-ocr page 1-
yxK«
ERRATA du fixi�me Volume.
Bages
4
48
59
59
�71
S<58
*7?
1 Jtt
Lignes.           Fautes.
}jf r�i�ftrer
15 aux contre-forts
ζ    ou fait
ι    rnolpnnage,
x�f    de ces derniers
6    fe trouvent
2    elle ne rempliroit pas
%�    du pendentif
ζ8    des fcs parties
10    rnainenaut
Corrections.
r�fifter
\
aux murs de liaifo» ,
aux contre-forts
& fait,
moiionage
de ceux-ci
fe ?rou,ve
& elle ne rempliroit pas
d'un pendentif
de fes parties
maintenant.
8
10
4
χι
fe trouvoit appuy�e
�� ck,
� d,
femelle Β,
S fe trouvoit
en outre»
X appuy�e ■
& e h , "
c e ,
femelle Κ,
un bon Ouvrage
un Ouvrage
COURS
-ocr page 2-
12.
7|
D'ARCHITECTU RE
"■CIVIL E..: > /:v:;
-ocr page 3-
ARCHITECTURE,
� u
TRAIT�
�e la D�coration, Diflribution & C�nflrucliort
DES B�TIMENTS)
Commenc�
Par feu J> F* BiPMIi , Architecle du Ro�,
& Profei�eur de rAcad�mie^ Royale
d'Architeclure,
et Continu�
Par M. Patte, Atchite�e de S. A» S.
M*r le Prince Palatin , Duc r�gnant de Deux-Ponts;
TOME SIXIEME.
■.V-.- JL J^llW, - 7*
Chez U Veuve Desaint , Libraire s rue du Foin-S,-Jacques*-
;*fi
<�%^fS*{�
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M. DCC. LXXVIL
Avtc Approbation § & Privil�ge du R&k
-ocr page 4-
A VANT.PROPOS^
ο υ
Pr�cis du contenu du cinqui�me Volume!
Apr�s l'Ordonnance des dehors d'un
b�timent & fa diitribution , dont il a �t�
<]ueftion dans les Volumes pr�c�dents, ii
convient de s'attacher � d�corer l'int�rieur
de fes appartements. Cette branche de l'Art
exige e�entiellement la pratique du Dei�in,
Se elle eil fond�e fur les m�mes principes que
Ja d�coration ext�rieure. Son vrai m�rite
coniiite principalement dans la relation du
tout avec les parties , &; des parties avec le
tout. Il ne faut pas croire, avons-nous dit,, ' ;
que ce foit la profufion des ornements qui
fai�e la vraie beaut�-d'un appartement > le
grand art eft de les repartir avec gout Sc
avec difeernement, de maniere que l'Ar-
chitecture paroiiTe toujours dominer , "�c
ne foit pas accabl�e par la Sculpture. Mais
en vain efp�rera-t-on r�ui�ir dans une d�co-
ration , i� elle n'a pas �t� pr�vue lors de
la diilribution d'un appartement, Sc i� ort
n'a pas eu �gard � h> forme qui convient
� chaque pi�ce, � la fymetr�e, aux enfila-
des y � l'�galit� des trumeaux des croif�es *
� la difpo�tion des portes 6c dus chemin�es %
& en un mot � la hauteur des planchers |
a iij
-ocr page 5-
ajjSr        Avant-Propos.
car ce .n'efl: qu'en faifant marcher de pair
toutes ces confid�rations, en compofant le
plan d'un b�timent, qu'il en pourra r�fiil�
ter un tout accompli.
A deffein de proc�der avec ordre dans
tous lus d�tails particuliers qui concernent
la d�coration int�rieure d5un appartement,
r nous avons commenc� par enfe�gner �
profiler la Menuiierie , .& eniuite nous
avons propoi� des exemples de portes, de
croif�es», de chemin�es'& de diff�rens lam-
bris, d�cor�s plus ou moins richement,
pour faire voir les �gards qui doivent gui-
der dans leur compoiinon. Nous avons
«l'abord envifag� chajcun de ces objets
dans le i�mple , en f�pprimant tous hs
ornements , parce que , regle g�n�rale, il
faut toujours s'appliquer � deffiner les nuds
§L � d�terminer l^s proportions de chaque
partie d'une d�coration , avant d'y intro-»�
«luire de la Sculpture, i
Del� nous avons expliqu� quel doit �tre
Je ftyle propre �. la d�coration de chaque
pi�ce d'un appartement fu�vant fa deitina-
tion, Ce n'efr. qu'� Paide du go�t, aiToci�
&u r�ifonnement & aux r�gles, qu'on peut
parvenir � le faii�r > c'eft par leur moyen
qu'on apprendra �. faire choix des formes
convenables, � cara&er�fer l'ordonnance
particuliere propre � chaque d�cQration ,
-ocr page 6-
Ar a ht - Ρ R ο ρ ο fi y�j
ia�vant le degr� de richefle ou de imipli-
cit� qu'elle exige, foit � ra�fon de ion ufage*
foit � raifon de l'importance d'un b�timent.
Nous avons conf�quemment fait paiTer en
revue la d�coration des veftibuies , des
antichambres , des falies de compagnie*
des failons , des chambres de parade, des
gal�eries, des cabinets, dts chapelles & des
efcaliers. Sans celle , nous avons joinc
l'exemple au pr�cepte , & nous nous futur
mes autorif�s des neilleurs modelles , pour
�tablir par leur comparaifon le beau e0en-
tiel de ces fortes d'ouvrages, & pour faire
voir qu'on n'y peut parvenir que par une
fage �c judic�eufe r�partition des ornements *
& non en les prodiguant indifcretement t
comme l'on fait aiTez ordinairement.
Enfin , nous avons termin� ce que nous
avions � dire fur cette mati�re, par recom-
mander de ne fe pas borner a �tudier nos
pr�ceptes dans l'ombre du cabinet, mais
de s'appliquer en m�me temps a m�diter
fur place les d�corations les plus applau-
dies , � def�iner d'une certaine grandeur
leurs profils , leurs ornements , tous leurs
d�tails 5 en obfervant, Si les effets particu-
liers qui remirent de chaque partie, δε
l'effet total qui refulte enfuite de leur
accord ou de leur combina�fon: c'eil l� le
feul moyen de h�ter les progr�s dans F�tude�
■ *'                     a m
-ocr page 7-
Vlij             Ar Λ NT-Ρ ROP Ο S.
de cette branche de l'Architecture , &; de
parvenir � ion tour � cr�er du beau.
Chapitre �. II. III. IV & Vvl
La troisi�me partie de notre Ou-
vrage embraiTe enti�rement la �onilruction
des b�timents. Apr�s avoir parl�, dans l'In-
troduction , de l'origine de Part de b�tir ,
�� des progr�s qu'elle a fait iuccei�ivement
jufqu'� nos jours, nous avons trait� d'abord
de la Ma�onnerie qui en eil la partie la
plus importante , & qui comprend la ma-
niere de fonder les b�timents , d'�lever
leurs murs & de contraire leurs vo�tes.
Le premier foin d'un ,,■ Architecte eil de
s'appliquer �'conno�tre les diverfes qualit�s
des mat�riaux qui ne font pas les m�mes
partout , & qui varient fuivantles pays ou
l'on b�t�t. Pour fixer les id�es, nous nous
. �bmmes' appliqu�s � faire conno�tre les ma-
t�riaux que l'on trouve aux environs de
Paris , & dont on fe fert pour l'ex�cution
de Ces b�timents. Au furplus , dans les
lieux o� l'on manque de pierres , & o�.
il faiidro�t les tirer de trop loin , l'on y
iuppl�e d'ordinaire par de la brique , qui
cit une pierre artificielle aif�e � fe-pro-;
curer par-tout, dont la cuiiToq 81 l'alliage
* des diff�rentes terres propres � fa fabrica-
tion font toute h bont�.
-ocr page 8-
Αν an τ ~ Pr opo s*            �ai;:
Apr�s le choix des mat�riaux , ce font
les agents qui fervent � les unir , tels que le
mortier & le pl�tre qui m�ritent la princi-
pale attention, nous avons expof� en con-
f�quence leurs diverfes qualit�s , leur pr�-
paration , leur emploi j Se nous femmes
m�me entr�s � ce fujet dans l'examen de
leur constitution phyfique, pour faire voir ce
que l'on peut efp�rer de leur dur�e, de leur
t�nacit� , & pourquoi il ne faut pas les em-
ployer indiff�remment en toutes occafions.
Chapitre V� & VII
La maniere d'op�rer les fouilles des
terres, �c leurs tranfports , ainii que de
planter un b�timent, fait la mati�re de
ces deux Chapitres. La derni�re op�ration
regarde plus particuli�rement l'Archite&e ,
& demande de fa part beaucoup d'attention
pour fixer avec certitude la poiition res-
pective des diff�rents objets d'un plan , !g�
celle de tous i�s allignements. On n'y peut
r�ufl�r qu'avec de l'exp�rience 6c que par le
fecours de la G�om�trie- pratique. Le vrai
moyen de ne fe point tromper eit, fur-tout
apr�s avoir trac� un plan fur le terrein,
de ne point n�gliger les v�rifications, &c
de faire enforte que les parties s'accordent
fans ceiTe avec le tout, & le tout avec les
parties 5 c'eit par cet accord intim� qu'on
obtiendra toute l'exactitude requife.
-ocr page 9-
M         Avant-Propos.
Chapitre VIII.
La maniere-de fonder fuivant les dif-
f�rents terreins fait l'objet de ce Chapitre :
il n'y a aucune partie de la construction
qui exige autant d'attention.de la part de
l'Architectes la moindre n�gligence � cet
�gard, �tant capable d'op�rer la ruine d'un
�difice. Il eil n�cei�aire , avons-nous re-
command� v d'ai�eoir toujours les fonde-
ments d'un b�timent jufques fur le -bon
fond. Quand ce fond fe trouve �tre du tuf,
de la terre franche, du gravier ou un roc,
il n'y a pas de difficult� > mais s'il eft de
mauvaiie conf�ftance , comme de laglaife,
un fable doux 6c mouvant, un terrain ma-
r�cageux , il faut s'appliquer alors � le
confolider par art, en pla�ant dans le fond
des rigoles des fondations, fo�t des cours
de plateforme , foit un grillage de char-
pente , foit un radier , foit des pilotis.
Nous fommes entr�s dans les plus grands
d�tails far ces diff�rentes op�rations , &
nous avons expliqu� comment on s'y eft
pris dans plufieurs occai�ons importantes,
pour furmonter les obffcacles que la mau-
vaife qualit� du foi parroiiioit apporter �
la folidit� des fondements.
Chapitre IX.
Ce Chapitre contient particuli�rement
-ocr page 10-
.Avant-Pro pos..           xj
les principes g�n�raux qui coniHtuent la
folidit� d'une conftrucHon. Apr�s avoir
rapport� les proc�d�s des Anciens , nous
avons parl� de l'efprit de la coupe des
pierres , de la maniere de conitruire les
caves, & fucceflivemerit de la b�thTe des
murs de cl�ture, de face & de refend d'un
b�timent. Nous avons fait remarquer que ces
principes ne font point arbitraires, L� font
au contraire confacr�s par la maniere de
b�tir de tous les pays & de tous les tems.
Ces principes font, que le fort doit fans celle
porter le foible ; que l'�pahTeur des murs doit
fe proportionner � leur �l�vation & aux
fardeaux qu'il auront � foutenir ; que depuis
leurs fondements jufqu'au fommet, ils doi-
vent s'�lever en talud ou en retraite ■-, qu'il
; faut placer dans le bas les pierres les plus
dures , tant pour mieux rei�fter aux far-
deaux , que par rapport � l'humidit� & aux
eaux pluviales 5 que toutes les pierres doi-
vent �tre continuellement pof�es en bonne
liaifon 6c coul�es avec de bon mortier ν
& qu'enfin , pour emp�cher les murs d'un
b�timent depouiTer au vuide en dehors, il
convient de mettre d'�tage en �tage des
cha�nes de fer avec des ancres, enforte
qu'il r�fulte de la combinaiion de ces
diff�rents arrangements , un tout de la
plus grande iolidit�. Outre ces coniid�-
-ocr page 11-
xly          Avant-Propos,
rations, comme toutes les parties d'un mur
ne portent pas toujours �galement, & qu'il y
en a qui fouffrent plus que les autres, telles
font les en�ognures , les t�tes des murs,
�c les endroits o� font plac�s les bouts des
poutres, nous avons obferv� qu'il falloit
s'appliquer � les fortifier de pr�f�rence* ce
font l� les r�gles que nous avons d�velop-
p�, & dont on voit fans cei�� l'application
dans la plupart des b�timents.
Chapitre X.
Il y eil queftion de la maniere d'ex�cuter
les foi��s d'aii�nce, les puits, les citernes,.
les puifards, les bai�ins, & les ferres-chau-
des,' tous objets qui offrent des difficult�s,
particuli�res dans leur conftrudion , �c
dont nous avons expof� les meilleurs
proc�d�s.
Chapitre XI, XII. & XIII.
Dans les Chapitres fuivants, nous avons
fait d'abord paifer en revue nombre de tra-
vaux particuliers, connus fous le nom de
legers ouvrages, & qui n'ont lieu, pour la
plupart, que dans l'int�rieur d'un b�timent,
tels font les plafonds, les cloifons, les chemi-
n�es , les fours , les fourneaux : enfuite nous
expliquons un proc�d� en ufage dans quel-
ques Provinces de France , pour b�tir des
niaifons en pif� ou terre graveleufe, au de-
-ocr page 12-
AP AN T-P RO Ρ OS.            XU)
laut de pierre, Sc enfin nous faiibns un d�-
nombrement des machines & dts �chafFauts
■qui fervent pour l'ex�cution des b�timents.
Chapitre XIV & XV*
Le premier contient hs articles de la
Coutume de Paris concernant les b�timents,
qu'un Architecte ne doit point ignorer, Se
auxquelles nous avons joint quelques expli-
cations., pour en d�terminer le fens litt�ral
dont on convient ai�ez unanimement.
Le f�cond explique la maniere dont on
doit faire un devis de Ma�onnerie. On y
voit une �numeration de la maniere dont
doit �tre ex�cut�e chaque forte de con-
ftru�tion } c'eit comme une r�capitul ation
de tout ce que nous avons dit ci-devant
fur cette mati�re, o� tous les objets font
rapproch�s, & o� fe trouvent r�unies tou-
tes les op�rations fucceff�ves pour parfaire
la ma�onnerie d'un b�timent quelconque
en fon entier, avec les �gards qu'exige la
parfaite liaifon des mat�riaux, pour b�tir
conform�ment aux r�gles de l'art.
Apr�s avoir expof� dans le volume
pr�c�dent ce qui concerne la conitrucHon
d'une maifon ordinaire , nous avons
trait� au commencement de celui-ci, des
conf�d�rations qu'exigent la pouif�e des
vo�tes ? leur conftrudion, & les loix de la
I
-ocr page 13-
xlv Ar αν τ-Ρ no po s.
foiidit�. On y voit que la conitru&�ori �ft
un art tout de raifonnement, dont les r�gles
d�rivent eiTentiellement �es principes , de
l'�quilibre &; de la pefanteur^qui font des loix.
de la nature, auxquelles eil afl�rvi tout ce qui
exiite.Une vo�te, quelle qu'elle foit, �tant
un compof� de v�uifoirs ou de pierres tail-
l�es en forme de coins 9 qui font fufpendues
en l'air, ces coins ne i�uroient �videmment
�tre contenus avec foiidit� en leur place
dans cette poiition, qu'autant qu'ils feront
prei��s par les c�t�s, fuivant leur appareil
ou leur tendance � agir, par une force fup�-
r�eure � l'effort qu'ils exerceront pour
tomber. Or cette force r�f�dant dans (es
pi�droits ou fupportsil il refulte donc que,
s'ils font par leur mai�e inf�rieurs � cette
pouif�e , ils feront infailliblement renverf�s,
mais que, i� au contrake ils font fup�r�eurs
� l'efFort en queftion, ils contiendront L�
vo�te , reiTerreront & arebouteront fes
vouiToirs, de maniere � la rendre �n�bran-*
lablej tel eft dans le iimple ce qui coniti-
tue en g�n�ral la foiidit� d'une vo�te , �C
d'o� vient il faut qu'il y ait une relation
confiante entre fa pouiT�e <§c fts fupports,.
Que l'on s'avife de n'y avoir aucun �gard ,
&; de tenir hs pi�droits , en effet, plus
foibles que la pouilee ne comporte , fous
pr�texte de les alieger , en fe r�fervant de
fuppl�er � leur r�iiftance naturelle par des
-ocr page 14-
Avant-Propos.          »
moyens artificiels, 6c en violentant les efforts
des voufloirs par des liens de fer, alors ce ne
f�roit plus b�tir f�ivant Part, & il n'y auroit
plus de furet� 3 une cha�ne ou un crampon
peut venir, foit � rompre par l'effort dit
taffement, foit � faire �clatter la pierre dans
laquelle il fera inf�r�, foit ( ce qui eil infail-
lible au bout d'un tems ) � perdre de fa force
par l'effet de la rouille, alors, au moment
qu'on s'y attendroit le moins, on courroit
rifque d'�tre enfeveli fous un �difice > c'eit
pourquoi il eil donc important que les
principes , qui fervent � d�terminer les
dimenfions des pi�droits d'une vo�te, foient
ians atteinte ; � il n'y a qu'en hs obfervant
qu'on peut efp�rer d'aiTurer la dur�e d'un.
Monument. Ce font l� hs grands objets
iur lefquels nous avons principalement in-
iiil� dans ce Chapitre.
Apr�s avoir envifag� la pouff�e dans le
iimp�e , nous la fuivons enfuite dans {qs
diff�rentes combinaifons , &L dans ibs cir-
conftances locales : par tout nous faifons
voir qu'il faut confu�ter l'appareil d'une
Vo�te pour d�couvrir fa tendance � agir ,
&: par conf�quent vers quel endroit il con-
vient . de placer la r�i�ilance. Nous nous
fommes attach�s fur-tout � d�velopper les
effets du tai��ment d'une vo�te lors de fon
d�cintrement, qui eil le moment antique
-ocr page 15-
xvj         Ar α η τ - Ρ Ro p os.
Ane conftruclion , & qui demande tant
d'exp�rience&:d'intelligence pour �tre op�r�
avec fucc�s. Enfin nous avons expoi� les
moyens d'allier la pratique & la th�orie,
pour fe conduire dans la recherche des vrais
principes qui doivent coniKtuer la. foli-
dit� d'une conftrucHon compof�e j recher-
che qui eil Jabor�eufe, & qui exige une
multitude de connohTances que l'on trouve
difficilement r�unies j mais dont n�anmoins
il convient qu'un Ar'chitedte,vraiment digne
de ce nom , foit pourvu , pour fe faire
honneur dans hs occaiions importantes qui
lui feront confi�es.
Dans les Chapitres fuivants, nous traitons
de pliiiieurs conrlrucHons particuli�res tr�s-
eiTentie�les par leur objet , &c qui rencon-
trent d'ordinaire la plus grande difficult�
pour �tre ex�cut�es folidement. A cleifein
d'�clairer ces diff�rentes mati�res , nous
avons mis en parallele leurs proc�d�s ordi-
naires, d'o�-nous avons d�duit des obfer-
vations capables de guider , & d'emp�cher
d'op�rer au hazard comme par le paii�..
Del�, nous d�veloppons les principes des
autres branches de la C�nilrtiction , telles
que l� Charpenterie , la Couverture, la
Plomberie , �a Menuiferi|, la Serrurerie, la.
Peinture d'�mpreffion, la Vitrerie Si lePav�,
ainii que ■l'indique la Table "fuivarite.
Table
-ocr page 16-
&v�)
mmftD^mfmemfimm
TABLE DES MATIERES,
des Chapitres etdes Planches,
Contenus dans le fixume Volume.
JVJNT-PRO POS.
Expofition des mati�res r�pandues clans l�
VIe Volume.
                                         page %
CHAPITR� PREMIER.
Consid�rations sur le M�canisme des
Foutes
, sur leur pouss�e et leur
construction.
                                          i
Article Premier.
�)e la mani�re de con�derer la pouff�e d'une Voutt \
& de d�terminer la force de fes Pi�droits*
          6
Article II.
De la difpo�iion des Pi�droits d'une Vo�te*         JI
Article II I.
De la maniere � augmenter la re��ance d'un Pi�-
droit,
                                                                 i<$
Article IV.
De la mani�re d'all�ger les Pi�droits dyuni Vo�te t
en d�compofam fa pouffte.
                               
Article V*
Diff�rence entre un Support , un Pilier-^BtUant &
un Arc Boulant.
                              ,.�..,.           \cy
ν.,Λ;. R τ ι C L ε V L
De la fonction d'un Contre-Port�                    , 1$
<\ Tome Vl,                                               h
-ocr page 17-
lEviij                       TABLE
Article VIL
Moyen dont on s'efl fcrvi pour fιψρ l� er � un Pilier*
butant & � un Arc-boutant.
                   page 31
Article VIII.
Du Fardeau que peuvent porter les Pierres, 3 <
A R Τ I C L Ε IX.
N�cefft� de con�ruire, dans les Pays Septentrionaux,
les grandes Vo�tes � Cabri d'un toit de Char-
pente.
                                                               41
Article X.
Obfervations fur l'aclion du Mortier dans la con�ru-
clion d'une Vo�te.
                                            43
Article XL
De l'emploi des Liens de Fer dans une Con�ru-
clion.
                                                                46
Article XII.
Du Taffement d'une Vo�te ? & d�fis effets pendant
jon D�c'mtrement.
                                              5 I
Article XIII.
Des Ouvrages du Chevalier Wr�en.                     <p
Article XIV.
De la maniere dallier la Pratique � la Th�orie ,
pour d�couvrir les vrais principes d'une Con�ru-
ciion.
                        χ.                                      63
Des Principes qui con�ituent en g�n�ral la folidit�
d'une Coupole fur pendentif j
Pl. LXXXXI, 64
D�veloppement de ΐappareil dun Pendentif. 68
De la maniere d'agir dun Pendentif.
                     71
'Defcription de la con�ruciion de la Coupole du Val-
d&Grdce
, Pl. LXXXXII&LXXXXIII.
79
-ocr page 18-
DES MATIERES.           xk
CHAPITRE II.
De la ma-niere de construire les
Planchers en Briques, dits Foutes
Plates.
                                                 page 84
Article Premier.
Comment on les confin�t dans le Rouffillan ,
Planche LXXXX1V.                     " 85
Article IL
Comment on Us a confinais � t H�tel du Bureau de
la Guerre
, � y erf ailles , PLANCHE LXXXX1V
& LXXXXV.
                                                89
Article III.
Comment on les confiruit dans le Languedoc t
Pl. LXXXXV.
                                              93
Article IV.
Comment on les confin�t � Lyon, Pl. LXXXXVL 98
Article V.
Comment elles ont �t� confin�tes au Palais Bourbon,
Pl. LXXXXVIL.
                                        107
Article VI.
R�flexions fur tes Foutes plates , & fur les moyens
d'op�rer leur confiruclion avec fucc�s.
                111
�X Ρ Lic AT Ι ON des Planches LXXXXIV »
LXXXXV, LXXXXVI & LXXXXVIL 1.10
CHAPITRE III.          Λ V
De la maniere d'ex�cuter les Terras-
ses qui couvrent les Bastiments.
i2<$
b ij
-ocr page 19-
XX                        TABLE
Article Premier.
�onfiruclion de la Τ erraffe qui accompagne la" prin-
cipale entr�e du Palais du Luxembourg ,
PL. LXXXXVM.
                              page 130
Article II.
Con�ruci'ion d'une Terraffe ex�cut�e au Ch�teau de
Saint*�ioud,
Pl. LXXXXVIIL
                   l$Z
Article III.
Qbfervations fur Us moyens d'op�rer toujours les
Terraffes avec fucces,
Pl. LXXXXIX.
         I}}
CHAPITRE IV,
De la Construction des Combles, soit
en Pierre
, soit en Briques.
            143
Article Premier.
Con�ruci'ion du comble en pierre , qui couvre les Cha-
pelles du Dome des invalides
, Pl. C.
            144
Article II.
Con�ruci'ion du Comble en Pierre qui couvre le Porche
du grand Ρors*til de �Eg�fe de Saint- Sulpice.
Pl, Ci.                                                          147
Article III.
Con�ruci'ion du Comble briquet� de la nouvelle Halle
au �le� de Paris,
pL, CHI & C1V.
              χ49
Article IV.
�onfiruclion d'un Comble briquet� 3 ex�cut�s � Tou»
loufe,
PL- CIV.
                                             iyi
Article V.
J)g, la con�ruci'ion des Combles br'iquet�s 9 ex�cut�s
au Pakis-Bourbon, Pl. CIV«                      153
-ocr page 20-
DES MATIERES.           xxj
Article VI.
Obfervations fur Us Con�ruclions pr�c�dentes, p. 156
Explication des Fl. C,CI, Cil, C1II& CIV.
158
CHAPITRE V.
De la construction du grand Fronton
del� Colonnade du Louvre.
Pl. CV,
CVI & CVil.
                                               164
CHAPITRE VI.
De la construction d'un Pont. 171
Description des op�rations fucceff�ves pour
�ex�cution d'un Pont.
Pl. CV�II & CIX. 17$
Explication des Planches CVIII & CIX. 181
Dimensions du Pont d'Orl�ans.                   184
Observations fur la con�ruclion du Pont de
Neuilly
, & fur fon d�cintrement.
                    ]86
De la maniere de d�terminer les proportions des piles
& cul�es d'un Pont,
                                         19I
CHAPITRE VII.
Des Constructions Gothiques.          206
Des c ript ION de la con�ruclion de CEglife
de Notre-Dame de Dijon
, Pl. CX & CXI. 218
* .....
-ocr page 21-
xxij                      TABLE
ihm un im iirt nein n ii w ■ a�.....nny.......Îniiimn'iw'Hii ���'>����>��-���ú� iii iMlft
'DE LA CHARPEN � É R I �,
INTRODUCTION.
De L'ORIGINE ET DES AVANTAGES DES
Bâtisses en Charpente.           page 223
CHAPITRE PREMIER.
De la qualité des Bois en général ,
jïr sa" particulier de celui propre
Ai LA ChARPENTERIE.                               11J
CHAPITRE IL
DE LA REDUCTION DES BOIS DE CHAR-
PENTE.
                                                             232
CHAPITRE III.
DM LA LONGUEUR ET GROSSEUR DES BOIS. 24�
CHAPITRE IV.
De la résistance des Bois , eu égard
A LEUR GROSSEUR.                                       24f
CHAPITRE V.
Dés principaux assemblages des Bots-
de Charpente ,
Pl. CXII & CXIII. 250
CHAPITRE V I.
Des Planchers, Pl. CXIV & CXV. 253
CHAPITRE VIL
Des Combles,
                                           26$
-ocr page 22-
DES MATIERES. xxiij
'Des Combles � deuxEgo�ts , Pl. CXVI & CXV�L
page 26$
Des Combles bnjis, Pl. CXVHI.                  2?2.
Explication des Planches , CXVI, CXV��,
CXVHI, CXIX , CXX , CXX� , CXXI�
& CXXIII , repr�fentaht la conflmHwn des
Combles. '         '                                  .2-79
CHAPITRE VIII.
Des Pans de Bois et des Cloisons 9
Pl. CXX1V.                                             2S9
CHAPITRE IX.
Des Escaliers, Pl. CXXV.                   295
CHAPITRE X.
DE LA MANIERE DE FAIRE UN DEFIS
DE ChARPENTERIE.
                                     jOI
�                 �-------------��-------------'-------'�-��--------------------
DE LA COUVERTURE.               313
CHAPITRE PREMIER.       ■■-V
De la Couverture en Tuiles.           314
CHAPITRE II.
De la Couverture en Ardoise.           323
..CHAPITRE III.
De la r�paration des Couvertures. 329
; �■             C H A Ρ Ι Τ R Ε IV.          t
de la maniere de dresser le devis
d'une couverture,
                               33ι
-ocr page 23-
xx�v                    TABLE
Explication des Planches CXXVI & CXXV�L
page 333
DE LA PLOMBERIE.                     337
CHAPITRE PREMIER.
Des esp�ces de Plomb , et des �pais-
seurs qu'il faut lui donner suivant
les diff�rents ouvrages.
                338
CHAPITRE II.
de la pose des diff�rents ouvrages
de Plomberie.
                                        344
Article Premier.
De la pofe des Chenaux & des Goutti�res. ibicL
Article Ιί.
De la pofe des Enfa�tements ? des Noues & des
Arr�tiers.
                                                         34^
Article I IL
De la pofe des Tuyaux de defeente & des Cuvettes*
.                               348
Article I V.
De la pofe des fables de plomb fur le plein-toit,
fur un D�me, furun Clocher &fur une Terrajfe. 35Ο
Article V.
De la pofe des Tuyaux de conduite & des Tables
des R�fervoirs d'eau.
                                      3?4
Des Devis de Plomberie..                                   35^
Explication de la Planche CXXVIIL 357
D E
-ocr page 24-
DES M A � � ERES.           **t
DE LA ME NUISE RIE.          page 359
CHAPITRE � REMIER,
De la Menuiserie mo&ile.
Article Premie r.
Des Portes.�                                                 ,34$
Article II.
Des Croifées*
                                                  Vjl
:          C H A � � � R � IL ^".....
De la Menuiserie dormante,»,
Article Premier.
Des Lambris.                                                  379
Article IL
Des Parquets.                                                 3g j
Article I I L
Des Efcaliers de Menuiferie.                            2 $4
Article IV.
De la maniere d'eßimer les Ouvrages de Menuiferie
385
Article V.
Des Devis de Menuiferie.                                 304
Explication des Planches CXXIX , CXXX,
CXXXI & GX3QCII , concernant la Menuiferie.
^...... ■ *.                                    399
Tome VI,                                         c
-ocr page 25-
xx νj                     TABLE
,. DE LA SERRURERIE.
Article Premier.
Des Diff�rentes qualit�s du Fer.             P2ge 401
Article II.
Des gros Fers.                                                404
Article III.
De la Ferrure des Portes Cocheres.                   410
Article IV.
De la Ferrure des Portes ordinaires & � placard. 412
Article V.
De la Ferrure des Croif�es.                             419
Article VI.
Des Portes de fer, Grilles , Rampes , Balcons, &c.
422
Article VII.
Des Devis de Serrurerie.                                 4M
E XP LIC At ΙΟ Ν des Planches CXXXIII,
y. CXXXIV , CXXXV & CXXXV1, concernant
la Serrurerie.
                                               433
' DE LA PEINTURE D'IMPRESSION.
Article Premier.
De la Peinture en d�trempe.                           436
Article II.
De la Peinture a l'huile.                                44�
Article III.
Du choix des Couleurs & de leur affottimeni* 442
-ocr page 26-
DES MATIERES. xxvij
Article IV.
De la Dorure.                                        page 445
Article V.
De la perfection des Peintures d'imprejjzon, 446
Article VI.
Des Devis de Peintures d"wipre��on,                447
■��■��III I II I III -I. Il I WtWM���ρ
Il            ll.l      HMIIPBI.mil.iJ.........       1 HMII I Uli�^«�Wllllll l|l I I «Il........ I        HP^fcMS
DE LA VITRERIE.                 451
DU PAV�.                                  456
ι
CATALOGUE
De la plupart des Architectes dont il e� fait mention
dans ce Cours
, avec ΐenumiratio� de leurs prin-
cipaux Ouvrages*
                                      457
Fin de la Table�
-ocr page 27-
yxK«
ERRATA du fixi�me Volume.
Bages
4
48
59
59
�71
S<58
*7?
1 Jtt
Lignes.           Fautes.
}jf r�i�ftrer
15 aux contre-forts
ζ    ou fait
ι    rnolpnnage,
x�f    de ces derniers
6    fe trouvent
2    elle ne rempliroit pas
%�    du pendentif
ζ8    des fcs parties
10    rnainenaut
Corrections.
r�fifter
\
aux murs de liaifo» ,
aux contre-forts
& fait,
moiionage
de ceux-ci
fe ?rou,ve
& elle ne rempliroit pas
d'un pendentif
de fes parties
maintenant.
8
10
4
χι
fe trouvoit appuy�e
�� ck,
� d,
femelle Β,
S fe trouvoit
en outre»
X appuy�e ■
& e h , "
c e ,
femelle Κ,
un bon Ouvrage
un Ouvrage
COURS
-ocr page 28-
GO U R S'y,
D'ARCHITECTURE*
SUITE DU LIVRE TROISI�ME.
SECONDE PARTIE.
DELA CONSTRUCTION
■ DES B�TIMENTS.
CHAPIT RE Ρ R E M 1ER.
Consid�rations sur le m�canisme
des Vo�tes y sur leur pouss�s
et leur construction.
jua Pratique a long-temps devanc� la Thiori©
dans tous les Arts, & l'on peut dire, que ce n'eil
qu'apr�s que la premiere a eu en quelque forte
�puif� toutes fes reflburces , que la feconcle eft
venue � fon fecours' pour r�clairer ? la redreffer, lui
enfeigner des r�gles plus f�res , ou du moins lui
montrer f par l'examen de ce qu'elle avoit fait, le
chemin qui lui reftoit encore � faire* S'il �toit pof-
fibie de r�voquer en doute cette ve#it�, l'Art de la
Conitru&ion en offriroit une preuve fenfible.
'Tome FI,
                                      A
-ocr page 29-
_.a _..                 C o ν R s
Combien en�effet, n'avoit-elie pas d�j� fait de pro-
gr�s avant l'intervention de la th�orie? Que de ba*
tii�es furpr�nantes, par leur hardieffe u'a-t-.bn pas
�lev�es dans des ii�cles d'ignorance, avec de iim-
p'l�sroiltmes., fond�es" iiiiiq|�ement fuir l'exp�rience.
Mais fans remonter il h'alit,ne voit-on pas encore
de nos jours des Praticiens ex�cuter des travaux
difficiles ,, fans autre fecours que des comparai-
ions avec des ouvrages de m�me genre ex�cut�s
pr�c�demment, ou feulement des indudions tir�es
de leurs paralleles. . . . . -
La raifon de leur fucc�s eil aif�� � concevoir.
La Conftrufti�ri n'�ft par elle-m�me que l'art d'�le-
ver des corps les uns au-deffus des autres, de fa�on
� fe foutenir par les diverfes combinaifons de leur
portion & les dirT�rens rapports dont ils peuvent
�tre fiiiceptibles. Or ces rapports ont pour bafe un
petit nombre de r�gles de ffatique d'une exp�rience
journali�re , & que le feul bon fensfuf��t pour faiiir.
Ces r�gles font, que le fort doit toujours porter le
foiB�e; qui! eft effentiel pour la folidit�, que les
corps foi�nt plac�s les uns au-dei�us des autres en
talud ou en retraite'; qu'un fupport doit �tre diff�-
remment proportionn�, quand il s'agit dy pofer un
fardeau en �quilibre , ou quand il eil queition de l'a-
vancer ς foit en faillie «, foit en encorbellement i fur
l'une de fes faces, de mani�re � exercer contre lui
une a&ion lat�rale ou en bafcule ; & qu'en un mot il
doit y. avoir une correfpondance perp�tuelle entre
le corps qui porte, la p�uff�e, le poid & la fituation
du corps port�. , , ;
si Quelque amples que foient ces coniid�rations,
il ne f§ut cependant pas croire qu'on foit parvenu
tout d'un coup � en �tre inftruit ; l'application ne
sIq�i;^ ;que fucceffivement, D'abord l'on mit plus
-ocr page 30-
d'Architecture.                    3
qu'il ne falloir, c'eil toujours ainii qu'on commence ;
& ce ne fut qu'� la longue , � force d'�tre redreff�
par des efTais, qu'on apprit,par ce qu'on avoir fait»
� d�couvrir ce que l'on pouvoir tenter encore au-
del�, & enfin � quel terme il falloir s'arr�ter , pour
ne pas prodiguer inutilementles mat�riaux , ou bien
pr�judicier � la fo�icli�� par trop de l�g�ret�.
Il eft �tonnant combien, avec ces ieuls fecours,
l'Art de la Conitru&ion a fait de progr�s. On peut
m�me avancer que fes plus belles d�couvertes fe
font faites fans l'intervention des Sciences. L'ex�-
cution des Coup�les fur pendentifs , entre autres ,
ce chef-d'�ure d'indui�rie qui fembloit exiger tant
de combin�ifons pour �tre �lev� avec furet�, en
or�re un exemple bien remarquable. Par combien
de tatonnemens ne fallut-il pas paffer avant d'y r�uf-
fir ? Ce fut �videmment une grande t�m�rit� de la
part des Architectes qui pr�fenterent des projets
dans le XVIe fi�cie pour la Coupole de S. Pierre
de Rome, que d'ofer propofer de faire porter un
ouvrage aiifli immenfe avec une tour de d�me ,
environn�e de colonnes � plus de 150 pieds de
hauteur, fur quatre points , & dans tout le refte de
fon pourtour en encorbellement. L'ex�cution d'un
pareil morceau fembloit fuppofer, pour proc�der
avec furet� , une multitude de connoif�ances, dont
aucun Architecte d'alors ne pouvoir fe flatter d'�tre
pourvu. On fe conduifxt donc en t�tonnant, & eh
commettant en quelque forte au hazard l'�v�ne-
ment , comme avoit fait autrefois Anthemius pour
la Calorre deSainrc-Sophie � Conitanrinople : aui�i
arnva-t-il, que ce ne fut que l'exp�rience qui re-
drefla fnccei�ivement ceux qui eurent d'abord la con-
duite de ce Monument. A peine l'Architecte Bra-
mante , dont le projet avoir obtenu la pr�f�rence,
*
                                A ij
' *�■ . ■ '■■■'' ■''                                                                                                                                                                                                                '■''■''' ■--'':                                                               .#'
-ocr page 31-
* \
.■■'*".                                                                                                                                                                                                                                                 '                                                                                                                                                                  '
4                          Cours
eut-il �lev� les piliers deitin�s � porter la Goupole
de Saint-Pierre } & eut il termin� les quatre arcs de
la rencontre des bras de la croix, que ceux-ci par
leur pouff�e menac�rent de les renverfer; ce qui f�t
comprendre qu'ils �toient beaucoup trop foibles,
pour remplir l'objet propof�. En cons�quence il
fallut revenir fur fes pas , en s'appliquant � forti-
fier les piliers, & il y avoit d�j� 40 ans que cet
Edifice �toit commenc�, fans qu'il y e�t de plan
v�ritablement arr�t�. Chaque Architecte qui fuc-
cedoit ne s'attachoit, en quelque forte, qu'�recti-
fier ce qu'avoient fait fes pr�d�ceiTeurs ; & ce fut,
comme l'on fait, le c�l�bre Michel-Ange, qui 9
plus �clair� que fes contemporains, & en mettant
� profit les r�flexions & tentatives que l'on avoit
faites jufques-l�, parvint enfin � proportionner les
fupports � l'effort du D�me, & � fixer du moins en
apparence les rapports des diverfes parties de fa
conitruclion.
, Nous avons infift� fur ce fujet pour montrer par
un fait connu, comment, fans le fecours des fcien-
ces, l'Art de la Conftru&ion, � force de tentatives 5
a fait peu-�-peu des progr�s dans les fi�cles les plus
recul�s; & comment des routines parvinrent � tenir
pendant long-tems lieu de r�gles. Αιιίδ, quand dans
les tems modernes on entreprit d'�clairer cette
vmatiere, comme ces toutines avoient pour bafes
des monumens multipli�s, dont la folidit� ne pou-
voit �tre r�voqu�e en doute , puifqu'ils* avoient
fouvent pour preuve une dur�e de pluiieurs ii�cles;
on ne s'avifa pas de changer les principes autorif�s
par l'ufage, mais on fe borna � les redreffer, � les
perfectionner & � d�terminer fur-tour avec plus de
pr�cifion la force des murs ou des pi�droits, pour
r�iiftter fuivant les diverfes circoniiances j on ne fit
-ocr page 32-
d'Architecture.               5
en un mot que fubiiituer , aux t�tonnemens qui
avoient jufq�'alors fervis de guides, des principes
certains, fond�s fur le d�veloppement des loix �ter-
nelles de l'�quilibre & de la pefanteur.
Aufurplus, fi l'on n'a pas encore tir� des Sciences
tous les fecours qu'on a lieu d'en efp�rer, & ii elles
n'ont port� jufqu'ici leurs regards que vers les con-
iid�rations les plus fimples de la poufT�e des vo�tes,
c'eil qu'il ne fuffit pas d'�tre feulement Math�mati-
cien pour traiter des conftrudtions compof�es , &
qu'il faudroit � la fois �tre verf� dans la pratique.
Tous les S�avans font bien �loign�s de r�unir les
lumi�res des Wreen & des Frezier. En effet, un
fimple G�om�tre n'efl prefque jamais affez exerc�
dans le Def�in pour diitinguer tous les rapports
des plans , des profils & des �l�vations d'un Edifice :
rarement eft-il au fait de la coupe des pierres , �
moins d'en avoir fait une �tude particuliere : il
ignore commun�ment la repartition des mat�riaux
d'un b�timent, leurs qualit�s , leur emploi , leur
alliage, les effets de leurs taffemens , & le poids
qu'ils peuvent porter : il fe trouve � chaque pas
arr�t� par une multitude de convenance dont la
pratique feule inftruit, & que rien ne fauroit fup-
pl�er, C'eft pourquoi , dans l'ignorance o� il eft
des proc�d�s uiit�s > d�s qu'il entreprend de p�n�-
trer dans ces fortes de mati�res pour y porter le
flambeau de la th�orie , il fe trouve oblig� de fe
cr�er des principes, de recourir � des hypoth�fes,
de chercher par raisonnement des efforts cach�s ou
des tendances � agir, d'imaginer des leviers fecrets
qui le conduifent � des d�terminations, qui ne font
pas toujours d'accord avec les faits. En un mot, il
n'y a que la r�union de la pratique & de la th�orie» ;
qui puiife mettre en �tat de traiter � fond les
A iij
-ocr page 33-
6                          Cours
mati�res qui concernent la conir.ru�Hon6 On en fera
de plus en plus convaincu par les obiervations que
'nous allons faire fur la mani�re d'�tre des vo�tes ,
ainii que fur la fa�on dont fe doivent envifager leur
pouflee & les divers^ rapports du m�chanifme de
leur conilruc�on, eu �gard feulement � la pratique,
& en �cartant, autant que nous pourrons,le langage
icientif�que, pour nous mettre � port�e d'�tre en-
tendu des jeunes �rchite&es , � l'initrudion des-
quels nous deftinons principalement cet Ouvrage»
Article Premier.
De la mani�re de confid�rer la pouff��
d'une Vo�te , & de d�terminer la force
de fes Pi�droits.
Rien dans la nature ne fauroit fe fouflraire aux
loix de l'�quilibre & de la pefanteur ; d�s qu'il y a
mi poid & une pouff�e , il faut un fupport & un
contre-fort, ou un pi�droit capable de tenir lieu
de Fun & de l'autre ; aini� feilende! eil de conno�tre
comment s'op�re faclion pour proportionner la r�-
iiilance.
Tous les vouf�birs d'une vo�te quelconque font
taill�s � peu-pr�s en forme de com , c'efl-� dire,
font plus larges par le haut que par le bas , & ont
leur direction tendant vers un centre commun
lorique la vo�te eil en plein-ceintre, vers deux cen-
tres lorfqu'elle eil en entiers-point ou ogive,& vers
difF�rens centres lorfqu'elle eil elliptique ou en
an'fe de panier. L'a&ion de la pefanteur de chaque
vouiToir n'eilpas uniforme, mais relative � la place
qu'il occupe dans une vo�te. Ilus un vouiToir
-ocr page 34-
«■■ν                                                                                                    *
D ' A R C Η Ι Τ Ε C Τ U R Ε. ,        J
approche du ibihmet, plus il eft prouv� qu'il exerce
d efforts pour �carter les vouffoirs inf�rieurs : ainft
c'elt la clef A, figure �* , Planche LXXXVJ, cjui>
vu fa pofition prefque verticale , op�re le^plus
rfaaibn ; enf�ite ce font les contre-clefs Β, Β ; &
fuccei�ivement les autres vouffoirs en produisent de
moins en moins jufquaux couffinets C.C, ou juf-
qu'� la retomb�e de la vo�te fur fes pi�droits. , .
Plus une vo�te a de diam�tre , plus elle a de
pouff�e, & plus par conf�quent fes pi�droits ou
fes murs doivent avoir de force pour la contenir..
Une vo�te a encore plus o� moins de pouff�e»
fuivant que fa courbe eft plus o� moins �lev�e.
Par cette raifon , les vo�tes entiers-point exercent
le moins (Ta&iqn contre leurs fupports; apr�s elles
ce font les plein-ceintres ; & enfin ce font les
vo�tes elliptiques o� en anfe de panier qui en ont
le plus.                                               .
Les vouffoirs d'une vo�te �tant toujours taill�s
en forme de coin, & de fa�on � diriger leur aftion
vers les pi�droits , ils tendent n�ceffairement � l�s
�carter; mais comme cet effort peut varier fuivant
la maniere d'�tre de la vo�te , il eft donc important
de s'ai�urer d'abord de fon diam�tre, de la nature
de fa courbe, de fon �paiffeur vers la clef, de la
hauteur qu'auront fes pi�droits ; & ce ne peut-�tre
que relativement � ces diverfes confid�rati�ns fuf-
ceptibles de faire varier fa pouff�e, cru'il fera pof-
fibie de parvenir � conno�tre au vrai la refiftance
qu'il convient de lui oppoier.
Les exp�riences apprennent que , quand une
vo�te fe fend parce que fon pi�droit eft trop foi-
ble , la rupture fe fait d'ordinaire en E au milieu de
1'impofte C & de la clef A, fig. �rc> dans les vo�tes,
plein-ceintre j plus pr�s de l'impoile que' de la clef *
A iv
-ocr page 35-
$                           f O URS
& environ � la rencontre des trois arcs dans les
Vo�tes furbaiff�es qui ont �t� trac�es ainii ; & plus
pr�s de la clef que de l'impoite dans les vo�tes en
tiers-point. C'eft pourquoi il eft d'ufage, pour ap-
pr�cier la pouf�ee d'une vo�te , de confid�rer fa
partie fup�rieure EAE jufqu'� la rupture E comme
feule agiffante, & de fuppofer que tous les voui-
foirs de cStte partie fup�rieure font enfemble un
effort lat�ral contre le pi�droit D, joint � fa partie
inf�rieure. On eft autorif� � confondre cette par-
tie inf�rieure avec le pi�droit, non-feulement �
caufe du peu d'inclinaifon des vouffoirs des vo�tes
vers leur naiffance, mais eneore , parce qu'en ex�-
cution , elle paro�t n'exercer r�ellement qu'une
action de p�fanteur fur le pi�droit, aini� qu'on le
remarque fans ceiTe en d�moliffant d'anciennes
vo�tes , dont les naiffances j�fqu'aux environs de
la demi-vo�te, foit dans les plein-ceintres,foit dans
les tiers-point, & jufqu'� la rencontre des trois arcs
dans les furbaiff�es, fe foutiennentfur leurs pi�-
droits ou piliers , malgr� la deftru�ion de leurs
parties fup�rieures.
C'eft en conf�quence de ces obfervations que les
C�om�tres font parvenus � d�terminer l'�paiffeur
du pi�droit d'une vo�te. Ils ont confid�r� la partie
fup�rieure de la vo�te EAE jufqu'au point de
rupture E, comme un feul grand vouffoir agiffant
contre fa partie inf�rieure EC joint au pi�droit D
pour les renverfer ; h parla comparaifon de la fur-
face de ce grand vouffoir avec le diam�tre de la
vo�te CC, de la nature de fa courbe , de la lon-
gueur de fa clef A , de la hauteur du pi�droit D,
& m�me des diff�rens poids dont ce pi�droit pou-
voit �tre charg� dans foccafion, ils ont trouv� par
les r�gles de la m�canique les exprei�ions alg�bri- ,
-ocr page 36-
ρ'Architecture.              9
ques d�s �paiffeurs qu'il convenoit d'oppofer dans
tous les cas � ces diff�rens efforts pour faire �qui-
libre avec la pouff�e, en faifant toutefois abilra-
clion du frottement des joints des voui�birs ( I ),
afin de fe mettre au-dei�iis de tous les cas cj�fayo-
rables lors du d�ceintrement, o� toutes les parties
d'une vo�te font en mouvement, comme nous
l'expliquerons par la fuite. Ainii, en ajoutant fui-
van t l'ufage � cette �paiifeur trouv�e environ un
l�xi�me en fus, afin de rendre la puiffance r�c-
itante fup�rieure en force � la puiffance agiffante ,
(i ) La raifon pour laquelle on ne doit pas avoir �gard au
frottement eft aif�e � concevoir: nous l'avons d�j� dit ailleurs ,
&c'eft ici le cas de le r�p�ter. Comme il χ a toujours un taiTe-
ment dans une vo�te, lorfqu'on la d�ceintre , il y a de toute
n�ceffit� un mouvement. A l'inftant o� fe fait ce t alte ment, qui
cft toujours le moment critique pour les pi�droits , les joints de
la vo�te s'entr'ouvrent 3 Se les voui�oirs ne pofant plus que fur
une arr�te , le frottement en cette circonftancc ne fauroit �vi-
dement �tre compt� , comme op�rant de la r�fiftance. Daiileurs
pour peu que le pi�droit vint � c�der � l'effort de la vou� e , la
force agiffante acquenoit alors un mouvement d'acc�l�ration ,
qui, en �loignant du centre de la vo�te, le centre de gravit� du
pi�droit , racourciroit conf�quemment le bras de levier de la
force refiftante , & agiroit d'autant plus efficacement pour la
vaincre. Ainf� la puiffance agiffante ne doit pas feulement �tre
multipli�e par fon bras de levier,mais encore par la v�teflequ'elle
acquiert lors du taffement ; & cette v�teffe ne pouvant �tre ap-
pr�ci�e que difficilement, il convient donc dans la pratique , pour
fe mettre au-deffus de tous les cas d�favorables , d'ajouter aux
pi�droits ainfi qu'on l'obferve.
Une autre raifon pour laquelle le frottement ne doit pas en-
core �tre confid�r� dans la conftru�ion d'une vo�te , c'eft que
quand le taffement fe fait, de deux chofes l'une , ou bien le
mortier a d�j� acquis de la confiftance, ou bien il n'en a pas en-
core acquis. Dans le dernier cas , c'eft un corps humide & glif-
fant, qui, en emp�chant l'engrainement de la pierre,diminue le, ,
frottement ; & dans le premier, le mortier �craf� par le taffement
doit �tre confid�r� comme un amas de petites boules qui ne
mettent pas moins d'obftacles � l'engrainement, & qui font �
peu-pr�s l'effet d'un rouleau que l'on place fous une pierre pour
eu faciliter la gliffade.
-ocr page 37-
ίο                        Cours
on fera fur de folider la force des pi�droits (Tune
vo�te en toutes �irconilances. On fait que c'eit �
� M. de la Hyre, ancien ProfeiTeur de l'Acad�mie
Royale d'Architecture , & membre de celle des
Sciences, qu'on doit d'avoir r�folu en 1712 cette
importante queilion concernant la poui�ee des
vo�tes, & que ce qui a confirm� de plus en plus
la juileffe des principes qu'il a �tablis, c'eii qu'on
a obferv� que toutes les vo�tes �lev�es depuis, &
auxquelles on s'�toit avif� de donner des �paiffeurs
de pi�droit plus foibles que celles d�fign�es par
fa formule, font tomb�es ou du moins n'ont pas
fubiiil� long-tems. M. Frezier en cite des exemples
dont il a �t� t�moin dans le Tome III. de fon ex-
cellent Trait� de la coupe des pierres.
Avant ce temps on n'avoit que des pratiques
groi��eres, que l'on trouve r�p�t�es dans tous les
anciens livres d'Architecture, pour d�terminer l'�-
paiiTeur des pi�droits des diff�rentes fortes de
vo�tes. Fran�ois Blondel, Architecte de l'admirable
Porte de Saint-Denys � Paris, qui paroif�bk bien.en
�tat d'�clairer � cet �gard, vu les grandes connoif-
fances qu'il avoit � la fois dans les Math�matiques
& dans la Conilruftion 1 s'eil born� dans fon Cours
d'Architecture
', a rapporter fans examen les routines
l�iit�es dans le tems de la barbarie gothique. « il
» faut partager, dit-il, un arc quelconque, fig. II,
» III & IV. pi. LXXXV�. en trois parties �gales ?
» & menant une des cordes par le point de Fim-
» poile, prendre en dehors fur la m�me continu�e
» une ligne qui lui foit �gale , & la droite men�e
» � plomb par l'extr�mit� de cette m�me ligne y
»
d�terminera l'�paiiTeur ext�rieure du pi�droit.
*> Comme fi, divifant l'arc A Β C D en trois parties
» �gales aux points Β & C, on men� la corde
ι
-ocr page 38-
d'Architecture.              ii
» ind�finie G D, paffant par le point de Fimpoite D ;
» alors on n'a qu'� prendre en-d�hors fur la m�me
» droite CD, continu�e une partie DE,�gaie�CD,
» & menant les deux perpendiculaires F E' & DH?»
» elles d�termineront l'�paiffeur du pi�droit oii de
» la pile D F H E , qui fera proportionn�e � la pouf-
» f�e de l'arc ABCD ».
Pour peu qu'on y faffe attention , il fera aif� de
s'appercevoirdupeu d'exactitude de cette regle: car
elle n'a aucun �gard , ni � l'�paiffeur d'une vo�te, ni
� la hauteur des pi�droits pour fixer leur force:
or une vo�te �lev�e � 6 pieds d�terre ou � 50 pieds
doit op�rer manifeffement , � raifon du plus 011
moins de longueur du levier, une action bien diff�-
rente contre �qs fupports. Il en eil de m�me d'une
vo�te d'un pied d'�paiffeur ou de trois pieds : cette
derni�re n'exige-r-elle pas encore �videmment, �
raifon de fon poid , des �paiffeurs de mur ou de
pi�droit bien plus concid�rables que l'autre. On
voit par ces obfervations la futilit� de ces pr�tendus
pr�ceptes qui ont n�anmoins fervi de guides aux
Conitructeurs pendant long-tems , & dont on n'a
�t� d�tromp� que depuis que les Sciences ont port�
leur flambeau dans cette mati�re.
Article II.
De la difpo�tion des Pi�droits d'une Voute.
La difpofition des fupports d'une vo�te ne fau-
roit �tre arbitraire , elle eft toujours indiqu�e par
la direction de la coupe de (es vouffoirs ; & cette
direction varie � raifon de la nature* de chaque forte
de vo�tes , attendu que chacune s'appareille diff�-
remment. C'efl pourquoi , pour �onno�tre com-
ment une vo�te doit agir , & vers quel endroit il
-ocr page 39-
12                         Cours
convient d'oppofer la refiitance � fa pouff�e , il
eit � propos de confu�ter fon appareil. On s'ap-
percevra par cet examen , qu'une vo�te en ber-
ceau , par exemple, n'exerce d'action que lat�ra-
lement , ou que contre les murs qui re�oivent �
droite & � gauche fa retomb�e ; qu'une vo�te en
arc de clo�tre agit uniform�ment contre fes murs
pourtours ; qu'une vo�te d'arr�t� n'op�re d'efforts
que vers (es angles ; qu'une plate-bande ne pouffe
que les corps de ma�onnerie plac�s � fes extr�mit�s
dans la direction de la coupe de (es clavaux ; qu'une
vo�te iph�rique o� en cul de-four agit du centre
� la circonf�rence ; qu'un pendentif fur un plan
quarr� agit prefque enti�rement vers les c�t�s du
quarr�, & fur un plan octogone contre tous les c�t�s
c�e l'octogone, &c. &e. d'o� il r�fulte que le vrai
moyen d'aiTurer l'ex�cution d'une vo�te eil de pla-
cer ies r�frf�ances ou�es �paiffeurs des pi�droits,
trouv�es par les calculs , vers les endroits indiqu�s
par l'appareil, o� fe doit op�rer l'eifort.
La pouff�e n'agit pas cependant toujours directe-
ment vers le lieu indiqu� par la coupe des voufToirs,
comme quand deux vo�tes fe rencontrent en op-
pofition ; car alors leurs efforts fe combinent pour
fuivre une direction commune. Soient, par exem-
ple , deux arcs � & C %. V. PI. LXXXVI, diri-
g�s f�lon les c�t�s d'un quarr� ou d'un parallelo-
grame, & venant repofer fur un m�me pi�droit A,
de mani�re � avoir vers leur retomb�e un couf�inet
commun ; la pouff�e de chaque arc, au lieu de fe
diriger au-del� du pi�droit , l'une fui vaut la lon-
gueur du mur D , & l'autre fuivant la longueur du
mur E, fe d�compofera, fuivant les loix de la m�-
chanique, de maniere � agir f�lon la prolongation
de la diagonale F G; & ce fera en ce �ens H, qu'il
faudra fortifier le pilier A, tellement que fa force
-ocr page 40-
i
D'A RCHITECTURE.                IJ
AH foit un r�fultat del� pouff�e des deux arcs.
Il n'y a pas de diftance d�termin�e pour l'efpa-
cement des pi�droits d'une vo�te : de m�me que
l'on fait des arcs de 6 pieds de diam�tre , il eil pof-
fibled'en faire jufqu'� ioo, & 150 pieds : il ne s'agit
que de fortifier leurs pi�droits � proportion de leur
grandeur. Il n'y a que dans les vo�tes fph�riques
ou fph�ro�des, que l'on obferve de reiTerrer les
pi�droits � un certain point, & de fa�on que les
arcs en d�charge que l'on met de Tun � l'autre dans
le bas , diff�rant peu d'une ligne droite par leur
plan , emp�chent la vo�te fph�rique de fouffler
par leur intervalle. Ce feroit p�cher contre la foli-
dit�, que d'entreprendre de contenir une vo�te
fph�rique de quelque �tendue , telle que 50 � �o
pieds de diam�tre j feulement avec 4 contre-forts
diitribu�s � �gale diilance dans ion pourtour ; car
chaque arc en d�charge de l'un � l'autre, fe trou-
vant par-l� oblig� d'embraifer prefque le quart de
la circonf�rence de fon plan, & offrant un ventre
dans le milieu qui pou�Teroit au vuide, deviendroit
�videmment bien peu capable , & de contenir la
pomT�e de la vo�te, & de reporter fon effort vers
les contre-forts en queition.
Ge fut fans doute pour diminuer la multiplicit�
des points-d'appui qu'exigent les vo�tes circulaires,
que les Archite&es Goths fe d�termin�rent � faire la
plupart des chevets de leurs Eglifes, �rig�es depuis
le XIIe fi�cle, tems o� leur b�tiiTe s'eft beaucoup
perfectionn�e, nonen portion de cercle, comme ils
l'avoient toujours faits jufqu'alors,mais � pan-cou-
p�s ; de forte que par-l� ils parvinrent � all�ger ces
endroits comme le refte de leur conftru&ion, fans
n�anmoins pr�judicier�leur folidit�.
La pofition des vo�tes & Tufage auquel on les
H^^H_
-ocr page 41-
�4                        Cours
deitine , d�cide de la force que l'on doit donner
leur conftruclion. Si elles ont befoin d'op�rer beau-
coup de refiilance , on les b�tit prefque enti�rement
en pierre de taille, on leur donne une �paiiTeur
proportionn�e vers la clef, on les engage en outre
entr� leurs pi�droits , c'ei�-�-dire qu'on �lev�
ceux-ci jufqu'� leur couronnement, enfin on garnit
leurs reins, en y prolongeant en coupe la queue des
vouiToirs. Les vo�tes des caves, des ponts, des
fortifications & des ouvrages fo�terreins , deiUn�s
� fo�tenir de grandes charges, s'ex�cutent pour la
plupart de cette mani�re. Si les vo�tes n'ont que
leur propre poid , ou un poid peu coniid�rable �
porter, comme quand elles fervent de couverture
ou de couronnement � un Edifice, on les b�tit alors
� la l�gere , en briques o� en moilonage , en leur
donnant peu d'�paiffeur; on les ifole fur leurs pi�-
droits , & Ton �vide leurs reims, foit enti�rement,
foit du moins en grande partie.
Il y a deux partis � prendre pour l'arrangement
des pi�droits d'une vo�te en berceau : on a le choix
de donner aux deux murs qui re�oivent fa retom-
b�e, une �paiiTeur uniforme relative � fa pouff�e;
ou bien , � deiTein d'�viter une auffi grande �paif-
feur au droit fur-tout des ouvertures des portes
& des croif�es , on pr�f�re volontiers de diftrihuer,
de diftance en diiiance, des points d'appui princi-
paux fuf��famment fortifi�s, vers lefquels on rejette
par des lunettes ou des arcs en d�charge prati-
qu�s dans le bas de la vo�te de l'un � l'autre, la
plus grande partie de fon fardeau : par ce moyen,
lemurfe trouvant beaucoup d�charg� entre ces
points-d'appui, on reduit ion �paiiTeur d'un quart,
d'un tiers & quelquefois m�me jufqu'� la moiti� ;
c'eft l'�l�vation des lunettes qui d�cide cette.r�du-
-ocr page 42-
d'Architecture.             15
�ion : fuppofons que l'on voul�t rej etter enti�re-
ment l'effort de la pouff�e & le poid vers les points
d'appui, il n'y auroit qu'� �lever les lunettes jufqu'�
la hauteur del� clef del� vo�te en berceau, alors
celle-ci fe trouveroit convertie en une vo�te d'ar-
r�t� , que l'on fait n'avoir d'a�ion que vers les
angles , & en ce cas le mur entre les points d'ap-
pui deviendroit inutile ; il feroit permis de le fup-
primer totalement � l'exemple des Goths, pour y
mettre de larges vitraux.
Quand il eit qneilion de contraire une fuite d'ar-
cades ou de vo�tes en berceau, continues fur une
ligne droite, dont les parties fup�rieures peuvent
s'accoter r�ciproquement , on eft encore libre de
donner � chaque pi�droit particuli�rement une
force relative � la pouff�e de la vo�te qu'il fo�tient,
ou bien de donner � chaque pi�droit une force fuf-
fifante pour porter feulement la retomb�e de fa
partie inf�rieure , en obfervant dans ce cas de re-
jetter l'effort de la partie fup�rieure de toutes les
vo�tes vers les extr�mit�s, c'eft-�-dire» vers le pre-
mier & dernier pi�droit, qu'il faudra tenir en confe-
quence d'une force capable de fervir comme de cul�e
� la fuite d'arcades ou de vo�tes. Le Pont d'Orl�ans a
�t� conitruit/uivant le premier proc�d�jles Ponts de
Neully & de Mantes ont �t� b�tis fu�vant le f�cond.
Les loix de la folidit� exigent que les pi�droits
d'une vo�te foient pleins, fans aucun perc�, & que
leurs ai�ifes forment une bonne affr�te fous toute
l'�tendue des couf�inets, afin que fe convenant dans
toute la hauteur des points-d'appui, fans aucune
interruption depuis leurs fondemens jufqu'� fa re-
tomb�e, il en r�fultela plus grande fermet�. Ce fe-
roit agir contre ces principes , que d'� vider les pi�-
droits d'une vo�te comme un coffre, que de fe
: 't ■
!
-ocr page 43-
�6                         Cours
permettre d'y pratiquer des ouvertures, ou que de
les faire porter en partie en lair fur des plate-bandes :
mail, � combien plus forte raifon de pareilles licen-
ces feroient-elles impardonables , ii la vo�te en
queftion fe trouvoit �tre d'une �tendue coniid�ra-
ble & oblig�e de porter de grands fardeaux.
WBBBBggg.....ggsgas ; ; a ι...............aas.....sasm^sm
Article III.
De la mani�re d'augmenter la r�fifianct
d'un Pi�droit.
On peut ajouter � la r�iiilance d'un pi�droit,
en le chargeant d'� plomb : car, en augmentant par-
l� fa fermet�, on augmente en conf�quence la dif-
ficult� de le renverfer. C'eft pourquoi, il n'eft pas
toujours befoin de donner directement � un pi�-
droit vis-�-vis d'une vo�te, l'�paiffeur trouv�e par
les calculs , mais feulement la r�fiilance qui feroit
produite par la maffe cubique que les calculs indi-
quent. On a tir� un grand parti de cette rei�buree
en bien des occafions : fuppofons, par exemple,
qu'il faille � un pi�droit A , figure VI. planche
LXXXVI. cinq pieds d'�paiiTeur pour contenir
une vo�te, il pourroit fe faire que l'on parvien-
droit � r�duire cette �paiffeur d'un quart, d'un
tiers, ou m�me de pr�s de moiti� au droit de la-
dite vo�te, en chargeant ce pi�droit d'une pira-
mide, d'un ob�lifque ou d'un grand mur de ma�on-
nerie Β, capablepar fon poid deluidonner la m�me
fermet� que ledit pi�droit auroit tir� ci- devant
de fon volume C, que nous avons exprim� par des
points, plac� en oppofition vis-�-vis de la vo�ta :
car
-ocr page 44-
�'AiCH� τ t c τ υ k e.           ij
Car peu importe, pour la folidit�, que ce Volume
fbit iitu� direclement derri�re le pi�droit, ou per-
pendiculairement furie pi�droit, d�s que l'effet d©
fa r�fiftance revient au m�me. L'eiTentiel eil d'em-
ployer en cette occaiion des mat�riaux �prouv�s ,
& qui ne puiffent fl�chir fous le fardeau. Les Goths
ont uf� avec beaucoup d'induitrie de cette ref-
fource : c'�toit un des principaux moyens dont ils
fe fervoient pour donner aux Tours , aux Clo*
chers & aux Couronnements de leurs Edifices, tant
de l�g�ret� & de hardieiTe, On doit n�anmoins
employer ce proc�d� avec beaucoup de difcr�tion ,
en s'attachant fur-tout � distinguer le cas cii Ton
en peut faire ufage avec furet�, & � quel point il eil
permis de r�duire dans l'occafioii la groiTeur d'un
pi�droit ou pilier, en eoniid�ration de fa charge,
& de la duret� de fa pierre.
y-^wrai�^.wiiMHwwy^i^,.....»...υ | ......        lu ι mm lu'ii.........inTiUAiu�iiiJilnn l mil l        m
De la. mani�re d'all�ger les Pi�droits d'um
;.�.Vo�te , en d�compofant fa pou�ee.
C'est fur-tout dans l'ex�cution des vo�tes, qui
couvrent les nefs des Eglifes accompagn�es de
bas-c�t�s , qu'on s'eft appliqu� � all�ger les pi�-
droits , &r � diminuer la groi�e�r des points d'ap-
pui , � defTein de m�nager la; place, & de ne point
offufquer la vue.
Afin de faciliter l'intelligence de la fa�on dont on
s'y prend pour all�ger les pi�droits d'une vo�te »
il faut avoir recours aux % � & II, pi. LXXX VII,
dont l'une1 repr�fente le plan, & l'autre le profil
d'une moiti� de nef d'Eglife gothique , avec un
Tome FL
                                         B
-ocr page 45-
JtS                          COU R S
bas-c�t� ; auxquelles figures nous avons mis des
lettres de renvoi femblables aux m�mes objets ,
pour mieux faire reconno�tre leurs rapports.
Apr�s avoir difpof� la fuite d'arcades qui doi-
vent d�boucher le long de la nef dans les bas-c�t�s,
& plac� � leurs extr�mit�s des corps fuffiians de
ma�onnerie, leiquels font d'une parties gros piliers
de la croif�e, & de l'autre les murs du bout des
bras de la croix, on continue � �lever les piliers
A , qui fo�tiennent les arcades , de mani�re �
recevoir auffi la retomb�e de la grande vo�te Β
qui eft, foit en berceau avec des lunettes au
droit des croif�es , foit en vo�te d'arr�t� , � reffet
de diriger tout fon effort vers le pilier. Mais comme
le pilier A , s'il �toit proportionn� � 1'aclion de la
vo�te de la nef qui lui correfpond, exigeroit un
volume confid�rable, afin de l'all�ger, oh prend le
parti ded�compofer cette vo�te: on fe borne � faire
porter par le pilier la partie inf�rieure qui eft con-
�ider�e comme n'ayant pas ou n'ayant que peu de
poufT�e , & comme faifant partie du pi�droit A j &
l'on rejette l'aclion & le poid de fa partie fup�rieure
ou a giflante Β vers un pilier-butant D, plac� dans
un endroit commode au pourtour des murs des
bas-c�t�s de l'Eglife, par le moyen d'un arc-boutant
E flg. II, qui fait un efp�ce d'enjamb�e jufqu'� lui
par-dei�us le vuide des bas-c�t�s F* ;
Par confequent toute la folidit�, de l'ex�cution
de ces fortes de vo�te d�pend , d'abord de faire le
pilier A de mati�re & d� groffeur fuffifantes pour
porter la partie inf�rieure ,C.fig. Il de la vo�te,& la
charpente qui la couvre fi pn enadmei ; enfuite de
�endre le pilier-butant D ,,capable,par�bn volume,
' cl� s'oppofer � l'adion lat�rale de la partie fup�-
rieureB de layo�tej&enfin,de difpofer l'arc-boutant
-ocr page 46-
d'Architecture.              19
E, de mani�re que le pilier A & le pilier-butant D,
malgr� leur f�paration apparente , ne faflent qu'un
tout, & a vent autant de force que s'ils �toient r�unis.
Pour mieux faire concevoir le m�canifme de ces
fortes de vo�te dont on d�compofe ainii les pi�-
droits , il eil important d'approfondir f�par�ment
ce qui conititue l'efTence d'un pilier ou fupport,
d'un pilier-butant ou contre fort,& d'un arc-boutant;
car il faut bien fe garder de confondre ces objets,
ils ont une fon&iqn tout �-fait diff�rente.
A R Τ I C LE V.
Diff�rence entre un Support \ un Ρ Hier-Butant
& un Arc-Boutant.
La forme d'un fupport ou pilier A fig. I & II. pi.
LXXXV�I , lorfqi�me vo�te n'exerce pas de
poufT�e contre, lui , & qu'il ne fait que recevoir
d'� plomb un fardeau ou la partie inf�rieure d'une
vo�te , qui n'a commun�ment qu'une a�tion de
pefanteur, eil affez indiff�rente. Il eil permis de
la faire ronde, triangulaire, quarr�e, parali�logra-
me, &c. mais fa grofl�ur peut �tre r�duite, � raifon
de la duret� de fa mati�re. Un fupport de pierre
tendre doit �tre plus gros que s'il �t�it de pierre
dure , & un fupport de pierre dure plus gros que
s'il �toit de marbre : il convient qu'il ne puiffe �tre
�craf� fous le fardeau de la portion de la vo�te &
de la charpente qu'il fera d'obligation de porter,
cell la l'effentiel. Il ne faut que des exp�riences fur
la refiilance des pierres, ou des remarques d'apr�s
les �difices les plus �lev�s & conftruits des m�mes
mat�riaux que ceux qu'on a defTein d'employer,
Β ij
-ocr page 47-
m                        Cours
pour conno�tre , par approximation , jufqif� quel
'.point il eil permis de r�duire leur volume fans
aucun rii'que.
Un pilier-butant D, au contraire , ne f�auroit fe
paifer d'avoir par fa maffe un rapport conviant avec
la pouff�e, parce que l'effort de la partie fup�rieure
<k agiflante de la vo�te n'a d'action contre lui que
lat�ralement. Il n'y auroit que le cas o� on le char-
geroit , foit d'un ob�lifque G , foit d'un grand
corps de ma�onnerie , qu'il feroit permis de le
diminuer de volume proportionellement. 11 eil
-toujours �loign� de la vo�te dont il contient
l'effort : cette diff�rente poiition eil ce qui le
diilingue du contre-fort , qui eil �galement
oblig� d'avoir une certaine relation avec la pouf-
f�e , & dont nous parlerons ci-apr�s particuli�-
rement. Sa forme peut �tre qiiarr.ee , oblongue
ou parall�lograme , mais non circulaire comme
le plan d'une colonne j par la raifon qu'un cercle
n'a de force qu'en un point , & qu'un pilier-
taitant qui feroit de cette forme, �tant deiHn� par
fa nature � fo�tenir un effort lat�ral du haut en bas,
il arriveroit que les joints de fes tambours ou aff�fes
s'ouvriroient du c�t� de l'int�rieur du b�timent, &
s'�paufreroient � l'oppoiite du c�t� de l'ext�rieur,
ce qui lui �t�roit de fa folidit�. Il n'en eft pas de
m�me , en donnant � fon plan une forme oblongue
ou parall�lograme, parce que l'effort qui fe fait au
droit des joints ext�rieurs dans la direction de la
pouff�e , le repartiffant alors le long d'une ligne
droite , trouve n�ceffairement une plus grande
x�fiftance que dans le premier cas« C'ei� encore par
cette m�me raifon φιΌη obferve d'ajouter, au bas
^des fondements des pilier-butans en-d�hors,de bons
emp�tements toujours dans cette m�me direction,
-ocr page 48-
'
d'Arck� τ ect�r e.             * ι
vu qu'il efl reconnu que la potuT�e agit de pr�f�-
rence vers cet endroit»
Un arc boutant E. s'appareille en vonflbirsf
comme une vo�te. C'eil un corps interm�diaire »
deilin�� reporter contre un pilier-butant l� poid
& la pouiT�e de la partie fup�rieure d'une vo�te t
mais il ne peut bien remplir cet objet qu'autant qu'il
eil plac� dans la ligne de diredion de la po�iT�e de
cette partie fup�rieure, de mani�re � faiiir la vo�te
vers le milieu de fes reins, ou entre fon impoile
& fa clef, & de mani�re � former par Tinclinaifort
de fon couronnement un efp�ce de continuit� juf-
qu'au pilier-butant. Les arcs-boutans font toujours,
employ�s de cette fa�on dans les plus beaux
ouvrages des Goths : c'�toit par leur fecours qu'ils
parvenoient � donner tant de l�g�ret� aux piliers,
de leurs nefs. Il eil vrai que les vo�tes ogives,
iont bien plus favorables � cette difpoiition que les
vo�tes plein- ceintres ou elliptiques : aui�i dans les,
ouvrages modernes a-t-on pris le parti de d�natu-
rer les arcs-boutans;& fous le pr�texte de leur don-
ner une forme plus agr�able qu'un fimple arc de
cercle, au Heu de les placer comme autrefois, on les
fait moiti� contre fort, moiti� arc-boutant, ainii
qu'il eil repr�fent� en A, % VII. pi LXXXVI.
Il y a dts Edifices Gothiques o� l'on remarque
jiifqu'� deuxaroboutans appliqu�s � la m�me vo�te,,
l'un au-deilus de l'autre , & venant aboutir contre-
�em�me pilier-butant* Le fup�rieur eil' d'ordinaire
fitu� vis-�-vis la demi-vo�te, comme il vient d'�tre
dit, & l'inf�rieur vis �-vis la naifTance de la- vo�te»
Peut-�tre pourroit-on avec raifon regarder le f�cond'
arc-boutant inf�rieur comme un double emploi r car-
ra voute ogive n'ayant que peu ou point depouff�e?
a fa naiffance ? paroit n'avoir aucun befoin dr�te©;.
Β ii|.
-ocr page 49-
22                          Cours
contenue particuli�rement vers cet endroit, il eil �
croire que ce furcrok de pr�caution n'a eu pour but
que d'emp�cher le haut des piliers de s'�carter de
leur � plomb vers la retomb�e des vo�tes , ainii que
cela arrivoit affez fouvent, & qu'il eit. facile de le
remarquer dans beaucoup de nefs gothiques: mais
comme cet �cartement n'a pu �ire occafionn� que
par f effet naturel des joims des vom�oirs, que les
Goihs ctoient dans l'habitude de tenir fort larges ,
& qui, en le r�it�rant lors du d�ceintrement, per-
mettoient � la vo�te d'agir un peu en dehors, il
s'enfuit que le f�cond arc-boutant, ayant � peu-pr�s
le m�me taffement que le premier, ne pouvoir ob-
vier � cet inconv�nient, & ne faifoit gueres qu'a-
jouter un nouveau poid fur le pilier. La nef de ΓΕ-
glife de Notre-Dame de Paris offre, un exemple de
deux arcs-boutans appliqu�s l'unau-deiTusde l'autre
� la m�me vo�te ; lefquels. n'ont point emp�ch� que
les piliers ne fe foient fenfiblement �cart�s,en-d�hors
de leur � plomb � fa retomb�e , ainii qu'il efl aif�
d'en juger.
Tout ce que nous venons de dire, fert � prouver
qu'unarc-botirant, par fa conilitution, n'a qu'une
force repouffante, &n'eiifait que pour arc-bouter
une vo�te , ou rejetter l'action de fa partie fup�-
rieure au-del� de fon fupport, par-deiTus un vuide ,
vers un endroit opportun ; & en m�me tems pour
fe difpenfer de donner directement au fupport en
queition le volume qu'il lui faudrait ; mais que,pour
remplir fon objet, il convient de le placer dans la
direction de la pouif�e de la partie fup�rieure d'une
vo�te, de m�me que le fupport & le pilier-butant :
hors de cette fonction, il pourroit devenir pr�ju-
diciable � une conit.riicti.on. En effet, ii on rappli-
quent contre un mur ifol� �lev� d'� plomb � l'ordi-
-ocr page 50-
/                           .                                   .        -
d'Architecture.             zJ
nuire* comme on le voit dans le profil figure III,
planche LXXXVII, bien loin de le fortifier , il le
poufferait, & feroit m�me capable, � l'occaiion de
la difpofition de fes vouffoirs , de le renverfer du
c�t� oppof� : fi on Fappliquoit derri�re un encor-
bellement comme dans la figure IV , bien loin de le
retenir , il augmenterait fon adr�on en bafcule :
enfin, fi on le pla�oit directement contre un mur
pof� fur un encorbellement comme dans la fig. V,
ce feroit bien pire^ car, outre qu'il le poufferait en
avant de la bafcule, il y ajouterait un nouveau
fardeau.
Article VI.
De la fonB�on d'un Contre-Fort.
Un contre-fort, ainfi que nous l'avons ci-devant
remarqu� , s'emploie autrement qu'un pilier-butantj
il doit avoir �galement une relation avec la pou fi�e
de la vo�te qu'il contre-vente, & �tre plac� dans
la direction de la tendance de ia pouff�e , mais il
faut qu'il foit inh�rent au pi�droit, & qu'il foit plac�
directement derri�re lui pour le fortifier. Dans les
vo�tes en berceau fur un plan-droit , on place les
contre-forts perpendiculairement � fes flancs, &
autour des vo�tes, foit fph�riques, foit fph�ro�des,
on les dirige vers le centre ou les diff�rens centres
de leur plan. Tout ce que nous avons dit concer-
nant la forme du plan d'un pilier-butant , regarde
aui�i le contre-fort ; elle doit �tre quarr�e o� pa-
rall�lograme, & non circulaire, fans jamais feper-
mettre de perc� dans toute fon �tendue ; enfin on
peut �galement augmenter fa fermet�, en chargeant
Β iv
*.
-ocr page 51-
24                        Cours
ion ibmmet d'un comble de charpente, ou de quel-
que corps de ma�onnerie.
Si des contre-forts ne s'�l�vent pas fur le rez-de-
chaui�ee d'un Edifice, & ne font employ�s qu'�
contenir fon couronnement ou fa partie fup�rieure?
comme quand on les applique au tour du tambour
d'une coupole A«, fig. VIII, pi. LXXXVI, alors il
eil important d'affeoir' leur faillie Β fur de bons
maf�ifs montant de fond, ou du moins de les placer
fur des vo�tes d'une certaine force, conftruites en
bonne pierre dure, dont les reins foient exactement
garnis, & d'obferver fur-tout de leur donner dans le
bas de bonsemp�temens, de m�me que nous l'avons
recommand� pour les pilier-butans.
Quant � T�l�vation des contre-forts, eu �gard �
�a pouff�e, elle peut �tre plus haute que la retom-
b�e de la vo�te, & m�me alors celle-ci en re�oit
plus de force, en ce que par-l� (es reins fe trou«
vent en partie identifi�s avec le contre-fort, ainii
qu'il eil repr�fent� en A fig. VIII ; mais il faut ef-
fentiellement fe bien garder de placer fon fommet
plus bas que la naifTance d'une vo�ter car, dans
cette fjtuation, il ne rempliroit pas manifeflement
fon objet, qui eil de s'oppofer � fa pouif�e.
Qui croirait qu'on a fait cependant cette faute �
la Coupole de S, Pierre de Rome ? En jettant les
yeux fur fon plan, fig. I.'& II, & fur le profil de fa
vo�te, fig. III, pi. LXXXVI�I, il.eft aif� d'ob-
ferver que (es contre-forts A, flanqu�s de colonnes
& d�f�mes � la contre-venter , font pr�cifemenr,
plac�s environ 9 pieds an-defTous de la naiifance BB>
fig. �II, de la vo�te. Car il faut bien fe garder de
confid�rer, comme capable d'y fuppl�erj'attique C»
joint au renforcement plac� fur ces contre-forts,
«n correfpondance avec les arcs� doubleaux & la
-ocr page 52-
d'Architecture.            15
retomb�e des arcs en d�charge E au bas de la vo�te.
Cet attiqtie n'a pas � beaucoup pr�s la force
n�ceffaire pour cela. Si on fe donne la peine de
calculer la pouff�e des deux vo�tes charg�es
par la lanterne, on s'appercevra que l�s contre-
forts A flanqu�s de colonnes , bien qu'ils ayent �
peu-pr�s avec l'�pahTeur du mur de la tour, le
iixi�me du diam�tre int�rieur de la coupole, ont �
peine l'�paiffeur neceffaire,tant � caufe du poid des
murs en �pi F entre les deux vo�tes, que de celui
de la lanterne G qui charge extraordinairement ion
fommet ; & qu'ainn* l'�paiffeur de l'attique C avec
�e renforcement qui n'eft qu'environ le dixi�me du
m�me diam�tre int�rieur, ( proportion que l'on
donne volontiers � la tour d'un d�me , quand il n'y
a qu'une vo�te, & quand on fait fes pi�droits d'�-
paiffeur uniforme ) , eft bien �loign�e d'avoir une
force fuffifante en cette circonitance. C'eft pourquoi,
il feroit � d�lirer que, pour folider convenablement
cette conftmdtion , l'on e�t donn� au renforcement
de l'attique qui re�oit la retomb�e des arcs~dou-
bleauxde cette vo�te, � peu-pr�s la m�me �paiffeur
qu'aux contre-forts, c'eft-�-dire, 7 � 8 pieds plus
qu'ils n'ont.
Il ne faut pas attribuer � d'autres caufes l'origine de
tous les dommages de cette Coupole, dontons'�toit
d�j� apper�us d�s 1680, & qui n'ont fait que cro�tre
jufqu'en 1743 ; ann�e o� le Pape Beno�t XIV fit
af�embler les principaux Math�maticiens^ Conf-
tru&eurs d'Italie, pour avifer aux moyens d'arr�ter
leurs progr�s, & de pr�venir une ruine prochaine.
Il eft fingulier qu'aucun des m�moires publi�s
a cette occaiion , * n'attribue cqs dommages
principalement � la foibleife de l'attique. On y
voit au contraire , qu'au lieu de diriger .leur
-ocr page 53-
2�                        Cours
examen > comme il fembloit naturel, fur la mani�re
d'�tre de cette Coupole , fur les rapports de fes
fuppbrts avec la pouff�e, pour d�couvrir s'il n'y
avoit pas quelque vice primordial dans fa coniti-
tution phyiique , les S�avans recoururent � des
caufes �trang�res , aux effets de la foudre δε des
tremblemens de terre > � Finfuffifancedes cercles de
fer plac�s originairement � i'entour de cette vo�te,
& au corridor H , i�g. II i. , pratiqu� dans le fou-
baiTeraent ou le tambour de la tour. Perfonne ne
s'avifa d'en accufer la disproportion de Fattique δε
le peu de correfpondance de ion �paiiTeur avec la
pouff�e de la vo�te , pr�cifement au droit de fa
naiiTance ; car c'eft-l� o� s'eit manifefl� tout l'effort,
δε o� les l�zardes font les plus apparentes : or fi les
contre-forts avoient �t� �lev�s jufques-l�, ils s'y
feraient oppof�s n�cerTairement.
Veut-on iavoir ce quia fo�tenu pendant un tetns
c�ttQ
vo�te malgr� cette difproportion; c'eil la for-
ce des gros piliers du d�me, c'eit fa bonne conftru-
�Hon, c'eit l'excellence du mortier qui lie fes briques
& toutes fes parties. Ce font auffi les cercles plac�s
vers fa naiiTance δε le tiers de fa partie inf�rieure :
mais le fer par fa nature n'op�rant de r�fiftance
que pendant un tems, vu que la rouille , quoiqu'on
faffe , l'alt�re � la longue j ces cercles ayant donc
diminu�s peu � peu de confiitance , δε s'�tant en�n
rompus, ainfi qu'on l'obferva en 1743 , il eil arriv�
que l'attiq�e plac� vis-�-vis la naiiTance de la vo�te,
ft'ay�nt pas, comme il l'auroit fallu, F�paiffeur fuffi-
f�nt� pour s'oppofer alors feul δε fans le fecours
des cercles � Fa�ion de la vo�te, elle alemrd�e fes
inpporrs de toutes parts fuivant leur hauteur , δε
les a �cart� vers f� retomb�e, de fa�on qu'ils font
f�rtis de leur �-plomb : or cet effort n'a pu s'op�rer
-ocr page 54-
d'AR CHI TECT�RE.               27
fans fe faire fentir auffi dans le bas de la tour, ou
ayant trouv� un vuide & une partie plus foible que
le refte, favoir le corridor H r�gnant au pour-tour
du foubaffement, il a d� agir en cet endroit de
pr�f�rence, & fendre fa vo�te vers fa clef, comme
cela eft arriv� : ce f�cond effort eft une fuite toute
naturelle du premier. Cet encha�nement de la caufe
& des effets qui en font r�fult�s , manifefte claire-
ment , encore un coup, que le, principe de tout le
mal eft venu de l'attique, & qu'il ne feroit pas pro-
bablement arriv�, s'il avoir �t� en �tat de r�iifter
feula la poufT�e, au d�faut des cercles.
On pr�tend que Michel-Ange avoit propof� dans
un de fes projets d'avancer l'attique � plomb des
colonnes, comme il eft marqu� dans le profil par-
ticulier de cet attique f�g. IV ; & il eft malheureux
que Fontana, qui a b�ti cette partie, ainfi que la
vo�te de la coupole, ne fe foit point apper�u de la
pr�f�rence que m�ritoit cette id�e, par rapport �
la force qui en pouvoit r�fulter. La courbe du
d�me n'auroit peut-�tre pas �t�, fuivant cet ar-
rangement, aui�i bien d�gag�e en-tl�hors, & ne pro-
duiroit pas un galbe aufli agr�able, mais il con-
vient qu'un Archite�e fache prendre fon parti dans
Toccafion, & facrifler quelque chofe de l'�l�gance
en faveur'de la n�ceffit� de donner une folidit�
convenable; perfuad� que les gens inftruits, au lieu
de lui faire des reproches , l'applaudiront, au con-
traire , de n'avoir pas voulu commettre au hazard
l'�v�nement ou la dur�e de fon �difice.
On a faitfagement d'ajouter de nouveaux cercles
de fer autour de la vo�te, tant � la place des anciens
que pour les f�conder ; il n'y avoit pas de meilleur
parti � prendre. N�antmoins ces fecours pr�caires
ne fauroient �tre que pour un iems ; ils ne peuvent
-ocr page 55-
Λ
iB                         Cours
que ralentir les progr�s du mal & non l'arr�ter en-
ti�rement. On en vit une trifte �preuve peu de
tems apr�s avoir mis les nouveaux cercles : car
ayant plac�, � travers pluiieurs l�zardes, des bandes,
de marbre; celles-ci fe trouv�rent rompues au bout
de quelques ann�es ; ce qui fit voir que les fentes
alloient toujours, quoique lentement, en augmen-
tant : de forte que tout paro�t annoncer que cette
Coupole ne fera pas de longue dur�e , & qu'on fe
verra oblig� un jour 3 de crainte d'un plus grand
malheur de d�monter fa tour & fa vo�tejufqu'� la
corniche qui couronne les pendentifs , & de la re-
conitruire fur les gros piliers des bras de la croix de
l'Eglise, qui font bien proportionn�s & n'ont point
foufferts de l'effet du D�me. Alors il fera prudent
de moins charger ie fommet de fa vo�te ; de donner
deux ou trois pieds de plus de largeur � fes contre-
forts , vu qu'ils font d�j� un peu �loign�s , & que
par-l� ils acquerroient plus de force ; de donner �
peu de choie pr�s � l'attique la m�me �paiiTeut
qu'aux contre-forts; de fupprimer le corridor dans
le ibubafTement; & enfin de ne point enfermer les
cercles de fer, comme Ton a fait originairement ?
dans f�paiiTeur de la vo�te,mais de les placer pour
le mieux � l'ext�rieur fous la couverture de plomb,.
& cela afin de pouvoir les viiiter, les repeindre, les,
entretenir & les renouveller aubefoin. il ert�croire
que l'on e�t pris toutes ces pr�cautions en pre-
mier lieu , on auroit pu efperer de donner � ce mo-
nument une dur�e �gale � fa grandeur (i).,
i---------------:------------------------------------------------------------------------,-----------------------,--------------------------mmtr'
(% ) Entrons ici dans quelques d�tails relatifs aux djmeni�ons
de cette Coupole, aux obfervations qui furent faites fur fou
mauvais �tat en. 1743 ■> & aux moyens qu'on propofa pour y re-
m�dier. Ces cqnf�dcrations font trop int�rei�antes pour devoir.
les paf�er fous-i�lence ; & �tre regard�es ici comme �trang�res»..
»
-ocr page 56-
d'Architecture. , . ij
La Coupole de S. Pierre, dont nous avons repr�fent� un quart
■du plara de la tour fig. I, vfn quart du plan de Tactique fig. II, .Se
ic profil de la moiti� de fa vo�te & de fa tour , avec fon foubaf-
feraent fig. III, eft port�e par quatre arcs, qui ont pour pi�droits
quatre gros piliers I, figure I, plac�s dans le bas � la ren-
contre des bras de la croix de TEglife, & eft fo�tenue entre
ces arcs par des encorbellements triangulaires, nomm�s penden-
tifs , qui font appuies fur les piliers. La tour de m�me que la
grande vo�te a 116 pieds de diam�tre int�rieurement : elle eft
perc�e par 16 croif�es fepar�es en dedans par des pilaftres ac-
coupl�s , 6c en-d�hors par 16 contre-forts A , orn�s chacun de
deux colonnes. Ces contre-forts, ont %% pieds d'�paiffeur, & le
mur compris dans leur intervalle n'a que 9 pieds & demi. Il y a
au-delfus un ordre attique C, qui fait retraite fur les contre-forts,
6c vis �-vis le milieu duquel la vo�te prend naiiTance � la hauteur
de la ligne BB de fon profil,fig. III. Le foubaiTement qui �lev� la
tour a if pieds Se demi d'�paiifeur, & il eft perc� int�rieurement
par un corridor H de j � 6 pieds de large , & dont la vo�te qui eft
en berceau , a vers la clef environ � pieds d'�paiifeur.
Le foubaiTement, la tour & Tactique , font b�tis en briques »
Se rev�tus tant en dedans qu'en dehors de pierre dure, dite de
travertin. Les colonnes qui flanquentles contre-forts A,de m�me
que les entablements & les corniches, font enti�rement de tra-
vertin. La vo�te de la Coupole eft toute b�tie en briques ; on
voit par le profil fig. III3 que vers le quart inf�rieur de fa mon-
t�e, elle fe divife en deux autres vo�tes ; Tune int�rieure , l'au-
tre exc�rieure, dont la fup�rieure s'�carte de plus en plus de
Tautre jufqu'� la lanterne. Au-deifus de chaque arc-doubleau K,
f�g. II & III j il y a un mur F qui s'�l�ve entre les deux vo�tes
en forme d'�pi pour les lier enfemble , & dont la partie ext�-
rieure ou la t�te eft garnie de travertin, &faic autant de c�t�
au-d�hors du d�me. Enfin , la vo�te fup�rieure eft toute cou-
verte en plomb de deux lignes d'�paiifeur.
Il eft � remarquer qu'on a mis originairement, lors de la con-
ilru�tion de cette Coupole, trois grands cercles de fer 0, a, a ,
fig. III j le premier �u-deifus de la divifion des deux vo�tes, l'au-
tre 17 pieds plus bas -, & le troifi�me vers le col de la vo�te in-
t�rieure au bas de la lanterne.
La Lanterne G a femblablement fon foubaiTement, fa tour,
les contre forts & fes fen�tres : fa vo�te eft aui�i divif�e en deux
parties, dont la fup�rieure forme un arnortiifement qui fert de
iupport � la boule & � la croix.■< :
, ., Suivant les obi�rvations qui furent faites par les Math�ma-
ticiens & les Architectes fur l'�tat de cettev Coupole ;' on trouva
i° que le foubaiTement, la tour & Tattique �toient remplis de
l�zardes qui traverfoient la pierrede travertin fuivant la hauteur
eu d�me : z° Que les plate-bandes des croif�es �toient pour la
-ocr page 57-
30                       Cours
plupart brif�es : j° Que les contre-forts A offro�ent auffi un
grand nombre de l�zardes qui p�n�troient � travers l'entable-
ment , & qu'outre qu'ils �toient fortis de leur � plomb d'environ
3 pouces vers le haut, il y en avoit quelques-uns quiparoiifoient
vouloir fe d�tacher,dans leurs angles derencontrc,d'avec la tour;
4° Que la vo�te du corridor H, dans le foubaiTement,�toit fendue
g�n�ralement vers fa clef, au point qu'il pleuvoir par-l� dans le
corridor; 50 Que les l�zardes s'�tendoient en rameaux dans les
murs en �pi pratiqu�s entre les vo�tes, & qu'on en remarquait
femblablement quelques-unes � travers les contre-forts de la
lanterne; 6° Que le cercle de fer, qui environnoit la vo�te
int�rieure au-deilus de leur jonction, & qui �toit le feul
qu'on avoit pu vifiter , �toit rompu ; 70 Qu'enfin les l�-
zardes en queition font pour la plupart verticales , & d'au-
tant plus larges qu'elles approchent de la naiifance de la
vo�te BB %. III, & au contraire d'autant plus �troites qu'elles
s'en �loignent.
Toutes ces remarques firent conjecturer, ainfi que nous l'avons
rapport� , que ces effets �toient provenus , fo.it de la part du
tonnere qui avoit pu tomber fur cette Coupokjfoit de la part des
tremblcmens de terre , foit de la part du vuide du corridor, qui
pouvoir avoir affoibli le foubaifement 3 foit de la part des deux
vo�tes charg�es, tant par les murs en �pi que par le poid de la
lanterne ; lefquelles vo�tes., � l'occai�onde la rupture des cercles,
avoient agi contre leur commun foutien , & cauf� par leur ef-
fort lat�ral tout le d�fordre que l'on remarquoit dans cette con-
ftru�lion.
Voici les diff�rens rem�des que propoferent les S�avans& les
Architectes, pour pr�venir un plus grand mal ou une ruine pro-
chaine. Plufieurs vouloieut que l'on �lev�t fur les quatre gros
piliers du d�me, des mafl�fs de ma�onnerie avec des arc-boutans,
qui anroient fortifi�s le bas de la tour ; exp�dient capable,, � la
v�rit�, d'emp�cher la tour d'agir en-d�hors , mais qui auroic
fait tort � fa d�coration ext�rieure, & auroit d'ailleurs'furcharg�
consid�rablement les gros piliers du d�me.
Quelques-uns �toient d'avis que l'on d�molit la lanterne pour
diminuer le fardeau de la vo�te , & que l'on couvr�t tout le
d�me en cuivre au lieu de plomb, ce qui, en all�geant le haut de
cet �difice , auroit occai�on� beaucoup de d�penfe, & �t� toute
la gr�ce que cette Coupole re�oit de ce couronnement.
D'autres confeillerent d'entourer la vo�te de plufieurs nou-
veaux cercles de fer A, b , �, pour arr�ter ou fufpendre le progr�s
des l�zardes, en mettant le premier � la naifiancede la vo�te ,
le f�cond vers le milieu , le troifi�me vers le bas de la lanterne ,
& de renouveller celui qui s'�toit trouv� rompu. Il y en eut qui
propoferent d'ajouter encore trois autres cercles , c,c3c, l'un
dans l'int�rieur du corridor du foubaiTement 3 l'autre au dehors
-ocr page 58-
d'Arc h � tecture,           31 ^
du foubaiTement au niveau du pr�c�dent , & le troifieme au bas
de l'attique au-deflus de l'entablement de la tour.
Enfin on propofa de r�tablir l'attique , fuivant un des projets
de Michel-Ange dont nous avons parl� , & de l'avancer fur le
devant des contre-forts, fous pr�texte d'accoter la naiiTance de
la grande vo�te fig. IV ; addition qui, par ion nouveau poid, au-
roit �t� capable de faire furp�omber encore davantage les contre-
forts d�j� fortis de leur � plomb , & qui d'ailleurs n'auroit pro-
cur� que peu de fecours, faute d'avoir �t� op�r�e en m�me tems
que la vo�te , pour former avec elle une liaifonconvenable.
De tous ces projets & avis diff�rens , on s'arr�ta � ajouter feu-
lement les trois cercles b,b ,b,&'� renouveller celui qui s'�roit
trouv� brif� , fans avoir �gard aux cercles c,c,c, propof�spoul-
ie foubaifement, que l'on jugea inutiles ; mais ces moyens pr�-
caires ne fauroient �tre encore un coup de bien longue dur�e \
comme nous l'avons obferv�.
Article VIT.
Moyen dont on s'e� f&rvi pour fupplier � un
Ρilier-butant & � un Arc-boutant.
Les principes de la coni�ruclion , �tant fond�s
fur les loix de l'�quilibre & de la pefanteur, & an-
torif�s partons les exemples, juftifient conf�quem-
ment la folidit� des Edifices, & font la fauve-garde
de la furet� des citoyens dans leurs demeures ; c'eil
� ce titre que nous voyons fans inqui�tude des maf-
fes de pierre iufpendues fur nos ,t�tes ; c'eil par leur
application que l'on aiTure le bon emploi des ibm-
mes confid�rables que l'on confacr� � leur ex�cu-
tion : ainfi ils doivent �tre fans atteinte, & il feroit
de laplus dangereufe conf�quenee de lesahandon-
ner� Q«i croiroit, cependant , qu'il s'eil trouv�
: quelques Architectes d'aiTez peu de jugement, pour
effayer d'accr�diter qu'on pou voit;, r�duire la force
d un pi�droit ou d'un contre-fort arbitrairement
en violentant �ar pouif�e d'uii� youte par des
-ocr page 59-
32                        C O�RS
crampons & des liens de fer, changer fa d�rectiof�
naturelle , fe permettre � volont� des ouvertures
dans fes pi�droits, transf�rer la force des pi�droits
du bas en haut, en les �largiiTant versla retomb�e
d'une vo�te par des trompes, des encorbellements
& d'autres moyens femblables. Ainii, f�lon ce fiit�-
me, ce ne feroit plus la bonne ai�iette des pierres ,
leur appareil, la relation des fupports avec la pouf-
f�e des vo�tes, qui garentiroient la folidit� d'une
conftruc�ion ; ce ferok le foible qui porteroit. ridi-
culement le fort ; il n'y auroit plus de principes ,
plus de furet� pour les citoyens ; ils feroient fans
ceife en danger. L'art coniiiteroit � b�tir en porte-�-
faux, � prodiguer les liens de fer, & � les fubitltuer
arbitrairement aux contre-forts & aux pi�iers-
butans , pour contenir les pouif�es. Qu'un feul
crampon vint � rompre ou � faire �clatter la pierre
o� il feroit (celle , tout feroit dit, voil� un b�timent
fouvent depluiieurs millions, au moment qu'on s'y
attendroit le moins , fuhitement renverf� 9 en fup-
pofant toutefois , qu'on f�t parvenu � conduire
une auffi extravagante b�tiiie jufqu'� fa fin.
Pour faire fentir la conf�quence de cette mani�re
. de b�tir^ combien il eit important de ne point aban-
donner les principes re�us, nous en allons d�crire
un exemple que nous avons deffin� depuis peu �
Lille en Flandres , dansTEglife des Auguftins, qui
eft un b�timent moderne.
Nous avons vu pr�c�demment que, pour �viter de
donner directement aux piliers d'une nef une cer-
taine groi�eur, on fe bornoit � leur faire feulement
porter la retomb�e de la vo�te, & que l'on rejettoit
par le moyen d'un arc-boutant l'effort de fa partie
�up�rieure vers des piliers-butans, plac�s en cor-
refpondan�e le long des murs pourtours des bas-
c�t�s ;
-ocr page 60-
d'Architecture.             3}
c�t�s ; ici l'on a jug�� propos de Te paffer d'arc-bou-
tans & de piliers-butans, l'on a tout fait porter fur le
pilier, & l'on a contenu l'action de la vo�te par des
liens de fer & un tiran de charpente.
La fig. I, PI. LXXXIX , repr�fente une partie
du plan de la nef & des bas-c�t�s ; laquelle nef eil
port�e fur des colonnes.
La i�g. II, eil le plan du haut de la nef, pris au,
niveau des croif�es,& de Fattique qui fo�tient la re-
tomb�e de la vo�te. On y remarquera que le mur
au droit des croif�es, n'a que l'�paiffeur du diam�tre
des colonnes, mais qu'� plomb C des colonnes 3 on
a ajout� en-dedans un pilaflre, & en-d�hors un ren-
forcement d'environ un pied de faillie ; enforte que
la totalit� du pi�droit eft de 5 pieds d'�paiffeur en
cet endroit, & eft une fois plus �paiffe que le dia-
m�tre du haut des colonnes. *
La fig. III, eil un profil de la nef fuivant fa lon-
gueur. Elle a 32 pieds de large fur75 de haut; elle
eil fo utenue fur des colonnes ioniques ifo��es de
3 pieds de diam�tre dans le bas, & qui forment un
portique de 16 pieds de largeur pour les bas-c�j�s.
Ce portique eil termin� � chaque angle de rencon-
tre des bras de la croix par 4 colonnes engag�es Β,
%. I, les unes dans les autres ; dipofition qui eil
aflez commune dans la plupart des Eglifes de cette
Province. Les arcades de la nef pofent directe-
ment fur les colonnes fans impolie, & font extra-
doi�ees. L'entablement eil b�ti enti�rement en pierre
de m�me que le pi�deilalaii-deffus ; mais la vo�te Ε
eil conilruite toute en briques, � la r�ferve des arc-
doubleaux F qui font en pierre : elle eil difpof�e
par trav�es , formant autant d'arcs de cercle qui
buttent fuivant la longueur de la nef contre les arcs-
doubleaux, & qui vontfe perdre infeniiblement en
Tome VI%
                                         Q
-ocr page 61-
34                         Cours
s'adouciffant de part & d'autre : ce qui eil d�fa-
gr�able � la vue, mais contribue � diminuer la
pomT�e contre les murs.
La Planche LXXXX repr�fente deux profils fur
la largeur de la nef,
La fig. I eil une coupe prife au milieu d'un arc-
doubleau, & d�veloppe particuli�rement le m�ca-
nisme de cette conitruc�ion. A , eil une grande
ancre plac�e en-d�hors au droit del� pouff�e de la
vo�te , & fervant � fortifier le renforcement.
Β Β, entrait de 14 � 15 pouces de gros , � chaque
bout duquel on a mis une plate-bande de fer G
qui faiiit l'ancre A vers le haut.
C, �trier boulonn� dans le poin�on , fervant �
fo�tenir l'entrait Β par le milieu.
DD, deuxtirans de fer plat � moufle, arr�t�s
fur l'entrait � talon �c avec un boulon.
Ε, renforcement qui exc�de le mur, & vient s'af-
feoir ou prendre aaii�ance au droit d'une colonne
en porte � faux fiirl'arc-doubleau F qui y corref-
pond.
La fig. II, eil une coupe prife au milieu d'une
croif�e & d'une arcade de la nef, laquelle fert �
l'intelligence de la pr�c�dente , & fait d�couvrir
tous fes rapports par de petites lettres de renvois,
correfpondantes aux grandes dans la fig. I.
Cette defcription fuffitj pour montrer combien
cette mani�re de b�tir eil hazard�e ; c'eit le foible
qui porte le fort : on y voit un pi�droit E de 5
pieds d'�paiffeur, maintenu en porte-�-faux de tous
c�t�s fur une colonne qui a 2 pieds \ dans le haut,
� l'aide d'une pi�ce de charpente & de pluiieurs
liens de fer. Que l'entrait Β vienne � manquer,
qu'un des tirans vienne � l�cher prife , ou � �tre
alt�r� par la rouille dans fon paffage � travers la
-ocr page 62-
θ' Α 11 C H I TE C Τ U R E.               3?
pierre, il faudra recommencer cette �glife ; il n'y
aura aucun moyen d'y apporter rem�de. Qu'on n�
dife pas queres moyens, pouvant quelquefois faire
fubfifter un ouvrage pendant un tems, doivent �tre
admiiiibies ? nous r�pondrons , que c'eil trompes?
l'attente du public cfue de b�tir ainfi ; que c'eft com-
promettre fa furet� � tout moment ; que l'inten-
tion des Fondateurs n'eil pas de d�penier des fem-
mes confid�rables � un �difice pour ne devoir
durer que quelques ann�es ; &. qu'en un mot, il rif
a qu'en fe conformant aux principes re�us qu'on
peut efp�rer de travailler pour la poft�rit�,
Article VIII,
Du Fardeau que peuvent-porter les Pierres,
Il faut favoir que la pierre n'eil pas com-
preffible , & qu'an lieu de diminuer de volume ou
de s'afFaif��r, quand elle eit contrainte de c�der
fous un fardeau , fes parties f� d�funiffent s
s'�crafent & fe r�duifent en poudre; effet qui
eil d'ordinaire tr�s-prompt, & m�me fubit. La
raifon de cette diffolurion eft bien aif�e � con-
cevoir : elle vient de ce que les pierres ne fonr
dans leurs principes , qu'un compoie d� terre gra-
veleufe plus ou moins compare, ou de petits
grains de fable r�unis par un efp'�ce de vifeo-
iit� ou de gluten, que des f�ltrations d'eau y ont
d�pof� � la longue : Or, ce gluten ou cette
colle n'ayant pas autant de confiftance que les
grains de fable, & venant � �tre d�truit par une
forte compreffion , la pierre eit n�ceffairement
oblig�e de retourner dans f�n premier �tat.
C ij
-ocr page 63-
S*                          Cours
Nous avons dit plus d'une fois , qu'il falloir
qu'un pi�droit ou pilier deftin� � porter une
vo�te ou un corps quelconque de ma�onnerie ,
«e�t au moins une groi�eur fuffifante pour ne pou-
voir �tre �craf� fous le fardeau ; mais nous n'a-
vons point appris comment Ton appreciok cette
groffeur. Si l'on confulte les gens de l'Art, on
verra qu'ils ne proc�dent � cet �gard qu'au hafard,
«n mettant plus que moins , & fans conno�tre les
bornes certaines o� ils poiirroient s'arr�ter. Tout
ce que l'on fait en g�n�ral � cet �gard , c'eft que
les pierres r�fiftent au fardeau, � raifon de leur
denik� , ou ce qui revient au m�me proportionel-
�ement � leur peianteur ; & qu'une pierre dure,
- dont le pied-cube pefe �-peu-pr�s 150 livres,
doit porter conf�quemment davantage que la
pierre tendre , qui ne pefe qu'environ 115 livres ;
mais on ne conno�t pas pr�cifement le poids que
chaque forte de pierre ferait en �tat de fupporter
au. befoin. Cela feroit cependant d'une grande
utilit� � favoir en bien des occafions , & facili-
terait d'all�ger les bati�es , en ne donnant aux
murs & aux pi�droits , que la force n�ceifaire.
Une faudrait pour cela qu'avoir une fuite d'ex-
p�riences faites en grand, & bien conftat�es fur
la r�fiftance qu'op�re fous le fardeau chaque forte
de pierre ,,οιι du moins une fuite d'obfervations
iaites d'apr�s les Edifices les plus eftim�s par la
l�g�ret� de leur points d'appui, � l'aide defquelles
on p�t juger, par approximation , jufqu a quel
point il feroit permis de r�duire le volume des
murs , des piliers , ou des pi�droits d'un b�timent,
fans aucun rifque pour fa folidit�.
11 nous a �t� communiqu� des obfervations
fur cet objet important ? qui, au d�faut d'expi-
-ocr page 64-
d'Architecture.             37
nences 5 font fufceptibles de faire conno�tre �-peu�
pr�s ce que l'on peut eip�rer � cet �gard ;; c'effc
pourquoi nous croyons devoir les rapporter.
« La pierre , telle que celle d'Arcueil, qui pefe
» environ 150 livres le pied-cube, paro�t en �tat
» d'�tre charg�e environ de ι6a pieds de hauteur »
» fans rifquer de s'�crafer fous le faix : il eil aif� de
» le prouver par des exemples. Les premiers tam--
« bours des colonnes du portail de Saint-Gervais ,
» qui on 3 pieds� de diam�tre, font charg�s de
» 120 pieds de hauteur : les entablements & focles,
» ont 40 pieds qu'il faut y ajouter , leur mai�if �tant
» au moins double de celui des colonnes du bas,
» & la diminution des colonnes fup�rieures fe
» trouvant compenf�e par le poids des frontons, &:
» la faillie des corniches.
» Le Portail de Saint-Sulpice a 113 pieds ~- d&
» haut , fur la bafe des premi�res colonnes >r
» lefquelles ont 4 pieds 11 pouces , fix lignes
» de diam�tre. Si l'on y ajoute le poids des par-
« ties de l'entablement, des parties-du portique
» & des focies qu'elles fupportent , r�duit au
« m�me diam�tre que les colonnes , on aura a.
» fuivant le calcul qui en a �t� fait, 116 pieds 9
« fans y comprendre la faillie des entablements ^
« qui con�penfe l� diminution des colonnes.
» Le R�fectoire de l'Abbaye de� Saint-Martin-
» des Champs � Paris, qu'on pr�tend avoir �t�
« conftruit en l'ann�e 1223 , a 13 5 pieds de
» longueur , 30 de largeur , & 45 de- hauteur,
» La vo�te eil faite en. ogive a*ec pierre teir-
» dre de Saint-Leu, ou de qualit� �quivalente^
» dont les voui�birs ont peu de coupe : elle a 48
« pieds de hauteur , & elle eil foutenue dans fom
Ciij
-ocr page 65-
3&                           Cours
Q, oiiHeii par iept petites colonnes de 9 ponces
» 81 -^- de diam�tre vers le haut. La pierre de ces
» colonnes eil plus dure que celle d'Arcueil, &
t> peut pefer environ 160 livres le pied-cuhe ; la
» partie de la vo�te qui porte fur ces petites
» colonnes, a 120 pieds de longueur, fur 15
h ponces de largeur , ce qui produit en fuper-
» ficie , � caufe du d�veloppement des arcs
» ogives, fuivant le toif� qui en a �t� fait , 60
ν pieds -� , dont le poids doit �tre envion 13500
Ψ livres , y compris 4800 livres pour l'exc�s de
» l'�paiffeur des nervures : �valuant le poids du
» pied-cube � 120 livres, chaque colonne portera
» fur le pied de 19285 livres, ce qui eil un poids
55 allez confid�rahle �30ur leur eroffeur & leur Ion-
*> geur qui, �tant d'un feul fut de 1 � pieds 6 pou-
» ces,pof� fur d'autres colonnes de 9 pieds de haut,
55 & de 14 pouces de diam�tre , font affez con-
» noitre qu'elles font en d�lit. On les a pof� fur
»5 du plqrn.b, qui s'eil appiati fous le faix , de
»5 telle forte qu'il d�bordoit d'un pouce, qu'on
» a coup� il y a quelques ann�es. Ce plomb a
s» actuellement 10 lignes d'�paifieur. Si l'on diilri-
s> bue pr�fentement le poids pr�c�dent en une
»» colonne de 9 pouces de diam�tre , on aura
» une hauteur de 258 pieds� , dont chacune
ν peut �tre charg�e , �tant r�duite �-peu~pr�s
»s � la m�me nature de la pierre que ces colonnes.
» Les bafes des colonnes ifol�es du portail de
» Saint Pierre de Rome, qui ont environ 8 pieds
»3 4 pouces
?,'ibnt charg�es de 200 pieds , com-
» pris 66 pieds , � quoi font �valu�s rentable-
» ment �k le fronton
55 Les premiers tambours des colonnes du
V Coliiee aui�� � Rom� , font charg�s de 280
-ocr page 66-
ι
d'Architecture.             39
»» pieds, compris 85 pieds pour les entablements
» des trois ordres fup�rieurs : le tout calcul�,
» comme on Fa expliqu� ci-devant. On pr�tend
que le grain de cette pierre eil un peu plus
» fin que celui de la pierre d'Arcueil, & qu'elle
» n'eft pas beaucoup plus dure ».
Malgr� ces obfervations , & en fuppofant
que les calculs foient fid�les , nous croyons n�an-
moins devoir remarquer , que la plupart des
piliers cit�s , ne portent pas toujours enti�re-
ment le fardeau qu'on a eilim� y correfpondre. Il
nous paroit, par exemple 3 qu'il y a beaucoup
� rabattre fur la charge des vo�tes , qu'on e�t
porter enti�rement fur les petites colonnes du
R�fe�oire de Saint - Martin-des-Champs y car, �
�occafion de la difpofition de fes diff�rentes
vo�tes ogives, qui fe contrebutent l'une l'autre ,
il n'eft pas douteux que le poids de leurs parties
fup�rieures & agiiTantes , fe trouvant en grande
partie confondu avec la pouif�e , � caufe de
la coupe de leurs vouflbirs , ne foit report�
conjointement vers les murs pourtours de ce
R�fe�oire , auxquels on a donn� en conf�quence
une grande �paiiTeur : � quoi bon , fans cela .,
auroit-on donn� tant de force � ces murs?Les
petites colonnes en queftion ne font �videmment
en pareil cas que des efp�ces de chandelles, qui
ne foutiennent gu�res plus que la partie inf�-
rieure des vo�tes, lien eft approchant de m�me du
Colif�e ; les colonnes du bas �tant � demi enga-
g�es , faifant parpain avec le mur adoif� , & les
parties fup�rieures , & laiffant en outre de bonnes
retraites d'�tage en �tage, il s'enfuit que le mur
partage en partie, avec les colonnes , le poids.
dont elles parouTent charg�es.
Y C iv
-ocr page 67-
'40                        Cour s
Au furplus \ quand il n'y auroit qu'un tiers
� diminuer fur les fardeaux en queilion, il r�-
fulteroit toujours de ces remarques, qu'il eil
poi�ible, comme on l'a dit au commencement 5
de faire porter en furet� � un pilier ou pi�droit,
un poids �-peu-pr�s de 160 pieds-cubes de la
m�me pierre. Que la pierre foit dure ou tendre,
le volume peut �tre le m�me, par la raifon d�j�
all�gu�e , que le poids des pierres eil toujours
relatif � leur denfit�, & leur denfit� relative �
leur force.
Veut-on, par approximation, conno�tre le
poids qu'un pilier de pierre dure ou tendre fera
en �tat de porter , il n'y a qu'� chercher la fuper-
ficie de fon premier tambour inf�rieur, ou de fa
premi�re ai�iie au-deffus des retraites au rez de
chauff�e , que Ton fuppofera d'un pied de hau-
teur, & multiplier cette folidk� par 160 , alors
on aura le nombre de pieds-cubes de pierre que
le pilier en queilion fera au moins en �tat de
foutenir , fans rifquer de s'�crafer. Si le pilier eil *
en pierre d'Arcueil , ce fera i6o pieds-cubes de
pareille pierre , ou 160 fois 150 livres en d'autres
mati�res �quivalentes. S'il eil de pierre tendre ,
ce fera 160 fois 115 livres, ou 160 pieds-cubes
de pareille pierre tendre. Par conf�quent, en
employant, comme l'on fait aifez fouvent, de la
pierre dure dans les parties inf�rieures des murs
d'un b�timent , jufqu'� une certaine hauteur , &
dans les parties fup�rieures de la pierre tendre,
on doit augmenter n�ceffairement la force des
parties inf�rieures dans le rapport de la pierre
dure � la pierre tendre.
Comme il entre d'autres mati�res que des
pierres dans une conitraclion , telles que du fer,
-ocr page 68-
d'Architecture*            41
du bois, de la brique, del� tuille, du grais, du pl�tre,
&c. il eft important d'�tre inftruit de la pefanteur
fp�cifique de ces diff�rens mat�riaux , & nous
terminerons cet Article par en donner une
Lifte.
Pefanteur du Pied-cube des diff�rentes mati�res quon
employ� dans la Conflruciion des B�timens.
Charpenterie & M�nuiferie.
liv.
Ma�onnerie.
Pierre dure d'Arcueil.
Pierre tendre de S. Leu.
Pierre de Liais.
Pierre de Grais.
Brique de Bourgogne.
liv.
ifo
115
166
185
I?l
Bois de Ch�ne verd.
Bois de Ch�ne fec.
60
Couverture,
i56
12.7
Ardoife.
Tuile.
1                                                     Λ                      I*
Brique des environs dePans.no
Pl�tre en pierre.                 86
Pl�tre g�ch� & employ� 104        p -. & -plomb.
Mortier.                           ito
Chaux vive.                       5?
Sable de rivi�re.                 132-
Terre d'argile.                   13 f
Terre grafle. "                  115
Terre ordinaire.                  95
Eau douce de Seine.            70
Eau de puits.                      71
580
548
8z8
Fer.
Cuivre jaune.#
Plomb.
Marbres.
Marbre � peu-pr�s.
2.5�.
I X.
Article
N�cejfu� de confin�t*, dans les Pays Septen-
trionaux ? les grandes Vo�tes �- l'abri
d'un toit de Charpente.
�L y a une remarque qui peut-�tre n'a pas
encore �t� faite , & qu'il eft n�anmoins impor-
tant de ne pas paffer fous filence ; c'eit qu'en
g�n�ral les pays Septentrionaux paroiffent moins
favorables � la dur�e des b�rimens que les M�-
-ocr page 69-
42                        Cours
ridionaiix , attendu que l'humidit� continuelle qui
r�gne dans les premiers , eil un fl�au deilrucleur.
Auff� rrouve-t-on un grand nombre d'Edifices tr�s-
anciens 'dans l'Aiie , dans les Indes , en Italie,
en Eipagne , & dans les contr�es M�ridionales
de l'Europe, tandis qu'il en fubfiile tr�s-peu dans
�es contr�es Septentrionales , en France , en
Angleterre , en Allemagne , & fur-tout dans le
fond du Nord.
L'ufage du bois, pour couvrir les b�timents ,
dont on s'eil fervi long-temps par-tout, avant
les vo�tes qui n'ont �t� connues que fort tard ,
n'a pas peu contribu� � mettre obilacle � la dur�e
des anciens Edifices ; vu que le bois , n'ayant qu'un
p�riode, demande � �tre renouvelle de temps
� autre, & eil fujet aux incendies. Au'ffi peut-
on remarquer que tous les monumens de l'anti-
quit� , dans la conilru&ion deiquels on avoit
employ� du bois , font p�ris de bonne heure , Sr
qu'il n'eil reli� que ceux1 o� Ton s'en eil paif� ;
tels font les piramides d'Egypte , le Panth�on.,
le Temple de Sainte-Sophie , des arcs de triom-
phe , des amphith��tres , des ponts , des acqu�-
ducs 5 &c.
Au relie, quelque � deiirer qu'il foit que l'on
p�t fe paffer du fecours du bois , cela paro�t
tr�s-diiScI�e dans nos climats. En Italie, en Ef-
pagne , dans les pays o� il pleut rarement,
& o� les pluies ne font que paffag�res , on r�ui�ir,
� la v�rit�, � conilruire les plus grandes vo�tes
� d�couvert, fans* avoir befoin d'un toit de char-
pente, non-feulement pendant leur ex�cution ,
mais encore pour leur confervarion. Les d�mes
■ deSainte-Marie-des-Fleurs � Florence & de Saint-
Pierre de Rome , malgr� leur immenfit� , ont
-ocr page 70-
d'Architecture.            43
�t�, entre autres , b�tis ainfi avec fucc�s ; mais .
dans les pays froids o� il pleut fouvent des
mois entiers , m�me en �t�, il ne feroit pas pru-
dent d'entreprendre des vo�tes confid�rables �
d�couvert , & expof�es � toutes les injures de
Fair, attendu que les vo�tes qui terminent les
Edifices , fe b�tiffent commun�ment � la l�g�re
avec de petits mat�riaux , dont les mortiers op�-
rent toute la confiftance , & que ces mortiers
pouvant fe trouver expof�s � �tre fans ceife d�-
lay�s pendant leur ex�cution ; ce feroit compro-
mettre'le fucc�s des travaux de cette conf�quence,
que de ne les pas contraire � l'abri d'un toit de
charpente. Toutes les grandes nefs de nos Eglifes,
foit gotiques, fok modernes , tous les d�mes
de quelque �tendue , des Invalides, du Val-de-
Gr�ce , de Saint-Paul de Londres , &c. ont �t�
b�tis de cette mani�re , par cette raifon.� On a
commenc� par �lever leurs tours ou leurs tam-
bours , fur ieiquels on a pof� , foit un toit, ioit
un d�me de charpente ; apr�s quoi on a proc�d�
� couvert en furet� , � l'ex�cution de leurs
Article X.
Obfirvations fur l'a�ion du Mortier
dans ia confiruction d'une Vo�t�.
C'est une erreur de compter beaucoup fur
l'effet du mortier lorfque l'on b�tit , foit des
vo�tes, foit de grands ouvrages en pierre de
taille, pour retenir les pierres :'il n'y a que la
pr��iiian de leur appareil, leur bonne ai�iete
-ocr page 71-
44                       Cours
da plomb & de niveau, la proportion de leurs
{apports , & des maffes cubiques oppof�es aux
pouiT�es, qui foient capables de donner � ces fortes
d'ouvrages une iblidit� convenable.
Gauthier (ι), confeille de poier en ces circon-
ilances les vouffoirs � fec les uns contre les
autres, � la mani�re des Anciens , & de ne les
garnir de mortier fin que par abreuvement. « C'eft
« fans diiHcult� » dit il, que quand on les cou-
5> che fur des lits de mortier , la prife de celui-
w ci , quelque forte qu'elle puiffe �tre, ne Feft
» jamais d'un milli�me du corps de la pierre de
» taille des voui�birs, quelque tendre qu'on l'em-
w ploie. Dans la plupart des plus beaux ouvra-
» ges des Anciens, (2) on remarque qu'on n'a
�--��-             ...........-
(1 ) Trait� des Ponts, page rix.
(1) Nous avons dit dans notre Introdudion ,page 130, Tome V,
que les Anciens ne mettoient fouvent ni mortier ni calles , & fe
coatentoient de frotter les lits des pierres les uns contre les autres
avec de l'eau & du grais, de fa�on qae leurs furfaces fe tou-
chaiTent exactement, & que leurs joints ext�rieurs devinfTent
imperceptibles. Les Modernes paroii�ent avoir renonc� � ce pro-
c�d�, foit � caufe de fa difficult� , foit � caufede fa longueur ;
cependant il y a des occai�ons o� il pourroit �tre d'une grande
utilit� , comme quand il s'agit de reprendre par-deifous �uvre
des pi�droits, charg�s de grands corps de ma�oimerie,qui f�roienc
oblig�s d'�tre maintenus dans un parfait niveau pendant leur re-
t�bliifement.
