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yxK«
ERRATA du fixiéme Volume.
Bages
4
48
59
59
•71
S<58
*7?
1 Jtt
Lignes.           Fautes.
}jf réiîftrer
15 aux contre-forts
ζ    ou fait
ι    rnolpnnage,
xâf    de ces derniers
6    fe trouvent
2    elle ne rempliroit pas
    du pendentif
ζ8    des fcs parties
10    rnainenaut
Corrections.
réfifter
\
aux murs de liaifo» ,
aux contre-forts
& fait,
moiionage
de ceux-ci
fe ?rou,ve
& elle ne rempliroit pas
d'un pendentif
de fes parties
maintenant.
8
10
4
χι
fe trouvoit appuyée
êç ck,
Ç d,
femelle Β,
S fe trouvoit
en outre»
X appuyée ■
& e h , "
c e ,
femelle Κ,
un bon Ouvrage
un Ouvrage
COURS
-ocr page 2-
12.
7|
D'ARCHITECTU RE
"■CIVIL E..: > /:v:;
-ocr page 3-
ARCHITECTURE,
à u
TRAITÉ
ße la Décoration, Diflribution & Cônflrucliort
DES BÂTIMENTS)
Commencé
Par feu J> F* BiPMIi , Architecle du Roî,
& Profeiîeur de rAcadémie^ Royale
d'Architeclure,
et Continué
Par M. Patte, Atchiteâe de S. A» S.
M*r le Prince Palatin , Duc régnant de Deux-Ponts;
TOME SIXIEME.
■.V-.- JL J^llW, - 7*
Chez U Veuve Desaint , Libraire s rue du Foin-S,-Jacques*-
;*fi
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a!i
M. DCC. LXXVIL
Avtc Approbation § & Privilège du R&k
-ocr page 4-
A VANT.PROPOS^
ο υ
Précis du contenu du cinquième Volume!
Après l'Ordonnance des dehors d'un
bâtiment & fa diitribution , dont il a été
<]ueftion dans les Volumes précédents, ii
convient de s'attacher à décorer l'intérieur
de fes appartements. Cette branche de l'Art
exige eüentiellement la pratique du Deiîin,
Se elle eil fondée fur les mêmes principes que
Ja décoration extérieure. Son vrai mérite
coniiite principalement dans la relation du
tout avec les parties , &; des parties avec le
tout. Il ne faut pas croire, avons-nous dit,, ' ;
que ce foit la profufion des ornements qui
faiîe la vraie beauté-d'un appartement > le
grand art eft de les repartir avec gout Sc
avec difeernement, de maniere que l'Ar-
chitecture paroiiTe toujours dominer , "êc
ne foit pas accablée par la Sculpture. Mais
en vain efpérera-t-on réuiîir dans une déco-
ration , iî elle n'a pas été prévue lors de
la diilribution d'un appartement, Sc iî ort
n'a pas eu égard à h> forme qui convient
à chaque pièce, à la fymetrîe, aux enfila-
des y à l'égalité des trumeaux des croifées *
à la difpoßtion des portes 6c dus cheminées %
& en un mot à la hauteur des planchers |
a iij
-ocr page 5-
ajjSr        Avant-Propos.
car ce .n'efl: qu'en faifant marcher de pair
toutes ces confidérations, en compofant le
plan d'un bâtiment, qu'il en pourra réfiil·
ter un tout accompli.
A deffein de procéder avec ordre dans
tous lus détails particuliers qui concernent
la décoration intérieure d5un appartement,
r nous avons commencé par enfeîgner à
profiler la Menuiierie , .& eniuite nous
avons propoié des exemples de portes, de
croifées», de cheminées'& de différens lam-
bris, décorés plus ou moins richement,
pour faire voir les égards qui doivent gui-
der dans leur compoiinon. Nous avons
«l'abord envifagé chajcun de ces objets
dans le iïmple , en füpprimant tous hs
ornements , parce que , regle générale, il
faut toujours s'appliquer à deffiner les nuds
§L à déterminer l^s proportions de chaque
partie d'une décoration , avant d'y intro-»·
«luire de la Sculpture, i
Delà nous avons expliqué quel doit être
Je ftyle propre à. la décoration de chaque
pièce d'un appartement fuîvant fa deitina-
tion, Ce n'efr. qu'à Paide du goût, aiTocié
&u ràifonnement & aux règles, qu'on peut
parvenir à le faiiîr > c'eft par leur moyen
qu'on apprendra à. faire choix des formes
convenables, à cara&erîfer l'ordonnance
particuliere propre à chaque décQration ,
-ocr page 6-
Ar a ht - Ρ R ο ρ ο fi yîj
iaîvant le degré de richefle ou de imipli-
cité qu'elle exige, foit à raîfon de ion ufage*
foit à raifon de l'importance d'un bâtiment.
Nous avons conféquemment fait paiTer en
revue la décoration des veftibuies , des
antichambres , des falies de compagnie*
des failons , des chambres de parade, des
galîeries, des cabinets, dts chapelles & des
efcaliers. Sans celle , nous avons joinc
l'exemple au précepte , & nous nous futur
mes autorifés des neilleurs modelles , pour
établir par leur comparaifon le beau e0en-
tiel de ces fortes d'ouvrages, & pour faire
voir qu'on n'y peut parvenir que par une
fage èc judicîeufe répartition des ornements *
& non en les prodiguant indifcretement t
comme l'on fait aiTez ordinairement.
Enfin , nous avons terminé ce que nous
avions à dire fur cette matière, par recom-
mander de ne fe pas borner a étudier nos
préceptes dans l'ombre du cabinet, mais
de s'appliquer en même temps a méditer
fur place les décorations les plus applau-
dies , à defïiner d'une certaine grandeur
leurs profils , leurs ornements , tous leurs
détails 5 en obfervant, Si les effets particu-
liers qui remirent de chaque partie, δε
l'effet total qui refulte enfuite de leur
accord ou de leur combinaîfon: c'eil là le
feul moyen de hâter les progrès dans Fétude·
■ *'                     a m
-ocr page 7-
Vlij             Ar Λ NT-Ρ ROP Ο S.
de cette branche de l'Architecture , &; de
parvenir à ion tour à créer du beau.
Chapitre ï. II. III. IV & Vvl
La troisième partie de notre Ou-
vrage embraiTe entièrement la çonilruction
des bâtiments. Après avoir parlé, dans l'In-
troduction , de l'origine de Part de bâtir ,
ô£ des progrès qu'elle a fait iucceiîivement
jufqu'à nos jours, nous avons traité d'abord
de la Maçonnerie qui en eil la partie la
plus importante , & qui comprend la ma-
niere de fonder les bâtiments , d'élever
leurs murs & de contraire leurs voûtes.
Le premier foin d'un ,,■ Architecte eil de
s'appliquer à'connoître les diverfes qualités
des matériaux qui ne font pas les mêmes
partout , & qui varient fuivantles pays ou
l'on bâtît. Pour fixer les idées, nous nous
. Îbmmes' appliqués à faire connoître les ma-
tériaux que l'on trouve aux environs de
Paris , & dont on fe fert pour l'exécution
de Ces bâtiments. Au furplus , dans les
lieux où l'on manque de pierres , & où.
il faiidroît les tirer de trop loin , l'on y
iupplée d'ordinaire par de la brique , qui
cit une pierre artificielle aifée à fe-pro-;
curer par-tout, dont la cuiiToq 81 l'alliage
* des différentes terres propres à fa fabrica-
tion font toute h bonté.
-ocr page 8-
Αν an τ ~ Pr opo s*            ïai;:
Après le choix des matériaux , ce font
les agents qui fervent à les unir , tels que le
mortier & le plâtre qui méritent la princi-
pale attention, nous avons expofé en con-
féquence leurs diverfes qualités , leur pré-
paration , leur emploi j Se nous femmes
même entrés à ce fujet dans l'examen de
leur constitution phyfique, pour faire voir ce
que l'on peut efpérer de leur durée, de leur
ténacité , & pourquoi il ne faut pas les em-
ployer indifféremment en toutes occafions.
Chapitre Vï & VII
La maniere d'opérer les fouilles des
terres, ôc leurs tranfports , ainii que de
planter un bâtiment, fait la matière de
ces deux Chapitres. La dernière opération
regarde plus particulièrement l'Archite&e ,
& demande de fa part beaucoup d'attention
pour fixer avec certitude la poiition res-
pective des différents objets d'un plan , !gç
celle de tous iès allignements. On n'y peut
réuflïr qu'avec de l'expérience 6c que par le
fecours de la Géométrie- pratique. Le vrai
moyen de ne fe point tromper eit, fur-tout
après avoir tracé un plan fur le terrein,
de ne point négliger les vérifications, &c
de faire enforte que les parties s'accordent
fans ceiTe avec le tout, & le tout avec les
parties 5 c'eit par cet accord intimé qu'on
obtiendra toute l'exactitude requife.
-ocr page 9-
M         Avant-Propos.
Chapitre VIII.
La maniere-de fonder fuivant les dif-
férents terreins fait l'objet de ce Chapitre :
il n'y a aucune partie de la construction
qui exige autant d'attention.de la part de
l'Architectes la moindre négligence à cet
égard, étant capable d'opérer la ruine d'un
édifice. Il eil néceiîaire , avons-nous re-
commandé v d'aiïeoir toujours les fonde-
ments d'un bâtiment jufques fur le -bon
fond. Quand ce fond fe trouve être du tuf,
de la terre franche, du gravier ou un roc,
il n'y a pas de difficulté > mais s'il eft de
mauvaiie confîftance , comme de laglaife,
un fable doux 6c mouvant, un terrain ma-
récageux , il faut s'appliquer alors à le
confolider par art, en plaçant dans le fond
des rigoles des fondations, foît des cours
de plateforme , foit un grillage de char-
pente , foit un radier , foit des pilotis.
Nous fommes entrés dans les plus grands
détails far ces différentes opérations , &
nous avons expliqué comment on s'y eft
pris dans plufieurs occaiîons importantes,
pour furmonter les obffcacles que la mau-
vaife qualité du foi parroiiioit apporter à
la folidité des fondements.
Chapitre IX.
Ce Chapitre contient particulièrement
-ocr page 10-
.Avant-Pro pos..           xj
les principes généraux qui coniHtuent la
folidité d'une conftrucHon. Après avoir
rapporté les procédés des Anciens , nous
avons parlé de l'efprit de la coupe des
pierres , de la maniere de conitruire les
caves, & fucceflivemerit de la bâthTe des
murs de clôture, de face & de refend d'un
bâtiment. Nous avons fait remarquer que ces
principes ne font point arbitraires, font
au contraire confacrés par la maniere de
bâtir de tous les pays & de tous les tems.
Ces principes font, que le fort doit fans celle
porter le foible ; que l'épahTeur des murs doit
fe proportionner à leur élévation & aux
fardeaux qu'il auront à foutenir ; que depuis
leurs fondements jufqu'au fommet, ils doi-
vent s'élever en talud ou en retraite ■-, qu'il
; faut placer dans le bas les pierres les plus
dures , tant pour mieux reiîfter aux far-
deaux , que par rapport à l'humidité & aux
eaux pluviales 5 que toutes les pierres doi-
vent être continuellement pofées en bonne
liaifon 6c coulées avec de bon mortier ν
& qu'enfin , pour empêcher les murs d'un
bâtiment depouiTer au vuide en dehors, il
convient de mettre d'étage en étage des
chaînes de fer avec des ancres, enforte
qu'il réfulte de la combinaiion de ces
différents arrangements , un tout de la
plus grande iolidité. Outre ces coniidé-
-ocr page 11-
xly          Avant-Propos,
rations, comme toutes les parties d'un mur
ne portent pas toujours également, & qu'il y
en a qui fouffrent plus que les autres, telles
font les ençognures , les têtes des murs,
èc les endroits où font placés les bouts des
poutres, nous avons obfervé qu'il falloit
s'appliquer à les fortifier de préférence* ce
font là les règles que nous avons dévelop-
pé, & dont on voit fans ceiïè l'application
dans la plupart des bâtiments.
Chapitre X.
Il y eil queftion de la maniere d'exécuter
les foiîès d'aiiànce, les puits, les citernes,.
les puifards, les baiîins, & les ferres-chau-
des,' tous objets qui offrent des difficultés,
particulières dans leur conftrudion , ôc
dont nous avons expofé les meilleurs
procédés.
Chapitre XI, XII. & XIII.
Dans les Chapitres fuivants, nous avons
fait d'abord paifer en revue nombre de tra-
vaux particuliers, connus fous le nom de
legers ouvrages, & qui n'ont lieu, pour la
plupart, que dans l'intérieur d'un bâtiment,
tels font les plafonds, les cloifons, les chemi-
nées , les fours , les fourneaux : enfuite nous
expliquons un procédé en ufage dans quel-
ques Provinces de France , pour bâtir des
niaifons en pifé ou terre graveleufe, au de-
-ocr page 12-
AP AN T-P RO Ρ OS.            XU)
laut de pierre, Sc enfin nous faiibns un dé-
nombrement des machines & dts échafFauts
■qui fervent pour l'exécution des bâtiments.
Chapitre XIV & XV*
Le premier contient hs articles de la
Coutume de Paris concernant les bâtiments,
qu'un Architecte ne doit point ignorer, Se
auxquelles nous avons joint quelques expli-
cations., pour en déterminer le fens littéral
dont on convient aiîez unanimement.
Le fécond explique la maniere dont on
doit faire un devis de Maçonnerie. On y
voit une énumeration de la maniere dont
doit être exécutée chaque forte de con-
ftruótion } c'eit comme une récapitul ation
de tout ce que nous avons dit ci-devant
fur cette matière, où tous les objets font
rapprochés, & où fe trouvent réunies tou-
tes les opérations fucceffîves pour parfaire
la maçonnerie d'un bâtiment quelconque
en fon entier, avec les égards qu'exige la
parfaite liaifon des matériaux, pour bâtir
conformément aux règles de l'art.
Après avoir expofé dans le volume
précédent ce qui concerne la conitrucHon
d'une maifon ordinaire , nous avons
traité au commencement de celui-ci, des
confïdérations qu'exigent la pouifée des
voûtes ? leur conftrudion, & les loix de la
I
-ocr page 13-
xlv Ar αν τ-Ρ no po s.
foiidité. On y voit que la conitru&îori ëft
un art tout de raifonnement, dont les règles
dérivent eiTentiellement âes principes , de
l'équilibre &; de la pefanteur^qui font des loix.
de la nature, auxquelles eil aflèrvi tout ce qui
exiite.Une voûte, quelle qu'elle foit, étant
un compofé de vóuifoirs ou de pierres tail-
lées en forme de coins 9 qui font fufpendues
en l'air, ces coins ne iâuroient évidemment
être contenus avec foiidité en leur place
dans cette poiition, qu'autant qu'ils feront
preiîës par les côtés, fuivant leur appareil
ou leur tendance à agir, par une force fupé-
rîeure à l'effort qu'ils exerceront pour
tomber. Or cette force réfîdant dans (es
piédroits ou fupportsil il refulte donc que,
s'ils font par leur maiîe inférieurs à cette
pouifée , ils feront infailliblement renverfés,
mais que, iî au contrake ils font fupérîeurs
à l'efFort en queftion, ils contiendront
voûte , reiTerreront & arebouteront fes
vouiToirs, de maniere à la rendre înébran-*
lablej tel eft dans le iimple ce qui coniti-
tue en général la foiidité d'une voûte , èC
d'où vient il faut qu'il y ait une relation
confiante entre fa pouiTée <§c fts fupports,.
Que l'on s'avife de n'y avoir aucun égard ,
&; de tenir hs piédroits , en effet, plus
foibles que la pouilee ne comporte , fous
prétexte de les alieger , en fe réfervant de
fuppléer à leur réiiftance naturelle par des
-ocr page 14-
Avant-Propos.          »
moyens artificiels, 6c en violentant les efforts
des voufloirs par des liens de fer, alors ce ne
féroit plus bâtir fûivant Part, & il n'y auroit
plus de fureté 3 une chaîne ou un crampon
peut venir, foit à rompre par l'effort dit
taffement, foit à faire éclatter la pierre dans
laquelle il fera inféré, foit ( ce qui eil infail-
lible au bout d'un tems ) à perdre de fa force
par l'effet de la rouille, alors, au moment
qu'on s'y attendroit le moins, on courroit
rifque d'être enfeveli fous un édifice > c'eit
pourquoi il eil donc important que les
principes , qui fervent à déterminer les
dimenfions des piédroits d'une voûte, foient
ians atteinte ; à il n'y a qu'en hs obfervant
qu'on peut efpérer d'aiTurer la durée d'un.
Monument. Ce font là hs grands objets
iur lefquels nous avons principalement in-
iiilé dans ce Chapitre.
Après avoir envifagé la pouffée dans le
iimpîe , nous la fuivons enfuite dans {qs
différentes combinaifons , &L dans ibs cir-
conftances locales : par tout nous faifons
voir qu'il faut confuîter l'appareil d'une
Voûte pour découvrir fa tendance à agir ,
&: par conféquent vers quel endroit il con-
vient . de placer la réiîilance. Nous nous
fommes attachés fur-tout à développer les
effets du taiîèment d'une voûte lors de fon
décintrement, qui eil le moment antique
-ocr page 15-
xvj         Ar α η τ - Ρ Ro p os.
Ane conftruclion , & qui demande tant
d'expérience&:d'intelligence pour être opéré
avec fuccès. Enfin nous avons expoié les
moyens d'allier la pratique & la théorie,
pour fe conduire dans la recherche des vrais
principes qui doivent coniKtuer la. foli-
dité d'une conftrucHon compofée j recher-
che qui eil Jaborîeufe, & qui exige une
multitude de connohTances que l'on trouve
difficilement réunies j mais dont néanmoins
il convient qu'un Ar'chitedte,vraiment digne
de ce nom , foit pourvu , pour fe faire
honneur dans hs occaiions importantes qui
lui feront confiées.
Dans les Chapitres fuivants, nous traitons
de pliiiieurs conrlrucHons particulières très-
eiTentieîles par leur objet , &c qui rencon-
trent d'ordinaire la plus grande difficulté
pour être exécutées folidement. A cleifein
d'éclairer ces différentes matières , nous
avons mis en parallele leurs procédés ordi-
naires, d'où-nous avons déduit des obfer-
vations capables de guider , & d'empêcher
d'opérer au hazard comme par le paiië..
Delà, nous développons les principes des
autres branches de la Cónilrtiction , telles
que là Charpenterie , la Couverture, la
Plomberie , îa Menuiferi|, la Serrurerie, la.
Peinture d'Împreffion, la Vitrerie Si lePavé,
ainii que ■l'indique la Table "fuivarite.
Table
-ocr page 16-
&vî)
mmftD^mfmemfimm
TABLE DES MATIERES,
des Chapitres etdes Planches,
Contenus dans le fixume Volume.
JVJNT-PRO POS.
Expofition des matières répandues clans lé
VIe Volume.
                                         page %
CHAPITRÉ PREMIER.
Considérations sur le Mécanisme des
Foutes
, sur leur poussée et leur
construction.
                                          i
Article Premier.
î)e la manière de conßderer la pouffèe d'une Voutt \
& de déterminer la force de fes Piédroits*
          6
Article II.
De la difpoßiion des Piédroits d'une Voûte*         JI
Article II I.
De la maniere £ augmenter la reßßance d'un Pié-
droit,
                                                                 i<$
Article IV.
De la manière d'alléger les Piédroits dyuni Voûte t
en décompofam fa pouffte.
                               
Article V*
Différence entre un Support , un Pilier-^BtUant &
un Arc Boulant.
                              ,.·..,.           \cy
ν.,Λ;. R τ ι C L ε V L
De la fonction d'un Contre-Porté                    , 1$
<\ Tome Vl,                                               h
-ocr page 17-
lEviij                       TABLE
Article VIL
Moyen dont on s'efl fcrvi pour fιψρ lé er à un Pilier*
butant & à un Arc-boutant.
                   page 31
Article VIII.
Du Fardeau que peuvent porter les Pierres, 3 <
A R Τ I C L Ε IX.
Néceffté de conßruire, dans les Pays Septentrionaux,
les grandes Voûtes à Cabri d'un toit de Char-
pente.
                                                               41
Article X.
Obfervations fur l'aclion du Mortier dans la conßru-
clion d'une Voûte.
                                            43
Article XL
De l'emploi des Liens de Fer dans une Conßru-
clion.
                                                                46
Article XII.
Du Taffement d'une Voûte ? & défis effets pendant
jon Déc'mtrement.
                                              5 I
Article XIII.
Des Ouvrages du Chevalier Wréen.                     <p
Article XIV.
De la maniere dallier la Pratique à la Théorie ,
pour découvrir les vrais principes d'une Conßru-
ciion.
                        χ.                                      63
Des Principes qui conßituent en général la folidité
d'une Coupole fur pendentif j
Pl. LXXXXI, 64
Développement de ΐappareil dun Pendentif. 68
De la maniere d'agir dun Pendentif.
                     71
'Defcription de la conßruciion de la Coupole du Val-
d&Grdce
, Pl. LXXXXII&LXXXXIII.
79
-ocr page 18-
DES MATIERES.           xk
CHAPITRE II.
De la ma-niere de construire les
Planchers en Briques, dits Foutes
Plates.
                                                 page 84
Article Premier.
Comment on les confinât dans le Rouffillan ,
Planche LXXXX1V.                     " 85
Article IL
Comment on Us a confinais à t Hôtel du Bureau de
la Guerre
, à y erf ailles , PLANCHE LXXXX1V
& LXXXXV.
                                                89
Article III.
Comment on les confiruit dans le Languedoc t
Pl. LXXXXV.
                                              93
Article IV.
Comment on les confinât à Lyon, Pl. LXXXXVL 98
Article V.
Comment elles ont été confinâtes au Palais Bourbon,
Pl. LXXXXVIL.
                                        107
Article VI.
Réflexions fur tes Foutes plates , & fur les moyens
d'opérer leur confiruclion avec fuccïs.
                111
ÉX Ρ Lic AT Ι ON des Planches LXXXXIV »
LXXXXV, LXXXXVI & LXXXXVIL 1.10
CHAPITRE III.          Λ V
De la maniere d'exécuter les Terras-
ses qui couvrent les Bastiments.
i2<$
b ij
-ocr page 19-
XX                        TABLE
Article Premier.
Çonfiruclion de la Τ erraffe qui accompagne la" prin-
cipale entrée du Palais du Luxembourg ,
PL. LXXXXVM.
                              page 130
Article II.
Conßruci'ion d'une Terraffe exécutée au Château de
Saint*Çioud,
Pl. LXXXXVIIL
                   l$Z
Article III.
Qbfervations fur Us moyens d'opérer toujours les
Terraffes avec fucces,
Pl. LXXXXIX.
         I}}
CHAPITRE IV,
De la Construction des Combles, soit
en Pierre
, soit en Briques.
            143
Article Premier.
Conßruci'ion du comble en pierre , qui couvre les Cha-
pelles du Dome des invalides
, Pl. C.
            144
Article II.
Conßruci'ion du Comble en Pierre qui couvre le Porche
du grand Ρors*til de ÎEgûfe de Saint- Sulpice.
Pl, Ci.                                                          147
Article III.
Conßruci'ion du Comble briqueté de la nouvelle Halle
au ßleä de Paris,
pL, CHI & C1V.
              χ49
Article IV.
Çonfiruclion d'un Comble briqueté 3 exécutés à Tou»
loufe,
PL- CIV.
                                             iyi
Article V.
J)g, la conßruci'ion des Combles br'iquetés 9 exécutés
au Pakis-Bourbon, Pl. CIV«                      153
-ocr page 20-
DES MATIERES.           xxj
Article VI.
Obfervations fur Us Conßruclions précédentes, p. 156
Explication des Fl. C,CI, Cil, C1II& CIV.
158
CHAPITRE V.
De la construction du grand Fronton
delà Colonnade du Louvre.
Pl. CV,
CVI & CVil.
                                               164
CHAPITRE VI.
De la construction d'un Pont. 171
Description des opérations fucceffîves pour
Îexécution d'un Pont.
Pl. CVÎII & CIX. 17$
Explication des Planches CVIII & CIX. 181
Dimensions du Pont d'Orléans.                   184
Observations fur la conßruclion du Pont de
Neuilly
, & fur fon décintrement.
                    ]86
De la maniere de déterminer les proportions des piles
& culées d'un Pont,
                                         19I
CHAPITRE VII.
Des Constructions Gothiques.          206
Des c ript ION de la conßruclion de CEglife
de Notre-Dame de Dijon
, Pl. CX & CXI. 218
* .....
-ocr page 21-
xxij                      TABLE
ihm un im iirt nein n ii w ■ a—.....nny.......Îniiimn'iw'Hii ºÀÀ'>ßÀÀºÀßÌ>ððé-ÃÀ·ÃºÀ iii iMlft
'DE LA CHARPEN Ô É R I Å,
INTRODUCTION.
De L'ORIGINE ET DES AVANTAGES DES
Bâtisses en Charpente.           page 223
CHAPITRE PREMIER.
De la qualité des Bois en général ,
jïr sa" particulier de celui propre
Ai LA ChARPENTERIE.                               11J
CHAPITRE IL
DE LA REDUCTION DES BOIS DE CHAR-
PENTE.
                                                             232
CHAPITRE III.
DM LA LONGUEUR ET GROSSEUR DES BOIS. 24Ï
CHAPITRE IV.
De la résistance des Bois , eu égard
A LEUR GROSSEUR.                                       24f
CHAPITRE V.
Dés principaux assemblages des Bots-
de Charpente ,
Pl. CXII & CXIII. 250
CHAPITRE V I.
Des Planchers, Pl. CXIV & CXV. 253
CHAPITRE VIL
Des Combles,
                                           26$
ã
-ocr page 22-
DES MATIERES. xxiij
'Des Combles à deuxEgoûts , Pl. CXVI & CXVÎL
page 26$
Des Combles bnjis, Pl. CXVHI.                  2?2.
Explication des Planches , CXVI, CXVÎÎ,
CXVHI, CXIX , CXX , CXXÎ , CXXIÏ
& CXXIII , repréfentaht la conflmHwn des
Combles. '         '                                  .2-79
CHAPITRE VIII.
Des Pans de Bois et des Cloisons 9
Pl. CXX1V.                                             2S9
CHAPITRE IX.
Des Escaliers, Pl. CXXV.                   295
CHAPITRE X.
DE LA MANIERE DE FAIRE UN DEFIS
DE ChARPENTERIE.
                                     jOI
î                 —-------------—·-------------'-------'—-——--------------------
DE LA COUVERTURE.               313
CHAPITRE PREMIER.       ■■-V
De la Couverture en Tuiles.           314
CHAPITRE II.
De la Couverture en Ardoise.           323
..CHAPITRE III.
De la réparation des Couvertures. 329
; ·■             C H A Ρ Ι Τ R Ε IV.          t
de la maniere de dresser le devis
d'une couverture,
                               33ι
-ocr page 23-
xxïv                    TABLE
Explication des Planches CXXVI & CXXVÏL
page 333
DE LA PLOMBERIE.                     337
CHAPITRE PREMIER.
Des espèces de Plomb , et des épais-
seurs qu'il faut lui donner suivant
les différents ouvrages.
                338
CHAPITRE II.
de la pose des différents ouvrages
de Plomberie.
                                        344
Article Premier.
De la pofe des Chenaux & des Gouttières. ibicL
Article Ιί.
De la pofe des Enfaîtements ? des Noues & des
Arrétiers.
                                                         34^
Article I IL
De la pofe des Tuyaux de defeente & des Cuvettes*
.                               348
Article I V.
De la pofe des fables de plomb fur le plein-toit,
fur un Dôme, furun Clocher &fur une Terrajfe. 35Ο
Article V.
De la pofe des Tuyaux de conduite & des Tables
des Réfervoirs d'eau.
                                      3?4
Des Devis de Plomberie..                                   35^
Explication de la Planche CXXVIIL 357
D E
-ocr page 24-
DES M A Ô É ERES.           **t
DE LA ME NUISE RIE.          page 359
CHAPITRE Ñ REMIER,
De la Menuiserie mo&ile.
Article Premie r.
Des Portes.·                                                 ,34$
Article II.
Des Croifées*
                                                  Vjl
: Ë         C H A Ñ É Ô R Å IL ^".....
De la Menuiserie dormante,»,
Article Premier.
Des Lambris.                                                  379
Article IL
Des Parquets.                                                 3g j
Article I I L
Des Efcaliers de Menuiferie.                            2 $4
Article IV.
De la maniere d'eßimer les Ouvrages de Menuiferie
385
Article V.
Des Devis de Menuiferie.                                 304
Explication des Planches CXXIX , CXXX,
CXXXI & GX3QCII , concernant la Menuiferie.
^...... ■ *.                                    399
Tome VI,                                         c
-ocr page 25-
xx νj                     TABLE
,. DE LA SERRURERIE.
Article Premier.
Des Différentes qualités du Fer.             P2ge 401
Article II.
Des gros Fers.                                                404
Article III.
De la Ferrure des Portes Cocheres.                   410
Article IV.
De la Ferrure des Portes ordinaires & à placard. 412
Article V.
De la Ferrure des Croifées.                             419
Article VI.
Des Portes de fer, Grilles , Rampes , Balcons, &c.
422
Article VII.
Des Devis de Serrurerie.                                 4M
E XP LIC At ΙΟ Ν des Planches CXXXIII,
y. CXXXIV , CXXXV & CXXXV1, concernant
la Serrurerie.
                                               433
' DE LA PEINTURE D'IMPRESSION.
Article Premier.
De la Peinture en détrempe.                           436
Article II.
De la Peinture a l'huile.                                44Ö
Article III.
Du choix des Couleurs & de leur affottimeni* 442
-ocr page 26-
DES MATIERES. xxvij
Article IV.
De la Dorure.                                        page 445
Article V.
De la perfection des Peintures d'imprejjzon, 446
Article VI.
Des Devis de Peintures d"wipre£ïon,                447
■——■——III I II I III -I. Il I WtWM———ρ
Il            ll.l      HMIIPBI.mil.iJ.........       1 HMII I Uli—^«—Wllllll l|l I I «Il........ I        HP^fcMS
DE LA VITRERIE.                 451
DU PAVÉ.                                  456
ι
CATALOGUE
De la plupart des Architectes dont il eß fait mention
dans ce Cours
, avec ΐenumiratioß de leurs prin-
cipaux Ouvrages*
                                      457
Fin de la Table·
-ocr page 27-
yxK«
ERRATA du fixiéme Volume.
Bages
4
48
59
59
•71
S<58
*7?
1 Jtt
Lignes.           Fautes.
}jf réiîftrer
15 aux contre-forts
ζ    ou fait
ι    rnolpnnage,
xâf    de ces derniers
6    fe trouvent
2    elle ne rempliroit pas
    du pendentif
ζ8    des fcs parties
10    rnainenaut
Corrections.
réfifter
\
aux murs de liaifo» ,
aux contre-forts
& fait,
moiionage
de ceux-ci
fe ?rou,ve
& elle ne rempliroit pas
d'un pendentif
de fes parties
maintenant.
8
10
4
χι
fe trouvoit appuyée
êç ck,
Ç d,
femelle Β,
S fe trouvoit
en outre»
X appuyée ■
& e h , "
c e ,
femelle Κ,
un bon Ouvrage
un Ouvrage
COURS
-ocr page 28-
GO U R S'y,
D'ARCHITECTURE*
SUITE DU LIVRE TROISIÈME.
SECONDE PARTIE.
DELA CONSTRUCTION
■ DES BÂTIMENTS.
CHAPIT RE Ρ R E M 1ER.
Considérations sur le mécanisme
des Voûtes y sur leur poussés
et leur construction.
jua Pratique a long-temps devancé la Thiori©
dans tous les Arts, & l'on peut dire, que ce n'eil
qu'après que la premiere a eu en quelque forte
épuifé toutes fes reflburces , que la feconcle eft
venue à fon fecours' pour réclairer ? la redreffer, lui
enfeigner des règles plus fûres , ou du moins lui
montrer f par l'examen de ce qu'elle avoit fait, le
chemin qui lui reftoit encore à faire* S'il étoit pof-
fibie de révoquer en doute cette ve#ité, l'Art de la
Conitru&ion en offriroit une preuve fenfible.
'Tome FI,
                                      A
-ocr page 29-
_.a _..                 C o ν R s
Combien en·effet, n'avoit-elie pas déjà fait de pro-
grès avant l'intervention de la théorie? Que de ba*
tiiïes furprénantes, par leur hardieffe u'a-t-.bn pas
élevées dans des iiécles d'ignorance, avec de iim-
p'lèsroiltmes., fondées" iiiiiq|üement fuir l'expérience.
Mais fans remonter il h'alit,ne voit-on pas encore
de nos jours des Praticiens exécuter des travaux
difficiles ,, fans autre fecours que des comparai-
ions avec des ouvrages de même genre exécutés
précédemment, ou feulement des indudions tirées
de leurs paralleles. . . . . -
La raifon de leur fuccès eil aiféè à concevoir.
La Conftruftiöri n'èft par elle-même que l'art d'éle-
ver des corps les uns au-deffus des autres, de façon
à fe foutenir par les diverfes combinaifons de leur
portion & les dirTérens rapports dont ils peuvent
être fiiiceptibles. Or ces rapports ont pour bafe un
petit nombre de règles de ffatique d'une expérience
journalière , & que le feul bon fensfufÏÏt pour faiiir.
Ces règles font, que le fort doit toujours porter le
foiBïe; qui! eft effentiel pour la folidité, que les
corps foiènt placés les uns au-deiîus des autres en
talud ou en retraite'; qu'un fupport doit être diffé-
remment proportionné, quand il s'agit dy pofer un
fardeau en équilibre , ou quand il eil queition de l'a-
vancer ς foit en faillie «, foit en encorbellement i fur
l'une de fes faces, de manière à exercer contre lui
une a&ion latérale ou en bafcule ; & qu'en un mot il
doit y. avoir une correfpondance perpétuelle entre
le corps qui porte, la pöuffée, le poid & la fituation
du corps porté. , , ;
si Quelque amples que foient ces coniidérations,
il ne f§ut cependant pas croire qu'on foit parvenu
tout d'un coup à en être inftruit ; l'application ne
sIqîi;^ ;que fucceffivement, D'abord l'on mit plus
-ocr page 30-
d'Architecture.                    3
qu'il ne falloir, c'eil toujours ainii qu'on commence ;
& ce ne fut qu'à la longue , à force d'être redreffé
par des efTais, qu'on apprit,par ce qu'on avoir fait»
à découvrir ce que l'on pouvoir tenter encore au-
delà, & enfin à quel terme il falloir s'arrêter , pour
ne pas prodiguer inutilementles matériaux , ou bien
préjudicier à la foîicliîé par trop de légèreté.
Il eft étonnant combien, avec ces ieuls fecours,
l'Art de la Conitru&ion a fait de progrès. On peut
même avancer que fes plus belles découvertes fe
font faites fans l'intervention des Sciences. L'exé-
cution des Coupöles fur pendentifs , entre autres ,
ce chef-d'œure d'induiïrie qui fembloit exiger tant
de combinâifons pour être élevé avec fureté, en
orïre un exemple bien remarquable. Par combien
de tatonnemens ne fallut-il pas paffer avant d'y réuf-
fir ? Ce fut évidemment une grande témérité de la
part des Architectes qui préfenterent des projets
dans le XVIe fiécie pour la Coupole de S. Pierre
de Rome, que d'ofer propofer de faire porter un
ouvrage aiifli immenfe avec une tour de dôme ,
environnée de colonnes à plus de 150 pieds de
hauteur, fur quatre points , & dans tout le refte de
fon pourtour en encorbellement. L'exécution d'un
pareil morceau fembloit fuppofer, pour procéder
avec fureté , une multitude de connoifïances, dont
aucun Architecte d'alors ne pouvoir fe flatter d'être
pourvu. On fe conduifxt donc en tâtonnant, & eh
commettant en quelque forte au hazard l'événe-
ment , comme avoit fait autrefois Anthemius pour
la Calorre deSainrc-Sophie à Conitanrinople : auiîi
arnva-t-il, que ce ne fut que l'expérience qui re-
drefla fncceiîivement ceux qui eurent d'abord la con-
duite de ce Monument. A peine l'Architecte Bra-
mante , dont le projet avoir obtenu la préférence,
*
                                A ij
' *·■ . ■ '■■■'' ■''                                                                                                                                                                                                                · '■''■''' ■--'':                                                               .#'
-ocr page 31-
* \
.■■'*".                                                                                                                                                                                                                                                 '                                                                                                                                                                  '
4                          Cours
eut-il élevé les piliers deitinés à porter la Goupole
de Saint-Pierre } & eut il terminé les quatre arcs de
la rencontre des bras de la croix, que ceux-ci par
leur pouffée menacèrent de les renverfer; ce qui fît
comprendre qu'ils étoient beaucoup trop foibles,
pour remplir l'objet propofé. En conséquence il
fallut revenir fur fes pas , en s'appliquant à forti-
fier les piliers, & il y avoit déjà 40 ans que cet
Edifice étoit commencé, fans qu'il y eût de plan
véritablement arrêté. Chaque Architecte qui fuc-
cedoit ne s'attachoit, en quelque forte, qu'àrecti-
fier ce qu'avoient fait fes prédéceiTeurs ; & ce fut,
comme l'on fait, le célèbre Michel-Ange, qui 9
plus éclairé que fes contemporains, & en mettant
à profit les réflexions & tentatives que l'on avoit
faites jufques-là, parvint enfin à proportionner les
fupports à l'effort du Dôme, & à fixer du moins en
apparence les rapports des diverfes parties de fa
conitruclion.
, Nous avons infifté fur ce fujet pour montrer par
un fait connu, comment, fans le fecours des fcien-
ces, l'Art de la Conftru&ion, à force de tentatives 5
a fait peu-à-peu des progrès dans les fiécles les plus
reculés; & comment des routines parvinrent à tenir
pendant long-tems lieu de règles. Αιιίδ, quand dans
les tems modernes on entreprit d'éclairer cette
vmatiere, comme ces toutines avoient pour bafes
des monumens multipliés, dont la folidité ne pou-
voit être révoquée en doute , puifqu'ils* avoient
fouvent pour preuve une durée de pluiieurs iiécles;
on ne s'avifa pas de changer les principes autorifés
par l'ufage, mais on fe borna à les redreffer, à les
perfectionner & à déterminer fur-tour avec plus de
précifion la force des murs ou des piédroits, pour
réiiftter fuivant les diverfes circoniiances j on ne fit
-ocr page 32-
d'Architecture.               5
en un mot que fubiiituer , aux tâtonnemens qui
avoient jufqù'alors fervis de guides, des principes
certains, fondés fur le développement des loix éter-
nelles de l'équilibre & de la pefanteur.
Aufurplus, fi l'on n'a pas encore tiré des Sciences
tous les fecours qu'on a lieu d'en efpérer, & ii elles
n'ont porté jufqu'ici leurs regards que vers les con-
iidérations les plus fimples de la poufTée des voûtes,
c'eil qu'il ne fuffit pas d'être feulement Mathémati-
cien pour traiter des conftrudtions compofées , &
qu'il faudroit à la fois être verfé dans la pratique.
Tous les Sçavans font bien éloignés de réunir les
lumières des Wreen & des Frezier. En effet, un
fimple Géomètre n'efl prefque jamais affez exercé
dans le Defîin pour diitinguer tous les rapports
des plans , des profils & des élévations d'un Edifice :
rarement eft-il au fait de la coupe des pierres , à
moins d'en avoir fait une étude particuliere : il
ignore communément la repartition des matériaux
d'un bâtiment, leurs qualités , leur emploi , leur
alliage, les effets de leurs taffemens , & le poids
qu'ils peuvent porter : il fe trouve à chaque pas
arrêté par une multitude de convenance dont la
pratique feule inftruit, & que rien ne fauroit fup-
pléer, C'eft pourquoi , dans l'ignorance où il eft
des procédés uiités > dès qu'il entreprend de péné-
trer dans ces fortes de matières pour y porter le
flambeau de la théorie , il fe trouve obligé de fe
créer des principes, de recourir à des hypothèfes,
de chercher par raisonnement des efforts cachés ou
des tendances à agir, d'imaginer des leviers fecrets
qui le conduifent à des déterminations, qui ne font
pas toujours d'accord avec les faits. En un mot, il
n'y a que la réunion de la pratique & de la théorie» ;
qui puiife mettre en état de traiter à fond les
A iij
-ocr page 33-
6                          Cours
matières qui concernent la conir.ru£Hon6 On en fera
de plus en plus convaincu par les obiervations que
'nous allons faire fur la manière d'être des voûtes ,
ainii que fur la façon dont fe doivent envifager leur
pouflee & les divers^ rapports du méchanifme de
leur conilrucüon, eu égard feulement à la pratique,
& en écartant, autant que nous pourrons,le langage
icientifîque, pour nous mettre à portée d'être en-
tendu des jeunes Ârchite&es , à l'initrudion des-
quels nous deftinons principalement cet Ouvrage»
Article Premier.
De la manière de confidérer la pouffèç
d'une Voûte , & de déterminer la force
de fes Piédroits.
Rien dans la nature ne fauroit fe fouflraire aux
loix de l'équilibre & de la pefanteur ; dès qu'il y a
mi poid & une pouffée , il faut un fupport & un
contre-fort, ou un piédroit capable de tenir lieu
de Fun & de l'autre ; ainiî feilende! eil de connoître
comment s'opère faclion pour proportionner la ré-
iiilance.
Tous les voufîbirs d'une voûte quelconque font
taillés à peu-près en forme de com , c'efl-à dire,
font plus larges par le haut que par le bas , & ont
leur direction tendant vers un centre commun
lorique la voûte eil en plein-ceintre, vers deux cen-
tres lorfqu'elle eil en entiers-point ou ogive,& vers
difFérens centres lorfqu'elle eil elliptique ou en
an'fe de panier. L'a&ion de la pefanteur de chaque
vouiToir n'eilpas uniforme, mais relative à la place
qu'il occupe dans une voûte. Ilus un vouiToir
-ocr page 34-
«■■ν                                                                                                    *
D ' A R C Η Ι Τ Ε C Τ U R Ε. ,        J
approche du ibihmet, plus il eft prouvé qu'il exerce
d efforts pour écarter les vouffoirs inférieurs : ainft
c'elt la clef A, figure ï* , Planche LXXXVJ, cjui>
vu fa pofition prefque verticale , opère le^plus
rfaaibn ; enfûite ce font les contre-clefs Β, Β ; &
fucceiïivement les autres vouffoirs en produisent de
moins en moins jufquaux couffinets C.C, ou juf-
qu'à la retombée de la voûte fur fes piédroits. , .
Plus une voûte a de diamètre , plus elle a de
pouffée, & plus par conféquent fes piédroits ou
fes murs doivent avoir de force pour la contenir..
Une voûte a encore plus où moins de pouffée»
fuivant que fa courbe eft plus où moins élevée.
Par cette raifon , les voûtes entiers-point exercent
le moins (Ta&iqn contre leurs fupports; après elles
ce font les plein-ceintres ; & enfin ce font les
voûtes elliptiques où en anfe de panier qui en ont
le plus.                                               .
Les vouffoirs d'une voûte étant toujours taillés
en forme de coin, & de façon à diriger leur aftion
vers les piédroits , ils tendent néceffairement à lés
écarter; mais comme cet effort peut varier fuivant
la maniere d'être de la voûte , il eft donc important
de s'aiïurer d'abord de fon diamètre, de la nature
de fa courbe, de fon épaiffeur vers la clef, de la
hauteur qu'auront fes piédroits ; & ce ne peut-être
que relativement à ces diverfes confidératiôns fuf-
ceptibles de faire varier fa pouffée, cru'il fera pof-
fibie de parvenir à connoître au vrai la refiftance
qu'il convient de lui oppoier.
Les expériences apprennent que , quand une
voûte fe fend parce que fon piédroit eft trop foi-
ble , la rupture fe fait d'ordinaire en E au milieu de
1'impofte C & de la clef A, fig. ïrc> dans les voûtes,
plein-ceintre j plus près de l'impoile que' de la clef *
A iv
-ocr page 35-
$                           f O URS
& environ à la rencontre des trois arcs dans les
Voûtes furbaiffées qui ont été tracées ainii ; & plus
près de la clef que de l'impoite dans les voûtes en
tiers-point. C'eft pourquoi il eft d'ufage, pour ap-
précier la poufîee d'une voûte , de confidérer fa
partie fupérieure EAE jufqu'à la rupture E comme
feule agiffante, & de fuppofer que tous les voui-
foirs de cStte partie fupérieure font enfemble un
effort latéral contre le piédroit D, joint à fa partie
inférieure. On eft autorifé à confondre cette par-
tie inférieure avec le piédroit, non-feulement à
caufe du peu d'inclinaifon des vouffoirs des voûtes
vers leur naiffance, mais eneore , parce qu'en exé-
cution , elle paroît n'exercer réellement qu'une
action de péfanteur fur le piédroit, ainiî qu'on le
remarque fans ceiTe en démoliffant d'anciennes
voûtes , dont les naiffances jûfqu'aux environs de
la demi-voûte, foit dans les plein-ceintres,foit dans
les tiers-point, & jufqu'à la rencontre des trois arcs
dans les furbaiffées, fe foutiennentfur leurs pié-
droits ou piliers , malgré la deftruäion de leurs
parties fupérieures.
C'eft en conféquence de ces obfervations que les
Céométres font parvenus à déterminer l'épaiffeur
du piédroit d'une voûte. Ils ont confidéré la partie
fupérieure de la voûte EAE jufqu'au point de
rupture E, comme un feul grand vouffoir agiffant
contre fa partie inférieure EC joint au piédroit D
pour les renverfer ; h parla comparaifon de la fur-
face de ce grand vouffoir avec le diamètre de la
voûte CC, de la nature de fa courbe , de la lon-
gueur de fa clef A , de la hauteur du piédroit D,
& même des différens poids dont ce piédroit pou-
voit être chargé dans foccafion, ils ont trouvé par
les règles de la mécanique les expreiîions algébri- ,
-ocr page 36-
ρ'Architecture.              9
ques dçs épaiffeurs qu'il convenoit d'oppofer dans
tous les cas à ces différens efforts pour faire équi-
libre avec la pouffée, en faifant toutefois abilra-
clion du frottement des joints des vouiïbirs ( I ),
afin de fe mettre au-deiïiis de tous les cas cjéfayo-
rables lors du déceintrement, où toutes les parties
d'une voûte font en mouvement, comme nous
l'expliquerons par la fuite. Ainii, en ajoutant fui-
van t l'ufage à cette épaiifeur trouvée environ un
lîxiéme en fus, afin de rendre la puiffance réc-
itante fupérieure en force à la puiffance agiffante ,
(i ) La raifon pour laquelle on ne doit pas avoir égard au
frottement eft aifée à concevoir: nous l'avons déjà dit ailleurs ,
&c'eft ici le cas de le répéter. Comme il χ a toujours un taiTe-
ment dans une voûte, lorfqu'on la déceintre , il y a de toute
néceffité un mouvement. A l'inftant où fe fait ce t alte ment, qui
cft toujours le moment critique pour les piédroits , les joints de
la voûte s'entr'ouvrent 3 Se les vouiîoirs ne pofant plus que fur
une arrête , le frottement en cette circonftancc ne fauroit évi-
dement être compté , comme opérant de la réfiftance. Daiileurs
pour peu que le piédroit vint à céder à l'effort de la voué e , la
force agiffante acquenoit alors un mouvement d'accélération ,
qui, en éloignant du centre de la voûte, le centre de gravité du
piédroit , racourciroit conféquemment le bras de levier de la
force refiftante , & agiroit d'autant plus efficacement pour la
vaincre. Ainfî la puiffance agiffante ne doit pas feulement être
multipliée par fon bras de levier,mais encore par la vîteflequ'elle
acquiert lors du taffement ; & cette vîteffe ne pouvant être ap-
préciée que difficilement, il convient donc dans la pratique , pour
fe mettre au-deffus de tous les cas défavorables , d'ajouter aux
piédroits ainfi qu'on l'obferve.
Une autre raifon pour laquelle le frottement ne doit pas en-
core être confidéré dans la conftruâion d'une voûte , c'eft que
quand le taffement fe fait, de deux chofes l'une , ou bien le
mortier a déjà acquis de la confiftance, ou bien il n'en a pas en-
core acquis. Dans le dernier cas , c'eft un corps humide & glif-
fant, qui, en empêchant l'engrainement de la pierre,diminue le, ,
frottement ; & dans le premier, le mortier écrafé par le taffement
doit être confidéré comme un amas de petites boules qui ne
mettent pas moins d'obftacles à l'engrainement, & qui font à
peu-près l'effet d'un rouleau que l'on place fous une pierre pour
eu faciliter la gliffade.
-ocr page 37-
ίο                        Cours
on fera fur de folider la force des piédroits (Tune
voûte en toutes çirconilances. On fait que c'eit à
à M. de la Hyre, ancien ProfeiTeur de l'Académie
Royale d'Architecture , & membre de celle des
Sciences, qu'on doit d'avoir réfolu en 1712 cette
importante queilion concernant la pouiîee des
voûtes, & que ce qui a confirmé de plus en plus
la juileffe des principes qu'il a établis, c'eii qu'on
a obfervé que toutes les voûtes élevées depuis, &
auxquelles on s'étoit avifé de donner des épaiffeurs
de piédroit plus foibles que celles défignées par
fa formule, font tombées ou du moins n'ont pas
fubiiilé long-tems. M. Frezier en cite des exemples
dont il a été témoin dans le Tome III. de fon ex-
cellent Traité de la coupe des pierres.
Avant ce temps on n'avoit que des pratiques
groiîîeres, que l'on trouve répétées dans tous les
anciens livres d'Architecture, pour déterminer l'é-
paiiTeur des piédroits des différentes fortes de
voûtes. François Blondel, Architecte de l'admirable
Porte de Saint-Denys à Paris, qui paroifîbk bien.en
état d'éclairer à cet égard, vu les grandes connoif-
fances qu'il avoit à la fois dans les Mathématiques
& dans la Conilruftion 1 s'eil borné dans fon Cours
d'Architecture
', a rapporter fans examen les routines
lïiitées dans le tems de la barbarie gothique. « il
» faut partager, dit-il, un arc quelconque, fig. II,
» III & IV. pi. LXXXVÎ. en trois parties égales ?
» & menant une des cordes par le point de Fim-
» poile, prendre en dehors fur la même continuée
» une ligne qui lui foit égale , & la droite menée
» à plomb par l'extrémité de cette même ligne y
»
déterminera l'épaiiTeur extérieure du piédroit.
*> Comme fi, divifant l'arc A Β C D en trois parties
» égales aux points Β & C, on mené la corde
ι
-ocr page 38-
d'Architecture.              ii
» indéfinie G D, paffant par le point de Fimpoite D ;
» alors on n'a qu'à prendre en-déhors fur la même
» droite CD, continuée une partie DE,égaieàCD,
» & menant les deux perpendiculaires F E' & DH?»
» elles détermineront l'épaiffeur du piédroit oii de
» la pile D F H E , qui fera proportionnée à la pouf-
» fée de l'arc ABCD ».
Pour peu qu'on y faffe attention , il fera aifé de
s'appercevoirdupeu d'exactitude de cette regle: car
elle n'a aucun égard , ni à l'épaiffeur d'une voûte, ni
à la hauteur des piédroits pour fixer leur force:
or une voûte élevée à 6 pieds déterre ou à 50 pieds
doit opérer manifeffement , à raifon du plus 011
moins de longueur du levier, une action bien diffé-
rente contre îqs fupports. Il en eil de même d'une
voûte d'un pied d'épaiffeur ou de trois pieds : cette
dernière n'exige-r-elle pas encore évidemment, à
raifon de fon poid , des épaiffeurs de mur ou de
piédroit bien plus concidérables que l'autre. On
voit par ces obfervations la futilité de ces prétendus
préceptes qui ont néanmoins fervi de guides aux
Conitructeurs pendant long-tems , & dont on n'a
été détrompé que depuis que les Sciences ont porté
leur flambeau dans cette matière.
Article II.
De la difpoßtion des Piédroits d'une Voute.
La difpofition des fupports d'une voûte ne fau-
roit être arbitraire , elle eft toujours indiquée par
la direction de la coupe de (es vouffoirs ; & cette
direction varie à raifon de la nature* de chaque forte
de voûtes , attendu que chacune s'appareille diffé-
remment. C'efl pourquoi , pour çonnoître com-
ment une voûte doit agir , & vers quel endroit il
-ocr page 39-
12                         Cours
convient d'oppofer la refiitance à fa pouffée , il
eit à propos de confuîter fon appareil. On s'ap-
percevra par cet examen , qu'une voûte en ber-
ceau , par exemple, n'exerce d'action que latéra-
lement , ou que contre les murs qui reçoivent à
droite & à gauche fa retombée ; qu'une voûte en
arc de cloître agit uniformément contre fes murs
pourtours ; qu'une voûte d'arrêté n'opère d'efforts
que vers (es angles ; qu'une plate-bande ne pouffe
que les corps de maçonnerie placés à fes extrémités
dans la direction de la coupe de (es clavaux ; qu'une
voûte iphérique où en cul de-four agit du centre
à la circonférence ; qu'un pendentif fur un plan
quarré agit prefque entièrement vers les côtés du
quarré, & fur un plan octogone contre tous les côtés
cîe l'octogone, &c. &e. d'où il réfulte que le vrai
moyen d'aiTurer l'exécution d'une voûte eil de pla-
cer ies réfrfîances ouïes épaiffeurs des piédroits,
trouvées par les calculs , vers les endroits indiqués
par l'appareil, où fe doit opérer l'eifort.
La pouffée n'agit pas cependant toujours directe-
ment vers le lieu indiqué par la coupe des voufToirs,
comme quand deux voûtes fe rencontrent en op-
pofition ; car alors leurs efforts fe combinent pour
fuivre une direction commune. Soient, par exem-
ple , deux arcs ß & C %. V. PI. LXXXVI, diri-
gés félon les côtés d'un quarré ou d'un parallelo-
grame, & venant repofer fur un même piédroit A,
de manière à avoir vers leur retombée un coufîinet
commun ; la pouffée de chaque arc, au lieu de fe
diriger au-delà du piédroit , l'une fui vaut la lon-
gueur du mur D , & l'autre fuivant la longueur du
mur E, fe décompofera, fuivant les loix de la mé-
chanique, de maniere à agir félon la prolongation
de la diagonale F G; & ce fera en ce Îens H, qu'il
faudra fortifier le pilier A, tellement que fa force
-ocr page 40-
i
D'A RCHITECTURE.                IJ
AH foit un réfultat delà pouffée des deux arcs.
Il n'y a pas de diftance déterminée pour l'efpa-
cement des piédroits d'une voûte : de même que
l'on fait des arcs de 6 pieds de diamètre , il eil pof-
fibled'en faire jufqu'à ioo, & 150 pieds : il ne s'agit
que de fortifier leurs piédroits à proportion de leur
grandeur. Il n'y a que dans les voûtes fphériques
ou fphéroïdes, que l'on obferve de reiTerrer les
piédroits à un certain point, & de façon que les
arcs en décharge que l'on met de Tun à l'autre dans
le bas , différant peu d'une ligne droite par leur
plan , empêchent la voûte fphérique de fouffler
par leur intervalle. Ce feroit pécher contre la foli-
dité, que d'entreprendre de contenir une voûte
fphérique de quelque étendue , telle que 50 à óo
pieds de diamètre j feulement avec 4 contre-forts
diitribués à égale diilance dans ion pourtour ; car
chaque arc en décharge de l'un à l'autre, fe trou-
vant par-là obligé d'embraifer prefque le quart de
la circonférence de fon plan, & offrant un ventre
dans le milieu qui pouÎTeroit au vuide, deviendroit
évidemment bien peu capable , & de contenir la
pomTée de la voûte, & de reporter fon effort vers
les contre-forts en queition.
Ge fut fans doute pour diminuer la multiplicité
des points-d'appui qu'exigent les voûtes circulaires,
que les Archite&es Goths fe déterminèrent à faire la
plupart des chevets de leurs Eglifes, érigées depuis
le XIIe fiécle, tems où leur bâtiiTe s'eft beaucoup
perfectionnée, nonen portion de cercle, comme ils
l'avoient toujours faits jufqu'alors,mais à pan-cou-
pés ; de forte que par-là ils parvinrent à alléger ces
endroits comme le refte de leur conftru&ion, fans
néanmoins préjudicieràleur folidité.
La pofition des voûtes & Tufage auquel on les
H^^H_
-ocr page 41-
ï4                        Cours
deitine , décide de la force que l'on doit donner à
leur conftruclion. Si elles ont befoin d'opérer beau-
coup de refiilance , on les bâtit prefque entièrement
en pierre de taille, on leur donne une épaiiTeur
proportionnée vers la clef, on les engage en outre
entré leurs piédroits , c'eiî-à-dire qu'on élevé
ceux-ci jufqu'à leur couronnement, enfin on garnit
leurs reins, en y prolongeant en coupe la queue des
vouiToirs. Les voûtes des caves, des ponts, des
fortifications & des ouvrages foûterreins , deiUnés
à foûtenir de grandes charges, s'exécutent pour la
plupart de cette manière. Si les voûtes n'ont que
leur propre poid , ou un poid peu coniidérable à
porter, comme quand elles fervent de couverture
ou de couronnement à un Edifice, on les bâtit alors
à la légere , en briques où en moilonage , en leur
donnant peu d'épaiffeur; on les ifole fur leurs pié-
droits , & Ton évide leurs reims, foit entièrement,
foit du moins en grande partie.
Il y a deux partis à prendre pour l'arrangement
des piédroits d'une voûte en berceau : on a le choix
de donner aux deux murs qui reçoivent fa retom-
bée, une épaiiTeur uniforme relative à fa pouffée;
ou bien , à deiTein d'éviter une auffi grande épaif-
feur au droit fur-tout des ouvertures des portes
& des croifées , on préfère volontiers de diftrihuer,
de diftance en diiiance, des points d'appui princi-
paux fufîîfamment fortifiés, vers lefquels on rejette
par des lunettes ou des arcs en décharge prati-
qués dans le bas de la voûte de l'un à l'autre, la
plus grande partie de fon fardeau : par ce moyen,
lemurfe trouvant beaucoup déchargé entre ces
points-d'appui, on reduit ion épaiiTeur d'un quart,
d'un tiers & quelquefois même jufqu'à la moitié ;
c'eft l'élévation des lunettes qui décide cette.rédu-
-ocr page 42-
d'Architecture.             15
öion : fuppofons que l'on voulût rej etter entière-
ment l'effort de la pouffée & le poid vers les points
d'appui, il n'y auroit qu'à élever les lunettes jufqu'à
la hauteur delà clef delà voûte en berceau, alors
celle-ci fe trouveroit convertie en une voûte d'ar-
rêté , que l'on fait n'avoir d'aâion que vers les
angles , & en ce cas le mur entre les points d'ap-
pui deviendroit inutile ; il feroit permis de le fup-
primer totalement à l'exemple des Goths, pour y
mettre de larges vitraux.
Quand il eit qneilion de contraire une fuite d'ar-
cades ou de voûtes en berceau, continues fur une
ligne droite, dont les parties fupérieures peuvent
s'accoter réciproquement , on eft encore libre de
donner à chaque piédroit particulièrement une
force relative à la pouffée de la voûte qu'il foûtient,
ou bien de donner à chaque piédroit une force fuf-
fifante pour porter feulement la retombée de fa
partie inférieure , en obfervant dans ce cas de re-
jetter l'effort de la partie fupérieure de toutes les
voûtes vers les extrémités, c'eft-à-dire» vers le pre-
mier & dernier piédroit, qu'il faudra tenir en confe-
quence d'une force capable de fervir comme de culée
à la fuite d'arcades ou de voûtes. Le Pont d'Orléans a
été conitruit/uivant le premier procédéjles Ponts de
Neully & de Mantes ont été bâtis fuîvant le fécond.
Les loix de la folidité exigent que les piédroits
d'une voûte foient pleins, fans aucun percé, & que
leurs aiïifes forment une bonne affrète fous toute
l'étendue des coufîinets, afin que fe convenant dans
toute la hauteur des points-d'appui, fans aucune
interruption depuis leurs fondemens jufqu'à fa re-
tombée, il en réfultela plus grande fermeté. Ce fe-
roit agir contre ces principes , que d'é vider les pié-
droits d'une voûte comme un coffre, que de fe
: 't ■
!
-ocr page 43-
î6                         Cours
permettre d'y pratiquer des ouvertures, ou que de
les faire porter en partie en lair fur des plate-bandes :
mail, à combien plus forte raifon de pareilles licen-
ces feroient-elles impardonables , ii la voûte en
queftion fe trouvoit être d'une étendue coniidéra-
ble & obligée de porter de grands fardeaux.
WBBBBggg.....ggsgas ; ; a ι...............aas.....sasm^sm
Article III.
De la manière d'augmenter la réfifianct
d'un Piédroit.
On peut ajouter à la réiiilance d'un piédroit,
en le chargeant d'à plomb : car, en augmentant par-
là fa fermeté, on augmente en conféquence la dif-
ficulté de le renverfer. C'eft pourquoi, il n'eft pas
toujours befoin de donner directement à un pié-
droit vis-à-vis d'une voûte, l'épaiffeur trouvée par
les calculs , mais feulement la réfiilance qui feroit
produite par la maffe cubique que les calculs indi-
quent. On a tiré un grand parti de cette reiïburee
en bien des occafions : fuppofons, par exemple,
qu'il faille à un piédroit A , figure VI. planche
LXXXVI. cinq pieds d'épaiiTeur pour contenir
une voûte, il pourroit fe faire que l'on parvien-
droit à réduire cette épaiffeur d'un quart, d'un
tiers, ou même de près de moitié au droit de la-
dite voûte, en chargeant ce piédroit d'une pira-
mide, d'un obélifque ou d'un grand mur de maçon-
nerie Β, capablepar fon poid deluidonner la même
fermeté que ledit piédroit auroit tiré ci- devant
de fon volume C, que nous avons exprimé par des
points, placé en oppofition vis-à-vis de la voûta :
car
-ocr page 44-
ö'AiCHï τ t c τ υ k e.           ij
Car peu importe, pour la folidité, que ce Volume
fbit iitué direclement derrière le piédroit, ou per-
pendiculairement furie piédroit, dès que l'effet d©
fa réfiftance revient au même. L'eiTentiel eil d'em-
ployer en cette occaiion des matériaux éprouvés ,
& qui ne puiffent fléchir fous le fardeau. Les Goths
ont ufé avec beaucoup d'induitrie de cette ref-
fource : c'étoit un des principaux moyens dont ils
fe fervoient pour donner aux Tours , aux Clo*
chers & aux Couronnements de leurs Edifices, tant
de légèreté & de hardieiTe, On doit néanmoins
employer ce procédé avec beaucoup de difcrétion ,
en s'attachant fur-tout à distinguer le cas cii Ton
en peut faire ufage avec fureté, & à quel point il eil
permis de réduire dans l'occafioii la groiTeur d'un
piédroit ou pilier, en eoniidération de fa charge,
& de la dureté de fa pierre.
y-^wrai—^.wiiMHwwy^i^,.....»...υ | ......        lu ι mm lu'iÉi.........inTiUAiuÎiiiJilnn l mil l        m
De la. manière d'alléger les Piédroits d'um
;.„.Voûte , en dècompofant fa poußee.
C'est fur-tout dans l'exécution des voûtes, qui
couvrent les nefs des Eglifes accompagnées de
bas-côtés , qu'on s'eft appliqué à alléger les pié-
droits , &r à diminuer la groiïeùr des points d'ap-
pui , â defTein de ménager la; place, & de ne point
offufquer la vue.
Afin de faciliter l'intelligence de la façon dont on
s'y prend pour alléger les piédroits d'une voûte »
il faut avoir recours aux % ï & II, pi. LXXX VII,
dont l'une1 repréfente le plan, & l'autre le profil
d'une moitié de nef d'Eglife gothique , avec un
Tome FL
                                         B
-ocr page 45-
JtS                          COU R S
bas-côté ; auxquelles figures nous avons mis des
lettres de renvoi femblables aux mêmes objets ,
pour mieux faire reconnoître leurs rapports.
Après avoir difpofé la fuite d'arcades qui doi-
vent déboucher le long de la nef dans les bas-côtés,
& placé à leurs extrémités des corps fuffiians de
maçonnerie, leiquels font d'une parties gros piliers
de la croifée, & de l'autre les murs du bout des
bras de la croix, on continue à élever les piliers
A , qui foûtiennent les arcades , de manière à
recevoir auffi la retombée de la grande voûte Β
qui eft, foit en berceau avec des lunettes au
droit des croifées , foit en voûte d'arrêté , à reffet
de diriger tout fon effort vers le pilier. Mais comme
le pilier A , s'il étoit proportionné à 1'aclion de la
voûte de la nef qui lui correfpond, exigeroit un
volume confidérable, afin de l'alléger, oh prend le
parti dedécompofer cette voûte: on fe borne à faire
porter par le pilier la partie inférieure qui eft con-
îiderée comme n'ayant pas ou n'ayant que peu de
poufTée , & comme faifant partie du piédroit A j &
l'on rejette l'aclion & le poid de fa partie fupérieure
ou a giflante Β vers un pilier-butant D, placé dans
un endroit commode au pourtour des murs des
bas-côtés de l'Eglife, par le moyen d'un arc-boutant
E flg. II, qui fait un efpèce d'enjambée jufqu'à lui
par-deiïus le vuide des bas-côtés F* ;
Par confequent toute la folidité, de l'exécution
de ces fortes de voûte dépend , d'abord de faire le
pilier A de matière & dé groffeur fuffifantes pour
porter la partie inférieure ,C.fig. Il de la voûte,& la
charpente qui la couvre fi pn enadmei ; enfuite de
ïendre le pilier-butant D ,,capable,parîbn volume,
' clç s'oppofer à l'adion latérale de la partie fupé-
rieureB de layoûtej&enfin,de difpofer l'arc-boutant
-ocr page 46-
d'Architecture.              19
E, de manière que le pilier A & le pilier-butant D,
malgré leur féparation apparente , ne faflent qu'un
tout, & a vent autant de force que s'ils étoient réunis.
Pour mieux faire concevoir le mécanifme de ces
fortes de voûte dont on décompofe ainii les pié-
droits , il eil important d'approfondir féparément
ce qui conititue l'efTence d'un pilier ou fupport,
d'un pilier-butant ou contre fort,& d'un arc-boutant;
car il faut bien fe garder de confondre ces objets,
ils ont une fon&iqn tout à-fait différente.
A R Τ I C LE V.
Différence entre un Support \ un Ρ Hier-Butant
& un Arc-Boutant.
La forme d'un fupport ou pilier A fig. I & II. pi.
LXXXVÎI , lorfqiûme voûte n'exerce pas de
poufTée contre, lui , & qu'il ne fait que recevoir
d'à plomb un fardeau ou la partie inférieure d'une
voûte , qui n'a communément qu'une a£tion de
pefanteur, eil affez indifférente. Il eil permis de
la faire ronde, triangulaire, quarrée, paraliélogra-
me, &c. mais fa grofléur peut être réduite, à raifon
de la dureté de fa matière. Un fupport de pierre
tendre doit être plus gros que s'il étöit de pierre
dure , & un fupport de pierre dure plus gros que
s'il étoit de marbre : il convient qu'il ne puiffe être
écrafé fous le fardeau de la portion de la voûte &
de la charpente qu'il fera d'obligation de porter,
cell la l'effentiel. Il ne faut que des expériences fur
la refiilance des pierres, ou des remarques d'après
les édifices les plus élevés & conftruits des mêmes
matériaux que ceux qu'on a defTein d'employer,
Β ij
-ocr page 47-
m                        Cours
pour connoître , par approximation , jufqifà quel
'.point il eil permis de réduire leur volume fans
aucun rii'que.
Un pilier-butant D, au contraire , ne fçauroit fe
paifer d'avoir par fa maffe un rapport conviant avec
la pouffée, parce que l'effort de la partie fupérieure
<k agiflante de la voûte n'a d'action contre lui que
latéralement. Il n'y auroit que le cas où on le char-
geroit , foit d'un obélifque G , foit d'un grand
corps de maçonnerie , qu'il feroit permis de le
diminuer de volume proportionellement. 11 eil
-toujours éloigné de la voûte dont il contient
l'effort : cette différente poiition eil ce qui le
diilingue du contre-fort , qui eil également
obligé d'avoir une certaine relation avec la pouf-
fée , & dont nous parlerons ci-après particuliè-
rement. Sa forme peut être qiiarr.ee , oblongue
ou parallélograme , mais non circulaire comme
le plan d'une colonne j par la raifon qu'un cercle
n'a de force qu'en un point , & qu'un pilier-
taitant qui feroit de cette forme, étant deiHné par
fa nature à foûtenir un effort latéral du haut en bas,
il arriveroit que les joints de fes tambours ou affîfes
s'ouvriroient du côté de l'intérieur du bâtiment, &
s'épaufreroient à l'oppoiite du côté de l'extérieur,
ce qui lui ôtéroit de fa folidité. Il n'en eft pas de
même , en donnant à fon plan une forme oblongue
ou parallélograme, parce que l'effort qui fe fait au
droit des joints extérieurs dans la direction de la
pouffée , le repartiffant alors le long d'une ligne
droite , trouve néceffairement une plus grande
xéfiftance que dans le premier cas« C'eiî encore par
cette même raifon φιΌη obferve d'ajouter, au bas
^des fondements des pilier-butans en-déhors,de bons
empâtements toujours dans cette même direction,
-ocr page 48-
'
d'Arckî τ ectür e.             * ι
vu qu'il efl reconnu que la potuTée agit de préfé-
rence vers cet endroit»
Un arc boutant E. s'appareille en vonflbirsf
comme une voûte. C'eil un corps intermédiaire »
deilinéà reporter contre un pilier-butant lé poid
& la pouiTée de la partie fupérieure d'une voûte t
mais il ne peut bien remplir cet objet qu'autant qu'il
eil placé dans la ligne de diredion de la poùiTée de
cette partie fupérieure, de manière à faiiir la voûte
vers le milieu de fes reins, ou entre fon impoile
& fa clef, & de manière à former par Tinclinaifort
de fon couronnement un efpèce de continuité juf-
qu'au pilier-butant. Les arcs-boutans font toujours,
employés de cette façon dans les plus beaux
ouvrages des Goths : c'étoit par leur fecours qu'ils
parvenoient à donner tant de légèreté aux piliers,
de leurs nefs. Il eil vrai que les voûtes ogives,
iont bien plus favorables à cette difpoiition que les
voûtes plein- ceintres ou elliptiques : auiîi dans les,
ouvrages modernes a-t-on pris le parti de dénatu-
rer les arcs-boutans;& fous le prétexte de leur don-
ner une forme plus agréable qu'un fimple arc de
cercle, au Heu de les placer comme autrefois, on les
fait moitié contre fort, moitié arc-boutant, ainii
qu'il eil repréfenté en A, % VII. pi LXXXVI.
Il y a dts Edifices Gothiques où l'on remarque
jiifqu'à deuxaroboutans appliqués à la même voûte,,
l'un au-deilus de l'autre , & venant aboutir contre-
îemême pilier-butant* Le fupérieur eil' d'ordinaire
fitué vis-à-vis la demi-voûte, comme il vient d'être
dit, & l'inférieur vis à-vis la naifTance de la- voûte»
Peut-être pourroit-on avec raifon regarder le fécond'
arc-boutant inférieur comme un double emploi r car-
ra voute ogive n'ayant que peu ou point depouffée?
a fa naiffance ? paroit n'avoir aucun befoin drête©;.
Β ii|.
-ocr page 49-
22                          Cours
contenue particulièrement vers cet endroit, il eil à
croire que ce furcrok de précaution n'a eu pour but
que d'empêcher le haut des piliers de s'écarter de
leur à plomb vers la retombée des voûtes , ainii que
cela arrivoit affez fouvent, & qu'il eit. facile de le
remarquer dans beaucoup de nefs gothiques: mais
comme cet écartement n'a pu êire occafionné que
par f effet naturel des joims des vomïoirs, que les
Goihs ctoient dans l'habitude de tenir fort larges ,
& qui, en le réitérant lors du déceintrement, per-
mettoient à la voûte d'agir un peu en dehors, il
s'enfuit que le fécond arc-boutant, ayant à peu-près
le même taffement que le premier, ne pouvoir ob-
vier à cet inconvénient, & ne faifoit gueres qu'a-
jouter un nouveau poid fur le pilier. La nef de ΓΕ-
glife de Notre-Dame de Paris offre, un exemple de
deux arcs-boutans appliqués l'unau-deiTusde l'autre
à la même voûte ; lefquels. n'ont point empêché que
les piliers ne fe foient fenfiblement écartés,en-déhors
de leur à plomb à fa retombée , ainii qu'il efl aifé
d'en juger.
Tout ce que nous venons de dire, fert à prouver
qu'unarc-botirant, par fa conilitution, n'a qu'une
force repouffante, &n'eiifait que pour arc-bouter
une voûte , ou rejetter l'action de fa partie fupé-
rieure au-delà de fon fupport, par-deiTus un vuide ,
vers un endroit opportun ; & en même tems pour
fe difpenfer de donner directement au fupport en
queition le volume qu'il lui faudrait ; mais que,pour
remplir fon objet, il convient de le placer dans la
direction de la pouifée de la partie fupérieure d'une
voûte, de même que le fupport & le pilier-butant :
hors de cette fonction, il pourroit devenir préju-
diciable à une conit.riicti.on. En effet, ii on rappli-
quent contre un mur ifolé élevé d'à plomb à l'ordi-
-ocr page 50-
/                           .                                   .        -
d'Architecture.             zJ
nuire* comme on le voit dans le profil figure III,
planche LXXXVII, bien loin de le fortifier , il le
poufferait, & feroit même capable, à l'occaiion de
la difpofition de fes vouffoirs , de le renverfer du
côté oppofé : fi on Fappliquoit derrière un encor-
bellement comme dans la figure IV , bien loin de le
retenir , il augmenterait fon adrîon en bafcule :
enfin, fi on le plaçoit directement contre un mur
pofé fur un encorbellement comme dans la fig. V,
ce feroit bien pire^ car, outre qu'il le poufferait en
avant de la bafcule, il y ajouterait un nouveau
fardeau.
Article VI.
De la fonBïon d'un Contre-Fort.
Un contre-fort, ainfi que nous l'avons ci-devant
remarqué , s'emploie autrement qu'un pilier-butantj
il doit avoir également une relation avec la pou fiée
de la voûte qu'il contre-vente, & être placé dans
la direction de la tendance de ia pouffée , mais il
faut qu'il foit inhérent au piédroit, & qu'il foit placé
directement derrière lui pour le fortifier. Dans les
voûtes en berceau fur un plan-droit , on place les
contre-forts perpendiculairement à fes flancs, &
autour des voûtes, foit fphériques, foit fphéroïdes,
on les dirige vers le centre ou les différens centres
de leur plan. Tout ce que nous avons dit concer-
nant la forme du plan d'un pilier-butant , regarde
auiîi le contre-fort ; elle doit être quarrée où pa-
rallélograme, & non circulaire, fans jamais feper-
mettre de percé dans toute fon étendue ; enfin on
peut également augmenter fa fermeté, en chargeant
Β iv
*.
-ocr page 51-
24                        Cours
ion ibmmet d'un comble de charpente, ou de quel-
que corps de maçonnerie.
Si des contre-forts ne s'élèvent pas fur le rez-de-
chauiîee d'un Edifice, & ne font employés qu'à
contenir fon couronnement ou fa partie fupérieure?
comme quand on les applique au tour du tambour
d'une coupole A«, fig. VIII, pi. LXXXVI, alors il
eil important d'affeoir' leur faillie Β fur de bons
mafîifs montant de fond, ou du moins de les placer
fur des voûtes d'une certaine force, conftruites en
bonne pierre dure, dont les reins foient exactement
garnis, & d'obferver fur-tout de leur donner dans le
bas de bonsempâtemens, de même que nous l'avons
recommandé pour les pilier-butans.
Quant à Télévation des contre-forts, eu égard à
ïa pouffée, elle peut être plus haute que la retom-
bée de la voûte, & même alors celle-ci en reçoit
plus de force, en ce que par-là (es reins fe trou«
vent en partie identifiés avec le contre-fort, ainii
qu'il eil repréfenté en A fig. VIII ; mais il faut ef-
fentiellement fe bien garder de placer fon fommet
plus bas que la naifTance d'une voûter car, dans
cette fjtuation, il ne rempliroit pas manifeflement
fon objet, qui eil de s'oppofer à fa pouifée.
Qui croirait qu'on a fait cependant cette faute à
la Coupole de S, Pierre de Rome ? En jettant les
yeux fur fon plan, fig. I.'& II, & fur le profil de fa
voûte, fig. III, pi. LXXXVIÎI, il.eft aifé d'ob-
ferver que (es contre-forts A, flanqués de colonnes
& défîmes à la contre-venter , font précifemenr,
placés environ 9 pieds an-defTous de la naiifance BB>
fig. ÏII, de la voûte. Car il faut bien fe garder de
confidérer, comme capable d'y fuppléerj'attique C»
joint au renforcement placé fur ces contre-forts,
«n correfpondance avec les arcs· doubleaux & la
-ocr page 52-
d'Architecture.            15
retombée des arcs en décharge E au bas de la voûte.
Cet attiqtie n'a pas à beaucoup près la force
néceffaire pour cela. Si on fe donne la peine de
calculer la pouffée des deux voûtes chargées
par la lanterne, on s'appercevra que lès contre-
forts A flanqués de colonnes , bien qu'ils ayent à
peu-près avec l'épahTeur du mur de la tour, le
iixiéme du diamètre intérieur de la coupole, ont à
peine l'épaiffeur neceffaire,tant à caufe du poid des
murs en épi F entre les deux voûtes, que de celui
de la lanterne G qui charge extraordinairement ion
fommet ; & qu'ainn* l'épaiffeur de l'attique C avec
îe renforcement qui n'eft qu'environ le dixième du
même diamètre intérieur, ( proportion que l'on
donne volontiers à la tour d'un dôme , quand il n'y
a qu'une voûte, & quand on fait fes piédroits d'é-
paiffeur uniforme ) , eft bien éloignée d'avoir une
force fuffifante en cette circonitance. C'eft pourquoi,
il feroit à délirer que, pour folider convenablement
cette conftmdtion , l'on eût donné au renforcement
de l'attique qui reçoit la retombée des arcs~dou-
bleauxde cette voûte, à peu-près la même épaiffeur
qu'aux contre-forts, c'eft-à-dire, 7 à 8 pieds plus
qu'ils n'ont.
Il ne faut pas attribuer à d'autres caufes l'origine de
tous les dommages de cette Coupole, dontons'étoit
déjà apperçus dès 1680, & qui n'ont fait que croître
jufqu'en 1743 ; année où le Pape Benoît XIV fit
afîembler les principaux Mathématiciens^ Conf-
tru&eurs d'Italie, pour avifer aux moyens d'arrêter
leurs progrès, & de prévenir une ruine prochaine.
Il eft fingulier qu'aucun des mémoires publiés
a cette occaiion , * n'attribue cqs dommages
principalement à la foibleife de l'attique. On y
voit au contraire , qu'au lieu de diriger .leur
-ocr page 53-
                        Cours
examen > comme il fembloit naturel, fur la manière
d'être de cette Coupole , fur les rapports de fes
fuppbrts avec la pouffée, pour découvrir s'il n'y
avoit pas quelque vice primordial dans fa coniti-
tution phyiique , les Sçavans recoururent à des
caufes étrangères , aux effets de la foudre δε des
tremblemens de terre > à Finfuffifancedes cercles de
fer placés originairement à i'entour de cette voûte,
& au corridor H , iîg. II i. , pratiqué dans le fou-
baiTeraent ou le tambour de la tour. Perfonne ne
s'avifa d'en accufer la disproportion de Fattique δε
le peu de correfpondance de ion épaiiTeur avec la
pouffée de la voûte , précifement au droit de fa
naiiTance ; car c'eft-là où s'eit manifeflé tout l'effort,
δε où les lézardes font les plus apparentes : or fi les
contre-forts avoient été élevés jufques-là, ils s'y
feraient oppofés nécerTairement.
Veut-on iavoir ce quia foûtenu pendant un tetns
cçttQ
voûte malgré cette difproportion; c'eil la for-
ce des gros piliers du dôme, c'eit fa bonne conftru-
éHon, c'eit l'excellence du mortier qui lie fes briques
& toutes fes parties. Ce font auffi les cercles placés
vers fa naiiTance δε le tiers de fa partie inférieure :
mais le fer par fa nature n'opérant de réfiftance
que pendant un tems, vu que la rouille , quoiqu'on
faffe , l'altère à la longue j ces cercles ayant donc
diminués peu à peu de confiitance , δε s'étant enßn
rompus, ainfi qu'on l'obferva en 1743 , il eil arrivé
que l'attiqûe placé vis-à-vis la naiiTance de la voûte,
ft'ayànt pas, comme il l'auroit fallu, Fépaiffeur fuffi-
fânté pour s'oppofer alors feul δε fans le fecours
des cercles à Faâion de la voûte, elle alemrdée fes
inpporrs de toutes parts fuivant leur hauteur , δε
les a écarté vers fà retombée, de façon qu'ils font
förtis de leur à-plomb : or cet effort n'a pu s'opérer
-ocr page 54-
d'AR CHI TECTÜRE.               27
fans fe faire fentir auffi dans le bas de la tour, ou
ayant trouvé un vuide & une partie plus foible que
le refte, favoir le corridor H régnant au pour-tour
du foubaffement, il a dû agir en cet endroit de
préférence, & fendre fa voûte vers fa clef, comme
cela eft arrivé : ce fécond effort eft une fuite toute
naturelle du premier. Cet enchaînement de la caufe
& des effets qui en font réfultés , manifefte claire-
ment , encore un coup, que le, principe de tout le
mal eft venu de l'attique, & qu'il ne feroit pas pro-
bablement arrivé, s'il avoir été en état de réiifter
feula la poufTée, au défaut des cercles.
On prétend que Michel-Ange avoit propofé dans
un de fes projets d'avancer l'attique à plomb des
colonnes, comme il eft marqué dans le profil par-
ticulier de cet attique fïg. IV ; & il eft malheureux
que Fontana, qui a bâti cette partie, ainfi que la
voûte de la coupole, ne fe foit point apperçu de la
préférence que méritoit cette idée, par rapport à
la force qui en pouvoit réfulter. La courbe du
dôme n'auroit peut-être pas été, fuivant cet ar-
rangement, auiïi bien dégagée en-tléhors, & ne pro-
duiroit pas un galbe aufli agréable, mais il con-
vient qu'un Architeâe fache prendre fon parti dans
Toccafion, & facrifler quelque chofe de l'élégance
en faveur'de la néceffité de donner une folidité
convenable; perfuadé que les gens inftruits, au lieu
de lui faire des reproches , l'applaudiront, au con-
traire , de n'avoir pas voulu commettre au hazard
l'événement ou la durée de fon édifice.
On a faitfagement d'ajouter de nouveaux cercles
de fer autour de la voûte, tant à la place des anciens
que pour les féconder ; il n'y avoit pas de meilleur
parti à prendre. Néantmoins ces fecours précaires
ne fauroient être que pour un iems ; ils ne peuvent
-ocr page 55-
Λ
iB                         Cours
que ralentir les progrès du mal & non l'arrêter en-
tièrement. On en vit une trifte épreuve peu de
tems après avoir mis les nouveaux cercles : car
ayant placé, à travers pluiieurs lézardes, des bandes,
de marbre; celles-ci fe trouvèrent rompues au bout
de quelques années ; ce qui fit voir que les fentes
alloient toujours, quoique lentement, en augmen-
tant : de forte que tout paroît annoncer que cette
Coupole ne fera pas de longue durée , & qu'on fe
verra obligé un jour 3 de crainte d'un plus grand
malheur de démonter fa tour & fa voûtejufqu'à la
corniche qui couronne les pendentifs , & de la re-
conitruire fur les gros piliers des bras de la croix de
l'Eglise, qui font bien proportionnés & n'ont point
foufferts de l'effet du Dôme. Alors il fera prudent
de moins charger ie fommet de fa voûte ; de donner
deux ou trois pieds de plus de largeur à fes contre-
forts , vu qu'ils font déjà un peu éloignés , & que
par-là ils acquerroient plus de force ; de donner à
peu de choie près à l'attique la même épaiiTeut
qu'aux contre-forts; de fupprimer le corridor dans
le ibubafTement; & enfin de ne point enfermer les
cercles de fer, comme Ton a fait originairement ?
dans fépaiiTeur de la voûte,mais de les placer pour
le mieux à l'extérieur fous la couverture de plomb,.
& cela afin de pouvoir les viiiter, les repeindre, les,
entretenir & les renouveller aubefoin. il ertàcroire
que û l'on eût pris toutes ces précautions en pre-
mier lieu , on auroit pu efperer de donner à ce mo-
nument une durée égale à fa grandeur (i).,
i---------------:------------------------------------------------------------------------,-----------------------,--------------------------mmtr'
(% ) Entrons ici dans quelques détails relatifs aux djmeniîons
de cette Coupole, aux obfervations qui furent faites fur fou
mauvais état en. 1743 ■> & aux moyens qu'on propofa pour y re-
médier. Ces cqnfîdcrations font trop intéreiîantes pour devoir.
les pafïer fous-iïlence ; & être regardées ici comme étrangères»..
»
-ocr page 56-
d'Architecture. , . ij
La Coupole de S. Pierre, dont nous avons repréfenté un quart
■du plara de la tour fig. I, vfn quart du plan de Tactique fig. II, .Se
ic profil de la moitié de fa voûte & de fa tour , avec fon foubaf-
feraent fig. III, eft portée par quatre arcs, qui ont pour piédroits
quatre gros piliers I, figure I, placés dans le bas à la ren-
contre des bras de la croix de TEglife, & eft foûtenue entre
ces arcs par des encorbellements triangulaires, nommés penden-
tifs , qui font appuies fur les piliers. La tour de même que la
grande voûte a 116 pieds de diamètre intérieurement : elle eft
percée par 16 croifées feparées en dedans par des pilaftres ac-
couplés , 6c en-déhors par 16 contre-forts A , ornés chacun de
deux colonnes. Ces contre-forts, ont %% pieds d'épaiffeur, & le
mur compris dans leur intervalle n'a que 9 pieds & demi. Il y a
au-delfus un ordre attique C, qui fait retraite fur les contre-forts,
6c vis à-vis le milieu duquel la voûte prend naiiTance à la hauteur
de la ligne BB de fon profil,fig. III. Le foubaiTement qui élevé la
tour a if pieds Se demi d'épaiifeur, & il eft percé intérieurement
par un corridor H de j à 6 pieds de large , & dont la voûte qui eft
en berceau , a vers la clef environ ƒ pieds d'épaiifeur.
Le foubaiTement, la tour & Tactique , font bâtis en briques »
Se revêtus tant en dedans qu'en dehors de pierre dure, dite de
travertin. Les colonnes qui flanquentles contre-forts A,de même
que les entablements & les corniches, font entièrement de tra-
vertin. La voûte de la Coupole eft toute bâtie en briques ; on
voit par le profil fig. III3 que vers le quart inférieur de fa mon-
tée, elle fe divife en deux autres voûtes ; Tune intérieure , l'au-
tre excérieure, dont la fupérieure s'écarte de plus en plus de
Tautre jufqu'à la lanterne. Au-deifus de chaque arc-doubleau K,
fïg. II & III j il y a un mur F qui s'élève entre les deux voûtes
en forme d'épi pour les lier enfemble , & dont la partie exté-
rieure ou la tête eft garnie de travertin, &faic autant de côté
au-déhors du dôme. Enfin , la voûte fupérieure eft toute cou-
verte en plomb de deux lignes d'épaiifeur.
Il eft à remarquer qu'on a mis originairement, lors de la con-
ilruétion de cette Coupole, trois grands cercles de fer 0, a, a ,
fig. III j le premier äu-deifus de la divifion des deux voûtes, l'au-
tre 17 pieds plus bas -, & le troifième vers le col de la voûte in-
térieure au bas de la lanterne.
La Lanterne G a femblablement fon foubaiTement, fa tour,
les contre forts & fes fenêtres : fa voûte eft auiîi divifée en deux
parties, dont la fupérieure forme un arnortiifement qui fert de
iupport à la boule & à la croix.■< :
, ., Suivant les obiérvations qui furent faites par les Mathéma-
ticiens & les Architectes fur l'état de cettev Coupole ;' on trouva
i° que le foubaiTement, la tour & Tattique étoient remplis de
lézardes qui traverfoient la pierrede travertin fuivant la hauteur
eu dôme : z° Que les plate-bandes des croifées étoient pour la
-ocr page 57-
30                       Cours
plupart brifées : j° Que les contre-forts A offroîent auffi un
grand nombre de lézardes qui pénétroient à travers l'entable-
ment , & qu'outre qu'ils étoient fortis de leur à plomb d'environ
3 pouces vers le haut, il y en avoit quelques-uns quiparoiifoient
vouloir fe détacher,dans leurs angles derencontrc,d'avec la tour;
4° Que la voûte du corridor H, dans le foubaiTement,étoit fendue
généralement vers fa clef, au point qu'il pleuvoir par-là dans le
corridor; 50 Que les lézardes s'étendoient en rameaux dans les
murs en épi pratiqués entre les voûtes, & qu'on en remarquait
femblablement quelques-unes à travers les contre-forts de la
lanterne; 6° Que le cercle de fer, qui environnoit la voûte
intérieure au-deilus de leur jonction, & qui étoit le feul
qu'on avoit pu vifiter , étoit rompu ; 70 Qu'enfin les lé-
zardes en queition font pour la plupart verticales , & d'au-
tant plus larges qu'elles approchent de la naiifance de la
voûte BB %. III, & au contraire d'autant plus étroites qu'elles
s'en éloignent.
Toutes ces remarques firent conjecturer, ainfi que nous l'avons
rapporté , que ces effets étoient provenus , fo.it de la part du
tonnere qui avoit pu tomber fur cette Coupokjfoit de la part des
tremblcmens de terre , foit de la part du vuide du corridor, qui
pouvoir avoir affoibli le foubaifement 3 foit de la part des deux
voûtes chargées, tant par les murs en épi que par le poid de la
lanterne ; lefquelles voûtes., à l'occaiîonde la rupture des cercles,
avoient agi contre leur commun foutien , & caufé par leur ef-
fort latéral tout le défordre que l'on remarquoit dans cette con-
ftruélion.
Voici les différens remèdes que propoferent les Sçavans& les
Architectes, pour prévenir un plus grand mal ou une ruine pro-
chaine. Plufieurs vouloieut que l'on élevât fur les quatre gros
piliers du dôme, des maflîfs de maçonnerie avec des arc-boutans,
qui anroient fortifiés le bas de la tour ; expédient capable,, à la
vérité, d'empêcher la tour d'agir en-déhors , mais qui auroic
fait tort à fa décoration extérieure, & auroit d'ailleurs'furchargé
considérablement les gros piliers du dôme.
Quelques-uns étoient d'avis que l'on démolit la lanterne pour
diminuer le fardeau de la voûte , & que l'on couvrît tout le
dôme en cuivre au lieu de plomb, ce qui, en allégeant le haut de
cet édifice , auroit occaiïoné beaucoup de dépenfe, & ôté toute
la grâce que cette Coupole reçoit de ce couronnement.
D'autres confeillerent d'entourer la voûte de plufieurs nou-
veaux cercles de fer A, b , è, pour arrêter ou fufpendre le progrès
des lézardes, en mettant le premier à la naifiancede la voûte ,
le fécond vers le milieu , le troifième vers le bas de la lanterne ,
& de renouveller celui qui s'étoit trouvé rompu. Il y en eut qui
propoferent d'ajouter encore trois autres cercles , c,c3c, l'un
dans l'intérieur du corridor du foubaiTement 3 l'autre au dehors
-ocr page 58-
d'Arc h ï tecture,           31 ^
du foubaiTement au niveau du précédent , & le troifieme au bas
de l'attique au-deflus de l'entablement de la tour.
Enfin on propofa de rétablir l'attique , fuivant un des projets
de Michel-Ange dont nous avons parlé , & de l'avancer fur le
devant des contre-forts, fous prétexte d'accoter la naiiTance de
la grande voûte fig. IV ; addition qui, par ion nouveau poid, au-
roit été capable de faire furpîomber encore davantage les contre-
forts déjà fortis de leur à plomb , & qui d'ailleurs n'auroit pro-
curé que peu de fecours, faute d'avoir été opérée en même tems
que la voûte , pour former avec elle une liaifonconvenable.
De tous ces projets & avis différens , on s'arrêta à ajouter feu-
lement les trois cercles b,b ,b,&'à renouveller celui qui s'éroit
trouvé brifé , fans avoir égard aux cercles c,c,c, propoféspoul-
ie foubaifement, que l'on jugea inutiles ; mais ces moyens pré-
caires ne fauroient être encore un coup de bien longue durée \
comme nous l'avons obfervé.
Article VIT.
Moyen dont on s'eß f&rvi pour fupplier à un
Ρilier-butant & à un Arc-boutant.
Les principes de la coniîruclion , étant fondés
fur les loix de l'équilibre & de la pefanteur, & an-
torifés partons les exemples, juftifient conféquem-
ment la folidité des Edifices, & font la fauve-garde
de la fureté des citoyens dans leurs demeures ; c'eil
à ce titre que nous voyons fans inquiétude des maf-
fes de pierre iufpendues fur nos ,têtes ; c'eil par leur
application que l'on aiTure le bon emploi des ibm-
mes confidérables que l'on confacrè à leur exécu-
tion : ainfi ils doivent être fans atteinte, & il feroit
de laplus dangereufe conféquenee de lesahandon-
ner· Q«i croiroit, cependant , qu'il s'eil trouvé
: quelques Architectes d'aiTez peu de jugement, pour
effayer d'accréditer qu'on pou voit;, réduire la force
d un piédroit ou d'un contre-fort arbitrairement
en violentant ïar pouifée d'uiiê youte par des
-ocr page 59-
32                        C OÜRS
crampons & des liens de fer, changer fa dîrectiofî
naturelle , fe permettre à volonté des ouvertures
dans fes piédroits, transférer la force des piédroits
du bas en haut, en les élargiiTant versla retombée
d'une voûte par des trompes, des encorbellements
& d'autres moyens femblables. Ainii, félon ce fiitè-
me, ce ne feroit plus la bonne aiïiette des pierres ,
leur appareil, la relation des fupports avec la pouf-
fée des voûtes, qui garentiroient la folidité d'une
conftrucïion ; ce ferok le foible qui porteroit. ridi-
culement le fort ; il n'y auroit plus de principes ,
plus de fureté pour les citoyens ; ils feroient fans
ceife en danger. L'art coniiiteroit à bâtir en porte-à-
faux, à prodiguer les liens de fer, & à les fubitltuer
arbitrairement aux contre-forts & aux piîiers-
butans , pour contenir les pouifées. Qu'un feul
crampon vint à rompre ou à faire éclatter la pierre
où il feroit (celle , tout feroit dit, voilà un bâtiment
fouvent depluiieurs millions, au moment qu'on s'y
attendroit le moins , fuhitement renverfé 9 en fup-
pofant toutefois , qu'on fût parvenu à conduire
une auffi extravagante bâtiiie jufqu'à fa fin.
Pour faire fentir la conféquence de cette manière
. de bâtir^ combien il eit important de ne point aban-
donner les principes reçus, nous en allons décrire
un exemple que nous avons deffiné depuis peu à
Lille en Flandres , dansTEglife des Auguftins, qui
eft un bâtiment moderne.
Nous avons vu précédemment que, pour éviter de
donner directement aux piliers d'une nef une cer-
taine groiîeur, on fe bornoit à leur faire feulement
porter la retombée de la voûte, & que l'on rejettoit
par le moyen d'un arc-boutant l'effort de fa partie
îupérieure vers des piliers-butans, placés en cor-
refpondançe le long des murs pourtours des bas-
côtés ;
-ocr page 60-
d'Architecture.             3}
côtés ; ici l'on a jugéà propos de Te paffer d'arc-bou-
tans & de piliers-butans, l'on a tout fait porter fur le
pilier, & l'on a contenu l'action de la voûte par des
liens de fer & un tiran de charpente.
La fig. I, PI. LXXXIX , repréfente une partie
du plan de la nef & des bas-côtés ; laquelle nef eil
portée fur des colonnes.
La iîg. II, eil le plan du haut de la nef, pris au,
niveau des croifées,& de Fattique qui foûtient la re-
tombée de la voûte. On y remarquera que le mur
au droit des croifées, n'a que l'épaiffeur du diamètre
des colonnes, mais qu'à plomb C des colonnes 3 on
a ajouté en-dedans un pilaflre, & en-déhors un ren-
forcement d'environ un pied de faillie ; enforte que
la totalité du piédroit eft de 5 pieds d'épaiffeur en
cet endroit, & eft une fois plus épaiffe que le dia-
mètre du haut des colonnes. *
La fig. III, eil un profil de la nef fuivant fa lon-
gueur. Elle a 32 pieds de large fur75 de haut; elle
eil fo utenue fur des colonnes ioniques ifoîées de
3 pieds de diamètre dans le bas, & qui forment un
portique de 16 pieds de largeur pour les bas-côjés.
Ce portique eil terminé à chaque angle de rencon-
tre des bras de la croix par 4 colonnes engagées Β,
%. I, les unes dans les autres ; dipofition qui eil
aflez commune dans la plupart des Eglifes de cette
Province. Les arcades de la nef pofent directe-
ment fur les colonnes fans impolie, & font extra-
doiïees. L'entablement eil bâti entièrement en pierre
de même que le piédeilalaii-deffus ; mais la voûte Ε
eil conilruite toute en briques, à la réferve des arc-
doubleaux F qui font en pierre : elle eil difpofée
par travées , formant autant d'arcs de cercle qui
buttent fuivant la longueur de la nef contre les arcs-
doubleaux, & qui vontfe perdre infeniiblement en
Tome VI%
                                         Q
-ocr page 61-
34                         Cours
s'adouciffant de part & d'autre : ce qui eil défa-
gréable à la vue, mais contribue à diminuer la
pomTée contre les murs.
La Planche LXXXX repréfente deux profils fur
la largeur de la nef,
La fig. I eil une coupe prife au milieu d'un arc-
doubleau, & développe particulièrement le méca-
nisme de cette conitrucÎion. A , eil une grande
ancre placée en-déhors au droit delà pouffée de la
voûte , & fervant à fortifier le renforcement.
Β Β, entrait de 14 à 15 pouces de gros , à chaque
bout duquel on a mis une plate-bande de fer G
qui faiiit l'ancre A vers le haut.
C, étrier boulonné dans le poinçon , fervant à
foûtenir l'entrait Β par le milieu.
DD, deuxtirans de fer plat à moufle, arrêtés
fur l'entrait à talon £c avec un boulon.
Ε, renforcement qui excède le mur, & vient s'af-
feoir ou prendre aaiiïance au droit d'une colonne
en porte à faux fiirl'arc-doubleau F qui y corref-
pond.
La fig. II, eil une coupe prife au milieu d'une
croifée & d'une arcade de la nef, laquelle fert à
l'intelligence de la précédente , & fait découvrir
tous fes rapports par de petites lettres de renvois,
correfpondantes aux grandes dans la fig. I.
Cette defcription fuffitj pour montrer combien
cette manière de bâtir eil hazardée ; c'eit le foible
qui porte le fort : on y voit un piédroit E de 5
pieds d'épaiffeur, maintenu en porte-à-faux de tous
côtés fur une colonne qui a 2 pieds \ dans le haut,
à l'aide d'une pièce de charpente & de pluiieurs
liens de fer. Que l'entrait Β vienne à manquer,
qu'un des tirans vienne à lâcher prife , ou à être
altéré par la rouille dans fon paffage à travers la
-ocr page 62-
θ' Α 11 C H I TE C Τ U R E.               3?
pierre, il faudra recommencer cette Èglife ; il n'y
aura aucun moyen d'y apporter remède. Qu'on né
dife pas queres moyens, pouvant quelquefois faire
fubfifter un ouvrage pendant un tems, doivent être
admiiiibies ? nous répondrons , que c'eil trompes?
l'attente du public cfue de bâtir ainfi ; que c'eft com-
promettre fa fureté à tout moment ; que l'inten-
tion des Fondateurs n'eil pas de dépenier des fem-
mes confidérables à un édifice pour ne devoir
durer que quelques années ; &. qu'en un mot, il rif
a qu'en fe conformant aux principes reçus qu'on
peut efpérer de travailler pour la poftérité,
Article VIII,
Du Fardeau que peuvent-porter les Pierres,
Il faut favoir que la pierre n'eil pas com-
preffible , & qu'an lieu de diminuer de volume ou
de s'afFaifïèr, quand elle eit contrainte de céder
fous un fardeau , fes parties fé défuniffent s
s'écrafent & fe réduifent en poudre; effet qui
eil d'ordinaire très-prompt, & même fubit. La
raifon de cette diffolurion eft bien aifée à con-
cevoir : elle vient de ce que les pierres ne fonr
dans leurs principes , qu'un compoie dé terre gra-
veleufe plus ou moins compare, ou de petits
grains de fable réunis par un efp'èce de vifeo-
iité ou de gluten, que des fîltrations d'eau y ont
dépofé à la longue : Or, ce gluten ou cette
colle n'ayant pas autant de confiftance que les
grains de fable, & venant à être détruit par une
forte compreffion , la pierre eit néceffairement
obligée de retourner dans fön premier état.
C ij
-ocr page 63-
S*                          Cours
Nous avons dit plus d'une fois , qu'il falloir
qu'un piédroit ou pilier deftiné à porter une
voûte ou un corps quelconque de maçonnerie ,
«eût au moins une groiïeur fuffifante pour ne pou-
voir être écrafé fous le fardeau ; mais nous n'a-
vons point appris comment Ton appreciok cette
groffeur. Si l'on confulte les gens de l'Art, on
verra qu'ils ne procèdent à cet égard qu'au hafard,
«n mettant plus que moins , & fans connoître les
bornes certaines où ils poiirroient s'arrêter. Tout
ce que l'on fait en général à cet égard , c'eft que
les pierres réfiftent au fardeau, à raifon de leur
deniké , ou ce qui revient au même proportionel-
îement à leur peianteur ; & qu'une pierre dure,
- dont le pied-cube pefe à-peu-près 150 livres,
doit porter conféquemment davantage que la
pierre tendre , qui ne pefe qu'environ 115 livres ;
mais on ne connoît pas précifement le poids que
chaque forte de pierre ferait en état de fupporter
au. befoin. Cela feroit cependant d'une grande
utilité à favoir en bien des occafions , & facili-
terait d'alléger les batiûes , en ne donnant aux
murs & aux piédroits , que la force néceifaire.
Une faudrait pour cela qu'avoir une fuite d'ex-
périences faites en grand, & bien conftatées fur
la réfiftance qu'opère fous le fardeau chaque forte
de pierre ,,οιι du moins une fuite d'obfervations
iaites d'après les Edifices les plus eftimés par la
légèreté de leur points d'appui, à l'aide defquelles
on pût juger, par approximation , jufqu a quel
point il feroit permis de réduire le volume des
murs , des piliers , ou des piédroits d'un bâtiment,
fans aucun rifque pour fa folidité.
11 nous a été communiqué des obfervations
fur cet objet important ? qui, au défaut d'expi-
-ocr page 64-
d'Architecture.             37
nences 5 font fufceptibles de faire connoître à-peu—
près ce que l'on peut eipérer à cet égard ;; c'effc
pourquoi nous croyons devoir les rapporter.
« La pierre , telle que celle d'Arcueil, qui pefe
» environ 150 livres le pied-cube, paroît en état
» d'être chargée environ de ι6a pieds de hauteur »
» fans rifquer de s'écrafer fous le faix : il eil aifé de
» le prouver par des exemples. Les premiers tam--
« bours des colonnes du portail de Saint-Gervais ,
» qui on 3 pieds— de diamètre, font chargés de
» 120 pieds de hauteur : les entablements & focles,
» ont 40 pieds qu'il faut y ajouter , leur maiîif étant
» au moins double de celui des colonnes du bas,
» & la diminution des colonnes fupérieures fe
» trouvant compenfée par le poids des frontons, &:
» la faillie des corniches.
» Le Portail de Saint-Sulpice a 113 pieds ~- d&
» haut , fur la bafe des premières colonnes >r
» lefquelles ont 4 pieds 11 pouces , fix lignes
» de diamètre. Si l'on y ajoute le poids des par-
« ties de l'entablement, des parties-du portique
» & des focies qu'elles fupportent , réduit au
« même diamètre que les colonnes , on aura a.
» fuivant le calcul qui en a été fait, 116 pieds 9
« fans y comprendre la faillie des entablements ^
« qui conïpenfe là diminution des colonnes.
» Le Réfectoire de l'Abbaye de· Saint-Martin-
» des Champs à Paris, qu'on prétend avoir été
« conftruit en l'année 1223 , a 13 5 pieds de
» longueur , 30 de largeur , & 45 de- hauteur,
» La voûte eil faite en. ogive a*ec pierre teir-
» dre de Saint-Leu, ou de qualité équivalente^
» dont les vouiïbirs ont peu de coupe : elle a 48
« pieds de hauteur , & elle eil foutenue dans fom
Ciij
-ocr page 65-
3&                           Cours
Q, oiiHeii par iept petites colonnes de 9 ponces
» 81 -^- de diamètre vers le haut. La pierre de ces
» colonnes eil plus dure que celle d'Arcueil, &
t> peut pefer environ 160 livres le pied-cuhe ; la
» partie de la voûte qui porte fur ces petites
» colonnes, a 120 pieds de longueur, fur 15
h ponces de largeur , ce qui produit en fuper-
» ficie , à caufe du développement des arcs
» ogives, fuivant le toifé qui en a été fait , 60
ν pieds -— , dont le poids doit être envion 13500
Ψ livres , y compris 4800 livres pour l'excès de
» l'épaiffeur des nervures : évaluant le poids du
» pied-cube à 120 livres, chaque colonne portera
» fur le pied de 19285 livres, ce qui eil un poids
55 allez confidérahle î30ur leur eroffeur & leur Ion-
*> geur qui, étant d'un feul fut de 1 ï pieds 6 pou-
» ces,pofé fur d'autres colonnes de 9 pieds de haut,
55 & de 14 pouces de diamètre , font affez con-
» noitre qu'elles font en délit. On les a pofé fur
»5 du plqrn.b, qui s'eil appiati fous le faix , de
»5 telle forte qu'il débordoit d'un pouce, qu'on
» a coupé il y a quelques années. Ce plomb a
s» actuellement 10 lignes d'épaifieur. Si l'on diilri-
s> bue préfentement le poids précédent en une
»» colonne de 9 pouces de diamètre , on aura
» une hauteur de 258 pieds— , dont chacune
ν peut être chargée , étant réduite à-peu~près
»s à la même nature de la pierre que ces colonnes.
» Les bafes des colonnes ifolées du portail de
» Saint Pierre de Rome, qui ont environ 8 pieds
»3 4 pouces
?,'ibnt chargées de 200 pieds , com-
» pris 66 pieds , à quoi font évalués rentable-
» ment çk le fronton
55 Les premiers tambours des colonnes du
V Coliiee auiïï à Romç , font chargés de 280
-ocr page 66-
ι
d'Architecture.             39
»» pieds, compris 85 pieds pour les entablements
» des trois ordres fupérieurs : le tout calculé,
» comme on Fa expliqué ci-devant. On prétend
que le grain de cette pierre eil un peu plus
» fin que celui de la pierre d'Arcueil, & qu'elle
» n'eft pas beaucoup plus dure ».
Malgré ces obfervations , & en fuppofant
que les calculs foient fidèles , nous croyons néan-
moins devoir remarquer , que la plupart des
piliers cités , ne portent pas toujours entière-
ment le fardeau qu'on a eilimé y correfpondre. Il
nous paroit, par exemple 3 qu'il y a beaucoup
à rabattre fur la charge des voûtes , qu'on eût
porter entièrement fur les petites colonnes du
Réfeâoire de Saint - Martin-des-Champs y car, à
îoccafion de la difpofition de fes différentes
voûtes ogives, qui fe contrebutent l'une l'autre ,
il n'eft pas douteux que le poids de leurs parties
fupérieures & agiiTantes , fe trouvant en grande
partie confondu avec la pouifée , à caufe de
la coupe de leurs vouflbirs , ne foit reporté
conjointement vers les murs pourtours de ce
Réfeûoire , auxquels on a donné en conféquence
une grande épaiiTeur : à quoi bon , fans cela .,
auroit-on donné tant de force à ces murs?Les
petites colonnes en queftion ne font évidemment
en pareil cas que des efpèces de chandelles, qui
ne foutiennent guères plus que la partie infé-
rieure des voûtes, lien eft approchant de même du
Colifée ; les colonnes du bas étant à demi enga-
gées , faifant parpain avec le mur adoifé , & les
parties fupérieures , & laiffant en outre de bonnes
retraites d'étage en étage, il s'enfuit que le mur
partage en partie, avec les colonnes , le poids.
dont elles parouTent chargées.
Y C iv
-ocr page 67-
'40                        Cour s
Au furplus \ quand il n'y auroit qu'un tiers
à diminuer fur les fardeaux en queilion, il ré-
fulteroit toujours de ces remarques, qu'il eil
poiîible, comme on l'a dit au commencement 5
de faire porter en fureté à un pilier ou piédroit,
un poids à-peu-près de 160 pieds-cubes de la
même pierre. Que la pierre foit dure ou tendre,
le volume peut être le même, par la raifon déjà
alléguée , que le poids des pierres eil toujours
relatif à leur denfité, & leur denfité relative à
leur force.
Veut-on, par approximation, connoître le
poids qu'un pilier de pierre dure ou tendre fera
en état de porter , il n'y a qu'à chercher la fuper-
ficie de fon premier tambour inférieur, ou de fa
première aiïiie au-deffus des retraites au rez de
chauffée , que Ton fuppofera d'un pied de hau-
teur, & multiplier cette folidké par 160 , alors
on aura le nombre de pieds-cubes de pierre que
le pilier en queilion fera au moins en état de
foutenir , fans rifquer de s'écrafer. Si le pilier eil *
en pierre d'Arcueil , ce fera i6o pieds-cubes de
pareille pierre , ou 160 fois 150 livres en d'autres
matières équivalentes. S'il eil de pierre tendre ,
ce fera 160 fois 115 livres, ou 160 pieds-cubes
de pareille pierre tendre. Par conféquent, en
employant, comme l'on fait aifez fouvent, de la
pierre dure dans les parties inférieures des murs
d'un bâtiment , jufqu'à une certaine hauteur , &
dans les parties fupérieures de la pierre tendre,
on doit augmenter néceffairement la force des
parties inférieures dans le rapport de la pierre
dure à la pierre tendre.
Comme il entre d'autres matières que des
pierres dans une conitraclion , telles que du fer,
-ocr page 68-
d'Architecture*            41
du bois, de la brique, delà tuille, du grais, du plâtre,
&c. il eft important d'être inftruit de la pefanteur
fpécifique de ces différens matériaux , & nous
terminerons cet Article par en donner une
Lifte.
Pefanteur du Pied-cube des différentes matières quon
employé dans la Conflruciion des Bâtimens.
Charpenterie & Ménuiferie.
liv.
Maçonnerie.
Pierre dure d'Arcueil.
Pierre tendre de S. Leu.
Pierre de Liais.
Pierre de Grais.
Brique de Bourgogne.
liv.
ifo
115
166
185
I?l
Bois de Chêne verd.
Bois de Chêne fec.
60
Couverture,
i56
12.7
Ardoife.
Tuile.
1                                                     Λ                      I*
Brique des environs dePans.no
Plâtre en pierre.                 86
Plâtre gâché & employé 104        p -. & -plomb.
Mortier.                           ito
Chaux vive.                       5?
Sable de rivière.                 132-
Terre d'argile.                   13 f
Terre grafle. "                  115
Terre ordinaire.                  95
Eau douce de Seine.            70
Eau de puits.                      71
580
548
8z8
Fer.
Cuivre jaune.#
Plomb.
Marbres.
Marbre à peu-près.
2.5Î.
I X.
Article
Nécejfuè de confinât*, dans les Pays Septen-
trionaux ? les grandes Voûtes à- l'abri
d'un toit de Charpente.
ÏL y a une remarque qui peut-être n'a pas
encore été faite , & qu'il eft néanmoins impor-
tant de ne pas paffer fous filence ; c'eit qu'en
général les pays Septentrionaux paroiffent moins
favorables à la durée des bârimens que les Mé-
-ocr page 69-
42                        Cours
ridionaiix , attendu que l'humidité continuelle qui
régne dans les premiers , eil un fléau deilrucleur.
Auffî rrouve-t-on un grand nombre d'Edifices très-
anciens 'dans l'Aiie , dans les Indes , en Italie,
en Eipagne , & dans les contrées Méridionales
de l'Europe, tandis qu'il en fubfiile très-peu dans
îes contrées Septentrionales , en France , en
Angleterre , en Allemagne , & fur-tout dans le
fond du Nord.
L'ufage du bois, pour couvrir les bâtiments ,
dont on s'eil fervi long-temps par-tout, avant
les voûtes qui n'ont été connues que fort tard ,
n'a pas peu contribué à mettre obilacle à la durée
des anciens Edifices ; vu que le bois , n'ayant qu'un
période, demande à être renouvelle de temps
à autre, & eil fujet aux incendies. Au'ffi peut-
on remarquer que tous les monumens de l'anti-
quité , dans la conilru&ion deiquels on avoit
employé du bois , font péris de bonne heure , Sr
qu'il n'eil relié que ceux1 où Ton s'en eil paifé ;
tels font les piramides d'Egypte , le Panthéon.,
le Temple de Sainte-Sophie , des arcs de triom-
phe , des amphithéâtres , des ponts , des acqué-
ducs 5 &c.
Au relie, quelque à deiirer qu'il foit que l'on
pût fe paffer du fecours du bois , cela paroît
très-diiScIîe dans nos climats. En Italie, en Ef-
pagne , dans les pays où il pleut rarement,
& où les pluies ne font que paffagères , on réuiïir,
à la vérité, à conilruire les plus grandes voûtes
à découvert, fans* avoir befoin d'un toit de char-
pente, non-feulement pendant leur exécution ,
mais encore pour leur confervarion. Les dômes
■ deSainte-Marie-des-Fleurs à Florence & de Saint-
Pierre de Rome , malgré leur immenfité , ont
-ocr page 70-
d'Architecture.            43
été, entre autres , bâtis ainfi avec fuccès ; mais .
dans les pays froids où il pleut fouvent des
mois entiers , même en été, il ne feroit pas pru-
dent d'entreprendre des voûtes confidérables à
découvert , & expofées à toutes les injures de
Fair, attendu que les voûtes qui terminent les
Edifices , fe bâtiffent communément à la légère
avec de petits matériaux , dont les mortiers opè-
rent toute la confiftance , & que ces mortiers
pouvant fe trouver expofés à être fans ceife dé-
layés pendant leur exécution ; ce feroit compro-
mettre'le fuccès des travaux de cette conféquence,
que de ne les pas contraire à l'abri d'un toit de
charpente. Toutes les grandes nefs de nos Eglifes,
foit gotiques, fok modernes , tous les dômes
de quelque étendue , des Invalides, du Val-de-
Grâce , de Saint-Paul de Londres , &c. ont été
bâtis de cette manière , par cette raifon.· On a
commencé par élever leurs tours ou leurs tam-
bours , fur ieiquels on a pofé , foit un toit, ioit
un dôme de charpente ; après quoi on a procédé
à couvert en fureté , à l'exécution de leurs
Article X.
Obfirvations fur l'aäion du Mortier
dans ia confiruction d'une Voûté.
C'est une erreur de compter beaucoup fur
l'effet du mortier lorfque l'on bâtit , foit des
voûtes, foit de grands ouvrages en pierre de
taille, pour retenir les pierres :'il n'y a que la
préçiiian de leur appareil, leur bonne aiîiete
-ocr page 71-
44                       Cours
da plomb & de niveau, la proportion de leurs
{apports , & des maffes cubiques oppofées aux
pouiTées, qui foient capables de donner à ces fortes
d'ouvrages une iblidité convenable.
Gauthier (ι), confeille de poier en ces circon-
ilances les vouffoirs à fec les uns contre les
autres, à la manière des Anciens , & de ne les
garnir de mortier fin que par abreuvement. « C'eft
« fans diiHculté » dit il, que quand on les cou-
5> che fur des lits de mortier , la prife de celui-
w ci , quelque forte qu'elle puiffe être, ne Feft
» jamais d'un millième du corps de la pierre de
» taille des vouiïbirs, quelque tendre qu'on l'em-
w ploie. Dans la plupart des plus beaux ouvra-
» ges des Anciens, (2) on remarque qu'on n'a
—--——-             ...........-
(1 ) Traité des Ponts, page rix.
(1) Nous avons dit dans notre Introdudion ,page 130, Tome V,
que les Anciens ne mettoient fouvent ni mortier ni calles , & fe
coatentoient de frotter les lits des pierres les uns contre les autres
avec de l'eau & du grais, de façon qae leurs furfaces fe tou-
chaiTent exactement, & que leurs joints extérieurs devinfTent
imperceptibles. Les Modernes paroiiîent avoir renoncé à ce pro-
cédé, foit à caufe de fa difficulté , foit à caufede fa longueur ;
cependant il y a des occaiîons où il pourroit être d'une grande
utilité , comme quand il s'agit de reprendre par-deifous œuvre
des piédroits, chargés de grands corps de maçoimerie,qui féroienc
obligés d'être maintenus dans un parfait niveau pendant leur re-
tâbliifement.
Soit, par exemple , un avant - corps compofé de colonnes
ifolées portant des plate-bandes, avec un entablement furmonté
d'un fronton ou d'un attique. Suppofons que les colonnes,ayant
été exécutées en pierre tendre ,;fuilent jugées trop foibles pour
foutenir folidement le fardeau de l'entablement & del'attique ,
qu'on y auroit pofé , & qu'on eût entrepris de les-renouveller
après coup en pierre dure ., il efl hors de doute , qu'il faudrait
alors, pour conferver le parfait niveau des plate-bandes déjà
faites , & empêcher que le taifement-dés joints des tambours
n'opérât des lézardes & des déchirures , à la jonélion du mue
adofÎé& de l'entablement, faire les joints les plus petits poilîbles.
