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D'ARCHITECTURE
DANS LE GOUT
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ET DE LA
DÉ CORATIO N
DES EDIFICES EN GENERAL-
Par Jacques-François Blondel,
Ouvrage enrichi de cent fbixante Planches en taille-dou-
ce , gravées par l'Auteur.
IL \mf A\\ JEU *T JL\ â,a slvA J, XL Jtv»
A PARIS, RUE S. JACQUES, '
Chez Charles-Antoine Jombert ,Libraire du Roy
pour l'Artillerie, à limage Notre-Dame.
U \jd kj. À A A V 1 1.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY.
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MONSIEUR
TURGOT.
CHEVALIER SEIGNEUR DE SOUSMONS,
Bons, UflyV Potigny, Perriers, Brucourt, & autres
lieux, Confeiller d'Etat, Prévôt des Marchands.
ON SIEUR,
DES que fai conçu le dejfein de mettre ce Livre au jour,
aij
-ocr page 5-
E P I T R E.
je me Juis auj]l-tôt déterminé fur le choix d'un Mécène. A
peine votre illuflre Nom s'efl-il préfenté à mon ejprit, que
ma plume a Jùivi l'ardeur de mon zèle. Un Ouvrage qui
traite de /'Architecture dans le goust Mo-
derne > ne devoit-ïl pas être mis avec fon Auteur fous
la proteclion d'un grand Magiflrat * qui chaque jour em-
bellit la Capitale du Royaume par un grand nombre d'E-
difices publics 3 & dont le goût exquis pour les beaux Arts,
efl un objet d'admiration pour les Citoyens & pour les
les Etrangers î
La noblejfe de vos vues répond à celle de votreJang, &
la dignité avec laquelle vous rendez fur le Tribunal de la
Ville les plus équitables Jugemens , après avoir tant pronon-
cé d'Oracles dans le Temple de Themis s vient d'engager la
Juflice de notre Augufle Monarque à vous décerner une pla-
ce dans fon Confeil d'Etat.
Souffrez 3 MONSIEUR, que j'uniffe ma foible voix
à celle du Public > pour applaudir au choix du Prince, &1
que l'honneur de vous dédier les premiers fruits de mes étu-
msMœs&xmgmim
-ocr page 6-
E P I T R E.
des , me procure celui de vous ajjurer du profond & du ref-
peflueux dévouement avec lequel je Juis »
MONSIEUR
Votre très - Humble & très-
Obéifîant Serviteur,
Jacques-François Blondel.
-iroi'im
-ocr page 7-
AVIS AU
RELIEUR.
Pour bien placer les quarante-quatre Planches de ce
Volume,
TOME PREMIER.
-
Première Partie.
Planche xxlil.
123
Planche xxiv.
129
Planche I. à la page 12
Planche xxv.
133
Planche II. 23
Planche xxvi.
136
Planche III. <jO
Planche xxvn.
*37
Planche IV. jo
Planche xxviii.
«3«
Planche V. 57
Planche xxix.
141
Planche VI. 60
Planche xxx.
142
Planche VII. 61
\
Planche VIII. 64
Quatrième
Partie.
Planche IX. 70
Planche x. 71
Planche xxxi.
146
Pianche xl. 79
Planche xxxil.
«Î7
Planche xil. 86
Planche xxxill.
J60 '
Planche xiil. pi
Planche xxxpv.
161"
Planche xiv. 5? 2
Planche xxxv.
163
r> T*
Planche xxxvi.
x6>
Seconde Partie.
Planche xxxvil.
,
ibid.
Planche xv. p &
Planche xxxviii.
iCj
Planche xvi. 103
Planche xvil. 105*
Cinq.uie'me & dernière Partie.
Planche xvill. 108
Planche xix. \ 110
Planche xxxix.
17° .
Planche xx. 111
Planche xl.
J74
Planche xxi. 11 J
Planche xli.
175?
Troisie'me PaK-TIe.
Planche XLII.
181
Planche xliii.
182
Planche xxn. 118
Planche xliv. 6c dernière,
183
4 ■
9
* i ■
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X
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APPROBATION.
J'A I lût par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Manufcrït
intitulé, Traité d''Architecture dans le goût Moderne : dans lequel je n'ai
rien trouvé qui puiiTe en empêcher l'Impreflïon , 6c je crois que cet Ouvrage
fera utile au Public. Fait à Paris ce 15 Septembre 17 3 6. PIT O T.
PRIVILEGE D U RO Y.
LOUIS par la grâce de Dieu , Roy de France 6c de Navarre : A nos
Arnez 6c Féaux Confcillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement,
Maîtres des Requêtes Ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeii, Prévôt de
Paris , Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, 6c autres nos Jufticiers
qu'il appartiendra. Salut : Notre bien Amé Charles-Antoine Jombert ,
notre Libraire ordinaire pour notre Artillerie 6c pour le Génie , 6c Libraire à
Paris ; Nous ayant fait remontrer qu'il fouhaiteroit faire imprimer 6c donner
au Public, Le nouveau Traité d> Architecture dans le goût Moderne, par le
fieur
Blondel , & la fuite, s'il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de
Privilège fur ce néceffaires, offrant pour cet effet de le faire imprimer en bon
Papier 6c beaux -Caractères, fuivant la feuille imprimée ôc attachée pour modèle
fous le contre-feel des Préfentes. A ces Causes , voulant traiter favorablement
ledit Expofant, Nous lui avons permis 6c permettons par ces Préfentes de faire
imprimer lefdits Livres ci-deflus fpécifïés,en un ou plufîeurs Volumes, conjoin-
tement ou féparément, 6c autant de fois que bon lui femblera, 6c de les vendre
faire vendre 6c débiter par tout notre Royaume pendant le tems de fix années
confécutives, à compter du jour de la date defdites Préfentes ; Faifons dé-
fenfes à toutes fortes de perfonnesde quelque qualité 6c condition quelles foient
d'en introduire d'Impreiîïon étrangère dans aucun lieu de notre ObéifTance,
comme auflî à tous Libraires » Imprimeurs 6c autres, d'imprimer ou faire im-
primer , vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lefdits Livres cy-deflus
expofés en tout ni en partie, ni d'en faire aucuns Extraits fous quelque prétexte
que ce foit d'augmentation, correction, changement de Titres ou autrement
fans la permiiîîon expreffe ou par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront
droit de lui, à peine de confifeation des Exemplaires contrefaits , de fix mille
livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers
à l'Hôtel-Dieu de Paris , l'autre tiers audit Expofant, 6c de tous dépens, dom
mages 6c intérêts , à la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au
long fur le Regiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris
dans trois mois de la date d'icelles ; Que lTmpreffion de ces Livres fera faite
dans notre Royaume 6c non ailleurs, 6c que l'Impétrant fe conformera en tout
aux Reglemens de la Librairie, 6c notamment à celui du dix Avril 1725. 6c
qu'avant que de les expofer en vente, les Manufcrits ou Imprimés qui auront
fervi de copie à l'impreflïon defdits Livres feront remis dans le même état où
les Approbations y auront été données , es mains de Notre très-cher 6c féal
Chevalier le Sieur Dagueffeau Chancelier de France , Commandeur de nos
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ordres, & qu'il en fera enfuîte remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque
publique, un dans celle de notre Château du Louvre', & un dans celle de no-
tre très-cher & féal Chevalier le Sieur DaguefTeau , Chancelier de France,
Commandeur de nos ordres ; le tout à peine de nullité des Préfentes, du con-
tenu dcfquelles vous mandons & enjoignons défaire joiiir ledit Expofant ou fes
Ayans caufes, pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait
aucun trouble ou empêchement : Voulons que la copie defdites Préfentes qui
fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, foit
tenue pour dûement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos
Amez & Féaux Confeillers & Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l'Original:
Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'exécution
d'icelles tous Aftes requis & nécelTaires , fans demander autre permiffion, &
nonobftant clameur de Haro, Chartre Normande & Lettres à ce contraires :
Car tel eft notre plaifir. Donne' à Verfailles le neuvième jour de Septembre ,
l'An de grâce mil fept cens trente-fept, & de notre Règne le vingt-troifîéme.
Par le Roy en fon Confeil.
SAINSON.
Regijlréfur le Reg'iflre IX. de la Chambre Royale des Libraires '& Impri-
meurs de Parts , N°.
528 , fol, 404., conformément aux anciens Reglemens
confirmés far celui du
28 Février 1723. A Taris le 18 Septembre 1737.
LANGLOIS^Sindic.
PREFACE
-ocr page 10-
PREFACE.
I les perfbnnes intelligentes dans l'Art de bâtir , qui
m'ont encouragé à mettre cet ouvrage au jour, m'ont
parlé avec quelque fincerité > j'ai lieu d'efperer que le Pu-
blic me fçaura gré du zèle que j'y fais paroître pour la
bonne Architecture. Ayant été ignoré Se comme enfeveli
dans le Cabinet depuis pluileurs années, je ne doute point
qu'on ne s'étonne de me voir débuter par un iujet auffi
important Se qui demande autant d'expérience. Je con-
viens que l'entreprife eft hardie ; mais-je n'ai pu refifter au
défir de rendre quelque compte de mes études aux per-
fonnes qui ont bien voulu m'y féconder , Se ce motif m'a
fait oublier le danger auquel je m'expofois, Se qui d'ail-
leurs eft toujours adouci par les apparences dont l'amour
propre nous flate, fur tout lorfqu'on compte fur la con-
defeendance de les Lecteurs. Je les ofe aftïirerque fi je n'ai
pu donner une entière perfection à cet ouvrage, je n'ai du-
moins rien oublié pour y parvenir : en effet j'ai taché
d'approfondir les anciens Auteurs, Se de puifer dans leur
manière de décorer cette fimplicité mâle qui les a faits
eftimer dans les fiecles paiTés , Se qui les fait encore ad-
mirer dans celui-ci. J'ai aufli examiné les productions de
nos Architectes modernes, je les ai fuivis dans l'exécution
de leurs Edifices , foit à Paris, foit aux environs, Se j'ai
réfléchi fur leurs différentes manières de bâtir , tant par
rapport à la conftruélion, qu'à l'égard de la diftribution
Se de la décoration intérieure ou extérieure. C'eft à cette
partie de l'Architecture que je me fuis attaché le plus par-
ticulièrement 9 comme étant celle qui eft du reiîbrt de tou-
tes les eipeces de Bâtimens, fur tout en France où l'on s'ap-
plique à donner, pour ainfi dire, un air de gayeté aux Edi-
i
b
-ocr page 11-
P R E' F A C E.
fices les moins conlidérables. Je n'ai pas non plus négligé
les occafions de m'entretenir avec les Seigneurs des lieux
que j'ai vifités,& leur lumière naturelle jointe à l'expérience
qu'ils avoient faite de leur propre demeure,m'a fait connoî-
tre plus d'une fois les avantages ou les vices de leurs Bâti-
mens. J'ai fur tout confulté les perfonnes confommées dans
la pratique des matières que j'ai développées , Se j'ai eu un
foin extrême de rechercher la converfation des grands
Maîtres de l'Art, dont quelques-uns m'ont été enlevés
parla mort, fçavoir Meilleurs de Côte, de la Guîpiere,
& des Gots , qui feront toujours précieux à ma mémoire,
Se de la perte defquels je ne puis me confoler que par la
bienveillance de plufieurs Architectes du Roy , qui rem-
plirent avec honneur leurs places dans l'Académie Roya-
le d'Architecture. Enfin j'ai recueilli les lumières que pou-
voient me donner les perfonnes les plus éclairées, foit
dans la Peinture , foie dans la Sculpture. Feu Monfieur
le Moine , Premier Peintre du Roy, Se fi regreté de tous
les Artiftes, m'a guidé dans tout ce que j'ai dit de relatif
à la Peinture. Meilleurs Adam fameux Sculpteurs, Se Pen-
fionnaires de Sa Majefté, ont bien voulu me communi-
quer leurs ientimens fur ce qui concerne leur Art ; Se M.,
Pineau qui a fervi feues leurs Majeftés Czariennes en quali-
té d'Architecte & de Sculpteur, Se que la fécondité de fon
génie a rendu fi célèbre , m'a favorifé de quelques unes
de £qs productions, aufùjet des ornemens qui font par-
tie de la décoration intérieure. C'eft fur l'expérience de
ces habiles hommes Se de quelques autres que je citerai
; dans leur lieu, que j'ai voulu me régler : je leur en mar-
que ici ma reconnoiffance ; afin que le Public fiche à qui
je fuis redevable du peu de talent que je poiîède.
ayant pas eu delîèin de donner des préceptes fuïvis, )
mBtëmmtâsûmÊsmmmsmœmmikiÈÊmwiiiikmtm nmm iiijHkb
-ocr page 12-
P R E' F A C E,
je n'ai pas obfervé dans l'arrangement des matières con-
tenues dans le premier Volume , de commencer par les
Edifices de moindre conféquence, pour finir par ceux
qui font les plus confidérabîes ; Se je n'ai placé mes fujets
que finvant Tordre des teins où j'ai eu occafion de les com-
pofer. J'en aurois ufé autrement fi j'eufîè eu deïlèinde trai-
ter des cinq ordres, Se je n'aurois pas aflùrement com-
mencé par le compofite, pour finir par le Tofcan. J'ai
donc jette mes reflexions fiiivant la diverfité des ouvrages
qui fe font offerts à moi : cette variété fera peut-être plus
de plaifîr qu'une fuite trop concertée Se trop mefurée,
Se
je crois qu'on ne fera pas fâché d'entrer dans des cho-
fes toujours nouvelles ^ en parcourant l'un Se l'autre Volu-
me qui compofènt ce Traité.
Mon objet principal a été de parler en général des Bâ-
timens, fans entrer dans le détail des Edifices publics ;
l'exécution de ces derniers étant moins commune en Fran-
ce que les autres. Il y a quelque apparence que c'eft; ce peu
d'occafion d'élever de grands monumens, qui accoutu-
me infenfiblement les jeunes Architeéles à perdre de vue
l'origine des préceptes de leur Art. Ainfî j'ai cru devoir les
exciter à faire voir jufques dans les productions les moins
élevées le caractère de la bonne Architecture : c'eft dans
cette intention que j'ai pris le parti d'écrire, Se que j'ofe
expofèr mes ouvrages aux yeux des perfonnes éclairées.
Si je n'ai pas rempli entièrement mon deflèin, j'ai taché
du moins de ne pas tomber dans la fécherefïè Se la flerili- '
té de quelques-uns de nos nouveaux Bâtimens particuliers.
Je conviens qu'il eft afîèz difficile de décorer préfente-
ment d'une manière qui ne fe refîènte pas du.goût du fie--
cle, de même qu'il feroit mal-aifé de ne pas écrire dans
le goût de fon tems Se de fà Nation ; mais c'eft toujours
WmSSÊSSSmSm.....m.....mmmwwmmmmmmmmmmÊÊÊmmmmmmmÊammmmimÊmÊÊKm
-ocr page 13-
iv_____________PREFACE.______________
quelque chofe que d'approcher de ce beau moderne que
nous ont laifîe nos prédecefïèurs, Se je me trouverais
heureux fi je pouvois par mon émulation pour cette Rei-
ne des beaux Arts, exciter les jeunes gens qui veulent pro-
fefîèr la bonne Architecture à ne pas quitter de vue ces
vrais principes , par un eiprît de nouveauté.
En parlant de chacun des Bâtimens que contient le pre-
mier Volume, j'ai marqué les différens motifs qui m'ont
porté à les diftribuer ainfi qu'on le verra» J'ai fouvent été
gêné par la fituation du lieu , Se quelquefois j'ai été obli-
gé de me conformer à Fétat & à la volonté de la perfon-
ne qui me mettoit en œuvre ; de façon que je n'ai pas tou-
jours été le maître de fuivre pleinement mes idées & de
leur donner l'efïbr que j'aurois défiré ; mais du moins on
pourra s'appercevoir des efforts que j'ai faits pour vaincre
les obftacîes que j'ai rencontrés. Les exemples que four-
nit la pratique ont une vérité cent fois plus fatisfaîfante
que tout ce que peuvent produire la fpeculation l'a plus
étudiée Se l'imagination la plus fertile, Se j'efpere que le
Lecteur voudra bien me tenir compte de la naïveté avec
laquelle j'expoierai les difficultés que j'ai eu à furmonter.
Je le prie fur tout de ne pas croire que j'aye affecté un
efprit de critique dans cet ouvrage : fi par hazard on y
trouve des traits un peu vifs contre la mauvaife manière
de décorer , ils ne font partis que du défir de faire connoî-
tre aux élevés le ridicule de cette décoration qui n'a pour
but que la confufîon,& qui n'efl: regardée des connoiflèurs
que comme un amas de fonges directement oppofés
aux vrais principes, qui mettent F Architecture au-defius
des autres Arts.
Ce n'eft pas fans avoir retouché Se changé pîufieurs en-
droits de cet ouvrage que je l'ai fait paroître au iour ; j'en
-ocr page 14-
3!8k
P R EJ F A C E.
v
ai démoli à différentes reprifes les matériaux ; mais je ne
pouvois fans en ôter, pour ainfi dire, l'ame, en retrancher
ce qui peut y faire voir la diffance qui fe trouve entre les
demi-fçavans Se les hommes illuftres, par qui notre éco-
le paroît refleurir Se former des fujets qui ne manqueront
pas un jour de faire honneur à leurs chefs.
Je n'ai rien négligé pour qu'il y eût de l'intelligence
dans la gravure de cet ouvrage ; & j'en ai gravé moi-mê-
me tout ce qui appartenoit à l'Architecture Se aux orne-
mens. La longueur de ce travail Se la grande dépenfe qu'il
exigeoit, ne m'ont pas toujours permis de m'y faire fécon-
der par les mêmes perfbnnes ; néanmoins je me flate que
toutes les parties qui le compofent 3 étant réunies, il en
refultera un tout afièz bien conditionné, Se que le Public
n'aura guère vu d'ouvrage où il ait été mieux fèrvi. J'ai
étendu mes foins jufqu'aux chofes qui n'étoient qu'accef-
|j foires : les Vignettes, les Culs-de-Lampe, les Lettres Gri-
fes dont ces deux Volumes font embellis, joints à la beau-
té des Caractères fondus à neuf, aux Reglets, au choix du
Papier Se à l'Impreffion , feront fèntir aux perfonnes de
l'Art, qu'on s'en: efforcé de poufler cette entreprifè jus-
qu'au plus haut degré de perfection.
b iij,
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A A d L Jj
DES CHAPITRES
CONTENUS DANS CE PREMIER VOLUME.
1 Introduction à VArchitecture.                             Page xiij
Réflexions Préliminaires fur l'Architecture en général, i
PREMIERE PARTIE.
Contenant la Diflribution & la Décoration extérieure d'un
Bâtiment de cinquante toifes de face, avec des remar-
ques fur la difpofition des Jardins de Propreté.
A V A N T-P R O P O S.                                I ï
Chapitre I. T "*\ Es diflributions du Parc, & de Vordon-
i J nance defes Jardins.
                        12
Chap. II. De la diflribution du Rez-de-Chauffée, & du Pre-
mier Etage du Château.
                                       0.1
Des diflributions du Rez-de-Chauffée.
                         23
De la diflribution des Pièces du Premier Etage.
40
Chap. III. De la décoration des Façades. 49
De la diflribution & de la décoration de la Façade du côté
de Ventrée.
                                                          < o
De la diflribution & de la décoration de la Façade du
coté du Jardin.
                                                     <n
De la décoration & de la diflribution des Façades latéra-
les du Château. 60
De la diflribution & de la décoration d'une des ailes qui
donnent du côté du Jardin , avec la Coupe & Profil du
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TABLE.
_________________________________^
Château,                                                       page .61
De la décoration des Appartement du milieu du corps du
Château.
                                                                64
De la décoration du Vejlibule qui joint le -Salon à l'Ita-
lienne.
                                                                    68
De la décoration de la première Anti-chambre du premier
Etage joignant le Salon à l'Italienne.
                      69
De l'étage Attique.
70
Partie des diflributions s tant du Kez-de-ChauJfée que du
premier étage du grand Salon à l'Italienne, & des pie-
ces jltuées au milieu du Château.
ibid.
Chap. IV. De la Diflribution & de la Décoration des Bâ-
timens placés en ailes aux deux côtés de la Cour du
Château. 71
De la diflribution de l'appartement des Bains & delà Ser-
re de l'Orangerie.
ibid.
De la Serre de l'Orangerie. 75
De l'élévation de l'Orangerie. 77
De la diflribution de l'aile des Cuifines. J$
De la décoration de la Façade de l'aîle des Cuijtnes $ don-
nant du coté de la grande Cour.
84
Chap. V. De la diflribution & de la décoration du Bâti*
ment nommé Trianon, placé à la tête du Canal R ^ dans
le Plan général.
86
De la diflribution des appartemens du Trianon., ibid.
De la décoration de la Façade du côté du Fer-a-cheval s
avec la Coupe (£r Profil du Trianon. pi
De l'élévation du Fer-à-cheval.
ibid.
De la Coupe & Profil. 92
De l'élévation du côté des Jardins»
ibid.
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TABLE.
Vllj
SECONDE PARTIE.
Contenant la diflribution d'un Bâtiment de quarante-cinq toifes
de face non compris les ailes du côté des Jardins 3 la décora-
tion defesfaçades & l'ordonnance de Jes Jardins*
A V ANT-P ROPOS.
95
Chap. I.
E la diflribution du Tare, & de l'Ordonnan-
ce de Jes Jardins,                                         <?<5
Chap. IL Des diflr(butions de l3étage du principal corps du
Bâtiment, au Rez-de-ChauJfée des Jardins.
103
Des diflributions au Rez-de-ChauJfée de la Cour , lefquel-
les font le premier étage du corps principal du Bâtiment ?
du côté des Parterres.
ioj1
De la Diflribution du premier étage. 108
Chap. III. De la décoration de la Façade du côté de Ventrée.
110
De la décoration de la Façade du côté des Jardins. 111
De la Coupe & Profil du principal corps de Bâtiment prife
fur fa largeur.                                                      iij1
TROISIEME PARTIE.
Contenant la diflribution & décoration des Jardins, Bâtimens
& dépendances d'un Edifice de trente toifes de face.
AVAN T-P R O PO S.                        117
Chap? I. "jj *\ E la diflribution des Jardins & de fes dépen-
JL^f dances.                                               118
Chap. IL De la diflribution du Rez-de-ChauJfée du corps du
Château.                                                                      J23
_______________________________________________________________
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^-TT^w-Tr—-----------------——
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I .         ■
TABLE.
ix
De la dijlribution du premier Etage.                           129
Chap. III. De la décoration extérieure du principal corps de
Bâtiment.
                                                            131
De rélévation du cote de Ventrée 1                               X 3 3
De la décoration de la Façade du coté des Jardins. < 136
De la Coupe & Profilprisfur la largeur du Bâtiment. 137
Chap. IV. Contenant la dijlribution & décoration des ai-
les de Bâtiment qui accompagnent & environnent le
.. Château.
                                                              138
De la décoration extérieure & delà dijlribution de la Serre
de l'Orangerie,
                                                    ibid.
De la dijlribution & décoration de V aile de Bâtiment oh font
placées les Ecuries.
                                                140
De la décoration & dijlribution de l'aile de Bâtiment, ou
font placées les Remifes.
                                        142
QUATRIEME PARTIE.
Contenant la Dijlribution & Décoration d'une Maijon de vingt
ioifes de face 3 & d'une partie des dépendances qui
.doivent accompagner une Maifon d'œconomie,
A V A N T-P ROPOS.                         I46
Chap. I. r]T~X Ela Décoration des Jardins & du develope-
Ji J ment des Bâtimens des Bajfes-Cours. 1.46
Chap. II. De la dijlribution des appartemens du principal
corps de Bâtiment, tant au Rez-de-ChauJfée qu'au pre-
1 mier Etage.                                                          I$6
Des Dijlributions du Rez-de-ChauJféei                       157
De la Dijlribution du premier Etage.                         160
Chap. III. De la décoration de la Façade du côté de Ventrée.
161
c
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-ocr page 19-
TABLE.
De la décoration de la Façade du côté du Jardin,          163
De la Coupe & Profil prife Jur la largeur du Bâtiment*
Chap. IV. De la dijlributhn & de la décoration de taîle B 3
dans laquelle fié trouve la Chapelle*
                      ibid.
De la distribution du Rez-de-ChauJfée de cette aile de Bâti-
ment,
                                                               ibid.
De la décoration de l'aile de Bâtiment où Je trouve placée la
Chapelle,
                                                           ï6j
CINQUIEME PARTIE.
Contenant la Dijlribution & la Décoration extérieure d'un
Bâtiment à l'Italienne de quinze toijes de face * avec
l'ordonnance de fiés Jardins de propreté.
A V A N T-P R O P O S,                        I70
Chap. I. | j ""\ E la décoration & dijlribution des Jardins de
I Jl propreté.
                                            171
Chap. IL Concernant les dijlributions & décorations intérieu-
res du Château.
                                                  173
De la dijlribution du Rez-de-ChauJfée.
                       174
Chap. III. Contenant la décoration des Façades > Coupe &
Profil du principal corps de Bâtiment.
179
De la décoration de la Façade du côté de l'entrée. ibid.
De la décoration de la Façade du côté des Parterres, 181
De la décoration dé la Façade latérale. 182
Delà Coupe & Profil pris fur la largeur, 183
Fin de la Table.
INI III
I»l,1         II            I           - I I             I M.M ,1!
-ocr page 20-
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OTBOniM
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INTRODUCTION "*
A L'ARCHITECTURE
ON ne fçauroit douter que l'Architecture m tienne le
premier rang entre tous les Arts qui font utiles aux
hommes, Se qui fervent le plus à leur gloire. L'intention
de iès premiers Inventeurs n'étoit que de fè défendre con-
tre les injures des iaifons , les bêtes farouches, Se tout ce
qui pouvoit leur être nuifibie ; ainfi ils ne bâtirent d'abord
que de fimples habitations pour s'y retirer avec leurs trou-
peaux.
C'en étoit affez, fi dans la fuite on n'eût pas qu d'autre
défir que celui de conferver fà vie Se de la rendre tranquil-
le : toute l'Architecture aurok été renfermée dans peu de
principes , Se elle n'auroit eu pour objet que la commo-
dité Se la fblidité ; mais l'ambition qui porta les hommes
à faire des actions éclatantes, pour s'attirer l'admiration
de leurs voillns, les engagea auffi de chercher tous les
moyens de tranfmettre ces mêmes actions à la pofterité,
Se
d'en faire durer long-tems la mémoire. Les grands Prin-
ces ont entretenu des Hiftoriens qu'ils ont conduits avec
eux dans toutes leurs entreprifès ; mais rien n'a plus
contribué à nous faire connoître leur magnificence Se
leur grandeur que les fuperbes Temples qu'ils ont éle-
vés à leurs Dieux pour leur rendre grâces de leurs vic-
toires , que leurs Arcs de triomphe, leurs magnifiques
Palais, leurs Théâtres, leurs Amphithéâtres. Je ne parle
point des murs de Babylone, dont on n'a pu admirer
l'Architecture que par rapport à la bonté de leur conftruc-
tion ; ni des Pyramides d'Egypte qui parce qui nous en
relie après tant de ûecles , ne fervent feulement qu'à nous i
s5SâSSSSEEEESSES^                                                                                                                           -■"'"'
Cijj
-ocr page 21-
m
INTRODUCTION
XI]
■<
persuader que les Auteurs qui ont écrit fur les anciens Rois
d'Egypte, n'ont rien avancé que de fidèle touchant leur
puiflance, l'élévation de leur génie, & llmmenfité des tra-
vaux qu'ils ont ordonnés.
Les Grecs n'ont pas poufle II loin la grandeur de leurs
monumens ; mais il faut avouer qu'ils ont été les premiers
qui ayent donné de la grâce à Y Architecture} qu'il a été
prefque impofllble de rien ajouter d'important à leurs pro-
portions , Se que les règles quils nous ont laifieés font en-
core obfèrvées aujourd'hui par nos plus habiles Architec-
tes. Les trois ordres de colonnes que nous tenons d'eux, Se
dont nous avons des refies antiques, font chacun d'un ca-
ractère fi différent Se paroifiènt des modèles fi parfaits Se fi
finguliers -, qu?il femble que tout ce qu'on a fait depuis n'a
été qu'une altération de ce qu'ils ont trouvé, de manière
qu'on ne peut douter qu'ils n'ayent épuifé tout ce qu'il
eft polfible d^inventer fur cette matière.
G'eft dans leur école que les Romains apprirent la belle
manière de bâtir ; Se quoique l'ambition de ces derniers les
ait excités à vouloir devenir les maîtres du monde, ils ne
firent pas néanmoins difficulté de fe fbumettre aux règles
que les Grecs avoient preferites pour la conftruétion des
Temples & des autres Edifices qui dévoient les accompa-
gner Ce que nous voyons encore de nos jours en divers
endroits dltalfe Se principalement dans Rome, fçravoir
leurs Temples, leurs Termes, leurs Acquedues Se au-
tres ouvrages publics y montre allez qu'ils ont imité les
Grecs leurs prédécefiêurs, iorfqu'ils ont voulu laifier à la
pofterité des marques de la Majefté de leur empire.
Depuis les premiers Empereurs Romains , la bonne
Architecture étoit tombée peu à peu, Se s'étoit prefque
anéantie jufques vers la fin du quinzième fiecle : ce ne
I
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A L'ARCHITECTURE.            xiij
fut qu'au commencement du fèiziéme que plufleurs fç a-
vans Architectes s'étant formés fur ce qu'il y avoit de plus
beau dans l'antique, rétablirent la pureté Se le bon goût
dans cet Art. La magnificence des Princes de France Se
d'Italie ayant excité ces habiles hommes à faire des deiîèins
plus hardis Se en même tems plus réguliers, Se l'exécution
ayant fuivi de près , c'efl; ce qui nous fait voir aujourd'hui
des Edifices plus beaux que tout ce qui no/ii£ relie des an-
ciens.
Le génie de notre Nation plus portée à faire de gran^
des aélions qu'à prendre fbin d'en confèrver le fouvenir,
Se
qui fonde fà gloire fur la grandeur de fon courage plu-
tôt que fur celle de fès Edifices, paroilîbit avoif négligé
tout ce qui pouvoir contribuer à perfuader la pofterité de
{es entreprifès héroïques, Se avoir tourné toute fon atten-
tion du côté* des Temples fàcrés, dont la France eft toute
remplie y Se dont la grandeur eft fùrprenante aufîi-bien que
leur* folidité Se la délicatene de leur Architecture fmgu-
liere ; mais depuis que nos derniers Rois ont fait fleurir
les Sciences ; depuis fur tout que la libéralité Royale de
Louis XIV à établi des Académies où les Sçavans pufîènt
conférer, Se des écoles publiques où la jeuneflè pût s'inf-
truire, on s'eft efforcé de prouver à l'envie par les monu-
mens qui fè font élevés fous le règne de ce grand Monar-
que , que notre Nation n'étoit pas moins capable de fe
rendre illuftre dans les Sciences que dans l'art delà Guerre.
Nous avons tout lieu d'efperer les mêmes avantages de
la magnificence de Louis XV, Se fon goût qui fe déter-
mine pour l'Architecture , nous donne de grandes idées
pour l'avenir. Il étoit nécèflaire que Sa Majefté manifeftât
rfb1i inclination pour les Bâtimens , Se qu'elle ranimât par
là l'émulation des habiles gens , qui, fi je l'ofe dire, pa-
ciij,
-ocr page 23-
xiv                 INTRODUCTION.
roifîbit ralentie par le peu d'occafions qu'ils avoient de fai-
re paroître l'étendue de leur génie.
C'efl; pendant ce tems de langueur, que l^s nouveaux
Architectes , fi Ton peut les nommer ainfi , vu la difpro-
portion qui fe trouve entre eux Se les vrais Sçavans ; c'efl:
dis-je pendant ce tems, que ces Architectes ont glifîe tant
de fècherefîè Se de mauvais goût dans notre manière de
bâtir, Se fur tout dans la décoration : ce qui n'eft arrivé
que parce qu'ils étoient dépourvus de cette expérience
confbmmée que poffèdoient nos anciens , Se qui fè trou-
ve aujourd'hui en plufîeurs de nos Architectes, fur tout
en ceux que Sa Majefté a mis à la tête de ks entre-
prifes. On reconnoîtra aifément l'extrême différence qui
fe rencontre entre l^s ouvrages produits par la feience
Se ceux qu'enfante le peu d'habileté } fi l'on compare la
grâce Se la fàgeffe des Bâtimens élevés par les foins des le
Mercier, de Brofîè} Manfàrd Se de Côte, avec la fterilité
Se la difproportion qui paroiiîênt dans les Edifices particu-
liers qui ont été confiants par nos demi-Sçavans.
Sans doute l'Architecture va reprendre toute fà fplen-
deur par la protection de Sa Majefté , Se à la faveur des
occafionsque vont avoir les habiles de notre fîecle, tels que
font Meffieurs Gabriel, Dorbai, Lafîùrance, Boisfïanc ,
Se plufieurs autres qui tiennent les premiers rangs dans les
Bâtimens du Roy, auflï-bien queceux qui compofent l'Aca
demie d'Architecture , établie pour refbudre les difficultés
qui naifïènt dans cet Art. C'efl: donc fous cet heureux règne
qu'il faut s'efforcer de prouver que l'Architecture efl ca-
pable de parvenir au plus haut degré que puifîènt atteindre
les autres Sciences, & que fans compter les fùperbes Edifices
qu'on doit aux ordres de Louis le Grand, elle peut par les
Edifices qui s'élèvent fous le Règne préfènt, entrer en
-ocr page 24-
A L'ARCHITECTURE.         xv
parallèle avec ce que nous ont laifie déplus beau nospré-
decefîèuré.
Rempli de cet amour pour F Architecture, je n'ai pu
refifter aoi defîr de communiquer au Public mes fenti-
mens fur la décoration moderne : la vanité de me don-
ner pour Auteur, ne m'y a aucunement engagé, Se mon
principal objet n'eft que de paraître digne de l'affection
des Sçavans Se de la confiance des perfonnes qui fe plai-
dent aux Bâtimens. Je fouhaite que mon projet faflè l'ef-
fet que je me fuis propofé, Se qu'il excite mes Compa-
triotes à rendre leurs productions publiques ; afin d'infpi-
rer aux élevés à venir le bon goût de l'Architecture >■ la
noble fîmplicité , Se l'harmonie judicieufe que doivent
avoir entre eux tous lds Arts qui concourent à former la
perfection d'un Edifice.
Mon intention fur tout eft d'engager ceux qui veulent
profeflèr l'Art de bâtir, à puifèr dans l'ancienne Architec-
ture les premiers élemens de cet Art 3 Se que par là on
accoutume fon génie à connoître ce qui eft véritablement
beau, Se à éviter tout ce que les caprices de la nouveauté
ont introduit depuis quelques années. Formé fur ces grands
modelles , û l'on eft tant fbit peu favorifé de la nature,
fi l'on confacre le tems précieux de fa jeuneflè à l'étude}
Se
fi l'on eft aflez heureux pour être fous la direction d'un
homme éclairé , on ne fçauroit manquer d'acquérir par
dégrés les talens d'un parfait Architecte. Pour qu'on puif*
fe cependant y parvenir} je ne dois pas oublier de dire,
que les qualités de l'ame y font nécefÊdres ; qu'il faut être
né fans cette orientation qui nous fait toujours donner
avec opiniâtreté la préférence à nos idées ; qu'il faut être
complaifant fans foiblefie, Se que bien loin que l'avarice
nous fafîè faire quelque faux pas , on doit toujours être
-ocr page 25-
SiJWH^MWWP!
INTRODUCTION.
XVJ
guidé par la générofité & fbutenu par une noble manière
depenfèr. Combien ne voyons nous pas aujourd'hui deBâ-
timëns particuliers bu l'on s'apperçoit que l'appas du gain,
le peu de foin de la réputation, Se une imitation honteufe
ont! détournéTArchkecle de remplir {e noble caractère
cjuï lui convient l
On verra dans le Préliminaire fînvant, le choix qu'on
doit faire d'un bon Architecte} Se ce que Ton doit fou-
haiter en ceux qui veulent faire bâtir • ainfî je ne m'éten-
drai 'pas ici fur cette matière&j mon defïèin a été feule-
ment de donner une idée aux perfonnes qui veulent pren-
dre quelque teinture du Bâtiment, du reipeél inviolable
qu'on doit aux premiers principes deTArchitecl:ure5& c'eft
pour y parvenir que j'ai fait précéder à ce Traité cet ex-
trait de l'origine de l'Architecture Se des difpofîtions na-
turelles qu'il faut apporter pour mériter un jour le titre de
Maître de l'Art.
L'on trouvera auffi à la fin de ce Volume une Table
Alphabétique en forme de Dictionnaire, qui offrira au
Lecteur un. précis de chaque matière, des plus intereflàn-
tes qui foient répandues dans ce Volume, Se aufquelles je
me mis refervé la liberté de faire des fupplemens pour re-
médier aux abréviations , que je me fuis apperçû ( depuis
l'impreflion) être trop conciles pour Tinftrucl:ion dts
jeunes gens. J'en avertis ici les perfonnes de l'Art pour y
avoir recours fans être obligé de parcourir ce Volume
pour trouver telle ou telle remarque.
■■* *                                         
REFLEXIONS
______^____
________
-ocr page 26-
REFLEXIONS
PRELIMINAIRES
SUR
L'ARCHITECTURE
EN G E N E R A D
A diverfité des Bâtimens & le peu <3e
reflèmblance qu'ils ont les uns avec les
autres, demandent des réflexions lî pro-
fondes , que je devrois craindre d'entre-
prendre une matière il vafte : la plupart
même de ceux qui profeflènt ïArchi-
tecture', regardent comme luperflus les Préceptes qui
concernent la dillribution des Edifices , & s'imaginent
quon n&n peut donner de certains/Je conviens avec
es différentes conditions des perfonnes : pour
T. I. Part. L
-ocr page 27-
MH
un
REFLEXIONS
qui Ton bâtit , la variété des exportions auxquelles on
eft aflùjetti. Se la diverfité des matériaux qui fervent à
la conftruéHon , donnent toujours à l'efprit de nouveaux
fîijets de fè retourner différemment ; cependant il y a
des Loix générales pour la manière de bâtir, Se des
égards particuliers pour chaque forte de Bâtiment à l'u-
£àge duquel on doit toujours conformer fon deflèin ,
qu'il faut varier fiiivant que la néceflîté Se la bienféance
l'exigent.
Par exemple , fi Ton élevé un Palais pour un Prince >
on doit penfèr à tout ce qui convient à fà nailîànce Se
à la commodité des Officiers Se autres domeftiques, qui
doivent le fèrvir : Si l'on conftruit une Maifon pour un
Seigneur d'un rang moins illuftre , il faut également
consulter la place qu'il occupe, Se le nombre de ceux
qui font à fon fèrvice , afin de proportionner là-defiùs la
magnificence Se l'étendue de fon Bâtiment. Si l'on bâtit
pour un homme dont l'emploi regarde le Public, il faut
diftribuer les lieux félon; ce qu'exige Ion miniftere : fi
e'eft enfin un monument public que l'on veuille dreiîèr,
il faut avoir en vue les motifs qui y donnent occafion^
Se l'orner de tous les attributs qui lui conviennent le
mieux*
Comme le Parallèle en fait de Bâtimens eft d'un grand
fècours pouf bien exprimer fes idées, Se que la com-
paraifon peint beaucoup mieux que les plus longs dif-
cours ne le pourraient faire -, on trouvera dans ce premier
Volume cinq exemples de Bltimens dont hs diftribu»
tions Se les décorations font différentes. J'y ai joint des ré-
flexions fur quelques Edifices particuliers ; quoique dans
l'examen que j'en ai fait, j'en aye trouvé peu qui puiïènt
fèrvir de modèle à la véritable Architecture, Se où l'on
ms&smim^sœmœm*
Gpa
-ocr page 28-
I
P R f'ïT'M I NXl R E S,
3
eût jtùiyi Icruguleufement tout ce qui convenoit à leur
déflation.
Je ne parle que de Bâtimens particuliers , pour ne pas
confondre fou$ ce nom certains Edifices, dont l'Archi-
tecture eft d'une ordonnance très-eftirnable, & que Ton
doit fe faire une règle d'imiter avec autant de foin que
Ton doit éviter les défauts groffiers de ces autres Bâti-
mens. C'eft pour donner une idée de leurs abfiirditez
que j'ai tâché dans ce premier Volume de donner des
exemples Se quelques réflexions capables d'inJpirer aux
Elevés le bon goût de F Architecture, Se un jufte mé-
pris pour la mauvaife manière de bâtir de quelques Par-
ticuliers qui le difent Architectes, fans en avoir la .ca-
pacité. J'auxois vaulu pouvoir me taire fur ce iuje-t ; mais
comme lia vérité s'ajufte peu avec la complajfànee , je ne
puis m'empêcher de dire que je ne vois guéres de Mai-
fbns où la convenance fbit oblervée judicieufement.
C'eft cependant cette partie de l'Architecture ,qui en
doit faire fobjet capital ; e'efl elle qui règle tout le corps
de fOuvrage, Se qui place dans chacune de lès parties
tout ce qui doit y être naturellement. I/èiprit de conve-
nance enfeigne le choix des Emplacemens, la juflefle des
proportions, Se la commodité des arrangemens ; il fait
faire le difeernement des matériaux propres au lieu où
Ton bâtit ; il guide dans leur aifemblage Se leur tra-
vail ; il vous met toujours .en vue le but de votre entre-
prife : Se en un mot, celt par la convenance qu'un Bâ-
timent peut avoir toute fa perfection Se qu'on y trouve
une agréable correfpondanee des Parties avec leur rtout.
Outre la diftribution d'un Bâtiment qui confine à bien
arranger toutes les pièces qui le compofènt^ il y a en-
core une autre forte de diftribution qui tegaraîe fa déco-
l.v.:-:^-.., -s
-ocr page 29-
f
RE' F LE X IONS
ration, tant intérieure qu'extérieure ; Se le mérite d'un
Architecte efl: d'en rendre toutes les parties parfaitement
relatives les unes aux autres.
Cette belle difpofition fe trouve rarement, quand les
perfbnnes qui font bâtir fe contentent de leurs propres
lumières ; ou que par œconomie , voulant fe paiTer d'un
Architecte éclairé , ils fe laiflènt conduire par chacun des
Ouvriers, qui ne penfènt le plus fouvent qu'à leur profit,
Se
qui dans leur Art particulier chargent tellement un
Edifice y que le bon fens en paroît entièrement exclus.
Il feroit a fouhaker que les exemples que je donne,
Se
la fimplicité que j'ai affectée dans le Difcours, pour
être à la portée de ceux qui ignorent le plus l'Architec-
ture r pufîènt vaincre l'entêtement de la plupart des per-
fonnes qui font bâtir, Se qui étant les dupes de l'incapa-
cité des Defllnateurs ou des Conducteurs de leur Bâti-
ment , font jettées dans des dépenfes fuperflues. Il feroit
encore à délirer que l'on pût guérir de leur aveugle com-
plaifance ceux qui fè confient au premier Architecte , Se
qui n'ont pas l'attention d'en choifir un qui ait autant de
probité que de feience, Se qui pour me fervir des ter-
mes de Vitruve, foit quelque choie de mieux qu'un
Maçon.
:: Quoique la Maçonnerie fbit dans l'exécution une des
plus confidérables parties du Bâtiment > il efl: pourtant
vrai que fa feule pratique ne peut élever jufqu'au point
d'être Architecte ; il faut une invention féconde Se un
jugement fàge pour conduire à ce degré. Qu'un Maçon
ait acquis de l'expérience en bâtifîànt plufieurs Maifbns,
il n'en peut être que plus habile dans le choix 3 la qualité
Se l'emploi des matériaux ; mais cette expérience n'éclai-
rera pas ion efprit Se ne lui fournira pas de grandes idées:
-ocr page 30-
R!i.'M?jjiaim^aM*aaHW««T"iri 111 mi mi■■arowgaiggwwgM
PRELIMINAIRES,              ?
c'efl à la nature, jointe à l'exercice, qu'il appartient défor-
mer un excellent Architecte, Se l'on n'acquiert point les ta-
lens qui font nécefïàires à l'Architecture par la feule prati-
que du Bâtiment. C'en: pourquoi il n'arrive que trop ordi-
nairement qu'on fè repent d'avoir donné fa confiance avec
trop de légèreté } Se de n'avoir pas employé un Architec-
te dont les lumières puiîent prévoir tous les inconvéniens,
Se
qui par fà prudence fçût remédier à toutes les difficuitez.
En effet, dans le Bâtiment il n'efl point de faute légère,
Se
l'inadvertance la plus petite coûte toujours cher > tant
dû côté de la dépenfe que du côté du tems nécefîàire à
la reparer. Pour ne pas tomber dans un pareil défàgre-
ment, un bon Architecte doit donc raffembler dans fon
imagination toutes les actions de main qui fe font depuis
la fouille des Fondations jufqu'au dernier coup de Pin-
ceau , Se tous les effets que chaque partie de fon Ouvrage
produira en la réunifiant avec le tout enfemble. S'il n'en-
tre pas dans le détail de ce qui efl non-feulement nécefîàire
pour la commodité perlonnelle du Maître, mais encore
pour celle de ceux qui font ou à fon fervice ou en rela-
tion avec lui, c'efr. en vain qu'il efpere d'atteindre à
cette excellence que Vitruve Se les autres grands Maîtres
défirent dans un Architecte.
Après m'être expliqué d'une manière générale fur
l'Architecture, Se fur la capacité requifè à un Architecte,
je crois devoir dire quelque chofe fur F Agriculture. Pour
avoir lieu d'en parler, je n'ai point inféré dans cet Ou-
vrage des diftributions de Maifons de Ville Se du dernier
ordre , Se j'offre ici au Lecteur des exemples de Bâtimens
faits pour la Campagne, Se où fans m'écàrter de mon fu-
jet, j ai trouvé l'occafion de parler des Jardins de Pro-
preté.
Aiij
;
-ocr page 31-
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RE'FLEXIONS
Les Jardins font la partie la plus riante d'une Maifon
de Campagne ; c'efl auffi celle qui exige le plus d'entre-
tien , mais on s'en trouve agréablement dédommagé par
les beautez que la nature y étale fiiivant les diverfes Sai-
fbns.
L'Art du Jardinage a été dans ce dernier Siècle poufîe à
une extrême perfection, flir-tout en France, qui iemble
fervir d'Ecole à toutes les autres Nations. Cette matière
étant fort étendue, & plufieurs Auteurs célèbres en ayant
fait une étude particulière , je n'entreprens point d'en
parler à fond. Se je me borne à en donner quelques
idées, fuivant que la defeription de mes Bâtimens les
fera naître. Je dirai feulement ici que cette partie de l'Ar-
chitecture demande un génie particulier, Se que fouvent
un Architeéte habile d'ailleurs, n'en a qu'une médiocre
intelligence : c'efl pour cela que dans tous les tems nous
avons vu dts perfbnnes s'y adonner entièrement, Se en
faire leur principale étude.
Le goût pour les Jardins, Se la connoiflânçe qui leur
efl nécefïàire , ne s'acquièrent pas en peu de tems :; il
faut que la Nature ait îàvorifé, Se que l'Art ait perfec-
tionné celui qui fçait réuffir à répandre une harmonie ju~
dicieufe dans les formes générales d'un Pare, auffi-bien
que dans les différentes pièces dont il èft compofé.
Les pièces qui forment un Jardin de propreté , font les
Parterres, les Fontaines, les Baflîns, les Bofquets, les
Salons, les Sales de verdure, les Cloîtres , les Boulin-
grains, les Bois, les Berceaux çle treillage, les Cabinets,
Sec. Mais e'efi la diftribution de toutes ces pièces qui
donne de la grâce à un Parc;; c'efl: leur arrangement &;leur
variété. qui eaufènt delà fùrprife & qui amuient agréable-
ment. On doit faire en forte que toutes les beautez d'un
______
-ocr page 32-
PRELIMINAIRES.             7
Jardin ne fbient pas apperçuës d'un fèul coup d'œil /de il
eft bon d'exciter la curiofîté en tenant fous le couvert une
partie des ornemens qui doivent la fatisfaire.
Comme dans les Jardins, auffi-bien que dans les Bâti-
mens, chaque terrain 3 des formes différentes, Se qu'on
ne peut par conféquent donner fur un pareil fujet des rai-
fbnnnemens juftes Se précis, je renvoyé aux exemples
qui précèdent chacun des Bâtimens de ce Volume, Se
aux différentes parties inférées dans le fécond ; Se je n'ai
plus qu'un mot à dire fur l'utilité des Maifbns de Campa-
gne y fur leur fituation > Se fur celle de leurs Jardins.
Les Maifbns fituées dans les Villes ont de grands avan-
tages : on s'y trouve à portée de vaquer à £qs emplois ; on
a la liberté d'y jouir des fbeietez qui nous conviennent le
plus ; on y peut s'attacher aux Sciences Se aux Arts, y
contenter &s inclinations Se diverfifier fès plaifirs ; mais
les Maifbns de Campagne ont des attraits qui peuvent dis-
puter la préférence, auffi voit-on tous les ans les Seigneurs
Se les perfbnnes aifées s'y retirer pour y profiter des dou-
ceurs de la vie champêtre pendant quelque tems. Les
Grands vont s'y délafîèr des occupations importantes qui
les attachent au bien de l'Etat ; les autres y vont recueillir
les fruits de leur Domaine ; Se quelque fois un Père de
famille, par un efprit d'œconomie, s'y confine pour le
refle de Ces jours, afin d'y vivre aifément à la faveur des
différentes récoltes qu'offre chaque Saifon. Ainfi chacun
fùivant fon rang, {es Charges Se fès moyens, va goûter
avec fes amis Se fa famille l'innocente volupté qui règne
à la Campagne.
Cette diverfité de conditions Se de fortunes doit en-
gager un Architecte à proportionner la dépenfè fiiivant
la dignité du Maître. Dans cette intention 3 j'ai donné
-ocr page 33-
g—1
RE' FLEXIONS
8
les divers exemples qui fùivent, dans lefquels on pourra
trouver ce qui contribue au grand, à f agréable, Se au
néceflàire.
                                                                  ■!_
Quant à la iituation, fbuvent on eft contraint de s'aflù-
jettir à des antiquitez que Ton veut confèrver, foit pour
f honneur de la Famille, fbit à caufe des Titres d'acqui-
lîtion ; mais lorfqu'on peut difpofèr du Terrain à fà vo-
lonté , il eft néceflàire de faire un heureux choix, tant
pour l'expoiition de la Maifbn que pour la diftribution de
fes dépendances.
Pour qu'une Maifbn de Campagne foit bien expofee,
on doit la bâtir fur une éminence d'où l'on puifîè décou-
vrir le plus grand nombre d'objets qu'il fera pofllble, fans
que néanmoins elle fbit trop en prifè au vent du Nord :
c'eft fur les lieux élevez qu'on refpire f air le plus pur, Se
qu'on jouit de la fànté la plus parfaite ; au contraire rien
n'eft plus mal-fàin que l'habitation des vallées Se des lieux
bas Se profonds. On bâtit quelquefois fur l'extrémité des
Coteaux, Se cette expofition eft avantageufe par la variété
des objets qu'elle préfente à la vue ; mais alors il faut pren-
dre garde que la dépenfe dans laquelle jette cette Iitua-
tion ne foit au-deiîùs de la portée de ceux pour lefquels
on bâtit. S'il faut de l'attention pour l'expoiition des Bâ-
timens, on ne doit pas avoir moins de prévoyance pour
bien expofèr les parties des Jardins qui les accompagnent,
fur-tout celles qui font deftinées au fèrvice de la Maifbrj,
comme les Potagers, les Fruitiers, les Vergers, Sec. Le
climat du lieu où Ton bâtit 3 doit en cela fèrvir de règle ;
ainfl dans un Pays chaud, il faut chercher i'afpeél du Sep-
tentrion , par lequel la violence de la chaleur foit mo-
dérée ; au contraire > dans un Pays froid on doit choiflr
fafpecl: du Midy , ayant toujours pour principe que dans
quelque
ritou¥'ail4ff^
-ocr page 34-
mmm
PRELIMINAIRES.
quelque fituation que ce fbit on a befbin d'un Soleil fa- j
vorable, parce qu'il eft famé de toutes les productions.
Si Ton eft dans un climat tempéré, comme aux environs
de Paris, Se dans les Provinces circonvoilines, on y trou-
ve moins d'inconvéniens à fùrmonter, parce qu'il y règne
allez de chaleur pour la maturité des fruits Se la conser-
vation des Plantes utiles à la vie, auffi-bien que pour
l'entretien des Arbres deftinez à l'ornement dés Promena-
des. S'il eft befbin de s'y lervir de précautions, ce n'eft
coût au plus que pour quelques Plantes étrangères, Se
pour celles qui font eonfacrées à la Botanique, de mê-
me que pour quelques Arbuftes dont on pare les Jardins,
comme les Orangers, les Citronniers, les Grenadiers,
les Oliviers, lesMyrthes, Sec, à l'ufàge defquels on bâtit
des Serres ou Orangeries,, ainfl que je l'ai dit dans la pre-
mière Se troifiéme Partie de ce Volume, Se dont on ver-
ra des exemples dans les Planches dixième Se vingt-hui-
tième.
                  m
Mais il eft tems d'entrer dans les particularîtez d'un
Edifice. A la tête de chacun des Bâtimens que contient
ce Volume, on trouvera un Avant-propos, qui mettra
au fait des raifbns qui les ont fait projetter ou édifier, Se
des difficultez qui fè font rencontrées dans les Fondations
déjà faites, ou dans le Terrain dont il a fallu fè fèrvir,
ayant préféré de donner jpour exemple des Bâtimens dont
les diftributions générales fuffent afîùjetties aux Terrains
qui fe font trouvez irréguliers, plutôt que d'offrir de ces
Terrains compofèz d'une exacte fymétrie , où pour l'or-
dinaire la nature du lieu fait lés frais de la compoiition des
différentes parties des Maifbns de Plaifance.
^Pour fîiivre l'ordre dans lequel j'ai compofé Se gravé les
Bâtimens qui fuivent, j'offre à la tête de ce Volume l'E-
MH
TPWWBW
T. L Part. L
B
-ocr page 35-
■■^^■i.V..,T^,VW^^pw-fc1.;,ffa7-,-CTaw|B
RE'FLEXI ON S
IO
difice le plus étendu, Se celui à qui j'ai attribué une gran-
de partie des Réflexions que j'ai fait for les Diftributions
& les Décorations modernes*
!.'■■■■
ssrftfes—
».......'......t.......mr.L.WfWl
-ocr page 36-
T R A I TE
DE LA DECORATION DES EDIFICES,
ET DE LA DISTRIBUTION
DES MAISONS DE PLAISANCE
PREMIERE PARTIE.
