-ocr page 1-

-ocr page 2-

Dit boek hoort bij de Coilectie Van Bucheil

Huybert van Bucheil (1513-1599)

Meer informatie over de collectie is beschikbaar op:

http://repertorium.librarv.uu.nl/node/2732

Wegens onderzoek aan deze collectie is bij deze boeken ook de volledige buitenkant gescand. De hierna volgende scans zijn in volgorde waarop ze getoond worden:

This book is part of the Van Bucheii Coliection

Huybert van Bucheil (1513-1599)

More information on this collection is available at: http://repertorium.librarv.uu.nl/node/2732

Due to research concerning this collection the outside of these books has been scanned In full. The following scans are, in order of appearance:

-ocr page 3-

-ocr page 4-

-ocr page 5-

-ocr page 6-

-ocr page 7-

-ocr page 8-

-ocr page 9-

-ocr page 10-

-ocr page 11-

-ocr page 12-

-ocr page 13-

-ocr page 14-

-ocr page 15-

-ocr page 16-

-ocr page 17-

ADMONITION

chrestienne;

DE F. DVJON FIDELE

SERVITEVR DE DIEV, AVX CHRESTIENS D V

Pays bas:

Refpondante aux faufles doélrines, blafmes, Sc a-loniniesde Iean Haren,contre les Eglilcs desProceftans,amp;lesMiniftrcs d’ieclles.cnvnli-urct intitule

Les cavses ivstes et eqvitables

«nt mett /ea» Haren, iadit Mtniflre de tjniter la religionpretendne reformee ,four fe renger angi-rondelEgbfi catholieiHe.

h Prouetb. If ,iS.

Letefmoin inique tê moque du droit, tant l’iniquité tient comme engloutie la bouche des mefehans :

Mais des iugemens font apreftez contre ces moqueurs,kfroif-(lires preftes au dos des focs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. t

-ocr page 18-

• - ‘t gt;nbsp;' ' ■ ■

w'' ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘

■f'.

• •finff? . 7U .

■ / •?'ƒ lt;.gt; '•S^

-ocr page 19-

Kfucent Lirinen/i en fi» Hurt contre la ttauueautezprofanes de toutes herefies.

QVelques abufcurs tournoyanses prouinces

amp; villes ,amp;porcans par cy par là des erreurs a reuendre,vinrent par deuers les Galatcs aufsi, Ainfiles Galates, apres les aiioir ouys, cOasaucu-neméc degouftez de la vérité amp;nbsp;votniflàns la mâ-nc de la deôlrine catholique prenoyent plaifir es ordures des nouucllcs herefies. Pourceftecaulè S. Paul employa tellement l’autoriic de la puit fance Apollolique qu’ilafort rigoureufemét de-cerne.- Encores que nous,dit il,ou vn Ange duçiel vous euangelizaft autre chofe que ce que nous vous auôs euàgelizé,qu’il foie anatheme. Qu’eft ce qu’il dit, encores que nous? pourquoy n’a il plustoftdiól:,encoresquemoy?C’c(l:adirc,*en- * Kejez., cores que Pierre,encoresqu’André, encores que nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Iean,briefencores que toute la compagnie des Apoftres vous cuâgelize outre ce que nous auôs contre ce-cuangelizc.qu’ilfoit anatheme. Ceftvnereftri- ghje Romat ftiontrefpuiffantc pour maintenir la fermeté de quot;e frettif lapremierefoy, qu’il ne sert point efpargnc.ne lesautres Apoltresfescompagnons. Celaeftpcu dechofe: quand mefmevnAnge du ciel,dit il, vous euangelizeroit outre ce que nous auons euangelizé,qu’ilfoitanatheme. Ilneluy luffifoit pas pour garder la foy qu'il auoitvne fois baillee, de remémorer la condition naturelle de l’homc, s’il ne comprenoit mcfme l’excellence des Anges.-Encores que nous, dit il, ou vn Ange du ciel. J\ô point que los Angesfainösamp;celeltesmain-tenantpuillent pécher: mais voila ce qu’il dit ,Si

-ocr page 20-

mefmcs cela aucnoit qui ncpeutcftre,quicon* quefoitccluy qui aura attente de changer la foy qui a vne fois eile baillee, qu’il foit anathème. Mais,«/»?«* ^uelcü, pofsible a il diâ ainß par aquit, amp;plus tolîiedé cela par incôfidcracion humaine,que décerné auec la railbn diuine. Ainlî n’a-uienne. Car il s’enfuit en cores, amp;nbsp;il redit le mef-me par iqfinuatio redoublée auec trelgrîd effort. Corne i’ay diâ parauant, dit il, ainlî di ie encores maintenant,fi quelcun vous euangelize outre ce que vous auez receu,qu’il foit anachemc.il ne dit point,!!quelcun vous annôceoutre ceque vous auez receu,qu’il foit benit,louc,receu : mais il dit, qu’il foit anatherae,c’eftadirc,fcparc,deboutc, exclus,depeurquela contagion mefehante d’v-ne brebis ne fouille le troupeau innocct deChrift en y méfiant fon venin, M^s pofiîble,«/»r4 on, que ces chofes font commandées feulcmcntaux Galates. 11 faudroit donques qu’aux Galatcs feuls apartinfent les commandemens dont ilcft parle puis apres en la mefme Epifi:re,comme font ceux cy, Sinousviuonsen efprit cheminons aufii en elprit,ne foyons point conuoiceux de vaine gloi-re,nous prouoquans l’vnl'autre, pprtansenuic l’vn a rautrc,amp; ce qui s’enfuit. Or fi cela cft abfur-dc,amp;CCS chofes font egalement commendccs a tous, il faut bien dire que les chofes qui fontot-donncesdelafoytouchent aufiibienatous que les commanderaës des mœurs : amp;nbsp;comme il n'c ft loyfiblc a aucunes perfonnes de fe prouoqusr les vnsles autres,amp;potter enuic l’vn a l’autte,qu’aufi fi il n'eft loilîblca perfonne de reccuoir outre ce quclEglife catholique euangelize par tout. Ou

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bien,

-ocr page 21-

bien,diratiMelcMn, poiïîblâque Ion comman-doic alors fl quelcun annoçoit outre ce qui auoit cftéannôcé,qu’il fiift fait anatheme: mais que maintenant cela n’eft plusçommandé.11 faudroit donc par confequée que ce qu’il dit la meflne, Oc ie vous di,cheminez en cfprit, amp;nbsp;vous n’acoropli-rez les deflrs de la chair*,que cela donquss ait eflé feulement commandéalors,mais maintenant ne foit pas commandé. Que fi c’eft vnc chofe pleine d’impieté amp;nbsp;entièrement pernicieufc de lecroire ainfi, il s’enfuit nccelTaircmcnt que comme ce» chofes concernantes les mœurs amp;nbsp;la viedoiuent eftre obferuecs de tous cages, qu'aufiî font commandées a tous eages celles qui ont efié ordonnées de ne point changer la foy. lamais donc il ne fut permis, amp;nbsp;n’eft permis en aucun lieu que ce foie, d’annoncer aux Chreftiens catholiques outre ce qu’ils ont receu. Ne fera il pasaufliloi-fible d’anathematizer ceux qui annoncent quelque chofe outre ce qui a vnefois efté receu ? lamais ne fut tem psqu’il ne le faluft faire,iaraais ne fut lieu ou il ne le faille faire, iamais ne fera qu’il ne le faille faire.

* «j

-ocr page 22-

Keschers ^freres, il y 4 deß4 long tempt, tjueiattoye entendu en tjueltjueforte,comme fe^n Haren eßottmtferablement decken de ht 'uerité cjutl auoa parauant con-

neue (J enßtgnee. Maiedvn coße' la chartte me commandott de ne point croire de luy facilement teitraports, ÇS d'autre part taprudèce Ckreßtenne ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;recjuerotttyue ienfuffendtffe mon tugement auant

^ue le croire,entendtffe fôtgneufernent la vérité de fin catfitl auou fatEl ainß ou^uoj. far combien ^ue t'euffe bonne fbuuenance tjue deßa tl s'eßett au-parauant affez lâchement gouuerne , lors ejue le 'Ducd \Alue eut publtéfes par dos generauxteutef fois te nepouuoye meperfuader en moymefine ,^uil euß fat fl une fi infame nbsp;nbsp;dangereufe retraite, ce

rne aucuns enrendoyent tefineignage. Vnia pour-^uoydeslautre anneete m’efforcay a connotßre le tout dedtuerfesparts Çi fnalementipuandtay entendu certainement tputlauoit tournéfd robe, encor e ne penfoye te pas iju fleuß faiS vntel renoncement

-ocr page 23-

P R E F A C I.

ment abinrntion vniuerfelle. CelafutcAufi^tte tefloyttj teute ïunnee paffee parite de ceUe-cj en en^ue^iedufatbl. ffar te recerchoyemuamùdeff-^ueb teffereye entedre le tout,Ç^lesfilhciteye de me firireleeparttcularttez, defa doblrine,po»rce t^ue te népouuoye croire ^utl fefufi du tout abandonne'là ou tien ef venujgt;_^/Con tntentten eßott alors,en cas ^utl eu(l couué ffs erreurs tenu couuerts par deuersfiy, del’amenneiler fraternellement luy efirire particulièrement vne vtue remonfirance de fisfautesfrlon que Dteu m'en fer oit lagrace. Car auffi t tfitmoyecemoyenefire conforme a l'ordonnance de Chri^,Ç^ efferoyequ'tl reconnotfrroit en cela d’autant mteuxlafynceritéde mon ajfe£ltont comme de celuy qui ne levoulott point perdre ne diffamer,mais atder a frtlut Ç^a redreffement honorable deuant Dieu,fis o^ringes^Ç^ fin Eghfi.A^ais depuis que t'ayveuceEle annee le huret que les le fuites luy ont mis en auant fous fin nom, iayefle indutbl maugre' moy a changer d’opinion con-fiil. l’aychangétopinion que tauoyedeluy,puis queienay rtentrouue'qui me peufr atder entretenir en te elle, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plus forte raifin l'ay change' de

eenfitl,puisquetaytrouuétoutau rebours de mon •pinion,qu tlcobatpubliquement deuant tout le monde la deUrtne de ventéqu'tla gouéîee que nous auons aprifedela parole de Dieu fans tradi-élton du hommes, far que pourroye faire autrement en bonne confcience,que reprendre publiquement celuy qui commet publiquement vn tel (ÿ f •normepéchés Dteu le commande, la vérité le requiert dont nous fommes firuiteurs, la charitém'y •bhgt enuers tous,enuers vous, enuers luy; puis

* itiy

-ocr page 24-

Pr I FA c i! '

^Me fin faiÜ tendit la delîrnllionde têtu, a vo^lre dtff'ame mesfieret,Ç$ afit confufion eternellefi notu nj cour os corne attfest, y mettes ordre de tout no-ftrepousteir parla heuedtElion de Dieu. Or cobien ^ue plufieurs autres bonsperfinna^a ornez, depiete' (^'defiauoir plus ijue moy ayentpeu mettre la matn a cefie befiigne, pojfible encores fy mettronts‘ils voyentejuil en fiit be[otn: Toutesfoù il y a deux chofisspuim’ontfaiUentrepredrece^e matière £ƒ deuancer les autres en cefieruice. Lapremiere efl le iugemeut de queltyuesgens de bten,ejui m’ont déféré ce trauailpour ce tputls fruoyent epuelle connoifi fitnee particuliere tay de ^ueltpues matières ^ui y fint propofies; fans laiyuelle connoifiance a grantC peinepourrott on donner re/ponfi pertinente a certains blafmes lyueHareny a entaJfez..La feeendeefi la connosjfitnce^articuliereejue tay eue du perfin-pourla^uelle te fuis particulièrement obligé a cer cher fin falut,fily afitlut repentance a our luy. Le Seigneur connoifi ejue ie nay point icy procédé d'aucune affeSlion particuliere: maissjue laveritéde Dteujacharité du prochain, lefalutmefmede ce poure mtfirablem’ont fatSl courir ceLle lice, tyuetay toufieurs tendu a cela, comme au but ipueiedoi cercherfilon Dieu. Tef-moin auffi en efi lafaçon c/ue iay tenue en celle pre-fente refionfi: yui firuira a fez pourmonélrer a chacun tjueienayriendiffimulé a mon efiient de toutes les chefis yuifont icy alléguées contre la religionfainSle (J la doSlrinepure, eyue nous tenons de Dieufiul,i£ nonpoint des hommes, (ar pour cela mefine auffi,enfuiuant les exemples desfainSls P er et en l'Egltfe prtmitiue,t ay couché de mot a mot les paroles

-ocr page 25-

P R E r A C I.

f croies dftdiU Haren de /if peres lefttit a far e/cript,Ç^ mis ma re//on/i au deffèus, afin que cha^ cun quia confidence tuge en bonne confidence de la Jjncertte'rondeur de ma confidence en cejl af aire^ Et toutcffioisiay volontiers paßeles chofis vat» nu ou fuperfluu,ayant e/gard aux necej/aira qui nousdeuoyent arretierpUulongtempsafinqueie n abufiajfie de lapatiece du LeB^eur.Pour cePle cast-fit it prieaffeElueufiement le Le£leur, quiquilfioit^ queli/àntluallegattonsde Haren nbsp;nbsp;ma re//onfet

eonioinBufilnefiedotmepointavnepartiefiansiu-gement equitable, par affe^lien ou preiuge'quelconque , mais quil vfie de la balancé du /ain£la E/cntura pour examiner le toutauec vn fiain entier iugementdelafoy,^^enfaire fionprofitafia-lut. Et particulièrement ie defire que non fiettlf mentvotsf^maisauj/i Haren mefineÇ^ lu lefiuites fies compaignons en ceile œuure^vuetllent croire,filon que mon Dieu me rend tefinoignage en ma eon-fidenee,quetene cereheen cefl examen nbsp;nbsp;confe

rence prefinte que de firuirau falut d'eux dt tousauecle mtenpar leÇue fhri/l noiîreSeignestr. Finalement ie /uppUe T)teu noiîre pere,que comme illuyapleumeprefienter fa vérité,m e/lreindre de fa charité,^ appeller a finfiruice, aujfi tl luy plaifi vous en donner (^a tous vn me/mefintiment,efilai-rat tous lu Leéleurs du flambeau de vérité\ lu alu-mantencharité, Çfi conduifianten fin firuice a /à gloire a leur falut des maintenant Ö a tese-

:r fiours. e/imen.

-ocr page 26-

E PI s T R E D E DIC A-

TOIRE DE L'AVTE VR

Iean Haren, ENVOYEE a Seigneur Philippe ï)f'r ôcc. fon bon amy.

ONSIETR^t'ajreceu lesle-^ tresijuil 'vous a p leu m'efc rire: ^ui amplement me te/moignet [affe£îio charitable epue me portez. Dieu me fera la grace 'vn tour de votes enfaire reconnojfanceft'ay ce bie d'eïire honore de vos commandemens. Vous me mandez tjue de puts ma retraite en lEgltfi catholique ïauroye aquu des grands ennemis voire que quelques vns aureyent conjpiré ma mortamp;marutne ydefquebie feroyebten deme garder craigndt l'execution de leurs cruebdef fiins,eßasges barbares amp;nbsp;cruels. C'eß ce que de toutepart Ion rriafignifie-.mais ayant ie^étan-cre de mon eferanccen lefits Chriß qui regne au ciel a la dextre du ToutputJJant, (ß esi ant arme d vne faine (ß bonne confiience, iem'af feure qu’il ne permettra pas quvn feul cheueu demateïie tombe en terre fans fon vouloir., au -quel font affùie^lb les diables dries tyrans. Or tant s en faut que teb dr femblables tour

mens

-ocr page 27-

DE Iean Haren.

metts amp;nbsp;affligions d'(flrtt (donnent mafoy mi constance, ijuau contraire te loue le Seigneur mon Dieu, (juil m'efl donné nonflule-fnent de croire, atns auflt de fouffir pour celuy M (jut tay creu‘. fachant que mes foujfrancet nefluroyenteïtre Ion gués, puis que cette vie^ efl courte, amp;nbsp;celle qui dure a taufiours efi con-toinéie auec nine félicité inénarrable dt'perpétuelle. ^uant a U foy,i'eflerequelle croiitri en moy amp;nbsp;m acompatgnera iufques au bout.

Et de-rechef ie loue Dieu de ce qu'il me fait ce bien, nonJeulement de le connoisire, ains de fentir intérieurement combien efl grande celte miflrtcorde dont il a vsé en mon endroit, que moy mtflrable creature, qui de ma tendre ieuneffe ay esté la poure brebis efgaree , dtflo-fee a la mercy des loups dr de ce grand lion infernal Satan,voire perturbateur du regne de noltre Seigneur lefits Chrilt, illuy a pieu charitablement me prendre parla main pour me rendre a ma trefehere mere fon Eglifl, afin de luyeflre flainél temple dr habitacle eternel. le /àytresbien, queplufieursquim'ont conneu le trouuent eflrange, dr en font dtuers dtfiours, Neantmotns ie peus protelier deux chofes douant Dieu,qui connotfl mon cœur dquot; mes reins, deuant la face duquel te fuis prelt de comparoi-flre quand tl voudra. Premièrement que ie

-ocr page 28-

EpISTR-E dedicatoirb

»Aycerché de mon propre, richejjès n'y honneurs de ce monde Atns au-contraire répatant dommage pour l'amour de lefus Chriß tout ce ijui m'est Oit gain me preparer a atne ^10 dure y fafcheufi amp;nbsp;laborieufe, dr Atnß édifier mon prochain enfiain^etéefi iuFiiee le reste de celle fie. Secondementyie tiay rienfat^l temer airement ny fans equitable fondement, ains apres auoir esté bien dr deuement affèurétant par lafaincle Eferiture, cfue par la do£irine des Peres, quit tiy a autre Egltfiejuifiit la mai fin de Dieu, le temple du S. EJprit,la colone dpfermeté defe-rité, quel'Egltfe catholique Apofiolique dt' Porn aine, hors laquelle il nefitrouue fn (èul peuple agréable a Dieu qui puiffe auoir falut çf 'cde, lumière ne ferité. Et et autant que me reque -rezpar vos lettres, devotes mander lescaufis principales quint ont emeu de ce faire, df que toies Chre^iiens font amonnePtez, par la bouche de fainôi Pierre de fe tenir preïis a ren-

't^ojfonfi a vn chacun qui leur demande rai/on de leur eßeranced ay bien voulu voua envoyer cepetit dtfeours,par ouilvousfèra aisé de cennoinre,dequeleßrit forfenéfont conduisis dr menezgt; ceux qui fous ombre de religion d* reformation troublent le cieldr la terre a la ruine dr confufion de toute la ChrePlienté. Dieu large en mtfericordeyqui tient lecceur de tout hom-

-ocr page 29-

DE Iean Haren;

homme en Çamain, vueille auoir pitié de îMt de pour es creatures errantes, enfèigner les igno-rans,fortifier lesfoibles, illuminer lesaueugles, amp;nbsp;faire regnerfa^erité en tout peuple (fi nation, afin que le monde 'uniuerfil ne reconnoijjè qu'un Dieu (fi 'vn fèul Sauueur lefts Chrifi,v-foy, (fi vne EgÜß : Et continue volire (ante,CMonfieur,en longue(fiheureufi'vie.D’An- ' uersce xvj^Mars.JiSû.

Koltre humble (fifiruiable amy , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lean Haren.

T A eonnoifl'ancc particulière que i’ay '‘“autres-fois eue de vous, lean Haren, , medonneoçcafion de parler maintenant a vous d’vne façon tout autre que ieneuf-fc onques prefumé. Car combien que ic n’ayeiamais aperceu qu’il yeuften voftr« cœur grande lumière de pieté, ne de fa-uoirenvoftrcentendement: fieftee que ie ne me fufle attendu a cela, que vous fuflîez fi eftrangement efcoulé amp;nbsp;tombe en vne fi infame, horrible, amp;nbsp;lamentable reuolte. Mais puis que vous eftes en telle forte abandonné de noftre Dieu trefiufte, amp;nbsp;tra^ortéparle Prince de ce mode afin

-ocr page 30-

Response de F, I.

qucn’obeiffiezalaveritc, i’ayeftimc cftre mo deiioir que ie feiflc enuers vous ce dernier office,amp; rendiflè aTEgliiedeDieuce tefmoignagcpublic demon affedion. Ce qui vous pourra fèruir de ma part,afin que s'il y a encor en vous quelque eftincelle du don de Dieu, il foit ralumé par mon auer-tiflèment amp;nbsp;le fouffle falutaire de l Efpric de Dieu : amp;nbsp;au contraire fi tout eft deic-fperé en vous,quc vous conoiffiez en vous mefmcs qu’encores cecy fera plus vertueux enuers vous, que l’extreme ondion de l'Eglife Romaine , deuant que Dieu vous appelle hors de celle miferable vie.

Or pour le premier, ie ne m’enquerray point ne qui eft le Seigneur Philippe auquel vous efcriucz, ne qlle courtoilie vous auezaprife depuis voftrecheute, comme vous la demonftrez au commancement de vos letres ( car cela n’apartient rien a la caulè prefente) mais ie vous donneray vn contre-auertiflemét ; duquel vous pouuez eftre plusafl'euré, que de ce q le Seigneur Philippe vous a elcript,amp; quo vous a failt;ft Tauoir de toutes pars. C’eft q ue par la grace de Dieu nous fômesaprisde n eftre point ennemis a perfonne, ains d'aimer melmc nos ennemis. Et pourtant, fachâs tresbien que

-ocr page 31-

A l’Epi s T. de I. Haren.

que félon la vocation Chreftienne en laquelle nous fommes,nousdeuonsfairecc queDieu nous commandc,amp; exhorter les autres de ce faire,nous vous pouvions bien aflèurer, qu’ame viuante n’intcnccra contre voftre poure amp;nbsp;miferable vie par no-ftrcconlèil, fceu,ou coniêntement. Car noift fauonsfort bien,qu’en tellesges (s’ils ne fe conuertiflènt en brief) Dieu a imprimé la marque de Cain,amp;: qu’a luy apar-tient d’en faire le iugement a fa gloire. Ne nous eftimez point, ic vous prie, fi haftez de courir deuant Dieu, que nous nepuif-fions foufirir vn apoftat, puis que luy met-mes,qui eft trefiultc, le foudre : ne nous e-ftimez poît fi ennemis de voftre falut, que nousvueillons vous acourcir le temps de repentance a falut, s’il y en a pour vous : ne nous eftimez point fi lafehes découragé, que nous cerchions des moyens de fraude amp;nbsp;trahifon plus toft que de fimplicité amp;nbsp;vérité. Ces moyens font les armes ordinaires de l'Eglife Romaine, auec Icfquels elle' combat auiourd’huyla vérité, l’Eglife de Dicu,amp; les membres d’icelle en toutes for tes. Faites plus toft cftat de nous, comme de ceux qui ont pitié de vous ainfi que d’v-ne creature de Dieu, amp;nbsp;qui attendent vo-

-ocr page 32-

Response de F. I.

ftre iugcment de la propre main de Dieu, foie a perdition ou vous courez, foit a faluc amp;nbsp;a vie eternelle,ou il v ous monftrc encores le chemin par fa grace. Mais ie vous prye,ceux qui vous perfuadent ces contes penfent il a la vérité, que vous foyez fi habile compaignon, que nous craignons do voftre vie, comme fic’eftoit noftre mortî ou vous mefmesjcuydez vous cela doques devons? Ce n eft pas humilité, qui vous fait fentir de vous choies fi hautes : ce n'eft pas la vérité, qui fait que les autres le vous dilent : c’eft vne prefomptiÔ fotte,comme celled’vn yuroigne ou d’vnphrenetiqne, quilè cuyde eftre en fort bon fens. Mais polTible y a il caché la defibus quelque my-ftere,autre que vous ne penfcz.Car ne vei-lies vous iamais comment les oifeaux de pipee font puis apres fricalfezauffi bicque les autres, mefmc par l’oifeleur ? Qui fait donquesficeux quife mellent de ce me-ftier ne pèlent point a vous accommoder âpres s’eftreferui de vous’Mais Dieu fait ce qui en eft, amp;nbsp;vo’ mefmes deuriez auoir en cela plus d’auis,amp;:deuenir fagepar les exemplesd’autruy. Vous dites que vous auez foyamp; bonne eonfcience contre toutes ces afilidions qui vous menacent, que

vous

-ocr page 33-

A l’Epist. de I. Haren.

TOUS en louez Dieu pour la grace qu’il -vous afaide,amp; amplifiez cela par magnifiques paroles autant qu’il vous eft poisi-blc. Maisievousprie , qiïeftcede lafoy ûns la parole de Dieu’qu’eft ce de la bonne conicience fans la vraye foy,en matière du falut eternel ? La foy certes ne peute-ftre,ne l’efperance encore en lefus Chrift, quand on ne fe tient pas aradreflè de la parole : laquelle vous poure miferable, a-uez lâchement amp;deiloyaument delaiflèe, comme nous monftrerons clairement en lapourfuitedecedifeours. Quanta laco-fcience, comment faut il qu’elle foit cau-terizee, apres auoir fi longtêps faiôt eftat amp;nbsp;pafsé le cours d’vne hypocrifie continue ? En hypocrifie eftudier pour feruir au miniftere, en hypocrifie exercer le miniftere, en hypocrifie vfer du pardon general du D UC d’Alue pour le recouure-ment de ces biens temporels tant petis qu’ils font, en hypocrifie reprendre les erres du miniftere, en hypocrifiefefourrer par tout,amp; diuertir les poures confciences de ville en ville amp;nbsp;de maifon en maifon fous couleur du miniftere pafsé, amp;nbsp;en hypocrifie maintenant contrefaire le Catholic , font ce la atles de bonne conicience?

* •

-ocr page 34-

Response de F. I.

Or ayant reiedé la bonne cofcience vous auez faid naufrage delà foy,encores mef-mes que vous la penlilliez auoir. Voulez vous en auoir preuue ? le fay perlônnes, amp;nbsp;en pourroye nommer , auxquelles en ce mefmesiour voire alamefmeheure que vous partiez de Couloigne pour aller vers le Prince de Parme protefter a fes genoux dcvoftrc miicrable reuolte,auxquelles,di-ie,vousmonftraftesletres, difantquec’e-ftoyent letres de Monlêigneur leD uc lean Calîmirqui vous appelloit par deçà,amp;: que vous acheminiez vers le Palatinat, amp;nbsp;declaraftes qu'on vous faifoit graftd tort d'auoir autre opinion de vous. Mais Dieu, quiconnoift voftre cœur mal inftruit,amp; vous roignons bruflans en mauuaifes af-fedions, n’a point voulu quecefte hypo-Grifie le couuaft plus lon^ temps en vos entrailles : Dieu a eu pitié de fon Eglifc, ladefehargeant d’vn tel venin: qui fait s’il aura pitié de vous, qui elles amp;vousmon-ftrez fi conlîd d’hypocrifieamp; de mefehan-ceté? Aulfi ie ne doute point,que tous ceux qui vous connoilTent amp;nbsp;oyent parler de voftre comportement, n’en foyent venus iufques là,qu’ils le moquent de toutes vos declarations amp;nbsp;proteftations, amp;nbsp;de vous tout

-ocr page 35-

A l’Epi s T. de I. Haren.

tout enfemble. Car que peuuent ils autrement croire .quand ils confiderent quïiy gt;

J r 1 I • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9 ■ Â Tk**

aaelia plus de vint puisque vo n auez raiôt autre mefticr ? ceux qui penfent faire leurs triomphes de vous, les eftimez vous fi belles qu'ils cuydent trouuer de lacon-ftance amp;nbsp;refoluiion en voftre inconftance amp;nbsp;legiereté ordinaire ? le les tiens certes pourgens plus acortsamp;plusauifez que ce-la;car ils pÈuuent bien iuger qu’apres auoir elléfi long temps hypocrite amp;nbsp;enuelopé, vous elles deuenu fi hypocrite, que vous mefmes ne vous connoillèz pas, ne fa-uez pasredrelTer ce qui ell fi tortu amp;nbsp;dc-ceuable en voflre cœur. Apres ces chofes vous faiôles vne'grande protella-tion tant de vollre confeil amp;nbsp;intention, comme du moyen amp;nbsp;de l’adrelTe que vous auezfuiuie pour vous retirer en l’E-glife Romaine. Quant au confeil amp;nbsp;intention,vous dites que vous n’auez point cer-ché richelTes ny honneurs de ce monde, ains auez réputé toutes autres chofes dom mage pour l'amour de Chrill, Vollrc con-fciéce mefme,amp; vos deportemens tefmoi-gnent le contraire. La confcience,Dieu la voit, amp;nbsp;vous la fentez, vueillicz ou non.

Vos deportemens chacun les fait. Car il

** ij

-ocr page 36-

Response de F. I.

n’cft pas croyable que celuy qui s’aprochc toufioursdes grands fanseftre requis, ne cerche la grandeur: cela aucz vous fâiâ. Il n’eft pas croyable que celuy qui fe remue fans repos pour abandôner fon troupeau quad 11 voit la tcmpefte venir,ne cerche lagrâdeur:cela aucz vous faid.Il n’eft pas croyable q celuy qui s’infinue en toutes afaires amp;nbsp;veut mener fes compaignons a la bjigucttc, ne cerche la grandeur : cela aucz vous fai6t. 11 n’eft pas croyable que ce luy qui encores a prefent fe glorifie d'auoir conueifc es villes, es cours, pres des Seigneurs, esmaniemcns,ne ccrchelagran-deur; cela aucz vous faid. 11 n’eft pas croyable que celuy a voulu acouderChrift auec Belial amp;nbsp;retenir fon miniftere deçà, amp;nbsp;Ion patrimoine de delà a tel marché, n’ayt cerché les richellcs: cela aucz vous faid. Qui cft donc I hôme fi abruti amp;def-garni de fens, qui croyevne telle protefta-tion? Quant au moyen que vous dites a-uoir tenu, comme fi vous auicz efte bien aflèuré de v oftre faiél par les faindesElcri-tures amp;: la dodrine des Peres auant que faire le faut, vous le pourrez bien perlua-der a et ux qui le veulct croire. mais a ceux qui vous connoiflent, amp;nbsp;qui fauent que vous

-ocr page 37-

A l’Es P. de I. Haren.

vous auez plus eftudié es letres de nou-uelles,qu’es Efcritures fainâes tout le teps de voftre vie , iamais vous ne leur ferez croire vue telle vanteric: amp;nbsp;aufïi vousa-uez la veue trop foible pour faire ce trauail aflidujfi ie me iouuien bic des plaintes que vous mefmes m’en auez faiôtes autre-fois. D’auantage l’effeôl monftre cobien vous y auez profité par ce prefent difcours:veu quenô feulement vous errez grandemêt, amp;nbsp;vous fouruoyez de la parole de Dieu en beaucoup de fortes,mais auflî que vous n’auez pas elle fi adextre en cefte volhc ab negatio, que vous mefmes l’ayez couchee parefeript. Carâlafalu que vos maiftres i-r en l’EfcoIe defquels vous l’auez faiéfc vous y conduififlènt la main , comme le ftylc monftre ouuertement fans que nous fon-nions mot. Or d’autant que de ceft er- ' reur ou vous elles vous auez trouué bon d’en eferire les caufes principales a ce Seigneur Philippe,amp; d’abondant les faire voler en public pour vn tefmoignagcde vo-ftre reniement,i’ay bien voulu aufïicon-ioindre aux caufes de voftre reniement les caufes iuftes de noftre foy amp;nbsp;refolution,en laquelle nous fommes cofermez par l’autorité de Dieu, de fa fainde parole, amp;: de

** iij

-ocr page 38-

Response de F. I.

l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique : voire confer mcz d’autant plus que nous voyons l’imbeeillité des fondemens que vousie-ôtez, amp;nbsp;du baftiment queleslefuites auec ., nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vous ont dreisé en ce liuret. Car quant a ce

' ’V que vous desl^goulez des paroles outra-geufes cotre ceux làdefquels encouurant voftre hypocrilie vous auez eftécompai-gnon, i’eftime que ce n’eft pas mon deuoir d’y reipondre icy ne par cy apres, amp;nbsp;auffi qu’eux mefmesnes’endoiuétpas foncier, veu que ce fontaccufationsperfonnelles, amp;nbsp;qui ne touchent point droitementa la caufe. Car ce nous fera aflèz, finous défendons fimplement la vérité de Dieu que nous enfeignons, par fa iàinéte parole : amp;nbsp;au relie abllenons de tels outrages amp;nbsp;calomnies contre vous,amp; contre tantilàchas Mftthj.ir que cela mefmcnouseft vntcfmoignagc denoftre félicité, li on dit blafmecontre nous en mentant a l occafion de nollre Sei gneur lefus. Or ie fupplie le Dieu de paix,qui a retiré des morts le grandPafteur des brebis nollre Seigneur lefus, qui paift fes brebis magnifiquement aufangdefon alliance etqrnelle, qu’il deliure fa bergerie des loups amp;nbsp;mauuais ouuriersdeplus en plus,amp;:parfaire les liens en toute bonne œuure

-ocr page 39-

al’Epist. de I. Haren.

ocuure pour faire fa volonté,faifant en eux ce qui eft agréable deuanx foy par lefus Chrift; auquel foit gloire ci fieeles des ficelés. AinßfoiciL

-ocr page 40-

Fautes furuenuesen F imprefpon.

page 9,verf. 9 lifei répugnantes, pag. i i,v. 8 lifez in^i« ^anétifie. p. 2.0,v.iilifczprcfuppofàns.p.47,7. ijlifczlefubieft. p.54,v.vlifezavraydirc. p.63,v.ijli(iz promoteur. p.67,v.iilifezlaglofc. p.88,v.6 liiez déposé, p.89,v.ij lifez comptans. p.98,v.j lifezacompaigne. p. 14x.Ÿ.jlifezadorez. p.i45,v.$lifezLaodicene. p.ijtî.v. »■olifeznneritoitc. p.itfi.v.zzlifezdiftribucr. p.iiS8,v,iy lifez s attachent, p. i o 4,y. i,apres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aiouftcz ftir.

-ocr page 41-

I

LES CA VS ES

I V s T E s ET E QV I-TABLESjQjy-I ONT INCITE* lean Haren, autre-fois MiniRrc Proteftantjde quiter la religion prétendue reformée , pour ièren-ger au giron de l’Eglilè catholique.

ÄEMIEREMENT U dit, tjltc ^°^de il fut fait w nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chresiiendr receuen lafocieté

Ä nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des enfins de Dieu par le Ba-

ts.^sua^)sn ptefne en l'Eglif catholique A~ pofûhque amp;nbsp;Romaine: mais que de fa tendre ieunefè d auroit elié nourri nbsp;infruit es Efo~

les des Proteïians: tant que croiffant en luyle iugement dr Cexperience, ilfeJeroitmis a re-cercher ése(crits des Peres anciens les marques de la vraje Eglif, qui font îaeienneté, Hvnion, lag€neralité,dffuccefton : que iamais il n\uoit fieu trouuer entre le s dit z ProteHans ,ains au contraire nouueauté, partialité, témérité, (fr outrecuidance.

Et dautant que îé vne de ces voyes tire a U

-ocr page 42-

Response de F. I.

w, amp;nbsp;l'autre a la mort, votre a la mort eter-Kelle qu vn chafcun doit auoir foin du falut defôn ame, qui peut trouuer eßrange fi fuyant l tre (f le courroux de Dieu^qui tombe ordinairement Jur les e(J)rits rebelles fr oblîinez^, tlfè joit retiré en ceïieEglif, qui l'auoit engendré a lefns Chriß des le commancement ? laquelle ale conßntement des peuples ft'nations fon autoritéencommancee par miracles^ nourrie ei' eßerance., augmentée par charité, confirmee pari'antiquité, fr a fajuceeßion des (^pofires depuis fat nil Pierre iufijues au iour prefint.

Afin que nous puifTions d’autant plus abréger, amp;nbsp;entrer incontinent en matière qui foit d’édification, nous lai/Tcrons le titre pour ce qu’il vaut: eftans afleurez que la pourfuite de l’œuure monftrera s’il eft vraVjOU quoy. nbsp;nbsp;Pour le premier don-

qucs,nous auons a noter que ce n'cft point lean Haren qui a efeript ce difeours : mais que les lefuites s’elHraans eftre meilleurs amp;nbsp;plus habiles cuifiniers pourluy faire /à faufle, ont drefsélc tout a leur diferetion amp;: auatage. V oy la pourquoy tant icy qu’en la plus gra nde partie de ce difeours on a vsc de ces mots, il dit,ilconfefie, amp;nbsp;autres fem-blables:mais en d’autres endroits ils ont ritrrJft ogt;^’bl!clcur ftyle,amp;difeouru comme fi Ha-renmcfme en eiloitl’auteur,difant,/^[àj

-ocr page 43-

al’Apolocie de I. Haren. 3

tresbten, t ay quot;veu. en mapreCence, amp;c. D’ou

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hATI^^^f^g 9^

meat cela, le vous prie , linon de ce que l^an Haren a done des lopins aux Icfuites, Prattß»nt^ que puis apres ils ont ainli habillez amp;nbsp;rape raflez a plaifir’Car celaeft vn tefmoignage contre les ouuricrs de cefte piece d’ouura-ge,amp; contre Icdicl Haren. Tefmoignage maniferte contre lesouuriers,dc cè qu’ils fe font oubliez lourdement defcouurans leur faulTeié, quand ils ont ainfi changé les perfonnages par me(garde:femblableméc tefmoignage contre Haren, de ce que les Icfuites fes maiftres ne l’ont pas en eftcél trouué fl habile compaignon que luy meß' mes a cuydé eftrc, amp;nbsp;a voulu eflre réputé. Or côbien qi’auroyc quelque choie a dire de la pcrsonc dudit Haré, toutesfois ie m’ê deporteray,aimât mieux qu’il fe done foy-mefme a connoiftre tel qu’il eft par cell efeript amp;nbsp;par tout lôngouuernemêt,q de propofer corne de moy aucû tefmoignage a l’cncStrc de luy. Mais pour venir au premier poinéldeccdifcoursjcs aurcursd’ice luy no’ fcroyët volôtiers croire, q to’ ceux q ont efté reccus enfans de Dieu par le Ba-ptcfmeen 1 Eglifecathol. Apoftol.amp;Rom. font obligez d'vncfûlennclle obligation a l’Eglilè Rom. amp;:q tous ceux qui s’en def'

A ij

-ocr page 44-

4 Response de F. I.

uoycnt ne peuuent tant gaigner fur eux, que leur confcience ne les remorde, amp;nbsp;les rappelle a reconnoiftre pour v raye Eg life celle qu’ils appellent Romaine : corn me il en a pris a lean Haren. Et afin de mieux induire ces faufletez en la telle des fimples amp;ignorans, ils en employcnt deux autres qui feruent corne d’appuy a celle que nous venons de dire : L’vne eft qu’ils confondent toufiours l’Eglife catholique amp;nbsp;Apo-ftolique auec la Romaine, comme fi c c-ftoit tout vn, ne plus ne moins que Ci on di-foit des pois gris amp;nbsp;des gris pois : l’autre, qu’ils maintienent hardimêtque les marques de la vraye Eßlile font l’ancicneté,!'v-nion, la généralité, amp;nbsp;la fucceflîon. Par-quoynous traiterons premieremet de ces deux poinds par ordre : puis apres nous viendrons au but principal de la caufe.

Nous difons donques que cela ne 1« peut faire en maniéré quelconque, que l’Eglile catholique Apoftolique amp;nbsp;Romai nefoit toutvn. Car iamais on ne veitny felon l’ordre de nature, ny felon la vérité de la ftinde Efcriture,que deux chofes c5-traires fulïènt tout vn : iamais aulli on ne veit, amp;nbsp;iamais homme läge ne dit, qu’vnc petite partie du corps foit tout le corps. Or cell

-ocr page 45-

A l’Apologie DE I. Haren, y c’eftvnechofe trcfccrtaine, que celle qui eft auiourd’huy entre les lefuites appellee Eglife Romaine, eftdireókementcontraire a l’Eglifc catholique amp;nbsp;Apoftolique : d’auantage que la vraye Eglife Romaine (carie croi que le Seigneur a encores a Rome des fiens)n’eft qu’vn trefpctit membre del’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique. Pour monftrer que l’Eglifc appellee Romaine, eft contraire a la catholique amp;nbsp;A-poftoliquc, fans aller loin Une faut finon regarder aux noms qui leur apparticnent, amp;nbsp;aux raifons pour Icfquelles ils ont efté donnez. L’Eglifc donc catholique ou v-niucrfelle a efté ainfî nommeepour deux raifons, qui méritent d’eftre bien obfer-uces. Car premièrement fi fous le nom ; nbsp;nbsp;nbsp;d’Eglife catholique nous auons {imple

ment regard a tout le corps des cleus de , nbsp;nbsp;nbsp;Dieu, qui parl’Efpritdefandificationont

. efté, font, amp;nbsp;feront vnis a noftre Seigneur j lefus pour auoir en luy vie éternelle ; ce corps certes eft a bon droit nommé l’E-glife catholique ou vniuerfelle, pourcc qu il comprend tous les mebres de Chrift, J de quelque tépsamp; en quelque lieu qu’ils ç nbsp;nbsp;foyent, tant ceux du viel que du nouueau

[ teftament, deuant amp;: apres la venue de l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A iÿ

-ocr page 46-

6 responsedeF. I.

Chrift, tant ceux qui font au ciel que ceux qui font en la terre. amp;nbsp;de ccfte Eglife nul ne peut mettre autre fondemct queceluy qui eflmis, afauoir lefus Chrift: duquel fondemêt les maiftres maflons amp;nbsp;ouuriers fans reproche font les fainds Prophètes amp;nbsp;Ephef 1,10. Apoftres,comme S Paul efcrit auxEphc-jCoi.},‘o. liens. Secondement li par le nom d’E» glifc catholique nous entédons faire com-paraifon auec l’Eglilè des Iuifs,qui iadis fut enferree dedans les bornes de la terre pro-mife par l’ordonnance de Dieu ; cefte partie de l’Eglife catholique qui a efté catholique ou vniuerfclle depuis le temps feulement queChrift eft venu en chair,eft a bonne caufeappellee catholique en com-parailôn de l’Eglife des luifs. Or comme cefte Eglife pour le regard de fes membres amp;nbsp;de la matière dont elle eft prifc(par manière de dire) eft appellee catholique ou v-niuerlêllc,auflî eft elle nommée Apofto-lique pour le regard de la forme que les ’ fainds Apoftres de noftre Seigneur lefus

* Chrift luy ont donnée par f adrelfc de fon ‘ Efprit en toute leur dodrincamp;: adminiftra don. Car là ou cefte forme d’Eglife eft gardee en vérité, là eft véritablement l’E-glife Apoftolique.amp; au contraire là ou clic n’eft

-ocr page 47-

Â. l’Apologie de I. Haren. 7 n’cft point gardée, il n’y a raison q uelconque dedirequelà foie vne Eglifc Apofto-liquc. Dont auflîviét que les Ancics vou-lans en donner vne regle amp;nbsp;interpretation aiïèuree, l’ont nommee orthodoxe d’vn mot Grec, qui fignifie autant comme ii nous difions, l’Eglifc qui tiêt la droite (cn-tcnce de Chrift amp;nbsp;de (es Apoftres, amp;nbsp;qui a pour fon parti la dodrinc de vérité. Voila le vray allignemét de l’Egliic de Dieu,que l’on peutiuftement dire catholique ou v-niuerfclle, amp;nbsp;Apoftolique ou orthodoxe.

