de parpain d'environ 15 pouces de hau*
teur fur 8 à 10 pouces d'épahTeur pour fervir de fon-
dation aux cloifons : lefquels murs de parpain »
comme nous l'avons déjà dit, font compofés de
pierres de taille dures , à lits & joints quarrés,
à faces & parements égaux des deux côtés, &
doivent être maçonnés avec mortier de chaux &
fable.
■ II. y a trois fortes de cloifons, les unes'font
fimples, les autres font pleines & les troiiiemes
font çreufes.
Les cloifons fimples s'opèrent en laiffant les
bois apparents fur leurs faces, en clouant du ra*
pointiflage fur leurs côtés ,& en faifantun hourdis,
entre leurs poteaux , de plâtras & plâtre , que
l'on enduit de part & d'autre.
Les cloifons pleines s'exécutent en faifant
Thourdis comme ci- devant, en lattant de 3 pouces
en 3 pouces des deux côtés en liaifon, & en fai-
fant un crépi par deffus de plâtre au panier,
que l'on enduit enfuite de plâtre fin. Quelquefois
on fe contente de faire un lattis & un enduit d'un
des côtés d'une cioifon pleine , & on laiiTe les
poteaux apparents de l'autre : les pans de bois
fur les faces des maifons fe maçonnent com-
munément de même que les cloifons pleines j ainfi
-ocr page 445-
t>5 Architecture. 415
U feroit inutile de nous arrêter à les décrire par-
ticulièrement.
Les cloifons creufes s'opèrent à lattes jointives
des deux côtés avec un crépi & un enduit de
plâtre fur le lattis»
Il eft à obferver que, dans les cloifons dont
noxis venons de parler, on peut laiffer les bois
ûqs huifferies des portes & des croifées, appa-
rents , ou qu'on peut les feuiller & recouvrir
de plâtre en deffus & dans leurs tableaux j & qu'en
un mot, quand on ne met point de lattis fur une
pièce de bois à deffein de diminuer l'épaiffeur de
l'enduit , il faut toujours y larder des clouds &
du rapointiflage pour y faire tenir le plâtre , fans
quoi il ne s'y attacheroit pas : en effet autant le
fer fe lie bien avec le plâtre, & en eft l'ami, autant
au contraire le bois femble en être l'ennemi.
Il y a encore une autre forte de cloifons lé-
gères qui n'ont qu'environ 3 pouces d'épaiffeur
tout compris : on les fait avec des planches de
batteaux, affemblées à claire-voie dans des eou-
liffes haut & bas, & entretenues dans leur hau-
teur par des traverfes ou entre-toifes que l'on laiffe
apparentes ; ces cloifons fe lattent tant plein que
vuide, fe crépiffent & enduifent des deux côtés ,
& elles font d'une grande reffource dans la diitri-
bution des appartements, attendu quelles char-
gent très-peu les planchers.
-ocr page 446-
416
; G O V R S
Article V.
De la Maçonnerie des Lambris,
Les lambris dans les étages en galetas fe lat-
tent, foit à lattes jointives , foit tant plein que
vuide contre les chevrons cru autres bois. Quand
il fe trouve des lucarnes dans ces étages, on ma-
çonne leurs jouées comme les cloifons pleines,
c'eft-à-dire qu'on les hourde , foit en laiffant
les bois apparents 3 foit en y faifant un lattis de
3 pouces en 3 pouces avec un enduit.
, g ,                 , —-—""-sisssssss ■ ., ssa
Article VI.
De la Maçonnerie des Efcaliers.
IL y a quelques travaux de maçonnerie à faire
dans l'exécution des efcaliers de charpente, lef-
quels conMent à latter le deifous des paliers & des
rampes des marches , que l'on nomme communé-
ment coquille, à lattes jointives bien clouées,
& à maçonner enfuite par deffus, entre les mar-
ches , avec plâtre & plâtras : après cette opé-
ration , on enduit de plâtre fin le deifous des
marches & paliers, & enfin Ton finit par couvrir
le deffus avec des carreaux de terre cuite, qui
affleurent lefiites marches.
■„ ■■■,■■". - ■■'                                                           '-                                        *■' ' -
Article VII.
-ocr page 447-
ü^Architécïuüë. 417
1 Article VIL
Des Ravalements.
Les Ravalements 11 ont aucune difficulté : ils
confiaient à faire un crépi & enduit en plâtre fur
nn mur vieux ou neuf en moilons ; fi c'eft fur un
vieux mur , il fmit acher l'ancien ravale«
ment , dégrader les joints , y faire des lancis de
moilons , lorfqiùl en manque. On fait auiïï des
ravalements fur un pan de bois : après l'avoir
latte , on le crépit & l'enduit, en obfervant de
mettre du rapointiiiage fur les bois, afin que le
plâtre puifle s'y attacher. Les ravailements s'opè-
rent en commençant par le haut d'un mur, & en
iînifTant par le bas*
Article VII ï.
Des Scellements,
Les Scellements s'opèrent d'ordinaire avec du
plâtre ; & comme le trou, quand il s'agit fiir-
tout de fceller un gond ou une barre de fer, eu
fouvent beaucoup trop grand pour le recevoir »
on le remplit de morceaux de tuillois qui", avec
le plâtre , compofent un maflif fort foiide. Quand
on n'a pas de plâtre & que Ton eil obligé de fcellef
des gonds en mortier, alors il faut enfoncer des mor-
ceaux de bois taillés en coins , en faiiant entrer les
uns par le gros bout & les autres par la pointe
ou le petit bout : mais ces gonds ne peuvent guères
Tome F»                                  Dd
w
-ocr page 448-
                       Cours
être folides qu'autant que le bois relie fain, c*eft
pourquoi il ne faut employer pour cette opéra-*·
tion que de bon cœur de chêne capable de fub*
iifter long-tems fans fe pourrir.
On fcelle encore au défaut de plâtre les gonds
avec du mortier de chaux & ciment, dans lequel
on mêle de la moufle qui ne pourrit jamais, &
qui donne ainû du fontien au mortier*
Il y a des endroits l'on fe fert pour le même
objet de limaille de fer détrempée dans du vi-
naigre : après avoir entouré le gond de fiïafTe , on
le fait entrer dans fon trou qu'on remplit de li-
maille autant qu'on peut \ le vinaigre, en faifant
rouiller cette limaille , unit fes grains enfemble
jufqu'à en faire une maffe foiide & très - dure ;
d'autres ajoutent à la limaille du tuillot pilé &
paffé au tamis. Le défaut de ce maftic eft d'être
long-tems à prendre corps ; & comme la li-
maille gonfle en rouillant, elle eu: fujette à faire
éclater les pierres lorfqifelles font tendres, ou
quand le fcellement eft près du bord de la pierre :
en ce cas on pourroit employer un maftic fait
avec de la poudre de chaux bien détrempée avec
une huile defiicative ,dela iuaiTe& du ciment paiïe
au tamis de crin , & en obfervant de fourer dans le
trou des morceaux de tuillots frottés d'huile. Il y
en a qui allient de la poudre de tuilots avec des li-
maces rouges broyées: enfin d'autres fe fervent
de diverfes efpeces de ciment, comme de la chaux
vive & du ciment gâché avec du fromage mol
& du lait. En général le plâtre eil fupérieur à
tous les maftics en cette circonftance : auiîi dans
tous les pays même oit ce minéral eft le plus
rare, fait-on enforte de s'en pourvoir pour opé-
rer les fcellements avec folidké.
-ocr page 449-
d'architecture*           419
"~"-------------~~      '              "     '                                                          " ■■■Ulm -Ι!» llfcMUmiB« .IFI.r»W.W"H.WIIl .1.1.1111 5
Article IX.
De la Conßruclion des Fours*
PlangheLXXXIV.
On conftruit les Fours, Figure Ι, II & III, aflez
ordinairement à côté de la cheminée d'une cui-
iine, dont on élevé & difpofe la hôte en con-
séquence, afin que fon tuyau ait fon iffue dans
cette cheminée pour l'échappée de la fumée. Les
fours font ordinairement ronds, & fe font plus
ou moins grands s fuivant qu'on les deitine à faires
du pain ou de la patiiFerie : rarement cependant
leur donne-t-on au-delà de 7 pieds de diamètre*
L'aire d'un four doit-être élevé à 3 pieds au-
deiiiis du rez-de-chauiTée, afin d'y pouvoir ma-
nœuvrer avec facilité : on donne près de 2 pieds
d'ouverture à fa bouche qu'on environne de,deux
bandes de fer, fur 9 à 10 pouces de hauteur.
Il faut obferver de tenir la voûte de la cha-
pelle d'un four la plus furbaiffée qu'il eil poffibie j
& de ne lut point donner au-delà de 15 pouces
de montée, quel que foit fon diamètre. La premiere *
Affife C , tout au pourtour, fe fait fouvent en
grais ; & le refle de la voûte fe conitruit avec
du tuillot pofé de champ, maçonné avec du mor-
tier de terre franche, & non avec du plâtre ou
du mortier ordinaire que la violence du feu cal-
cineroit en peu de tems : l'épaiiîeur de fa voûte
au fommet dok être à-peu-près 8 à 10 pouces, &
12 à 15 pouces vers fa naiiïance.
Quant à fon carrelage j les uns veulent qu'oa
Ddij
-ocr page 450-
420                      Cours
l'opère avec de grands carreaux de terre culte de
2 pouces d'épaiffeur ; d'autres veulent qu'on le
faite avec de la brique pofée de champ, ce qui
n'eit pas auiîi bon ; quoi qu'il en foit on le ma-
çonne comme la voûte du four avec mortier de
terre franche (a). Enfin on laifie au devant de
la bouche une Saillie B, de 7 ou 8 pouces, for-
mant un efpece de tablette garnie d'une bande de
fer plat par devant pour contenir fon carreau.
Il eil ordonné par la Coutume de laifler au
droit d'un mur mitoyen , contre lequel on vou-
drait conftruire un four, environ un ~ pied d'i-
iolement ou d'intervalle, que Ton nomme vulgai-
rement le Tour du chat, entre ledit mur mitoyen
& le mur du four ; ifolement qui a pour but d'em-
pêcher la chaleur du four d'endommager le mur
commun.
Article X.
De, la Conflruclion des Fourneaux Potagers.
Planche LXXX1V.
Les Fourneaux fe conilruifent, Fig. IV, V & Vi,
foit en briques avec mortier de chaux & fable,
foit en moilons & plâtre avec un carrelage par
deiîus. On affeoit leurs piédroits fur les voûtes,
ou bien il faut leur faire un fondement exprès
que l'on defcend d'un ou de 2 pieds au-deiïbus du
fol de la cuifine. Leur élévation depuis le pavé
(a) Les Boulangers communément ne carrelent pas leurs
fours , mais y étendent feulement un aire de terre franche.
1.
-ocr page 451-
d'Architecture. 421
doit être 2 pieds ~ ou au plus 2 pieds 9 pouces. Ori
difpofe d'ordinaire leur conftru&ion par arcade
de 2 pieds de largeur, que l'on élevé fur de
petits murs de Parpin M ^ de $ k 9 pouces d'é-
paiffeur, & qui ioutiennent vers leur naiifance le
Cendrier Ν ; ce cendrier eil compofé d'un aire
de plâtre carrelé d'environ 2 pouces d'épaiffeur,
lequel eft foutenu par de petites barres de fer
dit côte de vache, efpacées de 5 à 6 pouces.
Enfin l'on met fur le devant du pourtour du cen-
drier & du bord fupérieur des fourneaux , deux
bandes de fer plat de 2 pouces de large, pofées
de champ , pour retenir le carreau , & dont les
extrémités font fcellées dans le mur qui eft adoffé-
audit fourneau, afin d'entretenir le tout folide-
ment.
On doit obferver lors de cette conftruction la
place pour les Réchaux de fonte H, figure IV,
lefquels fe font de forme quarrée, au bien oblon-
gue pour les poiiTonieres.
On fait auffi des fourneaux - potagers fans ar-
cades , avec des plates-bandes en briques , foute»
nues par des bandes de fer plat, efpacés de 7 ou
8 pouces fuivant la largeur du fourneau , & pofées
comme celle du cendrier fur les murs de fépara-
tion : ils font plus commodes que les autres, mais
{ont plus coûteux.
Ό du}
-ocr page 452-
4%i                     Cours
m iDiijyiiiiFwi.............ι m*mmm ^ gggggg^^ggg^ggguS^SS.......™£SS3!i
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Article X I.
Du Carrelage.
ON ne met du parquet que dans les apparte-t
ments ? & on le pofe fur des lambourdes ma-?,
çonnées à auget iur un plancher, pour pouvoir
le dreffer & l'arrêter convenablement : mais les
antichambres 3 les garderobes, les corridors , les
logements de domeftiques., ainfi. que les planchers,
îles maifons ordinaires , fe carreient avec du car™,
reau de terre cuite.
Le carrelage faifoit , il y a 50 ans , partie de$
légers Ouvrages d'un bâtiment, & fe payoit com·?
me tels : mais aujourd'hui ce font des Potiers de
terre & non les maîtres Maçons qui entrepren-
nent ces fortes d'ouvrages , & qui fournüTent Iqs.
ouvriers pour les pofer.
On diitingue pluiieurs fortes de carreaux : les
uns font de forme quarrée $, & les autres font à
pans ou de forme exagone. Comme les derniers,
ont plus de folidité que les premiers , attendu
que leurs angles ne font pas auiîi fujets à s'écor-
ner, on les emploie de préférence dans les chani*:
bres, & l'on réferve les carreaux quarrés feuler
ment pour lès âtres de cheminées.
Les carreaux à pans font de deux échantillons
différents, les petits ont 4 pouces & les grands
6 pouces: il en faut de ceux-ci 160a & environ,
300 des autres.
Après que l'aire de gros, plâtre que le maçon.
a étendu fur le lattis d'un plancher efl bien fec,
lç carreleur mei une fauffe aire aiiiE de plâtre
-ocr page 453-
d'Architecture.           41$
dans lequel il mêle de la pouiEere pour amortir
(on aäion, Stil enfonce le carreau dans, cette fauffe-
aire le plus près qu'il peut, en ubfervant de le
bien drefler de niveau dans, tous les (ens ; il n'y
a communément point d'autre difficulté dans cette
opération.
On met volontiers dans les vefYibules , les. anti-
chambres ,, les falies à manger, les falies âes bains,,
les paliers des efcaliers % au lieu de carreaux de
terre cuite % des dalles de pierre de liais d'un
pouce d'épaiffeur , que Ton façonne en deiïus,
par dçts traits de fcie de 2 on y lignes de pro-
fondeur,, ce qui imite des carreaux quarrés,.& eil
beaucoup plus folide que Si on les mettait vérita-
blement féparés les uns des autres. On trace éga-
lement fur ces dalles des carreaux à pans, & Ton
refouille entre eux des places , pour y loger de
petits carreaux quarrés noirs de pierre de Caen
ou de marbre. Ce font les marbriers qui four-
niiTent & pofent; ces daiies ? ain£ que ces, fortes de,.
çair^aux*
*Ml» '/!><*> iïiï*
^ς -Φ-                                        *
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-ocr page 454-
Cours
42-4
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C H A PITRE XII.
j) ε la maniere de β ast 1 r les
Maisons toute en τ εrrε,
dite Pisé.
Figure X5 Planche L'X XXIV".
1 ^ Ο υ S avons oublié en traitant de la contrac-
tion des Murs de parler des bâtiiies en terre 9
qui ont lieu dans plufieurs Provinces de France.
Comme dies peuvent être utiles clans les endroits
où il n'y auroit pas de pierre , nous croyons ne
devoir pas laiiler ignorer comment elles s'o-
pèrent,
La bâtiffe en pifé eft fort en ufage depuis très-*
long-tems dans le Lyonnois, l'Auvergne, le Bour-
bonnais , le Dauphiné, la Principauté de Dombes,
& les Provinces circonvoiilnes. Le Pifé eil une
çfpece de terre graveleuie très - commune dans
ces endroits, & fufceptible de pouvoir être rendue
»fiez compacte par l'art, pour ne point s'écrafer
fous les fardeaux, 11 eil poiîibie d'élever avec
cette feule matière les murs d'une maiion juf-
qu'à 2 étages, & de leur donner une durée com-
parable à ceux bâtis en pierre.
Les Fondations Q de ces fortes de murs s'o-
pèrent â l'ordinaire , ceit-à-dire en pierres ou en
moilöns jufqu'à environ ι pieds au-deffus du
pavé, à l'eiFet de les mettre à l'abri de l'humidité,
Quand QU îù pas de tnoilons, il faut ereufer les
-ocr page 455-
IpPiP". .                                                "         ■ πΓ -^               T -„-—.,—„-. .
d'Architecture.          425
rigoles des fondations de la largeur précife dont
©n a befoin : puis on fait ce qu'on appelle du
mortier de Baum , qui coniifte à prendre de la
chaux en pierre que l'on couvre de gros gravier,
& à jetter de l'eau fur ledit gravier, laquelle, après
l'avoir pénétré, fait fufer la chaux : pendant que
cette chaux eft bouillante , on mélange bien le
tout enfemble, & on remplit fur le champ , avec
ce mortier , les fondations jufqu'à la hauteur du
terrein feulement. On choifit enfuite les plus
gros cailloux qui fe trouvent parmi le gravier,
& on en fait des murs de deux pieds de hauteur
au-deiTus du rez,-de-chauffée comme ci-devant,
le tout maçonné avec de bon mortier ordinaire.
On place fur ces fondations qu'on a eu foin
de bien arrafer un Encaiffemenr R, compofé de
deux rangs de Planches S, aiïemblées à rainure »
d'environ 10 pieds de long,fur 2 pieds \ de haut,
lesquelles font efpacées d'à peu-près 20 pouces ,
qui eil l'épaiiTeur que l'on donne d'ordinaire aux
murs en queftion. Ces planches font entretenues
çn dehors par des Montants Τ , dont le bas eft
arrêté par des Traverfes V , qui débordent les
murs avec des mortoifesaleurs extrémités , & dont
le haut eft arrêté par des brides & des étréfil·-
lons W.