Contenant la Dijlribution & la Décoration extérieure d'un
Bâtiment de cinquante toijes de face > avec des remar-
ques Jùr la dijpojltion des Jardins de Propreté»
A V A N T-tRÛP O S,
E fus chargé des Diftributions & Décora-
tions de ce Bâtiment par un Seigneur de Flo-
rence 3 & je le compolài fur les meïures qu'il
me donna d'un Terrain où il devoit être édi-
fié. Une partie du Parc Se des Fondemens du
Château ayok déjà "été exécutée fur les deueins d'un Ar-
imP.....■■.........IIIIBIIIIiliiHiiilTllllii'lll
-ocr page 37-
twgggggggggSgggggg! ■ ■■'■'g ggg———mb—m—air■ ■.......■ nu i ma
12 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
chiteéte du lieu, Se j'ai été obligé de conferverdans ce qui
reftoit à faire la première intention. J'ai marqué ce qui eft
de moi dans les Jardins, par des étoiles qui accompagnent
les lettres de renvoy qui défignent le nom de chaque par-
tie qui les compofe. Ce Projet étoit prefque fini, lorfque
ce Seigneur fut dans la néceffité de retourner dans fà Patrie.
Quelque tems après je reçus Tordre de le finir Se de l'en-
voyer : j'en ai gardé des copies telles qu'il devoît être
exécuté ; Se je les donne ici en priant le Lecteur de fe prê-
ter aux formes bizarres qu'il pourra rencontrer dans l'idée
générale , ayant tâché de le dédommager par l'agrément
des Parties.
CHAPITRE PREMIER.
Des Diflributions du Parc, & de l'ordonnance de fes
Jardins.
L'Entre'e de ce Château eft fituée fur le bord d'un
grand chemin planté d'Ormes, qui conduit à une
Terre qui en dépend. J'ai donné une forme circulaire au
mur d'appui qui ferme la grande Cour B, afin de lui don-
ner plus de longueur : une grille de fer polëe defïùs > laifïè
à la vue la liberté de s'étendre Se d'enfiler une avenue qui
s'offre en Patte d'Oye vis-à-vis de cet Edifice,
Il paraîtra peut-être étonnant qu'un Palais de cette
confequence n'ait point d'avant-Cour qui en rende l'en-
trée plus refpeétable ; mais il ne m'a pas été poffible de
lui en donner une, parce qu'une partie des fondemens du
Château étant déjà faite, il a fallu les confèrver ; Se qu'é-
tant borné par le grand chemin-, il ne m'a été permis que
I ..................wkmkm.........■■■»■            i i iniii i ni ' mi ——ggpat
-ocr page 38-
Chap. I. des Distributions du Parc. 13
d'y prendre une portion circulaire qui donne une belle for-
me à la Cour, laquelle a foixante-dix toiles de profondeur
fur cinquante de largeur. Les foixante-dix toiles qui font la
diagonale de fon quarré, donnent la jufte proportion qtfe
l'on doit oblèrver quand le terrain le peut permettre.
J!ai orné cette Cour d'une Terrafîè élevée d'environ
trois pieds du rez-de-chaufïee, laquelle conduit aux ailes ;
dans l'une defquelles eft le Bâtiment de l'Orangerie, Se
dans l'autre font les Cuifines Se les Offices, ainfi que dans
le Plan gênerai on le voit marqué C Se D. Cette Terrafîè
eft décorée d'un appui de pierre, fur lequel font placez
plufieurs Sphinx Se Vafès en fymétrie
Ce qui fait une des beautez de cette grande Cour', c'eft
qu'elle eft percée de toutes parts, les ailes C & D étant
ifblées Se feparées du Château d'environ huit toiles ; ce
qui laifle la liberté de voir de defîùs le Perron du vefti-
bule d'un côté le Jardin de l'Orangerie E > Se de l'autre
celui M deftiné pour les fleurs > les efpaces n'étant fermez
que par des grilles.
La principale entrée du Parc eft par le grand Salîon
qui eft pratiqué dans le Château marqué A. Ce Sallon
conduit fyr une Terrafîè qui environne toute la façade du
côté des Jardins, Se de laquelle on defeend par plufieurs
Perrons fur une autre plus grande L de quatre cens cin-
quante toifes de longueur, qui par différentes iftues mené
dans les diverfes pièces dont le Parc eft compofé ; mais
avant que d'en parler, pafîbns aux Jardins, qui accompa-
gnent le Château.
Du côté droit font placez les Jardins de FOrangerie>E,
Se
du côté gauche eft un Jardin Fleurifte M, terminé par
un Berceau de treillage en face des Appartemens > lequel
conduit à un Cabinet de verdure N, orné de Niches Se de:
aa
-ocr page 39-
PHPIPPPPWHHHHI
14 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
Figures, avec un Tapis verd au milieu.
Dans l'aîle de l'Orangerie C efi: pratiqué l'Appartement
des Bains, dont on peut voir la diftribution fur la huitiè-
me Planche, où la décoration de fà façade eft repréfèntée.
Ce Bâtiment qui fèrt à mettre les Orangers à l'abri pen-
dant l'hyver 9 ainfi que les autres Arbrifîèaux qui ne pour-
roient réfifter à la rigueur du froid 9 fèrt aufîi pendant la
chaleur de l'Eté à fè retirer pour y profiter à l'ombre du
coup-d'œil du Jardin de f Oi'angerie. Le plus fbuvent pour
embellir ces Bâtimens > on les orne intérieurement de
Peintures, ainfi qu'on peut le remarquer à celle de Saint-
Cloud, de l'on doit tant qu'on peut les approcher du
Château > foit afin de n'avoir pas beaucoup de chemin à
faire à découvert pendant la grande chaleur du jour, foit
afin que leurs beautez ne foient pas éloignées des Appar-
tenons de parade.
Outre l'ornement que les Jardins des Orangeries reçoi-
vent des arbres pour lefquels ils font deflinez, il doit en-
core s'y trouver une parfaite fymétrie dans les allées, qui
doivent être au moins de vingt-quatre pieds de largeur,
leur donnant la longueur que le terrain peut permettre.
Les quarrez que renferment ces allées, ne font que des Ta-
pis verds, ou des Defïèins de gazon découpé, dans le mi-
lieu defquels on peut placer des Vafès ou des Statues fur
leurs Piédefiaux , comme on en voit dans les Jardins de
l'Orangerie de Verfailles.
Quant aux Maifbns où le terrain eft peu fpacieux, fbu-
vent on place les Orangers dans les contours des Parterres
qui font en face du Bâtiment ; mais il faut faire enfbrte
qu'ils ayent une Serre commode pour leur tranfport, qui
foit fâine & dans une heureuf^ expofition, fi l'on veut que
les arbres profitent.
_
-ocr page 40-
i tiiimiiMi i m mu i lin m Trliirurniiiiiiiiiiiiii 'iiifi'lWii"nw"riii—,hiim—fwnwiw.....mimaaamsmg
Chap. I. des Distributions du Parc. xy :
| En décrivant la décoration du Bâtiment de l'Orangerie,
je parlerai de la conftruétion des Serres Se de leur expofi-
tion. (Voyez à la huitième Planche, Chapitre quatrième*)
Derrière le mur du Jardin Fleurifte M , Se le Cabinet
de verdure N, font pratiquées les Balîes-Cours F. G. H.
qui joignent l'aîle du Bâtiment des Cuifines Se Offices D ,
qui a fà Cour particulière F, après laquelle dans la féconde
Balîè-Cour G font placées les Ecuries Se les Remises qui
fe féparent d'avec celle des Cuifines par un mur de neuf
pieds de haut.
Derrière la Bafîè-Cour G font placez les Bâtimens Se
la Bafîê-Cour des Volailles. Ces Bafîès-Cours ont chacune
leur fortie du côté du grand-chemin : elles ne doivent avoir
de communication entre-elles qu'autant que la néceffité
le demande.
Je ne donne point la décoration de ces Bâtimens 3 parce
qu'étant absolument féparez du Château, on doit être peu
curieux de leur fymétrie. Il s'en trouvera dans la troifiéme
Partie de cet ouvrage, qui étant plus proches du principal
Bâtiment, m'engageront à donner la manière de les dé-
corer.
Après le mur de la Bafîe-Cour de la Volaille Se celui
de la Salle de verdure, eft le Jardin Potager de deux cens
vingt toifès de longueur Sur foixante-quinze de largeur.
Ce Jardin eft divifé en trois parties, à chacune defquelles
eft un baffin qui fèrt à fournir l'eau nécefïàire pour en ar-
rofer les fruits Se les légumes.
Comme ce Potager eft va de la Terrafîê L par des bré- ,
ches qui fe trouvent pratiquées vis-à-vis des allées qui
donnent dans le Parc ,,& qui font fermées par des grilles-,
je me fuis attaché à le rendre agréable à la vue : J'en ai te-
nu les allées dans une iymétrie parfaite, Se j'ai fait en forte
^^Tj'l ■              !.■!■ TU » ■■*..■■ ■■■ .!■■... IL I 1^11 MM f                       . .-»»^—                         ■■■■                    , ________                               ,               ^                           |.....______________________________________                                                         _________
^^****^*^^mmm^mi^m^mmm^mmmmmimimmmmmm................wim.......mil
-ocr page 41-
l6 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
que quelques-unes s'allignent avec celles du Parc, Se
prolongent jufqu'à la Campagne par le moyen de pareil-
les ouvertures du côté du grand chemin. Je ne fuis pour- I
tant pas en cela le fèntiment de M. de la Quintinie, qui
veut que ces Potagers foient entourez de murs, fans in-
terruption pour profiter de toute la longueur des Efpaliers.,
Se pour en empêcher le pillage ; mais cette précaution n'eft
bonne que pour les Jardins des Particuliers.
Chaque quarré eftj entouré d'une platte-bande de iix
pieds, bordée d'herbes odoriférantes, Se garnies d'arbres
nains de différentes efpeces. On doit lailîèr des pafîages à
ces plattes-bandes, pour avoir la facilité d'aller cultiver Iqs
légumes dont les quarrez font remplis.
Plusieurs Auteurs ont traité de la manière d'entretenir
ces Jardins Potagers, Se du foin qu'il faut obfèrver pour
la confervation de leurs fruits ; ainfi je n'en parlerai point
ici, ce fujet pouvant faire la matière d'un Livre entier.
A l'extrémité de ce Jardin Potager > Se au bout de fà
principale allée I, fe trouve un petit Pavillon K, dont on
peut faire une Laiterie : comme il eft d'ufàge dans la plu-
part des Maifons Royales, * Se que d'ailleurs cela devient
un agréable amufement , j'ai crû devoir marquer fà place
dans cet endroit : on peut néanmoins mettre cette Laiterie
dans la baflè-cour des Volailles ; Se alors on feroit de ce
Pavillon un lieu décoré où Ton pourroit fe retirer s'il fùr-
venoit quelque orage. On doit auffi s'y refèrver dans le
bas une Serre pour les légumes Se les racines.
A côté de ce Pavillon eft pratiqué un autre petit Bâti-
ment deftiné pour le Jardinier, d'où il a l'entrée libre dans
le Jardin, Se en même tçms la liberté de fortir dans le
* On en voit une à Chantilly d'un goût admirable, qui fait partie des
jBâtimens de la Ménagerie.
^gsgE^niiiiiiNuniiMjiiii ! ?awwr.iij.....hwwihiuiiiiiww»*iii«h^ci,ub^<w»
gran4
-ocr page 42-
Chap. I. des Distributions du Parc. 17
grand chemin, d'y jetter les immondices > & de faire en-
trer ceux qui l'aident dans fbn travail, fans qu'il foit obli-
gé de palîèr du côté du Château.
Pour revenir à -la Terrafîè L dont on vient de parler,
j'ai placé àfès deux extrémitez deux Berceaux de Treil-
lage en lanterne, dont on trouve le defîèin dans la feizié-
me Planche du fécond Volume. De cette Terrafîè on def-
cend dans le Parc, où fè trouvent deux Parterres en com-
partîmens C*en face du Château. J'aurais donné plus d'é-
tendue à ces Parterres , fi je n'avois pas été borné au peu
d'elpace qui fe trouve entre la Terrafîè L & la Terrafîè Y,
lefquelles étoient déjà conftruites.
A la tête de ces Parterres eft un Bafîîn ovale qui fait le
milieu de la Demi-Lune, à laquelle eft pratiqué un grand
Eicalier qui fert à defeendre vers le Canal Z* de cent
quinze toifès de longueur, dont la tête forme une efpece
d'oélogone, Se au milieu duquel fè trouve une gerbe d'eau
avec plufieurs bouillons qui font un très-bel effet. Cette
Pièce a deux bras, Se l'on y peut placer plufieurs Jets en
fymétrie. Ce Canal eft bordé d'une Tablette de Marbre,
ornée de Moulures : on la peut décorer de quelques Group-
pes de Bronze ou de Vafès, tels qu'on en voit dans les
Jardins de Verfailles aux grands Bafîins nommez Parter-
res d'eau, Sç qui font jfor la Terrafîè vis-à-vis le corps du
Château.
Aux deux cotez du Canal font deux grands Tapis verds
&* en boulingrin, que l'on peut aufïï orner de Vafes en-
tre-mêlez d'Ifs.
Tout l'efface que contient le Canal Z* eft à découvert:
les' ouvertures obliques font allignées au Sallon principal
du Château, afin qu'étant dans cette grande Pièce , on
puiftè jouir de la vue de ce Canal, ainfi que de celle de
Uïà&
-ocr page 43-
myg'ja
18 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
iEtang il. La plus petite extrémité de cette ouverture
a quatre-vingt-cinq toifes de largeur, Se va toujours en
élargiflant du côté d'en haut, afin que l'œil embrafîè le
plus d'objets qu'il eft pofîible, étant contre les règles de
l'Art d'en ufer autrement.
Aux deux cotez des Parteres O* font des Bofquets dif-
féremment diftribués dans les épaiiîeurs des Bois qui fe
trouvent entre les deux Terrafîès L Se Y. A leur droite eft
un Bofquet U, en étoile, avec des Charmilles en contre-
allées de hauteur d'appui. Un Bafîin bordé de gazon eft au
milieu. De-là on pafle dans un autre Bofquet X*, que l'on
nomme Salle des Antiques, parce que c'eft le lieu où l'on
raflèmble la plus grande partie des Figures de Marbre, des
Termes, des Vafes Se des autres morceaux antiques : on les
diftribue dans des niches fymétrifees Se pratiquées dans l'é-
paifïèur des Charmilles. La tête de ce Bofquet eft circulaire,
avec un Baffin au milieu ; le refte eft occupé par un tapis de
gazon ; Se une des allées qui fe trouve dans une portion
de cercle, conduit dans une Salle d'Amphitéatre 3*, nom-
mée ainfî , parce qu'elle fèrt à y repréfènter des Comé-
dies , que l'on y donne des concerts, Se que l'on y peut
faire des Fêtes champêtres Se d'autres divertiflèmens. Le
coup d'ceil en eft aftèz beau ; cette Salle étant percée diago-
nalement, Se fà forme étant d'une parfaite fymétrie : on y
a pratiqué tout autour des banquettes de verdure, Se vis-à-
vis le théâtre eft un renfoncement où fe place le Buffet.
Une de ces allées conduit dans un Boulingrin 2 bordé
d'Ifs : des Portiques de Charmilles fort élevez forment des
contre-allées avec celle qui ferme le Bofquet. Plufieurs
petits Cabinets de verdure 4 environnent cette pièce, Se
vont fè joindre avec la Salle d'amphitéatre.
En face d'une des allées de l'Orangerie eft une grande
Mk
u^È^ÊÊÊ^ÊÊÊÊÊIIÊÊm
-ocr page 44-
Chap. .1. des Distributions du Parc. io
pièce ovale I nommée de Verdure à caufe qu'elle eft for*
mée par des paliflàdes d'Ifs qui font verds en toute fàifon,
ainfi que la pièce à pans qui n'eft féparée d'elle que par les
mêmes paliflàdes taillées à hauteur d'appui.
A la gauche des Parterres eft une grande Salle P plantée
de Maronniers : les angles en font à pans, fon terrain eft
occupé par un boulingrin qui reçoit de l'ombre au moyen
des arbres qui le bordent. Un Baffin orne le milieu de cette
pièce.
De-là on paflè dans une grande Salle Q plantée de Til-
leuls 3 embellie de Tapis verds découpez en forme de
Palmettes, Se qui a au-deflùs de l'allée en Terraflè Y un
boulingrin Q, qui renferme un Baffin. Ces arbres tournent
tout autour Se vont joindre d'autres Tilleuls qui forment
les contre-allées de la grande allée qui eft à la tête de ce
Bofquet.
De l'autre côté de cette Salle Q eft une grande pièce R*
plantée d'Ormes, au bout de laquelle eft un Fer-à-Cheval
orné d'une riche Fontaine, qui eft vue de l'autre extré-
mité du Parc. Au milieu de cette pièce eft une fort belle
Pièce d'eau qui produit un agréable effet en la voyant de
defîùs le Pallier où vous conduit la rampe du Fer-à-Che-
val, d'où l'on paflè à un Bâtiment particulier S* T*, que
nous nommerons Trianon.
Ce petit Bâtiment eft très-bien expofé, étant placé fur
une éminence ; j'y ai fait'afîèz de logement pour qu'on
puilîè s'en faire un azile tranquille , où l'on évitera les gran-
des Compagnies , qui d'ordinaire abondent dans les mai-
fons confiderables.
On trouvera les Décorations Se Diftributions de ce Bâ-
timent à la onzième Se douzième Planche de ce Volume.
Comme fon terrain s'eft trouvé fort inégal Se peu pro-
«SE
Cij
-ocr page 45-
20 De la décoration et distribution des Edifices,
_____                                                                                                 ■ ■ ■ -                    ......-,-■-■-                                                        -                       iii—-               ---------- ■------------■ ■ — ■ ^—i^——i
pre à y élever de belles verdures, je n'ai pu lui donner un
Jardin bien grand ; mais je me fuis plû à le décorer, Se à
lui donner toutes les beautez par lesquelles l'Art peut fu-
pléer aux défauts de la Nature.
Deux Parterres, de broderie ou de gazon T*, entourés
de plates-bandes de Fleurs , occuppent toute la profon-
deur de ce Jardin, au bout duquel eft un Berceau de Treil-
lage qui s'étend dans toute fa largeur. Il eft orné de Pavil-
lons en Lanternes, & pour y parvenir., eft une allée d'ar-
bres plantée à chaque côté des Parterres Se qui joint le Bâ-
timent. Aux deux bouts de ce Berceau font deux petits
Cabinets de verdures fi épaifles Se fi bien entretenues,
que le Soleil en plein midi , n'y pénètre qu'avec pei-
ne , Se n'y répand qu'une douce lumière, de façon qu'il
y règne en tout tems une agréable fraîcheur. Ces Cabinets
ont des allées circulaires , dont l'extrémité eft terminée
par des Tapis de gazon : elles pourroient iervir à en-
trer dans un petit fèntier pratiqué dans i'épaifîèur du Bois,
Se qui conduit à une porte par laquelle on fort dans un
chemin.
A la tête de la Salle des Tilleuls Q eft une grande allée
dont on a parlé cy-deflus , laquelle eft traverlee par une
autre de pareille largeur. Dans l'endroit où elles fe croi-
fent, eft une Salle j1 ornée d'un Tapis de gazon. Cette
Salle eft octogone, Se Ton a placé une Figure dans fon
milieu. A chacun de les cotez eft un étoile qui conduit à
plufieurs allées, qui donnent nailîànce à d'autres , tant
diagonales que circulaires. Plufieurs petits Cabinets de
verdures, plufieurs Niches ornées de Figures, des pans
coupez , des Vafes Se d'autres embelliftèmens décorent
toutes ces allées Se forment une agréable variété.
Au bout de la grande allée de traverfè fe trouve une
-ocr page 46-
Chap. ï. des Distributions du Parc, 2,1
grande Salie 8 plantée de Tilleuls, qui forment par eux-
mêmes des portiques naturels.
Dans le milieu de cette grande Salle S eft un boulin-
grin qui entoure un baffin. On pourroit n'y rien mettre,
afin d'en faire un lieu vafte, Se d'autant plus propre 1 des
fêtes de nuit qu'il feroit facile de le bien éclairer, en illu-
minant avec art les portiques qui l'environnent ; d'ailleurs
il eft bon d'obfover dans un Parc, une grande Pièce dont
fe plein-pied ne foit point embarrafîè, fur-tout quand ces
fortes de lieux fe trouvent expolez avantageufement*
Cette Salle mené d'un côtéàui>Bofcjuet, nommé Piece-
d'Eau. En effet > dans fbn milieu il y a un grand baffin de
forme irreguliere, Se à chacun de ûs angles fè trouvent
d'autres petites Pièces d'eau.
De l'autre côté qui va rendre à la Terrafîe, eft un bou-
lingrin découvert o bordé d'Ifs, dont la Charmille qui le
renferme eft à hauteur d'appui, pour ne pas en ôter la vue
à la grande Salle de Tilleuls 8 qui eft derrière.
J'ai tenu le deffein que je viens d'expliquer d'une gran-
deur fiiffifante , pour qu'on puifle appercevoir les princi-
pales beautez dont j'ai voulu donner l'idée. Un détail plus
circonftancié auroit pu être ennuyeux ; Se d'ailleurs il eft
difficile que la Gravure exprime comme il faut,. quantité
de chofes auffi agréables qu'utiles, qui feroient prefqu'im-
perceptibles fur le papier , & qui plaifent aux Amateurs
beaucoup plus par elles-mêmes, queparunerepréfentatiôh
trop bornée.
#
1
-ocr page 47-
CHAPITRE SECOND.
Des Dijlributions du Rez-de-ChauJfée, & du Premier
Etage du Château,
J'A i déjà dît qu'il y avoit quelques fondemens faits à
ce Château 9 lorfque je fus chargé d'y travailler ; je
n'en parlerai que fort légèrement, Se lorfque j'y ferai forcé
afin de ne pas tomber dans une inutile répétition.
Dans le même tems que je fais cette promefîè, je ne
puis m'empêcher de dire qu'il m'a fallu conferver les deux
ailes qui étoient déjà fondées en équerre du côté des Jar-
dins , Se qui auroient été bien mieux du côté de la Cour.
En fuivant l'idée que je n'ai pu exécuter, la façade d'un
Bâtiment fe préfente vers les Jardins avec bien plus d'a-
vantage , Se peut en être apperçûe dans toute fa magnifi-
cence , fùr-tout lorfqu'il eft élevé fur une Terraffè.
Je n'ai donc pu arranger les diftributions du dedans,
que fuivant la forme de la Cage, excepté les deux Avant-
Corps de l'extrémité de la façade du côté de l'entrée, qui
font de mon invention , Se auxquels j'ai donné une for-
me aflèz nouvelle.
Ces diftributions auroient pu fans doute devenir plus
heureufès fans l'obftacle dont je viens de parler. On dira
peut-être que je pouvois me pafîêr de donner ce Bâti-
ment pour exemple, connoifïànt fes irrégularitez. Je ré-
ponds que dans ce Bâtiment qui m'a fait naître l'occafion
de donner les autres, ce qu'on peut trouver à redire eft
corrigé par mes réflexions, Se que d'ailleurs un Projet
que l'on a fait dans le deftèin de le faire exécuter, peut
fournir de meilleures leçons.
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-ocr page 48-
Chap.II. des Distributions duRez-de-Chausse'e. 23
Des Dijlributions du Rez-de-ChauJfée,
Il faut monter huit marches pour parvenir au Vefli-
bule qui donne entrée à l'Edifice. Cette hauteur étoit né-
cefîàire, tant pour la grâce qu'elle donne à ce Bâtiment,
que pour avoir la facilité de pratiquer des abajours au-def-
fbus des fenêtres du Rez-de-Chaufîee, afin d'éclairer les
fbûterrains du Château, lefquels ont été faits à defîèin de
rendre ce Rez-de-Chauflee plus fàin} Se qu'ayant un paf-
fàge fous la Terrafîê à main gauche, on puifïè, des Cuifines
Se Offices, apporter à couvert les mets qui doivent être
montez par le grand Efcalier pour arriver jufqu'à la Salle
à manger.
Le Veflibule qui a quarante-un pieds de longueur fur
trente-huit de largeur, fèrt d'Anti-chambre au grand Sal-
lon, Se de Periflille au grand efcalier. On peut en voiries
décorations dans les coupes, Planches fèptiéme Se huitiè-
me ; n'étant point borné du côté de l'Efcalier, il en de-
vient plus fpacieuxj Se fèrt à donner une grande idée de
la magnificence des Appartenons.
Du côté de l'entrée , cette pièce efl décorée de trois
Arcades r faifànt fymétrie avec celles qui fervent d'ou-
verture au grand Sallon. Les Trumeaux de ces Arcades
font ornez de Pilaflres doriques, dont ceux âes angles
font ceintrez. Cet ordre d'Architecture efl couronné
d'une Corniche compofee Se enrichie deconfbles qui mar-
quent le milieu de chaque Pilaflre.
M'étant trouvé reflêrré par le peu de terrain que me
laifîbit la Cage de ce Bâtiment, j'ai fermé de trois Arcades
ce Veflibule, afin qu'on puiflè dans le mauvais tems em-
pêcher que le froid ne pénètre jufqu'aux Appartenons
qui en font voifîns. Sans cette précaution , j'aurois pu n'y
-ocr page 49-
24 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
laifîèr que des colonnes, ainfl qu'on le pratique à prefque
tous les Edifices modernes, où Ton veut que du premier
coup d'oeil on puifle en appercevoir toute la décoration.
Il eft encore d'ulage dans les Maifbns Royales & ex-
pofées au Public, de fermer de grilles de fer leurs Vefti-
bules, afin d'en donner la vue lorfqu'on nm permet pas
l'entrée.
De ce Veftibule , où ordinairement les Domeftiques
Etrangers attendent leurs Maîtres , on entre dans une
Pièce à main droite, qui peut fèrvir de féconde Anti-
chambre , le Veftibule tenant lieu d'une première. C'eft
de-là que les Domeftiques de la maifon ont coutume d'al-
ler annoncer à leur Maître les vifites qui lui viennent.
Cette Pièce a vue fur la grande Cour par deux croifées :
elle eft décorée d'un lambris qui monte jufqu'au dellbus
de la Corniche, Se d'une Cheminée d'une Architecture
mâle, ne devant point y avoir d'ornemens délicats dans
les premières pièces, mais feulement un revetiflèment de
Menuifèrie Se à grands Panneaux peu chargés de Sculp-
ture.
Cette Pièce donne entrée dans deux autres, Se fur-tout
dans une Salle d'Aflemblée, où peuvent être reçues les
perfonnes qui font plus diftinguées.
Comme cette Pièce fè trouve placée entre le grand
Sallon Se la Chambre de Parade, qui font deux Pièces ri-
chement ornées, elle demande auffi de l'être avec plus de
magnificence que celle qui la précède ; ainfl l'on doit met-
tre des Glaces à la Cheminée & aux Trumeaux des croi-
fées ; on doit y pofer fur un lambris d'appui de belles Ta-
pifîèries, dont l'ufage eft réfervé pour ces fortes de Piè-
ces i les revêtiflemens de Menuifèrie étant devenus plus à
la mode pour les autres.
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Chap. II. des Distributions -du Rez~de-Chausse'e. 25
On met dans les defïùs de Porte des Tableaux qui peu-
vent avoir quelque rapport avec les inclinations ou les
emplois du Maître, Se Ton peut placer entre les Trumeaux
des Fenêtres, des Tables de marbre avec des pieds dorez.
Il eft bon d'obfèrver qu'en y mettant ces Tables ou des
Vafès , des Piéd-ouches Se autres ornemens, on doit
tenir les doiîèrets des Portes du côté des croifees au moins
de trois pieds, afin que le promenant dans les Apparte-
nons } la faillie que ces ornemens auroient 5 n'interrompe
point le coup-d'ceil. Si la diftribution empêche de faire de
pareilles dofïèrets, il ne faut alors rien mettre au-devant
de ces Trumeaux qui avance.
La pièce dont nous venons de parler, nous mené à
main droite dans une Chambre de parade. On lui donne
ce nom, parce qu'elle doit être très-décorée, Se que c'eft
celle qui fè donneroit par difrinction à un grand Seigneur
qui viendroit rélider pour quelque tems dans ce Château :
elle eft encore aïnfi appeilée à caufe que le Maître du lieu
n'y couche que rarement, fùr-tout en hyver, le retirant
dans de petits Appartemens qui accompagnent d'ordi-
naire les grandes Pièces> qui dans cette froide Saifon font
difficiles à échauffer. Cette même raifon le détermine,
quand l'étendue du terrain ne permet pas de mettre ces
petites Chambres à coucher de plein-pied aux grands Ap-
partemens 5 à fe retirer dans des Entre-ibis que Ton prati-
que au-defîùs des plus petites pièces voifines des grandes,
Se
qui en font la commodité. Beaucoup de Seigneurs en
France fùivent cet ufàge*
J'ai pratiqué du côté de la grande Cour une petite
chambre en niche, qui a Ton iflùë dans la chambre de pa-
rade par une porte qui fe trouve placée dans l'angle de
1 Alcôve. Si cependant on aimoit mieux coucher dans les
T. I. Part, L
D
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20 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES }
Entre-fols} où Ton monte par l'efcalier A, Se qui ont leur
dégagement par un pafîàge marqué * qui donne dans la fé-
conde Anti-chambre, on feroit de cette chambre en niche
un Cabinet pour donner quelque audience particulière à
ceux qui auroient befoin d'être renvoyez fur le champ.
Comme cette pièce répond à la féconde Anti-chambre,
rAiîèmblée ne feroit pas témoin de la préférence qu'ils
auroient eue.
Quant à la décoration de la chambre de parade, elle
dépend du génie de celui qui eft chargé de fbn ordon-
nance ; mais il eft cependant une forte de décoration con-
facrée à ces fortes de pièces : il en efl parlé dans le fécond
Volume, Se les Planches 82 Se 83 en offriront des Exem-
ples.
On doit paiîèr fur la Menuifèrie dont on décore cqs
fortes de pièces un vernis tranfparent qui donne un lui-
fànt au bois, fans en altérer la couleur. J'eftime que cette
manière efl; beaucoup plus belle que toutes les couleurs
dont on le pourroit peindre ; mais aulîi faut-il que le lam-
bris fbit d'un beau bois de Hollande , tous les autres étant
fùjets à noircir ; c'eft ce qui oblige, lorfqu'on n'a pas de ce
bois à fa difpofition , de fè fèrvir d'une couleur en huile
qui imite le naturel. Quelques perfonnes ont introduit
l'ufage de les peindre en jonquille ou citron>, Se en d'au-
tres couleurs } mais ce n'en1 que dans les petites pièces que
cette licence peut être miie en ufàge ; car quant aux gran-
des pièces., fur-tout celles où l'on couche, la raifbn veut
qu'elles fbîent miles en couleur de bois, parce qu'elles
doivent être lambriflees de Menuifèrie, au lieu que fi leurs
lambris font peints de blanc /cette couleur n'offre à l'i-
dée que du Marbre Se de la Pierre, qui ne conviennent
pas à des chambres deftinées au fbmmeil. Il faut donc pein-
-ocr page 52-
Chap. IL des Distributions duRez-de-Chausse'e. 27
dre les lambris de la couleur convenable à la matière dont
les murs doivent être revêtus, Se à l'ufàge de chaque piè-
ce ; Se on ne doit pas, félon moi, s'écarter de cette règle,
fi ce n'eft dans les petits Cabinets Se les Gardes-Robes où
Ton cherche de la variété.
La cheminée de la Chambre de parade, en entrant par
la Salle d'Afïèmblée, le trouve fituée du côté oppofé à la
porte, fans que cependant elle fbit vis-à-vis, ni expofée
à fair froid qui en pourroit provenir directement. Si cette
cheminée étoit auffi du même côté de cette porte qui s'ou-
vre fréquemment, ceux qui fèroîent à s'y chauffer pour-
raient en être incommodez, ce qu'on doit avoir foin d'é-
viter.
Dans une Chambre ornée on doit être jaloux d'obier-
ver la fymétrie : pour cela on place un Trumeau vis-à-vis la
cheminée, Se à la place du chambranle on met une table
de marbre. Ce Trumeau étant orné de la même décora-
tion que celui de la Cheminée, fait d'autant mieux que
les deux glaces font entre-elles une mutuelle réflexion, Se
fè renvoyent réciproquement les objets Se la lumière ; ce
qui prolonge la vue Se produit un très-agréable effet, fur-
tout lorfqu'elles font éclairées pendant la nuit.
D erriere cette Chambre de parade eft pratiquée une
Garde-Robe B, qui reçoit du jour par les defîùs de porte
des lieux à foupape C, où au lieu de Tableaux on a mis
des Glaces, derrière lefquelles on peut placer des étoffes
de Gaze, afin que ces defîiis de porte paroiflènt moins
nuds en dedans de la pièce, Se làiflènt cependant palier le
jour, comme on le pratique à la plupart des maifons mo-
dernes de Paris, dont le terrain eft fouvent trop borné,
pour qu'on puilîê y conftruire des Gardes-Robes qui pren-
façades principales ; ce qui donne
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n
teae
28 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
lieu à les placer dans Tépairîèur des pièces quand les Bâti-
mens font doubles.
Dans cette Garde-Robe efr. une cheminée pour plus de
commodité, & pour qu'étant malade on puifîè avoir du
feu près defby, fans être obligé d'en faire allumer dans
fa chambre pendant les grandes chaleurs de l'Eté.
L'Efcalier A. pratiqué dans un des coins de cette Gar-
de-robe fert à monter aux Entre-fols qui régnent fur cette
même pièce y fur le Cabinet C, Se fur la chambre en ni-
che ? qui indépendamment de Tufàge qu'on en veut faire
Se que nous avons cy-devant expliqué , fervent encore à
corriger la hauteur du plancher qui deviendrait trop éle-
vé pour de petites pièces. Afin d'éviter cette difformité ,
on eftfbuvent obligé de faire de faux planchers quand on
n'a pas befoin de la commodité que pourroit fournir le ter-
rain qu'elles occupent au-defîus d'elles.
Quant à la. Chambre en niche, l'Alcove que j'y ai pra-
tiquée/ fait d'autant mieux , qu'elle, corrige la forme de
la pièce qui devenoit trop longue pour fà largeur. Le lit
eft vu de front : à chacun de fes cotez peut tenir un fau-
teuil , l'Alcove ayant dix à onze pieds de large. Si le ter-
rain étoit trop étroit pour qu'on ne pût en ufèr ainfi, il
faudrait alors retourner le lit de l'autre fens x. & ne don-
ner de largeur à l'Alcove que ce que le lit auroit de lon-
gueur , mefurant auffi fà profondeur fur la largeur du lit ;
ce qui la feroit alors appeller niche x Se la chambre en por-
terait auffi le nom. En ce dernier cas, on met pour la fy-
métrie un faux chevet au pied du lit, ce qui lui a fait don-
ner le nom de lit à deux chevets. Comme dans cette pièce
il me reftoit plus de place qu'il n'en falloir pour une Al-
côve, j'ai pratiqué à un de fës cotez un dégagement, Se
à l'autre une petite Garde-robe qui fèrvira pour une chmf'
fmm
-ocr page 54-
Chap. II. des Distributions du Rez-de-Chausse'e. 19
fè percée que Ton pourra faire fortir parle pafiàge qui don-
ne derrière, Se qui a ion dégagement par la féconde An-
ti-chambre. J'ai préféré ïAlcôve à la Niche pour plus. de
noblefiè. Ces pièces font ordinairement revêtues d'une
Menuiierie dont on dore toutes les moulures & les orne-
mens. Quelque fois on fè contente d'y paiîèr un Vernis >
afin de faire valoir les grands Appartenons,
A coté de cette Chambre à coucher, eft un petit Ca-
binet où font pratiquez des Lieux à fbupape, qui font
très-propres à être placez à côté des grands Appartenons >
parce qu'ils ne donnent jamais de mauvaifè odeiir. Les
cabinets où font ces lieux, s'appellent auffi cabinets à
fbupape. Ils fe décorent très-joliment, Se l'on a coutu-
me de renfermer le fiége dans une Banquette de Marquet-
terie ou de Menuiferie, laquelle fe met dans une niche
en forme dAlcôve , aux deux cotez de laquelle font de
petites portes , dont l'une fèrt de dégagement pour entrer
dans la Garde-robe qui eft derrière, & l'autre peut fervir
d'Armoire pour y ferrer des Eaux de fenteur.
Les lambris de ce Cabinet fè diftribuent par de grands
Panneaux féparez par de petits Pilaftres. Ces Panneaux
font ie plus fouvent ornez de peintures qui font préfèn-
tement fort en ufàge : ce petit cabinet eft voifin du Sallon
de la Gallerie dont il eft tems de parler.
                         j
Ce Sallon a fa principale entrée par la Galerie, Se deux
rorties., dont l'une donne dans le Jardin de l'Orangerie par
ie Perron M, & l'autre fur la Terraffe P. Sa forme eft a£
fez belle, quoiqu'elle foit irréguliere. Il eft principale-
ment deftiné à traiter des affaires les plus importantes ; ce
qui fait qu'il doit avoir toujours à côté de lui quelque
Garde-robe qui ferve à la commodité de ceux qui ont à
V refter beaucoup de tems, ^ qui, ^communication.
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30 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
avec les autres Appartemens, afin d'avoir les Domefti-
ques fous fà main. La plupart des Salions qui font aux
extrémitez des Galeries font tenus ouverts , Se fèmblent
ne faire qu'un tout avec elles : on en voit des exemples
dans la plupart des Maifons Royales ; mais n'ayant pas dans
ce plan-cy plus de pièces d'honneur qu'il n'en falloit
par rapport au Terrain qui m'étoit preforit, j'ai jugé à pro-
pos de fermer celui-cy pour en faire un lieu où l'on pour-
roit fe retirer quand on auroit befoin de conférer avec
quelqu'un, Se qu'on voudroit éviter la diftraétion que
pourroit caufer une nombreufè Allêmbiée. Cette Galerie
eft d'une grandeur proportionnée à celle du Château : elle
a de longueur vingt-quatre toifès fur quatre Se demie de
largeur : elle efl très-éçlairée, étant percée des deux co-
tez. J'ai arrondi les angles du côté du Salon , afin d'y pla-
cer des Piédeftaux avec des Figures. On en peut mettre
auffi devant le Trumeau des deux croifées qui font à l'au-
tre extrémité.
Il n'étoit point d'ufàge dans les anciens Edifices de met-
tre des cheminées dans les Galeries ni dans les grands Sa-
lons où elles aboutiiîent : c'eft apparemment parce qu'il
en faudroit plufieurs pour échauffa d'auffi grandes pièces :
je fèrois néanmoins d'avis d'y en mettre une, où l'on pût
fè chauffer en hyver, fur-tout quand les Galeries font fu-
jettes à être fréquentées. Quelque fois on les échauffe par
des poêles de feu, Se c'eft ce qu'on pratique dans la plu-
part des maifons des Grands-Seigneurs ; mais ces poêles ne
peuvent que produire beaucoup de mal-propreté. Pour
cette raifon, quelques-uns de nos Architectes modernes
ont introduit Tufage dés cheminées, qui bien qu'elles ne
fervent pas toujours^ ne peuvent que contribuer à la beau-
té de la décoration. Si l'on vouloït en pratiquer une dans
■HMi
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Chap. IL des Distributions du Rez-de~Chausse'e. 31
cette Galerie, ce devroit être entre les deux croifées du
côté du Jardin, vis-à-vis la porte du Salon /à la place du
pied-deftal^ où fans doute elle feroit un auffi beau point
de vue.
Après avoir donné f explicatiori qui étoit nécefïàire
pour les Appartemens qui font à la droite de ce Château,
je pafïe au grand Salon placé au milieu de cet Edifice 3 &
précédé du Veftibule dont nous avons parlé au commen-
cement de ce Chapitre.
Ce Salon embrafîè toute la hauteur de l'un Se f autre
Avant-Corps du milieu du Bâtiment : il n'a au premier
étage qu'un Promenoir pris fur la Saillie de l'entablement
du premier, ordre dArchiteéture que couronne un balcon
de fer : fà grande élévation lui a fait donner le nom de
Salon à l'Italienne, fà magnificence, fa fituation & le peu
d'étendue du terrain m'ont engagé à lui attribuer plu-
sieurs ufages : on peut y manger, quand il s'agit d'un re-
pas de coniequence> y donner Bal, y faire des Concerts,
& s'y venir délafîèr au retour de la Chaiîè,
Ses difïèrens ufàges m'ont porté à lui donner dans fà
décoration difïèrens attributs, qui lui conviennent d'au-
tant mieux, que dans une pièce aufïi fpacieufè , la fymé-
trie feroit devenue trop répétée. On trouvera cette déco-
ration à la planche fèptiéme & à la huitième.
Il eft diftribué de manière, que de quelque côté qu'on
fè tourne, étant au milieu de cette Pièce, la vue reçoit
une extrême fàtisfaétion. Par l'enfilade des portes qui s'al-
lignent avec celles des Appartemens -, on apperçoit toute
l'étendue de l'Edifice. Les deux extrémitez de cette enfi-
lade ont chacune une croifée^, dont l'une donne fur le
Jardin de l'Orangerie, & l'autre fur le Jardin Fleurifte.
L'enfilade dequerre à celle des Appartemens offre une vue
-ocr page 57-
l
32 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES j
auffi agréable qu'elle eft différente de l'autre : elle donne
d'un côté dans le Parc, où par les cinq Arcades qui y
donnent entrée aux Maîtres, on jouit d'une vue libre,
ayant tenu à découvert tout ce qui fe trouve dans les Jar-
dins vis-à-vis cet Edifice : l'autre côté donne fur le grand
chemin, Se préfènte un fort agréable Païfage.
Lepoint de vue diagonal n'eft pas moins fatisfaifant,
ayant mis les cheminées vis-à-vis les croifées qui fe trou-
vent dans les angles de ce Salon, Se qui viennent fe ré-
peter dans les glaces qui ornent les Cheminées. La fymé-
trie, aufïi-bien que la néceffité d'échauffer un lieu fi vaf-
te, m'en a fait mettre deux, quoique dans le grand froid
ces grandes Pièces foient peu fréquentées, Se qu'alors on
ait coutume de fe retirer dans des Appartemens plus
chauds.
A la calotte qui termine cette pièce, Se qui eft à la hau-
teur de i'attique élevé au-deiîùs des deux étages} font pra-
tiquées des croifées ornées de compartimens de Sculpture :
Les Trumeaux qui font au-defïus des Portes font enrichis
de Peintures qui repréfentent les amours de Jupiter ; des
Païlàges occupent les autres parties, qui fe font trouvées
trop petites pour contenir des Sujets d'Hiftoire. Dans le
Plafond de cette calotte font repréfentées les noces de
Thétis Se Pelée.
A la gauche de ce Salon eft une Sale à manger, dont la
forme eft parfaitement quarrée, Se dont les décorations
font très régulières ; ayant placé dans ces angles, avec
fymétrie, des portes feintes oppofées à célks qui font
l'enfilade des Appartemens, Se ayant mis vis-à-vis les croi-
fées deux portes, dont l'une fort fur l'efcalier, & l'autre
eft feinte Se fert à former une Armoire.
Je n'ai pas marqué dans cette Pièce la place du Buffet.
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ni
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1—■—mi
Chap. II. des Distributions du Rez-de-Chausse'e, 3 3
ni celle des Fontaines ; ces fortes de décorations n'étant
point d'ufage dans la Salle à manger d'un Bâtiment de
l'importance de celui-ci ; mais pouvant être employées feu-
lement dans les Maifons de Campagne des Particuliers,
où même on retranche le plus fou vent les Fontaines à
cauïe de l'humidité qu'elles donnent, Se qui met dans
une
lujettion plus grande que n'eft le plaifir qu elles peu-
vent faire > obligeant de paver ces fortes de pièces de Pier-
re de Liais ou de Marbre, Se de s'y parler du Parquet.
Quant à la Salle dont nous parlons, Se qui le trouve
dansf enfilade des Appartenons, il eft bon qu'elle ioit par-
quettée, Se que les murs en foient revêtus de Menuiierie
peinte en blanc Se ornée de Sculptures dorées ; cette ma-
nière de décorer ayant beaucoup d'éclat Se convenant à
une pièce où les Maîtres viennent ie rafîèmbler pour pren-
dre leurs repas. A l'égard du fèrvice que rendent les Buf-
fets dans les Salles des Bâtimens moins considérables} on
peut s'en dédommager dans celle-cy par des Armoires que
fournirent les portes feintes, Se dans lefquelles on fèn^e
les uftancilles néceiîàires.
                                      ^:
II faut que les Salles de cette eipece fbient bien éclai-
rées ; Se que les fenêtres d'où elles tirent du jour, puifîènt
offrir une vue amulante. Gelle-cy a fon point de vue fur
le Parc par trois croifées ouvertes du côté du Levant, de-
vant éviter autant qu'il eit poffible l'exposition du côté
duMidy.
Cette Pièce donne entrée dans un Cabinet où l'on fe
retire après le repas ,, pour donner la liberté aux Domefti-
ques de dellèrvir la Table,- C'eft-là qu'on fe détermine le
plus fouvent fur les occupations de l'après-midi Se fur ce
qu on fera après le fouper. Les angles circulaires dont cette
pièce eft formée , deviennent avantageux, parce que l'un
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34 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
fournît un paflàge pour la Salle à manger, Se l'autre don-
ne entrée dans la petite Chambre en niche par la Salle de
Compagnie. Ce dernier dégagement G eft d'autant plus u-
I tîle qu'il n y a point d'anti-chambre ni de garde-robe où Ton
5 puifTe fe foulager des nécefhtez que le repas peut avoir fait
naître .,. Se qu'il eft principalement deftiné à cette com-
- modité»
La décoration de ce Cabinet rre doit céder en rien à
celle de la Salle qui le précède. La cheminée y eft: placée
de la même façon Se en face de la principale entrée : vis-à-
vis eft un Trumeau de même rymétrie : en face des trois
croifées, entre les deux angles ceintrez > eft un enfonce-
ment décoré d'une glace, Se ayant au-defîbus la place
d'unSopha. Si je n'avois pas été contraint de faire cette
"pièce à angles circulaires, à caufe du dégagement G, f au-
rais préféré de la faire à angles droits , les pièces de forme
| irréguliëre ayant le defàgrément de lailfèr peu de place
pour les meubles.
Après qu'on a pris fbn parti\ ce qui reftè de FAflèm-
\ bléé fe. retire dans la pièce fùivante pour y paiîèr la fin de
• la journée ; ce qui fait nommer cette pièce Cabinet de
^Compagnie. Cette pièce eft très-bien éclairée, Se tire fbn
fjour du Jardin Fleurifte „ n'ayant qu'une croifée du côté
' oppofev
J'ai interrompu f enfilade du milieu de cette aîlë par la
| cheminée qui échauffe cette pièce, pour ménager de la fbli-
: tudè dans les trois autres qui font derrière. La forme de
cette: Salle eft oblongue, fa longueur étant une fois Se
demie plus étendue que fa largeur : on en peut orner les
Trumeaux dé glaces, qui répéteront la lumière des luftres
qu'on y doit mettre, fa forme donnant lieu d'y en placer
avec fuccès. Une petite porte prife dans l'épaifîèur dulam-
-ocr page 60-
mSÊSKBim
Chap. II. des Distributions du Rez-de-Chausse'e 3 y
bris donne entrée dans le petit dégagement B> fans qu'on
foit obligé de troubler les perfbnnes qui auroient pu fe re-
tirer dans le Cabinet Se dans la Chambre en niche, ce dé-
gagement pouvant fèrvir de pafîàge à la pièce H-, d'où l'on
peut fè faire apporter des rafraîchifîèmens, Se de laquelle
nous parlerons, auffi-bien que de la Chambre en niche O
Se de F Anti-chambre X > après avoir décrit l'ufàge des trois
pièces qui compofènt cette aile gauche.
Dans le nombre des perfbnnes dont une Compagnie eft
compofee} il s'en trouva qui aiment la fblitude Se fè plai-
fènt à fè fetirer dans des endroits particuliers ; c'eft pour
elles que j'ai refèrvé le Cabinet K, Se je l'ai deftiné à en
faire un lieu où l'on puifîè jouir de l'agrément de la lectu-
re , ayant pratique dans les lambris dont on Ta ornée une
armoire propre à contenir des Livres. Ce Cabinet eft bien
éclairé ; il a quatre croifees> dont deux donnent fur le Jar-
din Fleurifte, Se les deux autres du côté des Terrafïès. L'une
de ces deux dernières forme une porte croifée, par laquelle
on pane fur la Terraflè pour fè rendre dans le Jardin, fans
qu'il faille pour cela traverfèr le Cabinet de Compagnie, Se
troubler lés amufèmens de ceux qui y font reftez.
Ce Cabinet K doit être décoré d'une belle Menuifèrie
ornée de Sculpture , fur laquelle on parlera un vernis fans
dorure, afin de donner à cette pièce un air de fagefîè Se
de fimplicité.
De cette pièce , on entre dans une autre nommée le
Salon de la Chapelle, parce que la Compagnie vient s'y
rendre pour entendre la mené. J'y ai placé une cheminée
afin qu'on puifîè en hyver y avoir recours contre le froid.
J'ai percé de trois Arcades la face oppofée à la cheminée,
pour que du Salon il foit facile de voir l'Aumônier à f Au-
tel. Il eft de la bienféance de fermer ces Arcades après la
£ij
-ocr page 61-
célébration : le refpect qui eft dû aux lieux confacrez à la
Religion y doit auffi engager à ne jamais renfermer les Cha-
pelles dans des Armoires placées dans des Anti-Chambres
que fréquentent les gens de livrée.
La décoration de ce Salon doit être mâle Se fe fentir de
la pieté qu'exige le lieu qu'il précède ; par conféquent il
n'y faut mettre d'ornemens que ce qu'il en faut pour dé-
figner fon ufage. Les lambris peuvent être de pierre de
Liais ornez de quelques bronzes : on les peut auffi faire de
Menuiferie ) à laquelle on donnera la couleur de ces ma-
tières. Les peintures feroientfort bien fur les panneaux qui
forment les lambris, Se donneroient beaucoup d'agrément
au plafond.
Quant à la Chapelle , elle eft d'une grandeur raifonna-
ble pour le Château , Se fe trouve encore agrandie au
rez-de-chauffée par le Salon dont nous venons de parler ,
Se par une Tribune pratiquée au-defîùs, ainfi qu'on le peut
voir aux Diftributions du premier étage. J'ai ifolé le cof-
fre de l'Autel à environ cinq pieds du mur qui termine
cette aîle, à deffein de ménager une retraite pour l'Au-
mônier.
Je ne dis rien ici de l'ordonnance générale de la Cha-
pelle , réfervant à en parler dans le fécond Volume,
j'en donne la décoration à la Planche 87.
Pour revenir à la Chambre en niche O* qui fe trouve
placée au bout de la Salle de Compagnie 5 elle eft décorée
d'un lit à deux chevets qu'on a placé en face des deux croi-
{eQs qui éclairent cette pièce : aux deux cotez font deux
portes l dont l'une donne dans le dégagement G, l'autre
dans une Garde-Robe où font deslieux àfoupape, laquelle
* On trouvera la Décoration de cette Chambre en Niche, du côté du lit,
dan$î&féconde Partie du fécond Volume, à la Planche 84.
-ocr page 62-
Chap.II. des Distributions duRez-de-Chausse'e. 37
a fon dégagement en équerre dans l'épaifîèur des deux
murs qui font la largeur de l'efcalier N.
Au bout de cette Chambre O efl i'anti-chambreX, qui
fert de Salle à manger pour les Officiers de la Maifbn. Elle
efl: éclairée par trois portes croifées qui donnent fur la Ter-
rafle qui conduit aux Cuifines. Celles des deux angles font
ceintrées dans leur plan à caufe de la forme extérieure ; ce
qui m'a fait auffi ceintrer les deux autres angles oppoiez,
dans l'un defquels j'ai placé un efcalier de dégagement qui
monte au premier étage, Se qui ne lailîè pas d'être d'une
belle grandeur, ayant fix pieds de longueur de marches fur
cinq pouces Se demi de hauteur, ce qui le rend pratiquable
pour les Maîtres qui occuperont le côté gauche du Château
au premier étage. Le mur circulaire qui forme cette Anti-
chambre fèrvira de noyau pour porter les marches d'un cô-
, Se de l'autre elles feront fbutenues par le gros mur qui
forme la Chambre en niche. Les marches en feront de dalles
de pierre quarderonnées Se pofées fur de la charpente, tant
pour plus de propreté , que pour rendre plus fourd dans
la Chambre en niche le bruit que feraient ceux qui mon-
teraient ou defeendroient, fi ce degré étoit tout de char-
pente. Ces deux murs qui ferviront d'appui à ce degré,
Se qui font fi près l'un de l'autre, empêcheront auffi que
le bruit des perfonnes qui feront pendant le jour dans cette
Anti-chambre, ne pénètre trop dans les Appartëmens. J'ai
placé la cheminée dans l'angle à droite , à caufe du gros
mur contre lequel elle fera adoffée. On doit remarquer que
ces premières pièces font mieux échauffées par (Iqs Poêles
de terre qui font à préfent en ufage ; Se alors ks chemi-
nées ne fervent qu'à la décoration Se à en recevoir le
tuyau.
La décoration de cette pièce doit être fort fimple : un
-ocr page 63-
38 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
lambris de pierre de Liais ; ou de bois de chefhe imprimé de
quelques couches en huile, doit en faire tout l'ornement. Il
peut être de la hauteur de la pièce ; il peut auffi n'être qu'à
hauteur d'appui avec quelque étoffe de réliftance au-delîùs:
cela dépend des meubles que l'on veut faire fervir. On
en doit paver Je plancher de pierre de Liais, ainfî que celui
de la pièce H, où celle-ci donne entrée.
Nous avons dit pluiieurs fois que cette pièce H étoit
deftinée à difîèrens ufàges. En effet, elle fèrt à recevoir
les mets qui font apportez de la Cuifine ou par f Anti-
Chambre X en Eté, ou en Hyver par deflôus le grand ef-
calier qui delcend aux Souterrains, afin que ces mets avant
que d'être fèrvis fur la table, puiflènt s'il en eft befbin, y
être mis fur des fourneaux pratiquez fous une hotte fèm-
blable à celles Aqs cheminées de Cuifine, par lefquelles
s'évapore l'odeur du Charbon qui fe pourroit communi-
quer aux Appartenons. C'eft dans cette pièce que font
les Fontaines pour rincer les verres. On y a auffi pratiqué
des Armoires pour y tenir des rafraichifîèmens. Enfin elle
doit fèrvir de dégagement & de paffige tant à la Salle à
manger qu'à la Chambre en niche, & elle donne entrée
de la pièce où mangent les Officiers au grand Efcalier.