Que fi nous venos a faire comparaifon de l’Eglife Romaine auec ce que delTus, » qui eft l’homme fi delpourueu d’entendement, qui n’y remarque vne merueilleufè diuerfité, dificrence amp;nbsp;contrariété ? Car en prenant l’Eglife Romaine pour cefte hierarchic (commeils l’appellent ) c’efia dire, pour ce corps corn pofé du Pape, du confiftoiredes Cardinaux, amp;nbsp;de leurs autres adherens, certainement cela ne peut eftre le corps des eleus de Dieu comprenant tous les membres de Chrift fans exception ou diftindion aucune. Premièrement ce n’cft point tout le corps : fecon-dement les membres qui y font, ne font pas tous eleus de Dieu, a quoy il n’eft bc-

A iiij

-ocr page 48-

8 Response DE F. I.

foin d’apporter autre tefmoignage que des faélieufès amp;nbsp;partiales elections qui le font auconfiftoireamp;couclauedeRome. D’a-uantage ils ne font pas tous vnis a noftrc Seigneur lefus par l’cfpritde fandificatio. Car s’il eft vray ce qu’on dit ( comme certes il eft vray) qu’vne chofe n’cft plus en e-ftre quand on a ofte les parties principales d’icelle,amp; qu’vn homme n’eft plus quand lame ou la telle ou le cœur en eft feparé, celle ne peut eftre appellee Eglilè catholique qui a perdu la telle: amp;nbsp;faut bien que ceux là nefoyêtpasvnis anoftre Seigneur lefus amp;nbsp;n’ayent l’efprit de fandification, qui ont renoncé en corps amp;nbsp;en ame au Seigneur lefus, amp;nbsp;ont conuenu auec l’E-iprit malin, comme les hiftoires des Papes en font pleines depuis huit ou neuf cens ans en ça. Qui plus eft, s’ils difoyent vray, cene feroit pas merueille fi chafeun cer-choit d’eftre Pape ou Cardinal, comme ils font ordinairement, puis que ceux la par neceflité font l’Eglife catholique , amp;nbsp;n’y a autres eleus de Dieu que ceux qui paf fent par leurs eledions, ou bien par la porte de la Cour Romaine s’en volent en Paradis. Si donques Rome n’eftpas l’vni-ucrs,mais comme vn poind ou cfchantil-

lon

-ocr page 49-

A l’Apologie de I. Haren. 9 Ion de l’vniuerSj comment /croit l Eglifê de Rome vniuerfelle ? fi tous les membres d’icelle ne font pas eleus de Dieu , ny v-nisa Chrift,ny infpirez par I’Efprit d’ice-luy, mais eleus par I’Efprit de fadion, vnis a iceluy, amp;nbsp;infpirez d’iceluy, cornent lau-roit on trouucr,dire, penfer, fongcr choies plus diucrfes,differentes,amp; repugantes? Concluons donques tout a platquel’Egli-fe Romaine, qu'ils appellent, n’cft amp;nbsp;nc peut de faideftre Eglile catholique ou v-niuerfellc, non plus que Rome nc peut c-ftre I’vniucrs: car il n’yamalTon fi adroit; qui puifle baftir 1’vniuers dedans Rome, mais Rome eft baftie dedans rvniuers,amp;: cn vne petite parcelle d’icelluy. Ilya bien plus encores : e’eft quel’Eglifc anciened’I-frael, mcfmc en fon temps plus florilTant, ne pouuoit eftre nommee Eglife catholl-queOU vniuerfelle,combien quelle auoic vn tefmoignage plus aflèuré par l’ordonnance de Dieu en fa Loy, amp;nbsp;eftoit d’vne plus grande eftendue. Quel fonge donques , quelle refucrie nous mettent en auât ceux cy de donner a l’Eglife Romaine vn titre li prefum ptueux, veu que l’o ne trou-ueaucune part nei’inftitution, ne tefmoignage apparent dcl’inftitution d’icelle,

-ocr page 50-

ÏO RESPONCÏ DE F. I.

que fôn cftcndue eft enferrce dedans Jes fept montagnes defquelles S. lean en fon Apo«. 17,,. Apocalypfe parle ? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Or com me au re

gard de la matière amp;nbsp;delà quantité ou efté-duedel’Eglife vniuerlèlle, on ne peutdi-

rc proprement que l’Eglife Romaine foit catholique ou vniuerfclle, par mefme rai-fon aufti difons nous que l’Eglife prétendue Romaine n’eft pas Apoftolique au regard delà qualité ou de la forme eflcnciel-le ( par manière de dire ) amp;nbsp;naïue d'icelle. Car l’Eglife Apoftolique,pour fairecourt, n’a pour fondement que lefus Chriftno-ftre Seigneur; pour forme eflencielle, que l’Efprit d’iceluy infpirant, viuifiant, amp;nbsp;fan-difîât chacun membre d’icelle: pourmai-ftres maflôns,que les Prophètes amp;nbsp;Apo-ftres : pourouuricrsordinaireSjque les Pa-fteurs amp;nbsp;Dodeurs légitimement appeliez de Dieu amp;defon Eglife: pour regle, efqui-çrre amp;nbsp;niueau, que la parole de vérité immuable amp;nbsp;eternelle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le prie mainte

nant toute ame Chrefticnneamp;: craignant Dieu, voire mefme i’adiure les Icfuitcs,qui ont (î bien coufu les caufes de Haren en-femble, amp;nbsp;les adiurc fur leurs confciences dcuantDieu lePcreamp;deuantnoftre Seigneur Icfus Chrift, qui viendra iuger les viuans

-ocr page 51-

A l'Apologie DE I. Haren, h

▼iuans amp;nbsp;les morts en fon apparition amp;nbsp;regne, qu’ils peniènt amp;difent en bonne fby, que font deucnues toutes les chofesfusdi-des en l Eglile Romaine. Nous ne difpu-tôs point des nomsmous ne fommcs point fidefircux de voir contentions amp;nbsp;débats, que pour le nom d'Apoftolic ou autre no’ vucillons quereler fans profit amp;nbsp;fans ccfle. C’elllafubftanccjc’eftla vérité que nous demandons : amp;nbsp;que li nous trouuions en l’Eglifc Romaine pretcdue, nous rcdrions graces a Dieu d'eftre vn auecelleenrEgli-fc catholique amp;nbsp;Apoftolique. Voyons deques comme il en va.

L’Eglife catholique n’a pour fondemêt que lefiis Chrift noitre Seigneur : luy mef-me la did non feulement de fa bouche, mais aufli parla bouche de Dauid, de S. piii.iiVlL' Paul, de S. Pierre, amp;nbsp;des autres Apoftres: Rom.?.«. L’Eglife prétendue Romaine ne s’eft pas contentee de ce fondement, mais y a pose pour le premier S. Pierre, puis les autres A-poftres, coniêquemment les fainds.-brief elle a tellement mis a reculons amp;: débouté le fondement qui eft Chrift, que l’on n’y connoiftplus lefus Chrift entre les fainds, comme eux mcfmes le confcflènt en pro-uerbe commun. Comment donc fubft-

-ocr page 52-

Il Response de F. I.

lom. 8,9. tCor.ijj.

ftcra l’Eglifc Apoftoliqiic en la Romaine, fi le fondement y cft fi mal rccuelli î Apres, l’Eglife Apoftolique n’a pour forme eflcntiellc quel Efpric de Dieu le Pero amp;nbsp;de noftrc Seigneur lefus, qui a infpiré les Prophètes amp;nbsp;Apoftres, voire mefmein fpiréjViuifié amp;nbsp;fandifié de tout temps chacun membre d’icelle . dont aufii diloyert les fainâs Pères au premier concile de Co-ftantinople, leer o'/au Sain^i EJprtt qui ejl Seigneur,quieß'uiuißant^quîproeede du Pe~ re drduFilSyamp;c. fuyuant le dire de S. Paul, Si quelcun n a point [Eßrit de Chriß^ il n'eß point a luy ; amp;nbsp;ailleurs, Ne 'vom reconnoiffe^ ^uou^ point vou^ mefmet^que le^ut Chriß habite en vout ?ßnon que vous Çoyez reprouuez,.

L’Eglife prétendue Romaine ne trouuc point celle forme bonne, mais commande que chacun membre fepaflède l’examen, efpreuucamp; fentimcntde l’Efprit de DieUjdifant que cell prelomption amp;nbsp;arrogance fi aucû fc cuyde ou dit auoir l’Efprit de Dieu.c’eft a dire,pour la bien entendre, tants en fautqu’elle reconoiflepour fiens les vrais membres de lefus Chrift viuans de rElpritd’iceluy,que mefmes elle nere-connoift pas ceux qui font aflbmmez amp;nbsp;endormis pour fiens,mais feulement les

mem-

-ocr page 53-

A l’Apologie DE I. Haren, ij membres qui font morts amp;nbsp;pourris. Car Chrift n’eft il pas noftre vic ? amp;nbsp;le Sainól Efprit n’eft il pas le fel,par manier e rie dire, qui nousgarentitdc pourriture amp;:punai-fieÆt quiconque ne le lent point,ne faut il pas bien dire qu’il foit vn mebre retraché, ou a tout le moins incbre mort amp;nbsp;pourri? D’auatage l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftoli-quen’a pour maiftrcs mafl'ons amp;nbsp;ne reco-noift autres que les Prophètes amp;nbsp;A poft res felon l’ordonnance de Dieu amp;nbsp;l’enfeignc-mentconftant des faindes Eferitures : l’E-glilèpretcdue Romaine en a tuufioursdc nouueaux, qui fe difans eftre fuccefteurs de S. Pierre, maflbnnent, demaftonnent, mouillent, brouillent a leur deuotion. Ce font les Papes de Rome.-qui foy difans a-uoir plenitude de puiflance ( notez que leur humilité eft telle qu’ils lèvantêtauoir plenitudedepuiffànce, mais non plenitude d'Efprit) nefontaucune confciencc dequot; renuerfer le baftiment des Apoftres pour y drefler le leur. Ce qui eft expreflemenç couché en vers Latins enlaglofe desDe-cretales, quand il eft dit Articulosfil»it,ßn~ »dumijue facit generalem : C eft vn ft grand pcrlonnage, qu’il rompt les articles de la foy, amp;nbsp;fait les Synodes generaux. Si cela

-ocr page 54-

14 reséoncedeF. I.

eft vray,certes il n’y a iamais eu amp;nbsp;n’y aura certitude ne veritédu fondement, ne de la forme, nede l’eftat enfomme de l’Eglife Gabt. 5, lo. catholique amp;nbsp;Apoftolique.Car Dieu mef-iTtm.x.B. meseft vérité, amp;efttellementvn Dicuamp;: Iaquei,i7. . / nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

vne vente, quilne peut te renier loymel-me, ny ne veut changer en fon Eglilècho-fequi touchcla véritéamp;fubftacc d’icelle. »Tcfl? 1,3- Qui eft donc le fils déperdition, finonce-luy qui s’attribue plenitude de puillànce pour transformer la vérité de Dieu,amp; fè iouër a fon plaifir de l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique ? Encores faut il entendre, que leur arrogance ne fe contente pas de fé brauer en paroles amp;nbsp;vanter decefte plenitude, ains qu’ilsféployencde faiélrenuer-fans le droiél miniftere de l’Eglife,amp; chan-geans la veiitéde Dieu en menfonge, corne nous le dcclarcrôs es deux poinds qui s’enluyuent. Car l’Eglife catholique n’a pour ouuriers ordinaires que les Pa~ ftenrs amp;nbsp;Dodeurs légitimement appeliez de Dieu en icelle amp;nbsp;par icelle pour l’aftèm-blagedes iainds,amp;pour l'édification du corps deChrift; Mais en l’Eglife Romaine , o bon Dieu , qui pourroit nombrer tarde fortes de loups en place de Pafteurs, tant de fedudeurs en lieu de Dodeurs,

tant

-ocr page 55-

A l’Apologie DE I. Haren. ly tant de marchandifès, trafiques, faóhiops, amp;nbsp;fimonics faides contre Dieu fans iugc-mentjans refmoignage, fans approbation de 1’EgIife: brief tant de ronipurcsamp; def-membrements lamentables qui s’y commettent, en lieu d’vnfainâ:airemblagcamp;: édification? Leurs propres liures tefmoi-gnent, leurs confciences font conuincues, les gens de bien IccofcfTcnt, le mode voit a plei iour q de noftre téps il n’y a pas vn feul de leurs piliers,q. ne foit venu en place par fimonie,fi 1’5 veut examinerleurs vocatios mcfme a la rigueur de leurs jppres Canos amp;nbsp;decrets,que les Papes ont commandez. Finalement l Eglife catholique n’a pour regle, efquierre amp;nbsp;niucau (pa r maniéré de dire ) que la parole de vérité, afauoir la parole de Dieu qui demeure cterncllement.Ie- lean ^.kpas fus Chriftmefme n’a vfé d’autre,le S.Efpric

r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.-J’ I n 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tTidJ.J.ltf.

n e enfcigne port d autre, les Prophètes amp;nbsp;Apoftres s’y font tenus: les fideles Pafteurs amp;: Dodeurs ne peuuent employer autre en bonne confciencc.- L’Eglifeprétendue Romaine enferme ce beau amp;: précieux in-ftrument hors de la veüe des homes, l’en-ueloppe en langage cflrange,dcftnd la co-noiflànce amp;vfagc d’iceluy au peuplczfubfti tue en place de la parole deDieulcstradi-

-ocr page 56-

Response de F. I.

leia j,t. iTim.tjj.

A£b.4,ii.

EphcC 1,14. (win 4,14.

tions humaines : Sé comme fi c’eftoit vn outii qui fe corrompift par vfage, prend l’autorité d'en forger tous les iours de nou-ueaux, ou bien le tord a fon plaifir pour fa commodité; brefellefert le pourcpeuple de menfonge en lieu de vérité, amp;nbsp;plonge ceux la melmes qui fc tiennent a elle en incertitude dedodrines perpétuelle. Caria parole de Dieu eft toufiours de mefme;el-le enieigne toufiours que tout homme eß chair, ^u'ileß 0;»ßeulmedtateur entre Dieu les hommes le [us Chrißhomme^quilnyaau-trenomfiuslecielparleijuel nouspuißtos eßre fauuez. y (jue leÇaincl Eßrit eß le gage cjtie no fis auos de noßre redemption, que Dieu eß Eßrit, C^rpourtatdoit eßre adoré en Eßrit ujerité^ amp;c. Mais la doiärine de l’Eglife pretedue Romaine varie en toutes fortes amp;nbsp;change al’indifcretion des Papes, des Cociles, des colleges amp;nbsp;moineries : amp;nbsp;apres vnefois e-ftrefortie des traces de vérité, enfeigne q toutccqui eft en l’homme n’eftpas chair, mais qu’il a encores derefpritamp;: du franc arbitre ou plus ou moins, felon le temps amp;nbsp;les perfonnes a qui elle a affaire : enfeigne ' qu’ileft bien vrayquelefus Chrifteft feul moyenneur, mais non point total, pourcc qu’il l’eft de la médiation, mais les fainds

font

-ocr page 57-

A l’ApologIE DE I. Haren. 17 font moyenneurs de I’interceflionrelle en-feigneqnousfoinmes fauuez parle nom, merite, amp;: inttrccHion d’autres auffi bien que de Chrilt : elle enteigne que c’eft pre-fomption de cuyder ou croire que nous ayons Icfaind Esprit viuant, habitant cheminât en nous; elle enfeigne que Dieu doit auflî eftre adoré es elemens du mon ■ deouuragede main d’homme,amp; non lt;èu-Icmcc Dieu mais aufli les fainds ; brief elle ramafle vne infinité, vnabifmede fatras, auquel tant s’enfautqu’clle foit confiante amp;nbsp;refolue,qu’elle flotte toufiours en infiabilité,amp;cerche fans ceflè nouuelles inuen-tions en dodrines, regies, amp;nbsp;ceremonies contre la parole de Dieu. Seroit ce donc celle là l’Eglife catholique amp;nbsp;Apofiolique ou orthodoxe, qui a renoncé amp;nbsp;renonce deiour enioura la forme de pieté, abandonne la vérité, amp;nbsp;fe noyé en incertitude? la ne plaifea nofire bon Dieu qui nous a creez,amp;:anofire cher Sauueur lefus qui nous a rachetez de fon précieux fang,nous delaifler en forte, que nous aprouuions ou confentions iamais defaid,de parole,de figne,ou de penfee a vne telle fauflèté «Sd impiété.

Mais s’il plaifi aces Mcfficurs d’enten-B

-ocr page 58-

ï8 Response DE F. I.

dre quand ils parlent de l’Eglife Romaine, le nombre de ceux qui fontaRome,bicn-aimez deDieu, appeliez pour eftrc fainds, amp;cerchans en vn feul lefusleur iufticeamp; vie éternelle par foy ; i’acorderay volontiers a proprement parler que celle Eglifc là eft de l Eglile catholique Ôe Apoftoli-que. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le diray encore plus, que com

me nous appelions cauoufangmelmev-ne goutte d eau ou de fang, amp;nbsp;comme nous donnons le nom d'vntout aux parties d’iceluy que les Médecins appellent li-milaiies, quedonques parmelme raifon celle EgÜle là cil Eglife Apollolique, amp;nbsp;peutellreainlî propremetappellee.entant qc’ellvneEglilècdifiee furie fondement des Prophètes amp;■ Apolires amp;nbsp;conformée a la doctrine amp;nbsp;ordonnance d’iceux. Mais de rappeller catholique il n’y a non plus « de raifon, que li on vouloir donner a vn i ongle de mô corps le nom de tout le corps. nbsp;nbsp;nbsp;1

Donc pour coclufion du premier poin^, ’ c’efl vue chofenotoire a tous, amp;foutien-tesfüis prouuec tant d’années par tant de 1 gens lauans, que celle Eglife Romaine, t de laquelle on lait bouclier fi hautement nbsp;nbsp;nbsp;r

auiourd’huy,n’ell point amp;nbsp;nepeutaucu- nbsp;nbsp;nbsp;c

ne- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t

-ocr page 59-

A l’Apolocie de I. Haren, nement eftre l’Eglife catholique amp;nbsp;Apo-ftolique, comme ainfi ióic qu’elle s’eft indignement amp;nbsp;malheureulemenc retranchée d’icelle: H ce n’eft que par vne maniéré de parler nouuelle, la retailleure des ongles amp;dcs cheueux, ou autres excrc-mens de nos corps foyenc appeliez nos propres corps. Mais la vraye Eglife Romaine, qui eft de prcfent comme vne famille de Noë eftoit parmy le monde ancien, ou celle de Lot au mylieu de Sodo-me, amp;nbsp;de lob en la terre de Hus, eft vra-yemëtcnrEglilc amp;de l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique-

Or nous croyons amp;: confeflbns fuyuant la parole de Dieu , auec les fainâs Peres au Symbole de Nicee, l^ne fainch Egliß catholiques dr s^po^oliques’. nous contentons h bien de celle limple foy que l’Eglife primitiue a tenue, que nous renvoyons au Pape amp;: a lès fuppolls toutes leurs belles rcllriélions : lachans que li Chrift, les Apoftrcsjlcs fainôts peres, amp;nbsp;toute l’Eglife primitiue n’en ontenfeigné ne receu d auantage, ains au contraire ont combatu faindement contre telles traditions,que les gens de bien n’oferont iamais

-ocr page 60-

Response de F. I.

tious condamner pour cela non plus qu« l’Eglife primitiuc,a]a dodrinc amp;nbsp;patron de laquelle nous appelions en tresbonne amp;nbsp;faine confcience pour noftre dcfenfc iullifîcation.

Venons maintenant au fécond poind, pourvoir fi ce qu’ils difenteft vray, que les marques de la vraye Eglife font l’ancicnn e-tc, rvnion,la généralité, amp;nbsp;la fucceflîon. Car prefuppofons que toutes ces chofes competent a l’Eglife Romaine, ils difent haut amp;nbsp;clair que céft la vraye Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique. nbsp;nbsp;nbsp;Or ie demande

premièrement, ou demeure la parole de Dieu ? N’eft ce point merucillc, que les homes'auiourd’huy font venus iufques là, que pour iuger des vrayes marques de l’E-glifc, ils laifient la parole de Dieu,qui eft le fondement afièuré, le tefmoing, amp;nbsp;le iugc diccllcs? Ou plus-toft feroit ce pas merucillc , s’ils pouuoyent rencontrer comme par fonge vnc feule marque d’icelle, quand ils mettent ainfi en arriéré la parole de Dieu? Et voila pourquoy ils difent que c’efteseferits des homes que Haren a ccr-ché CCS marques, amp;nbsp;non pas es eferits des Prophètes amp;nbsp;Apoftres, pour le regard def-

queU

i (

J

lt; 1 1

( c f F

-ocr page 61-

A l’Apologie DE I. Haren, xi quels VEglife fut iadis nomec Apoftolique, comme nous auons clairement montré cydeflus.

Mais bien confiderons leurs marques toutes enfemble, amp;nbsp;chacune d’elles a part: afauoir l'ancienneté, l’vnion, la généralité amp;nbsp;la fucceiTion. T out cela fe trouue enfemble en la Synagogue de Satan depuis la cheute de noftre premier pere, qui ne tarda gueres longtemps apres la creation d’iceluy. L’aflèmblee desCaïnites a eu le péché amp;nbsp;l’erreur en ladoârrinc treian-ciens, amp;: vnis eftroitement en general, amp;nbsp;par fuccelïîon continue de pere en fils. La-ban n’allegue autre argumet contre Iacob, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

quandilveut prendre ferment deluy, di-fant. Le Dieuâ' AhrahAm^ç^les Dieux de Na- CeBtCji,«. thor iugent entre nota •voire les Dieux de leur pere. Demefme vaila rEglifedel’Antc-chrift.qui des le teps des Apoftres, amp;nbsp;mef-me du Seigneur lefusa dreßelemyftere »•ThîÆij’. tommancé tæuure dintquité. Et toutesfois î’Eglifc de Cain,deTharé,ou de l’Ante-chrift flirt la vraye Egide. Que fi en ces chofes là on ne trouue point la propre difference de la faufle amp;nbsp;de la vraye Eglife, pource qua nous trouuosceschofês com-B iij

-ocr page 62-

Response de F. I.

munemet en toutes deux, il faut bie qu’ils nous aportent d’autres marques plus propres amp;nbsp;plus certaines, s’ils veulêt que nous reconnoiflions leur Egide pourvraye. Nous ne nyons pas pourtant l’ancienneté, l’vnion, la généralité, amp;nbsp;la fucceflîon de la vraye Eglilc de Dieu : mais bie difons nous amp;nbsp;maintenons que ce n’en font point les marques neceffaircs. Et de faiél, ü vn luif, ou vn T urc alleguoit l'ancienneté, vnion, généralité , amp;nbsp;fuccellion deleurdoélrine amp;nbsp;prétendu feruice de Dieu, on ne prendra pointées marquesen payement: amp;nbsp;les Chreftiensne fauroyentils alléguer autre chofe pour approbation de leur Eglifc,que ce qu'vn luifou vn Turc peut mettre en a-uant pour preuuc de la iienne ? Que fi on vient dire là defiTuSjque l'anciéneté, vnion généralité, amp;nbsp;fucccîfion ne font pas d’elles mefmes les marques de la vraye Eglife, ains entant qu’elles font conioinéfes a ve-rité:c’eft cela que nous voulôs de par Dieu, ! amp;pourquoy nousfouffrons tousles iours deuant Dieu amp;nbsp;le monde. Car nous en-feignons que l’Eglife eft la môraigne la co -lomne le liege ferme, ou la table ( par maniéré de dire) amp;nbsp;chandelier de vérité, d’ou la vérité reluit en toutes parts. Et de la nous

-ocr page 63-

A l’Apologie de I. Haren, ij

nous concluons : ce n'cftdonc pas l'ancié* neté, vnion,gcneraluc,amp; lucceffion a part, ne toutes enfêmble , qui font les propres marques delà vrayeEgliic:maisIa vérité, la vérité eft la vraye marque d’icclle.- la vérité, di-ie, donnée de par Dieu, receue de rEglife,gardeecn l’Eglife, amp;nbsp;difpenfèepar l’Eglifc en vérité felon l’ordonnance de

: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dieu.

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Orqueftce decefte vérité,finonlapa-

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rôle de Dieu ? comme dit le Seigneur le-

: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fus, SAnElifie le s par ta vérité: ta paroles eß p“”

'vm/e. amp;Dauidparauant difoit, LecheftJe 169.

gt; ta parole c efl la venté. Et pourtant cefte ; eft la vraye Eglife fans contredit qui a la ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vérité; amp;cefteEglifefeelleepar l’Eipritdc

vérité, a pour marques indubitables la vc-

1 hté que Dieu luy a donnée en garde, 1 les exercices d’icclle, a fauoir la vraye in-s nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uocationdunom de Dieu, la predication

', de fa pure parole, l’adminiftration desSa-cremens, amp;nbsp;la difeipline Chreftienne en

I, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la comunion des fainds. Autrement il n’y

s auroit point eu de vraye Eglife du temps - I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’Adam: car la vérité (qui eft éternelle en

Dieu) cftoitlorsnouueau-necau monde, lâns ancienneté, fans généralité, fans fuc-

u ccflîon quelconque. Qiti plus eft, il a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;B iüj

s

-ocr page 64-

24 Response de F. I.

n’y auroit point eu d’Eglife Apoftoliquc du temps mefmedenoftreSeigneur leius, amp;nbsp;de fes fainds Apoftres ou des fainds Peres , que Tertullian nomme Perfonnuges A-foïioliques-.c2.ï l’anciéneté amp;nbsp;autres ne s'y pouuoiêt encor trouuer alors. Or ie vous prie, quel blaf phemc feroit ce, de dire, ou que l’Èglife n’a point cftéen ces temps là bienheureux, ou bien fi elle a efté, quelle n'a point eu fes marques propres amp;nbsp;naïues pour eftre reconnue? Necefl'airement donques nous faut il reuenir a l’autorité de Dieu, qui par fon fainélEfprit nous enlci-gne en fa parole,ce que nous deuons ou re-ceuoir ou reieéter : necefîairement nous faut ilreconnoiftre la vrayeEglife par cc-fte parole de vérité, amp;nbsp;par les exercices d’icelle. Car les chofes anciennes ontquel-quesfois efténouuellesen leur comman-cement : mais la vérité a toufiours efté vérité, lors mefmes quedenouueau elle fut declaree au monde : amp;nbsp;demeurera a tous-iours vérité, non par le benefice des hommes , mais par l’office, amp;nbsp;la vertu éternelle de Dieu. Mais pour entrer particu-leremét en la côfideration de ces poinds, «f'«K dirons nous de ce que Dieu defend ^^Wr^uer l’ancienneté pour defenfe ccr-' taine

-ocr page 65-

A l’Apologie de I. Haren, xj taincamp; preuuedel’Eglife? Cardefaictil ny a hommes, ne temps, ne lieux qui donent autorité a la parole de Dieu, l’autorité eft de Dieufeul,amp;: de fa faindc parole, comme du Seigneur éternel : les hommes, le temps, le lieu, amp;nbsp;autres chofes fêmbla-bles ne font qu’inftruments amp;nbsp;aides feruas autcfmoignage d icelle felon leur petitef-fe. Pourquoy cercherions nous des petites allumettes,quand nous fommes efclai-rczdu grand Soleil de vérité, amp;nbsp;obligez a fon autorité? C’efteeluy a qui ilapartient vrayement de parler ce langage, tuy qftila eße di£i aux anciesynais moyie 'uous

QeßceluyfdiioitS.Cy'^n2xi}duquel nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’’•'P*'

le Perea te[moigné du ciel ,dtJant,Ceßuy cy eß mon fils bienaimé-,aueyueliay prù mon bonplai-fir : efioutez, le. Si doncyues Chriß doit eßre feul efeouté y il ne faut pas regarder a cecydau^ cun deuant nous aura pensé eßre defaire, mais * ce que Chrißa fait le premier cyui eß deuant totts: car Une faut pas fityure la coußume des hommes, mais la 'vérité de Dieu. C’eft celuv qui pour cefte cauiên’a point diet, le fuis lacouftume,ains/f7«4f/4'Vfm(’. C’eftce-luy qui difoit par Ezechiel, 7^ vuetUez, Ezech. i». point cheminer es ordonnances de 'vos per es, df '*■ ne gardez point leurs droùs, amp;nbsp;nefiyez foittl-

-ocr page 66-

Response de F. I.

le Z, en leurs ide les : le fuis le Seigneur uoslre^ Dieu y cheminez, en mes ordonnances, nbsp;gar

dez mes droits dt' les faites. C’cft le mclinc Malach.},/. quidifoitparMalachic, Des les ioursdeuos feres vous aueT^r énoncé âmesfl at ut s, dr nt l^t auezpoint obferuez ; conuertijfez vous a moj^ (fr te me conuertiray a vous dit le Seigneur.

rPiet.i 18. C’cft luyqui difoit par fainél Pierre, fauezcjuevous n aue'^oint eslé rachetezpar chofes corruptibles, or ou argent de vostres vaine conuerfation qui vous auoit esté donnée des peres,mais par le fangprecieuxde Chrtfl^ dre. Que faut il donc tant gazouiller de l’ancienneté, fi on ne monftre enlcmble la vérité? Et defaicl, quand ils veulent faire bouclier de l'ancienneté,ils dc-uroyentpremierement declarer de quelle ancienneté ils parler, afin qu’on ne leur reproche auec raifon qu’ils veulent abufer d’vntelmalquele pourefimplc peuple amp;nbsp;ignorant.Parquoy nous la définirons pour eux, amp;nbsp;la dcfinirôs par les propres paroles de l’auteur qu’ils oppofent auiourd'huy tout ordinairement cotre nos allegations. C’eft Vincentius Lirinenfis, home lauant amp;nbsp;fubtifiqui a vefeu enuiron 43c ans apres la natiuicéde Chrift. Iceluy dit ainfi.-iVöa^e»-fyurons l'ancienneté nous nefôriosen aucu-

nema-

-ocr page 67-

A l’Apologie DE I. Haren, xy ne moniere des fens ou interpretationsdefijuel/es ileß manifeïicijuenosßinlls ance^tresamp;feres ont celehreesNo\\a en bone foy les paroles dudid Lirineßs. Orniaintenac qu’eux nous difent en bonne foy,qui font ces per-Ibnnages quipeuuenc ellre nommez nos fainds anceftres amp;nbsp;peres fans aucune doute ou contradidion. Pour ce faire d’ou co-mancerons nous mieux, finon del’Eglifc Apoftolique amp;nbsp;primitiue ? Car qui font les anceftres amp;nbsp;les peres plus fainds q les A-poftres? Ce font ceux qui ontreceulede-poft de noftre Seigneur lefus Chrift,amp; qui l’ontcomisal’Egliic amp;aux Miniftres d’icelle. Ladonqueseft legifte, par maniéré de dire,amp; la premiere reiôurce de l’ancic-neté. Orvoyosic vous prie,qui en approche de plus près, quelle Eglifc eft plus conforme endodrine amp;feruice de Dieu aux Eglifcs fondées amp;nbsp;gouuernees par les A po-ftres:briefen quelle Eglife la foy amp;nbsp;l’obeif-fance de foy eft plus foigneufemétgardee. Cela fe connoiftra,fi on confidercles marques q nous auons propofees par cy deuat, l’inuQcatiojl^odrinc, l’adminiftratio des y •' Sacremes, amp;i. fobferuation de la difeipline Ecclcfiaftiq fclo la parole de Dieu. Premie rement nous inuoquos vn feul Dieu parle

-ocr page 68-

iS Response de F. I.

meriteamp;r interceflîon d’vn fenl Chriftpar k conduite de fon Efpriten noftre intelligence,c’eft a dire,en langage entendu, corne les Apoftres ont faid amp;nbsp;nous ont en-feignez de faire lêlo l’ordonance de Chrift. Etque font ces nouueaux patrons del’an-cienneté ? Ils n’inuoquent point vn feul Dieu,ny ne font les autres choies que no’ vends de dire, mais felon leurs deuotions particulières,communiquer l’inuocation aux fainds quiapartienta Dieu feul : em-ployent le merite (comme ils difent ) amp;nbsp;in-tercelEon d’iceux, par vnecertaine façon de faire que nous appelions routine, kns qu’eux en ayent l’intelligence, ou la donnent aux autres : ce qui eft diredement contraire a l’ordonnance de Dieu amp;nbsp;a l’ex-rCM.14,1*- cmple dufaind Apoftrequi difoit, Ieren graces a monTiieu que te ^arle plue de langues que'VOUS tous -.mais tayme mieux parler cinq paroles en lEglifè auec mon intelligence^ afin quel inïiruife aufii les autres, que dix mille paroles en langage inconneu. Quant a la do-drine,ie ne vueil prendre que les decrets amp;nbsp;décidons mefmcs des Papes amp;nbsp;les determinations des Cociles, pourmonftrcr qu’ils font aulli difFcrcts des Elcritures Pro phetiques amp;nbsp;Apoftoliques,qu’eft leiour

delà

-ocr page 69-

A l’ApologIE DE I. Haren, delà niiid, ou Ie blanc du noir. Des Sa-crcmcns c’eft vnc vraye moquerie, com-meils les ont desfigurez, corrompus, amp;: mefmc abolis en partie. Quelle fimilitu-dey a il de leur MelFea l’adminiftration de la fainde Cene comme elle a cfté inftituec de Chriftjcelebree des Apoftrcs, amp;nbsp;obfcr-uee entre nous ? QiKlleconuenanceyail entre le Baptcfme qui eft vfité en l’Eglilè prétendue Romaine, commcil eft fouillé de fel, crachat, huile, crefme, cierges, cx-orcifmcs, amp;c. amp;nbsp;entre le fimple Baptcfme des Apoftres laid en eau commune,comme entre nous? N eft il pas plus ancien que l’Eglife communique au pain amp;nbsp;au vin de la Cenc,comme nos Eglifes le font,que de participer fous vne feule efpecc fiiyuantla decifion ferialedu Concile de Conftance, qui eut fon premier commancement le huidicfme Décembre l’an 141 j ; il n’y a en tout que 17 3 ans ? Au regard de la difci-pline, qu’eftee qui eft plus ancien, que de la commancer par les chefs (comme feit S. Paul en l’Eglife d’Antioche) amp;: l’exercer fidclemct entoures chofesfans acception deperfonnes? Et qui ne fait combien cela eftodieuxal'EglifeRomaine?qui mefme depuis le pourchas de tant d'annccs faid

-ocr page 70-

Response DE F. I. ✓

par les Empereurs, Rois amp;nbsp;Princes de la Chrefticccjn’a Eüèl rien que tergiuericr en toutes ces alîemblees de Cociles,amp; mieux aimé brouiller tout le mode en guerres amp;nbsp;diuifions inteftines, quecomanccr vn Icul poind de fa reformation. Tefmoin ce bon Empereur, qui entendat q le Pape vouloic cÔmancer par la reformatio des freres mineurs, dit qu’il n’en viendroitiamais rien, fi ladite reformation necommançoitpar les freres maicurs. nbsp;nbsp;Mais fur tout quelle

conformité peuton fongerentre le iàinét amp;nbsp;vif minifleredes perfonnes appellees,amp; la prefence des images taillées ? L’Eglile ancienne n auoic point d images, ains des fideles feruiteurs de Dieu vaquas aux prières, a la parole, aux Sacrcmens,amp; a l’ordre Ecclefiaftic,fiquc Chrift eftoit viue-ment pourtraid deuat les yeux de chacun. Et maintenant il faut auoir tous les anglets des temples pleins d’images de toutes fortes, voire mefmede DieulePere,qui eft vne intolerable abomination. Si don-quesl’anciêneté eft vne marque delavra-ye Eglife, amp;nbsp;l’ancienneté de l’Eglife primi-tiuelètrouuc en la noftre, quelle raifona l’Eglife Romaine de s’en vater ainfi a pleine bouche ? Quelle Eglife itigera on Ichif-mati-

-ocr page 71-

A l’Apologie DE 1. Haren. 31 manque,celle qui fuit les traces d’ancienneté, ou celle qui les fuit ? Elcoutonsicy leiugementdeceluy qu’ils allèguent tant, alauoir Lirinenfe, qui dit, Si on command ^moßtr des choses nouueUes auecles anciennes., des foraines aux domeïtiejues nbsp;nbsp;nbsp;des profanes

aux famées dors necejfairement ce^ie coutume vient a gh/fr par tout tellement que par apres rien ne demeure en l BgUfè que l'on ne touche, goife,entame,amp;fuille,mais ilnyadelà ena-uantfinon vnbordeau demefehantes (ft^vilai-nes erreurs, ou eft oit parauant lefancluaire dv~ ne chafe vérité amp;nbsp;éloignée de toute corruption. Et fl on dcmâdc ce qui eft de faire en vn tel eftat dcl’Eglife, le mefme rcfpondra pour nous en diîant , t.dilorsle Chreflien cathoUc auifèra de fe tenir a f ancieneté,de laquelle main tenant il ne peut bonnement efre feduiéi par aucune fraude de nouueauté en frtequece Joit. Et pourtant afin de rnóftrerd’autat mieux noftrc bonne cofcienccjnous fommes encores contents de nous ioindre a l’Egliic qu’on appelle Romaine, fl elle fe reforme amp;ioind al’Eglifc ancienne amp;nbsp;primitiuc. Mais fl elle n'en veut rien faire, que polluons nous mieux f lire finô demeurer fermes en lavraye amp;faindeancienneté que Lirinenfe mcime nous côfcille? Car certes

-ocr page 72-

jx Response de F. I.

c’cft chofc beaucoup plus aflèurec pour toutes âmes Chreftiennes de fuyure vnc vrayc, folide amp;nbsp;confiante ancienneté,que de fc remettre a la conduite de celuy, qui cnfèigne que c’eft prcfomption de s’aflcu-rerdefonfalut, amp;nbsp;quivomifTant blafphc-mcs incroyables prononce en ces canons, 2^; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(^VLcßlePape negligent (^rlaÇche en ce cf ni con

cerne le falut de fôy dr des autres^mene les âmes par troupes en enfer pour eßre damnees aaec luy le diable éternellement nul ne le peut reprendre ^pour autant (jue celuy cjui iuge tout le monde, ne peut eßreiugede perfonne.

Voila quant a l’ancienneté : c’eft que nous appelions a l’Efcriture comme les pères, amp;nbsp;enfuiuons les pères felon la mefme E-fcriturc.

Mais quant a l’vnion, il fera aisé de vuy* der en brief ce qu’ils en difènt, fi nous entendons ce qu’ils nomment vnion. Car ilya bien vnion illicite, comme entre les brigands ; Il y a vnion licite, comme entre les marchandsII y a vnion ncceflàire, corne entre les fideles. Or icy ils veulent parler de l’vnion neceflàirc, que leur auteur qu’ils ont fuiui (a fauoir Vincentis Lirinen-ßs} appellentcofentement, en difant,j?Vb«# Juiurons ce conßntement ^ß nous enfutuons e^

Ian~

-ocr page 73-

A l’Apologie DE 1. Haren. 55 tancienneté fusdicîe egalement les definitions amp;auis de toics les CMiniïires amp;nbsp;DoSîeurs0» a tout lemoinspre^cjue de tous. Ccfte vnion donques felonie tcfmoignage dudiâ: Li-rinenlCjConfifte en deux choies .-premièrement en l’ancienneté fusdide de dodri-ncjfecondement au confenteméc des gens fauans, Miniftres amp;nbsp;Doéteurs bien entendus amp;nbsp;refoliis en ladide ancienneté. Si Meflîeurs les lefuites amp;nbsp;autres membres del’Eglife prétendue Romaine ont entre eux vnion hors de ladiéte anciennetéjC’eft vnion de brigands,amp;rEglife Romaineeft vne cauerne de brigâds pour le faire court: ou pour le moins,s’il y en a qui pechent par ignorâce, ceux là font entre eux vne com-paignie de marchands,que S. lean appelle marchands dames. Et d’autrepart, de quelles perlonnes prcnnêtikauiourd huy . leurs refolutions que du conclaue de Ro-. me ? c’eft adiré , d’vn amas de perfonnes . 1 nbsp;nbsp;nbsp;qui ne font en rien moins entendues qu’en

laparolede Dieu amp;nbsp;en l’ancienneté, mais 1 font vrayemét belles çhauflcçs amp;: mitrecs, ignorantes comme afnes,fines comme renards, amp;nbsp;fanglanteTcomc lyons : ainfi que J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rcxpcricnccmódrciourncllcment. Tou-

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tesfois fi nous monftrons deuant tout le

-ocr page 74-

34 Response DE F. I. monde, qu’ils n’ontpoint d’vnion auec la vraye doctrine,ny auec l’ancicnnecé, ny les vns auec les autres, qui eft l’homme de bonfensqui nenousaiuge caufegaigneeî Qu'ils n’ayent point d’vnion auec la vraye doétrinc, nous fauons ia monftré cy def-fus, amp;: eux mefmes l'ont tout bellement y confelTc fans fonner mot, quand ils ont mis en arriéré la parole de Dieu, en parlant des marques de la vraye Eglife d’ice-luy; combien que Lirinenie l’auoit mile deuant toutes chofes pour la premiere amp;nbsp;cllèncielle marque. Qu’ils n’ayent pas vnion auec l’ancienneté , les anciens Peres amp;nbsp;Conciles le monftrent. Car les eho-fes bônes amp;nbsp;fainétes qui y ont efté iadis en-feignees amp;nbsp;arreftees, lônt auioiird’huy no lèulement témérairement abandonnées, mais auHi violées amp;nbsp;fouleesaux pieds du Pape amp;nbsp;des liens malicieufement. nbsp;nbsp;Teß

moins en font non feulement les Tomes des Conciles amp;nbsp;les Ades d’iceux, ou les e-fcriptsauthêtiqsdes Peres, maisauffi ( qui plus eft ) les propres Decrets de Gratian, les Epiftres Decretales des Papes, qui co-batentles anciennes determinations amp;nbsp;e-feritures des Peres, amp;: Ce renuerfent elles meftnes en infinis paffages. Les anciens

Con-

-ocr page 75-

A l’A POLOG ie de I. Haren. 35' Conciles ont défendu les images qui fê puiflent adorer es têples: ceux cy les commandent expres. Les anciens ont commandé la communion des deux elpeces en la fainde Cenc, amp;nbsp;commandé a tous: ceux cy la défendent a tous, excepté aux Prellres. Les anciens ont commandé qu’il n’y euft clerc ou perfonne Ecclefia-ftic qui ne mangeaft de la chair, ou pour le moins vfaft de bouillon de chair pour fuir l’erreur des Prifcillianiftes: ceux cy tout au cotraire. Et qui pourroit amafler toutes les contrarierez qui font entre l'Eglife ancienne amp;nbsp;la prétendue Romaine ? entre les vieux Conciles amp;nbsp;les nouueaux ? Car la vérité de l’Eglife ancienne eft toufiours v-ne: mais le menfonge de l’Eglife prétendue Romaineeft fi diuers, amp;nbsp;a efté tant de fois bigarré depuis quelques cctaines d’an-nees,qu’on n’en peut trouuer fond ne riue. Le Concile de Chalcedone a condamne * Eutyches : le fécondd’Ephefc la iuftifié aprouué. Les Conciles d’illiberis de Francfort défendent les images : Icfecond^ de Nicce en commandel adoration. Le 13 premier de Nicee^ennet le mariage aux'^ prehres ; ceux de Neocefaree, de Mayen-1 ce, le fécond de Carthage le défendent, l

C ij

-ocr page 76-

^6 Response de F. I.