Le Pifé ayant été tranfporté à l'attelier clans
des facs , les ouvriers en rempliiTent peu à peu
TencaifTement, en obfervant de îe battre à mefure
avec de gros Pilons de bois Ζ , pour le com-
primer autant qu'il eft poffible : cela fait, on dé-
monte l'encaiflement en débridant les Montants T,
(k en retirant les traverfes, pour le tranfporter
plus loin & entreprendre une autre portion de
mur. On pouriiut ainft fucceiîivemem tous les
-ocr page 456-
42.6                      Cours
murs, foit de face, foit de refend, dans toute
leur longueur jufqu'à-ce qu'ils ibient tous ter-
minés à la même hauteur, comme ii on plaçoit
un court d'affife en pierre. La feule attention à
avoir eil de terminer en talut, & non par une
ligne perpendiculaire , la jonftxon de chaque
partie d'encaifTement, comme on le voit en X,
& d'étendre enfuite fur chaque talud du mortier de
chaux & fable 5 pour lier la partie d'ençaiiTemenf
fuivante.
Le premier rang étant fini , on pofê l'encaif-
fement au-deifus, afin d'en conftruire un fécond
en bonne liaifon, &: en affectant de ΐΐ&η jjamaia
entreprendre un nouveau que le précédent n'ait
été entièrement terminé dans tout fon pourtour.
On obferve à la hauteur de chaque plancher %
de mettre, en conitruifant ces murs, un cours
de plateformes de 3 ou 4 pouces dans leur épaif-
feur, pour porter le bout de& folives & rendre
leur compreiîion égale ;. &l s'il y a des poutres ,
on place directement fous leurs portées un efpece
de coufixnet ou de plate-forme de 2 pieds de lon^
gueur fur un pied de largeur : enfin fur le haut
des murs, on établit, comme de coutume, un cour?
de plateforme pour recevoir la charpente du toit«,
Ceft ainii qu'on élevé tous les murs d'une man
fon en pifé jufqu'au faîte, en leur donnant à Γοχ-
dinaire un peu de fruit.
A mefure que l'on fait un mur, on obférve de
pofer des linteaux 3 des huirTeries & des chaffis
au droit des portes & des croifées ; & ft
l'on vouloit ériger les jambages des portes &
des croifées en pierre ou en briques avec
des linteaux de bois 5 il faudrait auffi les
élever en mime, terns que les murs ; m&&
-ocr page 457-
d'Architecture.          42,7
quand on juge que les murs ont exhallés toute
leur humidité, on finit par revêtir leurs parçments
intérieur & extérieur d'un bon enduit de chaux &
fable \ & pour que i'endujt s'attache aifément fur
ces murs , on les pique ruftiquement avec la
pointe d'un marteau. Il y en a qui gravent en-
fuite des joints fur cet enduit pour imiter des
cours d'affifes de pierre , ce qui donne à ces
fortes d'ouvrages un coup d'œil très - agréable δς
femblable à celui des maifons ordinaires.
Ce genre de bâtiffe eil à la fois très-économi-
que & très - expéditif ; il pourroit être employé
avec avantage en bien des endroits où la pierre
eil rare, d'autant que la terre graveleufe nécefc
faire pour l'opérer, eft çn général plus commune
qu'on ne penfe.
Explication de la Planche LXXXIII,
Repréfintatit les détails de la Conflraction
d'une Cheminée,
Les Figures I, II & III, font voir le plan, l'élé-
vation &le profil d'une cheminée en briques, avec
des lettres de renvoi femblables aux mêmes objets.
A » Vuide de la trémie garni de 2 bandes de
fer coudées aux extrémités : une de ces bandes
de fer eil repréfentée à part en a , à cpté de I3,
figure i.
Β, Β, Solives d'enchevêtrure fervant à porter
les jambages de. la cheminée & les bandes de,
trémie,
Ç 3 Çhçvêtre dç charpente,
-ocr page 458-
■4-S ■                      Cours
D , D, Jambages de la cheminée que Ton ma-
çonne avec plâtre & plâtras , ou eu briques.
E,  Mur contre lequel la cheminée eitacIoiTée,
s'il eil mitoyen ,& où elle peut être engagée »s'il
en de refend. On fait d'ordinaire dans ce mur
une tranchée après coup , pour loger les lan-
guettes coitieres, & de refend, fur-tout quand
les tuyaux font en plâtre.
F,  Tablette de la cheminée, fous le milieu de
laquelle on met un manteau de fer quarré fcellé
dans le mur ; lequel manteau eil représenté féparé-
ment en/', à côté de la figure I.
G,  Linteau de. fer quarré appelle Barre de lan-
guette
, que Ton met à-plomb & fous la naiffance
de la languette de face d'un tuyau , & qui eft
porté fur les jambages D , D, pour aider à le
foutenir au droit du vuide ou de l'ouverture de
cheminée.
H, Contre-cœur garni d'une plaque de fonte,
arrêtée avec des pattes coudées, fcellées dans le
mur : fouvent on garnit de plaques de fonte
tout le pourtour intérieur de la cheminée d'un
appartement; ce qui compofe 5 plaques; fçavoir,
une grande dans le milieu à l'ordinaire > deux
moyennes au droit des jambages , & deux dans
les angles qui font creufes par le plan.
1,1, Figure I & Π , Tuyau confierait en bri-
que ; on fait quelquefois un arc en décharge def-
tiné à rejetter fon poid de part & d'autre vers
les jambages: cependant à moins qu'une cheminée
ne foie très-grande, il fufïït d'ordinaire de pofer
une barre de languette fur les jambages, comme
on l'a dit plus haut.
L, Double-Plintfie en pierre tendre, dont on
-ocr page 459-
d'Architecture. 429
êrampone les affifes par deiïiis au droit des joints.
M, Figure III, Fermeture de cheminée ar-
rondie en dedans en quart de cercle , δε 'qui ré*
duit dans le haut la largeur du tuyau à 4 pouces
d'ouverture.
K, Equerres de fer qui embraffent le pourtour1
des languettes faites en briques, & qui font in-
ferrées dans leur épaiffeur à 3 pieds de dliîance
environ Tune de l'autre fur la hauteur du tuyau.
On voit en k, au bas de la Planche la figure d'une
de ces equerres que l'on fait de fer plat, dit côte
de vache , dont les extrémités font fendues &
relevées.
Ν , Murs en aile, qui vont joindre mfenilblement
les murs de face.
La Figure IV exprime le plan d'une partie de
cheminée faite en plâtre.
Ο, Tranchée faite après coup dans le mur
moilon.
Ρ, Chaînes de fantons que Ton met de 2 pieds
en 2 pieds fur la hauteur du tuyau pour lier en-
femble les languettes de face, celles de refend &
de codieres avec les murs doffiers. On voit en
ρ j ρ, la forme particuliere des fantons avec leurs
crochets.
La Figure V, eft une cheminée comprife dans
une clofïon de charpente, & dont on fait ia p-irtie
correfpondante Q, tout en briques, en laifïant de
part & d'autre entre l'intérieur du tuyau & les
poteaux R, environ 6 pouces , fuivant les Or-
donnances. Quant à la fabliere , qui contient le
pied de la cloifon, il faut dans ce car- la couper au
droit du foyer de la cheminée , & lier fes deux
parties vers cet endroit avec une bande de fer.
11 y en a cependant qui, m. lieu d'interrompre cette
-ocr page 460-
430                       C o u ft s
fabliere, fe contentent, ibit de la placer tiii peu
plus bas que de coutume, foit de la diminuer d'é-
pahTeur, en y faifant une levée au-deiTous de
l'âtre , afin qu'elle fóit ifoiée; mais cela n'eit pas
auffi sûr.
La figure VI, offre différents Plans de tuyaux
de cheminées , compris, foit entièrement, foit ert
partie dans l'épaiffeur d'un mur de refend. Le bas
de cette figure exprime le Pian des jambages j &
le haut exprime les tuyaux engages plus ou moins
dans le mur.
La figure VII, eff. le Plan d'une fouche com-
pofée de quatre tuyaux de cheminées , dont trois
font dévoyés à côté les uns des autres, & dont le
quatrième eit placé en avant.
La figure VIII, eft le Plan & l'Elévation d'une
Souche compofée de trois tuyaux de cheminées,
terminés par des mitres , & accompagnés de Murs
en aile Τ : les lignes ponctuées horifontales, re~
préfentent les chaînes des fàntons, & les verti-
cales , les languettes de, refend des tuyaux.
<taniAlgjM^^iai^lMMMK^MWfcl»ll.ll^.llL.1J.llUl.^llJllll^l1.l».i.llllllMt|||||||||||||||||| HMIIIII1IIH m ||l||| |llllHill|H|— !■ ■—I——■      If
Explication des Figures
de la Planche LXXXIV.
Les Figures I, II & III repréfentent, la pre^
miere le Plan d'un Four , la féconde fa Coupe, &
la troifieme fon Elévation vue de face. Elles ont
toutes trois des lettres de renvois correfpondantes
aux mêmes objets.
A, Bouche du Four.
Β, Tuyau pour le paflage de la fumée, qui va
répondre dans celui de la cuiiine, figures II & IIL
C, Chapelle du four qui eft carrelée.
-ocr page 461-
D * À R C H I ΐ Ε C Τ U R Ë.            431
D , Tablette auiîi carrelée > qui eft pofée au-
-devant de la bouche & garnie-d'une bande de fer*
E,  Voûte de la Chapelle conftruite en tuilot,
figure IL
F, Figures II & III, deiïous du Four, où l'on
met d'ordinaire fécher le bois.
La figure IV, repréfente en partie le Plan d'un
fourneau Potager.
G,  Fourneau de fonte de forme quarrée ou
circulaire.
H, Autre Fourneau de fonte de forme oblongue,
nommé Poiiïonniere*
I, Bande de fer qui environne les fourneaux ,
& qui eil fceilée dans le mur adoffé.
La figure V , fait voir une partie de l'élévation
d'un Fourneau à arcades, conftruit en briques.
Κ & L, Bandes de fer.
M, Mur de parpin fervant de Pied-droit.
Ν , Cendrier garni d'une bande de fer.
La figure VI, eft le Profil du Fourneau.
Ο, Maftif-moilon fervant de fondation.
Ρ, Profil du Cendrier, où l'on voit la coupe des
petites barres de fer qui le fupporte.
Q, Profil d'une Arcade , & d'un Fourneau de
fonte.
R, Paffage d'un autre Fourneau.
La figure VÎI, repréfente le Profil d'un Plancher
à entre-voux.
La figure VIII, fait voir le Profil d'un Plancher
ä äuget.
La figure IX, eft le Profil d'un Plancher ordi-
naire avec des lambourdes , vues en coupe pour
pofer du parquet.
La figure X, exprime la façon de bâtir les murs
en terre dite pifé.
-ocr page 462-
%                      Cours
Q, Murs-moilons ou de blocage, fervant de fou*
déments ,& élevés de 2 pieds au-deffus du pavé.
S y Encaiffement compofé de 2 ou 3 rangs de
planches, que Ton remplit de terre.
T, T, Montants.
V, V, Traverfes où les montants font encaitrés,
& entretenus dans le bas par de petits coins de
bois.
"W ? Brides & Etréfillons fervant à contenir les
montants Τ, par le haut.
X ? Forme oblique que Von doit donner au pifé »
au bout de chaque encaiffement, afin de foraieï
une bonne liaifon avec le fuivant.
Y, Partie de Mur, déjà élevée en pifé, où Ton
voit encore les troux des Traverfes V% que Fofâ
bouche après coup.
Ζ, Pilon vu de face & de profil, fervant à battre
le pifé dans l'encaiiTement, pour FaiFermir & lui
donner la confiilance nécefîaire.
CHAPITRE xnii
-ocr page 463-
d'Arc h ι τ ε c τ u r e.          433
..-.Ι.Ι... .ΙΙ.,.Ι.^,νν^^,ίί^ν^ΑΐΑ»»,.,.....IU.II-I1 Ι»!......111. IH........"H^/l
CHAPITRE XIII.
Des1-' Machines et des Echafäuts
dont on se sert pour l* execution
DES BaSTIMENTS.
^Planche LXXXV.
%J Ν fait' ufage de pînfieurs machines dans l'exé-
cution des bâtiments, qu'il eil bon de ne pas laiffer
ignorer.
La plus confidérable eil la Grue A flgurei, dont
l'office eil de tranfporter les pierres les plus lourdes
jufqu'au faîte dun édifice,& même de les pofer
dans la place qui leur convient.Eüe eil compoiee
d'un Arbre de bout ou poinçon A , dont le pied eil
porté fur huit Pièces de bois fty qui fe croifent
& eil entretenu par des Contre-riches G.
L'arbre de cette machine eil toujours immobile,
& foutient dans fa partie fupérieure un Pivot armé
de fer D, fur lequel peut tourner tout le reile ;
fçavoir l'EcheUier E, pièce de bois placée obli-
quement & garnie de chevilles, fervant comme
d'échelle pour monter jufqu'au haut; les Moifes F,
& les Liens G , fervant à contenir l'échellier dans
fa pofition ; les Sonpantes H , fervant à porter le
Tambour i ,& le Treuil Κ.
                               
Son jeu confiile à faire mouvoir le Tambour I
«m, en tournant, fait filer ou défiler,autour du
treuil K, le Cable L, au bout duquel eil la Pierre M :
-alors, quand on juge la pierre fùiîifamment élevée,
Tome V,                                       Ee
-ocr page 464-
MA                      Cours
■on fait tourner toute la partie fupérieure de la
machine fur le Pivot D , avec la pierre, jufqu'à
Fà-plomb de l'endroit où elle doit être pofée.
Toutes les pièces de cette machine font aflerri-
blées, de maniere à pouvoir fe décheviller & fe
démonter facilement pour être mife dans un ma-
gafin , quand on n'en veut plus faire ufage.
Le Gruau , figure 11, eil plus fimple que la
grue , & fert à élever des fardeaux moins coniidé-
rables : il eil compofé d'un Pivot Ν , d'un Echel-
lier Ο, d'une Contre-fiche Ρ , & d'un Treuil Q,
fur lequel le cable , où eft attachée la pierre, fe
dévide; l'on fait tourner le treuil, non avec un
tambour, comme ci-devant, mais feulement avec
quatre Bras R, difpofés en croix, L'infpecîion delà
figure fuffit pour faire fentir comment fa partie
fupérkure doit enlever une pierre & peut tourner
fur fon pivot.
L1'Engin , figure III, fert comme les deux précé-
dentes machines à élever les pierres, mais ne
donne pas la même facilité de les pofer où l'on
veut. Il eft compofé d'un Fauconneau S, d'une
SelietfôfTj d'un Poinçon V , avec deux Contre-
fiches W ·> d'une ÈeheUier X , qui arcboute la
machine , & d'un Treuil Y, fur lequel le cable fe
dévide*.
        <■ "oh ::ni ,-.
La Çkevre, figure IV, s'employe communément
pour élever les pierres des maifons ordinaires',
car on n'employé guère les grues & gruaux que
pour l'exécution les grands édifices. Elle eil com-
pofée d'un treuil avec un bras , autour duquel file
pu défile·un cable , d'une poulie , & de deux
çfpéces de jambes de force, entretenues par deux
traverfes.
, %Ά Sonem ou Mouton, figure V, eil deilinéeà
-ocr page 465-
d'Architecture.           43*5
enfoncer des piiots à l'aide d'un gros Billot de
bois a, de 5 ou 600 livres pelant , placé entre
deux couliffes, & qui s'élève -à force de bras , par
le moyen de Cordages £, pour le laiffer rëtomber-
enfuite fur la tête du Piloî c
Le Cabeßariy figure Vi, eil un efpéce de Roü- j
leau d, pofé verticalement, & que l'on fait tour-
ner avec quatre Leviers e,es difpolés eû> croix
dans fa partie fupérieüre ; ia fonâion efl'de tirer
horifontalement les fardeaux à l'aide d'un Cable fi
Le VindäS) figure Vil , eil un Rouleau cylin-
drique g', pofé horifontalement, dont les extré-
mités font percées par quatre Leviers Ä, placés en
croix, pour faire filer & défiler le cable. îl fertà
• élever des pierres perpendiculairement ; ön; en
voit communément au-defliis des puits des* carrières
de moilon; \ -
La Loiùvè, figure VIII, eil d'ordinaire une-pièce
de fer quarréë à queue d'aronde , garnie d'un
œil ou d'un anneau dans lequel on paffe un S de
fer, fervaïif à y attacher la corde ou le cable: à
côté font dieux autres morceaux de fer égaux
qu'on nomme Lowetaüx.Son ufagë efl de retenir
les pierre» qu'on eiileve : pour cet effet on pratiqué
dans uri'dë leurs lits, un trou plus large dans le bas
que dansle haut /où on logé d'abord la louve ,& ert--
iuite ksdëu^ louveteau &, lefquels · tiennent- cette
main de fêi' ÎiîféVmë i? qltë la pierre rie fçauroit s'en
détachëTv ■· ·;·
                                              Γ
tai■GWjféy'figure IX :/fért ait même ufagë que
la lotwe· : elle eil faite comme des ciieaux : il faut
auffî-pratiquer daris le lit delà pierre une mortôifé
plus large'dans lé fond1 qu'à Feutrée pour'la* rete^
Vbif ;idërfbrië que, quand fca griffe y efl introduite,
W poids* d& lü pierrè~; Me écarter fes branchés >
Eeij
-ocr page 466-
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4}6                      Cours
& les oblige à ferrer d'avantage les côtés de la
mortoife.
Le Cric, figure X, eft une machine qui fert aux
Ouvriers pour foulever les pierres d'une certaine
groiTeur, & les mettre en chantier : il ne s'agit pour
cela que de tourner la Manivelle/, qui élevé
à proportion le CroifTant k, foit lorfqu'il eil chargé
de la pierre, foit lorfqu'il eft placé fous la pierre.
La Demoifelle, figure XI, fert à faire taffer les
pierres.
La Civierre, figure XIII, fert pour transférer de
petites pierres à bras d'hommes.
La Manivelle, figure XII, fert aux Ouvriers à
remuer leurs pierres : elle eft traversée dans le
milieu d'un Boulon de fer m, pour faciliter cette
opération , à l'aide du Levier > figure XIV.
Indépendamment des machines qu'on employé
journellement pour la conftru&ion , on fait divers
échafauts couverts de planches pour le fervice
d'un bâtiment.