Pour feutir la conféquence de cette obligation , imaginons
-ocr page 72-
d'Architectür e.           45
» employé ni mortier, ni aucun crampon, que
„ la plupart des voûtes , arceaux, arcades &
» arches , font confiantes de gros quartiers de
,> pierre , mais que tout y eft poféà fee ^ ils
« n'employoient gueres de mortier qu'aux voûtes
» & arceaux de moilonage , & que pour aiïiirer
» la liaifon des petits matériaux : les gros blocs
» de pierre font toujours fupérieurs à la foibleiTe
» du mortier, & les grands vouffoirs des voûtes
» ne fe foutiennent jamais , & ne fondent un
» ouvrage que par fa propre pefanteur, jointe
» à leur coupe qui les empêche de fe défunir ».
En effet, le mortier dont on coule les pierres
en pareil cas , ne doit, pour ainii dire, être
compté pour rien : il le faut regarder comme de
furérogation , mais aucunement comme devant
unir de grandes pierres de taille indifFoluble-
ment, & faire un même corps avec elles. Il y a
plus , c'eit que peut-être feroit-il poflible de prou-
ver qu'une grande voûte en pierre de taille ac-
querroit plus de folidité en poiant les vouiïbirs
qu'il y ait 40 tambours de pierre dure à renouveller dans la hau-
teur defdites colonnes, & qu'on eût donné 4 lignes à chaque
joint, il s'enfuivr'oit que, quand on viendroit a ôter léserais
placés fous les plate-bandes pour conferver leur parfait niveau
pendant ce changement, le poid de l'attique &de l'entablement
venant à comprimer les joints en queftion 3 & àrefferrer chacun
feulement d'unedemi ligne(ce qui eltbien peu)cela,feroit 10 lignes
de taiiement dans la hauteur de chaque colonne j de manière
qu'il faudroit que les plate-bandes baiffaffent en devant de zo
lignes, pour repofer folidement fur leurs points-d'appui : or cet
effet ne pourroitïavoir lieu , fans que l'entablement n'agît , eu
pouffant contre le mur adoffé aux colonnes, & nefît effort pour
s'en détacher : le feul moyen de parer à cet inconvénient feroic
donc , comme nous l'avons dit , de pofer les tambours des
colonnes à cru les uns fur les autres , en faifant toucher leurs
joints à la manière des Anciens , fauf à démaigrir leurs arrêtes,
4e crainte qu'elles ne s'épauftaifent oa ne s'écjattaffent.
-ocr page 73-
φ                         Cours
à fee , qu'avec de mortier du médiocre qualité 9
comme il Teil le plus fouvent ; attendu qu'en
ruftiquant les lits des vouflbirs , & en les faifant
toucher dans toutes leurs parties , ils s'engraine-
roient les uns dans Igs autres par leur cornpref-
iion , & acquerroient par-là un frottement ca-
pable d'augmenter leur réiiilance pendant le taf*
fement ; au lieu que le mortier ordinaire que
l'on coule entre leurs joints, n'étant en partie
qu'un compofé d'un amas de petites boules , non-
feulement paroît, ainii que les calles , devoir
mettre obflacle à cet engrainement, mais encore
femble faciliter la gliiTade des voufibirs lors du
déceintrement, bien loin de les contenir, il n'y
auroit, fuivant ce procédé , que l'épauffrement
des arrêtes à craindre; mais n'y pourrpit-on pas
obvier en tenant les angles des joints obtus ou
gras ?
Article XL
De l'emploi des Liens de Fer dans une
Conßruclion.
Nous avons dit plufieurs fois qu'il ne faîîoit
pas croire que l'on pût efpérer de fuppléër à la
force des foutiens d'une voûte à l'aide du fer,
& nous croyons devoir étendre particulière-
ment cette obfervation , parce que c'eft une de
ces vérités fondamentales pour la durée des bâ~
timens , qu'on ne fauroit mettre dans un trop
grand jour.
Le fer ne devroit jamais être employé dans
un Edifice somme un agent principal, & pour
-ocr page 74-
d'Architecture. . 47
tenir lieu d'empâtement , de contreforts, ou d'é-
paiifeur de murs néeeifaire contre ia pouilie^mais
il faut s'en fervir feulement, comme d'un moyen
précaire , d'un moyen de fiuérogation ? & pour
avoir au befoin deux forces pour une. La raifon
en eil, que par fa conititution phyilque , le
fer n'efl pas fait pour être de longue durée :' la
rouille fi) l'altère peu-à-peu , quelque précaution
que l'on prenne , & paffe même , en augmentant
fon volume , pour faire éclater la pierre où 011
l'encailre. Le chaud dilate fes pores & l'allonge,
& le froid le reifere & raccourcit ; de forte qu'il
ne contient pas toujours également une pouiiee.
Or quels effets cette alternative n'enWHe pas
capable d'opérer dans l'intérieur de la maçon/
ne rie }
Il s'en faut bien , d'ailleurs , que toutes les par-
ties des liens de fer foient également iblides. Les
moufles qui les uniiTent font toujours des en-
droits plus foibles que le relie. Qu'un crampon
foit obligé de contenir un effort violent, de deux
(ι) Π y en a qui s'imaginent qu'il eft poiîible d'empêcher la
rouille du fer encadré dans une pierre , en l'enduifant d'une
couleur ,i l'huile , d'un verni, &c. Mais , avec un peu de réfle-
xion , il elt ù-ile.de juger du peu de réalité deNcet expédient:
car le fer enfermé dans la pierre, fe trouvant par cette pofition
contmuellcüio-)t expotéà l'humidité qui,à lalongue5détmk tout,
le verni dont on !e couvre en eft en peu de tems pénétré. Ajou-
tez a cela , que les chaînes étant fortement bandées & com-
primées a h rencontre des mouftles , des clavettes , des
étxiers ô 1 des mandrins qui-les contiennent , il arrive que la
peinture cil: né :ejTairement enlevée dans ces endroits qui fati-
gue η r le plus & que la rouille du fer , en s'y manifeftant de
préfère: :V, y agit avec d'autant plus de force, qu'elle fe trouve
co,ntraiitte pat-toufailleurs j de forte que ce qu'on avoir ima-
giné.commè .m expédient, en fuppofant qu'il n'augmente pas
î'aclivi è" le u rouille dans les endroits foibles, devient tout au
moins <k nul effet. _:
-ocr page 75-
48                        Cours
chofes l'une , ou bien il romp , ou bien, ce qui
arrive le plus ordinairement, il arrache, ou fait
éclater l'endroit de la pierre où il eil fcellé,
comme étant un corps moins dur que lui. Cette
dernière obfervation fuffit feule pour faire fen-
tir de quelle dangereufe conféquence il feroit
de fe fier entièrement à un pareil fecours.
Ce feroit encore une erreur de croire que le fer
acquiert de la confiflance à raifon de fon volume.
Il s'en faut bien , qu'un barreau double en grof-
feur d'un autre , ait pour cela le double de force.
Les expériences de Mufembroek, dans fon Traité
de la Coheßon des Corps
, & de M. de Bufîbn ,
inférées dans ÏArt du Serrurier , prouvent à la vé-
rité , qu'un fil de fer rond d'une ligne de dia-
mètre bien étiré , peut foutenir, en tirant, un
effort d'environ 490 livres pefant ; mais elles
font voir auffi que dans une barre'de 18 lignes
de gros, forgée avec foin , chaque élément d'une
ligne quarrée de fer, ne refiile guères en com-
mun qu'à un effort de 40 livres pefant, ce qui eil
bien différent ; & que cet effort diminue toujours
à proportion de ce que la groffeur du barreau
augmente. Cette grande dimunition de force pro-
vient de ce que , plus les fers acquierrent de vo-
lume , plus il devient difficile de les forger } &
de condenfer fuffifamment leur intérieur avec le
marteau.
Au refle , le vrai moyen d'obtenir du fer la
plus grande force , c'efl de l'employer à tirer &
non à porter : telle barre de fer qui romp fous
un poids de 5 à 6 milliers , eil capable de fou-
tenir, en tirant, un effort d'environ 30 milliers,
c'eft-à-dire ,*<:mq ou fix fois plus confidérabie , ce
qui eil bien différent. C'eil pourquoi il eil impor-
tant
-ocr page 76-
d'Architecture.            49
tant de faire en forte d'employer le fer de pré-
férence , à tirer plutôt qu'à porter; mais encore
un coup , ce doit être toujours'fubiidiairement #
& non comme moyen principal, ainfi qu'on le
remarque dans les Ouvrages antiques & goti-
ques.
Un des grands reproches que l'on pourroit
faire à nombre d'Edifices modernes, eil l'ufage
immodéré du fer dans leur bâtifTe. La plupart
des colonnades, dont on les décore , ne fe fou-
tiennent guères autrement que par ces moyens
artificiels ; & ce qu'il y a de pire , c'eil qu'on y
employé d'ordinaire le fer à porter plutôt qu'à
tirer. On conitruit peu d'architraves , de plate-
bandes , & d'entablements , où il ne foit prodigué,
& où l'on ne voye des efpèces de linteaux de
fer employés à porter les claveaux en deffous,
ou en deiius par des érriers. Aufïï ces ouvra-
ges n'auront - ils néceiTairement de durée que
celle du fer, qui fait toute leur force (1).
Regle générale, il faudroit fe garder d'employer
le fer , fans une néceffité abïblue , dans les
ouvrages deftinés à paffer à la poitérité j car les
Architectes n'ont volontiers recours à cette ref-
fource , que quand ils fe font trompés , ou
grande Lfe? r incoiïVe.nien*?, g1* *> Φ«Α parti di una
Oulti ■ ch-ïaV> ^i Ä k Peie Frifi dans fon excellent
«écïteItcl h^È5!Îê&*al quecet Arch"e<ae voulant
coud Τ g Ch?fe du W%e dû dôme de Milan avec beau.
les fentimfnf'/rchlt-f,ae ItaIien,? °PPofa à cette coniWtion
VainR^ S ferlIleuts Conftrufteu« , tels que Palladio,
coSré f„S & fur1out ,ccax Îe *%»<#. qui, ayant été
ÄS^Wlt' «*** friche non} kann.
Tome VL                                       D
-ocr page 77-
50                        Cours
que quand ils favent n'avoir pas donné aux
Supports une force fuffifante. Si on examinoit
attentivement une conftruäion , qui, après avoir
iubfifté quelque tems , vient à manquer ? on
s'appercevroit que cette difgrace n'a d ordinaire
pour principe , que d'avoir employé le fer comme
moyen principal, & que ce moyen ayant ceffé
d'avoir la môme confiitance par les effets de la
rouille, ou de quelque crampon qui eil venu à
manquer , les fupports ne s'étant pas trouvés
feuls en état de réiiiler, il a fallu que la voûte
tombât, fe léfardât, ou menaçât ruine.
En un mot , les tirans , les chaînes & les
cercles de fer, qu'on employé dans une conitru-
ition , doivent avoir principalement pour objet,
de réfifter à la première impuliion de la pouffée,
lorfqu'on lâche la yoûîq de deffus les ceintres,
<îe donner au mortier le îems de durcir , de
bien faire fa prife , ainii qu'à toutes les parties
d'une bâtiffe , d'opérer leur taffement avec uni-
formité , de fe convenir réciproquement, de pren-
dre peu-à-peu leur faix & leur direction vers les
piédroits, les contreforts ou les points d'appui
capitaux , ils ne peuvent avoir d'autre fonction.
C'eil la perfection de l'appareil des pierres, l'ex-
cellence du mortier , la bonne proportion des
fupports, leur relation avec la pouffée des voûtes,
qui doivent faire la force d'un Edifice, dont on
veut affurer la durée ; ce font là les feuls & vrais
principes de la folidité ; agir autrement, ce fe-
roit la compromettre, & ne bâtir que pour un
tems,
11 ■ - * ■;
&                                                                         . .. ..                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   '..'....,■;'■
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d'Architecture.
η
Article XII.
Du Tajjement d'une Voûte b & de fes effets
fendant [on Décintremmt.
On fait qu'avant d'entreprendre une voûte ,
on commence par établir fur (es piédroits un
cintre de charpente folide de la même courbure,
pour porter fes vouffoirs pendant fon exécution.
Cela fait , fa conftruclion s'opère , en plaçant
d'abord, de part &, d'autre furie cintre, les couiîi-
nets près de fa naiffance , & fucceiîivement tous les
autres vouffoirs, en montant jufqu'à la clef par
où Ton finit.
Les Anciens & même les Goths extradoiïbient
la plupart de leur voûtes, c'eft-à-dire , faifoienr,
tous leurs vouffoirs d'une égale longueur en
efpece d'archivolte ; les Modernes , au contraire ,
affectent de les lier avec les reins d'une voûte,
ou même de les y prolonger , principalement
quand il eil queition de lui faire porter un far-
deau coniidérable. Tous les vouffoirs doivent:
fe pofer en coupe , & s'appareiller, ainfi que
nous l'avons vu , de manière que le lit de la pierre
fuive toujours la direction des joints vers le
centre , ou les centres de la voûte s'il y en a
plufieurs. On en ufe ainfi, parce que la preffion
sfopérant félon la longueur des joints , les vouf-
■"- foirs ont néceffairement plus de force étant
placés fuivant leurs lits, que dans toute autre
fituation. A mefure que l'on met en place les
vouffoirs , on obferve de pofer fur les cintres
des couchis de charpente foutenus par des doffes
D ij
-ocr page 79-
                       Cours
ou taffeaux, lefquels couchis portent direclement
ïlntiados ou les dociles des files de vouffoirs , du-
moins dans les voûtes en berceau d'une certaine
étendue , & de mettre en même tems , à l'ordi-
naire , des calles de bois de chêne entre leurs
joints , à deifein d'empêcher les arrêtes de fe
toucher , & de s'épauffrer lors de leur com-
preffion.
Il y a un égal inconvénient à donner trop de
largeur aux joints , & à les faire trop petits.
Dans le dernier cas , les arrêtes des voiuToirs
rifquent davantage de s'épauffrer ou d'éclater ;
& dans le premier, la largeur des joints peut
augmenter beaucoup le taffement , & même dans
les voûtes fort furbaiiTées, à l'occafion du peu
de coupe des voiuToirs vers la clef, il feroit à
craindre qu'il n'y eût quelques vouffoirs fupérieurs
capables de descendre en contrebas à un certain
point, ou même de s'échapper, ce qui entraîneroit
la chute de la voûte. Au Pont de Mantes , dont
les arches font elliptiques , & ont 120 pieds de
diamètre , fur 30 pieds de montée , on a tenu les
joints de chaque vouffoir ouverts feulement de 4
lignes ; auiîi y eut-il beaucoup de voufïbirs qui en
fe touchant menacèrent de s'épauffer vers leur naif-
fance ou les couflînets, & il fallut les élargir avec
des fcies à main , avant de continuer le décin-
trement. Au Pont de Neuilly , dont les arches
ont le même diamètre, & à-peu-près la même
courbe , à deffein d'éviter un pareil inconvé-
nient, on a tenu les joints de 6 lignes de lar-
geur, & l'on n'a pas remarqué qu'il fe foit fait
d'épauffrures. Peut-être, au lieu de s'affervir à
tenir les joints également ouverts dans la partie
fupérieure d'une voûte & dans l'inférieure, fur-
V. ' ' ''                                                                                                                                                                                                                                    ,                                                     -■
-ocr page 80-
d'Architecture.              53
tout quand elle eft très-furbaiiiée, vaudroit-il
mieux les tenir plus petits dans fa partie fupé-
rieure vers l'intrados , & au contraire plus grands
vers fa partie inférieure , auffi à fon intrados ,
                     |
à mefure qu'on approcherait de fa retombée.
Cette ouverture de joints étant conforme à Fac-
tion particulière que les vouiïbirs peuvent exer-
                     \
cer à l'égard les uns des autres , il y auroit vrai-
femblablement moins à craindre de la part des
taifements , vu que les joints reileroient plus ou
moins ouverts , à raifon de l'effet de la com-
preliion.
On a l'attention , à mefure que l'on place les
vouifoirs d'une voûte , de les abreuver , de couler
              - i
leurs joints de bon mortier par-deiTus , & de
crainte qu'il ne s'échappe , on fiche de la filaife
le long des joints de Hntrados & des têtes des
vouifoirs , comme l'on fait pour les affifes des
piédroits. Enfin , la clef étant pofée, on termine
la conitrudion d'une voûte, par la bander ou par
reiferrer fes vouifoirs par le haut ; ce qui s'opère
en enfonçant, avec force , de gros coins de bois
entre leurs têtes.
Une voûte étant fermée , fes vouifoirs bien
callés & bandés , le cintre de charpente fe trou-
ve alors déchargé virtuellement du poids qu'il
avoit à foutenir, mais non pas effectivement,
c'eft-à-dire , que la voûte ayant exercé toute fa
pefanteur, & fes vouifoirs fe contenant tous ré-
ciproquement , le cintre n'a plus befoin de faire
de nouveaux efforts pour en foutenir le poids ,
tellement que fa charge fe trouve toujours la
même jufqu'au moment de fon abaiifement.
Le décintrement d'une voûte doit s'entrepren-
dre avant que le mortier qui a été coulé entre
D iij
-ocr page 81-
54                         Cours
fes joints , ait acquis toute fa coniiitance ; car il
faut bien fe garder d'attendre qu'il ait tout-à-fait
durci., fi l'on veut qu'il foit de quelque utilité ;
en voici la raifon. En fuppofant qu'on laiiTât les
cintres jufqu'à ce que le mortier fût fec , & fe
fut tout-à-fait adapté au lit fupérieur & inférieur
des vouffoirs ; comme ce mortier n'auroit pu fé-
cher fans diminuer de volume par l'évaporation
de fou eau , il s'en fuit que cette évaporation y
laiiTeroit des vuides ; de forte que , quand on
entreprendroit de décintrer la voûte , les joints
des vouifoirs , les calies & les coins qui reffer-
xent leurs têtes, venant à s'applatir & à fe com-
primer à l'ordinaire , écraferoient infailliblement le
mortier , défuniroient fes parties , & le rédui-
roient en une pouiîiere grumeieufe, incapable
de procurer déformais aucune liaifon. Cela ne
fauroit être ainii en décintrant une voûte pen-
dant que les mortiers font encore humides, parce
que j'Înen qu'ils fe trouvent davantage comprimés
par le refferrement des joints , ils peuvent encore
s'y adapter, & c'eft ce qui arrive d'ordinaire. Par
conséquent il ne peut être que très-défavantageux
de laiffer trop long-tems une voûte fur fon cintre,
comme nous l'avons avancé.
                ·
Il y en a qui veulent mal à-propos que l'on com-
mencele décintrement d'une voûte , parenlever les
couchis& taifeaux placés fous la clef, puis ceux des
contre-clefs, puis des vouffoirs adjacens , & ainii de
fuite jufqu'à fa naiffance : mais les meilleurs Confiru-
tleurs prétendent qu'il vaut mieux enlever dabord
les couchis des couiîinets & des vouffoirs voifins
de la retombée de la voûte, en avançant peu-à-peu
vers fon fommet; alléguant, avec raifon, que la
clef & la partie agiffante de la voûte fe trouve par-
-ocr page 82-
d'Architecture.           
là mieux refferrés , que le tafîement s'opère plus;
uniformément , que le haut de la voûte s'afFaiffè
moins,& que fa courbe rifque moins de fe déformer^
Au furplus, cette opération eil le moment critique
pour les fupports d'une voûte, parce que,tous fes
vouifoirs font alors en mouvement, & iî l'on n'ap-
portoit pas les plus grandes précautions pour dimi-
nuer fon effet, pour le conduire avec art, & faire
en forte qu'il fe repartit uniformément de part &
d'autre dans le pourtour d'une voûte , en vain
auroit-on donné aux piédroits une épaiffeur au-delà
de l'équilibre, indiquée par les calculs , ils feroient
le plus fouvent renverfés par la commotion du taf-
fernem.
Voici comment agiflent Tes vouiîbirs d'une voûte-
pendant fon déceintrement. Ils font à peu-près les
mêmes effets que lorfqu'elle veut s'écrouler : les
joints des vouifoirs de fa partie fupérieure paroif-
fent preffer leur extrados & s'ouvrir du côté de
l'intrados : les vouifoirs de fa partie inférieure pa-
roiffent agir au contraire en comprimant les joints,,
de leur intrados : enfin les vouifoirs entre l'impofte
& la clef, participent de l'un & de l'autre de ces-
deux effets ; raifons pour lefquelîes nous avons
confeiilé ci-devant de tenir, pour le mieux, les
joints des vouifoirs plus ou moins ouverts lors de
la conitrudtion d'une voûte. Quelquefois if arrive
qu'en décintrant, les calles qui font entre les vouf-
foirs voifins delà naiifance delà voûte, s'applatif-
fent au point de îaifler toucher les joints & de faire
éclater leurs arrêtes , alors il faut interrompre
le décintrement, comme nous avons dit qu'on l'a-
voit fait au pont de Mantes, & s'appliquer, avant de
continuer, à r'ouvrir les bords des joints vers les
endroits qui menacent , en rendant leurs angles uxk
D iv
-ocr page 83-
j6                        Cours
peu obtus ; par ce moyen on les fortifiera & on em-
pêchera les épaufrures.
En, vain imagineroit-on parvenir à brider le taffe-
ment,en embreuvant les vouffoirs d'une voûte , en
les violantant, en multipliant les croffettes,les cram-
pons , les tirans , où bien en élevant entre leurs
jpiédroits des chandelles de pierre jufques fous leur
courbe, on ne parviendroit par-là qu'à opérer une
inégalité de taffement, qui eil de tous les incon-
veniens, celui qu'on redoute le plus en pareil cas,
vu qu'il eit capable de faire perdre l'équ [libre. Les
bons Coniiru&eurs ont pour principe d'éviter, fur-
tout vers la naiffance d'une voûte, tous les crochets
de rachat, les tas de charge, les embreuvements &
incruftementsdes vouffoirs les uns dans les autres,
en un mot tout ce qui peut gêner la direction na-
turelle du taffement : ils affe&ent au contraire de
ïaiffer toute liberté aux vouffoirs d'agir vers leurs
points d'appui, & de bien prendre leur faix en reffer-
'rant les joints, uniformément : ils font perfuadés f
avec raifon , que les oppoiitions au taffement don-
nent lieu aux lézardes, aux déchirures que Ton
remarque dans nombre de conitruclion, & qu'elles
occaiionnent d'ordinaire l'ébranlement des pié-
droits. Auffi peut-être étoit-ce pour cette raifon
que les Goths & les Anciens extradoffoient com-
munément leurs voûtes. Tout le difficile eii de
bien diriger & de bien conduire le taffement ; c'eft
là que l'expérience eft principalement néceffaire ;
mais , encore un coup, il faut bien fe garder de le
gêner.
Il y a des Conilrucleurs qui, au lieu de fe pref-
fer de faire le décintrement & de l'opérer en un
même jour , préfèrent d'en employer pluiieurs,
& qui veulent qu'on n'enlevé chaque jour qu'un
-ocr page 84-
d'Architecture.            57
petit„nombre de couchis correfpondants de part
& d'autre d'une voûte, afin de lui donner le tems
de prendre peu à peu fon faix fans rien brufquer -y
ce qui eft très-bien raifonné , ne fauroit que con-
tribuer au fuccès du taffement , & mérite d'être
toujours obfervé dans les voûtes d'une certaine
étendue.
Quoiqu'un décintrement ait été en apparence
opéré avec fuccès, il ne faut pas pour ceja chanter
viûoire,' & s'imaginer n'avoir plus rien à redouter
de l'effet d'une voûte ; attendu que toutes les par-
ties d'une conftru&ion ne prennent pas toujours
ΙεμΓ aiïïette fur le champ. On en a vu plus d'une
fois taffer encore quelque tems après leur décin- ,
trement, "renverfer leurs piédroits, ou bien les fra*
ûurer, les lézarder.
Quand la voûte du dôme de Notre-Dame de la
Daurade à Touloufe menaça ruine , il y a environ
une douzaine d'années, ce fut immédiatement après
fon décintrement; fes piliers s'écartèrent vers le
haut de zi pouces, & on n'eut que le tems de ré-
tablir les cintres pour prévenir fa chute : mais il
y avoit déjà 6 mois que la coupole de S. Philippe
4e Ne.rlà Turin étoit décintrée, lorfquelle tomba
au commencement de ce fiécle, & entraîna par fa
chiite tout le refte de l'Eglife.
Au reffe, les taffements des voûtes différent à
raifon de leur courbe, de leur appareil >de la charge
qu'elles doivent porter , foit fur leur clef, foit fur
leurs reims , foit fur leurs piédroits : elles taffent
encore différemment félon la nature de leurs ma-
tériaux : plus il y a de joints , plus il y aura de
compreffion & d'affaiffement : par cette raifon les
voûtes en briques ou en moilons taffent davantage
que celles en pierre à caufe de leur plus grand nom*
-ocr page 85-
fS                         Cours
fcre de joints. Une voûte conftruite de différentes
fortes de matériaux, où il y aura des chaînes de
pierre avec des lunettes , & dont les intervalles fe-
ront bâties, partie en briques, partie en moilons,
ou entièrement en briques , opérera de toute né-
ceiîité des taffements difFérens qu'il faudra prévoir
lors de l'exécution,, pour les empêcher d'agir en
défordre, & de former des lézardes par la fuite.
Il n'eil gueres poffible d'être affuré d'avance?,
combien une voûte pourra bailler pendant ou après
fbn décintrement , à raiibn de la diminution de
fes joints, par la difficulté de connoître les difFé-
rens dégrés de compreffibilité dont les calles &
matières qui y font introduites feront fufceptibles :
cependant il nousfemble qu'on pourroit apprécier»
fans beaucoup d'erreur à la moitié, la réduction du
vuide formé par le total des joints des vouiioirs.
Ainii, en fuppofant que la fomme de l'ouverture
des joints fatïe 60 pouces, la totalité de l'afFairTe-
ment, repartie félon tout le pourtour de la voûte %
peut être eilimée environ 30 pouces. C'eft pour-
quoi iil'on trace une voûte de même diamètre, dont
le ceintre ait 30 pouces de moins dans fon pour-
tour , on parviendra à connoître à peu de chofe
près d'avance, quel fera l'aiFaiffement ou l'abaifle-
ment d'une voûte vers fa clef, tant pendant fon
décintrement que par la fuite , lorfqu'elle aura
reçu entièrement fa charge. Auffi , en conféquence
de cet abaiffement, faut-il qu'un Architecle ait l'at-
tention de fur-hauiTerproportionellementune voûte
pendant fon exécution , afin qu'elle ait la forme
qu'il déiire après le décintrement.
Tout ce que nous venons de dire ne regarde ait
furplus que les voûtes bâties en pierre de taille ; car
dans celles qui font entièrement bâties en briques,
/
-ocr page 86-
d'Architecture.          59
en molonnage, & avec de petits matériaux qui ont
peu de coupe, & dont la liaifon du mortier fait
toute la force, le décintrement n'a pas eu tant de
difficulté. Lorfque le mortier eft de bonne qua-
lité & a fait fa prife, ces fortes de voûtes font
en peu de de tems leur effet ; & ce nefl gueres
qu'en attendant qu'il ait pris corps & acquis la
confiftance néceffaire qu'on y met , foit des
chaînes , foit des cercles de fer, pour contenir l'é-
cartement de leurs piédroits ou du bas de la voûte ;
mais ces précautions, comme nous l'avons remar-
qué, ne doivent être que de furérogation , pour
donner le tems à la voûte de prendre fon faix , &
pour la eontenir pendant le décintrement, ou juf-
qu'à ce que le mortier ait produit toute fa prife.
Article XIIL
Des Ouvrages du Chevalier Wreen.
■ 'y.
On ne doit pas efpérer de nouveaux progrès
dans l'art de la conftruaiondes bâtiments, tant que
ceux qui les dirigeront ne joindront pas à l'étude
du Deffin & de la Pratique , celle de la Géomé-
trie & fur-tout de la Mécanique, à l'exemple des
Ingénieurs militaires & des Ponts & Chauffées.
Combien en effet les travaux de ces derniers ne
fe reffentent-ils pas de l'influence de ces connoif-
fances ! Que d'ouvrages de fortifications ;& que de
Ponts admirables,érigés depuis environ une trentaine
d'années, ne cite-t-on pas pour faire Irplus grand
honneur aux lumières & à la capacité de ceux qui
les ont conduits ! Il n'y a que dans notre Archite-
ôure civile ? qu'il eft comme d'ufage de négliger
-ocr page 87-
6o                        Cour s Ί
abfolument l'étude des Sciences & l'application de
leurs principes. Auffi combien peu rencontre t-on
ti édin*ces,dont la conftruéHon foit véritablement rai-
ionnée dans toutes fes parties, où Ion ait envifagé
les différents objets qu'elle embraffe fuivant tous
leurs rapports, où l'on apperçoive que l'on fe foit
rendu compte des réfifîances à oppofer aux pouf-
lees des voûtes, où Ion ait eu égard au poid que
lesdifférens matériaux étoient en état de porter,
pour fixer en conféquence les dimmenfions des
points d'appui, où l'on ait réparti les groifeurs des
bois avec l'intelligence néceffaire, où l'on ait fenti
la nécefïïté de ne point employer le fer comme
moyen principal à l'effet d'affurer la durée dun
Edifice ; en im mot, où l'on ne voye d'ordinaire
des routines fervir de bafe aux différens travaux.
Auni dès que la plupart des Architeftes veulent
innover, prendre un nouvel effort, entreprendre
quelque bâtiffe où il faudrait des lumières fupérieu-
res pour combiner avec jufTeffe leurs opérations ,
& dans laquelle ils ne peuvent être guidés par des
comparaifons ou des induftions avec des ouvrages
de même genre, on diroit des aveugles qui cher-
chent leur chemin en râtonnant; on les voit chan-
ger, ajourer, revenir fur leurs pas, effayer fouvent
au milieu de leurs opérations , de fe reaifîer par
toutes fortes de confeils, & enfin, ne venir à bout
de-leur entrepriie qu'à force dedépenfes, & qu'en
multiphant les fecours précaires, les crampons, les
liens de fer, ceft-à-dire, au dépend de la durée
de l'Edifice.
On ne connoît gueres que les Ouvrages du
Chevalier Wreen, Architeae Anglois , Auteur du
dôme de S, Paul de Londres, de l'Hôpital de Green-
Vilç, & d'une multitude de Monuments qui embel-
-ocr page 88-
d'Architecture.           
Uffent la capitale de l'Angleterre , qui foient véri-
tablement raifonnés pour la condruclion dans tous
leurs rapports, & capables de foutenir un férieuX
examen. L'on peut dire que ce font des chef-d'œuvres
de fcience, d'intelligence & de combinaifons, où fe
trouvent réuni au Suprême degré l'application de
la pratique & de la théorie. Âuffi eft-ce un de ces
hommes que l'Angleterre ne fe glorifie pas moins
d'avoir produit que les Locke & les Newton ; on y
remarque par-tout fon bufte en parallele avec ceux
des plus grands Philofophes de cette Nation. Pe >
fonne n'ignore qu'on lui accorda l'honneur exclu?.,
fif, ainfi qu'à fa famille, d'être inhumé dans le Tem-
piede S. Paul,le triomphe de fa gloire & de fes talens.
On ne lui fait qu'un feul reproche , bien rare
fans doute chez les Artiftes de nos jours , favoir,
d'avoir contribué lui-même à nuire à fa réputation
par une modeitie pouffée à l'excès. Ce Fondateur
d'une nouvelle Ville, difoit il n'y a pas long-tems 5
le Docteur Maty, Secrétaire perpétuel de la So-
ciété Royale de Londres, dans le Journal Britanique,
» auquel tous les Citoyens durent leurs Maifons,
» leurs Monuments, leurs Temjiles, éprouva cepen-
» dant leur ingratitude: une timidité fatale l'empêcha
» de fe concilier la faveur de ceux dont il arrachoir.
» l'eilime : il eut tous les talens , à la referve de
» cette liberté & de cette aiTurance qui les font vai-
» loir: il crut fans doute que tant de monuments de
» fon mérite ,1e difpenfoient d'ajouter fa voix à la
» leur : cette modeilie outrée efaça l'éclat de fes
» travaux ».
Le Chevalier Steele, dans le Spectateur, en a voit
déjà parlé à peu-près fur ce ton en 1709, en don-
nant à Wreen, qui étoit alors âgé de 80 ans _, le
nom de Neftor , & à Londres , celui d'Athènes.
-ocr page 89-
6l                        fc O U R S
Après avoir rapporté Je mot d'un Auteur François,
que la modeitie eil à nos autres vertus , ce qu'eu
l'ombre à un tableau, il ajoute , que cette ombre
bien ménagée dans nos aclions fert à les relever ;
mais que, quand elle eft trop chargée , elle nous
couvre bien plus qu'elle ne nous fait paroître à
notre avantage. « Athènes ( Londres) dit-il, en vit
» un trifte exemple dans la perfonne de Neitor : nul
» homme de fon iiécle, ne fut plus habile dans fa
» profeffion , & n'en donna plus de preuves. S'il
» eût poffedé cette honnête hardieffe , cette con-
» fiance fi néce(faire pour fe produire, le public
» lui auroit rendu plus de juitice. Il fut un excel-
lent Architefte, & l'on peut dire qu'avant lui,
» on avoit ignorél'ufage des pouvoirs méchaniques.
» Il porta les chofes à ce point de perfection qu'il
» favoit, à un atome près, le degré précis de pro-
» portion qu'il doit y avoir entre les fondements
» & îe corps d'un Edifice : fa fcience & fon exaóü-
»■ tude à cet égard alloient au prodige. Il en fit l'eiTai
» dans un bâtiment ( 5. Paul) où il fe propofa
» de joindre la plus grande magnificence à la plus
» grande foîidité : il y obferva les loix de la mé-
» canique avec tant de jufteiTe , que la maffe ne
» pouvoit porter que fon propre poid: c'étoit un
» chef-d'œuvre que tous les curieux de fon tems
» admirèrent. »
Combien nos conitrucHons font-elles éloignées,
'..y en général, d'une pareille perfection, & de mériter
de femblables éloges 1
            i \ -
-ocr page 90-
d'Architecture.           63
Article XIV.
De la manière £ allier la Pratique à la Théorie^
pour découvrir les vrais principes
d'une Conflruclion.
Apres avoir expofé, en général, les diverfescon-
fidérations qu'exigent le méchanifme des voûtes, il
s'agit de faire voir maintenant quel doit être l'en-
chaînement de toutes les parties d'une conitruâion.
compofée, & comment il eit à propos de faire mar-
cher enfemble la pratique & la théorie , pour dé-
couvrir autrement que par routine ce qui doit
conilituer fa folidité :
Le vrai moyen d'y parvenir , c'eit de faire en
quelque forte Fanatomie d'une conitruäion , en fe
rendant attentif à tous fes rapports ; c'eit de con-
fidérer de quelle manière les corps élevés les uns
au-deffus des autres peuvent agir à raifon de leur
poiition ; c'eit de s'attacher fur-tout à diitinguer
par le développement de l'appareil qu'elle peut
être la direction des pou iTées, pour placer les ré-
fiilances trouvées parles calculs dans les endroits
convenables ; c'eil de fe rendre compte, en un mot,
de la correfpondance de toutes fes parties, & com-
ment elles doivent concourir , par leur liaifon ou
relation, à fe prêter des fecours mutuels & capables
d'augmenter la force du tout enfemble.
Afin de fixer nos idées , prenons pour exemple
la conitru&ion d'une coupole fur pendentif, &
voyons comment l'on peut fe conduire dans la
recherche des vrais principes, qui doivent eiTen-
îiellement fervir de baie à fa folidité ; & après les
%
-ocr page 91-
^4                      Cours
avoir déterminé, nous en ferons remarquer lap·»
plication dans un des plus beaux Ouvrages en ce
genre.
                                                   °
Des Principes qui conftituent en général
la folidité d'une Coupole fur pendentif
Planche L XXX XI.
Une Coupole fur pendentif eft compofée de
deux plans , placés l'un au-deiîus de l'autre à
la rencontre des bras de la croix d'une Eelife
Le plan fupérieur eft un cercle , & le plan infé-
rieur eft un quarre ou un oâogone d'ordinaire
irrégulier. Le premier plan eft infcrit dans le
fécond, c'eft-à-dire, ne rencontre,celui-ci qu'en
quatre points, Α, Β, C , D , %. I, foit au milieu
des cotes du quarré , foit au milieu des grands
cotés de l'oftogone, de forte qu'il refte entre
les deux plans quatre vuides triangulaires E. Or,
les côtésdu quarré , ou les grands côtés de l'o-
ctogone étant communément percés par les voûtes
des bras de la croix d'une Eglife , il s'en fuit que
par fa pofmon, le plan fupérieur ou le tambour
dune coupolefe trouve placé précifement fur la
clef des voûtes, formant la réunion des bras de
la croix, & en porte-à-faux furies vuides trian-
gulaires , où Ton pratique des vouffures en en-
corbellement , nommés pendentifs s pour unir en^
ferableles deux plans.
Par conféquent, il y a à confidérer, dans l'exa>
men dune pareille conftru&ion, plufieurs chofes
eiîentielles ; d'abord les deux plans, favoir , Fin-
teneur compofé des quatre gros piliers, F , can-
tonnés aux angles des bras de la croix dans le
bas de l'Eglife , lefquels forment, par leur dif*
pofiîion,
§
-ocr page 92-
d'Architecture;            6f
pofîuon , tm quarré ou tmoaogone irrégulier; puis
le pian fupéneur, qui eil celui de la Tour ou' de
la Coupole proprement dite ; enfuite les points de
rencontre communs aux deux plans A, Β , C, D;
& enfin le pendentif Ε , qui'eil intermédiaire en-
tre les deux plans, & qui opère leur réunion dans
prefque tout le pourtour. Examinons féparement
ces différents objets , & voyons quels doivent
être leurs rapports eu égard aux principes de la
ibiidité , qui ne font que l'application pratique des
loix de l'équilibre & de la pefanteur.
Premièrement, une Coupole fur pendentif étant
couronnée par une grande voûte fphérique ou
fphéroide , & cette voûte exigeant néceifairement
des piédroits en rapport avec fa pouffée , il eil
naturel de s'attacher avant tout/, à fixer les dim-
menfiohs des fupports du plan fupéneur ou de la
Tour, & ce ne fera qu'après les avoir déterminées,
qu'on parviendra à fixer celles du plan inférieur,
ou des gros piliers du Dôme. Ainfi, le diamètre
Λ C, fig. I de la Tour étant fuppofé connu y de
même que îa nature de fa voûte A , fig. II, fou
épaiffeur vers la clef Β 3 îa hauteur de fes piédroits
Ε Ε, les différents poids dont la voûte A ou les
piédroits EE poncroient être chargés, foit que
Ion couronne la voûte du Dôme par une
charpente , comme- dans une moitié de la
fig. II, foit qu'on élevé cette voûte de manière
à^ porter directement la lanterne ; on fait qu'il eil
aifé , par les principes établis de la méchaniqne,
de,trouver'la réfiftance en équilibre avec la pouf-
fée dans tous les cas ».c'eft-à-dire, l'épaiffeur
qu'il conviendra de donner aux piédroits Ε Ε ; foit
qu'on veuille taire lefdits piédroits d'épaifïeur uni-
forme , comme on le voie exprimé en G , fig. I ,
Tome FI.
                                         Ε
\
-ocr page 93-
Cours
clans uB quart du plan de la Tour ; fok qu'on
veuille admettre des contreforts H, comme dans
l'autre quart dudit plan , ou comme il eil expri-
mé dans le profil FF, fig. II j de forte qu'en adjou-
taftt environ un 6e au-delà de l'épaifieur trouvée ,
on fera Ά^ΧΙΐ^ d'obtenir la force convenable fui-
vant les circonftances. Par conféquent FépaifTeur
ju mur 0 ow des contreforts H de la Tour d'un
Dôme, ne fauroit être déterminée arbitrairement,
tuais elle doit l'être par les principes des loix de
j'équilibre & de la pefahteur ( ι ).
Secondement , FépaifTeur des piédroits FF,
£a. Il, étant trouvée s pour déterminer les rap-
ports du plan inférieur , il faut faire attention que
Je plan fupérieur ne rencontrant l'inférieur qu'au
milieu de fes grands côtés ou de la clef des arcs
Q cette clef & l'arc dont elle fait partie, doivent
être regardés comme un point d'appui capital,
puifqu'il eil le feul commun aux deux plans. Or,
qu'eft-ce. qui peut conftituer la force d'un pareil
arC G ? N'eft-ce pas d'avoir une largeur de piédroit
j| \, fig. Π » ou Κ L , fîg. I, en correfpondance
avec répaiffeur trouvée du bas de la Tour , y
(ι) Il faut avouer cependant que les Architectes font ra-
rement en état d'appliquer ces principes. Ceux qui ont
exécute jufqu'ici des Coupoles , à l'exception peut-être du
Clievaliei' Wreçn , ne fe font gueres fervîs que de comparai-
ions ou d'approximations , avec les conferuelions en ce genre
exécutées précédemment ; lefquelles approximations indiquent
oue l'on peut donner d'épaiiTeur uniforme à la Tour d'un Dôme
ou aux fupports d'une voûte demi-fphérique., environ le 10e de
fon diamètre intérieur , quand elle ne doit porter qu'une feule
voûte, '&■ 's 7 ou 8 e de ce meine diamètre à l'é^paiiTeur des
des cas.
-ocr page 94-
d'Architecture.           67
compris ion empattement, & en outre une épaif-
feur de piédroit 1 L , fig. i, en état de contrebuter
le fardeau, de la portion de la Tour qu'il foutien-
dra fur ion fommet ? Les règles de la folidité
n'exigent-elles pas encore de conftruire cet arc
G , fig. iï , en pierre dure, de même que fon
piédroit H I , de lui donner dé plus une certaine
épaiffeur vers la clef, & enfin de garnir bien exa-
ctement fes reins , en y prolongeant la queue des
vouffoirs pour les fortifier convenablement?
La plupart de ces confédérations fontrélatives
à la pratique , & au raifonnement à la fois ; il n'y
a que FépaifTeur I L aes piédroits, fig. I , qui re-
garde la théorie, & qui ait befoin d'être déterminée
par les calculs , eu égard aux circonflances loca-
cales de la poikion de la Coupole fur l'arc & mu
le pilier ; lefquelles circonflances , comme Γοη
«* fçait, font fufceptibles de modifier cette épaiiTeur,
fuivant que le pilier F-peut-être roidi par les difc
férents corps de maçonnerie qui y feront élevés.
Ainii donc 5 le pilier 'F doit être principalement un
réfuitat de la largeur du bas de la Tour avec (es
empattements, par la pouffée des arcs qu'il fou-
tient, & qui portent une partie de la Tour fur leur
fommet. "··,.'
                "                     ,;'>.,\ .,,/.
Troifiémement, comme les deux plans du Dôme
font féparés par des corps intermédiaires , ou
pendentifs qui forment leur réunion ? il "refaite
que la Tour, qui fera en grande partie portée far
ces pendentifs, exercera encore une aclion vers les
piliers F, les arcs & leurs parties adjacentes, à raifon
de la coupe de leurs vouiîbirs ; c'efl pourquoi,
pour parvenir à connoître cette aétion & les
réfiftances à lui oppofer, il eft donc indifpenfable
de recourir à la manière d'être d'un pendentif.
)'.'■'''■■"" ' ■-■'■ '". ' s
-ocr page 95-
6$                          COU R S
■■Développement de l'appareil dfim~ Pendentif.
Nous avons dit, ArticU Π, que le feui
-moyen de connoître Taclion d'une voûte quel-
conque , étoit de fe rendre compte de fon appa-
reil, & que c'éroit la tendance de la conpe de
fes voufîbirs , qui déterniinoit toujours où il con-
venoit d'oppofer des tefiftances à fa poufîee. Par
conséquent, en analyfant quelle doit être la difpo-
iition des voufîbirs d'un pendentif, on fera donc
auffi affure de la direction de fon eiForr.
Si l'on fuppofe une voûte demi-fphérique abc,
fig. III, c'eil-à-dire, circulaireen plan & en élé-
vation , tronquée d'abord parallèlement à fa bafe
b c vers fa partie fupérieure, de maniere à enle-
ver une calotte a , & coupée enfuite perpendicu-
lairement à cette même bafe b c,par quatre murs <*
droits <έ)β9/, g, formant un quarré, dont les
«côtés foient des tangentes à la calotte ^ enlevée 5
chacune des quatre portions triangulaires h , qui
relieront de la voûte demi-fphérique ainfî trom-
qnée <k coupée, eil ce qu'on appelle un pen-
dentif..
Souvent dans les coupoles de quelque éten-
due , on coupe encore chaque angle du plan du
quarré, par un autre mur vertical kl, pour ré-
duire le quarré en un oclogone d'ordinaire irré-
gulier ; ce qui diminue en ce fens le diamètre de
la voûte demi-fphérique , & fortifie d'autant le
pendentif, en rapprochant de fa faillie le piédroit
ou pilier qui lui eîl adofîe.
De cette difpoiition du pendentif, il s'enfuit
clairement que fes voufîbirs ne peuvent avoir
d'autre diteftion que celle de la voûte dont il
-ocr page 96-
d'Architecture.           ê&
fait partie. On fçait que, quand une voûte demi-
fphériqne eil ifolée fur fes fupports , il eil indif-
penfable de faire tendre la coupe de fes vouiToirs.
vers le centre commun, qui eil. toujours déter-
miné par la rencontre de l'axe de la voûte avec
fon diamètre, pris à fa naiflànce , & que, quand,
au contraire elle eil engagée entre {qs piédroits,.
& que {qs reins font garnis, il faut en outre de,-
la tendance de la tête des vouiToirs vers le centre-
commun,, prolonger encore leur queue horifon«
talement pour les réunir avec le piédroit, en ob-
fervant de diriger leurs joints montants-en : plan
vers l'axe de la voûte. Or, un pendentif,, par fit
manière d'être , eil exa&ement dans ce cas ; c'eit
une portion de voûte demi-fpfoérique identifiée
avec fon piédroit, & dont les reins font garnis-
Cela étant, tous fes, vouftoirs: doivent , non-feu-
lement tendre auiTi par leur tête vers le centre
commun de la voûte, qui eil fon principe; mais
leur queue doit de même fe prolonger en enties
dans la même direction ^ tant quelle ne trouvera:
pas dObikele (î),.
Telles font en général les. raifons fondamen-
tales de.l'appareil d'un pendentif, & quipeuveht-
décider de fon a&ioii. Quand, le plan, d'un Dame
',.(J ) Quoique tous les exemples de „Dôme faiFe foi', qu'on-
» appareille point leuïs pendentifs autrement en cette-cîrconf-
tance, on powFoit cependant-les appareiller auffi en trompe,
dont tes. vouiToirs appamcndrqient dans., leur élévation à des;
courbes convergentes vers un centrej;omrnun j mais comme ils
rcc
tre-.
\2n ,en. P*an > *-OK en élévation , on préfère avec ràifon pour
nnteret de la bonne conilmclion.i'appareil que nous venons dît
décrire.»
-ocr page 97-
ηο                        Cours i
ainfi porté eil quarre , le pendentif offrant alors
la forme d'un vrai coin,tant en plan qu'en élévation,
fort effort & par conféquent celui de la tour dont il
eiî chargé, ne fauroit manifeftement fe faire que
contre les côtés du quarré ou des voûtes des nefs ,
& celui qui s'opère vers l'angle du pilier oit la
pointe inférieure du coin merite peu de confédéra-
tion. Mais, iorfque les angles dii quarré font cou-
pés pour former dans le bas d'un dôme un oclogo-
ne irregulier , alors les petits côtés k l fervent en
partie de piédroits 'aux pendentifs , diminuent fa
faillie, augmentent la force des piliers , & les met-
tent en état de partager de concert avec les grands
côtés ou les voûtes des nefs la pouffée du pen-
dentif. Comme ce dernier procédé eil: celui dont
on fait principalement ufage dans les Coupoles un
peu coniidérables , nous nous y attacherons prin-
cipalement.
En fe rendant attentif à fépure du pendentif,
détaillée particulièrement dans les figures IV, V ',
.VI & VIL Planche LXXXXI, & à la-relation &
tendance de fes vouiîbirs, tant en plan qu'en pro-
fil & en élévation, il fera aifé de reconnaître l'ap-
plication des principes expliqués ci-deffus.:. ■·
Aß C DE, flg. IV & V,ç# la portion triangulaire
de la voûte demi-fphérique j reilée après les deux
ferions .paralleles & verticales.
BB,  eil: le mur vertical rangeant à la calotte
enlevée, lequel eft ici fuppofé ouvert par un grand
arc A placé à la rencontre des voûtes des bras de
la Croix.Ίχ '
                        '.;,'' '
BC,  efl le pan-coupé ou le petit côté de l'octo-
gone , fait pour diminuer plus ou moins, 1a faillie E
du pendentif, & pour partager fou effort avec les
grands côtés Β Β.
                                       , %
-ocr page 98-
d'Architecture.            71
IE, prolongation de la queue des-vouffoirs du
pendentif,tendarit vers Taxe GH de la voûte,fig. V U.
E, Profil des voiuïoirs du pendentif figure Vï* -
dont la tête tend versie centre commun G, & dont
la queue F eil retournée parallèlement, pour s'i-
dentifier avec le piédroit BC ou le petit côté de.
lOöogone qui lui eil adoffé.
Ainfi l'appareil d'un pendentif étant affervi à ces
déterminations , & étant bien décidé ne pouvoir1
différer de celui d'une voûte demi-fphérique dont
les reins feroient remplis , il eu. confiant qu'il doit
agir de la même maniere , c'efl-à-dire, avec ime
pouffée uniformément excentrique contre fon pié-
droit BC, δε qu'il continueroit d'agir de même vers.
les grands côtés BB, fi ceux-ci par leur rencontre »
en coupant les queues des vouffoirs du pendentif,
ne les obligeoient de changer de dire&ion pour fe
relier avec eux ; de façon que-, par cette difpofi-
îion , l'effort du pendentif a.néceffaïrementdeux
avions , l'une latérale contre les grands cotés de
l'oclogone BB, ouïes bras de la croix, Tautre ex» '
centrique contre le côté ΒC. Développons féparer
ment ces deux avions , pour qu'il n'en fubfiffe au-
cun doute y & pour décider la réfiilance qu'il cor^
vient d'oppofer à chacune.
De la maniere d'agir .d'mv Pendentif.
L'action- latérale agiffant le long des. murs BB^
& CD, fig. V, qui font percés- d'ordinaire par
les arcs A qui forment la réunion des bras de la
Croix , tendra néceiTairement à caufe de la iorme-
triangulaire du pendentif, tant en plan qn'enéleva-
tion, & de la forme particulière de chaque voufFoiiv,
à écarter les côtés AB, CD, ou les arcs A contre:
'E iv
-ocr page 99-
72                        Cours
îefqueÎs font bandes en plan 'circulaifement, les
tïres des vouffoirs'fupérieurs E du pendentif.
Pour fe convaincre de l'exiftence de cette aclioiij
il fuiïïra de faire réflexion, que chaque vouffoh>
ét#nt par Ton plan dirigé vers l'axe du Dôme ? eit
néceffairement plus large du côté du pilier 1 que
fur le devant E de l'encorbellement, fig, V, & que
par fon profil, fa tête E,rig. Vï & VIII, à caufe
de fa tendance vers le centre commun G, fîg. Vil,
forme une efpece de croffette ou de plan incliné
dans toute la hauteur du pendentif. Il faut encore
faire attention que les vouffoirs du pendentif qui
font directement oppofés à la face du piédroit BC
fig. V, ont leur queue prolongée librement dans
l'épaiffeur du pilier I pour s'identifier avec lui ;
mais qu'au contraire, la queue des vouiïbirs qui
avoifinent les arcs , eil obligée de changer fa dire-
ction centrale , & de fe retourner fiûvant la dire-
ction KK , LL, pour fe lier avec les vouffoirs
des arcs A, 'A ; tellement que les vouffoirs du pen-
dentif &' des arcs deviennent communs à leur ren-
contre.
Suivant cette maniere d'être des vouffoirs, il eil
maintenant aifé de comprendre comment fe fera
Faclion latérale. Le fardeau de la Tour Τ flg. VI >
en pefant en bafcule fur la faillie du pendentif,
tendra de toute néceffiîé à faire mouvoir fuivant
l'inclmaifon , ou à attirer les vouffoirs fupérieurs
en devant, à raifon de leur coupe Ε , de façon que
chacun ne pourra être retenu en fa place qu'en
agiffant par fes flancs contre les vouffoirs voifins »
ou ce qui revient au même, qu'en faiiant, de cön-^
eert avec eux» un effort latéral pour écarter les
arcs , ou plutôt pour les pouffer en-déhors dii côté
des ïiqîs (ce qui eil très-important à remarquer)
-ocr page 100-
d'Arc hitecture.             71
fuivant la longueur des joints des vouiïbirs KK,
LL, fig. V. qui font eux-mêmes partie des extré-
mités du pendentif. Ainii, voilà donc les arcs des
nefs obligés bien décidément de contrebuter l'effort
latéral du pendentif: or, comme ces arcs font pouf-
fes dans cette direction, non fuivant leur courbe
où réfide leur force, mais par leur tête dans tout
leur pourtour , c'eil-à~dire, delà maniere la plus
défavantageufe , 6k dans un fens où ils ne fauroient
oppofer d autre réiiilance que celle du frottement
des lits de leurs vouffoirs, lequel eil toujours con-
fideré comme peu de chofe dans la pouffée^ des
voûtes , il refaite que ces arcs ont eux-mêmes
befoin d'être fortifiés pour pouvoir s'oppofer effi-
cacement à l'aclion du pendentif.
Mais il y a plus ; puifqu'on doit élever une
Tour de Dôme MM, fig. IX , tant fur les arcs que
furies pendentifs , il y a encore à confidérer Yaàion
excentrique du ventre du bas de la Tour, vers le
vuide des nefs, laquelle agira femblablement contre
les arcs pour les pouffer en dehors : cela ne pouvant
être autrement, il s'enfuit que tout le fuccès d'une
pareille conflrudion doit dépendre en grande par-
tie de la foliditédefdits arcs &dela réfillance qu'ils
oppoferont. Les moyens que fart indique, eil de
conilruire derrière les arcs en queflion, de groffes
voûtes en berceau fans interruption dans toute la
longueur des nefs ou des bras de la croix, pour
faire l'office d'un efpece d'arc-boutant demi-cilin^
drique pofé horifontalement, &bien appuie àfon
extrémité oppofée au pendentif, par un mur d'une
épaiffeur capable de fervir de pilier-butant à fon
effort latéral, combiné avec celui de la Tour. Il
eil manifeile que toute autre figure de voûte qu'en
berceau n'envelopperoit pas le contour de Tare, &
-ocr page 101-
74 '                     Cours
ne féroit pas auiîî direft à la pouiTée du pendentif*
que» comme cettea&ion doit être très-confidéra-
ble , il eil important de ne rien dérober de la
force de cette voûte , & de fe bien garder d'inter-
rompre fa prolongation en arc-boutant jufqu'à fou
piîier-butant.
A ces raifons tirées de la maniere d'être d'un
pendentif & de fa, conftitution phyiique , fi l'on
joint l'examen des faits, on trouvera qu'ils font
tous d'accord avec le raifonnement & la démon*
ftration. Il n'exiite point de coupoles de quelque
étendue; , & même point de calottes , ou de Am-
ples culs-de-four fiirpendenîif, fans groiies voûtes
en berceau continu fur toute la longueur àes
nefs ou des bras de la croix ; & l'appareil prouve »
avec les autres raifons déduites ci-devant, que
c'efl une condition fans laquelle ces fortes d'Ou-
vrages ne fauroient fubiifier ave«' une apparence
de folidité, Il n'y auroît que le cas y où l'on
auroit très-peu de faillie de pendentif, joint à
line très-grande largeur d'arc & de piédroit que
Von pourroit s'en parler, parce qu'alors le plan
du bas du Dôme approchant d'un oclogone ré-
gulier 9 & le pendentif devenant peu coniidéra-
bîe , fa conilrudion différeroit peu de celle d'un
Dôme montant de fond , qui n'a pas befoin d'être
fortifié par les voûtes des nefs. ^
-, ; Nous avons oublié d'obferver que, comme l'are
qui porte directement fur fon fommet une partie
(de la Tour d'un Dôme , a befoin d'avoir plus d'é-
paifTenr que la voûte de la,nef, qui η'eil deilinée
qu'à le contreventer ; il étoit d'ufage de faire ref-
fauter la voûte derrière l'arc en contre-haut, foit
d'un clemi-pilailre, foit d'un pilailre entier, foit
feulement d'un fixième de piiailre. V. fïg. X ,
-ocr page 102-
d'Architecture.            7f
exprime cet arrangement qui eft très-bien raifon-
né , en ce qu'au moyen de ce reffaut, on élevé
la voûte de la nef Y , vis-à-vis la pouffée du pen-
dentif, laquelle fe fait principalement vers le
haut de la clef A de l'arc. Car fi l'on s'étoit avifé
au contraire de faire le reffaut V en contre-bas*
comme dans la fîg. XI, alors la voûte Y , defti-
née à fervir d'arc - boutant , fe trouveroit mife
au-deffous de la pouffée ; elle ne rempliroit pas le
but que l'on fepropofe, fuivant l'arrangement ufité.
Nous avons infifté fur ce fujet , parce que ,
malgré toutes les précautions que Ton a coutume
d'apporter pour fortifier les arcs contre l'effort
latéral des pendentifs, il eft néanmoins très-dif-
ficile d'y réufîir. On lit dans une Difcertation
Italienne ? imprimée par ordre du Pape Benoît X1V5
& compofée par les Ρ P. Lefeur , Jacquier &
Bofcovich, à l'occafion des léfardes de la Coupole
de Saint-Pierre de Rome , que les arcs de la ren-
contre des bras de la croix de prefque toutes les
Coupoles de cette Capitale » bien que fortifiés par
de groffes voûtes, font néanmoins- en mauvais
état, & ont beaucoup foufferts de l'aftion latérale
du pendentif : telle eft l'énumération que ces
Sçavans en ont publié.
l°. La Coupole de Saint-André âclla. Valk , a
fes quatre arcs rompus.
2°. La Coupole de Saint-Charles à Catinaà , a
fes quatre arcs rompus.
3°. La Coupole de Saint-Charles du Cours , a
fes quatre arcs tout-à-fait brifès.
4°. La Coupole du Jefus , a deux de (qs arcs
très-endommagés.
5°. :La Coupole de Sainte-Agnès, a l'arc du
côté du portail rompu, r
                     , ,.„ ;
-ocr page 103-
                         Cours
6°. La Coupole de Saint-Jean des Florentins,
a trois de fes arcs rompus.
• 7°. La Coupole du Saint-Sauveur, a deux de
fes ares rompus.
8°. La Coupole de l'Egîife-Neuve, a fes quatre
arcs rompus·
9°. La Coupole délia Madona dé Mojhv % a fes
quatre arcs rompus.
io°. La Coupole de Saint-Roch , a fes quatre
• lares rompus.
ii°. La Coupole de Saint-Luc, a trois de (es
arcs endommagés.
12°. La Coupole délia Madona del pop oio , a
tous fes arcs briies.
En voilà plus qu'il ne faut pour prouver, &
par l'appareil y. & par les faits que l'avion latérale du
pendentif contre le vuide des nefs eil indubitable.
PaiTons maintenant à l'examen de celle qu'il exerce
contre le pilier r vis-à-vis du petit côté Β C^
fig. V, & de la force dont il a beîbin pour réfifter
dans cette direction.
Ayons encore recours à l'appareil du penden-
tif pour cette détermination. On y remarquera que
■ le pendentif n'étant, comme nous l'avons démon-
tré , qu'une portion de voûte fphérique tronquée
& chargée en bafcule par la tour, Faition de la
pefanteur n'agira pas feulement par fa partie fit-
périeure E , fîg·. VI, mais encore par fa retombée
C contre la face du pilier Β C , qui lui fert de
piédroit, & d'où il tire fa naiiîance, tant à caufe
de la tendance de la tête de tous (es vouffoirs
dans tonte fa hauteur vers un centre commun ,,
qu'à caufe de la plénitude de (qs reins, qui, en
■ l'identifiant avec le piédrok , reporte de toute
néceiïïté fori centre de gravité en dedans dudit
-ocr page 104-
d'Architecture.            77
piédroit. Plus le premier point E fera éloigné du
fécond C , c'enVà-dire , plus le pendentif aura de
faillie , ou ce qui revient au même, plus le bras
de levier fera long , plus conféquemment il s'opé-
rera d'effort contre la naiifance Β C Cela étant
fans aucun doute, ce ne feroit donc faire la chofe
qu'à demi, que de fe borner à fortifier le pendentif
par le haut ; & il neft pas moins effentiel de le for-
tifier aufii à fa retombée , c'eil-à-dire , d'augmen-
ter l'épaiiieur du piédroit en cet endroit, à raifon
de l'effort qu'il aura à foutenir.
Enfin , fuppofons pour un moment,, que l'é-
paiffeur du pilier au droit de fon pli ne fût que
la moitié de la faillie du pendentif; pour juger de
l'effet qui en réfulteroit, il fuffiroit d'imaginer un
profil , fig. IV. au droit de ce pli, fuivant la
cÎireaion centrale R R, alors l'épaiûeur du pilier'
C Q étant réduite à celle CP, il n'y auroit per-
sonne qui, avec feulement quelque connoiffance
-des rapports d'un defîin , ne fût en étant d'ap-
précier le peu de correfpondance entre le haut
FE, & le bas Ρ C d'un pareil fupport, & que
le pendentif ayant vis-à-vis fa naiffance une fois
plus de faillie que d'épaiffeur de piédroit, fa&ion
du, pendentif, augmentée par la pefanteur en
bafcule de la Tour, agiroit d'autant plus puif-
famment contre cette partie foible pour la rom-
pre , quand bien même les arcs auroîent été for-
. tifiés par de großes voûtes.
lieft d'autant plus important de fortifier dire-
£tement en cette circonftance le pilier, qu'il ne
fauroit être fecouru par un arc-boutant. Car un
arc-boutant par fa nature , ainii que nous l'avons
fait voir page il, figures III, IV & V , Planche
LXXXVU, n'a öu'une force repouûante, & n'eit
-ocr page 105-
*78            ··             Cours
fait que pour reporter la pouffée de la partie fti-
périeure d'une voûte fermée vers un lieu plus op-
portun. Or, contre une action en baffecule , il eil
befoin au contraire d'une force foutenante ; par
conséquent il n'y a donc d'autre moyen de folider
le piédroit d'un pendentif , fuivant la direction
centrale, qu'en lui donnant un volume capable de
fe fuffireà lui-même , de manière à faire à la fois
l'office de pile & de culée ; & c'eil la raifon
pour laquelle on eil d'obligation de donner une
force auiîi coniidérable aux piliers des Coupoles
fur pendentif.
                                                           /
On peut parvenir par les calculs , à apprécier
qu'elle doit être l'épaiffeur d'un pilier deiliné à
s'oppofer' à l'effort en baiiecuie d'un pendentif,
chargé de la partie de la tour qui lui correfpond j
cependant il eft rare qu'on ait befoin de cette
fpéculation , vu que , quand on a donné au pilier
une largeur & une épaiffeur convenable , tant
pour porter l'arc qui foutient le bas de la Tour
vers fon fommet, que pour le contreventer , cela
procure une maffe au pilier plus que fiimTante en
pareil cas. C'eil pourquoi nous nous bornerons à
obferver qu'il n'y a pas d'exemple où le pilier
n'ait d'épaiffeur , fuivant la direction centrale
du Dôme , dans l'endroit le plus foihle, qui eil
d'ordinaire la rencontre du grand & du petit côté
de l'o&ogone , au moins le double de la faillie du
pendentif. Aux Dômes des Invalides, du Val-de-
Grâce & de Saint-Pierre de Rome , l'épaiffeur
des piliers vers ces endroits eil de près du qua-
druple. ' :
Sî Ton s'efl rendu attentif à la manière dont
nous avons procédé dans la recherche des règles
fondamentales , qui peuvent déterminer la con-
-ocr page 106-
d'Architecture.             79
ftruâion d'une Coupole fur pendentif, on a dû
s'appercevoir qu'aucun de fes rapports n'a été
fixé arbitrairement, que la pratique & la théorie
ont concouru à la fois à juilifier ies dirnmenûons
refpe£tives que doivent avoir la Tour, les gros
piliers , & les parties adjacentes dans le haut de
l'Eglife ; & qu'ainfi tout iè trouveroit porté na-
turellement , fans le fecours d'aucun moyen pré-
caire, & par conféquenr de la manière la plus
propre à garantir la durée d'un pareil ouvrage.
Enfuivant cetteroute , il fera toujours aifé dedé^
couvrir les principes conilitutifs d'une coniirucîion
quelconque : il n'y a qu'à confulter fon appareil ,
examiner la tendance à agir des corps fiipérieurs
vers les inférieurs ; placer aux endroits indiqués
les refiftances trouvées par les calculs , eu égard
aux circonftances locales de la pouffée des voûtes,
& des différens poids fufceptibles de la faire va-
rier ; concilier , en un mot, fans ceife la pratique
avec la théorie & le raifonnement, afin qu'il en
réfulte un accord du tout avec les parties , & des
parties avec le tout ; & alors l'on pourra fe flatter
d'avance d'opérer une bâtiffe avec toute certitude
pour fon fuccès.
Defcription delà conftrucHon du Dôme du Wal-
de-Grâce, PL LXXXXII& LXXXXÏÏL
Pour faire voir que les exemples font d'accord
avec les principes que nous venons d'établir , fai-
fons-en remarquer l'application dans l'exécution
d'un ouvrage de François Manfard , qui n'eft pas
moins admiré des Connoineurs pour fa conflru-
âipn ; que pour la beauté de fon architecture.
On voit dans la Pi. LXXXXiI, les deux plans
de cette Coupole.
-ocr page 107-
SO                    '\ι C O U RS                      |
La fig. I, eit le plan de la moitié de la Tour*
Son diamètre eil 51 pieds : elle eil éclairée par feize
croifées A, & fortifiée par autant de contre-forts
Β de 8 pieds \ d'épauTeur, entre lefquels eil un
mur d'environ 4 pieds. Ces contre-forts font peu
écartés, afin que , comme ils font appliqués à un
plan circulaire , Tare en décharge de l'un à l'autre
au bas de la grande voûte , puiife équivaloir pour
la force à un arc qui feroit fur un plan droit. Π
regne tout au pourtour un foubaiiement C, 'aux
quatre coins duquel s'élève des lanternes D ,
pour* éclairer des efcaliers.
                             ,
La fig. II, eil le plan de la moitié de l'Eglife 9
qui coniiite en une iirnple nef Ε , accompagnée
de Chapelles F , au bout de laquelle eil le Dôme
G, dont le plan du bas eil un octogone irrégu-
lier y le pendentif H a 4 pieds ~ de faillie au-
devant des petits côtés de l'octogone , qui lui
fervent de piédroits : le pilier I a en retour de
la nef environ 10 pieds de largeur, fur près de
24 pieds d'épaiifeur : Κ eil l'entrée de l'Eglife
Les trois autres arcs L font terminés en plan
> circulairement , & fe confondent avec les murs
pourtours : enfin , au milieu des piliers I, on a
pratiqué des Sacriilies M , avec des tribunes au-
deflus.
Nous avons ponctué la continuation du plan
fupérieur fur celui-ci, afin de faire juger de la
correfpondànce de toutes leurs parties. On y ob-
fervera qu'il y a huit contre-forts de la Tour, dont
Ja faillie porte immédiatement au-delà des pen-
dentifs fur les maffifs des piliers , ce qui contri-
bue à lier enfemble les deux plans, & que les
huit autres contre-forts portent en plein fur les arcs,
& qu'ainfi aucun d'eux n'eu porté furies pendentifs.
La
.**
-ocr page 108-
D* A'R e HITECTÜRË.            §£
La Planche.LXXXXIil, représente un profil
ï!é FEglife & du Dôme, pris fur fa longueur,
dont l'élévation fe trouve dans le volume des
planches précédent , PI, LIL Tom. III» La voûte
du Dôme eil prefque plein-cintre , fa partie fu-
périeure eil bâtie en briques , & a i^ pouces
d'épaiiTeiu* vers fa clef: fa partie inférieure eil en
pierre , & engagée entre fes reins jufques vers la
moitié de la montée, ce qui, en l'identifiant
avec fes piédroits , augmente confidérablement fa
force. Les piédroits A ont 28 pieds de haut de-
puis la corniche du pendentif jufqu'à la naiiTance
de là voûte ; ils font chargés d'un Dôme de char-
pente , dont la pefanteur contribue encore beau-
coup à les roidir. Les contre-forts Β, qui flanquent
cette voûte, étant élevés jufqu'à la hauteur de la
moitié de fa montée , contiennent par conféquent
fa pouffée le plus avantageufement poflible : l'arc
C eil conilruit en pierre dure s ainii que fon
piédroit D, dans toute fa hauteur j & fa largeur eu
proportionnée , de manière à porter fépaiiîéur
du bas de la Tour avec {es empattements.
On 'obfervera qu'on s'eil bien gardé d'affoiblir
les reins de cet arc C par aucun percé, ainfi que
le piédroit D, afin de ne lui rien dérober de fa fo-
îidité.
La voûte de la nef Ε eil en pierre ; elle a
environ 20 pouces d'épaiiïeur; elle eil faite en
berceau , fans aucune interruption dans toute fa
longueur jufqu'au mur F du portail, qui a près
de 7 pieds d'épaiffeur , pour lui fervir comme de
pilier - butant contre l'effort latéral du pendentif.
Cette voûte fait un reffaut G en contre-haut der-
riere l'arc C, de la hauteur d'un demi-pilailre , &
cela afin de la mettre mieux à portée de contre-
Tome VI.
                                        F
-ocr page 109-
§2                         Cours
venter dire&ement le haut du pendentif, où fe fait
le principal effort.
Pour ce qui eft de lVoiori en balcule du pen-
dentif H, fa retombée eft fermement contenue
par une maffe cubique , qui embraffe toute reten-
due du pilier au droit de l'entablement de l'ordre
corinthien au-deiïtis des tribunes. Car on s'eft
bien gardé d'évider le pilier vers cet endroit im-
portant ; par conféquent le vuide des Tribunes &
r des Sacrifties ne fauroient nuire à lafoiidité delà
Coupole.
L'appareil du pendentif, flg. IV, V , VI & VII,
PI. LXXXXI ·>a apport à ce Dôme ; c'eft lui que
nous avons eu principalement en vue dans fon dé-
veloppement ; le plan de la Tour, & celui du gros
pilier , font auiïï approchans les mêmes ; ainii 011
peut faire àiredement l'application de ce que nous
avons dit fur ce fujet à cette coftruûion.
Les arcs Κ en vouffure qui foutiennent le
Dôme , & l'effort des pendentifs vis-à-vis des
autres bras de la croix, ont 14 pieds d'épaifleur
vers leur clef, c'eft-à-dire, 4 pieds de plus que
·* l'arc C , qui eft appuyé par les voûtes de*la nef y
ce qui η à pas été fait fansraifon ; le Dôme étant
ifolé vers ces endroits , l'Architefte a lié par là ces
arcs avec le mur des bras de la croix, de ma-
nière à former, par leur énfemble, des efpeces de
piliers-butans, fuffifaïlts pour réfifter dans ces
directions,                      j , ".
Enfin, tout paroît avoir ete parfaitement obvie
dans la répartition des forces de cette conftru-
aion ; elle eft entièrement d'accord avec les prin-
cipes que nous avons détaillé ; tout y eft porté
fans liens de fer , & de la façon la plus propre
à l'éternifer : auiTi n> remarque-t-on aucune le-
-ocr page 110-
d'Architecture.             8j '
zarde, ce qui eft bien rare dans âes ouvrages aufîi
compofés; on diroit encore, après 150 ans, qu'il
fort des mains des ouvriers. En appliquant les
calculs à la poiuTée de la voûte de cette Coupole ,
on trouvera feulement que dans l'ignorance 011
Ton étoit alors de la vraie refirlance à oppofer aux
voûtes, la force de (es piédroits a été outrée ,
& que les contre-forts Β auroient pu, fans aucun
rifque, être réduits au plus à η pieds , en conii-
dération de la pofition de la voûte engagée en
partie entre fes piédroits, & de ce que ceux-
ci font beaucoup fortifiés par le poids de la
charpente (i);& qu'en conféquence la largeur des
arcs & des piliers du bas de FEglife, en retour de la
nef, ainii que leur épaiiieur , auroient pu être
diminués proportionellement.
(1) Nous donnerons par la fuite les détails de la charpente
<gui couronne cette Coupole.
TT ? : ·
Fij
1
-ocr page 111-
Cours
gȣ
CHAPITRE IL
2?£ £Λ MANIERE DE CONSTRUIRE
les Planchers en Briques y
dits
Voûtes Plates.
JLies -Voûtes plates font originaires du Rouffillon ,
où l'on s'en fert depuis un tems immémorial, pour
voûter les Eglifes , les Dortoirs des Maifons reli-
gieufes , les Granges, &c. Ce n'eil que depuis
environ 35 ans qu'on a adopté cette méthode
dans plufieurs de nos Provinces de France, &
qu'on a effayé de fubiiituer ces fortes de voûtes
aux planchers de charpente dans les bâtiments
ordinaires.                                                    ,
On les appelle Voûtes plates , parce quelles
font furbaiffées au point d'imiter les plafonds ,
fans exiger néanmoins pour cela des murs plus
épais que de coutume. II. n'eft pas douteux que
leur ufage ne puiffe être très-utile en bien des
occafions , & que ces voûtes n'ayent des avan-
tages réels fur les planchers en charpente , en
ce* qu'ils font capables , non-feulement d'opérer
beaucoup d'économie , fur-tout dans les pays où
le bois eil rare ou d'un certain prix , mais en-
core d'obvier aux inconveniens des incendies. Le
difficile eil de les exécuter avec fuccès. Comme
la conitruÛion de ces Voûtes plates η éft rien
moins qu'uniforme , & que leur folidité paffe en
Hen des endroits pour ρ blématique , fur-tout,
depuis plufieurs effais malheureux qu'on en a
-ocr page 112-
d'Architecture.             t$
fait à Paris & dans fes environs , nous croyons,
devoir entrer dans des détails à ce fujet. En con-
féquence nous allons expofer d'abord les divers
procédés que l'on fuit de toutes parts dans l'exé-
cution de ces fortes d'otivrages j & enfuite nous
établirons, par leur comparaifon, des règles cer-
taines , à l'aide defquelles on pourra efpérer de
réufîir toujours dans leur confiai cHon*
Article Prem ie r.
Comment on les conßruit dans 'le Roi/JJillon Ύ
Planche LXXXXIF.
Feu M. le Maréchal de Beliile , voulant faire
bâtk les planchers des baffes-cours de fon Château
de Bify, près de Vernon , à 14 lieues de Paris ».
en Voûtes plates , à l'exemple de ce qu'il avoit vu
exécuter avec beaucoup de fuccès en Rouffillon ,
fit venir de ce Pays des Ouvriers au fait de ces
fortes d'ouvrages. La plus grande voûte qu'ils
entreprirent, fut celle des écuries , qui ont en-
viron 120 pieds de longueur, fur 30 pieds de
largeur. Ses murs n'ont que 2 pieds ~- d'épaif-
feur, & font bâtis en moilons avec des chaînes
de pierrede 14 pieds en 14 pieds. On ne com-
mença cette voûte qu'un an après* l'achèvement
des murs , & que quand on jugea que leur ma-
çonnerie avoit produit tout fon taiTement. Sa cour-
be eil une efpece d'anfe de panier qui a de
montée 6 pieds ou le cinquième de fon diamètre.
iiJie tait pignon vers les murs du bout de î'écu-
ne, de forte qu'elle n'a d'action que contre ceux
qui forment fa Ion sueur. Sa eonftruction conûite
F 111 .
w^Ê^mmm
mmmmm
-ocr page 113-
B6                        Cours
en deux rangées de briques pofées à plat, & à
recouvrement Tune fur l'autre , en bonne liaifon,
dont les premiers rangs font appuyés dans une
petite tranchée , pratiquée dans les deux murs
oppofés le long de fa naiflance , le tout maçonné
en plâtre, tes briques employées à fon exécu-
tion écoient bien cuites , avoient 8 pouces de
longueur , 3 pouces -~ de largeur , & 1 pouce
au plus d'épaiifeur. Voici de quelle manière on
opère d'ordinaire ces voûtes dans le Rouffillon ,
& comment vraifemblablement elles ont dû être
exécutées auffi à Bify.
On tait d'abord un cintre A , fig. I & II ?
ou bâti leger de charpente de 2.pieds ~ de lar-
geur , & de la courbe que l'on veut donner à la
voûte, fur lequel on fixe des planches bien join-
tives : après quoi on poié folidement le long des
murs Β , & un peu aii-deiïus de la tranchée des-
tinée à recevoir la naiflance de la voûte un cours
de folives de part & d'autre , D & C , bien de
niveau , & même on ajoute encore vers le milieu
d'autres cours de folives Ε Ε , lorfque la voûte
doit être d'une certaine étendue. L'objet de ces
foîives eft de porter le cintre , & de lui per-
mettre de gliïTer librement pendant l'exécution
du plancher. Le cintre A étant placé fur les
cours des folives D & C , on commence la voûte
par un des bouts de la chambre. Deux Ouvriers,
chacun à, une extrémité du cintre , placent
les premiers rangs de briques C, %. Il !, fuivant leur
long côté,dans la petite tranchée F, pratiquée le long
des murs, en appuyant le plat de la brique fur le cin-
tre. Ils continuent fucceiîivement à pofer à plat, à
côté l'une de l'autre, les briques G G , fur ce
cintre , de façon qu'elles fe touchent le long de
-ocr page 114-
d'Architecture.          87
leur grand côté , en avançant vers le fommet de
la voûte. Si l'efpace qui reile à la rencontre de
la clef eft plus petit qu'une brique, on en taille
une de grandeur fuffifante. A mefure que l'on
pofe chaque brique , on met du plâtre au joint
qui doit toucher la brique adjacente , puis on
la frappe avec le gros bout du marteau pour la
dreffer & l'approcher , afin qu'il ne reite aucun,
vuide. Quand le premier rang de brique G a été
ainfi placé fuivant la courbure du cintre , on en
entreprend un autre rang que Ton pofe à côté ,t
de façon que les joints faifent une bonne liaifon
avec ceux du premier , & Ton continue ainfi
jufqu'à ce que la furface du cintre fe trouve
prefque entièrement garnie de briques. Cela étant
fait , on met à recouvrement un fécond cours de
briques H, à plat fur le premier , en bonne fi^J
fon , avec l'attention de mettre toujours du plâ-
tre fur toutes les faces des nouvelles briques qui
doivent toucher les autres, & de les dreffer cha-v
cime en particulier fuivant l'art ( 1).
Le cintre A , flg. I & II, fe trouvant ainii
garni de deux cours de briques bien liaifonnées;,^
on le fait gliffer fur les foiives D , pour entre-
prendre encore deux pieds de longueur de voûte,
& l'on continue de même fuccefîivement jufqu'à.
la rencontre de l'autre mur pignon. La voûte
étant terminée , on ôte le cintre , & on garnit
fes reins I, ce qui fe fait avec de petits moilons
(1) Chaque Compagnon ouvrier doit avoir pour faire ces
voûtes, deux auges ou fon Manoeuvre lui gâche le plâtre à
mefure ; une truelle pour enduireiles briques ; une achette ou
petit marteau tranchant par un des bouts pour couper la brique
au befoin , & quarré par l'autre bout, pour donner un ou deux
petits coups à chaque brique, lorfqu'il la pofe.
F iv
-ocr page 115-
88                         Cours
que l'on avance en harpes & en liaîfon depuis
les murs juiqu'à la rencontre de fon extrados : enfin
on finie par faire un enduit de plâtre par-deiïbus
d'environ 8 lignes d'épaifleur. Il eil à remarquer
qu'on ne met point dans l'épaiiTeur de ces voûtes
ibus le carrelage, d'autres tirants de fer pour con-
tenir les murs, que ceux que l'on admet lors de
l'exécution' des planchers en charpente.
Outre la grande voûte des écuries du Château
de Bify, il fut fait encore d'autres voûtes plates
pour couvrir les remifes , mais auxquelles on a
donné beaucoup moins de montée. La plupart
n'ont guères de hauteur que le douzième de leur
diamètre : elles font encore différentes de la grande
Voûte, en ce que leurs reins, au lieu d'être pleins,
Jont garnis de petits contre-forts de briques, pofés
à plat, & diftans Fun de l'autre de 3 pieds.
On ne voit point dans les baffes-cours de
Bify , de tuyaux de cheminée qui paffent à
travers les voûtes ; mais dans une maifon près du
Château , où les mêmes Ouvriers ont'. confirait
deux étages de voûtes, on remarque des tuyaux
psffans de cheminée en faillie fur les murs 3 qui
■jparoiifent n'avoir apporté aucun changement à
leur exécution : après avoir fait les voûtes à
l'ordinaire , on s'eft contenté de percer des ouver-
tures pour le pafîage défaits tuyaux, &l'on a mis
feulement au-devant un efpece de manteau de fer«
■ Ges voûtes n'ont gueres que 4 pouces ~ d'é-*
paiffeur à leur fommet , y compris le carrelage ;
& ce qui prouve, leur bonté, c'eft que depuis
près de 35 ans qu'elles font faites , aucune ne
s'eft démentie , bien que les greniers* qui font
au- deiïus de l'écurie y ayent été fouvent char-
gés de plus d€ όαο milliers de. âikià On ma
-ocr page 116-
d'Architecture.             $9
affilié que pour éprouver ces voûtes, on avoit
îaiffé tomber exprès d'une certaine hauteur , lut
l'une délie , une pierre pefant 7^8 milliers,
qui n'y avoit fait que fou trou , fans aucunement
endommager le refte.
M. le Maréchal dé Belifle ayant eu occafion,
pendant fon Miniftère , de faire bâtir l'Hôtel du
Bureau de la Guerre à Verfailles , voulut que
l'on exécutât auiTi tous les planchers de cet Edi-
fice en briques , pour obvier aux inconveniens du
feu, & chargea de cette opération M. Bertier,
Ingénieur Militaire. Gpmme ces planchers onï été
faits différemment de ceux que nous venons de
décrire , & ont également réuffi , nous croyons
devoir en développer particulièrement l'exécution
dont nous avons été en partie témoin. \
'■ ·"
I ,
Article I I.
Comment on les a confirtdts àl'Hoteldu Bureau
. de la Guerre., Planches LXXXXIV/
& Lxxxxr. y
Ce ne fut qu'après avoir couvert tout ce bâ-
timent , & avoir laiiTé bien reffuié la maçonnerie
de fes murs , qu'on entreprit la- eonitru&ion de
fes Voûtes plates. Elles font pignon contre les
murs de face , & font foutenues fur les murs de
refend, de maniere à s'accoter les unes les autres
réciproquement, fuivant la longueur de l'Edifice.
On n'a changé la direûion de la pouffée qu'aux
extrémités ψ pour former vers ces endroits un
efpece de culée. La flg, IV, pi.' LXXXXIV.,
-ocr page 117-
...._,.... ,.^..
90                  ν Cours
repréfente leur difpofition. Les voûtes Κ Κ font
cintrées toutes du même fens fur les murs de
refend M , tandis que la voûte L de chaque bout
du bâtiment l'eir. en fens contraire fur les deux
murs de face Ν Ν, auxquels on a donné en con-
féquence plus d'épaiiTeur , à caufe de leur
ifolement.
La forme générale de ces voûtes, au lieu d'être
un ance de panier, comme précédemment, eu,
un arc de cercle, dont la montée fait le quator-
zième de fa corde. Ainii , en fuppofant une cham-
bre de 14 pieds de large, îa flèche de l'arc
doit avoir un pied. Les briques employées à leur
conftrudion furent pofées de champ bout-à-bout,
& non à plat. Elles avoient en général 8 pouces
de long, 4 pouces de large, & 2 pouces d'épaiiTeur, à
l'exception cependant de quelques unes placées
dans les reins des voûtes, qui ont 8 pouces quar^
rés, ainfi que nous le dirons ci-après.
Après avoir fait le long des murs de refend M,
mie tranchée Ο , fîg. V & Vi , fuffifante pour
loger la premiere briqué de chaque rang, & mis
âcs foiives Ρ bien de niveau, pour foutenir foli-
dement le cintre Q, auquel on avoit donné la
courbe convenable ; deux Maçons , chacun à
l'extrémité du cintre, commencèrent à pofer de
champ la premiere brique R , dans la tranchée
Ο , %. VI; de façon que fon long côté de 8
pouces fut couché fur le cintre : ils placèrent
enfuite femblablement la féconde brique S bout-
à-bout contre la précédente , fuivant la courbure
de la voûte, &ainfifucceffivement toutes les autres
briques, tellement qu'à raifon du grand éloigne-
ment du centre de l'arc, elles fe touch oient pref
que dans toute la hauteur de leur petit côté. Une
-ocr page 118-
$>ï
Architecture.
rangée de briques étant tout-à-fait terminée, on
entrenrenoit lafuivanteT , fig. V, que l'oaplajoit
à côté, toujours de champ , &en bonne!liai on
avec la précédente , fans y laiffer aucun vuide,
en obfervant de tremper chaque brique dans ce
l'eau avant de l'employer , pour l'abreuver, de
mettre du plâtre entre fes joints , & enfin de U
dreffer , à l'aide du marteau., fuivant l'art.
Quand les voûtes furpaiïbient 12 ou 14 pieds
de largeur , on fe bornoit à placer des briques
oblongues à côté les unes des autres; mais lori-
quelles avoient plus d'étendue, à deffein daug-
menter leur force , on employoit, de tems en
tems, au droit de leur reins, foit des briques
doubles Y de 8 pouces quarrés , qui faiioient
harpes dans l'épairïeur du plancher , foit quelque-
fois des briques ordinaires debout.
Toute l'étendue du cintre étant couverte de
briques , on le faifoit gliffer, comme ci-devant,
fur les folives, à deffein d'entreprendre une
autre partie de voûte voifine , & on^ con-
tinua fa conftruftion jufqu'au bout oppofé a celui
par lequel on avoit commencé. Dès que la voûte
fut terminée, on garnit entièrement fes reins X
de petits moilons maçonnés en plâtre ; on plaça
fur îe milieu de fon extrados un tirant de fer plat,
pour contenir l'écartement des murs'de face ; on
étendit fur fes reins un aire de plâtre d'environ
un pouce | d'épaiiTeur , deftiné à recevoir le car-
relage ; &" enfin pour dernière opération, on fît
un enduit de 8 ou 9 lignes d'épaiiTeur fur l'intrados
•de la voûte, & une corniche en plâtre Y , flg. Vi,
vers la nauTance, tant le long des murs de race
que de refend , en armant de charger la gorge
4e cette corniche du côté des murs de face , de
-ocr page 119-
$1                         Cours
façon à faire difparoître , autant qu'il fe pouyoit,
l'angle de rencontre du pignon.
On a élevé , l'un au-deifus de l'autre, cinq
étages de voûte de cette manière, foit dans l'Hô-
tel du Bureau de la Guerre , foit dans celui des
Affaires Etrangères, que l'on a bâti depuis , fui-
vant les mêmes principes , fans qu'aucune fe foit
démentie. La plupart des chambres ont depuis iB
pieds de large jufqu'à 25 pieds de long. Les murs
de face font conilruits en pierre, & ont 20 pouces
d'épaiiTeur ; mais les murs de refend, qui fou-
tiennent la plupart des voûtes , ont 2 pieds 8
pouces d'épaiiTeur , & font exécutés en moi-
Ions : il n'y a que les encognures , les bayes des
portes & des croifées, qui foient en pierre. Quant
aux linteaux des portes , ils font compofés d'or-
dinaire de trois groiTes barres de fer. On a dif-
tribué fur ces voûtes, dans les dirFérens étages ,
des corridors formés par des cîoifons de briques
pofées à plat & en liaifon , lefquelles n'ont au
plus, avec leurs enduits, que 6 pouces d'épaif-
feur.
Une des plus grande difficultés qui fe foit ren-
contrée dans l'exécution de ces voûtes , a été d'em-
pêcher leur action au droit des tuyaux de chemi-
nées , qui aâbîbliiTent néceiTairement les murs de
jfoutenements par leur paiTage , fur-tout dans les
étages fupérieurs , où Ton en voit jufqu'à huit
qui font réunis : on s'y eft pris ainil pour
furmonter cet obièacle.
              '
On a premièrement foutenu le poids de la
voûte vis-à-vis des tuyaux, à fa naiiTance, par
un efpece de linteau ou barre de fer a> fjg. Vil
& IX , pi. LXXXXV , de 20 lignes de gros
placé en faillie , qui embrafle le pourtour des
-ocr page 120-
d'Architecture.            93
tuyaux de chaque côté du mur b , & dont les
extrémités c font recourbées , & icellées de part
& d'autre dans fon épaiffeur; on a en outre for-
tifié ce linteau par le milieu , à l'aide d'une barre
de fer t/, recourbée aufîi par fes bouts , & placée
à travers la maçonnerie qui fépare les tuyaux.
Secondement, on a contenu la pouÎTée des voûtes
par le moyen d'un fécond linteau e , fig. VUI &
IX, coudé & placé au-deifus du précédent, mais
en retraite d'environ 2 pouces , comme on le voit
par le profil des tuyaux i fig. 3X , lequel linteau
a été femblablement fortifié dans ion milieu par
une barre de fer/, paifant à travers les languettes
coftieres des cheminées , & dont les bouts font
un efpèce* d'enfourchement. C'eft à l'aide de cet
arrangement qu'on eit venu à bout, malgré la
foibieffe des murs altérés par le paiîage des
tuyaux de cheminées , de les mettre en état de
foutenir le poids & la pouiTée de ces voûtes.
Article III.
, -, '\ '
Comment on les conflruit dans le Languedoc,
Planche LXXXXK
C'est à M. le Comte d'Efpie qu'on doit, d'avoir
perfectionné les Voûtes plates du Rouiîiilon , en
fubitituant à la forme en berceau, qui ne fe
foutient que fur deux murs, la forme en impé-
riale , qui répofe également fur tous les murs d'une
falle ; difpofition qui eil beaucoup plus agréable
à la vue, qui rend ces fortes de voûtes fufcep-*
tibles de jouer les plafonds, & qui a permis con-
féquemment de les employer i au heu de plancher
I
-ocr page 121-
94                        Co u R s
de charpente, dans les bâtimens. Π effeya ce pro-
cédé pour la première fois dans une maifon qu'il
fit bâtir à Touloufe , & comme il en a lui-même
publié la defcription dans une Brochure (i), qui
eil aujourd'hui peu connue , nous croyons que
l'on en verra ici l'extrait avec plaiiïr.
La figure de; ces Voûtes plates, efc par fon profîÎ
un efpece d'ellipfe très-furbaiffée , %. ÏX & X,
&, forme dans fa totalité une impériale de carroiie,
ou plutôt un efpèce de voûte en arc de cloître, :
dont la montée- peut être depuis Ie j de la lar-
geur d'une chambre ou falle jufqu'au huitième.
On les opère fur des cintres qui embrafTent à
la fois toute l'étendue du plancher. Ces cintres
font compofés de planches legeres : leur objet
n'efl point de foutenir le poids des voûtes,
mais feulement de guider leurs courbes , & de
conduire fucceffivement les Ouvriers. On peut
exécuter ces fortes d'ouvrages fur des vieux
murs, comme fur des murs neufs; la feule con-
flagration à avoir dans le dernier cas , eil de les
laifîer répofer au moins 6 mois avant de les en-
treprendre , afin de leur donner le tems de faire
tout leur tafTement.
On opère ces Voûtes plates , comme nous l'a-
vons déjà expliqué précédemment, en pratiquant
une tranchée A, %. IX , ou une retraite le long
des murs pourtours d'une chambre , à l'endroit
de leur naifîance ; en forte que la premiere brique
foit pofée de champ , & prefque à plomb fur
cette retraite , formant un angle d'environ 80
degrés. Elles font compofées comme celles du
(i) Cette brochure eft intitulée, Manierede rendre toutes
fortes d'Edifices incombufiibles.
                                  «·
-ocr page 122-
D'A R C"H Ι Τ' Ε C Τ U R E.              95
RouÎlîilon , de deux courts de briques Β , poiés
à plat, & à recouvrement l'un fur l'autre , en »
bonne liaifon, & il n'y a de différence que dans
les procédés de leur main d'œuvre que nous allons
rapporter.
L'Ouvrier , après avoir placé & aiTuré les cin-
tres compoies, ainii qu'il a été dit, de planches
legeres ou de voliges , tend fon cordeau d'un
bout de la pièce à l'autre , à la hauteur de cinq
pouces au-deiïüs de la retraite ou tranchée,
qu'il a foin de nettoyer de poufiiere & d'ordures:
il humecle cette tranchée , il y jette un peu de
plâtre, & pofe· deiïus la premiere brique à la-
quelle il a mis auffi du plâtre à deux de fes joints;
favoir, à celui qui doit appuyer fur la retraite,
& à l'autre qui doit fe lier avec le mur. Il dre/Te
enliiite cqîîq premiere brique, de maniere à aiEeu-
rer la retrake par le bas , & à l'incliner par le
baut, fuivant la pente du cordeau : lorfqu'il fent
que la brique a fait fa prife, il l'abandonne & fe
prépare à pofer la féconde , en mettant un peu
de plâtre à la retraite -& aux joints de la pre-
miere brique. Il en met de même à cette féconde,
non-feulement au joint qui doit appuyer fur la
retraite ? mais auffi à celui qui doit fe lier avec ~
la premiere ; après quoi il la pofe & la dreiïey
de même que nous l'avons déjà dit : il continus
ainfi de fuite jufqu'à ce que Je premier rang Ç,
fig. X, foit pofé tout au pourtour de la chambre,
en obfervant de tremper toujours les briques
dans l'eau avant de les employer , & de les bien
liaifonner ,· à la rencontre des angles de l'impé-
riale.
                                                   .
Le premier rang de brique C étant placé , l'Ou-
vrier change fon cordeau , qu'il élevé de 5 pou-
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96                     C o u h s
ces aii-deffus, & pofe la premiere brique du fé-
cond rang D,en mettant du plâtre à deux de fes
joints, de même qu'à la brique du premier rang
qui doit la toucher : ce fécond rang de briques
fe place fur le haut du premier, fuivant l'incli-
naiion des cintres δε- du cordeau , & ainii de
fuite jufqu'à ce qu'il foit pofé tout-au-tour de la
pièce. Il eit. à remarquer que l'Ouvrier a grande
attention que la premiere brique du fécond rang
ioit de moitié moins longue , afin que fes joints
ne fe rencontrent point avec ceux du premier :
ce qu'il doit obferver dans tout le cours de fori
ouvrage , afin de le rendre plus folide.
Le lecond rang de briques étant pofé tout-au-
tour de la chambre, l'Ouvrier paiTe à un autre opé-
ration , qui efl de doubler la voûte d'une féconde
brique E, fig. IX, en recouvrement fur la premiere,
& auiïi dans tout le pourtour de la pièce ; ce
qui eit très-facile, en mettant un enduit de plâtre
fur un des côtés de la brique qu'il couche fur la
premiere , toujours en ayant foin , comme il a
déjà été dit, d'empêcher les joints de ce double-
ment de rencontrer les précédents.
Lorfque le plâtre efl: de bonne qualité & em-
ployé à propos , il fait ή promptement fa prife,
qu'auiu-tôt que l'Ouvrier a paifé les reins de fa
voûte , & qu'il a commencé à pofer fes briques
de plat ; à peine à-t-il donné le coup de mar-
teau à la brique pour la dreifer, qu'il ne la fou-
tient plus qu'avec un doigt ; & dès qu'il fent qu'elle
tient ferme , & que le plâtre a fait fa prife , il la
lâche, ce qui fe fait en moins de vingt fécondes.
L'Ouvrier doit avoir grand foin de ne jamais
commencer un nouveau rang de briques, que le
précédent ne foit fini dans les quatre côtés de
la
-ocr page 124-
d'Architecture.             97
la pièce, afin que les quatre rangs Vavancenx
également vers le fornmet F de la voûte , & ne
laiiTent à la fin qu'une petite ouverture qui fe
ferme par une brique taillée, fuivant la place qui
eil reftée.'
On garnit le petit efpace entre le mur & le
deiTus de la voûte , avec de petits morceaux
de briques , jufqu'à la hauteur de 10 à 12 pouces :
alors on faiiit les reins de la voûte par de petits
contre-forts H à 4 ou 5 pieds de diilarice les
uns des autres , en obfervant d'en placer fur-
tout à chacun des quatre angles de la voûte , qui
font les parties les plus eifentielles , lorfqu'elle
eil en impériale. Ces contreforts fervent à brider
la voûte : ils fe font avec des briques pofées à
plat de £ pouces de largeur, 2 pouces d'épaiifeur .,
& 15 pouces à peu-près de longueur, Jefqueî-s
vont fej;«perdre infeniiblement jnfqu'au tiers de
chaque côté de la voûte. L'efpace entre ces
contre-forts fe remplit auiïi de petits morceaux
de briques maçonnés à bain de plâtre , jufqu'à
la hauteur de 10 à 12 pouces. On achevé de
garnir le furplus de terre bien feche , après quoi
on carrelé, on parquette par-deiTus. Enfin dès!
que la voûte eil finie, on ôte les cintres , & on
l'enduit en dedans de plâtre, en faifant enforte'
d'effacer les angles reritrans de l'impériale ,. & on
la termine en formant à fa naiiTance une corniche
architravée I-, fig. X.
M. le Comte cFEfpie ne parle point dans foh
Ouvrage , des précautions qiuffaut prendre pour
les paifages des tuyaux de cheminées à travers
des voûtes , parce qu'apparemment ils n'ap-
portent aucun changement à leur conilruilion% a. ,
vers ces endroits , & qu'il fuppofe qu'on les doit
Tome VI.
                                        'G: :            /
-ocr page 125-
<$                        Cours
placer dans l'épaifleur des murs, & non en faillie,
il a feit coiiitruire à Touloirfe, dans un efpace
de 18 pieds de largeur fur 28 pieds de longueur,
trois de ces voûtes l'une fur l'autre, en donnant
à leurs murs , qui ont 42 pieds d'élévation ,
feulement deux pieds d'épauTeur : il dit que fix
mois après leur conftruûion, il fît percer une de
ces voûtes pour y pratiquer un efcalier , & mon-
ter à un entre-fol, fans qu'elle en ait foutFert ;
d'où il conclud, ainfi que d'après plufieurs expé-
riences qu'il rapporte , que quand ces voûtes ont
été bien faites , elles n'ont point de pouÎTée contre
leurs murs de foutenement, & qu'ainfi cette con-
fidération ne mérite aucun égard ; nous verrons
par la fuite ce qu'on doit penfer fur ce fujet ,
d'autant que cttte aifertion à induit en erreur la
plupart de ceux qui , d'après fon Même , ont
voulu entreprendre de ces fortes de voûles.
jT"**^*,*iM-^^iTTtgTiT»jr-Tfr,^'iiii^^mf'Tii'i'"lnlpii uw m miw niii.iiiniili' uuiiiim 11 rri~rr» ir \n m pwnurrrffli mnwinimnf
Article IV.
Comment on les conßruk à Lyon,
y Planche LXXXXVL
Les Voûtes plates ne font en vogue dans le
Lyonnois que depuis environ 25 ans. Elles ont été
fouvent préférées aux planchers de bois de fapin ,
qui font en ufage dans cette Province , tant parce
qu'on a reconnu qu'ils étoient de peu de durée
lorfqifon les plafonnoit, le f apin paffant pour re-
douter plus que tous les autres bois la privation
tle fair , que parce qu'elles ne font pas plus dif-
pendieufes. L'on voit à Lyon & dans fes envi-
-ocr page 126-
t
d'Architecture,           çg
jrons -, nombre de maifons particulières , dont
tous les planchers font exécutés en voûtes
plates depuis le rez-de-chauiïée jiifqu'au trois Sç.
quatrième étages ( ι ).
13 n'y a pas de proportion bien déterminée
pour la flèche ou la montée de ces voûtes , eu
égard à leur diamètre. Les meilleurs Con-
itructeurs donnent ailez communément, à une
pièce de vingt ou vingt-quatre pieds, pour mon-
tée , la iixieme ou la feptieme partie de fa lar-
geur ou de (on petit côté, fans aucun égard pour
la longueur ■ cependant il y en a d'autres qui iiir-
baiiTent ces voûtes au point de leur donner de
montée feulement la douzième partie de leur lar-
geur , mais celles-ci ne paffent pas pour être auiH
fplides que les premières. Leur forme eit en im-
périale comme celles du Languedoc, & elles font
portées également fur tous les murs pourtours
d'une chambre. Elles fe conftruifent avec deux
rangs de briques pofées à plat. Les briques , dont
on fe fert pour leur exécution, ont d'ordinaire 10
au polices de longueur, 5 pouces de largeur,
& 1 pouce & demi d'épaiiTeur. Elles fe tirent de
Verdun 9 & fopt fiipérieures , tant par la qualité
de la terre employée à leur fabrique , que par le
foin que Ton prend pour leur cuiffon. Le plâtre »
dont on fe fert pour les maçonner, fe tire des car-
rières du Bugey & du Mâconnois ; on l'apporte
en pierre, & 011 le fait cuire fur les lieux à me-
fure qu'on en a befoin , procédé qui pafle pour
augmenter fa confiftance. Il paroît plus blanc que
celui que l'on tire de MpntrMartre près Paris,,
. :ΐι;.......... ._,..                                                                   ■ .·...........·.'..................                .·—■
(O Telles font les maifons <}e MM. Milanpis, Munet,
Çalyierre, &c.
G ij
''']                                                                                ■■'""* ■                                                                                                                                                                                                                                                             /■
',-'■' - .'"' -                                                    "" ■■■' ·'■' ■ ' ;· -'-"n . ' ■■';. 'V "'"> ■■·■■/. -,"■■ : ■.. ;: ' %?;}J. · - ) ■'■ 'V':;''"
-ocr page 127-
ioo                       Cours
& quoiqu'il rie bouffe pas tant, il paffe néanmoins
pour craindre davantage l'humidité. Ce ne font pas
des Maçons ordinaires , mais des Plâtriers , pour
la plupart Italiens ou Provençaux, qui fabriquent
ces fortes d'ouvrages , & il eil très-rare qu'ils n'y
réuffiffent pas.
Avant d'entreprendre ces voûtes , il faut que
tous les murs d'un bâtiment foient élevés à l'or-
dinaire , & que le toit foit terminé ; car , regle
générale , il ne faut jamais entreprendre ces fortes
d'ouvrages qu'à l'abri de la pluie & des injures du
tems : & Ton obferve en outre, à Lyon, d'opé-
rer toujours en charpente le plancher du dernier
étage , qui lef f de grenier, & même de bien car-
reler ce plancher ; le tout pour empêcher les fll-
trations d'eau , ou les goutieres qui pourroient
fe former au toit, & tomber par la fuite fur ces
voûtes qui craignent , comme nous l'avons dit,
beaucoup l'humidité.
On donne d'ordinaire aux murs de face & de
refend des maifons où l'on fait ufage de ces voû-
tes , 18 à 20 pouces d'épaifiéur , foit qu'on les
conitruife en pierre de taille, foit qu'on les bâ~
tifTe feulement en moilons, & de quelque lar-
geur que foit la pièce , pourvu qu'elle n'excède
pas 18 pieds. Quand les voûtes font plus confi-
dérables , outre qu'on augmente un peu l'épaiffeur
des murs , on prend encore la précaution de
mettre des tirans de fer plat en croix, ou tranfver-
falement fous leur carrelage. On obferve , en éle-
vant les murs , de laiffer vis-à-vis de la naiffance
des voûtes , à chaque étage, une tranchée ou un
petit renfoncement de 3 à 4 pouces de largeur,
pour loger ï'épaifTeur du premier rang de briques j
& quand la maçonnerie des murs eft fuffifamment
-ocr page 128-
d'Architecture           ioi
reiTuiée, on entreprend les voûtes en queilion ,
en commençant par celles du rez-de-chauiTée > &
en'montant fucceffivement d'étage en étage. On
établit pour cet eiFet un cintre de charpente
iolide que l'on garnit de planches , dans chaque
chambre que Ton veut voûter : ces cintres font
d'une compofition toute différente de ceux dont
nous avons parlé jufqiuci ; c'eil pourquoi il eil
bon d'en donner une defeription particulière ,
avant d'entrer dans le détail de la conilru£tion de
ces voûtes plates ( ι ).
On met d'abord le long des murs A, fig. XI,
à 5 ou 6 pieds les uns' des autres , des pièces
de bois Β perpendiculaires ? appellées vulgaire-
ment des chandelles , dont la grofleur eil d'envi-
ron 5 pouces , & fur lefquelles on place un cours
de chapeaux C bien de niveau vers la naiiTance
de la voûte. Sur ce cours de chapeau , on pofe
les cintres D , faits avec de iimples planches
placées de champ ,. d'un pouce d'épaiiTeur , &
qui ont été tracées fuivant la courbe que l'on
doit donner à la voûte. Quoique ces cintres
piiiiTent être efpacés arbitrairement , ikne faut
pas cependant leur donner plus de i8 à 20 pou-
ces d'intervalle. Quand la voûte a une certaine
portée » on fait un efpece d'armature , confiilant
en un entrait ou tirant Ε, avec des contrefîches
qui foulagent les cintres ; mais le mieux eil de
(1) On voit des falies à l'Abbaye de la Seauvedans le Velay,
'au-deiïous de Saint-Didier qui ont jufqu'à z<? pieds de largeur ,
dont les voûtes plares ont été coaftruites fuivant ce procédé
par M. Defmaries , Ingénieur des Ponts-Sc-Chauffées : elles ont
7 pieds de montée : leurs murs font bâtis en moilons de
roche , avec feulement 3 pieds d'épaiiTeur, & font fortifiés par
.des tirans placés à 7 pieds l'un de l'autre entre les trumeaux des
croifées (bus le carrelage.
G nj
-ocr page 129-
ιοί                       Cours
mettre , de diftance en diftanee, des pièces de
bois F debout, pareilles à celles placées le long
des murs.
Ces cintres étant bien arrêtés, fe recouvrent
fucceiîivement avec des planches G, fig. XII,
que Ton y pofe tfanfverfalement à mefure que la
voûte avance ; c'eil-à-dirè , que loti commence
pat mettre un rang de planches près la naiiTan-
ce de îa voûte , tout au pourtour , de la
piècô , & que Γόη cloue fur les cintres, Quand
le premier rang dé planches a été recouvert par
des rangées de briques, on en ajoute enfuite un
fécond contigu aufii dans tout le pourtour, que
l'on couvre femblablement de rangées de briques,
& Ton pouriuit âinfi jufqu'au fommet de la voûte.
La,raifon pout laquelle on ne pofe les planches
que fucceiîivement, c'eil pour laiifer à lOuvrier
la facilité de travailler à la voûte par l'intérieur.
A cet effet , il établit un petit échaiFaud qu'il
élevé à proportion que l'ouvrage avance vers le
milieu. Ce n'efl gueres que quand la voûte eft
faite au deux tiers , qu'il achevé de couvrir de
planches le reffont de la fuperflcie du cintre ,
& pont loirs il continue fa coniïrucüon par le
deifns , comme nous le dirons ci-après.
Lorfqii'il fe trouve des lunettes à pratiquer
dans la voûte, leurs cintres particuliers fe po~
fent fur le cintre général , & fe recouvrent aufli
de planches , en commençant par le bas , à
méftire que l'on avance la conilruclion defdites
lunettes.
Lès procédés pour cohitiüire ces toutes font
iîpprochans les mêmes que ceux du Languedoc.
L'Ouvrier , après avoir humëclé la tranchée H ,
y pofe la premiere brique en long 5 füivarit fon
f
-ocr page 130-
/
d'Architecture. h$
épauTeur, il la dreffe avec le marteau; après
quoi il place une féconde brique à côté dans
la tranchée , & répète cette opération dans tout
le pourtour de la pièce , en obiervant ^ de ne
point employer aucune brique quelle n'ait été
avant trempée dans l'eau, & de maçonner déplâ-
tre tous les joints. Ce premier rang étant fini, il
en pLace un fécond e|e la même maniere > en*
bonne liaïfon , avec le précédent, fiiivant l'incli--
naifon du cintre. Après que les deux rangs font
entièrement pofés , il les double par un autre
rang fupérieur 9 auffi pofé à plat, en recouvrement
& en bonne liaifon , avec l'attention de mettre
toujours du plâtre à tous les joints de rencontre
& à la face delà brique, qui doit être appuyé®
fur les deux premiers rangs : ce rang fupérieur
étant terminé, on en fait un troifiéme fur le cein-
tre , que l'on double ; puis on en fait un qua-
trième que l'on double encore, &c. . . «.
De quelque forme que foit la voûte I, l'Ouvrier
a fans ceffe grand foin de ne jamais recommencer
un nouveau rang que le précédent ne foit fini
dans tous les côtés de la pièce ; de façon qu'en
avançant également vers le fommet de la voûte. 9,
îa forme du dernier quarré de brique à la clef,
foit en petit, femblable à celle de la pièce,: 8t.
fermée par une feule brique taillée en conféquence*
La différence la plus remarquable entre l'exécu-
tion de ces voûtes & celles du Languedoc ^ eifc
qu'on obferve de ne jamais fermer la voûte qu'en-
viron trente fix heures après fcn entière conitru-
aion , afin de donner au plâtre le teras d'opérer
la plus grande partie de fan effet ; autrement^
comme on en a vu des expériences ,il pourrait agk
contre les murs > & les pouffer ea-dehors.
G ivr
-ocr page 131-
104                      Cours
Il efl important de fe rappeller, pour bien con-
cevoir l'opération de ces planchers , que FOu-
" vrier ne clone les planches , fig, Χίί , fur les
cintres dans tout le pourtour de la chambre ,
qu'à mefure qu'il avance la voûte ; qu'il eft
placé en-outre , pendant la plus grande partie de
fa conitrudion , en dedans du cintre fur un
échaffaud formant un efpèce de petit plan in-
cliné , qui l'élevé à proportion de ce qu'il appro-
che de fa partie fupérieure , & que , quand enfin
il n'a plus fufHfamrnent d'efpace pour travailler ?
il continue fon ouvrage par-deifus.
On n'a pas coutume de dévoyer les tuyaux de
cheminée à côté les uns des autres , lors de
l'exécution de'ces fortes d'ouvrages ; maison
les élevé d'à plomb , & on les adofie toujours les
uns aux autres, afin que l'ouverture qu'on pra-
tique dans la voûte n'ait jamais de longueur au-
delà de celle d'un tuyau de cheminée , c'éft-à-
dire , plus de 3 pieds. Comme cette étendue n'eit
pas réputée affez confidérable pour que la voûte
ptiiile opérer quelque e/Fet feniible vis-à-vis ce
vuide ,. on ne prend communément aucune pré-
caution contre leur pouiTée ; cependant nous avons
remarqué que les meilleurs Conilruâeurs faifoient
d'ordiaaire, au droit des tuyaux paifans de che-
minées ? des arceaux en forme de platebandes ,
avec des mêmes briques pofées à plat. qu'ils rac-
cordoieiît avec îa voûte, Quoique les Ouvriers pré-
tendent que ce ne foit qu'une fujédon dans fon
exécution, qui n'ajoute rien à fa folidité vis-à-vis
ce vuide,, nous croyons néanmoins que ces ar-
ceaux ne font pas à négliger , & qu'ils font très-
capables de fortifier la voûte vis-à-vis le vuide
àes tnymix : c'efl: pourquoi nous avons repréfenté
-ocr page 132-
d'Architecture.            105
à part, fïg. XIV, le profil d'un tuyau dé che-
minée avec un arceau M , au droit de la naiiTance
de la voûte.
On monte les tuyaux de cheminée en briques
pofées de champ , d'un échantillon fembîable à
celui dont on fe fert pour les voûtes , & que Ton
maçonne auiîi avec du plâtre. Quant à leur inté-
rieur , on l'enduit avec un égal mélange de plâtre
& de mortier.
Immédiatement après la fermeture d'une voûte,
on élevé, dans les angles & au pourtour des murs
fur (es reins , des contre-forts Κ efpacés d'environ
3 pieds , figures Xi & Xlll, lefquels fervent à
brider la. voûte , & font conitruits avec des bri-
ques pofées à plar. Il eil d'ufage d'en placer tou-
jours , non-feulement au-defTus des angles ren-
trans de la voûte, mais encore de chaque côté
des tuyaux de cheminée : qu'il n'y en ait qu'un
feul, ou bien qu'il y en ait plufieurs d'adoffés,
c'eil toujours le même procédé. Les reins L ,
entre les contre-forts, fe garniffent avec des mor-
ceaux de briques à bain de plâtre , jufqu'à 7 ou "
8 pouces de hauteur ; enfuite on enduit le deffus
de la voûte \ entre (es reins& fes contre- forts, avec
du gros plâtre , de l'épaiffcur de 2 ou 3 lignes.
il eil d'ufage de n'enlever les cintres D & G, -
fig. XI & XII, que plufieurs jours après que la
voute a été terminée »pour lui donner le terns
de bien lécher : .enfuite on l'enduit de plâtre par-
aeiîbiis, on efface fis angles rentrons, en char-
geant ces endroits ; & enfin l'on finit par faire
une corniche en plâtre plus ou inoins ornée à fa
naiiiance.
Ces voûtes n'ont gueres „ ,y compris l'enduit ,
qu'environ 5 pouces vers leur fommet , & il eft
-ocr page 133-
io6                       Cours
rare qu'on ne les opère pas à Lyon avec fuccès*
quand on n'a négligé aucune des attentions que
nc^us avons décrites (i).
On diitribue fur ces voûtes , à volonté , dans
tous les fens , des cloifons faites avec un feut
rang de briques pofées de champ, qui n'ont gue-
res avec l'enduitque 2 pouces - d'épaifleur : quand
les cloifons doivent avoir une certaine longueur, on
foulage la voûte , en plaçant dans le bas une fa-
bliere de charpente un peu bombée , fur laquelle
on fait une rainure pour recevoir l'épaiffeur
des premières briques ; cette fabliere s'interrompt
au droit des portes , & s'affemble à tenon & mor-
toife avec leurs montans.
Nous avons oublié de remarquer que3 quoique
Ton opère d'ordinaire les voûtes plates avec des
briques d'une certaine grandeur, les Ouvriers pour
n'avoir pas la peine de les couper, en employent
quelquefois de différents échantillons, afin que le
tout foit bien liaifonné , & qu'il ne refte aucun
vuide dans l'intérieur. Quand ils font des lu-
nettes , c'eil: alors fur-tout qu'ils fe fervent de pe-
tites briques pour prendre mieux leur courbure ,
& décharger plus aifement la voûte vers les
murs.
( ι ) Il faut cependant avouer qu'il elt tombé quelques unes,
de ces voûtes , non par le fait de leur conftru&ion , mais par
la faute des Charpentiers, qui, pour éconémifer, ne font pas
toujours leurs cintres ailez folides. On fçait que la voûte da
grand Chauffoir de la Salle de la Comédie, de cette Ville fe fra-
ctura , eiitr'autres, avant d'être achevée? mais cette fracture
ne fut pas bccaiîonée par le peu de réiîilance dés murs, mais par
le défaut du ceintre, qui, n'étant pas affez, folidement arrêté ,,
bailfa comme on étoit prêt de la fermer, de forte qu'on fut
Obligé de la reconftruire 3 en multipliant, par fiircrbit 'L· pré-
caution , les chaînes de fer.
-ocr page 134-
■ -ft
d'Architecture.            107
Article V.
Comment elles ont été conflruites au Palais
Bourbon. PL LXXXXFIL
Les Voûtes plates du Palais-Bourbon , ont été
exécutées différemment de toutes celles que nous
avons décrites jufqu'ici. La forme de ces voûtes
ii'eft point en impériale , mais préfente un arc de
cercle de tous côtés , dont la. montée eft d'ordi-
naire le douzième de" la corde , ou plutôt de la
largeur de là chambre. Ainfi elle n'offre point
d'angles rentrants par-deffous à effacer, comme
dans les deux précédentes efpeces de voûtes. On a
opéré ces planchers , tantôt avec des briques quar-
rées pofées à plat, tantôt avec des briques oblon-
gues pofées de champ ; c'eit pourquoi il s'agit
de détailler féparement leur procédé.
Les premières voûtes ont été faites avec des
briques de 8 pouces quarrés , & d'un pouce d'é-
paiffeur , lefquelles étoient fillonnées fur leur face,
pour faciliter le grippement du plâtre : elles portent
d'ordinaire fur quatre murs , dont ceux de face
ont environ 2 pieds 3 pouces d'épaiffeur, &
ceux de refend un peu moins. On laiffoit dans
les commencements au pourtour de chaque pièce
pour porter leur naiffance, une faillie de pierre
de 9 pouces, fur 18 pouces de hauteur j mais
par la fuite on s'efl contenté de , pratiquer dans
les murs une tranchée pour loger les premières
Briques. Le paffage des tuyaux de cheminée
n'a apporté aucun changement à leur conitruëtion ,
vu qu'on a affeclé de les engager dans l'épaiueut
des murs.
-ocr page 135-
io8                       Cours
Après avoir difpofé des cintres légers , tels
qu'on en voit dans le profil, fig. XVI, & dans
le plan fig. XVII , à 3 pieds les uns des autres ,
lefquels étoient faits de planches A , pofées de
champ , fcellées par leurs extrémités dans les
murs ß , & foutenues vers le milieu par des chan-
delles C , ou des boulins placés debout \ on a
commencé la conilruüion de la voûte par un
des angles de la chambre , & on a fini par l'angle
oppofé. A mefure que Ton avançoit , on coü-
vroit les cintres d'un rang de lattes , disantes
l'une de l'autre de 2 pouces , que l'on croiibit
enfuite par un fécond rang femblablement efpacé ,
ce qui formoit fur ces cintres un efpece de gril-
lage où l'on pofoît les briques à plat & en îoïan-
ge , en ohfervant de placer l'angle de chaque
brique du premier rang fur la faillie en pierre Ε ,
dont nous avons parlé , & de remplir leur inter-
valle fur cette faillie par des demi-briques trian-
gulaires : la fig. XVIII, fait voir en plan cette
difpofition.
Après avoir arrangé un certain nombre de
briques, on les doublait par un autre rang fupé-
périeur en liaiibn , & aufïï placé en loiange , en
ayant foin de mettre fiûvant - l'art , du plâtre
entre les joints, & de bien dreffer chaque brique.
Les cintres ayant été ainii garnis de lattes eroi-
(ées , & couvertes fucceffivement de deux rangs
de,briques , on a fini chaque voûte par l'angle de
la chambre , oppofé à celui par lequel on avoit
commencé.