4 Les Cociles de Coftance amp;nbsp;de Bafle met-tent le Pape fous l’Eglife au reng des autres Euelques : ceux de Florence amp;nbsp;de Trente 5* le mettent par deflùs. Le CociledeCar-thagecxcômunieceluyqui î^it Euefque vniuerfel ou Pontife fouuerain.-leConci-ledeTrenteexcomunieceux qui ne tiennent le Pape pour tel. Mais fur tout qu’ils n ayenr pas vnion les vns auec les autres, il ne faut que les chofes de noftre temps pour les en couincre. Car pourquoy eff ce quen'agueres lePape Gregoirexiiiafaiôt re.iiK nbsp;nbsp;nbsp;rcuoir le Droit Canon, lînôpource que fa

confcicceamp;de fesfuppofts trouuoitqu’e-cores auons notisla des armes parla gra-' ce de Dieu fuffifantes pour les confondre? pourquoy y a il faid aioufter, diminuer, chager,amp; brouiller a fon plaifir’pourquoy a fai (St le Cocile deTrente vne cenfure generale fur tous lesPereSjfinon pource q les Peres ne font pas d’vn auis auec les corrupteurs amp;nbsp;brouillons Papiftiques d’auiour-d'huy’pourquoy encores depuis fe font elc uczdes nouueauxmaiftres ingeniaires amp;nbsp;reformateurs de l'anciénetc, q. enforcellêt les Rois amp;nbsp;Princes auec leur faußes inuen-tions ; par lefquelles ils fallifient tout ce qui peut eftre de fainôt entre les homes ? Eftce la donques l’vnion, Meflieurs,q vous nous

-ocr page 77-

A l’Apologie DE 1. Haren. 37 prefchcz tant ? N’eftce pas plus toft vne trefuilaine amp;nbsp;infame dcfunion?n’cft ce pas vn teftnoignage inuincible de voftre con-fcience mauuaife,amp;: cautcrizee’Car pour-quoy plus toft ne retournez vous, amp;nbsp;vous rendez vous mefmes a l'ancienneté, que de la forcer ainfi, amp;nbsp;en elle corn barre la vérité ? Or de noftre part nous auons toufiours efté amp;: fommes encores prefts, Dieu mercy, a moftrer combien foigneu-fement nous nous rengeons fous la vérité, amp;nbsp;nous contentons d’eftre difciples d’icelle, vlàns pour cela en reuerence deuc amp;nbsp;conuenable delà boneadrefl'eque les Pe-rçs anciens nous ont donnée Nous pro-teftons amp;nbsp;affermons deuant Dieu amp;nbsp;les hommes, que nous n’auons autre defir, fi-non que comme nous auons vnion de vérité auec les ancies Peres, auffi nous layons auec tousles difciples de vérité par la be-nediâion de Dieu : voire mcfme auec l’E-glife Romaine, fl elle fe veut amp;nbsp;peut ren-ger deffous la vérité. Mais tandis qu’elle voudra ainfi maiftrifer la vérité comme elle a entrepris, nous fupplions Dieu qu’il nous garde fidelement du viel leuain de ladite Eglife,exhortons les fidelesd’auifer foigneufèment a eux mefmes, amp;nbsp;retenons

C iij

-ocr page 78-

38 Response de F. L en bonne cofciencc l’vnion ferme amp;nbsp;fain-de auec l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftoli-que fans la Romaine.

La troilielme marque qu’ils appellent généralité, eft celicqueLirinenleappclle ‘vnitierfiidi. Nom ^u'juroSyèôX. cefle manie-re lu généralité,fi nom confcffions quecefiefoy fiuleefivraye foy, Lteiuelle toute l'Egltfe pur le mondeconfefic. Celanous faut il bien noter necefl'aircment, poureequeces ruftres vfenc volôtiers amp;nbsp;fouuët de paroles a deux entêtes,afin de mieux enueloperceux qui n entendent pas leur. Latin. Car vn petit copaignon entendroit incontinent par ce mot de généralité,le parti qui a plus de mo-'depourloyiamp;deiàs'enfuiuroit que Noe amp;nbsp;les liens, A braham amp;nbsp;les liens,Elie amp;nbsp;les fiensn’auroyêtpas eulavraye Eglifeentre eux,veu que ce n’eftoit qu’vne poignee de gens melprifez. Mefmesles Gctils auroy-ent eu 1 Eglife entre eux ; amp;; encores au-iourd’huy les Mahumediftes Icporteroy-ent par deflhs les Romanefques, fi on iu-geoitpar lenôbredcs chefs d’vne profef-Luc I i, 31. lion.Iefus Chrift refpond a cela pour nous, dilant Ne craignez, point petit troupeau ; car il apieu a -voslre pere celesie 'vom donner le Royaume eternel. nbsp;nbsp;C.C n eft pas là que les an

ciens

-ocr page 79-

A l’Apologie DE I. Haren. 39 eiens en veulent, parlans delà généralité.-car ils ne parlée pas de la généralité du mode,ne de la pi us grande partie d’iccluy,(qui n’eftpas toufioursia meilleure,)ains delà généralité derEglifc; non pas de l’Eglifc Romaine, mais de toute l’Eglilê par tout le monde .-non pas de la généralité del’E-glifeenfoy,maisdcfa généralité enfoy. iedi en celle qui feule efl:vraycfoyamp; immuable éternellement. Voircen telle forte,que quad route l’Eglife fouruoyeroit de lavrayefoy,amp; vne feule famille ou meP me perfonne confifteroit amp;nbsp;fe tiendroit en icelle, toufiours ceftuy cy auroit la genera-lité.-car il auroit l’vnion amp;nbsp;l’ancienneté par deuers foy , cependant que les autres Ce fouruoyent en nouueauté. Et de faicl Li-rinenfe ne dit pas, que cefte généralité regarde a la foy que l’Eglife Romaine con-felTera comme il luy plaira,mais bien a cel-le que l’Eglifepar le monde confejfe, c’efta dire , qu elle confefloit en fon temps, auquel temps l’Eglife cftoit fans comparai-fonplus nette amp;nbsp;éloignée de toute corruption amp;nbsp;fauflèté. Car il viuoit du temps dcTheodofe amp;nbsp;Valentinian Empereurs, amp;nbsp;efcriuitfon liure trois ans apres ce noble Conçile d’Ephefc qui fut tenu contre

Nefto-

-ocr page 80-

40 R E s P o N s E D E F. I. Ncftoriiis ,cnuironran4 jo apres la nati-uité de noftre Seigneur lefus. le laide inainrenâtiuger toute perfonne Chreflic-ne,s’il y a raiion ou apparence aucune de fe vanter a tel pris delà généralité, quad il n’y a par deuers eux ne parole de vérité, n’an-cienneté, neconfentcmentgeneral qui fe puiflè monftrcr auec la vérité amp;nbsp;ancienneté : amp;nbsp;fi ce n’eft pas plus toft vn faux-vifagc de pieté pour esblouyr le poure peuple i-gnoranr,comme ces gens font maiftres en ce meftier.

Reftelaquatriefme marque fclo le dire de cesMeffieurs,qu’ils appellent fucccfîio. Or il cft a noter que Liritienfis-, duquel ils ont extraict toutes ces marques a leur auis, n’a pas efié fi belle qu’il ayt faiél d’vne mar que deux,corn me l’onfaiélicy. Car l’antiquité amp;nbsp;la fucceflîon ne font qu’vnc feule marque : veu quel’atiquitéen toutes cho-fes humaines prefuppofe lùcceflion, la fucceflîon ne fut iamais que de l'antiquité ou des chofes qui ont ia parauat eflé.Pourtant ce bon perfonnage fe cotentoit de dire parlant de chacun Chreftien, Il fautdi-ligemment prendre garde en l'Eglife catholi-que^ijui notfi retenios ce ijtà a eße créa par toutf touÇiours, amp;nbsp;de tota ccß a dire, la généralité lanti-

-ocr page 81-

A l’A pol OG ie de I. Haren. 41 l'antiqi!itc\ôquot; le conÇentcment ou quot;vnion enfoy. 11 ne met pas vnmot delà fucceflion. Mais encores, posé le cas que nous leur pardonnions ce vain babil amp;nbsp;redite ouda-cieuferqucgaignerontils auecleurfuccef-fion? llsfaucnt bien que toute fuccefliô cil par nature, ou par ordonnance amp;nbsp;inftitu-tion. La fucceflion ordinaire dumodceft par nature :1a fucceflion del’Eglflèeftpar l’ordonnance de grace. Puisqu’ils pretender fuccefllojor fus, qu’ils nous en mo-ftrent l'ordonnance. Ils n’en fauroyent ho-neftement produire d'autre,que celle de la parole de Dieu comprile au vieil amp;:nou-ucauteftamet. Ccftuylà eft le vray inftru-ment, le document, amp;nbsp;les letres denoftre fuccelTion. Or en ces letres on ne trouuera pas vn feul mot qui comande ou promette a lEslifeChreftienne aucune fucceflion de lieu,ou de perfonnes.S’ily auoitfuccef-fiô de lieu particulier,ce feroit iudaizer de rechef: caries luifs auoyentfucceflion au temple de Dieu amp;nbsp;en Ierufalem,que Dieu a depuis débouté, comme il auoit diâ: par fes Prophètes. Etd auatage l'EglifeChre-ftiéne ne feroit plus catholique ou vniuer-Iclle.'car ce font choies répugnantes qu’el-le foit efpanduc en rvniuers,amp; cnferrec en

-ocr page 82-

41 Response DE F. I.

quelque place d’iccîuy. S’il y auoit fuccef-fio periônnelle au miniftcrc d’icelle,il fau-droicqu’elle fuft ou felon la fuite naturelle degeneratiô pour fucceder de pereen fils: (,or les Miniftres de l’Eglife Romaine n’ot point de generatio:s’ils en ont,leurs Canôs les excluct corne badardsde toute fuccef-fion) ou qu’elle fut felon quelq fpeciale in-ftitutio ordonance, q ne le trouue point es laindesEfcritures.Si donques lafuccef-fion de lieu ne de pcrfonnesn’efl de valeur aucune, amp;nbsp;ne peut eftre ferme par le tefta-ment de nolbeSeigneur lelus, querefteil autre chofe finon vne fucceflion reale ( corne on appelle)aux droids amp;nbsp;biens qui no’ font léguez par ledid reftamct,amp; aux conditions diceluy î Produifons nousletefta-ment comme heritiers deChrifl îreceuos nous les droids par foy ? tends nous les co -ditids d’iceluy en obciffance de foy?repre-fentons nous iournellemct a l’Egliie la fub-ftancede ceteftament pour engêdrerdes enfans, les entretenir par le faind mini-ftere amp;nbsp;dilcipline Ecclcfiaftiq en la cdmu-nion des faindsj'autant ferons nous fuccef-feurs de Pierre ondes autres Apoftres en lEglifè de Clirift quelque part q no’ foyds, qu’Euodius a efté fuccelTcur d’iceluy en

An-.

-ocr page 83-

A l’Apologie de I. Haren. 45 Antioche ,amp; Linus ou Cletusfcomeils di-fenr)aRoiTie. Mais fi le teftamêt de Chrift eftfalfific amp;deboute en mille fortes, fi les droits en font abolis, les conditions eftein-tes, le miniftere védu amp;nbsp;perdu, corne il eft en TEglifè prétendue Romaine: vrayemec pouuons nous bien dire qu’elle n'a pas fuc-cedé en la vocatio de Pierre depuis s’eftre ainfi corrôpue, mais en la perdition de Simon, Carlafucceflïon cftcnla parolede Vérité,hors laquelle il n’y a anciéneré,vnio, negeneralitc qui vaille; corne tresbienen parloir Hirenee difant, q ceux qui femblêt vrais Prefi:res,ne le font pas toutefois, mais ceux qui gardent la doélrine des Apoftres.

lufques icy nous auons demonftré, que felon ladoéfrine de vérité qui eft ferme a toufiours, amp;nbsp;receue par tout amp;nbsp;de tous les difciples de vérité, nous auons l’ancienneté, rvnion,amp; la généralité en fucceffion droite amp;nbsp;legitime : au contraire que l’Egli-fe Romaine s’attribue tous ces titres a tres-faufiès enfeignes, puis qu elle renonce amp;nbsp;combat a outrance la vérité immuable de Dieu comprife en fa parole. Et par confe-quent, que nous auons vraye communion auec Dieu amp;nbsp;auec fes fainéis en l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique, ainfi quel’Efprit

-ocr page 84-

44 Response DE F. I.

amp; la parole tleDieu nous en redent aiïeuré tefinoignage. Ce n’eft doc pas nouueautc, (comme Haren reproche ) ne partialité, ne témérité quimafntenat eftbla(mee en nous^puis que nous fuiuons Sc faifons pro-fedîonpar la grace de Dieu de la vérité e-ternclie d’iceluy, quielltrefanciéne, touf-iours de mefmc, amp;nbsp;fèmblable a foymefmc en tout amp;nbsp;par tour. Cede vérité eft nou-uelle au iugement de l’Eglifc preteducRo-maineamp; eft blafmeediuerfemét en nous, corn me iadis eftoit blafmee la doctrine de Chrift amp;: de fes Apoftres en l’Eglife des luifs. Dieu qui en eft le iuge, amp;nbsp;qui def-couuretout aclairfon iugement en là parole , face la grace aux âmes fideles amp;nbsp;qui cerchent la vérité fans partialité, de luger vn droit iuçement fur cela: amp;leur vueil-le donnera celle fin Efprit de prudence amp;nbsp;dedifcretion,pour reconnoillre la vérité en fon Eglife ôâ es mêbres d’icclle, l’em-braller en pieté.

Maintenant il eft ailé a voir par les choies lùsdiéles cobien eft mal fondé le dire de Haren amp;nbsp;de fes peres lefuites, quand ils nous veulêt faire croire que tous ceux qui ont eftéreccusenfans de Dieu par leBa-ptefme en l’Elglife catholique Apoftoli-que

-ocr page 85-

A l’Apologie DE I. H AREN. 4j que amp;nbsp;Romaine,font obligez a l’Eglife Ro maine d’vne folennelle obligation. Car premièrement, nous auons fuffifammcnc monftré que l’Eglife catholique, Apofto-lique,amp; Romaine n’eft pas tout vn: dont il s’enfuit que nous pouvions bien eftre obligez a l’Eglife cathol. amp;nbsp;Apoftol. fans eftre obligez a la Romaine: voire(qui plus eft)q 'par l’obligation que nous auons a l’Eglife catholique amp;nbsp;Apoftolique, nous fommes tenus deuant Dieu de n auoir aucune telle obligation entiers celle qui fe nomme E' glife Romaine, puis quelle fait vn fchifme amp;rompurefi pernicieufeôô deteftableen l’Eglife de Dieu. Et puis,en vertu dequoy fommes nous obligez? de ce que nous a-uons efté receus enfans de Dieu en l’Eglife par le BaptefmeEt certes c’eft bien rai-fon;vcu que l’Eglife catholique amp;nbsp;Apofto-liqueeft la mere de nous tous que nous luy Galat. 4,ilt;. foyonsobligez.commeDauidaulTilepro- Pûl. n.«-,?. tefte de foy. Mais toutesfois quelque impudence qu'ils ayent, fi n’oferont ils pas dire que nous foyons plus obligez a la mere qu'au_pere, a la femme qu’au mary. Le Pere c’eft Dieu : le mary,c’eft Chrift; la mere de nous tous amp;nbsp;vraye efpoufe de Chrift, c’eft l’Eglife catholique amp;nbsp;Apofto-

-ocr page 86-

46 Response de F. I.

lique: la mere amp;nbsp;Ies enfans font infînic-menr obligez au perc; la femme infinie-ment obligee au mari.Elle doit routes cho-Ics au Perc amp;a noftre feigneur lefus. Ce doc que nous luy deuons,nous le deuons a Dieu, encores d’auantage. Que fi le benefice de la creation amp;nbsp;redemption, le contrad öd le mariage fpiritucl oblige l’E-glifeSd chacun defes membres du tout a Dieu, ferions nous fi defpourueus de fens, que nous pcnfiflios cftre plus obligez a l’E-glifc qu’a Dieu? Que fi nous ne fommes o-bligez a l’Eglifc finon de par Dieu, amp;nbsp;tant qu’elle fe tient a luy comme a fon pere,amp; a Chrift corne a fon efpoux,corn bien moins feros nous obligez a vnc Eglife particuliere ? Et encores par delTus tout cela, côbien moinsavnelchifmatique, comme la Romaine fe mô(lrc,qui en cela mefme fe mo-ftre fehifmatique, qu’elle preted que nous luy fommes obligez par leBaptefme,amp; cornet en cela horrible facrilege contre Dieu Sd contre l’Eglife vniuerfelle. Finalement le feul moyen par lequel elle pretend que nous luy fommes obligeZjCftfuffîlânt pour rabatte leur dire. Carde direquenousluy fommes obligez par le Baptefme, c’eft vnc fauficté infupportable. Le Baptefme n’eft point

-ocr page 87-

A l'Apologie DE I. Haren. 47 point de l’Eglife Romaine, nymefmes de l’EgliCe catholique,ne des fainds Apoftres de Chrift:car(comme il eft eicript) Paula.il Cor. 1,13. eflé crucifié^etir vou^ ? ou auez, 'vou^ efiébafti-z,€z au nom de Paul? A eft de Dieu, amp;: eft ad-miniflré en l’Eglife au no de Dieu : il nous oblige donques a Dieu en fon Eglifc proprement amp;nbsp;de foy.-mais a l’Eglife il ne nous oblige,finon entant que Dieu eft en l’Egli-fcgt;amp;que l’Eglife oit la voix de fon Pafteur amp;nbsp;le fuit. Et de faid l’Eglife eft la maifbn, amp;nbsp;la cité de Dieu: leMiniftreeftl'ouurier amp;nbsp;difpcnfatcur des myfteresdeDieu.Par-ainfî l’obligation que nous paflonseft en-uersDieu purement amp;nbsp;fimplcment,tout ainfi corne celuy qui fait fermer a fon Roy ou Prince es mains d vn Lieutenant en la maifond'iceluy,ne s'oblige pas pourtatau-did Lieutenant ou ComifTaire n’alamai-fon d’iceluy,mais a fon Roy ou Prince fou-uerain.Côbien que nous ne nyons pas que le Chreflien foit oblige a l’Eglife de Dieu, mais c’eft apres Dieu amp;nbsp;felon Dieu : tout ainfi corne fê fuied eft obligé au Lieutenat de fon Seigneur, mais apres fondid Seigneur amp;nbsp;Prince fouuerain, amp;: feloniceluy. Que fi quelq choie eft impofee au fuied qui tende cotre fon Seigneur, l’obligation qu’a le fuied enuers le fouuerain,demeure

-ocr page 88-

4^ Response DE F. I.

ferine, amp;nbsp;celle qu’il auoic enucrs l infe-rieur eft nulle. Ne plus ne moins aullî le fidele demeure oblige a Ion Dieu, amp;nbsp;na pas vn feul brin d obligation entiers 1 Egli-fc ou le Miniftre qui le veut bander contre Dieu. Or d’autant que cela eft familier amp;nbsp;a efté amplemct declare par les anciens Peres, meimement contre les Pelagicns qui ont iadis enfanté vnc bonne partie des fondemensde 1 Eglife prétendue Romaine qui eft auiourd’liuy , nous ne feronsicy plus long propos fur celle allegation.

Seulement pour conclufion nous dirons qu’il y a pour le prefent trois fautes cômu-nes, qui retiennent les perfonnes enforcc-lecs en quelque opinio de l Eglife Romaine, amp;nbsp;de leur obligation enucrs elle:alà-uoir faute de doélrine, faute de jugement, amp;nbsp;faute de bône volonté. Le pourc peuple a faute de doélrincen ceft afairc : car ceux qui deuroyent parvne doélrinefiû-ne le côduire au royaume de Dieu, n’y entrent point eux mcfmes, amp;nbsp;I cngardct fort foigneulcmcnt d’y entrer. Faute de iu-gement eft en ceux, qui ayans goufté l’vnc doélrine amp;nbsp;l’autre, ne fé peuucnt refoudre en eux inclines felon Dieu, mais font touf-iours efooutans ou cerchans,amp; cependant ne

-ocr page 89-

A l’Apologie DE I. Haren. 49 ne peuuent iamais paruenir a vne certaine amp;nbsp;{ólideconnoilFancede vérité; Tel acfté ce miferableHaren(commeieraycóneu) vn long temps de fa vie. Fautedebonne volonté eft en ceux, qui connoiilâns tref-bien le droit de Dieu amp;nbsp;l’autorité de là fainclc parole en fon Eglife, combattent ceneantmoinsDieu,(a parole,amp; fonEgli-feenfemblCjeftäscouuerts du faux-vifage de l’Eglife prétendue Romaine: comme font auiourd’huy les peres de la focieté de , lefusfcar ainll fe noment ils)amp; autres leurs adherans:qui fachans que l’Eglife Romai-ncn’eft ne catholique n’Apoll:olique,que . la parole de vérité efl: la regle amp;nbsp;marque m-fallible delavraye EglifecatholiqueA-poftolique,comme nous auons demollré, brief q Dieu c(H’ au teur, defen feu r 1 uge de fon Eglife, qui retiêt de toute ancicneté partout le mode l’vnion amp;nbsp;confentement delà vraye dodrine en fa parole; ne biffent point pourtâtd’eftre a gages amp;nbsp;aufer-uice de l’Eglifeprétendue Romainecon-tre la vérité de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;OriepryeDieu

qu’il face luire amp;nbsp;rclbnner haut amp;nbsp;clair là lainde parole pour en adrelTcr ôd inftruire les liens,amp; conuincrc les autres a la gloire: failànt que nous nous lentions obligez,

D

-ocr page 90-

yo Response de F. I.

rendions le deu de noftre obligation a qui nous ionimes obligez, amp;nbsp;reconnoiflions en vérité,qui eft celte poure amp;desbauchee Eglife, qui s’approprie amp;rauit afoy toute l'obligation des Hdeles a l’encotre de Dieu, pour nous en garder diligemment fclon Dieu. Quant aux blafmes que Haren im-pole a l’Eglife qu’il appelle des Protellans, nouueauté,partialité,témérité,outrecuida ce,efprits rebelles amp;nbsp;obftinez : pource que défia en partie ils font rembarrez cydcllus, amp;quecy apres la matière mefme donnera aconnoiltrelecontraire; cenous eftaflez pour maintenant de les nyer en bône con-fcicce.Et fur cela pryos les Leéleurs Chre-ftiens non feulement de confiderer ce dire cômun,que perfonne ne feroit onques iu-ftifiés’il ne tenoitqu’a accufer,mais aulE défaire en celte caulèceq les chicaneurs feroyent pour vne caufe de trois fols ; c’eft a fauoir qu'ils fufpendent leur iugemenc pour ouyr nos refponfes fans pceiugé.Dieu au relte,qui eft Dieu de vérité, vueille toucher les cœurs de tous, a ce qu’ils donnent functementlieu a là vérité en fa crainte.

Secondement ildit d'auotr exercé la charge dit ministère eninron i S ans., tantoßes villes, tantoßes Cours de quelques Seigneurs ou leurs

SynO'

-ocr page 91-

A l’Apologie DE I. Haren.' yr Synodes I enuoyoyent-. m.ils Dieu ri uur oit ia-mAis permis quefÀ confcten ce fuß en repos pour lesraifonsqui (iiy tient.

le voiencepeu de paroles trois chofes remarquables, premièrement menfonge manifefte,qu’il ay t exercé la charge du mi-niftere:çar il a exercé vne marchandilê indigne, comme vn mercenaire, en lieu du minifterc ou il fut appellé. Secondemêc vne extreme ambition, comme ü iamais n’auoit ferui en bourgade ne village qui foit, mais des le comancement les villes amp;nbsp;les Cours feferoyct fenties fauorifecs d’v-negrace (peciale de Dieu,d’auoir ouyla voix d’vn tel mercenaire que luy. Tier-cemét, vne hypocrilîe incroyable cinq ou fix fois aulfi longue que celle de ludas.Car s’il aefté dixhuiétans prefehanten douce deconfcience,ildoit bienauoir efléconfit! en hypocrifie fur la fin de fesiours, ayant en priuéamp;en public fi refoluement affermé, proten:é,amp;: maintenu ce qu’il ne croyoit point. Et qui croiroit maintenant aux proceftations de fa bonne confcience, contre laquelle ilconfefieauoir cobacuamp;t prefehé l’efpacc de dixh uit! ans? Veu mef-memét que quad il fut chargé d auoirellé en fa ville de Valencencs pour ioiiyr du

D ij

-ocr page 92-

P R ESPONSE DE F. I.

pardon publié par le Duc d'Albe amp;nbsp;cftrc reftabli en fes biens, il elcriuit a M. lean Taffin le quatriefme lanuieripy, pour le iuftifier d’vn tel blafmCjCn ces termes : l'ay f référé la maifon de Dieu amp;nbsp;prefer er ay toute ma we atout ec ejue la chair peut fuhaittertcy bai y quot;voire a mawe mefme-. lacjuelle cent foif fortifié de l'Esprit, îay expoié depuû trocs ou e^uatre mois en cà pour fer utr a ï Eglifi dc-J ÏDieu tant amp;nbsp;tant affltgee en noltre 'Ville de Fa-lencenes. One pryç_j toutes bonnes perfonnes qui du pafé montconneu conuerjant en la maifon de Dieu, quot;vouloir eltimer de moy ce que te m'affeureque Dieu accomplir a, a fauoir I'n de fir de luy eltre a iama'a Jeruifeur^dnviure cfi mourir en [àmaifon fànsiamais rien quit er de fa 'vérité connues. Finalement pour le comble detout.quetous Clireftienspreneur ce miroir deuat leurs yeux delaiufte vengeance de Dieu qui pourfuit,amp; du ver qui ronge la côfcience de ceux qui cheminent en vanité;ambition,amp; hypocrifie de-uant Dieu amp;nbsp;les homes. Voicy lean Haren auec fes Iefuites,qui confefle que Dieu n'a jamais permis que fa confcience futen repos (o iufte vengeance de Dieu !) pour les raifons qu’il expofera cy apres. Et quelles raifons? nous les pourfuiuros par ordre,

Dieu

-ocr page 93-

A l’Apologie DE 1. Haren. y5 Dicuaydant: mais iedcfircqiielcsgensde bien nocec par prouifion,que toutes les rai-fons qu’il allégué prouienêt ou de fon igno rance (quoy qu’il ayt voulu contrefaire de-uant les gens (impies vn fauat perfonnage) ou de fon ambition, ou de fon liypocrifie, ou d’vn appétit abandonné de mentir, corne la pourfùite de fon liurele monftrera. Penfez vous dôques, Meflieurs, que Dieu vu eille auoir de tels feruiteurs amp;Miniftres en so Eglife?Luy qui n’a pas voulu employ crie bon Moyfe en fonœuure fansqpremièrement il n’eufl: circoncis fon enfant Exo. 4,14-amp; repurgé fa maifon,cornent fupporteroit il a toufiours tels inftrumêts au fcruice d’icelle ? Qui eftdonc l’homme de bon (èns, qui trouuera eftrage que la cofcience d vn tel perfonnage n’ait point eu de repos? que Dieu l’ait pourfuiuie amp;finalemêt defeou-uerte’Ains au côtraire,quine s’efmerueil-leradela lôgue attente amp;nbsp;paticcedeDieu enuers des creatures fi ingrates? Mais e-feoutons Haren déduire par ordre toutes fesviues raifons.

Premicremet illuy Çcmbloit lt;jue ceuxdeft^fteli ilattoit reccu l'impofitton des mains, ores ejti ils fuffènt les premiers Minières d entre les Proie-ftanSy n'elioyent vrais ny legitimes feruiteurs

D iij

-ocr page 94-

54 R ESPONSE DE F. 1.

de Dieu. Car comme les Peres anciennement ■four discerner les vrais Paßeurs d etre les mer-cenaires^ont toußours proposé ces deux marques trefeertaines^ la Succeßion lu Vocation ßans lelquelles auvraydtre iln'ya point de legitime ministère en I' Egltß de Dieu-, fôuuent ils'eß en-quis yvoiredes plus vieux amp;exercitez.Mini-Jiresd entre eux-, quepuis qùils reicht opent du tout ceïte Egliß ancienne_j de qui donquesils tenoyent leur vocation drfitceeßton. D'auoir jitccedc parvne vocation ordinaire dr cousiu-miere en i'Egttß aux lt;^poPlres (ßaleursdi-fiiples, ce_^ßrott vne trefgrande^ témérité a eux de s'en preualoir-, außi ne le font ils pas^ à mon anis. De dire qu'ils leur ont Juccedé extraordinairement pour reformer les alousde l Egliß comme ils dfent il le faudroit mon-firer par miracles faicis entre eux par vifons, reiielations, ou par certaines predictionsßgt;e-cialesdes chofes futures^ concernantes l'execution icy loasduiugement, ou des promejfes de la mifericordede Dieu, tant en general quen particulier : ainß qùancienement es vocations de C^îoyfe df d'c_^aron^de Samuel^d'ijaief

leremie, amp;nbsp;autres Jer ut leurs de Dieu. Mais ou font les miracles qu'ils ont faicls ?s’ en ireu-ue il vn fui ? Ils dißnt qu'on n a befoin dc^ miracles autourd huy, Quy bien pour authentiquer

-ocr page 95-

A l’Apologie DE 1. Ha REN. yy ü(fuer t Euangtlç^ amp;doEirtne des t^iposires^ laquelle-^ nous confejjons auoir estéajjè'^^au-üoriT^e^ far ftgnes miracles : mais tl cfi que^ion de leur 'vocation, quils di/ent est re extraordinaire^. Oufè trouue il ejcrift es Uur es des Prophètes lt;^foHres, qu’ily ait eu en tEgliß vocatio extraordinaire receuefans marquee amp;nbsp;afrouuce four Is moins far I'vn de ces moyes jus nomesv Mais a la 'vente ils not iamaisfceu(oudreafacon cePtequeftion. .^ueß ils nefeuuent frouuer leur (ucceßion amp;nbsp;'voca-tw.pourquoy frejchet ils ? fourquoy (eßfaret Hs de l’ancienefucceßio des AfoPtresfourfairefeiles a fart amp;nbsp;rlifre l'vnitc de t Egli(e? fourquoy dreßent Hs autel cotre autel, dechaßas auec forces amp;nbsp;violences les vrays amp;nbsp;legitimes Paßeurs?

cßre

La premiere caufe pourquoy la cófcien-ce de Haren n’apeueftre en repos tout le teps de fon miniftere, eft la doute de fa vo-cation.Car il argumêtoit ainfi : Il n’y a per-fonne (corne diloit Ladace) qui puiflè doner a vn autre ce qu’il n’a point : Ceux def-quels i’ay receu l impol'itiodes mains n’ont pas eu cela, qu’ils fullènt vrais amp;nbsp;legitimes feruiteurs de Dieu ou Miniftres de fon Eglife : il s’enfuit donques qu’ils ne me l’ont peu donner. Qu’ils n’ayent pas e-fté vrais amp;nbsp;legitimes Miniftres, il le penfe D iiij

-ocr page 96-

^6 Response de F. I.

prouuer diïànt : car il n’y a en eux fucceflîô ne vocation quelconque, ordinaire ou extraordinaire. Vrayenaent c’eft vn difciple merueilleufement ingrat,qui recompenlè de telle monoye ceux par leiquels il a profité , ou pour le moins a peu amp;nbsp;dcu profiter s’il n’eulitenuenluy. Maislaiflônslefaiél là pour ce qu’il vaut, amp;nbsp;traitons le droit de cefte caufe. Nousnyons hardiment amp;nbsp;en treshone confcience ce qu’il dit contre lesmaiftres,s’ilcuft voulu eftrebon difciple, amp;difons quec’eft vne calomnie eui-dente. Et afin que nous n’allions point loin ccrcher preuue de noftre dire, nous prenons la propre preuue de Haren pour ve-rifierladefenfed’iceux.Carnousdifons au cotraire: Ceux qui ont fucceflîon amp;nbsp;voca-tio ordinaire ou extraordinaire, font vrais amp;nbsp;legitimes N|*Eiiftres : Or eft il ainfi que ces bons perfonnages,dont il eft queftion, ont eu fuccelfio amp;nbsp;vocation ordinaire. Qui empefehe donc qu’ils ne foyêt tenus pour vrais amp;nbsp;legitimes Miniftres (corne ils font) finon la malice coniuree de ceux qui ne veulent point voir en plein midy?

Venons donc maintenat amonftrer que lesdids perfonnages ont eu fucceflîon amp;nbsp;vocation ordinaire. La vraye fucceflîon

amp; voca-

-ocr page 97-

A l’ApologiedeLHaren. yy amp;nbsp;vocatio legitime eft auouee meftnes en I’Eglifc Romaine , amp;nbsp;eft reconnue pour vraye, fi elle eft inftituee de Dieu amp;nbsp;déclarée par iugement ordinaire del’Eglifeon dequelque Vniuerfité.comme nous fauos que de longtcpsen la Papauté leur ordre Ecclefiaftic a faict les Preftres,amp;lesDo-«fteursontefté faiótsamp;r creez es Vniuerfi-tez. Quand la vocation amp;nbsp;fucceflîon a eftc ainfi déclarée,elle a efté tenue amp;nbsp;eft encores pourvocationamp; fucceflîon ordinaire. Or les premiers, du miniftere defquels Dieu s’eft ftrui pour I’eftabliflemet de nos Eglifts, eux amp;nbsp;leurs compaignons ont eftc ! inftituez en I’vnc ou en l’autre façon: Wi-clefen Angleterre, lean Hus en Boheme, Luther,Oecolam pade,Bucer amp;nbsp;autres en Allemaigne,Farci amp;nbsp;tant d’autres enFrâ-cc,ZuingleenSuifle,tous ont efté ou Pre-ftres, ou Doéteurs ordonnez amp;nbsp;autorizez par iugement public,amp; auec fermét amp;nbsp;ad-iuratio folennelle,qu’ils feroyent lé deu de leur charge en bonne confcience, felon la parole de Dieu, en l’Eglifc catholique amp;nbsp;Apoftolique. voire (ce que ne peuuent dire en vérité la plus part des Ecclefiaftiques auiourd’huy en l’Eglifc Romaine)ilsonte-fté appeliez a cefte fucceflîon évocation j

-ocr page 98-

y8 Response de F. I.

fans ambitiô, fans brigues,fans corruption ne fimonie,tant feulement pourcc qu’ils e-ftoyent trouucz dignes amp;nbsp;propres a telles charges par iugement ordinaire : c’a don-ques efté vrayement vne fucceflion amp;nbsp;vo-catio ordinaire. La difference eft,que ceux cy ont exercé l’adminiftration fidelement amp;nbsp;en confcience, ainfi que ladide fuccef-fion amp;nbsp;vocation les obligeoit, amp;nbsp;Dieu les cnfêignoit par parole.Ies autres depuis le reps de leur fucceflion amp;nbsp;vocation, n’y ont pas vne fois pensé pour mettre la main a la pafte feló leur charge: ceux cy ont efté per-fêcurez a caufe de leur fidelité qu’ils ont employee en leur fucceflion amp;vocati5 fuf didcjceux là en ont efté les fanglants perfè cuteurs.-ceux cy ont drefsé les Eglifes,ccux là les ont renucrfees:ceux cy ont fouffèrt le fchifme,ceux là l’ont faid. Vrayeftqu’au-iourd’huy les aduerfaires leur reprochent, qu’ils ont rom pu le ferment qu’ils difent a-uoir efté faid a l’Eglife Romaine,amp; veulct conclure de là que leur vocatioa cefsépar telle perfidie. Mais fi ie nye qu'ils ayêt faid ferment a l’Eglife prétendue Romaine, comment le prouueront ils? Car chacun fait bien que c’eft vne furprife nee depuis quelques années,amp; malicieufement inuê-

tcc.

-ocr page 99-

al’Apologie de I. Ha RE N. 55» tee,de faire iurer no (èulemcta J ’Egli (e catholique amp;nbsp;Apoftolique, mais particulièrement a Ia Romaine. Toutesfois posé le cas qu’ils ayêt faid tel ferment : ceux qui l’ont exigé d’eux, il faut ou qu’ils ayent exigé chofes contraires en les faifant iurcr a l'Eglifecatholique Apoftolique amp;Romai ne(carnousauons móftré cydeftusquela catholique eft rudement combatue parla Romaine ) ou qu’ils ayent voulu expofer l’vn par l’autre. Si donques ces bos perfon-nages ont pris vne bonne interpretatio, amp;nbsp;ont prétendu faire ferment a l’Eglife Romaine entant qu elle s’accorde a l’Eglife v-niuerfelle amp;nbsp;a la doctrine des Apoftres, quelleßfidie leur peut on reprocher?Ceux la certes fetrouuerottoufiours coulpables de perfidie,qui dreftènt telles atrapes amp;nbsp;mettctdelacs de paroles pour furpédreles hommes ;amp; non point ceux quilcs prenét en vne fimple amp;nbsp;fainéleinterpretation. Mais encores,foit ainfi,qu’ils ayent de faiét iuré a l'Eglife Romaine en fimplicité de leur cœur.Si puis apres ayans mieux profi-té,ilsontaprisquec’eftderEgli(êpretéduc Romaine,amp; trouué qu’en bone cofcicnce amp;nbsp;felô Dieu ils ne peuuêt fuiure lediét fer-mét s’ils ne veulct le meurtrir a leur efeiet, eux amp;nbsp;les âmes q. leur font comifes, amp;nbsp;s’ils

-ocr page 100-

Response de F. I.

ne veulent mener les âmes en enfer par troupes a la deuotion du Pape,a quel droit pourra on leur imputer periure’le tai qu'ils ont premièrement iuré a Dieu,amp;: a l'Eglifc catholique amp;nbsp;Apoftolique : duquel fci met l’Eglife Romaine ne peut les dcigager en façon que ce foi t : veu mefmement que le Pape ne fediteftre finon chefminifterial de l'Eglilè catholique amp;nbsp;Apoftolique:dont il s’enfuit (comme nousdihons n’agueres duBaptefme ) qu’ils ne font obligez a l’E-gliiè Romaine que felon Dieu, amp;nbsp;entant quellefertparfonminiftereal’Eglife vni-uerfelleacdification amp;nbsp;nô pointadeftru-dion. Laiflànt donques cela, fi vn ber-gerauoitfaid fer met de faire mourir fon troupeau,lequeleft le meilleur des deux, qu'il execute,ou qu’il fe defdilc de fon fermer? Si vnPafteur ou Dodeui faitfermêt a l’Eglife Romaine,amp; trouue puis apres en fa confcience que l’execution d’vn tel ferment feroit mortel a foy amp;nbsp;au trou peau; fera il periure, s’il n’execute le ferment dont il fait que l’execution eft damnable, amp;nbsp;la repentance raifonnable ? leurs propres Dodetirs refpondent a cela trop mieux : qu’vn tel fermer n'eft pas ferment, veu que le ferment fe fait a Dieu, de par Dieu, amp;: felon

-ocr page 101-

alApologie De I. Haren. 6t ïêlon Dieu : amp;nbsp;qu a vn tel /ërment il n y a pointd’obligation. Et finalement, quad mefme i'acorderoye qu'ils enflent cftc per-iurespour vne füis,ccfl: vne trop grande rigeur amp;nbsp;inhumanité a eux, de débouter les membres du miniftere qui leur efl im-pofé pour vne telle caule, quand Chtift mefme n’a paslaifsé de reconnoiftre Pierre nonobftât fo n periure, amp;nbsp;l’cmployer en l’office amp;nbsp;en la côpaigniede fes Àpoflres; vcu mefmemêt que Pierre ne feit pas faux ferment en ignorance, comme ceux cy, mais par infirmité contre fa conlcience. Nous concluos donques,quelcs premiers fous la conduite defquels nos Eglifes ont cfté recueillies contre le fchifme Romain, ont eu vraye fucceffion amp;nbsp;vocation Icgiti-me:amp; que celle fucceffion amp;nbsp;vocation legitime n’a point cefsépar faute détenir le lerment pretêdu,mais a efté tresbicn continuée vérifiée deuant tout le monde par vne fainôle amp;nbsp;fidele execution en leur adminillration. Comme au contraire, fi faute de tenir vn tel ferment doit cafler v-ne vocation, a plus forte raifon les Pre-ftres amp;nbsp;Doéleurs de lEglilcRomaine doi-uent fentir qu’ils font indignes, amp;: mefme defaicl déboutez auiourd’huy de leur vo-

-ocr page 102-

Response de F. I.

cation, vcu qu’ils ne penfent a rien moins qu’a l’execution d’icelle tout le temps de leur vie. Mais dira quelcun , encores que ceux là ayent efté appeliez par vocation ordinaire, il ne s’enfuit pas que ceux qui font venus apres ayêt mefme droit de fucceflion amp;nbsp;vocation au miniftere de l E-glife. Et pourtant le dire de Haren demeure ferme, que ceux defquels il a receu l’im-pofition des mains n’ont point eu de vraye fucceflion amp;nbsp;vocation en leur miniftere prétendu. Larefponfeacela efttresfacile. CesbSs perfonnages qui ont les premiers fenti en leurs Egliiès amp;nbsp;efcoles des efclats de la rompure amp;nbsp;du fchifme Romain, ont eu fucceflion amp;nbsp;vocation , comme nous -venons de monftrer:amp; en vertu de Icurdi-de fucceflion amp;nbsp;vocation, ils ont légitimement appelle enlamefmefuccefliô évocation ceux qui ont trauaillc par apres en l’œuure du Seigneur,amp; nomeement ceux defquels Haren a receu l’impofition des mains en fon hypoerflie. Quant aux Do-deursaprouuczé receus es Vniuerlitez, ilsnepeuuent nycr quecefteaudoritc ne leur ait efté conferee, de creer, dire, amp;nbsp;dénoncer les autres pour Docteurs qui aurot efté trouuez capables de ceft lioneur,felon

l’ordre

-ocr page 103-

A l’Apologie dï I. Haren. 6} l’ordre des Vniuerficez. Mais pour lere-[ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gard de ceux qui ont cfté appeliez en ql-

: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que minillere Ecclefiaftic, ils ieäent en a-

: j nbsp;nbsp;nbsp;uat quelques obieétios par cy par là,qui re-

uienét toutes a vn poind; c’eftjquclefdids Preftres ou Ancies des Egliiès n ot pas l’autorité d’eftablir par leur iugement vne telle fuccedîon amp;nbsp;vocation Ecclcfiaftiquc fans conoiflànce de leur ordinaire. A cela nous refpondons, que felon la parole de Dieu, l'ordinaire(come ils appellêt)eft noftre Sei gneur lefus, q a promis d’eftre auec fes fer-uiteursiufquesalaconfommationdumo-de. Ceft ordinaire promoteur de fes ferui- nbsp;nbsp;nbsp;' ’

teurs a donné cômandemet amp;nbsp;autorité au Presbytercjc’efta dire.a la compaigniedes Miniftres amp;nbsp;Anciens appeliez deüemcnta cefte charge,d’examiner,denomer a l’Egli eftablir par le cofentement de l’Egliic les perfonnes qui fc trouuct qualifiées a cefte charge,corne la parole de Dieu l’enièi-gne, amp;nbsp;rEglifeprimitiueareligieufèmenc obfcrué.Suyuantquoy au Cocile deLao-dicec,cotrc les abus q (e fourroyét en l’Egli fe,ilfutarrefté,qle MiniftredeîEglife iolt ordoné par clediô du clergé,amp;: parle con-fêntemét du peuple. Veu doques q Dieu aconioinda la vocation de fes feruiteurs

i

-ocr page 104-

^4 Response de F. I.