Ce grand Efcalier, comme nous l'avons dit au com-
mencement de ce premier Chapitre, eft précédé du Ves-
tibule , qui étant de rez-de-chauïîee avec fon grand Pal-
lier , ne fèmble faire qu'un avec lui, Se en devient beau-
coup plus fpacieux. C'eft fur ce Pallier que fè trouve la
principale porte de la Salle à manger, A côté de cette
porte en eft une autre qui conduit à un Efcalier, lequel
fert à monter au comble, ainfi que celui qui eft placé de
l'autre côté du Salon.
Ces Efcaliers particuliers font d'autant plus nécefiàires
mm
«MB
-ocr page 64-
Chap. IL des Distributions du Rez-de-Chausseje. 39
qu'ils donnent la commodité de transporter des fardeaux
au premier étage, Se jufqu'au comble ; ce qui confèrve la
propreté du grand Eïcalier, Se empêche qu'il ne fbit fré-
quenté par les Domeftiques Se les autres gens du commun.
J'ai donné fèpe pieds de longueur Se cinq pouces Se
demi de hauteur aux marches du grand Efcalier : elles ont
de largeur quinze pouces, compris le quart de rond, ce
qui forme une rampe douce Se ailée, ne devant avoir ni
moins de hauteur, ni plus de largeur. Les marches ne doi-
vent pas non plus avoir plus de lix pouces de haut, ni
moins d'un pied de giron, fans quoi le degré deviendroit
difficile. J'ai mis des Palliers aux quartiers tournans, tant
pour donner du repos à ceux qui montent ou qui defeen-
dent, que pour éviter que le colet des marches ne devint
trop étroit en n'y pratiquant pas de Pallier.
Je luis du ientiment de Palladio, qui eft de donner à la
longueur des rampes des Efcaliers deux fois leur hauteur ;
mais quand on eft borné par le terrain, il iuffit que con-
formément à l'étendue du Bâtiment, ils ne foient pas
trop reflèrrez ni trop roides.
La conftruction des Efcaliers fè fait de pierre ou de bols.
Cette dernière ne fè pratique que pour ceux qui font des-
tinez à monter aux Entre-Sols , aux Manfardes , aux
Galetas & autres lieux de la Maifon de peu de confequen-
ce ; à l'égard de la conftruction des Efcaliers de pierre,
elle eft eompofee diversement. Quelques-uns font foute-
nus par des vouflùres droites, d'autres par des vouflùres
rampantes. Les grands Palliers font auffi foutenus par des
vouflùres en platte-bandes par le devant avec des trompes,
ou par des vouflùres en cul de four ; quelques-fois auffi
l'on fait de grands Palliers de charpente, ainfi que leur
plancher, Se pour lors on appuyé les arcs-boutans des ranv
'i
?
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4P De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
----------------"■-------m i.....i -----------------1-------------.————_——---------------—,----------1------------       t , ",           „i'Y , t |H.-.          -------- i ' —— ,                    _ __            ||IM
pes contre les marches des Pailiers, comme je l'ai pratiqué
à cet Efcalier, Se dont on peut voir la décoration dans les
Planches 88 Se 89 du fécond Volume.
On confirait quelquefois, quand la Pierre n'efl pas com-
mune , des Efcaliers de charpente bien corroyée, dont on
revêtit les marches de dalles de pierre portant leur moulure,
Se l'on fait peindre la charpenterie de couleur de pierre
pour l'uniformité , ce qui épargne beaucoup de dépenfe.
Quant à la décoration des Efcaliers, on doit obferver
de les rendre clairs, Se faire enforte que la lumière fè ré-
pande également par tout ; ce qui eft d'autant plus aifé
dans les grands Efcaliers, qu'on en rend les vuides fpacieux
Se capables de laifîèr voir d'un fèui coup d'œil toutes les
rampes auffi-bien que le plafond. On y doit garder beau-
coup defymétrië 6c de noblefïè dans les décorations. Com-
me je donne le defîèin de ce grand Efcalier dans le fécond
Volume, je me réfèrve à parler en ce lieu d&s décorations
générales de ces fortes de pièces, en décrivant en particu-
lier les proportions de celle-ci.
De la Difiribution des Tic'ces du Premier Etage.
La rampe de"fEfcalier dont nous venons de parler,
vient fè terminer fur la marche de Pallier, Se le Pallier de-
vient afîez grand pour fervir de Veftibule aux Anti-cham-
bres dans lesquelles il donne entrée. Etant appuyé fur le
Balcon pofé fur la tablette du Pallier, on découvre jufqu'à
la première marche du rez-de-chauffée, pendant que ceux
qui montent ont aufîl l'agrément de voir tout le plafond à
découvert, n'ayant au^-defîùs de leur tête ni Pallier ni.
Rampant qui borne leur vue ; ce qui doit être obfèrvé fur-
tout aux grands Efcaliers. Quant à ceux de moindre con-
fequence , on doit toujours tâcher d'en faire les échappées
d'une
-ocr page 66-
Chap; IL des .Distributions du Rez-de-Chausse'e. 41
d'une hauteur raifonnable, afin qu'il ne paroifîè pas que
les Rampans fbient trop écraiez.
Il faut que les marches fbient pofées de niveau, Se que
dans les quartiers tournans étant ceintrées ou diagonales,
elles ayent toujours dans le milieu de leur longueur la lar-
geur des marches droites ; il faut aufîî donner à leur colet
au moins dix à onze pouces, afin que Iqs perfbnnes foi-
blés ou fatiguées puifîent monter ou defeendre par cet en-
droit des marches] pour ie fbutenk fur la rampe.
Enfin on ne doit rien épargner pour procurer à une
grande Maifon un Efcalier commode ; mais il eft de l'in-
duftrie de l'Architecte de ménager fî bien ion terrain, qu'il
n'occupe pas trop de place, Se qu'à proportion de l'éten-
due du Bâtiment , il ait toute la grâce Se toute la commo-
dité nécefîaire.
.""'5
Vitruve veut que les marches ibient en nombre impair,
afin qu'ayant commencé à monter du pied droit, on firâfïe
auffi par le même pied en fe trouvant iùr le Pallier. J'efti-
me ce précepte , mais quelquefois il vaut mieux fbrtir'de
cette règle que de faire les marches trop larges ou trop
étroites, par rapport à l'étendue que donne la longueur
du noyau.
Palladio preferit aufîî de pratiquer dans les grands Efca-
liert un repos de dix en dix > ou de douze en douze mar-
ges. Cette règle me parôît encore bonne à fùivre ; mais
on peut en fortir fans bleflèr le bon goût, lorfque pour
l'obfèrver ; ii faudroit faire des Palliers fi
fréquens qu'ils
occuperoient la moitié du Terrain.
^ Le fentiment de plufieurs Archîtedes eft de placer ïes.
Efcaliers à la droite de l'entrée du Bâtiment : il eft vrai que,
la nature femble nous inviter à chercher ce dont nous
avons befoin, plutôt à la droite qu'à la gauche ; mais il eft
T. I. Part, h
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42 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
des cas où Ton h'eft pas obligé de lui obéir. Par exemple,
fi dans ce Plan j'eufîè placé cet Efcalier à droite au rez-
de-chaufïee, il auroit occupé un Terrain qui étoit néce£
faire aux Appartemens de parade que j'ai voulu mettre de
ce même côté du Bâtiment, afin qu'on pût y jouir de la
vûë du Jardin de l'Orangerie. Si je me fuflè rendu efclave
de cette règle, il auroit fallu qu'une partie des pièces de
moindre confèquence eut pris la place qui étoit deftinée
aux Appartemens d'honneur : ainfl il faut, fùivant l'occa-
fîon, s'appliquer plutôt à ce qui convient à la difpofîtion
générale d'un Bâtiment, qu'à fuivre fcrupuleufement cer-
tains préceptes dont on peut s'écarter quand on a dts rai-
fbns efîèntielles pour le faire.
Nous avons dit que le Pallier du grand Efcalier donnoit
entrée dans deux Anti-chambres, dont une eft éclairée
du côté de l'entrée, Se précède le grand Salon à l'Italien-
ne , qui comme on l'a dit, monte de fond. Cette Anti-
chambre fèrvant de dégagement à tous les Appartemens
qui compofent le côté droit de ce Bâtiment, doit être fort
fimple dans fà décoration, auffi n'y ai-je obfèrvé qu'une
parfaite fymétrie.
Toute la hauteur de cette pièce eft revêtue d'un lam-
bris de Menuifèrie peinte en blanc : la cheminée qui fe
trouve placée entre-deux portes, eft décorée d'une Archi-
tecture très-fimple, Se n'eft ornée que d'un grand Ta-
bleau pofé fur un Attique. On peut en voir la décoration
à la cinquante-huitième Planche de la féconde Partie du
fécond Volume.
                ; ?# :
De cette Pièce on paflè dans une féconde Anti-cham-
bre, qui peut être plus décorée à proportion qu'elle ap-
proche des, Appartemens de Maître. Quoique cette pièce
fèrve d'Anti-chambre à la Chambre à coucher H, elle eft
-ocr page 68-
Châp. IL des Distributions duRez-de-Chausse'e. 43
commune à la pièce B > Se reçoit le dégagement des Gar-
des-Robes L} Se des Entre-Sols qui font pratiquez au-
deiîïis d elle par le jpaflâge Y ., qui peut encore avoir une
autre fortie par le petit Efcalier O , fans qu'on foit obligé
de paflèr par la première Anti-chambre.
La Chambre à coucher H eft d'une forme aiïêz irré-
guliere, Se comme on n'a pu y placer le Lit que d'une
manière à être vu de côté lorfqu'on entre, le premier coup
d'oeil ne lui eft pas aïiffi avantageux que fi ce Lit avoit en
entrant été vu de front ; mais on n'eft pas maître de don-
ner aux pièces du premier étage toutes les formes qu'on
défireroit > leur fituation étant aflûjettie à celle des pièces
du rez-de-chauftee, qui fouvent font deflinées à d'autres
ufàges. Dans les angles circulaires de cette pièce font pla-
cées deux portes, dont l'une eft feinte > Se l'autre fort de
pafîàge pour aller aux Gardes-Robes h, Se pour monter
aux Entre-Sols par l'Efoalier P qui monte de fond pour
faciliter le fèrvice des Domeftiques.
Dans les Chambres à coucher qui ont plus de largeur
que de profondeur, il faut éviter de renfermer les Lits
dans des Baluftrades : cela ne fort qu'à rendre la forme de
la pièce bien moins agréable. Il faut réferver ces fortes de
décorations pour les Chambres qui font plus longues que
larges ; mon avis eft que depuis la Baluftrade juiqu'au mur
de face > on obfèrve de rendre la pièce quarrée, Se de faire
enforte que la profondeur de l'Alcôve foit égale à la moi-
tié de ce quarré, fans quoi il faut toujours ifoler les Lits,
pour jouir de toute la profondeur de la Chambre Se noies
renfermer jamais dans des Alcôves, Niches ou Baluftra-
des.
Cette Chambre à coucher H donne entrée dans un
grand Cabinet ou Salon Q, qui eft de la même grandeur
1
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-ocr page 69-
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1P—MliUPiiTl
44 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
Se de la même forme que celui du rez-de~chauflee. Sa dé-
coration dépend de la deftination , Se elle ne doit être
eompofée que des attributs qui conviennent à celle-ci.
. La cheminée eft placée dans un des angles ceintrez qui
font oppofez aux croilees: On la pourroit mettre à la pla-
ce, de là croifée qui donne fur le Jardin de l'Orangerie.
Dans cette îltuatîon, elle échauffèroit mieux cette pièce ;
Se alors on décoreroit les angles circulaires avec des Arca-
des feintes qui fèroient en lymétrie avec les croilees qui
donnent du côté de l'entrée. La Porte par laquelle on paf-
fe dans le Cabinet de Toilette ne s'ouvre que par un ven-
tâil, ne devant avoir qu'une ouverture proportionnée à la
petite pièce où elle donne. Pour que Ton fàtisfafiê à la fy~
métrie, il faut feindre dans le Salon un autre ventail s ce
qui en fera paroître toutes les portes d'une même gran-
deur. Si cependant on vouloit profiter du coup d'œil de
toutes les portes qui enfilent le milieu des Appartemens
que contient l'aîle droite de ce Château, on ouvriroit les
deux ventaux , Se l'on perceroit alors la cloifon qui fepare
les deux Gardes-Robes L ; ce qui m'a empêché de le faire
dans ce Plan, c'en1 qu'il vaut mieux interrompre les enfi-
lades Se fe parler de l'agrément qu'elles procurent, que
d'y voir une inégalité caufée par de petites pièces dont le
Plancher fè trouve moins élevé que celui des grandes. Ces
enfilades ne doivent être approuvées que quand elles font
formées par de grands Appartemens, qui fe fùccedans les
uns aux autres> laiflênt paroître une hauteur uniforme;
telle eft celle qui traverfè le grand Salon à l'Italienne qui
occupe le milieu de ce Bâtiment.
Les Gardes-Robes L qui font placées devant le Salon,
font deftinées pour l'Appartement qui donne du côté de
l'entrée ? Se celui qui donne fm le Jardin, & les" Entre-:
m
■'•:::
-ocr page 70-
Chap. IL des Distributions r>v Rez-pe-Chausse'e. 45"
Sols pratiquez au-denus de ces Gardes-robes ferviront à
loger les Domeftiques. Afin qu'ils foient à portée de leur
devoir, ils auront leur entrée Se leur fortie par le pafîage
Y qui fort dans la deuxième Anti-chambre > ou par l'Ef-
calier P, qui a relation avec les Entre-Sols qui font pra-
tiquez au-deflùs des Gardes-Robes des Appartemens de
parade au rez-de-chauflee*
Quant à la décoration de ces Gardes-robes, on en lam-
brifïe de Menuifèrie toute la hauteur, Se on les orne de
Peintures , comme il s'en voit dans une infinité de belles
Maifons à Paris & à la Campagne.
Nous avons dit que la féconde Anti-chambre qui don-
ne entrée dans la Chambre à coucher H étoit commune à
la pièce B, laquelle peut fèrvir de Salle d'Afïemblée Se
être décorée dans le même goût que celle du rez-de-
chauflee fur laquelle elle eft élevée,
La Chambre à coucher X qui luit cette Salle d'Âflem-
blée y eft moins profonde que celle du rez-de-chaulfëe > à]
caufè du pafîage Y que j'ai pratiqué derrière ; ce qui m'a
contraint de faire porter la cloifon fur une forte pièce de
bois pofée fur une chaîne de pierres fondée de fond dans
les deux murs de refend. Ce retranchement de profondeur
m'a aufli obligé d'ifoler le lit, afin de profiter de toute fé-
tenduë de cette Chambre, dont la- décoration doit être
traitée avec quelque magnificence.
Une petite Porte placée à main-droite communique
aux Gardes-robes L par le petit pafîage ovale, ainfi qu'à
la Chambre à coucher H, fans que l'on foit obligé dé fe
fervir de fes principales entrées, -'/uf- "H
                    - -
Le grand Cabinet A eft un Heu ou fe retire le Maître
quand il eft levé pour y attendre ks viiîtes. Ce Cabinet
eft d'une belle forme Se trèfrèien fitué : j'en ai fait la diftrï-
MHH
Fiij
*
-ocr page 71-
46 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
bution, ainfî que celle de la Bibliothèque qui le fuit, avec
des cloifbns pratiquées fur la Gallerie qui efl defîbus ; Se
comme ces cloifbns font en l'air, Se par confequent doi-
vent être très-legeres, n'ayant rien à fbutenir , je n'ai pas
adolîe de cheminées contre-elles * Se j'en ai placé une
dans la baye d'une des croifees du mur de face qui donne
fur le Jardin de l'Orangerie, dont on dévoyera le tuyau
dans l'épaifîèur d'un des Trumeaux qui font à coté d'elle.
On peut conferver une parfaite fymétrie dans cette
pièce, en renfermant f&s croifees, les portes Se fà chemi-
née dans d^s Arcades qui feront de même forme, hauteur
Se largeur.
La pièce qui fuit efl un Cabinet dont on peut faire une
Bibliothèque : on y peut aufîî placer un Bureau pour écrire,
Se le Maître peut y traiter d'affaires particulières.
De là il peut parler dans le Salon N, qui par fbn expo-
fltion invite à s'y venir délaflèr, fe trouvant placé à la tê-
te de l'aîle droite du Bâtiment, d'où Ton peut fans perdre
la douceur de la fblitude 5 jouir de l'agrément qu'offre la
vue du Jardin. Le Plan de ce Salon efl: quarré.» Se le pla-
fond efl terminé en calotte circulaire portée par des cour-
bes en anfès de pannier, qui prennent leur naifîânce fur la
corniche qui couronne le lambris dont cette pièce efl or-
née. La cheminée efl fltuée dans le Trumeau des deux croi-
fees qui donnent fur le Jardin ; ayant préféré de la placer
dans cet endroit, plutôt que de la mettre dans un des flancs
de cette pièce, à caufè qu'il auroit fallu que j'eufîe fùppri-
mé une des croifees d^s cotez, ce qui auroit diminué la
diverfké du fpeélacle que j'ai voulu conferver à une fitua-
tion aufli avantageufè*
          b :> \                   -
Comme le Salon N termine l'aîle droite de ce Bâti-
ment, il faut pour revenir à la defeription des Apparte-
ïS
■■ '______—
-ocr page 72-
Chap. IL des Distributions du Rez-de~Chausse'e. 47
mens fituez au côté gauche > reparler par ceux dont nous
venons déparier ; & étant arrivés à la Salle d'AnembléeB,
entrer dans le grand Salon à l'Italienne par la communica-
tion que donne le Promenoir qui règne fur la faillie de
l'entablement du premier ordre d'Architecture, lequel fè
trouve de plein-pied à tout le premier étage. Sa largeur efl:
de trois pieds, ce qui fournit un paflàge fùfHfant aux per-
sonnes qui voudroient aller des Appartemens de la droite
à ceux de la gauche. On peut auffi de cet endroit contem-
pler la décoration dont le grand Salon efl compofé, &les
peintures qui s'apperçoivent mieux de cette hauteur. Il
peut fèrvir aufïi à placer de la fymphonie dans une grande
îete, fans que le rez-de-chauffée en fbit embarralîe.
Pour venir à 1'Anti-chambre M, elle a fa principale en-
trée par le Pallier du grand Efcalier ? Se le dégagement
que donne le Promenoir du Salon, ne lui fèrt que lorfque
les Maîtres veulent parler d'une aile à l'autre pour fe vifi-
ter, fans être obligé de traverfèr les Anti-chambres qui fe
trouvent du côté de l'entrée. Cette Anti-chambre M efl;
de la grandeur de la Salle à manger qui efl: au rez-de-ehauf-
fée, Se elle donne entrée à une chambre à coucher P 3
dont le lit fè trouve en face des croiiees. Aux deux cotez
de ce lit font deux pans coupez, dont l'un fert de dégage*
nient à une porte qui donne dans un paflàge diagonal com-
muniquant à l'Anti-chambre S & à la Garde-robe A. Cette
Garde-robe donne dans l'Anti-chambre S, qui lui fournit
du jour au moyen d'une cloifon que l'on peut tenir vitrée
à certaine hauteur.
La Chambre à coucher P conduit à un Cabinet E qui
| fe trouve placé au-deffus de la Salle de Compagnie, Se
| que j ai tenu plus court pour donner plus de profondeur à
| la Chambre à coucher T. Ceft dans ce Cabinet E, qui par
-ocr page 73-
48 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES r
fà fTtuatioii devient commun aux deux Chambres P, T
que les deux Maîtres peuvent fe rafîèmbler, ainiî que dans
la pièce V.
De là on entre dans la Tribune qui le trouve placée
derrière, Se d'où Ton entend la Méfie qui fè dit dans Ja
Chapelle, qui comme on Ta marqué, eft élevée de la hau-
teur des deux étages, ainfi qu'on le peut voir dans la Plan-
che 87 du fécond Volume.
La Chambre à coucher T a fon lit en niche, tant afin
qu'il ne fe trouve pas expofe à l'air de la porte qui eft à
côté Se qui donne dans le Cabinet E, que pour pratiquer
une petite Garde-robe pour une chaife percée. Cette
Chambre a: fon entrée par l'Anti-chambre S qui reçoit la
fienne par fefcalier Z, pris dans l'épailîèur du mur qui ïe-
pàre les deux Chambres à coucher T Se D> à qui cette An-
ti-chambre S eft commune.
A côté de la Garde-robe A eft un Efcalier qui monte
au comble & àl'Entre-fbl pratiqué fur ces deux pièces S
Se A , TEfcalier Z ne montant qu'au premier étage, &
étant le même qui fe trouve au rez-de-chaufïee dans l'An-
ti-chambre où mangent les Officiers.
                           ^
Au-defïùs de l'échappée de TEfcalier Z eft pratiquée
une niche dans laquelle le lit de la Chambre D eft renfer-
mé ; Se dans les deux angles ceintrez oppofèz aux croi-
fées, font deux portes, dont l'une donne dans l'Anti-
chambre S j Se l'autre communique à la Chambre à cou-
cher T.' . ; l^J.t ÎG
                             '■■ ,'
Comme dans les Chambres à coucher Se les autres piè-
ces, qui ne compofent pas les Appartemens de parade, on
fait ordinairement fervir les meubles tels qu'on les a, f ai
cru qu'il étoit inutile de m'étendre fur leur décoration.
'IV
iîf;
CHAPITRE
-ocr page 74-
1
Chàp. III. de la Décoration des Façades. 49
CHAPITRE TROISIEME,
De la Décoration des Façades.
TA nt d'Auteurs ont traité des cinq ordres d'Archi-
tecture , qu'il auroit été fîiperflu d'en parler ici :
ç'auroit été, à l'exemple de plufieurs modernes , n'être
que l'écho d'autrui : j'ai donc crû devoir préférer d'ap-
profondir les deux fujets qui font l'objet de cet Ouvra-
ge , fçavoirles diftributions & les décorations. Jefçais que
cette dernière partie comprend fouvent les ordres d'Archi-
tecture , mais je ne parlerai de ces ordres que légère-
ment ; parce que comme je viens de le dire, ils ont été
afïèz fouvent mis au jour, Se qu'on a abondamment ex-
pliqué leur origine , leur nombre, leur diverfité, leurs
efpeces Se les différentes parties qui Iqs composent. Il
eft. vraifèmblable que la plupart de ceux qui liront ce
Traité } font remplis des premiers élemens ; Se ceux qui
n'en ont qu'une connoifiànce fiiperficielle, peuvent étu-
dier cette matière dans les Livres de Vignole, de Pal-
ladio , ou de Scamozzi, Se dans le parallèle de Mr. de
Chambray, qui donne la connoiflànce des Profils des or-
dres antiques Se des modernes, Se la facilité du choix
par rapport à leurs différence.
Les Profils des ordres qui font inforés dans la première
partie du fécond Volume , ne font que ceux que je
defftnai en grand pour l'exécution du Bâtiment dont je
parle ici. Ces profils ont été fidèlement réduits en pe-
ut 9 K après avoir été approuvés par des perfonnes de
I Art. J'en ai ufé également pour les autres Profils des
* Voyez les Planches 2 6, 2 7 & 2 8 du fécond volume.
\
T. I. Pan. L
-ocr page 75-
}0 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,.
Façades de ce même Bâtiment ; mais je rapporte ces
exemples , moins pour qu'ils foient fuivis fcrupuleufè-
ment , que pour prouver que je n'ai négligé aucune oc-
cafion de me rendre compte des parties qui compofent la
décoration en général.
La décoration extérieure de ce Bâtiment, eft en gêne-
rai d'une parfaite fymetrie : un ordre Dorique orne tous
les avant-corps du rez-de-chaufiee , Se fà proportion dé-
termine la hauteur du premier entablement qui fè trouve
au niveau du deflùs du plancher du premier étage. Au-
defllis de cet ordre eft l'Ionique qui ne règne auflî que
fur les avant-corps} Se dont l'entablement reçoit une ba-
luftrade qui couronne tout l'édifice, Se n'eft interrompue
que par l'efpace qu'occupe le Pavillon du milieu de ce
Château du côté de l'entrée Se celui qui donne du côté des
Jardins. Sur l'ordre Ionique, en eft un attique, terminé
par un Fronton orné de figures ; lequel Attique fert à fai-
re dominer cet avant-corps fur le relie du Bâtiment.
Pour donner une idée moins vague de toute la décora-
tion de ce Château, Se en faire bien connoître les diffé-
rentes parties, Se la relation qu'elles ont avec le tout~en-
femble, je vais commencer par l'élévation du côté de
l'entrée : de là je paflèrai à celle du côté des Jardins, pour
revenir aux Façades latérales , Se finir par la Coupe ou
Profil de ce Bâtiment.
De la Décoration de la Façade du coté de rentrée.
L'ordre Dorique du rez-de-chauflee, eft élevé fur une
retraite de trois pieds Se demi .de haut ; Se c'eft auffi la
hauteur que j'ai donnée aux Terraflès qui accompagnent
une partie de ce Bâtiment. C'eft fur cette retraite qu'on
peut pratiquer des abajours au-deflbus de chaque croifée,
-ocr page 76-
Chap. III. de la Décoration des Façades. y r
afin d'éclairer les foûterrains, ainfi qu'on la fait remarquer
dans la 23 page du deuxième Chapitre. Les marches qui
montent au Veftibule , occupent auffi la même hauteur}
m
niveau de laquelle eft un Pallier allez fpacieux pour que
l'on puiiîe tourner autour de l'avant-corps, Se qu'on foit
à portée d'en confidérer l'Architecture. C'eft ce que bien
des personnes négligent, Se ce qui cependant me paroît
eflèntiel ; tant afin de donner de la grâce à l'Architecture
qui s'élève au-deiîùs , Se à qui le Perron fèmble fèrvir
d'empattement, qu'afin de donner aiîez d'efpace à ceux
qui iortent *de l'Edifice , ou qui vont reconduire quel-
qu'un , pour pouvoir faire quelques pas de plein pied}
avant que de dépendre.
On doit obfèrver que loriqu'on fè trouve dans l'obliga-
tion de donner plus de fèpt marches à un Perron, pour
monter au rez-de-chauffêe du Bâtiment, il eft néceflàire
de former entre les degrés qui le composent, un Pallier
auquel je voudrois qu'on donnât au moins de largeur le
giron de trois marches ; afin de pouvoir y marcher deux
pas avant que de monter ou de defeendre.
Ce Perron fait d'autant mieux-dans cet Edifice, qu'il
fèmble fèrvir de bafe aux deux Piédeftaux placés dans les
Angles de l'avant-corps, lefquels font arriere-corps aux
fbcles formés par les colomnes Doriques. Les figures qui
font pofees defîùs, font d'une belle proportion ; Se j'ai
tenu ces piédeftaux très-bas, de crainte que s'ils euflènt
été plus élevés , les figures que j'ai voulu debout pour
plus de majefté > n'eufîènt paru dîfputer avec l'ordre Do-
rique pour leur hauteur. L'on doit toujours avoir égard 5
lorfqu'on en place à côté d'un ordre d'Architecture, que
leur élévation foit toujours inférieure à la fienne d'envi-
ron la moitié ; parce que les ordres étant une des parties
-ocr page 77-
■>,
$2 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
capitales de la décoration, aucun ornement accefioire ne
doit dominer fur eux.
| J'ai tenu le nud du mur contre lequel ces figures font
placées , d'une Architecture plus mâle que celle de toute
la Façade ; afin de faire valoir la proportion des ordres Se
de détacher le double avant-corps formé par les colom-
nes Se les entablemens, Ce nud que j'ai refendu, monte
| jufques fous le deuxième entablement, Se reçoit la balu-
I flrade des arriere-corps, qui vient mourir contre ï Atti-
I que. J'ai terminé la largeur de cet arriere-corps par des
I trophées en confoles} qui femblent appuyer l'ordre Atti-
I que Se le Piramider ; ce qui donne une heureufèproportion
| à cet avant-corps.
j| L'ordre Dorique qui règne au rez-de-chaufïee, efl ré-
gulier à peu de chofe près ; la diftribution des Triglifes ne
permettant pas toujours de fùivre la régularité qu'exigent
certains amateurs de l'ancienne Architecture > qui pren-
nent plutôt le parti de fupprimer cet ordre, que celui de .
fbrtir de l'efclavage auquel les premiers Auteurs l'ont afîù- '
jetti. Comme je fuis peu jaloux d'obferver à la lettre ces \
minuties, Se que la plus grande beauté de l'Architecture \
me paroît confifter dans les proportions Se dans l'ordon- [
nance générale d'un édifice , je néglige l'obfervation feru-
puleufè de ces petites parties , Se j'en laifîè le foin aux
adorateurs de l'Architecture antique. D'ailleurs je fuis au- (
torïfé par l'exemple de plufieurs grands Maîtres, quiat- s
tentifs au fpeclacle général du Monument qu'ils élevoient, I
ont pris des licences ; les uns faifant les Métopes plus lar- t
ges que hauts, Se les autres leur donnant au contraire plus I
de hauteur que de largeur ; ainfi qu'on le peut remarquer I
au Portail de Saint-Gervais & à celui des Minimes.
           t
; Je mis néanmoins d'avis que ces deux différentes ma- t
-ocr page 78-
"                             ......."".......— "Il                  "........»......"""■■
1........
nieres ne fbient pas outrées, fur tout celle où hs métopes
deviennent plus larges que hauts ; parce que la faillie de
l'Architecture mange de leur hauteur, Se les fait paroître
encore plus larges. Au contraire quand on les rend plus
hauts , ils deviennent aux yeux d'une forme prefque quar-
rée. Ainfî quand on fè trouve dans le cas de conftruire cet
ordre, il faut confîderer fontout enfemble , Se ,faire en-
forte que rien ne paroilîè altéré, prenant un peu fur l'un,
Se un peu fur l'autre ; par là on fe trouve au-deiîùs des
contraintes auxquelles cet ordre afîujettic ordinairement.
Je ne doute pas que cette licence , ne fouleve contre
moi bien des perfonnes , dont la principale étude a été
d'éviter ces prétendus défauts de l'ordre Dorique , Se
qui écrivant fur cette matière , n'ont retiré d'autre fruit
de leurs peines , que celui d'enfanter de gros Volu-
mes, qui embaraflènt les jeunes gens , Se ne font ja-
mais lus par les habiles. Mais j'ai déclaré que j'explique-
rois naturellement mes penfées, Se que je ne les donnois
point pour des règles infaillibles , Se auxquelles il fallut
fè fbumettre abfblument. Loin que la liberté dont j'ufè
doive rebuter , ma fincerité doit plaire. Pour rendre mê-
me la lecture de ce Livre plus aifée Se moins ennuyeufè,
j'en ai banni les termes ilnguliers de l'Architecture, qui au-
raient pu effaroucher les perfonnes qui lifent plutôt pour
leur fàtisfacfion, que pour donner à cet Art une applica-
tion profonde &laborieufe. Mais revenons à mon fùjet,
ayant averti que je ne m'arrêterais point fur ce qui regar-
de les ordres d'Architecture.
                                  <
L'ordre Ionique eft élevé au-deflùs du Dorique ; il eft
régulier, Se le milieu de fts colomnes tombe aplomb fur
l'ordre qui eft au-deffous. Il eft pofé fur une retraite élevée
de deux pieds, afin que la faillie de l'entablement fur le-
-ocr page 79-
J 4 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
quel il porte, n'en cache pas le focle ; ce qu'il faut éviter,
quand un ordre fe trouve élevé fur un autre.
• La diftribution des colornnes eft très-avantageufe dans
cet avant-corps ; celles des angles étant groupées , ce qui
lui donne un air de folidké. Celles du milieu font feules
pour faire valoir les autres 9 & donner plus de légèreté à
l'Architecture ; laiflànt néanmoins afièz de doflèret aux
croifées qui font entre les pilaftres placés derrière les co-
lonnes , fans quoi l'Architecture paroîtroit maigre & de
mauvais goût, les archivoltes effleurant de trop près les
pilaftres. Il étoit d'autant plus nécefîàire d'obferver ici que
les Trumeaux furTènt un peu larges , que l'étage attique
qui domine fur cet ordre , devenant plus mâle ? & les
croifées dont il eft accompagé, fe trouvant plus petites
que celles de defïbus, le plein fans cette précaution au-
roit paru porter fur le vuide. Cet attique eft décoré de
figures qui couronnent l'entablement Ionique : je les ai
élevées fur un focle de deux pieds & demi de haut, afin
qu'on puiflè les appercevoir d'en bas , fans que la faillie
de l'entablement s'y oppofè. Derrière les figures & fur le
nud du mur qui monte de fond, font des pilaftres attiques
d'un ordre compofé, et qui n'a point ordinairement de
proportion déterminée ; je lui ai donné les deux tiers de la
hauteur de l'ordre de de/fous. Le Fronton qui termine cet
attique , eft orné de bas-reliefs, Se fur la corniche de fon
timpan font groupées plufieurs figures: * deux petits amor-
tifïefnens pofés fur un focle qui effleure le nud des pilaftres
attiques , terminent avantageufement l'Architecture de
cet avant-corps, & fèmblent foutenir la Sculpture qui
fe trouve fur ce Fronton,
* On en voit la décoration au fécond Volume, Planche 30 , Figure pre-
mière.
Si
y*
-ocr page 80-
Chap. III. de la Décoration m$ Façades. |j
J'ai affèclé dans lei arrière-corps de cette élévation 3 d'en
fupprimer les ordres ; pour donner plus de repos à tçmt
l'édifice > Se faire paroître les avant-corps plus ornés. Afin
de ne point ôter l'union à ces Façades, j'ai continué les
entablemens tout autour, Se je n'ai retranché aucun des
ornemens qui leur font propres ; car on doit avoir pour
règle de ne jamais deguifer un ordre d'Architecture x en
fupprimant quelqu'une de les parties ou quelqu'un de fes
ornemens. Quand l'oeconomie, ou la fujetion oblige d'en
altérer quelque chofe > il eft plus prudent de ne s m ièrvir
aucunement Se d'imaginer des entablemens x quj fans être
aiîùjettis à la rigueur des préceptes, foient proportionnés
à la grandeur & à la riçheflè du Bâtiment.
Comme ces arriere-corps font fimples > Se qu'ils ne le
trouvent enrichis que par les moulures dont les bandeaux
des croifées font ornés Se par les têtes Se les agraflès qui
reprefentent leurs clavaux 5 tant au rez-de-chauflee qu'au
premier étage , les entablemens en paroiiîènt bien mieux
détachés, Se la richelîè des avant-corps s'en fait mieux ref-
fèntir. Je n'ai point élevé des trophées ni d'autres orne-
mens fur les acroteres des Baluflrades, qui terminent la
hauteur des ailes s pour faire valoir davantage ceux qui cou-
ronnent les avant-corps. Les deux extrémités de cette Fa-
çade font terminées chacune par un Pavillon moins élevé
que celui du milieu , Se dont les formes font circulaires
fur leur plan. Les mêmes ordres d'Architecture qui régnent
dans l'avant-corps du milieu, compofent auiTi leur ordon-
nance : j'ai eu une égale attention dans leurs diftributions.
La variété des formes de ces Pavillons Se le fueeès de leur
portion circulaire donnent beaucoup de relief à l'avant-
corps Se le font détacher avantageufement.
Une figure placée dans chaque angle au premier étage,
-ocr page 81-
J 6 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
où ces portions circulaires prennent naiiîance, y donne
beaucoup de grâce Se femble pylamider avec l'amortiflè-
ment qui couronne l'avant-corps de l'un Se l'autre Pavil-
lon. Ces figures font pofées chacune fur un dé de la hau-
teur du fbcle qui reçoit la bafe de Tordre Ionique : ce dé
eft à plomb d'un pilaflre Dorique qui efl: au-deffous Se qui
eft ceintré. On peut voir par le plan du rez-de-chauiïee ,
Planche deuxième , la diftribution de ces pilaftres Se la
différence que j'ai donnée à ceux du premier étage, afin
que ces figures panifient plus ifblées.
- Aux extrémités fuperieures de cet avant-corps Se fur
les acroteres qui en forment les angles, j'ai placé des
vafes accompagnés d*enfans , Se j'ai affeélé qu'ils euflènt
quelque relation avec l'amortiflèment du milieu. L'at-
tention que doit avoir l'Architecte dans la conduite
d'un Edifice , c'eft de faire enforte que la Sculpture
qu'il y place, femble fè marier û bien avec fon Architec-
ture > que le Spectateur puifie juger que leurs différentes
parties forment un tout fi bien concerté , qu'elles font ab~
folument faites l'une pour l'autre, Se qu'on n'en peut rom-
pre l'accord fans défigurer l'Edifice,
J'ai orné le milieu de ces avant-corps, d'un amortiiîè-
ment compofé de membres d'Architectures Se de quel-
ques groupes d'enfans y qui me paroifîènt y réuffir auffi-
bien qu'auroit pu faire un Fronton, qui auroit affoibli la
fuperiorité de celui qui fe trouve placé avantageufèment
dans cette Façade. On eft partagé fur cette manière de
couronner les Façades ; mais je fuis du fentiment de ceux
qui les employent avec prudence , Se dans l'intention de
donner une agréable diverfité à leurs Bâtimens. * C'eft
ainfi que j'ai cru devoir en ufer dans cette élévation, Se
- * Voyez ce que f ai dit fur ce fujet dans la première partie du ae. Volume
ffiTiT
dans
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-ocr page 82-
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Chap. III. de la Décoration des Façades. 57
dans celle du côté du Jardin où nous allons pafîèr.
De la Dijlribution & de la Décoration de la Façade du côté
du Jardin.
La décoration de cette Façade eft très-différente dans
fès diftributions de celle du côté de l'entrée. Le gros Pa-
villon placé au milieu de ce Bâtiment, s'élève au-defîùs
de toute l'ordonnance de la Façade, qui eft terminée par
des Pavillons lefquels forment par leur faillie avant-corps
à cette élévation.
La décoration de ces Pavillons eft aflêz riche. Comme
on n'a pratiqué que deux croifëes dans la largeur de cha-
cun d'eux, Se que par conféquent le Trumeau qui fé-
pare ces croifées devient large} cela m'a engagé à l'or-
ner de Sculpture, tant pour répondre à la magnificen-
ce générale , que pour dédommager d'un point de vûë
borné Se auquel l'œil s'accoutume avec peine, fè plai-
dant davantage à rencontrer une croifée dans le mi-
lieu d'un avant-corps 9 qu'à y trouver un Trumeau,
quelque décoré qu'il puifîè être. Comme j'ai été reftèrré
dans la largeur de ce Pavillon , je fèrois tombé dans un,
défaut plus grand fi j'eufîè mis trois croifées au lieu de deux ,
j'aurois rendu par là les Trumeaux trop étroits ; au con-
traire fi je n'en eufîè mis qu'une , ils fèroient devenus trop
larges, Se auroient formé une Architecture lourde. Ce
font ces différentes circonftances qui doivent déterminer
un Architecte à s'écarter quelquefois de l'ulàge^pour éviter
des défauts de convenance, ou de fblidité ; Se pour ne pas
rendre les diftributions des dedans trop percées ou trop
obfcures.
Cependant il faut fè donner de garde d'ufèr de cet-
te licence dans le milieu d'un Edifice ; Se Ton doit alors
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T, I, Pan. L
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-ocr page 83-
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fS De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
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bien consulter fes diftributions, pour ne pas être dans une
pareille néceffité. Il faut toujours avoir pour principe de
percer le milieu de fbn Bâtiment de façon qu'en ouvrant
les portes ou les croifées de ce milieu} on puiflè profiter
de la vue des diiférens objets qu'on a le plus fouvent aflù-
jettis au Bâtiment, Se auxquels il a dû être réciproque-
ment aflùjetti : fans cette précaution fi recommandée dans
l'Architecture , Se qui n'eft pas néanmoins toujours obfer-
vée fcrupuleufement par quelques Àrchiteftes de réputa-
tion , on court rifque de bleflèr le bon goût des perfbn-
nes éclairées dans Fart de bâtir.
Une figure pofée fur un Piédeftal enrichit au rez-
de-chauiïee le milieu de chaque Pavillon ; Se une ta-
ble en boiîàge , que couronne une corniche avec un
adouciflèment au-delîùs, en décore les Trumeaux. J'en ai
tenu le bolîage fans ornemens, pour plus de fageflè. On
les orne quelquefois de bas-reliefs ; mais il faut alors que
ce foit dans des places plus fpacieufes , pour que ces or-
nemens ne diiputent pas avec l'Architecture qui les envi-
ronne.
J'ai décoré le Trumeau du premier étage d'un trophée
qui occupe toute la hauteur de Tordre, Se que j'ai placé fur
une table fàillante ,. n'approuvant les tables rentrantes que
iorfqu'on eft abfblument contraint de s'en fèrvir , par
l'idée qu elles donnent que l'Architeélure élevée deflùs,
porte à faux.
                       .4=
Quant au Pavillon du milieu, quoiqu'il parolfie large
dans ce defïèin > au moyen des formes circulaires qu'on a
données à fes deux côtés, il le devient moins dans l'exécu-
tion , Se l'avant-corps du milieu produit un coup-d'œil
très-varié. Les colomnes de cette partie fàillante, qui font
ifoUes, Se qui fe détachent de fon nud, ainfi que leurs en-
-ocr page 84-
"^5H5
Chap. III. de la Décoration des Façades. jp
c-:________i i iiiimiii                                                     i                                       ■ " - .....i. i . :                       -'                   -'" ' • ' ' ■                  "                   "                                     — •-------------------^^-----------,---------------------------
tablemens, ajoutent aufïi beaucoup d'agrément, adon-
nent un air de folidité à fi partie fiipérieure. L'attique eft
couronné d'un Fronton qui embralîè toute la largeur de
l'avant-corps, Se qui eft décoré de Sculpture , tant dans
Ton timpan que fur fi corniche.
On trouvera en grand le defïêin de ce Fronton, ain-
fî que celui du côté de l'entrée à la trentième Planche
du fécond Volume , Chapitre quatrième. C'eft où je re-
mets à parler de leurs proportions, Se d'une partie dts
décorations qui leur font propres.
L'attique qui règne fous ce Frpnton , Se les ordres
dont le Pavillon eft compofé , font dans la même pro-
portion que ceux qui font pratiqués du côté de l'entrée.
Les arriere-corps de cette Façade font tenus aufTi dans la
même {implicite que ceux de la Façade antérieure , afin
de faire dominer les principaux avant-corps. C'eft à quoi
l'on doit faire attention, Se il eft de la prudence de ne pas
répandre indifféremment fur une Façade des ornemens qui
ne peuvent que cacher les proportions deïArchitecture,
& occuper tellement le Spéculateur, qu'il ne puifïè jouir
de la fitisfaélion que doit lui caufer le tout-enfemble. J'ai
mis des trophées d'armes fur les acroteres de la baluftrade
qui règne fur les arriere-eorps;afm de varier avec l'élévation
du côté de l'entrée Se pour donner à ehoifir. Ils fbnt d'ail-
leurs mieux placés fur celle-ci, à caufe que l'avant-corps
du milieu s'y détache allez de lui-même r Se que les deux
Pavillons des extrémités ne fè détachent pas moins par la
faillie qu'ils ont fur tout le Bâtiment* •
                 t^
La Terrafîè qui fè voit au bas de cette élévation , eft la
même qu'on à marquée fur le plan du rez^de-chaùCée.
Elle eft décorée d'un appui de fer qu'on peut fupprimer Se
remplacer par des vafes. Cette Terraflè eft accompagnée
fUV1 '< nr -;.......i . »......... ""'"':""«':•: f~~~~'.....""'—"—.......-......--........— -i ' - i....._____i............. '                    .i.' ....
innrnim
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-ocr page 85-
| <5o De la décoration et distribution des Edifices,
de grands perrons qui annoncent les principales entrées
de cet Edifice.
De la Décoration & de la Dijlribution des Façades latérales
du Château*
Ces deux élévations, qui font égales en toutes chofès,
{bnt aflujetties aux mêmes ordres d'Architecture qui ré-
gnent aux deux Façades dont nous venons de parler, Com-
me cependant elles leur font inférieures & moins expo^
Cqqs au coup-d'œii des étrangers, je n'ai fait dominer en
hauteur aucun des avant-corps qui y font placés , & ces
élévations font terminées par le deuxième ordre que cou-
ronne la baluftrade qui règne autour du Bâtiment. Leur
milieu efl marqué par un Pavillon orné d'un double avant-
corps , à caufe que me trouvant afïujetti par les diftribu-
tions du dedans, les Trumeaux devenoient un peu larges.
Par ce double refîàut j'ai trouvé moyen de les orner avan-
tageufement ; en effet l'Architecture qui compofè ce Pa-
villon paroît ne laifïèr rien à defirer dans fbn ordonnan-
ce. Les colomnes groupées qui en forment le milieu au
rez-de-chauflee, reçoivent avec beaucoup de grâce les fi-
gures dont elles font le foutien , Se qui paroifïènt pyrami-
der avec les deux autres qui font au rez-de-chauflee de cet
avant-corps : fa hauteur efb terminée par des trophées qui
achèvent de donner de la dignité à ce morceau d'Archi-
tecture 5 que la fimplicité des arriere-corps fait valoir, de
même qu'elle donne encore du relief aux deux Pavillons
qui forment les extrémités de ces élévations , & que j'ai
tenus décorés à proportion de celui du milieu. Il ne fe
trouve qu'une croifée dans leur largeur, ce qui m'a con-
traint d'y mettre un reflàut qui fait faire un arriere-corps
au dernier pilaftre qui efl à f eneoigneure de ces Pavillons
lu'
-ocr page 86-
Chap. III. de la Décoration des Façades 6\
ayant préféré de grouper ceux dont le premier avant-corps
eft formé. J'ai décoré leurs angles d'un trophée au rez-
de-chauflée Se d'un bufte au premier étage > ce qui fait une
agréable variété avec les figures dont l'avant-corps du mi-
lieu de cette Façade eft orné, Se qui y conviennent mieux.
Le profil que l'on voit à l'extrémité de la droite de cette
Façade , eft le retour du Pavillon qui termine celle du cô-
té de l'entrée ; Se j'ai fait paroître en demie teinter, l'épaif-
fèur du Pavillon du milieu de cet Edifice, lequel fait face
du côté de l'entrée Se du côté du Jardin, Se qui s'élève au-
deflùs de tout le Bâtiment ; comme on le voit dans la Cou-
pe dont nous allons donner la defeription.
De la Difiribution & de la Décoration d'une des ailes qui
donnent du côté du Jardin, avec la Coupe &
Profil du Château,
On voit par cette Coupe la hauteur des planchers Se la
décoration des pièces qui occupent le milieu de ce Bâti-
ment y avec le developement de la charpente, qui forme
le comble dont il eft couvert, Se qui par fbn peu d'ex-
hauflêment ne peut être apperçû d'en bas, n'ayant donné
au faite de hauteur que le tiers de la largeur du comble.
C'eft la règle qu'on fuit ordinairement, ne pouvant pas
faire le faîte moins haut , à caufe que les neiges feroient
fujettes à y fèjourner. Malgré l'attention qu'on doit avoir
de tenir les combles de cette roideur, il faut encore faire
enforte que les égoûts qui les féparent, foient d'une lar-
geur proportionnée à la quantité des eaux qui peuvent s'y
précipiter, Se qu'ils ayent afîèz de pente pour pouvoir
fe décharger dans des conduits deftinés à cet effet, Se dont
la plupart fè pratiquent dans f épaifîèur des gros murs, pour
éviter l'ufàge des gouttières &. des defeentes de plomb qui
Jtiiîj
-ocr page 87-
6l De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
coupent les entablemens, les impolies Se les autres orne-
mens d'une Façade. Ces conduits pour la chute des eaux
le forment lors de la conftruétion des murs : les uns les
font de plomb , les autres de pierre dure ; où on les fait
de potterie dont les joints font bien maftiqués. J'eftime
que cette dernière façon eft la meilleure, le plomb étant
lïijet à fe pourrir lorfqu'il eft enfermé , Se étant difficile
d'aflbrtir de la pierre d'une même dureté ; ce qui caulè
une imperfection à laquelle on ne remédie pas aifement.
Ces eaux vont fe perdre dans des puifàrts conftruits dans
l'épaiflèur des maflîfs, Se ïon a foin d'empêcher que les
immondices ne puiflènt tomber dans les conduits , en fer-
mant leur embouchure avec des crapaudines de fer mail-
lées, qui ne laiflênt de paflàge qu'a l'eau feulement. Aux
Edifices de conféquence, on raflèmble quelquefois les eaux
dans des refervoîrspratiqués ferle Bâtiment Se à difFérens
endroits, feivant fon étendue. Ils font d'un grand fecours
dans les incendies, Se l'on ne devroit jamais négliger d'en
conftruire dans les maifons un peu considérables. *
On doit aufîi donner aux égoûts qui régnent autour des
murs de Façade , autant de largeur qu'il eft poflîble > afin
que les eaux s'écoulent aifément Se ne puiflènt s'y arrêter.
il arrive fouvent que faute de cette prévoyance, les ba-
luftrades qui couronnent l'Edifice, fe ruinent en peu d'an-
nées , à caufe de l'humidité que les eaux dormantes y pro-
duifent, Se que les entablemens qui les portent fe fentent
aufîî de cet inconvénient. La difficulté qui fe trouve à
faire des égoûts de la largeur convenable, provient fou-
vent du peu d'épaiflèur des murs fer lefquels il faut que
les plate-formes portent ; mais en ce cas on peut y remé-
dier par des cheveftres pofés d'équerre ferle plein du mur,
-* On en a ainfî pratiqué au Château de Verfailles ôc de Petit-Bourg.
.|!)Plil|M|f8aw»aaHBwsii7w WBmimmmimmiBmeumBÊKmmmmBmmKmmmuBaaaa
S
-ocr page 88-
Chap. III. de la Décoration des Façades. 63
Se qui feront aiîèmblés par l'autre bout avec des pièces de
bois foutenues par les murs de refend. Four lors l'arbalé-
trier Se les chevrons pourront être portés fur les plate-for-
mes que Ton pofèra fur les cheveftres dans la quantité qui
fera néceflàire pour former la largeur des égoûts. Cette
forte de conflruélion ne doit cependant être rnifeen pra-
I tique que lorfque les combles font- légers Se tels qu'on les
fait dans les Bâtimens modernes. Quant aux anciens com-
bles qui paroiflènt auiîî lourds à la vue qu'ils le font par
leur poids } tels que ceux qu'on a pratiqués ci-devant, il
efl bon que leur décharge foit fur le plein du mur de face,
Se
alors je n'y voudrois point de baluftrades au-devant, à
caufe que les égoûts devenant trop étroits, ils font obli-
gés de manger la moitié de leur hauteur, ce qui caufè leur
ruine. *
La décoration de la Façade qui fuit la coupe, efl l'aile
en retour du côté du Jardin. Le Pavillon qui la termine,
eft de la même décoration que celui quife voit à la face la-
térale dont on a parlé ci-defïùs , Se il fait auffi avant-corps
fur cette aîle qui efl décorée d'une Architecture afïbrtie aux
arriere-corps de l'élévation du côté du Jardin ;, ces deux
Façades pouvant être apperçûes d'un feul coup-d'oeil. C'eft
à quoi on doit avoir attention dans l'Ordonnance des Faça-
des , la fymetrie étant après les proportions ce qu'il y a
de plus recommandablô dans l'Architecture.
Comme il ne m'a pas été pofTible d'exprimer dans ce
\ defîèin tout le détail de la décoration qui orne les pièces
| qu'on voit dans cette coupe ; j'en donne un defîèin plus
\ en grand où Ton pourra aifément développer les formes
I générales qui deviennent obfcures en celui-ci. J'y ai joint
* La réparation générale qu'on vient de faire à celles du Luxembourg nous
' fournit un exemple de cette mauvaife conftruâion.
qamai
-ocr page 89-
6^4 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
aufli un plan fur la même échelle.
De la Décoration des Appartemens du milieu du corps
du Château,
On jugera par cette Planche beaucoup mieux que par
la précédente de la décoration du grand Salon, ainfî que
de celle du Veflibule & de T Anti-chambre qui eft au~de£-
fùs ; un morceau aufïï étendu qu'eft ce grand Salon,
demandoit fans doute à être circonflancié &mis dans une
grandeur où Ton pût appercevoir toutes fès parties. Com-
me nous avons expliqué fà diftribution Se ibs ufàges, en
faifant la defeription des plans de ce Château > nous n'en
parlerons plus ici ; je ferai feulement remarquer les pro-
portions & la fymetrie qui font obfèrvées dans l'ordon-
nance de fon Architecture.
Toute fà ftructure doit être de marbre ; Se les ornemens
dont il fera revêtu doivent être de bronze doré pu d'une
matière qui l'imite.
Le premier entablement qui partagera hauteur en deux
parties y non compris la calote , efl fbutenu par des colom-
nes d'un ordre Ionique 3 dont la diverfité s'ajufte avec l'Ar-
chitecture qui décore ce Salon. Cet ordre devient fvelte
Se d'une belle proportion ; il eft élevé fur un fbcle de la
hauteur du Dorique qui règne au rez-de-chauffée fur hs
Façades du Bâtiment.
La porte du rez-de-chaufîee, qui fè voit au milieu de
ce Salon, eft celle qui dans le corps du Château ouvre la
principale enfilade : fon chambranle en anfè de panier, en
ferme la baye avec fuccès, Se m'a laifïe la liberté de placer
un tableau qui defcend jufques fur le linteau de la porte de
menuiferie qui efl: enfermée dans cette baye. Ce tableau
ne doit être qu'un camayeu rehaufîe d'or, parce que les
diverfés
-ocr page 90-
GHAP. 111. DE LA DECORAT. DU SALON A L'ITALIENNE. 6<
diverfes couleurs du marbre qui revêtit ce Salon, difpu-
teroient avec lui s'il étoit colorié. Un trophée de Chaflè
fert de clef à ce chambranle. Cet attribut fert auflîde
fujet au tableau Se à une partie des ornemens de cerez-
de-chaulîee. Aux deux côtés de cette porte } font des
piédeftaux qui portent des jeux d'enfans, Se derrière eux eft
une table renfermée dans un cadre qui monte jufques fous
la corniche.