Soit, par exemple , un avant - corps compof� de colonnes
ifol�es portant des plate-bandes, avec un entablement furmont�
d'un fronton ou d'un attique. Suppofons que les colonnes,ayant
�t� ex�cut�es en pierre tendre ,;fuilent jug�es trop foibles pour
foutenir folidement le fardeau de l'entablement & del'attique ,
qu'on y auroit pof� , & qu'on e�t entrepris de les-renouveller
apr�s coup en pierre dure ., il efl hors de doute , qu'il faudrait
alors, pour conferver le parfait niveau des plate-bandes d�j�
faites , & emp�cher que le taifement-d�s joints des tambours
n'op�r�t des l�zardes & des d�chirures , � la jon�lion du mue
adof��& de l'entablement, faire les joints les plus petits poil�bles.
Pour feutir la conf�quence de cette obligation , imaginons
-ocr page 72-
d'Architect�r e.           45
» employ� ni mortier, ni aucun crampon, que
� la plupart des vo�tes , arceaux, arcades &
» arches , font confiantes de gros quartiers de
,> pierre , mais que tout y eft pof�� fee ^ ils
« n'employoient gueres de mortier qu'aux vo�tes
» & arceaux de moilonage , & que pour ai�iirer
» la liaifon des petits mat�riaux : les gros blocs
» de pierre font toujours fup�rieurs � la foibleiTe
» du mortier, & les grands vouffoirs des vo�tes
» ne fe foutiennent jamais , & ne fondent un
» ouvrage que par fa propre pefanteur, jointe
» � leur coupe qui les emp�che de fe d�funir ».
En effet, le mortier dont on coule les pierres
en pareil cas , ne doit, pour ainii dire, �tre
compt� pour rien : il le faut regarder comme de
fur�rogation , mais aucunement comme devant
unir de grandes pierres de taille indifFoluble-
ment, & faire un m�me corps avec elles. Il y a
plus , c'eit que peut-�tre feroit-il poflible de prou-
ver qu'une grande vo�te en pierre de taille ac-
querroit plus de folidit� en poiant les voui�birs
qu'il y ait 40 tambours de pierre dure � renouveller dans la hau-
teur defdites colonnes, & qu'on e�t donn� 4 lignes � chaque
joint, il s'enfuivr'oit que, quand on viendroit a �ter l�serais
plac�s fous les plate-bandes pour conferver leur parfait niveau
pendant ce changement, le poid de l'attique &de l'entablement
venant � comprimer les joints en queftion 3 & �refferrer chacun
feulement d'unedemi ligne(ce qui eltbien peu)cela,feroit 10 lignes
de taiiement dans la hauteur de chaque colonne j de mani�re
qu'il faudroit que les plate-bandes baiffaffent en devant de zo
lignes, pour repofer folidement fur leurs points-d'appui : or cet
effet ne pourroit�avoir lieu , fans que l'entablement n'ag�t , eu
pouffant contre le mur adoff� aux colonnes, & nef�t effort pour
s'en d�tacher : le feul moyen de parer � cet inconv�nient feroic
donc , comme nous l'avons dit , de pofer les tambours des
colonnes � cru les uns fur les autres , en faifant toucher leurs
joints � la mani�re des Anciens , fauf � d�maigrir leurs arr�tes,
4e crainte qu'elles ne s'�pauftaifent oa ne s'�cjattaffent.
-ocr page 73-
φ                         Cours
� fee , qu'avec de mortier du m�diocre qualit� 9
comme il Teil le plus fouvent ; attendu qu'en
ruftiquant les lits des vouflbirs , & en les faifant
toucher dans toutes leurs parties , ils s'engraine-
roient les uns dans Igs autres par leur cornpref-
iion , & acquerroient par-l� un frottement ca-
pable d'augmenter leur r�iiilance pendant le taf*
fement ; au lieu que le mortier ordinaire que
l'on coule entre leurs joints, n'�tant en partie
qu'un compof� d'un amas de petites boules , non-
feulement paro�t, ainii que les calles , devoir
mettre obflacle � cet engrainement, mais encore
femble faciliter la gliiTade des voufibirs lors du
d�ceintrement, bien loin de les contenir, il n'y
auroit, fuivant ce proc�d� , que l'�pauffrement
des arr�tes � craindre; mais n'y pourrpit-on pas
obvier en tenant les angles des joints obtus ou
gras ?
Article XL
De l'emploi des Liens de Fer dans une
Con�ruclion.
Nous avons dit plufieurs fois qu'il ne fa��oit
pas croire que l'on p�t efp�rer de fuppl��r � la
force des foutiens d'une vo�te � l'aide du fer,
& nous croyons devoir �tendre particuli�re-
ment cette obfervation , parce que c'eft une de
ces v�rit�s fondamentales pour la dur�e des b�~
timens , qu'on ne fauroit mettre dans un trop
grand jour.
Le fer ne devroit jamais �tre employ� dans
un Edifice somme un agent principal, & pour
-ocr page 74-
d'Architecture. . 47
tenir lieu d'emp�tement , de contreforts, ou d'�-
paiifeur de murs n�eeifaire contre ia pouilie^mais
il faut s'en fervir feulement, comme d'un moyen
pr�caire , d'un moyen de fiu�rogation ? & pour
avoir au befoin deux forces pour une. La raifon
en eil, que par fa conititution phyilque , le
fer n'efl pas fait pour �tre de longue dur�e :' la
rouille fi) l'alt�re peu-�-peu , quelque pr�caution
que l'on prenne , & paffe m�me , en augmentant
fon volume , pour faire �clater la pierre o� 011
l'encailre. Le chaud dilate fes pores & l'allonge,
& le froid le reifere & raccourcit ; de forte qu'il
ne contient pas toujours �galement une pouiiee.
Or quels effets cette alternative n'enWHe pas
capable d'op�rer dans l'int�rieur de la ma�on/
ne rie }
Il s'en faut bien , d'ailleurs , que toutes les par-
ties des liens de fer foient �galement iblides. Les
moufles qui les uniiTent font toujours des en-
droits plus foibles que le relie. Qu'un crampon
foit oblig� de contenir un effort violent, de deux
(ι) Π y en a qui s'imaginent qu'il eft poi�ible d'emp�cher la
rouille du fer encadr� dans une pierre , en l'enduifant d'une
couleur ,i l'huile , d'un verni, &c. Mais , avec un peu de r�fle-
xion , il elt �-ile.de juger du peu de r�alit� deNcet exp�dient:
car le fer enferm� dans la pierre, fe trouvant par cette pofition
contmuellc�io-)t expot�� l'humidit� qui,� lalongue5d�tmk tout,
le verni dont on !e couvre en eft en peu de tems p�n�tr�. Ajou-
tez a cela , que les cha�nes �tant fortement band�es & com-
prim�es a h rencontre des mouftles , des clavettes , des
�txiers � 1 des mandrins qui-les contiennent , il arrive que la
peinture cil: n� :ejTairement enlev�e dans ces endroits qui fati-
gue η r le plus & que la rouille du fer , en s'y manifeftant de
pr�f�re: :V, y agit avec d'autant plus de force, qu'elle fe trouve
co,ntraiitte pat-toufailleurs j de forte que ce qu'on avoir ima-
gin�.comm� .m exp�dient, en fuppofant qu'il n'augmente pas
�'aclivi �" le u rouille dans les endroits foibles, devient tout au
moins <k nul effet. _:
-ocr page 75-
48                        Cours
chofes l'une , ou bien il romp , ou bien, ce qui
arrive le plus ordinairement, il arrache, ou fait
�clater l'endroit de la pierre o� il eil fcell�,
comme �tant un corps moins dur que lui. Cette
derni�re obfervation fuffit feule pour faire fen-
tir de quelle dangereufe conf�quence il feroit
de fe fier enti�rement � un pareil fecours.
Ce feroit encore une erreur de croire que le fer
acquiert de la confiflance � raifon de fon volume.
Il s'en faut bien , qu'un barreau double en grof-
feur d'un autre , ait pour cela le double de force.
Les exp�riences de Mufembroek, dans fon Trait�
de la Cohe�on des Corps
, & de M. de Buf�bn ,
inf�r�es dans �Art du Serrurier , prouvent � la v�-
rit� , qu'un fil de fer rond d'une ligne de dia-
m�tre bien �tir� , peut foutenir, en tirant, un
effort d'environ 490 livres pefant ; mais elles
font voir auffi que dans une barre'de 18 lignes
de gros, forg�e avec foin , chaque �l�ment d'une
ligne quarr�e de fer, ne refiile gu�res en com-
mun qu'� un effort de 40 livres pefant, ce qui eil
bien diff�rent ; & que cet effort diminue toujours
� proportion de ce que la groffeur du barreau
augmente. Cette grande dimunition de force pro-
vient de ce que , plus les fers acquierrent de vo-
lume , plus il devient difficile de les forger } &
de condenfer fuffifamment leur int�rieur avec le
marteau.
Au refle , le vrai moyen d'obtenir du fer la
plus grande force , c'efl de l'employer � tirer &
non � porter : telle barre de fer qui romp fous
un poids de 5 � 6 milliers , eil capable de fou-
tenir, en tirant, un effort d'environ 30 milliers,
c'eft-�-dire ,*<:mq ou fix fois plus confid�rabie , ce
qui eil bien diff�rent. C'eil pourquoi il eil impor-
tant
-ocr page 76-
d'Architecture.            49
tant de faire en forte d'employer le fer de pr�-
f�rence , � tirer plut�t qu'� porter; mais encore
un coup , ce doit �tre toujours'fubiidiairement #
& non comme moyen principal, ainfi qu'on le
remarque dans les Ouvrages antiques & goti-
ques.
Un des grands reproches que l'on pourroit
faire � nombre d'Edifices modernes, eil l'ufage
immod�r� du fer dans leur b�tifTe. La plupart
des colonnades, dont on les d�core , ne fe fou-
tiennent gu�res autrement que par ces moyens
artificiels ; & ce qu'il y a de pire , c'eil qu'on y
employ� d'ordinaire le fer � porter plut�t qu'�
tirer. On conitruit peu d'architraves , de plate-
bandes , & d'entablements , o� il ne foit prodigu�,
& o� l'on ne voye des efp�ces de linteaux de
fer employ�s � porter les claveaux en deffous,
ou en deiius par des �rriers. Auf�� ces ouvra-
ges n'auront - ils n�ceiTairement de dur�e que
celle du fer, qui fait toute leur force (1).
Regle g�n�rale, il faudroit fe garder d'employer
le fer , fans une n�ceffit� ab�blue , dans les
ouvrages deftin�s � paffer � la poit�rit� j car les
Architectes n'ont volontiers recours � cette ref-
fource , que quand ils fe font tromp�s , ou
grande Lfe? r incoi�Ve.nien*?, g1* *> Φ«Α parti di una
Oulti ■ ch-�aV> ^i k Peie Frifi dans fon excellent
«�c�teItcl h^�5!��&*al quecet Arch"e<ae voulant
coud Τ g Ch?fe du W%e d� d�me de Milan avec beau.
les fentimfnf'/rchlt-f,ae ItaIien,? °PPofa cette coniWtion
VainR^ S ferlIleuts Conftrufteu« , tels que Palladio,
coSr� f�S & fur1out ,ccaxe *%»<#. qui, ayant �t�
�S^Wlt' «*** friche non} kann.
Tome VL                                       D
-ocr page 77-
50                        Cours
que quand ils favent n'avoir pas donn� aux
Supports une force fuffifante. Si on examinoit
attentivement une conftru�ion , qui, apr�s avoir
iubfift� quelque tems , vient � manquer ? on
s'appercevroit que cette difgrace n'a d ordinaire
pour principe , que d'avoir employ� le fer comme
moyen principal, & que ce moyen ayant ceff�
d'avoir la m�me confiitance par les effets de la
rouille, ou de quelque crampon qui eil venu �
manquer , les fupports ne s'�tant pas trouv�s
feuls en �tat de r�iiiler, il a fallu que la vo�te
tomb�t, fe l�fard�t, ou mena��t ruine.
En un mot , les tirans , les cha�nes & les
cercles de fer, qu'on employ� dans une conitru-
ition , doivent avoir principalement pour objet,
de r�fifter � la premi�re impuliion de la pouff�e,
lorfqu'on l�che la yo��q de deffus les ceintres,
<�e donner au mortier le �ems de durcir , de
bien faire fa prife , ainii qu'� toutes les parties
d'une b�tiffe , d'op�rer leur taffement avec uni-
formit� , de fe convenir r�ciproquement, de pren-
dre peu-�-peu leur faix & leur direction vers les
pi�droits, les contreforts ou les points d'appui
capitaux , ils ne peuvent avoir d'autre fonction.
C'eil la perfection de l'appareil des pierres, l'ex-
cellence du mortier , la bonne proportion des
fupports, leur relation avec la pouff�e des vo�tes,
qui doivent faire la force d'un Edifice, dont on
veut affurer la dur�e ; ce font l� les feuls & vrais
principes de la folidit� ; agir autrement, ce fe-
roit la compromettre, & ne b�tir que pour un
tems,
11 ■ - * ■;
&                                                                         . .. ..                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   '..'....,■;'■
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d'Architecture.
η
Article XII.
Du Tajjement d'une Vo�te b & de fes effets
fendant [on D�cintremmt.
On fait qu'avant d'entreprendre une vo�te ,
on commence par �tablir fur (es pi�droits un
cintre de charpente folide de la m�me courbure,
pour porter fes vouffoirs pendant fon ex�cution.
Cela fait , fa conftruclion s'op�re , en pla�ant
d'abord, de part &, d'autre furie cintre, les coui�i-
nets pr�s de fa naiffance , & fuccei�ivement tous les
autres vouffoirs, en montant jufqu'� la clef par
o� Ton finit.
Les Anciens & m�me les Goths extradoi�bient
la plupart de leur vo�tes, c'eft-�-dire , faifoienr,
tous leurs vouffoirs d'une �gale longueur en
efpece d'archivolte ; les Modernes , au contraire ,
affectent de les lier avec les reins d'une vo�te,
ou m�me de les y prolonger , principalement
quand il eil queition de lui faire porter un far-
deau coniid�rable. Tous les vouffoirs doivent:
fe pofer en coupe , & s'appareiller, ainfi que
nous l'avons vu , de mani�re que le lit de la pierre
fuive toujours la direction des joints vers le
centre , ou les centres de la vo�te s'il y en a
plufieurs. On en ufe ainfi, parce que la preffion
sfop�rant f�lon la longueur des joints , les vouf-
■"- foirs ont n�ceffairement plus de force �tant
plac�s fuivant leurs lits, que dans toute autre
fituation. A mefure que l'on met en place les
vouffoirs , on obferve de pofer fur les cintres
des couchis de charpente foutenus par des doffes
D ij
-ocr page 79-
$�                       Cours
ou taffeaux, lefquels couchis portent direclement
�lntiados ou les dociles des files de vouffoirs , du-
moins dans les vo�tes en berceau d'une certaine
�tendue , & de mettre en m�me tems , � l'ordi-
naire , des calles de bois de ch�ne entre leurs
joints , � deifein d'emp�cher les arr�tes de fe
toucher , & de s'�pauffrer lors de leur com-
preffion.
Il y a un �gal inconv�nient � donner trop de
largeur aux joints , & � les faire trop petits.
Dans le dernier cas , les arr�tes des voiuToirs
rifquent davantage de s'�pauffrer ou d'�clater ;
& dans le premier, la largeur des joints peut
augmenter beaucoup le taffement , & m�me dans
les vo�tes fort furbaiiT�es, � l'occafion du peu
de coupe des voiuToirs vers la clef, il feroit �
craindre qu'il n'y e�t quelques vouffoirs fup�rieurs
capables de descendre en contrebas � un certain
point, ou m�me de s'�chapper, ce qui entra�neroit
la chute de la vo�te. Au Pont de Mantes , dont
les arches font elliptiques , & ont 120 pieds de
diam�tre , fur 30 pieds de mont�e , on a tenu les
joints de chaque vouffoir ouverts feulement de 4
lignes ; aui�i y eut-il beaucoup de vouf�birs qui en
fe touchant menac�rent de s'�pauffer vers leur naif-
fance ou les coufl�nets, & il fallut les �largir avec
des fcies � main , avant de continuer le d�cin-
trement. Au Pont de Neuilly , dont les arches
ont le m�me diam�tre, & �-peu-pr�s la m�me
courbe , � deffein d'�viter un pareil inconv�-
nient, on a tenu les joints de 6 lignes de lar-
geur, & l'on n'a pas remarqu� qu'il fe foit fait
d'�pauffrures. Peut-�tre, au lieu de s'affervir �
tenir les joints �galement ouverts dans la partie
fup�rieure d'une vo�te & dans l'inf�rieure, fur-
V. ' ' ''                                                                                                                                                                                                                                    ,                                                     -■
-ocr page 80-
d'Architecture.              53
tout quand elle eft tr�s-furbaiii�e, vaudroit-il
mieux les tenir plus petits dans fa partie fup�-
rieure vers l'intrados , & au contraire plus grands
vers fa partie inf�rieure , auffi � fon intrados ,
                     |
� mefure qu'on approcherait de fa retomb�e.
Cette ouverture de joints �tant conforme � Fac-
tion particuli�re que les voui�birs peuvent exer-
                     \
cer � l'�gard les uns des autres , il y auroit vrai-
femblablement moins � craindre de la part des
taifements , vu que les joints reileroient plus ou
moins ouverts , � raifon de l'effet de la com-
preliion.
On a l'attention , � mefure que l'on place les
vouifoirs d'une vo�te , de les abreuver , de couler
              - i
leurs joints de bon mortier par-deiTus , & de
crainte qu'il ne s'�chappe , on fiche de la filaife
le long des joints de Hntrados & des t�tes des
vouifoirs , comme l'on fait pour les affifes des
pi�droits. Enfin , la clef �tant pof�e, on termine
la conitrudion d'une vo�te, par la bander ou par
reiferrer fes vouifoirs par le haut ; ce qui s'op�re
en enfon�ant, avec force , de gros coins de bois
entre leurs t�tes.
Une vo�te �tant ferm�e , fes vouifoirs bien
call�s & band�s , le cintre de charpente fe trou-
ve alors d�charg� virtuellement du poids qu'il
avoit � foutenir, mais non pas effectivement,
c'eft-�-dire , que la vo�te ayant exerc� toute fa
pefanteur, & fes vouifoirs fe contenant tous r�-
ciproquement , le cintre n'a plus befoin de faire
de nouveaux efforts pour en foutenir le poids ,
tellement que fa charge fe trouve toujours la
m�me jufqu'au moment de fon abaiifement.
Le d�cintrement d'une vo�te doit s'entrepren-
dre avant que le mortier qui a �t� coul� entre
D iij
-ocr page 81-
54                         Cours
fes joints , ait acquis toute fa coniiitance ; car il
faut bien fe garder d'attendre qu'il ait tout-�-fait
durci., fi l'on veut qu'il foit de quelque utilit� ;
en voici la raifon. En fuppofant qu'on laiiT�t les
cintres jufqu'� ce que le mortier f�t fec , & fe
fut tout-�-fait adapt� au lit fup�rieur & inf�rieur
des vouffoirs ; comme ce mortier n'auroit pu f�-
cher fans diminuer de volume par l'�vaporation
de fou eau , il s'en fuit que cette �vaporation y
laiiTeroit des vuides ; de forte que , quand on
entreprendroit de d�cintrer la vo�te , les joints
des vouifoirs , les calies & les coins qui reffer-
xent leurs t�tes, venant � s'applatir & � fe com-
primer � l'ordinaire , �craferoient infailliblement le
mortier , d�funiroient fes parties , & le r�dui-
roient en une poui�iere grumeieufe, incapable
de procurer d�formais aucune liaifon. Cela ne
fauroit �tre ainii en d�cintrant une vo�te pen-
dant que les mortiers font encore humides, parce
que j'�nen qu'ils fe trouvent davantage comprim�s
par le refferrement des joints , ils peuvent encore
s'y adapter, & c'eft ce qui arrive d'ordinaire. Par
cons�quent il ne peut �tre que tr�s-d�favantageux
de laiffer trop long-tems une vo�te fur fon cintre,
comme nous l'avons avanc�.
               
Il y en a qui veulent mal �-propos que l'on com-
mencele d�cintrement d'une vo�te , parenlever les
couchis& taifeaux plac�s fous la clef, puis ceux des
contre-clefs, puis des vouffoirs adjacens , & ainii de
fuite jufqu'� fa naiffance : mais les meilleurs Confiru-
tleurs pr�tendent qu'il vaut mieux enlever dabord
les couchis des coui�inets & des vouffoirs voifins
de la retomb�e de la vo�te, en avan�ant peu-�-peu
vers fon fommet; all�guant, avec raifon, que la
clef & la partie agiffante de la vo�te fe trouve par-
-ocr page 82-
d'Architecture.            f�
l� mieux refferr�s , que le taf�ement s'op�re plus;
uniform�ment , que le haut de la vo�te s'afFaiff�
moins,& que fa courbe rifque moins de fe d�former^
Au furplus, cette op�ration eil le moment critique
pour les fupports d'une vo�te, parce que,tous fes
vouifoirs font alors en mouvement, & i� l'on n'ap-
portoit pas les plus grandes pr�cautions pour dimi-
nuer fon effet, pour le conduire avec art, & faire
en forte qu'il fe repartit uniform�ment de part &
d'autre dans le pourtour d'une vo�te , en vain
auroit-on donn� aux pi�droits une �paiffeur au-del�
de l'�quilibre, indiqu�e par les calculs , ils feroient
le plus fouvent renverf�s par la commotion du taf-
fernem.
Voici comment agiflent Tes voui�birs d'une vo�te-
pendant fon d�ceintrement. Ils font � peu-pr�s les
m�mes effets que lorfqu'elle veut s'�crouler : les
joints des vouifoirs de fa partie fup�rieure paroif-
fent preffer leur extrados & s'ouvrir du c�t� de
l'intrados : les vouifoirs de fa partie inf�rieure pa-
roiffent agir au contraire en comprimant les joints,,
de leur intrados : enfin les vouifoirs entre l'impofte
& la clef, participent de l'un & de l'autre de ces-
deux effets ; raifons pour lefquel�es nous avons
confeiil� ci-devant de tenir, pour le mieux, les
joints des vouifoirs plus ou moins ouverts lors de
la conitrudtion d'une vo�te. Quelquefois if arrive
qu'en d�cintrant, les calles qui font entre les vouf-
foirs voifins del� naiifance del� vo�te, s'applatif-
fent au point de �aifler toucher les joints & de faire
�clater leurs arr�tes , alors il faut interrompre
le d�cintrement, comme nous avons dit qu'on l'a-
voit fait au pont de Mantes, & s'appliquer, avant de
continuer, � r'ouvrir les bords des joints vers les
endroits qui menacent , en rendant leurs angles uxk
D iv
-ocr page 83-
j6                        Cours
peu obtus ; par ce moyen on les fortifiera & on em-
p�chera les �paufrures.
En, vain imagineroit-on parvenir � brider le taffe-
ment,en embreuvant les vouffoirs d'une vo�te , en
les violantant, en multipliant les croffettes,les cram-
pons , les tirans , o� bien en �levant entre leurs
jpi�droits des chandelles de pierre jufques fous leur
courbe, on ne parviendroit par-l� qu'� op�rer une
in�galit� de taffement, qui eil de tous les incon-
veniens, celui qu'on redoute le plus en pareil cas,
vu qu'il eit capable de faire perdre l'�qu [libre. Les
bons Coniiru&eurs ont pour principe d'�viter, fur-
tout vers la naiffance d'une vo�te, tous les crochets
de rachat, les tas de charge, les embreuvements &
incruftementsdes vouffoirs les uns dans les autres,
en un mot tout ce qui peut g�ner la direction na-
turelle du taffement : ils affe&ent au contraire de
�aiffer toute libert� aux vouffoirs d'agir vers leurs
points d'appui, & de bien prendre leur faix en reffer-
'rant les joints, uniform�ment : ils font perfuad�s f
avec raifon , que les oppoiitions au taffement don-
nent lieu aux l�zardes, aux d�chirures que Ton
remarque dans nombre de conitruclion, & qu'elles
occaiionnent d'ordinaire l'�branlement des pi�-
droits. Auffi peut-�tre �toit-ce pour cette raifon
que les Goths & les Anciens extradoffoient com-
mun�ment leurs vo�tes. Tout le difficile eii de
bien diriger & de bien conduire le taffement ; c'eft
l� que l'exp�rience eft principalement n�ceffaire ;
mais , encore un coup, il faut bien fe garder de le
g�ner.
Il y a des Conilrucleurs qui, au lieu de fe pref-
fer de faire le d�cintrement & de l'op�rer en un
m�me jour , pr�f�rent d'en employer pluiieurs,
& qui veulent qu'on n'enlev� chaque jour qu'un
-ocr page 84-
d'Architecture.            57
petit�nombre de couchis correfpondants de part
& d'autre d'une vo�te, afin de lui donner le tems
de prendre peu � peu fon faix fans rien brufquer -y
ce qui eft tr�s-bien raifonn� , ne fauroit que con-
tribuer au fucc�s du taffement , & m�rite d'�tre
toujours obferv� dans les vo�tes d'une certaine
�tendue.
Quoiqu'un d�cintrement ait �t� en apparence
op�r� avec fucc�s, il ne faut pas pour ceja chanter
vi�oire,' & s'imaginer n'avoir plus rien � redouter
de l'effet d'une vo�te ; attendu que toutes les par-
ties d'une conftru&ion ne prennent pas toujours
ΙεμΓ ai��ette fur le champ. On en a vu plus d'une
fois taffer encore quelque tems apr�s leur d�cin- ,
trement, "renverfer leurs pi�droits, ou bien les fra*
�urer, les l�zarder.
Quand la vo�te du d�me de Notre-Dame de la
Daurade � Touloufe mena�a ruine , il y a environ
une douzaine d'ann�es, ce fut imm�diatement apr�s
fon d�cintrement; fes piliers s'�cart�rent vers le
haut de zi pouces, & on n'eut que le tems de r�-
tablir les cintres pour pr�venir fa chute : mais il
y avoit d�j� 6 mois que la coupole de S. Philippe
4e Ne.rl� Turin �toit d�cintr�e, lorfquelle tomba
au commencement de ce fi�cle, & entra�na par fa
chiite tout le refte de l'Eglife.
Au reffe, les taffements des vo�tes diff�rent �
raifon de leur courbe, de leur appareil >de la charge
qu'elles doivent porter , foit fur leur clef, foit fur
leurs reims , foit fur leurs pi�droits : elles taffent
encore diff�remment f�lon la nature de leurs ma-
t�riaux : plus il y a de joints , plus il y aura de
compreffion & d'affaiffement : par cette raifon les
vo�tes en briques ou en moilons taffent davantage
que celles en pierre � caufe de leur plus grand nom*
-ocr page 85-
fS                         Cours
fcre de joints. Une vo�te conftruite de diff�rentes
fortes de mat�riaux, o� il y aura des cha�nes de
pierre avec des lunettes , & dont les intervalles fe-
ront b�ties, partie en briques, partie en moilons,
ou enti�rement en briques , op�rera de toute n�-
cei�it� des taffements difF�rens qu'il faudra pr�voir
lors de l'ex�cution,, pour les emp�cher d'agir en
d�fordre, & de former des l�zardes par la fuite.
Il n'eil gueres poffible d'�tre affur� d'avance?,
combien une vo�te pourra bailler pendant ou apr�s
fbn d�cintrement , � raiibn de la diminution de
fes joints, par la difficult� de conno�tre les difF�-
rens d�gr�s de compreffibilit� dont les calles &
mati�res qui y font introduites feront fufceptibles :
cependant il nousfemble qu'on pourroit appr�cier»
fans beaucoup d'erreur � la moiti�, la r�duction du
vuide form� par le total des joints des vouiioirs.
Ainii, en fuppofant que la fomme de l'ouverture
des joints fat�e 60 pouces, la totalit� de l'afFairTe-
ment, repartie f�lon tout le pourtour de la vo�te %
peut �tre eilim�e environ 30 pouces. C'eft pour-
quoi iil'on trace une vo�te de m�me diam�tre, dont
le ceintre ait 30 pouces de moins dans fon pour-
tour , on parviendra � conno�tre � peu de chofe
pr�s d'avance, quel fera l'aiFaiffement ou l'abaifle-
ment d'une vo�te vers fa clef, tant pendant fon
d�cintrement que par la fuite , lorfqu'elle aura
re�u enti�rement fa charge. Auffi , en conf�quence
de cet abaiffement, faut-il qu'un Architecle ait l'at-
tention de fur-hauiTerproportionellementune vo�te
pendant fon ex�cution , afin qu'elle ait la forme
qu'il d�iire apr�s le d�cintrement.
Tout ce que nous venons de dire ne regarde ait
furplus que les vo�tes b�ties en pierre de taille ; car
dans celles qui font enti�rement b�ties en briques,
/
-ocr page 86-
d'Architecture.          59
en molonnage, & avec de petits mat�riaux qui ont
peu de coupe, & dont la liaifon du mortier fait
toute la force, le d�cintrement n'a pas eu tant de
difficult�. Lorfque le mortier eft de bonne qua-
lit� & a fait fa prife, ces fortes de vo�tes font
en peu de de tems leur effet ; & ce nefl gueres
qu'en attendant qu'il ait pris corps & acquis la
confiftance n�ceffaire qu'on y met , foit des
cha�nes , foit des cercles de fer, pour contenir l'�-
cartement de leurs pi�droits ou du bas de la vo�te ;
mais ces pr�cautions, comme nous l'avons remar-
qu�, ne doivent �tre que de fur�rogation , pour
donner le tems � la vo�te de prendre fon faix , &
pour la eontenir pendant le d�cintrement, ou juf-
qu'� ce que le mortier ait produit toute fa prife.
Article XIIL
Des Ouvrages du Chevalier Wreen.
■ 'y.
On ne doit pas efp�rer de nouveaux progr�s
dans l'art de la conftruaiondes b�timents, tant que
ceux qui les dirigeront ne joindront pas � l'�tude
du Deffin & de la Pratique , celle de la G�om�-
trie & fur-tout de la M�canique, � l'exemple des
Ing�nieurs militaires & des Ponts & Chauff�es.
Combien en effet les travaux de ces derniers ne
fe reffentent-ils pas de l'influence de ces connoif-
fances ! Que d'ouvrages de fortifications ;& que de
Ponts admirables,�rig�s depuis environ une trentaine
d'ann�es, ne cite-t-on pas pour faire Irplus grand
honneur aux lumi�res & � la capacit� de ceux qui
les ont conduits ! Il n'y a que dans notre Archite-
�ure civile ? qu'il eft comme d'ufage de n�gliger
-ocr page 87-
6o                        Cour s Ί
abfolument l'�tude des Sciences & l'application de
leurs principes. Auffi combien peu rencontre t-on
ti �din*ces,dont la conftru�Hon foit v�ritablement rai-
ionn�e dans toutes fes parties, o� Ion ait envifag�
les diff�rents objets qu'elle embraffe fuivant tous
leurs rapports, o� l'on apper�oive que l'on fe foit
rendu compte des r�fif�ances � oppofer aux pouf-
lees des vo�tes, o� Ion ait eu �gard au poid que
lesdiff�rens mat�riaux �toient en �tat de porter,
pour fixer en conf�quence les dimmenfions des
points d'appui, o� l'on ait r�parti les groifeurs des
bois avec l'intelligence n�ceffaire, o� l'on ait fenti
la n�cef��t� de ne point employer le fer comme
moyen principal � l'effet d'affurer la dur�e dun
Edifice ; en im mot, o� l'on ne voye d'ordinaire
des routines fervir de bafe aux diff�rens travaux.
Auni d�s que la plupart des Architeftes veulent
innover, prendre un nouvel effort, entreprendre
quelque b�tiffe o� il faudrait des lumi�res fup�rieu-
res pour combiner avec jufTeffe leurs op�rations ,
& dans laquelle ils ne peuvent �tre guid�s par des
comparaifons ou des induftions avec des ouvrages
de m�me genre, on diroit des aveugles qui cher-
chent leur chemin en r�tonnant; on les voit chan-
ger, ajourer, revenir fur leurs pas, effayer fouvent
au milieu de leurs op�rations , de fe reaif�er par
toutes fortes de confeils, & enfin, ne venir � bout
de-leur entrepriie qu'� force ded�penfes, & qu'en
multiphant les fecours pr�caires, les crampons, les
liens de fer, ceft-�-dire, au d�pend de la dur�e
de l'Edifice.
On ne conno�t gueres que les Ouvrages du
Chevalier Wreen, Architeae Anglois , Auteur du
d�me de S, Paul de Londres, de l'H�pital de Green-
Vil�, & d'une multitude de Monuments qui embel-
-ocr page 88-
d'Architecture.            6�
Uffent la capitale de l'Angleterre , qui foient v�ri-
tablement raifonn�s pour la condruclion dans tous
leurs rapports, & capables de foutenir un f�rieuX
examen. L'on peut dire que ce font des chef-d'�uvres
de fcience, d'intelligence & de combinaifons, o� fe
trouvent r�uni au Supr�me degr� l'application de
la pratique & de la th�orie. �uffi eft-ce un de ces
hommes que l'Angleterre ne fe glorifie pas moins
d'avoir produit que les Locke & les Newton ; on y
remarque par-tout fon bufte en parallele avec ceux
des plus grands Philofophes de cette Nation. Pe >
fonne n'ignore qu'on lui accorda l'honneur exclu?.,
fif, ainfi qu'� fa famille, d'�tre inhum� dans le Tem-
piede S. Paul,le triomphe de fa gloire & de fes talens.
On ne lui fait qu'un feul reproche , bien rare
fans doute chez les Artiftes de nos jours , favoir,
d'avoir contribu� lui-m�me � nuire � fa r�putation
par une modeitie pouff�e � l'exc�s. Ce Fondateur
d'une nouvelle Ville, difoit il n'y a pas long-tems 5
le Docteur Maty, Secr�taire perp�tuel de la So-
ci�t� Royale de Londres, dans le Journal Britanique,
» auquel tous les Citoyens durent leurs Maifons,
» leurs Monuments, leurs Temjiles, �prouva cepen-
» dant leur ingratitude: une timidit� fatale l'emp�cha
» de fe concilier la faveur de ceux dont il arrachoir.
» l'eilime : il eut tous les talens , � la referve de
» cette libert� & de cette aiTurance qui les font vai-
» loir: il crut fans doute que tant de monuments de
» fon m�rite ,1e difpenfoient d'ajouter fa voix � la
» leur : cette modeilie outr�e efa�a l'�clat de fes
» travaux ».
Le Chevalier Steele, dans le Spectateur, en a voit
d�j� parl� � peu-pr�s fur ce ton en 1709, en don-
nant � Wreen, qui �toit alors �g� de 80 ans _, le
nom de Neftor , & � Londres , celui d'Ath�nes.
-ocr page 89-
6l                        fc O U R S
Apr�s avoir rapport� Je mot d'un Auteur Fran�ois,
que la modeitie eil � nos autres vertus , ce qu'eu
l'ombre � un tableau, il ajoute , que cette ombre
bien m�nag�e dans nos aclions fert � les relever ;
mais que, quand elle eft trop charg�e , elle nous
couvre bien plus qu'elle ne nous fait paro�tre �
notre avantage. « Ath�nes ( Londres) dit-il, en vit
» un trifte exemple dans la perfonne de Neitor : nul
» homme de fon ii�cle, ne fut plus habile dans fa
» profeffion , & n'en donna plus de preuves. S'il
» e�t poffed� cette honn�te hardieffe , cette con-
» fiance fi n�ce(faire pour fe produire, le public
» lui auroit rendu plus de juitice. Il fut un excel-
lent Architefte, & l'on peut dire qu'avant lui,
» on avoit ignor�l'ufage des pouvoirs m�chaniques.
» Il porta les chofes � ce point de perfection qu'il
» favoit, � un atome pr�s, le degr� pr�cis de pro-
» portion qu'il doit y avoir entre les fondements
» & �e corps d'un Edifice : fa fcience & fon exa��-
»■ tude � cet �gard alloient au prodige. Il en fit l'eiTai
» dans un b�timent ( 5. Paul) o� il fe propofa
» de joindre la plus grande magnificence � la plus
» grande fo�idit� : il y obferva les loix de la m�-
» canique avec tant de jufteiTe , que la maffe ne
» pouvoit porter que fon propre poid: c'�toit un
» chef-d'�uvre que tous les curieux de fon tems
» admir�rent. »
Combien nos conitrucHons font-elles �loign�es,
'..y en g�n�ral, d'une pareille perfection, & de m�riter
de femblables �loges 1
            i \ -
-ocr page 90-
d'Architecture.           63
Article XIV.
De la mani�re � allier la Pratique � la Th�orie^
pour d�couvrir les vrais principes
d'une Conflruclion.
Apres avoir expof�, en g�n�ral, les diverfescon-
fid�rations qu'exigent le m�chanifme des vo�tes, il
s'agit de faire voir maintenant quel doit �tre l'en-
cha�nement de toutes les parties d'une conitru�ion.
compof�e, & comment il eit � propos de faire mar-
cher enfemble la pratique & la th�orie , pour d�-
couvrir autrement que par routine ce qui doit
conilituer fa folidit� :
Le vrai moyen d'y parvenir , c'eit de faire en
quelque forte Fanatomie d'une conitru�ion , en fe
rendant attentif � tous fes rapports ; c'eit de con-
fid�rer de quelle mani�re les corps �lev�s les uns
au-deffus des autres peuvent agir � raifon de leur
poiition ; c'eit de s'attacher fur-tout � diitinguer
par le d�veloppement de l'appareil qu'elle peut
�tre la direction des pou iT�es, pour placer les r�-
fiilances trouv�es parles calculs dans les endroits
convenables ; c'eil de fe rendre compte, en un mot,
de la correfpondance de toutes fes parties, & com-
ment elles doivent concourir , par leur liaifon ou
relation, � fe pr�ter des fecours mutuels & capables
d'augmenter la force du tout enfemble.
Afin de fixer nos id�es , prenons pour exemple
la conitru&ion d'une coupole fur pendentif, &
voyons comment l'on peut fe conduire dans la
recherche des vrais principes, qui doivent eiTen-
�iellement fervir de baie � fa folidit� ; & apr�s les
%
-ocr page 91-
^4                      Cours
avoir d�termin�, nous en ferons remarquer lap�»
plication dans un des plus beaux Ouvrages en ce
genre.
                                                   °
Des Principes qui conftituent en g�n�ral
la folidit� d'une Coupole fur pendentif
Planche L XXX XI.
Une Coupole fur pendentif eft compof�e de
deux plans , plac�s l'un au-dei�us de l'autre �
la rencontre des bras de la croix d'une Eelife
Le plan fup�rieur eft un cercle , & le plan inf�-
rieur eft un quarre ou un o�ogone d'ordinaire
irr�gulier. Le premier plan eft infcrit dans le
f�cond, c'eft-�-dire, ne rencontre,celui-ci qu'en
quatre points, Α, Β, C , D , %. I, foit au milieu
des cotes du quarr� , foit au milieu des grands
cot�s de l'oftogone, de forte qu'il refte entre
les deux plans quatre vuides triangulaires E. Or,
les c�t�sdu quarr� , ou les grands c�t�s de l'o-
ctogone �tant commun�ment perc�s par les vo�tes
des bras de la croix d'une Eglife , il s'en fuit que
par fa pofmon, le plan fup�rieur ou le tambour
dune coupolefe trouve plac� pr�cifement fur la
clef des vo�tes, formant la r�union des bras de
la croix, & en porte-�-faux furies vuides trian-
gulaires , o� Ton pratique des vouffures en en-
corbellement , nomm�s pendentifs s pour unir en^
ferableles deux plans.
Par conf�quent, il y a � confid�rer, dans l'exa>
men dune pareille conftru&ion, plufieurs chofes
ei�entielles ; d'abord les deux plans, favoir , Fin-
teneur compof� des quatre gros piliers, F , can-
tonn�s aux angles des bras de la croix dans le
bas de l'Eglife , lefquels forment, par leur dif*
pofi�ion,
§
-ocr page 92-
d'Architecture;            6f
pof�uon , tm quarr� ou tmoaogone irr�gulier; puis
le pian fup�neur, qui eil celui de la Tour ou' de
la Coupole proprement dite ; enfuite les points de
rencontre communs aux deux plans A, Β , C, D;
& enfin le pendentif Ε , qui'eil interm�diaire en-
tre les deux plans, & qui op�re leur r�union dans
prefque tout le pourtour. Examinons f�parement
ces diff�rents objets , & voyons quels doivent
�tre leurs rapports eu �gard aux principes de la
ibiidit� , qui ne font que l'application pratique des
loix de l'�quilibre & de la pefanteur.
Premi�rement, une Coupole fur pendentif �tant
couronn�e par une grande vo�te fph�rique ou
fph�roide , & cette vo�te exigeant n�ceifairement
des pi�droits en rapport avec fa pouff�e , il eil
naturel de s'attacher avant tout/, � fixer les dim-
menfiohs des fupports du plan fup�neur ou de la
Tour, & ce ne fera qu'apr�s les avoir d�termin�es,
qu'on parviendra � fixer celles du plan inf�rieur,
ou des gros piliers du D�me. Ainfi, le diam�tre
Λ C, fig. I de la Tour �tant fuppof� connu y de
m�me que �a nature de fa vo�te A , fig. II, fou
�paiffeur vers la clef Β 3 �a hauteur de fes pi�droits
Ε Ε, les diff�rents poids dont la vo�te A ou les
pi�droits EE poncroient �tre charg�s, foit que
Ion couronne la vo�te du D�me par une
charpente , comme- dans une moiti� de la
fig. II, foit qu'on �lev� cette vo�te de mani�re
�^ porter directement la lanterne ; on fait qu'il eil
aif� , par les principes �tablis de la m�chaniqne,
de,trouver'la r�fiftance en �quilibre avec la pouf-
f�e dans tous les cas ».c'eft-�-dire, l'�paiffeur
qu'il conviendra de donner aux pi�droits Ε Ε ; foit
qu'on veuille taire lefdits pi�droits d'�paif�eur uni-
forme , comme on le voie exprim� en G , fig. I ,
Tome FI.
                                         Ε
\
-ocr page 93-
Cours
clans uB quart du plan de la Tour ; fok qu'on
veuille admettre des contreforts H, comme dans
l'autre quart dudit plan , ou comme il eil expri-
m� dans le profil FF, fig. II j de forte qu'en adjou-
taftt environ un 6e au-del� de l'�paifieur trouv�e ,
on fera Ά^ΧΙΐ^ d'obtenir la force convenable fui-
vant les circonftances. Par conf�quent F�paifTeur
ju mur 0 ow des contreforts H de la Tour d'un
D�me, ne fauroit �tre d�termin�e arbitrairement,
tuais elle doit l'�tre par les principes des loix de
j'�quilibre & de la pefahteur ( ι ).
Secondement , F�paifTeur des pi�droits FF,
�a. Il, �tant trouv�e s pour d�terminer les rap-
ports du plan inf�rieur , il faut faire attention que
Je plan fup�rieur ne rencontrant l'inf�rieur qu'au
milieu de fes grands c�t�s ou de la clef des arcs
Q cette clef & l'arc dont elle fait partie, doivent
�tre regard�s comme un point d'appui capital,
puifqu'il eil le feul commun aux deux plans. Or,
qu'eft-ce. qui peut conftituer la force d'un pareil
arC G ? N'eft-ce pas d'avoir une largeur de pi�droit
j| \, fig. Π » ou Κ L , f�g. I, en correfpondance
avec r�paiffeur trouv�e du bas de la Tour , y
(ι) Il faut avouer cependant que les Architectes font ra-
rement en �tat d'appliquer ces principes. Ceux qui ont
ex�cute jufqu'ici des Coupoles , � l'exception peut-�tre du
Clievaliei' Wre�n , ne fe font gueres ferv�s que de comparai-
ions ou d'approximations , avec les conferuelions en ce genre
ex�cut�es pr�c�demment ; lefquelles approximations indiquent
oue l'on peut donner d'�paiiTeur uniforme � la Tour d'un D�me
ou aux fupports d'une vo�te demi-fph�rique., environ le 10e de
fon diam�tre int�rieur , quand elle ne doit porter qu'une feule
vo�te, '&■ 's 7 ou 8 e de ce meine diam�tre � l'�^paiiTeur des
des cas.
-ocr page 94-
d'Architecture.           67
compris ion empattement, & en outre une �paif-
feur de pi�droit 1 L , fig. i, en �tat de contrebuter
le fardeau, de la portion de la Tour qu'il foutien-
dra fur ion fommet ? Les r�gles de la folidit�
n'exigent-elles pas encore de conftruire cet arc
G , fig. i� , en pierre dure, de m�me que fon
pi�droit H I , de lui donner d� plus une certaine
�paiffeur vers la clef, & enfin de garnir bien exa-
ctement fes reins , en y prolongeant la queue des
vouffoirs pour les fortifier convenablement?
La plupart de ces conf�d�rations fontr�latives
la pratique , & au raifonnement � la fois ; il n'y
a que F�paifTeur I L aes pi�droits, fig. I , qui re-
garde la th�orie, & qui ait befoin d'�tre d�termin�e
par les calculs , eu �gard aux circonflances loca-
cales de la poikion de la Coupole fur l'arc & mu
le pilier ; lefquelles circonflances , comme Γοη
«* f�ait, font fufceptibles de modifier cette �paiiTeur,
fuivant que le pilier F-peut-�tre roidi par les difc
f�rents corps de ma�onnerie qui y feront �lev�s.
Ainii donc 5 le pilier 'F doit �tre principalement un
r�fuitat de la largeur du bas de la Tour avec (es
empattements, par la pouff�e des arcs qu'il fou-
tient, & qui portent une partie de la Tour fur leur
fommet. "��,.'
                "                     ,;'>.,\ .,,/.
Troifi�mement, comme les deux plans du D�me
font f�par�s par des corps interm�diaires , ou
pendentifs qui forment leur r�union ? il "refaite
que la Tour, qui fera en grande partie port�e far
ces pendentifs, exercera encore une aclion vers les
piliers F, les arcs & leurs parties adjacentes, � raifon
de la coupe de leurs voui�birs ; c'efl pourquoi,
pour parvenir � conno�tre cette a�tion & les
r�fiftances � lui oppofer, il eft donc indifpenfable
de recourir � la mani�re d'�tre d'un pendentif.
)'.'■'''■■"" ' ■-■'■ '". ' s
-ocr page 95-
6$                          COU R S
■■D�veloppement de l'appareil dfim~ Pendentif.
Nous avons dit, ArticU Π, que le feui
-moyen de conno�tre Taclion d'une vo�te quel-
conque , �toit de fe rendre compte de fon appa-
reil, & que c'�roit la tendance de la conpe de
fes vouf�birs , qui d�terniinoit toujours o� il con-
venoit d'oppofer des tefiftances � fa pouf�ee. Par
cons�quent, en analyfant quelle doit �tre la difpo-
iition des vouf�birs d'un pendentif, on fera donc
auffi affure de la direction de fon eiForr.
Si l'on fuppofe une vo�te demi-fph�rique abc,
fig. III, c'eil-�-dire, circulaireen plan & en �l�-
vation , tronqu�e d'abord parall�lement � fa bafe
b c vers fa partie fup�rieure, de maniere � enle-
ver une calotte a , & coup�e enfuite perpendicu-
lairement � cette m�me bafe b c,par quatre murs <*
droits <έ)β9/, g, formant un quarr�, dont les
«c�t�s foient des tangentes � la calotte ^ enlev�e 5
chacune des quatre portions triangulaires h , qui
relieront de la vo�te demi-fph�rique ainf� trom-
qn�e <k coup�e, eil ce qu'on appelle un pen-
dentif..
Souvent dans les coupoles de quelque �ten-
due , on coupe encore chaque angle du plan du
quarr�, par un autre mur vertical kl, pour r�-
duire le quarr� en un oclogone d'ordinaire irr�-
gulier ; ce qui diminue en ce fens le diam�tre de
la vo�te demi-fph�rique , & fortifie d'autant le
pendentif, en rapprochant de fa faillie le pi�droit
ou pilier qui lui e�l adof�e.
De cette difpoiition du pendentif, il s'enfuit
clairement que fes vouf�birs ne peuvent avoir
d'autre diteftion que celle de la vo�te dont il
-ocr page 96-
d'Architecture.           �&
fait partie. On f�ait que, quand une vo�te demi-
fph�riqne eil ifol�e fur fes fupports , il eil indif-
penfable de faire tendre la coupe de fes vouiToirs.
vers le centre commun, qui eil. toujours d�ter-
min� par la rencontre de l'axe de la vo�te avec
fon diam�tre, pris � fa naifl�nce , & que, quand,
au contraire elle eil engag�e entre {qs pi�droits,.
& que {qs reins font garnis, il faut en outre de,-
la tendance de la t�te des vouiToirs vers le centre-
commun,, prolonger encore leur queue horifon«
talement pour les r�unir avec le pi�droit, en ob-
fervant de diriger leurs joints montants-en : plan
vers l'axe de la vo�te. Or, un pendentif,, par fit
mani�re d'�tre , eil exa&ement dans ce cas ; c'eit
une portion de vo�te demi-fpfo�rique identifi�e
avec fon pi�droit, & dont les reins font garnis-
Cela �tant, tous fes, vouftoirs: doivent , non-feu-
lement tendre auiTi par leur t�te vers le centre
commun de la vo�te, qui eil fon principe; mais
leur queue doit de m�me fe prolonger en enties
dans la m�me direction ^ tant quelle ne trouvera:
pas dObikele (�),.
Telles font en g�n�ral les. raifons fondamen-
tales de.l'appareil d'un pendentif, & quipeuveht-
d�cider de fon a&ioii. Quand, le plan, d'un Dame
',.(J ) Quoique tous les exemples de �D�me faiFe foi', qu'on-
» appareille point leu�s pendentifs autrement en cette-c�rconf-
tance, on powFoit cependant-les appareiller auffi en trompe,
dont tes. vouiToirs appamcndrqient dans., leur �l�vation � des;
courbes convergentes vers un centrej;omrnun j mais comme ils
rcc
tre-.
\2n ,en. P*an > *-OK en �l�vation , on pr�f�re avec r�ifon pour
nnteret de la bonne conilmclion.i'appareil que nous venons d�t
d�crire.»
-ocr page 97-
ηο                        Cours i
ainfi port� eil quarre , le pendentif offrant alors
la forme d'un vrai coin,tant en plan qu'en �l�vation,
fort effort & par conf�quent celui de la tour dont il
ei� charg�, ne fauroit manifeftement fe faire que
contre les c�t�s du quarr� ou des vo�tes des nefs ,
& celui qui s'op�re vers l'angle du pilier oit la
pointe inf�rieure du coin merite peu de conf�d�ra-
tion. Mais, iorfque les angles dii quarr� font cou-
p�s pour former dans le bas d'un d�me un oclogo-
ne irregulier , alors les petits c�t�s k l fervent en
partie de pi�droits 'aux pendentifs , diminuent fa
faillie, augmentent la force des piliers , & les met-
tent en �tat de partager de concert avec les grands
c�t�s ou les vo�tes des nefs la pouff�e du pen-
dentif. Comme ce dernier proc�d� eil: celui dont
on fait principalement ufage dans les Coupoles un
peu coniid�rables , nous nous y attacherons prin-
cipalement.
En fe rendant attentif � f�pure du pendentif,
d�taill�e particuli�rement dans les figures IV, V ',
.VI & VIL Planche LXXXXI, & � la-relation &
tendance de fes voui�birs, tant en plan qu'en pro-
fil & en �l�vation, il fera aif� de reconna�tre l'ap-
plication des principes expliqu�s ci-deffus.:. ■�
A� C DE, flg. IV & V,�# la portion triangulaire
de la vo�te demi-fph�rique j reil�e apr�s les deux
ferions .paralleles & verticales.
BB,  eil: le mur vertical rangeant � la calotte
enlev�e, lequel eft ici fuppof� ouvert par un grand
arc A plac� � la rencontre des vo�tes des bras de
la Croix.Ίχ '
                        '.;,'' '
BC,  efl le pan-coup� ou le petit c�t� de l'octo-
gone , fait pour diminuer plus ou moins, 1a faillie E
du pendentif, & pour partager fou effort avec les
grands c�t�s Β Β.
                                       , %
-ocr page 98-
d'Architecture.            71
IE, prolongation de la queue des-vouffoirs du
pendentif,tendarit vers Taxe GH de la vo�te,fig. V U.
E, Profil des voiu�oirs du pendentif figure V�* -
dont la t�te tend versie centre commun G, & dont
la queue F eil retourn�e parall�lement, pour s'i-
dentifier avec le pi�droit BC ou le petit c�t� de.
lO�ogone qui lui eil adoff�.
Ainfi l'appareil d'un pendentif �tant affervi � ces
d�terminations , & �tant bien d�cid� ne pouvoir1
diff�rer de celui d'une vo�te demi-fph�rique dont
les reins feroient remplis , il eu. confiant qu'il doit
agir de la m�me maniere , c'efl-�-dire, avec ime
pouff�e uniform�ment excentrique contre fon pi�-
droit BC, δε qu'il continueroit d'agir de m�me vers.
les grands c�t�s BB, fi ceux-ci par leur rencontre »
en coupant les queues des vouffoirs du pendentif,
ne les obligeoient de changer de dire&ion pour fe
relier avec eux ; de fa�on que-, par cette difpofi-
�ion , l'effort du pendentif a.n�ceffa�rementdeux
avions , l'une lat�rale contre les grands cot�s de
l'oclogone BB, ou�es bras de la croix, Tautre ex» '
centrique contre le c�t� ΒC. D�veloppons f�parer
ment ces deux avions , pour qu'il n'en fubfiffe au-
cun doute y & pour d�cider la r�fiilance qu'il cor^
vient d'oppofer � chacune.
De la maniere d'agir .d'mv Pendentif.
L'action- lat�rale agiffant le long des. murs BB^
& CD, fig. V, qui font perc�s- d'ordinaire par
les arcs A qui forment la r�union des bras de la
Croix , tendra n�ceiTairement � caufe de la iorme-
triangulaire du pendentif, tant en plan qn'en�leva-
tion, & de la forme particuli�re de chaque voufFoiiv,
� �carter les c�t�s AB, CD, ou les arcs A contre:
'E iv
-ocr page 99-
72                        Cours
�efque�s font bandes en plan 'circulaifement, les
t�res des vouffoirs'fup�rieurs E du pendentif.
Pour fe convaincre de l'exiftence de cette aclioiij
il fui��ra de faire r�flexion, que chaque vouffoh>
�t#nt par Ton plan dirig� vers l'axe du D�me ? eit
n�ceffairement plus large du c�t� du pilier 1 que
fur le devant E de l'encorbellement, fig, V, & que
par fon profil, fa t�te E,rig. V� & VIII, � caufe
de fa tendance vers le centre commun G, f�g. Vil,
forme une efpece de croffette ou de plan inclin�
dans toute la hauteur du pendentif. Il faut encore
faire attention que les vouffoirs du pendentif qui
font directement oppof�s � la face du pi�droit BC
fig. V, ont leur queue prolong�e librement dans
l'�paiffeur du pilier I pour s'identifier avec lui ;
mais qu'au contraire, la queue des voui�birs qui
avoifinent les arcs , eil oblig�e de changer fa dire-
ction centrale , & de fe retourner fi�vant la dire-
ction KK , LL, pour fe lier avec les vouffoirs
des arcs A, 'A ; tellement que les vouffoirs du pen-
dentif &' des arcs deviennent communs � leur ren-
contre.
Suivant cette maniere d'�tre des vouffoirs, il eil
maintenant aif� de comprendre comment fe fera
Faclion lat�rale. Le fardeau de la Tour Τ flg. VI >
en pefant en bafcule fur la faillie du pendentif,
tendra de toute n�ceffi�� � faire mouvoir fuivant
l'inclmaifon , ou � attirer les vouffoirs fup�rieurs
en devant, � raifon de leur coupe Ε , de fa�on que
chacun ne pourra �tre retenu en fa place qu'en
agiffant par fes flancs contre les vouffoirs voifins »
ou ce qui revient au m�me, qu'en faiiant, de c�n-^
eert avec eux» un effort lat�ral pour �carter les
arcs , ou plut�t pour les pouffer en-d�hors dii c�t�
des �iq�s (ce qui eil tr�s-important � remarquer)
-ocr page 100-
d'Arc hitecture.             71
fuivant la longueur des joints des voui�birs KK,
LL, fig. V. qui font eux-m�mes partie des extr�-
mit�s du pendentif. Ainii, voil� donc les arcs des
nefs oblig�s bien d�cid�ment de contrebuter l'effort
lat�ral du pendentif: or, comme ces arcs font pouf-
fes dans cette direction, non fuivant leur courbe
o� r�fide leur force, mais par leur t�te dans tout
leur pourtour , c'eil-�~dire, del� maniere la plus
d�favantageufe , 6k dans un fens o� ils ne fauroient
oppofer d autre r�iiilance que celle du frottement
des lits de leurs vouffoirs, lequel eil toujours con-
fider� comme peu de chofe dans la pouff�e^ des
vo�tes , il refaite que ces arcs ont eux-m�mes
befoin d'�tre fortifi�s pour pouvoir s'oppofer effi-
cacement � l'aclion du pendentif.
Mais il y a plus ; puifqu'on doit �lever une
Tour de D�me MM, fig. IX , tant fur les arcs que
furies pendentifs , il y a encore � confid�rer Ya�ion
excentrique du ventre du bas de la Tour, vers le
vuide des nefs, laquelle agira femblablement contre
les arcs pour les pouffer en dehors : cela ne pouvant
�tre autrement, il s'enfuit que tout le fucc�s d'une
pareille conflrudion doit d�pendre en grande par-
tie de la folidit�defdits arcs &dela r�fillance qu'ils
oppoferont. Les moyens que fart indique, eil de
conilruire derri�re les arcs en queflion, de groffes
vo�tes en berceau fans interruption dans toute la
longueur des nefs ou des bras de la croix, pour
faire l'office d'un efpece d'arc-boutant demi-cilin^
drique pof� horifontalement, &bien appuie �fon
extr�mit� oppof�e au pendentif, par un mur d'une
�paiffeur capable de fervir de pilier-butant � fon
effort lat�ral, combin� avec celui de la Tour. Il
eil manifeile que toute autre figure de vo�te qu'en
berceau n'envelopperoit pas le contour de Tare, &
-ocr page 101-
74 '                     Cours
ne f�roit pas aui�� direft � la pouiT�e du pendentif*
que» comme cettea&ion doit �tre tr�s-confid�ra-
ble , il eil important de ne rien d�rober de la
force de cette vo�te , & de fe bien garder d'inter-
rompre fa prolongation en arc-boutant jufqu'� fou
pi�ier-butant.
A ces raifons tir�es de la maniere d'�tre d'un
pendentif & de fa, conftitution phyiique , fi l'on
joint l'examen des faits, on trouvera qu'ils font
tous d'accord avec le raifonnement & la d�mon*
ftration. Il n'exiite point de coupoles de quelque
�tendue; , & m�me point de calottes , ou de Am-
ples culs-de-four fiirpenden�if, fans groiies vo�tes
en berceau continu fur toute la longueur �es
nefs ou des bras de la croix ; & l'appareil prouve »
avec les autres raifons d�duites ci-devant, que
c'efl une condition fans laquelle ces fortes d'Ou-
vrages ne fauroient fubiifier ave«' une apparence
de folidit�, Il n'y auro�t que le cas y o� l'on
auroit tr�s-peu de faillie de pendentif, joint �
line tr�s-grande largeur d'arc & de pi�droit que
Von pourroit s'en parler, parce qu'alors le plan
du bas du D�me approchant d'un oclogone r�-
gulier 9 & le pendentif devenant peu coniid�ra-
b�e , fa conilrudion diff�reroit peu de celle d'un
D�me montant de fond , qui n'a pas befoin d'�tre
fortifi� par les vo�tes des nefs. ^
-, ; Nous avons oubli� d'obferver que, comme l'are
qui porte directement fur fon fommet une partie
(de la Tour d'un D�me , a befoin d'avoir plus d'�-
paifTenr que la vo�te de la,nef, qui η'eil deilin�e
qu'� le contreventer ; il �toit d'ufage de faire ref-
fauter la vo�te derri�re l'arc en contre-haut, foit
d'un clemi-pilailre, foit d'un pilailre entier, foit
feulement d'un fixi�me de piiailre. V. f�g. X ,
-ocr page 102-
d'Architecture.            7f
exprime cet arrangement qui eft tr�s-bien raifon-
n� , en ce qu'au moyen de ce reffaut, on �lev�
la vo�te de la nef Y , vis-�-vis la pouff�e du pen-
dentif, laquelle fe fait principalement vers le
haut de la clef A de l'arc. Car fi l'on s'�toit avif�
au contraire de faire le reffaut V en contre-bas*
comme dans la f�g. XI, alors la vo�te Y , defti-
n�e � fervir d'arc - boutant , fe trouveroit mife
au-deffous de la pouff�e ; elle ne rempliroit pas le
but que l'on fepropofe, fuivant l'arrangement ufit�.
Nous avons infift� fur ce fujet , parce que ,
malgr� toutes les pr�cautions que Ton a coutume
d'apporter pour fortifier les arcs contre l'effort
lat�ral des pendentifs, il eft n�anmoins tr�s-dif-
ficile d'y r�uf�ir. On lit dans une Difcertation
Italienne ? imprim�e par ordre du Pape Beno�t X1V5
& compof�e par les Ρ P. Lefeur , Jacquier &
Bofcovich, � l'occafion des l�fardes de la Coupole
de Saint-Pierre de Rome , que les arcs de la ren-
contre des bras de la croix de prefque toutes les
Coupoles de cette Capitale » bien que fortifi�s par
de groffes vo�tes, font n�anmoins- en mauvais
�tat, & ont beaucoup foufferts de l'aftion lat�rale
du pendentif : telle eft l'�num�ration que ces
S�avans en ont publi�.
l°. La Coupole de Saint-Andr� �clla. Valk , a
fes quatre arcs rompus.
2°. La Coupole de Saint-Charles � Catina� , a
fes quatre arcs rompus.
3°. La Coupole de Saint-Charles du Cours , a
fes quatre arcs tout-�-fait brif�s.
4°. La Coupole du Jefus , a deux de (qs arcs
tr�s-endommag�s.
5°. :La Coupole de Sainte-Agn�s, a l'arc du
c�t� du portail rompu, r
                     , ,.� ;
-ocr page 103-
?�                         Cours
6°. La Coupole de Saint-Jean des Florentins,
a trois de fes arcs rompus.
� 7°. La Coupole du Saint-Sauveur, a deux de
fes ares rompus.
8°. La Coupole de l'Eg�ife-Neuve, a fes quatre
arcs rompus�
9°. La Coupole d�lia Madona d� Mojhv % a fes
quatre arcs rompus.
io°. La Coupole de Saint-Roch , a fes quatre
� lares rompus.
ii°. La Coupole de Saint-Luc, a trois de (es
arcs endommag�s.
12°. La Coupole d�lia Madona del pop oio , a
tous fes arcs briies.
En voil� plus qu'il ne faut pour prouver, &
par l'appareil y. & par les faits que l'avion lat�rale du
pendentif contre le vuide des nefs eil indubitable.
PaiTons maintenant � l'examen de celle qu'il exerce
contre le pilier r vis-�-vis du petit c�t� Β C^
fig. V, & de la force dont il a be�bin pour r�fifter
dans cette direction.
Ayons encore recours � l'appareil du penden-
tif pour cette d�termination. On y remarquera que
■ le pendentif n'�tant, comme nous l'avons d�mon-
tr� , qu'une portion de vo�te fph�rique tronqu�e
& charg�e en bafcule par la tour, Faition de la
pefanteur n'agira pas feulement par fa partie fit-
p�rieure E , f�g�. VI, mais encore par fa retomb�e
C contre la face du pilier Β C , qui lui fert de
pi�droit, & d'o� il tire fa naii�ance, tant � caufe
de la tendance de la t�te de tous (es vouffoirs
dans tonte fa hauteur vers un centre commun ,,
qu'� caufe de la pl�nitude de (qs reins, qui, en
■ l'identifiant avec le pi�drok , reporte de toute
n�cei��t� fori centre de gravit� en dedans dudit
-ocr page 104-
d'Architecture.            77
pi�droit. Plus le premier point E fera �loign� du
f�cond C , c'enV�-dire , plus le pendentif aura de
faillie , ou ce qui revient au m�me, plus le bras
de levier fera long , plus conf�quemment il s'op�-
rera d'effort contre la naiifance Β C Cela �tant
fans aucun doute, ce ne feroit donc faire la chofe
qu'� demi, que de fe borner � fortifier le pendentif
par le haut ; & il neft pas moins effentiel de le for-
tifier aufii � fa retomb�e , c'eil-�-dire , d'augmen-
ter l'�paiiieur du pi�droit en cet endroit, � raifon
de l'effort qu'il aura � foutenir.
Enfin , fuppofons pour un moment,, que l'�-
paiffeur du pilier au droit de fon pli ne f�t que
la moiti� de la faillie du pendentif; pour juger de
l'effet qui en r�fulteroit, il fuffiroit d'imaginer un
profil , fig. IV. au droit de ce pli, fuivant la
c�ireaion centrale R R, alors l'�pai�eur du pilier'
C Q �tant r�duite � celle CP, il n'y auroit per-
sonne qui, avec feulement quelque connoiffance
-des rapports d'un def�in , ne f�t en �tant d'ap-
pr�cier le peu de correfpondance entre le haut
FE, & le bas Ρ C d'un pareil fupport, & que
le pendentif ayant vis-�-vis fa naiffance une fois
plus de faillie que d'�paiffeur de pi�droit, fa&ion
du, pendentif, augment�e par la pefanteur en
bafcule de la Tour, agiroit d'autant plus puif-
famment contre cette partie foible pour la rom-
pre , quand bien m�me les arcs auro�ent �t� for-
. tifi�s par de gro�es vo�tes.
lieft d'autant plus important de fortifier dire-
�tement en cette circonftance le pilier, qu'il ne
fauroit �tre fecouru par un arc-boutant. Car un
arc-boutant par fa nature , ainii que nous l'avons
fait voir page il, figures III, IV & V , Planche
LXXXVU, n'a �u'une force repou�ante, & n'eit
-ocr page 105-
*78            ��             Cours
fait que pour reporter la pouff�e de la partie fti-
p�rieure d'une vo�te ferm�e vers un lieu plus op-
portun. Or, contre une action en baffecule , il eil
befoin au contraire d'une force foutenante ; par
cons�quent il n'y a donc d'autre moyen de folider
le pi�droit d'un pendentif , fuivant la direction
centrale, qu'en lui donnant un volume capable de
fe fuffire� lui-m�me , de mani�re � faire � la fois
l'office de pile & de cul�e ; & c'eil la raifon
pour laquelle on eil d'obligation de donner une
force aui�i coniid�rable aux piliers des Coupoles
fur pendentif.
                                                           /
On peut parvenir par les calculs , � appr�cier
qu'elle doit �tre l'�paiffeur d'un pilier deilin� �
s'oppofer' � l'effort en baiiecuie d'un pendentif,
charg� de la partie de la tour qui lui correfpond j
cependant il eft rare qu'on ait befoin de cette
fp�culation , vu que , quand on a donn� au pilier
une largeur & une �paiffeur convenable , tant
pour porter l'arc qui foutient le bas de la Tour
vers fon fommet, que pour le contreventer , cela
procure une maffe au pilier plus que fiimTante en
pareil cas. C'eil pourquoi nous nous bornerons �
obferver qu'il n'y a pas d'exemple o� le pilier
n'ait d'�paiffeur , fuivant la direction centrale
du D�me , dans l'endroit le plus foihle, qui eil
d'ordinaire la rencontre du grand & du petit c�t�
de l'o&ogone , au moins le double de la faillie du
pendentif. Aux D�mes des Invalides, du Val-de-
Gr�ce & de Saint-Pierre de Rome , l'�paiffeur
des piliers vers ces endroits eil de pr�s du qua-
druple. ' :
S� Ton s'efl rendu attentif � la mani�re dont
nous avons proc�d� dans la recherche des r�gles
fondamentales , qui peuvent d�terminer la con-
-ocr page 106-
d'Architecture.             79
ftru�ion d'une Coupole fur pendentif, on a d�
s'appercevoir qu'aucun de fes rapports n'a �t�
fix� arbitrairement, que la pratique & la th�orie
ont concouru � la fois � juilifier ies dirnmen�ons
refpe�tives que doivent avoir la Tour, les gros
piliers , & les parties adjacentes dans le haut de
l'Eglife ; & qu'ainfi tout i� trouveroit port� na-
turellement , fans le fecours d'aucun moyen pr�-
caire, & par conf�quenr de la mani�re la plus
propre � garantir la dur�e d'un pareil ouvrage.
Enfuivant cetteroute , il fera toujours aif� ded�^
couvrir les principes conilitutifs d'une coniiruc�ion
quelconque : il n'y a qu'� confulter fon appareil ,
examiner la tendance � agir des corps fiip�rieurs
vers les inf�rieurs ; placer aux endroits indiqu�s
les refiftances trouv�es par les calculs , eu �gard
aux circonftances locales de la pouff�e des vo�tes,
& des diff�rens poids fufceptibles de la faire va-
rier ; concilier , en un mot, fans ceife la pratique
avec la th�orie & le raifonnement, afin qu'il en
r�fulte un accord du tout avec les parties , & des
parties avec le tout ; & alors l'on pourra fe flatter
d'avance d'op�rer une b�tiffe avec toute certitude
pour fon fucc�s.
Defcription del� conftrucHon du D�me du Wal-
de-Gr�ce, PL LXXXXII& LXXXX��L
Pour faire voir que les exemples font d'accord
avec les principes que nous venons d'�tablir , fai-
fons-en remarquer l'application dans l'ex�cution
d'un ouvrage de Fran�ois Manfard , qui n'eft pas
moins admir� des Connoineurs pour fa conflru-
�ipn ; que pour la beaut� de fon architecture.
On voit dans la Pi. LXXXXiI, les deux plans
de cette Coupole.
-ocr page 107-
SO                    '\ι C O U RS                      |
La fig. I, eit le plan de la moiti� de la Tour*
Son diam�tre eil 51 pieds : elle eil �clair�e par feize
croif�es A, & fortifi�e par autant de contre-forts
Β de 8 pieds \ d'�pauTeur, entre lefquels eil un
mur d'environ 4 pieds. Ces contre-forts font peu
�cart�s, afin que , comme ils font appliqu�s � un
plan circulaire , Tare en d�charge de l'un � l'autre
au bas de la grande vo�te , puiife �quivaloir pour
la force � un arc qui feroit fur un plan droit. Π
regne tout au pourtour un foubaiiement C, 'aux
quatre coins duquel s'�l�ve des lanternes D ,
pour* �clairer des efcaliers.
                             ,
La fig. II, eil le plan de la moiti� de l'Eglife 9
qui coniiite en une iirnple nef Ε , accompagn�e
de Chapelles F , au bout de laquelle eil le D�me
G, dont le plan du bas eil un octogone irr�gu-
lier y le pendentif H a 4 pieds ~ de faillie au-
devant des petits c�t�s de l'octogone , qui lui
fervent de pi�droits : le pilier I a en retour de
la nef environ 10 pieds de largeur, fur pr�s de
24 pieds d'�paiifeur : Κ eil l'entr�e de l'Eglife
Les trois autres arcs L font termin�s en plan
> circulairement , & fe confondent avec les murs
pourtours : enfin , au milieu des piliers I, on a
pratiqu� des Sacriilies M , avec des tribunes au-
deflus.
Nous avons ponctu� la continuation du plan
fup�rieur fur celui-ci, afin de faire juger de la
correfpond�nce de toutes leurs parties. On y ob-
fervera qu'il y a huit contre-forts de la Tour, dont
Ja faillie porte imm�diatement au-del� des pen-
dentifs fur les maffifs des piliers , ce qui contri-
bue � lier enfemble les deux plans, & que les
huit autres contre-forts portent en plein fur les arcs,
& qu'ainfi aucun d'eux n'eu port� furies pendentifs.
La
.**
-ocr page 108-
D* A'R e HITECT�R�.            §�
La Planche.LXXXXIil, repr�sente un profil
�!� FEglife & du D�me, pris fur fa longueur,
dont l'�l�vation fe trouve dans le volume des
planches pr�c�dent , PI, LIL Tom. III» La vo�te
du D�me eil prefque plein-cintre , fa partie fu-
p�rieure eil b�tie en briques , & a i^ pouces
d'�paiiTeiu* vers fa clef: fa partie inf�rieure eil en
pierre , & engag�e entre fes reins jufques vers la
moiti� de la mont�e, ce qui, en l'identifiant
avec fes pi�droits , augmente confid�rablement fa
force. Les pi�droits A ont 28 pieds de haut de-
puis la corniche du pendentif jufqu'� la naiiTance
de l� vo�te ; ils font charg�s d'un D�me de char-
pente , dont la pefanteur contribue encore beau-
coup � les roidir. Les contre-forts Β, qui flanquent
cette vo�te, �tant �lev�s jufqu'� la hauteur de la
moiti� de fa mont�e , contiennent par conf�quent
fa pouff�e le plus avantageufement poflible : l'arc
C eil conilruit en pierre dure s ainii que fon
pi�droit D, dans toute fa hauteur j & fa largeur eu
proportionn�e , de mani�re � porter f�paii��ur
du bas de la Tour avec {es empattements.
On 'obfervera qu'on s'eil bien gard� d'affoiblir
les reins de cet arc C par aucun perc�, ainfi que
le pi�droit D, afin de ne lui rien d�rober de fa fo-
�idit�.
La vo�te de la nef Ε eil en pierre ; elle a
environ 20 pouces d'�paii�eur; elle eil faite en
berceau , fans aucune interruption dans toute fa
longueur jufqu'au mur F du portail, qui a pr�s
de 7 pieds d'�paiffeur , pour lui fervir comme de
pilier - butant contre l'effort lat�ral du pendentif.
Cette vo�te fait un reffaut G en contre-haut der-
riere l'arc C, de la hauteur d'un demi-pilailre , &
cela afin de la mettre mieux � port�e de contre-
Tome VI.
                                        F
-ocr page 109-
§2                         Cours
venter dire&ement le haut du pendentif, o� fe fait
le principal effort.
Pour ce qui eft de lVoiori en balcule du pen-
dentif H, fa retomb�e eft fermement contenue
par une maffe cubique , qui embraffe toute reten-
due du pilier au droit de l'entablement de l'ordre
corinthien au-dei�tis des tribunes. Car on s'eft
bien gard� d'�vider le pilier vers cet endroit im-
portant ; par conf�quent le vuide des Tribunes &
r des Sacrifties ne fauroient nuire � lafoiidit� del�
Coupole.
L'appareil du pendentif, flg. IV, V , VI & VII,
PI. LXXXXI �>a apport � ce D�me ; c'eft lui que
nous avons eu principalement en vue dans fon d�-
veloppement ; le plan de la Tour, & celui du gros
pilier , font aui�� approchans les m�mes ; ainii 011
peut faire �iredement l'application de ce que nous
avons dit fur ce fujet � cette coftru�ion.
Les arcs Κ en vouffure qui foutiennent le
D�me , & l'effort des pendentifs vis-�-vis des
autres bras de la croix, ont 14 pieds d'�paifleur
vers leur clef, c'eft-�-dire, 4 pieds de plus que
�* l'arc C , qui eft appuy� par les vo�tes de*la nef y
ce qui η � pas �t� fait fansraifon ; le D�me �tant
ifol� vers ces endroits , l'Architefte a li� par l� ces
arcs avec le mur des bras de la croix, de ma-
ni�re � former, par leur �nfemble, des efpeces de
piliers-butans, fuffifa�lts pour r�fifter dans ces
directions,                      j , ".
Enfin, tout paro�t avoir ete parfaitement obvie
dans la r�partition des forces de cette conftru-
aion ; elle eft enti�rement d'accord avec les prin-
cipes que nous avons d�taill� ; tout y eft port�
fans liens de fer , & de la fa�on la plus propre
� l'�ternifer : auiTi n> remarque-t-on aucune le-
-ocr page 110-
d'Architecture.             8j '
zarde, ce qui eft bien rare dans �es ouvrages auf�i
compof�s; on diroit encore, apr�s 150 ans, qu'il
fort des mains des ouvriers. En appliquant les
calculs � la poiuT�e de la vo�te de cette Coupole ,
on trouvera feulement que dans l'ignorance 011
Ton �toit alors de la vraie refirlance � oppofer aux
vo�tes, la force de (es pi�droits a �t� outr�e ,
& que les contre-forts Β auroient pu, fans aucun
rifque, �tre r�duits au plus � η pieds , en conii-
d�ration de la pofition de la vo�te engag�e en
partie entre fes pi�droits, & de ce que ceux-
ci font beaucoup fortifi�s par le poids de la
charpente (i);& qu'en conf�quence la largeur des
arcs & des piliers du bas de FEglife, en retour de la
nef, ainii que leur �paiiieur , auroient pu �tre
diminu�s proportionellement.
(1) Nous donnerons par la fuite les d�tails de la charpente
<gui couronne cette Coupole.
TT ? :
Fij
1
-ocr page 111-
Cours
g»�
CHAPITRE IL
2?� �Λ MANIERE DE CONSTRUIRE
les Planchers en Briques y
dits
Vo�tes Plates.
JLies -Vo�tes plates font originaires du Rouffillon ,
o� l'on s'en fert depuis un tems imm�morial, pour
vo�ter les Eglifes , les Dortoirs des Maifons reli-
gieufes , les Granges, &c. Ce n'eil que depuis
environ 35 ans qu'on a adopt� cette m�thode
dans plufieurs de nos Provinces de France, &
qu'on a effay� de fubiiituer ces fortes de vo�tes
aux planchers de charpente dans les b�timents
ordinaires.                                                    ,
On les appelle Vo�tes plates , parce quelles
font furbaiff�es au point d'imiter les plafonds ,
fans exiger n�anmoins pour cela des murs plus
�pais que de coutume. II. n'eft pas douteux que
leur ufage ne puiffe �tre tr�s-utile en bien des
occafions , & que ces vo�tes n'ayent des avan-
tages r�els fur les planchers en charpente , en
ce* qu'ils font capables , non-feulement d'op�rer
beaucoup d'�conomie , fur-tout dans les pays o�
le bois eil rare ou d'un certain prix , mais en-
core d'obvier aux inconveniens des incendies. Le
difficile eil de les ex�cuter avec fucc�s. Comme
la conitru�ion de ces Vo�tes plates η �ft rien
moins qu'uniforme , & que leur folidit� paffe en
Hen des endroits pour ρ bl�matique , fur-tout,
depuis plufieurs effais malheureux qu'on en a
-ocr page 112-
d'Architecture.             t$
fait � Paris & dans fes environs , nous croyons,
devoir entrer dans des d�tails � ce fujet. En con-
f�quence nous allons expofer d'abord les divers
proc�d�s que l'on fuit de toutes parts dans l'ex�-
cution de ces fortes d'otivrages j & enfuite nous
�tablirons, par leur comparaifon, des r�gles cer-
taines , � l'aide defquelles on pourra efp�rer de
r�uf�ir toujours dans leur confiai cHon*
Article Prem ie r.
Comment on les con�ruit dans 'le Roi/JJillon Ύ
Planche LXXXXIF.
Feu M. le Mar�chal de Beliile , voulant faire
b�tk les planchers des baffes-cours de fon Ch�teau
de Bify, pr�s de Vernon , � 14 lieues de Paris ».
en Vo�tes plates , � l'exemple de ce qu'il avoit vu
ex�cuter avec beaucoup de fucc�s en Rouffillon ,
fit venir de ce Pays des Ouvriers au fait de ces
fortes d'ouvrages. La plus grande vo�te qu'ils
entreprirent, fut celle des �curies , qui ont en-
viron 120 pieds de longueur, fur 30 pieds de
largeur. Ses murs n'ont que 2 pieds ~- d'�paif-
feur, & font b�tis en moilons avec des cha�nes
de pierrede 14 pieds en 14 pieds. On ne com-
men�a cette vo�te qu'un an apr�s* l'ach�vement
des murs , & que quand on jugea que leur ma-
�onnerie avoit produit tout fon taiTement. Sa cour-
be eil une efpece d'anfe de panier qui a de
mont�e 6 pieds ou le cinqui�me de fon diam�tre.
iiJie tait pignon vers les murs du bout de �'�cu-
ne, de forte qu'elle n'a d'action que contre ceux
qui forment fa Ion sueur. Sa eonftruction con�ite
F 111 .
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mmmmm
-ocr page 113-
B6                        Cours
en deux rang�es de briques pof�es � plat, & �
recouvrement Tune fur l'autre , en bonne liaifon,
dont les premiers rangs font appuy�s dans une
petite tranch�e , pratiqu�e dans les deux murs
oppof�s le long de fa naiflance , le tout ma�onn�
en pl�tre, tes briques employ�es � fon ex�cu-
tion �coient bien cuites , avoient 8 pouces de
longueur , 3 pouces -~ de largeur , & 1 pouce
au plus d'�paiifeur. Voici de quelle mani�re on
op�re d'ordinaire ces vo�tes dans le Rouffillon ,
& comment vraifemblablement elles ont d� �tre
ex�cut�es auffi � Bify.
On tait d'abord un cintre A , fig. I & II ?
ou b�ti leger de charpente de 2.pieds ~ de lar-
geur , & de la courbe que l'on veut donner � la
vo�te, fur lequel on fixe des planches bien join-
tives : apr�s quoi on poi� folidement le long des
murs Β , & un peu aii-dei�us de la tranch�e des-
tin�e � recevoir la naiflance de la vo�te un cours
de folives de part & d'autre , D & C , bien de
niveau , & m�me on ajoute encore vers le milieu
d'autres cours de folives Ε Ε , lorfque la vo�te
doit �tre d'une certaine �tendue. L'objet de ces
fo�ives eft de porter le cintre , & de lui per-
mettre de gli�Ter librement pendant l'ex�cution
du plancher. Le cintre A �tant plac� fur les
cours des folives D & C , on commence la vo�te
par un des bouts de la chambre. Deux Ouvriers,
chacun �, une extr�mit� du cintre , placent
les premiers rangs de briques C, %. Il !, fuivant leur
long c�t�,dans la petite tranch�e F, pratiqu�e le long
des murs, en appuyant le plat de la brique fur le cin-
tre. Ils continuent fuccei�ivement � pofer � plat, �
c�t� l'une de l'autre, les briques G G , fur ce
cintre , de fa�on qu'elles fe touchent le long de
-ocr page 114-
d'Architecture.          87
leur grand c�t� , en avan�ant vers le fommet de
la vo�te. Si l'efpace qui reile � la rencontre de
la clef eft plus petit qu'une brique, on en taille
une de grandeur fuffifante. A mefure que l'on
pofe chaque brique , on met du pl�tre au joint
qui doit toucher la brique adjacente , puis on
la frappe avec le gros bout du marteau pour la
dreffer & l'approcher , afin qu'il ne reite aucun,
vuide. Quand le premier rang de brique G a �t�
ainfi plac� fuivant la courbure du cintre , on en
entreprend un autre rang que Ton pofe � c�t� ,t
de fa�on que les joints faifent une bonne liaifon
avec ceux du premier , & Ton continue ainfi
jufqu'� ce que la furface du cintre fe trouve
prefque enti�rement garnie de briques. Cela �tant
fait , on met � recouvrement un f�cond cours de
briques H, � plat fur le premier , en bonne fi^J
fon , avec l'attention de mettre toujours du pl�-
tre fur toutes les faces des nouvelles briques qui
doivent toucher les autres, & de les dreffer cha-v
cime en particulier fuivant l'art ( 1).
Le cintre A , flg. I & II, fe trouvant ainii
garni de deux cours de briques bien liaifonn�es;,^
on le fait gliffer fur les foiives D , pour entre-
prendre encore deux pieds de longueur de vo�te,
& l'on continue de m�me fuccef�ivement jufqu'�.
la rencontre de l'autre mur pignon. La vo�te
�tant termin�e , on �te le cintre , & on garnit
fes reins I, ce qui fe fait avec de petits moilons
(1) Chaque Compagnon ouvrier doit avoir pour faire ces
vo�tes, deux auges ou fon Manoeuvre lui g�che le pl�tre �
mefure ; une truelle pour enduireiles briques ; une achette ou
petit marteau tranchant par un des bouts pour couper la brique
au befoin , & quarr� par l'autre bout, pour donner un ou deux
petits coups � chaque brique, lorfqu'il la pofe.
F iv
-ocr page 115-
88                         Cours
que l'on avance en harpes & en lia�fon depuis
les murs juiqu'� la rencontre de fon extrados : enfin
on finie par faire un enduit de pl�tre par-dei�bus
d'environ 8 lignes d'�paifleur. Il eil � remarquer
qu'on ne met point dans l'�paiiTeur de ces vo�tes
ibus le carrelage, d'autres tirants de fer pour con-
tenir les murs, que ceux que l'on admet lors de
l'ex�cution' des planchers en charpente.
Outre la grande vo�te des �curies du Ch�teau
de Bify, il fut fait encore d'autres vo�tes plates
pour couvrir les remifes , mais auxquelles on a
donn� beaucoup moins de mont�e. La plupart
n'ont gu�res de hauteur que le douzi�me de leur
diam�tre : elles font encore diff�rentes de la grande
Vo�te, en ce que leurs reins, au lieu d'�tre pleins,
Jont garnis de petits contre-forts de briques, pof�s
plat, & diftans Fun de l'autre de 3 pieds.
On ne voit point dans les baffes-cours de
Bify , de tuyaux de chemin�e qui paffent �
travers les vo�tes ; mais dans une maifon pr�s du
Ch�teau , o� les m�mes Ouvriers ont'. confirait
deux �tages de vo�tes, on remarque des tuyaux
psffans de chemin�e en faillie fur les murs 3 qui
■jparoiifent n'avoir apport� aucun changement �
leur ex�cution : apr�s avoir fait les vo�tes �
l'ordinaire , on s'eft content� de percer des ouver-
tures pour le paf�age d�faits tuyaux, &l'on a mis
feulement au-devant un efpece de manteau de fer«
■ Ges vo�tes n'ont gueres que 4 pouces ~ d'�-*
paiffeur � leur fommet , y compris le carrelage ;
& ce qui prouve, leur bont�, c'eft que depuis
pr�s de 35 ans qu'elles font faites , aucune ne
s'eft d�mentie , bien que les greniers* qui font
au- dei�us de l'�curie y ayent �t� fouvent char-
g�s de plus d� όαο milliers de. �iki� On ma
-ocr page 116-
d'Architecture.             $9
affili� que pour �prouver ces vo�tes, on avoit
�aiff� tomber expr�s d'une certaine hauteur , lut
l'une d�lie , une pierre pefant 7^8 milliers,
qui n'y avoit fait que fou trou , fans aucunement
endommager le refte.
M. le Mar�chal d� Belifle ayant eu occafion,
pendant fon Minift�re , de faire b�tir l'H�tel du
Bureau de la Guerre � Verfailles , voulut que
l'on ex�cut�t auiTi tous les planchers de cet Edi-
fice en briques , pour obvier aux inconveniens du
feu, & chargea de cette op�ration M. Bertier,
Ing�nieur Militaire. Gpmme ces planchers on� �t�
faits diff�remment de ceux que nous venons de
d�crire , & ont �galement r�uffi , nous croyons
devoir en d�velopper particuli�rement l'ex�cution
dont nous avons �t� en partie t�moin. \
'■ �"
I ,
Article I I.
Comment on les a confirtdts �l'Hoteldu Bureau
. de la Guerre., Planches LXXXXIV/
& Lxxxxr. y
Ce ne fut qu'apr�s avoir couvert tout ce b�-
timent , & avoir laiiT� bien reffui� la ma�onnerie
de fes murs , qu'on entreprit la- eonitru&ion de
fes Vo�tes plates. Elles font pignon contre les
murs de face , & font foutenues fur les murs de
refend, de maniere � s'accoter les unes les autres
r�ciproquement, fuivant la longueur de l'Edifice.
On n'a chang� la dire�ion de la pouff�e qu'aux
extr�mit�s ψ pour former vers ces endroits un
efpece de cul�e. La flg, IV, pi.' LXXXXIV.,
-ocr page 117-
...._,.... ,.^..
90                  ν Cours
repr�fente leur difpofition. Les vo�tes Κ Κ font
cintr�es toutes du m�me fens fur les murs de
refend M , tandis que la vo�te L de chaque bout
du b�timent l'eir. en fens contraire fur les deux
murs de face Ν Ν, auxquels on a donn� en con-
f�quence plus d'�paiiTeur , � caufe de leur
ifolement.
La forme g�n�rale de ces vo�tes, au lieu d'�tre
un ance de panier, comme pr�c�demment, eu,
un arc de cercle, dont la mont�e fait le quator-
zi�me de fa corde. Ainii , en fuppofant une cham-
bre de 14 pieds de large, �a fl�che de l'arc
doit avoir un pied. Les briques employ�es � leur
conftrudion furent pof�es de champ bout-�-bout,
& non � plat. Elles avoient en g�n�ral 8 pouces
de long, 4 pouces de large, & 2 pouces d'�paiiTeur, �
l'exception cependant de quelques unes plac�es
dans les reins des vo�tes, qui ont 8 pouces quar^
r�s, ainfi que nous le dirons ci-apr�s.
Apr�s avoir fait le long des murs de refend M,
mie tranch�e Ο , f�g. V & Vi , fuffifante pour
loger la premiere briqu� de chaque rang, & mis
�cs foiives Ρ bien de niveau, pour foutenir foli-
dement le cintre Q, auquel on avoit donn� la
courbe convenable ; deux Ma�ons , chacun �
l'extr�mit� du cintre, commenc�rent � pofer de
champ la premiere brique R , dans la tranch�e
Ο , %. VI; de fa�on que fon long c�t� de 8
pouces fut couch� fur le cintre : ils plac�rent
enfuite femblablement la f�conde brique S bout-
�-bout contre la pr�c�dente , fuivant la courbure
de la vo�te, &ainfifucceffivement toutes les autres
briques, tellement qu'� raifon du grand �loigne-
ment du centre de l'arc, elles fe touch oient pref
que dans toute la hauteur de leur petit c�t�. Une
-ocr page 118-
$>�
Architecture.
rang�e de briques �tant tout-�-fait termin�e, on
entrenrenoit lafuivanteT , fig. V, que l'oaplajoit
� c�t�, toujours de champ , &en bonne!liai on
avec la pr�c�dente , fans y laiffer aucun vuide,
en obfervant de tremper chaque brique dans ce
l'eau avant de l'employer , pour l'abreuver, de
mettre du pl�tre entre fes joints , & enfin de U
dreffer , � l'aide du marteau., fuivant l'art.
Quand les vo�tes furpai�bient 12 ou 14 pieds
de largeur , on fe bornoit � placer des briques
oblongues � c�t� les unes des autres; mais lori-
quelles avoient plus d'�tendue, � deffein daug-
menter leur force , on employoit, de tems en
tems, au droit de leur reins, foit des briques
doubles Y de 8 pouces quarr�s , qui faiioient
harpes dans l'�pair�eur du plancher , foit quelque-
fois des briques ordinaires debout.
Toute l'�tendue du cintre �tant couverte de
briques , on le faifoit gliffer, comme ci-devant,
fur les folives, � deffein d'entreprendre une
autre partie de vo�te voifine , & on^ con-
tinua fa conftruftion jufqu'au bout oppof� a celui
par lequel on avoit commenc�. D�s que la vo�te
fut termin�e, on garnit enti�rement fes reins X
de petits moilons ma�onn�s en pl�tre ; on pla�a
fur �e milieu de fon extrados un tirant de fer plat,
pour contenir l'�cartement des murs'de face ; on
�tendit fur fes reins un aire de pl�tre d'environ
un pouce | d'�paiiTeur , deftin� � recevoir le car-
relage ; &" enfin pour derni�re op�ration, on f�t
un enduit de 8 ou 9 lignes d'�paiiTeur fur l'intrados
�de la vo�te, & une corniche en pl�tre Y , flg. Vi,
vers la nauTance, tant le long des murs de race
que de refend , en armant de charger la gorge
4e cette corniche du c�t� des murs de face , de
-ocr page 119-
$1                         Cours
fa�on � faire difparo�tre , autant qu'il fe pouyoit,
l'angle de rencontre du pignon.
On a �lev� , l'un au-deifus de l'autre, cinq
�tages de vo�te de cette mani�re, foit dans l'H�-
tel du Bureau de la Guerre , foit dans celui des
Affaires Etrang�res, que l'on a b�ti depuis , fui-
vant les m�mes principes , fans qu'aucune fe foit
d�mentie. La plupart des chambres ont depuis iB
pieds de large jufqu'� 25 pieds de long. Les murs
de face font conilruits en pierre, & ont 20 pouces
d'�paiiTeur ; mais les murs de refend, qui fou-
tiennent la plupart des vo�tes , ont 2 pieds 8
pouces d'�paiiTeur , & font ex�cut�s en moi-
Ions : il n'y a que les encognures , les bayes des
portes & des croif�es, qui foient en pierre. Quant
aux linteaux des portes , ils font compof�s d'or-
dinaire de trois groiTes barres de fer. On a dif-
tribu� fur ces vo�tes, dans les dirF�rens �tages ,
des corridors form�s par des c�oifons de briques
pof�es � plat & en liaifon , lefquelles n'ont au
plus, avec leurs enduits, que 6 pouces d'�paif-
feur.
Une des plus grande difficult�s qui fe foit ren-
contr�e dans l'ex�cution de ces vo�tes , a �t� d'em-
p�cher leur action au droit des tuyaux de chemi-
n�es , qui a�b�bliiTent n�ceiTairement les murs de
jfoutenements par leur paiTage , fur-tout dans les
�tages fup�rieurs , o� Ton en voit jufqu'� huit
qui font r�unis : on s'y eft pris ainil pour
furmonter cet obi�acle.
              '
On a premi�rement foutenu le poids de la
vo�te vis-�-vis des tuyaux, � fa naiiTance, par
un efpece de linteau ou barre de fer a> fjg. Vil
& IX , pi. LXXXXV , de 20 lignes de gros
plac� en faillie , qui embrafle le pourtour des
-ocr page 120-
d'Architecture.            93
tuyaux de chaque c�t� du mur b , & dont les
extr�mit�s c font recourb�es , & icell�es de part
& d'autre dans fon �paiffeur; on a en outre for-
tifi� ce linteau par le milieu , � l'aide d'une barre
de fer t/, recourb�e auf�i par fes bouts , & plac�e
� travers la ma�onnerie qui f�pare les tuyaux.
Secondement, on a contenu la pou�T�e des vo�tes
par le moyen d'un f�cond linteau e , fig. VUI &
IX, coud� & plac� au-deifus du pr�c�dent, mais
en retraite d'environ 2 pouces , comme on le voit
par le profil des tuyaux i fig. 3X , lequel linteau
a �t� femblablement fortifi� dans ion milieu par
une barre de fer/, paifant � travers les languettes
coftieres des chemin�es , & dont les bouts font
un efp�ce* d'enfourchement. C'eft � l'aide de cet
arrangement qu'on eit venu � bout, malgr� la
foibieffe des murs alt�r�s par le pai�age des
tuyaux de chemin�es , de les mettre en �tat de
foutenir le poids & la pouiT�e de ces vo�tes.
Article III.
, -, '\ '
Comment on les conflruit dans le Languedoc,
Planche LXXXXK
C'est � M. le Comte d'Efpie qu'on doit, d'avoir
perfectionn� les Vo�tes plates du Roui�iilon , en
fubitituant � la forme en berceau, qui ne fe
foutient que fur deux murs, la forme en imp�-
riale , qui r�pofe �galement fur tous les murs d'une
falle ; difpofition qui eil beaucoup plus agr�able
� la vue, qui rend ces fortes de vo�tes fufcep-*
tibles de jouer les plafonds, & qui a permis con-
f�quemment de les employer i au heu de plancher
I
-ocr page 121-
94                        Co u R s
de charpente, dans les b�timens. Π effeya ce pro-
c�d� pour la premi�re fois dans une maifon qu'il
fit b�tir � Touloufe , & comme il en a lui-m�me
publi� la defcription dans une Brochure (i), qui
eil aujourd'hui peu connue , nous croyons que
l'on en verra ici l'extrait avec plaii�r.
La figure de; ces Vo�tes plates, efc par fon prof��
un efpece d'ellipfe tr�s-furbaiff�e , %. �X & X,
&, forme dans fa totalit� une imp�riale de carroiie,
ou plut�t un efp�ce de vo�te en arc de clo�tre, :
dont la mont�e- peut �tre depuis Ie j de la lar-
geur d'une chambre ou falle jufqu'au huiti�me.
On les op�re fur des cintres qui embrafTent �
la fois toute l'�tendue du plancher. Ces cintres
font compof�s de planches legeres : leur objet
n'efl point de foutenir le poids des vo�tes,
mais feulement de guider leurs courbes , & de
conduire fucceffivement les Ouvriers. On peut
ex�cuter ces fortes d'ouvrages fur des vieux
murs, comme fur des murs neufs; la feule con-
flagration � avoir dans le dernier cas , eil de les
laif�er r�pofer au moins 6 mois avant de les en-
treprendre , afin de leur donner le tems de faire
tout leur tafTement.
On op�re ces Vo�tes plates , comme nous l'a-
vons d�j� expliqu� pr�c�demment, en pratiquant
une tranch�e A, %. IX , ou une retraite le long
des murs pourtours d'une chambre , � l'endroit
de leur naif�ance ; en forte que la premiere brique
foit pof�e de champ , & prefque � plomb fur
cette retraite , formant un angle d'environ 80
degr�s. Elles font compof�es comme celles du
(i) Cette brochure eft intitul�e, Manierede rendre toutes
fortes d'Edifices incombufiibles.
                                  «�
-ocr page 122-
D'A R C"H Ι Τ' Ε C Τ U R E.              95
Rou�l�ilon , de deux courts de briques Β , poi�s
� plat, & � recouvrement l'un fur l'autre , en »
bonne liaifon, & il n'y a de diff�rence que dans
les proc�d�s de leur main d'�uvre que nous allons
rapporter.
L'Ouvrier , apr�s avoir plac� & aiTur� les cin-
tres compoies, ainii qu'il a �t� dit, de planches
legeres ou de voliges , tend fon cordeau d'un
bout de la pi�ce � l'autre , � la hauteur de cinq
pouces au-dei��s de la retraite ou tranch�e,
qu'il a foin de nettoyer de poufiiere & d'ordures:
il humecle cette tranch�e , il y jette un peu de
pl�tre, & pofe� dei�us la premiere brique � la-
quelle il a mis auffi du pl�tre � deux de fes joints;
favoir, � celui qui doit appuyer fur la retraite,
& � l'autre qui doit fe lier avec le mur. Il dre/Te
enliiite cq��q premiere brique, de maniere � aiEeu-
rer la retrake par le bas , & � l'incliner par le
baut, fuivant la pente du cordeau : lorfqu'il fent
que la brique a fait fa prife, il l'abandonne & fe
pr�pare � pofer la f�conde , en mettant un peu
de pl�tre � la retraite -& aux joints de la pre-
miere brique. Il en met de m�me � cette f�conde,
non-feulement au joint qui doit appuyer fur la
retraite ? mais auffi � celui qui doit fe lier avec ~
la premiere ; apr�s quoi il la pofe & la drei�ey
de m�me que nous l'avons d�j� dit : il continus
ainfi de fuite jufqu'� ce que Je premier rang �,
fig. X, foit pof� tout au pourtour de la chambre,
en obfervant de tremper toujours les briques
dans l'eau avant de les employer , & de les bien
liaifonner ,� � la rencontre des angles de l'imp�-
riale.
                                                   .
Le premier rang de brique C �tant plac� , l'Ou-
vrier change fon cordeau , qu'il �lev� de 5 pou-
-ocr page 123-
96                     C o u h s
ces aii-deffus, & pofe la premiere brique du f�-
cond rang D,en mettant du pl�tre � deux de fes
joints, de m�me qu'� la brique du premier rang
qui doit la toucher : ce f�cond rang de briques
fe place fur le haut du premier, fuivant l'incli-
naiion des cintres δε- du cordeau , & ainii de
fuite jufqu'� ce qu'il foit pof� tout-au-tour de la
pi�ce. Il eit. � remarquer que l'Ouvrier a grande
attention que la premiere brique du f�cond rang
ioit de moiti� moins longue , afin que fes joints
ne fe rencontrent point avec ceux du premier :
ce qu'il doit obferver dans tout le cours de fori
ouvrage , afin de le rendre plus folide.
Le lecond rang de briques �tant pof� tout-au-
tour de la chambre, l'Ouvrier paiTe � un autre op�-
ration , qui efl de doubler la vo�te d'une f�conde
brique E, fig. IX, en recouvrement fur la premiere,
& aui�i dans tout le pourtour de la pi�ce ; ce
qui eit tr�s-facile, en mettant un enduit de pl�tre
fur un des c�t�s de la brique qu'il couche fur la
premiere , toujours en ayant foin , comme il a
d�j� �t� dit, d'emp�cher les joints de ce double-
ment de rencontrer les pr�c�dents.
Lorfque le pl�tre efl: de bonne qualit� & em-
ploy� � propos , il fait ή promptement fa prife,
qu'auiu-t�t que l'Ouvrier a paif� les reins de fa
vo�te , & qu'il a commenc� � pofer fes briques
de plat ; � peine �-t-il donn� le coup de mar-
teau � la brique pour la dreifer, qu'il ne la fou-
tient plus qu'avec un doigt ; & d�s qu'il fent qu'elle
tient ferme , & que le pl�tre a fait fa prife , il la
l�che, ce qui fe fait en moins de vingt f�condes.
L'Ouvrier doit avoir grand foin de ne jamais
commencer un nouveau rang de briques, que le
pr�c�dent ne foit fini dans les quatre c�t�s de
la
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d'Architecture.             97
la pi�ce, afin que les quatre rangs Vavancenx
�galement vers le fornmet F de la vo�te , & ne
laiiTent � la fin qu'une petite ouverture qui fe
ferme par une brique taill�e, fuivant la place qui
eil reft�e.'
On garnit le petit efpace entre le mur & le
deiTus de la vo�te , avec de petits morceaux
de briques , jufqu'� la hauteur de 10 � 12 pouces :
alors on faiiit les reins de la vo�te par de petits
contre-forts H � 4 ou 5 pieds de diilarice les
uns des autres , en obfervant d'en placer fur-
tout � chacun des quatre angles de la vo�te , qui
font les parties les plus eifentielles , lorfqu'elle
eil en imp�riale. Ces contreforts fervent � brider
la vo�te : ils fe font avec des briques pof�es �
plat de � pouces de largeur, 2 pouces d'�paiifeur .,
& 15 pouces � peu-pr�s de longueur, Jefque�-s
vont fej;«perdre infeniiblement jnfqu'au tiers de
chaque c�t� de la vo�te. L'efpace entre ces
contre-forts fe remplit aui�i de petits morceaux
de briques ma�onn�s � bain de pl�tre , jufqu'�
la hauteur de 10 � 12 pouces. On achev� de
garnir le furplus de terre bien feche , apr�s quoi
on carrel�, on parquette par-deiTus. Enfin d�s!
que la vo�te eil finie, on �te les cintres , & on
l'enduit en dedans de pl�tre, en faifant enforte'
d'effacer les angles reritrans de l'imp�riale ,. & on
la termine en formant � fa naiiTance une corniche
architrav�e I-, fig. X.
M. le Comte cFEfpie ne parle point dans foh
Ouvrage , des pr�cautions qiuffaut prendre pour
les paifages des tuyaux de chemin�es � travers
des vo�tes , parce qu'apparemment ils n'ap-
portent aucun changement � leur conilruilion% a. ,
vers ces endroits , & qu'il fuppofe qu'on les doit
Tome VI.
                                        'G: :            /
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<$                        Cours
placer dans l'�paifleur des murs, & non en faillie,
il a feit coiiitruire � Touloirfe, dans un efpace
de 18 pieds de largeur fur 28 pieds de longueur,
trois de ces vo�tes l'une fur l'autre, en donnant
� leurs murs , qui ont 42 pieds d'�l�vation ,
feulement deux pieds d'�pauTeur : il dit que fix
mois apr�s leur conftru�ion, il f�t percer une de
ces vo�tes pour y pratiquer un efcalier , & mon-
ter � un entre-fol, fans qu'elle en ait foutFert ;
d'o� il conclud, ainfi que d'apr�s plufieurs exp�-
riences qu'il rapporte , que quand ces vo�tes ont
�t� bien faites , elles n'ont point de pou�T�e contre
leurs murs de foutenement, & qu'ainfi cette con-
fid�ration ne m�rite aucun �gard ; nous verrons
par la fuite ce qu'on doit penfer fur ce fujet ,
d'autant que cttte aifertion � induit en erreur la
plupart de ceux qui , d'apr�s fon M�me , ont
voulu entreprendre de ces fortes de vo�les.
jT"**^*,*iM-^^iTTtgTiT»jr-Tfr,^'iiii^^mf'Tii'i'"lnlpii uw m miw niii.iiiniili' uuiiiim 11 rri~rr» ir \n m pwnurrrffli mnwinimnf
Article IV.
Comment on les con�ruk � Lyon,
y Planche LXXXXVL
Les Vo�tes plates ne font en vogue dans le
Lyonnois que depuis environ 25 ans. Elles ont �t�
fouvent pr�f�r�es aux planchers de bois de fapin ,
qui font en ufage dans cette Province , tant parce
qu'on a reconnu qu'ils �toient de peu de dur�e
lorfqifon les plafonnoit, le f apin paffant pour re-
douter plus que tous les autres bois la privation
tle fair , que parce qu'elles ne font pas plus dif-
pendieufes. L'on voit � Lyon & dans fes envi-
-ocr page 126-
t
d'Architecture,           �g
jrons -, nombre de maifons particuli�res , dont
tous les planchers font ex�cut�s en vo�tes
plates depuis le rez-de-chaui��e jiifqu'au trois S�.
quatri�me �tages ( ι ).
13 n'y a pas de proportion bien d�termin�e
pour la fl�che ou la mont�e de ces vo�tes , eu
�gard � leur diam�tre. Les meilleurs Con-
itructeurs donnent ailez commun�ment, � une
pi�ce de vingt ou vingt-quatre pieds, pour mon-
t�e , la iixieme ou la feptieme partie de fa lar-
geur ou de (on petit c�t�, fans aucun �gard pour
la longueur ■ cependant il y en a d'autres qui iiir-
baiiTent ces vo�tes au point de leur donner de
mont�e feulement la douzi�me partie de leur lar-
geur , mais celles-ci ne paffent pas pour �tre auiH
fplides que les premi�res. Leur forme eit en im-
p�riale comme celles du Languedoc, & elles font
port�es �galement fur tous les murs pourtours
d'une chambre. Elles fe conftruifent avec deux
rangs de briques pof�es � plat. Les briques , dont
on fe fert pour leur ex�cution, ont d'ordinaire 10
au polices de longueur, 5 pouces de largeur,
& 1 pouce & demi d'�paiiTeur. Elles fe tirent de
Verdun 9 & fopt fiip�rieures , tant par la qualit�
de la terre employ�e � leur fabrique , que par le
foin que Ton prend pour leur cuiffon. Le pl�tre »
dont on fe fert pour les ma�onner, fe tire des car-
ri�res du Bugey & du M�connois ; on l'apporte
en pierre, & 011 le fait cuire fur les lieux � me-
fure qu'on en a befoin , proc�d� qui pafle pour
augmenter fa confiftance. Il paro�t plus blanc que
celui que l'on tire de MpntrMartre pr�s Paris,,
. :ΐι;.......... ._,..                                                                   ■ .�...........�.'..................                .��■
(O Telles font les maifons <}e MM. Milanpis, Munet,
�alyierre, &c.
G ij
''']                                                                                ■■'""* ■                                                                                                                                                                                                                                                             /■
',-'■' - .'"' -                                                    "" ■■■' �'■' ■ ' ;-'-"n . ' ■■';. 'V "'"> ■■�■■/. -,"■■ : ■.. ;: ' %?;}J. � - ) ■'■ 'V':;''"
-ocr page 127-
ioo                       Cours
& quoiqu'il rie bouffe pas tant, il paffe n�anmoins
pour craindre davantage l'humidit�. Ce ne font pas
des Ma�ons ordinaires , mais des Pl�triers , pour
la plupart Italiens ou Proven�aux, qui fabriquent
ces fortes d'ouvrages , & il eil tr�s-rare qu'ils n'y
r�uffiffent pas.
Avant d'entreprendre ces vo�tes , il faut que
tous les murs d'un b�timent foient �lev�s � l'or-
dinaire , & que le toit foit termin� ; car , regle
g�n�rale , il ne faut jamais entreprendre ces fortes
d'ouvrages qu'� l'abri de la pluie & des injures du
tems : & Ton obferve en outre, � Lyon, d'op�-
rer toujours en charpente le plancher du dernier
�tage , qui lef f de grenier, & m�me de bien car-
reler ce plancher ; le tout pour emp�cher les fll-
trations d'eau , ou les goutieres qui pourroient
fe former au toit, & tomber par la fuite fur ces
vo�tes qui craignent , comme nous l'avons dit,
beaucoup l'humidit�.
On donne d'ordinaire aux murs de face & de
refend des maifons o� l'on fait ufage de ces vo�-
tes , 18 � 20 pouces d'�paifi�ur , foit qu'on les
conitruife en pierre de taille, foit qu'on les b�~
tifTe feulement en moilons, & de quelque lar-
geur que foit la pi�ce , pourvu qu'elle n'exc�de
pas 18 pieds. Quand les vo�tes font plus confi-
d�rables , outre qu'on augmente un peu l'�paiffeur
des murs , on prend encore la pr�caution de
mettre des tirans de fer plat en croix, ou tranfver-
falement fous leur carrelage. On obferve , en �le-
vant les murs , de laiffer vis-�-vis de la naiffance
des vo�tes , � chaque �tage, une tranch�e ou un
petit renfoncement de 3 � 4 pouces de largeur,
pour loger �'�paifTeur du premier rang de briques j
& quand la ma�onnerie des murs eft fuffifamment
-ocr page 128-
d'Architecture           ioi
reiTui�e, on entreprend les vo�tes en queilion ,
en commen�ant par celles du rez-de-chauiT�e > &
en'montant fucceffivement d'�tage en �tage. On
�tablit pour cet eiFet un cintre de charpente
iolide que l'on garnit de planches , dans chaque
chambre que Ton veut vo�ter : ces cintres font
d'une compofition toute diff�rente de ceux dont
nous avons parl� jufqiuci ; c'eil pourquoi il eil
bon d'en donner une defeription particuli�re ,
avant d'entrer dans le d�tail de la conilru�tion de
ces vo�tes plates ( ι ).
On met d'abord le long des murs A, fig. XI,
� 5 ou 6 pieds les uns' des autres , des pi�ces
de bois Β perpendiculaires ? appell�es vulgaire-
ment des chandelles , dont la grofleur eil d'envi-
ron 5 pouces , & fur lefquelles on place un cours
de chapeaux C bien de niveau vers la naiiTance
de la vo�te. Sur ce cours de chapeau , on pofe
les cintres D , faits avec de iimples planches
plac�es de champ ,. d'un pouce d'�paiiTeur , &
qui ont �t� trac�es fuivant la courbe que l'on
doit donner � la vo�te. Quoique ces cintres
piiiiTent �tre efpac�s arbitrairement , ikne faut
pas cependant leur donner plus de i8 � 20 pou-
ces d'intervalle. Quand la vo�te a une certaine
port�e » on fait un efpece d'armature , confiilant
en un entrait ou tirant Ε, avec des contref�ches
qui foulagent les cintres ; mais le mieux eil de
(1) On voit des falies � l'Abbaye de la Seauvedans le Velay,
'au-dei�ous de Saint-Didier qui ont jufqu'� z<? pieds de largeur ,
dont les vo�tes plares ont �t� coaftruites fuivant ce proc�d�
par M. Defmaries , Ing�nieur des Ponts-Sc-Chauff�es : elles ont
7 pieds de mont�e : leurs murs font b�tis en moilons de
roche , avec feulement 3 pieds d'�paiiTeur, & font fortifi�s par
.des tirans plac�s � 7 pieds l'un de l'autre entre les trumeaux des
croif�es (bus le carrelage.
G nj
-ocr page 129-
ιοί                       Cours
mettre , de diftance en diftanee, des pi�ces de
bois F debout, pareilles � celles plac�es le long
des murs.
Ces cintres �tant bien arr�t�s, fe recouvrent
fuccei�ivement avec des planches G, fig. XII,
que Ton y pofe tfanfverfalement � mefure que la
vo�te avance ; c'eil-�-dir� , que loti commence
pat mettre un rang de planches pr�s la naiiTan-
ce de �a vo�te , tout au pourtour , de la
pi�c� , & que Γόη cloue fur les cintres, Quand
le premier rang d� planches a �t� recouvert par
des rang�es de briques, on en ajoute enfuite un
f�cond contigu aufii dans tout le pourtour, que
l'on couvre femblablement de rang�es de briques,
& Ton pouriuit �infi jufqu'au fommet de la vo�te.
La,raifon pout laquelle on ne pofe les planches
que fuccei�ivement, c'eil pour laiifer � lOuvrier
la facilit� de travailler � la vo�te par l'int�rieur.
A cet effet , il �tablit un petit �chaiFaud qu'il
�lev� � proportion que l'ouvrage avance vers le
milieu. Ce n'efl gueres que quand la vo�te eft
faite au deux tiers , qu'il achev� de couvrir de
planches le reffont de la fuperflcie du cintre ,
& pont loirs il continue fa coni�ruc�on par le
deifns , comme nous le dirons ci-apr�s.
Lorfqii'il fe trouve des lunettes � pratiquer
dans la vo�te, leurs cintres particuliers fe po~
fent fur le cintre g�n�ral , & fe recouvrent aufli
de planches , en commen�ant par le bas , �
m�ftire que l'on avance la conilruclion defdites
lunettes.
L�s proc�d�s pour cohiti�ire ces toutes font
i�pprochans les m�mes que ceux du Languedoc.
L'Ouvrier , apr�s avoir hum�cl� la tranch�e H ,
y pofe la premiere brique en long 5 f�ivarit fon
f
-ocr page 130-
/
d'Architecture. h$
�pauTeur, il la dreffe avec le marteau; apr�s
quoi il place une f�conde brique � c�t� dans
la tranch�e , & r�p�te cette op�ration dans tout
le pourtour de la pi�ce , en obiervant ^ de ne
point employer aucune brique quelle n'ait �t�
avant tremp�e dans l'eau, & de ma�onner d�pl�-
tre tous les joints. Ce premier rang �tant fini, il
en pLace un f�cond e|e la m�me maniere > en*
bonne lia�fon , avec le pr�c�dent, fiiivant l'incli--
naifon du cintre. Apr�s que les deux rangs font
enti�rement pof�s , il les double par un autre
rang fup�rieur 9 auffi pof� � plat, en recouvrement
& en bonne liaifon , avec l'attention de mettre
toujours du pl�tre � tous les joints de rencontre
& � la face del� brique, qui doit �tre appuy�®
fur les deux premiers rangs : ce rang fup�rieur
�tant termin�, on en fait un troifi�me fur le cein-
tre , que l'on double ; puis on en fait un qua-
tri�me que l'on double encore, &c. . . «.
De quelque forme que foit la vo�te I, l'Ouvrier
a fans ceffe grand foin de ne jamais recommencer
un nouveau rang que le pr�c�dent ne foit fini
dans tous les c�t�s de la pi�ce ; de fa�on qu'en
avan�ant �galement vers le fommet de la vo�te. 9,
�a forme du dernier quarr� de brique � la clef,
foit en petit, femblable � celle de la pi�ce,: 8t.
ferm�e par une feule brique taill�e en conf�quence*
La diff�rence la plus remarquable entre l'ex�cu-
tion de ces vo�tes & celles du Languedoc ^ eifc
qu'on obferve de ne jamais fermer la vo�te qu'en-
viron trente fix heures apr�s fcn enti�re conitru-
aion , afin de donner au pl�tre le teras d'op�rer
la plus grande partie de fan effet ; autrement^
comme on en a vu des exp�riences ,il pourrait agk
contre les murs > & les pouffer ea-dehors.
G ivr
-ocr page 131-
104                      Cours
Il efl important de fe rappeller, pour bien con-
cevoir l'op�ration de ces planchers , que FOu-
" vrier ne clone les planches , fig, Χίί , fur les
cintres dans tout le pourtour de la chambre ,
qu'� mefure qu'il avance la vo�te ; qu'il eft
plac� en-outre , pendant la plus grande partie de
fa conitrudion , en dedans du cintre fur un
�chaffaud formant un efp�ce de petit plan in-
clin� , qui l'�lev� � proportion de ce qu'il appro-
che de fa partie fup�rieure , & que , quand enfin
il n'a plus fufHfamrnent d'efpace pour travailler ?
il continue fon ouvrage par-deifus.
On n'a pas coutume de d�voyer les tuyaux de
chemin�e � c�t� les uns des autres , lors de
l'ex�cution de'ces fortes d'ouvrages ; maison
les �lev� d'� plomb , & on les adofie toujours les
uns aux autres, afin que l'ouverture qu'on pra-
tique dans la vo�te n'ait jamais de longueur au-
del� de celle d'un tuyau de chemin�e , c'�ft-�-
dire , plus de 3 pieds. Comme cette �tendue n'eit
pas r�put�e affez confid�rable pour que la vo�te
ptiiile op�rer quelque e/Fet feniible vis-�-vis ce
vuide ,. on ne prend commun�ment aucune pr�-
caution contre leur pouiT�e ; cependant nous avons
remarqu� que les meilleurs Conilru�eurs faifoient
d'ordiaaire, au droit des tuyaux paifans de che-
min�es ? des arceaux en forme de platebandes ,
avec des m�mes briques pof�es � plat. qu'ils rac-
cordoiei�t avec �a vo�te, Quoique les Ouvriers pr�-
tendent que ce ne foit qu'une fuj�don dans fon
ex�cution, qui n'ajoute rien � fa folidit� vis-�-vis
ce vuide,, nous croyons n�anmoins que ces ar-
ceaux ne font pas � n�gliger , & qu'ils font tr�s-
capables de fortifier la vo�te vis-�-vis le vuide
�es tnymix : c'efl: pourquoi nous avons repr�fent�
-ocr page 132-
d'Architecture.            105
� part, f�g. XIV, le profil d'un tuyau d� che-
min�e avec un arceau M , au droit de la naiiTance
de la vo�te.
On monte les tuyaux de chemin�e en briques
pof�es de champ , d'un �chantillon femb�able �
celui dont on fe fert pour les vo�tes , & que Ton
ma�onne aui�i avec du pl�tre. Quant � leur int�-
rieur , on l'enduit avec un �gal m�lange de pl�tre
& de mortier.
Imm�diatement apr�s la fermeture d'une vo�te,
on �lev�, dans les angles & au pourtour des murs
fur (es reins , des contre-forts Κ efpac�s d'environ
3 pieds , figures Xi & Xlll, lefquels fervent �
brider la. vo�te , & font conitruits avec des bri-
ques pof�es � plar. Il eil d'ufage d'en placer tou-
jours , non-feulement au-defTus des angles ren-
trans de la vo�te, mais encore de chaque c�t�
des tuyaux de chemin�e : qu'il n'y en ait qu'un
feul, ou bien qu'il y en ait plufieurs d'adoff�s,
c'eil toujours le m�me proc�d�. Les reins L ,
entre les contre-forts, fe garniffent avec des mor-
ceaux de briques � bain de pl�tre , jufqu'� 7 ou "
8 pouces de hauteur ; enfuite on enduit le deffus
de la vo�te \ entre (es reins& fes contre- forts, avec
du gros pl�tre , de l'�paiffcur de 2 ou 3 lignes.
il eil d'ufage de n'enlever les cintres D & G, -
fig. XI & XII, que plufieurs jours apr�s que la
voute a �t� termin�e »pour lui donner le terns
de bien l�cher : .enfuite on l'enduit de pl�tre par-
aei�biis, on efface fis angles rentrons, en char-
geant ces endroits ; & enfin l'on finit par faire
une corniche en pl�tre plus ou inoins orn�e � fa
naiiiance.
Ces vo�tes n'ont gueres � ,y compris l'enduit ,
qu'environ 5 pouces vers leur fommet , & il eft
-ocr page 133-
io6                       Cours
rare qu'on ne les op�re pas � Lyon avec fucc�s*
quand on n'a n�glig� aucune des attentions que
nc^us avons d�crites (i).
On diitribue fur ces vo�tes , � volont� , dans
tous les fens , des cloifons faites avec un feut
rang de briques pof�es de champ, qui n'ont gue-
res avec l'enduitque 2 pouces - d'�paifleur : quand
les cloifons doivent avoir une certaine longueur, on
foulage la vo�te , en pla�ant dans le bas une fa-
bliere de charpente un peu bomb�e , fur laquelle
on fait une rainure pour recevoir l'�paiffeur
des premi�res briques ; cette fabliere s'interrompt
au droit des portes , & s'affemble � tenon & mor-
toife avec leurs montans.
Nous avons oubli� de remarquer que3 quoique
Ton op�re d'ordinaire les vo�tes plates avec des
briques d'une certaine grandeur, les Ouvriers pour
n'avoir pas la peine de les couper, en employent
quelquefois de diff�rents �chantillons, afin que le
tout foit bien liaifonn� , & qu'il ne refte aucun
vuide dans l'int�rieur. Quand ils font des lu-
nettes , c'eil: alors fur-tout qu'ils fe fervent de pe-
tites briques pour prendre mieux leur courbure ,
& d�charger plus aifement la vo�te vers les
murs.
( ι ) Il faut cependant avouer qu'il elt tomb� quelques unes,
de ces vo�tes , non par le fait de leur conftru&ion , mais par
la faute des Charpentiers, qui, pour �con�mifer, ne font pas
toujours leurs cintres ailez folides. On f�ait que la vo�te da
grand Chauffoir de la Salle de la Com�die, de cette Ville fe fra-
ctura , eiitr'autres, avant d'�tre achev�e? mais cette fracture
ne fut pas bccai�on�e par le peu de r�i�ilance d�s murs, mais par
le d�faut du ceintre, qui, n'�tant pas affez, folidement arr�t� ,,
bailfa comme on �toit pr�t de la fermer, de forte qu'on fut
Oblig� de la reconftruire 3 en multipliant, par fiircrbit 'L� pr�-
caution , les cha�nes de fer.
-ocr page 134-
■ -ft
d'Architecture.            107
Article V.
Comment elles ont �t� conflruites au Palais
Bourbon. PL LXXXXFIL
Les Vo�tes plates du Palais-Bourbon , ont �t�
ex�cut�es diff�remment de toutes celles que nous
avons d�crites jufqu'ici. La forme de ces vo�tes
ii'eft point en imp�riale , mais pr�fente un arc de
cercle de tous c�t�s , dont la. mont�e eft d'ordi-
naire le douzi�me de" la corde , ou plut�t de la
largeur de l� chambre. Ainfi elle n'offre point
d'angles rentrants par-deffous � effacer, comme
dans les deux pr�c�dentes efpeces de vo�tes. On a
op�r� ces planchers , tant�t avec des briques quar-
r�es pof�es � plat, tant�t avec des briques oblon-
gues pof�es de champ ; c'eit pourquoi il s'agit
de d�tailler f�parement leur proc�d�.
Les premi�res vo�tes ont �t� faites avec des
briques de 8 pouces quarr�s , & d'un pouce d'�-
paiffeur , lefquelles �toient fillonn�es fur leur face,
pour faciliter le grippement du pl�tre : elles portent
d'ordinaire fur quatre murs , dont ceux de face
ont environ 2 pieds 3 pouces d'�paiffeur, &
ceux de refend un peu moins. On laiffoit dans
les commencements au pourtour de chaque pi�ce
pour porter leur naiffance, une faillie de pierre
de 9 pouces, fur 18 pouces de hauteur j mais
par la fuite on s'efl content� de , pratiquer dans
les murs une tranch�e pour loger les premi�res
Briques. Le paffage des tuyaux de chemin�e
n'a apport� aucun changement � leur conitru�tion ,
vu qu'on a affecl� de les engager dans l'�paiueut
des murs.