Les échafauts les plus légers fe nomment volans »
& font faits de planches portées par des pièces de
bois qui entrent par les bayes des croifées dans les
chambres, où l'on foutient leurs baffecules : mais
les échafauts les plus ordinaires montent de fond,
& font portés par des écoperches ou perches pla-
cées de bout, & des boulins placés horifontale-
ment, fcellés dans les murs par un bout, & atta-
chés par l'autre avec des cordages aux écoperches.
Comme ces fortes d'échafauts embarrafTent le paf-
fage de la rue, on difpofe yolontiers dans le bas
des perches ou boulins inclinés en maniere de
liens ou de contre-fiches, que Ton appuie .contre
le bas du mur, & fur lefquels on élevé enfuite les
écoperches & les boulins, où l'on place des pian-
'
-ocr page 467-
d'Architecture.           437
ches comme ci devant. Ces échafauts fervent à
porter les Ouvriers , foit qu'ils pofent les pierres *
foit qu'ils érigent des murs ordinaires, foit qu'ils
faifent des ravalements ou ragréments.
Quant aux grands échafauts , ils fe font en
charpente , & montent de fond; tls font compofés
de pointails pofés fur des couches ou chantiers,
& contreventés par des arc-boutants ou contre-
fiches , qui forment des efpéces de fermes deftinées
à recevoir des planchers à de certaines hauteurs.
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43?
Cours
CHAPITRE Χ Ϊ V.
ARTICLES DE LA COUTUME DE PARIS ,
<?£// REGARDENT LES BjSTIMENTS.
Τ
JLiA connoiffance des Loix des Bâtiments eil
eiiëntieile à un Archke£k\ Sans cette étude , il
court riiqiie de conflituer les Propriétaires qui
l'employent, dans des procès ruineux avec leurs
voiiins, & capables de nuire à ia réputation. Il
eil important, qu'il fok inilruit comment il lui eil
permis d'en uier à l'égard des maifons voifines,
& quelles font les feryitudes auxquelles il eil tenu
en bâtiilant. On appelle fervitude raffujétiffement
d'une choie à un autre. Les fervitudes font de
trois fortes : les unes font d'obligation, & pref-
crites par la Coutume ; les autres font celles de
convention, ou par titres, &. qui font attachées
à la propriété d'un bâtiment, comme d'avoir droit
de vue directe fur fon voiiin, cave fous fa maifon,
un puits commun, paiTage des eaux ïur fon ter-
rein , &c. Les troifiemes font des tolérances ou
des permiiîions que l'on accorde verbalement, &
qui peuvent être fupprirnées & otées dès qu'il
plaît à celui qui l'a permis, ou quand il veut faire
bâtir.
" La Coutume de Paris concernant les Bâtiments,
a été rédigée en 1580 fous Henri iil, & a été com-
mentée depuis par nombre de Jurifconfultes (a),
00 Les principaux Jurifconfultes qifi ont commenté la Coia-
-ocr page 469-
d'Architecture, 439
& même par quelques Archite£tes , entre au-
tres par M. Defgodets (a) , Archite&e du
Roi , & ProfeiTeur de l'Académie Royale
tiune de Paris ,.& d'après lefquels nos Experts ont puifé leurs
interprétations, font :
Charles Dumoulin , Avocat célèbre , né à Paris en 1500.
Louis Lecaron , né à Paris, & mort à Cleimont en 16157.
Gilles Fortin qui donna , en 1595, des Remarques utiles fur la
Coutume.
René Chopin , d'Angers , mort à Paris en 1606,
Jean Tronfon , qui nous a lailTé des Commentaires fur la
Coutume , qu'il fît paroître en 1618.
Maîtres Tournée, Labbé Se Joly , qui tous trois ont fait des
notes fur la Coutume, Celles du premier datent de 16x3 ; celles
des deux autres font dans une nouvelle Edition, à la fuite des
notes de Tournet.
Claude Guérin , né à Angers , qui imprima un Commentaire
fur la Coutume en 1634.
Julien Brodot, Auteur célèbre , qui a donné, en 1558 , deux
Volumes fur la Coutume.
Marie Ricard , né à Beauvais en iîîiS , Un des habiles Avocats
de Paris Λ mort en 1666, Auteur exaét & fort eftimé des Jurif-
confultes.
Barthelemi Ozonet, né à Paris en 1^91, mort en 1673, qui
nous a donné des notes fort fçavantes fur la Coutume.
Claude Dupleflis, habile Avocat, né en Perche en i6%6, qui
nous a laiifé d'excellentes maximes fur notre Droit coutumier.
Jean Le Camus , Lieutenant Civil, né à Paris en 1637, mort
en 1710, qui a publié un excellent Traité & des Obferva-
tions très-eiîentielles fur cette partie de notre Jurifprudence.
Enfin Eufebe Delorieres , Avocat, qui nous a laiifé en 1698
des notes excellentes fur la Coutume de Paris 5 mais particulier
rement un GloiTaire du Droit François, qui s'eft attiré l'appro-
bation générale des Sçavants.
La Coutume de Paris n'eft point générale pour tout le Royau-
me , & elle diffère fur bien des articles dans la plupart de nos
Provinces : c'eft pourquoi un Architecte , avant d'y bâtir, doit
■s'en inftruirc.
(d) Antoine Defgodets , naquit à Paris eni<>n & mourut
en 1718. En paifant en 1674 en Italie pour s'inftruire , il fut
pris par des Corfaires d'Alger } & emmené en captivité , où
il demeura jufqu'en 1676 , qu'il fut échangé par ordre de Louis-
le-Grand : de-la il continua fa route pour Rome, où il employa
16 mois à former fon Recueil intitulé, Les Edifices Antiques de
E e ιν
-^asSLiaii_____
-ocr page 470-
44°                      Cours
d'Archite&we , dont on eilime particulière-
ment l'interprétation , fur-tout avec les notes
qui y ont été ajoutées par feû M. Goupi, Archi-
tecte-Expert Bourgeois.
La plupart des Experts ne font rien moins que
d'accord fur l'interprétation de la Coutume; aufii
eit-elle la matière de la plupart des procès en fait
de bâtiments ; c'eit pourquoi , fans adopter un
fentiment plus que l'autre, nous nous bornerons
à expofer le tvxie de ces Loix , en y joignant
feulement quelques observations pour en faire
comprendre le fens littéral , dont on convient
affez généralement, renvoyant pour les difcutions
aux différents Commentaires que Ton a publié.
Rome, mis au jour en Ié8^ ; Ouvrage qui lui a fait beaucoup
d'honneur ; quelque rems après fon retour cle Rome, il fut nommé
Architecte du Roi, puis Contrôleur de fes Bâtiments à Chambord,
& fucceiïïvement au Département de Paris : en 17151 il remplaça
M. de la Hyre, en qualité de ProfeiTeur à l'Académie Royale
d'Architecture ; place qu'il a rempli avec beaucoup de diilin-
£hoii pendant 9 années.
%
-ocr page 471-
d'Architecture, 44*
Article 184.
Quand & comment Je font les Vifitations
\
             & Rapports d'Experts-Jurés.
En toutes matières fujettes à vifitatîon,
les Parties doivent convenir en jugement
des Jurés ou Experts , ou Gens à ce con-
noiiTans, qui font le ferment pardevant les
Juges : ôc doit être le rapport apporté en
juftice, pour, en plaidant ou en jugeant le
procès y y avoir tel égard que de raifon,
ïans qu'on puiiÎe demander amendement -,
peut néanmoins le Juge ordonner autre ou
plus ample vifitatîon être faite s'il y écheoit >
& où les Parties ne conviennent de per-
fonne, le Juge en nomme d'office.
ParunEdit du Roi de 1690, il a été créé foi-
xante Charges d'Archite&es-Experts pour la Ville
de Paris, qui ont droit d'exercer par toute l'éten-
due du Royaume , dont trente font Experts-
Bourgeois, & les trente autres Experts Entrepre-
neurs , fans compter feize Charges de Greffiers de
TEcritoire. Les vacations font réputées d'environ
trois heures de travail, & font payées à raifon de
fix livres à Paris, & de douze livres à la Campagne
pour chaque Expert, le quart desquelles fommes
fe met en bourfe commune. Outre cela, il a été
créé fix Charges d'Experts dans toutes les Villes
où il y a Parlement, qui n'ont droit d'exercer que
-ocr page 472-
44*                      Cours
dans l'étendue du reffort, & de plus trois autres
Charges d'Experts dans toutes les Villes où il y a
Généralité & Préfidial , qui n'ont droit d'exercer
que dans l'étendue du reffort de la Généralité ou
du Préfidial.
Ce font ces Experts feuîs qui font réputés être
les gens à ce connoiffans en juftice, & qui feuls
peuvent être nommés pour faire ces fortes de
vifites & de rapports. On les appelle Jurés, parce
qu'ils font obligés de prêter ferment, & d'affirmer
en jugement de rapporter la vérité avant la vifite
àes travaux : cependant ils ne font guère ce fer-
ment qu'une fois pour toutes lors de leur ré-
ception.
Les matières fujettes à viiitation ont pour objet,
les eitimatiofls des ouvrages en bâtiment, les dif-
cutions qui fuf viennent par rapport aux fervitudes,
les prifées de la valeur des biens pour les par-
tages entre les héritiers, les procès entre les Pro-
priétaires & les Entrepreneurs, pour le règlement
des mémoires, ou lorfqu'on aceufe ces derniers
de n'avoir pas exécuté les devis & les marchés
convenus, &c.
Quand il furvient quelques difcutions en bâti-
ments , il erl d'ufage que chaque Partie nomme un
Expert; s'ils ne s'accordent pas, le Juge nomme
un troiiieme Expert d'office. Les Experts doivent
être toujours afliftés d'un Greffier de l'Ecritoire,
dont îa fonction eil d'écrire, de rédiger les rap-
ports , les prifées, d'en garder les minutes, d'en
délivrer des copies ou expéditions à ceux qui en
ont beibin, -
-ocr page 473-
d'Architecture.          443
Article 185.
Comment doit être fait , figné & délivré
le Rapport.
Et font tenus lefdits Jurés δ£ Gens à ce
connoiiÎans, faire & rédiger'par écrit, 8c
ligner la minute du rapport fur le lieu,
& paravant d'en partir, ck mettre à l'inilant
ladite minute ès-mains du Clerc (a) qui les
affilie , lequel eil tenu dedans les vingt-
quatre heures après de livrer ledit rapport
aux Parties qui le requièrent.
On fuppofe dans cet article , que le rapport
peut être fini en une feule* vacation ; mais comme
cela n'eft pas toujours poffible lorfqiul y en a
pluueurs , il faut entendre que cette délivrance de
rapport ne fe doit compter que vingt-quatre
heures depuis la dernière vacation.
{a) Ce font les Greffiers de l'Ecritoire , que l'on'défigne ici
fous le nom de Clercs.
ARTICLE- 186.
Si la Servitude ou la Liberté s'acquiert par
prefcription.
Droit de Servitude ne s'acquiert par
longue jouiilance, quelle qu'elle foit, fans
titre , encore que l'on ait joui par cent axis:
mais la Liberté fe peut réacquérir contre le
-ocr page 474-
444                      Cours
titre de Servitude , par trente ans entre
%és &; non privilégiés ( a ).
Aînfi il ne fçauroit y avoir , fuivant cet arti-
cle 5 de fouiFrance quelconque d'une maifon fur
l'autre, fans titre par écrit qui en explique claire-
ment toutes les circonilances ; telles,par exemple,
que des vues droites dans des murs mitoyens,
des paflages pour les eaux à travers un terrein
voiSn , ou l'égoût des toits d'une maifon fur
l'autre, &c ; mais , en fuppofant que cette fervi-
lude (ut due à un voifin, & que celui-ci ait ceffé
d'en faire ufage pendant trente ans confécutifs ou
de fuite, fi cela eil prouvé par témoins , il y a
prefcription, & il perd fon privilège '9 c'eft le fens
de cette Loi.
(a) Par Privilégiés , on entend les Mineurs , les Commu«
tînmes Reîigieufes, les Eglifes, les Hôpitaux , les Colleges ,
les Scigneuts Haut-JuiKeiers.
Article 187.
Qui a le fol a Le dejfus & Le deßbus} s'iL ri y a
titre au contraire.
Quiconque a le fol, appelle l'étage du
rez-de chauffée, a le deiTus & le deiTous de
fon fol, Se peut édifier par deiTus & par
deiibus, &; y faire puits, aiféments & autres
clioiès licites, s'il n'y a titre au contraire.
Le fol eft la furface du terrein de la rue ou du
chemin ; c'eil en cet endroit que fe prennent tous
les alîignemeflts, foit des murs de face, foit des
murs mitoyens d'un bâtiment, fans avoir égard
aux empattements de (es fondations.
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d'Architecture. 445
Article 188.
Contre-Murs pour Etables & autres.
Qui fait Etables., ou autres choies fem-
bîables contre un mur mitoyen, il doit faire
contre-mur de huit pouces d'épaifTeur , de
hauteur jufqu'au rez-de-chauiïëe (a) de la
mangeoire.
Il n'eft pas ordinaire de faire des contre-murs
dans les écuries bâties dans les Villes , attendu
qu'elles font communément pavées à chaux &
ciment, & qu'on n'y laiiTe pas féjourner du fumier
fous les mangeoires, mais de la litière, que l'on
renouvelle fouvent. 11 n'elt befoin de faire un
contre-mur de fon côté , contre un mur mitoyen,
que quand on y doit entaiTer du fumier : alors il
faut donner d'étendue au contre-mur la hauteur
& largeur que doit occuper le fumier, & cela, afin
que ledit mur ne puilTe être détérioré par fon
féjour : l'ufage eit de ne point lier en ce cas la
maçonnerie du contre-mur avec celle du vrai mur,
pour mieux garantir le dernier.
(<z) On doit entendre par le η-ξ-de-chaujfée de la mangeoke,
le niveau de la mangeoire.
Article 189.
Contre-murs pour Cheminées 6? Afires.
Qui veut faire Cheminées & Ailres
contre un mur mitoyen , doit faire contre-
mur de tuilots, & autres chofes fu'ffifantes
de demi-pied d'épaiileur.
-ocr page 476-
446                       Cours
Cela ne doit s'obferver à l'égard des murs mi-
toyens , que lorfqu'on ne met pas de plaques de
fonte aux contre-cœurs des cheminées , pour em-
pêcher la chaleur du feu de l'endommager. La
Coutume ne détermine pas l'étendue que doit avoir
ce conrre-mur de tuilots ou de briques , parce
qu'elle a penfé fans doute , que cette étendue de-
voir nécelTairement occuper toute la largeur du
fond d'une cheminée entre les jambages, & s'éle-
ver jufqu'à la hauteur des plate-bandes de fou
manteau, de fa tablette ou de fa hotte.
;              A R τ ι c L ε ic>o.
Pour Forge 7 Four ou Fourneau^ ce qu'on
doit obferver.
Qui veut faire Forge , Four ou Four-
neaux contre un mur mitoyen, cl oit la hTer
demi-pied de vuide & intervalle encre-deux
du mur du Four ou Forge, & doit erre ledit
mur d'un pied d'épaiffeur.
Ce vuide de 6 pouces que Ton recommande ici,
s'appelle vulgairement le tour äu chat ; il n'a guère
lieu que pour les fours des Boulangers, Pâtifiiers,
Potiers de terre, & qu'au droit des forges des Cou-
teliers, Serruriers, Taillandiers, qui par leur feu
continuel , pourraient endommager le mur mi-
toyen ; car pour les fours des maifons particu-
lières, on fe contente de faire un contre mm; de
«;pouces. Le tout fondé fur cette Loi'liniveTfelle,
qu^ilne faut pas qu'un voifin puilfe détériorer'ce
qui eft commun y ou c'aufer de préjudice à ce' qui
lui appartient en commun.
-ocr page 477-
d'Architecture. 447
Article 191.
Contre-Murs pour Âifances & Puits.
Qui veut faire âifances de Privés ou
Puits contre un mur mitoyen, doit faire un.
contre-mur {a) d'un pied d'épaiiïeur : où il
y a de chacun côté, Puits d'un coté &;
Aifance de l'autre, il fuffit quii y ait quatre
pieds de maçonnerie d'épaiiïeur entre deux,
comprenant les épahfeurs des murs d'une
part & d'autre ■■> mais entre deux puks Îuffi-
iënt trois pieds pour le moins.
En vain auroit-on fatisfait à cet article, comme
nous l'avons 4éjà dit dans l'article de la contrac-
tion des foffes d'aifance & des puits, en obfervam de
faire les contre-murs de répaiffeur-recommandée an
droit du mur mitoyen, fi malgré cela les matières
venoient à filtrer à travers ledit mur, ou à s'é-
couler dans les caves de la maifon voiiine , le
Propriétaire feroittenu de faire ceffer îe dommage,
& de faire refaire le mur mitoyen vers cet endroit,
à fes dépens , d'épaiiTeur & qualités fuffifantes
pour contenir fes matières : tous les jugements font
formels à cet egard; par conséquent c'eil mpîns
l'épaiiTeur des murs que leur bonne conftru&ion,
que cet article de la Coutume a en vue ïci, & quil
faut confidérer en pareil cas : l'eiîentiel eft d'empê-
cher toute fîltration.
(a) Voyez ce que nous avons dit page 355, fur la maniere
dont doivent être conftrujts les contre-murs, & même les mars
en pareil cas.
-ocr page 478-
44&                    Cours
Article 192.
Pour Terres kbourées & fumées , & pour
Terres jeciiees.
Celui qui a place, jardin, & autre lieu
vuide, qui joint immédiatement un mur
d'autrui ou un mur mitoyen, &: y veut faire
labourer & fumer, eft tenu d'y faire contre-
mur de demi-pied d'épaiiTeur 5 & s'il y a
terres jectices (β), il eft tenu de faire contre-
mur d'un pied d'épaiiTeur.
Cela n'a lieu que pour empêcher le labour d'en-
dommager le pied d'un mur mitoyen, dont un côté
eft un jardin & l'autre un bâtiment; car pour les
murs de parcs, ou de jardin, ou Amplement de
clôture , qui aboutiffent contre des terres labou-
rables, on n'y a point d'égard, lempattement de
leurs fondations tenant lieu d'ordinaire de contre-
murs.