                  '
La difpofition des contre-forts de ces voûtes a
varié dans les'commencements: on mettoit de 3 pieds,
en 3 pieds , fur leur extrados , des arcs doubleaux
compofés d'un rang de briques pofées à plat &
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D'A R € Û 1 TE C Τ U R E.             IOp
quarrement ; mais parla fuite on amis fur leurs
reins des efpeces de petits murs F , flg. XIX , faits
de deux briques longues pofées de champ, à côté
l'une de l'autre , & recevant une petite voûte en
berceau , qui du mur va mourir à rien vers le
fommet de ia voûte plate : arrangement qui nous
paroît avoir beaucoup de force , & devoir allé-
ger en même-tetas les reins. La figure XX,
eit le profil de la moitié d'une de ces voûtes,
qui efr. pofée fur la faillie ou plinthe Ε, & dont
les reins font contenus par des contre-forts F , qui
les lient par de petites voûtes G , compofées de
briques pofées à plat. H exprime la courbe de la
voûte , & la difpoiirion de fes briques; J tirant que
l'on a mis , de 12 pieds en 12 pieds , pour conte-
nir l'écartement des murs B.
Les fécondes fortes de voûtes , fig. XXÏ &
XXII, ne différent des précédentes qu'en ce que
les briques font de figures ordinaires & pofées de
champ , quoique diagonalemëiit. On les opéroit
atiffi, en commençant par un angle de la-pièce ,
& en pouriûivant fa conilrûcfion jufqu'à l'autre
angle oppofé : on plaça les deux premiers rangs
de briques de champ , fuivant leur hauteur,
dans la tranchée qui avoit été pratiquée au
pourtour du mur , & l'on continua leur con-
ftruction , en plaçant toutes les autres briques
M de champ , aufH fuivant leur longueur. Cet
arrangement eil très-fimpîe, & beaucoup plus fo-
lide que l'autre, mais il a auffi plus de poufTée.
Il eft à remarquer que , comme les briques de
ces voûtes fe placent diagonalement ,oa a aife&é
dans les voûtes des pièces vohines , de diriger
leurs joints dans un fens tout contraire, afin que
leurs poiuXées s'accotaifent réciproquement. Enfin;
-ocr page 137-
ïio                       Cours
à deiTein de fortifier les murs de ces voûtes,
comme ceux des précédentes , on a placé de 9
pieds en 9 pieds, fur leur extrados d'un mur de
face à l'autre, des tirans de fer plat Ν, fig. XXII,
de 2 pouces £ de large , fur 6 à 7 ligne d'épaif-
feur, aifemblés par le milieu à trait de Jupiter ,
& non à oreillons, qui font fujets à fe lâcher. On a
mis encore d'autres tirans en croix fur ceux-ci,
d'un mur de refend à l'autre j ce qui a rendu les
murs capables de réfiiler à la pouffée de ces
voûtes, dont il y a jufqu'à trois étages élevés les
uns au-deiius des autres dans cet Edifice (1).
(i) Avant d'entreprendre la conftruétion de la premiere ·ε£-
pece de voûte , on en fit un eifai dans la falle d'un ancien pa-
villon du Palais-Bourbon. Cette falle avoir 19 pieds -en quarré;
deux de fes murs oppofés avoient chacun 2.1 pouces d'épaiifeur,
& les deux autres chacun pouces.
On donna à cette voûte deux pieds & demi de montée, & on
l'exécuta , comme il a été expliqué, avec des briques de 8 pouces
quarrés , fiUonées fur leurs faces,& pofées à plat diagonalement ;
tellement qu'elle avoir cinq pouces&demid'épaifieurà lactef tout
compris. On mit au-deifus de fon extrados,deux forts tirans de fer
plat,à peu-près à 4 pieds dediftance l'un de l'autre versie milieu de
la falle,pour contenir les murs de 2.1 pouces ; mais on fe difpenfa
de contenir femblabiement les deux autres murs par des tirans,
tant parce qu'on les jugea fuffifamment forts, que parce qu'ils
étoient en outre chargés de près de 40 pieds de mur , qui s'éle-
voient au-deiTus de ladite voûte. Après que la voûte fut faite „
on la chargea, pour l'éprouver, d'à peu-près trois pieds de
t fable , que l'on répandit peu-à-peu fur la fupeificie defon extra-
dos , ce qui fît un poid d'environ 130 milliers qu'elle foûtint fans
fléchir.
.·" Plufieurs Membres de Γ Académie-Royale des Sdenees , êc
de celle d'Architecture , qui avoient été invités pour préfider à
cet eiîai, remarquèrent que cette voûte ne dut fon fajut qu'aux
deux tirans , & qu'il y avoit un des murs de 21 pouces qui
étoit forti de fon à plomb d'environ deux pouces ; ce qui ne les
«mpêcha pas néanmoins d'avoir la plus haute idée de la force
. de cette voûte, & fit, d'après leur rapport, parler à fon exécution.
S'il nous étoit permis de faire quelques obfervations fur cette
.expérience, il nous, feroit aifé de prouver qu'elle étoit illufoiïc
-ocr page 138-
Γ
d'Architecture.            m
Article VI.
Reflexions fur les Koûtes plates , & fur
les moyens d'opérer leur conjlruclwn
avec fuccès.
Si l'on pou voit efpérer de lier tous les vouiToîrs
d'une voûte quelconque à l'aide du mortier , de
manière à ne former qu'un tout d'une inhérence
auffi intime que peuvent l'être , par exemple ,
toutes les parties du couvercle d'un pot de terre,
il n'eft pas douteux qu'il n'y auroit alors rien à
craindre de la part de la poufiee ; il fuffiroit que les
murs fuiTent en état d'en foutenir le poids , & il
n'entreroit point d'autre coniidération dans la
proportion de (es iupports. Or, c'ell précifcment
le but que Ton doit fe própofer dans l'exécution
des planchers en briques , dit voûtes plates. Toute
fa perfection dépend de les opérer de maniere à ne
produire d'autre effort contre les murs , que celui
& non admiffible en pareil cas. Le vrai moyen d'éprouver cette
voûte, eût été fans doute de la charger , comme elle devoit
l'être ordinairement, c'eft-à-dire , inégalement , fort par des
cloifons , foit par de'gros meubles. Car, en répandant, comme
l'on fit , peu à peu du fable fur fon extrados , on parvint à la
vérité à charger uniformément & à lafois toutes fes parties, d'un
fardeau confidérable , mais on n'obtint qu'une réfiftance arti-
ficielle , à peu-près femblable à celle qu'on obtient d'une fiole
vuide du verre le plus fin & bien bouchée, quand on la plonge
dans une rivière. Si cette bouteille, quoique preiTée par
un poid immeitfe,refifte alors , c'eft évidemment, parce qu'elle
porte également de tous côtés 5 mais que l'on applique la
millième partie de l'effort de la compreflion qui agit fur elle,
contre un endroit de Ces parois , elle fera infailliblement cafiee.
Auffi s'en faut il bien qu'en exécution , la force de ces voûtes
ait répondu à l'attente qu'eu avoir fait concevoir l'expérience
eu quelHon.
-ocr page 139-
uz                       Cours
d'un plancher de charpente ordinaire ; c-'eil là tout
le fecret de leur conftruétion.
Bien des caufes concourent, comme l'on fait,
à augmenter la pouflée d'une voûte ordinaire V
ion étendue, fon épaifîeur vers la clef, fa courbe
iûivant qu'elle eil plus ou moins furbaifTée, enfin
la qualité du mortier defliné à lier enfemble toutes
fes parties. Dans les planchers en briques, 'on
obvie à TépaiiTeur de la voûte, & on la rend la
moindre poffible , en plaçant les briques fur leur
plat, ce qui diminue coniidérablement la pouflée,
& l'on fe fert en outre de plâtre, au lieu de mortier,;
à caufe de fon aptitude à fécher & à faire fa prife
promptement : par confequent on peut coniïdérer
ces fortes de planchers, comme des efpeces de
voûtes moulées tout en plâtre , au milieu duquel
on a introduit des briques difpofées de la manière,
la plus avantageufe ? pour augmenter leur con-
iiilance.
Puifque la brique & le plâtre font les deux
feuls ager*& qui entrent dans la compoiition des
voûtes plates, examinons d'où dépend leur force
refpe&ive , quels font leurs effets , & quelle eil la
meilleure maniere tie les employer.
                    ΐ
Premièrement , quand un plancher en briques
eil extrêmement furbahTé , il doit arriver que
les briques pofées à plat les unes à côté dçs
autres, ayant leurs joints en quelque forte per-
pendiculaires dans fa partie fupérieure , agiffent
alors vers cet endroit de toiit leur poids en con-
trebas , que les contre-forts placés dans les reins
étant trop peu coniidérables pour les fortifier,-
deviennent inutiles, & que par confequent la voûte
fe trouve pour ainû dire abandonnée à elle-même ,
fur-tout dans fon milieu. Que l'on vienn® à char-;
-ger
-ocr page 140-
D/A R CHI Τ Ε CT U ιν Ε,           113
ger une pareille voûte, il eft mamfeiÎe que les
briques trouveront de la facilité à fe détâcher ,
où plutôt qu'elles ne fe foutiendront qu'autant
que le plâtre compris entre leurs joints, ou qui
les enveloppe, opérera de réMance-; mais fi, au
contraire, on a donné à une'voûte une montée.&
une courbure, telles que les briques foient capa-
bles par leur coupe de s'accotter réciproquement;
Qu'arrivera-t-il? L'avion du fardeau pourra être
partagée, & repartie latéralement vers les murs:
les contre-forts par leur longueur feront alors en
état de s'y oppoiër : ce ne fera plus le plâtre
feul qui fera la confiftarice de cette voûte , mais
toutes fes parties concourant à fe prêter un mu-
tuel fecours , fa folidité en fera néceffaireme'nt
augmentée.
Secondement , l'emploi du plâtre n'exige pas
moins de confidération , que celui de la brique,
pour affurer ces voûtes. On fait que la pierre à
plâtre eftjproicrite delà conilruaion des bâtiments,
comme n'ayant pas par elle .même affez de force
pour réfifter aux fardeaux. Sa calcination , en
cléfuniiTant fes parties , n'augmente . pas pour
cela fa folidité , & l'expérience démontre que des
voûtes faites de plâtre pur pigeonne s n'ont pas
iurhiamment de confifîance pour porter. Les
Goths en ont, à la vérité , quelquefois exécuté,
mais auffi fe garde-t-on bien de lanTer marcher
deiTus, & d'y pofer aucun fardeau. Quant à l'a-
vion.du plâtre , elle eil manifefte : nous avons
dit ailleurs qu'il y avoir dans le plâtre une grande
quantitéde pores qui abforbent l'eau dans lequel
on le gâche, & que cette eau incorporée n'efl
pas pour cela détruite, mais feulement interpofée
entre fes molécules où elle fe conferve plus ou
Tome Vl%                                         jj
-ocr page 141-
ί 14 .··- .■■*' £ ours
moins de tems, fuivant que les lieux où il a été
employé font fecs ou humides. Tant que cette
humidité n'eil pas évaporée, elle eit fufceptibie
de donner de l'avion au plâtre , & de le faire
gonfler. Cela eil ii vrai que , lorfqii'on maçonne
des murs moilons avec du plâtre , on eil obligé
de laitier toujours , au droit des chaînes ou des
encoignures de pierre , un petit intervalle qu'on
ne remplit qu'après que le plâtre eil bien fec , ou
qu'après qu'il a opéré tout ion effet : fans cette
précaution, il eil d'expérience qu'il agiroit contre
les encoignures ou les chaînes aiTez puiffamment
pour les écarter. C'eil encore par cette même
raifon que , quand on étend un aire de plâtre fur
le lattis d'un plancher, on a grand foin de laiifer
une iiiiere ou un petit eipace vuide d'environ deux
pouces au pourtour des murs de la chambre , le-
quel eipace ne le garnit auit! que quelques tems
après ; fans quoi le gonflement du plâtre feroic
capable de faire boucler les murs au droit des
planchers. Parconfequenr.il eil donc eifentiel defe
prémunir auffi contre faction du plâtre dans l'exé-
cution des voûtes plates , & d'empêcher fon effet
contre leurs murs defoutenement. C'eil à quoi ceux
qui les eonflruifent ne font pis d'ordinaire aiTez d'at-
tention ; auiii ne réuffiflent-ils le plus fou vent que
par hafard, qu'en forçant les épaiiTeurs des murs,
<ju'en multipliant les tirans , les contre-forts , &c.
Avant d'expofer notre fentiment fur les moyens
d'aiî'urer la foiidité des voûtes plates , il nous faut
apprécier fommairernent les diverfes conilru£îions
que nous avons décrites ci-devant , & rendre
compte, en même tems , d'où vient on a fait quel-
ques eifais malheureux de ces fortes d'ouvrages.
Les voûtes plates du Rouiîillon peuvent être
-ocr page 142-
»'ARCHITECTURE.             Π f'
opérées très-foiidement, en ne les furbahTant pas
au-delà du iixieme ou feptieme de leur montée ;
& on peut les prendre pour modele en bien des
circonilances, comme pour des écuries, des ma-
gaiîns, des galleries, des voûtes d'Eglife.
Les voûtes du Bureau de la' Guerre peuvent
avoir plus de force que les précédentes pour ré*
fiiter aux fardeaux, attendu qu'elles ont plus de
coupe, plus d'épaiffeur ; mais auiiî, comme elles
ont plus de pouiTée , elles demandent dos épaif*
feurs de mur plus coniidérables : il faut j quand
on en met pîufieurs à la fuite les unes des autres,
placer,à leurs extrémités, desefpeces de culées,
ce qui les empêche d'être applicables en toutes
occaiions. D'ailleurs elles ne font pas agréables à
la vue , & malgré les adouciîTements qu'on, affecte
du côté des murs de face où elles font pignon ,
elles s'accordent toujours défeclueufement vers
ces endroits.
On tire un parti bien plus avantageux pour les
appartements de la forme des voûtes plates en.
impériale } parce qu'il eft très-aifé de leur faire
jouer le plafond , en difpofant avec art leur cor-
niche : auiîi leur donne-t-on maintenant par-
tout la préférence. La proportion de celles de
Toulouie nous paroît la meilleure ; on n'y fau-
roit gueres trouver à redire , que le peu de foli-
dité des cintres qu'on employé pour leur exé-
cution. En vain M. le Comte d'Efpie a-t-il pré-
tendu que ces voûtes n'avoient point de pouffée ;
elles en ont toujours pour un tems , iinon de la
part des briques , du moins de la part du plâtre ,,
comme nous l'avons fait voir ci-devant ; c'eil
pourquoi il feroit important de prendre toujours,
dans leurs conilrucl;ions,des précautions à ce iujet,
H ij
-ocr page 143-
ïi6                      Cours
Perfonne n'ignore que cet Auteur fut chargé de
faire des voûtes plates, ielon fa méthode, au bâ-
timent de la Buanderie de l'Ecole R.oya:e Militaire >
& que, pourn'avoir pas fait d'attention à leur pouf-
fée fuivant fonfiitême, elles écartèrent les murs,
& tombèrent immédiatement après leur exécution.
On n'avoit cependant rien négligé de la part de
la qualité des matériaux ^ les murs étoient d'une
bonne épaiifeur&bien conitruits ; ils avoient opéré
tout leur taffement ; la brique avoit été faite ex-
près , & le plâtre cuit exprès $,en un mot on avoit
pris tous les foins poiîibles dans la main-d'œuvre
de leur exécution,pour en affurer la réuifite. Veut-
on favoir ce qui fit échouer cette conftru&ion r
Ce furent uniquement les effets du plâtre, contre
lefquels on avoit négligé de fe précautionner, &
c'erl à cette caufe qu'on doit attribuer le peu de
fuccès de la plupart des ouvrages qui ont été
faits en ce genre à Paris.
Les procédés en ufage à Lyon , pour afTuref
l'exécution des voûtes plates, font à bien des égards
mieux raifonnés que les précédents : c'eit une ex-
cellente pratique que de les ériger fur des cintres
à demeure & folides , ainii que de ne fe pas
preifer de les fermer fur le champ vers la clef.
L'arceau que Ton place vis-à-vis de la faillie des
tuyaux paifans , mérite fur-tout d'être imité en
pareil cas. Nous obferverons que relativement au
peu de précautions que l'on paroît prendre, foit
en cette ville , foit dans leRouflillon , foit dans
le Languedoc , par rapport à l'action du plâtre ;
il faut que le plâtre dont on ie fert dans ces Pro-
vinces n'ait pas autant d'aptitude à fe gonfler, peu
après fon emploi , que celui de Pans & de fes
/environs. Il en eft peut-être de la pierre à plâtre j
-ocr page 144-
d'architecture., 117
comme de la pierre à chaux qui, à raifon de fa
nature, produit du mortier de diffétentes qualités.
La conitruäion ne fauroit être abfolument uni-
forme par-tout, c'eft une choie purement clima-
térique ; ce qui réuffit dans un canton , ne réuiîlt
pas toujours également dans un autre ; les diverfes
qualités des matériaux doivent faire varier leur
emploi ; c'eil à celui qui bâtit à fa voir faire ces
diilinöions , & à ajouter , par exemple , dans le
cas dont il s'agit, au procédé que l'on fuit ailleurs
pour la conir.ru6t.ion des voûtes plates , des pré-
cautions contre la plus grande pouiTée du plâtre
de ce pays , pour obtenir un égal fuccès.
Quant aux voûtes du Palais-Bourbon , elles
font en général trop plates, le plâtre paroît faire
toute la confiftance de celles qui font compofées
de briques quarrées : comme elles pouffent par
leurs angles, ces angles font fufceptibîes, par leur
compreilion, de s'écorner ailément les uns les au-
tres , fous le fardeau 5 ou du moins ne peuvent
pas avoir autant de force, que quand les briques
preiTent le long de leurs côtés. Les voûtes où les
briques font poféls de champ , font fans compa-
raifon beaucoup plus folides : les contreforts
éviclés, en manière de petites voûtes en berceau ,
tels qu'on les a fait en dernier lieu , font très-
capables d'alléger leurs reins , & de les fortifier
à la fois : il feroit à fouhaiter qu'on les fît toujours
de cette maniere. Au furplus, vu qu'on n'a pas
épargné les tirans dans la conitruction de ces
voûtes, & qu'on a donné de bonnes épaiffeurs
a leurs murs de foutenement , elles pourront
durer autant que les autres ; mais peut-être eût-
il été facile de les opérer plus iimplement.
D'après ce que nous venons d'expofer , δε les
TT*·*
H uj
-ocr page 145-
ι ιβ                       Cours
ohfervations fucceiîives que nous avons faites, fur
ce qui cioit constituer eifentiellement la contra-
ction de ces fortes d'ouvrages , nous terminerons
ce Chapitre par une énumération des précautions
qu'il conviendroit de prendre, pour réunir toujours
dans leur exécution.
Il feroit important ,1°. De ne jamais entrepren-
dre de voûtes plates qu'à l'abri des injures de l'air,
qu'après avoir couvert un bâtiment, & qu'après
que les murs deftinés à leur foutient , auroient
ppéré tout leur effet.
2°. De s'aiTurer d'avance de la bonté, foit du
plâtre, foit des briques , en obfervant que celles-
ci fuffent bien cuites , & qu'elles eufTent au moins
l pouce 7 d'épaiffeur , à deifein d'obtenir un peu
de coupe, en les pofant fur leur plat.
3°. De faire une tranchée d'environ 4 pouces f
de profondeur dans les murs pourtours , ii la
voûte doit être en impériale , ou feulement le
long de deux murs, ii elle doit faire pignon.
4g. De faire toujours des cintres folides, &
d'y laiifer repofer les voûtes quelque tems après
leur exécution.
                         °
50. D'obferver de ne les point tant furbaiiTer*
& de ne leur point donner de montée Ρ Ρ, au-delà
du huitième de la largeur d'une chambre ; car
quoiqu'elles réuffîiïent en quelques endroits ,
comme à Lyon, avec davantage de furbaiiTement,
il n'efl pas douteux 3 ainii que nous l'avons ob-
fervé précédemment, que les briques dans cette
pofition feroient plus capables d'augmenter la force
de la voûte ; &.. même nous penfons que le vrai
moyen de leur donner encoreplus de coniißance ,
feroit de placer les briques de champ, depuis leur
naiilànce jufqifàia moitié environ de leur montée 3
-ocr page 146-
d'Architecture.            ï tp
comme il eff marqué en Q.fig. XV.PL LXXXXVJL
6°. De prendre des précautions contre l'action
du plâtre , qui ne doit avoir lieu que pendant un
tems , & de laiffer, non-feulement un pied'quarré
de vuide vers la clef Ρ des voûtes en impériale, que
l'on ne fermèrent qu'après que le plâtre auroit pro-
duit tout fon effet ; mais encore de laiffer un efpace
vuide R, au moins d'un pouce ~ au dehors de la
jiaiffance des voûtes dans la tranchée qui la reçoit,
c'eft~à-dire , au pourtour extérieur des premiers
rangs de briques ; ce qui feroit fort aifë , en
avançant les premières briques S , en dedans de la
voûte fur le devant de la tranchée O d'un pouce»
Par ce moyen le plâtre de la voûte, en bouffant,,
ne pourroit agir contre les murs j il auroit toute
liberté de faire fon effet contre ce vuide fans leur
nuire , & fans les pouffer en dehors ; ce ne feroit
que par la fuite , & quand il n'y auroit plus rien
à craindre de fa part, que l'on rempliront cet efpace
R avec des recoupes de pierre feche , ou du moins
maçonnées , foit avec du mortier de chaux &
fable, foit avec moitié plâtre & pouiïiere : alors
la voûte Ρ Q ne feroit plus exactement que l'office
du couvercle d'un pot, & la pouffée contre fes
murs Τ , ne feroit pas plus coniidérable que celle,
d'un plancher ordinaire.
                               #
7°. De faire, pour le mieux , les contre-forts
V en forme d'arc boutant, venant mourir à rien
vers le fommet de la voûte, comme aux plan-
chers du Palais-Bourbon : ce procédé feroit capa-
ble d'alléger davantage le poids de la. voûce , et%
diminuant celui de fes reins.
8°. De remplir les intervalles au-deffus des
contre-forts, ainfî que le reffe des. reins de la:
voûte de gravoîs ? maçonnés, de gros plâtre mêlé de
H iv
-ocr page 147-
120                       Cours
îerre , en obfervant de lahTer à l'ordinaire une
liîïere au pourtour de l'aire de plâtre deftiné à re-
cevoir le carrelage ; le tout pour empêcher toujours
fon aclion contre les murs ; car c'eff à quoi il faut
prendre un foin tout particulier.
9°. De placer fur le fommet de fon extrados,
dans le cas qu'une voûte excéderoit ιό à 18 pieds
de largeur, des tirans de fer plat, foit en croix ,
foit diagonalement, foit tranfverfalement ; pro-
cédé qui ne pourroit que la folider davantage. -
10°. Enfin, de faire pour dernière opération ,
après avoir enlevé les cintres, un enduit de y
ou 8 lignes d'épaiffeur fur tout l'intérieur de la
voûte , & une corniche Ζ vers fa naiffance, en
affectant de dérober les angles rentrans de l'impé-
riale , & de lier le petit encorbellement d'un
pouce { , avec la faillie du bas de la corniche, fauf à
le faire fervir , ii l'on vouloit, de porte tapifferie.
Explication des Planches LXXXXIF',
LXXXXV, LXXXXFI& LXXXXFII,
repréfentant la conßruciion des Planchers en
briques, dits Voûtes Plates,
La Planche LXXXXIV, offre, fig. I, II & III,
îes détails de la conffruclion des planchers en
briques, telle qu'elle s'opère dans le RouffiUon.
La fig. I, eil le plan d'une partie de voûte ;
une moitié repréfente le cintre de ménuiferie vu
par deffus, & l'autre repréfente le cintre couvert
de briques pofées à plat.
La fïg. II , fait voir d'une part un profil du
cintre, & de l'autre part le profil d'une voûte.
A, cintre compofé de planches de ménuiferie.
Β, murs en moilon avec des chaînes de pierre.
-ocr page 148-
'y
d'Architecture.            121
C,D, cours de folives deitinées à porter le
cintre le long des murs.
Ε , autres cours de folives que Ion met vers le
milieu d'une chambre, quand la voûte doit avoir
une certaine étendue.
F , tranchée pratiquée à la naiflance de la
voûte pour recevoir les premières briques.
La fig. III exprime le commencement dune
voûte , & fert à expliquer particulièrement la po-
ntion des briques.
G , premier rang de briques inférieur, pole dans
H , deuxième rang de briques, pofé en liaifon
fur le précédent.
I , fig. II, moilons avancés en harpe, qui rem-
pliffent les reins de la voûte.
Comme toutes ces figures ont des lettres de
renvois, communes aux mêmes objets, fuivant
notre méthode , en s'y rendant attentif, on en
reconnoîtra aifément tous les rapports.
Les fig. IV , V & VI, repréfentent la conftru-
aion des voûtes plates du Bureau de la Guerre
à Verfailles.
La fig. IV, eil le plan général d'une aile de
ce bâtiment, fervant à faire voir la difpolition
des voûtes à l'égard les unes des autres.
Κ, direaion de la courbe des voûtes contre
les murs de refend M, M.
                            a ,
L, autre diredion de la courbe aux extrémités
du bâtiment vers les murs de face Ν, Ν , que l'on
a renforcé en co'nféquence.
La fig. V exprime le plan du cintre , dont la
moitié eil couverte de briques en liaifon , & pofées
de champ.
La fig. VI, repréfente d'un côté le profil du
-ocr page 149-
111                       Cours
cintre , & de l'autre le profil d'une voûte.
M, murs de refend.
Ö, tranchée.
Ρ, Ρ, cours de folives le long du mur & vers le
milieu de la chambre.
Q , cintre pouvant gîiiFer librement fur les.
iolives P.
R, premier rang de briques de champ.
S , fécond rang.
T, briques quarrées dans les reins de la voûte^
V , briques oblongues & ordinaires que l'on mes
quelquefois vers le haut de la voûte.
X, reins de la voûte, garnis en moilons.
Les % Vil, VIII & IX,, PI. LXXXXV ,
expnmenc les plans & le profil de huit tuyaux de
cheminées , fervant à faire voir les précautions
que l'on a prifes pour contenir Ja poufiee des
voûtes vis· à-vis leurs vuides.
La fige VII, eil le plan des tuyaux audeiTous de
la tranchée : a , mur ; b , linteau de fer ; c , extré-
mités du linteau , fcellées dans le mur ; d, barre
de fer recourbée par les bouts, & placée dans
Tépaiffeur du mur pour foulager le linteau b.
La fig, ViII, eu le plan des tuyaux vis-à-vis la
tranchée : c, linteau en retraite fur le précédent ,.
& dont les extrémités font fcellées dans le mur a ;
f,
barre de fer placée à travers lepaiiTeur du mur 9
& au milieu des tuyaux formant un enfourchement
par les bouts , à l'effet de contenir le linteau e
contre la pouffée.
La fig. IX9 par \Ά correfpondance des mêmes
lettres , fait voir diiHn&ement en profil la po-
rtion des linteaux b & e, la pofition des deux
barres tranfverfalles d & ƒ, & la naiffauce de la
voute g.
-ocr page 150-
d'Architecture.           123
La fig. X , repréfente le plan & le profil d'une
voûte en impériale , conilruite fuivant le procédé
de M. le Comte d'Efpie.
A , tranchée pratiquée dans les quatre murs
pourtours d'une chambre.
Β , voûte compofée de deux rangs de briques
en liaifon , & pofée à plat.
C & D, rangs de briques, pofés tout au pour-
tour de la pièce.
Ε , F , courbe de la voûte.
G , partie des reins de la voûte , garnis de
maçonnerie.
H, petits murs placés de diftance en diftance
dans les reins.
I, corniche de plâtre.
Κ, angles de l'impériale , fig. X.
Les fig. XI, XII, XIII &XIV, PI. LXXXXVÏ,
repréfente la coniirudion des voûtes plates, telle
qu'on l'opère dans le Lyonnois.
La fig. XI, offre d'un côté un profil d'un cintre,ί
& de l'autre le profil d'une voûte.
La fig. XII, eft la moitié du plan d'une cham-
bre , dont le cintre eft couvert de planches.
La fig. XIII, eft le plan de la moitié d'une
voûte vu par-deflus , avec des contre-forts au
droit de fes reins.
La fig. XiV , eft le profil d'un tuyau de che-
minée.
A, murs de face & de refend.
Β, Β , chandelles.
C, chapeaux.
t D, cintre fait de planches.
Ε , entrait.
F ,F , pièces de bois fervant encore à folider le
cintre, quand la voûte a une certaine étendue.
-ocr page 151-
124                      Cours
G, fig. XII , planches qui recouvrent les cehv
tres, & qui fe mettent à mefure que le plancher
avance.
Hj tranchée partiqtiée tout au pourtour des
murs d'une chambre, pour loger les premières bri-
ques de la voûte.
Κ , fig. Xi & XIII, contre-forts qui brident la
yoûte.
L, fîg. XIII, partie des reins de la voûte garnis
de maçonnerie.
M, fig. XIV , plate-bande conftruite au droit
d'un tuyau de cheminée, pour le fortifier contre
f effort de la voûte.
Ν, corniche en plâtre au pourtour de la pièce.
La fîg. XV , offre la moitié du profil d'une
voûte plate , conitruite fuivant notre maniere.
Ο , tranchée pratiquée dans le mur T.
Ρ Ρ, montée de la voûte, qui eil le huitième de
la largeur de la chambre.
Q, voûte dont les briques font pofées de champ
JLifqu'au f de fa montée, tandis que 1er eile jufqu'au
fbmmet eff pofé à plat.
, R , petit efpace derriere la voûte, deitiné à être
rempli avec des recoupes de pierres féches , &
maçonnées de mortier.
S, briques de la naiiïance de la voûte , avancées
d'un pouce fur le devant de la tranchée.
V, contre-forts.
X, carrelage.
Ζ , corniche en plâtre.
Les fîg. XVI , XVII, XVIII , XIX, XX,
XXI, XXII & XXIII, PI. LXXXXVII, repré-
fentent les dévelopements des voûtes du Palais-
Bourbon.
Les fig, XVI & XVII, font, l'une le profil, &
-ocr page 152-
d'Architecture.            125
lautre le plan des cintres qui ont fervis à faire
ces voûtes.
A , planches de champ.
Β, Β , murs.
C,  boulins.
D,  lattes qui couvrent les cintres en divers
fens, & de façon à former un efpece de treillage.
E,  efpece d'encorbellement que l'on a laiffé au
pourtour de la naiffance des voûtes pour la
recevoir.
La fig. XVΠΙ, eit le plan de la moitié d'une
voûte vu par-deflbus , lequel fait voir la disposi-
tion des briques.
La fig. XIX , repréfente le plan d'un quart de
voûte vu par-deffus, avec des contre-forts F com-
pofés de deux rangs de briques de champ.
La fig. XX, eftle profil de la moitié d'une voûte.
G , voûte des contre-forts.
H, deux rangs de briques à plat.
I, tiran de fer avec ancre à fes extrémités.
La fîg, XXI, eil une portion de plan des voûtes
du Palais-Bourbon, dont les briques Κ font pofées
de champ.
L j plan d'une autre voûte adoffé , mais dont
les briques font pofées dans une direction con-
traire , afin que la pouffée des deux voûtes fe
fortifie mutuellement.
La fig. XXII, eit 1© profil de la voûte précé-
dente K.
. M, briques pofées de champ, fuivant le long côté.
Ν , tiran.
La fig. XXIII, eft le profil d'une cheminée,
avec deux efpeces de linteaux Ο , au droit du
tuyau , vis-à-vis la naiiïance de la voûte. ,;
î
-ocr page 153-
ιι6
Cours
■rfScArfj "SSSSSBBCSSEi JSSSSSSSS SÜSB&^L·
CHAPITRE III.
De la maniere d'e χέ cuter
les Terrasses qui couvrent
LES BaSTIMENTS.
j_jES Terraffes dont on couvre le defïus d'un Bâ-
timent ou quelques-unes de ies aîles , contribuent
non-feulement à donner plus d'agrément à ion
enfemble, mais encore à alléger (es parties fupé-
rieures, par la fuppreffion des toits, qui ne laiffent
pas de les charger , & même de les pouiTer en
dehors ; ajoutez à cela que dans les lieux où le
bois eil rare, ces fortes de couronnements opèrent
beaucoup d'économie dans une bâtiiTe. On remar-
que que les pays Septentrionaux paroifTent en
général moins favorables que les Méridionaux -, à
la durée des Terraffes : auffi font-elles d'un plus
fréquent ufage dans les derniers que dans les
premiers, où l'on eil comme d'obligation de leur
préférer les toits , par rapport à la charge des
neiges & aux pluies prefque continuelles dans
certaines faifons de l'année.
Il y a bien des procédés différents pour opérer
les Terraffes ; notre deffein n'eil pas de les décrire
tous , mais feulement, après avoir expofé fom-
mairement les principaux, d'en donner quelques-
uns des meilleurs pour exemples , & eniuite de
faire des obfervations fur les moyens de parvenir
à conilruire ces fortes d'ouvrages avec fuccès.
Dans le Nord de la Suéde , où il eil d'ufage de
-ocr page 154-
■*
d'Architecture.           127
tenir les toits des maifons prefque plats , on Ce
contente détendre fur les folives âes planchers
fupérieurs de fécorce de bouleau , dont la fub-
itance paffe pour être en quelque façon incor-
ruptible , & l'on recouvre enfuite ces écorces
d'une épaiffeur de terre fufrifante pour y pouvoir
fémer du gazon.
                                 f            ^
Les maifons de Lyma, ville du Pérou , ou il
pleut très-rarement, font toutes terminées en ter-
rafles , dont la conftru&ion confiffe dans âes
claies très-ferrées , fur lefquelles on répand une
certaine épaiffeur de fable fin ; & cela fuffit pour
recevoir ■& abforber les rofées qui y font journa-
lières & très-abondantes.
On fait qu'en Italie les couvertures en terraiTe
font très-communes : la plupart des maifons de
Naples , entr'autres , font terminées de cette ma-
nière. On fe fert pour leur exécution de pozzo-
lane , matière bitumineufe , qui fe trouve dans les
environs du Vefuve , laquelle efl compofée de
parties métalliques & de petits criitaux très-âpres
au,toucher: en mêlant cette pozzolane avec de
la chaux de marbre ou de coquillage » il en réfulte
un mortier que l'eau affermit au lieu de le détruire.
11 ne s'agit, pour faire une Terraffe, que de mettre
un enduit de ce mortier fur l'aire du plancher fupé-
rieur, en obfervant de tenir cet enduit fous l'eau
pendant quelques jours , afin de lui donner le tems
de faire corps, & de réfifter au foleil, qui, fans cette
précaution , le feroit, à ce qu'on prétend, retour-
ner en poufîiere. Malgré toutes les attentions que
l'on apporte pour foiider ces Terraffes, nous avons
néanmoins remarqué qu'elles étoient fujettes à fe
fendre ou. à fe gerfer , à moins qu'on n'eût pris la
précaution de les affeoir fur des voûtes,
-ocr page 155-
128                      Cours
Avant le commencement de ce fiécle Λ on em-
ployoit en France rarement des Terraffes pour
couronner nos Edifices. Une des mieux entendues
pour la bâtiife eft celle qui termine le bâtiment
de l'Ohfervatoire à Paris. Sa conilrudion eil des
plus {impies : après avoir fini de voûter toutes les
parties fupérieures de cet Edifice , & avoir garni
avec foin les reins des voûtes , on s'efl: contenté
d'étendre fur leur arrafement un aire de bon mor-
tier de chaux & fable ; après quoi on a pavé fur
cet aire, à l'ordinaire^ à chaux & à ciment, avec de
petits pavés de pierres à fufil. 11 eil vrai qu'à la <
longue, faute d'entretien , car il n'eft rien qui n'en
exige pour fa confervation, les eaux ont pénétré
à travers cette Terraffe, & ont endommagé fes
voûtes. On parle de la rétablir avec le mortier-
loriot qui réufïira certainement à prévenir la ruine
prochaine de cet Edifice, comme il a fait celle de
l'Orangerie du Château de Yeriailles.
Nous pouvons encore citer la TerraiTe qui cou-
vroit le deifus de la colonnade du Louvre, dont le
procédé étoit tout différent du précédent. Sa con-
itruclion confifloit en de longues dalles de pierre,
toutes d'une pièce , d'un pied d'épaiiTeur, & placées
, à côté les unes des autres fuivant la largeur de la
colonnade:un bout de ces dallespofoit furies pierres
en encorbellement, qui retenoient la bafcule de
la faillie de la corniche de l'entablement, & l'autre
bout pofoit fur le mur du fond de ladite colonnade,
avec un peu de pente vers le caniveau. Tous les
joints de ces dalles avoient été jointoyés avec
d'excellent mortier, compofé de limaille de fer, de
tuilleaux & d'un peu de chaux, le tout gâché avec
de l'urine & du vinaigre: mais ces joints s'étant dé-
gradés à la longue , & les eaux par leur ükration
-ocr page 156-
Ö *A R C M Î TË CÏÜ RI.           ÏI$
ayant endommagé quelques parties des plafonds
de la Colonnade, au lieu de rétablir cette TerraÎTe»
on a pris, il y a une vingtaine d'années, le parti de
la fupprimer , & de lui fubftituer un toit léger de
charpente.
Depuis environ 30 ails, les Terraffes font de-
venues beaucoup en vogue dans les bâtiments par-
ticuliers, foit pour les couronner, foit pour faire
au premier étage des promenoirs fur les ailes en
face des appartements. Leur opération confifle
à faire un aire, le plus fouvent de plâtre, fur le lattis
des folives du plancher fupérieur, & à y pofeç
directement- des dalles de pierre jointoyées avec
du maftic. il n'eilpas bien difficile de juger qu'un
pareil procède ne fâuroit être de durée ; car les
Terraffes étant par leur iituation fujeîtes à rece-
voir toutes les impreffions de l'air , les communia
qtient nécefTairement aux folives qui les portent ±
d'où il s'enfuit que l'alternative de la fechereiïe 8έ
de l'humidité , en les tourmentant, défunit les dal-
les, brife les mortiers, tantôt à un endroit, tantôt à
l'autre, de forte qu'il faut fans eeffe courir chez le
Maitiqueur, & s'il ne vient pas à tems, l'eau filtre
à travers les planchers, pourrit leurs bois & en*
dommage les plafonds < Auffi, pour obviera ces in-
convénients , arrive-t-il fouvent qu'au bout d'un
tems, oh fe trouve obligé de renoncer à ces Ter-
raffes & d'y fubftituer un comble.
Un des moyens des plus fimples, des plus uiités*
& à la fois des plus difpendieux pour former une
Terraffe, c'efr. de la couvrir de tables de plomb. Il
confine à les étendre fur l'aire en plâtre que l'on met
fur le lattis des folives d'un plancher, en mêlant dans
cet aire un peu de recoupes de pierre de Saint-Leii
paffées au fas. Quoique ces fortes de Terraffes ayenE
Tome VI,
                             '          I
-ocr page 157-
ijo                      Cours
moins defujeüons que les précédentes, elles ne bif-
fent pas d'exiger beaucoup d'entretien : car la cha-
leur &la gelée font travailler les tables de plomb, &
le ibleil fur-tout fait bouffer & écarter les foudures.
Article Premier.
Conflruclion de la Terrajje qui accompagne ία
principale entrée du Palais du Luxembourg,
Planche LXXXXVIIL
Cette TerraiTe eil fituée à la hauteur au pre-
mier étage de cet édifice , en face du bout de la
rue de Tournon. Elle a 24 pieds de largeur, & eft
couverte de dalles de pierre , de 6 pouces d'ëpaif-
feur ; lefquelles dalles font placées l'une au-deflbus
de l'autre, depuis le milieu de la largeur de la
TerraiTe , & font difpofées en pente vers des gar-
gouilles ou caniveaux, placés le long de la baluf-
trade , d'où les eaux font conduites en-déhors à
travers de l'entablement.
Les flg. I & H, expriment en plan & en profil
cette conftruâion. On y voit que la Terraffe eft
afîife fur une voûte en pierre, & que 5 dalles A
occupent toute fa largeur entre les gargouilles B.
Ces dalles, independemment de leur pente natu-
relie pour l'écoulement des eaux vers les gargouil-
les , s'élèvent de 4 pouces l'une au deflus de l'au-
tre : chaque dalle a à peu-près 3 pieds de large fur
environ 4 pieds de long; elle eft pofée en liaifon,
& taillée de manière à porter un rejet d'eau dans
fa partie fupérieure, ainiî qu'il eft exprimé en D,
fîg. III; tous les joints paroiffent avoir été faits
avec de la limaille de fer, du ciment & de la chaux
-ocr page 158-
/
d'Architecture.           131
délayée dans de l'urine. Quant au caniveau , il eu
compofé de pierres de 5 ou 6 pieds de long join-
toyées comme ci-devant : enfin vis-à-vis les acro-
teres de la baluftrade Ε, qui borde de paît & d'autre
cette TerrafTe, il y a des décharges & conduits G
qui portent l'eau à travers de l'entablement, & la
dirigent en dehors par des goutierres en pierre.'
lieftaifé de s'appercevoir par la deiçriptïon de
cette TerrarTe, qui fubfiiie depuis près de 150 ans5
que fon arrangement efl très-bien entendu , & qu'en
fuppofant le mortier ou maftic qui unit les joints
bien fait, & enfuke entretenu avec l'attention con-
venable , on verrok difficilement la fin d'un pareil
ouvrage ( 1 ).
                                                                                     - 1
( 1 ) Les murs des voûtes 3 qui foutiennent cette retraite, font
néanmoins très-endommagés,ce qui n'efS" provenu fans doute aue
de fon défaut d'entretien. Nous croyons qu'il feroit poiTible'de
réparer à pende frais ces murs, ainfi que les dommages de la plu-
part des bâtiments, à l'aide du mortier-loriot 5 il n'y aurok qu'à
tailler en queue d'aronde les côtés des trous ou des parties de
pierre endommagées, les remplir de bonne maçonnerie faite
avec le mortier-loriot, & quand ce viendroit vers la fuper-
fïciedu mur , mettre un enduit de deux pouces , plus ou moins
dudit mortier , dans lequel on inféreroit, au lieu de fable, de
la même pierre du mur pulverifée. Après que ce mortier auroit
acquis la coniiftance néceilaire,, on y tailleroit à l'ordinaire les
boÜages Λ les moulures, &c.
. -                          #%
-=£"- 0% Ht
-£^ '-igfe· *-MP*
M
-ocr page 159-
ι$ζ                       Cours
Article IL
Conflrucihn d'une Τ erraffe exécutée au Château
: Saint- CLoud. PL LXXXXFIIL
La. différence entre cette Terraiie δε la précé-
dente e ft qu'étant d'un même niveau, elle eil bien
plus propre à fervir de promenoir. Nous en avons
reprefenté deux plans & un profil, fîg. IV, V & VI,
avec des lettres de renvoi correfpondantes aux
mêmes objets iuivant notre coutume.
Après avoir conilruit une voûte Κ en briques ,
fig. VI. pour la porter, on a commencé par placer
deux caniveaux de part& d'autre furies murs dans
toute leur longueur, l'un F, & Vautre G plus bas près
des reins de la voûte , que l'on a percé de diilance
en diftance par un conduit g, d'un pouce de dia-
mètre , lequel pourroit fervir au befoin à porter les
eaux en-déhors. On a élevé enfuite fur la voûte
de petits murs H de briques pofées à plat, & diftans
l'un de l'autre d'environ 18 pouces jufqu'à la hau-
teur de fon couronnement. Cela étant fait , on a
couvert d'un enduit de ciment l'extrados de la voûte,
de manière à former des efpèces cl'augets entre les
petits murs, & l'on a difpoîé , alternativement de
deux l'un, le long de ces petis murs, des plate-ban-
des de fer I, avec un talon à chacune de leurs ex-
trémités. Enfin, on a couvert toute la terraife de
dalles de pierre dures L, de 435 pouces d'épaiiTeur
en bonne liaifon,fuivant la difpolition exprimée fur
le plan, fîg. IV; en obfenrmt, non-feulement de
les faire excéder d'un pou c le bord du caniveau
F, & de leur donner à l'ordinaire une petite pente
. .■ è... f.                                      >                                                                                ;                                                 x                                                     .
ν .                                                                      / „ _                                                 ..'.'■■
-ocr page 160-
d'Architecture. 135
vers cet endroit, mais encore d'encaitrer bien juli e
les talons des plate-bandes I dans les dalles qui
bordent le caniveau.
Il refaite de cet arrangement, qu'en fuppofant
que l'eau vînt à paffer dans la fuite par quelques
joints des dalles , elle feroit reçue dans les augets
pratiqués entre les petits murs H , & de-là conle-
roit dans les gargouilles inférieures G, d'où elle
feroit conduite en-déhors, ce qui avertiroit qu'il y
auroit des joints à remaftiquer. Un autre avantage
de cette conftru&ion , c'efl qu'à l'aide des plate-
bandes à talon qui contiennent fermement les dal-
les , il n'eft pas à craindre qu'elles puiffent s'écarter
dans cette direction, comme il arrive dans le tems
des gelées qui, en faifant travailler la pierre,peuvent
occafionner des déjointoyements ,■&Opérer ainft
peu-à-peu la ruine d'une Terraffe.
..*                                                                                                  t. .                                                                                                    'i
Article IIL
Ohfervations fur les moyens et opérer toujours
Les Terrajjes avec fuccès. PLLXXXXIX.
Les bâtiments ne durent pas autant qu'ils de-
vraient r faute de faire affez d'attention fur la
manière dont s'opère fueceffivement leurdépenfTe-
ment. Dès qu'un Edifice eil fini, on l'abandonne
abfolument à lui-même , & il devient ce qu'il
peut. Cependant la pluie dégrade infenfibkment
les joints de fes pierres, qui fo&r à découverts*
& iur-tout les joints horizontaux des fes parties
faillantes , des corniches , des entablements &des
baluftrades, qui reçoivent directement les injures,
du tems :. là il samalfe de la poùiîiere, qui donae
-ocr page 161-
134                       Cours
naiftance à de petites herbes , Iefquelles devenant
de plus en plus coniidérables , y entretiennent
fans ceffe davantage d'humidité. Que la gelée
vienne à furprendre cette huraidité entre les pier-
res , elle les altérera, les pouffera & les écarte-
ra de plus en plus. C'eil ainii que commence, la
ruine de la plupart des bâtiments : elle a toujours
pour principe la terre & les petites herbes qu'on
îaiiTe fubiîiler dans leurs joints , fans y faire atten-
tion. Les Ponts, les Quais, & le mauvais état
d'un grand nombre d'Edifices » offrent la preuve
de ce que nous avançons, il feroit cependant aile
d'entretenir leurs mars à très peu de frais , il ne
faudroit que faire annuellement la revue des joints
en queftion , pour arracher les petites herbes
qui y cr.ouîent;,, & pour inférer enfuite de bon
mailic dans ceux qui commenceroient à fe dé-
grader ; alors, en fuppojfant l'ouvrage d'ailleurs
bien bâti, on en verroit difficilement la fin (1).
( 1 ) Outre l'entretien des bâtimens , il y a leurs réparations
qui font la matière d'une multitude d'abus de la part des Entre-
preneurs. Cell là où ils pèchent, comme l'on dit, en eau
trouble', pour peu qu'ils trouvent quelques Propriétaires qui
ayent confiance enieux. Auiîî aiment-ils mieux d'ordinaire faire
des réparations que des ouvrages neufs. Dans ceux-ci les objets
font connus ; on fçait, à peu de chofe près d'avance , ce qu'ils
^peuvent gagner, parce qu'on eft 'inftruit combien il doit en-
trer de matériaux dans chaque toife d'ouvrage , combien il
faut de journées d'Ouvriers pour fa main d'œuvre, & par con-
féquent combien ils pourront gagner 5 mais dans les réparations,
fi l'on n'y prend garde , Si fi l'on ne fe fait éclairer d'a-
vance par un Architecte habile & deprobité } qui lie les mains
à l'Entrepreneur , qn eft bien heureux s'il n'en coûte que le
double de ce qu'il devoir coûter réellement. Telle réparation
qui auroit pu être, faite pour 100 écus , a fou vent coûté au
Propriétaire rooo écus ; ou voit cela plus communément qu'on
ne penfe,
                       ,                                                   ..,' j' ''',
Cell encore un coup dans ces fortes d'occafions qu'il ne faut
pas confier fes intéiêts au premier venu , & qu'il eft important
-ocr page 162-
£> 'A R C ïî Ι Τ Ë C Τ V R E.          't$f,
L'entretien des Terraffes n'exige pas moins un
foin tout particulier ·, car il n'y a aucune partie
d'un bâtiment qui fouffre davantage que celle la ,
& dont la négligence Toit plus préjudiciable a fa
durée , fur-tout en les conitrmfant fuivant les
procédés ordinaires : c'eil pourquoi nous allons
expofer les précautions qu'il, faudroit prendre dans
leur bâtiffe, pour diminuer leur entretien, & pour
les opérer d'une maniere plus folide que de coutume.
Au premier coup d'oral·, rien ne paroît plus
fîmple que- la conilrudion d'une Terraffe ; on
croirait qu'il ne s'agit que de placer des dalles de
pierre les unes à côté des autres , & de remplir
leurs joints avec de bon mortier oumaitic ; on va
voir cependant combien elle exige d'attention pour
y réuiîir.                                               ~         r
Premièrement, il faut bien fe garder de la poier
fur des folives , vu que le bois , ainfi que nous
i avons dit précédemment, en fe tourmentant a
l'occafion des impreiTions de l'ait qu'il reçoit, de-
jointoye facilement les dalles , & occafionne fans
ceffe des réparations : il n'y a évidemment que
fur des voûtes que l'on puiffe établir fûrement de
pareils ouvrages.
                                         . „
? Secondement, il convient pour leur reuliite
de s'affurer de la bonne qualité de la pierre. Les
de confulter } avant de mettre la main à l'œuvre, un homme
d'expérience & défmtérefiépour bien juger de la caufe du mal,&
des moyens d'y remédier le; plus efficacement, de manière à ne
rien faire que de néceffaire , & qui puiiîe ébranler le fette. Un
ancien bâtiment eft comme un Vieillard } il faut l'entretenir,
l'aider à fe foûtenir , le fortifier , mais en voulant le rajeunir on
rifque de le tuer , c'eft-à-dire, qu'on fe met fouvent dans le
cas de le rebâtir peu après , pour n'avoir pas affcx confulré fes
forces , & y avoir fait inconfidérement des changements.
I iv
.
-ocr page 163-
\\6                      Cour s t
plus dures font les meilleures : le Hais ne vaut rien
pour cette opération ; l'eau s'y infinue trop aifé-
m% m;,loriqu'il eiï expofé au Nord, & d'ailleurs
quand l'humidité ;yeit furprife par la gelée , il
fit fuj§t à l'e-déliter* L'eiTenriel eil donc de donner
Ja préiérence 4 ώ pierre d'arcueil ; mais avant
4? l'employer :t.,-:i\ φ -important , après l'avoir
4ébitée en dalles , de s'aiïurer de la bonté de
chacune d'elles , §n les éprouvant particulérement
pc?ur connoîtrè s'il n'y en auroit pas de fpongieufes.
Nous difpns qu'il laut les éprouver partieuliére-
H^ei^t i: parce qu'il eil d'expérience qu'entre des
4allef içiées à un même bloc, en apparence de la
meilleure qualité, il s'en rencontre quelquefois
à travers lefquelles l'eau pénétre , foit que cela
provienne de quelques moyes ou veines graffespeu
ienfîbles qui s'y rencontrent, foit de ce que la pierre
n'a pas été furlifamment atteinte au vif. Cette épreu-
ve confifte àjborder féparément chaque dalle de terre
glajie, pour en faire un bafîin 5 où l'on laiifera
léjouraer l'eau quelque rems, §ç à reformer celles
c|ui parokroient avoir été pénétrées. Autrefois on
donnait 3 &; 4 pouces d'épaiifeur aux dalles des.
TerraiTeSjparce qu'on n'étoit pas afTezprès regardant
à la qualité de la pierre ^ mais aujourd'hui ,
ço^me on obfervç φ? n'employer, que le cœur
de la pierre la plus choifie , on fe contente de
leur donner 15 mri§ lignes d'épaiiîéur, ce qui
allège en çonféquence beaucoup 1# ha.ru: d'ut»
bâtiment.
Troifiémernentj après le choix de la pierre , c'eit
la qualité du maftic ou m nionierya-vec lequel on doie
jointoyer les dalles,, qui mérite la principale atten-
tion, te meilleur * eil celui que l'on fall avec de,
la limaille de fer , de la poudre d§ ttulÎe&t*
-ocr page 164-
ι
D'A RCHITECTTJRE.           I37
paffée au tamis , & un peu de chaux ; le tout
mélangé avec du vinaigre ou de l'urine. Quand
ce maitic eft bien fait, il devient dune dureté
extraordinaire , & unit les pierres indiffolublement.
Les Goths n'en employoient pas d'autres ; Ton voit
dans leurs Edifices des joints de pierre qui en
font garnis, & qui , bien qu'expofés à toutes les
injures de Fair, fubfiftent depuis pres de cinq
à fix-cents ans , fans avoir fouffert d altéra-
tion. La cendrée de Tournay , la pozzolane , la
terraiTe de Hollande , & le mortier- loriot, pré-
parés avec le foin convenable, peuvent encore
très-bien réuffir pour ce jointoyement.
Π y en a qui coulent les joints avec du plomb
fondu i mais ce procédé η eft pas des plus Îokdes,
par la raifon que le plomb coulé , en refroidiflant,
fe retire, & alors remplit mal le joint. Le.mieux,
en pareil cas , feroit d'introduire, entre chaque
joint, une petite regle de bois très-mince , faite
en forme de coin , pour en avoir la meiure
exade; & après avoir préparé une petite lame
de plomb , femblable à cette, regle , l'enfoncer
à petits coups de marteau, alors le joint pour-
roit fe trouver rempli, de manière à empêcher le
paffage deÎeau.              ψ-'ζ                            "'',.:
Nous avons remarqué cependant au-deflus de
la colonnade , qui forme le tambour du Dome
de Saint-Paul de Londres , une .■ Terraffe en dalles
de Pierre, dont les joints, quoique coulés en
plomb, paroiffent de la plus grande folidité. Cette
Terraffe, % VI & VII, Pi LXXXXVIil, eft
partagée en deux fur fa largeur , par un caniveau
M, qui conduit les eaux vers des -puiiards .où
tuyaux7: de décharge. Les joints des dalles font
im peu bombés par-deffus à leur rencontre Ν ,
-ocr page 165-
ij8                       Cours
& l'on a pratiqué dans leur épaiiTeur une rainure
d'un pouce \ de profondeur de chaque côté, fur
environ deux lignes de largeur, où le plomb s'eil
étendu en forme de croix ; ce qui doit de toute
néceffîté apporter beaucoup d'obilacles à la filtra-
tion de l'eau, enfuppofant que, malgré le petit bom-
bement des joints, elle parvint encore à s'y iniinuer.
On fe fert communément à Paris du mailic
d'nn nommé Corbei , dont la bafe eil du blanc
de cérufe , & qui réuflit auffi aiTez bien, lorfque
2es dalles font ailifes folidement. On voit fur le
Château d'Auhone, à quelques lieues de Paris ,
une grande TerraiTe compofée de carreaux de
pierfe dure, pofés fur une bonne voûte en briques,
dont les joints ont été faits avec ce mailic , &
qui, depuis plus de vingt ans qu'elle eil exécutée ,
ne fe font aucunement démentis*
; -Quatrièmement, outre le choix du mailic , il
faudrait encore , par l'appareil des pierres , ou
plutôt par lailructure des joints des dalles, mettre
obftacle à toute filtration de l'eau, afin d'avoir
deux précautions pour une contre cet inconvé-
nient , ce qui n'eil pas impoffible , comme on le
verra ci-après.
Cinquièmement, en vain aurok^on établi une
Ter raffe fur une voute, & avec les précautions
que nous avons détaillé , il ferait à propos de
la viiiter quelques mois après fon exécution ,
attendu qu'il fe fait d'ordinaire un petit taifement
après coup fur les reins de la voûte , capable
d'ébranler fes joints ., de forte que ,, malgré les
attentions qu'on , auroit apporté , il pourrait fe
faire que l'eau s'y iniinuât; mais en rétabliflant en-
fuite ces joints ébranlés , ils deviendraient de
toute folidité, & il n'y auroit plus à y revenir de
long-tems.
-ocr page 166-
d'Architecture,           i39
Malgré tont ce que nous venons de dire, il faut
cependant convenir qu'il y a des pofitions où il
                    |
cil très-difficile de faire des Terraffes de longue
durée, comme dans des lieux expofés au Nord,
ou qui font privés du foleil. Car alors l'humi-
dité fe concentrant dans les pierres , & ne pou-
vant s'évaporer, il fe forme fur leur fiiperficie
une efpece de moulTe , qui, en élargiiîant peu a
peu leurs pores , y introduit des fraîcheurs., & les
rend à la longue fpongieufes ; de forte que, quoi-
que leurs joints parohTent toujours bien mailiqués,
& dans le meilleur état, l'eau parvient avec le
tems à fuinter à travers les pierres. Les peintures
de la calotte de la Chapelle du nord des Invali-
des, que l'on a été obligées de refaire depuis quel-
ques années , n'ont été vraîfemblablement endom-
magées que par cette caufe ; aufïi 3 à moins de cou-
vrir les dalles des Terraifes avec du plomb en
pareil cas , eil-il prefque impoiiible d'éviter cet
inconvénient par la fuite.
Aorès toutes ces confidérations , il n'eit plus
befoîn , pour faire une Terraife, que de convenir
de l'arrangement particulier des dalles de pierre..
Si l'on veut une Terraife qui ferve de promenoir
vis-à-vis d'un appartement , on peut fç fervir du
procédé employé au Château de Saint-Cloud ;
fi l'on veut feulement fe borner à couvrir le haut
d'un bâtiment· , on peut employer celui du
Château du Luxembourg , avec quelque chan-
gement. On mettra à la bonne heure , fuivant la
pente , les dalles à recouvrement les unes fur les
autres , avec un rejet d'eau ; mais nous penfons
qu'il ferait plus avantageux de pofer tous leurs
joims , non en liaifon, fuivant la largeur delà
Terraife , mais- vis à-vis les uns des autres , en
' s
f
-ocr page 167-
Ï40                       Cours
obfervant à leur rencontre un peu de bombement;»
comme aux joints des dalles de la TerraiTe du
Dôme de Saint-Paul de Londres , fig.'VIII. Si
Ton ajoutoit à cette précaution , celle de placer
fous la longueur de ces joints déjà bien maftiqués
un demi-tuyau d'un pouce de diamètre , qui iroit
par-deifous les dalles aboutir directement dans
le caniveau ; il eil à croire qu'il réfulteroit la
plus grande folidké d'un tel arrangement, & que
Iqs voûtes ne pourroient. jamais être endomma-
gées par les eaux : car il ne iauroit y avoir rien
à craindre de la part des joints à recouvrement ,
fuivant la pente de la TerraiFe , à cauie de leur
rejet d'eau ; & en fuppofant que le maitic vint
â manquer dans les joints montans vers le cani-
veau, le bombement mettroit obitable ala péné-
tration de l'eau ; enfin li par hafard il en paifoit,
elle ieroit reçue dans les petits canaux placés
fous les dalles , ce qui ferviroit évidemment dra-
vertiffement, quand il fe trouveroit quelque ré-
tabliiTement à faire aux joints (1)."
Pour mieux faire comprendre notre penfée >
nous avons repréfenté , PL LXXXXIX , deux
projets de TerraiTe.
La fig. IX , offre le plan d'une Terraffe propre
(i) M. Blondel, pag. 1^9. Tome III.. en parlant des Terra/Tes
de l'anciennne Orangerie du Château de Mcudon , auxquelles
il dit avoir tait quelques changements utiles ; promet d'en don-
ner par la fuite des détails : nous ne connoiifons point Ton pro-
et, mais fuivant f on expofc , il paroît qu'il ne vouloir pas que
'on jointoyât les dalles avec du maftic , & qu'il prëféroit de
aiifer paiTçr l'eau à travers les joints, pour être reçue dans des
rigoles formées par un corroi,de mortier , pofé avec une pente
furfifante fur les Voûtes. Il nous femble cependant qu'en mafti-
quant les joints, ilenferoit réfuké deux précautions pou* uns
contre le paiTage de l'eau.
(
-ocr page 168-
d'Architecture,            H1
à terminer le deffus d'une colonnade. On y voit
la difpofition des dalles A, depuis la baluftrade
îufqu'au caniveau Β , dont les joints font tous
fur une même ligne. La %. X & XI reprefentent
une coupe, l'une fuivant la largeur , l'autre fuivant
la longueur de la Terraffe. Dans la fie. X, i&
dalles font pofées à recouvrement C , fuivant la
pente vers le caniveau Β , avec un rejet deau
dans leur partie fupérieure , qu'on peut remar-
quer en grand en c , au-deffous de cette figure.
Dans la fig. Xi , les dalles font un bombement
D à leur rencontre , ainfi qu'il eil exprime plus
particulièrement en d.
Les flg. XII, ΧΠΙ & XIV, reprefentent le plan
& les profils d'une autre conftruäion de Terraffe
portée auffi fur une voûte , & compofée dans le
même efprit que la précédente. Les joints des
dalles F , à en juger par le plan, fig. IV, font
aufli vis-à-vis les uns .des autres avec un bom|
bernent I à leur rencontre , & à recouvrement
fuivant fa pente L,· vers le caniveau H : on y
remarquera en outre , par-deffous un demi-tuyau
G, propre à recevoir les eaux qui tenteraient de
paffer à travers les joints. La fig. XIV, qui expri-
me une coupe fur la largeur, de la Terraffe, tait
appercevoir un de ces petits canaux fuivant la
longueur; & la fig. XlH , Φ repréfente au con-
traire une coupe fur la longueur , repréfente leur
difpofition dans ce fens. Il eft à croire que ceux
qui penfent qu'on ne fauroit opérer de Terraffe
folidement dans nos climats , reviendraient de
leur préjugé , fi on les exécutoit d'ordinaire avec
les précautions que nous venons de décrire j elles
feraient évidemment fujettes à peu d'entretien,
& elles dureroient autant que le reffe d?un bâti-
ment.
-ocr page 169-
I41                      Cours
Il y auroit encore un procédé beaucoup moins
difpendieu^que tous ceux que nous avons déve-
loppé jufqu'ici, & qui ne feroit pas moins certain
pour la durée ; c'eit de fe fervir du mortier-loriot :
alors il ne fera plus befoin de dalles de pierre ; il
fufïïroit, après avoir maçonné & arraié les reins
de la voûte fuivant Fart, d'y étendre un enduit
dudit mortier d'un pouce d epaiffeur , le plus
uniment que faire fe pourra , & préparé de la
maniere que nous l'avons expliqué page 197 du
Volume F ;
& l'on pourra fe flatter d'obtenir dans
tous les cas une TerraÎTe de la plus grande foli-
dité , & où il n'y aura rien à refaire de long-
tems.
                                                                °
Nos figurés étant peu compofées , & ayant été
fuffifamment décrites, nous nous difpenferons d'en
donner une explication particuliere.
-ocr page 170-
d'Architecture.            143
CHAPITRE IV.
De la Construction des Combles ,
so/r £,ν Pierre , so/r £#· Briques
oui terminent les Bastiments.
%£UAND bien même les Terraffes feroient ailées
à exécuter , il y a nombre d'occafions où l'on ne
fauroit fe pafîer de combles , & ou par conië-
quent il feroit utile d'avoir des procédés f(irs pour
les opérer fans charpente. Car le bois , comme
l'on fçait , n'a qu'un période, il occafionne de fré-
quentes réparations , il eil fujet aux incendies ;
auffi de tous tems a-t-on defiré de pouvoir s'en
paffer , fur-tout dans les Edifices publics, à l'effet
d'augmenter leur durée ; & l'on peut fe rappeller
que nous avons déjà remarqué que les bâtiments
les plus anciens qui fubfiftent, tels que le Pan-
théon à Rome , le Temple de Sainte-Sophie à
Conikntinople , &c. n'ont dû leur confervation
qu'à la fuppreiîion de la charpente dans leur #xé~
cution. Comme on a fait dans ce pays-ci des ten-
tatives pour y fuppléer par des combles en briques
ou en pierre , nous allons rapporter les proceV
dés les plus connus ; après quoi nous ferons des
obfervations fur l'utilité, dont chacun d'eux pour-
roit être fuivant les circonilancès. _:
Il eil à obferver, avant d'entrer dans ces dé-
tails , que notre but n'eft ici que d'expliquer lef-
prit de la conilruäion des différents ouvrages dont
nous, allons parler, & non de donner le plan de
-ocr page 171-
144                      Cours
leur diitribution totale qui peut fe modifier d'une
infinité de manières , à raifon des circonilancès
locales. Dès qu'on connoîtra bien dans les combles
bâtis en pierre, la difpoiition des dalles , leur
liaiibn, comment elles ont été taillées , les pré-
cautions qu'on a prifes à l'égard de leurs joints
contre le paiTage des eaux ; & dans les combles en
briques , quel eil leur arrangement & ce qui con-
Ititue eiTentiellement leur folidité ; le furplus ne
feroit que multiplier les figures, fans rien appren-
dre davantage. Ainii nous nous bornerons à rap-
porter feulement des parties de plan & de profils
des bâtiments dont nous allons parler.
Article Premier.
Conflruaion du comble en pierre, qui couvre,
les Chapelles du Dôme des Invalides ,
Planche C.
·,*■..                                                                                                        ,. -■-.■ ■                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      .· ) '
ι
On voit dans le plan de ce Dôme , quatre
Chapelles & quatre efpeces de Nefs , qui forment
une croix,dont il faut favoir que les voûtes au-deiïiis
du portail , & au pourtour du bas du tambour de la;
Coupole, font couvertes par un comble bas conitruit
en pierre , de la manière la plus folide. Voici en
quoi confiée fa difpofition générale : on a divifé
îour Tefpace depuis le bas de la Tour jufqu'aux
murs pourtours des Chapelles , du portail & des
bras de la croix , en deux parties par un chenau
À ? flg. I, II & ili , qui forme un efpece d'çM
dogone irriégulier, & qui fert à raifembler tes
eaux pluviales j ainfi qu'à les conduire vers des
puifards
\ -
-ocr page 172-
d'Architecture,           145
puifards ménagés au milieu des noyaux de huit
efcaliers placés dans les angles dudit octogone,
Ce comble eil foutenu de part & d'autre du che-
neau fur des voûtes rampantes Β ,■ appuyées d'un
côté par le mur qui porte le chenau , & de l'autre,
ioit contre le bas de la Tour du Dôme C , foit
contre le haut des murs de f Eglife, qui portent la
baluftrade. Les dalles de pierre D , qui compofent
ce comble , font de la plus dure qualité , élevées
en pente , & à recouvrement les unes au-deflus
des autres. Leurs joints m on tans font placés
fuivaiit Ta pente vers le chenau'."j vis-à-vis les uns
des autres , & forit recouverts'par des efpeces \
d'arcs-doubleaux E,qui divifenf ce comble en autant
de travées ; c'eil d'une de ces travées dont nous
allons décrire la coniîxudion.
Chaque dalle , fig. IV & V, a 4 pouces d'é-
pahTeur , fur 2 pieds de largeur, avec plus ou
moins de longueur , fuivant la place qu'elle doit
occuper ; car il y en a depuis 3 pieds de long ,
jufqu'à 7 ou 8 pieds. On voit, par les figures,
qu'elle eif. recrëufée d'un pouce dans fon milieu
λ 9 & que trois de (es bords font élevés d'un
pouce, & forment un efpece de rejet d'eau; le
plus long b, qui eut le fupérieur , a 4 pouces de
largeur , & les deux autres c, c, ont chacun 9
pouces auffi de largeur L'appareil d'une dalle
étant conçu, la conilruclion de ce comble fera
bien facile à comprendre.
Après avoir fait les voûtes rampantes Β , fig.
Π , on a dû commencer par placer le caniveau
A ? ψύ a 18 pouces de largeur , & qui eft com-
pofé de longues pierres placées à recouvrement
les unes fur les autres, avec une pente conve-
nable vers les puifards ; enfuite on a mis, le pre-
Tome FL
                                      K
-ocr page 173-
Ï4Ó                       C O U RS
mier rang des dalles D, fuivant leur longueur fut
le bord du caniveau , avec l'attention de placer le
reietd'eaudulong côté b , fig. IV , versla partie
fupérieure du rampant. On a polé eniuite le ie-
cond rang de dalles , à recouvrement d'un pouce,
fur le devant du rejet b du premier ^ en obfer-
vant d'alligner les joints montans ; & l'on a opéré
fucceflivement la pofe des autres dalles juiqua
la rencontre , foit du bas de la Tour C, foit du mur
pourtour de l'Eglife , où l'on a encadré de quel-
ques pouces le haut de la dernière dalle fupé-
rieure : cela fait , on a dû finir par recouvrir tous
les joints montans , fuivant le rampant du com-
ble par de longues pierres E , de 9 pouces en-
viron d'épaiffeur, fur 20 pouces de largeur , lei-
quelles excédent auiîi d'un pouce de chaque coté
les rejets d'eau c9c, fig. IV , pratiqués le long des
petits côtés des dalles. Ces pierres tranfverfales
font taillées un peu en dos-d'âne par-deffus , pour
empêcher les eaux d'y féjourner ; elles η ont
eueres que 5 à 6 pieds de long , & font placées
à recouvrement en montant jufqu au haut du com-
ble , où elles font encaftrées également comme
les dalles , de quelques pouces dans les murs con-
tre lefquels elles abominent.
         #
En étudiant les figures , on fentira alternent, à
l'aide des mêmes lettres de renvois , aux obiets
correfpondans, tous les rapports de cette conftru-
dion , où tous les joints des pierres font recou-
verts de manière que , quand bien même on η y
auroit point mis de mortier „il feroit comme impoi-
ijble %m. l'eau pût.endommager les voûtes.
w
-ocr page 174-
D'AàCHIÏ È-Ç'T Üit Ë«
Article IL
Çonflruciion du Comble en Pierre qui couvre
le Porche du grand Portail de l'Eglifi.
de Saint-Sulpice. PL CL
Ce comble eft à deux égoutS, & fait croupe
à fes extrémités * comme on le voit figure VIL
Les dalles A , % Vili, IX , X, XI & XII, nö
font point portées par des voûtes comme ci-de*
vaut, mais par des efpeces de nervures ou arcs*
doublèaux en pierre Β , d'un pied de largeur^
fur un pied d'épailleur vers la clef, qui font là
fonction de ièrmes de charpente. -.iC.es arcs-
double aux ont dix-fept pieds de diamètre vers
leur naiifance > fig. IX , & font foiuenus > d*un€
part fur le haut de l'entablement C , de Tordre
Ionique qui termine le portail > & de l'autre fur
le mur pignon D , de la nef de TÈglife. Leur in-
trados eil compofé de deux portions de cercle ,
en manière de voûte en tiers point ?. & leur ex*
trados eft terminé en rampant, fuivant rinclinai-
fon du comble, qui n'a qu'environ cinq pieds de
pente , depuis le caniveau E , jufqu'au fommet
I. Ils font efpacés de 6 pieds de milieu en mi-
lieu ,, & liés- entr'eux à leur clef, par des
efpeces de plates-bandes bombées par defîbus F ,
%„ X, & compjofées chacune de trois claveaux
entre leurs fomtnkrs.
Avant d'expliquer comment font pofées ces
dalles, il eft à propos de décrire comment elles
ont été taillées,, Chaque dalle,, fig. Xi & Xïî* a
Κ ij
-ocr page 175-
T48                     Co Urs
6, pieds de longueur ,* fur 2 pieds 2 pouces de
largeur : fon extrémité fupérieure a , n'a que 2
pouces d'épaiffeur , & offre un champ d'un pouce
& demi de largeur, avec un rejet d'eau de 6
lignes de hauteur : fon extrémité inférieure b , a
fur le devant 1 pouce 9 lignes d'épaiffeur , & a
été refouillée en-deffous de 2 pouces jufqu'au
redent c , pour former recouvrement » lequel
redent a 1 pouce 3 trois lignes de hauteur ; d'où
il refaite que la dalle a véritablement vers cet
endroit c, 3 pouces d'épaiffeur. On a pratiqué
en outre , près du bord d, fig. XII, des joints
montans fuivant le rampant du toit, un petit
canal circulaire d'un pouce 3 lignes de largeur ,
fur 6 lignes de profondeur.
Les dalles A ayant été ainii préparées , on les
- a placées fur l'extrados des arcs-doubleaux Β : on
a mis d'abord celles qui bordent le caniveau , δε
fucceffivement toutes les autres à recouvrement,
en s'élevant jufqu'au haut du comble F, avec l'at-
tention de placer leurs joints montans G, flg. VIII,
ainfi que leurs rigoles d, fig. XII, vis-à-vis les
unes des autres ; &pour fortifier ces dalles, on a
jplacé fous chacune d'elles une plate-bande de fer H,
fcellée par fes extrémités fur les arcs-doubleaux ;
enfin on a couvert le fommet d'une dalle I un peu
en pente de chaque côté , fur le faitage F , dont
les joints font en liaifon avec ceux des dalles,
'comme on le voit fig, VIII , & accompagnés
également de petits canaux.
' Tous les joints de ce comble ont été faits avec
du mortier, de chaux & ciment ; peut-être au-
roient-ils mieux vallu avec de bon maille , vu
qu'ils font pour la plupart dégradés; car il n'y a
que les rigoles le long des joints montans , quimet-
■■
-ocr page 176-
d'Arch ι te c τ υ r e.          ri49
.rent maintenant quelque obitacle à la filtration
des eaux. Au furplus, la difpofition de ce comble
eil à la fois légere & folide , &. peut iérvir de
modele en bien desoccaiions.
Il I IUI 11 II IIIIIIIIWIIBWHHIIW IMIIIIIIlillllMIIIIIIIIIIIII—■ il ll||lllll|iiPBtllill«llllllll|i|MIIPIIIill1WnillllllIHIIBHIIIHlBinil1i^—i^
A R ± I C LE I IL
Conflruclioîi du Corpble briquetè de la nouvelh
Halle au Bled de Paris. PL Cil & CUL
;i
La nouvelle Halle au bled, forme par ion plan*
%. XIII, un cirque d'environ 120 pieds de dia-
mètre intérieurement, au pourtour duquel regne
des portiques A aurez-de-chauffée , de 30 pieds
de largeur, qui font percés d'arcades Β Β d'environ
10 pieds ~ de largeur. Ces portiques font compo-
fés de deux rangs de voûtes d'arrêté C, D , dont
les retombées font foutenues, d'une part au milieu
du portique , par des efpeces de colonnes ou
des piliers ronds Ε , de pierre très-dure, & de
l'autre par des doiferets F, placés entre les arca-
des. Ces voûtes d'arrêté font bâties partie en
pierre , partie en briques. Leurs naiffances font en
pierres jufqu'à 4 pieds de haut, ainii qu'on le
voit en G, dans les flg. XV & XVI de la plan-
ché fuivante , de même que leurs arrêtes & les
arcs-doubleaux, tmi correfpondent. aux dofle-
rets F; tout le reite eilen briquespofées de champ»
en bonne liaifon.
               , « : , .' ^
Le premier étage de cette Halle, fîg. XIV,
eil occupé par de va îles t greniers , fans inter-
ruption , qui ont toute la largeur des portiques ,
lefquels font éclairés , tant par des croifées I, de
< (Λ
-ocr page 177-
•Ï^O           ^ Η u'1 C O- V Ά S
jpo| $ pieds de largeur dans leurs embrafures ■>
terminées en vouCure en dedans , & en plate-bande
droite en dehors,, que par des œils de bœuf Κ »
placés au milieu de chaque trumeau vers le haut
de cet Edifice. La grande voûre L de ces gre-
niers eft ogive ou en tiers-points, dont l'angle
a été un peu adouci : e S le a 30 pieds de diamè-
tre , fur 34 pieds de montée ; ia bâtiiTe eil en
pierre jufqu environ au tiers de fa hauteur M,
£g. XV , XVI '& XVII ; '$ de là on a élevé à
plomb Jeté chaque piédroit des embrafures de
croifée , des chaînes de pierres Ν, de 2, pieds £ de
lar^eut' réduite, jufques au haut de la voûte $
airtfi qu'il eil marque fur le plan fig. XIV. L'in-
teiYàile Ο , entré ces chaînes, a été bâti en
;ï?rique$ apparentes , en bonne liaifon , & pofées
^e champ alternative ment, fuivant le grand & lé
petit coté; le'tout'maçonné en plâtre ; la partie
de la voûte qui" èft en briques , |>eut avoir 8 a 9
pou-ces d'épaifleur tout cornpifisifi
NöiïS obierveröïis que /, Quoique les œils de
•bœuf -K', HStleur pourtour Ρ, entre les chaînes ',
paroiffent en exécution\ ψ. m/ême foientexprimés
en partie fur notre deffiri rcemme^ils a voient été
bâti« en pierres:'\ ils, font ■tiéarraioîns en briques ^
•&infi qu'il eft màrqtôé1 en a , attendu qifon a recour
Yert les briques,-vers cet- •endroit d\in enduit, &
$ïgύψ dès joints'cjfui imitent 'ta pierre? m;j
" fcéts ai^s-doubleàùx ou chaînes Ν font terminés
för-deffiis *a ftirvknt la-petite ldu toit j üg. XVï &
XVÏÏ,5 §c afin de confçrver la voûté % , on a
pratiqué de ^itfpà^aÎftrë'/de' petites voûtes légè-
res Q, %.· XV' 5, éompo.féés de deux rangs de
ferlqué« pofées -à', platV S fpîA'IÎ ^*1 ,·'f^ç. ^
«ercib if clone lesréirtó? i>Ht été arrafés fjHVant le
[H - .                                                       ·
-ocr page 178-
ι
d'Architecture.           151
rampant du comble. En consultant les difTérens
profils que nous offrons de cette conftruÛion 9
on concevra aiférnent la difpoiition de ces petites
voûtes, & comment elles fe marient avec la grande
Voûte , pour compofer le comble.
Quand le tout a été fini, on a étendu fur l'ex-
trados des petites voûtes Q , un aire de plâtre ,,
où Ton a feellé le haut des tuiles , dont on a
couvert tout ce bâtiment ; lefquelles tuiles ont
été peintes de pluiieurs fortes couches dé
noir à l'huile, pour leur donner lé ton de l'àï-t
doife. Sur quoi nous obferveronS que , vu les
inconveniens du fcellement des miles dans le plâtre«,
lefquels avoient rendu cette couverture très-difH-
eile à réparer , & avoient permis aux eaux de pé-
nétrer à travers des voûtes , on a depuis peu
découvert tout le comble , & l'on a feellé fur
les petites voûtes des chevrons avec augets %
où l'on a cloué des lattes pour y accrocher des
tuiles à l'ordinaire , ce qui vaut beaucoup mieux Λ
& contribuera à affurer la durée de cet ou-
vrage. ■;, _
Article IV.
Conflruciion &iin Comblé hriquetê x exécuté
à Touloufe. PL CIV~
M. le Comte d'Ëfpié * dans* la même Bro-
chure où il rend compte de la maniere de faire
les voûtes plates , dont nous avons déjà parlé
Chapitre IIΓ, Article III, a en même tems donné
ta defeription d'un, nouveau Comble en briqués,.
': . > ' ■■ · \                                                         :
■A·.. ■                                '                                                                                                                                                                                                                                                                                         :.'.'-. \ ' ' ■
-ocr page 179-
152                       Cours
qu'il dit avoir fait exécuter avec fuccès dans une
maifon à Touloufe ; comme fon arrangement nous
a paru mériter quelque considération, nous croyons
devoir le rapporter.
Après avoir terminé la dernière voûte plate A ,
% XVIII, XIX & XX du bâtiment, pour exé-
cuter le comble briqueté , Ton a élevé fur cette
voûte des cloiibns Β , diilahtés d'un pied l'une de
l'autre , en leur donnant de part & d'autre la
pente convenable pour former un comble à deux
égouts Chaque cloifon s'opère avec deux briques
adoffées l'une contre l'autre , pofées de champ,
jufqu'à la hauteur néceflaire , & liées enfemble
avec du plâtre. Les briques doivent avoir 15 pouces
de longueur fur 10 de largeur , & 2 pouces d'épaif-
feur ; ainii ces cloifons ont environ 4 pouces &
demi d'épaiifeur , à caufe du plâtre qui lie les
briques : on remarquera dans la fîg. XX , qu'elles
font interrompues au deifus du milieu de la voûte
plate , par un paffage C , qui forme un efpece
de corridor.
Les cloifons ayant été élevées, on a pofé deiïus
un premier rang de briques D, fîg. XX, de 15
pouces de longueur, de maniere à porter d'un
pouces 7 fur chaque cloifon ; & fur celui-ci on
a pofé un fécond rang de briques de même gran-
deur , à recouvrement & en liaifon : le tout ma-
çonné avec du plâtre.
Le doublé carrelage étant fini, on l'a couvert
de tuiles creufes E , que l'on a maçonné à chaux
& fable, afin de rendre par là la couverture plus
foîide , & empêcher les goutieres ; mais en fup-
pofant qu'il s'en formât quelqu'une, & que la tui é
creufe laiilat filtrer l'eau par quelque endroit,
cette eau tomberoit fur le carrelage , où trouvant
-ocr page 180-
d'Architecture.           153
une pente confidérable , elle iroit fe dégorger
dans les chenaux, & il lui faudrait bien du tems
avant qu'elle perçât le double carrelage.
Ces combles font pignon, & l'on peut pratiquer
des croifées aux extrémités du corridor; mais en
fuppofant qu'on ne put point y en faire, à caufe
des obftacles qu'y apporteraient les maifons voi-
iînes , alors on pourrait pratiquer , entre les cloi-
fons , quelques petites lucarnes ou quelques œils
de bœuf pour l'éclairer.
On voit par le profil, fig. XX, que le mur de
face du bâtiment eil terminé par une baluilrade
G , & un chênau F ; mais l'on pourrait également
former un égout, capable de fe lier avec la cor-
niche , & de faciliter la continuité de ïa couver-
ture jufques-là. -
Article V.
De la conflruclion des Combles briquetés,
exécutés au Palais-Bourbon. PL CIK.
On fait qu'il a été fait des combles briquetés
fur les nouveaux bâtiments Y qui ont été ajoutés
pour fervir d'accompagnement à cet Edifice \ c'eil
pourquoi nous ne pouvons nous difpenfer d'en
parler , & nous le ferons d'autant plus volontiers
que nous les avons vu opérer.
Nous avons dit, Chapitre II , qu'on avoit fait
tous les planchers de ces nouveaux bâtiments en
voûtes plates , dont nous avons donné la descrip-
tion ; & ceil au-deffus du dernier étage de ces
voûtes qu'on a élevé les combles briquetés , dont
ü va être queftion.
-ocr page 181-
154                      Cours
Leur courbe eft un berceau plein cintre, figure
XXIII, ou du moins peu furmonté : ils ont éré
opérés avec des briques de 8 pouces en quarré,
fur 1 pouce d'épaiiTeur, lefquelles étoient iîllon-
nées fur leurs faces , pour mieux gripper le plâ-
tre avec lequel on a entièrement maçonné tous
ces combles.
On a commencé leur exécution par pofer des
cintres faits de planches de 2 pouces d'épaiiTeur >
dont les fermes furent efpacées de deux
pieds l'une de l'autre , c'eft - à - dire , de la lar-
geur de trois briques ; fur ces fermes on avoit
cloué de 8 ponces en 8 pouces d'axe en axe,
ou de la grandeur des briques , des tringles de
tois de 5 à 6 pieds de long, fur près de 18 li-
gnes de gros. Cela étant ainii diipoié, on a placé
un premier rang de briques I, à plat fur les cin-
tres , quarrement, fans liaifon , & de façon que
les joints horifontaux puffe η t répondre toujours
fur les tringles, & que de trois briques il n'y en
eût qu'une qui ne fût pas appuyée fur les fermes :
il fut placé enfuite un fécond rang de briques à
plat, & en liaifon fur le précédent ; le tout ma-
çonné , comme il a été dit, avec du plâtre. Afin
de parvenir à donner une pente fufÜfante en de-
hors au fommet de ce comble , on a diilribué fur
la largeur de la voûte de petits murs triangulaires
LL, fig. XXII , faits en plâtre , de 4 pouces
d'épaiiTeur , ayant de hauteur vers leur pointe
S à 9 pouces , & difkns l'un de l'autre d'environ
3 pieds £ fur lefquels on. a mis des tringles de
bois M , à demeure de 7 à 8 pieds de long , fur
18 lignes de gros , & efpacées de 8 pouces *
pour porter deux nouveaux rangs de briques Ν »
%. XXIII, maçonnées auffi, avec plâtre\ de forte
-ocr page 182-
d'Architecture.           155
qu'il y a , entre le haut de la précédente
Voûte & celle-ci, de petits efpaces vuides trian-
gulaires.
            /                                   4           ",,*,■'■
Sur le fommet de cette voûte Ν , al effet da-
chever la pointe du toit , on a fait d'un bout a
lautre un petit maffif triangulaire de 6 à 7 pouces
de haut dans le milieu , compofé de morceaux
de briques, de tuillots , de plâtras , .& venant
mourir à rien vers Tes extrémités ; fur lequel
maffif on a placé un rang de briques Ο , en forme
<de carrelage.
Enfin, l'on a terminé ce comble par le bas r *
& on lui a donné une pente fuffifante vers le ehê-
nau s en plaçant en guife de coyaux , encore des
tringles de bois d'environ 4 pieds de long &
efpacées de la largeur dune brique , ceft-à-dire,
de 8 pouces de milieu en milieu : ces tringles
s'appuyent par un bout fur le comble, & par
l'autre fur le bord du cbênau Q , & fervent a iou-
tenir deux rangs de briques, auffi maçonnées en
plâtre. Le comble ayant été ainfi difpoié , on a
étendu fur fon extrados un bon aire de plâtre
d'environ ί pouce d'épahTeur, fur lequel on a
cloué les ardoifes, & Ton a fini par enduire l'in-
térieur de Ja voûte en dedans des greniers.
On apperçoit, dans ces combles, de diilance en
tliitanoe, des lucarnes bombées , fig. XXIV , de
2 pieds de large, fur environ 2 pieds & demi de
haut, qui font conitruites* auffi en briques de
forme ordinaire : elles ont été élevées fur un
petit mur de briques pofées à plat , de 4 a J
pouces d'épais ; leurs piédroits ont 4 pouces de
largeur , & elles font couronnées par une plate-
bande bombée, compofée de deux rangs de bri-
ques à plat, dont le fupérieur avance un peu fur
-ocr page 183-
■.·"'.:■'■'                                 .';.;;                                                                                                                                                    . ' J" .
)
156                      Cours                      \
l'inférieur , & eft recouvert d'un chapeau de
plomb.
T""" ' ""!" ' ' —"""" "—— '"""P" " ' I       "'« UM - I I ,.,--            I     il,,,,, "                       1« ZZ 1 ...........            ■***- I     **m
Article VI.
Ohfirvations fur les Conflruclions précédentes*
Les combles en pierre qui couvrent le pour-
tour du Dôme dès invalides , & le deffusdu Porche
de Saint-Sulpice , quoique très-bien entendus dans
leur conilrnotion , ne fauroient néanmoins con-
venir en bien des circonftances , à cauie des
grandes épahTeurs de mur qu'ils exigent : ils paroif-
Îent, par leur compofition , plus propres à former
des toits peu élevés, tels que ceux des bas côtés
d'une Eglife , que de grands toits ifolés , comme
ceux qui terminent nos Edifices.
„ή La difpoiîtion du comble de la Halle au bled
feroit, félon nous , afTez convenable pour rem-
plir ce dernier objet'; mais il faudroit alors ma-
çonner fa voûte fupérieure avec de bon mortier ?
plutôt qu'avec du plâtre, qui ne peut faire un
ouvrage/de durée dans une iituation auiîi expoféeà
l'humidité. On augmenteroit évidemment encore
la folidité d'une pareille bâtiiTe, en l'bpérant fur
un plan en ligne droite, plutôt que fur un plan
deforme circulaire : car , par ce moyen,les arcs-
doubleaux ou chaînes fe trouveroient efpacésf
également de part & d'autre, & correfpondroient
au milieu des trumeaux des croifées, où eftleur
.plus grande force, & où fe placent dOrdjmaire les
éperons : au lieu qu'en l'érigeant fur un plan cir-
.cuîaire, conime à la Halle , il faut obferver qu'on
a été contraint de mettre deux chaînes ou deux
\
I
-ocr page 184-
d'Architecture.           157
arcs-doiibleaiix Ν , fîg. XIV & XV pour un , &
de les placer, non vk-à-vis le milieu des tru-
meaux , & de leur renforcement Τ, fig. XIV,
qui étoit leur poiition naturelle, mais à plomb
des piédroits de Fembrafure de chaque croifée , tel-
lement que chaque chaîne fe trouve portée en partie
à faux Curies piédroits des arcades du portique BB ,
fîg. Xiii. Un autre avantage qui réfulteroit de
cet arrangement de comble briqueté-fur un plan
droit , c'eit que les fécondes voûtes Q feroient
auiïl larges dans le haut que dans le bas ? & que
même on viendroit à bout de s'qïi paffer.
Quant à la couverture , nous eilimons qu'au
lieu d'un aire de plâtre, il vaudroit mieux éten-
dre un bon aire de ciment ou de mortier-loriot
fur l'extrados de la dernière voûte , & y pofer, à
la place de tuiles, des tables de cuivre peintes de
deux fortes couches de couleur à l'huile , à l'exem-
ple de ce qui a été pratiqué fur la voûte du grand
efcalier du Palais Royal (1). 11 eil à croire que
par ce procédé , on obtiendroit un comble de la
plus grande foiidité , en bien des circonftances.
Mais pour Tufage des maifons particulières a
nous ne penfons pas qu'on doive imiter les com-
( 1 ) La voûte de ce grand efcalier eil de forme elliptique
par fon plan , Se exécutée en briques de champ, maçonnéesen
plâtre 5 elle n'a que 8 pouces d'épaiiïeur vers fa clef. On a feilé
fur fon extrados des chevrons à un pied de diftance l'un de
l'autre, & dont le pied a été arrêté fur des plate-formes. Ona^
mis fur ces chevrons de grandes tables de cuivre rouge d'environ
deux^ pieds & demi en quarré , & d'une demi-ligne d'épaiiîeur,
placées à recouvrement e l'une fur l'autre d'un pouce fur la hau-
teur ou le rampant de la voûte , & aifemblées à bourelet Ubiern
applati, comme on le voit s fîg. VI. Pi. C fuivant la longueur.
Ces tables furent fixées fur les chevrons , à l'aide de petites
vis , & on les peignit enfuite de ι ou 3 fortes couches de noir
à l'huile pour les préferyer du yerd-de-gris. * '*
-ocr page 185-
\$                  Cours
bles briquetês du Palais-Bourbon ; on ne voit pas
qu'aucun Conilrucleur f e foit empreffé d'adopter
leur procédé, bien qu'ils paroiiTent par leur ftru-
iture avoir peu de pouiïee , être très-légers ,
procurer beaucoup de logements , & ne pas exi-
ger des épaiffeurs de mur plus coniidérables qu'à
l'ordinaire : la raifon en eil, que toute conitru-
&ion expofée aux injures de l'air, dont le plâtre
fait la bafe, eil néceiTairement fujette à beaucoup
d'entretien ; & d'ailleurs nous doutons qu'on puiffe
approuver les tringles de bois qu'on a mis pour
foutenir la coupe des briques dans leurs parties
fupérieures.
Les combles'briquetés de M. le Comte d'Efpie,
vallent mieux à bien des égards , quoique maçon-
nés auili en p!âtre pour couvrir des maifons :
leur défaut eil d'être pefant _, de charger beaucoup
les voûtes du dernier étage, & d'exiger en quel-
que forte le facrifice des greniers , ou des loge-
ments en galetas, en les réduifant à des efpeces
de corridor.
Par toutes les raifons que nous venons d'expo-
fer , il s'en fuit que la conilru&ion des combles,
foit en briques , foit en pierre % n'eil point encore
parvenu au point de perfè&ion que l'on pourroit
defirer, & que ce feroit une découverte très-utile
à faire de trouver moyen de les opérer d'une
maniere à la fois légere , folide , & durable en
toutes occafions.
Explication des PL C, CI, Cil, CID, & CIV>
repréjentant la conßru&wn des Combles
cm pierre & en briaues.
Les fig. I, II, III,. LV & V, de la PI, C>v&-
-ocr page 186-
d'Architecture.            159
préfente la difpofition des combles eu pierres ,
qui environnent la Tour du Dôme des Invalides.
La fig. I , eft une partie du plan de ce comble.
La fîg. II, eft un profil de ce comble , fuivant
fa pente.
La fig. III, eft fon élévation prife au milieu du
caniveau ou égout.
Les Lettres de renvois étant femblables pour
les mêmes objets, ce que nous dirons de Tune de
ces figures fera réverfible aux autres ; & nous en
uferons de même dans toutes les explications des
Planches fuivantes.
A , caniveau ou conduit fervant à diriger les
eaux vers les puifards.
Β, fîg. Π , voûte rampante fur laquelle font
aiïifes les dalles qui forment le comble.
C , mur de la Tour où eft encaftré le haut des
dalles à leur rencontre.
D , dalles placées avec un rejet d'eau vers leur
partie inférieure, & le long de deux de fes côtés.
Ε, autres dalles fervant de recouvrement aux
joints des précédentes.
La fig. IV, eft le détail particulier de la forme
d'une des dalles D ; a , milieu de la dalle qui eil
recreufée d'un pouce ; £, c, c , rejets d?eau.
La fig. V , eft le profil de deux dalles D, avec
les mêmes Lettres de renvois que ci devant.
La fig. VI , exprime l'arrangement des tables
en cuivre d'une couverture ; d, bourelet ap-
plati fuivant le rampant du toit -r e, recouvre-
ment dune table fur l'autre , fous lequel on met
de petites vis pour fixer les tables fur les che-
vrons, qui font fcellés à augef fur l'extrados de
la voûte en briques.
Les fig. VU, VIII, IX, X , XI & XII \ de la
-ocr page 187-
i6o                       Cours
PI. CI, font voir les détails du comble en pierre
du porche de TEgliie de Saint-Sulpice.
Les flg, VII & VIII, offrent l'une une partie
du plan général de ce comble , & l'autre une por-
tion développée de fon plan.
La fîg. IX, eil un profil fur fa largeur.
La fîg. X, eil un profil fur fa longueur.
A, longueur des dalles.
Β , fîg. IX & X , arcs-doubleaux.
C, fîg. IX, profil de l'entablement de l'ordre
Ionique du portail où l'on a pratiqué des vuides ,
avec des arcs en décharge entre les arcs-doubleaux
& les piédroits Κ, fîg. X.
D j profil du mur pignon du portail, avec des
arcs en décharge , correfpondans aux précédens.
Ε , caniveau régnant au pourtour du comble »
& conduifant les eaux vers les defcentes.
F , efpece de plate-bande bombée , fîg. IX & X,
fervant de faîtage, & unifiant le haut des arcs-dou-
bleaux.
G , petites rigoles pratiquées le long des joints
montans des dalles.
"- i H, barre de fer placée fous chaque dalle A ,
pour foulager fa portée.
I, dalle à deux égouts , formant le haut du
comble.
Κ , piédroits foutenantles arcs en décharge.
Les fîg. XI & XII, font deux profils particu-
liers de dalles, l'un fuivant la largeur , l'autre
fuivant la longueur ; ils fervent à faire voir
leur appareil & leur pofe l'une fur l'autre: a , rejet
d'eau : b , c , efpece de feuillure deftinée à recou-
vrir le rejet a: d, barres de fer pour fortifier les
dalles.
Les Planches CII & CHI 5 repréfentent, l'une
les
-ocr page 188-
D ' A RCHJTECTUR E.             l6l
les plans , & l'autre les coupes du comble briqueté,
de la Halle au bied.
La fig. Χ1Π, eil le plan d'une partie des porti-
ques qui entourent cet Edifice.
La fig. XIV, eil le plan des greniers au-deiîus
âçs portiques.
La flg. XV , eil un profil fur la longueur des
portiques & des greniers.
La fig. XVI, efl un profil fur la largeur des
portiques & greniers, dont une moitié eil prife
au milieu d'une arcade , & l'autre au milieu d'un
arc-doubleau.
Enfin , la flg. XVII, eil un profil pris au milieu
d'un œil de bœuf.
A, fig. XIII , portiques.
Β , Β , arcades de part & d'autre.
C & D, voûte d'arrêté.
Ε , colonnes ou piliers.
F, F , dofferets & arcs-doubleaux.
G , retombées de la voûte d'arrêté , fig. XV
& XVI.
H , fig. XV & XVI, greniers.
I, croifées terminées en dehors quarrement ,
& en dedans en arriere-vouiîure de S. Antoine.
K, œil de bœuf.
L , voûte ogive dont l'angle eil adouci.
M , voûte bâtie en pierres depuis fa naiflance
jufqu'à cette hauteur.
Ν , arc-doubleau ou chaîne de pierre pofant
fur les piédroits des croifées I, & à faux fut ceux
dçs arcades Β, fig. XV.
Ο , partie de k voûte bâtie, en briques de
champ , alternativement pofées fuivant le grand
& le petit côté.
                                               ;
Ρ, partie de la voûte faite en briques , ainfi
Tome Vf,
                                         Ε
-ocr page 189-
ι6ι                       Cours
que l'œil de bœuf, mais couverte d'un enduit,
où l'on a tiré des joints pour imiter la pierre.
Q, petites voûtes en briques pofées à plat.
R, petit, focle en partie à jour par le bas , pour
l'écoulement des eaux»
S j égout du toit.
La Planche C1V , repréfente la conilru&ion
d'un comble briqueté exécuté à Touloufe, & celle
des combles du Palais-Bourbon.
Les fig. XVIII, XIX & XX, font , l'une le
plan du comble de Touloufe , l'autre une coupe
fur fa longueur, & la troifieme une coupe fur fa
largeur.
A , voûte plate , fur laquelle eil pofée ce
comble.1
Β Β, cloifons compofées de deux rangs de bri-
ques de champ.
C, corridor.
D,  deux rangs de briques, dont l'inférieur eil
placé par fes extrémités fur les cloifons Β, Β, &
le fupérieur en liaifon fur l'autre.
Ε , tuilles creufes.
F , chênau bordé d'une baluilrade G. ,
La fig. XXI, eil le plan des murs qui foutien-
nent le comble briqueté du Palais-Bourbon.
La fig. XXII , eil un plan pris au-deiîus du
fommet de la voûte extérieure , à la hauteur Ζ Ζ,
fig. XXIII.
La fig. XXIII, eil un profil du comble fur fa
largeur,
H, voûte plate qui termine l'étage fupérieur.
I, voûte en berceau plein cintre, compofée
de deux rangs de briques quarrées, de 8 pouces.
Κ , petits murs en plâtre de forme triangulaire ?
pofés furie haut du berceau I.
-ocr page 190-
D ' A R C H 1 Τ E C 'T U R E. . 1^3
L, tringle de bois pour ibiitenir la coupe de
la petite voûte fupérieure Ν » qui eil compofés
aufïi de deux rangs de briques à plat.
O , petit maffif fait en pointe, couvert .d'un
carrelage de briques , qui reçoit Taire de plâtre
où eil clouée l'ardoife.
Ρ, deux rangs de briques à plat, pofées fur des
efpeces de coyaux, qui dirigent la pente du comble
vers le chênau Q.
Φ
Ί&
tu " &
L l]
-ocr page 191-
164                      Cours
»■
CHAPITRE V.
De la construction du grand
Fronton qui couronne l'ayant-
CORPS DE LA COLONNADE DÛ LoUVRE.
Planches CF, CVl & CV1L φ
Τ
SU Pi conitru&ion des frontons d'une certaine éten-
due , & qui doivent être élevés fur des plate-ban-
des , a toujours paffé pour très-difficile à bien
exécuter. Comme les plate-bandes font par elles-
mêmes peu capables de porter des fardeaux, vu
qu'elles ne tirent leur principale force que des
chaînes dont elles font armées , & qu'elles ont en
outre une pouffée confidérable vers leurs extré-
mités , lorfqu'à cette pouffée fe joint encore l'ef-
fort des corniches rampantes contre ces mêmes
extrémités , il eft aifé de concevoir qu'il faut
employer beaucoup d'induftrie à faire porter, &
à contenir à la fois une pareille maffe dans une
pofition auffi défavantageufe. Les modèles de con-
ftru&ion étant toujours plus puiffans pour inftruire,
que les fpéculations les plus étendues , nous nous
bornerons à expofer les développements du grand
fronton du Louvre , que nous avons promis page
202 du précédent Volume.
Sa longueur eil 92 pieds, & fa hauteur 18 pieds
depuis l'entablement, jufqu'à fon fommet. Il eil
porté fur huit colonnes corinthiennes accouplées,
de 3 pieds 7 pouces de diamètre, lefquelles font éle-
v
-ocr page 192-
d'Architecture.            165
vées fur un foubaiTement. Les Planches CV, CVI
& CVII , repréfentent Tune fon plan, l'autre
fon élévation, & la troifieme fon profil. Nous y
avons exprimé , non - feulement l'appareil des
pierres 3 mais encore leurs différentes qualités ten-
dre ou dure , félon leur répartition.
L'entablement de l'ordre corinthien , PL CVI,
la corniche rampante du fronton , les chapiteaux
des colonnes , le mur adoffé aux colonnes & celui
qui lui correfpond dans le fond du fronton , font
en pierre tendre, dite de Saint-Lm , tandis que
les tambours des cplonnes & les trois arcs que l'on
remarque dans le fronton font au contraire en
pierre dure , dite de Saint-Cloud, fans compter la
cimaife de la corniche rampante , qui eft égale-
ment de pierre dure , & dont il fera queition
ci-après.
L'entablement eft compofé de quatre cours d'af-
fife au-deiTus des deux petits entrecolonnements :
le premier occupe la hauteur de l'architrave ; le
fécond, la hauteur de la frife ; & les deux au-
tres , la hauteur de la corniche, fans lacîmaife;
nous en avons donné particulièrement fur la
droite de la planche un profil , afin de les faire
mieux diftinguer: mais au-deffus du grand entre-
colonnement du milieu , il eft à oberver qu'il n'y
a que trois cours d'aiîife , vu qu'un feul cours em-
braffe toute la hauteur de la corniche en cet endroit.
Nous ne traiterons pas ici de la conftru£tion de
ces plate-bandes : nous en avons parlé amplement
dans nos Memoires , c'eft pourquoi on peut y
avoir recours : nous nous bornerons feulement à
remarquer que la plate-bande du milieu a 24 pieds
de longueur, & qu'elle bombe au droit dé la clef
A , d'environ 1 pouce & demi ; ce qui a été pra-
L iij
-ocr page 193-
ï66                       Cours
tiqué j tant à caufe du taffement qu'un fardeau
auffi considérable que ce fronton pouvoir opérer
par la fuite , qu'à caufe de l'étendue de cette
plate-bande , qui, fans cette précaution , paroî-
troit à la vue baiffer dans fon milieu.
Les affifes de la corniche rampante ont leurs
joints montans d'à plomb , & non retournés per-
pendiculairement au rampant, comme cela fe pra-
tique quelquefois. On a placé aux angles en re-
tour de l'entablement, c'eil-à-dire , aux extrémités
du fronton , de très-grands quartiers de pierre de
8 & 12 pieds de long , qui ont des queues consi-
dérables dans les murs ; le tout afin de contenir
à la fois -, & la bafcule de la corniche de l'en-
tablement , & l'effort de la corniche rampante ,
qui pouffe au vuide dans cette direction. Il eft
d'ufage de mettre au milieu de ces pierres angu-
laires un fort mandrin de fer quarré , qui tra-
verse la hauteur de l'entablement , & s'éîeve juf—
ques dans la cimaife de la corniche rampante ,
& de bien cramponer en outre cqs pierres avec
celles qui les avoifînnent, à TefFet d'opérer la
plus grande réfiitance. En fe rendant attentif à la
direction des joints montans des cours d'afîife de
la corniche droite &. rampante , on s'apperce-
vra qu'ils ne coupent, ni modulons , ni ro-
fertes » ni même les cahTons de ces dernières ;
mais qu'ils font toujours placés air milieu d'une
partie unie :, ce qui a été fait à deifein de rendre
leurs prneméns ahme exécution plus iolide , &
merite d'être toujours imité en pareil cas*
La cimaife de la corniche rampante eft de pierre
dure , dite de Mtudon,. Chaque côté a environ 50
pieds de long, 8 pieds de large , & 16 à 17 pou-
ces d'épakTeur 3 y compris le revers d'eau. Un des
)
-ocr page 194-
d'Architecture.           167
côtés de cette cimaife eft d'un feul morceau ; l'au-
tre de voit l'être femblableroent ,mais elle fe caiTa en
trois parties en la montant. On prétend que ces deux
longues pierres n'en formoient qu'une feule, qui
fût fciée en deux. M. Mallet , dans Thèliamet,
rapporte qu'en la fciant, on trouva un gros filex
ou caillou dans le milieu qui arrêta la fcie , de
forte qu'on fût obligé de retourner la pierre, pour
la dégager & continuer l'opération. Chacune de
ces pierres pefe plus de quatre-vingt milliers.
Que l'on juge combien un bloc auiîi coniidérable
a dû coûter de travaux'&'de peines , pour le tirer
de la carrière Vie voiçurer pendant plus de deux
lieues, le fcier en deux , & élever enfuite fes
morceaux à une hauteur d'environ 100 pieds ; &
combien, fur-tout, la forme de ces pierres plates,
vu leur longueur qui les expofoit fans ceiTe à fe
rompre, à moins d'être foutenues bien également
par-tout pendant leur élévation , a dû faire éprou-
ver de difficultés. Le Clerc nous a confervé une
vue perfpe&ive de cette opération ; & l'on trouve
dans la féconde édition de Vitruve, commenté par
Petra dit , une partie des machines qui ont été
employées au tranfport de, cet énorme fardeau.
Nous avons fuppofé enlevé , dans la PL CVI,
le parpiri du tympan du fronton, deftiné à re-
cevoir fa fculpture , pour faire voir tout le méca-
nifme de fa conftruclion. Qn y remarquera qu'il
y a derriere le tympan trois arcs en décharge
en pierre dure , qui n'y font qu'appliqués, & dont
la fonction eft de foulager les plate-bandes , ainii
que de reporter la plus grande partie du poids de
la corniche rampante, directement fur les colon-
nes accouplées , & fur le mur qui leur éft adoiTé ;
L iv
-ocr page 195-
i68                      Cours
l'arc du milieu Β eil ogive , & les deux autres
C C font rampans.
On voit particulièrement dans la Planche Îiii-
vante CV1I, le profil du fronton 3 la poiition ref-
peûive du mur tympan , de l'arc ogive , & de la
corniche rampante. Le parpin du tympan eft com-
poié de trois cours d'aiTife de pierre de Saint-
Leiij de chacune 5 pieds de haut fur 15 pieds
de iong , dans fa plus grande hauteur. Ce mur a
mainenant 2 pieds ~ d'épaiiiéur , à caufe du bdf-
fage qu'on a laiiié pour la fculpîure; mais cette
épaiiTeur doit être réduite, quand elle fera finie,
à à 8 pouces : de forte que le bas relief aura environ
un pied de faillie » ce qui eil fuiHfant pour faire re-
fortir & détacher convenablement les figures. Nous
obferverons ici, en pafîant, que c'eft une excel-
lente méthode de laiiier plus de faillie de boifage
que moins en pareil cas ; car ü eft toujours aifé
d'en ôter , & l'on évite par-là deux inconveniens ;
f Uni, d'être obligé de refouiller dans l'épaiiTeur du
tympan les contours des figures, pour les rendre
fenfibles , ce qui, en les ombrant du côté où frap-
pe le jour , les fait paroître durs ou cernés „
comme une découpure , & ôte ainii tout l'agré-
ment qu'un fronton peut recevoir d'un femblable
ornement ; l'autre , d'être contraint d'ajouter ,
après coup ,„dans les parties qui doivent être les
plus faillantesv, des boiTages de pierre, qui ne
fauroient être attachés dans le tympan qu'avec
du fer; de forte que la rouille venant par la fuite
à faire éclater ou à détacher ces pierres poftiches,
on n'a plus , au bout d'un tems , qu'un bas relief
tronqué & défiguré; Revenons à la defcription de
notre profil.
-ocr page 196-
d'Architecture. 169
Β j eft la clef de l'arc ogive, auquel eft adoffé
le mur du fond du fronton , dont le bas répond
à celui qui eft derriere les colonnes , &: qui
forme , en s'élevant vers la clef, un efpece d'en-
corbellement en dehors , à l'effet de foulager les
vo.uffoirs de l'arc, & de les aider à foutenir plus
efficacement la corniche rampante. Gomme nous
avons eu l'attention de mettre les pierres au même
nombre que dans l'exécution, on voit combien les
vouflbirs du grand arc , & les ailifes de la cor-
niche rampante ont de grandes queues dans les
murs , ce qui contribue beaucoup à augmenter
la fermeté & la liaifon du tout enfemble de cette
bâtiffe.,
On a allégé l'épaiffeur de ce fronton , en y pra-
tiquant un vuide qui fert de réfervoir , dont on
voit l'étendue PI. CV , & qui eft terminé par une
voûte rampante.
Outre les précautions relatives à l'appareil des
pierres , & à la maniere de faire porter le poids
du fronton le plus avantageufement, on a lié par
furcroit toutes fes différentes parties avec des chaî-
nes, des tirans & des crampons, que nous avons
marqué des mêmes lettres de renvois dans les trois
Planches, afin d'en faire voir la correfpondance
fuivant leurs diverfes fituations.
D, D, font deux cours de chaînes placés der-
riere le tympan , & fervant à contenir par des
ancres fixées à leurs extrémités, les deux côtés
de la corniche rampante du fronton.
Ε, Ε , deux rangs de potences de fer quarre:,'
deftinés à foulager la portée des chaînes D , au
droit du vuide de l'arc ogive, & à reporter une
partie du poids du mur tympan vers le mur
dûiïier.
-ocr page 197-
17°                       Cours
F, F, tirans ayec des talons aux extrémités, fer-
vant à lier les cours d'aiïife du mur tympan avec
le mur adoffé , lesquels tirans, par leur poiition ,
peuvent également aider à foutenirles chaînes D.
G, G, crampons dont la fon&ion eil de lier le
tympan avec les arcs par le haut à leur rencontre,
& avec le deffous de la corniche xampante.
H,H , PL-CVII, chaînes placées entre la cor-
niche , la frife & l'architrave , pour contenir
l'entablement. *
I, autre chaîne avec des moufles, placée entre
la frife & l'architrave , & traverfant le vuide pra-
tiqué au droit de lentablement, & dont le but
eft de lier enfembîe les murs oppofés (i).
11 feroit inutile de nous arrêter davantage à dé-
crire cette belle conitruaion, d'autant que les figu-
res que nous en donnons ont été deiîînées avec
exactitude , & d'une grandeur qui ne laiffe rien à
défirer pour s'en former une juftè idée.
( ι ) Dans un Mémoire que nous avons publié , 'û y a 6 ans,
lur 1 achèvement du grand Portail de ïEglife de S. Sulpice,
ou nous avons démontré la néceflïté de fupprimer le troifiéme
Prcke entre les deux Tours , de couronner différemment les
Jom'yßf Ja Publike cju'il y avoir de faire' un fronton fur le
iecond Ordre , nous avions propofé dans notre projet de difpo-
ler^es tirans de l'intérieur du tympan , à peu-près comme ceux
au fronton dû Louvre,
-ocr page 198-
d'Architecture.          171
CHAPITRE VI.
De 'la construction p'un Pont,
Un observe de fituer un Pont quarrement
fuivant le cours d'une rivière, & d'élever la clef des
arches trois pieds au moins au-deffus des plus
hautes eaux. Les arches font d'ordinaire en nom-
bre impair , afin qu'il y en ait une au milieu où fe
trouve communément le plus grand courant de
l'eau. Quand le Pont n'a qu'une feule arche, fes
fiipports s'appellent Culées ; mais s'il a pluiieurs
arches , on nomme feulement ainfi les piédroits des
.extrémités du Pont, c'eft-à-dire, ceux qui arcbou-
tentla premiere & la dernière arche; & tous les
autres appuis intermédiaires s'appellent Piles,
On faiibit autrefois les arches de largeurs inéga-
les : celle du milieu étoit toujours la plus haute & la
plus large, c'eil pourquoi on la nommoitla maitreße
Archß
, & toutes les autres diminuoient fucceiîive-
ment de largeur & de hauteur jufqu'aux culées,de
maniere à fermer im efpece de rampe pour gagner
le fommet du Pont. 11 arrivoit, de cette difpofition,
que les arches voiiines des culées fe trouvoient
quelquefois prefque entièrement bouchées lors des
groïTes eaux, ce qui mettoitle pont en danger d'être
renverfé. Aurïi afTe&e-t-on maintenant de tenir
toutes les arches de même hauteur, & quelquefois
auiM d'égale largeur ; ce qui eft en effet mieux rai-
fonné.
Les Anciens faifoient prefque toujours leurs
-ocr page 199-
172.                      Cours
arches plein-cintre & même extradoiïées, c'eftrà-
dire, avec des vouiToirs égaux en longueur, comme
un efpece d'archivolte , & fans liaifon, foit entre-
eux, foit avec les cours d'aiîîfe des reins : on voit de
leurs ponts dont les piles ont d'épaiiTeur le tiers Se
même quelquefois jufqu'à la moitié de la largeur des
arches. Les Modernes ont trouvé que le plein-cin-
tre élevoit trop les Ponts , & que d'auffi grandes
épaiiTeurs de piles nuifoient aux cours des rivières,
& augmentaient coniidérablement la rapidité de
leur paiTage vers ces endroits , ce qui occaiionnoit
des affouillements fous leurs fondations. En con-
fequence, ils ont pris le parti de faire des arches
fiirbaiiTées & de diminuer beaucoup le volume des
piles, .
Les Ingénieurs ne font rien moins que d'accord
fur la hauteur à laquelle on doit porter le furbaif-
fement des arches, ni fur i'épaifîeur à laquelle il
, fuit fe borner pour les piles. Les uns veulent que
l'on ne furbaifTe pas les arches au-deiîous du tiers
de leur diamètre ; prétendant que des arches plus
fiirbaiiTées ne font pas faites pour être de longue
durée, ni pour porter de grands fardeaux, & qu'en
outre il ne faut pas donner aux piles moins du
fixiéme de là largeur des arches , alléguant à cet
égard, que des piles plus foibles courrent rifque
d'être écrafées fous le poids , & qu'enfin, dans le
cas qu'une arche viendrait à être renverfée, il eftà
propos de proportionner leurs fupports, de façon
à empêcher les autres arches de fubir le même fort ;
Le Pont d'Orléans , entr'autres , a été conftruit fui-
vant ce iiitême. D'autres Ingénieurs veulent, au
contraire, qu'on puifTe baiiTer les arches jufqu'au
quart de leur diamètre, & réduire, jufqu'au neu-
vième de ce même diamètre ? l'épaiiïetir des piles,
-ocr page 200-
. ■ .
d'Architecture.            173
par la raiion , difent-ils , que les piles retreciiTant
îe lit d'une rivière, moins on leur donne de volume,
plus les eaux font libres dans leur cours, & que,
pourvu que les culées foient proportionnées de
façon à réfiiter à la pouiTée des arches, il doit être
permis de réduire les piles félon la qualité de la
pierre, l'eiTentiel étant feulement de s'arlurer qu'elle
ne pourra être écrafée fous le fardeau des arches:
Les Ponts de Mantes & de Neuilly , ont été bâtis
félon ce dernier procédé. C'eit au tems, l'unique
appréciateur de la durée des conftrrclions, à déci-
der laquelle des deux méthodes mérite la préfé-
rence. Le plus fur toutes fois, fuivant nous , fera
toujours d'éviter de faire des arches très-furbaiiTées,
ne fuife que pour raiTurer la vue, & parce que toutes
les conftru&ions anciennes paroiffent conilater,
que plus les Voûtes font plates,moins elles ont eu de
durée : c'étoit vraifemblablement pour cette raifon
que les Goths a voient adopté les Voûtes en tiers-
point.
Au reite, on neft pas toujours maître de donner
aux piles toute la légèreté que l'on délire,
à moins de pouvoir conftruire les arches
toutes à la fois, afin de rejetter tout l'effort de leurs
pomTées vers les culées ; ce qui ne fauroit être
praticable que quand on bâtit un Pont dans une
Ifle, ou fur l'un des bras d'une rivière, dans lequel
on doit faire couler enfuite toute l'eau, en comblant
l'autre bras, comme on l'a pratiqué pour le Pont de
Neuilly. Π y a d'ailleurs des circonftances où, de
crainte de gêner la navigation pendant un tems
coniidérable, on fe trouve obligé de faire Un Pont
par partie, alors il faut doner néceiTairement aux
piles en particulier une épaiiTeur en rapport avec
i
-ocr page 201-
174                      Cours
l'action des arches qu'elles foûtiennent ? en atten-
dant que les autres foient faites.
Avant que la Géométrie eût porté ion flambeau
dans l'examen de la pouffée des Voûtes, on opérbit
au hazard s & en donnant plus que moins , pour dé-
terminer la force des piles & culées ; mais mainte-
nant on eft en état de favoir au juile à quoi s'en
tenir d'avance à cet égard ; c'eft pourquoi nous
donnerons à la fin de ce Chapitre des Tables calcu-
lées d'après les formules connues , polir ënfeigner
qu'elles doivent être leurs dimmenfions pour rélifter
à Faction des arches plein-cintre & furbauTées fui-
vant les différentes circonilances.
On place à la tête des piles des avant & arrière
becs , qui leur fervent de contre-forts, & de dé-
fenfe contre le courant de l'eau, les glaces , &
les corps qui, en chariant ? feroient capables de
les endommager. Leur forme eil, tantôt en trian-
gle , tantôt en demi-cercle. Quelquefois on fait
l'arriere-bec demi-circulaire , & l'avant-bec de
forme triangulaire. On les couronne d'un cha-
peron , qui doit être toujours élevé au-deflus des
plus hautes eaux, & que l'on termine , foit en
pointe, foit à deux talus , foit circulairement.
Enfin on termine un Poiit par un cordon , fur
lequel on pofe un parapet, & l'on forme une
chauffée accompagnée quelquefois d'un trottoir
un peu élevé de part & d'autre , pour rendre le
chemin des gens de pied diftinct de celui des
voitures.