-ocr page 135-
io8                       Cours
Apr�s avoir difpof� des cintres l�gers , tels
qu'on en voit dans le profil, fig. XVI, & dans
le plan fig. XVII , � 3 pieds les uns des autres ,
lefquels �toient faits de planches A , pof�es de
champ , fcell�es par leurs extr�mit�s dans les
murs � , & foutenues vers le milieu par des chan-
delles C , ou des boulins plac�s debout \ on a
commenc� la conilru�ion de la vo�te par un
des angles de la chambre , & on a fini par l'angle
oppof�. A mefure que Ton avan�oit , on co�-
vroit les cintres d'un rang de lattes , disantes
l'une de l'autre de 2 pouces , que l'on croiibit
enfuite par un f�cond rang femblablement efpac� ,
ce qui formoit fur ces cintres un efpece de gril-
lage o� l'on pofo�t les briques � plat & en �o�an-
ge , en ohfervant de placer l'angle de chaque
brique du premier rang fur la faillie en pierre Ε ,
dont nous avons parl� , & de remplir leur inter-
valle fur cette faillie par des demi-briques trian-
gulaires : la fig. XVIII, fait voir en plan cette
difpofition.
Apr�s avoir arrang� un certain nombre de
briques, on les doublait par un autre rang fup�-
p�rieur en liaiibn , & auf�� plac� en loiange , en
ayant foin de mettre fi�vant - l'art , du pl�tre
entre les joints, & de bien dreffer chaque brique.
Les cintres ayant �t� ainii garnis de lattes eroi-
(�es , & couvertes fucceffivement de deux rangs
de,briques , on a fini chaque vo�te par l'angle de
la chambre , oppof� � celui par lequel on avoit
commenc�.
                  '
La difpofition des contre-forts de ces vo�tes a
vari� dans les'commencements: on mettoit de 3 pieds,
en 3 pieds , fur leur extrados , des arcs doubleaux
compof�s d'un rang de briques pof�es � plat &
-ocr page 136-
D'A R � � 1 TE C Τ U R E.             IOp
quarrement ; mais parla fuite on amis fur leurs
reins des efpeces de petits murs F , flg. XIX , faits
de deux briques longues pof�es de champ, � c�t�
l'une de l'autre , & recevant une petite vo�te en
berceau , qui du mur va mourir � rien vers le
fommet de ia vo�te plate : arrangement qui nous
paro�t avoir beaucoup de force , & devoir all�-
ger en m�me-tetas les reins. La figure XX,
eit le profil de la moiti� d'une de ces vo�tes,
qui efr. pof�e fur la faillie ou plinthe Ε, & dont
les reins font contenus par des contre-forts F , qui
les lient par de petites vo�tes G , compof�es de
briques pof�es � plat. H exprime la courbe de la
vo�te , & la difpoiirion de fes briques; J tirant que
l'on a mis , de 12 pieds en 12 pieds , pour conte-
nir l'�cartement des murs B.
Les f�condes fortes de vo�tes , fig. XX� &
XXII, ne diff�rent des pr�c�dentes qu'en ce que
les briques font de figures ordinaires & pof�es de
champ , quoique diagonalem�iit. On les op�roit
atiffi, en commen�ant par un angle de la-pi�ce ,
& en pouri�ivant fa conilr�cfion jufqu'� l'autre
angle oppof� : on pla�a les deux premiers rangs
de briques de champ , fuivant leur hauteur,
dans la tranch�e qui avoit �t� pratiqu�e au
pourtour du mur , & l'on continua leur con-
ftruction , en pla�ant toutes les autres briques
M de champ , aufH fuivant leur longueur. Cet
arrangement eil tr�s-fimp�e, & beaucoup plus fo-
lide que l'autre, mais il a auffi plus de poufT�e.
Il eft � remarquer que , comme les briques de
ces vo�tes fe placent diagonalement ,oa a aife&�
dans les vo�tes des pi�ces vohines , de diriger
leurs joints dans un fens tout contraire, afin que
leurs poiuX�es s'accotaifent r�ciproquement. Enfin;
-ocr page 137-
�io                       Cours
� deiTein de fortifier les murs de ces vo�tes,
comme ceux des pr�c�dentes , on a plac� de 9
pieds en 9 pieds, fur leur extrados d'un mur de
face � l'autre, des tirans de fer plat Ν, fig. XXII,
de 2 pouces � de large , fur 6 � 7 ligne d'�paif-
feur, aifembl�s par le milieu � trait de Jupiter ,
& non � oreillons, qui font fujets � fe l�cher. On a
mis encore d'autres tirans en croix fur ceux-ci,
d'un mur de refend � l'autre j ce qui a rendu les
murs capables de r�fiiler � la pouff�e de ces
vo�tes, dont il y a jufqu'� trois �tages �lev�s les
uns au-deiius des autres dans cet Edifice (1).
(i) Avant d'entreprendre la conftru�tion de la premiere �ε�-
pece de vo�te , on en fit un eifai dans la falle d'un ancien pa-
villon du Palais-Bourbon. Cette falle avoir 19 pieds -en quarr�;
deux de fes murs oppof�s avoient chacun 2.1 pouces d'�paiifeur,
& les deux autres chacun pouces.
On donna � cette vo�te deux pieds & demi de mont�e, & on
l'ex�cuta , comme il a �t� expliqu�, avec des briques de 8 pouces
quarr�s , fiUon�es fur leurs faces,& pof�es � plat diagonalement ;
tellement qu'elle avoir cinq pouces&demid'�paifieur� lactef tout
compris. On mit au-deifus de fon extrados,deux forts tirans de fer
plat,� peu-pr�s � 4 pieds dediftance l'un de l'autre versie milieu de
la falle,pour contenir les murs de 2.1 pouces ; mais on fe difpenfa
de contenir femblabiement les deux autres murs par des tirans,
tant parce qu'on les jugea fuffifamment forts, que parce qu'ils
�toient en outre charg�s de pr�s de 40 pieds de mur , qui s'�le-
voient au-deiTus de ladite vo�te. Apr�s que la vo�te fut faite �
on la chargea, pour l'�prouver, d'� peu-pr�s trois pieds de
t fable , que l'on r�pandit peu-�-peu fur la fupeificie defon extra-
dos , ce qui f�t un poid d'environ 130 milliers qu'elle fo�tint fans
fl�chir.
.�" Plufieurs Membres de Γ Acad�mie-Royale des Sdenees , �c
de celle d'Architecture , qui avoient �t� invit�s pour pr�fider �
cet ei�ai, remarqu�rent que cette vo�te ne dut fon fajut qu'aux
deux tirans , & qu'il y avoit un des murs de 21 pouces qui
�toit forti de fon � plomb d'environ deux pouces ; ce qui ne les
«mp�cha pas n�anmoins d'avoir la plus haute id�e de la force
. de cette vo�te, & fit, d'apr�s leur rapport, parler � fon ex�cution.
S'il nous �toit permis de faire quelques obfervations fur cette
.exp�rience, il nous, feroit aif� de prouver qu'elle �toit illufoi�c
-ocr page 138-
Γ
d'Architecture.            m
Article VI.
Reflexions fur les Ko�tes plates , & fur
les moyens d'op�rer leur conjlruclwn
avec fucc�s.
Si l'on pou voit efp�rer de lier tous les vouiTo�rs
d'une vo�te quelconque � l'aide du mortier , de
mani�re � ne former qu'un tout d'une inh�rence
auffi intime que peuvent l'�tre , par exemple ,
toutes les parties du couvercle d'un pot de terre,
il n'eft pas douteux qu'il n'y auroit alors rien �
craindre de la part de la poufiee ; il fuffiroit que les
murs fuiTent en �tat d'en foutenir le poids , & il
n'entreroit point d'autre coniid�ration dans la
proportion de (es iupports. Or, c'ell pr�cifcment
le but que Ton doit fe pr�pofer dans l'ex�cution
des planchers en briques , dit vo�tes plates. Toute
fa perfection d�pend de les op�rer de maniere � ne
produire d'autre effort contre les murs , que celui
& non admiffible en pareil cas. Le vrai moyen d'�prouver cette
vo�te, e�t �t� fans doute de la charger , comme elle devoit
l'�tre ordinairement, c'eft-�-dire , in�galement , fort par des
cloifons , foit par de'gros meubles. Car, en r�pandant, comme
l'on fit , peu � peu du fable fur fon extrados , on parvint � la
v�rit� � charger uniform�ment & � lafois toutes fes parties, d'un
fardeau confid�rable , mais on n'obtint qu'une r�fiftance arti-
ficielle , � peu-pr�s femblable � celle qu'on obtient d'une fiole
vuide du verre le plus fin & bien bouch�e, quand on la plonge
dans une rivi�re. Si cette bouteille, quoique preiT�e par
un poid immeitfe,refifte alors , c'eft �videmment, parce qu'elle
porte �galement de tous c�t�s 5 mais que l'on applique la
milli�me partie de l'effort de la compreflion qui agit fur elle,
contre un endroit de Ces parois , elle fera infailliblement cafiee.
Auffi s'en faut il bien qu'en ex�cution , la force de ces vo�tes
ait r�pondu � l'attente qu'eu avoir fait concevoir l'exp�rience
eu quelHon.
-ocr page 139-
uz                       Cours
d'un plancher de charpente ordinaire ; c-'eil l� tout
le fecret de leur conftru�tion.
Bien des caufes concourent, comme l'on fait,
� augmenter la poufl�e d'une vo�te ordinaire V
ion �tendue, fon �paif�eur vers la clef, fa courbe
i�ivant qu'elle eil plus ou moins furbaifT�e, enfin
la qualit� du mortier deflin� � lier enfemble toutes
fes parties. Dans les planchers en briques, 'on
obvie � T�paiiTeur de la vo�te, & on la rend la
moindre poffible , en pla�ant les briques fur leur
plat, ce qui diminue coniid�rablement la poufl�e,
& l'on fe fert en outre de pl�tre, au lieu de mortier,;
� caufe de fon aptitude � f�cher & � faire fa prife
promptement : par confequent on peut coni�d�rer
ces fortes de planchers, comme des efpeces de
vo�tes moul�es tout en pl�tre , au milieu duquel
on a introduit des briques difpof�es de la mani�re,
la plus avantageufe ? pour augmenter leur con-
iiilance.
Puifque la brique & le pl�tre font les deux
feuls ager*& qui entrent dans la compoiition des
vo�tes plates, examinons d'o� d�pend leur force
refpe&ive , quels font leurs effets , & quelle eil la
meilleure maniere tie les employer.
                    ΐ
Premi�rement , quand un plancher en briques
eil extr�mement furbahT� , il doit arriver que
les briques pof�es � plat les unes � c�t� d�s
autres, ayant leurs joints en quelque forte per-
pendiculaires dans fa partie fup�rieure , agiffent
alors vers cet endroit de toiit leur poids en con-
trebas , que les contre-forts plac�s dans les reins
�tant trop peu coniid�rables pour les fortifier,-
deviennent inutiles, & que par confequent la vo�te
fe trouve pour ain� dire abandonn�e � elle-m�me ,
fur-tout dans fon milieu. Que l'on vienn® � char-;
-ger
-ocr page 140-
D/A R CHI Τ Ε CT U ιν Ε,           113
ger une pareille vo�te, il eft mamfei�e que les
briques trouveront de la facilit� � fe d�t�cher ,
o� plut�t qu'elles ne fe foutiendront qu'autant
que le pl�tre compris entre leurs joints, ou qui
les enveloppe, op�rera de r�Mance-; mais fi, au
contraire, on a donn� � une'vo�te une mont�e.&
une courbure, telles que les briques foient capa-
bles par leur coupe de s'accotter r�ciproquement;
Qu'arrivera-t-il? L'avion du fardeau pourra �tre
partag�e, & repartie lat�ralement vers les murs:
les contre-forts par leur longueur feront alors en
�tat de s'y oppoi�r : ce ne fera plus le pl�tre
feul qui fera la confiftarice de cette vo�te , mais
toutes fes parties concourant � fe pr�ter un mu-
tuel fecours , fa folidit� en fera n�ceffaireme'nt
augment�e.
Secondement , l'emploi du pl�tre n'exige pas
moins de confid�ration , que celui de la brique,
pour affurer ces vo�tes. On fait que la pierre �
pl�tre eftjproicrite del� conilruaion des b�timents,
comme n'ayant pas par elle .m�me affez de force
pour r�fifter aux fardeaux. Sa calcination , en
cl�funiiTant fes parties , n'augmente . pas pour
cela fa folidit� , & l'exp�rience d�montre que des
vo�tes faites de pl�tre pur pigeonne s n'ont pas
iurhiamment de confif�ance pour porter. Les
Goths en ont, � la v�rit� , quelquefois ex�cut�,
mais auffi fe garde-t-on bien de lanTer marcher
deiTus, & d'y pofer aucun fardeau. Quant � l'a-
vion.du pl�tre , elle eil manifefte : nous avons
dit ailleurs qu'il y avoir dans le pl�tre une grande
quantit�de pores qui abforbent l'eau dans lequel
on le g�che, & que cette eau incorpor�e n'efl
pas pour cela d�truite, mais feulement interpof�e
entre fes mol�cules o� elle fe conferve plus ou
Tome Vl%                                         jj
-ocr page 141-
ί 14 .��- .■■*' � ours
moins de tems, fuivant que les lieux o� il a �t�
employ� font fecs ou humides. Tant que cette
humidit� n'eil pas �vapor�e, elle eit fufceptibie
de donner de l'avion au pl�tre , & de le faire
gonfler. Cela eil ii vrai que , lorfqii'on ma�onne
des murs moilons avec du pl�tre , on eil oblig�
de laitier toujours , au droit des cha�nes ou des
encoignures de pierre , un petit intervalle qu'on
ne remplit qu'apr�s que le pl�tre eil bien fec , ou
qu'apr�s qu'il a op�r� tout ion effet : fans cette
pr�caution, il eil d'exp�rience qu'il agiroit contre
les encoignures ou les cha�nes aiTez puiffamment
pour les �carter. C'eil encore par cette m�me
raifon que , quand on �tend un aire de pl�tre fur
le lattis d'un plancher, on a grand foin de laiifer
une iiiiere ou un petit eipace vuide d'environ deux
pouces au pourtour des murs de la chambre , le-
quel eipace ne le garnit auit! que quelques tems
apr�s ; fans quoi le gonflement du pl�tre feroic
capable de faire boucler les murs au droit des
planchers. Parconfequenr.il eil donc eifentiel defe
pr�munir auffi contre faction du pl�tre dans l'ex�-
cution des vo�tes plates , & d'emp�cher fon effet
contre leurs murs defoutenement. C'eil � quoi ceux
qui les eonflruifent ne font pis d'ordinaire aiTez d'at-
tention ; auiii ne r�uffiflent-ils le plus fou vent que
par hafard, qu'en for�ant les �paiiTeurs des murs,
<ju'en multipliant les tirans , les contre-forts , &c.
Avant d'expofer notre fentiment fur les moyens
d'ai�'urer la foiidit� des vo�tes plates , il nous faut
appr�cier fommairernent les diverfes conilru��ions
que nous avons d�crites ci-devant , & rendre
compte, en m�me tems , d'o� vient on a fait quel-
ques eifais malheureux de ces fortes d'ouvrages.
Les vo�tes plates du Roui�illon peuvent �tre
-ocr page 142-
»'ARCHITECTURE.             Π f'
op�r�es tr�s-foiidement, en ne les furbahTant pas
au-del� du iixieme ou feptieme de leur mont�e ;
& on peut les prendre pour modele en bien des
circonilances, comme pour des �curies, des ma-
gai�ns, des galleries, des vo�tes d'Eglife.
Les vo�tes du Bureau de la' Guerre peuvent
avoir plus de force que les pr�c�dentes pour r�*
fiiter aux fardeaux, attendu qu'elles ont plus de
coupe, plus d'�paiffeur ; mais auii�, comme elles
ont plus de pouiT�e , elles demandent dos �paif*
feurs de mur plus coniid�rables : il faut j quand
on en met p�ufieurs � la fuite les unes des autres,
placer,� leurs extr�mit�s, desefpeces de cul�es,
ce qui les emp�che d'�tre applicables en toutes
occaiions. D'ailleurs elles ne font pas agr�ables �
la vue , & malgr� les adouci�Tements qu'on, affecte
du c�t� des murs de face o� elles font pignon ,
elles s'accordent toujours d�feclueufement vers
ces endroits.
On tire un parti bien plus avantageux pour les
appartements de la forme des vo�tes plates en.
imp�riale } parce qu'il eft tr�s-aif� de leur faire
jouer le plafond , en difpofant avec art leur cor-
niche : aui�i leur donne-t-on maintenant par-
tout la pr�f�rence. La proportion de celles de
Toulouie nous paro�t la meilleure ; on n'y fau-
roit gueres trouver � redire , que le peu de foli-
dit� des cintres qu'on employ� pour leur ex�-
cution. En vain M. le Comte d'Efpie a-t-il pr�-
tendu que ces vo�tes n'avoient point de pouff�e ;
elles en ont toujours pour un tems , iinon de la
part des briques , du moins de la part du pl�tre ,,
comme nous l'avons fait voir ci-devant ; c'eil
pourquoi il feroit important de prendre toujours,
dans leurs conilrucl;ions,des pr�cautions � ce iujet,
H ij
-ocr page 143-
�i6                      Cours
Perfonne n'ignore que cet Auteur fut charg� de
faire des vo�tes plates, ielon fa m�thode, au b�-
timent de la Buanderie de l'Ecole R.oya:e Militaire >
& que, pourn'avoir pas fait d'attention � leur pouf-
f�e fuivant fonfiit�me, elles �cart�rent les murs,
& tomb�rent imm�diatement apr�s leur ex�cution.
On n'avoit cependant rien n�glig� de la part de
la qualit� des mat�riaux ^ les murs �toient d'une
bonne �paiifeur&bien conitruits ; ils avoient op�r�
tout leur taffement ; la brique avoit �t� faite ex-
pr�s , & le pl�tre cuit expr�s $,en un mot on avoit
pris tous les foins poi�ibles dans la main-d'�uvre
de leur ex�cution,pour en affurer la r�uifite. Veut-
on favoir ce qui fit �chouer cette conftru&ion r
Ce furent uniquement les effets du pl�tre, contre
lefquels on avoit n�glig� de fe pr�cautionner, &
c'erl � cette caufe qu'on doit attribuer le peu de
fucc�s de la plupart des ouvrages qui ont �t�
faits en ce genre � Paris.
Les proc�d�s en ufage � Lyon , pour afTuref
l'ex�cution des vo�tes plates, font � bien des �gards
mieux raifonn�s que les pr�c�dents : c'eit une ex-
cellente pratique que de les �riger fur des cintres
� demeure & folides , ainii que de ne fe pas
preifer de les fermer fur le champ vers la clef.
L'arceau que Ton place vis-�-vis de la faillie des
tuyaux paifans , m�rite fur-tout d'�tre imit� en
pareil cas. Nous obferverons que relativement au
peu de pr�cautions que l'on paro�t prendre, foit
en cette ville , foit dans leRouflillon , foit dans
le Languedoc , par rapport � l'action du pl�tre ;
il faut que le pl�tre dont on ie fert dans ces Pro-
vinces n'ait pas autant d'aptitude � fe gonfler, peu
apr�s fon emploi , que celui de Pans & de fes
/environs. Il en eft peut-�tre de la pierre � pl�tre j
-ocr page 144-
d'architecture., 117
comme de la pierre � chaux qui, � raifon de fa
nature, produit du mortier de diff�tentes qualit�s.
La conitru�ion ne fauroit �tre abfolument uni-
forme par-tout, c'eft une choie purement clima-
t�rique ; ce qui r�uffit dans un canton , ne r�ui�lt
pas toujours �galement dans un autre ; les diverfes
qualit�s des mat�riaux doivent faire varier leur
emploi ; c'eil � celui qui b�tit � fa voir faire ces
diilin�ions , & � ajouter , par exemple , dans le
cas dont il s'agit, au proc�d� que l'on fuit ailleurs
pour la conir.ru6t.ion des vo�tes plates , des pr�-
cautions contre la plus grande pouiT�e du pl�tre
de ce pays , pour obtenir un �gal fucc�s.
Quant aux vo�tes du Palais-Bourbon , elles
font en g�n�ral trop plates, le pl�tre paro�t faire
toute la confiftance de celles qui font compof�es
de briques quarr�es : comme elles pouffent par
leurs angles, ces angles font fufceptib�es, par leur
compreilion, de s'�corner ail�ment les uns les au-
tres , fous le fardeau 5 ou du moins ne peuvent
pas avoir autant de force, que quand les briques
preiTent le long de leurs c�t�s. Les vo�tes o� les
briques font pof�ls de champ , font fans compa-
raifon beaucoup plus folides : les contreforts
�vicl�s, en mani�re de petites vo�tes en berceau ,
tels qu'on les a fait en dernier lieu , font tr�s-
capables d'all�ger leurs reins , & de les fortifier
� la fois : il feroit � fouhaiter qu'on les f�t toujours
de cette maniere. Au furplus, vu qu'on n'a pas
�pargn� les tirans dans la conitruction de ces
vo�tes, & qu'on a donn� de bonnes �paiffeurs
a leurs murs de foutenement , elles pourront
durer autant que les autres ; mais peut-�tre e�t-
il �t� facile de les op�rer plus iimplement.
D'apr�s ce que nous venons d'expofer , δε les
TT*�*
H uj
-ocr page 145-
ι ιβ                       Cours
ohfervations fuccei�ives que nous avons faites, fur
ce qui cioit constituer eifentiellement la contra-
ction de ces fortes d'ouvrages , nous terminerons
ce Chapitre par une �num�ration des pr�cautions
qu'il conviendroit de prendre, pour r�unir toujours
dans leur ex�cution.
Il feroit important ,1°. De ne jamais entrepren-
dre de vo�tes plates qu'� l'abri des injures de l'air,
qu'apr�s avoir couvert un b�timent, & qu'apr�s
que les murs deftin�s � leur foutient , auroient
pp�r� tout leur effet.
2°. De s'aiTurer d'avance de la bont�, foit du
pl�tre, foit des briques , en obfervant que celles-
ci fuffent bien cuites , & qu'elles eufTent au moins
l pouce 7 d'�paiffeur , � deifein d'obtenir un peu
de coupe, en les pofant fur leur plat.
3°. De faire une tranch�e d'environ 4 pouces f
de profondeur dans les murs pourtours , ii la
vo�te doit �tre en imp�riale , ou feulement le
long de deux murs, ii elle doit faire pignon.
4g. De faire toujours des cintres folides, &
d'y laiifer repofer les vo�tes quelque tems apr�s
leur ex�cution.
                         °
50. D'obferver de ne les point tant furbaiiTer*
& de ne leur point donner de mont�e Ρ Ρ, au-del�
du huiti�me de la largeur d'une chambre ; car
quoiqu'elles r�uff�i�ent en quelques endroits ,
comme � Lyon, avec davantage de furbaiiTement,
il n'efl pas douteux 3 ainii que nous l'avons ob-
ferv� pr�c�demment, que les briques dans cette
pofition feroient plus capables d'augmenter la force
de la vo�te ; &.. m�me nous penfons que le vrai
moyen de leur donner encoreplus de conii�ance ,
feroit de placer les briques de champ, depuis leur
naiil�nce jufqif�ia moiti� environ de leur mont�e 3
-ocr page 146-
d'Architecture.            tp
comme il eff marqu� en Q.fig. XV.PL LXXXXVJL
6°. De prendre des pr�cautions contre l'action
du pl�tre , qui ne doit avoir lieu que pendant un
tems , & de laiffer, non-feulement un pied'quarr�
de vuide vers la clef Ρ des vo�tes en imp�riale, que
l'on ne ferm�rent qu'apr�s que le pl�tre auroit pro-
duit tout fon effet ; mais encore de laiffer un efpace
vuide R, au moins d'un pouce ~ au dehors de la
jiaiffance des vo�tes dans la tranch�e qui la re�oit,
c'eft~�-dire , au pourtour ext�rieur des premiers
rangs de briques ; ce qui feroit fort aif� , en
avan�ant les premi�res briques S , en dedans de la
vo�te fur le devant de la tranch�e O d'un pouce»
Par ce moyen le pl�tre de la vo�te, en bouffant,,
ne pourroit agir contre les murs j il auroit toute
libert� de faire fon effet contre ce vuide fans leur
nuire , & fans les pouffer en dehors ; ce ne feroit
que par la fuite , & quand il n'y auroit plus rien
� craindre de fa part, que l'on rempliront cet efpace
R avec des recoupes de pierre feche , ou du moins
ma�onn�es , foit avec du mortier de chaux &
fable, foit avec moiti� pl�tre & poui�iere : alors
la vo�te Ρ Q ne feroit plus exactement que l'office
du couvercle d'un pot, & la pouff�e contre fes
murs Τ , ne feroit pas plus coniid�rable que celle,
d'un plancher ordinaire.
                               #
7°. De faire, pour le mieux , les contre-forts
V en forme d'arc boutant, venant mourir � rien
vers le fommet de la vo�te, comme aux plan-
chers du Palais-Bourbon : ce proc�d� feroit capa-
ble d'all�ger davantage le poids de la. vo�ce , et%
diminuant celui de fes reins.
8°. De remplir les intervalles au-deffus des
contre-forts, ainf� que le reffe des. reins de la:
vo�te de gravo�s ? ma�onn�s, de gros pl�tre m�l� de
H iv
-ocr page 147-
120                       Cours
�erre , en obfervant de lahTer � l'ordinaire une
li��ere au pourtour de l'aire de pl�tre deftin� � re-
cevoir le carrelage ; le tout pour emp�cher toujours
fon aclion contre les murs ; car c'eff � quoi il faut
prendre un foin tout particulier.
9°. De placer fur le fommet de fon extrados,
dans le cas qu'une vo�te exc�deroit ιό � 18 pieds
de largeur, des tirans de fer plat, foit en croix ,
foit diagonalement, foit tranfverfalement ; pro-
c�d� qui ne pourroit que la folider davantage. -
10°. Enfin, de faire pour derni�re op�ration ,
apr�s avoir enlev� les cintres, un enduit de y
ou 8 lignes d'�paiffeur fur tout l'int�rieur de la
vo�te , & une corniche Ζ vers fa naiffance, en
affectant de d�rober les angles rentrans de l'imp�-
riale , & de lier le petit encorbellement d'un
pouce { , avec la faillie du bas de la corniche, fauf �
le faire fervir , ii l'on vouloit, de porte tapifferie.
Explication des Planches LXXXXIF',
LXXXXV, LXXXXFI& LXXXXFII,
repr�fentant la con�ruciion des Planchers en
briques, dits Vo�tes Plates,
La Planche LXXXXIV, offre, fig. I, II & III,
�es d�tails de la conffruclion des planchers en
briques, telle qu'elle s'op�re dans le RouffiUon.
La fig. I, eil le plan d'une partie de vo�te ;
une moiti� repr�fente le cintre de m�nuiferie vu
par deffus, & l'autre repr�fente le cintre couvert
de briques pof�es � plat.
La f�g. II , fait voir d'une part un profil du
cintre, & de l'autre part le profil d'une vo�te.
A, cintre compof� de planches de m�nuiferie.
Β, murs en moilon avec des cha�nes de pierre.
-ocr page 148-
'y
d'Architecture.            121
C,D, cours de folives deitin�es � porter le
cintre le long des murs.
Ε , autres cours de folives que Ion met vers le
milieu d'une chambre, quand la vo�te doit avoir
une certaine �tendue.
F , tranch�e pratiqu�e � la naiflance de la
vo�te pour recevoir les premi�res briques.
La fig. III exprime le commencement dune
vo�te , & fert � expliquer particuli�rement la po-
ntion des briques.
G , premier rang de briques inf�rieur, pole dans
H , deuxi�me rang de briques, pof� en liaifon
fur le pr�c�dent.
I , fig. II, moilons avanc�s en harpe, qui rem-
pliffent les reins de la vo�te.
Comme toutes ces figures ont des lettres de
renvois, communes aux m�mes objets, fuivant
notre m�thode , en s'y rendant attentif, on en
reconno�tra aif�ment tous les rapports.
Les fig. IV , V & VI, repr�fentent la conftru-
aion des vo�tes plates du Bureau de la Guerre
� Verfailles.
La fig. IV, eil le plan g�n�ral d'une aile de
ce b�timent, fervant � faire voir la difpolition
des vo�tes � l'�gard les unes des autres.
Κ, direaion de la courbe des vo�tes contre
les murs de refend M, M.
                            a ,
L, autre diredion de la courbe aux extr�mit�s
du b�timent vers les murs de face Ν, Ν , que l'on
a renforc� en co'nf�quence.
La fig. V exprime le plan du cintre , dont la
moiti� eil couverte de briques en liaifon , & pof�es
de champ.
La fig. VI, repr�fente d'un c�t� le profil du
-ocr page 149-
111                       Cours
cintre , & de l'autre le profil d'une vo�te.
M, murs de refend.
�, tranch�e.
Ρ, Ρ, cours de folives le long du mur & vers le
milieu de la chambre.
Q , cintre pouvant g�iiFer librement fur les.
iolives P.
R, premier rang de briques de champ.
S , f�cond rang.
T, briques quarr�es dans les reins de la vo�te^
V , briques oblongues & ordinaires que l'on mes
quelquefois vers le haut de la vo�te.
X, reins de la vo�te, garnis en moilons.
Les % Vil, VIII & IX,, PI. LXXXXV ,
expnmenc les plans & le profil de huit tuyaux de
chemin�es , fervant � faire voir les pr�cautions
que l'on a prifes pour contenir Ja poufiee des
vo�tes vis� �-vis leurs vuides.
La fige VII, eil le plan des tuyaux audeiTous de
la tranch�e : a , mur ; b , linteau de fer ; c , extr�-
mit�s du linteau , fcell�es dans le mur ; d, barre
de fer recourb�e par les bouts, & plac�e dans
T�paiffeur du mur pour foulager le linteau b.
La fig, ViII, eu le plan des tuyaux vis-�-vis la
tranch�e : c, linteau en retraite fur le pr�c�dent ,.
& dont les extr�mit�s font fcell�es dans le mur a ;
f,
barre de fer plac�e � travers lepaiiTeur du mur 9
& au milieu des tuyaux formant un enfourchement
par les bouts , � l'effet de contenir le linteau e
contre la pouff�e.
La fig. IX9 par \Ά correfpondance des m�mes
lettres , fait voir diiHn&ement en profil la po-
rtion des linteaux b & e, la pofition des deux
barres tranfverfalles d & �, & la naiffauce de la
voute g.
-ocr page 150-
d'Architecture.           123
La fig. X , repr�fente le plan & le profil d'une
vo�te en imp�riale , conilruite fuivant le proc�d�
de M. le Comte d'Efpie.
A , tranch�e pratiqu�e dans les quatre murs
pourtours d'une chambre.
Β , vo�te compof�e de deux rangs de briques
en liaifon , & pof�e � plat.
C & D, rangs de briques, pof�s tout au pour-
tour de la pi�ce.
Ε , F , courbe de la vo�te.
G , partie des reins de la vo�te , garnis de
ma�onnerie.
H, petits murs plac�s de diftance en diftance
dans les reins.
I, corniche de pl�tre.
Κ, angles de l'imp�riale , fig. X.
Les fig. XI, XII, XIII &XIV, PI. LXXXXV�,
repr�fente la coniirudion des vo�tes plates, telle
qu'on l'op�re dans le Lyonnois.
La fig. XI, offre d'un c�t� un profil d'un cintre,ί
& de l'autre le profil d'une vo�te.
La fig. XII, eft la moiti� du plan d'une cham-
bre , dont le cintre eft couvert de planches.
La fig. XIII, eft le plan de la moiti� d'une
vo�te vu par-deflus , avec des contre-forts au
droit de fes reins.
La fig. XiV , eft le profil d'un tuyau de che-
min�e.
A, murs de face & de refend.
Β, Β , chandelles.
C, chapeaux.
t D, cintre fait de planches.
Ε , entrait.
F ,F , pi�ces de bois fervant encore � folider le
cintre, quand la vo�te a une certaine �tendue.
-ocr page 151-
124                      Cours
G, fig. XII , planches qui recouvrent les cehv
tres, & qui fe mettent � mefure que le plancher
avance.
Hj tranch�e partiqti�e tout au pourtour des
murs d'une chambre, pour loger les premi�res bri-
ques de la vo�te.
Κ , fig. Xi & XIII, contre-forts qui brident la
yo�te.
L, f�g. XIII, partie des reins de la vo�te garnis
de ma�onnerie.
M, fig. XIV , plate-bande conftruite au droit
d'un tuyau de chemin�e, pour le fortifier contre
f effort de la vo�te.
Ν, corniche en pl�tre au pourtour de la pi�ce.
La f�g. XV , offre la moiti� du profil d'une
vo�te plate , conitruite fuivant notre maniere.
Ο , tranch�e pratiqu�e dans le mur T.
Ρ Ρ, mont�e de la vo�te, qui eil le huiti�me de
la largeur de la chambre.
Q, vo�te dont les briques font pof�es de champ
JLifqu'au f de fa mont�e, tandis que 1er eile jufqu'au
fbmmet eff pof� � plat.
, R , petit efpace derriere la vo�te, deitin� � �tre
rempli avec des recoupes de pierres f�ches , &
ma�onn�es de mortier.
S, briques de la naii�ance de la vo�te , avanc�es
d'un pouce fur le devant de la tranch�e.
V, contre-forts.
X, carrelage.
Ζ , corniche en pl�tre.
Les f�g. XVI , XVII, XVIII , XIX, XX,
XXI, XXII & XXIII, PI. LXXXXVII, repr�-
fentent les d�velopements des vo�tes du Palais-
Bourbon.
Les fig, XVI & XVII, font, l'une le profil, &
-ocr page 152-
d'Architecture.            125
lautre le plan des cintres qui ont fervis � faire
ces vo�tes.
A , planches de champ.
Β, Β , murs.
C,  boulins.
D,  lattes qui couvrent les cintres en divers
fens, & de fa�on � former un efpece de treillage.
E,  efpece d'encorbellement que l'on a laiff� au
pourtour de la naiffance des vo�tes pour la
recevoir.
La fig. XVΠΙ, eit le plan de la moiti� d'une
vo�te vu par-deflbus , lequel fait voir la disposi-
tion des briques.
La fig. XIX , repr�fente le plan d'un quart de
vo�te vu par-deffus, avec des contre-forts F com-
pof�s de deux rangs de briques de champ.
La fig. XX, eftle profil de la moiti� d'une vo�te.
G , vo�te des contre-forts.
H, deux rangs de briques � plat.
I, tiran de fer avec ancre � fes extr�mit�s.
La f�g, XXI, eil une portion de plan des vo�tes
du Palais-Bourbon, dont les briques Κ font pof�es
de champ.
L j plan d'une autre vo�te adoff� , mais dont
les briques font pof�es dans une direction con-
traire , afin que la pouff�e des deux vo�tes fe
fortifie mutuellement.
La fig. XXII, eit 1© profil de la vo�te pr�c�-
dente K.
. M, briques pof�es de champ, fuivant le long c�t�.
Ν , tiran.
La fig. XXIII, eft le profil d'une chemin�e,
avec deux efpeces de linteaux Ο , au droit du
tuyau , vis-�-vis la naii�ance de la vo�te. ,;
-ocr page 153-
ιι6
Cours
■rfScArfj "SSSSSBBCSSEi JSSSSSSSS SSB&^L�
CHAPITRE III.
De la maniere d'e χέ cuter
les Terrasses qui couvrent
LES BaSTIMENTS.
j_jES Terraffes dont on couvre le def�us d'un B�-
timent ou quelques-unes de ies a�les , contribuent
non-feulement � donner plus d'agr�ment � ion
enfemble, mais encore � all�ger (es parties fup�-
rieures, par la fuppreffion des toits, qui ne laiffent
pas de les charger , & m�me de les pouiTer en
dehors ; ajoutez � cela que dans les lieux o� le
bois eil rare, ces fortes de couronnements op�rent
beaucoup d'�conomie dans une b�tiiTe. On remar-
que que les pays Septentrionaux paroifTent en
g�n�ral moins favorables que les M�ridionaux -,
la dur�e des Terraffes : auffi font-elles d'un plus
fr�quent ufage dans les derniers que dans les
premiers, o� l'on eil comme d'obligation de leur
pr�f�rer les toits , par rapport � la charge des
neiges & aux pluies prefque continuelles dans
certaines faifons de l'ann�e.
Il y a bien des proc�d�s diff�rents pour op�rer
les Terraffes ; notre deffein n'eil pas de les d�crire
tous , mais feulement, apr�s avoir expof� fom-
mairement les principaux, d'en donner quelques-
uns des meilleurs pour exemples , & eniuite de
faire des obfervations fur les moyens de parvenir
� conilruire ces fortes d'ouvrages avec fucc�s.
Dans le Nord de la Su�de , o� il eil d'ufage de
-ocr page 154-
■*
d'Architecture.           127
tenir les toits des maifons prefque plats , on Ce
contente d�tendre fur les folives �es planchers
fup�rieurs de f�corce de bouleau , dont la fub-
itance paffe pour �tre en quelque fa�on incor-
ruptible , & l'on recouvre enfuite ces �corces
d'une �paiffeur de terre fufrifante pour y pouvoir
f�mer du gazon.
                                 f            ^
Les maifons de Lyma, ville du P�rou , ou il
pleut tr�s-rarement, font toutes termin�es en ter-
rafles , dont la conftru&ion confiffe dans �es
claies tr�s-ferr�es , fur lefquelles on r�pand une
certaine �paiffeur de fable fin ; & cela fuffit pour
recevoir ■& abforber les rof�es qui y font journa-
li�res & tr�s-abondantes.
On fait qu'en Italie les couvertures en terraiTe
font tr�s-communes : la plupart des maifons de
Naples , entr'autres , font termin�es de cette ma-
ni�re. On fe fert pour leur ex�cution de pozzo-
lane , mati�re bitumineufe , qui fe trouve dans les
environs du Vefuve , laquelle efl compof�e de
parties m�talliques & de petits criitaux tr�s-�pres
au,toucher: en m�lant cette pozzolane avec de
la chaux de marbre ou de coquillage » il en r�fulte
un mortier que l'eau affermit au lieu de le d�truire.
11 ne s'agit, pour faire une Terraffe, que de mettre
un enduit de ce mortier fur l'aire du plancher fup�-
rieur, en obfervant de tenir cet enduit fous l'eau
pendant quelques jours , afin de lui donner le tems
de faire corps, & de r�fifter au foleil, qui, fans cette
pr�caution , le feroit, � ce qu'on pr�tend, retour-
ner en pouf�iere. Malgr� toutes les attentions que
l'on apporte pour foiider ces Terraffes, nous avons
n�anmoins remarqu� qu'elles �toient fujettes � fe
fendre ou. � fe gerfer , � moins qu'on n'e�t pris la
pr�caution de les affeoir fur des vo�tes,
-ocr page 155-
128                      Cours
Avant le commencement de ce fi�cle Λ on em-
ployoit en France rarement des Terraffes pour
couronner nos Edifices. Une des mieux entendues
pour la b�tiife eft celle qui termine le b�timent
de l'Ohfervatoire � Paris. Sa conilrudion eil des
plus {impies : apr�s avoir fini de vo�ter toutes les
parties fup�rieures de cet Edifice , & avoir garni
avec foin les reins des vo�tes , on s'efl: content�
d'�tendre fur leur arrafement un aire de bon mor-
tier de chaux & fable ; apr�s quoi on a pav� fur
cet aire, � l'ordinaire^ � chaux & � ciment, avec de
petits pav�s de pierres � fufil. 11 eil vrai qu'� la <
longue, faute d'entretien , car il n'eft rien qui n'en
exige pour fa confervation, les eaux ont p�n�tr�
� travers cette Terraffe, & ont endommag� fes
vo�tes. On parle de la r�tablir avec le mortier-
loriot qui r�uf�ira certainement � pr�venir la ruine
prochaine de cet Edifice, comme il a fait celle de
l'Orangerie du Ch�teau de Yeriailles.
Nous pouvons encore citer la TerraiTe qui cou-
vroit le deifus de la colonnade du Louvre, dont le
proc�d� �toit tout diff�rent du pr�c�dent. Sa con-
itruclion confifloit en de longues dalles de pierre,
toutes d'une pi�ce , d'un pied d'�paiiTeur, & plac�es
, � c�t� les unes des autres fuivant la largeur de la
colonnade:un bout de ces dallespofoit furies pierres
en encorbellement, qui retenoient la bafcule de
la faillie de la corniche de l'entablement, & l'autre
bout pofoit fur le mur du fond de ladite colonnade,
avec un peu de pente vers le caniveau. Tous les
joints de ces dalles avoient �t� jointoy�s avec
d'excellent mortier, compof� de limaille de fer, de
tuilleaux & d'un peu de chaux, le tout g�ch� avec
de l'urine & du vinaigre: mais ces joints s'�tant d�-
grad�s � la longue , & les eaux par leur �kration
-ocr page 156-
� *A R C M T� C�� RI.           �I$
ayant endommag� quelques parties des plafonds
de la Colonnade, au lieu de r�tablir cette Terra�Te»
on a pris, il y a une vingtaine d'ann�es, le parti de
la fupprimer , & de lui fubftituer un toit l�ger de
charpente.
Depuis environ 30 ails, les Terraffes font de-
venues beaucoup en vogue dans les b�timents par-
ticuliers, foit pour les couronner, foit pour faire
au premier �tage des promenoirs fur les ailes en
face des appartements. Leur op�ration confifle
� faire un aire, le plus fouvent de pl�tre, fur le lattis
des folives du plancher fup�rieur, & � y pofe�
directement- des dalles de pierre jointoy�es avec
du maftic. il n'eilpas bien difficile de juger qu'un
pareil proc�de ne f�uroit �tre de dur�e ; car les
Terraffes �tant par leur iituation fuje�tes � rece-
voir toutes les impreffions de l'air , les communia
qtient n�cefTairement aux folives qui les portent ±
d'o� il s'enfuit que l'alternative de la fecherei�e 8έ
de l'humidit� , en les tourmentant, d�funit les dal-
les, brife les mortiers, tant�t � un endroit, tant�t �
l'autre, de forte qu'il faut fans eeffe courir chez le
Maitiqueur, & s'il ne vient pas � tems, l'eau filtre
� travers les planchers, pourrit leurs bois & en*
dommage les plafonds < Auffi, pour obviera ces in-
conv�nients , arrive-t-il fouvent qu'au bout d'un
tems, oh fe trouve oblig� de renoncer � ces Ter-
raffes & d'y fubftituer un comble.
Un des moyens des plus fimples, des plus uiit�s*
& � la fois des plus difpendieux pour former une
Terraffe, c'efr. de la couvrir de tables de plomb. Il
confine � les �tendre fur l'aire en pl�tre que l'on met
fur le lattis des folives d'un plancher, en m�lant dans
cet aire un peu de recoupes de pierre de Saint-Leii
paff�es au fas. Quoique ces fortes de Terraffes ayenE
Tome VI,
                             '          I
-ocr page 157-
ijo                      Cours
moins defuje�ons que les pr�c�dentes, elles ne bif-
fent pas d'exiger beaucoup d'entretien : car la cha-
leur &la gel�e font travailler les tables de plomb, &
le ibleil fur-tout fait bouffer & �carter les foudures.
Article Premier.
Conflruclion de la Terrajje qui accompagne ία
principale entr�e du Palais du Luxembourg,
Planche LXXXXVIIL
Cette TerraiTe eil fitu�e � la hauteur au pre-
mier �tage de cet �difice , en face du bout de la
rue de Tournon. Elle a 24 pieds de largeur, & eft
couverte de dalles de pierre , de 6 pouces d'�paif-
feur ; lefquelles dalles font plac�es l'une au-deflbus
de l'autre, depuis le milieu de la largeur de la
TerraiTe , & font difpof�es en pente vers des gar-
gouilles ou caniveaux, plac�s le long de la baluf-
trade , d'o� les eaux font conduites en-d�hors �
travers de l'entablement.
Les flg. I & H, expriment en plan & en profil
cette conftru�ion. On y voit que la Terraffe eft
af�ife fur une vo�te en pierre, & que 5 dalles A
occupent toute fa largeur entre les gargouilles B.
Ces dalles, independemment de leur pente natu-
relie pour l'�coulement des eaux vers les gargouil-
les , s'�l�vent de 4 pouces l'une au deflus de l'au-
tre : chaque dalle a � peu-pr�s 3 pieds de large fur
environ 4 pieds de long; elle eft pof�e en liaifon,
& taill�e de mani�re � porter un rejet d'eau dans
fa partie fup�rieure, aini� qu'il eft exprim� en D,
f�g. III; tous les joints paroiffent avoir �t� faits
avec de la limaille de fer, du ciment & de la chaux
-ocr page 158-
/
d'Architecture.           131
d�lay�e dans de l'urine. Quant au caniveau , il eu
compof� de pierres de 5 ou 6 pieds de long join-
toy�es comme ci-devant : enfin vis-�-vis les acro-
teres de la baluftrade Ε, qui borde de pa�t & d'autre
cette TerrafTe, il y a des d�charges & conduits G
qui portent l'eau � travers de l'entablement, & la
dirigent en dehors par des goutierres en pierre.'
lieftaif� de s'appercevoir par la dei�ript�on de
cette TerrarTe, qui fubfiiie depuis pr�s de 150 ans5
que fon arrangement efl tr�s-bien entendu , & qu'en
fuppofant le mortier ou maftic qui unit les joints
bien fait, & enfuke entretenu avec l'attention con-
venable , on verrok difficilement la fin d'un pareil
ouvrage ( 1 ).
                                                                                     - 1
( 1 ) Les murs des vo�tes 3 qui foutiennent cette retraite, font
n�anmoins tr�s-endommag�s,ce qui n'efS" provenu fans doute aue
de fon d�faut d'entretien. Nous croyons qu'il feroit poiTible'de
r�parer � pende frais ces murs, ainfi que les dommages de la plu-
part des b�timents, � l'aide du mortier-loriot 5 il n'y aurok qu'�
tailler en queue d'aronde les c�t�s des trous ou des parties de
pierre endommag�es, les remplir de bonne ma�onnerie faite
avec le mortier-loriot, & quand ce viendroit vers la fuper-
f�ciedu mur , mettre un enduit de deux pouces , plus ou moins
dudit mortier , dans lequel on inf�reroit, au lieu de fable, de
la m�me pierre du mur pulverif�e. Apr�s que ce mortier auroit
acquis la coniiftance n�ceilaire,, on y tailleroit � l'ordinaire les
bo�ages Λ les moulures, &c.
. -                          #%
-=�"- 0% Ht
-�^ '-igfe� *-MP*
M
-ocr page 159-
ι$ζ                       Cours
Article IL
Conflrucihn d'une Τ erraffe ex�cut�e au Ch�teau
: d� Saint- CLoud. PL LXXXXFIIL
La. diff�rence entre cette Terraiie δε la pr�c�-
dente e ft qu'�tant d'un m�me niveau, elle eil bien
plus propre � fervir de promenoir. Nous en avons
reprefent� deux plans & un profil, f�g. IV, V & VI,
avec des lettres de renvoi correfpondantes aux
m�mes objets iuivant notre coutume.
Apr�s avoir conilruit une vo�te Κ en briques ,
fig. VI. pour la porter, on a commenc� par placer
deux caniveaux de part& d'autre furies murs dans
toute leur longueur, l'un F, & Vautre G plus bas pr�s
des reins de la vo�te , que l'on a perc� de diilance
en diftance par un conduit g, d'un pouce de dia-
m�tre , lequel pourroit fervir au befoin � porter les
eaux en-d�hors. On a �lev� enfuite fur la vo�te
de petits murs H de briques pof�es � plat, & diftans
l'un de l'autre d'environ 18 pouces jufqu'� la hau-
teur de fon couronnement. Cela �tant fait , on a
couvert d'un enduit de ciment l'extrados de la vo�te,
de mani�re � former des efp�ces cl'augets entre les
petits murs, & l'on a difpo�� , alternativement de
deux l'un, le long de ces petis murs, des plate-ban-
des de fer I, avec un talon � chacune de leurs ex-
tr�mit�s. Enfin, on a couvert toute la terraife de
dalles de pierre dures L, de 435 pouces d'�paiiTeur
en bonne liaifon,fuivant la difpolition exprim�e fur
le plan, f�g. IV; en obfenrmt, non-feulement de
les faire exc�der d'un pou c le bord du caniveau
F, & de leur donner � l'ordinaire une petite pente
. .■ �... f.                                      >                                                                                ;                                                 x                                                     .
ν .                                                                      / � _                                                 ..'.'■■
-ocr page 160-
d'Architecture. 135
vers cet endroit, mais encore d'encaitrer bien juli e
les talons des plate-bandes I dans les dalles qui
bordent le caniveau.
Il refaite de cet arrangement, qu'en fuppofant
que l'eau v�nt � paffer dans la fuite par quelques
joints des dalles , elle feroit re�ue dans les augets
pratiqu�s entre les petits murs H , & de-l� conle-
roit dans les gargouilles inf�rieures G, d'o� elle
feroit conduite en-d�hors, ce qui avertiroit qu'il y
auroit des joints � remaftiquer. Un autre avantage
de cette conftru&ion , c'efl qu'� l'aide des plate-
bandes � talon qui contiennent fermement les dal-
les , il n'eft pas � craindre qu'elles puiffent s'�carter
dans cette direction, comme il arrive dans le tems
des gel�es qui, en faifant travailler la pierre,peuvent
occafionner des d�jointoyements ,■&Op�rer ainft
peu-�-peu la ruine d'une Terraffe.
..*                                                                                                  t. .                                                                                                    'i
Article IIL
Ohfervations fur les moyens et op�rer toujours
Les Terrajjes avec fucc�s. PLLXXXXIX.
Les b�timents ne durent pas autant qu'ils de-
vraient r faute de faire affez d'attention fur la
mani�re dont s'op�re fueceffivement leurd�penfTe-
ment. D�s qu'un Edifice eil fini, on l'abandonne
abfolument � lui-m�me , & il devient ce qu'il
peut. Cependant la pluie d�grade infenfibkment
les joints de fes pierres, qui fo&r � d�couverts*
& iur-tout les joints horizontaux des fes parties
faillantes , des corniches , des entablements &des
baluftrades, qui re�oivent directement les injures,
du tems :. l� il samalfe de la po�i�iere, qui donae
-ocr page 161-
134                       Cours
naiftance � de petites herbes , Iefquelles devenant
de plus en plus coniid�rables , y entretiennent
fans ceffe davantage d'humidit�. Que la gel�e
vienne � furprendre cette huraidit� entre les pier-
res , elle les alt�rera, les pouffera & les �carte-
ra de plus en plus. C'eil ainii que commence, la
ruine de la plupart des b�timents : elle a toujours
pour principe la terre & les petites herbes qu'on
�aiiTe fubi�iler dans leurs joints , fans y faire atten-
tion. Les Ponts, les Quais, & le mauvais �tat
d'un grand nombre d'Edifices » offrent la preuve
de ce que nous avan�ons, il feroit cependant aile
d'entretenir leurs mars � tr�s peu de frais , il ne
faudroit que faire annuellement la revue des joints
en queftion , pour arracher les petites herbes
qui y cr.ou�ent;,, & pour inf�rer enfuite de bon
mailic dans ceux qui commenceroient � fe d�-
grader ; alors, en fuppojfant l'ouvrage d'ailleurs
bien b�ti, on en verroit difficilement la fin (1).
( 1 ) Outre l'entretien des b�timens , il y a leurs r�parations
qui font la mati�re d'une multitude d'abus de la part des Entre-
preneurs. Cell l� o� ils p�chent, comme l'on dit, en eau
trouble', pour peu qu'ils trouvent quelques Propri�taires qui
ayent confiance enieux. Aui�� aiment-ils mieux d'ordinaire faire
des r�parations que des ouvrages neufs. Dans ceux-ci les objets
font connus ; on f�ait, � peu de chofe pr�s d'avance , ce qu'ils
^peuvent gagner, parce qu'on eft 'inftruit combien il doit en-
trer de mat�riaux dans chaque toife d'ouvrage , combien il
faut de journ�es d'Ouvriers pour fa main d'�uvre, & par con-
f�quent combien ils pourront gagner 5 mais dans les r�parations,
fi l'on n'y prend garde , Si fi l'on ne fe fait �clairer d'a-
vance par un Architecte habile & deprobit� } qui lie les mains
� l'Entrepreneur , qn eft bien heureux s'il n'en co�te que le
double de ce qu'il devoir co�ter r�ellement. Telle r�paration
qui auroit pu �tre, faite pour 100 �cus , a fou vent co�t� au
Propri�taire rooo �cus ; ou voit cela plus commun�ment qu'on
ne penfe,
                       ,                                                   ..,' j' ''',
Cell encore un coup dans ces fortes d'occafions qu'il ne faut
pas confier fes int�i�ts au premier venu , & qu'il eft important
-ocr page 162-
�> 'A R C �� Ι Τ � C Τ V R E.          't$f,
L'entretien des Terraffes n'exige pas moins un
foin tout particulier �, car il n'y a aucune partie
d'un b�timent qui fouffre davantage que celle la ,
& dont la n�gligence Toit plus pr�judiciable a fa
dur�e , fur-tout en les conitrmfant fuivant les
proc�d�s ordinaires : c'eil pourquoi nous allons
expofer les pr�cautions qu'il, faudroit prendre dans
leur b�tiffe, pour diminuer leur entretien, & pour
les op�rer d'une maniere plus folide que de coutume.
Au premier coup d'oral�, rien ne paro�t plus
f�mple que- la conilrudion d'une Terraffe ; on
croirait qu'il ne s'agit que de placer des dalles de
pierre les unes � c�t� des autres , & de remplir
leurs joints avec de bon mortier oumaitic ; on va
voir cependant combien elle exige d'attention pour
y r�ui�ir.                                               ~         r
Premi�rement, il faut bien fe garder de la poier
fur des folives , vu que le bois , ainfi que nous
i avons dit pr�c�demment, en fe tourmentant a
l'occafion des impreiTions de l'ait qu'il re�oit, de-
jointoye facilement les dalles , & occafionne fans
ceffe des r�parations : il n'y a �videmment que
fur des vo�tes que l'on puiffe �tablir f�rement de
pareils ouvrages.
                                         . �
? Secondement, il convient pour leur reuliite
de s'affurer de la bonne qualit� de la pierre. Les
de confulter } avant de mettre la main � l'�uvre, un homme
d'exp�rience & d�fmt�refi�pour bien juger de la caufe du mal,&
des moyens d'y rem�dier le; plus efficacement, de mani�re � ne
rien faire que de n�ceffaire , & qui puii�e �branler le fette. Un
ancien b�timent eft comme un Vieillard } il faut l'entretenir,
l'aider � fe fo�tenir , le fortifier , mais en voulant le rajeunir on
rifque de le tuer , c'eft-�-dire, qu'on fe met fouvent dans le
cas de le reb�tir peu apr�s , pour n'avoir pas affcx confulr� fes
forces , & y avoir fait inconfid�rement des changements.
I iv
.
-ocr page 163-
\\6                      Cour s t
plus dures font les meilleures : le Hais ne vaut rien
pour cette op�ration ; l'eau s'y infinue trop aif�-
m% m;,loriqu'il ei� expof� au Nord, & d'ailleurs
quand l'humidit� ;yeit furprife par la gel�e , il
fit fuj§t � l'e-d�liter* L'eiTenriel eil donc de donner
Ja pr�i�rence 4 ώ pierre d'arcueil ; mais avant
4? l'employer :t.,-:i\ φ -important , apr�s l'avoir
4�bit�e en dalles , de s'ai�urer de la bont� de
chacune d'elles , §n les �prouvant particul�rement
pc?ur conno�tr� s'il n'y en auroit pas de fpongieufes.
Nous difpns qu'il laut les �prouver partieuli�re-
H^ei^t i: parce qu'il eil d'exp�rience qu'entre des
4allef i�i�es � un m�me bloc, en apparence de la
meilleure qualit�, il s'en rencontre quelquefois
� travers lefquelles l'eau p�n�tre , foit que cela
provienne de quelques moyes ou veines graffespeu
ienf�bles qui s'y rencontrent, foit de ce que la pierre
n'a pas �t� furlifamment atteinte au vif. Cette �preu-
ve confifte �jborder f�par�ment chaque dalle de terre
glajie, pour en faire un baf�in 5 o� l'on laiifera
l�jouraer l'eau quelque rems, §� � reformer celles
c|ui parokroient avoir �t� p�n�tr�es. Autrefois on
donnait 3 &; 4 pouces d'�paiifeur aux dalles des.
TerraiTeSjparce qu'on n'�toit pas afTezpr�s regardant
� la qualit� de la pierre ^ mais aujourd'hui ,
�o^me on obferv� φ? n'employer, que le c�ur
de la pierre la plus choifie , on fe contente de
leur donner 15 mri§ lignes d'�paii��ur, ce qui
all�ge en �onf�quence beaucoup 1# ha.ru: d'ut»
b�timent.
Troifi�mernentj apr�s le choix de la pierre , c'eit
la qualit� du maftic ou m nionierya-vec lequel on doie
jointoyer les dalles,, qui m�rite la principale atten-
tion, te meilleur * eil celui que l'on fall avec de,
la limaille de fer , de la poudre d§ ttul�e&t*
-ocr page 164-
ι
D'A RCHITECTTJRE.           I37
paff�e au tamis , & un peu de chaux ; le tout
m�lang� avec du vinaigre ou de l'urine. Quand
ce maitic eft bien fait, il devient dune duret�
extraordinaire , & unit les pierres indiffolublement.
Les Goths n'en employoient pas d'autres ; Ton voit
dans leurs Edifices des joints de pierre qui en
font garnis, & qui , bien qu'expof�s � toutes les
injures de Fair, fubfiftent depuis pres de cinq
� fix-cents ans , fans avoir fouffert d alt�ra-
tion. La cendr�e de Tournay , la pozzolane , la
terraiTe de Hollande , & le mortier- loriot, pr�-
par�s avec le foin convenable, peuvent encore
tr�s-bien r�uffir pour ce jointoyement.
Π y en a qui coulent les joints avec du plomb
fondu i mais ce proc�d� η eft pas des plus �okdes,
par la raifon que le plomb coul� , en refroidiflant,
fe retire, & alors remplit mal le joint. Le.mieux,
en pareil cas , feroit d'introduire, entre chaque
joint, une petite regle de bois tr�s-mince , faite
en forme de coin , pour en avoir la meiure
exade; & apr�s avoir pr�par� une petite lame
de plomb , femblable � cette, regle , l'enfoncer
� petits coups de marteau, alors le joint pour-
roit fe trouver rempli, de mani�re � emp�cher le
paffage de�eau.              ψ-'ζ                            "'',.:
Nous avons remarqu� cependant au-deflus de
la colonnade , qui forme le tambour du Dome
de Saint-Paul de Londres , une .■ Terraffe en dalles
de Pierre, dont les joints, quoique coul�s en
plomb, paroiffent de la plus grande folidit�. Cette
Terraffe, % VI & VII, Pi LXXXXVIil, eft
partag�e en deux fur fa largeur , par un caniveau
M, qui conduit les eaux vers des -puiiards .o�
tuyaux7: de d�charge. Les joints des dalles font
im peu bomb�s par-deffus � leur rencontre Ν ,
-ocr page 165-
ij8                       Cours
& l'on a pratiqu� dans leur �paiiTeur une rainure
d'un pouce \ de profondeur de chaque c�t�, fur
environ deux lignes de largeur, o� le plomb s'eil
�tendu en forme de croix ; ce qui doit de toute
n�ceff�t� apporter beaucoup d'obilacles � la filtra-
tion de l'eau, enfuppofant que, malgr� le petit bom-
bement des joints, elle parvint encore � s'y iniinuer.
On fe fert commun�ment � Paris du mailic
d'nn nomm� Corbei , dont la bafe eil du blanc
de c�rufe , & qui r�uflit auffi aiTez bien, lorfque
2es dalles font ailifes folidement. On voit fur le
Ch�teau d'Auhone, � quelques lieues de Paris ,
une grande TerraiTe compof�e de carreaux de
pierfe dure, pof�s fur une bonne vo�te en briques,
dont les joints ont �t� faits avec ce mailic , &
qui, depuis plus de vingt ans qu'elle eil ex�cut�e ,
ne fe font aucunement d�mentis*
; -Quatri�mement, outre le choix du mailic , il
faudrait encore , par l'appareil des pierres , ou
plut�t par lailructure des joints des dalles, mettre
obftacle � toute filtration de l'eau, afin d'avoir
deux pr�cautions pour une contre cet inconv�-
nient , ce qui n'eil pas impoffible , comme on le
verra ci-apr�s.
Cinqui�mement, en vain aurok^on �tabli une
Ter raffe fur une voute, & avec les pr�cautions
que nous avons d�taill� , il ferait � propos de
la viiiter quelques mois apr�s fon ex�cution ,
attendu qu'il fe fait d'ordinaire un petit taifement
apr�s coup fur les reins de la vo�te , capable
d'�branler fes joints ., de forte que ,, malgr� les
attentions qu'on , auroit apport� , il pourrait fe
faire que l'eau s'y iniinu�t; mais en r�tabliflant en-
fuite ces joints �branl�s , ils deviendraient de
toute folidit�, & il n'y auroit plus � y revenir de
long-tems.
-ocr page 166-
d'Architecture,           i39
Malgr� tont ce que nous venons de dire, il faut
cependant convenir qu'il y a des pofitions o� il
                    |
cil tr�s-difficile de faire des Terraffes de longue
dur�e, comme dans des lieux expof�s au Nord,
ou qui font priv�s du foleil. Car alors l'humi-
dit� fe concentrant dans les pierres , & ne pou-
vant s'�vaporer, il fe forme fur leur fiiperficie
une efpece de moulTe , qui, en �largii�ant peu a
peu leurs pores , y introduit des fra�cheurs., & les
rend � la longue fpongieufes ; de forte que, quoi-
que leurs joints parohTent toujours bien mailiqu�s,
& dans le meilleur �tat, l'eau parvient avec le
tems � fuinter � travers les pierres. Les peintures
de la calotte de la Chapelle du nord des Invali-
des, que l'on a �t� oblig�es de refaire depuis quel-
ques ann�es , n'ont �t� vra�femblablement endom-
mag�es que par cette caufe ; auf�i 3 � moins de cou-
vrir les dalles des Terraifes avec du plomb en
pareil cas , eil-il prefque impoiiible d'�viter cet
inconv�nient par la fuite.
Aor�s toutes ces confid�rations , il n'eit plus
befo�n , pour faire une Terraife, que de convenir
de l'arrangement particulier des dalles de pierre..
Si l'on veut une Terraife qui ferve de promenoir
vis-�-vis d'un appartement , on peut f� fervir du
proc�d� employ� au Ch�teau de Saint-Cloud ;
fi l'on veut feulement fe borner � couvrir le haut
d'un b�timent� , on peut employer celui du
Ch�teau du Luxembourg , avec quelque chan-
gement. On mettra � la bonne heure , fuivant la
pente , les dalles � recouvrement les unes fur les
autres , avec un rejet d'eau ; mais nous penfons
qu'il ferait plus avantageux de pofer tous leurs
joims , non en liaifon, fuivant la largeur del�
Terraife , mais- vis �-vis les uns des autres , en
' s
f
-ocr page 167-
�40                       Cours
obfervant � leur rencontre un peu de bombement;»
comme aux joints des dalles de la TerraiTe du
D�me de Saint-Paul de Londres , fig.'VIII. Si
Ton ajoutoit � cette pr�caution , celle de placer
fous la longueur de ces joints d�j� bien maftiqu�s
un demi-tuyau d'un pouce de diam�tre , qui iroit
par-deifous les dalles aboutir directement dans
le caniveau ; il eil � croire qu'il r�fulteroit la
plus grande folidk� d'un tel arrangement, & que
Iqs vo�tes ne pourroient. jamais �tre endomma-
g�es par les eaux : car il ne iauroit y avoir rien
� craindre de la part des joints � recouvrement ,
fuivant la pente de la TerraiFe , � cauie de leur
rejet d'eau ; & en fuppofant que le maitic vint
� manquer dans les joints montans vers le cani-
veau, le bombement mettroit obitable ala p�n�-
tration de l'eau ; enfin li par hafard il en paifoit,
elle ieroit re�ue dans les petits canaux plac�s
fous les dalles , ce qui ferviroit �videmment dra-
vertiffement, quand il fe trouveroit quelque r�-
tabliiTement � faire aux joints (1)."
Pour mieux faire comprendre notre penf�e >
nous avons repr�fent� , PL LXXXXIX , deux
projets de TerraiTe.
La fig. IX , offre le plan d'une Terraffe propre
(i) M. Blondel, pag. 1^9. Tome III.. en parlant des Terra/Tes
de l'anciennne Orangerie du Ch�teau de Mcudon , auxquelles
il dit avoir tait quelques changements utiles ; promet d'en don-
ner par la fuite des d�tails : nous ne connoiifons point Ton pro-
et, mais fuivant f on expofc , il paro�t qu'il ne vouloir pas que
'on jointoy�t les dalles avec du maftic , & qu'il pr�f�roit de
aiifer paiT�r l'eau � travers les joints, pour �tre re�ue dans des
rigoles form�es par un corroi,de mortier , pof� avec une pente
furfifante fur les Vo�tes. Il nous femble cependant qu'en mafti-
quant les joints, ilenferoit r�fuk� deux pr�cautions pou* uns
contre le paiTage de l'eau.
(
-ocr page 168-
d'Architecture,            H1
� terminer le deffus d'une colonnade. On y voit
la difpofition des dalles A, depuis la baluftrade
�ufqu'au caniveau Β , dont les joints font tous
fur une m�me ligne. La %. X & XI reprefentent
une coupe, l'une fuivant la largeur , l'autre fuivant
la longueur de la Terraffe. Dans la fie. X, i&
dalles font pof�es � recouvrement C , fuivant la
pente vers le caniveau Β , avec un rejet deau
dans leur partie fup�rieure , qu'on peut remar-
quer en grand en c , au-deffous de cette figure.
Dans la fig. Xi , les dalles font un bombement
D � leur rencontre , ainfi qu'il eil exprime plus
particuli�rement en d.
Les flg. XII, ΧΠΙ & XIV, reprefentent le plan
& les profils d'une autre conftru�ion de Terraffe
port�e auffi fur une vo�te , & compof�e dans le
m�me efprit que la pr�c�dente. Les joints des
dalles F , � en juger par le plan, fig. IV, font
aufli vis-�-vis les uns .des autres avec un bom|
bernent I � leur rencontre , & � recouvrement
fuivant fa pente L,� vers le caniveau H : on y
remarquera en outre , par-deffous un demi-tuyau
G, propre � recevoir les eaux qui tenteraient de
paffer � travers les joints. La fig. XIV, qui expri-
me une coupe fur la largeur, de la Terraffe, tait
appercevoir un de ces petits canaux fuivant la
longueur; & la fig. XlH , Φ repr�fente au con-
traire une coupe fur la longueur , repr�fente leur
difpofition dans ce fens. Il eft � croire que ceux
qui penfent qu'on ne fauroit op�rer de Terraffe
folidement dans nos climats , reviendraient de
leur pr�jug� , fi on les ex�cutoit d'ordinaire avec
les pr�cautions que nous venons de d�crire j elles
feraient �videmment fujettes � peu d'entretien,
& elles dureroient autant que le reffe d?un b�ti-
ment.
-ocr page 169-
I41                      Cours
Il y auroit encore un proc�d� beaucoup moins
difpendieu^que tous ceux que nous avons d�ve-
lopp� jufqu'ici, & qui ne feroit pas moins certain
pour la dur�e ; c'eit de fe fervir du mortier-loriot :
alors il ne fera plus befoin de dalles de pierre ; il
fuf��roit, apr�s avoir ma�onn� & arrai� les reins
de la vo�te fuivant Fart, d'y �tendre un enduit
dudit mortier d'un pouce d epaiffeur , le plus
uniment que faire fe pourra , & pr�par� de la
maniere que nous l'avons expliqu� page 197 du
Volume F ;
& l'on pourra fe flatter d'obtenir dans
tous les cas une Terra�Te de la plus grande foli-
dit� , & o� il n'y aura rien � refaire de long-
tems.
                                                                °
Nos figur�s �tant peu compof�es , & ayant �t�
fuffifamment d�crites, nous nous difpenferons d'en
donner une explication particuliere.
-ocr page 170-
d'Architecture.            143
CHAPITRE IV.
De la Construction des Combles ,
so/r �,ν Pierre , so/r �#� Briques
oui terminent les Bastiments.
%�UAND bien m�me les Terraffes feroient ail�es
� ex�cuter , il y a nombre d'occafions o� l'on ne
fauroit fe paf�er de combles , & ou par coni�-
quent il feroit utile d'avoir des proc�d�s f(irs pour
les op�rer fans charpente. Car le bois , comme
l'on f�ait , n'a qu'un p�riode, il occafionne de fr�-
quentes r�parations , il eil fujet aux incendies ;
auffi de tous tems a-t-on defir� de pouvoir s'en
paffer , fur-tout dans les Edifices publics, � l'effet
d'augmenter leur dur�e ; & l'on peut fe rappeller
que nous avons d�j� remarqu� que les b�timents
les plus anciens qui fubfiftent, tels que le Pan-
th�on � Rome , le Temple de Sainte-Sophie �
Conikntinople , &c. n'ont d� leur confervation
qu'� la fupprei�ion de la charpente dans leur #x�~
cution. Comme on a fait dans ce pays-ci des ten-
tatives pour y fuppl�er par des combles en briques
ou en pierre , nous allons rapporter les proceV
d�s les plus connus ; apr�s quoi nous ferons des
obfervations fur l'utilit�, dont chacun d'eux pour-
roit �tre fuivant les circonilanc�s. _:
Il eil � obferver, avant d'entrer dans ces d�-
tails , que notre but n'eft ici que d'expliquer lef-
prit de la conilru�ion des diff�rents ouvrages dont
nous, allons parler, & non de donner le plan de
-ocr page 171-
144                      Cours
leur diitribution totale qui peut fe modifier d'une
infinit� de mani�res , � raifon des circonilanc�s
locales. D�s qu'on conno�tra bien dans les combles
b�tis en pierre, la difpoiition des dalles , leur
liaiibn, comment elles ont �t� taill�es , les pr�-
cautions qu'on a prifes � l'�gard de leurs joints
contre le paiTage des eaux ; & dans les combles en
briques , quel eil leur arrangement & ce qui con-
Ititue eiTentiellement leur folidit� ; le furplus ne
feroit que multiplier les figures, fans rien appren-
dre davantage. Ainii nous nous bornerons � rap-
porter feulement des parties de plan & de profils
des b�timents dont nous allons parler.
Article Premier.
Conflruaion du comble en pierre, qui couvre,
les Chapelles du D�me des Invalides ,
Planche C.
�,*■..                                                                                                        ,. -■-.■ ■                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      .� ) '
ι
On voit dans le plan de ce D�me , quatre
Chapelles & quatre efpeces de Nefs , qui forment
une croix,dont il faut favoir que les vo�tes au-dei�iis
du portail , & au pourtour du bas du tambour de la;
Coupole, font couvertes par un comble bas conitruit
en pierre , de la mani�re la plus folide. Voici en
quoi confi�e fa difpofition g�n�rale : on a divif�
�our Tefpace depuis le bas de la Tour jufqu'aux
murs pourtours des Chapelles , du portail & des
bras de la croix , en deux parties par un chenau
? flg. I, II & ili , qui forme un efpece d'�M
dogone irri�gulier, & qui fert � raifembler tes
eaux pluviales j ainfi qu'� les conduire vers des
puifards
\ -
-ocr page 172-
d'Architecture,           145
puifards m�nag�s au milieu des noyaux de huit
efcaliers plac�s dans les angles dudit octogone,
Ce comble eil foutenu de part & d'autre du che-
neau fur des vo�tes rampantes Β ,■ appuy�es d'un
c�t� par le mur qui porte le chenau , & de l'autre,
ioit contre le bas de la Tour du D�me C , foit
contre le haut des murs de f Eglife, qui portent la
baluftrade. Les dalles de pierre D , qui compofent
ce comble , font de la plus dure qualit� , �lev�es
en pente , & � recouvrement les unes au-deflus
des autres. Leurs joints m on tans font plac�s
fuivaiit Ta pente vers le chenau'."j vis-�-vis les uns
des autres , & forit recouverts'par des efpeces \
d'arcs-doubleaux E,qui divifenf ce comble en autant
de trav�es ; c'eil d'une de ces trav�es dont nous
allons d�crire la coni�xudion.
Chaque dalle , fig. IV & V, a 4 pouces d'�-
pahTeur , fur 2 pieds de largeur, avec plus ou
moins de longueur , fuivant la place qu'elle doit
occuper ; car il y en a depuis 3 pieds de long ,
jufqu'� 7 ou 8 pieds. On voit, par les figures,
qu'elle eif. recr�uf�e d'un pouce dans fon milieu
λ 9 & que trois de (es bords font �lev�s d'un
pouce, & forment un efpece de rejet d'eau; le
plus long b, qui eut le fup�rieur , a 4 pouces de
largeur , & les deux autres c, c, ont chacun 9
pouces auffi de largeur L'appareil d'une dalle
�tant con�u, la conilruclion de ce comble fera
bien facile � comprendre.
Apr�s avoir fait les vo�tes rampantes Β , fig.
Π , on a d� commencer par placer le caniveau
A ? ψύ a 18 pouces de largeur , & qui eft com-
pof� de longues pierres plac�es � recouvrement
les unes fur les autres, avec une pente conve-
nable vers les puifards ; enfuite on a mis, le pre-
Tome FL
                                      K
-ocr page 173-
�4�                       C O U RS
mier rang des dalles D, fuivant leur longueur fut
le bord du caniveau , avec l'attention de placer le
reietd'eaudulong c�t� b , fig. IV , versla partie
fup�rieure du rampant. On a pol� eniuite le ie-
cond rang de dalles , � recouvrement d'un pouce,
fur le devant du rejet b du premier ^ en obfer-
vant d'alligner les joints montans ; & l'on a op�r�
fucceflivement la pofe des autres dalles juiqua
la rencontre , foit du bas de la Tour C, foit du mur
pourtour de l'Eglife , o� l'on a encadr� de quel-
ques pouces le haut de la derni�re dalle fup�-
rieure : cela fait , on a d� finir par recouvrir tous
les joints montans , fuivant le rampant du com-
ble par de longues pierres E , de 9 pouces en-
viron d'�paiffeur, fur 20 pouces de largeur , lei-
quelles exc�dent aui�i d'un pouce de chaque cot�
les rejets d'eau c9c, fig. IV , pratiqu�s le long des
petits c�t�s des dalles. Ces pierres tranfverfales
font taill�es un peu en dos-d'�ne par-deffus , pour
emp�cher les eaux d'y f�journer ; elles η ont
eueres que 5 � 6 pieds de long , & font plac�es
� recouvrement en montant jufqu au haut du com-
ble , o� elles font encaftr�es �galement comme
les dalles , de quelques pouces dans les murs con-
tre lefquels elles abominent.
         #
En �tudiant les figures , on fentira alternent, �
l'aide des m�mes lettres de renvois , aux obiets
correfpondans, tous les rapports de cette conftru-
dion , o� tous les joints des pierres font recou-
verts de mani�re que , quand bien m�me on η y
auroit point mis de mortier �il feroit comme impoi-
ijble %m. l'eau p�t.endommager les vo�tes.
w
-ocr page 174-
D'A�CHI� �-�'T �it �«
Article IL
�onflruciion du Comble en Pierre qui couvre
le Porche du grand Portail de l'Eglifi.
de Saint-Sulpice. PL CL
Ce comble eft � deux �goutS, & fait croupe
� fes extr�mit�s * comme on le voit figure VIL
Les dalles A , % Vili, IX , X, XI & XII, n�
font point port�es par des vo�tes comme ci-de*
vaut, mais par des efpeces de nervures ou arcs*
doubl�aux en pierre Β , d'un pied de largeur^
fur un pied d'�pailleur vers la clef, qui font l�
fonction de i�rmes de charpente. -.iC.es arcs-
double aux ont dix-fept pieds de diam�tre vers
leur naiifance > fig. IX , & font foiuenus > d*un�
part fur le haut de l'entablement C , de Tordre
Ionique qui termine le portail > & de l'autre fur
le mur pignon D , de la nef de T�glife. Leur in-
trados eil compof� de deux portions de cercle ,
en mani�re de vo�te en tiers point ?. & leur ex*
trados eft termin� en rampant, fuivant rinclinai-
fon du comble, qui n'a qu'environ cinq pieds de
pente , depuis le caniveau E , jufqu'au fommet
I. Ils font efpac�s de 6 pieds de milieu en mi-
lieu ,, & li�s- entr'eux � leur clef, par des
efpeces de plates-bandes bomb�es par def�bus F ,
%� X, & compjof�es chacune de trois claveaux
entre leurs fomtnkrs.
Avant d'expliquer comment font pof�es ces
dalles, il eft � propos de d�crire comment elles
ont �t� taill�es,, Chaque dalle,, fig. Xi & X��* a
Κ ij
-ocr page 175-
T48                     Co Urs
6, pieds de longueur ,* fur 2 pieds 2 pouces de
largeur : fon extr�mit� fup�rieure a , n'a que 2
pouces d'�paiffeur , & offre un champ d'un pouce
& demi de largeur, avec un rejet d'eau de 6
lignes de hauteur : fon extr�mit� inf�rieure b , a
fur le devant 1 pouce 9 lignes d'�paiffeur , & a
�t� refouill�e en-deffous de 2 pouces jufqu'au
redent c , pour former recouvrement » lequel
redent a 1 pouce 3 trois lignes de hauteur ; d'o�
il refaite que la dalle a v�ritablement vers cet
endroit c, 3 pouces d'�paiffeur. On a pratiqu�
en outre , pr�s du bord d, fig. XII, des joints
montans fuivant le rampant du toit, un petit
canal circulaire d'un pouce 3 lignes de largeur ,
fur 6 lignes de profondeur.
Les dalles A ayant �t� ainii pr�par�es , on les
- a plac�es fur l'extrados des arcs-doubleaux Β : on
a mis d'abord celles qui bordent le caniveau , δε
fucceffivement toutes les autres � recouvrement,
en s'�levant jufqu'au haut du comble F, avec l'at-
tention de placer leurs joints montans G, flg. VIII,
ainfi que leurs rigoles d, fig. XII, vis-�-vis les
unes des autres ; &pour fortifier ces dalles, on a
jplac� fous chacune d'elles une plate-bande de fer H,
fcell�e par fes extr�mit�s fur les arcs-doubleaux ;
enfin on a couvert le fommet d'une dalle I un peu
en pente de chaque c�t� , fur le faitage F , dont
les joints font en liaifon avec ceux des dalles,
'comme on le voit fig, VIII , & accompagn�s
�galement de petits canaux.
' Tous les joints de ce comble ont �t� faits avec
du mortier, de chaux & ciment ; peut-�tre au-
roient-ils mieux vallu avec de bon maille , vu
qu'ils font pour la plupart d�grad�s; car il n'y a
que les rigoles le long des joints montans , quimet-
■■
-ocr page 176-
d'Arch ι te c τ υ r e.          ri49
.rent maintenant quelque obitacle � la filtration
des eaux. Au furplus, la difpofition de ce comble
eil � la fois l�gere & folide , &. peut i�rvir de
modele en bien desoccaiions.
Il I IUI 11 II IIIIIIIIWIIBWHHIIW IMIIIIIIlillllMIIIIIIIIIIIII�■ il ll||lllll|iiPBtllill«llllllll|i|MIIPIIIill1WnillllllIHIIBHIIIHlBinil1i^�i^
A R ± I C LE I IL
Conflruclio�i du Corpble briquet� de la nouvelh
Halle au Bled de Paris. PL Cil & CUL
;i
La nouvelle Halle au bled, forme par ion plan*
%. XIII, un cirque d'environ 120 pieds de dia-
m�tre int�rieurement, au pourtour duquel regne
des portiques A aurez-de-chauff�e , de 30 pieds
de largeur, qui font perc�s d'arcades Β Β d'environ
10 pieds ~ de largeur. Ces portiques font compo-
f�s de deux rangs de vo�tes d'arr�t� C, D , dont
les retomb�es font foutenues, d'une part au milieu
du portique , par des efpeces de colonnes ou
des piliers ronds Ε , de pierre tr�s-dure, & de
l'autre par des doiferets F, plac�s entre les arca-
des. Ces vo�tes d'arr�t� font b�ties partie en
pierre , partie en briques. Leurs naiffances font en
pierres jufqu'� 4 pieds de haut, ainii qu'on le
voit en G, dans les flg. XV & XVI de la plan-
ch� fuivante , de m�me que leurs arr�tes & les
arcs-doubleaux, tmi correfpondent. aux dofle-
rets F; tout le reite eilen briquespof�es de champ»
en bonne liaifon.
               , « : , .' ^
Le premier �tage de cette Halle, f�g. XIV,
eil occup� par de va �les t greniers , fans inter-
ruption , qui ont toute la largeur des portiques ,
lefquels font �clair�s , tant par des croif�es I, de
< (Λ
-ocr page 177-
��^O           ^ Η u'1 C O- V Ά S
jpo| $ pieds de largeur dans leurs embrafures ■>
termin�es en vouCure en dedans , & en plate-bande
droite en dehors,, que par des �ils de b�uf Κ »
plac�s au milieu de chaque trumeau vers le haut
de cet Edifice. La grande vo�re L de ces gre-
niers eft ogive ou en tiers-points, dont l'angle
a �t� un peu adouci : e S le a 30 pieds de diam�-
tre , fur 34 pieds de mont�e ; ia b�tiiTe eil en
pierre jufqu environ au tiers de fa hauteur M,
�g. XV , XVI '& XVII ; '$ de l� on a �lev� �
plomb Jet� chaque pi�droit des embrafures de
croif�e , des cha�nes de pierres Ν, de 2, pieds � de
lar^eut' r�duite, jufques au haut de la vo�te $
airtfi qu'il eil marque fur le plan fig. XIV. L'in-
teiY�ile Ο , entr� ces cha�nes, a �t� b�ti en
;�?rique$ apparentes , en bonne liaifon , & pof�es
^e champ alternative ment, fuivant le grand & l�
petit cot�; le'tout'ma�onn� en pl�tre ; la partie
de la vo�te qui" �ft en briques , |>eut avoir 8 a 9
pou-ces d'�paifleur tout cornpifisifi
N�i�S obierver��is que /, Quoique les �ils de
�b�uf -K', HStleur pourtour Ρ, entre les cha�nes ',
paroiffent en ex�cution\ ψ. m/�me foientexprim�s
en partie fur notre deffiri rcemme^ils a voient �t�
b�ti« en pierres:'\ ils, font ■ti�arraio�ns en briques ^
�&infi qu'il eft m�rqt��1 en a , attendu qifon a recour
Yert les briques,-vers cet- �endroit d\in enduit, &
$�gύψ d�s joints'cjfui imitent 'ta pierre? m;j
" fc�ts ai^s-double��x ou cha�nes Ν font termin�s
f�r-deffiis *a ftirvknt la-petite ldu toit j �g. XV� &
XV��,5 §c afin de conf�rver la vo�t� % , on a
pratiqu� de ^itfp�^a�ftr�'/de' petites vo�tes l�g�-
res Q, %.� XV' 5, �ompo.f��s de deux rangs de
ferlqu�« pof�es -�', platV S fp�A'I� ^*1 ,�'f^. ^
«ercib if clone lesr�irt�? i>Ht �t� arraf�s fjHVant le
[H - .                                                       �
-ocr page 178-
ι
d'Architecture.           151
rampant du comble. En consultant les difT�rens
profils que nous offrons de cette conftru�ion 9
on concevra aif�rnent la difpoiition de ces petites
vo�tes, & comment elles fe marient avec la grande
Vo�te , pour compofer le comble.
Quand le tout a �t� fini, on a �tendu fur l'ex-
trados des petites vo�tes Q , un aire de pl�tre ,,
o� Ton a feell� le haut des tuiles , dont on a
couvert tout ce b�timent ; lefquelles tuiles ont
�t� peintes de pluiieurs fortes couches d�
noir � l'huile, pour leur donner l� ton de l'��-t
doife. Sur quoi nous obferveronS que , vu les
inconveniens du fcellement des miles dans le pl�tre«,
lefquels avoient rendu cette couverture tr�s-difH-
eile � r�parer , & avoient permis aux eaux de p�-
n�trer � travers des vo�tes , on a depuis peu
d�couvert tout le comble , & l'on a feell� fur
les petites vo�tes des chevrons avec augets %
o� l'on a clou� des lattes pour y accrocher des
tuiles � l'ordinaire , ce qui vaut beaucoup mieux Λ
& contribuera � affurer la dur�e de cet ou-
vrage. ■;, _
Article IV.
Conflruciion &iin Combl� hriquet� x ex�cut�
� Touloufe. PL CIV~
M. le Comte d'�fpi� * dans* la m�me Bro-
chure o� il rend compte de la maniere de faire
les vo�tes plates , dont nous avons d�j� parl�
Chapitre IIΓ, Article III, a en m�me tems donn�
ta defeription d'un, nouveau Comble en briqu�s,.
': . > ' ■■ � \                                                         :
■A�.. ■                                '                                                                                                                                                                                                                                                                                         :.'.'-. \ ' ' ■
-ocr page 179-
152                       Cours
qu'il dit avoir fait ex�cuter avec fucc�s dans une
maifon � Touloufe ; comme fon arrangement nous
a paru m�riter quelque consid�ration, nous croyons
devoir le rapporter.
Apr�s avoir termin� la derni�re vo�te plate A ,
% XVIII, XIX & XX du b�timent, pour ex�-
cuter le comble briquet� , Ton a �lev� fur cette
vo�te des cloiibns Β , diilaht�s d'un pied l'une de
l'autre , en leur donnant de part & d'autre la
pente convenable pour former un comble � deux
�gouts Chaque cloifon s'op�re avec deux briques
adoff�es l'une contre l'autre , pof�es de champ,
jufqu'� la hauteur n�ceflaire , & li�es enfemble
avec du pl�tre. Les briques doivent avoir 15 pouces
de longueur fur 10 de largeur , & 2 pouces d'�paif-
feur ; ainii ces cloifons ont environ 4 pouces &
demi d'�paiifeur , � caufe du pl�tre qui lie les
briques : on remarquera dans la f�g. XX , qu'elles
font interrompues au deifus du milieu de la vo�te
plate , par un paffage C , qui forme un efpece
de corridor.
Les cloifons ayant �t� �lev�es, on a pof� dei�us
un premier rang de briques D, f�g. XX, de 15
pouces de longueur, de maniere � porter d'un
pouces 7 fur chaque cloifon ; & fur celui-ci on
a pof� un f�cond rang de briques de m�me gran-
deur , � recouvrement & en liaifon : le tout ma-
�onn� avec du pl�tre.
Le doubl� carrelage �tant fini, on l'a couvert
de tuiles creufes E , que l'on a ma�onn� � chaux
& fable, afin de rendre par l� la couverture plus
fo�ide , & emp�cher les goutieres ; mais en fup-
pofant qu'il s'en form�t quelqu'une, & que la tui �
creufe laiilat filtrer l'eau par quelque endroit,
cette eau tomberoit fur le carrelage , o� trouvant
-ocr page 180-
d'Architecture.           153
une pente confid�rable , elle iroit fe d�gorger
dans les chenaux, & il lui faudrait bien du tems
avant qu'elle per��t le double carrelage.
Ces combles font pignon, & l'on peut pratiquer
des croif�es aux extr�mit�s du corridor; mais en
fuppofant qu'on ne put point y en faire, � caufe
des obftacles qu'y apporteraient les maifons voi-
i�nes , alors on pourrait pratiquer , entre les cloi-
fons , quelques petites lucarnes ou quelques �ils
de b�uf pour l'�clairer.
On voit par le profil, fig. XX, que le mur de
face du b�timent eil termin� par une baluilrade
G , & un ch�nau F ; mais l'on pourrait �galement
former un �gout, capable de fe lier avec la cor-
niche , & de faciliter la continuit� de �a couver-
ture jufques-l�. -
Article V.
De la conflruclion des Combles briquet�s,
ex�cut�s au Palais-Bourbon. PL CIK.
On fait qu'il a �t� fait des combles briquet�s
fur les nouveaux b�timents Y qui ont �t� ajout�s
pour fervir d'accompagnement � cet Edifice \ c'eil
pourquoi nous ne pouvons nous difpenfer d'en
parler , & nous le ferons d'autant plus volontiers
que nous les avons vu op�rer.
Nous avons dit, Chapitre II , qu'on avoit fait
tous les planchers de ces nouveaux b�timents en
vo�tes plates , dont nous avons donn� la descrip-
tion ; & ceil au-deffus du dernier �tage de ces
vo�tes qu'on a �lev� les combles briquet�s , dont
� va �tre queftion.
-ocr page 181-
154                      Cours
Leur courbe eft un berceau plein cintre, figure
XXIII, ou du moins peu furmont� : ils ont �r�
op�r�s avec des briques de 8 pouces en quarr�,
fur 1 pouce d'�paiiTeur, lefquelles �toient i�llon-
n�es fur leurs faces , pour mieux gripper le pl�-
tre avec lequel on a enti�rement ma�onn� tous
ces combles.
On a commenc� leur ex�cution par pofer des
cintres faits de planches de 2 pouces d'�paiiTeur >
dont les fermes furent efpac�es de deux
pieds l'une de l'autre , c'eft - � - dire , de la lar-
geur de trois briques ; fur ces fermes on avoit
clou� de 8 ponces en 8 pouces d'axe en axe,
ou de la grandeur des briques , des tringles de
tois de 5 � 6 pieds de long, fur pr�s de 18 li-
gnes de gros. Cela �tant ainii diipoi�, on a plac�
un premier rang de briques I, � plat fur les cin-
tres , quarrement, fans liaifon , & de fa�on que
les joints horifontaux puffe η t r�pondre toujours
fur les tringles, & que de trois briques il n'y en
e�t qu'une qui ne f�t pas appuy�e fur les fermes :
il fut plac� enfuite un f�cond rang de briques �
plat, & en liaifon fur le pr�c�dent ; le tout ma-
�onn� , comme il a �t� dit, avec du pl�tre. Afin
de parvenir � donner une pente fuf�fante en de-
hors au fommet de ce comble , on a diilribu� fur
la largeur de la vo�te de petits murs triangulaires
LL, fig. XXII , faits en pl�tre , de 4 pouces
d'�paiiTeur , ayant de hauteur vers leur pointe
S � 9 pouces , & difkns l'un de l'autre d'environ
3 pieds � fur lefquels on. a mis des tringles de
bois M , � demeure de 7 � 8 pieds de long , fur
18 lignes de gros , & efpac�es de 8 pouces *
pour porter deux nouveaux rangs de briques Ν »
%. XXIII, ma�onn�es auffi, avec pl�tre\ de forte
-ocr page 182-
d'Architecture.           155
qu'il y a , entre le haut de la pr�c�dente
Vo�te & celle-ci, de petits efpaces vuides trian-
gulaires.
            /                                   4           ",,*,■'■
Sur le fommet de cette vo�te Ν , al effet da-
chever la pointe du toit , on a fait d'un bout a
lautre un petit maffif triangulaire de 6 � 7 pouces
de haut dans le milieu , compof� de morceaux
de briques, de tuillots , de pl�tras , .& venant
mourir � rien vers Tes extr�mit�s ; fur lequel
maffif on a plac� un rang de briques Ο , en forme
<de carrelage.
Enfin, l'on a termin� ce comble par le bas r *
& on lui a donn� une pente fuffifante vers le eh�-
nau s en pla�ant en guife de coyaux , encore des
tringles de bois d'environ 4 pieds de long &
efpac�es de la largeur dune brique , ceft-�-dire,
de 8 pouces de milieu en milieu : ces tringles
s'appuyent par un bout fur le comble, & par
l'autre fur le bord du cb�nau Q , & fervent a iou-
tenir deux rangs de briques, auffi ma�onn�es en
pl�tre. Le comble ayant �t� ainfi difpoi� , on a
�tendu fur fon extrados un bon aire de pl�tre
d'environ ί pouce d'�pahTeur, fur lequel on a
clou� les ardoifes, & Ton a fini par enduire l'in-
t�rieur de Ja vo�te en dedans des greniers.
On apper�oit, dans ces combles, de diilance en
tliitanoe, des lucarnes bomb�es , fig. XXIV , de
2 pieds de large, fur environ 2 pieds & demi de
haut, qui font conitruites* auffi en briques de
forme ordinaire : elles ont �t� �lev�es fur un
petit mur de briques pof�es � plat , de 4 a J
pouces d'�pais ; leurs pi�droits ont 4 pouces de
largeur , & elles font couronn�es par une plate-
bande bomb�e, compof�e de deux rangs de bri-
ques � plat, dont le fup�rieur avance un peu fur
-ocr page 183-
■.�"'.:■'■'                                 .';.;;                                                                                                                                                    . ' J" .
)
156                      Cours                      \
l'inf�rieur , & eft recouvert d'un chapeau de
plomb.
T""" ' ""!" ' ' �"""" "�� '"""P" " ' I       "'« UM - I I ,.,--            I     il,,,,, "                       1« ZZ 1 ...........            ■***- I     **m
Article VI.
Ohfirvations fur les Conflruclions pr�c�dentes*
Les combles en pierre qui couvrent le pour-
tour du D�me d�s invalides , & le deffusdu Porche
de Saint-Sulpice , quoique tr�s-bien entendus dans
leur conilrnotion , ne fauroient n�anmoins con-
venir en bien des circonftances , � cauie des
grandes �pahTeurs de mur qu'ils exigent : ils paroif-
�ent, par leur compofition , plus propres � former
des toits peu �lev�s, tels que ceux des bas c�t�s
d'une Eglife , que de grands toits ifol�s , comme
ceux qui terminent nos Edifices.
�ή La difpoi�tion du comble de la Halle au bled
feroit, f�lon nous , afTez convenable pour rem-
plir ce dernier objet'; mais il faudroit alors ma-
�onner fa vo�te fup�rieure avec de bon mortier ?
plut�t qu'avec du pl�tre, qui ne peut faire un
ouvrage/de dur�e dans une iituation aui�i expof�e�
l'humidit�. On augmenteroit �videmment encore
la folidit� d'une pareille b�tiiTe, en l'bp�rant fur
un plan en ligne droite, plut�t que fur un plan
deforme circulaire : car , par ce moyen,les arcs-
doubleaux ou cha�nes fe trouveroient efpac�sf
�galement de part & d'autre, & correfpondroient
au milieu des trumeaux des croif�es, o� eftleur
.plus grande force, & o� fe placent dOrdjmaire les
�perons : au lieu qu'en l'�rigeant fur un plan cir-
.cu�aire, conime � la Halle , il faut obferver qu'on
a �t� contraint de mettre deux cha�nes ou deux
\
I
-ocr page 184-
d'Architecture.           157
arcs-doiibleaiix Ν , f�g. XIV & XV pour un , &
de les placer, non vk-�-vis le milieu des tru-
meaux , & de leur renforcement Τ, fig. XIV,
qui �toit leur poiition naturelle, mais � plomb
des pi�droits de Fembrafure de chaque croif�e , tel-
lement que chaque cha�ne fe trouve port�e en partie
� faux Curies pi�droits des arcades du portique BB ,
f�g. Xiii. Un autre avantage qui r�fulteroit de
cet arrangement de comble briquet�-fur un plan
droit , c'eit que les f�condes vo�tes Q feroient
aui�l larges dans le haut que dans le bas ? & que
m�me on viendroit � bout de s'q�i paffer.
Quant � la couverture , nous eilimons qu'au
lieu d'un aire de pl�tre, il vaudroit mieux �ten-
dre un bon aire de ciment ou de mortier-loriot
fur l'extrados de la derni�re vo�te , & y pofer, �
la place de tuiles, des tables de cuivre peintes de
deux fortes couches de couleur � l'huile , � l'exem-
ple de ce qui a �t� pratiqu� fur la vo�te du grand
efcalier du Palais Royal (1). 11 eil � croire que
par ce proc�d� , on obtiendroit un comble de la
plus grande foiidit� , en bien des circonftances.
Mais pour Tufage des maifons particuli�res a
nous ne penfons pas qu'on doive imiter les com-
( 1 ) La vo�te de ce grand efcalier eil de forme elliptique
par fon plan , Se ex�cut�e en briques de champ, ma�onn�esen
pl�tre 5 elle n'a que 8 pouces d'�paii�eur vers fa clef. On a feil�
fur fon extrados des chevrons � un pied de diftance l'un de
l'autre, & dont le pied a �t� arr�t� fur des plate-formes. Ona^
mis fur ces chevrons de grandes tables de cuivre rouge d'environ
deux^ pieds & demi en quarr� , & d'une demi-ligne d'�paii�eur,
plac�es � recouvrement e l'une fur l'autre d'un pouce fur la hau-
teur ou le rampant de la vo�te , & aifembl�es � bourelet Ubiern
applati, comme on le voit s f�g. VI. Pi. C fuivant la longueur.
Ces tables furent fix�es fur les chevrons , � l'aide de petites
vis , & on les peignit enfuite de ι ou 3 fortes couches de noir
� l'huile pour les pr�feryer du yerd-de-gris. * '*
-ocr page 185-
\$                  Cours
bles briquet�s du Palais-Bourbon ; on ne voit pas
qu'aucun Conilrucleur f e foit empreff� d'adopter
leur proc�d�, bien qu'ils paroiiTent par leur ftru-
iture avoir peu de poui�ee , �tre tr�s-l�gers ,
procurer beaucoup de logements , & ne pas exi-
ger des �paiffeurs de mur plus coniid�rables qu'�
l'ordinaire : la raifon en eil, que toute conitru-
&ion expof�e aux injures de l'air, dont le pl�tre
fait la bafe, eil n�ceiTairement fujette � beaucoup
d'entretien ; & d'ailleurs nous doutons qu'on puiffe
approuver les tringles de bois qu'on a mis pour
foutenir la coupe des briques dans leurs parties
fup�rieures.
Les combles'briquet�s de M. le Comte d'Efpie,
vallent mieux � bien des �gards , quoique ma�on-
n�s auili en p!�tre pour couvrir des maifons :
leur d�faut eil d'�tre pefant _, de charger beaucoup
les vo�tes du dernier �tage, & d'exiger en quel-
que forte le facrifice des greniers , ou des loge-
ments en galetas, en les r�duifant � des efpeces
de corridor.
Par toutes les raifons que nous venons d'expo-
fer , il s'en fuit que la conilru&ion des combles,
foit en briques , foit en pierre % n'eil point encore
parvenu au point de perf�&ion que l'on pourroit
defirer, & que ce feroit une d�couverte tr�s-utile
� faire de trouver moyen de les op�rer d'une
maniere � la fois l�gere , folide , & durable en
toutes occafions.
Explication des PL C, CI, Cil, CID, & CIV>
repr�jentant la con�ru&wn des Combles
cm pierre & en briaues.
Les fig. I, II, III,. LV & V, de la PI, C>v&-
-ocr page 186-
d'Architecture.            159
pr�fente la difpofition des combles eu pierres ,
qui environnent la Tour du D�me des Invalides.
La fig. I , eft une partie du plan de ce comble.
La f�g. II, eft un profil de ce comble , fuivant
fa pente.
La fig. III, eft fon �l�vation prife au milieu du
caniveau ou �gout.
Les Lettres de renvois �tant femblables pour
les m�mes objets, ce que nous dirons de Tune de
ces figures fera r�verfible aux autres ; & nous en
uferons de m�me dans toutes les explications des
Planches fuivantes.
A , caniveau ou conduit fervant � diriger les
eaux vers les puifards.
Β, f�g. Π , vo�te rampante fur laquelle font
ai�ifes les dalles qui forment le comble.
C , mur de la Tour o� eft encaftr� le haut des
dalles � leur rencontre.
D , dalles plac�es avec un rejet d'eau vers leur
partie inf�rieure, & le long de deux de fes c�t�s.
Ε, autres dalles fervant de recouvrement aux
joints des pr�c�dentes.
La fig. IV, eft le d�tail particulier de la forme
d'une des dalles D ; a , milieu de la dalle qui eil
recreuf�e d'un pouce ; �, c, c , rejets d?eau.
La fig. V , eft le profil de deux dalles D, avec
les m�mes Lettres de renvois que ci devant.
La fig. VI , exprime l'arrangement des tables
en cuivre d'une couverture ; d, bourelet ap-
plati fuivant le rampant du toit -r e, recouvre-
ment dune table fur l'autre , fous lequel on met
de petites vis pour fixer les tables fur les che-
vrons, qui font fcell�s � augef fur l'extrados de
la vo�te en briques.
Les fig. VU, VIII, IX, X , XI & XII \ de la
-ocr page 187-
i6o                       Cours
PI. CI, font voir les d�tails du comble en pierre
du porche de TEgliie de Saint-Sulpice.
Les flg, VII & VIII, offrent l'une une partie
du plan g�n�ral de ce comble , & l'autre une por-
tion d�velopp�e de fon plan.
La f�g. IX, eil un profil fur fa largeur.
La f�g. X, eil un profil fur fa longueur.
A, longueur des dalles.
Β , f�g. IX & X , arcs-doubleaux.
C, f�g. IX, profil de l'entablement de l'ordre
Ionique du portail o� l'on a pratiqu� des vuides ,
avec des arcs en d�charge entre les arcs-doubleaux
& les pi�droits Κ, f�g. X.
D j profil du mur pignon du portail, avec des
arcs en d�charge , correfpondans aux pr�c�dens.
Ε , caniveau r�gnant au pourtour du comble »
& conduifant les eaux vers les defcentes.
F , efpece de plate-bande bomb�e , f�g. IX & X,
fervant de fa�tage, & unifiant le haut des arcs-dou-
bleaux.
G , petites rigoles pratiqu�es le long des joints
montans des dalles.
"- i H, barre de fer plac�e fous chaque dalle A ,
pour foulager fa port�e.
I, dalle � deux �gouts , formant le haut du
comble.
Κ , pi�droits foutenantles arcs en d�charge.
Les f�g. XI & XII, font deux profils particu-
liers de dalles, l'un fuivant la largeur , l'autre
fuivant la longueur ; ils fervent � faire voir
leur appareil & leur pofe l'une fur l'autre: a , rejet
d'eau : b , c , efpece de feuillure deftin�e � recou-
vrir le rejet a: d, barres de fer pour fortifier les
dalles.
Les Planches CII & CHI 5 repr�fentent, l'une
les
-ocr page 188-
D ' A RCHJTECTUR E.             l6l
les plans , & l'autre les coupes du comble briquet�,
de la Halle au bied.
La fig. Χ1Π, eil le plan d'une partie des porti-
ques qui entourent cet Edifice.
La fig. XIV, eil le plan des greniers au-dei�us
��s portiques.
La flg. XV , eil un profil fur la longueur des
portiques & des greniers.
La fig. XVI, efl un profil fur la largeur des
portiques & greniers, dont une moiti� eil prife
au milieu d'une arcade , & l'autre au milieu d'un
arc-doubleau.
Enfin , la flg. XVII, eil un profil pris au milieu
d'un �il de b�uf.
A, fig. XIII , portiques.
Β , Β , arcades de part & d'autre.
C & D, vo�te d'arr�t�.
Ε , colonnes ou piliers.
F, F , dofferets & arcs-doubleaux.
G , retomb�es de la vo�te d'arr�t� , fig. XV
& XVI.
H , fig. XV & XVI, greniers.
I, croif�es termin�es en dehors quarrement ,
& en dedans en arriere-voui�ure de S. Antoine.
K, �il de b�uf.
L , vo�te ogive dont l'angle eil adouci.
M , vo�te b�tie en pierres depuis fa naiflance
jufqu'� cette hauteur.
Ν , arc-doubleau ou cha�ne de pierre pofant
fur les pi�droits des croif�es I, & � faux fut ceux
d�s arcades Β, fig. XV.
Ο , partie de k vo�te b�tie, en briques de
champ , alternativement pof�es fuivant le grand
& le petit c�t�.
                                               ;
Ρ, partie de la vo�te faite en briques , ainfi
Tome Vf,
                                         Ε
-ocr page 189-
ι6ι                       Cours
que l'�il de b�uf, mais couverte d'un enduit,
o� l'on a tir� des joints pour imiter la pierre.
Q, petites vo�tes en briques pof�es � plat.
R, petit, focle en partie � jour par le bas , pour
l'�coulement des eaux»
S j �gout du toit.
La Planche C1V , repr�fente la conilru&ion
d'un comble briquet� ex�cut� � Touloufe, & celle
des combles du Palais-Bourbon.
Les fig. XVIII, XIX & XX, font , l'une le
plan du comble de Touloufe , l'autre une coupe
fur fa longueur, & la troifieme une coupe fur fa
largeur.
A , vo�te plate , fur laquelle eil pof�e ce
comble.1
Β Β, cloifons compof�es de deux rangs de bri-
ques de champ.
C, corridor.
D,  deux rangs de briques, dont l'inf�rieur eil
plac� par fes extr�mit�s fur les cloifons Β, Β, &
le fup�rieur en liaifon fur l'autre.
Ε , tuilles creufes.
F , ch�nau bord� d'une baluilrade G. ,
La fig. XXI, eil le plan des murs qui foutien-
nent le comble briquet� du Palais-Bourbon.
La fig. XXII , eil un plan pris au-dei�us du
fommet de la vo�te ext�rieure , � la hauteur Ζ Ζ,
fig. XXIII.
La fig. XXIII, eil un profil du comble fur fa
largeur,
H, vo�te plate qui termine l'�tage fup�rieur.
I, vo�te en berceau plein cintre, compof�e
de deux rangs de briques quarr�es, de 8 pouces.
Κ , petits murs en pl�tre de forme triangulaire ?
pof�s furie haut du berceau I.
-ocr page 190-
D ' A R C H 1 Τ E C 'T U R E. . 1^3
L, tringle de bois pour ibiitenir la coupe de
la petite vo�te fup�rieure Ν » qui eil compof�s
auf�i de deux rangs de briques � plat.
O , petit maffif fait en pointe, couvert .d'un
carrelage de briques , qui re�oit Taire de pl�tre
o� eil clou�e l'ardoife.
Ρ, deux rangs de briques � plat, pof�es fur des
efpeces de coyaux, qui dirigent la pente du comble
vers le ch�nau Q.
Φ
Ί&
tu " &
L l]
-ocr page 191-
164                      Cours
»■
CHAPITRE V.
De la construction du grand
Fronton qui couronne l'ayant-
CORPS DE LA COLONNADE D� LoUVRE.
Planches CF, CVl & CV1L φ
Τ
SU Pi conitru&ion des frontons d'une certaine �ten-
due , & qui doivent �tre �lev�s fur des plate-ban-
des , a toujours paff� pour tr�s-difficile � bien
ex�cuter. Comme les plate-bandes font par elles-
m�mes peu capables de porter des fardeaux, vu
qu'elles ne tirent leur principale force que des
cha�nes dont elles font arm�es , & qu'elles ont en
outre une pouff�e confid�rable vers leurs extr�-
mit�s , lorfqu'� cette pouff�e fe joint encore l'ef-
fort des corniches rampantes contre ces m�mes
extr�mit�s , il eft aif� de concevoir qu'il faut
employer beaucoup d'induftrie � faire porter, &
� contenir � la fois une pareille maffe dans une
pofition auffi d�favantageufe. Les mod�les de con-
ftru&ion �tant toujours plus puiffans pour inftruire,
que les fp�culations les plus �tendues , nous nous
bornerons � expofer les d�veloppements du grand
fronton du Louvre , que nous avons promis page
202 du pr�c�dent Volume.
Sa longueur eil 92 pieds, & fa hauteur 18 pieds
depuis l'entablement, jufqu'� fon fommet. Il eil
port� fur huit colonnes corinthiennes accoupl�es,
de 3 pieds 7 pouces de diam�tre, lefquelles font �le-
v
-ocr page 192-
d'Architecture.            165
v�es fur un foubaiTement. Les Planches CV, CVI
& CVII , repr�fentent Tune fon plan, l'autre
fon �l�vation, & la troifieme fon profil. Nous y
avons exprim� , non - feulement l'appareil des
pierres 3 mais encore leurs diff�rentes qualit�s ten-
dre ou dure , f�lon leur r�partition.
L'entablement de l'ordre corinthien , PL CVI,
la corniche rampante du fronton , les chapiteaux
des colonnes , le mur adoff� aux colonnes & celui
qui lui correfpond dans le fond du fronton , font
en pierre tendre, dite de Saint-Lm , tandis que
les tambours des cplonnes & les trois arcs que l'on
remarque dans le fronton font au contraire en
pierre dure , dite de Saint-Cloud, fans compter la
cimaife de la corniche rampante , qui eft �gale-
ment de pierre dure , & dont il fera queition
ci-apr�s.
L'entablement eft compof� de quatre cours d'af-
fife au-deiTus des deux petits entrecolonnements :
le premier occupe la hauteur de l'architrave ; le
f�cond, la hauteur de la frife ; & les deux au-
tres , la hauteur de la corniche, fans lac�maife;
nous en avons donn� particuli�rement fur la
droite de la planche un profil , afin de les faire
mieux diftinguer: mais au-deffus du grand entre-
colonnement du milieu , il eft � oberver qu'il n'y
a que trois cours d'ai�ife , vu qu'un feul cours em-
braffe toute la hauteur de la corniche en cet endroit.
Nous ne traiterons pas ici de la conftru�tion de
ces plate-bandes : nous en avons parl� amplement
dans nos Memoires , c'eft pourquoi on peut y
avoir recours : nous nous bornerons feulement �
remarquer que la plate-bande du milieu a 24 pieds
de longueur, & qu'elle bombe au droit d� la clef
A , d'environ 1 pouce & demi ; ce qui a �t� pra-
L iij
-ocr page 193-
�66                       Cours
tiqu� j tant � caufe du taffement qu'un fardeau
auffi consid�rable que ce fronton pouvoir op�rer
par la fuite , qu'� caufe de l'�tendue de cette
plate-bande , qui, fans cette pr�caution , paro�-
troit � la vue baiffer dans fon milieu.
Les affifes de la corniche rampante ont leurs
joints montans d'� plomb , & non retourn�s per-
pendiculairement au rampant, comme cela fe pra-
tique quelquefois. On a plac� aux angles en re-
tour de l'entablement, c'eil-�-dire , aux extr�mit�s
du fronton , de tr�s-grands quartiers de pierre de
8 & 12 pieds de long , qui ont des queues consi-
d�rables dans les murs ; le tout afin de contenir
� la fois -, & la bafcule de la corniche de l'en-
tablement , & l'effort de la corniche rampante ,
qui pouffe au vuide dans cette direction. Il eft
d'ufage de mettre au milieu de ces pierres angu-
laires un fort mandrin de fer quarr� , qui tra-
verse la hauteur de l'entablement , & s'��eve juf�
ques dans la cimaife de la corniche rampante ,
& de bien cramponer en outre cqs pierres avec
celles qui les avoif�nnent, � TefFet d'op�rer la
plus grande r�fiitance. En fe rendant attentif � la
direction des joints montans des cours d'af�ife de
la corniche droite &. rampante , on s'apperce-
vra qu'ils ne coupent, ni modulons , ni ro-
fertes » ni m�me les cahTons de ces derni�res ;
mais qu'ils font toujours plac�s air milieu d'une
partie unie :, ce qui a �t� fait � deifein de rendre
leurs prnem�ns ahme ex�cution plus iolide , &
merite d'�tre toujours imit� en pareil cas*
La cimaife de la corniche rampante eft de pierre
dure , dite de Mtudon,. Chaque c�t� a environ 50
pieds de long, 8 pieds de large , & 16 � 17 pou-
ces d'�pakTeur 3 y compris le revers d'eau. Un des
)
-ocr page 194-
d'Architecture.           167
c�t�s de cette cimaife eft d'un feul morceau ; l'au-
tre de voit l'�tre femblableroent ,mais elle fe caiTa en
trois parties en la montant. On pr�tend que ces deux
longues pierres n'en formoient qu'une feule, qui
f�t fci�e en deux. M. Mallet , dans Th�liamet,
rapporte qu'en la fciant, on trouva un gros filex
ou caillou dans le milieu qui arr�ta la fcie , de
forte qu'on f�t oblig� de retourner la pierre, pour
la d�gager & continuer l'op�ration. Chacune de
ces pierres pefe plus de quatre-vingt milliers.
Que l'on juge combien un bloc aui�i coniid�rable
a d� co�ter de travaux'&'de peines , pour le tirer
de la carri�re Vie voi�urer pendant plus de deux
lieues, le fcier en deux , & �lever enfuite fes
morceaux � une hauteur d'environ 100 pieds ; &
combien, fur-tout, la forme de ces pierres plates,
vu leur longueur qui les expofoit fans ceiTe � fe
rompre, � moins d'�tre foutenues bien �galement
par-tout pendant leur �l�vation , a d� faire �prou-
ver de difficult�s. Le Clerc nous a conferv� une
vue perfpe&ive de cette op�ration ; & l'on trouve
dans la f�conde �dition de Vitruve, comment� par
Petra dit , une partie des machines qui ont �t�
employ�es au tranfport de, cet �norme fardeau.
Nous avons fuppof� enlev� , dans la PL CVI,
le parpiri du tympan du fronton, deftin� � re-
cevoir fa fculpture , pour faire voir tout le m�ca-
nifme de fa conftruclion. Qn y remarquera qu'il
y a derriere le tympan trois arcs en d�charge
en pierre dure , qui n'y font qu'appliqu�s, & dont
la fonction eft de foulager les plate-bandes , ainii
que de reporter la plus grande partie du poids de
la corniche rampante, directement fur les colon-
nes accoupl�es , & fur le mur qui leur �ft adoiT� ;
L iv
-ocr page 195-
i68                      Cours
l'arc du milieu Β eil ogive , & les deux autres
C C font rampans.
On voit particuli�rement dans la Planche �iii-
vante CV1I, le profil du fronton 3 la poiition ref-
pe�ive du mur tympan , de l'arc ogive , & de la
corniche rampante. Le parpin du tympan eft com-
poi� de trois cours d'aiTife de pierre de Saint-
Leiij de chacune 5 pieds de haut fur 15 pieds
de iong , dans fa plus grande hauteur. Ce mur a
mainenant 2 pieds ~ d'�paiii�ur , � caufe du bdf-
fage qu'on a laiii� pour la fculp�ure; mais cette
�paiiTeur doit �tre r�duite, quand elle fera finie,
� � 8 pouces : de forte que le bas relief aura environ
un pied de faillie » ce qui eil fuiHfant pour faire re-
fortir & d�tacher convenablement les figures. Nous
obferverons ici, en paf�ant, que c'eft une excel-
lente m�thode de laiiier plus de faillie de boifage
que moins en pareil cas ; car � eft toujours aif�
d'en �ter , & l'on �vite par-l� deux inconveniens ;
f Uni, d'�tre oblig� de refouiller dans l'�paiiTeur du
tympan les contours des figures, pour les rendre
fenfibles , ce qui, en les ombrant du c�t� o� frap-
pe le jour , les fait paro�tre durs ou cern�s �
comme une d�coupure , & �te ainii tout l'agr�-
ment qu'un fronton peut recevoir d'un femblable
ornement ; l'autre , d'�tre contraint d'ajouter ,
apr�s coup ,�dans les parties qui doivent �tre les
plus faillantesv, des boiTages de pierre, qui ne
fauroient �tre attach�s dans le tympan qu'avec
du fer; de forte que la rouille venant par la fuite
� faire �clater ou � d�tacher ces pierres poftiches,
on n'a plus , au bout d'un tems , qu'un bas relief
tronqu� & d�figur�; Revenons � la defcription de
notre profil.
-ocr page 196-
d'Architecture. 169
Β j eft la clef de l'arc ogive, auquel eft adoff�
le mur du fond du fronton , dont le bas r�pond
� celui qui eft derriere les colonnes , &: qui
forme , en s'�levant vers la clef, un efpece d'en-
corbellement en dehors , � l'effet de foulager les
vo.uffoirs de l'arc, & de les aider � foutenir plus
efficacement la corniche rampante. Gomme nous
avons eu l'attention de mettre les pierres au m�me
nombre que dans l'ex�cution, on voit combien les
vouflbirs du grand arc , & les ailifes de la cor-
niche rampante ont de grandes queues dans les
murs , ce qui contribue beaucoup � augmenter
la fermet� & la liaifon du tout enfemble de cette
b�tiffe.,
On a all�g� l'�paiffeur de ce fronton , en y pra-
tiquant un vuide qui fert de r�fervoir , dont on
voit l'�tendue PI. CV , & qui eft termin� par une
vo�te rampante.
Outre les pr�cautions relatives � l'appareil des
pierres , & � la maniere de faire porter le poids
du fronton le plus avantageufement, on a li� par
furcroit toutes fes diff�rentes parties avec des cha�-
nes, des tirans & des crampons, que nous avons
marqu� des m�mes lettres de renvois dans les trois
Planches, afin d'en faire voir la correfpondance
fuivant leurs diverfes fituations.
D, D, font deux cours de cha�nes plac�s der-
riere le tympan , & fervant � contenir par des
ancres fix�es � leurs extr�mit�s, les deux c�t�s
de la corniche rampante du fronton.
Ε, Ε , deux rangs de potences de fer quarre:,'
deftin�s � foulager la port�e des cha�nes D , au
droit du vuide de l'arc ogive, & � reporter une
partie du poids du mur tympan vers le mur
d�i�ier.
-ocr page 197-
17°                       Cours
F, F, tirans ayec des talons aux extr�mit�s, fer-
vant � lier les cours d'ai�ife du mur tympan avec
le mur adoff� , lesquels tirans, par leur poiition ,
peuvent �galement aider � foutenirles cha�nes D.
G, G, crampons dont la fon&ion eil de lier le
tympan avec les arcs par le haut � leur rencontre,
& avec le deffous de la corniche xampante.
H,H , PL-CVII, cha�nes plac�es entre la cor-
niche , la frife & l'architrave , pour contenir
l'entablement. *
I, autre cha�ne avec des moufles, plac�e entre
la frife & l'architrave , & traverfant le vuide pra-
tiqu� au droit de lentablement, & dont le but
eft de lier enfemb�e les murs oppof�s (i).
11 feroit inutile de nous arr�ter davantage � d�-
crire cette belle conitruaion, d'autant que les figu-
res que nous en donnons ont �t� dei��n�es avec
exactitude , & d'une grandeur qui ne laiffe rien �
d�firer pour s'en former une juft� id�e.
( ι ) Dans un M�moire que nous avons publi� , '� y a 6 ans,
lur 1 ach�vement du grand Portail de �Eglife de S. Sulpice,
ou nous avons d�montr� la n�cefl�t� de fupprimer le troifi�me
Prcke entre les deux Tours , de couronner diff�remment les
Jom'y�f Ja Publike cju'il y avoir de faire' un fronton fur le
iecond Ordre , nous avions propof� dans notre projet de difpo-
ler^es tirans de l'int�rieur du tympan , � peu-pr�s comme ceux
au fronton d� Louvre,
-ocr page 198-
d'Architecture.          171
CHAPITRE VI.
De 'la construction p'un Pont,
Un observe de fituer un Pont quarrement
fuivant le cours d'une rivi�re, & d'�lever la clef des
arches trois pieds au moins au-deffus des plus
hautes eaux. Les arches font d'ordinaire en nom-
bre impair , afin qu'il y en ait une au milieu o� fe
trouve commun�ment le plus grand courant de
l'eau. Quand le Pont n'a qu'une feule arche, fes
fiipports s'appellent Cul�es ; mais s'il a pluiieurs
arches , on nomme feulement ainfi les pi�droits des
.extr�mit�s du Pont, c'eft-�-dire, ceux qui arcbou-
tentla premiere & la derni�re arche; & tous les
autres appuis interm�diaires s'appellent Piles,
On faiibit autrefois les arches de largeurs in�ga-
les : celle du milieu �toit toujours la plus haute & la
plus large, c'eil pourquoi on la nommoitla maitre�e
Arch�
, & toutes les autres diminuoient fuccei�ive-
ment de largeur & de hauteur jufqu'aux cul�es,de
maniere � fermer im efpece de rampe pour gagner
le fommet du Pont. 11 arrivoit, de cette difpofition,
que les arches voiiines des cul�es fe trouvoient
quelquefois prefque enti�rement bouch�es lors des
gro�Tes eaux, ce qui mettoitle pont en danger d'�tre
renverf�. Aur�i afTe&e-t-on maintenant de tenir
toutes les arches de m�me hauteur, & quelquefois
auiM d'�gale largeur ; ce qui eft en effet mieux rai-
fonn�.
Les Anciens faifoient prefque toujours leurs
-ocr page 199-
172.                      Cours
arches plein-cintre & m�me extradoi��es, c'eftr�-
dire, avec des vouiToirs �gaux en longueur, comme
un efpece d'archivolte , & fans liaifon, foit entre-
eux, foit avec les cours d'ai��fe des reins : on voit de
leurs ponts dont les piles ont d'�paiiTeur le tiers Se
m�me quelquefois jufqu'� la moiti� de la largeur des
arches. Les Modernes ont trouv� que le plein-cin-
tre �levoit trop les Ponts , & que d'auffi grandes
�paiiTeurs de piles nuifoient aux cours des rivi�res,
& augmentaient coniid�rablement la rapidit� de
leur paiTage vers ces endroits , ce qui occaiionnoit
des affouillements fous leurs fondations. En con-
fequence, ils ont pris le parti de faire des arches
fiirbaiiT�es & de diminuer beaucoup le volume des
piles, .
Les Ing�nieurs ne font rien moins que d'accord
fur la hauteur � laquelle on doit porter le furbaif-
fement des arches, ni fur i'�paif�eur � laquelle il
, fuit fe borner pour les piles. Les uns veulent que
l'on ne furbaifTe pas les arches au-dei�ous du tiers
de leur diam�tre ; pr�tendant que des arches plus
fiirbaiiT�es ne font pas faites pour �tre de longue
dur�e, ni pour porter de grands fardeaux, & qu'en
outre il ne faut pas donner aux piles moins du
fixi�me de l� largeur des arches , all�guant � cet
�gard, que des piles plus foibles courrent rifque
d'�tre �craf�es fous le poids , & qu'enfin, dans le
cas qu'une arche viendrait � �tre renverf�e, il eft�
propos de proportionner leurs fupports, de fa�on
� emp�cher les autres arches de fubir le m�me fort ;
Le Pont d'Orl�ans , entr'autres , a �t� conftruit fui-
vant ce iiit�me. D'autres Ing�nieurs veulent, au
contraire, qu'on puifTe baiiTer les arches jufqu'au
quart de leur diam�tre, & r�duire, jufqu'au neu-
vi�me de ce m�me diam�tre ? l'�paii�etir des piles,
-ocr page 200-
. ■ .
d'Architecture.            173
par la raiion , difent-ils , que les piles retreciiTant
�e lit d'une rivi�re, moins on leur donne de volume,
plus les eaux font libres dans leur cours, & que,
pourvu que les cul�es foient proportionn�es de
fa�on � r�fiiter � la pouiT�e des arches, il doit �tre
permis de r�duire les piles f�lon la qualit� de la
pierre, l'eiTentiel �tant feulement de s'arlurer qu'elle
ne pourra �tre �craf�e fous le fardeau des arches:
Les Ponts de Mantes & de Neuilly , ont �t� b�tis
f�lon ce dernier proc�d�. C'eit au tems, l'unique
appr�ciateur de la dur�e des conftrrclions, � d�ci-
der laquelle des deux m�thodes m�rite la pr�f�-
rence. Le plus fur toutes fois, fuivant nous , fera
toujours d'�viter de faire des arches tr�s-furbaiiT�es,
ne fuife que pour raiTurer la vue, & parce que toutes
les conftru&ions anciennes paroiffent conilater,
que plus les Vo�tes font plates,moins elles ont eu de
dur�e : c'�toit vraifemblablement pour cette raifon
que les Goths a voient adopt� les Vo�tes en tiers-
point.