(<j) On entend par terres jeilices, des terres rapportées pour,
élever le fol d'un des côtés du mur mitoyen au*defl"us de l'autre :
quoique la Coutume ordonne alors un contre-mur d'un pied!
d'épaiiTeur, fouvent cela n'eft pas fuffifant 5 c'eft toujours la
hauteur des terres jeérices, qui doit régler à ce fujet. On auroic
dû dire un contre-mur d'épaiileur fuffifante Se proportionnée à
l'élévation des terres jeciiees , en prenant toutefois fur fon
héritage la plus épanTeur du mur : tel eft, en efFet, le fentiment
de la plupart des Experts & Commentateurs, fie le fcul qai
jiaroiile conforme à la raifon.
Article 193.
-ocr page 479-
d'Architecture.          449
Article 103.
Il faut avoir, Privés en la Ville & Fauxhourgs
' ':■"- '! de Paris.
Tous Propriétaires de maifons en la
Vilie £c Fauxbourgs de Paris , font tenus
avoir Latrines & Privés fuflifants en leurs
maifons.
Cet article peut regarder également les autres
Villes , & concerne particulièrement la Police.
Article 194.
Bâtiffam contre un Mur non mitoyen,,
qui doit payer , & quand?
Si quelqu'un veut bâtir contre un mur
non mitoyen, faire le peut, en payant la
moitié, tant dudit mur que fondation d'ice-
lui, juiqu'à fon hébergé-(a)5 ce qu'il eil
tenu de payer par avant que rien démolir
ni bâtir 3 en l'eiKmation duquel mur eil
comprife, la valeur de la terre fur laquelle
ledit mur eiVaiîis., au cas que celui qui a
fait le mur Tait tout pris fur ion héritage.
(a) On entend par héberge, la fuperficie qu'occupe une maifon
contre un mur mitoyen, ou l'adouenient d'un bâtiment'contre
un mur mitoyen : quand on dit, par exemple, qu'un Propriétaire
n'eft tenu de contribuer à là bâtifle d'un mur mitoyen -', que
jufqu'à fon héberge , cela lignifie fuivant l'étendue de _ce
- qu'il en occupe.
                                   jg ·
Tome V.                                   F £
-ocr page 480-
45°                    Cours 4
Âinii il eil libre de fe fervir du mur que fori
voifin aura fait bâtir à fes frais & dépens, & fur
fon propre fond, en le rembourfant, fuivant l'eiti-
mation qui fera faite par Experts , de la moitié
des dépenfes dudit mur , & de la moitié du prix du
terrein qu'il occupe : fur quoi il faut obferver que
cette eftimation du mur doit être faite, eu égard à
fon état acluel, fans confidérer ce qu'il a coûté
au tems de fa conftruc~tion ; & qu'on ne fçauroit
forcer le Propriétaire du mur à recevoir le rem-
bourfement de fa moitié , ce qui eft une condition
dure pour lui, que dans le cas où le voifin ieroit
réellement décidé à bâtir contre ledit mur, pour
fon utilité & non autrement.
Article 195.
Si l'on peut hauffer un Mur mitoyen,
& comment ?
Il eft loiiible à un voifin de hauiïer à fcs
dépens le mur mitoyen d'entre lui ■& ion
voifin, iî haut que bon lui femble, fans le
contentement de (on νο,ίίΐη, s'il n'y a 'titre
au contraire en payant les chargés: pourvu
toutefois que le mur foit fuffîfant pour
porter le fur-haiiflement j & Vil-'n'eil: pas
îliffifant ^ il faut que celui qui veut rehaufler,
le fafTe fortifier ,&c fe doit prendre la plus
forte épaifTètir dé ibn côté.
Tous lés Interprétés de la Coutume S'accordent
à dire que par Ces mots , li haut que hon lui
femble, il faut entendre pourvu que cet exhauf-
-ocr page 481-
d'Aï* CHiîfcCTUft e. _ m 4fI
fernem foit d'une abfolue iiécëffité pour a doffer un
bâtiment; car ή cet êxhâuffement n'avoit pour but
que le plaifir de nuire ou de faire clu tort à la
maifon voiilne } eu lui ôtant le jour & l'air, on
pourrait le faire banTer, ainii qu'il a été jugé par
nonibre d'Arrêts.
Article 196.
Pour bâtir fur Uß Mur de clôture.
Si le mur eil bon pour clôture & de
durée b celui qui veut bâtir deiTus , &. dé-
molir ledit mur ancien pour n'être fuffifanC
pour porter Ton bâtiment, eft tenu de payer
entièrement tous les frais, ôc en ce faifant
il ne payera aucunes charges : mais s'il s'aide
du mur ancien, il payera les charges.
Rarement un mur de clôture efi fuffifant pour
porter un bâtiment : par conféquent il eil jufts
que celui qui a befoin d'un mur de meilleure
qualité, foit obligé de le reconilruire entièrement
à fes riais, en prenant toutefois la plus épàuTëur
de fon côté.
Article 197.
Charges qui fe payent au Voißn,
Les charges font de* payer & rembourser
par celui qui fe loge & héberge contre M
deiTus un mur mitoyen* de fix toifes l'une^
de ce qui fera bâti au-deiïus de dix pieds.
On ne parle ici que d'un mur de clôture, que
Ffij
i
-ocr page 482-
4jîv                   Cours
l'on iuppofe être bon pour porter un bâtiment,
mais cela doit s'étendre également à tous les murs
mitoyens, que l'un des voißns voudroit élever à une
plus grande hauteur que l'autre n'a befoin. La
raifon pour laquelle celui qui élevé le plus doit
des charges à l'autre, c'eil parce que cette plus
grande hauteur, en furchargeant le mur commun,
le fatigue & y occaiionne de plus fréquents réta-
bliffements. Ces charges une fois acquittées, les
frais d'entretien. & de rétabliffement de ce mur
mitoyen deviennent communs jufqu'à^ la hauteur
du bâtiment qui eil le moins élevé ; & le Proprié-
taire du plus élevé eil obligé d'entretenir le reite
du mur tout feul; ce qui paroît très-juile.
Article 198.
Comment on peut fe fervir d'un Mur mitoyen.
Il eft loifibte à un voîiin de fe loger ou
édifier au mur commun & mitoyen, d'entre
lui êc Ton voifin, fi haut que bon lui iem-
blera, en payant la moitié dudlt mur mi-
toyen , s'il n'y a titre au contraire.
Cet article eil une efpéce de répétition des pré-
cédents , & paroît même avoir une contradiction
dans fon énoncé ; car fi le mur eil commun & mi-
toyen ,, d'où vient l'un des voifins doit-il être
obligé de payer la moitié dudit mur en bâtiffant
contre ? La plupart des Commentateurs penfent
qu'il falloit dire, il eil loifible à un voiiin de fe
loger ou édifier au mur qui appartient en entier à
fon voifin, bien que Je fond fur lequel il eft conf-
truit foit mitoyen, fi haut que bon lui femblera,
)
-ocr page 483-
d'Architecture.           453
&ç. Et en effet c'eil le feul fens valable que Ton
puiiTe donner à cet article , qui fans cela devient
inintelligible.
Article 199.
Nulle F mètre ou Trou, pour vue 3
au Mur mitoyen.
En mur mitoyen ne peut l'un des voifins,
fans l'accord 6c le confentement de l'autre,
faire faire Fenêtres ou Trous pour vue,
en quelques manières que ce foit, à verre
dormant ou autrement.
On prétend cependant qu'un des voifins qui
éléveroit à fes dépens feul un mur mitoyen plus
que l'autre, auroit droit de tirer dans cet exhauf-
fement des jours de coutume, comme il fera dit
ci-après ; & il y a pluiieurs Arrêts qui confirment
ce droit, & que M. Dégodets rapporte dans fon
Commentaire.
Article zoo.
Fenêtres & Vues en Mur particulier^
& comment.
Toutefois fi aucun a mur à lui feul
appartenant, joignant fans moyen à l'héri-
tage d'autrui (a) 5 il peut en ce mur avoir
(a) Joignant fans moyen h l'héritage d'autrui; c'eft-à-dire qui
eft bâti fur fon propre fond;, de maniere que le dehors de fon mur,
du côté du voifin, fafle la ligne de féparatton des deux héri-
tages.
F f iij
-ocr page 484-
414                    Cours
fenêtres & lumières, ou vues , aux us &;
Coutumes de Paris , c'eil à fçavoir neuf
pieds de haut au-deiïus du rez-de-chauffée
& terre, quant au premier étage : de quant
aux autres étages, de fept pieds au-deffus
du rez-de-chauffëe (a)? le tout à fer maillé
& verre dormant.
Il eft à obferver que ces fenêtres & jours de
Coutume, quoique pratiqués dans un mur à foi
appartenant, pourront être fupprimées dès que le
voiiin voudra bâtir contre ledit mur , & fe le
rendre mitoyen, fuivant le droit qu'il en a , en
rembourfant la moitié , en conféq-uence de Xarti-
cle
ic)8 : c'eft pourquoi quand on tire de pareils
jours, il eil à propos de fe précautionner , afin
de pouvoir s'en paffer dans foccafion,
(b) On entend, ici par le mot re^-de-chaujfée, le niveau de
l'aire du plancher bas de chaque étage ; c'eft de-là qu'il faut
prendre ks j> & 7 pieds en queiîion.
Article 201.
Ce que c'efl que fer maillé & verre dormant.
)
Fer maille & treillis, dont les trous ne
peuvent être que de quatre pouces en tous
iens .· & verre dormant eft verre attaché 5c
fcQÏlé en plâtre, qu'on ne peut ouvrir.
Cela veut dire que ce n'efl pas aiTez de mettre
aes treillis de fer formant des quarrés de 4 pouces,
fceliés dans le- tableau d'une croifée, pratiquée
dans un mur mitoyen, mais qu'il faut encore que
-ocr page 485-
d'Architecture.         455
celui qui pratique cette croifée pour en tirer du
jour, mette , à fes dépens, un chaffis de verre
fcellé en plâtre, de maniere à ne pouvoir l'ou-
vrir; & cela afin qu'on ne puïiîe rien j etter par
cette croifée , ni voir chez le voilin. ί
Ar τ ι c l e 202.
Dißancepour une vue droite , & baye de coté,
AUCUN ne peut faire vue droite fur fon
voiiin, nî fur place à lui appartenante , s'il
n'y a fix pieds de diftance entre ladite vue
& l'héritage du voiiîn y & ne peut avoir
baye de côté, s'il n'y a deux pieds de dis-
tance.
Cette article n'eft nullement clair, & n'explique
point précifément comment on doit déterminer les
limites en queition. Suivant la plupart des Commen-
tateurs, on doit entendre que pour avoir une vue
droite fur fon voiiîn, il faut fix pieds de diftance,
depuis le parement extérieur du mur à foi appar-
tenant jufqu'à la ligne milieu du mur mitoyen, ou
jufqua la ligne qui fépare l'héritage de celui qui a
la vue d'avec l'héritage de fon voiiin; & que pour
avoir une vue ou baye de côté, il faut % pieds ,
depuis l'arrête du jambage ou pied-droit de la
croifée la plus proche du voifin, jufqu'au milieu
du mur mitoyen, ou de la ligne qui fépare les deux
: héritages. Geft en effet la regle que l'on fuit en
pareil cas.
Ffiy
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/                                     ... Λ *             '
45^                     G ou R s
Article 203.
Signifier avant que de démolir, percer ou rétablir
un Mur mitoyen.
Les Maçons ne peuvent toucher ni faire
1er a un mur mitoyen pour le démolir,
percer & réédifier, fans y appelier lts voi-
ims qui y ont intérêt, par une iîmple iîgni-
fieation feule j & ce à peine de tous dépens,
dommages & intérêts , & rétablifTement
dudk nlur.
Cela fe 'fait non pas verbalement, mais par
Huiffier, aiîn que le voiiin n'en prétende caufe
d'ignorance , & puiiTe fe précautionner contre ces
percements , ces démolitions , & éviter les dom-
mages qu'ils pourroient lui caufer, s'il n'étoit pas
bien & duement averti à tems Cet article regarde
les Entrepreneurs plutôt que les Propriétaires.
"\ Article 2.04.
Comment on peut percer, démolir & édifier
de nouveau un Mur mitoyen.
; Il eil îoiiîbÎe à un voifin, percer ou faire
percer, & démolir le mur commun & mi-
toyen d'entre lui &fon νοίίιη 9, pour fe loger
.& édifier, en le rétablîiïant duement à (es
dépens, s'il n'y. a titre au contraire, en le
dénonçant toutefois au préalable a fon voi-
-ocr page 487-
y
d'Architecture.          457
ίιη, & eil: tenu de faire incontinent &; fans
difcontinuation ledit rétabliflement.
Article 205.
Contribution à faire, refaire- le Mur commun
& mitoyen
, fendant & corrompu.
Il eil loiiîble à un voîiîn , contraindre ou
faire contraindre par Juftice fon autre voiL
iîn ? à faire ou faire refaire le mur &; édifice
'commun pendant 6c corrompu (a) entre lui
& fondit voiiin , & d'en payer fa part &
portion chacun félon fon héberge, & pour
telle part & portion que lefdites Parties
ont & peuvent avoir audit mur &: édifice
mitoyen.
Cet article .& les deux précédents occafionnent
fouvent bien des difcutions entre les Propriétaires
voiiins. Quand un mur mitoyen eil mauvais , il
faut riéceflairement le refaire; mais ne peut-il pas
arriver que bien qu'un mur mitoyen ne foie pas
neuf, il foit bon néanmoins pour l'un des voiiins,
& qu'il vienne à n'être pas fuffiiant pour l'autre
qu'eu égard à des changements, à des augmenta-
tions , ou à la xédirication que ce dernier voudroit
faire de fon bâtiment : c'eft au difeernement des
(a) On entend par pendant & corrompu, un mur qui fur-
plombé, ou qui eft déverfé fur fa hauteur de plus de la moitié
de fon épaiiTeur d'un côté: alors il efl: condamnable fuivant tous
les Experts : il n'y a que dans les murs de clôture ou l'on n'a
point d'égard à cette regle, parce qu'ils ne portent rien , & qu'ils
font peu élevés.
                                      " ■ _ -.,,..''
-ocr page 488-
^--------------               «■
458                      Cours
Experts à apprécier quelle doit être la contribu-
tion de chacun des voiiins, relativement au cas
où ii peut fe trouver : car il ne paroît pas juita
que celui qui n'a pas beibin d'une nouvelle conf-
trußion , & auquel le mur pouvoit fuffire tel qu'il
èfi encore long-tems, paye autant que l'autre , à
raifon de la plus grande charge que le dernier
voudrait lui faire porter, ou de la rédification do
fa maifon.
Article 206.
Poutres & Solives ne fe mettent point
dans le Mur non mitoyen.
N'EST loiiîbie à un voifin de mettre ou
faire mettre les folives ou poutres de fa
maifon , dans le mur d'entre lui èc Ton
voilai, fi ledit mur n'eit mitoyen.
On ne doit pas fe fervir de ce qui n'eir. pas à
foi, ou de ce qui n'eit pas commun ; rien n'eiï
plus raifonnabîe.
Article 207.
Concernant ce qu'il faut faire pour aßeoir
Poutres & Solives-m un Mur mitoyen.
Il n'eit toiiïble à un voifin mettre ou faire
mettre & aileoir poutres de fa maifon dans
ie mur mitoyen d'entre lui & fou voifin y
fans y faire faire & mettre jambes par-
%;>-
-ocr page 489-
d*Architecture.         459
paîgnes (a), ou chaînes & corbeaux fuffiiànts
de pierre de taille pour porter lefdkes
poutres , en rétabliiTant ledit mur : toute-
fois , pour les murs des champs , il fuffit y
mettre matière fuffifante(£)·
Ce n'eit pas feulement'dans un mur mitoyen,
foit en le hâtiiiant, foit en le rétabliiTant, qu'il faut
mettre des chaînes ou jambes de pierre fous les
poutres, mais on n'eft pas moins obligé d'en mettre
fous la portée de toutes les poutres dans tous les
murs quelconques , bien que la Loi nen parle
(a) Les jambes parpaignes & chaînes de pierre de taille doi-
vent faire tout le parpain du mur : les corbeaux font des faillies
en pierre que l'on ajoute aux murs de peu d'épailfeur fous la
portée des poutres , à l'effet de la fortifier. Ces chaînes ou
jambes de pierre fe font au dépens du voifin feul qui en a befom,
& l'autre voifin ne doit contribuera cette partie du mur, que
comme mur bâti en moilon, lî le mur eft fait en moilon,
(6) C'eft-à-dire de gros moilons, & un bon quartier de pierre
ou libage, qui falle toute, f épaiÎTeur du mur fous la portee de la
poutre.
Article zo8.
Poutres comment fe placent dans les Murs
mitoyens.
Aucun ne peut, percer le mur mitoyen
d'entre lui & fori voifin, pour y mettre &i
loger ks poutres de fa maifon, que jufqu'à
l'épaiiTeur de la moitié dudit mur, & au
point du milieu , en rétabliiTant ledit mur,
& en mettant ou faifant mettre jambes,
chaînes &. corbeaux, comme deifus.
-ocr page 490-
4ôo                       Cours
Cette Loi ne s'obferve prefque jamais. Les murs
mitoyens ont communément trop peu d'épaiffeur
pour pouvoir porter avec folidité les poutres, en
ne les logeant que jufqu'à la moitié* Auiïi, à moins
que les bouts des poutres des deux maifons voi-
fines ne fe rencontrent vis-à-vis l'un l'autre , on fe
tolère réciproquement de les enfoncer jufqu'à un
pouce près de la face du mur voifin, pour la
charge de l'enduit ; pourvu toutefois qu'il n'y ait
pas de tuyaux adoffés vers cet endroit ; auquel cas
il eft d'obligation , fuivant les Règlements de la
Maçonnerie, de laiffer 5 ou 6 pouces d'épaiffeur
de charge entre le bout de la poutre & ledit
tuyau.
Article 209.
Contribution pour Mur de clôture.
Chacun peut contraindre Ton voifin es
Villes & Fauxbourgs de la Prévôté Se
Vicomte de Paris, à contribuer pour faire
faire clôture , faifant féparation de leurs
maifons, cours &; jardins, efdites Villes de
Fauxbourgs, jufqu'à la hauteur de 10 pieds
de haut du rez-de-chauiTée , compris le
chaperon.
Art ι c le 210.