Comme je n'ai négligé aucune des parties de ce Salon,
qui malgré la grandeur de ce delîèin ne pouvoient être
bien diftinétes, on en trouvera les principaux morceaux,
reprelèntés en grand dans le fécond Volume, où le delîèin
de cette porte fe trouvera, Planche 70.
Les angles circulaires de ce Salon font décorés de deux
arcades en plein ceintre, Se dont le claveau fè trouve à la
même hauteur que celui de la porte du milieu. L'une de
ces arcades renferme les embralèmens d'une des croifees
qui donne fur la Terrafîe du côté du Parc ; Se l'autre, une
cheminée ? comme on peut,le remarquer dans les plans. *
J'ai afîujetti la décoration de cette cheminée.à la for-
me de l'arcade qui la contient., Se l'on peut juger plus
parfaitement de fa proportion dans le fécond Volume **
où on la trouvera en grand vue de face avec les pi-
laftres qui ornent les angles de la portion circulaire. Au-
defîùs des arcades font des trophées de Marine qui.y fèr^
vent d'agrafïès. Le tableau pofé au-defïùs de la glace de la.
cheminée, eft aufîî un fiijet Maritime. L'entablement qui
couronne toute cette Architecture eft régulier Se dans les
proportions de l'ordre Ionique. Je n'ai mis aucun orne-
ment aux moulures de fa corniche Se de fà frifè, afin de
donner plus de relief aux étages qu'il fépare. Un riche Bal-*
* Planche zc. ôc 8e. ** 2e, Partie , Planche 62.
% I. Part. I.
\
\
-ocr page 91-
66 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
- ' ■ ——0i—i----iimii----------j-------1—^-^^»-----■——|---------------------------------------------i ii ■ i_.i_-_ ■.-...:.:_______________.-,. -.:.L-:m_.__-.-:z_o_i jl-i_l_ji_j—„_ji__-illuj_i i "
con de fer décore cet entablement. J'ai préféré ce Balcon
à une baluftrade qui fut de la même matière que la déco-
ration du Salon > àcaufe que j'avois befbin delà faillie de
l'entablement pour en faire un promenoir qui fèrvît de
dégagement aux appartenons du premier étage , ainfi
qu'il a été dit. J'ai fïipprimé les colomnes au premier
étage , pour donner dans les angles plus de largeur à
ce promenoir > Se j'y ai mis feulement des pilaftres d'un or-
dre Corinthien qui tombent à plomb fur l'ordre dedefïbus,
de même que toutes les portes, les croifées Se les autres
parties fupérieures.
Les attributs qui régnent à ce premier étage, font defti-
nés pour la Mulique ; Se j'en ai formé un trophée fervant
de clef à la porte du milieu, dont l'ordonnance refïèmble
à celle qui eft au-deiïbus, y ayant mis pareillement un ta-
bleau en camayeu. On en voit le deiïèin en grand dans
le fécond Volume, à la fuite de celle du rez-de-chaufîee.
Quant aux arcades qui font élevées perpendiculairement
fur celles qui renferment les cheminées ? j'y ai mis des ri-
deaux 3 afin qu'elles puilîent fymetrifèravec celles qui for-
ment les embrafèmens des fenêtres, fur lefquelles il eft
d'un néceflàire ufàge d'en mettre ; on peut leur fubftituer
une perfpeétive,. ou toute autre imitation de la nature ;
comme on l'a fait à plufîeurs belles Maifbns. Cependant
comme le charme des couleurs artificielles ne peut abfo-
lument tromper les yeux , Se que la peinture la plus
ingénieufè n'en peut impofèr que pour quelques momens,
j*aimerois mieux me pafîêr de la fîibtilité de cet art dans
une grande pièce , où rien ne doit paroître poftiehe 5 Se
mJy fervir de rideau aux endroits que je voudrois tenir
couverts. Sur toutes ces arcades Se les chambranles des
croifées du premier étage, font mis en forme de clefs, des
-ocr page 92-
ChAP. M. DE LA DECORAT. DU SALON A L'ITALIENNE. 6j
trophées de Mufique ; & ils y font d'autant mieux placés,
que ce premier étage eft confàcré à cet Art : en effet,
c eft fur le Promenoir qui s'y trouve, Se dans le renfonce-
ment des embrafemens des croifées Se des portes, que Ton
peut placer de la fymphorae fur des gradins ; ce qui d'en
bas offriroit aux yeux un fort beau fpeétacle. L'entable-
ment qui couronne Tordre Corinthien eft orné de modil-
lons ; Se il eft affùjetti, comme on le voit, à la hauteur de
Tordre Ionique du dehors , Télevation de la calote occu-
pant celle de f Attique qui donne fur les Façades , tant
du côté des Jardins, que du côté de l'entrée.
Cette hauteur confèrvée à la calote , m'a fait pro-
fiter des jours que les croifées de l'étage Attique de de-
hors , donnent dans le dedans. Les formes de la décoration
de cette partie font aflùjetties à la baye de ces croifées ; Se
j'ai feint au-deflùs de chaque porte du premier étage de ce
Salon de pareilles croifées, qui quoiqu'elles ne donnent
pas de jour, fymetrifènt avec les autres, y ayant mis des
chaffis comme à celles où il en faloit abfblument. Peut-
être que ces jours pratiqués dans cette calote paraîtront
fuperflus ; mais fi le Salon tire alîèz de lumière d'ailleurs,
ces jours nelaiftènt pas d'être utiles au plafond qui le ter-
mine , Se d'en faire mieux appercevoir la peinture dont il
| eft décoré ; de plus les embrafemens de ces fenêtres ren-
dent cette partie plus légère, Se lui donnent delà variétés
Afin que cette calote ne parût point écrafée en la regar-
| dant d'en bas , elle eft tenue élevée fur un fbcle d'une
hauteur proportionnée Se qui peut même être apperçu,
ayant eu la précaution de donner une pente douce à la
faillie: de l'entablement Corinthien qui le reçoit..
WlBilWtlBWri.TOiltflii<rf
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I ij
-ocr page 93-
vi*;.
68 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
De la Décoration du Vejlibule qui joint le Salon à l'Italienne.
Nous avons donné une idée de la décoration de ce
Veftibule en parlant de là diflribution ; quoiqu'il foit
décoré avec fimplicité , on doit convenir que la fy-
metrie Se la proportion qui régnent dans toutes les
parties , donnent autant de fàtisfaclion qu'on pourroit
en recevoir d'un lieu traité avec plus de magnificence.
L'ordre Dorique, auquel les autres membres d'Architec-
ture font aflîijettis-, s'y trouve d'une belle proportion Se
noblement élevé fur un focle à double retraite : il eftauA
fl couronné très-heureufement par la corniche qui termine
la hauteur de cette pièce. Lorfque dans un lieu pareil on le
[feri d'un ordre d'Architecture, c'eft là que l'on peut ajou-
ter une corniche compofée, étant à craindre qu'en le ier^
vant de la corniche qui appartient à l'ordre , elle ne de-
vienne trop lourde pour un dedans. A moins cependant
que la pièce où l'on veut l'employer, n'embrafîè plusieurs
étages /auquel cas l'ordre Dorique ne s'employe guéres.
Les arcades en anfè de pannier dans lefquelles les por-
tes de Menuifèrie font enfermées , fymetrifent avec les
clavaux des autres arcades qui donnent dans cette pie-
ce,. Elles font très-bien proportionnées Se laifîènt allez
de hauteur aux portes qui donnent entrée aux apparte-
nons y quoi qu'elles ne pafîènt pas les impolies de ces
arcades. J'en ai orné ; le defîùs de bas-reliefs ■, Tufagè
des tableaux ne convenant point dans les Veftibules-, dont
le revêtifîèment doit être de pierre de Liais, ou du moins
de pierre dure bien appareillée. Sur les archivoltes fent pla-
cées des têtes que divers attributs accompagnent > Se j'ai
afreélé de ne pas orner la corniche, n'y ayant mis que des
conlbles qui couronnent les pilaftres. Entre ceux qui le
-ocr page 94-
■-^'
CHAP. III. DE LA DECORAT. DUSaLON A i/ÏTALIENNE. 6$
trouvent au milieu de ce Veftibule, j'ai placé fur un pié-
deftal une figure en pied qui représente la Valeur. Der-
rière cette figure Se entre ces pilaftres, j'ai formé une ta-
ble au haut de laquelle eft pofé un petit trophée, afin de
rendre cet efpace moins nud. Cette figure eft d'autant
mieux placée qu'elle eft apperçûe du premier pallier de
l'Efcalier qui communique au Veftibule.
De la Décoration de la, première Anti-chamhre du premier
étage joignant le Salon à l'Italienne,
La décoration de cette Anti-chambre qui fèrt d'entrée
aux appartemens, Se qui communique au grand Salon par
la faillie de la corniche du premier ordre , eft tenue dans
une grande fifnplicité : j'ai même afreété de ne point met-
tre de glace fur la cheminée , parce que cette pièce eft
deftinéeaux Domeftiques. Pour fiipléèr à fbrt peu d'or-
nement > j'ai eu foin d'y obfèrver de la fymetrie en y
fùppofànt une porte ; de manière que la cheminée fè trou-
ve placée au milieu , entre la faufle porte Se la vérita-
ble. Cependant comme le grand Salon eft richement dé-
coré, & que cette pièce le précède, j'ai crût devoir lui
donner un air de fàgeflè qui ne parût pas trop négligé, de-
vant toujours lorfqu'on décore une pièce , être attentif à
fa deftination , Se la comparer avec celle qui la précède
Se celle qu'elle-annonce, afin qu'on puiiïè aifément juger
des motifs de fà décoration Se y trouver de la convenan-
ce. Au lieu de glace, j'ai mis fur la cheminée un grand
tableau , Se je l'ai élevé aù-defîùs d'un Attique, afin que
la main des Domeftiques n'y pût atteindre. LésdefTùsdes
portes y font ornés auffi de tableaux ; Se c eft dans leurs fu-
jets que ïon doit exprimer les inclinations ou les emplois
du Maître. On-trouvera le deffêin de la-cheminée* plus-
I iij,
-ocr page 95-
70 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
en grand dans le fécond Volume Planche 5 p. Qoiquefà
forme fok très-fimple , fà nouveauté m'a engagé à en don-
ner un exemple. La corniche qui couronne les lambris de
cette pièce > eftd'un profil afîèz riche; & pour corriger la
hauteur du plancher, j'ai fait cette corniche à double gor-
| ge, dans la première defquelles j'ai diftribué des cartels qui
en ornent le milieu & les angles.
De l'étage Attique.
La pièce qui eft au-defîùs de cette Anti-chambre, oc-
cupe la hauteur de F Attique qui décore le Pavillon du mi-
lieu du côté de l'entrée, comme il eft facile de le remar-
quer par les Profils des murs de face , qui font exprimés
dans ce deilèin , pour donner une idée du raport que les
décorations des dehors ont avec les diftributionS des de-
dans. Cette pièce Attique à ion ifîùe par l'Eicalier marqué
O dans le Plan du premier étage, Planche 3e. Au-deflùs de
cette chambre, ainfl que fur la calote du Salon, règne la
charpente qui couvre cette partie fupérieure du Bâtiment.
Je n'ai pu l'exprimer ici, étant borné par la hauteur de ce
volume > on aura recours à la Coupe générale ou je l'ai
marquée avec la préciiîon que m'a permiiè la grandeur
du deflèin. r
Partie des Diflributions , tant du Rez-de-chauffee que du
premier étage du grand Salon a l'Italienne, & des
pièces (ttuées au milieu du Château*
Dans, le Plan du *ez-de-chauflee marqué A, on voit le
developenient; des formes, qui étant piiiès dans la lar-
geur du Bâtiment % compofent la décoration du grand Sa-
lon. Le Plan du premier ét^ger^a^quéB?eft,pla^éau-def-
ibus y & a été fait dans la même intention. Dans-celui qui
................——
-ocr page 96-
ttammm
CHAP.IV. îiÉ LA DECORAT. ET DÏSTRïBUT. DES AlLES. 71
eft défigné par A, paroît la diftribution des colômnes qui :
portent l'entablement dont la faillie fèrt à former le Pro-
menoir du premier étage dont nous avons II fbuVënt par-
lé 5 il eft ici repréfènté dans une grandeur fort fènfibk Se
très-propre à faire- connôkre fcn utilité & tous les avanta-
ges que nous lui avons attribués. Comme les lumières du
Lecteur pourront fùppléer à un difcours plus étendu Se
qui deviendroit ennuyeux y je me refèrve à parler plus par-,
riculierement des décorations intérieures de cet Edifice
dans le fécond Volume que j'ai confàcré à cette matière >
Se
je vais pféfèntement pafïèr aux diftriburions de décora-
tions des appartemens des Bains, de l'Orangerie/des Cui-
fines Se des Offices, qui étant apperçûs du Château, mé-
ritent de recevoir extérieurement quelque décoration.
m— Il        ...ni—.!■— n.,.1,          ,.■■.........—.      immr.,l >.,.■■■ .,!,!!■ ■.■!■■■> m—■!.. .I.1M II I—P—      III            .......—— — I ,1 ! ■■■...-,—b- . LMIW.U..1,
m mtm iWiwftaMdrtMBBawMMBnoMw^i r 11 ■■ ■■■■11 !■! 11 1..............maro— ............iii1**im»—Ji>m 1 m im 1 «w
—■W—UM        IIMIl           W——«........III—i———«—■■ ih ■ m." . *W—PB— II! III l|l. lu»! HHIIf I ——M—-       lit          I If.l—WWI I I *■ U      _■■ ml I HÉ III
CHAPITRE QUATRIEME.
De la Diftribution & de la Décoration des Bâtimens placés
en aîles aux deux côtés de la Cour du Château.
"™""^■""""" ..... *™"           '         '-'■" ' """           ~" «■«■«»■■"■                   II'"1          » ■                       ■ ■'" -                 '                     '                      ■■ÉWBMBB».           n I 1 MWBtHMJMjNwM«»■■MHP■MBb
D^ /# Diflribution de l'appartement des Bains Ô* de la Serre
de l'Orangerie,
LE peu d'étendue du terrain qui m'a été preferit pour
la diftribution du Château , ne m'ayant pas permis
de pratiquer des chambres pour les Bains de plein-pied
aux appartemens, je les ai diftribués dans l'aîle du Bâti-
ment de l'Orangerie marqué C, Se placé adroite dans la
Cour du Château, * Se j'y ai pris autant de pièces qu'il
étoit nécefîaire pour en former un appartement de
Bains complet. Comme leur ufàge demande de la foli-
* Voyez le Plan général, première Partie Planche première.
-ocr page 97-
Si
f2 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES\
tude, il eft alîèz à propos qu'ils foient détachés du corps
du Château , fur tout quand on a befoin du plein-pied
qu'ils auroient occupé , Se qu'on peut les placer ailleurs
avec avantage. Ceux-ci font dans une expofition très-heu-
reufe ; ils donnent d'un côté fur la grande Cour, Se de
l'autre ils ont communication avec le Jardin de l'Orange-
rie. J'ai placé la Salle des Bains Se la chambre à coucher
plutôt du côté de la Cour que de celui du Jardin de l'O-
rangerie, afin d'éviter le Soleil du midi. La deftination de
cet appartement demande de la fraicheur, Se c'eft pour
quoi on, les place le plus fou vent dans le bas étage d'un
Bâtiment, à l'abri de quelque bois Se près de quelque fon-
taine ; afin qu'en fortant de ces fortes de lieux, on puiiîe
refpker un air frais à l'ombre de quelque agréable verdure,
_ La principale entrée de ces appartenons eft placée du
côté de l'Orangerie, Se introduit d'abord dans une pièce
de forme circulaire qui fert d'anti-chambre à la Salle des
Bains, J'ai pratiqué dans l'un de fes angles un petit Efca-
lïerA pour monter fur la couverture. La décoration de
cette Anti-chambre doit être fimple Se elle peut être re-
vêtue , auffi bien que pavée, de pierre de Liais. Quatre
arcades, dont trois font feintes pour fymetrifer avec là
porte d'entrée ? décorent cette pièce : dans l'une de ces
trois eft placée la cheminée ; vis-à-vis on a mis quelques
panneaux qui imitent fà forme , Se dans celle qui eft en fa-
ce de l'entrée eft pratiquée la porte de Menuiferie qui ou-
vre la Salle des Bains. Les trumeaux .de ces arcades font dé-
corés de panneaux divifés en deux parties dans leur hau-
teur , avec une frife au milieu : le panneau d'en bas de l'un
des trumeaux fèrt de porte pour entrer dans fétu ve ; celui
de l'autre fert à paflèr à TEfcalier A, & les deux autres du
côté de la Salle font dormans, à moins qu'on ne veuille y |
pratiquer
«HiM«l
MHHM
-ocr page 98-
CHAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIBUT. DES AlLES. 73
pratiquer des armoires qui fèroient prifès dans f épaifîèur
du mur.
La Salle des Bains efl d'une grandeur fuffifante pour
contenir deux baignoires : * Il s'en voit peu où il n'y en
ait qu'une ; foit afin que deux perfonnes puiflènt s'y tenir
compagnie Se s'amufèr réciproquement dans leur folitude ;
fbit que la diftribution de ces fortes de pièces en reçoive
plus de fymetrie , ou qu'on ait defîèin de deftiner Tune
des baignoires aux eaux tiédes, Se l'autre aux eaux tempé-
rées , fîiivant les faifbns.
La Salle des Bains de l'appartement que je décris, étant
d'une grandeur raifonnable, peut être revêtue de pierre de
Liais , ou pour plus de magnificence, de marbre. ** On
peut auffi la décorer d'une Menuiferie peinte en blanc,
Se
dont les ornemens fbient dorés aufîî bien que les mou-
lures ; l'ufàge des peintures Arabefques, où entrent des fi-
gures d'animaux, des fleurs, &c.n'eft bon que lorfque les
pièces fbnt d'une médiocre grandeur, dans les lieux vaftes
ces fortes de peintures s'appercevant avec peine.
Aux deux côtés de la porte qui conduit de cette Salle
à l'Anti-chambre, font placées les baignoires dans des en-
foncemens qui en prennent la forme Se font proportion-
nés à leur profondeur. Ces enfoncemens circulaires mon-
tent jufques fous la corniche , Se fe terminent en cul de
four / afin de recevoir l'impériale des Pavillons qui cou-
vrent les baignoires. On donne diverfès formes à ces Pa-
villons , Se on les fait de différentes étoffes. On peut fe
fèrvir de toile de Cotton à caufe de leur blancheur. On
les orne de franges Se de broderies, Se quelquefois de cré-
* Celle du Château de S. Cloud efl dans ce genre*                             .
** L'on voit la décoration d'une de cette ftru&ure dans la deuxième partie
du fécond Volume , Planche 8 6.
^S-.v-."".                   ......            ''■"•            Wg       -11                                             '■"                 <"><                   m......Il"'"         —■!.              l.-HPl I II                    !■■■■■ —H^III. 1          !        Illi III ■■■■ —Il
" T. I. Part. L ™~™.....".............Œ..........-....."........^.....' K ".......~"
-ocr page 99-
H
74 DE LA DECOR.ATIiON ET DISTRIBUTION DES EDIFICES >
I pines d'or ; ce qui produit un. bel effet quand les lambris
| font peints en blanc Se qu'ils font enrichis de dorures.
| Quand ces piecçs font de moindre conféquence, on les
j revêtit quelquefois de lambris à petits panneaux ravalés,
\
qui renferment du parquet ? pour y attacher des carreaux
! de fayancev lies baignoires fe font de cuivre > Se on les
I peint au-dehors d'une couleur qui affortiflè à celle qui do-
mine le plus dans la Salle ; Se en dedans l'on les étaime
;<% on étend un drap dedans lbrfquel'on en faitufàge ,
j pour plus de propreté.
Cette pièce eft éclairée par deux portes croifées > dont
j l'une eft dormante y Se l'autre fert à parler ïur la Terraflè
qui donne dans la grande cour du Château. La cheminée
eft placée vis-à-vis la porte qui va rendre dans la Cham-
bre des Bains, Se elle fert à terminer avantageufemeut l'en-
filade formée par les portes qui s'alignent Se percent juf-
qu'à l'Orangerie. Le pavé de cette Salle doit être de Mar-
bré, en cqmpartimens ; Se le parquet en doit être foppri-
mé, à caufe de l'eau qui tomberoit fréquemment deflùs :
il'convient davantage à la Chambre des Bains Se eft pro-
J pre à la rendre plus fàine*
Cette Chambre des Bains eft d'une forme prefque
iquarrée 5 Se deux lits s'y trouvent aflèz bien placés : elle
) eH éclairée Se décorée, avec lymetrie : les deux portes
Sqiilfe trouvent dans l'enfilade y font de même largeur Se
j hauteur, quoique funed'elfes donne entrée dans une pe-
inte? pie:çe,„ Entre les deux lits & vis-àr-vis le trumeau des
croifées oppofêes, eft une porte qui fort à entrer dans une
!
(piâS% que l'on nomme Çhauffoir y parce que c'eft là que
l'on fait lécher les linges nécefïàires pour le fervice de la
| chambre des Bains, Bexette petite pièce on parlé à gau-
| che dans une de même grandeur 5 que Ton appelle Etuye
-ocr page 100-
GhaP.IV. DELA DECORAT. ET DISTRIBUT. DES AlLES. ÇW
à caufè qu'il y a un fourneau B 9 qui ièrt à donner à l'eau
le degré de chaleur convenable, laquelle eau eft enfùite
diftribuée dans les baignoires fùivant le beféin. On paflè
à droite dans une petite chambre en niche, Se faite pour i
là commodité de ceux qui voudroient prendre le Bain par •
indiipolîtion Se indépendamment des faifons. Le lit dej
cette chambre eft dans une Àlcove , Se il eft fitùé vis-à-
vis les croifées qui font expofees au Midi. Aux deux cô-
tés de 1'Àlcove font pratiqués deux petits retranchemens>
dont l'un communique à la chambre des Bains, Se l'autre
ièrt à tenir une chaife percée , pour éviter de parler aux
lieux à fbupape confàcrés à l'appartement des Bains. Ces
lieux à fbupape ont une iflùe dans la ferre de l'Orangerie,
qui en Eté fèrt de galerie à cet appartement, Se en Hyver
de promenade ornée des Orangers pour qui cette ferre eft
conftruite.
pe la Serre de l'Orangerie*
Cette pièce a vingt-deux toifès de long fur environ fix
de large ; elle eft expofée au Midi, c'eft l'expofition qu'on
doit rechercher lorfqu'il eft poffible, finon lui fubftituer
celle du Levant. L'expofîtion du Midi eft préférée à celle
du Levant, pâfce qu'elle reçoit le Soleil depuis neuf à dix*
heures du matin jufques à fbn coucher, Se qu'ainfî il peut
réchauffer d'avantage une ferre par la durée de fà chaleur, j
Se en corriger mieux l'humidité qui s'y pourroit introduire. '
C'eft dans cette même vue que je confèille de tenir les
fenêtres dans la grandeur la plus étendue qu'il fè pourra ,
afin qu'en les ouvrant lorfque le Soleil luit, tous les ar-
bres que la ferre renfermé, puiïiènt être favorifés de fes
rayons. En recommandant la grandeur de ces croifées, il
eft bon d'obferver qu'elles fbient li bien munies de ferme-
.'■!.' •'.'-"
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-ocr page 101-
IM—MBUM
j6 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES >
tures néceflaires^que le froid ne puilîè s'infirmer par aucune
ouverture, ni pénétrer du dehors au dedans. Pour y réuffir,
outre les chaffis de verre qu'on met ordinairement aux croi-
fées à fleur du mur de face, il eft bon de polèr en dedans
un autre chaffis, auquel on aura foin decolerdu papier
des deux côtés de fon épaiflèur. Par ce moyen la chaleur
tempérée qui fera reftée de la belle faifon, ne pourra pas
le diffiper, Se demeurera dans un même degré. Cette pré-
caution favorable du côté du Midi, deviendroit cepen-
dant inutile, fi du côté du Nord on ne prenoit pas un foin
extrême de fermer/ même de iupprimer tous les jours.
Pour plus d'exactitude, il faut encore tenir les murs qui
font à cette froide expofition, d'une bonne épaiflèur &
d'une conftruction folide, ainfi que le plafond} au-defîùs
duquel on ne doit laifîèr aucun jour : c'eft pour cela que
les plafonds des Orangeries un peu confidérables font voû-
tés , comme on le voit à celle de Verfàilles. Il faut auffi
que le fol y foit élevé de quelques marches au-defîûs du
rez-de-chaufïee, afin de les préfèrver de l'humidité , beau-
coup plus à craindre pour les arbres que le froid ; c'eft
pourquoi fi on pouvoit les placer fur quelque éminence,
ou pratiquer des caves au-deiîbus, elles en fèroient beau-
coup plus faines, Se confèrveroient un même degré de
chaleur bien mieux que celles qui font placées dans des
lieux bas, quoique expofees au Midi.
On peutfèntir la différence qui fè trouve entre les ferres
par la comparaifbn de celle du Château de Saint Cloud
avec celle du Château de Verfàilles. Les Orangers de la
première font trouvés par les Amateurs infiniment plus
beaux, que ne le font ceux de la féconde , malgré l'atten-
tion continuelle qu'on leur donné; parce que les murs de
Terrafîè dont celle-ci eft formée par un côté, y produifènt
-ocr page 102-
CHAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRÏBUT. DES AlLES. JJ
une humidité que le fècours de la chaleur artificielle peut
à peine détruire. D'ailleurs cette chaleur ne fçauroit que
préjudicier à ces arbres ; ne pouvant être toujours d'un pa-
reil degré ni d'une même étendue. Si on la tient modérée,
les arbres voifins feront les feuls à en profiter , & ceux qui
feront éloignés ne pourront s'en refîèntir. Si au contraire
vous lui donnez trop de force , vous rifquez d'endomma-
ger les arbres qui font proche. Ainfi à mon avis} le meil-
leur parti c'eft de tenir les portes Se les- Jcroiféés bien join-
tes & bien clofès , fans cependant empêcher qu'elles ne
puiflènt s'ouvrir ; lorfque le Soleil paroîtra devoir être
d'un peu de durée, c'eft d'avoir foin, comme je viens de
le dire , que les murs fbient d'une bonne conftru6Hon ^
ainfi que le plafond, fbit qu'il fbit voûté , fbit qu'il fbit
ourdé de plâtre orné de corniches ; Se de ne pas non plus} |
négliger le fol, qui pour plus de propreté peut être battu
de fàlpêtre, ou conftruit de planches de chêne pofees {mi
des lambourdes ; enfin on ne doit rien négliger pour tenir;
les ferres dans une chaleur tempérée pendant le fé jour qu'y!
doivent faire les Orangers, qui fe continue ordinairement*
depuis la mi-Oclobre jufqu'à la mi-May ; après lequel tems
on les expofe dans les Jardins qui leur font deftinés Se
dont on a dit quelque chofe en décrivant les diftributidns
du Parc, page 14.
          ; v iïîkxi ::■■*.
De l'élévation de l'Orangerie,
La décoration de fà façade contient la longueur de faîfej
qui comprend &lâ ferre Se l'appartement des Bains, comrf ;
me on le voit dans fbn plan qui eft au bas Se dont on vient
déparier, Son ordonnance eft tenue d'une Archk^clùre^
fimple, devant avoir en dehors un air de fblidké , par rap~;
port à l'ufage des dedans; j Le Pavillon du milieu eft percé ij
_. 1 "........— ■ . ■■■■■- tgmmmrm........           "....... -»i—n i          j._ l .                 . ^i.....m.....gggigEE-gg! ! ' ——*
JÎiij
-ocr page 103-
jS De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES.EdIFICESj,
de trois arcades formées fur un premier avant-corps cou-
ronné d'un fronton > au^defïîis duquel s'élève un amortie
fèment qui porte un jeu d'enfansen relief. Ce couronne-
ment deviendroit hazardé fur un Bâtiment qui auroit plus
d'élévation ; & cet amortifïèment ifolé ne fait bien que
lorfqu'il eft pofé for un Bâtiment d'un étage. Il le lie avec
des groupes d'enfans pofés fer les avant-corps de ce Pavil-
lon, qui achèvent de pyramider ce couronnement. Au
ba& des arriere-corps font pofëes des figures fer des dez en
forme de piédeftaux. Je n'ai tenu que l'arcade du milieu
ouverte -, Se j'ai fermé les deux autres, où j'ai mis des croi-
fées. On doit obfèrver que les portes des Orangeries foient
•d'une grandeur proportionnée à celle des Orangers^ par-
W qu'elles doivent leur fervir d'entrée Se de fortie : il faut
auffi quand les ferres font élevées de quelques marches au-
dëfîus du rez-de-chaufîee du Jardin , pratiquer fer les de-
grés des talus dont la largeur foit égale à celle des portes,
ai qui foient Inclines feivant la pente que donnera la lar-
geur de ces degrés, ainfi qu'on le voit marqué dans cette
élévation &jdans fon plan. Ces talus fervent pour le trans-
port dés Orangers, quand leur pefanteur ne permet pas
de les porter* fer des civières, Se qu'on eft obligé de fè fer-
vir de chariots fort bas que l'on fait rouler par le moyen
des leviers ; ce qui ne pourroitfe pratiquer fer des marches.
Les talus font encore nécefîàires à tous les grands per-
rons , d'où l'on defeend fer des Terrafîês afin de donner
Je lkfâdiiti aux ouvriers qui oonduifent des brouettes, ou
tombereaux à main pour nettoyer les Jardins.
3«"t t;e§ arriëre-corps de la- Façade dont nous parlons, font
très-firnples ; afin quils paroiflènt inférieurs à l'Architectu-
re qui ;orne ' ïés avant~cotfpsf de cefte élévation. Les deux
Pavillons«fels extremis font ornés chacun d'une arcade.
■ ilffliiiiiii—Biu itniiMiwimii.........il ii.........11 m iiwiiiiiiiiiiiwiTri^rTïïlw,rwi-iiMiÉiii>'Wl|i"^iii......—i nm m mu m
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ChAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIRUT. DES AïLESl J<0
: qu'accompagnent deux pilaftres qui font l'un Se l'autre
décorés d'une table Se d'un bufte pôfé fur une confble.
La hauteur de ce Bâtiment eft terminée par un entable-
; ment architrave Se couronné d'une éfpeee de bafuftrade
qui fait refïaut félon les avant-corps. Je n'y ai point formé
de baluftres,;( ils feroient devenus trop écrafés à caufedu
peu de hauteur de l'appui qui n?aurait plus eu de propor-
tion avec l'Architecture de defîous, fi je lui eufîè donné
plus d'élévation. Au défaut de baluftre, on peut mettre des;
poftes y forte d'ornemens qui fè pratiquent dans les tables
dont on embellit les appuis qui terminent une Façade >
quand on veut cacher les égoûts des combles.
Cet entablement règne tout autour de l'aile , Se fert
aufîi à couronner rArchitecture du côté oppofé à cette
Façade Se qui donne dans la grande Cour du Château.
Cette aile fait iymetrie avec celle qui eft placée de l'autre
côté Se où font diftribuées les Cuifînes Se les autres pièces
dont nous allons parler.
De la. diflribution de ïaîle des- Cuifmes*
Cette aile a la même longueur que celle où. TOrangerie
| eft placée,, Se qui eft vis-à-vis* Je n'aimisdès portesqu^aux
j extrémités de fi Façade, afin de laifïèx moins de liberté aux
| gens de Cuifine du côté de la Terrafïè fur laquelle elle eft
affifè, Se qui approche delà vue du Château. J'ai mieux
aimé leur ménager plus d'ifiue& du câtiê de la Cour: quileur.
eft deftinée.
porte du? Pavillon marque J%, ^ ierû' g l'entrée au loge-
ment du Concierge; celle du.Pavillon-marqué B\y ouvre
le Veftibule, qui devient commun à Taîlé des Offices,
laquelle retourne; d'équerre; à celle dès Cuifînes. Vin efca>
lier à double rampe eft pratiqué dans ce Veftibule\, il def
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80 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
cend aux Caves qui font pratiquées fous les Offices, Se il
conduit au fbuterrain du Château par un pafîage pratiqué
fous la Terraflè. Ce paflâge eft éclairé par des jours pris
dans les murs d'appui dont la Terraflè eft revêtue, Se il
menne au grand Efcalier du Château, afin de pouvoir por-
ter au rez-de-chaufîee dans la pièce H, les mets qui vien-
dront de la Cuifîne , * quand la fàifbn ne permettra pas
qu'on les porte à découvert. Cet Efcalier eft double afin
qu'on puifîè monter, fans nuire à ceux qui defeendent Se
qui font chargés. Le pallier qui fepare les deux rampes,
fèrt de pafîage à l'aîle des Offices, dont nous ne donnons
ici qu'un arrachement, la grandeur de l'échelle n'ayant
pas permis d'y repréfènter toutes les pièces dont un Office
eft compofe. J'ai préféré de donner les diftributions dés
Cuifines, à caufè que leur élévation eft décorée du côté
de la grande Cour , Se que je l'ai mile au-delîûs du plan
que j'en donne ; Se je me fuis borné à parler en général des
pièces dont un Office peut être compofe.
Ce Pallier conduit d'abord dans une Salle à manger
deftinée pour les Officiers de bouche , qui fèrt de pafîage
pour aller dans l'Office où l'on prépare les deilërts. Dans
cette dernière pièce doivent être pratiquées des armoires
à hauteur d'appui, tout autour des murs, kfquelles fervent
à renfermer l'Argenterie , le Linge, Sec. Au~deflùs font
des tablettes où fe peuvent placer la Fayance, les Criftaux
Se les autres uftanciles qui doivent fe trouver fous la main.
Derrière cette pièce en doit être une autre , foient
conftruits un Four, des Fourneaux , Se une Etuve pour
la commodité Se le travail de l'Officier &.de fès Aides. Près
de ces deux pièces, fè doit trouver la Fruiterie qui étant
fous la direction de l'Officier, ne doit pas être éloignéçde
* Ainfi qu'il a été dit Chapitre fécond , page 38.
11 m ijgg.......Sgggg.........■■■■■.....■■»■■            8               -ii              ' 11-
lui.
-ocr page 106-
' mmmm
ChAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIB. DES AïLES. 81
lui. Il faut faire enforte qu'elle foit à l'abri de la chaleur,
Se
en même tems exempte d'humidité.
C'eft auffi dans cette même aile de Bâtiment, qu'on
place les Sommeleries, les Cantines Se les Magafins dont
le Maître d'Hôtel eft chargé. Par cette raifon on doit lui
ménager auffi bien qu'à. l'Officier , un appartement qui
leur foit contigu ; où du moins lorfqu'il eft impoffible
de faire autrement, on doit les loger dans les entrefbls
pratiqués au-deflùs, afin qu'ils foient à portée de veiller
à la fureté de leurs provifions Se de leurs uftanciles.
A la gauche du Veftibule > on entre dans la Salle du
Commun, où mange la Livrée. Il n'y faut aucuns orne-
mens, Se elle n'a befoin que d'une grande table dans fon
milieu , Se de bancs fuffifans. Derrière cette pièce eft prati-
quée une décharge qui fère depaflàge pour aller dans la baf-
fè-cour. Derrière cette même décharge, & à côté delà Salle
à manger des Officiers, fè trouve un efcalier qui defcend
aux Caves Se par lequel on monte le bois, pour le con-
duire à la Cuifine par le lavoir. A côté de la décharge, eft
un autre petit efcalier qui monte à des entrefbls qu'on a
mis fur les petites pièces qui donnent du côté de la bafîe-
cour, Se qui conduit au comble.
                                      Il
De la Salle du Commun, on pafîè à une grande pièce
qui fe nomme Aide-de-Cuiiine, parce que c'eft là que les
Quvrages les plus embarafïàns fe préparent, pour être en-
fuite portés à la Cuifine & y caufer moins de confufîon.
On y a conftruit une grande cheminée qui fert en cas d'un
repas extraordinaire. J'y ai placé auffi quelques fourneaux
dans les embrafèmens des deux croifees qui éclairent cette
pièce, Se j'ai pratiqué des portes aux côtés de la cheminée,
dont l'une s'ouvre dans une pièce, deftînée à ferrer les vian-
des de boucherie > Se l'autre dans un lavoir qui communi-
T. I. Part. L
-ocr page 107-
Si De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
que avec la Cuifine. Ce lavoir eft ainft appelle ? parce
qu'on y porte la vailîèlle au fortir de la table pour y être
lavée Se de là rendue à fà deftination. Pour cet effet on y
pofè une pierre à évier qui conduit les eaux dans la bafle-
cour, Se à côté on place une auge fous des robinets qui
verfènt l'eau qui a été amenée dans ce lieu par des canaux
de plomb. Au défaut de ces conduits on doit pratiquer un
puits à la proximité des lavoirs, lequelpuilîè fournir abon-
damment de l'eau claire pour en remplir les auges. Dans
les Cuifines un peu confidérables } il n'eft pas poflîble de
le parler du fècours prochain des eaux , dont la fburce ne
doit point tarir , tant pour le fervice ordinaire, que pour
arrêter les accidens qui peuvent fùrvenir par le feu : en ce
dernier cas on fè fert de machines Hydrauliques * qu'il eft
aile de conftruire, & qui élèvent l'eau jufqu'à des refer-
voirs d'où elle eft conduite par tout où elle eft nécefîàire.
Ce lavoir a la fortie dans la baffë-cour, Se il doit fervir à
l'évacuation des eaux fales Se des autres ordures qui pro-
viennent de la Cuifine. On doit toujours avoir l'attention
de ne jamais tourner les égoûts du côté des paflâges fré-
quentés par les Maîtres, Se ils doivent être pratiqués du
côté des baflè-cours, auffi bien que leurs dégagemens. La
Boucherie n'a point déporte qui donne dans la baflè-cour;
mais feulement une fur le pallier du petit efcalier ; Se pour
qu'elle fut moins expofée au haie en Eté Se à l'humidité
en hy ver, je n'y ai mis qu'une croifée de médiocre gran-
deur y Se qui doit être armée de barres Se de fil de fer, pour
la garantir des animaux.
Au milieu de cette aîle, eft placée la Cuifine : elle eft
très-fpackufe j & fa grandeur m'a engagé à lui donner plus
* Voyez le Livre de l'Architefture Hydraulique par M. Belidor, qui con-
tient plusieurs machines propres à cet ufage.
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CïïAP. IV. DE LA DECORAT, ET DI5TRI8. DES Ai LES. 8 2
'•■               "'"'■ ' ""' ■"■"'! -rrrni-nn-TT -ir -             i i -                                            ,,              ,                          ■ ■               ,1,                                               ,                    J.
d'élévation qu'aux autres pièces ; ce qui m'a donné auffi
occafion de former l'avant-corps du milieu que Ton voit
dansla Façade audefiùs du plan. Cette Cuifine eft voûtée en
voûte d'arrêté, Se l'attention de voûter en pierre une Cui-
fine de cette confëquence eft nécefiâireà caufedu feu con-
tinuel qui s'y doit faire, les planchers ides autres pièces qui
font à côté d'elle Se qui font plus bornées, font conftruits
de bois de charpente, recouverts de maçonnerie, afin qu'on
puilîè avec facilité les nettoyer Se en ôter la foye qu'y pro-
duit la fumée. La hauteur de cette Cuifine m'en a fait tenir
les croifëes fort élevées, elle eft éclairée tant du côté de la
baïlè-cour que de l'autre côté. Les fourneaux font placés
au bas des croifëes qui font oppofées à celles qui donnent
for la grande cour, afin que du côté de ces dernières, dans
les embrafèmens desquelles ne font mis que quelques po-
tagers , lepafiâge de l'enfilade des portes fut plus libre. J'ai
placé une cheminée dans chacun des flancs de cette pièce ;
l'une fort aux marmites ; l'autre eft pour les rots de bou-
cherie. Vis-à-vis la porte du lavoir eft une autre porte
qui donne entrée dans un garde-manger, lieu deftiné à fer-
rer les viandes froides qui fortent de defiùs la table Se qui
peuvent y être refervies : cet endroit eft encore propre à
renfermer les provisions dont on a befoin journellement.
Derrière ce garde-manger, eft placée la Rotinerie, qui
porte ce nom, parce que c'eft là qu'on fait rôtir la volaille,
Se que le plus fouvent on y pique les viandes ; quoique
j'aye cependant pratiqué un lieu exprès pour ce dernier
ouvrage, dans le delîein qu'il y foie exécuté plus commo-
dément , Se qu'on n'y foit pas expofé au foleil du Midi
qui règne for les pièces qui y font diftribuées du côté de la
grande cour. Pour préferver de fon ardeur la petite pièce
dont je parle, auffi bien que le garde manger, labouche-
Lij
-ocr page 109-
I 84 De la décoration et distribution des Edifices, I
I rie Se les autres de cette efpece, j'ai eu le foin de les placer I
I du côté de la bafle-cour.
                                                   S
p Après la Rotifîèrie, fe trouve une pièce difpofée pour I
I la Pâtifîèrie. Moyennant cet ordre, chaque différent tra- ji
jl vail a fà place particulière Se fè fait fans confufion.
            1
Entre le garde-manger Se la pièce deftinée à piquer la '
j viande, eft un petit efcalier qui conduit aux entrefbls placés
ïj de ce même côté, Se qui font deftinés pour les • Aides de
ICuillne.
A l'extrémité de cette aîle , dans le Pavillon A, eft le
logement du concierge. Il eft d'autant mieux placé , qu'il
I eft efîentiel que d'un feul coup-d?ceil il puiiîè voir ce qui
j fè pafîe dans le Château.
'I De la Décoration de la Fa fade de VAîle des Qui fine s s donnant
du coté de la grande Cour.
\ Cette élévation eft au-defïùs defbn plan : elle contient
la même longueur que celle de l'Orangerie qui lui eft op- "
pofëe , comme on le peut voir dans le plan général, Plan-
che première. J'ai déjà dit les raifbns qui m'ont obligé de ;
mettre peu de portes à cette élévation, en décrivant l'u-
fage des pièces qui compofent les diftributions; du. de- S
dans de cette aîle : je remarquerai feulement ici que j'ai I
été dans l'obligation de tenir cette face un peu décorée,
ainfi que le derrière de l'Orangerie qui lui fait fymetriej,
afin de faire honneur à la vue du Château > fans cependant I
que les deux ailes pufîènt entrer en comparaifon avec la no- I
ble/îè Se- la grandeur de fon Architecture. C'eft à quoi je I
crois avoir réufti en les tenant peu élevées. Ces ailes font I
édifiées fur les Terralîès qui ornent la grande eour, Se qui 1
vont fe terminer au pied du Château; ce qui fèrt à mettre S
leur rez-de-chaufîee de niveau avec le fîen, ainfi qu'il a I
-ocr page 110-
Basa
V
MM
CHAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIBUT. DES AlLES. g j1
été dit dans la defcription du Plan général. La nécefïïté où
j'ai été d'élever l'avant-corps du milieu, à caufe de l'ex-
haufîèment de la Cuifîne, donne un air de noblefle à cette
partie. L'on doit mettre à profit ces luperiorités dans une
élévation de ce genre , pour placer les armes du Maître,
Ibit dans un fronton , îbit à un amortiiïèmentdontilfe-
roît partie > tel que celui qui orne cet avant-corps. J'ai
tenu l'entablement des arrière-corps moins élevé que ce-
lui du Pavillon fur lequel les armes font pofees>pour m'af
lujettiràla hauteur de celui du Bâtiment de l'Orangerie
qui lui fait face, Se qui étant ifolé doit être couronné tout
autour du même entablement. Cette défunion d'entable-
ment n'étant fuportable que lorfqu'elie efl: autorifée par
l'élévation d'un principal avant-corps, autrement lamuïti-
plicité deviendrait un vice dont il faut le garder d'ufer.
J'ai donné un double avant-corps aux Pavillons des extré-
mités de cette Façade, afin d'occuper leur largeur avec
quelque grâce, Se d'éviter d'y mettre plus d'une croifée,
ce quiauroit produit un trumeau dans le milieu. Les arrie-
re-corps font très-fimples, Se font couronnés d'un appui
enrichi de polies.
Ces derniers Bâtimens font d'une grandeur allez appa-
rente pour ie parler d'une plus ample explication ; pafîbns
à un petit Bâtiment nommé Trianon, marqué S ^ T^ dans
le Plan général} Se dont j'ai promis la defcription^
m
Liij;
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86 De Là DECORA.TION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
CHAPITRE CINQUIEME.
De la Diftribution Se de la Décoration du Bâtiment nommé
Trianon } placé à la tête du Canal R ^ dans
le Plan général.
De la Difirihutïon des Appartemens du Trianon.
J'Ai donné une description fufEfànte des Jardins de ce
Trianon dans le premier Chapitre de ce Volume, pa-
ge -ao, en parlant des diftributions du Parc ; c'eft pour-
quoi afin d'éviter la repétition, je ne parlerai que de celle
du Bâtiment 3 que j'ai élevé fur le fbmmet du fer-à-cheval
qui fe trouve à l'a tête de la Salle verte marquée R ^ dans
le Plan général.
Comme ce Bâtiment n'eft fait que pour recevoir peu
de monde à la fois, toutes les pièces qu'il contient font
d'une grandeur médiocre, à la refèrve du Salon que j'ai
tenu afîèz grand, en cas d'afîèmblée.
]Le Veftibule qui donne entrée à toutes les pièces, eft
d'une forme gracieufe ; les quatre angles en font à pans,
Se
Ton y a pratiqué des niches pour y placer des figures. On
amis de fymetrîe des portes aux quatre côtés de cette pie-
ce : l'une fèrt d'entrée au Bâtiment, Se celle qui eft vis-à-
vis mené au Salon.
La grandeur de ce Salon me l'a fait tenir dans une hau-
teur proportionnée ; rien n'étant plus contre la bien-fèan-
ce, que de voir une grande pièce écrafée, Se qui femble
n'avoir été ainfî faite, qu'après coup. La décoration de cet-
te pièce * eft toute de menuifèrie peinte en blanc ? fans au-
' * On en voit l'ordonnance en petit dans la Plan, i 5,ainlî que celle du Veftibule.
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CHAP. V. DE LA DECORAT. ET DJSTRIB. DU T&IANON. 8j
cune dorure > à caufe qu'elle efl iltuée de manière à fer-
vir de pafîàge aux pièces qui font diftribuées à les côtés.
Cependant les Domeiliques ayant le Veflibule pour fe re-
tirer , Se le Salon pouvant alors être habité parles Maîtres,
je l'ai tenu en cette confédération orné de tableaux, de
iculptures Se de glaces. Dans les tems froids on peut y te-
nir du feu pour chauffer ceux qui s'y rendraient après leurs
differens araufemens ; ayant confàcré les appartemens de
la droite Se de la gauche pour le délafîèment des Maîtres
qui occupent le Château ., aînfi que je l'ai dit ailleurs.
A la droite de ce Salon efl une Sale deflinée pour rejeta^
vis-à-vis les croifées qui ïéclairent efl formé une niche
pour y placer un Sopha, Se aux deux angles font deux
pans coupés où l'on peut pratiquer des armoires propres
à ferrer les Damiers, les Trictracs, les bouries de Jettons >
Sec.
Vis-à-vis la cheminée efl placé de lymetrie un Tru-
meau j qui; comme lerevêtifîèment de cette pièce, efl: de
menuiferie, fur laquelle efl pafîe un vernis Se dont les or-
nemens font dorés.
Tous ces petits appartemens étant deflinés au délafîè-
ment de Telprit, on ne doit rien négliger pour en rendre
la décoration enjouée Se galante. C'efllà que le génie peut
prendre l'elîbr Se s'abandonnera la vivacité de les caprices,
au lieu que dans les appartemens de parade} il doit le ref-
fèrrer dans les règles les plus exactes de la bienfeance Se du
bon goût, Se ne pas tomber dans les libertés demefùrées
de notre feuipture d'aujourd'hui, qui doivent en être ban-
nies avec d'autant plus de railon que les vrais Architectes
les tolèrent à peine dans des lieux tels que ceux dont l'on
fait actuellement la defeription.
Cette Sale à jouer donne entrée dans une autre pièce où
l'on parle pour prendre le cafte. Les plantes Se les figures
-ocr page 113-
SS De la décoration et distribution des Edifices,
Indiennes Se Chinoifes ont ici toute la licence de faire par-
tie de la décoration : elles y conviennent naturellement,
Se c'eft dans cet endroit fèul que félon moi elles devraient
être admifès.
On entre enfuite dans un Cabinet en nicher dont la
forme eft ovale, Se qui reçoit fon jour par une porte croi-
fee qui donne dans un petit bofquet, lequel fèrt de pro-
menade particulière à ce Cabinet. En face de cette porte
eft placée la cheminée dans une arcade qui fymetrifè avec
elle 3 Se qui figure avec l'arcade dans laquelle le li: en ni-
che eft contenu , Se vis-à-vis de laquelle on en a feint une ,
autre de même forme, ou la porte qui donne entrée dans
ce Cabinet eft pratiquée. Dans l'embrafèment de celle-
ci, eft placé un efcalier H, pour monter aux entrefols
qui font fur le Cabinet Se fur une petite pièce qui eft
derrière, Se qui font deftinés pour coucher des Domefti-
ques*
Du Cabinet au caffé, on entre dans une Galerie qui ter-
mine le côté droit de ce Bâtiment. Cette Galerie eft dé-
corée avec îyrrietrie , Se les trumeaux de chaque croi-
fée font enrichis de glaces ornées de confoles fur lefquelles
font pofées diverfès curiofités, comme bronzes, criftaux,
porcelaines, Sec.
De cette pièce vous fortes dans le Jardin pour y profi-
ter de la folîtude Se de la fraicheur qu'offre une allée'qui
eft à côté d'elle Se qu'on nomme allée du Gladiateur, par-
ce qu'elle eft terminée par une niche où Ton a placé une
figure qui porte ce nom,
A la gauche du Salon, eft une Salle de Billard d'une
forme convenable à fbn ufàge. Les ornemens , les glaces
Se les tableaux font rarement partie de la décoration de
ces fortes de'pièces , à caufè des accidens ordinaires dans
j
m
ce
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ChAP.V. DELA DECORAT. ET DISTRIB. DU TrïANON. Sp
ce jeu Se l'on les revêtît feulement de Menuiferie diriri-
buee à grands paneaux.
Cette Salle de Billard conduit à un cabinet qui précè-
de une chambre en niche, il peut être orné de tapifïèries
pofées iur un lambris d'appui. Quant à la chambre en ni-
che , elle doit être revêtue de menuifèrie dans toute fa hau-
teur. Cette précaution la préièrvera de l'humidité qu'elle
pourroit avoir, étant au rez-de-chaufîee, Se qui s'empare
toujours des appartenons qui ne font pas continuellement
fréquentés ; fà décoration eft parfaitement iymetrifée.
Pour y joindre la commodité à l'agrément, j'ai pratiqué
près d'elle une petite garde-robe qui tire fon jour Se qui a
fon dégagement par une petite Cour. Chaque côté de la
niche qui renferme le lit, a une porte : l'une fert de paiîà-
ge pour aller à la garde-robe , Se l'autre ouvre un petit re-
tranchement pour ferrer le linge Se fermer fous la clef ce
que le Maître voudra fè conferver.
La petite cour communique aux Cuifines de ce Bâti-
ment. J'ai crû devoir y en ménager Se leur donner autant
de commodités que le terrain me le permettoit, dans l'i-
dée que fi le plaifir convioit à y venir faire un repas 3 on
pût trouver un lieu propre à le préparer, iàns qu'on fut
obligé de recourir aux Cuifines du Château, qui feroient
trop éloignées. De plus cette commodité fèroit d'un grand
fecours pour une perfonne qui étant indifpofée, voudroit
fè retirer du Château, Se qui auroit befoin de l'agrément
Se de la tranquilité que peuvent procurer l'expofition Se
les Jardins de cette aimable retraite. Enfin ce Bâtiment
peut encore fervir, lorfqu'il iur vient une abondante Se
nombreuie compagnie , Se l'on y peut loger les amis fa-
miliers de la maifon. Pour lors on changeroit la deftina-
tion de (ks pièces , Se onlesajufteroit foivant la conjone^
ES33
T. I. Fart, L
M
•£■
-ocr page 115-
pO De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
ture. C'eft une grande relîburce que d'avoir un lieu pareil
dans le voifinage d'un grand Château, Se dont on puiflè
diipofer dans le befoin.
Mais comme c'eft m'écarter du premier ufàge auquel
j'ai confàcré ce petit Trianon ; j'y reviens en reprenant
par la Salle à manger qui eft à la droite du Veftibule.
Cette Salle à manger eft d'une forme afîèz irreguliere ,
ayant voulu profiter de tout le terrain quoiqu'il fut de biais.
La cheminée eft placée vis-à-vis le trumeau des deux croi-
fées ; les angles de la fuperricie fur laquelle elle eft pofée
font arrondis, Se j'y ai pratiqué des niches pour recevoir
des tables de marbre fur lefquelles on peut mettre l'argen-
terie , les criftaux Se le deftèrt pendant le repas , pour les
refîerrer enfuite dans la décharge qui fe trouve placée à
côté de cette pièce. Si l'on vouloit donner un grand repas
à ce Trianon, on mangeroit alors dans le grand Salon,
Se l'on dreftèroit des buffets dans le Veftibule.
De l'autre côté de ce Veftibule, eft placée la Salle du
commun où mangent les Domeftiques. A la fuite de cet-
te pièce le trouve la Cuîflne qui eft d'une grandeur raifbn-
nable pour le Bâtiment. Elle eft îuffifàmment éclairée ,
lui ayant donné des jours par le bois qui lui eft contigu,
Se que l'on doit tenir élagué. La cheminée eft placée dans
un angle derrière lequel eft un lavoir qui fèrt à renfermer
les batteries de Cuifine Se les autres uftanciles ; un petit
garde-manger aboutit à ce lavoir & à fa fortie dans la mê-
me cour que nous avons dit éclairer la garde-robe de la
chambre en niche.
Dans l'un des angles de cette cour > eft une pompe A,
qui diftribue l'eau à tous les endroits où elle eft néceftàire 9
cette pompe fe trouve à couvert fous un hangard qui en
même tems contient Se préfèrve le bois deftiné pour la
ssmssm^m^am
-ocr page 116-
mm
Chap. V. de l'élévation du Fer-a-cheval. pr
Cuifine. La pente du pavé B de la cour, palîe au travers
du mur de clôture, Se va répandre dans le bois les eaux
inutiles, qui vont enfùite ie perdre dans une fondrière pra-
itquée à cet effet.
Dé la Décoration de la Façade du côté du Fer-à-cheval%
avec la Coupe Se Profil du Trianon.
De l'élévation du Fer-à-cheval.