Matth. I?,«.

amp; defon Eglife l’audorité d’clirc,cfprou-uer,aprouuer,cfl:abliramp; confer mer ceux qui font de befoin au faind minifterCjquc les Apoftrcs l’ont religieufement obfcruc amp;nbsp;enioinôl:,amp; que l'Eglife primitiue n’a rc-coneu autre voyc ordinaire ; nous ne pou-uons mieux reipondre a ceux qui pretendent le contraire,que par les paroles de Chrift, ce^ue Dieua conioinLlque l'homme neleÇe^arepoint. N’ail pas conioindau mi-niftereordinaire de fonEglifele comman dement amp;nbsp;la charge exprc/Iè de continuer lafucceflîonamp; vocatio d’iceluypar ordre legitime?Quc ceux là donques qui defmê-brent vne telle ordonnance pour en acroi-ftre vn Euefquc,SufFragâ, Official, ou autres femblables creatures, auifent cornent euxmefmes rcfpondrontdeuant Dieu de ceft infame facrilege qu’ils comettent cotre rEglifeamp; les Minifires d’icelle,en leur arrachant l’autorité qu’ils ont receue des propres mains de la propre bouche de noftre Seigneur le fus Chrift. Il y a bien plustc’eft q Lie les premiers, dont nous par-Lions tatoftjfont venus en cefte place,fuc-ceffion, amp;nbsp;vocation legitime par vn ordre qui eftoit illégitimement corrumpu : mais ceux qui leur ont fuccede en nos Eglilês, fenf

-ocr page 105-

t c

r $ c n

e is

if

A l’Apologie DE I. Haren. 6^ font entrez en leur fucceßion évocation parvn ordre légitimement reftabli amp;nbsp;remis en fón entier.telletnent que nous pou-uons bien dire,que la vocatio des premiers eden quelque chofe moindre que celle de leurs fùccelîeurs. Or il n’y a pcrfônne fia-bandonneeen la Papauté qui puiflè nyer que la vocation des premiers n’ait efté legi time, fl elle neparlecontre fa confciencc amp;nbsp;contre l’Eglife Romaine mefmequiles a appeliez. 11 s’enfuit dôques qu’ils ne peu-uent auoir aucune iufte ou apparente couleur, pour desfigurer amp;nbsp;dénigrer la vraye fuccelTion amp;nbsp;vocation legitime des vrais amp;fideles feruitcurs deDieu,qui apres ceux la ont cfté appeliez felon la parole deDieu, l’ordonnance des Apoftres, Arles exemples amp;nbsp;canons de l’Eglife primitiue amp;nbsp;vni-uerfelle Pour conclufion donques, l’vne amp;nbsp;l’autre fucceflion,tant des premiers que de ceux qui les ont fuiuis apres, eft vne vraye fucceflion amp;nbsp;vocation legitime, amp;nbsp;telle qu’eft ou doit eftrevne vocation ordinaire en l’Eglife de Dicu.Et d’autant que la charge de ceux auxquels ccdefuccellio amp;nbsp;vocation eftparuenuCjneconfifte pas Iculementcn prières,en l'adminiftratiô de laparolc amp;r des lainds Sacremens, en -

E

-ocr page 106-

66 Response de F. I.

l’cxcrciccd vnefaïdedjfcipline,maisauf 11 enceqii’ilscontinuentladidefucceiïion !

amp; vocation par voye ordinaire en pronoy- I ant a 1 Eglifc qui leur eft commilè de bôs i amp;nbsp;fideles Paftcurs:nonsdifonsquelespremiers enflent efté traiftres 8^ dclloyaux envers Dieu amp;fonEglife,sils n’eu fient engendré amp;nbsp;formé des perfonnes duifantes a cefte charge,amp; n'euflènt euxmefmes fer • uialeursEglifes dadreflè,pourauoirvne tatneceflaire prouifion.amp;: au contraire remettons au iugement de toutes gens de bien à' craignans Dieu, quel iugement on peut faire de ceux qui deîpouillcnt 1 Eglife amp;Ieminifl:crcdefondroit, pourfinalemct renuerfer les Egiflês de fond en corn ble amp;: eftindre la pieté,qui n’eftia que par trop ' affoiblieen ce miferable ficelé. Ccscho-feseftans ainfi,nous voyons clairemét que i vaurcet'cau difcours que Haren dit avoir faiét auec quelques vieux amp;nbsp;exercitez Mi- i niftres. Il ne deuoitpas vrayement crain- i dre de les nommer. Maisquoy? ie tien ce- ; la pour certain refolu,que iamais Haren j n’avfé de ce langage, mefme enuers des J Miniftresquifuisét beaucoup moins exer citez qu’il nedit.Carq.cftleMiniftre,aqui Haren eufl: olé dire que nous relevions du

tout 1

-ocr page 107-

t A l’Apologie,DE I. Haren. 67 tout 1 Eglife ancienne? y en ail vn fî ignorât qui ne puiflerefpondre furie champ ? qu’il y a grande difference entre 1 Eglife ancienne amp;nbsp;la Romaine? que nous aprouuons l’Eglifc ancienne,amp; qu’elle nous aprouuç: que nous fuyons les faulfetez de l'Eglifè prétendue Romaine, amp;nbsp;qu’elle nous per-fecute:que l’Eglifè ancienne ou primitiue, eft celle des Apoftres; que l’Eglifc Romaine eft celle des fehifmatiques amp;nbsp;apoftats ; ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;autres chofes femblables. llyadon-

ques icy de le glofe des lefuites deftrem-’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pee auec le menfonge de Haren : car quel-

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que effronté qu’il foit, fi n’euft il ofé ouurir

® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la bouche fi grande pour defcouurir fbn i-

gnorance. Et puis cefte dilpute, ou ces Meffieurs fe promènent a plaifir comme P fi tout cftoit gaigné pour eux, quelle vertu amp;nbsp;autorité peut elle auoir entiers ceux ® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui auront àuec iugement entendu amp;nbsp;co~

’■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pris ce que nous auons maintenant expo-

fé? Nous auons fucceflîon amp;nbsp;vocation, Dieu mercy, voire depuis l'Eglifè ancien-ne iufquesa nous,parl’auismefmedevos Eglifes, Meffieurs,amp; de vos Vniuerfitcz: la quelle fucceffioamp;vocatio encores cotinuc par la grace de Dieu a voftre grand regret.

E ij

U

-ocr page 108-

68 Response DE F. I.

En icelle nous pourfuiuons feló l’ordre de Chrift amp;nbsp;de toute l’Eglife primitiue. Nous ne voulons que les Epiftres de S. Cyprian, pour vous moftrer la façon de l Eglifepri-niitiueen ceftafaire,amp; confermerla no-ftre. Mais oyons l’argument qu’ils font: Leur vocation,difent ils parlas de nous,e(l ordinaireou extraordinaire. Orn’eftelle pas ordinaire par leur propre confeflion. Donques il faut bien dire qu’elle foit extraordinaire. le pryeicy le leéieurcon G derer a bon efci en t l’impudence de ces gens. Car que difons nous? que noftre vocation amp;nbsp;celle de nos dcuanciers eft vne vocation ordinaire, comme nous l'auons fuffi-fammentprouué. Et ceux cy que difent ils que nous difons ? que noftre lucceflîon SZ vocatio eftextraordinaire.Voilavnemer-ueilleufe rondeur pour des piliers de l’E-glife Romaine, vouloir faire croire que nous difons d’vne forte quand nous difons d’vne autre. Nous ne nyons pas que nos deuanciers n’ayent eu quelques fois des mouuemens particuliers procedans d vne vocation extraordinaire, felon qu’il a plcu a Dieu les employer en quelques œuures extraordinaires amp;nbsp;particulières occaiîons: mais cela a toufiours efté , demeurant la

voca-

-ocr page 109-

A l’Apologie DE I. H AREN. 69 vocatio ordinaire, de laquelle mefme l’E-glife prétendue Romaine leur auoit rendu tcfmoignage. Or tant s’en faut que cela ait ou empefché ou aboli la vocation ordinaire d’iceux, que tout aucomraire ils y ont efté confermez, aidez, amp;nbsp;auancez d’autat plus. Ceneantmoins voyons comme ils s'efcarmouchentfur vn fondcmctfauxamp; fupposé,que nous nous vantons d’vne extraordinaire vocation. Us diient qu’es vocations extraordinaires font requis des mi racles, vifions,reuelations,fpeciales predictions, non pour authentiquer la doctrine ordinaire, mais la vocation extraordinaire. Nous pourrios bien leur refpodre a bo ' droit, qu’il faut toufiours plus eftimer vnc vocatio, voire extraordinaire,q eft coioin-éte a la dodrine ordinaire de l'Eglifevni-uerfelle, qu’vne vocatio ordinaire q. cobat ladoétrine ordinaire. Car le premier eft vn office de bons feruiteurs amp;nbsp;fuie£ts,Ie fccod eft vn maléfice de traiftres amp;nbsp;defloyaux. Or loué foit Dieu que nous pouuos mieux aprouuer par doétrine noftre vocation, qu’eux ne peuuent maintenir fans vraye doétrine la leur. Mais a quoy fert tout cela, veu que nous auons diét amp;nbsp;monftré que nous fommçs garnis de fucceffion amp;nbsp;vo-

E iij

-ocr page 110-

quot;ja Response de F. I.

cation ordinaire parla grace de Dieu? Ils n'ont donques que faire de nous deinadcr miracles, vilions, reuelations, amp;c. ne pour ladoôlrine,carc’eU la dodrine des Apo-ftres que nous tenons, ne pour la vocatio, car elle cil ordinaire auflî bien que la leur, amp;nbsp;meilleure que la leur : mais il faut qu'ils prenent en gré que les perfonnes appellees d’vne fucceifion amp;nbsp;vocation auec eux ont mieux faiét leur deuoir en la doéirine qu’eux, amp;nbsp;qu'encores auiourd’huy nous vßons de la mefme fuccelïion amp;nbsp;vocation pour defcouurir par icelle le my ftere d’iniquité,amp; drefl'cr lefeigne de vérité ou Dieu nous appelle en fon Eglife. La fucceflîon amp;nbsp;vocation eft toute manifefteiceux qui prefchent ou en feignent entre nous, pref-client amp;enfeignent felon icelle en bonne conlcience amp;: fans doute de leur vocation: maisl liypocrilîeamp; la mauuaifcconfcien-ceauoycnt engendré cefte doute au cœur de ieatiHaren. Ceux qui onteefteadref-fe,ne fe feparêt point de l’ancienne fuccef-lion des A pollres, mais s’y tiennent en vérité. Aufsinefontils pointfedesapart,nc rom pent I vni té de l'E^lifè, ny drefl'ent autel contre autel : mais tout au côtraire font toute diligence de rappeller les fedes a l’v-nité

-ocr page 111-

A l’Apologie de I. Haren. 71 nité amp;: au con fentemcnt de la dodrine ancienne amp;nbsp;catholique, donc 1’Eglile prétendue Romaine amp;nbsp;autres decheent s’clga-rent milèrablement a noflregrand regrec. Telmoin eft le Seigneur, auquel nous fer-uons en bonne confcience, que nous dref-fons iournelleinenc nos prières amp;nbsp;efpan-dons nos larmes deuanc luy pour les âmes fcduices amp;nbsp;feduifantes, afin qu'vn iour il honnorc (s’il luy plaie ) noftre minillere amp;nbsp;de tous fes autres feruiteurs d’vn tel bien amp;nbsp;honneur, que lefdicles âmes en (oyenc conuertiesamp;gaigneesaluypour viure en luy éternellement. Combien doques fom-mes nous éloignez du crime qu’ils nous mettent fus,que nous dechalTinsauec for ces amp;nbsp;violences les vrais amp;nbsp;legitimes Pa-. fteurs?Mais de cela il en fera parle cy apres. Car il s'enfuit incontinent pour la féconde caufe:

D'auantâgeil luyfembloit^queles A^osires Anciennement n\uoyent point ainfi planté iE-gltfe comme font autourd'hujf les Prote(lans^ Auecorgueil.,feux, glaittes, toute autre ou-trance.aiüs auec douceur^ manÇttetude.humilité, débonnaireté, dilelîion ,paix, amp;nbsp;charité.

Nous auons ouy iniques icy de quel poix eft la premiere caufe al leguee par Ha-

E inj

-ocr page 112-

yx Response Dî F. 1.

ren touchant la vocation duminifterc en nos Eglifes; maintenant il fe rue a tors amp;: atrauers fur le goutiernement des Mini-ftrcs.Car ils taxeapartl’adminiftration, la vie, amp;ladoólrined’iceux. Voicydoncla premierechofequ’il repred enleuradmi-niftration: c ell qu'ils lont outrageux, violents, amp;nbsp;cruels. Or ieconfellèbienvoire-mentque les Apoftres n’ont point?planté l’Eglife par tels moyes.a fauoir outrage, vio Iencc,amp; cruauté. le di bien encores d’aua-tagc,que lesMiniftresouEglifes mcfmes ne s’ê lont point feruicsamp; que fi quelques inconliderez en ont vsé, iamais ils n’ont e-fte allouez de l’Eglife primitiue. Mais on ne peut nycr, que quand des Magiftrats amp;nbsp;fuperieurs ordonnez de Dieu ont veu l'op-preflion iniufte qu’on faifoita l’Eglife, ils nelèfoyent legitimemetoppofez, amp;n’ay-ent fainclemcnc amp;nbsp;en bonne confcience employé leurs moyens pour vue iulFedc-fenfe;comme leshiftoircs diuines amp;:Ec-clefiaftiqsenfont claire amp;nbsp;fuffifantepreu-ue. C’eft donc vne trop grade malice d’ap-pellcramp;coprcdre toute iulte defenfefous le nom d’orgucil,feu,glaiue,amp; outrance. D’auatage iamais aucû des Proteftas(qu'ils appellét ) n’a vsé de tels moycSjqui aytefté aprou-

-ocr page 113-

A l’Apologie DE 1. Haren, yj aprouuc ou autorizé par iugement public. Mais pourquoy ne difent ils de qui des Pro teftans ils parlent?car ils font comparaifon des Apoftres a tous les Proteftans fans aucune diftinôtion.S’ils en font comparaifon auecles Minières corn me ils doiuct, nous maintenons qu’ils doiucnt planter lesE-glifes auec melmes moyens,amp; non' autres, que les Apoftres ont tenus. Si aucun d’i-ceux fait autrement, nous n’exeufons non plusfon faiétque celuyde Pierre,qui coupa l’oreille au lèruiteur Malchus. S’ils en fontcomparaifon auecles membres particuliers de nos EglifeSjUous fommes d’ac-cordqu’il n’apartient pas a membres particuliers, nonplus qu’aux Apoftres,d’entreprendre par defliis leur vocation,combien que la Êiute d’iceux cft toufiours plus exculable amp;nbsp;moins domageable que des autres,Iefquels outre le fauoiramp; prudence qu’ils ont, font obligez a patience par leur vocation, qui requiert qu’ils fe monftrent eux mefmes pour exemple au troupeau en patience. Que s’ils font comparaifon def-diâs Apoftres auec les Superieurs legitimes,ils font autat de tort a leurs Magiftrats corne aux noftres: veu qu’il y a autat de difference de leur vocatiôamp;: adminiftration

-ocr page 114-

74 Response de F. I.

neau dreüèz, ie ne vneil p

^uec celle des Apoftrcs,qu’il y a de difFerc-ce entre le corps amp;nbsp;l ame. Mais qu’ell il befoin de beaucoup depreuucs en cclta-fairc ? Nous ne nous (entons point coulpa-bles deuant Dieu que nous ayons cerché, ou tenu autres moyens a planter les Egli-fes, que ceux qui nous ont efté enfeignez par les Apoll:res,amp;comandcz de Dieu en noftrc vocation. Si aucuns fe font oubliez, (ce que nous ne fanons point) ils fo doiuenc attcdre d’en eftre desauouez, amp;nbsp;le font défia par connoiflance publique. Bien fanons nous,que Melfieursles lefoites ne s’en peu lient exeufer tellement q le monde ne les condamne d’vnc telle inhumanité Car a-fîn que nous laiflions là ceux qui ont nové de noftre teps ces nouuelles,fanglantes, exécrables ligues en leurs colleges nou-onrtelmoigna-ge q Cliidexexpitrgatortui imprimé en An-tiers il y a enuii Ó quatorze ans, par le inge-mcntamp;: lacenfuredicenx. Ontrouuera.fi on confronte les Cômentaires de Loys Vines Eipaignoljliómedoéledcnoftretcps, auec les cefnres qu’ils en ont faides audid Indice:on trouuera, di ie, qu’ils en bi^nt amp;nbsp;raclent de propos delibeié tous les paf-fages ou Viues blafme les fanglàtes execu

tions

-ocr page 115-

A l'Apologie de I. Haren, yy lions que l'on faiót fur les poures Chreftiés lôus couleur delà religion, amp;nbsp;pour caufc d’icelle.le prie leLedeur qu’il y regarde sas pairio(car il le crouuera ainlî)amp;: l’ayat trou-uéqu’il reconnoiflc en vérité, fi telles cen-fures ne sôt pas des fruits dignes de leur hu inanité. N’eftcepas vne belle pratique, q ces pucelles lefuites no’ veulét faire rougir deleurjpprelioteamp;infainieJPafsos outre.

llreduifoitßmbUblemet en mémoire les horribles perfidies nbsp;nbsp;impiétés (pu ilauoit'veues amp;

oujes depuis iSou ip ans.,(pu ils'eftoit trouuéen leurs Synodes,clajfis,dr‘cofifioires-.par lefipuelles ilejl aisé de conoifire que leur but nefipoint de cercher la gloire de Dieu ne le repos de la Chre-ftienté^ ains fous le mant eau de reformation de chajfir tumult uairemét les Rois^Princes,amp;Set gneursycnséble les EccleßafliqueSypour s'inuefiir de leurs honeurs,biës amp;nbsp;dignitez^ainf qu’il appert ajfiz par tous les pays bas, en Fr ace (fi ailleurs ou ils ontpouuoir (fi autorité. Cobte de fois a il veu partager le royaume de Fr ace (fi les pays basftantofi aux Allemadsy tantojl aux Anglais, tatofi entre eux mefines y quils appellet les Egli-fis fi catonnas cà (fi là par cabaües (fi pratiques pour ruiner leursPrtces (fi Seigneursfiilspouuo yét. Cbbien de fois ont les Mintfi. (fi c~ofift.e(meu les peuples (fi la Nobl. a la guerre en Frace^res

-ocr page 116-

-jÇ, Response de F. 1.

pays bas ? Combien de fois ont les principaux d'entre eux tajché de négocier auec le Turc^ pour ruiner les Rois etE/paigne amp;nbsp;de France, s'ils eujjèntpeu trouuer moyen d'executer leur cruel ^fanguinaire dejfein ? Combien de fois fe (ont ils efforcez, d'inciter les Princes Chre-ßiensa la guerre lesvns contre les autres, pour ßnalemFtpar leur ruine introduire leur regne? entretenant a cesfins vne infinité de fanions a lafaçon de tJ\Pachiauel, que les principaux Mi-nifires fauentpar cœur, pour s'en feruir a toutes occafions. nbsp;nbsp;Combien de fois tvn des princi

paux CMtnifires d'entre eux a il preteïié, que fonmaiPtre (filuy ne cejfiroyent tant qu’ils au-royent fatPl ruiner lEfiaignepar la France, a-fin de viure en paix es lieux de leur retraite ?

Combien de fois vn autre maiiire CM.inisirea ilconfeillé d’empoifonner la Rome mere cép fes enfans, amp;nbsp;mettre la cour’one de Frace fisr la te-fie d'vn autre ? ,^els fanglants amp;nbsp;violents confiils a ilouy fouuent donner esdiéls Synodes, clajfes,fifconfisioires,pour tout a coup ruiner les Catholiques leur religîo ? LesaFlesdeleur Theologie (êcrete le tefmoigneret ajfe^fly a quel quetépsaVitréenBretaigne chez,le Sieur delà Eal : ou les premiers fondemens de cesienouuel-le ligue furent proieôîez, laquelle on folUcite t'ai (ff par mer amp;nbsp;par terre alaruine (ficonfufion des

-ocr page 117-

A l’Apologie de I. Haren. 77 des Catholtijues. Telles fèmblables con-ßderations lont rendu fiuuent perplex'voire ellonnéy 'voyant bien quily auoitplus tofi en ce remuement de me (nage, de la paßton que de la itiflice dt^y^dgion. Ceflpourquoy s ennuyant a outrance yßuuent il a requisfon congécer-ché les moyens de [è retirer pour 'viure priuee-ment, Jan s ßemeßerplus p army leurs faills iniques amp;nbsp;'Violents. Toutesfois ne le pouuant quot;nbsp;obtenir des Synodes df des peuples qui toujiours s'y font oppojeifdl a patiemment enduréJon maly rongeantßon cœur nbsp;Jes entrailles clennuy (ß

de regrets, que bien Jouuentila exprimez, a ßs amis, qui en peuaent auoir fàtiuenance, s’il leur plait. Car Jous ombre de religion faire abiu-rer fon Roy amp;nbsp;Prince naturel a vn poure peuple, amp;nbsp;receuoir 'vn eßrangier,dechafjèr 'vne infinité degens de bien, 'vendre leurs biens amp;nbsp;les chofes facrees amp;nbsp;s'en enrichir foymefme,lespri-uer dcleurreligion,efiablirles larronsaufiege de iuPîrce, efi leur commettre le public en main, quiefi l'homme de bien pui n’en auroit regret df marriffcment au cœur?

Ccn’eftpas aflez aceói/coureurjd'allc-guer amp;nbsp;obieâcr le mauuais mefnage amp;nbsp;gouuernement de chacun MiniftrCjComc s’il n’y auoit qu’orgueil,violence,amp; cruauté; mais ilfautque lesalîemblees mefmes

-ocr page 118-

-78 nbsp;nbsp;nbsp;. Response.de F. I.

en foyenc icy faulTementaccufces. Cefte donques cil fa féconde caufe des doutes de Haren, qu’il a trouué en l’adminillratio pu blique.11 entalî'e beaucoup de choies gran-■ des en apparence, mais eniieremct fauflès ! en effcéi amp;nbsp;en vérité. A quoy la premiere ' relponceamp;: trelcertaine eft celle cy, qu’il n’ellrien de tantdefadczes qu’il nous op-*^*/polc: voire que ce font calomnies amp;mcn-

ionges fl impudens, quc lcs Catholiques ! melmcs, s’ils ne font elFrontez ou idiots du tout, en rougiront de honte,amp; luy fau-rontfortmauuais grc de ce qu’il a recours a telles lourdcries par faute de bons fonde-mens. llyabiend’auantage; c’eftqueluy mefmes a cfté le coulpable quafi de toutes les chofes qu’il reproche en ceft endroit f aux autres meilleurs que luyicar iamais an-ƒ nee ne s’eft palTee, que l ô n’ait efté empef-/1 ché a reprimer lôn efprit fans repos, qui ne I fepouuoit cotenir es barrières defa voca

tion. Quelle fageflè pour vntclperfonna-ge,de vouloir embrouiller les ges paifibles amp;nbsp;foigncuxde leur vocatio en fon vomif-lèment amp;nbsp;ordure I S’il reprouuoit quelque telle chofe, que ne la reprenoit il amp;nbsp;remo-ftroit alors felon l’ordonnance de Chrill? Mais c a elle luy mefme qui a donc toutes

ces

-ocr page 119-

A l’Apologïe DE I. Haren. 751 ces penes, amp;nbsp;qui a eu be foin de ces repre-henfions: maintenat comme s’il fongeoir, il reproche aux autres ce qu’il a faid. Cell luy qui a elle poufsc a faire telles choies, premièrement par (a vanité naturelle {t ome ie croy'jamp;c inconfidereclcgiereté,puis parvne malice reccrchec, quand il a veu qu’il ne trouuoit pas en nos Eglifes fuicôt commode a fa deuotion. Car ie fay place en Allemaigne,ou fa vanité a efte comme vn boutefeu pour perdre vn Seigneur par l’autre : je fay villes ou elle n’a ferui que de fufee pour y perdre le miniftere,h Dieu n’y eullgracicuicmcnt proueu,donnant aux autres plus d’auistnbien,quece poureamp; lot infiniment n'eut d’adrclfe en fa malice. Parti d’Allcmaignes’eft il mieux gouucr-néailleurs?rien moins. Carilafaidtout fon pouuoir pour embralcr les inimitiez entre les Seigneurs, amp;:diuifer les chofesv-nies en fon propre pays, s’inlînuat amp;nbsp;fourrant çàamp; la fans comilfion, fans vocation, fans autorité: feulement pour ce qu’il s’e-llimoit habile homme fuffifant a faire plus de charges qqcChrilln’c impoleaux Miniftres les feruiteurs. 11 a d’vne ame pire que Turquefque procuré des negociatiôs indignes de Chreitiens entre IcChrefties.

-ocr page 120-

So . Response DE F. I.

brief ion efprir fins repos a cerché de perdre le repos public, amp;nbsp;a grandement (crin a la perdition d’iceluy. Or difant ces cho-‘ fes ß auoit il la confcience conuincue du contraire, car il làuoit bien qu’expreflè-nict a caufe deliiy amp;nbsp;de quelque autre paffe-par-tout,il auoit efte rcfoIuennosSyno des, qu’aucun Miniftre,ou conßftoire, ou clafle ne fc meileroit des afaires ne du gou-uernement ciuilen forte que ce fu(F. chacun peut bien penfer combien grand mal luy faifoit celte efpine au pied. Maintenant cli il digne de croire,quand il nous obiefte fes paßions,amp; fon œil trouble no’ depeind amp;nbsp;colore tel qu’il a eße ? Encores faut il monltrerfon menfonge plus clairement. Il reproche a nos Minißres des horribles ' perfidiesamp;impietezproieéteesenleursaf-femblees,amp; des conleils turn ul tu aires. Les Minißres ont codam ne ces choies de tout leur cœur, en ont dehortc chacun, amp;nbsp;ont repris autant grauement que polTible leur a eße, fi quelque chofe a eße intentee, ou commife tumultuairemcnt. 11 leur reproche qu’ils ont partagé les pays : Eux au contraire onttouliours enfeigné qu’ils ne Luc 11,14, sot point iugesciuils entre lesfreres, beaucoup moins entre les Roys feigneurs de la ter-

-ocr page 121-

A l’Apologie de I. Haren. 8i la terre, amp;: que la caufe delà religion n’efl pas vn mateau dereuolte ne changement * public. 11 reproche qu’ils ont fonnc l’alarme amp;efmeu chacun a la guerre.-ccft a dire, qu’ils ont mis le feu aux eftoupes, quandilsy ontfoigneufement portcl'eau. 11 reproche qu’ils ont tafehé de négocier auec le Turc:amp; fa confcience eftoit couin-cue qu’ils reprouuent publiquement toute alliance auec perfonnes infidèles,amp; que mefme pour la fidelité dont ils ont vfé a reprendre toutes alliances illicites, aucuns n’ont pas eftéen quelques endroits bien-uenus. Il reproche Machiauel: amp;: finale-mentils’eftrengéaux difciples d’iceluy. 11 reproche des confeils d'epoifonnemens.-qui cft vne chofe tresfaulTe, amp;nbsp;indice tref-alfeuré du poifon de fon cœur. 11 reproche des fanglans amp;:violens confeils a la ruine des Catholiques ; amp;nbsp;ne fauroir monftrer que iamais vn ieul Catholic ( qu’ils appel-lent)ait reccu quelque dommage par l’auis d’aucune affemblee. H reproche le Synode de Vitré , amp;nbsp;vne nouuelle ligue qu’il dit y auoir efté proiedee : mais il parle des chofes ou il n’aeftéveu n’ouy,amp;impute des choies defquelles onques ne feeu rent notiuelles les Miniftres de nos Eglilcs.

F

-ocr page 122-

81 Response de F. I.

Tout cela eft faux amp;nbsp;controuué: car s’il a-uo.it rien a dire de certain, que nemettoit lien auant chofc ou fl euft efté amp;nbsp;les autres Miniftres auecluy ? Mais c’eft cela, il faloit que fon infame apoftafie mcditee de longue main, trouuait fà paflure en l'in-quietude de fon eiprit, amp;: là couuerture en telsmenfonges amp;nbsp;lourderies,que nul necroira iamais s’il n’eft brutal ou malici-euxtoutoutre. Car loué fôit Dieu, que lt;nbsp;les confciencesdenos Miniftres ne les en remordent point deuant luy : amp;nbsp;leurs a-étionsSc deportemens ne les en peuuenc cÔuincrene condamner deuant les hommes. Mais le plus beaueft, quand il dit que fouuent il a efté perplex, eftonné, ennuyé, induiét a demander fon congé pour fortir^la ville de Bruges amp;nbsp;abandonner le minifterc.quot; voire que refus luy en eflant faiét, il a patiemment enduré fon i mal. Eten quelle patience, ie vous prie? rongeant fon cœur amp;nbsp;fês entrailles d en-nuyamp;de regrets. Voila vrayement vne j belle patiéce amp;nbsp;digne d’vn tel vaifleau, qui ne connoift autre patience que la patience de Lombard , qu’on appelle,patience

' rechignât. Or ce qu’il dit de Ion congé amp;nbsp;des caufes d’iceluy eft entièrement

con-

-ocr page 123-

A l’ApologiedeI. Haren. 85 controuué. le ne doute point qu’il n’ayt e-ftéfouuent perpleXjeftonnc, ennuyé,amp; plus qu'il ne dit. car comment auroit la confciccemauuaife d vn hypocrite repos, quand les aiguillons de Dieu la poinfon-nent amp;: fes iugemens la pourmenent, comme la nef mal coduide eft pourmenee des vents Sô vagues de la mer? Mais que fou-uent il ait requis fon congé , c’ell vraye-I ment vne defes veritcz. Car iamaisiln’a requis fon congé en aucune alTcmblee, mais a vn bon perfonnage tant feulement: amp;nbsp;ce lors qu'ellanten laville de Bruges il veitlatempefleaprocher de laquelle ladi-[ éle ville fut opprcflce bien toft apres. , L’autre point croiray ie plus toft, a fauoir ; qu’il a cerché les moyens de fe retirer a di-uerfcsfois. Carpourquoy nel’euflilfaiét, I quand il voyoit que fes fredaines cftoycnc I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trop connues ? que l’on n’aprouuoit point

gt; ; qu’il ié meflafl des afaires de guerre amp;nbsp;. autres afaires ciuils î quemefmes on l’en ; reprenoit par letres exprellcment adref* i fantesaluy ? que l’on defcouuroit les menées qu’il failoit contre fon compaignon ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auminiflcre.qui valoir mieux que luyî

briefque luy mcfmc s’eftoit ia trop delcrié ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;par fon mauuaismefnage? tcllemetqu’ily

F 1)

-ocr page 124-

î54 Response de F. 1.

aiioit peu ou point d’efperance du tout d’e* lire recueilli en aucune autre Eglife auec vn tel gouuernement. Quant aux belles raifons qu’il met en bloc puis apres,pour fe couurir d’vnfac mouillé, clics ne concernent point les afl'emblees fynodales, claflr-ques,neconfiftorialcs,nemclmeles Minilires qui le font contenus au deu de leur charge: maiss’attachêtauxSuperieurs:du gouuernement defquels ce n’a point elle auxMinillres de s ctremettre,amp; n'elt point a eux d’en rcfpondre. Que filuy amp;nbsp;quelque autre particulièrement s’y ell enuelo-pé contre (à charge,contre l’auis public, amp;: contre toutes remonllrances particulières .-il n’euft feeu mieux faire pour fon ho-neur, que de s’en taire tout quoy. Mais Dieu ell iufle, quia voulu parluy melme exécuter en luy ce qu’il difoit ancienne-

I Sam. 1,30. ment, 1' honor cray ceux qui m honoreront Lcuic.10,3. Jcfne glorifier ay en ceux qui font pres de moy-

S’enfuit:

il ne rament euer a, point icy les 'vices infames commispar lespltafignales Ministres den- ■ tre eux, craignant d infecter Hair de telles fales (fipuantes mefchancete'ifi Seulement iladuer-tirales^ensde htë de croire que les diables den-ferne fint point plus malicieux ny plus artificieux

-ocr page 125-

al’ApologiedeI. Haren. Sy deux (jue cesinieiues BaLums foai ombre de l'BgUfè amp;nbsp;de fneté couuent vn mon sire hideux (jue la^ainb'ie Efcritttre appelleAntechriß^ duquel a vray dire ils sot les precur(eurs fauteurs. Ilpeut affermer en conftence, nauoir iama'is aieu parmy eux que de la legier et ambition;vneprofanation de toutes chofèsfaindes amp;nbsp;honncsiesd'auarice au heu de la charité, nme 'vfure infame çf desbordee,melme entre les Ministres haine, rancune maluuetUance-. nayat iamaù veu trots CAÏtnifres enfemble s aymer Chresiiénement les vns les autres. Lcurs conff-sioires font replis de débats amp;nbsp;quereles, les Mi-niflres contre le cbfftoire,ou le confifloirecontre les Miniftres .Or ou il y a diuiffo. Dieu ny habite point. Il a wu leplusffgnalé Mtnißre de Gene-ue faire trencher latefieavn des plus notables personnages de la France,potircequ ils cfiudioit aƒ reioindre au girb del Egltfe catholique: ne antmoinsledicl Minifrefaifnt entendre qùil eßoitfon ami, drpourchaffoitfa deliurance. Il a veu le mefmefaire chafferprefque tousfes co-paignons les vns apres les autres,pour hauoir ce-furédefsTjicesdrlegieretez. Illuya veupour-fùiurelamort dr la ruine des principaux bourgeois de ladiEie 'ville,pour ce quils eßoyet Catho-hques, df gt;i’a cefé tant quillésa 'veu mourir publiquement fur 'vn ejchaffaut. Il luy a au-

F iij

-ocr page 126-

Response de F. î.

1 res fols ouj donner tels pernicieux conseils amp;nbsp;4-uu pour l'extirpât to des gens de bien dr de valeur que ienepetts croire que Dieu iuiie^j laiß-fevn tel monstre tnipuni^ nonpltfsquvne infinité d autres fès compaignons qut troublet au-iourd huy le ciel df la terre par leurs ßntlires fichons drcon(etls.

Ayant calomnié EnifTcment les Synodes, clafieSjamp;i: conGftoires fans prenne ïans apparence lean Haren monftreicy v-ne femblable confcience anx chofes qne defIns, ramallant tons les vices qni Iny ve-noyent en 1’entendcmcnt pour les imputer aux perfonnes des Minillres cotre toute vérité. Tou tes fois quedi ie,lean Haren? le Ledeur me vucillepardonner: iedi que ce n’cfl: pas Haren q. parle ce langage,mais les lefuites (es maiftres, ou biê leur Callio-pins, qni a porté la parole en cômnn pour tons.car de Haren voila côme fis en pai let, Jlneramenteuera point icy,d“c-^aK le IcfuH te parle puis apres en difant vers a autres fois ouy doner tels pernicieux cofilsf auis pour [exßtrpation des gens de bien de lét valeur^que te nepeus croire que Dteu iufe drlt;:T Soit le maiftre ounrier de ceft eferit, foit le joueur de perfonnages quia récité publi-quemêt cell: eferit en la falle des beaux- pères,

-ocr page 127-

gt;

c

gt;

1 ?

't

i-

gt;gt;

A l’Apologie DE I. Haren. 87 res, toLifiours n’eftce pas du ftyïede Ha-ren:car Haren eftoit trop cru s’il n’euftpal-par la laumurc d’iceux. Et combien qu’il eftoit trop fimple pour baflir ceftou-urage au gré de fes rnaillres,fi n cftoit il pas fi double qu’il cult voulu en elcriuant contrefaire tant de perfonnes a la fois. Mais pour venir au poinôt,Haren fauoit bien les regies de nds Sy nodes,amp; les vices pour lef^ quels les Miniftres doiuent eltre déboutez de leurs charges. AulTi (auoit il l’ordre qui s’y tient, défaire l'examen amp;nbsp;ccnfure fur la vie d’iceux, amp;nbsp;fur l’exercice de leur mini-ftere. Sidonquesil afccutelleschofcs,ail faid: deuoir d’home de bien de les diflimu-1er alors contre fon office, pour les publier a celle heure contre l’ordre decharitc’s’il ne les a point fceues,quelle impudëce?Soit donqs qu’il les ay t fceues ou non, il fc con-dâne d’vne merueilleufe malice. Carc’eft malice de taire ce qu’on fait, là ou il doit e-ftre diChc’cft pl’ grade malice de le dire ou on ne doit point; mais la malice efl trefgrà-de, quad on dit cotre fa cofcicce ce q n’efl, amp;nbsp;ql’on ne fait poît.Or outre ce q fon propre faicl nous fert de preuue pour moftrer qu’il ne dit pas vray,amp; q 1 a rigueur des cen-fures Ecclcfiaftiques iullifie les fideles Mi-

F iiij

-ocr page 128-

88 Response DE F. I.

niftresqui onteftéau pays bas, toutesfois i’appelle en tefmoignage fa propre con-fcience, fi iamaisaucun de ces vicesa efté reproché a aucun defdirs Miniftres en tant d’annees amp;nbsp;Synodes qu’a vn fèufqui pour foupfon vehemente fut déporté du mini-ftere. Or puis qu’il cil fi bon aduocat de ÎEglife Romaine,amp;qu’cn faueurd’icelle il reproche des bJafmcs a nos Eglifes Mi nillres qui ne lont point, iedcmanderay deux choies au contraire.L’Eglilc Romaine a elle des redes fi ellroites ? vie elle d’vn O

tel examen amp;nbsp;cenfure fi rigoureufe ? D’au-trepart s’il fc fitifoit vn tel examen lur les Prellres amp;Moines,fur les Euefques amp;nbsp;Car dinaux, amp;nbsp;lingulierement fur le chef de leurEglife, quels mÔftresy trouueroiton? quels abyfmcs d’iniquitez ? L’vna tant gaigné par lès beaux faiéls,comme Pontanus en eferit, que ce dire effc demeuré fur luy, qu’il elloit entré comme vn renard, auoit régné comme vn Iyon,amp; elloit mort comme vn chien. L’autre apres le récit de plufieurs crimes enormes ne peut remporter plus beau titre par l'auis d’vnCocile, que d élire appellé diable encharné. Mais cela eft particulier. Et ql telmoignage public de l’impiété amp;nbsp;iniuflice publiqdeces Mef-

-ocr page 129-

A l’Apologie DE I. Haren. 8^ Mefficurs voudrions nous auoir meilleur que ceftuy cy ? 11 y a vn liure imprimé a Paris l’an lyio, aucc priuilege du Parlement, duquellecikrceft.Tax^^f la.Chancelcrie A-foftoli(jHe,Sgt;c.c. ou on peut voir fueilletj^, la taxe desabfolutionsfi infame, que nul, s’iln'eftennemideDieuamp;de nature, ne peut y lire fans horreur: pour celuy quia conneu charnellement fa mere ou fa fœur; pour auoir tué pere,mere,frere,fccur,femme , parent : pour auoir iedé fon fruit par bruuage ou autrement. Tout cft laué amp;nbsp;nettoyé atiec peu de deniers cotens. lean Haren donques n'ailpasbicneuoccafion d’auoir horreur des vices de fes compai-gnons,amp; admirer les fainétetez du Pape amp;nbsp;de falequele,pour fe reuolter ainfi?Que les bons cœurs amp;nbsp;non paiTionnez iugent,fi les diables d’enfer pourroyët eftre plus malicieux amp;nbsp;induftrieux a corrompre amp;nbsp;gafter le Royaume de Dieu. Quant aux autres chofes qu’il obieéte, ce font fables forgees de fon cerueau. Mais bien a il eu grande rai fon de reprocher les haines amp;nbsp;querelles es cofiftoires ,amp;: entre les Miniftres.car a pene s’eftil trouué en confiftoire ou enco-paignie de Miniftres, qu'il n’ayt fait le pis qu’lia peu, pour allumer plus de feu q les

-ocr page 130-

50 Response DE F. I.

gens de bien n’en pouuoycnt efteindre.Ec luis bien aflcurc qu’il n’en fauroit produire vnfeulexemple,linon de luy contre Ion , compaignon. Celadoquesluyafaicl tref-grâd mal au cœur, que les autres Miniftres louoyentDieuiourncllementdela bonne amitié concorde quilcontinuoit entre cuxgt;puis qu’il eftoit hargneux en fon cœur comme vn mulet. Et aufli comme il dit, qu’ou il y a diuifion Dieu n’y habite point, il a i en monftré par elïêél que Dieu n’habite point en luy. Mais fur tout,cela eft plailànt, quene trouuantespays baschofe qu’il psult mordre en particulier auec apparence de veri tCiil s’en vole felon la legie-reténaturelle de fon efprit iufqu’a Geneue d’vne voice,amp; s’attache a vn personage du qucU'innoccnceacfté reconuedeceux Là mefmesqu.il produiten auat amp;nbsp;de lès ennemis , amp;nbsp;duquel le feul regardeiift rendu lean Haren aulTi muet corne vn haren. Et que luy reproche iljlînon des executios ou ' congez faids amp;:dônez parleMagiftratamp; pour caufes ciuiIes?Efl:ime il la Seigneurie de Geneue li befte qu’elle ne puiflè dilccr-ncr les caulèsciuilcs d’auec celles delà confciécc; ou fi tygre(par maniéré de dire) qu elle coure apres le fang de ceux qui ont

Rom-

-ocr page 131-

A l’Apologie DE I. Haren. 91 autre fentimet en Ia religion ?c eft a I’Eglife Romaine que ces titres apartienët du tout* Caraurefte quantace qu'ildit qu'il luya ouv donner des confeils pernicieux pour I’exftirpaiion des ges de bien, on peut bien s’en raporter a luy. 11 eft bie a croire no feu-lemct qu’vn tel perfonnage fe meflede tels confeils, mais aufli que la prefence de lean Haren y eftoit fort requife.O vanité! o rne-fonge demalice! ieconnoi 1 humanité dè* M Jhepdore de Befte : ie fay que felon ft prudence il n’entre pas volontiers en confeil de choies politiques, ie fay que felon ft pieté il n’a garde d’auacer des cofeils d’im-pietéâc l’ay ouy prefehant auec zele indicible amp;nbsp;emotion de fon cœur a fon retour de France,amp; exhortant chacun a charité amp;nbsp;a tous offices de charité enuers ceuxlàmeP mes q. croupilTcnt en la Papauté nbsp;qui co-

batent pour icelle. Quepourroitceftuycy mettre en auat contre vn tel perfonnage fa baue,laqlle (s’il faut ainfi parler) il bauqic •• encor alors? Car auffi pour lors i'ay bic conçu Haren, tout fres-venu de fon pays,fol-laftre corne vn cheureau, duql la compai-gnicouil fetenoit faifoitfes rifees a pleine bouche s’efmcrueillat dcccfte icuncftcamp;: quafi enfance prcsÔptueufe, fans le très, s as iugçmctjsâs gtace,q. eftimoit tout de foyamp;:

-ocr page 132-

Response de F. 1.

n aiioit rien. Chacun peut bien penfèr que M. de Befze amp;c autres ont eu afaire d'vn tel alfclfeur amp;nbsp;contreroleur en leurs confeils. Voila lEglife Romaine vrayement bien a-puyee par le ièruice d’vn tel porte- nouuel-les, amp;nosEgliics bien defolees par faute d'vn telcerueaujlionluy veutaioufterfoy.

Jl luyfembloit quily ano'it entre les ßres amp;nbsp;leurs disciples 'vne toute autre forme de ptete,paiXy amp;nbsp;concorde, cp entre les Proteßans. Carilsadoroyent totisvnfeul Dieu,'vnjèulle-fus Chrifi, ayans 'vnefoy dr hapte/me: Les ^lns pour dompter ceße chair rebelle nbsp;ennemie de

Dieu s adonnoyent a ieufnespeilles, df oratßns. K^u contraire,il)ty a que dtutfion,quereles,dp pàrtialite'i^army les Protcßantsyant en la do~ Llrine qùen leurs mœurs df cercmonies-,s excb-munians dfblafinans les vns les autres auec telles outrecuidances drconfußons^qu'aifement ceux qui ont du iuyement dr de la prudence, iu-gent euidemment que l'Eßrit de Dieu ne reßde point en eux. Il a conté entre les Proteßans CaluinißesiSa 20 bandestoutes contraires dP diuerfes les unes des autres. Ceß pire entre les dMartinißes .carallantparmy l'Allemai-gne, autant de villes, autant trouuez vous de diuerßte amp;nbsp;mutation de religion: voire dedans vne ville il a connu trois ^.^intßres Martini-stes

-ocr page 133-

A l’ApOLOG IE DE I. H AREN. 95 ^es contraires les vns aux autres. D'autres^voi-re des flu^sßgnalez.,ont changé 6 ayfois de religion. Voila comment le diable a dtuiséentre eux mefmes ceux qui ont creu a menfonge, iu(-ques a (e condamner entre eux mefmes d'impieté amp;nbsp;d'infidélité.

Refte maintenat le quatricfme achoppement que lean Haren dit auoirtrouué en nos Eglifes. Les Apoftrcs, dit il, amp;nbsp;leurs difciplcs ont tenu paix amp;nbsp;cocordc: les Pro-teftants rien moins, car ils font diuifez en dodrine, mœurs, amp;nbsp;ceremonies, iufqu’a s’excommunier les vns les autres. 11 y a beaucoup de malice amp;faufl’eté cachée fous ce chaperon.- car premièrement fous le no desProteftatsils n’entendent pasfimple-menteeux qu’ils fpecifict apres, mais toutes fortes de gens qui fe font abfentecs de l’Eglife Romaine, corne il appert de quelques obieôhons que nous verrôs aflèz pres de la fin duliure. D’auantagc,c’eft menfonge de dire qu’il n’y a que diuifion:car il y a de la paix par la grace de Dieu,voire telle paix que Haren ne l’apasfceu rompre, comme il euft bien defiré. En-outre s’il y en a aucuns fi cfccruelezqui blafmenr amp;nbsp;excommunier les autres par faute des’en-tre entendre amp;nbsp;faute de charité, fi a il efté

-ocr page 134-

I Cor.ïIJ.