Des Murs de clôture hors des Villes & Faux*
bourgs d'icelles.
Hors defdites Villes 8t Fauxbourgs, on
ne peut contraindre le voifin à faire mur
\
-ocr page 491-
d'Architecture.          461
nouvel, feparant les cours & jardins; maïs
bien le peut-on contraindre à l'entretenez
ment & réfeclion néceiTaîre des murs an-
ciens , félon l'ancienne hauteur dëfdits
murs, fi mieux le voifin n'aime quitter le
droit de mur, êc la terre fur laquelle il eil
ailîs.
A R Τ I C L/E 2 11.
Si Murs de féparation font mitoyens.
Tous murs féparans cours §c jardins,
font réputés mitoyens, 3R1 n'y a titre au
contraire : & celui qui veut faire bâtir nou-
veau mur , ou refaire l'ancien corrompu,
peut faire appeller fön voifin pour contri-
buer au bâtiment ou réfection dudit mur,
ou bien lui accorder lettres que le mur foit
tout fien.
Ainii, en fuppofant qu'un voifin ne voulût pas
contribuer pour fa part à la reconftruclion d'un
mur mitoyen corrompu, l'autre voifin a le droit
de fe le rendre propre en le faifant refaire entière-
ment à fes frais.
Article 212.
Gemment on peut rentrer au droit de mur.
Et néanmoins, es cas des deux précé-
dents articles, eft le voifin reçu, quand bon
lui femble, à demander moitié dudit mur
S
-ocr page 492-
461                     Cours
bâti & fonds d'iceliii, oit à rentrer en ion
premier droit, en remboursant moitié dudk
mur & fonds d'icelui.
Article 213.
Des anciens Fojjés communs, idem que des
Murs de féparation.
Le femblable en; gardé pour la réfection,
vuidange , & entretenement àts anciens
folles communs & mitoyens.
Article 214.
Marques de Murs mitoyens*
Filets doivent être faits accompagnés
de pierre, pour faire connoître que le mur
eil mitoyen, ou à un feul.
On termine le plus fouvent un mur de clôture
par un chaperon à deux pentes, avec un filet ou
larmier de part & d'autre s'il eft mitoyen ; & on fe
contente de faire le chaperon à une pente du côté
de celui à qui feul il appartient, quand il n'eiî: pas
mitoyen : mais, pour Iqs autres murs * il n'eft pas
auiîi aifé de diitinglier s'ils font mitoyens; à moins
qu'il n'y ait un titre par écrit, tous les autres il*
gnes font équivoques,
A R Τ I CL Ε i IJ.
Des Servitudes retenues ou çonfiituèes
par un Père de famille.
Quand un père de familîe met hors iès
mains partie de fa maifon λ il doit fpéciale-r
/
-ocr page 493-
/
d'Architecture. 463
ment déclarer quelles fervitudes il retient
iur l'héritage qu'il met hors (es mains, ou
quelles il conftitue fur le fien. il faut nom-
mément & fpécialement déclarer, tant pour
l'endroit , grandeur , hauteur , meiure ,
qu'efpéce de fervitude : autrement toutes
conilkutions générales de fervitudes , fans
lts déclarer comme deflus, ne vallent.
L'efîentiel eil d'expliquer bien clairement, &
dans toutes les circonftances, ces fervitudes ; fans
quoi elles deviennent par Îa fuite des matières à
procès.
Article 116.
Deßination de Père de famille par écrit.
Destination de père de famille vaut
titre, quand eile eil ou a été par écrit &
non autrement.
Cet article eil une fuite du précédent.
Article 217.
Diflance de mur mitoyen ou appartenant au
Voifin
, pour foffi à eaux ou cloaques.
Nul ne peut faire foiTé à eaux ou cloa-
ques , s'il n'y a fix pjed^ de diftance en tous
iens, des murs appartenants au voiiin , ou
mitoyens.
Souvent cette diflance de 6 pieds de terre-plein
ne fuffit pas pour contenir les eaux des cloaques;
-ocr page 494-
464                     Cours
i'eifentiel eil de les faire de telle conftruction, ou
de laiiTer une diilance telle que les eaux ne puiiTent
pénétrer chez les voiiins; fans cela, en vain au-
roit-on obfervé la Loi , on ne feroit pas moins
contraint à les refaire.
Article 218.
Porter hors la Kille Vidanges d§ privés.
Nul ne peut mettre yuidange de foiïè
'& privé dans la Ville.
Article 219.
Enduits & Crépis en vieil mur, comment toifés.
Les enduits $c crépis de Maçonnerie ?
faits à vieil mur, fe tojfent à raifon de lîx
toifes pour une de gros murs.
Cet article ne s'obferve jamais : d'ordinaire les
crépis & enduits fur vieux murs fe compte quatre
toifes pour une de légers ouvrages ; & lorfqu'on
refait les joints des moilons , & qu'il y a des trous
à reboucher, ce que l'on nomme rmformi, l'ufage
eil de les toifer trois toifes pour une de légers.
CHAPITRE XV.
-ocr page 495-
{
i
■ - *
ö'A&CHI Τ SCIURE.        4#|ί'
CHAPITRE XV.
De LA MANIERE DE FAIRE LE DEVIS
delaMaconneried'un Bastiment.
jLes Devis font généraux ou particuliers. Les
généraux embraffent l'univerfalité des ouvrages
néceffaires pour parfaire un bâtiment dans ion
entier, ceil-à-dire la Maçonnerie, la Charpen-
terie, la Couverture, la Plomberie, la Vitrerie,
la Menuiferie, la Ferrure, le Pavé & la Peinture
d'imprefïion, Les Particuliers ne comprennent
qu'un feul genre d'ouvrage, comme la Maçonne^
rie feule , la Charpente feule , la Couverture
feule, &c.
11 faut, avant d'entreprendre le devis d'un bâti-
ment , que fon projet foit arrêté immuablement,
de maniere à n'avoir plus rien à y changer, & que
l'Architecte fe foit rendu d'avance un compte exact
de tous les détails de fon exécution , tant
par des plans circonitanciés de tous les différents
étages depuis les caves jufquaux greniers , que
par°des élévations & profils dans tous les fens, où
foient cottes avec foin , les longueurs, hauteurs
& épaiffeurs des différents murs, depuis les plus
baffes fondations jufqu'au faîte.
Les Deifins étant bien arrêtés , on commencera
le Pevis par une defcription fommaire du bâti-
ment projette , où l'on énoncera fes principales
dîmenfions, fa longueur, largeur, hauteur, s'il
eft double ou fimple, .δε combien il y a d'étages,
Tome F.
                                       G$
-ocr page 496-
466                    Cours
renvoyant pour tous les détails aux plans , éléva-
tions & deiîins cottes, approuvés & iignés par les
1 arties.
Delà on expofera quelles doivent être les façons &
qualités des matériaux qui feront employés pour
l'exécution dudit bâtiment, & on développera, non-
feulement Tordre qu'il faudra fuivre dans fa conf-
truction , mais encore la maniere dont chacune de
fes parties fera coniïruite.
Suivant cet ordre, i° il conviendra de fcépcifier
d'abord la démolition de l'ancien bâtiment , s'il
en exiffe fur la place où l'on veut bâtir, à l'effet
de ftipuler ii les vieux matériaux feront aban-
donnés à l'Entrepreneur , pour l'indemnifer des }
frais de démolition, du tranfport des gravois aux
champs, & des fouilles pour les nouvelles fon-
dations j ou bien ii léfdites démolitions feront
faites par économie aux dépens du Propriétaire,
pour remployer les matériaux qui en proviendront
dans la nouvelle conftrudion : c'eil à la fagacité de
l'Architecte à diftinguer ce qui eitle plus avantageux
en cette circonftance pour l'intérêt de celui qui fait
bâtir. 2° On parlera des fouilles des terres maffives
& des tranchées néceffaires à faire jufques fur le bon
& folide fond pour les fondations des caves & des
foffes d'aifance, &c. 3° On expofera comment feront
faites les fondations de chaque efpéce de mur , en
diitinguant les parties deitinées à être exécutées
en libages , en pierres de taille & en moilons ;
comment feront faites les voûtes de cave, les
chaînes , les pied-droits des portes, les têtes des
murs à leur rencontre, & enfin les foffes d'aifance.
4° On paffera enfuite à l'établiffement des murs de
face, de refend & mitoyens au rez-de-chauffée,
dont on fixera les retraites, les différentes épaif-
>
-ocr page 497-
d'Architecture.            467
feurs à chaque étage ,les qualités des pierres & des
autres matériaux qu'il faudra employer dans leur
élévation. 50 On développera comment feront
exécutés les efcaliers , les murs de clôture , les
puits & puifards. 6°'On traitera'des légers ou-
vrages, en fpécifiant la bonne qualité & façon de
chacun d'iceux. Enfin on fixera des prix conve-
nables pour chacun des différents travaux?-de
Maçonnerie.
Ainfi , comme il eil aifé d'en juger par cet
expofé , un devis bien fait doit être un vrai
guide pour l'Entrepreneur ? deftiné à le conduire
comme par la main dans toutes fes opérations,
depuis la premiere jufqu'à la dernière : il faut en.
conféquence que chaque article y foit expofé le
plus clairement poiiible, fans Iaifler la moindre
équivoque qui puiifé induire l'Entrepreneur en
erreur , ou donner lieu par la fuite à des contefta-
tions & à des procès. Ceft fur tout dans la ma-
niere de dreffer un devis , de Tenvifager fuivant
tous fes rapports, & en un mot de particuiarifer
toutes fes circonitances , que l'on remarque
d'ordinaire l'expérience d'un Archite&e; aufli ne
fçauroit-il fe flatter d'y réuiîir, qu'à proportion
qu'il fera confommé dans la pratique.
Comme nous n'avons jufqu'ici traité que de îa
Maçonnerie , nous nous bornerons à donner une
idée de la maniere dedrefTerun devis particulier des
travaux compris fous cette dénomination ; & pour
embrafTerlefdits travaux dans leur généralité , nous
fuppoferons un grand bâtiment, compofé de plu—
fieurs corps de logis ifolés, d'élévation , conftruc-
tion & décorations différentes ; lefquels compren-
dront à peu près tous les genres d'ouvrages ufités
dans l'exécution d'un Hôtel, ou d'une maifonbour-
G g »!
-ocr page 498-
f468                     Cours
geoife ordinaire : ce qui nous donnera occaiion,"
non-feulement de faire une efpéce de récapitula-
tion de tout ce que nous avons dit jufqu'ici fur
cette matière importante , mais encore de faire
voir à la fois, la liaifon & fucceffion de tous les
différents ouvrages de Maçonnerie, néceiiaires pour
conduire un bâtiment à fon entière perfe&ion ,
depuis fe$ fondements jufqu'à fon couronnement.
ï
*
-ocr page 499-
d'Architecture. 469
VijiiilMI WHMiii m wl.iiMliifiii iii,.:;miii                                         -                                                 - '-- '.....-                 "·"*------------------------------*"-
DEVIS
Des Ouvrages de Maçonnerie à faire pour la
conßruclion d'une mai/on
, compofée de
plufieurs corps de logis
, que M.** defire
faire bâtir fur un terrein à lui appartenant 9
fuivant les plans > élévations & coupes agréés
par ledit Sieur} le/quels dejjîns ont été
fignés par lui, & feront exécutés comme il
fuit.
Le bâtiment fera compofé de quatre corps de
logis, fçavoir l'un fur la rue, deux autres en aile
fur la cour, & le quatrième , en face du premier,
fera entre cour & jardin.
Le corps de logis fur la rue aura... de lon-
gueur hors œuvre fur ... auffi hors œuvre. Il fera
compofé d'un rez-de-chauiTée avec un entre-fol,
& de trois étages avec une manfarde , le tout
faifant cinquante-cinq pieds de hauteur, depuis le
pavé de la rue jufqu'au deiïus de la corniche de
couronnement, Suivant les plans, les appartements
feront double, & il y aura des caves dans toute
l'étendue dudit corps de logis, qui auront.....
de hauteur fous voûte, avec des foifes d'aifance
aü-deiTöus defdites caves : fuivant les élévations ,
les murs de face feront bâtis tout en pierre avec une
porte cochere au milieu, ainfi que des boutiques
de part δε d'autre.
On entrera par ladite porte coehere dans une
cour quia,ura .... pieds de longueur fur ... pieds
Ggiij .
-ocr page 500-
'47°                   C ο υ ίΐ s
de largeur ; à droite & à gauche de laquelle feront
deux corps de logis iimples en ailes, ayant.....
pieds de longueur hors œuvre, fur......pieds
de profondeur auiîi hors œuvre , & quarante pieds
de hauteur depuis le pavé jufqu'au deffus de la
corniche du couronnement; lefquels feront élevés
de deux étages au-deiTus du rez de-chauffée de
la cour, & terminés par un comble à la Françoife.
Ces deux corps de logis feront de conilruûion
différente.
Le corps de logis à droite aura des caves fous
toute fon étendue , de.....pieds de hauteur fous
voûte 5 & fa façade fera élevée partie en pierre,
partie en moilon, avec des portes & croifées dont
les pied-droits & plate-bandes feront en pierre.
Le corps de logis à gauche au contraire n'aura
pas de cave, & fera bâti tout en moilon.
Le corps de logis du fond entre cour & jardin,
fuivant la diftribution de fon plan , fera double :
il aura.....pieds de longueur hors œuvre,
fur .... pieds de largeur auiîi hors œuvre. Il fera
compofé d'un feul étage, avec des fouterrèins au-
deffous, pour des Cuifines, Offices & Selliers ; de
forte -qu'il fera élevé de cinq pieds au-deffus du fol
delà cour. Les façades du côté du jardin & du côté
de l'entrée feront en pierre : elles auront chacune un
avant-corps , précédé d'un perron avec quatre
colonnes Ioniques de dix-huit pouces de diamètre»
qui feront engagées au tiers du côté de la cour,
& qui feront ifolées du côté du jardin ; entre les-
quelles feront trois portes croifées cintrées. Tout
ce corps de logis fera terminé par un entablement,
formant plate-bandes entre les colonnes des avant-
corps , & furmonté d'un fronton au droit de
î'avant-corps du côté du jardin. Enfin tout ce
-ocr page 501-
d'Architecture. 471
bâtiment fera couronné par une baluilrade avec
des baluilres , & par un toit bas. Quant aux
croifées qui éclaireront le reite des appartements,
elles feront fermées à plate-bande, & ornées de
chambranles.
La hauteur totale dudit bâtiment , depuis le
fol jufqu'au haut de l'entablement, fera de vingt-
quatre pieds, & de vingt-fept pieds & demi, en y
comprenant la baluilrade.
Entre lefdits corps de logis , qui feront tous
ifolés, il fera contait des bâtiments compoies
d'un rez-de-chauffée, & d'un entre-fol pour les
remifes, écuries & cuiiines ; le tout conformé-
ment aux deflins.
Seront faites au furplus les diftributions de tous
les étages de ces différents corps de bâtiment, fui-
vant les mefures, grandeurs & hauteurs, cottées
fur les plans, élévations & coupes, préfentés par
M. *** Architecte, qui a compofé lefdits deffins,
qui aura la direction defdits ouvrages, & qui
donnera fucceffivement à l'Entrepreneur tous les
détails & profils particuliers des moulures, cor-
niches , & des autres parties d'Archite&ure dont il
aurabefoin.
Démolition.
Sera faite la démolition des anciens bâtiments
exiilants aux endroits où doivent être bâtis les
neufs , dont les meilleurs matériaux de chaque
efpéce , qui fe trouveront de bonne qualité &
propres à reifer vir j feront rangés & mis à part,
pour être remployés aux nouvelles conilruirions,
& dont les pierres de taille, moilons & carreaux
de terre cuite , appartiendront à l'Entrepreneur de
Ggiv
; ■ ' -,                                                                                                                                                                                                                           >.
; ■ - .                                                                                                               ν
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472                       Cours
la Maçonnerie, pour l'indemnifer, tant defdites
démolitions de maçonnerie, que de l'envoi des
gravois aux champs, pour rendre la place nette.
Les bois de Charpente, les ouvrages de Menui-
ferie , les tuiles, les fers, les plombs, & autres
matériaux bons à reffervir, feront pareillement
donnés en compte aux Entrepreneurs de chaque
efpéce d'ouvrage, ainii qu'il fera dit dans les devis
particuliers pafTés avec chacun d'eux : lefquels
matériaux feront déduits fur les ouvrages qu'ils
auront faits aux nouvelles conilru&ions , &
ne leur feront payés que pour façon de main-
d'œuvre.
Fouilles des Fondations.
Seront faites les fouilles ou vuidanges des terres
maffives , tant pour les tranchées & rigoles des
fondations de tous les murs de face, de refend &
mitoyens, que pour le vuide des caves, & les
fofTes d'aifanee, au-deiïbus défaites caves, des
profondeurs néceifaires, jufques fur le bon & fo-
lide fond, conduites de niveau fans redents ; le
tout de maniere à avoir les hauteurs & largeurs
néceifaires portées par les plans. Seront faites de
même les fouilles & vuidanges pour les puits fuivant
les diamètres marqués fur les plans ;lefquelles terres
feront envoyées aux champs, ou dans les endroits
indiqués par Γ Architecte ; & s'il fe trouvoit, dans
îefdkes fouilles, du fable quifoit reconnu de bonne
qualité , il fera libre à l'Entrepreneur de s'en
fervir. ^
-ocr page 503-
d'Architecture. 473
Façons & qualités des Matériaux*
Le mortier fera compofé d'un tiers de la meil-
leure chaux de Melun ou de Senlis, & de deux tiers
de fable de rivière, ou autre reconnu de bonne
qualité, bien mélangés & incorporés enfemble.
Le ciment fera fait de tuilots & non de briques.
Les pierres de taille dure feront tirées des car-
rières d'Arcueil, de Bagneux, & de Montfouris,
de la meilleure qualité , fans moies ni fans fils qui
les traverfent, bieh éboufinées , atteintes au vif
dans leurs lits , taillées & layées à leurs parements
vus , proprement à vive arrête ; elles feront pofées
fur le plat ou de champ , fuivant que l'ouvrage le
requerra , & toujours en bonne liaifön entre elles
d'environ huit à neuf pouces.