Cette élévation eft circulaire fur ion plan, * afin defui-
vre la forme de la Terraflè fur laquelle cette Façade eft
élevée. J'ai couronné l'entablement qui termine la hau-
teur de ce Bâtiment, d'une baluftrade ornée de groupes
d'enfans à fes extrémités, Se au milieu eft un amortilîè-
ment où les armes du Maître font reprefèntées. Cet amor-
tiftèment eft fbutenu avec avantage par i'avant-corps qui
eft au-defîbus, Se qui marque le milieu de cette Façade ;
ce qui produit un agréable effet du bas du Fer-à-cheval
fur lequel ce Trianon ièmble pyramider. Il paroît fait ex-
près pour varier avec les agrémens de la Salle verte R ; **
Se rîen ne pouvoit mieux fervir à faire détacher ce Bâti-
ment , dont j'ai tenu la face de ce côté-ci d'une Architec-
ture un peu mâle, que de l'avoir accompagné de verdu-
res champêtres, de rocailles," de fontaines jaiiliflàntes ' &
d'autres beautés que la nature fèmble avoir formées d'in-
telligence avec l'Art.
Pour donner un air de majefté à ce petit Bâtiment, j'ai
décoré les arriere-corps de trois arcades dans lesquelles font
placées les croifées qui éclairent les pièces qui donnent de
ce côté ; j'ai refendu les trumeaux de ces arcades, afin de
* Voyez la Planche 12.
** Voyez le Plan général Planche première.
i
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02 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
les tenir dans un goût de rufticité : des têtes de Dieux, de
Fleuves Se de Faunes^en ornent les clavaux. Se elles y font
placées fins cartel pour plus de fimplické : * j'ai tenu les
Profils ainfi que la baluftrade, moins légers que du côté
du Jardin ; tant parce que cela convient mieux à une Fa-
çade de Bâtiment qui fe présente au-deflùs d'une Fontai-
ne , que parce qu'il faut que celle-ci foit vue de fort loin.
De la Coupe & Profil.
Cette Coupe offre la décoration Se les proportions du
Salon, aînfi que celles du Veftibule, & donne une idée
de la charpente Se de la forme des combles, qui ne peu-
vent être apperçûs de l'élévation du côté de l'entrée. On
voit d'un côté la naiflànce de l'élévation du Fer-à-cheval,
Se de.l'autre le retour du Pavillon qui termine les extré-
mités de la Façade du côté du Jardin. Quoique cette Cou-
pe foit donnée en petit, elle eft aflèz diftinéte pour que
l'on puiflè juger des formes de fà décoration.
De Vélévation du coté des Jardins.
Cette Façade eft plus étendue que celle du côté du Fer-
à-Cheval, à caufè du biais que forme le terrain. La déco-
ration en eft auffi bien différente, n'ayant pas eu des rai-
forts pour la tenir auffi ruftique que celle de l'autre côté.
Comme ce Bâtiment eft enclavé dans l'épaiflèur du bois,
j'ai été moins aflùjetti à l'uniformité de l'Architecture des
deux Façades fuperieures , autrement il auroit fallu que
les pignons euflènt reçu les mêmes entablemens ■** qui
* On en trouvera des exemples dans ce genre dans la première partie du fé-
cond Volume, Planches 3 5 & 3 6.
** Aînfi que je l'ai fait remarquer en parlant de l'élévation de l'aîle des Cui-
. fines, pag. Sf.
            .         ,'..                                        '...,
11 1 1 .             m             m                 1 î
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1
CHAP. V. DE L'ELEVATIONi DU COTE* DES JARDINS, O3
régnent aux Façades principales , uns quoi il y auroit eu
de la délîinion dans l'ordonnance générale, défaut qu'il
faut éviter lors qu'un Bâtiment efl ifolé.
J'ai placé un ordre de colomnes Ioniques au rez-de-
chauflee dans le milieu de cette Façade, Se j'ai orné les
acroterês de la baluftrade qui règne fur cet ordre de grou-
pes de figures qui donnent de l'agrément à cette élévation 9
j'ai fait retourner les profils des entablemens iùr le nud du
mur, pour en tenir l'Architecture plus légère; n'ayant pas
belbin de prêter à ces fortes de Bâtimens un air de folidi-
té, j'ai au contraire cherché à lui donner un air fvelte>
qui paroît s'accorder avec la vivacité Se la légèreté des or-
nemens des Jardins. Les deux Pavillons des extrémités
de cette Façade font aufïï ornés de pilaftres Ioniques, qui
fervent à faire détacher les arriere-corps, dont la /impli-
cite fait aflez valoir les parties qui doivent dominer dans
cette élévation.
Cet égard d'obferver de$ repos dans l'ordonnance dnsne
Façade , ne doit pas être négligé dans quelque Edifice
que ce puiiîe être; c'eft par cette comparai/on judicieuiè
qu'un Bâtiment d'une médiocre dépeniè s'attire l'admira*
tion des connoiiïèurs ; néanmoins dans la décoration d'u-
ne Façade de peu d'étendue, telle que celle dont nous
parlons, on peut hazarder quelque ornement 5 que la pru-
dence qu'exige la bonne Architecture ne permettra pas
de répandre dans tout autre Bâtiment. J'entens par cette
prudence dans la décoration extérieure, l'apparente fbli-
dité 9 l'harmonie du tout avec les parties 3 & cette mâle
fimplicité qui caracterifèf Architecture; par exemple 5 le
reflàut que forme l'entablement Ionique dans l'avant*corps
du milieu , devient fùportable dahs> un Bâtiment de cette
eipece , Se cette licence fèroit à craindre dans un Edi-
■.émm
Miij
-ocr page 119-
am
94 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
fice fupérieur à celui-ci, parce que la multiplicité des re-
tours dans les entablemens d'une grande Façade fait un
méchant effet par les angles aigus qu'elle offre aux yeux
qui ne les voyent jamais avec fatisfaétion. Il n'en eft pas
de même à l'égard d'une Façade de peu d'étendue qu'un
feul coup-d'œil peut embraflèr , 6t où l'eiprit conçoit
tout enfemble la forme générale avec le détail des parties ;
ce a eft aufli que dans cette occafion qu'on doit ufer de
cette manière de décorer, de non dans les Bâtimens con-
fidérables où doit régner une majefté qui tient de la gran-
deur du monument qu'on élevé.
Comme le Bâtiment dont nous parlons n'a qu'un étage,
je l'ai terminé d'un comble à la manfarde qui règne fur
les ailes ; l'avant-corps du milieu eft couronné d'un or-
dre Attique orné de croifées feintes qui s'accordent avec
les arcades de deflbus, ce qui donne à cet avant-corps une
marque de diftinclion ; derrière cet Attique eft pratiqué le
comble qui couvre le Salon tel qu'on le peut voir dans la
Planche précédente.
J'ai marqué aux deux extrémités de cette Façade la lar-
geur des allées qui accompagnent le Bâtiment, Se dont
l'ombre fert à aller trouver plus agréablement le berceau
de treillage dont on a parlé dans la defeription que l'on a
faite des Jardins de ce Trianonyen donnant celle du Parc,
Chapitre premier, page 20.
Comme je me refèrve des réflexions fur îArchitecture
à chacun des Bâtimens qui compofent ce Volume, je n'en
ajouterai pas davantage à cette première partie, Se je vais
pafïçr à la féconde.
Fin de la première Partie,
■■■"■ ■■'                              . ■■■......
!"....."i ii.".n
*K^
-ocr page 120-
A I T E
T
DE LA DECORATION DES EDIFICES»
ET DE LA DISTRIBUTION
DES MAISONS DE PLAISANCE-
SECONDE PARTIE-
Contenant la dijlribution d'un Bâtiment de quarante-cinq toifes
de face non compris les Ailes du coté du Jardin, la déco-
ration de fis façades & Vordonnance défis Jardins,
A V A N T-P R O P O S.
N me propofà le projet de ce Bâtiment pour
un particulier qui refidoit à Beiançon, pro-
che duquel cet édifice de voit être élevé; il
n'y avoit rien de conflruit fur ce terrain que
la perfbnne qui me mettoit en œuvre ne fè
refolut volontiers à jetter bas pour fàtisfaire le goût qu'il
lll, L, i ii—n
■BU
-ocr page 121-
ÇÔ De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
s'étoit formé dans l'Art de bâtir. Comme le lieu s'eft trou-
vé fort inégal , mon principal objet a été dans l'ordon-
nance des dehors, de mettre à profit ces irrégularités, &
leur donner les formes les plus agréables qu'elles pufïènt
recevoir. Les grands Efcaliers , les Fontaines, les pièces I
d'eau qui ornent le Parc, ainû* que la beauté des diftribu-
tions du Bâtiment, mettent ce projet en parallèle avec l'é-
difice de la première Partie, quoique ce dernier lui fok infé-
rieur dans la décoration des dehors.
Ce projet de voit être exécuté tel que je le donne ici,
une partie des Jardins font plantés, & je ne defèfpere pas
qu'un jour on travaille au Bâtiment, d'où Ton doit retran-
cher les deux Aîles ,du côté des Jardins ; on peut les fiipri-
mer fans interrompre l'ordonnance des diftributions du
principal corps de Bâtiment, 6c alors on réunirpit le terrain
qu'occupent ces Aîies avec les Terraflès qui font au-de-
vant d'elles.
CHAPITRE PREMIER.
De la Dijlribution du Parc, & de l'ordonnance defès
Jardins.
AYant été moins aflùjetti dans les diftributions des
dehors de ce fécond Bâtiment que dans celles -du
premier, j'ai eu la liberté de donner les proportions & les
commodités néceflàires qui doivent accompagner une
belle Maifbn de plaifance. Le Bâtiment principal fe trou-
ve placé fur une Terraflè ; ce qui fait que du rez-de-chauf-
fee des appartemens , la décoration des Jardins fè préfen-
te à la vue en Amphithéâtre. * Le terrain qui fè trouve
* Voyez la Coupe èe ce Bâtiment , Planche 21,
depuis
1
•$»
-ocr page 122-
depuis le Château A , jufqu'à la porte de l'entrée , eft
a vantageufement occupé parla cour du Château Se par fon
avant-cour C, qui eft fermée par une porte de fer gril-
lée Se placée entre deux pieds droits de pierre, ornés de
bas-reliefs, Se portant des figures qui font point de vue à
l'avenue qui fait face à cette entrée Se qui s'étend fur une
partie des terres dépendantes du Château.
Les bafîè-cours font placées aux deux côtés de l'avant-
cour C , de façon qu'elles ne peuvent être apperçûesen
arrivant au Château. On doit ufèr de cette précaution
pour cacher ces fortes de Bâtimens, qui n'offrent rien d'a-
gréable à l'œil : cette avant-cour eft ornée d'une allée
d'arbres qui en fuit la forme, ainfî qu'une charmille à hau-
teur d'appui, laquelle donne de la gayeté à cette entrée Se
s'accorde bien avec les paliflàdes.qui ornent les flancs de la
cour du Château , qui n'eft féparée de l'avant-cour que
par une grille pofée fur un appui de deux pieds Se de-
mi de haut.
La verdure, les Bâtimens, &lesautres ornemensdont
ces deux cours font accompagnées, annonce la magnifi-
cence des Jardins Se des Edifices, dont le premier coup-
d'œil en entrant n'apperçoit qu'une partie. A l'entrée de
la cour du Château font placés de fymetrie deux Pavillons
qui font avant-corps : dans l'un de ces Pavillons marqué
I, eft la Chapelle ; l'autre marqué K, eft deftiné au loge-
ment du Concierge , qui fe trouve à l'extrémité de l'aile
des Offices D : cette aile a communication avec le Bâti-
ment des Cuifines qui a fà cour particulière marquée
E ; après cette cour des. Cuifines , eft la bafîè-cour F
pour les gens du Commun Se pour la Volaille ; ces
deux bafîè-cours E, F, Se leur Bâtiment, font fèparées
par un pafîage qui conduit au Potager L. Ce paflàge eft 11
i
,:•■»■
pi
T. I. Part. II.
-ocr page 123-
f                      BBgB—B^BS                                            | BBBBi
çS DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
fermé d'une porte qui fymetrife avec celle qui eft vis-à-vis,
Se par laquelle on parle aux baflè-cours des Ecuries Se des
Remifès G, H, qui ne font Réparées Tune de l'autre que
par un mur de clôture. Ces deux baflès-cours ont leuriflùe
dans la rue, pour donner entrée aux équipages Se faire
fortir le fumier fans parler par f avant-cour. J'ai eu la mê-
me attention pour ce qui concerne la baflè-cour F defti-
née > comme il a été dit, à quelques Volailles ; car quant
aux Bergeries , Vacheries , Etables , &c. un vieux Bâ-
timent deftiné à leur uiage eft fîtué de l'autre côté de la
rue, Se dans lequel la Ferme eft placée. C'eft là que font
pratiquées toutes les commodités néceflàîres aux différen-
tes efpeees de beftiaux propres à remplir une baflè-cour
complette.
Derrière les murs de la baflè-cour E J, eft le Jar-
din potager L. Comme il eft dans une heureufè expo-
fition, il doit être principalement refèrvé pour les légu-
mes Se les fruits qui fè fervent fur la table : il eft orné de
baflîns Se les allées en font fymetrifees. Son entretien le
rend recommandable Se lui favoriie la pié&nce des Maî-
tres. C'eft dans cette intention qu'eft pratiqué au bout
de ce Potager un petit Bâtiment X » où f on peut fe reti-
rer pendant la chaleur du jour.
Comme il faut une quantité de fruits Se de légumes
proportionnée au nombre des perfbnnes qui doivent ha-
biter une aufîl grande Maifbn, Se que ce Potager n'en
peut fournir fuffifamment ; il eft pratiqué dans la Ferme
où eft tenue la baflè-cour des beftiaux, des Vergers Se des
Potagers capables de fatisfaire en abondance au befoin
qu'on en peut avoir.
Pour venir au Bâtiment du Château A, nous avons dit
qu'aufîï bien que les ailes qui l'accompagnent, il étoit plus
-ocr page 124-
CHAP. I. DES DISTRIBUTIONS DU PARC.
99
élevé que le rez-de-chauflee des Jardins M, P. Pour y des-
cendre , dans le milieu du Bâtiment eft un grand Enralier
à deux rampes, tel qu'on le voit dans la Planche 17,
qui représente les diftributions du rez-de-chauflee de ce
Château. Deux autres marqués V, font placés de fyme-
trie dans les angles des deux Terraflès T, qui accompa-
gnent le corps du Château, & qui Servant de promenade
de plein-pied à £qs appartemens, procurent la vue de tou-
tes les décorations du Parc qui font à découvert. Aux ex-
trémités des aîles B, font placés des berceaux de treillages
qui féparent les Terraflès d'avec les petits Jardins fleuriftes
qui Se trouvent derrière, ayant néanmoins reSèrvé des
cours pour le dégagement des garde-robes qui communi-
quent aux Bâdmens des baflè-cours.
Pour parvenir au Parc par les EScaliers V, on deScend
d'abord fix marches qui aboutiflènt fur un perron ovale:
on en deScend enSùite fix autres qui conduisent à un pal-
lier circulaire, où Ton a le choix de deScendre à droi-
te ou à gauche. A chacun des palliers vient s'alligner
une des allées qui traverfènt diagonalement le Parc ,
Se
qui viennent couper le Parterre M , ce qui a don-
né lieu à fà forme dont la grandeur eft magnifique Se
offre un eoup-d'œil très-agréable aux appartemens du
Château qui donnent fur le Jardin. Son milieu eft orné
d'un tapis verd par préférence à une pièce d'eau, afin que
de cet endroit on pût jouir de la vue des allées qui s'y
viennent joindre Se qui percent dans le bois ; comme aufîi
de celle de l'Orangerie N, qui eft à la droite, Se de la
grande pièce O, qui Se préSènte à la gauche. A la tête du
Parterre eft placé un baflin de forme irréguliere, lequel
Sert à détacher le Parterre d'avec les grands tapis verds P x
qui conduisent au grand Canal Q par deux allées circulaires.
Nij
-ocr page 125-
IOO DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
Une des beautés principales de la diftribution de ce plan,
c'eft que malgré le petit nombre de baffins que le Parc
renferme, il eft difficile de n'en pas appercevoir, en quel-
que allée qu'on fe promené. C'eft à cette induftrie que
Ton reconnoît le talent de celui quicompofe la décora-
tion & la diftribution d'un Paie f & qui s'appliquant à va-
rier les formes de &s bofquets Se des autres pièces de ver-
dure y fçait, percer Û avantageufement fes allées que les
eaux y paroifîènt répétées Se femblent aux yeux duîpeéta-
teur autant de nouveautés.
Comme j'ai voulu profiter de la vue de la route paflà-
gere qui fe trouve à l'extrémité de ce Parc > Se dont lerez-
de-chauiîee eft plus élevé qu'une partie des Jardins ; de ce
côté là eft une Terrafîè dont le plein-pied fe trouve de ni-
veau au rez-de-chaufTée des appartenons du Château du
côté de la cour;& afin que du plein-pied des Jardins,on pût
gagner avec plus d'agrément la hauteur de cette Terrafîè,
j'ai placé à la tête du Canal Q, une cafcade qui produit un
très-bel effet aux yeux de ceux qui la regardent des appar-
temens du Château ; Se qui dédommage bien ceux qui fe
promènent dans la partie bafîè du Parc M, P3 du point
de vue borné que leur oppofè ce lieu élevé. Pour adoucir
par des pallicrs la roicîcur delà pente qui conduit de la
Terrafîè en bas, il eft pratiqué des bandes de gazon ; ils
fervent auffi à arrêter le cours âts ravines caufées par les
orages.
Sur le fbmmet de la Terrafîè eft marqué le pi an
d'un Belvédère de maçonnerie * ; ce petit Bâtiment eft
propre à y fèrvir une colation Se à garantir de l'ardeur du
Soleil. Si fa décoration offre une repréfentation agréable ,
Se
fi l'on y trouve la fatisfacfion d'être à couvert ; fon ex-
* On en voit la décoration dans la première partie dû fécond Volume,
Planche'i^.^v.-../,.; ^.,,.>.,:..,... :>:..,.,... =...«/..                 . ,,,,/-,;, ::;.:;;J.u. -.<; ;u
-ocr page 126-
CHAP, I. DES DISTRIBUTIONS DU PaRC.
IOI
pofîtion offre encore d'un côté la variété des Jardins du
Parc, Se d'un autre côté il préfente la vue champêtre des
dehors dans le/quels eft percé des allées qui viennent s'a-
ligner avec celles du Parc.
Aux deux côtés du Canal Q font diftribuées dans l'é-
pai/îèur du bois différentes allées, qui îè répondant les
unes Se les autres 9 forment des pièces de verdure de di~
ver/è grandeur. A la droite eft une Salle d'Amphithéâtre,
Se à la gauche une Salle de Bal. La première eft traverfée
par une allée qui va fe rendre dans le Jardin de l'Orangerie
■N, Se l'allée qui paflê par la féconde va fe terminer à la pie-
ce O. Ces allées qui partagent les flancs de ce Parc ^ font
coupées en travers par d'autres qui dans leur rencontre
forment des étoiles marquées S, Se qui mènent à différens
Cabinets. Au-deiîus de ces étoiles Se aux deux côtés du Ca-
nal font pratiqués des Boulingrains découverts R, entourés
d'arbres Se de charmilles, dont.les allées répondent à cel-
les qui compofent la diftribution de ce Parc.
A la droite du Parterre eft fitué le Jardin de l'Orangerie
N, quiafon Bâtiment particulier Se qui donne fur un des
chemins du Village. Comme ce Jardin demande un en-
tretien plus exact qu'un autre, j'en ai fermé de grilles tou-
tes les iiîues, afin d'en défendre l'entrée:/ans en ôter le
edup-d'œil. Vis-à-vis ce Jardin / de l'autre côté du Par-
terre eft la grande pièce O. Elle enferme un grand Ba£
fin , qui peut fervir de décharge à ceux qui font di£
perfés dans le Parc. Le terrain de cette Salle O étant in-
égal , j'en ai corrigé la pente par des talus de gazon qui
forment tout autour une efpece de Terrarîè fur laquelle
font plantés des tilleuls qjui fourniftènt un agréable om-
brage. Les angles en font ornés de piédeftaux fur lefquels
I doivent être pofées des figures, afin de répondre à la no-
N-iij
-ocr page 127-
IQ2 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
blefîè de la forme & à la grandeur de cette pièce qui ne 1
peut manquer d'être fréquentée par rapport au couvert
qu'elle offre au fortir des appartemens fouterrains ou de
ceux du premier étage.
La grandeur du delîèin que je donne, peut tenir lieu
d'un difeours plus étendu > ainfi j'avertirai feulement ici
que les lignes ponctuées qui accompagnent les points qui
fervent à marquer la diftance des arbres, fignifîentla char-
mille , qui efl un grand ornement pour les promenades de
ce Parc. La précaution d'avoir percé les murs aux extré-
mités des allées, fur tout aux endroits qui peuvent offrir
la vue de quelques objets amufans, ne laifle pas de leur
procurer encore beaucoup d'agrément. C'eft ce qu'il ne
faut pas négliger tant pour le plaifir de ceux qui le promè-
nent en dedans, que pour la fàtisfaétion de ceux qui font
au-dehors. Pour empêcher que les étrangers & les animaux
ne puilîènt entrer dans le Parc par ces ouvertures, on y met
des grilles de fer qui prennent depuis le bas jufqu'en haut ;
ou bien on en pofè fur un appui de pareille matière que le
mur. Pour éviter la dépenfe, on peut encore lorfque le
terrain le permet , faire au bas de la brèche des fofTés de
neuf à dix pieds de largeur, Se alors la vue n'en a que plus
de liberté.
Pour parler de fuite de ce qui a rapport avec le plain-
pied des Jardins, parlons aux diftributions des pièces qui
font pratiquées fous hs appartemens du Château} Se qui
leur fervent de fondation.
-ocr page 128-
CHAPITRE SECOND.
Des Diflributions de Vétage du principal corps du Bâtiment,
au Rez-de-ChauJJee des Jardins.
BIen loin d'enufer comme la plupart des Auteurs
qui pour faire admirer leurs ouvrages , les prefèn-
tent du côté le plus beau 9 je fuis prêt au contraire à blâ-
mer les défauts que je n'ai pu éviter dans mon travail. On
peut mettre à profit les imperfections même, Se en tirer
des leçons dont un Edifice régulier ne fourniroitpas l'idée.
En efîèt quand on a déjà acquis quelques lumières dans
f Architecture, les fautes danslefquelles on apperçoit que
les autres font tombés, fervent à nous redreffer. Je n'au-
rai donc point afïèz de vanité pour cacher au Lecteur les
écarts qui me feront arrivés.
Par exemple} le grand Efcalier A, qui dans fbn tout
forme un morceau d'Architecture aflèz beau 3 n'eft pas
heureufèment fécondé par les portes qui donnent du côté
du Jardin : celles des deux extrémités devroient enfiler le
milieu des rampes de l'Efcalier, Se cependant le trop peu
de largeur de l'avant-corps de la Façade ne l'a pas permis.
Cet exemple doit avertir qu'on ne fçauroit trop comparer
les décorations des dehors avec les diftributions des dedans
Se les accorder enfèmble ; Se que ce n'eft que par la diftri-
bution des pièces dont on veut compofèr un Edifice qu'on
doit régler l'ordonnance de fès Façades. Heureux lorf-
qu'en pareil cas on n'a point affaire à un particulier, qui
frapé de fès idées, contraint l'Architecte de les fùivre, ce
qui le fait tomber dans des défauts de convenance dont la
cenfùre ne roule que fur lui. Ce defagrément qui n'arrive
SmSSSSâSSSSSSSmmm mm i mimmSSSiSSmmïmS^^                                               55
/
-ocr page 129-
104 De la décoration et distribution des Edifices,
que trop fouvent, même aux Architectes les plus éclairés,
pourroit me fournir ici une légitime excufè. Je n'avois pas
deftiné d'abord la cage où l'Efçalier eft placé / à un pareil
ufage ; les grands Elcaliers à deux;rampes ne le mettant
plus guère en pratique * à caufè "de la dépenfë- qu'Us exi-
gent , Se du terrain qu'ils occupent, fur-tout/ dans le mi-
lieu d'un Bâtiment tel que celui-ci. Ce milieu qu'occu-
pe l'Efçalier étoit refervé pour faire un grand Salon au
rez-de-chauffée du côté de la cour, lequel fèroit devenu
premier étage du coté des Jardins. De ce Salon on au-
roit pu profiter du fpe<5t,acle qu'offre le Parc, & touten-
femble de la vue de l'entrée, ôc j'aurais placé cet Eicaiier
à l'un des côtés du Bâtiment ; mais revenons aux autres
pièces du rez-de-chaufiee de ce plan, lequel n'eft du côté
du Jardin que le foutien de celles du premier étage & que
le fondement des murs du côté de la cour.
La Façade qui donne fur le Jardin, étant expofée au
levant, m'a fait çleftlnér ce rez-de-chaulîee aux pièces qui
doivent être à l'abri du Soleil du Midi. Du côté gauche
font diftribués les appartemens des Bains: * A droite eft une
Salle de Billard, un Cabinet où l'on peut jouer , une
Chambre de repos ôc quelques garde-robes. Ces pièces
font dans une fituation avantageufe Se elles font d'une
très-grande commodité au rez-de-chaulîee du Jardin ; les
Maîtres après une longue promenade peuvent s'y venir
repofèr, fans être obligés,de monter au premier étage. Les
pièces qui font du côté de la cour ne recevant du jour
qu'accidentellement, elles m; doivent fèrvir qu'à mettre
les chofès dont on n'a pas,ÏÏnbefôih continuel.
Aux côtés delà diftribution de ce Plan eft marqué: l'ar-
'* 'Voyez ce qu'on a dît fur l'appartement des Bains dans la première par-
tie de ce Volumes '
rachement
-ocr page 130-
«
Chap. IL des distributions du Rez-de-Chausse'e, ioj1
rachement des fondemens des Ailes, fïirlefquelles le pre-
mier étage eft élevé.
Des Dijlributions au Rez-de-ChauJfée de la Cour, lesquelles
font le premier étage du corps principal du Bâtiment 3
du côté des Parterres.
La diftributlon générale de re Plan offre un coup-d'œil
fàtisfaifànt par rapport à la proportion des pièces qui le
compofènt. J'ai aîligné toutes les portes qui fervent à tra-
verfèr les appartemens des ailes du côté des Terrafîès, Se
ceux du corps principal du Bâtiment du côté de la Cour ;
parce que cette enfilade fournit à l'œil le plaiflr de s'éten-
dre dans un long efpace, Se que rien ne fait mieux fèntir la
magnificence d'un grand Bâtiment, que l'agrément de ce
Ipeclacle. Pour jouir pleinement de cette fàtisfàélion, il
faut que toutes Iqs portes fbient de la même hauteur Se
largeur, Se faire enfbrte que toutes les pièces qui com-
pofènt l'enfilade, fbient afîbrties de manière qu'il n'y en
ait aucune qui foit deftinée aux Domeftiques , ainfi que le
pourroient être les Porches, les Veftibuies, les Salles du
Commun, Sec. La décoration de ces fortes de pièces ne
pouvant offrir rien d'afîèz noble > Se l'indifcretion des
gens de Livrée pouvant au contraire y faire rencontrer
des objets déplaifàns, je leur ai ménagé une retraite dans
les Anti-chambres contenues dans les deux Pavillons mar-
qués P, Se j'ai fait enfbrte que le Veftibule du grand Ef-
calier A, ne fut point fiijet au paflàge des Ouvriers, leur
ayant donné une entrée dans le Parc par l'Orangerie X. *
Afin d'éloigner les Domeftiques du grand Efcalier, j'en
ai défendu les ifîùës, tant du côté de la cour que du côté
des Jardins 9 par des grilles de fer enfermées dans les arca-
* Voyez le Plan général de ce Bâtiment, Planche 15*.
T. I. Part. U.                                                O
-ocr page 131-
J*T
>
106 De la decorationet distribution des Edifices,
des qui font partie de la décoration extérieure de ce Bâti-
ment.
Dans Tavant propos qui fe trouve à la tête de cette fé-
conde Partie , on a prévenu que Ton pouvoit fupprimer
les Bâtimensdes ailes. C'eft dans cette conlldération que
dans le corps principal du Bâtiment font formés piufleurs
appartemens complets avec leurs dégagemens, fans qu'on
foit obligé d'avoir recours à ces deux ailes, dans chacune
defquelles ell pratiqué un appartement de parade accom-
pagné des pièces qui lui font néceflàires. En cas qu'on ne
voulût point les élever , on réuniroit aux terrafîès le ter-
rain qu'elles occupent. Ce Bâtiment devoit être exécu-
té fuivant cette dernière intention ; mais comme on avoit
projette de bâtir ces ailes, j'ai crû devoir les donner ici.
Derrière elles font placées les cours qui éclairent les gar-
de-robes Se qui en facilitent le fervice par la communica-
tion qu'elles ont avec les bafîè-cours du Château.
Ces deux appartemens de parade font différemment dif-
tribués , Se ont chacun leurs commodités Se leurs agré-
mens particuliers. Celui du côté droit eft le plus étendu.,
l'aîle des Offices ayant reflèrré celui du côté gauche où
elfe vient fe rendre. La grandeur de l'échelle fur laquelle
ces diflributions font gravées, Se le foin qu'on a eu d'en
marquer l'uiage , doit fufflre pour connoître leur utilité.
On trouvera une plus ample explication concernant les
appartemens de parade, dans les diftributions qui compo-
fent le fécond Chapitre de la première Partie de ce Volu-
me ; Se pour leur décoration je renvoyé aux exemples de
la deuxième Partie du fécond Volume.
En parlant des fouterrains de ce Bâtiment, nous avons
donné une idée du grand Efcalier A, qui annonce par fa
décoration l'importance de ce Bâtiment. L'efpace de fbn
nsam
-ocr page 132-
Chap, IL des distributions du Rez-de-Chausse'e. 107
pallier depuis la rampe juiqu'au mur de face du côté de la
cour, eft afîèz grand pour ièrvir de Veftibule à l'Efcalier
B, qui iert à monter au premier étage ; ce Plan, comme
nous l'avons dit, n'étant qu'un rez~de-chaufîee par rap-
port à la cour par laquelle on arrive à cet édifice. Derrie-
! re l'Efcalier B , du côté du Jardin, le trouve une Anti-
chambre qui a fou entrée par le pallier de ce même degré.
De cette Anti-chambre on pafîe à un appartement com-
plet qui occupe toute la droite de Tavant-corps Se qui a les
dégagemens par des garde-robes qui vont rendre au petit
Eicalier C , qui defeend de fond Se qui monte aux entre-
fols pratiqués au-defîùs d'elles. A la gauche du grand Ef-
calier A , eft un appartement complet dont Texpolîtion
eft auffi du côté des Jardins Se qui a ion dégagement par
un autre petit Efcalier à vis marqué D. J'ai expoîe tou-
tes les Chambres à coucher de ce Bâtiment du côté du
Parc à cauiè de la gayeté qui en revient à ces apparte-
nons , Se parce que cette Façade eft tournée vers le le-
vant qui eft une expofltion très-avantageufe.
Derrière l'appartement de la gauche de cet avant-corps 3
eft fltuée la Salle à manger qui a ià décharge par f Anti-
chambre E, laquelle conduit à f aile des Offices où fe
trouve une pièce deftinée pour réchaufer les viandes. A
côté de cette Salle à manger eft un Cabinet deftiné pour
fe retirer après le repas ; ce Cabinet eft précédé d'une
Anti-chambre qui lui eft commune ainfi qu'à l'apparte-
ment qui a vue iùr le Jardin.
Ce Plan eft afîèz circonftancié pour épargner au Lec-
teur un plus long difeours : il ne refte plus qu'à dire quel-
que choie du premier étage élevé iùr le corps principal de
ce Bâtiment, lequel eft teinté plus noir que les ailes, Se
qui eft annoncé par l'Efcalier B, f Eicalier A ne fervant
msM
Oii
-ocr page 133-
m
I08 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
que pour defcendre au Parc Se gagner les appartenons
qui font diftribués fous le corps principal du Bâtiment.
De la Dijlribution du premier étage*.
La diflribution de ce premier étage eft afïùjettie aux pie-
ces qui compofent celle du rez-de-chauffée. J'ai coupé le
milieu de ce Plan par une grande pièce qui peut fèrvir de
Salon , n'ayant pu le placer au rez-de-chauffée pour les
raifbns que j'ai rapportées page 104, regardant comme né-
cefîâire d'avoir dans un Château de cette étendue une pie-
ce fpacieufe 011 Ton puifïè s'afîembler un certain nombre.
Il faut avoir attention de donner à ces fortes de pièces une
belle expoiition , Se c'en: un des principaux ornemens de
celle-ci, laquelle fe trouve fituée entre deux vues auffi
agréables que variées. La grandeur de ce lieu demandoit
une élévation proportionnée ; c'eft ce qui m'a fait élever
fon plafond jufques devons les pannes de brefil qui reçoi-
vent le faux comble *3 qui orne l'avant-corps des Façades ,
tant du côté de l'entrée que de celui des Jardins. On trou-
ve placé dans cette pièce deux cheminées vis-à-vis l'une
de l'autre : elles paroîtroiint dans une fituation plus avan-
tageufe , fi elles fe trouvoient aux deux extrémités de la
longueur de ce Salon ; mais les jours qui font ouverts fur
les deux Façades de ce Bâtiment 5 m'ont fait préférer de
les mettre où elles font, plutôt que d'imiter quelques Ar-
chitectes qui étant dans une pareille contrainte, ne ba-
lancent point à les placer à côté l'une de l'autre Se fur la
même furfàce , ainfi que je l'ai remarqué à quelques Edi-
fices modernes. Selon moi cette manière de placer deux
cheminées dans une pièce eft un défaut de convenance ;
car les cheminées faifant partie de la décoration, elles doi-
* Tel qu'on le peut voir dans la Coupe de ce Bâtiment, Planche 11.
-ocr page 134-
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vent être placées vis-à-vis les unes des autres, quand il y
en a plufieurs ; à moins cependant que ce ne fbit dans des
pièces d'une forme irreguliere *, où Ton eft obligé de les
mettre dans des angles vis-à-vis quelque croifée } ou bien
de leur oppofer quelque trumeau pour leur faire fymetrie.
La flmplicité règne généralement dans la décoration
de cette pièce. De grands tableaux accompagnés de pilaf1
. très de menuifèrie, occupent les eipaces qui le trouvent
entre les cheminées ôc les portes qui communiquent aux
appartemens qui font diftribués à fes deux côtés. Elle don-
ne aux Maîtres un paflage vers le cote gauche, ôc j'ai re-
fervé pour les Domeftiques un dégagement par F Efcalier
D j lequel fe trouve à la portée des garde-robes, Ôc qui
montant de fond, peut leur procurer la commodité & les
correspondances nécefîàires avec celles du rez-de-chauflee
ôc des Souterrains, f appartement placé à la droite trouve
la même facilité par F Efcalier C, qui comme celui D ?
monte aux entrefols ôc au comble.
Aux deux côtés de ce Plan, eft marqué f arrachement
des couvertures des ailes de ce Bâtiment, desquelles nous
avons parlé dans la defeription du rez-de-chauiîee.
Ayant parlé en général dans la première partie de ce
Volume de l'ordonnance & de Fufage des pièces qui com-
pofent un appartement, j'entrerais dans un détail Super-
flu de parler de la propriété de chacune des pièces dont les
diftributions de cet Edifice font compofées, ôc je palîè aux
décorations des Façades.
* Tel que le grand Salon à l'Italienne de la première Partie,
^J
-ocr page 135-
CHAPITRE TROISIEME.
De la Décoration de la Façade du côté de rentrée.
Elévation du côté de l'entrée ne fe préfente pas
avec autant de magnificence que celle du côté des
Jardins, n'ayant fait voir dans celle-ci que l'étendue du
principal corps de Bâtiment, les Façades des ailes du côté
des cours des garde-robes n'étant fulceptibles d'aucunes
décorations ; nous avons plus d'un exemple de ces fortes
de Bâtimens} qui n'offrent aux yeux du côté de l'entrée
qu'un Edifice de peu d'importance, la prudence failant
fouvent cacher aux yeux du vulgaire toute la pompe dont
une fortune rapide auroit pu faire les frais ; 3c dont il eft
de la politique de n'en pas faire voir l'étalage dans les
dehors.
Quoique la décoration de cette Façade doive une par-
tie de fa richefle à la proportion des membres d'Architec-
ture qui la composent, & à la parfaite fymetrie qui rafîèm-
ble fes parties avec fon tout, elle n'en a pas moins de grâ-
ce. L'avant-corps du milieu eft détaché des autres par le
fronton dont il eft couronné de qui eft orné de bas-reliefs
& de groupes de figures. Le comble qui achevé cette par-
tie Supérieure eft tenue chantournée Se aide à faire pyra-
mider le corps du milieu lur le refte de la Façade.
L'étage du rez-de-chauffée de ce Bâtiment eft d'une
élévation proportionnée au premier étage , qui eft en
Attique ; tant à caufe dy/peu d'étendue de cette élévation,
que parce qu'il forme du côté du Jardin celui qui couron-
ne la Façade,
Les trois arcades qui font l'ouverture du milieu de ce
-ocr page 136-
Bâtiment font d'accord avec les croifées qui font au-def-
fus d'elles, Se que j'ai été obligé de tenir un peu grandes 9
pour qu'elles pujfîènt donner plus de clarté au Salon , Se
qu'elles eufïènt plus de fymetrie en dedans avec celles qui
donnent du côté des Jardins. C'eft cette relation qui con-
traint fouvent l'Architecte à préférer certaines formes à
d'autres ; Se le rapport que les diflributions doivent avoir
avec les décorations intérieures Se extérieures, n'eft pas
la partie de fon Art la moins gênante. Aufïï ne peut on
parvenir à cette harmonie de l'Architecture fans une pro-
fonde Se continuelle reflexion.
La baluftrade qui fait le couronnement de cette éléva-
tion 3 convient à la proportion de l'entablement qui la re-
çoit. Sur les acroteres qui forment les angles des Pavillons
qui font aux extrémités de cette Façade, font pofées des
groupes d'enfans; afin qu'au moyen de cet ornement ces
Pavillons puiflènt s'accorder avec la richeile de l'avant-
corps du milieu : en effet on ne doit jamais affecter trop
de fimplicité à côté d'un morceau d'Architecture fufcepti-
ble de décoration ; ce contrarie deviendrok auffi ridicule
que la prodigalité d'ornemens répandus fans choix fur tou-
tes les parties d'un Edifice : un Architecte prudent doit
faire une comparaifon raifonnée Se judicieufe des corps
les uns avec les autres, Se s'en repréfenter tout l'effet dans
fon imagination avant que de pafîèr à l'exécution*
De la Décoration de la Façade du côté des Jardins.,
L'élévation de cette Façade la rend par le coup-d'ceil
qu'elle offre , bien différente de celle du côté de l'en-
trée. On y voit rafïèmblées les décorations qui ornent la
tête des Terraffes T , où les grands Efcaliers V font pla-
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<PUKHV£RSiT&n.U
■■ -»M*«dEâ
-ocr page 137-
112 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
ces ; * ce qui donne une idée générale de l'Architecture
de ce Bâtiment , de la fymetrie qui y eft obfervée & de
l'accord que toutes fès parties forment entre elles : on y
reconnoît aufïï que la richefîè fait moins le mérite de la dé-
coration de cette Façade que les proportions pyramidales
qu'on y a gardées.
Les Terrafîès B contiennent la hauteur du premier éta-
ge ; & le cordon qui reçoit la baluftrade détermine la hau-
teur de la première corniche de cette Façade, à l'éléva-
tion de laquelle l'Architecture de deflbus que j'ai tenue ruf-
tique , femble fervir de foubaflèment. Cette dernière cir-
conftanee me donne lieu de dire, que lorfque dans un Edi-
fice un peu considérable on élevé plufieurs étages les uns
fur les autres, on doit éviter de leur donner une même
uniformité, qui ne peut être iuportabie que dans des Bâ-
timens particuliers ; à moins que l'inégalité du terrain, ou
quelque Bâtiment déjà fait n'y contraigne. Il faut alors va-
rier ces différents étages de façon qu'il en paroiflè un plus
recommandabie que les autres, Se que l'on puirlèfentir que
le Maître y fait fà refidence ordinaire. Le prefeier étage a
prefque toujours cette préférence ; & en ce cas le rez-de-
chaufîee ne doit ièmbler être fait que pour lui fervir de ba-
fè, Se il ne doit avoir de décoration qu'autant qu'il en
faut pour élever cet étage avec plus de majefté. De mê-
me l'étage qui eft au-defïïis doit fembler confirait feule-
ment pour le couronner, Se par conféquent fà ftruémre
doit être d'une ordonnance inférieure. L'élévation du Châ-
teau de Verfàilles du côté des Jardins, eft dans ce genre
un modèle admiré de tous les connoiflèurs.
L'étage dont on termine le plus fbuvent les Façades d'un
* Les Plans de ces Efcaliersôc de ces TerraiTes font marqués dans le Plan gé-
néral , Planche i <;.
-irnti--------r~i------ - i ......tmmmm m ———■ ■                   i .......                                                     i i —..... ■ i. i              . ■ ■—"-*■
mmmÊmmmmmmimmmmmamÊaHmaÈÊÊmmHmmÈÊÊÊmmmÊKËmimmmmiÊÊm^m
cette
!
-ocr page 138-
,y> Chap.III. delà décoration des Façades. 113
Bâtiment de cette étendue^s'appelle Attique à caufe des pro-
portions racourcies qu'on lui donne Se qui font empruntées
des ordres compofés^qui portent ce nom Se qui ont des pro-
portions particulières Se nullement foumifes aux règles des
autres ordres d'Architecture.* Pour cette même raifon , les
Bâtimens qui n'ont aucun ordre de colomnes, Se qui font
terminés par un étage peu élevé Se auquel on donne diffé-
rentes proportions par rapport aux étages qui font au-def-
fous, portent également le nom d'Attiques. C'eft dans une
pareille ordonnance que la Façade du principal corps de
Bâtiment fe trouve couronnée. Quoi qu'elle ne foit fuf-
ceptible d'aucun ordre d'Architecture, elle fait cependant
concevoir une grande idée des appartemens principaux
qu'elle renferme. Les ailes qui accompagnent ce principal
corps de Bâtiment, fervent à lui donner un air de fùperio-
rité & aie faire dominer fur tous les morceaux d'Architec-
ture qui l'environnent.
Nous venons de dire qu'il falloit donner une marque
de dignité au principal étage d'un Edifice auquel il fèrri-
ble que les autres doivent céder ; ce même égard doit
être obfèrvé dans Iqs Façades , lorfqu'il s'agit de l'or-
donnance générale, d'un monument un peu étendu, de-
vant donner de la fùpériorité au principal corps de Bâti-
ment , foit par la richeiîè de fà décoration, fbit par fbn
élévation, afin que les perfonnes qui n'ont que la vue des
dehors s'apperçoivent par cette marque de diftinétion
du lieu où refide le Maître. Les autres Bâtimens qui en-
vironnent ce corps de Bâtiment fiipérieur ', doivent auffi
dénoter leur ufàge, foit par la fculpture qui les décore,
foit par les membres d'Architecture qui les compofent.
C'eft plutôt à cette dernière marque qu'on doit les re-
* Il en eft parlé plus au long dans la première Partie du fécond Volume.
T. I. Part, IL
?
mm
-ocr page 139-
114 De la décoration et distribution des Edifices ,
connoître qu'aux ornemens, qui félon moi n'y font né-
ceffaires qu'autant qu'ils y font naturels. On ne doit les ap-
prouver que lorfque l'efprit Se les yeux en font fatisfaits ,
de manière qu'on n'ait pas befoin d'interroger l'Archi-
tecte fur les raifbns qui l'ont porté à les compofèr d'une
telle ou telle manière ; f eftime le filence de la part d'un
connoifîêur, fon admiration muette étant fouvent la preu-
ve de fon fuffrage.
Il faut donc pour être fur de plaire aux intelligens,
garder dans les Edifices qu'on élevé , cette harmonie de
proportion Se de convenance dans toutes les parties qui
lescompofent ; c'eil de là qu'ils reçoivent la grâce Se la
beauté, qui ca afe cette admiration, même dans les Bâti-
mens les plus lîmples ; Se la profufion des ornemens ne
peut feule faire un beau tout s'ifn'eft fécondé par les parties
qui appartiennent à l'Architecture.
Au milieu du Bâtiment eft pratiqué un comble de mê-
me forme que celui du côté de l'entrée ; Se le fronton qui
fè trouve deiîbus eft orné de groupes de figures Se de bas-
reliefs , ce qui fèrt à faire détacher cette partie fupérieure
de toute l'ordonnance de cette Façade.
Les ailes qui fe trouvent aux deux côtés de ce corps de
Bâtiment font décorées d'arcades , dans lefquelles font
contenues les croifées qui éclairent les appartemens : leurs
trumeaux font ornés de bulles, Se la Terraiîè qui fe trouve
au-deilous, eft revêtue d'une baluftrade dont les acroteres
font portés par des corps de refend. Cette décoration con-
vient aux Terraflès : une plus légère ne s'accorderoit pas
avec la folidité de leur conftrucTion , Se c'eft pour cela
que dans les Bâtimens qui exigent le plus de magnificen-
ce l'on n'y employé que l'ordre Tofcan.
Ces Terraflès font un retour d'équerre dans l'angle du-
-ocr page 140-
wam
wÊmumm
CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES.        11J
quel eft placé chacun des grands Efcaliers V, quifè voyent
dans cette élévation, Se dont le Plan le trouve dans ce-
lui du rez-de-chauflee de ce Bâtiment. Les échifres de cet
Efcalier font ornés d'une rampe de fer, pour varier avec
les baluftrades des Terrafîès, Se afin qu'étant fur le pallier
A *, on puifîè mieux découvrir les décorations des Jar-
dins. Les extrémités de cqs Terrafîès marquées X dans le
Plan général, font décorés de fontaines renfermées dans
des niches Se couronnées de figures maritimes ; des grou-
pes d'enfans font pofés furies acroteres placés aux extré-
mités de cet avant corps, à defîèin de les faire détacher
d'avec les Terralîès qui font au-devant des aîles de ce
Bâtiment.
De la Coupe & Profil du principal corps du Bâtiment prife
fur fa largeur.
Cette Coupe fait mieux reflèntir l'inégalité du terrain
que tout ce que nous en avons déjà dit. La ligne A mar-
que le rez-de-chauffée de la cour , Se la ligne B celui du
Jardin : pour en faciliter la communication on a pratiqué
le grand Efcalier C ; l'Efcalier D montant au premier éta-
ge j ainfî qu'on l'a dit dans la defeription du rez-de-chauffée.
On voit au premier étage la décoration du Salon dont
nous avons parlé aux diftributions du premier étage. J'ai
couronné fbn lambris d'une corniche à double gorge, por-
tant des courbes qui vont racheter le plafond, lequel peut
être orné de peintures.
Aux côtés droits de cette Coupe , eft le retour d'un
des Pavillons marqués P dans le Plan du rez-de-chaufîee.
L'un des murs qui entourent la cour du Château , vient
s'y terminer, &onya exprimé une partie des ornemens
* Voyez le Plan du rez-de-chauffée, Planche 17.
mÊÊÊÊmmÊmimmmummmmmtsmmmÊÊmmmmmmmammmmmÊmimmmmmmÊmmmmaammmmnimÊÊm
Pij
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mi^mmmasÊËmsasaamm.....<BËSBÊSË£SÈÈËÈÊÊËÈËÊËÊÊÈBËÊ 'HSSÊSSSSSSÊBÊ |-|in""——
116 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
qui la décorent. Lés croifées qu'on y voit environnées de
charmilles, font feintes & ne fervent qu'à- imiter celles
qui font vis-à-vis & qui éclairent l'aile des Offices: leurs
trumeaux font ornés diverfement } tantôt d'un arbre à
haute tige & taillé en boule ,r tantôt de vafes pofés fiir l'ex-
trémité de ce mur, & de groupes de figures pofées au-def-
fous fur des piédeftaux en forme de dez. Cette variété d'or-
nemens préfènte un coup-d'œil agréable à ceux qui font
dans les appartemens qui donnent fur ce côté là, & elle fait
juger favorablement de la magnificence de ce Bâtiment
aux perfonnes qui arrivent par l'avant-cour.
Je ne fais pas une defcription plus étendue de cet Edifi-
ce pour palier à la troîfiéme Partie. Je ne donne pas non
plus la décoration de l'Orangerie , ayant déjà fourni dans
la première Partie un exemple fur ce fujet > & me propo-
sant de donner celui de l'Orangerie du Bâtiment qui fuit.
Fin de la féconde Partie»
*
-ocr page 142-
DE LA DECORATION DES EDIFICES
ET DE LA DISTRIBUTION
DES MAISONS DE PLAISANCE-
##$#«£#•£•#•#•§••$».$.#. &&&&&&&&&;& &$$&&&&#&& &&#%%&
TROISIEME PARTIE-
Contenant la diflribution & décoration des Jardins s Bdtimens
& dépendances d'un Edifice de trente toifes de face.
A V A.NT-P R O PO S,
O n terrain efl: fîtué à vingt-deux lieues
de Paris fur la grande route de Bretagne,
Se
c'en: dans cette Maifon que Monfieur
le Marquis de Saint. R*-** failbit là rési-
dence ; ce Seigneur me fit l'honneur de
m y appeller pour me conlùlter lùr la dé-
uloit y faire. Le corps du Château étoit déjà
mffSMMMIIft«H«MIII»B»t MJIH ^l/lilCBWWTWBfflWil^TIITi
-ocr page 143-
mmm
mat
118 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
bâti} il étoit mffiiàmment bon pour qu'on pût le confer-
ver , Se il n'avoit abfolument befoin que de quelque chan-
gement dans les diftributions qui fe reflèntoient du peu
d'induftrie de nos anciens Architectes pour la distribution.
Il fut donc queftion de travailler à tous les dehors. J'y ai
fait une belle-avant-cour pour y placer des ailes de Bâti-
ment aux deux côtés, dont Tune fert aux Ecuries &■ l'autre
auxRemifes, lefquelles étoient ci-devant très-mal fituées,
ainfi qu'elles le font à la plupart des anciens Châteaux}
où elles fe trouvent tantôt fous les fenêtres du Maître > Se
tantôt du côté des Jardins, comme on l'avoit pratiqué à
celui-ci. J'y ai fait exécuter une grande partie de ce qu'on
voit dans le Plan général. Quoique le Bâtiment eût été
édifié par un très-habile homme, les façades extérieures
étoient trop fimples pour que je puflè les donner ici. Je
me fuis fervi de fà cage, où j'ai fait une nouvelle diflribu-
tion Se de nouvelles Façades, telles que les7 auroit fou-
haitées à peu près le Seigneur du lieu 3 s'il eût voulu rebâ-
tir ion Château. On les verra après le Plan général.
CHAPITRE PREMIER.
De la Dijlribution des Jardins & de fis dépendances»
CE Plan paroît d'abord d'une forme fînguliere & n'of-
fre pas en général une auffi grande idée que les pré-
cedens ; mais à le confiderer dans chacune de lès parties,
on y trouvera des beautés, foit par la diftribution des Bâ-
timens qui accompagnent le Château /foit par l'agrément
de ceux qui l'environnent. Le principal corps de Bâti-
ment marqué E, fe trouve entre deux côtes qui fans dou-,
te n'offient par une vue bien amuiante. Ces fortes d'ex-
■*■
-ocr page 144-
polirions bornées,engagent fbuvent les Seigneurs des lieux
à des dépenfes confidérables, pour tâcher de corriger par
l'Art les défauts des terrains où fouvent ils fe trouvent
comme forcés de demeurer par les revenus qui y font, at-
tachés , ou par la noblefîè Se l'antiquité des biens qui leurs
ont été tranfmis par leurs ancêtres.
C'eft alors qu'un Architecte doit employer tout ce qu'il
a d'expérience Se de talent pour répandre autant qu'il eft
poffible, de l'agrément fur tous les objets qui peuvent être
apperçûs du Château. Heureux , ainli que je l'ai dit ail-
leurs, lorfqu'il travaille pour un Seigneur dont la grandeur
d'ame Se les lumières fécondent fès intentions. J'eus le
bonheur de trouver ces excellentes qualités dans la perfbn-
ne qui habite le Château que je décris , Se qui malgré la
capacité naturelle pour les beaux Arts, voulut bien faire
choix de moi pour diriger une partie des Bâtimens qui fè
voyent dans le Plan général, Se dont quelques-uns font
détaillés ci-après.
Le corps du Château, comme je l'ai dit, étoit ancien-
nement bâti, Se l'objet principal étoit d'y ajouter desbafîè-
cours, Se de former des avant-cours qui pufîènt lui don-
ner quelque agrément. Pour y réuffir, le Maître du lieu
obtint du Roy la permifîîon de faire tranfpofer la grande
route de Bretagne où on l'a marquée D , laquelle pafîbit
auparavant le long des murs d'appui C de la cour du Châ-
teau. Moyennant cette tranfpoîition , nous avons eu du
terrain fuffifàmment pour faire une avant-cour qui devient
d'une belle proportion, Se qui eft ornée de deux ailes de
Bâtiment où les Ecuries Se les Remifes font placées. L'é-
minence marquée D , eft un rideau qui borne le coup-
d'œil de la Maifon ; rien ne dédommageoitde ce défàgré-
ment lorfque la route de Bretagne fè trouvoit ci-devant
-ocr page 145-
120 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES >
au rez-de-chauffée du Château d'où elle ne pouvoit être
apperçûe ; mais à préient qu'elle parle fur l'extrémité de
ces coteaux, elle offre aux yeux un concours de voyageurs
qui peut amufer Se réparer agréablement ce qu'une vue
trop limitée a de défaut. Cette fàtisfaction n'eft pas peu
considérable dans des terres éloignées de Paris, Se un Châ-
teau en devient plus fréquenté 3 Se pour ainfî dire plus
vivant.
Comme on n'arrive à cette terre que par une pente
dans laquelle eft pratiqué un chemin qui defeend dufom-
met D au rez-de-chauflee de l'avant-cour , tout le Châ-
teau Se fes dépendances s'offrent en vue d'oifeau aux re-
gards de ceux qui en approchent / Se donnent un ipe6ta-
cle d'autant plus brillant que tous les Bâtimens font fepa-
rés les uns des autres par des forlés d'eau vive } qui font
faits non-feulement pour orner ces lieux , mais encore
pour recevoir la chute d'une ravine marquée dans ce Plan
Se qui va fe décharger dans la rivière d'Avre qui traverfe
ce terrain Se forme dans les Jardins un très-beau Canal.