Je do ^rtna chti

^4 Response de F. I. conuincu en confcience de deuxcho-fesdvnCjque les autres n'ont pas elle fi for-fenez qu’ils le foyent reuengez par exconi-niunicationscontrairesd’autrcjqu’vne telle audace n’ell pas pourtant comune a tout le corps, mais que les gens de bienmefme qui lont entre euxladcsauouctamp; reprou-uent de tout Icurcœur, fachans fentans Chrclticnnementque pour vn poinâ: de doélrine ou deux il ne faut pas delthircr le corps de Chrilf, amp;f comme dit 1 Apoftre) que nul ne peut dire que lejds e(l le Seigneurfi-nonpartE(prit de Dieu. Semblablement ce qu’il dit detantde bandes contraires eft vnet hofepurcmét controuuceicar la grace a Dieu,il y a vn tel confentement en nos Eglilèses fondemens de la dodrine falu-tairc,quc Satan fes fuppofts en ont extre medefplailir. Que fiquelquesfois I vn interprète vn pallàge d vne lôrte amp;nbsp;l’autre d’vnc autre,tant s’en faut que cela fe puifle tourneren blafme auec railon, fi on ne fort point de l’ana'ogie amp;reglc de la foy.qu'au-contrairc c’eft vn ornement amp;: aide que Dieudonne pour linffrudion de l’Eglife ebreftiéne, côme S. Auguftin en a tresbic amp;lagemctiugc. Fina'emct qui font ceux entre nous,qui changent tac de fois de religion

-ocr page 135-

A l’A polo g I e d e I, Haren. gion,amp;faiitelet d’vne dodrine cn autre par manierede dire,finon lea Haicamp;fesfem-blables qui vienct d’entre eux, amp;nbsp;auxquels ils n’ontferui d’édification n’endodrine, n’en mœurs,mais les ont précipitez en vne folié profonde d ignorance amp;nbsp;au gouffre d’incertitude par leur faute? Ne font ce pas là de belles caufes, pour faire que Harcn.fe retire d’entre nous au giron de l’Egliie Romaine ?Eglilè qui a renonce a la forme de pieté que les Apolfres ont tenue, comme nous l'auons cy ddliis demonlf rc ; Eglife qui abonde en diuifions, quereles, amp;nbsp;par-tialitez des Papes fchifinatiques les vnsco-tre les autres,des Cardinaux fadieux au poirible,des Euefques ambitieux, des Ab-bez amp;nbsp;Moines ialoux les vns fur les autres a outrance,desOrdrcss’cntremangcâs,(corne font les Cordeliers amp;nbsp;Jacobins de long temps)des lelùites rongeans les autres fous le voile deplete amp;nbsp;de religion, amp;nbsp;de tous les autres qui creuent de defpiten voyant lalbuplelîé amp;nbsp;habilité des lefuitcs 3. fe faire valoir amp;nbsp;mettre au monde par delTus eux: Eglife ou les excommunications ont foifonné des Antipapes les vns contre les autres, amp;nbsp;le couuent encores de prefent entre plufieursOrdres d'iccllc,s’ils ne crai-gnoyétquelqchoie d’ailleurs : Eglife quia

-ocr page 136-

Response DE F, I.

pl’de bades en foy bigarrées amp;nbsp;diuerfifîees par noms, règles.demeures,liurees,amp;couleurs, qu'il n’y a de minutes en liieure, ne deioursen l’an : Eglilcli opiniaftre, qu’elle ne peut fupporcer es ebofes non fondamê-talcsque nous ayons nollre liberté en interpretation ou en forme de viure:brief£-gli(e,qui par (à tyrannie extreme furies co-fcienccs Chreftiennes, par les corruptions de dodrinc amp;nbsp;licêce de vie, amp;nbsp;par tout fon gouuernemcnt deftruit les infirmes,perfe-cute les forts amp;nbsp;fains en la doôlrine,amp; pion ge les ignorans en fupcrftitio,ou en athcïf me,ou en desfiance perpétuelle de toute la doélrine fâlutaire que Chrill nous enfei-gne par la parole. Certes quiconques regardera de pres a l’Eglife Romaine,verra a l’œil q tout ce que nous en difons eft plus que vray : amp;nbsp;le voyant fentira toutal'inftac quel iugement amp;nbsp;pieté pouuoit cftre logee en la ceruelle de Haren, quand il s eft ainfi vcautré en l'ordure d’icelle.

qucliju’vfijptiti (ju’tl connoijjôit ces chofes de long temps^'voire que fonme ejîoit ferree dennuis amp;nbsp;de regrets, pourquogplus toß ne fort oit tl de ceße mi fere pourfe r enger au giron de cede EgltfejainSîe amp;nbsp;catholique fins tat Attendre amp;nbsp;barguignerparmy tels infidèles?

-ocr page 137-

A l'Apologie de I. Haren. 97 C efl le regret que contwueUement il porte au cæur amp;nbsp;qui l'accempaignera iu/qitesalamort^ dauo:r nonflulemetconfumétant nbsp;nbsp;tat dan

nées en fipernicieuflesefludes/nais [quiplus efl} dauoir efpaulé vne quereleß malheureufiypar laquelle toute la terre presque efl auiourdhuy languijflante amp;nbsp;gewijflante fous le fardeau dan-goiffe d aflltcJton. Mais que profite il de, procher a unaueugle quide ieune(Je aperduU vettefon aueugliffèntetivoirefi en plein midy il ne peut cunteplcr la beauté du Soleil? Ilefloit cer tesdutoutaueugli en celle pernicieufe efl oie de Geneuepar tant de bourdes/nenfonges^df faufl fesfuppofilions, qù on y proféré contrôla vérité de l'Egltfe Romaine pour en defiourner les hommes,que ce n eflpas moins de merueille dy voir vn hcr Clique de bo cæur fi r enger amp;faire a bon (fient profeflion d icelle, que de voir vn bœuf voler.

A pres que Ig lefuite a defehiré en pieces amp;nbsp;desfiguré l’adminiftration gouuerne-mécdenosEglifesamp; des Miniftres d’icelles , il pâlie a Vautre poinél touchant la do-drinequi y cftenfeignee. Et pour donner luftrea lôn faid, defployc tout l’artifice de fa charité pour exeufer le laid miferable delcanHaren,amp;reicôle toute la faute fur . rEglifedcGeneueouilafort mal eftudié.

G

-ocr page 138-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jS Response de F. I.

Or iccroy bien certainementqu’vn regret indicible a acompaigné lea Haren iufques

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ala mort, d auoir fi mal profité en vne fi

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bonne efcolc, amp;nbsp;fi lafchemcc renócé a fon

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aifnefle pour vne efcuelee de potage,come

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Efau. Mais pource q fous le no de Geneuc

r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;toutes nos Eglifes font cobatues, oyons cc

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’ils diset de la dodrine q y eft enfoignee.

Ilsdifontdonques pour le premier quelle cft pleine de bourdes,mêfonges, amp;nbsp;fauflès fuppofitions qu’on y proféré cotre la vérité del’EglifcRomaine: Nous nyonsquece foycntmenfonges.Efcoutons maintenant comme ils le prouuêt de poind en poinéh

Car l’dfifait entendre aux fimfles (jue tE-glif catholiqueef lefiege deît^ntechrtf.

Tât s en faut que nous difions cela de l E-glife catholique, que nous ne le difons pas mefme de la Romaine. Car aufli nel'Egli-pi fecatholique,nel’EglifeRomainen’eitle fiege delAntechrift : mais en fEgliic Ro-I ƒ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(quieft vnepiecedeîa catholique,

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;qui eft fi vilainemêt e/gorgee par l'Ante-

chrift qu elle ne tient plus a la catholique qu auec vn petit fil de vie) en elle, di ie, eft ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le fiege de l’Antechrift. Ne peuuent ils doc

j iThcflàLt. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nousdifions auec l’Apoftre? que

l'homme de péché^lefls de perdition eH entre ait temi

-ocr page 139-

A l’Apologie de I. Haren. '9p iemple de Dieu,y nbsp;aßls comme Dieu?

,^ue s y rëger eßfeuler lefang de leßti Chriß aupiedfaireabiuration du Dieufouuerain fourfe prectfiter es enfers.

Nous ne difonspoint cela delà vrayeE-glife Romaine,mais de l'Egliiè fauflemcnc pretédue. Car l’Antechrift qui y cft aflîs le monllre foymefme qu'il cft Dieu,amp;: fait mo(lrcamp; paradede fa troupe difanrqu’cl-leeftl’Eglife. Or ne plus ne moins qceluy qui rccônoift l’Antechrift pour Dieu, foule le fang de lefusChrift au pied,amp; faid abjuration du Dieu fouuerain pour fepreci-piceriautâcenfaidceluy qui reconnoift fa, troupe pour Egliiccatholique amp;nbsp;Apofto-liq,ôc qui fe renge a icelle pour ceft efgard. Cela eft (î clair, q q. ne le voit,pcut bié dire qu'il ne voit goutte au Royaume de Dieu.

Caluin metant impudement eferit en fon Inßi tution hure 4,chap.^fciro 7,que lepremier article de la Theologie des Catholiques eß qu’Un y apointdeDieu.Lefec0nd,quetoutce qui eße-jeript ou qu'on prefhe de lejus Chriß, neßque menßnge (ß abus. Le troißelme^que tout ce que lafat ne te Efcriture contient de la vie et er ne lie de la re(urre£lto de la chair, que le[diëîs Ca-thohquestiennenttout cela pour men fonge (ß* abus. amp;nbsp;'vne infinité dautres femblables ca-

-ocr page 140-

ICO Response de F. I.

lemnies impudentes. Or qui eß I homme donnât foy a icelles ^quinAur oit horreur de s y regerl

Caluin ne dit point cela des Catholiques en la 17 fedion dudit paflàge .* mais bien dit il que c’eft la Theologie lecrcte du Pa- -pe amp;nbsp;du college des Cardinaux.C’eftgrad cas, que ces gens ne veulent point entendre, quel’Eglife catholique eft toute autre chofe que le Papeamp; les Cardinaux. Par-quoy pour le faire entendre,ie vous dema-deray vne queftion, Meflîeurs, a laquelle vous refpodrcz s’il vous plait : N’y auroit il plus d’Eglifecatholique,ny mefines d’Egli ' ie Romaine, Ci le diable em portoit le Pape (commeil l’a autre-fois emporté)amp; le college des Cardinaux? Quant a moy, ie tien amp;nbsp;maintien fans calomnie, que l Eglife ne laifleroit pas d’cftre fans eux. Vrayemêt s’il n’y a autres fauflètez dont ils puifl’ent con-uincre nos Egliles, qui eft ce qui ne redou-teroit decroire a telsDodeurs’amp;combien plus de le renger a eux?

De lire les eßrits des CAtholiques,lon en de-ßourne les homes tat qùon peut : meÇmes enpht ' ßeurs lieux ceß vne peße mortelle non pur-donnabledyauoir fèulemet mis le ne'i^ aux Per es anciens^efquels a vray dire giß la fà-geßße/on en exhibe aux hbrnes certains traicleT^

ttrezgt;

-ocr page 141-

A l’A POLOG ie de I. h a ren. loi tirez /iceuxpar lieux dtmuns^falfifiez^^ cor-rompue-.par lej^uels ces menteurs donnent faup Çement a entendre qu'ils font pour eux (p a-prouuent leur religion.

Cela eft tresfaux : comme tout le mode faitamp;voit parles efcritsqpluficurs denos gens ont faids de noftre temps. Car les e-fcrits des leurs y font alléguez ou côfutez a propos, amp;nbsp;ceux des Peres veritablemêtjp-duiàspourlerenuerfemêt de leur dodri-nc SiL renforcement delà noftre. Mais ce qu’ils reprochent, c’eft pource qu’ils vou-droyent bié que nous le feiflîons ainfi, afin q la tefte ne leur en feift point tant de mal, amp;nbsp;que nous nous contentiflions tout a plat de leurs chapelets:car eux auflî par tout ou ils ont pouuoir font defenfc de lire nos cfcrits,amp;: puniftent les cotreuenans de grades amp;nbsp;rigoureufes penes.Or qui eft l’hôme fi fimple,qles en pourra croire?Toutesfois c’eft leur iecond bafton,duquel ils penfenc nousfraperamort,queno iculemêt nous mëtons contre l Eglife Romaine,mais auf fi contre les efcrits des modernesamp; des an-ciês Peres a noftre plaifir. Cepédant nous les remercions de ce qu’ils confeftent que la fageflè gift es anciens Peres.car en parlât ainfi,ils fe defdifent honneftcmct de tât de

G iij

-ocr page 142-

loi Response de P. L

cêfures publiquesamp; raclures fccretcs,qu’ils ontfaides es liures d’iceux iufqu’a preiènr, ' côme nousl’auos claireniet môllré en leur ) liurequieftintirulc/Wexfx^r^ Dieu leur vueillefaire la grace qu’ils puilîct toujours dirececy melineen vérité, amp;nbsp;l’obferueren vérité. Côbiéqu’é parlât ainü ils n’ont peu hÔncflement Idiircr en arrierela parole de Dieu,q,ed: parole parfede amp;nbsp;fuffisâte pour rédre tout home parfed amp;nbsp;appareillé a tou te bône œuLire:amp;; m’cfmcrueille qu'ils n ot point encores de honte de chopper tant de fois a vn mefme pallâge lans aucune raiso. I cJUdéf Dieu^(jui ne le 'voulaitperdre Juy donit

hardiejfe de lire certains traiclez catholiejucs ' rep lis de pieté amp;nbsp;defàtioir ,ß came les œuures de ' Loy5Granata,HoJitts,deEcehtuSyd'Oz,oriits,de j Cramer us CUnytuf^ Lindanus nbsp;nbsp;autresÇem-

* bUbles excellents eÇcrits^ar la leéture dejcjuels il apperceut atißt t oft les faußesftuppoßttons des ennemis yçér (]ue mefthament ils calomnient 'voire ï a grand tort les Catholujuesde/ijues adorent vn fiulijrvray Dieu-.reconnoifftentv^feul médiateur au (alut humain ,e]ui eji le ftls de Dieu^mort pour nospechez., amp;nbsp;reßiftitepour naître iußiß-cation^ ^pui nous a esîéfaiÊt du Perï tußteeß-

1 g^ßftß^nLltßcationßfredemption. llscerchét leur (alut en lagrace amp;nbsp;mifericorde de Dieu par lafoy apuyeefur la mortzßpaßio de leßus Chriß,

-ocr page 143-

A l’Apologie DE I. Haren. 105 dr eßee vers l»y comme vers [on vray d)“féal ehiecl. Pnr le Bapteßne ils croyct qùils(ont re- j eeuwen l alliance de Dieu, incorporez, en leß^ Chriß,r€ueßitsd'iccluy,cßc’oioinUs aluydece-ße vnio fecrete amp;nbsp;admirable laipuelle eßpardeß fits tout ordre de nature pour eßre mehr es defon nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;î°-

corps,chair de (achair^çd os dejes os. Ilsnere- 4 clament, ßrmoins adorent autre médiateur corne Dieu,ßi'vn (èul lefits Cliriß,ejutfieuleß leur aduocat cr medtateur vers le Pere de la re-demption-.mals bien honor et ils ßrreclamet les (ainlis morts corne leurs bons [aprieurs cd amis, coformes en gloire au cielaußls de Dieu, amp;nbsp;qui ont foin de tEglife icy bas militate amp;priet pour elle,corne il apert par vne infinité de tejmoigna-ges contentes en la fiatnlîe Efiriture. nbsp;nbsp;Les Ca-

tholiques ajfermet deuant Dieu, que les images nefiontadorees, fieruies,cdhonorees entre eux d'aucun feruice dtuin -, ains repre(èntees aux homes corne htßoires cfimemoriaux des chofis pafi fees,afin dërafrefehir lamemoire auxChreftiés. Et de vouloir prétendre que Dieu par (àparole nous aurait défendu [vfage des trnages,cefi mal failiiveu que luy mefime comade a Moyfi etc fiai-repourl’vfagedupeupled lfiael,Exod.2'° fit cdfouiietailleurs. Et Salomobaßifiatle t épie de 1er ufialE,ne faillitfeto tor don ace de Dieu de bafiir deux Çherubins en for me d’Anges,qui

G iiij

-ocr page 144-

104 Response de F. I.

repreßntojet au peuple desIutfs^Celo que tefrt oigne me^mc lea Caluin^qu'epriât au te pie tls ap jijioyent en laprefènce de Dieu q eßoitjigurepar iarche, ^7“ de fes fainlds Anges figurez, par ces chérubins. Calutnfur le Pfal. lo^. Les Catho liques ne tienet ny reconoifset le PapepourDieu^ ny c'bpaignon de [on Fils lefu^s Chnß : car autre-met ils ne pneroyent point Dieu pour luy., s’il left oit mefme. Ils le reconoifsetpour homepecheur^ feruiteur de noftre Seigneur le fus Chnß., coftt -tué en ceße dignité de (ùperintendat dpchefmi-nißerialenl Eglif,a[in de [entretenir en paix

'vnion.lt;_Ainfique Dieu feit anciennement a Jon peuple,luy donnât Moyle pour le conduire, cjr le Roy pour cheffubalterne del'Egli[e:drle ßls de Dieu choiftjfant d entre fis dijciples nbsp;nbsp;Apo-

ßresS. Pierre,luy dit,Pai mes brebis^ ailleurs, Tu (S Pierre,dp[ur ceßepierre iédifieray mo E-7 glifi. Les Catholiques nadoret vn Dieu depa ßefiiLldemaind'hbme, cérnefauffemet lesac-eufent les Proteßats, ains adoret le Fils de Dieu lefusChriß auteur du JainciSacremét,qui a dit, Cecy eß m'a corps,cecy eß m~ofang. Et pourtdt ils auouét en la yertu de cesparoles laprejence corporelle de noßre Sauueur en ce Sacremet,noire qu il fi fait nne conuerfion facramentelle de la fuhßance du pain dp du nin au corps dp au fang «diceluy, quon adore fius les ejjeces du pain amp;du

-ocr page 145-

A l’Apologie de I. Haren. loy

du wn. Ils font fanffèment accujez, 8 / aioulter ou diminuer a la parole de Dieu. Car ils latiennentamp;honorct pour regle trefcertaine yver it able dr infallible du vouloir de Dieu, dr fufffante a lalut:mais non point expofee, corrompue,ouf alffieepar Caluin, Luther, Lucer, oupar quelques autres femblables de leurs Do-cleurs. ^^ins aprouuent dr expofent felon l’analogie de la foy Chreliienne, dr le c’afentement des anciens Peres, orthodoxes, dr véritables en l'Eglifè. Les Catholiques ne fondent leur 9 iuHificatw fur leurs œuures drmerites,ainsfur les mentes de Te fus Chriß, dr tefmoignent leur iustificâtion par bonnes œuures, commefruiéîs neccffiires amp;nbsp;coopérants a la foy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C'efl a lo

tort calomnier les Catholiques, dr publier par tout comme font les MinißresProteliants, qu'ilsn adorct levrayDieuJevray lefus Chriß, ny le fiincl Effrit, ains {comme ils difent ) vn faux Dieu, vnfaux lefus Chrift, dr vn faux fainTî Elfrit: veuqùils reconnoiffent Icmyße-re de la fain^e Trinité, feTo que la fainLle Efcri-ture le nous en feigne, dries 4 Cbciles de I' Egßß le publient aux Chreliiens. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Or eßant tout 11

ce que de (fus trefueritable, amp;nbsp;le contraire ( que les P rote fiant s publient} bourdes,menfonges, dr fauffès fuppoßtions, comme tout le monde peut connoisire parla leTiuredes Hures catholiques.

-ocr page 146-

lo^ ^Response de F. I.

pär tant de belles conférions de leur religion^ (jùanciennement voire auiourdhuyen Angleterre amp;nbsp;ailleurs les Martyrs on figné (Tßgnent parleur fangamp; leur cendres -.il apert affez^ue l’Eglife Romaine nef point le fiegedePgt;^nte-chriß: que la doctrine qu on y enfigne n^eflpoït diabolique,pleine d’erreurs de tenebres me ■ fchantes eßpernicieifes, come l’on fait entëdre aux /impies pour les trliper amp;nbsp;deceuoir, ains efl fondée/ur la vrayepierre angulaire, qui eß le-

11 fus Chriß nottre Sauueur cT Redepteur. il trouuoit femblablemetpar la lecture des/ufdicls Hures vneforme de pieté c/ religion toute autre qiies Hures des Proteßants-xar come Pvne e/leue P home en vne liberté charnelle mo daine ^qui finalemet lefait précipiter aux enfers, au cotrai rel'autre l’abat P humilie pour finalemet P es-Icuer a Dieu,qui ne peut eßre conneufans q P homeß connoiße amp;nbsp;[e de/plai/è en (ôy mefme. £/ut ßparmy les Proteflants/è renchtre quelque forme de pieté çf de bo ordre pour esblouyr les yeux des liâmes,iltrouuoiteuidemment quecontre-faifans lesßngesils Pauoyent tiré des Catholiques nbsp;nbsp;de leur religiOin.

Nous auons défia entendu deux blafi mes que les lefui tes impofèn t a nos Eglife's fans preuue amp;nbsp;contre vérité ; a fauoir que nous attribuons des chofes faullès a l’E-

-ocr page 147-

A l’Apologie de I. Haren. 107 glife prétendue Romaine, amp;nbsp;que nous détendons la ledure des liures qui leur fer-uent, tant nouueaux qu’anciens. S’enfuit maintenant le troifiefme: quiert que laleâure (quenous défendons a leur dire) tant de leurs efcriuains de noftre temps, comme des Peres anciens,iuftifie leur do-drine contre tous nos menfonges. Or en tout ce qui cfticy couché, ils pretendent monftrer leur dire par leurs efcriuains qui ont efté de noftre temps .-puis a-pres ils viendront a parler de la dodrine des fainds Peres. Voyla pourquoy nous auons mis icy enfemble tout ce qui touche la premiere partie de leurintention. Ils difent donques, que finalement lean Haren comme refueillé de fommeil, fut induid par vn mouuement diuin a lire des auteurs modernes de la Papauté , par le tefmoignage defquels il nous aceufe amp;nbsp;red conuincus de faux. Orie m’aflèure bien que cela qu’ils difent eft faux , amp;nbsp;tien pourtour certain quils nomment icy des liures defquels Haren ne veit iamais la couuerturc, tant ileftoitpar vne confiance vaine mefeonnoifl'ant de fon ignorance , amp;nbsp;du fruit que par le trauail d’autruy chacun doit recueillir a foy.

-ocr page 148-

io8 Response de F. I.

Mais pour veniraupoind, nous nenous arrefterons point icy nya la perfonne de Haren, ny aux auteurs qui font icy nômez, amp;nbsp;defquels I’infuffiianee pourroit eftre mo ftree a l’œil,s’il en cftoitbefoin.-feulement nous traiderons de la dodrine qu’ils con-feflènt, amp;nbsp;la reconnoiftrons entant que nous la pouuons reconnoiftre en bonne confcience parla parole de Dieuicombien que ce foitvne confeflîion fort manque amp;nbsp;imparfaide dont ils vfent icy. Quant au premier amp;nbsp;fecod point, de l’adoratio d'vn feul Dieu, amp;dela mediation d’vn feul le-fus amp;nbsp;de noftre falut par la foy qui eft en luy feul,nous l’oyons trefuolontiers d’eux: amp;nbsp;prions noftre bon Dieu qu’il leur face lagrace a tous de croire vrayement amp;nbsp;entièrement dccœur ce qu’ils confeftèntde bouche amp;nbsp;par efeript. Mais ils difent quelques chofes cy apres, qui faufcorrediô ne fern blent pas s’acorder auec leurs mefrnes articles,comme nous lemonftrerons en 3fonreng. Auflî auouons nous de tout noftre cœur le troifiefme,entendans par le Baptefmc le facrement entier, c’eft aiauoir lagrace amp;nbsp;la vérité inuifible auec le ligne 4 vilible que Chfift a ordonné. nbsp;nbsp;nbsp;Duqua-

triefme, nous ne fommes pas de fi bona-cord:

-ocr page 149-

A l'Apoiogie DE 1. Haren, io? cord; car il y a des chofes que nous reie-dons par la parole de Dieu,amp; d autres qui requièrent elclaircifletnent amp;nbsp;explication. Caren difant,qu’ils ne reclament amp;nbsp;moins adorent autre médiateur comme Dieu qu’vnfeulIelùsChriftjilsconfeflèntdon-ques qu’ils reclament d’autres médiateurs que luy 5 mais feulement qu’ils ne les reclament point comme Dieu, c’eft a dire,auec l’adoration diuine qu’ils appellent LatrtA en leur iargon. Or comment s’acorde ce-cyauec ce qu’ils ont didparauant article I, qu’ils reconnoiflent vn feul médiateur au lai ut humain, qui eft le fils de Dieu? S’ils le reconnoiflent feul, pourquoy en recon-noiflêntils d autres auecluy? Dauantage cela ne nous agree point, qu’ayans nomé lefus Chrift feul médiateur au falut humain, en excluat tous les autres par ce mot ƒ maintenant ils luy recoupent fon office de mediation,difans que luy feul efl: leur aduocat amp;nbsp;médiateur vers le Pere de la redemption ; comme s’ils difoyent, qu’en la redemption voirement il efl feul médiateur, mais non pas ex autres chofes necef-fairesdepuis la redemption. Or fur cela ieles prie qu’ils nous monflrent pourquoy il n efl pas leul médiateur en tout ce qui eft

-ocr page 150-

lïö Response de F. î.

a faire entre Dieu amp;nbsp;les hommes. Eft ce pource qu’il ne peut ’ ils ne le dirot pas: car aufli ilelhoutpuiflant. Eft ce pource qu’il neveutpas? Noncertes:carluy mefme l’a lean i4. nbsp;nbsp;promis,quequand il fera alléau Pere,tou

tes choies que nous demanderons au Pe-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;re en fon nom,c’eft a dire,par Ion intercef-

fion,illenous donnera;luy mefme nous , a commandé de requérir le Pere par fon lean 16,14- . /r o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• j’

mterceliion, amp;nbsp;non point d aucun autre. Rom 8 }4 S.PauIauiriledeclaredifant,.=^d^f^^/// notti conâamnera? Chrifl eß ce luy gut cß mort (ß- außt guiplui eß refujettédes morts, eß aßis A la dextre du Pere, gut außt intercede pour nous. uca^iamp;i DerncfmeeftJaconfelîîon deS.Pierre,S.

' lean, amp;nbsp;de tous les Apoftres. Et de faiél, s’il eft feui médiateur de falut amp;nbsp;parfeéT: médiateur, il faut bien t^u’il le foit vniuer- ' fellcment amp;: en tour. S il n’cft médiateur en tout,rvndes deux eft nccciraire,ou que iamais nous n’obtenions perfeétion de falut en luy, ou qu’il ait des compaignons ; en Ion office. Item nous n’aprouuons point qu’ils honorer amp;nbsp;réclamer les fainds morts: pource qu’il n’y a en route la parole de Dieu aucun commandement de Dieu de ce faire,ne promeflè coioinde,amp; pource qu’il n’y a point de railon apparente.

Car

-ocr page 151-

Car quant aux raifons qu’ils mettent cou-uertement puis apres, elles ne font de mife ne de recepte en forte que ce foit. La premiere, Cefontnoshonsfèigaeurs (Nantis. Il cfh vray: mais fi vn mien bon feigneur amp;: ainy eft a vne lieue de moy, ie ne le puis Voir,ouyr, ne parler a luy, ne luy a moy : amp;nbsp;telle eft la codition mefmc des fainds tref-paflèZjCommel’Efcritureenfeigneenlob, lob 14,1t. es Pfeaumes ailleurs. La fécondé, Ib ƒ»/ confor/nes en gloire au ciel aufib de Dieu.

11 eft vray : mais félon leurs degrez.car auf-fi eft il did par le Seigneur lefus, qu’/Zf font femblables aux langes de^ par adis. Lagloi- Matt.n.s®' re de Clirift eft d’eftre Dieu en cflencc,in-finicnquantitc,fcience,puifrance, adion, operation: amp;nbsp;fi on regarde afon humanité,fa gloire eft qu’elle eft vnie a (a Deitc en vnité de perfonne, aflife a la dextre du Pe-re,amp;eleuceen gloire par defTus tout nom

amp; toute chofe qui a nom. Au regard de CCS chofes nul des fainds ne luy eft conforme en gloire. Voir tout, ouyr tout, falloir tout, c’eft vne propriété diuine:amp;la nature humaine de noftrc Seigneur fait, oit, amp;nbsp;voit nos penfees, prières, 6c afaiies, entant qu’elle eft perfonnellemcnt vnie a la parole éternelle du Pere. Quand

-ocr page 152-

Ill Response DE F. î. donques ils auront monfti cque les fainds en paradis font ou égaux a Dieu en gloire, ou vnis perfonnellement a l'eflènce diui-ne,alors auront gaigné les lefuites leur prc-tente, qu’il les faut honorer amp;nbsp;reclamer d’vnc telle façon, autrement,ils ne pcu-uentouyr nercfpondre anoftre cry. c’cik donc temps perdu amp;nbsp;follie de les appeller. Car iafoit qu'ils foyent conformes a nollrc Seigneur lefus, heft ce que pourtant ils ne (ont pas égaux n’en ceftecy, n’en aucune autre operation diuine. La troifiefmc, ils ont foin de lEgltß icy bas rnilitate^ d)“ prient pour elle. Nous confeflons qu’ils en ont foin, amp;nbsp;qu’ils prient pour elle : car s’ils ont eu charité icy bas quand ils ont porté Id corps de péché, cornent l’auroyent ils peü' due apres eftrc deliurez d’iceluy ?Mais c’eft autrechofcd’auoir foin del’Eglife militante icy bas amp;nbsp;prier pour elle en general, (come nous voyons que les fâinds cryenten Apoe.s, 10. l’Apocalypfe, Turques a quand Seigneur ne iugeras tu point nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;) autre de prier en par

ticulier pour perfônnes, prières, ou afaires particulières, qui leur foyêt expofees apres Icurdeces decefte vie. Car ils ûuent la condition generale de l’Eglife par la parole de Dieu amp;nbsp;par leur propre cxperiêce.-mais quant

-ocr page 153-

A l’Apologie DE I. Haren. 115 quant au particulier des membres, ils ne Ie peuuent fauoir par noftre cry, ne par force qu’ils ayent en leur condition: corne nous l’auons demonftrécy delî'us. Quant a ce qu’ils difent que cela appert par vne infinité de tefmoignages contenus enlaiainde Efcriture,nous ferions aüezacôtenter s’ils enalleguoyent vn feul pertinent a ce propos : mais comme iniques a prefent nous ne l’y auons feeu trouucr,auiri n’auôs nous point veu qu’ils l’ayent fccu alléguer. Pour le regard des images, s’ils dilent vray j que les images ne font adorees, feruies, honorees entre eux d'aucun fcruice diuin, ilsdeuroyétl’auoir mieux exposé de long temps au poure limple peuple,qui l’entend autrement: car c’ell vne ignorance dommageable. Mais il faut bien palier outre, c’elt a fauoir, quelles ne loyer leruies d’au-cûferuice qui loit. Car aulfi la raifon qu’ils aiouftent le monftre clairement,quand ils difent, elles^ont représentées aux homes com-me hiîioires amp;nbsp;menaoriaux des chofes pajjèes: or ne fait on point de feruice aux hiftoires amp;nbsp;memoriaux des chofes palfecs : qui le fera donc aux images ? Ce n’eft pas aux i-m âges, diront ils, mais a ceux qui fontre-prelentcz par icelles. A quel propos ? veu

H

-ocr page 154-

114 Response de F. I.

qu’ils ne font pas preiènts,veu qu’ils n oycc amp;nbsp;ne voycnt point ces choies, (come nous auons m on ft ré par cy deuat) amp;nbsp;iîngulierc-incntque quand ils les orroyent amp;:verro-yent, ils ne pourroycr autiemct faire ièlon V Aa.i4,if. Jcurconlcicnce,qii’ainiiqucPaulamp;Bar-nabas feil et en Lyftrc?car ils font parfccle-mcnrialouxde l'honneurde noftreDièu. Et qiioyqucMcftîeurs les lefuites iargon-nent, q cc n’eft pas honeur diuin, fi font ils côuincus parlefaiôl mefraedu contraire: caravncvertu diuincils attribuer hôneur diuin: or ils fuppolenrq lesfaindsmefme eftansau cieloyctamp;voyêt les choies d’icy bas, qui cft vne vertu diuine, amp;nbsp;parain fi ils attribuent a icelles honneur diuin, amp;nbsp;fouf-frent fans contredit que le limple peuple le facc.Nous ne prctcdons pas pourtant, que Dieu ayt défendu l’viàge des images: car

lt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s’il en auoit défendu 1’viage,il n’appelleroit

Exo.ji.j. pas fart des Imagiers vn don de fon Efprit;

mais bien difons nousprcmieremêc qu il a Dcut.4amp;y. défendu U fon cU'ence ne foit reprcfentcc par image ne femblancc quelconque: fc-condement qu’il n’a iamais comandccjuc J'onfeift au temple image dechofe qu on doiuc ou puiiTc adorer : a raifonde quoy le Concile Eli bel tin l’a eftroiteméc défendu.

fina-

-ocr page 155-

A l’Apólogik DE L Ha REN. rrf finalemêtquencMoyfenc Salomon n oc faiftautcple aucune image adorable fans cxpreffe ordonnance de Dieu. Et cela fair doublement contre les patros des images. Car d’vncofté fiMoyfe amp;nbsp;Salomon n’cn ont point faid fans cxpreffe ordónance de Dieu,quelle puiffance ont ils plus q Moyfc amp;nbsp;Salomon? ou cfl l’ordonnance amp;:lacô-miffion? Dieu certes maintenant veut de tels adorateurs qui l'adorct en efprit amp;nbsp;vérité. D’autrepartquileuraapris d’argumenter ainfi ? Dieu a corn mandé a Moyfè amp;nbsp;a Salomon de faire des Chérubins au têpie; donc nous y ferons des images, voire de tou tes fortes. Ils fanent bien quec’eft contre tout droit, fi quelqu'vn veut argumenter d’vne chofe particuliere, amp;nbsp;en for-

I ger des conclufions generales. Pourquoy ' nbsp;nbsp;donc le font ils, veuqiamais Moyfc amp;nbsp;Sa

lomon qui en auoyentle commandemer, n’ont entêdu,penfé,ofé,ou entrepris feulement lefpeflcur d’vn ongle par defius? Du fixiefi'nc,nous n'entendons point q le Pa-

; nbsp;nbsp;pc foit chef minifterial de lefus Chrift en

lôn Eglife , veu que nul ne doit prendre ceft honneur s'il n’y eft appelle de fonSci* Hebr.ya^ gneur: amp;nbsp;nous nyons eonftamment que le Pape y foit appelle. Les prennes qu’ils

H ÿ

-ocr page 156-

ttS Response de F. I.

en allèguent font trop maigres pour nous raflafier. Car premieremet cefte raifon ne vaut rien, a fin fient retenir ƒ EgUß en paix dr vnion: c’eft l’office del’Efprit de Chrift, amp;nbsp;non point du Pape, ne d’aucun homme mortel. Semblablemét les exemples de Moyfcamp; du Roy n’y feruent en rien: car cefontdiucrfes adminiftrations, d’vne police, amp;d’vneEglilè.-amp;auffi les excples ne font pas lesloix. Mais ils ne pouuoyent mieux dire pour ratifier le dire du Pape iules,qu’il a les deux glaiues en main,le temporel amp;nbsp;le fpirituel. L’autorité deChrift espaiïàgesqu’ils alleguentnous larecon-noillôns,Dieu mercy: mais elle ne fait rien a ce propos. Car ce comandement, P ai mes ,apartenoitatous les Apoftres, a-partiét encores a tous Miniftres felon l’exhortation de S. Pierre: mais pource que S. Pierres’en cftoitfoymefmedeboutépar fa cheute, U a efte de befoin qu’il y fuft refti-tuéen fon entier par nouuelle ordonancc de ChriiljCommeil a efté faid. Cefte pro-Matt.K.ij. rneflé,TuesPicrre,dr/Hrceßepierretediße-rajmonEgltfe,fait autant ace propos que rien. Car Chrift ne dit pas. Sur toy,Pierre, iebaftiray mon Eglife : mais fur cefte pierre,de laquelle S.Pierre a eu fon nom,cômc

S.Au-

-ocr page 157-

A l’Apologik DE I. Haren, iry

S. Auguftin l’enfcigne.Ceftefoy,dic JeSci-gneurjqne cii as confeflèe,cefteconfeflïon lt;ierbuDa-que tu as faidceft vne pierre ferme amp;nbsp;vn fondemécafleuré particuliercmêt de toy, amp;nbsp;generalement de toute l'Eglife enfem-ble. Au regard de cefte pierre tu es Pierre, comme ie t’ay imposé le nom , amp;nbsp;a mefme regard l’Eglife demeurera bié fondée éternellement. Voila l’intelligence telle que le paflage requiert,amp; que Icsfainds Peres ont donnée d’vn commun confen-tement: comme il a efté cent amp;cent fois remonftré. Comment pourroyet les Ic-fuites cuifiner ce paflàge pour en faire au Pape quelque bon confortatif’cariln’ya rien ace propos. nbsp;nbsp;nbsp;Quant au feptiefme, y

c'eft biê laid aux Catholiques de ne point adorer vn Dieu de pafte ; combien que ie crain que le fimple peuple entre eux ne l'étende pas ainfi,mais s’y fourre plus grofte-ment qu’il ne faut,en matière d’adoration. Toutesfoisilsdoiuét bien penfer que ceux qui les blafmcnt de eeka, ont vnc maniéré fort fimple d argumenter : Selon voftrc a-uis.dilenc ils, cefte oublie q vous monftrez amp;nbsp;pour menez amp;nbsp;adorez cft Dieinoreft elle de pafte,corne nous fauSs tresbien.-vous adorez donc vn Dieu de pafte. Ilsrefpon-

H iij

-ocr page 158-

îiS Response de F. I.

dent, Ce n'eft plus pafte, mais eft Dieu, d’autant qu’il fe fait vne conucrlion facra-mentelle delafubftance du pain amp;nbsp;du vin aucorpsamp;au (àngd’iceluy. Voilaqui va fort bien.car nous concluons de leurs propres paroles ; Selon q la côucrfion cft,ainfî eftlafubftancedes chofes : or lacÔuerfion cft lèlon la nature des Sacrements:doques il faut bien dire que la fubftance foit felon la nature des Sacremcts. Et qu’eft ce ic vo’ prie,de la couerfion facramentale ? ce n'eft: pas vn changemêtde fubftace.-changemêt de fubftace (è fait par corruptio de l’vne amp;nbsp;generatio de l’autre.Quelle cofciece pour-roit fupporter cela, qu’aux Sacrements il y euft corruption amp;:gencration?La fubftace del’aigneau Pafchalou desSacrcméts de la Loy ne fe changeoit pas au corps ou au fang de Chrift : l'eau du Baptefme n’eft pas couertie au fang d'iccluy,cóme quad le Sei gneurchâgea l’eau en vimmais leulement cft fanèl:ifieeparrordonâcedcDieu,a l’analogie vlage legitime des Sacrements. L’analogie oujpportio des Sacremêts cft,q deux chofes y ioyentje ligne,amp;: la chofc-ß-gnilîee;qu’entre ces deux choies il y ayt co-formité,nô couerfio ne cófufió quelconq, amp;nbsp;q le tout foit ordoné de Dieu auccjpmef fe de grace Quat a 1’vfagc,les fideles le fen-

-ocr page 159-

A l’ApOLOGI E de I. H AREN. U9 tctjlefauëtjamp;enioiüfsët. Telle cftlafanclifi-catio qles anciës Peres ontappcllce conuer-fion,pource qu'vnc choie cömune eftoic c5-uertie en choie faincte es Sacrements de l E-glife de Dicu.Pourquoy la font ils autre au S. Sacrement delaCene? Carilsnepeuuëtef-chapper en forte q ce foit qu’ils ne confefiène l'vn oul’autrc? li cefte couerfion eft facramë-talc,ellc n’eft point autre qcellc qui eft es autres Sacremëts: lî elle eft autre,elle lïeft donc pl’ facramëtale.Autâteftildcl'adoratiô. Car nous ne nyos pas la pfencc du corpsde noftre Sauueurau Sacrcmët,felo laquelle no’ mangos fa chair amp;nbsp;bcuuos fon fang en nourriture de nos âmes a vie éternelle : mais bien di-fons no’ qu il ne veut pas eftre adoré au pain ou au vin du Sacremët.Car toute l’adoration q Dieu demâdc auiourd’huy eft, q no’ l’ado -rios no point en circomferiptió de lieu, mais en efprit vérité ; dot s’enfuit neceflairemët q nous ne deuos vfer d'aucune adoratiô qu'5 appelle locale, s'il n’y en a ordonace particuliere. Or qui eft l’ouurier q nous pourroit icy defcouLirirquclt] comandemët ou ordonace particuliere de Chrift?certcs il n’apas diet, hauflezjbaifléz,pourmenez, adorez:mais bien a il ditt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cecy eß rno» cor^s.