Les moilons & les libages feront aufîî des car-
rières d'Arcueil , de la meilleure qualité , bien
éboufinés au vif, & bien giflants.
Toute la pierre de taille tendre fera tirée des
carrières de Saint-Leu ou de Vergelé, de la meil-
leure qualité, à vive arrête, arrêtée & ragréé au
fer; & il n'en fera pas employé de celle qui eil trop
coquilleufe ou moulinée de diverfes couleurs : elle
fera pofée, comme la pierre dure, c'eil- à-dire fur
le plat ou de champ, fuivant les cir confiances.
En général, toutes les pierres tant dures que
tendres feront pofées fur calles, fichées, coulées
& jointoyées avec mortier des qualités fufdites,
en ayant foin de faire les joints montants les plus
petits que faire fe pourra , & les joints de lits de
trois lignes au plus de largeur.
Le plâtre fera nouvellement cuit , tiré des car-
rières de Montmartre ou de Belleville, & employé
\
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474                       Cours
fans aucun mélange de terre ni pouffiere, pour
quelque raifon que ce foit.
Les carreaux de terre cuite petits & grands fe-
ront à iix pans, de bonne qualité , pofés à plâtre
pur & de niveau.
Toutes les briques feront de Bourgogne , ou du
moins de la meilleure qualité de celles qui fe
tirent des environs de Paris.
Les lattes employées aux légers ouvrages pour
les plafonds, les aires de planchers, les cloifons &
autres, feront de cœur de chêne fans aubier, les
plus droites qu'il fe pourra , pofées en liaiion
& clouées, fur chaque folive pour les aires o u
plafonds, fur les poteaux pour les cloifons , &
fous les chevrons pour les lambris des étages en
galetas.
Maçonnerie du grand corps
de logis sur la rue.
Fondations des Murs & des Voûtes.
Les fouilles des fondations ayant été faites juf-
ques fur le tuf, le gravier ou le terrein reconnu
pour iiiffifamment folide, & capable de porter le
poids du bâtiment en queition, il fera aiîis au
fond des rigoles, à fec fans mortier fur ledit ter-
rein , un cours de libages en pierre dure fervanî:
de plate-forme d'environ un pied de hauteur, fai-
fant toute l'épaiiTeur du mur, bien de niveau,
fans redents , dont les joints montants feront
équarris & fichés avec mortier de chaux & fable.·
Aux retours des angles faillants & rentrants des
murs de face , & à la tête de tous les murs de re-
■<,
-ocr page 505-
d'Architecture.          47$
fend & mitoyens, de même cfu'en correfpondance
fous les jambes fous poutres & les chaînes , feront
élevés des murs libages qui feront parpain,enobfer-
vant de laiffer des harpes d'environ fix pouces pour
laliaifon des murs enmoilon. Les libages employés
dans les fondations feront des quartiers de pierre
dure de trois à quatre pieds cubes au moins, bien
eflemillés, pofés en liaifon entre eux, dont les lits
feront faits comme ceux delà pierre détaille; le
tout à bain de mortier de chaux & fable.
Tout le reile des murs de fondation fera conf-
truit en gros moilons durs , pofés fur leurs lits en
bonne liaifon entre eux , tant dans les faces qu'en
dedans defdits murs, en ayant foin d'élever leurs
deux faces entre deux lignes , de ne les point blo-
quer contre les terres, & de ne point laiffer de
vuide au milieu defdits murs entre les moilons,
qui ne foit bien garni d'éclats de pierre ou de bons
claufoirs, le tout maçonné avec mortier de chaux
& fable.
Conflruclion des Caves.              '
A trois pouces au-deffous de l'aire (jes caves, & en
retraite fur les fondements précédents, fera placée
une affife de pierre de taille dure, faifant toute
l'épaiffeur des m^irs , piquée du côté des terres, &
en parement du côté des caves, à lits & joints
quarrés.
Il fera mis de diftance en diftance dans les caves,
au-deffus du cours de l'affife en pierre, des chaînes
de pierres de taille dure, dont les pierres feront
alternativement de deux pieds & demi de face fur
dix-huit pouces d'épaiffeur, & dix-huit pouces de
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4?6                    Cours
face fur vingt-quatre pouces d'épaineur : il fera
mis aufil des chaînes femblables en correfpon-
dance , à-plomb des chaînes fous poutre de l'étage
ilipérieur du rez-de-chauffée , en obfervant que
les boutiiTes & carreaux faiTent tous parpain (λ).
Les pied-droits des portes des cayes feront
conitruits en pierre de taille dure, pofées en car-
reaux & boutiiTes faifant parpain , ayant de lon-
gueur réduite vingt-un pouce; de forte que les
affifes auront dix-huit & vingt-quatre pouces alter-
nativement ; leurs fermetures feront en plein-
cintre ou en arcs bombés, dont les voufîbirs ou
davealix auront quinze à dix-huit pouces de
coupe, feront parpain de même que les pied-
droits , & rachèteront lunette s'il le faut.
Les encognures & les têtes de murs dans les
caves, élevées en libages dans l'article précédent
des fondations , feront continuées en pierre de
taille jufqu'à trois pouces au-deiTous du rez de-
chauffée, faifant parpain de dix-huit & vingt-quatre
pouces de queue alternativement.
Ifout le reite defdits murs fera bâti en
moilons piqués au parement vu du côté des
caves, bien giiTants, pofés de plat , en bonne
liaifon tant au dehors que dans TépaiiTeur des
murs, fans laiiîer aucun vuide qui ne foit bien
rempli de mortier de chaux & fable, & de bons
éclats de pierre ou claufoirs comme précédemment.
(a) Nous fuppofons dans ce devis qu'il n'eft queftion que
d'an bâtiment ordinaire, tel qu'un Hôtel ou qu'une maifon bour-
geoife, dont les murs n'excédant guère au-delà|de deux à trois
pied$ d'épaiffeur , peuvent faire parpain 5 car dans les Edifices
qui exigent des murs d'une épaiifeur plus confidérable, on met
les pierres de pluileurs morceaux dans TépaiiTeur des murs,
& on obferve de les lier en dedans comme en dehors.
-ocr page 507-
d'Architecture.           477
Les voûtes de caves feront en berceau plein-
cintre ou furbaiffé , félon ce qui fera eotté fur les
coupes, avec des arcs en pierres de taille qui au-
ront la même face que les chaînes en carreaux &
boutiffes, c'eft-à-direqui auront, de même que les
chaînes , deux pieds & demi, & dix-huit pouces de
face alternativement, & dix-huit δε vingt-quatre
pouces de coupe auiïi alternativement, réduits à
quinze pouces d'épaiffeur vers la clef. Elles feront
pofées fur cintre, coulées , fichées δε jointoyées
en plâtre.
Le furplus de la maçonnerie des voûtes fera en
moilons piqués dans leurs parements en coupe , en
bonneliaifon, δε en forme de petits vouffoirs.
Les reins defdites voûtes feront garnis δε arrafés
de niveau jufqu'au deffiis de leur couronnement,
& remplis de moilons, en prolongement de coupe,
autant qu'il fe pourra ; le tout maçonné avec mor-
tier de chaux δε fable , comme ci-devant.
Il fera mis de la pierre de taille aux lunettes des
abajours ou foupiraux.
ConßrucHon des Foffes d'aifance.
Les foffes d'aifance feront de la hauteur δε lar-
geur marqués fur les deflins : les voûtes feront en
berceau : leurs murs auront deux pieds d'épaiffeur,
δε feront conftruits en moilons piqués au pare-
ment , le tout maçonné avec mortier de plâtre.
On laiffera dans les voûtes un trou de trente
pouces de long, fur vingt pouces de large, pour la
vuidange defdites foffes : au pourtour duquel trou
fera mis un chaffis en pierre dure avec feuillure,
pour recevoir une pierre d'un feul morceau , qui
aura pareille feuillure, δε fervira de couvercle ; au
milieu de laquelle pierre fera fcellé un anneau.
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478                       Cours
On établira dans le fond de chaque foffe un
malîif-moilon d'un pied d'épaifTeur , pofé de
cnamp, maçonné à bain de mortier, où Ton éten-
dra un aire de ciment, fur lequel on pavera eii
pavé de grais.
Cofiflruciion des Defcentes de Caves
Sera faite une defcente de cave fous le principal
efcalier, formant un arc rampant en moilons pi-
qués & pofés de champ, appuyé d'une part fur le
mur de la cage de l'efcalier, & de l'autre fur un
mur déchiffre d'un pied d'épaifTeur, confirait auiii
en moilons piqués , dont les têtes feront en pierre
dure, de douze & dix-huit pouces de largeur alter-
nativement; lequel mur déchiffre fera élevé jufqu'à
rez-de-chauifée , pour recevoir le focle deiliné à
porter le limon de l'efcalier.
Les marches des defcentes feront d'un feul mor-
ceau de pierre dure d'une feule pièce , délardée
par derriere, s'il eil néceiTaire, quarrée par devant
ou chanfrinée, s'il eil bejfoin , pour gagner du
giron , en recouvrement de trois pouces Tune fur
l'autre,
Conßruclion du Puits.
Sera faite la fouille & vuidange âes terres pour
ïe puits , aufîi bas que befoin fera , pour avoir
trois pieds d'eau vive au moins, lors des plus baffes
eaux. Il fera mis au fond dudit puits un rouet de
charpente, fur lequel fera pofée la premiere afïife
des murs du puits , qui auront dix-huit pouces
d'épaifTeur. Les quatre ou cinq premières aflifes
feront en pierre de taille, taillées à la cherche &
en coupe félon leur circonférence , dont les diffé-
-ocr page 509-
d'Architecture.            479
rents morceaux feront cramponés & retenus en-
semble avec des crampons de dix pouces de lon-
gueur icellés en mortier. Leidits murs jufqifà trois
pouces au-deffous du pavé feront continués en
moilons piqués apparents en dedans, proprement
gobtés & jointoyés ; le tout maçonné avec mortier
de chaux & fable. Au rez-de-chauffée , feront po-
fées deux affifes circulaires de pierre l'une fur
l'autre de dix pouces d'épaifleur, retenues l'une à
l'autre avec crampons fcellés en mortier ; & fur
lefdites deux affifes, il en fera mife une troifieme 9
d'une feule pièce fi faire fe peut, un peu en faillie
& en dehors des deux autres, ou du moins de deux
morceaux retenus avec crampons fceliés en
plomb.
Conßruclion des Murs de face & de renfend*
Les murs de face feront conitruits en pierre de
taille depuis le rez-de-chauffée , jufques & y com-
pris la corniche de couronnement.
Sera placé à rez-de-chauffée , à trois pouces au-
defïbus du niveau du pavé , &à trois pouces de
retraite de chaque côté fur les murs des caves, un
focle de trois pieds & demi de hauteur, en pierre
la plus dure, qui embraffera toute l'épaifTeur du
mur , & formera l'embafe du bâtiment. Ledit ibcle
fera compofé de deux cours d'aiîife de vingt-un
pouces chacun , dans lequel focle feront ménagés
les ouvertures des foupiraux &. les bayes de la
porte cochere , des portes bâtardes, & des bouti-
ques , marquées fur les deiîins.
Au-deffus dudit focle fera obfervée une retraite
d'un pouce & demi en dehors, & fera continué le
mur de face en pierre à-plomb du côté de la face
-ocr page 510-
480                      'C o υ ft $
qui regarde le bâtiment, & avec fruit en dehors
de trois lignes par toife, fans compter une retraite
d'un pouce à chaque étage au droit de chaque
plinthe.
Le mur de face fera conitruit en pierre dure,
dans toute la hauteur du rez-de-chauffée, jufques
au-deiïous des poitrails ou plate-bandes qui ferme-
ront l'ouverture des boutiques au deffus des entre-
fols , y compris même la plinthe qui le féparera
du premier étage ; & le mur de. face du côté de la
cour fera élevé en pierre dure feulement jufqu'à la
hauteur du plancher bas de Feutre-fol : pour ce qui
eft du reite defdites façades , il fera continué juf-
qu'à fon couronnement en pierre de Sairit-Lèu.
On obfervera dans îefdites façades les portes,
les croifées, les entablements , les plinthes , &
tous les boffages pour les ornements marqués fur
les deffins Λ & dont les détails feront donnés fuc-
ceflîvement par FArchiteéte.
Toutes les pierres de' taille employées audit
mur feront toutes parpain, même les plinthes &
entablements avec leur faillie > à lits & joints
quarrés, pofées alternativement en bonne liaifon
les unes au-deffus des autres, portant harpes de
neuf à dix pouces au moins dans les murs de re-
fend, en obfervant ce qui a été déjà dit pour leur
emploi & façon, dans l'article concernant les qua-
lités des matériaux; le tout maçonné avec mortier
de chaux & fable, & ragréé le plus proprement
que faire fe pourra : on remplira les joints de la
pierre dure en dehors avec mortier de chaux &
grais, & ceux de la pierre tendre avec mortier de
badigeon.
Les appuis des croifées , les fetiils des portes
au rez-de-chauffée, de même que la cimaife qui
couronnera
-ocr page 511-
d'Architecture.           481
couronnera la corniche du haut du bâtiment, iera
en pierre dure.
Les murs de refends & mitoyens auront dans le
bas un cours d aihle de pierre , qui ernbraffera toute
leur épa.iilèur , & qui tera une retraite de trois
pouces de chaque cote fur las murs des caves.
11 fera mis cies chaînes de pierre de taille de fond
en comble au droit des poutres , pour recevoir
leurs portées , lefqueiies chaînes feront toutes
parpain à carreaux & boutifies de dix huit pouces f
& de deux pieds & demi alternativement. A toutes
les ouvertures ou bayes de portes, il fera mis au
rez-de-chauiiée des pied droits en pierre dure, &
des pied droits en pierre tendre à toutes les autres
bayes & portes des autres étages ; lefquels pied-
droits ieront toute fépaiiîeur defdits murs en
bonne iiaifon , dont les pierres les plus courtes
auront un pied de tête, & les longues dix-huic
pouces : les fermetures defdites portes feront en
plate-bandes des mêmes qualités de pierre que
leurs pied droits, dont les claveaux auront qua-
torze pouces de coupe, & feront auffi parpain.
A la rencontre ou tête defdits murs de refend
avec ceux de face , il y aura des chaînes de pierre
de deux à trois pieds de faillie en dedans defdits
murs de face, & prolongées dans ceux de re-
fends & mitoyens , formant des harpes pour
les lier eniemble convenablement j en obfervant
à la tête defdits murs & dans leur épaiiTeur, les
jncruitements néceiTaires pour placer les ancres,
chaînes & harpons par tout oùbefoin fera, fuivant
les dimenfions qui feront données dans le temps
par F Architecte.
Tout le reite defdits murs de refend & mitoyens
fera fait en moilons durs, bien ébouiinés , eile*
Tome V.»
                                     H h
\
<
-ocr page 512-
4§i                        Cours
milles , pofés de niveau & par arafe fur leurs lits , à
bain de mortier de chaux & fable, & enduits des
deux côtés entre les chaînes ou les parties en pierre
de taille.
Lefdits murs de refends & mitoyens, au-deffus
du dernier plancher du bâtiment, feront continués
jufqu'à la pointe des combles en plâtre & plarras ,
crépis & enduits des deux côtés , de même que les
murs en aîle, deilinés à accoter les louches des
cheminées.
Les murs parpain fous les cloifons du rez-de-
chaufiée, poiés, foit fur les voûtes des caves, ioit
fur un mur montant de fond , auront dix-huît
pouces de hauteur fur huit pouces d'épaiffeur,
& feront de pierre dure à lit & joints quarrés.
Seront faites les bornes en pierre dure de quatre
pieds & demi de haut, y compris ce qui fera
enterré, taillées & piquées proprement, pofées &
fcellées fur un maiîif de moilons en mortier de
chaux & fable, ou en plâtre.
Epaijfeurs des Murs de face & de refend.
Les fondements des murs de face, depuis le bas
des rigoles des fondations jufqu'à trois pouces au-
defTous de l'aire des caves, feront uniformément
de trois pieds neuf pouces d'épaifTeur en toute leur
hauteur; & depuis cet endroit jufqu'à trois pouces
au-defTous du fol du pavé, ils auront deux pieds
& demi, en obfervant de laiffer du coté des caves
la retraite de trois pouces, & d'élever à-plomb lef-
dits murs de part & d'autre. Le bas des murs de
face à rez-de chauffée, fera de vingt-quatre pouces
d'épaifleur au droit du focle, & formera une re-
traite de trois pouces de chaque côté du mur des
I
-ocr page 513-
d'Architecture*           4S3
Cäves;il aura enfuite au-deifus duditfocle vingt-deu^
pouces & demi, en laiffant une retraite d'un pouce
& demi en dehors. Lefdits'murs s'élèveront depuis
le bas jufqu'à fa corniche de couronnement à~-
plomb du côté de rintérieur du bâtiment, & ils
auront de fruit en dehors jufqu'à ladite corniche
trois lignes par toife, & en outré un pouce dé
retraite au droit de chaque plinthe : par conséquent
la façade devant avoir cinquante-cinq pieds de
haut, & trois étages fans fentre-fol, ledit mur fera
réduit à feize pouces & demi au droit de la cor-
niche.
Les murs de refend & mitoyens auront trente pou-
ces d'épaiffeur, dès les plus baffes fondations , dans
îouteleur hauteur jufques près de l'aire des caves $
enfuite vingt-quatre pouces depuis l'aire des caves
jufqu'à trois pouces près du rez-de-chauffée, de ma-
niereà laiffer trois pouces de retraite de chaque côté
fur leur fondation ; & enfin dix-huit pouces fur le
mur des caves , avec encore trois pouces de
retraite de chaque côté. Lefdits murs s'élèveront
d'à^-plomb dans leur hauteur , en obfervant feule-
ment deux lignes de retraite de part & d'autre au'
droit de chaque étage , de forte qu'il fera réduit à
feize pouces dans le haut. Quant aux murs doffîers
élevés depuis le dernier plancher jufqu'à là* pointé
du comble , ils auront deux lignes de fruit par
toife en élévation de chaque côté»
ConfirucHon des EfcaUefs*
Le principal efcaîier montant jùfqu'au premier
etage , aura un focle compofé dé deux cours
d'aiîîfe de pierre de taille, qui fera pofé fur lé
mur d'échiffre : il fera encore employé dé la pierr©
H hij
-ocr page 514-
484                    Cours ,,
dure,tant jufques fous les rampes, que jufqu'à la
naiffance. des voûtes dudit efcaîier, & le reile fera
continué en pierre tendre pour porter les voûtes
& paliers. Sous lefdites voûtes & rampes , feront
obfervés les boffages & maifes de pierre, nécef-
faires pour y former les moulures & autres orne-
ments qui feront détaillés dans le tems. Les joints
de la pierre dure feront ragréés avec mortier de
chaux & grais, & ceux de la pierre tendre avec
mortier de badigeon à l'ordinaire.