Au reite, on neft pas toujours ma�tre de donner
aux piles toute la l�g�ret� que l'on d�lire,
� moins de pouvoir conftruire les arches
toutes � la fois, afin de rejetter tout l'effort de leurs
pomT�es vers les cul�es ; ce qui ne fauroit �tre
praticable que quand on b�tit un Pont dans une
Ifle, ou fur l'un des bras d'une rivi�re, dans lequel
on doit faire couler enfuite toute l'eau, en comblant
l'autre bras, comme on l'a pratiqu� pour le Pont de
Neuilly. Π y a d'ailleurs des circonftances o�, de
crainte de g�ner la navigation pendant un tems
coniid�rable, on fe trouve oblig� de faire Un Pont
par partie, alors il faut doner n�ceiTairement aux
piles en particulier une �paiiTeur en rapport avec
i
-ocr page 201-
174                      Cours
l'action des arches qu'elles fo�tiennent ? en atten-
dant que les autres foient faites.
Avant que la G�om�trie e�t port� ion flambeau
dans l'examen de la pouff�e des Vo�tes, on op�rbit
au hazard s & en donnant plus que moins , pour d�-
terminer la force des piles & cul�es ; mais mainte-
nant on eft en �tat de favoir au juile � quoi s'en
tenir d'avance � cet �gard ; c'eft pourquoi nous
donnerons � la fin de ce Chapitre des Tables calcu-
l�es d'apr�s les formules connues , polir �nfeigner
qu'elles doivent �tre leurs dimmenfions pour r�lifter
� Faction des arches plein-cintre & furbauT�es fui-
vant les diff�rentes circonilances.
On place � la t�te des piles des avant & arri�re
becs , qui leur fervent de contre-forts, & de d�-
fenfe contre le courant de l'eau, les glaces , &
les corps qui, en chariant ? feroient capables de
les endommager. Leur forme eil, tant�t en trian-
gle , tant�t en demi-cercle. Quelquefois on fait
l'arriere-bec demi-circulaire , & l'avant-bec de
forme triangulaire. On les couronne d'un cha-
peron , qui doit �tre toujours �lev� au-deflus des
plus hautes eaux, & que l'on termine , foit en
pointe, foit � deux talus , foit circulairement.
Enfin on termine un Poiit par un cordon , fur
lequel on pofe un parapet, & l'on forme une
chauff�e accompagn�e quelquefois d'un trottoir
un peu �lev� de part & d'autre , pour rendre le
chemin des gens de pied diftinct de celui des
voitures.
Mais, fans nous arr�ter davantage � parler de la
proportion & d�coration des Ponts , bornons-nous
� expofer leur conitru�ion la plus ordinaire , &
les attentions qu'il y faut apporter pour la ren-
dre folide.
                     \                        ^
-ocr page 202-
D'A R CH ITECTURE.             I75
Defcription des op�rations fuccej�ves pour
l'ex�cution d'un Pont. PL CVI11 & CIX,
Apres avoir reconnu l'emplacement propre �
b�tir un Pont fur une rivi�re , on choiiit le tems
des plus baffes eaux pour faire fes fondations. On
commence d'abord par faire un batardeau d'en-
ceinte A , f�g. I , PI. CVII1, qui comprend une
pile Β, avec une cul�e C, & qui dirige le courant
d'eau vers le bord oppof�. Un.batardeau exige beau-
coup d'attention dans fon ex�cution ; il doit �tre
�lev� 3 ou 4 pieds au-deffus des plus baffes eaux,
& fa largeur ou �paiffeur qui fait fa force, doit fe r�-
gler fur la hauteur des eaux , qu'il fera oblig� de
ί apporter, c'eff-�-dire, que s'il y avoit 12 pieds de
profondeur d'eau , il faudroit lui donner environ
12 pieds de large. On enfonce avec une fonette ,
de part & d'autre de fa largeur, des files de
pieux <z, de 9 � 10 ponces de diam�tre, � 3 pieds
de diftance l'un de l'autre , dont on garnit l'inter-
valle de palplanches b, de 3 pouces d'�paiffeur,
& de m�me hauteur que les pieux : on entretient
les palplanches & les pieux par le haut avec des
liernes ; enfin on contient de part & d'autre le ba-
tardeau avec des entre-toifes c , de 5 ou 6 pouces
de gros , efpac�es de 6 pieds en 6 pieds, & qui
font entaill�es par les bouts. Cela fait , on rem-
plit le batardeau A de glaife ou de terre franche
bien corroy�e , apr�s en avoir toutefois d�-
blay� le fond.
L'eau comprife dans l'enceinte du batardeau
n'ayant plus de communication avec celle de la
rivi�re, on en fait l'�puifement avec des pompes
� chapellets ou � godets, jours & ι nuits , faas
"V
-ocr page 203-
176                      Cours
interruption. Cet �puifement fe fait d'ordinaire
par �conomie , & non � Tentreprife , � cauf� des
inconveniens qui pourroient furvenir, & qu'on ne
faurok pr�voir. D�s que les eaux font �puif�es ,
on fait les fouilles n�ceffaires pour la fondation
de la pile Β , & de la cul�e C. En fuppofant le
fond de bonne confiftance, il eit, ou uni, ou en
rampe, ou de niveau , de roc ou d'autre terrain
plus ou moins folide ; mais de quelque forme
qu'il foit, s'il n'eft pas de niveau, il eil eifemiel de
l'y mettre en tout, ou du moins en partie , par
reffaut, avant d'y �tablir la ma�onnerie, qu'on
aura foin d'encaftrer de quelques pouces. La pre-
miere ai�ife des fondations doit �tre de pierre de
taille , de m�me ijue tous les parements des autres
ailiies qui doivent s'�lever , en formant de bonnes
retraites jufqu'� la hauteur des pi-as baffes eaux,
o� commence d'ordinaire la naiffance des arches.
Mais fi le fond d�blay� �toit jug� n'avoir pas
fuffifamment de confiftance , ilfaudroit y rem�dier
par art , fuivant l'un des proc�d�s que nous avons
expliqu� dans le Chapitre Vi�i du Volume pr�-
c�dent. Le proc�d� le plus ordinaire , eit de b�tir
fur pilotis , fig. II, Π1, iV , V & VI. Pour cet
effet on enfonce au refus du mouton _, fig. ΙΠ ,
des files de pilots de remplag« Ο , & de bordage
Ρ , arm�s de fabots de fer � trois branches : on
met entre ces derniers des palplanches Q, fig. III,
& b , fig. V , qui, en refferrant tout le terrein
plac� fous la pile , lui donne la fermet� n�ceffaire
pour la porter. Apr�s avoir r�c�p� de niveau les
t�tes de ces pilots,on affemble � tenons^k mortoifes
des chapeaux R, fig. III, de 11 pouces de gros
fur les pilots de bordage Ρ ; enfuite on place en
travers de l'�paiffeur de la pile des racinaux S , de
8
-ocr page 204-
ψ �r� Η if ε c f ���;             �7^
S � �O pouces de gros, affembl�s � queue dliy ronde
dans les chapeaux ,pour en contenir l'�cartement. Il
y a des Ing�nieurs qui placent encore d'autres pi�ces
de charpente � l'a plomb des pilots , fuivant la
longueur de la pile, lefquelles s'af�emblent � mi-
bois fur les racinaux , & forment ainii un vrai
grillage. Entre le haut des pilots & entre ces
grillages, on fait entrer � force plufieurs rangs
de gros moilons durs, ma�onn�s avec de bon mor-
tier de chaux & ciment , & bien arraf�s au
niveau du deffus du grillage. Quelquefois on place
■fur ce grillage des plate-formes Τ , if�g. IV , de 4
pouces d'�paiffeur > bien jointives, lefquelles font
re�ues-� leurs extr�mit�s dans une feuillure entail-
l�e fur les chapeaux, � l'effet de repartir par ce
moyen le poids des piles & cul�es, �galement fur
le pilotis : cependant nous avons vu nombre de
C�nitruc�eurs qui �vitoient les plateformes , pr�-
tendant qu'elles interceptent la liaifon de la ma-
�onnerie que Ton a mife entre les pilots ou les
grillages , avec les premiers rangs de pierres de
taille» ou de libages des pilles & cul�es , & que
par-l� on �toit la t�nacit� qui pouvoir �tre pro-
duite par l'union de la bafe des pijes , & de leur
partie fup�rieure : ce dernier proc�d� nous parok
en effet pr�f�rable au premier.
On �lev� la premiere af�ife en pierrede taille c fig. V,
fur le-pilotis, enlaiffant 5 ou 6 pouces deretraite
fur les chapeaux, & les pilots de bordage ; puis
l'on continue � pofer toutes les autres affifes de
la pile , de la cul�e & des murs en a�les , s'il y en
a, jufqu'� la naiffance de l'arche, en obfervant
de laiffer des retraites d'environ 3 pouces au droit
de chacune, & fur-tout de les lier dans le pour-
tour avec des crampons de fer/fcell�s en plomb,
Toms. FL
                                       M
� I              f
-ocr page 205-
.17?                       o ν R s
comme on Ie yoit en V ,-fig, IV. ^Commun�ment
on ne fait que les parements de& piles «η pierre
de taille , & l'on ex�cute leur int�rieur en libages»
Les libages fe ma�onnent avec mortier de chaux
& fable ; & les joints des pierres de taille, qui
forment rencaiflement, fe font jufqu'� la hauteur
des plus haines eaux > avec mortier de chaux &
ciment. Π y a des Conltru�eurs qui hiullent ayep
un pinceau les joints apparens , pour emp�cher
les eaux de s'y arr�ter : mais il y en a d'autres
qui ? au lieu de les huilier ? fe contentent de les
d�grader , & qui , apr�s avoir rempli bien
'exactement les joints de mortier fait de cir
nient paffe" au tamis, les frottent forteme,n� avec
une petite barre d'acier , jufqu'� ce qu'ils ayenp
acquis eu dehors une couleur f�rugineufe j pro--
c�d� qui les garantit encore plus i�irement 4e toutes
d�gradations de la pari du cours de l'eau : les
joints du Pont de Neuilly ont �t� refaits ainfi.
Oii peut �lever quelques cours d'aff�fe vers lg
naii�anee d'une arche , fans avoir befpir� de cin-
tre ? � moins qu'elle ne foit extr�mement furbaif-
f�e ; mais ordinairement il eft d'ufage de laiffbr �
fa retomb�e des corbeaux de pierre d, f�g. V,
& r, $g. VI, diilans de 5 ou 6 pieds l'un de
l'autre , pour recevoir le bas des fermes du cintre
de charpente, deftin� � porter les vouffoirs de la
vo�te pendant fon ex�cution , ainii qu'il fera ex-
pliqu� ci-apr�s,
4>uand une pile & une cul�e font �lev�es au-
clei�us des hautes eaux , au lieu de continuer
l'arche, on remet le courant de l'eau � l'endroit
o� l'on a fond� » en d�molii|ant le batardeau ; &
l'on entreprend une autre pile , ou les deux piles
fuiyantes, &; fuceifiveraent p» fpnde tputes les piles
-ocr page 206-
d'Architecture.           179
pour bander, quand cela fe peut, toutes les ar-
ches � la fois , en obfervant toujours de faire un
nouveau batardeau, & les �puifements convena-
bles comme pr�c�dement.
Avant d'ex�cuter une arche , on place des cin-
tres de charpente fur les corbeaux r , fig. VI, dont
il a �t� queition ci-devant. Ces cintres font moif�s
& entretenus par des entre-toifes u; leur courbe
eil la m�me que celle de l'arche, & leur force
doit �tre proportionn�e au poid des mat�riaux,
qu'ils feront d'obligation de porter ; c'eit un affaire
de calcul, que de conno�tre leur r�iiftance. On
met fuccef�ivement fur ces cintres des couchis y ,
fig. VII, fous la longueur des douelles des files
de vouiToirs & , � mefure qu'on �lev� la vo�te j
& l'on place fous ces couchis de petites calles ι,
qui pofent directement fur les cintres x.
Les cintres �tant difpof�s , on commence la
conilruction d'une arche, en pla�ant les vouf�birs
correfpondans de chaque cot� de fa naiiTance »
& en avan�ant vers ia clef par o� l'on finit, avec
l'attention de mettre � l'ordinaire des calles entre
leurs joints , de les couler de bon mortier , & de
bander, � la fin, leurs t�tes avec de gros coins de,
bois.
On a- coutume de faire les vouf�birs des arches
avec des pierres fort longues , & au lieu de les
extradoffer � la maniere des Anciens , on les pro-
longe en queue fans fin dans leurs reins, pour
les mettre en �tat de r�futer aux plus grands
fardeaux.
Lorfquune arche eit termin�e fuivant l'art , il,
ne rede plus qu'� d�truire fon, cintre; ce qui'fe
fait en ruinant les calles �, fig. Vil, & en enle-<
■yant les couchis y de part & d'autre. On enlev�
M ij
-ocr page 207-
ito                    Cours
d'abord les calles & les couchis des cour�inets J
puis ceux des vouiToirs voifins , & l'on va ainii
toujours en avan�ant vers ion .Commet ; par ce
moyen la vo�te op�re peu-�-peu fontaifement en.
Ce refferrant vers la clef.
L'on finit un Pont par faire les reins des arches
L , flg. II , les chaperons M des avant & arri�re-
becs . par poler f�n cordon M , fon parapet , fes
trottoirs , par couper les corbeaux , & faire le
ragr�ment & rejointoyement de tout l'ouvrage
enfin la derni�re op�ration coniifte � former une
chauff�e e, flg. V ? en mettant environ ι pied de
fobie fur les vo�tes & leurs reins, pour recevoir
le pav� : � droite & � gauche , au bas des
trottoirs , -on pratique deux riuifeaux avec une
pente de 2 pouces par toife , fuivant la longueur
du Pont, depuis fon milieu , pour l'�coulement
des eaux ; ou bien quand la chauff�e d'un Pont
doit �tre toute de niveau , on menage, de diftance
en diftance, des paffages pour les �gouts a travers
les vo�tes l�rs de leur conitm&ion.
Tels font en g�n�ral les proc�d�s ufit�s pour
b�tir un Pont; c'eit une partie del� coriftru&ion
«qui s'eil beaucoup ■ perfectionn�e de nos jours :
ni le Pont-neuf , ni le Pont-Royal � Paris , ii
vant�s dans leurs t�ms , ne fauroient entrer en
cornparaifon pour la hardieffe de l'ex�cution
avec les Ponts de Mantes , d'Orl�ans , de
Tours , de Moulins , de NeiiHly , &c. On eil
parvenu ' au point de fonder un Pont avec la plus
grande folidit� , fur les rivi�res les plus rapides ,
fans d�tourner leur cours, fans faire de batardeaux
ou d'�puifemens-, & m�me avec moiti� moins de
d�peni� qu'auparavant : c'eil ainfi qu'a �t� b�ti
�e Pont de Saumur fur la Loire , dont nous avons
-ocr page 208-
d'Architecture.            i8�-
rendu compte des op�rations dans nos M�moires:
fur Us objets les plus importuns de ΐArchitecture. _
Terminons cette defeription par une explication
particuliere des figures concernant la con�rufcion.
d'un Pont , ce qui nous donnera occalion d en-
tres dans quelques d�tails que nous ayons ete
forc�s d'omettre , pour ne pas couper le ni des
op�rations; apr�s quoi nous, donnerons les dimen-
fions du Pont d'Orl�ans , ainfi que des ohierva-^
lions fur la conitrudion du Pont de NeuiUy ; �c
enfin nous finirons par les tables que nous avons
promis , pour d�terminer les diff�rentes epaifieurs
des cul�es.
Explication des Planches C FIII & CIX
τψ-�jentant la Con�ruBion d'un Pont.
La fie. I, Planche CVII�, exprime une partis
du plan dun Pont : une moiti� fait voir le,plan
de deux piles & d'une cul�e au niveau de leau ;
& l'autre moiti� repr�fente le plan de la chauff�e
ou du deffus du Pont.
               %
A,  batardeau d'enceinte garni de pilots a,a de
part & d'autre, avec des palplanches M entre.
eux ; lefquels pilots & palplanches, font entretenus-
dans le haut par des entretoifes c. ^
          ., ...
B,   piles, avec un avant & amere-bec ,φιη&
triangulaire , & l'autre circulaire.
C » cul�e avec des murs en aile- ^
D,  chauff�e du- Pont avec des trottoirs.
E,  �gout pratiqu� � travers les arches.
F,  courant de la rivi�re;
La fig. Π, eft l'�l�vation d'une arche avec une
pile Β , & une cul�e C; on a fuppof� les fondements
d�pouill�s de terre pour faire voir leur pilotis.
r                                        .                                       M: UJ l � ■'
-ocr page 209-
lSi                      Cours
G, pilots arm�s de fabots de fer.
H, profil du lit de la rivi�re.
11, niveau des plus hautes eaux.
Κ, vouffoirs de l'arche.
L , reins de la vo�te.
M, chaperons fervant de couronnement aux
avant & arri�re-becs , lefquels font couverts de
dalles � recouvrement l'une fur l'autre. N
Ν , cordon au-deffus duquel eil le parapet.
La fig. III, PI. CIX, repr�fente le plan parti*
�ulier d'une pile.
Ο, pilots de remplage, dont les intervalles font
garnis de ma�onnerie.
Ρ , pilots de bordage.
, Q, palplanches inf�r�es entre les pilots P.
R , chapeaux qui co�fFent les pilots de bordage.
S, racinaux fix�s fur la t�te des pilots de rem-
plage , & affembl�s � queue d'hyronde dans les
chapeaux.
La fig. IV, eft le plan de la ma�onnerie de la
pile au-deffus du pilotis.
Τ , cours de plate-formes fur les pilots, enfup-
pofant qu'on voulut en admettre.
V, parements de pierre de taille, qui bordent
le pourtour de la pile , & dont les ai�ifes font
crampon�es.
X » libages au milieu de la pile.
Y, empattements formant retraite d'affife en
ai�ife.
La fig, V , eft la coupe d'une arche , fuivant
fon �paiffeur, prife au milieu de lia clef.
Ζ , cours de chapeaux.
a, pilots de bordage, arm�s de fabots de fer.
h, palplanches.
c, cours d'affifes �lev�es en retraite depuis le
haut du pilotis.
-ocr page 210-
d'Architecture.          i$j
d> d9 corbeaux de pierre , fervant � porter les
cintres de charpente,
e., coupe du cordon , du trottoir , du parapet,
& de la chauff�e difpof�e en pente vers les �go.uts ff
pratiqu�s � travers les arches.
g&h, avant & arriere-becs couronn�s de leurs
chaperons.
La fig. VI, eil la coupe d'une arche , prife fui-
vant fa longueur , au milieu des piles,
i, pilots de bordage.
k, pilots de remplage.
/, moilons enfonc�s entre les pilots.
#2, racineaux.
η , chapeaux.
ο, profil des plate-formes.
ρ , coupe des vouffoirs prolong�s fans fin dans
les reins.
q , profil de la chauff�e , qui eff de niveau par-
deffus, fuivant la longueur du Pont.
r3r , corbeaux de pierre pour foutenir les fermes s
du cintre de charpente. Il y auroit fept fermes
femblables , fuivant la fig. V , lefquelles feroient
entretenues entr elles par les couchis t, & des
entre toifes u.
La fig, VII, fait voir particuli�rement le profil
d'un corbeau.
W , corbeau.
χ, courbe du cintre de charpente.
y , couchis que l'on met fous la do�lle des files
de vouffoirs y fuivant la longueur de la vo�te.
I, taffeaux plac�s entre les cintres & les cou-
chis, pour tenir ceux-ci en refpeit. '
6* ν vouffoirs.
M iv
*
-ocr page 211-
ι$4                  7 Cours
Dimen�ons du Pont et Orleans.,
Le Pont d'Orl�ans a �t� b�ti par feu M. Hupean,;
premier Ing�nieur des Ponts & chauff�es. Il a
102� pieds de longueur. Ses arches font de forme
elliptique, & au nombre de neuf. Elles ont �t�,
ex�cut�es Tune apr�s l'autre, & non en m�me-
tems ; c'eil pourquoi on a donn� aux diff�rentes.
piles une �paifieur en relation avec la pouiT�e
de chaque arche en particulier.
L'arche du milieu a 112 pieds de diam�tre ;
fur 37 pieds 4 pouces de hauteur ; la clef a 7
pieds 3 pouces ; le cordon avec le profil au-deiTous
a 3 pieds 3 pouces ; l'�l�vation du parapet eil de
3 pieds 6 pouces. L'�paiiTeur des piles de cette
grande arche eil de 20 pieds ; fi 011 a recours au
calcul, on verra qu'il n'indique que 18 pieds 10
pouces pour l'�quilibre , & qu'ainfi il y a 1 pied
2 pouces au-del�.
Les deux arches collat�rales ont 101 pieds de,
diam�tre; & leurs piles 20 pieds d'�paii��ur; �qs deux
fui vantes ont 94 pieds de diam�tre, &; leurs piles,
18 pieds d'�paiiT�ur : enfin les deux derni�res onr,
81 pieds , fur 26 pieds de hauteur; leur clef a 5;
pieds 4 pouces de haut, &l\qs cul�es ont 18 pieds;
d'�paiiieur,
Les pi�droits de toutes les arches ont 12, pieds
de haut depuis la plate-forme , & forment des,
retraites de 3 pieds en 3 pi�ds jusqu'� leur naif-
fance.
La largeur du Pont, cfune t�te � l'antre, e$
de 46 pieds. Les parapets ont d'�paiiTeivr 18 pou^
ces, & les trottoirs 8 pieds de largeur. Enfin 1%
chauff�e ou le pafTage des voitures a 27 pieds
de largeur»
-ocr page 212-
�> ' A RCHl TE C Τ U R E.          l8$
La hauteur des baffes eaux a �t� fix�e � la
�iaiiTance des arches ; & la hauteur des hautes
eaux eft a 21 pieds 6 pouces au-deifus*.
La plinthe du chaperon des avant-becs eil au
niveau des plus hautes eaux. Enfin la forme des
avant-becs eit en triangle �quilateral mixte� , &
celle des arriere-becs en demi-cercle.
Quoique ce Pont paroiffe d'une tr�s-belle ex�-
cution , & ait �t� fond� avec beaucoup de foins ,
nous ne devons pas laiffer ignorer un incident
qui arriva pendant fa conilru�ion. La feptieme
pile, en commen�ant � compter du c�t� de la
Ville , opera un taifement confid�rable fur le fol %
qui caufa alors les plus vives inqui�tudes. Les
deux arches qui r�pofent fur cette pile �toient
ferm�es , & leurs reins �toient garnis ; de forte
qu'elle portoit d�j� toute fa charge ? aux parapets
& au pav� pr�s , lorfqu'on s'apper�ut d'une double
fracture qui f�paroit le corps de la pile de l'ayant-
bec & de l'arriere-bec. Cet effet fut produit vrai-
iemblablement par la comprei�ibilit� du terrain %.
dans lequel on avoit n�anmoins battu des pieux
jufqu'� 50 pieds de profondeur. L'avant-bec &
l'arriere-bec avoient taif�s au plus de 3 pouces\
mais la pile avoit taif�e , ou plut�t baif�ee d'en-*
viron 18 pouces ; in�galit�s qu'on ne fauroit at-
tribuer qu'� la diff�rence des fardeaux de chacun
de ces corps. Pour y rem�dier, on chargea cette
pile d'une mafi� de pierre , pefant �-peu-pr�s deux
millions, laquelle maife y reft� environ fept mois j
enfuite on a reconilruit l'avant & l'arriere-bec,
& apr�s avoir enlev� toute la furcharge de pierre %
on a vuid� le haut de la pile , & les reins des
deux arches qu'elle foutient, en y pratiquant des
.Vo�tes qui portent le pav� 3 tellement que par
fe
y
\
-ocr page 213-
Λ
i§6                      Cou is
�e moyen , on a encore diminu� , d� pr�s de deux
millions de livres j le poids que portoit la bafe
de cette pile. Cet exp�dient a tr�s-bien r�uf�i, & %
depuis Ton ne s'efl apper�u d'aucun autre effet.
Observations fur la conftru&ion du Ρ ont
de JVeuilly , pr�s Paris > & fur /on
d�cintrement.
�Ce Pont a pr�s de 750 pieds de longueur , y
Compris les cul�es, fur 45 pieds de largeur totale
d'une t�iQ � l'autre. Il eft compof� de cinq arches,
chacune de 120 pieds d'ouverture, fur 30 pieds
de hauteur de cintre , c'eft-�-dire, furbaiff�es au
quart : leur courbe a �t� trac�e par onze centres,
dont celui de l'arc fup�rieur a 150 pieds de rayon.
Les arches ont 5 pieds d'�paiffeur � la clef, &
pr�fente du c�t� de chaque face une vouffure
appell�e en termes de l'art, corne de vache. Les
piles ont chacune 13 pieds d'�paiffeur , avec des
avant & arriere-becs demi-circulaires par leur plan,
dont le couronnement fert d'impofte � la retomb�e
de la vouffure. Suivant leurs proportions, elles
ne font deftin�es qu'� porter le poids des arches \
& tout l'effort de la pouiT�e de celles-ci a �t� en-
ti�rement rejette contre les deux cul�es , qui ont
chacune 52 pieds d'�paiffeur , tout compris. La
chauff�e de ce Pont eil de niveau dans toute fa
longueur : il y a de part & d'autre un trottoir de
6 pieds de largeur, & l'on a pratiqu� � travers
les reins de chaque arche, quatre conduits pour
l'�coulement des eaux.
Quoique toutes les piles & la plus grande par-
tie des cul�es aient �t� �tablis fur pilotis, il n'y
-ocr page 214-
d'Architecture,          187
a eu cependant qu'une pile & qu'une cul�e fon-
d�es dans le bras de rivi�re ; tout le reile l'a �t�
dans l'�le ; ce qui a beaucoup contribu� � la
prompte ex�cution de cet ouvrage.
Les piles & cul�es ayant toutes �t� �lev�es
au-deffus des pilotis avec de bonnes retraites
juiqu'� la naiiTance des arches , on a �tabli les
cintres de charpente pour conllruire les cinq ar-
ches � la fois. Ces cintres �toient retrouff�s pour
ne point g�ner la navigation du bras de rivi�re
pendant l'ex�cution du Pont, & compof�s pour
chaque arche de huit fermes,, efpac�es chacune
d'environ 5 pieds , fuivant fa largeur , & folide-
ment li�es entr'elles par des entre-toifes. Chaque
ferme �toit a�Tembl�e fans tenons ni rnortaifes ,
& faite de fortes pi�ces de bois de ch�ne, en-
tretenues bout-�-bout parembrevement, & � leur
rencontre par treize moifes bien boulonn�es.
A mefure que l'on pofoit un vouf�bir de chaque
c�t� de la naiiTance d'une arche , on afFe&oit de
pofer fur les cintres des autres arches les vouf-
foirs fernblables & correfpondans , en ohfer-
vant de tenir les joints ouverts de 5 ou 6 lignes.
On fuivit conftamment ce proc�d� , en avan�ant
vers la partie fup�rieure de chaque vo�te , telle-
ment que les cinq clefs furent pof�es le m�me jour
& prefque en m�me teins.
Apr�s que les vo�tes furent band�es, & qu'on
les e�t laiff� r�pofer fur les cintres pendant quel-
ques jours, on fe mit en devoir de proc�der �
leur d�cintrement ; lequel s'op�ra �-peu-pr�s fui-
vant l'ordre que nous avons d�crit dans �e'pre-
mier Chapitre de ce Volume , Article XII. On com-
men�a par ruiner les calles , & enlever les con-
clus de la naiiTance des arches, & on continua
-ocr page 215-
188                       Cours
en avan�ant peu-�-peu vers le fommet , & en
fuivant te m�me ordre qui avoit �t� obferv� lors
de la pofe d�faits vouffoirs; c'eft-�-dire, que l'on
enleva � la fois , non-feulement les couchis iem-
blables plac�s fur les cintres de part & d'autre de
chaque arche, mais en m�me-rems les couchis cor-
refpondansde toutes les autresarches. Chaque jour
on afFeaoit de n'enlever qu'un petit nombre de
couchis correfpondans des arches , tel que trois
ou quatre de chaque c�t� : puis apr�s avoir laiffe
r�pofer les vo�tes pendant vingt-quatre heures,
on continua ' le d�cintrement eonf�cutivement
de jour en jour jufqua fa fin. Nous obierv�mes ,
pendant cette op�ration , que les cintres qui
s'�toient trouv�s extraordinairement comprim�s par
la charge �norme des vo�tes , renfl�rent viiible-
ment d�s qu'on e�t enlev� les couchis , & s'�le-
v�rent de 5 �-6 pouces , comme par un mouve-
ment �laitique , pour fe r�tablir dans leur premier
�tat.                                                        .'....
Relativement au nombre des vouffoirs qui
montent environ � cent-neuf , & � la fomme de
leurs joints , dont le vuide avoit �t� tenu de 6
lignes, joint a lar�fiftance quepouvoient oppofer
le mortier & les calles , il �toit � pr�fumer que
les vo�tes baifferoient tout au moins d'un pied
vers la clef, par l'effet du taffement ; cependant
il nous a paru que leurs parties fup�rieures ne
font gueres defcendues que de 8 pou ces lors du
d�cintrement : mais nous penfons qu'il a d�, de
toute n�ceilit� i fe faire encore depuis quelque
affaiffement, loricjn on a garni les reins des arches,.
pof�le cordon , les parapets , & charg� de terre
& de fable la chauff�e du Pont pour la paver.
On ne fauroit qu'applaudir � la belle ex�cution
-ocr page 216-
S ' A R C H I Τ Ε C Τ tJ R �.            I$�
de cet ouvrage, qui eil fans contredit le plus hardi
de tous ceux qui ont �t� entrepris jufqu'ici en ce
genre. Il fera certainement dans tous les tems
beaucoup d'honneur � la capacit� de M. Perronet,
premier Ing�nieur des ponts & chauff�es , qui en
a �t� l'ordonnateur. Le d�cintrement s'op�ra avec
fucc�s ; la courbe des arches n'en fut point alt�-
r�e; les joints des vouitoirs fe reflerrerent avec uni«
fortuite j aucun ne sepaui�ra (l) : on en fut rede-
vable , non-feulement � la bonne proportion des
cul�es , mais encore � l'intelligence que l'on 'mit
dans cette op�ration, & � l'excellente pierre dure
dtted&Sdllancffuft , employ�e � la conitruclion
( ι ) Environ 15 jours apr�s l'a r�ul��te du taiTemcnt & du d�-
cintrement , l'on entreprit d'abattre les cintres de charpente,
ce qui �coit d'autant plus aif�, qu'ils ne portoient plus ften , &
qu'ils �toient parfaitementif�l�s fous les arches. Au lieu de d�-
monter leurs diff�rentes fermes l'une apr�s l'autre 3 comme cela
fe pratique d'ordinaire , onr�folutde les faire tomber toutes a la
fois du m�me c�t� du Pont,, & l'on choiut le jour que Louis XV"
devoir venir voir cet ouvrag� , pour lui donner ce fpectacle,
Ce jour ayant �t� fix� au %% Septembre 1772.,' on commen�a �
enlever d�s la veille . les entre-toifes qui hoient enfemble les
diff�rentes fermes de chaque arche , & on d�boulonna les moi-
fes. On contint jufqu'au moment de leur deflruttion les dirre-
�entes fermes, en les liant avec des cordages, dont les bouts paf-
foient par les'trous des �go�ts , pratiqu�s � travers les reins des
arches, Sequi �toient tenus en retraite par des treuils places tui-
le Pont. Cette deftru�tion s'op�ra � .l'aide de 14 c�bcftans,
auxquels �toferit fix�s diff�rents cables attach�s aux cintres.
Tous ces cabeftans �toient plac�s dans l'�le, d'un m�me c�t�
en amont du Poiit, & prefque fur une m�me ligne : m avoir dix
hommes employ�s au fervicede chacun. -Auu coupue tambour
donn� pour n>nal, les Ouvriers plac�s furie Pont l�ch�rent les
cordages paffls a travers les trous des �go�ts , qui t�noient avec
des treuils en refpecl: les cintres ; diune autre part, les Ouvriers
appliqu�s aux cabeikns, en faifant tourner leurs moulinets avec
c�l�rit�, attir�rent les cintres prefque tous a la fois. Des que
la premiere ferme de chaque arche e�t,re�u une �mpulfion,
comme elles �toient co�tes li�es enferabl�, elk la communiqua
-ocr page 217-
ΣQ                       Cours
de cet Edifice. Les piles, malgr� leur l�g�ret�,
Continrent, fans faire de mouvement fenfible lors
du d�cintrement, le fardeau des arches , qui font
chacune un objet d'environ feize millions pefant.
La pouiT�e ne produil�t d'effet que contre la cul�e
adoiT�e au bras de rivi�re qui �toit � combler,
parce que cette cul�e ayant �t� faite de m�me
force que l'autre, qui fe trouvoit appuy�e par
le bas de la montagne de Chantecoq, ne pouvoit
naturellement oppofer autant de r�fiilance, jufqu'�
ce que les terres qui d�voient auffi l'accoter euifent
�t� rapport�es. La vo�te du pafTage pour le hal-
lage des bateaux, pratiqu�e dans cette cul�e per-
dit un peu de fa forme; il y e�t quelques vouf-
foirs qui s'ouvrirent s & quelques-uns dont les
arr�tes menac�rent de s'�paufrer ; un des pi�droits
de ce pafTage tafia fur le loi plus que l'autre
d'environ 4I ^ pouces j mais tous ces effets ne
furent en g�n�ral d'aucune conf�quence par rap-
port � la folidit� du Pont, & cette cul�e eil
maintenant auffi ferme que l'autre, fur-tout de-
puis que le bras de rivi�re a �t� combl�. Auffi
nous ferions-nous difpenf� d'en parler, fi ce iTeft
que , comme nous avons trait� dans le commence-
ment de ce Volume, des effets du tafTement,
nous fommes bien aife de confirmer par des faits >
combien eil important de prendre des pr�cautions
� cet �gard.
� la f�conde j celle-ci la communiqua � la troifi�me , & ainfi de
fuite , tellement que l'abatage de cette immenfe charpente
s'op�ra � la fois fans obitacle en moins de 5 minutes. Il n'y e�t
d'except� que deux fermes d'une des arches iitu�es fur le bras de
la rivi�re, lefquelles fermes avoient �t� renverf�es une heure
avant Γ abbattage total , par la n�gligence de quelques Ou-
vriers � maintenir convenablement les cordages pafl�s en
retraite � travers des �go�ts vers ces endroits.
-ocr page 218-
D * A R � η τ τ ε e τ υ R ε.          &φ$
Τ)ξ, la manier�, de d�terminer les proportions
des piles & des Cul�es d'un Pont,
, QUICONQUE ne �pnfulteroit fur cefujet que les
exemples , fe trouveroit n�ceiTairement fort env-
J>arrair� pour fixer les dimeniions des piles & des
�u��es , � caufe de leur grande vari�t� , m�me
dans des cas femblables. Les Anciens , comme
nous l'avons remarqu� , donnoient fouvent � leurs
piles & cul�es , jufqu'� la moiti� du diam�tre des
arches. Les Modernes ont donn�, tant�t le quart,
tant�t le cinqui�me y quelquefois plus , quelque-
fois moins : ce qui prouve qu'avant d'avoir ap-
pliqu� les principes de la m�canique � la pouiT�e
des vo�tes, on n'agiiToit qu'au hafard , & fans
aucunes r�gles f�res pour d�terminer lesr�iiilances
� oppofer aux pouff�es. Gauthier, dans fort Trait�
des Ponts
, publi� au commencement de ce ii�cle,
propofe diverfes queftions � refpudre aux
Savans fur cette mati�re.
; i° Quelle doit �tre l'�paifl�ur des cul�es dan*
toutes fortes de Ponts ou Ponceaux, � propor-
on de la grandeur �es arches ou arceaux, &
des poids qu'elles doivent fupporter ?
2.° Quelle doit �tre la largeur des piles, par
rapport � l'ouverture des arches ou arceaux, &
des poids dont on les charge?
3° Quelle doit �tre la longueur des vouffoirs
depuis leur intrados � leur extrados , � toutes
fortes de grandeur d'arches � l'endroit de la
clef?, < '
- 4° Enfin quelle eft de toutes les arches fix�es
fur un m�me diam�tre, c.elle qui pourra fupporter
les plus grands fardeaux, &: � quelle proportion
-ocr page 219-
�§�                        Cou it s
peut-on d�terminer au jufte leurs efforts, en�es iiip'
pofant, ou de figure elliptique plus ou moins fur*
baiff�e* ou de figure plehvcintre, ou �n�n d©
figure en tiers-point, plus ou moins iurmont�e?
De ces diff�rentes queffions , il n'y a gu�res
que la premiere qui puiffe �tre r�folue par les
math�matiques : les deux fuivantes tiennent plut�t
� la phyiique ; elles d�pendent de la connoiffance
du fardeau que les pierres feroient en �tat de fou-
tenir fans s'�crafer fous le faix , ou par l'effort de
la comprefllon ; car c'eil en-de�a de ce terme, qu'il
eil: bon de s'arr�ter , & il n'y a que des exp�-
riences fur les �iyenes qualit�s des pierres, qui
foient capables d'inftruire l�/deffusi
Quant � la derni�re propofmon , elle efiaif�e
� r�foudre; il n'y a pas de doute que la vo�te
plein-cintre ne f�it'la plus en �tat de r�fifter au
fardeau , parce que la coupe de fes vouiToirs fe
r�uniffant tous vers un feul point", il r�fulte que
leurs efforts agiffant de concert $ ' ils le fortifient
mutuellement, & font par conf�quent capables
d'oppofer plus de r�iiitance � un grand fardeau y
fuivant l'axiome vis unita fortior^ que les vo�tes fur-
baiff�es ou entiers-point | dont les vouiToirs tendent
au contraiie vers diff�rehs cintres. �uffi dans tous
les travaux de fortifications & autres, qui ont befoin
del� plus grande force , emploie-t-on toujours l�
plein-cintre de pr�f�rence ; & c'eft fans fondement
que Gauthier, apr�s l'avoir mis en queitIon,pr�tend
enfu�te attribuer cette propri�t� � la vo�te en
tiers-point: elle a � la v�rit� moins de pouff�e
que le plein-cintre ; elle exige des pi�droits moins
forts, mais il s'en faut bien qu'elle puiffe r��fter
� d'auffi grands fardeaux.
En attendant qu'on entreprenne la folution de
fes
-ocr page 220-
d'Architecture.           193
fes quefdons , cet Auteur propofe des Tables
d'approximation , pour �tablir les proportions- des
principales parties d'un Pont ou Ponceau , depuis
un arceau plein-cintre d'un pied d'ouverture ,
jufqu'� une arche de 120 pieds. 11 poi'e pour
regle g�n�rale, de donner d'�paii�eur aux piles
le { du diam�tre des arches , & le ~ aux cul�es,
fans avoir �gard, ni � la hauteur des pi�droits ,
ni aux fardeaux dont les arches pourroient
�tre charg�es. Π prend pour bouf�ble dans fes d�-
terminations , des t�tonnements faits d'apr�s un
petit modele de vo�te en bois , comme ii l'on
pouvoit jamais conclure du petit au grand en
pareil cas. D'ailleurs il ne parle que des vo�tes
plein-cintres , & il ne dit rien de celles en ance de
panier, qui font les plus ordinaires pour les Ponts.
Au reile , ii Gauthier n'a pas r�uff� dans cette
folution , c'efl qu'on n'y peut parvenir qu'� l'aide
«e Ja G�om�trie, & que cet ing�nieur n'�toit
pas aifez inftriiit pour en faire l'application.
Comme nous avons trouv� , parmi le peu de
mat�riaux qu'on nous a remis de M. Blondel, des
Tables pour d�terminer en toutes circonilances les
�paii��urs des piles & cul�es des Ponts, � raifon /
<fe la pouif�e des arches; lefquelles Tables ( dont
nous ignorons l'Auteur ) lui avoient ians doute �t�
communiqu�es pour en faire ufage} dans fou.
Cours, nous croyons devoir les rapporter � caiiie
«e l'utilit� dont elles peuvent �tre pour ceux qui
ne font pas en �tat de faire ces fortes de calculs.
La premiere Table a �t� calcul�e, relativement
a la formule d� M. del� Hyre, pour les vo�tes-�■>
plein-cintre, & en fuppofant avec lui le point de
rupture au milieu de la demi-vo�te.
Tome FI.                                      Ν
-ocr page 221-
194                      � � υ k s-
La premiere colonne de cette Table cofitient
le diam�tre des vo�tes, ,
La f�conde.» la hauteur des pi�droits, c'e�S
�-dire, leur �l�vation depuis les fondements juf-
qu'� la naiffance de la vo�te»
La troiiieme contient r�pahTeur des' vo�tes �
leur clef , laquelle �paiiTeur a �t� d�termin�e
d'apr�s nombre d'exp�riences, en prenant le vingt*
quatri�me du diam�tre d'une arche , auquel il
faut ajouter ι pied, & en retranchant enfuite I
ligne par pied de cette fomme, le refte fera l'�-
paifleur de la vo�te � la clef.
Il en ei� de m�me pour les vo�tes furbahT�es,
en prenant le double du grand rayon pour le
diam�tre de l'arche.
La quatri�me colonne contient l'�paiffeur des
piles & cul�es dans le cas d'�quilibre : on a fuppof�.
les reins remplis au niveau de l'extrados de la clef,
& qu'il n'y a au-dei�us ni terre ni pav�.
Comme on n'a pas eu �gard aux retraites qu'on
.met ordinairement au bas des piles & cul�es , il
ne fera pas n�cef�aire d'ajouter beaucoup � l'�paif-
feur trouv�e par les Tables, pour �tre au-deflus
de l'�quilibre. Car pour les petites arches , ces
retraites ( fi l'on en met deux , chacune de deux
pouces ) font fui�ifantes : � l'�gard des arches de
m�diocres grandeurs, comme celles de 36 pieds
d'ouverture , il fuffira d'ajouter 6 pouces � l'�paif-
feur trouv�e par la Table, & pour les plus gran^
des I pied ou 18 pouces , ce qui joint avec les
retraites mettra la refiftance beaucoup au - dei�iis
de l'�quilibre.
La; cinqui�me colonne contient r�pahTeur des
piles & cul�es, en fuppofant 15 pouces d'�paif-
-ocr page 222-
d'Arc « iwgture� : ; 19$
fem de.terre.; & pav� �tHdeiTus des ' dc4�:'f &� que
la pente, de ce pav� eil de 18 lignes partoiie.
Cette colQ�Hie eil feulement remplie■-,pour les
.arches depuis deux toiies jufqu'� 26 de diam�tre,
& dequatre en quatre toifes, ce qui a paru fuffi-
fant: car il fera facile de conno�tre ce »qu'if faudra
ajouter aux �paifleurs de la premiere colonne ,
pour avoir celles des arches charg�es de terre &
de pav� , par la comparaifon de celles qui ont
�t� calcul�es.
La deuxi�me Table concerne les vo�tes fur-
abaiff�es au tiers, & trac�es fuivant la m�thode
de feu M. Pitot ; elle a �t� calcul�e par une for-
mule qu'on a faite � l'imitation de celle de M. de
la Hyre, pour les vo�tes plein-cintre.
Comme on n'a pas d'exp�riences certaines
pour d�terminer g�n�ra�eme-nt le point de rupture
des arches furhaifiees � moiti� , le moyen le plus
fur a �t� de fixer ce point par,le calcul dans l'en-
droit o� il fe trouve d�savantageux , & ce moyen
ai a rien de douteux, parce qu'ind�penclemment
de �'exii�ence de fa r�alit�, il eil conforme � la
pr�fomption naturelle qui nous conduit � croire
que la pouiT�e des vo�tes furbaiff�es n'appartient
qu'au plus grand des trois arcs dont elles font
form�es. On a �t� fond� � ne pas fuppofer le
point de rupture au milieu de la demi-vo�te ,
comme ci-devant ; mais � la rencontre des arcs ,
qui eil le cas le plus d�favantageux, c'eif-�-dire ,
que fi Ton fuppofoit que la vo�te vint � fe rom-
pre au-dei�us ou au-dei�bus du point de rencontre
des arcs , l'�paiiTeur de la cul�e dans ce cas doit
�tre moindre , pour retenir la poufT�e de la vo�te,
que ii elle rompoit � la rencontre des arcs.
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-ocr page 223-
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�$6                      G Ou il s
L� Table des arches iurbaiff�es au tiers contient
deux colonnes de plus que celle des arches en
plein-cintre , dont l'une eft pour le petit rayon,
& l'autre pour le grand : nous ne nous arr�terons
pas � expliquer particuli�rement le contenu de
chacune de ces colonnes, attendu que leur titre
l'annonce fufnTamment.
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-ocr page 224-
d'Arc h � � � c � � r e.
197
Il � AB LE pour Us Foutes ou Arches en, plein-cintre.
Epaiffeurs des
piles & culées .
la Voûte char
gèê dé"i j pou.
d'éparffeur de
terre6c dépavé
dont la pente
fcjroitde � S lig.
pjrtrtift.� �
Epaiffeurs des
piles fie culées ^
les Reins rem-.
plis au riiveau
de l'extrados
de la clef. , t>
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Voûtes.
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à leur clef.
Hauteurs
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�paifTeurs des
piles & cul�es,
la Vq,�te, char-
g�e de ι � pou.
d'epaifleur de
tcrreer-depav�
dont la pente
feroit de ι s li§,
par tqife. .
Epai fleurs des
piles & cul�es ,
les Reins rem
plis au niveau
Je l'exrrados
de la clef.
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des Arches
on
Hauteur
des
Epai fleurs
des Vo�ites
� leur-clef.
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lues.
-ocr page 226-
ï'99*
d'Architecture.
Epaifleurs des
piks & culées ,
la Voûte char-
gée de 1 f peu.
d'épaiffeur de
ferre &de pavé
j dont la pente
1 feroit de iS'Ug.
par toife.
j |im"......�"
pïcdi pou* lig.
Epaifleurs des
piles & culées ,
les Reins rem-
plis au niveau
de l'extrados
de la clef.
D'ametre
des Arches
ou
Voûtes.
Hauteurs
des
riédroits.
Epaifleurs
des Voûtes
à leur clef.
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Cours
200
Epaiflfeurs des
piles & culées,
la Voûte char-
gée de 1 f pou.
d'épaiffeur de
terre & de pavé
dont � la pente
ferait de 1 S lig.
par toi (e.
fîpaifleurs
des
piles & culées,
les Reins rem-
plis au niveau
de l'extrados
des clefs.
pieds pou.
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ou
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des
Piédroits.
Epai fleurs
des Voûtes
à leur clef.
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d'Architecture.
201
II. TABLE
Pour les Coûtes ou Arches furbaijjees au tiers.
Epaiffeurs des
Epaiffeurs des
piles & culées,
piles & culées ,
la Voûté char-
les Reins rem-
gée de � � pou.
plis au niveau
d'ép. de terre
de l'extrados
Ec pavé,dont la
de la clef.
pente feroic de
18 lig. par toifl
pieds po*, lig.
pitds pou. lig.
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mètre
des
Voû-
tes.
Hau.
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des
pié-
dioits.
Epaiffeurs
des Voû
tes à leur
clef.
Grand Rayon.
Petit Rayon.
ïoif.pi, pted.p.
3� o
pieds pou. lig.
o. 9. 9 f
�. 9. 9 §
0. 9. 9 f
pi.po.lig.
� 9
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� � 9
pieds  pou. lig.
�.    �. � �
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Cours
202
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Cours
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205
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-ocr page 233-
2θβ                      Cours
CHAPITRE VIL
Des Constructions Gothiques,
Ju'Architecture Gothique n'eil pas auffi mai-
adroitement imagin�e qu'on pourroit le croire«.
A travers fes chim�res , (es harpies , fes maf-
carons , fes ornemens grotefques , toutes (es
figures groi�i�rement fculpt�es, & ridiculement
plac�es les unes au-d�ilus des autres dans de pe-
tites loges , les Connoiffeurs remarquent, dans
l'enfemble de fes Edifices , un caract�re de l�-
g�ret� qui les �tonne , ainii qu'une majefteufe
�l�vation qui en impofe , & qu'on ne retrouve pas
toujours dans les Edifices antiques. Il fembie que
les Architectes Goths aient eu en vue , par l'or-
donnance de leur h�tiffe, de re�ifier les conftru-
dions Grecques & Romaines. On diroit qu'ayant
remarqu� que ce qui avoit pr�cipit� la ruine des
Monuments antiques, �toit les fardeaux imroen-
(es des architraves , la grande faillie des corniches
des entablements qui chargeoient leurs points
d'appui en bafecule, la forme & l'�paiffeur de leurs
vo�tes, ils enflent entrepris de fe frayer une
nouvelle route , plus capable d'aifurer la dur�e
de leurs b�timents. Quoi qu'il en foit , au lieu de
colonnes bien proportionn�es p & d'une hauteur
d�termin�e comme auparavant , ils imagin�rent
de faire des piliers d'une hauteur arbitraire, en-
vironn�s de petites colonnes fufceptibies de fe
pr�ter � toutes les �l�vations qu'ils defiroient ?
c'eil-�-dire , qu'au lieu d'imiter le tronc �bs ar-
-ocr page 234-
d'Architecture.           207
bres , � l'exemple des Anciens, ils fe piqu�rent
en quelque forte de n'en imiter que les branches,
dont ils form�rent des efpeces de faifceaux qu'ils
ramifloient � volont� jufques dans les vo�tes.
ils firent fucc�der, au p�rilleux �lancement des
corniches & des architraves , de fimples cordons
peu ouvrag�s , & prefque fans faillie : enfin ils
iubi�ituerent aux vo�tes anciennes plein� cintre
on en ance de panier, ex�cut�es en pierre , des
vo�tes en tiers-point ou ogives, qui ont le moins
de pouiT�e, en obfervant de les contraire des
mat�riaux les plus l�gers , � l'effet de diminuer
�eur �paiiTeur , & de favorifer conf�quemment la
l�g�ret� de leurs pi�droits.
Les Goths ne furent pas non plus aufl� fcrupu-
leux que hs Anciens & les Modernes, dans rem-
ploi des pierres fuivant leurs lits ; car la plupart
de leurs petites colonnes font en d�lit :*on en
voit d'une feule pi�ce , qui ont jufqu'� environ
�2 pieds de longueur, fur �-peu-pr�s 1 pied de
groffeur , lefquelles ne laiffent pas de porter des
iardeaux , ainii qu'on peut le remarquer aux
Tours de l'Eglife de Notre-Dame de Paris, & �
mille autres endroits.
Il y a nombre d'Edifices Gothiques o� il regne
une d�licateiTe figuliere dans la b�tiffe, & que les
meilleurs Conitru&eurs de nos jours feraient
fort embarraff�s d'imiter. Si l'on propofoit
aujourd'hui d'ex�cuter quelque morceau d'ar-
chitecture dans le go�t de l�g�ret� de la Tour
des Cath�drales de Strasbourg & d'Anvers, ou
de quelques autres ouvrages en ce genre, il
eft douteux qu'il fe trouv�t quelqu'un capable de
l'entreprendre avec fucc�s. L'on f�t oblig�, il y
-ocr page 235-
2o§                       Cours
a environ quarante ans , de refaire la rofevitrale
de la croif�e de I'Eglife de Notre-Dame de Paris
du c�t� de l'Archev�ch�, ( morceau qui heil au-
■ cunement � comparer pour la difficult� aux ou-
vrages cit�s ci-devant ) , & quoiqu'on eut choiii
M. BofFrand , le plus habile Architefte d'alors ,
il ne put r�uf�ir � lui donner la m�me l�g�ret�
qu'a la rofe vitrale oppof�e , bien qu'on l'e�t pris
pour modele , & qu'en d�moliffant l'ancienne ,
l'on e�t �t� � port�e d'�tudier comment elle
avoit �t� conilruite.
Nous avons dit dans" notre Introduction � , la
conilruclion des b�timents , que l'on diilinguoit
deux �ges dans le Gothique ; l'Ancien qui eil
pefant, mat�riel, & d'une lourdeur infupporta-
b�e , & le Moderne qui eil hardi, d�licat, & dont
toutes les parties parohTent r�duites � un n�cef-'
faire a|>folu. Ce ne fut gu�res qu'au commence-
ment du XIIe fi�c�� que les conilru&ions Gothi-
ques commenc�rent � fe perfectionner ; & c'eil
dans le XIIIe fi�cle qu'ont �t� b�tis les plus beaux
ouvrages en ce genre , tels que les Cath�drales
d'Amiens , de Paris , de Chartres, d'Orl�ans , les
Eglifes de Saint-Nicaife de Reims , de Saint-Denis,
de Saint-Ouen de Rouen , &c. Une tradition po-
pulaire attribue fans aucun fondement la b�tii�e
de nos plus belles Eglifes Gothiques aux Anglais \
car elles ont toutes �t� b�ties fous la direction
d'Archite&es reconnus pour Fran�ois , par les
lieux de leur naii�hnce dont 'ils ont tir� leurs
noms, tels font Jean de Chelles (ι), Eudes de
(i) Jean de Chelles, �toit un des Architectes renomm�s dans
le XIIIe fi�cle; il a b�ti une partie'de I'Eglife de' Notre-Dame
«Se Paris.
                                                                         "■'�.'.
Montreal!
-ocr page 236-
d'Architecture.            20p
M�ntreuilΓι), Robert.de Luzarclie (2), Thomas
de Cormont & Renault Ton fus , Robert de
Couci (3), Hugues Libergier, &c.
Depuis long-tems nombre de gens qui fe pre-
neur aux premi�res apparences , fans rien exa-
miner , ne ceffent de r�p�ter que , pour faire
une Eglife parfaite , il fawdroit r�unir la Nef
cl Amiens, le Ch�ur de Beauvais , le Portail de
la Cath�drale de Reims , '& les Clochers de la
Cath�drale de Chartres ; niais on ne r�fl�chir pas
qu'il ne pourrait r�fulter de cette r�union qu'une
merveille purement id�ale , & un affemblage de
choies bonnes , � la v�rit�, chacune en particu-
lier, mais qui ne font aucunement faites pour
s accorder enfemb�e , ni pour la hauteur, ni pour
la largeur. Car le Ch�ur de Beauvais eil de ] 8
pieds plus haut que la Nef d'Amiens , & eil de
10 pieds plus large; la Nef d'Amiens eil � ton
tour de 18 pieds plus haut vis-�-vis fes entable-
ments ou corniches r, que le Portail de Reims
dans (es deux ordres qui doivent s'y arrafer ;
& quant aux Clochers de Chartres, il y en a un
(i) Eudes de Montreuil, mourut en n89 : il �toit Archi-
tecte de A Louis, &euc la conduite de pluiieurs Eglifes que
ce Roi htbarir; entr'aucres de Sainte-Catherine du Val-dcs-
jcohers, del'Hotei-Dieu, de Sainte-Croix de la Brficpnerie
�� 5 nnC"Maiea!�� ' deS Qui"ze"Vingt , des Mathurins \
aes Billettes, des Chartreux & des Cordeliers � Paris,
i> Ά **§m de Luzarche, vivoit fous' Phiiippe-Aueufte II fut
1 Architeaede la Cath�drale d'Amiens, commenc�e en 1120 "
& qui tut continu�e par Thomas de Cormont, & achev�e par
S�fils de ce gemier Cette Eglifeeft une des plus cL�
livrables qui ait ete �lev�e, & elle eft auffi eftim�e par l'ex-
cellence de ion travail que par ion �tendue.
                           * I
pPbert deoucy> acheva l'Eglife de Saint-Nicaife de
aSr�i ύrmTe/]cef e? 11T9> Par HuSucs Libergier j il travailla
aulii ala Cath�drale de cette m�me Ville.
                      *
Tome FL                                        Q
-ocr page 237-
210                          COU RS
des deux q\� eft de 36 pieds plus �lev� que l'autre.
On fait bien qu'en formant ce compof�, on fup-
pofe que ces parties feroient dans des rapports
convenables : or alors , tout ce qui fait le m�rite
des parties fi vant�es de ces Monuments difpa-
ro�troit. La Nef d'Amiens relev�e de 18 pieds ,
& le Portail de Reims relev� de 36 pieds , per-
droient la gr�ce ou la proportion qui les rend
recommandables ; & en outre les Tours de Reims
ne feroient, � raifon de leur plus grande �l�va-
tion , que moins propres � porter des Clochers,
tels que ceux qu'on voudroit y pofer. Par conf�-
quent de cet alliage , il ne pourroit r�fulter un
bel eniemble , ou plut�t il r�fulteroit uri ouvrage
abfurde, fans proportion ou fans folidit�.
Ce feroit fans doute la mati�re d'un ouvrage
tr�s-int�reffant , que de donner un d�tail des
belles eonftru&ions Gothiques, mais en attendant
que quelqu'un entreprenne ce travail, nous nous
bornerons � expofer ici les principales dimenfions
des meilleurs ouvrages en ce genre.
La longueur int�rieure de la Nef & du Ch�ur
de la, Cath�drale d'Amiens , depuis la rofe
du gr nd Portail , jufqu'au vitrail du chevet,
eil . ν » ■■*■■■ � ...... 346 pieds.
La longueur de la Cath�drale de
Paris . . ... . . . . . 340
Celles de la Cath�drale de
Chartres . .< . Y '.'.:], . . . . 340
Celle de Saint-Oueni . .".■-,..- . 342
Celle de la Cath�drale de Reims. 3�8
La largeur du Ch�ur & de la Nef de la Ca-
th�drale d'Amiens, eft . . . . 38 p. 7 p.
Celle de l'Eglife Saint-Ouen , eft. 34 6
Celle
de l'Eglife de Saint-Denis. 40
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d'Architecture.           i ι ι
Celle de l'Eglife Saint-Nicaife . . 41 p. . .
Celle de la Cath�drale de Reims. 44
Celle de la Cath�drale de Chartres. 48
Celle de FEglife de Beau vais . . 48
Celle de Notre-Dame de Paris . . 42
La hauteur de la vo�te qui s'�tend uniform�-
ment fur le Ch�ur, la Nef, & la croif�e, au
m�me arrafement de l'Eglife d'Amiens,
eft . .... . . . . . . 132 p. § p.
La hauteur de la vo�te de l'Eglife
de Saint-Denis ... . . . .83
Celle de l'Eglife de Saint-Nicaife. 95
Celle de Sainte-Croix d'Orl�ans. 98
Celle de Saint-Ouen .... IOO
Celle de la Cath�drale de Reims. 114
Celle de la Cath�drale de Paris, 102
Celle de la Cath�drale de Chartres. 114
Celle de l'Eglife de Beauvais . .'148
Toutes les belles vo�tes Gothiques font en
tiers-point , & leurs courbes font trac�es , de
fa�on que le rayon tir� du centre au fommet a
de hauteur les - du diam�tre ,,dont on fait qu'il
ne faudroit que la moiti� pour le plein-cintre.
Elle font foutenues de diftance en diftance par
des pi�droits ou piliers , d'o� partent des arcs-
doubleaux en pierre, qui traverfent toute la lar-
geur de la vo�te , & deux nervures auffi en
pierre, qui vont fe croifer d�agonalement vers
le fommet, & offrent quatre parties triangulaires
compof�es de petits mat�riaux en moilonage ,
en briques , &c. dont deux forment des lunettes
qui re�oivent d'ordinaire l�s vitraux» Il r�fulte
de cette difpoiition que les vo�tes ogives ne font
que de v�ritables vo�tes d'arr�t�., dont tout l'ef-
fort fe fait vers leurs retomb�es dans les angles ,
-ocr page 239-
zu                      Cours
& qu'ainfi ces angles �tant convenablement for-
tifi�s par des �perons ou contre-forts , leur inter-
valle pouvoit refter tout � jour, comme le prati-
quoient les Goths, fans nuire � la folidit�.
Quand une Eglife n'avoit pas de bas-c�t�s,
telle eil la Sainte-Chapelle de Paris, ou de Vin-
cennes, &c. ils pla�oient directement derriere le
mur pourtour, en correfpondance vis-�-vis de la
retomb�e de la vo�te, des contre-forts qui la por-
taient & loutenoientala fois fapouff�e:mais lorfqu'il
devok y avoir des bas-c�t�s, pour diminuer la grof-
'Ceur des fupports le long des Nefs, ils d�compo-
foient l'action de la vo�te , & fe contentoient
de placer directement jau-deflbus de fa naiflance
un pilier de groifeur .fuffifante pour foutenir fa
partie inf�rieure , ' & ils rejettoient par des arcs-
boutans faction & le poids de fa partie fup�-
rieure vers des piliers butans fitu�s , foit-en faillie
en dehors des murs pourtours, foit fur les murs
de f�paration des Chapelles. Nous avons expli-
qu� particuli�rement cet arrangement dans le
premier Chapitre de ce Volume, Articles IV & V 9
ainii on r%it y recourir.
Les arcs-boutans font toujours difpof�s dans
les beaux ouvrages Gothiques , de maniere � ne
former par leur prolongation vers le haut de la
vo�te qu'une ligne droite avec fon fommet. Pour
contenir les vo�tes� d'un grand diam�tre , l'on
mettoit fouvent deux rangs d'arc-boutans , l'un
vers le milieu de la vo�te , l'autre vers fa naiflan-
ce ; il.n'y avoit qu'au pourtour des chevets ou
rond points , o� l'on ne mettoit d'ordinaire qu'un
rang d'arc-boutant , parce que les piliers �toient
«Commun�ment plus ferr�s en ces endroits que vers
le long des Nefs, & qu'aufli les vo�tes fur un plan
-ocr page 240-
d'Architecture.          ij}
circulaire ont �-peu-pr�s moiti� moins de pouff�e
que les vo�tes fur un plan droit, conditionn�es
de m�me.
Les Goths employoient divers moyens pour all�-
ger leurs conitru&ions , fans pourtant rien dimi-
nuer de la iblidit� : comme ils b�thToient la plu-
part de leurs ouvrages en pierre dure, ils avoient
imagin� de charger leurs pi�droits pour les roidir
davantage , par des piramides , des ob�lifques >
ou de grands corps de ma�onnerie ; �tant affu-
r�s de la bont� de leurs mat�riaux , ils par-
venoient par l� � diminuer la groffeur des contre-
forts ou des piliers butans. Ils ne laiffoient pas
n�antmoins d'employer du fer dans leur conitru-
�rion, mais c'�toit de maniere � le faire tirer, &
non � le faire porter , except� pour l'ex�cution des
clefs pendantes , dont il fera q�eftion ci-apr�s ;
c'�toit toujours par furabondance de force , &
non pour fuppl�er aux dimeniions n�ceffaires
aux pi�droits , aux contre-forts , ou aux piliers
butants. Ils fe fervoient auffi quelquefois de cha�-
nes de fer factices , qu'ils laiffoient feulement
fubfifter quelque tems apr�s l'ex�cution des
vo�tes, & jufqu'� ce que leur b�tiffe e�t op�r�
tout fon effet : on remarqu� encore, dans plufieurs
Eglifes, les troux des paffages o� �toient de ces
tirans vers la naiffan�e des vo�tes ,& m�me on en
voit qu'on a oubli� d'�ter.
Tous les chai�is en pierre, des vitraux & des
rofes vitrales qui terminent les bras de la croix
des Eglifes Gothiques, ne s'ajoutoient qu'apr�s
; coup ; leurs joints fe couloient en plomb ; c'eft .
leur extr�me d�licateffe qui fait tout le m�rite de
leur ex�cution.
Quant aux clefs pendantes que les Goths n'em-
O lij
-ocr page 241-
2.14                       Cours
ployoient fans doute que pour �tonner les fp�-
�ateurs , c eil le fer qui en faiibit toute la force,
Je nai rien vu en ce genre qui m'ait autant frap-
p� que dans la Chapelle de Herni VU , derri�re
l'Eglife de "We�tminfter, � Londres. Cette Cha-
pelle a 80 pieds de longueur , fur environ 32
pieds de largeur; fa vo�te eil fort �lev�e ,& eil
toute d�coup�e par des ornements qui la font
paro�tre comme perc�e � jour. Ses compartiments
oifrent, fuivant la longueur de la Chapelle, trois
rangs de cu�s-de-lampe, oude clefs pendantes, dont
ceux des c�t�s defcendent en contre-bas � plus de
10 pieds; de forte qu'il femble qu'on ait affe&�
de prendre le contrepiecl de la folidit� recon- ©
nue pour une vo�te , dont l'eiTence de la dif-
poiition des vouflbirs eil de fe furmonter jnf-
qu a fon fommet, & non de defcendre en contre-
bas* Ce qui fait, le fontient de ces clefs pendan-
tes' , aiiiii que nous l'avons obi�rv� , ce font de
forts mandrins de fer qui les traverfent dans leur
hauteur, lefquels font arm�s d'un boulon clavet�
� leur partie inf�rieure , & fix�s par leur partie
fup�rieure�fur les. reins,,.des arcs-doubleaux en
pierre.- 3 ^n ;. \.. *� $*φ &
On rencontre fr�quemment �> dans les int�rieurs
des Eglifes Gothiques, des ^petites colonnes com-
pof�es de pierres en d�lit;, & qui paroiflent fou-
tenir des parties de vo�te d'une �tendue conii-
d�rable � mais il ne faut que faire attention � la
grande �paifleur des murs pourtours des endroits
o� font -plac�es ces petites colonnes,, & aux
�perons qui les flanquent, pour �tre convaincu
qu'elles ne portent pas autant qu'on le croyoit
au premier coup d'�il. Car le fardeau ne pou*
vant agir fur ces petites colonnes autrement que
\
-ocr page 242-
d'Architecture.          21J
d'� plomb, � raifon de l'appareil des vouffoirs
des vo�tes , & de la maniere dont leurs parties
fup�rieures fe trouvent refferr�es par les c�-
t�s , il r�fulte que tout l'effort, & m�me une
grande partie du poids font dirig�s contre les
murs pourtours , tellement que les petites colon-
nes ne font v�ritablement que l'office de chan-
delles de pierre, & ne portent gueres au - del�
de la retomb�e des vo�tes en queition, & de leurs
premiers vouffoirs : ce feroit fe faire illufion que
de coniid�rer ces arrangements fous tin autre
point de vue.
11 en eil de m�me de tous les clochers en pierre 9 t
dont les iGoths couronnoient leurs Egiifes : i^s
n'ont pour la plupart qu'une apparence de har-
dieffe , mais ils ; n'�toient pas aul�i difficiles � op�-
rer qu'on le croiroit bien. Un des plus remar-
quables , eft celui de la Cath�drale de Cambray.
Il a pr�s de 300 pieds de haut Λ y compris
la Tour o� il eil plac�. Sa Piramide � environ
150 pieds ; elle eil un o&ogone r�gulier de 29
pieds de diam�tre en dedans �uvre , dont cha-
' que c�t� eil perc� de dix � douze croif�es, dif-
pof�es de maniere que, de quelque lieu qu'on
l'apper�oive au loin dans la campagne , il parok
prefque h jour, comme un. fuerier. Quand on
arrive dans l'int�rieur de cette Piramide, � moins
d'en �tre pr�venu , tous les vuides des croi-
f�es rampantes, femblent autant de crevaffes ,
pr�fentant 1'afped d'une vo�te qui s'entrou-
vre , ou qu'on diroit en chemin de tomber,
& � travers les fentes de laquelle on voit d�j�
le ciel ; du moins c'eil l'effet que cela a produit
"fur moi. Chaque c�t� du clocher a 11 � 12 pieds
de long, & n'a que il pouces d'�paiiTeur dans
O iv
-ocr page 243-
2i6                     Cours               V,
le bas : il eil b�ti en pierre tr�s-dure, de bas
appareil , ayant chacune ι pied de haut , fur
�-peit-pr�s 18 pouces de longueur. Le plan del�
Tour qui �lev� la Piramide eil quarr� , & fes
murs n'ont dans le haut que 3 pieds \ d'�pahTeur,
fans compter les �perons. Dans chaque angle du
quarr� du c�t� de rint�rieur, il y a un encor-
bellement qui avance, de maniere � porter qua-
tre des c�t�s de Foclogone. La Tour ou le
corps quarr� �tant fuppof� conitruit bien folide-
ment, l'ex�cution de ces fortes d'ouvrages �toit
n�ceiTairement fort fimple : elle ne confiitoit qu'�
�lever un b�ti de charpente de la forme de la
Piramide dans fon int�rieur, pour en diriger l'ex�-
cution , &. y placer enfuite en rampant fucceifi-
vement jufqu'au fommet , les aififes de pierre ,
en bonne liaifon. L'efTentiel �toit d'avoir �es
pierres de bonne qualit� , & de pouvoir compter
fur la t�nacit� du mortier pour les bien lier :
il ne pouvoit fe rencontrer d'autre difficult�.
Sans entrer plus avant dans les d�tails des
conilru�ions Gothiques , qui pafferoient les bor-
nes que nous nous femmes preferites , il rions
fufKra ici d'obferver que les ouvrages en ce genre ,
faits avant le douzi�me iiec�e , font d'une pefan-
teur infuportable ; & que ce ne fut que. vers ce
tems qu'on s'appliqua � all�ger leur b�tifTe , �
diminuer la groi�eur des pi�droits , & � pro-
portionner les r�fiilances aux fardeaux & � la
pouff�e, Cela fut d'autant plus aif� , que toutes les
conflrucHons Gothiques fe reiTemb�ent, & n'ont
qu'une m�me maniere d'�tre : elles ne font fans
cefie qu'un ai�emb�age de vo�tes d'arr�t� en tiers
point, combin�es dans diff�rentes directions , &
plac�es de fa�on, � fe contre - buter l'une l'autre
-ocr page 244-
\
t d'Architecture.           217
par les angles, o� fe fait tout l'effort. Solider
la retomb�e jTune vo�te par des points d'appui
fuffifans ; contenir fa pouff�e, foit par des contre-
forts , foit par des piliers-butans pour la rejet-
ter quand il le falloit,. � l'aide d'arc - boutans
vers des endroits opportuns ; charger au beibin
un pi�droit pour augmenter fa r�nitance , fans
augmenter pour cela fon volume ; joindre en-
fin , par furcroit , des moyens artificiels aux
moyens principaux de folidit� ; voil� quelles
�toient en g�n�ral les r�gles des b�tiiTes Gothi-
ques : ainfi il n'y avoir �videmment que deux
chofes � favoir pour r�uifir � les perfection-
ner : i° Quel pouvoit-�tre le poids qu'un pilier
de pierre de telle ou telle groifeur �toit en �tat
d� porter fans s'�crafer ? 20 Quelle devoit-
�tre la force d'un pilier-butant ou d'un contre-
fort , pour r�iiiter � une vo�te ogive, � raifon
de fon diam�tre & de fon �l�vation. Six-cents ans
d'exp�riences fouvent redreiT�es , jointes � quel-
ques heureufes t�m�rit�s , apprirent fucceflive-
ment ce qu'on pouvoit efp�rer � cet �gard ; ce
furent l� leurs feuls ma�tres. On ne fcauroit trop
le r�p�ter : on proc�de d'abord au hafard ; peu-�-
peu on fe rectifie ; parce qu'on a fait, on appr�cie
� la.longue', ce qu'on pourroit faire de mieux:
des hommes plus intelligens que d'autres com-
parent les tentatives que l'on a faites; de l� naif-
fent les premi�res r�gles , & les premiers pr�ceptes
que les fciences , o� le go�t �purent par la fuite ;
mais encore une fois , les premiers pas vers la
perfection dans tous les Arts fe font faits fans
autre fecours que des t�tonnements.
Pour donner un �chantillon des conitru&ions /,
des Goths, & faire juger de l'induftrie avec la*
-ocr page 245-
ζιΗ                      Cours
quelle ils contrehalan�oient la pouiT�e de leurs
Vo�tes, & all�geaient leurs fupports , nous rappor-
terons pour exemple l'Eglife de Notre-Dame de
Dijon , dont on nous a communiqu� des dei�ins
qui ont �t� lev�s en 1762, par fe� M. Jolivet,
Correfpondant de l'Acad�mie Royale d'Archite-
cture, & Ar�hite&e dss Etats de Bourgogne.
Defcription de la Co/z�ruciion de l'Eglife
de Notre-Dame de Dijon, PL CX & CXI
Cette Eg�ife a �t� b�tie au milieu du treizi�me
iiecle 9 fous le regne de Louis IX , dit S. Louis.
Quoiqu'elle ne (bit pas confid�rable par fa gran-
deur, elle eu n�anmoins des plus recommanda?
bles par la l�g�ret� de fon ex�cution.
Son plan g�n�ral , %. I , PI. CX , efl une
croix latine : le rez-de-chauiT�e n'a rien de par-
ticuli�rement remarquable , c'eil le plan du f�cond
�tage , fig. Π , qui 'm�rite la principale attention ?
ainii que les profils, f�g, IX , % & XI., de la
Planche iiiivante. Pour nous rendre plus clair ,
nous croyons devoir lier enfernbie la defcription
des diff�rentes figur�s de ces deux Planches.
La Nef a de hauteur -56 pieds -,., & de lar-
geur du milieu d'un pilier a l'autre i<j pieds ~ ;
elle eil termin�e par un comble de charpente de
22 pieds d'�l�vation ? dont les plus foxtes pi�ces
n'ont que ρ pouces de gros. Les piliers' de la Nef
? ont �-peu-pr�s 2 pieds ~ ,de diam�tre * & ont
d'un axe � l'autre 12 � 13 pigds :; ils fupportent
des arcs ogives le long des bas cotes, & � plomb
de chaque pilier s'�l�ve une petite colonne de
11 pouces de diam�tre, gui re�oit la retomb�e
de la grande vo�te de la Nef, & qui eil acconi-
-ocr page 246-
■■■ ' \                                                                                                                                        ■ ■' '''.'■.-' » . ' ''"■'., - ' ;:"
d'Architecture.            219
pagn�e de pluiieurs petites colonnes de $ & 6
pouces de diam�tre , dont trois font en porte-
�-faux ( voyez , figure IV , leur arrangement )
& retenues � leurs joints par des boulons de fer
en forme de Τ , fig. V , qui les lient � la groffe
colonne. Les petites colonnes foutiennent de
petits arcs ogives le long de la Nef, & forment
avec les gro�es colonnes une gallerie de 2 pieds
J de largeur, f�g. II, r�gnant autour de TEglife Λ
dont le mur ext�rieur n'a que 7 pouces d'�paif-
feur, & s'��eve � 25 pieds 4 pouces. Au-dei�us
de cette gallerie , il y en a une f�conde de m�me
largeur , & plus �lev�e avec de grande croif�es
dans le fond pour �clairer la Nef : enfin vis-
�-vis les petites colonnes de 11 pouces, il y a en
correfpondance derriere le mur de la gallerie un
contre-fort d'un pied de faillie s fur 2 pieds 1
pouce de largeur , qui fe lie au droit des reins
del� vo�te de la Nef, avec les arcs-boutans qui
en foutiennent la poulT�e , ' & la� rejettent vers les
piliers-butans.
                                                    >
Il eit � obferver que le petit mur de 7 pouces
& fon contre-fort portent totalement � faux en
dehors du pilier, & font foutenus comme l'expri-
me le profil, fig. XI, Planche fuivante , fur les
reins de la vo�te des bas c�t�s , � laquelle on
a donn� 15 pouces d'�paiffeur , fans compter un
renforcement de pr�s d'un pied � fa rencontre.
La principale force de cette conitru�tion con^
fiite dans des �perons de 4 pieds 9 pouces de
faillie., difpof�s en dehors des murs pourtours
des bas c�t�s $ & au-dei�us defquels s'elevent, pres-
que jufqu'� la hauteur de la Nef , des piliers-
biitans dont la iituation eil iinguli�rement re-
marquable. Chaque pilier-butant a par le haut
t
-ocr page 247-
2-20                         Cours
5  pieds 2 pouces 6 lignes d'�paiffeur, dans la
direction de la pouff�e de la vo�te , & par le
bas 4 pieds ι pouce. L'exc�dent du poids de la
partie ^ fup�rieure fur l'inf�rieure eil difpof� de
fa�on � porter fur les reins de l'arc-boutant vers
les ~ de fa mont�e ; arrangement qui a �videm-
ment pour but d'augmenter la force de l'arc-
boutant vers fa partie inf�rieure, & de le rendre
plus propre � r�fifter � la pouff�e ■& au poids de
la vo�te de la Nef, qui y font prefque enti�re-
ment dirig�s.
Ind�pendamment des contre-forts & piliers-bu-
tans , le comble de charpente des bas c�t�s eil
encore difpof� de fa�on � contrebuter le mur de
la gallerie inf�rieure, & m�me la naiffance de la
vo�te de la Nef.
Mais ce qui merite le plus d'attention dans
cette conilru�ion , c'eil la difpofition du clocher
plac� fur les piliers de r�union des quatre bran-
ches de la croix , & qui s'�l�ve � 114 pieds au-
deffus des vo�tes de la Nef. Ces piliers de r�u-
nion n'ont au plus , dans le bas de i'Eglife,que
6  pieds en quarr� , & font coniid�rab�ement tron-
qu�s par le paffage des galleries, fig. II , � la
rencontre des bras de la croix. Ils font en outre
tout-�-fait �vid�s au-d�ffus des vo�tes des bras de
la croix, fig. VI, VII & VIII, pour faire place
� quatre efcaliers ronds de 2 pieds } de longueur
de marche , montant � 54 pieds de hauteur &
dont les murs n'ont que 5 pouces d'�paiffeur ; ainfi
ces parties angulaires que l'on a coutume de for-
tifier dans tous les b�timents , font ici enti�re-
ment �vid�es.
Nous avons exprim� ci-joint trois diff�rents
plans du clocher. La fig. VI , eil la moiti� de
*
-ocr page 248-
d'Architecture.           izi
{on plan , � la hauteur C C de la gallerie , %. X ;
la rig. VII , eil le quart du plan , � la hau-
teur D D de la deuxi�me gallerie ; & la fig. VIII,
eil le quart du plan , � la hauteur E E des f�conds
vitraux; en les comparant, il fera aif� de conce-
voir leurs rapports.
Ce clocher eil, comme Γόη voit, quarr� par
fon plan : il a 30 pieds de largeur hors �uvre.
Son int�rieur eft d�cor� de deux �tages de gal-
leries foutenues par des petites colonnes portant
des arcs ogives. Les murs qui adofl�nt ces galle-
ri�s ont 9 pouces d'�paiiTeur, & dans le/milieu
de chacun des quatre murs , eil � l'ext�rieur un
conrre-fort de 2 pieds 6 pouces 3 lignes d'�paif-
feur , y compris celle du mur , fur 3 pieds de
largeur , lequel porte fur la clef des grands arcs
des bras de la croix. Chaque cot� du clocher,
dans la f�conde gallerie , a deux grandes croif�es,
avec trois autres croif�es au-dei�us, de forte qu'il
eil perc� en totalit� de vingt croif�es : enfin il
eil termin� par un plancher & un comble de char-
pente en piramide.
On voit par le compte que nous venons de
rendre de cette conitru&ion , qu'elle eil difpof�e
avec beaucoup d'induilrie & d'intelligence , mais
de maniere n�antmoins que, malgr� fa hardieife ,
tout eil en force, & eil difpof�pour fe pr�ter d�*
toutes parts de mutuels fecours : elle eil ex�cut�e
toute en pierre dure , atteinte au vif, & ma-
�onn�e avec d'excellent mortier : on ne voit
paro�tre aucune cha�ne de fer, mais il eil � croire
qu'il doit y en avoir dans l'�paiiTeur des murs,
fur-tout du clocher.
Nous avons exprim� fur le plan du rez*de-
chauif�e les empattements des fondations de cette
-ocr page 249-
ν
222                           Cours
Eglife , pour faire juger de leur liaifon , de leurs
rapports , & des pr�cautions que les Goths ap-
portaient � cet �gard ; & afin de nous rendre
plus intelligible, vu la petiteffe de l'�chelle du
deffin , � laquelle notre format nous a oblig�
de nous r�duire , nous avons cott� fur le plan &
l'�l�vation ? les principales parties de cet Edifice,
afin que chacun puiffe l'�tudier particuli�rement.
Nous nous trouvons forc� par les bornes de
notre Ouvrage , & pour laiffer place aux autres
mati�res qui int�reffent �galement l'ex�cution des
B�timents 3 de terminer ici nos obfervations fur ce
qui regarde la Ma�onnerie: car nous fommes bien
�loign�s de croire avoir tout dit fur cette partie
importante. La conflruc�on conf�d�r�e au-del� des
�l�ments & dans tous fes rapports , eft capable de
fournir une ample mati�re � des differtations tr�s-
int�reiTantes pour fes progr�s : nous en avons d�j�
donn� plufieurs, tant depuis le commencement de
ce volume que dans nos M�moires fur les objets les
plus importuns de l Architecture , & nous efp�rons,
dans la continuation de ceux-ci, en donner par la
fuite encore d'autres qui compl�teront, en grande
partie, ce qui reile d'important � dire fur cet Art,
-ocr page 250-
d'Architecture.          223
llT ______il_L__UL I- �M 1 "                 .           iSj^a^aS^rt^MjIU ■--------------------' ' '      ■■■■■-- w�*w>iX«
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DE LA CHARPENTERIE.
INTRODUCTION.
De l'origine et des avantages
A
des B�tisses en Charpente.
Quelque anciennes que foient les conilru-
�ions en pierre , on ne fauroit douter , com-
me nous l'avons dit dans notre D�icours Pr�-
liminaire fur la Ma�onnerie , que les b�ti�Tes en
charpente ne les aient de beaucoup pr�c�d�es , ou
plut�t , que Fart de b�tir ne fe foit exerc� pen-
dant long-tems fur le bois avant de s'eifayer fur
la pierre. Apr�s que les premiers hommes eurent
quitt�s les antres & les rochers, ils fe mirent a
couvert des injures de l'air, fous des cabanes Am-
plement form�es avec des branches d'arbre, des
feuillages, de l'argile & du chaume. Mais ayant
fenti bient�t riniuffif�nce ou le peu de folidit� & d�
falubrit� de ces fortes d'habitations,ils s'appliqu�rent
fueceffivement � les rendre plus fiables & plus
commodes. A la place de branches, ils plant�rent
des troncs d'arbres verticalement � une certaine ;
diftance les uns des autres dans la terre : fur leur
fommet, ils appuierent d'autres pi�ces de bois,
tant horifontalement qu'obliquement , pour fer-
vir de plancher, & de comble � leurs demeures.
La r�flexion & l'exp�rience ayant �clair�s de plus
-ocr page 251-
"V
224                       Cours
en plus les hommes , il trouv�rent le moyett
d'�carrir les bois, d'en affermir les diff�rentes
pi�ces par des affemblages combin�s , � l'effet
de leur procurer une coniiftance durable, & une
force capable de r�iiiler � l'imp�tuofk� des vents:
c'eit ainff que les b�tiffes en bois fe font peu-�-
peu perfectionn�es.
L'utilit� de la charpent�rie efttrop g�n�ralement
reconnue pour qu'il foit befoin d'iniifter beau-
coup fur fes avantages. Nous la' voyons dans les
iiecles les plus recul�s , contribuer � l'artaque &
� la d�fenfe des places , tant�t nous tracer un
chemin folide fur les fleuves les plus imp�tueux ,
tant�t nous aider � parcourir les mers dans des
efpeces de maifons flottantes, pour nous enrichir
des productions des contr�es les plus �loign�es,
ou bien pour contribuer � faire paffer jufqu'aux
extr�mit�s de la terre les fruits de finduitrie de
nos Commer�ans.
D'affreux tremblements de terre menacent-ils
d'engloutir une ville, & d'�crafer, par la chiite de
fes maifons en pierre , la plupart de fes habitants ?
heureux ceux qui rencontrent alors des mai-
fons en charpente ; elles feules peuvent , dans
ces d�faftres , mettre en furet� leurs vies & leurs
richeffes. Dans nos C�r�monies, dans nos F�tes
) publiques , dans nos Affembl�es utiles ou agr�a-
bles , facr�es ou profanes , par-tout nous avons
befoindel'art du Charpentier. Comment pourrions-
nous, donner � nos Edifices importans une hau-
teur fi coniid�rable } & conftruire leurs vo�tes fans
le fecours des �chaffauds de charpente , & des cin-
tres qui s'�l�vent avec elles ? N'eft-ce pas encore
par fon moyen qu'on vient � bout d'ex�cuter
toutes les machines induftrieufes ? dont on fe
':/
                                                             fcrt
.'ν''-.' :..;.;: ;                                                          '■ "' -] '■
\ . . --■'■ .Λ,;                                     '■ i-                                                                      --"■' -                                                                                   -'...'                                                                   '■'" -                                 ;■'->"■'
-ocr page 252-
d'Architecture*           225
feit pour- tirer du fein de la terre , & tranfponer
dans les airs ces blocs �normes de pierre, qui
fervent d'amortifTements & d'embelliiTement � nos
Monuments ? N'e�Vce pas par la torce des cabe-
ilans que nous parvenons � conduire jufques dans
les chantiers ces maiTes prodigieufes de marine, aux-
quelles nos Sculpteurs femb�ent donner le mou-
vement '& la vie ? C'eir. enfin � l'aide de la char-
penterie quelles planchers nous tiennent lieu de
vo�te, que nos demeures deviennent plus falu*
bres , que des efcaliers de la plus grande l�g�ret�
d�gagent les appartements, que l'on parvient �
faire des cloifons & des corridors , qui multi-
plient les logements ou les rendent plus commo-
des , & qu'en un mot nos couvertures nous pr�-
fervent des ardeurs du foleil, du vent, de la
pluie & des neiges , fans parler ici de l'acc�l�-
ration & de l'�conomie qu'elle procure dans la
b��ii�e en g�n�ral.
Mais ii la Charpenterie pr�fente , en effet, une
multitude d'avantages, on ne fauroit fe diii�ruiler
qu'elle a le tr�s-grand inconv�nient d'�tre lujette
aux incendies , & d'emp�cher la dur�e de la
plupart des Edifices o� on l'allie avec la pierre ;
& m�me l'on peut fe rappeller que nous avons
d�j� remarqu�, qu'aucun des ouvrages de l'Anti-
quit�, o� l'on a voit employ� de la charpente, ne
font parvenus jufqu'�nous. Le Temple de Diane �
Ephefe , celui de Perf�polis , & le Temple de J�ru-
fa�em, b�ti par Salomon , dont la charpente �toit
compof�e de c�dres du Liban , ont �t� la proye �es
flammes. Combien de villes enti�res n'cnt-elles pas
aufl� �t� ruin�es par le feu} Et pour ne parler
ici que de celles renferm�es dans le fein de ia
France, Rennes en Bretagne, Sainte-Menehould en
Tome VU
                                          Ρ
-ocr page 253-
�� -iiS                    "'Cours                                   !
Champagne , Bolbec en Normandie y. nombre |
d'Egliies dans nos Provinces , piuiieurs Ponts �
Paris , dont les maifons �toient b�ties en bois ,
r�cemment la Foire de Saint-Germain , la Salle
de l'Op�ra , l'H�tel-Dieu , & une partie du
Palais , ne nous rappellent-ils pas encore ces
d�faitres terribles , que la prudence humaine ne
.peut pas toujours pr�venir.
Quoiqu'on ait beaucoup �crit fur4a Charpente-
. rie, nous n'avons cependant encore aucun trait� v�-
ritablement raifonn� dans toutes fes parties* Le
iecret de cet Art fembie �tre le partage de quel-
ques bons Praticiens , que leurs travaux multipli�s
emp�chent de rien �crire fur ce fujet ; en forte
que ceux qui veulent s'en initruire ne peuvent
avoir recours qu'� ce que nous ont donn� Mathurin
Joui�e , Philibert Delorme , le Muet, Blanchard,
& depuis peu le iieur Fourneau. Notre deffein n'eft
pas de traiter ici � fond cette mati�re , & de la d�-
velopper au point de faire ce qu'on appelle un
bon Charpentier, mais feulement de mettre un
jeune Artifle au fait des travaux les plus ordi-
naires, afin de pouvoir les ordonner, les appr�- ;
/cier , fixer leurs dimeniions , & en un mot, con- j
no�tre ce qui conititue la perfection de cette par- j
lie de FArchke&ure. Ce�. pourquoi, apr�s avoir |
.parl�en g�n�ral delaqualit� des bois , de leurs prin-
cipaux ailemblages , & de la r�iiitance qu'ils peu- |
vent oppoier � raiibn de leur grofleur. Nous trai- |
terons de leur emploi dans les planchers , les f
combles , les pans de bois , les cloifons , les [
=�fcaliers , & nous finirons par donner une id�e |
de la maniere de faire le devis de ces fortes j
, d'ouvrages ; renvoyant pour leur toif� aux trait�s \
de Bullet & de D�godets , auxquels il y. a peu de
■choie � de�rer � cet �gard.
-ocr page 254-
�' � k c h i t e e τ ν k t.         i�fs
�'hun Γ juin. . , , ..η HgCT*d^S^T/ig2�gA ι r,;.-, ,., ■ ,,,»■■■■ - j. ' «t»*Vu
CHAPITRE PREMIER,
De la qualit� j�es Bois en g�n�ral $
et en particulier ώε celui
PROPRE A LA ChARPENTERIE.
JLa bonne qualit� du bois d�pend, & de l�
nature du terrain , & de la faifon dans laquelle
il a �t� coup�. Dans les lieux bas & mar�ca-
geux , les arbres commuent une humidit� qui
leur devient nuifible. Leurs fibres > en s'imbibant
des parties fulphureufes , que charient en abon-
dance les eaux qui abreuvent ces terrains> rendent
leurs troncs moins forts & moins eil �tat die
r�fiiler au poids qu'ils doivent foutcriir : e'eft
pourquoi ils fe tourmentent > fe d�jettent j plient *
&: d�viennent peu capables de faire une con*
ibu&ion durable* Au contraire les arbres qui
croii�ent fur les montagnes dans des lieux fecs ,
fur les lifieres des for�ts, ne tirant de fuis nour-
riciers de la terre que ce qu'il leuren faut pour
cro�tre & fe fortifier , leur int�rieur devient
conf�quemment plus compaft: * plus ferr�, plus
folide , plus propre � r�futer aux impreiTionS
de l'air , & � fupporter de grands fardeaux* Il
en eil de m�me des arbres qui ont �t� plant�s
� l'expofition du midi, on remarque qu'ils font
toujours plus durs , plus droits , plus hauts,»
plus gros, & ont moins d'aubier que ceux qui
ont cru expof�s au nord.
Quant � la faifon de couper les bois de chap
Ρ η
-ocr page 255-
$iS                       Cours
pente , Tans parler du plein ou du d�conrs de la
lune, que quelques uns regardent comme un pr�-
jug� ; au moins eft-il certain que toutes les fai-
fons ne font pas �galement propres � la coupe
des bois. L'ufage eli d'abattre les arbres depuis
le mois d'O&obre jufqu'� la fin de F�vrier, atten- I
du que pendant ce tems, leur f�ve paro�t, en
quelque forte, endormie. La raifon encore pour
laquelle on pr�f�re cette faifon, c'eft parce que
les vents qui y r�gnent commun�ment, contri-
buent � diifiper le trop d'humidit� qu'un arbre
pourroit avoir contract� pendant que fa f�ve �toit
en vigueur , & que fes pores fe trouvant reiTer-
r�s par le froid, il eft fufceptible d'acqu�rir alors
plus de folidit�, que s'il eut �t� coup� pendant
la dilatation de fes fibres , & r�panchement de
fes liqueurs.
On �vite dans la b�tif�e d'employer des arbres |
morts fur pied; ils font d'un mauvais ufage ,
attendu que l'humidit� y �tant d�f�ch�e, & la
f�ve s'en �tant retir�e , il refte trop de vuicle
entre {es pores , ce qui le rend foible, fujet �
gerfer , � �clater, � fe caifer , & � fe pourrir
promptement. | :,-.�.
De toutes les efpeces de bois que les for�ts
fournhTent, le ch�ne eft reconnu le meilleur pour
la b�tifTe, comme �tant le plus capable de reinier
aux fardeaux , & acqu�rant dans l'eau un tel
degr� de duret� , qu'il n'eft quelquefois plus pof-
i�ble de le travailler � l'outil , a�nfi qu'on l'a
�prouv� plus d'une fois fur celui que l'on a trou-
v� dans quelques d�molitions d'ouvrages an-
tiques.
Dans le dernier fiecle, on faifoit fr�quemment
ufage du ch�taignier : la plupart des couvertures
-ocr page 256-
d'Architecture. 22^
des anciens Ch�teaux & des anciennes Eglifes ,
font de ce bois. Il s'�carit bien , & n'eit pas fujet
aux vers ni � la vermine. La raifon pour laquelle
on lui pr�f�re le ch�ne , c'eil que le ch�taignier
ne vaut rien lorfqu'il eft enferm� dans la ma�on-
nerie , comme le font les exr�mit�s des poutres %
des folives d'enchev�trure , des lincoirs ,, des
fablieres , des poitrails , &c. D'ailleurs , depuis
le grand hiver de 1709 , cette efpece de bois
a manqu� totalement en France , & l'on ne s'en
fert maintenant que pour faire des cerceaux , des
�chalats, &c.
Le fapin �toit anciennement beaucoup plus
en ufage qu'aujourd'hui ; fon d�faut eil d'�tre
plus fujet aux vers & � s'�chauffer que toute
autre efpece de bois ; cependant il paffe»
� groiTeur �gale ? pour �tre d'un cinqui�me
plus roide que le ch�ne. Il eil auffi fort droit ,
fort l�ger , d'une plus grande longueur, & plus
aif� � travailler ; qualit� qui le font employer de
pr�f�rence , en Allemagne, en Alface , en An-
gleterre , & ailleurs , avec fucc�s , tandis qu'er*
�rance nous le profcrivons de la charpente des
b�timents, & nous le de�inons feulement pour
les ouvrages de m�nuiferie les moins importans«.
Au d�faut du ch�ne, l'orme s'employe quel-
quefois dans la conilru&ion des combles \ il &
le m�me inconv�nient que le ch�taignier , c'�il-�-
dire y d'�tre fujet � fe pourrir peu de tems apr�s
avoir �t� enferm� dans la ma�onnerie. Aufurplus %
on employ� ce bois avantageufement pour le
charonnage ,. de m�me que le h�tre & te noyer
pour les meubles , le charme pour br�ler, l'aulne
pour les ouvrages que l'on fait au tour , le buis �.
le bois de paliilandre r l'amaxaEthe , &c. pour
Ρ iij
- ' ':';' -                                    V ■ ,'' ' . <■ '
- '■ ' '' '-'                                           t ; , ' ν                                 '                            ■ V w , ■.,.;
v                                          . : ''';'■; ■ '■�"                                                                                   (■■■■                           '■■ ■''.,*'.'; "', "'                            ; ' ;; "V", -.
-ocr page 257-
aj�                      Cours
r�benifterie , ainil des autres, dont r�mun�ration-
eit pr�fque infine , mais dont 1'Architecle ne dok
pas ignorer en g�n�ral les bonnes ou mauvaifes
qualit�s particuli�res, &Tufage utile ou agr�able
qu'on en peut faire dans la b�tiife , & iur-tout
dans la d�coration int�rieure des Edifices.
Le bois de ch�ne �hoiii de la meilleure qualit�
fe diviie. en deux claffes ; Tune qu'on nomme
dure , & l'autre qu'on nomme tendre. Celle-ci
�tant peu capable de refifter au fardeau �tant
plus traitable pour l'aifemblage , & plus facile
a corroyer , eit particuli�rement deilin�e � la
m�nuferie tandis que la premiere ayant plus de
corps , & r�iiitanc davantage aux impreffions de
l'air , eil plus propre � la charpenterie. Cette dif^
f�rence, dans une m�me qualit� de bois, provient
del� nature du terrein o� les ch�nes ont �t�
plant�s ; ceux , comme nous l'avons dit, qui ont
cr� dans un lieu arride, font plus durs que ceux;
qui ont cr� dans un fol humide & aquatique.
On fait ufage du ch�ne depuis foixante ans
jufqu'� deux-cents ans : paiT� ce tems il d�p�rit %
& avant |l eil fans beaucoup de force ou de con-»
liftance. Pour conno�tre l'�ge d'un arbre, apr�s
l'avoir fci� environ � 4 pieds de terre , on com-
pte le nombre des circonf�rences contenues dans
ion tr�ne , qui vont progrei�ivement depuis le
centre de l'arbre jufqu'� l'�corce , & ces couches
annulaires marquent affez pr�cifement l� nombre
defes ann�es,
�Le tems le plus propre pour couper les ch�V
Hes, avons-nous dit plus haut, efl depuis la fin
d'Oc^obxe jufqu'au commencement de Mars j majs
nous obCerverons qu'avant de les abattre , il eft
feOB 4q ks cerner par Je. bas juftjues, px�.s 4k\
I
Λ
-ocr page 258-
i
D* A R C H 1; Τ E G TV R E.             Z^T
c�ur, & de les laifler en cet �tat quelques tems,
fur pied , afin de permettre � l'humidit� ou � k
f�ve de s'�couler ; autrement cette humidit� re-
ftant concentr�e dans le bois , 1e corromproit ,.
le feroit tourmenter , & le rendroit par l� peu
propre aux ouvrages de. fujettion. Nous avons
remarqu� dans nos M�moires , qu'en 'quelques,
provinces d'Angleterre,il �toit d'ufage d'enlever d�s,
le printems l'�corce des arbres que l'on vouloir
abattre l'automne fuivante , ce qui nous paro�t une�
tr�s bonne m�thode^ & nieriteroit d'�tre g�n�rale-
ment obferv�e*
La perfection des bois de charpente eil
"d'�tre de droit fil , & fans n�uds vicieux qui
l'interrompent : il faut auffi qu'ils ne foien�
point roul�s , & qu'ils ne foient pa&flaches , c'eil-
�-dire , moins gros par un bout que par l'autre 9
quand on veut les mettre* en �uvre. Si l'on pou-
voit, avant de les d�biter , les garder deux ow
trois ans � l'abri , comme ils auroient eu le tem»
de devenir bien fecs, ils feroient d'un bien meil-
leur ufage y & chargeroient beaucoup moins^ un�
b�timent. En effet, il eil d'exp�rience que le pied-
cube de ch�ne nouvellement coup� pefe. foixante-
onze livres , qu'au bout d'un an il ne pefeplusj
que foixante livres, & que quand il eii extr�me-
ment fec , fon poids eil r�duit � environ .quarantsr
livres.
F iv
m
-ocr page 259-
2-31                        Cours
CHAPITRE IL
De la r�duction des Bois
de Char pen te.
JLTo ν coupe les bois dans les for�ts fuivant une
progrei�ion de 3 pieds en 3 pieds, c'eit-�-dire,
f�lon une longueur confiante de 3, 6,9, 12,
15 pieds , &c. : & comme le Charpentier les
achet� en conf�quence de ces longueurs prefcri-
�es, il convient donc , quand les bois ne font point
employ�s fuivant ces longueurs d'y avoir �gard ?
& de prendre le nombre en fus pour lui en tenir
compte , attendu qu'il eil � fuppofer qu'il a �t�
oblig� de retrancher le furplus pour le mettre en
�uvre, il eil � obferver cependant qu'on ne
compte cette augmentation de 3 pieds en 3 pieds
qu'au-dei�i�s de 22 pieds de longueur , mais qu'au
d�lions on ne compte l'augmentation que de 18 pou-
ces en 18 pouces > & comme fi les bois �toient effe-
ctivement coup�s dans les for�ts de 18 pouces en
18 pouces. La raifon en eil , qu'une pi�ce de
bois telle quelle fe vend, peut avoir �t� coup�e
en deux ou en pluiieurs parties �gales.
On trouve dans tous les Trait�s de Charpen-
terie une Table de r�duction, qui a �t� re�ifi�e
& r�dig�e avec beaucoup de fagacit� , par le
Commentateur de l''Architecture Pratique de Bullet ;
& comme cette maniere d'expofer cette Table eil
plus inilruclive & beaucoup plus claire que celle
ufu�e , nous allons la rapporter de pr�f�rence.
Λ
-ocr page 260-
r
d'Architecture. 233
Table de la r�duclion des longueurs des Bois
employ�s dans les B�timents.
Une pi�ce de bois , quelque petite  qu'elle
foit, eft compt�e pour . . . . . .    ι ρ. ~
Enfuite jufqu'� 2 pieds, pour ...    2p.
2 pieds jufqu'�«3 pieds 1 pouce,pour.    3 p.
3  pieds 2 pouces jufqu'� 4 pieds 8
pouces |, pour . . . . . . ...
    4 p. ~
4  pieds 9 pouces jufqu'� 6 pieds 2
pouces , pour........
    6 p.
6   pieds 3 pouces jufqu'� 7 pieds 8
pouces |, pour ........7 Ρ� Ι
7  pieds 9 pouces jufqu'� 9 pieds 3
pouces |, pour........9 p.
9 pieds 4 pouces jufqu'� 10 pieds 8
pouces \, pour....... � 10 p� �
10  pieds 9 pouces jufqu'� 12 pieds 4
pouces |, pour . .......12 p.
12  pieds 5 pouces jufqu'� 13 pieds 8
pouces^, pour ........13 p�1
13   pieds 9 pouces jufqu'� 15 pieds
4 pouces |, pour . . . . . . . 15 p.
15  pieds 5 pouces jufqu'� 16 pieds
8 pouces | , pour.......16 p. ~
16  pieds 9 pouces jufqu'� 18 pieds
4 pouces |, pour . . . . . . . 18 p.
18   pieds 5 pouces jufqu'� 19 pieds
8 pouces ~, pour . . . . . . . 19 p. �
19   pieds 9 pouces jufqu'� 21 pieds
4 pouces \, pour ....... 21 p.
21   pieds 5 pouces jufqu'� 22 pieds
8 pouces |, pour . . . . . . . 22 p. f
22  pieds '9 pouces jufqu'� 24 pieds
-ocr page 261-
234                       Cours
6 pouces, pour.....; ; ; 24 p»
24 pieds 7 pouces, pour . . . .27 p.
27 jufqu'� 30 , pour.....30 p.
30 jufqu'� 33 , pour . . . . . 33 p.
33 jufqu'� 36 , pour . . . . . 36 p;
3� jufqu'� 39 , pour . . ".� � . 39 p�
On voit par cette Table que la progref��oa
jufqu'� 22 pieds n'augmente que de 18 en 18
pouces , comme nous l'avons dit, & qu'au de(-
�tis de cette longueur elle augmente de 3 pieds�:
en 3 pieds.
Il eil aif� de juger que, fuivant cette r�du--"
�ion de 18 en 18 pouces, le Charpentier ne
fauroit perdre, eu �gard aux diff�rentes longueurs
dont il achet� le bois. Suppofons, par exemple y
qu'il ait befoin de deux pi�ces de bois , l'une de
5 pieds 2 pouces de long, .& l'autre de 9 pieds
IO pouces , il la coupera dans un 15 pieds, &
alors cette pi�ce de bois de charpente de 5 pieds
lui fera compt�e pour 6 pieds, & l'autre pi�ce
de bois de 9 pieds 10 pouces lui fera compt�e
pour 10 pieds ~ ; aini|^u4liei� de 15 pieds que cette
pi�ce lui aurok �t� compt�e , s'il l'avoit employ�e
feule, elle lui fera paif�e par l'nfage � 16 pieds -^
Autre exemple ; s'il a befoin d'une pi�ce de bois
de 4 pieds 9 pouces » & d'une autre de 12*
pieds { , le premier morceau lui fera compt� fui-
vant i'ufage , 6 pieds, & le f�cond 53 pieds ~ ρ
ce qui fera 19 pieds j , au lieu de 1-8 pieds , que lui
auroit valu feulement Cette pi�ce s'il l'avoir
employ�e de toute fa longueur ; & il lui refera en
oim?e un morceau de bois, d'un pied de long *
qui dans l'emploi_lui fera compt� 1 pied ~ ; ainii
i� gagnera 3 pieds de plus fur la longueur de,-
cette pi�ce de bois, en la; d�bitante
-ocr page 262-
d'Architecture.           23$
On voit , par ce que nous venons de dire ,
que la r�du�ion des bois �tant � l'avantage du
Charpentier, quand ils ne fe trouvent pas em-
ploy�s des longueurs convenables , il eit donc
important qu'un Architecte y ait �gard dans la
diftribution du plan d'un b�timeut., afin de taire
tourner les ufages , autant que faire ie pourra, au
profit du propri�taire, & qu'il fupporte le moins
de d�chet poi�ible. Il lieft point indifferent , par
exemple , de donner 12 pieds 4 ponces , 01112
pieds 5 pouces de longueur aux (olives dun
plancher; cardans le premier cas les 12 pieds
4 pouces ne feront compt�s que pour 12 pieds a
l'Entrepreneur, tandis que dans le f�cond , il fau-
dra lui compter pour 13 pieds i, celt-a-dire,
lui payer le plancher en queftion , comme s il
avoir 18 pouces de plus de longueur. Ceit
dans cette r�partition judicieufe que lonrecon-
noit l'intelligence de celui qui diftribue un plan ,
& il en peut r�fulter , fur la totalit� de la
charpente d'un b�timent, beaucoup d economie,
fur-tout filon s'attache � proportionner la groneur
des bois , comme on le verra ci-apres.
On appelle en g�n�ral le bois qu on employ�
dans la charpente bois quarr� ou d ecarnllage,
pour exprimer que de rond qu'il �toit originaire-
ment , il a �t� �quarri par le fecours.de la main-
d'�uvre. On d�bite le bois-quadrangulairement,
quand il doit �tre pof� verticalement dans une
b�tiffe ; mais quand il eil queftion de le poier
borifontalement, on doit le d�biter de maniere
que chaque pi�ce pr�fente un re�angle , dont
un des c�t�s, foit � l'autre ,a-peu-pr�s comme
quatre eft � trois ; alors, en pofant les pi�ces de
So�i 4e champ plut�t que fur le plat,, onobae*
-ocr page 263-
236                      Cours
dra beaucoup plus de force , ainfi que nous �e
prouverons.
Le bois de charpente fe paye au cent de toifes
folives. La toife folive eil une pi�ce de bois de
12 pieds de long, & de 6 pouces de gros, ou
bien un parallipipede reclangle de 6 pieds de long,
I pied de large , & 6 pouces d'�pais ; ainii cette
mefure ne contenant que 3 pieds cubes, elle efh
par conf�quent ibixante-douze fois moindre que
la toife cube , qui en contient deux-cents feize :
c'eft pourquoi, dans les calculs de charpente,
apr�s avoir multipli� les trois dimeniions l'une
par l'autre, le produit ne donnant que des toifes,
pieds & pouces cubes � l'ordinaire , & �tant
ibixante-douze fois trop grand ; il convient donc
de divifer ce produit par foixante-douze, & alors
le quotient qui r�fultera fera le nombre de toifes
folives , ou de pieds δε de pouces de toife folive
que l'on d�iiroit : mais comme ce proc�d� eu long,
on a recours � plui�eurs m�thodes abr�g�es qui
op�rent fur le champ cette r�du&ion.
Offrons des exemples de ces diff�rentes m�tho-
des , & de la maniere de faire les calculs de
charpente.
Soit un plancher garni de vingt-deux folives ,.
chacune de 1Q pieds ~ , compris port�es , dont quatre
d'enchev�trure de y &
10 pouces de gros , & les autres
de y &
8 pouces ; il s agit de trouver combien c�
plancher contient de toifes folives.
On commencera par multiplier vingt-deux foli-
ves par vingt-un , fuivani Fufage & la Table de
r�duction ci - devant, au lieu de 20 pieds \ ; & l'on
divifer� le produit par 6 » pour avoir la longueur
e totale defdites folives en toife courante .c'eft-�-clire»
ibixante dix- fept toifes : mais comme les quatre
-ocr page 264-
d'Architecture.         2.37
folives d'enchev�trure font d'une diff�rente grof-
feur, on cherchera � part leur longueur totale,
qui �tant divif�e par fix , donnera quatorze un-
ies. Cela �tant fait, on multipliera d'abord les
quatorze toifes par la groifeur, 9 & 10 pouces,
pour conno�tre combien ces quatre enchev�trures
contiennent f�parement de toifes , de pieds & de
pouces folives ; & ce ne fera qu'apr�s les avoir
trouv�, que l'on fera le calcul des dix-huit autres
folives reitantes.
Il y a quatre diff�rentes m�thodes- pour faire
ces calculs, lefquelles peuvent fe fervir r�cipro-
quement de preuves. La plus naturelle & la plus
' d�monftrative feroit, comme nous l'avons dit ,
de multiplier les trois dimenfions l'une par l'autre,
& de divifer enfuite le produit par foixante-douze;
mais � la place , voici comme on s'y prend.
l° On rend une des deux dimenfions de l�car-
riffage 72 fois plus grande, ce qui donne un pro-
duit 72 fois plus grand , c'eft-dire, qu'au lieu de
multiplier 14 toifes par 9 & 10
14 u
                 pouces, on les multiplie d'abord
~~�--------- par 9 toifes, quieft une quantit�
0�0 pi. io/>. 72 fois plus grande que 9 pouces,
Ίο � 3              & le produit qui provient par io
S l 6          pouces ; ce qui donne 17 toifes
-i�4�ί�- 3 pieds »pour le nombre des
2ZL lit °toii"es folives contenues dans les
quatre folives d'enchev�trure.
20 Comme e'eft la m�me chofe de multiplier une
quantit� par 12 & le produit qui provient par 6 ,
ou bien de la multiplier tout de fuite par 72, au
lieu de rendre une des groifeurs 72 fois plus gran-
de , on rend d'abord une des dimenfions de l'�car-
tiffage douze fois plus grande, & on multiplie ce
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nombre par l'autre dimenf�on que
l'on rend iix fois plus grande i
ainii on multipliera 14 toifes par
9 pieds, ou une toife trois pieds,
au lieu de 9 pouces, & le pro-
duit 11, que l'on trouvera par
5 pieds , quantit� fix fois plus
grande que 1 o pouces,ce qui don-
nera comme ci-devant 17 toifes
3 pieds.
3° Par latroiii�me m�thode qui eft encore plus ex-
                 p�ditive que l�s pr�c�dentes,mais
�-~-ipi, 6τκ non pasaui�id�monftrative;ilfaut
<■ ^14                   multiplier les deux groifeurs 9
i�'i              & jo pouces l'une par l'autre,
* ^* ""*I�.------ ce qui produira 90 pouces, qui
17?-------- �tant r�duits en toifes, pieds &
pouces , donneront une toife, un pied, 6 pouces y
par lefquels on multipliera 14 toifes , ce qui pro-
duira encore ,17 toifes 3 pieds.
40 Enfin le dernier proc�d� confiite a r�duire �a
longueur totale en pieds, & � multiplier cette quan-
tit� r�duite par l'une des deux groifeurs, & le pro-
duit qui r�fultera par l'autre groffeur. Comme celte
derni�re op�ration ne donne que des pieds cubes 9
des pouces cubes , &c, pour favoir combien il y
a de toifes folives, il faut divifer les pieds cubes
trouv�s par 3 » & enfiiite doubler ce qui reilera,
tant de la divifion que l'on faite, que du produit
que l'on vient de trouver, pour avoir des pieds »
pouces, &c. de toife folive. Dans l'exemple en que-
ftion; on r�duira 14 toifes en pieds, ce qui don-
nera 84 pieds de longueur ; on multipliera enfuite
84 pieds par 9 pouces , ce qui fera 63 , que l'on
multipliera par 10 pouces, & ce dernier produit
-ocr page 266-
d'ArChitec τ ure."          -23p
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6 pi.
84 pi�
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fera 52 pieds cubes & 6 pouces
cubes. Maintenant, afin de con-
nb�tre combien il y a de toiles (oli-
ves dans 52 pieds cubes , on divi-
fera 5 2 par 3 , & l'on aura pour
quotient 17 toifes folives : mais
comme il reile un pied apr�s la di-
viiion , & en outre 6 pouces du
produit qui n'ont pas �t� divif�s,
il eft �vident que pour avoir des
pieds & pouces de toife folive,
il faut multiplier �galement un
./Jit-rr�
             pied 6 pouces cubes qui �galent
, 2Λ                  une ~ toife folive , par 2 , ce
� . qui donnera 3 pieds de toife foli-
ve ; de forte que le produit total fera 17 toiies
3 pieds, comme par les autres m�thodes.
. γ Comme nous avons trouv� que les vingt-deux
-folives contiennent en totalit� 77toifes de longueur,
:&que les quatre d'enchev�trure de 9 & 10 pouces
de gros comprifes dans cette totalit� 9 ont 14 toifes
de long ; en �tant, ces 14 toifes, des 77 toifes,
le reile , 63 toifes , fera la longueur des dix-huit
autres folives , de 7 & 8 pouces de gros : c'eil
pourquoi, pour continuer le calcul de la char-
pente du plancher en queiHon , il faudra multi-
. plier 63 toifes paf 7, & 8 pouces, fuivant l'une
des m�thodes ei-deffus, ce qui donnera 49 toifes
folives , auxquelles ajoutant les 17 toifes 3 pieds
trouv�es ci-devant, on aura 66 toifes 3 pieds
pour la totalit� des toifes folives, contenues dans
ledit plancher : .& en fuppofaut que le cent de
�toifes folives , vallent 600 liv. chaque pi�ce folive
co�tera 6 liv., ou bien toute, la charpente du*
plancher co�tera 399 liv. ;;;,( 1;
-ocr page 267-
240                      Cours
.«�t.
CHAPITRE III.
De la longueur et grosseur
όes Bois.
jLa port�e des bois & leur groffeur, par rap-
port � leur longueur, eil de toutes les pr�cautions
la plus importante � obferver dans la Charpen-
terie. On appr�cie bien la groffeur des poutres
depuis environ 12 pieds jufqu'� 40 pieds de
longueur, & les folives depuis environ 9 � IO
pieds jufqu'� 30 ; mais paff� ces longueurs , ces
pi�ces devenant d'�chantillon & aflez rares dans
leur efpece , elles n'ont plus de groffeur d�ter-
min�e , & alors les Marchands & les Charpen-
tiers la portent ibuvent par avidit� � un calibre
exhorbitant , qu'outre leur prix coniid�rable »
elles occaiionnent un poids �norme dans l'�di-
fice , fans compter que plus une pi�ce de bois
� de groffeur , plus elle eil fujette � �tre carri�e ,
vici�e & imparfaite.
L'exp�rience confirme qu'il vaut mieux placer
deux moyennes poutres � <?�t� l'une de l'autre ■>
qu'une feule de forte qualit� ; car alors chaque
poutre ne porte que la moiti� du poids de la
trav�e d'un plancher, au lieu qu'une feule en
porte deux. Ajoutez � cela qu'une poutre de 20
ou 25 pouces de gros eil de moins bonne qua-
lit� qu'une de 12, 14 ou 15 pouces: un arbre de
200 ans �tant d'ordinaire moins fain que celui
qui n'a que 90011 100 ansr
On
-ocr page 268-
d'Architecture,          24t
On trouve dans la plupart des livres de Char-
pente, une Table pour d�terminer la groffeur
des poutres de 3 pieds en 3 pieds , eu �gard �
leur longueur ; laquelle Table n'eil fond�e que
fur un efpece d'ufage , dont on ne rend d'autre
raifon , finon qu'il eft � propos qu'une poutre
ait toujours �-peu-pr�s 4 de plus de hauteur que
de largeur , afin qu'il y ait plus de parties qui
renitent au fardeau. Nous croyons qu'il feroit
poffible cependant, d'apr�s les exp�riences m�mes,
de d�terminer par une regle confiante , & progrefii-
vement proportionelle la groifeur des poutres,
� raifon de leur longueur.
Il faut extraire pour cela la racine quarr�e du
nombre de pouces, �gal au nombre de pieds de
la longueur ; & prendre quatre fois cette ra-
cine pour le c�t� d'un parall�lograme re�tangle�,
dont la moiti� du nombre des pouces , �gal au
nombre des pieds de la longueur , fera l'autre
c�t� dudit parall�lograme ; en multipliant eniiiite
ces deux c�t�s l'un par l'autre, on aura la fupei>
ficie du bout de la poutre , � laquelle on pourra
donner telle hauteur ou largeur qu'on voudra.
Car, en divifant la fuperfkie que l'on a d�termin�
par cette hauteur ou largeur, on aura l'autre
c�t� reilant qui fera la hauteur ou la largeur.
Si, par exemple , une poutre � 36 pieds de long >
on prendra 36 pouces , dont la racine quarr�e
eft 6 pouces, & quatre fois cette racine quarr�e
fera 24 pouces pour l'un des c�t�s du parall�lo-
grame; mais la moiti� de 36 eil 18 pouces, en
multipliant donc 24 pouces par #8,lon aura
432 pouces pour la fuperfice du bout de la
poutre. Si 24 pouces de haut fur 18 ne faifoienc
pas une bonne proportion , il n'y auroit qu'�
Tome FL
                                        Q.
\
1
-ocr page 269-
ja&p                  e ό uns v
-prendre telle hauteur que l'on voudroit, & divi-
ser les 432 pouces par cette hauteur, le quo-
tient ferok alors la largeur fur la hauteur pro-
#>of�e.
Il fera �galement aif� de trouver la groffeur
^Tune poutre de 9 pieds d� longueur, en prenant
φ pouces , dont la racine quarr�e eil 3 pouces,
& fon quadruple 11 pouces ; mais la moiti� de
φ eil 4 pouces � j qui �tant multipli� par 12,
font 54 pouces de fuperficie pour 1 extr�mit� de
cette poutre. On pourroit s en tenir � domier �
cette poutre 12 pouces de haut, fur 4 pouces ~
de large ; fuivant notre regle g�n�rale , elle n'en
ieroit que plus capable de porter �tant ainii
-pof�e de champ , comme on le verra ci-apr�s ;
cependant, vu qu'en bien des cas , il efl utile de
donner plus de largeur , on pourra fe borner,
en fe rapprochant de l'ufage , � donner � la
hauteur de la poutre en queftion , 8 pouces ~ ,
ce qui produira �-peu-pr�s 6 pouces J de large 9
en divifant les 54 pouces trouv�s par 8 j.
Pour �viter de faire ces calculs � chaque fois ?
nous en allons donner une Table.
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-ocr page 270-
fe'ARCtt��EC��R�;        44J
TABLE
Ι?* /«ζ grojfeur des Poutres fuivant leur longueur �
en diminuant de pied en pied.
-
Longueurs.
Superficie du
Hauteur
Largeur.
bout: des poutres.
verticacle.
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Si l'on vouloit on pourroit, par cette m�me
regle, d�terminer femblablement la groffeur des
-ocr page 271-
244                      C ours
folives ,par rapport � leur longueur, il ne faudrait»
pour cet effet, que prendre les deux cinqui�mes
de la groffeur des poutres de m�me longueur,
& enfuite r�duire la groffeur de ces folives dans
la proportion de 4^3, qui ferait la hauteur fur
la largeur.
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-ocr page 272-
d'Architecture. 14$
CHAPITRE I V. >
Del� r�s ι s tan ce jdes Boisf
EU �GARD A LEUR GROSSEUR.
3LES groffeurs que Ton vient de d�terminer ne
regardent que les poutres ou pi�ces de bois que
Ton employ� journellement dans les b�timents, &
non celles qui font d'obligation de foutenir des-
fardeaux extraordinaires & employ�es aux plan-
chers des magafiris , aux �tayements , aux
cintres de charpente qui fupportent tout le poids,
d'une vo�te confid�rable pendant fa conftru-
�ion & aux machines deftin�es � �lever de-
tr�s-grands poids ; car alors il rfeft pas poiTible.
de d�cider quelles doivent �tre leur groffeur qu'en
connoiffance de leur force intrinfeque, & de la.
reMance que le bois eft capable d*oppoferau be-
foin.                                                    � ■ _ Λ .
Belidor, Livre IF, de Ja Science des Ingenieurs
rapporte d�verfes exp�riences qu'il a faites, pour
conno�tre au jufte �e fardeau qu'une pi�ce de
bois , pof�e horifontalement & engag�elntre deux,
murs s feroit capable de fupporter dans le rmlieit
Hnitatat avant de fe rompre. Suivant fes r�iultats^
on peut parvenir � cette d�termination; t° Em
multipliant le quarr� d'une (des extrermt�s de
la pi�ce de bois, par la hauteur verticale de cette
m�me extr�mit� : 2° En div�fant ce produit par
�� quantit� de pied que la pi�ce en queihon.au«fe
cfe longueur: 3° En prenant enfin le quotient dfe
*                             0,'n
-ocr page 273-
246                      Cours
cette divifion pour le troifieme terme d'une regle
de trois , dont le premier fera l'unit� , & le
f�cond 900.
Suppofons , par exemple , une pi�ce de bois
de 12 pouces , fur 15 pouces de gros, & de30
pieds de longueur, pof�e de champ & horifon-
talementfur deux murs , o� fes extr�mit�s feroienc
folidem�nt arr�t�es, & qu'il faille d�terminer le
plus grand fardeau qu'elle pourra fupporter dans fon
milieu avant de rompre. Pour y parvenir , il faut
fuivant cette regle; i° multiplier les deux dimeniions
de fa groffeur 12 par 1$ , & l'on aura 180 pouces y
multiplier 180 par 15, hauteur verticale de
l'extr�mit� de la poutre, puifqu'on l'a fuppof�
pof�e de champ , ce qui produira 270Q , qui
�tant divif� par 30 nombre des pieds de longueur
de la pi�ce de bois , donnera pour quotient 90 ;
3° enfin faire la regle de trois, 1: 900 : : 90 : χ =
Siooo; ce qui fera conno�tre que la pi�ce de
bois d�fign�e fera capable de fupporter jufqu'� 81
milliers dans fon milieu,
Sur quoi il eil important d'obferver que i� la
hauteur verticale d'un des bouts de la pi�ce de
bois avoir �t� 12 pouces, au Heu de 15 , & fa.
largeur I $ pouces, au lieu de 12 , c'eil-�-direa
que fi la pi�ce de bois avoit �t� conf�d�r�e,
comme pojee fur fon plat, apr�s le premier
produit 180, il auroit fallu multiplier par -\z9 ce
qui n'auroit donn� que il60, lefquels �tant divi�*
f�s par 30 , on auroit trouv� pour quotient 72;
de forte qu'en faif�nt la regle de trois , il feroi�
r�fult� que la m�me pi�ce de bois ne porteroit
dans fon milieu , avant de fe rompre , que 64800
pefant , �'eit-�-dire, 17 milliers de moins que
diU�s la fitiiation pr���d�nt�, �)eli il s'e,nfuit. dqm
-ocr page 274-
D ' A R � H I Τ Ε � TU R 1.'            2^
sianifeitemcnt que plus la hauteur verticale de;
l'extr�mit� d'une pi�ce de bois eil grande, plus lar,
pi�ce de bois acquiert de r�iiitance & que par
cons�quent , il eil important de toujours pofer de:
pr�f�rence le bois de champ & non � plat,, au
l'effet d'obtenir une plus grande force. T'outeS*
les exp�riences , en effets, font formelles � cet
�gard ; elles d�pofent que deux pi�ces d*�gale::
longueur & de m�me largeur de bafe, dont T�-
paifleur verticale de l'une fera double de celle:
de l'autre , la premiere aura quatre fois plus de.
force que la f�conde, & qu'une m�me poutne de-
8 pouces fur �6 pouces de gros , aura deux fois,
plus de force, �tant pof�e de champ plut�t que
fur le plat.
                                                    , ;
Il faut remarquer que Belidor a fuppof� , dans;
fes exp�riences, que la pi�ce de bois �toit foli-
dement contenue par fes extr�mit�s ; mais qu'il
a obferv� enm�me-tems que, quand elle ne por-
toit que fur fes points d'appui tout amplement 9,>
les �preuves confirmoient qu'elle foutenoit un
tiers de moins , ou qu'elle oppofoit un tiers moins,
de r�fiilaace : ainii, dans ce cas , la pi�ce de
bois pr�c�dente, au lieu de 81000, ne fuppor-
teroit plus que 54000. La raifon en eil qu'unet
poutre ne fauroit gueres fe rompre dans le milieu »
fans que fes extr�mit�s ne fe retirent, & ne-
fortent un peu de leur iituation naturelle, ou du
moins fans que la ma�onnerie, qui pefoit- deff�is y,
ne lui ait laiif� du jeu. Par conf�quent l'on-
veut augmenter la r�iiilance d'une pi�ce de bois,
il eil donc n�cefTaire de bien contenir fes extr�-
mit�s , de les, charger, de les bien engager- dans
les murs oppof�s, & de les armer, de harpons*,..;
Cancres, ou de tirans, pour la roidir & nierira.
y"" . ;..