Lapromefte efttelle,cecyeßmon corps j ïor-

H iiij

-ocr page 160-

îlo Response de F. I.

donnance eft, prene“^ mangez,, faites cecy en mémoire de moy. Nous cm bradons la pro meße du Seigneur lefus a noßre confola-tion:pourquoy l'appliquerions aucrement quelelon (onordonnance,qui feroit no-

8 lire perteamp;deßrudion? Nousoyons ; volontiers ce qu’ils confeflènt touchant la paroledeDieu,quec’fy?Z4 regletrefeertaine, 'uerttahle nbsp;nbsp;nbsp;m fallible dwvouloir de Dieu amp;

Juffifanteafalut: amp;nbsp;prions Dieu pour eux de tout noftrecœur, qu’ils l’aprouuent amp;nbsp;ex-polènt d’orenauant felon l’analogie de la foy Chreßiene, amp;nbsp;le côlèntement des an-ciês Peres orthodoxes amp;nbsp;véritables en l’E-glifc. Mais quad ils nyét qu’ils aioußet ou diminuer a la parole de Dieu,ils s’oublient cßragemet. Car fans aller plus loin,n’cß ce , pas aioulter, quad ils aioußet l’adoratio au ' Sacremet de la Cene par delfus l’ordonace de Chriß’n’eß ce pas diminuer,quad ils a-bolifsêt le figne’N'eß ce pas aioußcr,quad ils ordonétvn Pape amp;nbsp;toutefa hierarchic? quad ils comandent les images ? l’adoratio amp;inuocatiÔ des faïds’le liberal arbitre? les merites ? les traditios de 1 Eglifc Romaine? ' N’eß ce pas diminuer, quad ils font Chriß médiateur feulcmêt de la redêption? quad Us defender auxChreßies des’afleurer que

Chriß

-ocr page 161-

al’Apologie de I. Haren, izi

Chrift habite en eux par fonEfprit,amp;Ies a-appaifentd’vne foy implicite; amp;c mille autres fredaines,dót partie ne touche poît, amp;nbsp;partie répugne a noftre foyamp;falut ? Pour les expofitios de Caluin, Luther, Bucer,amp; autres, no’ ne nous formalizos point. Car côbien q nous croyos fermemêt q ces per-fonnages là n’ont pas feiemmet corropu amp;: falfifiérElcriture,maisyontprocedéenrc-uerenceamp;fimplicité: toutesfois nouslaif* fons a Dieu amp;nbsp;a fa parole toute autorité, amp;nbsp;atous fideles le iugement pour examiner en pieté les eferits d'iceux par la parole, de laquelle ils n’ont pas voulu eftre maiftres comme le Pape, mais difciples toute leur vie. Qiunt a laiuftification, les paroles font bonnes,que noftre iuftificatio eft fondée fur les merites de noftre Seigneur le-fus,amp; tefmoignee par bonnes œuures.-bicn entêdu quelle eft toute fondée totalemct, amp;nbsp;confifte feulement es merites de Chrift feul,amp; non d'aucune creature en forte que ce foit. Si cela eft,nouslouerôs Dieu qu’ils font d’acôrd en cela auec nous félon la regle de fa parole, amp;nbsp;qu’ils renoncent aulc-uain des merites humains, que leursperes amp;compaignons ont de long temps peftri y au grand dommage de l’Eglifc de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'''

-ocr page 162-

112. Response de F. I.

I o Le dixiefmepoindie ne fay a vray dire ou ils l’ont veu, n'ouy : amp;nbsp;deuoyent bien a bon droid en monftrer quelque chofe. Car c'eft vn poind dont nous louons iournel-lement Dieu, qu’encores la dodrine de la fainde Trinité eft ainfi demeurec en ces grandes amp;nbsp;horribles tenebres de l’Eglifc Romaine. Mais fi aucun a vfé de telles paroles, c’aura efté par confequcce. Comme par exemple, fi quelcun difoit : l'Eglifc prétendue Romaine nereconnoift point, que Chriftfeul face entieremêt nbsp;nbsp;pleine

ment tout ce qui eft requis a l’office d’vn vray amp;nbsp;parfed Mediateur : amp;nbsp;fi cela eft vray,ccn’cftpas vn vray Chrift,mais vn faux q u'elle adore. Tels propos ne fe difent pas diredementau regard de l’eflêncedi-ulnc,ny dclaperfonne de Chrift, mais le tirent a la perfonne au regard de fon office par quelqueconfequence. Parquoy c’eft a tort qu’eux mefmes nous calomnict en ce-jj fte caufe. Maintenant il appert que ce ^cgt;nt point mcnlônges, ne faulîès fup-.J pofitions, que nous auos alléguées iufqu’a prefent. Mais quant a eux,comment oient

I ils alléguer qu’ils ayent auiourd’huy des ) Martyrs en Angleterre amp;: ailleurs ? Ceux ' qu'ils appellent Mai tyrs,cc font confpira-

ccurs

-ocr page 163-

al’Apologii de I. Haren. 125 teurs cotre I’eftat du Royaume amp;nbsp;le repos public, comme il cft ailé a voir par tous j leurs procès amp;les ades publics, gens qui veulent fous le manteau de reformatio dc-chalTer tumultuaircment la Royned'An-gleterre, partager le Royaume, amp;nbsp;par la ; ruine d’iceluy introduire leur regne amp;ty- ' rannie. Si ceux là font Martyrs qui veulêc faire vn fi grad amp;nbsp;horri ble brigandage,que ièra ce des petits brigandeaux ? ou feront pieté amp;nbsp;iuftice, û le monde couronne au-iourd’huy l’impieté amp;nbsp;iniiiftice du titre de martyre? Vray eft qu’ils ne le font pas d’eux mefmcs,ains eftas eny tirez d’vne perfuafio vaine de l’autorité du Pape. Maisd’oua il celle autorité? car nous auos cy delTus mo-ftré qu’il fe dit a faulTes enfeignes, fans fondement amp;nbsp;fans raifon, chel de l’Eglife. Et ores qu’il fut chef d’icelle, lùccefléur de S. Pierre,nous fommes enleignez parla bou ehe dcChrift,q iamais ne fut donee a Pierre vne telle autorité; voire amp;nbsp;q plus ell,quc Chrift mefme n’en a point voulu vfer en Luc 11,14. matière de partage,nc dcgradeur,nedeiu gemet criminel. Eli il !ieutcnant,amp;entre-pred plus que s5 Seigneur?eft il fuccefleur/ amp;nbsp;ropt les limites facrez de fa fuccelfion? ;

Ceq nous difons de leur Eglife amp;nbsp;doélrine'^ au relie,n eft point caché. Nous difons que

-ocr page 164-

1X4 Response de F. I.

' nbsp;nbsp;I FglifeRomaine eft Eglife,mais en laquel

le l'Antechriftfaiól fon liege. Si nous fpe-cifios en cela plus que S. Paul, qu’ils pefent que S. lean en a encores Ipecifié plus que nous ne diIons ; pource que nous pourrios bien dired’auantage en vérité, mais nous ne dilôns non plus quecea quoy la pieté amp;nbsp;charité nous forcent. Pour le regard de lado£trine,nousne difons pas qu elleeft toute diabolique ^pleine d'erreurs, ^c. mais bien dilôns nous autac que noftre cofciêce cftinftruiéle par la parole de Dieu, qu’elle a encores quelque refte de bon ( corne fin-gulieremêt eft lepoinétdcIafainéteTrini , té)inais qu’ellea lans comparaifon plus de mauuaisamp; pernicieux leu^i, corne il fera

12, par-apres demonftré. Quant a ce qu’ils difentpourlafin, touchât la forme de pieté,qu’elle n’eft point entre nous,ou s’il y en a quelque peu,que nous l’auons par finge-rielimitation,il nouseft aufli aisé de le nyer, comme ils trouuent aisé de l’alTeurer fl hardiment.Car premièrement ils fefont iuges de nos cœurs amp;nbsp;penfees, qui eftfeu-lemét de l’office amp;nbsp;puilïànce de Dieu.D’a-uantageilnefautquela croix ßefhiftoire de noftre temps, pour les conuincre de ce qu’ils difent fàuflcment,que noiftre doétri-ne

-ocr page 165-

A l’A pologiedeL Haren, tz^ ne eleue l’homme en vnc liberté charnelle amp;nbsp;mondaine quj le précipité es enfers,amp; la leur au contraire. Cornent ieroit leche? minde liberté charnelle en vne doôlrine decroix,daffliétiôs,amp;decomb2tsanïdusî Car nous voyons que ceux qui s’appellent Catholiques,(ont en cela vrayement d’a-cord,qu’ils fufeitent des affligions de toutes parts pour nous exterminer delà terre des viuans. cela ne fc peut acorder a celte liberté charnelle qu’ils nous reprochent. Et au contraire,corn ment feroit le chemin d’humilité en la doétrincd’iceuXjVeu que ce n’eft que toute pompe,grandeur,fierté, préemption de foy,opinio de merites qui regne amp;nbsp;cômande aux Papes, Cardinaux, Euefqs,amp; autres leurs fuppolts ? voire iuf-ques la que finalement les poures confciê-cesfont lancées cn'desefpoir, ou a tout le moins en desfiacepour dire en l’article de la mort, ô fi nous fanions ou nous allons: comme, hclas, cent mille exemples le déclarent iournellement. L’hiftoire de no-ftre temps au refte monftre allez,fi nous a-uons plus profité d’eux, que no pas eux de nous,veu qu’ils ont reftabli les exercices des Catechifmes, efcoles, amp;nbsp;autres chofes al’cnuidcsnoftres. Si les noltres font fin-

-ocr page 166-

116 Respons® de F. I. geries, Dieu le connoift, lequel nous fup-plions ardemment pour eux amp;: pour nous, qu’il nous face a to’ la grace d’eftrc ialoux en bien,amp; non point linges a contrefaire fans pieté ne raifon, afin que nous croiflios a l'enui, amp;nbsp;tendions tous a qui mieux mieux au Royaume de Dieu.

La, leliure des Huresfufdiôis luy ont donné 6cca/ion depajjèr outre, ceß a fauoir de s'appliquer du tout a refueilleter les Hures des Peres anciens : amp;nbsp;luy furent mis es mains premièrement rincent Lirinenßs anciennement fidele firuiteur de Dieu, qui •viuoit ily a plus de 1200 ans : item les epifres de JainHl Ignatius difii-ple defainHt Iean,ÇainLi t^uguflin de la cité de Dieu, les œuuresdefàincî Cyprian amp;deTer-tullian: ^ainfipetit a petit quitant les efirits des Proteftants ,il s adonna totalement a examiner les Peres. nbsp;nbsp;Il treuuoit en la leHlure d'i-

ceux 'vne toute autre for me de religion,pieté, cér modefiie,que cellequis'ohfèrue parmy les Pro^ teftants. nbsp;nbsp;nbsp;Iltrouuoit(emhlahlement que les

abrégez, lieux communs diceux, qu on exhibe aux fimples en leurs efcoles ,elioyent falfi-corrompus,pleins de bourdes df de men-finges. .^i fut caufi, tant pour mieux s exer-citer en la lelîuredejdicls Peres,que pour con-noifire dr remarquer la vérité,qu'il femeit a en tirer

-ocr page 167-

A l’Apologie DE I.Haren. 117 tirer vn(ontmaire en forme de lieux communs: commençant aceuxqutont'veßu toß apres les f^poßres^amp;fnijfantau temps des Scholaßi-ques. Ce qu il feit,non point a lafaçon des Pro-teßantsfem blables a la moufche,quis’arreße[ur la roigne eu lagale, laiffe le corps fain amp;nbsp;entier {Us nous aportent cotre les Catholiques quelques fentences ambiguës tirees de quelques Peres, ne fe Çoucians du reßeßbeau eßß do5iepuißi il e-ßre, ny de ce qui precede ou fuit apres : en quoy iniquement Us abufint dejdi^s Peres dr l^ur font tort ) atns regardant quelle eßoit la religion dr la forme de difcipline de leur temps,iblA confermott par la parole de Dieu dr lettrs propres efcrits.

Si la dodrine des efcriuains prétendus Catholiques de noftre temps euft efte d’vnc mefmc forme amp;nbsp;confiante en tout Si. partout, nous ne doutons point qu’ils ne nous en euflènt allégué quelques retaillons pourverificr les choies qui maintenant ont efté refutees. Mais puis qu’ils ne l'ont point faid , i’eftime que moins de neceflîté de leur demander les noms amp;nbsp;pahages de leurs auteurs, qu’eux n’auoyent deles dire amp;nbsp;alléguer a leur propos. Or puis quils glUlènt

-ocr page 168-

118 Response de F. I.

tout doucement a l’autorité des Peres an-ciës fous couleur d’vn deuotfeux Catholic comme lean Haren aefté,quia ainfitenu legouu’ernail ( comme ils dilènt ) au cours defes eft.udeSj nous paflèrons a ce propos.

Etprem/erementnous pouuons bien af-fcurer les ledeurs Chreftiens, qu’encores que nous tenions en matière de foy la feule Eferiture pour regle,commfe auffi les anciens Peres ont faiôb, que toutesfois s’il fe fâuttcnira eux,nous auons défia gaigné, Dieu mercy, la meilleure partie de noftre caufe, voire par le tefmoignage de ceux là mefme qui fon t icy nommez.Il n’y a point en iceux d’autre forme de religion, pieté,amp; inodeftie,quc celle que nous enieignos que nous croyons en nos cœurs, quoy que nous en fouruoyons trop fouuêt par ignorance amp;nbsp;me(garde,amp;donnions, helas,aux autres par trop d’occafion de blafmer le no de Chrifl: amp;nbsp;(a doctrine en nos infirmitez. D'auantage nous pouuons bien aufiî affermer deuant Dieu amp;nbsp;fon Eglife ( car i'en fuis afieuré ) que nul de nous n’a fciemmëc extraidoudrefsédes lieux communs fal-fifiez ou corrompus pourabulcr perfonne que ce foit. C eft vue calomnie euidentc, contre laquelle tous nos eferits rendent ß clair

-ocr page 169-

A l’Apologie DE I. Haren, clair tefmoignage,que les enfansmeßnc lapourroyenc connoiftre,amp; nous en fai-fons iuges nos propres ad lier faires en leurs confciences deuat Dieu. Car tant s’en faut que nous corrompions ou falfifions des paH'ages, qu’au contraire nous n’auos qua-fi plus grand cobat auiourd'huy, que pour conferuer lesefcrits des Peres anciens en leur intégrité. Qui font ceux qui y aiou-ftent? les Catholiques prétendus.Qm font ceuxquiyroignent? lesmefmes. Qui font ceux qui y changent? les mefmes. voire a-iouftent, roigncnt,amp; changent non lêule-ment des paflages, mais des liures entiers: amp;deprauentles autres par leurs cenfures, qu’ils appellêtcorreéhons. Tefmoins font les cenfures des facultezTheologiquesJes . cenfures du Concile de T rente, amp;nbsp;depuis encores l'Index expurgatorius, quin’ague-lquot; res a eftéefijënïé paTvn fingulier benefice quot;5 de Dieu pour eftre vn m iroir a iamais, ou la pofterité remarque l’infidélité de ces enfans ingrats enuers les cèdres des fainds Peres, de la fucceflion defquels ils le vantent fi hautement. Mais quoyîiln'ell pas befoinde beaucoup de paroles pour réfuter leur dire, amp;nbsp;confèrmerle noftre.-car leurs allegations qui senfuiuent,amp; qu’tls

-ocr page 170-

Response de F. I.

ont fi foigncufement digerees par petits lieux communs parleront d’elles mefmes, amp;nbsp;nous iuftifieront de foy contre toutes leurs calomnies amp;nbsp;quolibets. Car au refie quant a Haren,ie (ây que iamais il ne fe dona tant de pene, comme on a forgé icy-Klais poflîble qu’vn de ces iours la prefi'c des lefuites nous forgera ces lieux communs, amp;nbsp;ne foulfrira point qu'ils demeurent plus long temps en tenebres. S’ils le font, ieles aduerti qu’ils fe doiucnt bic fou-uenirde ce qu’a diôh vn des plus auancez en leur focieté a Couloigne l’annee paflèe, que lean Haren n’efioit qu’vn brouillon amp;ne faifoit rien qui valuft. Car c’eft vne choie aflèuree,que s’il y a en ces lieux communs de lean Haren quelque chofe a façon, elle démentira le titre du liure; s’il n’y a choie qui vaille,nous reconoifirons vra-yemêt le pere au vifage de l’enfant,amp; con-felîerons hardiment que cell vne pièce dudiét Haren. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Or le filles Peres luy ont enfèigné ce qui s'enfuit, Premièrement, que ceße ilocirtne^qus-uec feu, glaiue, violence, toute autre outrance les Pr Ote fl ans affligent, eîechajfent,dr tafehet d'exjlirper s'ils pouuoyet, efl neantmoins la mef mereltgion ancienne, four laquelle vne infinite

-ocr page 171-

A l’ApologIE DE I, Haren. 15i de CM^irtyrs ont finffert^dt' quetotn les Do-Heiirs de lEgUß tant Grecs ejueLatins depuis le temps des Apoßres ont toufiours creu, recette enfetgné aux Chrefiiens par toutes les quatre parties du monde : comme 'verrez, par ce petit dtfcoursquißutt.

Par l’autorité des Pères anciens Haren fe fait fort aiiec fes maiftres de nous mon-ftrerdeux chofes: l'vnequela doftrine de

5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;îa Papauté eft la dodrine catholique amp;nbsp;A-

poftolique : l’autre,que noftre dodrine eft ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;toute tirce des anciennes herefies refutees

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;conuincues de longue main. Nous

1 nyons l'vn amp;nbsp;l’autre, amp;nbsp;difons qu’ils font î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bien loin de leur conte es prennes qu’ils en

penfent amener cy apres. Venons don-- ques a ouyr amp;nbsp;examiner leurs prennes fur ƒ le premier poind qu’ils pretendent, que - leur dodrine eft ancienne amp;nbsp;orthodoxe.

»

ç nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;DE BAPTESME.

'lt;yinciennement Ion ßuloit preßer le fer~ I- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a Dieu le Créateur au Baptefme , qui eÜ

(- {entree des Chreßiens en lEgliJe en U meß t' me forme, mamere, cß ceremonies que nous ?/ faifons autourdhuy en tEglife catholique , fi '1' comme auec lonllion , exorctfme , adiura--te tion , amp;nbsp;fiÿie de la croix. Tertullian le nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I ij

-ocr page 172-

Ijl Response DE F. I.

•voißn deS(^poßre$ au Hure qùila intitulé dt refurredione carnisj^// Hure de corona mi-litis Chriftiani, contra Praxeam ^amp;contn Marcion^ voire en vne infinitéautres lieux ouuertementil noui demonfire que telle elioit la ccufiume de haq)tiz,er de (on temps, que par fucces des le temps des lt;^pofires ils auoyent apris de faire ainß. ■ Sainét Cyprian martyr HureI epifire 12, Origene homilie 12 furies Nombres,SainU lean ChryfofiomehomiLd’A-dam amp;nbsp;dEue, item ßr la premiere aux Corinthiens chapitre 4, (érßr lepremier chapitre aux Ephefiens. Bafil. du fainôi E(prtt, chapitre 27 nbsp;nbsp;J S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Satnll \^mhroife H-

ure I des Sacrement, chapitrer. Hure 2 chapi-tres:Hure3chapitrer. nbsp;nbsp;K^utempsdefainlî

K^uguïtin Ion vfoit des me(mcs ceremonies au haptefine, comme Ion fait amour d huy en lE-gH(è catholique. Voyez.(on commentaire furie Pfal. 30, item de la Trinité Hure 13 chapitre id. item contre Iuliam Pelagian Hure 6 chapitre S : item en l'epifire J03, dren vint autres places defis Hures. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;.^rnohitr5 excellent pere en

l'Eglifi efiriuantßr le P filme 23, ei'- Rahanus 'Maurus au Hure premier de (infiitution des clercs, chapitre 27 : voire tous les anciens Doreurs ont grandement eu en ellime cfi reue-rence les ceremonies baptifmales, que les Prote-fiants

-ocr page 173-

A l’ApologiedeI. Haren. 135 fiant s reprouuenttant. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Nous auons en ce poinôt amp;nbsp;es autres fuiuansadifcernerdextrement ce quieft de l'eflence ou fubftance des Sacremens amp;nbsp;ce qui eft de droit diuin,d’auec les autres dependances, amp;nbsp;fingulierement celles qui font de droit qu ils appellent pofitif,oude la tradition des homes. Ce que les Chre-ftiens faifans leur entree cnfEglifepar le Baptefme fouloyent prefter le ferment a Dieu Sc a noftre Seigneur IefusChrift,cela eft de la fubftance du Baptefme . mais les formes amp;nbsp;ceremonies dot il eft puis apres parlé,ne font pas de la fubftance des Sacremens ny de l’ordonnance de Dieu,ains de la tradition des hommes. Que ces traditios ne foyent point de Chrift,ne des Apoftres, les lefuites mefme le nous confeftent fans fonner mof.car en tout ce traiôté ils n’alle-guent quafi point leur exemple ne leur autorité. 11 s’enfuit donc qu’elles font procc-dees de perfonnes meues de quelque zele, quitoutesfois n'eftoyent garnies ny d’autorité telle que les Apoftres,ne de comma-dementfpecial pour ce faire. Or cobien que cela nous eft afl'ez pour monftrerque nous nous tenons a lavraye ancienneté amp;nbsp;a l’ancienne vérité que l’Eglife a receue de

I iij

-ocr page 174-

IJ4 Response de F. 1. Chriftamp;defès Apoftrès, a laquelle anciê-neté amp;nbsp;vérité nous fommes ncccfl'airernéc obligez, amp;de laquelle nous fommes tres-bien contens fans autreaccefl'oire,comme eftantfuffifanteafalut: toutesfoispour ne point redire fouuenc vne meime chofe, nous parlerons icy quelque peu des traditions humaines, amp;: auec tel fondemct que chacun verra ce qui en efl,s’il n’eft aucugle de volonté.

Les traditions humaines font celles qui ne font pas ordonnées de Chrin:,amp; par cô-feq Lient n'ont pas cfté obferuees touhours, partout,ne de tous, mais ont eftéordon-nees des hommes lelon l’auis amp;nbsp;l’occafion du temps,du lieu,amp; des perfonnes.Excple. l'Eglife ancienne au temps mcfmedes A-podresdeuant la communion delà fiinde Cene vfa du banquet charitable dont il cft faiét mention en repiftreS.Iude,amp; en la premiere aux Corinthiens:^ en ce baquet tous participoyent fraternellemetdcs bies qui leur eftoyent prefentez, combien que les Apoftrès n'en enflent point faiét d’ordonnance. La Cene donques fefaifoiten rEglifetouflours,entout lieu ,amp; de tous; mais quant a ce banquet il ne s’eft pas faiét toufiours;caril acoramancé apres l'infti-tution

-ocr page 175-

A l'Apologie DE I. Hare N. 15; tution amp;nbsp;adininiftrario de la Cene,par qui que cela ait efté introduir. Audi ne s’efbl pasfaidentourlieurcarmefmefainftPauI iCor.ii,io. voyant Tabus qui en reuenoit dont la fain-deCenedu Seigneur eftoit indignement profaneeje défendit a TEglife de Corinthe,amp; les rappella pour la voye plusafleu-reealafimpleordonnance de Chriftqu’il leur auoit baillee. Audi n’a il pas cftefaid de tous : car il ne fe faifoit pas mcfme des Apoftres, ne des Eglifes qui s’eftoyent co-tenteesdeleur fimplicité. Pourquoycela? pource que c edoyent traditions humaines, amp;nbsp;non ordonnances diuines.’obfer-uations volontaires, non pas obligations nccedaires : exercices particuliers des E-glifes,nonpas generales prefcriptions qui obligeadent les autres, beaucoup moins fèruidènt a les cot rebander, ou faire q u’el-les fe condamnadent les vnes les autres cotre la regle de charité. Et auiourd'huy nous voyons tout au rebours, que l'Eglifc prétendue Romaine prede plus les confcien-cespourfes traditions que pour les loix de Dieu amp;: de nature , amp;en fait des obligations , prefcriptions, amp;nbsp;condamnations fur les autres Egides a fon plaifir. neièfou-

I iiij

-ocr page 176-

Response igt;^ F. I.

Ad.jy,’®' uenant point du dire de S.Pierre, ^Maintenant pour quo j tentez.'vousDieutTnettans vn iougßr la tejte des difciples, que nynos per es ny nous n auons peu porter? Orcome nousa-uons diâ: du banquet de charité, auflî eft il allé de mefme a J onction ou au chrefinc qu’ils appellent, amp;nbsp;autres femblables ceremonies. Car l’onâiô Vautres femblables font anciennes voirement a noftre regard, maispointdetelleancicnnetc que le Ba-ptcfme, amp;: n’a poît eftépratiquée par tour, ne de toutes Eglifes, mais a elle permife 3 la liberté d’icelles. Voire qui plus eft,elle n’a paseftéainh receueenÎEglife Romaine iufqu’a ce que le Pape Sylueftrcfqui vef quitdutempsdel’Empereur Conftantin) eneutfaiétlordonnance: comme elle eft i»;.i recitee par Rabanus. lijons,àït il,« ciertc. t^^es des Peres^que le Pape Sylueßre ordonna en l’EßißRomaine,que commel’Euefquefeula puißance drpriutlege défaire le(âtnà chreÇme, amp;ßg^i^ aueclediól chre(me celuy qui efl baptizepar t import a des mains a cau^ede lafta-ßon des heretiques,qu'auft le Preßre oigne du meÇme chrefine celup qui eß baptize Uué hors de leau, ç^c, l’ameneray encores vn autre exemple, afin que la chofefoit d’autant mieux elclaircie. Les Eglifes d’Afrique

corn-

-ocr page 177-

A l’A POLOG ie de I. Haren. 157 çoramunement auBapteftneonc auflîte- TertuU.hi. nu cefte ceremonie,que l’on donoit a gou- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;66.

fter laid amp;nbsp;miel a ceux quefeleuoyêc hors decorona de l’eau du Baptefmc,puis vnefemaine de long ils s’ahftenoyent des lauemens ordinaires. Cefte ceremonie n’a point efté touP iours, ne par tout, ne receue de tous : mais au contraire a perdu fon cours puis apres, entre ceux làmefmesqui l’auoyent fi foi-gneufement amp;:deuotement obferuee. Si doques l’ondion autres (êmblables ceremonies que la Papauté recommande fî hautement,ne font point de l’ordonnance de Chrift, ne de fes Apoftres,ains ont efté introduides par quelques perfonnages pë fans bien faire, les vues plus toft, les autres plus tard apres le temps d’iceux, les vnes en vn lieu, les autres en plufieurs par con-fentement ou imitation, iufqu’a ce que le venin de fuperftitiona laifi toutes les parties du corps mefme par la tyrannie de l’E-glife Romaine ; quelle raifon y ail de nous obieder l'anciëneté en tel les chofes? Nous appelions al’ancienneté de l’inftitution de Chrift,qui adonnéle Baptefme en route fimplicité; nousappellons al’obferuation desfainds Apoftres,defquels nousauons iCot.n. receu ceque le Seigneur leur auoit baillé;

-ocr page 178-

13.8 Response DE F. I.

nous appellos a la fimpliciré des perfonna-ges Apoftoliques:nous appelions a la pieté des Eglifes,qui long tcps apres n ont vsc de telles ceremonies amp;mefmes en ont aboli aucunes, fupporras fraternellemêt celles q en vfoyét (ans faire ichifme nediuilîo pour cela : brief nous appelions a lefusChrift, corne au chef amp;nbsp;eipoux de l’Eglife Saunen r de fon corps, cotre la tyranique amp;nbsp;for fence violence de ceux qui ont tourné les traditiosenfuperfbtions, obicurciflent 52 anéanti fset pour elles le benefice de Chrift 02 fcs ordonnances faindes, entrcprenent autorité fur les autres Eglifes, prononcent leurs iugemens 52 condanations fans iuge-inent ne raifon, 52 les executêt ûns miferi-cordefurles pouresmebrcsde noftre Seigneur lefus. Car cela n’cfi cepasdeftruire pour de l’huyle, du fel, 52 du crachat ceux pour lefquels lefus Chrift eft mort’n’eftce pas condamner lefcruiteurd autruy ? Encores faunique nousaiouftios vn pointft: c’eftque beaucoup de telles obferuations eftoyent fimplement hiftoriques pour fou-nenance de quelque hiftoire 52 benefice de Chrift, corne eft lefouftle dont ils vfent encores a la Papauté difans Effeta. en lieu Marc 7,j4, de dire Eppateach'. les autres eftoyent do

gma-

-ocr page 179-

A l’Apologie DE I. Haren. 159 gmaciqucs (èruates a quclqueinftruólion: amp;nbsp;Jes autres taâ:iques par maniéré de dire, aparcenantes a I’lionneftetéamp; a l’ordre del’Eglife. Or eft il certain que l’on ne fau-roitmonftrer obligation plus grande qu’a celles qui font requilès felo l’ordre amp;nbsp;hon-ncfteté en l’Eglife de Dieu. Car les predications amp;: Sacremens font ordonnez pour doélrines amp;liiftoires perpétuelles enl’E-glife de Dieu :amp; fi les Pafteurs fe veulent bien aquiter de leurs charges, ils feruironc plus par ces fimples moyens que Chrifta comandez qu’ils ne peuuent faire par cent mille inuentions. Mais des autresobJèrua-

, Toutfefacehonneitement amp;nbsp;i Cor.14^ far ordre. Or celles cymefmcs qui concer-nent l’honncfteté Sc l’ordre public, n’obligent poi nt finon autant qu’elles aident l’E-glife, amp;nbsp;doiuent eftre abolies amp;nbsp;changées fiellescommancenta feruir d’empefehe-ment amp;nbsp;fe tourner en fuperftition amp;nbsp;ge-hennedes pouresconfciences. Combien plusdonques celles que la fantafie des h5- ’ mes a ordonces a dodrine ou remêbrance hiftorique fans iufte occafio amp;nbsp;ncceflîté?

Nous auos efté icy vn peu plus longs,pour-ce qcefte matière apartict aulfi aux poinds quisenfuiuent apres. Maintenant parlons

-ocr page 180-

140 Response de F. I. des poinóts ceremoniaux qui nous font icy obiedez.

Nous auons clairement moftré cy def-fusque c’eftdel’onélionjamp;que c’aeftév-ne ceremonie qui a la loguea efté fourrée en l’Egliiè de Dieu. Quat a l’exorcifine amp;nbsp;a l’adiuration, ce fon t chofes vrayement anciennes,mais trefmal entendues comune-ment en l'Eglifc Romaine. Ciirexorcifme proprement en Grec ne fignifie pas vne coninration qui chaile le diable hors du corps, mais fignifie abiuratio ou renoncement faid parièrment. Or ces deux ceremonies , abiuration amp;nbsp;adiuration, efto-yent conioindes des le corn mancement au faind Baptelme. Car quand les perfon-neseageesfe prefentoyent pour eftrebap-tizees , comme il a falu faire en l’Eglifc primiciue, le Minjftre les faifoit abiurer, c’eft a dire, renoncer au diable amp;nbsp;a fès œu-urcs ; puis tout enfemble les adiuroit, c’eft a dire,les obligeoit par fermer a noftre Seigneur lefus Chrift. A raifon dequoyle Baptefmc eft appelle Baptefme de repentance , amp;: eft did auifi queles luifs venoyet a lean pour eftre baptizez de luy cofelTans leurs pechez. Et pleuft au Seigneur que les Minières de l’Eglifè prétendue Romaine en

-ocr page 181-

ai’Apologie de I. Haren. 141 envûflent enteile (implicite commel'E-glife primitiue. Mais il en eft allé bien toft autrement, car aucuns voyans quenoftre Seigneur lefus auoit chafsé les diables hors des démoniaques difànt, Efprit immonde fors dchors;ils ont aioufté au Baptefme ce-fte imitation amp;: ceremonie hiftorique, pc-fans que celle piece ven oit fort bien a propos. Nous reconnoilïbns donc l’exor-cifme, c’eft a dire, fabiuration des fideles, amp;nbsp;l’adiuration aufii pour chofes làinéles amp;nbsp;necelTaires au Baptefme : mais point ce-fte coniuration du diable procédante d’v-ne fotte imitation, amp;nbsp;qui a engendré en la doélrine du Baptefme plufieurs vaines amp;nbsp;faufiès opinions.

Relie le ligne de la croix? duquel que fauroyentils dire autre choie,fiinon que c’a efté vne tradition de mefme elloH'c que l’onélion dont nous auons parlé ? Et delà ell venu, que les vns l’ont obferué, les autres non : combien qu’au relie tous ont re-conneu leurfalutde lefus Chrill amp;iccluy crucifié. Delà vient que Minutius Felix en fon liure(qui communément ell appcl-lé le huitiefme d'Arnobe)deuant le téps de Conflantin le grand,parlant delà croix re-fpond ainli, Nomne firuonsnyde/ironsaußi

-ocr page 182-

141 Response de F. I.

des croix : mais plus toß 'votifs poßtblc cjui confa-crezdes Dieux de hots^ adorerez des croix de bois comme e il an s des pieces dezos Dieux cz qui s’enfuit. Mais depuis le temps de l’Empereur Conflantin fusdiót nous ne nyons point que l'on n’ait laid plein marche de croix en toutes chofes. Sóme,quat a l’abiuration Sz adiuration legitime des Chrcltiens au Baptefme, ia a Dieu ne plai-fe que nous la reiedios en forte que ce foit: nous l’auoLions employons felon l’ordonnance de Chrift, l’exemple des Apo-ftreSjamp;s rvfagcdclEglilcpdmitiue. Mais bien rcprouuons nous cell cxorcifme ou coiuiation qui le faid fans autorité, amp;nbsp;fans raifon apparente au grand detriment de l’Eglife de Dieu. L’ondio amp;nbsp;le figne de la croix, pource que ce ne font pas chofes ordonnées deChrifl, n’obferuees de toute ancienneté, ne par tout, ne de tous, mais fingulieremctdes Africains, briefqu’elles font entrees en credit feulementau temps de Coftantin mefme en l’Eglife de Rome, amp;:font tirées en fuperftitio plus toft a la ruine qu’a l’edificatio des poures cofcicnces; nous auons meilleure cofcience par la grace de Dieu n’en vfans point,que l’Eglife Romaine nepeut auoir les employant

méfiant

-ocr page 183-

A l’Apologie DE I. Haren. 145 méfiant au Baptefnic Chreflicn. A quoy faire donques nousaportêt ilstefmoigna-gcs des Peres en vnechofe claire ? Tercul-lian (quiavefcu 1.00 ans apres noftrc Seigneur Iefus)Cypriâfon difciple, amp;nbsp;Orige= ne, qui cft fuiui bien toftapres, ont efté de l’Afrique : qui a efté le quartier le plus embrouillé pour le comancement de toutes fuperftitions iufques au temps dudidCô-ftantin. Leurtefmoignagc donc ne peut nous faire preiudice eschofes qui ne lont point del’ordonnancedeChriftjnon plus qu’il n’a preiudiciédecetemps làal’Eglile Romaine ny aux autres qui n’auoyet point ces oblèruatios. Quant aux autres,Chryfo-flome,Bafile, Ambroife, Auguftin, amp;nbsp;Ra-banus, ils font venus apres le têps de Con-ftantin, auquel têps les traditios humaines ontcomâcéd’auoirlavogue,nofculemêt par la fimplicité des bos amp;nbsp;Chreftiens Empereurs pouffez dezcle fans fciéce en telles chofes,maisauflî par laialoufie desEuef-quesqui feruoyéta quelquesEglifes principal es,amp; notâment de Rome amp;nbsp;de Con-flantinoble-.quine tendirent point tant a faire valoir le nom de Chrift par vn fainct exercice du miniftere, comme a fc faire valoir les vns par defl'us les autres auec telles inuentions amp;nbsp;autres badineries.

-ocr page 184-

144 Response de F. I.

Que fi ces bons peres n’ont pas voulu rom-ptel’vnitéde l'Eglifêa telleoccafion, ains iè font accommodez a vue choie rcceue fans fuperftitio, en quelle côlcience main-tenanty ferons nous contraints par tyrannie indigne amp;nbsp;fuperftition volontaire ? Relie q no^ auertiflios en vn mot le Leôleur, qu’il ncfe doitpoint esbahir dcceque les Peres de la locieté de lefus allèguent Ar-nobe, qui fut quelque peu de temps auanc lediét Conftantin : car ils font cela fuiiiant leur fidelité acouflumce, comme pourra voirquiconque cerchera lepafiage qu’ils allèguent pour preuue de leur dire. 11 n'y a pas vn feul mot en tout ce Pfeaume, qui fe raportea cela.que iugeroit on donques de telles allegations?

Dr SACREMENT DE CON-firmation.

Leßicrentent de eonfirmution, qui cNioiten •vfige des le temps des {^postres, comme il appert par le S des nbsp;nbsp;des nbsp;nbsp;nbsp;du 6 aux Hebrieux,

acoustume entre les Peres iufques auiourd'buy, meÇmesa preßnteßtenu^^obferueentre_j les l'roteEians r^nglois. Cquot; eft'vne témérité trop effr ont ee a Caluin, qui confejjè le didfacrement auoir eße en najape au temps des \^posit es, de pren-

-ocr page 185-

al’Apologie de I. Haren. 14^ prendre cefle hardiejp de[ oiier de l'Egliß.^i voudra prendre le loißr de regarder ce que les Peres anciens eßrtuent de ce Sacrement, quil regarde les ailes du Concile Eliberîin ^can.sS: celuy d Orleans, canon 3 : celuy de Laodicee^^ canon 4S: celuy de tJM.eaux^celuy de Florence^ y amp;c. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eertullian au Hure de la reßr-

rellion de la chair, ejr au Hure du Bapteßne. Sainli Cyprian Hure i, epistre 12 : dr en H epi-fire a Iulian, amp;nbsp;de ïonllion du chrefme amp;nbsp;des autres S acremens. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S. Hierofine contre les

Lucifériens. S. Augußin contre les letres de Petiltan Hure 2 chap. 104 : du haptefine centre les Donatißes Hure Sichap.ipfur le Pßaume2ly en la preface amp;nbsp;ailleurs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Baßle le grand au

Hure du S. Eßrit, chap. 27. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eheodoret^ Cy

rille Alexandrin, 'uoire tous les Peres ont eu en grande eflime ledtH Sacrement ^par lequel la grace du S. Eßrit nous eß communiquée afin de nous armer contre nos ennemis vifihles çfi inuifibles.

Il n’cftoit befoin en forte que ce foit que Meffieurs les lefuites recueilliflent par leur nouice lean Haren vn tas de paß jges pour nous prouuer ce que nous confellôns : car cela s’appelle en bon langage perdre fon temps, amp;c les penes. Mais pource qu’il y a fort grande difference entre l’vfagelc-

-ocr page 186-

14^ Response de F. L gitimed’vne cliofe amp;nbsp;la corruption d’icelle, amp;nbsp;qu’ils n’ont autre but que de couurir leurs badinages aueclenom amp;nbsp;le titre des choies faindes; nous déduirons en brief ce qui femble apartenir ace propos pour refc'airciflèmentd'iccluy.LafaindeEfcri-ture appelle Impofition des mains ce que l’Eglife ancienne a nommé Confîrmaqon. Or cefteimpofition eftoit vnç ceremonie par laquelle ceux qui eftoyét en quclq vocation beniiToyent les autres au nom de Dieu, les rccommandoyent par prières, les confermoyent delà grace de Dieu en leur vocation. Or il y a deux fortes de vocation enl’Egliiê: l’vneeft la vocation de Chreftienté commune a tous fideles: l’autre cft la vocation finguliere, par laquelle vn homme eftoit appelle en quelque ad-miniftration pour feruir a l’Eglife de DiciK 11 nous faloit dire cecy , pource que ces bons aduocats delaCofirmation les confondent lourdement en ceft endroit alle-gans le 8 des Aâcs auec le 6 de l’Epiftrc auxHebrieux. CaresAélesileftmanife-fte qS.Luc parle de l’impofition des mains par laquelle vn nombre des habitans de Samariea efté ordonne en l’adminiftra-tion de l’Eglife, pour le regard dequoy

ont

-ocr page 187-

j A l’Avologie DE I. Haren. 147 ôntreceu leS.EfphCjc’cft a dire Jes dons vifibles d’iceluy pour les employer au fer-uicepublic. Etpourtantcelanepeuceftre ' confondu bonnement auec l’impofition des mains ordinaire amp;nbsp;commune a toutes perfonnes Chreftiennes, d’ont l’Apoflre aux Hebrieux parle. Parlons donc maintenant de l’impofition ordinaire amp;nbsp;commune. Ccfteimpofition donc anciennement a fuiuile Baptcfme d’vn tenant par maniéré de dire, lors que perfonnes cagc-

; es s’eftoycnt prefentees aiccluy. Car in-i continent auoirefté baptize/en Chnft,le . Miniftre les benifloit au nom d’iceluy, les J rccommandoit par prières publiques, amp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les confermoit de la grace de Dieu en leur

e nouuelle vocation dcChrcftientc par l’im-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pofition des mains. Mais quand c’efto-

.5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prefentez au Baptefmc en vertu de l’allian*

M nbsp;nbsp;nbsp;eageamp;cnfciccedeladoólrinc Chrefiien-

j5 ne. Alors ils venoycts’afièoirentreles Cale nbsp;nbsp;nbsp;techumenes, amp;: rendoyent raifon de leur

J. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;foy: de laqlle le Miniftre fatisfaiél: leur im-

Is pofoit les mains, amp;lt;: auec ce figne les benifi it nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;K ij

-ocr page 188-

14^ Response de F. I. foit,recommandoit a Dieu,amp; confermoit en leur Chreftienté. Ce n’eft pas de mer-ueilleji l’Eglife pretêdue Romaine fe fean-dalize des noftres : car elle n’a rien gardé que le figne voire embrouille de nouuelles traditions, amp;nbsp;eft ialoufè de ce que nous ra-menons envfagela vérité par lagrace de Dieu, fansqueperfonnede nous pourtant mefprifc ou blafine le figne qu’ont obferué en celales Apoftresamp;l’Eglife primitiue. Quilsreftabliflènt la vérité de ces choies, qu’ils purifient le figne delcurs ordures qu’ils y ont aioufteespar defl'us la premiere ordonnance : alors les tefmoignages des làinds Conciles amp;nbsp;de Peres anciens feront pour eux, amp;nbsp;nous auec.Sinon, qu’ils entendent que tous les tefmoignages qu’ils allèguent ne lèruent d’vnfeftu pour maintenir leurs fuperftitions : mais nous aident totalement en la fimplicité de nos obferuations. Quant a ce qu’ils appellent la Confirmation ou impofition des mains Sacrement, nous n’en débattons point icy beaucoup, pourueu quel'on entende par ce mot de Sacremétvn ligne oblèruation facree en general. Autrement fi on le prend en la lignification fpeciale, corne on faiét ordinairemet auiourd'huy,

Raba-

-ocr page 189-

A l’Apolog IE DE 1. Haren. 149 Rabanus mefme ( qui viuoit il y a enuiron 70 0 ans) tefmoigne qu’encorcs de fon têps l’impofition des mains n'eftoit pas tenue pour Sacrement enl’Eglife de Dieu.

DE LA ES S E.

temps d'Ignace dtfciple de fiin£î lean, item au temps d Irenee difciple de Polycarpes, ^ui außifut difciple de fain^ lean,l’on celebroit la CMeJJèpar tout, es Eglifes tant Greques que Latines. nbsp;nbsp;nbsp;Ledi£i Ignace ejcriuanta tEgli

se de Smyrne leur defend de célébrer ladt (Le Mef fefansEuejque. Ireneealafindu 32cha-pitredu pliure, appellel'Etteharisiie toblation amp;nbsp;lefacrifice du nouueau te fl ornent'. amp;nbsp;afferme que c’eflle facrifice duquel le Prophete CMala-chieparle au premier chapitre de /et reuelatîos, qu'on deuoit offrir a Dieu par tout le monde. Tertullian,qui viuoit au me/me temps, au Hure de la couronne du Chreslien dit ainfi, TSloua offrons oblations pour les morts chacun an. Il répété le me finefouuent ailleurs en fis eferits. S.\yiugullini3’7 firmon de tempore dit ainfi, ^pres le firmon ten failî lameffe des Cate-chumenes : ^en fin Hure des confefiions, Hure ÿ chap. 4,il afferme que flo mereCM. onica requit qu'apres fa mort [ on offritfiicrifice pour elle. Le mefme fain£ÎAugufîinHure22 de la cité de

K iij

-ocr page 190-

Response de F. T.

JDieUychap.Sjfâitt metwn â’vnferfinnage (jni Auoit'vnerKdifôn ‘vexeedes eJJgt;rits malins, lesquels onchajpi offrant itlec leJacrifice du corps de no sire Seigneur lejus Cbri(f. Sairi£i t^mbroifè celebroitla Mejjèpour [Empereur Theodofe^ amp;nbsp;continuellement faijoit le meSmt pour la confer nation nbsp;nbsp;prospérité del'Egltfe.

SainEi Cpprian 4 liure,epißre s-, Epiphanius^ 0-rigene nbsp;nbsp;nbsp;tous les autres Peres pariet (ifôuuent

claircmét de la Meffe^quiln'y a que les malicieux ignoranSy qui rappellent en doutefi ce myHere eß de EieUyOupoint. Mais outre les tef-moigtiages despiincls Peres, noua auons les Liturgies ou IcS Meffes anciennement célébrées ert l'Eglip, Chreftiëne ,t at entre les Grequesqueles Latines:ßcomecelledeS. laquesßeredu Seigneur., celle de Baple le qrad^elle de S. lea Chry-joiiome. item la maniéré de laquelle on 'vpat anciennement a Rome l’an i^o en administrât U ^llt;^Jßßlon qu'ileß contenu en l'Apologie de luff in Martyr : amp;nbsp;depuis par Clemet Alexadrin, quiferuott ffdelemct [Egltp de Dieu 200 ans a-pres lanatiuitéde noßre Seigneur lefits Chriß. Ließ ce point ajne imp tide ce effiontee a Caluin, de dire q S. Gregoire a inueté la Meßße (ß qùau parauant tonne piuoit que c eß oit? N'eß ce point hardiment faiEl^voire iniquementaux Prote-ffansde reieEier tous ces Peres pour adhérera vn

-ocr page 191-

A l’Ap OLOGiE DE I. Haren, içr 'un moine spoliât Luther?quiconfejjè au trar HéqiiilafatóidelaMeffèparticuliere amp;del’o~ ^tondes Prttlres^ que Satan luya reuelequ^ la lt;y^ejfè efloitcontreuenante a lordonnanc^ de Dieu.