Les marches feront d'une feule pièce , du plus
beau liais d'Arcueil, leurs girons feront de fciage,
& les premières arrondies fur leurs plans confor-
mément aux deffins cottes : elles feront ornées pat-
devant d'un congé, d'un filet & d'un quart de
rond, fuivant le profil qui en fera donné : elles
feront en recouvrement au moins de deux pouces
l'une fur l'autre , portées de deux ou trois pouces
dans les murs , & dégauchies par deiïbus, s'il eil
befoin.
Sera mife une plinthe fur le focle de pierre de
liais pour porter la baluilrade de fer, laquelle plinthe
fera ornée de moulures conformément aux deiîins.
Les paliers feront pavés de carreaux de marbre
blanc & noir , ou de pierre de liais & de Caën ; le
tout poli au grais.
Les autres efcaliers montant depuis le rez-de-
chaufTée jufqu'au haut du bâtiment , tant dans ce
corps de logis que dans les trois autres dont
il fera queilion ci-après , auront les trois
premières marches en pierre dure d'une feule
pièce, portant moulures à l'ordinaire : fous le
patin fera pofé un cours d'aiTife de neuf pouces
d'épaiffeur, & de quinze pouces de hauteur fur le
mur déchifTre, dont il y en aura trois pouces d'en-
-ocr page 515-
d'Architecture. 4S5
terrés : le furplus fera fait en légers ouvrages,
comme il fera expliqué dans l'article qui en
traitera.                                                             *
Chauffes d'aifance.
Seront faites les chauffes depuis le deffus
des voûtes des foifes d'aifance en boiffeaux
de terre cuite, jufqu'aux différents iiéges , bien
verniffés en dedans , maitiqués les uns fur les au-
tres , maçonnés avec mortier de chaux & fable,
avec une chemife de plâtre par deffus, en obfer-
vant l@s ventoufes comme de coutume.
Quant aux chauffes d'aifance, qui pourroient
fe trouver pratiquées dans l'épaiffeur des murs en
pierre, on y mettra des tuyaux de defcente en,
plomb.
                                                      ,ün<ir
Maçonnerie du corps de logis
agaucheyen entrant dans la cour.
Conßruclion des Fondements &0des Murs.
Les fondations feront defcendues un pied δε
demi plus bas que Taire des caves où eil le bon
terrein (a), & Ton mettra un cours de libages à
fec au fond des rigoles, bien de niveau,. fans re-
dents, emhraffant toute l'épaiffeur des fondements,
d'environ un pied de hauteur , & dont les joints
montants feront coulés en mortier de chaux &
fable.
                                          ?          V /,
Sur ledit cours de libages feront élevés les murs
des caves, en obfervant trois pouces de retraite
(a) Nous avons fuppofé précédemment , qu'on avoit été
obligé de defcendre les fondements à une certaine profondeur
pour trouver le bon teriein 5 ici nous: fuppofons qu'pn le
trouvera à quinze ou dix-huit pouces au-deifous de 1'air.e
des caves.
Hhiij
-ocr page 516-
486                       Cours
départ & d'autre au bas des murs de refend, &
trois pouces feulement du côté de l'intérieur des
caves au bas des murs de face.
Seront mifes aux encognures du bâtiment, aux
têtes & rencontres de tous les murs, & en corref-
pondance fous les jambes fous poutre , fous les
jambes-étrieres , & fous la retombée des arcs , des
chaînes de pierre jufqu'à rez-de-chauffée, faifant le
parpain defdits murs, avec des harpes de cinq à
fix pouces pour former une bonne liaifon.^
Les pied-droits des portes de caves, ainfi que
les plate-bandes ou arcs bombés, feront en pierre,
comme ci-devant} & tout le relie fera bâti en
rnoilons durs, foit apparents', foit crépis & en-
duits enmomer entre les chaînes, ou ravales en
plâtre.
Les voûtes des caves feront en berceau fur-
baiffé, bandées d'un mur de refend à l'autre, &
auront un arc en pierre dans le milieu.
Les lunettes des foupiraux feront auffi en pierre,
& des formes marqués fur les deffins.
Sera mis un focle en pierre au bas des murs de
face de trois pieds & demi de hauteur', compofe
de deux aiufès , dont la premiere fera enterrée de
trois pouces, & fera à tin parement.
On élèvera fur ce focle, en biffant un pouce &
demi de retraite par dehors les encognures , & les
pied-tiroirs des portes & des croifées en pierre
dure, jufqu'à fix pieds ati-deffus du pavé de la
çoiir.^ cette hauteur , lefdites encognures, ainii
-que %s pied-droirs des portes & des croifées, ie-
■'ipnt: continuées en pierre tendre ; feront faites
■■auèi eu pierre tendre les corniches & les plinthes.
Seront mis ? au droit des portes, des feuils en
"pierre; dttïç,
-ocr page 517-
d'Architecture. #7
Àu-deffus des plinthes du premier & fécond
étage, fera mis un cours d'affilé de pierre tendre
d'an pied de hauteur, qui s'arrafera avec les ban-
quettes en pierre dure, qui recevront les appuis
de fer des croifées.
                                 · .
Le reftant de la maçonnerie entre letthtes par-
ties en pierre, fera fait en moilon dur, crépi entre
les chaînes, & propre à recevoir des enduits de
plâtre en dedans & en dehors.
         > ; ? ilv^'v
Les pierres des encognures feront le parpam des
murs, tant en pierre dure qu en pierre tendre & les
pied droits des croifées & portes feront haifon en
pierre dans les murs moilons , en renfonçant ce
qui fera néceiTaire dans l'intervalle, pour recevoir
un enduit. Chaque affiie fera arrafée d'appareil
égal dans chaque face extérieure. Les pied-droits
des portes & croifées feront parpain, montant de
fuite depuis la retraite du focle jufquçs fous la
plinthe , de quinze & vingt pouces délace.alter-
nativement. Les fermetures auront dix-iept pouces
de hauteur de coupe jufqu'au deffous de la plin-
the au rez-de-chauifée, & quinze pouces aux deiyx
autres étages jufqu'au deffous de la plinthe &
corniche. ■                              -           r t
Les corniches & plinthes feront dune feule
affife, & embrafferont toute répaiffeur du mur,
outre leur faillie.
                             · ■'- i;9vt:i
Seront mis à toutes les croifées, des appuis de
pierre dure dun feul morceau , avec des allèges
de Saint-Leu à celles, du ,*ez- de -chauffée par
deffous.                         r:                     .,           ,
Les murs de refend feront en moilons , des
mêmes conftruaions que dans le corps de logis
précédent, avec une affife en pierre dure^au bas t
.fes pied-droits des portes feront en,pierre dp
1                                             Hhiv
-ocr page 518-
'488                        Cour s
Saint-Leii 9 aînii que leurs fermetures ; Sr l'on
obiervera que les têtes des murs ioienr bien liées
à leur rencontre avec les murs de face.
Les chaînes lotis poutre au rez de -chauffée fe-
ront en pierre dure , & en verge.é ou en lam-
bourde dans les deux autres étages.
Sera fait un rnamf-moilon , vis à vis ta porte
d'entrée, d'un pied d'épaiffeur & des grandeurs por-
tées par les plans, pour recevoir trois marches
fans moulures par devant, & pofées avec recou-
vrement de trois pouces.
Mac onnerie nu corps de logis
., ■                    A DROITE.
Conßruclioh des Fondements & des Murs.
Tous lès murs en fondation de face & de refend
feront defcendus iniques fur le bon fond, de tuf
ou de gravier. Ceux de face auront vingt-quatre
pouces d'épaiffeur , & ceux de refend vingt-un
:pouces": ils feront bâtis en gros moilons, & élevés
entre deux lignes d'à-plomb jufqifà trois pouces
près du rez-de-chauffée de la cour, maçonnés avec
mortier.de chaux & fable. Comme il n'y aura pas
de caves fous ce corps de bâtiment, il lera fait, au
niveau du rez de-ehauffée ,un maffîf moilon fous
toute rétendue des pièces, p-ofé de champ, à bain
de mortier de chaux & fable , qui recevra faire
néceffaire pour paver ou carreler à l'ordinaire.
Il fera mis en retraite de chaque côté defdits
murs de fondation , au bas des murs de face,
deux affifes de pierre de taille dure par rapporta
Îhutriidité & aux eaux pluviales , enfemble de
trois pieds & demi de hauteur , comme ci-de-
-ocr page 519-
d'Architecture.          4^9
devant, dont la premiere fera enterrée de trois
pouces , & fera à un parement. Il y aura en dehors
fur le focle une retraite d'un pouce , & leimts
murs feront élevés d'aplomb en dedans des
chambres, & avec fruit de fix lignes par toile,
depuis ledit focle jufqu'à la corniche de couron-
nement ; de forte que ces murs de face ayant
dix huit pouces d'épaiffeur dans le bas^, feront
réduits à quinze pouces à leur extrémité iu-
périeure.
Lefdits murs feront conitruits en moilons, en
bonne liaifon tant en dedans qu'en dehors &
dans leur épaiffeur, maçonnés en plâtre , rava es
' en dehors & enduits en dedans ; les plinthes , les
corniches , les corps de refend feront en plâtre.
On mettra pour fermeture aux portes & aux
croifées , des linteaux de bois avec des moilons
pofés en coupe , formant bombement par deiius^
Les tablettes d'appui des croifées des chfte-
rents étages, & les feu ils des portes à rez-de-
chauffée, feront en pierre dure d'un feul mor-
ceau.
                                          ;J                  „,
Les murs de refend auront quinze pouces ae-
paiffeur : ils laifîeront une retraite de trois pouces
de chaque côté , & s'élèveront en laiffant un^eu
de fruit départ & d'autre, de maniere à être ré-
duits à quatorze pouces au droit du dernier plan-
cher ;& depuis ce dernier plancher, ils feront
continués en plâtras crépis & enduits jufqu'à la
pointe du comble , pour fervir de mur tfofîier aux
fouches des cheminées.
Tous les chambranles & bandeaux des portes
& croifées avec leurs confoles, de même que les
tables, les plinthes , les corniches , & tous les
ornements feront faits en plâtre.
■: .
,*"
-ocr page 520-
49°                 '··■ ".'C ours
Ma ço ν ne' rie nu c ο rps η ε logis
entre Cour et Jardin.
Cphßruäion des Fondements & des Murs.
Seront faites les fouilles ou vuidanges des terres
maffives pour les caves & fouterreins , ainii que
les fouilles & tranchées pour les murs en fonda-
tions jniques fur le bon & folide fond conduites de
niveau.
Les plus baffes fondations feront élevées entre
deux lignes, avec maçonnerie de moilon de Meu-
lière : les encognures des extrémités dudit bâti-
ment feront fondées en libages dans toute leur
hauteur, ainii que les avant- corps pour recevoir
les colonnes : le tout maçonné avec mortier de
chaux & fable, & élevé jufques fous la premiere
aiîife de pierre dure.
Au niveau des fouterreins , fera placé un cours
d'affife en pierre dure à un parement, de vingt-
un pouces de hauteur, compris trois pouces en-
terrés, & de dix-huit pouces d'épaiffeur réduite.
Le furplus au derriere fera en moilon de Meu-
lière, avec mortier de chaux & fable,
r Ëes murs defdits fouterreins feront continués en
moilons piqués ,. dilti pied de lit réduit.
Les voûtes feront auiîi en moilons piqués , de
quinze pouces d'épaiffeur réduite à la clef, hour-
dées en plâtre. v%
Seront mis des chaînes & arcs de pierre à un
parement de deux pieds réduits de face, & de dix-
huit pouces d'épaiffeur réduire; & celles à deux
parements des mêmes faces fero-nt îe parpain du
mur, avec des arcs de quinze pouces de coupe ré-
duite à la clef, .s .
               ^ ·::οΐ:ί; .·.: l...
-ocr page 521-
/
b'ÂRCH Ι Τ E CfURE,          49I
Les pied-droits des abajours fervant à éclairer
les fouterreins, feront en pierre dure de quinze
& vingt-un pouces de face , & de dix-huit pouces
de parpain réduit. Les lunettes defdits abajours
feront de pareille pierre , avec arrêtiers 4e vingt-
un pouees de face , & de quinze pouces de coupe.
Le mur d'échiffre de l'efcalier conduifant des
fouterreins, fera dans le bas en pierre dure , &
continué en moilons piqués, & il aura dix pouces
d'épahTeur. Les voûtes fous les marches & paliers
de ladite defcente , feront dç douze pouces d'é-
pahTeur à la clef en moilon piqué»
Les marches des defcentes feront en pierre dure,
d'un feul morceau dans leur longueur , & d'un
pied de giron avec trois pouces de recouvrement.
Lefdits fouterreins feront en partie pavés en
dalles de pierre dure de quatre pouces d'épahTeur,
pofées fur un maflif, en liaifon, & dont les joints
feront les plus petits que faire fe pourra.
Du déifias des murs des fouterreins, fera élevé
au rez-de-chauifée un petit foubaifement de cinq
pieds de hauteur en pierre dure, en retraite de
trois pouces de part & d'autre fur lefdits tmms>
dont la premiere aiTife fera enterrée de trois pouces,
pour former un focle d'un pouce de retraite, & dont
la fupérieure fera terminée par une plinthe» > ri
11 fera obfervé dans ledit foubaffement des
abajours pour éclairer les fouterreins , dont les
pied-droits feront les parpains des murs , & dont
la fermeture d'une feule pierre aura au moins fix
pouces de portée fur les pied-droits.
Au-deffus du foubaiïernent, tout au pourtour
du bâtiment, tant du côté du jardin que deia
cour, fera placé un cours d'affiie en pierre dure
d-e feize pouces de hauteur , formant les bafes des
-ocr page 522-
'49*                       Cours
colonnes engagées & partie de leurs fûts , de
même que les bafes des pilaitres , lequel fera le
parpain dudit mur & la faillie defdites bafes. Le
furplus de la hauteur des murs de face du bâti-
ment fera en pierre de Saint-Leu, avec des cours
d'aiîifes d'égale hauteur formant toute l'épaiffeur
du mur , & une bonne & fuffifante liaifon , avec
les retours des arriere-corps , ainii qu'avec les
eouffinets & \çs vouiïoirs des portes croifées cin-
trées des avant-corps , qui feront pareillement
toute l'épaifleiir du mur.
Les bafes des colonnes ifolées feront de pierre
dure d'un leulmorceau de feize pouces de hauteur,
formant auffi une partie du fuit. Pour ce qui eft du
refté du fuit defdites colonnes, il fera élevé en
Saint-Leu, par tambour d'un feul morceau, & de
la hauteur des cours d'aiïifes régnant dans les faces
du bâtiment. > c ^ -i
            '*»--                         ;
Sera obfervé de faire fculpter les chapiteaux dès
pilaftres & des colonnes avant de les pofer en
place.
Les plate-bandes feront exécutées en Saint-Leu
avec fommiefs à-plomb des colonnes , & auront
chacune de largeur la diftanee defdites colonnes,
portant de coupe la hauteur de l'architrave & de
la frife, & entrant dans le corps du muradofTé;
chaque fommier fera traverfé d'un mandrin dé fer
de dix-huit lignes à l'à-plomb de chaque colonne,
'lequel pénétrera, non-feulement fon chapiteau,
mais encore d'un pied dans fon premier tam-
bour.
Les claveaux des plate-bandes auront la même
hauteur de coupe que les fommiers, & entreront
dans le corps des murs adoiTés aux colonnes.
r.i '-J On -pôfera fous lefdites plate bandes μη linteau
k
-ocr page 523-
d'Architecture.          493
de fer de vingt lignes quarrées , entuiîlé de fon
épaiffeur , avec œil dans les bouts, pour être en-
filés par les mandrins des fommiers.
La corniche defdites plate bandes , également
comme celle de l'entablement régnant au pour-
tour du bâtiment , fera en Saint-Leu, à l'exce-
ption de la cimaife qui fera en pierre d'Arcueil;
elle fera s'il eft poiîible toute l'épaineur du mur,
ou du moins, au droit des avant-corps , entrera
dans le corps du mur de neuf & douze pouces
alternativement.
Le fronton-, qui terminera Favant-corps du côté
du jardin, fera en pierre de Saint-Leu , de dix-huit
pouces réduit d'épaiiTeur au droit du tympan,
fans la faillie des bofTages pour la fculpture j le
derriere , pour achever TépaiiTeur dudit mur, fera
continué en maçonnerie de moilon avec mortier
de chaux & fable.
La corniche rampante dudit fronton fera de
même conftruâion que la corniche de la plate-
bande au-deÎTous.
La cimaife de ladite corniche rampante fera de
pierre dure , des plus grands morceaux que
faire fe pourra , faifant route l'épaifTeur du mur ,
& la faillie de la corniche aura fes joints re-
couverts en feuillure.
Labalullrade fervant de couronnement auxdits
murs de face aura trois pieds & demi de hauteur,
dix pouces d'épaiiTeur au nud, fera décorée de
pilaftres & de baluilres. Le focle fera de pierre
dure de quatorze pouces de hauteur & de douze
pouces d'épaiiTeur. La tablette fera auffi de pierre
dure de douze pouces de largeur, d'un feul mor-
ceau en la longueur des travées de baluilres ,
Ci#mponée fur les joints 9 avec crampons fcellés e«
-ocr page 524-
494                    Cours
plomb. Enfin le corps des pilaftres & arrière-corps^
aiafi que les baluftres , feront en Saint-Leu.
L'avant-corps du mur de face du côté de la
cour , décoré de colonnes engagées à moitié »fera
de même conrtruétion que le précédent, en obfer->
vant feulement que les aiïxfes des tambours for-
ment toute l'épaiffeur du mur. Les pkte-bandes
feront avec claveaux & fommiers, entrant dans
le corps du mur avec coupe de la hauteur de
l'architrave & de la frife, & la corniche formera
aulïi toute i'épaUTeur du mur & de ladite plate-
bande.