Aux deux côtés de l'avant-cour font placées les baffès-
cours pour ferrer les grains , Se renfermer les beftiaux ;
celle-ci eft à droite Se elle a fa fortie par le Village ; l'au-
tre eft à .gauche , Se les grains y font amenés par le grand
chemin. Les Bâtimens de ces Daflès-cours n'exigeant que
de la commodité Se n'étant faits que pour les ufages au£
quels ils font deftinés , ils ne peuvent offrir rien qui flatte
la vue; c'eft pourquoi je les ai placés fur les flancs du ter-
rain Se ils fe trouvent cachés par les deux ailes de Bâti-
ment qui forment la largeur de Favant-cour. Quoique ces
deux aîles ne contiennent que des Ecuries & des Remi-
fes 3 leur extérieur eft bien fymetrifé, àcaufe qu'elles "font
expofées aux yeux du Maître , & qu'elles femblent fèrvir
avenue
-ocr page 146-
B3BI
«
CHAP. I. DE LA DISTRIBUTION DES JARDINS.        121
d'avenue pour arriver au Château. Afin que Tavant-cour
fut moins fujetteà la mal propreté, il eft pratiqué derrière
ces ailes une chauflee F qui les fépare des fofles, Se fur le-
quel le lervice des Palfreniers Se tout autre pareil pour-
roit le faire ; fans qu'il y eût de communication avec les
bafîè-cours que pour la commodité des équipages Se la fa-
cilité des charrois. On doit toujours avoir attention que les
Domeftiques ne puiilènt être troublés dans leurs différentes
fonctions ni s'embarrafîèr les uns les autres ,,& c'eft à quoi on
doit prendre garde dans les diftributions des bafïè-cours,
quand lur tout elles font étendues Se que plufieurs gens doi-
vent y être appliqués à divers travaux. Pour éviter la confu-
fion à cet égard, il faut avoir foin de s'informer dunombre
des Domeftiques, de la quantité des grains Se des beftiaux
qu'il faut loger, Se pourvoir à tout ce qui effc nécefîaire
pour cela ; Se pour que le lervice le fafîè aifément. Ce
n'eft point aflèz à la campagne que le logement du Maî-
tre foit d'une diftribution élégante Se richement orné ; l'u-
tile doit accompagner l'agréable} Se même lui être pré-
féré.
Aux deux côtés du Château font placées deux autres
ailes de Bâtimens ; dans Tune efl celui de l'Orangerie, Se
dans l'autre font diftribués les Offices Se les Cuifines. Cet-
te dernière a derrière elle un Potager pour quelques legu
mes Se quelques efpaliers ; des Vergers fitués dans des ter-
res circonvoifines, Se dont l'étendue demande un terrain
particulier,, fourniflànt àlaMaifbn des légumes Se des fruits
en abondance. Ce Jardin potager eft fermé du côté des
forles par une palifïàde de charmille, qui fymetrife avec
celle qui entoure le bofquet planté en étoile*, lequel efl:
placé de l'autre côté derrière le Bâtiment de l'Orangerie.
Cq^ime ce bofquet eft dans une expofitkm qui lui procu-
T. I. Ftrt. 1ÎL
/■
-ocr page 147-
122 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
re de la fraicheur, les perfonnes qui cherchent la folku-
de, peuvent s'y retirer pendant la chaleur du jour, Se mê-
me profiter d'une fortie qui y efl pratiquée, pour aller jouir
dans la plaine d'une promenade champêtre, fins être obli-
gées de traverfer les Bâtimens.
Le Bâtiment de l'Orangerie efl: décoré du côté de fon
Jardin } de la manière qu'on le voit dans la Planche 28
qu'on trouvera ci-après. J'ai donné une femblable décora-
tion à l'aîle des Cuifines du côté du Jardin fleurifte ; par-
ce que ces Bâtimens font apperçûs de l'entrée du Château
auffi bien que du côté des Parterres à l'Angloife. Le Jardin
de l'Orangerie & le Jardin Fleurifte font tenus dans la mê-
me fymetrie , afin que fi la grandeur de celui de l'Oran-
gerie ne fuffifoit pas pour contenir les Orangers de la fer-
re , on put en placer dans les allées du Jardin fleurifte,
fans fe trouver dans la néceffité d'en mettre dans celles des
Parterres, où ils boucheroient la vue du Canal. Pour fa-
vorifer de quelque ombrage ceux qui veulent pafïèf de
l'autre côté de la rivière , j'ai pratiqué une allée d'arbres le
long des folles , de chaque côté des Parterres.
Vis-à-vis le Château eft placé un grand Canal qui don-
ne aux appartemens un très-beau point de vue, Se qui oc-
cupe toute la longueur de la vallée qui fe va terminera un
bois de haute futaye du domaine du Roy , Se qui eft fépa-
ré d'avec les terres de ce Château par un ruifîèau qui arro-
fe les prez de cette vallée. Comme ce bois fe trouve fur
une demie côte, Se qu'il borne entièrement la vue du Châ-
teau , on pourrait pour la prolonger , y percer une route,
Se
orner fa pente de quelque grotte en fer-à-cheval.
Les deux côtés du Canal font occupés par des pièces
de verdure , Se le terrain qui les fépare eft rempli de Quin-
conges qui produifènt un agréable couvert, fans n^n-
-ocr page 148-
Chap. IL des distributions duRez-de-Chausse'e.
123
moins empêcher entièrement que la vue ne s'étende. On
plante les Quinconges de différentes efpeces d'arbres fé-
lon la diverfité des climats , ou fùivant l'œconomie des
perfonnes qui les font faire. Les arbres qui viennent le
plus promptement Se qui fournirent le plus d'ombrage,
font les tilleuls : quoiqu'ils fè plaifent dans les terres hu-
mides , ils viennent fort bien dans les terres légères. Quand
on veut mettre fon terrain à profit, on met ces Quincon-
ges en arbres fruitiers à haute tige ; Se alors on choifit l'ef-
peces des arbres qui viennent le mieux fùivant la difpofl-
tion Se la qualité du terrain.
Comme je refèrve pour le fécond Volume quelques
exemples des différentes parties qui compofent les Jardins
de propreté, j'y remets auffi ce que je dois dire fur le choix
qu'il en faut faire Se fur leurs différentes formes ; afin de
rafîèmbler dans un fèul endroit ce qui concerne le Jardi-
nage ; ainfl je finis ce Chapitre pour pafîèr à la defeription
des diflributions du Château.
CHAPITRE SECOND.
De la Dijlrïbution du Rez-de-Chauffée du corps du
Château,
LA diflribution de ce Plan n'eft pas ordinaire, ayant
placé un Efcalier à chaque extrémité du Bâtiment,
le côté du grand chemin Se celui de la rivière. Je me fuis
afîûjetti au terrain qu'occupe le Château anciennement
bâti , qu'on a confervé Se dont on a feulement changé
quelques diftributions ; mais ces changëmens Se les ancien-
<tt»n>tiriiTkt*
icuja
wm
Qij
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124 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
nés décorations extérieures , ainfi que je l'ai dit, n'ayant
rien qui foit digne d'être propofé pour exemple, je ne par-
lerai que dûs nouvelles diftributions Se décorations faites
à peu près fur le même terrain 3 pour plufleurs apparte-
nons de Maîtres Se pour quelques pièces de parade defti-
nées à rafïèmbler les compagnies.
J'ai pratiqué dans ce Plan une galerie couverte Se pla-
cée du côté des Jardins, pour préferver de l'ardeur du So-
leil du midi le grand Salon & fes Cabinets. Elle fert d'ail-
leurs de promenade Se de communication aux apparte-
nons Se elle donne une Terrafle au premier étage. Le
grand Salon a trois arcades qui ouvrent dans cette galerie,
I" Se qui percent jufqu'aux Jardins. Ces trois arcades iymetri-
. lent avec celles qui donnent fur la Cour, Se ces différen- ti
tes vues produifent dans cette pièce une très-agréable va-
riété. Quand on diftribue une pièce de compagnie, on
doit toujours avoir foin de l'expofer le plus avantageufè-
ment qu'il eft poffible, Se ceil pour F ordinaire dans le
milieu d'un Edifice que la variété fè rencontre ; aînfi lors-
que la profondeur du terrain ne permet pas de faire un ap-
partement double, il faut placer les Efcaliers dans les ailes,
pour profiter du milieu du Bâtiment Se pouvoir y diftri-
buer les pièces d'honneur. On doit craindre d'être blâmé
il quand au contraire on le facrifie à des pièces d'un-ufàge !
commun, Se qu'on ne fçait pas tirer avantage de tout ce
qui peut contribuer à la gayeté Se à la beauté de l'expofi-
tîon d'un appartement de parade. Pour moi j'ai crû devoir
mettre le grand Salon au milieu de ce Bâtiment afin que
la compagnie qui s'y afïèmble pendant la journée, pût
jouir de la vue de ceux qui vont Se viennent parle grand
chemin , qui fe trouve élevé ainfi que je Faî marqué D
dans le Plan général.
                                                   /!
wssa&mmKmassmciBmœmmsmtBaam
*
-ocr page 150-
■■■
Chap. IL des distributions du Rez-de-Chausse'e. 125
L'avantage , me dira-t-on /de voir des paflâns-, eft un
motif bien léger pour faire la dépenfede deux Efcaliers
dans la feule intention d'offrir ce point de vue au milieu
d'un Edifice. Mais on doit penfer, qu'un Seigneur qui fait
bâtir fur une terre qui n'a pour voifmage que ihs Vafîàux,
fe trouve heureux, lors qu'étant à portée 'd'une grande
route , telle que celle des environs de Paris 3 il peut fo dé-
dommager de fà folitude par ce coup-d'œil. L'expérience
nous a fait voir qu'on a fouvent abandonné des Maifons
fufceptibles d'agrémens, mais iujettes à l'ennui d'une fo~
litude auflere , pour en bâtir d'autres dans des lieux plus
fréquentés Se où le mouvement Se le changement des ob-
jets pufîent amufèr. D'ailleurs il faut bâtir Cuvant l'incli-
nation du Seigneur qui vous occupe , Se il fufrît de ne pas
tomber dans des défauts de convenance. En un mot on
doit avoir pour but principal de donner aux pièces d'hon-
neur le coup-d'œil le plus agréable Se le plus intérefîant
qu'il eft poffible 3 foit dans les Maifons de ville > foit dans
Ïqs Maifons de campagne.
La décoration du grand Salon eft d'an lambris qui en
revêtit toute la hauteur : * il peut être peint en blanc Se
l'on peut en dorer les moulures. C'eft dans cette belle pie-
ce que l'on doit railèmbler tout ce qu'on a de plus, pré-
cieux foit en tableaux, foit en bronzes, crdftxmx, Sec. puîf-
qu'elle eft dans ce Château ce qu'eft une Galerie dans un
Bâtiment de beaucoup plus d'étendue. Ce Salon a fon en-
trée par les deux Cabinets qui font à fès côtés, indépen-
damment <1qs portes qui donnent dans la Galerie couverte
& qui ne font d'aucun triage en hiver ; ce qui le rend d'au-
tant plus fain dans la froide faifon , qu'il n'a point de por-
*On en voit la décoration du cote de la cheminée dans la féconde Partie
•lu feconrl Volume , Planche 8». '"
                    ' ' '_____
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i ■ ;
ll6 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
tes du côté de la cour ; mais feulement ûqs croifées en ar-
cades * qui font iymetri© avec celles qui donnent dans
la Galerie. Cette précaution eil très-bonne, quand le ter-
rain où l'on bâtit ne permet pas de conflruire des apparte-
nons d'été Se d'hiver. Comme il eil peu ordinaire de con-
flruire de ces derniers Bâtimens, Se que les autres tels que
celui dont on parle font plus fréquens, on doit accoutu-
mer fon imagination à fçavoir rafîèmbler tous les iecours
que fart peut donner pour garentir de l'intempérie des
I fàifons ceux qui habitent un Edifice ,Sc faire lèrvir en mê-
me tems ces fècours pour lui donner toutes les beautés
dont il eft fùfceptible. On ne peut mieux refîèntir le mé-
rite d'un Architecte 9 queiorfqu'étant borné par le terrain
Se par la dépenle, il réunit le bon goût Se la commodité
Se qu'il donne une noble correspondance à toutes les par-
ties de fon Bâtiment. On en voit qui pour avoir négligé
le rapport que les dillributions des dedans doivent avoir
avec les décorations des dehors, font tombés dans des dé-
fauts infiniment oppofés à la véritable architecture. Le plus
| fouvent ces fortes d'imperfections ne proviennent que de
ce qu'un Bâtiment ne fè fait pas tout de fuite; Se que plu-
sieurs Architectes y mettant l'un après l'autre la main,
chacun d'eux pour le faire honneur du morceau qu'il édi-
fie , fàcrifie la parfaite union qui doit être entre les parties
Se le tout.
A la droite de ce Salon effi un Cabinet A confacré à la
Mufîque, Se où l'on le retire après le repas en fortant
de la Salle à manger qui lui eil contigue. Cette Salle a fon
entrée par l'Anti-chambre qui la précède, & qui eft com-
mune à la chambre à coucher qui eft. derrière. J'ai placé du
côté du Jardin une Salle de compagnie , qui a une iiîùe
* Voyez la Façade du côté de l'entrée, Planche 25*.
\
m
x&swx&tmtippe&gaçÈsp
PE^gUSHSpogMi
-ocr page 152-
MM
Chap. IL des distributions du Rez-de~Ghausse'e. 127
dans la Galerie couverte : pendant la chaleur du jour on
peut s'y mettre à l'abri du Soleil, fans être cependant pri-
vé de l'agrément de l'air Se de la verdure qu'offrent les
Jardins.
Si cette Salle qui eil expofée au midi devenoit
trop chaude dans l'été , on pourrok le retirer dans les pie-
ces du côté de la cour > qui étant au nord 9 font très-pro-
pres à garantir de l'incommodité de cette fàifon. Derriè-
re le Cabinet A fè trouve une Garde-robe & un Efcalier
qui monte au comble Se qui conduit à un entrefbl prati-
qué fur cette Garde-robe, qui fèrt avec celle qui eil au-
defîûs, à loger les Domeiliques du Maître qui habite cet
appartement avec lequel elles ont toutes deux communi-
cation par un palîage B pratiqué entre les deux cloifbns
de la Salle à manger Se de la Salle de compagnie. Ce pa£
ûigQ rend auffi dans des lieux à fbupape deflinés pour les
Maîtres Se qui fervent principalement à la chambre à cou-
cher. Cette chambre efl: fourme de toutes les commodités
qui lui font nécefîàires, ayant du côté du Jardin un Cabi-
net qui peut fèrvir à écrire ou à une toilette, Se commu-
niquant avec la Salle de compagnie qui le matin peut te-
nir lieu de Cabinet à cette chambre à coucher. L'Anti-
chambre C donne entrée dans cette chambre à coucher,
Se
comme je l'ai dit 5 elle eil commune à la Salie à man-
ger. Cette Anti-chambre efl percée de plufieurs autres
portes ; Tune donne fur le pallier de l'Efcalier, une autre
fur le perron, Se une troiiiéme qui efl d'enfilade avep cel-
les des appartenons, fèrt à paifèr fur un pont pratiqué fur
les fofïes Se par lequel on gagne le Bâtiment des Cuifines.
C'efl par cette communication qu'on vient fèrvir les mets
dans la Salle à manger, laquelle peut être fort debarafîee
par f Anti-chambre où l'on peut dreiîèr le buffet.
A la gauche du grand Salon eil fitué un Cabinet D pro-
-ocr page 153-
SSffl
»»<»*9B
128 De la décoration et distribution des Edifices,
_ j—^mmmm___________J.- -. - ■             r                                                                  -----                                                                        ■--------------~- 1 r         I 1 'm • li - 11 " I ■'il • M 11 ifili -i—ITii-ïÉHiriiiiiii
pre à contenir un Billard} par ce moyen les perfonnes
afîèmblées dans les pièces de parade qui occupent le mi-
lieu de ce Bâtiment, pourront fans être trop féparées, s'a-
mufèr fuivant leur inclination. Ce Cabinet a fon entrée
par une deuxième Anti-chambre qui efl: commune à l'ap-
partement placé du côté des Jardins. L'on peut la faire fer-
vif au Billard, cela ne nuiroit point à l'ufage de cette pie-
ce ; Se pour lors le Cabinet D deviendrait un lieu de re-
dos , dont l'expofition convieroit à s'y venir rafraichir dans
..es grandes chaleurs.
Au bout de la Galerie couverte, efl: une pièce F qui peut
fervir de Cabinet à la Chambre à coucher qui la fuit, quoi-
que on n'y fpït annoncé que par fon moyen ; parce que les
autres portes qui y donnent nç fervent en quelque façon
que de dégagemens. Cependant comme cette Anti-cham-
bre efl: précédée de la Galerie , qui n'efl: à proprement par-
ler qu'un périftile, Se que de l'autre côté la deuxième An-
ti-chambre E lui fert d'entrée, cette pièce F peut être re-
gardée comme un lieu deftiné à recevoir les peribnnes qui
auroient affaire au Maître , Se y attendre avec diftinélion
l'heure
de lui parler. La Chambre à coucher efl: d'une belle
grandeur, fa cheminée efl: placée vis-à-vis la porte qui en-
file la Galerie dans l'épaiûeur des armoires pratiquées le
long du mur de pignon, à deflèin de donner à cette Cham-
bre une forme plus régulière y Se la rendre plus faine en la
préfervant de l'humidité que peut caufer le fofle qui parle
au bas de ce pignon.
Les Garde-robes qui font deftinées à cet appartement
ont la même diftribution que celles qui font à la droite.
Les ailes qui forment les deux Pavillons du côté de la cour,
contiennent chacune un grand Efcalier qui monte au pre-
mier étage, c'eft à la vérité une dépenfe dans laquelle cette
mmm*m*s**»m
bppbbwme——«
manière
_____
-ocr page 154-
ChaP, II. DE LA DISTRIBUTION DU PREMIER ETAGE. 120
manière de diftribuer engage , quand on veut profiter du
milieu de fon Edifice Se y placer les appartemens de pa-
rade. Mais aufîî cette dépenfè fait qu'on jouit plus com-
modément des diftributions du premier étage, Se que pour
donner entrée dans Iqs appartemens , on n'eft point obli-
gé de pratiquer des Corridors qui ne font plus en ufàge
dans les maifbns un peu confidérables : en effet l'expé-
rience a fait fèntir la nécefîité de les abandonner, par la
difficulté qu'une feule perfbnne qui y marche, eft capable
de caufèr du bruit dans toutes i&s pièces qui s'ouvrent dans
cqs Corridors. On aime mieux fè fèrvir de divers Efcaliers
qui donnent lieu de pratiquer plufieurs appartemens par-
ticuliers au premier étage , ainfi qu'on le peut voir dans
celui dont nous allons parler.
De la Dijlribution du premier Etage,
Dans la diftribution de ce premier étage, j'ai moins cher-
ché la beauté des formes des pièces qui le compofènt que la
commodité Se la quantité des appartemens de Maîtres, par-
ce qu'il eft deftiné pour les perfonnes étrangères.» Se que les
appartemens de parade font au rez-de-chauflee. Au-deiîùs
du grand Salon efl: une Chambre à coucher accompagnée
des pièces qui lui font néceflàires ; Se afin de lui donner
une entrée qui lui fut particulière, Se que pour y parve-
nir on ne fût point obligé de traverfer les autres apparte-
mens , j'ai pratiqué une Anti-chambre à côté, à laquelle
on monte par l'un des Efcaliers des Garde-robes. Cet Es-
calier efl afTèz facile pour qu'il puilîè être à l'ufàge des
Maîtres. La Chambre à coucher eft d'une belle grandeur
Se eft parfaitement bien lituée , ayant pour promenade la
Terrafte qui couvre la Galerie, Se d'où l'on peut jouir de
l'aipect des Jardins Se du grand Canal. Derrière cette
mue
T. I. Fart. W>
MHM
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130 De la décoration et distribution des Edifices ,
Chambre fe trouve un Cabinet de toilette deftiné pour
fon ufàge; les Garde-robes qui font à côté, étant refer-
vées pour fervir aux Chambres qui donnent fur la cour ,
lui laiflànt feulement celle qui eft derrière l'Anti-chambre.
Toutes les cioifons qui féparent ces Garde-robes, font
de charpente ourdée de plâtre Se lattée des deux côtés,
afin de rendre les pièces plusfourdes. On ne doit uferde
cette précaution que lors de la conftruclion de l'Edifice ,
crainte de trop charger les planchers Se de nuire à leur fo-
lidité. On a fouvent ruiné des Edifices en peu d'années}
par l'imprudence d'élever des cioifons fur des planchers
anciennement bâtis Se de la bonté defquels on n'avoit ju-
gé que fur les apparences ; ainfi la prudence veut que lorf-
que dans un lieu vafte on a deflèin de pratiquer plufieurs
pièces au moyen des cioifons, on compare avec beau-
coup d'attention la pefànteur du fardeau avec la force du
fbutien. Dans la plupart des anciens Châteaux, on eft
fouvent dans l'obligation de faire de ces retranchemens ;
mais on doit toujours s'y fervir de la règle qu'on vient
d'obfèrver. Les pièces qui s'y rencontrent d'une grandeur
extraordinaire Se qui étoient deftinées à coucher , fans
avoir le fecours d'aucune Garde-robe , ni de toute autre
commodité ? marquent bien que nos premiers Architec-
tes étoient moins intelligens pour la diftribution que nous,
ôt qu'ils n'appliquoient pas leur industrie à fe faire des de-
meures auffi agréables qu'utiles, A préfent qu'on étudie
davantage tout ce qui peut aider à la commodité , je crois
que lorfqu'il s'agit de partager une grande pièce en plu-
fieurs autres, on ne doit pas négliger d'en monter les cioi-
fons de fond y ou du moins de ne les faire que de menuife-
rie quand il eft à propos de conferver la grandeur des pie-
ces qui font au-defîbus.
msmKmmmmmÊmmmmmmmÊÊiÊÈmmgmKmÊÊmmÊmmÊmmÊmmmmÊÊmmÊmÊamçmmmm
-ocr page 156-
MMH
CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES.         I 3 I
Ni la décoration ni la forme des Chambres à coucher,
quiibnt diftribuées dans ce premier étage, ne me paroif-
fent pas exiger de longues explications, dans lefquelles
je ne pourrois pas même m'empêcher de tomber dans une
répétition aufïï ennuyeufe qu'inutile. D'ailleurs le deiîèin
eft allez diftincT: pour pouvoir fuppléer au difcours ; je me
contenterai donc, avant de pafîèr à la décoration extérieu-
re de ce Bâtiment qui fait la matière du troifiéme Chapi-
tre iuivant , de dire que chacun des deux grands Efca-
liers, conduit à une Anti-chambre commune à toutes les
Chambres diftribuées à chaque côté de ce Plan, Se que
cqs Chambres font accompagnées chacune d'une Garde-
robe , dont la communication procure la facilité néceilài-
re pour le fer vice des Domeftiques-
CHAPITRE TROISIEME,
De la Décoration extérieure du principal corps de Bâtiment,
L'Architecture qui compofe les décorations extérieu-
res de ce Bâtiment, eft tenue en général fort iîm-
ple. Cette manière de décorer n'eft pas la moins difficile,
ni celle qui mérite le moins d'être donnée pour exemple.
Comme l'occafion de bâtir des Edifices confidérables,
n'eft pas auffi fréquente que celle de conftruire des Bâti-
mens particuliers, il faut s'attacher à plaire dans le fimple
autant que dans le magnifique ; c'eft même dans ce pre-
mier genre de bâtir, que la capacité & l'intelligence de
l'Architecte le font reconnoître davantage, foit par la
belle proportion qu'il donne à Ion Bâtiment , foit par
l'harmonie qu'il a loin de répandre dans toutes &s parties.
C'eft alors que l'étalage desornemens &larichelîè des or-
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I32 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
dres font place à la perfection des membres d'Architecture
& à la jufteiïè de la fymetrie, Se que la beauté des profils
fait juger de l'étude Se de l'expérience de celui qui bâtit.
L'art de profiler ne s'acquiertque par de profondes Se
continuelles réflexions^ Se par une exacte comparaifon des
Edifices antiques avec les modernes ; cette partie de l'Ar-
chitecture n'eft pas la moins épineufe. Auffi quand on la
pofïède, s'attire-t-on l'admiration des connoiffèurs, Se l'E-
difice le plus fimple l'emporte-t-il fur celui qui n'auroit
que l'avantage d'être extrement orné.
La connoiflànce du choix qu'on doit faire des bons pro-
fils eft d'autant plus difficile à acquérir, qu'il faut aller foi-
même fur les lieux meiurer leurs différentes parties, Se
mettre au fait des motifs qui les ont fait édifier. Au défaut
d'une pareille pratique , il eft du moins néceflàire de s'inf-
truire auprès des grands Maîtres, de fréquenter les monu-
mens publics, Se de puifer dans les Bibliothèques tout ce
qui peut enrichir la mémoire Se aider à la fécondité de i'ef-
prit. Pour tout dire en un mot , il faut que le travail foit
joint à un heureux génie & que la nature ait infpiré cette
vive inclination pour lafeience qui fert à former les grands
hommes. Sans ce don du Ciel, il n'eft pas poffible de de-
venir un Architecte accompli. Il feroit à defirer que ces
hommes qui femblent nés pour atteindre à la perfection
d'un Art auffi élevé, fufîent les feuls qui ofaflènt s'en mê-
ler ; on ne le verroit pas fouvent avili par des gens qui en
prennent la qualité par des vues d'intérêt, Se qui n'y ap-
portent aucune-difpofition naturelle. La facilité de fe faire
parler pour Architecte Se la liberté qu'on a de travailler
fous ce nom en France , enhardiflènt les moins éclairés Se
les,portent à abufer de la crédulité de beaucoup de per-
fonnes à qui ce titre en impofe. C'eft de là qu'on voit tant
met
samawm
TUrtmTimHiawtBîtïTBii
-ocr page 158-
cas
CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES.        133
de Bâtimens particuliers de mauvais goût dans Paris, mal-
gré le grand nombre d'habiles gens que cette Ville célè-
bre renferme. J'aurois trop à écrire fi j'entreprenois d'en
faire remarquer tous les défauts Se tout le ridicule. Déplus
ce fèroit envain que je m'efforcerois de corriger l'ignoran-
ce de ceux qui les ont produits, Se toute l'éloquence du
monde ne feroit pas revenir le vulgaire de la bonne opi-
nion qu'il en a conçue.
Mais je m'apperçois que mon zèle m'emporte trop loin,
Se
que ne voulant blâmer ici que des Bâtimens de peu de
conféquence, je pourrois paroître attaquer l'Architecture
en général ; ainfî je reviens à mon fujet.
De l'élévation du côté de Ventrée*
Laiymetrie fait en quelque façon tout le mérite de cette
Façade , j'ai diftingué par un ordre Ionique Tavant-corps
du milieu , parce que cette partie doit toujours l'emporter
fur l'Edifice ; elle eft terminée d'un amortiftement qui la
couronne avec avantage , Se qui s'accorde parfaitement
avec la légèreté de l'ordre Ionique qui eft au-defîbus;
un fronton qui en auroit occupé toute la largeur, au-
roit paru trop écrafé, Se j'ai cru devoir l'obmettre, ainfi
que je vais m'en expliquer en peu. L'ordre Ionique eft
groupé fur les angles de cet avant-corps. Se il eft porté
par des corps de refand. Trois arcades décorent le premier
étage ainfi que le rez-de-chaufîee. Leur proportion avec
celle des trumeaux forme un aflèz beau tout enfèmble , Se
les arriere-corps de cette élévation, malgré leur /implici-
te , y correfpondent parfaitement bien. Aux extrémités
de cette façade, font les Pavillons dansleïquels les Efca-
liers font renfermés. Leur Architecture eft tenue plus mâ-
le que celle du refte de la façade , elle eft faite ainfi, tant
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134 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
pour mettre de la variété entre elle Se celle de l'avant-
corps du milieu} que parce que leur largeur ne m'a par per-
mis d'y placer deux croifées. La -grandeur de ces croi-
fée m'a obligé de donner à ces Pavillons un air de fo-
lidité pour accorder enfemble la marié des Pavillons
avec leur partie. La croifée du rez - de - chauffée eft d'u-
ne forme heureufe & qui me fèmble préférable aux au-
tres, lorfqu'on doit les faire un peu grandes. Des refands
en arriere-corps ornent les extrémités du rez-de-chaufîee
qui paroiilènt favorablement foutenus par la retraite qui
defcend jufqu'au bas des fofTés. La croifée du premier éta-
ge eft à plein ceintre Se enfermée dans une tour creufeiur
fbn plan, laquelle lui fert de bandeau. J'ai préféré cette
manière pour m'éloigner de celle de defîbus , Se je n'ai
point voulu la faire à impolies qui auroient donné un air
de pelanteur à la décoration de ce premier étage à caufe
de la largeur des trumeaux. Aujdefîùs des deux corps de
refand, font élevés deux corps faiilans qui femblent por-
ter l'entablement & le focle qui le couronne. Ce focle
eft fait à deiïèin de cacher les égoûts du comble , Se tient
lieu d'une baluftrade. Comme le comble de cette éléva-
tion eft à la Françoife, je n'y ai marqué aucunes lucarnes
qui félon moi ne conviennent qu'aux combles à la Man-
farde, pour y détacher quelques Pavillons ; ainfi qu'on le
peut voir à la face du côté des Jardins dont nous allons
parler. Avant que d'y parler 9 je dois tenir la parole que
j'ai promife, Se rendre compte au Lecteur de ce qui m'a
fait préférer ici les amortifïèmens aux frontons, plufieurs
personnes qui profellènt l'Architecture, ayant paru déli-
rer cette dernière manière à la place de I'amortiflèment
qui couronne l'avant-corps du milieu de cette élévation,
quoique quelques autres ayent applaudi cette décoration
-ocr page 160-
CHAP. IIL DE LA DECORATION DES FAÇADES.        J$<j
telle qu'elle efl: ; mais j'ofe dire aux premiers, que lorf-
qu'on ne tombe point dans le ridicule de compofèr des
amortifîèmens d'une forme bifàrre , on peut fe fèrvïr quel-
quefois de la licence que j'ai prife 3 * Se fans en faire un
trop fréquent ufàge > s'appliquer à arTujettir leur forme à
l'Architecture qui les reçoit ; car à parler fans paillon pour
l'ancienne Architecture ou pour la moderne , quand ils
font placés à propos, ils font félon moi, tout auffi bien
qu'un fronton , qui pour représenter le pignon d'un com-
ble , n'offie aux yeux qu'une Architecture couchée. Je
fçais que les adorateurs de l'antiquité regarderont mon
fèntiment comme hafàrdé ; mais dégagé de leur ferupu-
leufè vénération, je ne puis m'empêcher de confidérer les
choies en elles mêmes Se d'en juger fuivant qu'elles le mé-
ritent. La plupart des frontons ne font défîmes qu'à ren-
fermer les armes du Maître : Pourquoi ne les trouveroit-
t-on pas auffi-bien placées fur un amortifîèment auquel on
aura donné tous les attributs convenables? Cependant
dans la décoration d'un Temple ou d'un Palais aiïùjetti
aux ordres de l'Architecture , je conviens que les fron-
tons font nécefîâires , Se qu'ils offrent aux yeux des
Spectateurs une image des anciens Bâtimens qui nous ont
fourni les principes de notre Art, Se c'efî en cette confédé-
ration que j'en ai mis divers exemples dans lé fécond Vo-
lume;** Se que dans celui-ci ils font partie delà décoration
de quelques-uns des Bâtimens qui y font contenus ; mais
néanmoins je ne crois pas qu'on fbit indifpenfàblement
obligé de s en fervir dans des Bâtimens particuliers , qui
n'exigent pas l'imitation des anciens Edifices,
*M. Aubry Architeéte du Royenaufe amlTau nouveau Bâtiment de
Chantilly.
** Première Partie r Plancne 55 , 3:4 Se $p
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136 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
De la Décoration de la Façade du côté des Jardins.
La décoration de cette façade offre plus de richefîè que
celle du côté de l'entrée. La colonnade qui règne au rez-
de-chauffée du milieu de ce Bâtiment, eft d'une propor-
tion afîèz heureufe & ne laifîe pas que d'avoir de la conve-
nance avec l'Architecture des Pavillons, quoiqu'il fe trou-
ve de la diverfité dans leur ordonnance. Cette colonnade
percée à jour , paroît 11 bien s'ajufter avec le refte delà
décoration, que cette différence peut être autorifée ici,
ayant gardé les mêmes proportions.
C'eft une attention qu'il faut avoir, d'obferver que les
malîès générales foîent les mêmes Se qu'on ne voye point
de deiunion dans les entablemens , fur tout lorfqu'au-
cune néceffité n'y engage. Un ordre Ionique élevé fur une
double retraite , Se couronné d'un entablement pareil à
celui qui termine le premier étage, forme la colonnade :
elle a au-deflùs d'elle un appui orné de poftes. La déco-
ration du premier étage au-defîus de la colonnade, eft
uniforme Se fimple, Se fert à faire valoir les avant-corps
qui font aux deux extrémités de cette élévation , Se qui
deviennent rupérieurs au milieu du Bâtiment, afin de les
faire varier avec la façade du côté de l'entrée. Cette maniè-
re de bâtir n'eft pas fans exemple, Se l'on peut la mettre en
ufage quand les diftributions le permettent. Alors il faut
que la décoration du milieu cède à celle des Pavillons qui
font aux deux côtés, fur tout lorfque l'Edifice n'a pas d'é-
tendue , Se qu'on n'a pas la liberté de faire plufieurs avant-
corps qui puiftènt être détachés par des arriere-corps qui
donnent du repos aux parties fuperieures.
L'Architecture des deux Pavillons, n'emprunte fabeau-
té que de la proportion qui y eft gardée, Se de la fimplicité
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m CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES.        I37
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qui y règne fert à faire valoir la colonnade, dont cepen-
dant la décoration de ces Pavillons n'eft point efïàcée par
la majefté avec laquelle ils s'élèvent. J'ai donné à chacun
d'eux un avant-corps qui monte jusqu'au dernier entable-
ment , Se qui reçoit avec avantage un amortifîèment dans
lequel une lucarne elt pratiquée. Cet amortifîèment eft
porté par un fbcle qui règne fur la Façade Se fert de
chefneau à tout ce Bâtiment.
J'ai élevé une Maniarde fur ces Pavillons , pour don-
ner plus de hauteur à leur Architecture, Se qu'elle de-
vint proportionnée à leur largeur. Un faux comble âu-
dellùs de la Manfàrde, fait pyramider ces Pavillons Se les
.détache de celui qui eft au-deiîùs du milieu de ce Bâ-
timent. La grandeur de ce defîèin en fait connoître allez
toutes les parties ; ainll je n'ai plus que quelque choie à
dire fur la Coupe de ce Bâtiment, des Pignons duquel
je n'ai point donné le développement , parce qu'ils ne
font fufceptibles d'aucune décoration.
K                                                                                                                    ...                          -
De la Coupe & Profil pris Jur la largeur du Bâtiment.
Cette Coupe offre une idée de la diftribution Se de la
décoration des appartenons placés au milieu de cet Edifi-
ce. Les retours des Ailes que forment les Pavillons, tant
du côté du Jardin que du côté de la Cour, & qui font
dans le même goût d'Architecture, y paroifîènt auffi, Se
l'on y voit la Terraflè qui fe trouve au-defîus de la Galerie
couverte ; laquelle Galerie n'eft confiante, comme je l'ai
dit, que pour défendre le Salon du rez-de-chaufîee du
Soleil du midi, Se pour fournir au premier étage le moyen
de fè promener , Se de profiter du fpeéïacle qu'offrent
les Jardins. Pafîbns aux décorations Se diftributions du
Bâtiment de l'Orangerie Se des aîles où les Ecuries Se les
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T, I. par h H'L
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138 De la décoration et distribution des Edifices.
Remifes font placées. Ayant promis dans la ire. partie,
page 1 j" ^ de parler de la décoration que ces fortes de
Bâtimens peuvent recevoir lorfqu'ils font expofés à la vue
du Maître Se qu'ils font partie de la décoration générale.
CHAPITRE QUATRIEME.
Contenant la Diftribution Se Décoration des Ailes de Bâ-
timent qui accompagnent Se environnent le Château.
De la Décoration extérieure & de la Diflribution de la Serre
de l'Orangerie.
J'Ai parlé dans la première Partie de ce Volume des
différentes fortes de Jardins Se Bâtimens d'Orangerie :
j'y ai expliqué leurs utilités Se leurs ufàges, ainfijenedois
traiter ici cette matière que légèrement ; tous ces Bâti-
mens font aflùjettis aux mêmes préceptes, Se n'ont de
différence que dans leur décoration qui ne peut avoir de
règle fixe , parce qu'on les orne plus ou moins à pro-
portion de la dépenfe qu'on y veut faire, Se luivant qu'ils
doivent s'accorder avec quelque autre Edifice. Celui-ci
erl: tenu extérieurement d'une Architecture un peu déco-
rée , parce que le corps du Château le trouve placé en-
tre l'aîle qu'il compofe Se celle des Cuifines qui lui ref-
fomble. * J'ai proportionné fos ornemens à la décoration
de ce Château , qui fuivant que je l'ai décrite, n'en:,pas
extrêmement ornée. Mais j'ai taché d'obfèrver des mafîès
générales ; Se je crois n'avoir pas mal réuffi dans la com-
pofkion de l'avant-corps du milieu de cette élévation.
Comme la bonne Architecture exige que tous les cla-
* Voyez le Plan général de ce Bâtiment, Planche 22.
-ocr page 164-
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ChAP.IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIBUT. DES AlLES. 12 Q
vaux fbient alîûjettis à la même hauteur} la porte du mi-
lieu paroîtra difproportionnée aux autres; mais ici le cas
Ta ordonné , & je me fuis trouvé dans la néceffité de don-
ner plus d'élévation à cette entrée à caufe des arbres qui
doivent y pafîèr. Je n'ai pas dû pour cette raifbn don-
ner une hauteur exceflive à toutes les portes Se toutes les
croifées, Se dans un Bâtiment d'œconomie on peut bien
le fèrvir de la licence que j'ai prife. Pour que cette porte
eût la*grandeur néceffiire à fon ufàge, Se que cependant
elle ne parût pas mal figurer avec les croifées qui occu-
pent le corps du milieu, j'ai eu foin d'en faire un corps
particulier qui fè marie avec toute l'Architecture de cet
avant-corps, dont la largeur contient à chaque côté deux
arcades, Se eft terminée par des corps de refand. Une gran-
de fimplicité règne aux arriere-corps de cette élévation ,
Se
les deux Pavillons qui en terminent la façade font or-
nés d'un fronton afin de diversifier avec le couronnement
de ravant-corps du milieu.
Cette aîle de Bâtiment eft couverte d'un comble à la
Françoifè, qui vient s'accorder avec celui des Pavillons,
que j'ai fait à la Manfàrde , tant pour le diftinguer que
pour éviter des égoûts qui auroient imité la forme du
fronton.
Au-deflôus de cette élévation eftrepréfènté le Plan de
la Serre de l'Orangerie, laquelle conduit à deux pièces
particulières dont font formés les deux Pavillons : l'une
efl deftinée à prendre le frais pendant la chaleur du jour,
Se
fert de retraite à ceux qui fe promènent dans le bof-
quet planté en étoile. La Serre en Eté devient une Gale-
rie que l'on peut décorer de peintures Se de meubles fa-
ciles à enlever pour faire place en hiver aux Orangers.
L'autre pièce eft deftinée à ferrer des fleurs que l'on fait
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-ocr page 165-
T40 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
venir en tout tems par le moyen des couches Se des diffé-
rens degrés de chaleur que demande la diverfké desfaifbns.
De la Dijlribution & Décoration de l'aile de Bâtiment ou
font placée les Ecuries,
On eft ordinairement peu jaloux de la décoration de
ces fortes de Bâtimens, à moins qu'ils ne fe trouvent
en vue comme celui-ci , ou qu'ils ne foient d'une gran-
deur extraordinaire, ainli que ceux qu'on conitruit dans
les Palais des Princes, Se qu'on voit à Versailles > à Ghan-
tilli, Sec, Ces derniers demandent une attention particu-
lière , mais comme ils n'ont aucun rapport avec l'efpe-
ce de Bâtiment, dont nous parlons dans cette troifiéme
partie, j'en referve le détail pour une autre occafîon.
La longueur de cette aile eft divifée en cinq parties,
dont trois forment des avant-corps qui ont chacun leur
ufàge. Les deux autres parties fervent d'Ecuries pour les
chevaux de Maître, en ayant refervé une dans la cour des
beftiaux pour les chevaux domeftiques. Ces Ecuries qui
font fèparées par le Pavillon du milieu, peuvent contenir
chacune feize chevaux , Se l'on peut mettre dans l'une les
chevaux de carofîè , Se dans l'autre les chevaux de main.
J'eftime qu'étant deftinées à un différent fervice, il eft bon
de ne les pas placer enfemble ; je trouve auffi que lor£
qu'il s'en trouve de malades, il eft nécefîàire de les fépa-
rer des autres par un retranchement, Se même de les éloi-
gner en les plaçant dans un autre lieu, parce qu'alors ils
demandent un foin tout différent.
On fait des Ecuries fimples, Se l'on en fait de doubles
que l'on nomme ainil 3 parce qu'on y met des râteliers des
deux côtés ; il faut que ces dernières ayent vingt-quatre
mms
-ocr page 166-
peuvent
avoir que quatorze ou du moins douze , la longueur du
cheval Se la mangeoire en occupent huit. On ne doit pas
les tenir enfoncées au-deiîbus du rez-de-chauflee du ter-
rain ^ afin que les urines des chevaux ayent un libre cours
fur le pavé de grais dont on les pave ordinairement. Il eft
nécefîàire que la clarté y vienne d'enhaut, pour que le
jour ne frappe pas fur les yeux des chevaux ; ainiî quand
les dehors des murs font lufceptibles de décoration , il
faut pratiquer au-dedans des croifees, des guichets qui ne
laifîent par en haut qu'une modique ouverture. Dans les
baffes-cours qu'on néglige de décorer, on n'y pratique
que des efpeces d'abajours.
La décoration de cette façade paroît allez fîmple, &
je l'ai afîùjettie à celle qui eft vis-à-vis. Les arcades en
anfès de panier qu'on y voit -, 8c où j'ai formé des croi-
fees , répondent aux bayes des Remifès de carrofle qui
leur font oppofées : entre ces arcades eft placé une porte
qui donne entrée dans chaque Ecurie , afin que le paffà-
ge qui conduit aux baiîes-cours des beftiaux , en devint
plus libre. Aux deux côtés de ce pafîàge 5 font prati-
quées des Serres pour les harnois, derrière lefquelles fè
trouvent les Efcaliers A, qui mènent aux Greniers à foin
qui font au-deiîus des Ecuries & de quelques Chambres de
Domeftiques pratiquées fur les avant-corps. Aux deux
extrémités de ces Ecuries font deux Pavillons : Celui
marqué B fèrt de commun aux gens de baiîe-cour feule-
ment deftinés au fervice de la Maifon : celui marqué D
eft refervé pour la demeure d'un Garde-chafîe.
L'on voûte la plupart des Ecuries quand on eftà por-
tée de la pierre ou de la brique; lorfque ces fortes de |
matériaux manquent, on fait leurs planchers de char-
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I42 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
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pente : j'eftime beaucoup plus la première manière > par-
ce qu'elle entretient mieux la chaleur que la dernière,
Se
qu'elle eil moins à craindre pour le feu. Quant à l'ex-
pofition de ces fortes de Bâtimens, on doit éviter cel-
le du midi, Se leur donner autant qu'il eft poifible cel-
vle du levant, ou du moins celle du couchant. C'eft un
détail où doit entrer celui qui eft chargé du foin de con-
ftruire des Bâtimens de cette efpece , afin que les ani-
maux puifîènt s'y bien porter} Se que le fèrvice en foit
facile.
De la Décoration & Dijlribution de F Aile de Bâtiment 3 ou
font placées les Remifes.
Cette aile de Bâtiment eft alîùjettie à la même déco-
ration que celle qui lui eft oppofée ; elle eft deftinée à
contenir les Remifes , iefquelles peuvent être tenues fer-
mées pour plus de propreté Se pour la confervation des
équipages qu'elles doivent renfermer. Les arriere-corps
de cette élévation font occupés par de grandes arcades
en anfe de pannier 9 dans chacune defquelles on peut
placer deux équipages : les portes qui fe trouvent entre
elles font faites pour contenir des Chaifès de pofte , ou
des Carofîes dont la dorure & les autres ornemens exi-
gent qu'on les ferre avec quelque précaution. Deux au-
tres portes font pratiquées , pour le même ufage, dans l'a-
vant-corps du milieu de cette aîle,$ç derrière fe trouvent les
Efcaliers C par lefquels on monte au comble , qui eft à la
Manfàrde^ afin que les greniers foient plus commodes. Les
deux extrémités de cette élévation font terminées chacune
par un Pavillon, dont celui A fèrt de logement au Portier,
Se l'autre B eft refèrvé pour le Concierge.
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-ocr page 168-
CHAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIBUT. DES AïLËS* I43
La décoration de ces fortes de Bâtimens ne pouvant
engager à un long détail, Se tout leur mérite ne con-
firmant que dans la fymetrie qu'ils doivent avoir entre
eux, je me bornerai à obfèrver qu'on ne doit pas les ex~
poier au midi, ni tenir leurs ouvertures du côté du nord."
Quant à leur forme intérieure* ou extérieure , l'étendue
du terrain Se la fituation en doivent décider. On doit ce-
pendant icavoir qu'il faut huit pieds de largeur pour la
place d'un fèul Carofîè , Se que lorfqu'on en met plu-
fieurs fous la même Remile on peut les arranger de façon
que fept pieds de largeur iùrEient à chacun. Pour qu'ils
ibient entièrement à couvert, il leur faut vingt pieds de
profondeur ; Se lorfque le terrain eft trop reflerré pour
qu'ils ayent une pareille étendue > on eft obligé de relever
le timon Se de lelaifîèr à découvert. En ce cas il n'eft
pas befbin de plus de quatorze pieds de profondeur fur
neuf de hauteur. Ces neuf pieds laiflènt la liberté de pra-
tiquer des entrefols au-deflùs des Remîfès. Je n'en ai point
marqué dans cette élévation pour plus de grandeur, Se
ami que ces aîles de Bâtiment, qui font à la vue du Châ-
teau , ne pufîënt pas être la demeure des Domeftiques,
qui ne doivent s'y rendre que pour rendre plus promp-
tement leur fèrvice à leur Maître.
Je ne parlerai point des autres Bâtimens des baflês-
cours dont cette Maifbn eft pourvue y ni de ïaîle des
Cuifines qui fymétrife avec celle de l'Orangerie, refèr-
vant le détail de ces fortes de Bâtimens pour la quatriè-
me Partie, dont la demeure eft deflinée pour un Père
de famille , dont toutes les vues doivent fe tourner vers
une fage ceconomie, Se ce qui me donnera lieu d'y par-
ler de tout ce qui concerne l'utilité d'une Maifbn de
campagne à l'uiage des perfbnnes qui vivent fur leurs
-ocr page 169-
144 D% LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
terres, comme pour ceux qui font profeffion de la bon-
ne Architecture. Mon objet étant dans cet ouvrage de tai-
re obferver que dans les Bâtimens les plus fimples^& même
les moins apparens, on doit s'appercevoir de la capacité
du Conducteur .& de fon intelligence.
Fin de la troifléme Partie,
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traite:
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HH
TRAITE
DE LA DECORATION DES EDIFICES.
ET DE LA DISTRIBUTION
DES MAISONS DE PLAISANCE-
QUATRIEME PARTIE-
Contenant la Diflribution & Décoration d'une Maifon de vingt
toifes de face , & d'une partie des dépendances qui
doivent accompagner une Maifon d'économie,
A V A N T-P R O P O S
'A v o i s conipofé ce projet pour une perlon-
ne aifée qui a voit deflèin de le retirer à la
campagne dans la belle iaifbn, Se qui atten-
tive à Téducation de fà famille Se aux diffé-
ïens devoirs de ion Domeflique, voulok être
; à portée de tout voir par fes propres yeux. Le terrain de
!>"
mamans:
T. L Fart. IV*
X
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I46 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
ce Bâtiment eft dans la Brie lur le fommet d'une coline >
dont la pente & les fituations irregulieres m'ont obligé
de mettre la principale entrée par le côté. Quoique cet-
te manière de bâtir ne jtoit pas des plus avantageuses ,
j'ai crû néanmoins que je pouvois la donner pour exemple,
ne trouvant pas toujours des terrains qui permettent de
faire choix des fituations*.
Cette Maifbn de campagne étant dëffiinée une bonne
partie de l'année pour la demeure du Maître, je l'ai ac-
compagnée des commodités néceflàires à une demeure
œconome, ainfi qu'on le verra dans fon lieu.
CHAPITRE PREMIER.
De la Décoration des Jardins & du developement des Bdti-
mens des Bajfes-Cours*
L'Avenue qui conduit au Château, ne fè préfente
pas auffi avantageufement que je l'aurois fouhaité ;
mais la Situation du terrain m'a fait paflèr par deflùs l'ufà-
ge ordinaire de les placer en face pour éviter une dépen-
de qui ne pouvoit convenir qu'à un Edifice plus confi-
dérable. D'ailleurs il eft des fituations que le fecours mê-
me des plus grandes richeflès ne fçauroit réformer, Se
alors on doit fè contenter de ce qu'offre la nature Se la
faire valoir autant que l'art le permet. Il eft à propos d'é-
carter les idées trop élevées, lorfqu'il ne s'agit que d'une
Maifon particulière telle que celle-ci, où une. perfonne
auiîî curieufè qu'œconome veut paflèr tranquillement fes
jours. Sans avoir donc négligé ce que le lieu m'a fourni de
plus beau, j'ai préféré de donner à tous, les -Bâtimens une
correfpondance commode Se d'y rendre le fervice aifé.
—[rrrM(Éfitip-WM>iMMMiriTririïnM«mBMnw^^^
-ocr page 172-
• CHAP. I. DE LA DECORATION DES JARDINS.          Ï47
Cette néceflîté de donner à une Maifon d'œconomie tout
ce qui lui convient, n'eft point incompatible avec la Sy-
metrie, l'ordonnance Se les proportions qui doivent être
généralement obfèrvées dans toutes les différentes elpe-
ces de Bâtiment ; Se je crois avoir aflèz bien réuffi dans la
manière dont j'ai proportionné la cour Se les aîles de Bâti-
ment qui Faccompagnent ; on n'en peut guéres trouver
une dont la Situation foit plus avantageuSe : du côté de là
demi Lune elle offre un très-beau coup-d'œil en vue d'oi-
fèau fur les Potagers qui font en Terraflê : de l'autre côté
oppofé, elle a le frontispice du corps du Bâtiment, qui
eft aflèz orné pour donner une opinion favorable des ap-
partemens qu'il renferme.
Le corps de Bâtiment A efi ifolé Se n'eft féparé des
Jardins que par une grille de fer poféefor un appui Se qui
vient joindre les aîles C 6c B. Ces aîles font élevées cha-
cune for une Terrafîè qui détermine la forme de la cour.
Je les ai tenues Simplement ornées ; Se elles fervent à ca-
cher les Bâtîmens des bafîès-cours., que j'ai rangés for une
même ligne, afin qu'ils fufïènt plus à la portée les uns des
autres., Se qu'ils ne pufîènt être apperçûs ni du côté des
Jardins , m de celui de l'avenue.
A la droite de la cour l'aîle des Cuifînes C efi: placée
Se SymetriSè avec l'aîlë B qui efi vis-à-vis ; elles font toutes
deux décorées de même manière du côté qu'elles fo pré-
sentent à la vue du Château. Je ne m'étendrai point for
les diftributions de cette aile d^s Cuifines, elles font pref^
que toujours les mêmes, elles exigent pareille expofition
Se Semblables commodités, Se ne peuvent différer que
du plus ou du moins ; aînfi je renvoyé for ce fojet à la
première partie de ce Volume, Chapitre quatrième, page
82 & 83.
mm
Tij
-ocr page 173-
I48 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
Derrière cette aile eft une grande cour environnée de
Bâtimens propres à différens ufages x Se féparée par une
grille delabaiîè^cour des beftiaux Se des volailles. Ces Bâ-
timens contiennent non-feulement une Cuifine qui fert
de décharge à celle du Maître, Se dans laquelle on peut
apprêter Se donner à manger aux ouvriers ; mais on y pra-
tique encore des chambres pour les Servantes, un Four-
nil pour cuire le pain commodément 5 des endroits où l'on
puiffè faire la leffive & defemblables ouvrages, Se d'au-
tres pour ferrer quelques provifions. Ces pièces fe bâtif-
fent au rez-de-ehaufîee, l'élévation de ces fortes de Bâti-
mens ne pouvant offrir rien d'agréable à la vue , Se ne
fèrvant qu'à rendre le fervice moins commode : on peut
cependant élever quelques greniers au-defllis > pour y met-
tre les menus fourages, les fruits Se les grains dont on
ufe chaque jour Se qui doivent fe trouver fous la main.
Car quant aux Granges deftinées pour les provifions , on
doit les tenir les plus éloignées du Château qu'il eftpoffi-
ble, tant à caufe du feu que des Domeftiques fiibalternes
qui font en relation avec eux. Je les ai placées à la gau-
che 3 & je n'ai joint à la balîè-cour des Cuifines que celle
des beftiaux Se des volailles qui n'en doit pas être éloignée.
Le bon ordre dans ces Bâtimens , Se les différentes com-
modités qui en refultent, en font tout le mérite ; néan-
moins j'ai eu attention de les placer de manière qu'ils euf-
fent entre eux une correspondance aifée > Se que le Maî-
tre fans les avoir toujours fous fes yeux , pût en faire faci-
lement l'examen lorfqu'il le jugeroit à propos.