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-ocr page 275-
248                      Cours
obitacle � ce qu'elle fe retire., & � ce qu'elle ne
pouffe m�me contre les murs en fe retirant.
Au refte , il eft rare qu'une pi�ce de bois foit
charg�e dans fon milieu , comme fi le poids �toit
attach� avec une cha�ne par dei�bus ; car c'eft
de toutes les mani�res de la charger la plus d�-
favantageufe : le fardeau eft le plus fouvent pof�
fur une poutre plus d'un c�t� que de l'autre, o�
reparti fuivant fa longueur, comme quand elle
foutient des trav�es de folives ; d'o� il r�fulte que
dans ce cas , la poutre feroit en �tat de porter
encore davantage que les calculs n'indiquent.
Mais comme il ne feroit pas prudent de charger
une poutre de tout le poids qu'elle feroit capa-
ble de porter , il fuffit dans la pratique , par rap-
port � la folidit�, d'obferver de ne pas pofer fur
ion milieu au-del� de la moiti� du poids , fous
lequel il eft prouv� qu'elle romproit , c'eft-�-
dire, au del� de 40 milliers dans le premier cas,
& de 27 milliers dans le f�cond.
Ces obfervations fur la,r�fiftance d'une pi�ce
de bois , confid�r�e dans la.fituation la plus d�-
favantagenfe , peuvent fervir � faire eftimer le
fardeau qu'elle feroit en �tat de foutenir dans
une i�tuation oblique , en fuppofant fes extr�mi-
t�s folidement contenues : car plus elle s'�loignera
de la pofttion horifontale, plus elle fera capable
de porter un grand fardeau ; & enfin , quand elle
fe trouvera pof�e debout , bien, d'� plomb ou
verticalement, elle fera dans fa pins grande force,
& en �tat de porter un poids immenfe, au point
que cet Ing�nieur avance qu'il n'eft pas poffib�e
d'exprimer quel fardeau pourrait faire fl�chir, ou
feroit capable d'�crafer une pi�ce de bois debout
de 12 pouces de gros, en la fuppofant charg�e.
Y
x� �
-ocr page 276-
d'Architecture.          249
«Ta plomb , & bien contenue de toutes parts. Tout
cela rend raifon pourquoi il neft pas befoin ,
dans la conftrucHon des b�timents, de tenir les
bois des combles , des cloifons & des pans de
bois, qui font pof�s obliquement ou verticale-
ment , d'une groffeur aui�i coniid�rable que ceux
des planchers qui font pof�s horifontalement:, vu
que leur r�fiftance augmente ou diminue fuivant
leur poiition.
Avant de parler de la conftru&ion des divers
ouvrages de Charpente � Mage des b�ti-
ments , nous croyons devoir expliquer les prin-
cipaux affemblages des diff�rentes pi�ces de bois
qui les compofent , d'autant que la foiidit� de
ces fortes d'ouvrages ne d�pend pas moins de
la bont� de leurs affemblages , que de leur bonne
proportion.
-ocr page 277-
2$0                          C � V R S
�β
CHAPITRE V.
�>�� PRINCIPAUX ASSEMBLAGES
hes Bois ς*ε Cm arpente.,
Pl. CXII et CXIIL
jLoA figure premiere eit la repr�fentation d'un
tenon A , 8c d'une mortoife fimple a : c'eil de
tous les aifemblages le plus ordinaire > pour in-
troduire le bout d'une pi�ce de bois dans le c�t�
d'une autre. On donne commun�ment dans la
charpente , au tenon & � la mortoife, y compris
l'�paulement , le tiers de la grof�eur du bois.
La figure II, repr�fente quatre tenons & deux
mortoifes : a joints recouverts , en ufage pour les
liffes & fous-lhTes des barri�res de charpente, que
Ton met autour des cours, pour garentir les
murs du choc des voitures. Les liffes & fous-lifles
A, A, entrent enti�rement de ~ de pouce dans
des encadrements faits dans leurs poteaux d'ap-
pui a, a ; de forte qu'au moyen de cet encadre-
ment on emp�che le devers, & l'on garentit en
outre les tenons & mortoifes de la pluye.
La figure III , offre une fimple entaille A , en
ufage pour aifembler bout-�-bout, � mi-bois , les
fablieres.
La figure IV , eil un aiTemblage aui�i � mi-
bois , avec une entaille A , a 9 � double queue:
d'hyronde.
Les figures V & VI, repr�fentent un affem-
blage en cr�maill�re , appelle le trait de jugmr*.
-ocr page 278-
d'Architecture. i$i
Nous avons repr�fent� dans la figure V, les deux
parties diftinftes & f�par�es A ra ; & dans la
figure VI , nous les avons fuppof� r�unies j
pour faire voir leur liaifon. On obfervera qu'il
faut laiffer un peu plus de longueur � une des
deux entailles d'un c�t� que de l'autre , afin de
pouvoir chaffer dans leur intervalle b , une clef
en bois. On peut armer de fer cet affemblage
pour le fortifier, en entaillant dans le bois iar-*
mature, le cloud, le boulon , la clavette, &c
La figure VII, eft une queue d'hyronde fimp�e A,
avec fort entaille a , pour la recevoir ; cet affem-
blage fe fait � mi-bois, & a lieu pour alonger
les plate-formes des combles , les fab�ieres, &
pour affembler les racinaux dans les chapeaux
qui co�ffent les pilotis.
Les figures VIII & IX, Planche CXIH, eft
un affemblage quarr� � mi-bois , dont on fait
ufage � la rencontre de deux pi�ces de bois , qui
doivent s'affleurer tant par - deffus que par-def-
fous. A & a9 fig. X, font les deux pi�ces de
bois f�par�es avec chacune leur entaille 9 & la
fig. XI , offre leur r�union.
La figure X, eil un affemblage � pomme. A >
eft la pi�ce de bois fup�rieure, & a ,eft la pi�ce de
bois inf�rieure , o� eft pratiqu� un encaftrement
pour la recevoir. On fe fert de cet affemblage
dans les planchers , au lieu de tenons &mortoifes.
La figure XI > eft un affemblage � queue d'hy-
ronde, pof� fur une femelle � dent A, qui eft appor-
t�e par un poteau Β , & des liens C. On s'en fert
pour joindre bout-�-bout un poitrail ou une pou-
tre , lorfque les pi�ces de bois font oblig�es
d'�fre en deux parties, � caufe de leur grande
longueur* c'eft pourquoi l'on foutient leur r�union
-ocr page 279-
ijl                       Cours
par un poteau. On voit que les deux bouts de
chaque pi�ce D & E font � queue d'hyronde �
mi-bois , pour fortifier leur aiiemblage.
La figure X�l, repr�fente Fai�emblage � moife,
vu en plan.
La figure XIII,, repr�fente les m�mes affem-
blages � moife , vus fur plufieurs faces.
La figure XIV , offre les m�mes moifes r�ti--
nies.
Cet aiiemblage eft en ufage pour entretenir les
pal�es des ponts de bois , les principales pi�ces
des cintres de charpente des grandes vo�tes , telles
que celles employ�es � foutenir les votifloirs des
arches des ponts de pierre pendant leur ex�cu-
tion , les principales pi�ces des grues , des
gruaux, & des autres ouvrages de M�chanique.
Les Principaux ouvrages de la Charpenterie �
l'ufage des b�timents , font les planchers, les
combles , les cloifons , les pans de bois , les
efcaliers, les barri�res dans les cours, les pilo-
tis , &c. Nous allons expliquer f�parement en
quoi confiite leur ex�cution 5 & qu'elles font les
obfervations qu'exige leur main d'�uvre par rar>*
port � la folidit�.
-ocr page 280-
d'Architecture.         253
CHAPITRE VI.
!Des Planchers , Pl. CXIV et CXV.
On faifoit, le fi�cle dernier , les planchers de
la, plupart des appartements � entrevoux , c*eft-
�-dire , avec des poutres & des folives apparen-
tes , dont l'ex�cution �toit tr�s-fimple. Toutes les
folives avoient toujours 12 pieds de long fur
6 pouces de gros , & �toient efpac�es tant
plein que vuide ; un de leurs bouts �toit port�
directement fur les poutres ou fur des lambour-
des appliqu�es le long de leurs jou�es _, & l'autre
bout �toit, foit fcell� dans les murs , foit port�
auffi par des lambourdes appliqu�es le long def-
dits murs , & foutenues par des corbeaux de fer de
diftance en diftance ; de forte que la diilribution des
folives par cet arrangement formoit des efpeces
de trav�es. Tout les bois �toient de fiage, cor-
roy�s & rabott�s proprement fur leurs faces ap-
parentes , avec quelquefois des moulures fur leurs
arr�tes. Comme il n'y avoit point d'aflemblages
dans ces fortes de planchers , fi ce n'eft au droit
des chev�tres � la rencontre des atres & des tuyaux
de chemin�e, ils �toient d'une bonne dur�e , &
leurs bois , �tant en grande partie � d�couverts,
n'�toient pas aui�i fnjets � s'�chauffer, que lorf-
qu'ils font enferm�s dans des plafonds ; atifft
voit-on de tr�s-anciens planchers � bois apparens ,
qui font atii�i fains que s'ils venoient d'�tre ex�cu-
t�s. On ne fait plus gueres ufage maintenant des
�lanch�rs � entrevoux, fi ce n'eit dans les provinces
I
ι ; - ' ,. ' v
-ocr page 281-
�54                      C o υ R
& dans les lieux publics, tels que les Monaileres^
les H�pitaux, les Magaiins & autres b�timents 9
o� la plus grande foiidit� doit l'emporter fur
toute autre coniid�ration.
Aujourd'hui on s'attache � Paris � cacher la
vue des bois des planchers par des plafonds , &
Ton �vite , autant que l'on peut, d'introduire des
poutres dans leur ex�cution. Quoiqu'on foit bien
convaincu que cette nouvelle m�thode �chauffe
le bois, & n'a pas , � beaucoup pr�s , la foiidit�
de l'ancienne, on la pr�f�re 9 parce qu'elle pro-
cure plus d'agr�ment 9 & qu'elle favorife fur-tout
la d�coration int�rieure des appartements.
On n'employ� , pour l'ex�cution des plan-
chers plafonn�s , des folives de fiage & de
brin , qui doivent �tre de bois bien fecs , fans
flache , de droit fil » fans n�uds vicieux j &
fans aubier. On doit apporter d'autant plus
d'attention � leur bonne qualit�, que les bois des
planchers �tant pof�s horifontalement , fouifrent
plus de la charge que ceux qui font pof�s obli-
quement ou verticalement. Il eft- encore eifentiei
de ne point employer de folives quarr�es pour
ces fortes d'ouvrages ; mais de fe fervir de foli-
ves , dont les dimenfions de l'�carriiTage foient
in�gales , afin de pouvoir les pofer de champ fur
la face la plus �troite , & d'augmenter par l� leur
force , ainft que nous l'avons d�montr� ci-de-
vant.
La groifeur des folives doit toujours �tre pro�*
aortionn�e � leur longueur, & � la charge qu'elles
feront d'obligation de porter. On donne d'ordi-
naire 5^7 pouces de gros par les deux bouts *
ou du moius par le milieu aux folives s jufqu'�
15 pieds de longueur ; 6 pouces fur & pouces ?
-ocr page 282-
d'Architecture; 25 S',
� celles depuis 15 pieds jufqu'� 18 pieds;7 pou-
ces fur 9 pouces, � celles depuis 18 pieds jus-
qu'� 21 pieds ; 8 pouces fur n pouces , � celles
depuis 21 pieds jufqu'� 28 ; enfin , fans avoir
�gard � leur longueur , on doit toujours donner
aux iblives qui portent les autres par afiemblage,
un pouce de gtos de plus � chaque face de
��carriiTage, que nous venons de d�terminer.
Pour ce qui eft de la diitance des folives Tune
de l'autre , on leur donne environ un quart
plus que leur largeur ; cela d�pend au refte du
plus ou moins de port�e des folives , & de la
charge que le plancher en queition fera d'obli-
gation de fo�tenir.
11 entre plufieurs fortes de folives dans un
plancher , des folives d'enchev�trure , des che-
v�tres, des lin�oirs, des folives fcell�es dans les
murs , des folives de rempliflage» des lambourdes,
des coyers, des goui�ets, des empanons , & des
folives boiteufes , lefquelles s'affemblent toutes
� tenons & mortoifes.
Les folives d'enchev�trure Ε , Ε , flg. XV ,
PI. CXIV 5 font toujours port�es & fceil�es de
8 � 9 pouces dans les murs. Leur office eil non-
feulement de fo�tenir les jambages des chemin�es»
& la ma�onnerie de leur atre A , � l'aide des
bandes de tr�mie, mais encore l'aiTemblage des
chev�tres & des lin�oirs.
Les chev�tres F s'affemblent dans les folives
d'enchev�trure , au-devant des atres A, & re�oi-
vent par aifemblage un des bouts des folives de
rempliffage K.
Les lin�oirs G & H s'affembl�nt dans les foli-
ves d'enchev�trure Ε , & quelquefois auffi un de
leurs bouts eft port� en plein mur \ ils font encore
-ocr page 283-
2*)6                        C O U H S
deftin�s � recevoir l'affemblage �es folives de
remplif�age Κ , & ie placent, foit au long d�s
tuyaux paffans de chemin�e , foit au-de�Fus
du vuide des portes & des croif�es, foit au
long des murs pour �viter d'y fceller le bout
de toutes les folives.
Les lambourdes M , f�g. XVI , font fcell�es
dans les m�rs par les extr�mit�s ; elles portent
les folives fans aifemblage , & font foutenues
volontiers par-deifous, de diftance en diftance ,
par des corbeaux de fer af qui y font entaill�s ,
de leur �paif�eur.
Les coyers H, flg. XXV, PI. CXVII , font de
ma�treifes folives, pof�es diagonalement dans le
plancher fup�rieur d'un b�timent, au-deifous de
la croupe d'un comble : ils portent par un bout
fur l'angle du mur , & font affembl�s par l'autre
dans les gouifets F: la fonction des coyers, eft de
recevoir par aifemblage les empanons I , qui
font des foliveaux de remplif�age , qui vont fuc-
cel�ivement en diminuant de longueur.
Pour ce qui eil des folives boiteufes, ce font
celles qui font fcell�es par un bout dans un mur,
& a�Tembl�es par l'autre dans une pi�ce de
bois.
Dans la diitribution de la charpente d'un plan-
cher , il faut avoir �gard aux atres A des che-
min�es , � leurs tuyaux paifans D des �tages in-
f�rieurs le long des murs , aux vuides des portes
& croif�es inf�rieures , afin d'aifeoir fo�idement
fur un plein le bout des ma�treifes pi�ces defti-
n�es � porteries autres, & de ne rien faire de con-
traire � la folidit�, δε aux loix prefcrites pour
la furet� contre le feu. Conf�quemmeiit � ces
coniid�rations, il faut j
1° Ecarter
■ .                                             /
-ocr page 284-
�'ArCH IT ECt�R�.       &�f
i° Ecarter » fuivant les Ordonnances > les fo-
lives d'enchev�trure E , iig» XV, d'urTpied de
plus que le ded�ns-�uvre d�s jambages d'une
chemin�e de moyenne grandeur , oii tout du
moins les tenir d'un pouce de chaque c�t� plus
efpac�es que le dedans-�uvre des jambages des
grandes chemin�es.
2° LahTer 3 pieds \ de diilance depuis le fond
du vuide de l'atre A d'une chemin�e , jufqu'aii
devant d'un chev�tre F, qui porte les (olives de
rempli�Tage ; & s'il y a des tuyaux de chemin�e
pai�ans derriere l'atre en queftion , les 3 pieds \,
doivent �tre compt�s du dedans de la languette
qui recevra le contre-c�ur�
Eloigner de 3 pouces les lin�oirs G , du
devant des tuyaux paffans D , parce que,
regle g�n�rale , il eil expreiTement enjoint *
par rapport aux incendies , de laiiTer 6 pouces
d'intervalle entre le dedans - �uvre d'un tuyau
de chemin�e , & tout bois quelconque , ibit
d'un plancher > ibit d'un comble , /bit d'une
cloifon. -
■■ 40 Eviter de placer les bouts des enchev�trures
fur le vuide des croif�es & des portes s mais
avoir l'attention de les placer toujours dans un
trumeau & fur un plein mur.
50 Faire enforte d'�viter de d�couper les murs
� chaque �tage > en y fcellant le bout de toutes
les folives de rempli�Tage ; car cela les aifoib�it, les
divife, nuit � leur liaifon ; les port�es, en fe pour-
riflant, y laiffent par la fuite un vuide; c'eil pour-
quoi il vaut toujours mieux les afTembler dans des
lin�oirs G &H plac�s le long deidits murs j lefquels
lin�oirs font port�s par les folives d'enchev�trure,
Tome VI.
                                        R
■■■■MM
-ocr page 285-
■β""«"
2*g                      Cours
& dailleurs ne co�tent pas davantage � celui qui
fait b�tir, que fi on avoit fcell� effectivement le
bout de toutes les folives dans les murs.
6° Obferver de placer toujours les bouts des
poutres , quand on en admet dans la r�partition
de la charpente d'un plancher, au moins d'un
pied dans chaque mur, pour affermir leurs port�es,
& de ne pas oublier de les affeoir fur une cha�ne
de pierre , conform�ment aux loix des b�ti-
7° Enfin, �viter fur-tout de mettre au-devant
des trois tuyaux paffans , un lin�oir commun G,
qui auroit peu de folidit� , � caufe de fa trop
grande port�e ; mais, entre le deuxi�me & le
troifieme tuyau , il faut mettre une enchev�-
trure fcell�e dans le mur, m ayant foin de laif-
fer , commem eft prefcrit, 6 pouces de ma�on-
nerie de part & d'autre de l'enchev�trure , jus-
qu'au dedans-�uvre' de chacun defdits tuyaux.
Apr�s ces confid�rations g�n�rales , il en eft
de particuli�res qui ne m�ritent pas moins l'atten-
tion d'un Architeae , fuivant l'exigence des cas.
Comme les enchev�trures portent par affem-
blapes les chev�tres & les lin�oirs , en fuppofant
que ceux-ci G , euffent une port�e au-del�
de 5 � 6 pieds , ou bien fui�ent charg�s de
folives de rempliffage d'une grande longueur, il
conviendroit alors de fortifier l'affemblage du che-
v�tre ou du lin�oir, e'eft-�-dire, chacun de leurs
tenons , par un �trier de fer I, qui, en l'embrai-
fant par-deffous, iroit fe clouer fur l'enchev�trure.
Au furplus, cela ne s'obferve gueres qu'au-droit
des tuyaux paffans j car, quand les lin�oirs font
le long des murs, on peut fe paffer d'�crier, &
-ocr page 286-
d'Architecture.           259
�l fuffit d'ordinaire de les foutenir en-deiTous par
quelques corbeaux de ter quarr� L , que l'on
fcelle dans le mur, & que l'on entaille da leur
�paifleur. Cependant il yen a qui, pour �viter
de donner � un lin�oir trop de longueur , pren-
nent le parti de mettre deux enchev�trures voi-
iines l'une de l'autre , de forte que n'y ayant
qu'un aiTemblage dans chaque enchev�trure, il
en r�fulte plus de force pour le plancher.
Quoique fous ayons dit ci-devant que de
crainte d'alt�rer les murs par le (tellement des
bouts des folives , on y pla�oit des lin�oirs
pour recevoir leur aiTemblage ; n�anmoins il y
a des cas, comme quand un 'plancher doit fou-
�enir un fardeau confid�rable , o� l'on pr�f�re de
mettre le long des murs des lambourdes M ,
flg. XVI , foutenues de diftance en diflance par
des corbeaux a ; lefquelles lambourdes portant
les fo�ives fans aiTemblage-, leur procurent par
l� plus de force. Alors on ta ille la lambourde un
peu en chamfrin par le bas , pour diminuer fa
faillie , & pour pouvoir la d�rober dans la gorge
de la corniche du plafond.
Lorfque l'on b�tit les murs de face d'une maifon
en moilo�i , & qu'on leur fait porter plancher,
on piace en conitruifant lefdits murs , � la
hauteur de chaque �tage 3 des cours de plate-
forme de 5 pouces d'�paiif�ur , & affembl�es-
dans leur longueur � mi-bois & � queue d'hy-
ronde , lefquelles embraiTent fouvent toute F�-
paiiTeur du mur , & fervent � recevoir la port�e
des enchev�trures , laquelle doit toujours corref-
pondre fur les trumeaux des croif�es, & non fur
leur vuide , comme nous l'avons dit.
Les planchers ordinaires n'ont gueres qu'un
R ij
-ocr page 287-
a)5o            > Cours
,pied cP�paiffeur-, tout compris, quand ils (ont
carrel�s , & que 1� pouces quand ils font par-
quet�s ; mais il s'en fait pour des garde-robes &
des entre-fols avec des plate� form e s de 4 � 5 pou-
ces d'�paiffeur , leiqueis n'ont au plus avec le
carrelage & le plafond que 7 pouces. On doit
dbfer ver dans la pofe de la charpente d'un plan-
cher , de mettre les folives bien de niveau par-
deiious , & de les pofer toujours de champ 9
.par les raiions que nous avons expliqu�es.
On eil quelquefois oblig�, � canfe de la grande
«tendue d'un plancher , ou � caufe de la charge
qu'il fera oblig� de porter, d'employer des poutres
dans fon ex�cution, ce qui augmente n�ceffai-
rement fon �pahTeur. On �toit dans la n�cei�it�
ci-devant de faire, en pareil cas , un double plan-
cher pour d�rober la faillie des poutres par-def-
fous , ce qui ne laif�bit pas de charger les murs,
& d'augmenter la d�penfe ; mais maintenant on
.parvient � �viter les doubles planchers , en dimi-
nuant avec art la groiTejir des poutres , ilms
n�anmoins nuire � la folidit�. Au lieu d'employer
une poutre d'une grof�eur coikl�rable s & de lui
faire porter par. af�emblage les folives comme
autrefois , on affette d'employer une poutre de
m�diocre grof�eur , & de laccoller de deux lam-
bourdes qui augmentent fa force , & roidiffent fa
longueur.
Soit, par exemple , flg. XVIII, XIX & XX,
Pi. CXV, un plancher qui exige une poutre de
24 pieds de longueur, au lieu de fe fervir, fu�-
Yant la Table, dune poutre de 18 pouces fur
.14 pouces; il fuffira par le nouvel arrangement
d'une poutre A de 13 pouces de gros , &-
d'y appliquer deux lambourdes Β , Β , de I0
-ocr page 288-
© 'A R C H I Τ Ε CT U R til           t�t
ponces de hauteur , fur 6 pouces de largeur r
qui feront port�es dans le mur comme la.
poutre, & foutenues , de diftance en diftance ,�
tant par des �triers de fer C appuy�s fur la pou-
tre , comme on le voit dans le bas de la Planche ,...
fig. XIX, & par des. boulons D , qui traverfent'
� la fois la poutre & les deux lambourdes, que-
par des chevill�tes de fer d'environ 8 pouces,
qui font clou�es dans la poutre � travers* de cha-
que lambourde. L'objet de ces lambourdes Β ,,
eft non-feulement de roidir �� poutre' qui fer
trouve par l� , avoir autant de force que'fi on
lui avoit effectivement donn� 18 pouces fur 14 r
fans avoir autant de hauteur ,, mais encore d�-
porter le bout des folives de rempliffage'E, par3
affemblage , foit � tenon , foit � pomme , foie
alternativement, de deux l'un , � pomme-& � tenon.-
Outre que les extr�mit�s d'une poutre doivent-
�tre port�es au moins d'un pied fur une cha�ne de
■pierre, montant de fond depuis le rez-de-chauff�e
� l'ordinaire, il eft important" de placer au bout'
de chacune un tirant ou une plate-bande, avea
une ancre de fer quarr� d'environ 3 pieds dfe long**,
qui fera au moins encaftr�e de fon �paiffeur dans
la face ext�rieure des murs , par ce moyen ,
comme nous l'avons dit, on parviendra � augrr
inenter la r�fiilance de la poutre d'environ un;
tiers , & on contiendra � la fois l'�cartement des*
murs.
Il eft � obferver, en g�n�ral, que lesfolives d'un
plancher jufqu'� 15 pieds de longueur,^ les-fo-
lives d'enchev�trure jufqu'� 12 pieds de longueur,.
fe mettent commun�ment en bois de feiage , &
que, quand les unes & les autres font plus longues^
on employ� d'ordinaire du bois de brin.
R '�f:
-ocr page 289-
2�2                          CO U R S
Il y a des Conilru&eurs qui ont pour fyft�me,
de laiiTer un petit yuide dans un mur autour de
la port�e d'une poutre , apr�s l'avoir call�
par-deffus & par-def�bus avec de la tuile & de
la terre graffe, & de renouveller en outre l'air
dans ce vuide , en per�ant des troux vis-�-vis
par l'ext�rieur du mur, s'imaginant par l� em-
p�cher la port�e d'une poutre de pourrir aui�i
promptement. Mais , ind�pendamment de ce que
ces troux ne font praticables qu'au-droit des
murs de face , nous eftimons que le plus fur
pour conferver la port�e d'une poutre , feroit de
la priver d'air au contraire , & d'envelopper fon
pourtour d'une table de plomb , qui fit m�me un
peu bavette du c�t� de l'int�rieur de la chambre.
Si les planchers ont une certaine �tendue, �
deiTein d'augmenter la force refpec�ve des folives,
on met par-deffus , dans leur intervalle , des
�trefillons difpof�s en �chiquier , qui font des
bouts de bois que l'on fait entrer � force , �
coups de marteaux, dans des efpeces de rainu-
res ou entailles pratiqu�es fur les c�t�s des fo-
lives ; de forte qu'�tant, par ce moyen , toutes
li�es enfemble , on les rend plus capables de
r�iiiter aux fardeaux.
Explication des Planches CXIT^ & CXF;
concernant la difpofition de la Charpente
d'un Planchen
La Planche CXIV , repr�fente le plan δε le
profil de la charpente d'un plancher deitin� �
�tre plafonn�.
A, f�g. XV , plan de l'atre d'une chemin�e ,
fous lequel on place des barres de fer plat de ι pou-
-ocr page 290-
d'Architecture. 263
ces ~ de largeur, fur 6 lignes d'�paiffeur 5 ap-
pell�es barres de tremie,pour porter fa ma�onnerie.
Β , mur de refend.
C , mur de face.
D, tuyaux montans de chemin�e de 1 etage
inf�rieur.
E,E,folives d'enchev�trure portant dansles
murs, &fervant � recevoir l'affemblage des che-
v�tres F, & des lin�oirs G & H.
I, �trier de fer fervant � ioulager le bout du
lin�oir G , � caufe de fa grande port�e au droit
des tuyaux paffans.
                                ,
Κ, folives de remplhTage ai�embl�es a tenons
& mortc-ifes dans le chev�tre F , & dans les
lin�oirs.
L, corbeau de fer quarr� fceil� dans le mur,
& fervant, au lieud'�trier, � foutenir par-deffous
la port�e du lin�oir G , du c�t� du mur de
face.
La flg. XVI, eil le profil d'une-folive portee
fans affemblage fur une lambourde M, qui eil
foutenue par un corbeau de fer a, kelle dans
l� mur.                                                            r
Lafig. XVII, eil le profil du plancher ; aio-
live de rempliffage , b lin�oir , c corniche du
plafond, d lambourde � auget, pour recevoir le
parquet.                                                 n ,
La Planche CXV, fait voir le. plan & le pro-
fil d'un plancher avec des poutres, deftine aulfa
� �tre plafonn�.
A, fig. XVIII, poutre de 24 pieds de longueur ,
& de 13 pouces de gros.
B,  B, deux lambourdes fix�es le long del�
poutre , ayant chacune 6 & 10 pouces de
R �v
<
-ocr page 291-
t64                      Cours
C , �triers de fer plat Soutenus fur �a poutre^
& embraiTant par-dei�bus les lambourdes.
D, boulons de fer traverfant les lambourdes
& �a poutre.
Ε, folives de rempliiTage aiT�mbl�es , foit �
tenon , foit � pomme , foit alternativement, de
deux folives l'une > � tenon δε � pomme , comme
en fC.
F , bout de la poutre oii eil attach� un tiran ou
une plate - bande de fer � talon avec une ancre 9
pour contenir l'�cartement des murs.
G, vuide pratiqu� pour �tablir l'atre d'une-
�hemin�e, avec (es bandes, de tr�mie plac�es fus;
les enchev�trures H.
I, lin�oir.
M , chev�tre.
Ν, tuyaux montera des chemin�es des �tages
inf�rieurs.
La flg. XIX , eil un profil de la poutre A%
pour faire voir fa difpoiitioa � l'�gard des lam-
bourdes Β, & comment l'�trier C y eil port� &:
embraiTe les lambourdes.
La ng. XX, eil le profil du plancher pr�«
c�dent ; a poutre , b lambourde , c ©trier $
d boulon.
-ocr page 292-
te* Ar e η ιτ e e T�r e; i6$
CHAPITRE VIL
Des Combles.
JLes combles ont pris nailTance de la n�cei��t�
de faire �couler les eaux du ciel qui tombent fur la
partie fup�rieure d'un b�timent. On les tient plus
ou moins �lev�s & inclin�s , f�lon le climat o�
l'on b�tit. Au Nord , on les fait fort hauts & fort
roides , � caufe des neiges qui y tombent en abon-
dance ; au Levant on les tient peu �lev�s ; au
Midi on les fait tr�s-plats , & le plus fouvent
m�me on y fubititue des terraffes. En France ort
Varie beaucoup leur hauteur, & l'on peut dire
qu'il n'y a pas de r�gles certaines � cet �gard.
Par exemple, aux Ch�teaux de Maifons, de Meu-
don ou des Tuileries � Paris , leur �l�vation eit
fi grande, & leur poids fi immenfe , qu'on a �t�
forc� de donner � leurs murs de face une �paif-
feur confid�rable : le Ch�teau de Saint-Germain-
en-Laye , au contraire n'a �t� couvert que par
des terraffes : les Ch�teaux de Verfailles du c�t�
du Parc & de Trianon ont des toits , dont la
hauteur eil les ~ de leur bafe. Il y a d'autres
b�timents o� les combles font tant�t la moiti� Λ
tant�t les deux tiers de leur largeur.
De ces vari�t�s, on peut conclure que ce n'e�t
pas toujours le climat que l'on confulte dans ce
pays pour d�terminer la forme , la proportion ou
la hauteur des combles ; mais plut�t le befoirt
qu'on a de multiplier les logements, ou bien la
gr�ce, que l'on imagine que leur �l�vation plus ou
-ocr page 293-
i66                    .Cours ,
moins grande , ou m�me leur fuppre�fion, eft
capable de procurer � un Edifice.
Sans nous arr�ter ici � cette difcution, nous
dirons que , de toutes les formes des combles ,
il y en a deux 9 dont nous f�ifons principalement
ufage dans nos b�timents , les combles � deux
�gours, & les combles brii�s.
Les plus anciens & les plus ufit�s font les
combles � deux �gouts : il y a environ un fi�cle
qu'on leur donnoit d'ordinaire de hauteur , la
largeur d'un b�timent, ou qu'on d�terminoit du
moins leur hauteur , en formant un triangle �qui-
lateral, dont la largeur du b�timent �toit la bafe,
& les deux autres c�t�s le rampant. Cette �l�-
vation pouvoit �tre tol�rable, quand les b�timents
�toient nmples & avoient une certaine �l�va-
tion ; mais quand ils �toient demi-^double, & fur-
tout double , il en r�fultoit une hauteur exceffive
- qui paroiffoit les �crafer , elle exigeoit en conf�-
quence des murs d'une certaine �pauTeur pour les
porter, beaucoup de charpente & de couverture ; &
enfin cette �l�vation oiFroit une prife confid�rable
aux vents. Ceftpour �viter cet exc�s de hauteur &
cette furcharge dans la partie fup�rieure d'un
b�timent qu'on a imagin� les combles brif�s, qui,
f�lon l'opinion de nombre d'Archite�es , termi-
nent mieux un b�timent, procurent plus de loge-
ments dans les combles j & occafionnent moins
de profondeur aux jou�es des lucarnes. Quoique
cette opinion ne foit �>as fans fondement, il faut
cependant convenir que les combles brif�s font
fujets � deux inconveniens, qu'on leur a fouvent
reproch�s; lavoir , que le faux comble eil trop
peu �lev� par rapport aux neiges , & que �e
rempant du briiis eil beaucoup trop roide pour
-ocr page 294-
d'Architecture. 267
les recevoir, d'o� il *�fulce que fe pr�cipitant
dans les chenaux , elles d�gradent les entable-
ments , & pourrifTent le pied des chevrons & es
plate-formes , malgr� le plomb dont on garnit es
chenaux. C'eit pourquoi on pr�f�re fouvent les
attiques , auxquels les faux combles des manlar-
des femblent fuffire , parce qu'outre l'avantage
d'�tre parfaitement d'� plomb , ces attiques poui-
fent moins au vuide , & procurent des pi�ces
plus r�guli�res dans les �tages fup�neurs. ^
Les grofleurs des bois que nous avons d�ter-
min� pour les poutres & les folives des plan-
chers, ne fauroient avoir lieu pour celles des bois
qu'on employ� � la conftruOion des combles ,
parce que les pi�ces qui les compofent �tant
pof�es , foit debout , foit inclin�es , & ayant
plus de force dans cette fituation , ont beiom
de moins de groffeur , que celles qui le«!
pof�es de niveau. Ceft- fans raifon que Biulet
veut que les pi�ces inclin�es , fuivant un angle
d'environ quarante cinq degr�s , doivent porter
la moiti� plus que celles qui font honfontales (1);
car pour que cela fut vrai , faudrait, par
exemple, qu'une pi�ce de bois pof�e honfontale-
ment, & qui auroit 18 ■ pieds de long , for 12 &
15 pouces de gros, put �tre r�duite, �tant po-
f�e obliquement , �6& 7 pouces i de gros , ce qui
feroit beaucoup trop foible s & contre toute ex-
p�rience. L'ufage efl de donner en g�nerai aux
pi�ces de bois inclin�es.., environ les j de la grol-
feur qu'on leur donneroit s fi elles �toient plac�es
horifontalement.
                                 τ           Λ
Les affemblages de la charpente des combles
.(1) Arckite�urc Pratique, pag. 519.
-ocr page 295-
%6$                       Cours
ne ibat auffi pas toujours � tenons & morto�fes ,
comme dans les planchers ; ils varient f�lon leur
forme & leur grandeur. L'effentiei eil de diftri~
buer les bais de ces fortes d'ouvrages, de ma-
niere � oppofer de toutes parts une r�iiftance
capable de maintenir leur �quilibre, de contenir
leur poui�ee, & de les faire en m�me-tems les
plus l�gers poffibles, afin de charger moins les
murs qui les fupportent. Traitons d'abord de
la difpoiition de la charpente des combles � deux:
�gouts, & nous parlerons enfuite de celle des
combles brif�s.
Des Combles � deux Egouts y
TU CXFI & CVIL
Les combles � deux �gouts doivent fe faire ��.
f�lon le fenriment des principaux Architectes , en
�querre, c'et�-�-dire , en inclinant leurs c�t�s ,
fuivant un angle de quarante-cinq d�gr�s. Sup-
pofons a-9'b9 flg. XXI, la largeur hors �uvre
du haut d'un b�timent ; pour d�terminer la pente
δε la hauteur du comble en queilion , il n'y a*
qu'� �lever fur le milieu de la ligne a, �,��
point c , la perpendiculaire c d ; puis en tra�ant
un dem�-cercle a,d} b, on aura cd pour hau-
teur du comble 3 & en tirant deux lignes a, d,
k, d, qui fe rencontreront en d en angle droit f
on aura linclinaifon de fes deux c�t�s.
Quand un b�timent eft double , pour diminuer
la trop grande �l�vation qu'il faudroit donner �
un comble , en lui faifant embraiTer toute fa lar-
geur , on la fubdivife en deux parties, en met-
tant un ch�nau dans l'intervalle , & alors ort
donne � chacun de ces combles la proportion ci-
defiiis.
-ocr page 296-
t>* A rchitic��r�;           %�$
-Les combles font compof�s de fermes «fpac�es
l'une de l'autre de 9 pieds au moins , &' de il
pieds au plus : on nomme trav�e la dUlance d'une
ferme � l'autre* Chaque ferme , f�g. ΧΧΙί ,
PI. CXVI, eft compoi�e d'un tirant ou entrait A ,
de deux arbal�triers Β, Β-, d'un entrait retrouff� C ,
d'un poin�on D , d'un faite Ε , quelquefois
d'un fous-fa�te F5 de deux aiffeliers G, G, de
deux contre-fiches H, H , de cours de pannes 19
de plate-formes Κ, fous le pied des chevrons ,
de chevrons L -& M., de coyaux Ν ^ il y a encore y
�g.
XXVI5 des liens O.
Quelquefois au lieu d'une feule plate-forme Κ,
quand les murs ont une certaine �paiffeur ^ on
en met deux a & b , f�g. ΧΧΙίΙ, que l'on entre-
tient par des Hochets c. Quelquefois aui�i, � la
place d'arbal�triers tout d'une pi�ce, fuivant le
rampant 4u toit, on .met des jambes de force,
que l'on courbe un peu par-deffus, & qui por-
tent les deux bouts de l'entrait retrouff� ; & en
ce cas, on pofe les arbal�triers fur les bouts de
cet entrait.
A deiiein de fixer nos id�es par rapport � la
groffeur des pi�ces de bois, qui entrent dans la
compoikion d'un comble , imaginons que la lar-
geur du b�timent foit2 5 pieds en dedans-�uvre
de fes murs; alors on pourra donner � l'entrait
14 fur 15 pouces de gros , en fuppofant
qu'il porte plancher ; aux arbal�triers 7a 8 pou-
ces ; � l'entrait retrouff� 7 & 8 . pouces de
gros ; au poin�on 7 pouces de gros ; au fa�te
6 .& 7 pouces de gros ; au fous-fa�te, s'il y en a 5
6 & 7 pouces de gros ; aux liens ou aiffeliers 6
pouces de gros 4 aux contre-fiches 6 pouces de
gros ; aux pannes 7 & 8 pouces de gros - aux
-ocr page 297-
270                      Cours
plate-formes 4 & 10 pouces; aux chevrons 3
6V 4 pouces ; aux coyaux 2. & 3 pouces ; enfin
aux liens qui Contiennent le fa�te 6 pouces de
gros. ^
Si l'entrait A ne portoit pas plancher , on pour-
roit le r�duire � 12 pouces de gros , & m�me
ne lui donner que cette grof�eur, en y joignant
une lambourde de chaque c�t� de 9 <k6 pouces
de gros.
On commence un comble par pofer les entraits
A, flg. XXII., � la diftance de 9 � 12 pieds ;
fur le bout defquels on affemble � tenons & mor-
toifes , & par embrevement le bas des arbal�triers
Β, Β ; puis dans ceux-ci on enmenche l'entrait
retrouff� C, & les deux aiffelliers G 3 G : on
affemble �nfuite fur le milieu de l'entrait le
poin�on D , qui re�oit � fon tour , par affem-
blage , le haut ��s arbal�triers : les liens H s'en-
mortoifent en m�me-tems, tant dans le poin�on
que dans les arbal�triers. Apr�s cette op�ration,
pour entretenir les fermes , l'on affemble dans le
haut des poin�ons le fa�te F , dont on foulage
la port�e par des liens Ο %. XXIV , &
un fous - fa�te F , en cas qu'on ne veuille
point de plancher � cette hauteur, & ii on
admet un plancher pour former des logements
en galetas , on en fait porter les folives �
l'entrait C : enfin l'on pofe fans affemblage fur
les arbal�triers , des cours de panne I , � 9
pieds de cliflance l'un de l'autre , que l'on foutient
par des taffeaux & chantignolles. Le tout �tant
ainli difpof� , on met un cours de plate-formes Κ,
aifemb��es bout � bout � queue d'hyronde,
dont le dehors repond � l'a plomb du nud de
l'ext�rieur des murs , & l'on finit par brandir les
ι
-ocr page 298-
D' �RCHI'TECTUR E.              27I
chevrons L , en les efpa�ant des quatre � la latte',
ceft-�-dire -, � �6 pouces de milieu en milieu ,
dont le pied fe pofe dans des pas pratiqu�s fur
'les plate-formes, & dont le haut fe cheville fur
les pannes; le bas du f�cond rang M de chevrons,,
fe cheville �galement fur les panes ,& le haut fur le
fa�te , en obfervant d'egalifer le defTus , afin de
former un plan bien uni, pour recevoir la cou-
verture. S'il n'y a pas de ch�neau , on cloue vers
le bas des chevrons des coyaux Ν , que l'on
avance fur le bord de la corniche, pour former
l'�gout du toit.
Lorfque les combles forment croupe � leurs
extr�mit�s , comme dans le profil XX�V , &
dans le plan XXV & XXVI, alors on met des
demi-fermes d'arr�tier, vers les angles faillants ,
& au milieu de la crouppe ; &, pour les recevoir,
on forme une enrayeure � chaque bout , en cor-
refpondance dans l'�pai�eur du plancher fup�-
rieur d'un b�timent. On voit dans la flg. XXV,
le plan du plancher bas de l'extr�mit� d'un
comble � deux �gouts qui fait crouppe , &
celui de fon enrayeure , qui eil compof� d'or-
dinaire d'un denii^- entrait de croupe Ε , af-
fembl� dans l'entrait de croupe, de deux gouf-
fets F, F , ai�embl�s dans l'entrait de croupe , .&
'le demi-entrait Ε ; lefquels ' gouffets fervent �
porter les coyers FI ,,dout la fon�don eft de re-
cevoir l'affemblage des foiiveaux d'empanons � du
plancher, de fervir de tirants aux demi fermes
darr�tiers, & de porter vers les angles du b�ti-
ment le bas des arr�tiers d , figure XXVI,
lefquels font l'office des arbal�triers vers ces
endroits , & s'aifemblent par le haut dans le
poin�on. Toutes les pi�ces de bois des demi-
ν':�*:
-ocr page 299-
\
*q%                       C���is
fermes defdites croupes font de m�me grotfe&tf
que celles des fermes.
Quand on fait des logements ou des greniers
lambriif�s dans les combles s on les �claire pa�
des lucarnes damoifelles, � chevalet , ou � la
capucine , dont les jou�es ont une grande faillie»
& dont les chailis font compof�s de deux poteaux,
d'une pi�ce d'appui, d'un chapeau , de fablieres
& de potelets.
Si un fa�te aboutit contre une fouche de
chemin�e, on fondent fa port�e fur un chevalet,
dont le bas eft foutenu fur un efpece de femelle
qui pofe commun�ment en travers fur les fou*
ves , ou bien fur pluiieurs folives , ou bien 9
enfin , fur une folive que l'on tient expr�s plus
forie QUG les autres. ;
Des Combles brif�s*
./■ La proportion �es combles brif�s , o� � la Man�*
farde 5 fe d�termine auffi par un demi-cercle , dont
�e diam�tre eft la largeur hors �uvre d'un b�timent\
mais la hauteur de leur rampant s'op�re de deux
mani�res.
La premiere, coniifte, fig. XXVII , Planche
CXVIII, apr�s avoir trac� le demi-cercle a e b ,
& �lev� fur fon centre c , une perpendiculaire c e9
qui le coupe en ι parties �gales e a, e b, � di*
vifer chacun des quarts du cercle en deux ,
�galement aux point d & c ; & alors en tirant la
ligne d <*-, on trouvera la hauteur du briiis -y &
en tirant les lignes adjk c b , on d�terminera fa
pente ; enfuite pour avoir le rampant du fau*
comble, ou de la partie fup�rieure , il n'y a
qu'� tirer les lignes d e & e c.
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ΐ> ' A R "C H �TECTUR Ef; .       273
La f�conde , f�g. XXVIII , confille , apr�s
avoir trac� le demi-cercl� a e b9 & �lev� fur. fon
centre c , une perpendiculaire ' c e, qui le partage
en deux parties �gales , � divifer au contraire la
demi-circonf�rence a e b , en cinq parties �gales,
■�d9 df,fg, g k & h b ; pub en'tirant � la
hauteur de la premiere & cinqui�me diviiion, la
ligne parallele dh, elle marquera la hauteur du
briiis, & fa pente a d, h b ; & en tirant enfuite
les lignes d c , & c k , vers le milieu e', de la demi-
circonf�rence , on aura le rampant du faux
comble.
Ces combles font plus avantageux que ceux �
deux �gouts, en ce qu'ils occafionnent moins de
poufT�e contre les murs de face , & procurent des
logemer��s beaucoup plus commodes \ on ne peut
reprocher � leur forme, outre la trop grande roi-
deur de fa partie inf�rieure -, & l'appiatiliement
confid�rable du faux comble dont nous avons
d�j� parl� , que de paro�tre lourde ou �craf�e
en ex�cution , & de procurer peu de gr�ce au
couronnement d'un b�timent ;. auf�i penfons-nous
qu'il feroit � propos de ne l'employer qu'� cou-
vrir des b�timents fuba�ternes , ou des d�pendan-
ces d'une maifon un peu con�d�rable , ainfi
qu'on l'a obferv� aux �curies du Ch�teau de
Verfai�les, o� ce genre de couverture femble
ajouter au cara&ere de l'ordonnance des fa�ades
de ce b�timent, l'un des chef-d'�uvre d'Hardouin-
Manfard.
                                                *
Les combles brif�s s fig. XXIX , s'ex�c.ufent
auffi par fermes , efpac�es l!une de l'autre
depuis 9 juiqu'� 12 pieds. Ils font �-peti-pr�s
compof�s des m�mes pi�ces de bois que ceux �
deux �gouts , � la referve qu'on n'admer dans
Tome FI.
                                     S
-ocr page 301-
iPPWflP
leur mnk inChicm ψ» te *»*** & &rc*
*f I, qni t'afibBbloii pir k bei «kn* k Urans « »
& paf k haut dan* Femfait « f qui fetitkm k
tienne �t brin* d,
Pcwt d�terminer k gro�cw te bo» de «i
�>cte* 'de comble t fupfiofo«*, comme ci devint _*
r' f k dedant eww de* trots tfun b�i�ment oit
tapi d'�riger un pateil ouvrage fok 1$ pied*:
Toici a-peu-pte* queue� pourrotcni �tre kut* **�
tneu&oe*.                                                   .
U mam - «un 14 * fitf » I f»**«* de gros »
«pn c*i quil porte pkneher dir«raement » & »d ne
.pofte pu plancher » on bien i foo y met te
'lambourde*, U iit�Vn de loi donner i* pouce*
de gros : ©u »et in bout de ce* msm » comme
ci-oevaot � te plate ~ battte de ter avec une
ancre » pour contenir r�canenient te mur* dit
Itatti d'un bt�ment. Le» N�bes de force * ,�, an-
tout 7 et 8 ponces ; rentrai « » fermant i
jport« k pkneher bent de� �tage� e» gekte� *
g & 9 ponce*; k» panne* oe brin* *f » fc 4�
derer* # » 7 � S potice* i k* eftetkr* #, *� qui
foukae« k eorrftde rentrait » f at 7 pouces �
ic ρουν* /afkmbl� &m rentrait * 6 ponce* 4t
me I k* itW�ffter� e, f » affcmlt�s etat« part
dUn* rentrait, et de �eture dam k poin�on, 6
m
7 ponce» 1 k finie A, «pi eft eimfal� datte
|i poin�on, 5 «\ 7 ponce* ; le» «olive* t, a�etn-
bke* «km few ia* pot» former te plancher ha«t
de r�tageen maniarde, f le7 pettcaejjee cet*-
ire��e* a, A, f * 7 po««« » » pktt^fotme/
4 Ik 11 ponce»; k* «fetmon* * & e* | * 4
ponce* ;*b font atTcmW�* park Im* »� pa* dan�
Ie* piife-fomie* » � I          »re. * chevill� par
k haut futtetpiaeeide brin* » deteer�, & f«*»
-ocr page 302-
ta» l taSn let coyaux » auranf * A J ponces d�
pmton en met�
Lorfaae te* coebki I te maitfitrde font crom«
� fextiimis� eftw b�timent » comme dans te %
XXX * e« tak Mite tmufmm co coneijpcmdafictt
«liai te plancher il« ΓΑαφ fupcrieur poor «on-
leuk ■ let iermt* Ar demi-iefmes f » r § s , # » :
pcn-pr�* tembtebk � celles des combles � ta
Franconc ; car ιΐ n> » que te brtfa qui prodwk
qnelqtie datfcfcacc dbo» te plan » Ae le pconl de
te croupe.
On l�if if ordinaire en boa «Je bon » tant dans
tes com�stet belles, que dus «eu» � deux �gouis,
le* tirant, les cnttmtts » tes arfeal�* riet s » tes jambes
deiofcettefcirctkrs»ks arrct»erstAt tes panne*
«o-iktt de 9 pieds , Ai root te re�t lopere com-
mufKmcn� eo boa «te Cciage» ■
Oo ectetfe tes logements que foo pratique
dans ces combles par des ctoii�e* appett�es � la
mansarde ♦ fit. XXXII tefqueltes font compof�es
d^McJttpeam bomb� » orn� de quelques mouiiucs f
de deux poteaux » dsta appui » A* de j»te4ets*
De m�me que foo �ob�vu% les combles � deux
�goots» brique tes corps-de-�og�s font double,
pour diminuer la trop grande hauteur qui teuf
taadtotf, »ili cmbf»ffotesif toute la largeur cTu»
b�tnnent » on a tawepr�s feebbltoieot de ftib-
ditife les combles � te manfiitd« , pou? dW*
nnee tettr oxuteur At pefammr. Ce proc�d� e�t
peu eomitt � Ai comme «tous po�Ntoos A» c*
fujet mi M�moire manttictif du citebre Bnilet,
qui en d�veloppe tous les «taritap�* Af te m*
cilst� de l'ex�cution * oom cfoyoas devo�r te
«apporte* , va tveSM dont peu* et» �m
loejciib«*
t |
-ocr page 303-
' jt6                � o ν m �
N<wv*M� mjmtfi ds htm Ira CemMu h i/o
p&mr iotrvrw iu Lorpt-dt-Logt* du j�bu
gmods dmsMe ftt'�/i p*ifft JmH
, jm% im
firn aiv�i fm* �m� du Cofps-de-Logu
t J�mpiiSf Pt CjCijTw
L*0� § tfbtnrtM �vit� de fttte de* cotpe-dc-
�ogi* eatnorduiairetnciif double , pwr h taibu
qui! 'firudrok que les combles qui doivent In
couvrit , i la auflief* ordinaire » hitTcnt c*ceiTivc*
ment haut» � mai» comme Ie« corp de-�ofb double
peuvent �tre d'un $rand triage pour le* commo-
ditc* , & pour le* agr�ments ψ ds peuvent 4m*
©et » vote» une m�thode do« on »*ett «vile put
te» couvrir «vec toute la iobttit� dt ta furet�
rtecenaif c» par rapport � l'�coulement en eau«,
o? cela avec beaucoup moins de depend que par
le» proc�d�s ordinaires.
LVm fuppote que le corps-de-logi» qo*oo doit
couvrir a« toi 11 toile» de large ou d*�paj<�et�f
bot * dsuvre» qui est un des plu� grand« double
qu'on putfe ta» » que le comble �oif poi� fur
le demier plancher ati-detfu» de l'entablement «
or que les logement» en g�tera» qu'on y peut
' iure aient S pte�s loua rentra 11.
#our «tvtfer k comble en quertion, il n'y a
qui partager k largeur eu corps-de-logti A S «
en deui partie« �gales au point � ♦ oit fou �l�vera
une uerpertdtculairc C Κ : on prendra enluiu-
| p�eoide chaque cot� 'de cette ligne, comme 1 f*
pour lauer un vuide de ι ο pet» de »r« entre
lei riet» comble*. 'Ce vuide fervira � �cwurer k$
logement* en "g�tera«, que l'on pratiquera �»n$
cet comble» f & � �couter leur» tam » «a laifta*
*
-ocr page 304-
Ο* Λ« CHlTICTVftE. S??,
h� tb�mu �m* k tt�esf qui ks tmMm auK
tic»* oma» αϊ cotps-de-kf*» » ou Wc« ott Γββ
voudrai les fjure totnfaer«
On fermera kt deus combks » en donnant i
ρ ieds ito delus 4» ttrtm � Β t o« «fa* deflu�
du tkftw pkadier » julqucs ftnti ^le* entrait»
G H, ou feu* ki ρ««*» de lwi&* * Ρ«*» �onferak
rampant dn «notantes � f ordinaire, linfi «pul eft
marqu� iiir- k profil %* XXXIII� Comme kt
totem do $akta* auront leur jour dans Γομ-
verture pratMjMCc entre k§ comWes » o» feta «t
feat de ce» eroiiees μ« appui de ) pieds ik haut»
cofiifc kquel on m�rita de petits chewm» D
e» petite » de�m�s I potter k couverture «n
recevra ks �*«m de* den» co»t»k* » & Ie� dW»
fera ver» k chenau C ♦ d'o� dies s^ottktotit
[par le» �mm bout» da b�timent » � Tmk de $oi-
tktes 0« de im/im* de «kfeeute � fotdmetit*
L'oit ne douce point qu'on ne foie des oufe»
ttom tur ce nouvel afrangement s le�. ouvrier*
tgnorans qui m changent pt« �l�ment kut COf»
1: fume t ne manqueront pas de dite que cette ott*
Ivettwe entre k� de«« eombk* letm un plat �
neip 1 car cfkft rcsptrs�lortdont il» <e ierveel pour
fane peur � ceus ψά hm bt�r,it pour kur pet*
ftt*der quittai» toujours beaucoup �kver �ea com-
bles t makcomme ce neft ps tfauJounThui «pon
Un �couter ks eau* dans des chenaux» Ion trou�
ver« quelles ���e*uIerom plus sifenem^pir k
moyen que je propofe , que par kf tpu*^0 f1
ct�iaiiaqiieroAttWtauderfkrtdes t�f�ftiadesc«
fer �c* cmabkfi*e*is.parce que k CM»«* m ^fW«
fera bien ptus�cik � nettoyer » jk�hut&�m m
netees que par les gouf Jeres eedustires » ayant «ks
tmkm tout d� km$ par ou il e� wfe d*aikf �
-ocr page 305-
'S
*7t                        Conus
Puur donner tome I autorit� � cet arrangement»
il faut favmt cTatNctir* qm*m Γι mis eu «ovro
en plttficitrs endroits, m Β ι ft bien τέιιβ ,
qo*�o m s'en cil jpmats ntajtnt* La prtmkrv cs-
p�rio�c« en a �t� fuite I Iffv » pie* Pnm » � ta
eiaifoo qui appartient � M. le Prince 4e Coury ;
�e fou e« a fat encore ptufteors autre* �preuves >
qu� om eu tout k facce* qu'on en pouvoit at-
tendre.
Apr�s avilir r�pondu sus obfca�on» qu'on
poutroii »ira fur ce proc�de » t� ne fera pas^tnn-
ttte de parler 4e* avantages qu*on en petit tirer.
Pfomtetcjnciit-t Ton petit voir par te pVo�l poo-
Au� �HB, que η ion finslont ce comble par tes
fc^ea ordbastes » t� ter oit �lev� «ne fou pi«
liai* que cetoi qu'on ptopofe ♦ ce qui cau&wii,non-
J�ulentcnt une hauteur c\<ti\i\c qui accabterott
pour Atnfi dire te b�timent, mais encore attg-
»cnteioit la d�pense, ptefqoe du double» Secon-
dement * ou te proctueroii parti des logements en
gAiera* » fort commu�e* « fais �tre oblige de ton
cie* lucarnes en. dchot* » qui ne doivent �tre u » te«
que pont ois l*at�es«cour», �tant ttcs-d�fagr�abk �
voira d«ldilt�csde conJcquesice.Tt>osvncmcftt»
on pouirott * par ce moyen, d�rober h 'Vue d'une
bonne pat tic des chemin�e* » qui font toujours
m mauvais efet bots des comble*. Quatri�me-
ose«'» rien ne teroit pbts m�� que d4�t*rtr*dre I©
feu tu veno« � urenere � ces chemin�es f par
h commodit� quon autoit de monter ht ces
combles * par m ouvertures des logements en
gatcta« Cinqui�mement y les Couvreurs auroienc
plut de facilit� pour r�tablir cet combles ♦ ψίΰΒ
n'ont coutume uen avoir aux combles ordinaires.
Sbd�nemcn t enfin , on pottttolt recueillir le*
-ocr page 306-
o*A ncntr�� ctpr i.         379
tem ptariaJes Je eet forte* Je combles » pour
l'en mm au befoin avec mon» 4e JiJfictth�< ^i*e
ceUcs �les autres combles.
ExpUcmon des P�uk��s ma rtpm�ftimis
U cmjlndhm d�$- Combien
Lu Planchet CXVI & CX Vlf t fottt les aetatffr
Je raftcmbtage Je charpente d'un comble � Jeux.
�gostfs*
La fig. XXI t eft la miniere Je Jcterm�oee
Si' pente if»« comble ; e I, largeur hect-anivf*
J'iw btbmcf»! ; * J & J $> > c�te* «ftm tnangle
�cjuUatcral. mii forment le rampai» Ju comble �
t � , hauteur Ju comble.
La %. XXII » eft k profil J'use ferme Je
charpente«
A , poutre cm entrait feront � potter ia,
ferne«
Β , Β » arbal�triers afembt�s fur le bout Je
feutrait per te bas , & par h haut. Jan* ie
poin�on*
� , entrait retroul�� » affemble Jans les arba-
l�trier� t & feront i porter JOnfaiire tes fcitvc»
«lu plancher haut Je I �tage en galetas« tfuanJ ois.
fait Jes lojsemenr» Jans les eomhte
D » poin�on a Aemble fur f entrait icixodft, &
ferrant � porter h laite,
E » extf tmkc Ju fa ite a Sembl� Jans le poin�on +
Jont Pouce eft Je 1er enfemble par'le haut te
fermes f de Je fourentr le haut Jes chevrons*
F. extr�mit� Ju fattMaiieai�cmbi� Jan* rentrait
ittrouft� » de. fervant aitlfi � entretenir fcs fermes #
ftmn� on ne mai pas Je plancher � cette hau-
teur *
'■' Λ ..,'.■ .                                                   'ΐί: �:                                           a* S
-ocr page 307-
C# » G » auflieft fcrru» I Jbntfer feetwit re*
Il » H, camrv-<ifhe« afeuM�c* dut» fc pt»b$©�
Je le* .»«Uit�tnen
ί f Ι » �mm de fMM^MB» » <k»nt (m »e wii ici *f»e
le prou ; elle ρααοΜ for k* «rleflttteff font
aJlenifcUee t ir y fa« »rei cet pr des uffcaujc
Ie ik» cfiiftfipfwfa.
Κ » plue«&fmct %fA� ft »AI peetam i plomb
Ai dehors de* mmn » $s recevaet dam de* §*w� h
p*rd
det chcvr�ftff*
L �r SI » finp 4e dbevroa��
H, e*mui* qui »"btii Iki* ψΜ qmmi m ne »ff
ptt de cm
Lm �.\ X XrV, eil Je ptotfl Ai m�M comble ,
fm» λμ i� kmptimt $ lequrf «e:* 4 Luit * uit U dtfi-
ft,#t ifes tiffttemet fc?m#» par »V n*>\ en cici pjiuie«
dtt 6l#tt Λι foti**4�iig*mi dun plkm'lm-^mm�m
co4dbMR;fioiai�V0M»mttMiXttonN;»»»)fff<» V ι*:*�
fff tettrcf fiwiiii�ki an* grande* de Ia rt^nre
pr«v ederuc 9 pour Mm V�fr km r��atkni «Uut
et few*
e y poutre mi emnif ; � l$ mhd&mm $ * »
CfMRniir i^souff� » ^<# f ροίικοβ ; # » feite
* � »
feus »�lire oa folivct du plancher 4e i�sage e« fi-
let�t ί ft f t
«ifleiict s . * » cour* ck patte*» ; 4 y
plate* �>rme; /ff cheVrofts»
O t lier»» fiervant a iuubger la port�e dn
Ai«.
' Pf fbffan port�es fttr dm laah�tirdes k long
�mmtmm*
, Qf �m**$�rm�� ewttpe avec m.
S1 �emt*�Mr*it de cfou�e.
tt %» XXllf « ei k ddpo&ion de deux cou«
de plate-Arme * & Λ, «mand *>ο f,m potier ami»
-ocr page 308-
d'Archjtict�il            itt
te kuit de* QiRiiti ; aten ou entretient ce� dcu*
ptatc*Jbt«)e* par des, bkcheu « » qui hm �»
petites pi�ce* de bob eutat��e* par-delSous au*
<u ott de* plateforme��
ta �p XXV f crt te plan dy bat de �a due�
DCnM d'un comble a deux cgutt� , qui iait croupe
I l'on C�tKtTiUc. pour taire voir raffenblagc de
ίοη cairaycu» dans ftpaUTcur du plancher,
A , entrait ou tirant avec deux lambourdes
Β» Β , portai« une rrev�e ne planener C,
D » plwc~formc* avec de� pat pour le* ciie-
vtOMt ci» font atfemblce* bout a bout λ queoc.
�. demi entra« de croupe artamM� dans ren-
trait A de croup« par tut bout » $i poft� par Tautre
iiif te mur pignon*
f * Ψ * geuflets aiembt�t ��m k demi entrait
de croupe * 4k Ff&mfc de ctoupe.
G « autre gouftet auemol� dans ks plate-
formes.
H, coyen fermant de tirant aus dem�»fermes
tfaifitier ; .us font aifcmbt�* dan� ks foules� F ψ
& re�oivent iaflenblage �m. fol�veaui detu-
panons I.
La, %. XXVI t etl k plan de Sa charpente
du comble precedent , vu par-deun* ; m , laite
af�cmule ��m les poin�ons », & portant k 'baut
de* cnevrons j < t pannes; ^tarr�tkrs portant le�
chevrons dempanons « |/t arbal�trier de k demi-
iermede croupe»
La Pt CXVIII » fCfw�tinft raftVmbkge d'un
combk tr�fe*
ta %� XXVU * exprime une maniere de d�*
terminer ic ramjunt du combk.
*♦ *» largeur norSHPtuvre du b�timent que fort
-ocr page 309-
if*             C ο ν ι t
praal poer dtantetre «Tem demi*e*rcle ; 11, teo*
teer �n comble ; �t% hauteur «ia bnft* ; a> <f & �$9
rampant du bft&t ; *^ *» & * * » rampant du taux
camhkr.
La %, XX VI f| t ert tme uure wakere de d�»
ftramer k rampant �'m tmabk bM ; a � »
-tarymr hooHsuinv d*tio b�ttment t que ion prend
encore pour diam�tre d*u« demt-ccrcic » �cqwcl
demi-ccrek �tant dmt'� en cinq partie* �gales ,.
est tirant �em ligne* #a*lk # * » d�puta tes eatr�-
mat�s du dtanesra , juiqu a ta premi�re divtfoti
de part et d'attir� » ^o aura la pente du bru» .
& en tirant, loi tipte* 4 « & * A 9 οα aura toi deux
c�f�a dit rampant eu faux comble*
ta ifig. XXIX » clt r�i�vatwn d'une ferme don
coabfe bru,
*» mai ait poutre ; I» 11 jambe* de force ;
a i entrai! portant plancher \ i , panne* tic brilis ;
i y autelten ; / , poincoti j g » arbal�trier* ; A ft
'Ut i ί f panne de dever* ; * » lie»! » / » plate-
'�wtm ι a» Ir « -, cbevron* i *» » eovaut *» ρ » prooi
d'une crotfcc mmiwk, rept�ferttee vue de iaec »
**g<* HaXL
ta %. XXX f cd le profil ifyn comble brif�»
o� nofti avom mis aux m�mes objets » kt m�mes
lettres qw*� la % pr�c�dente.
f f f,*, rt ptoUl de la demi-ferme de croupe ;
» tJEoSnet du plancher bas ; a* , liens ierfirtt � for�
lifter la non�e dn Jak* 5 y f profil dti planche
bat« de r�tajt en mart�troe*
ia PI* CXIX , ftpfefem« «ne «otrwlk mi-
tliefe de IttWittler tes comble* ta dei tur ta largeur
dun b�timent double*
ta% ΧΧΧΠ, eft le*lan dttdk coii�le» 4 I«
%. XXX UI m «Λ 1c profil
-ocr page 310-
bfA�� CU IT! CT*!«!.          *8f
A t Κ » Β» Hauteur d*u«i comnle� le eiaaferde
Ε , F, vttkk de f ©pieds entre le dem
C » cK&cau ayant foe �eottkment en
D f petit tok en petite vers k chencay*
G & H � hanteur des �tages en galetas * q»
fero�ent �claires non en denot* ψ batem » mm
eu cot� «tu %*nide p« «k* crott�es I�
ΕχίΜφΛ ie �tffkmi-t Ccmil��.
Ames des d�tails «k comble* 4 ftitafe �m M-
t�men» ordinales » nous a«*«* proposer divers
exemples de comble compote wie beaucoup
AndttAtie » ft capables de few de nodelei dam
desoccanons Importantes.
La PLAKCtlt CXX » itpf�feaie te d�tail de I*
charpente au comble � «te««^ �gottts » qui couvre
le Nef de �l#k de Saint-Roch � P�tis.
la %. XXXIV » eft k vue «Time des fermes
qui (mm �cart�e�, rime de Tautte , de 18 f�eds de
�iBcn ea fl�te. «Ι-
Α » vourede ΙΈ|βι« t e*ec une cha�ne die fer**
ferrant � contenir ftartement des muts | #j* �
MiTcm* de pierreappuy�*for k voute» fttvaoc
� foutenir cette cham« dans ta longueur.
»f entrait «k 40 pieds de longueur, ft de tf
pouce* «k gros.                                  . ,
C, poin�on ck il ft 13 pinces, mu fondent
rentrait par k otite » i*e* tt» etrter boutonne.
BtDf arbal�triers de tt ponces efegrte.
Ε � f�cond entait ayant β ponces «k pot.
Fft G, �«e ft i#»t-&��de i ponce� de gros.
M, panne� ayant 11 pouces de gros*
111 f deux conrs de plate-�otme de � mm
ponces f entretenus par ' des fck�bets�
».
-ocr page 311-
C o ti ii »
1* M » fiet» if eoMreficaa» t ayant c�taettn 6
A 7 pou�i de gim,
H » f aotbecre» de 6 pouce* de gnML
Of mrteliei* de ίο fKwice* de gro*.
Ιλ % XXXV, eil tin pm�l iuiv«m k Ion-
pwtw a» comble f «pwt ^ p�,,,^ j^,,^ ^
mmm correspondantes an* m-m�rn , �*m h
%tre pr�c�denif.
Ρ » �mw poumon de � I 7 pouce* de gros.
�?t crut* de Saint-Andr� de �if ponces*
ι*4 �MJfce* f-ΧΉ � rpPf***M,P deiwcomblei.
m ng. XXXVI, dl �ne ferme d« comble,de
Tmeimm� BeJUMgue de $«or Pierre de Root »
eoftirttite Cou« Confiants*, & doni le P, Booen�
no*» ι coofervc le �d6m dim y defcripcion de
ce Teuiple*
Sa cttarpente eu tre*-re^rt|tMbk pif (m ex*
tr�me l�g�ret�; elfe cft eompof�e de pbin-fcrae�
»oi�Bei ♦ & pofees de chtmp.
A. 9 wmt m csuratt compof� de quatr� mor*
�»«* afR»b!e§ d�ni 1 den% en embtevemcnc
je» le iw�en f & Ife avec det eabrafiifet de
fer,
B»ltart*»�er«er* ou� f font U�s par le bat �
jmraif par �» bande» de fer , & dont fafea-
H» d« bant eu Jbntf�� par une double cutter.
re» /»                                                              Ί
C, f�cond et«m« font dan morceau dam fa
"Κ"**» efl aJfcmbl� dans te poin�on & le*
«affnen, par de» cbevi�es defe*
»a. * * ν**0*?* fa****** oau* te hatti par les- erba-
rm« t &f foulageant feutrait C f par te milieu, �
Faide d'une broche de 1er.
On να« fur la pnebe cie la «pire » tra d�tail
pttiCM�ier de cet afle»Wage* *f entrait ^ *, etn-
-ocr page 312-
D'A K'CftlTffCTVftt.          »§§
-'bmmwmm «k§ �mx pi�ces de bots ι f ♦ embra�»
iure* de Ar $ J, boulon ou ferocite qui traverf»�
k bout d« poin�on » Si �ootieot fcnir*if « par-
de�buf �aifernblage,
E » chevron* po�es en m vert fur ks arbel�»
trier» t kiquck portokot des pianebet qui rc«
ctvoteer tt cou vemite.
L� %, XXXVtlg eft une ferme de k Nef de
rEglite deSa�ttt-Atidfe d#/fti ^*t� a Home.
Ct comble n*a de hauteur que k quart de la
largeur ; cell U proportio« que ion donne k
plut Couvent au rampant de* combles en Itaik*
Cette terme η α ι ;cn de t\\'t#mmaodabk « que
fbo catreme itmpikite.
A , enim�t de 45 ok�f de long f $r compo�
de -deux pkecs de mm afttmbl�tf � trait de
Jupiter » & tbiriti�es par deus etiket ou emfeial^
iure* ik kr botikrtn�ef » ie «k plut fautenwea
mm k milieu par k poin�on U , � fride d iiti
�trier.
� t C � arbtletrkri ai�embt�s aux bouts de ren-
trait avec des embraflures de fer*
09 d�tail I pan «k I affemblage � «ra« de Ju-
piter des deux parties de rentrait A. 9 vu par«
�e�w 1 * f ekf ; * » etfkr* 'boulonn�»«
La t*uuiQtft QQU!� ofte encore k def�ft de
deux eotttbki dk charpente que nou» avons d�fini
en Italie*
'La %. XX XVIM f eft une lerne du grand
Th��tre Saint-Char te» � Naples» φ» eil de Vex�»
cution k plut hat die,
A1 ent ra ι* de plui de i 00 pkdi de- long » coflh
jpof� de trot* pi�ce* 4e boti de ti pouce» de
groi | auembire» � mil de Jupiter« & par embreo»
vueicnt au bout Tune et lautre » � «k plut » li�e»
-ocr page 313-
leur wmm&m par qiiHrt emlfiiitres de for �
une femeie
Bt dt ta pouce* de gr»§ « & dertetro« t$ f��
de lewig
* qui port« ' fur kt muri «lu corridor
edorlcaui toge**
Β» S, 4il*�WtfK�i doolde dae» une partie de
kiif
ton�ueur ♦ demi I «flcmbiagc e� JefUfk par
le ?***» i Ut�c �e
tmm �mm dr ter.
Ci fKMO�on avec deux cofttfclklie*.
entrait*
E » Huis pamf a* qui f*o«Jagc �a port�« de Γα*�
mk �*
Ψ , G t cjMr�ehes.
M , jambene*.
11 <bt*nm «�f ai mnrcn far les a?belariert�
IL « dl im d�tail particulier <k raJTcmbUge de*
tri�e*» de. buts de rentrait A i «t, eaearsfTuna de
jet
ι ��t faoutom ; * f eirier attaeltc au bout du
Hue pomec» ; i d9
auf ret enttira�urcs de 1er qui
Bcni k pied des erbal�tr�cn, avec le bout du
tum dt '
de la femelle.
�La 1%. XXXIX f cft tme ferme du grand
Th�if te de Pat tac » dont k lar getir cil autfi cenu-
d�t abJc que la pr�c�dente.
La tmufcur d� ce comble cil �-peu-pr�a k tSer*
de k largeur du Mfimenf.
Λ ι entrai! cpmpof� de erois parties affembi�e*
pat embreVemeni » �r Jbtit�ces� I kuf r�unis per
une
lambourde Β * li�e α vee cinq Heut de fer *
fi« boulon* , Se detix cle� en mm tfaverfee*
chacune per un de§ boutons*
»
Btl, eftttttfrler» li�* avec quatre cmbraiTiire*
de fer par k
pied.
C * poin�on »rm� d'une �qtterre de ter f qu|
ftmiite ftttcmfetoge dm baut de» ai bat�t*mu
-ocr page 314-
t^AiCiifTic-rnn�; a g7
Ό St E # άα* potnconi fowtcrunt par k bui
4 �HfJrBW A* ' ■ "
Ff G9 Ht «mkt (Nutkuikri (�ntum � Ger te�
Jatte potirons., 0 ; celui t dt Joutcau par k
poin�on C
» i l'jthk d'un �tr�er«
f,1,1, d�ckirp».
IC , ton rrerichcft«
L » enevroot recevant de� pknclief joioftvef t
«foi portent k couve«««*
M » c� k d�tail de I «danfabge de� pitee de
�ob qwt compokm k grand
ciurati ; * * cm�ic�w-
■�cm. ι # » kmbourde ; « « embrafliu«» ; J% bouko;
«, ckf* ; � t et rien boulonn� dent k» un« pok«
cou* , & loukgcant k
portee de I «trait A*
La Pt *KOif CXXU1 » ofte toi» les d�tail
de k charpente du Petite dit VaJ-de-Cric«.
ta %ure Xi * eil k moiti� dit plan de ce*«*
charpente att-ddTu» de l'animie , I la hauteur
A B» �g« XLvIU»
e » « Jeu.*�, court de pkte- forme emrviemu par
de* blocket* �| #t c entrait* m*� trarafent
lot« le
d�aeieftre du
Ptee i -ί t kwx entrait.* ψά �tfkm«
hknt dans k* pr�c�dent* ; t fwnlet� ; fpmag&m*
La %. XU cfi k moine du plan pris I k
hauteur � D, %nre XLVtili ; # enrayer« § A,
efpeee de plancher, dont on voir k po� «n
t1
ig* XUX� # pot�ora ou poteaux.
La �mm XL11 eft k motte 4t* pkn � k hau-
teur Er, ig* XLV��f�on y
voit k confinuitwm
de f
ernsycuir* dirtf�e vert k$ pttiers montant #
mit fot�enneor k lanterne : it y t mM � mm
«auteur un pkftelter m f dont k profil
crt repr�»
knie en A« hg. λ Li X»
La .�gure XL lil, e ft m� moiti� �t pkn pril
-ocr page 315-
Ceoii
i ta hauteur G M t %, XLVill ; elk revente m
faux
plancher krmm de r�union aui poteaux
montan� qm portent ta lanterne,
La ifurc XLIV, eu une moiti� �» plan de
Sa Umcmc
, pm m nivexu de U bal« ftraile IU
hauteur IK, %, XLVIM i, elfe repr�sente plan-
cher formant u» �pi en enrayent« tff�mbl�e dans
L� %. XLV en itfi plan pris � ta hantent
L M
%. XLVUJ, & etprme k plancher haut da
la tamafoe�
lae» figures XtVI et XLVtt, font dem platt� »
.�iMipfis a la
hauteur Ν Ο Se feutre I k hauteur
f*Q de la lanterne» % XLVitl*
La %.* XiVIfi » en un po� de toute h char*
pente du Doute , lequel tast voir k rapport �c ta
iuiion des dtierent plans
ci-detTu«. « Vo�te de
Il Coupole ; # att^ue ; e entrait» formant enra-
fmmi��tmm etttrawit pocemrx;/conmiktttstit�
d�charge» i a courbe» formant te d�hor» �» Berne
�r fur tefi|ue$e» font pof�e*
les table» de plomb,
La %. XUX en un profit de cette charpente
prii entre
te» ferme» de � enra y eure, au milieu de*
oeil» de boeuf: i & 4 font de petit» plancher» ; iSt*
oeil» de twmtf.
En �fodkof le* rapport» de ce» diff�rentes figurer »
ii en toi comparant, on nun aif�ment «ne id�e
comptette de c�ne
admirable Charpente v qui *ft
bien
d�^Mf de fervir de modele�
Φ
CHAPITRE
-ocr page 316-
d'� KC«tr*cr u« t.          2%
CHAPITRE Vilt
Dms Pd m s dm Mors mt ��$ Ctotso^s,
Pt* CXX�K
\Jh employ� commun�ment des pans «le fcoU
pour ks fj��fticf de» rnaMoft» lut le» cou« * pour
de petites aiks de
peu de conutyncsiee # & pour les
divcric* depeod*ficcs cfttu Editas�»
p*m debo�», %. L» te ion* de bob de&�nge
It font compole* de potea» deno^gniir� ©a de
poteaux cormier» A # ici if «et» embcvmmt detdt�
Baute toute 11 hantent� du j»n de bots»� <fcp»*t te.
tfci�us du peemier planchet
«mi II eil r�enibfe fufipT�
k coenicae qui te co�tonoe ; eiilkke de poteaux
nlM�ftoa� Β pour la baye de» «oiiecs * de po-
teaux
Ci 'de dcilutjs-» t>, Je tM�imtio L, ee
tootteienei G
; de poteJet» H » d'entre loifc * ! »de
iablietes, Κ, Κ, λ U hauteur de
eliaque �tage»
Se dont k* tstrifiiif�� lot«
eflemblccs «Lin» le» |m>~
tcati* cormier»
; on met toujours deux cour� de
kbberes pour choque �t�fe * dont Int�rieure
fcff � i�lteruMage dit pan �e
bob , & «neutre, �
porter le bout
dct.foUvc* du plancher*
θα 'ikte 'te* na�t» de 'bob du cote des court i
rea*de cbaotBe fin* dei efpeccs de �oeJf ou de mur f
parptni d'environ J
pied» �le hauteur» ou fou pofe
une fahhete fkm laquelle on ai�embie let poteaux
eoimkri» le» htttflencs <k» portes & de* cro�ccs 9
kf d�chargea, β«* "Mail »quand on obtknt I«
wer»
«�J�on $m �kvef fur les rues, malgr� ks �roon*
<.?nM# #'/� '
                                   Τ
-ocr page 317-
&9�                       Cours
nances qui ont �t� rendues fur ce fujet i il ei|
d'ufage de les �lever au premier �tage ordinaire-
ment fur un poitrail Ν, pof� fur de bonnes jambes
��rieres Ο en pierres de taille. On met alors fur ce
poitrail ,pour ne point l'alt�rer, une fabliere qui
re�oit i'a�emblage des diff�rentes pi�ces du pan de
bois.
On doit proportionner la grof�eur des diff�rentes
pi�ces qui compofent un pan de bois � l'�tendue
& � l'�l�vation de la fa�ade, ainii qu'� la multipli-
cit� des vuides qui s'y trouvent. Commun�ment
on donne aux poteaux cormiers 9 & 10 pouces de
gros, aux d�charges & aux poteaux d'huifferie
6 & 8 pouces, aux fablieresy � 8 pouces, aux po-
telets & tourniffes 6 & 7 pouces. Toutes ces pi�ces
de bois s'efpacent environ � 10 pouces l'une de
l'autre, & s'affemblent � tenons & mortoifes, � l'ex-
ception des fablieres qui fe joignent � leur � bout
� mi-bois & � queue d'hyronde.
�nd�penclemment des ai�emblages, on fortifie
les liaifons des principales pi�ces d'un pan de bois,
fur-tout quand elles ont une grande hauteur par
des armatures de fer, \ des harpons , des �triers,
des �querres, des plate-bandes & des boulons,
tellement que toutes fes diverfes parties foient
d'une inh�rence parfaite, & ne puiffent agir que
toutes enfemble.
On eil mairre de �aifier les pans de bois
apparents, & en les peignant � l'huile en-d�hors,
ils fe confervent en cet �tat fort lorig-tems ; mais
dans les lieux o� 4e pl�tre eil commun, apr�s les.
avoir hourd� plein , on les latte de part & d'autre
� claire voie , & on les recouvre d'un enduit, ce
qui leur donne un plus beau coup d'�il. >
Quand on met un poitrail Ν fur le vuide d'u�®
-ocr page 318-
�>* � ft t �� I t E C Τ � il t*          i^li
Politique pour lui faire porter un niur, foit en pier-
re , foit en moilon j dans toute la hauteur d'uri
b�timent au deffus de fon rez-de-ehauff�e , il con-
vient de proportionner la grofleur � la charge qu'ils
fera d'obligation de fo�tenhv Il faut qu'il foit
de bois de bonne qualit� , bien fain , �viter de
lui donner trop de longueur , & obf�rver de l'�ta-
blir fur la tablette des jambes �trieres fans calles
fous fes port�es, en ayant foin fur-tout de le pofet
un peu en talud par dehors , de crainte qu'en
d�verfant, il ne f�t furplomber, par la fuite, le mut
qu'il fo�tiendroit (i).
Les cloifons de charpente, fig* LI, font
fort en ufage dans l'int�rieur des b�timents 8c
d'une fort grande commodit� pour leur diitri*
bution, attendu qu'elles m�nagent la place. Elles
font de deux fortes ; l�s unes portent planchers^
& les autres ne fervent que de f�parati�n* -
Les cloifons qui portent planchers , doivent ert
cons�quence monter de fond, & �tre pof�es � rez-
de-chauff�e fur des murs parpins de pierre de taille
d'environ iS pouces de hauteur fur 9 � 10 pouces
d'�paiffeur. Elles font compof�es de d�charges A #
de poteaux d'huifferie Β, de tournif�es C , de pote-*
lets D , d'une fabliere Ε , pof�e dans le bas fur l�
mur parpin, d'une autre fabliere F dans le haut, qui
( Ο II y eh � qui p�nfent qu'on augmente la fofce d'uri�
poutre ou d'un poitfail eft t� divif�nt en deux fuiVant fa lon-
gueur , & qu'au Heu � par exemple, d�mettre un poitrail de
18 pouces de gros il vaut mieux mettre, � c�t� l'une de l'autre
deux pi�ces de bois de champ de 18 Si $ pouces de gros a li�es
enfemble par des boulons OU des embiaflutes de fer : mais com-
ment fe perfuader qu'une poutre fci�e en deux fuivant- fa lon-
gueur acquie�ra par cette divifion plus de force, que iorfqu'elle'
etoit enti�re , & que tous fes fibres �toient. bien unis : c'eu �vi*
4emmefit un fyft�me deft�cu� d© fondement.
1                                     *r a.
-ocr page 319-
f�tyl                         Co U RS
porte le jjout des folives G, & d'une troifi�m�
iabliere tt, portant Taffemblage de la cloifonde
l'�tage fup�rieur.
On proportionne la groffeur des bois des cloifons
� leur hauteur, & au fardeau quelles auront � por-
ter: ii elles ont 12 � 14 pieds de haut, il fuffit de
donner aux poteaux 5 & 6 pouces de gros : fi elles
ont 14 � 18 pieds, on leur donne 6 & 7 pouces.
Les fablieres Ε & H, qui re�oivent l'aflemblage des
autres pi�ce de bois, ont commun�ment 6 pouces
d'�paiffeur, & de largeur 2 pouces de plus que les
poteaux , ii elles doivent �tre recouvertes des
deux c�t�s , & un pouce de plus fi les bois doi-
vent relier apparents.
Si la fabliere fup�rieure F , doit foutenir la
port�e des folives de deux planchers contigus,
il faut que les bouts de ces folives foient foutenus
�galement fur toute la largeur de la cloifon , c'eft-
�-dire , que les port�es foient pof�es � c�t� les
unes des autres : on donne en conf�quence � la
fabliere 7 pouces d'�paiffeur , fur 10 pouces de
largeur.
Les cloifons qui,ne fervent que de f�paration
n'ont pas bef�in de monter de fond , δε d'avoir
des bois aui�i forts que ci-devant. On les fait de
tiers poteaux de 3 pouces, fur 5 pouces de gros ;
& m�me , pour plus de l�g�ret�, au lieu de les
hourder | comme l'on fait d'ordinaire les pr�c�-
dentes, on les laiffe creufes, & l'on fe contente
de les latter & enduire. Quand elles font d'une
certaine hauteur , comme les poteaux feroient
en danger de plier, on les affemble dans des
Hernes , que l'on place vers le milieu pour dimi-
nuer leur longueur.
On fait les poteaux d'huifferie des bayes des
-ocr page 320-
d'Architecture.            293
portes, i�uvent � bois apparents , de fa�on �
former un efpece de chambranle avec un quart
de rond , ou une doucine entre deux filets fur
leur arr�te ; mais alors il convient de donner aux
huifleries 2 pouces d'�paiffeur de plus qu'aux
autres bois de la cloifon ii on doit la latter , afin
qu'en l'enduifant de chaque c�t� , il refte une
petite feuillure d'environ 1 pouce en dehors de
cette huiflerie pour recevoir le lattis. On fait
encore une pareille feuillure de chaque c�t� d'une
cloifon aux arr�tes du defiiis des fablieres d'en-
bas des cloifons , pour recevoir le lattis.
Il eil d'ufage de lahTer entre les poteaux des
cloifons , environ 10 pouces d'intervalle , & au
lieu de ruiner & tamponer leurs jou�es , comme
autrefois , quand on les hourde , on les larde
maintenant de rapointiflage pour retenir la ma-
�onnerie* »
                                            ,','
Quoique Ton puiffe placer les cloifons de f�-
paration � volont� , il faut cependant prendre des
pr�cautions dans la difpofition de la charpente
d'un plancher , quand elles ne peuvent �tre mifes
en travers f�r les folives , afin que chacune en
porte fa part. Si les cloifons font oblig�es d'�tre
pof�es fuivant la longueur des folives , il eft �
propos de les faire les plus l�g�res poifibles , d'y
placer des d�charges qui rejettent une partie de
fon poids vers fes extr�mit�s lat�rales o� font
les murs ; de pofer une folive plus forte que les
autres fous la fabliere , & m�me d�faire pofer la
cloifon, quand cela fe peut, fur trois folives,
par le moyen de barres de fer qui unifient en-
femble les deux folives les plus proches avec
celle qui eft particuli�rement charg�e de la cloifon.
il y en a qui, pour foulager la folive foufFrante 9
'                                ■■'■'■■'V;;:.,:.                                             ' .T'iij \
-ocr page 321-
SjW                       CO �RS
mettent encore des tirans dans r�paifleur �\in�
cloifon , qui l'embraiTent , & vont s'attacher fur
les d�charges.
On foutient quelquefois le bout d\ine poutre
fur une cloifon qui monte de fond , en mettant
d'abord fous le bout de la poutre une forte d�-
charge , dont le pied eft appuy� contre le mur
Vers la port�e de la fabliere , & dans la cloifon
de l'�tage fup�rieur une autre d�charge qui fou-
tient un tirant de charpente , & un �trier qui
embraffe le bout de la poutre en queftion. La
fig. LI, donne une id�e de cet arrangement ; A , eit
le bout de la poutre ; Β, fabliere qui la re�oit ;
C, d�charge , dont le pied eft affembl� fur la
fabliere inf�rieure , pr�s de fa port�e dans le
mur de face ; D , autre d�charge dans la cloifoa
Sup�rieure , dont le bas eft fortifi� par une em-
braffure de fer , & le haut par un li^n F ; JE , lam-
bourde aiTembl�e de part & d'autre fur la d�charge ;
G, tiran avec un �trier: qui embtaife le bout de
la poutre , & qui eil port� fur la lambourde E.
On fait encore une autre forte de cloifon beau-
Coup plus l�gere que les derni�res , & que les
�) Charpentiers ex�cutent �galement comme les
M�nuiiiers ; lefqueiles font compof�es de plan-
ches de bateau , d'un pouce d'�paif�eur, affem-
Id�es � claire-voie, haut & bas , dans des cotir
liiTes, & dans le milieu par des liernes , lorfqu'elles;
©nt une certaine hauteur ί on latte & enduit ces
��aifons, de forte qu'elles ont tout compris f,
pouces d'�paiffeur.
-ocr page 322-
'D'ARCHITECTURE.1          itf
C H APITRE I X/
Des Escaliers y Pl./CXXV.
^ANS les Maifons de quelque conf�qiience *
on fait d'ordinaire les principaux efcaliers ea
pierre, & ce p'eft gueres que dans les maifons
bourgeoifes ou pour des d�gagements que l'on fait
des efcaliers en charpente.
             -..-              r
Les Efcaliers les plus ufit�s en charpente font
de forme bblongue ouquarr�e, car on η en fart
gueres � noyau : il eil rare auffi que l'on faf�e
monter de fond les limons ou les poteaux qui les
portent; mais d'ordinaire on affede d'�vider les li-
mons , ou de lauTer un vu�de dans le milieu, pour
procurer plus de gr�ce aux rampants.
               
Lorfqne l'on fait le principal efcalier d'une mai-
fon en charpente,. on le place fur un mur
d'�chiiire,. fond� jufques fur le terrain folide , & ort
l'�lev� �rez-de-chauff� e fur un focle de pierre>.
qui a de hauteur commun�ment les deux pre-
mi�res matches que l'on fait auffi en pierre. Sur
ce focle on commence par pofer des, patins B,
qui font des pi�ces de bois de 8 a 9 pouces de
gros > & qui forment un efpece de volute vers la
premiere marche':.on pofe de champ fur ces
patins le limon A , auquel oa donne 4 & 10
pouces de gros , & dont on orne les arr�tes ap-
parentes de moulures ;. comme ce limon 's'�l�ve-,
en rampant, on- le fondent j'ufqu � une^cersune-
hauteur pat des poteaux qui y font a�sm^les %.
-
r
           f                          Τ �v
-ocr page 323-
ip6                       Cours
, ainii que dans le patin : on fait dans le limon
du c�t� des marches des entailles d'un pouce,
pour recevoir une de leur port�e, tandis que
l'autre fe fcelie dans le mur. Les marches des
efcaliers font plus ou moins longues , cela d�-
pend de la place que l'on a , & de l'importance
qu'on veut leur donner ; elles ont commun�ment
3 � 4 pieds , fur ι pied de largeur , & 6 pouces
de hauteur ; & l'on obferve de faire un quart de
rond avec un filet fur le devant de chaque mar-
che, & de les d�iarder par-deifous , afin de les
pouvoir �atter , & ravaler vers cet endroit.
On met � chaque �tage des marches-paliers,
., fcell�es dans les murs , d'une groffeur propor-
tionn�e � la longueur, dont la fonction eft de
porter prefque enti�rement les rampes des ef-
caliers.
Le difficile de leur ex�cution , eft de bien d�-
larder les courbes rampantes , & tournantes des
limons, & de faire avec juftefTeTaiiemblage de
fes diff�rentes parties , de maniere quedes fe
■'■» contre-butent de tous c�t�s , & fe 'foutiennent
en l'air, tant par le fecours des marches-paliers ,
ι que pair Taffemblage des limons , & des courbes
rampantes. On met d� diftance en diftance de
grands boulons de fer qui traverfent le limon >
ainfi que le de�Tous des marches, & qui vont
fe fcelier dans les murs de la cage de l'efcalier :
la t�te de ces boulons doit �tre encaftr�e dans le
limon , & l'affleurer. r «
Si les paliers font oblongs & de toute la lar-
geur de l'efcalier,, il n'eft b�foin que de marches-
paliers pour porter & contre buter le limon en
cet endroit. Leur plancher fe fait fans difficult�
avec des foliveaux aiTembl�s , fok d'un bout
%
-ocr page 324-
d'Architecture� �yf
dans la marche-palier , foit encore mieux dans
une lambourde adofl�e � la marche-palier, & de
l'autre fcell� dans le mur ;mais s'ils fontquarr�s&
s'ils n'occupent que la longueur des marches ,
on foutient ces paliers par une baffecule 9 c'eft-�-
dire , que l'on fcell� une pi�ce de bois de 12 ou
13 pouces de large, fur 7 pouces d'�pais, laquelle
eft plac�e diagonalement dans les deux murs, &
Ton fait porter � mi-bois en croix fur celle-ci une
autre pi�ce de bois fcell�e dans l'angle* par un.
bout, & dont l'autre va butter contre la rampe ,
& s'y attacher avec des �croux pour la fou-
tenir.
L'ufage eft de latter, comme nous l'avons dit
dans la Ma�onnerie, � lattes prefque jointives le
dei�bus des marches , de ma�onner lintervalle des
marches avec pl�tre & pl�tras , d'enduire le lattis
par-deifous le rampant de pl�tre,fin , δε de car-
reler par-deiTus le reliant du giron des marches �
fleur de la charpente : quant aux paliers , on les
hourde plein , en clouant du rapointii�age entre
lesfolives ; on les latte tant plein que vuide par-
deffous pour les plafonner, & par-deffus on laiffe
le bois des marches - paliers apparent , & Ton
�tend une fauffe aire fur les foliveaux pour re-
cevoir le carrelage.
Outre les ouvrages dont nous avons parl� ,
les Charpentiers font encore les poteaux de bar-
ri�re dans les grandes cours, ou au-devant des
fa�ades des principaux H�tels, qui font accom-
pagn�s de liffes , de fous-lifTes & de potelets.
Tous ces bois font ordinairement refaits propre-
ment en ce qui eil apparent� On orne le haut des
poteaux en forme de t�te ou de pomme , & les
arr�tes fup�rieures des Unes avec des moulures.
-ocr page 325-
298                       Cours ■
. Ils font encore les mangeoires <Jes �curies , les
racinneaux qui les portent, de m�me que les
r�teliers avec leurs roulons , & enfin les poteaux
qui font tourn�s au tour, & termin�s en boule.
Ils fournif�ent auffi les bois � l'ufage des �taye-
ments ainii que des pilotis , dont on fe fert dans
les fondations, & qui font compof�s de pilots %
de chapeaux , de racinaux , de liernes, &c. Et
enfin ils font les cintres de charpente qu'on em-
ploy� pour aifeoir les Toutes pendant leur ex�-
cution.
Explication des Planches, CXXIF& CXXV.
La f�g. L , eil l'�l�vation d'un pan de bois.
A , poteau cormier ou d'encoignure.
Β > poteau d'huiiTerie.
C,  poteau. ,"-',■
D,   d�charges que Ton nomme guettes , lorf-
qu'elles font aiTembl�es dans les poteaux d'huif-
ferie.
Ε, tournhTes.
G, contrefiches* /V
H, potelets.
I , entre-toife fervant d'appui aux croif�es.
KyK * fab�ieres portant � tous les �tages les?
affemblages du pan de bois.
L , bout des pi�ces de bois d'un plancher.
M, pi�ce de bois portant l'aiTemblage du plan-
cher bas de l'�tage en galetas.
, f Ν*, Poitrail au - deifus de l'ouverture d'une bouti-
que , & fur lequel eft ! une iabliete qui re�oit
�'aifemblage du pan de bois,
La fig. L19 eft l'�l�vation d'une cloifon mo�r-
tant de fand, & portant plancher,
-ocr page 326-
b ' � R C � I Τ Ε C Τ � R tl         tyf
� 5 d�charge fervant � reporter en partie le
fardeau des iab�ieres charg�es du plancher fup�-.
rieur vers les murs.
B,  poteau d'huifferie.
C,   Tourniffes affembl�es dans les d�charges»!
D , potelets.
E, fabliere pof�e fur un mur parpin au rez-de*
chauff�e.
F, autre fabliere fervant � porter les planchers G.
H , troifieme fabliere pour raffemblage dit bas
de la cloifon de l'�tage fup�rieur.
La fig. LU , eft un arrangement particulier de
cloifon , avec des d�charges pour foutenir le
bout d'une poutre que l'on feroit oblig� d'y pofer.
A , bout de la poutre.
Β , fabliere o� elle eft pof�e , & qui porte er*
jn�me-tems plancher.
C , d�charge dans la cloifon inf�rieure.
D , autre d�charge plac�e dans la cloifon �ii-
p�rieure , dont le pied eft affur� par un embraf-
fure de fer, qui le lie avec la fabliere.
Ε , lambourde port�e fur les d�charges , &
fortifi�e par une contref�che E.
G , poteau vers le bas duquel eft attach� un
�trier embraffant le bout de la poutre » & vers
le haut un autre �trier port� par la lambourde,
La PL CXXV , offre le d�velopement de la
charpente d'un efcalier.
La flg. LUI, eft le plan du rez-de-chauff�e, qui
fait voir la difpoiition des marches.
La fig. LIV , eft le plan de fefcalier au droit du
premier ��a^e , o� ion a fuppof� un grand & un
petit palier.
A , limon compof� de plufieurs courbes ram-
pantes d'affemblage � tenons & mortoifes aux
endroits, a>a.
-ocr page 327-
300                  ■ Cours
Β , grand boulon traverfant le limon & le
dei�bus des marches, pour �tre fcell� dans les
murs G.
D , palier � baflecule compof� de deux pi�ces
de bois, pof�es en croix , & affembl�es � mi-
bois.
Ε, marche-palier avec une lambourde , qui
re�oit l'aiTemblage des ibliveaux F du plancher
du palier.
La fig. LV,eil le profil del� charpente d'un efca-
lier pris au droit de la ligne Χ, Χ, fig. LUI & LIV.
A, limon port� fur un focle de pierre a.
Β, patin portant des potelets b , & le bas du
limon.
C , C , petits paliers port�s en baffecule.
D, profil des marches port�es dans le limon
& dans le mur.
                     /
Ε, Ε, marches-paliers.
4 SS-IL-ll-JL-iLA� A
. -TliiwnnnnrJ» fa».
WK&W
-ocr page 328-
d'Architecture.           3o�
C H A PI Τ R Ε Χ.
2?� �λ maniere de faire un
Devis pour les ou vra g es
ζ>� c harpe nt � ri e.
aL faut fp�cifier dans un Devis de Charpenterie la
qualit� des bois qui feront employ�s , & les
groffeurs qu'ils doivent avoir , � raiibn de leur
longueur ; laquelle groffeur varie fuiyant la po-
�ition horifontale , oblique ou debout, des pi�ces
de bois.
11 convient de diftinguer encore dans un Devis,
les pi�ces qui doivent �tre de brin , & celles qui
doivent �tre de fciage, ainii que les intervalles qu'il
faudra laiffer entr'elles : le tout conform�ment
auxmefures des plans & profils des planchers , des
combles, des pans de bois, des cloifons Se des
efcaliers qui doivent avoir lieu dans l'ex�cution
du b�timent dont il s'agit.
Comme l'expoiition & l'�nonc� des Devis de
Charpenterie , font en quelque forte* toujours
uniformes , & ne diff�rent gueres que par quel-
ques conditions particuli�res, nous avons choifi
pour modele un de ceux que l'on propofe aux
adjudications des travaux de Charpente dansles
B�timents du Roi, o� nous avons fait feulement
quelques l�gers changements que nous avons cru
n�ceffaires pour les travaux ordinaires.
-ocr page 329-
':)
301                    Cour i
DEVIS ET CONDITIONS
Des Ouvrages de Charpenterie � faire pour
la conflruclion d'une Matjon & jes d�pen-
dances,
DreiF� par M * * *, Architecte %
pour �tre ex�cut�s comme il fuit.
Premi�rement.
1 ous les bois feront de ch�ne , loyaux & mar-
chands , fains , nets , fans aubier, n�uds vicieux
ni roulures , bien affembi�s � tenons & mortoifes,
& chevill�s , le tout fuivant l'Art de la Char-
penterie. ,
Les planchers ferorit mis bien de niveau par*
deifus : toutes les folives feront pof�es de
champ, hors celles des entre-fols , qui feront
pof�es fur le plat ; elles feront efpac�es de 6
pouces d'entrevouX pour les folives de fciage, &
d'environ 8 pouces d'entrevoux pour les folives.
de brin , � moins qu'il ne foit ordonn� de les
mettre plus pr�s pour fortifier les planchers.
Les folives de brin auront les groiTeurs ci^
apr�s d�clar�es fuivant leurs longueurs, ainii que
les folives de fciage *, & feront obferv�es les en-
chev�trures ? chev�tres pour les paffages des
tuyaux des chemin�es, & les lin�oirs , aii droit
des vuides qu'il conviendra, auxquels on donnera
toujours ι pouce de plus de grofTeuf qu'aux
autres folives, �efqueiles auront toutes des port�es
jfuffifantes dans les murS�
Les poutres dans les planchers, oh. '� en feta
-ocr page 330-
y                          - ■
β ' A R':l� H t Τ Ε � Τ V R tl         |8|
employ�e, feront des groffeurs ci-apr�s d�clar�es ,
fuivant leur longueur : elles feront refaites , &
dreiT�es en leurs faces , & � vive arr�te , ainf� que
les folives qui porteront deiTus, lesquelles feront
apparentes, & feront feulement bien droites, lorf-
quelles feront recouvertes de pl�tre.
Les planchers � entrevoux ou avec des folives
& des poutres apparentes , feront bien de niveau
par-deffous ; toutes les folives apparentes feront
de fciage, efpac�es tant plein que vuide , bien
droites, & d'�gale �paiiTeur, refaites � la befaigue 9
& rabot�es par trois faces.
Les poutres apparentes qui porteront les trav�es
des planchers, cV defcendront de toute leur �paif-
feur fans �tre recouvertes de pl�tre ou de m�nui-
ferie , feront bien droites & d'�gale hauteur ; les
plus fortes pourront avoir au plus 2 pouces moins
de largeur � un bout qu'� l'autre > & feront refaites
par trois faces bien rabot�es, avec un talon ou
un quart de rond, & filet pouff� fur les arr�tes.
Les poutres qui remonteront dans l'�paiffeur 9
pour ne defcendre que d'environ leur moiti� au-
defTous des folives des planchers , & qui feront
recouvertes, en la partie qu'elles defcendront, de
pl�tre ou de m�nuiferie , feront bien dreiT�es en
ce qu'elles defcendront ; l�s lambourdes qui feront
mifes aux c�t�s pour porter lefdites folives , "fe-
ront auffi bien dreff�es , & d'�paiffeur �gale, pour
qu'elles joignent les c�t�s des poutres, & qu'elles
affleurent par-de�Tpus.
Seront mifes des planches fur les folives des
planchers de largeur convenables, pour qu'elles
Recouvrent au moins d'un ponce & demi fur cha-
que folive ; lesquelles planches feront rabot�es
jpar-deffous , quand elles refteront apparentes
'i
-ocr page 331-
j'04                       Cours
dans les entrevoux , & reileront avec leur trait
de fciage feulement , quand elles feront recou-
vertes de pl�tre.
Dans les planchers garnis de poutres, & d�-
f�mes � �tre plafonn�s , lefdites poutres feront
cach�es dans l'�paiiTeur des planchers de grofleur
& de longueur fuffifante pour avoir 15 pouces
de port�e par chaque bout.
Les lambourdes aux c�t�s d'icelles auront 6 &
10 pouces, & feront d'une feule pi�ce chacune,
I                 li�es avec lefdites poutres par des �triers de fer
plat, entaill�s de leur �paiffeur, qui les embraffe-
ront, & feront attach�s δε retenus par-deiius avec
/                 mantonets & chevilles.                                   '
Les folives des trav�es feront mifes bien de
niveau par-dei�bus ; celles qui exc�deront 12
pieds de longueur auront 6 & 7 pouces , & celles
de ri pieds & au-deflbus ,5 & 7 pouces de
gros , ou 6 pouces quarr�s': elles feront aiTem-
bl�es � tenons & mortoifes , & � pas alternative-
ment dans lefdites lambourdes, & feront port�es
du c�t� des murs , foit par des lin�oirs, foit par
des lambourdes de 7 & 8 pouces d'�carrii�age.
Les fab�ieres contre les murs pour porter les
folives feront de longueur n�ceiTaires, & auront
6 & 7 pouces de groifeur aux planchers de brin,
St 5 & 7 pouces aux autres ; elles feront entail-
l�es pour l'�paiiTeur des corbeaux , δε d�lard�es
pour la faillie des corniches.
Tous les pans de bois δε cloifons qui porteront
planchers, ainii que les cloifons de f�paration,
feront garnis de fablieres, entre-toifes, d�charges »
poteaux efpae�s de 10 pouces d'entrevoux * &
feront obferv�es les bayes des portes δε croif�es
■ n�ceiTaires,
-ocr page 332-
b*�RCH�T�CTul�i            %0f
t��eeflaires , qui feront marqu�es par les' plans,
avec linteaux, appui & potelets.
Seront faits tous les combles $ tant ceux qui
feront bfif�s que ceux � deux �gours , & en
appentis avec leurs a�Temblages de fermes Sa
demi-fermes * tant de croupe que de noues &
d'arr�tiers , garnis de jambes de force, liens, en-
traits , arbal�triers ou mohtans, poin�on, fa�tes
& fous-fa�tes , pannes de briiis , & autres de rem-
plhTag�, efTeliers& contre-i�ch�s, tafTeaux & chan*
tignolles , chevrons, coyaux , lucarnes droites $
bomb�es & cintr�es , & tout ce qui fera n�cef*
faire fnivant les plans, profils & mefures qui en
feront donn�s.
Seront pof��s d�s plate-formes fur l�s murs $
aiTembl�es � queue d'hyrond�, o� feront obferv�s
les pas des chevrons1, lefquels feront brandis fur
les pannes , & couronn�s par l� fa�te , �fpac�s d@
quatre � la latte, & les coyaux feront droits ou
cintr�s, bien attach�s fur lefdirs chevrons.
Seront faits tous les efcaliers avec limons droits
ou cintr�s , marches de palier & autres ; le tout
rabot� & quarderonn�.
L�s barri�res feront faites avec poteaux efpa*
ces fuivant la longueur des trav�es & des lii�es *
le tout de bois bien refait en foutes (es faces ,
'& quarderonn� fur l'arr�t� , iorfqu'il fera or^
donn�* .. '.- "■�■                                                       ■ .
Seropt faites , les mangeoires des �curies #
les r�teliers , & les piliers avec bois bien drefT�
& rabot�. L�s r�teliers feront garnis de roulons ?
& les piliers feront tourn�s*
fvni� V�. :                               $
-ocr page 333-
3o6                   Cours
Grosseur des Bois mis en ceuvr�
pour les Planchers.
Poutres.
LES poutres de 12 pieds dans-�uvre , auront
12 pouces de gros.
Celles jufqu'� 15 pieds dans-�uvre, auront 12
& 13 pouces.
Celles jufqu'� 18 pieds dans-�uvre , auront 13
& 14 pouces.
Celles jufqu'� 21 pieds dans-�uvre , auront 14
& I 5 pouces.
Celles jufqu'� 24 pieds dans-�uvre , auront I f
& 16 pouces.
Celles jufqu'� 27 pieds dans-�uvre, auront 16
& 17 pouces.
Celles jufqu'� 30 pieds dans-�uvre, auront 17
& 18 pouces.
Celles jufqu'� 33 pieds dans-�uvre 9 auront 18
& 19 pouces.
Celles jufqu'� 36 pieds dans-�uvre, auront 19
& 20 pouces.
Solives de Sciage.
Les folives de fciage, jufques & compris 9
pieds de long, auront 4 & 6 pouces de gros ,
6  les enchev�trures feront de 5 & 7 pouces.
Celles jufqu'� 12 pieds de long , auront 5 &
7  pouces, & les enchev�trures 6 & 7 pouces
de gros.
                                                 ,
Celles de 15 pieds de long, auront 6 &7
pouces de gros , & les enchev�trures 7 & β
pouces de gro%.
-ocr page 334-
d'Architecture,          307
Solives de Brin.
Les iblives de brin jufqu'� I ) pieds de long ,
auront 6 & 7 pouces de gros , & celles d'enche-
v�trure 7 & 8 pouces de gros.
Celles jufqu'� 18 pieds de long , auront 7 & 8
pouces , & les enchev�trures 8 & 9 pouces.
Celles jufqu'� 21 pieds, auront 8 & 9 pouces,
& les enchev�trures 10 & 11 pouces.
Celles jufqu'� 24 pieds , auront 10 & 11 pouces,
& les enchev�trures 1 2 & 13 pouces.
Celles jufqu'� 27 pieds, auront 1 % & 13 pouces ,
& les enchev�trures 14 & 1 5 pouces.
Celles jufqu'� 30pieds, auront 13 & 14 pouces,
& les enchev�trures 14 & 1 j pouces.
Pans de Bois & Cloifons,
Tous les poteaux feront de 5 & 7 pouces ,
efpac�s de Ι ο pouces d'entrevoux: les fablieres par
bas , feront de m�me gro�em* ; & celles d'en haut
recevant la port�e des folives, de 9 & ι ο pouces
de gros, pof�es fur le plat ; les entre-toifes & d�-
charges , de 5 & ι ο pouces ; Iqs poteaux cor-
miers � proportion de leur hauteur, & les autres
fablieres des pans de bois au droit des entable-
ments j auront 9 & 10 pouces; tous lefdits po-
teaux feront ruin�s & tampon�s ii befoin eil :
les poteaux d'huii��rie � bois apparent feront
refaits , avec quart de rond par dehors , & re-
feuill�s aux trois autres arr�tes pour recevoir les
lattes.
Aux cloifons qui porteront � faux fur les plan-
-ocr page 335-
goB                   Cours
chers » les fablieres , poteaux & entre-toiles \ fi
fcefoin eil, feront de 4 & 6 pouces , ou de tiers
poteaux , fuivant les ordres qui feront donn�s ,
& efpac�s , comme il eil dit ci deifus.
Les autres cloifons de planches de ch�ne, de
bateau -, refendues en deux , feront efpac�es de
3 pouces d'entrevoux, avec couliiTes & huifferies
des portes, faites avec des chevrons de 3 ou 4
pouces.
Comble s.
Les plateformes fur les murs & femelles aux
pieds des jambes de force , auront 4 & 11 pouces
tle gros , & feront aifembl�es � queue d'hyronde.
Entrait s.
Les entraits ou tirans qui porteront planchers 3
feront des grofTeurs , ci-apr�s d�clar�es, f�avoir ;
Les entraits de 12 pieds de longueur, auront
9 & 10 pouces de gros, s'ils portent planchers y
& ceux de m�me longueur qui ne porteront pas
planchers , auront 8 & 9 pouces.
Ceux jufqu'� 15 pieds, auront 10 & 11 pouces,
& fans planchers 8 & 9 pouces.
Ceux jufqu'� i8 pieds, auront 12 pouces, &
fans planchers 9 & i� pouces.
Ceux jufqu'� 21 pieds, auront 12& 13 pouces,
& fans planchers II pouces,
Ceux jufqu'� 24 pieds , auront 13 & 14pouces,
& fans planchers 11 & 12 pouces.
Ceux jufqu'� 27 pieds, auront 14 & I 5 pouces,
& fans planchers 12 pouces de gros.
Ceux jufqu'� 30 pieds, auront � 5 & 16 pouces,
& fans planchers 13 & 14 pouces,
-ocr page 336-
d'Architectur κ.           v _,
Ceux jufqu'� }} pieds , auront 16 & 17 pouces �
& fans planchers 14 & 15 pouces.
Ceux jufqu'� 36, auront 17 & 18 pouces, &
fans planchers 15 & 16 pouces.
Jambes de Force.,
Les jambes de force de 6 pieds de longueur *,
auront 6 & 7 pouces de gros..
Celles de 9 pieds , auront 7 & 8 pouces.
Celles jufqu'� I.5 pieds , auront 9 & 10 pouces*.
, �es eff��ers & �es liens , � proportion..
Arbal�triers.
\ Les arbal�triers, jufqu'� 9 pieds de longueur ^
auront 5 & 7 pouces de gros.
Ceux jufqu'� iz pieds, 6 & 7 pouces.
Ceux jufqu'� 15 pieds > 7 & 8 pouces«
Ceux jufqu'� 18 pieds ,8 & 9 pouces«..
, Ceux jufqu'� 24 pieds, 9 & �o pouces            *
Poin�ons,.
Les poin�ons de 9 pieds d� longueur » feront
de 5 & 7 pouces de- gros.
Ceux jufqu'� 12 pieds , de 6 & 7 pouces-.
Ceux jufqu'k I f pieds , de 8 pouces.
Ceux jufqu'� 1.8 pieds., de 9 pouces-de-grog.
Pannes & Ckevrom-*
Les pannes de 9 pieds jufqu'� 12 pieds, auront*
|: & 7 pouces,,.
                                           i
Celles jufqu'� l J' pieds, 7 & 8 pouces;
Celles jafqii�'.1.8 pieds-, 8 & $ pouces.
L.ejs. �h�yrons de 3 & 4 pouces de gros*
1
-ocr page 337-
j ίο                       Cour s
�Les coyaiix de 2 & 4 pouces de gros.
Les bois des lucarnes feront des longueurs &
groiTeurs n�ceflaires fuivant leur d�coration.
Les Noues.
Les noues jufqu'� 6 pieds de long, feront de
7 & 8 pouces de gros.
Celles jufqu'� 9 pieds, de 8 & 9 pouces.
Celles jufqu'� 12 pieds , de 9 & ι ο pouces.
Celles jufqu'� 1 5 pieds, de 10 & 11 pouces.
Celles jufqu'� 18 pieds, de 11 & 12 pouces.
Et au-deifous, � proportion.
Arr�tiers.
Les arr�tiers jufqu'� 9 pieds , auront $ & 7
pouces.
                                         '
Ceux jufqu'� 1 2 pieds , 6 & 7 pouces.
Ceux jufqu'� 15 pieds \ 7 & 8 pouces.
Ceux jufqu'� 18 pieds, 8 & 9 pouces.
Et au-dei�us, � proportion.
Faites & Sous-Faites.
Les fa�tes & fous-fa�tes de 9 pieds , auront 4
& 6 pouces.
Ceux de 12 pieds , 5 & 7 pouces.
Ceux de 1 5 pieds, 6 & ψ pouces.
Et au-deifus, � proportion.
Les liens au-deflbus , auront 4 & 6 pouces a Si
5 & 7 pouces , f�lon leur longueur.
Mangeoires.
Les devants des auges feront de 3 & 14
pouces.
-ocr page 338-
d'Architecture.            ju
Lesfonds, de 3 δε 12 pouces.
Les poteaux des mangeoires , de J & 9
pouces.
Les racinaux, de 5 & 7 pouces.
Les r�teliers de chevrons de 4 pouces , garnis
de roulons tourn�s.
Les poteaux des �curies feront de bois de 6
pouces de gros , tourn�s avec t�tes rondes par le
haut , & aflembl�s dans des fouillards par le
bas.
L'Entrepreneur ne pourra exc�der les groi�eurs
des bois port�es par le pr�fent Devis , pour
quelque raiibn que ce puii�e �tre, fans un ordre
par �crit de l'Architede, � peine d'�tre diminu�
dans le toif�.
Pour l'ex�cution defquels Ouvrages , l'Entre-
preneur , fournira tous les bois n�cef�aires , des
qualit�s & dimenfions port�es par le pr�fent
Devis , & tous les �quipages , voitures , peines
d'ouvriers, enfin toutes les choies g�n�ralement
quelconques , pour rendre lefdits ouvrages bien
& duement faits & parfaits au defir du pr�fent
Devis , dans le tems de . . . . , . &
fuivant les plans & dei�ins qui lui en feront
donn�s par l'Archite&e : le tout fera toif�
fuivant les us & coutumes de Paris ? & fuivant les
prix ci-deifous d�clar�s.
S C A V O IR.
POUR chaque cent de bois r�duit � l'ordinaire »
des planchers , combles , pans de bois , cloifons ,
efcaliers , & autres de toutes longueurs &
Viv
1
-ocr page 339-
pi                    Cours
grofTeurs mifes en oeuvre , y compris les poii^
tres jufqu'� 24 pieds , la fomme de . . . «
Pour chaque cent de bois aux planchers qui
feront apparents & refaits, tant poutres jufqu'�
24 pieds, folives , limons, rampes, que marches,
cTefcaliers, bois de lucarnes rabot�s & quard�-
ronn�s , barri�res & mangeoires , la fomme
Φ �. ■ . ,',...-. . ., . . . .",'''.
A l'�gard des poutres au-def�us de 24 pieds
de longueur, elles feront �galement r�duites au
cent, comme ci-devant , & il fera pay� pour
chaque cent, r�duit la fomme de . . . . ,
Pour chaque cent de vieux bois remploy�s &
mis en �uvre , compris la d�molition , il fera
pay� pour fa�on , la fomme de .... ,
Et pour ce qui efl: des autres vieux bois qui
feront d�molis, & qui ne feront pas remploy�s
^n totalit�, ils feront donn�s en compte � ΓΕη-^
trepreneur, & d�duits fur le montant de fes ou-
vrages , pour chacun cent defdits vieux bois 9
y
compris la d�molition , la fomme de % . ,
Les chevalemens & �tayemens employ�s pou�
foutenir les murs par-deffous-�uvre , s'il y a
lieu, feront pay�s par chacun cent r�duit, H
fomme de . . , . , ! -. . . . » , �
Apres avoir fix� le terms des paiements defditst
puvrages
, on fait reconno�tre h Devis en queftiofy
jMrdevant JVotaire, &�. &c.
-ocr page 340-
d'Architecture.          315
DE LA COUVERTURE
DES B�TIMENS,
Pl. CXXVI et CXXVIl
V/N couvre les b�timents, foit avec du chaume^
fok avec des rofeaux, foit avec du bardeau (1),
foit en laves ou pierre plates (2), foit avec de
la tuile, foit avec de l'ardoife. De ces diverfes
fortes de couverture , il n'y a que celles en tuilq
& en ardoife , qui m�ritent une attention parti-
culiere , les autres n'ayant lieu que dans les cam-�
pagnes, & quand la n�cei��t� l'exige.
(1) Le bardeau fe. fait avec des douves de merain ou da
"Vieilles futailles, & ne s'employe gueres que pour couvrir les.
moulins , les �choppes & autres b�timents femblables. Il eft
compof� de planches de 15 pouces de long , clou�es fur d'autres
planches jointives qui lui fervent de. lattis, Cette force de
couverture eft de peu de dur�e, mais elle ne laiiTe pas de bien;
rei��ter aux vents , � la gr�le , &c.
(1) La couverture en pierres plates ou en laves 3 eft en
nfage en Bourgogne , en Franche-Comt� & en Lorraine. Ces
fortes de pierre ont deux pieds de longueur fur 7 � 8 lignes
O/�paiiTeur,
-ocr page 341-
|�4                          C O � R S
CHAPITRE PREMIER.
De la Couverture en Tuiles.
Ij A nature de la terre dont on fabrique les tuiles,
n'inikie pas moins fur leur qualit� , que le degr�
de lear cuifon. Pour qu'une tuile foit r�put�e
Bonne , il faut qu'elle foit fonore quand on frap-
pe deiFus avec le marteau, qu'elle fe brife diffi-
cilement , & qu'elle foit �galement cuite dans fort
int�rieur, comme � fa fuperficie , fans cependant
eire vitrifi�e. Car, quand elle n'eft pas affez cuite,
�ile fe feuillette & tombe en morceaux. Sa
couleur eil aiTez indiff�rente � fa bont�. On pr�-
f�re � Paris la tuile que l'on tire de Bourgogne,
� toutes les autres. Cell "de toutes les couver-
tures celle qui eil la plus folide , qui dure le
plus , & qui refifte le mieux aux injures de
fair.
La forme des tuiles n'eft pas la m�me par-
tout ; dans cette Capitale & dans la plus grande
p�me de la France , on couvre les b�timents
avec des tuiles plates ; mais en Italie, en Hol-
lande , en Angleterre, en Flandres, & dans une
partie de l'Allemagne , on les couvre avec des
tuiles creufes , ou avec des milles faites en S.
La taille plate eft de deux fortes , l'une que
l'on nomme le grand monte, ou le grand �chan-
tillon , qui a 13 pouces de long , fur 8 � 9
pouces de large; l'autre qu'on appelle U petit
moule
, ou le petit �chantillon , qui porte 10
-ocr page 342-
d'Architecture.            315
pouces de long , fur 6 � 7 pouces de large. Ces
tuiles ont un crochet en dei�ous par le haut,
pour les retenir fur la latte, ainfi qu'on le voit
en a&e, fig. I,Pi.CXXVI.
Les tuiles du grand moule ou �chantillon fe
pofent � 4 pouces de pureau. On-appelle pureau
la partie a, fig, X , de la tuile ou de l'ardoife,
qui n'en: pas recouverte, ou que l'on laifie appa-
rente fur un toit : on le regle environ au tiers de la
hauteur de la tuile. Il faut cent-cinquante tuiles
du grand moule pour faire une toife quarr�e
d'ouvrage : ainii un millier fuffit pour op�rer
environ 6 toifes § de couverture.
Les tuiles de petit �chantillon fe pofent � 3
pouces de pureau , & il en faut, pour chaque
toifes d'ouvrage, deux-cent quatre-vingt-dix,
ainfi le millier peut faire �-peu-pr�s 3 toifes
fuperficielles.
La latte pour la tuile fe nomme latte quarr�e;
c'eft un efpece de regle qui a d'ordinaire 4 pieds
de longueur , pr�s de 2 pouces de largeur , &
4 lignes d'�paifleur. La meilleure eft de bois de
ch�ne ; elle doit �tre de droit fil, fans n�uds ,
ni aubier ou bois blanc, & d'une �gale �pahTeur
dans toute fa longueur : il y en a cinquante-deux
� la botte. Il faut vingt-fept lattes pour une toife
quarr�e d'ouvrage du grand moule, & trente-iix
pour une toife quarr�e du petit moule ; le tout
fans comprendre la contre-latte , lorfqu'on en
admet entre les chevrons.
Chaque latte doit �tre clou�e avec quatre
clouds fur quatre chevrons qui font , comme
l'on fait, efpac�s commun�ment de 16 pouces de
milieu en milieu. Les clouds � latte font de deux
©fpeces ,. i'u# � t�te rqn4e a l'autre en aile de
-ocr page 343-
316                       Cours
mouche. L'eiTentiel eft que la tige de ces c�buds
ne Toit point trop gro�e aupr�s de la t�te, de
crainte quelle n� fafle fendre la latte. H entre
environ une demi-livre de clouds par chaque
toife d'ouvrage du grand moule, & une demi-
livre & un quart pour celle du petit moule.
On fait les combles i foit � la Fran�oife ou �
deux �gouts , foit brif�s ou eh manfarde y c'efl
au Charpentier � les difpofer fuivant la pente
& la forme convenables, ainii qu'il a �t� expliqu�
dans le Chapitre pr�c�dent.
Les mat�riaux �tant reconnus de bonne qua*
�ic� , le premier foin d'un Couvreur eil d?�bfer~
ver ίι les chevrons font de iiage ou de brin. S'ils,
font de fciage , comme de coutume, ils onjent
volontiers un plan bien un� ; mais s'ils font de
brin , il y en a qui s'�l�vent en contre-haut, &
d'autres au contraire qui courbent en contre-bas..
Dans le dernier cas , il eft � propos que lOur
vrier commence par dreffer la charpente , en
hachant avec fonaffette C,fig. XX , PL CXXV1T,
la partie du chevron qui s'�l�ve trop haut*
Vajfette eft un efpece de marteau, dont le c�t�
a eft tranchant , & dont le c�t� b offre une fur-
face plate , pour enfoncer des clouds. Quant
aux parties des chevrons qui. defcendent trop bas ,a
l'Ouvrier y attache une foitrure ou une latte,
& ce n'eft qu'apr�s avoir �galif� le toit qu'il en»
�reprend fon latti.
Le latti fe fait toujours en commen�ant par les.
�gouts ou le bas du toit, & en le pourfuivant
jufqu'au fa�te. Il y a de deux fortes d'�gouts, les
uns font penda-ns , & les autres retrouff�s-.
Les �gouts pendans, fig. VI, n'ont gueres lieu
que dans les fermes, 1©$ |>atimenis de; la �a«*�*-
-ocr page 344-
fc*AR�HITEC�URE.       pj
^agne, & quand on ne termine pas le haut des
murs par une corniche Taillante , pour en �carter
les eaux pluviales. On les op�re, en clouant vers
le bas des chevrons g, auquel on fait exc�der
le dehors du mur #, un cours de chanlattes d 9
qui font des efpeces de planches de 6 � 7 pouces
de largeur, fur 2 pouces γ d'�paiffeur .> refendues
diagonalement ; nous avons repr�fent� � part ,
fig. VII, une de ces chanlattes , dont on met le
c�t� le plus �pais en contre-bas fur le bord de
legout, pour le faire un peu relever.