Mais, fans nous arrêter davantage à parler de la
proportion & décoration des Ponts , bornons-nous
à expofer leur conitruôion la plus ordinaire , &
les attentions qu'il y faut apporter pour la ren-
dre folide.
                     \                        ^
-ocr page 202-
D'A R CH ITECTURE.             I75
Defcription des opérations fuccejßves pour
l'exécution d'un Pont. PL CVI11 & CIX,
Apres avoir reconnu l'emplacement propre à
bâtir un Pont fur une rivière , on choiiit le tems
des plus baffes eaux pour faire fes fondations. On
commence d'abord par faire un batardeau d'en-
ceinte A , fîg. I , PI. CVII1, qui comprend une
pile Β, avec une culée C, & qui dirige le courant
d'eau vers le bord oppofé. Un.batardeau exige beau-
coup d'attention dans fon exécution ; il doit être
élevé 3 ou 4 pieds au-deffus des plus baffes eaux,
& fa largeur ou épaiffeur qui fait fa force, doit fe ré-
gler fur la hauteur des eaux , qu'il fera obligé de
ί apporter, c'eff-à-dire, que s'il y avoit 12 pieds de
profondeur d'eau , il faudroit lui donner environ
12 pieds de large. On enfonce avec une fonette ,
de part & d'autre de fa largeur, des files de
pieux <z, de 9 à 10 ponces de diamètre, à 3 pieds
de diftance l'un de l'autre , dont on garnit l'inter-
valle de palplanches b, de 3 pouces d'épaiffeur,
& de même hauteur que les pieux : on entretient
les palplanches & les pieux par le haut avec des
liernes ; enfin on contient de part & d'autre le ba-
tardeau avec des entre-toifes c , de 5 ou 6 pouces
de gros , efpacées de 6 pieds en 6 pieds, & qui
font entaillées par les bouts. Cela fait , on rem-
plit le batardeau A de glaife ou de terre franche
bien corroyée , après en avoir toutefois dé-
blayé le fond.
L'eau comprife dans l'enceinte du batardeau
n'ayant plus de communication avec celle de la
rivière, on en fait l'épuifement avec des pompes
à chapellets ou à godets, jours & ι nuits , faas
"V
-ocr page 203-
176                      Cours
interruption. Cet épuifement fe fait d'ordinaire
par économie , & non à Tentreprife , à caufé des
inconveniens qui pourroient furvenir, & qu'on ne
faurok prévoir. Dès que les eaux font épuifées ,
on fait les fouilles néceffaires pour la fondation
de la pile Β , & de la culée C. En fuppofant le
fond de bonne confiftance, il eit, ou uni, ou en
rampe, ou de niveau , de roc ou d'autre terrain
plus ou moins folide ; mais de quelque forme
qu'il foit, s'il n'eft pas de niveau, il eil eifemiel de
l'y mettre en tout, ou du moins en partie , par
reffaut, avant d'y établir la maçonnerie, qu'on
aura foin d'encaftrer de quelques pouces. La pre-
miere aiïife des fondations doit être de pierre de
taille , de même ijue tous les parements des autres
ailiies qui doivent s'élever , en formant de bonnes
retraites jufqu'à la hauteur des pi-as baffes eaux,
où commence d'ordinaire la naiffance des arches.
Mais fi le fond déblayé étoit jugé n'avoir pas
fuffifamment de confiftance , ilfaudroit y remédier
par art , fuivant l'un des procédés que nous avons
expliqué dans le Chapitre Viïi du Volume pré-
cédent. Le procédé le plus ordinaire , eit de bâtir
fur pilotis , fig. II, Π1, iV , V & VI. Pour cet
effet on enfonce au refus du mouton _, fig. ΙΠ ,
des files de pilots de remplag« Ο , & de bordage
Ρ , armés de fabots de fer à trois branches : on
met entre ces derniers des palplanches Q, fig. III,
& b , fig. V , qui, en refferrant tout le terrein
placé fous la pile , lui donne la fermeté néceffaire
pour la porter. Après avoir récépé de niveau les
têtes de ces pilots,on affemble à tenons^k mortoifes
des chapeaux R, fig. III, de 11 pouces de gros
fur les pilots de bordage Ρ ; enfuite on place en
travers de l'épaiffeur de la pile des racinaux S , de
8
-ocr page 204-
ψ ârê Η if ε c f üëé;             ï7^
S à ÏO pouces de gros, affemblés à queue dliy ronde
dans les chapeaux ,pour en contenir l'écartement. Il
y a des Ingénieurs qui placent encore d'autres pièces
de charpente à l'a plomb des pilots , fuivant la
longueur de la pile, lefquelles s'afîemblent à mi-
bois fur les racinaux , & forment ainii un vrai
grillage. Entre le haut des pilots & entre ces
grillages, on fait entrer à force plufieurs rangs
de gros moilons durs, maçonnés avec de bon mor-
tier de chaux & ciment , & bien arrafés au
niveau du deffus du grillage. Quelquefois on place
■fur ce grillage des plate-formes Τ , ifîg. IV , de 4
pouces d'épaiffeur > bien jointives, lefquelles font
reçues-à leurs extrémités dans une feuillure entail-
lée fur les chapeaux, à l'effet de repartir par ce
moyen le poids des piles & culées, également fur
le pilotis : cependant nous avons vu nombre de
CönitrucÏeurs qui évitoient les plateformes , pré-
tendant qu'elles interceptent la liaifon de la ma-
çonnerie que Ton a mife entre les pilots ou les
grillages , avec les premiers rangs de pierres de
taille» ou de libages des pilles & culées , & que
par-là on ôtoit la ténacité qui pouvoir être pro-
duite par l'union de la bafe des pijes , & de leur
partie fupérieure : ce dernier procédé nous parok
en effet préférable au premier.
On élevé la premiere afîife en pierrede taille c fig. V,
fur le-pilotis, enlaiffant 5 ou 6 pouces deretraite
fur les chapeaux, & les pilots de bordage ; puis
l'on continue à pofer toutes les autres affifes de
la pile , de la culée & des murs en aîles , s'il y en
a, jufqu'à la naiffance de l'arche, en obfervant
de laiffer des retraites d'environ 3 pouces au droit
de chacune, & fur-tout de les lier dans le pour-
tour avec des crampons de fer/fcellés en plomb,
Toms. FL
                                       M
• I              f
-ocr page 205-
.17?                       £ o ν R s
comme on Ie yoit en V ,-fig, IV. ^Communément
on ne fait que les parements de& piles «η pierre
de taille , & l'on exécute leur intérieur en libages»
Les libages fe maçonnent avec mortier de chaux
& fable ; & les joints des pierres de taille, qui
forment rencaiflement, fe font jufqu'à la hauteur
des plus haines eaux > avec mortier de chaux &
ciment. Π y a des Conltruâeurs qui hiullent ayep
un pinceau les joints apparens , pour empêcher
les eaux de s'y arrêter : mais il y en a d'autres
qui ? au lieu de les huilier ? fe contentent de les
dégrader , & qui , après avoir rempli bien
'exactement les joints de mortier fait de cir
nient paffe" au tamis, les frottent forteme,n£ avec
une petite barre d'acier , jufqu'à ce qu'ils ayenp
acquis eu dehors une couleur férugineufe j pro--
cédé qui les garantit encore plus iïirement 4e toutes
dégradations de la pari du cours de l'eau : les
joints du Pont de Neuilly ont été refaits ainfi.
Oii peut élever quelques cours d'affîfe vers lg
naiiîanee d'une arche , fans avoir befpirç de cin-
tre ? à moins qu'elle ne foit extrêmement furbaif-
fée ; mais ordinairement il eft d'ufage de laiffbr à
fa retombée des corbeaux de pierre d, fîg. V,
& r, $g. VI, diilans de 5 ou 6 pieds l'un de
l'autre , pour recevoir le bas des fermes du cintre
de charpente, deftiné à porter les vouffoirs de la
voûte pendant fon exécution , ainii qu'il fera ex-
pliqué ci-après,
4>uand une pile & une culée font élevées au-
cleiïus des hautes eaux , au lieu de continuer
l'arche, on remet le courant de l'eau à l'endroit
où l'on a fondé » en démolii|ant le batardeau ; &
l'on entreprend une autre pile , ou les deux piles
fuiyantes, &; fuceifiveraent p» fpnde tputes les piles
-ocr page 206-
d'Architecture.           179
pour bander, quand cela fe peut, toutes les ar-
ches à la fois , en obfervant toujours de faire un
nouveau batardeau, & les épuifements convena-
bles comme précédement.
Avant d'exécuter une arche , on place des cin-
tres de charpente fur les corbeaux r , fig. VI, dont
il a été queition ci-devant. Ces cintres font moifés
& entretenus par des entre-toifes u; leur courbe
eil la même que celle de l'arche, & leur force
doit être proportionnée au poid des matériaux,
qu'ils feront d'obligation de porter ; c'eit un affaire
de calcul, que de connoître leur réiiftance. On
met fuccefîivement fur ces cintres des couchis y ,
fig. VII, fous la longueur des douelles des files
de vouiToirs & , à mefure qu'on élevé la voûte j
& l'on place fous ces couchis de petites calles ι,
qui pofent directement fur les cintres x.
Les cintres étant difpofés , on commence la
conilruction d'une arche, en plaçant les voufîbirs
correfpondans de chaque coté de fa naiiTance »
& en avançant vers ia clef par où l'on finit, avec
l'attention de mettre à l'ordinaire des calles entre
leurs joints , de les couler de bon mortier , & de
bander, à la fin, leurs têtes avec de gros coins de,
bois.
On a- coutume de faire les voufîbirs des arches
avec des pierres fort longues , & au lieu de les
extradoffer à la maniere des Anciens , on les pro-
longe en queue fans fin dans leurs reins, pour
les mettre en état de réfuter aux plus grands
fardeaux.
Lorfquune arche eit terminée fuivant l'art , il,
ne rede plus qu'à détruire fon, cintre; ce qui'fe
fait en ruinant les calles £, fig. Vil, & en enle-<
■yant les couchis y de part & d'autre. On enlevé
M ij
-ocr page 207-
ito                    Cours
d'abord les calles & les couchis des courïinets J
puis ceux des vouiToirs voifins , & l'on va ainii
toujours en avançant vers ion .Commet ; par ce
moyen la voûte opère peu-à-peu fontaifement en.
Ce refferrant vers la clef.
L'on finit un Pont par faire les reins des arches
L , flg. II , les chaperons M des avant & arrière-
becs . par poler fön cordon M , fon parapet , fes
trottoirs , par couper les corbeaux , & faire le
ragrément & rejointoyement de tout l'ouvrage î
enfin la dernière opération coniifte à former une
chauffée e, flg. V ? en mettant environ ι pied de
fobie fur les voûtes & leurs reins, pour recevoir
le pavé : à droite & à gauche , au bas des
trottoirs , -on pratique deux riuifeaux avec une
pente de 2 pouces par toife , fuivant la longueur
du Pont, depuis fon milieu , pour l'écoulement
des eaux ; ou bien quand la chauffée d'un Pont
doit être toute de niveau , on menage, de diftance
en diftance, des paffages pour les égouts a travers
les voûtes lórs de leur conitm&ion.
Tels font en général les procédés ufités pour
bâtir un Pont; c'eit une partie delà coriftru&ion
«qui s'eil beaucoup ■ perfectionnée de nos jours :
ni le Pont-neuf , ni le Pont-Royal à Paris , ii
vantés dans leurs tëms , ne fauroient entrer en
cornparaifon pour la hardieffe de l'exécution
avec les Ponts de Mantes , d'Orléans , de
Tours , de Moulins , de NeiiHly , &c. On eil
parvenu ' au point de fonder un Pont avec la plus
grande folidité , fur les rivières les plus rapides ,
fans détourner leur cours, fans faire de batardeaux
ou d'épuifemens-, & même avec moitié moins de
dépenié qu'auparavant : c'eil ainfi qu'a été bâti
ïe Pont de Saumur fur la Loire , dont nous avons
-ocr page 208-
d'Architecture.            i8ï-
rendu compte des opérations dans nos Mémoires:
fur Us objets les plus importuns de ΐArchitecture. _
Terminons cette defeription par une explication
particuliere des figures concernant la conûrufcion.
d'un Pont , ce qui nous donnera occalion d en-
tres dans quelques détails que nous ayons ete
forcés d'omettre , pour ne pas couper le ni des
opérations; après quoi nous, donnerons les dimen-
fions du Pont d'Orléans , ainfi que des ohierva-^
lions fur la conitrudion du Pont de NeuiUy ; àc
enfin nous finirons par les tables que nous avons
promis , pour déterminer les différentes epaifieurs
des culées.
Explication des Planches C FIII & CIX
τψ-èjentant la ConßruBion d'un Pont.
La fie. I, Planche CVIIÎ, exprime une partis
du plan dun Pont : une moitié fait voir le,plan
de deux piles & d'une culée au niveau de leau ;
& l'autre moitié repréfente le plan de la chauffée
ou du deffus du Pont.
               %
A,  batardeau d'enceinte garni de pilots a,a de
part & d'autre, avec des palplanches M entre.
eux ; lefquels pilots & palplanches, font entretenus-
dans le haut par des entretoifes c. ^
          ., ...
B,   piles, avec un avant & amere-bec ,φιη&
triangulaire , & l'autre circulaire.
C » culée avec des murs en aile- ^
D,  chauffée du- Pont avec des trottoirs.
E,  égout pratiqué à travers les arches.
F,  courant de la rivière;
La fig. Π, eft l'élévation d'une arche avec une
pile Β , & une culée C; on a fuppofé les fondements
dépouillés de terre pour faire voir leur pilotis.
r                                        .                                       M: UJ l · ■'
-ocr page 209-
lSi                      Cours
G, pilots armés de fabots de fer.
H, profil du lit de la rivière.
11, niveau des plus hautes eaux.
Κ, vouffoirs de l'arche.
L , reins de la voûte.
M, chaperons fervant de couronnement aux
avant & arrière-becs , lefquels font couverts de
dalles à recouvrement l'une fur l'autre. N
Ν , cordon au-deffus duquel eil le parapet.
La fig. III, PI. CIX, repréfente le plan parti*
çulier d'une pile.
Ο, pilots de remplage, dont les intervalles font
garnis de maçonnerie.
Ρ , pilots de bordage.
, Q, palplanches inférées entre les pilots P.
R , chapeaux qui coëfFent les pilots de bordage.
S, racinaux fixés fur la tête des pilots de rem-
plage , & affemblés à queue d'hyronde dans les
chapeaux.
La fig. IV, eft le plan de la maçonnerie de la
pile au-deffus du pilotis.
Τ , cours de plate-formes fur les pilots, enfup-
pofant qu'on voulut en admettre.
V, parements de pierre de taille, qui bordent
le pourtour de la pile , & dont les aiïifes font
cramponées.
X » libages au milieu de la pile.
Y, empattements formant retraite d'affife en
aiïife.
La fig, V , eft la coupe d'une arche , fuivant
fon épaiffeur, prife au milieu de lia clef.
Ζ , cours de chapeaux.
a, pilots de bordage, armés de fabots de fer.
h, palplanches.
c, cours d'affifes élevées en retraite depuis le
haut du pilotis.
-ocr page 210-
d'Architecture.          i$j
d> d9 corbeaux de pierre , fervant à porter les
cintres de charpente,
e., coupe du cordon , du trottoir , du parapet,
& de la chauffée difpofée en pente vers les égo.uts ff
pratiqués à travers les arches.
g&h, avant & arriere-becs couronnés de leurs
chaperons.
La fig. VI, eil la coupe d'une arche , prife fui-
vant fa longueur , au milieu des piles,
i, pilots de bordage.
k, pilots de remplage.
/, moilons enfoncés entre les pilots.
#2, racineaux.
η , chapeaux.
ο, profil des plate-formes.
ρ , coupe des vouffoirs prolongés fans fin dans
les reins.
q , profil de la chauffée , qui eff de niveau par-
deffus, fuivant la longueur du Pont.
r3r , corbeaux de pierre pour foutenir les fermes s
du cintre de charpente. Il y auroit fept fermes
femblables , fuivant la fig. V , lefquelles feroient
entretenues entr elles par les couchis t, & des
entre toifes u.
La fig, VII, fait voir particulièrement le profil
d'un corbeau.
W , corbeau.
χ, courbe du cintre de charpente.
y , couchis que l'on met fous la doëlle des files
de vouffoirs y fuivant la longueur de la voûte.
I, taffeaux placés entre les cintres & les cou-
chis, pour tenir ceux-ci en refpeit. '
6* ν vouffoirs.
M iv
*
-ocr page 211-
ι$4                  7 Cours
Dimenßons du Pont et Orleans.,
Le Pont d'Orléans a été bâti par feu M. Hupean,;
premier Ingénieur des Ponts & chauffées. Il a
102Ó pieds de longueur. Ses arches font de forme
elliptique, & au nombre de neuf. Elles ont été,
exécutées Tune après l'autre, & non en même-
tems ; c'eil pourquoi on a donné aux différentes.
piles une épaifieur en relation avec la pouiTée
de chaque arche en particulier.
L'arche du milieu a 112 pieds de diamètre ;
fur 37 pieds 4 pouces de hauteur ; la clef a 7
pieds 3 pouces ; le cordon avec le profil au-deiTous
a 3 pieds 3 pouces ; l'élévation du parapet eil de
3 pieds 6 pouces. L'épaiiTeur des piles de cette
grande arche eil de 20 pieds ; fi 011 a recours au
calcul, on verra qu'il n'indique que 18 pieds 10
pouces pour l'équilibre , & qu'ainfi il y a 1 pied
2 pouces au-delà.
Les deux arches collatérales ont 101 pieds de,
diamètre; & leurs piles 20 pieds d'épaiiîéur; îqs deux
fui vantes ont 94 pieds de diamètre, &; leurs piles,
18 pieds d'épaiiTèur : enfin les deux dernières onr,
81 pieds , fur 26 pieds de hauteur; leur clef a 5;
pieds 4 pouces de haut, &l\qs culées ont 18 pieds;
d'épaiiieur,
Les piédroits de toutes les arches ont 12, pieds
de haut depuis la plate-forme , & forment des,
retraites de 3 pieds en 3 piçds jusqu'à leur naif-
fance.
La largeur du Pont, cfune tête à l'antre, e$
de 46 pieds. Les parapets ont d'épaiiTeivr 18 pou^
ces, & les trottoirs 8 pieds de largeur. Enfin 1%
chauffée ou le pafTage des voitures a 27 pieds
de largeur»
-ocr page 212-
ï> ' A RCHl TE C Τ U R E.          l8$
La hauteur des baffes eaux a été fixée à la
îiaiiTance des arches ; & la hauteur des hautes
eaux eft a 21 pieds 6 pouces au-deifus*.
La plinthe du chaperon des avant-becs eil au
niveau des plus hautes eaux. Enfin la forme des
avant-becs eit en triangle équilateral mixte· , &
celle des arriere-becs en demi-cercle.
Quoique ce Pont paroiffe d'une très-belle exé-
cution , & ait été fondé avec beaucoup de foins ,
nous ne devons pas laiffer ignorer un incident
qui arriva pendant fa conilruâion. La feptieme
pile, en commençant à compter du côté de la
Ville , opera un taifement confidérable fur le fol %
qui caufa alors les plus vives inquiétudes. Les
deux arches qui répofent fur cette pile étoient
fermées , & leurs reins étoient garnis ; de forte
qu'elle portoit déjà toute fa charge ? aux parapets
& au pavé près , lorfqu'on s'apperçut d'une double
fracture qui féparoit le corps de la pile de l'ayant-
bec & de l'arriere-bec. Cet effet fut produit vrai-
iemblablement par la compreiïibilité du terrain %.
dans lequel on avoit néanmoins battu des pieux
jufqu'à 50 pieds de profondeur. L'avant-bec &
l'arriere-bec avoient taifés au plus de 3 pouces\
mais la pile avoit taifée , ou plutôt baifîee d'en-*
viron 18 pouces ; inégalités qu'on ne fauroit at-
tribuer qu'à la différence des fardeaux de chacun
de ces corps. Pour y remédier, on chargea cette
pile d'une mafié de pierre , pefant à-peu-près deux
millions, laquelle maife y reftâ environ fept mois j
enfuite on a reconilruit l'avant & l'arriere-bec,
& après avoir enlevé toute la furcharge de pierre %
on a vuidé le haut de la pile , & les reins des
deux arches qu'elle foutient, en y pratiquant des
.Voûtes qui portent le pavé 3 tellement que par
fe
y
\
-ocr page 213-
Λ
i§6                      Cou is
ée moyen , on a encore diminué , dé près de deux
millions de livres j le poids que portoit la bafe
de cette pile. Cet expédient a très-bien réufïi, & %
depuis Ton ne s'efl apperçu d'aucun autre effet.
Observations fur la conftru&ion du Ρ ont
de JVeuilly , près Paris > & fur /on
décintrement.
„Ce Pont a près de 750 pieds de longueur , y
Compris les culées, fur 45 pieds de largeur totale
d'une têiQ à l'autre. Il eft compofé de cinq arches,
chacune de 120 pieds d'ouverture, fur 30 pieds
de hauteur de cintre , c'eft-à-dire, furbaiffées au
quart : leur courbe a été tracée par onze centres,
dont celui de l'arc fupérieur a 150 pieds de rayon.
Les arches ont 5 pieds d'épaiffeur à la clef, &
préfente du côté de chaque face une vouffure
appellée en termes de l'art, corne de vache. Les
piles ont chacune 13 pieds d'épaiffeur , avec des
avant & arriere-becs demi-circulaires par leur plan,
dont le couronnement fert d'impofte à la retombée
de la vouffure. Suivant leurs proportions, elles
ne font deftinées qu'à porter le poids des arches \
& tout l'effort de la pouiTée de celles-ci a été en-
tièrement rejette contre les deux culées , qui ont
chacune 52 pieds d'épaiffeur , tout compris. La
chauffée de ce Pont eil de niveau dans toute fa
longueur : il y a de part & d'autre un trottoir de
6 pieds de largeur, & l'on a pratiqué à travers
les reins de chaque arche, quatre conduits pour
l'écoulement des eaux.
Quoique toutes les piles & la plus grande par-
tie des culées aient été établis fur pilotis, il n'y
-ocr page 214-
d'Architecture,          187
a eu cependant qu'une pile & qu'une culée fon-
dées dans le bras de rivière ; tout le reile l'a été
dans l'île ; ce qui a beaucoup contribué à la
prompte exécution de cet ouvrage.
Les piles & culées ayant toutes été élevées
au-deffus des pilotis avec de bonnes retraites
juiqu'à la naiiTance des arches , on a établi les
cintres de charpente pour conllruire les cinq ar-
ches à la fois. Ces cintres étoient retrouffés pour
ne point gêner la navigation du bras de rivière
pendant l'exécution du Pont, & compofés pour
chaque arche de huit fermes,, efpacées chacune
d'environ 5 pieds , fuivant fa largeur , & folide-
ment liées entr'elles par des entre-toifes. Chaque
ferme étoit aÎTemblée fans tenons ni rnortaifes ,
& faite de fortes pièces de bois de chêne, en-
tretenues bout-à-bout parembrevement, & à leur
rencontre par treize moifes bien boulonnées.
A mefure que l'on pofoit un voufîbir de chaque
côté de la naiiTance d'une arche , on afFe&oit de
pofer fur les cintres des autres arches les vouf-
foirs fernblables & correfpondans , en ohfer-
vant de tenir les joints ouverts de 5 ou 6 lignes.
On fuivit conftamment ce procédé , en avançant
vers la partie fupérieure de chaque voûte , telle-
ment que les cinq clefs furent pofées le même jour
& prefque en même teins.
Après que les voûtes furent bandées, & qu'on
les eût laiffé répofer fur les cintres pendant quel-
ques jours, on fe mit en devoir de procéder à
leur décintrement ; lequel s'opéra à-peu-près fui-
vant l'ordre que nous avons décrit dans îe'pre-
mier Chapitre de ce Volume , Article XII. On com-
mença par ruiner les calles , & enlever les con-
clus de la naiiTance des arches, & on continua
-ocr page 215-
188                       Cours
en avançant peu-à-peu vers le fommet , & en
fuivant te même ordre qui avoit été obfervé lors
de la pofe défaits vouffoirs; c'eft-à-dire, que l'on
enleva à la fois , non-feulement les couchis iem-
blables placés fur les cintres de part & d'autre de
chaque arche, mais en même-rems les couchis cor-
refpondansde toutes les autresarches. Chaque jour
on afFeaoit de n'enlever qu'un petit nombre de
couchis correfpondans des arches , tel que trois
ou quatre de chaque côté : puis après avoir laiffe
répofer les voûtes pendant vingt-quatre heures,
on continua ' le décintrement eonfécutivement
de jour en jour jufqua fa fin. Nous obiervâmes ,
pendant cette opération , que les cintres qui
s'étoient trouvés extraordinairement comprimés par
la charge énorme des voûtes , renflèrent viiible-
ment dès qu'on eût enlevé les couchis , & s'éle-
vèrent de 5 à-6 pouces , comme par un mouve-
ment élaitique , pour fe rétablir dans leur premier
état.                                                        .'....
Relativement au nombre des vouffoirs qui
montent environ à cent-neuf , & à la fomme de
leurs joints , dont le vuide avoit été tenu de 6
lignes, joint a laréfiftance quepouvoient oppofer
le mortier & les calles , il étoit à préfumer que
les voûtes baifferoient tout au moins d'un pied
vers la clef, par l'effet du taffement ; cependant
il nous a paru que leurs parties fupérieures ne
font gueres defcendues que de 8 pou ces lors du
décintrement : mais nous penfons qu'il a dû, de
toute néceilité i fe faire encore depuis quelque
affaiffement, loricjn on a garni les reins des arches,.
poféle cordon , les parapets , & chargé de terre
& de fable la chauffée du Pont pour la paver.
On ne fauroit qu'applaudir à la belle exécution
-ocr page 216-
S ' A R C H I Τ Ε C Τ tJ R È.            I$£
de cet ouvrage, qui eil fans contredit le plus hardi
de tous ceux qui ont été entrepris jufqu'ici en ce
genre. Il fera certainement dans tous les tems
beaucoup d'honneur à la capacité de M. Perronet,
premier Ingénieur des ponts & chauffées , qui en
a été l'ordonnateur. Le décintrement s'opéra avec
fuccès ; la courbe des arches n'en fut point alté-
rée; les joints des vouitoirs fe reflerrerent avec uni«
fortuite j aucun ne sepauiïra (l) : on en fut rede-
vable , non-feulement à la bonne proportion des
culées , mais encore à l'intelligence que l'on 'mit
dans cette opération, & à l'excellente pierre dure
dtted&Sdllancffuft , employée à la conitruclion
( ι ) Environ 15 jours après l'a réulîïte du taiTemcnt & du dé-
cintrement , l'on entreprit d'abattre les cintres de charpente,
ce qui écoit d'autant plus aifé, qu'ils ne portoient plus ften , &
qu'ils étoient parfaitementifëlés fous les arches. Au lieu de dé-
monter leurs différentes fermes l'une après l'autre 3 comme cela
fe pratique d'ordinaire , onréfolutde les faire tomber toutes a la
fois du même côté du Pont,, & l'on choiut le jour que Louis XV"
devoir venir voir cet ouvragé , pour lui donner ce fpectacle,
Ce jour ayant été fixé au %% Septembre 1772.,' on commença à
enlever dès la veille . les entre-toifes qui hoient enfemble les
différentes fermes de chaque arche , & on déboulonna les moi-
fes. On contint jufqu'au moment de leur deflruttion les dirre-
ïentes fermes, en les liant avec des cordages, dont les bouts paf-
foient par les'trous des égoûts , pratiqués à travers les reins des
arches, Sequi étoient tenus en retraite par des treuils places tui-
le Pont. Cette deftruétion s'opéra à .l'aide de 14 càbcftans,
auxquels étoferit fixés différents cables attachés aux cintres.
Tous ces cabeftans étoient placés dans l'île, d'un même côté
en amont du Poiit, & prefque fur une même ligne : m avoir dix
hommes employés au fervicede chacun. -Auu coupue tambour
donné pour n>nal, les Ouvriers placés furie Pont lâchèrent les
cordages paffls a travers les trous des égoûts , qui ténoient avec
des treuils en refpecl: les cintres ; diune autre part, les Ouvriers
appliqués aux cabeikns, en faifant tourner leurs moulinets avec
célérité, attirèrent les cintres prefque tous a la fois. Des que
la premiere ferme de chaque arche eût,reçu une împulfion,
comme elles étoient coûtes liées enferablç, elk la communiqua
-ocr page 217-
ΣQ                       Cours
de cet Edifice. Les piles, malgré leur légèreté,
Continrent, fans faire de mouvement fenfible lors
du décintrement, le fardeau des arches , qui font
chacune un objet d'environ feize millions pefant.
La pouiTée ne produilît d'effet que contre la culée
adoiTée au bras de rivière qui étoit à combler,
parce que cette culée ayant été faite de même
force que l'autre, qui fe trouvoit appuyée par
le bas de la montagne de Chantecoq, ne pouvoit
naturellement oppofer autant de réfiilance, jufqu'à
ce que les terres qui dévoient auffi l'accoter euifent
été rapportées. La voûte du pafTage pour le hal-
lage des bateaux, pratiquée dans cette culée per-
dit un peu de fa forme; il y eût quelques vouf-
foirs qui s'ouvrirent s & quelques-uns dont les
arrêtes menacèrent de s'épaufrer ; un des piédroits
de ce pafTage tafia fur le loi plus que l'autre
d'environ 4I ^ pouces j mais tous ces effets ne
furent en général d'aucune conféquence par rap-
port à la folidité du Pont, & cette culée eil
maintenant auffi ferme que l'autre, fur-tout de-
puis que le bras de rivière a été comblé. Auffi
nous ferions-nous difpenfé d'en parler, fi ce iTeft
que , comme nous avons traité dans le commence-
ment de ce Volume, des effets du tafTement,
nous fommes bien aife de confirmer par des faits >
combien eil important de prendre des précautions
à cet égard.
à la féconde j celle-ci la communiqua à la troifiéme , & ainfi de
fuite , tellement que l'abatage de cette immenfe charpente
s'opéra à la fois fans obitacle en moins de 5 minutes. Il n'y eût
d'excepté que deux fermes d'une des arches iituées fur le bras de
la rivière, lefquelles fermes avoient été renverfées une heure
avant Γ abbattage total , par la négligence de quelques Ou-
vriers à maintenir convenablement les cordages paflés en
retraite à travers des égoûts vers ces endroits.
-ocr page 218-
D * A R ç η τ τ ε e τ υ R ε.          &φ$
Τ)ξ, la manierç, de déterminer les proportions
des piles & des Culées d'un Pont,
, QUICONQUE ne çpnfulteroit fur cefujet que les
exemples , fe trouveroit néceiTairement fort env-
J>arrairé pour fixer les dimeniions des piles & des
çuÎées , à caufe de leur grande variété , même
dans des cas femblables. Les Anciens , comme
nous l'avons remarqué , donnoient fouvent à leurs
piles & culées , jufqu'à la moitié du diamètre des
arches. Les Modernes ont donné, tantôt le quart,
tantôt le cinquième y quelquefois plus , quelque-
fois moins : ce qui prouve qu'avant d'avoir ap-
pliqué les principes de la mécanique à la pouiTée
des voûtes, on n'agiiToit qu'au hafard , & fans
aucunes règles fûres pour déterminer lesréiiilances
à oppofer aux pouffées. Gauthier, dans fort Traité
des Ponts
, publié au commencement de ce iiécle,
propofe diverfes queftions à refpudre aux
Savans fur cette matière.
; i° Quelle doit être l'épaifléur des culées dan*
toutes fortes de Ponts ou Ponceaux, à propor-
on de la grandeur àes arches ou arceaux, &
des poids qu'elles doivent fupporter ?
2.° Quelle doit être la largeur des piles, par
rapport à l'ouverture des arches ou arceaux, &
des poids dont on les charge?
3° Quelle doit être la longueur des vouffoirs
depuis leur intrados à leur extrados , à toutes
fortes de grandeur d'arches à l'endroit de la
clef?, < '
- 4° Enfin quelle eft de toutes les arches fixées
fur un même diamètre, c.elle qui pourra fupporter
les plus grands fardeaux, &: à quelle proportion
-ocr page 219-
                        Cou it s
peut-on déterminer au jufte leurs efforts, enîes iiip'
pofant, ou de figure elliptique plus ou moins fur*
baiffée* ou de figure plehvcintre, ou èn£n d©
figure en tiers-point, plus ou moins iurmontée?
De ces différentes queffions , il n'y a guéres
que la premiere qui puiffe être réfolue par les
mathématiques : les deux fuivantes tiennent plutôt
à la phyiique ; elles dépendent de la connoiffance
du fardeau que les pierres feroient en état de fou-
tenir fans s'écrafer fous le faix , ou par l'effort de
la comprefllon ; car c'eil en-deça de ce terme, qu'il
eil: bon de s'arrêter , & il n'y a que des expé-
riences fur les àiyenes qualités des pierres, qui
foient capables d'inftruire là/deffusi
Quant à la dernière propofmon , elle efiaifée
à réfoudre; il n'y a pas de doute que la voûte
plein-cintre ne föit'la plus en état de réfifter au
fardeau , parce que la coupe de fes vouiToirs fe
réuniffant tous vers un feul point", il réfulte que
leurs efforts agiffant de concert $ ' ils le fortifient
mutuellement, & font par conféquent capables
d'oppofer plus de réiiitance à un grand fardeau y
fuivant l'axiome vis unita fortior^ que les voûtes fur-
baiffées ou entiers-point | dont les vouiToirs tendent
au contraiie vers différehs cintres. Âuffi dans tous
les travaux de fortifications & autres, qui ont befoin
delà plus grande force , emploie-t-on toujours lé
plein-cintre de préférence ; & c'eft fans fondement
que Gauthier, après l'avoir mis en queitIon,prétend
enfuîte attribuer cette propriété à la voûte en
tiers-point: elle a à la vérité moins de pouffée
que le plein-cintre ; elle exige des piédroits moins
forts, mais il s'en faut bien qu'elle puiffe réûfter
à d'auffi grands fardeaux.
En attendant qu'on entreprenne la folution de
fes
-ocr page 220-
d'Architecture.           193
fes quefdons , cet Auteur propofe des Tables
d'approximation , pour établir les proportions- des
principales parties d'un Pont ou Ponceau , depuis
un arceau plein-cintre d'un pied d'ouverture ,
jufqu'à une arche de 120 pieds. 11 poi'e pour
regle générale, de donner d'épaiiîeur aux piles
le { du diamètre des arches , & le ~ aux culées,
fans avoir égard, ni à la hauteur des piédroits ,
ni aux fardeaux dont les arches pourroient
être chargées. Π prend pour boufïble dans fes dé-
terminations , des tâtonnements faits d'après un
petit modele de voûte en bois , comme ii l'on
pouvoit jamais conclure du petit au grand en
pareil cas. D'ailleurs il ne parle que des voûtes
plein-cintres , & il ne dit rien de celles en ance de
panier, qui font les plus ordinaires pour les Ponts.
Au reile , ii Gauthier n'a pas réuffî dans cette
folution , c'efl qu'on n'y peut parvenir qu'à l'aide
«e Ja Géométrie, & que cet ingénieur n'étoit
pas aifez inftriiit pour en faire l'application.
Comme nous avons trouvé , parmi le peu de
matériaux qu'on nous a remis de M. Blondel, des
Tables pour déterminer en toutes circonilances les
épaiiîéurs des piles & culées des Ponts, à raifon /
<fe la pouifée des arches; lefquelles Tables ( dont
nous ignorons l'Auteur ) lui avoient ians doute été
communiquées pour en faire ufage} dans fou.
Cours, nous croyons devoir les rapporter à caiiie
«e l'utilité dont elles peuvent être pour ceux qui
ne font pas en état de faire ces fortes de calculs.
La premiere Table a été calculée, relativement
a la formule dé M. delà Hyre, pour les voûtes-·■>
plein-cintre, & en fuppofant avec lui le point de
rupture au milieu de la demi-voûte.
Tome FI.                                      Ν
-ocr page 221-
194                      € ö υ k s-
La premiere colonne de cette Table cofitient
le diamètre des voûtes, ,
La féconde.» la hauteur des piédroits, c'eûS
à-dire, leur élévation depuis les fondements juf-
qu'à la naiffance de la voûte»
La troiiieme contient répahTeur des' voûtes à
leur clef , laquelle épaiiTeur a été déterminée
d'après nombre d'expériences, en prenant le vingt*
quatrième du diamètre d'une arche , auquel il
faut ajouter ι pied, & en retranchant enfuite I
ligne par pied de cette fomme, le refte fera l'é-
paifleur de la voûte à la clef.
Il en eiï de môme pour les voûtes furbahTées,
en prenant le double du grand rayon pour le
diamètre de l'arche.
La quatrième colonne contient l'épaiffeur des
piles & culées dans le cas d'équilibre : on a fuppofé.
les reins remplis au niveau de l'extrados de la clef,
& qu'il n'y a au-deiïus ni terre ni pavé.
Comme on n'a pas eu égard aux retraites qu'on
.met ordinairement au bas des piles & culées , il
ne fera pas nécefîaire d'ajouter beaucoup à l'épaif-
feur trouvée par les Tables, pour être au-deflus
de l'équilibre. Car pour les petites arches , ces
retraites ( fi l'on en met deux , chacune de deux
pouces ) font fuiïifantes : à l'égard des arches de
médiocres grandeurs, comme celles de 36 pieds
d'ouverture , il fuffira d'ajouter 6 pouces à l'épaif-
feur trouvée par la Table, & pour les plus gran^
des I pied ou 18 pouces , ce qui joint avec les
retraites mettra la refiftance beaucoup au - deiïiis
de l'équilibre.
La; cinquième colonne contient répahTeur des
piles & culées, en fuppofant 15 pouces d'épaif-
-ocr page 222-
d'Arc « iwgture· : ; 19$
fem de.terre.; & pavé àtHdeiTus des ' dc4ß:'f &î que
la pente, de ce pavé eil de 18 lignes partoiie.
Cette colQîHie eil feulement remplie■-,pour les
.arches depuis deux toiies jufqu'à 26 de diamètre,
& dequatre en quatre toifes, ce qui a paru fuffi-
fant: car il fera facile de connoître ce »qu'if faudra
ajouter aux épaifleurs de la premiere colonne ,
pour avoir celles des arches chargées de terre &
de pavé , par la comparaifon de celles qui ont
été calculées.
La deuxième Table concerne les voûtes fur-
abaiffées au tiers, & tracées fuivant la méthode
de feu M. Pitot ; elle a été calculée par une for-
mule qu'on a faite à l'imitation de celle de M. de
la Hyre, pour les voûtes plein-cintre.
Comme on n'a pas d'expériences certaines
pour déterminer généraïeme-nt le point de rupture
des arches furhaifiees à moitié , le moyen le plus
fur a été de fixer ce point par,le calcul dans l'en-
droit où il fe trouve désavantageux , & ce moyen
ai a rien de douteux, parce qu'indépenclemment
de î'exiiîence de fa réalité, il eil conforme à la
préfomption naturelle qui nous conduit à croire
que la pouiTée des voûtes furbaiffées n'appartient
qu'au plus grand des trois arcs dont elles font
formées. On a été fondé à ne pas fuppofer le
point de rupture au milieu de la demi-voûte ,
comme ci-devant ; mais à la rencontre des arcs ,
qui eil le cas le plus défavantageux, c'eif-à-dire ,
que fi Ton fuppofoit que la voûte vint à fe rom-
pre au-deiïus ou au-deiïbus du point de rencontre
des arcs , l'épaiiTeur de la culée dans ce cas doit
être moindre , pour retenir la poufTée de la voûte,
que ii elle rompoit à la rencontre des arcs.
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Là Table des arches iurbaiffées au tiers contient
deux colonnes de plus que celle des arches en
plein-cintre , dont l'une eft pour le petit rayon,
& l'autre pour le grand : nous ne nous arrêterons
pas à expliquer particulièrement le contenu de
chacune de ces colonnes, attendu que leur titre
l'annonce fufnTamment.
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d'Arc h é ô å c ô õ r e.
197
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piles & culées ,
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Epaiflfeurs des
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d'Architecture.
201
II. TABLE
Pour les Coûtes ou Arches furbaijjees au tiers.
Epaiffeurs des
Epaiffeurs des
piles & culées,
piles & culées ,
la Voûté char-
les Reins rem-
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plis au niveau
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de l'extrados
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Cours
202
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Epailfeurs des
Dia-
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Epaiffeurs des piles ik culées,
mètre
des
<_ Voû-
teur
des
pié-
Tetit Rayon.
Grand Rayon.
Epaiffeurs
des Voû-
tes à leur
piles & culées, la Voûte char-
tes Rems rem-'gée de 1 f pou. '
plis an niveau.d'ép. de terre .
tes
droits.
clef.
de l'extrados i
de la clef. ]
& pavé,dont la
pence ft-roit de
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pieds pou
l'g-
piciii pou. lig.
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pieds pou. lig, pttds pou. lig.
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2θβ                      Cours
CHAPITRE VIL
Des Constructions Gothiques,
Ju'Architecture Gothique n'eil pas auffi mai-
adroitement imaginée qu'on pourroit le croire«.
A travers fes chimères , (es harpies , fes maf-
carons , fes ornemens grotefques , toutes (es
figures groiîiérement fculptées, & ridiculement
placées les unes au-déilus des autres dans de pe-
tites loges , les Connoiffeurs remarquent, dans
l'enfemble de fes Edifices , un caractère de lé-
gèreté qui les étonne , ainii qu'une majefteufe
élévation qui en impofe , & qu'on ne retrouve pas
toujours dans les Edifices antiques. Il fembie que
les Architectes Goths aient eu en vue , par l'or-
donnance de leur hâtiffe, de reöifier les conftru-
dions Grecques & Romaines. On diroit qu'ayant
remarqué que ce qui avoit précipité la ruine des
Monuments antiques, étoit les fardeaux imroen-
(es des architraves , la grande faillie des corniches
des entablements qui chargeoient leurs points
d'appui en bafecule, la forme & l'épaiffeur de leurs
voûtes, ils enflent entrepris de fe frayer une
nouvelle route , plus capable d'aifurer la durée
de leurs bâtiments. Quoi qu'il en foit , au lieu de
colonnes bien proportionnées p & d'une hauteur
déterminée comme auparavant , ils imaginèrent
de faire des piliers d'une hauteur arbitraire, en-
vironnés de petites colonnes fufceptibies de fe
prêter à toutes les élévations qu'ils defiroient ?
c'eil-à-dire , qu'au lieu d'imiter le tronc çbs ar-
-ocr page 234-
d'Architecture.           207
bres , à l'exemple des Anciens, ils fe piquèrent
en quelque forte de n'en imiter que les branches,
dont ils formèrent des efpeces de faifceaux qu'ils
ramifloient à volonté jufques dans les voûtes.
ils firent fuccéder, au périlleux élancement des
corniches & des architraves , de fimples cordons
peu ouvragés , & prefque fans faillie : enfin ils
iubiïituerent aux voûtes anciennes plein· cintre
on en ance de panier, exécutées en pierre , des
voûtes en tiers-point ou ogives, qui ont le moins
de pouiTée, en obfervant de les contraire des
matériaux les plus légers , à l'effet de diminuer
îeur épaiiTeur , & de favorifer conféquemment la
légèreté de leurs piédroits.
Les Goths ne furent pas non plus auflî fcrupu-
leux que hs Anciens & les Modernes, dans rem-
ploi des pierres fuivant leurs lits ; car la plupart
de leurs petites colonnes font en délit :*on en
voit d'une feule pièce , qui ont jufqu'à environ
ï2 pieds de longueur, fur à-peu-près 1 pied de
groffeur , lefquelles ne laiffent pas de porter des
iardeaux , ainii qu'on peut le remarquer aux
Tours de l'Eglife de Notre-Dame de Paris, & à
mille autres endroits.
Il y a nombre d'Edifices Gothiques où il regne
une délicateiTe figuliere dans la bâtiffe, & que les
meilleurs Conitru&eurs de nos jours feraient
fort embarraffés d'imiter. Si l'on propofoit
aujourd'hui d'exécuter quelque morceau d'ar-
chitecture dans le goût de légèreté de la Tour
des Cathédrales de Strasbourg & d'Anvers, ou
de quelques autres ouvrages en ce genre, il
eft douteux qu'il fe trouvât quelqu'un capable de
l'entreprendre avec fuccès. L'on fût obligé, il y
-ocr page 235-
2o§                       Cours
a environ quarante ans , de refaire la rofevitrale
de la croifée de I'Eglife de Notre-Dame de Paris
du côté de l'Archevêché, ( morceau qui heil au-
■ cunement à comparer pour la difficulté aux ou-
vrages cités ci-devant ) , & quoiqu'on eut choiii
M. BofFrand , le plus habile Architefte d'alors ,
il ne put réufîir à lui donner la même légèreté
qu'a la rofe vitrale oppofée , bien qu'on l'eût pris
pour modele , & qu'en démoliffant l'ancienne ,
l'on eût été à portée d'étudier comment elle
avoit été conilruite.
Nous avons dit dans" notre Introduction à , la
conilruclion des bâtiments , que l'on diilinguoit
deux âges dans le Gothique ; l'Ancien qui eil
pefant, matériel, & d'une lourdeur infupporta-
bîe , & le Moderne qui eil hardi, délicat, & dont
toutes les parties parohTent réduites à un nécef-'
faire a|>folu. Ce ne fut guéres qu'au commence-
ment du XIIe fiécîé que les conilru&ions Gothi-
ques commencèrent à fe perfectionner ; & c'eil
dans le XIIIe fiécle qu'ont été bâtis les plus beaux
ouvrages en ce genre , tels que les Cathédrales
d'Amiens , de Paris , de Chartres, d'Orléans , les
Eglifes de Saint-Nicaife de Reims , de Saint-Denis,
de Saint-Ouen de Rouen , &c. Une tradition po-
pulaire attribue fans aucun fondement la bâtiiîe
de nos plus belles Eglifes Gothiques aux Anglais \
car elles ont toutes été bâties fous la direction
d'Archite&es reconnus pour François , par les
lieux de leur naiiîhnce dont 'ils ont tiré leurs
noms, tels font Jean de Chelles (ι), Eudes de
(i) Jean de Chelles, étoit un des Architectes renommés dans
le XIIIe fiécle; il a bâti une partie'de I'Eglife de' Notre-Dame
«Se Paris.
                                                                         "■'·.'.
Montreal!
-ocr page 236-
d'Architecture.            20p
MóntreuilΓι), Robert.de Luzarclie (2), Thomas
de Cormont & Renault Ton fus , Robert de
Couci (3), Hugues Libergier, &c.
Depuis long-tems nombre de gens qui fe pre-
neur aux premières apparences , fans rien exa-
miner , ne ceffent de répéter que , pour faire
une Eglife parfaite , il fawdroit réunir la Nef
cl Amiens, le Chœur de Beauvais , le Portail de
la Cathédrale de Reims , '& les Clochers de la
Cathédrale de Chartres ; niais on ne réfléchir pas
qu'il ne pourrait réfulter de cette réunion qu'une
merveille purement idéale , & un affemblage de
choies bonnes , à la vérité, chacune en particu-
lier, mais qui ne font aucunement faites pour
s accorder enfembîe , ni pour la hauteur, ni pour
la largeur. Car le Chœur de Beauvais eil de ] 8
pieds plus haut que la Nef d'Amiens , & eil de
10 pieds plus large; la Nef d'Amiens eil à ton
tour de 18 pieds plus haut vis-à-vis fes entable-
ments ou corniches r, que le Portail de Reims
dans (es deux ordres qui doivent s'y arrafer ;
& quant aux Clochers de Chartres, il y en a un
(i) Eudes de Montreuil, mourut en n89 : il étoit Archi-
tecte de A Louis, &euc la conduite de pluiieurs Eglifes que
ce Roi htbarir; entr'aucres de Sainte-Catherine du Val-dcs-
jcohers, del'Hotei-Dieu, de Sainte-Croix de la Brficpnerie
ÎÂ 5 nnC"Maiïea!ÎÎ ' deS Qui"ze"Vingt , des Mathurins \
aes Billettes, des Chartreux & des Cordeliers à Paris,
i> Ά **§m de Luzarche, vivoit fous' Phiiippe-Aueufte II fut
1 Architeaede la Cathédrale d'Amiens, commencée en 1120 "
& qui tut continuée par Thomas de Cormont, & achevée par
fils de ce gemier Cette Eglifeeft une des plus cL·
livrables qui ait ete élevée, & elle eft auffi eftimée par l'ex-
cellence de ion travail que par ion étendue.
                           * I
pPbert deÇoucy> acheva l'Eglife de Saint-Nicaife de
aSrîi ύrmTe/]cef e? 11T9> Par HuSucs Libergier j il travailla
aulii ala Cathédrale de cette même Ville.
                      *
Tome FL                                        Q
-ocr page 237-
210                          COU RS
des deux q\û eft de 36 pieds plus élevé que l'autre.
On fait bien qu'en formant ce compofé, on fup-
pofe que ces parties feroient dans des rapports
convenables : or alors , tout ce qui fait le mérite
des parties fi vantées de ces Monuments difpa-
roîtroit. La Nef d'Amiens relevée de 18 pieds ,
& le Portail de Reims relevé de 36 pieds , per-
droient la grâce ou la proportion qui les rend
recommandables ; & en outre les Tours de Reims
ne feroient, à raifon de leur plus grande éléva-
tion , que moins propres à porter des Clochers,
tels que ceux qu'on voudroit y pofer. Par confé-
quent de cet alliage , il ne pourroit réfulter un
bel eniemble , ou plutôt il réfulteroit uri ouvrage
abfurde, fans proportion ou fans folidité.
Ce feroit fans doute la matière d'un ouvrage
très-intéreffant , que de donner un détail des
belles eonftru&ions Gothiques, mais en attendant
que quelqu'un entreprenne ce travail, nous nous
bornerons à expofer ici les principales dimenfions
des meilleurs ouvrages en ce genre.
La longueur intérieure de la Nef & du Chœur
de la, Cathédrale d'Amiens , depuis la rofe
du gr nd Portail , jufqu'au vitrail du chevet,
eil . ν » ■■*■■■ · ...... 346 pieds.
La longueur de la Cathédrale de
Paris . . ... . . . . . 340
Celles de la Cathédrale de
Chartres . .< . Y '.'.:], . . . . 340
Celle de Saint-Oueni . .".■-,..- . 342
Celle de la Cathédrale de Reims. 3Ó8
La largeur du Chœur & de la Nef de la Ca-
thédrale d'Amiens, eft . . . . 38 p. 7 p.
Celle de l'Eglife Saint-Ouen , eft. 34 6
Celle
de l'Eglife de Saint-Denis. 40
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d'Architecture.           i ι ι
Celle de l'Eglife Saint-Nicaife . . 41 p. . .
Celle de la Cathédrale de Reims. 44
Celle de la Cathédrale de Chartres. 48
Celle de FEglife de Beau vais . . 48
Celle de Notre-Dame de Paris . . 42
La hauteur de la voûte qui s'étend uniformé-
ment fur le Chœur, la Nef, & la croifée, au
même arrafement de l'Eglife d'Amiens,
eft . .... . . . . . . 132 p. § p.
La hauteur de la voûte de l'Eglife
de Saint-Denis ... . . . .83
Celle de l'Eglife de Saint-Nicaife. 95
Celle de Sainte-Croix d'Orléans. 98
Celle de Saint-Ouen .... IOO
Celle de la Cathédrale de Reims. 114
Celle de la Cathédrale de Paris, 102
Celle de la Cathédrale de Chartres. 114
Celle de l'Eglife de Beauvais . .'148
Toutes les belles voûtes Gothiques font en
tiers-point , & leurs courbes font tracées , de
façon que le rayon tiré du centre au fommet a
de hauteur les - du diamètre ,,dont on fait qu'il
ne faudroit que la moitié· pour le plein-cintre.
Elle font foutenues de diftance en diftance par
des piédroits ou piliers , d'où partent des arcs-
doubleaux en pierre, qui traverfent toute la lar-
geur de la voûte , & deux nervures auffi en
pierre, qui vont fe croifer dîagonalement vers
le fommet, & offrent quatre parties triangulaires
compofées de petits matériaux en moilonage ,
en briques , &c. dont deux forment des lunettes
qui reçoivent d'ordinaire lès vitraux» Il réfulte
de cette difpoiition que les voûtes ogives ne font
que de véritables voûtes d'arrêté., dont tout l'ef-
fort fe fait vers leurs retombées dans les angles ,
-ocr page 239-
zu                      Cours
& qu'ainfi ces angles étant convenablement for-
tifiés par des éperons ou contre-forts , leur inter-
valle pouvoit refter tout à jour, comme le prati-
quoient les Goths, fans nuire à la folidité.
Quand une Eglife n'avoit pas de bas-côtés,
telle eil la Sainte-Chapelle de Paris, ou de Vin-
cennes, &c. ils plaçoient directement derriere le
mur pourtour, en correfpondance vis-à-vis de la
retombée de la voûte, des contre-forts qui la por-
taient & loutenoientala fois fapouffée:mais lorfqu'il
devok y avoir des bas-côtés, pour diminuer la grof-
'Ceur des fupports le long des Nefs, ils décompo-
foient l'action de la voûte , & fe contentoient
de placer directement jau-deflbus de fa naiflance
un pilier de groifeur .fuffifante pour foutenir fa
partie inférieure , ' & ils rejettoient par des arcs-
boutans faction & le poids de fa partie fupé-
rieure vers des piliers butans fitués , foit-en faillie
en dehors des murs pourtours, foit fur les murs
de féparation des Chapelles. Nous avons expli-
qué particulièrement cet arrangement dans le
premier Chapitre de ce Volume, Articles IV & V 9
ainii on r%it y recourir.
Les arcs-boutans font toujours difpofés dans
les beaux ouvrages Gothiques , de maniere à ne
former par leur prolongation vers le haut de la
voûte qu'une ligne droite avec fon fommet. Pour
contenir les voûtes· d'un grand diamètre , l'on
mettoit fouvent deux rangs d'arc-boutans , l'un
vers le milieu de la voûte , l'autre vers fa naiflan-
ce ; il.n'y avoit qu'au pourtour des chevets ou
rond points , où l'on ne mettoit d'ordinaire qu'un
rang d'arc-boutant , parce que les piliers étoient
«Communément plus ferrés en ces endroits que vers
le long des Nefs, & qu'aufli les voûtes fur un plan
-ocr page 240-
d'Architecture.          ij}
circulaire ont à-peu-près moitié moins de pouffée
que les voûtes fur un plan droit, conditionnées
de même.
Les Goths employoient divers moyens pour allé-
ger leurs conitru&ions , fans pourtant rien dimi-
nuer de la iblidité : comme ils bâthToient la plu-
part de leurs ouvrages en pierre dure, ils avoient
imaginé de charger leurs piédroits pour les roidir
davantage , par des piramides , des obélifques >
ou de grands corps de maçonnerie ; étant affu-
rés de la bonté de leurs matériaux , ils par-
venoient par là à diminuer la groffeur des contre-
forts ou des piliers butans. Ils ne laiffoient pas
néantmoins d'employer du fer dans leur conitru-
£rion, mais c'étoit de maniere à le faire tirer, &
non à le faire porter , excepté pour l'exécution des
clefs pendantes , dont il fera qûeftion ci-après ;
c'étoit toujours par furabondance de force , &
non pour fuppléer aux dimeniions néceffaires
aux piédroits , aux contre-forts , ou aux piliers
butants. Ils fe fervoient auffi quelquefois de chaî-
nes de fer factices , qu'ils laiffoient feulement
fubfifter quelque tems après l'exécution des
voûtes, & jufqu'à ce que leur bâtiffe eût opéré
tout fon effet : on remarqué encore, dans plufieurs
Eglifes, les troux des paffages où étoient de ces
tirans vers la naiffançe des voûtes ,& même on en
voit qu'on a oublié d'ôter.
Tous les chaiîis en pierre, des vitraux & des
rofes vitrales qui terminent les bras de la croix
des Eglifes Gothiques, ne s'ajoutoient qu'après
; coup ; leurs joints fe couloient en plomb ; c'eft .
leur extrême délicateffe qui fait tout le mérite de
leur exécution.
Quant aux clefs pendantes que les Goths n'em-
O lij
-ocr page 241-
2.14                       Cours
ployoient fans doute que pour étonner les fpë-
äateurs , c eil le fer qui en faiibit toute la force,
Je nai rien vu en ce genre qui m'ait autant frap-
pé que dans la Chapelle de Herni VU , derrière
l'Eglife de "WeÎtminfter, à Londres. Cette Cha-
pelle a 80 pieds de longueur , fur environ 32
pieds de largeur; fa voûte eil fort élevée ,& eil
toute découpée par des ornements qui la font
paroître comme percée à jour. Ses compartiments
oifrent, fuivant la longueur de la Chapelle, trois
rangs de cuîs-de-lampe, oude clefs pendantes, dont
ceux des côtés defcendent en contre-bas à plus de
10 pieds; de forte qu'il femble qu'on ait affe&é
de prendre le contrepiecl de la folidité recon- ©
nue pour une voûte , dont l'eiTence de la dif-
poiition des vouflbirs eil de fe furmonter jnf-
qu a fon fommet, & non de defcendre en contre-
bas* Ce qui fait, le fontient de ces clefs pendan-
tes' , aiiiii que nous l'avons obiërvè , ce font de
forts mandrins de fer qui les traverfent dans leur
hauteur, lefquels font armés d'un boulon claveté
à leur partie inférieure , & fixés par leur partie
fupérieure·fur les. reins,,.des arcs-doubleaux en
pierre.- 3 ^n ;. \.. *· $*φ &
On rencontre fréquemment ·> dans les intérieurs
des Eglifes Gothiques, des ^petites colonnes com-
pofées de pierres en délit;, & qui paroiflent fou-
tenir des parties de voûte d'une étendue conii-
dérable ï mais il ne faut que faire attention à la
grande épaifleur des murs pourtours des endroits
où font -placées ces petites colonnes,, & aux
éperons qui les flanquent, pour être convaincu
qu'elles ne portent pas autant qu'on le croyoit
au premier coup d'œil. Car le fardeau ne pou*
vant agir fur ces petites colonnes autrement que
\
-ocr page 242-
d'Architecture.          21J
d'à plomb, à raifon de l'appareil des vouffoirs
des voûtes , & de la maniere dont leurs parties
fupérieures fe trouvent refferrées par les cô-
tés , il réfulte que tout l'effort, & même une
grande partie du poids font dirigés contre les
murs pourtours , tellement que les petites colon-
nes ne font véritablement que l'office de chan-
delles de pierre, & ne portent gueres au - delà
de la retombée des voûtes en queition, & de leurs
premiers vouffoirs : ce feroit fe faire illufion que
de coniidérer ces arrangements fous tin autre
point de vue.
11 en eil de même de tous les clochers en pierre 9 t
dont les iGoths couronnoient leurs Egiifes : i^s
n'ont pour la plupart qu'une apparence de har-
dieffe , mais ils ; n'étoient pas aulîi difficiles à opé-
rer qu'on le croiroit bien. Un des plus remar-
quables , eft celui de la Cathédrale de Cambray.
Il a près de 300 pieds de haut Λ y compris
la Tour où il eil placé. Sa Piramide à environ
150 pieds ; elle eil un o&ogone régulier de 29
pieds de diamètre en dedans œuvre , dont cha-
' que côté eil percé de dix à douze croifées, dif-
pofées de maniere que, de quelque lieu qu'on
l'apperçoive au loin dans la campagne , il parok
prefque h jour, comme un. fuerier. Quand on
arrive dans l'intérieur de cette Piramide, à moins
d'en être prévenu , tous les vuides des croi-
fées rampantes, femblent autant de crevaffes ,
préfentant 1'afped d'une voûte qui s'entrou-
vre , ou qu'on diroit en chemin de tomber,
& à travers les fentes de laquelle on voit déjà
le ciel ; du moins c'eil l'effet que cela a produit
"fur moi. Chaque côté du clocher a 11 à 12 pieds
de long, & n'a que il pouces d'épaiiTeur dans
O iv
-ocr page 243-
2i6                     Cours               V,
le bas : il eil bâti en pierre très-dure, de bas
appareil , ayant chacune ι pied de haut , fur
à-peit-près 18 pouces de longueur. Le plan delà
Tour qui élevé la Piramide eil quarré , & fes
murs n'ont dans le haut que 3 pieds \ d'épahTeur,
fans compter les éperons. Dans chaque angle du
quarré du côté de rintérieur, il y a un encor-
bellement qui avance, de maniere à porter qua-
tre des côtés de Foclogone. La Tour ou le
corps quarré étant fuppofé conitruit bien folide-
ment, l'exécution de ces fortes d'ouvrages étoit
néceiTairement fort fimple : elle ne confiitoit qu'à
élever un bâti de charpente de la forme de la
Piramide dans fon intérieur, pour en diriger l'exé-
cution , &. y placer enfuite en rampant fucceifi-
vement jufqu'au fommet , les aififes de pierre ,
en bonne liaifon. L'efTentiel étoit d'avoir âes
pierres de bonne qualité , & de pouvoir compter
fur la ténacité du mortier pour les bien lier :
il ne pouvoit fe rencontrer d'autre difficulté.
Sans entrer plus avant dans les détails des
conilruâions Gothiques , qui pafferoient les bor-
nes que nous nous femmes preferites , il rions
fufKra ici d'obferver que les ouvrages en ce genre ,
faits avant le douzième iiecîe , font d'une pefan-
teur infuportable ; & que ce ne fut que. vers ce
tems qu'on s'appliqua à alléger leur bâtifTe , à
diminuer la groiîeur des piédroits , & à pro-
portionner les réfiilances aux fardeaux & à la
pouffée, Cela fut d'autant plus aifé , que toutes les
conflrucHons Gothiques fe reiTembîent, & n'ont
qu'une même maniere d'être : elles ne font fans
cefie qu'un aiîembîage de voûtes d'arrêté en tiers
point, combinées dans différentes directions , &
placées de façon, à fe contre - buter l'une l'autre
-ocr page 244-
\
t d'Architecture.           217
par les angles, où fe fait tout l'effort. Solider
la retombée jTune voûte par des points d'appui
fuffifans ; contenir fa pouffée, foit par des contre-
forts , foit par des piliers-butans pour la rejet-
ter quand il le falloit,. à l'aide d'arc - boutans
vers des endroits opportuns ; charger au beibin
un piédroit pour augmenter fa rénitance , fans
augmenter pour cela fon volume ; joindre en-
fin , par furcroit , des moyens artificiels aux
moyens principaux de folidité ; voilà quelles
étoient en général les règles des bâtiiTes Gothi-
ques : ainfi il n'y avoir évidemment que deux
chofes à favoir pour réuifir à les perfection-
ner : i° Quel pouvoit-être le poids qu'un pilier
de pierre de telle ou telle groifeur étoit en état
dé porter fans s'écrafer ? 20 Quelle devoit-
être la force d'un pilier-butant ou d'un contre-
fort , pour réiiiter à une voûte ogive, à raifon
de fon diamètre & de fon élévation. Six-cents ans
d'expériences fouvent redreiTées , jointes à quel-
ques heureufes témérités , apprirent fucceflive-
ment ce qu'on pouvoit efpérer à cet égard ; ce
furent là leurs feuls maîtres. On ne fcauroit trop
le répéter : on procède d'abord au hafard ; peu-à-
peu on fe rectifie ; parce qu'on a fait, on apprécie
à la.longue', ce qu'on pourroit faire de mieux:
des hommes plus intelligens que d'autres com-
parent les tentatives que l'on a faites; de là naif-
fent les premières règles , & les premiers préceptes
que les fciences , où le goût épurent par la fuite ;
mais encore une fois , les premiers pas vers la
perfection dans tous les Arts fe font faits fans
autre fecours que des tâtonnements.
Pour donner un échantillon des conitru&ions /,
des Goths, & faire juger de l'induftrie avec la*
-ocr page 245-
ζιΗ                      Cours
quelle ils contrehalançoient la pouiTée de leurs
Voûtes, & allégeaient leurs fupports , nous rappor-
terons pour exemple l'Eglife de Notre-Dame de
Dijon , dont on nous a communiqué des deiîins
qui ont été levés en 1762, par feû M. Jolivet,
Correfpondant de l'Académie Royale d'Archite-
cture, & Arçhite&e dss Etats de Bourgogne.
Defcription de la Co/zßruciion de l'Eglife
de Notre-Dame de Dijon, PL CX & CXI
Cette Egîife a été bâtie au milieu du treizième
iiecle 9 fous le regne de Louis IX , dit S. Louis.
Quoiqu'elle ne (bit pas confidérable par fa gran-
deur, elle eu néanmoins des plus recommanda?
bles par la légèreté de fon exécution.
Son plan général , %. I , PI. CX , efl une
croix latine : le rez-de-chauiTée n'a rien de par-
ticulièrement remarquable , c'eil le plan du fécond
étage , fig. Π , qui 'mérite la principale attention ?
ainii que les profils, fîg, IX , % & XI., de la
Planche iiiivante. Pour nous rendre plus clair ,
nous croyons devoir lier enfernbie la defcription
des différentes figurés de ces deux Planches.
La Nef a de hauteur -56 pieds -,., & de lar-
geur du milieu d'un pilier a l'autre i<j pieds ~ ;
elle eil terminée par un comble de charpente de
22 pieds d'élévation ? dont les plus foxtes pièces
n'ont que ρ pouces de gros. Les piliers' de la Nef
? ont à-peu-près 2 pieds ~ ,de diamètre * & ont
d'un axe à l'autre 12 à 13 pigds :; ils fupportent
des arcs ogives le long des bas cotes, & à plomb
de chaque pilier s'élève une petite colonne de
11 pouces de diamètre, gui reçoit la retombée
de la grande voûte de la Nef, & qui eil acconi-
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■■■ ' \                                                                                                                                        ■ ■' '''.'■.-' » . ' ''"■'., - ' ;:"
d'Architecture.            219
pagnée de pluiieurs petites colonnes de $ & 6
pouces de diamètre , dont trois font en porte-
à-faux ( voyez , figure IV , leur arrangement )
& retenues à leurs joints par des boulons de fer
en forme de Τ , fig. V , qui les lient à la groffe
colonne. Les petites colonnes foutiennent de
petits arcs ogives le long de la Nef, & forment
avec les großes colonnes une gallerie de 2 pieds
J de largeur, fîg. II, régnant autour de TEglife Λ
dont le mur extérieur n'a que 7 pouces d'épaif-
feur, & s'éîeve à 25 pieds 4 pouces. Au-deiïus
de cette gallerie , il y en a une féconde de même
largeur , & plus élevée avec de grande croifées
dans le fond pour éclairer la Nef : enfin vis-
à-vis les petites colonnes de 11 pouces, il y a en
correfpondance derriere le mur de la gallerie un
contre-fort d'un pied de faillie s fur 2 pieds 1
pouce de largeur , qui fe lie au droit des reins
delà voûte de la Nef, avec les arcs-boutans qui
en foutiennent la poulTée , ' & la· rejettent vers les
piliers-butans.
                                                    >
Il eit à obferver que le petit mur de 7 pouces
& fon contre-fort portent totalement à faux en
dehors du pilier, & font foutenus comme l'expri-
me le profil, fig. XI, Planche fuivante , fur les
reins de la voûte des bas côtés , à laquelle on
a donné 15 pouces d'épaiffeur , fans compter un
renforcement de près d'un pied à fa rencontre.
La principale force de cette conitruétion con^
fiite dans des éperons de 4 pieds 9 pouces de
faillie., difpofés en dehors des murs pourtours
des bas côtés $ & au-deiîus defquels s'elevent, pres-
que jufqu'à la hauteur de la Nef , des piliers-
biitans dont la iituation eil iinguliérement re-
marquable. Chaque pilier-butant a par le haut
t
-ocr page 247-
2-20                         Cours
5  pieds 2 pouces 6 lignes d'épaiffeur, dans la
direction de la pouffée de la voûte , & par le
bas 4 pieds ι pouce. L'excédent du poids de la
partie ^ fupérieure fur l'inférieure eil difpofé de
façon à porter fur les reins de l'arc-boutant vers
les ~ de fa montée ; arrangement qui a évidem-
ment pour but d'augmenter la force de l'arc-
boutant vers fa partie inférieure, & de le rendre
plus propre à réfifter à la pouffée ■& au poids de
la voûte de la Nef, qui y font prefque entière-
ment dirigés.
Indépendamment des contre-forts & piliers-bu-
tans , le comble de charpente des bas côtés eil
encore difpofé de façon à contrebuter le mur de
la gallerie inférieure, & même la naiffance de la
voûte de la Nef.
Mais ce qui merite le plus d'attention dans
cette conilruâion , c'eil la difpofition du clocher
placé fur les piliers de réunion des quatre bran-
ches de la croix , & qui s'élève à 114 pieds au-
deffus des voûtes de la Nef. Ces piliers de réu-
nion n'ont au plus , dans le bas de i'Eglife,que
6  pieds en quarré , & font coniidérabîement tron-
qués par le paffage des galleries, fig. II , à la
rencontre des bras de la croix. Ils font en outre
tout-à-fait évidés au-dëffus des voûtes des bras de
la croix, fig. VI, VII & VIII, pour faire place
à quatre efcaliers ronds de 2 pieds } de longueur
de marche , montant à 54 pieds de hauteur &
dont les murs n'ont que 5 pouces d'épaiffeur ; ainfi
ces parties angulaires que l'on a coutume de for-
tifier dans tous les bâtiments , font ici entière-
ment évidées.
Nous avons exprimé ci-joint trois différents
plans du clocher. La fig. VI , eil la moitié de
*
-ocr page 248-
d'Architecture.           izi
{on plan , à la hauteur C C de la gallerie , %. X ;
la rig. VII , eil le quart du plan , à la hau-
teur D D de la deuxième gallerie ; & la fig. VIII,
eil le quart du plan , à la hauteur E E des féconds
vitraux; en les comparant, il fera aifé de conce-
voir leurs rapports.
Ce clocher eil, comme Γόη voit, quarré par
fon plan : il a 30 pieds de largeur hors œuvre.
Son intérieur eft décoré de deux étages de gal-
leries foutenues par des petites colonnes portant
des arcs ogives. Les murs qui adoflént ces galle-
riés ont 9 pouces d'épaiiTeur, & dans le/milieu
de chacun des quatre murs , eil à l'extérieur un
conrre-fort de 2 pieds 6 pouces 3 lignes d'épaif-
feur , y compris celle du mur , fur 3 pieds de
largeur , lequel porte fur la clef des grands arcs
des bras de la croix. Chaque coté du clocher,
dans la féconde gallerie , a deux grandes croifées,
avec trois autres croifées au-deiïus, de forte qu'il
eil percé en totalité de vingt croifées : enfin il
eil terminé par un plancher & un comble de char-
pente en piramide.
On voit par le compte que nous venons de
rendre de cette conitru&ion , qu'elle eil difpofée
avec beaucoup d'induilrie & d'intelligence , mais
de maniere néantmoins que, malgré fa hardieife ,
tout eil en force, & eil difpofépour fe prêter dé*
toutes parts de mutuels fecours : elle eil exécutée
toute en pierre dure , atteinte au vif, & ma-
çonnée avec d'excellent mortier : on ne voit
paroître aucune chaîne de fer, mais il eil à croire
qu'il doit y en avoir dans l'épaiiTeur des murs,
fur-tout du clocher.
Nous avons exprimé fur le plan du rez*de-
chauifée les empattements des fondations de cette
-ocr page 249-
ν
222                           Cours
Eglife , pour faire juger de leur liaifon , de leurs
rapports , & des précautions que les Goths ap-
portaient à cet égard ; & afin de nous rendre
plus intelligible, vu la petiteffe de l'échelle du
deffin , à laquelle notre format nous a obligé
de nous réduire , nous avons cotté fur le plan &
l'élévation ? les principales parties de cet Edifice,
afin que chacun puiffe l'étudier particulièrement.
Nous nous trouvons forcé par les bornes de
notre Ouvrage , & pour laiffer place aux autres
matières qui intéreffent également l'exécution des
Bâtiments 3 de terminer ici nos obfervations fur ce
qui regarde la Maçonnerie: car nous fommes bien
éloignés de croire avoir tout dit fur cette partie
importante. La conflrucüon confédérée au-delà des
éléments & dans tous fes rapports , eft capable de
fournir une ample matière à des differtations très-
intéreiTantes pour fes progrès : nous en avons déjà
donné plufieurs, tant depuis le commencement de
ce volume que dans nos Mémoires fur les objets les
plus importuns de l Architecture , & nous efpérons,
dans la continuation de ceux-ci, en donner par la
fuite encore d'autres qui compléteront, en grande
partie, ce qui reile d'important à dire fur cet Art,
-ocr page 250-
d'Architecture.          223
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DE LA CHARPENTERIE.
INTRODUCTION.
De l'origine et des avantages
A
des Bâtisses en Charpente.
Quelque anciennes que foient les conilru-
öions en pierre , on ne fauroit douter , com-
me nous l'avons dit dans notre Dïicours Pré-
liminaire fur la Maçonnerie , que les bâtiïTes en
charpente ne les aient de beaucoup précédées , ou
plutôt , que Fart de bâtir ne fe foit exercé pen-
dant long-tems fur le bois avant de s'eifayer fur
la pierre. Après que les premiers hommes eurent
quittés les antres & les rochers, ils fe mirent a
couvert des injures de l'air, fous des cabanes Am-
plement formées avec des branches d'arbre, des
feuillages, de l'argile & du chaume. Mais ayant
fenti bientôt riniuffifànce ou le peu de folidité & dé
falubrité de ces fortes d'habitations,ils s'appliquèrent
fueceffivement à les rendre plus fiables & plus
commodes. A la place de branches, ils plantèrent
des troncs d'arbres verticalement à une certaine ;
diftance les uns des autres dans la terre : fur leur
fommet, ils appuierent d'autres pièces de bois,
tant horifontalement qu'obliquement , pour fer-
vir de plancher, & de comble à leurs demeures.
La réflexion & l'expérience ayant éclairés de plus
-ocr page 251-
"V
224                       Cours
en plus les hommes , il trouvèrent le moyett
d'écarrir les bois, d'en affermir les différentes
pièces par des affemblages combinés , à l'effet
de leur procurer une coniiftance durable, & une
force capable de réiiiler à l'impétuofké des vents:
c'eit ainff que les bâtiffes en bois fe font peu-à-
peu perfectionnées.
L'utilité de la charpentérie efttrop généralement
reconnue pour qu'il foit befoin d'iniifter beau-
coup fur fes avantages. Nous la' voyons dans les
iiecles les plus reculés , contribuer à l'artaque &
à la défenfe des places , tantôt nous tracer un
chemin folide fur les fleuves les plus impétueux ,
tantôt nous aider à parcourir les mers dans des
efpeces de maifons flottantes, pour nous enrichir
des productions des contrées les plus éloignées,
ou bien pour contribuer à faire paffer jufqu'aux
extrémités de la terre les fruits de finduitrie de
nos Commerçans.
D'affreux tremblements de terre menacent-ils
d'engloutir une ville, & d'écrafer, par la chiite de
fes maifons en pierre , la plupart de fes habitants ?
heureux ceux qui rencontrent alors des mai-
fons en charpente ; elles feules peuvent , dans
ces défaftres , mettre en fureté leurs vies & leurs
richeffes. Dans nos Cérémonies, dans nos Fêtes
) publiques , dans nos Affemblées utiles ou agréa-
bles , facrées ou profanes , par-tout nous avons
befoindel'art du Charpentier. Comment pourrions-
nous, donner à nos Edifices importans une hau-
teur fi coniidérable } & conftruire leurs voûtes fans
le fecours des échaffauds de charpente , & des cin-
tres qui s'élèvent avec elles ? N'eft-ce pas encore
par fon moyen qu'on vient à bout d'exécuter
toutes les machines induftrieufes ? dont on fe
':/
                                                             fcrt
.'ν''-.' :..;.;: ;                                                          '■ "' -] '■
\ . . --■'■ .Λ,;                                     '■ i-                                                                      --"■' -                                                                                   -'...'                                                                   '■'" -                                 ;■'->"■'
-ocr page 252-
d'Architecture*           225
feit pour- tirer du fein de la terre , & tranfponer
dans les airs ces blocs énormes de pierre, qui
fervent d'amortifTements & d'embelliiTement à nos
Monuments ? N'eûVce pas par la torce des cabe-
ilans que nous parvenons à conduire jufques dans
les chantiers ces maiTes prodigieufes de marine, aux-
quelles nos Sculpteurs fembîent donner le mou-
vement '& la vie ? C'eir. enfin à l'aide de la char-
penterie quelles planchers nous tiennent lieu de
voûte, que nos demeures deviennent plus falu*
bres , que des efcaliers de la plus grande légèreté
dégagent les appartements, que l'on parvient à
faire des cloifons & des corridors , qui multi-
plient les logements ou les rendent plus commo-
des , & qu'en un mot nos couvertures nous pré-
fervent des ardeurs du foleil, du vent, de la
pluie & des neiges , fans parler ici de l'accélé-
ration & de l'économie qu'elle procure dans la
bâîiiîe en général.
Mais ii la Charpenterie préfente , en effet, une
multitude d'avantages, on ne fauroit fe diiiùruiler
qu'elle a le très-grand inconvénient d'être lujette
aux incendies , & d'empêcher la durée de la
plupart des Edifices où on l'allie avec la pierre ;
& même l'on peut fe rappeller que nous avons
déjà remarqué, qu'aucun des ouvrages de l'Anti-
quité, où l'on a voit employé de la charpente, ne
font parvenus jufqu'ànous. Le Temple de Diane à
Ephefe , celui de Perfépolis , & le Temple de Jéru-
faîem, bâti par Salomon , dont la charpente étoit
compofée de cèdres du Liban , ont été la proye âes
flammes. Combien de villes entières n'cnt-elles pas
auflî été ruinées par le feu} Et pour ne parler
ici que de celles renfermées dans le fein de ia
France, Rennes en Bretagne, Sainte-Menehould en
Tome VU
                                          Ρ
-ocr page 253-
·· -iiS                    "'Cours                                   !
Champagne , Bolbec en Normandie y. nombre |
d'Egliies dans nos Provinces , piuiieurs Ponts à
Paris , dont les maifons étoient bâties en bois ,
récemment la Foire de Saint-Germain , la Salle
de l'Opéra , l'Hôtel-Dieu , & une partie du
Palais , ne nous rappellent-ils pas encore ces
défaitres terribles , que la prudence humaine ne
.peut pas toujours prévenir.
Quoiqu'on ait beaucoup écrit fur4a Charpente-
. rie, nous n'avons cependant encore aucun traité vé-
ritablement raifonné dans toutes fes parties* Le
iecret de cet Art fembie être le partage de quel-
ques bons Praticiens , que leurs travaux multipliés
empêchent de rien écrire fur ce fujet ; en forte
que ceux qui veulent s'en initruire ne peuvent
avoir recours qu'à ce que nous ont donné Mathurin
Jouiîe , Philibert Delorme , le Muet, Blanchard,
& depuis peu le iieur Fourneau. Notre deffein n'eft
pas de traiter ici à fond cette matière , & de la dé-
velopper au point de faire ce qu'on appelle un
bon Charpentier, mais feulement de mettre un
jeune Artifle au fait des travaux les plus ordi-
naires, afin de pouvoir les ordonner, les appré- ;
/cier , fixer leurs dimeniions , & en un mot, con- j
noître ce qui conititue la perfection de cette par- j
lie de FArchke&ure. Ceû. pourquoi, après avoir |
.parléen général delaqualité des bois , de leurs prin-
cipaux ailemblages , & de la réiiitance qu'ils peu- |
vent oppoier à raiibn de leur grofleur. Nous trai- |
terons de leur emploi dans les planchers , les f
combles , les pans de bois , les cloifons , les [
=çfcaliers , & nous finirons par donner une idée |
de la maniere de faire le devis de ces fortes j
, d'ouvrages ; renvoyant pour leur toifé aux traités \
de Bullet & de Dégodets , auxquels il y. a peu de
■choie à deûrer à cet égard.
-ocr page 254-
ö' À k c h i t e e τ ν k t.         iïfs
•'hun Γ juin. . , , ..η HgCT*d^S^T/ig2£gA ι r,;.-, ,., ■ ,,,»■■■■ - j. ' «t»*Vu
CHAPITRE PREMIER,
De la qualité jóes Bois en général $
et en particulier ώε celui
PROPRE A LA ChARPENTERIE.
JLa bonne qualité du bois dépend, & de là
nature du terrain , & de la faifon dans laquelle
il a été coupé. Dans les lieux bas & maréca-
geux , les arbres commuent une humidité qui
leur devient nuifible. Leurs fibres > en s'imbibant
des parties fulphureufes , que charient en abon-
dance les eaux qui abreuvent ces terrains> rendent
leurs troncs moins forts & moins eil état die
réfiiler au poids qu'ils doivent foutcriir : e'eft
pourquoi ils fe tourmentent > fe déjettent j plient *
&: déviennent peu capables de faire une con*
ibu&ion durable* Au contraire les arbres qui
croiiîent fur les montagnes à dans des lieux fecs ,
fur les lifieres des forêts, ne tirant de fuis nour-
riciers de la terre que ce qu'il leuren faut pour
croître & fe fortifier , leur intérieur devient
conféquemment plus compaft: * plus ferré, plus
folide , plus propre à réfuter aux impreiTionS
de l'air , & à fupporter de grands fardeaux* Il
en eil de même des arbres qui ont été plantés
à l'expofition du midi, on remarque qu'ils font
toujours plus durs , plus droits , plus hauts,»
plus gros, & ont moins d'aubier que ceux qui
ont cru expofés au nord.
Quant à la faifon de couper les bois de chap
Ρ η
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$iS                       Cours
pente , Tans parler du plein ou du déconrs de la
lune, que quelques uns regardent comme un pré-
jugé ; au moins eft-il certain que toutes les fai-
fons ne font pas également propres à la coupe
des bois. L'ufage eli d'abattre les arbres depuis
le mois d'O&obre jufqu'à la fin de Février, atten- I
du que pendant ce tems, leur fève paroît, en
quelque forte, endormie. La raifon encore pour
laquelle on préfère cette faifon, c'eft parce que
les vents qui y régnent communément, contri-
buent à diifiper le trop d'humidité qu'un arbre
pourroit avoir contracté pendant que fa fève étoit
en vigueur , & que fes pores fe trouvant reiTer-
rés par le froid, il eft fufceptible d'acquérir alors
plus de folidité, que s'il eut été coupé pendant
la dilatation de fes fibres , & répanchement de
fes liqueurs.
On évite dans la bâtifîe d'employer des arbres |
morts fur pied; ils font d'un mauvais ufage ,
attendu que l'humidité y étant déféchée, & la
fève s'en étant retirée , il refte trop de vuicle
entre {es pores , ce qui le rend foible, fujet à
gerfer , à éclater, à fe caifer , & à fe pourrir
promptement. | :,-.·.
De toutes les efpeces de bois que les forêts
fournhTent, le chêne eft reconnu le meilleur pour
la bâtifTe, comme étant le plus capable de reinier
aux fardeaux , & acquérant dans l'eau un tel
degré de dureté , qu'il n'eft quelquefois plus pof-
iîble de le travailler à l'outil , aînfi qu'on l'a
éprouvé plus d'une fois fur celui que l'on a trou-
vé dans quelques démolitions d'ouvrages an-
tiques.
Dans le dernier fiecle, on faifoit fréquemment
ufage du châtaignier : la plupart des couvertures
-ocr page 256-
d'Architecture. 22^
des anciens Châteaux & des anciennes Eglifes ,
font de ce bois. Il s'écarit bien , & n'eit pas fujet
aux vers ni à la vermine. La raifon pour laquelle
on lui préfère le chêne , c'eil que le châtaignier
ne vaut rien lorfqu'il eft enfermé dans la maçon-
nerie , comme le font les exrémités des poutres %
des folives d'enchevêtrure , des lincoirs ,, des
fablieres , des poitrails , &c. D'ailleurs , depuis
le grand hiver de 1709 , cette efpece de bois
a manqué totalement en France , & l'on ne s'en
fert maintenant que pour faire des cerceaux , des
échalats, &c.
Le fapin étoit anciennement beaucoup plus
en ufage qu'aujourd'hui ; fon défaut eil d'être
plus fujet aux vers & à s'échauffer que toute
autre efpece de bois ; cependant il paffe»
à groiTeur égale ? pour être d'un cinquième
plus roide que le chêne. Il eil auffi fort droit ,
fort léger , d'une plus grande longueur, & plus
aifé à travailler ; qualité qui le font employer de
préférence , en Allemagne, en Alface , en An-
gleterre , & ailleurs , avec fuccès , tandis qu'er*
ïrance nous le profcrivons de la charpente des
bâtiments, & nous le deûinons feulement pour
les ouvrages de ménuiferie les moins importans«.
Au défaut du chêne, l'orme s'employe quel-
quefois dans la conilru&ion des combles \ il &
le même inconvénient que le châtaignier , c'ëil-à-
dire y d'être fujet à fe pourrir peu de tems après
avoir été enfermé dans la maçonnerie. Aufurplus %
on employé ce bois avantageufement pour le
charonnage ,. de même que le hêtre & te noyer
pour les meubles , le charme pour brûler, l'aulne
pour les ouvrages que l'on fait au tour , le buis „.
le bois de paliilandre r l'amaxaEthe , &c. pour
Ρ iij
- ' ':';' -                                    V ■ ,'' ' . <■ '
- '■ ' '' '-'                                           t ; , ' ν                                 '                            ■ V w , ■.,.;
v                                          . : ''';'■; ■ '■·"                                                                                   (■■■■                           '■■ ■''.,*'.'; "', "'                            ; ' ;; "V", -.
-ocr page 257-
ajô                      Cours
rébenifterie , ainil des autres, dont rémunération-
eit préfque infine , mais dont 1'Architecle ne dok
pas ignorer en général les bonnes ou mauvaifes
qualités particulières, &Tufage utile ou agréable
qu'on en peut faire dans la bâtiife , & iur-tout
dans la décoration intérieure des Edifices.
Le bois de chêne çhoiii de la meilleure qualité
fe diviie. en deux claffes ; Tune qu'on nomme
dure , & l'autre qu'on nomme tendre. Celle-ci
étant peu capable de refifter au fardeau étant
plus traitable pour l'aifemblage , & plus facile
a corroyer , eit particulièrement deilinée à la
ménuferie tandis que la premiere ayant plus de
corps , & réiiitanc davantage aux impreffions de
l'air , eil plus propre à la charpenterie. Cette dif^
férence, dans une même qualité de bois, provient
delà nature du terrein où les chênes ont été
plantés ; ceux , comme nous l'avons dit, qui ont
crû dans un lieu arride, font plus durs que ceux;
qui ont crû dans un fol humide & aquatique.
On fait ufage du chêne depuis foixante ans
jufqu'à deux-cents ans : paiTé ce tems il dépérit %
& avant |l eil fans beaucoup de force ou de con-»
liftance. Pour connoître l'âge d'un arbre, après
l'avoir fcié environ à 4 pieds de terre , on com-
pte le nombre des circonférences contenues dans
ion trône , qui vont progreiîivement depuis le
centre de l'arbre jufqu'à l'écorce , & ces couches
annulaires marquent affez précifement lç nombre
defes années,
îLe tems le plus propre pour couper les chéV
Hes, avons-nous dit plus haut, efl depuis la fin
d'Oc^obxe jufqu'au commencement de Mars j majs
nous obCerverons qu'avant de les abattre , il eft
feOB 4q ks cerner par Je. bas juftjues, pxè.s 4k\
I
Λ
-ocr page 258-
i
D* A R C H 1; Τ E G TV R E.             Z^T
cœur, & de les laifler en cet état quelques tems,
fur pied , afin de permettre à l'humidité ou à k
fève de s'écouler ; autrement cette humidité re-
ftant concentrée dans le bois , 1e corromproit ,.
le feroit tourmenter , & le rendroit par là peu
propre aux ouvrages de. fujettion. Nous avons
remarqué dans nos Mémoires , qu'en 'quelques,
provinces d'Angleterre,il étoit d'ufage d'enlever dès,
le printems l'écorce des arbres que l'on vouloir
abattre l'automne fuivante , ce qui nous paroît une·
très bonne méthode^ & nieriteroit d'être générale-
ment obfervée*
La perfection des bois de charpente eil
"d'être de droit fil , & fans nœuds vicieux qui
l'interrompent : il faut auffi qu'ils ne foienü
point roulés , & qu'ils ne foient pa&flaches , c'eil-
à-dire , moins gros par un bout que par l'autre 9
quand on veut les mettre* en œuvre. Si l'on pou-
voit, avant de les débiter , les garder deux ow
trois ans à l'abri , comme ils auroient eu le tem»
de devenir bien fecs, ils feroient d'un bien meil-
leur ufage y & chargeroient beaucoup moins^ un·
bâtiment. En effet, il eil d'expérience que le pied-
cube de chêne nouvellement coupé pefe. foixante-
onze livres , qu'au bout d'un an il ne pefeplusj
que foixante livres, & que quand il eii extrême-
ment fec , fon poids eil réduit à environ .quarantsr
livres.
F iv
m
-ocr page 259-
2-31                        Cours
CHAPITRE IL
De la réduction des Bois
de Char pen te.
JLTo ν coupe les bois dans les forêts fuivant une
progreiîion de 3 pieds en 3 pieds, c'eit-à-dire,
félon une longueur confiante de 3, 6,9, 12,
15 pieds , &c. : & comme le Charpentier les
acheté en conféquence de ces longueurs prefcri-
îes, il convient donc , quand les bois ne font point
employés fuivant ces longueurs d'y avoir égard ?
& de prendre le nombre en fus pour lui en tenir
compte , attendu qu'il eil à fuppofer qu'il a été
obligé de retrancher le furplus pour le mettre en
œuvre, il eil à obferver cependant qu'on ne
compte cette augmentation de 3 pieds en 3 pieds
qu'au-deiïiîs de 22 pieds de longueur , mais qu'au
délions on ne compte l'augmentation que de 18 pou-
ces en 18 pouces > & comme fi les bois étoient effe-
ctivement coupés dans les forêts de 18 pouces en
18 pouces. La raifon en eil , qu'une pièce de
bois telle quelle fe vend, peut avoir été coupée
en deux ou en pluiieurs parties égales.
On trouve dans tous les Traités de Charpen-
terie une Table de réduction, qui a été reûifiée
& rédigée avec beaucoup de fagacité , par le
Commentateur de l''Architecture Pratique de Bullet ;
& comme cette maniere d'expofer cette Table eil
plus inilruclive & beaucoup plus claire que celle
ufuée , nous allons la rapporter de préférence.
Λ
-ocr page 260-
r
d'Architecture. 233
Table de la réduclion des longueurs des Bois
employés dans les Bâtiments.
Une pièce de bois , quelque petite  qu'elle
foit, eft comptée pour . . . . . .    ι ρ. ~
Enfuite jufqu'à 2 pieds, pour ...    2p.
2 pieds jufqu'à«3 pieds 1 pouce,pour.    3 p.
3  pieds 2 pouces jufqu'à 4 pieds 8
pouces |, pour . . . . . . ...
    4 p. ~
4  pieds 9 pouces jufqu'à 6 pieds 2
pouces , pour........
    6 p.
6   pieds 3 pouces jufqu'à 7 pieds 8
pouces |, pour ........7 Ρ· Ι
7  pieds 9 pouces jufqu'à 9 pieds 3
pouces |, pour........9 p.
9 pieds 4 pouces jufqu'à 10 pieds 8
pouces \, pour....... · 10 p· £
10  pieds 9 pouces jufqu'à 12 pieds 4
pouces |, pour . .......12 p.
12  pieds 5 pouces jufqu'à 13 pieds 8
pouces^, pour ........13 p·1
13   pieds 9 pouces jufqu'à 15 pieds
4 pouces |, pour . . . . . . . 15 p.
15  pieds 5 pouces jufqu'à 16 pieds
8 pouces | , pour.......16 p. ~
16  pieds 9 pouces jufqu'à 18 pieds
4 pouces |, pour . . . . . . . 18 p.
18   pieds 5 pouces jufqu'à 19 pieds
8 pouces ~, pour . . . . . . . 19 p. £
19   pieds 9 pouces jufqu'à 21 pieds
4 pouces \, pour ....... 21 p.
21   pieds 5 pouces jufqu'à 22 pieds
8 pouces |, pour . . . . . . . 22 p. f
22  pieds '9 pouces jufqu'à 24 pieds
-ocr page 261-
234                       Cours
6 pouces, pour.....; ; ; 24 p»
24 pieds 7 pouces, pour . . . .27 p.
27 jufqu'à 30 , pour.....30 p.
30 jufqu'à 33 , pour . . . . . 33 p.
33 jufqu'à 36 , pour . . . . . 36 p;
3Ó jufqu'à 39 , pour . . ".· · . 39 p·
On voit par cette Table que la progrefîîoa
jufqu'à 22 pieds n'augmente que de 18 en 18
pouces , comme nous l'avons dit, & qu'au de(-
îtis de cette longueur elle augmente de 3 pieds·:
en 3 pieds.
Il eil aifé de juger que, fuivant cette rédu--"
öion de 18 en 18 pouces, le Charpentier ne
fauroit perdre, eu égard aux différentes longueurs
dont il acheté le bois. Suppofons, par exemple y
qu'il ait befoin de deux pièces de bois , l'une de
5 pieds 2 pouces de long, .& l'autre de 9 pieds
IO pouces , il la coupera dans un 15 pieds, &
alors cette pièce de bois de charpente de 5 pieds
lui fera comptée pour 6 pieds, & l'autre pièce
de bois de 9 pieds 10 pouces lui fera comptée
pour 10 pieds ~ ; aini|^u4lieiï de 15 pieds que cette
pièce lui aurok été comptée , s'il l'avoit employée
feule, elle lui fera paifée par l'nfage à 16 pieds -^
Autre exemple ; s'il a befoin d'une pièce de bois
de 4 pieds 9 pouces » & d'une autre de 12*
pieds { , le premier morceau lui fera compté fui-
vant i'ufage , 6 pieds, & le fécond 53 pieds ~ ρ
ce qui fera 19 pieds j , au lieu de 1-8 pieds , que lui
auroit valu feulement Cette pièce s'il l'avoir
employée de toute fa longueur ; & il lui refera en
oim?e un morceau de bois, d'un pied de long *
qui dans l'emploi_lui fera compté 1 pied ~ ; ainii
iî gagnera 3 pieds de plus fur la longueur de,-
cette pièce de bois, en la; débitante
-ocr page 262-
d'Architecture.           23$
On voit , par ce que nous venons de dire ,
que la réduûion des bois étant à l'avantage du
Charpentier, quand ils ne fe trouvent pas em-
ployés des longueurs convenables , il eit donc
important qu'un Architecte y ait égard dans la
diftribution du plan d'un bâtimeut., afin de taire
tourner les ufages , autant que faire ie pourra, au
profit du propriétaire, & qu'il fupporte le moins
de déchet poiïible. Il lieft point indifferent , par
exemple , de donner 12 pieds 4 ponces , 01112
pieds 5 pouces de longueur aux (olives dun
plancher; cardans le premier cas les 12 pieds
4 pouces ne feront comptés que pour 12 pieds a
l'Entrepreneur, tandis que dans le fécond , il fau-
dra lui compter pour 13 pieds i, celt-a-dire,
lui payer le plancher en queftion , comme s il
avoir 18 pouces de plus de longueur. Ceit
dans cette répartition judicieufe que lonrecon-
noit l'intelligence de celui qui diftribue un plan ,
& il en peut réfulter , fur la totalité de la
charpente d'un bâtiment, beaucoup d economie,
fur-tout filon s'attache à proportionner la groneur
des bois , comme on le verra ci-apres.
On appelle en général le bois qu on employé
dans la charpente bois quarrè ou d ecarnllage,
pour exprimer que de rond qu'il étoit originaire-
ment , il a été équarri par le fecours.de la main-
d'œuvre. On débite le bois-quadrangulairement,
quand il doit être pofé verticalement dans une
bâtiffe ; mais quand il eil queftion de le poier
borifontalement, on doit le débiter de maniere
que chaque pièce préfente un reâangle , dont
un des côtés, foit à l'autre ,a-peu-près comme
quatre eft à trois ; alors, en pofant les pièces de
Soîi 4e champ plutôt que fur le plat,, onobae*
-ocr page 263-
236                      Cours
dra beaucoup plus de force , ainfi que nous îe
prouverons.
Le bois de charpente fe paye au cent de toifes
folives. La toife folive eil une pièce de bois de
12 pieds de long, & de 6 pouces de gros, ou
bien un parallipipede reclangle de 6 pieds de long,
I pied de large , & 6 pouces d'épais ; ainii cette
mefure ne contenant que 3 pieds cubes, elle efh
par conféquent ibixante-douze fois moindre que
la toife cube , qui en contient deux-cents feize :
c'eft pourquoi, dans les calculs de charpente,
après avoir multiplié les trois dimeniions l'une
par l'autre, le produit ne donnant que des toifes,
pieds & pouces cubes à l'ordinaire , & étant
ibixante-douze fois trop grand ; il convient donc
de divifer ce produit par foixante-douze, & alors
le quotient qui réfultera fera le nombre de toifes
folives , ou de pieds δε de pouces de toife folive
que l'on déiiroit : mais comme ce procédé eu long,
on a recours à pluiîeurs méthodes abrégées qui
opèrent fur le champ cette rédu&ion.
Offrons des exemples de ces différentes métho-
des , & de la maniere de faire les calculs de
charpente.
Soit un plancher garni de vingt-deux folives ,.
chacune de 1Q pieds ~ , compris portées , dont quatre
d'enchevêtrure de y &
10 pouces de gros , & les autres
de y &
8 pouces ; il s agit de trouver combien cù
plancher contient de toifes folives.
On commencera par multiplier vingt-deux foli-
ves par vingt-un , fuivani Fufage & la Table de
réduction ci - devant, au lieu de 20 pieds \ ; & l'on
diviferà le produit par 6 » pour avoir la longueur
e totale defdites folives en toife courante .c'eft-à-clire»
ibixante dix- fept toifes : mais comme les quatre
-ocr page 264-
d'Architecture.         2.37
folives d'enchevêtrure font d'une différente grof-
feur, on cherchera à part leur longueur totale,
qui étant divifée par fix , donnera quatorze un-
ies. Cela étant fait, on multipliera d'abord les
quatorze toifes par la groifeur, 9 & 10 pouces,
pour connoître combien ces quatre enchevêtrures
contiennent féparement de toifes , de pieds & de
pouces folives ; & ce ne fera qu'après les avoir
trouvé, que l'on fera le calcul des dix-huit autres
folives reitantes.
Il y a quatre différentes méthodes- pour faire
ces calculs, lefquelles peuvent fe fervir récipro-
quement de preuves. La plus naturelle & la plus
' démonftrative feroit, comme nous l'avons dit ,
de multiplier les trois dimenfions l'une par l'autre,
& de divifer enfuite le produit par foixante-douze;
mais à la place , voici comme on s'y prend.
l° On rend une des deux dimenfions de lécar-
riffage 72 fois plus grande, ce qui donne un pro-
duit 72 fois plus grand , c'eft-dire, qu'au lieu de
multiplier 14 toifes par 9 & 10
14 u
                 pouces, on les multiplie d'abord
~~—--------- par 9 toifes, quieft une quantité
0—0 pi. io/>. 72 fois plus grande que 9 pouces,
Ίο — 3              & le produit qui provient par io
S l 6          pouces ; ce qui donne 17 toifes
-i—4—ί—- 3 pieds »pour le nombre des
2ZL lit °toii"es folives contenues dans les
quatre folives d'enchevêtrure.
20 Comme e'eft la même chofe de multiplier une
quantité par 12 & le produit qui provient par 6 ,
ou bien de la multiplier tout de fuite par 72, au
lieu de rendre une des groifeurs 72 fois plus gran-
de , on rend d'abord une des dimenfions de l'écar-
tiffage douze fois plus grande, & on multiplie ce
■-..■
-ocr page 265-
238                      Coùii j
14 ί. -,
ΙΪΤ,ίΡ*.
4
7
il £»
ο—y
ίο— j
7
17'·—3
nombre par l'autre dimenfîon que
l'on rend iix fois plus grande i
ainii on multipliera 14 toifes par
9 pieds, ou une toife trois pieds,
au lieu de 9 pouces, & le pro-
duit 11, que l'on trouvera par
5 pieds , quantité fix fois plus
grande que 1 o pouces,ce qui don-
nera comme ci-devant 17 toifes
3 pieds.
3° Par latroiiiéme méthode qui eft encore plus ex-
                 péditive que lés précédentes,mais
î-~-ipi, 6τκ non pasauiîidémonftrative;ilfaut
<■ ^14                   multiplier les deux groifeurs 9
i—'i              & jo pouces l'une par l'autre,
* ^* ""*I—.------ ce qui produira 90 pouces, qui
17?-------- étant réduits en toifes, pieds &
pouces , donneront une toife, un pied, 6 pouces y
par lefquels on multipliera 14 toifes , ce qui pro-
duira encore ,17 toifes 3 pieds.
40 Enfin le dernier procédé confiite a réduire îa
longueur totale en pieds, & à multiplier cette quan-
tité réduite par l'une des deux groifeurs, & le pro-
duit qui réfultera par l'autre groffeur. Comme celte
dernière opération ne donne que des pieds cubes 9
des pouces cubes , &c, pour favoir combien il y
a de toifes folives, il faut divifer les pieds cubes
trouvés par 3 » & enfiiite doubler ce qui reilera,
tant de la divifion que l'on à faite, que du produit
que l'on vient de trouver, pour avoir des pieds »
pouces, &c. de toife folive. Dans l'exemple en que-
ftion; on réduira 14 toifes en pieds, ce qui don-
nera 84 pieds de longueur ; on multipliera enfuite
84 pieds par 9 pouces , ce qui fera 63 , que l'on
multipliera par 10 pouces, & ce dernier produit
-ocr page 266-
d'ArChitec τ ure."          -23p
ϊ4·ί·
6 pi.
84 pi·
0 —
g pou.
41
il
65
O —
10 pou.
îi —
6
15 —
9
s
3
5-.P'·
6 pou.
fera 52 pieds cubes & 6 pouces
cubes. Maintenant, afin de con-
nbître combien il y a de toiles (oli-
ves dans 52 pieds cubes , on divi-
fera 5 2 par 3 , & l'on aura pour
quotient 17 toifes folives : mais
comme il reile un pied après la di-
viiion , & en outre 6 pouces du
produit qui n'ont pas été divifés,
il eft évident que pour avoir des
pieds & pouces de toife folive,
il faut multiplier également un
./Jit-rr·
             pied 6 pouces cubes qui égalent
, 2Λ                  une ~ toife folive , par 2 , ce
„ . qui donnera 3 pieds de toife foli-
ve ; de forte que le produit total fera 17 toiies
3 pieds, comme par les autres méthodes.
. γ Comme nous avons trouvé que les vingt-deux
-folives contiennent en totalité 77toifes de longueur,
:&que les quatre d'enchevêtrure de 9 & 10 pouces
de gros comprifes dans cette totalité 9 ont 14 toifes
de long ; en ôtant, ces 14 toifes, des 77 toifes,
le reile , 63 toifes , fera la longueur des dix-huit
autres folives , de 7 & 8 pouces de gros : c'eil
pourquoi, pour continuer le calcul de la char-
pente du plancher en queiHon , il faudra multi-
. plier 63 toifes paf 7, & 8 pouces, fuivant l'une
des méthodes ei-deffus, ce qui donnera 49 toifes
folives , auxquelles ajoutant les 17 toifes 3 pieds
trouvées ci-devant, on aura 66 toifes 3 pieds
pour la totalité des toifes folives, contenues dans
ledit plancher : .& en fuppofaut que le cent de
•toifes folives , vallent 600 liv. chaque pièce folive
coûtera 6 liv., ou bien toute, la charpente du*
plancher coûtera 399 liv. ;;;,( 1;
-ocr page 267-
240                      Cours
.«—t.
CHAPITRE III.
De la longueur et grosseur
όes Bois.
jLa portée des bois & leur groffeur, par rap-
port à leur longueur, eil de toutes les précautions
la plus importante à obferver dans la Charpen-
terie. On apprécie bien la groffeur des poutres
depuis environ 12 pieds jufqu'à 40 pieds de
longueur, & les folives depuis environ 9 à IO
pieds jufqu'à 30 ; mais paffé ces longueurs , ces
pièces devenant d'échantillon & aflez rares dans
leur efpece , elles n'ont plus de groffeur déter-
minée , & alors les Marchands & les Charpen-
tiers la portent ibuvent par avidité à un calibre
û exhorbitant , qu'outre leur prix coniidérable »
elles occaiionnent un poids énorme dans l'édi-
fice , fans compter que plus une pièce de bois
à de groffeur , plus elle eil fujette à être carriée ,
viciée & imparfaite.
L'expérience confirme qu'il vaut mieux placer
deux moyennes poutres à <?ôté l'une de l'autre ■>
qu'une feule de forte qualité ; car alors chaque
poutre ne porte que la moitié du poids de la
travée d'un plancher, au lieu qu'une feule en
porte deux. Ajoutez à cela qu'une poutre de 20
ou 25 pouces de gros eil de moins bonne qua-
lité qu'une de 12, 14 ou 15 pouces: un arbre de
200 ans étant d'ordinaire moins fain que celui
qui n'a que 90011 100 ansr
On
-ocr page 268-
d'Architecture,          24t
On trouve dans la plupart des livres de Char-
pente, une Table pour déterminer la groffeur
des poutres de 3 pieds en 3 pieds , eu égard à
leur longueur ; laquelle Table n'eil fondée que
fur un efpece d'ufage , dont on ne rend d'autre
raifon , finon qu'il eft à propos qu'une poutre
ait toujours à-peu-près 4 de plus de hauteur que
de largeur , afin qu'il y ait plus de parties qui
renitent au fardeau. Nous croyons qu'il feroit
poffible cependant, d'après les expériences mêmes,
de déterminer par une regle confiante , & progrefii-
vement proportionelle la groifeur des poutres,
à raifon de leur longueur.
Il faut extraire pour cela la racine quarrée du
nombre de pouces, égal au nombre de pieds de
la longueur ; & prendre quatre fois cette ra-
cine pour le côté d'un parallélograme reétangle·,
dont la moitié du nombre des pouces , égal au
nombre des pieds de la longueur , fera l'autre
côté dudit parallélograme ; en multipliant eniiiite
ces deux côtés l'un par l'autre, on aura la fupei>
ficie du bout de la poutre , à laquelle on pourra
donner telle hauteur ou largeur qu'on voudra.
Car, en divifant la fuperfkie que l'on a déterminé
par cette hauteur ou largeur, on aura l'autre
côté reilant qui fera la hauteur ou la largeur.
Si, par exemple , une poutre à 36 pieds de long >
on prendra 36 pouces , dont la racine quarrée
eft 6 pouces, & quatre fois cette racine quarrée
fera 24 pouces pour l'un des côtés du parallélo-
grame; mais la moitié de 36 eil 18 pouces, en
multipliant donc 24 pouces par #8,lon aura
432 pouces pour la fuperfice du bout de la
poutre. Si 24 pouces de haut fur 18 ne faifoienc
pas une bonne proportion , il n'y auroit qu'à
Tome FL
                                        Q.
\
1
-ocr page 269-
ja&p                  e ό uns v
-prendre telle hauteur que l'on voudroit, & divi-
ser les 432 pouces par cette hauteur, le quo-
tient ferok alors la largeur fur la hauteur pro-
#>ofée.
Il fera également aifé de trouver la groffeur
^Tune poutre de 9 pieds dé longueur, en prenant
φ pouces , dont la racine quarrée eil 3 pouces,
& fon quadruple 11 pouces ; mais la moitié de
φ eil 4 pouces £ j qui étant multiplié par 12,
font 54 pouces de fuperficie pour 1 extrémité de
cette poutre. On pourroit s en tenir à domier à
cette poutre 12 pouces de haut, fur 4 pouces ~
de large ; fuivant notre regle générale , elle n'en
ieroit que plus capable de porter étant ainii
-pofée de champ , comme on le verra ci-après ;
cependant, vu qu'en bien des cas , il efl utile de
donner plus de largeur , on pourra fe borner,
en fe rapprochant de l'ufage , à donner à la
hauteur de la poutre en queftion , 8 pouces ~ ,
ce qui produira à-peu-près 6 pouces J de large 9
en divifant les 54 pouces trouvés par 8 j.
Pour éviter de faire ces calculs à chaque fois ?
nous en allons donner une Table.
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TABLE
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en diminuant de pied en pied.
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Longueurs.
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Hauteur
Largeur.
bout: des poutres.
verticacle.
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Si l'on vouloit on pourroit, par cette même
regle, déterminer femblablement la groffeur des
-ocr page 271-
244                      C ours
folives ,par rapport à leur longueur, il ne faudrait»
pour cet effet, que prendre les deux cinquièmes
de la groffeur des poutres de même longueur,
& enfuite réduire la groffeur de ces folives dans
la proportion de 4^3, qui ferait la hauteur fur
la largeur.
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-ocr page 272-
d'Architecture. 14$
CHAPITRE I V. >
Delà rés ι s tan ce jdes Boisf
EU ÉGARD A LEUR GROSSEUR.
3LES groffeurs que Ton vient de déterminer ne
regardent que les poutres ou pièces de bois que
Ton employé journellement dans les bâtiments, &
non celles qui font d'obligation de foutenir des-
fardeaux extraordinaires & employées aux plan-
chers des magafiris , aux étayements , aux
cintres de charpente qui fupportent tout le poids,
d'une voûte confidérable pendant fa conftru-
üion & aux machines deftinées à élever de-
très-grands poids ; car alors il rfeft pas poiTible.
de décider quelles doivent être leur groffeur qu'en
connoiffance de leur force intrinfeque, & de la.
reMance que le bois eft capable d*oppoferau be-
foin.                                                    „ ■ _ Λ .
Belidor, Livre IF, de Ja Science des Ingenieurs
rapporte dîverfes expériences qu'il a faites, pour
connoître au jufte îe fardeau qu'une pièce de
bois , pofée horifontalement & engagéelntre deux,
murs s feroit capable de fupporter dans le rmlieit
Hnitatat avant de fe rompre. Suivant fes rêiultats^
on peut parvenir à cette détermination; t° Em
multipliant le quarré d'une (des extrermtés de
la pièce de bois, par la hauteur verticale de cette
même extrémité : 2° En divïfant ce produit par
îâ quantité de pied que la pièce en queihon.au«fe
cfe longueur: 3° En prenant enfin le quotient dfe
*                             0,'n
-ocr page 273-
246                      Cours
cette divifion pour le troifieme terme d'une regle
de trois , dont le premier fera l'unité , & le
fécond 900.
Suppofons , par exemple , une pièce de bois
de 12 pouces , fur 15 pouces de gros, & de30
pieds de longueur, pofée de champ & horifon-
talementfur deux murs , où fes extrémités feroienc
folidemçnt arrêtées, & qu'il faille déterminer le
plus grand fardeau qu'elle pourra fupporter dans fon
milieu avant de rompre. Pour y parvenir , il faut
fuivant cette regle; i° multiplier les deux dimeniions
de fa groffeur 12 par 1$ , & l'on aura 180 pouces y
multiplier 180 par 15, hauteur verticale de
l'extrémité de la poutre, puifqu'on l'a fuppofé
pofée de champ , ce qui produira 270Q , qui
étant divifé par 30 nombre des pieds de longueur
de la pièce de bois , donnera pour quotient 90 ;
3° enfin faire la regle de trois, 1: 900 : : 90 : χ =
Siooo; ce qui fera connoître que la pièce de
bois défignée fera capable de fupporter jufqu'à 81
milliers dans fon milieu,
Sur quoi il eil important d'obferver que iî la
hauteur verticale d'un des bouts de la pièce de
bois avoir été 12 pouces, au Heu de 15 , & fa.
largeur I $ pouces, au lieu de 12 , c'eil-à-direa
que fi la pièce de bois avoit été confédérée,
comme pojee fur fon plat, après le premier
produit 180, il auroit fallu multiplier par -\z9 ce
qui n'auroit donné que il60, lefquels étant divi·*
fés par 30 , on auroit trouvé pour quotient 72;
de forte qu'en faifänt la regle de trois , il feroiî
réfulté que la même pièce de bois ne porteroit
dans fon milieu , avant de fe rompre , que 64800
pefant , ç'eit-à-dire, 17 milliers de moins que
diUîs la fitiiation préçédçntç·, ï)eli il s'e,nfuit. dqm
-ocr page 274-
D ' A R € H I Τ Ε € TU R 1.'            2^
sianifeitemcnt que plus la hauteur verticale de;
l'extrémité d'une pièce de bois eil grande, plus lar,
pièce de bois acquiert de réiiitance & que par
conséquent , il eil important de toujours pofer de:
préférence le bois de champ & non à plat,, au
l'effet d'obtenir une plus grande force. T'outeS*
les expériences , en effets, font formelles à cet
égard ; elles dépofent que deux pièces d*égale::
longueur & de même largeur de bafe, dont Té-
paifleur verticale de l'une fera double de celle:
de l'autre , la premiere aura quatre fois plus de.
force que la féconde, & qu'une même poutne de-
8 pouces fur î6 pouces de gros , aura deux fois,
plus de force, étant pofée de champ plutôt que
fur le plat.
                                                    , ;
Il faut remarquer que Belidor a fuppofé , dans;
fes expériences, que la pièce de bois étoit foli-
dement contenue par fes extrémités ; mais qu'il
a obfervé enmême-tems que, quand elle ne por-
toit que fur fes points d'appui tout amplement 9,>
les épreuves confirmoient qu'elle foutenoit un
tiers de moins , ou qu'elle oppofoit un tiers moins,
de réfiilaace : ainii, dans ce cas , la pièce de
bois précédente, au lieu de 81000, ne fuppor-
teroit plus que 54000. La raifon en eil qu'unet
poutre ne fauroit gueres fe rompre dans le milieu »
fans que fes extrémités ne fe retirent, & ne-
fortent un peu de leur iituation naturelle, ou du
moins fans que la maçonnerie, qui pefoit- deffîis y,
ne lui ait laiifé du jeu. Par conféquent û l'on-
veut augmenter la réiiilance d'une pièce de bois,
il eil donc nécefTaire de bien contenir fes extré-
mités , de les, charger, de les bien engager- dans
les murs oppofés, & de les armer, de harpons*,..;
Cancres, ou de tirans, pour la roidir & nierira.
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-ocr page 275-
248                      Cours
obitacle à ce qu'elle fe retire., & à ce qu'elle ne
pouffe même contre les murs en fe retirant.
Au refte , il eft rare qu'une pièce de bois foit
chargée dans fon milieu , comme fi le poids étoit
attaché avec une chaîne par deiîbus ; car c'eft
de toutes les manières de la charger la plus dé-
favantageufe : le fardeau eft le plus fouvent pofé
fur une poutre plus d'un côté que de l'autre, où
reparti fuivant fa longueur, comme quand elle
foutient des travées de folives ; d'où il réfulte que
dans ce cas , la poutre feroit en état de porter
encore davantage que les calculs n'indiquent.
Mais comme il ne feroit pas prudent de charger
une poutre de tout le poids qu'elle feroit capa-
ble de porter , il fuffit dans la pratique , par rap-
port à la folidité, d'obferver de ne pas pofer fur
ion milieu au-delà de la moitié du poids , fous
lequel il eft prouvé qu'elle romproit , c'eft-à-
dire, au delà de 40 milliers dans le premier cas,
& de 27 milliers dans le fécond.
Ces obfervations fur la,réfiftance d'une pièce
de bois , confidérée dans la.fituation la plus dé-
favantagenfe , peuvent fervir à faire eftimer le
fardeau qu'elle feroit en état de foutenir dans
une iïtuation oblique , en fuppofant fes extrémi-
tés folidement contenues : car plus elle s'éloignera
de la pofttion horifontale, plus elle fera capable
de porter un grand fardeau ; & enfin , quand elle
fe trouvera pofée debout , bien, d'à plomb ou
verticalement, elle fera dans fa pins grande force,
& en état de porter un poids immenfe, au point
que cet Ingénieur avance qu'il n'eft pas poffibîe
d'exprimer quel fardeau pourrait faire fléchir, ou
feroit capable d'écrafer une pièce de bois debout
de 12 pouces de gros, en la fuppofant chargée.
Y
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-ocr page 276-
d'Architecture.          249
«Ta plomb , & bien contenue de toutes parts. Tout
cela rend raifon pourquoi il neft pas befoin ,
dans la conftrucHon des bâtiments, de tenir les
bois des combles , des cloifons & des pans de
bois, qui font pofés obliquement ou verticale-
ment , d'une groffeur auiîi coniidérable que ceux
des planchers qui font pofés horifontalement:, vu
que leur réfiftance augmente ou diminue fuivant
leur poiition.
Avant de parler de la conftru&ion des divers
ouvrages de Charpente à Mage des bâti-
ments , nous croyons devoir expliquer les prin-
cipaux affemblages des différentes pièces de bois
qui les compofent , d'autant que la foiidité de
ces fortes d'ouvrages ne dépend pas moins de
la bonté de leurs affemblages , que de leur bonne
proportion.
-ocr page 277-
2$0                          C Ö V R S
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CHAPITRE V.
£>££ PRINCIPAUX ASSEMBLAGES
hes Bois ς*ε Cm arpente.,
Pl. CXII et CXIIL
jLoA figure premiere eit la repréfentation d'un
tenon A , 8c d'une mortoife fimple a : c'eil de
tous les aifemblages le plus ordinaire > pour in-
troduire le bout d'une pièce de bois dans le côté
d'une autre. On donne communément dans la
charpente , au tenon & à la mortoife, y compris
l'épaulement , le tiers de la grofîeur du bois.
La figure II, repréfente quatre tenons & deux
mortoifes : a joints recouverts , en ufage pour les
liffes & fous-lhTes des barrières de charpente, que
Ton met autour des cours, pour garentir les
murs du choc des voitures. Les liffes & fous-lifles
A, A, entrent entièrement de ~ de pouce dans
des encadrements faits dans leurs poteaux d'ap-
pui a, a ; de forte qu'au moyen de cet encadre-
ment on empêche le devers, & l'on garentit en
outre les tenons & mortoifes de la pluye.
La figure III , offre une fimple entaille A , en
ufage pour aifembler bout-à-bout, à mi-bois , les
fablieres.
La figure IV , eil un aiTemblage auiîi à mi-
bois , avec une entaille A , a 9 à double queue:
d'hyronde.