Nous auons défia clairement demon-ftré es articles prccedensque les cUoiès fainâes ordonnées de Chrift, pratiquées des Apoftres, amp;nbsp;fimplemcnt pourfuiuics en l’Egliie primitiue, doiuent cftre fainde-nient difcernecs de l’abus amp;nbsp;de la corruption qui aefté fourreeen l’Eglife incontinent, ou quelque temps apres, fous apparence de fainctetc. Le melme ella »••••'lt; noter en ce troifiefme poinól, ou la fainôle Cene de noftre Seigneur cit confondue auec la Méfié de la Papauté, comme fi c’e-ftoit vne mefme chofe , la Cene du Sei- ‘ gneur amp;nbsp;la Méfié Romaine. Car nous reconnoifions vrayement amp;nbsp;de tout noftre cœur la fainde Cene félon que les A-poftres l’ont receue du Seigneur amp;nbsp;l’ont baillee ala pofterité , comme vne fainde inftitution de Clirift profitable, plaifante, amp;necefiaircicy bas a l’Eglife de Chrift: amp;nbsp;Jacelebrospour telle religieufemetennos Eglifes fans y aioufter ou diminuer a noftre efcict, pource q la fimpliciié de Chnfl:

K iiij

-ocr page 192-

ifi Response DE F. I. nous eft: plus chcre que la diuerfitédesin-uentios humaines qui ne pcuucc lèruir que de leuain pour enaigrir la fainde pafte que Chrift a depofee en fon Eglife. Mais quant ala Meftê, c’eft a dire(afin que nous ne di putions point du mot) quant aceiacrifice quêtes Preftres font, comme ils dftènr,du corps amp;du fang de noftre Seigneur lefus Chrift pour les viuansamp;: les morts ; nous ne la reconoiftôns, aprouuons, n’auouons enforce quecefoit, pourcequelle eft du tout contraire a l’inftitution amp;nbsp;a la propre nature de la Cene que Chrift a ordonnée.

•' Car la Cene félon le dire de Chrift, eft vne commemoration du facrifice que Chrift a faid vne fois de foymefme en la croix pour l’expiation de nos pechez; la Mefte felonie diredel’Eglife RomaineeîT^mfacrifice d’expiation. Or nous tenons que le facrifice de Chrift eft fi parfeól,qu’il a efte faid vne fois en la croix amp;nbsp;ne fè reitere pF. LaCene eft vn fainift exercice de corn emo ratio en l’Eglife des viuas pour l’entretic amp;nbsp;acroillemêtdeleurfoy; laMeflè eft vn facrifice amp;nbsp;oblatio qui fe faict pour les viuas amp;nbsp;les morts: ce qui n’a aucun fondemêt ne preuue en l’Efcriture fainde. Brief la Cene eft vne ordonnance de Chrift, la Meflè point,

-ocr page 193-

A l’Apologie DE 1. Haren, if) point,comme nous ptouuerons incontinent en faifant l’examen des padages qui nous font icy oppofez par I’Efcolc des le-fuites. Cariln'y eft point parle de la Mefl'e en forte que ce foit, mais bien de la fainifte Cene corne elle a cftécelebreeenl’Eglife de Dieu, deuantque ces profanes corru-ptios s’y fourraflènt que la Papauté defend fi opiniaftrement auiourd'huy. Mais rc-mectans cefte difpute a tant de liures qui cnonteftcfain(ftemétamp; dodemct efcrits de noftre temps, examinons en brief les fondemens qui nous font alléguez.

Premièrement nous prenons cela pour nous,amp; eftdefaiét vne confeflion tacite de 1 Eglife Romaine,q la Mefle n eft point de finftitution de Chrift, quand ils ne font icy aucune metion du tem ps de Chrift, ne des Apoftres,ne des faindes EfcritureSjlef-quelles toutesfois ils ont cy defluseonfel^ fé eftre fuffifantes a falut. Si donc elles font fuffifantes, amp;nbsp;ne font mention aucune de la Meftè,qu’a uons nous donquesafairedc la Mefl'e? pourquoy ne nous laiflè on contenter de ce qui eft fuffîfant?

Secondement nous nyons qu’elle ait e-fté célébrée,ou chantee, oudanfee auteps de Polycarpe amp;nbsp;d Irenee, amp;nbsp;que les aduo-

-ocr page 194-

iy4 Response DE F. I.

cats d’icelle en puiHènt aporter bone preii-ue.Qn'ainfi foic,examinonsparoidre toutes leurs allegations le plus brieuemêt que faire fe pourra.lgnaceditainfi,C^^ Eucha-rißie là fôù tenue pour ferme df ajfèuree qui au~ raeßedonneeparl'Euefque. Or que leur profite ce paiîàge pour ladefenfe dcIaMefle? le ne di rie icy de ces Epi lires d’Ignacedeu-lement ie di que ce paflàge leur eft doublement cotrairejvfanc de ces deux mots, Eu-charillie amp;nbsp;Euefque. Car Eucharillie figni fie aâio degracesüa Mefl'e(come ils diset) n’ell pas actio de gracesjue lacrifice eucha rillic pourrêdregracesa Dieu,maiseft vn fâcridcc d’expiatio.-cc n’ell pas vne recon-noilsâcef pour parler en bô gros langage) mais vn merite. Qu’eft ce doques Eucharillie en lEglife deChiill,q laCene d iceluy?

qu’cll ce de laMefl’e,qu’vn aneatiflemét de la Cene,amp; du facrifice dé Ch rill dót en la Ceneno’faifons cómemoratió ? D’aua-tage par le mot Euesq ils ne peuuet icy entendre vne belle mitrec, mais vn feruiteur de Dieu q a charge déporter la parole en fon Eglife:come c ell lajppre fignificatiô amp;nbsp;vfage ordinaire es faîôles Efcricures. Autre-mët les poures Egiifes qui n'auoyent point d’Euefquc cuHent elle trop greuees d’en aller

-ocr page 195-

A l’Apologie DE I. Haren. lyy aller quérir loin:amp; mefmes auiourd’huy preique toutes les Mefl'es qu ils font ié-royét illegitimes amp;: de néant par le dire d’I-gnace.Mais voila ce qu’il veut dire en fom-me, Que fi aucun fors vn Miniflre appelle cnl’Egliieentreprend d’adminiftrer la Celle,quecen’eft point choie faîôle., maiseft vne profane amp;nbsp;illegitime adminiftration. Irenee liure 4 chap. 3 x parle ainfi : Chriß donnant co»leilajes difitples d'ojfrir a Dieu les prtmtces de (es creatures ^non point comme s'il en euß bejoin^mais afin pu'eux rnejmes ne fußet point tnfruôîueuxn ingratSyprint le pain pui eß des creatures nbsp;nbsp;redit graces dfant, Cecy efl m'a

corps: df/emblablement confefà pue le bruua-ge de la coupe^ eßant dvne creature pui eß felon nous^eßfonfang: eß enleigna I'oblation nouuelle du nouueau teßament pue I'Eglife ayant receu des k_gt;dpoßres offre a Dieu par tout le monde commeprimices de fes dons a celuypui notes done nourriture au nouueau teßament. Ce pue CMalachie entre les douze Prophètes a para- ^^lach, i. »antßgnifie difant ainß^ le nepren point de plat ßr en vous , dit le Seigneur toutpuiffant, ne receuray point de preßnt de vos mains Car depuis le Soleil leuant iu(pues au couchant mon nom eß glorifié entre les gens, eß en tout lieu encenfement (ß prefint pur eß offert et

-ocr page 196-

1^6 Response de F. I.

nom, pour ce que mon nomeß grand entre les gens, dit le Seigneur toutpuißnt :ßgni-fiant par cela fort clairement, que le peuple du par-auant a ceße doßrir a Dieu, mais qu'en tout lieu ce present, voire pur amp;nbsp;net, eß ojfert a Dieu, amp;nbsp;fin nom glorifié entre les gens. Nousauonsicy couché tout au log les paroles d’Irenee, afin que chacun voye d’autant mieux combien a propos elles font alléguées pour la defenfedclaMefle. Premièrement Irenee parle des primices, amp;: no pas des premier-nez,des primices,di ie, de bled amp;nbsp;vin : lefqlles primices on ne facri fioit pasfcar là ou il y a faerifice,il y a effufio de fang ) mais bien les ofFroit on au Sei-gneur.Secondement il parle de la Cene,amp; non point de la Meflcj comme les paroles le monftrent ouucrtcmcnt. Tiercement il dit que c’eft vne oblation de reconnoiflan-ce,amp; non point vn facrifice meritaire d'expiation: afin, dit- il, queux meimesnefiufient point infruéiueux ri ingrats. Et puis apres, commeprimices de fis dos a celuy qui nous donne nourriture. D’auantage le Prophete Ma-lachie mcfme en ce palîage là ne fait mention quelconque de facrifice en fon propre langage: dont il s’enfuit quelc mot Grec ßuoja. doit eftre expofépremierement félon

fin-

-ocr page 197-

A l’Apologie DE 1. Haren. lyy

l’intention deMalachie,puis aufli d'Irenec. Orl’vn amp;nbsp;l’autre parle de prelènt, amp;non point de fâcrifice:ce que les mots demon-ftrent en Malachie,amp;: en Irenee la compa-raifon precedente. Et combien que les interprètes ayent communément rendu le mot Qïccficrifice,amp;^ que Haren l’ait voulu ainfi prendre,fi eft ce que la railon requiert que la verfion foitplus tort accommodée a l’original, que non pas l’original a la verfion d’iceluy ; amp;: le mot Grec entre les bons auteurs a l’vne amp;nbsp;l’autre fignifiçation, de prefent amp;nbsp;de facrifice:en quoy les interprètes fe font lourdemêt abufez audidt cha pitre amp;nbsp;es autres fuiuans en Irenee. Finalement ie prie Meflieurs les aduocats de la Melle, qu’ils confiderent fi leur Méfié eft vne oblation ou prefent pur amp;: net , qu ils ont fouillé de tant d'inuentios. Car cela eft pur amp;nbsp;net qui eft felon Dieu en Chrift; or laMcfieeft vn corps, iedi vnmonftreco-poféde toutes ordures amp;impietez contre la firaplicicéqui cftlelon Dieu cnChnft. le prie donques le Leéteur confidercr amp;nbsp;iugcrcombié apropos cespafiages deMa-lachieSc d’Irenee font tirees a la puanteur de la Méfié, afin de luiure ce qui eftlelon Dieu en Chrift; comme aulfi Irenee l’ex-

-ocr page 198-

ijS Response DE F. I. j pofe plus amplemeces deux chapitres fui-* ’ nans. Tertullian dit ainfi, 7lt;(ouifaifons oblatibs four les morts, four les iours äe la f/aip ßmce^atourafïrnnerfatre. Etque fertccla,ic vous prie a la Melle? Car premièrement quelle interpretation eft cecy ? Nousfai-fons oblatiós,c eft a dire,nous faiiónsMef-fes:commes’il n’yauoitd’autres oblations que de Meße. Er de quel vifàge peuuent ils j interpreter ainfi les paroles de Tertullian (quieft vn auteurauffi graue amp;nbsp;brief que nul autre qui foit) veu que deuant il a parle de l’Euchariftie? Que veut dire cccy, Mef fleurs? Sivoustrouuez lemot dEucharb ftie,c’eftla Mefletoutefaiifte : fi vous trouviez le mot d’OblatioSjc’eftla Meflè,'amp;r no autre. Tertullian ne veut pas eftre ainfi ti- , repelc, ne gourfoulé en inter^retatios. V oi-la les paroles de iuitc.-Aw/j receuonsle Sacrement de [ Ettcharißie^/fue le Seigneur a comma-dé a l'heure du manger (ß a commandé'a tous, nous le receuons es aßemblees eju on fait me(me datant le iour, amp;nbsp;»e le receuons de la man d:autres (jue de ceux qui y f reft dent. ?ÿousfafons o-blations four les morts^ds-c. D’auantage c’eft vn abus de prendre les oblations pour les morts au fens que vous prenez. Ce n e-ftoyent pas oblations qu’on offroit pour la remil-

-ocr page 199-

A l’Apologïe DE I, Haren. remiflîon des pechezd’iceiix, ne pourob-tenirleurdeliurance: mais c’cftoyentfon-. dations que les perfonnes en leur viuant auoycnt ordonnées,ou autres perfonnes atioyentdreflèes pour l’amour d élies, afin d’en rendre graces a Dieu, ou en faire fo-lennelle comemoration. Sivncperfonne deuât fa mort leguoit a l’Eglife, au minifte-re, auxefcoles, aux poures, ou autrement quelque oblation annuelle. ou bien fi quel-qu’vn en fouuenace amp;nbsp;adion de graces fai , foit telle oblation pour celuyqu’ilauoitai-méen la vie d’icekiyic’eftoit oblation pour les morts.Et en mefinelens parle Tertullia en qiielqs autres endroits. Ce n’eftoit donc pas oblation qles Grecs appellent hilafti-que,c’eft a dire,d’ expiation, mais oblation cuchariftique,c’eft a dire,d’adio de graces amp;nbsp;de reconnoiflance.Que s’il ne leur plaifl l’entendreainfi,pourceque nous ledifons monftrons clairementau moins qu’ils lefacent en confideration de ce que hauteur conioind a ces oblations celles qui k font pour les iours de la nailTance. Car ces oblations la ne pcuuent aucunement eftreprifes n’entendues que de la Eecon-noiffance adion de graces que l’on ren-doit a Dieu par quelque tefmoignage foie-

-ocr page 200-

1^0 Response de F. I.

nel amp;nbsp;anniuerfaire, au profit de qui que ce fuft.Nefont ce pas chofes qui s acordent fort bien auec le facrifice expiatoire pour les trefpafiêz? Voila comment la Melle eft baftie en l'air,amp; n’a pok de tefmoignage es œuures deTertuIIiâ.quoy qu’ils pretendêt. Lespalîages de S, Augulbn font alléguez de mefme foy que les precedens. Car premièrement au lermon 137 il ne fetrouue rien de ce qu’ils difent :peut eftre qu’il 'js. faute au nombre, ou difference entre les exemplaires. Eux mefmeaulfi fauent bien que ces fermons ne font pas tant de S. Au-guftin que d’autres, corne d’En lebe Emif-lènc, de Gregoire, d Antonius, de Maximus, de Beda, amp;sdc quelques autres qui plus eft, que S. Auguflin en fes œuures qui font vrayement de luy amp;nbsp;rcconeus par luy,n’a onques vie d u no de la Melïè.Tou-tesfois ie ne doute point que ce nefoit le fermon 2 5 y.-ou S. Auguftin ne fonne mot de faire la Melfe, ains de donner congé: Voicy., di t il,4^ le(ènno Ion donne congé aux Catechumenes. Et que tel en foit le lens, il le monftreincontinêten ^iÇ-avÆ^lesfideles demeureront-, on tiendra au lieu d'or afin, amp;nbsp;ce qui s’enfuit.Que n’enuoyons nous ces Docteurs aux Grammairiens afin d aprendre leur

-ocr page 201-

A l’Apologie DE I. Haren. i6i leur Latin, plus toftqde gafter la Theologie fi licencieufemct? Lc paflage de Monique fa mere au dernier chap, du liurc 9, dit tout autrement que ne font les Peres de la Mefle. Car voilafes paroles,EUenenotare-commandûitpoint ces cholesyains feulement de-fiïoit on feiß mémoire de(oy a ton autelauquel elle auott ÇeruiÇans laijjèr paffèrujniour. Il y a certes grande difference entre mémoire amp;(acrihce: voire quad mefmc nous prê-drons ce mot mémoire par figure, pour vne oblation memoriale qu elle a fondée pour tous les ans,encores ne fera ce point facrifi ce de laMefl'e.Car voila ce queS. Auguftin veut dire:Lcs autres quad ils font au pas de lamort,ordonnêt pour memoriaux qu’ils foyct enfeuelis richemer, embaufmez, ornez de fepulchres riches amp;magnifiques,amp; autres choies femblables : ma mere nous a ordonné vn memorial meilleur, c eft que to’ les ans en l’Eglife telle aumofne foit di-' llribee qu’elle a trouué bon lèlon la portee de fes biens.Et de ma part ie ne doute point queceftecy ne foitla vrayeinterpretation, felon que défia es palfages de Tertullian nous auôs remarqué chofeféblable.'Quat al’hiftoire de Hefperius, duquel la mailon futdeliureedes elprits malins en fonheri-

L

-ocr page 202-

1^2- Response de F. I.

ïagede Zubcdi, quand vnMiniftreycuc offert le facrifice du corps deChrifl:amp; prié pourladeliuranccdu lieu: icne fay pour-quoyilsprenenc plus toffeelâcrificcpour laMeffe, que pour la Cene, finonpourec quelaMeffeleurfaitdubicn, Autrement, ce n’eff pas vne chofe nouuelle,que le facri Rcc du corps de Chriff fignifie la mémoire du làcrifice, c’eff a dire, la Cene du Seigneur,de laquelle luy mefmea di6t, cecj en memcire demoy. Que fi leur intetion eff de moffrerquecefacrifice eff vneoéu-ure méritoire, puis q les diables s’enfuyét, ilsdeuroyent confiderer ce queditS. Au-guftin apres, c’eff a fauoir q le lieu fut faiff lieu d’oraifonSjlà ou IcsChreff iens s’aflèm-blerct depuis pour faire le fer nice de Dieu. Ce n’a donc pas efté aucun affe méritoire, । ' mais la pricredefoyquiachafié le diable, amp;quia fanffifié ce lieu a l'vfage fainff: publicquelediablene peut iouffrir. Ceft dope comme s’il difùit, que ce Miniftrelà commença le premier a y dreffer le fcruice deDieuparl’adminiffratiÔde fa parole^ Sacremens, amp;nbsp;par l'inuocatio de fon nom a la requeffedu poflèfieur, amp;nbsp;que ceffeco-fecration du lieu fut teftifiee par l’œuurede Dieu,entant qu’il en chafla le diable, amp;

par

-ocr page 203-

A l’Apologie DE I. Haren.

par Vauis amp;nbsp;con/êntemét de l’Egliïe Quoy qu'i! en foit,ils ne pcuuent efchapper telle-naent qu’ils ne confeflènt ce que dit l’Apo-ftrcauxHebrieux, qu’il n’y a qu’vn facri-fice de Chrift vne fois offert en la croix, amp;nbsp;quel'Eglife ne peut celebrer legitimemêt autre chofe que la mémoire d’iceluy félon le commandement de Chrift. S. Am-broife ne fait mention en aucune part,qu’il ait célébré la Méfié pour l’Empereur Theodofe, ne pour autre qui foit. Bien fait •1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I obttu Tht0^

1] mention quon auoit célébré le lour de fa mort, amp;: le quarentiefme iour.- mais de la MefTe pas vn feul mot. Et c’eft merueille queces bons Doâ:eurs,quand il leur vient a poinèl, font de leur MefTe amp;nbsp;de leurs Litanies tout vn. Car cela deuroyent ils plus toftexpofér Litanie queMefTe,quand il eft queftion du dueil amp;nbsp;des obfequcs d’vn Sei gneur. Mais, diront ils, pourquoy don-ques feroit vn dueil ainfi célébré en des iours diftérens ? Laraifon eft euidente,amp; manifefte par l’vfàgc des Cours : car le dueil commançoit a la mort des Empereurs, apres lequel on lesembaufmoit,amp; celToit toute adminiftration iufqu’a cc qu’au trentiefme ou quarentiefme iour le fuccefîéur fuft prefenté en public, amp;nbsp;ex-

-ocr page 204-

1^4 Response de F. I.

horte a bic faire par les louages de fon prc-deceflèurenfacederEglife. Et de là vient que S. Ambroife dit, maint en un t notu célébrons le quarentießne ioitr,pendant ejue lePrin-ceHonoritis(è tient auprès des(ainSis autels,corne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fainâ: amp;: eleué a la veue de

tout le monde,non pas pour chàter Mefle, car il eftoit Empereur,mais poureftrepre-fentéatoutle peuple,inftruiâ: parla parole en fa charge,amp; recommande par prières a DieuJefpere que fin par la fubtilité de ces Meflïeurs on en viendra là, que ballyer vn temple amp;nbsp;chanter Mefle fera tout vn. S. Cyprianliure4epifl:reyditainfi, 2^usof-frons toufioursßcrißces pour eux, comme uoui auez. fouuenance, toutesfois^rquates^uenoUi célébrons les foujfrances amp;nbsp;les tours des Martyrs par commemoration anniuerjaire. Cesfacri-fices,difentils, ce font les Meflès qu o a célébrées pour eux. Et no’ difons au cotraire pour plufieurs grades amp;nbsp;neceflTaircs caufes. car il y a bien d’autres facrifices en l’Eglife I Chreftienne.Ily a lej^rifice expiatoire de

Chrifl:,qui a efté faid vne fois pour toutes en la croix par l’Efprit eternehil y a le facri-fiçedes leures,qui eft l’Euchariftie amp;nbsp;tout remerciement au Seigneur.-il y a finalemct 1 ■ les facrifices amp;nbsp;oblations de charité pour la fubuen-

-ocr page 205-

A l’ApgloGlE DE I. Haren, fubuention des fideles. Du premier il n’en cft pas queftion en cc paflage:car auffi eft il parlé de plufieurs facrifices en Cyprian, or le facrifice de Chrift eft vnique; il n’eft port réitéré en luy, car il cft parfeétûl n’eft point égalé par autre, car il eft de vertu infinie. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

Du fécond il fe peut fort biê entendre:c’eft a dire,que les fideles en l’Eglile ofFroyent a Dieu les facrifices de leurs leurcs, recon-noillàns lagraceque Dieu auoit fai ôte a les fideles feruiteurs, les fortifiant en la bataille Chreftienne qu’ils auoyët fouftenue.Du troificûne on pourroit bien entêdre les paroles de Cyprian : mais l'expofition precedente vaut mieux, a mon auis. Quant a la Mefle, puis qu’ils veulent que ce (oit vn fa-crificcd’expiatio pour les vifs amp;nbsp;les morts, elle n’apartient point a ce paflage fous couleur q ce foir.Car Cyprian dit ouuertcmet, qu’il parle de perfonnes qui en proßernant le diable par la profeßio de Chriß^aueyent obtenu des palmes des couronnes du Seigneur par leurtUußrefoußßance. Et telles ßfonnesn’ot plus a faire vrayemet d’expiation. D’auata-ge il dit expreflemët q cela fe faifoit par comemoration anniuerfairexe n'eftoit donc pas par expiation, ne facrifice méritoire. Qi^llefolliecft cede vouloir racheter de

L iy

-ocr page 206-

166 Response de F. I.

penes ceux qui font hors de pcnc,amp;aquc-rirgloireaceuxqla poflèdét parfedcmct en la compaignie de Dieu amp;nbsp;de fcs Anges? Ou plus tort:, quelle fineflèdele periuader foupleinêt au poure peuple, pour faire venir l’eau au molî,amp;Target au balFn? QuaC a Epiphanius, ie cofefl'e q ie Tay leu en Ton propre lagage.mais q ie n’y encores rien trouué q parle dé la Mefle. D’Origec ils en deuoycnt bien produire les pafTageSjamp;des autres Peres fetnblablemct, s’ils en auoyêf de meilleurs amp;nbsp;mieux fondez q ceux qu’ils ont alléguez iufqu’icy. Vray elt qu’ils ont treflüuuêt amp;nbsp;clairemêt parlé de laCene oU de TEuchariftie,qu’ils ont auffi appelle Sa-cremêt,amp; aucûes- fois facrifice, c’eft a dire, facree adminiftration du corps de Chrift' mais’ qu’ils ayet nomé ou entédu la Meflè, vrayemêtc'eftvne chofequi ne peuteftre ^utieedeleurs efcrits, amp;nbsp;beaucoup moins aprouuee de nos cœurs,puis qu'elle n’a fo-demêt ne prenne en la parole de Dieu,n’es efcrits des fainds Peres de TEglilè anciêne.

Apres cela pour rêfort ils alleguet les Liturgies Melfes anciennes,côme de S.Ia-ques,Bafile,amp;Chryfoftome.Mais fi S.Iaqs Ta faide, d’ou viêt que les autres Apoftres n’en ont parlé? d’ou vient qu’ils ne Tôt gardée amp;nbsp;eftablie es autres Eglifes ? d’ou vient

-ocr page 207-

A l’Apologie DE I. Haren, iamp;y niefmes qiicBafileamp; Chryfoftorae (s’il eft vray cc qif ils difent }en ont faiét d’autres?il faut biêqu ils n’enayet point endenouuel-les. S’ils n’en ont riê iceu de ce teps là,commet erteile paruenueiufques a nous’ afin que ie taife,q cela n’ert pas coforme aux E-Icritures de Chrirtamp; des Aportres,lefqllcs ils cofelTent eftre vne regle trefeertaine, ve ritable,amp; infallible du vouloir de Dieu, amp;nbsp;fuffisàte a falut. Le mefme nous faut il dire de la Melle de Baille amp;nbsp;Chryfoftome :dcf-quels ny eux mefmes,n’aucû autre des an-ciês ne font point de metio, voire mefmes le feul no ne se trouue au relie de leurs œu-ures:amp; lefqlles le trouuerot difcordàtesen plufieurs choies d’auec la parole de Dieu amp;d’auecles efcritsdeceuxlàmcfmesqu’o dit en ertre les auteurs: brieflcfquelles eux mefmes reprouueroyct,s’ils ertoyet auiour d'huy au mode,corne la côferéce de leurs autres fainólsamp;doótes efcritsle demôrtre ouuertemct. Toutesfois encores ert il pl’ pafl'able qu'ils allcguêt ces chofes c tefmoi-gnage(carau-mots elles ont quelqféblace auec leurs fariboles) q d’alleguer lurti Mar tyr,amp; Clemct Alcxadrin,desqlslesefcrits sot aufli côtraires a la Mclfe pretêdue, q le feu al’eau.lls pariet bie voiremët dclEucha

L iiij

-ocr page 208-

168 Response de F. I.

riftie,de la commemoratio,dc la figure du corps amp;nbsp;du sag duSeigneurjdu myllere ou facremêtd iceluy,de laCenedu Seigneur; j amp;nbsp;expofcnt amplement la fignificatio, l’v- i fagc,la maniéré d’icelle:mais il y a trelgra-de diflèrence entre ce fainétmyftere, amp;;la Méfié auec fon habillage.La Cene y eft re-ueftue de la feule ordinance deDieu pour tout fon ornemêtjamp; par cela mefme qu’el-le ne cerche point de paremet eft la mieux paree de tout le monde, ainfi que luftin la defcritenfon fécond Apologetic,amp; Cle-mct apres luy. Mais la Méfié eft vne vraye rauauderic des traditions des hommes : amp;: combien quelle foit procedee de la Cene du Seigneur prcmieremêt, toutcsfois elle eft degeneree de plus en pr,amp;dcucnue corne vne infame putain,par le grâd nombre de fards,d’agios,amp;mefme d im pietezqu’el le a receues amp;nbsp;reueillics des homes. Et en quelle cofcience fouillerios nous le no pre- j deux de laCene,en le comuniquat a vn tel [ efgout d’impuretez ? Finalemct pour def-charger leur colere, ils attachent Caluin amp;nbsp;Luther en toute vehemêce.lls blafmet Cal uin d’impudence,pour auoir did q S. Grc- . goireainuenté la Méfié. Que leur faut il, qu ils sen tiénent fi fcandalizez’11 ne l’a pas j

toute

-ocr page 209-

A l’A P O LO G IE DE I. HaREN. lô’p toute faiâ:e,ie le confefle,mais il en a forgé plufieurs pieces, dries a ordonnées comme elles font. Il y a mis les Antiphones,les Litanies, les rogations, les ncufkyrie elei-fon,haleluia,amp;: l’offertoire, fcmblablemêt trois prières au Canô de la Méfie : tefmoin luy melmeen fes epift,Diaconus des faiéls des Lobards liure 3, Gregoire deTours li-ure 10 amp;: autres. Puis pour faire trouuer le tout bojil y a mis IcPater nofter apres la co- ƒ fecration. N’a il pas tresbiê mérité que l'on dife qu’il a faicl la Meße, puis qu’il l’a fi biê releuee amp;nbsp;habillée (comme on dit)dc pied en cap? Quant a Luther, il eftvray qu’en ce liuret il raconte par ieu amp;r en maniéré de nfee,quelcdiablea conféréaucc luy vne • fois, amp;nbsp;luy a monftré que la Meße ne vaut rien. Mais s’il a voulu rigoleren cc pafiage r- - .'r lt;)•• ••* (ce que vrayement ie n’aprouue point)que dirons nous de ceux qui ne laißent paffer demoniaque,foit vray foit faux, en fex-orcifme duquel ils ne facent tousles iours diligentes enqueues amp;nbsp;informations du diable, s’il ne croit pas que Dieueß en la Meße,que la Meße eß bone, que ceux qui n’en veulent point manger font damnez

' corne Iuy,amp; autres fèmblables niaiferies?

II eß vray que l’vn ne l’autre ne me fembic

-ocr page 210-

173 Response de F. I.

point bon,ne la rifee de Luther, ne la fotti-îè de ceux là qui veulent prendre le diable pere de mefonge pour tefmoin de la vérité de Dieu. Mais ce badinage icy a efté fi frequent, faid li fou lient amp;nbsp;en tant de lieux, a la veue amp;nbsp;ouye des poures fiinples amp;nbsp;idiots , qu’il me fembleeftre plus que temps qu’ils ne lê feandalizent point fort delà licence de Luther, puis qu’en la leur ils font grands maiftrespaflèz a ccd ouiirage.

Rakanut hl), idem-ßit. cltrtc.c.

31-.

Conclufion,la Mefle n’eft point de Chrift, ne des Apoftres, ne de l’Eglifc primitiue, quoy qu’on la vucille deiguifer du nom de Sacrement, d’Euchariftie, de myftere, ou autres ièmblables; veumefmemetqueles vieux Papilles ont reconneu tout rondement deleur temps, que le Sacrement du corps amp;: dufang-du Seigneur ell tout autre choie que l’office de la Melle. Et n’ell pas de merueillesicar cell vn corps ramafsé de toutes pieces pour abolir la Cene,amp; effacer le benefice de nollre Seigneur amp;nbsp;Sau-ucur lefus Chrill, auquelfoitgloire amp;nbsp;ho-neur éternellement. Amen,

DE LA CONFESSION.

La confeßionfacr ament ale, ejue le fits Chriß a recommandée aux Minières Ecclefialiicjues, que nous appelt'os Preßres^ a toujours eße obßf-uee

-ocr page 211-

*

A l’Apologi E DK I. Haren. 171 uee cn [ EgUle pour la. co['o lat ion des Chreftiens. S. Cyprian au [er mon de lap fis. On gene fitr Ie PfeaHmc37 ■gt; amp;fùrIeLeuitic homil.2. SainEl Augudin linre 2 de 0)1/11 at ione infirmer tic. 4. Cyrillttsfur S. lean, chap.ilt;/. ó’. Hierofinefür f Ecclefiasiic,chap. 10. /c.

Apres la Meffe Haren vient a cofefle a-uec fes maiftres. Oril n’eft point befoin d’amafler des prennes, quad vne chofc eft tonte cSfeflee amp;nbsp;acordee des parties.Nons reconnoiflbns amp;: cofeftons decoenr, qn’v-ne bonne fraternelle cofeflion eft commandée parlalâincfte Efcriture acenxquî fentent leur confciencc tronblee, ou du fardeau de leurs pechez , ou de quelque doute amp;nbsp;desfiance : que fame Chreftien-ne ne peut faire mieux q de le defeharger vers quelq bon amy,amp;fingulieremet vers quelq fidele Miniftre amp;nbsp;bon feruiteur de Dieu,pour en receuoir confolatiô. Et c’eft cela que difent les Peres ancies es paflàges qu’5 nous obie(fte,amp; autres sêblables qno’ pourrios alléguer. Mais qu’eft il befoin d'é dire d’auatage? Nous acordos l’vfage legiti me felo l’Eicriture amp;nbsp;lefdiifts fainds Peres: quant a ce qu’on y aioufte par deftlis, nous lereboutos cn bônecofciece.Etquoy’pre-micremét qu’o fait la cófeflïó facramëtale.

-ocr page 212-

lyx Response de F. I.

pour y mieux contraindre les poures âmes auec plus d’apparence autorité .-lècon-dcmét qu'on l'acopaigne de certaines loix amp;nbsp;neceiîïtez, qui font autât de tortures ou de bourreaux, par maniéré de dire, pour gehenner ceux qui s’y allLiicdißent. T clic cft la neceflîté de le defcharger a l’oreille d’vn Preftre ; item de le faire toufiours douant la communion .-item de recônoiftre par conte amp;nbsp;exprimer tous fes pechez fans en laifler vn feul en arriéré: item de prono-cerl’abfolution nulle, fi vne telle curieufo confeffion n'a precede. Toutes ces chofes

autres femblables traditions cotrouuees outre la parole, amp;nbsp;aucunes mefme contre la parole de Dieu, ne pouuons nous pafl'cr fous couleur detelles allegations -, pource que Dieu ne les a point ordonnées , les fainéts Peres n’y ont point pensé, tant s’en faut qu’ils les ayent aprouuees,amp; n'en peut reuenir que la ruine amp;nbsp;perdition éternelle des âmes par précipité desefpoir.

Pr SACREMENT DE textreme onciion.

Catumc^nfeJJèau tmiEié cjuilafaicldere-for-mertEgltfi.é-eflrAntidote du Coale de Trente^feß.j can.iyqueîextreme onctioneßoit tenue

-ocr page 213-

alApologie de I. Haren. 175 tenuepour Sacrement au temps des \_^poßres.

do flaues a faidiß har dis les Protesians de U retrancher du nombre des Sacremens, amp;nbsp;de n'en plus ^fer auiourdhuy contre lexprejjè parole de Dieu,qui le commande?Saindi Jaques ^S.C^^atth.^.

le fiiis bien aife que maintenant ils vien-aent vnc fois a l’allégation de l’Efcriture ûinde : laquelle chacun Chieftien peut mieux amp;nbsp;plus comodement fueilleter que tous les liures des Peres. Or pour dire en brief, felon la dodrinede l’Efcriture nous reconnoifTonsfondion dont les Apoftres amp;nbsp;fideles feruiteurs de Dieu ontvsé felon l ordonnance deChrift, comme il en eft parlé laques y, amp;nbsp;Marc 6. car ie ne penfe point quïls ayent icy voulu alléguer le pat fage de S.Matcb.6,i7;qui ne touche en rien acefte queftion. Mais decefte ondion qu’ils mettent en auat, nous nyons au contraire ces choies ; premièrement que l’on-dionfoit Sacrement, a la mode que nous prenons auiourd huy le mot de Sacremêc en l’Eglife de Dieu : fecondemêt que l’on-dion dont parle l’Efcriture, amp;nbsp;l’cxtreme ondion loyer tout vn. Qu elle ne foir point Sacremêt, il eft aifé a cônoiftre, rant pour-cc quelle a efté miraculeufe, comme aulfi

-ocr page 214-

174 Response de F. 1.

pource qu’elle a efté extraordinaire amp;nbsp;appliquée au temps de l’Euangilc naifl’ant, amp;nbsp;non pas commandée ne pourfuiuîe plus auant. Au contraire les Sacremens de l’Egliic que Ch ri il a fpecialement commandez a fon Eglile , font ordinaires amp;nbsp;non miraculeux ; comme nous en fom-mes apris par l’ordonnance deChrift , pari’experience. Orfondioneftoitmi-raculeufe ; car faind laques en répété la Marc U,13. promefl'c de CIinfE, iâind Marccn raconte l’effed , difant, Ils oignoyent d’huyle beaucoup de malades les guarijjoyent-. voire Herodes mefmes reconnoilr que c’e-{{oycivertusejutjefatfoyentCMX, au ver-fet fuiuant. Audiertoitelle extraordinaire temporelle .• car les chofos miraculeu-fes n’ont pas efté données pour toufiours, afin qu’on en feiftvn ordinaire, mais afin de feruir de confirm ation a la dodrine de-' nouueau prefentee par la grace de Dieu.

Et combien que faind laques ne l’efcriue pas enfon Epiftrcjfieftce queles lefuites mefmele nousacordent tacitemet,quand ils l’interpretent parlepaflàgedeS. Marc, là ou il dit des Apoftres, Bilans[ôrtisilsprep choyent aux hommes afin qùils fércpetijpnt-, dr cha^oyent beaucoup de diables^ dr otgnoyent

-ocr page 215-

A l’Apologie DE I. Haren. lyy dhnyle beaucoup de malades, amp;nbsp;lesguartffoyet. Pourqiioy cela, finô afin qu’ils le repentifi-fent amp;nbsp;creuflènc a l Euagile? Voire qui plus cftjCux mefmes nous côfe/lent q les choies miraculeules ont cftc pour ce tcps là,amp; qu’ on n’en a plus bcfoin auiourd’huy. Car cy deflus parlans de la vocation de nos Mini-ftres ils ont did ainfi; Ilsdtfentqu'ona befoin de miracles auiourdhuy. Ouy bien,pour autheti~ t]uer l'Euagile d)“ docîrine des Apojires,lacjuel-le nous confejfons auoir eße ajjèz, autoril^e par ßgnes miraclcs,amp;c cc qui s’enfuit. Ce n'eft donc pas vn Sacrement, finon qu’ils pre-nentle nom de Sacrement pour toute fi- -gnification facree, tant extraordinaire corne ordinaire. Mais cela napartienten rien a la queftion prefente : veu que nous parlons icy du mot de Sacrement felon fa fpe-ciale lignification. (^e l’ondiodont l’Efcriture parle amp;nbsp;l'extreme ondion ne foyent pas tout vn,nous le monftrerôs fans aller loin,par lenom,l’vfage,amp; l’euencmet des deux. Car celle là cil appellee ondion fimplemët,celle cy extreme ondio: celle-là efioitadminiftree aux infirmes pour gua rir, celle- cy aux demy -morts amp;nbsp;q. lont aux abois de la mort pour les enuoyer en l’autre modexelle- là guarilîoit,cellc- cy ne fait qu’êgraificr laillê mourir q veut mourir.

-ocr page 216-

1-^6 Response de F. I.

Car auflî celle là auoit ordonance de Dieu amp;nbsp;promeflè conioinde, qui iainais nes’en vont fans effeél: : celle cy n'a ny ordonnance ny promefle conioinôte qui luy donne efficace. Dont il s’enfuit clairement que l’onélion des Apoftres a efté vneeho-feiainde: cellede Preftres d’auiourd’huy n’eft qu'vne profane fingerie amp;nbsp;ffiperffcitio ridicule. Voila ce que lean Haren auoit adiré des Sacremens qu’on obferueen la Papauté. Mais il y en a deux autres qu’il a pallèz fans fonner motjes ordres,amp; le mariage. Quant aux ordres, il n’en euft osé parler, comme inhabile amp;nbsp;incapable des ordres felon le droit Canon. Du mariage, les lefuitesiès maiftres ont trouuc meilleur de n’en fonner mot, poffible pource qu’ils fc repentent de l’auoir nobré fi long temps entreles Sacremês.Parquoypuis qu’illeur plaift ainfi , nous pafierons aux autres poinds de dodrine, enfuiuat l’ordre com-mancc.

DV LIBERAL t^RBITRE.

Le Itberalarbitre estait au meÇme temps ett-' fiigfié, creu, receu entre les Chrelîiens^com-me [on fatU autourdbuy en lEgltfè catholique. Et tenait on entre les Peres anciens pour •vne here-^

-ocr page 217-

A l’Apologie DE 1. Haren. 177 her eße pernicieuß celte neceßtte ah fa lue uoit introiuicle Simon le magicien depuis fuiuie des Manichéens^ (jtte les Proteßans de no-Pt re temps ont renouuellee, dont s‘en font enfii-uies tant dlabfurditez, contre la Loy de Dieu amp;nbsp;toute honnefleté Sain cl ^^ugußin a efiript certains trailde^de ceße matière^ aprouuans du tout lefranc arbitre, f^u traité qu'il afaiPÎ de Hypognoßicon Hure Nom croyonsßit tH dr en feignons indubitablement ^que l homme afrn franc arbitre. Sain^ Cyprian ad Cornelium hure i^eptß.3 : le fus Chriß^ dit il^ difiit afis dif-ciples^ lean 6, 'N£ 'ijous en voulez, vous aufrialler ? obfiruant cePte loy par laquelle lhomme e(l laiße en fa libertf amp;nbsp;remis enfin propre arbitre de choißr la mortoufonfalut. nbsp;nbsp;nbsp;Origen e^

S. ^mbroiffainêî lean ChryfoPtome, Bafile^ Gregoire, Nyffine ^TheophylaPÎ fainPt Bernard, çfr autres Peres, voire toute la fain'Pîe E-feriture enfreignent aux Chreßiens,quelefilsde Dieuneusarendupar fin benefice nbsp;nbsp;obeijfàn-

ce le liberal arbitre que le péché d'\^dam nous auoitoflé.