Les �g�uts retrouiT�s , f�g, Viil, fe font en
pla�ant le pied des "chevrons b, jufques vers le
bord d'un mur, qui eil termin� par une corniche
de pierre, de briques ou de pl�tre ; & m�me ,
pour peu que cette corniche ait de faillie, on
ajoute vers le bas des chevrons , comme il a �t�
expliqu� dans la conftruftion des combles en
charpente, des coyaux que l'on avance jufques-
l�, & alors on defcend le lattis jufqu'au pied des
coyaux , en montant jufqu'au haut du toit.
On obferve dans la pofe des lattes b, b , f�g. XI,
de les arrafer � la m�me hauteur , & de les clouer
fur chaque chevron a , � une diiiance , telle
que la tuile ait pour pureau �-peu-pr�s le
tiers de fa hauteur , � prendre du deifous du
crochet. S'il s'agit, par exemple, d'employer du
grand �chantillon , on cloue d'abord des cours
de lattes b,b , avec quatre clouds fur quatre
chevrons, depuis le bas du toit jufqu'au haut ,
� 8 pouces de d�ftance , ce qui s'appelle , en
termes de Γ'Art, faire kb�� : enfuite on place, entre
ces cours de latte b, b, d'autres rangs de latte
^, b., en bonne liaifon avec les pr�c�dents, afin
que leurs extr�mit�s n'aboutiflent pas toutes fur
-ocr page 345-
3*8                       Co v R s
les m�mes chevrons : par ce moyen les chevrons a
fe trouvant li�s par les lattes , l'un ne pourra
couler fans l'autre , & il en r�fultera � la fois
plus de folidk� , tant pour la charpente, que
pour la couverture ; cette f�conde op�ration fe
nomme, en termes de l'Art, faire le rempli. Ainii,
comme l'on voit , la diitance entre le b�ti & le
rempli, eil ce qui d�termine la hauteur du pu-
reau, laquelle doit varier fuivant qu'on employ�
des tuiles du grand ou du petit �chantillon (i).
En fuppofant qu'� caufe de la grande diitance
des chevrons , les lattes ne porta�Tent que fur
trois , il feroit � propos alors de clouer par-
deffous les lattes des contre-lattes c parall�lement
entre les chevrons , de crainte que les lattes , en
c�dant fous le poids de la tuile, ne f�i�ent
des ondes fur le toit , comme on en remarque
fouvent quand on n'a pas pris cette pr�caution.
Le latti �tant termin� L on pofe la tuile , en
commen�ant auf�i par les �gouts d. Si T�gout eil
pendant, on place un rang de tuiles r�duites au f de
'fa longueur, appelle fous-doubli, fur la chanlatte
d, fig. VI, qui la d�borde d'environ'4 pouces ; &
fur celui-ci on pofe en liaifon un rang de tuiles
enti�res, appelle le doubli , que l'on arrafe par
le bas au pr�c�dent, fans laiiTer � de pureau , &
que l'on � foin d'accrocher au premier rang
de latte > clou� au-deflus de la chanlatte. On
continue la couverture, toujours en s'�levant ,
& en accrochant � la latte les rangs de tuile ,
bien jointivement, en bonne liaifon , & de fa�on
� recouvrir , comme il a �t� dit, les f de la
longueur des tuiles du rang inf�rieur, jufqu'� ce
(5) Art du. CouvreurΛ pages 13 & 16.
-ocr page 346-
d'Architecture.        yt$
que le toit fe trouve enti�rement couvert ; ii
c'eft du grand moule , il r�it�ra 4 pouces de
pureau, & fi c'eil du petit mouie, 3 pouces.
Mais ii r�gout eit retrou if� , fig. Vill'j on
peut le faire fimple ou double. Les {impies font
compof�s de deux tui�es, & les doubles de cinq
tuiles ; bornons-nous ici � expofer comment fe
font les fimples, qui font les plus ordinaires. On
pofe d'abord fur le devant de la corniche un rang
de tuile a, un peu en pente en dehors , & fail-
lant d'environ 4 pouces au-del� , pour former le
fous-doubli, & Ton place au - deflus en liaifon
& d'arrafement, un autre rang de tuile b , pour
former le doubli ; lesquels rangs de tuile fe ma-
�onnent en pl�tre ou en mortier,
Il y en a quidifpofent les tuiles a du fous-doubli
diagonalement , comme dans la fig. IX , de
maniere � pr�fenter leurs angles en dehors par-
deffous le toit ; alors on noircit ou rougit les
tuiles du doubli b , & l'on blanchit les tuiles du
fous-doubli a, ce qui forme en deffous un efpece
de compartiment. Cela �tant fait, on poi'e fur le
doubli le premier rang de tuile d fig. VIII', qui doit
l'affleurer &' s'accrocher � la latte, & �on conti-
nue , comme ci-devant, � accrocher les tuiles par
rang le long des cours de latte , en faifant fans
ceiTe- attention que le milieu de la largeur de
chaque tuile du rang fup�rieur recouvre les joints
de l'inf�rieur.
Le Couvreur �tant parvenu au haut du toit,
recouvre la jonction des tuiles des deux c�t�s
avec des fa�ti�res , ou des efpec.es de tuiles
ereufes , fig. IV , qui ont 14 pouces de long,
& affez de largeur pour former un recouvrement
de 4.pouces fur tes tuiles de chaque c�t�. lieft
-ocr page 347-
320                      Cours
d'ufage de pofer � {�c ces fa�ti�res � im poll*
ce | de diftance l'une de l'autre, & de remplir
leurs joints en mortier, ou pl�tre par un efpece
de filet g , fig. XI , relev� en forme de cr�te.
On fait des couvertures � clair-voies, comme
dans la fig«, XII, en laiflant entre chaque tuile
la moiti� de fa largeur , ce qui en employ� envi-
ron moiti� moins ; mais il s'en faut bien que ce
proc�d�, dont on ne fait ufageque par �conomie,
Toit aui�i foiide que le pr�c�dent.
Un toit 5 foit de tuiles, foit d'ardoifes , eft
compof�, outre les �gouts & les fa�tes, d'arr�»
tiers, de noues, de tranchis , de niell�es; e'eit
pourquoi il eil bon de faire connokre f�pare*
r��ent ces diff�rents objets.
Un arr�tkr, �ft un angle faillant qui termine
la croupe d'un toit* Pour le faire , on dimi*
nue la largeur des tuiles par le haut, & on les
taille de maniere � conferver le crochet � leur
rencontre fur l'angle, fi non on les cloue fur
l'arr�tier , & , attendu que les tuiles ne fau*
roient fe joindre bien exactement � leur rencontre
fur l'angle , on recouvre cet angle faillant d'un
filet de pl�tre d'un pouce & demi de large , lequel
d�borde de part & d'autre fur les tuiles.
Une noue, eil au contraire un angle rentrant
form� par la rencontre de deux toits , en ma-
niere de goutti�res : dans les couvertures en tuile ,
elle s'op�re , en pla�ant avec mortier & pl�tre,
vers cet endroit, des tuiles creufes qui forment
le fond de la noue, & qui re�oivent de c�t� &
d'autre les tuiles des deux toits.
* Lorfqu'un toit aboutit contre un arretier ou un
mur pignon plus �lev� , on nomme tranchi le der-
nier rang de tuile a lequel eil compof� de demi-
lu�e$
;
-ocr page 348-
B*AftcH�TECTUJl�.'        |lt
tuiles & de tuiles enti�res , & on appelle rudli�
�e filet de mortier ou de pl�tre dont on garnit la
jonction du tranch�
On fait quelquefois l�s chaperons des murs eit
tuiles , & pour cela on affeoit fur du pl�tra
un doubli & un fous-doubli, qui d�bordent un
peu l�s deux c�t�s du mur % <§c Ton recouvre
le milieu par des fa�ti�res , comme le haut d'un
� toit.
Quand'on veut employer des tuiles cretifes
pour une couverture, il eil d'ufage de faire les
toits tr�s - plats, & on cloue des planches voliges
bien jointivement fur les chevrons , & on les
arrange , f�g. I� & III y � recouvrement depuis
��gout jufqu'au fa�te. Il y a de ces tuiles qui font
faites �-peu-pr�s comme les fa�ti�res , & dont on
place alternativement la convexit� tant�t en
deffus, tant�t,en deifous, le long d'un rang de
tuile : il y en a d'autres qui font faites en Ζ »
f�g. V» avec un petit bourlet en fens contraire �
leurs extr�mit�s ; on place ces tuiles de fa�on
que le crochet du deifous entre dans celui du
deifus de la tuile fuivante : enfin, il y en a qui font
faites en S romaine » f�g. III. Rarement les tuiles
ereufes ont des crochets ; il n'y a gueres qu'en
Hollande , o� les tuiles en S font fort en vogue,
& o� on les accroche � la latte comme la tuile
plate. L'ufage eil de ne leur donner encore dans
ce pays qu'environ un pouce de recouvrement &
de maftiquer les joints de ce recouvrement en
dedans du toit , ainfi que ceux de rencontre
avec les tuiles voiiines. Ces couvertures font
extr�mement fo�ides, les r�parations y font rares;
comme elles font beaucoup plus legeres que celles
des tuiles plates » � raifon de leur tr�s-grand pu-
Tome FL
                                        X
-ocr page 349-
lu                      Cours
reau, elles n'exigent pas une charpente auifi forte.
Les Couvreurs fournirent des goutti�res de bois
de ch�ne que l'on peint de noir � l'huile pour les
conferver : quand elles font de bois bien fain ,fans
�corce & fans n�ud vicieux, quoiqu'elles ne foient
pas autant de dur�e que celles en plomb, elles ne
�aiiTent pas de faire un bon fervice.
On �claire les greniers , ou bien on leur donne
de l'air par des vues de fa�ti�res , des ceuils de
b�uf, fig. XIII, & des lucarnes, foit � Damoifeile,
foit � la Capucine , foit � Chevalets ; c'eft au Char-
pentier � difpofer ces lucarnes , le Couvreur ne
fait que les couvrir fuivant leurs diff�rentes figures,
foit en tuiles foit en ardoifes , en obfervant les
tranchis & les �go�ts convenables.
-ocr page 350-
d'Architecture, 325
:. ■-': .■'■ ,).'. ■■,'■■' " ?"'"" '.- ' ■ι'?';ΐ ' -. ''",:■, ■''.'■*■' '-                                                        /'
jtg- 1Μ#Ί       '-.ι     .^V^X-gfT^gAtilA ...........n --■
CHAPITRE II
De la Couverture en Ardoise.
τ                                                                                                                  ■ ■'■'■'■",.
iL Ε S couvertures d'ardoife font plus belles plus
agr�ables � la vue que celles en tuile, & dailleurs,
ne chargent pas autant la charpente. On employ�
� Paris des ardoifes de cinq �chantillons diff�rens»
dont quatre fe tirent des carri�res pr�s d'Angers,
f�avoir; la gro�e noire, qui a 12 � 13 pouces de
long fur 7 � 8 de large ; la quarr�e forte., qui an
� 12 pouces de long fur 7a S pouces de large;
cette ardoife eil celle qu'on employ� le plus com-
mun�ment, il en faut 172 par toi�e, c'eil-�-dire,
qu'un millier fait 5 toifes f environ; La quarr�e fine
qui eil un peu moins large que la pr�c�dente, &
quia au plus 11 pouces de long ; la quartelene_,
dont on fe fert pour les D�mes , & qui eil d'un
�chantillon de diff�rentes grandeurs, tel que 8 , 9
& io pouces de long fur 5 pouces � & 6 ponces f
de large : il en faut � peu-pr�s 312 pour une toife ,
de forte qu'avec un millier on peut faire au moins
3 toifes d'ouvrage.
Quant � l'ardoife du cinqui�me �chantillon, il
fe tire de Mezieres & de Char�evil�e ; elle eil plus
longue & plus large que la gro�e noire, mais elle
eil peu eilim�e , vu qu'en g�n�ral elle paife pour
�tre fujette � fe fendre.
Dans les couvertures d'ardoife , le pureau eil
environ 4 pouces , c'eil-�-dire, le tiers de la hau-
teur de l'ardoife, � l'exception de la'quarteletre
� laquelle on ne donne tout au plus que 3 pouces.
X ij
-ocr page 351-
3M                    Cours
On employ� quelquefois de la latte quarr�e
comme pour la tuile, � laquelle on donne 3 pou-
ces de largeur, mais pour faire de meilleur Ouvra-
ge , on fe fert commun�ment de lattes de fciage de
4 pieds de long fur 4^5 pouces de large , dont
la botte eft de 16 lattes. Il entre 18 lattes par toife
quarr�e ; ainii une botte fait prefque une toife &
demi. Sa perfection eit d'�tre de bois de ch�ne, fain,
de droit fil, fans n�uds, aubier, ni pourriture. Ou-
tre la latte, on met entre les chevrons, des con-
tre-lattes de fciage de 4 pouces de largeur fur
8 lignes d'�pai�Teur. Ces contre-lattes fe vendent
au cent ou au grand cent de toifes de 21 bottes,
formant chacune 10 contre-lattes de 6 pieds, ce
qui produit 210 toifes de longueur. Il faut environ
5 toifes de longueur de contre-lattes par chaque
toife quarr�e. Chaque latte s'attache fur quatre
chevrons avec deux clouds fur chacun , � un
pouce ~ de diftance* l'une de l'autre , en bonne
liaifon comme pour la tuile ; & la contre-latte fe
cloue pardef�bus les lattes, entre les chevrons, auf�i
avec deux clouds � la rencontre de chaque latte.
Souvent, au lieu de lattes,pour rendre l'ouvrage
plus propre , & fe difpeni�r de contre-latter, on
met fur les chevrons de la latte volige, qui eft faite
de planches de fapin de 6 lignes d'�paiffeur, &
refendues de la largeur de 6 � 7 pouces fur environ
6 pieds de longueur : on les attache avec 3 clouds
fur chaque chevron.
Le cloud � latte eft le m�me que pour la tuile 9
fi ce n'eit que l'on pr�f�re celui qui a une t�ts
plate t connu fous le nom d1'aiL� de mouche ; fa lon-
gueur eil d'environ un pouce : il en faut pr�s
d'une livre par toife quarr�e ? tant pour le lattis
que pour le contre-lattis.
-ocr page 352-
d'Architectu re.          J2f
Le eloud � ardoife eft un peu moins fort, & i�
en entre � peu-pr�s une livre ~ par toife.
Le Couvreur ayant dreff� le deifus des chevron*
bien de niveau', s'ils en ont befoin, en hachant ce
qui eil trop �lev� , & mettant des fourrures dans
les creux » commence fon lattis, flg. ]pV , Plan-
che CXXVI�, comme pour les couvertures en tuile
par en bas. Il place d'abord les lattes b bien hori-
fontalement & en bonne Haifon fur les chevrons ,
& enfuite les contre-lattes c,c, entre �efdits che-
vrons : cela �tant termin�, avant de pofer l'ardoife 5,
il fait les �gouts.
Il y a de deux fortes d'�gouts pour les couver-
tures d'ardoife comme pour celles en tuile : les
uns font retrouff�s & les autres font pendants.
Les �gouts pendants, figure XVI , fe font ere
pla�ant une chanlatte c fur le bas des chevrons h >t
que l'on avance fuffiiammeut au-dehors du mut ,
ou fur le bas des coyaux b, que l'on attache fur
lefdits chevrons avec trois forts clouds � : apr�s
quoi on met fur la chanlatte un doubli & fous-
doubli d7ardoife fans pureauj�t faillans. fur la clian-
latte de 3 ou 4 pouces.
Les �gonts retrou�es , figure XVII, sap�rent
avec de la tuile d, enpofant fur la corniche a un
rang de tuile ou le fous-douhli, auquel on donne
3 ou 4 pouces de faillie > & fur celui-ci un autre
rang de tuile, ou le doubli en avant de 3 pouces
fur le bord du pr�c�dent, & enfin , un rang d'ar-
doife fur le doubli , le tout ma�onn� � bain de
mortier ou pl�tre; cela �tant fait, on cloue les pre-
mi�res ardoifes e qui doivent former l'arrc^ndiiTe-*
ment de F�gout fur la latte c qui eft attach�e fur les
coyaux, enappuyant, s'il le faut, le derriere de ces
premi�res ardoifes par un filet de pl�tre � fuffif�nJr
pour cela.
                                             X iij
-ocr page 353-
3i6                       Cours
L'on continue � clouer , depuis l'�gout a, les
ardoifes fup�rieures b jufqu'au fa�te c , figure
XVII! 5 toujours en laiffant le pureau convena-
ble que Γ.οή jconferve de m�me hauteur par-tout,
de maniere � former des files bien de niveau, &
reguli�remqgit droites en toutes ies longueurs &
pourtours de chacun de leurs cours , & m�me
aux retours des lucarnes qui s'y rencontreront,
tellement que, quand une couverture eil bien
ex�cut�e , il ne doit fe rencontrer aucun faux
pureau dans tout fon pourtour. La perfection de
ces fortes d'ouvrages exige encore que chaque
ardoife foit toujours exactement attach�e avec
deux c�ouds , & approch�e Tune contre l'autre
autant que faire fe peut , & que les joints au-
dei�us du pureau'foient couverts par le rang fu-
p�nenr, de'fa�on que, cela faifant de toutes parts
une bonne liaifon , il en r�fulte un tout, qui ne
puiffe permettre aucun paf�age � l'eau.
Lorsqu'au lieu d'un �gout il y a un ch�nau' de
plomb, on cloue les lattes au-defTus de la bavette ,
afin que le premier rang d'ardoii� recouvre cette
bavette d'environ 3 pouces. \
Au droit des arr�tiers y fig. XViII, il faut
que le Couvreur obferve de tailler fon ardoife,
tellement que la file d'ardoife tombe quarre-
ment fur I'arretier, & touche bien exactement
celle de l'autre c�t� de I'arretier, afin que Feau
ne puiffe p�n�trer par-l� : le mieux eft cependant
de mettre toujours au bas de I'arretier, une pe-
tite bavette de plomb taill�e en oreille de chat >
& qui ait un peu plus de faillie que l'ardoife.
Les noues fe font auf�� tout en ardoife par un
feul tranchi, & en taillant les ardoifes de fa�on
� fe joindre bien exactement ; mais le plus folide
-ocr page 354-
d'Architecture.            327
eft encore de former le fond avec une bande de
plomb , que Γ011 fera recouvrir de 3 pouces de
part & d'autre par l'ardoife.
Les enfakements ou fa�tes des toits en ardoife
fe couvrent d'ordinaire avec des bandes de plomb
c , �g. XVIII, que Ton retient de ζ pieds en %
pieds , avec des crochets qui faififfent fes bords %
& font arr�t�s fur le fa�te de charpente ; 011
rev�tit de m�me les noues , les �ils-de-bceuf,
le devant & les d�fias des lucarnes , les chapeaux
des croif�es en manfarde > les amortiflements, les
chenaux, &c.
Quand on veut cependant �pargner la d�penfe
du p�omb , on couvre l'enf��tement, en obfer-
vant ,flg. XIX, d'�lever fur le fa�te a 9 l'ardoife
d'un des c�t�s b 3 d'un pouce ou deux de plus
que celle c de l'autre c�t� , & d'appliquer , fur-
tout avec exactitude , le bord de l'ardoife inf�-
rieure » contre la face de l'ardoife la plus �lev�e
au-def�us du toit : moyen qui eil �conomique*
mais qui n'emp�che pas toujours les eaux de p�-
n�trer , bien qu'on ait l'attention de placer la
tuile h , qui eft la plus �lev�e � l'oppoiite des
plus grands vents, ftuvant la direction du com-
ble j: on appelle cet arrangement de fa�te, ua
Ugnolee.
Il y en a encore qui, au Heu de plomb met-
tent des fa�ti�res de terre cuite , comme aux
couvertures de tuile, que l'on peint enfuite de
noir � l'huile.
Lorfque les combles font brif�s , on fait an
droit du brifis un petit �gout, en avan�ant
le bord des ardoifes du toit fup�rieur de 3 ou 4
pouces y on cloue directement l'ardoife fous cet
�gout s & fouvent on y met une bavette de plomba
X iv
-ocr page 355-
3*8                       Cours
On op�re � la rencontre de toutes les lucar-
nes , des franchis , des noues & des �gouts ; &
j?nj Pfnt g�n�ralement dans les couvertures
dardoiie , de noir � l'huile , tous les pl�tres appa-
rens des^ Colitis, des niell�es , des fa�ti�res &
des arretiers , quand ils font {qcs.
Pour ce qui eftde la couverture des clochers,
eue ie fait commun�ment en ardoife, que l'on
taille en �cailles de poiffon , & que l'on cloue fur
les vohges ou lattes fix�es fur la charpente. On
menage toujours vers l'endroit le plus �lev� de
la charpente de la fl�che, une petite lucarne pour
y pafler une corde nou�e, � laide de laquelle
ou tait au befoin U$ r�parations de ces fortes
α ouvrages,
                      r
-ocr page 356-
b' Architecture; 3*�
CHAPITRE I IL
Des r�parations des Couvertures.
J�.L y a de deux fortes de r�parations , les unes
que l'on nomme en recherche , les autres rema-
niement � bout.
Les r�parations en recherche fe font pour,
remplacer des tuiles ou ardoifes , qui peuvent
manquer �� & l� fur un toit, & quand il faut
r�tablir les pl�tres des niell�es , des fa�tes , & des
i�lets : il eft d'ufage de pofer neuf tuiles ou ar-
doifes neuves en �chiquier , par chaque toife en
recherche.
Les remantments a bouc, confiftent � d�faire
totalement une couverture, � refaire le lattis �
neuf, � mettre � part l'ardoife ou la tuile qui
eft bonne, pour la faire refervir , � r�faire �
neuf tous les pl�tres , les fa�tes, les ruell�es,
les folins , & fouvent m�me les �gouts : fur quoi
nous obferverons un abus tr�s-pr�judiciable aux
int�r�ts des particuliers qui font b�tir dans la
maniere d'op�rer ces remaniments.
Comme , fnivant le toif� aux us & coutumes l
tous les pl�tres que Ton met le long des tuiles
& ardoifes , fe payent le m�me prix que la cou-
verture neuve de tuile ou d'ardoife , δε que Ton
compre un pied de plus la couverture vers ces
endroits , lorfqu'ils font faits en tuiles ou ardoifes
neuves , les Couvreurs ont grand foin , lors des
r�tabliffements , � deiTein de faire tourner les
ufages � leur profit, de mettre toute la tuile ou
-ocr page 357-
/
33©                       C ours
1'ardoife neuve aux niell�es , aux fol�ns , aux
fa�tes & aux �gouts , o� fouvent ils n'en eil pas
befoin , & de pofer au contraire toute.l'ancienne
au milieu du comble , tellement qu'ils font du
comble un efpece de tableau, dont la tuile ou
Fardoife neuve eit la bordure , & l'ancienne tuile
ou ardoife eil le tableau. C'eil pourquoi il feroit
important, pour l'int�r�t du propri�taire, d'obliger
par �crit le Couvreur , avant les r�parations,
de mettre la tuile ou ardo�fe ancienne aux folins *
aux ruell�es , aux fa�tes , & de fe borner �
mettre de la tuile ou de l'ardoife neuve aux
�gouts, ou au-deiTus des �gouts feulement., parce
qu'en effet ils fatiguent plus que le refle de la cou-
verture; mais il eil fort inutile de mettre du neuf
de pr�f�rence dans les autres endroits, o� la loi
accorde des ufages.
Un autre abus auquel on doit prendre garde ,
& contre lequel on f� recrie journellement, eil
fufage de compter diiF�rement les pl�tres fur une
couverture , foit en recherche , foit en remani�,
foit en ouvrage neuf 3 d'autant que ces pl�tres
font en tout �gaux : cependant pour la couver-
ture en ardoife neuve , on les paye la toife, fui-
vant le prix acfuel, \z liv. ; en remani� � bout
5 'liv. 10 fols ; en recherche environ ι liv. ; 8c
pour la couverture en tuile 9 liv. 10 fols la toife >
eu remani� � bout 1 liv. 18 fols, en recherche
1 liv. II. feroit raifonnable ( & nous ne faifons ici
que r�p�ter ce que l'on ne ceite de dire fur ce
fujet ) que tous les pl�tres fuiTent toif�s f�pare-
ment , & pay�s un m�me prix dans tous les cas *
puifqu'ils font toujours les m�mes , & qu'il y a
�galement de fa�on & de mati�re dans les un&
comme dans les autres.
-ocr page 358-
^'Architecture. 331
■Ζ                                                                                                                                                                                                                                                         ; �
CHAPITRE IV.
d e la m an i ere de dresser
les Devis de la couverture
des combles d'un batiment.
�L' y faut �noncer les qualit�s & grandeurs , foit
de l'ardoife , foit de la tuile , qui feront em-
ploy�s aux combles en queitionj de m�me que
celle de la latte & de la contre-latte , & de
quelle fa�on feront faits les �gouts & les lucarnes.
Il doit �tre proprement un r�fum� de tout ce que
nous avons expliqu� ci-devant, pour la parfaite
ex�cution de ces fortes d'ouvrages. Suppofons un
b�timent couvert, partie en tuile, partie en ar-
doife ; telle eft , � peupr�s , la maniere dont on
s'exprime dans le Devis.
Sera faite, le comble de tel corps de b�timent
en ardoife , & celle de telle autre corps en tuile,
en y obfervant les arr�tiers , les noues , les
�gouts & les lucarnes , qui feront ordonn�s par
FArchitede.
Toutes les lattes & contre-lattes feront de
ch�ne , bien fain, fans �corce , fans aubier &
pourriture. Les lattes � ardoife feront pof�es en
bonne liaifon , attach�es avec deux clouds fut*
chaque chevron , & efpac�es de fa�on que le
pureau foit le tiers de la longueur de l'ardoife ,
& les contre-lattes feront clou�es aFordinaire entre
deux chevrons auffi avec deux clouds, � la ren-
contre de chaque latte.
-ocr page 359-
331                      COU RS
Les ardoifes feront tir�es des carri�res d'An-
gers , de tel �chantillon, attach�es chacune avec
deux clouds ; elles auront, comme il a �t� dit
ci-deiT�s , pour pureau , un tiers de la longueur de
l'ardoife ; & elles feront bien pof�es d'allignement
& de niveau, dans toute la longueur de leurs
cours.
Les �gouts feront, iimples ou double , f�lon
ce qu'il fera ordonn�, faits en tuiles peintes en
noir de fum�e , de m�me que les fa�ti�res d�faites
couvertures , & les pl�tres des ruell�es ? &
autres.
Les tuiles feront tir�es de tel endroit & de tel
�chantillon, pof�es auffi en bonne liaifon, avec
un tiers de pureau : la latte & contre-latte , fera
de c�ur de ch�ne fans aubier ni pourriture ,
comme pour l'ardoife , & feront clou�es avec
un feul cloud, foit fur les chevrons, foit � leur
rencontre entre les chevrons.
Les fa�ti�res feront efpac�es � 1 pouces ~ les
unes des autres , & ma�onn�es � bain de pl�tre.
Les goutieres feront de ch�ne, fans aubier &
fans n�uds vicieux.
Pour l'ex�cution defquels ouvrages de couver��
ture, l'Entrepreneur fournira tous les mat�riaux
quelconques , les lattes, les contre-lattes , les
clouds, les ardoifes , tous les �quipages & peines
d'ouvriers pour |eur enti�re perfection , confor-
m�ment au pr�fent Devis, & au defir.de.-M-
. . . . . . Architecte. Le tout toif� fui-
vant les us & coutumes de Paris, & pour les
prix ci-de/Tous, fa voir :
Pour chaque toife fuperflcie��e d^rdoifes
neuves....... ■__�-�--
-ocr page 360-
'
d'Architecture.           33$
Pour chaque toife fuperflcielle de tuiles
tieu ν es � � � � � « "� � � � .�. . »■ � �
Pour chaque toife fuperflciel�e d'ardoifes vieil-
les , remani�es � bout fur un vieil lattis . . .
Pour chaque toife fuperflcielle d'ardoifes vieil-
les , remani�es � bout fur un lattis neuf . . *
Pour chaque toife fuperflcielle de vieilles tuiles,
remani�es � bout fur un lattis neuf ....
Pour chaque toife fuperflcielle de vieilles tui-
les , remani�es � bout fur un vieux lattis . .
Pour chaque toife fuperflcielle de tuiles ou
d'ardoifes en recherche........
Pour chaque toife courante de goutti�res de
bois de ch�ne............
Explication des Planches del� Couverture*
La Planche CXXFl* repr�fente la fa�on de
couvrir en tuile.
La fig I , �it une mille vue de face & de profil,
avec fon crochet a vers le haut.
La fig. II, repr�fente une portion de couverture
en tuiles creufes, difpof�es comme elles le font
en ex�cution ; a, tuile plate recourb�e par fes
extr�mit�s ; b , tuile convexe faite �-peu-pr�s
comme une fa�ti�re , & feulement plus �troite vers
fa partie fup�rieure , que vers fon inf�rieure.
Figure III, tuiles en S , qui s'accrochent l'une
fur l'autre.
Figure IV , fa�ti�re fervant � couvrir le haut
des combles.
Figure V, tuile en Ζ, d'ufage dans quelques
provinces.
La fig. VI » efl: un �gout pendant; a, mur;
b, arbal�trier ; c , chevrons j d, chanlatte ; e,
-ocr page 361-
334                    Cours
deux tuiles plac�es Tune fur l'autre ; �, /, autres
tuiles plac�es en recouvrement, & accroch�es �
la latte g.
Figure VU, chanlatte vue particuli�rement.
La fig, V11I, eft un �gout retr�uiT� ; a , cor-
niche; b, doubli & fous-doubli compof�s de deux
tuiles ; c, lattes clou�es fur les chevrons c ; d,
tuiles accroch�es aux lattes.
La �gt IX , repr�i�nte la difpoi�tion des tuiles
pour former un �gout � compartiment ; a, a ,
tuile mife diagonalement , & formant le fou-
doubli ; b , b , tuiles pof�es � c�t� les unes des
autres � l'ordinaire, & formant le doubli.
La �g. X, eil la difpoikion particuliere des '
tuiles fur un toit ; a , pureau ; b , tuile en
liaifon.
La flg. XI , repr�fent� un toit, dont on» a
fuppof� une partie de la couverture enlev�e pour
faire voir le lattis ; a,chevrons ; b� & h,h, rangs
latte en liaifon, & difpoi�s de maniere que les bouts
des lattes du rang fup�rieur n'aboutii�ent pas fur
les m�mes chevrons, que les bouts des lattes du
rang inf�rieur ; c , contre-latte que l'on met
quand on juge les chevrons trop �cart�s ; d,
�gout retrouif�, compof� de deux rangs de
tuile; e9 tuiles en liaifon ; f, arretier couvert
d'un filet de pl�tre ; g, fa�ti�res fcell�es � leur
rencontre avec du pl�tre.
La f�g. XII , offre une couverture � clair-voie;
a , tuiles disantes l'une de l'autre de la moiti� de
leur largeur, avec un pureau de hauteur ordinaire;
b , tuile en liaifon � recouvrement, & femb�a-
blement efpac�es que les pr�c�dentes.
La f�g. Xlll, eft une vue de fa�ti�re en ceil-
de-b�uf.
-ocr page 362-
d'Architecture.          3^5
La Planche CXXVll, repr�fente la fa�oa
�e couvrir en ardoife.
La fig. XIV , exprime le lattis d'un toit, δε les
ardoifes qui y font d�j� attach�es vers le bas ; a f
chevron ; b, b, lattes efpac�es d'un pouce ~ ; c, c9
contre-lattes; d, e, �, diff�rents rangs d'ardoife en
liaifon.
La fig. XV, repr�fente l'arrangement parti-
culier des ardoifes fur un toit ; a , ardoifes per-
c�es chacune de deux troux pour les clouer fur le
lattis ; b, pureau qui eft �-peu-pr�s le f de la
hauteur de l'ardoife.
La fig. XVI, eft un �gout pendant ; a, mur;
b 5 coyaux attach�s fur les chevrons h, avec trois
clouds �; c , chanlatte ; d, doubli &fous-doubli
d'ardoife ; e , lattes ; g, gt ardoifes clou�es fur
la latte.
La fig. XVII, eft un �gout retrouff� ; a, cor-
niche ; b , chevron ; c, coyaux ; d , doubli &
fous-doubli compof� de deux tuiles , dont la
premiere d�borde la corniche de 3 pouces ,
& la f�conde d�borde l'autre auffi de 3 pouces ;
ces deux rangs de tuile font recouverts par un
rang d'ardoife ; e , ardoifes attach�es � la latte g;
�, petit folin de pl�tre ou mortier entre le pied
des coyaux.
La fig. XVIII, eft un plein-toit; a , �gout ;
rang d'ardoife en liaifon; c,enfa�tement en plomb,
& que l'on fait auffi quelquefois avec des fa�ti�res
que l'on peint de noir � l'huile ; d , arretier.
La fig. XIX, eft une couverture de fa�te en
lignolet ; a , fa�te de tharpente ; b , ardoife
clou�e fur le fa�te, & �lev�e de 3 pouces au-
dei�us de l'ardoife c de l'autre c�t� du toit.
-ocr page 363-
336                    .'Cour!
La f�g. XX, repr�fente les principaux outils I
l'ufage des Couvreurs. A, tire-cloud ; Β , contre-
lattoir,dont l'Ouvrier fe iert pour appuyer la contre-
latte , & tenir le coup pendant qu'il enfonce le
cloud ; C , afTette ou marteau tranchant par le
bout a , & quarr� par l'autre bout b ; D, marteau
dont le manche a eil tranchant d'un c�t�, dont
le bout b eil pointu , & le bout c eil quarr� ;
Ε 9 enclume fervant � r�tablir Jes ardoifes , &
que le Couvreur pique dans un chevron par fa
pointe #.
w
�>E
-ocr page 364-
�^Arch�tect�r�.         337
si�^a�jAf^
a^sssas� aaaa
Z?� Ζλ? PLOMB ERVE:
j^E plomb eil un m�tal du�i�e tr�s-lourd 5 aif�
�'fondre, & d'une couleur blanch�tre. Le meil-
leur qu'on employ� journellement dans les b�ti-
ments le tire d'Angleterre & d'Allemagne ; car
celui que l'on tire de France , & fur-tout des
mines de Pompean en Bretagne , ne fert gueres
que pour faire des balles pour l'Artillerie , & du
plomb � giboyer.
Il n'y a point de m�tal d'un auf�i grand ufage
apr�s le fer; on en; fait des tuyaux de conduite
ou de defcente, & des tables, foit pour couvrir
hs terraiTes , les combles, les clochers, les d�-
mes , foit pour rev�tir les baffins , les r�fervoirs ,
les lucarnes , foit pour former les chenaux, les
enfa�tements, les noues, les nouquets, les arr�-
tiers , & les vafes ou amortiffements des cou-
vertures d'ardoife. Comme c'eil � l'Architecle �
appr�cier les ouvrages de plomberie, de m�me que
tous les autres travaux d'un b�timent, & que c'eil �
lui conf�quemment �i�xer d'avance dans le Devis,
leur place, leur �paifieur, leur poids, & � juger fuc-
cei�ivement de la perfection de leur pofe,ii convient
donc de faire conno�tre f�par�ment ces diff�rents
objets. C'eil pourquoi , apr�s avoir parl� des
efpeces de plomb & des �paiiTeurs qu'il eil
'd'ufage de lui donner, � raifon des diverfes
tirconitances o� on l'employ� , nous parcour-
ons les attentions qu'exige fa pofe , par rap-
port � la folidit�.
Tome Π. ,                                    Y
I
u
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338                   Cours
CHAPITRE PREMIER,
Des especes de Plomb , [et des ,
�PAISSEURS QU'IL FAUT LUI DONNER
SUIVANT LES DIFFERENTS OUVRAGES.
Ο Ν employ� deux fortes de plomb dans les
b�timents , le plomb coul� & le plomb lamin�.
Ce dernier paffe pour avoir une grande iuperio-
rit� fur l'autre , parce que jamais le plomb coule
η eil d'une �gale �paiffeur par-tout comme le
plomb lamin� ; de forte que ceux qui s'en fervent,
achettent plus de mati�res qu'ils n'ont befoin , ce
oui en multipliant la d�penfe , furcharge en
m�me-terris un b�timent. D'ailleurs les tables de
plomb coul� paffent pour ne point avoir autant de
Iolidit� que les autres, attendu que fes parties minces
font fufceptibles d'�tre d�chir�es aif�ment dans
l'emploi parcelles qui font plus �paules , ce qm ne
peut arriver aux tables de plomb paff�es au laminou',
Sont le principe de la force eft dans l'�galit� d'�-
paiffeur de toutes les parties. 11 eft encore prouve
eue l'on �pargne moiti� de la foudure , en le
�ervant de plomb lamin� , fur-tout dans les ouvra-
ges de grande fuperficie , comme les terraiies ,
les baffms »les r�iervoirs, &c. ; par la raifon que les
tables lamin�es ont jufqu � 25 & 30 pieds de lon-
gueur, fur 5 pieds de largeur ; ce qui fait a-peu-pres
le double de la longueur & largeur des tablesi cou-
l�es , qui n'ont gueres au-del� de 15 pieds de
long', fur 3 pieds de large.
-ocr page 366-
d'Architecture. 339
Le plomb lamin� nous paroit aui�i tr�f-fiip�ri�ui?
pour les tuyaux & conduites d'eau. Comme fa
r�fiilance e� par-tout �gale , & que fa fuff�e©
eil extr�mement unie & polie , fans gravelures ni
cavit�s capables de receler des vafes ou ordures
qui , en s'�ttachant au tuyau, diminuent par l�
fuire fa capacit�, ils font n�ceiTairement beau*
coup moins fujets que les autres aux engorge-
ments , & par conf�quent aux r�parations*
Enfin, un des grands avantages du plomb la»
min�, c'eit qu'� l'occaiion de fa parfaite �galit�
dans toute fon �tendue, il eil toujours poffibl�
d'�tablir un poids certain au pied quarr� ; d'o� il
r�fulte qu'il eil aif� de conno�tre a� juft� *
d'avance , la d�penfe d'un ouvrage qu'on fe pro�«
pofe, fans craindre que l'ex�cution exc�de lu
Devis; ce qui ne fe peut faire avec le plomb
fondu , � caufe de fon in�galit� d'�paifl�ur* Com-
bien ne f�roit-ii pas � def�rer que l'on put met-
tre dans un auJ�� grand jour toutes les autres
parties de d�penfe d�s travaux d'un b�timent 9
les �rchite&es en auroient plus d'agr�ments Se
de fatisfaclion , & les particuliers pourroient ta*
bler fur les projets qu'ils font ex�cuter � dont
l'exc�s de d�penfe n'occaiionne que trop fouv�n�
de leur part des plaintes journali�res.
Ρ Q � JD $ du Plomb lamin� au pied quaffi
fuivant /es diff�rentes �paiffeuts*
Le pied qtiafr� d'une lign� d*�paii�e�f
pefe. ♦ ' [4 .*■«'.« « * * y�iY� 8 �nG�S*
Celui d'une ligne § ■* « # 6          14
Celui d*un�ligne| .< « < 8 ".■'..' 4
Celui d�me ligne J « j « 0
          i�
� Ij -
-ocr page 367-
340                      C o υ ft s
Celui de deux lignes . . n liv* 0 onces.
Celui de deux lignes ~ . . 12
            6
Celui de deux lignes �..13          12
Celui de trois lignes . . 16           8
Et les autres �paiffeurs au-deffus , � propor-
tion.
Outre qu'on trouve dans la manufacture de
plomb lamin� des tables de telles longueur &
�paiffeur qu'on le demande, on y trouve auffi
des tuyaux de plomb lamin�s ibud�s de long,
de telles longueur & �paiffeur que Ton peut de-
iirer.
Tarif du poid de la toif� des tuyaux
de plomb lamin�, foud� de long.
Les tuyaux de defeente de 4 pouces
de diam�tre , de 2 lignes d'�paiffeur,
pefent par toife . . . i. . . . . So liv.
Ceux de 3 pouces de diam�tre, & de
2 lignes d'�pais . . . . . . . . 63
Ceux de 2 pouces , & d'une ligne &
demi . . . . *- y .. ... . 35
Les tuyaux de conduite d'eaux forc�es»
ceux de 8 pouces de diam�tre,
& de 8 lignes d'�paiffeur , pefent par
toiie .. ..... . . . ■... . 6yj
Ceux de 7 pouces , & de 7 lignes
d'�paiffeur....... . . . 494
Ceux de 6 pouces , & de 6 lignes
d'�paiffeur . . . . . . ... . 36�
Ceux de 5 pouces, & de 5 lignes
d'�paiffeur ' .' . . * . ; . . . 261
Ceux de 4 pouces , & de 4 lignes
d'�paii�eur � « ."*��'�� � � . 172
-ocr page 368-
d'AR Cji ITECT�RE.         34I
Ceux de 3 pouces , & de 3 lignes
d'�paif�eur ......... 102 liv*
Ceux de 2 pouces , & de 2 lignes
d'�paifTeur . . . .-..."■... .... 5.1
Ceux d'un pouce \ , & de 2 li-
gues . ........ * 3p
Quant aux tuyaux mpul�s , ceux de
2 pouces 7 de diam�tre , pefent . , 108
Ceux de 2 pouces, pefent ., ... 72
Ceux d'un pouce f , pefent . . . 55
Ceux d'un pouce . .. -. . . . 36
Ceux de 9 lignes ...... 27
Ceux de 6 lignes ...... 21
Par cons�quent en connoiffant la grandeur des
tables & leur �paiiTeur, aiiifi que la longueur &
�paiiTeur des tuyaux , rien η eil plus aif� que de
fixer la d�penfe.
On vend le plomb lamin� tout fabriqu� dans
la manufa&ure, & de toutes fortes d'�paiffeur 9
6 fols 6 deniers la livre ; & l'on compte en outre
pour le tranfport au b�timent , & la pofe 6
deniers par livre pefant, tandis �que le plomb eu
fuiion ne co�te que 6 fols tout .pof�.
Le vieux plomb non d�graif�� de foudure, eil
re�u � la manufacture en �change du plomb la-
min� , poids pour poids y fur lequel il eu d�duit
quatre pour cent, comme de coutume , pour le
d�chet ordinaire de la refonte _, en payant un
fol pour chaque livre de plomb prife en �change.
Les retailles & rognures du plomb lamin� *
provenant des tables livr�es enti�res, y font re~
prifes � 6 fols la livre, fans d�chet, & d�duites
fur la totalit� defdites tables.
Quant � la foudure , qui eil un alliage d*�taii�
& de plomb , o� il entre f de plomb, elle co�te;
18 fols la livre.
                                  Y �j
-ocr page 369-
34*                       Cours
Malgr� ce que nous venons de dire ci-d�v�nt,
jl faut n�anmoins pefer toujours les plombs �
leur arriv�e au b�timent, en pr�fence de l'Ardu-
tecle ou de quelqu'un commis par lui , avant de
les mettre en place , fur-tout les cuvettes , les
entonnoirs , les tuyaux de defcente ; & m�me il
feroir bon encore , apr�s qu'ils font foud�s , de
�es repefer , ii cela fe pouvoit, afin de conno�tre
au jufte la quantit� de foudure qui y feroit en-
tr�e ; mais, comme il y a beaucoup d'ouvrages qu'on
ne fauroit repefer apr�s qu'ils font foud�s & mis
en place 7 il convient du moins de faire peier le
faumon on le lingot de foudure qu'on doit em-
ployer , & de repefer enfuite ce qui r�it�ra du
�aumon, pour conno�tre v�ritablement la quantit�
qui en aura �t� employ�e.
Comme on fixe au Plombier, par fon Devis,
�es �paiffeurs des tables de plomb que l'on em-
ploy� dans un b�timent, fuivant le lieu qu'elles
doivent occuper, & fuivant le plus ou moins de
io�idit� qu'exige l'ouvrage , nous allons donner
en g�n�ral les �paiiTeurs auxquelles on fe borne
affez commun�ment pour les travaux ordinaires.
On donne : i° Aux enfa�tements des combles
ι ligne, ou ι ligne | d'�paiiTeur , fur environ 18
pouces de largeur.
2° Aux enfahetn�nts des lucarnes, ainfi qu'�
leurs nouquets , ι ligne d'�paiiTeur,
3^ Aux rev�tements des lucarnes & des �uV
de^bceuf, au moins j ligne d'�paiiTeur.
40 Aux tables qui compofent les noues >
� 5 lignes de largeur, fur 1 ligne f d'�paiiTeur.
50 Aux chenaux 18 ou 20 pouces de largeur,
fur 1 ligne f d'�paiiTeur.
6° Aux goutti�res Taillantes , * ligne i d'�-
-ocr page 370-
d'Architecture.          $43
7° Aux arrêtiers , � ligne d'épaiffeur.
Aux tables des terraffes , 2 lignes d'é-
paiffeur.
9° Aux tuyaux de defcente , 2 lignes d'é-
paiffeur , fur 3 pouces de diamètre.
io° Pour ce qui eft des hottes qu entonnoirs,
on peut les fixer l'une dans l'autre à 50 livres
pefant.
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344                   Cours
CHAPITRE IL
Z?� XJ ΡΟίί DES DIFF�RENTS
OUVRAGES DE Ρ LOM Β Ε RIE.
Y
JLes diff�rents ouvrages de plomberie fe pr�pa-
rent chez le Plombier , & s'apportent tout pr�ts
� �tre mis en place dans le b�timent ; ainfiiln'y
a , apr�s leur poids & l'�paiiTeur qu'il faut leur
donner , dont il a �t� queilion pr�c�demment, que
la folidit� de leur pofe , qui puiife int�reifer celui
qui dirige un b�timent ; c'eit pourquoi nous allons
parcourir fommairemetit ce qui la conftitue , &
comment elle doit s'op�rer , en faifant en partie
ufage de ce qui a �t� d�j� dit fur ce fujet dans
' l'Art du Plombier & Fontainier, qui fait fuite � la
belle Collection des Arts & Metiers 3 publi�s par
l'Acad�mie Royale des Sciences.
sanWr Vi-ta«
Article Premier.
De ία pofe des Chenaux & des Goutti�res.
Un ch�nau,- fig. I & II, PI. CXXV��I , doit
�tre plus ou moins large & profond , fuivant
l'�tendue du toit dont il eit deirin� � recevoir
les eaux. Apr�s avoir donn� aux tables de plomb
la forme convenable , & fait un bourelet fur le
devant, � comme de coutume , on les pofe com-
mun�ment fur la faillie d'une corniche. Pour cet
-ocr page 372-
d'Architecture. 34^
effet , on commence par y mettre un aire de
ma�onnerie h , flg. I, pour recevoir le ch�nau ,
en obfervaht de lui donner s outre un peu de
pente vers le devant de la corniche »encore une
autre pente d'un pouce par toii�, fuivant la lon-
gueur de la fa�ade du b�timent, jufqu'au tuyau
de defcente. A deifein de contenir le ch�nau a
par-devant, & de l'emp�cher de f� d�former, on
fcelle fur Faire de ma�onnerie qui le doit porter,
ou m�me on attache au bas de la charpente du
comble, des crochets de fer b, flg. III, d'un pied
de longueur , � la diftance d'environ 16 pouces
l'un de l'autre. On cloue enfuite le bord poit�-
rieur des tables de plomb d fur la plate-forme
qui re�oit le« chevrons, & on �lev� ce bord de
fa�on � pouvoir �tre recouvert de 3 pouces par
le pureau du dernier rang d'ardoife c. Les tabl�s
fe trouvant bien retenues de toutes parts , &
�tant ainfi. plac�es au bout les unes des autres,
fuivant la forme & de la maniere qui vient d'�tre
dite, on les unit en les foudant fucceffive-
ment.
Si Ton admet des godets ou goutti�res fail-
lantes � du c�t� des cours , pour �pargner la
d�penfe des tuyaux de defcente ; ( car il eil d�^-
fendu par les Ordonnances d'en mettre dor�na-
vant le long des fa�ades des nouvelles maifons
que l'on b�tit fur la rue � Paris ) .' alors il faut ι
percer le devant e du ch�nau vis-�-vis le godet,
& le pofer fur une barre d� fer g, accompagn�e
d'une ou de deux embraifures de fer, & folide-
ment attach�e fur les plate-formes du bas des
combles, afin de la bien contenir dans fa iitua-
tion. On donne d'ordinaire � ces goutti�res �,
environ 4 ou 5 pieds de longueur au-devant du
ch�nau.
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34<S                        Cours
Article II.
De la pofe des Enfakements , des Noues
& des Arr�tiers.
Les �nfa�tements des couvertures en ardoife
ie tont affez volontiers en plomb. Pour les con-
tenir , on commence par attacher des crochets a,
%. V, fur le fa�te de charpente , qu'on efpace
auplus de 18 pouces en 18 pouces. On pofe
euiuite des tables de plomb b, pli�es � recou-
vrement les unes fur les autres, fui ν a nt la lon-
gueur du toit, de maniere � recouvrir d'environ
4 ou y pouces le rang d'ardoife le plus �lev� ,
en ayant l'attention de leur faire faire bavette
& recouvrement vers les extr�mit�s, o� font des
croupes , & o� l'on place fouvent des amortiiTe-
ments avec des vafes de plomb.
y Au droit des noues ou des angles rentrans d'un
toit en ardoife, on pofe auffi un canal de plomb,
que Ion cloue fur une efpece de goutti�re de bois
bien arr�t�e en cet endroit fur la charpente, &
on recouvre les bords de cette table de part &
d autre par l'ardoife, d'environ 3 ou 4 pouces,
ainli que nous l'avons d�j� dit dans le Chapitre
de La Couverture,
Les arr�tiers fe couvrent �galement avec des
tables de plomb plac�es l'une fur l'autre � recouvre-
ment, de m�me que l'enfa�tement J & de maniere
a recouvrir les ardoifes de part & d'autre.
La plupart des lucarnes fe rev�tiffent aui�i en
plomb dans les toits couverts en ardoife : on pofe
a cet effet, d'abord en-deffus & fur le devant}
Γ
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.... .                                     .- / .�; !
d'Architecture,            347
un.e bande de plomb pour former un rivet ; ©n
couvre enfuite le fa�te avec une table ou chapeau
de plomb ; & enfin on fait fur les c�t�s des nou-
quets ou petites noues en plomb.
Pour ce qui eil des autres petites ouvertures ,
autres que les lucarnes pr�par�es par le Char-
pentier , que Ton pratique fur les toits , c'eft le
Plombier qui les fait enti�rement. 11 forme pour
cela , en devant, un gros ourlet, pour fortifier
Je plomb, & par derriere, il cloue le plomb fur
les chevrons, en obfervant de mettre par-deffous
une bavette de plomb qui recouvre la char-
pente,.
Pans les toits � la manfarde , on couvre les
deflus des croif�es par une table ou un chapeau
de plomb , & on avance le rang d'ardoife du
toit fup�rieur de 3 ou 4 pouces au-devant du
brifis, pour former un petit �gout ; mais fouvent
l'on met pour plus de folidit� fous ce petit �gout,
une bavette de plomb le long de la panne du
briiis.
En g�n�ral, il faut obferver d'�viter, autant
que l'on peut, d'employer de la foudure fur les
toits , les terraffes , & autres lieux tr�s-expof�s
aux injures du tems , attendu que les endroits
fond�s fe trouvant toujours plus �pais que les
tables, & �tant d'ailleurs fufceptibles d'�prouver
des changements f�lon le chaud & le froid ,
cela feroit. capable d'y occafionner d�s rup-
tures.
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348                       Cours
Article. II L
De la pofe des Tuyaux de defcentt-
& des Cuvettes.
Les tuyaux de defcente d , flg. Π , & flg. Vi,
qui conduifent les eaux des chenaux dans la rue,
s'op�rent � la corde nou�e : le Plombier s'atta-
che � prendre bien exactement leur hauteur, pour
les difpofer d'avance dans fa boutique, & n'avoir
point befoin de les couper fur place, il eil d'ufage
de ne point mettre de tuyaux de plomb dans le
bas des maifons , jufqu'� la hauteur de 7 � 8
pieds , & de pr�f�rer des tuyaux de fonte, non-
feulement pour mieux r�iifter au choc des voitures,
mais encore pour �viter les vols. Le tuyau qui
aboutit fur le pav� eil coud�, on l'appelle d�guai-
lard
, & il eil termin� fouvent par une t�te de
dauphin. Du c�t� des cours , on pofe ces d�-
gueulards fur une cuill�re ou un efpece de pierre
un peu recreuf�e, & dirig�e un peu en pente vers
le ruhTeau. On ne fonde jamais les tuyaux de
defcente � leur rencontre ; mais on les enbo�te
l'un dans l'autre de 4 ou 5 pouces , en ayant foin
de faire toujours entrer le fup�rieur dans l'inf�-
rieur , afin de n'oppofer aucun obilacle � l'�cou-
lement des eaux,
                     .�/
Il faut que les tuyaux de defcente foient tou-
jours pof�s les uns au-deiTus des autres , le plus
droit poifible ; &, afin de les contenir folidement
dans leur poiition , on les arr�te avec des bri-
des ou embrai�ures de fer s fig. VIII , diftantes.
de 5; � 6, pieds l'une de l'autre , fuivant la hau-
y
-ocr page 376-
d'Architectu��.           349
teur de la defcente , & fcell�es dans le mur. Il y
a des Architedes qui, � deffein de ne point
couper les plintes & les corniches qui d�corent
les fa�ades des maifons fur les rues, obfervent
d'enfermer les tuyaux de defcente dans f�paif-
feur des murs ; mais en g�n�ral, il vaut mieux
les laiffer � d�couvert, pour pouvoir y rem�dier
aif�ment au befoin.
On met fouvent , foit du c�t� des cours, foit
du. c�t� des rues , des cuvettes d'�tage en �tage ,
pour la commodit� des locataires des maifons |
lefquelles interrompent le grand tuyau de def-
cente. Ces cuvettes fe font de pluiieurs formes;
les unes font faites en hotte, fig. VI s comme un
efpece de demi-entonoir; les autres font rondes,
%. VII ; & il y en a qui font quarr�es ou trian-
gulaires : mais de quelques formes qu'elles foient,
leur bord fup�rieur fe termine en bourelet, pour
augmenter fa folidit�. Outre les embraffures de
fer, � l'aide defquelles on contient chaque cu-
vette , on replie le plomb du haut de leur dof-
iier b b , flg. VI & VII , & on le cloue fur le
dormant de la fen�tre, vis-�-vis laquelle elle eil
plac�e. On met au fond des cuvettes des crapau-
dines , ou petites plaques de plomb perc�es de
troux, fig. IX , pour emp�cher le paffage des
ordures , qui feroient capables de former des
engorgements dans lefdits tuyaux (l).
■Il                                   ■�■-lu .ιιιιιίΐίυί»                iiliimiiiiiibii ι»μιιιι�■WI.^IMIWMip.wiMi.^i�IM^
■ ■ ι                                                              ■                                                        ^                                                                                                 /!>:
(ι) Les tuyaux de fonte font dailleurs une �conomie , &
ne fc vendent que ι fols 6 deniers la livre,
              (
-ocr page 377-
350                      Cours'
5-------1--------------------------1                   - ■■                                        ---"               ■                                          �........■.......ι,-                     Ι                    ■ - μ γ____■■':�.:.---------------_______                                                        '. ι * -'■- - "-'■ -j
Article IV.
De la pofe des Tables de plomb fut le Plein-*
toit , fur un D�me , fur un Clocher
& fur une Terraffe.
Dans les Edifices d'importance , on couvre
yolontiers les toits enti�rement avec des tables de
plomb au lieu d'ardoife. La charpente �tant ter-
min�e � l'ordinaire , il faut pour recevoir les
tables, clouer fur les chevrons des planches dites
voliges, de 4 � 5 pouces de largeur, � la diftance
d'environ 2 pouces Tune de l'autre, fuivant le
rampant du toit, flg. X. Apr�s cette op�ration»
le Plombier commence par pofer le ch�nau le
long de la corniche, & enfuite par clouer des
crochets de fer au droit de chaque chevron ,
c'eit-�-dire , � 16 pouces de diftance les uns des
autres. Ces crochets doivent �tre proportionn�s
pour la longueur � la largeur des tables ; ils font
de fer plat �, ils forment une patte par en haut ,
perc�e de trois troux, pour recevoir des clouds»
& font courb�s par en bas, d'environ 1 pouce»
� l'effet de pouvoir retenir chaque table. Nous
avons repr�fent� particuli�rement un de ces cro-
chets en A, � c�t� del� f�g. X. ?
D�s que le premier rang de crochets eft atta-
ch� au bas de la couverture au-deffus du ch�-
nau , le Plombier pofe la premiere table � recou-
vrement fur le doi��er dudit ch�nau , laquelle fe
trouve fondement foutenue dans le bas par les
crochets, & , pour la contenir �galement dans le
haut > il la cloue au droit de chaque chevron »
-ocr page 378-
d'Architecture.            351
par des clouds de 2 pouces & demi de longueur 3
qui p�n�trent � la fois la table , la volige, &
une partie du chevron. La longueur des tables
dont on fe fert d'ordinaire en pareil cas, eil de
12 pieds , fur 3 pieds de largeur. On lie chaque
table du.m�me rang, non avec de la foudure;
car encore un coup , il faut en employer le moins
poffible dans la couverture des combles , � caufe
de les inconveniens ; mais en repliant les bords
de chaque table voiiine , fuivant la hauteur du
comble , l'une en dei�bus , l'autre en deffus ,
d� maniere � les inf�rer Tune dans l'autre, & �
former par leur jonction , fuivant le rampant du
toit, un efpece de boureler continu ou de baguette
que l'on arrondit .par-dei�iis avec une batte.
Le premier rang de tables �tant pof� s on place
le rang de crochets au-deiTus , de maniere � rece-
voir le f�cond rang de table � recouvrement de
4 pouces fur le pr�c�dent; & l'on pourfuit ainfi
cette couverture jufqu'au haut du toit, o� fou
pofe' un enfa�tement , comme pour les toits en
ardoife , c'eit �-dire , en le foutenant de diflance
en diirance avec des petits crochets a, f�g. V ;
& en lui faifant recouvrir fufHiamment le haut des
tables fup�rieures des deux faces du toit. On ob-
ferve femblablement de laiffer d�border Ten-
fa�tement d'un pied � chaque bout du fa�te »
afin de le replier , & de le faire defcendre en
recouvrement fur la pointe de la croupe du
comble. Par conf�quent, � l'aide de cet arran-
gement, on n'a aucunement befoin de foudure ;
il n'y a pas � craindre que l'eau puiiTe p�n�trer
par la jonftion des tables , & die coulera fans
obilacles dans les chenaux ? & de-l� dans les
tuyaux de defc�nte.
-ocr page 379-
3fi                       Cours
La couverture des D�mes s'ex�cute �-peu*
pr�s de m�me que la pr�c�dente, foit qu'on les
couvre enti�rement de tables de plomb, foit que
Ton rev�tuTe feulement en tables de plomb les
arcs-doubleaux ou les c�tes, en garniflant l'entre-
deux avec des petites lames de plomb, arrondies
parle bas en forme d'�caill�s de poiffon s & tail-
l�es comme des ardoife.s , f�g. Xii.
; La charpente �tant diipof�e & recouverte de
voliges � l'ordinaire , on garnit les arcs-doubleaux
ou c�tes avec �es tables de plomb plac�es � re-
couvrement , de 3 ou 4 pouces , & arr�t�es comme
ci-devant, par le bas, avec des crochets, & par
le haut, avec des clo�ds : on cloue �galement
fur les voliges les ardoifes de plomb , en les di-
minuant de grandeur par le haut � mefure que
l'on monte la couverture , & en obfervant de les
faire recouvrir un peu vers les c�t�s , par les
tables de plomb des arcs-doubleaux. Enfin , on
couronne le. haut du D�me par un eipece de
calotte de plomb en forme d'enfa�tement , qui
recouvre le haut des c�t�s & des compartiments.
Quelquefois on termine cette calotte par une
lanterne en charpente , orn�e de colonnes , de
pilaftres , de confoles , de corniches & d'amor-
tifiement, que l'on rev�tit enti�rement de plomb ;
car il n'y a que la boule qui foutient la croix
que l'on fafTe en cuivre. L'eiTentieleft, que tous
ces rev�riffements foient difpof�s avec de bons
recouvrements , & de fa�on � ne permettre aucun
paiTage � l'eau par la jon&ion des tables.
Si le D�me n'a pas d'arc-doubleau , & eft tout
Uni en dehors dans fon �tendue, il y a encore
moins de travail, il ne s'agit que de le couvrir
d'ardoife de plomb a ou d'ardoife ordinaire , du
bas
-ocr page 380-
»'Architecture: 3 ? � *
bas en haut, & de le terminer par un enfa�te-
ment ou calotte de plomb.
Quant aux �iis-de-b�uf que Γόη pratique
dans ces couvertures, on garnit leur charpente
enti�rement de tables de plomb de diff�rentes
formes , & de maniere � fe pr�ter � tous leurs
contours j on aiTemble ces tables � hon recou-
vrement , & quand on ne peut s'en difpenfer, on
les lie avec de la ibudure.
La couverture des fl�ches de clochers » foit »
quarr�s , foit ronds _, foit octogones 5 fe fait
quelquefois tout en plomb. Apr�s avoir recouvert
la charpente de voliges, on cloue fucceifivement
des rangs de crochets fur la charpente, o� l'on
pofe des tables � recouvrement fur chaque face ,
comme ci-devant, en les diminuant de longueur
� mefure qu'elles s'�l�vent ; enfuite l'on recouvre
leur jonction fur les arr�tiers par d'autres bandes
de plomb ; & enfin l'on finit par embo�ter le haut
de la fl�che par une calotte de plomb. Quand
on couvre les fl�ches des clochers en ardoife,
on fe contente volontiers de garnir les arr�tiers &
l'enfa�tement en plomb , ainfi que les �ils-de-
b�uf.
Autrefois on blanchiflbit ou �tamoit le deifus
des couvertures de plomb , d'une cro�te d'�tain ,
ce qui leur donnoit de l'�clat ; mais aujourd'hui
on n'eft plus dans cet ufage, & on ne blanchit
plus gueres que les amortiiTements, & les plate-
bandes* de plomb orn�es de moulures.
La couverture d'une terraffe en plomb a
encore moins de difficult� que la pr�c�dente.
Elle coniiite � placer la longueur des tables ,
fuivant la longueur de la terrai�e , & � placer
leur largeur 9 en commen�ant au bas de la pente,
tome VI.
                                       Z
-ocr page 381-
Ι 354                       Cours
vers le ch�neau en recouvrement, de 3 pouces
l'une fur l'autre : on aifemble chaque table dans
la longueur fans foudure , en repliant leurs bords
de 2 pouces de* chaque c�t� , l'un en def�us ,
l'autre en deffous , & en �fte&ant d'applatir le
plus que l'on peut-ce pli, afin de le rendre moins
fenfible.
Quand il s'agit de couler de plomb fondu 9
les joints des terraffes faites en dalles de pierre,
il faut tenir chaque joint d'environ un demi-pouce
de largeur , pour donner au plomb fuffifamment
de priie ; apr�s quoi on gratte le plomb qui ex-
c�de le niveau du joint : ces fortes de jonction
ne r�unifient pas au furplus parfaitement, atten-
du , comme nous l'avons dit dans le Chapitre
des Terraffes
, que le plomb fe retire en r�froi-
dif�ant, & ne remplit pas alors bien exactement le
joint.
i                   '            ....... ', -                : '. -a
Article V,
De la pofe des Tuyaux de conduite
& des Tables des R�fervoirs d'eau.
Les tuyaux deflin�s � conduire les eaux d'unt
r�fervoir , foit dans une fontaine, foit dans un
bailin , font d'ordinaire plac�s dans la terre. On
les foutient par de petits maffifs de ma�onnerie
ou des taifeaux de diftance en diftance , m on les
embo�te les uns dans les autres , tellement que
le tuyau qui donne l'eau , foit embo�t� dans ce-
lui qui la re�oit,'afin de ne mettre aucun obfta-
cle � fon cours ; & l'on obferve ? en outre, de
&ire � chaque jonaion un n�ud de foudure. U
-ocr page 382-
β * A R h ι f κ c τ υ ft e; j ff
faut mettre. , tant � la fortie d'un tuyau du r�-
fervoir , qu'� fon entr�e dans le bai�in , un ro-
binet de cuivr�, pour arr�ter l'eau au befoin s
foit l�rs des gel�es ), foit lors du r�tabliffement
du tuyau.
Un r�fervoir fe pofe d'ordinaire fur un b�ti
de charpente , proportionn� pour la force � fa
grandeur, & au poids de la quantit� d'eau qu'il
doit contenir : on l'environne auifi d'une cage
de charpente, dont on fortifie les angles ext�-
rieurs par des bandes de fer ; & enfin l'on cou*
vre tout l'int�rieur de cette cage , c'eit-�-dire ,
le fond & les c�t�s , avec de fortes planches d�
ch�ne. Cela �tant ainii difpof�, le Plombier, apr�s
avoir pris la mei�re du r�fervoir, & coup� fes ta-
bles de la grandeur Convenable, commence pat
pofer les table« du fond, puis celles des angles, &
enfin celles du pourtour & des quatre c�t�s, eri
obfervant de faire d�border les derni�res d'envi**
ron 2 pouces fur le haut de la charpente , afin de
les y clouer. Apr�s cela , il ne s'agit plus que de
fouder toutes ces tables, de maniere � ne permettre
aucun partage � l'eau.
L'on pratique dans le fond d'un r�fervoir trois
trous; l'un a, fig. XI.pour le tuyau du trop-plein>
dont on �lev� le fommec � un pouce au-deflous des
bords du r�fervoir, & dont la fonction eft de don-
ner paf�age � la furabondance d'eau, qui fans cela
courroit rifque de paffer par-deffus les bords : le
deuxi�me b , pour le tuyau de la diftribution de
l'eau du r�fervoir, que Ton �lev� de quelques pou-
ces au-deiTus du fond : le troiii�me c, pour vuider le
r�fervoir & le n�toyer. On ferme le dernier tuyau c
qui eft au niveau du fond du r�fervoir, bien exacte-
ment par une fou-pape � boucle , faite ordinai�e-
-ocr page 383-
35$                      Cours
ment en cuivre , & qui peut s'enlever � volont�
par le moyen d'un crochet.
Enfin on termine un r�fervoir par placer le
�uyau montant d, qu'on attache en dehors � la
cage de charpente, lequel furmonte le bord du r�-
fervoir & dont on recourbe l'extr�mit� pour y ver-
fer l'eau y foit que cette eau vienne de quelque d�p�t
public , foit qu'elle foit �lev�e par le moyen d'une
pompe.
                                                    , *
La diitribution des tuyaux regarde particulie-
iement le Fontainier , il n'y a que leur pofe qui
regarde le Plombier ; c'eft pourquoi il feroit inutile
d'entrer dans des d�tails fur cet objet.
Des Devis de Plomberie,
Il fufEt de d�iigner dans les devis ele Plomberie
les endroits o� l'on mettra du plomb, de m�me que
fa largeur & fon �paiffeur, ainii on dira :
:; ;Les plombs de l'enfa�ternent de tel comble au-
ront tant de largeur fur tant d'�paiffeur, & feront
contenus avec quatre crochets par chaque toiie
de longueur : les arnortiffemens p�leront tant : les
noues feront d�telle largeur & 'de telle �paiffeur:
les arr�tiers auront tant�o, largeur fur tant d'�paif-
feur ; les ch�neaux auront tant de largeur fur tant
d'�paiffeur ,-& feront contenus par des crochets
efpac�s de 18 pouces : les chapeaux des lucarnes
auront tant de largeur fur tant d'�paiffeur; les go�-
tieres peferont tant ; les tuyaux de defeentes auront
tant d'�paiffeur & tant de diam�tre ; les hottes ou
entonnoirs peferont tant : les tables de plomb
des terraffes auront tant d'�paiffeur fur tant de
largeur,, &c. le tout bien fond� avec foud�re *
-ocr page 384-
d'Architecture; jyf
Compof�e de § de plomb & d'un tiers d'�tain fin.
Tous lefquels ouvrages feront bien & duement
faits & pof�s fuivant Tart ; & l'Entrepreneur four-
nira pour leur ex�cution tous les �quipages , les
peines ^'ouvriers, le charbon & les voitures n�-
ceffaires pour �e tranfport defdits plombs, moyen-
nant les prix & fommes ci-deflous ; f�avoir ,�
Pour chaq�ie livre, pefant de plomb lamin� , . ' %.
Pour chaque livre pefant de plomb coul�, . . -
Pour chaque livre de foudure, . . . . �'■>■■� - � *.
Ε χ ρ L ι c at ion de la PL CXXVI1I y
concernant la Plomberie.
La� figure I, �ilame portion de toit avec la di�>
poiition d'un ch�neau vers le bas. a Ch�neait
compof� de tables de plomb relev�es fuivant leur
longueur : la partie recourb�e qui eil fur le devant
eil � bourelet, l'autre d ei| clou�e fur le bas de la
charpente ; c rang d'ardoife � recouvrement fur le
bord du ch�neau dy b crochet fervant � contenir le
ch�neau ye, � goutti�re faillante avec un trou c perc�
dans le devant du ch�neau pour la commmunica-
tion des eaux; g barre de fer plate, avec une em-
braffurefervant � fo�tenir la goutti�re; A faillie de-
la corniche o� eil aifis le ch�neau.
La fig» Il* eil la vue g�n�rale d'un ch�neau avec
fon tuyau de defcente. a Ch�neau | b crochets, c
corniche, d tuyau de defcente, e embrai�ure de fer«.
La figure III eil le profil d'un ch�neau pris au-
milieu d'un tuyau de defcente.
La fig. IV. eil la forme particuliere d'un des
crochets d9 fig. III, d�f�mes � contenir un ch�neau..
La fig* Vj eil un enfattement : a crochet que;;
JU Vf.
-ocr page 385-
358                       Co ir R s
Von met fur le fa�te de charpente, de diftance en
diftance , pour contenir fenfa�tement.
La fig. VI repr�fente une cuvette en hotte :
a bord fup�rieur termin� en boureiet ; b doifierque
Ton applique contre le mur, ou que l'on recourbe
pour le clouer fur le dormant d'une croif�e ;
c tuyaux de defcentes embo�t�s l'un dans l'autre ;
d brides de fer ; e jonction de deux tuyaux.
La fig. VII eil une cuvette ronde : a dofl�erj
b tuyau de defcente.
La fig. VIII eil une bride ou embrai�ure de fer
jfell�e dans le mur , pour contenir les tuyaux de
defcentes.
La fig. IX. eit une crapaudine.
La fig. X eil une portion de toit d�j� couverte en
partie de tables de plomb : a, crochets ; fr, h pointes
des crochets ; c,d,e, tables de plomb avec un re-
couvrement � Tune fur l'autre, fuivant la hauteur
du toit ; g boureiet que Tori pratique , en repliant
enfemble les extr�mit�s des tables fuivant la lon-
gueur du toit ; h forme particuliere d'un crochet.
La fig. XI, eil le profil d'une partie de r�fervoir*
plac� dans une cage de charpente couverte de
planches de ch�ne , fur lefquelles on �tend les
tables de plomb -y a tuyau du trop-plein ; h tuyau'
de diilribution ; c. tuyau de d�charge ferm� avec
une bonde; d tuyau montant �lev� au-dei�us de§
Jbords du r�fervoir, & fervant � y amener l'eau.
La f�g, XII, offre deux petites plaques de plomb
arrondies par l� bas en forme d'�caill�s de poiffon s
§ζ deilin�es � �tre employ�es, au lieu d*ardoife.
La f�g. XIII, eil un �n%de-b�ufa,ve�un.e plagie
plomb �lQu�e f Kl m �Qva<
-ocr page 386-
D * A RCHITECTURE*           $$$
DE LA MENUISERIE,
j
$-ik Menuiferie eil l'art de travailler le bois y
de le dreffer , de le corroyer , de l'ai�embler &.
de l'orner de moulures. Cet Art s'�tend � un in-
, finit� de befoins : on en fait des portes, des croif�es,
des lambris , des parquets , des armoires , des
cloifons legeres , des efcaliers, enfin, toutes fortes;
de meubles, � l'ufage de nos habitations,
Les bois les plus ordinaires dont on fe fert
dans la Menuiferie , font le ch�ne & le fapiri.
Le ch�ne > ainii que nous l'avons dit "dans l&
Chapitre de la Charpenterie
, eil de deux efpeces »
l'une tendre> & f autre durej la derni�re s'em ploy�
pour la Charpente 9 & la premiere pour l�
Menuiferie g comme plu* droite » plus �gale &
plus aif�e � travailler.
� Le fapin e& un bois tendre , de droit fil avec
beaucoup de n�uds : on ne l'employ� gueres �
des ouvrages de conf�quence T tant parce qu'il
-n'a pas la folidit� du ch�ne, que parce qu'il ne
fe travaille pas aul�i proprement.
g On dit dans les* Devis, que tous les bois de
Menuiferie doivent �tre fains , coup�s au moins
depuis cinq ans , vifs ,, fans aubier, fans n�uds
vicieux, fans malandres , fans gelivures , fans
roulures , fans piquures de. vers , ni aucune
pourriture ; expliquons de quelle conf�quence
peuvent �tre chacun de ces. d�fauts dans la
Menuiferie.
■��■ Du bois mon, ou qui eil verd , fe pourrit ou
Ζ iv
-ocr page 387-
36o                    Cours
fe tourmente fans ceffe : l'aubier eil une partie
de bois � demi-form�, qui fe trouve imm�dia-
tement fous F�corce, & qui. n'ayant pas encore
acquis toute fa coniiilance , demande conf�quem-
ment � �tre enlev� avec foin : un n�ud efl le
paifage d'une branche � travers le corps de Far-
bre , qui, en per�ant une planche , fepare fou-
vent (es fils , au point d'y produire un trou ; le
fapin , fur-tout , eil plus que tous les autres
bois , fujet � cet inconv�nient : les malandres,
font des efpeces de veines graiTes , rouges ou
blanches , qui font des parties plus tendres que
le reile du bois , & qui pourrif�ent d'ordinaire
promptement : les- gelivures ou bois gelifs , font
des fentes ou ger�ures produites par de fortes
gel�es : enfin les roulures , font des f�parations
dans le bois qui �tent la iiaifon. \ '
Tous les bois de menuiferie font de fciage »
, & fe d�bitent par planches ou membrures , plus
ou moins longues 5 & plus ou moins �paiifes.
On dillingue le bois de ch�ne , que l'on employ�
aux ouvrages de menuiferie, fous les noms de
bois de ch�ne de POfges , de'; bois de ch�ne Fran-
�ois
, & de bois & Hollande ;� & le bois de fapin,
fous, les noms de fapin dAuvergne, rr & de fapin
de Lorraine.
On les achette f�r le port & chez
les Marchands � Paris, fuivant de certaines
longueurs , largeurs & �paiifeurs d�termin�es ;
& comme il eil utile , pour appr�cier les travaux
de menuiferie, de connoitre le toif� & le prix
de chacun de ces bois , � raifonde leurs diff�rentes,
quaiit�s,nous croyons devoir entrer dans ce d�tail.
L�es bois de ch�ne de Vofges fe r�duifent tous
pour la vente chez les Marchands , � I pouce
a'�paiifcur « fur io pouces de largeur, & fe
-ocr page 388-
^Architecture.           361
payent ordinairement le cent de toifes eoiirantes
150 liv.
Il y a aufli de ces m�mes bois d'une qualit�
fup�rieure , qui fe payent depuis 170 liv. juf-
qu'� 1 So liv.
Les bois d'Hollande fe r�duifent �galement �
I  pouce d'�paiffeur , fur 10 pouces de largeur ,
en obfervant que le pouce d'Hollande n'a que
II  lignes de France, ce qui fait que ces bois fe
livrent � Paris � 9 pouces de large , fur 11 lignes
d'�paiffeur : ils fe payent maintenant 170 liv. le
cent de bois ordinaire. .
Quant au m�me bois de premiere qualit�, &
en bois large depuis 12 pouces jufqu'� 15 pou-
ces, quoique toujours r�duit � 9 pouces dans la
�ivraifon, il fe paye 230 liv. le cent de toifes.
Les bois de ch�ne de la fcierie de Fontaine-
bleau , n'ont qu'environ 8 pouces \ de large , &
font r�duits � I pouce d'�paiffeur, tant en bois
mince qu'en bois �pais, & fe payent 170 liv.
pris fur le port.
Les bois de ch�ne Fran�ois de 15 lignes -d'�-*�-
paiffeur , fur 10 pouces de large , ne font point
�ufceptibles de r�dudion , & fe payent 135 a
140 liv�, & m�me jufqu'� 145 liv. quand ils font
beaux,
                      1 ■'.■:...■-.'.Λ,
Les bois de ch�ne Fran�ois de 21 lignes d'�-
paiffeur , fur 10 pouces de largeur, fe payent
120 & 125 liv. le cent.
.Les bois de ch�ne Fran�ois d'un p�uce f d'�-
paiffeur , fur 8 � 9 pouces de largeur , fe payent
le m�me prix que ceux de 1.5 lignes d'�paiffeur.
La membrure de bois'de ch�ne Fran�ois de
3 & 6 pouces de gros , fe paye 140 & 150 liv.
le cent de toifes,
-ocr page 389-
362                     Cours
Les battans de porte cochere de 4 pouces d'�-
paiffeur , fur 1 pied de large, fe comptent 4 toifes
pour une , c'eft-�-dire , qu'ils fe r�duifent � ί
pouce d'�paiifeur, fur 1 pied de largeur ; ils fe
payent depuis 150 liv. jufqu'� 160 liv., � caufe
des entr�es, qui i� per�oivent fur ce bois, comme
fur le bois quarr�.
Les planches de ch�ne Fran�ois de 12 pouces
de largeur, fur 2 pouces ~ depaiiTeur, fe payent
280 liv, le cent de toifes.
Le fapin d'Auvergne de 12 pieds de long , fut
12 ponces de large , & de 14 � 15 lignes d'�paif-
feur, fe paye fur le port 250 liv. le cent de plan-
ches.
: Le fapin de Lorraine de 11 pieds 6 pouces »
paflant pour 12 pieds, de 8 � 9 pouces de large»
fur 11 lignes d'�paiffeur , paifant pour 12 lignes %
fe payent 125 a 130 liv. le cent de planches.
Le fapin de Lorraine de m�me longueur &
m�me largeur , fur 7 � 8 lignes d'�paiiteiir, fe
payent 110 liv. le cent de planches.
Le fapin de Lorraine de 12 pieds de France »
fur ίο pouces de large , & 1} � 14 lignes d'�-
pauTeur, fe payent ι jo � 1 5 5 liv. le cent de plan-
ches.
Les planches de ch�ne provenant des d�chi-*
rages des bateaux , fe vendent � la toife fuper-
ficielle, � raifon de 5 & de; � liv. 10 fols�.:
Les planches de fapin provenant auffi des d�^
chirages de bateaux , fe vendent � raifon de 4 liv*
10 fols la toife fuperf�cielle.
Nous donnerons vers la fin quelques exemples
de la maniere de parvenir � rcilimation des
ouvrages de Menuiferie , en ayant �gard aux
diff�rents toif�s a�s bois ci-deffus a & � la quaa-
� ; .__'..
-ocr page 390-
d'Architecture. 363
f�t� qu'il en faut de chaque forte pour les op�rer,
ainfi qu'� leurs diff�rents prix aduels chez les
Marchands ; lefquels prix cependant peuvent �tre
fufceptibles de vari�t�, �raifon , foit de la
raret� des bois, foit des droits qu'on y met, &c.
Apr�s le choix des bois & leur achat, leur
affemblage eit ce qui merite le plus d'attention
dans la Menuiferie, par rapport � la folidit� &
� la beaut� d'un ouvrage. Nous avons repr�-
fente les principaux dans la Planche CXXIX;
A , affemblage � rainures & languettes, qui eft
le plus ordinaire; B, affemblage � tenon & mor»
toife ; C , affemblage � onglet ; D , affemblage
� queue d'hyronde pour joindre deux a�s a
�querre; Ε , autre affemblage � queue d'hyronde
pour joindre deux ais bout-�-bout ; F, affemblage
� clef; G, affemblage en fauffe coupe ; H, affem-
blage quarr� ; I, Deux diff�rents affemblages �
trait de Jupiter pour alonger le bois.
Nous croyons inutile de nous �tendre^ fur ces
affemblages , de m�me que fur nombre d'autres,
en ff�te , � mi-bois, en enfourch�ment double
ou ffmple , &c. &c. dont la connoiffance eft
en g�n�ral plus du reffort du Menuifier que de
1 .A rcrntf�cic
           »
C'eit par le moyen de ces affemblages que l'on
r�unit folidement les b�tis, les panneaux & les
diff�rents compartiments des ouvrages de menui-
ferie. Dans le premier Volume de ce Cours, M.
Blondel a enfeign� la maniere de tracer g�om�tri-
quement les moulures, & dans le Chapitre de la
d�coration int�rieure.mi
commencement du Volume
pr�c�dent, nous avons appris comment il convenoit
<te les varier & difpofer, pour former,.par leur
-ocr page 391-
3^4 ' 'f < c o υ Rs" ' ';'-"
proportion , un effet agr�able dans les diff�rents
cas. Ainfi il nous fufEra de rappeller, en g�n�-
ral , que les moulures propres � la Menuiferie
font de deux fortes , les unes rondes , & les au-
tres droites. Les rondes font les becs de corbin ,
les tores , les douanes, les talons , les cavets,
les quart-de-rond, les cong�s , les gorges, les
^guettes , les Mels & les ailragales Les mou-
lures droites font, les larmiers , les faces d'archi-
trave , & les filets. Tout Fart de leur compofi-
tion, avons-nous dit alors , c'eil de diilinguer
les circonftances- o� il convient d'employer les
unes pmt�t que les autres | c'eil de favoir les
proportionner fuivant les occafions , c'eil d'en
iaire un choix judicieux , c'eil de varier les mou-
lures rondes & droites , les grandes & les petites g
<ie fa�on que ces derni�res faffent valoir les
autres, & fervent toujours , fait � les d�tacher,
loit a les d�gager, r
La Menuiferie des b�timents fe diilingue en;
mobile & dormante ; la mobile comprend les por-
tes-, les croif�es , les contrevents , tout ce qui
doit couvrir ou fe fermer ;. la dormante, com-
prend les lambris , les parquets , les c�oifons ,
les eicaliers , en un mot tout les ouvrages qui
relient en place. Nous allons parler fuccef�ive-
ment de ces diff�rents ouvrages ,.. eu �gard � ce
qui conilitue leur folidit� , aux �paiffeurs de
bois que chacun d'eux exigeiuivant leur �tendue*
& enfin aux confid�rations particuli�res que de-
mande leur pofe ; tous objets dont un Archiv
te�e; doit �tre inftruit? & en �tat d'appr�cier.
-ocr page 392-
^'Architecture:          36$ ,
C Η Α Ρ Ι Τ R E PREMIE R.
De la Menuiserie mobile,
? 1.....-----------==5=3=3-----:�:�γ� "■ s 1 s
Article Premier.
Des Portes.
V/ Ν appelle portes , toutes les ouvertures & bayes
que l'on pratique dans les murs pour entrer ciim
lieu dans un autre. Il y en a de deux fortes j
les portes int�rieures , que Ton diitingue en
grandes, moyennes & petites ; les portes ext�-
rieures , qui font les portes cocheres , & les portes
b�tardes.
Les grandes portes des appartements, font les,
portes � placards, � deux venteaux. Leur forme la
plus ordinaire eit la quarx�e ; elle eft aui�i la plus
commode » & m�me la feule o� l'on puiffe prati-
quer des portes ouvrantes dans les �pa�Teurs aes
murs.
On peut cependant les faire auiii bomb�es
& cintr�es, en pratiquant des dormans dans les
cintres qui ne s'ouvrent point. On donne � ces
portes depuis 4 pieds jufqu'� 5 pieds ~ de lar-
geur ., & de hauteur au moins le double de la
largeur.
une porte � placards ςίΐ: compof�e en g�n�ral,
fig. I, II , III & IV , Pli CXXX , d'un double
chambranle iz,avec fa traverfe b , de deux ventaux
c, c P � double parement ; chaque ventail c a
-ocr page 393-
$66                       Cour $
deux battans d9 d, & quatre traverfes horifon-
tales e , f,g, h, & eft compof� de trois panneaux
e, i, Λ, affembl�s dans des cadres /, orn�s de
moulures. Entre les chambranles » f�g. Il, font des
embrafements m, rev�tus de panneaux, avec des
cadres correfpondans pour les hauteurs � ceux
des venteaux ; au-deffus eil un plafond n.
On voit, flg. III, le plan de cette porte, &
fig. IV , tes profils avec des lettres de renvoi ,
' correfpondantes � celles des figures pr�c�dentes,
pour faire, mieux juger de la liaiibn de toutes (es
parties.
Les panneaux c , k , i, font affembl�s � rainures
& languettes dans les cadres /; & les cadres /,
font affembl�s � leur rencontre � onglets ; les
montans a des chambranles, font auffi aifembl�s
� onglets avec la traverfe b ; enfin les traverfes
horifontales e ? �, g, h, s'aiTemblent � tenons &
mortoifes dans les battans d, d.
Les �paiifeurs des bois des portes, doivent �tre
proportionn�es � leur grandeur. En fuppofant,
par exemple , la porte de 4 pieds 7 de large,
fur 9 pieds 7 de haut, on donnera 1 pouce -~ d'�-
paiffeur, aux deux battans d9 d^iutz pouces 7 de
ι champ , fans comprendre une largeur d'environ
6 lignes, n�ceffaire pour la feuillure fur l'un de
ces battans pr�s le chambranle ^ & la moulure
que l'on pouffe fur l'arr�te de l'autre battant pour
l'ouverture du milieu : on donnera aui��aux tra-
verfes horifontales I pouce ~ d'�paiffeur , mais
avec diff�rentes largeurs ; celle h dans le bas,
aura la hauteur du focle du chambranle ; celle t du
haut, aura 2 pouces | ; & les traverfes � & g au-
ront environ 3 pouces \, Pour ce qui eit des cadres
l, leurs profils peuvent �tre � grands & � petits
-ocr page 394-
d'Architecture.           36?
cadres. Les profils � petits cadres font � fleur des
battans d, ou des traverfes e, f, g, h.y & pris
dans le m�me bois : on leur donne depuis 15
jufqu'� 20 lignes de largeur, & on les compofe
de peu de moulures. Les profils � grands cadres
font embreuv�s dans l'�paiiTeur des battans, des
traverfes ou des b�tis , les exc�dent en �paineur,
& ne font |>oint pris dans le m�me bois ; on leur
donne depuis 2 pouces jufqu'� 3 pouces de lar-
geur. Aifez volontiers on fait les panneaux c & i
� grands cadres , & ceux k des frifes � petits
cadres. Il fui�ic de donner 5 pouces de largeur
aux chambranles des portes, qui n'exc�dent pas
4 pieds ~ ? fur 2 pouces ~ d'�pahTeur, & 1 pouce
d'�paineur au plus aux panneaux des portes
qu; n'exc�dent pas 4 pieds { d'ouverture ; mais
quand elles ont 5 � 6 pieds de largeur , les pan-
neaux peuvent avoir 15 lignes d'�pahTeur , & les
chambranles jufqu'� 6 & 7 pouces de largeur ,
fur 3 pouces d'�pahTeur.
En g�n�ral , la perfection des ouvrages de
menuiferie , exige que les b�tis foient folide-
tnei�t aifembl�s , que les panneaux foient faits
avec des planches �troites , & aiTembl�es � rai-
nures & languettes , ami qu'ils foient moins fu-
jets � fe tourmenter (1) ; que les languettes por-
tent bien au fond des rainures $�'& qu'en un mot
tous les bois foient de bonne qualit� , dreii�s
proprement , corroy�s & rabot�s jufqu'au vif,
de fa�on qu'on n'apper�oive aucun trait de fciage ,
& qu'il ne fe trouve aucun n�ud vicieux, dont il
( 1) Autrefois on r�unhToit les planches des panneaux | plat-
joint , mais aujourd'hui pw les aflemble toujours � rainures
& languettes.
-ocr page 395-
368                       Cours
Toit n�cei�aire de boucher les troux avec des
tampons , du mailic, &c.i
Les rev�tiffements des embr�fements m |
peuvent �tre auffi � grands & petits cadres ,
mais on les fait d'ordinaire � petits cadres ; δε
s'ils ne font pas aiTez larges pour �tre d'aiTem-
blage , on peut les faire d'une feule pi�ce, en y
pratiquant un panneau ravall� , lequel doit s'ac-
corder pour les hauteurs avec ceux de la port�«,
Quant aux plafonds , leurs champs doivent s'ac-
corder �galement avec ceux des embr�fements.
Il faut pofer les portes � placards � deux
ven�aux, de fa�on que le milieu de leur ouver-
ture foit bien d'� plomb, vis-�-vis le milieu de
l'enfilade des appartements , & vis-�-vis la tra-
verfe du haut du chambranle , qui doit �tre d'un
parfait niveau. On doit obferver encore de don-
ner un peu de refu�te , tant fur le plat que fur
le champ , aux montans du chambranle o� la
porte eil ferr�e , afin de faciliter fon ouverture.
Les chambranles s'attachent avec des broches , ou
�QS partes � vis, ou des vis � t�te perdue, en-
fonc�es dans les poteaux de la baye del� porte,
lorfqu'elle eil pratiqu�e dans Une cloifon ; & avec
des pattes � vis coud�es , ou des pattes � pl�-
tre , lorfqu'elle eil pratiqu�e dans un mur.
Onfait les portes � placard � un ventait, commune-
ment � petits cadres, � deux parements, fig. V, VI,
VII & VIII, PL GXXX , pour les cabinets & les
entre-fols , auxquelles on donne depuis 2 pieds
jufqu'� 3 pieds de largeur fur 6 & 7 pieds de hau-
teur. On les orne �galement de double chambranles
a, de battans b, de traverfesr, & de panneaux d. Les
battons ont 1 pouce J d'�pahTeur ; les panneaux
9 lignes d'�paiifeur ; les chambranles 4 � 5 pouces
-ocr page 396-
ϊ>* A R G H Ι Τ Ε C Τ U R �.           36*9
�e. large , fur 2 pouces d'�paiffeur : les embrafe-
ments & plafonds fe font avec des panneaux ra-
vall�s ou d'affemblage , f�lon la place. On peut
voir, par la comparaifon du plan, de l'�l�vation &
du profil de cette porte , la diipofition relative
de toutes (as parties,
Dans les maifons communes & les lieux de
furet� 5 on fait des portes pleines en ch�ne ,
de 1 <) lignes environ d'�paii�eiir, dont hs plan-
ches font blanchies des deux c�t�s , coll�es &
silembl�es avec des clefs fur la hauteur, jointes
� rainures & languettes, & dont les extr�mit�s
fup�rieures & inf�rieures font embo�t�es dans des
traverfes aui�i de ch�ne > � tenons & mortoifes.
On fait �galement des portes avec des planches
de fa pin , embo�t�es de ch�ne haut & bas, &
blanchies des deux c�t�s : enfin , on fait des portes -,
foit de ch�ne pour les caves , foit de fapin, fans
embo�tures , & dont les planches font contenues
par derriere avec deux ou trois barres de bois
qui y font clou�es. Les portes de remifes � deux
venteaux fe font, ou en ch�ne, ou bien en fa-
pin de forte qualit�, de 15 lignes d'�paiiTeurv
avec feulement une planche de ch�ne fur les rives
du c�t� des pantures , & un battement auffi de
ch�ne : lefdits venteaux s'aifemblent � rainures &
languettes , font blanchis par un parement, &
barr�es par derriere, foit en croix de Saint-Andr�,
foit en �charpes*
Les portes cocheres doivent �tre de largeur
& hauteur convenables pour l'entr�e des voitu-
res. 11 faut qu'elles aient au moins 8 pieds de lar-
geur entre les tableaux, & en hauteur �-peu-
pr�s le double de la largeur, � moins qu'il n'y
ait quelque obftacle de la part des planchers.
Tome FL�
                        '             A a
-ocr page 397-
370                       Cours
En ce cas , on fe contente de les faire ouvrir
dans une partie de leur hauteur jufqu'� environ
12. pieds , & Ton feint le refiant de la partie fup�-
rieure de la baye, dans laquelle on pratique ,
ioit des croif�es ou des �ils-de-b�uf pour �clai-
rer les entre- fols , foit des tables d�cor�es de mou-
lures & de divers ornements
Ges portes font toujours compof�es de deux
venteaux quarr�s , cintr�s ou bomb�s , ouvrant
d'ordinaire � feuillure, & dont la force des bois
ie proportionne � leur hauteur. Les battans des
rives ont commun�ment 4 pouces d'�paifFeur, fur
Il pouces de largeur , & les battans meneaux de
fermeture 8 � 9 pouces ; les b�tis ont 3 pouces
tT�paiileur, les cadres 4 pouces d'�paiiTeur , &
les panneaux 1 pouce - , & quelquefois 2 pouces
d'�paiffeur. On met des parquets dans le bas, au
lieu de panneaux, � def�ein de mieux fortifier ces
endroits contre le paf�age des voitures , fans
compter qu'on les rev�tit fouvent de bandes de t�le
vis-�-vis le moyeu des roues. Ces fortes de portes
ne fe font pas � double parements ? mais on
remplit le derriere du c�t� de la Cour de gros
b�tis & de panneaux arraf�s. Pour l'intelligence
4e Faifemblage de toutes les parties d'une porte
cochere , on peut confulter les profils d�taill�s
en grand , que nous avons donn� Planche II du
Volume pr�c�dent.
La pofe des portes cocheres n'a point de diffi-
cult�s ; c'efi l'a bont� des fcell�ments de leurs
gonds & des crapaudines qui re�oivent leurs pi-
vots , qui fait toute leur folidit� ; nous verrons
dans /e Chapitre de la Serruerie en quoi confifte
leur ferrure. La feule attention � avoir, lorfqu'on
�es met en place, e'eft de bien caller leurs ven- j
-ocr page 398-
d'Architecture.           371
teaux de toutes parts, & de les tenir ainii en
refped , fans les ouvrir pendant un jour ou deux,
afin que le pl�tre des Scellements de leurs gonds
ait le tems de l�cher & d'op�rer toute fa prii�.
On fait aui�i des portes d'entr�e pour fermer
les all�es , que l'on nomme b�tardes ; on leur
donne depuis 4 pieds jufqu'� pr�s de 6 pieds de
largeur ; elles fe font � un parement , & s'op�-
rent � peu-pr�s comme les guichets des portes
cocheres , tant pour la. forme , que pour l'�paif-
feur des bois ; & l'on y met �galement un parquet
dans le bas pour plus de folidit�.
Les portes d'Eglife fe font � double parement ;
il n'eft pas d'ufage d'y faire de parquet dans le
bas ; & la feule attention � avoir clans leur dif-
poiition , c'eft que quand on y met un guichet, il
faut le faire ouvrir dans le compartiment des
cadres des panneaux , fans �ffe�er de lui donner
une figure apparente, comme dans la plupart
des portes cocheres.
■Α R Τ Ι C L Ε Ι Ι.
Des Croif�es.
On fait les Croif�es de plufieurs formes ,
quarr�es, cintr�es, bomb�es , avec impofte ou
fans impoile. On les ouvre ? foit � gueule de
loup , foit � noix , foit � feuillure ou � doucine�
Il y en a de grandes , de moyennes & de petites.
On donne de hauteur � la plupart des croif�es»
�-peu-pr�s le double-de leur largeur , & quelque-
fois jufqu'� deux fois & demi. Lqs croif�es ordi-
A a ij
-ocr page 399-
Jfi                    Cours
«aires ont environ 4 pieds de large, fur 9 � IO
pieds de haut ; & les plus grandes ont depuis
5 jufqu'� 6 pieds de largeur , fur 14 � 1 5 pieds
de hauteur.
On doit proportionner la force des bois �
leur �tendue ; c'eft une regle g�n�rale pour tous
les ouvrages de menuiferie. En fuppofant une
croif�e 4e 4 pieds de large , fur 9 pieds de haut,
on donne �-peu-pr�s les dimenfions fuivantes �
fes principales parties;
Le dormant a , fig. X , Pi, CXXXI, & fa
traverfe du haut b, a commun�ment 2 pouces \
«f�paiffeur, fur 3 pouces de largeur, s'il n'y a
tpas d'embrafements ni de volets <, ou bien 4
pouces s'il y a embrafements & volets ; ce qui
occaiionne cette grande largeur. du dormant,
c'eft fur-tout l'�paifleur v des volets qui y font
ferr�s. Les dormans font arraf�s par derriere
avec les chaffis, & � leur rencontre on fait un
petit renfoncement pour loger les fiches ; mais
quand il doit y avoir des volets , on pratique
en outre , � la rencontre du dormant, une feuil-
lure d'environ 6 lignes quarr�es pour les recevoir,
fans compter qu'il faut toujours faire dans fon
�paiffeur une noix pour loger le chaffis. La
fig, XIV , PL CXXXI�, exprime le profil par-
ticulier de cet arrangement ; a , dormant ; b ,
feuillure; c, petit renfoncement pour loger les
fiches ; d, nojx du battant du chaffis; e9 volet;
� > rev�tiiTement de 3'embrafement.
La pi�ce d'appui c fig. X, a au moins 3 pouces \ ,
fur 3 pouces , & eit termin�e en dehors en quart
de rond ; on y fait un« feuillure par-de�Tous pour
recevoir la faillie de l'appui de pierre e, difpof�
en revers d'eau.
f ''.'■■■ ■
-ocr page 400-
/ ■'■■'
D * A RCHITECTURL^         ff$
Les battants meneaux d, ont enfemble �-peu-
pr�s 2 pouces\ d'�paiiTeur, fur 3. pouces l- de
largeur : on les fait ouvrir � gueule de loup s
comme dans la flg. XVI a ou � doiicine s comme
dans la fig. XVII.
Les battants e,, e ,, fig. Χ , d�s ehai��s � verre ,
& la traverfe � du haut, ont 1 pouce \ d'�paif-
feur, fur 2 pouces γ de largeur : �a traverfe h
du bas , que l'on nomme jet-d'eau , doit avoir
environ 3 pouces de hauteur , y compris 1 pour
ce � en dehors de plus �pais que le chaflis. Cette
faillie eil toujours form�e en douc�ne pour re-
jetter les eaux , & m�me , afin de mettre obiiacle
� ce qu'elles puiflent p�n�trer par-l� dans les
appartements , on refouille fous le devant du
jet d'eau un efpece de canal en forme de lar~
mier.
Depuis quelque tems. , pour emp�cher abfo-
lument les eaux de filtrer s comme il arrivoi�
quelquefois malgr� le larmier , on- s'�fl avif�
d'ajouter encore un petit canal fur la pi�ce d'ap^-
pui dans toute fa longueur , que l'on difpofe en.
pente vers �e milieu de la croif�e , & dans le
fond duquel on perce un petit trou � travers la
pi�ce d'appui % pour rejetter en dehors les eaux
qui franchiro�ent le larmier ; exp�dient qui r�uflit
tr�s-bien , & qui merite d'�tre imit�.
La f�g. XV, PI. GXXXII, fait voir tout c@
d�tail ; a , eil l'appui de pierre ;, h9 eil. la pi�ce
d'appui ; c , la feuillure pour loger �e. revers d'eau *
d, traverfe du bas du chaff�s avec fon rejet d'eau �%
� , larmier ; g, canal pratiqu� �e long du dei�us
de la pi�ce d'appui; H\ petit trou, � travers �as.
pi�ce d'appui pour faire �couler ea dehors \sk
A a ii|
-ocr page 401-
$j4                       Cours
eaux qui entreroienr dans �e canal g ; i, le bas
du voler que Ton fuppofe ferm�.
Les petits bois i, fig. XVIII , fe font, foit �
pointe de diamant, foit avec des profils � petits
cadres : ils s'op�rent avec de petits montans af-
fembl�s en enfour�hement dans les traverf�s hori-
ibntales. Pour ce qui efl de la proportion des
carreaux, on fait qu'on leur donne un quart de
hauteur plus que de largeur.
Les imposes k , que l'on met pour diminuer
la trop grande �l�vation des chaf�is , ont commu-
n�ment 334 pouces de hauteur , fur �-peu-pr�s
autant d"�pai!�eur, & s'accordent, quand les croi-
f�es font cintr�es , avec la naiflance de leur cin-
tre. On les termine , %. XIX , Planche fui vante,
par des becs de corbin ; & de plus on fait la
traverfe du bas b du chaffis fup�rieur en jet
d'eau avec un larmier c. Les chai�is inf�rieurs d,
s'ouvrent fous ces impoftes , & le plus fouvent
les chai�is fup�rieurs b font dormans , ou du
moins ne s'ouvrent que pour la commodit� du
Vitrier.
Pour ce qui eit des croiiees l,.'� grand car-
reaux , fur la droite de la f�g. X , qui font au-
jourd'hui tr�s-en vogue, on fupprime les montans
au milieu de chaque ventail & l'on fait chaque
carreau de la largeur du ventail, en obfervant
de proportionner � l'ordinaire fa hauteur � fa
largeur : � raifon de la grandeur des carreaux ?
on donne jufqu'� 1 pouce \ d'�paiffeur &: de lar-
geur aux traverses qui s'aifemblent dans les mon-
tans des chai�is � verre � tenon, & que l'on
orne de diff�rens profils : il faut fur-tout recom-
mander aux Ouvriers de faire d,es feuillures
-ocr page 402-
d'Architecture.           jgj$
profondes pour loger les carreaux ; car il p�chent
fou vent par-l�.
Les affemblages des portes-croif�es ne font pas
diff�rents de ceux des croif�es : on obferve feur
lement de les fermer , pour faciliter de les ouvrir
en dehors, � doucine ou � feuillure, fig- XVII*
& de mettre dans le bas un panneau, dont la
hauteur s'accorde, foit avec celle des banquettes
des autres croif�es , foit avec celle des lambris
d'appui.
Les volets ou guichets que Ton met derriere
les croif�es , font compof�s de battans, de tra-
verfes , de panneaux & de frifes , difpof�s par
compartiments : ils font aflez fouvent brif�s en
deux, & quelquefois en trois parties , pour fe loger
dans les embrafements. Leur hauteur eii d�termin�e
par celle des chai�is d'une croif�e, plus un recou-
vrement de 5 ou 6 lignes fur le dormant. Les b�tis
doivent avoir au moins ι pouce d'�paineut, &les
cadres des panneaux �tre ravall�s. On donne de-
puis ι pouces jufqu'� 3 pouces de champ, fois
aux traverfes entre les moulures n foit aux?
montans des rives des volets ; & pour ce qui eifc
des montans de brifure , &. il eil d'ufage de
donner aux deux enfemble 1 pouce de plus. On
a vu l'application de tout ce que nous venons
de dire dans les d�veloppements que nous avons
donn� des profils des portes de menuiferie * dans le
Trait� de la D�coration int�rieure , Chapitre I, ainft
on peut y avoir recours, comme � un Suppl�ment
ncceffaire , qui nous difpenfera d'entrer mainienane
dans un plus grand d�tail.
■ L'on fait volontiers des doubles croif�es dans
les appartements expof�s au, nord ,,. qui mentent
une attention toute particuliere , pour ne point
A a iy
>
-ocr page 403-
37<5                       Cours
�ter du jour quand elles font ferm�es, & afin que
la croif�e int�rieure avec {es volets ne puiife
nuire aucunement � l'autre, quand on veut l'ouvrir.
Nous avons exprim�, PI. CXXXII, fig. XIII, l'ar-
rangement de leurs chaffis. On voit d'un c�t� la
moiti� des doubles chaffis dans la fituation o� ils fe
trouvent �tant ferm�s ; & de l'autre c�t� les m�mes
chaffis ouverts, ainfi que.le volet pli� & cach�
derriere le chambranle : a,� , dormant du chaffis
int�rieur \ b, b chaffis � verre, dont la traverfe du
bas n'a pas befoin de rejet d'eau dans ce cas;d
meneau ouvrant � gueule de loup je dormant du chaf-
fis ext�rieur fcell� dans une feuillure ; � chaffis �
verre avec au contraire un jet d'eau � la traverfe
du bas; g meneau ouvrant � feuillure ou � douane.
Le tout d�pend , pour op�rer avec fucc�s ces
doubles croif�es , de faire les meneaux & lesmon-
tans des deux chaffis, aini� que les traverfes des
petits bois d'�gale largeur & hauteur , de fa�on
qu'�tant ferm�s, ils fe trouvent vis-�-vis les uns
des autres; & fur-tout de faire le montant du chaf-
fis � verre int�rieur d'une largeur ftiffifante pour
anticiper de fon �paiffeur f�r fori dormant ; d'o� il
s'enfuivra qu'�tant ouvert »■ il n^exced�ra pas le ta-
bleau del� croif�e, & que le chaffis ext�rieur le
joindra pr�cifement, Si ne diminuera que de fon
�paiffeur la largeur de la baye.
Les petites croif�es ne diff�rent �es grandes
que par la force des bois , leur hauteur, largeur,
& le nombre de leurs carreaux. Leurs ouvertures
s'op�rent de trois mani�res. ;
1° A noix , & pour lors on arrondit l'arr�te du
battant meneau, & on fait fur ce m�me battant une
rainure dont on arrondit l'arr�te, afin de r�p�ter
�e jeu que l'on a �t� contraint de donner � fou»
-ocr page 404-
d'Architecture.          377
verture ; 2° � chanfrin ou douane, alors on fait
une baguette m�plate de 7 � 8 lignes , qui fert �
corrompre le joint, & � emp�cher d'appercevoir
que l'ouverture ne fe fait pas tout-�-fait dans le
milieu j 30 � feuillure � moiti� bois avec des ba-
guettes , ce qui rend les deux meneaux d'une lar-
geur �gale.
Dans les maifons 011 l'on veut faire peu de d�-
penfe, on fait les croif�es � coulhTes , qui n'ont
befoin d'aucune ferrure. Elles font compos�es d'un
dormant avec un montant au milieu, d'un importe
& de 4 chai�is , dont les deux fup�rieurs font
immobiles dans le dormant, & les deux inf�rieurs
fe meuvent dans des coulifTes. On donne � ces
dormans pr�s de 2 pouces ^ � 3 pouces de largeur
fur environ 2 pouces d'�paiiTeur, quand on ne veut
pas de volets ; car ii Ton en admet , il faut leur
donner 3 pouces , afin que d�fafleurant le chai�is ,
ils forment une petite faillie pour porter les volets :
on donne aux chai��s �.verre 2 pouces ~ de lar-
geur fur 15 lignes d'�paiiTeur, & on fait leurs petits
bois � plinthe �l�gie , ou bien on les aiTembe �
pointe de diamant dans leurs b�tis.
Les croif�es en jaiouiies , dites Perfiennes, font
� deux venteaux; leurs battans fe font d'un pouce
& demi ou de deux pouces, quand elles ont environ
4 pieds ~ de largeur : elles s'ouvrent avec pomelles
fans dormant, ou avec un dormant de 2 pouces
d'�paiiTeur fur 2 � 3 pouces de largeur. On fait
ces jaiouiies avec importe , lorfqu'elles furpaiTent
12 pieds de haut, ou qu'elles font ceintr�es dans
leur partie fup�rieure.
Quand il s'agit de pofer une eroif�e , il y a quel-
que conf�d�ration � avoir ; le mur eil en moilon,
le Ma�on eft oblig� de faire des entailles dans le
-ocr page 405-
378                      Cours
tableau pour fceller la pi�ce d'appui & les importes
s'il y en a: mais ii le mur eil en pierre de taille,
il eft d'ufage de couper la faillie des impoftes & des
pi�ces d'appui � Farrafement des tableaux. Apr�s
cette op�ration, le dormant de la croif�e eft en
�tat d'�tre plac� dans les feuillures , en obfervant
de mettre la pi�ce d'appui bien de niveau & de
la bien eneaitrer dans le revers d'eau, afin qu'elle
porte exactement fur la pierre d'appui de la croif�e,
tant en dedans qu'en dehors. On arr�te ce dormant
avec des pattes � pl�tre que l'on fcelle dans les
ernbrafemens , & que l'on attache avec des clouds
fur les dormans. Cela �tant fait, on pofe leschaf-
fis � verre qui doivent avoir �t� ferr�s, ainii que les
guichets , d'avance : enfin on finit par fceller le
dormant dans les feuillures o� il eu enca�r� , &
par remplir les petits intervalles, qui peuvent fe
trouver entre, avec du pl�tre dans lequel on m�le
de la pouifiere pour amortir fon action. Les cham-
branles des croii�es s'arr�tent avec des pattes cou-
d�es � pointe s'ils affleurent l� nud des ernbra-
femens de ma�onnerie, ou bien avec des pattes �
pl�tre par les c�t�s , & fur l� devant avec des vis
qui prennent dans les -ernbrafemens.
V~�"V
-ocr page 406-
d'Architecture.           379
CHAPITRE IL
De la Menuiserie dqrm�ntev
: mm 1 j 1 1 iijpn ι ι ii ι ■ .ι l'm ι m ι Bu »nui �. j�h» g.1) mm��m�a ι......iiii|iMW��wi
Article Premier.
Z^j Lambris.
\^N diitingue deux fortes de lambris * f�avoir, les
lambris d'appui ο , & les lambris de hauteur /*.,
figure �. PL CXXX, Le premier s'emploie
au pourtour des appartements o� l'on, admet des
tapI�eries ; fa hauteur varie � raifon de l'�l�vation
de la pi�ce : il eil compof� de b�tis d'un pouce
d'�pairTeur ? de panneaux , de frifes, de cadres &
de pilaires. On le couronne par une cymaife q,
compof�e de quelques moulures, & on le termine
fur le parquet par un foele ou une plinthe r. Les
figures XX & XXL PL CXXX�I, donnent l'id�e
des d�tails d'un lambri d'appui ; a cimaife ; h plinthe\
c
b�tis dont les panneaux peuvent �tre � grands ca-
dres comme d9 fig. XXI, ou � petits cadres comme e.
Le lambris de hauteur ρ occupe toute retendue
des murs d'un appartement , $� s'�l�ve depuis le
parquet jnfqu'au deflbus de la corniche : il eft
compof� dans le bas d'un efpece de lambris d'appui
fepar� par une eymaife, de celui de hauteur. On
le diiiribue par compartiments de panneaux � grands
& petits cadres qui ont de haufeuc au ®φά&ϊΜ$0ίί.
fois leur largeur % δς qui (qn% fep^��s par des pi-
-ocr page 407-
3§ο                      Cours
�airres-� qui ont de haut 8 ou 9 fois leur largeur.
On fait tous les champs �gaux, entre les panneaux,
& l'on donne aux b�tis un pouce ou un pouce &
demi d'�paiiTeur fuivantleur �tendue, en obfervant
de laiiTer les boffages n�ceiTaires pour la fcul-
pture des ornements.
On peut faire les lambris, tant d appui que de
hauteur enti�rement en ch�ne , ou m�me tout en
fapin : mais fouvent on fe borne � faire les b�tis
en ch�ne de 15 lignes d'�pahTeur, & � les remplir
de panneaux de fapin de o. lignes , avec des plin-
the & cymaife de ch�ne.
Quand on admet des ornements dans une d�co-
ration de menuiferie au milieu des panneaux, on a
le choix , ou de prendre les ornements dans la
maiTe du bois , & de laiiTer en conf�quence des
boiTages fuffifans , ou bien de finir l'ouvrage
comme s'il n'y en avoit pas , pour y rappor-
ter enfuite les ornements , les troph�es , les guir-
landes que l'on fait � part , en obfervant de les
faire profiler fur les moulures o� ils paiTent. On
arr�te ces ornements avec de petites pointes, ou
bien avec des vis, quand ils font confid�rables ;
& on les colle fur la menuiferie. Le premier pro-
c�d� vaut beaucoup mieux que le f�cond , en ce
que les ornements font plus folides �tant faits �
m�me la maife du bois.
Π faut prendre garde depofer des lambris de
menuferie fur des murs trop nouvellement faits *
& dont les pl�tres foient encore humides. Si l'on
ne peut s'en diipenfer, il eil n�ceiTaire de laiiTer
un petit intervalle entre le lambris & le mur au
moins d'un demi-pouce : le plus fur , au furplus >
eil d'imprimer, en ce cas, le derriere des lambris
de deux ou trois fortes couches de couleur �
-ocr page 408-
d'Architecture. $Βι
�hui�e; ce qui facilitera l'�vaporation de l'humidit�»
ou du moins l'emp�chera de faire travailler le lam-
bris en s'y attachant.
Les lambris , foit d'appui , foit de hauteur,
doivent �tre pof�s bien d'� plomb & de niveau le
long des murs : les languettes doivent �tre em-
bo�t�es bien j liftes dansles rainures, & toutes les
faillies �tre bien jointives. Il faut cal�er par der-
riere les endroits des murs , qui fe trouvent for-
mer des creux, afin de bien dreffer les boiferies
dans tous les fens, & de les faire porter bien �ga-
lement fur la face des murs. On pofe le lambris
d'appui, en arr�tant la cymaife par deffusavec des
pattes � pointe ii c'eir dans des cloifons, & des pat-
tes � fcellement fi c'eft dans des murs, & en fixant
les b�tis, foit tout Amplement avec des broches , foit
au contraire avec des vis qui exigent que Ton fcelle ,
dans les murs en correfpondance pour les recevoir,
des tampons de bois taill�s � queue d'hyronde,
A l'�gard des plinthes des lambris d'appui, elles
s'attachent avec des clouds d'�pingle. Quant aux
lambris de hauteur, ils s'arr�tent fur les murs de la
m�me maniere que ceux d'appui.
Article IL
D�s Parquets.
                                                                                                                                     . , ■■'.» ' '
On fait deux fortes de parquets , l'un compof�
de planeurs pi�ces de bois aflembl�es quarr�ment
ou en lofanges, que l'on nomme iimplement par-
quet
, & l'autre de planches jointes enfemble �
rainures & languettes , refendues de la largeur
d'environ 4 pouces, que l'on appelle parquet de
-ocr page 409-
3§2                       Cours
On donne depuis un pouce jufqu'� deux pouces
d'�paif�eur au parquet : celui de deux pouces ne
s'employe gueres que dans les rez-de-chauil�e ., &
dans les lieux o� l'on craint rhumidit� ; c'eit celui
d'un pouce ~ dont on fait ufage le plus commu-
n�ment dans les appartements.
Le parquet d'af�emblage eil compof� de feuilles
depuis 3 pieds jufqu'� 3 pieds | en quarr� , diitxi-
bu�es par panneaux arraf�s qui forment des com-
partiments de 16 ou 20 carreaux plac�s diagona-
lement, &fepar�s par des b�tis d'environ 3 pouces
de large, o� ils font aiTembl�s � tenons. Il fe pofe,
comme l'on f�ait, fur des lambourdes de 3 pouces
de gros -, efpac�es d'environ un pied de milieu en
milieu, & plac�es en travers fur les folives du
plancher ; lesquelles lambourdes doivent �tre mifes
d'un parfait niveau par deffus , & fcell�es fur le
lattis du plancher avec du pl�tre en augets , ainfi
qu'il a �t� expliqu� dans la Ma�onnerie,
On attache le parquet fur les lambourdes avec
des clouds fans r�te de 2 pouces � de long., que
l'on arrafe : ci devant on enfon�oit les clouds , de
maniere que l'on bouchoit enfuite le trou qui refloit
par dei�lis avec des chevilles de bois , mais cela ne
fe" fait plus. Il n'y a aucune autre obfervation
pour la pofe du parquet , fi ce n'eft de le mettre
d'un parfait niveau , d'alligner les joints de fes
feuilles , de fa�on que leurs angles fe rencontrent
dans la m�me prolongation , & d'attendre fur-tout
� le mettre en place, que le pl�tre des augets des
lambourdes foit bien (ec , de crainte que l'humidit�
ne le faiTe travailler.
                           \
Quelquefois on pofe les parquets fans lam-
bourdes, directement furies folives d'un plancher,
foie quand on eft oblig� de fe raccorder avec d'an-
-ocr page 410-
d' Architecture�           383
tres pi�ces , foit avec une marche-palier qui fe
trouve un peu trop baffe, foit pour diminuer l'�-
paiffeur d'un plancher ; en ce cas , il faut hacher
les parties les plus hautes du deffus des folives ,
mettre des fourures fur celles qui fe trouvent trop
baffes, afin que le deffus du plancher forme un plan
bien de niveau dans toute ion �tendue.
Il fe fait des planchers , foit de planches de
fa gin de la forte qualit� de 1 f lignes d'�paiffeur,
foit de planches de ch�ne d'un pouce ~ } &
m�me de 2 pouces d'�paiffeur, dont les planches
font jointes � rainures & languettes 5 blanchies
par un parement, & pof�es auffi fur des lam-
bourdes , dont il ne faut que 4 toifes courantes par
chaque toife fuperficie�le.
Pour ce qui efl des parquets , que l'on met
derriere les glaces, furies chemin�es ou ailleurs »
ils font compof�s de traveries , de montans &
de panneaux, d'environ 1 pied de large. On en-
fonce les panneaux dans les b�tis, de crainte qu'en
les affleurant la chaleur du feu , en les faifant
bomber, ne les mit dans le cas de caffer la glace.
On donne aux b�tis 3 pouces de large , fur �
pouce d'�paiffeur : on les affemble � tenons &
mortoifes dans leur rencontre avec les traverfes.
Les parquets s'attachent aux languettes de che-
min�es avec des vis � �croux, que l'on place
dans les traverfes, o� l'on entaille leur t�te, de
fa�on � ne former aucune faillie derriere la glace.
L'effentiel eft de faire attention dans ces fortes
d'ouvrages , � les pofer d'un parfait niveau dans
tous les fens, pour que les glaces qui y feront
plac�es, r�p�tent ]qs objets bien d'� plomb»
\
-ocr page 411-
384                      Cours '
Ι,ι. ι I g                     b >■ -                          Ι            .....",l! , "-ί-J"1" , \"%
Ar ticle III.
Des Efcaliers de Menuiferie.
Les Menuiiiers font des efcaliers de d�gage-
ment de diif�rentes formes , foit droit, foit quar-
re ', foit circulaire par leurs plans. Les marches
font affembl�es d'un bout dans une forte plan-
che de bois , qui lui fert de limon , & font
fcell�es de l'autre dans le mur. Souvent du c�t�
du mur, on met un faux limon pour recevoir
le bout des marches, que l'on nxe au mur par
le moyen d'une ou de pluiieurs pattes coud�es;
on affemble d'ordinaire chaque contre-marche �
rainure dans le deffus de la marche inf�rieure 9
& dans le deifous de la marche iup�rieure.
Outre tous les ouvrages d�taill�s jufques-ici,
les Menuiiiers font des cloifons de planches de
bois de ch�ne brute , � claire voie, tant plein
que vuide, pour �tre recouvertes de pl�tre , &
aiTembl�es haut & bas , dans des couliffes : ils
en font encore, foit en bois de ch�ne , foit en bois
de fapin, avec des planches apparentes , jointes
� rainures & languettes , de 12 & 15 lignes
d'�paiiTeur , blanchies des deux c�t�s , & affem-
bl�es aui�� dans des couliffes haut & bas : enfin
ce font eux qui font les alcov�s, les niches ,
les armoires avec leurs tablettes, les contrevents,
les cr�maill�res de biblioth�que , les tables 5 les
porte-manteaux , les caiffes d'orangers , les bancs
des jardins, &c. &c.
Article
-ocr page 412-
)
d'Archi�ect�re*            3§f
Article IV.
De la maniere d'e�imer les Ouvrages
de Menuifejie. ,
Pour parvenir � appr�cier les diff�rents travaux^
de menuiferie, il s'agit de fe rendre compte d'abord,
de leurs d�veloppements, c'eit-�-dire, des longueurs*
largeurs & �paifTeurs des bois qu'exige chacune de
leurs parties , les battans , les traverfes , les chaffis *
les panneaux , les chambranles, &c* Apr�s cela,
en connoii�ance du prix des bois chez les Mar-
chands , & de quelle maniere s'op�re leur toif�
dans l'achat qu'on en fait , on d�terminera la
quantit� de roifes ou de pieds de bois qu'il faut
invariablement pour ex�cuter chaque partie d'une
porte, d'une croif�e , d'un lambris , d'un parquet $
&c. tellement qu'en les r�fumant, on viendra �
bout de d�couvrir les d�bourf�s du bois qu'il �
fallu pour tel ou tel ouvrage : apr�s cela il n@
s'agira plus que d'appr�cier la main- d'oeuvre , &
d'ai��gner un b�n��cQ convenable � l'Entrepre*
neur. Offrons pour exemples Tefrimation d'une
porte � placard, & enfuite celle d'une croif�e«
Premier Exemple^
S�lT une porte � placard � deux vente��x s
dans un mur de 18 pouces d'�paiffeuf , ayanf
10 pieds de haut, fur 5 pieds de large dans«
teuvre , aflembl�e � cadres embreuv�s $ aved
double chambranles , embrafements s plafond
affembl� � boitement > & uqs deffus d� porte d©
4 pieds de haut*
Tarn VU                                        �h
-ocr page 413-
|δ5                   Cours
; Il faudra, pour faire les quatre montans des
chambranles , deux planches de 12 pieds de long,
fur 1 pied de large, & de 2 pouces \ d'�paiiTeur,
lefquelles produisent 8 toifes de long , qui, � 150
liv. le cent de toifes fuivant cette groiTeuf, va-
lent �.......Il 1. ' o f. o d-
11 faudra pour l'ex�cution des
deux traverfes defdits cham-
branles, qui font enfemble 12
pieds de long , fur 6 pouces de
large, & 2 pouces j d'�paiiTeur,
de m�me quepour les quatre plin-
thes , qui font enfemble 2 pieds
~ de long , fur 6 pouces de
large, & 2 pouces � d'�paiiTeur,
2 toifes , 2 pieds de bois , qui> .          ν
� 150 liv.le cent, valent . . 3 10
Pour les quatre battans & les
quatre traverfes des dei�us de
, porte,qui contiennent enfemble -
40 pieds de long , fur 4 pouces
de largeur, & 15 lignes d'�paif-
i�ur, il fera befoin de 2 toifes ,
3 pieds, 4 pouces de bois,qui
� 150 liv,, valent . . . 3 16 $
� Il faudra pour les cadres
des deifus de porte en bois de
Vofges , qui ont enfemble 3 <j
pieds de long , 2 pouces de �
large , & 2 pouces d'�paiiTeur,
2 toifes un pied, 4 pouces
de bois, qui, � 170 liv. le cent,
valent........3 15 6
, �, Pourlespanneauxdefd,deifus
de porte? il faudra huit planches
-ocr page 414-
d'� r b� � τ e e tu re*
m bois de Hollande , chacune
de 5 pieds ι pouce de long,
fur 9 lignes d'�paiffeur , les-
quelles feront coup�es dans du
6 pieds , & produifent 8 toifes
qui, � 131 liv. 5 fols le cent,
valent .... . . . . ιοί. i© f. 0 φ
Pour l'ex�cution des mon-
tans & traverfes d�s embraf�-
ments, qui font enfemb�e 72
pieds de long, fur 4 pouces de
large , & 1 pouce d'�paiffeur �
il entrera 4 toifes , 4 pieds d�
longueur de planches , qui,
125 liv. le cent, valent . /.* j i�
Pour les quatre battans &
les traverfes des deux venteaux
de la porte, qui font eni�mble
60 pieds de long, fur 4 pouces
de large, & 15 lignes d'�paif-
feur , il faudra 4 toifes d� bois �
qui, � 150 liv. , valent .�■"''. 6
Pour les cadres defdits ven-         . '
�eaux en bois de ch�ne de Vof-
ges , contenant enfemb�e 6}
                 » ■
pieds de long , fur 2 pouces
de large , & 2 pouces ~ d'�paif-
feur, il faudra 4 toifes s 3 pieds,
7  pouces , qui, �. 170 liv. le
cent , valent . ; .< : k; ^ 7 16
Pour les panneaux defdits ven-             �,� Ζί1
teaux en bois de Hollande d'un s ;
pouce d'�paiffeur, leiquels font
            sl.zl�*
enfemb�e 41 pieds de long , fur ; ? ;, . j. ',
9 pouces de large y il faudra 6 , g ;*vVi
Β h ij
-ocr page 415-
588                 e ° ϋΊΙ 5
toifes , 9 pouces de planches,
qui � 175 liv. le cent , valent. ΙΟ 14 4
Valeur du bois n�-
ceffaire pour op�rer la, porte _________-------,
en queftion....... 69 I. 171. 2. d.