Les figures V & VI, repréfentent un affem-
blage en crémaillère , appelle le trait de jugmr*.
-ocr page 278-
d'Architecture. i$i
Nous avons repréfenté dans la figure V, les deux
parties diftinftes & féparées A ra ; & dans la
figure VI , nous les avons fuppofé réunies j
pour faire voir leur liaifon. On obfervera qu'il
faut laiffer un peu plus de longueur à une des
deux entailles d'un côté que de l'autre , afin de
pouvoir chaffer dans leur intervalle b , une clef
en bois. On peut armer de fer cet affemblage
pour le fortifier, en entaillant dans le bois iar-*
mature, le cloud, le boulon , la clavette, &c
La figure VII, eft une queue d'hyronde fimpîe A,
avec fort entaille a , pour la recevoir ; cet affem-
blage fe fait à mi-bois, & a lieu pour alonger
les plate-formes des combles , les fabîieres, &
pour affembler les racinaux dans les chapeaux
qui coëffent les pilotis.
Les figures VIII & IX, Planche CXIH, eft
un affemblage quarré à mi-bois , dont on fait
ufage à la rencontre de deux pièces de bois , qui
doivent s'affleurer tant par - deffus que par-def-
fous. A & a9 fig. X, font les deux pièces de
bois féparées avec chacune leur entaille 9 & la
fig. XI , offre leur réunion.
La figure X, eil un affemblage à pomme. A >
eft la pièce de bois fupérieure, & a ,eft la pièce de
bois inférieure , où eft pratiqué un encaftrement
pour la recevoir. On fe fert de cet affemblage
dans les planchers , au lieu de tenons &mortoifes.
La figure XI > eft un affemblage à queue d'hy-
ronde, pofé fur une femelle à dent A, qui eft appor-
tée par un poteau Β , & des liens C. On s'en fert
pour joindre bout-à-bout un poitrail ou une pou-
tre , lorfque les pièces de bois font obligées
d'êfre en deux parties, à caufe de leur grande
longueur* c'eft pourquoi l'on foutient leur réunion
-ocr page 279-
ijl                       Cours
par un poteau. On voit que les deux bouts de
chaque pièce D & E font à queue d'hyronde à
mi-bois , pour fortifier leur aiiemblage.
La figure Xïl, repréfente Faiïemblage à moife,
vu en plan.
La figure XIII,, repréfente les mêmes affem-
blages à moife , vus fur plufieurs faces.
La figure XIV , offre les mêmes moifes réti--
nies.
Cet aiiemblage eft en ufage pour entretenir les
palées des ponts de bois , les principales pièces
des cintres de charpente des grandes voûtes , telles
que celles employées à foutenir les votifloirs des
arches des ponts de pierre pendant leur exécu-
tion , les principales pièces des grues , des
gruaux, & des autres ouvrages de Méchanique.
Les Principaux ouvrages de la Charpenterie à
l'ufage des bâtiments , font les planchers, les
combles , les cloifons , les pans de bois , les
efcaliers, les barrières dans les cours, les pilo-
tis , &c. Nous allons expliquer féparement en
quoi confiite leur exécution 5 & qu'elles font les
obfervations qu'exige leur main d'œuvre par rar>*
port à la folidité.
-ocr page 280-
d'Architecture.         253
CHAPITRE VI.
!Des Planchers , Pl. CXIV et CXV.
On faifoit, le fiécle dernier , les planchers de
la, plupart des appartements à entrevoux , c*eft-
à-dire , avec des poutres & des folives apparen-
tes , dont l'exécution étoit très-fimple. Toutes les
folives avoient toujours 12 pieds de long fur
6 pouces de gros , & étoient efpacées tant
plein que vuide ; un de leurs bouts étoit porté
directement fur les poutres ou fur des lambour-
des appliquées le long de leurs jouées _, & l'autre
bout étoit, foit fcellé dans les murs , foit porté
auffi par des lambourdes appliquées le long def-
dits murs , & foutenues par des corbeaux de fer de
diftance en diftance ; de forte que la diilribution des
folives par cet arrangement formoit des efpeces
de travées. Tout les bois étoient de fiage, cor-
royés & rabottés proprement fur leurs faces ap-
parentes , avec quelquefois des moulures fur leurs
arrêtes. Comme il n'y avoit point d'aflemblages
dans ces fortes de planchers , fi ce n'eft au droit
des chevêtres à la rencontre des atres & des tuyaux
de cheminée, ils étoient d'une bonne durée , &
leurs bois , étant en grande partie à découverts,
n'étoient pas auiïi fnjets à s'échauffer, que lorf-
qu'ils font enfermés dans des plafonds ; atifft
voit-on de très-anciens planchers à bois apparens ,
qui font atiiîi fains que s'ils venoient d'être exécu-
tés. On ne fait plus gueres ufage maintenant des
çlanchçrs à entrevoux, fi ce n'eit dans les provinces
I
ι ; - ' ,. ' v
-ocr page 281-
£54                      C o υ R ë
& dans les lieux publics, tels que les Monaileres^
les Hôpitaux, les Magaiins & autres bâtiments 9
où la plus grande foiidité doit l'emporter fur
toute autre coniidération.
Aujourd'hui on s'attache à Paris à cacher la
vue des bois des planchers par des plafonds , &
Ton évite , autant que l'on peut, d'introduire des
poutres dans leur exécution. Quoiqu'on foit bien
convaincu que cette nouvelle méthode échauffe
le bois, & n'a pas , à beaucoup près , la foiidité
de l'ancienne, on la préfère 9 parce qu'elle pro-
cure plus d'agrément 9 & qu'elle favorife fur-tout
la décoration intérieure des appartements.
On n'employé , pour l'exécution des plan-
chers plafonnés , des folives de fiage & de
brin , qui doivent être de bois bien fecs , fans
flache , de droit fil » fans nœuds vicieux j &
fans aubier. On doit apporter d'autant plus
d'attention à leur bonne qualité, que les bois des
planchers étant pofés horifontalement , fouifrent
plus de la charge que ceux qui font pofés obli-
quement ou verticalement. Il eft- encore eifentiei
de ne point employer de folives quarrées pour
ces fortes d'ouvrages ; mais de fe fervir de foli-
ves , dont les dimenfions de l'écarriiTage foient
inégales , afin de pouvoir les pofer de champ fur
la face la plus étroite , & d'augmenter par là leur
force , ainft que nous l'avons démontré ci-de-
vant.
La groifeur des folives doit toujours être pro·*
aortionnée à leur longueur, & à la charge qu'elles
feront d'obligation de porter. On donne d'ordi-
naire 5^7 pouces de gros par les deux bouts *
ou du moius par le milieu aux folives s jufqu'à
15 pieds de longueur ; 6 pouces fur & pouces ?
-ocr page 282-
d'Architecture; 25 S',
à celles depuis 15 pieds jufqu'à 18 pieds;7 pou-
ces fur 9 pouces, à celles depuis 18 pieds jus-
qu'à 21 pieds ; 8 pouces fur n pouces , à celles
depuis 21 pieds jufqu'à 28 ; enfin , fans avoir
égard à leur longueur , on doit toujours donner
aux iblives qui portent les autres par afiemblage,
un pouce de gtos de plus à chaque face de
ÎécarriiTage, que nous venons de déterminer.
Pour ce qui eft de la diitance des folives Tune
de l'autre , on leur donne environ un quart
plus que leur largeur ; cela dépend au refte du
plus ou moins de portée des folives , & de la
charge que le plancher en queition fera d'obli-
gation de foûtenir.
11 entre plufieurs fortes de folives dans un
plancher , des folives d'enchevêtrure , des che-
vêtres, des linçoirs, des folives fcellées dans les
murs , des folives de rempliflage» des lambourdes,
des coyers, des gouiîets, des empanons , & des
folives boiteufes , lefquelles s'affemblent toutes
à tenons & mortoifes.
Les folives d'enchevêtrure Ε , Ε , flg. XV ,
PI. CXIV 5 font toujours portées & fceilées de
8 à 9 pouces dans les murs. Leur office eil non-
feulement de foûtenir les jambages des cheminées»
& la maçonnerie de leur atre A , à l'aide des
bandes de trémie, mais encore l'aiTemblage des
chevêtres & des linçoirs.
Les chevêtres F s'affemblent dans les folives
d'enchevêtrure , au-devant des atres A, & reçoi-
vent par aifemblage un des bouts des folives de
rempliffage K.
Les linçoirs G & H s'affemblçnt dans les foli-
ves d'enchevêtrure Ε , & quelquefois auffi un de
leurs bouts eft porté en plein mur \ ils font encore
-ocr page 283-
2*)6                        C O U H S
deftinés à recevoir l'affemblage àes folives de
remplifîage Κ , & ie placent, foit au long dés
tuyaux paffans de cheminée , foit au-deïFus
du vuide des portes & des croifées, foit au
long des murs pour éviter d'y fceller le bout
de toutes les folives.
Les lambourdes M , fîg. XVI , font fcellées
dans les mûrs par les extrémités ; elles portent
les folives fans aifemblage , & font foutenues
volontiers par-deifous, de diftance en diftance ,
par des corbeaux de fer af qui y font entaillés ,
de leur épaifîeur.
Les coyers H, flg. XXV, PI. CXVII , font de
maîtreifes folives, pofées diagonalement dans le
plancher fupérieur d'un bâtiment, au-deifous de
la croupe d'un comble : ils portent par un bout
fur l'angle du mur , & font affemblés par l'autre
dans les gouifets F: la fonction des coyers, eft de
recevoir par aifemblage les empanons I , qui
font des foliveaux de remplifîage , qui vont fuc-
celîivement en diminuant de longueur.
Pour ce qui eil des folives boiteufes, ce font
celles qui font fcellées par un bout dans un mur,
& aÎTemblées par l'autre dans une pièce de
bois.
Dans la diitribution de la charpente d'un plan-
cher , il faut avoir égard aux atres A des che-
minées , à leurs tuyaux paifans D des étages in-
férieurs le long des murs , aux vuides des portes
& croifées inférieures , afin d'aifeoir foîidement
fur un plein le bout des maîtreifes pièces defti-
nées à porteries autres, & de ne rien faire de con-
traire à la folidité, δε aux loix prefcrites pour
la fureté contre le feu. Conféquemmeiit à ces
coniidérations, il faut j
1° Ecarter
■ .                                             /
-ocr page 284-
ö'ArCH IT ECtÜRÈ.       &ïf
i° Ecarter » fuivant les Ordonnances > les fo-
lives d'enchevêtrure E , iig» XV, d'urTpied de
plus que le dedàns-œuvre dçs jambages d'une
cheminée de moyenne grandeur , oii tout du
moins les tenir d'un pouce de chaque côté plus
efpacées que le dedans-œuvre des jambages des
grandes cheminées.
2° LahTer 3 pieds \ de diilance depuis le fond
du vuide de l'atre A d'une cheminée , jufqu'aii
devant d'un chevêtre F, qui porte les (olives de
rempliÎTage ; & s'il y a des tuyaux de cheminée
paiîans derriere l'atre en queftion , les 3 pieds \,
doivent être comptés du dedans de la languette
qui recevra le contre-cœurà
Eloigner de 3 pouces les linçoirs G , du
devant des tuyaux paffans D , parce que,
regle générale , il eil expreiTement enjoint *
par rapport aux incendies , de laiiTer 6 pouces
d'intervalle entre le dedans - œuvre d'un tuyau
de cheminée , & tout bois quelconque , ibit
d'un plancher > ibit d'un comble , /bit d'une
cloifon. -
■■ 40 Eviter de placer les bouts des enchevêtrures
fur le vuide des croifées & des portes s mais
avoir l'attention de les placer toujours dans un
trumeau & fur un plein mur.
50 Faire enforte d'éviter de découper les murs
à chaque étage > en y fcellant le bout de toutes
les folives de rempliÎTage ; car cela les aifoibîit, les
divife, nuit à leur liaifon ; les portées, en fe pour-
riflant, y laiffent par la fuite un vuide; c'eil pour-
quoi il vaut toujours mieux les afTembler dans des
linçoirs G &H placés le long deidits murs j lefquels
linçoirs font portés par les folives d'enchevêtrure,
Tome VI.
                                        R
■■■■MM
-ocr page 285-
■β""«"
2*g                      Cours
& dailleurs ne coûtent pas davantage à celui qui
fait bâtir, que fi on avoit fcellé effectivement le
bout de toutes les folives dans les murs.
6° Obferver de placer toujours les bouts des
poutres , quand on en admet dans la répartition
de la charpente d'un plancher, au moins d'un
pied dans chaque mur, pour affermir leurs portées,
& de ne pas oublier de les affeoir fur une chaîne
de pierre , conformément aux loix des bâti-
7° Enfin, éviter fur-tout de mettre au-devant
des trois tuyaux paffans , un linçoir commun G,
qui auroit peu de folidité , à caufe de fa trop
grande portée ; mais, entre le deuxième & le
troifieme tuyau , il faut mettre une enchevê-
trure fcellée dans le mur, m ayant foin de laif-
fer , commem eft prefcrit, 6 pouces de maçon-
nerie de part & d'autre de l'enchevêtrure , jus-
qu'au dedans-œuvre' de chacun defdits tuyaux.
Après ces confidérations générales , il en eft
de particulières qui ne méritent pas moins l'atten-
tion d'un Architeae , fuivant l'exigence des cas.
Comme les enchevêtrures portent par affem-
blapes les chevêtres & les linçoirs , en fuppofant
que ceux-ci G , euffent une portée au-delà
de 5 à 6 pieds , ou bien fuiïent chargés de
folives de rempliffage d'une grande longueur, il
conviendroit alors de fortifier l'affemblage du che-
vêtre ou du linçoir, e'eft-à-dire, chacun de leurs
tenons , par un étrier de fer I, qui, en l'embrai-
fant par-deffous, iroit fe clouer fur l'enchevêtrure.
Au furplus, cela ne s'obferve gueres qu'au-droit
des tuyaux paffans j car, quand les linçoirs font
le long des murs, on peut fe paffer d'écrier, &
-ocr page 286-
d'Architecture.           259
îl fuffit d'ordinaire de les foutenir en-deiTous par
quelques corbeaux de ter quarré L , que l'on
fcelle dans le mur, & que l'on entaille da leur
épaifleur. Cependant il yen a qui, pour éviter
de donner à un linçoir trop de longueur , pren-
nent le parti de mettre deux enchevêtrures voi-
iines l'une de l'autre , de forte que n'y ayant
qu'un aiTemblage dans chaque enchevêtrure, il
en réfulte plus de force pour le plancher.
Quoique fous ayons dit ci-devant que de
crainte d'altérer les murs par le (tellement des
bouts des folives , on y plaçoit des linçoirs
pour recevoir leur aiTemblage ; néanmoins il y
a des cas, comme quand un 'plancher doit fou-
îenir un fardeau confidérable , où l'on préfère de
mettre le long des murs des lambourdes M ,
flg. XVI , foutenues de diftance en diflance par
des corbeaux a ; lefquelles lambourdes portant
les foîives fans aiTemblage-, leur procurent par
là plus de force. Alors on ta ille la lambourde un
peu en chamfrin par le bas , pour diminuer fa
faillie , & pour pouvoir la dérober dans la gorge
de la corniche du plafond.
Lorfque l'on bâtit les murs de face d'une maifon
en moiloîi , & qu'on leur fait porter plancher,
on piace en conitruifant lefdits murs , à la
hauteur de chaque étage 3 des cours de plate-
forme de 5 pouces d'épaiifèur , & affemblées-
dans leur longueur à mi-bois & à queue d'hy-
ronde , lefquelles embraiTent fouvent toute Fé-
paiiTeur du mur , & fervent à recevoir la portée
des enchevêtrures , laquelle doit toujours corref-
pondre fur les trumeaux des croifées, & non fur
leur vuide , comme nous l'avons dit.
Les planchers ordinaires n'ont gueres qu'un
R ij
-ocr page 287-
a)5o            > Cours
,pied cPépaiffeur-, tout compris, quand ils (ont
carrelés , & que 1£ pouces quand ils font par-
quetés ; mais il s'en fait pour des garde-robes &
des entre-fols avec des plate· form e s de 4 à 5 pou-
ces d'épaiffeur , leiqueis n'ont au plus avec le
carrelage & le plafond que 7 pouces. On doit
dbfer ver dans la pofe de la charpente d'un plan-
cher , de mettre les folives bien de niveau par-
deiious , & de les pofer toujours de champ 9
.par les raiions que nous avons expliquées.
On eil quelquefois obligé, à canfe de la grande
«tendue d'un plancher , ou à caufe de la charge
qu'il fera obligé de porter, d'employer des poutres
dans fon exécution, ce qui augmente néceffai-
rement fon épahTeur. On étoit dans la néceiïité
ci-devant de faire, en pareil cas , un double plan-
cher pour dérober la faillie des poutres par-def-
fous , ce qui ne laifîbit pas de charger les murs,
& d'augmenter la dépenfe ; mais maintenant on
.parvient à éviter les doubles planchers , en dimi-
nuant avec art la groiTejir des poutres , ilms
néanmoins nuire à la folidité. Au lieu d'employer
une poutre d'une grofîeur coiklérable s & de lui
faire porter par. afîemblage les folives comme
autrefois , on affette d'employer une poutre de
médiocre grofîeur , & de laccoller de deux lam-
bourdes qui augmentent fa force , & roidiffent fa
longueur.
Soit, par exemple , flg. XVIII, XIX & XX,
Pi. CXV, un plancher qui exige une poutre de
24 pieds de longueur, au lieu de fe fervir, fuî-
Yant la Table, dune poutre de 18 pouces fur
.14 pouces; il fuffira par le nouvel arrangement
d'une poutre A de 13 pouces de gros , &-
d'y appliquer deux lambourdes Β , Β , de I0
-ocr page 288-
© 'A R C H I Τ Ε CT U R til           tât
ponces de hauteur , fur 6 pouces de largeur r
qui feront portées dans le mur comme la.
poutre, & foutenues , de diftance en diftance ,·
tant par des étriers de fer C appuyés fur la pou-
tre , comme on le voit dans le bas de la Planche ,...
fig. XIX, & par des. boulons D , qui traverfent'
à la fois la poutre & les deux lambourdes, que-
par des chevillâtes de fer d'environ 8 pouces,
qui font clouées dans la poutre à travers* de cha-
que lambourde. L'objet de ces lambourdes Β ,,
eft non-feulement de roidir îà poutre' qui fer
trouve par là , avoir autant de force que'fi on
lui avoit effectivement donné 18 pouces fur 14 r
fans avoir autant de hauteur ,, mais encore dé-
porter le bout des folives de rempliffage'E, par3
affemblage , foit à tenon , foit à pomme , foie
alternativement, de deux l'un , à pomme-& à tenon.-
Outre que les extrémités d'une poutre doivent-
être portées au moins d'un pied fur une chaîne de
■pierre, montant de fond depuis le rez-de-chauffée
à l'ordinaire, il eft important" de placer au bout'
de chacune un tirant ou une plate-bande, avea
une ancre de fer quarré d'environ 3 pieds dfe long**,
qui fera au moins encaftrée de fon épaiffeur dans
la face extérieure des murs , par ce moyen ,
comme nous l'avons dit, on parviendra à augrr
inenter la réfiilance de la poutre d'environ un;
tiers , & on contiendra à la fois l'écartement des*
murs.
Il eft à obferver, en général, que lesfolives d'un
plancher jufqu'à 15 pieds de longueur,^ les-fo-
lives d'enchevêtrure jufqu'à 12 pieds de longueur,.
fe mettent communément en bois de feiage , &
que, quand les unes & les autres font plus longues^
on employé d'ordinaire du bois de brin.
R 'ûf:
-ocr page 289-
2Ö2                          CO U R S
Il y a des Conilru&eurs qui ont pour fyftême,
de laiiTer un petit yuide dans un mur autour de
la portée d'une poutre , après l'avoir callé
par-deffus & par-defîbus avec de la tuile & de
la terre graffe, & de renouveller en outre l'air
dans ce vuide , en perçant des troux vis-à-vis
par l'extérieur du mur, s'imaginant par là em-
pêcher la portée d'une poutre de pourrir auiîi
promptement. Mais , indépendamment de ce que
ces troux ne font praticables qu'au-droit des
murs de face , nous eftimons que le plus fur
pour conferver la portée d'une poutre , feroit de
la priver d'air au contraire , & d'envelopper fon
pourtour d'une table de plomb , qui fit même un
peu bavette du côté de l'intérieur de la chambre.
Si les planchers ont une certaine étendue, à
deiTein d'augmenter la force refpecÜve des folives,
on met par-deffus , dans leur intervalle , des
étrefillons difpofés en échiquier , qui font des
bouts de bois que l'on fait entrer à force , à
coups de marteaux, dans des efpeces de rainu-
res ou entailles pratiquées fur les côtés des fo-
lives ; de forte qu'étant, par ce moyen , toutes
liées enfemble , on les rend plus capables de
réiiiter aux fardeaux.
Explication des Planches CXIT^ & CXF;
concernant la difpofition de la Charpente
d'un Planchen
La Planche CXIV , repréfente le plan δε le
profil de la charpente d'un plancher deitiné à
être plafonné.
A, fïg. XV , plan de l'atre d'une cheminée ,
fous lequel on place des barres de fer plat de ι pou-
-ocr page 290-
d'Architecture. 263
ces ~ de largeur, fur 6 lignes d'épaiffeur 5 ap-
pellées barres de tremie,pour porter fa maçonnerie.
Β , mur de refend.
C , mur de face.
D, tuyaux montans de cheminée de 1 etage
inférieur.
E,E,folives d'enchevêtrure portant dansles
murs, &fervant à recevoir l'affemblage des che-
vêtres F, & des linçoirs G & H.
I, étrier de fer fervant à ioulager le bout du
linçoir G , à caufe de fa grande portée au droit
des tuyaux paffans.
                                ,
Κ, folives de remplhTage aiîemblées a tenons
& mortc-ifes dans le chevêtre F , & dans les
linçoirs.
L, corbeau de fer quarré fceilé dans le mur,
& fervant, au lieud'étrier, à foutenir par-deffous
la portée du linçoir G , du côté du mur de
face.
La flg. XVI, eil le profil d'une-folive portee
fans affemblage fur une lambourde M, qui eil
foutenue par un corbeau de fer a, kelle dans
lé mur.                                                            r
Lafig. XVII, eil le profil du plancher ; aio-
live de rempliffage , b linçoir , c corniche du
plafond, d lambourde à auget, pour recevoir le
parquet.                                                 n ,
La Planche CXV, fait voir le. plan & le pro-
fil d'un plancher avec des poutres, deftine aulfa
à être plafonné.
A, fig. XVIII, poutre de 24 pieds de longueur ,
& de 13 pouces de gros.
B,  B, deux lambourdes fixées le long delà
poutre , ayant chacune 6 & 10 pouces de
R îv
<
-ocr page 291-
t64                      Cours
C , étriers de fer plat Soutenus fur Îa poutre^
& embraiTant par-deiîbus les lambourdes.
D, boulons de fer traverfant les lambourdes
& îa poutre.
Ε, folives de rempliiTage aiTémblées , foit à
tenon , foit à pomme , foit alternativement, de
deux folives l'une > à tenon δε à pomme , comme
en fC.
F , bout de la poutre oii eil attaché un tiran ou
une plate - bande de fer à talon avec une ancre 9
pour contenir l'écartement des murs.
G, vuide pratiqué pour établir l'atre d'une-
çheminée, avec (es bandes, de trémie placées fus;
les enchevêtrures H.
I, linçoir.
M , chevêtre.
Ν, tuyaux montera des cheminées des étages
inférieurs.
La flg. XIX , eil un profil de la poutre A%
pour faire voir fa difpoiitioa à l'égard des lam-
bourdes Β, & comment l'étrier C y eil porté &:
embraiTe les lambourdes.
La ng. XX, eil le profil du plancher pré«
cèdent ; a poutre , b lambourde , c ©trier $
d boulon.
-ocr page 292-
te* Ar e η ιτ e e Tür e; i6$
CHAPITRE VIL
Des Combles.
JLes combles ont pris nailTance de la néceiîîté
de faire écouler les eaux du ciel qui tombent fur la
partie fupérieure d'un bâtiment. On les tient plus
ou moins élevés & inclinés , félon le climat où
l'on bâtit. Au Nord , on les fait fort hauts & fort
roides , à caufe des neiges qui y tombent en abon-
dance ; au Levant on les tient peu élevés ; au
Midi on les fait très-plats , & le plus fouvent
même on y fubititue des terraffes. En France ort
Varie beaucoup leur hauteur, & l'on peut dire
qu'il n'y a pas de règles certaines à cet égard.
Par exemple, aux Châteaux de Maifons, de Meu-
don ou des Tuileries à Paris , leur élévation eit
fi grande, & leur poids fi immenfe , qu'on a été
forcé de donner à leurs murs de face une épaif-
feur confidérable : le Château de Saint-Germain-
en-Laye , au contraire n'a été couvert que par
des terraffes : les Châteaux de Verfailles du côté
du Parc & de Trianon ont des toits , dont la
hauteur eil les ~ de leur bafe. Il y a d'autres
bâtiments où les combles font tantôt la moitié Λ
tantôt les deux tiers de leur largeur.
De ces variétés, on peut conclure que ce n'eÎt
pas toujours le climat que l'on confulte dans ce
pays pour déterminer la forme , la proportion ou
la hauteur des combles ; mais plutôt le befoirt
qu'on a de multiplier les logements, ou bien la
grâce, que l'on imagine que leur élévation plus ou
-ocr page 293-
i66                    .Cours ,
moins grande , ou même leur fuppreÎfion, eft
capable de procurer à un Edifice.
Sans nous arrêter ici à cette difcution, nous
dirons que , de toutes les formes des combles ,
il y en a deux 9 dont nous fäifons principalement
ufage dans nos bâtiments , les combles à deux
égours, & les combles briiés.
Les plus anciens & les plus ufités font les
combles à deux égouts : il y a environ un fiécle
qu'on leur donnoit d'ordinaire de hauteur , la
largeur d'un bâtiment, ou qu'on déterminoit du
moins leur hauteur , en formant un triangle équi-
lateral, dont la largeur du bâtiment étoit la bafe,
& les deux autres côtés le rampant. Cette élé-
vation pouvoit être tolérable, quand les bâtiments
étoient nmples & avoient une certaine éléva-
tion ; mais quand ils étoient demi-^double, & fur-
tout double , il en réfultoit une hauteur exceffive
- qui paroiffoit les écrafer , elle exigeoit en confé-
quence des murs d'une certaine épauTeur pour les
porter, beaucoup de charpente & de couverture ; &
enfin cette élévation oiFroit une prife confidérable
aux vents. Ceftpour éviter cet excès de hauteur &
cette furcharge dans la partie fupérieure d'un
bâtiment qu'on a imaginé les combles brifés, qui,
félon l'opinion de nombre d'Architeäes , termi-
nent mieux un bâtiment, procurent plus de loge-
ments dans les combles j & occafionnent moins
de profondeur aux jouées des lucarnes. Quoique
cette opinion ne foit £>as fans fondement, il faut
cependant convenir que les combles brifés font
fujets à deux inconveniens, qu'on leur a fouvent
reprochés; lavoir , que le faux comble eil trop
peu élevé par rapport aux neiges , & que îe
rempant du briiis eil beaucoup trop roide pour
-ocr page 294-
d'Architecture. 267
les recevoir, d'où il *éfulce que fe précipitant
dans les chenaux , elles dégradent les entable-
ments , & pourrifTent le pied des chevrons & es
plate-formes , malgré le plomb dont on garnit es
chenaux. C'eit pourquoi on préfère fouvent les
attiques , auxquels les faux combles des manlar-
des femblent fuffire , parce qu'outre l'avantage
d'être parfaitement d'à plomb , ces attiques poui-
fent moins au vuide , & procurent des pièces
plus régulières dans les étages fupéneurs. ^
Les grofleurs des bois que nous avons déter-
miné pour les poutres & les folives des plan-
chers, ne fauroient avoir lieu pour celles des bois
qu'on employé à la conftruOion des combles ,
parce que les pièces qui les compofent étant
pofées , foit debout , foit inclinées , & ayant
plus de force dans cette fituation , ont beiom
de moins de groffeur , que celles qui le«!
pofées de niveau. Ceft- fans raifon que Biulet
veut que les pièces inclinées , fuivant un angle
d'environ quarante cinq degrés , doivent porter
la moitié plus que celles qui font honfontales (1);
car pour que cela fut vrai , û faudrait, par
exemple, qu'une pièce de bois pofée honfontale-
ment, & qui auroit 18 ■ pieds de long , for 12 &
15 pouces de gros, put être réduite, étant po-
fée obliquement , à6& 7 pouces i de gros , ce qui
feroit beaucoup trop foible s & contre toute ex-
périence. L'ufage efl de donner en gênerai aux
pièces de bois inclinées.., environ les j de la grol-
feur qu'on leur donneroit s fi elles étoient placées
horifontalement.
                                 τ           Λ
Les affemblages de la charpente des combles
.(1) Arckiteäurc Pratique, pag. 519.
-ocr page 295-
%6$                       Cours
ne ibat auffi pas toujours à tenons & mortoîfes ,
comme dans les planchers ; ils varient félon leur
forme & leur grandeur. L'effentiei eil de diftri~
buer les bais de ces fortes d'ouvrages, de ma-
niere à oppofer de toutes parts une réiiftance
capable de maintenir leur équilibre, de contenir
leur pouiîee, & de les faire en même-tems les
plus légers poffibles, afin de charger moins les
murs qui les fupportent. Traitons d'abord de
la difpoiition de la charpente des combles à deux:
égouts, & nous parlerons enfuite de celle des
combles brifés.
Des Combles à deux Egouts y
TU CXFI & CVIL
Les combles à deux égouts doivent fe faire £·.
félon le fenriment des principaux Architectes , en
équerre, c'etë-à-dire , en inclinant leurs côtés ,
fuivant un angle de quarante-cinq dégrés. Sup-
pofons a-9'b9 flg. XXI, la largeur hors œuvre
du haut d'un bâtiment ; pour déterminer la pente
δε la hauteur du comble en queilion , il n'y a*
qu'à élever fur le milieu de la ligne a, £,äü
point c , la perpendiculaire c d ; puis en traçant
un demî-cercle a,d} b, on aura cd pour hau-
teur du comble 3 & en tirant deux lignes a, d,
k, d, qui fe rencontreront en d en angle droit f
on aura linclinaifon de fes deux côtés.
Quand un bâtiment eft double , pour diminuer
la trop grande élévation qu'il faudroit donner à
un comble , en lui faifant embraiTer toute fa lar-
geur , on la fubdivife en deux parties, en met-
tant un chênau dans l'intervalle , & alors ort
donne à chacun de ces combles la proportion ci-
defiiis.
-ocr page 296-
t>* A rchiticïürë;           %£$
-Les combles font compofés de fermes «fpacées
l'une de l'autre de 9 pieds au moins , &' de il
pieds au plus : on nomme travée la dUlance d'une
ferme à l'autre* Chaque ferme , fîg. ΧΧΙί ,
PI. CXVI, eft compoiée d'un tirant ou entrait A ,
de deux arbalétriers Β, Β-, d'un entrait retrouffé C ,
d'un poinçon D , d'un faite Ε , quelquefois
d'un fous-faîte F5 de deux aiffeliers G, G, de
deux contre-fiches H, H , de cours de pannes 19
de plate-formes Κ, fous le pied des chevrons ,
de chevrons L -& M., de coyaux Ν ^ il y a encore y
ûg.
XXVI5 des liens O.
Quelquefois au lieu d'une feule plate-forme Κ,
quand les murs ont une certaine épaiffeur ^ on
en met deux a & b , fîg. ΧΧΙίΙ, que l'on entre-
tient par des Hochets c. Quelquefois auiîi, à la
place d'arbalétriers tout d'une pièce, fuivant le
rampant 4u toit, on .met des jambes de force,
que l'on courbe un peu par-deffus, & qui por-
tent les deux bouts de l'entrait retrouffé ; & en
ce cas, on pofe les arbalétriers fur les bouts de
cet entrait.
A deiiein de fixer nos idées par rapport à la
groffeur des pièces de bois, qui entrent dans la
compoikion d'un comble , imaginons que la lar-
geur du bâtiment foit2 5 pieds en dedans-œuvre
de fes murs; alors on pourra donner à l'entrait
14 fur 15 pouces de gros , en fuppofant
qu'il porte plancher ; aux arbalétriers 7a 8 pou-
ces ; à l'entrait retrouffé 7 & 8 . pouces de
gros ; au poinçon 7 pouces de gros ; au faîte
6 .& 7 pouces de gros ; au fous-faîte, s'il y en a 5
6 & 7 pouces de gros ; aux liens ou aiffeliers 6
pouces de gros 4 aux contre-fiches 6 pouces de
gros ; aux pannes 7 & 8 pouces de gros - aux
-ocr page 297-
270                      Cours
plate-formes 4 & 10 pouces; aux chevrons 3
6V 4 pouces ; aux coyaux 2. & 3 pouces ; enfin
aux liens qui Contiennent le faîte 6 pouces de
gros. ^
Si l'entrait A ne portoit pas plancher , on pour-
roit le réduire à 12 pouces de gros , & même
ne lui donner que cette grofîeur, en y joignant
une lambourde de chaque côté de 9 <k6 pouces
de gros.
On commence un comble par pofer les entraits
A, flg. XXII., à la diftance de 9 à 12 pieds ;
fur le bout defquels on affemble à tenons & mor-
toifes , & par embrevement le bas des arbalétriers
Β, Β ; puis dans ceux-ci on enmenche l'entrait
retrouffé C, & les deux aiffelliers G 3 G : on
affemble énfuite fur le milieu de l'entrait le
poinçon D , qui reçoit à fon tour , par affem-
blage , le haut àçs arbalétriers : les liens H s'en-
mortoifent en même-tems, tant dans le poinçon
que dans les arbalétriers. Après cette opération,
pour entretenir les fermes , l'on affemble dans le
haut des poinçons le faîte F , dont on foulage
la portée par des liens Ο %. XXIV , &
un fous - faîte F , en cas qu'on ne veuille
point de plancher à cette hauteur, & ii on
admet un plancher pour former des logements
en galetas , on en fait porter les folives à
l'entrait C : enfin l'on pofe fans affemblage fur
les arbalétriers , des cours de panne I , à 9
pieds de cliflance l'un de l'autre , que l'on foutient
par des taffeaux & chantignolles. Le tout étant
ainli difpofé , on met un cours de plate-formes Κ,
aifembîées bout à bout à queue d'hyronde,
dont le dehors repond à l'a plomb du nud de
l'extérieur des murs , & l'on finit par brandir les
ι
-ocr page 298-
D' ÀRCHI'TECTUR E.              27I
chevrons L , en les efpaçant des quatre à la latte',
ceft-à-dire -, à ï6 pouces de milieu en milieu ,
dont le pied fe pofe dans des pas pratiqués fur
'les plate-formes, & dont le haut fe cheville fur
les pannes; le bas du fécond rang M de chevrons,,
fe cheville également fur les panes ,& le haut fur le
faîte , en obfervant d'egalifer le defTus , afin de
former un plan bien uni, pour recevoir la cou-
verture. S'il n'y a pas de chêneau , on cloue vers
le bas des chevrons des coyaux Ν , que l'on
avance fur le bord de la corniche, pour former
l'égout du toit.
Lorfque les combles forment croupe à leurs
extrémités , comme dans le profil XXÏV , &
dans le plan XXV & XXVI, alors on met des
demi-fermes d'arrêtier, vers les angles faillants ,
& au milieu de la crouppe ; &, pour les recevoir,
on forme une enrayeure à chaque bout , en cor-
refpondance dans l'épaiüeur du plancher fupé-
rieur d'un bâtiment. On voit dans la flg. XXV,
le plan du plancher bas de l'extrémité d'un
comble à deux égouts qui fait crouppe , &
celui de fon enrayeure , qui eil compofé d'or-
dinaire d'un denii^- entrait de croupe Ε , af-
femblé dans l'entrait de croupe, de deux gouf-
fets F, F , aiîemblés dans l'entrait de croupe , .&
'le demi-entrait Ε ; lefquels ' gouffets fervent à
porter les coyers FI ,,dout la fonâdon eft de re-
cevoir l'affemblage des foiiveaux d'empanons î du
plancher, de fervir de tirants aux demi fermes
darrêtiers, & de porter vers les angles du bâti-
ment le bas des arrêtiers d , figure XXVI,
lefquels font l'office des arbalétriers vers ces
endroits , & s'aifemblent par le haut dans le
poinçon. Toutes les pièces de bois des demi-
ν':·*:
-ocr page 299-
\
*q%                       Cöüïis
fermes defdites croupes font de même grotfe&tf
que celles des fermes.
Quand on fait des logements ou des greniers
lambriifés dans les combles s on les éclaire pa£
des lucarnes damoifelles, à chevalet , ou à la
capucine , dont les jouées ont une grande faillie»
& dont les chailis font compofés de deux poteaux,
d'une pièce d'appui, d'un chapeau , de fablieres
& de potelets.
Si un faîte aboutit contre une fouche de
cheminée, on fondent fa portée fur un chevalet,
dont le bas eft foutenu fur un efpece de femelle
qui pofe communément en travers fur les fou*
ves , ou bien fur pluiieurs folives , ou bien 9
enfin , fur une folive que l'on tient exprès plus
forie QUG les autres. ;
Des Combles brifés*
./■ La proportion âes combles brifés , où à la Man·*
farde 5 fe détermine auffi par un demi-cercle , dont
îe diamètre eft la largeur hors œuvre d'un bâtiment\
mais la hauteur de leur rampant s'opère de deux
manières.
La premiere, coniifte, fig. XXVII , Planche
CXVIII, après avoir tracé le demi-cercle a e b ,
& élevé fur fon centre c , une perpendiculaire c e9
qui le coupe en ι parties égales e a, e b, à di*
vifer chacun des quarts du cercle en deux ,
également aux point d & c ; & alors en tirant la
ligne d <*-, on trouvera la hauteur du briiis -y &
en tirant les lignes adjk c b , on déterminera fa
pente ; enfuite pour avoir le rampant du fau*
comble, ou de la partie fupérieure , il n'y a
qu'à tirer les lignes d e & e c.
-ocr page 300-
ΐ> ' A R "C H ÏTECTUR Ef; .       273
La féconde , fîg. XXVIII , confille , après
avoir tracé le demi-cerclé a e b9 & élevé fur. fon
centre c , une perpendiculaire ' c e, qui le partage
en deux parties égales , à divifer au contraire la
demi-circonférence a e b , en cinq parties égales,
■àd9 df,fg, g k & h b ; pub en'tirant à la
hauteur de la premiere & cinquième diviiion, la
ligne parallele dh, elle marquera la hauteur du
briiis, & fa pente a d, h b ; & en tirant enfuite
les lignes d c , & c k , vers le milieu e', de la demi-
circonférence , on aura le rampant du faux
comble.
Ces combles font plus avantageux que ceux à
deux égouts, en ce qu'ils occafionnent moins de
poufTée contre les murs de face , & procurent des
logemerîîs beaucoup plus commodes \ on ne peut
reprocher à leur forme, outre la trop grande roi-
deur de fa partie inférieure -, & l'appiatiliement
confidérable du faux comble dont nous avons
déjà parlé , que de paroître lourde ou écrafée
en exécution , & de procurer peu de grâce au
couronnement d'un bâtiment ;. aufîi penfons-nous
qu'il feroit à propos de ne l'employer qu'à cou-
vrir des bâtiments fubaîternes , ou des dépendan-
ces d'une maifon un peu conùdérable , ainfi
qu'on l'a obfervé aux écuries du Château de
Verfaiîles, où ce genre de couverture femble
ajouter au cara&ere de l'ordonnance des façades
de ce bâtiment, l'un des chef-d'œuvre d'Hardouin-
Manfard.
                                                *
Les combles brifés s fig. XXIX , s'exéc.ufent
auffi par fermes , efpacées l!une de l'autre
depuis 9 juiqu'à 12 pieds. Ils font à-peti-près
compofés des mêmes pièces de bois que ceux à
deux égouts , à la referve qu'on n'admer dans
Tome FI.
                                     S
-ocr page 301-
iPPWflP
leur mnk inChicm ψ» te *»*** & &rc*
*f I, qni t'afibBbloii pir k bei «kn* k Urans « »
& paf k haut dan* Femfait « f qui fetitkm k
tienne ét brin* d,
Pcwt déterminer k groücw te bo» de «i
£>cte* 'de comble t fupfiofo«*, comme ci devint _*
r' f k dedant eww de* trots tfun bàiîment oit
tapi d'ériger un pateil ouvrage fok 1$ pied*:
Toici a-peu-pte* queue· pourrotcni être kut* **·
tneu&oe*.                                                   .
U mam - «un 14 * fitf » I f»**«* de gros »
«pn c*i quil porte pkneher dir«raement » & »d ne
.pofte pu plancher » on bien i foo y met te
'lambourde*, U iitéVn de loi donner i* pouce*
de gros : ©u »et in bout de ce* msm » comme
ci-oevaot · te plate ~ battte de ter avec une
ancre » pour contenir récanenient te mur* dit
Itatti d'un btément. Le» Nöbes de force * ,é, an-
tout 7 et 8 ponces ; rentrai « » fermant i
jport« k pkneher bent de· étage· e» gekte· *
g & 9 ponce*; k» panne* oe brin* *f » fc 4·
derer* # » 7 à S potice* i k* eftetkr* #, *· qui
foukae« k eorrftde rentrait » f at 7 pouces î
ic ρουν* /afkmblé &m rentrait * 6 ponce* 4t
me I k* itWêffter· e, f » affcmltós etat« part
dUn* rentrait, et de Îeture dam k poinçon, 6
m
7 ponce» 1 k finie A, «pi eft eimfalé datte
|i poinçon, 5 «\ 7 ponce* ; le» «olive* t, aÉetn-
bke* «km few ia* pot» former te plancher ha«t
de rétageen maniarde, f le7 pettcaejjee cet*-
ireÄÄe* a, A, f * 7 po««« » » pktt^fotme/ é
4 Ik 11 ponce»; k* «fetmon* * & e* | * 4
ponce* ;*b font atTcmWé* park Im* »à pa* dan·
Ie* piife-fomie* » à I          »re. * chevillé· par
k haut futtetpiaeeide brin* » deteer·, & f«*»
-ocr page 302-
ta» l taSn let coyaux » auranf * A J ponces d·
pmt û on en met·
Lorfaae te* coebki I te maitfitrde font crom«
â fextiimisé eftw bâtiment » comme dans te %
XXX * e« tak Mite tmufmm co coneijpcmdafictt
«liai te plancher il« ΓΑαφ fupcrieur poor «on-
leuk ■ let iermt* Ar demi-iefmes f » r § s , # » :
pcn-prè* tembtebk à celles des combles â ta
Franconc ; car ιΐ n> » que te brtfa qui prodwk
qnelqtie datfcfcacc dbo» te plan » Ae le pconl de
te croupe.
On làif if ordinaire en boa «Je bon » tant dans
tes comîstet belles, que dus «eu» à deux égouis,
le* tirant, les cnttmtts » tes arfealÉ* riet s » tes jambes
deiofcettefcirctkrs»ks arrct»erstAt tes panne*
«o-iktt de 9 pieds , Ai root te reât lopere com-
mufKmcnï eo boa «te Cciage» ■
Oo ectetfe tes logements que foo pratique
dans ces combles par des ctoiièe* appettées à la
mansarde ♦ fit. XXXII tefqueltes font compofées
d^McJttpeam bombé » orné de quelques mouiiucs f
de deux poteaux » dsta appui » A* de j»te4ets*
De même que foo Îobévu% les combles à deux
égoots» brique tes corps-de-îogîs font double,
pour diminuer la trop grande hauteur qui teuf
taadtotf, »ili cmbf»ffotesif toute la largeur cTu»
bétnnent » on a taweprîs feebbltoieot de ftib-
ditife les combles à te manfiitd« , pou? dW*
nnee tettr oxuteur At pefammr. Ce procédé eît
peu eomitt · Ai comme «tous poÄNtoos A» c*
fujet mi Mémoire manttictif du citebre Bnilet,
qui en développe tous les «taritap·* Af te m*
cilsté de l'exécution * oom cfoyoas devoùr te
«apporte* , va tveSM dont à peu* et» èm
loejciib«*
t |
-ocr page 303-
' jt6                € o ν m ·
N<wv*Mê mjmtfi ds htm Ira CemMu h i/o
p&mr iotrvrw iu Lorpt-dt-Logt* du jübu
gmods dmsMe ftt'û/i p*ifft JmH
, jm% im
firn aivéi fm* €m£ du Cofps-de-Logu
t JêmpiiSf Pt CjCijTw
L*0ü § tfbtnrtM évité de fttte de* cotpe-dc-
Èogi* eatnorduiairetnciif double , pwr h taibu
qui! 'firudrok que les combles qui doivent In
couvrit , i la auflief* ordinaire » hitTcnt c*ceiTivc*
ment haut» î mai» comme Ie« corp de-ïofb double
peuvent être d'un $rand triage pour le* commo-
ditc* , & pour le* agréments ψ ds peuvent 4m*
©et » vote» une méthode do« on »*ett «vile put
te» couvrir «vec toute la iobttité dt ta fureté
rtecenaif c» par rapport à l'écoulement en eau«,
o? cela avec beaucoup moins de depend que par
le» procédés ordinaires.
LVm fuppote que le corps-de-logi» qo*oo doit
couvrir a« toi 11 toile» de large ou d*épaj<îetîf
bot * dsuvre» qui est un des plu· grand« double
qu'on putfe ta» » que le comble Îoif poié fur
le demier plancher ati-detfu» de l'entablement «
or que les logement» en gâtera» qu'on y peut
' iure aient S pteés loua rentra 11.
#our «tvtfer k comble en quertion, il n'y a
qui partager k largeur eu corps-de-logti A S «
en deui partie« égales au point € ♦ oit fou élèvera
une uerpertdtculairc C Κ : on prendra enluiu-
| pîeoide chaque coté 'de cette ligne, comme 1 f*
pour lauer un vuide de ι ο pet» de »r« entre
lei riet» comble*. 'Ce vuide fervira ê écwurer k$
logement* en "gâtera«, que l'on pratiquera é»n$
cet comble» f & à écouter leur» tam » «a laifta*
*
-ocr page 304-
Ο* Λ« CHlTICTVftE. S??,
tbèmu èm* k ttüesf qui ks tmMm auK
tic»* oma» αϊ cotps-de-kf*» » ou Wc« ott Γββ
voudrai les fjure totnfaer«
On fermera kt deus combks » en donnant i
ρ ieds ito delus 4» ttrtm â Β t o« «fa* deflu·
du tkftw pkadier » julqucs ftnti ^le* entrait»
G H, ou feu* ki ρ««*» de lwi&* * Ρ«*» îonferak
rampant dn «notantes à f ordinaire, linfi «pul eft
marqué iiir- k profil %* XXXIII· Comme kt
totem do $akta* auront leur jour dans Γομ-
verture pratMjMCc entre k§ comWes » o» feta «t
feat de ce» eroiiees μ« appui de ) pieds ik haut»
cofiifc kquel on mérita de petits chewm» D
e» petite » deâmês I potter k couverture «n
recevra ks €*«m de* den» co»t»k* » & Ie· dW»
fera ver» k chenau C ♦ d'où dies s^ottktotit
[par le» émm bout» da bâtiment » à Tmk de $oi-
tktes 0« de im/im* de «kfeeute à fotdmetit*
L'oit ne douce point qu'on ne foie des oufe»
ttom tur ce nouvel afrangement s le·. ouvrier*
tgnorans qui m changent pt« élément kut COf»
1: fume t ne manqueront pas de dite que cette ott*
Ivettwe entre k· de«« eombk* letm un plat à
neip 1 car cfkft rcsptrsâlortdont il» <e ierveel pour
fane peur à ceus ψά hm btór,it pour kur pet*
ftt*der quittai» toujours beaucoup ékver ïea com-
bles t makcomme ce neft ps tfauJounThui «pon
Un écouter ks eau* dans des chenaux» Ion trou·
ver« quelles ••ée*uIerom plus sifenem^pir k
moyen que je propofe , que par kf tpu*^0 f1
ctóiaiiaqiieroAttWtauderfkrtdes tóföftiadesc«
fer îc* cmabkfi*e*is.parce que k CM»«* m ^fW«
fera bien ptusâcik à nettoyer » jkàhut&Ëm m
netees que par les gouf Jeres eedustires » ayant «ks
tmkm tout dû km$ par ou il eâ wfe d*aikf ·
-ocr page 305-
'S
*7t                        Conus
Puur donner tome I autorité à cet arrangement»
il faut favmt cTatNctir* qm*m Γι mis eu «ovro
en plttficitrs endroits, m Β ι ft bien τέιιβ ,
qo*ôo m s'en cil jpmats ntajtnt* La prtmkrv cs-
périoïc« en a été fuite I Iffv » pie* Pnm » à ta
eiaifoo qui appartient É M. le Prince 4e Coury ;
êe fou e« a fat encore ptufteors autre* épreuves >
quî om eu tout k facce* qu'on en pouvoit at-
tendre.
Après avilir répondu sus obfcaïon» qu'on
poutroii »ira fur ce procède » tî ne fera pas^tnn-
ttte de parler 4e* avantages qu*on en petit tirer.
Pfomtetcjnciit-t Ton petit voir par te pVoél poo-
Aué ÂHB, que η ion finslont ce comble par tes
fc^ea ordbastes » tî ter oit élevé «ne fou pi«
liai* que cetoi qu'on ptopofe ♦ ce qui cau&wii,non-
Jèulentcnt une hauteur c\<ti\i\c qui accabterott
pour Atnfi dire te bâtiment, mais encore attg-
»cnteioit la dépense, ptefqoe du double» Secon-
dement * ou te proctueroii parti des logements en
gAiera* » fort commuée* « fais être oblige de ton
cie* lucarnes en. dchot* » qui ne doivent être u » te«
que pont ois l*atîes«cour», étant ttcs-défagréabk à
voira d«ldilt€csde conJcquesice.Tt>osvncmcftt»
on pouirott * par ce moyen, dérober h 'Vue d'une
bonne pat tic des cheminée* » qui font toujours
m mauvais efet bots des comble*. Quatrième-
ose«'» rien ne teroit pbts m£è que d4ét*rtr*dre I©
feu tu veno« à urenere â ces cheminées f par
h commodité quon autoit de monter ht ces
combles * par m ouvertures des logements en
gatcta« Cinquièmement y les Couvreurs auroienc
plut de facilité pour rétablir cet combles ♦ ψίΰΒ
n'ont coutume uen avoir aux combles ordinaires.
Sbdénemcn t enfin , on pottttolt recueillir le*
-ocr page 306-
o*A ncntrïï ctpr i.         379
tem ptariaJes Je eet forte* Je combles » pour
l'en mm au befoin avec mon» 4e JiJfictthé< ^i*e
ceUcs îles autres combles.
ExpUcmon des PùukÂês ma rtpmßftimis
U cmjlndhm dê$- Combien
Lu Planchet CXVI & CX Vlf t fottt les aetatffr
Je raftcmbtage Je charpente d'un comble à Jeux.
égostfs*
La fig. XXI t eft la miniere Je Jctermîoee
Si' pente if»« comble ; e I, largeur hect-anivf*
J'iw btbmcf»! ; * J & J $> > côte* «ftm tnangle
écjuUatcral. mii forment le rampai» Ju comble î
t â , hauteur Ju comble.
La %. XXII » eft k profil J'use ferme Je
charpente«
A , poutre cm entrait feront â potter ia,
ferne«
Β , Β » arbalétriers afembtés fur le bout Je
feutrait per te bas , & par h haut. Jan* ie
poinçon*
€ , entrait retroulîé » affemble Jans les arba-
létrier· t & feront i porter JOnfaiire tes fcitvc»
«lu plancher haut Je I étage en galetas« tfuanJ ois.
fait Jes lojsemenr» Jans les eomhte
D » poinçon a Aemble fur f entrait icixodft, &
ferrant à porter h laite,
E » extf tmkc Ju fa ite a Semblé Jans le poinçon +
Jont Pouce eft Je 1er enfemble par'le haut te
fermes f de Je fourentr le haut Jes chevrons*
F. extrémité Ju fattMaiieaiîcmbié Jan* rentrait
ittrouftè » de. fervant aitlfi à entretenir fcs fermes #
ftmné on ne mai pas Je plancher à cette hau-
teur *
'■' Λ ..,'.■ .                                                   'ΐί: ·:                                           a* S
-ocr page 307-
C# » G » auflieft fcrru» I Jbntfer feetwit re*
Il » H, camrv-<ifhe« afeuMéc* dut» fc pt»b$©Ä
Je le* .»«Uitétnen
ί f Ι » çmm de fMM^MB» » <k»nt (m »e wii ici *f»e
le prou ; elle ρααοΜ for k* «rleflttteff font
aJlenifcUee t ir y fa« »rei cet pr des uffcaujc
Ie ik» cfiiftfipfwfa.
Κ » plue«&fmct %fft »AI peetam i plomb
Ai dehors de* mmn » $s recevaet dam de* §*wü h
p*rd
det chcvrâftff*
L £r SI » finp 4e dbevroa··
H, e*mui* qui »"btii Iki* ψΜ qmmi m ne »ff
ptt de cm
Lm Û.\ X XrV, eil Je ptotfl Ai mÀM comble ,
fm» λμ iè kmptimt $ lequrf «e:* 4 Luit * uit U dtfi-
ft,#t ifes tiffttemet fc?m#» par »V n*>\ en cici pjiuie«
dtt 6l#tt Λι foti**4Ïiig*mi dun plkm'lm-^mmàm
co4dbMR;fioiaiâV0M»mttMiXttonN;»»»)fff<» V ι*:*·
fff tettrcf fiwiiiiêki an* grande* de Ia rt^nre
pr«v ederuc 9 pour Mm Vûfr km réïatkni «Uut
et few*
e y poutre mi emnif ; â êl$ mhd&mm $ * »
CfMRniir i^souffé » ^<# f ροίικοβ ; # » feite
* ƒ »
feus »Élire oa folivct du plancher 4e iésage e« fi-
letât ί ft f t
«ifleiict s . * » cour* ck patte*» ; 4 y
plate* £>rme; /ff cheVrofts»
O t lier»» fiervant a iuubger la portée dn
Ai«.
' Pf fbffan portées fttr dm laahötirdes k long
êmmtmm*
, Qf èm**$êrmêê ewttpe avec m.
S1 éemt*€Mr*it de cfouôe.
tt %» XXllf « ei k ddpo&ion de deux cou«
de plate-Arme * & Λ, «mand *>ο f,m potier ami»
-ocr page 308-
d'Archjtictüil            itt
te kuit de* QiRiiti ; aten ou entretient ce· dcu*
ptatc*Jbt«)e* par des, bkcheu « » qui hm é»
petites pièce* de bob eutatöêe* par-delSous au*
<u ott de* plateforme··
ta ûp XXV f crt te plan dy bat de îa due·
DCnM d'un comble a deux cguttü , qui iait croupe
I l'on CÄtKtTiUc. pour taire voir raffenblagc de
ίοη cairaycu» dans ftpaUTcur du plancher,
A , entrait ou tirant avec deux lambourdes
Β» Β , portai« une rrevée ne planener C,
D » plwc~formc* avec de· pat pour le* ciie-
vtOMt ci» font atfemblce* bout a bout λ queoc.
£. demi entra« de croupe artamMé dans ren-
trait A de croup« par tut bout » $i pofté par Tautre
iiif te mur pignon*
f * Ψ * geuflets aiembtét éêm k demi entrait
de croupe * 4k Ff&mfc de ctoupe.
G « autre gouftet auemolé dans ks plate-
formes.
H, coyen fermant de tirant aus dem·»fermes
tfaifitier ; .us font aifcmbté* dan· ks foules· F ψ
& reçoivent iaflenblage ém. folÎveaui detu-
panons I.
La, %. XXVI t etl k plan de Sa charpente
du comble precedent , vu par-deun* ; m , laite
afîcmule éêm les poinçons », & portant k 'baut
de* cnevrons j < t pannes; ^tarrêtkrs portant le·
chevrons dempanons « |/t arbalétrier de k demi-
iermede croupe»
La Pt CXVIII » fCfwétinft raftVmbkge d'un
combk träfe*
ta %· XXVU * exprime une maniere de dé*
terminer ic ramjunt du combk.
*♦ *» largeur norSHPtuvre du bâtiment que fort
-ocr page 309-
if*             C ο ν ι t
praal poer dtantetre «Tem demi*e*rcle ; 11, teo*
teer én comble ; ét% hauteur «ia bnft* ; a> <f & ê$9
rampant du bft&t ; *^ *» & * * » rampant du taux
camhkr.
La %, XX VI f| t ert tme uure wakere de dé»
ftramer k rampant ê'm tmabk bM ; a £ »
-tarymr hooHsuinv d*tio bèttment t que ion prend
encore pour diamètre d*u« demt-ccrcic » ïcqwcl
demi-ccrek étant dmt'é en cinq partie* égales ,.
est tirant èem ligne* #a*lk # * » députa tes eatré-
matès du dtanesra , juiqu a ta première divtfoti
de part et d'attiré » ^o aura la pente du bru» .
& en tirant, loi tipte* 4 « & * A 9 οα aura toi deux
côféa dit rampant eu faux comble*
ta ifig. XXIX » clt rêièvatwn d'une ferme don
coabfe bru,
*» mai ait poutre ; I» 11 jambe* de force ;
a i entrai! portant plancher \ i , panne* tic brilis ;
i y autelten ; / , poincoti j g » arbalétrier* ; A ft
'Ut i ί f panne de dever* ; * » lie»! » / » plate-
'éwtm ι a» Ir « -, cbevron* i *» » eovaut *» ρ » prooi
d'une crotfcc mmiwk, reptéferttee vue de iaec »
**g<* HaXL
ta %. XXX f cd le profil ifyn comble brifé»
où nofti avom mis aux mêmes objets » kt mêmes
lettres qw*â la % précédente.
f f f,*, rt ptoUl de la demi-ferme de croupe ;
» tJEoSnet du plancher bas ; a* , liens ierfirtt à for·
lifter la nonée dn Jak* 5 y f profil dti planche
bat« de rétajt en martötroe*
ia PI* CXIX , ftpfefem« «ne «otrwlk mi-
tliefe de IttWittler tes comble* ta dei tur ta largeur
dun bâtiment double*
ta% ΧΧΧΠ, eft le*lan dttdk coiiéle» 4 I«
%. XXX UI m «Λ 1c profil
-ocr page 310-
bfAïî CU IT! CT*!«!.          *8f
A t Κ » Β» Hauteur d*u«i comnleà le eiaaferde
Ε , F, vttkk de f ©pieds entre le dem
C » cK&cau ayant foe êeottkment en
D f petit tok en petite vers k chencay*
G & H · hanteur des étages en galetas * q»
feroèent éclaires non en denot* ψ batem » mm
eu coté «tu %*nide p« «k* crottées I·
ΕχίΜφΛ ie étffkmi-t Ccmiléê.
Ames des détails «k comble* 4 ftitafe èm M-
tîmen» ordinales » nous a«*«* proposer divers
exemples de comble compote wie beaucoup
AndttAtie » ft capables de few de nodelei dam
desoccanons Importantes.
La PLAKCtlt CXX » itpféfeaie te détail de I*
charpente au comble â «te««^ ègottts » qui couvre
le Nef de îl#k de Saint-Roch à Pâtis.
la %. XXXIV » eft k vue «Time des fermes
qui (mm écartée·, rime de Tautte , de 18 fûeds de
•iBcn ea flûte. «Ι-
Α » vourede ΙΈ|βι« t e*ec une chaîne die fer**
ferrant à contenir ftartement des muts | #j* ·
MiTcm* de pierreappuyé*for k voute» fttvaoc
à foutenir cette cham« dans ta longueur.
»f entrait «k 40 pieds de longueur, ft de tf
pouce* «k gros.                                  . ,
C, poinçon ck il ft 13 pinces, mu fondent
rentrait par k otite » i*e* tt» etrter boutonne.
BtDf arbalétriers de tt ponces efegrte.
Ε · fécond entait ayant β ponces «k pot.
Fft G, ô«e ft i#»t-&ïî€de i ponce· de gros.
M, panne· ayant 11 pouces de gros*
111 f deux conrs de plate-Éotme de ê mm
ponces f entretenus par ' des fckçbets·
».
-ocr page 311-
C o ti ii »
1* M » fiet» if eoMreficaa» t ayant cîtaettn 6
A 7 pouœi de gim,
H » f aotbecre» de 6 pouce* de gnML
Of mrteliei* de ίο fKwice* de gro*.
Ιλ % XXXV, eil tin pmâl iuiv«m k Ion-
pwtw a» comble f «pwt ^ pç,,,^ j^,,^ ^
mmm correspondantes an* m-mérn , é*m h
%tre précédenif.
Ρ » îmw poumon de é I 7 pouce* de gros.
Ç?t crut* de Saint-André de éif ponces*
ι*4 ÎMJfce* f-ΧΉ · rpPf***M,P deiwcomblei.
m ng. XXXVI, dl „ne ferme d« comble,de
Tmeimm· BeJUMgue de $«or Pierre de Root »
eoftirttite Cou« Confiants*, & doni le P, Booenî
no*» ι coofervc le éd6m dim y defcripcion de
ce Teuiple*
Sa cttarpente eu tre*-re^rt|tMbk pif (m ex*
trême légèreté; elfe cft eompofée de pbin-fcrae·
»oiûBei ♦ & pofees de chtmp.
A. 9 wmt m csuratt compofé de quatrç mor*
€»«* afR»b!e§ déni 1 den% en embtevemcnc
je» le iwüen f & Ife avec det eabrafiifet de
fer,
B»ltart*»îer«er* ouï f font Ués par le bat â
jmraif par à» bande» de fer , & dont fafea-
H» d« bant eu Jbntfîé par une double cutter.
re» /»                                                              Ί
C, fécond et«m« font dan morceau dam fa
"Κ"**» û efl aJfcmblé dans te poinçon & le*
«affnen, par de» cbeviîes defe*
»a. * * ν**0*?* fa****** oau* te hatti par les- erba-
rm« t &f foulageant feutrait C f par te milieu, à
Faide d'une broche de 1er.
On να« fur la pnebe cie la «pire » tra détail
pttiCMÎier de cet afle»Wage* *f entrait ^ *, etn-
-ocr page 312-
D'A K'CftlTffCTVftt.          »§§
-'bmmwmm «k§ émx pièces de bots ι f ♦ embra£»
iure* de Ar $ J, boulon ou ferocite qui traverf»·
k bout d« poinçon » Si Éootieot fcnir*if « par-
deübuf Îaifernblage,
E » chevron* poêes en m vert fur ks arbelè·»
trier» t kiquck portokot des pianebet qui rc«
ctvoteer tt cou vemite.
Là %, XXXVtlg eft une ferme de k Nef de
rEglite deSaâttt-Atidfe d#/fti ^*tó a Home.
Ct comble n*a de hauteur que k quart de la
largeur ; cell U proportio« que ion donne k
plut Couvent au rampant de* combles en Itaik*
Cette terme η α ι ;cn de t\\'t#mmaodabk « que
fbo catreme itmpikite.
A , enimît de 45 okèf de long f $r compoÔ
de -deux pkecs de mm afttmblétf à trait de
Jupiter » & tbiritiées par deus etiket ou emfeial^
iure* ik kr botikrtnéef » ie «k plut fautenwea
mm k milieu par k poinçon U , à fride d iiti
êtrier.
€ t C · arbtletrkri aiîembtés aux bouts de ren-
trait avec des embraflures de fer*
09 détail I pan «k I affemblage â «ra« de Ju-
piter des deux parties de rentrait A. 9 vu par«
éeÊw 1 * f ekf ; * » etfkr* 'boulonn黫
La t*uuiQtft QQU!· ofte encore k defîft de
deux eotttbki dk charpente que nou» avons défini
en Italie*
'La %. XX XVIM f eft une lerne du grand
Théâtre Saint-Char te» à Naples» φ» eil de Vexé»
cution k plut hat die,
A1 ent ra ι* de plui de i 00 pkdi de- long » coflh
jpofé de trot* pièce* 4e boti de ti pouce» de
groi | auembire» à mil de Jupiter« & par embreo»
vueicnt au bout Tune et lautre » à «k plut » liée»
-ocr page 313-
à leur wmm&m par qiiHrt emlfiiitres de for ƒ
une femeie
Bt dt ta pouce* de gr»§ « & dertetro« t$ fàé
de lewig
* qui port« ' fur kt muri «lu corridor
edorlcaui toge**
Β» S, 4il*êWtfKîi doolde dae» une partie de
kiif
tonçueur ♦ demi I «flcmbiagc JefUfk par
le ?***» i Utéc êe
tmm ïmm dr ter.
Ci fKMOçon avec deux cofttfclklie*.
entrait*
E » Huis pamf a* qui f*o«Jagc îa porté« de Γα*·
mk à*
Ψ , G t cjMróehes.
M , jambene*.
11 <bt*nm «âf ai mnrcn far les a?belariert·
IL « dl im détail particulier <k raJTcmbUge de*
triée*» de. buts de rentrait A i «t, eaearsfTuna de
jet
ι £ât faoutom ; * f eirier attaeltc au bout du
Hue pomec» ; i d9
auf ret enttiraÉurcs de 1er qui
Bcni k pied des erbalêtrêcn, avec le bout du
tum dt '
de la femelle.
•La 1%. XXXIX f cft tme ferme du grand
Théif te de Pat tac » dont k lar getir cil autfi cenu-
dét abJc que la précédente.
La tmufcur dé ce comble cil â-peu-prèa k tSer*
de k largeur du Mfimenf.
Λ ι entrai! cpmpofé de erois parties affembiée*
pat embreVemeni » âr Jbtit£ces· I kuf réunis per
une
lambourde Β * liée α vee cinq Heut de fer *
fi« boulon* , Se detix cleâ en mm tfaverfee*
chacune per un de§ boutons*
»
Btl, eftttttfrler» lié* avec quatre cmbraiTiire*
de fer par k
pied.
C * poinçon »rmé d'une éqtterre de ter f qu|
ftmiite ftttcmfetoge dm baut de» ai batôt*mu
-ocr page 314-
t^AiCiifTic-rnnË; a g7
Ό St E # άα* potnconi fowtcrunt par k bui
4 ÏHfJrBW A* ' ■ "
Ff G9 Ht «mkt (Nutkuikri (éntum à Ger te·
Jatte potirons., 0 ; celui t dt Joutcau par k
poinçon C
» i l'jthk d'un étrèer«
f,1,1, déckirp».
IC , ton rrerichcft«
L » enevroot recevant de· pknclief joioftvef t
«foi portent k couve«««*
M » cÄ k détail de I «danfabge de· pitee de
èob qwt compokm k grand
ciurati ; * * cmîicéw-
■•cm. ι # » kmbourde ; « « embrafliu«» ; J% bouko;
«, ckf* ; ƒ t et rien boulonné· dent k» un« pok«
cou* , & loukgcant k
portee de I «trait A*
La Pt *KOif CXXU1 » ofte toi» les détail
de k charpente du Petite dit VaJ-de-Cric«.
ta %ure Xi * eil k moitié dit plan de ce*«*
charpente att-ddTu» de l'animie , I la hauteur
A B» Ég« XLvIU»
e » « Jeu.*·, court de pkte- forme emrviemu par
de* blocket* â| #t c entrait* m*£ trarafent
lot« le
dîaeieftre du
Ptee i -ί t kwx entrait.* ψά ùtfkm«
hknt dans k* précédent* ; t fwnlet· ; fpmag&m*
La %. XU cfi k moine du plan pris I k
hauteur € D, %nre XLVtili ; # enrayer« § A,
efpeee de plancher, dont on voir k poü «n
t1
ig* XUX· # potçora ou poteaux.
La êmm XL11 eft k motte 4t* pkn à k hau-
teur Er, ig* XLVÎÎfîon y
voit k confinuitwm
de f
ernsycuir* dirtfêe vert k$ pttiers montant #
mit fotóenneor k lanterne : it y t mM à mm
«auteur un pkftelter m f dont k profil
crt repré»
knie en A« hg. λ Li X»
La .ügure XL lil, e ft moitié ét pkn pril
-ocr page 315-
Ceoii
i ta hauteur G M t %, XLVill ; elk revente m
faux
plancher krmm de réunion aui poteaux
montan· qm portent ta lanterne,
La ifurc XLIV, eu une moitié è» plan de
Sa Umcmc
, pm m nivexu de U bal« ftraile IU
hauteur IK, %, XLVIM i, elfe représente plan-
cher formant u» épi en enrayent« tffêmblée dans
Là %. XLV en itfi plan pris à ta hantent
L M
%. XLVUJ, & etprme k plancher haut da
la tamafoe·
lae» figures XtVI et XLVtt, font dem platt· »
.îiMipfis a la
hauteur Ν Ο Se feutre I k hauteur
f*Q de la lanterne» % XLVitl*
La %.* XiVIfi » en un poÉ de toute h char*
pente du Doute , lequel tast voir k rapport âc ta
iuiion des dtierent plans
ci-detTu«. « Voûte de
Il Coupole ; # att^ue ; e entrait» formant enra-
fmmiéêtmm etttrawit pocemrx;/conmiktttstit·
décharge» i a courbe» formant te déhor» é» Berne
Ér fur tefi|ue$e» font pofée*
les table» de plomb,
La %. XUX en un profit de cette charpente
prii entre
te» ferme» de ï enra y eure, au milieu de*
oeil» de boeuf: i & 4 font de petit» plancher» ; iSt*
oeil» de twmtf.
En éfodkof le* rapport» de ce» différentes figurer »
ii en toi comparant, on nun aifément «ne idée
comptette de cène
admirable Charpente v qui *ft
bien
dî^Mf de fervir de modele·
Φ
CHAPITRE
-ocr page 316-
d'à KC«tr*cr u« t.          2%
CHAPITRE Vilt
Dms Pd m s dm Mors mt êÈ$ Ctotso^s,
Pt* CXXÏK
\Jh employé communément des pans «le fcoU
pour ks fjçâfticf de» rnaMoft» lut le» cou« * pour
de petites aiks de
peu de conutyncsiee # & pour les
divcric* depeod*ficcs cfttu Editas·»
p*m deboï», %. L» te ion* de bob de&înge
It font compole* de potea» deno^gniiré ©a de
poteaux cormier» A # ici if «et» embcvmmt detdt·
Baute toute 11 hantent· du j»n de bots»· <fcp»*t te.
tfciîus du peemier planchet
«mi II eil räenibfe fufipTà
k coenicae qui te coûtonoe ; eiilkke de poteaux
nlMÛftoa· Β pour la baye de» «oiiecs * de po-
teaux
Ci 'de dcilutjs-» t>, Je tMüimtio L, ee
tootteienei G
; de poteJet» H » d'entre loifc * ! »de
iablietes, Κ, Κ, λ U hauteur de
eliaque étage»
Se dont k* tstrifiiiféê lot«
eflemblccs «Lin» le» |m>~
tcati* cormier»
; on met toujours deux cour· de
kbberes pour choque ètâfe * dont Intérieure
fcff â iâlteruMage dit pan ée
bob , & «neutre, à
porter le bout
dct.foUvc* du plancher*
θα 'ikte 'te* naît» de 'bob du cote des court i
rea*de cbaotBe fin* dei efpeccs de ÎoeJf ou de mur f
parptni d'environ J
pied» île hauteur» ou fou pofe
une fahhete fkm laquelle on aiîembie let poteaux
eoimkri» le» htttflencs <k» portes & de* croüccs 9
kf déchargea, β«* "Mail »quand on obtknt I«
wer»
«ûJîon $m ékvef fur les rues, malgré ks Öroon*
<.?nM# #'/· '
                                   Τ
-ocr page 317-
&9ö                       Cours
nances qui ont été rendues fur ce fujet i il ei|
d'ufage de les élever au premier étage ordinaire-
ment fur un poitrail Ν, pofé fur de bonnes jambes
éïrieres Ο en pierres de taille. On met alors fur ce
poitrail ,pour ne point l'altérer, une fabliere qui
reçoit i'aâemblage des différentes pièces du pan de
bois.
On doit proportionner la grofîeur des différentes
pièces qui compofent un pan de bois à l'étendue
& à l'élévation de la façade, ainii qu'à la multipli-
cité des vuides qui s'y trouvent. Communément
on donne aux poteaux cormiers 9 & 10 pouces de
gros, aux décharges & aux poteaux d'huifferie
6 & 8 pouces, aux fablieresy à 8 pouces, aux po-
telets & tourniffes 6 & 7 pouces. Toutes ces pièces
de bois s'efpacent environ à 10 pouces l'une de
l'autre, & s'affemblent à tenons & mortoifes, à l'ex-
ception des fablieres qui fe joignent à leur à bout
à mi-bois & à queue d'hyronde.
ïndépenclemment des aiîemblages, on fortifie
les liaifons des principales pièces d'un pan de bois,
fur-tout quand elles ont une grande hauteur par
des armatures de fer, \ des harpons , des étriers,
des équerres, des plate-bandes & des boulons,
tellement que toutes fes diverfes parties foient
d'une inhérence parfaite, & ne puiffent agir que
toutes enfemble.
On eil mairre de îaifier les pans de bois
apparents, & en les peignant à l'huile en-déhors,
ils fe confervent en cet état fort lorig-tems ; mais
dans les lieux où 4e plâtre eil commun, après les.
avoir hourdé plein , on les latte de part & d'autre
à claire voie , & on les recouvre d'un enduit, ce
qui leur donne un plus beau coup d'œil. >
Quand on met un poitrail Ν fur le vuide d'uß®
-ocr page 318-
ï>* À ft t ïï I t E C Τ ü il t*          i^li
Politique pour lui faire porter un niur, foit en pier-
re , foit en moilon j dans toute la hauteur d'uri
bâtiment au deffus de fon rez-de-ehauffée , il con-
vient de proportionner la grofleur à la charge qu'ils
fera d'obligation de foûtenhv Il faut qu'il foit
de bois de bonne qualité , bien fain , éviter de
lui donner trop de longueur , & obférver de l'éta-
blir fur la tablette des jambes étrieres fans calles
fous fes portées, en ayant foin fur-tout de le pofet
un peu en talud par dehors , de crainte qu'en
déverfant, il ne fît furplomber, par la fuite, le mut
qu'il foûtiendroit (i).
Les cloifons de charpente, fig* LI, font
fort en ufage dans l'intérieur des bâtiments 8c
d'une fort grande commodité pour leur diitri*
bution, attendu qu'elles ménagent la place. Elles
font de deux fortes ; lès unes portent planchers^
& les autres ne fervent que de féparatiön* -
Les cloifons qui portent planchers , doivent ert
conséquence monter de fond, & être pofées à rez-
de-chauffée fur des murs parpins de pierre de taille
d'environ iS pouces de hauteur fur 9 à 10 pouces
d'épaiffeur. Elles font compofées de décharges A #
de poteaux d'huifferie Β, de tournifîes C , de pote-*
lets D , d'une fabliere Ε , pofée dans le bas fur lö
mur parpin, d'une autre fabliere F dans le haut, qui
( Ο II y eh ä qui pénfent qu'on augmente la fofce d'uriç
poutre ou d'un poitfail eft té divifânt en deux fuiVant fa lon-
gueur , & qu'au Heu „ par exemple, démettre un poitrail de
18 pouces de gros il vaut mieux mettre, à côté l'une de l'autre
deux pièces de bois de champ de 18 Si $ pouces de gros a liées
enfemble par des boulons OU des embiaflutes de fer : mais com-
ment fe perfuader qu'une poutre fciée en deux fuivant- fa lon-
gueur acquieïra par cette divifion plus de force, que iorfqu'elle'
etoit entière , & que tous fes fibres étoient. bien unis : c'eu évi*
4emmefit un fyftême deftïcué d© fondement.
1                                     *r a.
-ocr page 319-
fïtyl                         Co U RS
porte le jjout des folives G, & d'une troifiémè
iabliere tt, portant Taffemblage de la cloifonde
l'étage fupérieur.
On proportionne la groffeur des bois des cloifons
à leur hauteur, & au fardeau quelles auront à por-
ter: ii elles ont 12 à 14 pieds de haut, il fuffit de
donner aux poteaux 5 & 6 pouces de gros : fi elles
ont 14 à 18 pieds, on leur donne 6 & 7 pouces.
Les fablieres Ε & H, qui reçoivent l'aflemblage des
autres pièce de bois, ont communément 6 pouces
d'épaiffeur, & de largeur 2 pouces de plus que les
poteaux , ii elles doivent être recouvertes des
deux côtés , & un pouce de plus fi les bois doi-
vent relier apparents.
Si la fabliere fupérieure F , doit foutenir la
portée des folives de deux planchers contigus,
il faut que les bouts de ces folives foient foutenus
également fur toute la largeur de la cloifon , c'eft-
à-dire , que les portées foient pofées à côté les
unes des autres : on donne en conféquence à la
fabliere 7 pouces d'épaiffeur , fur 10 pouces de
largeur.
Les cloifons qui,ne fervent que de féparation
n'ont pas beföin de monter de fond , δε d'avoir
des bois auiîi forts que ci-devant. On les fait de
tiers poteaux de 3 pouces, fur 5 pouces de gros ;
& même , pour plus de légèreté, au lieu de les
hourder | comme l'on fait d'ordinaire les précé-
dentes, on les laiffe creufes, & l'on fe contente
de les latter & enduire. Quand elles font d'une
certaine hauteur , comme les poteaux feroient
en danger de plier, on les affemble dans des
Hernes , que l'on place vers le milieu pour dimi-
nuer leur longueur.
On fait les poteaux d'huifferie des bayes des
-ocr page 320-
d'Architecture.            293
portes, iöuvent à bois apparents , de façon à
former un efpece de chambranle avec un quart
de rond , ou une doucine entre deux filets fur
leur arrête ; mais alors il convient de donner aux
huifleries 2 pouces d'épaiffeur de plus qu'aux
autres bois de la cloifon ii on doit la latter , afin
qu'en l'enduifant de chaque côté , il refte une
petite feuillure d'environ 1 pouce en dehors de
cette huiflerie pour recevoir le lattis. On fait
encore une pareille feuillure de chaque côté d'une
cloifon aux arrêtes du defiiis des fablieres d'en-
bas des cloifons , pour recevoir le lattis.
Il eil d'ufage de lahTer entre les poteaux des
cloifons , environ 10 pouces d'intervalle , & au
lieu de ruiner & tamponer leurs jouées , comme
autrefois , quand on les hourde , on les larde
maintenant de rapointiflage pour retenir la ma-
çonnerie* »
                                            ,','
Quoique Ton puiffe placer les cloifons de fé-
paration à volonté , il faut cependant prendre des
précautions dans la difpofition de la charpente
d'un plancher , quand elles ne peuvent être mifes
en travers für les folives , afin que chacune en
porte fa part. Si les cloifons font obligées d'être
pofées fuivant la longueur des folives , il eft à
propos de les faire les plus légères poifibles , d'y
placer des décharges qui rejettent une partie de
fon poids vers fes extrémités latérales où font
les murs ; de pofer une folive plus forte que les
autres fous la fabliere , & même défaire pofer la
cloifon, quand cela fe peut, fur trois folives,
par le moyen de barres de fer qui unifient en-
femble les deux folives les plus proches avec
celle qui eft particulièrement chargée de la cloifon.
il y en a qui, pour foulager la folive foufFrante 9
'                                ■■'■'■■'V;;:.,:.                                             ' .T'iij \
-ocr page 321-
SjW                       CO ÜRS
mettent encore des tirans dans répaifleur â\inë
cloifon , qui l'embraiTent , & vont s'attacher fur
les décharges.
On foutient quelquefois le bout d\ine poutre
fur une cloifon qui monte de fond , en mettant
d'abord fous le bout de la poutre une forte dé-
charge , dont le pied eft appuyé contre le mur
Vers la portée de la fabliere , & dans la cloifon
de l'étage fupérieur une autre décharge qui fou-
tient un tirant de charpente , & un étrier qui
embraffe le bout de la poutre en queftion. La
fig. LI, donne une idée de cet arrangement ; A , eit
le bout de la poutre ; Β, fabliere qui la reçoit ;
C, décharge , dont le pied eft affemblé fur la
fabliere inférieure , près de fa portée dans le
mur de face ; D , autre décharge dans la cloifoa
Supérieure , dont le bas eft fortifié par une em-
braffure de fer , & le haut par un li^n F ; JE , lam-
bourde aiTemblée de part & d'autre fur la décharge ;
G, tiran avec un étrier: qui embtaife le bout de
la poutre , & qui eil porté fur la lambourde E.
On fait encore une autre forte de cloifon beau-
Coup plus légere que les dernières , & que les
î) Charpentiers exécutent également comme les
Ménuiiiers ; lefqueiles font compofées de plan-
ches de bateau , d'un pouce d'épaifîeur, affem-
Idées à claire-voie, haut & bas , dans des cotir
liiTes, & dans le milieu par des liernes , lorfqu'elles;
©nt une certaine hauteur ί on latte & enduit ces
çîaifons, de forte qu'elles ont tout compris f,
pouces d'épaiffeur.
-ocr page 322-
'D'ARCHITECTURE.1          itf
C H APITRE I X/
Des Escaliers y Pl./CXXV.
^ANS les Maifons de quelque conféqiience *
on fait d'ordinaire les principaux efcaliers ea
pierre, & ce p'eft gueres que dans les maifons
bourgeoifes ou pour des dégagements que l'on fait
des efcaliers en charpente.
             -..-              r
Les Efcaliers les plus ufités en charpente font
de forme bblongue ouquarrée, car on η en fart
gueres à noyau : il eil rare auffi que l'on fafîe
monter de fond les limons ou les poteaux qui les
portent; mais d'ordinaire on affede d'évider les li-
mons , ou de lauTer un vuîde dans le milieu, pour
procurer plus de grâce aux rampants.
                ü
Lorfqne l'on fait le principal efcalier d'une mai-
fon en charpente,. on le place fur un mur
d'échiiire,. fondé jufques fur le terrain folide , & ort
l'élevé àrez-de-chauffé e fur un focle de pierre>.
qui a de hauteur communément les deux pre-
mières matches que l'on fait auffi en pierre. Sur
ce focle on commence par pofer des, patins B,
qui font des pièces de bois de 8 a 9 pouces de
gros > & qui forment un efpece de volute vers la
premiere marche':.on pofe de champ fur ces
patins le limon A , auquel oa donne 4 & 10
pouces de gros , & dont on orne les arrêtes ap-
parentes de moulures ;. comme ce limon 's'élève-,
en rampant, on- le fondent j'ufqu à une^cersune-
hauteur pat des poteaux qui y font aüsm^les %.
-
r
           f                          Τ îv
-ocr page 323-
ip6                       Cours
, ainii que dans le patin : on fait dans le limon
du côté des marches des entailles d'un pouce,
pour recevoir une de leur portée, tandis que
l'autre fe fcelie dans le mur. Les marches des
efcaliers font plus ou moins longues , cela dé-
pend de la place que l'on a , & de l'importance
qu'on veut leur donner ; elles ont communément
3 à 4 pieds , fur ι pied de largeur , & 6 pouces
de hauteur ; & l'on obferve de faire un quart de
rond avec un filet fur le devant de chaque mar-
che, & de les déiarder par-deifous , afin de les
pouvoir ïatter , & ravaler vers cet endroit.
On met à chaque étage des marches-paliers,
., fcellées dans les murs , d'une groffeur propor-
tionnée à la longueur, dont la fonction eft de
porter prefque entièrement les rampes des ef-
caliers.
Le difficile de leur exécution , eft de bien dé-
larder les courbes rampantes , & tournantes des
limons, & de faire avec juftefTeTaiiemblage de
fes différentes parties , de maniere quedes fe
■'■» contre-butent de tous côtés , & fe 'foutiennent
en l'air, tant par le fecours des marches-paliers ,
ι que pair Taffemblage des limons , & des courbes
rampantes. On met dé diftance en diftance de
grands boulons de fer qui traverfent le limon >
ainfi que le deÎTous des marches, & qui vont
fe fcelier dans les murs de la cage de l'efcalier :
la tête de ces boulons doit être encaftrée dans le
limon , & l'affleurer. r «
Si les paliers font oblongs & de toute la lar-
geur de l'efcalier,, il n'eft béfoin que de marches-
paliers pour porter & contre buter le limon en
cet endroit. Leur plancher fe fait fans difficulté
avec des foliveaux aiTemblés , fok d'un bout
%
-ocr page 324-
d'Architecture· îyf
dans la marche-palier , foit encore mieux dans
une lambourde adoflée à la marche-palier, & de
l'autre fcellé dans le mur ;mais s'ils fontquarrés&
s'ils n'occupent que la longueur des marches ,
on foutient ces paliers par une baffecule 9 c'eft-à-
dire , que l'on fcellé une pièce de bois de 12 ou
13 pouces de large, fur 7 pouces d'épais, laquelle
eft placée diagonalement dans les deux murs, &
Ton fait porter à mi-bois en croix fur celle-ci une
autre pièce de bois fcellée dans l'angle* par un.
bout, & dont l'autre va butter contre la rampe ,
& s'y attacher avec des écroux pour la fou-
tenir.
L'ufage eft de latter, comme nous l'avons dit
dans la Maçonnerie, à lattes prefque jointives le
deiïbus des marches , de maçonner lintervalle des
marches avec plâtre & plâtras , d'enduire le lattis
par-deifous le rampant de plâtre,fin , δε de car-
reler par-deiTus le reliant du giron des marches à
fleur de la charpente : quant aux paliers , on les
hourde plein , en clouant du rapointiiïage entre
lesfolives ; on les latte tant plein que vuide par-
deffous pour les plafonner, & par-deffus on laiffe
le bois des marches - paliers apparent , & Ton
étend une fauffe aire fur les foliveaux pour re-
cevoir le carrelage.
Outre les ouvrages dont nous avons parlé ,
les Charpentiers font encore les poteaux de bar-
rière dans les grandes cours, ou au-devant des
façades des principaux Hôtels, qui font accom-
pagnés de liffes , de fous-lifTes & de potelets.
Tous ces bois font ordinairement refaits propre-
ment en ce qui eil apparenté On orne le haut des
poteaux en forme de tête ou de pomme , & les
arrêtes fupérieures des Unes avec des moulures.
-ocr page 325-
298                       Cours ■
. Ils font encore les mangeoires <Jes écuries , les
racinneaux qui les portent, de même que les
râteliers avec leurs roulons , & enfin les poteaux
qui font tournés au tour, & terminés en boule.
Ils fournifîent auffi les bois à l'ufage des étaye-
ments ainii que des pilotis , dont on fe fert dans
les fondations, & qui font compofés de pilots %
de chapeaux , de racinaux , de liernes, &c. Et
enfin ils font les cintres de charpente qu'on em-
ployé pour aifeoir les Toutes pendant leur exé-
cution.
Explication des Planches, CXXIF& CXXV.
La fîg. L , eil l'élévation d'un pan de bois.
A , poteau cormier ou d'encoignure.
Β > poteau d'huiiTerie.
C,  poteau. ,"-',■
D,   décharges que Ton nomme guettes , lorf-
qu'elles font aiTemblées dans les poteaux d'huif-
ferie.
Ε, tournhTes.
G, contrefiches* /V
H, potelets.
I , entre-toife fervant d'appui aux croifées.
KyK * fabîieres portant à tous les étages les?
affemblages du pan de bois.
L , bout des pièces de bois d'un plancher.
M, pièce de bois portant l'aiTemblage du plan-
cher bas de l'étage en galetas.
, f Ν*, Poitrail au - deifus de l'ouverture d'une bouti-
que , & fur lequel eft ! une iabliete qui reçoit
î'aifemblage du pan de bois,
La fig. L19 eft l'élévation d'une cloifon moûr-
tant de fand, & portant plancher,
-ocr page 326-
b ' À R C Ö I Τ Ε C Τ Ü R tl         tyf
À 5 décharge fervant à reporter en partie le
fardeau des iabîieres chargées du plancher fupé-.
rieur vers les murs.
B,  poteau d'huifferie.
C,   Tourniffes affemblées dans les décharges»!
D , potelets.
E, fabliere pofée fur un mur parpin au rez-de*
chauffée.
F, autre fabliere fervant à porter les planchers G.
H , troifieme fabliere pour raffemblage dit bas
de la cloifon de l'étage fupérieur.
La fig. LU , eft un arrangement particulier de
cloifon , avec des décharges pour foutenir le
bout d'une poutre que l'on feroit obligé d'y pofer.
A , bout de la poutre.
Β , fabliere où elle eft pofée , & qui porte er*
jnême-tems plancher.
C , décharge dans la cloifon inférieure.
D , autre décharge placée dans la cloifon ïii-
périeure , dont le pied eft affuré par un embraf-
fure de fer, qui le lie avec la fabliere.
Ε , lambourde portée fur les décharges , &
fortifiée par une contrefîche E.
G , poteau vers le bas duquel eft attaché un
étrier embraffant le bout de la poutre » & vers
le haut un autre étrier porté par la lambourde,
La PL CXXV , offre le dévelopement de la
charpente d'un efcalier.
La flg. LUI, eft le plan du rez-de-chauffée, qui
fait voir la difpoiition des marches.
La fig. LIV , eft le plan de fefcalier au droit du
premier éîa^e , où ion a fuppofé un grand & un
petit palier.
A , limon compofé de plufieurs courbes ram-
pantes d'affemblage à tenons & mortoifes aux
endroits, a>a.
-ocr page 327-
300                  ■ Cours
Β , grand boulon traverfant le limon & le
deiïbus des marches, pour être fcellé dans les
murs G.
D , palier à baflecule compofé de deux pièces
de bois, pofées en croix , & affemblées à mi-
bois.
Ε, marche-palier avec une lambourde , qui
reçoit l'aiTemblage des ibliveaux F du plancher
du palier.
La fig. LV,eil le profil delà charpente d'un efca-
lier pris au droit de la ligne Χ, Χ, fig. LUI & LIV.
A, limon porté fur un focle de pierre a.
Β, patin portant des potelets b , & le bas du
limon.
C , C , petits paliers portés en baffecule.
D, profil des marches portées dans le limon
& dans le mur.
                     /
Ε, Ε, marches-paliers.
4 SS-IL-ll-JL-iLA· A
. -TliiwnnnnrJ» fa».
WK&W
-ocr page 328-
d'Architecture.           3oî
C H A PI Τ R Ε Χ.
2?£ £λ maniere de faire un
Devis pour les ou vra g es
ζ>£ c harpe nt è ri e.
aL faut fpécifier dans un Devis de Charpenterie la
qualité des bois qui feront employés , & les
groffeurs qu'ils doivent avoir , à raiibn de leur
longueur ; laquelle groffeur varie fuiyant la po-
ïition horifontale , oblique ou debout, des pièces
de bois.
11 convient de diftinguer encore dans un Devis,
les pièces qui doivent être de brin , & celles qui
doivent être de fciage, ainii que les intervalles qu'il
faudra laiffer entr'elles : le tout conformément
auxmefures des plans & profils des planchers , des
combles, des pans de bois, des cloifons Se des
efcaliers qui doivent avoir lieu dans l'exécution
du bâtiment dont il s'agit.
Comme l'expoiition & l'énoncé des Devis de
Charpenterie , font en quelque forte* toujours
uniformes , & ne différent gueres que par quel-
ques conditions particulières, nous avons choifi
pour modele un de ceux que l'on propofe aux
adjudications des travaux de Charpente dansles
Bâtiments du Roi, où nous avons fait feulement
quelques légers changements que nous avons cru
néceffaires pour les travaux ordinaires.
-ocr page 329-
':)
301                    Cour i
DEVIS ET CONDITIONS
Des Ouvrages de Charpenterie à faire pour
la conflruclion d'une Matjon & jes dépen-
dances,
DreiFé par M * * *, Architecte %
pour être exécutés comme il fuit.
Premièrement.
1 ous les bois feront de chêne , loyaux & mar-
chands , fains , nets , fans aubier, nœuds vicieux
ni roulures , bien affembiés à tenons & mortoifes,
& chevillés , le tout fuivant l'Art de la Char-
penterie. ,
Les planchers ferorit mis bien de niveau par*
deifus : toutes les folives feront pofées de
champ, hors celles des entre-fols , qui feront
pofées fur le plat ; elles feront efpacées de 6
pouces d'entrevouX pour les folives de fciage, &
d'environ 8 pouces d'entrevoux pour les folives.
de brin , à moins qu'il ne foit ordonné de les
mettre plus près pour fortifier les planchers.
Les folives de brin auront les groiTeurs ci^
après déclarées fuivant leurs longueurs, ainii que
les folives de fciage *, & feront obfervées les en-
chevêtrures ? chevêtres pour les paffages des
tuyaux des cheminées, & les linçoirs , aii droit
des vuides qu'il conviendra, auxquels on donnera
toujours ι pouce de plus de grofTeuf qu'aux
autres folives, îefqueiles auront toutes des portées
jfuffifantes dans les murSé
Les poutres dans les planchers, oh. 'û en feta
-ocr page 330-
y                          - ■
β ' A R':l· H t Τ Ε € Τ V R tl         |8|
employée, feront des groffeurs ci-après déclarées ,
fuivant leur longueur : elles feront refaites , &
dreiTées en leurs faces , & à vive arrête , ainfï que
les folives qui porteront deiTus, lesquelles feront
apparentes, & feront feulement bien droites, lorf-
quelles feront recouvertes de plâtre.
Les planchers à entrevoux ou avec des folives
& des poutres apparentes , feront bien de niveau
par-deffous ; toutes les folives apparentes feront
de fciage, efpacées tant plein que vuide , bien
droites, & d'égale épaiiTeur, refaites à la befaigue 9
& rabotées par trois faces.
Les poutres apparentes qui porteront les travées
des planchers, cV defcendront de toute leur épaif-
feur fans être recouvertes de plâtre ou de ménui-
ferie , feront bien droites & d'égale hauteur ; les
plus fortes pourront avoir au plus 2 pouces moins
de largeur à un bout qu'à l'autre > & feront refaites
par trois faces bien rabotées, avec un talon ou
un quart de rond, & filet pouffé fur les arrêtes.
Les poutres qui remonteront dans l'épaiffeur 9
pour ne defcendre que d'environ leur moitié au-
defTous des folives des planchers , & qui feront
recouvertes, en la partie qu'elles defcendront, de
plâtre ou de ménuiferie , feront bien dreiTées en
ce qu'elles defcendront ; lés lambourdes qui feront
mifes aux côtés pour porter lefdites folives , "fe-
ront auffi bien dreffées , & d'épaiffeur égale, pour
qu'elles joignent les côtés des poutres, & qu'elles
affleurent par-deÎTpus.
Seront mifes des planches fur les folives des
planchers de largeur convenables, pour qu'elles
Recouvrent au moins d'un ponce & demi fur cha-
que folive ; lesquelles planches feront rabotées
jpar-deffous , quand elles refteront apparentes
'i
-ocr page 331-
j'04                       Cours
dans les entrevoux , & reileront avec leur trait
de fciage feulement , quand elles feront recou-
vertes de plâtre.
Dans les planchers garnis de poutres, & dé-
fîmes à être plafonnés , lefdites poutres feront
cachées dans l'épaiiTeur des planchers de grofleur
& de longueur fuffifante pour avoir 15 pouces
de portée par chaque bout.
Les lambourdes aux côtés d'icelles auront 6 &
10 pouces, & feront d'une feule pièce chacune,
I                 liées avec lefdites poutres par des étriers de fer
plat, entaillés de leur épaiffeur, qui les embraffe-
ront, & feront attachés δε retenus par-deiius avec
/                 mantonets & chevilles.                                   '
Les folives des travées feront mifes bien de
niveau par-deiïbus ; celles qui excéderont 12
pieds de longueur auront 6 & 7 pouces , & celles
de ri pieds & au-deflbus ,5 & 7 pouces de
gros , ou 6 pouces quarrés': elles feront aiTem-
blées à tenons & mortoifes , & à pas alternative-
ment dans lefdites lambourdes, & feront portées
du côté des murs , foit par des linçoirs, foit par
des lambourdes de 7 & 8 pouces d'écarriiïage.
Les fabïieres contre les murs pour porter les
folives feront de longueur néceiTaires, & auront
6 & 7 pouces de groifeur aux planchers de brin,
St 5 & 7 pouces aux autres ; elles feront entail-
lées pour l'épaiiTeur des corbeaux , δε délardées
pour la faillie des corniches.
Tous les pans de bois δε cloifons qui porteront
planchers, ainii que les cloifons de féparation,
feront garnis de fablieres, entre-toifes, décharges »
poteaux efpaeés de 10 pouces d'entrevoux * &
feront obfervées les bayes des portes δε croifées
■ néceiTaires,
-ocr page 332-
b*ÀRCHïT£CTulÈi            %0f
tîêeeflaires , qui feront marquées par les' plans,
avec linteaux, appui & potelets.
Seront faits tous les combles $ tant ceux qui
feront bfifés que ceux à deux égours , & en
appentis avec leurs aÎTemblages de fermes Sa
demi-fermes * tant de croupe que de noues &
d'arrêtiers , garnis de jambes de force, liens, en-
traits , arbalétriers ou mohtans, poinçon, faîtes
& fous-faîtes , pannes de briiis , & autres de rem-
plhTagè, efTeliers& contre-iïchés, tafTeaux & chan*
tignolles , chevrons, coyaux , lucarnes droites $
bombées & cintrées , & tout ce qui fera nécef*
faire fnivant les plans, profils & mefures qui en
feront donnés.
Seront poféés dès plate-formes fur lés murs $
aiTemblées à queue d'hyrondé, où feront obfervés
les pas des chevrons1, lefquels feront brandis fur
les pannes , & couronnés par lé faîte , éfpacés d@
quatre à la latte, & les coyaux feront droits ou
cintrés, bien attachés fur lefdirs chevrons.
Seront faits tous les efcaliers avec limons droits
ou cintrés , marches de palier & autres ; le tout
raboté & quarderonné.
Lés barrières feront faites avec poteaux efpa*
ces fuivant la longueur des travées & des liiïes *
le tout de bois bien refait en foutes (es faces ,
'& quarderonné fur l'arrêté , iorfqu'il fera or^
donné* .. '.- "■·■                                                       ■ .
Seropt faites , les mangeoires des écuries #
les râteliers , & les piliers avec bois bien drefTé
& raboté. Lés râteliers feront garnis de roulons ?·
& les piliers feront tournés*
fvnié Vî. :                               $
-ocr page 333-
3o6                   Cours
Grosseur des Bois mis en ceuvré
pour les Planchers.
Poutres.
LES poutres de 12 pieds dans-œuvre , auront
12 pouces de gros.
Celles jufqu'à 15 pieds dans-œuvre, auront 12
& 13 pouces.
Celles jufqu'à 18 pieds dans-œuvre , auront 13
& 14 pouces.
Celles jufqu'à 21 pieds dans-œuvre , auront 14
& I 5 pouces.
Celles jufqu'à 24 pieds dans-œuvre , auront I f
& 16 pouces.
Celles jufqu'à 27 pieds dans-œuvre, auront 16
& 17 pouces.
Celles jufqu'à 30 pieds dans-œuvre, auront 17
& 18 pouces.
Celles jufqu'à 33 pieds dans-œuvre 9 auront 18
& 19 pouces.
Celles jufqu'à 36 pieds dans-œuvre, auront 19
& 20 pouces.
Solives de Sciage.
Les folives de fciage, jufques & compris 9
pieds de long, auront 4 & 6 pouces de gros ,
6  les enchevêtrures feront de 5 & 7 pouces.
Celles jufqu'à 12 pieds de long , auront 5 &
7  pouces, & les enchevêtrures 6 & 7 pouces
de gros.
                                                 ,
Celles de 15 pieds de long, auront 6 &7
pouces de gros , & les enchevêtrures 7 & β
pouces de gro%.
-ocr page 334-
d'Architecture,          307
Solives de Brin.
Les iblives de brin jufqu'à I ) pieds de long ,
auront 6 & 7 pouces de gros , & celles d'enche-
vêtrure 7 & 8 pouces de gros.
Celles jufqu'à 18 pieds de long , auront 7 & 8
pouces , & les enchevêtrures 8 & 9 pouces.
Celles jufqu'à 21 pieds, auront 8 & 9 pouces,
& les enchevêtrures 10 & 11 pouces.
Celles jufqu'à 24 pieds , auront 10 & 11 pouces,
& les enchevêtrures 1 2 & 13 pouces.
Celles jufqu'à 27 pieds, auront 1 % & 13 pouces ,
& les enchevêtrures 14 & 1 5 pouces.
Celles jufqu'à 30pieds, auront 13 & 14 pouces,
& les enchevêtrures 14 & 1 j pouces.
Pans de Bois & Cloifons,
Tous les poteaux feront de 5 & 7 pouces ,
efpacés de Ι ο pouces d'entrevoux: les fablieres par
bas , feront de même großem* ; & celles d'en haut
recevant la portée des folives, de 9 & ι ο pouces
de gros, pofées fur le plat ; les entre-toifes & dé-
charges , de 5 & ι ο pouces ; Iqs poteaux cor-
miers à proportion de leur hauteur, & les autres
fablieres des pans de bois au droit des entable-
ments j auront 9 & 10 pouces; tous lefdits po-
teaux feront ruinés & tamponés ii befoin eil :
les poteaux d'huiiîërie à bois apparent feront
refaits , avec quart de rond par dehors , & re-
feuillés aux trois autres arrêtes pour recevoir les
lattes.
Aux cloifons qui porteront à faux fur les plan-
-ocr page 335-
goB                   Cours
chers » les fablieres , poteaux & entre-toiles \ fi
fcefoin eil, feront de 4 & 6 pouces , ou de tiers
poteaux , fuivant les ordres qui feront donnés ,
& efpacés , comme il eil dit ci deifus.
Les autres cloifons de planches de chêne, de
bateau -, refendues en deux , feront efpacées de
3 pouces d'entrevoux, avec couliiTes & huifferies
des portes, faites avec des chevrons de 3 ou 4
pouces.
Comble s.
Les plateformes fur les murs & femelles aux
pieds des jambes de force , auront 4 & 11 pouces
tle gros , & feront aifemblées à queue d'hyronde.
Entrait s.
Les entraits ou tirans qui porteront planchers 3
feront des grofTeurs , ci-après déclarées, fçavoir ;
Les entraits de 12 pieds de longueur, auront
9 & 10 pouces de gros, s'ils portent planchers y
& ceux de même longueur qui ne porteront pas
planchers , auront 8 & 9 pouces.
Ceux jufqu'à 15 pieds, auront 10 & 11 pouces,
& fans planchers 8 & 9 pouces.
Ceux jufqu'à i8 pieds, auront 12 pouces, &
fans planchers 9 & iû pouces.
Ceux jufqu'à 21 pieds, auront 12& 13 pouces,
& fans planchers II pouces,
Ceux jufqu'à 24 pieds , auront 13 & 14pouces,
& fans planchers 11 & 12 pouces.
Ceux jufqu'à 27 pieds, auront 14 & I 5 pouces,
& fans planchers 12 pouces de gros.
Ceux jufqu'à 30 pieds, auront ï 5 & 16 pouces,
& fans planchers 13 & 14 pouces,
-ocr page 336-
d'Architectur κ.           v _,
Ceux jufqu'à }} pieds , auront 16 & 17 pouces „
& fans planchers 14 & 15 pouces.
Ceux jufqu'à 36, auront 17 & 18 pouces, &
fans planchers 15 & 16 pouces.
Jambes de Force.,
Les jambes de force de 6 pieds de longueur *,
auront 6 & 7 pouces de gros..
Celles de 9 pieds , auront 7 & 8 pouces.
Celles jufqu'à I.5 pieds , auront 9 & 10 pouces*.
, £es efföüers & îes liens , à proportion..
Arbalétriers.
\ Les arbalétriers, jufqu'à 9 pieds de longueur ^
auront 5 & 7 pouces de gros.
Ceux jufqu'à iz pieds, 6 & 7 pouces.
Ceux jufqu'à 15 pieds > 7 & 8 pouces«
Ceux jufqu'à 18 pieds ,8 & 9 pouces«..
, Ceux jufqu'à 24 pieds, 9 & ïo pouces            *
Poinçons,.
Les poinçons de 9 pieds dé longueur » feront
de 5 & 7 pouces de- gros.
Ceux jufqu'à 12 pieds , de 6 & 7 pouces-.
Ceux jufqu'k I f pieds , de 8 pouces.
Ceux jufqu'à 1.8 pieds., de 9 pouces-de-grog.
Pannes & Ckevrom-*
Les pannes de 9 pieds jufqu'à 12 pieds, auront*
|: & 7 pouces,,.
                                           i
Celles jufqu'à l J' pieds, 7 & 8 pouces;
Celles jafqiià'.1.8 pieds-, 8 & $ pouces.
L.ejs. çhçyrons de 3 & 4 pouces de gros*
é 1
-ocr page 337-
j ίο                       Cour s
•Les coyaiix de 2 & 4 pouces de gros.
Les bois des lucarnes feront des longueurs &
groiTeurs néceflaires fuivant leur décoration.
Les Noues.
Les noues jufqu'à 6 pieds de long, feront de
7 & 8 pouces de gros.
Celles jufqu'à 9 pieds, de 8 & 9 pouces.
Celles jufqu'à 12 pieds , de 9 & ι ο pouces.
Celles jufqu'à 1 5 pieds, de 10 & 11 pouces.
Celles jufqu'à 18 pieds, de 11 & 12 pouces.
Et au-deifous, à proportion.
Arrêtiers.
Les arrêtiers jufqu'à 9 pieds , auront $ & 7
pouces.
                                         '
Ceux jufqu'à 1 2 pieds , 6 & 7 pouces.
Ceux jufqu'à 15 pieds \ 7 & 8 pouces.
Ceux jufqu'à 18 pieds, 8 & 9 pouces.
Et au-deiîus, à proportion.
Faites & Sous-Faites.
Les faîtes & fous-faîtes de 9 pieds , auront 4
& 6 pouces.
Ceux de 12 pieds , 5 & 7 pouces.
Ceux de 1 5 pieds, 6 & ψ pouces.
Et au-deifus, à proportion.
Les liens au-deflbus , auront 4 & 6 pouces a Si
5 & 7 pouces , félon leur longueur.
Mangeoires.
Les devants des auges feront de 3 & 14
pouces.
-ocr page 338-
d'Architecture.            ju
Lesfonds, de 3 δε 12 pouces.
Les poteaux des mangeoires , de J & 9
pouces.
Les racinaux, de 5 & 7 pouces.
Les râteliers de chevrons de 4 pouces , garnis
de roulons tournés.
Les poteaux des écuries feront de bois de 6
pouces de gros , tournés avec têtes rondes par le
haut , & aflemblés dans des fouillards par le
bas.
L'Entrepreneur ne pourra excéder les groiîeurs
des bois portées par le préfent Devis , pour
quelque raiibn que ce puiiîe être, fans un ordre
par écrit de l'Architede, à peine d'être diminué
dans le toifé.
Pour l'exécution defquels Ouvrages , l'Entre-
preneur , fournira tous les bois nécefîaires , des
qualités & dimenfions portées par le préfent
Devis , & tous les équipages , voitures , peines
d'ouvriers, enfin toutes les choies généralement
quelconques , pour rendre lefdits ouvrages bien
& duement faits & parfaits au defir du préfent
Devis , dans le tems de . . . . , . &
fuivant les plans & deiîins qui lui en feront
donnés par l'Archite&e : le tout fera toifé
fuivant les us & coutumes de Paris ? & fuivant les
prix ci-deifous déclarés.
S C A V O IR.
POUR chaque cent de bois réduit à l'ordinaire »
des planchers , combles , pans de bois , cloifons ,
efcaliers , & autres de toutes longueurs &
Viv
1
-ocr page 339-
pi                    Cours
grofTeurs mifes en oeuvre , y compris les poii^
tres jufqu'à 24 pieds , la fomme de . . . «
Pour chaque cent de bois aux planchers qui
feront apparents & refaits, tant poutres jufqu'à
24 pieds, folives , limons, rampes, que marches,
cTefcaliers, bois de lucarnes rabotés & quardé-
ronnés , barrières & mangeoires , la fomme
Φ ·. ■ . ,',...-. . ., . . . .",'''.
A l'égard des poutres au-defîus de 24 pieds
de longueur, elles feront également réduites au
cent, comme ci-devant , & il fera payé pour
chaque cent, réduit la fomme de . . . . ,
Pour chaque cent de vieux bois remployés &
mis en œuvre , compris la démolition , il fera
payé pour façon , la fomme de .... ,
Et pour ce qui efl: des autres vieux bois qui
feront démolis, & qui ne feront pas remployés
^n totalité, ils feront donnés en compte à ΓΕη-^
trepreneur, & déduits fur le montant de fes ou-
vrages , pour chacun cent defdits vieux bois 9
y
compris la démolition , la fomme de % . ,
Les chevalemens & étayemens employés pouç
foutenir les murs par-deffous-œuvre , s'il y a
lieu, feront payés par chacun cent réduit, H
fomme de . . , . , ! -. . . . » , „
Apres avoir fixé le terms des paiements defditst
puvrages
, on fait reconnoître h Devis en queftiofy
jMrdevant JVotaire, &ç. &c.
-ocr page 340-
d'Architecture.          315
DE LA COUVERTURE
DES BÂTIMENS,
Pl. CXXVI et CXXVIl
V/N couvre les bâtiments, foit avec du chaume^
fok avec des rofeaux, foit avec du bardeau (1),
foit en laves ou pierre plates (2), foit avec de
la tuile, foit avec de l'ardoife. De ces diverfes
fortes de couverture , il n'y a que celles en tuilq
& en ardoife , qui méritent une attention parti-
culiere , les autres n'ayant lieu que dans les cam-·
pagnes, & quand la néceiîîté l'exige.
(1) Le bardeau fe. fait avec des douves de merain ou da
"Vieilles futailles, & ne s'employe gueres que pour couvrir les.
moulins , les échoppes & autres bâtiments femblables. Il eft
compofé de planches de 15 pouces de long , clouées fur d'autres
planches jointives qui lui fervent de. lattis, Cette force de
couverture eft de peu de durée, mais elle ne laiiTe pas de bien;
reiïïter aux vents , à la grêle , &c.
(1) La couverture en pierres plates ou en laves 3 eft en
nfage en Bourgogne , en Franche-Comté & en Lorraine. Ces
fortes de pierre ont deux pieds de longueur fur 7 à 8 lignes
O/épaiiTeur,
-ocr page 341-
|Ï4                          C O ¥ R S
CHAPITRE PREMIER.
De la Couverture en Tuiles.
Ij A nature de la terre dont on fabrique les tuiles,
n'inikie pas moins fur leur qualité , que le degré
de lear cuifon. Pour qu'une tuile foit réputée
Bonne , il faut qu'elle foit fonore quand on frap-
pe deiFus avec le marteau, qu'elle fe brife diffi-
cilement , & qu'elle foit également cuite dans fort
intérieur, comme à fa fuperficie , fans cependant
eire vitrifiée. Car, quand elle n'eft pas affez cuite,
çile fe feuillette & tombe en morceaux. Sa
couleur eil aiTez indifférente à fa bonté. On pré-
fère à Paris la tuile que l'on tire de Bourgogne,
à toutes les autres. Cell "de toutes les couver-
tures celle qui eil la plus folide , qui dure le
plus , & qui refifte le mieux aux injures de
fair.
La forme des tuiles n'eft pas la même par-
tout ; dans cette Capitale & dans la plus grande
pâme de la France , on couvre les bâtiments
avec des tuiles plates ; mais en Italie, en Hol-
lande , en Angleterre, en Flandres, & dans une
partie de l'Allemagne , on les couvre avec des
tuiles creufes , ou avec des milles faites en S.
La taille plate eft de deux fortes , l'une que
l'on nomme le grand monte, ou le grand échan-
tillon , qui a 13 pouces de long , fur 8 à 9
pouces de large; l'autre qu'on appelle U petit
moule
, ou le petit échantillon , qui porte 10
-ocr page 342-
d'Architecture.            315
pouces de long , fur 6 à 7 pouces de large. Ces
tuiles ont un crochet en deiïous par le haut,
pour les retenir fur la latte, ainfi qu'on le voit
en a&e, fig. I,Pi.CXXVI.
Les tuiles du grand moule ou échantillon fe
pofent à 4 pouces de pureau. On-appelle pureau
la partie a, fig, X , de la tuile ou de l'ardoife,
qui n'en: pas recouverte, ou que l'on laifie appa-
rente fur un toit : on le regle environ au tiers de la
hauteur de la tuile. Il faut cent-cinquante tuiles
du grand moule pour faire une toife quarrée
d'ouvrage : ainii un millier fuffit pour opérer
environ 6 toifes § de couverture.
Les tuiles de petit échantillon fe pofent à 3
pouces de pureau , & il en faut, pour chaque
toifes d'ouvrage, deux-cent quatre-vingt-dix,
ainfi le millier peut faire à-peu-près 3 toifes
fuperficielles.
La latte pour la tuile fe nomme latte quarrée;
c'eft un efpece de regle qui a d'ordinaire 4 pieds
de longueur , près de 2 pouces de largeur , &
4 lignes d'épaifleur. La meilleure eft de bois de
chêne ; elle doit être de droit fil, fans nœuds ,
ni aubier ou bois blanc, & d'une égale épahTeur
dans toute fa longueur : il y en a cinquante-deux
à la botte. Il faut vingt-fept lattes pour une toife
quarrée d'ouvrage du grand moule, & trente-iix
pour une toife quarrée du petit moule ; le tout
fans comprendre la contre-latte , lorfqu'on en
admet entre les chevrons.
Chaque latte doit être clouée avec quatre
clouds fur quatre chevrons qui font , comme
l'on fait, efpacés communément de 16 pouces de
milieu en milieu. Les clouds à latte font de deux
©fpeces ,. i'u# à tête rqn4e a l'autre en aile de
-ocr page 343-
316                       Cours
mouche. L'eiTentiel eft que la tige de ces cîbuds
ne Toit point trop große auprès de la tête, de
crainte quelle né fafle fendre la latte. H entre
environ une demi-livre de clouds par chaque
toife d'ouvrage du grand moule, & une demi-
livre & un quart pour celle du petit moule.
On fait les combles i foit à la Françoife ou à
deux égouts , foit brifés ou eh manfarde y c'efl
au Charpentier à les difpofer fuivant la pente
& la forme convenables, ainii qu'il a été expliqué
dans le Chapitre précédent.
Les matériaux étant reconnus de bonne qua*
îicé , le premier foin d'un Couvreur eil d?öbfer~
ver ίι les chevrons font de iiage ou de brin. S'ils,
font de fciage , comme de coutume, ils onjent
volontiers un plan bien unî ; mais s'ils font de
brin , il y en a qui s'élèvent en contre-haut, &
d'autres au contraire qui courbent en contre-bas..
Dans le dernier cas , il eft à propos que lOur
vrier commence par dreffer la charpente , en
hachant avec fonaffette C,fig. XX , PL CXXV1T,
la partie du chevron qui s'élève trop haut*
Vajfette eft un efpece de marteau, dont le côté
a eft tranchant , & dont le côté b offre une fur-
face plate , pour enfoncer des clouds. Quant
aux parties des chevrons qui. defcendent trop bas ,a
l'Ouvrier y attache une foitrure ou une latte,
& ce n'eft qu'après avoir égalifé le toit qu'il en»
îreprend fon latti.
Le latti fe fait toujours en commençant par les.
égouts ou le bas du toit, & en le pourfuivant
jufqu'au faîte. Il y a de deux fortes d'égouts, les
uns font penda-ns , & les autres retrouffés-.
Les égouts pendans, fig. VI, n'ont gueres lieu
que dans les fermes, 1©$ |>atimenis de; la ça«*·*-
-ocr page 344-
fc*ARÊHITECÏURE.       pj
^agne, & quand on ne termine pas le haut des
murs par une corniche Taillante , pour en écarter
les eaux pluviales. On les opère, en clouant vers
le bas des chevrons g, auquel on fait excéder
le dehors du mur #, un cours de chanlattes d 9
qui font des efpeces de planches de 6 à 7 pouces
de largeur, fur 2 pouces γ d'épaiffeur .> refendues
diagonalement ; nous avons repréfenté à part ,
fig. VII, une de ces chanlattes , dont on met le
côté le plus épais en contre-bas fur le bord de
legout, pour le faire un peu relever.
Les égóuts retrouiTés , fîg, Viil, fe font en
plaçant le pied des "chevrons b, jufques vers le
bord d'un mur, qui eil terminé par une corniche
de pierre, de briques ou de plâtre ; & même ,
pour peu que cette corniche ait de faillie, on
ajoute vers le bas des chevrons , comme il a été
expliqué dans la conftruftion des combles en
charpente, des coyaux que l'on avance jufques-
là, & alors on defcend le lattis jufqu'au pied des
coyaux , en montant jufqu'au haut du toit.
On obferve dans la pofe des lattes b, b , fïg. XI,
de les arrafer à la même hauteur , & de les clouer
fur chaque chevron a , à une diiiance , telle
que la tuile ait pour pureau à-peu-près le
tiers de fa hauteur , à prendre du deifous du
crochet. S'il s'agit, par exemple, d'employer du
grand échantillon , on cloue d'abord des cours
de lattes b,b , avec quatre clouds fur quatre
chevrons, depuis le bas du toit jufqu'au haut ,
à 8 pouces de dîftance , ce qui s'appelle , en
termes de Γ'Art, faire kbâù : enfuite on place, entre
ces cours de latte b, b, d'autres rangs de latte
^, b., en bonne liaifon avec les précédents, afin
que leurs extrémités n'aboutiflent pas toutes fur
-ocr page 345-
3*8                       Co v R s
les mêmes chevrons : par ce moyen les chevrons a
fe trouvant liés par les lattes , l'un ne pourra
couler fans l'autre , & il en réfultera à la fois
plus de folidké , tant pour la charpente, que
pour la couverture ; cette féconde opération fe
nomme, en termes de l'Art, faire le rempli. Ainii,
comme l'on voit , la diitance entre le bâti & le
rempli, eil ce qui détermine la hauteur du pu-
reau, laquelle doit varier fuivant qu'on employé
des tuiles du grand ou du petit échantillon (i).
En fuppofant qu'à caufe de la grande diitance
des chevrons , les lattes ne portaÎTent que fur
trois , il feroit à propos alors de clouer par-
deffous les lattes des contre-lattes c parallèlement
entre les chevrons , de crainte que les lattes , en
cédant fous le poids de la tuile, ne fïiïent
des ondes fur le toit , comme on en remarque
fouvent quand on n'a pas pris cette précaution.