Seront obférvés à tous lefdits murs de face, les
chambranles des croifées, les impolies , les archi-
voltes , toutes les faillies d'Archite&ure & bof-
fa ges pour la Sculpture, marqués fur les deiïins
& élévations, fuivant les profils qui en feront
donnés.
Au-deiTus de l'aflife de pierre dure de feize
pouces de hauteur, dont il a été queilion précé-
demment , placée au-deiîus du foubaffement &
régnant tout au pourtour, feront élevés les arrière-
corps des murs de face, avec pied-droits & ferme-
tures de croifées formant plate-bande, tant du
côté de la cour que du jardin, le tout en Saint-
Leu faifant le parpain du mur. Les fermetures
defdkes croifées auront dix-fept pouces'de hauteuï
de coupe à la clef.
Les appuis des croifées feront en pierre dure »
de même que les feuils des portes croifées.
Les murs de refend feront des épaiffeurs cottées
fur les deiïins, confiants en moilons de Meulière
avec mortier de chaux & fable , enduits des deux
côtés en plâtre, avec des têtes en pierre de Saint-Leu
de deux pieds de face réduite-
-ocr page 525-
d'Architecture.          495
Les portes dans lefdits murs feront avec pied-
droits en Saint-Leu, faifant tout le patpain jufques
fous les linteaux , au-deifus deiqueis fera fait des
décharges en moilons.
Les affiles de parpain fous les cloifons auront
huit pouces d'épaiffeur & dix-huit pouces de hau-
teur, compris trois pouces enterrés.
Les marches des perrons , tant fur le jardin que
fur la cour , feront de pierre dure de quatorze
pouces de giron, avec trois pouces de recouvre-
ment l'une fur l'autre : les paliers feront auifi de
pierre dure de fix pouces d'épaiffeur , des plus
grands morceaux qu'il fera pofîible , pofés fur des
maffifs-moilons formant trois pouces d'empat-
tement , du devant des premières marches ,
coulés, fichés & jointoyés en mortier de chaux &
ciment.
Conflruclion des Murs de Clôture»
Seront faits les murs de clôture en moilons de
chaux & fable, avec vingt pouces d'épaiffeur en
fondation > au-deiïus de laquelle fera faite une re-
traite de deux pouces & demi de chaque coté pour
avoir quinze pouces au rez-de-chauffée : ils feront
élevés avec fruit & réduit à quatorze pouces fous
le chaperon qui fera fait avec bordures, allignées
d'un rang de moilon pofé fur le plat en boutiifes
failîantes des deux côtés. Lefdits murs feront gobtés
en mortier de chaux & fable, à moilons apparents
des deux côtés, avec des chaînes de pierre de
douze pieds en douze pieds de milieu en milieu,
& de trois pieds d'épaiffeur réduite.
La porte cochere comprife dans l'un defdits
murs de clôture 9 fera compofée de deux piliers 9
Λ
-ocr page 526-
4$}6                       Cours
entre lefquels fera une porte cintrée , couronnée
d'une corniche conformément aux deifins. Le bas
defdits piliers aura quatre affiles de pierre dure fai-
fant cinq pieds & demi de hauteur, dont la premiere
fera enterrée de trois pouces , & dont la troifieme
formera une retraite d'un pouce & demi de faillie.
Le reite de ladite porte en élévation lera exécutée
en Saint-Leu. La fermeture de la porte fera en
vouifoirs de dix-huit pouces de coupe : la corniche
de couronnement fera auffi en pierre tendre , à
l'exception de la cimaife qui fera en pierre dure.
Seront élevés des pied-droits ou chaînes de pierre
dure fous la portée des poitrails au-deiïus des remi-
i'es; lefquels pied-droits & chaînes commenceront a
rez~de-chauffée avec une fondation de libage, poiée
fur un bon fond, qui fera de largeur fuffifante pour
faire retraite de deux pouces & demi de chaque côté.
Conßruction d'un Puifard & d'une Pierree,
Sera fait un Puifard à l'endroit défigné fur le
plan, pour recevoir les eaux de pluie & des égoûts,
tant des différents corps de logis que des cours.
Ce puifard aura trois pieds *de diamètre , avec
des murs de dixhuit pouces d'épaiiTeur en pierre
dure faifant parpain : au fond dudit puifard, fera mis
une dalle de pierre dure de fix pouces dfépai fleur,
pofée fur un maifif de maçonnerie en moilons d'un
pied de haut :& dans fa partie fupérieure il fera mis un
chaiîis de pierre dure de douze pouces d'épaiffeur,
percé & refeuiilé, pour recevoir une grille de ter
qui affleurera le pavé.
La Pierree fervant à décharge des eaux du.
Puifard, & pour les conduire au dehors du bâti-
ment, fera placée fous terre au bas dudit Puifard:
elle
-ocr page 527-
d'Architecture. 497
elle aura dix-huit pouces de largeur fur dix huit
pouces de hauteur. Ses murs ieront en moilons
durs ou en pierre de Meulière, de dix pouces
d'épaiffeur, qui fera pofé de champ , avecmafïif en
moilon dur de huit pouces d'épauTeur poié de champ;
ie tout maçonné de mortier de chaux & fable.
Ladite Pierrée fera couverte avec des dalles brutes
de pierre dure , de fix pouces d'épaiffeur , portant
par le bout de fix pouces fur chaque mur , les-
quelles dalles feront bien jointes les unes contre
les autres , de maniere qu'il ne puiffe entrer
ni fable ni terre, capables de l'engorger,
, Légers Ouvrages,
Cheminées,
Seront faits les tuyaux de cheminées, auffi haut
•que betoin fera, au-deffus du faîte du comble , de
plâtre pur pigeonne à la main, dont les languettes
auront trois pouces d'épaiffeur , & feront ravalées
en dehors & enduites en dedans le plus uniment
qu'il fe pourra* Lefdits tuyaux feront dévoyés à
côté les uns des autres , comme il eil marqué fur
les deffins, & feront liés avec les murs adoffés, de
trois pieds en rrois pieds . par des chaînes de fau-
tons , faifant tout le contour des tuyaux, en ob-
fervant de faire leurs fermetures & plinthes en
plâtre à l'ordinaire.
Les jambages des cheminées feront en petits
moilons ou avec plâtras , maçonnés avec plâtre,
& proprement enduits tant en dedans qu'en
dehors. Les gorges feront auffi hourdées avec
plâtfe & plâtras : les corps des manteaux , tant
droits que rampants, feront de plâtre pur pigeonne
à la main, & enduits des deux côtés : feront iaits en
Tome F*
                                        li
-ocr page 528-
49'S                    Cour s
outre les âtres & contre cœurs , fçavoir les âtres en
grands carreaux de terre cuite, & les contre tœurs
garnis de plaque de fonte.
A l'égard des cheminées en briques , leurs lan-
guettes auront quatre pouces depaiffeur, & feront
conitruites avec des briques b;en cuites , pofées
fur le plat en liaifon les unes au deffus des autres ,
arrêtées avec crampons & équerres de fer plat,
maçonnées avec mortier de chaux & fable fin,
■& enduites très - uniment par dedans avec du même
mortier. Seront faites les plinthes & fermetures en
pierre de Saint-Leu, arrêtées avec des crampons.
Il fera mis fur la partie des tuyaux de cheminées,
apparente en dehors au-deffus des combles,
deux couches d'ocre rouge à l'huile , & l'on tirera
les joints, tant montants qu'horifontaux, avec unt
lait de chaux comme de coutume.
Efcaliers,
*                                                  . ii
Sera fait fous les marches des Efcaîiers de char-
pente , un lattis à lattes jointives en liaifon les
unes avec les autres, & fera maçonné par deffus
ledit lattis entre les marches avec plâtre & plâtras,
)ufqu'à un pouce près du deffus defdites marches,
pour y pofer le carreau de terre cuite ; quant au-
deffous defdites rampes ou coquilles , il fera crépi
& enduit de plâtre fin.
Les paliers feront hourdés plein , lattes à
claire voie par deffous pour .être plafonnés , δε
feront par deffus à lattes jointives fur lefquelles
fera mis un aire pour le carrelage.
-ocr page 529-
ß Architecture, 499
Planckers.
-, ,4t
Sera faite la maçonnerie des planchers de diffé-
rentes manières.
Les planchers à entre-voux ou à bois apparents
en trois fens par deiîous , feront lattes à lattes
jointives, bien clouées fur les folives en bonne
liaifon, fur lequel lattis fera mis un aire de plâtre
pour recevoir le carreau de terre cuite ; & les
entre-voux defdits planchers feront tirés avec
plâtre fin par deffous.
Les planchers plafonnés feront creux , lattes
par deiïbus les folives tant plein que vuide en
bonne liaifon, maçonnés à augets entre lefdites
folives , & par deÎÏus feront lattes jointivement,
foit pour recevoir des lambourdes auffi f celles à
augets dans les chambres où l'on mettra du parquer,
foit pour recevoir un aire bien de niveau dans les
chambres deilinées à être carrelées.
Les plafonds feront faits de plâtre au panier,
& enduits le plus uniment que faire fe pourra fans
ondesj & feront, au pourtour defdits plafonds,faites
des corniches dans toutes les pièces où il en fera
ordonné, fuivant les profils qui feront donnés par
l'Architede.
Entre les enchevêtrures des planchers _, feront
ïnife.; fous les âtros des bandes de trémie, fur ïe(-
quelles fera faite une maçonnerie en plâtre δε
plâtras en façon de plate-bande.
Cloifons*
Les cloifons pleines feront hourdées entre les
poteaux avec plâtre & plâtras, lattées de quatre
-ocr page 530-
Sop                    Cours
pouces en quatre pouces des deux cotés, & en-
duites en plâtre.
Les cloifons creufes feront îattées à lattes join-
tives , clouées en liaifon des deux côtés, crépies
& enduites de pâtre fin.
Les cloifons à bois apparents feront maçonnées
en plâtras & plaire entre les poteaux , & feront
enduites de plâtre fin entre lefdits j oteaux.
Les cloiions de planches feront hourdées en.
plâtre entre elles, Iattées de quatre pouces en
quatre pouces, recouvertes de plâtre des deux
côtés , jusqu'aux huiiTeries das portes & fablieres ;
iefquelles huiiTeries relieront apparentes , & fe-
ront ci'épaiileui fufEfame pour que les enduits &
plâtres affleurent le bois.
Lambris rampants.
Seront faits les Lambris rampants des étages en
galetas à lattes jointivés , en bonne liaifon les unes
avec les autres , crépis de plâtre au panier, δι
enduits de plâtre fin,
Seront faits les exhaufTcments fous le pied des
chevrons jufqu'aux lambris rampants, en motions,
ρ âtre & plâtras , crépis & enduits en plâtre , de
même que les murs.
Fours & Fourneaux.
Sera fait le Four de la forme & grandeur mar-
quées par le plan, conftruit fur une petite affife
de grais , & élevé compris la chapelle avec tuilots
pofés de champ, & maçonnés avec mortier de
terre franche, de même que le carreau qui fera
de deux pouces d'épaûTeur : il fera pofé une ta-
-ocr page 531-
D* Architecture.            joi
blette de pierre au-devant de la bouche dudit four,
&le furplus de fa maçonnerie fera fait en plâtre.
Seront faits les Fourneaux potagers des cmiir.es
& offices,.dont les murs & voûtes feront conftruits
en briques. Leidits murs auront huit pouces
d'épaiiFeur , & les voûtes feront en coupe
avec liaifon. Les deffus feront carrelés de grands
carreaux de terre cuite* en y obfervant les ouver-
tures pour les réchaux.
Conclusion.
Tous lefqueîs Ouvrages de Maçonnerie ci-
deiïus détaillés feront faits & parfaits à dire d'Ex-
perts , ou gens à ce connohTans , conformément
au préfent Devis ; & pour leur exécution, l'Entre-
preneur fournira tous les matériaux néceiiaires,
comme pierres de taille des qualités ci-devant
déclarées, moilons, briques, chaux, fable, plâtre,
chariots, grues, gruaux, chèvres, engins, cor-
dages, équipages , échafaudages, peines d'Ou-
vriers., tous les cintres de charpente pour l'exécu-
tion des voûtes , & généralement tout ce qui fera
nécellaire pour l'entière perfection & conitructiöh
de fes ouvrages fuivant l'art.
L'Entrepreneur fuivra exactement les cottes des
plans , profils & élévations iignés & paraphés par
l'Architecte , & ne fe permettra aucun changement
fans fon ordre.
L'Entrepreneur ne pourra porter en compte de
journées d'Ouvriers fans une reconnoiffance par
écrit & fîgnée par Γ Architecte, qui expliquera à quoi
elles auront été employées ; & à la fin de chaque
femaine fera coniîaté par ledit Architecte, ou pair
-ocr page 532-
502                        Cours
qti Ίqu'un de fa part , le nombre defdites jour-
nées.
L'Entrepreneur ne pourra demander pareille-
ment qu'il lui foit tenu compte d'aucun ouvrage,
qu'il allégueroit avoir été fait à deux fois , foit par
changement , foit autrement, fans un ordre par
écrit & figné de i'Architeäe qui lautorife ; lequel
écrit conitatera , avant de rien démolir, le tollé
des parties à changer.
Enfin l'Entrepreneur enverra les terres & gra-
vois aux champs , ou endroits indiqués , pour
rendre la place nette & libre , & les lieux propres
à habiter dans le teins de.....à peine de tous
dépens , dommages & intérêts.
Le tout fait & parfait moyennant les prix lpe-
cifïés ci-deifoiis par chaque toife d'ouvrage.
Se avoir :
Pour chaque toife cube de Fouille de terre &
enlèvement , la fomme de .,..·· ·
Pour chaque toife cube de Moilon , la fomme
de...............
Pour chaque toife cube de Libage, la fomme
de.............· ·
Pour chaque toife fuperficielle de Mur en pierre
dure à un ou deux parements , de telle épaifleur
& qualité, la fomme de . . . · ■ · · ·
Pour chaque toife fuperflcielle de Mur en pierre
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tendre à un ou deux parements, de*telle epanieur
& qualité ( a ), la fomme de.... · . · * '
( a ) Chaque mur fe paye différemment, à raifon de !a qualité
de la pierre cendre ou dure , àraiion de ion épatfleur , & a rai ton
de ce qu'il cil à un ou deux parements : c'eft pourquoi il iau-t
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...... :____
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d'Architecture.           503
Pour chaque toife fiiperficielle de Murs-moilons
apparents, de telle épaiiTeur, la fomme de . .
Pour chaque toiie ftiperiicieile de Murs-moi-
lons , de telle épaifleur, crépis & enduits des deux
côtés , la fomme de.........
Pour chaque toife fiiperficielle de Voûtes en
pierre dure , de telle épaiiTeur y compris leurs
reins , la fomme de.........
Pour chaque toife fiiperficielle de Voûtes en
pierre tendre , de telle épaiiTeur y compris les
reins , la fomme de . . ... . . .'■"■%
Pour chaque toife fiiperficielle de Voûtes en
moilons , de telle épaiiTeur y compris les reins,
la fomme de.........
Pour chaque toife fiiperficielle de plus valeur
de Moilons piqués , la fomme de.....
Pour chaque toife fiiperficielle de Marches -
de defcente de cave , la fomme de.....
Pour chaque toife fiiperficielle de Mur de puits,
la fomme de . . . . . . · , . . .
Pour chaque toife de Saillie de moulure en
pierre dure , la fomme de . . * * -V .,.. «·■
Et en pierre tendre, la fomme de *\ . - . >
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décailler particulièrement dans un devis chaque forte de mur,
fuivant fun épaiifeur , fa ,qualité , fes pavements , en un mot
fuivant fa maniere d'être , & mettre un prix à chacun en confé-
quence. On Ce regle volontiers à cet égard à tant le pouce ; fi Λ
par exemple, la toife fuperficielle d'un mur de face de deux pieds
d'épaiiïéur à deux parements ,vaut fuivant les détails de fa con-
ftrudion, 144 livres, la toife fuperficielle dé chaque pouce vaudra
par conféq lent 6 livres : ainfi pour fixer les prix de la toife des
autres murs plus ou moins épais de même qualité;, il ne s'agira
■donc plus que 'de multiplier le nombre de pouces qu'ils ont
4'épauTeur par 6, & que de retrancher de fa totalité le prix de
la taille d'un parement, s'il y en a un de moins.
On détermine de même le prix des murs-moilons à tant le
pouce, & l'on augmente ou diminue ledit prix; fuivant mj'il*
font apparents, ou, crépis &. enduits.
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^^—•anmfmam=
504 Cours d* A r c h t τ E c τ ν R £.j
Pour chaque toile fuperficielie de Murs-plâtre
& plâtras, de teile épaiiTeur, la fomme de ... .
Pour chaque toife fuperficielie de Marches de
perrons, la fomme de......
Pour chaque toife fuperficielie de Dalles, de
telle épaifîeur, la fomme de.......
Pour chaque toife fuperficielie de Voûtes des
efcaliers , la fomme de........
Pour chaque toile fuperficielie de Mur parpain
fous les çipifons , de telle épaiiTeur, la fomme
ce ·, .·..«·.·«.··*
Pour chaque Appui de croifée , de telle lon-
gueur, épaiiTeur & largeur, la fomme de · · ·
Pour chaque toife fuperficielie de Marches
d'efcaliers, de pierrede liais, la fomme de . .
Pour chaque Borne , y compris fon maiTif de
fondation,la fomme de ........
Pour chaque toife de Tuyaux de cheminées en.
briques, de quatre pouces d'épaiiTeur , la fomme
de..............·
Pour chaque toife fuperficielie de Voûtes de
four, la fomme de....... · ·
Pour chaque toife de légers Ouvrages , la
fomme de . ,..........
Aprlsr cette énumiration , on fixe les termes des
différents payements qui feront faits à fEntrepreneur
,
tant pendant le cours des ouvrages, qu'après leur per-
fection
, & on t oblige à reconnoitre , par devant No~.
taire ρ U devis & les prix convenus,
fin du Cinquième Volume*
lywiuuaamgna—era—h»mmmm
A PARIS. De l'Imprimerie de Lot χ in l'aîné.