Dans une Maifon de campagne telle que celle que je
décris, la baflè-cour des beftiaux eft d'une nécefTité indif-
penfable , c'eft chez elle que l'on raflemble tous les ani-
maux néceflàires à la vie, Se on la doit conftruire fuivant
ROM
viJZatt**
-ocr page 174-
\
CHAP. I. DU DEVELOPEMENT EES BaSSES-CoURS. 140
Tétenduë des animaux qu'elle doit contenir : c'eft là que
fè trouvent les Etables, les Bergeries, les Toits-à-Porc,
les Poulailliers, les Volières ou Pigeonniers , de la con-
ftruétion defquels je ne ferai point ici la defcription, qui
dans un ouvrage comme celui-ci feroit aum* ennuyeufè que
peu convenable, L'expérience des gens de campagne peut
fournir plus d'inftruétions fur ces fortes de petits Bâtimens,
que tous les raifbnnemens que je pourrois faire ; Se je me
bornerai à leur afîîgner à chacun leur place , Se à dire en
général qu'afin que les Bergeries ayent plus de chaleur en
hyver, leur plancher doit être tenu bas, Se que fexpofi-
tion qui leur eft la plus favorable eft celle du midi. On doit
obfèrver les mêmes exportions aux Etables pour les va-
ches Se aux autres de cette eipece. Près de ces Etables les
Toits-à-Porc font ordinairement placés : on doit avoir
foin de les paver, Se de donner une bonne conftruction à
leurs murs. On peut mettre les Poulaillers dans le même
voifinage, ayant égard qu'ils ne foient pas expofés ni au
grand froid, ni au grand chaud, ces deux extrémités font
contraires à la volaille : pour les éviter, on a coutume d'en
tourner l'ouverture vers l'Orient. Il faut aulîî pratiquer des
loges pour les poules-d'Inde, où elles puiftènt fe retirer
feulement pendant Thyver, n'en ayant pas befbin dans la
belle faifbn. Celles des oyes Se des cannes ne doivent pas
être oubliées ; mais elles demandent peu de façon, Se fuf-
fifènt lorfqu'elles peuvent garantir ces animaux de la pour-
fuite de ceux qui leur font la guerre.
Le Colombier doit être à la proximité de cette bafle-
cour ; mais pourtant aflèz éloigné du corps du Bâtiment,
pour que le bruit Se l'odeur n'y puiftent parvenir. On fait
des Colombiers quarrés, on en fait auffi d'une forme ron-
de : ceux-ci font les plus commodes, parce que au moyen
I
■TxswPiTiïii&mwfatëi^ïïrmiBMBBtm
Tiij
-ocr page 175-
IJ P DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
d'une échelle qui tourne fur un pivot, on peut aifément
en vilîter tous les dedans. Leurs fenêtres Se leurs autres ou-
vertures doivent être tournées vers le midi, les pigeons
aimant à recevoir à plomb les rayons du Soleil, principa-
lement en hyver. La décoration extérieure des Colom-
biers ne demande pas beaucoup d'élégance ; ils ont feule-
ment befoin de quelques cordons faillans fur lefquels les
pigeons puilîènt fe repofer.
L'aîle B qui par fà décoration extérieure fait fymetrie
à l'aîle C , eft refèrvée ainfi que le Jardin M, pour la de-
meure des enfans de la Maifon dont on parlera dans la fuite.
Derrière ce Jardin eft placée la baflè-cour des Ecuries &
des Remifès ? qu'il faut diverfifier y de manière que celles
qui font pour l'ufage particulier du Maître foient diftin-
guées de celles qui fèrviront à ce qui appartient au labou-
rage ; ainfî l'on doit faire , quoique dans la même bafïè-
cour \ des engards différens, foit pour les équipages du
Maître, fbit pour les chariots, les tombereaux & les cha-
rues. Sur ces Ecuries Se ces Remifes, il faut pratiquer dts
Greniers qui ne foient uniquement que pour le foin Se
pour la paille. Ceux qui contiennent les grains devant
être dans un autre lieu} afin qu'ils ne contractent pas la
mauvaife odeur qui pourroit tranfpirer au travers des plan-
chers élevés fur les Ecuries. C'eft pour cette raifbn que j'ai
placé les grains dans la bafîe-cour voifine, où fe trouve
aufli l'habitation du Fermier : pour que les ouvriers qui
font fous fà direction puilîènt aifément recevoir fes ordres,
ils demeureront au rez-de-chauffée du même Bâtiment ; Sc
dans les intervales de fes demeures , on établira des gran-
ges pour y battre le grain , qui de là fera tranfporté aux
greniers qui feront au-defîùs , Se qu'on doit bâtir d'une
manière afïèz folide pour pouvoir fbutenir tout le poids
i
-ocr page 176-
CHAP. I. DU DEVELOPEMENT DES BaSSES-CoURS. IJ I
d'une abondante récolte. Afin que ce grain le confèrve
mieux Se fbit moins lùjet à la vermine, on ne négligera
pas de carreler les planchers qui le reçoivent ; <&les Gre-
niers feront ouverts du côté du fèptentrion ou de l'O-
rient , pour que le vent chaud du midi ni le vent humide
du couchant ne puiflent leur nuire, tandis que ceux du
nord Se du levant font propres à efîbrer Se à donner de la
fraîcheur > Se par conféquent leur font très-favorables. On
n'y mettra pas non plus en ufàge les anciens combles à la
Françoifè, aufquels on préférera ceux à la Manfàrde qui
procurent plus d'air Se plus d'efpace.
Joignant cette baflè-cour, eft celle qu?on deftine à la
vinée : ce nom marque aflèz qu'on y place les Selliers}
où des tonneaux rangés par ordre reçoivent le vin qui y
eft facilement transporté du preflbir qui leur eft voifin.
L'expofïtion de ces Selliers} des Caves Se des Freflbirs,
demande le nord ou le couchant , afin que les grandes
chaleurs ne puiflent empêcher qu'il n'y entre un air frais
qui confèrve ce qu'ils renferment. Il eft à obfèrver néan-
moins d'en tenir les ouvertures petites Se qu'il fbitaifé de
boucher avec des paillaflbns, lorfque les grands froids le
font reflèntir. En de Semblables baflès-cours on conftruit
des bûchers qui contiennent les provifions de bois, Se
l'on ferre les vieilles futailles avec les ehofès de la même
efpece. On peut fur les Bâtimens de cette bafle-courmet-
tre des Greniers pour les fourages des beftiaux, en cas
que par une trop grande quantité ils ne puiflent être gla-
cés
ailleurs. On trouve une Glacière Y à l'un, dès angles
du Jardin P : Afin que toutes les commodités qu'on peut
fbuhaiter en campagne puiflent fe rencontrer ici ; j'aî cru
qu'il ne fèroit pas inutile d'en donner un developement.
Une Glacière eft un lieu creufé en terre qui fèrt à con-
-ocr page 177-
■t
IJ 2 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
fèrver la glace qu'on y amafîè en hyver , pour fe procu-
rer en Eté le plaifir de boire frais. Sa figure refïèmble à un
Cône renverfé, Se on doit avoir foin de la placer à l'om-
brage de quelque bois, ou à l'abri de quelque Bâtiment.
L'ufàge eft. de lui donner deux toifes, ou deux toifes Se
demi de diamètre par le haut, Se de diminuer infenfibie-
ment ce diamètre à mefùre qu'on defcend jufqu'au bas de
fa profondeur } qui eft ordinairement d'environ trois toi-
fes. Mais cependant cette grandeur peut être changée fui-
vant le befoin > en gardant toujours une égale proportion.
Plus les Glacières font fpatieufes, Se mieux elles confer-
vent la glace ^ fuivant le fentiment de plufieurs Praticiens.
On en fait de différentes conflruélions : quelques uns les
revérifient depuis le bas jufqu'au haut d'un petit mur de
moilon , d'environ un pied d'épaifîèur Se enduit de mor-
tier ; ils mettent dans le fond un puits de deux pieds de
largeur fur quatre de profondeur Se en garnifïènt le defîùs
de grilles de fer, au travers defquelles s'écoule l'eau qui
diflille de la glace. D'autres au lieu de ce mur de moilon
revérifient leurs Glacières d'une cloifonde charpente corn-
pofée âc chevrons lattes , qui defcend jufqu'au petit
puits ? dont en ce dernier cas on peut fè parler ; parce
qu'alors on ne fait defeendre cette charpente que jufqu'aux
trois quarts de la Glacière, & qu'en cet endroit on bâtit
une efpece de plancher garni de douves qui laiûent un paf-
fage à l'eau.
D'autres encore fe parlent de mur Se çle charpente, lors-
que le terrain eft fee Se folide, & qu'il ne fait craindre
aucun ébouîement. Cette dernière façon épargne beau-
coup de dépenfe ; mais il faut en garnir de paille le fond
Se les côtés, ainfi qu'on le doit obferver au revêtiflèment
de charpente dont on vient de parler.
rannrrwiMTWwiff'iMf'
-ocr page 178-
CHAP. I DUDEVELOPEMENT DES BaSSSE-COURS. 1$ %
On couvre les Glacières d'une charpente élevée en py-
ramide , Se qui efl; prolongée jufqu'au niveau du terrain
où commence leur profondeur. Au bas Se tout autour de
cette couverture, on pratique une rigole qui reçoit f eau
qui tombe du Ciel, Se qui par fà pente l'éloigné de ma-
nière qu'elle ne peut féjourner ni pénétrer au dedans. On
y pratique auffi une porte qui doit être expofée au nord,
Se
qu'il faut faire précéder d'une autre placée au bout d'un
petit paflàge auquel on donne le plus fbuvent huit pieds
de longueur fur deux Se demi de largeur Se qu'on couvre
de chaumes, ainfi que le fommet de la Glacière.
Venons préfèntement aux Jardins potagers qui font fî-
tués en un terrain vis-à-vis le Bâtiment, Se ne font fepa-
rés des baflès-cours que par l'avenue dont l'entrée efl: en
demie-lune. A l'un des côtés de cette entrée efl placé le
Bâtiment P deftiné pour le Concierge aum* bien que le
petit Jardin qui l'accompagne Se qui fe trouve plus en-
foncé à caufè de la pente du terrain.
A l'extrémité du Jardin potager, qui le trouve au bas
de la demie-lune de la baflè-cour , efl: une Cafcade pro-
venant de la décharge des eaux du Jardin de la Maiïon %
lefquelles par différens canaux peuvent fuffiiamment four-
nir celles qui font néceiTaircs à chaque quarré de ce Pota-
ger. On peut remarquer dans le Plan, que j'ai été dans l'o-
bligation de faire des Terraflès qui pufîent reparer la pen-
te du terrain. Ce n'efl: point un défaut quand on aie moyen
d'en faire la dépenfe ; au contraire on en tire pluiîéurs
avantages : les Terraflès forment un agréable aipecl:, elles
font favorables aux plans Se aux légumes, Se la pente du
terrain en facilite l'arrofement ; mais aufîî pour tirer de
ces Terrafles toute l'utilité poiEble, faut-il qu'elle puifTent
donner aux efpaliers une heureufe exposition. Car elles ne
mttpimm
T.I. Pan, IV,
-ocr page 179-
IJ4 £)£ DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
peuvent dédommager de ce qu'elles coûtent , que par
le produit qu'elles cauiènt 8c par le profit qui en revient
au Jardin potager. Un Jardinier bien entendu les aflïijettit
ordinairement lors de leur conftruélion , aux diverfès for-
mes par lefquelles les fruits de différente elpece fe trou-
vent le niieux expofés. Cette même raifon dans un Jar-
din d'ceconomie où l'utile a toute la préférence, fait éle-
ver des murs en ligne oblique afin de multiplier les efpa-
iiers ; 8c 11 pour lors la quantité des parties caufée par ces
murs en efpalier n'offre pas un auffi beau coup-d'œil que
le feroit un terrain plus uniforme 8c plus étendu ? on
en efl: recompenfé par l'abondance des fruits que don-
nent les Jardins coupés, 8c l'on a le plaifir de rencontrer
en les parcourant tout ce que la nature peut nous offrir de
plus agréable. Par le fecours de ces murs, vous mettez
les arbres 8c les couches à l'abri des vents qui leur feroient
contraires , & vous jouiflèz des fruits 8c des légumes dans
leur primeur ; ce qui dans une Maifon de Campagne
fert tout enfemble à l'agrément & à l'intérêt.
Un détail plus ample & plus circonftancié au fujet des
Bâtimens 8c Jardins de cette efpece , pourroit ici devenir
ennuyeux ; afin de le rendre interefïànt, il auroit falu re-
monter plus haut 8c s'appliquer entièrement à cette ma-
tière ; mais comme mon objet n'efl: pas d'entrer dans tou-
tes les particularités qui les concernent, je vais revenir aux
décorations des Jardins de propreté qui font davantage du
reflbrt de l'Architeélure.
Le corps du Château A efl: placé entre Cour 8c Jardin.
Deux Parterres de broderie mêlée de gazon fe préfèntent
au-devant de ce Bâtiment 8c font terminés par une pièce
d'eau de forme circulaire 8c qui répand pluiieurs nappes
d'eau en face des appartemens. L'allée E qui fe trouve au-
!
-ocr page 180-
■•■■
Chat. I. de la décoration des Jardins.
ryy
deiîùs de cette pièce efl: en Terraiîè, Se fait une tête à l'ex-
trémité de ce Jardin qui le finit gracieufèment. Cette Ter-
raflè vient joindre les extrémités des ailes des Bâtimens
qui environnent la cour ; enforte que les bofquets diftri-
bués aux deux côtés des Parterres font en Terrafîè Se fem-
blent faire autant de Jardins particuliers, fans cependant
que le coup-d'œil général foit interrompu. C'efl; le mérite
des Jardins d'être difpofés de manière que la vue n'étant
pas trop limitée, chaque compagnie puiiîe s'y promener
avec quelque folitude. A la droite des Parterres efl: une
Salle verte marquée H, laquelle efl: à pans > ornée de ni-
ches Se entourée d'arbres qui fournifïènt un agréable cou-
vert : Deux petits cabinets font placés à fes extrémités , Se
font tenus d'une moyenne grandeur > afin qu'en plein mi-
di on puiiîe y avoir de l'ombrage.
Après cette pièce H, fo trouve une Salle de tilleuls ï,
dont la forme efl: ovale Se dans laquelle font pratiquées des
niches propres à recevoir des bancs. Une petite allée à
pans règne autour de cette pièce dans l'épaiiïèur du bois
Se conduit à quatre Cabinets K, où les Saifons font re-
prefèntées. De la Salle I ? on parle à un grand Boulingrin
O, pris dans l'épaiiîèur du bois. Outre la fraicheur qu'il
procure par û fituation avantageufo , il offre par rapporta
là forme 3 un coup-d'œil aiîèz gracieux.
La gauche des Parterres eft occupée par une grande
étoile G plantée de maronniers , & qui efl; ornée d'une
pièce d'eau qui donne à cette étoile beaucoup d'agrément.
Du côté du grand chemin, une grille ferme f extrémi-
té de ce Jardin Se laiiîê en même tems profiter de la vue
d'une plaine très-vafte Se d'une route aiîezpaiîagere.
n
-ocr page 181-
CHAPITRE SECOND.
De la Dijlribution des appartemens du principal corps de Bâ-
timent > tant au rez-de-ChauJfée qu'au premier Etage.
LEs diitributions qu'on voit dans les Plans de ce Bâti-
ment , ne fe reffentent point de la grandeur ni de la
magnificence que Ton répand ordinairement dans les Pa-
lais : au contraire je n'ai eu pour objet dans celui-ci que la
{implicite & la commodité. On peut néanmoins en' ob-
(èrvant cette {Implicite, referver à un Bâtiment des pièces
d'honneur, lelon l'état convenable de la perfonne pour
qui l'on bâtit.
Dans un Edifice un peu confidérable,on a coutume d'ap-
peller pièces d'honneur les Salonsjes Salles d'afîemblée,les
Salles de compagnie, Cabinets, Salles de concert, les
Galeries, 8cc. fans parler ides Veflibules, des Porches,
des Periftilles & autres pièces qui fervent à la communica-
tion de ces appartemens, C'eft le judicieuxjarrangement de
toutes ces pièces, leur grandeur, leur décoration & leur
expofition qui donnent à un Edifice toute la nobleiîè qu'il
peut recevoir ; mais pour le rendre commode , il ne fuffit
pas de les y placer toutes : la condition du Maître en doit
déterminer la quantité , ainfi que celle des - autres pièces
qui doivent les accompagner. On s'appercevra du choix
que j'en ai fait Se de la difpofïtion que je leur ai donnée y
dans chacun des Bâtimens que contient ce Volume. La
comparaifon.qu'on en pourra faire, fournira plus de refle-
xions que n'en feauroit contenir un long diicours. Je me
bornerai donc à la {impie defeription de ce Bâtiment > qui
comme je l'ai dit, n'eft que pour un Particulier , $c où la
tœms&iBSMwmœœmsmamwwœmmimmmmmmwm^
-ocr page 182-
CHAP. II. DES DISTRIBUTIONS DU ReZ-DE-ChAUSSe'e. I <J
commodité doit l'emporter fur l'élégance des formes: je
dirai feulement en général que dans les Maifbns d'œcono-
mïe, après avoir diftribué les appartemens de compagnie,
il furEt de donner à chaque Chambre à coucher une gar-
derobe bien éclairée, Se qu'il y ait un dégagement qui en
facilite le fèrvice , fins que les Domefliques fbient obli-
gés de paflêr par les chambres des Maîtres. Pour ce déga-
gement on pratique des Efcaliers qui montent de fond,
Se
qui ayant leur fortie au rez-de-chauflee dans les cours
ou les Jardins, vont rendre dans des Anti-chambres com-
munes aux appartemens.
                                             .-::,
Des "DîJI-.rihutions du Ilez-rfe-ChauJp'e.
Ce Bâtiment a vingt toiles de face iùr environ dix de
profondeur. Son rez-de-chauffée contient de doubles ap-
partemens , dont les uns donnent fur la cour Se les autres
fur les Jardins. Un Perron introduit dans un Veftibu-
le, dont la forme n'eft pas entièrement régulière, par-
ce que la fymetrie n'eft pas obfèrvée dans tous fes angles;
mais cette irrégularité eft permife dans ces fortes de pie-
ces , quand on y eft contraint par le terrain qu'elles occu-
pent Se par les dégagemens qu'elles doivent recevoir : il
fuffit quJil y ait quelque rapport entre leurs côtés oppo-
fés. A la gauche de ce Veftibule > eft placé l'Efcalier qui
monte au premier étage, Se dont la rampe occupe la moi-
tié de l'arcade qui orne le Veftibule de ce côté-là , Se qui
fymetrife avec une autre qui eft feinte , Se dans laquelle
eft pratiquée une porte qui donne entrée dans la Salle à
manger. Cette Salie eft dans une belle expofitian donnant
du côté de la cour, qui eft celui des Potagers dont la fi-
tuation eft très-vantageufè & fournit un coup-d'œil agréa-
BfciUA*
tyawmnmt*
y h
-ocr page 183-
1^8 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
bie. La face oppofée aux croifées eft décorée d'une ni
che, * dans laquelle eft pratiquée une table dé marbre I;
fervantde buffet pour recevoir les defïèrts'pendant le repas;
cette table eft enfermée dans des portions circulaires qui
reçoivent des portes, dont une fert de dégagement pour
la communication des pièces qui font placées derrière. On
y vient fervir à manger par le Veftibule où les mets font
apportés de l'aîle des Cuifmes placée à la droite de ce Bâ-
timent, Cette pièce eft fuivie d'un Cabinet où l'on peut
fe retirer à la fortie de la table > Se qui eft dans la même
expofltion ; outre que l'on y jouit des vues fur le Jardin ,
vis-à-vis l'allée marquée L, dans le Plan général. Du cô-
té oppofé aux croifées ce Cabinet eft à pans dans lefquels
font des portes dont l'une eft feinte Se fert d'armoire, Se
l'autre va rendre dans un dégagement qui donne dans une
Garde-robe commune aux pièces qui font à la gauche de
cette Maifon. Cette Garde-robe fert d'Anti-chambre au
Cabinet de la Chambre à coucher ; Se dans l'un de fès an-
gles eft un Efcalier qui monte au premier étage 5 Se qui
donne entrée dans les entrefols qui font fur la Garde-robe
Se fur le Cabinet, Se qui fourniffent les commodités né-
cefîàires à la Chambre à coucher.
\- Cette Chambre à coucher eft fittïée du coté du Jardin >
derrière la Salle à manger : fes angles du côté du lit font
à pans ; <& ils font pratiquées ainfi, à deffein de ménager
des dégagemens pour les Domeftiques. Son entrée princi-
pale eft par le grand Salon qui fert à rafîèmbler les per-
fbnnes qui ont affaire au Maître.
Ce Salon eft d'une belle grandeur Se peut contenir une
nombreufe afîêmblée. J'ai pratiqué a là gauche un grand
* On en voit la décoration d'une à peu près dans ce genre dans le fécond
Volume , deuxième Partie » Planche 8 f •
wmmpÊmmmm
-ocr page 184-
Chap, IL des distributions du Rez~de-Chausse'e. i < o
Cabinet dans lequel on pourroit pratiquer des armoires,
qui feroient partie de fà décoration.
A côté de ce grand Cabinet en eft un petit pour écrire,
Se
pour ferrer les choies que le Maître veut tenir fous fà
main. Ce Cabinet a une fbrtie dans une Garde-robe qui
fèrt d'Antichambre, Se par laquelle le Maître peut parler ,
fans être obligé de traverfèr le grand appartement ; de fa-
çon que fbrtant de la chambre à coucher qui eft fur la cour
Se qui lui eft deftinée , il peut vaquer à fes affaires fans
être interrompu par les étrangers.
Entre le Cabinet d'aftèmblée Se f Efcalier, eft pratiqué
un paflage qui communique de la Garde-robe A an Vefti-
bule. Cette Garde-robe peut fèrvir à coucher un Dome-
ftique , Se Ton y peut pratiquer un Efcalier pour monter
aux entrerais que Ton conftruiroit fur les deux petites pie-
ces qui donnent fur le Pignon.
Quant à la décoration de. toutes ces pièces 3 je n'en par-
lerai point. Les divers exemples que je me propofe de met-
tre dans le fécond Volume , en diront plus qu'un long
difeours. Il fùfEt de faire obfèrver qu'il faut proportion-
ner la richeflè des décorations à la grandeur ?du lieu, à la
qualité du Maître } Se à la dépenfe qui convient à fa for-
tune.
Comme le rez-de-chauilee eft deftiné pour y placer le
bel étage, les appartemens des étrangers font pratiqués au
premier, <%: une des ailes de Bâtiment du côté de la cour
éft occupée par les enfans de la Maifbn, dans le defîêin
de les éloigner des compagnies qui pourraient diftraire
leurs études. On en verra la diftribution Se la décoration
après ce corps de Bâtiment.
-ocr page 185-
l6o DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
De la Dijlribution du premier étage*
Les pièces de cet étage font aflùjetties aux diftributions
du rez-de-chaufTée : tout le changement que j'y ai fait,
c'eft d'y avoir formé d'une grandeur moindre que celle
du Salon, un grand Cabinet 3 qui étant placé au milieu de
ce Plan , devient un lieu ouvert à tous les appartemens
qui font diftribués aux deux côtés. La forme de cette pie-
ce eft d'une étendue proportionnée à celle des apparte-
mens de cet étage, & derrière on a pratiqué deux Garde-
robes qui ne laiiîent pas de donner à cette pièce une belle
proportion. Elle doit être décorée de menuiferie dans la-
quelle on peut ménager des armoires pour contenir des Li-
vres , la fituation de ce lieu pouvant inviter à venir y faire
la lecture. Il n'y faut pas affèéter trop de richefîè,, & la fy-
metrie dpit être plutôt l'objet de fà décoration que tous les
ornemens, qui dans ce lieu fe trouveroient hors de place.
Du côté de la cour eft une Anti-chambre au-deflus du
Veftibule , laquelle devient commune à toutes les pièces
qui occupent le côté droit de ce premier étage , qui eft
compofé de trois Chambres à coucher 8c de deux Cabi-
nets : fur ces Cabinets font pratiquées des Garde-robes en
entreiols qui ont leur dégagement par le petit Efcalier à
vis B qui monte de fond. La première Chambre à cou-
cher du côté de la cour donne communication aux deux
autres Chambres à coucher? & elle a fà Garde-robe derriè-
re le grand Cabinet.
De l'autre côté de l'Anti-chambre commune 9 eft placé
h grand Efcaliçr 3 dont le Pallier conduit à une petite
Chambre en niche précédée d'une petite Anti-chambre
qui fert de dégagement à un Efcalier A; qui monte au
comble Se à quelques Chambres de Domefliques prati-
KSWSE
cpçes
J&
-ocr page 186-
«SSS3Ï
CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES.        I<5l
quées fur les Pignons de ce Bâtiment. Cette Chambre en
niche a derrière elle une Garde-robe C , qui a fon déga-
gement par derrière le grand Efcalier ; Se celle D fèrt à la
Chambre à coucher qui donne du côté du Jardin. J'ai
donné à cette Chambre une grandeur afîèz raifonnable
pour contenir deux lits 5 Se fà principale entrée eft par le
grand Cabinet, fès autres iffaes n'étant que .des portes de
dégagement.
CHAPITRE TROISIEME.
De la Décoration de la Façade du côté de l'entrée.
Ans les Bâtimens oui Ton eft borné par la dépenfe
Se par le peu d'étendue du terrain, il faut retran-
cher la répétition des avant-corps, étant plus à propos de
tomber dans le trop d'uniformité , que dans le cas de faire
de trop petites parties. Pour les éviter, je n'ai placé qu'un
avant-corps au milieu de cette Façade à qui j'ai appliqué
toute la décoration. Plufieurs relîàuits y font auffi formés^afîn
que les trumeaux qui régnent aux côtés de la uroifêc paruf-
fènt avoir moins de pefànteur; ils font ornés de confoles Se
de vafès qui enrichiiîènt cet avant-corps. Un fronton en
termine la hauteur : il eft orné des armes du Maître, Se cou-
ronné de figures qui repréfèntent une chafîè. Ces fortes
d'attributs conviennent à une Maifon de campagne édifiée
pour une perfbnne qui ne veut point caraélerifèr fes em-
plois , ni fà grandeur dans les dehors de cet Edifice,
mais feulement fes inclinations} Se donner quelque air de
magnificence à fbn Bâtiment. Au refte il eft d'autres attri-
buts arbitraires dont on peut faire choix ; ce qui dépend
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J. I. Part. IK
A
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-ocr page 187-
y:
IÔ2 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
du jugement de l'Architecte Se de la prudence de celui qui
fait bâtir. Comme dans les précédents Bâtimens j'ai remis
au fécond Volume du choix que l'on doit faire de ces orne-
mens Se de leur ordonnance , j'y renvoyé ici le Leéteur;
cette matière méritant un Chapitre entier, Se pouvant
paroître hqrs de fàifon dans la conftruction de cet Edifice.
Ainfi je reviens à mon iiijet.
J'ai décoré de refend l'étage du rez-de-chau/Tée des ar-
riere-corps de cette Façade ; tant pour détacher l'Archi-
tecture de Tavant-corps, que pour donnerjm air defoli-
dité au premier étage ; Se j'ai tenu un peu mâles les tru-
meaux des croifées qui ornent les arriere-corps, afin de
donner une correipondance uniforme à l'Architecture de
cette élévation. Quand on néglige cette obfervation on
rifque de tomber dans des défauts de convenance ; Se rien
ne pèche plus contre l'harmonie due à une décoration en-
tendue , que de voir les arriere-corps d'une Façade diipu-
ter avec les avant-corps par une Architecture qui n'a au-
cune relation avec ces derniers.
Toute cette Façade eft terminée par un comble à la
Manfàrde , qui couronne ce Bâtimenr Pour en cacher
les égoûts , j'ai pratiqué fur l'entablement une retraite,
quifert de cheneau pour les égoûts du comble, Se defocle
aux groupes d'enfans qui ornent les extrémités de l'avant-
corps. L'ufage de ces fortes d'égoûts eft auffi iolide que
les cheneaux de plomb que l'on pratique ordinairement,
Se
elle convient d'autant mieux fur les faces élevées en
pierre détaille, qu'elles fe conftruifènt de la même ma-
tière <Sc que fans qu'il foit befoin d'interrompre les che-
neaux, le fbcle même fertdebafe pour recevoir les or-
nemens dont on veut terminer une Façade. Quand on
veut par œconomie fe parler d'un cheneau de plomb ou
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BUSWtt
-ocr page 188-
CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES.        163
d'une retraite telle que celle qui fè voit autour de ce Bâti-
ment , on doit fuprimer auffi les couronnemens de fculp-
ture pour ne pas tomber dans le défaut qu'on voit à quel-
ques Bâtimens , où les amortiflèmens fe trouvent féparés
de l'Architecture de delîbus par l'égoût de la couverture
des combles ; ce qui eft un défaut de convenance contre
la bonne Architecture.
Aux deux côtés de cette élévation, font des grilles qui
ferment l'entrée du Jardin. Ces grilles, comme on le voit
dans le Plan général, aboutifîènt aux ailes de Bâtiment
qui terminent la largeur de la cour, Se dont on voit ici
lesarrachemens.
De la Décoration de la Façade du côté du Jardin,
Quoique la décoration de cette Façade paroiflè fèmbla-
ble à celle du côté de l'entrée, elle ne laiflè pas d'en être
différente par l'avant-corps faillant qui la décore : les ar-
riere-corps font à mon gré plus élégants que ceux de l'au-
tre ; Se je Iqs aime mieux avec trois croifées qu'avec qua-
tre , le nombre impair me femblant ici l'emporter fur le
nombre pair. D'ailleurs le retranchement d'une croifée m'a
donné lieu de donner une belle proportion aux trumeaux
Se de terminer les angles de cette élévation d'une maniè-
re qui a de quoi plaire.
Ces deux manières de décorer doivent faire fèntir com-
bien l'une des deux eft plus avantageufe que l'autre ; Se
que malgré l'attention la plus exaéle, on n'eft pas toujours
fur de trouver des formes également heureufès ; en effet
le corps de refend qui termine cette élévation, Se qui eft
couronné d'un groupe de figures, donne aux yeux beau-
coup plus de fàtisfaclion que Iqs extrémités de la Façade
<3
WBWMnWii
X ij
-ocr page 189-
du côté de la cour quiparoît d'une Architecture plus mai-
gre Se ne pas offrir aflèz de iblidité.
J'ai tenu la décoration du rez-de-chauffée des arrière-
corps y dans la même légèreté que celle qui règne au pre-
mier étage , pour m'éloigner de la décoration de la Faça-
de du côté de l'entrée Se parce que généralement les Faça-
des tournées vers les Jardins, doivent être plus égayées
que celles -qui donnent fur la cour. J'ai feulement dé-
coré de corps de refend le rez - de - chauffée du Pavil-
lon du milieu ; ce qui lui donne plutôt de l'agrément
qu'un air de rufticité. Dans un Bâtiment d'œconomie,
les ordres de colonnes font place au membre d'Archi-
tecture , on eft obligé d'emprunter ces fortes de décora-
tions qui y font parfaitement bien, quand on fçait les
compofèr avec prudence Se ne les pas employer avec con-
fuiTon.
Au-defîùs des corps de refend de ce Pavillon, j'ai élevé
un corps uni, dans lequel eft pratiqué des tables rentran-
tes , qui forment des efpeces de pilailres en Attique, lef-
quels fervent à porter un couronnement de fculpture par
lequel le milieu de cet avant-corps eft terminé. Cette fculp-
ture représente le'tems & les fpjfons^ aicribucs arbitraires
qu'on peut changer Se varier à fon gré, lorfqu'on n'eft pas
obligé d'en mettre de plus appropriés à la qualité du Maî-
tre, ou à Tufage du Bâtiment. Le comble de celui-ci eft
à la Manfàrde : on n'y voit point de lucarne pour y obfer-
ver plus de noblefîè Se que les logemens des Domeftiques
ne paroiifènt point être placés fur des appartemens de
Maîtres; ce qui, félon le fèntiment de quelque Architec-
te 3 eft un défaut de bienfeance. J'en ai feulement prati-
qué fur les Pignons , où ces lucarnes font peu expofées au
coup-d'ceil.
ton
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-ocr page 190-
/•'
CHAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIB. DES AlLES. l6<j
De la Coupe & Profil pr ife Jur la largeur du Bâtiment,
La hauteur des planchers Se l'intention des décorations
qui ornent les pièces du milieu de ce Bâtiment, font ex-
primées dans cette Planche, je ne m'arrêterai pas à en
faire la defeription , Se je vais parler à ce qui regarde les
Bâtimens des ailes qui décorent la Cour principale, Se
dont Tune C contient les Cuiiines , Se l'autre B fèrt de
logement aux enfans de la Maifbn & renferme la Cha-
pelle. Comme c&s deux ailes font décorées de la même
manière du côté de la cour, je me borne à parler feule-
ment de l'aîle B, ayant parié ailleurs du Bâtiment des
Cuifines.
CHAPITRE QUATRIEME,
De la Diftribution & de la Décoration de l'Aile B, dans
laquelle fè trouve la Chapelle.
De la Dijlrihtition du Rez-de-Chaujfée de cette Aile de
Bâtiment*
A diilribution de cette Aile de Bâtiment n'offre rien
que de fort fimple, n'étant deftinée qu'à fèrvir de
demeure aux enfans de la Maifon, qu'on a crû devoir
placer à part, afin de leur procurer une folitudè propre
à leur éducation. Comme la recréation doit fùcceder à
l'étude , j'ai pratiqué derrière cette Aile un Jardin parti-
culier marqué M dans le Plan générai a où fans trop de
diffipation ils peuvent le diflratre de leur occupation.. A
-ocr page 191-
la gauche de cette Aîle , j'ai diftribué un appartement
pour coucher, la droite étant uniquement confacrée à
leurs études.
La Chapelle fè trouve placée à l'extrémité de cette
Aîle } une cloifon qui donne une Sacriftie à cette Cha-
pelle > la rend d'une belle forme. Elle tire £es jours du
côté de la cour Se du côté du Jardin. Pour plus de
fymetrie , j'ai affecté une porte qui fait face à celle
qui donne fur le Jardin , Se qui ne s'ouvrant que fur
un appui, procure cependant à ceux qui font dans la pie-
ce voilme, la commodité d'entendre la Melîè. Derrière
cette pièce nommée Cabinet d'étude , eil pratiquée une
Anti-chambre Se un petit Cabinet defliné à une Biblio-
thèque Se éclairé du côté du Jardin particulier.
Au milieu de ce Bâtiment} fe trouve un Efcalier qui
conduit au premier étage, oùlont diftribuées des Cham-
bres à coucher Se des Garde-robes pour quelques-uns des
enfans Se leur Précepteur. Le refte des appartenons pou-
vant fervir pour les étrangers.
Le Pallier qui eft au rez-de-chauffée de cet Efcalier,
fert de Veftibule pour parler au Jardin qui eft derrière >
Se il donne entrée aux appartenons diftribués à la gau-
che de rette Aîle. Ils font précédés par une petite An-
ti-chambre qui mené aux Chambres à coucher, à côté
defquelles fe trouvent un Cabinet Se une Garde-robe,
laquelle a un dégagement qui va par derrière les Cham-
bres à coucher fe rendre à une autre Garde-robe qui a fà
fortie par le grand Efcalier.
Toutes ces pièces ne font pas diftribuées avec bien de
la richefîè, mais elles ont de la commodité ; ce qui eft
un agrément qu'on ne doit pas obmettre dans les Bâti-
mensles plus fubalternes. Même quelques fimples que
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-ocr page 192-
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CHAP. IV. DE LA DECORAT. ET DISTRIB. DES AlLES. ï6^
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jfbient les diftributions intérieures 3 il faut obfèrver une
fymetrie qui puifîè faire honneur aux décorations exté-
rieures , fur tout lorfqu'elles font fufceptibles diï coup-
d'œil du Maître ou des étrangers..
De la Décorotion de l'Aile de Bâtiment ou Je trouve place'e
la Chapelle.
La grandeur dans laquelle cette élévation en1 gravée
fait allez juger de fes formes ; Se il n'eft befoin ici qu'à
faire remarquer la relation qu'elle a avec ïélévation du
côté de l'entrée du principal corps du Bâtiment 9 à laquel-
le j'ai voulu la rendre inférieure. C'eft dans cette confî-
dération qu'au-deflûs de l'étage du rez-de-chaufîee que j'ai
refendu pour le mettre d'accord avec les arriere-corps du
Château, je n'ai élevé qu'un Attique couronné d'un com-
ble à la Françoifè, Par cette /implicite & le peu d'éléva-
tion que j'ai donné à ce Bâtiment, il fè détache parfaite-
ment bien du corps principal. Ce qui me donne lieu de
dire que jamais le befbin de trouver du logement pour les
Domeftiques, ne nous doit faire porter la hauteur des
Aîles au~defîùs de celle du Château fur tout quand elles
font ifblées, parce que alors elles effacent le Bâtiment
de façon qu'il n'eft. fouvent apperçû que lorfqu'on en eft
proche. On voit à Paris de ces inadvertances que les gens
de bon goût ne peuvent que blâmer. Ce défaut n'étant
pas excufâble dans les Bâtimens de confédération, Se aux-
quels on doit donner toute l'attention qu'exige la bonne
Architecture ; fur tout lorfqu'on a un emplacement fùffï-
(ant pour étendre ces Bâtimens au rez-de-chauflee, l'ufàge
des Bâtimens à plusieurs étages devant être refèrvé pour les
Edifices bâtis dans les Villes, ou le terrain étant ordinai-
-ocr page 193-
: 68 De la décoration et distribution des Edifices ,
rement plus rare , il efl; plus difficile de s'étendre.
On voit à la gauche de cette élévation le Profil de la
Cafcade , qui dans le Jardin potager fe trouve placée à
la tête de la demi-Lune de la cour , laquelle fournit Teau
néceflàire à ce Jardin , par des canaux diftribués fous les
Terraflès, ainfi qu'on la fait remarquer dans la defcription
du Plan général.
Fin de la quatrième Partie.
-ocr page 194-
<fpwn«7rP«HPV0!iflia'POTmnnni
T R A I T E
DE LA DECORATION DES EDIFICES.
ET DE LA DISTRIBUTION
DES MAISONS DE PLAISANCE
CINQUIEME PARTIE-
Contenant la Diflribution & la Décoration extérieure d'un
Bâtiment à l'Italienne de quinze toifes de face / avec
l'Ordonnance dejes Jardins de propreté.
A V A N T-P ROPO S-
jj]N voit dans l'ordonnance de cet Edifice
l'exemple d'un Bâtiment à l'Italienne. Je le
compofài dans le tems que je conduifbis une
partie de celui qui fait l'objet de la troifléme
partie de ce Volume. J'ai fuivi dans ce pro-
jet rimïtatîon d'un Château que Monfieur le C*** fài-
msmm
——a
y
XI. Part, Vx
-ocr page 195-
170 DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
foit bâtir à quelques lieuës de là, dans une fituation des
plus avantageuses, Se je me fuis affiijetti à quelque chofe
près à la forme du terrain ; mon premier defïèin plût > ce
qui m'excita à le finir Se le propofer pour un exemple.
CHAPITRE PREMIER.
De la Décoration & Dijlribution des Jardins de propreté.
A diftributîon de ce Plan général eft bien percé. On
a profité de la fituation du lieu pour lui donner toute
la gayeté dont il peut être fufceptible. Le corps du Châ-
teau A eft ifolé Se élevé fur une Terrafïè. De grands Per-
rons qui fe préfèntent fur les quatre faces lui donnent un
air de noblefîè. Avant que d'y arriver , il faut traverfer
une grande cour ornée de deux grands tapis verds Se ter-
minée par des arbres, le long defquels règne une char-
mille à hauteur d'appui Se qui laifïè découvrir l'aile de Bâ-
timent I, deftinée pour le logement des Maîtres qui peu-
vent furvenir , Se qui ne pourroient trouver place dans le
Château.
Cette aile I eft décorée extérieurement de charmilles,
qui fervent à donner de l'agrément au coup-d'ceil du Châ-
teau en y arrivant par la cour B. C'eft dans le même delïèin
que j'ai donné un fèmblable ornement au mur des baftès-
cours qui eft oppofé. Je les ai féparées de cette cour par
des grilles qui en défendent l'entrée. Je me fins fervi de
la même précaution pour fermer l'entrée du Parc par de
pareilles grilles pofées à l'extrémité des Terraflès fur lef-
quelles le Château eft élevé, Se qui fe, terminent contre
les ailes de Bâtiment qui font à fes côtés.
Ces ailes exprimées fur le defïèin , donnent à la forme
mtm
:mmmmmm
-ocr page 196-
CHAP. I. DE LA DECORATION DES JARDINS.          I7I
de la cour plus de largeur quer de longueur; ce qui n'eft
pas conforme à f ufàge qu'on doit fuivre ; mais on doit ob-
fèrver que la largeur de cette cour eft déterminée par le
premier ranidés arbres qui forment les allées Se contr'al-
lées qui font àfes côtés, Se non pas par les aîles. Ces al-
lées s'allignent avec celles du Jardin} Se rien n'empêche
qu'on ne voye de bout en bout le point de vue que cette
allée procure.
Vis-à-vis l'entrée du Château eil une avenue plantée en
patte d'oye , Se qui traverse des prez fîtués dans une plai-
ne d'une étendue considérable ; ce qui fait qu'il peut être
apperçû de fort loin. J'ai eu loin de lailîèr des vuides à l'a-
venue qui borde le grand chemin dans les endroits où les
ailées du Parc aboutifîènt ; afin que du dedans on puiftè
jouir de la vue du dehors.
Du côté du Parc Se en face du Château , eft une grande
pièce de Parterre à l'Angloife D , en patte d'oye > que
j'ai tenue fort fimple. A ion extrémité eft une pièce d'eau
de forme circulaire Se accompagnée d'une Terrafîè à pans
[ laquelle borne le milieu du Parc. Cette Terrafîè qui fait
avant-corps à tout le découvert qui accompagne le Châ-
teau , va fè continuer le long des flancs de ce terrain , de
forte qu'à la lortie de chaque bofquet vous la trouvés tou-
jours , Se qu'elle vous ofrre un coup-d'œil très- agréable.
Elle eft bordée du côté du bois d'un double rang d'arbres
qui procurent de l'ombre fans empêcher la vue.
A la droite du Parterre fè trouve un grand bofquet E
orné de contr'allées, compofées d'une charmille de hau-
teur d'appui qui laiiîe voir des niches pratiquées dans les
pans dont le bofquet eft formé.
A côté de cette pièce eft une grande Salle circulaire ,
dans les quatre côtés de laquelle font des niches propres à
-ocr page 197-
VJO. DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
recevoir des buffets. Dans fon intérieur eft pratiqué des
portiques de charmille en arcade ; Se derrière eft placé un
appui de même verdure. Cette pièce n'eft point revêtue
de tapis de gazon } parce qu'elle eft deftiné#pour y tenir
Bal, fà décoration champêtre donnant lieu d'y faire d'a-
gréables illuminations dans les fêtes de nuit.
A la gauche du Parterre eft un Boulingrin à pans enfer-
mé dans un bofquet circulaire G, où fon a ménagé des
niches. Ce bofquet Se celui marqué E, pourroient être
de charmille recepée Se tenue à hauteur d'appui, afin de
eonfèrver au Château la vue de la Terrafïè : cependant fi
cette manière à fbn avantage , celle d'entretenir des Sal-
les de verdure qui puiflent donner du couvert à lafortie
du Bâtiment 3 n'eft pas moins fatisfaifànte ; ainfi le goût
des perfonnes pour qui l'on travaille, en doit déterminer
le choix.
A l'extrémité du Parc , après le Boulingrin du bofquet
G 3 eft une grande Salle de marroniers H ornée de gazon :
les angles du bofquet qui l'environne font à pans Se ren-
ferment des niches, où des figures repréfèntant les quatre
faifons peuvent être placées.
Au-defîus de cette Salle eft un petit bois planté en étoi-
le Se fitué à côté de la Salle de verdure K > clans laquelle
donne l'aîle de Bâtiment I.
                  * » "
La grande allée C fépare ces différens bofquets Se four-
nit une agréable Se fpacieufe promenade. A fes deux cô-
tés font des contr'allées dont le milieu répond aux croi-
£qqs du Pignon du Château. Cette grande ailée a vis-à^vis
d'elle un groupe de figures placé entre des pilaftres, com-
me on peut le remarquer à la façade latérale de ce Bâti-
ment.
Je ne donne point la defeription de l'aîle de Bâtiment
-ocr page 198-
CHAP. II. DES DISTRIBUT. ET DECORAT. INTERIEURES. IJJ
I, crainte d'entrer dans un détail qui m'occafîonneroit des
répétitions qui deviendroît auffi inutiles que la diverfitédes
Bâtimens eft vafte, Se je pafîè aux Bâtimens des bafïès-
cours placées ert ailes fur la droite de la cour B.
Il eft partagé en deux corps, particuliers, l'un deftïné
aux Cuifines, Se l'autre aux Ecuries Se aux Remifès. Ces
dernières ont leur ifîuë par le grand chemin, Se commu-
niquent aux Cuifines par les cours refèrvées pour ces Bâ-
timens.
A la droite de ces baftès-cours eft placé un Jardin pota-
ger , pour avoir fous fà main quelques légumes Se quel-
ques fruits. Au refte je ne me fuis pas attaché à faire trou-
ver en abondance touies les commodités de la vie dans
une Maifbn qui n'eft faite que pour y paiîèr quelques jours
Se s'y délafîèr un peu des affaires de la Ville, dont par
conséquent elle ne doit pas être éloignée. Pour cette rai-
fbn 9 mon objet principal a été de m'attacher à fà décom^-
tion tant intérieure qu'extérieure*
CHAPITRE SECOND;.
Concernant les Diflributïons & Décorations intérieures du
Château*
CE Bâtiment n'eft pas auffi vafte que celui qui com-
. pofè la première Partie, Se n'a pas non plus la {im-
plicite de celui qui le précède Son ordonnance eft tou-
te différente : il eft bâti à un feul étage, à ,1'imitation
des Edifices d'Italie. On doit obferver dans ces Bâtimens
une heureufe harmonie , Se tacher de les élever toujours
fur quelque éminence , afin de donner de h fùperiorité à
leur Architecture, & que l'œil puifîè les apperce voir dans
-ocr page 199-
174 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
toute leur hauteur, leur rez-de-chauffée dominant fur ce-
lui des cours Se des Jardins, on petit les décorer de quel-
ques Attiques, ou feulement en couronner les avant-
corps principaux , lorfque ces Bâtimens n'ont qu'une
grandeur médiocre. Celui-ci efl dans ce genre , Se fans
être trop chargé d'ornemens préfente une décoration afîez
galante, les Terrafîès dont il efl environné lui donnent de
la grâce Se un air de folidité. *
De la Diflribution du Rez-de-ChauJfée.
J'ai terminé les Terrafîès aux avant-corps qui forment
les extrémités de la façade du côté de l'entrée, tant pour
mettre plus de variété entre cette façade Se l'autre} que
pour y pouvoir pratiquer quelques abajours ** pour éclai-
rer les fbuterrains deftinés aux Offices, d'où f on eft con-
duit aux Bâtimens des Cuilînes par un pafîàge fbuterrain
pratiqué exprès , Se qui fert à porter à manger à couvert
dans le Château par l'Efcalier A , qui a fon ifîùë dans le
Veflibule. Ce VefKbule eft d'une belle forme, Se je l'ai
tenu ouvert du côté de l'entrée, étant d'ufàge dans les
Maifons de campagne où Ton ne parle qu'une partie de la
belle fàifon, de ne pas fermer ces fortes de pièces ; parce
que alors on n'eft pas dans la néceffité de fe préferver
comme au Bâtiment de Ville 9 du froid qu'elles peuvent
communiquer aux appartemens voifins. On peut cepen-
dant y mettre des grilles, afin d'en mieux garantir la pro-
preté. Un Perron circulaire compofé de neuf marches
* Il eft à obferver que la largeur des Terrafîès n'efl: pas ici dans leur pro-
portion , devant avoir douze à treize pieds de largeur , ce qui prêterait à cet
Edifice un empattement plus gracieux ; maïs ayant été bien aife de donner les
difîributions de ce Plan fur une échelle un peu grande; fi je les eufle mifes
dans leur grandeur naturelle elles auroient excédé la grandeur de ce Volume.
** Vovezla façade du coté de l'entrée , Planche 40.
-ocr page 200-
l'iwwniHMiM
GHAP. II. DES DISTRIBUTIONS DU ReZ-DE-ChâUSSe'e. ijf
avec un repos amené à ce Veftibule.
La décoration intérieure de cette pièce eft afïùjettie à
celle de la façade extérieure Se des pilaftres Ioniques font
répétés vis-à-vis les colonnes qui en forment le portique.
Ses angles font ceintrés Se ornés auffi de pilaftres Ioniques,
que l'obligation de donner entrée à l'Efcalier A m'a fait
diftribuer différemment ; mais ce n'eft point un défaut com-
me nous l'avons dit ailleurs, pourvu qu'un des angles fy~
metrifènt avec celui qui lui eft oppofé.
On paiïè de là dans le grand Salon qui donne du côté
des Jardins. Il eft, ainfî qu'on le voit dans la Coupe,
Planche 43, beaucoup plus élevé que toutes les autres
pièces, la grandeur de fon Plan exigeant une hauteur qui
lui fût proportionnée. Sa décoration tire fà beauté des for-
mes du Plan, 3c j'ai taché de faire fervir la néceffité où
j'ai été de l'exhauflèr, à donner un air de nobleftè aux dé-
corations extérieures. Deux cheminées font placées dans les
angles qui fymetrifent avec les croifées qui donnent fur la
Terraflè,6t toutes les portes Se les croifées font enfermées
dans des arcades qui montent jufqu'au deiîùs du premier
entablement, fur lequel eft élevé un étage en Attique qui
reçoit les croifées que forme la décoration extérieure. Cet
Attique eft couronné d'une corniche terminée par un pla-
fond furbaifte. Quant à" la conftruétion de ce Salon} elle
peut être toute de pierre, ou de marbre, ou bien de me-,
nuiierie. Dans ce dernier cas le plafond Se les deiîùs de
porte peuvent être ornés de peintures ; au lieu que quand
le goût détermine à les conftruire de pierre , il n'en faut
pas peindre le plafond Se des bas-reliefs Se non des ta-
bleaux doivent auffi orner les deCCus de portes, Les peintu-
res dans un lieu vafte Se qui eft tenu blanc, foit par fa qua-
lité de fà matiere,ou par l'imitation appartiennent plutôt à
-ocr page 201-
IM
i<M
I7<5 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES,
unlieuconfacré à la Religion qu'à un Bâtiment particulier.
A la droite de,ce Salon on trouve la principale entrée
de la Chambre à coucher. Les angles du côté où le lit eft
placé , font ceintrés, Se Ton trouve dans l'un des deux
une porte de dégagement qui conduit à l'Anti-chambre
placée derrière, Se s'ouvre dans un petit palîàge par lequel
on entre dans une autre petite Anti-chambre, qui fait avec
le petit Veftibule d'à côté , tout le dégagement des deux
Chambres à coucher qui font à la droite de ce Bâtiment.
Pour revenir à la Chambre à coucher qui donne fur le Jar-
din , elle doit être traitée avec quelque magnificence , Se
je lui ai donné par préférence toutes les commodités né-
cefîàires, fçavoir le Cabinet de toilette Se les lieux à Sou-
pape ; les Domeftiques ont leur retraite aux entrefols pra-
tiqués fur fes petites pièces. On y monte par l'Efcalier B,
Se ils font communs à la Chambre à coucher qui eft fituée
vers l'e..ntrée.
Le lit de cette Chambre eft en niche Se elle en porte le
nom. A côté de cette niche font pratiqués deux dégage-
mens. La difficulté de placer avec quelque fymetrie une
cheminée dans cette pièce > m'a engagé à ceintrer fes an-
gles du côté du mur de face ; ce qui m'a donné lieu d'en-
fermer la Cheminée dans une arcade qui fait face à la croi-
fée qui donne fur le Pignon. L'Anti-chambre qui précède
pourroit tenir lieu de Cabinet, Se l'on pourrok y parler à
ceux qui fe préfenteroient pour quelque affaire ; mais dans
une Maifon de cette efpece, où des affaires férieufes ap-
pellent rarement les étrangers, on n'eft point obligé de
fuivre fcrupuleufèment tout l'ordre Se l'arrangement des
pièces d'un appartement que lesBâtimens des Princes ren-
ferment : il fuffît d'y trouver les commodités qui convien-
nent auféjour qu'on y veut faire ; Se û quelque afraire fur-
anffl;mi^3EeM^aàH^s»sg»ia
wnr)HMM«ffrtftMi-*irniW
Vient
-ocr page 202-
Chap, IL des distributions du Rez-de~Chausse'e. 177
vient y on pafîè volontiers pour en traiter dans les pièces
d'honneur qui doivent être réparées de celles qui font defti-
nées au repos, afin que le bruit Se les mouvemens qui fè
font dans les premières ne puifîènt troubler la tranquillité
de celles-ci. C'en1 avec cette précaution que j'ai diftribué ce
Plan, ayant placé à la gauche du Salon Se du Vefcibule ,
les pièces où Ton le rafîèmble pendant la journée, Se
viennent fè rendre les Maîtres pour lefquels j'ai refèrvé
l'aîle de Bâtiment marquée I dans le Plan général.
La Salle à manger eft d'une grandeur proportionnée à
celle du Bâtiment : elle donne fur la grande cour ; Se les
angles oppofés aux croifees font tenus circulaires , afin de
ménager le terrain néceiîàire pour f Efoalier A. J'ai pla-
cé dans l'un des angles ceintrés la cheminée, Se dans l'au-
tre une table de marbre avec un grand tableau, dont la
forme répond à celle de la glace de la cheminée. Vis-à-vis
le trumeau des deux croifees eft une porte qui offre le point
de vue du côté des Parterres par la croifée de la Salle de
compagnie ; on ne reçoit pas moins d'agrément de celui
qu'offre l'enfilade des appartemens } Se qui perçant dans
les croifees qui donnent fur les Pignons , fè prolonge le
long de la grande allée C, Plan général.
Du côté du Jardin eft une grande Salle de compagnie
où l'on fè retire après avoir quitté la table, foit qu'on ait
mangé dans le Salon, foit que le repas fè foit fait dans la
Salle deftinée à cet ufage. J'ai balancé à ouvrir les croi-
fees du Pignon qui termine cette Salle de compagnie, dans
la crainte que celle qui donne dans l'angle n'afîbiblît la Co-
lidité que doit avoir une encoignure. D'ailleurs la difficul-
té d'accorder la décoration extérieure avec celle du de-
dans , par rapport à ces deux croifees, dont Tune eft bom-
bée Se l'autre à plein ceintre, me jettoit dans quelque em-
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T. I. Part. F,
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-ocr page 203-
178 De la décoration et distribution des Edifices ,
barras ; Se je n'ai pu furmonter cet obftacle qu'en renfer-
mant intérieurement le claveau de la croifée bombée dans
une arriere-vouflùre de lymétrie avec eellequi eft de plein
ceintre.