Le latti étant terminé L on pofe la tuile , en
commençant aufîi par les égouts d. Si Tégout eil
pendant, on place un rang de tuiles réduites au f de
'fa longueur, appelle fous-doubli, fur la chanlatte
d, fig. VI, qui la déborde d'environ'4 pouces ; &
fur celui-ci on pofe en liaifon un rang de tuiles
entières, appelle le doubli , que l'on arrafe par
le bas au précédent, fans laiiTer · de pureau , &
que l'on à foin d'accrocher au premier rang
de latte > cloué au-deflus de la chanlatte. On
continue la couverture, toujours en s'élevant ,
& en accrochant à la latte les rangs de tuile ,
bien jointivement, en bonne liaifon , & de façon
à recouvrir , comme il a été dit, les f de la
longueur des tuiles du rang inférieur, jufqu'à ce
(5) Art du. CouvreurΛ pages 13 & 16.
-ocr page 346-
d'Architecture.        yt$
que le toit fe trouve entièrement couvert ; ii
c'eft du grand moule , il réitéra 4 pouces de
pureau, & fi c'eil du petit mouie, 3 pouces.
Mais ii régout eit retrou ifé , fig. Vill'j on
peut le faire fimple ou double. Les {impies font
compofés de deux tuiîes, & les doubles de cinq
tuiles ; bornons-nous ici à expofer comment fe
font les fimples, qui font les plus ordinaires. On
pofe d'abord fur le devant de la corniche un rang
de tuile a, un peu en pente en dehors , & fail-
lant d'environ 4 pouces au-delà , pour former le
fous-doubli, & Ton place au - deflus en liaifon
& d'arrafement, un autre rang de tuile b , pour
former le doubli ; lesquels rangs de tuile fe ma-
çonnent en plâtre ou en mortier,
Il y en a quidifpofent les tuiles a du fous-doubli
diagonalement , comme dans la fig. IX , de
maniere à préfenter leurs angles en dehors par-
deffous le toit ; alors on noircit ou rougit les
tuiles du doubli b , & l'on blanchit les tuiles du
fous-doubli a, ce qui forme en deffous un efpece
de compartiment. Cela étant fait, on poi'e fur le
doubli le premier rang de tuile d fig. VIII', qui doit
l'affleurer &' s'accrocher à la latte, & ïon conti-
nue , comme ci-devant, à accrocher les tuiles par
rang le long des cours de latte , en faifant fans
ceiTe- attention que le milieu de la largeur de
chaque tuile du rang fupérieur recouvre les joints
de l'inférieur.
Le Couvreur étant parvenu au haut du toit,
recouvre la jonction des tuiles des deux côtés
avec des faîtières , ou des efpec.es de tuiles
ereufes , fig. IV , qui ont 14 pouces de long,
& affez de largeur pour former un recouvrement
de 4.pouces fur tes tuiles de chaque côté. lieft
-ocr page 347-
320                      Cours
d'ufage de pofer à {çc ces faîtières â im poll*
ce | de diftance l'une de l'autre, & de remplir
leurs joints en mortier, ou plâtre par un efpece
de filet g , fig. XI , relevé en forme de crête.
On fait des couvertures à clair-voies, comme
dans la fig«, XII, en laiflant entre chaque tuile
la moitié de fa largeur , ce qui en employé envi-
ron moitié moins ; mais il s'en faut bien que ce
procédé, dont on ne fait ufageque par économie,
Toit auiïi foiide que le précédent.
Un toit 5 foit de tuiles, foit d'ardoifes , eft
compofé, outre les égouts & les faîtes, d'arrê·»
tiers, de noues, de tranchis , de niellées; e'eit
pourquoi il eil bon de faire connokre fépare*
rîïent ces différents objets.
Un arrêtkr, éft un angle faillant qui termine
la croupe d'un toit* Pour le faire , on dimi*
nue la largeur des tuiles par le haut, & on les
taille de maniere à conferver le crochet à leur
rencontre fur l'angle, fi non on les cloue fur
l'arrêtier , & , attendu que les tuiles ne fau*
roient fe joindre bien exactement à leur rencontre
fur l'angle , on recouvre cet angle faillant d'un
filet de plâtre d'un pouce & demi de large , lequel
déborde de part & d'autre fur les tuiles.
Une noue, eil au contraire un angle rentrant
formé par la rencontre de deux toits , en ma-
niere de gouttières : dans les couvertures en tuile ,
elle s'opère , en plaçant avec mortier & plâtre,
vers cet endroit, des tuiles creufes qui forment
le fond de la noue, & qui reçoivent de côté &
d'autre les tuiles des deux toits.
* Lorfqu'un toit aboutit contre un arretier ou un
mur pignon plus élevé , on nomme tranchi le der-
nier rang de tuile a lequel eil compofé de demi-
luÙe$
;
-ocr page 348-
B*AftcHÎTECTUJlË.'        |lt
tuiles & de tuiles entières , & on appelle rudliè
ïe filet de mortier ou de plâtre dont on garnit la
jonction du tranchû
On fait quelquefois lés chaperons des murs eit
tuiles , & pour cela on affeoit fur du plâtra
un doubli & un fous-doubli, qui débordent un
peu lés deux côtés du mur % <§c Ton recouvre
le milieu par des faîtières , comme le haut d'un
„ toit.
Quand'on veut employer des tuiles cretifes
pour une couverture, il eil d'ufage de faire les
toits très - plats, & on cloue des planches voliges
bien jointivement fur les chevrons , & on les
arrange , fîg. Iî & III y à recouvrement depuis
îêgout jufqu'au faîte. Il y a de ces tuiles qui font
faites à-peu-près comme les faîtières , & dont on
place alternativement la convexité tantôt en
deffus, tantôt,en deifous, le long d'un rang de
tuile : il y en a d'autres qui font faites en Ζ »
fîg. V» avec un petit bourlet en fens contraire à
leurs extrémités ; on place ces tuiles de façon
que le crochet du deifous entre dans celui du
deifus de la tuile fuivante : enfin, il y en a qui font
faites en S romaine » fîg. III. Rarement les tuiles
ereufes ont des crochets ; il n'y a gueres qu'en
Hollande , où les tuiles en S font fort en vogue,
& où on les accroche à la latte comme la tuile
plate. L'ufage eil de ne leur donner encore dans
ce pays qu'environ un pouce de recouvrement &
de maftiquer les joints de ce recouvrement en
dedans du toit , ainfi que ceux de rencontre
avec les tuiles voiiines. Ces couvertures font
extrêmement foîides, les réparations y font rares;
comme elles font beaucoup plus legeres que celles
des tuiles plates » à raifon de leur très-grand pu-
Tome FL
                                        X
-ocr page 349-
lu                      Cours
reau, elles n'exigent pas une charpente auifi forte.
Les Couvreurs fournirent des gouttières de bois
de chêne que l'on peint de noir à l'huile pour les
conferver : quand elles font de bois bien fain ,fans
écorce & fans nœud vicieux, quoiqu'elles ne foient
pas autant de durée que celles en plomb, elles ne
îaiiTent pas de faire un bon fervice.
On éclaire les greniers , ou bien on leur donne
de l'air par des vues de faîtières , des ceuils de
bœuf, fig. XIII, & des lucarnes, foit à Damoifeile,
foit à la Capucine , foit à Chevalets ; c'eft au Char-
pentier à difpofer ces lucarnes , le Couvreur ne
fait que les couvrir fuivant leurs différentes figures,
foit en tuiles foit en ardoifes , en obfervant les
tranchis & les égoûts convenables.
-ocr page 350-
d'Architecture, 325
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CHAPITRE II
De la Couverture en Ardoise.
τ                                                                                                                  ■ ■'■'■'■",.
iL Ε S couvertures d'ardoife font plus belles plus
agréables à la vue que celles en tuile, & dailleurs,
ne chargent pas autant la charpente. On employé
à Paris des ardoifes de cinq échantillons différens»
dont quatre fe tirent des carrières près d'Angers,
fçavoir; la große noire, qui a 12 à 13 pouces de
long fur 7 à 8 de large ; la quarrée forte., qui an
à 12 pouces de long fur 7a S pouces de large;
cette ardoife eil celle qu'on employé le plus com-
munément, il en faut 172 par toiïe, c'eil-à-dire,
qu'un millier fait 5 toifes f environ; La quarrée fine
qui eil un peu moins large que la précédente, &
quia au plus 11 pouces de long ; la quartelene_,
dont on fe fert pour les Dômes , & qui eil d'un
échantillon de différentes grandeurs, tel que 8 , 9
& io pouces de long fur 5 pouces £ & 6 ponces f
de large : il en faut à peu-près 312 pour une toife ,
de forte qu'avec un millier on peut faire au moins
3 toifes d'ouvrage.
Quant à l'ardoife du cinquième échantillon, il
fe tire de Mezieres & de Charîevilîe ; elle eil plus
longue & plus large que la große noire, mais elle
eil peu eilimée , vu qu'en général elle paife pour
être fujette à fe fendre.
Dans les couvertures d'ardoife , le pureau eil
environ 4 pouces , c'eil-à-dire, le tiers de la hau-
teur de l'ardoife, à l'exception de la'quarteletre
à laquelle on ne donne tout au plus que 3 pouces.
X ij
-ocr page 351-
3M                    Cours
On employé quelquefois de la latte quarrée
comme pour la tuile, à laquelle on donne 3 pou-
ces de largeur, mais pour faire de meilleur Ouvra-
ge , on fe fert communément de lattes de fciage de
4 pieds de long fur 4^5 pouces de large , dont
la botte eft de 16 lattes. Il entre 18 lattes par toife
quarrée ; ainii une botte fait prefque une toife &
demi. Sa perfection eit d'être de bois de chêne, fain,
de droit fil, fans nœuds, aubier, ni pourriture. Ou-
tre la latte, on met entre les chevrons, des con-
tre-lattes de fciage de 4 pouces de largeur fur
8 lignes d'épaiÎTeur. Ces contre-lattes fe vendent
au cent ou au grand cent de toifes de 21 bottes,
formant chacune 10 contre-lattes de 6 pieds, ce
qui produit 210 toifes de longueur. Il faut environ
5 toifes de longueur de contre-lattes par chaque
toife quarrée. Chaque latte s'attache fur quatre
chevrons avec deux clouds fur chacun , à un
pouce ~ de diftance* l'une de l'autre , en bonne
liaifon comme pour la tuile ; & la contre-latte fe
cloue pardefîbus les lattes, entre les chevrons, aufîi
avec deux clouds à la rencontre de chaque latte.
Souvent, au lieu de lattes,pour rendre l'ouvrage
plus propre , & fe difpeniér de contre-latter, on
met fur les chevrons de la latte volige, qui eft faite
de planches de fapin de 6 lignes d'épaiffeur, &
refendues de la largeur de 6 à 7 pouces fur environ
6 pieds de longueur : on les attache avec 3 clouds
fur chaque chevron.
Le cloud à latte eft le même que pour la tuile 9
fi ce n'eit que l'on préfère celui qui a une têts
plate t connu fous le nom d1'aiL· de mouche ; fa lon-
gueur eil d'environ un pouce : il en faut près
d'une livre par toife quarrée ? tant pour le lattis
que pour le contre-lattis.
-ocr page 352-
d'Architectu re.          J2f
Le eloud à ardoife eft un peu moins fort, & iî
en entre à peu-près une livre ~ par toife.
Le Couvreur ayant dreffé le deifus des chevron*
bien de niveau', s'ils en ont befoin, en hachant ce
qui eil trop élevé , & mettant des fourrures dans
les creux » commence fon lattis, flg. ]pV , Plan-
che CXXVIÎ, comme pour les couvertures en tuile
par en bas. Il place d'abord les lattes b bien hori-
fontalement & en bonne Haifon fur les chevrons ,
& enfuite les contre-lattes c,c, entre îefdits che-
vrons : cela étant terminé, avant de pofer l'ardoife 5,
il fait les ëgouts.
Il y a de deux fortes d'égouts pour les couver-
tures d'ardoife comme pour celles en tuile : les
uns font retrouffés & les autres font pendants.
Les égouts pendants, figure XVI , fe font ere
plaçant une chanlatte c fur le bas des chevrons h >t
que l'on avance fuffiiammeut au-dehors du mut ä ,
ou fur le bas des coyaux b, que l'on attache fur
lefdits chevrons avec trois forts clouds ƒ : après
quoi on met fur la chanlatte un doubli & fous-
doubli d7ardoife fans pureaujöt faillans. fur la clian-
latte de 3 ou 4 pouces.
Les égonts retroußes , figure XVII, sapèrent
avec de la tuile d, enpofant fur la corniche a un
rang de tuile ou le fous-douhli, auquel on donne
3 ou 4 pouces de faillie > & fur celui-ci un autre
rang de tuile, ou le doubli en avant de 3 pouces
fur le bord du précédent, & enfin , un rang d'ar-
doife fur le doubli , le tout maçonné à bain de
mortier ou plâtre; cela étant fait, on cloue les pre-
mières ardoifes e qui doivent former l'arrc^ndiiTe-*
ment de Fégout fur la latte c qui eft attachée fur les
coyaux, enappuyant, s'il le faut, le derriere de ces
premières ardoifes par un filet de plâtre ƒ fuffifànJr
pour cela.
                                             X iij
-ocr page 353-
3i6                       Cours
L'on continue à clouer , depuis l'égout a, les
ardoifes fupérieures b jufqu'au faîte c , figure
XVII! 5 toujours en laiffant le pureau convena-
ble que Γ.οή jconferve de même hauteur par-tout,
de maniere à former des files bien de niveau, &
reguliéremqgit droites en toutes ies longueurs &
pourtours de chacun de leurs cours , & même
aux retours des lucarnes qui s'y rencontreront,
tellement que, quand une couverture eil bien
exécutée , il ne doit fe rencontrer aucun faux
pureau dans tout fon pourtour. La perfection de
ces fortes d'ouvrages exige encore que chaque
ardoife foit toujours exactement attachée avec
deux cîouds , & approchée Tune contre l'autre
autant que faire fe peut , & que les joints au-
deiïus du pureau'foient couverts par le rang fu-
pénenr, de'façon que, cela faifant de toutes parts
une bonne liaifon , il en réfulte un tout, qui ne
puiffe permettre aucun pafîage à l'eau.
Lorsqu'au lieu d'un égout il y a un chênau' de
plomb, on cloue les lattes au-defTus de la bavette ,
afin que le premier rang d'ardoiiè recouvre cette
bavette d'environ 3 pouces. \
Au droit des arrêtiers ây fig. XViII, il faut
que le Couvreur obferve de tailler fon ardoife,
tellement que la file d'ardoife tombe quarre-
ment fur I'arretier, & touche bien exactement
celle de l'autre côté de I'arretier, afin que Feau
ne puiffe pénétrer par-là : le mieux eft cependant
de mettre toujours au bas de I'arretier, une pe-
tite bavette de plomb taillée en oreille de chat >
& qui ait un peu plus de faillie que l'ardoife.
Les noues fe font aufîî tout en ardoife par un
feul tranchi, & en taillant les ardoifes de façon
à fe joindre bien exactement ; mais le plus folide
-ocr page 354-
d'Architecture.            327
eft encore de former le fond avec une bande de
plomb , que Γ011 fera recouvrir de 3 pouces de
part & d'autre par l'ardoife.
Les enfakements ou faîtes des toits en ardoife
fe couvrent d'ordinaire avec des bandes de plomb
c , ûg. XVIII, que Ton retient de ζ pieds en %
pieds , avec des crochets qui faififfent fes bords %
& font arrêtés fur le faîte de charpente ; 011
revêtit de même les noues , les œils-de-bceuf,
le devant & les défias des lucarnes , les chapeaux
des croifées en manfarde > les amortiflements, les
chenaux, &c.
Quand on veut cependant épargner la dépenfe
du pîomb , on couvre l'enfàîtement, en obfer-
vant ,flg. XIX, d'élever fur le faîte a 9 l'ardoife
d'un des côtés b 3 d'un pouce ou deux de plus
que celle c de l'autre côté , & d'appliquer , fur-
tout avec exactitude , le bord de l'ardoife infé-
rieure » contre la face de l'ardoife la plus élevée
au-defïus du toit : moyen qui eil économique*
mais qui n'empêche pas toujours les eaux de pé-
nétrer , bien qu'on ait l'attention de placer la
tuile h , qui eft la plus élevée à l'oppoiite des
plus grands vents, ftuvant la direction du com-
ble j: on appelle cet arrangement de faîte, ua
Ugnolee.
Il y en a encore qui, au Heu de plomb met-
tent des faîtières de terre cuite , comme aux
couvertures de tuile, que l'on peint enfuite de
noir à l'huile.
Lorfque les combles font brifés , on fait an
droit du brifis un petit égout, en avançant
le bord des ardoifes du toit fupérieur de 3 ou 4
pouces y on cloue directement l'ardoife fous cet
égout s & fouvent on y met une bavette de plomba
X iv
-ocr page 355-
3*8                       Cours
On opère à la rencontre de toutes les lucar-
nes , des franchis , des noues & des égouts ; &
j?nj Pfnt généralement dans les couvertures
dardoiie , de noir à l'huile , tous les plâtres appa-
rens des^ Colitis, des niellées , des faîtières &
des arretiers , quand ils font {qcs.
Pour ce qui eftde la couverture des clochers,
eue ie fait communément en ardoife, que l'on
taille en écailles de poiffon , & que l'on cloue fur
les vohges ou lattes fixées fur la charpente. On
menage toujours vers l'endroit le plus élevé de
la charpente de la flèche, une petite lucarne pour
y pafler une corde nouée, à laide de laquelle
ou tait au befoin U$ réparations de ces fortes
α ouvrages,
                      r
-ocr page 356-
b' Architecture; 3*£
CHAPITRE I IL
Des réparations des Couvertures.
JÎ.L y a de deux fortes de réparations , les unes
que l'on nomme en recherche , les autres rema-
niement à bout.
Les réparations en recherche fe font pour,
remplacer des tuiles ou ardoifes , qui peuvent
manquer çà & là fur un toit, & quand il faut
rétablir les plâtres des niellées , des faîtes , & des
iîlets : il eft d'ufage de pofer neuf tuiles ou ar-
doifes neuves en échiquier , par chaque toife en
recherche.
Les remantments a bouc, confiftent à défaire
totalement une couverture, à refaire le lattis à
neuf, à mettre à part l'ardoife ou la tuile qui
eft bonne, pour la faire refervir , à réfaire à
neuf tous les plâtres , les faîtes, les ruellées,
les folins , & fouvent même les égouts : fur quoi
nous obferverons un abus très-préjudiciable aux
intérêts des particuliers qui font bâtir dans la
maniere d'opérer ces remaniments.
Comme , fnivant le toifé aux us & coutumes l
tous les plâtres que Ton met le long des tuiles
& ardoifes , fe payent le même prix que la cou-
verture neuve de tuile ou d'ardoife , δε que Ton
compre un pied de plus la couverture vers ces
endroits , lorfqu'ils font faits en tuiles ou ardoifes
neuves , les Couvreurs ont grand foin , lors des
rétabliffements , à deiTein de faire tourner les
ufages à leur profit, de mettre toute la tuile ou
-ocr page 357-
/
33©                       C ours
1'ardoife neuve aux niellées , aux folîns , aux
faîtes & aux égouts , où fouvent ils n'en eil pas
befoin , & de pofer au contraire toute.l'ancienne
au milieu du comble , tellement qu'ils font du
comble un efpece de tableau, dont la tuile ou
Fardoife neuve eit la bordure , & l'ancienne tuile
ou ardoife eil le tableau. C'eil pourquoi il feroit
important, pour l'intérêt du propriétaire, d'obliger
par écrit le Couvreur , avant les réparations,
de mettre la tuile ou ardoîfe ancienne aux folins *
aux ruellées , aux faîtes , & de fe borner à
mettre de la tuile ou de l'ardoife neuve aux
égouts, ou au-deiTus des égouts feulement., parce
qu'en effet ils fatiguent plus que le refle de la cou-
verture; mais il eil fort inutile de mettre du neuf
de préférence dans les autres endroits, où la loi
accorde des ufages.
Un autre abus auquel on doit prendre garde ,
& contre lequel on fè recrie journellement, eil
fufage de compter diiFérement les plâtres fur une
couverture , foit en recherche , foit en remanié,
foit en ouvrage neuf 3 d'autant que ces plâtres
font en tout égaux : cependant pour la couver-
ture en ardoife neuve , on les paye la toife, fui-
vant le prix acfuel, \z liv. ; en remanié à bout
5 'liv. 10 fols ; en recherche environ ι liv. ; 8c
pour la couverture en tuile 9 liv. 10 fols la toife >
eu remanié à bout 1 liv. 18 fols, en recherche
1 liv. II. feroit raifonnable ( & nous ne faifons ici
que répéter ce que l'on ne ceite de dire fur ce
fujet ) que tous les plâtres fuiTent toifés fépare-
ment , & payés un même prix dans tous les cas *
puifqu'ils font toujours les mêmes , & qu'il y a
également de façon & de matière dans les un&
comme dans les autres.
-ocr page 358-
^'Architecture. 331
■Ζ                                                                                                                                                                                                                                                         ; ·
CHAPITRE IV.
d e la m an i ere de dresser
les Devis de la couverture
des combles d'un batiment.
ÎL' y faut énoncer les qualités & grandeurs , foit
de l'ardoife , foit de la tuile , qui feront em-
ployés aux combles en queitionj de même que
celle de la latte & de la contre-latte , & de
quelle façon feront faits les égouts & les lucarnes.
Il doit être proprement un réfumé de tout ce que
nous avons expliqué ci-devant, pour la parfaite
exécution de ces fortes d'ouvrages. Suppofons un
bâtiment couvert, partie en tuile, partie en ar-
doife ; telle eft , à peuprès , la maniere dont on
s'exprime dans le Devis.
Sera faite, le comble de tel corps de bâtiment
en ardoife , & celle de telle autre corps en tuile,
en y obfervant les arrêtiers , les noues , les
égouts & les lucarnes , qui feront ordonnés par
FArchitede.
Toutes les lattes & contre-lattes feront de
chêne , bien fain, fans écorce , fans aubier &
pourriture. Les lattes à ardoife feront pofées en
bonne liaifon , attachées avec deux clouds fut*
chaque chevron , & efpacées de façon que le
pureau foit le tiers de la longueur de l'ardoife ,
& les contre-lattes feront clouées aFordinaire entre
deux chevrons auffi avec deux clouds, à la ren-
contre de chaque latte.
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331                      COU RS
Les ardoifes feront tirées des carrières d'An-
gers , de tel échantillon, attachées chacune avec
deux clouds ; elles auront, comme il a été dit
ci-deiTüs , pour pureau , un tiers de la longueur de
l'ardoife ; & elles feront bien pofées d'allignement
& de niveau, dans toute la longueur de leurs
cours.
Les égouts feront, iimples ou double , félon
ce qu'il fera ordonné, faits en tuiles peintes en
noir de fumée , de même que les faîtières défaites
couvertures , & les plâtres des ruellées ? &
autres.
Les tuiles feront tirées de tel endroit & de tel
échantillon, pofées auffi en bonne liaifon, avec
un tiers de pureau : la latte & contre-latte , fera
de cœur de chêne fans aubier ni pourriture ,
comme pour l'ardoife , & feront clouées avec
un feul cloud, foit fur les chevrons, foit à leur
rencontre entre les chevrons.
Les faîtières feront efpacées à 1 pouces ~ les
unes des autres , & maçonnées à bain de plâtre.
Les goutieres feront de chêne, fans aubier &
fans nœuds vicieux.
Pour l'exécution defquels ouvrages de couver··
ture, l'Entrepreneur fournira tous les matériaux
quelconques , les lattes, les contre-lattes , les
clouds, les ardoifes , tous les équipages & peines
d'ouvriers pour |eur entière perfection , confor-
mément au préfent Devis, & au defir.de.-M-
. . . . . . Architecte. Le tout toifé fui-
vant les us & coutumes de Paris, & pour les
prix ci-de/Tous, fa voir :
Pour chaque toife fuperflcieîÎe d^rdoifes
neuves....... ■__·-·--
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'
d'Architecture.           33$
Pour chaque toife fuperflcielle de tuiles
tieu ν es · · · · · « "· · · · .·. . »■ · ·
Pour chaque toife fuperflcielîe d'ardoifes vieil-
les , remaniées à bout fur un vieil lattis . . .
Pour chaque toife fuperflcielle d'ardoifes vieil-
les , remaniées à bout fur un lattis neuf . . *
Pour chaque toife fuperflcielle de vieilles tuiles,
remaniées à bout fur un lattis neuf ....
Pour chaque toife fuperflcielle de vieilles tui-
les , remaniées à bout fur un vieux lattis . .
Pour chaque toife fuperflcielle de tuiles ou
d'ardoifes en recherche........
Pour chaque toife courante de gouttières de
bois de chêne............
Explication des Planches delà Couverture*
La Planche CXXFl* repréfente la façon de
couvrir en tuile.
La fig I , èit une mille vue de face & de profil,
avec fon crochet a vers le haut.
La fig. II, repréfente une portion de couverture
en tuiles creufes, difpofées comme elles le font
en exécution ; a, tuile plate recourbée par fes
extrémités ; b , tuile convexe faite à-peu-près
comme une faîtière , & feulement plus étroite vers
fa partie fupérieure , que vers fon inférieure.
Figure III, tuiles en S , qui s'accrochent l'une
fur l'autre.
Figure IV , faîtière fervant à couvrir le haut
des combles.
Figure V, tuile en Ζ, d'ufage dans quelques
provinces.
La fig. VI » efl: un égout pendant; a, mur;
b, arbalétrier ; c , chevrons j d, chanlatte ; e,
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334                    Cours
deux tuiles placées Tune fur l'autre ; ƒ, /, autres
tuiles placées en recouvrement, & accrochées à
la latte g.
Figure VU, chanlatte vue particulièrement.
La fig, V11I, eft un égout retróuiTé ; a , cor-
niche; b, doubli & fous-doubli compofés de deux
tuiles ; c, lattes clouées fur les chevrons c ; d,
tuiles accrochées aux lattes.
La ûgt IX , repréiénte la difpoiîtion des tuiles
pour former un égout à compartiment ; a, a ,
tuile mife diagonalement , & formant le fou-
doubli ; b , b , tuiles pofées à côté les unes des
autres à l'ordinaire, & formant le doubli.
La ûg. X, eil la difpoikion particuliere des '
tuiles fur un toit ; a , pureau ; b , tuile en
liaifon.
La flg. XI , repréfenté un toit, dont on» a
fuppofé une partie de la couverture enlevée pour
faire voir le lattis ; a,chevrons ; & h,h, rangs
latte en liaifon, & difpoiés de maniere que les bouts
des lattes du rang fupérieur n'aboutiiïent pas fur
les mêmes chevrons, que les bouts des lattes du
rang inférieur ; c , contre-latte que l'on met
quand on juge les chevrons trop écartés ; d,
égout retrouifé, compofé de deux rangs de
tuile; e9 tuiles en liaifon ; f, arretier couvert
d'un filet de plâtre ; g, faîtières fcellées à leur
rencontre avec du plâtre.
La fîg. XII , offre une couverture à clair-voie;
a , tuiles disantes l'une de l'autre de la moitié de
leur largeur, avec un pureau de hauteur ordinaire;
b , tuile en liaifon à recouvrement, & fembîa-
blement efpacées que les précédentes.
La fîg. Xlll, eft une vue de faîtière en ceil-
de-bœuf.
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d'Architecture.          3^5
La Planche CXXVll, repréfente la façoa
ée couvrir en ardoife.
La fig. XIV , exprime le lattis d'un toit, δε les
ardoifes qui y font déjà attachées vers le bas ; a f
chevron ; b, b, lattes efpacées d'un pouce ~ ; c, c9
contre-lattes; d, e, ƒ, différents rangs d'ardoife en
liaifon.
La fig. XV, repréfente l'arrangement parti-
culier des ardoifes fur un toit ; a , ardoifes per-
cées chacune de deux troux pour les clouer fur le
lattis ; b, pureau qui eft à-peu-près le f de la
hauteur de l'ardoife.
La fig. XVI, eft un égout pendant ; a, mur;
b 5 coyaux attachés fur les chevrons h, avec trois
clouds ƒ; c , chanlatte ; d, doubli &fous-doubli
d'ardoife ; e , lattes ; g, gt ardoifes clouées fur
la latte.
La fig. XVII, eft un égout retrouffé ; a, cor-
niche ; b , chevron ; c, coyaux ; d , doubli &
fous-doubli compofé de deux tuiles , dont la
premiere déborde la corniche de 3 pouces ,
& la féconde déborde l'autre auffi de 3 pouces ;
ces deux rangs de tuile font recouverts par un
rang d'ardoife ; e , ardoifes attachées à la latte g;
ƒ, petit folin de plâtre ou mortier entre le pied
des coyaux.
La fig. XVIII, eft un plein-toit; a , égout ;
rang d'ardoife en liaifon; c,enfaîtement en plomb,
& que l'on fait auffi quelquefois avec des faîtières
que l'on peint de noir à l'huile ; d , arretier.
La fig. XIX, eft une couverture de faîte en
lignolet ; a , faîte de tharpente ; b , ardoife
clouée fur le faîte, & élevée de 3 pouces au-
deiïus de l'ardoife c de l'autre côté du toit.
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336                    .'Cour!
La fîg. XX, repréfente les principaux outils I
l'ufage des Couvreurs. A, tire-cloud ; Β , contre-
lattoir,dont l'Ouvrier fe iert pour appuyer la contre-
latte , & tenir le coup pendant qu'il enfonce le
cloud ; C , afTette ou marteau tranchant par le
bout a , & quarré par l'autre bout b ; D, marteau
dont le manche a eil tranchant d'un côté, dont
le bout b eil pointu , & le bout c eil quarré ;
Ε 9 enclume fervant à rétablir Jes ardoifes , &
que le Couvreur pique dans un chevron par fa
pointe #.
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ö^Archïtectürë.         337
siè^aîjAf^
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Z?£ Ζλ? PLOMB ERVE:
j^E plomb eil un métal duâiîe très-lourd 5 aifé
à'fondre, & d'une couleur blanchâtre. Le meil-
leur qu'on employé journellement dans les bâti-
ments le tire d'Angleterre & d'Allemagne ; car
celui que l'on tire de France , & fur-tout des
mines de Pompean en Bretagne , ne fert gueres
que pour faire des balles pour l'Artillerie , & du
plomb à giboyer.
Il n'y a point de métal d'un aufîi grand ufage
après le fer; on en; fait des tuyaux de conduite
ou de defcente, & des tables, foit pour couvrir
hs terraiTes , les combles, les clochers, les dô-
mes , foit pour revêtir les baffins , les réfervoirs ,
les lucarnes , foit pour former les chenaux, les
enfaîtements, les noues, les nouquets, les arrê-
tiers , & les vafes ou amortiffements des cou-
vertures d'ardoife. Comme c'eil à l'Architecle à
apprécier les ouvrages de plomberie, de même que
tous les autres travaux d'un bâtiment, & que c'eil à
lui conféquemment àiïxer d'avance dans le Devis,
leur place, leur épaifieur, leur poids, & à juger fuc-
ceiîivement de la perfection de leur pofe,ii convient
donc de faire connoître féparément ces différents
objets. C'eil pourquoi , après avoir parlé des
efpeces de plomb & des épaiiTeurs qu'il eil
'd'ufage de lui donner, à raifon des diverfes
tirconitances où on l'employé , nous parcour-
ons les attentions qu'exige fa pofe , par rap-
port à la folidité.
Tome Π. ,                                    Y
I
u
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338                   Cours
CHAPITRE PREMIER,
Des especes de Plomb , [et des ,
ÉPAISSEURS QU'IL FAUT LUI DONNER
SUIVANT LES DIFFERENTS OUVRAGES.
Ο Ν employé deux fortes de plomb dans les
bâtiments , le plomb coulé & le plomb laminé.
Ce dernier paffe pour avoir une grande iuperio-
rité fur l'autre , parce que jamais le plomb coule
η eil d'une égale épaiffeur par-tout comme le
plomb laminé ; de forte que ceux qui s'en fervent,
achettent plus de matières qu'ils n'ont befoin , ce
oui en multipliant la dépenfe , furcharge en
même-terris un bâtiment. D'ailleurs les tables de
plomb coulé paffent pour ne point avoir autant de
Iolidité que les autres, attendu que fes parties minces
font fufceptibles d'être déchirées aifément dans
l'emploi parcelles qui font plus épaules , ce qm ne
peut arriver aux tables de plomb paffées au laminou',
Sont le principe de la force eft dans l'égalité d'é-
paiffeur de toutes les parties. 11 eft encore prouve
eue l'on épargne moitié de la foudure , en le
îervant de plomb laminé , fur-tout dans les ouvra-
ges de grande fuperficie , comme les terraiies ,
les baffms »les réiervoirs, &c. ; par la raifon que les
tables laminées ont jufqu à 25 & 30 pieds de lon-
gueur, fur 5 pieds de largeur ; ce qui fait a-peu-pres
le double de la longueur & largeur des tablesi cou-
lées , qui n'ont gueres au-delà de 15 pieds de
long', fur 3 pieds de large.
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d'Architecture. 339
Le plomb laminé nous paroit auiïi trèf-fiipériëui?
pour les tuyaux & conduites d'eau. Comme fa
réfiilance par-tout égale , & que fa fuffäe©
eil extrêmement unie & polie , fans gravelures ni
cavités capables de receler des vafes ou ordures
qui , en s'àttachant au tuyau, diminuent par là
fuire fa capacité, ils font néceiTairement beau*
coup moins fujets que les autres aux engorge-
ments , & par conféquent aux réparations*
Enfin, un des grands avantages du plomb la»
miné, c'eit qu'à l'occaiion de fa parfaite égalité
dans toute fon étendue, il eil toujours poffiblé
d'établir un poids certain au pied quarré ; d'où il
réfulte qu'il eil aifé de connoître aü juftó *
d'avance , la dépenfe d'un ouvrage qu'on fe pro·«
pofe, fans craindre que l'exécution excède lu
Devis; ce qui ne fe peut faire avec le plomb
fondu , à caufe de fon inégalité d'épaifléur* Com-
bien ne fèroit-ii pas à defîrer que l'on put met-
tre dans un auJïï grand jour toutes les autres
parties de dépenfe dés travaux d'un bâtiment 9
les Ârchite&es en auroient plus d'agréments Se
de fatisfaclion , & les particuliers pourroient ta*
bler fur les projets qu'ils font exécuter „ dont
l'excès de dépenfe n'occaiionne que trop fouvénï
de leur part des plaintes journalières.
Ρ Q ï JD $ du Plomb laminé au pied quaffi
fuivant /es différentes épaiffeuts*
Le pied qtiafré d'une ligné d*épaiiïeüf
pefe. ♦ ' [4 .*■«'.« « * * yïiYé 8 ônGêS*
Celui d'une ligne § ■* « # 6          14
Celui d*unêligne| .< « < 8 ".■'..' 4
Celui dîme ligne J « j « 0
         
¥ Ij -
-ocr page 367-
340                      C o υ ft s
Celui de deux lignes . . n liv* 0 onces.
Celui de deux lignes ~ . . 12
            6
Celui de deux lignes £..13          12
Celui de trois lignes . . 16           8
Et les autres épaiffeurs au-deffus , à propor-
tion.
Outre qu'on trouve dans la manufacture de
plomb laminé des tables de telles longueur &
épaiffeur qu'on le demande, on y trouve auffi
des tuyaux de plomb laminés ibudés de long,
de telles longueur & épaiffeur que Ton peut de-
iirer.
Tarif du poid de la toifè des tuyaux
de plomb laminé, foudè de long.
Les tuyaux de defeente de 4 pouces
de diamètre , de 2 lignes d'épaiffeur,
pefent par toife . . . i. . . . . So liv.
Ceux de 3 pouces de diamètre, & de
2 lignes d'épais . . . . . . . . 63
Ceux de 2 pouces , & d'une ligne &
demi . . . . *- y .. ... . 35
Les tuyaux de conduite d'eaux forcées»
ceux de 8 pouces de diamètre,
& de 8 lignes d'épaiffeur , pefent par
toiie .. ..... . . . ■... . 6yj
Ceux de 7 pouces , & de 7 lignes
d'épaiffeur....... . . . 494
Ceux de 6 pouces , & de 6 lignes
d'épaiffeur . . . . . . ... . 36Ó
Ceux de 5 pouces, & de 5 lignes
d'épaiffeur ' .' . . * . ; . . . 261
Ceux de 4 pouces , & de 4 lignes
d'épaiiîeur · « ."*·„'·· · · . 172
-ocr page 368-
d'AR Cji ITECTÜRE.         34I
Ceux de 3 pouces , & de 3 lignes
d'épaifîeur ......... 102 liv*
Ceux de 2 pouces , & de 2 lignes
d'épaifTeur . . . .-..."■... .... 5.1
Ceux d'un pouce \ , & de 2 li-
gues . ........ é* 3p
Quant aux tuyaux mpulés , ceux de
2 pouces 7 de diamètre , pefent . , 108
Ceux de 2 pouces, pefent ., ... 72
Ceux d'un pouce f , pefent . . . 55
Ceux d'un pouce . .. -. . . . 36
Ceux de 9 lignes ...... 27
Ceux de 6 lignes ...... 21
Par conséquent en connoiffant la grandeur des
tables & leur épaiiTeur, aiiifi que la longueur &
épaiiTeur des tuyaux , rien η eil plus aifé que de
fixer la dépenfe.
On vend le plomb laminé tout fabriqué dans
la manufa&ure, & de toutes fortes d'épaiffeur 9
6 fols 6 deniers la livre ; & l'on compte en outre
pour le tranfport au bâtiment , & la pofe 6
deniers par livre pefant, tandis „que le plomb eu
fuiion ne coûte que 6 fols tout .pofé.
Le vieux plomb non dégraifîé de foudure, eil
reçu à la manufacture en échange du plomb la-
miné , poids pour poids y fur lequel il eu déduit
quatre pour cent, comme de coutume , pour le
déchet ordinaire de la refonte _, en payant un
fol pour chaque livre de plomb prife en échange.
Les retailles & rognures du plomb laminé *
provenant des tables livrées entières, y font re~
prifes à 6 fols la livre, fans déchet, & déduites
fur la totalité defdites tables.
Quant à la foudure , qui eil un alliage d*étaiiÎ
& de plomb , où il entre f de plomb, elle coûte;
18 fols la livre.
                                  Y üj
-ocr page 369-
34*                       Cours
Malgré ce que nous venons de dire ci-dévânt,
jl faut néanmoins pefer toujours les plombs à
leur arrivée au bâtiment, en préfence de l'Ardu-
tecle ou de quelqu'un commis par lui , avant de
les mettre en place , fur-tout les cuvettes , les
entonnoirs , les tuyaux de defcente ; & même il
feroir bon encore , après qu'ils font foudés , de
îes repefer , ii cela fe pouvoit, afin de connoître
au jufte la quantité de foudure qui y feroit en-
trée ; mais, comme il y a beaucoup d'ouvrages qu'on
ne fauroit repefer après qu'ils font foudés & mis
en place 7 il convient du moins de faire peier le
faumon on le lingot de foudure qu'on doit em-
ployer , & de repefer enfuite ce qui réitéra du
îaumon, pour connoître véritablement la quantité
qui en aura été employée.
Comme on fixe au Plombier, par fon Devis,
îes épaiffeurs des tables de plomb que l'on em-
ployé dans un bâtiment, fuivant le lieu qu'elles
doivent occuper, & fuivant le plus ou moins de
ioîidité qu'exige l'ouvrage , nous allons donner
en général les épaiiTeurs auxquelles on fe borne
affez communément pour les travaux ordinaires.
On donne : i° Aux enfaîtements des combles
ι ligne, ou ι ligne | d'épaiiTeur , fur environ 18
pouces de largeur.
2° Aux enfahetnçnts des lucarnes, ainfi qu'à
leurs nouquets , ι ligne d'épaiiTeur,
3^ Aux revêtements des lucarnes & des œuV
de^bceuf, au moins j ligne d'épaiiTeur.
40 Aux tables qui compofent les noues >
ï 5 lignes de largeur, fur 1 ligne f d'épaiiTeur.
50 Aux chenaux 18 ou 20 pouces de largeur,
fur 1 ligne f d'épaiiTeur.
6° Aux gouttières Taillantes , * ligne i d'é-
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d'Architecture.          $43
7° Aux arrêtiers , é ligne d'épaiffeur.
Aux tables des terraffes , 2 lignes d'é-
paiffeur.
9° Aux tuyaux de defcente , 2 lignes d'é-
paiffeur , fur 3 pouces de diamètre.
io° Pour ce qui eft des hottes qu entonnoirs,
on peut les fixer l'une dans l'autre à 50 livres
pefant.
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344                   Cours
CHAPITRE IL
Z?£ XJ ΡΟίί DES DIFFÉRENTS
OUVRAGES DE Ρ LOM Β Ε RIE.
Y
JLes différents ouvrages de plomberie fe prépa-
rent chez le Plombier , & s'apportent tout prêts
à être mis en place dans le bâtiment ; ainfiiln'y
a , après leur poids & l'épaiiTeur qu'il faut leur
donner , dont il a été queilion précédemment, que
la folidité de leur pofe , qui puiife intéreifer celui
qui dirige un bâtiment ; c'eit pourquoi nous allons
parcourir fommairemetit ce qui la conftitue , &
comment elle doit s'opérer , en faifant en partie
ufage de ce qui a été déjà dit fur ce fujet dans
' l'Art du Plombier & Fontainier, qui fait fuite à la
belle Collection des Arts & Metiers 3 publiés par
l'Académie Royale des Sciences.
sanWr Vi-ta«
Article Premier.
De ία pofe des Chenaux & des Gouttières.
Un chênau,- fig. I & II, PI. CXXVÏÎI , doit
être plus ou moins large & profond , fuivant
l'étendue du toit dont il eit deiriné à recevoir
les eaux. Après avoir donné aux tables de plomb
la forme convenable , & fait un bourelet fur le
devant, · comme de coutume , on les pofe com-
munément fur la faillie d'une corniche. Pour cet
-ocr page 372-
d'Architecture. 34^
effet , on commence par y mettre un aire de
maçonnerie h , flg. I, pour recevoir le chênau ,
en obfervaht de lui donner s outre un peu de
pente vers le devant de la corniche »encore une
autre pente d'un pouce par toiié, fuivant la lon-
gueur de la façade du bâtiment, jufqu'au tuyau
de defcente. A deifein de contenir le chênau a
par-devant, & de l'empêcher de fë déformer, on
fcelle fur Faire de maçonnerie qui le doit porter,
ou même on attache au bas de la charpente du
comble, des crochets de fer b, flg. III, d'un pied
de longueur , à la diftance d'environ 16 pouces
l'un de l'autre. On cloue enfuite le bord poité-
rieur des tables de plomb d fur la plate-forme
qui reçoit le« chevrons, & on élevé ce bord de
façon à pouvoir être recouvert de 3 pouces par
le pureau du dernier rang d'ardoife c. Les tablés
fe trouvant bien retenues de toutes parts , &
étant ainfi. placées au bout les unes des autres,
fuivant la forme & de la maniere qui vient d'être
dite, on les unit en les foudant fucceffive-
ment.
Si Ton admet des godets ou gouttières fail-
lantes ƒ du côté des cours , pour épargner la
dépenfe des tuyaux de defcente ; ( car il eil dé^-
fendu par les Ordonnances d'en mettre doréna-
vant le long des façades des nouvelles maifons
que l'on bâtit fur la rue à Paris ) .' alors il faut ι
percer le devant e du chênau vis-à-vis le godet,
& le pofer fur une barre dé fer g, accompagnée
d'une ou de deux embraifures de fer, & folide-
ment attachée fur les plate-formes du bas des
combles, afin de la bien contenir dans fa iitua-
tion. On donne d'ordinaire à ces gouttières ƒ,
environ 4 ou 5 pieds de longueur au-devant du
chênau.
-ocr page 373-
34<S                        Cours
Article II.
De la pofe des Enfakements , des Noues
& des Arrétiers.
Les énfaîtements des couvertures en ardoife
ie tont affez volontiers en plomb. Pour les con-
tenir , on commence par attacher des crochets a,
%. V, fur le faîte de charpente , qu'on efpace
auplus de 18 pouces en 18 pouces. On pofe
euiuite des tables de plomb b, pliées à recou-
vrement les unes fur les autres, fui ν a nt la lon-
gueur du toit, de maniere à recouvrir d'environ
4 ou y pouces le rang d'ardoife le plus élevé ,
en ayant l'attention de leur faire faire bavette
& recouvrement vers les extrémités, où font des
croupes , & où l'on place fouvent des amortiiTe-
ments avec des vafes de plomb.
y Au droit des noues ou des angles rentrans d'un
toit en ardoife, on pofe auffi un canal de plomb,
que Ion cloue fur une efpece de gouttière de bois
bien arrêtée en cet endroit fur la charpente, &
on recouvre les bords de cette table de part &
d autre par l'ardoife, d'environ 3 ou 4 pouces,
ainli que nous l'avons déjà dit dans le Chapitre
de La Couverture,
Les arrétiers fe couvrent également avec des
tables de plomb placées l'une fur l'autre à recouvre-
ment, de même que l'enfaîtement J & de maniere
a recouvrir les ardoifes de part & d'autre.
La plupart des lucarnes fe revêtiffent auiïi en
plomb dans les toits couverts en ardoife : on pofe
a cet effet, d'abord en-deffus & fur le devant}
Γ
-ocr page 374-
.... .                                     .- / .·; !
d'Architecture,            347
un.e bande de plomb pour former un rivet ; ©n
couvre enfuite le faîte avec une table ou chapeau
de plomb ; & enfin on fait fur les côtés des nou-
quets ou petites noues en plomb.
Pour ce qui eil des autres petites ouvertures ,
autres que les lucarnes préparées par le Char-
pentier , que Ton pratique fur les toits , c'eft le
Plombier qui les fait entièrement. 11 forme pour
cela , en devant, un gros ourlet, pour fortifier
Je plomb, & par derriere, il cloue le plomb fur
les chevrons, en obfervant de mettre par-deffous
une bavette de plomb qui recouvre la char-
pente,.
Pans les toits à la manfarde , on couvre les
deflus des croifées par une table ou un chapeau
de plomb , & on avance le rang d'ardoife du
toit fupérieur de 3 ou 4 pouces au-devant du
brifis, pour former un petit égout ; mais fouvent
l'on met pour plus de folidité fous ce petit égout,
une bavette de plomb le long de la panne du
briiis.
En général, il faut obferver d'éviter, autant
que l'on peut, d'employer de la foudure fur les
toits , les terraffes , & autres lieux très-expofés
aux injures du tems , attendu que les endroits
fondés fe trouvant toujours plus épais que les
tables, & étant d'ailleurs fufceptibles d'éprouver
des changements félon le chaud & le froid ,
cela feroit. capable d'y occafionner dés rup-
tures.
-ocr page 375-
348                       Cours
Article. II L
De la pofe des Tuyaux de defcentt-
& des Cuvettes.
Les tuyaux de defcente d , flg. Π , & flg. Vi,
qui conduifent les eaux des chenaux dans la rue,
s'opèrent à la corde nouée : le Plombier s'atta-
che à prendre bien exactement leur hauteur, pour
les difpofer d'avance dans fa boutique, & n'avoir
point befoin de les couper fur place, il eil d'ufage
de ne point mettre de tuyaux de plomb dans le
bas des maifons , jufqu'à la hauteur de 7 à 8
pieds , & de préférer des tuyaux de fonte, non-
feulement pour mieux réiifter au choc des voitures,
mais encore pour éviter les vols. Le tuyau qui
aboutit fur le pavé eil coudé, on l'appelle déguai-
lard
, & il eil terminé fouvent par une tête de
dauphin. Du côté des cours , on pofe ces dé-
gueulards fur une cuillère ou un efpece de pierre
un peu recreufée, & dirigée un peu en pente vers
le ruhTeau. On ne fonde jamais les tuyaux de
defcente à leur rencontre ; mais on les enboîte
l'un dans l'autre de 4 ou 5 pouces , en ayant foin
de faire toujours entrer le fupérieur dans l'infé-
rieur , afin de n'oppofer aucun obilacle à l'écou-
lement des eaux,
                     .·/
Il faut que les tuyaux de defcente foient tou-
jours pofés les uns au-deiTus des autres , le plus
droit poifible ; &, afin de les contenir folidement
dans leur poiition , on les arrête avec des bri-
des ou embraiïures de fer s fig. VIII , diftantes.
de 5; à 6, pieds l'une de l'autre , fuivant la hau-
y
-ocr page 376-
d'Architectuèè.           349
teur de la defcente , & fcellées dans le mur. Il y
a des Architedes qui, à deffein de ne point
couper les plintes & les corniches qui décorent
les façades des maifons fur les rues, obfervent
d'enfermer les tuyaux de defcente dans fépaif-
feur des murs ; mais en général, il vaut mieux
les laiffer à découvert, pour pouvoir y remédier
aifément au befoin.
On met fouvent , foit du côté des cours, foit
du. côté des rues , des cuvettes d'étage en étage ,
pour la commodité des locataires des maifons |
lefquelles interrompent le grand tuyau de def-
cente. Ces cuvettes fe font de pluiieurs formes;
les unes font faites en hotte, fig. VI s comme un
efpece de demi-entonoir; les autres font rondes,
%. VII ; & il y en a qui font quarrées ou trian-
gulaires : mais de quelques formes qu'elles foient,
leur bord fupérieur fe termine en bourelet, pour
augmenter fa folidité. Outre les embraffures de
fer, à l'aide defquelles on contient chaque cu-
vette , on replie le plomb du haut de leur dof-
iier b b , flg. VI & VII , & on le cloue fur le
dormant de la fenêtre, vis-à-vis laquelle elle eil
placée. On met au fond des cuvettes des crapau-
dines , ou petites plaques de plomb percées de
troux, fig. IX , pour empêcher le paffage des
ordures , qui feroient capables de former des
engorgements dans lefdits tuyaux (l).
■Il                                   ■—■-lu .ιιιιιίΐίυί»                iiliimiiiiiibii ι»μιιιι—■WI.^IMIWMip.wiMi.^iÉIM^
■ ■ ι                                                              ■                                                        ^                                                                                                 /!>:
(ι) Les tuyaux de fonte font dailleurs une économie , &
ne fc vendent que ι fols 6 deniers la livre,
              (
-ocr page 377-
350                      Cours'
5-------1--------------------------1                   - ■■                                        ---"               ■                                          „........■.......ι,-                     Ι                    ■ - μ γ____■■':—.:.---------------_______                                                        '. ι * -'■- - "-'■ -j
Article IV.
De la pofe des Tables de plomb fut le Plein-*
toit , fur un Dôme , fur un Clocher
& fur une Terraffe.
Dans les Edifices d'importance , on couvre
yolontiers les toits entièrement avec des tables de
plomb au lieu d'ardoife. La charpente étant ter-
minée à l'ordinaire , il faut pour recevoir les
tables, clouer fur les chevrons des planches dites
voliges, de 4 à 5 pouces de largeur, à la diftance
d'environ 2 pouces Tune de l'autre, fuivant le
rampant du toit, flg. X. Après cette opération»
le Plombier commence par pofer le chênau le
long de la corniche, & enfuite par clouer des
crochets de fer au droit de chaque chevron ,
c'eit-à-dire , à 16 pouces de diftance les uns des
autres. Ces crochets doivent être proportionnés
pour la longueur à la largeur des tables ; ils font
de fer plat ·, ils forment une patte par en haut ,
percée de trois troux, pour recevoir des clouds»
& font courbés par en bas, d'environ 1 pouce»
à l'effet de pouvoir retenir chaque table. Nous
avons repréfenté particulièrement un de ces cro-
chets en A, à côté delà fîg. X. ?
Dès que le premier rang de crochets eft atta-
ché au bas de la couverture au-deffus du chê-
nau , le Plombier pofe la premiere table à recou-
vrement fur le doiîîer dudit chênau , laquelle fe
trouve fondement foutenue dans le bas par les
crochets, & , pour la contenir également dans le
haut > il la cloue au droit de chaque chevron »
-ocr page 378-
d'Architecture.            351
par des clouds de 2 pouces & demi de longueur 3
qui pénétrent à la fois la table , la volige, &
une partie du chevron. La longueur des tables
dont on fe fert d'ordinaire en pareil cas, eil de
12 pieds , fur 3 pieds de largeur. On lie chaque
table du.même rang, non avec de la foudure;
car encore un coup , il faut en employer le moins
poffible dans la couverture des combles , à caufe
de les inconveniens ; mais en repliant les bords
de chaque table voiiine , fuivant la hauteur du
comble , l'une en deiïbus , l'autre en deffus ,
dë maniere à les inférer Tune dans l'autre, & à
former par leur jonction , fuivant le rampant du
toit, un efpece de boureler continu ou de baguette
que l'on arrondit .par-deiîiis avec une batte.
Le premier rang de tables étant pofé s on place
le rang de crochets au-deiTus , de maniere à rece-
voir le fécond rang de table à recouvrement de
4 pouces fur le précédent; & l'on pourfuit ainfi
cette couverture jufqu'au haut du toit, où fou
pofe' un enfaîtement , comme pour les toits en
ardoife , c'eit à-dire , en le foutenant de diflance
en diirance avec des petits crochets a, fïg. V ;
& en lui faifant recouvrir fufHiamment le haut des
tables fupérieures des deux faces du toit. On ob-
ferve femblablement de laiffer déborder Ten-
faîtement d'un pied à chaque bout du faîte »
afin de le replier , & de le faire defcendre en
recouvrement fur la pointe de la croupe du
comble. Par conféquent, à l'aide de cet arran-
gement, on n'a aucunement befoin de foudure ;
il n'y a pas à craindre que l'eau puiiTe pénétrer
par la jonftion des tables , & die coulera fans
obilacles dans les chenaux ? & de-là dans les
tuyaux de defcçnte.
-ocr page 379-
3fi                       Cours
La couverture des Dômes s'exécute à-peu*
près de même que la précédente, foit qu'on les
couvre entièrement de tables de plomb, foit que
Ton revêtuTe feulement en tables de plomb les
arcs-doubleaux ou les côtes, en garniflant l'entre-
deux avec des petites lames de plomb, arrondies
parle bas en forme d'écaillés de poiffon s & tail-
lées comme des ardoife.s , fîg. Xii.
; La charpente étant diipofée & recouverte de
voliges à l'ordinaire , on garnit les arcs-doubleaux
ou côtes avec âes tables de plomb placées à re-
couvrement , de 3 ou 4 pouces , & arrêtées comme
ci-devant, par le bas, avec des crochets, & par
le haut, avec des cloùds : on cloue également
fur les voliges les ardoifes de plomb , en les di-
minuant de grandeur par le haut à mefure que
l'on monte la couverture , & en obfervant de les
faire recouvrir un peu vers les côtés , par les
tables de plomb des arcs-doubleaux. Enfin , on
couronne le. haut du Dôme par un eipece de
calotte de plomb en forme d'enfaîtement , qui
recouvre le haut des côtés & des compartiments.
Quelquefois on termine cette calotte par une
lanterne en charpente , ornée de colonnes , de
pilaftres , de confoles , de corniches & d'amor-
tifiement, que l'on revêtit entièrement de plomb ;
car il n'y a que la boule qui foutient la croix
que l'on fafTe en cuivre. L'eiTentieleft, que tous
ces revêriffements foient difpofés avec de bons
recouvrements , & de façon à ne permettre aucun
paiTage à l'eau par la jon&ion des tables.
Si le Dôme n'a pas d'arc-doubleau , & eft tout
Uni en dehors dans fon étendue, il y a encore
moins de travail, il ne s'agit que de le couvrir
d'ardoife de plomb a ou d'ardoife ordinaire , du
bas
-ocr page 380-
»'Architecture: 3 ? ƒ *
bas en haut, & de le terminer par un enfaîte-
ment ou calotte de plomb.
Quant aux œiis-de-bœuf que Γόη pratique
dans ces couvertures, on garnit leur charpente
entièrement de tables de plomb de différentes
formes , & de maniere à fe prêter à tous leurs
contours j on aiTemble ces tables à hon recou-
vrement , & quand on ne peut s'en difpenfer, on
les lie avec de la ibudure.
La couverture des flèches de clochers » foit »
quarrés , foit ronds _, foit octogones 5 fe fait
quelquefois tout en plomb. Après avoir recouvert
la charpente de voliges, on cloue fucceifivement
des rangs de crochets fur la charpente, où l'on
pofe des tables à recouvrement fur chaque face ,
comme ci-devant, en les diminuant de longueur
à mefure qu'elles s'élèvent ; enfuite l'on recouvre
leur jonction fur les arrétiers par d'autres bandes
de plomb ; & enfin l'on finit par emboîter le haut
de la flèche par une calotte de plomb. Quand
on couvre les flèches des clochers en ardoife,
on fe contente volontiers de garnir les arrétiers &
l'enfaîtement en plomb , ainfi que les œils-de-
bœuf.
Autrefois on blanchiflbit ou étamoit le deifus
des couvertures de plomb , d'une croûte d'étain ,
ce qui leur donnoit de l'éclat ; mais aujourd'hui
on n'eft plus dans cet ufage, & on ne blanchit
plus gueres que les amortiiTements, & les plate-
bandes* de plomb ornées de moulures.
La couverture d'une terraffe en plomb a
encore moins de difficulté que la précédente.
Elle coniiite à placer la longueur des tables ,
fuivant la longueur de la terraiîe , & à placer
leur largeur 9 en commençant au bas de la pente,
tome VI.
                                       Z
-ocr page 381-
Ι 354                       Cours
vers le chêneau en recouvrement, de 3 pouces
l'une fur l'autre : on aifemble chaque table dans
la longueur fans foudure , en repliant leurs bords
de 2 pouces de* chaque côté , l'un en defîus ,
l'autre en deffous , & en àfte&ant d'applatir le
plus que l'on peut-ce pli, afin de le rendre moins
fenfible.
Quand il s'agit de couler de plomb fondu 9
les joints des terraffes faites en dalles de pierre,
il faut tenir chaque joint d'environ un demi-pouce
de largeur , pour donner au plomb fuffifamment
de priie ; après quoi on gratte le plomb qui ex-
cède le niveau du joint : ces fortes de jonction
ne réunifient pas au furplus parfaitement, atten-
du , comme nous l'avons dit dans le Chapitre
des Terraffes
, que le plomb fe retire en réfroi-
difîant, & ne remplit pas alors bien exactement le
joint.
i                   '            ....... ', -                : '. -a
Article V,
De la pofe des Tuyaux de conduite
& des Tables des Rèfervoirs d'eau.
Les tuyaux deflinés à conduire les eaux d'unt
réfervoir , foit dans une fontaine, foit dans un
bailin , font d'ordinaire placés dans la terre. On
les foutient par de petits maffifs de maçonnerie
ou des taifeaux de diftance en diftance , m on les
emboîte les uns dans les autres , tellement que
le tuyau qui donne l'eau , foit emboîté dans ce-
lui qui la reçoit,'afin de ne mettre aucun obfta-
cle à fon cours ; & l'on obferve ? en outre, de
&ire à chaque jonaion un nœud de foudure. U
-ocr page 382-
β * A R ë h ι f κ c τ υ ft e; j ff
faut mettre. , tant à la fortie d'un tuyau du ré-
fervoir , qu'à fon entrée dans le baiîin , un ro-
binet de cuivré, pour arrêter l'eau au befoin s
foit lörs des gelées ), foit lors du rétabliffement
du tuyau.
Un réfervoir fe pofe d'ordinaire fur un bâti
de charpente , proportionné pour la force à fa
grandeur, & au poids de la quantité d'eau qu'il
doit contenir : on l'environne auifi d'une cage
de charpente, dont on fortifie les angles exté-
rieurs par des bandes de fer ; & enfin l'on cou*
vre tout l'intérieur de cette cage , c'eit-à-dire ,
le fond & les côtés , avec de fortes planches dé
chêne. Cela étant ainii difpofé, le Plombier, après
avoir pris la meiüre du réfervoir, & coupé fes ta-
bles de la grandeur Convenable, commence pat
pofer les table« du fond, puis celles des angles, &
enfin celles du pourtour & des quatre côtés, eri
obfervant de faire déborder les dernières d'envi**
ron 2 pouces fur le haut de la charpente , afin de
les y clouer. Après cela , il ne s'agit plus que de
fouder toutes ces tables, de maniere à ne permettre
aucun partage à l'eau.
L'on pratique dans le fond d'un réfervoir trois
trous; l'un a, fig. XI.pour le tuyau du trop-plein>
dont on élevé le fommec à un pouce au-deflous des
bords du réfervoir, & dont la fonction eft de don-
ner pafîage à la furabondance d'eau, qui fans cela
courroit rifque de paffer par-deffus les bords : le
deuxième b , pour le tuyau de la diftribution de
l'eau du réfervoir, que Ton élevé de quelques pou-
ces au-deiTus du fond : le troiiiéme c, pour vuider le
réfervoir & le nétoyer. On ferme le dernier tuyau c
qui eft au niveau du fond du réfervoir, bien exacte-
ment par une fou-pape à boucle , faite ordinaiïe-
-ocr page 383-
35$                      Cours
ment en cuivre , & qui peut s'enlever à volonté
par le moyen d'un crochet.
Enfin on termine un réfervoir par placer le
îuyau montant d, qu'on attache en dehors à la
cage de charpente, lequel furmonte le bord du ré-
fervoir & dont on recourbe l'extrémité pour y ver-
fer l'eau y foit que cette eau vienne de quelque dépôt
public , foit qu'elle foit élevée par le moyen d'une
pompe.
                                                    , *
La diitribution des tuyaux regarde particulie-
iement le Fontainier , il n'y a que leur pofe qui
regarde le Plombier ; c'eft pourquoi il feroit inutile
d'entrer dans des détails fur cet objet.
Des Devis de Plomberie,
Il fufEt de déiigner dans les devis ele Plomberie
les endroits où l'on mettra du plomb, de même que
fa largeur & fon épaiffeur, ainii on dira :
:; ;Les plombs de l'enfaîternent de tel comble au-
ront tant de largeur fur tant d'épaiffeur, & feront
contenus avec quatre crochets par chaque toiie
de longueur : les arnortiffemens pèleront tant : les
noues feront dételle largeur & 'de telle épaiffeur:
les arrêtiers auront tantào, largeur fur tant d'épaif-
feur ; les chêneaux auront tant de largeur fur tant
d'épaiffeur ,-& feront contenus par des crochets
efpacés de 18 pouces : les chapeaux des lucarnes
auront tant de largeur fur tant d'épaiffeur; les goû-
tieres peferont tant ; les tuyaux de defeentes auront
tant d'épaiffeur & tant de diamètre ; les hottes ou
entonnoirs peferont tant : les tables de plomb
des terraffes auront tant d'épaiffeur fur tant de
largeur,, &c. le tout bien fondé avec foudùre *
-ocr page 384-
d'Architecture; jyf
Compofée de § de plomb & d'un tiers d'étain fin.
Tous lefquels ouvrages feront bien & duement
faits & pofés fuivant Tart ; & l'Entrepreneur four-
nira pour leur exécution tous les équipages , les
peines ^'ouvriers, le charbon & les voitures né-
ceffaires pour îe tranfport defdits plombs, moyen-
nant les prix & fommes ci-deflous ; fçavoir ,„
Pour chaqïie livre, pefant de plomb laminé , . ' %.
Pour chaque livre pefant de plomb coulé, . . -
Pour chaque livre de foudure, . . . . ·'■>■■· - · *.
Ε χ ρ L ι c at ion de la PL CXXVI1I y
concernant la Plomberie.
La· figure I, éilame portion de toit avec la di£>
poiition d'un chêneau vers le bas. a Chêneait
compofé de tables de plomb relevées fuivant leur
longueur : la partie recourbée qui eil fur le devant
eil à bourelet, l'autre d ei| clouée fur le bas de la
charpente ; c rang d'ardoife à recouvrement fur le
bord du chêneau dy b crochet fervant à contenir le
chêneau ye, ƒ gouttière faillante avec un trou c percé
dans le devant du chêneau pour la commmunica-
tion des eaux; g barre de fer plate, avec une em-
braffurefervant à foûtenir la gouttière; A faillie de-
la corniche où eil aifis le chêneau.
La fig» Il* eil la vue générale d'un chêneau avec
fon tuyau de defcente. a Chêneau | b crochets, c
corniche, d tuyau de defcente, e embraiïure de fer«.
La figure III eil le profil d'un chêneau pris au-
milieu d'un tuyau de defcente.
La fig. IV. eil la forme particuliere d'un des
crochets d9 fig. III, défîmes à contenir un chêneau..
La fig* Vj eil un enfattement : a crochet que;;
JU Vf.
-ocr page 385-
358                       Co ir R s
Von met fur le faîte de charpente, de diftance en
diftance , pour contenir fenfaîtement.
La fig. VI repréfente une cuvette en hotte :
a bord fupérieur terminé en boureiet ; b doifierque
Ton applique contre le mur, ou que l'on recourbe
pour le clouer fur le dormant d'une croifée ;
c tuyaux de defcentes emboîtés l'un dans l'autre ;
d brides de fer ; e jonction de deux tuyaux.
La fig. VII eil une cuvette ronde : a doflîerj
b tuyau de defcente.
La fig. VIII eil une bride ou embraiïure de fer
jfellée dans le mur , pour contenir les tuyaux de
defcentes.
La fig. IX. eit une crapaudine.
La fig. X eil une portion de toit déjà couverte en
partie de tables de plomb : a, crochets ; fr, h pointes
des crochets ; c,d,e, tables de plomb avec un re-
couvrement ƒ Tune fur l'autre, fuivant la hauteur
du toit ; g boureiet que Tori pratique , en repliant
enfemble les extrémités des tables fuivant la lon-
gueur du toit ; h forme particuliere d'un crochet.
La fig. XI, eil le profil d'une partie de réfervoir*
placé dans une cage de charpente couverte de
planches de chêne , fur lefquelles on étend les
tables de plomb -y a tuyau du trop-plein ; h tuyau'
de diilribution ; c. tuyau de décharge fermé avec
une bonde; d tuyau montant élevé au-deiïus de§
Jbords du réfervoir, & fervant à y amener l'eau.
La fîg, XII, offre deux petites plaques de plomb
arrondies par lé bas en forme d'écaillés de poiffon s
§ζ deilinées à être employées, au lieu d*ardoife.
La fîg. XIII, eil un œn%de-bœufa,veçun.e plagie
plomb çlQuée f Kl m ÎQva<
-ocr page 386-
D * A RCHITECTURE*           $$$
DE LA MENUISERIE,
j
$-ik Menuiferie eil l'art de travailler le bois y
de le dreffer , de le corroyer , de l'aiÎembler &.
de l'orner de moulures. Cet Art s'étend à un in-
, finité de befoins : on en fait des portes, des croifées,
des lambris , des parquets , des armoires , des
cloifons legeres , des efcaliers, enfin, toutes fortes;
de meubles, à l'ufage de nos habitations,
Les bois les plus ordinaires dont on fe fert
dans la Menuiferie , font le chêne & le fapiri.
Le chêne > ainii que nous l'avons dit "dans l&
Chapitre de la Charpenterie
, eil de deux efpeces »
l'une tendre> & f autre durej la dernière s'em ployé
pour la Charpente 9 & la premiere pour là
Menuiferie g comme plu* droite » plus égale &
plus aifée à travailler.
• Le fapin e& un bois tendre , de droit fil avec
beaucoup de nœuds : on ne l'employé gueres à
des ouvrages de conféquence T tant parce qu'il
-n'a pas la folidité du chêne, que parce qu'il ne
fe travaille pas aulîi proprement.
g On dit dans les* Devis, que tous les bois de
Menuiferie doivent être fains , coupés au moins
depuis cinq ans , vifs ,, fans aubier, fans nœuds
vicieux, fans malandres , fans gelivures , fans
roulures , fans piquures de. vers , ni aucune
pourriture ; expliquons de quelle conféquence
peuvent être chacun de ces. défauts dans la
Menuiferie.
■··■ Du bois mon, ou qui eil verd , fe pourrit ou
Ζ iv
-ocr page 387-
36o                    Cours
fe tourmente fans ceffe : l'aubier eil une partie
de bois à demi-formé, qui fe trouve immédia-
tement fous Fécorce, & qui. n'ayant pas encore
acquis toute fa coniiilance , demande conféquem-
ment à être enlevé avec foin : un nœud efl le
paifage d'une branche à travers le corps de Far-
bre , qui, en perçant une planche , fepare fou-
vent (es fils , au point d'y produire un trou ; le
fapin , fur-tout , eil plus que tous les autres
bois , fujet à cet inconvénient : les malandres,
font des efpeces de veines graiTes , rouges ou
blanches , qui font des parties plus tendres que
le reile du bois , & qui pourrifïent d'ordinaire
promptement : les- gelivures ou bois gelifs , font
des fentes ou gerçures produites par de fortes
gelées : enfin les roulures , font des féparations
dans le bois qui ôtent la iiaifon. \ '
Tous les bois de menuiferie font de fciage »
, & fe débitent par planches ou membrures , plus
ou moins longues 5 & plus ou moins épaiifes.
On dillingue le bois de chêne , que l'on employé
aux ouvrages de menuiferie, fous les noms de
bois de chêne de POfges , de'; bois de chêne Fran-
çois
, & de bois & Hollande ;· & le bois de fapin,
fous, les noms de fapin dAuvergne, rr & de fapin
de Lorraine.
On les achette für le port & chez
les Marchands à Paris, fuivant de certaines
longueurs , largeurs & épaiifeurs déterminées ;
& comme il eil utile , pour apprécier les travaux
de menuiferie, de connoitre le toifé & le prix
de chacun de ces bois , à raifonde leurs différentes,
quaiités,nous croyons devoir entrer dans ce détail.
L„es bois de chêne de Vofges fe réduifent tous
pour la vente chez les Marchands , à I pouce
a'épaiifcur « fur io pouces de largeur, & fe
-ocr page 388-
^Architecture.           361
payent ordinairement le cent de toifes eoiirantes
150 liv.
Il y a aufli de ces mêmes bois d'une qualité
fupérieure , qui fe payent depuis 170 liv. juf-
qu'à 1 So liv.
Les bois d'Hollande fe réduifent également à
I  pouce d'épaiffeur , fur 10 pouces de largeur ,
en obfervant que le pouce d'Hollande n'a que
II  lignes de France, ce qui fait que ces bois fe
livrent à Paris à 9 pouces de large , fur 11 lignes
d'épaiffeur : ils fe payent maintenant 170 liv. le
cent de bois ordinaire. .
Quant au même bois de premiere qualité, &
en bois large depuis 12 pouces jufqu'à 15 pou-
ces, quoique toujours réduit à 9 pouces dans la
îivraifon, il fe paye 230 liv. le cent de toifes.
Les bois de chêne de la fcierie de Fontaine-
bleau , n'ont qu'environ 8 pouces \ de large , &
font réduits à I pouce d'épaiffeur, tant en bois
mince qu'en bois épais, & fe payent 170 liv.
pris fur le port.
Les bois de chêne François de 15 lignes -d'é-*·-
paiffeur , fur 10 pouces de large , ne font point
îufceptibles de rédudion , & fe payent 135 a
140 liv·, & même jufqu'à 145 liv. quand ils font
beaux,
                      1 ■'.■:...■-.'.Λ, û
Les bois de chêne François de 21 lignes d'é-
paiffeur , fur 10 pouces de largeur, fe payent
120 & 125 liv. le cent.
.Les bois de chêne François d'un pöuce f d'é-
paiffeur , fur 8 à 9 pouces de largeur , fe payent
le même prix que ceux de 1.5 lignes d'épaiffeur.
La membrure de bois'de chêne François de
3 & 6 pouces de gros , fe paye 140 & 150 liv.
le cent de toifes,
-ocr page 389-
362                     Cours
Les battans de porte cochere de 4 pouces d'é-
paiffeur , fur 1 pied de large, fe comptent 4 toifes
pour une , c'eft-à-dire , qu'ils fe réduifent à ί
pouce d'épaiifeur, fur 1 pied de largeur ; ils fe
payent depuis 150 liv. jufqu'à 160 liv., à caufe
des entrées, qui iè perçoivent fur ce bois, comme
fur le bois quarré.
Les planches de chêne François de 12 pouces
de largeur, fur 2 pouces ~ depaiiTeur, fe payent
280 liv, le cent de toifes.
Le fapin d'Auvergne de 12 pieds de long , fut
12 ponces de large , & de 14 à 15 lignes d'épaif-
feur, fe paye fur le port 250 liv. le cent de plan-
ches.
: Le fapin de Lorraine de 11 pieds 6 pouces »
paflant pour 12 pieds, de 8 à 9 pouces de large»
fur 11 lignes d'épaiffeur , paifant pour 12 lignes %
fe payent 125 a 130 liv. le cent de planches.
Le fapin de Lorraine de même longueur &
même largeur , fur 7 à 8 lignes d'épaiiteiir, fe
payent 110 liv. le cent de planches.
Le fapin de Lorraine de 12 pieds de France »
fur ίο pouces de large , & 1} à 14 lignes d'é-
pauTeur, fe payent ι jo à 1 5 5 liv. le cent de plan-
ches.
Les planches de chêne provenant des déchi-*
rages des bateaux , fe vendent à la toife fuper-
ficielle, à raifon de 5 & de; £ liv. 10 fols·.:
Les planches de fapin provenant auffi des dé^
chirages de bateaux , fe vendent à raifon de 4 liv*
10 fols la toife fuperfîcielle.
Nous donnerons vers la fin quelques exemples
de la maniere de parvenir à rcilimation des
ouvrages de Menuiferie , en ayant égard aux
différents toifés açs bois ci-deffus a & à la quaa-
• ; .__'..
-ocr page 390-
d'Architecture. 363
fîté qu'il en faut de chaque forte pour les opérer,
ainfi qu'à leurs différents prix aduels chez les
Marchands ; lefquels prix cependant peuvent être
fufceptibles de variété, àraifon , foit de la
rareté des bois, foit des droits qu'on y met, &c.
Après le choix des bois & leur achat, leur
affemblage eit ce qui merite le plus d'attention
dans la Menuiferie, par rapport à la folidité &
à la beauté d'un ouvrage. Nous avons repré-
fente les principaux dans la Planche CXXIX;
A , affemblage à rainures & languettes, qui eft
le plus ordinaire; B, affemblage à tenon & mor»
toife ; C , affemblage à onglet ; D , affemblage
à queue d'hyronde pour joindre deux aïs a
équerre; Ε , autre affemblage à queue d'hyronde
pour joindre deux ais bout-à-bout ; F, affemblage
à clef; G, affemblage en fauffe coupe ; H, affem-
blage quarré ; I, Deux différents affemblages à
trait de Jupiter pour alonger le bois.
Nous croyons inutile de nous étendre^ fur ces
affemblages , de même que fur nombre d'autres,
en ffûte , à mi-bois, en enfourchément double
ou ffmple , &c. &c. dont la connoiffance eft
en général plus du reffort du Menuifier que de
1 .A rcrntfîcic
           »
C'eit par le moyen de ces affemblages que l'on
réunit folidement les bâtis, les panneaux & les
différents compartiments des ouvrages de menui-
ferie. Dans le premier Volume de ce Cours, M.
Blondel a enfeigné la maniere de tracer géométri-
quement les moulures, & dans le Chapitre de la
décoration intérieure.mi
commencement du Volume
précédent, nous avons appris comment il convenoit
<te les varier & difpofer, pour former,.par leur
-ocr page 391-
3^4 ' 'f < c o υ Rs" ' ';'-"
proportion , un effet agréable dans les différents
cas. Ainfi il nous fufEra de rappeller, en géné-
ral , que les moulures propres à la Menuiferie
font de deux fortes , les unes rondes , & les au-
tres droites. Les rondes font les becs de corbin ,
les tores , les douanes, les talons , les cavets,
les quart-de-rond, les congés , les gorges, les
^guettes , les Mels & les ailragales Les mou-
lures droites font, les larmiers , les faces d'archi-
trave , & les filets. Tout Fart de leur compofi-
tion, avons-nous dit alors , c'eil de diilinguer
les circonftances- où il convient d'employer les
unes pmtôt que les autres | c'eil de favoir les
proportionner fuivant les occafions , c'eil d'en
iaire un choix judicieux , c'eil de varier les mou-
lures rondes & droites , les grandes & les petites g
<ie façon que ces dernières faffent valoir les
autres, & fervent toujours , fait à les détacher,
loit a les dégager, r
La Menuiferie des bâtiments fe diilingue en;
mobile & dormante ; la mobile comprend les por-
tes-, les croifées , les contrevents , tout ce qui
doit couvrir ou fe fermer ;. la dormante, com-
prend les lambris , les parquets , les cîoifons ,
les eicaliers , en un mot tout les ouvrages qui
relient en place. Nous allons parler fuccefïive-
ment de ces différents ouvrages ,.. eu égard à ce
qui conilitue leur folidité , aux épaiffeurs de
bois que chacun d'eux exigeiuivant leur étendue*
& enfin aux confidérations particulières que de-
mande leur pofe ; tous objets dont un Archiv
teäe; doit être inftruit? & en état d'apprécier.
-ocr page 392-
^'Architecture:          36$ ,
C Η Α Ρ Ι Τ R E PREMIE R.
De la Menuiserie mobile,
? 1.....-----------==5=3=3-----:—:—γ— "■ s 1 s
Article Premier.
Des Portes.
V/ Ν appelle portes , toutes les ouvertures & bayes
que l'on pratique dans les murs pour entrer ciim
lieu dans un autre. Il y en a de deux fortes j
les portes intérieures , que Ton diitingue en
grandes, moyennes & petites ; les portes exté-
rieures , qui font les portes cocheres , & les portes
bâtardes.
Les grandes portes des appartements, font les,
portes à placards, à deux venteaux. Leur forme la
plus ordinaire eit la quarxée ; elle eft auiîi la plus
commode » & même la feule où l'on puiffe prati-
quer des portes ouvrantes dans les épaûTeurs aes
murs.
On peut cependant les faire auiii bombées
& cintrées, en pratiquant des dormans dans les
cintres qui ne s'ouvrent point. On donne à ces
portes depuis 4 pieds jufqu'à 5 pieds ~ de lar-
geur ., & de hauteur au moins le double de la
largeur.
une porte à placards ςίΐ: compofée en général,
fig. I, II , III & IV , Pli CXXX , d'un double
chambranle iz,avec fa traverfe b , de deux ventaux
c, c P à double parement ; chaque ventail c a
-ocr page 393-
$66                       Cour $
deux battans d9 d, & quatre traverfes horifon-
tales e , f,g, h, & eft compofé de trois panneaux
e, i, Λ, affemblés dans des cadres /, ornés de
moulures. Entre les chambranles » fîg. Il, font des
embrafements m, revêtus de panneaux, avec des
cadres correfpondans pour les hauteurs à ceux
des venteaux ; au-deffus eil un plafond n.
On voit, flg. III, le plan de cette porte, &
fig. IV , tes profils avec des lettres de renvoi ,
' correfpondantes à celles des figures précédentes,
pour faire, mieux juger de la liaiibn de toutes (es
parties.
Les panneaux c , k , i, font affemblés à rainures
& languettes dans les cadres /; & les cadres /,
font affemblés à leur rencontre à onglets ; les
montans a des chambranles, font auffi aifemblés
à onglets avec la traverfe b ; enfin les traverfes
horifontales e ? ƒ, g, h, s'aiTemblent à tenons &
mortoifes dans les battans d, d.
Les épaiifeurs des bois des portes, doivent être
proportionnées à leur grandeur. En fuppofant,
par exemple , la porte de 4 pieds 7 de large,
fur 9 pieds 7 de haut, on donnera 1 pouce -~ d'é-
paiffeur, aux deux battans d9 d^iutz pouces 7 de
ι champ , fans comprendre une largeur d'environ
6 lignes, néceffaire pour la feuillure fur l'un de
ces battans près le chambranle ^ & la moulure
que l'on pouffe fur l'arrête de l'autre battant pour
l'ouverture du milieu : on donnera auiîîaux tra-
verfes horifontales I pouce ~ d'épaiffeur , mais
avec différentes largeurs ; celle h dans le bas,
aura la hauteur du focle du chambranle ; celle t du
haut, aura 2 pouces | ; & les traverfes ƒ & g au-
ront environ 3 pouces \, Pour ce qui eit des cadres
l, leurs profils peuvent être à grands & à petits
-ocr page 394-
d'Architecture.           36?
cadres. Les profils à petits cadres font à fleur des
battans d, ou des traverfes e, f, g, h.y & pris
dans le même bois : on leur donne depuis 15
jufqu'à 20 lignes de largeur, & on les compofe
de peu de moulures. Les profils à grands cadres
font embreuvés dans l'épaiiTeur des battans, des
traverfes ou des bâtis , les excédent en épaineur,
& ne font |>oint pris dans le même bois ; on leur
donne depuis 2 pouces jufqu'à 3 pouces de lar-
geur. Aifez volontiers on fait les panneaux c & i
à grands cadres , & ceux k des frifes à petits
cadres. Il fuiîic de donner 5 pouces de largeur
aux chambranles des portes, qui n'excèdent pas
4 pieds ~ ? fur 2 pouces ~ d'épahTeur, & 1 pouce
d'épaineur au plus aux panneaux des portes
qu; n'excèdent pas 4 pieds { d'ouverture ; mais
quand elles ont 5 à 6 pieds de largeur , les pan-
neaux peuvent avoir 15 lignes d'épahTeur , & les
chambranles jufqu'à 6 & 7 pouces de largeur ,
fur 3 pouces d'épahTeur.
En général , la perfection des ouvrages de
menuiferie , exige que les bâtis foient folide-
tneiït aifemblés , que les panneaux foient faits
avec des planches étroites , & aiTemblées à rai-
nures & languettes , ami qu'ils foient moins fu-
jets à fe tourmenter (1) ; que les languettes por-
tent bien au fond des rainures $·'& qu'en un mot
tous les bois foient de bonne qualité , dreiiés
proprement , corroyés & rabotés jufqu'au vif,
de façon qu'on n'apperçoive aucun trait de fciage ,
& qu'il ne fe trouve aucun nœud vicieux, dont il
( 1) Autrefois on réunhToit les planches des panneaux | plat-
joint , mais aujourd'hui pw les aflemble toujours à rainures
& languettes.
-ocr page 395-
368                       Cours
Toit néceiïaire de boucher les troux avec des
tampons , du mailic, &c.i
Les revêtiffements des embràfements m |
peuvent être auffi à grands & petits cadres ,
mais on les fait d'ordinaire à petits cadres ; δε
s'ils ne font pas aiTez larges pour être d'aiTem-
blage , on peut les faire d'une feule pièce, en y
pratiquant un panneau ravallé , lequel doit s'ac-
corder pour les hauteurs avec ceux de la porté«,
Quant aux plafonds , leurs champs doivent s'ac-
corder également avec ceux des embràfements.
Il faut pofer les portes à placards à deux
venîaux, de façon que le milieu de leur ouver-
ture foit bien d'à plomb, vis-à-vis le milieu de
l'enfilade des appartements , & vis-à-vis la tra-
verfe du haut du chambranle , qui doit être d'un
parfait niveau. On doit obferver encore de don-
ner un peu de refuîte , tant fur le plat que fur
le champ , aux montans du chambranle où la
porte eil ferrée , afin de faciliter fon ouverture.
Les chambranles s'attachent avec des broches , ou
ÓQS partes à vis, ou des vis à tête perdue, en-
foncées dans les poteaux de la baye delà porte,
lorfqu'elle eil pratiquée dans Une cloifon ; & avec
des pattes à vis coudées , ou des pattes à plâ-
tre , lorfqu'elle eil pratiquée dans un mur.
Onfait les portes à placard à un ventait, commune-
ment à petits cadres, à deux parements, fig. V, VI,
VII & VIII, PL GXXX , pour les cabinets & les
entre-fols , auxquelles on donne depuis 2 pieds
jufqu'à 3 pieds de largeur fur 6 & 7 pieds de hau-
teur. On les orne également de double chambranles
a, de battans b, de traverfesr, & de panneaux d. Les
battons ont 1 pouce J d'épahTeur ; les panneaux
9 lignes d'épaiifeur ; les chambranles 4 à 5 pouces
-ocr page 396-
ϊ>* A R G H Ι Τ Ε C Τ U R Ë.           36*9
èe. large , fur 2 pouces d'épaiffeur : les embrafe-
ments & plafonds fe font avec des panneaux ra-
vallés ou d'affemblage , félon la place. On peut
voir, par la comparaifon du plan, de l'élévation &
du profil de cette porte , la diipofition relative
de toutes (as parties,
Dans les maifons communes & les lieux de
fureté 5 on fait des portes pleines en chêne ,
de 1 <) lignes environ d'épaiiïeiir, dont hs plan-
ches font blanchies des deux côtés , collées &
silemblées avec des clefs fur la hauteur, jointes
à rainures & languettes, & dont les extrémités
fupérieures & inférieures font emboîtées dans des
traverfes auiîi de chêne > à tenons & mortoifes.
On fait également des portes avec des planches
de fa pin , emboîtées de chêne haut & bas, &
blanchies des deux côtés : enfin , on fait des portes -,
foit de chêne pour les caves , foit de fapin, fans
emboîtures , & dont les planches font contenues
par derriere avec deux ou trois barres de bois
qui y font clouées. Les portes de remifes à deux
venteaux fe font, ou en chêne, ou bien en fa-
pin de forte qualité, de 15 lignes d'épaiiTeurv
avec feulement une planche de chêne fur les rives
du côté des pantures , & un battement auffi de
chêne : lefdits venteaux s'aifemblent à rainures &
languettes , font blanchis par un parement, &
barrées par derriere, foit en croix de Saint-André,
foit en écharpes*
Les portes cocheres doivent être de largeur
& hauteur convenables pour l'entrée des voitu-
res. 11 faut qu'elles aient au moins 8 pieds de lar-
geur entre les tableaux, & en hauteur à-peu-
près le double de la largeur, à moins qu'il n'y
ait quelque obftacle de la part des planchers.
Tome FL·
                        '             A a
-ocr page 397-
370                       Cours
En ce cas , on fe contente de les faire ouvrir
dans une partie de leur hauteur jufqu'à environ
12. pieds , & Ton feint le refiant de la partie fupé-
rieure de la baye, dans laquelle on pratique ,
ioit des croifées ou des œils-de-bœuf pour éclai-
rer les entre- fols , foit des tables décorées de mou-
lures & de divers ornements
Ges portes font toujours compofées de deux
venteaux quarrés , cintrés ou bombés , ouvrant
d'ordinaire à feuillure, & dont la force des bois
ie proportionne à leur hauteur. Les battans des
rives ont communément 4 pouces d'épaifFeur, fur
Il pouces de largeur , & les battans meneaux de
fermeture 8 à 9 pouces ; les bâtis ont 3 pouces
tTépaiileur, les cadres 4 pouces d'épaiiTeur , &
les panneaux 1 pouce - , & quelquefois 2 pouces
d'épaiffeur. On met des parquets dans le bas, au
lieu de panneaux, à defïein de mieux fortifier ces
endroits contre le pafîage des voitures , fans
compter qu'on les revêtit fouvent de bandes de tôle
vis-à-vis le moyeu des roues. Ces fortes de portes
ne fe font pas à double parements ? mais on
remplit le derriere du côté de la Cour de gros
bâtis & de panneaux arrafés. Pour l'intelligence
4e Faifemblage de toutes les parties d'une porte
cochere , on peut confulter les profils détaillés
en grand , que nous avons donné Planche II du
Volume précédent.
La pofe des portes cocheres n'a point de diffi-
cultés ; c'efi l'a bonté des fcellêments de leurs
gonds & des crapaudines qui reçoivent leurs pi-
vots , qui fait toute leur folidité ; nous verrons
dans /e Chapitre de la Serruerie en quoi confifte
leur ferrure. La feule attention à avoir, lorfqu'on
îes met en place, e'eft de bien caller leurs ven- j
-ocr page 398-
d'Architecture.           371
teaux de toutes parts, & de les tenir ainii en
refped , fans les ouvrir pendant un jour ou deux,
afin que le plâtre des Scellements de leurs gonds
ait le tems de lécher & d'opérer toute fa priié.
On fait auiîi des portes d'entrée pour fermer
les allées , que l'on nomme bâtardes ; on leur
donne depuis 4 pieds jufqu'à près de 6 pieds de
largeur ; elles fe font à un parement , & s'opè-
rent à peu-près comme les guichets des portes
cocheres , tant pour la. forme , que pour l'épaif-
feur des bois ; & l'on y met également un parquet
dans le bas pour plus de folidité.
Les portes d'Eglife fe font à double parement ;
il n'eft pas d'ufage d'y faire de parquet dans le
bas ; & la feule attention à avoir clans leur dif-
poiition , c'eft que quand on y met un guichet, il
faut le faire ouvrir dans le compartiment des
cadres des panneaux , fans äffeäer de lui donner
une figure apparente, comme dans la plupart
des portes cocheres.
■Α R Τ Ι C L Ε Ι Ι.
Des Croifées.
On fait les Croifées de plufieurs formes ,
quarrées, cintrées, bombées , avec impofte ou
fans impoile. On les ouvre ? foit à gueule de
loup , foit à noix , foit à feuillure ou à doucineé
Il y en a de grandes , de moyennes & de petites.
On donne de hauteur à la plupart des croifées»
à-peu-près le double-de leur largeur , & quelque-
fois jufqu'à deux fois & demi. Lqs croifées ordi-
A a ij
-ocr page 399-
Jfi                    Cours
«aires ont environ 4 pieds de large, fur 9 à IO
pieds de haut ; & les plus grandes ont depuis
5 jufqu'à 6 pieds de largeur , fur 14 à 1 5 pieds
de hauteur.
On doit proportionner la force des bois à
leur étendue ; c'eft une regle générale pour tous
les ouvrages de menuiferie. En fuppofant une
croifée 4e 4 pieds de large , fur 9 pieds de haut,
on donne à-peu-près les dimenfions fuivantes à
fes principales parties;
Le dormant a , fig. X , Pi, CXXXI, & fa
traverfe du haut b, a communément 2 pouces \
«fépaiffeur, fur 3 pouces de largeur, s'il n'y a
tpas d'embrafements ni de volets <, ou bien 4
pouces s'il y a embrafements & volets ; ce qui
occaiionne cette grande largeur. du dormant,
c'eft fur-tout l'épaifleur v des volets qui y font
ferrés. Les dormans font arrafés par derriere
avec les chaffis, & à leur rencontre on fait un
petit renfoncement pour loger les fiches ; mais
quand il doit y avoir des volets , on pratique
en outre , à la rencontre du dormant, une feuil-
lure d'environ 6 lignes quarrées pour les recevoir,
fans compter qu'il faut toujours faire dans fon
épaiffeur une noix pour loger le chaffis. La
fig, XIV , PL CXXXIÏ, exprime le profil par-
ticulier de cet arrangement ; a , dormant ; b ,
feuillure; c, petit renfoncement pour loger les
fiches ; d, nojx du battant du chaffis; e9 volet;
ƒ > revêtiiTement de 3'embrafement.
La pièce d'appui c fig. X, a au moins 3 pouces \ ,
fur 3 pouces , & eit terminée en dehors en quart
de rond ; on y fait un« feuillure par-deÎTous pour
recevoir la faillie de l'appui de pierre e, difpofé
en revers d'eau.
f ''.'■■■ ■
-ocr page 400-
/ ■'■■'
D * A RCHITECTURL^         ff$
Les battants meneaux d, ont enfemble à-peu-
près 2 pouces\ d'épaiiTeur, fur 3. pouces l- de
largeur : on les fait ouvrir à gueule de loup s
comme dans la flg. XVI a ou à doiicine s comme
dans la fig. XVII.
Les battants e,, e ,, fig. Χ , dès ehaiïïs à verre ,
& la traverfe ƒ du haut, ont 1 pouce \ d'épaif-
feur, fur 2 pouces γ de largeur : îa traverfe h
du bas , que l'on nomme jet-d'eau , doit avoir
environ 3 pouces de hauteur , y compris 1 pour
ce £ en dehors de plus épais que le chaflis. Cette
faillie eil toujours formée en doucîne pour re-
jetter les eaux , & même , afin de mettre obiiacle
à ce qu'elles puiflent pénétrer par-là dans les
appartements , on refouille fous le devant du
jet d'eau un efpece de canal en forme de lar~
mier.
Depuis quelque tems. , pour empêcher abfo-
lument les eaux de filtrer s comme il arrivoiî
quelquefois malgré le larmier , on- s'ëfl avifê
d'ajouter encore un petit canal fur la pièce d'ap^-
pui dans toute fa longueur , que l'on difpofe en.
pente vers îe milieu de la croifée , & dans le
fond duquel on perce un petit trou à travers la
pièce d'appui % pour rejetter en dehors les eaux
qui franchiroïent le larmier ; expédient qui réuflit
très-bien , & qui merite d'être imité.
La fîg. XV, PI. GXXXII, fait voir tout c@
détail ; a , eil l'appui de pierre ;, h9 eil. la pièce
d'appui ; c , la feuillure pour loger îe. revers d'eau *
d, traverfe du bas du chaffîs avec fon rejet d'eau é%
ƒ , larmier ; g, canal pratiqué îe long du deiïus
de la pièce d'appui; H\ petit trou, à travers ïas.
pièce d'appui pour faire écouler ea dehors \sk
A a ii|
-ocr page 401-
$j4                       Cours
eaux qui entreroienr dans îe canal g ; i, le bas
du voler que Ton fuppofe fermé.
Les petits bois i, fig. XVIII , fe font, foit à
pointe de diamant, foit avec des profils à petits
cadres : ils s'opèrent avec de petits montans af-
femblés en enfourçhement dans les traverfès hori-
ibntales. Pour ce qui efl de la proportion des
carreaux, on fait qu'on leur donne un quart de
hauteur plus que de largeur.
Les imposes k , que l'on met pour diminuer
la trop grande élévation des chafïis , ont commu-
nément 334 pouces de hauteur , fur à-peu-près
autant d"épai!Îeur, & s'accordent, quand les croi-
fées font cintrées , avec la naiflance de leur cin-
tre. On les termine , %. XIX , Planche fui vante,
par des becs de corbin à ; & de plus on fait la
traverfe du bas b du chaffis fupérieur en jet
d'eau avec un larmier c. Les chaiîis inférieurs d,
s'ouvrent fous ces impoftes , & le plus fouvent
les chaiîis fupérieurs b font dormans , ou du
moins ne s'ouvrent que pour la commodité du
Vitrier.
Pour ce qui eit des croiiees l,.'à grand car-
reaux , fur la droite de la fîg. X , qui font au-
jourd'hui très-en vogue, on fupprime les montans
au milieu de chaque ventail & l'on fait chaque
carreau de la largeur du ventail, en obfervant
de proportionner à l'ordinaire fa hauteur à fa
largeur : à raifon de la grandeur des carreaux ?
on donne jufqu'à 1 pouce \ d'épaiffeur &: de lar-
geur aux traverses qui s'aifemblent dans les mon-
tans des chaiîis à verre à tenon, & que l'on
orne de différens profils : il faut fur-tout recom-
mander aux Ouvriers de faire d,es feuillures
-ocr page 402-
d'Architecture.           jgj$
profondes pour loger les carreaux ; car il pèchent
fou vent par-là.
Les affemblages des portes-croifées ne font pas
différents de ceux des croifées : on obferve feur
lement de les fermer , pour faciliter de les ouvrir
en dehors, à doucine ou à feuillure, fig- XVII*
& de mettre dans le bas un panneau, dont la
hauteur s'accorde, foit avec celle des banquettes
des autres croifées , foit avec celle des lambris
d'appui.
Les volets ou guichets que Ton met derriere
les croifées , font compofés de battans, de tra-
verfes , de panneaux & de frifes , difpofés par
compartiments : ils font aflez fouvent brifés en
deux, & quelquefois en trois parties , pour fe loger
dans les embrafements. Leur hauteur eii déterminée
par celle des chaiïis d'une croifée, plus un recou-
vrement de 5 ou 6 lignes fur le dormant. Les bâtis
doivent avoir au moins ι pouce d'épaineut, &les
cadres des panneaux être ravallés. On donne de-
puis ι pouces jufqu'à 3 pouces de champ, fois
aux traverfes entre les moulures n foit aux?
montans des rives des volets ; & pour ce qui eifc
des montans de brifure , &. il eil d'ufage de
donner aux deux enfemble 1 pouce de plus. On
a vu l'application de tout ce que nous venons
de dire dans les développements que nous avons
donné des profils des portes de menuiferie * dans le
Traité de la Décoration intérieure , Chapitre I, ainft
on peut y avoir recours, comme à un Supplément
ncceffaire , qui nous difpenfera d'entrer mainienane
dans un plus grand détail.
■ L'on fait volontiers des doubles croifées dans
les appartements expofés au, nord ,,. qui mentent
une attention toute particuliere , pour ne point
A a iy
>
-ocr page 403-
37<5                       Cours
ôter du jour quand elles font fermées, & afin que
la croifée intérieure avec {es volets ne puiife
nuire aucunement à l'autre, quand on veut l'ouvrir.
Nous avons exprimé, PI. CXXXII, fig. XIII, l'ar-
rangement de leurs chaffis. On voit d'un côté la
moitié des doubles chaffis dans la fituation où ils fe
trouvent étant fermés ; & de l'autre côté les mêmes
chaffis ouverts, ainfi que.le volet plié & caché
derriere le chambranle : a,à , dormant du chaffis
intérieur \ b, b chaffis à verre, dont la traverfe du
bas n'a pas befoin de rejet d'eau dans ce cas;d
meneau ouvrant à gueule de loup je dormant du chaf-
fis extérieur fcellé dans une feuillure ; ƒ chaffis à
verre avec au contraire un jet d'eau à la traverfe
du bas; g meneau ouvrant à feuillure ou à douane.
Le tout dépend , pour opérer avec fuccès ces
doubles croifées , de faire les meneaux & lesmon-
tans des deux chaffis, ainiî que les traverfes des
petits bois d'égale largeur & hauteur , de façon
qu'étant fermés, ils fe trouvent vis-à-vis les uns
des autres; & fur-tout de faire le montant du chaf-
fis à verre intérieur d'une largeur ftiffifante pour
anticiper de fon épaiffeur für fori dormant ; d'où il
s'enfuivra qu'étant ouvert »■ il n^excedéra pas le ta-
bleau delà croifée, & que le chaffis extérieur le
joindra précifement, Si ne diminuera que de fon
épaiffeur la largeur de la baye.
Les petites croifées ne différent àes grandes
que par la force des bois , leur hauteur, largeur,
& le nombre de leurs carreaux. Leurs ouvertures
s'opèrent de trois manières. ;
1° A noix , & pour lors on arrondit l'arrête du
battant meneau, & on fait fur ce même battant une
rainure dont on arrondit l'arrête, afin de répéter
îe jeu que l'on a été contraint de donner à fou»
-ocr page 404-
d'Architecture.          377
verture ; 2° à chanfrin ou douane, alors on fait
une baguette méplate de 7 à 8 lignes , qui fert à
corrompre le joint, & à empêcher d'appercevoir
que l'ouverture ne fe fait pas tout-à-fait dans le
milieu j 30 à feuillure à moitié bois avec des ba-
guettes , ce qui rend les deux meneaux d'une lar-
geur égale.
Dans les maifons 011 l'on veut faire peu de dé-
penfe, on fait les croifées à coulhTes , qui n'ont
befoin d'aucune ferrure. Elles font composées d'un
dormant avec un montant au milieu, d'un importe
& de 4 chaiîis , dont les deux fupérieurs font
immobiles dans le dormant, & les deux inférieurs
fe meuvent dans des coulifTes. On donne à ces
dormans près de 2 pouces ^ à 3 pouces de largeur
fur environ 2 pouces d'épaiiTeur, quand on ne veut
pas de volets ; car ii Ton en admet , il faut leur
donner 3 pouces , afin que défafleurant le chaiîis ,
ils forment une petite faillie pour porter les volets :
on donne aux chaiîîs à.verre 2 pouces ~ de lar-
geur fur 15 lignes d'épaiiTeur, & on fait leurs petits
bois à plinthe élégie , ou bien on les aiTembe à
pointe de diamant dans leurs bâtis.
Les croifées en jaiouiies , dites Perfiennes, font
à deux venteaux; leurs battans fe font d'un pouce
& demi ou de deux pouces, quand elles ont environ
4 pieds ~ de largeur : elles s'ouvrent avec pomelles
fans dormant, ou avec un dormant de 2 pouces
d'épaiiTeur fur 2 à 3 pouces de largeur. On fait
ces jaiouiies avec importe , lorfqu'elles furpaiTent
12 pieds de haut, ou qu'elles font ceintrées dans
leur partie fupérieure.
Quand il s'agit de pofer une eroifée , il y a quel-
que confédération à avoir ; û le mur eil en moilon,
le Maçon eft obligé de faire des entailles dans le
-ocr page 405-
378                      Cours
tableau pour fceller la pièce d'appui & les importes
s'il y en a: mais ii le mur eil en pierre de taille,
il eft d'ufage de couper la faillie des impoftes & des
pièces d'appui à Farrafement des tableaux. Après
cette opération, le dormant de la croifée eft en
état d'être placé dans les feuillures , en obfervant
de mettre la pièce d'appui bien de niveau & de
la bien eneaitrer dans le revers d'eau, afin qu'elle
porte exactement fur la pierre d'appui de la croifée,
tant en dedans qu'en dehors. On arrête ce dormant
avec des pattes à plâtre que l'on fcelle dans les
ernbrafemens , & que l'on attache avec des clouds
fur les dormans. Cela étant fait, on pofe leschaf-
fis à verre qui doivent avoir été ferrés, ainii que les
guichets , d'avance : enfin on finit par fceller le
dormant dans les feuillures où il eu encaâré , &
par remplir les petits intervalles, qui peuvent fe
trouver entre, avec du plâtre dans lequel on mêle
de la pouifiere pour amortir fon action. Les cham-
branles des croiiées s'arrêtent avec des pattes cou-
dées à pointe s'ils affleurent lé nud des ernbra-
femens de maçonnerie, ou bien avec des pattes à
plâtre par les côtés , & fur lé devant avec des vis
qui prennent dans les -ernbrafemens.
V~ï"V
-ocr page 406-
d'Architecture.           379
CHAPITRE IL
De la Menuiserie dqrmântev
: mm 1 j 1 1 iijpn ι ι ii ι ■ .ι l'm ι m ι Bu »nui î. jîh» g.1) mm——m—a ι......iiii|iMW——wi
Article Premier.
Z^j Lambris.
\^N diitingue deux fortes de lambris * fçavoir, les
lambris d'appui ο , & les lambris de hauteur /*.,
figure î. PL CXXX, Le premier s'emploie
au pourtour des appartements où l'on, admet des
tapIÂeries ; fa hauteur varie à raifon de l'élévation
de la pièce : il eil compofé de bâtis d'un pouce
d'épairTeur ? de panneaux , de frifes, de cadres &
de pilaires. On le couronne par une cymaife q,
compofée de quelques moulures, & on le termine
fur le parquet par un foele ou une plinthe r. Les
figures XX & XXL PL CXXXÎI, donnent l'idée
des détails d'un lambri d'appui ; a cimaife ; h plinthe\
c
bâtis dont les panneaux peuvent être à grands ca-
dres comme d9 fig. XXI, ou à petits cadres comme e.
Le lambris de hauteur ρ occupe toute retendue
des murs d'un appartement , $ç s'élève depuis le
parquet jnfqu'au deflbus de la corniche : il eft
compofé dans le bas d'un efpece de lambris d'appui
feparé par une eymaife, de celui de hauteur. On
le diiiribue par compartiments de panneaux à grands
& petits cadres qui ont de haufeuc au ®φά&ϊΜ$0ίί.
fois leur largeur % δς qui (qn% fep^ïés par des pi-
-ocr page 407-
3§ο                      Cours
Îairres-î qui ont de haut 8 ou 9 fois leur largeur.
On fait tous les champs égaux, entre les panneaux,
& l'on donne aux bâtis un pouce ou un pouce &
demi d'épaiiTeur fuivantleur étendue, en obfervant
de laiiTer les boffages néceiTaires pour la fcul-
pture des ornements.
On peut faire les lambris, tant d appui que de
hauteur entièrement en chêne , ou même tout en
fapin : mais fouvent on fe borne à faire les bâtis
en chêne de 15 lignes d'épahTeur, & à les remplir
de panneaux de fapin de o. lignes , avec des plin-
the & cymaife de chêne.
Quand on admet des ornements dans une déco-
ration de menuiferie au milieu des panneaux, on a
le choix , ou de prendre les ornements dans la
maiTe du bois , & de laiiTer en conféquence des
boiTages fuffifans , ou bien de finir l'ouvrage
comme s'il n'y en avoit pas , pour y rappor-
ter enfuite les ornements , les trophées , les guir-
landes que l'on fait à part , en obfervant de les
faire profiler fur les moulures où ils paiTent. On
arrête ces ornements avec de petites pointes, ou
bien avec des vis, quand ils font confidérables ;
& on les colle fur la menuiferie. Le premier pro-
cédé vaut beaucoup mieux que le fécond , en ce
que les ornements font plus folides étant faits à
même la maife du bois.
Π faut prendre garde depofer des lambris de
menuferie fur des murs trop nouvellement faits *
& dont les plâtres foient encore humides. Si l'on
ne peut s'en diipenfer, il eil néceiTaire de laiiTer
un petit intervalle entre le lambris & le mur au
moins d'un demi-pouce : le plus fur , au furplus >
eil d'imprimer, en ce cas, le derriere des lambris
de deux ou trois fortes couches de couleur à
-ocr page 408-
d'Architecture. $Βι
îhuiîe; ce qui facilitera l'évaporation de l'humidité»
ou du moins l'empêchera de faire travailler le lam-
bris en s'y attachant.
Les lambris , foit d'appui , foit de hauteur,
doivent être pofés bien d'à plomb & de niveau le
long des murs : les languettes doivent être em-
boîtées bien j liftes dansles rainures, & toutes les
faillies être bien jointives. Il faut calîer par der-
riere les endroits des murs , qui fe trouvent for-
mer des creux, afin de bien dreffer les boiferies
dans tous les fens, & de les faire porter bien éga-
lement fur la face des murs. On pofe le lambris
d'appui, en arrêtant la cymaife par deffusavec des
pattes à pointe ii c'eir dans des cloifons, & des pat-
tes à fcellement fi c'eft dans des murs, & en fixant
les bâtis, foit tout Amplement avec des broches , foit
au contraire avec des vis qui exigent que Ton fcelle ,
dans les murs en correfpondance pour les recevoir,
des tampons de bois taillés à queue d'hyronde,
A l'égard des plinthes des lambris d'appui, elles
s'attachent avec des clouds d'épingle. Quant aux
lambris de hauteur, ils s'arrêtent fur les murs de la
même maniere que ceux d'appui.
Article IL
Dés Parquets.
                                                                                                                                     . , ■■'.» ' '
On fait deux fortes de parquets , l'un compofé
de planeurs pièces de bois aflemblées quarrément
ou en lofanges, que l'on nomme iimplement par-
quet
, & l'autre de planches jointes enfemble à
rainures & languettes , refendues de la largeur
d'environ 4 pouces, que l'on appelle parquet de
-ocr page 409-
3§2                       Cours
On donne depuis un pouce jufqu'à deux pouces
d'épaifîeur au parquet : celui de deux pouces ne
s'employe gueres que dans les rez-de-chauilée ., &
dans les lieux où l'on craint rhumidité ; c'eit celui
d'un pouce ~ dont on fait ufage le plus commu-
nément dans les appartements.
Le parquet d'afîemblage eil compofé de feuilles
depuis 3 pieds jufqu'à 3 pieds | en quarré , diitxi-
buées par panneaux arrafés qui forment des com-
partiments de 16 ou 20 carreaux placés diagona-
lement, &feparés par des bâtis d'environ 3 pouces
de large, où ils font aiTemblés à tenons. Il fe pofe,
comme l'on fçait, fur des lambourdes de 3 pouces
de gros -, efpacées d'environ un pied de milieu en
milieu, & placées en travers fur les folives du
plancher ; lesquelles lambourdes doivent être mifes
d'un parfait niveau par deffus , & fcellées fur le
lattis du plancher avec du plâtre en augets , ainfi
qu'il a été expliqué dans la Maçonnerie,
On attache le parquet fur les lambourdes avec
des clouds fans rête de 2 pouces £ de long., que
l'on arrafe : ci devant on enfonçoit les clouds , de
maniere que l'on bouchoit enfuite le trou qui refloit
par deiîlis avec des chevilles de bois , mais cela ne
fe" fait plus. Il n'y a aucune autre obfervation
pour la pofe du parquet , fi ce n'eft de le mettre
d'un parfait niveau , d'alligner les joints de fes
feuilles , de façon que leurs angles fe rencontrent
dans la même prolongation , & d'attendre fur-tout
à le mettre en place, que le plâtre des augets des
lambourdes foit bien (ec , de crainte que l'humidité
ne le faiTe travailler.
                           \
Quelquefois on pofe les parquets fans lam-
bourdes, directement furies folives d'un plancher,
foie quand on eft obligé de fe raccorder avec d'an-
-ocr page 410-
d' Architecture·           383
tres pièces , foit avec une marche-palier qui fe
trouve un peu trop baffe, foit pour diminuer l'é-
paiffeur d'un plancher ; en ce cas , il faut hacher
les parties les plus hautes du deffus des folives ,
mettre des fourures fur celles qui fe trouvent trop
baffes, afin que le deffus du plancher forme un plan
bien de niveau dans toute ion étendue.
Il fe fait des planchers , foit de planches de
fa gin de la forte qualité de 1 f lignes d'épaiffeur,
foit de planches de chêne d'un pouce ~ } &
même de 2 pouces d'épaiffeur, dont les planches
font jointes à rainures & languettes 5 blanchies
par un parement, & pofées auffi fur des lam-
bourdes , dont il ne faut que 4 toifes courantes par
chaque toife fuperficieîle.
Pour ce qui efl des parquets , que l'on met
derriere les glaces, furies cheminées ou ailleurs »
ils font compofés de traveries , de montans &
de panneaux, d'environ 1 pied de large. On en-
fonce les panneaux dans les bâtis, de crainte qu'en
les affleurant la chaleur du feu , en les faifant
bomber, ne les mit dans le cas de caffer la glace.
On donne aux bâtis 3 pouces de large , fur £
pouce d'épaiffeur : on les affemble à tenons &
mortoifes dans leur rencontre avec les traverfes.
Les parquets s'attachent aux languettes de che-
minées avec des vis à écroux, que l'on place
dans les traverfes, où l'on entaille leur tête, de
façon à ne former aucune faillie derriere la glace.
L'effentiel eft de faire attention dans ces fortes
d'ouvrages , à les pofer d'un parfait niveau dans
tous les fens, pour que les glaces qui y feront
placées, répètent ]qs objets bien d'à plomb»
\
-ocr page 411-
384                      Cours '
Ι,ι. ι I g                     b >■ -                          Ι            .....",l! , "-ί-J"1" , \"%
Ar ticle III.
Des Efcaliers de Menuiferie.
Les Menuiiiers font des efcaliers de dégage-
ment de diiférentes formes , foit droit, foit quar-
re ', foit circulaire par leurs plans. Les marches
font affemblées d'un bout dans une forte plan-
che de bois , qui lui fert de limon , & font
fcellées de l'autre dans le mur. Souvent du côté
du mur, on met un faux limon pour recevoir
le bout des marches, que l'on nxe au mur par
le moyen d'une ou de pluiieurs pattes coudées;
on affemble d'ordinaire chaque contre-marche à
rainure dans le deffus de la marche inférieure 9
& dans le deifous de la marche iupérieure.
Outre tous les ouvrages détaillés jufques-ici,
les Menuiiiers font des cloifons de planches de
bois de chêne brute , à claire voie, tant plein
que vuide, pour être recouvertes de plâtre , &
aiTemblées haut & bas , dans des couliffes : ils
en font encore, foit en bois de chêne , foit en bois
de fapin, avec des planches apparentes , jointes
à rainures & languettes , de 12 & 15 lignes
d'épaiiTeur , blanchies des deux côtés , & affem-
blées auiîî dans des couliffes haut & bas : enfin
ce font eux qui font les alcovés, les niches ,
les armoires avec leurs tablettes, les contrevents,
les crémaillères de bibliothèque , les tables 5 les
porte-manteaux , les caiffes d'orangers , les bancs
des jardins, &c. &c.
Article
-ocr page 412-
)
d'Archiïectüre*            3§f
Article IV.
De la maniere d'eßimer les Ouvrages
de Menuifejie. ,
Pour parvenir à apprécier les différents travaux^
de menuiferie, il s'agit de fe rendre compte d'abord,
de leurs développements, c'eit-à-dire, des longueurs*
largeurs & épaifTeurs des bois qu'exige chacune de
leurs parties , les battans , les traverfes , les chaffis *
les panneaux , les chambranles, &c* Après cela,
en connoiiïance du prix des bois chez les Mar-
chands , & de quelle maniere s'opère leur toifé
dans l'achat qu'on en fait , on déterminera la
quantité de roifes ou de pieds de bois qu'il faut
invariablement pour exécuter chaque partie d'une
porte, d'une croifée , d'un lambris , d'un parquet $
&c. tellement qu'en les réfumant, on viendra à
bout de découvrir les débourfés du bois qu'il ä
fallu pour tel ou tel ouvrage : après cela il n@
s'agira plus que d'apprécier la main- d'oeuvre , &
d'aiÏÏgner un bénéücQ convenable à l'Entrepre*
neur. Offrons pour exemples Tefrimation d'une
porte à placard, & enfuite celle d'une croifée«
Premier Exemple^
SölT une porte à placard à deux venteäüx s
dans un mur de 18 pouces d'épaiffeuf , ayanf
10 pieds de haut, fur 5 pieds de large dans«
teuvre , aflemblée à cadres embreuvés $ aved
double chambranles , embrafements s plafond
affemblé à boitement > & uqs deffus dé porte d©
4 pieds de haut*
Tarn VU                                        Ëh
-ocr page 413-
|δ5                   Cours
; Il faudra, pour faire les quatre montans des
chambranles , deux planches de 12 pieds de long,
fur 1 pied de large, & de 2 pouces \ d'épaiiTeur,
lefquelles produisent 8 toifes de long , qui, à 150
liv. le cent de toifes fuivant cette groiTeuf, va-
lent ·.......Il 1. ' o f. o d-
11 faudra pour l'exécution des
deux traverfes defdits cham-
branles, qui font enfemble 12
pieds de long , fur 6 pouces de
large, & 2 pouces j d'épaiiTeur,
de même quepour les quatre plin-
thes , qui font enfemble 2 pieds
~ de long , fur 6 pouces de
large, & 2 pouces £ d'épaiiTeur,
2 toifes , 2 pieds de bois , qui> .          ν
à 150 liv.le cent, valent . . 3 10
Pour les quatre battans & les
quatre traverfes des deiîus de
, porte,qui contiennent enfemble -
40 pieds de long , fur 4 pouces
de largeur, & 15 lignes d'épaif-
ièur, il fera befoin de 2 toifes ,
3 pieds, 4 pouces de bois,qui
à 150 liv,, valent . . . 3 16 $
• Il faudra pour les cadres
des deifus de porte en bois de
Vofges , qui ont enfemble 3 <j
pieds de long , 2 pouces de —
large , & 2 pouces d'épaiiTeur,
2 toifes un pied, 4 pouces
de bois, qui, à 170 liv. le cent,
valent........3 15 6
, ·, Pourlespanneauxdefd,deifus
de porte? il faudra huit planches
-ocr page 414-
d'à r bä î τ e e tu re*
m bois de Hollande , chacune
de 5 pieds ι pouce de long,
fur 9 lignes d'épaiffeur , les-
quelles feront coupées dans du
6 pieds , & produifent 8 toifes
qui, à 131 liv. 5 fols le cent,
valent .... . . . . ιοί. i© f. 0 φ
Pour l'exécution des mon-
tans & traverfes dés embrafë-
ments, qui font enfembîe 72
pieds de long, fur 4 pouces de
large , & 1 pouce d'épaiffeur „
il entrera 4 toifes , 4 pieds dé
longueur de planches , qui, à
125 liv. le cent, valent . /.* j ié
Pour les quatre battans &
les traverfes des deux venteaux
de la porte, qui font eniémble
60 pieds de long, fur 4 pouces
de large, & 15 lignes d'épaif-
feur , il faudra 4 toifes dé bois £
qui, à 150 liv. , valent .·■"''. 6
Pour les cadres defdits ven-         . '
îeaux en bois de chêne de Vof-
ges , contenant enfembîe 6}
                 » ■
pieds de long , fur 2 pouces
de large , & 2 pouces ~ d'épaif-
feur, il faudra 4 toifes s 3 pieds,
7  pouces , qui, à. 170 liv. le
cent , valent . ; .< : k; ^ 7 16
Pour les panneaux defdits ven-             ·,· Ζί1
teaux en bois de Hollande d'un s ;
pouce d'épaiffeur, leiquels font
            sl.zl·*
enfembîe 41 pieds de long , fur ; ? ;, . j. ',
9 pouces de large y il faudra 6 , g ;*vVi
Β h ij
-ocr page 415-
588                 e ° ϋΊΙ 5
toifes , 9 pouces de planches,
qui à 175 liv. le cent , valent. ΙΟ 14 4
Valeur du bois né-
ceffaire pour opérer la, porte _________-------,
en queftion....... 69 I. 171. 2. d.
Après s'être rendu compte de
la quantité de bois qui a du
entrer dans l'exécution de
ladite porte , & de ce qu'il
a dû coûter au Menuifier , fui-
              #
vantles prix a&uels, pour con-
tinuer à apprécier la valeur de
cette porte , il faudra paffer à
l'ordinaire à l'Entrepreneur, un
1 Oe des 69 liv. 17 fols 2 deniers
trouvés,pour le déchet des bois,
c'eft-à-dire ...... 6 16 8
Enfuite on appréciera la main-
d'œuvre des différentes parties
de cette porte , fuivant le prix
aduel que l'Entrepreneur la
paye aux ouvriers,quand il |eur
donne l'ouvrage à la tâche;
fçavoir ;
La main-d'œuvre des 9 toifes
ée chambranles, qui ont 6 pou-
ces de profil, à 1 liv. 9 fols la
toife, vaut ...... 13
         « Ο
La main-d'œuvre de la porte,
qui produit 1 toife 14 pieds de
* fuperfîcie , à 15 liv. la toife ,
compris la pofe, vaut , . . ZO 16 8
La main-d'œuvre des deux
deffus de porte » qui contien-
-ocr page 416-
ί
d'Architecture.            389
Rent enfemble ι toife 14 pieds
de fupeifkie , à 1 2 liv., com-
pris la pofe, vaut .... 16 13 4
La main-d'œuvre des embra-
fements, qui produisent 1 toife
1 pied, 6 pouces de fuperfkie,
à 9 liv., compris la pofe 7 vaut. 9 76
Total . . . .1361. 12f. 4a.