Apr�s s'�tre rendu compte de
la quantit� de bois qui a du
entrer dans l'ex�cution de
ladite porte , & de ce qu'il
a d� co�ter au Menuifier , fui-
              #
vantles prix a&uels, pour con-
tinuer � appr�cier la valeur de
cette porte , il faudra paffer �
l'ordinaire � l'Entrepreneur, un
1 Oe des 69 liv. 17 fols 2 deniers
trouv�s,pour le d�chet des bois,
c'eft-�-dire ...... 6 16 8
Enfuite on appr�ciera la main-
d'�uvre des diff�rentes parties
de cette porte , fuivant le prix
aduel que l'Entrepreneur la
paye aux ouvriers,quand il |eur
donne l'ouvrage � la t�che;
f�avoir ;
La main-d'�uvre des 9 toifes
�e chambranles, qui ont 6 pou-
ces de profil, � 1 liv. 9 fols la
toife, vaut ...... 13
         « Ο
La main-d'�uvre de la porte,
qui produit 1 toife 14 pieds de
* fuperf�cie , � 15 liv. la toife ,
compris la pofe, vaut , . . ZO 16 8
La main-d'�uvre des deux
deffus de porte » qui contien-
-ocr page 416-
ί
d'Architecture.            389
Rent enfemble ι toife 14 pieds
de fupeifkie , � 1 2 liv., com-
pris la pofe, vaut .... 16 13 4
La main-d'�uvre des embra-
fements, qui produisent 1 toife
1 pied, 6 pouces de fuperfkie,
� 9 liv., compris la pofe 7 vaut. 9 76
Total . . . .1361. 12f. 4a.
Enfin , en pai�ant le 5 e des
136 liv. 12 fols 4 deniers de d�-
bourf� � l'Entrepreneur pour
f�n b�n�fice , {es faux frais ,
fes tranfports , &c. ... 27
        64
On trouvera que la porte
dont il s'agit, avec fes deffus,
peut �tre eilim�e , tout com-_____________
pris, � . . . . .. ,-.';■ . 1631. 1,8f. Bd.
Deuxi�me Exemple.
Soit une croif�e de bois de ch�ne , de 10
pieds de haut, fur 4 pieds 6 pouces de large
hors-d�uvre du chaffis dormant » garnie de
volets brif�s en quatre fur la largeur, & ayant
quatre chaflis � verre avec impolie dans le haut.
Les deux battans du dormant de 4 pouces de
large , exigeront une planche de 12 pieds de long ,
fur 12 pouces de large , & 2 pouces � d'�paiiieur ;
fur quoi il eft � obferver que les 2 pieds de plus
de longueur doivent �tre confid�r�s comme de
nulle valeur , attendu que ces fortes de gros
bois font fendus par les bouts ; & qu'en outre les
4 pouces qui refteront de la largeur, ne font pro-
pres qu'� faire une lambourde : on compte ces
planches fur le port , � 150 Hv. le cenE j ain&
Β b iii
-ocr page 417-
35)Q                      Cours
Jefdits batrans valent . ..'6 1. O f. O d.
La traverfe cintr�e du haut
dudit dormant , a 4 pieds 6
pouces de long , fur 9 pouces
de large, & 2 pouces { d'�paiA
feur , & exige I tqife, I pied,
9 pouces de bois , qui,,�-..I-JO
liv. le cent, vaut . . . . I 18 $
Pour la traverfe d'impoiie ,
il faut un morceau de 4 pieds,
6 pouces de long, fur 4 & f
ponces de gros , que Ton ne
peut prendre que dans un bat-
tant de porte cocher� , lequel
produit 1 toife & r pied , qui,
a 150 liv. le cent, vaut . . t If °
Pour la traverfe d'appui, un
morceau de bois ,■ idem. - .. . 1 if Q.
Quant aux c�iafi�s � verre ,
pour faire les deux battans-
meneaux du bas & les deux dit
haut, il faut quatre morceaux de
               -Ai J; -w\
, - bois d'�lite fans, aucun n�ud,               Λ ^; �
ayant enfemble 20. pieds de              i ! -
long, fur 4 pouces {. de large,                          :>
Se 2 pouces ^-d'�paii�eur, lei- und tti-jh
quels produifent 3 toifes , � movr�l-'.o
ιό) liv., ( vu que ce font des �> ^ j =
*%
          bois �T�lite), qui'valant , . i%'�^ ίί #>* "Q>
-j Bojir fai�e les deux ha�tans.. io'u iu3*j*:i:c
de noix du hi\s & les, deux du/ .
haut 11 il eil befcin de quatr© >;bf:;t ; : «
morceaux de-|>o,k d'�lite , en-vr;':,~ 'fiiU >��.
femblede mpiedsde long,fu�« ;, m;j >:■{:
3 pouces j de large 5 % Ip&j&i s; ,j :
ce f d'�paiiTejity
-ocr page 418-
d'Architecture.
De plus , pour les quatre
traverfes du haut, il faut qua-
tre morceaux de chacun 3
           , ^
pouces \ de large * fur enfem-
ble 9 pieds de long , & 1 pouce
~ d'�paiiTeur.
Et enfin pour les quatre
traverfes des jets d'eau , qui
contiennent enfemble 9 pieds
de long, fur 3 pouces \ d'�-
paiiTeur , & 4 pouces de large ;
& pour les petits bois qui con-
tiennent auffi enfemble 45 pieds
de long, fur 1 pouce J de gros :
le tout �tant � 1 pouce ~ d'�-
paiiTeur , & de ι ο pouces de
largeur, il faudra pour la totalit�
de ces trois articles , 3 toifes
� pied, 3 pouces de bois, qui, �
� 60 liv. le cent � caufe de
l'�paiiTeur, valent . . ν < 5 ί� 3 ^
Pour faire les volets ou
guichets , il efl befoin de huit
battans , qui feront coup�s
dans des bois de 12 pieds ,
attendu qii�ls ont 9 pieds 6
pouces, & que les 9 pieds fe-
roient trop courts : comme les
"quatre- battans de rive ont 4,
pouces de large, Sl que ceux
de brifure ont 3 pouces de ■-^L
large , ©a obf�rvera qu'on ne-
            ,._�,..,
pourra prendre dans, une plan-
che qu'un battant �troit & un� .
large , & que, par conf�quenx
- 't /.,.. Bb-lv;
-ocr page 419-
392.             3 Cours
il faudra pour cela quatre
planches de ι ζ pieds & de
<j lignes d'�paiifeur : quant aux
               ι
quatre traverfes fur la hauteur
d�faits guichets , elles exige«
font des bois de 4 pouces ~ de
large , fur enfemble16 pieds
de long ; ainii la totalit� des , < ■
battans & des traverfes , pro-
duira 9 to�ies I pied de plan«
�hes , qui, � I 60 %< le cent,
Valent , ,. . . , . . . 141. %) f. 4<i
Pour les panneaux defdits
volets , il faut 32 pieds cou-
rans de planches de 8 pouces
de large , fur 9 lignes d'�pais
feur , ce qui fait 5 toifes y. Π
�il bon d'obferver que les pan«
neaux des guichets s'op�rent
iivec des bois de Hollande ,
yeduits 4 1 pouce d'�paiiTeur.,
qui fe payent 175 liv. le cent,
dont, en retranchant le quart,
il r�it�ra 131 liv. 5 folsle cent
         ;;.> ,
pour le prix defdits panneaux :
par conf�quent les 5 toifes | de
planches n�ce/Taires pour op�-
rer ces panneaux , valent . 70 Ο
Total du prix du bois . 43 1. 9 *V 9 �.
Le d�chet des bois eflim� ,
comme ci devant, im dixi�me
de 43 liv- 9 ibis , 9 deniers « J 4 *8 ? '
La main-d'�uvre des ou-
vriers, eitim�e � 1 liv. 16 folsle
pied de hauteur de croif�e. . 18 __________^
Total , . . . 661 ηί* 9<*.
-ocr page 420-
d'Architec ture. 393
Et en appr�ciant encore, com-
me ci-devant,le b�n�fice de l'En-
trepreneur , & (es faux-frais ,
au 5 e de fes d�bourf�s, ou du
prix du bois , & de la main-
d'�uvre qu'il a pay� aux t�che-
rons , c'eit-�-dire, � > | . 13
         5 6
Il refulte que i'efiimation to-
taie de ladite croif�e fera . . 791. 13 1. 3 d.;
Et que par conf�quent le pied
de hauteur de la croif�e, qui
� io pieds de haut, peut valoir
8 liv, avec fon volet.
                 .
On peut, en prenant modele fur ces d�tails ,"
�tablir la valeur des autres ouvrages de menuife-
rie ; car pour les lambris , par exemple , ce doit
�tre les m�mes prix que les deffus de porte, qui
peuvent �tre regard�s comme lambris , en obfer-
vant feulement d'�tablir la pofe � 3 liv. par toife
�■fuperficielle, prix ordinaire que l'Entrepreneur
paye maintenant aux t�cherons.
Il a paru , il y a environ trente ans , un Ou-
vrage fur cette mati�re , intitul� D�tails des Ouvra-
ges de Menuiferie
par 3V1. Potain , dans lequel on
d�veloppe ce qu'il entre de bois pour op�rer
chaque forte d'ouvrages : comme cette quantit�
de bois eil invariable , on peut toujours le
confulter l� deffus -, mais pour ce qui regarde
les prix des bois & de la main-d'�uvre , cela a
bien augment�, & m�me les bois fe d�bitent
maintenant, pour la vente chez les Marchands,
diit�rement qu'on ne faifoit alors , ainf* qu'on en
peut juger par les d�tails que nous avons donn�
au commencement de la Menuiferie : c'eft pourquoi
il feroit int�reiTant de faire Une r�impreffion de
ce Livre , avec tous ces changements.
-ocr page 421-
$94                       Cour ?
Article V.
Des Devis de Menuiferie,
On doit expliquer dans ces Devis , la qualit�
des bois, leur �paifleur pour chaque forte d'ou-
vrages , la grandeur des porres , des croif�es,
qu'elle doit �tre la d�coration des pi�ces , quelles
�)ieces feront parquet�es & lambriff�es , foit d'un
ambris d'appui, foit d'un lambris de hauteur, ainfi
on dira :
Tous les bois feront de ch�ne fains , fecs , fans
aubier, fans n�uds vicieux , fans geriures , fans
roulures , fans tampons , dreif�s & corroy�s ,
de maniere qu'il n'y reile aucun trait de feiage ;
�efdits ouvrages feront aifembl�s � tenons & mor-
toifes , � rainures & languettes , & enfin fuivant
l'Art, tellement qu'il r�iulte de leur liaifon la
plus grande folidit� ; le tout relativement aux
dei�ins & profils qui feront fournis dans le tem&
par l'Architecte.
Dans les caves feront faites tant de portes avec
bois de ch�ne de bateaux , � joints quarr�s,
& avec deux barres � chacune de bois de ch�ne,
attach�es avec des, clouds : leiclites portes auront
tant de hauteur fur tant de largeur,, & au-
ront tant d'�paiiTeur; &: au haut de la defeente
fera faite une porte pleine , de bois de ch�ne
de if lignes, d'�paiffeur, aifembl�e � rainures &
languettes, & embo�t�e haut & bas,
Λ Sera faite la porte cochere, de tant de largeur
fur tant de hauteur, aifembl�e � cadres , aveb
parquet au b»a§ du parement en. dehorsiA &.&
-ocr page 422-
d'Architecture;          39�
panneaux, recouvert en dedans au droit dudit
parquet, le furplus arraf� ; ladite porte fera �
deux venteaux , dans un defque�s fera un guichet
auffi aifembl� � cadres & parquets , comme ci-*
dei�us ; les battans meneaux auront tant de lar-
geur fur tant d'�paiiTeur ; ceux des rives auront
tant de largeur fur tant d'�paiiTeur ; les �raverfes
du haut & du bas auront tant de largeur fur tant
d'�paiiTeur ; les b�tis auront tant de largeur fur
tant d'�paiiTeur ; les cadres tant j- les panneaux
tant ; & les parquets' tant.
Sera faite la quantit� de tant de portes � p�a�*
�ard � deux venteaux , affembl�s � grands cadres
ou � cadres embreuv�s, � double parements , �
double chambranles avec embrafernents 5 de tant
de hauteur fur tant de largeur , fuivant les def��ns
qui en feront fournis ; les battans & les traverfes
auront tant de largeur fur tant d'�paiiTeur; les
panneaux auront tant d'�paiiTeur ; les grands
cadres auront tant de largeur fur tant d'�paiiTeur ;
:& les petits feront �l�gis dans les battans � l*or-
■dinaire ; les chambranles auront tant de largeur
fur tant d'�paiiTeur ; les b�tis des embrafernents &
^plafonds auront tant de largeur fur tant d'�paiiTeur ;
& les moulures des compartiments feront �l�gies
dans leurs, b�tis \K enfin les panneaux des em-r
brafements auront tant d'�paiiTeur.
Sera faite la quantit� de tant de portes � pla-
card � un yehtaii , � deux parements, � double
chambranles avec embrafernents : iefdites portes
auront tam de largeur fur tant d'�paiiTeur ; les
battans & traveifes auront tant de largeur fur tant
4'�paiileur; les moulures feront � petits cadres , 8f
�l�gies dans les battans ; les chambranles auront
$&nt de largeur ίι\ΐ tant d'�paiifor ; les erflbra�?�
-ocr page 423-
;
39&                       Cours
feraents & plafonds feront ravall�s, ou d'affem-
blage , fuivant la place, & auront tant d'�-
paiiTeur.
Sera faite la quantit� de tant de portes unies
de ch�ne, de tant de largeur fur tant de hauteur,
dont les planches auront tant d'�paiiTeur, & fe-
ront jointes � rainures & languettes , embo�t�es
par le haut & par le bas dans des traverfes
de 6 pouces de hauteur , & corroy�es par les
deux c�t�s.
Sera faite la quantit� de tant de portes de
remife en fapin , de forte qualit� , avec une
planche ^ de ch�ne de 15 lignes fur les rives ,
jointes � languettes & rainures , blanchies par
un parement, barr�es par derriere en �charpes 3
avec battemens de ch�ne dans le milieu.
Sera faite la quantit� de tant de croif�es , de tant
de largeur fur tarn de hauteur en bois de ch�ne, ou-
vrant � noix � deux venteaux avec chai�is dormans ,
& leur pi�ce d'appui portant jets-d'eau, garnies de
volets brif�s en quatre fur la largeur , & ayant
quatre chaffis � verre , avec impofte dans le
haut. Les dormans auront tant de largeur fur tant
cT�paiffeur , & les traverf�s d'en bas portant
jet d'eau , auront: tant de largeur & �paifleur en
quarr�. Les chaffis � verre auront tant de lar-
geur fur tant d epauTeur ; & la traverfe d'en bas
portant fori reverfeau �, aura tant de largeur fur
tant d'�paiiTeur. Les battans defdits chai�is � verre
auront tant d'�paiiTeur fur tant de largeur. Les
petits bois �es chaffis auront tant de largeur fur
'tant d'�paiiTeur, en obfervant les feuillures pour
recevoir le verre. Les b�tis des volets auront tant
de largeur fur tant d'�paiffeur ; & les panneaux
defdirs volets tant d'�paiiTeur ; le tout � tenons &,
mortoifes.
-ocr page 424-
d'Architecture.         397
Sera faite tant de croii�es � la manfarde, �
coulifles, ou ouvrantes � noix, ayant tant de
large, dont les dormans auront tant d'�paiiTeur
fur tant de largeur ; & les chai�is � verre tant
de largeur fur tant d'�paiiTeur , & dont les petits
bois feront arondis � plinthe �l�gie , ou affem-
bl�s � pointe de diamant dans leurs b�tis.
Sera fait le lambris d'appui de telle pi�ce * dont
les b�tis auront tant d'�paiiTeur fur tant de lar-
geur ; fi les panneaux font � grands cadres, ceux-
ci auront tant de largeur fur tant d'�paiiTeur, &
les panneaux tant d'�paiiTeur ; la cimaife aura
tant de hauteur fur tant de largeur; le focle avec
fa moulure aura tant d'�paiiTeur.
Sera fait un lambris de hauteur dans telle pi�ce ,
dont les b�tis auront tant de largeur fur tant de
hauteur ; les cadres auront tant de largeur fur
tant d'�paiiTeur ; les panneaux auront tant d'�-
paiiTeur.
Sera mis du parquet dans telle pi�ce avec des
lambourdes de tant de grofTeur , dont les b�tis
auront tant d'�paiiTeur, & les panneaux tant
d'�paiiTeur ; lefquels parquets feront arraf�s ,
chevill�s, pof�s en lofange , aiTembl�s, clou�s
& rabot�s fuivant l'Art.
Les parquets pour le derri�re des glaces feront
faits avec b�tis de ch�ne de tant d'�paiiTeur fur
tant de largeur , & remplis de panneaux de ch�ne
de tant d'�paiiTeur.
Seront faites des cloifons de ch�ne ou de fapin
dans telle.pi�ce »avec des planches de tant d'�paif-
feur, aiTemblees � rainures & languettes , & dans
des coulifles haut & bas.
Seront faites tant de cloifons de planches de
bateaux, d'un pouce d'�paiiTeur, � claire voie,
-ocr page 425-
$98                   C�tfts
pour �tre ma�onn�es , garnies de cotiliiTes ��
rainures haut & bas , avec des entre-toifes de
pareilles planches en travers , clou�es deffus �
une face � mi-�tage, avec des poteaux d'huiffe-
rie feuilles pour la latte & pour le battement
des portes.
Sera fait dans telle pi�ce un plancher de plan-
ches de fapin de la forte qualit� 9 ou de ch�ne,
de tant d'�paiffeur, jointes � rainures & languet-
tes , blanchies par un parement pof�es & atta�^
ch�es en place 5 fur des lambourdes de tant de
groi��ur.
Pour l'ex�cution defquels ouvrages fp�cifi�s ci-
defllis , l'Entrepreneur fournira tous les bois *
�quipages , peines d'ouvriers , clouds pour les
attacher , � l'exception des broches & des pattes
qui lui feront fournis , enfin tout ce qui lui fera
n�ceiTaire pour l'enti�re perfection d'iceux *
moyennant le prix ci-def�bus , favoir ... *
Pour chaque toife fuperficielle de portes � pla-
card de telle grandeur.......�
Pour chaque toife courante de chambranle de
telle largeur & �paiifeiir .......*
Pour chaque toife fuperfkielle de lambris
d'appui & de hauteur........*
Pour chaque pied de hauteur de croif�e de telle
ou telle largeur. . . . . * . ■ * . ~.u■'■' �
Pour chaque toife de cloifon en fapin ou en
Pour chaque toife de parquet de telle ou telle
�paii�eur, &c. , . . ^ ■ . . . . "' <\ m
m
-ocr page 426-
β* Architecture. jp^
Explication des Planches CXXIX,
CXXX
, CXXXI et CXXXII,
concernant la Menuifirk.
La PL CXXIX , offre les principaux affem*
�b�ages des bois de Mermiferie.
A , affemblage � rainures & languettes.
Β, affemblage � tenons & mortoifes.
C , affemblage � onglet.
D, affemblage � queue d'hyronde d'un battant
dans une traverfe,
Ε , autre affemblage � queue d'hyronde de deux
battans boiit-� bout.
F , affemblage � clef.
G , affemblage � fauffe-coup�.
H , affemblage quarr�.
I, deux diff�rens affemblag�s � trait de Jupiter
pour allonger les bois.
La PI. CXXX, offre les d�tails d'une porte �
placard , � un & � deux venteaux.
La f�g. I, eff l'�l�vation d'une porte � placard
� double venteaux & double parements.
La f�g..II ? eft le profil de ion embrafement.
La f�g. III, eft fon plan.
Et la f�g. IV , repr�fente les d�veloppements
particuliers de fes profils , pour faire fentir leurs
affemblages.
λ, double chambranle avec fa traverfe b ;
c
, k , Ί, panneaux ; d> d, battans ; ?
f9 %Ύ%",
traverfes ; /1 cadres orn�s de moulures ; m, f�g. II,
panneaux de l'embrafement ; η , plafond de
fembrafement ; 0, f�g. I , lambris d'appui j ρ ,
lambris de hauteur \ q , cimaife ; r, focle ou plin-
the f f> pilaftre.
-ocr page 427-
400                      Cours
Les f�g. V, VI, VII, & VII, font voir l'���-
vatiori , le profil.,-le plan & les d�tails de l'affem-
blage d'une porte � placard � un ventail, & � don*
ble parements.
a a , double chambranles ; b ,b , montans ou
battans ; c9c , traverles; d,d, panneaux ; e, fig. VI,
embraiement
Les PL CXXXI & CXXX�I, repr�fentent les
d�tails d'une croif�e.
Les fig. X , XI & XII, font voir l'�l�vation,
le profil & le plan d'une croif�e.
a , dormant avec fa traverfe fup�rieure b ; c ,
traverfe du bas du dormant ou pi�ce d'appui ;
d, battans meneaux ; e, battans des chaffis ;//,
traverfes du haut des chai�is ; h , traverie du bas
des chaffis avec un rejet d'eau ; , petit bois ;
k , impolie ; l, chai�is � grands carreaux.
La fig. XIII , repr�fente une double croif�e
garnie de fes volets ; une moiti� de cette double
croif�e
eil fuppof�e ouverte, & l'autre moiti� eil
fuppof�e ferm�e.
a, dormant du chaffis int�rieur ;b9b , chaffis �
verre , dont le battant meneau d9 ouvre � noix j
c, volet brif� en deux parties , & dont la brifure
+ eil cach�e par la faillie du chambranle de la croi-
f�e; e, dormant du chaffis ext�rieur;/, chaffis �
verre ; g, battant meneaux ouvrant � doucine.
La fig. XIV , eil le profil du dormant d'une
croif�e, pour faire voir, fa liaifon avec l� chaffis
& les volets.
<z, dormant; b.9 feuillure que Ton ne pratique
que quand il doit y avoir des volets ; c, fiches ;
rf, battants � noix du chaffis ; e, volet brii� 5
f, rev�tiffement de l'embrafement.
La fig. XV, eft le profil du bas d'une croif�e ;
-ocr page 428-
d'Archi�ectur e;
a, appui de pierre avec revers d'eau en dehors ;
b3 pi�ce d'appui \ c , feuillure pratiqu�e fous la
pi�ce d'appui pour loger le haut du revers d'eau ;
d', traverfe du bas du chaffis � verre ; e, jet-d'eau,
�, larmier ; g , canal ; h , conduit de d�charge
du canal ; i, volet avec une feuillure fur le bord,
pour recouvrir la pi�ce d'appui, lorfqii�l eft ferm�.
La fig. X^I § eft un battant-meneau ouvrant �
gueule de-loup a, .
La fig. XV�I, eft lin battant-meneau ouvrant �
doucine.
La fig. X^IIl, eft un petit bois � pointe c�e
diamant; a, feuillure du carreau de verre.
La fig. XIX, eft le profil de l'impofte d'une
cr�if��.
Ayimp�ft�; b, traverfe du chaif�s fup�rieur,
avec Uii jet-d'eau c & un larmier � yd9 traverfe du
haut du ch�ffis inf�rieur.
L� fig. XX, eft le profil d'un lambri d'appui;
a, cimaiie ; b% plinthe ; c, panneau.
Lrfig; XXI, r�pr�fei�te deux profils de lam-
bris ; �\ eft iin profil � grand cadre ; b , eft un
profil � petit cadr�. %
-#k
m
Tome VI,                                     C G
i
-ocr page 429-
40Z                       Cours
Z)� Z^ SERRURERIE.
Ar τ ι c l ε Premier.
Dei diff�rentes qualit�s du Fer.
O Ν reconnoit la bonne qualit� du fer la
couleur qu'il a en dedans apr�s l'avoir caff�. Le
meilleur en g�n�ral, eft celui qui eft noir, doux
� la lime , ou qui a le grain fin, m�l� d'un peu
de blanc , de gris & de noir. On tire le fer de
diff�rentes Provinces du Royaume. Le plus eftim�
eft celui qui vient du Berry ; il paffe pour le
plus doux, le moins aigre , le moins caffant, le
plus facile � travailler, & en un mot pour le
plus capable de prendre toutes fortes de formes
fous le marteau : aufli enjoint-on d'ordinaire dans
les Devis , de l'employer de pr�f�rence pour
l'ex�cution des b�timentsu
Le fer d'une qualit� inf�rieure fe nomme fit
commun
ou fer de roche ; il s'employe aux ouvra-
ges groi�iers, & qui n'ont pas befoin de tant de
foupleffe de la part du fer. Quand un fer eft:
caffant � chaud ? n'eil pas pliant fous le marteau,
ou bien quand on y remarque des coupures,
des gerfures ou des pailles , on l'appelle rou-
verain.
On d�bite , dans les groffes forges , le fer en
barres , qui font de deux efpeces ; les unes font
battues iimplement, & les autres font battues &
-ocr page 430-
B'AR���It�C�UllE.           403
�tir�es. Les barres �tir�es, font celles qui ont
�t� forg�es dans le m�mefens, en les allongeant,
pour les faire plus ou moins minces : elles font
dans l'emploi d'une qualit� fup�rieure , & plus
nerveufes que celles qui n'ont �t� Amplement
que battues; aul�i n'y voit-on prefque point de
grain.
On trouve, dans les Magafins des Marchands,
des barres de fer des qualit�s, groffeurs & �chan-
tillons dont on peut avoir befoin pour toutes
fortes d'ouvrages.
Il y a des fers plats , qui ont depuis 9 jufqu'�
15 pieds de longueur , fur 2 pouces � de lar-
geur , & depuis 4 lignes jufqu'� 8 lignes d'�-
paiiTeur.
Il y a des fers quarr�s de diverfes longueurs ,
qui ont 1 ou 2 pouces de gros , & que l'on d�-
figne par leur groiTeur ou leur forme parti-
culiere. ■**
             "x
On appelle quarr� b�tard, celui qui a �6 � 18
lignes degroifeur.
                     - -L
Fer cornette,, celui qui a 5 � 7 pouces �e lar-
geur , 6 � 8 lignes d'�paiifeur, &l 4 k 6 pieds
de longueur : on en rev�t les bornes & les en-
cognures des murs expof�s au choc des voi-
tures.^':; ;;'":: >
                    \
Fer rond, celui dont on fe fert pour les trin-
gles $ "qui a depuis 5 lignes jufqu'� 10 lignes de
diam�tre*
Fer courcon i celui qui eil par gros morceaux
de 2 , 3■ & 4.pieds de long , fur w��q groiTeur
quelconque.
Fer de quarillon , celui qui a depuis . J lignes
jufqu'� 8 & ρ lignes de grorteur.
J Co�e de vache, tous les fers qui ne font point
C c ij
-ocr page 431-
4P4                       C o υ R s
� vive arr�te : il y en a depuis 3 lignes en
quarr� 'jufqu'� 12»
        u w
On vend aufli du fer m t�le, pour garnir les
portes cocheres, dont les feuiljes , qui font de
5  � 6pieds de long , ont jufqu'� 1 ligne ~ d'�pais,
6  depuis 9 jufqu'� 13 pouces de large.
On d�ilingue dans la Serrurerie les gros fers
que le Serrurier fournit au poids , de ceux qu'on
paye � la pi�ce , fuivant la fa�on & difficult�
de la. main-d'�uvre. Les premiers s'employent
dans les b�timents pour la folidit�, & les f�conds
pour la furet� des" fermetures de la Menuiferie :
donnons une ^num�ration des uns & des autres,
% expliquons en m�me-tems leur fonction & leurs
proportions les plus ordinaires«
EJ '� �-"'' " ~ % --�;               '               j � �y.
* ' ' : * '% ft 1ΪΛΪ C Ε Ε IL '".' «■;';', ."'
S>es gros Fers* ; t»t il
Les gros fers que l'on employ� dans la ma-?
�onnerie , font les ancres;,. les tirans, les cha�-
nes , les harpons , les plate-bandes , les^triers ,
les linteaux, les bandes de tr�mie, les barres de
languettes , les manteaux de chemin�e, les barres
de contre-c�urs , les corbeaux ,, les boulons , les
crampons, &c. De ces fers , les uns font quarr�s,
& les autres font plats : les quarr�s font d'ordi-
naire employ�s.� porter, & les plats font em-
ploy�s � tirer.
Les cha�nes A, Β �,C , D, PI. CXXXI�I, (e
placent dans l'�paiffeur des murs, pour contenir
leur �cartement ; elles font % foit de fer plat A
■η
-ocr page 432-
d'Architecture.           46$
�& Β ? de 2 pouces ou 2 pouces ψ d� largeur, fur
6 lignes d'�pahTeur j ibit de fer quarr� C & D \
de 14 ou 15 lignes de gros, & quelquefois plus
quand le cas le requiert : on fait les barres
des cha�nes les plus longues que F�n peut* &
on les lie enfemble bout-�-bout , quand elles
font de fer plat, � trait de Jupiter A $ avec des
embraflures de fer, ou en maniere 'de charni�re Β\
& quand elles font de fer quarr�, on les r�unit
avec des moufles � clavettes G , ou bien en for-
mant im crochet � leurs extr�mit�s j que Foit
contient par une embra�iire de fer j &-que Fok
refferre � l'aide de deux gros icoins de fer. *
Les plate-bandes Ε , ont 5 � 6 pieds de lon-
gueur » fur 6 lignes d'�paiffeur,, & 2 ponces ou
2 ponces i de largeur \ elles font deftin�es �
�tre plac�es au bout des poutres, pour conte-
nir auffi F�cartement des murs » & les conferver
dans leur � plomb, L'un des bouts d'une plate-
bande, forme un crochet ou talon a , dVnvironi
1 pouce de long pour entrer dans l� poutre^ &
en outre , il y a dans le long de la plate-bande
plufieurs troux h , deftin�s � rattacher fur ia-
poutre avec des clouds dent�s \ l'autre bout c %
eft pli� de maniere � former tin efpeee d'anneau
ou d'ceil, pour recevoir une ancre F, qui �il une
barre de fer quarr� d'environ 15 lignes de gros %
fur �- peu-pr�s y pieds de long� La folidit� des
cha�nes & des plate-bandes d�pend ei�eiitielle-
ment de la maniere dont les moufles & les �ils
ont �t� fond�s : fou vent les fers, font br�l�s
en ces endroits en les forgeant j c'eifc pour-
quoi il faut y prendre garde, car c'e® toujours
par l� que les cha�nes viennent � manquer.
On laiffait autrefois les ancres F apparentes
f>                *■* �
-ocr page 433-
4�6                     ~C ours           
au dehors des murs, & on leur donnoit m�me
fou vent la forme d'un Sou d'un Y ; mais mainte-
nant il eft 4'ufage de les faire droits ,■& de les
encaftrer , comme nous l'avons d�j� dit , de
quelques pouces dans une tranch�e, que l'on
pratique dans la face ext�rieure des murs , ce
qui, quoique moins folide, fait un effet plus
agr�able � la vue. Le feul cas/o� on conferve
les ancres apparentes | c'eit dans l'ex�cution du
haut des tuyaux de chemin�e qui font ifol�s ; alors
on fait ces ancres double en S ou en Y , pour
contenir de part & d autre les tuyaux contre
l'effort des vents , & pour embraifer une plus
grande �tendue ; ces ancres double font li�es
avec un tirant, dont le bout oppbf� aux ceils va
s'accrocher & fe clouer fur quelque ma�treffe
pi�ce de charpente. ; e ;i
           ,:?:; i't�
Les linteaux > font des barres de fer quarr�es
plus ou moins longues ^q�i fervent � foutenir la
ma�onnerie du haut des portes & des croif�es;
on leur donne d'ordinaire 15 lignes de gros.
Les bandes dt[tr�mie Q , ;-dont la fon�ion eit de
porter la ma�onnerie des atres de chemin�e, font
des fers plats d'environ 1 pouces ^ de largeur , fur
7 lignes d'�paiiTeur, dont les bouts font recourb�s
pour les arr�ter fur lesfaljves d'enchev�trure.
Les barres dont on garnit les contre-c�urs des
chemin�es de cu��ines,, ont environ 18 lignes de
. groi�eur. ; ■ Kr:*:r ;,;'/ ^b�uU.' ? ..: ; \ h v.:>. : s�
Les manteaux de chemin�e H , font des barres
de fer quarr�es j d'environ I 3 ou 14 lignes1 de
gros , dont les bouts font coud�s ,& les extr�-
mit�s faites en^queue de Carpe, pour f�r feeller
dans les murs adoi�es aux chemin�es , fous la
�raverfe qui fputient leur tablette. �iMii
-ocr page 434-
d'Architecture.           407
Les Barres de languette , que Ton met fous les
languettes des chemin�es en briques , &dont les
extr�mit�s fe pofent fur leurs jambages , font des
barres de fer droites de 13 & 14 lignes de gros.
Les crampons I , font des fers quarr�s , dont
les bouts font faits en crochets; ils fervent � lier
les pierres o� on les fcelle , foit en mortier ,
foit en plomb.
Les �triers Κ , ont 6 lignes d'�paiffeur, fur 2
& 2 pouces { de largeur : ce font des fers plats ,
coud�s, que l'on met, foit au bout des chev�-
tres de bois ou des lin�oirs pour fortifier leurs
tenons, quand on juge qu'ils auroient une trop
grande charge ; foit pour foutenir les lambourdes
que Ton applique le long des poutres ; foit pour
foulager le milieu d'un entrait d'une ferme de.
charpente, en les attachant au poin�on : on fait
encore d'autres �triers L , � l'ufage des plate-
bandes ? & que l:on inf�re entre les joints de
leurs clavaux.
Les corbeaux M , font des morceaux de fer
quarr�s , d'un pouce f de gros environ , formant
une queue de carr�e par le bout, qui doit �tre
fcell� dans le mur, & dont l'objet eft de foutenir
p�r-deiTous, foit d�s fablieres, foit des lambour-
des, foit des lin�oirs.
Les harpons , font des morceaux de fer plats >
droits ou coud�s , que Γόη employ�, foit dans
la ma�onnerie, foit dans la charpente : on leur
donne 2 & 3 pouces \ de largeur, fur 4 � 6 lignes
d'�paiffeur.
Les gougeons, font des fers quarr�s, fervant �
contenir les tambours d'une colonne , ou bien des
vafes & des baluilres ; on les proportionne au
befoin que l'on a.
C c �y
(
-ocr page 435-
4o8                    Cours
JLes barres de potager & des hottes de chemi-
n�e , quand on en met, font des fers plats de
2 pouces de largeur , fur 6 lignes d'�paiffeur.
Les boulons Ν , fervent � contenir les limons
des eicaliers , & � les lier avec les murs : ce
font des fers ronds, de 9 � 10 lignes de dia-
m�tre � t�te plate & quarr�e par μη Ipput, &
dont l'autre bout eft perc� pour r^�eyoir une
ciavette, oii bien eu relev� en queue de carpe ,
pour �tre fcell� dans le mur.
          !..
Les crochets � ch�neau � , font des fers plats,
coud�s par un bout, & � patte ; lesquels' ont 18
lignes de largeur » fur une ligne & demi d'�paif-
f�ur ; ils fe p�acent fur les corniches pour conte-
nir hs ch�neaux : on fait auiii de fer de pareil
�chantil�pn , les colliers Ρ , feryant � contenir
les tuyaux de conduite 4es ch�neaux dans les
murs.
                                l?,...,-.,:;
hesfantons font des fers de 4 ou 5 lignes de
gros, avec des crochets � leurs extr�mit�s , pour
former des cha�nes , dont on entoure les tuyaux
de chemin�e faits en pl�tre ; fk- que l'on place au
milieu des languettes � environ 2 pieds de diftance
lur la hauteur-
                    ?
Tous ces fers fe payent au quintal pu ?�u cent
pefant, fuivant un certain prix ; d'ans fequej prix
eft compris la fa�on, |es vo^ures , les peines
d'ouvriers , & tout ce qui eit n�cei�aire pour
1 enti�re perfediort de ces fortes d'-QUyrages.
L'ufage , pour fixer ce que valent )a plupart des
gros ters , tout employ�s dans le iatiment, eil
d'ajouter � la fomme que co�te le fer en barres
pris chez le Marchand, le 12e de/�eJ�e que co�te
le charbon de terre, (i).
(1) On vend le charbon de terre, far le P�ft/a�' mui'd/qu�
-ocr page 436-
Dl A RC H, ITE.G Τ U RE.             09
Les vieux fers que l'on tire des d�molitions fe
donnent au poids au Serrurier, eii diminuant 4
livres par quintal \ & dans le cas de remploi, on
diminue la quantit� qu'on lui a donn� en
compte de la totalit� des fers neufs fournis , lef-
quels ne lui font pay�s que pour fa�on du cent,
que l'on eftime volontiers le ~ du prix des gros
fers neufs.
Ce font quelquefois les Serruriers quife char-
gent de fournir les ouvrages de fonte , les pla-
ques,les tuyaux de defcente , les tuyaux de
fonte j �c les bornes que l'on fait depuis quelque
terris de ce m�tal; lefquels ouvrages fe vendent
�ufl� au quintal, & ont dif�rens prix.
* �l jf | des tnenus fers que les Serruriers fpur-
fijtfent encore pendant l'ex�cution d'un b�timent;
tels font les pattes � contre-c�ur , les cheyillej
<�e fer , les rappointiffages , les clouds de c^.ar-1
rette & de bateau , dont fe fervent les Ma�ons,
pour larder dans les bois qu'ils doivent recouvrit
de pl�tre ; tous les fers dont les Menuiiiers pnt
befoin pour arr�ter les portes , les croif�es ,
|e"s lambris , les parquets ; fayoir , de petites
broches de fer , des pattes en bois qui font
pointues, des pattes en pl�tre qui font coud�es,
d�s vis � �croux pour attacher les parquets de'
glace aux tuyaux de chemin�e : tous ces objets
fe donnent en compte fucceil�yement , foit au
Menuifier, foit au Ma�on, & fe payent � ta,nt
la douzaine , except� les c�ouds �t les rapointif-
fages , qui fe livrent au poids.
contient 9© boiiTeaux ou iy rninots de 6 boifleaux chacun : le
meilleur c'ft celui'que l'on tire d'Angleterre,
-ocr page 437-
41®                       Cours
■ ■�---------m�ππ ------- --il                                          ι |            .. ......._ i.j.i_iui ...           ii                 .                               --------------------                ..... -------*fr
Article II L
De la Ferrure des Portes Cocher es ,
On ferre les vantaux des portes cocheres de
diff�rentes mani�res, fuivant la d�penfe que l'on
veut faire, La ferrure la plus ordinaire , eil avec
fix groffes fiches � gonds & � repos } de 5 � 6
pouces de haut, fur 2 pouces de gros , & fix
gros gonds de fer b�tard , d'un pouce !| de gros ;
�u bien encore mieux , avec deux pivots par
en bas A , qui entrent chacun dans une erapaudine
B, & deux tourillons en haut D , qui entrent
chacun dans une bourdonniere d ; & fi la porte
a une grande hauteur % on met en outre deux
fiches � gonds C , compof�es chacune de deux
g�rids li�s par une broche. On fait les pivots
d'en bas �} pour plus defolidit�, avec des branches
en« �querre dont la branche horifontale de l'�querre
paffe fous la traverfe du b�ti , & la branch� per-
pendiculaire fur T�paifieur du montant ; lefquelles
branch�s font fortement retenues par des clavet-
tes x:y traverf�es par des goupilles.
} On fortifie les affemblages de la Menuifene
par douze �qtierres , dont il y en'a huit pour
les grandes portes�,'■& quatre pour le guichet.
Ces �querres E font fouvent double , & embraf-
fent toute la longueur de la traverfe , en remon-
tant fur les montans, & alors il n'en faut plus
que fix. Les branches de ces �querres fe terminent
ι
-ocr page 438-
d'Architecture.            411
volontiers par des fleurons avec des crampons,
pour fixer leurs extr�mit�s.
Le guichet doit avoir trois gro�es fiches �
n�uds , ou deux fiches � chapelet Ε, & porter
deux ferrures ; favoir , une groffe d'environ 1
pied de long, � deux tours avec fa g�che en-
cloifon�e, attach�e avec des vis � t�tequarr�e»
garnie de fon entr�e, & une petite ferrure au-
«de�aus de la grande , d'environ 6 pouces de
long , � un tour & demi, attach�e aui�i avec des
vis, avec fa g�che & f�n entr�e.
On contient le haut des deux grands ven-
teaux par un fl�au G , ou gros barreau de fer
quarr� de 2 � 3 pouces de gros , garnis de
fon boulon I, & de deux crampons H , qui
doivent �tre riv�s des deux c�t�s de la porte,
«lequel fl�au fe maintient � l'aide d'un moraillon,
i qui eil re�u dans une petite ferrure ovale L� ; &
pour ce qui efl du bas de la porte , on le con-
tient par un gros verrou � crampons M.
Quelquefois l'on ferme une porte cochefe
comme la porte croif�e d'un appartement, avec
une forte �fpagnolette Q, fi'g. II, de 15 lignes de
diam�tre , attach�e derriere Fun des battans,
& un verrou � douille X par le bas ; laquelle
�fpagnolette eil de toute la hauteur de la porte:
mais , par �conomie, on fe contente fou vent
cd'une demi-efpagnolette tr�s-forte , qui defcend
^depuis le haut du dormant de la porte jufques
-feulement � la hauteur de la main-tournante R que
Fon contient, lorfqu'elle efl ferm�e , par un morail-
lon qui entre dans une petite ferrure ovale S,
& dans ce cas on arr�te le bas des battans par
un verrou � crampon M, comme ci-devant. Pour
iiouvcir une porte ainfi ferr�e en dedans de la
/
-ocr page 439-
4r?                ζ Ρ A41 s
maifqn, il faut commencer par ouvrir la petite
ferrure S au-defTous de la demi-efpagnolette pour
d�gager le moraillon , puis tourner la main R
de la d�mi-efpagnolette , & enfin lever le ver-
rou � crampons du bas de la porte.
Quant au guichet, on le ferme par une petite
ferrure h, φ un verrou Ν λ � l'ordinaire ; & l'on finit
par mettre en dehors, ihr le battant du guichet,
un heurtoir Ρ ? ou un gros anneau avec une
grande rofette, & une petite en dedans �?»
On garnit le devant des portes cocheres �
la hauteur du moyeu des roues , de forte t�le,
de 12 pouces de large, dont Us bords haut &
bas font fouyent eilamp�s de moulures ; laquelle
t�le ©n contient avec des vis � ��rp.ux' par
derriere.
Pour ce qui eil de la ferrure des portes b�tar-
des , elle eil �-p eu-ρ r^s la m�me que celle des
guichets des portes cocheres.
i�gj 'sns ,, , .'■ ., g ι.....,. ,''�'.,                            ' i -*
A R Τ I C L� I V.
■        . � --, ,          � ip " * - ,
De la Ferrure des Portes ordinaire*
& � placard
, PL CXXXF.
;..'. /;�";'- *■;.: ':-f: y..* ν■■■                                                                    �'�.. V- ■■ ■ ■■■'■                                                                                                 ' ;
Q�i ferre les portes les plus iimples, telles que
celles des cayes & de.s magaiins, 6Yc. avec des
pamur&s 4., qui ne font que des bandes defer plat »
roul�es par une de foiff extr�mit�s, en maniere
d'anneau pour s'aiTembler dans des gonds. Il y: a
d,es gort�s Jii�ipUs $ ? & des gonds a repas C & Ό '
de ces gonds., les uns C font � fcellement Se �
patte , & les autres D font � pointe ? fuiyant qu'il
-ocr page 440-
d'Arc h iticturi,           41$
s'agit de les attacher, foit dans de la ma�onne-
rie , foit dans de la m�nuif�rie, foit dans de
la charpente.
On ferre les portes l�g�res des chambres avec
des pomeles E , qui , au lieu d'�tre allong�es
comme les pantures , s'�iargifi�nt en forme de
platine , ou bien s'�vafent comme une p�te , ou
enfin imitent la figure d'une S.
Un autre moyen de fufpehdre les portes »
c'eil avec des fiches F , qui , au Heu de s'atta-
cher fur le bois comme les pomeles & les pan-
tures , s'attachent dans le bois , �-peu-pr�s com-
me un tenon qui entre de part & d'autre dans
une mortoife , que l'on fait, tant dans le cham-
branle ou dormant , que dans le vantail de la
porte. Cette partie � de la fiche qui entre dans le
bois , fe nomme taikron.
On diftingue diff�rentes fortes de fich�s qui
font relatives � leurs ufag�s. hts fiches � vafes F,
font des efpeces de charni�res compof�es de deitx
charnons, termin�s haut & bas par des efpeces
de petits vafes , dont l'un des charnohs forme
un petit gond & l'autre une pariture :- ce font 'ces
fortes de fiches dont on fe fertpour les port�s, l�s
chaflis � verre des cr�if��s, les portes d'armoire.
Les fiches � n�ud, ou de brifure ou � broche Gj
ne portent point de gond : ce font des charni�res
entrelaiT�es les unes dans les autres, & contenues
par une broche qui les enfile, & dont un bout eifc
termin� par un bouton ; elles fervent pour l�s
volets brif�s que l'on m�t derriere l�s craif�es,1
ainii que pour les guichets des port�s coch�r�s.
Onfufpencl encore les portes par des couplas Hy
cjui s'affembient � charni�res comme les fiich�s a
i�ceud ; mais au lieu de fe mettre dans Y�pE���tm
\
-ocr page 441-
414                      Cour s
du. bois , ils s'attachent fur le bois comme les?
pomeles ; & m�me on les emploie � des volets
brif�s de peu de conf�quence.
On fe i�rt, pour la fermeture des portes, de verroux
& de ferrures. Les verroux fe placent derriere les
porres , & ne peuvent s'ouvrir qu'en dedans d'une
chambre: on les diilingue fuivant leur forme. Les uns
s'appellent fimplement verroux I ; les aurres s'ap-
pellent , verroux � ^targette ou � platine Κ, d'autres
verroux � rejforth. Quand deux verroux font li�s
enfemble par un montant de fer plat, on les nomme
cr�mone ; le verrou du haut eil fait � crochet, de
forte, qu'en haurTant le bouton , plac� � la hauteur
de la main, on ouvre les deux verroux,. & en baif-
fant le m�me bouton , on les ferme en m�me tems.
C'�toit ainfl que l'on fermoir les portes & les croi-
f�es, avant l'invention des efpagnolettes ; & l'on en
fait encore ufage dans la plupart des Provinces.
Une ferrure M. fert � la fois, tant pour la furet�
int�rieure qu'ext�rieure d'une chambre. Elle eil
compof�e d'une bo�te nomm�e palafire ; d'un ou
de plufieurs p�nes ; & en dedans, de rei�brts, de
gardes, de g�chettes & de garnitures, qui font dif-
pof�s fuivans les entailles de la clef, de forte que
parleur rapport intime ? il ne peut y avoir que la
clef qui foit capable de l'ouvrir.
Une ferrure s'attache toujours avec des vis en
dedans de la chambre, ou de l'armoire, ou enfin du.,
lieu qu'elle doit mettre en furet� ; & , � lOppofite
du p�ne, on place,|foit une bo�te N, appell�e g�che%
foit un crampon pour le recevoir.
Il y a bien des fortes de ferrure; on nomme fer-;
rure a broche \ celle dont la clef eil for�e ; ferrure
benarde celle � un p�ne, dont la clef'n'effc point
for�e ? & peut ouvrir, foit en dedans, foit en dehors,
-ocr page 442-
D Architecture.            41$
de la chambre ; ferrure -� p�ne dormant 9 celle dont
le p�ne ne fort ou rentre del� ferrure qu'� l'aid�
de la clef; � demi-tour, celle que la clef ouvre en
un demi-tour; � un tour, celle dont la clef ne fait
qu'un tout ; � deux tours , celle dont la clef ouvre
en faifant deux tours ; ferrure de furet�, celle �
pluiieurs p�nes, dont l'un fe ferme en dedans fans
la clef, & fort de la ferrure, & dont les autres font
en dedans de la ferrure, & ne fe ferment qu'avec
la clef.
On employ� aufli des ferrures � baffecute, �
p�ne dormant , lefquelles font mouvoir des ver-
roux qui fe ferment haut & bas. Les verroux hauf-
fent & baiflent, foit par le moyen d'un levier cach�
dans la ferrure , & qu'on appelle proprement baffe-
cule
, foit par le mouvement d'une roue � pignon
qui engraine dans des dents en forme de cramail-
lere, taill�es dans la partie des verroux comprife
dans la ferrure. On ferme de cette maniere , non-
feulement des armoires de furet�, mais encore des
portes � un ou deux vantaux, il arrive cependant
fouvent que dans les portes � deux venteaux , la
baflecule η eil pas li�e avec la ferrure, mais qu'elle
eil renferm�e feulement dans fa g�che. Tout le jeu
de ces fortes de fermeture coniiile � lever ou �
baiifer la main attach�e � la baifecule , pour faire
ouvrir ou fernier les verroux.
On ferme les portes des garde-robes & des �a?
binets avec des becs-de-canes , qui font des efpeces
de petites ferrures fans clef, & qui s'ouvrent avec
un bouton , dont le p�ne eil � demi-tour , & taill�
en chamfrain , pour que la porte puiiTe fe fermer
en la pouiTant.
Les boutons � olive ferment encore une porte
©u un armoire � bien moins de frais; ils confi-?
-ocr page 443-
4i6                       Cours
ft�nt en une petite tige de fer attach�e � un-bouton,'
que l'on fait entrer dans une g�che � volont�.
Enfin les moindres fermetures font les loquets
� f ufage des portes des cabinets d'aifance , & l�s
loquetaux � reiFort, fervant � ouvrir ou fermer les
guichets des croif�es s o� la main ne fauroit at-
teindre, par le moyen d'un cordon attach� � fa
queue.
Apr�s avoir expof� en g�n�ral qu'elles font les
ferrures qui fervent � la fermeture des portes;
faifons paiTer en revue maintenant , qu'elle doit
�tre leur r�union & leur affemblage pour fermer
les diff�rentes fortes de porte.
Il faut pour la ferrure des portes les plus com-
munes , deux pantures avec deux gonds fimples
ou � repos, deux verroux ou targettes avec leurs
crampons, & une g�che pour chaque verrou,
Une ferrure , foit benarde a tour & demi, foit �
penrte dormant, avec fa clef, fon entr�e, fa g�che,
& quelques vis pour attacher la ferrure, & m�me
la' g�che ii elle eil encloifonn�e ; le tout de fer
blanchi. Les portes de cave fe ferrent � p�u-pr�s
d� m�me , fi ce n'eit qu'on n'y met point de ver-
rouX y & qu'on y met quelquefois des ferrures
� bofTe.
�■",■' Les portes � placard � un vantail, ferr�es fur 'un
chambranle ou fur un chai��s de bois, doivent avoir
deux pomeles en S, ou pour le mieux trois fiches
� vafe de 8 pouces de haut, deux targettes mon-
t�es fur platine dej pouces de haut, une ferrure
� relffort d'un tour& demi, garnie de (es vis, en-
tr�e, fa g�che, un bouton � rofette, ou un anneau
pour tirer la porte ; le tout de fer blanchi ou de fer
poli.
L�s portes � placard R, PI. CXXXV, � deux
vantaux
-ocr page 444-
vanteaux fe ferrent avec plus ou moins de d�p�nfe*
La ferrure la plus ordinaire eil .trois fiches � vafe a ρ
d'environ '8 pouces entre les vafes � chaque ventail,
ferr�es avec des pointes � t�te ronde s on attache
fur l'un des battans deux grands verroux b � ref*
fort, mont�s fur plarine & � panache avec leurs
conduits & g�ches , l'un dans le haut de 3 pieds de
long, l'autre dans le bas de 18pouces; enfin ort
ferme chaque porte par une ferrure � tour<& demi ο
garnie de fes vis � t�te perdue , de fon entr�e aveu
une g�che encloifonn�e </, un bouton � rofette c ,
& l'on ajoute quelquefois en gedans de l'apparte-
ment , du c�t� o� eil attach�e la ferrure, un petit
verou � panache f, Lefdites ferrures doivent �tre
polies ou du moins blanchies proprement.
Dans les appartenons oit l'on ferre les portes
avec une certaine d�penfe, on met volontiers � la
place des fiches � vafe > trois pivots � chaque
ventail, � t�te de compas � deux branches coud�es
en �qtierre Q , lefquels font pof�s & entaill�s en
place avec chacun 6 vis � t�te perdue de 14 lignes»
« Sur un des vanteaux , on attache une ferrure �
» l'Angloi/e faite expr�s � quatre fermetures, ayant
» en dedans trois p�nes; f�avoir, un fourchu ou
» double, fermant � deux tours, un autre � demi-
»tour, ouvrant avec un double bouton � rofette
» & un petit verrouil renferm� dans la ferrure
» avec un bouton par-de/Tous. Cette ferrure eil
» renferm�e dans un palailre de cuivre orn� avec
» go�t, cifel� & appliqu� contre le bois avec des
» �toquiaux cach�s & des Vis perdues. Elle fait
» agir deux verroux, l'un par haut & l'autre pat
» bas en forme de bafcule mont�e fur une pLitine
» �vid�e, les branches eflamp�es � pans de toute
» la hauteur de la porte, garnies de leurs conduits»
"Tom VL             "                    Dd
-ocr page 445-
4i8                       Cours
» � l'autre vanteau eit une bafcule de m�me hau-
» teur & renferm�e dans un palaftre de cuivre �gal
» � l'autre, ayant deux verroux haut & bas : cette
v> bafcule eft eftamp�e � pans , & en tout fembla-
» ble� celle de l'autre c�t�. Au haut de la porte eft
» une double g�che encloifonn�e pour recevoir les
»> verroux, & par bas dans le parquet, un autre
» double g�che � double foupape � reffort , pour
» emp�cher la pouffiere d'entrer dedans lorique les
» portes font ouvertes » ( ι ).
L'effentiel eit de prendre garde que les portes
foient ferr�es avec pr�ciiion , & que le Ferreur
n'enlev� trop de bois , ne le faffe �clatter ,
ou n'alt�re les dormans ; une autre attention
� avoir , c'eit que le Serrurier obferve en met-
tant une porte en place , de la faire relever
un peu � l'oppofite des gonds, pour emp�cher »
comme l'on dit, la porte de baifler le nez, ainii
qu'il arrive lorfqu'il n'y prend pas garde. Car le
poid d'une porte , femblable � celui d'un levier
dont les gonds feroientle point d'appui, fait effort
pour faire fortir le gond fup�rieur, & pour en-
foncer d'avantage le gond inf�rieur ; ainfi le gond
fup�rieur fatiguant le plus, & �tant dans le cas de
ceder un peu, il convient donc de donner toujours
au gond inf�rieur un peu plus de faillie qu'au fu-
p�rieur , afin d'emp�cher la porte de tra�ner par
la fuite.
(5) Jtrchite�ture-Prat�que , pag. 419.
<*
-ocr page 446-
d'Arch��ectur e.           419
WTfOTpnnra�T� mi 111 »■■ 1�nimwiiiumιΐmi 14Mum umi mini����i i-^�n�mJi�'MWB».LtHl.IIJll-Jttr�*l.'B)lff BB�gBri�Bttilipi
. 1.........- .-■■.■■■ -■■                         ;-.,;,� � ■                                     -------!------,_____ ....,.�_____i---------_.� �..-ia η ; ι ■ " mi* .
Article V.'
Ό e la Ferrure, des Croif�es , PL CXXXV�,
IL faut pour la ferrure d'une petite croif�e
d'environ 3 pieds γ de large fur 5 � 6 pieds de
haut j & ouvrante � deux vanteaux, 4 fiches �
bouton de 4 pouces J de hauteur : huit petites
�querres de 6 pouces de branches chacune, entail-
l�es dans le bois & attach�es avec des vis, deux
verroux � reffort � platine, l'un de 9 pouces de
long & l'autre de 15 pouces , avec chacun leur
g�che , & 4 pattes en pl�tre pour arr�ter, dans la
.feuillure , le chai�ls dormant ; & pour les volets ,
s'il y en a , il faudra 4lfiches � vafe , 4 fiches de
brifure & deux targettes attach�es fur les volets,
avec chacune leur g�che pour les fermer.
Quant � la ferrure d'une grande croif�e que l'on
fait ouvrir > foit en deux parties dans toute leur
hauteur, foit en quatre parties avec une impoite,
on met, � la place �es targettes, des verroux �
reffort, & des bafcules qu'on emplpyoit ci-devant,
.& qui nefermoient qu'imparfaitement les croif�es;
on met, dis-je,des efpagnolettes. tJne Efpagno*�
letu a
eii une groffe tringle de fer ronde d'environ
10 lignes de diam�tre, que l'on attache fur l'un
des battans d'une croif�e, par le moyen de lacets
ou d'anneaux de fer b, efpac�s � diff�rentes dis-
tances , & qui lui laiffent la libert� de tourner.
11 y a un crochet c � chaque extr�mit� d'une eipa-
gnolette, lequel eft re�u dans une g�che pratiqu�e
dans la traverfe haut & bas du b�ti du dormant,
d'o� on le fait entrer ou forrir � volont�, � l'aide
Dd ij
; .'■■'_ -;'■'■                                       ;■■'...' f ■ � ; ./■/■;. '-. /.■'■■.: '.:'.... λ ' ■ , . :..: .�■; χ -
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-ocr page 447-
aio                      Cours
d'une main tournante d, lbit que l'on veuille ou-
vrir ou fermer la croif�e; laquelle main tour-
nante .�ft contenue? quand la croif�e eil ferm�e, par
un portant e. La fonction de l'efpagnolette ne fe
borne pas feulement � fermer la croif�e, elle r�uf-
fit encore � fermer en m�me tems fon volet/, par
le moyen de panetons g, diilribu�s le long de ('ef-
pagnolette , & d'agraphes attach�es fur les volets
en correfpondance avec les panetons, & enfin d'un
f�cond portant, pour recevoir la main tournante
quand le volet eil ferm� : nous avons repr�ient�,
PL XVil , Du Trait� de la d�coration int�rieure _,
tous les d�veloppemens d'une efpagnolette, ainii
on peut y avoir recours.
Si la croif�e eil � impofle & s'ouvre en quatre
parties , l'efpagnolette n'ouvre & ne ferme que les
chai�is & volets inf�rieur! qui ibnt au-dei�bus de
l'impoite , & les volets fup�rieurs font volontiers
dormans , ou fe ferment avec des targettes, &
leurs volets fe ferment avec chacun un locqueteau
h ,P1. CXXXVI. On met atii�i des �querres doubles
η , ou fimples m eil en-d�hors , entaill�es dans le
4ois, & attach�es avec des vis pour fortifier l'aiTem-
blage des chaifis � verre , & quand il y a de grands
carreaux de verre blanc, on metfouvent des �quer-
res � deux branches ο, aux traverfes des petits bois.
Il faut pour parfaire la ferrure de la croif�e en
queilion & de fes volets , dix fiches � broche � bou-
ton Rattach�es fur le dormant & fur les chaffis �
verre , & de plus dix fiches � vafe i, attach�es
fur les volets & fur le dormant, & enfin dix fiches
de brifure k pour les volets , fans compter huit
pattes coud�es /, pour arr�ter le dormant du
chai�is dans fa feuillure.
                              �\.
Mais en fuppofant que les croif�es & leurs v©-
-ocr page 448-
ρ Architecture. %J�fl
Iets , ouvrent de toute leur hauteur en deux par-
ties fans impolie avec des grands carreaux de verre
blanc : voici r�mun�ration des pi�ces de ferrures
n�ceiTaires fuivant ce qui fe pratique aujourd'hui. "
« On ferre une grande croif�e avec iix ou huit
» fiches de 6 pouces entre vafes, attach�es fur les
» guichets & fur les dormans , fix ou huit fiches
» de brifure de 3 pouces pour faire brifer les
» guichets ; fix ou huit fiches � broche ou � bou-
» ton de 4 pouces , attach�es fur les dormans
» & chai�is � verre ; huit �querres pof�es & en-
» taill�es au huit angles des deux chai�is � verre %
»> une efpagnolette polie de la hauteur du dor-
» mant , de 8 � 9 lignes de diam�tre, orn�e de
» moulures , & attach�e fur un des battans des
» chaifis � verre , avec quatre lacets & une poi-
» gn�e tournante & �vuid�e ; deux fupports , l'un
» � patte attach� fur le guichet \ l'autre � char-
» niere attach� fur le battant de l'autre chaifis
» � verre' ; deux g�ches haut Se bas, attach�es
» Se entaill�es dans les traverfes du dormant ,
» qui re�oivent les crochets haut Se bas de l'ef-
» pagnoiette ;. quatre panetons fur l'efpagno-
» lette i quatre contre-panetons �vid�s, attach�s
» furie guichet d'autre c�t� ,, Se quatre agraphes
» fur le guichet du c�t� de refpagnolette % dans
» lefquels paifent les panetons. Les dormans
» doivent �tre attach�s & retenus avec fix fortes
» pattes entaill�s dans l'�paiffeur des bois*
» Toutes ces ferrures doivent �tre propres, por-
» lies, Se attach�es avec cjouds � vis � t�te fraif�e*
»afin qu'elles foient fufceptibles de dorure, de
» bronze ou de couleur » ( 1 )..
" ^*H"»^iwn.. η«« 11         .1          11 wiijii^.....m. < ■ 1 »il.           11 ■ mniii 11 h         fl II »^�W�Mu
(i) Archittflure-Prauque, page 417,
D d �ii
-ocr page 449-
411                      COU RS
Quand les croif�es fervent de portes & ouvrent
du haut en bas fans appui ni banquette , alors 4
comme il n'y a pas de traverfe apparente dans le
bas pour recevoir le crochet de Fefpagnolette %
on ajoute au bas d'un des battans un verrou
� douille mont� fur fefpagnolette avee une g�che
correfpondante dans le parquet ; lequel verrou
peut baiffer, apr�s avoir tourn� l'efpagnolette , fi
Ton veut fermer la eroif�e, ou hauiier,au contraire»
ii Ton veut l'ouvrir.
R Τ I C L Ε V �.
Des Portes de fer, Grilles , Rampes ,
Balcons , &c.
Les portes de fer font compof�es de ehai��s
dormans& de fehaffis mobiles j auxquels oh don-
ne une groffeur'proportionn�e � la grandeur;
car il y en a qui ont jufqu'� 2 pouces de gros.
Ges portes s'ouvrent � tourillon & � bourdon-
niere par le haut & � pivot, avec une crapau-
dine par le bas. Les barreaux de rempliffage ont
environ 1 pouce de gros , & s^af�emblent dans
les chaffis & traverfes � tenons & mortoifes. Leur
diftance peut �tre depuis 4 jufqu'� 6 pouces de
milieu, en milieu. Quand ces portes font iimpl�s
& fans ornemens » on les paye au poids , fuivant
un prix dont on convient.
                                .
Les grilles que l'on met au devant des croif�es
fe font aui�i de fer quarr�, &' leurs barreaux fe
fcellent haut & bas dans la pierre, on bien s'af-
femblent � tenons & mortoifes , dans des fom-
miers de fer , iceli�s de part &■ d'autre dans les
4P
-ocr page 450-
D 'A R C Η Ι Τ Ε έ Τ URE.          4^3
tableaux des croif�es. Si. elles ont une certaine
hauteur, on y met des traverfes pour les affer-
mir , auxquelles on donne ζ lignes de plus que
les barreaux : fi les barreaux ont r pouce de
gros , qui eii leur proportion ordinaire, on leur
donne 14 lignes. On les vend aiii�i au quintal f
fuivant un prix particulier.
           > >
Les balcons, les rampes d'efcalier, les grilles
des jardins , font aui�i �ompof�s de panneauxr
de chai�is , & fouvent de pilaitres : on met les
fers les plus forts aux chaf�k , & on fait
les panneaux avec du fer en lame » que l'on
trouve chez les Marchands , comme nous
lavons d�t. Le travail des Serruriers ne eoniiile
qu'� les �tirer ou allonger encore davantage,
qu'� les contourner fuivant les deflins, qu'� les
ajuiter dans des chaffis ou pilaftres plus forts ; &
enfin, qu'� limer, polir, & blanchir le tout. Quant
aux ornemens qu'on ajoute fur la ferrurerie , ils
fe font , foit de t�le , foit de cuivre, fuivant la
d�penfe que l'on veut faire, & k deffin qu'en &
donne l'Archke�re.
La derni�re op�ration des rampes &r des bal-
cons , confias � les terminer par-deifus par des
plate-bandes eftamp�es & orn�es de moulures ,
qui s'impriment comme un cachet, � l'aide d'un
morceau d'acier fait en creu, fur des fers plats
rougis au feu. On paye ces ouvrages, foit au
poids , foit � la pi�ce, fuivant des prix convenus
d'avance , � proportion de leurs difficult�s 9
δε des ornements dont ils peuvent �tre charg�s.
A l'exception des gros fers & des ouvrages dont
nous venons de parier? tous les autres ouvrages
de ferrurerie s'erament � la pi�ce r fuivant leurs-
fa�ons , fuivant� la fujetion qu'� exig� leur maia-
,
                                             D d iv
-ocr page 451-
414                         G O U R 5
d'�uvre� Les ouvrages les plus communs fe noir*
cuTent iimplement � la corne , ou fe blanchiiTent
� la lime groii�erement j & les ouvrages de quel-
que conf�quence fe p�lhTent avec des limes
fines , & fe frottent enfuite avec de l'�meal ,
qui eil un efpece de pierre m�talique, qui fe
trouve dans la plupart des mines.
Rarement les Serruriers prennent-ils la peine
de faire eux-m�mes les pi�ces qui compofent les
diff�rentes ferrures des appartements ; ils les
achettent d'ordinaire toutes faites , des dimeni*
iions dont ils ont befoin » dans les Magaiins des
Marchands de fer, o� l'on trouve cl�s ferrures,
des bafcuj.es s des efpagnolettes , des fiches »
des g�ches, des ferrures de toutes les fortes »
& autres ouvrages tout pr�ts � �tre poi�s en,
place. Us ne font que les v�rifier , ai�urer leuc
Solidit� , & refaire les parties qui ne leur paroif-
fent pas convenables , enfin, les limer, les polir,
les pofer. Auf��, pour bien r�gler les ouvrages
ordinaires de ferrurerie,ne s'agit-il volontiers que
d'�tre inilruit de ce que co�tent tous ces objets
dans les Magaiins » ce qui eft tr�s-facile � favoir j
& d'ajouter environ un quart de l'achat de la
pi�ce en queftion, prife chez le Marchand» pour la
main-d'�uvre du Serrurier , fa pofe , & ion b�-
n�fice. Si , par exemple, une efpagnolette avec
panetons., fes g�ches, {es agraphes % vis & fup-
ports, vaut 30 fols le pied dans les Magaiins%
pn la compte en place ai? Serrurier, environ 3&
fols le pied. Si un verrou � reffort mont� fur platine
avec ks crampons & vis, vaut 15 fols le pied , on
l'eiiime, dans le r�glement des m�moires, zo fols*
Si une fiche � vafe co�r,e 7 fols a on la. paye
io fols en place5 &c.
-ocr page 452-
d* Architecture.           42J
, Nous avons oubli� de dire que , quand on n'a
pas pef� les gros fers d'avance , il eil n�anmoins
aif�, de parvenir � conno�tre leurs poids apr�s
coup , en les comparant avec le poids qu'un bar-
reau d'un pied de long , fur 1 pouce de gros,
qui eft connu pour peler 3 livres 14 onces. Ainfi
un barreau d'un pied de long & de 6 lignes de
gros , pefera 4 fois moins que ce barreau de
comparaifon & un barreau de 2 pouces de gros
4 fois plus. Le poids des fers plats eft �galement
aif� � eftimer par comparaifon. On a imprim� �
cet effet un Tarif, o� l'on expofe les diff�rents
poids du fer, fuivant fes diff�rentes largeurs &
�paiffeurs, � raiibn d'un pied de long , depuis
I ligne de gros jufqu'� 4 pouces , auquel on
peut avoir recours au befoin.
Article VII.
Des Devis de Serrurerie. ;
Il convient d'�noncer dans ces Devis, non-
feulement la quantit� de gros fers dont on aura
befoin pour chaque forte d'ouvrage , mais encore
de d�terminer leur grofTeur ; enfuite il faut y
fixer le nombre de portes & de croif�es � ferrer,
la maniere dont elles feront ferr�es , ii leurs
ferrures feront polies ou �tam�es ; & , s'il y a
des ferrures qui foient recherch�es , il fera �
propos de convenir d'avance d'un modele ; &
enfin on mettra un prix � chaque forte d'ou-
vrage. Apr�s cet e%bf� , voici �-peu-pr�s la ma-
niere dont on peut s'exprimer.
Tous les fers feront de bonne qualit� , & fa-
-ocr page 453-
426                      Cours
�onn�s des longueurs , grofleurs & formes qui
� feront ordonn�s.
Les tirans & les cha�nes feront de fer quarr�
d'un pouce de gros.
Les ancres auront 14 lignes.
Les manteaux de chemin�e & les barres de
languettes, auront 1 pouce de gros , jufqu'� 4
pieds de longueur » & au-del� auront ι � lignes.
Les manteaux des hottes des chemin�es de
cuiiine , auront 19 lignes de gros.
Les linteaux des portes &: des croif�es, 14
lignes de gros.
Les chev�tres de fer , aufl� 14 lignes de
gros.
Les barres de contre-c�ur des chemin�es de
cuiiine ,18 lignes de gros.
; Les barres de tr�mie » 2 pouces ~ de largeur ,
fur 6 lignes depaifleur.
ν Les plate-bandes & harpons � Tuiage de la
Charpenterie, 2 pouces de largeur, fur 5 lignes
d'�paifleur,
� Les �triers pour les chev�tres & lin�oirs des
planchers , 2 pouces ou 2 pouces � , fur 6 lignes
d'�paifleur.
Les boulons pour les efcaliers feront des
grofleurs & longueurs demand�es par le Char-
pentier.
                  ;
Les plate-bandes � Fufage des anemblages des
courbes d'�fcaliers , feront de 4 lignes d'�pail-,
feur fur 20 lignes , & plus ou moins longues 4
f�iivant les places , & feront en outre entaill�es
de leur �paifl�ur dans le bois, & attach�es avec
des vis en bois.
Les barres de potager auront 2 pouces de
krgeur , fur 6 lignes d'epaif�eur»
-ocr page 454-
D'A RC H IT ECTURE.
Les barreaux pour les Croif�es , feront de
iz lignes de gros, & les traverfes auront 14
lipnes�
Tous lefquels fers feront livr�s par le Serru-
rier , & pef�s en pr�fence de l'Archite&e , ou d�
quelqu'un pr�pof� par lui, pour �tre pay�s au
cent pefant.
Seront de m�me fournis tant de balcons de 1er-
rurie avec des panneaux orn�s , & des plates-
bandes eftamp�es pour les croif�es , fuivant tets
dei�ins fournis par l'Architeae.
Sera faite & fournie de m�me la rampe de fer
du grand efcalier , laquelle fera � barreaux, �
arcades, liens δε plate-bandes par bas » & qua-
deronn�e par le haut.
Seront ferr�es tant de portes de cave , avec
chacune deux pantures de % pieds .j de long,
deux gonds � repos, une ferrure �boffe, gar*-
nie de verrou , moraillon , pitons & clef; ou,
fi l'on aime mieux , avec m$ ferrure � pene
dormant, avec fon, entr�e , fa g�che , fa clef.
Plus fera ferr�e la porte en haut de la dei-
cente de cave avec deux pantures , deux gonds a
repos , une ferrure � p�ne dormant , � double
tour , garnie d'entr�e, g�che �, clef, & une bou-
cle � rofette.
                       ' 'V"i'
■Sera ferr�e la porte coehere a deux vanteaux*
de deux pivots � double branches, formant �quer-
re par dedans , & par dehors entaill�s de leur
�paiffeur dans le bois , & quatre forts gonds a
fiches , entaill�s au�i de leur �paiffeur dans le
bois, un fort verrou � reffort par bas avec fa
g�che, un fl�au garni de fes crampons , morail-
lon , & une ferrure plate , garnie de fa clef. Sera
ferr�e la porre du guichet de deux fortes vis a�ha-
-ocr page 455-
4i§                       Co Urs
pelet j d'une forte ferrure , garnie de fa groiTe
clef, d'une ferrure � paffe par-tout , & d'une
couliffe avec i�l d'archal , paffant dans des tuyaux
de t�le , r�pondant dans la chambre du SiiiiTe.
� En dehors fera mis un heurtoir ou gros anneau
avec une grande rofette & une petite en dedans :
enfin on garnira les deux vanteaux , en dehors �
la hauteur du moyeu des roues de tables de
t�le de 12 pouces de largeur, dont les bords
haut & bas feront eitamp�s de moulures , &
attach�s avec des visa �croux.
                    ,
Seront ferr�es tant de portes � placard � deux
vanteaux , chacune de fix fiches � vafe de 8
pouces, deux verroux � reiTort , un crampon
par haut, & une g�che � bafcule par bas,
une ferrure benarde � tour & demi , garnie de
fon entr�e , d'une g�che ertcloifonn�e, de fa clef,
& d'un bouton � ro�ette , le tout poli.
Pour ce qui eil des portes � placard du principal
.appartement, chaque ventail fera ferr� de trois
pivots � t�te de compas �* deux branches, de fix
pouces de longueur, & fur l'un des battans fera
attach�e une ferrure � quatre p�nes , dont un
fera � deux tours , & ouvrira avec un double
bouton � rofette ; ladite ferrure fera enferm�e
dans un palaftre de cuivre orn� fuivant le
deffin convenu , & qui fera fourni par le Fon-
deur ; & fera en outre mouvoir deux verroux
haut & bas , par le moyen d'une bafcule;
les branches defdits verroux feront eitamp�es &
garnies de leurs conduites ; fur l'autre ventail fera
un palaftre femblable au pr�c�dent , & renfer-
mant auf�i une bafcule avec deux verroux »
comme ci-devant : enfin il y aura au haut de la
porte une double g�che encloifonn�e, & au bas
-ocr page 456-
d'Architecture. 419
dans le parquet une double g�che � rei�orr, pour
recevoir lefdits verroux.
Seront ferr�es tant de portes pleines � un
ventail , avec chacune deux pantures , deux
gonds � repos, une ferrure benarde � tour &
demi, garnie d'entr�e , g�che & clef, avec une
boucle � rofette, & deux targettes.
Seront ferr�es tant de croif�es � deux vanteaux ,
& leurs volets, de % fiches � broche � n�ud de
4 pouces de long, de 8 fiches � vafes de 6 pou-
ces entre les vafes , de huit fiches de brifure de
3 pouces, & d'une efpagnolette � douille de 9
lignes de diamettre , avec quatre panetons ,
quatre lacets , quatre contre-panetons »quatre
agraphes fur les volets, une poign�e tournante,
deux fupports , deux g�ches haut & bas, & huit
�querres iimples, ou quatre �querres doubles en
dehors aux angles �es chai�is.
Sera fournie � tant de chemin�e des apparte-
ments , une garniture de fonte , de grandeur con-
venable , pour occuper tout le pourtour jufqu'au
chambranle , compof�e de cinq plaques , dont
deux feront en tour creufe , & formeront pilailre
dans les angles , en obfervant de tenir les plaques
des c�t�s les plus minces poi��bles, vu qu'elles
nelbuffrent aucunement du feu.
                j
Pour lefquels ouvrages , l'Entrepreneur four-
nira tous les fe^s de bonne qualit�, les charbons »
les voitures, les peines d'ouvriers, & tout ce qui
fera η Pilaire pour leur enti�re perfe�ion >
moyennant les prix ci-defTous.
Pour chaque cent pefant de gros fer commun
plat ou quarr� . -�. . ;:. . . . Γ�. � « :�...-. >
Pour chaque cent pefant de gros fer p�at &
quarr� de Berry . . . ♦ ♦ � . . . . .
-ocr page 457-
430                      C��rs
Pouf chaque cent pefant de fantons . ν *
Pour chaque cent pefant de grilles fimples avec
barreaux droits......... . .
Pour chaque cent pefant de vieux fers de d�*
molitioh, fera pay� pour fa�on » �' . . . .
Pour chaque cent pefant de vieux clouds de
charrette, & de rapointhTage . .';";, ./ * *
Pour chaque cent pefant de clouds neufs . .
Pour chaque cent de crochets � ch�neau de 16
'�'l8 pouces de long .........
Pour chaque cent de broches de fer pour les
Menuifiers, de toute grandeur......
Pour chaque cent de pattes, tant en bois qu'en
pl�tre , pour arr�ter les lambris , les chambran-
les , les contre-c�urs . » . . . . . . .
Pour chaque cent d'agraphes pour les cham-
branles de marbre ou de pierre ... . V
Pour chaque fiche � vafe de telle ou telle lon-
gueur � ■ � � ■ '� » :� � ; : '» � m � - � ■ � �
Pour chaque fiche � n�ud & de brifure avec
broche & bouton , de tdle ou telle longueur . .
Pour chaque pivot � t�te de compas � deux
branches coud�es en �querre , de telle longueur.
Pour chaque fiche � chapelets pour les gui-
chets de portes cocheres de telle longueur, &
fuivant qu'elle fera polie ou blanchie . . . .
Pour chaque targette � panache de telle ou
ulk longueur . , , . . . � , � � . .
Pour chaque verrou � reffort de telle on telle
longueur, y compris leurs crampons , leur con-
duits , & les vis pour les attacher . . * .
Et pour chaque verrouil auffi � reflbrt de telle
ou telle longueur, � panache, poli, avec bouton,
� filet , crampon , & conduits � pattes fleuron-
n�s, :■ i
-ocr page 458-
d'Architecture. m$
Pour chaque ferrure � bofle avee fon ver-
*\JLL              *                    ■�               �            «            �            �           �           «           �            �,,        �            »".-■;       �            9
Pour chaque ferrure commune de telle, grandeur
� tour & demi , ou � p�ne dormant 9 ibr�e ©�
faenard�e avec fa g�che & entr�e . . . » >
Pour chaque ferrure polie � p�ne fourchu de
tant de longueur avec demi-tour, for�e en de-
hors , avec une g�che � patte ou encloifonn�e .
Pour chaque ferrure avec verroux � pignon,
ou verroux haut & bas s ouvrant � bafcu�e
dans fa g�che encloifonn�e , y compris fe$
conduits , crampons � pattes , fon entr�e . .
Pour chaque ferrure � deux entr�es , � tour &
demi , de telle longueur, avee paiTe-par-tout *
clef particuliere. & entr�e . . . . ,. ... ■.. i.
Pour chaque ferrure d'armoire � pignon , de 3
ou 4 pouces, avec verroux haut & bas, ouvrant
� bafcule, & avec fon entr�e . . . . * .
Pour chaque loquet poli � bouton , * ».
Pour chaque loquet � boucle .. . * . �
Pour chaque panture de telle longueur . * ;
. Pour chaque couplet de telle longueur . i .
Pour chaque clef de paiTe-par-tout particu-
li�rement . . 'i. ji : . ,'■�',% . . , �« � ''> ■'*"�'
Pour une clef for�e ou benard�e pour une
ferrure ordinaire ... . > . . y . .
Pour une clef de ferrure d'appartement . >. .
Pour une g�che encloifonn�e & polie . . «,
Pour une g�eheen pl�tre ,. . , . » � «
Pour une entr�e de ferrure . . . . . j.
) Pour d�pofer & repofer une ferrure, & la
regarnir ....,-....*,.,,., ■.>'■.■.>.. y-..,�.-. ■'.� ."..^:.-��ν
Pour chaque rofette avec fon bouton �
'filet �� 4 ��'i'-iy'* .a.'..,* ' �.» ^ m>i ■ .' ...-.' .K.':"�' '.'. ,:�..'..'*'' '«�
Pour chaque �querre fimple ou double pour
-ocr page 459-
43*                       Cours
fortifier les aflemblages des chairs �verrede\Mltt
ou telle longueur de branche ... . . ,
Quant aux grandes �querres doubles ou fimples
des battans de portes cocheres , elles feront
pay�es au cent pefant , plus ou moins , f�lon
qu'elles feront fimples ou fleuronn�es . . . .
Pour chaque verrou commun avec une plaque
Wille * �_ « � .� � � � * � � <* � *
Pour chaque pied courant d'efpagnolette de
tel diam�tre, polie ou blanchie , avec (es pane-
tons , agraphes, fupports , poign�e , g�ches & »
lacets
.............4
Pour chaque pied, courant d'efpagnolette fans
panetons ni agraphes , & le reite comme ci-
devant �,('� '-',�■ � � � � » :'�* ■� » « ;: » -'�','� � '*
Pour chaque pied de tringle de croif�e de td
diam�tre , polie . "... . . . . . *
Pour chaque toife courante de rampes � arca-
des , avec enroulement haut & bas , ou fuivant
les dei�ins convenus , il fera pay� . \ . � .
Pour chaque balcon orn� fuivant le modele
arr�t� , il fera pay�
....... . .
Les pivots, les crapaudines , les fl�aux des por-
tes cocheres avec leur main , feront pay�s le cent
pelant .. »..,,'.■,�■■'■ .�*...... � . 4|:v."� � �■ ■ �■ :v» �
Pour chaque pied quarr� de t�le . . . ;..
Pour chaque cent, d'anneaux de mangeoires �
fuf�ge des �curies ..........
0 Pour chaque cent pefant de plaques de fonte
unies , pour les cuifines , offices . . . , '.
Pour chaque cent pefant de plaques ayec
armes ._ν. . <J t. -*. . 1
#,. � :;..' . <%. ..r, �-y*~
Pour chaque cent pefant de rechauds de
font® . :. .',,. '.. . #:;.,. . **.. .�■'..■% ..,;'.,>�
: Pour
/
-ocr page 460-
d'Architecture, 4l j
Pour chaque cent pefant de tuyaux de fonte »
pour le bas des defcentes de plomb . . > �
&c, &fc. &c. . ,'■".�. . . . . . ■* . .. �
Explication des Planches concernant
~ . la Serrurerie.
La Planche CXXXlll , repr�feM� une
partie des gros fers d'un b�timent.
A, cha�ne de fer plat, r�unie � trait de Ju-
piter ; a ernbraifures ; b , coin.
Β , autre cha�ne de fer plat , r�unie � char-
ni�re.
C , cha�ne de fer quarr� � moufles" & � clavettes
a ; b , exprime fepar�ment les �ils de la cha�ne.
D , cha�ne de fer quarr� , dont les bouts for�t
en crochets , & contenus par une embraifare de
fer a , & de, gros coins de fer b,
Ε 5 plate-bande ou tiran de fer plat; a , talon ;
b , troux pour les clouds dent�s ; c , �il.
F,  ancre pai��e dans l'�il du tiran E.
G,  tr�mie dont Us extr�mit�s a font coud�es.
H , manteau de chemin�e, dont les extr�mit�s a
font en queue de carpe,
I , crampon.
Κ , Κ, �triers � Tufage de la charpentene.
L , �trier vu de face & de profil, que Fori'met
entre les joints des claveaux d'une plate~baride.
M, corbeau , dont le bout deftia� a �tre fcella,
eit relev� en queue de carpe.
v N', boulon pour contenir les rampes d�s eicaliers
de charpente.
Ο , crochets pour contenir les ch�neaux.
Ρ , brides de fer pour contenir les tuyaux de
defeente.
Tome FL
                (                      E e
-ocr page 461-
434                    Cours
Q , Τ, renverf�, & Ζ , que Γοη met entf e �el
claveaux pour foulager leur coupe.
La Planch� CXXXIV, offre les d�tails de
la ferrure d'une porte cochere ordinaire.
A , pivot � �querre. Β , crapaudine. C, fiche
� gond , compof�e de deux gonds li�s enfemble.
D, tourillon, &<3?, bourdonniere, d�f�mes � con-
tenir la porte cocliere dans le haut. Ε 3 �querre
double. F , fiches � chapellet. G , fl�au. H, H 9
, crampons. I , boulon. L , petite ferrure plate.
M , verrou � crampon. Ν verrou � platine.
Ο , main. Ρ, heurtoir.
Pour faire voir la fituation de ces diff�rentes
ferrures , nous avons repr�fent�, f�g. I, le derriere
d'une porte cochere, o� nous avons mis de pe-
tites lettres correfpondantes aux grandes.
La f�g. II, eil le d�tail d'une efpagnolette �
fufage d'une porte cochere. Q, tringle de fefpa-
gnolette» R , main-tournante. S., petite ferrure
avec un moraillon attach� � la main-t�tirnante.,
Τ, lacets. V, crampon. X 9 verrou � douille.
La Planche CXXXF, offre les d�tails de la
ferrure des portes.
A, panture. Β , gond ordinaire. C , gond �
repos , � fcellement. D , gond � repos , � pointe.,
Ε, pomelle. F, fiche � vafe , & fes ailerons �.
G, fiche � n�ud ou � broche. H , couplet.
\ , verrou � crampon. Κ , targette. L , verrou
� rei�brt. M, ferrure � pluiieurs p�nes. Ν , g�che
encloifonn�e. Ο , entr�e. Ρ , rofette avec (on
bouton. Q , pivot � t�te de compas , � deux
branches coud�es en �querre. ■
R, porte � placard � deux vanteaux? avec la
i
-ocr page 462-
�'AR�HlTECfURE.
po�mon de fes ferrures ; λ , fiches � vafe ;
*  , verroux � reffort ; c , ferrure ; </ , g�che
encloifonn�e ; e , bouton � rofette ; �$ petit ver-
rou ou targette.
La Pl. CXXXF19 repr�fent�la difpol�tion d�
toutes les parties de la ferrure d'une croif�e :
*  > efpagnolette ; j > lacets ; c, g�che ; d, main-
tournante ; e , fupport ; � b volet ; # , panetons
& agraphes ; A, �toquiaux repr�fent�s � part en H *
fur la droite del� planche: i, fiches � vafe; k%
frches de brifure;/, pattes en pl�tre; fo> �querrg
iimp�� | η & o �querres double.
^
4 �? s&^
E e ij
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4}6                       Cours
DE LA PEINTURE D'IMPRESSION
Τ
JLA. Peinture d'�mpreffion conlifte � appliquer
une ou plulieurs couches de couleur � plat, fur
un mur , fur du bois , fur du fer , fur de la toile,
ou fur une autre furface quelconque. Il y a deux
efpeces de peinture , Tune que Ton nomme en
d�trempe, l'autre que l'on nomme � l'huile. Pour
faire concevoir ce qui conititue la perfection de
ces ouvrages , il eft n�ceflaire de donner une
id�e de leurs proc�d�s.
■��■■»�����H ι ίιίιμιι 11» ι mm mu ii'i n n n n m mi m iiimiwn iinnwm 'iwiiii' ι πι
.....t�mSm nii h ..a............�,�*m ι ι.... ......S� ,-\            � . .......�*
Article Pre mi e r.
De ia Peinture en d�trempe.
Il y: a trois fortes de d�trempe ; la d�trempe
commune > la d�trempe dite blanc de Roi, & la
d�trempe vernie.
La bafe de la liaifon de la peinture en d�-
trempe eft la colle , foit de rognures de par-
chemin , foit de rognures de gands & de peaux
de moutons. Pour la faire 3 il faut � apr�s avoir
bien laiff� tremper quelque tems les rognures en
queftion , & les avoir bien lav�es , mettre dans
un chaudron une livre des rognures ci-deffus,
contre fix pintes d'eau , & les faire bouillir �
grand feu pendant environ trois heures s tellement
qu'elles foient converties en bouillie liquide, & que
l'eau foit �-peu pr�s r�duite aux deux tiers : apr�s
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d'Architecture.          437
quoi on la laiffe r�pofer , & on la paffe dans
un gros linge , ou dans un tamis ', pendant qu'elle
eil encore un peu chaude. Si la colle a �t� bien
faite, apr�s qu'elle eil tout-�-fait refroidie , elle
doit avoir la confiilance d'une gel�e trafparente
tr�s-ferme : elle fe garde environ huit jours en "
hiver , & feulement quatre ou cinq jours pen-
dant l'�t� ; & l'on ne fauroit la conferver plus
long-tems , � moins de la mettre � Tabrij dans
une cave ou un lieu frais. Pour entreprendre
enfuite une d�trempe, il ne s'agit que de prendre
fuccei�ivement la quantit� de colle dont on a
befoin 5 & de l'afFoiblir plus ou moiris avec de
l'eau en la chauffant, & en y incorporant de la
couleur.
Les ouvrages communs de blanc en d�trempe,
fe font en d�trempant dans un demi-fceau d'eau
bien claire du blanc d'Efpagne , de fa�on � en
former un efpece de p�te ; puis l'on prend du
charbon noir pil� & paff� au tamis , que Ton
d�trempe aui�i � part avec de l'eau , mais de
maniere � former une bouillie tr�s-liquide : on
m�langera enfuite un peu de cette bouillie noire
avec de la p�te^blanche, & l'on fera chauffer ce
m�lange dans de la colle convenablement pr�-
par�e , c'eil-�-dire, d'une force fuffifante : nous
difons d'une force fuffifante , parce que ii on n'en
met pas affez , la d�trempe blanchit les habits *%
& fi on en met trop , elle s'�caille. Quant � la
raifon pour laquelle on met un peu de noir
parmi le blanc , c'eft que fans cette pr�caution
il fe roufliroit par la fuite � l'air.
On peint les plafonds, en donnant deux couches
ti�des de blanc d'Efpagne m�l�es d'un peu de noir,
comme ci-devaiat , avec l'attention feulement de
E e iij
-ocr page 465-
φΒ                 Co pus
mettre peu de colle dans l'eau o� Ton broy� �0
blanc 5 tant pour ne point faire �cailler cette d�-
trempe , que parce que , dans cette pofitioii, il
n'y a pas � craindre que l� couleur puhTe blanchir
les habits.
Quelque couleur que l'on veuille appliquer fur
un lambris ρ on met toujours , regle g�n�rale , la
premiere couche , ou les deux premi�res couches
en blanc, & cen'eilqu'apr�s avoir poli ce blanc-,
qu'on donne enfuite les couches de couleur, en
petit gris , en bleu , en couleur d'eau , en verd ,
en jonquille, en Ullas s en gris de perle , en bleu
de prufle, &c, &�. fuivant la teinte que l'on juge
� propos.
Toutes les couches de d�trempe que l'on em-
ploy� doivent �tre chaudes, fans cependant �tre
bouillantes, &Γοη doit obferver de n'en jamais
mettre une nouvelle que la pr�c�dente ne foit bien
feche.
Quand on veut faire une peinture en d�trempe
en blanc de Roi ordinaire, on �tend d'abord fur le
bois deux couches d'encollage de parchemin toutes
chaudes, & on met enfuite trois couches de blanc
pulverif� � l'ordinaire, except� qu'au lieu de noir
de, charbon, on y m�le un peu de bleu de prufle
broy� � l'eau. La premiere couche fe met en ta-
pant , pour bien incorporer la couleur dans le bois %
& les autres couches s'�tendent avec la broffe , en
obfervant cladoucir la deuxi�me couche , & d'en
�tet les petits grumeleaux avec de la peau de
chien de mer & de petites pierres ponces d'un grain
�r�s-f�n. Mais , quand on veut faire du blanc-de?
Roi recherch� , au lieu de troi^s couches, on en
met fix ou fept, comme ci-devant ; & apr�s les
avoir ponc� avec foirr, & bouch� tous les petits
!
-ocr page 466-
d'Architecture. 439
troux ou cavit�s qui paroiiToient dans le bois , on
d�gage les moulures & les ornements qui pour-
roient avoir �t� engorg�s ou alt�r�s parla d�-
trempe , avec de petits crochets de fer de diff�ren-
tes formes, & enfin l'on finit par mettre une der-
ni�re couche fur laquelle on paife un linge, lorf«
qu'elle eil feche»
La plus belle de toutes les Peintures d'imprefiiot�
& celle qui a le plus d'�clat eil la d�trempe, connue
fous le nom de Chipolin* Elle coniiile, apr�s avoir
mis fept ou huit couches de blane-d'appr�t, comme
pour le blanc de Roi recherch� , & apr�s avoir
d�gag� les moulures & les ornements, & les avois?
m�me liff�s avec de petits b�tons de bois blancs,
elle confifte, dis-je , � donner deux couches de la
couleur que Ton d�fire fur le blanc, puis � �tendre
fur le tout une ou deux couches de colle pure,
tr�s-l�g�re & d�lay�e � froid , & enfin � mettre
fur le tout pour derni�re op�ration deux couches,
de vernis � fefprit-de-vin�.
On fe contente quelquefois de vernir feulement
le bois fans y mettre de couleur ; mais alors il
faut y �tendre deux ou trois couches de colle un.
peu forte broy�e � froid , en faifant enforte de les
mettre d'une �gale �pa�Teur partout ,& Ce n'eilque
quand le tout eft fec qu'on y paife un vernis ( ι ).
A la place d'une couleur uniforme & du m�me
ton fur les lambris, on rehauife fouvent les mou-
lures & les ornements par une nuance de couleur,
fok plus p�le , foit plus fonc�e que le fond, c'eil
ce qu'on appelle rechampir ; ce proc�d� fait ref-
(i) te vernis eft compof� d'efprit-de-vin , de gorne co�*-
pale , de fandarac &: d'autres Ingrediens connus j il doit ς«α*
blanc fans couleur ni �pa�Teur.
E e iv
-ocr page 467-
'440                    * touRs/
fortir les ornements & les moulures , donne du
jeu � la d�coration des lambris & la rend plus bril-
lante.
Article IL
De la Peinture � l'huile.
La Peinture a l'huile contribue � conferver les
mati�res fur lefqu�lles on l'employ� , telles que
le bois , le fer, &c. & � les pr�ferver des injures
de l'air ; auffi a-t-on foin de peindre de cette ma-
niere tous les ouvrages ext�rieurs d'un b�timent
qui y font expof�s , tels que les portes , les croi-
f�es, les balcons, les rampes , les grilles : elle
n'exige pas autant de pr�parations que la peinture
en d�trempe , & elle s'ex�cute toujours � froid.
On fe fert d'Huiles de lin , de noix & d'�illet
qui font des huiles ficcatives \ & m�me on h�te
encore leur dii�ication , en mettant environ un
gros de vitriol ou de couperofe, qui eft un fei mi-
n�ral , ou bien un peu de litarge, ou bien enfin
un peu d'effence de t�r�benthine. Les premi�res
couches s'employent prefque claires , pour nourir
& bien imbiber le bois: apr�s quoi, pour peindre,
foit une porte, foit une croif�e, il faut appliquer
fur le bois une couche de blanc de c�rufe broy�
� l'huile , & d�tremp� avec $ d'huile contre un
quart d'eifence ;& quand celle-ci eit feche , on
met enfuite deux autres couches de la couleur que
l'on d�iire \ broy�e aui�i � l'huile & d�tremp�e �
J'erTen�e pure pour les dedans, & � l'huile pour les
dehors.;■ en obfervant de mettre plus ou moins de
couleur fuivant la nuance que Ton veut : on eft
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d'Architecture*           441
libre d�mettre � la fin une couche de vernis fur
la peinture � Thuile, comme fur celle en d�trempe.
Les rampes de fer , les balcons & les grilles fe
peignent avec du noir de fum�e d�lay� dans de
l'huile de noix, avec un peu de litarge ou de cou-
peroi�.
Quoique �a peinture � Thuile s'ex�cute toujours
�'froid , cependant quand il s'agit de peindre fur
une muraille , il eft volontiers d'ufage de donner
une ou deux couches d'huile de lin toute bouil-
lante , afin que l'huile s'empregne dans le mur,
& que l'enduit reile luifant , apr�s quoi on y
�tend deux ou trois couches de blanc de c�rufe
broy� � Thuile & d�tremp� dans l'effence feule. :
Quand le bois de menuiferie efl neuf ou nou-
vellement travaill� , il n'y a pas de difficult� pour
y appliquer la peinture ; mais fi le bois efl fale ou
gras , ou bien s'il s'agit d'enlever une ancienne
peinture � l'huile ou en d�trempe , il faut lefciver
le lambris avec de l'eau f�conde ( ι ) : la dofe eit
environ un demi-feptier d'eau f�conde contre une
pinte d'eau claire : apr�s avoir ainfi imbib� le
lambris d'eau f�conde � plufieurs fois, on le lave
avec de l'eau , &f enfin on gratte avec des fers les
moulures & les fculptures qui n'ont pas �t� bien
d�gag�es de couleur , tellement que par-l� le bois
revient comme s'il n'y a voit jamais eu de pem-
turc
Pour les plafonds , les murs d'�curies & de cui-
fmes, quiibntnoirs , il fuffit de commencer par
les �chauder , ce qui fe fait en mettant une livre
de chaux vive contre une pinte d'eau , & en ob-
. (i ) L'eau f�conde fe fait avec de la potafTe Se* des cendres
gravel�es, - -
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44*                       Cours
fervant d'ajouter, quand ' elle bout , fumTammenf
d'eau pour qu'elle forme feulement un efpece de
lait : on applique fur lefdits murs & plafonds p�u-
fieurs couches de ce lait de chaux, jufqu'� ce que
le noir ou le roux qu'elles doivent cacher ne
paroiiTent plus, apr�s qu'elles font feches.
Article III.
Du choix dis Couleurs & ck leur ajfortiment*.
Lis principales mati�res qu'on employ� pour
les couleurs de la peinture font terreftres ; telles
font le blanc d'Efpagne , qui n'eit qu'une efpece
de craye > l'ocre jeaune, l'ocre rouge , le rouge de
PruiTe , le carmin , le faffran , la terra m�rita , la
graine d'Avignon, le ilil de grain , le verd-de-gris %
le verd de vei�ie, le verd de montagne, la cendre-v
bleu , l'indigo , la terre d'ombre , le noir de char-
bon , le noir de fum�e ? l'orpin ; c'ei� la maniere
d'employer & de m�langer ces diff�rentes couleurs,
qui fait le talent du Peintre d'�mprei�ion.
Dans la Peinture en d�trempe , c'eil le blanc-
d'Efpagne qui fait la bafe de toutes les couleurs,
δε dans la peinture � 1'huiie, c'eil le4 blanc de c�-
rufe : on y m�le feulement plus ou moins de cou-
leur d'une ou d'autre forte \ fuivant la teinte ou
la nuance que l'on d�iire. Mais, que les couleurs
s'employent en d�trempe ou � l'huile., telle eft �
peu pr�s la maniere de les compofer.
Le Blanc de c�rufe , fe compofe avec du blanc«
d'Efpagne &du blanc de plomb.
             /
La couleur en gris de lin y � l'huile ou en d�~
trempe , fe .compofe', en broyant f�parement d@
-ocr page 470-
/
d'Architecture; 443
la �aque, tin peu de bleu de Pruffe & de c�rufe.
Le Gris de perle fe fait avec du blanc de c�rufe ,
du noir de vigne & une pointe de bleu de Pruffe.
Le Verd de treillage eil compof� d'une partie de
verd de gris iimple fur deux parties �gales de c�-
rufe ; le tout broy� � l'huile de noix & d�tremp�
enfuite avec de l'huile de noix, pr�par�e avec un
peu de litarge.
Le Verd d'eau fe fait avec du verd de montagne,
o� l'on met du blanc de c�rufe pour le rendre plus
ou moins clair s il faut broyer l'un & l'autre � l'eau,
& le d�tremper � la eolle. On le peut compofer
encore avec des cendres bleues , du flil de grain
de Troye & de la c�rufe.
Le Verd d'ufage pour les appartements, fe com-
pof� en mettant, contre une livre de blanc de
c�rufe, environ deux onces de ilil de grain de
Troyes 3 & une demi-once de bleu de Pruffe. Ces
couleurs doivent fe broyer � l'eau avec de la colle
de parchemin pour les peintures en d�trempe ou en
chipolin,mais pour les peintures � l'huile , elles doi-
vent �tre broy�es � l'huile & d�tremp�es � l'effence.
Le Lillas fe fait, en m�lant une partie de cen-
dres bleues avec deux de laque couleur de rofe %
Ik une partie de blanc pur.
Le Bleu fe compofe avec de la c�rufe & du
bleu de Pruffe.
La couleur �'Jrdolfe fe pr�pare avec du noir
de charbon ou d'Allemagne, broy� avec du blanc,
foit d'Efpagne , foit de c�rufe , fuivant que l'on
veut peindre en d�trempe ou � l'huile.
Le Jeanne fe fait avec de la c�rufe & de l'ocre
de Berry.
Le Jonquille fe compofe avec del� c�rufe &du ■
ilil de grain de Troyes,
-ocr page 471-
444                      Cours
Le Citron fe fait avec de Torpiii rouge & de
l'orpin jeaune : on employ� encore pour le com-
pofer, au lieu d'ocpin, du ftil de grain de Troyes
& du jeaune de Naples.
Le Violette fait avec de la laque, de la c�rufe
& un peu de carmin.
La couleur de bois de ch�ne s'op�re, en m�lan-
geant rrois-quart de blanc de c�rufe , un quart
d'ocre de rue, de terre dombre & de jeaune de
Berry,
La Couleur d'or fe compofe avec du jeaune de
Naples , du blanc de c�rufe & d'ocre de Berry ,
& m�me un peu d'orpin ronge.
La Bronze, dont on fe fert pour peindre les fer-
rures, fe fait avec du cuivre calcin� & reduit en
poudre ; elle eit plus ou moins fonc�e en couleur :
on la diitingue en bronze dor�e , bronze antique,
bronze couleur d'eau : elle s'applique fur les ou-
vrages de ferrurerie � l'aide d'un mordant.
Le Cramoifi�e compofe avec du blanc de c�rufe,
de la lacque carmin�e & du carmin.
Le Couleur de rofe fe fait avec un peu de car-
min', une pointe de vermillon & du blanc de
plomb.
Le Badigeon dont on peint le dehors des mai-
fons , fe fait avec del� poudre de pierre de S. Leu,
& de la chaux �teinte que l'on d�trempe dans un
fceau d'eau.
'*■. La Couleur de briques pour les chemin�es & les
murs de face que l'on peint ainii, fe.&it avec de
Vome rouge & de l'huile , bien broy�s & incor-
por�s enfemble , & l�s joints fe font enfuite avec
du blanc aui�� � l'huile.
La Mine de plomb, dont on peint les flaques de
chemin�e, fe fait en mettant de �a mine de plomb
-ocr page 472-
d'Architecture. 44^
en poudre dans un pot avec du vinaigre. La plaque
�tant ainii noircie, on prend de �a mine en poudre
feche avec une broiTe dont ou frotte fortement
1*.plaque, ce qui la rend brillante, comme s'il y
avoit un vernis par-deilus.
Le Noir pour les balcons , les grilles, Sic. fe
fait avec du noir de fum�e d�lay� dans de l'huile ,
& de la l�targe ou un autre iiccatif.
A R Τ I C L� Ε I V.
De la Dorure.
Outre les couleurs dont nous venons de par-
ler, les Peintres d'imprerfion appliquent encore
de la dorure fur des moulures & des ornemens.
On diilingue deux fortes d'or , l'or mat & l'or uni.
Il faut avant de dorer mettre 7 ou 8 couches
de blanc d'appr�t fur le bois , en obfervant de ne
point trop charger les ornemens de fculpture d�f-
�mes � �tre dor�s; & apr�s avoir adouci les
moulures & les ornemens , comme pour la d�-
trempe vernie , � la ponce, � la peau de chien de
mer, & avec des petits b�tons de bois-blanc,
de maniere � les liffer fans n�antmoins les trop
ufer, on repare les moulures & les ornemens avec
des fers � crochets pour les d�gager , & �ter le
blanc des endroits o� il feroit trop �pais : cela
�tant ainfi pr�par� , on met une couche d'ocre
jeaune d�tremp�e dans de la colle de parchemin ,
laquelle fert comme de mordant � l'or , & � rem-
plir les fonds o� l'or ne pourroit pas s'introduire.
Apr�s quoi , on applique fur le tout, ce qu'on
nomme Mette , qui eil un compof� de bol
-ocr page 473-
44&                       C O � ft s
d'Arm�nie , d'un peu de fanguine 9 de rri�ii� de
plomb avec quelques gouttes d'huile, broy�s d'a-
bord chacun f�parement avec un peu d'eau , El
enfuite rebroy�s tous enfemble avec de l'eau
pour les raf�ner, & les incorporer* On d�-
trempe ce m�lange dans de la colle de par-
chemin un peu chaude fans y mettre d'eau 5
& on en donne trois couches fur les parties
qu'on veut dorer : ce)a �tant fait , on pofe la
feuille d'or, apr�s avoir mouill� avec le pinceau
�a place ou l'on veut la coucher. L'or �tant bien
fec , on le'polit dans les endroits qui doivent
�tre brunis avec la pierre � brunir, & l'on pai�e
fur les endroits qui doivent reiler mats deux
couches de colie l�gere toute chaude ; enfin,
pour derni�re op�ration, on vermillone tous les
refends des ornemens , les quarr�s & les petites
�paiiTeurs avec dufaffran, de la gome g�te & cIlI
vermillon d�tremp�, avec de l'eau de gome d'A-
rabie » ce qui donne du relief � l'ouvrage*
Article V.
De la perficlion des Peintures d'imptejjioi�
La Peinture en d�trempe exige bien des pr�^
cautions pour �tre op�r�e convenablement ; fi dr�
n'y met pas affez de colle , elle blanchit les habits
ou elle fe d�teint ; & fi on en met trop , elle s'�-
caille. On ne doit voir ni trous rii gerfures dans le
bois, & ceux qui y �toient doivent avoir �t� bou-
ch�s d'avance avec du maftic ; on n'y doit point
non plus appercevoir de grume�aux de couleur
qui n'ayent �t� enlev�s ou adoucis : il eft efferitiel
qu'il n'y ait pas plus de couleur � un endroit qu'�
-ocr page 474-
�*� rchiteCt�r�,           447
fautfe , & que les teintes foient parfaitemenc
�gales. Il faut prendre garde, quand ce font des
ouvrages recherch�s , que les moulures & les
ornemens ne foient point engorg�s de couleur »
& avoir attention qu'ils foient repar�s avec foin
aux fers pour en rappeller toutes les fineiTes.
Le devoir d'un Architecte pendant l'ex�cution
de ces fortes d'ouvrages, eit de veiller �galement
� ce que les Ouvriers ne n�gligent aucune des
pr�cautions n�ceifaires pour leur perfection ,
�uivent leur devis pour �e nombre de couches
convenues , & fur-tout y employent de bonne
rnarchandifes ; car ii l'huile-n'eft pas d'une bonne
qualit�, elle infedera les endroits qui font peints 9
& fi le vernis ne vaut rien , il ent�tera pendant
long-tems, & fera capable de caufer des mala-
dies � ceux qui occuperont les%ppartemens.
Article VI.
Ό es Devis de Peintures d'impreff�on.
IL fufi�t dans ces fortes de Devis de fp�cif�er
la quantit� de portes,de croif�es , de contrevents,
& les diff�rens lambris des appartenons qu'il
s'agit de peindre , foit � l'huile � foit en d�trempe,
& d'expliquer aui�i le nombre de couches de cou-
leur qu'il faudra mettre , de quelle couleur ou
nuance de couleur on veut que lefdits objets
foient peints ; & m�me, afin qu'il n'y ait point
d'�quivoque, on fait faire fouvent d?avance des
�chantillons que Ton conferve, afin que le Pein-
tre foit tenu de s'y conformer exactement : on
convient enfuite des prix de chaque toife d'ou-
vrage , que l'on expofe ainfi.
-ocr page 475-
448                       COURS
ImpreJJ�ons en D�trempe.
Pour chaque toife fuperflcielle de d�trempe
en blanc , gris , jeaune, rouge & noir � une
couche , la fomme de....... .
Pour chaque toife fuperflcielle de pareille d�-
trempe � deux couches , la fomme de W » �
Pour chaque toife fuperf�cielie de pareille d�-
trempe � trois couches, la fomme de . . .-'.;.. .
Pour chaque toife fuperflcielle de couleur de
bois en d�trempe � deux couches, la fomme de .
Pour chaque toife fuperf�cielie de vernis � trois
couches , dont une de colle & deux de vernis �
refprit-de-vin, la fomme de.......
Pour chaque toife fuperf�cielie du m�me vernis
� une couche , la ipmme de.....-. ..
Pour chaque toife fuperf�cielie de pareil vernis,
� deux couches , la fomme de . . . V Y *.
Pour chaque toife fuperf�cielie de noir au vernis
� deux couches , la fomme de . . .
Pour chaque toife fuperf�cielie de panneaux en
couleur de bois-vein� avec cadres 9 moulures &
vernis par-defTus , la fomme de ..... �
Et fans �tre vernis , la fomme de . . . �
Pour chaque toife fuperf�cielie de couleur de
bois vernie , la fomme de . . ..... ♦
Imprejjions � t Huile.
Pour chaque toife fuperf�cielie de blanc d©
c�rufe & couleur de bois , � une couche , la
fomme de ■ , . . . . . . . . . . ,�
Pour chaque toife fuperi�cielle de couleur de
bois, � deux couches, la fomme de ■-'., . � �
-ocr page 476-
&kiL�i��t �C Wie» 449
�>otif chaque toife fuperficielle de gris j d�
|eaune, de rouge & de noir , � une couche , la
ibmme d� ... . . . . . * * » » *
Pour chaque toife de pareille couleur, � deux
couches , la fomme de . _. '.■.';> * » � *
Pour chaque toife fuperficielle de verd-plein
aune couche, la fomme de .■* * . * » «
Pour chaque toife de pareille couleur, � deux
Couches, la lomme de -. .- » . » . . . »
Pour chaque toife de pareille couleur, � trois
couches, dont la premiere fera de blanc de c�rufe,
la fomme de .�. * ,'■'�' � * » * 5v i . . .
Chaque toife de verd fur les treillages fera pay�e,
& fuivant le nombre de couches, & � raifon de la
grandeur des mailles*,
Pour chaque toife fuperficielle de rouge ou ��
j-eaune pour le parquet ou le carreau, la fomme de«
Pour chaque toife de briques � deux couches d�
rouge,& leurs joints tir�s avec du blauc,lafomme de*
Impfe�lons tant cri d�trempe qi�en huile.
Pour chaque toife fuperficielle de peinture en
marbre, � l'huile ou en d�trempe , & vernie"par*
dei�us, la fomme de . » c » > - , » . .
Polir chaque toife fuperficielle de peinture en
marbre, � l'huile ou en d�trempe, fans �tre vernie*
ia fomme de . . . . * . . * . . . » ■ *
Pour chaque toife de couleur de bois-ven�*
� l'huile & verni, la fomme de i . . .
Pour chaque toife fuperficielle de couleur d�
bois-ven� avec des paneaux feints , le tout peint
� huile &: verni, la fomme de ♦ « ♦ » . «
Pour chaque toife fuperficielle de grifaille en
d�trempe � deux couches, avec d�s paneaux feints,
la fomme de . - » '♦ » � . » *-" » » » ν » _♦
Tome KU
                                      Ft-'
-ocr page 477-
Ι
4fo                   Cours
Pour chaque toife fuperf�cielle d'�chaudage
de' mur & de plafond , la fomme de .
Poiir chaque toife fuperf�cielle de lefcivage de
lambris � l'eau f�conde , la fomme de . . �
ImpreQions pour le Blanc de dorure
& le Ckipolm.
Pour chaque toife fuperf�eieile de blanc de
dorure � une couche , la fomme de , . . ,
Pour chaque toife des autres couches fuivah-
tes, la fomme de . . . . «'"■�. i . . «
Pour chaque toife , fuperf�cielle de blanc re-
champi � deux couches , la fomme de .
Par chaque toife fuperf�cielle de chipolin en
d�trempe de diff�rentes couleurs & verni, la
fpmme de . .�...'. \ .> . > . . . .
Pour chaque toife fuperf�cielle de chipolin dont
Ifs moulures, & les ornemens feront rechampis
d'une autre couleur que le fonds , la fomme de .
Pour chaque toife de r�parure fur blanc d'ap-
pr�t , tant fur bois que fur pl�tre , la fomme de .
Pour chaque pied d'efpagnolette en couleur
de bronze, la fomme de ... t
V . . fc
Pour bronzer les ferrures des portes, des croif�es ,
i^es armoires l'une dans l'autre , � tant la pi�ce . .
Dorure.
POUR chaque pied fupernciel d'or mat, fur
un fond uni & � couvert, la fomme de . . *
Pour chaque pied iuperf�ciel d'or mat uni &
�, d�couvert , la fomme de . .' # \', . ,' .'
Pour chaque pied fuperficiel d'or repai�e, la
fomme de . , . . . . i, .: , , . , .
Pour chaque pied fuperf�ciel >d'oi bruni fur de
la fculpture, la fomme de, .... . . . »
-ocr page 478-
d'Architecture.            451
\ DE LA VITRER IE.
%J>W diftingue deux forces da verre, ie verre
blanc & le verre commun. Chaque carreau or*<
dinaire s'attache avec quatre pointes , & fe colle
en dehors 5 tout au pourtour avec une bande'de
papier, ou bien avec du maftic. Le maftic n'eft
autre chofe que du blanc d'Efpagne �craf�, m�l�
avec du blanc de c�rufe, & delalitarge; Je tout
broy� avec de l'huile de lin , de noix , ou de
navette.
Le verre ordinaire fe tire de Normandie , &
contient vingt-quatre plats, qui ont chacun 38
� 44 pouces de diam�tre, avec une boudin� au
milieu : on peut tirer de chaque plat 4 pieds d�
verre Tans la bopdine ; fa perfection eft d'eue
blanc, clair, net, fans bouillon.
Le verre ordinaire fe compte au pied quarr�,
& fe paye mis en �uvre maintenant 12 fols ;
& on compte enfuite le maftic fur le pied d'un
fol 6 deniers , ou de 2 fois au plus par car-
reau.
Le lavage de chaque carreau , y compris
le collage en papier par dehors , fe paye 6
deniers.
On donne en compte le verre au Vitrier pouf
moiti� de fa valeur ; mais quand il eft queftioti
de le remployer, on lui donne en compte par
mefure , & on ne lui paye que la fa�on*
On fe fervoit ci - devant de verre blanc que l'on
tiroit de Boh�me, pour vitrer les croif�es des appar-
tements ; mais maintenant on n'employ� plus qui
Ffi,
-ocr page 479-
45%                   cours
du verre de la Verrerie Royale de Saint-Quirin,
fitu�e dans les montagnes de Vofges , dont la
qualit� eft fup�rieure � tous �gards au pr�c�-
dent j il eft tr�s-dur, & point fujet � fe calci-
ner, quoique expof� au foleil & � l'humidit� ,
& dailleurs du double plus �pais ; il fe vend
'ΐ? fe le Pa<uet> fuivaat les mefures ci-apr�s-
d�taill�es;                                                           
ι $k 1
-ocr page 480-
d'Ar CHI Τ E C TVrE.
XA R 1Fdes Verres en table des Verreries Royales
de Sa�nt-Qu�rin
, � \% liv. le paquet^
S � A V O I R
;6 fur 30"
38 . . 28
35;.. . Ji�
37 �
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' j ftuillepour t paqtjets.
6 at� paquet.
► ipour 3 paquets.
>7 ait paquet»
"ι pour 1 paquet.
tj^our 2 paquets.
k 3 pour 1 paquets.
-8 au paquet,.
*% au paquet
-9 au paquet;.
■                                                                           ' '■'<■ . '-■'�■;
. . 13 Cio �upaquet^
, ,. iy 11 au paquet.
* * x3 C12 au paquet...
. . 10}
, I2i �14 au paquets
iQ itf au paque�».
. 3 au paquet*
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■17
16.
16
H
14
>4 au paquet.
a
*5 au paquet.
-ocr page 481-
f
454                    * C� υ R s
Outre ces grandeurs , dans l'Entrep�t g�n�ral,
rue des D�chargeurs � Paris , on fe charge , ea
pr�venant i�xfemaines d'avance , de faire ex�cuter
toutes fortes de mefiires en verre en table, juf-
qu'� 45 pouces de haut.
On trouve encore,dans le m�me Entrep�tsduverre
d'Aliace d'une grandeur bien plus commode que
le verre de Normandie , pour faire de grands
carreaux , & qui rie co�tent pas plus cher, il eft
bien �loign� de la perfection du verre de Saint-
Quirin, quoiqu'il puif�e faire �-peu-pr�s le m�me
fervice par �conomie, dans les appartements peu
�mportans ; car il n'eft ni auffi blanc , ni auffi fort »
ni auffi exempt de bouillon , & il s'en faut bien
que les pi�ces de verre foient auffi grandes. On
ne vend pas ces verres au paquet, mais � tant
�a pi�ce.
                                                  Y
La plus grande pi�ce de verre , eft 24
pouces , fur 18 pouces , & vaut au Magafin
1 liv. iQ fols.
Celle de 23 pouces fur 17, valent il. 6 «
Celle de 22 pouces fur 16 , valent I
Celle de 21 pouces fur 15, valent
            17
Les autres mefures ? fuivant lefquelles on
vend chaque pi�ce dans l'Entrep�t, font :
ι;8|
17'
ι6
15
\6
ι4
ij
*3
             fur                16
2-Ο �k .      . , a      .I4
4Q ,    ■ .      . « .      .       12.
19 �     ,« � �     �,'   13
Ιο . .     � ��          14
1ψ ■■. i     >:':     Μ'. , ;'�" �       15
το .   ".    � . .        ίο
Ι? - �     . Λ-".»    �« .   ΪΙ
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ίο
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ΙΟ
il
-ocr page 482-
d'A R e H itte CTURE.          45 f
En g�n�ral les Vitriers peuvent fournir ces
fortes de verre mis en place , � 12 fols le pied
quarr�, comme ceux de Normadie.
Dans les Devis de Vitrerie, il faut marquer
la quantit� de croif�es � vitrer, la qualit� du
verre qui fera employ�, & les carreaux feront
coll�s de papier ou maftiqu�s 9 & enf�amettre d�s
prix aux diff�rens ouvrages.
y,
F fit
-ocr page 483-
%
45^                       Cours
DU Ρ A F�.
JLe pav� doit �tre de grais. Celui que l'on em-
ploy� pour les rues a environ 8 pouces en tous
iens; il fe pofe � fec fur une forme de fable de
rivierre , Si on le dreiTe � la demoifelle ; quand il
s'agit de paver un grand chemin ou une route,
on ajoute des deux c�t�s de la chauff�e des bor-
dures de pierre dure, pof�es de champ , & que
l'on fait enrrer dans la terre pour la fortifier
vers ces endroits. Le pav� d'ufage pour les cours
& les cuifines , eil de deux �chantillons ; le
plus grand eil compof� des gros pav�s des rues,
fendus en deux , '& s'employe � chaux & ciment
dans les cours ; le plus petit fert pour les cui-
iines j & s'employe aui�i � chaux & � ciment.
En g�n�ral, il faut pour l'�coulement des eaux
donner au pav� des cours ι pouce de pente par
toife, fuivant la longueur du ruifleau s & faire
en outre par les cot�s , des revers fuffifans vers
ledit riiiiTeau. Le pav� fe paye � la toife fuper-
dcielle.
Les Devis de ces ouvrages n'ont rien de par�?
ticuliers, iinon que l'on y fp�cifie la qualit� du
pav� ; qu'il fera fait � chaux , � ciment ; Se
que l'Entrepreneur fournira tous les mat�riaux
& peines d'ouvriers , moyennant tel prix . . . *
Il feroit fuperflu de parler particuli�rement de
la Marbrerie, vu que nous avons amplement
trait� >
dans le Volume pr�c�dent, aes efpeces de mar«
brea de leur diff�rentes qualit�s & fa�ons, &c*
-ocr page 484-
d'Architecture.       4ff
C ATALOGUE
De la plupart des Architectes dont il c β fait
mention, dans ce Cours, avec ΐ�num�ration
de leurs pricipaux Ouvrages*
ACAD�MIE ROYALE D'ARCHITECTURE.
A VANT i'�tabluTement de cette Compagnie,
M. Colbert avoit d�j� form� un Confeil des b�-
timents , � l'occafion de la eonitru&ion de la Colon-
nade du Louvre , afin d'y examiner & d'appla-
nir toutes les difficult�s qui pouvoient furvenir
dans fon ex�cution. Ce confeil �toit compof� de
Claude Perrault, qui avoit donn� le deffin de
cette Fa�ade , de le Vau, premier Architecte du
Roi , qui �toit un tr�s-grand praticien , de
Lebrun , premier Peintre du Rois qui n'ignoroit
aucun des beaux Arts , & de Charles Perrault ,
fr�re de Claude , premier Commis des b�timents,
qui en �toit comme le Secr�taire. Ce fut l'utilit�
� dont parut � ce Miniilre cette petite Affembl�e,
qui lui fit na�tre l'id�e de former une Acad�mie,
o� fe r�ffembleroient les plus habiles Archite&es �
des jours marqu�s, pour conf�rer fur les beaut�s
de l'Architecture , fe communiquer r�ciproque-
ment leurs lumi�res, & contribuer par leurs
confeils mutuels � l� perfection de ce premier
des Arts lib�raux.
-ocr page 485-
458                       Cours
Cette Acad�mie fut compof�e dans fon origine
des principaux Architectes de la Nation , & fut
ouverte publiquement le dernier D�cembre 1671,
en pr�fence de M. Colbert , par un tr�s-beau
difcours fur les avantages d� fArchireaure, pro-
nonc� par Fran�ois Blonde! , Architecte de la
ftibiime Porte Saint-Denis, qui en fut nomm�/�
la fois Dire&eur & Profefleur.
Elle a eu , depuis fon �tabluTement, pour Pro-
tecteurs , tous les fur-Intendants des b�timens du
Roi. Dabord M. Colbert -, & en furvivance M. 1®
Marquis de Blainville fon Fils. Apr�s la d�miffion
de ce, dernier en 1684, elle eutM.de Louvois;
& � la mort de ce Miniitre en 1691, M Colbert
deSeigne�ay ; & enfin en 1699 > M. Jul�s-Hardouin
Manfard , fut nomm� � cette place, & avec lui
s'�teignit eh" 1708 , la charge de fur-Intendant
des b�timents * qui fut fupprim�e par Edit du Ro�
N�anmoins M. le Duc d'Antih , qui lui fucceda,
en qualit� de Directeur des b�timents du Roi a
obtint depuis , par gr�ce fp�ciale , que les hon-
neurs & pr�rogatives attach�s � cette charge ,
lui feraient continu�s , fans tirer � eonf�queiice
pour l'avenir.
Louis XV confirma cette Acad�mie en 1717V
par des Lettres-Patentes > qui la mettent direfte-
ment fous la protection du Roi, dont elle re�oit
les ordres par le Diredeuf g�n�rai des b�timents, ,
Ces Lettres-Patentes limitent le nombre de fes
membres, � vingt-quatre Acad�miciens; f�avoir,
douze pour la premiere claiTe, & douze pour la
f�conde : elles fixent fes jours daiTembl�e au Lundi
de chaque fem�ine , except� le tems des vacan-
ces ; le nombre des le�ons des ProfeiTeurs ;
qu'elles doivent �tre les objets des occupations
-ocr page 486-
d'Architecture.           459
de cette Compagnie ; & enfin , elles accordent
tin louis d'onze francs , de droit de pr�fenee
par affemb��e , � chacun des membres de la
premiere claffe.
Nonobitant ces Lettres-Patentes _, il en parut
de nouvelles en [728 , pour augmenter le nombre
des membres de la f�conde claffe, fix�s � douze
pr�c�demment, de huit nouveaux Acad�miciens ;
afin , portent-elles, d'augmenter l'�mulation , &
de donner ,� pluiieurs bons Architectes, une mar-
que de diftin�ion que meritoient leur exp�rience
& leur talent.