Dans un Bâtiment à plufieurs étages} & dont le poids
Se celui d'une lourde charpente fatigueroient les encoi-
gneures,
la prudence doit donner la préférence à la foii-
dité, Se faire négliger des agrémens apparens ; mais dans
cet Edifice-ci, qui n'a qu'un étage Se où le dofïèret m'a
paru fliffifant pour fà charge , j'ai crû devoir profiter du
point de. vue qu'une de ces croifées procure au Salon , la-
quelle fait répétition avec celle qui lui eft oppofée à l'au-
tre extrémité du Bâtiment.
La décoration de cette Salle de compagnie eft d'une,
parfaite îymétrie, Se il peut être orné de dorures Se de
glaces. La cheminée y eft placée entre deux portes qui
font face aux croifées qui donnent fur le Jardin ; ce qui
fait que les dofterets des encoigneures font de fymétfie Se
peuvent recevoir une femblable décoration.
Derrière cette pièce Se à côté de la- Salle à manger^ eft
un Cabinet où l'on ie retire quand on veut le recueillir.
C'eft aum* là que l'on peut venir prendre le Caffé après le
repas. On tient ordinairement ces fortes de pièces légè-
rement décorées, ainfï que je l'ai dit ailleurs. * De ce Ca-
binet on entre dans des lieux à Soupape fitués dans l'avant-
corps qui forme l'un des Pavillons de la face du côté de
l'entrée. Cqs lieux font d'une jolie- forme , Se on doit les
décorer avec quelque agrément Se les munir des uftanci-
les néceflàires à leur ufage. C'eft furquoi je m'expliquerai
dans la féconde Partie du fécond Volume,: & dont on
■ verra un- exemple} Planche 8 6.
* Première Partie , Chapitre f , page 87 & $8.                „_______
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CHAP. III. DE LA DECORATION DES FaÇADES.
CHAPITRE TROISIEME.
Contenant la Décoration des Façades, Coupe & Profils
du principal corps de Bâtiment.
De la Décoration de la Façade du coté de Ventrée,
J'Ai taché de donner à cette façade de Bâtiment de la
richefîè fins confufion , Se de la rendre magnifique
autant par la proportion de fon Architecture que par la
repartition de fès ornemens. Peut être que ce début an-
nonce un peu trop d'amour pour mon ouvrage, <&que
le Lecteur deviendra aufîi avare de les îufïrages que je pa-
rois prévenu pour cet Edifice. Mais comment écrire Se
pouvoir fe taire fur ce qui nous plaît le plus dans nos pro-
ductions^ quel eft l'Auteur quifefbit refufé de faire regar-
der {qs ouvrages du côté le plus avantageux? Comme je n'ai
point- caché les défauts dans lelquels je me fuis apperçu
d'être tombé Se qu'au contraire j'en ai fait l'aveu, j'ai quel-
que lieu d^eiperer qu'en faveur de ma iincerité , Se par
une obligeante: compenfition, on me parlera cette vani-
té apparente, qui dans le fond n'eft que l'effet du defir
que j'ai d'avoir réuffi dans la compdfition générale de ce
dernier Bâtiment. Mais revenons à l'Architecture : ce lan-
gage ne lui appfiÊénant pas,, jeriiquerois de tomber dans
un autre défaut.#
Ce Bâtiment eft élevé fur une Terraflè Se femble y py-
ramider. Je n'ai point affeélé dans cette façade de faire do-
miner les avant-corps en hauteur, mais feulement par leur
Plan ; ce qui met de la variété entre elle Se la façade du
sasasratl
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Zij
-ocr page 205-
18o DE LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
côté des Parterres. L'Architecture qu'on voit s'élever au
milieu de ce Bâtiment, n'efl que le corps du Salon placé
au milieu de la face oppofée : je l'ai mis en demi teinte. Le
portique de l'avant-corps du milieu de cette façade , efl
ouvert Se foutenupar deux colonnes Ioniques, dont cha-
cune efl groupée avec un pilaflre qui forme reflàult fur
cet avant-corps ; un Fronton couronne l'ordre d'Archi-
tecture Se le trouve terminé par un groupe d'enfans qui
s'élève au-defîùs des autres ornemens dont les acroteres
font ornés : le timpan de ce Fronton n'efl enrichi que d'un
petit trophée ; les figures ne faifànt jamais un bon effet
dans un Fronton d'une auffi petit efpace , fur tout lorf-
que le defîus efl orné d'autres figures avec lefquelles on ne
pourroit confèrver de proportion. Les angles de cet avant-
corps font refendus, ce qui le détaché de toute l'Architec-
ture de cette façade Se donne du repos aux arriere-corps
que j'ai ornés de deux croifées chacun, mettant un pilaftre
à chaque trumeau. Il paroîtroit de la négligence à tenir
dans la {implicite les » arriere-corps d'un Bâtiment û peu
étendu ; cette obfervation n'efl bonne que lorfqu'il s'agit
d'un grand Edifice , où il efl nécefîàire Se même efîèntiel,
ainfî que nous l'avons fait remarquer ailleurs, de former
dts parties fiipérieures ; mais ce Bâtiment n'étant pour
ainfî dire qu'un Pavillon qui fo peut embrafîer d'un feul
coup-d'œil , j'ai crû devoir donner une agréable unifor-
mité à toute fà décoration, Les Pavillons qui terminent
cette façade font décorés de pilaflres Ioniques accouplés ,
Se
à l'entre-deux defquels font placées des figures ; ce qui
fort avec la TerrafTe qui foutient ces Pavillons, à les faire
détacher. Une baluflrade à laquelle jai donné un peu moins
du quart de la hauteur de la façade > couronne tout cet Edi-
fice , Se j'en ai orné les acroteres de groupes d'enfans Se
-ocr page 206-
.
IMMNMi
CHAP. III.. DE LA DECORATION DES FAÇADES.        181
de corbeilles de fleurs, fuivant que Texigeoit la variété des
difïerens avant-corps. Parlons maintenant à l'élévation qui
ie préfente du côté des Parterres.
De la Décoration de la Façade du côté des Parterres.
Cette façade eft tenue plus élevée par le corps du mi-
lieu que celle dont nous venons de parler , Se pour don-
ner à ce corps toute la fùperiorité du Bâtiment, j'ai tenu
les arriere-corps fur une même ligne} Se fans aucun ref-
iault. L'entablement qui porte la baiuftrade, eft ainfî que
Tordre Ionique de defîbus, de la même proportion que
celle que nous avons remarquée dans Tordre qui règne à
la première façade ; la diftribution eft feulement différen-
te , Se c'eft cette variété qui plaît dans un Bâtiment par
les divers objets qu'elle offie à la vue. Les acrotéres de la
baiuftrade ayant plus de largeur de ce côté-ci que de l'au-
tre , j'ai élevé deflùs des figures en pied, qui font d'autant
mieux que le Pavillon du milieu étant de beaucoup fùpé-
rieur aux arriere-corps, elles lui tiennent lieu d'accompa-
gnement. Les extrémités de cette façade font marquées
par des pilaftres, entre lefquels fbnt des groupes de figu-
res affiles, afin qu'elles deviennent différentes de celles
qui fbnt au~defïus, Se qu'elles ayent quelque rapport avec
celles qui font pofées fur l'entablement Ionique du Pavil-
lon du milieu. Ce Pavillon reçoit beaucoup de relief de
la forme de Ion Plan. Sur Tordre Ionique s'élève un or-
dre Attique portant une corniche compofee , au-deflùs
de laquelle eft une retraite formée en adouciflèrnent, Se
qui fervant de cheneau à la couverture, termine ce Pa-
villon. Je n'y ai point marqué de comble, étant-difficile
qu'il foit apperçû d'en bas. D'ailleurs cette manière s'ac-
ï./JiïaMCKœFSTrvmBWffî'Tt^rt-^^isiit&iï.-ïftti -jw jsaaBaBsaagMgacs
Ziij,
-ocr page 207-
* : ■
m
.I.82 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
corde avec les arriere-corps qui repréfentent un Bâtiment
en Terrafîè.
Sur les pilaftres Attiques font pofés des groupes d'en-
fans, qui couronnent ce Pavillon Se empêchent qu'il ne
paroifîè trop nud. Un balcon pourroit y faire aufft bien,
Se
ferviroit même à faire connoître qu'on peut fe prome-
ner fur cette éminence.
L'élévation de ce Pavillon marque la hauteur du Salon
dont on a parlé, lequel reçoit du jour par les trois croifées
énoncées au rez-de-chauffée Se par celles du premier étage.
De la Décoration de la Façade latérale.
A la droite de cette élévation, paroît en demi-teinte le
Profil du corps du milieu du côté qu'il fe préfente aux
Parterres , Se il montre l'étendue du Salon qui monte de
fond* L'ordonnance qui règne dans les autres façades eft
employée dans celle-ci. Deux pilaftres accouplés Se dé-
corés d'un groupe de figures mis au-devant deux , font
diftinguer le milieu de cette façade latérale.
Dans la troifiéme Partie , * il a été recommandé que le
milieu d'une façade de Bâtiment ne fût point bouchée ;
je fuis toujours de ce fèntiment, fur tout à l'égard des élé-
vations principales ; fi je me fuis écarté ici de cette règle,
on doit obferver que ce n'eft que dans la repréfentation
d'une façade latérale dont la décoration fert feulement de
point de vue à la grande allée C , Plan général, Se dont
les contr'allées fe trouvent d'allignement avec les croifées
pratiquées aux extrémités de cette façade. Le groupe de
figures pofé au-deiïùs du grand Perron , Se qui termine la
vue de cette allée} ne peut que lui procurer de l'agré-
ment. Ceft en cette confidération que j'ai crû pouvoir
* Chapitre troifiéme , page 77 & 5*8.
i
-ocr page 208-
CHAP. III. DE LA DECORATION DES FAÇADES; 183 »
me foullraire aux loix générales de f Art, fur tout n'étant
queftion ici que d'une façade de peu de confëquerice.
         |
' Aux deux côtés du groupe de figures, font deux gran- ;
des arcades qui avec les pilaftres placés au milieu, répon-
dent à la largeur de la grande allée , les deux croifées des
angles en ayant une conforme à celle des coritrallées. La
baluftrade des deux façades principales règne auiïi fur ce s
retour , ainli que fur celui qui lui eft oppofé Se auquel ell
obfèrvé la même ordonnance d'Architecture*
De la Coupe & Profil pris far la largeur.
Cette Coupe , quoique fur une échelle égale à celle
des élévations qu'on vient de voir, ne laiflè pas de préfèn-
ter aflèz diftinélement l'ordonnance des décorations du
Salon Se du Veflibule, où il n'eft pas aflfëélé une grande
richefle.
La forme Se la grandeur du Salon aide à Con embelliiîè-
ment ; Se comme il a été dit dans l'explication du Plan,
le choix de la matière qui fèrvira à fà conftruélion , pour-
ra lui donner plus ou moins d'agrément. Elle eft fuppofée
ici de menuiierie ornée de quelque dorure : il eft expri-
mé au plafond Se aux deiîùs de portes des peintures qu'on
auroit iuprimées, il il eût été conftmit de pierre ou de
marbre : nous en avons dit ailleurs la raifon. * Il eft une
autre obfèrvationà faire dans la décoration d'une pièce V
c'eft d'en comf)ofer les Profils Se d'y faire plus ou moins
de maflès générales luivant la qualité des matériaux dont
elle eft conftruite ; car un deflèin propre à être exécuté en
menuiierie, pourrait faire un méchant efïèt s'il s'agifîoit
d'employer la pierre ou le marbre. Par conféquent fi l'on fi
veut donner la couleur de f une ou de l'autre matière à la fi
* Première Partie, Chapitre 3 , page 64 & 6'f:                                         1
m
-ocr page 209-
184 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
menuiferie, il faut qu'elle foit travaillée dans l'intention
qui leur convient. Mais comme cette partie de la décora-
tion demande quelques exemples qui fafîènt fentir la diffé-
rence de fès Profils Se la diverfité âts ordonnances propres
à chaque décoration ; je renvois à la deuxième Partie du
fécond Volume qui traite de cette matière.
Avant d'y parler, fa vois defîèin de joindre ici diffé-
rentes reflexions fur la diftiibution Se la décoration ; mais
comme cette matière eft infinie, j'ai reconnu que j'étois
dans la nécefîlté de me reftraindre aux cinq exemples que
j'ai donnés. En effet 11 j'avois voulu entrer dans un détail
plus général, quel nombre prodigieux d'autres exemples
n'aurok-il pas falu rapporter l Je me ferois trouvé obligé
de former un cours complet d'Architecture, Se de faire
voir fes principes jufque dans leur naifîànce ? pour enfùite
conduire par degrés à la compofition des différens Edifi-
ces. Il auroît falu alors palier de bien loin le but que je
me fuis propofé , Se qui n'a été que de rapporter quel-
ques Bâtimens dans le goût moderne, qui me donnaient
occafîon de parler de la diftiibution des dehors Se de celle
des dedans, de la décoration extérieure Se intérieure, Se
de la relation indifpenfable que ces parties doivent avoir
les unes avec les autres. •
Je ne parlerai donc point au-delà des reflexions que j'ai
répandues dans ce Volume, tant fur la décoration exté-
rieure Se intérieure, que fur la diftribution des Edifices en
général, n'ayant eu en vue dans cet ouvrage que de par-
ler aux perfonnes déjà inftruites des premiers élemens de
F Architecture Se qui y ont quelque intelligence. D'ailleurs
comme les principes de cet Art influent néceflairement
fur toutes les efpeces de Bâtimens ; il eft évident qu'on
peut les appliquer aux Edifices les plus confidérables ,
ainû
-ocr page 210-
*
ainfi qu'à ceux qui leur font inférieurs , en obfervant le
plus ou le moins de magnificence qui leur convient, Se fe
conformant à la fortune Se à la dignité delà peribmie pour
laquelle on les confirait. Ce qui m'a encore déterminé à
ne pas entrer dans un détail plus ample, c'eft qu'il m'a pa-
ru que du côté des maifons ordinaires ilauroit été fiiperfiu,,
vu que l'Auteur du Livre, qui a pour titre, F Architecture
Moderne,
* efl: defeendu dans la plus grande partie de ce
qui les concerne ; Se qu'il auroit été allez inutile à l'égard
des Edifices publics , parce que lorfqu'il s'agit de leur
exécution 5, les exemples généraux font d'un foible fecours^
Se qu'alors il ne s'agit pas moins que de l'attention des plus
grands Architectes Se de l'expérience la plus confbmmée.
Ayant donc pris le milieu entre ces deux -extrémités , je
renvoyé pour les Bâtirnens des particuliers , au traité
que je viens de citer ; Se pour les Edifices publics, aux'
Livres d'Architecture , qui fourniflènt les exemples de
ce que les Romains ont fait de plus beau Se de plus
digne d'être imité par nos modernes de réputation, qui
ont tiré de ces monumens fameux Iqs plus belles formes
générales de leur Architecture , lefquelles jointes à la
perfection de nos ornemens, compofent ce tout heu-
reux qu'on admire dans les Edifices qui fe font élevés fous
le règne de Louis le Grand.
Mon objet 3 ainfi que je l'ai dit dans la Préface, n'ayant
pas été de placer de fuite mes réflexions fer l'Architecture
tant à l'égard de la diftribution moderne, que de la déco-
ration intérieure Se extérieure, de [harmonie, delà con-
venance Se de la belle proportion ; Se ayant lieu de crain-
dre que la recherche de ces remarques 3 ne devint rebu-
* Qui a donné occafion à cet ouvrage , Se dans lequel il avoit e'té promis»
par un Avis du Libraire chez lequel il fe ve.id ainfi que celui-ci.
TA. Fart.. F.
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-ocr page 211-
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lS6 De LA DECORATION ET DISTRIBUTION DES EDIFICES ,
1 ibbiwbwbW* I m ■ - '-"■' ' ' ■■— ' ')■■■. !———tmmmmtmmmm . 1 ——^mm* .....———**>' ■            . '■■ 1 »j — —■»—— » 1 mmiamtémmm
tante pour les perfbnnes qui voudraient s'y attacher & les
recueillir j'ai jugé qu'il étoit à propos de mettre à la fin de
ce Volume une Table raifbnnée qui offrit l'extrait du
corps de l'ouvrage. Ceux qui ne voudront s'inftruire qu en
s'amufànt, pourront aufîî y avoir recours : elle leur ali-
gnera les endroits oà il leur fera facile de prendre une lé-
gère teinture des principes généraux qui conduifènt à la
belle diftribution & décoration des Edifices d'une certai-
ne étendue. L'expérience a fait voir plus d'une fois que
les Auteurs qui le piquent de fîiivre fcrupuleufèment leur
fùjet, lafïènt fouvent 1'efprit des élevés , Se les ennuyent
par des leçons trop continues, Se entre lefquelles ils. ne
trouvent pas de repos ou ils puifîent reprendre haleine. Je
fbuhaite que la manière dont j'en ai ufe, produife un efret
contraire, Se. qu'elle contribue à la fatisfaction de. mes
Lecteurs.
Fin de lacinquième. & dernier e Partie du premier Volume»
E
-ocr page 212-
B8ÉSC
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1-87
T A B L E
DES MATIÈRES.
^Contenues dans? ce premier Volume.
Je n*ai point eu d'égard dans cette Table à la diverfté des
termes de V Architecture 3 non plus que defuivre exactement
tous les principes qui peuvent s9énoncer fous les lettres de
l'Alphabet ; mon intention à été feulement de ranger par
ordre, un précis des réflexions que fui faites fur les mêmes
matières qui font répandues indifféremment dans ce premier
Volume, afin que le Leffieur puijfe trouver ici 3 rajfemblé
défaite, ce qui a relation au Jardinage, à la conflruclion}
décoration & dijlribution.
A.
AGricuîture. Le progrès qu'elle a fait en France dans les derniers iîecles ,
& la difpofition naturelle qu'il faut apporter à cette partie de l'Architec-
ture pour y réufïïr.
                                                                   page, 6
Amorujjhnent.
Les Architecles font partagés fur l'uiàge des Amortiiîemens
pour la décoration des façades; de la prudence dont il faut ufer pour les em-
ployer.
                                                                                          $6
Appuis ou balujlrades. Dans une façade de peu d'élévation on peut fubftituer \
à la place des baluftrades, des appuis fur lefquels on pratique des poftes
ou autres ornemens, comme guilochis, entrelas, &c. qui tiennent lieu de
baluftres.
19
Archuefle. De la néceffité qu'il y a de faire choix d'un bon Architecte, pour
éviter la confufion qu'apporte fouvent la méfintelligence des ouvriers. 4
Architecte ,fa capacité. Il doit prouver fonfçavoir dans l'ordonnance des fa-
çades les plus fimples, Se l'étalage des ornenaens doit faire place à la perfec-
tion des membres d'Archite&ure qui doivent les compofer; le bon goût
des Profils fait juger de fon expérience , le chemin d'y parvenir & la nécef-
fité qu'il y a d'être né pour cet Art.
                                                  131
Architecture, Son origine.                                                                     xj
Comme elle s'eft poliflee chez les Grecs.                                          xij
Comme elle a été reçue chez les Romains.                                      idem
Son progrès en France fous le règne de Louis XIV.                           xii)
Son état préfent.                                                               ,             xiv
Arrière-corps. Il faut affeéter de la fïmplicité dans les arriere-corps d'une faça-
smi imiiiMW— Hi'iiiiiiiiiiiiiiiii
■ ..'- u^ta
......—
-ocr page 213-
TABLE.
l8-8
de de Bâtiment, afin de laiïler dominer les parties fupérieures, comme avant-
corps , Pavillons , 5cc.
                                                                         j c
Attique. Son origine & fon ufage dans les Bâtimens. 113
B.
BAins ,leur expofition & leur dépendance. Il faut éviter autant que faire fe
peut de placer les-appartenons des Bains du côté du midi, ces fortes de
pièces demandant de la fraîcheur.
                                                          72
Les baignoires qui fe placent dans les Salles des Bains fe font de cuivre
' étaimé en dedans.
                                                                                 74
On appelle çhaufoir & étuve les petites pièces voifînes d'un appartement
de Bain , deftinées au fervice des Domeftiques, leur ufage , &c.
         ïbld,
"Baffe-cour. Des différentes efpeces de Baffes-cours , de leur expofition , con-
ftruclion ôc de leur ufage , enfemble des Bâtimens qui leur font nécefîàires 5
des Celiers , Bûchers , Colombiers , Greniers à foin , à grain, 5cc. des
Glacières Se de leur conlirudion, quatrième partie, page 148, 1493
150, 151, 1 5,2.5c 15-3.
Lorfqueles Bâtîmens des Baffes-cours n'offrent aucune fymëtrie , il eft
bon de les cacher au coup d'œil du principal corps de Bâtiment.
           97
Il eft nécefîaire de pratiquer des forties aux Baffes-cours dans la rue ou
grand chemin, pour fortir les fumiers ôc autres attirails , Se en éviter le
coup- d'oeil aux cours 5c avant cours.
                                                     p 8
Four éviter la confufion dans les differens emplois des gens de Baffe-
Cour , l'Architecte doit s'informer de leur quantité Se de leur efpece , afin
de régler la deffus l'étendue de ces fortes de Bâtimens 5c leur donner à cha-
cune les dégagemens convenables pour rendre leur fervice commode. 121
Baffïn. Les Baflins 5c autres pièces d'eau fe bordent de mafîîfs de gazon ou
de tablettes de pierre ou de marbre, Se on les orne quelquefois de groupes
de figures de marbre , de bronze ou autre métail, comme il s'en voit à Ver-
failles.
                                                                                                   17
Bâtimens , les égards qu'on doit avoir , fpit en général, [oit en particulier. De
la convenance qu'il faut obferver dans les Bâtimens , fa nécefïïté Se le bien
qu'elle procure à la perfeftion d'un Edifice.
                                             3
Des égards particuliers qu'il faut,avoir pour chaque Bâtiment félon la
dignité de la perfonne pour qui l'on bâtit, foit pour les Bâtimens des Prin-
ces , des Seigneurs , des Magiftrats, ou monumens Publics. 2
Il n'eft point de faute légère dans le Bâtiment ; de l'attention que doit
avoir l'Architecte pour les éviter, la comparaifon qu'il faut faire des par-
ties avec le tout.
                                                                                      5
La mauvaife manière de bâtir que nous fournit quelque Bâtiment par-
ticulier , la nécefïïté d'éviter leur défaut, Se l'imitation au contraire que fon
doit faire des Bâtimens dont l'ordonnance eft toute eftimable. 2. Se 3
, Bofqùets & différentes pièces de Jardinage. On doit referver dans la diftribution
, (fungrand Parc une pièce de verdure fpacieufe Se qui,foit tenue fans tapis
verd au milieu pour fervir à donner quelque fête de nuit. 21
-ocr page 214-
DES MATIERES.
________________....._____ __.....________^_______________i___o
Les pièces de verdure nommées ainfï à caufe des palifTades dont elles
font compofées.
                                                                                     i o
On nomme pièces d^eau ou Bofquets des fontaines,ceux qui contiennent
plufieurs bafîins ôc fontaines dont les formes font affujetties au contour du
bofquet, auquel il eft atjfîi réciproquement affujetti.
                              2 1
. G
CAbinet. Les pièces confacrées à la leclure doivent avoir un air de fîmpli-
cité pour plus de recueillement.
                                                         ^ •_-
Çhambre a coucher. Il faut obferver, autant qu^il eft poffible , d^expofer les
chambres deftinées au fomeil , au levant,
                                            107
Il faut éviter dans les chambres de parade , qui ont plus de largeur que
de profondeur , d'enfermer les lits dans des alcôves , baluflrades , ou ef-
trades.
                                                                                                  .___}
Des chambres de parade, leur décoration.                                         2 y
Des chambres en niche ôc en alcôve, leur différence & leur propriété. 2 8
Chapelle. De la bienféance qu'on doit obferver aux pièces confacrées à la
Religion , de la manière de les décorer, du choix de la matière , Sec. 3 6
Cheminée.
De la précaution qu'il faut prendre pour placer deux cheminées
dans une même pièce,
                                                                         j oj?
Conjhuffion. Dans un Bâtiment à plufieurs étages, dont le poids exige une
bonne conftruÛion, il vaut mieux fe priver de certains agrémens apparens
& donner la préférence à la folidité»
                                                      178
On doit avoir une extrême attention de ne pas charger les planchers par
des cloifons faites après la conftruclion defdits planchers; le mal qui en re-
fulte & la prudence avec laquelle on doit en u fer.
                                I _> o
Cours , de leur proportion. De la proportion qu'on doit en général aux Cours
ôc aux avant-cours.
                                                                               1 5
Couverture. De la manière dont on couvre les Bâtimens de peu d'élévation ,
des égards qu'il fautavoir lors de la conftruclion des égoûts pourla confer-
vation des baluflrades & des entablemens.
                                    62 ôc 63
La hauteur des couvertures eft ordinairement du tiers, de leur largeur ,
on peut les tenir plus élevés félon la nature du Bâtiment t mais en général
à caufe des neiges, on ne doit pas les tenir moins hautes.
                      61
La différente manière de pratiquer des conduits pour l'écoulement des
eaux des combles , enfemble des puifarts Se des refervoîrs qu'on pratique
furies couvertures.
                                                                               62
Cuijine. De l'expofition convenable aux Cuifines, Rotifferie, Garde-man-
ger , Boucherie, ôc autres lieux de cette efpece.
                         83 ÔC84.
De l'utilité de voûter les Cuifines des grandes Maifons , de la précau-
tion que l'on doit prendre lorfqu'on ne peut atteindre à cette dépenfe. 83
Lorfque les Cuifines font éloignées des Salles à manger on doit placer
proche de ces dernières des pièces pour rechaufer les viandes avant d^tre
fervies fur la table du Maître ; la précaution dont on doit ufer à l'égard des
fourneaux , les commodités qu'il faut joindre à cette pièce, Si fes diffé—
-ocr page 215-
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TABLE
190
38
rens ufages.
D.
DEcorat'wn extérieure. Il eft important de donner un air de fuperiorité au
corps principal d'un Edifice, à qui les ailes & autres Bâtimens qui l'envi-
ronîient doivent céder.
                                                                        113
L'attention qu'on doit donner au Ipectacle entier d'un Edifice par préfé-
rence aux parties.
                                                                                  $ 2
Il faut répandre une fymétrie parfaite dans les façades lorfqu'elles peuvent
être apperçûes d'un même coup-d'œil.
                                                  63
Il eft des raifons eflèntielles qui autorifent l'Architecte à rendre fes pro-
ductions diïTemblables , fuivant la nature des Bâtimens qu'il édifie.
          9 3
Il efl quelquefois des raifons effentielles pour rendre les façades de Bâti-
ment du côté de l'entrée moins riches que celles du côté des Jardins. 11 o
Il ne faut pas affecter trop de (implicite à côté d'un morceau d'Architec-
ture traité avec quelque magnificence.
                                                 111
On ne doit pas négliger de répandre une correfpondance uniforme dans
la décoration d'une façade, foit qu'elle foit traitée avec la dernière magni-
ficence , ou qu'on y ait affecté une fimplicité finguliere.
                        1 61
Il ne faut pas affe&er dans la décoration des revêtiflèmens des Terraffes
un deffein trop élégant, il faut au contraire qu'elle s'accorde avec l'appa-
rente folidité de leur conftruction.
                                                      1 14
Lorfque par ceconomie, ou par quelqu'autre impuifîance, on ne peut
pratiquer des cheneaux de plomb ou des focles de pierre pour fervir d'é-
goût au comble , il faut en fuprimer les amortiflèmens de Sculpture, à
moins d'interrompre leur égoûtpar quelque retraite qui lie cet amortîflèment
avec Y Architecture de deflbus.
                                                            16" 3
Il faut faire choix des ornemens qui ne defignent aucune allégorie par-
ticulière lorfque l'on veut éviter de donner un caractère apparent à une fa-
çade de Bâtiment.
Il efl; des cas particuliers dans des Bâtimens d'œconomie où un Archi-
tecte prudent peut fe prêter des licences , qui quoique réfléchies ne feroient
pas fuportables dans des Edifices confidérables.
                                  136
Lorfque par le peu d'étendue d'un Bâtiment on ne peut admettre dans la
décoration d'une façade , que deux avant-corps au lieu de trois, & que
ces deux avant-corps fe trouvent aux extrémités de la façade, on peut leur
appliquer la fuperiorité de la décoration.
                                              136
Lorfque l'on fe trouve obligé de donner quelque apparence de folidité à
un avant-corps de Bâtiment ou feulement à un Pavillon avant ou arrière-
corps , il faut que les parties qui le compofent fe reflentent de l'ordonnan-
ce générale , afin d'accorder enfemble les maflès avec le détail des mem-
bres d'Architecture.
                                                                            134
Dans la décoration d'un Edifice un peu confidérable où plufieurs étages
font élevés les uns fur les autres , il faut par quelque marque de distinction
annoncer aux étrangers le bel étage où le Maître du lieu fait fa refidence. 112
Un Architecte malgré une attention exacte, n'efl; pas toujours le maître de
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_____________DES MATIERES._____________,91
trouver des formes également heureufes, lorfqu'il veut accorder la relation
des diftributions intérieures avec les extérieures & leur décoration.
Dans un Bâtiment où l'on a pour but l'œconomie } l'on doit fupprimer
entièrement les ordres d'Architecture pour y fubftkuer toute autre décora-
tion , comme corps de refend, reiîaut, pilaftre , Sec. devant éviter de met-
tre en parallèle des pilaftres ou colonnes avec ces membres d'Architeclure,
dans la feule vûè" de donner un air de décoration à une façade, ce qui fou-
vent ne s'accorde en aucune manière avec l'ordonnance générale du Bâti-
ment , & ne fert qu'à en défigurer le caractère.
                                      164
Les lucarnes que l'on pratique dans les combles placés au-deflùs des ap-
partemens de Maître , font félon le fentiment de plufieurs Architectes, un
défaut de bienfeance ; je fuis de cet avis , furtout lorfqu'il s'agit d'un Edi-
fice un peu confidérable.
                                                                      ibid.
Jamais le befoîn de loger des Domeftiques ne doit faire excéder la hau-
teur des aîles d'un Edifice au-deflùs du principal corps de Bâtiment, Heftiné
à la demeure perfonnelle du Maître. 167
Il paroîtroit de la négligence à tenir dans une trop grande fîmplicité les
arriere-corps d'un Bâtiment de peu d'étendue ; cette obfervation n'eft bon-
ne que lorfqu'il s'agit d'un Edifice confidérable , où il eft bon de donner de
la fuperiorité aux avant-corps. * 180
On doit éviter en général de placer un trumeau dans le milieu d'un avant-
corps fuperieur , à moins cjue quelque raifon elfentielle Se apparente n'en-
gage de faire autrement. j 7 <Sc y 8
Il faut éviter même dans les façades de peu de conféquence, couronnées
d'un fronton, que les égoûts des combles imitent la forme du fronton. 13 9
On doit dans un Bâtiment confidérable , & qui n'a qu'un étage, ne
point faire voir de comble au-deflùs , mais feulement le couronner d'une
baluftrade , qui annonce que l'on peut fe promener fur ce Bâtiment, en
y fuppofant une terra/Te. 181 Se 182
Il faut ufer avec prudence dans la décoration extérieure des tables rentran-
tes,par l'idée qu'elles donnent que l'Architecture de deflùs porte à faux, y 8
Il eft néceffaire lorfqu'un Bâtiment eft ifolé , de tenir les entablemens d'un
même Profil Se proportion.
                                                                   5? i
Il faut éviter les reïïàuts dans les entablemens ; l'occafîon où ils font to-
lerabîes.
                                                                                                5)4
De la relation indifpenfable que la Sculpture doit avoir avec l'Archi-
tecture dans les façades.
                                                                        y 5
Les lucarnes de quelle efpece qu'elles foient, font mieux en général fur
les combles à la Manfarde , que fur les combles à la Françoife. 134
Il eft bon d'élever toujours le rez-de-chauffée d'un Bâtiment de quelques
marches , l'étage en eft plus fain, la décoration extérieure en reçoit plus
de majefté.
                                                                                           2 3
Décoration intérieure. On doit décorer les pièces qui précèdent celles où le
Maître fait fa réfîdence, félon la magnificence des appartemens■-, afin de ne
pas paflèr tout d'un coup du fîmple au riche.
                                          42
Lorfque l'on diftribue un appartement de parade, Se que l'étendue du
M
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TABLE
102
terrain ne permet pas de pratiquer des appartemens d'Eté & d'Hyver , on
doit les fitucr de façon que Ton puiïTe profiter des difFérens avantages des
faifons.
                                                                                               126
Il faut tâcher dans les distributions des appartemens , lorfque l'on veut
ménager une enfilade principale , que la hauteur des planchers foit unifor-
me.
                                                                                                      44.
Les peintures qui décorent les defiùs des portes , ou autres parties d'un
appartement , doivent, furtout dans les premières pièces , defigner les qua-
• lités du Maître , ou fes exploits ; afin d'annoncer par ces allégories le ref-
pe£l qu'on doit à la perfonne qui habite le Bâtiment.
                           2 5
Il faut éviter dans un grand morceau d'Architecture , de feindre par des
peintures quelques parties qui ne pourroit paroître aux yeux qu'une imita-
tion trop artificielle , & qui feroit tort à la majefié de la vraie décoration
66
Lorfqu'il s"*agit delà décoration de quelque grande pièce , comme Sa-
lon , Veflibule , Periftile , Galerie , ou autres , il faut fupprimer les peintu-
res coloriées quand ces pièces font tenues de pierre ou d'une matière qui
l'imite , fufage des peintures aux décorations tenues blanches n'étant bon
que pour les Edifices confacrés à la Religion.
                                    176
Il faut avoir foin d'obferver, que lorfque la décoration d'une pièce eft
revêtue de marbre, de diverfes couleurs , il faut ufer de peintures en camaïeu
lorfque l'on fakufage de tableaux , afin que les fujets coloriés ne difputent
pas avec les couleurs variées des compartimens du marbre.
         64 & 6 y
Il faut avoir égard à la qualité de la matière lorfque l'on refout les Profils
d'une pièce, devant emprunter plus ou moins de force, félon fa ftruâure,
185 & 184
C'eft dans la décoration des petits appartemens deftinésau délafTement de
l'efprit, que l'on peut feulement s'abandonner à la vivacité de fon génie à
l'égard des ornemens.
                                                                ,           87
Dans les Bâtimens d'une médiocre étendue , les grands Salons doivent
tenir lieu de Galerie, & alors on introduit dans l'ordonnance de leur déco-
ration ce que l'on a de plus précieux,
                                                  115
Diftribution. De la nécefîîté indifpenfable d'accorder les difiributions intérieu-
res d'un Bâtiment avec les décorations extérieures 3 du peu d'ufage des
grands efcaliers à deux rampes. 103 & 104
Il eft bon d'avoir dans le voifinage d'un grand Edifice un petit Bâtiment,
qui puifiè fervir de retraite pour fc retirer à l'écart des nombreufes compa-
gnies, qui ordinairement abondent dans les Palais des Souverains.
         cjo
li faut éviter dans la diftnbution extérieure d'un Bâtiment de conftruire
des aîles en équerre du coté des Jardins, il eft bon aufïï de ne pas trop faire
faillir les avant-corps d'un Edifice fur ces arriere-corps.
                         22
Il faut dans un grand Bâtiment, lorfque l'on veut ménager une enfilade
de longue étendue ,. éviter qu'il né fe rencontre dans cette enfilade des pie-
ces confacrées aux Domeftiques, les gens de livrée n'offrant fouvent que
des objets dépîaifans.
                                                                          j 05
L'avantage de placer une pièce deftînée à recevoir les compagnies , dans |
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__________DES MATIERES, _______xjj
une lîtuation heureufe, fait facrifier le plus fouvent quelqu'autre pièce du
Bâtiment.
                                                                                            124
Ce qu'on appelle pièces d'honneur, efl diflingué dans un Bâtiment un
peu confïdérabîe.
                                                                                i y 6
Il efl: des cas ou dans le décoration intérieure, il n'eu pas nécefîàire d'af-
fefter dans les distributions d'unepiece une fymétrie générale, pourvu qu'on
lui ménage de la relation avec fes côtés oppofés.
                                 15-7
Dans les Bâtimens de peu d'étendue il faut distribuer fes appartenons de
façon, que les Salles de compagnie, & autres pièces deftinéesà larefiden-
ce des Maîtres pendant la journée , foient éloignées des pièces confacrées
aux Domeftiques, ou de celles où leur fervice les appelle.
                  177
Les pièces de forme irreguliere ont le defagrement de pouvoir contenir
peu de meubles.
                                                                                    3 4
Il faut éviter dans les distributions d'un plan de donner au dofTeret des
portes du côté des croifées au moins trois pieds , furtout lorfque l'on veut
décorer les trumeaux intérieurs de pieds de tables ou autres ornemens
' portans faillie.                                                                                      2 y
La prudence dont on doit ufer à l'égard des diverfes couleurs d'impré-
tion que l'on donne à la Menuiferie -, fon choix, & fa préférence. 2 6 Se 2 J
E.
E Curie. Des précautions qu'il eft bon d'obferver dans les Bâtimens des Ecu-
ries pour mettre les chevaux dans des lieux commodes félon leur destina-
tion ; de la proportion des Ecuries, des précautions qu'il y faut obferver -,
ôc de leur décoration.
                                                                         140
Entrejbls & Anti-chambres. Dans les premières Anti-chambres & toutes au-
tres deflinées aux Domeftiques , on doit fupprimer les ornemens fragiles ôc
affecler un air de folidité à tout ce qui a relation à la décoration.
         24
Quelquefois la néceflité de corriger la hauteur des planchers dans les
petites pièces qui fe trouvent contigues aux grands appartemens , fait pra-
tiquer de faux planchers lorfque l'on n'a pas befoin d'Entrefol au-deffus.
~ 28
Efcalier. De la différente conftruclion des grands Efcaliers , des commodités
qu'on doit y obferver, page 35), 40, 41. de leur décoration.
            42
Le fentiment de plufieurs Architectes en1 de placer les Efcaliers à la droite
de l'entrée de leur Bâtiment 5 de l'avantage qui en revient, ôc des néceffi-
tés qui peuvent en difpenfer.
                                                                ibid.
Lorsqu'il fe rencontre un Efcalier un peu confidérable, contigu à un ap-
partement de Maître, pour éviter le bruit de ceux qui vont & viennent on
peut les pratiquer de charpente,fur lefquels on pofe des dalles de pierre pouf
éviter la dépenfe de ceux construits tout de maçonnerie, Ôc ils rendent un
bruit également fourd aux appartemens voîfîns.
                  _                  3 7
La dépenfe de pratiquer plufieurs Efcaliers de dégagement dans- un Bâti-
ment , évite l'ufage des corridors au premier étage, qui outre le defagre-
ment d'occuper du terrain,ont encore celui de ne pouvoir y marcher fans in^
,.,,,,,
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Tome I,
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TABLE
i°4
terrompre ceux qui habitent les chambres vorfînes à qui ces corridors don-
nent ifTuë.
                                                                                            125
Les petits Efcaliers de dégagement font néceflTaires dans un Bâtiment,
tant à caufe qu'ils rendent le fervice des Domeffiques plus aifé, qu'à caufe
qu'ils debaraffent les grands efcaliers des Domeftiques fubalternes. 3 8 & 35»
Expérience. La pratique du Bâtiment feule ne fuffit pas pour former un grand
Architecte, la nature & l'exercice doivent être d'accord avec elle.
          5
F.
FRonton. De la préférence qu'on doit donner aux Frontons fur les Amortîf-
femens ; la liberté dont on doit ufer à l'égard des derniers : l'ufage de
l'un & l'autre forte de décoration.
135
G.
G Alerte. De l'ufage des cheminées dans les Galeries , leur utilité & la dé-
coration qu'elles y procurent.
                                               30 & 3 1
Garderoùes. La néceflîté de pratiquer des cheminées dans les Garderobes. 28
Dans les Maifons des Villes où le terrain devient précieux , l'on place
les Garderobes derrière & entre les grandes pièces , & on les éclaire le plus
fouvent par des glaces pratiquées dans les delTus de portes de grandes
pièces en place, de tableaux : l'utilité de ces jours pratiqués ainfï, la ma-
nière de les mettre en pratique.
                                                  ,27 & 28
I.
JArdin de propreté. On peut donner difficilement des reflexions précifes au
fujet des Jardins de propreté , par la diverfïté de leur expofition & fitua-
tion.
                                                                                                        7
Il faut éviter de boucher le coup-d'œil d^ne promenade , il faut au
contraire faire enforte que les ouvertures principales foient plus fpatieufes à
leur extrémité éloignée qu'à leur naiflànce ; cette règle toute judicieufe
qu'elle paroît à pourtant été négligée dans plufieurs Maifons de plaifancc de
réputation qui ont pour point de vûë la rivière de Seine.
                        1 8
Le mérite de la décoration d'un Jardin de propreté , lorfqu'on à la com-
modité de l'eau , eft de ménager fi bien le coup-d'œil des fontaines jaiîlif-
fantes , qu'avec une très-petite quantité d'eau, ceux qui s'y promènent puif-
fent les appercevoir en difFërens endroits comme autant de nouveautés. 100
Quand les Bâtimens du côté des Jardins font expofés au midi, il eft bon
de ne pas expofer à découvert l'entrée de fes Jardins afin de pouvoir ga-
gner la promenade à l'ombre.
                                                              173
On doit pratiquer des forties dans les endroits écartés d'un Parc pour
jetter les immondices afin de ne pas en expofer le coup-d'œil dans les en-
I
droits fréquentés par les Maîtres.                                                          17
Lorfque plusieurs allées forment dans un Bois, Parc, ou Jardin, un car-
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asans
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_____________DES MATIE R E S.________ijtf
refour en étoile , il vaut mieux pratiquer dans Con milieu un tapis de ga-
zon qu'un baffîn.
                                                                                   pp
On doit obferver dans les allées rampantes d'un Jardin ou d'un Parc ,
furtout lorfqu'elles font d'une certaine roideur, d'y pratiquer des maflïfs
de gazon en Rayon pour en adoucir la pente & détourner le cours des ri-
vières que forment les grandes pluyes.
                                                 i oo
Lorfque l'on place des Belveders pour fe garantir de l'ardeur du foleil
dans l'étendue d'un grand Parc, on doit faire enforte qu'il faiTe l'objet de
plufieurs points de vue.
                                                                       i o i
L'agrément que reçoivent les Jardins de propreté des Haha que l'on pra-
tique aux extrémités d'une grande allée ou autres lieux d'un Parc. 102
C'eft un mérite dans les Jardins , qu'étant difpofés de manière à n'avoir
pas une vue trop limitée on puiïîè cependant s'y promener avec quelque
folitude.
                                                                                              15$
Jardin potager. Les TerrafTes dans les Jardins potagers font fouvent fort uti-
les , elles forment des efpaliers 6c donnent le moyen de conduire l'eau né-
ceffaire pour les arrofemens des légumes , à tous les différens plein pieds
d'un Jardin.
                                                                                         155
Malgré la grandeur des Potagers que l'on pratique dans les maifons de
campagne, il eft bon de fe referver des terrains voifïns & moins apparens ,
pour former des Vergers capables de contenir quantité d'arbres fruitiers de
différentes efpeces.
                                                                               p8
M. de la Quintinie veut que les murs des Jardins potagers fuient fans in-
terruption.
                                                                                             16
L.
LAiterie. Les Laiteries font d'ufage dans les Maifons de pîaifancc , il s'en
voit à Chantilly & à Saint-Cloud.
                                        v                 1 <5
Lieux à foupape. Des lieux à foupape connus fous le nom de lieux à l'An-
gloife , à qui le premier convient mieux à caufe de la foupape nécefTaire
à leur ufage ; leur décoration.
            t                                                 29
■ M. .                                ; .':
MAifons de plaifance. La préférence que les Maifons de plaifance peuvent
avoir fur les Edifices bâtis dans les Villes.
                                   ~         7
De Fexpofîtion des Maifons de campagne Se du choix qu'on en doit
faire.
                                                                                                       8
S.
S Aile de compagnie. Des Salles de compagnie, la proportion qui leur eft
la plus convenable,
                                                                              3 4
Salle cPajfemblée Dans les Maifons des grands , il eft encore d'ufage dé les
décorer de tapifTeries pofées fur un lambris d'appui.
                             3 3
Salle a manger. La fupreffion des fontaines 6c des buffets nécefTaires dans les
Salles à manger d'un Edifice un peu confidérable , leur expof?tion& lama-
Bbii;
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»
TABLE
196
niere de les décorer.                                                                             3 3
Salle de Billard. L'on doit fùpprimer les glaces & autres ornemens fragiles
dans les Salles de Billard, à caufe des accidens ordinaires dans ce jeu. 8 8
Salles champêtres. Les Salles de marronniers font fort en ufage dans les Jar-
dins à caufe de la belle verdure que forme de fort bonne heure cette efpece
d'arbres , néanmoins on ne doit ufer de ces fortes de pièces que dans les
lieux varies , les marronniers aimant l'air ; la Salle des Antiques à Ver-
failles eft plantée de marronniers entourées de charmille.
                       19
Les Salles de Tilleuls depuis quelques années paroiffent avoir la préfé-
rence fur celles plantées de marronniers ; les Tilleuls d'Hollande étant pro-
pres à former une belle verdure en fort peu de tems,& prenant volontiers tel-
le forme que l'on veut, d'ailleurs ils font moins fujets à la mal propreté. 19
Salle des Antiques & Salle d'Amphitéatre,leur ufage & leur propriété. 18
Salon. Les Salons qui embrafTent pluiîeurs étages font nommés à l'Italienne
à l'Imitation de ceux d'Italie , leur propriété & la diverlîté des ornemens
dont ils peuvent être fufceptibles, 3 1
Les Salons qui fe pratiquent aux extrémités des Galeries , fe tiennent le
plus fouvent ouverts , comme celui de la Guerre à Verfailles , quelquefois
on les tient fermés , comme celui de la Paix qui fait partie de l'apparte-
, ment de la Reine. 3 o
Situation. Il faut qu'un Architecte, fâche mettre à profit les lumières de fon
Art, pour rendre agréables , autant qu'il lui eft polîible , les fîtuatïons bor-
nées qui environnent fouvent une belle Maifon de plaifance , que des rai-
fons indifpenfables mettent dans lanéceffité d'habiter. 119
Il eft des lituations que le fecours des plus grandes richeiïes ne fçauroit
reformer ; alors on doit fe contenter de ce que nous offre la nature, & les
faire valoir autant que le cas le permet, fur tout lorfque l'on bâtit pour un
particulier , il faut écarter les idées trop élevées. 146
O.
OFfices. Ils font compofés de pluiîeurs pièces, leur ufage, & les commo-
dités qui les doivent accompagner.
                                                   80
Orangerie. On doit afFe&er une parfaite fymétrie dans les allées des Oran-
geries , & les Parterres qui décorent, ordinairement ces fortes de Jardins
doivent être en général tenus fort fîmples. 14
On orne quelquefois les ferres des Orangeries de peintures , comme il
s'en voit à celle de S. Cloud , on ne doit pas les éloigner du corps principal
du Bâtiment, afin de pouvoir, autant que faire fe peut, y arriver à cou-
vert.
L'expofition du midi eft la plus convenable au bâtiment des Orangeries,
à fon défaut on peut lui fubftituer celle du levant.
                                 75-
De la précaution qu'il faut obferver pour empêcher que le froid ne pé-
nètre l'Hyver dans les ferres des Orangeries , leur conftru&ion , & de la
comparaifon de quelques unes exécutées dans les Maifons Royales. 75-,
7^, 77
...:/"
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___
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_________________DES MAT I E R„E S.                        197
II.faut obferver dans la décoration extérieure d'un Bâtiment d'Orange-
t rie que les portes principales foit aïTez élevées'pour pafîer les Orangers lors
de leur fortie , qui eft ordinairement à la mi-May pour y être rentrés à la
mi-Octobre.
                                                      *                                    78
Ordres d^ Architecture. Des raifons qui m'ont obligé de ne parler'des ordres
que légèrement ; le parallèle de Y Architecture original de M. Chambrai,, eft
félon moi, celui qui peut fournir les meilleures leçons fur la différence des
ordres de colonnes, leur proportion & leur diverfité. Ilfe vend à Paris chez
le même Libraire,
                                                                             * ^ <?
C'eft dans les décorations intérieures qu'on peut feulement fupprimer
l'entablement qui appartient à un ordre d'Architecture , lorfque Ton les y
admet , ces entabîemens devenant fouvent trop pefans pour les dedans,
furtout lorfque les étages n'ont qu'une médiocre élévation.
                    68
Ornement. On ne doit jamais déguifer un ordre d'Architecture en lui fuppri-
mant quelques-unes de fes parties ou de fes ornemens.
                            $ y
Il y a de la prudence à ne pas répandre indifféremment des ornemens qui
cacheroient aux ipectateurs les proportions de fArchite&ure.
                y_o
Les ornemens ne doivent être admis dans la décoration des façades qu'au-
tant qu'ils y paroiiTent naturels, Se l'on doit donner la préférence aux mem-
bres d'Architecture qui compofent les formes générales des façades. 113,
P.
PEinture II faut éviter de peindre des Arabefques dans la décoration d'un
lieu vafte , ces iSrtes de peintures ne s'appercevant bien que d'une médio-
cre hauteur.
                                                                                  ■>                -./'■.■ .)\ 73
Perron. Il eft nécefïaire de former des palliers aux Perrons qui annoncent l'en-
trée d'un Edifice , furtout lorfqu'ils excédent fept marches ; de la nécefîîté
qu'il y a de former le pallier principal un peu fpacieux.
                          5- 1
On doit pratiquer des talus ou glacis aux grands efcaliers des Jardins qui
defeendent d'une terraffe à l'autre, pour la commodité des chariots, brouet-
tes & autres équipages.
                                                                          7 8
Poêles. Les Poêles de terre font fort en ufage darts les grandes Maifons l'on
les place dans les premières Anti-chambres pour chaufer les Domeftiques Se
preferver les pièces à qui elles donnent entrée de l'air froid que communi-
quent les ouvertures des portes des premières pièces.
                             37
Porte à faux. Il eft effentiel, fût-ce même aux dépens de l'ordonnance généra-
le , que l'Architecture de deffous paroilTe porter avec fuccès celle de
defïus.
                                                                       ,                           y 4
Proportion des figures. Il faut avoir foin lorfque l'on place des figures à côté
de quelque ordre d'Architecture , de les tenir inférieures en hauteur à l'or-
dre de colonnes ou pilaftres.
                           ' -*                               j-i
Uinconces, ou Duinconges. L'on pratique de différentes fortes de Quin-
conces & de différentes efpeces d'arbres , félon la place qu'ils occupent
cÉSS
Bbiij
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T A BLE
i5>8
dans un Parc, ou l'œconomie desperfonnes qui les mettent en exécution. 123
R.
REmifes, L'expofition qui leur eft la plus convenable , leur proportion &
la décoration dont elles font fufceptibles.
                                         142
TExrain.Xorfque l'on fe trouve obligé d'habiter, par quelque raifon eflen-
tielle , des Bâtimens élevés fur des terrains fteriles , & où l'on ne peut
élever de belle verdure, on doit avoir recours aux décorations champêtres
du reffort de l'art, comme les berceaux de treillage , les fontaines , les par-
terres , les figures de marbre , de bronze , &c.
                                      i<?
Trianon. On pratique ordinairement dans une Maifon de plaifance un peu di-
ftinguée, de petits Bâtimens que l'on nomme Trianon à l'imitation de celui
de Verfailles 3 & qui font deftinés à contenir peu de monde à la fois, pour
s'y délaffer du concours qui abonde ordinairement dans les Palais des Sou-
verains.
Triglifes, Des différentes manières d'efpacer les Triglifes.                          y 3
V.
V
Efiîbule.. Dans les Bâtimens où l'on fe trouve reiferré par le peu de ter-
rain , l'on tient les Veftibules fermés d'arcades avecf des chaftïs à verre,
& ils deviennent alors un azile pour les Domeftiques pendant l'Hiver ; on
en ufe ainfi prefque dans tous les grands Hôtels à Paris.
                           23
Fin de. la Table des Matières.,
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1
---------------------------i---------------------!--------------------------------------------------------------!--------------------------------------;
ERRATA DU PREMIER VOLUME.
Page 14 ligne 3 > 8c Page 15* ligne 3 , au lieu de Planche 8 3 lifez Planche 10.
Page 19 lig. 1 , au lieu de pièce ovale I, Uf pièce ovale 1.
Ibia. lig, penult, au lieu de Planche onze & douze,/z/T Planches 12, 13 & 14.
Parg* 3 1 /ig. 24, au lieu de Planche 7 & 8, /*/.' Planches 8 & 9.
Page 3 y /*g\ 1 , au lieu de dégagement B , lif. dégagement G.
Page 65 notes *, au lieu de Planches 2 & 8 , lif. Planches 2 & p.
fôzW. worw **, au lieu de Planche 61, lif. Planche 61.
Page 70 lig. 1 , au lieu de Planche 50. , lif Phnchc $8, N°. 2.
Page iojT %. 27 , au lieu de X, lif. N.
P^Jé' 135 notes *, au lieu de M. Aubry, lif. M, Aubert.
I&id. worw **, au lieu de Planche 3 3 , 34 & 3 j, /z/^ Planches 30 & 3 t.
P*gv 164 /*£. 12, au Heu de au membre d'Architecture, Uf aux membres
d'Architecture.
Page 172 lig. 22 , au lieu de au-defïùs , lif au-deflbus.
Page 175" %. 12 , au lieu de Planche 43 , lif. Planche 44.
Page. 17 S lig. ï J 3 au lieu de, ôc il peut être orné, lif ôc elle peut être ornée.
rrim gjg^pjjjÉj
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-ocr page 225-
ERRATA DU SECOND VOLUME.
Page. 2. Itg. 27, au lieu de pour, lif par.
Page 3 l'tg. antepenult. au lieu de, de leurs proportions, lif. leurs proportions.
Page 8 lig., Jp , au lieu de entoure, lif. environne.
Page 24 lig. 6 au lieu de Planche 22 & 23 , lif Planches 23 & 24.
Page 42 notes *, au lieu de page 283 du premier Volume, lif page y 6 du
premier Volume.
Page 43 notes *, au lieu de page 126", lif. page 135".
Page 44 lig.. 18 au lieu de Planche 23 , /*/. Planche 3 3.
Page 45* /zg\ 16 , au lieu de fui- le, /i/7 fuivant le.
Page 78 %. 27, au lieu de longueur, /^ largeur.