Enfin , en paiîant le 5 e des
136 liv. 12 fols 4 deniers de dé-
bourfé à l'Entrepreneur pour
fön bénéfice , {es faux frais ,
fes tranfports , &c. ... 27
        64
On trouvera que la porte
dont il s'agit, avec fes deffus,
peut être eilimée , tout com-_____________
pris, à . . . . .. ,-.';■ . 1631. 1,8f. Bd.
Deuxième Exemple.
Soit une croifée de bois de chêne , de 10
pieds de haut, fur 4 pieds 6 pouces de large
hors-dœuvre du chaffis dormant » garnie de
volets brifés en quatre fur la largeur, & ayant
quatre chaflis à verre avec impolie dans le haut.
Les deux battans du dormant de 4 pouces de
large , exigeront une planche de 12 pieds de long ,
fur 12 pouces de large , & 2 pouces £ d'épaiiieur ;
fur quoi il eft à obferver que les 2 pieds de plus
de longueur doivent être confidérés comme de
nulle valeur , attendu que ces fortes de gros
bois font fendus par les bouts ; & qu'en outre les
4 pouces qui refteront de la largeur, ne font pro-
pres qu'à faire une lambourde : on compte ces
planches fur le port , à 150 Hv. le cenE j ain&
Β b iii
-ocr page 417-
35)Q                      Cours
Jefdits batrans valent . ..'6 1. O f. O d.
La traverfe cintrée du haut
dudit dormant , a 4 pieds 6
pouces de long , fur 9 pouces
de large, & 2 pouces { d'épaiA
feur , & exige I tqife, I pied,
9 pouces de bois , qui,,à-..I-JO
liv. le cent, vaut . . . . I 18 $
Pour la traverfe d'impoiie ,
il faut un morceau de 4 pieds,
6 pouces de long, fur 4 & f
ponces de gros , que Ton ne
peut prendre que dans un bat-
tant de porte cocherè , lequel
produit 1 toife & r pied , qui,
a 150 liv. le cent, vaut . . t If °
Pour la traverfe d'appui, un
morceau de bois ,■ idem. - .. . 1 if Q.
Quant aux cîiafiîs à verre ,
pour faire les deux battans-
meneaux du bas & les deux dit
haut, il faut quatre morceaux de
               -Ai J; -w\
, - bois d'élite fans, aucun nœud,               Λ ^; ï
ayant enfemble 20. pieds de              i ! -
long, fur 4 pouces {. de large,                          :>
Se 2 pouces ^-d'épaiiïeur, lei- und tti-jh
quels produifent 3 toifes , à movrïl-'.o
ιό) liv., ( vu que ce font des î> ^ j =
*%
          bois çTélite), qui'valant , . i%'·^ ίί #>* "Q>
-j Bojir faiçe les deux haçtans.. io'u iu3*j*:i:c
de noix du hi\s & les, deux du/ .
haut 11 il eil befcin de quatr© >;bf:;t ; : «
morceaux de-|>o,k d'élite , en-vr;':,~ 'fiiU >··.
femblede mpiedsde long,fuç« ;, m;j >:■{:
3 pouces j de large 5 % Ip&j&i s; ,j :
ce f d'épaiiTejity
-ocr page 418-
d'Architecture.
De plus , pour les quatre
traverfes du haut, il faut qua-
tre morceaux de chacun 3
           , ^
pouces \ de large * fur enfem-
ble 9 pieds de long , & 1 pouce
~ d'épaiiTeur.
Et enfin pour les quatre
traverfes des jets d'eau , qui
contiennent enfemble 9 pieds
de long, fur 3 pouces \ d'é-
paiiTeur , & 4 pouces de large ;
& pour les petits bois qui con-
tiennent auffi enfemble 45 pieds
de long, fur 1 pouce J de gros :
le tout étant à 1 pouce ~ d'é-
paiiTeur , & de ι ο pouces de
largeur, il faudra pour la totalité
de ces trois articles , 3 toifes
ï pied, 3 pouces de bois, qui, à
ï 60 liv. le cent à caufe de
l'épaiiTeur, valent . . ν < 5 ί· 3 ^
Pour faire les volets ou
guichets , il efl befoin de huit
battans , qui feront coupés
dans des bois de 12 pieds ,
attendu qiiïls ont 9 pieds 6
pouces, & que les 9 pieds fe-
roient trop courts : comme les
"quatre- battans de rive ont 4,
pouces de large, Sl que ceux
de brifure ont 3 pouces de ■-^L
large , ©a obfçrvera qu'on ne-
            ,._·,..,
pourra prendre dans, une plan-
che qu'un battant étroit & un· .
large , & que, par conféquenx
- 't /.,.. Bb-lv;
-ocr page 419-
392.             3 Cours
il faudra pour cela quatre
planches de ι ζ pieds & de
ï <j lignes d'épaiifeur : quant aux
               ι
quatre traverfes fur la hauteur
défaits guichets , elles exige«
font des bois de 4 pouces ~ de
large , fur enfemble16 pieds
de long ; ainii la totalité des , < ■
battans & des traverfes , pro-
duira 9 toïies I pied de plan«
çhes , qui, à I 60 %< le cent,
Valent , ,. . . , . . . 141. %) f. 4<i
Pour les panneaux defdits
volets , il faut 32 pieds cou-
rans de planches de 8 pouces
de large , fur 9 lignes d'épais
feur , ce qui fait 5 toifes y. Π
çil bon d'obferver que les pan«
neaux des guichets s'opèrent
iivec des bois de Hollande ,
yeduits 4 1 pouce d'épaiiTeur.,
qui fe payent 175 liv. le cent,
dont, en retranchant le quart,
il réitéra 131 liv. 5 folsle cent
         ;;.> ,
pour le prix defdits panneaux :
par conféquent les 5 toifes | de
planches néce/Taires pour opé-
rer ces panneaux , valent . 70 Ο
Total du prix du bois . 43 1. 9 *V 9 à.
Le déchet des bois eflimé ,
comme ci devant, im dixième
de 43 liv- 9 ibis , 9 deniers « J 4 *8 ? '
La main-d'œuvre des ou-
vriers, eitimée à 1 liv. 16 folsle
pied de hauteur de croifée. . 18 __________^
Total , . . . 661 ηί* 9<*.
-ocr page 420-
d'Architec ture. 393
Et en appréciant encore, com-
me ci-devant,le bénéfice de l'En-
trepreneur , & (es faux-frais ,
au 5 e de fes débourfés, ou du
prix du bois , & de la main-
d'œuvre qu'il a payé aux tâche-
rons , c'eit-à-dire, à > | . 13
         5 6
Il refulte que i'efiimation to-
taie de ladite croifée fera . . 791. 13 1. 3 d.;
Et que par conféquent le pied
de hauteur de la croifée, qui
à io pieds de haut, peut valoir
8 liv, avec fon volet.
                 .
On peut, en prenant modele fur ces détails ,"
établir la valeur des autres ouvrages de menuife-
rie ; car pour les lambris , par exemple , ce doit
être les mêmes prix que les deffus de porte, qui
peuvent être regardés comme lambris , en obfer-
vant feulement d'établir la pofe à 3 liv. par toife
•■fuperficielle, prix ordinaire que l'Entrepreneur
paye maintenant aux tâcherons.
Il a paru , il y a environ trente ans , un Ou-
vrage fur cette matière , intitulé Détails des Ouvra-
ges de Menuiferie
par 3V1. Potain , dans lequel on
développe ce qu'il entre de bois pour opérer
chaque forte d'ouvrages : comme cette quantité
de bois eil invariable , on peut toujours le
confulter là deffus -, mais pour ce qui regarde
les prix des bois & de la main-d'œuvre , cela a
bien augmenté, & même les bois fe débitent
maintenant, pour la vente chez les Marchands,
diitérement qu'on ne faifoit alors , ainf* qu'on en
peut juger par les détails que nous avons donné
au commencement de la Menuiferie : c'eft pourquoi
il feroit intéreiTant de faire Une réimpreffion de
ce Livre , avec tous ces changements.
-ocr page 421-
$94                       Cour ?
Article V.
Des Devis de Menuiferie,
On doit expliquer dans ces Devis , la qualité
des bois, leur épaifleur pour chaque forte d'ou-
vrages , la grandeur des porres , des croifées,
qu'elle doit être la décoration des pièces , quelles
Î)ieces feront parquetées & lambriffées , foit d'un
ambris d'appui, foit d'un lambris de hauteur, ainfi
on dira :
Tous les bois feront de chêne fains , fecs , fans
aubier, fans nœuds vicieux , fans geriures , fans
roulures , fans tampons , dreifés & corroyés ,
de maniere qu'il n'y reile aucun trait de feiage ;
îefdits ouvrages feront aifemblés à tenons & mor-
toifes , à rainures & languettes , & enfin fuivant
l'Art, tellement qu'il réiulte de leur liaifon la
plus grande folidité ; le tout relativement aux
deiîins & profils qui feront fournis dans le tem&
par l'Architecte.
Dans les caves feront faites tant de portes avec
bois de chêne de bateaux , à joints quarrés,
& avec deux barres à chacune de bois de chêne,
attachées avec des, clouds : leiclites portes auront
tant de hauteur fur tant de largeur,, & au-
ront tant d'épaiiTeur; &: au haut de la defeente
fera faite une porte pleine , de bois de chêne
de if lignes, d'épaiffeur, aifemblée à rainures &
languettes, & emboîtée haut & bas,
Λ Sera faite la porte cochere, de tant de largeur
fur tant de hauteur, aifemblée à cadres , aveb
parquet au b»a§ du parement en. dehorsiA &.&
-ocr page 422-
d'Architecture;          39£
panneaux, recouvert en dedans au droit dudit
parquet, le furplus arrafé ; ladite porte fera à
deux venteaux , dans un defqueîs fera un guichet
auffi aifemblé à cadres & parquets , comme ci-*
deiïus ; les battans meneaux auront tant de lar-
geur fur tant d'épaiiTeur ; ceux des rives auront
tant de largeur fur tant d'épaiiTeur ; les îraverfes
du haut & du bas auront tant de largeur fur tant
d'épaiiTeur ; les bâtis auront tant de largeur fur
tant d'épaiiTeur ; les cadres tant j- les panneaux
tant ; & les parquets' tant.
Sera faite la quantité de tant de portes à pîa·*
çard à deux venteaux , affemblés à grands cadres
ou à cadres embreuvés, à double parements , à
double chambranles avec embrafernents 5 de tant
de hauteur fur tant de largeur , fuivant les defîïns
qui en feront fournis ; les battans & les traverfes
auront tant de largeur fur tant d'épaiiTeur; les
panneaux auront tant d'épaiiTeur ; les grands
cadres auront tant de largeur fur tant d'épaiiTeur ;
:& les petits feront élégis dans les battans à l*or-
■dinaire ; les chambranles auront tant de largeur
fur tant d'épaiiTeur ; les bâtis des embrafernents &
^plafonds auront tant de largeur fur tant d'épaiiTeur ;
& les moulures des compartiments feront élégies
dans leurs, bâtis \K enfin les panneaux des em-r
brafements auront tant d'épaiiTeur.
Sera faite la quantité de tant de portes à pla-
card à un yehtaii , à deux parements, à double
chambranles avec embrafernents : iefdites portes
auront tam de largeur fur tant d'épaiiTeur ; les
battans & traveifes auront tant de largeur fur tant
4'épaiileur; les moulures feront à petits cadres , 8f
élégies dans les battans ; les chambranles auront
$&nt de largeur ίι\ΐ tant d'épaiifor ; les erflbra·?·
ƒ
é
-ocr page 423-
;
39&                       Cours
feraents & plafonds feront ravallés, ou d'affem-
blage , fuivant la place, & auront tant d'é-
paiiTeur.
Sera faite la quantité de tant de portes unies
de chêne, de tant de largeur fur tant de hauteur,
dont les planches auront tant d'épaiiTeur, & fe-
ront jointes à rainures & languettes , emboîtées
par le haut & par le bas dans des traverfes
de 6 pouces de hauteur , & corroyées par les
deux côtés.
Sera faite la quantité de tant de portes de
remife en fapin , de forte qualité , avec une
planche ^ de chêne de 15 lignes fur les rives ,
jointes à languettes & rainures , blanchies par
un parement, barrées par derriere en écharpes 3
avec battemens de chêne dans le milieu.
Sera faite la quantité de tant de croifées , de tant
de largeur fur tarn de hauteur en bois de chêne, ou-
vrant à noix à deux venteaux avec chaiîis dormans ,
& leur pièce d'appui portant jets-d'eau, garnies de
volets brifés en quatre fur la largeur , & ayant
quatre chaffis à verre , avec impofte dans le
haut. Les dormans auront tant de largeur fur tant
cTépaiffeur , & les traverfès d'en bas portant
jet d'eau , auront: tant de largeur & épaifleur en
quarré. Les chaffis à verre auront tant de lar-
geur fur tant d epauTeur ; & la traverfe d'en bas
portant fori reverfeau ·, aura tant de largeur fur
tant d'épaiiTeur. Les battans defdits chaiïis à verre
auront tant d'épaiiTeur fur tant de largeur. Les
petits bois âes chaffis auront tant de largeur fur
'tant d'épaiiTeur, en obfervant les feuillures pour
recevoir le verre. Les bâtis des volets auront tant
de largeur fur tant d'épaiffeur ; & les panneaux
defdirs volets tant d'épaiiTeur ; le tout à tenons &,
mortoifes.
-ocr page 424-
d'Architecture.         397
Sera faite tant de croiiëes à la manfarde, à
coulifles, ou ouvrantes à noix, ayant tant de
large, dont les dormans auront tant d'épaiiTeur
fur tant de largeur ; & les chaiîis à verre tant
de largeur fur tant d'épaiiTeur , & dont les petits
bois feront arondis à plinthe élégie , ou affem-
blés à pointe de diamant dans leurs bâtis.
Sera fait le lambris d'appui de telle pièce * dont
les bâtis auront tant d'épaiiTeur fur tant de lar-
geur ; fi les panneaux font à grands cadres, ceux-
ci auront tant de largeur fur tant d'épaiiTeur, &
les panneaux tant d'épaiiTeur ; la cimaife aura
tant de hauteur fur tant de largeur; le focle avec
fa moulure aura tant d'épaiiTeur.
Sera fait un lambris de hauteur dans telle pièce ,
dont les bâtis auront tant de largeur fur tant de
hauteur ; les cadres auront tant de largeur fur
tant d'épaiiTeur ; les panneaux auront tant d'é-
paiiTeur.
Sera mis du parquet dans telle pièce avec des
lambourdes de tant de grofTeur , dont les bâtis
auront tant d'épaiiTeur, & les panneaux tant
d'épaiiTeur ; lefquels parquets feront arrafés ,
chevillés, pofés en lofange , aiTemblés, cloués
& rabotés fuivant l'Art.
Les parquets pour le derrière des glaces feront
faits avec bâtis de chêne de tant d'épaiiTeur fur
tant de largeur , & remplis de panneaux de chêne
de tant d'épaiiTeur.
Seront faites des cloifons de chêne ou de fapin
dans telle.pièce »avec des planches de tant d'épaif-
feur, aiTemblees à rainures & languettes , & dans
des coulifles haut & bas.
Seront faites tant de cloifons de planches de
bateaux, d'un pouce d'épaiiTeur, à claire voie,
-ocr page 425-
$98                   Cötfts
pour être maçonnées , garnies de cotiliiTes êé
rainures haut & bas , avec des entre-toifes de
pareilles planches en travers , clouées deffus à
une face à mi-étage, avec des poteaux d'huiffe-
rie feuilles pour la latte & pour le battement
des portes.
Sera fait dans telle pièce un plancher de plan-
ches de fapin de la forte qualité 9 ou de chêne,
de tant d'épaiffeur, jointes à rainures & languet-
tes , blanchies par un parement pofées & atta·^
chées en place 5 fur des lambourdes de tant de
groiîèur.
Pour l'exécution defquels ouvrages fpécifiés ci-
defllis , l'Entrepreneur fournira tous les bois *
équipages , peines d'ouvriers , clouds pour les
attacher , à l'exception des broches & des pattes
qui lui feront fournis , enfin tout ce qui lui fera
néceiTaire pour l'entière perfection d'iceux *
moyennant le prix ci-defîbus , favoir ... *
Pour chaque toife fuperficielle de portes à pla-
card de telle grandeur.......é
Pour chaque toife courante de chambranle de
telle largeur & épaiifeiir .......*
Pour chaque toife fuperfkielle de lambris
d'appui & de hauteur........*
Pour chaque pied de hauteur de croifée de telle
ou telle largeur. . . . . * . ■ * . ~.u■'■' é
Pour chaque toife de cloifon en fapin ou en
Pour chaque toife de parquet de telle ou telle
épaiiîeur, &c. , . . ^ ■ . . . . "'é <\ m
m
-ocr page 426-
β* Architecture. jp^
Explication des Planches CXXIX,
CXXX
, CXXXI et CXXXII,
concernant la Menuifirk.
La PL CXXIX , offre les principaux affem*
îbîages des bois de Mermiferie.
A , affemblage à rainures & languettes.
Β, affemblage à tenons & mortoifes.
C , affemblage à onglet.
D, affemblage à queue d'hyronde d'un battant
dans une traverfe,
Ε , autre affemblage à queue d'hyronde de deux
battans boiit-à bout.
F , affemblage à clef.
G , affemblage à fauffe-coupé.
H , affemblage quarré.
I, deux différens affemblagés à trait de Jupiter
pour allonger les bois.
La PI. CXXX, offre les détails d'une porte à
placard , à un & à deux venteaux.
La fîg. I, eff l'élévation d'une porte à placard
à double venteaux & double parements.
La fîg..II ? eft le profil de ion embrafement.
La fîg. III, eft fon plan.
Et la fîg. IV , repréfente les développements
particuliers de fes profils , pour faire fentir leurs
affemblages.
λ, double chambranle avec fa traverfe b ;
c
, k , Ί, panneaux ; d> d, battans ; è ?
f9 %Ύ%",
traverfes ; /1 cadres ornés de moulures ; m, fîg. II,
panneaux de l'embrafement ; η , plafond de
fembrafement ; 0, fîg. I , lambris d'appui j ρ ,
lambris de hauteur \ q , cimaife ; r, focle ou plin-
the f f> pilaftre.
-ocr page 427-
400                      Cours
Les fïg. V, VI, VII, & VII, font voir l'éîé-
vatiori , le profil.,-le plan & les détails de l'affem-
blage d'une porte à placard à un ventail, & à don*
ble parements.
a a , double chambranles ; b ,b , montans ou
battans ; c9c , traverles; d,d, panneaux ; e, fig. VI,
embraiement
Les PL CXXXI & CXXXÎI, repréfentent les
détails d'une croifée.
Les fig. X , XI & XII, font voir l'élévation,
le profil & le plan d'une croifée.
a , dormant avec fa traverfe fupérieure b ; c ,
traverfe du bas du dormant ou pièce d'appui ;
d, battans meneaux ; e, battans des chaffis ;//,
traverfes du haut des chaiïis ; h , traverie du bas
des chaffis avec un rejet d'eau ; , petit bois ;
k , impolie ; l, chaiîis à grands carreaux.
La fig. XIII , repréfente une double croifée
garnie de fes volets ; une moitié de cette double
croifée
eil fuppofée ouverte, & l'autre moitié eil
fuppofée fermée.
a, dormant du chaffis intérieur ;b9b , chaffis à
verre , dont le battant meneau d9 ouvre à noix j
c, volet brifé en deux parties , & dont la brifure
+ eil cachée par la faillie du chambranle de la croi-
fée; e, dormant du chaffis extérieur;/, chaffis à
verre ; g, battant meneaux ouvrant à doucine.
La fig. XIV , eil le profil du dormant d'une
croifée, pour faire voir, fa liaifon avec lé chaffis
& les volets.
<z, dormant; b.9 feuillure que Ton ne pratique
que quand il doit y avoir des volets ; c, fiches ;
rf, battants à noix du chaffis ; e, volet briié 5
f, revêtiffement de l'embrafement.
La fig. XV, eft le profil du bas d'une croifée ;
-ocr page 428-
d'Archiïectur e;
a, appui de pierre avec revers d'eau en dehors ;
b3 pièce d'appui \ c , feuillure pratiquée fous la
pièce d'appui pour loger le haut du revers d'eau ;
d', traverfe du bas du chaffis à verre ; e, jet-d'eau,
ƒ, larmier ; g , canal ; h , conduit de décharge
du canal ; i, volet avec une feuillure fur le bord,
pour recouvrir la pièce d'appui, lorfqiiïl eft fermé.
La fig. X^I § eft un battant-meneau ouvrant à
gueule de-loup a, .
La fig. XVÎI, eft lin battant-meneau ouvrant à
doucine.
La fig. X^IIl, eft un petit bois à pointe cïe
diamant; a, feuillure du carreau de verre.
La fig. XIX, eft le profil de l'impofte d'une
cröiféé.
Ayimpöftè; b, traverfe du chaifîs fupérieur,
avec Uii jet-d'eau c & un larmier é yd9 traverfe du
haut du chàffis inférieur.
Là fig. XX, eft le profil d'un lambri d'appui;
a, cimaiie ; b% plinthe ; c, panneau.
Lrfig; XXI, répréfeiÎte deux profils de lam-
bris ; à\ eft iin profil à grand cadre ; b , eft un
profil à petit cadré. %
-#k
m
Tome VI,                                     C G
i
-ocr page 429-
40Z                       Cours
Z)£ Z^ SERRURERIE.
Ar τ ι c l ε Premier.
Dei différentes qualités du Fer.
O Ν reconnoit la bonne qualité du fer à la
couleur qu'il a en dedans après l'avoir caffé. Le
meilleur en général, eft celui qui eft noir, doux
à la lime , ou qui a le grain fin, mêlé d'un peu
de blanc , de gris & de noir. On tire le fer de
différentes Provinces du Royaume. Le plus eftimé
eft celui qui vient du Berry ; il paffe pour le
plus doux, le moins aigre , le moins caffant, le
plus facile à travailler, & en un mot pour le
plus capable de prendre toutes fortes de formes
fous le marteau : aufli enjoint-on d'ordinaire dans
les Devis , de l'employer de préférence pour
l'exécution des bâtimentsu
Le fer d'une qualité inférieure fe nomme fit
commun
ou fer de roche ; il s'employe aux ouvra-
ges groiïiers, & qui n'ont pas befoin de tant de
foupleffe de la part du fer. Quand un fer eft:
caffant à chaud ? n'eil pas pliant fous le marteau,
ou bien quand on y remarque des coupures,
des gerfures ou des pailles , on l'appelle rou-
verain.
On débite , dans les groffes forges , le fer en
barres , qui font de deux efpeces ; les unes font
battues iimplement, & les autres font battues &
-ocr page 430-
B'ARÇÎÏItÉCÎUllE.           403
étirées. Les barres étirées, font celles qui ont
été forgées dans le mêmefens, en les allongeant,
pour les faire plus ou moins minces : elles font
dans l'emploi d'une qualité fupérieure , & plus
nerveufes que celles qui n'ont été Amplement
que battues; aulîi n'y voit-on prefque point de
grain.
On trouve, dans les Magafins des Marchands,
des barres de fer des qualités, groffeurs & échan-
tillons dont on peut avoir befoin pour toutes
fortes d'ouvrages.
Il y a des fers plats , qui ont depuis 9 jufqu'à
15 pieds de longueur , fur 2 pouces £ de lar-
geur , & depuis 4 lignes jufqu'à 8 lignes d'é-
paiiTeur.
Il y a des fers quarrés de diverfes longueurs ,
qui ont 1 ou 2 pouces de gros , & que l'on dé-
figne par leur groiTeur ou leur forme parti-
culiere. ■**
             "x
On appelle quarrê bâtard, celui qui a ï6 à 18
lignes degroifeur.
                     - -L
Fer cornette,, celui qui a 5 à 7 pouces ée lar-
geur , 6 à 8 lignes d'épaiifeur, &l 4 k 6 pieds
de longueur : on en revêt les bornes & les en-
cognures des murs expofés au choc des voi-
tures.^':; ;;'":: >
                    \
Fer rond, celui dont on fe fert pour les trin-
gles $ "qui a depuis 5 lignes jufqu'à 10 lignes de
diamètre*
Fer courcon i celui qui eil par gros morceaux
de 2 , 3■ & 4.pieds de long , fur wïîq groiTeur
quelconque.
Fer de quarillon , celui qui a depuis . J lignes
jufqu'à 8 & ρ lignes de grorteur.
J Coße de vache, tous les fers qui ne font point
C c ij
-ocr page 431-
4P4                       C o υ R s
à vive arrête : il y en a depuis 3 lignes en
quarré 'jufqu'à 12»
        u w
On vend aufli du fer m tôle, pour garnir les
portes cocheres, dont les feuiljes , qui font de
5  à 6pieds de long , ont jufqu'à 1 ligne ~ d'épais,
6  depuis 9 jufqu'à 13 pouces de large.
On dïilingue dans la Serrurerie les gros fers
que le Serrurier fournit au poids , de ceux qu'on
paye à la pièce , fuivant la façon & difficulté
de la. main-d'œuvre. Les premiers s'employent
dans les bâtiments pour la folidité, & les féconds
pour la fureté des" fermetures de la Menuiferie :
donnons une ^numération des uns & des autres,
% expliquons en même-tems leur fonction & leurs
proportions les plus ordinaires«
EJ '· ·-"'' " ~ % --—;               '               j · —y.
* ' ' : * '% ft 1ΪΛΪ C Ε Ε IL '".'É «■;';', ."'
S>es gros Fers* ; t»t il
Les gros fers que l'on employé dans la ma-?
çonnerie , font les ancres;,. les tirans, les chaî-
nes , les harpons , les plate-bandes , les^triers ,
les linteaux, les bandes de trémie, les barres de
languettes , les manteaux de cheminée, les barres
de contre-cœurs , les corbeaux ,, les boulons , les
crampons, &c. De ces fers , les uns font quarrés,
& les autres font plats : les quarrés font d'ordi-
naire employés.à porter, & les plats font em-
ployés à tirer.
Les chaînes A, Β ·,C , D, PI. CXXXIÏI, (e
placent dans l'épaiffeur des murs, pour contenir
leur écartement ; elles font % foit de fer plat A
■η
-ocr page 432-
d'Architecture.           46$
·& Β ? de 2 pouces ou 2 pouces ψ dé largeur, fur
6 lignes d'épahTeur j ibit de fer quarré C & D \
de 14 ou 15 lignes de gros, & quelquefois plus
quand le cas le requiert : on fait les barres
des chaînes les plus longues que Fön peut* &
on les lie enfemble bout-à-bout , quand elles
font de fer plat, à trait de Jupiter A $ avec des
embraflures de fer, ou en maniere 'de charnière Β\
& quand elles font de fer quarré, on les réunit
avec des moufles à clavettes G , ou bien en for-
mant im crochet à leurs extrémités j que Foit
contient par une embraßiire de fer j &-que Fok
refferre à l'aide de deux gros icoins de fer. *
Les plate-bandes Ε , ont 5 à 6 pieds de lon-
gueur » fur 6 lignes d'épaiffeur,, & 2 ponces ou
2 ponces i de largeur \ elles font deftinées à
être placées au bout des poutres, pour conte-
nir auffi Fécartement des murs » & les conferver
dans leur à plomb, L'un des bouts d'une plate-
bande, forme un crochet ou talon a , dVnvironi
1 pouce de long pour entrer dans là poutre^ &
en outre , il y a dans le long de la plate-bande
plufieurs troux h , deftinés à rattacher fur ia-
poutre avec des clouds dentés \ l'autre bout c %
eft plié de maniere à former tin efpeee d'anneau
ou d'ceil, pour recevoir une ancre F, qui éil une
barre de fer quarré d'environ 15 lignes de gros %
fur à- peu-près y pieds de long· La folidité des
chaînes & des plate-bandes dépend eiïeiitielle-
ment de la maniere dont les moufles & les œils
ont été fondés : fou vent les fers, font brûlés
en ces endroits en les forgeant j c'eifc pour-
quoi il faut y prendre garde, car c'e® toujours
par là que les chaînes viennent à manquer.
On laiffait autrefois les ancres F apparentes
f>                *■* ·
-ocr page 433-
4ô6                     ~C ours            î
au dehors des murs, & on leur donnoit même
fou vent la forme d'un Sou d'un Y ; mais mainte-
nant il eft 4'ufage de les faire droits ,■& de les
encaftrer , comme nous l'avons déjà dit , de
quelques pouces dans une tranchée, que l'on
pratique dans la face extérieure des murs , ce
qui, quoique moins folide, fait un effet plus
agréable à la vue. Le feul cas/où on conferve
les ancres apparentes | c'eit dans l'exécution du
haut des tuyaux de cheminée qui font ifolés ; alors
on fait ces ancres double en S ou en Y , pour
contenir de part & d autre les tuyaux contre
l'effort des vents , & pour embraifer une plus
grande étendue ; ces ancres double font liées
avec un tirant, dont le bout oppbfé aux ceils va
s'accrocher & fe clouer fur quelque maîtreffe
pièce de charpente. ; e ;i
           ,:?:; i'té
Les linteaux > font des barres de fer quarrées
plus ou moins longues ^qùi fervent à foutenir la
maçonnerie du haut des portes & des croifées;
on leur donne d'ordinaire 15 lignes de gros.
Les bandes dt[trémie Q , ;-dont la fonäion eit de
porter la maçonnerie des atres de cheminée, font
des fers plats d'environ 1 pouces ^ de largeur , fur
7 lignes d'épaiiTeur, dont les bouts font recourbés
pour les arrêter fur lesfaljves d'enchevêtrure.
Les barres dont on garnit les contre-cœurs des
cheminées de cuïïines,, ont environ 18 lignes de
. groiïeur. ; ■ Kr:*:r ;,;'/ ^bïuU.' ? ..: ; \ h v.:>. : s·
Les manteaux de cheminée H , font des barres
de fer quarrées j d'environ I 3 ou 14 lignes1 de
gros , dont les bouts font coudés ,& les extré-
mités faites en^queue de Carpe, pour fér feeller
dans les murs adoiîes aux cheminées , fous la
îraverfe qui fputient leur tablette. ïiMii
-ocr page 434-
d'Architecture.           407
Les Barres de languette , que Ton met fous les
languettes des cheminées en briques , &dont les
extrémités fe pofent fur leurs jambages , font des
barres de fer droites de 13 & 14 lignes de gros.
Les crampons I , font des fers quarrés , dont
les bouts font faits en crochets; ils fervent à lier
les pierres où on les fcelle , foit en mortier ,
foit en plomb.
Les étriers Κ , ont 6 lignes d'épaiffeur, fur 2
& 2 pouces { de largeur : ce font des fers plats ,
coudés, que l'on met, foit au bout des chevê-
tres de bois ou des linçoirs pour fortifier leurs
tenons, quand on juge qu'ils auroient une trop
grande charge ; foit pour foutenir les lambourdes
que Ton applique le long des poutres ; foit pour
foulager le milieu d'un entrait d'une ferme de.
charpente, en les attachant au poinçon : on fait
encore d'autres étriers L , à l'ufage des plate-
bandes ? & que l:on infère entre les joints de
leurs clavaux.
Les corbeaux M , font des morceaux de fer
quarrés , d'un pouce f de gros environ , formant
une queue de carrîe par le bout, qui doit être
fcellé dans le mur, & dont l'objet eft de foutenir
pàr-deiTous, foit dès fablieres, foit des lambour-
des, foit des linçoirs.
Les harpons , font des morceaux de fer plats >
droits ou coudés , que Γόη employé, foit dans
la maçonnerie, foit dans la charpente : on leur
donne 2 & 3 pouces \ de largeur, fur 4 à 6 lignes
d'épaiffeur.
Les gougeons, font des fers quarrés, fervant à
contenir les tambours d'une colonne , ou bien des
vafes & des baluilres ; on les proportionne au
befoin que l'on a.
C c îy
(
-ocr page 435-
4o8                    Cours
JLes barres de potager & des hottes de chemi-
née , quand on en met, font des fers plats de
2 pouces de largeur , fur 6 lignes d'épaiffeur.
Les boulons Ν , fervent à contenir les limons
des eicaliers , & à les lier avec les murs : ce
font des fers ronds, de 9 à 10 lignes de dia-
mètre à tête plate & quarrée par μη Ipput, &
dont l'autre bout eft percé pour r^çeyoir une
ciavette, oii bien eu relevé en queue de carpe ,
pour être fcellé dans le mur.
          !..
Les crochets à chêneau Ö , font des fers plats,
coudés par un bout, & à patte ; lesquels' ont 18
lignes de largeur » fur une ligne & demi d'épaif-
féur ; ils fe pÜacent fur les corniches pour conte-
nir hs chêneaux : on fait auiii de fer de pareil
çchantilÎpn , les colliers Ρ , feryant à contenir
les tuyaux de conduite 4es chêneaux dans les
murs.
                                l?,...,-.,:;
hesfantons font des fers de 4 ou 5 lignes de
gros, avec des crochets à leurs extrémités , pour
former des chaînes , dont on entoure les tuyaux
de cheminée faits en plâtre ; fk- que l'on place au
milieu des languettes à environ 2 pieds de diftance
lur la hauteur-
                    ?
Tous ces fers fe payent au quintal pu ?ïu cent
pefant, fuivant un certain prix ; d'ans fequej prix
eft compris la façon, |es vo^ures , les peines
d'ouvriers , & tout ce qui eit néceiîaire pour
1 entière perfediort de ces fortes d'-QUyrages.
L'ufage , pour fixer ce que valent )a plupart des
gros ters , tout employés dans le iatiment, eil
d'ajouter à la fomme que coûte le fer en barres
pris chez le Marchand, le 12e de/çeJÙe que coûte
le charbon de terre, (i).
(1) On vend le charbon de terre, far le Póft/aü' mui'd/quî
-ocr page 436-
Dl A RC H, ITE.G Τ U RE.             £09
Les vieux fers que l'on tire des démolitions fe
donnent au poids au Serrurier, eii diminuant 4
livres par quintal \ & dans le cas de remploi, on
diminue la quantité qu'on lui a donné en
compte de la totalité des fers neufs fournis , lef-
quels ne lui font payés que pour façon du cent,
que l'on eftime volontiers le ~ du prix des gros
fers neufs.
Ce font quelquefois les Serruriers quife char-
gent de fournir les ouvrages de fonte , les pla-
ques,les tuyaux de defcente , les tuyaux de
fonte j éc les bornes que l'on fait depuis quelque
terris de ce métal; lefquels ouvrages fe vendent
àuflî au quintal, & ont diférens prix.
* ïl jf | des tnenus fers que les Serruriers fpur-
fijtfent encore pendant l'exécution d'un bâtiment;
tels font les pattes à contre-cœur , les cheyillej
<Îe fer , les rappointiffages , les clouds de c^.ar-1
rette & de bateau , dont fe fervent les Maçons,
pour larder dans les bois qu'ils doivent recouvrit
de plâtre ; tous les fers dont les Menuiiiers pnt
befoin pour arrêter les portes , les croifées ,
|e"s lambris , les parquets ; fayoir , de petites
broches de fer , des pattes en bois qui font
pointues, des pattes en plâtre qui font coudées,
dés vis à écroux pour attacher les parquets de'
glace aux tuyaux de cheminée : tous ces objets
fe donnent en compte fucceilîyement , foit au
Menuifier, foit au Maçon, & fe payent à ta,nt
la douzaine , excepté les cïouds Ôt les rapointif-
fages , qui fe livrent au poids.
contient 9© boiiTeaux ou iy rninots de 6 boifleaux chacun : le
meilleur c'ft celui'que l'on tire d'Angleterre,
-ocr page 437-
41®                       Cours
■ ■—---------m—ππ ------- --il                                          ι |            .. ......._ i.j.i_iui ...           ii                 .                               --------------------                ..... -------*fr
Article II L
De la Ferrure des Portes Cocher es ,
On ferre les vantaux des portes cocheres de
différentes manières, fuivant la dépenfe que l'on
veut faire, La ferrure la plus ordinaire , eil avec
fix groffes fiches à gonds & à repos } de 5 à 6
pouces de haut, fur 2 pouces de gros , & fix
gros gonds de fer bâtard , d'un pouce !| de gros ;
öu bien encore mieux , avec deux pivots par
en bas A , qui entrent chacun dans une erapaudine
B, & deux tourillons en haut D , qui entrent
chacun dans une bourdonniere d ; & fi la porte
a une grande hauteur % on met en outre deux
fiches à gonds C , compofées chacune de deux
görids liés par une broche. On fait les pivots
d'en bas À} pour plus defolidité, avec des branches
en« équerre dont la branche horifontale de l'équerre
paffe fous la traverfe du bâti , & la branché per-
pendiculaire fur Tépaifieur du montant ; lefquelles
branchés font fortement retenues par des clavet-
tes x:y traverfées par des goupilles.
} On fortifie les affemblages de la Menuifene
par douze éqtierres , dont il y en'a huit pour
les grandes portes·,'■& quatre pour le guichet.
Ces équerres E font fouvent double , & embraf-
fent toute la longueur de la traverfe , en remon-
tant fur les montans, & alors il n'en faut plus
que fix. Les branches de ces équerres fe terminent
ι
-ocr page 438-
d'Architecture.            411
volontiers par des fleurons avec des crampons,
pour fixer leurs extrémités.
Le guichet doit avoir trois großes fiches à
nœuds , ou deux fiches à chapelet Ε, & porter
deux ferrures ; favoir , une groffe d'environ 1
pied de long, à deux tours avec fa gâche en-
cloifonée, attachée avec des vis à têtequarrée»
garnie de fon entrée, & une petite ferrure au-
«deûaus de la grande , d'environ 6 pouces de
long , à un tour & demi, attachée auiîi avec des
vis, avec fa gâche & fön entrée.
On contient le haut des deux grands ven-
teaux par un fléau G , ou gros barreau de fer
quarré de 2 à 3 pouces de gros , garnis de
fon boulon I, & de deux crampons H , qui
doivent être rivés des deux côtés de la porte,
«lequel fléau fe maintient à l'aide d'un moraillon,
i qui eil reçu dans une petite ferrure ovale L· ; &
pour ce qui efl du bas de la porte , on le con-
tient par un gros verrou à crampons M.
Quelquefois l'on ferme une porte cochefe
comme la porte croifée d'un appartement, avec
une forte éfpagnolette Q, fi'g. II, de 15 lignes de
diamètre , attachée derriere Fun des battans,
& un verrou à douille X par le bas ; laquelle
éfpagnolette eil de toute la hauteur de la porte:
mais , par économie, on fe contente fou vent
cd'une demi-efpagnolette très-forte , qui defcend
^depuis le haut du dormant de la porte jufques
-feulement à la hauteur de la main-tournante R que
Fon contient, lorfqu'elle efl fermée , par un morail-
lon qui entre dans une petite ferrure ovale S,
& dans ce cas on arrête le bas des battans par
un verrou à crampon M, comme ci-devant. Pour
iiouvcir une porte ainfi ferrée en dedans de la
/
-ocr page 439-
4r?                ζ Ρ A41 s
maifqn, il faut commencer par ouvrir la petite
ferrure S au-defTous de la demi-efpagnolette pour
dégager le moraillon , puis tourner la main R
de la démi-efpagnolette , & enfin lever le ver-
rou à crampons du bas de la porte.
Quant au guichet, on le ferme par une petite
ferrure h, φ un verrou Ν λ à l'ordinaire ; & l'on finit
par mettre en dehors, ihr le battant du guichet,
un heurtoir Ρ ? ou un gros anneau avec une
grande rofette, & une petite en dedans ƒ?»
On garnit le devant des portes cocheres à
la hauteur du moyeu des roues , de forte tôle,
de 12 pouces de large, dont Us bords haut &
bas font fouyent eilampés de moulures ; laquelle
tôle ©n contient avec des vis à éçrp.ux' par
derriere.
Pour ce qui eil de la ferrure des portes bâtar-
des , elle eil à-p eu-ρ r^s la même que celle des
guichets des portes cocheres.
iégj 'sns ,, , .'■ ., g ι.....,. ,''„'.,                            ' i -*
A R Τ I C LÉ I V.
■        . · --, ,          · ip " * - ,
De la Ferrure des Portes ordinaire*
& à placard
, PL CXXXF.
;..'. /;·";'- *■;.: ':-f: y..* ν■■■                                                                    ·'·.. V- ■■ ■ ■■■'■                                                                                                 ' ;
Qîi ferre les portes les plus iimples, telles que
celles des cayes & de.s magaiins, 6Yc. avec des
pamur&s 4., qui ne font que des bandes defer plat »
roulées par une de foiff extrémités, en maniere
d'anneau pour s'aiTembler dans des gonds. Il y: a
d,es gortâs JiiïipUs $ ? & des gonds a repas C & Ό '
de ces gonds., les uns C font à fcellement Se à
patte , & les autres D font à pointe ? fuiyant qu'il
-ocr page 440-
d'Arc h iticturi,           41$
s'agit de les attacher, foit dans de la maçonne-
rie , foit dans de la ménuiférie, foit dans de
la charpente.
On ferre les portes légères des chambres avec
des pomeles E , qui , au lieu d'être allongées
comme les pantures , s'éiargifiént en forme de
platine , ou bien s'évafent comme une pâte , ou
enfin imitent la figure d'une S.
Un autre moyen de fufpehdre les portes »
c'eil avec des fiches F , qui , au Heu de s'atta-
cher fur le bois comme les pomeles & les pan-
tures , s'attachent dans le bois , à-peu-près com-
me un tenon qui entre de part & d'autre dans
une mortoife , que l'on fait, tant dans le cham-
branle ou dormant , que dans le vantail de la
porte. Cette partie ƒ de la fiche qui entre dans le
bois , fe nomme taikron.
On diftingue différentes fortes de fichés qui
font relatives à leurs ufagés. hts fiches à vafes F,
font des efpeces de charnières compofées de deitx
charnons, terminés haut & bas par des efpeces
de petits vafes , dont l'un des charnohs forme
un petit gond & l'autre une pariture :- ce font 'ces
fortes de fiches dont on fe fertpour les portés, lés
chaflis à verre des cröiféés, les portes d'armoire.
Les fiches à nœud, ou de brifure ou à broche Gj
ne portent point de gond : ce font des charnières
entrelaiTées les unes dans les autres, & contenues
par une broche qui les enfile, & dont un bout eifc
terminé par un bouton ; elles fervent pour lés
volets brifés que l'on mét derriere lés craifées,1
ainii que pour les guichets des portés cochérés.
Onfufpencl encore les portes par des couplas Hy
cjui s'affembient à charnières comme les fiichés a
iïceud ; mais au lieu de fe mettre dans YêpEÏÏÏtm
\
-ocr page 441-
414                      Cour s
du. bois , ils s'attachent fur le bois comme les?
pomeles ; & même on les emploie à des volets
brifés de peu de conféquence.
On fe iërt, pour la fermeture des portes, de verroux
& de ferrures. Les verroux fe placent derriere les
porres , & ne peuvent s'ouvrir qu'en dedans d'une
chambre: on les diilingue fuivant leur forme. Les uns
s'appellent fimplement verroux I ; les aurres s'ap-
pellent , verroux à ^targette ou à platine Κ, d'autres
verroux à rejforth. Quand deux verroux font liés
enfemble par un montant de fer plat, on les nomme
crémone ; le verrou du haut eil fait à crochet, de
forte, qu'en haurTant le bouton , placé à la hauteur
de la main, on ouvre les deux verroux,. & en baif-
fant le même bouton , on les ferme en même tems.
C'étoit ainfl que l'on fermoir les portes & les croi-
fées, avant l'invention des efpagnolettes ; & l'on en
fait encore ufage dans la plupart des Provinces.
Une ferrure M. fert à la fois, tant pour la fureté
intérieure qu'extérieure d'une chambre. Elle eil
compofée d'une boîte nommée palafire ; d'un ou
de plufieurs pênes ; & en dedans, de reiîbrts, de
gardes, de gâchettes & de garnitures, qui font dif-
pofés fuivans les entailles de la clef, de forte que
parleur rapport intime ? il ne peut y avoir que la
clef qui foit capable de l'ouvrir.
Une ferrure s'attache toujours avec des vis en
dedans de la chambre, ou de l'armoire, ou enfin du.,
lieu qu'elle doit mettre en fureté ; & , à lOppofite
du pêne, on place,|foit une boîte N, appellée gâche%
foit un crampon pour le recevoir.
Il y a bien des fortes de ferrure; on nomme fer-;
rure a broche \ celle dont la clef eil forée ; ferrure
benarde celle à un pêne, dont la clef'n'effc point
forée ? & peut ouvrir, foit en dedans, foit en dehors,
-ocr page 442-
D Architecture.            41$
de la chambre ; ferrure -à pêne dormant 9 celle dont
le pêne ne fort ou rentre delà ferrure qu'à l'aidé
de la clef; à demi-tour, celle que la clef ouvre en
un demi-tour; à un tour, celle dont la clef ne fait
qu'un tout ; à deux tours , celle dont la clef ouvre
en faifant deux tours ; ferrure de fureté, celle à
pluiieurs pênes, dont l'un fe ferme en dedans fans
la clef, & fort de la ferrure, & dont les autres font
en dedans de la ferrure, & ne fe ferment qu'avec
la clef.
On employé aufli des ferrures à baffecute, à
pêne dormant , lefquelles font mouvoir des ver-
roux qui fe ferment haut & bas. Les verroux hauf-
fent & baiflent, foit par le moyen d'un levier caché
dans la ferrure , & qu'on appelle proprement baffe-
cule
, foit par le mouvement d'une roue à pignon
qui engraine dans des dents en forme de cramail-
lere, taillées dans la partie des verroux comprife
dans la ferrure. On ferme de cette maniere , non-
feulement des armoires de fureté, mais encore des
portes à un ou deux vantaux, il arrive cependant
fouvent que dans les portes à deux venteaux , la
baflecule η eil pas liée avec la ferrure, mais qu'elle
eil renfermée feulement dans fa gâche. Tout le jeu
de ces fortes de fermeture coniiile à lever ou à
baiifer la main attachée à la baifecule , pour faire
ouvrir ou fernier les verroux.
On ferme les portes des garde-robes & des ça?
binets avec des becs-de-canes , qui font des efpeces
de petites ferrures fans clef, & qui s'ouvrent avec
un bouton , dont le pêne eil à demi-tour , & taillé
en chamfrain , pour que la porte puiiTe fe fermer
en la pouiTant.
Les boutons à olive ferment encore une porte
©u un armoire à bien moins de frais; ils confi-?
-ocr page 443-
4i6                       Cours
ftënt en une petite tige de fer attachée à un-bouton,'
que l'on fait entrer dans une gâche à volonté.
Enfin les moindres fermetures font les loquets
à f ufage des portes des cabinets d'aifance , & lès
loquetaux à reiFort, fervant à ouvrir ou fermer les
guichets des croifées s où la main ne fauroit at-
teindre, par le moyen d'un cordon attaché à fa
queue.
Après avoir expofé en général qu'elles font les
ferrures qui fervent à la fermeture des portes;
faifons paiTer en revue maintenant , qu'elle doit
être leur réunion & leur affemblage pour fermer
les différentes fortes de porte.
Il faut pour la ferrure des portes les plus com-
munes , deux pantures avec deux gonds fimples
ou à repos, deux verroux ou targettes avec leurs
crampons, & une gâche pour chaque verrou,
Une ferrure , foit benarde a tour & demi, foit à
penrte dormant, avec fa clef, fon entrée, fa gâche,
& quelques vis pour attacher la ferrure, & même
la' gâche ii elle eil encloifonnée ; le tout de fer
blanchi. Les portes de cave fe ferrent à péu-près
dé même , fi ce n'eit qu'on n'y met point de ver-
rouX y & qu'on y met quelquefois des ferrures
à bofTe.
·■",■' Les portes à placard à un vantail, ferrées fur 'un
chambranle ou fur un chaiïîs de bois, doivent avoir
deux pomeles en S, ou pour le mieux trois fiches
à vafe de 8 pouces de haut, deux targettes mon-
tées fur platine dej pouces de haut, une ferrure
à relffort d'un tour& demi, garnie de (es vis, en-
trée, fa gâche, un bouton à rofette, ou un anneau
pour tirer la porte ; le tout de fer blanchi ou de fer
poli.
Lés portes à placard R, PI. CXXXV, à deux
vantaux
-ocr page 444-
vanteaux fe ferrent avec plus ou moins de dépénfe*
La ferrure la plus ordinaire eil .trois fiches à vafe a ρ
d'environ '8 pouces entre les vafes à chaque ventail,
ferrées avec des pointes à tête ronde s on attache
fur l'un des battans deux grands verroux b à ref*
fort, montés fur plarine & à panache avec leurs
conduits & gâches , l'un dans le haut de 3 pieds de
long, l'autre dans le bas de 18pouces; enfin ort
ferme chaque porte par une ferrure à tour<& demi ο
garnie de fes vis à tête perdue , de fon entrée aveu
une gâche encloifonnée </, un bouton à rofette c ,
& l'on ajoute quelquefois en gedans de l'apparte-
ment , du côté où eil attachée la ferrure, un petit
verou à panache f, Lefdites ferrures doivent être
polies ou du moins blanchies proprement.
Dans les appartenons oit l'on ferre les portes
avec une certaine dépenfe, on met volontiers à la
place des fiches à vafe > trois pivots à chaque
ventail, à tête de compas à deux branches coudées
en éqtierre Q , lefquels font pofés & entaillés en
place avec chacun 6 vis à tête perdue de 14 lignes»
« Sur un des vanteaux , on attache une ferrure à
» l'Angloi/e faite exprès à quatre fermetures, ayant
» en dedans trois pênes; fçavoir, un fourchu ou
» double, fermant à deux tours, un autre à demi-
»tour, ouvrant avec un double bouton à rofette
» & un petit verrouil renfermé dans la ferrure
» avec un bouton par-de/Tous. Cette ferrure eil
» renfermée dans un palailre de cuivre orné avec
» goût, cifelé & appliqué contre le bois avec des
» étoquiaux cachés & des Vis perdues. Elle fait
» agir deux verroux, l'un par haut & l'autre pat
» bas en forme de bafcule montée fur une pLitine
» évidée, les branches eflampées à pans de toute
» la hauteur de la porte, garnies de leurs conduits»
"Tom VL             "                    Dd
-ocr page 445-
4i8                       Cours
» À l'autre vanteau eit une bafcule de même hau-
» teur & renfermée dans un palaftre de cuivre égal
» à l'autre, ayant deux verroux haut & bas : cette
v> bafcule eft eftampée à pans , & en tout fembla-
» bleà celle de l'autre côté. Au haut de la porte eft
» une double gâche encloifonnée pour recevoir les
»> verroux, & par bas dans le parquet, un autre
» double gâche à double foupape à reffort , pour
» empêcher la pouffiere d'entrer dedans lorique les
» portes font ouvertes » ( ι ).
L'effentiel eit de prendre garde que les portes
foient ferrées avec préciiion , & que le Ferreur
n'enlevé trop de bois , ne le faffe éclatter ,
ou n'altère les dormans ; une autre attention
à avoir , c'eit que le Serrurier obferve en met-
tant une porte en place , de la faire relever
un peu à l'oppofite des gonds, pour empêcher »
comme l'on dit, la porte de baifler le nez, ainii
qu'il arrive lorfqu'il n'y prend pas garde. Car le
poid d'une porte , femblable à celui d'un levier
dont les gonds feroientle point d'appui, fait effort
pour faire fortir le gond fupérieur, & pour en-
foncer d'avantage le gond inférieur ; ainfi le gond
fupérieur fatiguant le plus, & étant dans le cas de
ceder un peu, il convient donc de donner toujours
au gond inférieur un peu plus de faillie qu'au fu-
périeur , afin d'empêcher la porte de traîner par
la fuite.
(5) Jtrchiteêture-Pratîque , pag. 419.
<*
-ocr page 446-
d'Archïîectur e.           419
WTfOTpnnraïT— mi 111 »■■ 1—nimwiiiumιΐmi 14Mum umi miniÉÉÉÉi i-^ÎnÎmJiÎ'MWB».LtHl.IIJll-JttrÎ*l.'B)lff BBÉgBriÉBttilipi
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Article V.'
Ό e la Ferrure, des Croifées , PL CXXXVÎ,
IL faut pour la ferrure d'une petite croifée
d'environ 3 pieds γ de large fur 5 à 6 pieds de
haut j & ouvrante à deux vanteaux, 4 fiches à
bouton de 4 pouces J de hauteur : huit petites
équerres de 6 pouces de branches chacune, entail-
lées dans le bois & attachées avec des vis, deux
verroux à reffort à platine, l'un de 9 pouces de
long & l'autre de 15 pouces , avec chacun leur
gâche , & 4 pattes en plâtre pour arrêter, dans la
.feuillure , le chaiîls dormant ; & pour les volets ,
s'il y en a , il faudra 4lfiches à vafe , 4 fiches de
brifure & deux targettes attachées fur les volets,
avec chacune leur gâche pour les fermer.
Quant à la ferrure d'une grande croifée que l'on
fait ouvrir > foit en deux parties dans toute leur
hauteur, foit en quatre parties avec une impoite,
on met, à la place âes targettes, des verroux à
reffort, & des bafcules qu'on emplpyoit ci-devant,
.& qui nefermoient qu'imparfaitement les croifées;
on met, dis-je,des efpagnolettes. tJne Efpagno*·
letu a
eii une groffe tringle de fer ronde d'environ
10 lignes de diamètre, que l'on attache fur l'un
des battans d'une croifée, par le moyen de lacets
ou d'anneaux de fer b, efpacés à différentes dis-
tances , & qui lui laiffent la liberté de tourner.
11 y a un crochet c à chaque extrémité d'une eipa-
gnolette, lequel eft reçu dans une gâche pratiquée
dans la traverfe haut & bas du bâti du dormant,
d'où on le fait entrer ou forrir à volonté, à l'aide
Dd ij
; .'■■'_ -;'■'■                                       ;■■'...' f ■ · ; ./■/■;. '-. /.■'■■.: '.:'.... λ ' ■ , . :..: .·■; χ -
T':i' -":■■ ' >":                                 ■ ■ <■                                 ..'■■■:'.■ '■ ν ' ■
-ocr page 447-
aio                      Cours
d'une main tournante d, lbit que l'on veuille ou-
vrir ou fermer la croifée; laquelle main tour-
nante .éft contenue? quand la croifée eil fermée, par
un portant e. La fonction de l'efpagnolette ne fe
borne pas feulement à fermer la croifée, elle réuf-
fit encore à fermer en même tems fon volet/, par
le moyen de panetons g, diilribués le long de ('ef-
pagnolette , & d'agraphes attachées fur les volets
en correfpondance avec les panetons, & enfin d'un
fécond portant, pour recevoir la main tournante
quand le volet eil fermé : nous avons repréienté,
PL XVil , Du Traité de la décoration intérieure _,
tous les développemens d'une efpagnolette, ainii
on peut y avoir recours.
Si la croifée eil à impofle & s'ouvre en quatre
parties , l'efpagnolette n'ouvre & ne ferme que les
chaiîis & volets inférieur! qui ibnt au-deiîbus de
l'impoite , & les volets fupérieurs font volontiers
dormans , ou fe ferment avec des targettes, &
leurs volets fe ferment avec chacun un locqueteau
h ,P1. CXXXVI. On met atiiîi des équerres doubles
η , ou fimples m eil en-déhors , entaillées dans le
4ois, & attachées avec des vis pour fortifier l'aiTem-
blage des chaifis à verre , & quand il y a de grands
carreaux de verre blanc, on metfouvent des équer-
res à deux branches ο, aux traverfes des petits bois.
Il faut pour parfaire la ferrure de la croifée en
queilion & de fes volets , dix fiches à broche à bou-
ton Rattachées fur le dormant & fur les chaffis à
verre , & de plus dix fiches à vafe i, attachées
fur les volets & fur le dormant, & enfin dix fiches
de brifure k pour les volets , fans compter huit
pattes coudées /, pour arrêter le dormant du
chaiïis dans fa feuillure.
                              î\.
Mais en fuppofant que les croifées & leurs v©-
-ocr page 448-
ρ Architecture. %Jßfl
Iets , ouvrent de toute leur hauteur en deux par-
ties fans impolie avec des grands carreaux de verre
blanc : voici rémunération des pièces de ferrures
néceiTaires fuivant ce qui fe pratique aujourd'hui. "
« On ferre une grande croifée avec iix ou huit
» fiches de 6 pouces entre vafes, attachées fur les
» guichets & fur les dormans , fix ou huit fiches
» de brifure de 3 pouces pour faire brifer les
» guichets ; fix ou huit fiches à broche ou à bou-
» ton de 4 pouces , attachées fur les dormans
» & chaiîis à verre ; huit équerres pofées & en-
» taillées au huit angles des deux chaiîis à verre %
»> une efpagnolette polie de la hauteur du dor-
» mant , de 8 à 9 lignes de diamètre, ornée de
» moulures , & attachée fur un des battans des
» chaifis à verre , avec quatre lacets & une poi-
» gnée tournante & évuidée ; deux fupports , l'un
» à patte attaché fur le guichet \ l'autre à char-
» niere attaché fur le battant de l'autre chaifis
» à verre' ; deux gâches haut Se bas, attachées
» Se entaillées dans les traverfes du dormant ,
» qui reçoivent les crochets haut Se bas de l'ef-
» pagnoiette ;. quatre panetons fur l'efpagno-
» lette i quatre contre-panetons évidés, attachés
» furie guichet d'autre côté ,, Se quatre agraphes
» fur le guichet du côté de refpagnolette % dans
» lefquels paifent les panetons. Les dormans
» doivent être attachés & retenus avec fix fortes
» pattes entaillés dans l'épaiffeur des bois*
» Toutes ces ferrures doivent être propres, por-
» lies, Se attachées avec cjouds à vis à tête fraifée*
»afin qu'elles foient fufceptibles de dorure, de
» bronze ou de couleur » ( 1 )..
" ^*H"»^iwn.. η«« 11         .1          11 wiijii^.....m. < ■ 1 »il.           11 ■ mniii 11 h         fl II »^—W—Mu
(i) Archittflure-Prauque, page 417,
D d àii
-ocr page 449-
411                      COU RS
Quand les croifées fervent de portes & ouvrent
du haut en bas fans appui ni banquette , alors 4
comme il n'y a pas de traverfe apparente dans le
bas pour recevoir le crochet de Fefpagnolette %
on ajoute au bas d'un des battans un verrou
à douille monté fur fefpagnolette avee une gâche
correfpondante dans le parquet ; lequel verrou
peut baiffer, après avoir tourné l'efpagnolette , fi
Ton veut fermer la eroifée, ou hauiier,au contraire»
ii Ton veut l'ouvrir.
Ä R Τ I C L Ε V ï.
Des Portes de fer, Grilles , Rampes ,
Balcons , &c.
Les portes de fer font compofées de ehaiïîs
dormans& de fehaffis mobiles j auxquels oh don-
ne une groffeur'proportionnée à la grandeur;
car il y en a qui ont jufqu'à 2 pouces de gros.
Ges portes s'ouvrent à tourillon & à bourdon-
niere par le haut & à pivot, avec une crapau-
dine par le bas. Les barreaux de rempliffage ont
environ 1 pouce de gros , & s^afîemblent dans
les chaffis & traverfes à tenons & mortoifes. Leur
diftance peut être depuis 4 jufqu'à 6 pouces de
milieu, en milieu. Quand ces portes font iimplés
& fans ornemens » on les paye au poids , fuivant
un prix dont on convient.
                                .
Les grilles que l'on met au devant des croifées
fe font auiïi de fer quarré, &' leurs barreaux fe
fcellent haut & bas dans la pierre, on bien s'af-
femblent à tenons & mortoifes , dans des fom-
miers de fer , iceliés de part &■ d'autre dans les
4P
-ocr page 450-
D 'A R C Η Ι Τ Ε έ Τ URE.          4^3
tableaux des croifées. Si. elles ont une certaine
hauteur, on y met des traverfes pour les affer-
mir , auxquelles on donne ζ lignes de plus que
les barreaux : fi les barreaux ont r pouce de
gros , qui eii leur proportion ordinaire, on leur
donne 14 lignes. On les vend aiiiîi au quintal f
fuivant un prix particulier.
           > >
Les balcons, les rampes d'efcalier, les grilles
des jardins , font auiîi çompofés de panneauxr
de chaiîis , & fouvent de pilaitres : on met les
fers les plus forts aux chafîk , & on fait
les panneaux avec du fer en lame » que l'on
trouve chez les Marchands , comme nous
lavons dît. Le travail des Serruriers ne eoniiile
qu'à les étirer ou allonger encore davantage,
qu'à les contourner fuivant les deflins, qu'à les
ajuiter dans des chaffis ou pilaftres plus forts ; &
enfin, qu'à limer, polir, & blanchir le tout. Quant
aux ornemens qu'on ajoute fur la ferrurerie , ils
fe font , foit de tôle , foit de cuivre, fuivant la
dépenfe que l'on veut faire, & k deffin qu'en &
donne l'Archkeâre.
La dernière opération des rampes &r des bal-
cons , confias à les terminer par-deifus par des
plate-bandes eftampées & ornées de moulures ,
qui s'impriment comme un cachet, à l'aide d'un
morceau d'acier fait en creu, fur des fers plats
rougis au feu. On paye ces ouvrages, foit au
poids , foit à la pièce, fuivant des prix convenus
d'avance , à proportion de leurs difficultés 9
δε des ornements dont ils peuvent être chargés.
A l'exception des gros fers & des ouvrages dont
nous venons de parier? tous les autres ouvrages
de ferrurerie s'erament à la pièce r fuivant leurs-
façons , fuivant· la fujetion qu'à exigé leur maia-
,
                                             D d iv
-ocr page 451-
414                         G O U R 5
d'œuvre· Les ouvrages les plus communs fe noir*
cuTent iimplement à la corne , ou fe blanchiiTent
à la lime groiiïerement j & les ouvrages de quel-
que conféquence fe pölhTent avec des limes
fines , & fe frottent enfuite avec de l'émeal ,
qui eil un efpece de pierre métalique, qui fe
trouve dans la plupart des mines.
Rarement les Serruriers prennent-ils la peine
de faire eux-mêmes les pièces qui compofent les
différentes ferrures des appartements ; ils les
achettent d'ordinaire toutes faites , des dimeni*
iions dont ils ont befoin » dans les Magaiins des
Marchands de fer, où l'on trouve clés ferrures,
des bafcuj.es s des efpagnolettes , des fiches »
des gâches, des ferrures de toutes les fortes »
& autres ouvrages tout prêts à être poiés en,
place. Us ne font que les vérifier , aiïurer leuc
Solidité , & refaire les parties qui ne leur paroif-
fent pas convenables , enfin, les limer, les polir,
les pofer. Aufîî, pour bien régler les ouvrages
ordinaires de ferrurerie,ne s'agit-il volontiers que
d'être inilruit de ce que coûtent tous ces objets
dans les Magaiins » ce qui eft très-facile à favoir j
& d'ajouter environ un quart de l'achat de la
pièce en queftion, prife chez le Marchand» pour la
main-d'œuvre du Serrurier , fa pofe , & ion bé-
néfice. Si , par exemple, une efpagnolette avec
panetons., fes gâches, {es agraphes % vis & fup-
ports, vaut 30 fols le pied dans les Magaiins%
pn la compte en place ai? Serrurier, environ 3&
fols le pied. Si un verrou à reffort monté fur platine
avec ks crampons & vis, vaut 15 fols le pied , on
l'eiiime, dans le règlement des mémoires, zo fols*
Si une fiche à vafe coûr,e 7 fols a on la. paye
io fols en place5 &c.
-ocr page 452-
d* Architecture.           42J
, Nous avons oublié de dire que , quand on n'a
pas pefé les gros fers d'avance , il eil néanmoins
aifé, de parvenir à connoître leurs poids après
coup , en les comparant avec le poids qu'un bar-
reau d'un pied de long , fur 1 pouce de gros,
qui eft connu pour peler 3 livres 14 onces. Ainfi
un barreau d'un pied de long & de 6 lignes de
gros , pefera 4 fois moins que ce barreau de
comparaifon & un barreau de 2 pouces de gros
4 fois plus. Le poids des fers plats eft également
aifé à eftimer par comparaifon. On a imprimé à
cet effet un Tarif, où l'on expofe les différents
poids du fer, fuivant fes différentes largeurs &
épaiffeurs, à raiibn d'un pied de long , depuis
I ligne de gros jufqu'à 4 pouces , auquel on
peut avoir recours au befoin.
Article VII.
Des Devis de Serrurerie. ;
Il convient d'énoncer dans ces Devis, non-
feulement la quantité de gros fers dont on aura
befoin pour chaque forte d'ouvrage , mais encore
de déterminer leur grofTeur ; enfuite il faut y
fixer le nombre de portes & de croifées à ferrer,
la maniere dont elles feront ferrées , ii leurs
ferrures feront polies ou étamées ; & , s'il y a
des ferrures qui foient recherchées , il fera à
propos de convenir d'avance d'un modele ; &
enfin on mettra un prix à chaque forte d'ou-
vrage. Après cet e%bfé , voici à-peu-près la ma-
niere dont on peut s'exprimer.
Tous les fers feront de bonne qualité , & fa-
-ocr page 453-
426                      Cours
çonnés des longueurs , grofleurs & formes qui
• feront ordonnés.
Les tirans & les chaînes feront de fer quarré
d'un pouce de gros.
Les ancres auront 14 lignes.
Les manteaux de cheminée & les barres de
languettes, auront 1 pouce de gros , jufqu'à 4
pieds de longueur » & au-delà auront ι £ lignes.
Les manteaux des hottes des cheminées de
cuiiine , auront 19 lignes de gros.
Les linteaux des portes &: des croifées, 14
lignes de gros.
Les chevêtres de fer , auflï 14 lignes de
gros.
Les barres de contre-cœur des cheminées de
cuiiine ,18 lignes de gros.
; Les barres de trémie » 2 pouces ~ de largeur ,
fur 6 lignes depaifleur.
ν Les plate-bandes & harpons à Tuiage de la
Charpenterie, 2 pouces de largeur, fur 5 lignes
d'épaifleur,
• Les étriers pour les chevêtres & linçoirs des
planchers , 2 pouces ou 2 pouces £ , fur 6 lignes
d'épaifleur.
Les boulons pour les efcaliers feront des
grofleurs & longueurs demandées par le Char-
pentier.
                  ;
Les plate-bandes à Fufage des anemblages des
courbes d'éfcaliers , feront de 4 lignes d'épail-,
feur fur 20 lignes , & plus ou moins longues 4
fîiivant les places , & feront en outre entaillées
de leur épaiflèur dans le bois, & attachées avec
des vis en bois.
Les barres de potager auront 2 pouces de
krgeur , fur 6 lignes d'epaifîeur»
-ocr page 454-
D'A RC H IT ECTURE.
Les barreaux pour les Croifées , feront de
iz lignes de gros, & les traverfes auront 14
lipnes·
Tous lefquels fers feront livrés par le Serru-
rier , & pefés en préfence de l'Archite&e , ou dé
quelqu'un prépofé par lui, pour être payés au
cent pefant.
Seront de même fournis tant de balcons de 1er-
rurie avec des panneaux ornés , & des plates-
bandes eftampées pour les croifées , fuivant tets
deiïins fournis par l'Architeae.
Sera faite & fournie de même la rampe de fer
du grand efcalier , laquelle fera à barreaux, à
arcades, liens δε plate-bandes par bas » & qua-
deronnée par le haut.
Seront ferrées tant de portes de cave , avec
chacune deux pantures de % pieds .j de long,
deux gonds à repos, une ferrure àboffe, gar*-
nie de verrou , moraillon , pitons & clef; ou,
fi l'on aime mieux , avec m$À ferrure à pene
dormant, avec fon, entrée , fa gâche , fa clef.
Plus fera ferrée la porte en haut de la dei-
cente de cave avec deux pantures , deux gonds a
repos , une ferrure à pêne dormant , à double
tour , garnie d'entrée, gâche ·, clef, & une bou-
cle à rofette.
                       ' 'V"i'
■Sera ferrée la porte coehere a deux vanteaux*
de deux pivots à double branches, formant équer-
re par dedans , & par dehors entaillés de leur
épaiffeur dans le bois , & quatre forts gonds a
fiches , entaillés außi de leur épaiffeur dans le
bois, un fort verrou à reffort par bas avec fa
gâche, un fléau garni de fes crampons , morail-
lon , & une ferrure plate , garnie de fa clef. Sera
ferrée la porre du guichet de deux fortes vis açha-
-ocr page 455-
4i§                       Co Urs
pelet j d'une forte ferrure , garnie de fa groiTe
clef, d'une ferrure à paffe par-tout , & d'une
couliffe avec iîl d'archal , paffant dans des tuyaux
de tôle , répondant dans la chambre du SiiiiTe.
„ En dehors fera mis un heurtoir ou gros anneau
avec une grande rofette & une petite en dedans :
enfin on garnira les deux vanteaux , en dehors à
la hauteur du moyeu des roues de tables de
tôle de 12 pouces de largeur, dont les bords
haut & bas feront eitampés de moulures , &
attachés avec des visa écroux.
                    ,
Seront ferrées tant de portes à placard à deux
vanteaux , chacune de fix fiches à vafe de 8
pouces, deux verroux à reiTort , un crampon
par haut, & une gâche à bafcule par bas,
une ferrure benarde à tour & demi , garnie de
fon entrée , d'une gâche ertcloifonnée, de fa clef,
& d'un bouton à roÎette , le tout poli.
Pour ce qui eil des portes à placard du principal
.appartement, chaque ventail fera ferré de trois
pivots à tête de compas à* deux branches, de fix
pouces de longueur, & fur l'un des battans fera
attachée une ferrure à quatre pênes , dont un
fera à deux tours , & ouvrira avec un double
bouton à rofette ; ladite ferrure fera enfermée
dans un palaftre de cuivre orné fuivant le
deffin convenu , & qui fera fourni par le Fon-
deur ; & fera en outre mouvoir deux verroux
haut & bas , par le moyen d'une bafcule;
les branches defdits verroux feront eitampées &
garnies de leurs conduites ; fur l'autre ventail fera
un palaftre femblable au précédent , & renfer-
mant aufîi une bafcule avec deux verroux »
comme ci-devant : enfin il y aura au haut de la
porte une double gâche encloifonnée, & au bas
-ocr page 456-
d'Architecture. 419
dans le parquet une double gâche à reiïorr, pour
recevoir lefdits verroux.
Seront ferrées tant de portes pleines à un
ventail , avec chacune deux pantures , deux
gonds à repos, une ferrure benarde à tour &
demi, garnie d'entrée , gâche & clef, avec une
boucle à rofette, & deux targettes.
Seront ferrées tant de croifées à deux vanteaux ,
& leurs volets, de % fiches à broche à nœud de
4 pouces de long, de 8 fiches à vafes de 6 pou-
ces entre les vafes , de huit fiches de brifure de
3 pouces, & d'une efpagnolette à douille de 9
lignes de diamettre , avec quatre panetons ,
quatre lacets , quatre contre-panetons »quatre
agraphes fur les volets, une poignée tournante,
deux fupports , deux gâches haut & bas, & huit
équerres iimples, ou quatre équerres doubles en
dehors aux angles àes chaiîis.
Sera fournie à tant de cheminée des apparte-
ments , une garniture de fonte , de grandeur con-
venable , pour occuper tout le pourtour jufqu'au
chambranle , compofée de cinq plaques , dont
deux feront en tour creufe , & formeront pilailre
dans les angles , en obfervant de tenir les plaques
des côtés les plus minces poiîîbles, vu qu'elles
nelbuffrent aucunement du feu.
                j
Pour lefquels ouvrages , l'Entrepreneur four-
nira tous les fe^s de bonne qualité, les charbons »
les voitures, les peines d'ouvriers, & tout ce qui
fera η Pilaire pour leur entière perfeäion >
moyennant les prix ci-defTous.
Pour chaque cent pefant de gros fer commun
plat ou quarré . -·. . ;:. . . . Γ·. · « :·...-. >
Pour chaque cent pefant de gros fer pîat &
quarré de Berry . . . ♦ ♦ · . . . . .
-ocr page 457-
430                      Cöürs
Pouf chaque cent pefant de fantons . ν *
Pour chaque cent pefant de grilles fimples avec
barreaux droits......... . .
Pour chaque cent pefant de vieux fers de dé*
molitioh, fera payé pour façon » ·' . . . .
Pour chaque cent pefant de vieux clouds de
charrette, & de rapointhTage . .';";, ./ * *
Pour chaque cent pefant de clouds neufs . .
Pour chaque cent de crochets à chêneau de 16
'à'l8 pouces de long .........
Pour chaque cent de broches de fer pour les
Menuifiers, de toute grandeur......
Pour chaque cent de pattes, tant en bois qu'en
plâtre , pour arrêter les lambris , les chambran-
les , les contre-cœurs . » . . . . . . .
Pour chaque cent d'agraphes pour les cham-
branles de marbre ou de pierre ... . V
Pour chaque fiche à vafe de telle ou telle lon-
gueur · ■ é · ■ '· » :· · ; : '» · m · - · ■ · ·
Pour chaque fiche à nœud & de brifure avec
broche & bouton , de tdle ou telle longueur . .
Pour chaque pivot à tête de compas à deux
branches coudées en équerre , de telle longueur.
Pour chaque fiche à chapelets pour les gui-
chets de portes cocheres de telle longueur, &
fuivant qu'elle fera polie ou blanchie . . . .
Pour chaque targette à panache de telle ou
ulk longueur . , , . . . ï , · · . .
Pour chaque verrou à reffort de telle on telle
longueur, y compris leurs crampons , leur con-
duits , & les vis pour les attacher . . * .
Et pour chaque verrouil auffi à reflbrt de telle
ou telle longueur, à panache, poli, avec bouton,
à filet , crampon , & conduits à pattes fleuron-
nés, :■ i
-ocr page 458-
d'Architecture. m$
Pour chaque ferrure à bofle avee fon ver-
*\JLL              *                    ■·               ·            «            ·            ·           ·           «           ·            ·,,        ·            »".-■;       ·            9
Pour chaque ferrure commune de telle, grandeur
à tour & demi , ou à pêne dormant 9 ibrée ©à
faenardée avec fa gâche & entrée . . . » >
Pour chaque ferrure polie à pêne fourchu de
tant de longueur avec demi-tour, forée en de-
hors , avec une gâche à patte ou encloifonnée .
Pour chaque ferrure avec verroux à pignon,
ou verroux haut & bas s ouvrant à bafcuîe
dans fa gâche encloifonnée , y compris fe$
conduits , crampons à pattes , fon entrée . .
Pour chaque ferrure à deux entrées , à tour &
demi , de telle longueur, avee paiTe-par-tout *
clef particuliere. & entrée . . . . ,. ... ■.. i.
Pour chaque ferrure d'armoire à pignon , de 3
ou 4 pouces, avec verroux haut & bas, ouvrant
à bafcule, & avec fon entrée . . . . * .
Pour chaque loquet poli à bouton , * ».
Pour chaque loquet à boucle .. . * . „
Pour chaque panture de telle longueur . * ;
. Pour chaque couplet de telle longueur . i .
Pour chaque clef de paiTe-par-tout particu-
lièrement . . 'i. ji : . ,'■·',% . . , ·« ê ''> ■'*"·'
Pour une clef forée ou benardée pour une
ferrure ordinaire ... . > . . y . .
Pour une clef de ferrure d'appartement . >. .
Pour une gâche encloifonnée & polie . . «,
Pour une gâeheen plâtre ,. . , . » · «
Pour une entrée de ferrure . . . . . j.
) Pour dépofer & repofer une ferrure, & la
regarnir ....,-....*,.,,., ■.>'■.■.>.. y-..,·.-. ■'.· ."..^:.-··ν
Pour chaque rofette avec fon bouton à
'filet ·· 4 éï'i'-iy'* .a.'..,* ' ·.» ^ m>i ■ .' ...-.' .K.':"·' '.'. ,:·..'..'*'' '«·
Pour chaque équerre fimple ou double pour
-ocr page 459-
43*                       Cours
fortifier les aflemblages des chairs àverrede\Mltt
ou telle longueur de branche ... . . ,
Quant aux grandes équerres doubles ou fimples
des battans de portes cocheres , elles feront
payées au cent pefant , plus ou moins , félon
qu'elles feront fimples ou fleuronnées . . . .
Pour chaque verrou commun avec une plaque
Wille * ·_ « · .· · · · * · · <* · *
Pour chaque pied courant d'efpagnolette de
tel diamètre, polie ou blanchie , avec (es pane-
tons , agraphes, fupports , poignée , gâches & »
lacets
.............4
Pour chaque pied, courant d'efpagnolette fans
panetons ni agraphes , & le reite comme ci-
devant ·,('· '-',·■ · · · · » :'·* ■· » « ;: » -'·','· · '*
Pour chaque pied de tringle de croifée de td
diamètre , polie . "... . . . . . *
Pour chaque toife courante de rampes à arca-
des , avec enroulement haut & bas , ou fuivant
les deiîins convenus , il fera payé . \ . „ .
Pour chaque balcon orné fuivant le modele
arrêté , il fera payé
....... . .
Les pivots, les crapaudines , les fléaux des por-
tes cocheres avec leur main , feront payés le cent
pelant .. »..,,'.■,·■■'■ .·*...... · . 4|:v."· · ·■ ■ ·■ :v» ·
Pour chaque pied quarré de tôle . . . ;..
Pour chaque cent, d'anneaux de mangeoires à
fufâge des écuries ..........
0 Pour chaque cent pefant de plaques de fonte
unies , pour les cuifines , offices . . . , '.
Pour chaque cent pefant de plaques ayec
armes ._ν. . <J t. -*. . 1
#,. „ :;..' . <%. ..r, à-y*~
Pour chaque cent pefant de rechauds de
font® . :. .',,. '.. . #:;.,. . **.. .„■'..■% ..,;'.,>·
: Pour
/
-ocr page 460-
d'Architecture, 4l j
Pour chaque cent pefant de tuyaux de fonte »
pour le bas des defcentes de plomb . . > ·
&c, &fc. &c. . ,'■".·. . . . . . ■* . .. ·
Explication des Planches concernant
~ . la Serrurerie.
La Planche CXXXlll , repréfeMë une
partie des gros fers d'un bâtiment.
A, chaîne de fer plat, réunie à trait de Ju-
piter ; a ernbraifures ; b , coin.
Β , autre chaîne de fer plat , réunie à char-
nière.
C , chaîne de fer quarré à moufles" & à clavettes
a ; b , exprime feparément les œils de la chaîne.
D , chaîne de fer quarré , dont les bouts forît
en crochets , & contenus par une embraifare de
fer a , & de, gros coins de fer b,
Ε 5 plate-bande ou tiran de fer plat; a , talon ;
b , troux pour les clouds dentés ; c , œil.
F,  ancre paiîée dans l'œil du tiran E.
G,  trémie dont Us extrémités a font coudées.
H , manteau de cheminée, dont les extrémités a
font en queue de carpe,
I , crampon.
Κ , Κ, étriers à Tufage de la charpentene.
L , étrier vu de face & de profil, que Fori'met
entre les joints des claveaux d'une plate~baride.
M, corbeau , dont le bout deftiaé a être fcella,
eit relevé en queue de carpe.
v N', boulon pour contenir les rampes dès eicaliers
de charpente.
Ο , crochets pour contenir les chêneaux.
Ρ , brides de fer pour contenir les tuyaux de
defeente.
Tome FL
                (                      E e
-ocr page 461-
434                    Cours
Q , Τ, renverfé, & Ζ , que Γοη met entf e îel
claveaux pour foulager leur coupe.
La Planché CXXXIV, offre les détails de
la ferrure d'une porte cochere ordinaire.
A , pivot à équerre. Β , crapaudine. C, fiche
à gond , compofée de deux gonds liés enfemble.
D, tourillon, &<3?, bourdonniere, défîmes à con-
tenir la porte cocliere dans le haut. Ε 3 équerre
double. F , fiches à chapellet. G , fléau. H, H 9
, crampons. I , boulon. L , petite ferrure plate.
M , verrou à crampon. Ν verrou à platine.
Ο , main. Ρ, heurtoir.
Pour faire voir la fituation de ces différentes
ferrures , nous avons repréfenté, fîg. I, le derriere
d'une porte cochere, où nous avons mis de pe-
tites lettres correfpondantes aux grandes.
La fîg. II, eil le détail d'une efpagnolette à
fufage d'une porte cochere. Q, tringle de fefpa-
gnolette» R , main-tournante. S., petite ferrure
avec un moraillon attaché à la main-tötirnante.,
Τ, lacets. V, crampon. X 9 verrou à douille.
La Planche CXXXF, offre les détails de la
ferrure des portes.
A, panture. Β , gond ordinaire. C , gond à
repos , à fcellement. D , gond à repos , à pointe.,
Ε, pomelle. F, fiche à vafe , & fes ailerons ƒ.
G, fiche à nœud ou à broche. H , couplet.
\ , verrou à crampon. Κ , targette. L , verrou
à reiïbrt. M, ferrure à pluiieurs pênes. Ν , gâche
encloifonnée. Ο , entrée. Ρ , rofette avec (on
bouton. Q , pivot â tête de compas , à deux
branches coudées en équerre. ■
R, porte à placard à deux vanteaux? avec la
i
-ocr page 462-
Ö'ARèHlTECfURE.
poÎmon de fes ferrures ; λ , fiches à vafe ;
*  , verroux à reffort ; c , ferrure ; </ , gâche
encloifonnée ; e , bouton à rofette ; ƒ$ petit ver-
rou ou targette.
La Pl. CXXXF19 repréfentèla difpolïtion dé
toutes les parties de la ferrure d'une croifée :
*  > efpagnolette ; j > lacets ; c, gâche ; d, main-
tournante ; e , fupport ; ƒ b volet ; # , panetons
& agraphes ; A, étoquiaux repréfentés à part en H *
fur la droite delà planche: i, fiches à vafe; k%
frches de brifure;/, pattes en plâtre; fo> équerrg
iimpîé | η & o équerres double.
À
^
4 ê? s&^
E e ij
-ocr page 463-
4}6                       Cours
DE LA PEINTURE D'IMPRESSION
Τ
JLA. Peinture d'împreffion conlifte à appliquer
une ou plulieurs couches de couleur à plat, fur
un mur , fur du bois , fur du fer , fur de la toile,
ou fur une autre furface quelconque. Il y a deux
efpeces de peinture , Tune que Ton nomme en
détrempe, l'autre que l'on nomme à l'huile. Pour
faire concevoir ce qui conititue la perfection de
ces ouvrages , il eft néceflaire de donner une
idée de leurs procédés.
■——■■»—————H ι ίιίιμιι 11» ι mm mu ii'i n n n n m mi m iiimiwn iinnwm 'iwiiii' ι πι
.....tümSm nii h ..a............—,—*m ι ι.... ......S— ,-\            · . .......—*
Article Pre mi e r.
De ia Peinture en détrempe.
Il y: a trois fortes de détrempe ; la détrempe
commune > la détrempe dite blanc de Roi, & la
détrempe vernie.
La bafe de la liaifon de la peinture en dé-
trempe eft la colle , foit de rognures de par-
chemin , foit de rognures de gands & de peaux
de moutons. Pour la faire 3 il faut „ après avoir
bien laiffé tremper quelque tems les rognures en
queftion , & les avoir bien lavées , mettre dans
un chaudron une livre des rognures ci-deffus,
contre fix pintes d'eau , & les faire bouillir à
grand feu pendant environ trois heures s tellement
qu'elles foient converties en bouillie liquide, & que
l'eau foit à-peu près réduite aux deux tiers : après
-ocr page 464-
d'Architecture.          437
quoi on la laiffe répofer , & on la paffe dans
un gros linge , ou dans un tamis ', pendant qu'elle
eil encore un peu chaude. Si la colle a été bien
faite, après qu'elle eil tout-à-fait refroidie , elle
doit avoir la confiilance d'une gelée trafparente
très-ferme : elle fe garde environ huit jours en "
hiver , & feulement quatre ou cinq jours pen-
dant l'été ; & l'on ne fauroit la conferver plus
long-tems , à moins de la mettre à Tabrij dans
une cave ou un lieu frais. Pour entreprendre
enfuite une détrempe, il ne s'agit que de prendre
fucceiïivement la quantité de colle dont on a
befoin 5 & de l'afFoiblir plus ou moiris avec de
l'eau en la chauffant, & en y incorporant de la
couleur.
Les ouvrages communs de blanc en détrempe,
fe font en détrempant dans un demi-fceau d'eau
bien claire du blanc d'Efpagne , de façon à en
former un efpece de pâte ; puis l'on prend du
charbon noir pilé & paffé au tamis , que Ton
détrempe auiîi à part avec de l'eau , mais de
maniere à former une bouillie très-liquide : on
mélangera enfuite un peu de cette bouillie noire
avec de la pâte^blanche, & l'on fera chauffer ce
mélange dans de la colle convenablement pré-
parée , c'eil-à-dire, d'une force fuffifante : nous
difons d'une force fuffifante , parce que ii on n'en
met pas affez , la détrempe blanchit les habits *%
& fi on en met trop , elle s'écaille. Quant à la
raifon pour laquelle on met un peu de noir
parmi le blanc , c'eft que fans cette précaution
il fe roufliroit par la fuite à l'air.
On peint les plafonds, en donnant deux couches
tiédes de blanc d'Efpagne mêlées d'un peu de noir,
comme ci-devaiat , avec l'attention feulement de
E e iij
-ocr page 465-
φΒ                 Co pus
mettre peu de colle dans l'eau où Ton broyé Î0
blanc 5 tant pour ne point faire écailler cette dé-
trempe , que parce que , dans cette pofitioii, il
n'y a pas à craindre que couleur puhTe blanchir
les habits.
Quelque couleur que l'on veuille appliquer fur
un lambris ρ on met toujours , regle générale , la
premiere couche , ou les deux premières couches
en blanc, & cen'eilqu'après avoir poli ce blanc-,
qu'on donne enfuite les couches de couleur, en
petit gris , en bleu , en couleur d'eau , en verd ,
en jonquille, en Ullas s en gris de perle , en bleu
de prufle, &c, &ç. fuivant la teinte que l'on juge
à propos.
Toutes les couches de détrempe que l'on em-
ployé doivent çtre chaudes, fans cependant être
bouillantes, &Γοη doit obferver de n'en jamais
mettre une nouvelle que la précédente ne foit bien
feche.
Quand on veut faire une peinture en détrempe
en blanc de Roi ordinaire, on étend d'abord fur le
bois deux couches d'encollage de parchemin toutes
chaudes, & on met enfuite trois couches de blanc
pulverifé à l'ordinaire, excepté qu'au lieu de noir
de, charbon, on y mêle un peu de bleu de prufle
broyé à l'eau. La premiere couche fe met en ta-
pant , pour bien incorporer la couleur dans le bois %
& les autres couches s'étendent avec la broffe , en
obfervant cladoucir la deuxième couche , & d'en
çtet les petits grumeleaux avec de la peau de
chien de mer & de petites pierres ponces d'un grain
îrès-fîn. Mais , quand on veut faire du blanc-de?
Roi recherché , au lieu de troi^s couches, on en
met fix ou fept, comme ci-devant ; & après les
avoir poncé avec foirr, & bouché tous les petits
!
-ocr page 466-
d'Architecture. 439
troux ou cavités qui paroiiToient dans le bois , on
dégage les moulures & les ornements qui pour-
roient avoir été engorgés ou altérés parla dé-
trempe , avec de petits crochets de fer de différen-
tes formes, & enfin l'on finit par mettre une der-
nière couche fur laquelle on paife un linge, lorf«
qu'elle eil feche»
La plus belle de toutes les Peintures d'imprefiiotî
& celle qui a le plus d'éclat eil la détrempe, connue
fous le nom de Chipolin* Elle coniiile, après avoir
mis fept ou huit couches de blane-d'apprêt, comme
pour le blanc de Roi recherché , & après avoir
dégagé les moulures & les ornements, & les avois?
même liffés avec de petits bâtons de bois blancs,
elle confifte, dis-je , à donner deux couches de la
couleur que Ton défire fur le blanc, puis à étendre
fur le tout une ou deux couches de colle pure,
très-légère & délayée à froid , & enfin à mettre
fur le tout pour dernière opération deux couches,
de vernis à fefprit-de-vin·.
On fe contente quelquefois de vernir feulement
le bois fans y mettre de couleur ; mais alors il
faut y étendre deux ou trois couches de colle un.
peu forte broyée à froid , en faifant enforte de les
mettre d'une égale épaùTeur partout ,& Ce n'eilque
quand le tout eft fec qu'on y paife un vernis ( ι ).
A la place d'une couleur uniforme & du même
ton fur les lambris, on rehauife fouvent les mou-
lures & les ornements par une nuance de couleur,
fok plus pâle , foit plus foncée que le fond, c'eil
ce qu'on appelle rechampir ; ce procédé fait ref-
(i) te vernis eft compofé d'efprit-de-vin , de gorne co·*-
pale , de fandarac &: d'autres Ingrediens connus j il doit ς«α*
blanc fans couleur ni épaùTeur.
E e iv
-ocr page 467-
'440                    * touRs/
fortir les ornements & les moulures , donne du
jeu à la décoration des lambris & la rend plus bril-
lante.
Article IL
De la Peinture à l'huile.
La Peinture a l'huile contribue à conferver les
matières fur lefquëlles on l'employé , telles que
le bois , le fer, &c. & à les préferver des injures
de l'air ; auffi a-t-on foin de peindre de cette ma-
niere tous les ouvrages extérieurs d'un bâtiment
qui y font expofés , tels que les portes , les croi-
fées, les balcons, les rampes , les grilles : elle
n'exige pas autant de préparations que la peinture
en détrempe , & elle s'exécute toujours à froid.
On fe fert d'Huiles de lin , de noix & d'œillet
qui font des huiles ficcatives \ & même on hâte
encore leur diiïication , en mettant environ un
gros de vitriol ou de couperofe, qui eft un fei mi-
néral , ou bien un peu de litarge, ou bien enfin
un peu d'effence de térébenthine. Les premières
couches s'employent prefque claires , pour nourir
& bien imbiber le bois: après quoi, pour peindre,
foit une porte, foit une croifée, il faut appliquer
fur le bois une couche de blanc de cérufe broyé
à l'huile , & détrempé avec $ d'huile contre un
quart d'eifence ;& quand celle-ci eit feche , on
met enfuite deux autres couches de la couleur que
l'on déiire \ broyée auiïi à l'huile & détrempée à
J'erTençe pure pour les dedans, & à l'huile pour les
dehors.;■ en obfervant de mettre plus ou moins de
couleur fuivant la nuance que Ton veut : on eft
-ocr page 468-
d'Architecture*           441
libre démettre à la fin une couche de vernis fur
la peinture à Thuile, comme fur celle en détrempe.
Les rampes de fer , les balcons & les grilles fe
peignent avec du noir de fumée délayé dans de
l'huile de noix, avec un peu de litarge ou de cou-
peroië.
Quoique îa peinture à Thuile s'exécute toujours
à'froid , cependant quand il s'agit de peindre fur
une muraille , il eft volontiers d'ufage de donner
une ou deux couches d'huile de lin toute bouil-
lante , afin que l'huile s'empregne dans le mur,
& que l'enduit reile luifant , après quoi on y
étend deux ou trois couches de blanc de cérufe
broyé à Thuile & détrempé dans l'effence feule. :
Quand le bois de menuiferie efl neuf ou nou-
vellement travaillé , il n'y a pas de difficulté pour
y appliquer la peinture ; mais fi le bois efl fale ou
gras , ou bien s'il s'agit d'enlever une ancienne
peinture à l'huile ou en détrempe , il faut lefciver
le lambris avec de l'eau féconde ( ι ) : la dofe eit
environ un demi-feptier d'eau féconde contre une
pinte d'eau claire : après avoir ainfi imbibé le
lambris d'eau féconde à plufieurs fois, on le lave
avec de l'eau , &f enfin on gratte avec des fers les
moulures & les fculptures qui n'ont pas été bien
dégagées de couleur , tellement que par-là le bois
revient comme s'il n'y a voit jamais eu de pem-
turc
Pour les plafonds , les murs d'écuries & de cui-
fmes, quiibntnoirs , il fuffit de commencer par
les échauder , ce qui fe fait en mettant une livre
de chaux vive contre une pinte d'eau , & en ob-
. (i ) L'eau féconde fe fait avec de la potafTe Se* des cendres
gravelées, - -
-ocr page 469-
44*                       Cours
fervant d'ajouter, quand ' elle bout , fumTammenf
d'eau pour qu'elle forme feulement un efpece de
lait : on applique fur lefdits murs & plafonds pîu-
fieurs couches de ce lait de chaux, jufqu'à ce que
le noir ou le roux qu'elles doivent cacher ne
paroiiTent plus, après qu'elles font feches.
Article III.
Du choix dis Couleurs & ck leur ajfortiment*.
Lis principales matières qu'on employé pour
les couleurs de la peinture font terreftres ; telles
font le blanc d'Efpagne , qui n'eit qu'une efpece
de craye > l'ocre jeaune, l'ocre rouge , le rouge de
PruiTe , le carmin , le faffran , la terra mérita , la
graine d'Avignon, le ilil de grain , le verd-de-gris %
le verd de veiîie, le verd de montagne, la cendre-v
bleu , l'indigo , la terre d'ombre , le noir de char-
bon , le noir de fumée ? l'orpin ; c'eiî la maniere
d'employer & de mélanger ces différentes couleurs,
qui fait le talent du Peintre d'Împreiîion.
Dans la Peinture en détrempe , c'eil le blanc-
d'Efpagne qui fait la bafe de toutes les couleurs,
δε dans la peinture à 1'huiie, c'eil le4 blanc de cé-
rufe : on y mêle feulement plus ou moins de cou-
leur d'une ou d'autre forte \ fuivant la teinte ou
la nuance que l'on déiire. Mais, que les couleurs
s'employent en détrempe ou à l'huile., telle eft à
peu près la maniere de les compofer.
Le Blanc de cêrufe , fe compofe avec du blanc«
d'Efpagne &du blanc de plomb.
             /
La couleur en gris de lin y à l'huile ou en dé~
trempe , fe .compofe', en broyant féparement d@
-ocr page 470-
/
d'Architecture; 443
la îaque, tin peu de bleu de Pruffe & de cérufe.
Le Gris de perle fe fait avec du blanc de cérufe ,
du noir de vigne & une pointe de bleu de Pruffe.
Le Verd de treillage eil compofé d'une partie de
verd de gris iimple fur deux parties égales de cé-
rufe ; le tout broyé à l'huile de noix & détrempé
enfuite avec de l'huile de noix, préparée avec un
peu de litarge.
Le Verd d'eau fe fait avec du verd de montagne,
où l'on met du blanc de cérufe pour le rendre plus
ou moins clair s il faut broyer l'un & l'autre à l'eau,
& le détremper à la eolle. On le peut compofer
encore avec des cendres bleues , du flil de grain
de Troye & de la cérufe.
Le Verd d'ufage pour les appartements, fe com-
pofé en mettant, contre une livre de blanc de
cérufe, environ deux onces de ilil de grain de
Troyes 3 & une demi-once de bleu de Pruffe. Ces
couleurs doivent fe broyer à l'eau avec de la colle
de parchemin pour les peintures en détrempe ou en
chipolin,mais pour les peintures à l'huile , elles doi-
vent être broyées à l'huile & détrempées à l'effence.
Le Lillas fe fait, en mêlant une partie de cen-
dres bleues avec deux de laque couleur de rofe %
Ik une partie de blanc pur.
Le Bleu fe compofe avec de la cérufe & du
bleu de Pruffe.
La couleur â'Jrdolfe fe prépare avec du noir
de charbon ou d'Allemagne, broyé avec du blanc,
foit d'Efpagne , foit de cérufe , fuivant que l'on
veut peindre en détrempe ou à l'huile.
Le Jeanne fe fait avec de la cérufe & de l'ocre
de Berry.
Le Jonquille fe compofe avec delà cérufe &du ■
ilil de grain de Troyes,
-ocr page 471-
444                      Cours
Le Citron fe fait avec de Torpiii rouge & de
l'orpin jeaune : on employé encore pour le com-
pofer, au lieu d'ocpin, du ftil de grain de Troyes
& du jeaune de Naples.
Le Violette fait avec de la laque, de la cérufe
& un peu de carmin.
La couleur de bois de chêne s'opère, en mélan-
geant rrois-quart de blanc de cérufe , un quart
d'ocre de rue, de terre dombre & de jeaune de
Berry,
La Couleur d'or fe compofe avec du jeaune de
Naples , du blanc de cérufe & d'ocre de Berry ,
& même un peu d'orpin ronge.
La Bronze, dont on fe fert pour peindre les fer-
rures, fe fait avec du cuivre calciné & reduit en
poudre ; elle eit plus ou moins foncée en couleur :
on la diitingue en bronze dorée , bronze antique,
bronze couleur d'eau : elle s'applique fur les ou-
vrages de ferrurerie à l'aide d'un mordant.
Le CramoifiÎe compofe avec du blanc de cérufe,
de la lacque carminée & du carmin.
Le Couleur de rofe fe fait avec un peu de car-
min', une pointe de vermillon & du blanc de
plomb.
Le Badigeon dont on peint le dehors des mai-
fons , fe fait avec delà poudre de pierre de S. Leu,
& de la chaux éteinte que l'on détrempe dans un
fceau d'eau.
'*■. La Couleur de briques pour les cheminées & les
murs de face que l'on peint ainii, fe.&it avec de
Vome rouge & de l'huile , bien broyés & incor-
porés enfemble , & lès joints fe font enfuite avec
du blanc auiîî à l'huile.
La Mine de plomb, dont on peint les flaques de
cheminée, fe fait en mettant de îa mine de plomb
-ocr page 472-
d'Architecture. 44^
en poudre dans un pot avec du vinaigre. La plaque
étant ainii noircie, on prend de îa mine en poudre
feche avec une broiTe dont ou frotte fortement
1*.plaque, ce qui la rend brillante, comme s'il y
avoit un vernis par-deilus.
Le Noir pour les balcons , les grilles, Sic. fe
fait avec du noir de fumée délayé dans de l'huile ,
& de la lîtarge ou un autre iiccatif.
A R Τ I C L· Ε I V.
De la Dorure.
Outre les couleurs dont nous venons de par-
ler, les Peintres d'imprerfion appliquent encore
de la dorure fur des moulures & des ornemens.
On diilingue deux fortes d'or , l'or mat & l'or uni.
Il faut avant de dorer mettre 7 ou 8 couches
de blanc d'apprêt fur le bois , en obfervant de ne
point trop charger les ornemens de fculpture déf-
îmes à être dorés; & après avoir adouci les
moulures & les ornemens , comme pour la dé-
trempe vernie , à la ponce, à la peau de chien de
mer, & avec des petits bâtons de bois-blanc,
de maniere à les liffer fans néantmoins les trop
ufer, on repare les moulures & les ornemens avec
des fers à crochets pour les dégager , & ôter le
blanc des endroits où il feroit trop épais : cela
étant ainfi préparé , on met une couche d'ocre
jeaune détrempée dans de la colle de parchemin ,
laquelle fert comme de mordant à l'or , & à rem-
plir les fonds où l'or ne pourroit pas s'introduire.
Après quoi , on applique fur le tout, ce qu'on
nomme Mette , qui eil un compofé de bol
-ocr page 473-
44&                       C O ü ft s
d'Arménie , d'un peu de fanguine 9 de rriîiië de
plomb avec quelques gouttes d'huile, broyés d'a-
bord chacun féparement avec un peu d'eau , El
enfuite rebroyés tous enfemble avec de l'eau
pour les rafîner, & les incorporer* On dé-
trempe ce mélange dans de la colle de par-
chemin un peu chaude fans y mettre d'eau 5
& on en donne trois couches fur les parties
qu'on veut dorer : ce)a étant fait , on pofe la
feuille d'or, après avoir mouillé avec le pinceau
îa place ou l'on veut la coucher. L'or étant bien
fec , on le'polit dans les endroits qui doivent
être brunis avec la pierre à brunir, & l'on paiïe
fur les endroits qui doivent reiler mats deux
couches de colie légere toute chaude ; enfin,
pour dernière opération, on vermillone tous les
refends des ornemens , les quarrés & les petites
épaiiTeurs avec dufaffran, de la gome gûte & cIlI
vermillon détrempé, avec de l'eau de gome d'A-
rabie » ce qui donne du relief à l'ouvrage*
Article V.
De la perficlion des Peintures d'imptejjioiù
La Peinture en détrempe exige bien des pré^
cautions pour être opérée convenablement ; fi drî
n'y met pas affez de colle , elle blanchit les habits
ou elle fe déteint ; & fi on en met trop , elle s'é-
caille. On ne doit voir ni trous rii gerfures dans le
bois, & ceux qui y étoient doivent avoir été bou-
chés d'avance avec du maftic ; on n'y doit point
non plus appercevoir de grumeîaux de couleur
qui n'ayent été enlevés ou adoucis : il eft efferitiel
qu'il n'y ait pas plus de couleur à un endroit qu'à
-ocr page 474-
ö*Â rchiteCtürë,           447
fautfe , & que les teintes foient parfaitemenc
égales. Il faut prendre garde, quand ce font des
ouvrages recherchés , que les moulures & les
ornemens ne foient point engorgés de couleur »
& avoir attention qu'ils foient reparés avec foin
aux fers pour en rappeller toutes les fineiTes.
Le devoir d'un Architecte pendant l'exécution
de ces fortes d'ouvrages, eit de veiller également
à ce que les Ouvriers ne négligent aucune des
précautions néceifaires pour leur perfection ,
îuivent leur devis pour Îe nombre de couches
convenues , & fur-tout y employent de bonne
rnarchandifes ; car ii l'huile-n'eft pas d'une bonne
qualité, elle infedera les endroits qui font peints 9
& fi le vernis ne vaut rien , il entêtera pendant
long-tems, & fera capable de caufer des mala-
dies à ceux qui occuperont les%ppartemens.
Article VI.
Ό es Devis de Peintures d'impreffïon.
IL fufiît dans ces fortes de Devis de fpécifîer
la quantité de portes,de croifées , de contrevents,
& les différens lambris des appartenons qu'il
s'agit de peindre , foit à l'huile „ foit en détrempe,
& d'expliquer auiîi le nombre de couches de cou-
leur qu'il faudra mettre , de quelle couleur ou
nuance de couleur on veut que lefdits objets
foient peints ; & même, afin qu'il n'y ait point
d'équivoque, on fait faire fouvent d?avance des
échantillons que Ton conferve, afin que le Pein-
tre foit tenu de s'y conformer exactement : on
convient enfuite des prix de chaque toife d'ou-
vrage , que l'on expofe ainfi.
-ocr page 475-
448                       COURS
ImpreJJîons en Détrempe.
Pour chaque toife fuperflcielle de détrempe
en blanc , gris , jeaune, rouge & noir à une
couche , la fomme de....... .
Pour chaque toife fuperflcielle de pareille dé-
trempe à deux couches , la fomme de W » ·
Pour chaque toife fuperfîcielie de pareille dé-
trempe à trois couches, la fomme de . . .-'.;.. .
Pour chaque toife fuperflcielle de couleur de
bois en détrempe à deux couches, la fomme de .
Pour chaque toife fuperfîcielie de vernis à trois
couches , dont une de colle & deux de vernis à
refprit-de-vin, la fomme de.......
Pour chaque toife fuperfîcielie du même vernis
à une couche , la ipmme de.....-. ..
Pour chaque toife fuperfîcielie de pareil vernis,
à deux couches , la fomme de . . . V Y *.
Pour chaque toife fuperfîcielie de noir au vernis
à deux couches , la fomme de . . .
Pour chaque toife fuperfîcielie de panneaux en
couleur de bois-veiné avec cadres 9 moulures &
vernis par-defTus , la fomme de ..... ·
Et fans être vernis , la fomme de . . . ·
Pour chaque toife fuperfîcielie de couleur de
bois vernie , la fomme de . . ..... ♦
Imprejjions à t Huile.
Pour chaque toife fuperfîcielie de blanc d©
cérufe & couleur de bois , à une couche , la
fomme de ■ , . . . . . . . . . . ,·
Pour chaque toife fuperiîcielle de couleur de
bois, à deux couches, la fomme de ■-'., . · ·
-ocr page 476-
&kiLóiïït ËC Wie» 449
î>otif chaque toife fuperficielle de gris j
|eaune, de rouge & de noir , à une couche , la
ibmme dé ... . . . . . * * » » *
Pour chaque toife de pareille couleur, à deux
couches , la fomme de . _. '.■.';> * » · *
Pour chaque toife fuperficielle de verd-plein
aune couche, la fomme de .■* * . * » «
Pour chaque toife de pareille couleur, à deux
Couches, la lomme de -. .- » . » . . . »
Pour chaque toife de pareille couleur, à trois
couches, dont la premiere fera de blanc de cérufe,
la fomme de .„. * ,'■'·' ï * » * 5v i . . .
Chaque toife de verd fur les treillages fera payée,
& fuivant le nombre de couches, & à raifon de la
grandeur des mailles*,
Pour chaque toife fuperficielle de rouge ou âà
j-eaune pour le parquet ou le carreau, la fomme de«
Pour chaque toife de briques à deux couches dâ
rouge,& leurs joints tirés avec du blauc,lafomme de*
Impfeßlons tant cri détrempe qiÛen huile.
Pour chaque toife fuperficielle de peinture en
marbre, à l'huile ou en détrempe , & vernie"par*
deiïus, la fomme de . » c » > - , » . .
Polir chaque toife fuperficielle de peinture en
marbre, à l'huile ou en détrempe, fans être vernie*
ia fomme de . . . . * . . * . . . » ■ *
Pour chaque toife de couleur de bois-vené*
à l'huile & verni, la fomme de i . . .
Pour chaque toife fuperficielle de couleur dô
bois-vené avec des paneaux feints , le tout peint
à huile &: verni, la fomme de ♦ « ♦ » . «
Pour chaque toife fuperficielle de grifaille en
détrempe à deux couches, avec dés paneaux feints,
la fomme de . - » '♦ » · . » *-" » » » ν » _♦
Tome KU
                                      Ft-'
-ocr page 477-
Ι
4fo                   Cours
Pour chaque toife fuperfîcielle d'échaudage
de' mur & de plafond , la fomme de .
Poiir chaque toife fuperfîcielle de lefcivage de
lambris à l'eau féconde , la fomme de . . ·
ImpreQions pour le Blanc de dorure
& le Ckipolm.
Pour chaque toife fuperfîeieile de blanc de
dorure à une couche , la fomme de , . . ,
Pour chaque toife des autres couches fuivah-
tes, la fomme de . . . . «'"■·. i . . «
Pour chaque toife , fuperfîcielle de blanc re-
champi à deux couches , la fomme de .
Par chaque toife fuperfîcielle de chipolin en
détrempe de différentes couleurs & verni, la
fpmme de . .·...'. \ .> . > . . . .
Pour chaque toife fuperfîcielle de chipolin dont
Ifs moulures, & les ornemens feront rechampis
d'une autre couleur que le fonds , la fomme de .
Pour chaque toife de réparure fur blanc d'ap-
prêt , tant fur bois que fur plâtre , la fomme de .
Pour chaque pied d'efpagnolette en couleur
de bronze, la fomme de ... t
V . . fc
Pour bronzer les ferrures des portes, des croifées ,
i^es armoires l'une dans l'autre , à tant la pièce . .
Dorure.
POUR chaque pied fupernciel d'or mat, fur
un fond uni & à couvert, la fomme de . . *
Pour chaque pied iuperfîciel d'or mat uni &
à, découvert , la fomme de . .' # \', . ,' .'
Pour chaque pied fuperficiel d'or repaiîe, la
fomme de . , . . . . i, .: , , . , .
Pour chaque pied fuperfîciel >d'oi bruni fur de
la fculpture, la fomme de, .... . . . »
-ocr page 478-
d'Architecture.            451
\ DE LA VITRER IE.
%J>W diftingue deux forces da verre, ie verre
blanc & le verre commun. Chaque carreau or*<
dinaire s'attache avec quatre pointes , & fe colle
en dehors 5 tout au pourtour avec une bande'de
papier, ou bien avec du maftic. Le maftic n'eft
autre chofe que du blanc d'Efpagne écrafé, mêlé
avec du blanc de cérufe, & delalitarge; Je tout
broyé avec de l'huile de lin , de noix , ou de
navette.
Le verre ordinaire fe tire de Normandie , &
contient vingt-quatre plats, qui ont chacun 38
à 44 pouces de diamètre, avec une boudiné au
milieu : on peut tirer de chaque plat 4 pieds dö
verre Tans la bopdine ; fa perfection eft d'eue
blanc, clair, net, fans bouillon.
Le verre ordinaire fe compte au pied quarré,
& fe paye mis en œuvre maintenant 12 fols ;
& on compte enfuite le maftic fur le pied d'un
fol 6 deniers , ou de 2 fois au plus par car-
reau.
Le lavage de chaque carreau , y compris
le collage en papier par dehors , fe paye 6
deniers.
On donne en compte le verre au Vitrier pouf
moitié de fa valeur ; mais quand il eft queftioti
de le remployer, on lui donne en compte par
mefure , & on ne lui paye que la façon*
On fe fervoit ci - devant de verre blanc que l'on
tiroit de Bohême, pour vitrer les croifées des appar-
tements ; mais maintenant on n'employé plus qui
Ffi,
-ocr page 479-
45%                   cours
du verre de la Verrerie Royale de Saint-Quirin,
fituée dans les montagnes de Vofges , dont la
qualité eft fupérieure à tous égards au précé-
dent j il eft très-dur, & point fujet à fe calci-
ner, quoique expofé au foleil & à l'humidité ,
& dailleurs du double plus épais ; il fe vend
'ΐ? fe le Pa<îuet> fuivaat les mefures ci-après-
détaillées;                                                           
ι $k 1
-ocr page 480-
d'Ar CHI Τ E C TVrE.
XA R 1Fdes Verres en table des Verreries Royales
de Saînt-Quïrin
, à \% liv. le paquet^
S Ç A V O I R
;6 fur 30"
38 . . 28
35;.. . Ji·
37 ·
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' j ftuillepour t paqtjets.
6 atï paquet.
► ipour 3 paquets.
>7 ait paquet»
"ι pour 1 paquet.
tj^our 2 paquets.
k 3 pour 1 paquets.
-8 au paquet,.
*% au paquet
-9 au paquet;.
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, ,. iy 11 au paquet.
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. . 10}
, I2i £14 au paquets
iQ itf au paqueï».
. 3 au paquet*
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H
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a
*5 au paquet.
-ocr page 481-
f
454                    * Cö υ R s
Outre ces grandeurs , dans l'Entrepôt général,
rue des Déchargeurs à Paris , on fe charge , ea
prévenant iïxfemaines d'avance , de faire exécuter
toutes fortes de mefiires en verre en table, juf-
qu'à 45 pouces de haut.
On trouve encore,dans le même Entrepôtsduverre
d'Aliace d'une grandeur bien plus commode que
le verre de Normandie , pour faire de grands
carreaux , & qui rie coûtent pas plus cher, il eft
bien éloigné de la perfection du verre de Saint-
Quirin, quoiqu'il puifîe faire à-peu-près le même
fervice par économie, dans les appartements peu
împortans ; car il n'eft ni auffi blanc , ni auffi fort »
ni auffi exempt de bouillon , & il s'en faut bien
que les pièces de verre foient auffi grandes. On
ne vend pas ces verres au paquet, mais à tant
îa pièce.
                                                  Y
La plus grande pièce de verre , eft 24
pouces , fur 18 pouces , & vaut au Magafin
1 liv. iQ fols.
Celle de 23 pouces fur 17, valent il. 6 «
Celle de 22 pouces fur 16 , valent I
Celle de 21 pouces fur 15, valent
            17
Les autres mefures ? fuivant lefquelles on
vend chaque pièce dans l'Entrepôt, font :
ι;8|
17'
ι6
15
\6
ι4
ij
*3
             fur                16
2-Ο Êk .      . , a      .I4
4Q ,    ■ .      . « .      .       12.
19 · ·    ,« · ·     ·,'   13
Ιο . .     · ··     ·     14
1ψ ■■. i     >:':     · Μ'. , ;'·" ·       15
το .   ".    · . .    ·    ίο
Ι? - ·     . Λ-".»    ·« .   ΪΙ
ι8 <\ ' «    S' ϊ '· ... ,  1%
ié *    ,;'  ; . "    ,    ΐ4
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i*
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ΙΟ
il
-ocr page 482-
d'A R e H itte CTURE.          45 f
En général les Vitriers peuvent fournir ces
fortes de verre mis en place , à 12 fols le pied
quarré, comme ceux de Normadie.
Dans les Devis de Vitrerie, il faut marquer
la quantité de croifées à vitrer, la qualité du
verre qui fera employé, & û les carreaux feront
collés de papier ou maftiqués 9 & enfîamettre dès
prix aux différens ouvrages.
y,
F fit
-ocr page 483-
%
45^                       Cours
DU Ρ A FÉ.
JLe pavé doit être de grais. Celui que l'on em-
ployé pour les rues a environ 8 pouces en tous
iens; il fe pofe à fec fur une forme de fable de
rivierre , Si on le dreiTe à la demoifelle ; quand il
s'agit de paver un grand chemin ou une route,
on ajoute des deux côtés de la chauffée des bor-
dures de pierre dure, pofées de champ , & que
l'on fait enrrer dans la terre pour la fortifier
vers ces endroits. Le pavé d'ufage pour les cours
& les cuifines , eil de deux échantillons ; le
plus grand eil compofé des gros pavés des rues,
fendus en deux , '& s'employe à chaux & ciment
dans les cours ; le plus petit fert pour les cui-
iines j & s'employe auiîi à chaux & à ciment.
En général, il faut pour l'écoulement des eaux
donner au pavé des cours ι pouce de pente par
toife, fuivant la longueur du ruifleau s & faire
en outre par les cotés , des revers fuffifans vers
ledit riiiiTeau. Le pavé fe paye à la toife fuper-
dcielle.
Les Devis de ces ouvrages n'ont rien de par·?
ticuliers, iinon que l'on y fpécifie la qualité du
pavé ; qu'il fera fait à chaux , à ciment ; Se
que l'Entrepreneur fournira tous les matériaux
& peines d'ouvriers , moyennant tel prix . . . *
Il feroit fuperflu de parler particulièrement de
la Marbrerie, vu que nous avons amplement
traité >
dans le Volume précédent, aes efpeces de mar«
brea de leur différentes qualités & façons, &c*
-ocr page 484-
d'Architecture.       4ff
C ATALOGUE
De la plupart des Architectes dont il c β fait
mention, dans ce Cours, avec ΐènumèration
de leurs pricipaux Ouvrages*
ACADÉMIE ROYALE D'ARCHITECTURE.
A VANT i'établuTement de cette Compagnie,
M. Colbert avoit déjà formé un Confeil des bâ-
timents , à l'occafion de la eonitru&ion de la Colon-
nade du Louvre , afin d'y examiner & d'appla-
nir toutes les difficultés qui pouvoient furvenir
dans fon exécution. Ce confeil étoit compofé de
Claude Perrault, qui avoit donné le deffin de
cette Façade , de le Vau, premier Architecte du
Roi , qui étoit un très-grand praticien , de
Lebrun , premier Peintre du Rois qui n'ignoroit
aucun des beaux Arts , & de Charles Perrault ,
frère de Claude , premier Commis des bâtiments,
qui en étoit comme le Secrétaire. Ce fut l'utilité
• dont parut à ce Miniilre cette petite Affemblée,
qui lui fit naître l'idée de former une Académie,
où fe räffembleroient les plus habiles Archite&es à
des jours marqués, pour conférer fur les beautés
de l'Architecture , fe communiquer réciproque-
ment leurs lumières, & contribuer par leurs
confeils mutuels à là perfection de ce premier
des Arts libéraux.
-ocr page 485-
458                       Cours
Cette Académie fut compofée dans fon origine
des principaux Architectes de la Nation , & fut
ouverte publiquement le dernier Décembre 1671,
en préfence de M. Colbert , par un très-beau
difcours fur les avantages dé fArchireaure, pro-
noncé par François Blonde! , Architecte de la
ftibiime Porte Saint-Denis, qui en fut nommé/à
la fois Dire&eur & Profefleur.
Elle a eu , depuis fon établuTement, pour Pro-
tecteurs , tous les fur-Intendants des bâtimens du
Roi. Dabord M. Colbert -, & en furvivance M. 1®
Marquis de Blainville fon Fils. Après la démiffion
de ce, dernier en 1684, elle eutM.de Louvois;
& à la mort de ce Miniitre en 1691, M Colbert
deSeigneîay ; & enfin en 1699 > M. Julés-Hardouin
Manfard , fut nommé à cette place, & avec lui
s'éteignit eh" 1708 , la charge de fur-Intendant
des bâtiments * qui fut fupprimée par Edit du Roû
Néanmoins M. le Duc d'Antih , qui lui fucceda,
en qualité de Directeur des bâtiments du Roi a
obtint depuis , par grâce fpéciale , que les hon-
neurs & prérogatives attachés à cette charge ,
lui feraient continués , fans tirer à eonféqueiice
pour l'avenir.
Louis XV confirma cette Académie en 1717V
par des Lettres-Patentes > qui la mettent direfte-
ment fous la protection du Roi, dont elle reçoit
les ordres par le Diredeuf générai des bâtiments, ,
Ces Lettres-Patentes limitent le nombre de fes
membres, à vingt-quatre Académiciens; fçavoir,
douze pour la premiere claiTe, & douze pour la
féconde : elles fixent fes jours daiTemblée au Lundi
de chaque femäine , excepté le tems des vacan-
ces ; le nombre des leçons des ProfeiTeurs ;
qu'elles doivent être les objets des occupations
-ocr page 486-
d'Architecture.           459
de cette Compagnie ; & enfin , elles accordent
tin louis d'onze francs , de droit de préfenee
par affembîée , à chacun des membres de la
premiere claffe.
Nonobitant ces Lettres-Patentes _, il en parut
de nouvelles en [728 , pour augmenter le nombre
des membres de la féconde claffe, fixés à douze
précédemment, de huit nouveaux Académiciens ;
afin , portent-elles, d'augmenter l'émulation , &
de donner ,à pluiieurs bons Architectes, une mar-
que de diftinâion que meritoient leur expérience
& leur talent.