Cette augmentation n'e�t cependant pas lieu
pour lors, & l'Acad�mie demeura fur le pied de
Vingt-quatre Architecles feulement, comme ci-
devant , jufqu'en 1756, que Louis XV donna
encore d'autres Lettres-Patentes , qui fixent de
nouveau le nombre des membres , dont les deux
c�affes de l'Acad�mie feront compof�es. Par ce
R�glement, on �gale en nombre d'Acad�miciens,
les membre�pie la premiere claffe , � ceux de la
f�conde , en r�duifant cette derni�re, �n�c
vingt par la D�claration de 1728, � feize Aca-
d�miciens feulement, & en augmentant la pre-
miere claffe du nombre de quatre , qui feront
tir�s de la f�conde Les le�ons , tant de G�om�-
trie que d'Architecture , furent encore fix�es
alors , chacune � deux par femaine , au lieu d'une
qu'elles �toient ci-devant; & il fut en outre accor-
d� un jeton d'argent par affemb��e* � chaque
membre de la f�conde claffe qui s'y trouveroit.
L'Acad�mie d'Architefture diftribue annuelle*
ment, vers la Saint-Louis , depuis 1723 , trois
m�dailles , une d'or & deux d'argent » � ceux de
fes Elev�s 9 qui r�iiiHffent le mieux � compof�r
-ocr page 487-
4&>                       Cours
im projet qui leur eil propof� en concours, &
qu'ils doivent deffiner ions les yeux des Profef-
feurs. Celui qui a m�rit� la premiere m�daille,
eil ordinairement envoy� � Rome , fous la pro-
teftion& aux d�pens de Sa Majeil� 5 aux Ecoles
Fran�oiies , o�, pendant trois � quatre ans , on
lui donne comme aux autres Elev�s de l'Acad�-
mie de Peinture & de-Sculpture , toutes les faci-
lit�s pour fe perfectionner dans fon Art.
Il y a quelques ann�es que cette Compagnie a
encore admis c\qs correfpondans �trangers , ainfi
que des honoraires aifoci�s libres , & qu'il a �t�
�tabli en m�me temps des prix d'�mulation cha-
que mois 9 confiilant en une medaille d'argent a
pour l'encouragement des Elev�s.
L'objet des conf�rences de cette Acad�mie»
qui s'affemble r�guli�rement une fois par femai-
ne-, eil de travailler ; i° A refoudre la plus
grande partie des difficult�s qui fe pr�fentent
dans la conftruclion des b�timents ; 2° A d�ter-
miner relativement au bon go�t le! proportions
g�n�rales & particuli�res de l'Architedure , pro-
portions fur leique�les on eft.fi peu d'accord
depuis fon origine; 30 A interpr�ter les us &
coutumes des b�timents , & � d�terminer inva-
riablement la maniere de toifer les diff�rents
ouvrages qui les concernent , mati�res de la plus
grande importance, & qui font fans ceiTe la fource
d'un infinit� de proc�s ; 40 A conilater les d�cou-
vertes utiles on int�reflantes, qui fe font jour-
nellement dans cet Art , ainfi que la fomme de
connoiiTances d�j� acquifes jufqu'ici, & enfin tout
ce qui eil capable de concourir � (es progr�s.
Cette Acad�mie n'a encore rien publi� depuis
ion �tablirTement ; mais il faut croire que, quand
-ocr page 488-
D'ARCHITECTURE,            φΐ
fes m�ditations auront �t� fuffifammenr appro-
fondies fur ces diff�rentes mati�res, elle sera-
preifera � Faire jouir le public du fruit de fes
travaux , � l'exemple des autres Acad�mies.
Adoram ou Adoniram , eut la conduite du
fameux Temple de J�rufalem que Salomon fit
�lever, & dont Dieu , fuivant l'Ecriture , avoit
remis le plan � David , qu'il avoit en quelque
forte trac� de fa main divine , pour fervir de
modele aux ouvriers qui d�voient y �tre em-
ploy�s.
AlBERTI ( Leon Bap��e ) vivoit dans le XVe
fi�cle : il fut furnomm� l'Archimede & le Vitruve
- de fon tems , � caufe des �tudes profondes qu'il
avoit fait dans la G�om�trie & l'Architec�ure.
Nicolas V j l'employa conjointement avec Roffe-
lino
, pour tous les grands b�timents qu'il fit faite
fous fon Pontificat. Ses principaux ouvrages ,
font TEglife de Saint-Fran�ois � Rimini, le Portail
de Sainte-Marie la neuve � Florence , deux Pa-
lais pour Jean Rucellai , dans la. m�me ville »
l'Eglife de Saint Andr� � Mantoue. Entre autres
ouvrages , il a �crit en Latin X Livres fur � Archi-
tecture.
F. Blondel, dit, au fujet de cet Auteur »
qu'il eil eilim� le meilleur apr�s Vitruve, pour
ce qui regarde le b�timent en gros , la folidit� , &
le particulier des Edifices, mais que 'c'eil dommage
que fes def�ins foient ii fecs , fi groffiers , li go-
thiques , δε qu'il ait ii mal r�uffi aux mefures
de quelques-uns de fes ordres d'Architecture»
■ ]i', ' '. ' " ' xi', <i'Ai ' ' f^j 'JVrUiiiP '"v-1 ■ ■■■■"■ -
ALOisrus , Archite&e du VIe fi�cle,eut la princi-
pale confiance de Th�odoric,Prince des Oftrogotjis, -,
-ocr page 489-
φ%                       C� V RS
& Roi d'Italie, pour tous les b�timents qu'il fit
faire, & pour le r�tabiiifement des anciens Edi-
fices qui avoient �chapp� � la fureur des barba-
res. Cell: une ehofe m�morable > combien l'on eft
redevable � ce Prince , de la confervation de la
plupart des Monumens .antiques qui fubfiitent
encore» Cai�iodore rapporte qu'il prit un foin
extraordinaire , pour emp�cher qu'on ne les
ruin�t davantage, & pour faire r�tablir ceux qui
�toient endommag�s. Sa pr�voyance fut ii grande
� cet �gard, qu'il commanda de rai�embler tous
les reftes des Edifices qu'ori ne pouvoit r�parer,
& de les tranfporter en divers lieux , o� �\ fit
confbiure de leurs d�cris divers b�rimens. A
Ravenne, entr'autres , on �leva par fon ordre une
magnifique BafiUque , nomm�e la BafiUque d"Her-
�uk
, qui fut orn�e de fragmens antiques , d0
colonnes , de itatues , & de bas reliefs , qu'on y
apporta de toutes parts. Il y a apparence ομΛΙο'ι-
fius
eut la conduite d'une partie de ces Edifices,
avec un nomm� Daniel , autre Architecte qui
vivoit de fon tems , & qui fut auifi tr�s-occup�
par Th�odorie.
■ ■■')'■ �'■� *~:>. '■ .ι , yj ■,;■ i �,:.,; �., ■ ■■ i I ; - ! : ' \ , "
ANDftOUET, D�CERCEAU ( Jacques) fut Ar-
chite&@ d'Henri III & d'Henri IV. C'efi de lui
le dei�in du Pont-Neuf � Paris , qui eil un des
plus beaux ponts , & des mieux d�cor�s qui foient
en Europe. Il le commen�a en 1578 , mais il
ne fit que la partie.du cot� de la rue Dauphine;
les troubles qui furvinrent ayant fait fufpendre
ce grand ouvrage jufqu'en 1604, il fut continu�
alors par Guillaume le Marchand. Ducerceau a
b�ti l'H�tel de Carnavalet , qui a �t� reitatir�
depuis pat F. Ma/ifard 9 l'H�tel de Bretonvillier?,
-ocr page 490-
d'Arghitictur�.           463
l'H�tel de Siiily, i'f��f βΓ de Mayenne , & une
partie de celui des Fermes ; il eil Auteur de
phiiieurs ouvrages aujourd'hui pm connus , pares
qu'ils ont en quelque forte eeif� d'�tre utiles de-
puis qu'il en a paru de meilleurs fur les m�mes
mati�res : tels ίοη%9 les,β di�ces antiquesRomains;
les pltts excellent B�timens 4.e France ; les Plans &
J)e�ins de cinquante B�timents tous diff�tens ; idiv*e�*~
fes Ordonnances de Plans & dMUv-Gtians. de B�ti-
ments*
ANTH�mws , natif de la ville de Tralies »
'/Lrchite�e du D�me de, Sainte-Sophie , qu'il b�tie
foiis Juitinien s conjointement avec Ifydou de
Muet.. Ce iiit lui qui �ut la hardieffe d'entrepren-
dre d'�lever , au centre de la croix d'une Egiife \
un D�me circulaire fur un plan quarr� , δι fou-
tenu dans les angles par des panaches ou per>-
dentifs ; invention que l'on a beaucoup perfe-
ctionn�e depuis s & qui merite de faire �poque ,
eu ce qu'elle eit l'origine du couronnement de la
plupart des Egliies d'importance , �rig�es depuis
Ja renaiffanee des Arts & des Sciences.
Antimachides, Antistates, Caixeschros
δε P�RINOS , Archirecles Grecs , employ�s par
Piliftrate , � b�tir � Athene^ le fameux Temple
de Jupiter-Olympien , qui n�anmoins reila im-
parfait , � caufe des divifions qui fur vinrent dans
la R�publique , & ne fut continu� que plus de
deux-cens ans apr�s, fous le regne d'Antbiocus,
Roi de Syrie, par Coi�utius.
Apollodore de Damas, un des plus c�l�bres
Architectes de l'antiquit�, fut charg� par Trajan.
-ocr page 491-
464                       Cours
de la plupart des Edifices importai» , qui s'ex�*.
cuterent fous fon regne. Il fe fignala fur-tout pai
la compoiition de la Place Trajane, dont la forme
�toit quarr�e , � l'imitation des Places Grecques ;
on y voyoit un grand nombre de itatues , la
fameufe Biblioth�que de Trajan , ainfi qu'une
Baiilique tr�s-fpacieufe, o� fe rendoit la Juflice #
&? o� s'afTembloient les N�gocians : il y avoit au
milieu de cette Place la Colonne coloifale , qui
fubfifte encore aujourd'hui, & qui portoit la Sta-
tue en bronze de cet Empereur, que lui avoit
�rig� le peuple Romain , en reconnoiffance des
fervices qu'il avoit rei|du � fa Patrie (�). On croit
quApollodore fut aui�i l'Architecte des Thermes,
appelles Thermes Trajan� , de m�me que de nom-
bre de Temples, d'Acqueducs & de grands Che-
mins , qui furent ex�cut�s alors. Mais l'ouvrage
qui a contribu� le plus � l'immortalifer -, efr. le
fameux Pont que Trajan fit jetter furie Danu-
be", que l'on croyoit un entreprise infurmon-
table � l'induilne humaine, � caufe de l� pro*
fondeur & de la rapidit� de ce fleuve , �
l'endroit o� il s'agii�bit de le fonder & qui
emp�choient d'y faire des batardeaux pour affeoir
des piles. Cet Architecte en vint � bout en jet«
tant dans le lit du fleuve, aux endroits o� d�-
voient �tre plac�es les piles , une quantit� prodi-
dieufe de divers mat�riaux, & -par ce moyen il
parvint � former des efpeces d'empartemens, fur
lefquels il �leva enfuite les arches � l'ordinaire.
On pr�tend quJpollodore mourut vers Fan 130
de l'�re chr�tienne , vidtirue d'une raillerie qu'il
( 1 ) A la place de la fbtue de cet Empereur , qui avoit 19
pieds de hauteur ; Sixte-Quint fie mettre la ftatue de S. Pierre,
qui n'ena que 13,
**"                      -                     avoit
-ocr page 492-
d'Arc � it e CT ure. 4^5
�voit faite � Adrien, avant qu'il fut Empereur,,
& dont il fe vengea , fous un faux pr�texte :,
lorfqu'il parvint � l'Empire.
Argenville (d% Ma�tre des Comptes, A meut
d'un excellent Livre, intitul� la Th�orie fy la.Pra-
tique du Jardinage *
, o� il trake: � fond de. fa
compofition &: diftrirjution des jardins de plaifan-
c� , dont le Blond a compof� en partie les deffins.
On ne peut trop recommander l'�tude de cet
Ouvrage � ceux qui veulent fe perfectionner dans
ce genre d'Architecture ', dont ie Nautre a �t� en
quelque forte l� cr�ateur, /
                        ' -v
P�RBAR� § ( Daniel ) V�nitien,, sPatriarche
d'�quil�e, vivoit dans le XV�e �ecle. � a donri�,:,
entre autres ouvrages , des Commentaires fur
Vitruye
? o� il a compil� en grande, partie ceux
que Philahder avoit fait fur le m�me Auteur.
�11 furplus, tous ces Commentaires font devenus
prefque inutiles depuis ceux de Perrault, & du
Marquis de Galliani.
��LI��R , Colonel d'�nfanten�, &: ancien
Pr�fefTeur Royal de Math�matiques aux Ecoles
d'Artillerie , outre diff�rens Ouvrages im les
Math�matique^ » � publi� un excellent Trait�
�!Architecture Hydraulique., qui contient la defcrip-
ti�.n d� ja plupart des machines Hydrauliques,
jaiiifi que de tout ce qui eu propre.�, iufage des
eaux,, ci qui a pour objet leur d�penfe , leur
Y�te�le , leur poids, leur nivellement, leur con-
duite , leurs r�fervoirs. 11 eil encore Auteur d'un
autre Ouvrage intitul� la Science des Ing�nieurs »
pu il traite des �lemens d� la poufT�e des
Tome PI,
                                      '�a
-ocr page 493-
%6β                       Cours
vo�tes , de la maniere de fonder iiir toutes
fortes de terrains , de la pouff�e des terres & de la
r�iiftance d�s bois. ,
BERNIN, ( Jean-Laurent ) furnomm� le Cavalier,
Peintre , Sculpteur & Archke&e de g�nie, n� �
Naples en 1598. Rome lui eil redevable de plu-
iieurs de fes plus beaux Monuments. Entre les
principaux Ouvrages d'Arehite&ure qu'il a fait,
on aamire principalement la Colonnade circu-
-v laire qui environne la Place de Saint-Pierre, la
* Fontaine de la Place Navonne , les Eglifes de
Saint-Andr� & du Noviciat des J�fuites � Monte-
Cavallo.
Louis XIV le fit venir � Paris pour
travailler au def�in du Louvre ; mais f�n projet ne
r�pondit pas � l'attente qu'a voit fait concevoir fa
r�putation, & celui de Perrault lui fut pr�f�r� :
le Cavalier Bemin retourna � Rome, combl� des
bienfaits du Roi , o� il mourut en 1680.
■fi B�bienne , ( Ferdinand Galli ) n� � Bologne en
*I�57, fut attach� au Duc de Parme, & enfuite
� l'Empereur en qualit� d'Architecle \ il a donn�
comme tel les dei�ins de plulieurs Edifices, mais
ion talent particulier �toit pour les d�corations
de Th��tre , & c'eil en ce genre qu'il seil fait
de la r�putation. Il a compof� deux Livres
d'Architeclure , &l'on a grav� d'apr�s lui un Re-
' euei� de perfpe�tives & de d�corations th��trales :
il eil mort � Bologne, � plus de 80 ans, & a
laifT� deux f��s ; dont l'un a �t� D�corateur �
Vienne , d'apr�s les productions duquel on
a grav� auffi un Livre de D�corations ; δε dont
l'autre a �t� premier Architecte de l'Ele�teur
^Palatin. L'Egliie des J�fuites de Manheim, qui
-ocr page 494-
d'architecture.           467
eft d'une Architecture tr�s� m�diocre , eft de ce
dernier , ainii que le grand Th��tre de cette
m�me ville , qui eft de la plus grande magnifi-
cence, mais d'une compoiition lourde & materiele.
BLOND , ( Jean-Β'aptifle-Alexandre le ) a b�ti
l'H�tel de Clermont , rue de Varefne , & une
partie de l'ancien H�tel de Chaulnes , rue d'En-
fer. Il a eu part , comme nous l'avons dit, au
Livre de la Th�orie du Jardinage. Pierre le Grand
l'attira en Rui�ie , pour �tre "fon premier Archi-
tecte , & pour pr�fider aux grands Ouvrages
dont il avoit form� les projets; mais ie Blond
mourut peu de tems apr�s fon arriv�e � Saint-
P�tersbourg, �g� de 40 ans , en 17�9.
Blondel , ( Fran�ois ) tr�s-habile Architecte,
& G�om�tre, eut i honneur de montrer -les Ma-
th�matiques au Grand Dauphin , fils de Louis
XIV ; il fut employ� dans quelques n�gociations ,
& parvint aux grades de Mar�chal de Camp &
de Confeiller d'Etat. Il fut choifi pour directeur
& ProfeiTeur de 1 Acad�mie Royale d'Architecture,
lors de fa cr�ation. C'ei�: de lui le deffin de la
Porte Saint-Denis , qui eft le morceau le plus
achev� en ce genre, qu'on ait jamais fait. « Rien
» de plus majeftueiix, a dit 'avec raifon l'Abb�
« Laugier , que l'�tonante largeur , & la belle
s� �l�vation de fon arc en plein cintre ; rien d�
» plus judicieux que les ornements qui l'accom-
» pagnent; rien de plus m�le & de plus nerveux
»que la fculpture des figures & des bas reliefs;
» rien de mieux deftin� ,.. & de plus ri�remenc
» tranch� que l'entablement qui le termine ».
Blondel tut charg� �n 1660 5 de donner des
G g ij
-ocr page 495-
4�fe                    C tf � � s
dei��ris pour les errib�liiTem�ns de Paris. Il s'ai�i�-
jettit, dans ja r�f��uf ati�H de la Porte Saint-
�otoioe , ancien ouvrage'de M�t�ze�� , � con-
iefv�r un Fleuve & une Nay�de de Jean Go�-
geon ...qui font d'une fculpture admirable , & fe
contenta d'ajouter une porte de chaque "cot�,
ou fut ex�cut�e pour ia premiere fois une pi�ce de
trait d'une nouvelle compofition , qui a retenu
le nora d'arri�re voujfure de Saint-Antoine,
La Porte Saint-Bernard a aui�i �t� b�tie fur
�qs dei�ins , mais fa! compoiition '�� bien inf�-
rieure � celle de Saint-Denis. Les autres ouvra-
ges de cet �rchitec~te , font la Corderie de R�-
chefort , fitu�e dans un marais , & dont les fon-
dations �prouv�rent les plus grandes difficult�s ;
le Pont de Xaintes fur la Charente , qu'il b�tit
fur, un radier , &c. , - ,
Nous avons de ce grand Architedl� pluneurs
bons Quvr�g�s ; l� premier eil intitul� ; li�fo-
lutioii d�s Quatre principaux probl�mes � Architecture
;
ψ fecotidr.r e� un Cours d'Architecture ; & le troi-
si�me renferme des notes fur � Architecture de
Jean Savoi.
Il mour�t a Paris en 16�6 9 �g� d�
Blond�L,( Fran�ois y d'une autre famille ψ.ψ
le precedent, a()ien inf�rieur en m�rite , naquit
a Rouen en* ,\6$$. La d�coration du �n�t�r &
de la Chapelle de la Communion de l'Eglif� P�-
roiiuale de Saint-Jean en gr�ve , eil de f� c�m-
poiition, d� m�me que le Baldaquin & l� Gh�-
gelie de la .Vierge de l'Eglif� ParoiiTiale de Saini-
Sauveur s il a lait b�tir l'H�tel des Gard�s du
Corps de Sa M�jeft� � V�rfailles ; enfin g&gfc
charg� par la Ville de Paris, de donner les d�luhs
-ocr page 496-
D'A �t CHI Τ E C T�RE,           4<5p
des Petes des deux Mariages de fg� Jj$qnfeigneur
le Dauphin, p�re du lloi; lesquelles ont �t� gra-
v�es en deux Volumes in-folio, �f ne donnent pas
yne grande id�e de ion g�nie pour ces ��jtes '<f�
�ompoiitions. il mourut en-,175-1$�
^OpFRAND , ( Germain ) naquit � Niantes �g
jBretagn� en 1667, de Germain Boffrand, Scul-
pteur , & d'une ipeur du c�l�bre Quinault. JjL
a voit � peine 14 ans , lorfque f on Λ ongele,l�m
venir � Paris pour apprendre le deffin. 11 entr|
de bonne heure dans les b�timents du Roi , o^t
il a exerc� divers emplois avec diitinclion. fie
fut lui qui fit ex�cuter en 1699 , fur les de (fins d�
J. Hardouin Manfard , dont il avoit t�t� �leve |
la premiere Place de Louis le Grand y qui �toit
d'un tiers plus grande que celle que l'on voi^t
aujourd'hui , & gui |ut d�molie apr�s avoir �t�
�lev�e jufqu'au premier �tage. jPve�u membre �p
J'Acadgmie Royale d'Architeaure en 170^, il m�
en menie tems ^r�hite^e de pliiiieurs Souverain^
d'A%tnagne, de f�v�que d,e Wurtzbo.urg , Prin-
ce de -Franconie , de Maximilien �manu$l jjyjgf
j�eur de Bavi�re , §c de Leopold i , Duc dp
.Lorraine »pour lefquels il fit conftruire ou com-
mencer plufieurs Edifices �onfid�rables. ^la.mq�t
de M. Gabriel, en 1742 , il fut nomm� premier
Ing�nieur des Ponts & Chauff�es du Royaume,
& fit Jpcuter en cette qualit� nombre de&jiaiix,
d'E�ljfpis ? de Ponts de pierre & de bqi,s » ajnii
fll�eip&�^' vOuvrages de M�chaniques. On re-
marque beaucoup d'imagination dans fes �ompo-
iitionl : ion Architecture �toit fimple & noble, λ
il paroiffoit s'�tre propof� pour modele la maniefp;
de Palladio,
-ocr page 497-
470              > Cours
11 eft Auteur de deux Ouvrages tr�s - eftim�s.'
Le premier , eil un Livre � Architecture, contenant
les principes g�n�raux de cet Art, auquel il a
joint les plans , profils & �l�vations des prince
paux b�timents Civils , Hydrauliques & M�chani-
ques j qu'il a eu occaiion de faire ex�cuter , tant
en France que dans les pays Etrangers ; tels font
le Ch�teau de Bouchefort dans les Pays-bas, les
Paiais de Nancy , de Luneville & de la Mal-
grange en Lorraine, de Wurtzbourg en Franco-
nie , les Ch�teaux de Cramayel & d'Harou� en
Brie, les H�tels de Craon , de Montmorency,
d'�rgenfon , les d�corations int�rieures des ap-
partements de l'H�tel de Soubife � Paris * les
Portes du petit Luxembourg & de l'H�tel'de
Villards s le Portail de la Mercy , le Puits de
Bic�tre , les Ponts de Sens & de Montreau. Si
l'on ajoute � ces b�timents les H�tels de Sei-
nelay , de Torcy , le Ch�teau de Boi�ette proche
Melun , la Maifon du Prince de Rohan � Saint-
Ouen , le Pont de Corbeil, la Porte du Clo�tre
Notre-Dame , les nouveaux B�timents pour les
maladies v�n�riennes du Ch�teau de Bic�tre ,
ceux qu'il fit c'onftruire � l'H�pital G�n�ral, � la
Salp�triere > � Cipion, & enfin le grand B�timent
& la Chapelle des Enfans-Trouv�s , rue Neuve
Notre-Dame , on fera aif�ment convaincu qu'il
y a peu d'Architectes qui ayent eu autant d'oc-
caiions de d�velopper leurs talens.
ν Le f�cond a pour titre , Defcription de ce qui a �t�
pratiqu� pour fondre tCunfe�l jet la Figure Eque�re de
Louis XIV
', �lev�e'par la Ville de Paris en 1699 j
ouvrage qui fut regard� alors comme unique
fur cette mati�re , & qui η a cei�e de l'�tre que
depuis celui de MM. l'Empereur & Mariette
fur le m�me fujct.
-ocr page 498-
d'Architecture; 471                ~}>
Lorfque feu M. le Normand de Turnehem invita
en 1747 , de la part du Roi , les Architectes
de FAcad�mie de faire des projets en con-
cours pour placer la Figure �queftre de Sa
Majeit� > Boffrand en compofa cinq extr�me-
ment d�taill�s , & qui furent univerfellement
admir�s , foit pour l'heureux choix des empla-
cemens , foit pour l'Ordonnance de l'Archite-
&ure (1). Louis XV fut fur-tout tr�s-fatisfait de
fon projet pour le Pont-Tou�nant , & il eft �
croire que, s'il e�t v�cu , il auroit eu la pr�f�-
rence fur tous les autres pour l'ex�cution.
Comme j'ai eu l'avantage d'�tre �lev� de cet
Homme c�l�bre , j'ajouterai qu'il avoit une ma-
niere de penfer �galement grande & d�imt�reff�e,
qu'il �toit agr�able dans la converfation , d'un
caract�re doux & facile, d'un commerce aima-
ble , d'un enjouement qu'il a conferv� jufqu'�
une extr�me yieillefle , & que malgr� le grand
nombre de b�timents qu'il a fait ex�cuter, il ne s'eir.
point enrichi. Il mourut � Paris, en 1754, d'une
attaque d'apoplexie.
Boromin� , ( Fran�ois ) Architecte & Sculpteur,
natif de Bii�bne dans l'Etat de Milan , f�t reftau-
�er TEglife de Saint-Jean de Latran a Rome , fous
le Pontificat dlnocent X. Il � fait b�tir T�glife
de Saint-Charles , au quatre Fontaines � Rome,
l'Eglife Sainte-Agn�s de la Place Navone , qui
eil le meilleur de fes oirvtages , & qui avoit �t�
commenc�e par Reinaldy. Cet Architecte a �t�
( 1 ) Nous - avons donn� trois de ces projets dans notre
Ouvrage des Monument h la gloire de Louis XV.
G g iv4
?
-ocr page 499-
472                      Cours .
r�uteur de toutes ces Productions iinguljeres ,
qui ont inond� l'Italie depuis pr�s d'unfi�cle,
or qui ont fait d�clleoir l'Architecture, fur-tout
� Rome ; telles font les cartouches de travers ,
les frontons brif�s, les colonnes nich�es , δε autres
nouveaut�s extravagantes , ii contraires aux r�gles
pr�cie�fes de la belle iimplicit�. On pr�tend
que Β oromini choiiit ce gout bifarre pour contre-
carrer celui du Cavalier Bernin , & fe mettre �
la mode, � la faveur de cette nouveaut� : il n'a
Oialheureufement eu que trop d'imitateurs.
BOSSE, ( Abraham ) natif de Tours, �toit un
Graveur qui entendoit fort bien l'Archireiture.
Entre fes divers Ouvrages, il en a donn� deux
fur cette mati�re , dont cm fait quelque cas ;
Tun eil im Livre a" Architecture 9 ou Ton trouve ,
entr'autres , les d�taijs de la M�thode de D�zar-
gues , pour �ter les rej�auts dans les rampes des
efcaliers , & des R�gies d� perfpe&ive utiles pour
arr�ter fur le papier les dei�ins des b�timents ,
afin qu'ils puiuent faire en ex�cution l'effet que
Ton deiire ; l'autre eft un Livre du Trait � preuve,
pour la coupe des pierres , auquel on a reproch�
d'�tre inintelligible aux ouvriers par l'affectation
des termes fcientif�ques dont il s'eff fervi»
Bramante , c�l�bre Architecte , n� en 1444,
a Caftel- Durante , au Territoire d'Urbin. Son
premier Ouvrage fut le Clo�tre du Monaffere
pe la Paix � Trivento. Il b�tit � Rome , pour
le Cardinal Saint-George , neveu de Sixte "IV,
le Palais de la chancellerie , avec des' pierres qui
furent tir�es en partie du Colif�e & de l'Arc
Gordien ; il ne laiffa � faire que la porte & les
'I
1
-ocr page 500-
d'Architecture,          ^73
d�corations int�rieures, qui furent par la fuite ter-
min�s par Vigno�e & fontana. Peu d'Architeue�
ont eu autant d'occafions importantes de faire
briller leur talent que Bramante Jules II, ayant
�t� �lu Pape en 1503 Y lui donna l'Intendance
Generalede fesB�timens. C'eil de lui les B�timents
des loges du Vatican, ainfi que le Palais du Bel-
v�d�re , dont il ne fit pourtant ex�cuter qu'une
partie , & que l'on fut oblig� de r�prendre par
fous*�uvre apr�s fa mort. Il fit ex�cuter encore
un Palais � Saint-Blaife pr�s du Tybre , & il
donna les dei�ins de r�gliie de Notre-Dame de
Lorette , qui fut continu�e apr�s lui par Sanfovin.
Enfin Jules II, ayant r�folu de rec�nitruire l'an-
cienne Bafilique du Vatican, qui ayoit �t� b�tie
fous Conitantin , & qui mena�oit ruine alors ,
chargea les principaux Archite&es de Rome de
faire des projets ep concours, ajSn que l'on put
s'arr�ter � celui qui r�uniroit le plus de fuffrages*
Julien Sangalb , Antoine fqn fr�re , Baltazard
^eruzzi , Fr. Jean Jocondp , Rapha�l cTUr bin -,
alors fort jeune, dont les beaux fonds d'Arelii-t
te&ure des tableaux annpiicoient. fpn grand
go�t pour cet ^rf�.? �f Cramante ? compofer,en|:
a l'envi diff�rent projets. Ce f�t celui de Bramants
qui eut la gloire 4'oftenir la pr�f�rence fur $ομ&
fes riyaux. Vafari pr�tend qu'il en fut redeyable
en partie � fe§ intrigues ; n�anmoins on ne peut
nier que fa cqmppfition ne fut vaite & belle ^
& m�me fup�rieure � tpus les projets .qui fu-
rent pr�fent�s en concpu.rs. La premiere pierre
de'"ce .fuperbe Edifice fut ppf�ele 18 Avril 150,6?
Sf Cramante ^ tant de diligence , qu'en moins de
6 ans de tems , il �leya les quatre gros piliers
de la Coupole , cintra les arcades des bras de
-ocr page 501-
'474                       Cours
la croix , qui les lient l'un � l'autre, & avan�a
consid�rablement la branche occidentale de
l'Eglife , tellement que malgr� les changemens
que l'on fat oblig� d'y faire par la fuite , � caufe
fur - tout de la grande disproportion des pi-
liers , eu �gard � f�tendue de la Coupole , fofi �
projet fervit n�anmoins toujours de fond aux
deiHns des Architectes qui lui fucc�derent. Bra-
mants
�toit vraiment un Archite&e de g�nie,
mais d'une imagination trop vive , qui ne lui
donnoit pas toujours le tems de perfectionner fes
id�es ; il paroiffoit s'embarrafer peu de la dur�e
de fes ouvrages , & pourvu qu'ils fuifent op�r�s
promptement, cela lui fuififoit. Il mourut en 1514 *
�g� de 70 ans.
Bruant,( Liberal) donna en 1671 les deffins
de la premiere Eglife, & des b�timents qui com-
pofent le grand H�tel Royal des Invalides. On
appelle la premiere Eglife des Invalides, celle
qui eft deitin�e pour les Soldats, parce que l'autre
o� eit le D�me, & que l'on nomme la nouvelle
Eglife , ne fut �lev�e que du tems apr�s, fur les
deifins du Jules Hardouin Manfard. Bruant a auffi
donn� le deffin de l'H�pital-G�n�ral dit la $al-
p�tricrc ;
enfin il a continu� l'Eglife des Petits
Peres, pr�s la Place des Victoires , commenc�e
par Lemuet, & qui a depuis �t� achev�e par
Cartaud. Le itile de fon Architecture �toit noble
& fimple. Il a laiff� un fils qui a b�ti en 1721,
l'H�tel de Belifle , rue de Bourbon, dont le dei�in,
les profils & le go�t des ornemens font iinguli�-
rement eftim�s ; lequel fut ProfeiTeur de l'Acad�-
mie Royale d'Architecture.
Il y a encore eu un autre Bruant, fr�re a�n� du
-ocr page 502-
.' S:..                                          λ,< i' ■ ".-''■'■'■ "ν                                                                         ■ '.'■
\                                                                       : "'-f;              ' .' 'fr;                        '"'; ■ '�� ■�'-.,;'' '"'.� ■.-,
d'Architecture; 475
pr�c�dent , qui fut Γ Architecte de la Porte du
Bureau des Marchands Drapiers, rue des D�char-
geurs , laquelle eil d�cor�e de colonnes doriques
accoupl�es , dont les m�topes font cependant
quarr�s , fans que n�anmoins les bafes & les
chapiteaux fe confondent : le moyen qu'il a em-
ploy� , a �t� de donner aux pilaftres la m�me
diminution que les colonnes.
, Brunelleschi , ( Philippe, ) Architecte Italien,
du XIVe li�cle , fit b�tir � Florence les Eglifes du
Saint-Efprit & de Saint-Laurent, & il fe iignala par
la coni�ru&ion du Dome de Sainte-Marie Delfiore9
qu'Arnolpho - Lapo avoit commenc�e en 1298.
C'eil un des premiers Architectes qui fe foit diftin-
gu�, lorfque les Arts fortireni des t�n�bres , o�
la barbarie gothique les tenoit depuis ii long-
tems enfevelis.
Bullan , ( Jean ) �toit Architecte de la Reine
Catherine de M�dicis. Oii pr�tend qu'il travailla
� jetter les fondemens du Ch�teau des Tuileries,
conjointement-avec Philibert Delorme : il avoit
b�ti pour cette PrinceiTe l'H�tel de Soii�bns ,
fur le terrain qu'occupe aujourd'hui la Halle au
bled, dont il ne fubfifte plus qu'une colonne
coloffale , termin�e par une fphere armillaire ,
qui fervoit � Catherine de M�dicis , pour faire
.des obfervations �ftrologiques , auxquelles elle
croyoit beaucoup. Cette colonne participe des
ordres dorique & tofcan ; fes ornemens coniiftent
en dix-huit cannelures , o� fe v�yent des cou-
ronnes , des fleurs-de lys, des cornes d'abondance,
des miroirs caftes , des las d'amour d�chir�s , des
C & des H entrelaif�s ; le tout faifant allufion �
-ocr page 503-
.. Ja %$$�� (Je cette Princelle. Bullan a publi� un
jQuvfj�ge -Ji� �'Archite<3:ure , dont F. Blpndel &
C|iaiubray parpiiTent faire cas , & ^qui'eil con-
fpndii clans la foule des Livres de m�me genre ,
parce que .depuis on a mieux fait & mieux vu.
Bullet, ( Biem ) a donn� le dei�in de, la Porte
du b�timent de la pompe fur le Pont N�tres
Dame , & celui de la Porte Saint-Martin , qui,
^quoique inf�rieure � la Porte Saint-Denis pour
l'�l�gance d�s proportions , merite n�anmoins ;$e
faire honneur � cet Artiite. Les deux Chapelle^
fde l'Eglife d@ l'Abbaye Saint-Germain des Pr�s ,
� c�t�.du Choeur, font de fa composition, de
^�mequere�teldeTallard, l'H�tel le Pelletier
jdes Forts , ;& la Fontaine de la Porte S. Michel�
� e$luj qui §X conitruire le Quai Pelletier, elpnr.
le trptoir ne porte que fur une vouflure , ou-
vrage qui lui acquit beaucoup de r�putation
par fa i^rdielle-, .& par la maniere Anduftrieui� avec
laquelle il l'op�ra. Le Palais Archi-Epiicopal φ
Courges, & le Ch�teau d'If�y , ont �t� b�tis fut
-fes devins. Bullet a eu tr�s-grande part � �'ex�r
.cutio.n de |fg Place de Louijs le^Crrand , telle
qu'elle jeft; aujourd'hui ; & plufieur/s. des H�tels
.qui�jviron'ttfnt^ont �t� ex�cuxis.furfes de�ins.
^n g�n�ral fon Archicleture a de fa gr�ce , d� l'�l�-
gance , de la correction , mais elle'cil froide Jf
jtnonotone. iSor� Trait� du toif�. \ d^ principaux
mfr-ages d$$ batmmts
,:ejft le ru�ilkuiP-Livre qui
ait �t� fait fur cette mati�re. Qn y a joint, �der
pms ��s commentaires, & <th s'eit avif� d� l'in-
ttkuier , en le r�imprimant, �rcbmUur� Pratique �
jamais ce ne fut l'intention de Bulkt, il fa voit
irophien que tes notices fuperficie�es �oytx il a fak
-ocr page 504-
. « ... ■ ■
D ' A R � H � ti'CTUR E* - ' - 477
pr�c�der fe$ toif�s , �toi�r�t $i�n ��bi§ne�s di�
former �rf Trait� de conftrii^�n.
                 i$$j�
CailiM�Q�e , Archite&e, Peintre & Sculpteur |
�e Coniith�, flbdiToit 540 avant l'Ere Chr�tienne;
Il eut la gloire d'inventer l� ch�fj�te�u eofiri-
thieri : invention qu'il ne dut cependant qu'ait
hafard. Ayant vu , en parlant pr�a d?lin tombeau |
lin panier que l'on avoit mis fur une plante
cPacarith�, il fut frapp� de i'arran|emeiit fortuit
& d� bel effet que produifoient l�s feuilles iiaiiP-
f�ht�s de cet acanthe, qui �rivirbririoierit le jJ�\s
tti�r ; & quoique ce panier avec Kac�nth� ri'�ufe
�itH�h rapport naturel avec le chapiteau ά'πϋφ
feol�nn�, il adopta cet arrangement pour termi-
ner les colonnes qu'il fc�lptoit, ci qui lui val�t
un rang diftihg�� jiarmi l�s Architectes d�T�ntp.
quit�.
                                                                 ;
Gi��Nio ne�� co�rfi� qii� feg M Li#e-mi
Mi ;
qu'il � �crit fur l'Archit�cTure. F. BloHd�
dit qu'il y a beaucoup � apprendre d�tis 10
Ouvrage, particuli�rement pour.ce qui regarde
la folidit� , & pair pluueurs B�ll�i r�niarijh�s qull a
imit�s concernant la djfpbfiiibfl jff�s" b�tim�rits '5
ffia�l que l�s r�gies qu il donn� pbiir fes firdr��
i^Arcnite&ure ? n� doivent pas* �l�re iulvies li'�t�hf
pas de Bon go�t.
                              (
" ��RTaUD � B�ti la Maifo�i � h. Crbzar le
jeiitt� � Paris , & fa M�ifoii de plaifanc� �
�viontmorency ; la Maifon de M; d�.J�nvry, rue
PP Var�nn�s, dont l'ordonnance ext�rieure &
diftribution font tr�s-eftim�es ; la partie d�s ba4
|ii»ents du Palais-Royal, du c�t� de la rue des
-ocr page 505-
47%                       Cours
Bons-Enfans; le Portail des Petits Peres, pr�s h
Place des Victoires ; celui de l'Eglife des Barna-
bites , proche le Palais, qui eil un de fes premiers
ouvrages ; & enfin le ch�teau de Bourneville : fon
Architecture a en g�n�ral de la nobleffe , '& les
profils en font d'une grande maniere. Il merite
de tenir un rang diftingu� parmi nos bons Ar-
chitectes Fran�ois.
CHAMBRAYj (Rolland-Fran�ois de) Auteur de
l'excellent'Livre du Par aie lie de Γ Architecture an-
cienne avec la moderne ,
o� il compare les ordon-
nances d'Architectpre des principaux Auteurs qui
ont �crit fur cet Art, & dont il fait diff�rentes claf-
jfes. Cet Ouvrage a le m�rite de faire beaucoup
penfer celui qui l'�tudi�. Chambray a rendu fur-
tout un grand fervice aux Architectes, en r�duifant
toutes les diverfes mani�res de mefurer des Auteurs
� la feule divifion du module en trente parties, de
forte qu'il a mis par-l� en �tat de les appr�cier &
de juger de la pr�f�rence que l'on doit donner aux
diff�rentes proportions qu'ils ont adopt�.
Chelles , ( Jean de ) Architecte du XIII fi�cle>
a b�ti � Notre-Dame de Paris, le Portique
qui eft � l'un des bouts de la croif�e du c�t� de
l'Archev�ch�, comme le t�moigne une infcription
latine qu'on y voit grav�e en vieux caract�res.
Clerc, (Seba�ienle) n� � Metz en 1637, outre
qu'il fut un tr�s-habile Graveur & Deffinateur ,
entendoit tr�s-bien � compofer l'Architecture ; on
a de lui un Ouvrage fur cet Art, dont les profils
font affez eilim�s} il mourut en 1714.
-ocr page 506-
d* Architecture.           479
CORMONT, {Thomas de) a continu� la Cath�-
drale d'Amiens, un des plus grands Edifices gothi-
ques j qui avoit �t� commenc� l'an 1220 , par
Robert de Lufarche ; & qui fut achev� par Renault
fils de Cormont, ainfi qu'on l'apprend par de vieux
vers Fran�ois grav�s fur le pav� de cette Egl�e ,
au milieu d'un compartiment de marbre fait en
forme de labyrinthe ; o� l'on vol. auffi des figures
repr�fentant,non-feulement les trois Architectes qui
ont conduit cet Edifice, mais aui�i l'Ev�queEvrard
qui l'a ordonn�.
CouRTONNE , Profeffeur de l'Acad�mie Royale
d'Archiredure, & Auteur d'un Trait� de PerfpsBiv&
dont on fait peu de cas ; il a fait b�tir l'H�tel de
Matignon rue de Vareihe , & celui de Noirmou-
tier, rue de Grenelle fauxbourg S. Germaio , qui
font d'une Architecture m�diocre.
Cossutius, citoyen Romain , fut un des pre-
miers qui b�tit en Italie � la maniere des Grecs :
il s'acquit, fuivant Vitruve , tant de r�putation ,
qu'Antiochus le Grand , Roi de Syrie, 196 ans
avant l'Ere Chr�tienne, le fit venir pour terminer
le Temple de Jupiter Olympien � Ath�nes, qui
avoit �t� commenc� du tems de Pififtrate , & in-
terrompu par les troubles qui furvinrent dans la
R�publique. Il n'eut pas cependant l'avantage de
le finir enti�rement ; car on'continua d'y travaille?
fous Augufte , & m�me il reila quelques ouvrages
qui ne furent achev�s que fous l'Empereur Adrien.
Cotte, (Robert de) n� � Paris en 1657, fucceda
� J. Hardouin Manfard, en qualit� de premier Ar-
chitecte du Roi. Ses ouvrages l'ont rendu c�l�brej
/'■'..' '../..-."                                                   - ..,�.-v
-ocr page 507-
48o                      Cours
il a fait ex�cuter le magnifique Ch�teau d� Tria-
non ; la d�coration dii Ch�ur de l� Cath�drale d�
Paris ; le Ch�teau-d'�au en face du Palais-Royal ;
le b�timent de la Samaritaine fur le Pont-Neuf;
l'H�tel d'Etr�es, rue de Grenelle fauxbourg S. Ger-
main ; l'H�tel du Ludes ; l'H�tel du Maine rue
de Bourbon ; l'Eglife P�rroifflat� de S. Roch ; & la
Gallerie de l'H�tel de Tou�oufe. C'eit fur fes def-
fins qu'ont aui�i �t� ex�cut�s les nouveaux b�ti-
imens de l'Abbaye de S. Denis; la Place de Belle-
Cour � Lyon ; le Palais Epifcopal de Verdun ; le
Ch�teau de Frefcati , maifon de plaifance de
l'�v�qu� de Metz ; le Palais Epifcopal de Straf-
bourg ; il fit encore nombre d'ouvrages pour les
Electeurs de Cologne s de Bavi�re & fEv�que
de WurtzBourg. Π mourut en 173 5, & a lai/T�
tin fils , qui ex�cuta apr�s lui fur (es def�ins le
Portail de S, Roch. Son ftyle d'Arfchite�ture �toit
correct ; il avoit une imagination brillante : apr�s
l�s M�hf�rds & l�s Perrault , auxquels il n� faut
comparer perfohh� , il peut �tre regard� comme
un des meilleurs �rchite�tes Fran�ois.
Ct�siphon , Arcfiitecle Gr�e, auteur du d�f-
ini du fameux Temple de Diane � Ephefe, qui
fut ex�cut� en partie fous fa conduite , en partie
fous celle de fou fils Metag�nes, & fuCcefiivemenr
par d'autr�� Archit�cles qui y travaill�rent pendant
pires de ii� ar�s.
ν D�Vil�R {Mgii�ifiCharlis) naquit a Paris M
1653. En allant en Italie par mer pour y �tudier
FArchiteclure , il fut pris avec D�godets par des
Corfaires, & derri�tira f�iz� mois en captivit� a
Alger ; del� il vint � Rome continuer (es �tudes.
De
:.■«:■■.■'■■■■■■ ;.--(■ ■                                              i                  v"-\                                                    ' Y . ' Y ', "Y�
: V-■<�'■■ .: '..'■;;: '■ ':'' ' '!                                                                     '' ' '�'■'"                                                                 
7 ■ ',.'■ ' .-"■■. , ■ ;.'■ 'Y' '.                                                  Y Ύ ■:, ■                                                                                                                 . ...
-                                                               ' ■ YvYY                                                           '■ '. ..'■''■■'■".                                   "� ';                                              Y Y
-ocr page 508-
d'Architecture.            481
De retour � Paris il s'attacha � J. Hardouin Manfard,
qu'il ne quitta que pour aller conduire � Mont-
pellier une Porte Triomphale, �lev�e � la gloire
de Louis XIV , dont Borbay avoit donn� les
deflins- : il a fait nombre de b�timens particuliers
� B�ziers , � Carcaf�bne ., � N�mes , & fur-tout �
Touloufe le Palais Archi�pifcopal : fes travaux
engag�rent les Etats de Languedoc � cr�er en fa
faveur un titre d'Architecte de la Province ; ce qui
le fixa en conf�quence � Montpellier, o� il mourut
en 1700. Il a publi� deux Ouvrages fur l'Archi-
teelure ; le premier e il une traduction italienne
du VI Livre d'Architecture de Scamo^ji _, qui con-
tient fes ordres ; comme ce Livre n'eft que
l'extrait d'un autre plus confid�rable, & que d'ail-
leurs la m�thode de Scamozzilp'eir, pas fort utile ,
il n'a pas eu de fucc�s : mais en revanche fon fe^-
cond Ouvrage en a eu beaucoup ; il eft intitul� ,
Cours d'Architecture qui comprend les ordres de Vignole9
avec des commentaires , les figures & les deferi-
ptions de fes plus beaux b�timens .&'de ceux de
Michel-Ange , &c. Davi�er y avoit joint un
Bionaire des termes d Architecture
, qui n'a pas �t�
'�galement accueilli, & que M. Saverien a refondu
& augment� du double depuis quelques ann�es :
fon go�t d'Architecture �toit froid , fec & fans
g�nie.
Debrosses , ( Jacques ) ; on ignore fon origine
& de qui il fut �lev� : il fut charg� par Marie de
M�dicis, veuve de Henri IV3 de donner les def-
fins du Palais du Luxembourg , o� il lui fut re-
command� , � ce qu'on pr�tend , d'imiter la diitri-
bution & d�coration du Palais Pitti � Florence»
o� le-� Grand-Duc-fait fa r�fidence: mais, aux hof-
Tome FL
                                     H h
-ocr page 509-
5$ί                   Cours
fages pr�s, dont il a d�cor� le dehors de ce Pa-
lais , il n'y a aucune reffemblance. Cet Architecte
fut pareillement charg� de b�tir le Portail de
S. Gervais qui eft fi admirable par les beaut�s
m�les de fes ordres d'Architecture, δε de r�tablir
la grande falle du Palais , qui fut conium�e par le
feu en 1618. Le magnifique Temple de Charenton,
qui �toit comme la M�tropole des Calviniftes, &
qui fut raf� en 1685 , lors de la r�vocation de
l'Edit de Nantes, �toit de fa compofition. Enfin ce
fut � lui que Marie de M�dicis confia l'ex�cution
de l'Acqueduc d'Arcueil pr�s Paris , ouvrage qui
�gale en beaut� , ii m�me il ne furpafle , tout ce
qui nous refte des Romains dans ce genre. Debroffes
m�rite de tenir un rang tr�s-diftingu� parmi les
Architectes qui font honneur � la France : toutes
fes produdions refpirent le genie ; fes ordonnances
d'Architecture font de la plus grande maniere, ainii
que fes profils.
Desgodets s (Antoine) naquit en 1653 : il ne
paroit pas qu'il ait fait ex�cuter aucun b�timent
remarquable ; il doit fa principale r�putation �
fon Ouvrage , Des Edifices antiques de Rome Λ
d&�inis & mefur�s fur les lieux tr�s-exactement ;
lequel eft devenu extr�mement rare, & dont il fe-
\
            roit � fouhaiter que Ton donn�t une r�impref�ion.
Il fut Architecte & Contr�leur des B�timens du
Roi � Ghambort, & fut nomm� en 1719 Profef-
feur de l'Acad�mie-Royale d'Architecture , place
qu'il a rempli avec diftinftion, & qu'il a conferv�
juiqu'� fa mort, arriv�e fubitement en 1728. On a
imprim� depuis une partie des Le�ons qu'il di�oit
aux Elev�s de l'Acad�mie; l'un de ces Ouvrages
��. un Trait� du toif� des dijf�rens travaux des b�ti-
,-.''�■                                                                                                                                                                                                                                                                                                        ■>�                                                                                                        . ■ .
-ocr page 510-
d'Architecture,           483
mens,&L l'autre a pour titre, lesLoixdes B��mens,
iiiivant la coutume de Paris, dont i'interpr�tation eil
tr�s-eitim�e , m�me des Jurifc�niultes , iur-tout
avec les notes qui y ont �t� ajout�es par Goupy. «
Desgods y ( Fran�ois ) Architecte de Jardins,
�toit neveu du c�l�bre le Nautre, & c'eft fur fes
dei�ins qu'a �t� plant� le Jardin du Palais-Royal.
D�M�TRIUS & P�ONius , Architectes Grecs qui
achev�rent de b�tir vers la 100e olympiade le v
fameux Temple de Diane � Ephefe.
D�RAND , (le P�re) J�fuire, donna les deffins
du Portail de l'Eglife de la Maifon Proief�e d�s
J�fuites de la rue S. Antoine 9 dont �e Cardinal de
Richelieu �t la d�penfe j Ouvrage peu corre�: ,
trop charg� d'ornemens , & dont la comparaiibn
avec le Portail de S. Gervais eil la meilleure criti-
que. On n'�tudie plus fon Trait� de La Coupe des
pierres ,
depuis les ouvrages de Fr�zier & de la
Rue fur la m�me mati�re ; d'autant que (es prati-
ques font faillies dans la rigueur g�om�trique , &
©bligeoientles ouvriers qui les fuivoient � beaucoup
de ragr�emens.
          !
DiNOCRATE �toit de Mac�doine, & Architecte
d'Alexandre-le-Grand. On raconte que , pour fe
faire conno�tre de ce Prince , il lui propofa le
projet detailler le Mont-Athos , qui eil un rocher,
en forme d'un homme qui luirefTembleroit, &�ui,
portant fa t�te jufqu'aux nues, tiendroit dans l'une
de (es mains une coupe , qui recevroit les eaux
de tous les fleuves qui d�coulent de cette mon-
tagne j pour les verfer dans la mer, & dans l'autre,
H h ij
-ocr page 511-
- "";'. ',ι''�'� ' ; ■'"/'■ ' - - ■;■;,/ λ ■ ■�. .� ι' '                                                 .■                               ' ' :
■ 4^4              ■'"' Cour s '
une Ville affez grande pour ιοοοο habitans. On
pr�tend qu'Alexandre go�ta beaucoup cette id�e
gigantefque , & qu'il auroit ordonn� fon ex�cution,
fans la difficult� de faire fubfifter la Ville en que-
ftion, � caufe de la ft�rilit� du voiiinage. Quoi
qu'il en foit, ce projet f�t'concevoir � ce Prince la
plus grande eftime des talents de l'Archite&e ,
tellement qu'il lui donna la pr�f�rence , pour
b�tir une Ville en Egypte, qui f�t de fon nom ap-
pell�e Alexandrie. Au rapport de Strabon , l'art
de i'Architecle & la magnificence du Prince cou-
coururent � l'envi pour l'embellir, & pour la rendre
une des plus fiiperbes Villes du monde. Il y avoit
un port, des acqueducs, des fontaines , des canaux
d'une grande beaut� , un nombre prefque infini de
maifons pour les habitans, des places & des b�~
timens magnifiques , des lieux publics pour les
jeux & les fpe�tacles , enfin des Temples & des
Palais en π grand nombre qu'ils occupoient pr�s
d'un tiers de la Ville. Dinocrau f�t encore beaucoup
d'Edifices en plufieurs lieux , non-feulement pen-
dant le regne de ce Prince , mais encore fous les
Rois qui partag�rent fon Empire apr�s fa mort.
Pline pr�tend qu'il fut charg�, entr'autres par Pto-
lem�e-Ph�ladelphe, de b�tir un Temple en l'hon-
neur d'Arfmo� fa femme , dont la vo�te de voit
�tre conftruite de pierre d'aimant ,' pour foutenir
en l'air le tombeau de la PrincefTe ; lequel, pour
cet effet, devoit �tre ex�cut� tout en fer ; mais que
la mort du Roi & de l'Architecte emp�cha l'ex�*
cntion de ce projet. Si cela eil vrai, il s'enfuit que
cet Architefte mourut extr�mement �g� ; car la
mort de Ptolem�e-Philadelphe arriva ηη ans apr�s
celle d'Alexandre.
-ocr page 512-
ν
D* A R CHITECTBRI.�            4%$
DORBAY, (Fran�ois ) mort en 1697 ; il �toit
�lev� de le Vau , & conduifit 5 d'apr�s les deffins,
de fon ma�tre , enti�rement le College & l'Eglife
des Quarre-Nations. Les principaux ouvrages qu'il
a b�ti, font l'Eglife des Pr�montr�s � la Croix-
Rouge , l'ancienne falle de la Com�die Fran�oife
fauxboiirg S. Germain, & il donna, comme nous
Favons dit ci-devant , les deffins de la Porte
triomphale que les Etats de Languedoc firent �le-
ver � Montpellier � la Gloire de Louis XIV.
C'�toit un des grands ennemis du m�rite de Per-
rault ; ce fut lui qui pr�tendit, apr�s fa mort, que
la composition du P�riilile du Louvre �toit de
le Vau , tandis que toute la France avoit �t�
t�moin du contraire , & avoit vu en fon teins
les deux projets expof�s publiquement en con-
currence.
Duc , ( Gabriel le ) acheva l'Eglife Paroiffiale
S. Louis dans Π �le 5 commenc�e par le Vau,
ainfi que le D�me du Val-de-Gr�ce , com»
menc�. par Fran�ois Manfard & par le Mercier.
Le Duc paffe pour avoir donn� particuli�rement
4es deiTms du Ma�tre-Autel & du Baldaquin de la
derni�re Eglife , qui font d'un affez bon �Vyle
d'ar�hite�iure*
Dulin a donn� le deiTm de lamaifon de M*
Dunoyers, fauxbourg S. Antoine ; de l'h�tel Lam-
bert rue de FUniverat� & de l'h�tel d'Etampes :
c'�toit une fort m�diocre Architecte, > mais qui
enteudoit aiTes bien la dtffribiitioo* ■
F�LIBIEN:, ( AnM ) n� en x§\$ ,..& mon em
1695 , fut Hiftoriographe des B�timents du Roi. Il
H h '�j
-ocr page 513-
486                    Cours
a compof�, des Entretiens fur la vie des plus excel-
lens Peintres
, anckns & modernes ; & un autre
Livre qui a pour titre , Les Principes de ΐ Archi-
tecture
, Peinture & Sculpture , avec un Dictionnaire
des mots propres � ces Arts :
autant le premier
Ouvrage eil prolixe, autant le f�cond eft trop
concis pour �tre de quelque utilit�. Il e�t un fils
Jean- Fran�ois , qui lui fucceda dans la place
d'Hlitoriographe des b�timents , & qui a auffi
publi� plufieurs Livres j f�avoir , un Recueil
hifiorique de la vie & des Ouvrages des plus c�l�bres
Architectes jufq�au XIV* fi�e le ; les Plans & Def-
criptions des deux belles Maifons de campagne
de Pline le jeune
, le Laurentin & la Maifon de
Tofcane ; la Defcription de la nouvelle Eglife de
ΐH�tel-Royal des Invalides ;
enfin, une Defcription
fommaire de Verfailles
, avec une Explication des
Tableaux , Statues & autres. Il
mourut � Paris
en 1733.
Foix, ( Louis de) n� � Paris � la fin du XVIe
fi�cle , fur appelle en Efpagne par Philippe II,
pour conftruire le Palais de l'Efcurial , & le
Monaiiere de Saint-Laurent. Il fit auffi connokre
en France (es talens par l'ex�cution de la Tour de
Cordouan, qui fert de phanal � l'embouchure de la
- Garonne, ainfi que par fon entreprife de boucher
l'ancien Canal de l'Adour, pr�sde Bayonne, & d'en
pratiquer un nouveau pour le Port de cette Ville.
FONTANA , ( Dominique ) natif de Mili en Lom-
bardie, fut Architecte de Sixte-Quint, & s'eft fait un
nom par la compoi�tion des macKines induitrieufes
qui fervirent � tranfporter, � redreiTer & � �lever
les Aiguilles ou Ob�lifques Egyptiennes que l'on
-ocr page 514-
\
d'Arch�t�ct� �t:           *4$j
voit � Rome au milieu des Places de Saint-Pierre,
de Saint-Jean de Latran , & de Sainte-Marie
del Popoio, H a b�ti � Naples le magnifique Palais
du Viceroi, & � Rome la Porte du Palais de la
Chancellerie ; & enfin, il eut la gloire de terminer
3a voute de la Coupole de Saint-Pierre de Rome.
Fontana , {Charles) : tout, ce qu'on f�ait
de cet Architecte , c'eft qu'il a publi� deux Ou-
vrages Italiens , eilim�s , l'un intitul� ΐAmphith��-
tre Flavien
, connu fous le nom du Collifk, le-
quel contient, outre la defcription de Ce Monu-
ment , nombre de traits hiitoriques & d'�c�air-
ciffemens curieux , par rapport aux diff�rentes
parties qui compo�oient les Th��tres & Amphi-
th��tres antiques; l'autre, eft un gros Volume
in-folio , qui eil recherch� , & qui a pour titre,
Defcription de �Eglife de Saint-Pierre de Rome*.
Frezier, {Amedie Fran�ois) n� � Chambery
en 1682, & mort � Breft en 1773 , Dire�teur des
Fortifications de la Bretagne. Outre les nombreux
Ouvrages Militaires , dans la conduite defquels
Fr�ter s'eit beaucoup diitingu� ? il a fait faire dans
l'Eglife Saint-Louis de Breft , un Baldaquin d'Au-«
tel, foutenu fur quatre colonnes de marbre \ d'or-
dre Corinthien , apport�es d'Ath�nes. H eft Au-
teur de l'excellent Livre de la- Th�orie & la Pra-
tique de la coupe des pierres & des bois
, en trois
Volumes /V2-40 : Ouvrage qui lui a fait beaucoup
d'honneur , & o� il a , en quelque forte, anobli
l'Art du Trait , en faifant voir qu'il ne conflits
pas' dans de fimples pratiques, & que fes prin-
cipes d�rivent eifentiel�ement de la G�om�trie &
du d�veloppement des corps. Ce Livreferoit eh-
λ
                                              Η hiy
-ocr page 515-
4S8           ,r:r C o υ R s
ere plus utile , s'il a voit �t�poffible de le mettre
davantage � la port�e des Conftru&eurs ; car
prefque tous font malheureufement hors d'�tat de
l'entendre, & par conf�quent d'en profiter.
Gabriel , ( Jacques ) n� � Paris en 1667, �tok
parent & �lev� de Jules Hardouin Manfard. Il
devint premier Architecte du Roi , & premier
Ing�nieur des Ponts & Chauff�es. On lui eit re-
devable des projets d'embelliffement des Villes de
Nantes & de Bourdeaux. Il a auffi donn� les del�ins
de fH�te�-de-Ville , & de la Place de Louis
XIV � Rennes , de la Maifon-de-Ville de Dijon ,
de la Salle & de la Chapelle des Etats de cette
m�me Vu�e;>ainii que de la Cath�drale de la Rochelle.
Le principal ouvrage qu'il ait fait � Paris , eil
le grand Egour. il mourut en 1742 , & alaiff� un
iils qui Ta remplac� avantageufement en qualit�
de premier Architecte du Roi, & qui eft aujour-
d'hui Directeur de l'Acad�mie Royale d'Archi-
�e�hire. ,.:. ;,, ;■,'.;.,                                                        ,-,,;;,*,..■�■<<» ■
Gautier , Ing�nieur des Ponts & Chauff�es
du Languedoc, vivoit au commencement de ce
li�ele. Son Trait� des Ponts eu. le feul que nous
ayons fur cette mati�re : il annonce un Praticien
�onfomm� dans ce genre de conitruftion , qui
s'eft beaucoup perfectionn� de nos jours, & fur-
tout depuis qu'on a port� dans ces travaux le
flambeau de la th�orie ; ce qu'il y a de meilleur dans
ce Livre s eft ce qui regarde les grands chemins.
Germain, ( Thomas ) n� � Paris en 1673 , &
mort en 1748 ; c'eft � l'Orf�vrerie & � �a mul-
titude d'ouvrages qu'il a fait en ce genre , qu'il
-ocr page 516-
D ' A R � Η Ι Τ � C Τ U Κ Ε.            φ9
doit fa r�putation ; n�anmoins il fut charg� de
la conduite de l'Eglife- Saint-Louis du Louvre ;
on pr�tend qu'il a donn� auf�i le def�in dune
Eglife qui a �t� b�tie � Livourne.
Giardini, Architedete Italien , fur les dei�ins
duquel a �t� b�ti le Palais Bourbon , qui a �t�
commenc� en 1722 , & continu� depuis par Laf-
furance & Gabriel. G'eft le premier Edifice o� 1 on
ait imagin� ce genre de commodit� & de diftnbu-
tion , qui fait tant d'honneur � notre Architedure
Fran�oife ; mais ce qu'il y a de fmgulier, c'eft
que ce foit un Italien qui nous en ait fourni le
premier 'modele.
Gl τ tard (Daniel ). Toute l'Architedure
& le Portail de l'Eglife de Saint - Jacques du
Haut-Pas font du deiiin de cet Architede. On le
chargea, apr�s la mort de le Vau , de continuer
l'Eglife de Saint-Sulpice, dont il a fait b�tir le
Ch�ur, les bas-c�t�s , la plus grande partie de
la croif�e � gauche , de m�me que le Portail
qui la termine. Les H�tels de Coif� & de la Force
panent aui�i, pour avoir �t� b�tis par cet Archi-
tecte,
                                                               ν.
Guarini, ( CamUU) Th�atin, a fait b�tir �
Turin les Eglifes de Saint-Laurent & du Saint-
Suaire i qui font d'une Architedure extrava-
gante ; il y avoit fait auffi conilruire l'Eglife
de Saint- Philippe de Nery , qui tomba peu
apr�s fon ex�cution : c'eit de lui le dei�in de
l'Eglife des Th�atins � Paris , qui a �t� conti-
nu�e par Lievain en 1714, & dont le Portail a
�t� termin� en 1747 par M. Defmaifons. Ses
-ocr page 517-
*4$ο                     Cours
ouvrages font dans le go�t de ceux du Boromin� ;
qu'il s'�toit propof� pour modele. On en a pu-
bli� un Recueil , apparemment pour en faire
voir le ridicule; car il n'eft pas � pr�fumer qu'on
ait pr�tendu les propofer pour exemples*, tant ils
font �loign�s des principes de la bonne Archi-
tecture ; ce qui a fait dire de lui, avec raifon , par
un Pr�lat Italien, qui a donn� depuis peu la vie
des Architectes, chi f�guita iL Guarini , fiia fia
Pa^ar�Ui,
Gougeon , ( Jean ) c�l�bre Sculpteur fous les
r�gnes de Fran�ois I & Henri II, fit ex�cuter en*�
�i�rement fur fes deffins la Fontaine Saint-Inocent;
les bas-reliefs en font admirables , mais l'Archi-
teclure en eft feche & maigre ; on dit qu'il fut en-
core employ� en qualit� d'Architecte au Louvre :
il p�rit malheureufemem dans les defordres de la
Saint - Barth�l�my. On pr�tend qu'il avoit
entrepris avec Jean Martin, Secr�taire du Car-
dinal de L�noncour, la traduction des Livres'
de Vkri�ve ; mais le peu de fucc�s de leur
travail a fait conno�tre , comme le remarque
Perrault dans (es Commentaires fur fur cet Auteur,
que pour bien ex�cuter cette entreprife, il faut que
la connoiffance de l'Architecture & des Lettres
foit r�unie dans une m�me perfonne en un degr�
au-de�Tus du commun.
Nous obferverons que c'eft le m�me Jean Martin,
qui a traduit dltalien en Fran�ois , tes Songes de
Polyphik
, avec des figures en bois tr�s-bien gra-
v�es. Cej Ouvrage eil un efpece de Roman
d'Architecture 9 compof� lors de la renaiffanee
des Arts en Italie, pour faire ouvrir les yeux
aux Architectes Goths , &: faire fentir l'abfurdit�
-ocr page 518-
d'Architecture.           γ49*
de leur maniere de b�tir , par comparaifon avec
celle des Edifices antiques. On y fait voir que
les v�ritables r�gles de cet Art ne permettent
jamais d'y rien produire , dont on ne puiffe ren-
dre raifon, & qu'il ne fuffit pas qu'un Edifice fort
conftruit folidement , mais qu'il faut encore que
fa folidit� frappe la vue , & ne donne aucune
inqui�tude � ceux qui y entrent : enfin , on χ
d�montre que la vraie beaut� ne confilte pas a
furcharger l'Architeaure d'ornemens , &quils ne
doivent s'y montrer que comme amen�s par la
n�ceflit� , fuivant le caraaere , la dignit� , &
l'ufage du b�timent que l'on �rige. A entendre
Polyphile, l'Architeaure doit �tre envifagee comme
la feule fcience qui r�git tous les Arts, & comme
celle qui exige les connoiffances les plus lu-
blimes ; &, � deffein d'en faire revivre tout
leipr�t , il d�crit un 'nombre de projets qui,
cuoique gigantefqu�s , font n�anmoins capa-
bles d'�lever le g�nie des Archite�es , & de leur
faire concevoir les plus nobles id�es de leut Art.
On rapporte que le nom de l'Auteur de ce Roman
eil: exprim� par les lettres initiales des Chapi-
tres qui le compofent, en ces^ termes : Polliam
Francifcus Columna ptramavit ;
ceft-�-dire , Fran-
�ois Colonne a bien aim� Pollia.
JOCONDE 9.{Jean ) de V�ronne, Religieux Domi-
nicain , vivoit au commencement du XVIe fi�cle.
Il �toit � la fois Philofophe J Th�ologien , Anti-
quaire , Peintre & Architeae. Apr�s la mort de
Bramante , on le jugea capable, conjointement
avec Antoine Sangallo & Rapha�l dUrbin, d�-
tendre fes deiTins, & de prendre la conduite de la
fuperbeEglife de Saint-Pierre de Rome; On garde
-ocr page 519-
49*                       Cours
encore � Venife des projets qu'il avoit fait pour
embellir la Place de Ria�to. Ce fut lui qui trouva
le moyen de d�tourner les eaux d'une partie de
ja Bnnta , qui remplii�bient auparavant de fables
les lagunes de cette ville , & en auroient fait in-
ienfiblenient un marais. Il fit jetter � V�rone
un Pont fur un endroit de l'Adige, que l'on n'a-
voit of� tenter jufques-l� , � caufe del� difficult�
del entrepnfe. La grande r�putation dont il jouif-
ioit en Italie le fit appeller en France par
Louis XII, pour conilru�re pluiieurs b�timents ;
les plus confid�rables qu'il ait fait, font le Petit-
Pont, & le Pont, Notre-Dame � Paris > � l'oc-
cafion defquels Sannazar compofa ce d�ilique ;
Jucundus geminump�fuk tibi fequai�a pontem ,
> Hutic tu jure potes dicere Pontificem.
Nous n'avons pr�tendu parler ici de Joconde , que
comme Archite&e, & pour ce qui eil des autres
oiivrages. de ce Savant , on peut confulter le
Dictionnaire de Moreri.
Lassurance , Eleve deJ. Hardouin Manfard,
continua le Palais Bourbon , commenc� par
Gmrdmi : il fit b�tir � Paris l'H�tel de Rotelin
Vis-a^vis les Carm�lites , l'H�tel des Marets rue
>aint-Marc, ainfi que les H�tels de B�thune ,
de Montbafon , de Roquelaure , de Maifons -,
d Auvergne & de Noailles : c'�toit de lui les
deffins du Ch�teau de Petit-Bourg, qui a �t�
d�moli. Il ei�: mort Contr�leur des B�timents du
Roi, & a laiff� un fils , qui lui a fucc�d� dans
cette place , & qui a b�ti le Ch�teau de Belle-
Vu«.
?
-ocr page 520-
d'Architecture. 493
L�B�CQ , ( Antoine. ) n'eil connu que par un
Livre d'Archite�ure ,' lequel renferme quelques
dei�ins des plus beaux B�timents de l'antiquit�
affez corrects, & capables de donner une grande
id�e de cet Art.
Lescot , ( Pierre ) Abb� de Clagny , floriffoit
fous les r�gnes de Fran�ois 1 & de Henri II. Les
dei�ins qu'il compofa pour le Louvre , furent
pr�f�r�s � ceux de Serlio , qu'on avoit fait venir
expr�s d'Italie" � cette occafion. Il a fait ex�cuter
une partie de la G�llerie.& de la Cour du Vieux-
Louvre , qui renferment des d�tails d�portes, de
croif�es , de profils , & d'ornemens d'un go�t
exquis, 11 mourut en 1578 , �g� de 60 ans.
Libergier , ( Hugues ) Architecte du XIIIe
fi�c'le , commen�a � reb�tir l'�glife de Saint-
Ni�aife de Reims , dont il ne f�t que les portiques
& la nef jufqu'� la croif�e. Il mourut en 1263.
Lorme , ( Philibert de ) naquit � Lyon au com-
mencement du XVIe fi�cle : ceft un des Archi-
tedes qui a le plus contribu� � bannir de France
�e go�t Gothique. Il f�t conf�ruire fous le regne
de Henri II , & de ies fils, le fer � cheval du
Ch�teau de Fontainebleau , les Ch�teaux d'Anet,
de Meudon & de Saint-Maur : fon plus bel ou-
vrage eft le Palais des Tuileries � Paris : il r�-
tablit & orna pluiieurs Maifons Royales, comme
Villers-Coterets , Saint-Germain en Lave , le
Louvre, la Chapelle des Orf�vres. Ses talents
furent magnifiquement recompenf�s; il fut nomm�
Aum�nier & Confeiller du Roi, & on lui donna
deux Abbayes confid�rables. Il a publi� un Livre
-ocr page 521-
'494                   "�- ours
d Architecture 9 dont F. Blondel & Chambray par*
lent avec �loge , & qui prouve qu'il �toit ex-
cellent Praticien. Il y a , en effet , bien du bon
dans ce qu'il dit dans fa maniere de b�tir � peu
de frais : il eil le premier qui ait �crit m�thodi-
quement fur la coupe des pierres , & qui ait
prefcrit des r�gles pour cet Art ; & quoiqu'on ait
publi� depuis des Ouvrages fur cette mati�re,
qui ont fait oublier le fien, on doit lui f�avoir
gr� de l'avoir tir� du cahos. Quant � la compo-
iition de fes ordres d'Archite�ture , on fait en
g�n�ral peu de cas de leurs profils, qui fe ref-
fentent un peu du Gothique. Il mourut en 1617*
Maderne , ( Charles ) natif de Cofme en Lom-
bardie , ne meritoit gueres , par fes talents ,
l'honneur de fucc�der aux Bramante & aux Michel*
Ange ; n�anmoins des intrigues , qui font fou-
vent plus f�res que le talent, pour fe produire
dans les occafions m�me 011 il femble qu'on ne
devroit avoir �gard qu'au m�rite , lui. firent don-
ner la pr�f�rence fur tous les Archire�es de fon
tems, pour terminer l'Eglife Saint-Pierre de Rome.
Il changea fon plan de croix greque en croix latine,
en alongeaat le bras du c�t� du Portail, & fut
l'Archite&e de cette augmentation , que Paul V
permit, autant pour augmenter la grandeur de
ce Temple , qu'af�n qu'on ne fe trouv�t pas d'a-
bord fous la Coupole en y entrant. Maderne a.
donn� le dei�in du Portail, qui n'efl compof�,
comme Ton f�ait, que de huit colonnes engag�es,
δε furmont�es d'un attique, tandis que la Place, qui
l'accompagne , eir orn�e de quatre rangs de co-
lonnes ifol�es au nombre de 280 ; ce qui n'a
aucun rapport : le paifage d'un homme m�diocre,
-ocr page 522-
D 'Architecture. 495
dans une place importante, a fouvent occaiionn�
bien des regrets.
Maire , ( d& la ) a b�ti en 1706, l'H�tel de
Soubife, qui eft un des plus r�guliers & des plus
ibmptueux de Paris : la cour qui pr�c�de ce
b�timent, �ft environn�e d'une colonnade d'ordre
compoiite d'un tr�s-bel effet-, & qui donne �
l'entr�e de cet H�tel un air de grandeur & de
magnificence peu ordinaire. Il a^aui�i donn� les
demns de l'H�tel de Rohan s de Duras & de
Pompadour : il s'�toit confacr� au Cabinet les
derni�res ann�es de Ta vie , pour �crire fur l'Ar-
chitecture : il avoir commenc� un plan .g�n�ral
d'embelliflement pour la ville de Paris , mais la
mort le furprit avant que fes productions fuiTent
rendues publiques.
Mansard j ( Fran�ois ) 'n� � Paris en 1598, el�:
un des Architectes dont les productions font le
plus d'honneur au regne de Louis XIV. Rien
n'efl: plus connu que les Edifices dont il a, em-
belli, cette Capitale. Les principaux font , le
Portail de l'Eglife des Feuillants rue Saint-Ho-
nor� , l'Eglife des Filles Sainte-Marie rue Saint-
Antoine 3 le Portail des Minimes de la Place
Royale , une partie de l'ancien H�tel de Conty,
fur le terrein duquel a �t� b�ti depuis peu l'H�tel
de la Monoye , l'H�tel de Touloufe, l'H�tel de
Jars , & l'H�tel de Carnavalet, dont il a refait la
fa�ade , en confervant avec beaucoup d'art l'an-
cienne porte , &: quelques bas reliefs exquis
de Jean Gougeon , qui fe raccordent auif�
parfaitement avec les nouveaux ouvrages ,
gue s'ils avoient �t� faits expr�s. Il foutint fa
-ocr page 523-
496                       Cours
r�pwtation par les deffins du Ch�teau deMaifons,
qui paffe pour fon chef-d'�uvre; de m�me que
par les Ch�teaux de G�vres en Brie, de Berny
pr�s Paris , de Baleroy en Normandie , &
de Bl�rancour : il a encore r�tabli & fait beau-
coup de changemens aux Ch�teaux de Richelieu
& de Blois. Le plus m�morable Edifice que cet
Architecte ait entrepris , erl le D�me du Val-de-
Gr�ce, dont il fut charg� par la Reine Anne
d'Autriche , m�re de- Louis XIV , & dont la
premiere pierre fut pof�e en 1645. ^ ne ^ ce~
pendant ex�cuter cette Eglife que jufqu'� la hau-
teur de 9 pieds au-deifus du fol : des intrigues
lui en firent �ter la direction ; ce fut Jacques �e
Mercier qui lui fucc�da, & qui continua fa b�
tiffe fur les deffins de Manfard, jufqu'� la hauteur
du premier entablement : apr�s quoi elle fut in-
terrompue pendant quelques ann�es ; & enfin en
1654, la Reine nomma P. le Muer , conjointe-
ment avec Gabriel le Duc , pour terminer ce
Monument tel qu'il eft aujourd'hui. Quelque beau
qu'il foit , il eft � croire n�anmoins qu'il auroit
�t� encore plus parfait ii Manfard l'avoit enti�-
rement achev� ; on en peut juger par la Chapelle
du Ch�teau de Fr�ne , qu'il fit quelque tems apr�s
pour M. de Gu�n�gaud, Secr�taire d'Etat, o� il
ex�cuta en petit le magnifique Deffin qu'il avoit
compof� pour la d�coration int�rieure de cet
Edifice. Il y a peu d'ouvrages en g�n�ral auffi pr�-
cieux & aui�i correct pour les profils & les pro-
portions , que ceux de cet Architecte : on en a
tant fait d'�loge , qu'il feroit fuperflu de nous
�tendre ici fur ce fujet ; & il nous fuffirade dire,
qu'on ne fauroit trop en recommander l'�tude
� ceux qui veulent fe perfectionner dans cet Art.
M ANS ARD'.
/
-ocr page 524-
d'Arc � ι τ ε c tu n ε.          497
M�NSARD j ( Jules-Hardouin) naquit � Paris en
�645 » 'd ^t0lt fik'd'une f�ur de F. Manfard > c'eil
la raifonpour laquelle il ajouta ce nom c�l�bre au-
fiem Il adonn� les dei�ins de la plupart des grands
Edifices �rig�s fous Louis XIV -, & a eu les occa-
sions les plus brillantes de iignaler fes talens. Un
de fes principaux ouvrages , & un des meilleurs
qu'il ait fait, eil le Ch�teau de Ciagny pr�s Ver-
failles i lequel a �t� d�moli il y a une douzaine
d'ann�es. C'eil fur fes def�ins que le Pont-Royal
a �t� commenc� en 1685. Il rat l'Architecte de
la grande Gallerie du Palais-Royal ; de la Place
de Louis-le-Grand ; de la Place des Victoires ; de
la nouvelle Eglife des Invalides, fitu�e au bout de
celle �lev�e pour les Soldats j, monument de la
capacit� de cet habile Artiite, & qui fera dans
tous les tems le plus grand honneur � fa m�moire.
C'eit de lui les embelliiTements du Ch�teau d�
Verfail�es, fa fa�ade du c�t� du Parc, la Chapelle >
l'Orangerie , la grande & la petite Ecurie y la
maifon de S. Cyr; les b�rimens del� M�nagerie;
& la Paroi�fe de Verfail�es. Le Ch�teau de Marly
& fes Jardins , o� il a en quelque forte �gal� le
N�tre , font encore de fa compofition ; de m�me
qu'une partie du Ch�teau de S. Cloud & fa
cafcade. Fran�ois Manfard �toit plus pur dans
fes profils » plus corre�: dans les proportions
& les d�tails de fes ordonnances d'Architeclure
que fon neveu ; mais celui-ci avoit beaucoup plus
de g�nie , plus d'invention * & une imagination
plus brillante. Cet homme c�l�bre, fut non feule-
ment premier Architecte de Louis XIV ; mais il
devint aui�i Sur-Intendant & Ordonnateur g�n�ral
des B�timens du Roi en 1699. 11 mourut ftibite*
ment � Marly en 1708 ? & fut inhum�' dans TEglife
Tome FI,
                          ' "''          I i
-ocr page 525-
49$                       Cours
S. Paul � Paris, o� on lui a �lev� un monument
de marbre de la main de Coifevox.
Marot , ( Jean ) peut �tre regard� comme Ar-
chitecte, du moins pour la th�orie, quoique fou
principal talent fut la gravure. On croit qu'il a
donn� le deffin de l'Egiife des Religieufes Feuil-
lantines dans le fauxbourg S. Jacques , dont l'ar-
chiteciure eil affez correcte. On lui eil redeva-
ble d'avoir fait un Recueil de la plupart des anciens
B�timens de France , dont il a publi� deux volu-
mes , connus fous le nom de Grand φ de petit
Marot.
Martel-Ange , (Fr�re) J�fu�te, a donn� les
"
dei�ins du Noviciat des J�fuites, rue Pot-de-fer,
dont le portail eil fur-tout fort eiHm� , & doit
faire regretter que fon projet n'ait pas eu la pr�-
f�rence fur celui du P�re D�ran, pour l'ex�cution
de l'Egiife de la Maifon-Profefle rue S. Antoine.
MERCIER , ( Jacques le ) a b�ti le Palais-Royal,
le gros Pavillon du Vieux - Louvre, i'Eglife des
Peres de l'Oratoire* rue S. Honor� , except� le
Portail ; mais le meilleur ι de (es ouvrages , &
celui qui lui aiTur� un rang diilingu� parmi les
Architectes Fran�ois, eil le D�me de la Sorbonne,
Messon�er, ( Jufie-AurelU) n� � Turin en i6pf,
& mort � Paris en 175Ο, �toit Deff�nateur , Pein-
tre , Sculpteur & Orf�vre, Il fut premier De(~
iinateur du Cabinet du Roi, & en cette qualit� il
, donna les deffins du Feu d'Artifice, ex�cut� � Ver-
failles � la naiffance de feu Mgrle Dauphin p�re
du Roi. Nous avons vu de iui des projets pour la
-ocr page 526-
i)'A rch�t� c tur s.          499
reconftfu�ion du grand Portail de S. Sulpic�, pour
line Eglife & une Salle deftinee aux Arfembi�es des
Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit, & pour la d�-
coration du Choeur de S. Germain- Lauxerrois l
il y avoit beaucoup de g�nie & d'imagination dans
fes projets, mais en g�n�ral il tourmentoit trop fort
Architecture > &- affedtoit de s'�loigner de la noble
fimpiici�� qui doit faire foft cara�ere erTentieK
M�T�ZEAU, ( Clement) »naquit � Dreux} fous��
regne de Louis Xill. il a fait la partie de la Gal-
lerie du Louvre vers le premier guichet * qui eft
orn�e de petits piiaihes charg�s defculpture & de
feoi�ages vermicides II fut encore FArchitede d�
l'H�tel de Longueville, & de la Porte Si Antoine *
que Fran�ois Blondel augmenta depuis d'une petite
porte de chaque c�t�, L'ouvrage auquel il a d� f�
principale r�putation, eil la fameufe digue d� la
Rochelle de 747 toifes de longueur » qui occafiomia
la reddition de cette importante Place ; ouvrag�
que l'on regarda alors comme t�m�raire, & qui
�prouva dans fon ex�cution les plus grandes diffi-
cult�s °. on grava � cette occafion au bas de fou
portrait ces deux vers*
                   ^ _ i;r!j ,
Dicitur Archimedes terrant potuijfe movere;
JEquora qui potuit fifiere t non minor efi.
�>■>''
Michel� Ange Buonarotti, Peintre, Sculp-
teur & Architecte , naquit en 1474, � Arezzo erl
Tofcane. Les ouvrages les plus confid�rables qu'il
�fiten Architecture font,� Florence la Biblioth�que
& la Sacriftie de S. Laurent * & � Rome le C�pi»
t�le moderne » ainii que le Palais Farn�fe > qui
�toit d�j� commenc� , & dont il Bt les troi�
ordres de la cour * le veiUbt�� & renfableniiflf |
ι* η
-ocr page 527-
500                       Cours
qui couronne �i heureufement cet Edifice. Apr�s
�a mort d'Antoine Sangallo , il fut nomm� Archi-
tecte de la Fabrique de l'Eglife S. Pierre , dont
Bramante avoit donn� le deffirj ; il affura immua-
blement le plan de cet Edifice qui avoit vari�
jufqu'alors & fixa les dimenfions des gros piliers du
D�me que Bramante avoit fait trop foibles, & enfin
avan�a ce monument au point qu'on n'y p�t plus
rien changer apr�s fa mort. Ceft mal-�-propos qu'on
lui a attribu� l'invention des coupoles port�es fur
pendentif; car il en avoit �t� fait long-tems avant
lui dans le Temple de Sainte-Sophie � Conitanti-
nople , dans celui de Saint-Marc � Venife, &
il en exiftoit un exemple m�me � Rome dans
l'Eglifedes Auguitins, qui avoit �t� b�tie au moins
20 ans avant qu'il fut queilion d'�riger S. Pierre
de Rome. Ajoutez � cela , que la plupart des
projets qui furent propof�s en concours pour
l'ex�cution de cette Eglife, & m�me celui de Bra-
mante qui obtint Ja pr�f�rence , avoient adopt�
cette difpoiition de D�me. Michel-Ange mourut
en 1564 , �g� de 88 ans , laif�ant Rome h Fk>-
rence d�cor�esde chef-d'�uvresde Peinture, d\Ar-
chite&ure & de Sculpture, & une r�putation φιβ
n'a eu & n'aura peut-�tre jamais aucun Artiile.
MoNTEREAU , ( Pierre de ) Architecte du XIIIe
fi�cle, quia b�ti la Sainte-Chapelle de Vincennes
& celle de Paris, &, dans l'Abbaye S. Germain-
des-Pr�s , le Refecloire , le Dortoir , le Chapitre
& la Chapelle de Notre-Dame. Il mourut en 1266»
MoNTREUiL, [Eudes de) accompagna S. Louis
dans le voyage de la Terre Sainte, o� ce Prince
l'employa � fortifier le Port & la Ville de Jafa.
-ocr page 528-
Ν
vA�tCH�TECTUR�.�           50�
A fon retour , il eut la conduite de plufieurs
Eglifes que ce Roi fit b�tir � Paris , de Sainte-
Catherine du Val-des-Ecoliers , de l'H�tel-Dieu,
de Sainte-Croix de la Bretonruerie , des Blancs-
Manteaux, des Quinze-Vingts, des Mathurins, des
Chartreux & des�ordeliers. IL mourut en 1289».
Muet , ( Pierre le) n� � Dijon en 1592 , fut charg�
de terminer le D�me du Val-de-Gr�ce: il a donn�
les dei�ins du grand-h�tel de Luynes , & ceux
des h�tels de l'Aigle & de BeauviIliers. Il eft eri
outre Auteur de quelques ouvrages d'Archite&ure»
l'un eil un Trait� des proportions des cinq Ordres
de Fignole
; l'autre eft une traduction-des cin^
Ordres de Palladio
>-■',' augment�e de nouvelles
inventions pour l'art de b�tir ; & le troiii�me
comprend la Maniere de bien b�tir pour toutes fortes,,
de perfonnes j
avec les plans & �l�vations des plus
'beaux Edifices de France. Tous ces ouvrages furent
recherch�s alors , & ont ceiF� de l'�tre * depuis
fur-tout qu'il en a paru d'autres beaucoup mieux
trait�s fur les m�mes mati�res. Il mourut � Paris,
en 16�9.
N�tre , ( Andr� le ) Contr�leur des B�timents du
R�ijiiaquit �Parisen 16.13. Ilfutlecr�ateurdeTArt
des Jardins en France, qui n'�toient avant lui que
des efpeces de vergers : toutes fes productions en ce
genre font autant de mod�les. On vit na�tre fous fon
crayon des comportions admirables, o� toutes les.
beaut�s de la nature , difpof�es dans un ordre non-
Veau , & avec une harmonie int�r�iTante , ofFroient
� la vue les fpe&acles les plus d�licieux, & remplis,
de tous ces rians objets , qui nayoi�nt exiil�
jufques-l� que dans l?imagination des Po�tes, tt
-ocr page 529-
jol                       Cours * .
faifoit c�nfifter,, principalement le merveilleux de
fou Art, �,dofiner une vaile �tendue aux plus petits
efpa�es , Se � faire para�tre grands les terrains les
plus re/ferr�s. Ce fut dans la compoiition des Jar-
dins de Vaux-le-Vicomte , appartenant �.iVt,Fou-
quet , qu'il d�ploya fes premiers taleots. Louis
S-IV , lui ayant confi� la direction de tous fes
parcs & Jardins,, il embellit par l'on Art le Parc
4u Ch�teau de Verfailles , les Jardins de Tria-
non j les Parcs de Meudon & de S, Cloud , le
Bofquet du Tybre � Fontainebleau, la belle Ter-
faiie de SaJnt^Germain en Laye > c'eit � lui qu'on
doit aiii�i la diftribution admirable du Parc, de
Chantilly"., o� l'Art eft fi bien cach� fous l'air de la
�iature , (& celle du Jardin des Tuileries, qu'on
peut appeller fon chefki�euvre, � �aufe de l'in^�
(duftrie avec laquelle � elt venu � bout de fauver
les irr�gularit�s du terrain , de varier fes prome-
nades , de difpofer (�s perrons & fur-tout le
magnifique fer-�-cheval qui le termine. Cer Artiite
mourut en 1700, �g� de 87 ans , & fut enterr�
dans FEglife Saint-Roeh � Paris , o� Ton voit
fur fon tombeau fon Bufte f�u�pt� par Coifevox,
',.ί:' OppeNORT , ( Gilles * Marie ) Archite�te
c�e M. (le Duc d'Orl�ans Regent , a donn� les
def�ins de la d�coration cle la Gallerie d'En�e au
Palais Royal > c'�ft encore de lui le.Portail de
1 Saint-Sulpice.« du c�t� du midi, aini� que le
Ma�tre-Autel � la Romaine que l'on .vqit au
milieu de cette Eglife : il �toit un m�diocre
^r�hue&e quoiqu'un tr�s-habile Dei�inateur; ce
qui eft tr�s-compatible , comme l'exp�rience l'a
Couvent prouv�. lia �t� publi� un Recueil de (es
�mdM ^ArohmUwe,
, o� l'on remarque combien '�
-ocr page 530-
d'Architecture.          503
mettoit quelquefois peu de go�t & de difcernement
dans les choix qui en faifoieht l'objet.
Oya , ( Scbafiicna" ) Architecte de Philippe II>
Roi d'Ei'pagne, n'eil connu que par les Plans δε
El�vations des Thermes de Diocletien , qu'il
publia en 1558', & qui font devenus extr�-
mement rares.
Palladio , ( Andr� ) le plus c�l�bre des Archi-
tectes Italiens , n� en 1508 , � Vicence, Ville de
l'Etat de Venife , a laiif� un grand nom & de
grands mod�les � imiter. Tous fes Ouvrages fe
reflentent des �tudes profondes qu'il avoit fait
des b�timents antiques : fon go�t eil noble &
fimple ; fes proportions font toujours �l�gantes,
& fes profils de la plus grande maniere, 11 a
embelli Vicence de nombre d'Edifices confid�ra-
bles, tels font les H�tels des Comtes Ch�ricati ,
Porto , de Thiene & de Valmara ; laBaiilique de
cette ville; & fur-tout le Th��tre Olympique , qui
paffe pour fon chef-d'�uvre, & qu*on diroit un
Monument �rig� pendant les beaux jours d'Ath�-
nes & de Rome : il a b�ti les Ch�teaux du
Marquis de Capra , pr�s de Vicence , du Comte
de Sar�go � Sainte Sophie , des Seigneurs Pifani �
Bagnuolo , de Moc�nigo � la Fratta ? de Z�no �
Malcontenta , de Baffadona � Mafer , & nombre
d'autres Maifons de plaifance. La Ville de Venife
lui eil redevable de plu�eurs de fes plus beaux
Monuments ; tels font les Eglifes du R�dempteur >
de Saint-George , de Sainte-Luce, le Monailere de
Saint-Jean de Latran , & le Palais Tr�vifano, qui
offrent la preuve la plus complette de l'excellence
de fes taiens. Il a publi� un Trait� d'Architecture
1 i iv
-ocr page 531-
504                       Cours
divif� en quatre Livres , qui eil admirable en
toutes les parties. On y trouve , non-feulement
les deffins des principaux Monumens antiques
4e Rome qu'il avoit lev�s & deffin�s , avec leurs
principales mefures, mais encore les plans & �l�-
vations de la plupart des Edifices qu'il a fait
conitruire , joint aux d�tails de fes Ordonnances
d'Archite�ure , dont les profils font d'un go�t,
exquis. Il mourut en 1580,
..P AUTRE , ( Antoine le ) vivoit an commencement
du fi�cie dernier ; ce font fur fes deffins & fous
fa conduite qu'ont �t� b�tis l'Eglife des Re�i-.
gieufes de Port-Royal dans le Fauxbourg Saint-.
Jacques , la Maifon de plaifance du Due de
G�vres a Saint - Ouen , l'H�tel de Beauvais rue
Saint-Antoine , l'H�tel d'Aiimont rue de Jouy>
%l pluiieurs autres Edifices. Il a publi� un Recueil
de plufieurs b�timents de fa compoiition , & de
quelques-uns de ceux qu'il a fait b�tir : fou
aile d'Ardiite�;ur§ �toit en g�n�ral lourd & peu
correct «
             ■.,-: ,i:m;::. ',.
Perrault, (Claude) de l'Acad�mie Royale des
Sciences , & M�decin de la Facult� de Paris ,
fut un des plus grands Architectes du ii�cle de
Louis X�V. Il naquit � Paris en 1613 , & devint:
fans aucun ma�tre , fans avoir vu l'Italie , & par
la feule force de fon g�nie , habile dans tous les,
Arts qui ont du rapport au deifin. Dans le nom-
bre de cQnnoiiTances qu'il poiTedoit � un haut
degr�, telles que la M�decine, les Math�mati-
ques , Τ Anatomie ,. � fit fon capital de l'Archite-
�wre, & y excella fup�rieurement. Nous avons,
* de, lui dijfereqs Monument , qui� font regard�s
:
-ocr page 532-
D'An εκι τ ε CT u ri: 505
comme' autant de mod�les j f�avoir , le P�ri-
fiile du Louvre , l'Gbfervatoire , le magnifique
Arc-de-Triomphe du Tr�ne , la Chapelle du
Ch�teau de Sceaux, le Bofquet des Bains d'Apollon
dans le Parc de Verfailles, l'All�e d'eau & la plus
grande partie des deffins des vafes ? foit en mar-
bre , l'oit en bronze , qui ornent ces Jardins.
Outre ces ouvrages qui peuvent �tre mis en paT
rallele avec ce que les Anciens nous ont laiff�
de plus parfait pour le grand go�t de FArchite-
&ure, Perrault a publi� une Traduction de Vitruve,
avec des Commentaires remplis d'obfervations
tr�s-curieufes & tr�s-utiles � ceux qui veulent
s'initruire � fond de rArchitedture ancienne. Nous
avons encore de lui un Ouvrage intitul� : Ordon-
nances des cinq cfpeces de Colonnes ^fuivant la metho-
de des Anciens
, qui contient une m�thode beau-
coup plus aif�e que toutes les autres , pour l'ufage
des ordres. Ind�pendamment de ces Ouvrages fur
Γ Architecture, Perrault fe diftingua par plufieurs
autres , tels font (es Ejfais de Phyfique , fes M�-
moires pourfervir � PHifioire Naturelle des animaux ;
enfin 3 par un Recueil de diverfes machines de f�n
invention.
Il mourut � Paris en 1688.
PHILANDER, ( Guillaume ) Savant du XVIe fi�cle,
un des meilleurs Commentateurs de Vitruve 5 &
�e premier qui ait facilit� l'intelligence de cet
Auteur ancien , qui ne paro�t vraifemblablement
aui�i obfcur, que parce que les deifvns qui accom-
pagnoient fon Ouvrage , & qui fervoient effen-
tiellement � fon interpr�tation, ont �t� perdus »
& ne font pas parvenus jufqu'� nous. Il mourut
gn. 1665.
-ocr page 533-
$o6                       Cours
Pirro-Ligorio , Peintre & Archite&e ; fes
dei��ns dss b�timents antiques font peu exacts :
il fut nomm� conjointement avec Vignole ,
Architecte de la Fabrique de Saint - Pierre ,
apr�s la mort de Michel-Ange, avec ordre
de fe conformer en tout aux deffins qu'il avoit
laifT� de ce monument ; mais Ligorio s'�tant avif�
d'y vouloir faire des changemens , on lui �ta
cette direction , & Vignole demeura feul charg�
de la conduite de cet Edifice.
Raphael-SanziO , n� � Urbin en 1483 , &
mort, en 15ZO, outre qu'il fut le premier des
Peintres Modernes , pai�bit encore pour exceller
dans l'Architecture. On le choilit, apr�s la mort
de Bramante , pour �tre un des Archire&es de la
Fabrique de Saint-Pierre. C'eit � lui qu'on eft
redevable d'avoir fait revivre l'ufage des orne-
fiiens antiques , nomm�s grotefques , oii il entre,
dans la composition , des fleurs , des oifeaux, des
animaux , & une infinit� de choies de caprice,
alli�es avec beaucoup de go�t, & qui produifent
des effets agr�ables, .-,...
R�gemqrte , premier Ing�nieur de Turcies &
Lev�es , mort depuis quelques ann�es , eft con-
nu particuli�rement par la conitruelion du Pont
de Moulins fur l'Allier , qui rencontra les plus
grandes difficult�s dans l'ex�cution , & qu'il fur-
monta par fon induftrje. Il a publi� tous les d�tails
de fes op�rations, lefquels donnent une grande
id�e de fa capacit� pour ces fortes d'ouvrages.
Riq�et s'eil: immortalif� par le projet & l'ex�-
cution du Canal de Languedoc, pour faciliter la
l
-ocr page 534-
d'Architecture.           507
. jonction de l'Oc�an & de la M�diterran�e. Mille
obftades paroiiToients'oppoier � ce grand deiTeih.
L'�loignement des deux Mers, le grand nombre de
montagnes � percer, Timmeniit� des terres mou-
vantes � tranfporter, la difette d'eau dans un pays
o� il y en avoit � peine aviez pour arrofer les jar-
dins , & pluiieurs autres difficult�s con�id�rables ne
furent pas capables d'arr�ter iiquu, & il parvint
par fon g�nie � les iurmonter. S'il e�t 1? gloire
de terminer cet immenfe Ouvrage * il n'e�t pas
n�anmoins leplaifiraenjouir. 11 mourut en i68o,&
le premier effai ne s'en fit qu'au commencement de
l68x ; c'eft ce qui a fait dire dans lbn- Epitaphe ;
Ci-g�t qui vint � bout de ce hardi deiTein ,
De joindre des deux Mers les liquides campagnes y
Et, de la terre ouvrant le fein,
Applanit m�me les montagnes.
Pour faire couler l'eau fuivant l'ordre du Roii
Il ne manque jamais de foi,
Comme fit autrefois Moyf� :
Cependant de tous deux le deftin fut �gal;
�, L'un mourut pr�t d'entrer dans la Terre promife ,
L'autre eft mort fur le point d'entrer dans fon Canal.
Romain , ( Fran�ois ) dit le Fr�re Romain , de
l'Ordre de Saint-Dominique, naqu�t � Gand en
1646. Π fut un des plus habiles Ing�nieurs &
Architectes de ion tems pour les travaux Hydrau-
liques. La conilrudion du Pont de Maftricht,
qu'il fit pour les Etats G�n�raux de Hollande,
lui acquit beaucoup de r�putation , � caufe des
difficult�s qu'il eut � vaincre Le d�gel de 1684
ayant emport� le Pont de bois qui �toit vis-�-
vis le Pavillori du Ch�teau uqs Tuileries , &
, . r
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JOS                      COU R S
Louis XIV avilit ordonn� de b�tir un Pont de
pierre � la place , qui eft aujourd'hui le Pont-
Royal ; comme on trouva les plus grandes diffi,-
culr�spour �tancherles eaux quifourcilioient fans
ce/Te , on f�t venir le Fr�re Romain , qui vint �
bout de les captiver , & de lever les obftacles
qui s'oppoibieni � la fblidit� des fondemens de
ce Pont, il mourut � Paris en 1735.
Sangallo , ( Julien & Antoine ) fr�res & Ar-
chitectes Florentins. Entre les ouvrages qu'ils ont
i�it, tant dans l'Etat Eccl�fiailique qu'� Florence,
on diftingue ie deffin du palais Sachetti dans la
Strada-Julia � Rome $ Antoine Sangallo : il eut
auffi la conduite de la fabrique de S. Pierre apr�s
�a mort de Bramante. Julien mourut � 74 an�
en 1617, & Antoine en 1534-
Sansovin \ ( Jacques ) Architecte & Sculpteur, �t
conitruire � Rome l'Eglife de S. Jean des Florentins,
ayant �t� appelle en France par Fran�ois I, qui
vouloit fe l'attacher , en paffant par Venife pour
s'y rendre , le Doge Gritti l'engagea � r�tablir le
D�me de S. Marc qui mena�oit ruine , & en effet,
il trouva par fon induftrie le moyen de mettre ce
grand ouvrage � l'abri du p�ril, o� il �toit : la dire-
ction �es B�timens de la R�publique �tant venue
� vacquer fur ces entrefaites , elle lui fut donn�e,
& il fut charg� en cette qualit� de conftruire l'H�tel
de la Monoie , la Place S. Marc & le Palais des Pro-
curaties. On lit, dans fa vie , qu'il perdit par la fuite
cette direction, & qu'il fut m�me condamn� � une
amende coniid�rable , aini� qu'� une prifon per-
p�tuelle , ( dont il fortit n�anmoins quelque tems
apr�s par la protection du Comte de Mendoce 9
-ocr page 536-
d'Architecture.            509
Ambaffadeur de Charles - Quint ), pour s'�tre fi�
uniquement � des liens de fer dans la cqnitru&ion
des vo�tes des portiques de la Place S, Marc. Elle
�toit � peine termin�e, que les liens de fer vinrent
� rompre ou � l�cher prife P de forte qu'il fallut
reb�tir en partie les portiques, renoncer � des vo�-
tes , & les couvrir en charpente , comme on les
voit aujourd'hui. Quiconque , en.effet, au m�pris
des r�gles de la foiidit�, hazarde la conitru�iori
d'un Edifice & compromet la f�r�t� publique , eil
n�ceifairement puniffable. Sanfov'm mourut �
Venife, �g� de 78 ans, vers 1570.
Savot, ( Louis) mourut en 1640, & n'eftcofi-
nu que par fon Livre de Γ'Architecture Fran�oife 9
qu'il compofa , dit F. Blondei , par efprit de
chant� , pour d�voiler les tromperies des ouvriers
en b�timent , & pour emp�cher ceux qui font
b�tir d'�tre auffi facilement leurs dupes, il entre
en eonf�quence dans tous les d�tails des b�ti-
ments ; il parle du choix des mat�riaux » de la
maniere de les fonder , & partout il fait remar-
quer les fautes que l'on commet, foit par igno-
rance , foit par tromperie. Mais comme ce qu'il
a dit l�-deffus avoit d�j� beaucoup chang� du tems
de F. Blondei , celu-ci a jug� � propos de donner
une nouvelle �dition de cet Ouvrage , qu'il a
augment� d'excellentes remarques.
Scamozzi, [Vincent) Architecte de la
R�publique de Venife , eil tr�s-connu par les
b�timents qu'il a �lev�s. Le Palais Cornaro
� Venife , le Palais Strozzi � Florence ,
celui du Comte Trifl�no � Vicence i qu'il a
continu� fur les def�ins de Palladio, font
»
-ocr page 537-
S ίο                      Cour s
honneur � fes talens. C'eit de lui la compoiitiort
de la petite Ville Greque qui d�core la fc�ne dit
Th��tre olympique de Vicence. Scamo?^i a publi�
tin Ouvrage fur i'Archite&uie, & il eil tili de ces
Auteurs qui, en voyant les contradictions que Ton
remarque entre les proportions de tous les exem±
pies anciens & modernes , fe font cru permis de
propofer leurs opinions pour r�gles : Palladio, Vi-
gnole, Serlio, Catan�o , Viola, Perrault & autres 9
en ont uf� ainii, fans fe foncier, ni de fuivre pon-
ctuellement les Anciens, ni de s'accommoder avec
les Modernes. Daviler a traduit ce qu'il a dit far
les cinq Cidres , & Samuel du Ry , Ing�nieur
Hollandois , le refte de fes ouvrages. On a fur-tout
l'obligation � �camo^i d'avoir perfectionn� le
Chapiteau ionique antique, en faifant quatre faces
femblables toutes � volute , pour faire difparo�tr�
l'inconv�nient des couiFiners. Chambrai dans fes
paralleles pr�tend qu'il �toit, plus grand parleur
qu'ouvrier , & que, quoiqu'il foit affez r�gulier
dans les proportions des Ordres , fes profils font
n�anmoins fecs & les ornemens de mauvais go�t �
cette critique eft trop fevere ; Scamo^i, comme
bien d'autres, a fes beaut�s & fes d�fauts.
Serlio , ( S�baflkn ) Architecte Italien , naquit
� Boulogne. Fran�ois f. le fit venir d'Italie �ur fa
r�putation , & lui donna la conduite des b�timens
du ch�teau de Fontainebleau. Jl avoit fait une
grande �tude de l'Archiie&ure ancienne & mo-
derne , ainfi qu'on en peut juger par les CEuvres
d'Architeiture t c'�toit un des grands Se&ateurs
de Vitruve; on peut dire m�me qu'il a imit� dans
cet ouvrage jufqu'� fes d�faut», clans la p�rfua-
non fans doute o� il �toit, qu'on ne pouvoir
f
-ocr page 538-
■■ι ■ � ■.:■■■� : ■■ -�..■                                                          .■..:■■                                                            ■ * '�- "'                                                                                 "" ι
� � A R C H.I Τ E C Τ U R �.            5II
s'�garer, en fuivant un A rehitecle qui avoit �crit
dans un fi�cle aufli �clair� que celui d'�ugufte.
Lorfqu'ilfut queftion de continuer, fous Henri'II, le
Louvre, il donna des dei�ins en concurrence avec
les autres Architectes, mais ceux de Jean Leicot
furent pr�f�r�s aux iiens, ainfi que nous l'avons dit.
ServandONI, [Jean) Architede , Peintre &
D�corateur, n� � Florence en 1695. Peu d'Ar-
tiiles fe font acquis autant de c�l�brit� par leurs
travaux : il �toit �lev� de Jean Paul Panini pour la
Peinture, & de Jean-Jofeph Roi�i pour l'Archi-
teclure : les b�timens qu'il a fait ex�cuter font
l'Egiife Paroii��ale de Coulange en Bourgogne ; le
Grand-Autel de la M�tropolitaine de Sens ; celui
des Chartreux de Lyon ; le grand Efcalier de
l'h�tel d'Auvergne � Paris;enfin le grand Portail
de �'Eglife Paroiffiale de S. Sulpice , & le com-
mencement de fa Place. A l'�gard de fes autres
Ouvrages, il a donn� les dei�ins des d�corations de
■ l'Op�ra pendant pluiieurs ann�es, avec un app�au-
diiTernent unanime, & des fpe&acles � machines
fur dirF�rens fujets auffi int�reifans qu'ing�nieux
fur le Th��tre de la Salle des machines du Palais
des Tuileries. Il avoit un talent tout particulier
pour compofer les F�tes publiques \ c'�toit en cela
qu'il exceiloit principalement. On fe rappelle
encore avec plaiiir , celles qu'il a fait ex�cuter
� Paris, pour le mariage de Madame Premiere en
1739 , � Bordeaux pour le partage de Madame
la Dauphine , � Londres lors de la derni�re
paix , & enfin � Lisbonne. Il avoit propof� uri
projet pour placer la llatue de Louis XV. fur
l'efplanade du pont-tournant, qui fut beaucoup
admir� dans le tems, & dont nous avons donn�
-ocr page 539-
5il                      C o�rs λ
la defcnption dans les Monumens �, la gloire de
Louis XF.
Enfin nous avons de lui des Tableaux
de ruines d'architeclure , tr�s- eilim�s des con-
noiffeurs : fon ftyie d'Architecture �toit noble,
fes productions �toient marqu�es au coin du g�nie *
& c'eil un de ces Artiges dont on confervera
long-tems le fouvenir.
SlotZ , ( Pierre , Paul & Michel* Ange ) frer�s %
furent fuccemVement Archite&es & D�corateurs
des menus plaifirs du Roi, & donn�rent en cette
qualit� les dei�ins des F�tes qui furent faites �
Verfailles � l'occaiion des mariages de Monfeigneur
le Dauphin , de la nahTance de M. le Duc'de
Bourgogne , ainfi que de nombre de Catafalques
dans l'Eglife de Notre-Dame de Paris. Ils fe dif-
tinguerent par un modele de Place, pour la ftatue
du Roi fur le Quai des Th�atins > qui fut expof�
publiquement, & dont on trouv� le dei�in dans
nos Monumens � Louis XV. Michel-Ange �toit en
outre un excellent Sculpteur , & avoit un talent
bien fup�rieur � celui de (qs fr�res,
Sostrate c�l�bre Architecte de f antiquit� >:
natif de Gnide , fut employ� par Ptolem�e-
Philadelphe , pour ex�cuter la Tour du Phare
dans rifle de Pharos, ouvrage que l'on a mis ait
rang des fept merveilles du mpnde, & qui pou-
voit�tre compar� pour la grandeur aux Piramydes
d'Egypte. Cette Tour fervoit de Phanal, & �toit
b�tie fur un rocher baign� des eaux de la mer.
Son plan �toit; un quarr�, dont chaque cot� avoit
environ poo pieds ; & elle �toit tellement �lev�e,
qu'on pouvoit l'apper�evoir en mer au moins de
trente lieues.
Vasari
-ocr page 540-
d'Architecture; 513
Vasari, ( George ) d'Arezzo, Peintre & Archi-
tecte , a publi� les Vies des Peintres , Sculpteurs Se
Architectes de fon tems. Il a travaill� � la Vigne de
Jules II, au Fauxbourg du Peuple � Rome, 8z a donn�
le D-effin du principal corps de b�timent de cette
Maifon de plaifance que Vignole acheva par la
fuite. Il mourut � Florence en 1 jy8, �g� de 64 ans.
Vau, (Louis le) n� en 1612 * remplit avec
diiHnclion la place de premier Architecle du Roi;,
& eut la direxion des b�timents du Louvre , depuis
1653 jufqu'en 1670 qu'il mourut, il avoit fait ex�-
cuter une fa�ade au vieux Louvre, du c�t� de la rif
viere,qui a �t� mafqu�e depuis par celle de Perrault :
les deux grands corps de b�timent du Ch�teau de
Vincennes du c�t� du Parc, font de fa compo-
fition : il a donn� les deifms du Ch�teau de Vaux-
le-Vicomte , de celui de Bercy, des H�tels Col-
bert , de Lionne & Lambert � Paris , ainii que
de la Maifon de M. Heflelin, & fur-tout du Col-
lege des Quatre-Nations , qui eil ion meilleur
ouvrage , mais qui ne fut ex�cut� qu'apr�s f�
mort par Dorbay fon �lev� ; il a encore com-
menc� l'Eglife de S. Louis dans Me , qui a �t�
continu�e par le Duc ; enfin , il a jette les fon-
dements de l'Eglife de S. Sulpice. On i�ait qu'apr�s
la mort de Perrault, les ennemis de fa gloire pr�-
tendirent que le deff�n du P�riftile du Louvre
�toit de le Vau , mais il faut fe connoitre bien peu
au g�nie & aux talens 'des Artiites , pour ne pas
s'appercevoir de l'�norme diff�rence qu'il y a entre
le go�t de ces deux Architectes : nous ;';vons
d�j� fait remarquer dans nos M�moires , & nous
croyons devoir ici le r�p�ter ; Si c'eft le Vau qui
a fait ledeifin de la Colonnade du Louvre', il faut
Tome VI.                                      & k
*
*
-ocr page 541-
5 �4                      @ ou r s
fans difficult� lui attribuer tous les autres ouvra-
ges de Perrault, car ils font tous compof�s dans
le m�me efprit ; en comparant le ftyle de l'Ar-
chitecture de Perrault & celui de le Vau , on s'ap-
per�oit aif�ment qu'autant l'un eil pur , noble,
pr�cieux & �l�gant dans fes proportions , autant
l'autre eft lourd , peiant & froid.
Vigarani, ( Gafpard) Archite&e Modenois ,
eil Auteur du dei�in de la Salle des Machines dans
le Ch�teau des Tuileries , dont la Salle de la
Com�die d'aujourd'hui n'occupe que la partie du
th��tre , ce qui peut donner une id�e de fon
immenfvt�. Il paro�t cependant que Vigarani a eu
plus de part � Ia.conftruc~tion & � la m�chanique
de cette Salle qu'� fa d�coration ; car l'on pr�-
tend que c'eil Lebrun qm a donn� le dei�in de la
d�coration des loges & du plafond, qui font d'une
tr�s grande riche�e.
VlGNOLE , ( Jacques - Baro^io de ) Architecte
Italien, n� en 1507, � Vignole dans le territoire
de Bologne , vint en France fous le regne de
Fran�ois I. o� l'on dit, qu'il donna les plans de
pluiieurs b�timents. De retour dans fa patrie , il
fit � Minerbio r^r�s de Bologne, un Ch�teau pour
le Comte Almano Ifolani ; & dans Bologne la
maifon d'Achille Bocchi, le Portique du Change,
6 le Canal de Navilio qui a plus d'une lieue de
longueur, pour y amenerde l'eau. Les Egiifes de
Mazzano, de S. Oreite , & de Notre-Dame des
Anges � AmTe,fontauindefaeompoiition. Jules II.
le fit fon Architecte ; & l'employa � b�tir � Rome
une Vigne hors de la Porte du Peuple , qu'il
.ex�cuta en partie ; il fut charg� encore d'achever
.
*
-ocr page 542-
d'Architecture.            51$
le Palais Farn�fe, qui avoit �t� commenc� par Bra-
mante , & de donner les dei�ins de l'Eglife du Jefiis s
qu'il n'�leva cependant que jufqu'� la corniche : ce
fut Jacques de la Porte, un de fes Elev�s qui la
continua , & qui fit m�me le Portail fur un dei�in
de fon invention j lequel eil d'une composition tr�s-
m�diocre , & fait beaucoup regretter qu'il n'ait
pas fuivi celui de fon Ma�tre. Un des Ouvrages
qui a fait le plus d'honneur � cet Architecte , eil
la compofition du Ch�teau de Caprarole , � dix
lieues de Rome, dont la difpofitionamphitheatrale
eil tr�s-heureufei Lorfque Philippe II. voulut?
reb�tir le Ch�teau de l'Eicuriai, & demanda des
projets aux principaux Artiiles d'alors, on pr�-
tend que ceux de Vignble furent les plus applau-
dis , & auroient eu lieu , s'il avoit pu fe refondre � -
pai�er en Efpagne j mais ayant �t� charg� vers le
m�me tems de la continuation de la Fabrique de
l'Eglife S.Pierre , apr�s la mort de Michel-Ange,
il pr�fera de refter dans fa patrie , & de fucceder
� ce grand-homme : c'eil de lui les petits d�mes
qui accompagnent le grand, fignole a laiif� im
Trait� des Ordres � Architecture , dont les profils
& les proportions , quoiqu'un peu giganteiques ,
font n�anmoins d'une grande maniere 5 & ont �t�
en g�n�ral pr�f�r�s en France � ceux des autres
Architectes qui ont aui�i �crit fur cette mati�re*
Il mourut en 1573*
VlTRUVE, ( M. Vitruvius Pollio ) Architecte, n�»;
foit � Formia , petite ville de Campanie , foit �
Fondi, foit � V�rone ( car on n'eft pas bien cer-
tain du lieu de fa naiiTance ) vivoit, � ce que
l'on croit , fous l'Empereur Auguile. Quoi qu'il
en foit, il paroit avoir eu peu de part aux grands
Κ k ij
%
-ocr page 543-
5i6                       Cours
Edifices �rig�s de ion tems , & avoir plut�t brill�
comme Ing�nieur que comme Archite&e. Les
hommes fe peignent d'eux-m�mes dans leurs,
ouvrages ( ι ) ; il ne faut que les lire pour
juger de Tes moeurs & de la trempe de ion efprit :
en voyant fes bons fentimens, & les grandes qua-
lit�s qu'il d�fire dans un Architecte , on peut fe
perfuader qu'il �toit capable d'�tre lui-m�me cet
Archite�te dont il fait le portrait ; fur-tout quand
il dit , en plufieurs endroits , qu'un Architecle
doit avoir Tarne grande , le c�ur g�n�reux , qu'il
doit �tre, doux , �quitable, fidele, fans avarice,,
fans cupidit� & fans int�r�t ; qu'il 'doit fo�tenir
fon rang avec gravit� & honneur, ne point folli-
citerpour fe faire donner de l'emploi, mais qu'il
doit travailler � acqu�rir un m�rite qui le diitingue,
& attendre qu'on le prie de prendre le foin & la
conduite d'un Ouvrage. Apr�s les m�urs qu'il
exige principalement dans un Architecte, que de
�onnoiiTances ne demande-t-il pas pour exceller
dans cet Art} Il veut que celui qui s'y deiline ait
beaucoup de g�nie, une grande docilit� � rece-
voir des confei�s dans l'occaiion » qu'il foit verf�
dans les Belles - Lettres , qu'il foit inftruit de la
G�om�trie , de l'Optique , de l'Arithm�tique *
qu'il ne foit point ignorant dans l'Hiftoire, dans,
la Phiiofophie , dans la Mufique , qu'il ait une
teinture de la M�decine , de la Jurifprudence, de
l'A�trologie, & qu'il ait par-deffus tout l'intelli-
gence & la pratique du Dei�in ( % ).
Vitruve p ainii qu'on en peut juger par l'Ouvrage
qu'il nous a.laiff� , avoit, en effet, une notion de
toutes ces Sciences. Son Livre d'Architeclure eft
( ι ) Vie des Architectes par Felibieri, pag. 79«.
( % ) Vhruve 3 Livre I & VI.
/l                            ' ■                                                                        , ■                           '                          ■ ■ ■
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D'A RCHITECTURE.           5 l7
�efeul qui nous foit reft� de l'Antiquit� fur cette
mati�re : il eft fi connu qu'un extrait devien-
droit ici fuperflu. Il �toit accompagne dun grand
nombre de def�ins qui ne font point parvenus jul-
qua nous ; ce qui vraii�mblablement , comme
nous l'avons d�j� remarqu�,eft caufe de lobicunte
qu'on lui a reproch�, & a donn� lieu a une mul-
titude de verfions , de commentaires & d inter-
pr�tations pour y fuppl�er. Ses principaux X-rt-
Suceurs , Commentateurs , ou Interpr�tes lont
�aporali, Mdbom�us , hm-Martin , Battus* Lau,
Philander , JBarbaro , Jocondc, Cifaranus,Rivais ,
Perrault, &, depuis peu, le Marquis de Gallium : les
Commentaires des deux derniers font tres-eftim�s ;
ils ont mis � profit les obfervations de leurs prede-
ceifeurs, & les ont fait en quelque forte oublier.
f" WR�EN, ( Chpfioph ) n� en Angleterre en 1632,
fut � la fois un G�om�tre de r�putation , un Ar-
chitede de g�nie, & uir tout le premier des Cont-
truaeurs modernes. Apr�s le grand incendie de
Londres en 1666, qui r�duifit en cendres prefque
toute cette Capitale , il propofa un plan g�nerai
de reconftruftion , qui , s'il avoit eu heu 9 auroit
rendu cette Ville la plus belle du monde , par la
diftribution , par l'avantage de fes perces, &par
l'heureufe difpofition de fes Edifices P^hes.
En vain ce projet fut-il approuve par le Roi & le
Parlement, comme la propri�t� eft un droit im-
prefcriptible en Angleterre , on ne put faire en-
tendre raifon au peuple � cet �gard, & chacun
voulut reconftruire fa maifon fur ion m�me em-
placement. Au reite , fi Wrkn n'eut pas 1 avan-
tage de faire ex�cuter fon projet, il fut du moins
charg� de la reconftruaion del� plupart des Monu-
ments de cette Capitale, & de ceux qui furent de-
*
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5*8                      Cours
v�s de fon tems dans (es environs. Ses principaux
Ouvrages font, le Temple de S. Etienne- Valbrock ,
& celui de Sainte-Marie ab Arcu ; le Monument,
qui eil unetres-groffe colonne Dorique de 14 pieds
de diam�tre , laquelle a �t� �lev�e dans le lieu o�
a commenc� l'incendie ; l'H�pital de Grenwik,
qui eil bien fup�neur par l'ordonnance de fa com-
position a celui des Invalides � Paris ; l'H�pital de
Chehea ; le Th��tre d'Oxford, &c. Mais de tous
les Edifices qu il a �lev�, c'eil le Temple de S. Paul
de Londres qui lui a fait le plus d'honneur par fa
compofition, & par les talens fup�rieurs qu'il a d�-
ploy� dans fa conilru�tion. Cet Edifice , le plus
vaile en ce genre apr�s S. Pierre de Rome , eil un
chef-d'�uvre d'intelligence & de combinaifons
�QS pouvoirs m�caniques , que les Connoiffeurs
ne peuvent fe laffer d'admirer , &, ou tout, quoi-
que de la plus grande l�g�ret� , eil n�anmoins
reparti de la fa�on la plus propre � en affurer
la dur�e. Cet homme c�l�bre m�rita, comme
nous l'avons d�j� dit ailleurs , pour r�compenfe
de la haute eilime qu'il avoit infpir� � fa Nation,
detre inhume ^ exclufivement dans le Temple
de S. Paul, o� on lit fur fa tombe cette Infcrip-
tion fublime ;
Subt�s conditur
Hujus Eccle�a & urbis conditor
,
ChriflophorOs Wrkn
Qui y'ixit annos ultra nonaginta,             :
Non fibi, fed bono publico :
Lector
, β Monumentum requins
C 1 R C U M S Ρ I C E.
Obiit XXV. Feb. anno 1723,
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d'Architecture. 519
Son ftyle d'Architecture eft quelquefois peu
correft : � l'exemple des hommes de g�nie , il
n�gligeoit volontiers les d�tails , & ne cherchoit
qu'� plaire, par le bel effet de la maife totale de
fes Edifices ; mais, de m�me que l'on va en Italie
& en Gr�ce, pour �tudier les belles proportions
& les ordonnances d'Architeclure des Monuments
antiques , il faudroit aller en Angleterre pour
�tudier la eonftru�tion des Edifices de Wrien ,
pour apprendre � raifonner cette partie , & � ne
point op�rer au hazard , comme l'on fait com-
mun�ment,
F 1 iVV,
APPROBATION
D U CENSEUR-ROYAL.
J'Ai lu, par l'ordre de Monfeigneurle Garde des
Sceaux , le Ve & VIe Tomes du Cours � Archi-
tecture
de fe� M. Blondel. Cet Ouvrage, dont on
attendoit la continuation avec une forte d'impa-
tience , a �t� heureufement termin� par une
tnain tr�s-habile dans cette mati�re, & n'a pu
qu'y gagner quant � la pr�ciiion du ftyle : Donn�,
� Paris , le 14 de Mars 1777.
Vi Philippe de Pr� tot;
, des Acad�mies d'Angers
& de Rouen.
Le Privil�ge eft � la fin du Tome Second,
De l'Imprimerie d'A υ g, - M a r t. LOTTIN, l'a�n�,
Imprimeur-Libraire du Roi, rue S Jacques, au Coq.
M. DCC. LXXYII.
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AVERTISSEMENT.
χ? OU s cuffiom bien d�fif� donne? une
Table generale des Mati�res & une explica-
tion des termes qui jont entr�s dans la com*
po�tion de cet Ouvrage
, M. Blondel l'avoit
promis > mais nous ne concevons pas , corn�*
ment il V aurait pu ex�cuter
, � moins d'au-
gmenter le nombre des Volumes qu'il avoit
annonc�* Car ce Cours embrasant la th�orie
& la pratique de l'Architecture , ain� que de
tous les Arts qui γ ont rapport
, il refaite
qu'une pareille Table ne fauroit �tre que tr�s-
confid�rable , ou plut�t
, qu'elle comprendroit
un Diclionnaire complet d'Architecture
, capa*
ble d'occuper feul un bon volume. Au Jurplus ,
nous croyons qu'on pourra aif�ment s'en paf*
fer , non-feulement
, par l'attention que l'on ci
eu de mettre, toujours � la t�te de chaque Tome
une Table particuliere des mati�res pour annon-
cer ce qu'il contient
, & en outre , au comment
cernent du Tome fuivant, un pr�cis du pr�-*
c�dent
y mais encore 9 parce qu'on ri a laiff�
paffer aucun terme teenique s fans expliquer fa
lignification
, ou du moins fans d�figner fa
repr�jentatwn
, dans les figures 5
par des lettres
de renvoi,
                    <,': : h -:.
\