Cette augmentation n'eût cependant pas lieu
pour lors, & l'Académie demeura fur le pied de
Vingt-quatre Architecles feulement, comme ci-
devant , jufqu'en 1756, que Louis XV donna
encore d'autres Lettres-Patentes , qui fixent de
nouveau le nombre des membres , dont les deux
cîaffes de l'Académie feront compofées. Par ce
Règlement, on égale en nombre d'Académiciens,
les membreäpie la premiere claffe , à ceux de la
féconde , en réduifant cette dernière, ûnéc à
vingt par la Déclaration de 1728, à feize Aca-
démiciens feulement, & en augmentant la pre-
miere claffe du nombre de quatre , qui feront
tirés de la féconde Les leçons , tant de Géomé-
trie que d'Architecture , furent encore fixées
alors , chacune à deux par femaine , au lieu d'une
qu'elles étoient ci-devant; & il fut en outre accor-
dé un jeton d'argent par affembîée* à chaque
membre de la féconde claffe qui s'y trouveroit.
L'Académie d'Architefture diftribue annuelle*
ment, vers la Saint-Louis , depuis 1723 , trois
médailles , une d'or & deux d'argent » à ceux de
fes Elevés 9 qui réiiiHffent le mieux à compofér
-ocr page 487-
4&>                       Cours
im projet qui leur eil propofé en concours, &
qu'ils doivent deffiner ions les yeux des Profef-
feurs. Celui qui a mérité la premiere médaille,
eil ordinairement envoyé à Rome , fous la pro-
teftion& aux dépens de Sa Majeilé 5 aux Ecoles
Françoiies , où, pendant trois à quatre ans , on
lui donne comme aux autres Elevés de l'Acadé-
mie de Peinture & de-Sculpture , toutes les faci-
lités pour fe perfectionner dans fon Art.
Il y a quelques années que cette Compagnie a
encore admis c\qs correfpondans étrangers , ainfi
que des honoraires aifociés libres , & qu'il a été
établi en même temps des prix d'émulation cha-
que mois 9 confiilant en une medaille d'argent a
pour l'encouragement des Elevés.
L'objet des conférences de cette Académie»
qui s'affemble régulièrement une fois par femai-
ne-, eil de travailler ; i° A refoudre la plus
grande partie des difficultés qui fe préfentent
dans la conftruclion des bâtiments ; 2° A déter-
miner relativement au bon goût le! proportions
générales & particulières de l'Architedure , pro-
portions fur leiqueïles on eft.fi peu d'accord
depuis fon origine; 30 A interpréter les us &
coutumes des bâtiments , & à déterminer inva-
riablement la maniere de toifer les différents
ouvrages qui les concernent , matières de la plus
grande importance, & qui font fans ceiTe la fource
d'un infinité de procès ; 40 A conilater les décou-
vertes utiles on intéreflantes, qui fe font jour-
nellement dans cet Art , ainfi que la fomme de
connoiiTances déjà acquifes jufqu'ici, & enfin tout
ce qui eil capable de concourir à (es progrès.
Cette Académie n'a encore rien publié depuis
ion établirTement ; mais il faut croire que, quand
-ocr page 488-
D'ARCHITECTURE,            φΐ
fes méditations auront été fuffifammenr appro-
fondies fur ces différentes matières, elle sera-
preifera à Faire jouir le public du fruit de fes
travaux , à l'exemple des autres Académies.
Adoram ou Adoniram , eut la conduite du
fameux Temple de Jérufalem que Salomon fit
élever, & dont Dieu , fuivant l'Ecriture , avoit
remis le plan à David , qu'il avoit en quelque
forte tracé de fa main divine , pour fervir de
modele aux ouvriers qui dévoient y être em-
ployés.
AlBERTI ( Leon Bapüße ) vivoit dans le XVe
fiécle : il fut furnommé l'Archimede & le Vitruve
- de fon tems , à caufe des études profondes qu'il
avoit fait dans la Géométrie & l'Architecïure.
Nicolas V j l'employa conjointement avec Roffe-
lino
, pour tous les grands bâtiments qu'il fit faite
fous fon Pontificat. Ses principaux ouvrages ,
font TEglife de Saint-François à Rimini, le Portail
de Sainte-Marie la neuve à Florence , deux Pa-
lais pour Jean Rucellai , dans la. même ville »
l'Eglife de Saint André à Mantoue. Entre autres
ouvrages , il a écrit en Latin X Livres fur £ Archi-
tecture.
F. Blondel, dit, au fujet de cet Auteur »
qu'il eil eilimé le meilleur après Vitruve, pour
ce qui regarde le bâtiment en gros , la folidité , &
le particulier des Edifices, mais que 'c'eil dommage
que fes defîins foient ii fecs , fi groffiers , li go-
thiques , δε qu'il ait ii mal réuffi aux mefures
de quelques-uns de fes ordres d'Architecture»
■ ]i', ' '. ' " ' xi', <i'Ai ' ' f^j 'JVrUiiiP '"v-1 ■ ■■■■"■ -
ALOisrus , Archite&e du VIe fiécle,eut la princi-
pale confiance de Théodoric,Prince des Oftrogotjis, -,
-ocr page 489-
φ%                       CÖ V RS
& Roi d'Italie, pour tous les bâtiments qu'il fit
faire, & pour le rétabiiifement des anciens Edi-
fices qui avoient échappé à la fureur des barba-
res. Cell: une ehofe mémorable > combien l'on eft
redevable à ce Prince , de la confervation de la
plupart des Monumens .antiques qui fubfiitent
encore» Caiîiodore rapporte qu'il prit un foin
extraordinaire , pour empêcher qu'on ne les
ruinât davantage, & pour faire rétablir ceux qui
étoient endommagés. Sa prévoyance fut ii grande
à cet égard, qu'il commanda de raiîembler tous
les reftes des Edifices qu'ori ne pouvoit réparer,
& de les tranfporter en divers lieux , où ï\ fit
confbiure de leurs décris divers bârimens. A
Ravenne, entr'autres , on éleva par fon ordre une
magnifique BafiUque , nommée la BafiUque d"Her-
çuk
, qui fut ornée de fragmens antiques , d0
colonnes , de itatues , & de bas reliefs , qu'on y
apporta de toutes parts. Il y a apparence ομΛΙο'ι-
fius
eut la conduite d'une partie de ces Edifices,
avec un nommé Daniel , autre Architecte qui
vivoit de fon tems , & qui fut auifi très-occupé
par Théodorie.
■ ■■')'■ ·'■· *~:>. '■ .ι , yj ■,;■ i ·,:.,; ·., ■ ■■ i I ; - ! : ' \ , "
ANDftOUET, DüCERCEAU ( Jacques) fut Ar-
chite&@ d'Henri III & d'Henri IV. C'efi de lui
le deiïin du Pont-Neuf à Paris , qui eil un des
plus beaux ponts , & des mieux décorés qui foient
en Europe. Il le commença en 1578 , mais il
ne fit que la partie.du coté de la rue Dauphine;
les troubles qui furvinrent ayant fait fufpendre
ce grand ouvrage jufqu'en 1604, il fut continué
alors par Guillaume le Marchand. Ducerceau a
bâti l'Hôtel de Carnavalet , qui a été reitatiré
depuis pat F. Ma/ifard 9 l'Hôtel de Bretonvillier?,
-ocr page 490-
d'Arghiticturê.           463
l'Hôtel de Siiily, i'fïôf βΓ de Mayenne , & une
partie de celui des Fermes ; il eil Auteur de
phiiieurs ouvrages aujourd'hui pm connus , pares
qu'ils ont en quelque forte eeifé d'être utiles de-
puis qu'il en a paru de meilleurs fur les mêmes
matières : tels ίοη%9 les,β dißces antiquesRomains;
les pltts excellent Bâtimens 4.e France ; les Plans &
J)eßins de cinquante Bâtiments tous diffétens ; idiv*eï*~
fes Ordonnances de Plans & dMUv-Gtians. de Bâti-
ments*
ANTHÉmws , natif de la ville de Tralies »
'/Lrchiteäe du Dôme de, Sainte-Sophie , qu'il bâtie
foiis Juitinien s conjointement avec Ifydou de
Muet.. Ce iiit lui qui çut la hardieffe d'entrepren-
dre d'élever , au centre de la croix d'une Egiife \
un Dôme circulaire fur un plan quarré , δι fou-
tenu dans les angles par des panaches ou per>-
dentifs ; invention que l'on a beaucoup perfe-
ctionnée depuis s & qui merite de faire époque ,
eu ce qu'elle eit l'origine du couronnement de la
plupart des Egliies d'importance , érigées depuis
Ja renaiffanee des Arts & des Sciences.
Antimachides, Antistates, Caixeschros
δε PÉRINOS , Archirecles Grecs , employés par
Piliftrate , à bâtir à Athene^ le fameux Temple
de Jupiter-Olympien , qui néanmoins reila im-
parfait , à caufe des divifions qui fur vinrent dans
la République , & ne fut continué que plus de
deux-cens ans après, fous le regne d'Antbiocus,
Roi de Syrie, par Coiïutius.
Apollodore de Damas, un des plus célèbres
Architectes de l'antiquité, fut chargé par Trajan.
-ocr page 491-
464                       Cours
de la plupart des Edifices importai» , qui s'exé*.
cuterent fous fon regne. Il fe fignala fur-tout pai
la compoiition de la Place Trajane, dont la forme
étoit quarrée , à l'imitation des Places Grecques ;
on y voyoit un grand nombre de itatues , la
fameufe Bibliothèque de Trajan , ainfi qu'une
Baiilique très-fpacieufe, où fe rendoit la Juflice #
&? où s'afTembloient les Négocians : il y avoit au
milieu de cette Place la Colonne coloifale , qui
fubfifte encore aujourd'hui, & qui portoit la Sta-
tue en bronze de cet Empereur, que lui avoit
érigé le peuple Romain , en reconnoiffance des
fervices qu'il avoit rei|du à fa Patrie (ï). On croit
quApollodore fut auiïi l'Architecte des Thermes,
appelles Thermes Trajanœ , de même que de nom-
bre de Temples, d'Acqueducs & de grands Che-
mins , qui furent exécutés alors. Mais l'ouvrage
qui a contribué le plus à l'immortalifer -, efr. le
fameux Pont que Trajan fit jetter furie Danu-
be", que l'on croyoit un entreprise infurmon-
table à l'induilne humaine, à caufe de lä pro*
fondeur & de la rapidité de ce fleuve , à
l'endroit où il s'agiiïbit de le fonder & qui
empêchoient d'y faire des batardeaux pour affeoir
des piles. Cet Architecte en vint à bout en jet«
tant dans le lit du fleuve, aux endroits où dé-
voient être placées les piles , une quantité prodi-
dieufe de divers matériaux, & -par ce moyen il
parvint à former des efpeces d'empartemens, fur
lefquels il éleva enfuite les arches à l'ordinaire.
On prétend quJpollodore mourut vers Fan 130
de l'ère chrétienne , vidtirue d'une raillerie qu'il
( 1 ) A la place de la fbtue de cet Empereur , qui avoit 19
pieds de hauteur ; Sixte-Quint fie mettre la ftatue de S. Pierre,
qui n'ena que 13,
**"                      -                     avoit
-ocr page 492-
d'Arc ö it e CT ure. 4^5
ävoit faite à Adrien, avant qu'il fut Empereur,,
& dont il fe vengea , fous un faux prétexte :,
lorfqu'il parvint à l'Empire.
Argenville (d% Maître des Comptes, A meut
d'un excellent Livre, intitulé la Théorie fy la.Pra-
tique du Jardinage *
, où il trake: à fond de. fa
compofition &: diftrirjution des jardins de plaifan-
cé , dont le Blond a compofé en partie les deffins.
On ne peut trop recommander l'étude de cet
Ouvrage à ceux qui veulent fe perfectionner dans
ce genre d'Architecture ', dont ie Nautre a été en
quelque forte lé créateur, /
                        ' -v
PÄRBARÖ § ( Daniel ) Vénitien,, sPatriarche
d'Àquilée, vivoit dans le XVÏe üecle. Ü a donrié,:,
entre autres ouvrages , des Commentaires fur
Vitruye
? où il a compilé en grande, partie ceux
que Philahder avoit fait fur le même Auteur.
Ä11 furplus, tous ces Commentaires font devenus
prefque inutiles depuis ceux de Perrault, & du
Marquis de Galliani.
ËÉLIÖÖR , Colonel d'ïnfantenë, &: ancien
PröfefTeur Royal de Mathématiques aux Ecoles
d'Artillerie , outre différens Ouvrages im les
Mathématique^ » à publié un excellent Traité
à!Architecture Hydraulique., qui contient la defcrip-
tiö.n dé ja plupart des machines Hydrauliques,
jaiiifi que de tout ce qui eu propre.à, iufage des
eaux,, ci qui a pour objet leur dépenfe , leur
YÎteÎle , leur poids, leur nivellement, leur con-
duite , leurs réfervoirs. 11 eil encore Auteur d'un
autre Ouvrage intitulé la Science des Ingénieurs »
pu il traite des élemens dé la poufTée des
Tome PI,
                                      'Ça
-ocr page 493-
%6β                       Cours
voûtes , de la maniere de fonder iiir toutes
fortes de terrains , de la pouffée des terres & de la
réiiftance dés bois. ,
BERNIN, ( Jean-Laurent ) furnommé le Cavalier,
Peintre , Sculpteur & Archke&e de génie, né à
Naples en 1598. Rome lui eil redevable de plu-
iieurs de fes plus beaux Monuments. Entre les
principaux Ouvrages d'Arehite&ure qu'il a fait,
on aamire principalement la Colonnade circu-
-v laire qui environne la Place de Saint-Pierre, la
* Fontaine de la Place Navonne , les Eglifes de
Saint-André & du Noviciat des Jéfuites à Monte-
Cavallo.
Louis XIV le fit venir à Paris pour
travailler au defîin du Louvre ; mais fön projet ne
répondit pas à l'attente qu'a voit fait concevoir fa
réputation, & celui de Perrault lui fut préféré :
le Cavalier Bemin retourna à Rome, comblé des
bienfaits du Roi , où il mourut en 1680.
■fi Bïbienne , ( Ferdinand Galli ) né à Bologne en
*IÓ57, fut attaché au Duc de Parme, & enfuite
à l'Empereur en qualité d'Architecle \ il a donné
comme tel les deiîins de plulieurs Edifices, mais
ion talent particulier étoit pour les décorations
de Théâtre , & c'eil en ce genre qu'il seil fait
de la réputation. Il a compofé deux Livres
d'Architeclure , &l'on a gravé d'après lui un Re-
' eueiî de perfpeétives & de décorations théâtrales :
il eil mort à Bologne, à plus de 80 ans, & a
laifTé deux fîîs ; dont l'un a été Décorateur à
Vienne , d'après les productions duquel on
a gravé auffi un Livre de Décorations ; δε dont
l'autre a été premier Architecte de l'Eleéteur
^Palatin. L'Egliie des Jéfuites de Manheim, qui
-ocr page 494-
d'architecture.           467
eft d'une Architecture très· médiocre , eft de ce
dernier , ainii que le grand Théâtre de cette
même ville , qui eft de la plus grande magnifi-
cence, mais d'une compoiition lourde & materiele.
BLOND , ( Jean-Β'aptifle-Alexandre le ) a bâti
l'Hôtel de Clermont , rue de Varefne , & une
partie de l'ancien Hôtel de Chaulnes , rue d'En-
fer. Il a eu part , comme nous l'avons dit, au
Livre de la Théorie du Jardinage. Pierre le Grand
l'attira en Ruiîie , pour être "fon premier Archi-
tecte , & pour préfider aux grands Ouvrages
dont il avoit formé les projets; mais ie Blond
mourut peu de tems après fon arrivée à Saint-
Pétersbourg, âgé de 40 ans , en 17Ï9.
Blondel , ( François ) très-habile Architecte,
& Géomètre, eut i honneur de montrer -les Ma-
thématiques au Grand Dauphin , fils de Louis
XIV ; il fut employé dans quelques négociations ,
& parvint aux grades de Maréchal de Camp &
de Confeiller d'Etat. Il fut choifi pour directeur
& ProfeiTeur de 1 Académie Royale d'Architecture,
lors de fa création. C'eiî: de lui le deffin de la
Porte Saint-Denis , qui eft le morceau le plus
achevé en ce genre, qu'on ait jamais fait. « Rien
» de plus majeftueiix, a dit 'avec raifon l'Abbé
« Laugier , que l'étonante largeur , & la belle
sî élévation de fon arc en plein cintre ; rien dé
» plus judicieux que les ornements qui l'accom-
» pagnent; rien de plus mâle & de plus nerveux
»que la fculpture des figures & des bas reliefs;
» rien de mieux deftiné ,.. & de plus riéremenc
» tranché que l'entablement qui le termine ».
Blondel tut chargé én 1660 5 de donner des
G g ij
-ocr page 495-
4èfe                    C tf ü à s
deiÏÏris pour les erribéliiTemèns de Paris. Il s'aiïiï-
jettit, dans ja rëfîàuf atiÖH de la Porte Saint-
Äotoioe , ancien ouvrage'de Métézeàù , à con-
iefvér un Fleuve & une Nayäde de Jean Goû-
geon ...qui font d'une fculpture admirable , & fe
contenta d'ajouter une porte de chaque "coté,
ou fut exécutée pour ia premiere fois une pièce de
trait d'une nouvelle compofition , qui a retenu
le nora d'arrière voujfure de Saint-Antoine,
La Porte Saint-Bernard a auiîi été bâtie fur
Îqs deiîins , mais fa! compoiition 'ëû bien infé-
rieure à celle de Saint-Denis. Les autres ouvra-
ges de cet Ärchitec~te , font la Corderie de Rö-
chefort , fituée dans un marais , & dont les fon-
dations éprouvèrent les plus grandes difficultés ;
le Pont de Xaintes fur la Charente , qu'il bâtit
fur, un radier , &c. , - ,
Nous avons de ce grand Architedlé pluneurs
bons Quvrâgés ; lé premier eil intitulé ; lièfo-
lutioii dés Quatre principaux problèmes £ Architecture
;
ψ fecotidr.r eÄ un Cours d'Architecture ; & le troi-
sième renferme des notes fur £ Architecture de
Jean Savoi.
Il mourût a Paris en 16É6 9 âgé dé
BlondÊL,( François y d'une autre famille ψ.ψ
le precedent, a()ien inférieur en mérite , naquit
a Rouen en* ,\6$$. La décoration du Çnœtïr &
de la Chapelle de la Communion de l'Eglifë Pä-
roiiuale de Saint-Jean en grève , eil de fä cöm-
poiition, dé même que le Baldaquin & là Ghà-
gelie de la .Vierge de l'Eglifë ParoiiTiale de Saini-
Sauveur s il a lait bâtir l'Hôtel des Gardés du
Corps de Sa Mâjefté à Vërfailles ; enfin g&gfc
chargé par la Ville de Paris, de donner les déluhs
-ocr page 496-
D'A ït CHI Τ E C TÜRE,           4<5p
des Petes des deux Mariages de fgû Jj$qnfeigneur
le Dauphin, père du lloi; lesquelles ont été gra-
vées en deux Volumes in-folio, êf ne donnent pas
yne grande idée de ion génie pour ces Ççjtes '<fô
çompoiitions. il mourut en-,175-1$·
^OpFRAND , ( Germain ) naquit à Niantes ég
jBretagné en 1667, de Germain Boffrand, Scul-
pteur , & d'une ipeur du célèbre Quinault. JjL
a voit à peine 14 ans , lorfque f on Λ ongele,lèm
venir à Paris pour apprendre le deffin. 11 entr|
de bonne heure dans les bâtiments du Roi , o^t
il a exercé divers emplois avec diitinclion. fie
fut lui qui fit exécuter en 1699 , fur les de (fins dç
J. Hardouin Manfard , dont il avoit tété çleve |
la premiere Place de Louis le Grand y qui étoit
d'un tiers plus grande que celle que l'on voi^t
aujourd'hui , & gui |ut démolie après avoir été
élevée jufqu'au premier étage. jPveçu membre àp
J'Acadgmie Royale d'Architeaure en 170^, il
en menie tems ^rçhite^e de pliiiieurs Souverain^
d'A%tnagne, de fÉvêque d,e Wurtzbo.urg , Prin-
ce de -Franconie , de Maximilien Ëmanu$l jjyjgf
jÛeur de Bavière , §c de Leopold i , Duc dp
.Lorraine »pour lefquels il fit conftruire ou com-
mencer plufieurs Edifices çonfidérables. ^la.mqçt
de M. Gabriel, en 1742 , il fut nommé premier
Ingénieur des Ponts & Chauffées du Royaume,
& fit Jpcuter en cette qualité nombre de&jiaiix,
d'Eçljfpis ? de Ponts de pierre & de bqi,s » ajnii
fllîeip&É^' vOuvrages de Méchaniques. On re-
marque beaucoup d'imagination dans fes çompo-
iitionl : ion Architecture étoit fimple & noble, λ
il paroiffoit s'être propofé pour modele la maniefp;
de Palladio,
-ocr page 497-
470              > Cours
11 eft Auteur de deux Ouvrages très - eftimés.'
Le premier , eil un Livre £ Architecture, contenant
les principes généraux de cet Art, auquel il a
joint les plans , profils & élévations des prince
paux bâtiments Civils , Hydrauliques & Méchani-
ques j qu'il a eu occaiion de faire exécuter , tant
en France que dans les pays Etrangers ; tels font
le Château de Bouchefort dans les Pays-bas, les
Paiais de Nancy , de Luneville & de la Mal-
grange en Lorraine, de Wurtzbourg en Franco-
nie , les Châteaux de Cramayel & d'Haroué en
Brie, les Hôtels de Craon , de Montmorency,
d'Ârgenfon , les décorations intérieures des ap-
partements de l'Hôtel de Soubife à Paris * les
Portes du petit Luxembourg & de l'Hôtel'de
Villards s le Portail de la Mercy , le Puits de
Bicêtre , les Ponts de Sens & de Montreau. Si
l'on ajoute à ces bâtiments les Hôtels de Sei-
nelay , de Torcy , le Château de Boiïette proche
Melun , la Maifon du Prince de Rohan à Saint-
Ouen , le Pont de Corbeil, la Porte du Cloître
Notre-Dame , les nouveaux Bâtiments pour les
maladies vénériennes du Château de Bicêtre ,
ceux qu'il fit c'onftruire à l'Hôpital Général, à la
Salpêtriere > à Cipion, & enfin le grand Bâtiment
& la Chapelle des Enfans-Trouvés , rue Neuve
Notre-Dame , on fera aifément convaincu qu'il
y a peu d'Architectes qui ayent eu autant d'oc-
caiions de développer leurs talens.
ν Le fécond a pour titre , Defcription de ce qui a été
pratiqué pour fondre tCunfeùl jet la Figure Equeßre de
Louis XIV
', élevée'par la Ville de Paris en 1699 j
ouvrage qui fut regardé alors comme unique
fur cette matière , & qui η a ceiïe de l'être que
depuis celui de MM. l'Empereur & Mariette
fur le même fujct.
-ocr page 498-
d'Architecture; 471                ~}>
Lorfque feu M. le Normand de Turnehem invita
en 1747 , de la part du Roi , les Architectes
de FAcadémie de faire des projets en con-
cours pour placer la Figure Êqueftre de Sa
Majeité > Boffrand en compofa cinq extrême-
ment détaillés , & qui furent univerfellement
admirés , foit pour l'heureux choix des empla-
cemens , foit pour l'Ordonnance de l'Archite-
&ure (1). Louis XV fut fur-tout très-fatisfait de
fon projet pour le Pont-Touçnant , & il eft à
croire que, s'il eût vécu , il auroit eu la préfé-
rence fur tous les autres pour l'exécution.
Comme j'ai eu l'avantage d'être élevé de cet
Homme célèbre , j'ajouterai qu'il avoit une ma-
niere de penfer également grande & déimtéreffée,
qu'il étoit agréable dans la converfation , d'un
caractère doux & facile, d'un commerce aima-
ble , d'un enjouement qu'il a confervé jufqu'à
une extrême yieillefle , & que malgré le grand
nombre de bâtiments qu'il a fait exécuter, il ne s'eir.
point enrichi. Il mourut à Paris, en 1754, d'une
attaque d'apoplexie.
Borominï , ( François ) Architecte & Sculpteur,
natif de Biiïbne dans l'Etat de Milan , fît reftau-
çer TEglife de Saint-Jean de Latran a Rome , fous
le Pontificat dlnocent X. Il à fait bâtir TÉglife
de Saint-Charles , au quatre Fontaines à Rome,
l'Eglife Sainte-Agnès de la Place Navone , qui
eil le meilleur de fes oirvtages , & qui avoit été
commencée par Reinaldy. Cet Architecte a été
( 1 ) Nous - avons donné trois de ces projets dans notre
Ouvrage des Monument h la gloire de Louis XV.
G g iv4
?
-ocr page 499-
472                      Cours .
rÂuteur de toutes ces Productions iinguljeres ,
qui ont inondé l'Italie depuis près d'unfiécle,
or qui ont fait déclleoir l'Architecture, fur-tout
à Rome ; telles font les cartouches de travers ,
les frontons brifés, les colonnes nichées , δε autres
nouveautés extravagantes , ii contraires aux règles
précieùfes de la belle iimplicité. On prétend
que Β oromini choiiit ce gout bifarre pour contre-
carrer celui du Cavalier Bernin , & fe mettre à
la mode, à la faveur de cette nouveauté : il n'a
Oialheureufement eu que trop d'imitateurs.
BOSSE, ( Abraham ) natif de Tours, étoit un
Graveur qui entendoit fort bien l'Archireiture.
Entre fes divers Ouvrages, il en a donné deux
fur cette matière , dont cm fait quelque cas ;
Tun eil im Livre a" Architecture 9 ou Ton trouve ,
entr'autres , les détaijs de la Méthode de Dézar-
gues , pour ôter les rejïauts dans les rampes des
efcaliers , & des Régies dé perfpe&ive utiles pour
arrêter fur le papier les deiïins des bâtiments ,
afin qu'ils puiuent faire en exécution l'effet que
Ton deiire ; l'autre eft un Livre du Trait à preuve,
pour la coupe des pierres , auquel on a reproché
d'être inintelligible aux ouvriers par l'affectation
des termes fcientifîques dont il s'eff fervi»
Bramante , célèbre Architecte , né en 1444,
a Caftel- Durante , au Territoire d'Urbin. Son
premier Ouvrage fut le Cloître du Monaffere
pe la Paix à Trivento. Il bâtit à Rome , pour
le Cardinal Saint-George , neveu de Sixte "IV,
le Palais de la chancellerie , avec des' pierres qui
furent tirées en partie du Colifée & de l'Arc
Gordien ; il ne laiffa à faire que la porte & les
'I
1
-ocr page 500-
d'Architecture,          ^73
décorations intérieures, qui furent par la fuite ter-
minés par Vignoîe & fontana. Peu d'Architeueß
ont eu autant d'occafions importantes de faire
briller leur talent que Bramante Jules II, ayant
été élu Pape en 1503 Y lui donna l'Intendance
Generalede fesBâtimens. C'eil de lui les Bâtiments
des loges du Vatican, ainfi que le Palais du Bel-
védère , dont il ne fit pourtant exécuter qu'une
partie , & que l'on fut obligé de réprendre par
fous*œuvre après fa mort. Il fit exécuter encore
un Palais à Saint-Blaife près du Tybre , & il
donna les deiïins de rËgliie de Notre-Dame de
Lorette , qui fut continuée après lui par Sanfovin.
Enfin Jules II, ayant réfolu de recónitruire l'an-
cienne Bafilique du Vatican, qui ayoit été bâtie
fous Conitantin , & qui menaçoit ruine alors ,
chargea les principaux Archite&es de Rome de
faire des projets ep concours, ajSn que l'on put
s'arrêter à celui qui réuniroit le plus de fuffrages*
Julien Sangalb , Antoine fqn frère , Baltazard
^eruzzi , Fr. Jean Jocondp , Raphaël cTUr bin -,
alors fort jeune, dont les beaux fonds d'Arelii-t
te&ure des tableaux annpiicoient. fpn grand
goût pour cet ^rf·.? ßf Cramante ? compofer,en|:
a l'envi différent projets. Ce fût celui de Bramants
qui eut la gloire 4'oftenir la préférence fur $ομ&
fes riyaux. Vafari prétend qu'il en fut redeyable
en partie à fe§ intrigues ; néanmoins on ne peut
nier que fa cqmppfition ne fut vaite & belle ^
& même fupérieure à tpus les projets .qui fu-
rent préfentés en concpu.rs. La premiere pierre
de'"ce .fuperbe Edifice fut ppféele 18 Avril 150,6?
Sf Cramante ^ tant de diligence , qu'en moins de
6 ans de tems , il éleya les quatre gros piliers
de la Coupole , cintra les arcades des bras de
-ocr page 501-
'474                       Cours
la croix , qui les lient l'un à l'autre, & avança
considérablement la branche occidentale de
l'Eglife , tellement que malgré les changemens
que l'on fat obligé d'y faire par la fuite , à caufe
fur - tout de la grande disproportion des pi-
liers , eu égard à fétendue de la Coupole , fofi „
projet fervit néanmoins toujours de fond aux
deiHns des Architectes qui lui fuccéderent. Bra-
mants
étoit vraiment un Archite&e de génie,
mais d'une imagination trop vive , qui ne lui
donnoit pas toujours le tems de perfectionner fes
idées ; il paroiffoit s'embarrafer peu de la durée
de fes ouvrages , & pourvu qu'ils fuifent opérés
promptement, cela lui fuififoit. Il mourut en 1514 *
âgé de 70 ans.
Bruant,( Liberal) donna en 1671 les deffins
de la premiere Eglife, & des bâtiments qui com-
pofent le grand Hôtel Royal des Invalides. On
appelle la premiere Eglife des Invalides, celle
qui eft deitinée pour les Soldats, parce que l'autre
où eit le Dôme, & que l'on nomme la nouvelle
Eglife , ne fut élevée que du tems après, fur les
deifins du Jules Hardouin Manfard. Bruant a auffi
donné le deffin de l'Hôpital-Général dit la $al-
pêtricrc ;
enfin il a continué l'Eglife des Petits
Peres, près la Place des Victoires , commencée
par Lemuet, & qui a depuis été achevée par
Cartaud. Le itile de fon Architecture étoit noble
& fimple. Il a laiffé un fils qui a bâti en 1721,
l'Hôtel de Belifle , rue de Bourbon, dont le deiîin,
les profils & le goût des ornemens font iingulié-
rement eftimés ; lequel fut ProfeiTeur de l'Acadé-
mie Royale d'Architecture.
Il y a encore eu un autre Bruant, frère aîné du
-ocr page 502-
.' S:..                                          λ,< i' ■ ".-''■'■'■ "ν                                                                         ■ '.'■
\                                                                       : "'-f;              ' .' 'fr;                        '"'; ■ '·· ■·'-.,;'' '"'.· ■.-,
d'Architecture; 475
précédent , qui fut Γ Architecte de la Porte du
Bureau des Marchands Drapiers, rue des Déchar-
geurs , laquelle eil décorée de colonnes doriques
accouplées , dont les métopes font cependant
quarrés , fans que néanmoins les bafes & les
chapiteaux fe confondent : le moyen qu'il a em-
ployé , a été de donner aux pilaftres la même
diminution que les colonnes.
, Brunelleschi , ( Philippe, ) Architecte Italien,
du XIVe liécle , fit bâtir à Florence les Eglifes du
Saint-Efprit & de Saint-Laurent, & il fe iignala par
la coniïru&ion du Dome de Sainte-Marie Delfiore9
qu'Arnolpho - Lapo avoit commencée en 1298.
C'eil un des premiers Architectes qui fe foit diftin-
gué, lorfque les Arts fortireni des ténèbres , où
la barbarie gothique les tenoit depuis ii long-
tems enfevelis.
Bullan , ( Jean ) étoit Architecte de la Reine
Catherine de Médicis. Oii prétend qu'il travailla
à jetter les fondemens du Château des Tuileries,
conjointement-avec Philibert Delorme : il avoit
bâti pour cette PrinceiTe l'Hôtel de Soiiïbns ,
fur le terrain qu'occupe aujourd'hui la Halle au
bled, dont il ne fubfifte plus qu'une colonne
coloffale , terminée par une fphere armillaire ,
qui fervoit à Catherine de Médicis , pour faire
.des obfervations Àftrologiques , auxquelles elle
croyoit beaucoup. Cette colonne participe des
ordres dorique & tofcan ; fes ornemens coniiftent
en dix-huit cannelures , où fe vöyent des cou-
ronnes , des fleurs-de lys, des cornes d'abondance,
des miroirs caftes , des las d'amour déchirés , des
C & des H entrelaifés ; le tout faifant allufion à
-ocr page 503-
.. Ja %$$££ (Je cette Princelle. Bullan a publié un
jQuvfjîge -Jiî Î'Archite<3:ure , dont F. Blpndel &
C|iaiubray parpiiTent faire cas , & ^qui'eil con-
fpndii clans la foule des Livres de même genre ,
parce que .depuis on a mieux fait & mieux vu.
Bullet, ( Biem ) a donné le deiîin de, la Porte
du bâtiment de la pompe fur le Pont Nôtres
Dame , & celui de la Porte Saint-Martin , qui,
^quoique inférieure à la Porte Saint-Denis pour
l'élégance dßs proportions , merite néanmoins ;$e
faire honneur à cet Artiite. Les deux Chapelle^
fde l'Eglife d@ l'Abbaye Saint-Germain des Prés ,
à côté.du Choeur, font de fa composition, de
^êmequereôteldeTallard, l'Hôtel le Pelletier
jdes Forts , ;& la Fontaine de la Porte S. Michel·
£ e$luj qui §X conitruire le Quai Pelletier, elpnr.
le trptoir ne porte que fur une vouflure , ou-
vrage qui lui acquit beaucoup de réputation
par fa i^rdielle-, .& par la maniere Anduftrieuié avec
laquelle il l'opéra. Le Palais Archi-Epiicopal φ
Courges, & le Château d'Ifîy , ont été bâtis fut
-fes devins. Bullet a eu très-grande part à î'exér
.cutio.n de |fg Place de Louijs le^Crrand , telle
qu'elle jeft; aujourd'hui ; & plufieur/s. des Hôtels
.quiÄjviron'ttfnt^ont été exécuxis.furfes deÖins.
^n général fon Archicleture a de fa grâce , dé l'élé-
gance , de la correction , mais elle'cil froide Jf
jtnonotone. iSorï Traité du toifé. \ d^ principaux
mfr-ages d$$ batmmts
,:ejft le ruçilkuiP-Livre qui
ait été fait fur cette matière. Qn y a joint, „der
pms âès commentaires, & <th s'eit avifé dé l'in-
ttkuier , en le réimprimant, ércbmUuré Pratique ·
jamais ce ne fut l'intention de Bulkt, il fa voit
irophien que tes notices fuperficieües àoytx il a fak
-ocr page 504-
. « ... ■ ■
D ' A R Ç H Î ti'CTUR E* - ' - 477
précéder fe$ toifés , ètoiërÏt $iën êîbi§neës dié
former ürf Traité de conftrii^ön.
                 i$$jß
CailiMâQûe , Archite&e, Peintre & Sculpteur |
öe Coniithë, flbdiToit 540 avant l'Ere Chrétienne;
Il eut la gloire d'inventer lé châfjîteâu eofiri-
thieri : invention qu'il ne dut cependant qu'ait
hafard. Ayant vu , en parlant prèa d?lin tombeau |
lin panier que l'on avoit mis fur une plante
cPacarithë, il fut frappé de i'arran|emeiit fortuit
& dû bel effet que produifoient lès feuilles iiaiiP-
fâhtës de cet acanthe, qui ërivirbririoierit le jJä\s
ttiër ; & quoique ce panier avec Kacànthë ri'ëufe
äitHüh rapport naturel avec le chapiteau ά'πϋφ
feolónnë, il adopta cet arrangement pour termi-
ner les colonnes qu'il fcülptoit, ci qui lui valût
un rang diftihgüé jiarmi lès Architectes dèTântp.
quitë.
                                                                 ;
GiÎÂNio neîÎ coàrfiï qiië feg M Li#e-mi
Mi ;
qu'il â écrit fur l'ArchitécTure. F. BloHdà
dit qu'il y a beaucoup â apprendre dätis 10
Ouvrage, particulièrement pour.ce qui regarde
la folidité , & pair pluueurs Bëllëi rëniarijhës qull a
imités concernant la djfpbfiiibfl jffés" bâtimërits '5
ffiaîl que lès régies qu il donné pbiir fes firdrëà
i^Arcnite&ure ? né doivent pas* élÉre iulvies li'étâhf
pas de Bon goût.
                              (
" ÎÀRTaUD à Bâti la Maifoîi ά€ h. Crbzar le
jeiittè à Paris , & fa Mâifoii de plaifancë â
Îviontmorency ; la Maifon de M; dé.Jânvry, rue
PP Varënnès, dont l'ordonnance extérieure & Û
diftribution font très-eftimées ; la partie dés ba4
|ii»ents du Palais-Royal, du côté de la rue des
-ocr page 505-
47%                       Cours
Bons-Enfans; le Portail des Petits Peres, près h
Place des Victoires ; celui de l'Eglife des Barna-
bites , proche le Palais, qui eil un de fes premiers
ouvrages ; & enfin le château de Bourneville : fon
Architecture a en général de la nobleffe , '& les
profils en font d'une grande maniere. Il merite
de tenir un rang diftingué parmi nos bons Ar-
chitectes François.
CHAMBRAYj (Rolland-François de) Auteur de
l'excellent'Livre du Par aie lie de Γ Architecture an-
cienne avec la moderne ,
où il compare les ordon-
nances d'Architectpre des principaux Auteurs qui
ont écrit fur cet Art, & dont il fait différentes claf-
jfes. Cet Ouvrage a le mérite de faire beaucoup
penfer celui qui l'étudié. Chambray a rendu fur-
tout un grand fervice aux Architectes, en réduifant
toutes les diverfes manières de mefurer des Auteurs
à la feule divifion du module en trente parties, de
forte qu'il a mis par-là en état de les apprécier &
de juger de la préférence que l'on doit donner aux
différentes proportions qu'ils ont adopté.
Chelles , ( Jean de ) Architecte du XIII fiécle>
a bâti à Notre-Dame de Paris, le Portique
qui eft à l'un des bouts de la croifée du côté de
l'Archevêché, comme le témoigne une infcription
latine qu'on y voit gravée en vieux caractères.
Clerc, (Sebaßienle) né à Metz en 1637, outre
qu'il fut un très-habile Graveur & Deffinateur ,
entendoit très-bien à compofer l'Architecture ; on
a de lui un Ouvrage fur cet Art, dont les profils
font affez eilimés} il mourut en 1714.
-ocr page 506-
d* Architecture.           479
CORMONT, {Thomas de) a continué la Cathé-
drale d'Amiens, un des plus grands Edifices gothi-
ques j qui avoit été commencé l'an 1220 , par
Robert de Lufarche ; & qui fut achevé par Renault
fils de Cormont, ainfi qu'on l'apprend par de vieux
vers François gravés fur le pavé de cette Eglüe ,
au milieu d'un compartiment de marbre fait en
forme de labyrinthe ; où l'on vol. auffi des figures
repréfentant,non-feulement les trois Architectes qui
ont conduit cet Edifice, mais auiîi l'EvêqueEvrard
qui l'a ordonné.
CouRTONNE , Profeffeur de l'Académie Royale
d'Archiredure, & Auteur d'un Traité de PerfpsBiv&
dont on fait peu de cas ; il a fait bâtir l'Hôtel de
Matignon rue de Vareihe , & celui de Noirmou-
tier, rue de Grenelle fauxbourg S. Germaio , qui
font d'une Architecture médiocre.
Cossutius, citoyen Romain , fut un des pre-
miers qui bâtit en Italie à la maniere des Grecs :
il s'acquit, fuivant Vitruve , tant de réputation ,
qu'Antiochus le Grand , Roi de Syrie, 196 ans
avant l'Ere Chrétienne, le fit venir pour terminer
le Temple de Jupiter Olympien à Athènes, qui
avoit été commencé du tems de Pififtrate , & in-
terrompu par les troubles qui furvinrent dans la
République. Il n'eut pas cependant l'avantage de
le finir entièrement ; car on'continua d'y travaille?
fous Augufte , & même il reila quelques ouvrages
qui ne furent achevés que fous l'Empereur Adrien.
Cotte, (Robert de) né à Paris en 1657, fucceda
à J. Hardouin Manfard, en qualité de premier Ar-
chitecte du Roi. Ses ouvrages l'ont rendu célébrej
/'■'..' '../..-."                                                   - ..,î.-v
-ocr page 507-
48o                      Cours
il a fait exécuter le magnifique Château dé Tria-
non ; la décoration dii Chœur de là Cathédrale dé
Paris ; le Château-d'ëau en face du Palais-Royal ;
le bâtiment de la Samaritaine fur le Pont-Neuf;
l'Hôtel d'Etrées, rue de Grenelle fauxbourg S. Ger-
main ; l'Hôtel du Ludes ; l'Hôtel du Maine rue
de Bourbon ; l'Eglife Pârroifflatë de S. Roch ; & la
Gallerie de l'Hôtel de Touîoufe. C'eit fur fes def-
fins qu'ont auiïi été exécutés les nouveaux bâti-
imens de l'Abbaye de S. Denis; la Place de Belle-
Cour à Lyon ; le Palais Epifcopal de Verdun ; le
Château de Frefcati , maifon de plaifance de
l'Ëvêqué de Metz ; le Palais Epifcopal de Straf-
bourg ; il fit encore nombre d'ouvrages pour les
Electeurs de Cologne s de Bavière & fEvêque
de WurtzBourg. Π mourut en 173 5, & a lai/Té
tin fils , qui exécuta après lui fur (es defïins le
Portail de S, Roch. Son ftyle d'Arfchiteéture étoit
correct ; il avoit une imagination brillante : après
lés Mähfärds & lés Perrault , auxquels il né faut
comparer perfohhë , il peut être regardé comme
un des meilleurs Àrchiteétes François.
CtÉsiphon , Arcfiitecle Grée, auteur du déf-
ini du fameux Temple de Diane à Ephefe, qui
fut exécuté en partie fous fa conduite , en partie
fous celle de fou fils Metagénes, & fuCcefiivemenr
par d'autrëà Architëcles qui y travaillèrent pendant
pires de iió arïs.
ν DàVilèR {MgiißifiCharlis) naquit a Paris M
1653. En allant en Italie par mer pour y étudier
FArchiteclure , il fut pris avec Dêgodets par des
Corfaires, & derriëtira fèizë mois en captivité a
Alger ; delà il vint à Rome continuer (es études.
De
:.■«:■■.■'■■■■■■ ;.--(■ ■                                              i                  v"-\                                                    ' Y . ' Y ', "Y·
: V-■<·'■■ .: '..'■;;: '■ ':'' ' '!                                                                     '' ' '·'■'"                                                                  ·
7 ■ ',.'■ ' .-"■■. , ■ ;.'■ 'Y' '.                                                  Y Ύ ■:, ■                                                                                                                 . ...
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d'Architecture.            481
De retour à Paris il s'attacha à J. Hardouin Manfard,
qu'il ne quitta que pour aller conduire à Mont-
pellier une Porte Triomphale, élevée à la gloire
de Louis XIV , dont Borbay avoit donné les
deflins- : il a fait nombre de bâtimens particuliers
à Béziers , à Carcafîbne ., à Nîmes , & fur-tout à
Touloufe le Palais Archiépifcopal : fes travaux
engagèrent les Etats de Languedoc à créer en fa
faveur un titre d'Architecte de la Province ; ce qui
le fixa en conféquence à Montpellier, où il mourut
en 1700. Il a publié deux Ouvrages fur l'Archi-
teelure ; le premier e il une traduction italienne
du VI Livre d'Architecture de Scamo^ji _, qui con-
tient fes ordres ; comme ce Livre n'eft que
l'extrait d'un autre plus confidérable, & que d'ail-
leurs la méthode de Scamozzilp'eir, pas fort utile ,
il n'a pas eu de fuccès : mais en revanche fon fe^-
cond Ouvrage en a eu beaucoup ; il eft intitulé ,
Cours d'Architecture qui comprend les ordres de Vignole9
avec des commentaires , les figures & les deferi-
ptions de fes plus beaux bâtimens .&'de ceux de
Michel-Ange , &c. Daviîer y avoit joint un
Bionaire des termes d Architecture
, qui n'a pas été
'également accueilli, & que M. Saverien a refondu
& augmenté du double depuis quelques années :
fon goût d'Architecture étoit froid , fec & fans
génie.
Debrosses , ( Jacques ) ; on ignore fon origine
& de qui il fut élevé : il fut chargé par Marie de
Médicis, veuve de Henri IV3 de donner les def-
fins du Palais du Luxembourg , où il lui fut re-
commandé , à ce qu'on prétend , d'imiter la diitri-
bution & décoration du Palais Pitti à Florence»
où le-· Grand-Duc-fait fa réfidence: mais, aux hof-
Tome FL
                                     H h
-ocr page 509-
5$ί                   Cours
fages près, dont il a décoré le dehors de ce Pa-
lais , il n'y a aucune reffemblance. Cet Architecte
fut pareillement chargé de bâtir le Portail de
S. Gervais qui eft fi admirable par les beautés
mâles de fes ordres d'Architecture, δε de rétablir
la grande falle du Palais , qui fut coniumée par le
feu en 1618. Le magnifique Temple de Charenton,
qui étoit comme la Métropole des Calviniftes, &
qui fut rafé en 1685 , lors de la révocation de
l'Edit de Nantes, étoit de fa compofition. Enfin ce
fut à lui que Marie de Médicis confia l'exécution
de l'Acqueduc d'Arcueil près Paris , ouvrage qui
égale en beauté , ii même il ne furpafle , tout ce
qui nous refte des Romains dans ce genre. Debroffes
mérite de tenir un rang très-diftingué parmi les
Architectes qui font honneur à la France : toutes
fes produdions refpirent le genie ; fes ordonnances
d'Architecture font de la plus grande maniere, ainii
que fes profils.
Desgodets s (Antoine) naquit en 1653 : il ne
paroit pas qu'il ait fait exécuter aucun bâtiment
remarquable ; il doit fa principale réputation à
fon Ouvrage , Des Edifices antiques de Rome Λ
d&ßinis & mefurés fur les lieux très-exactement ;
lequel eft devenu extrêmement rare, & dont il fe-
\
            roit à fouhaiter que Ton donnât une réimprefîion.
Il fut Architecte & Contrôleur des Bâtimens du
Roi à Ghambort, & fut nommé en 1719 Profef-
feur de l'Académie-Royale d'Architecture , place
qu'il a rempli avec diftinftion, & qu'il a confervé
juiqu'à fa mort, arrivée fubitement en 1728. On a
imprimé depuis une partie des Leçons qu'il diâoit
aux Elevés de l'Académie; l'un de ces Ouvrages
çÛ. un Traité du toifè des dijférens travaux des bâti-
,-.''·■                                                                                                                                                                                                                                                                                                        ■>·                                                                                                        . ■ .
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d'Architecture,           483
mens,&L l'autre a pour titre, lesLoixdes Bâûmens,
iiiivant la coutume de Paris, dont i'interprétation eil
très-eitimée , même des Jurifcöniultes , iur-tout
avec les notes qui y ont été ajoutées par Goupy. «
Desgods y ( François ) Architecte de Jardins,
étoit neveu du célèbre le Nautre, & c'eft fur fes
deiïins qu'a été planté le Jardin du Palais-Royal.
DÉMÉTRIUS & PÉONius , Architectes Grecs qui
achevèrent de bâtir vers la 100e olympiade le v
fameux Temple de Diane à Ephefe.
DÉRAND , (le Père) Jéfuire, donna les deffins
du Portail de l'Eglife de la Maifon Proiefîe dés
Jéfuites de la rue S. Antoine 9 dont îe Cardinal de
Richelieu ût la dépenfe j Ouvrage peu correâ: ,
trop chargé d'ornemens , & dont la comparaiibn
avec le Portail de S. Gervais eil la meilleure criti-
que. On n'étudie plus fon Traité de La Coupe des
pierres ,
depuis les ouvrages de Frézier & de la
Rue fur la même matière ; d'autant que (es prati-
ques font faillies dans la rigueur géométrique , &
©bligeoientles ouvriers qui les fuivoient à beaucoup
de ragréemens.
          !
DiNOCRATE étoit de Macédoine, & Architecte
d'Alexandre-le-Grand. On raconte que , pour fe
faire connoître de ce Prince , il lui propofa le
projet detailler le Mont-Athos , qui eil un rocher,
en forme d'un homme qui luirefTembleroit, &Çui,
portant fa tète jufqu'aux nues, tiendroit dans l'une
de (es mains une coupe , qui recevroit les eaux
de tous les fleuves qui découlent de cette mon-
tagne j pour les verfer dans la mer, & dans l'autre,
H h ij
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- "";'. ',ι''·'· ' ; ■'"/'■ ' - - ■;■;,/ λ ■ ■·. ι' '                                                 .■                               · ' ' :
■ 4^4              ■'"' Cour s '
une Ville affez grande pour ιοοοο habitans. On
prétend qu'Alexandre goûta beaucoup cette idée
gigantefque , & qu'il auroit ordonné fon exécution,
fans la difficulté de faire fubfifter la Ville en que-
ftion, à caufe de la ftérilité du voiiinage. Quoi
qu'il en foit, ce projet fît'concevoir à ce Prince la
plus grande eftime des talents de l'Archite&e ,
tellement qu'il lui donna la préférence , pour
bâtir une Ville en Egypte, qui fût de fon nom ap-
pellée Alexandrie. Au rapport de Strabon , l'art
de i'Architecle & la magnificence du Prince cou-
coururent à l'envi pour l'embellir, & pour la rendre
une des plus fiiperbes Villes du monde. Il y avoit
un port, des acqueducs, des fontaines , des canaux
d'une grande beauté , un nombre prefque infini de
maifons pour les habitans, des places & des bâ~
timens magnifiques , des lieux publics pour les
jeux & les fpe£tacles , enfin des Temples & des
Palais en π grand nombre qu'ils occupoient près
d'un tiers de la Ville. Dinocrau fît encore beaucoup
d'Edifices en plufieurs lieux , non-feulement pen-
dant le regne de ce Prince , mais encore fous les
Rois qui partagèrent fon Empire après fa mort.
Pline prétend qu'il fut chargé, entr'autres par Pto-
lemée-Phïladelphe, de bâtir un Temple en l'hon-
neur d'Arfmoé fa femme , dont la voûte de voit
être conftruite de pierre d'aimant ,' pour foutenir
en l'air le tombeau de la PrincefTe ; lequel, pour
cet effet, devoit être exécuté tout en fer ; mais que
la mort du Roi & de l'Architecte empêcha l'exé*
cntion de ce projet. Si cela eil vrai, il s'enfuit que
cet Architefte mourut extrêmement âgé ; car la
mort de Ptolemée-Philadelphe arriva ηη ans après
celle d'Alexandre.
-ocr page 512-
ν
D* A R CHITECTBRI.·            4%$
DORBAY, (François ) mort en 1697 ; il étoit
élevé de le Vau , & conduifit 5 d'après les deffins,
de fon maître , entièrement le College & l'Eglife
des Quarre-Nations. Les principaux ouvrages qu'il
a bâti, font l'Eglife des Prémontrés à la Croix-
Rouge , l'ancienne falle de la Comédie Françoife
fauxboiirg S. Germain, & il donna, comme nous
Favons dit ci-devant , les deffins de la Porte
triomphale que les Etats de Languedoc firent éle-
ver à Montpellier à la Gloire de Louis XIV.
C'étoit un des grands ennemis du mérite de Per-
rault ; ce fut lui qui prétendit, après fa mort, que
la composition du Périilile du Louvre étoit de
le Vau , tandis que toute la France avoit été
témoin du contraire , & avoit vu en fon teins
les deux projets expofés publiquement en con-
currence.
Duc , ( Gabriel le ) acheva l'Eglife Paroiffiale
S. Louis dans Π île 5 commencée par le Vau,
ainfi que le Dôme du Val-de-Grâce , com»
mencé. par François Manfard & par le Mercier.
Le Duc paffe pour avoir donné particulièrement
4es deiTms du Maître-Autel & du Baldaquin de la
dernière Eglife , qui font d'un affez bon ûVyle
d'arçhiteâiure*
Dulin a donné le deiTm de lamaifon de M*
Dunoyers, fauxbourg S. Antoine ; de l'hôtel Lam-
bert rue de FUniveraté & de l'hôtel d'Etampes :
c'étoit une fort médiocre Architecte, > mais qui
enteudoit aiTes bien la dtffribiitioo* ■
FÉLIBIEN:, ( AnM ) né en x§\$ ,..& mon em
1695 , fut Hiftoriographe des Bâtiments du Roi. Il
H h 'ûj
-ocr page 513-
486                    Cours
a compofé, des Entretiens fur la vie des plus excel-
lens Peintres
, anckns & modernes ; & un autre
Livre qui a pour titre , Les Principes de ΐ Archi-
tecture
, Peinture & Sculpture , avec un Dictionnaire
des mots propres à ces Arts :
autant le premier
Ouvrage eil prolixe, autant le fécond eft trop
concis pour être de quelque utilité. Il eût un fils
Jean- François , qui lui fucceda dans la place
d'Hlitoriographe des bâtiments , & qui a auffi
publié plufieurs Livres j fçavoir , un Recueil
hifiorique de la vie & des Ouvrages des plus célèbres
Architectes jufqùau XIV* fiée le ; les Plans & Def-
criptions des deux belles Maifons de campagne
de Pline le jeune
, le Laurentin & la Maifon de
Tofcane ; la Defcription de la nouvelle Eglife de
ΐHôtel-Royal des Invalides ;
enfin, une Defcription
fommaire de Verfailles
, avec une Explication des
Tableaux , Statues & autres. Il
mourut à Paris
en 1733.
Foix, ( Louis de) né à Paris à la fin du XVIe
fiécle , fur appelle en Efpagne par Philippe II,
pour conftruire le Palais de l'Efcurial , & le
Monaiiere de Saint-Laurent. Il fit auffi connokre
en France (es talens par l'exécution de la Tour de
Cordouan, qui fert de phanal à l'embouchure de la
- Garonne, ainfi que par fon entreprife de boucher
l'ancien Canal de l'Adour, prçsde Bayonne, & d'en
pratiquer un nouveau pour le Port de cette Ville.
FONTANA , ( Dominique ) natif de Mili en Lom-
bardie, fut Architecte de Sixte-Quint, & s'eft fait un
nom par la compoiîtion des macKines induitrieufes
qui fervirent à tranfporter, à redreiTer & à élever
les Aiguilles ou Obélifques Egyptiennes que l'on
-ocr page 514-
\
d'Archïtïctü Ét:           *4$j
voit à Rome au milieu des Places de Saint-Pierre,
de Saint-Jean de Latran , & de Sainte-Marie
del Popoio, H a bâti à Naples le magnifique Palais
du Viceroi, & à Rome la Porte du Palais de la
Chancellerie ; & enfin, il eut la gloire de terminer
3a voute de la Coupole de Saint-Pierre de Rome.
Fontana , {Charles) : tout, ce qu'on fçait
de cet Architecte , c'eft qu'il a publié deux Ou-
vrages Italiens , eilimés , l'un intitulé ΐAmphithéâ-
tre Flavien
, connu fous le nom du Collifk, le-
quel contient, outre la defcription de Ce Monu-
ment , nombre de traits hiitoriques & d'écîair-
ciffemens curieux , par rapport aux différentes
parties qui compoïoient les Théâtres & Amphi-
théâtres antiques; l'autre, eft un gros Volume
in-folio , qui eil recherché , & qui a pour titre,
Defcription de ÎEglife de Saint-Pierre de Rome*.
Frezier, {Amedie François) né à Chambery
en 1682, & mort à Breft en 1773 , Direéteur des
Fortifications de la Bretagne. Outre les nombreux
Ouvrages Militaires , dans la conduite defquels
Fréter s'eit beaucoup diitingué ? il a fait faire dans
l'Eglife Saint-Louis de Breft , un Baldaquin d'Au-«
tel, foutenu fur quatre colonnes de marbre \ d'or-
dre Corinthien , apportées d'Athènes. H eft Au-
teur de l'excellent Livre de la- Théorie & la Pra-
tique de la coupe des pierres & des bois
, en trois
Volumes /V2-40 : Ouvrage qui lui a fait beaucoup
d'honneur , & où il a , en quelque forte, anobli
l'Art du Trait , en faifant voir qu'il ne conflits
pas' dans de fimples pratiques, & que fes prin-
cipes dérivent eifentielîement de la Géométrie &
du développement des corps. Ce Livreferoit eh-
λ
                                              Η hiy
-ocr page 515-
4S8           ,r:r C o υ R s
ere plus utile , s'il a voit étépoffible de le mettre
davantage à la portée des Conftru&eurs ; car
prefque tous font malheureufement hors d'état de
l'entendre, & par conféquent d'en profiter.
Gabriel , ( Jacques ) né à Paris en 1667, étok
parent & élevé de Jules Hardouin Manfard. Il
devint premier Architecte du Roi , & premier
Ingénieur des Ponts & Chauffées. On lui eit re-
devable des projets d'embelliffement des Villes de
Nantes & de Bourdeaux. Il a auffi donné les delîins
de fHôteî-de-Ville , & de la Place de Louis
XIV à Rennes , de la Maifon-de-Ville de Dijon ,
de la Salle & de la Chapelle des Etats de cette
même Vuîe;>ainii que de la Cathédrale de la Rochelle.
Le principal ouvrage qu'il ait fait à Paris , eil
le grand Egour. il mourut en 1742 , & alaiffé un
iils qui Ta remplacé avantageufement en qualité
de premier Architecte du Roi, & qui eft aujour-
d'hui Directeur de l'Académie Royale d'Archi-
îe£hire. ,.:. ;,, ;■,'.;.,                                                        ,-,,;;,*,..■„■<<» ■
Gautier , Ingénieur des Ponts & Chauffées
du Languedoc, vivoit au commencement de ce
liéele. Son Traité des Ponts eu. le feul que nous
ayons fur cette matière : il annonce un Praticien
çonfommé dans ce genre de conitruftion , qui
s'eft beaucoup perfectionné de nos jours, & fur-
tout depuis qu'on a porté dans ces travaux le
flambeau de la théorie ; ce qu'il y a de meilleur dans
ce Livre s eft ce qui regarde les grands chemins.
Germain, ( Thomas ) né à Paris en 1673 , &
mort en 1748 ; c'eft à l'Orfèvrerie & à îa mul-
titude d'ouvrages qu'il a fait en ce genre , qu'il
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D ' A R é Η Ι Τ É C Τ U Κ Ε.            φ9
doit fa réputation ; néanmoins il fut chargé de
la conduite de l'Eglife- Saint-Louis du Louvre ;
on prétend qu'il a donné aufïi le defîin dune
Eglife qui a été bâtie à Livourne.
Giardini, Architedete Italien , fur les deiïins
duquel a été bâti le Palais Bourbon , qui a été
commencé en 1722 , & continué depuis par Laf-
furance & Gabriel. G'eft le premier Edifice où 1 on
ait imaginé ce genre de commodité & de diftnbu-
tion , qui fait tant d'honneur à notre Architedure
Françoife ; mais ce qu'il y a de fmgulier, c'eft
que ce foit un Italien qui nous en ait fourni le
premier 'modele.
Gl τ tard (Daniel ). Toute l'Architedure
& le Portail de l'Eglife de Saint - Jacques du
Haut-Pas font du deiiin de cet Architede. On le
chargea, après la mort de le Vau , de continuer
l'Eglife de Saint-Sulpice, dont il a fait bâtir le
Chœur, les bas-côtés , la plus grande partie de
la croifée à gauche , de même que le Portail
qui la termine. Les Hôtels de Coifé & de la Force
panent auiïi, pour avoir été bâtis par cet Archi-
tecte,
                                                               ν.
Guarini, ( CamUU) Théatin, a fait bâtir à
Turin les Eglifes de Saint-Laurent & du Saint-
Suaire i qui font d'une Architedure extrava-
gante ; il y avoit fait auffi conilruire l'Eglife
de Saint- Philippe de Nery , qui tomba peu
après fon exécution : c'eit de lui le deiïin de
l'Eglife des Théatins à Paris , qui a été conti-
nuée par Lievain en 1714, & dont le Portail a
été terminé en 1747 par M. Defmaifons. Ses
-ocr page 517-
*4$ο                     Cours
ouvrages font dans le goût de ceux du Borominî ;
qu'il s'étoit propofé pour modele. On en a pu-
blié un Recueil , apparemment pour en faire
voir le ridicule; car il n'eft pas à préfumer qu'on
ait prétendu les propofer pour exemples*, tant ils
font éloignés des principes de la bonne Archi-
tecture ; ce qui a fait dire de lui, avec raifon , par
un Prélat Italien, qui a donné depuis peu la vie
des Architectes, chi féguita iL Guarini , fiia fia
Pa^aréUi,
Gougeon , ( Jean ) célèbre Sculpteur fous les
règnes de François I & Henri II, fit exécuter en*·
îiérement fur fes deffins la Fontaine Saint-Inocent;
les bas-reliefs en font admirables , mais l'Archi-
teclure en eft feche & maigre ; on dit qu'il fut en-
core employé en qualité d'Architecte au Louvre :
il périt malheureufemem dans les defordres de la
Saint - Barthélémy. On prétend qu'il avoit
entrepris avec Jean Martin, Secrétaire du Car-
dinal de Lénoncour, la traduction des Livres'
de Vkriïve ; mais le peu de fuccès de leur
travail a fait connoître , comme le remarque
Perrault dans (es Commentaires fur fur cet Auteur,
que pour bien exécuter cette entreprife, il faut que
la connoiffance de l'Architecture & des Lettres
foit réunie dans une même perfonne en un degré
au-deÎTus du commun.
Nous obferverons que c'eft le même Jean Martin,
qui a traduit dltalien en François , tes Songes de
Polyphik
, avec des figures en bois très-bien gra-
vées. Cej Ouvrage eil un efpece de Roman
d'Architecture 9 compofé lors de la renaiffanee
des Arts en Italie, pour faire ouvrir les yeux
aux Architectes Goths , &: faire fentir l'abfurdité
-ocr page 518-
d'Architecture.           γ49*
de leur maniere de bâtir , par comparaifon avec
celle des Edifices antiques. On y fait voir que
les véritables règles de cet Art ne permettent
jamais d'y rien produire , dont on ne puiffe ren-
dre raifon, & qu'il ne fuffit pas qu'un Edifice fort
conftruit folidement , mais qu'il faut encore que
fa folidité frappe la vue , & ne donne aucune
inquiétude à ceux qui y entrent : enfin , on χ
démontre que la vraie beauté ne confilte pas a
furcharger l'Architeaure d'ornemens , &quils ne
doivent s'y montrer que comme amenés par la
néceflité , fuivant le caraaere , la dignité , &
l'ufage du bâtiment que l'on érige. A entendre
Polyphile, l'Architeaure doit être envifagee comme
la feule fcience qui régit tous les Arts, & comme
celle qui exige les connoiffances les plus lu-
blimes ; &, à deffein d'en faire revivre tout
leiprït , il décrit un 'nombre de projets qui,
cuoique gigantefqués , font néanmoins capa-
bles d'élever le génie des Architeöes , & de leur
faire concevoir les plus nobles idées de leut Art.
On rapporte que le nom de l'Auteur de ce Roman
eil: exprimé par les lettres initiales des Chapi-
tres qui le compofent, en ces^ termes : Polliam
Francifcus Columna ptramavit ;
ceft-à-dire , Fran-
çois Colonne a bien aimé Pollia.
JOCONDE 9.{Jean ) de Véronne, Religieux Domi-
nicain , vivoit au commencement du XVIe fiécle.
Il étoit à la fois Philofophe J Théologien , Anti-
quaire , Peintre & Architeae. Après la mort de
Bramante , on le jugea capable, conjointement
avec Antoine Sangallo & Raphaël dUrbin, dé-
tendre fes deiTins, & de prendre la conduite de la
fuperbeEglife de Saint-Pierre de Rome; On garde
-ocr page 519-
49*                       Cours
encore à Venife des projets qu'il avoit fait pour
embellir la Place de Riaîto. Ce fut lui qui trouva
le moyen de détourner les eaux d'une partie de
ja Bnnta , qui rempliiîbient auparavant de fables
les lagunes de cette ville , & en auroient fait in-
ienfiblenient un marais. Il fit jetter à Vérone
un Pont fur un endroit de l'Adige, que l'on n'a-
voit ofé tenter jufques-là , à caufe delà difficulté
del entrepnfe. La grande réputation dont il jouif-
ioit en Italie le fit appeller en France par
Louis XII, pour conilruîre pluiieurs bâtiments ;
les plus confidérables qu'il ait fait, font le Petit-
Pont, & le Pont, Notre-Dame à Paris > à l'oc-
cafion defquels Sannazar compofa ce dîilique ;
Jucundus geminumpôfuk tibi fequaiïa pontem ,
> Hutic tu jure potes dicere Pontificem.
Nous n'avons prétendu parler ici de Joconde , que
comme Archite&e, & pour ce qui eil des autres
oiivrages. de ce Savant , on peut confulter le
Dictionnaire de Moreri.
Lassurance , Eleve deJ. Hardouin Manfard,
continua le Palais Bourbon , commencé par
Gmrdmi : il fit bâtir à Paris l'Hôtel de Rotelin
Vis-a^vis les Carmélites , l'Hôtel des Marets rue
>aint-Marc, ainfi que les Hôtels de Béthune ,
de Montbafon , de Roquelaure , de Maifons -,
d Auvergne & de Noailles : c'étoit de lui les
deffins du Château de Petit-Bourg, qui a été
démoli. Il eiî: mort Contrôleur des Bâtiments du
Roi, & a laiffé un fils , qui lui a fuccédé dans
cette place , & qui a bâti le Château de Belle-
Vu«.
?
-ocr page 520-
d'Architecture. 493
LàBàCQ , ( Antoine. ) n'eil connu que par un
Livre d'Architeäure ,' lequel renferme quelques
deiîins des plus beaux Bâtiments de l'antiquité
affez corrects, & capables de donner une grande
idée de cet Art.
Lescot , ( Pierre ) Abbé de Clagny , floriffoit
fous les règnes de François 1 & de Henri II. Les
deiîins qu'il compofa pour le Louvre , furent
préférés à ceux de Serlio , qu'on avoit fait venir
exprès d'Italie" à cette occafion. Il a fait exécuter
une partie de la Gàllerie.& de la Cour du Vieux-
Louvre , qui renferment des détails déportes, de
croifées , de profils , & d'ornemens d'un goût
exquis, 11 mourut en 1578 , âgé de 60 ans.
Libergier , ( Hugues ) Architecte du XIIIe
fiéc'le , commença à rebâtir l'Èglife de Saint-
Niçaife de Reims , dont il ne fît que les portiques
& la nef jufqu'à la croifée. Il mourut en 1263.
Lorme , ( Philibert de ) naquit à Lyon au com-
mencement du XVIe fiécle : ceft un des Archi-
tedes qui a le plus contribué à bannir de France
îe goût Gothique. Il fît confîruire fous le regne
de Henri II , & de ies fils, le fer à cheval du
Château de Fontainebleau , les Châteaux d'Anet,
de Meudon & de Saint-Maur : fon plus bel ou-
vrage eft le Palais des Tuileries à Paris : il ré-
tablit & orna pluiieurs Maifons Royales, comme
Villers-Coterets , Saint-Germain en Lave , le
Louvre, la Chapelle des Orfèvres. Ses talents
furent magnifiquement recompenfés; il fut nommé
Aumônier & Confeiller du Roi, & on lui donna
deux Abbayes confidérables. Il a publié un Livre
-ocr page 521-
'494                   "ß- ours
d Architecture 9 dont F. Blondel & Chambray par*
lent avec éloge , & qui prouve qu'il étoit ex-
cellent Praticien. Il y a , en effet , bien du bon
dans ce qu'il dit dans fa maniere de bâtir à peu
de frais : il eil le premier qui ait écrit méthodi-
quement fur la coupe des pierres , & qui ait
prefcrit des règles pour cet Art ; & quoiqu'on ait
publié depuis des Ouvrages fur cette matière,
qui ont fait oublier le fien, on doit lui fçavoir
gré de l'avoir tiré du cahos. Quant à la compo-
iition de fes ordres d'Architeéture , on fait en
général peu de cas de leurs profils, qui fe ref-
fentent un peu du Gothique. Il mourut en 1617*
Maderne , ( Charles ) natif de Cofme en Lom-
bardie , ne meritoit gueres , par fes talents ,
l'honneur de fuccéder aux Bramante & aux Michel*
Ange ; néanmoins des intrigues , qui font fou-
vent plus fûres que le talent, pour fe produire
dans les occafions même 011 il femble qu'on ne
devroit avoir égard qu'au mérite , lui. firent don-
ner la préférence fur tous les Archireâes de fon
tems, pour terminer l'Eglife Saint-Pierre de Rome.
Il changea fon plan de croix greque en croix latine,
en alongeaat le bras du côté du Portail, & fut
l'Archite&e de cette augmentation , que Paul V
permit, autant pour augmenter la grandeur de
ce Temple , qu'afîn qu'on ne fe trouvât pas d'a-
bord fous la Coupole en y entrant. Maderne a.
donné le deiîin du Portail, qui n'efl compofé,
comme Ton fçait, que de huit colonnes engagées,
δε furmontées d'un attique, tandis que la Place, qui
l'accompagne , eir ornée de quatre rangs de co-
lonnes ifolées au nombre de 280 ; ce qui n'a
aucun rapport : le paifage d'un homme médiocre,
-ocr page 522-
D 'Architecture. 495
dans une place importante, a fouvent occaiionné
bien des regrets.
Maire , ( d& la ) a bâti en 1706, l'Hôtel de
Soubife, qui eft un des plus réguliers & des plus
ibmptueux de Paris : la cour qui précède ce
bâtiment, ëft environnée d'une colonnade d'ordre
compoiite d'un très-bel effet-, & qui donne à
l'entrée de cet Hôtel un air de grandeur & de
magnificence peu ordinaire. Il a^auiïi donné les
demns de l'Hôtel de Rohan s de Duras & de
Pompadour : il s'étoit confacré au Cabinet les
dernières années de Ta vie , pour écrire fur l'Ar-
chitecture : il avoir commencé un plan .général
d'embelliflement pour la ville de Paris , mais la
mort le furprit avant que fes productions fuiTent
rendues publiques.
Mansard j ( François ) 'né à Paris en 1598, elî:
un des Architectes dont les productions font le
plus d'honneur au regne de Louis XIV. Rien
n'efl: plus connu que les Edifices dont il a, em-
belli, cette Capitale. Les principaux font , le
Portail de l'Eglife des Feuillants rue Saint-Ho-
noré , l'Eglife des Filles Sainte-Marie rue Saint-
Antoine 3 le Portail des Minimes de la Place
Royale , une partie de l'ancien Hôtel de Conty,
fur le terrein duquel a été bâti depuis peu l'Hôtel
de la Monoye , l'Hôtel de Touloufe, l'Hôtel de
Jars , & l'Hôtel de Carnavalet, dont il a refait la
façade , en confervant avec beaucoup d'art l'an-
cienne porte , &: quelques bas reliefs exquis
de Jean Gougeon , qui fe raccordent auifî
parfaitement avec les nouveaux ouvrages ,
gue s'ils avoient été faits exprès. Il foutint fa
-ocr page 523-
496                       Cours
répwtation par les deffins du Château deMaifons,
qui paffe pour fon chef-d'œuvre; de même que
par les Châteaux de Gêvres en Brie, de Berny
près Paris , de Baleroy en Normandie , &
de Blérancour : il a encore rétabli & fait beau-
coup de changemens aux Châteaux de Richelieu
& de Blois. Le plus mémorable Edifice que cet
Architecte ait entrepris , erl le Dôme du Val-de-
Grâce, dont il fut chargé par la Reine Anne
d'Autriche , mère de- Louis XIV , & dont la
premiere pierre fut pofée en 1645. ^ ne ^ ce~
pendant exécuter cette Eglife que jufqu'à la hau-
teur de 9 pieds au-deifus du fol : des intrigues
lui en firent ôter la direction ; ce fut Jacques îe
Mercier qui lui fuccéda, & qui continua fa bâ—
tiffe fur les deffins de Manfard, jufqu'à la hauteur
du premier entablement : après quoi elle fut in-
terrompue pendant quelques années ; & enfin en
1654, la Reine nomma P. le Muer , conjointe-
ment avec Gabriel le Duc , pour terminer ce
Monument tel qu'il eft aujourd'hui. Quelque beau
qu'il foit , il eft à croire néanmoins qu'il auroit
été encore plus parfait ii Manfard l'avoit entiè-
rement achevé ; on en peut juger par la Chapelle
du Château de Frêne , qu'il fit quelque tems après
pour M. de Guénégaud, Secrétaire d'Etat, où il
exécuta en petit le magnifique Deffin qu'il avoit
compofé pour la décoration intérieure de cet
Edifice. Il y a peu d'ouvrages en général auffi pré-
cieux & auiîi correct pour les profils & les pro-
portions , que ceux de cet Architecte : on en a
tant fait d'éloge , qu'il feroit fuperflu de nous
étendre ici fur ce fujet ; & il nous fuffirade dire,
qu'on ne fauroit trop en recommander l'étude
à ceux qui veulent fe perfectionner dans cet Art.
M ANS ARD'.
/
-ocr page 524-
d'Arc ü ι τ ε c tu n ε.          497
MàNSARD j ( Jules-Hardouin) naquit à Paris en
Ï645 » 'd ^t0lt fik'd'une fœur de F. Manfard > c'eil
la raifonpour laquelle il ajouta ce nom célèbre au-
fiem Il adonné les deiîins de la plupart des grands
Edifices érigés fous Louis XIV -, & a eu les occa-
sions les plus brillantes de iignaler fes talens. Un
de fes principaux ouvrages , & un des meilleurs
qu'il ait fait, eil le Château de Ciagny près Ver-
failles i lequel a été démoli il y a une douzaine
d'années. C'eil fur fes defîins que le Pont-Royal
a été commencé en 1685. Il rat l'Architecte de
la grande Gallerie du Palais-Royal ; de la Place
de Louis-le-Grand ; de la Place des Victoires ; de
la nouvelle Eglife des Invalides, fituée au bout de
celle élevée pour les Soldats j, monument de la
capacité de cet habile Artiite, & qui fera dans
tous les tems le plus grand honneur à fa mémoire.
C'eit de lui les embelliiTements du Château dé
Verfailîes, fa façade du côté du Parc, la Chapelle >
l'Orangerie , la grande & la petite Ecurie y la
maifon de S. Cyr; les bârimens delà Ménagerie;
& la Paroiîfe de Verfailîes. Le Château de Marly
& fes Jardins , où il a en quelque forte égalé le
Nôtre , font encore de fa compofition ; de même
qu'une partie du Château de S. Cloud & fa
cafcade. François Manfard étoit plus pur dans
fes profils » plus correâ: dans les proportions
& les détails de fes ordonnances d'Architeclure
que fon neveu ; mais celui-ci avoit beaucoup plus
de génie , plus d'invention * & une imagination
plus brillante. Cet homme célèbre, fut non feule-
ment premier Architecte de Louis XIV ; mais il
devint auiîi Sur-Intendant & Ordonnateur général
des Bâtimens du Roi en 1699. 11 mourut ftibite*
ment à Marly en 1708 ? & fut inhumé' dans TEglife
Tome FI,
                          ' "''          I i
-ocr page 525-
49$                       Cours
S. Paul à Paris, où on lui a élevé un monument
de marbre de la main de Coifevox.
Marot , ( Jean ) peut être regardé comme Ar-
chitecte, du moins pour la théorie, quoique fou
principal talent fut la gravure. On croit qu'il a
donné le deffin de l'Egiife des Religieufes Feuil-
lantines dans le fauxbourg S. Jacques , dont l'ar-
chiteciure eil affez correcte. On lui eil redeva-
ble d'avoir fait un Recueil de la plupart des anciens
Bâtimens de France , dont il a publié deux volu-
mes , connus fous le nom de Grand φ de petit
Marot.
Martel-Ange , (Frère) Jéfuîte, a donné les
"
deiîins du Noviciat des Jéfuites, rue Pot-de-fer,
dont le portail eil fur-tout fort eiHmé , & doit
faire regretter que fon projet n'ait pas eu la pré-
férence fur celui du Père Déran, pour l'exécution
de l'Egiife de la Maifon-Profefle rue S. Antoine.
MERCIER , ( Jacques le ) a bâti le Palais-Royal,
le gros Pavillon du Vieux - Louvre, i'Eglife des
Peres de l'Oratoire* rue S. Honoré , excepté le
Portail ; mais le meilleur ι de (es ouvrages , &
celui qui lui aiTurë un rang diilingué parmi les
Architectes François, eil le Dôme de la Sorbonne,
Messonîer, ( Jufie-AurelU) né à Turin en i6pf,
& mort à Paris en 175Ο, étoit Deffînateur , Pein-
tre , Sculpteur & Orfèvre, Il fut premier De(~
iinateur du Cabinet du Roi, & en cette qualité il
, donna les deffins du Feu d'Artifice, exécuté à Ver-
failles â la naiffance de feu Mgrle Dauphin père
du Roi. Nous avons vu de iui des projets pour la
-ocr page 526-
i)'A rchîtë c tur s.          499
reconftfuöion du grand Portail de S. Sulpicé, pour
line Eglife & une Salle deftinee aux Arfembiées des
Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit, & pour la dé-
coration du Choeur de S. Germain- Lauxerrois l
il y avoit beaucoup de génie & d'imagination dans
fes projets, mais en général il tourmentoit trop fort
Architecture > &- affedtoit de s'éloigner de la noble
fimpiiciîé qui doit faire foft caraûere erTentieK
MÉTÉZEAU, ( Clement) »naquit à Dreux} fousîé
regne de Louis Xill. il a fait la partie de la Gal-
lerie du Louvre vers le premier guichet * qui eft
ornée de petits piiaihes chargés defculpture & de
feoiîages vermicides II fut encore FArchitede dé
l'Hôtel de Longueville, & de la Porte Si Antoine *
que François Blondel augmenta depuis d'une petite
porte de chaque côté, L'ouvrage auquel il a dû fâ
principale réputation, eil la fameufe digue dé la
Rochelle de 747 toifes de longueur » qui occafiomia
la reddition de cette importante Place ; ouvragé
que l'on regarda alors comme téméraire, & qui
éprouva dans fon exécution les plus grandes diffi-
cultés °. on grava à cette occafion au bas de fou
portrait ces deux vers*
                   ^ _ i;r!j ,
Dicitur Archimedes terrant potuijfe movere;
JEquora qui potuit fifiere t non minor efi.
„>■>''
Michel· Ange Buonarotti, Peintre, Sculp-
teur & Architecte , naquit en 1474, à Arezzo erl
Tofcane. Les ouvrages les plus confidérables qu'il
•fiten Architecture font,à Florence la Bibliothèque
& la Sacriftie de S. Laurent * & à Rome le Càpi»
tôle moderne » ainii que le Palais Farnèfe > qui
étoit déjà commencé , & dont il Bt les troiâ
ordres de la cour * le veiUbtüé & renfableniiflf |
ι* η
-ocr page 527-
500                       Cours
qui couronne ïi heureufement cet Edifice. Après
îa mort d'Antoine Sangallo , il fut nommé Archi-
tecte de la Fabrique de l'Eglife S. Pierre , dont
Bramante avoit donné le deffirj ; il affura immua-
blement le plan de cet Edifice qui avoit varié
jufqu'alors & fixa les dimenfions des gros piliers du
Dôme que Bramante avoit fait trop foibles, & enfin
avança ce monument au point qu'on n'y pût plus
rien changer après fa mort. Ceft mal-à-propos qu'on
lui a attribué l'invention des coupoles portées fur
pendentif; car il en avoit été fait long-tems avant
lui dans le Temple de Sainte-Sophie à Conitanti-
nople , dans celui de Saint-Marc à Venife, &
il en exiftoit un exemple même à Rome dans
l'Eglifedes Auguitins, qui avoit été bâtie au moins
20 ans avant qu'il fut queilion d'ériger S. Pierre
de Rome. Ajoutez à cela , que la plupart des
projets qui furent propofés en concours pour
l'exécution de cette Eglife, & même celui de Bra-
mante qui obtint Ja préférence , avoient adopté
cette difpoiition de Dôme. Michel-Ange mourut
en 1564 , âgé de 88 ans , laifîant Rome h Fk>-
rence décoréesde chef-d'œuvresde Peinture, d\Ar-
chite&ure & de Sculpture, & une réputation φιβ
n'a eu & n'aura peut-être jamais aucun Artiile.
MoNTEREAU , ( Pierre de ) Architecte du XIIIe
fiécle, quia bâti la Sainte-Chapelle de Vincennes
& celle de Paris, &, dans l'Abbaye S. Germain-
des-Prés , le Refecloire , le Dortoir , le Chapitre
& la Chapelle de Notre-Dame. Il mourut en 1266»
MoNTREUiL, [Eudes de) accompagna S. Louis
dans le voyage de la Terre Sainte, où ce Prince
l'employa à fortifier le Port & la Ville de Jafa.
-ocr page 528-
Ν
ÜvAïtCHÏTECTUR£.„           5
A fon retour , il eut la conduite de plufieurs
Eglifes que ce Roi fit bâtir à Paris , de Sainte-
Catherine du Val-des-Ecoliers , de l'Hôtel-Dieu,
de Sainte-Croix de la Bretonruerie , des Blancs-
Manteaux, des Quinze-Vingts, des Mathurins, des
Chartreux & desÇordeliers. IL mourut en 1289».
Muet , ( Pierre le) né à Dijon en 1592 , fut chargé
de terminer le Dôme du Val-de-Grâce: il a donné
les deiïins du grand-hôtel de Luynes , & ceux
des hôtels de l'Aigle & de BeauviIliers. Il eft eri
outre Auteur de quelques ouvrages d'Archite&ure»
l'un eil un Traité des proportions des cinq Ordres
de Fignole
; l'autre eft une traduction-des cin^
Ordres de Palladio
>-■',' augmentée de nouvelles
inventions pour l'art de bâtir ; & le troiiiéme
comprend la Maniere de bien bâtir pour toutes fortes,,
de perfonnes j
avec les plans & élévations des plus
'beaux Edifices de France. Tous ces ouvrages furent
recherchés alors , & ont ceiFé de l'être * depuis
fur-tout qu'il en a paru d'autres beaucoup mieux
traités fur les mêmes matières. Il mourut à Paris,
en 16Ó9.
Nôtre , ( André le ) Contrôleur des Bâtiments du
Röijiiaquit àParisen 16.13. IlfutlecréateurdeTArt
des Jardins en France, qui n'étoient avant lui que
des efpeces de vergers : toutes fes productions en ce
genre font autant de modèles. On vit naître fous fon
crayon des comportions admirables, où toutes les.
beautés de la nature , difpofées dans un ordre non-
Veau , & avec une harmonie intérèiTante , ofFroient
à la vue les fpe&acles les plus délicieux, & remplis,
de tous ces rians objets , qui nayoiént exiilê
jufques-là que dans l?imagination des Poètes, tt
-ocr page 529-
jol                       Cours * .
faifoit cönfifter,, principalement le merveilleux de
fou Art, à,dofiner une vaile étendue aux plus petits
efpaçes , Se à faire paraître grands les terrains les
plus re/ferrés. Ce fut dans la compoiition des Jar-
dins de Vaux-le-Vicomte , appartenant à.iVt,Fou-
quet , qu'il déploya fes premiers taleots. Louis
S-IV , lui ayant confié la direction de tous fes
parcs & Jardins,, il embellit par l'on Art le Parc
4u Château de Verfailles , les Jardins de Tria-
non j les Parcs de Meudon & de S, Cloud , le
Bofquet du Tybre à Fontainebleau, la belle Ter-
faiie de SaJnt^Germain en Laye > c'eit à lui qu'on
doit aiiiïi la diftribution admirable du Parc, de
Chantilly"., où l'Art eft fi bien caché fous l'air de la
îiature , (& celle du Jardin des Tuileries, qu'on
peut appeller fon chefkiçeuvre, à çaufe de l'in^·
(duftrie avec laquelle Û elt venu à bout de fauver
les irrégularités du terrain , de varier fes prome-
nades , de difpofer (çs perrons & fur-tout le
magnifique fer-à-cheval qui le termine. Cer Artiite
mourut en 1700, âgé de 87 ans , & fut enterré
dans FEglife Saint-Roeh à Paris , où Ton voit
fur fon tombeau fon Bufte fçuîpté par Coifevox,
',.ί:' OppeNORT , ( Gilles * Marie ) Architeéte
cîe M. (le Duc d'Orléans Regent , a donné les
defîins de la décoration cle la Gallerie d'Enée au
Palais Royal > c'çft encore de lui le.Portail de
1 Saint-Sulpice.« du côté du midi, ainiî que le
Maître-Autel à la Romaine que l'on .vqit au
milieu de cette Eglife : il étoit un médiocre
^rçhue&e quoiqu'un très-habile Deiîinateur; ce
qui eft très-compatible , comme l'expérience l'a
Couvent prouvé. lia été publié un Recueil de (es
£mdM ^ArohmUwe,
, où l'on remarque combien
-ocr page 530-
d'Architecture.          503
mettoit quelquefois peu de goût & de difcernement
dans les choix qui en faifoieht l'objet.
Oya , ( Scbafiicna" ) Architecte de Philippe II>
Roi d'Ei'pagne, n'eil connu que par les Plans δε
Elévations des Thermes de Diocletien , qu'il
publia en 1558', & qui font devenus extrê-
mement rares.
Palladio , ( André ) le plus célèbre des Archi-
tectes Italiens , né en 1508 , à Vicence, Ville de
l'Etat de Venife , a laiifé un grand nom & de
grands modèles à imiter. Tous fes Ouvrages fe
reflentent des études profondes qu'il avoit fait
des bâtiments antiques : fon goût eil noble &
fimple ; fes proportions font toujours élégantes,
& fes profils de la plus grande maniere, 11 a
embelli Vicence de nombre d'Edifices confidéra-
bles, tels font les Hôtels des Comtes Chéricati ,
Porto , de Thiene & de Valmara ; laBaiilique de
cette ville; & fur-tout le Théâtre Olympique , qui
paffe pour fon chef-d'œuvre, & qu*on diroit un
Monument érigé pendant les beaux jours d'Athè-
nes & de Rome : il a bâti les Châteaux du
Marquis de Capra , près de Vicence , du Comte
de Sarégo à Sainte Sophie , des Seigneurs Pifani à
Bagnuolo , de Mocénigo à la Fratta ? de Zéno à
Malcontenta , de Baffadona à Mafer , & nombre
d'autres Maifons de plaifance. La Ville de Venife
lui eil redevable de pluûeurs de fes plus beaux
Monuments ; tels font les Eglifes du Rédempteur >
de Saint-George , de Sainte-Luce, le Monailere de
Saint-Jean de Latran , & le Palais Trévifano, qui
offrent la preuve la plus complette de l'excellence
de fes taiens. Il a publié un Traité d'Architecture
1 i iv
-ocr page 531-
504                       Cours
divifé en quatre Livres , qui eil admirable en
toutes les parties. On y trouve , non-feulement
les deffins des principaux Monumens antiques
4e Rome qu'il avoit levés & deffinés , avec leurs
principales mefures, mais encore les plans & élé-
vations de la plupart des Edifices qu'il a fait
conitruire , joint aux détails de fes Ordonnances
d'Architeâure , dont les profils font d'un goût,
exquis. Il mourut en 1580,
..P AUTRE , ( Antoine le ) vivoit an commencement
du fiécie dernier ; ce font fur fes deffins & fous
fa conduite qu'ont été bâtis l'Eglife des Reîi-.
gieufes de Port-Royal dans le Fauxbourg Saint-.
Jacques , la Maifon de plaifance du Due de
Gêvres a Saint - Ouen , l'Hôtel de Beauvais rue
Saint-Antoine , l'Hôtel d'Aiimont rue de Jouy>
%l pluiieurs autres Edifices. Il a publié un Recueil
de plufieurs bâtiments de fa compoiition , & de
quelques-uns de ceux qu'il a fait bâtir : fou
aile d'Ardiiteâ;ur§ étoit en général lourd & peu
correct «
             ■.,-: ,i:m;::. ',.
Perrault, (Claude) de l'Académie Royale des
Sciences , & Médecin de la Faculté de Paris ,
fut un des plus grands Architectes du iiécle de
Louis XïV. Il naquit à Paris en 1613 , & devint:
fans aucun maître , fans avoir vu l'Italie , & par
la feule force de fon génie , habile dans tous les,
Arts qui ont du rapport au deifin. Dans le nom-
bre de cQnnoiiTances qu'il poiTedoit à un haut
degré, telles que la Médecine, les Mathémati-
ques , Τ Anatomie ,. Ü fit fon capital de l'Archite-
âwre, & y excella fupérieurement. Nous avons,
* de, lui dijfereqs Monument , qui· font regardés
:
-ocr page 532-
D'An εκι τ ε CT u ri: 505
comme' autant de modèles j fçavoir , le Péri-
fiile du Louvre , l'Gbfervatoire , le magnifique
Arc-de-Triomphe du Trône , la Chapelle du
Château de Sceaux, le Bofquet des Bains d'Apollon
dans le Parc de Verfailles, l'Allée d'eau & la plus
grande partie des deffins des vafes ? foit en mar-
bre , l'oit en bronze , qui ornent ces Jardins.
Outre ces ouvrages qui peuvent être mis en paT
rallele avec ce que les Anciens nous ont laiffé
de plus parfait pour le grand goût de FArchite-
&ure, Perrault a publié une Traduction de Vitruve,
avec des Commentaires remplis d'obfervations
très-curieufes & très-utiles à ceux qui veulent
s'initruire à fond de rArchitedture ancienne. Nous
avons encore de lui un Ouvrage intitulé : Ordon-
nances des cinq cfpeces de Colonnes ^fuivant la metho-
de des Anciens
, qui contient une méthode beau-
coup plus aifée que toutes les autres , pour l'ufage
des ordres. Indépendamment de ces Ouvrages fur
Γ Architecture, Perrault fe diftingua par plufieurs
autres , tels font (es Ejfais de Phyfique , fes Mé-
moires pourfervir à PHifioire Naturelle des animaux ;
enfin 3 par un Recueil de diverfes machines de fön
invention.
Il mourut à Paris en 1688.
PHILANDER, ( Guillaume ) Savant du XVIe fiécle,
un des meilleurs Commentateurs de Vitruve 5 &
îe premier qui ait facilité l'intelligence de cet
Auteur ancien , qui ne paroît vraifemblablement
auiîi obfcur, que parce que les deifvns qui accom-
pagnoient fon Ouvrage , & qui fervoient effen-
tiellement à fon interprétation, ont été perdus »
& ne font pas parvenus jufqu'à nous. Il mourut
gn. 1665.
-ocr page 533-
$o6                       Cours
Pirro-Ligorio , Peintre & Archite&e ; fes
deiîîns dss bâtiments antiques font peu exacts :
il fut nommé conjointement avec Vignole ,
Architecte de la Fabrique de Saint - Pierre ,
après la mort de Michel-Ange, avec ordre
de fe conformer en tout aux deffins qu'il avoit
laifTé de ce monument ; mais Ligorio s'étant avifé
d'y vouloir faire des changemens , on lui ôta
cette direction , & Vignole demeura feul chargé
de la conduite de cet Edifice.
Raphael-SanziO , né à Urbin en 1483 , &
mort, en 15ZO, outre qu'il fut le premier des
Peintres Modernes , paiïbit encore pour exceller
dans l'Architecture. On le choilit, après la mort
de Bramante , pour être un des Archire&es de la
Fabrique de Saint-Pierre. C'eit à lui qu'on eft
redevable d'avoir fait revivre l'ufage des orne-
fiiens antiques , nommés grotefques , oii il entre,
dans la composition , des fleurs , des oifeaux, des
animaux , & une infinité de choies de caprice,
alliées avec beaucoup de goût, & qui produifent
des effets agréables, .-,...
RÉgemqrte , premier Ingénieur de Turcies &
Levées , mort depuis quelques années , eft con-
nu particulièrement par la conitruelion du Pont
de Moulins fur l'Allier , qui rencontra les plus
grandes difficultés dans l'exécution , & qu'il fur-
monta par fon induftrje. Il a publié tous les détails
de fes opérations, lefquels donnent une grande
idée de fa capacité pour ces fortes d'ouvrages.
Riqüet s'eil: immortalifé par le projet & l'exé-
cution du Canal de Languedoc, pour faciliter la
l
-ocr page 534-
d'Architecture.           507
. jonction de l'Océan & de la Méditerranée. Mille
obftades paroiiToients'oppoier à ce grand deiTeih.
L'éloignement des deux Mers, le grand nombre de
montagnes à percer, Timmeniité des terres mou-
vantes à tranfporter, la difette d'eau dans un pays
où il y en avoit à peine aviez pour arrofer les jar-
dins , & pluiieurs autres difficultés conÎidérables ne
furent pas capables d'arrêter iiquu, & il parvint
par fon génie à les iurmonter. S'il eût 1? gloire
de terminer cet immenfe Ouvrage * il n'eût pas
néanmoins leplaifiraenjouir. 11 mourut en i68o,&
le premier effai ne s'en fit qu'au commencement de
l68x ; c'eft ce qui a fait dire dans lbn- Epitaphe ;
Ci-gît qui vint à bout de ce hardi deiTein ,
De joindre des deux Mers les liquides campagnes y
Et, de la terre ouvrant le fein,
Applanit même les montagnes.
Pour faire couler l'eau fuivant l'ordre du Roii
Il ne manque jamais de foi,
Comme fit autrefois Moyfé :
Cependant de tous deux le deftin fut égal;
„, L'un mourut prêt d'entrer dans la Terre promife ,
L'autre eft mort fur le point d'entrer dans fon Canal.
Romain , ( François ) dit le Frère Romain , de
l'Ordre de Saint-Dominique, naquît à Gand en
1646. Π fut un des plus habiles Ingénieurs &
Architectes de ion tems pour les travaux Hydrau-
liques. La conilrudion du Pont de Maftricht,
qu'il fit pour les Etats Généraux de Hollande,
lui acquit beaucoup de réputation , à caufe des
difficultés qu'il eut à vaincre Le dégel de 1684
ayant emporté le Pont de bois qui étoit vis-à-
vis le Pavillori du Château uqs Tuileries , &
, . r
-ocr page 535-
JOS                      COU R S
Louis XIV avilit ordonné de bâtir un Pont de
pierre à la place , qui eft aujourd'hui le Pont-
Royal ; comme on trouva les plus grandes diffi,-
culréspour étancherles eaux quifourcilioient fans
ce/Te , on fît venir le Frère Romain , qui vint à
bout de les captiver , & de lever les obftacles
qui s'oppoibieni à la fblidité des fondemens de
ce Pont, il mourut à Paris en 1735.
Sangallo , ( Julien & Antoine ) frères & Ar-
chitectes Florentins. Entre les ouvrages qu'ils ont
iàit, tant dans l'Etat Eccléfiailique qu'à Florence,
on diftingue ie deffin du palais Sachetti dans la
Strada-Julia à Rome $ Antoine Sangallo : il eut
auffi la conduite de la fabrique de S. Pierre après
îa mort de Bramante. Julien mourut à 74 anâ
en 1617, & Antoine en 1534-
Sansovin \ ( Jacques ) Architecte & Sculpteur, ût
conitruire à Rome l'Eglife de S. Jean des Florentins,
ayant été appelle en France par François I, qui
vouloit fe l'attacher , en paffant par Venife pour
s'y rendre , le Doge Gritti l'engagea à rétablir le
Dôme de S. Marc qui menaçoit ruine , & en effet,
il trouva par fon induftrie le moyen de mettre ce
grand ouvrage à l'abri du péril, où il étoit : la dire-
ction âes Bâtimens de la République étant venue
à vacquer fur ces entrefaites , elle lui fut donnée,
& il fut chargé en cette qualité de conftruire l'Hôtel
de la Monoie , la Place S. Marc & le Palais des Pro-
curaties. On lit, dans fa vie , qu'il perdit par la fuite
cette direction, & qu'il fut même condamné à une
amende coniidérable , ainiî qu'à une prifon per-
pétuelle , ( dont il fortit néanmoins quelque tems
après par la protection du Comte de Mendoce 9
-ocr page 536-
d'Architecture.            509
Ambaffadeur de Charles - Quint ), pour s'être fié
uniquement à des liens de fer dans la cqnitru&ion
des voûtes des portiques de la Place S, Marc. Elle
étoit à peine terminée, que les liens de fer vinrent
à rompre ou à lâcher prife P de forte qu'il fallut
rebâtir en partie les portiques, renoncer à des voû-
tes , & les couvrir en charpente , comme on les
voit aujourd'hui. Quiconque , en.effet, au mépris
des règles de la foiidité, hazarde la conitruâiori
d'un Edifice & compromet la fûrèté publique , eil
néceifairement puniffable. Sanfov'm mourut à
Venife, âgé de 78 ans, vers 1570.
Savot, ( Louis) mourut en 1640, & n'eftcofi-
nu que par fon Livre de Γ'Architecture Françoife 9
qu'il compofa , dit F. Blondei , par efprit de
chanté , pour dévoiler les tromperies des ouvriers
en bâtiment , & pour empêcher ceux qui font
bâtir d'être auffi facilement leurs dupes, il entre
en eonféquence dans tous les détails des bâti-
ments ; il parle du choix des matériaux » de la
maniere de les fonder , & partout il fait remar-
quer les fautes que l'on commet, foit par igno-
rance , foit par tromperie. Mais comme ce qu'il
a dit là-deffus avoit déjà beaucoup changé du tems
de F. Blondei , celu-ci a jugé à propos de donner
une nouvelle édition de cet Ouvrage , qu'il a
augmenté d'excellentes remarques.
Scamozzi, [Vincent) Architecte de la
République de Venife , eil très-connu par les
bâtiments qu'il a élevés. Le Palais Cornaro
à Venife , le Palais Strozzi à Florence ,
celui du Comte Triflîno à Vicence i qu'il a
continué fur les defîins de Palladio, font
»
-ocr page 537-
S ίο                      Cour s
honneur à fes talens. C'eit de lui la compoiitiort
de la petite Ville Greque qui décore la fcéne dit
Théâtre olympique de Vicence. Scamo?^i a publié
tin Ouvrage fur i'Archite&uie, & il eil tili de ces
Auteurs qui, en voyant les contradictions que Ton
remarque entre les proportions de tous les exem±
pies anciens & modernes , fe font cru permis de
propofer leurs opinions pour règles : Palladio, Vi-
gnole, Serlio, Catanéo , Viola, Perrault & autres 9
en ont ufé ainii, fans fe foncier, ni de fuivre pon-
ctuellement les Anciens, ni de s'accommoder avec
les Modernes. Daviler a traduit ce qu'il a dit far
les cinq Cidres , & Samuel du Ry , Ingénieur
Hollandois , le refte de fes ouvrages. On a fur-tout
l'obligation à Ùcamo^i d'avoir perfectionné le
Chapiteau ionique antique, en faifant quatre faces
femblables toutes à volute , pour faire difparoîtrè
l'inconvénient des couiFiners. Chambrai dans fes
paralleles prétend qu'il étoit, plus grand parleur
qu'ouvrier , & que, quoiqu'il foit affez régulier
dans les proportions des Ordres , fes profils font
néanmoins fecs & les ornemens de mauvais goût î
cette critique eft trop fevere ; Scamo^i, comme
bien d'autres, a fes beautés & fes défauts.
Serlio , ( Sèbaflkn ) Architecte Italien , naquit
à Boulogne. François f. le fit venir d'Italie Îur fa
réputation , & lui donna la conduite des bâtimens
du château de Fontainebleau. Jl avoit fait une
grande étude de l'Archiie&ure ancienne & mo-
derne , ainfi qu'on en peut juger par les CEuvres
d'Architeiture t c'étoit un des grands Se&ateurs
de Vitruve; on peut dire même qu'il a imité dans
cet ouvrage jufqu'à fes défaut», clans la përfua-
non fans doute où il étoit, qu'on ne pouvoir
f
-ocr page 538-
■■ι ■ · ■.:■■■· : ■■ -·..■                                                          .■..:■■                                                            ■ * '™- "'                                                                                 "" ι
Ö · A R C H.I Τ E C Τ U R Ë.            5II
s'égarer, en fuivant un A rehitecle qui avoit écrit
dans un fiécle aufli éclairé que celui d'Âugufte.
Lorfqu'ilfut queftion de continuer, fous Henri'II, le
Louvre, il donna des deiîins en concurrence avec
les autres Architectes, mais ceux de Jean Leicot
furent préférés aux iiens, ainfi que nous l'avons dit.
ServandONI, [Jean) Architede , Peintre &
Décorateur, né à Florence en 1695. Peu d'Ar-
tiiles fe font acquis autant de célébrité par leurs
travaux : il étoit élevé de Jean Paul Panini pour la
Peinture, & de Jean-Jofeph Roiîi pour l'Archi-
teclure : les bâtimens qu'il a fait exécuter font
l'Egiife Paroiiîîale de Coulange en Bourgogne ; le
Grand-Autel de la Métropolitaine de Sens ; celui
des Chartreux de Lyon ; le grand Efcalier de
l'hôtel d'Auvergne à Paris;enfin le grand Portail
de î'Eglife Paroiffiale de S. Sulpice , & le com-
mencement de fa Place. A l'égard de fes autres
Ouvrages, il a donné les deiîins des décorations de
■ l'Opéra pendant pluiieurs années, avec un appîau-
diiTernent unanime, & des fpe&acles à machines
fur dirFérens fujets auffi intéreifans qu'ingénieux
fur le Théâtre de la Salle des machines du Palais
des Tuileries. Il avoit un talent tout particulier
pour compofer les Fêtes publiques \ c'étoit en cela
qu'il exceiloit principalement. On fe rappelle
encore avec plaiiir , celles qu'il a fait exécuter
à Paris, pour le mariage de Madame Premiere en
1739 , à Bordeaux pour le partage de Madame
la Dauphine , à Londres lors de la dernière
paix , & enfin à Lisbonne. Il avoit propofé uri
projet pour placer la llatue de Louis XV. fur
l'efplanade du pont-tournant, qui fut beaucoup
admiré dans le tems, & dont nous avons donné
-ocr page 539-
5il                      C oürs λ
la defcnption dans les Monumens à, la gloire de
Louis XF.
Enfin nous avons de lui des Tableaux
de ruines d'architeclure , très- eilimés des con-
noiffeurs : fon ftyie d'Architecture étoit noble,
fes productions étoient marquées au coin du génie *
& c'eil un de ces Artiges dont on confervera
long-tems le fouvenir.
SlotZ , ( Pierre , Paul & Michel* Ange ) frerès %
furent fuccemVement Archite&es & Décorateurs
des menus plaifirs du Roi, & donnèrent en cette
qualité les deiîins des Fêtes qui furent faites à
Verfailles à l'occaiion des mariages de Monfeigneur
le Dauphin , de la nahTance de M. le Duc'de
Bourgogne , ainfi que de nombre de Catafalques
dans l'Eglife de Notre-Dame de Paris. Ils fe dif-
tinguerent par un modele de Place, pour la ftatue
du Roi fur le Quai des Théatins > qui fut expofé
publiquement, & dont on trouvé le deiîin dans
nos Monumens à Louis XV. Michel-Ange étoit en
outre un excellent Sculpteur , & avoit un talent
bien fupérieur à celui de (qs frères,
Sostrate célèbre Architecte de f antiquité >:
natif de Gnide , fut employé par Ptolemée-
Philadelphe , pour exécuter la Tour du Phare
dans rifle de Pharos, ouvrage que l'on a mis ait
rang des fept merveilles du mpnde, & qui pou-
voitêtre comparé pour la grandeur aux Piramydes
d'Egypte. Cette Tour fervoit de Phanal, & étoit
bâtie fur un rocher baigné des eaux de la mer.
Son plan étoit; un quarré, dont chaque coté avoit
environ poo pieds ; & elle étoit tellement élevée,
qu'on pouvoit l'apperçevoir en mer au moins de
trente lieues.
Vasari
-ocr page 540-
d'Architecture; 513
Vasari, ( George ) d'Arezzo, Peintre & Archi-
tecte , a publié les Vies des Peintres , Sculpteurs Se
Architectes de fon tems. Il a travaillé à la Vigne de
Jules II, au Fauxbourg du Peuple à Rome, 8z a donné
le D-effin du principal corps de bâtiment de cette
Maifon de plaifance que Vignole acheva par la
fuite. Il mourut à Florence en 1 jy8, âgé de 64 ans.
Vau, (Louis le) né en 1612 * remplit avec
diiHnclion la place de premier Architecle du Roi;,
& eut la direxion des bâtiments du Louvre , depuis
1653 jufqu'en 1670 qu'il mourut, il avoit fait exé-
cuter une façade au vieux Louvre, du côté de la rif
viere,qui a été mafquée depuis par celle de Perrault :
les deux grands corps de bâtiment du Château de
Vincennes du côté du Parc, font de fa compo-
fition : il a donné les deifms du Château de Vaux-
le-Vicomte , de celui de Bercy, des Hôtels Col-
bert , de Lionne & Lambert à Paris , ainii que
de la Maifon de M. Heflelin, & fur-tout du Col-
lege des Quatre-Nations , qui eil ion meilleur
ouvrage , mais qui ne fut exécuté qu'après fà
mort par Dorbay fon élevé ; il a encore com-
mencé l'Eglife de S. Louis dans Me , qui a été
continuée par le Duc ; enfin , il a jette les fon-
dements de l'Eglife de S. Sulpice. On içait qu'après
la mort de Perrault, les ennemis de fa gloire pré-
tendirent que le deffîn du Périftile du Louvre
étoit de le Vau , mais il faut fe connoitre bien peu
au génie & aux talens 'des Artiites , pour ne pas
s'appercevoir de l'énorme différence qu'il y a entre
le goût de ces deux Architectes : nous ;';vons
déjà fait remarquer dans nos Mémoires , & nous
croyons devoir ici le répéter ; Si c'eft le Vau qui
a fait ledeifin de la Colonnade du Louvre', il faut
Tome VI.                                      & k
*
*
-ocr page 541-
5 î4                      @ ou r s
fans difficulté lui attribuer tous les autres ouvra-
ges de Perrault, car ils font tous compofés dans
le même efprit ; en comparant le ftyle de l'Ar-
chitecture de Perrault & celui de le Vau , on s'ap-
perçoit aifément qu'autant l'un eil pur , noble,
précieux & élégant dans fes proportions , autant
l'autre eft lourd , peiant & froid.
Vigarani, ( Gafpard) Archite&e Modenois ,
eil Auteur du deiîin de la Salle des Machines dans
le Château des Tuileries , dont la Salle de la
Comédie d'aujourd'hui n'occupe que la partie du
théâtre , ce qui peut donner une idée de fon
immenfvté. Il paroît cependant que Vigarani a eu
plus de part à Ia.conftruc~tion & à la méchanique
de cette Salle qu'à fa décoration ; car l'on pré-
tend que c'eil Lebrun qm a donné le deiîin de la
décoration des loges & du plafond, qui font d'une
très grande richeûe.
VlGNOLE , ( Jacques - Baro^io de ) Architecte
Italien, né en 1507, à Vignole dans le territoire
de Bologne , vint en France fous le regne de
François I. où l'on dit, qu'il donna les plans de
pluiieurs bâtiments. De retour dans fa patrie , il
fit à Minerbio r^rès de Bologne, un Château pour
le Comte Almano Ifolani ; & dans Bologne la
maifon d'Achille Bocchi, le Portique du Change,
6 le Canal de Navilio qui a plus d'une lieue de
longueur, pour y amenerde l'eau. Les Egiifes de
Mazzano, de S. Oreite , & de Notre-Dame des
Anges à AmTe,fontauindefaeompoiition. Jules II.
le fit fon Architecte ; & l'employa à bâtir à Rome
une Vigne hors de la Porte du Peuple , qu'il
.exécuta en partie ; il fut chargé encore d'achever
.
*
-ocr page 542-
d'Architecture.            51$
le Palais Farnêfe, qui avoit été commencé par Bra-
mante , & de donner les deiïins de l'Eglife du Jefiis s
qu'il n'éleva cependant que jufqu'à la corniche : ce
fut Jacques de la Porte, un de fes Elevés qui la
continua , & qui fit même le Portail fur un deiîin
de fon invention j lequel eil d'une composition très-
médiocre , & fait beaucoup regretter qu'il n'ait
pas fuivi celui de fon Maître. Un des Ouvrages
qui a fait le plus d'honneur à cet Architecte , eil
la compofition du Château de Caprarole , à dix
lieues de Rome, dont la difpofitionamphitheatrale
eil très-heureufei Lorfque Philippe II. voulut?
rebâtir le Château de l'Eicuriai, & demanda des
projets aux principaux Artiiles d'alors, on pré-
tend que ceux de Vignble furent les plus applau-
dis , & auroient eu lieu , s'il avoit pu fe refondre à -
paiîer en Efpagne j mais ayant été chargé vers le
même tems de la continuation de la Fabrique de
l'Eglife S.Pierre , après la mort de Michel-Ange,
il préfera de refter dans fa patrie , & de fucceder
à ce grand-homme : c'eil de lui les petits dômes
qui accompagnent le grand, fignole a laiifé im
Traité des Ordres £ Architecture , dont les profils
& les proportions , quoiqu'un peu giganteiques ,
font néanmoins d'une grande maniere 5 & ont été
en général préférés en France à ceux des autres
Architectes qui ont auiïi écrit fur cette matière*
Il mourut en 1573*
VlTRUVE, ( M. Vitruvius Pollio ) Architecte, né»;
foit à Formia , petite ville de Campanie , foit à
Fondi, foit à Vérone ( car on n'eft pas bien cer-
tain du lieu de fa naiiTance ) vivoit, à ce que
l'on croit , fous l'Empereur Auguile. Quoi qu'il
en foit, il paroit avoir eu peu de part aux grands
Κ k ij
%
-ocr page 543-
5i6                       Cours
Edifices érigés de ion tems , & avoir plutôt brillé
comme Ingénieur que comme Archite&e. Les
hommes fe peignent d'eux-mêmes dans leurs,
ouvrages ( ι ) ; il ne faut que les lire pour
juger de Tes moeurs & de la trempe de ion efprit :
en voyant fes bons fentimens, & les grandes qua-
lités qu'il défire dans un Architecte , on peut fe
perfuader qu'il étoit capable d'être lui-même cet
Architeéte dont il fait le portrait ; fur-tout quand
il dit , en plufieurs endroits , qu'un Architecle
doit avoir Tarne grande , le cœur généreux , qu'il
doit être, doux , équitable, fidele, fans avarice,,
fans cupidité & fans intérêt ; qu'il 'doit foûtenir
fon rang avec gravité & honneur, ne point folli-
citerpour fe faire donner de l'emploi, mais qu'il
doit travailler à acquérir un mérite qui le diitingue,
& attendre qu'on le prie de prendre le foin & la
conduite d'un Ouvrage. Après les mœurs qu'il
exige principalement dans un Architecte, que de
çonnoiiTances ne demande-t-il pas pour exceller
dans cet Art} Il veut que celui qui s'y deiline ait
beaucoup de génie, une grande docilité à rece-
voir des confeiîs dans l'occaiion » qu'il foit verfé
dans les Belles - Lettres , qu'il foit inftruit de la
Géométrie , de l'Optique , de l'Arithmétique *
qu'il ne foit point ignorant dans l'Hiftoire, dans,
la Phiiofophie , dans la Mufique , qu'il ait une
teinture de la Médecine , de la Jurifprudence, de
l'AÎtrologie, & qu'il ait par-deffus tout l'intelli-
gence & la pratique du Deiîin ( % ).
Vitruve p ainii qu'on en peut juger par l'Ouvrage
qu'il nous a.laiffé , avoit, en effet, une notion de
toutes ces Sciences. Son Livre d'Architeclure eft
( ι ) Vie des Architectes par Felibieri, pag. 79«.
( % ) Vhruve 3 Livre I & VI.
/l                            ' ■                                                                        , ■                           '                          ■ ■ ■
-ocr page 544-
D'A RCHITECTURE.           5 l7
îefeul qui nous foit refté de l'Antiquité fur cette
matière : il eft fi connu qu'un extrait devien-
droit ici fuperflu. Il étoit accompagne dun grand
nombre de defîins qui ne font point parvenus jul-
qua nous ; ce qui vraiiémblablement , comme
nous l'avons déjà remarqué,eft caufe de lobicunte
qu'on lui a reproché, & a donné lieu a une mul-
titude de verfions , de commentaires & d inter-
prétations pour y fuppléer. Ses principaux X-rt-
Suceurs , Commentateurs , ou Interprètes lont
Çaporali, Mdbomïus , hm-Martin , Battus* Lau,
Philander , JBarbaro , Jocondc, Cifaranus,Rivais ,
Perrault, &, depuis peu, le Marquis de Gallium : les
Commentaires des deux derniers font tres-eftimés ;
ils ont mis à profit les obfervations de leurs prede-
ceifeurs, & les ont fait en quelque forte oublier.
f" WRÉEN, ( Chpfioph ) né en Angleterre en 1632,
fut à la fois un Géomètre de réputation , un Ar-
chitede de génie, & uir tout le premier des Cont-
truaeurs modernes. Après le grand incendie de
Londres en 1666, qui réduifit en cendres prefque
toute cette Capitale , il propofa un plan gênerai
de reconftruftion , qui , s'il avoit eu heu 9 auroit
rendu cette Ville la plus belle du monde , par la
diftribution , par l'avantage de fes perces, &par
l'heureufe difpofition de fes Edifices P^hes.
En vain ce projet fut-il approuve par le Roi & le
Parlement, comme la propriété eft un droit im-
prefcriptible en Angleterre , on ne put faire en-
tendre raifon au peuple à cet égard, & chacun
voulut reconftruire fa maifon fur ion même em-
placement. Au reite , fi Wrkn n'eut pas 1 avan-
tage de faire exécuter fon projet, il fut du moins
chargé de la reconftruaion delà plupart des Monu-
ments de cette Capitale, & de ceux qui furent de-
*
-ocr page 545-
5*8                      Cours
vés de fon tems dans (es environs. Ses principaux
Ouvrages font, le Temple de S. Etienne- Valbrock ,
& celui de Sainte-Marie ab Arcu ; le Monument,
qui eil unetres-groffe colonne Dorique de 14 pieds
de diamètre , laquelle a été élevée dans le lieu où
a commencé l'incendie ; l'Hôpital de Grenwik,
qui eil bien fupéneur par l'ordonnance de fa com-
position a celui des Invalides à Paris ; l'Hôpital de
Chehea ; le Théâtre d'Oxford, &c. Mais de tous
les Edifices qu il a élevé, c'eil le Temple de S. Paul
de Londres qui lui a fait le plus d'honneur par fa
compofition, & par les talens fupérieurs qu'il a dé-
ployé dans fa conilru£tion. Cet Edifice , le plus
vaile en ce genre après S. Pierre de Rome , eil un
chef-d'œuvre d'intelligence & de combinaifons
ÜQS pouvoirs mécaniques , que les Connoiffeurs
ne peuvent fe laffer d'admirer , &, ou tout, quoi-
que de la plus grande légèreté , eil néanmoins
reparti de la façon la plus propre à en affurer
la durée. Cet homme célèbre mérita, comme
nous l'avons déjà dit ailleurs , pour récompenfe
de la haute eilime qu'il avoit infpiré à fa Nation,
detre inhume ^ exclufivement dans le Temple
de S. Paul, où on lit fur fa tombe cette Infcrip-
tion fublime ;
Subtàs conditur
Hujus Eccleßa & urbis conditor
,
ChriflophorOs Wrkn
Qui y'ixit annos ultra nonaginta,             :
Non fibi, fed bono publico :
Lector
, β Monumentum requins
C 1 R C U M S Ρ I C E.
Obiit XXV. Feb. anno 1723,
-ocr page 546-
d'Architecture. 519
Son ftyle d'Architecture eft quelquefois peu
correft : à l'exemple des hommes de génie , il
négligeoit volontiers les détails , & ne cherchoit
qu'à plaire, par le bel effet de la maife totale de
fes Edifices ; mais, de même que l'on va en Italie
& en Grèce, pour étudier les belles proportions
& les ordonnances d'Architeclure des Monuments
antiques , il faudroit aller en Angleterre pour
étudier la eonftru£tion des Edifices de Wrien ,
pour apprendre à raifonner cette partie , & à ne
point opérer au hazard , comme l'on fait com-
munément,
F 1 iVV,
APPROBATION
D U CENSEUR-ROYAL.
J'Ai lu, par l'ordre de Monfeigneurle Garde des
Sceaux , le Ve & VIe Tomes du Cours £ Archi-
tecture
de feû M. Blondel. Cet Ouvrage, dont on
attendoit la continuation avec une forte d'impa-
tience , a été heureufement terminé par une
tnain très-habile dans cette matière, & n'a pu
qu'y gagner quant à la préciiion du ftyle : Donné,
à Paris , le 14 de Mars 1777.
Vi Philippe de Pré tot;
, des Académies d'Angers
& de Rouen.
Le Privilège eft à la fin du Tome Second,
De l'Imprimerie d'A υ g, - M a r t. LOTTIN, l'aîné,
Imprimeur-Libraire du Roi, rue S Jacques, au Coq.
M. DCC. LXXYII.
-ocr page 547-
AVERTISSEMENT.
χ? OU s cuffiom bien défifé donne? une
Table generale des Matières & une explica-
tion des termes qui jont entrés dans la com*
poßtion de cet Ouvrage
, M. Blondel l'avoit
promis > mais nous ne concevons pas , corn·*
ment il V aurait pu exécuter
, à moins d'au-
gmenter le nombre des Volumes qu'il avoit
annoncé* Car ce Cours embrasant la théorie
& la pratique de l'Architecture , ainß que de
tous les Arts qui γ ont rapport
, il refaite
qu'une pareille Table ne fauroit être que très-
confidérable , ou plutôt
, qu'elle comprendroit
un Diclionnaire complet d'Architecture
, capa*
ble d'occuper feul un bon volume. Au Jurplus ,
nous croyons qu'on pourra aifément s'en paf*
fer , non-feulement
, par l'attention que l'on ci
eu de mettre, toujours à la tête de chaque Tome
une Table particuliere des matières pour annon-
cer ce qu'il contient
, & en outre , au comment
cernent du Tome fuivant, un précis du pré-*
cèdent
y mais encore 9 parce qu'on ri a laiffâ
paffer aucun terme teenique s fans expliquer fa
lignification
, ou du moins fans défigner fa
repréjentatwn
, dans les figures 5
par des lettres
de renvoi,
                    <,': : h -:.
\