Nous croyons voircmctquc du liberal arbitre on enfeignoie amp;nbsp;croyoit entre les Chreftiês comme on fa ici auiourd’huy en l’Eglife catholiq,mais non point corne fait la Romaine prétendue. Car d’vn code on '

M

-ocr page 218-

J7? Response de F. I.

ne croyoit point vne neeeflîrc qu’on appelle fataleou abfolue en la volocé de rhôme« amp;:d’autre conéauflionneluy dônoicpoîc vneabiôlueliberté: maison tenoit vn certain moyen, que nous auflî y fuiuons parla grace de Dieu. Nous appelions necefliié ablolue {que les Payens appelloyen t fatale parvnefauHe fuppofitiôdeie ne fay quelles dcftinees côtraires a toute pieté) quand vne chofèeft lîmplementneceflairc, Voire tellement neceflairc qu’il n'en peut dire ou aller autrement en lôrte que ce foitcorne (i ie di que Dieu cft, qu’il elHnfini,infi-niement bon,fage,puiflant,veritable,amp;c. Ceux qui difent q nous mettos en la volÔtc del homevne teilencceflité demal faire, nous font trelgi ad tort : amp;nbsp;faut bie de trois choies rvne, ou qu’ils ne fâchent q c’cftde neceflîte abfolue, ou qu’ils ne lâcher point ccqnousdilônsamp; en teignons de l’arbitre amp;nbsp;volonté de l’homme, ou qu’ils foyent * menez d’vne extreme malice a deprauer ainli amp;nbsp;rcnuerler noftre dire. Pourtant n’ont ils que faire de nous reprocher ne l’exemple de Simon (duquel ils enfuiuent la trafique en leurs vocations) ne la faufle-té des Manichéens ( defquels la licence eft luimepas apas des gras verres de la Papau-

-ocr page 219-

A l’Apologie DE I. Haren. 179 ré)neIes abfiirdicez qu’ils imaginent,donc nous parlerons en vn autre endroit : mais qu’ilsaprenct( fi par aucnture ils n'ont pas encores apris)a bien entédre auant q iuger ou condâner la doôlrine d’autruy. Or d autant qu’ils font aufiî bouclier des Peresen celle matière icy, desqls l’autorité ne peut amp;nbsp;nedoitpreiudicierala veritéco(lanteamp; infallibledc Dieu, venons aux tcfmoigna-ges qu’ils en^pduifent icy.Lcs traiôlez deS. Augullî qu’il.aefcrits du liberal arbitre soc bien fauorizas aucunemét a celle opinio q, a le cours auiourd’huy en la Papauté : mais il faut fefouuenirq lemclme auteur s’en cxcufe,amp; retraéle Ion dire en lès Retraéla-tios,amp; prieq Tes liures foyer cntédusfclovn autre liure qu’il a eferit apres,auql il a done titre de naturel (^gratta. Le pall'age q. ell allégué du 5 liure Hypognollicô deuoit eftre allégué entier,afin q le Lcâcur ne full poîc abusé. Car l'auteur a parauâc vsé de ces pa-roles:Z.4 py catholujtte croit ƒ le falut de thlime efl de Chrtji DienyparlajilayediKjtielnoßreltbe ral arbitre ejui auoit eflébleße[è guaritrefor-mCyCntat cjh i'conertit a fety par fa grace gratuite ceuxq^eftoyetdeßourneülßeßyyö' fatten eux le vouloir le pottuoir afin cjti'ils plat set a Dieu en honesœuures : cfideßpuelstlpar fait lacourfeen

M ij

-ocr page 220-

i8o Response de F. I.

ceße vie enUspreuenafitamp; fuiiiant par fa mi-fincorde a cattf de la vraye vie gui edi auenir. Adoc il aioufte, l^oui crofosdonc (^•prefh'ôs indubitahlemet^gue les libmes ontfranc arbitre^ amp;nbsp;ce qui s’en fuit. Qui eft autant corne s’il difoitj Pource que maintenant depuis que le fidele a appi ehcdcChrift,ce n’cft pas luy qui vit,mais Chrift vit en luy : nous tenons cela pour refolu, qu auffi certainemct que l’homeneft plusietf de péché, ains eft affranchi par Chrift,aufli la volonté d iceluy n’en eft plus feme, maisgracieuîemcnt af-frachie par iceluy:Toutesfois q cefte fran-chifceft vnefrâchiictant lètilement corn-manceeamp;no parfedcn’acomplic cnice-luy,pource que cefe voletéfeguarit çfr reforme de tour en tour. Car le péché ne regne plus,mais hic habite en cefte chair. Sgt;c pour tant l'home fidele en cefte vie eft bien vra-yement hofte.non pas ferf, amp;nbsp;la volôté d’i-celuy eft bien vrayemët hofteflc,mais non plus feruate de péché. Voila a la venté l'intention de l’auteur en ce paflagc, corne les paroles le monftreL Combien qu’au refte ie ne fay fî cefte piece d’ouurage eft de S. Auguftin,corne Erafme autres persônes de iugemet ont fort bien oblêrué pour plu-fieurs conûderations. Silescheualiers de l'ordre

-ocr page 221-

' A l’ApOLOGI E DE I. H AREN. l8l 1 ordre du frac arbitre ne font mStez d’autre chofe q celle là, il me femble qu’ils font en dàgier de ne faire pa^ gi ad chemin fans tresbucher,veu la foi bielle d’iceluy. Le paf làgc de S. Cyprian femble auoir plus d apparence. Mais s’il plaift a ceux la mefmes q l allegucnt conlidererde quiamp; de quelle franchifeil parle,ils trouueront vrayemet qu’il n’y a point d’occafion de furhauiTcr tant le franc arbitre par ce palTage comc ils cuydét. Car S. Cyprian parle des Apoftres, Sien la perfonne d’iceux parle des fideles régénérez, qui font vrayemet affranchis de la tyrânie amp;nbsp;feruitude de péché, corne no’ auons tâtoll diôfc, non pas affranchis pourtant de la copaignieamp; ducobat alfidud'i-celuy tout le têps qu’ils viuet en la chair : amp;nbsp;d’auantage il ne parle pas d’vne franchife totale, corne fi la perfonne fidele eftoit re-mifeamp; reftituee pareffeéfen lapofl'elfion delà mefmc liberté q nous au5s perdue en Adam.rcrtabliccnpleineiouiifancediccl-lc,amp; du tout remife a foy, mais delà volôté des fideles franche amp;nbsp;non cotrainte, conduite par affiftéce rpeciale de Dieu: fuyuat ceqChriftauoitdiél parauant,2\^Z»f/gt;c’«/ leans.tfr. venir amoy,s'ilneluy e(i donné de mon pere. E t en cela Harê n’a pas faid office de bon in-

M iij

-ocr page 222-

îSi Response de F. I.

tet prête, quad il tourne ain fi les paroles de S.Cyprian,/h~omeeßlaißeenja Uherié, nbsp;nbsp;re

mis enfan propre arbitre:c2ï il ne dit pas remif ains feulement mis ou pose, nonreflitMus, fedconfitHtMs. Que l’intention dudit S. Cyprian foit telle, il appert par l’cxpofiiio que luy mefmecn donne puis apres: quad il dit que Pierre par fa rciponfe auoit montré que ceux qui Ce font retirez, de Chnf perijfent par leur faute/nais que C Eghfe qut croit en Chrtß^ amp;nbsp;qui retient ce quelle a vne fois conneu, ne sen ‘va laraais de luy, (Cr que ceux là [ont l Egli -fequi demeuret toußours en lamaifonde Dieu^ amp;c ce qui s’enfuit. Le mefme ont enfeigné tous les fainèh Peres anciens,tant ceux qui font denomez parce bon difcourcur,corne les autres qui ontcftccs lieclespl’purs amp;nbsp;prochains des Apoftres, fur la doôtrine defquels celle des Peres doit cftre examinee. Toutesfüis afin que le tout (oit bien entendu, nous auons a noteren celte matière,qu’il y atroisdegrez (par maniéré de . dire) Iclonlefqucls lEfcriture nousenlei-gnequela volonté franche du fideledoit 1 eltre difcernec : a fauoir l’entree ou tbndc-' ment,le progrès,amp; racoplillèraent ou per-) fectiond’icelle. L’entrceellde regeneration, felon laquelle la volonté de 1 homme effc

-ocr page 223-

A l’A polo GIE DE I. Haren. 185 eft deliuree amp;:afranchic de Ia tyrannie de pêché, amp;:gaigneeanoftre Seigneur letiis Chrift par le benefice d’iceluy. Le progrès eft de fanóLficarion, en laquelle la volonté de l’hôme deliuree du (eruage par Chrift cft diuifeeenfôy,amp;cobatcontre ibymef-nie,la chair cotre l’cfprit, fefprit cotre la chair. L’acoplifTementeft de gloire,felon laquelle la volonté dePhome fidele afti a-chie du feruage,amp;: du combat ou elle eft en cefte vie, eft parfeéPemét régec a la volon-téde Dieu en Icfus Chriil. Du premier amp;nbsp;du dernier no’ tôbcrons aifeemêt d acord. Car quât a rctree,ellc eft noftre,nous fom-mes aftranchis de la tyrannie du péché par Chrift,tellement q le péché n’a plus de domination fur nous : quat aPacoplifrcment, nous l’attêdons en efperâce. Ledift'erenc cft touchant le progrès amp;nbsp;auancemét: car lesvns maintiennent qu'il eft plus grand, les autres plus petit. Oreft il bien certain qu’il n’eft pas de mefme en tous;car les vns ont plus gaigné fur la chair de péché, amp;nbsp;les autres moins, amp;nbsp;par cÔfequct tous ne font pas egalemét affiâchis de volôté. Mais encores posé que nous conliderions l’hôme qui foitleplusauancé de tout le monde en ûnébHcation, corne par cxêplc vn S. Paul, M iiij

-ocr page 224-

184 Response de F. I.

Matth.Iff, 4’.

les vns eftimët qu’en vn tel il y a franc arbitre amp;nbsp;cledion come en Ada,par grace pre-uenâtedes autres,qu’il y a frac arbitre auec lagrace cooperate,corne ils appellctdes au tres, qu’êcores qu’il y ait affrachilTemêt de féruitude felo l’entrce dót nous auos parlé, pour le regard de la caufe efficiente qui elt en nous,a fauoir Chrift.q toutesfois es plus régénérez fauacement elt lî petit, fi on ba-lâce bien amp;: a la vérité le viel home cotre le nouncau, qu’il ne merite pas d’eftre nômé frac ou liberal arbitre: tat la chair cft enco-resinfirme mefmemetesplusauacez. La I lèntccc cft des Pciagiës.qS.Auguftin entre tous a làinétemêt refutec:la fécondé cft des PcresGrecs principalemet,qont volo tiers elcouté la philofophic humaine, amp;nbsp;pé sétëperer par icelle la doétrine qfembloit trop déprimer la chair au iugeméthumaî: latroifielmeeftdes Lans,amp; finguliereméc de ceux qui ontcobatu le venin des Pela-giens depuis qu’ils fe furet elleuez, corne a efté fainél Auguftin. Car deuant ce temps là les bons Peres n eftans pas combatus de quelque herefie groffiere en ceft article, ne s’eftoyentpas donné pene adiftinguer fi bien amp;nbsp;pertinemment ce qui eft necef-faire pour la faine intelligence d’iceluy, com-

-ocr page 225-

A l’Apologie DE I. Haren. x8y comme il a efté faid apres. Or il cft certain que plus vne perfonne a vrayemêt profité cilla parole de Dieu, plus elle fentiraque ce n’ell rien de l’homme que chair, de fon entendement que tenebres,amp;: de fa volonté que peruerlité amp;nbsp;inimitié a l’encontre de Dieu:amp; que lors mefmcs qu’il cft régénéré il ne peut mieux fentir de foy qu’a l’exemple de S. Paul, amp;nbsp;felon le dire d iceluy, que»ô»^ femmes vmyementaffranchis depe- Rom.x.tsi chômais que notts femmes affèruis a Dieu : c’eft a dire, qu’il eft bien vray que nous ne fôm-mes plus enclos fous péché, ne deten’ fous la feruitude d’iceluy, mais que toutesfois nous ne fommes pas remis anoftrevoloté amp;nbsp;puifl'ance fimplement, ains a la volonté amp;nbsp;conduire de Dieu par fon Efprit.-qui eft vne feruitude gracieufe amp;nbsp;plus profitable quenoftreliberté pretédue, comme nous adreffant certainement amp;nbsp;fans faute a la liberté de la gloire des enfans dcDieu.C’eft ce que les faimfts Pères ont voulu dire, encor qu’ils ne l’ayent point aflez exprimé:amp; ceux qui ont autrem.ent fcnti,ont cfté a-ueuglez par vne vaine philofophie amp;nbsp;deception des hommes. Lafommedonc eft telle,que l’homme fidele eft tellement affranchi de la feruitude de péché en toutes

-ocr page 226-

Response de F. I.

fes parties, que le pechén’a plusdedomî-nationenkiy: mais que ceft aflranchilîc-mêtneluyaporte pas en ccfte vie vne plenitude de franc arbitre, ains feulement vn droitdeliberté amp;nbsp;franchife, pource quelà f Cor. J, 17. ou eft l’Eiprit du Seigneur, là crt: la liberté.

Qu’il poflèdevcritahlemét ce droit en le-fijs Chriftjamp;non point en foy. pource qu’il lepcrdroit,nc plus ne moins qu'Adam a perdulefien ;amp;par-ainfiquervfagedecc droitapartict a l’homme fidele, non point comme il a apartcnu a noftre premier pere Adam en pure liberté, non poin c par la feu le preuentiô de lagrace de Dieu (corne les Pelagiensont penlé) non point auiîi parla feule fubuention d’icelle ( comme ceux de l’Eglife Romaine l’entendent, amp;nbsp;interpre* tent les Peres ancicns)mais par fa conduite amp;nbsp;operation,que le fus Chrift chef amp;nbsp;con-fommateurdenoftre foy cmploycen ice-luy.'carileftnoftre vie,amp;eft ccluy qui fait le vouloir amp;nbsp;le parfaire félon fon boplaiiir. Bricfqtie le fruit de celle côdui-redeChrift œuurant es hens cil, pour le reps prefentilfàit la fanâifîcation d iceux j en leurs penfees, volontez,amp;: œuures;(Slt;: pourl’auenir il donne pleine franchiieamp;i: liberté incorruptible en iuilice vie glo-neufe

-ocr page 227-

A l’A POLOG iî de I. Haren. iSquot;/ ricufe amp;nbsp;eternelle.Or cede conduite a ede iadis fignifieeen lEfcriturc 8c es faimds Peres par Je mot de coopérer : car le S. Efprit a voulu fignifier,quc Chrid befoigne auec les dens amp;nbsp;es dens,no come Jeruiteur mais come maidre; non come indrument mais come ouuricr principal amp;nbsp;parfcóh auteur de toute bone donation a fa gloire. Comet done penfe Haren amp;nbsp;le college de fes Mai-dres,qu’il fuffife de croire aind qu’ils difenc en la fin de cede feftion ? (jnelejîls de Diett nota a rendu parfin benefice amp;nbsp;obetjfiince le liberal arbitre i^tie le péché d' Ada nota auoitofié. Cela certes n’ed point adèz en forte que ce foit.Car premièrement encores qu’il nous ayt reditué le droit du liberal arbitre, fi n’a il pas commis dmplement 8c a plat en nos mains l'viàgc d iceluy, mais en ed demeuré le chef. Secondemét ce n’ed pas le mef-mearbitre oude mcfme codition qceluy d’Adâ.q auoit puidànce de ne poît pecher amp;nbsp;non plus: car mefme la puifiance de pecher no’ ed odee par vn fingulier benefice de Dieu. Finalemetcened pas feulement par le benefice 8c obeifsace de Chrid q no’ auos ces chofes, mais par la comunio tref-fainde q nous auos en luy 8c dont il vit en nous:fuyuâc ce que dkrÂpodre, Icvinon Ga!at.t,xo.

-ocr page 228-

i88 Res

PONSE DE F. I.

point moy^maiiChriß'vit en moy ; amp;nbsp;ce queie 'vi en la chair ie 'vi en lafoy du fils de Dieu qui t» aaime,ç^ s'efi liuréfiymefinepour moy.

DF PURGATOIRE.

Le purgatoire depuis le temps des i^pofires atoujiours efiéenfeignédi' cr eu entre les Chre-fiiens. SainLi Paul au y chap, defa premiere aux Corinthiens parlant du purgatoire dit qùil faut que foyens fauuez, comme par le feu. S. \_Ambroije,fatnct ^^ugußin, finit Hierofine, fiiinli Gregoire, çf autres Peres anciens expo-fans cepa(fage,afferment tous que ceux qui auat la mort rt ont obtenupleniere remifiion de leurs pechezfont purgez par lefeu auat que d entrer au Royaume de Dieu. Sainll ^fdugufiin au Hure de la Genejé contre les Manichéens Hurt a chap.20,parlant clairement de ce feu, dit que tous ceux qui font maculez de péchéfront ou entièrement condamnez, ou purgez par le feu de Purgatoire, item de ciuitate Dei lib. iS. S. (^mbroiÇe de la mort de l’Empereur Theodofe, cés' fur le Pfiaume iS confeffe le mefme. Sainél lean Chryfofiomeenfait 'unfermon expres.

Nous difons rondement que la dodri-ne du Purgatoire eft vne fable profitable aux fuppolh de l’Eglife Romaine: laquelle fable iamais les Apoftres n’ont fccue ne creue,amp;: les Peres en rEglifeprimitiue n ot affer-

-ocr page 229-

al’Apologii de I. Harin. i8p affermée,finon depuis quelques centaines d’annees. Venons aux prennes pretéducs. S. Paul en la i aux Corinthiens ne parle point du Purgatoire, amp;nbsp;ne dit point qu’il faut que nous foyons fauuez ainfî comme par le feu. C’eft don ques vn e faufle allegation , dont iamais ils ne pourront prouuer 1 interpretatio.Qu il ne parle point du Purgatoire que la Papauté a imaginé,S. Paul le tïionftre allez par ces paroles qui ont précédé, L'œuure de chacunferamantfeßee:carle fourmefinele déclarera, car il fer a reuelé far le fu, le feu efrouuera cjuelle eß l’œuure d'^n thacu. Car c’eft comme s’il difbit, On con-ttoiftra bien auec le tem ps quelle befoigne ils auront faide pour l’édification de l’Egli-fc de Dieu : car la parole de Dieu eft le plus beau feu qui foit au monde pour efclairer amp;nbsp;pour efprouuer toutes chofes en vérité, afin quelles foyent veues au iour amp;nbsp;reconnues pour telles quelles font. Comme auf-fi pour ce regard le mcfme Apoftre dit ailleurs, toutes chofis quiß redarguint font mani- Ephef y,y. ffeesfar la lumière: car ce qui manifeße toutes chofeseßlumiere.,dfc. Somme,c’eft toutvn niefmefeu dont ileftparlé au amp;nbsp;i y ver-fct.Or an 13 verfèt il n’eft poït parlé du Pur-gatoirc,ne du feu d’iceluy.comment donc

-ocr page 230-

lt;■90 Response be E I.

cnfcroic il parlé apres? Qu’il n'y foicpoirlt parlé du feu de Purgatoire,les paroles mef me le monftrcnt fort clairement ; car il ne dit pas, vn chacun fera purgé, mais Cæuurt dvn chacun fera faiSÎ manifeße: auflî ne dit il pas, le feu le purgera, mais le iour mefme le manifeßera. Séblablementil ne dit pas qu’il le purge au feu,mais bien c^nilsy reuele-.que le feu efprouue quelle eßteeuure d vn chacun igt;c. non point qu’il purge vn chacun auec fon œuure. Il parle donc de l’œuure, amp;nbsp;de la manifertation, reuclation, ou efpreuue d’icelle, non pas des perfonnes,ne de la pene amp;nbsp;purgation d’icelles. Brief il parle des choies qui fc defcouurentenccfiecle, non point de celles qui fe chaftient a l’aue^ nir. Mais pofé que toutcelanefuftpoint, Guefteeque S. Paul eferit, qu’il faut que nous tous (oyons fautiez ainfi comme pat feu? Premièrement S. Paul ne parle point là de tous homes,mais des ouuriers du Seigneur en fon Eglife; pourtant ceux là au-royent plus maüuais temps que les autres qui fèferoyct employez en sôferuice. D a-uantageil ne parle point de tous ouuriers,' ainsfèulemêtdeces mal-auifèz,qui baftif-fent hoia, fsin, paille fur le fondement de Chrift. Mefme il ne dit pas qu’vn tel fera fauuc

-ocr page 231-

A l’Apologie De I. Haren, i^j faune pour auoir pafsé par Je feu de Purgatoire, m ais q \Àtlfera^Auueainfi comme parfeu: c’eft a dire, encores qu’vn tel inepte ou-urierfoit eiprouué cnfembleauccîonou-uragCjamp;quc l'ouurage d’iceluy foit aboli’ amp;nbsp;comme bruflé par feu, que le perfonna-ge ne fera paspdu pouriancou rebouté par l’autorité de la parole cômelbnouurage, mais q Dieu luy fera mifericorde amp;e. le rele-uera par là parole, corne s’il eftoit retiré du feu.Cornent pcuuét toutes ceschofesen-femblcment,oua part cftrecoulûes ou appliquées .a ladodrinedu Purgatoire? Certes 11 faut q ce loyent des ouuriers fubtils q peuuct ail i côfondre les perfon nes.lcs tëps, amp;nbsp;les euenemens par, la fubeilité Sc ad relie deleur engin. Mais,difent ils, tous les Peres l’interptent ainfi. Mais au cotraire tous lesPeres l’interpretentautremët.-amp; ceux qui 1 interpreter ainli,cofefsét qu'ils Icfont auecdoute. S.Ambroilc l’interpteautre- /,!, mêt:car il n’expolc pas cela du feu du Pur- y* gatoire, maisdu feu éternel amp;nbsp;duiourdu Seigneur, qu’i 1 appelle iour du iugemét en cemcfmepalfage. lofe bien alleurer qu’il n’y a mot en ce pallàgc qui fente le feu de Purgatoire, ne mcfmc la fumee d iceluy : mais fur la i aux Corinth.il fuit l interpreta-tioque HierofmeiS.: Augullin ont donee.

-ocr page 232-

ipt Response de F. I.

S.Auguftineft du tout éloigné dePintcr-' pretatio de Meilleurs les forgeurs du Pur-gatoire:car voila comme il dit en vn paflà-SncbiriA.^ ^C'.AucunscroyetJt qucmefnieccux ejuin'ahan' ‘‘ttf donnent point le nom de Chriß ayant e^ti bapttzez,en l'Eglifi du lauement diceluy n en ßnt point retranchez par aucun fihifine ou here fie, s’ils viuent en quelques meßhancetez, (fi ne les effacent point par repentance, ne rachat et par au}nofiies,maû perfeuerent opiniastrement en icelles iufiju au dernier iour de leur vie feront fauuezparfeu-.combienquejelo la grandeur de leurs crimes (fi forfaicls tls/oyhpunis d'vn fen de Ibgue duree, efi non point eternel. Mais il me Jetnble que ceux qui croyent cela,ores qu'ilsßyet Catholiques,s'abufintpar quelque heneuolence (fiaffefilion humaine : car tEfcriturediuine,fi on l’tnterrogue,en refpondautrement. Et apres au mefme endroit interprété ce feu, corn-mcfaitaullî S. Hicrofine, des tribulations qui font dubienafvn, dudomageaPau-trc,amp;lesefprouuent tous deux. S. Gre-goire mefme ne l’a point lîmplemet affet' mé, mais dit qu’il faut croire qu’il en va ainfi, voire lèulemêt es menus pechezxat ilfcfentoit fi mal fondé en fon opinion fidelgarnide preuue,qu’il aimoit mieux en parler modcftement,qu’aflèurer téméraire-

-ocr page 233-

A l’Apologie de I. Haren, rairemenc chofc qu’il ne fauoit pas bien.Et dc faid,quelle raifon y a il de baftir vnPur-gatoire apres la mort, fi Ie temps de la vie ' prefenteeftlc temps defoyamp;derepentä-ccafalut’J^4»^ö»y?r4 parüdicy^àïtS.Qy-ade/iaplui de heu a repentance la fatisfaSiio naplttsd^ejfeli-.ceßicycjuelavieeß per due,ou retenue-.ceß icy quelonprouoit aufi-lut eternelpar leßruice de Dieu amp;nbsp;le fruit de la foy:amp;ny a perßnne qut y foit retardé ne par les pechez ne par le nombre d années,quilncvien-«e a obtenirfalut. C'eß en ce monde queiamaîs on ne ferepenttroptard-.lentreeapardonyeß

amp; ce qui s’enfuit. Item Chryfofto-nie homil. x z au peuple d’Antioche,2^4?-tenpoint la fin,ou le remede depenitece ne vaut plus rien,dre. QuantaupaflagedeS.Au-guftin liure fécond de Genefc contre les Manichéens, chap, xo ,ic ne doute point que les Miniftres du Purgatoire n’y ayent employé leur habilité pour le corrompre. Ce qui fe peut prouuer aifeement non feulement par les vieux exemplaires amp;: liures eferits a la main, mais auflî par le mefme liure de fainél Auguftin en deux autres endroits, afauoir chapitres: ou ce bonperfonnagcmonllrcque deuxehofes apartiennentau temps de cefte vie, le feu

N

-ocr page 234-

1^4 Response de F. I.

de maledidion confumante,amp; le feu de tribulation purgeante. Or fclon laledurc comune il y a ainli au paflàge qui en cft allégué forte Aÿrum non coluerit (fjpinii eum offprtmipermifèrit, habet in hac 'uita ma-ledi^ioneterrafita tn omnibtts operibmßis,df poßhanevitam habebit vel ignempurgattonis velpœnamxternam.Itanemo euadtt ißaßn-tentiam^^c. La vraye amp;nbsp;ancienne ledurc, que les fufdids paflàges confermet ouuer-temêt eft celle- cy : habet in hac vita vel ma-ledi£lionem terra ßain omnibus opertbusßts, velignempurgationü, nbsp;poH hanc vit am ha-

hebitpœnamaternam. c'efta dire,Ccluy qui n’aura pas labouré le chap, ains l'aura pof-fiblc laissé gafter dcsefpines, il a ericefte vie ou la maledidio de fa terre en toutes fês œuureSjOu le feu de purgation,amp; apres ce-fte vie aura pene éternelle. Ainfi perfonne n’efehappe de cefte fentence, amp;c. Tou-tesfois s’ils veulent retenir la ledure commune a belles dens pour faire valoir leur dire, encores ne gaigneront ils rien qui les auanceen ladoétrine du Purgatoire. Car fàind Auguftin parle là auec difiondion; ayant efgard a l’opinion d’aucuns, de laquelle il auoit bicouy parler, amp;nbsp;non point e la ficnne:commc auffi luy mefme en par

lant

-ocr page 235-

A l’Apologie DE I. Harex.

lantailleurs dicainfi, le ne U redargue point Uk.utitti-poitrce qu'ileßparauanture vrap. C’cft donc *'-®**'-*?-com nie s’il dilôit »Teiles gens tomberont ei penes éternelles,ou a tout k moins ( fi cc qu’aucuns difent eft vray) experimenterot ce feu là. Quoy qu’il en lôit, il eft tout certain que S. Auguftin au mefine liure es pat fages fufdits refute cefte opinion du feu de purgation, comme parlât proprement de ccqu'il en fentoit.-amp;d’auantage qu’esau-tres œuures qu’il a efcrites depuis il l'a con-ftamment amp;nbsp;faindemêteombatue: comme nous auons monftré par fon Enchiridion, qu’il a efeript plufieurs années apres;

icfnioinlemefmeauteur en fes Rctrada- Rttr4H.tn. tions. L’autre paflage qu’ils allèguent de S. Auguftin eft fauflement allégué : par-lt;|uoy nous n’auons que faire d’y refpôdrc, s il ne leur plait recommancer cy- apres leurs allegations. D'alleguerS. Ambroi-fe pour preiiue de cecy.quéft cc autre cho-fCjie vous prye,finon renuerfer là caufê par efteef ? Car premièrement enl'oraifon de la mort de l’Empereur Tlieodofc,il n'y a pas vn mot qu’ils puiftént accômoder met mcparfongeala dodrinedu Purgatoire. C'euft doques efté bie raifon,qu’ils euflcnt produit! les paroles,fur Icfqlles ils penfent

N ij

-ocr page 236-

Rasp ONS B t)E F. I.

eftrc fondez pour la preuue de celle fable. D’autrcpart s’ils ont quelque chofc que S. Ambroifeaytefcriptfurle Pfeaume 18,ils deuoyentbienle mettre en lumière publiquement auat qu’en amener des prennes: car es oeuures que nous auons ordinairement de luy,il n’y a rien qu’il ayt faid fur ce Pfeaume là. Que S’ils entendent le Pfeaume n 8, amp;nbsp;difent que la faute foit de l’im-prelfion, nous n’y trouuons flammefehe ou eftincelle aucune qui fente le Purgatoire. Comment donques penfent ils aueu-gler le monde par faulTes allegations,pour maintenir amp;nbsp;defendre vne dodrine fàuf-fe? S’ils font cela a leur efeient,ils trahilfent leur caufe: s’ils le font làns y prendre garde, ils la perdent. Cliryfollome partout ou il allégué ce propos de S.Paufa i'vne de ces trois intcrpretations:car tantoft illera-porte au iour du jugement, tantoft il le ra-porte a l'examê de la parole de Dieu, comme nous auons faid au commancement, tantoflille raportea l’efpreuue des tribu-* lations,comme les autres ont faidedu Purgatoire', pas vn feul mot. Car quant a ce qu’ils ofent dire que Chryfoftome en fait vn fermô expres,! ofc bien dire que cela eft faux, amp;nbsp;qu’il ne fc trouue point en mon li-

ure.

-ocr page 237-

A l’Apologie DE LHaren. 197 ure,n’es autres liures entiers amp;nbsp;no falhfiez. Que s'il en fort qlqu’vnde leur boutique, ils peuuent bien penfer quelle autorité il peut auoir,apres qu’ils ont tat entrepris fur les eferits des Peres anciens, corne nous a-^ uons ia fouuentesfois monftré. Puis duc qu’ainü eft que telle eft la foibleflè de leurs allegations, telle que nous confiderions le fondement duquel ils fe feruent pour la preuue de ce poind. Ceux (jui au^nt la mort^ difent ils, ri ont obtenu pientere remißion de leurs pechez, font purgez par le feu auant que dentrer au Royaume de Dieu.Noùc^ mais en cecas,Melfieurs,vous fuppofez deux cho-fes qui font en difpute, èc que mefme vous nefauriezmonftrcr. L’vneeft, que vousi-maginez qu’il y a des perfonnes qui n’ont pas obtenu auant la mort pleniere remiflîo de leurs pechez,c eft a dire,qui l’ont en par tie, amp;nbsp;en partie ne l’ont pas. Mais nous au contraire nous dilbns(comeS.Cypriâ aile- t/i.i eentr^ guefort bienaupaflàge fufdid) qu77»ô«f fauttoftscomparoir douant lefiege iudicial de nbsp;nbsp;”

Chrifi^afin que chacuremporte les cho/es qu'il a faiiles enfon corps fèlb ce qùil afai£l ,foit hien^ feit mal. Dont s’enfuit neceirairement,quc chacunenlamort(quieftla feparationdu corps amp;nbsp;de l ame) a remiflîon totale de fes

N iij

-ocr page 238-

198 Response de F. I.

Matth, xy, JO.

péchez, ou n’en a point du tout: amp;nbsp;partant fait la fin totale de fes œuures qui viennent en côte deuat Dieu,amp; fait fon entree inco-tinétenlarctributiô d’icelleSjCome les tef-moignages des fardes Eferitures le confer-méc.L autre poînd q vous fuppofez contre toute vérité ertjqu’il y a vn feu de purgatio ou les homes paîfent apres lamort auant q d’entrer au Royaume de Dieu. Or nous ne trouuÔspointq l’Efcricure faidefacemc-tiô ne de fourneau, ne de foyer, ne mefme d'elchauifette q..apartieneacefeu: mais au cotrairenous fommes afleurez, q (î lebri-gâd pendu au collé de noftre Seigneur le-fùs a le iour mefme ellé auec luy en paradis (comenous n’en fiifons aucune doute)lcs ftdcles auiourd’huy ne font pas d’vncpirc cÔdition,amp;: n ot pas vn feigneur plus rigou reuxa celle heure qccftuy là n’eut alors.ôiî d’autrepart les mcfchàs n ot pas a faire a vn iuge qui foit en rie plus gracieux, q quad il cbmädoitql’on iedaft foudaï leleruiteur inutile es tenebres de dehors ou ily4 pleur dr grmfèn/etdedh. Voila les appuis du Purgatoire,lefquels maïienàt font brûliez au feu reduids en cèdre parla grace de Dieu-

Le Seigneur amp;nbsp;pere de lumière face la grace a ceux qui baftiflènt bois,foin,chaume, lùrlefondemêt des Prophètesamp;:Apollres,

-ocr page 239-

A l’Apologie DE I. Haren. 195 qu’ils renocct a cc vaî ouu rage pou r icruir au Dieu viuätamp;vray,amp;r appheder en fimplicitc le benefice de falut par lcsquot;Chrilt noftre (cul Redépt.amp;trerparfèdSauueurcterncllemét.

UE L'INFOCATIONDES SAINCTS.

Aumefmete^s., lesmefmes Dol^eurs'veißns amp;nbsp;dßctples des Apoflres enfeigneyh, (ß-1 Eglife le croyait,^nec'efiott btefai^de prier les faines tref paffez. Origene furies Ca»tt^. hom.3 afferme, que puis que la charité des fai fiel s demeure apres leur deces enuers ceux q sht au mode,que fans doute ils ont Join dufalut d'iceux çj les aidet par leurs prier es,feHo quileßefiript au hure des Machabdz c.is. Cefl cy le^phete 1er entte,lequelprie sas ceffè pour lepeuple. Lediü Origene fitr lob l. 2-, fait fà priere a Iob, dr dit ainß. Bienheureux lob, qui 'vit perpetuellemét deuatsiieu,et demeures 'viüorieux en la pfence du Roy noßre Seigneur,prie pour noue quifàmmes mißrables.Et tn lametat. il adreffèfis prier e atout les faincfs. S. Cyprian efiriuant ad CornehuPapam,l.i,epiß. r, Cehty de nous deux, dtt tl,quipartira le premier de ce rnode, Dieu luy faisant ceßegrace deßre appelle lepremier,que no ßre charité dure toujours enuers Dieu, d“ q»e noßre oraiso fait cotinueepour le falut de nos freresdr fœurs,a ce qu'ilplaij a Dieu noßre Pere nous faire mifericorde. Ladi£le inuocatü desfftéls eßoit 'vß-tee en l Eglifi au teps de S. Auguß. Il dit au L20 co-

N iiij

-ocr page 240-

’ioo Response de F. I.

- tre fauße Manichee/hap. 21 .Les Chreßtes ob-ßruent les tours de feßes dedtez, aux Martyrs^a-^■fin quepar leur exe y le eßans excitez^ ils vtentjët ' 'a future leurs traces, ßjetparticipans de leurs merites amp;nbsp;aidez par leurs prières. It eau hure 22 de la cité de Dteu,cha.S,ilr achte qu'uneieune fille appelleePalladta fut miraculeufimet guerte deparalyfieparl'inuocatiodeS.EfiténeMartyr-S. Bafile en I'homilie 20 des 40 Martyrs : en tho~ milie 20 de Gregoire Naziazene,en torai/on de S.Cypridyl'oratjonfunehrede S.Athanaß,en lo raijon funebre de S. Bafile legrand. S. lea Chry-Jofiome en [homilie 66 au peuple ([Antioche: S. Ambroiß au Iture des •vefues, amp;nbsp;en [orafin de la mort de (onfrere,(fifurie 22 chap, de S. Luc: •voire tous les autres Peres ontaprouué (ß creu linuocation des faincls.

En ce traidé de l’inuocatio des faîds lea Harenacopris deux queftions enfemble: l’vnequc c’eft bien faidde prier les fainds trefpaflèzd’autre,qu’ils prier pour no’. Or cobiê q défia cy defl'us nous auôs deduid ce qui en eft,toutesfois nous rcfpodros encores icy en briefa leurs allegatios. Pre-mieremcr donqs nous nyons q l'Eglife an-cicne ait creu que c’eft bié faid de prier les fards trefpalTez, quad elle eftoic voifineau têpsdes Apoftres. Ils alleguet pour le premier

-ocr page 241-

A l’ApOLOG IE DE I. H AREN. iOI mier amp;nbsp;plus ancien Origene.Iequel auteur ils fauenc bien auoir efté éloigné enuiron deux cens ans du liecle de Ch rift amp;nbsp;des A-poftres,amp; encores plus éloigné de la pureté Sc liraplicité de 1 Euangilede Chrift, tellement que l’Eglilê anciéne n’a point voulu en tout amp;: par tout aprouuer la dodrine amp;nbsp;les efcrits d’iceluy. Mais laiflàns cela, nous viendrons aux paflages prétendus. Au premier paflageiiditainfi: tMnis außi ne {era il point mal- conuenant yfi on âit que les /ainlis trcfpajfez, de cefie vie^ayans encores chant éenuers ceux qui finten ce monde, ont foin du fibit diceux^çfi les aident par leurs prières amp;nbsp;leur tntercefiion enuersDieu-.carilefi ainfi efiript au hure des CMachabees, dre. V raye-ment voila bien allégué amp;nbsp;fidelement vne prenne. Quand Origenc àxtylnefirapoint mal-conuenantydre. que ces Meflîeurs di-fent hardiment que l’auteur afferme cefte matiere.Toutesfois encores que nous leur quitions amp;nbsp;pardonnions ce traid hardi, que nous acordionsmefine ce que dit O-rigene, ie prie qu’ils nous monftrcnt combien cela fert a leur propos.Les fainds tret palTezont charitéenuers ceux qui font au monde,ont foin de leur falut,les aident par leurs prières : il les faut donques prier. La

-ocr page 242-

101 Response de F. I.

chaleur de ladifpiue amp;nbsp;le zele qu’ils ont au mainticde leurs abus leur fait fuppoferv-ne chofè qui n’eft point: Car leur argumet ne vaut rien du tout, s’ils ne fuppofent encores vne autre regle : a fauoir, Il nous faut prier ceux qui nous aiment, ont foin de nous, amp;nbsp;intercedent pour nousquot;: or tels font lesiâinds trefpaflcz ; il les faut don-qucs prier. Ne voyent ils pas bien ces Meflîeurs les argumcnteurs, qu’ils ne font pas vn dénombrement fuffifantjpour bien monftrer qui c’eftque nous deuons prier auec aflèurance amp;nbsp;profit ? Car pourquoy perdrions nous nos penes a prier en l’air amp;nbsp;ieder des cris perdus? Voicydonques corne ils deuroyent dire : Il nous faut prier ceux qui lâuent, qui veulent, qui peuuent ouyr amp;nbsp;exaucer nos prières, amp;nbsp;qui le font en cifed. Il faut que tout cela marche en-fomble pour en faire vn argument a profit' premieremet qu'ils fâchent nos prières amp;nbsp;Icsoycr: apres qu’ils vueillet les exaucer amp;nbsp;nous foyent afredionnez; en outre qu’ils ayent lepouuoird’executer lafubftacc amp;nbsp;le cotenu d’icelles : amp;nbsp;finalemet qu'ils le fa-cent. Or toutes ces chofes font en Dieu,amp; non point es iâinds trespafiez. Les fainds qui font au ciel ne fàuent point amp;nbsp;n’enten

dent

-ocr page 243-

A l’Apologie de I. Haren, lo} dent nos prières particulières, car ils font trop loin de nous: quant aux prières corn Lines de l’Hgli fê,iIs les faucnt par la paroledc Dieu qu’ils ont apritc, par l’cxpericncc qu’ils ontfaidc, amp;nbsp;pofOblcaufli parlcteP moignage particulier de ceux q Dieu retire iouniclleinent alôy : corne en l’cxcpleq nous auoscy deuac allégué,lufques (juand^ Seigneur,»£ vender,a tuj’oint?crc. A uflî eft il certain qu’ils n’ont point lavolôtéamp;afFc-dion d'ouyr nos prières particulières: car quelque affediô humaine amp;nbsp;faindcqu’ils portent arEglifeamp;: auxmébresdicelle,fi ne font ils pas pourtant fi deffeglez qu’ils vueilicntprëdrea foy l’office de l’Efpritde Dieu,duquel parlel’Apoftre difànt, Rom.8,x« hlemet Außtl'E/prtt fiulage enßmble nosinfir-miteT^cAr notu ne Çauospoint ce que notts deùos prier come HfAut-.mAis lEf^rit me(me intercede poumons en gemijfemens inénarrables, ou que t on ne peut dire. Maisceluy tjui (onde les cœurs connoifi queleß le (èntttnentdel'EJprit ,pource qu il intercedefèlo Dieu pourlesfatnilsAci. n a-uiëne q les (àinds q. sot au cicfamp;q iouyßet de repos amp;nbsp;de gloi re éternelle deuat la face de Dieu, foyét li nielct5noifsas de l’honeur qDieu leut a faiét,qu’lis kiyvueillct öfter le ûc: puis q l'office du S.Efprit eft d’îterceder

pour

-ocr page 244-

io4 Response de F. I.

lean

nous des gemiflcmens fi vertueux, amp;nbsp;que l’office de Dieu le Pcre cil de fonder nos cœurs amp;nbsp;recÔnoiftre quel eftle lèntinient del’Efprit en nous. Qujls n’ayencpas auffi le pouuoir de mettre nos prières en execution,ie croy queleslefuitcs mefme, s’ils ne font hors du lens, le confeUcront : car c’efl de Dieu , amp;nbsp;non pas des fainds, que ce comandement amp;nbsp;celle promeflèeft donnée, tout ce que 'uotu demanderez, au Pere en mon nom illevoui donnera. Que s’ils n’ont pas le pouuoir, comment leur en apartiendroit l'efFed amp;nbsp;l’execution ? Nous concluons donc tout au rebours de ce qu’ils affermêt, amp;C. difonsjC’ell pene perdue de dreflèr nos prières a ceux qui n'en ont pas le làuoir, vouloir,pouuoir, ou l’execution, comme font les faintls trefpaflèz qui repofent en gloire au ciel. Et au contraire Dieu feulell | celuy qui lait, veurjpeut,amp;:cfteólue nos prie res; cell donc bonne chofe,amp;:fainôle,amp; necefl'airc d’adrelfer nos prières a luyfeul, comme a celuy dont nous auons le commandement,amp;: la promelïèafleuree. Voila comment, iafoitque nous acorderions le dire d'Origene,fi eft ce q l’on ne pourroic pas en inférer, que l’inuocation des fainâs j trefpaflèz foit fainôle amp;nbsp;legitime. Ainfi aul-

fi faut I

-ocr page 245-

A l’Apologie de I. Haren, loy fi faut il entendre l’allegarion du fécond li-uredes Mach abcès, ou il cil parlé de lerc-mie q ui prie fans celle pour le peuple. Car combien que nous ne donnions pas grande autorité ace liure là pour beaucoup de raifons, fi eft ce que nous ne craindrons ia-mais de confefler que la charité de lercmie amp;nbsp;de tousles feruiteurs de Dieu qui font au ciel eft telle qu’ils prient fans celle pour le peuple, c’eft a dire, pour l’Eglife d’icckiy, laquelle ils fauent eftre en bataille amp;nbsp;combat alfidu en cefte vie amp;: vallee de miferes. Maisilyagrandediffercce entre ces deux propofitiôs,que les fainds trelpallèz prient Dieu généralement pour fa gloire en fon Eglife difans, Ton nom(èit[anSlifiéton regnt 'utenne/A volontéfoitque les làinds trefpallez prient pour Pierre, Gautier, ou Guillot, qui a mal de telle ou de pieds, amp;nbsp;pour l'afne, chenal, ou porceau d’iceluy. Nous reconnoilfons volontiers ßcconfef-fonsla premiere,corne apartenante a l’e-ftat des lainds amp;fidclcs feruiteurs deDieu: quant a la fécondé, nous tenons pour tout certain qu’ils n’en fanent nouuelles ; comme aulTi de noftre part nous n’en fanons aucunes nouuelles, amp;nbsp;n’en auons aucun tcfmoignage en la làindeEfcriture.

-ocr page 246-

Response de F. I.

Quant aka prière que le niefine O rigen c fait a lob (comme ilsdifcni) vers la findu fécond liurc:c’cftoit bien raifonque Haren amp;nbsp;fesPercsconfideralTent auant qu’ai-Icguer ce pallâge, fi ce font paroles propres ou figurées. Mais puis qu’ils ne s’en font point auifez , ils ne prendront point de mauuaifc part, fi nous le faifons pour eux. Nous difôns donc que ces paroles d’Origene font dides par figure,de laquelle il y a tant plus d’exemples en l’Efcri-tureûinâe. Carc’eft vne coullumetoute receue es matières graues procédantes ' de toute l’afFedion des cœurs, que I on parle aux chofes abfcntcs, morte .s, princes de fèns ou deraifon,corne fi elles nous e-ftoyent prefèntes auoyent en elles vie, fens ou raifon pour nousouyr.Ainfi Moy-fe a parlé au peuple auenir,E)cut.}i,amp;Da uid en vn grand nôbrede Pfeaumes : mef-

I Sam. I S amp;18.

amp; meiladrefTefaparoleaSaiiljIonathä, Ab-ner,amp; Abfalom apres leur mort,come s’ils fuffent encores viuas:amp; qui plus eft s'eferie aux montaignes de Gelboë, non par folie, mais par figure, qafinguliere grace Seve-hcmencees orailons q l’on nôme pathétiques ou poufîèes d’affedio.En cefte façon Origene, amp;nbsp;les plus ancics Peres ont quelques-

-ocr page 247-

A l’A?ologie DE I. Haren. 207 quesfois parlé, fans fauflè imagination de Vouloir cmpefcherlesfaindstrefpaflèz en leurs affaires: come no’ en auros puis apres desexêples. Toutesfois s’il leur plaift opi-niaftrement retenir ce poind,qu’Origenc ayt de faid prié lob, fi faudra il qu’ils nous cofeflènt deuxchofès:rvneeft, qc’eftvne opinio amp;nbsp;vne œuure fans fondemet de la parole dç Dieu,sas cômandemêt,fàns pro-nicflè,amp; par cofequent vne priere vaine amp;nbsp;coioinébe afùperftition: l’autre, q mefines en ce paffage amp;nbsp;es autres femblables telles prières n ot pas efté faidespour vn ou pour deux, mais pour le corps de l’Eglife en general , felon que nous auons cy deuant remarqué: auquel office les fâinds qui font au ciel s'employent veritablemêt fans que nous crions ou puiffions crier a leurs oreilles. Quant au paflàge qui eft pris de la La-métation d’Origene ; il ne fait rien du tout ace propos: car Origene n’adrefïèpasfon propos aux fainds de Paradis, quand il dit, 0lainüs de Dieu, te 'vont(ttfplie, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;m ais il

s’eferieaux mébres de l’Eglife laquelleila-üoitoffenfee parfâcheute, amp;a laquelle il fereconcilioit par fàlamentation repen-tâce. Qu’ainfi ioit,luy mefmelc moftre en M fin de fà lamctation vfànt de ces paroles,

-ocr page 248-

io8 Response de F. 1.

ie ßye receu derechef en la wye de moft Dieu^ obtienne Jon royaume par les oraifons dr prières des fàinils dt-lit petition de [Eglije ijtiiacompajsion demoy. Or ainfi nommeil les fideles en comparaifon de fa perfonne, pourcequeluyeftoit vilainement tombé, amp;nbsp;les autres auoycntperfifté enfandifica-tion felon la volonté de Dieu. Le palTa-ge de S. Cyprian(lequel ils interprètent vn petit a leur auantage)en quelque forte qu’ils le prenent, ne prouue riend’auantagc que ce que nous auonsiufques icy recon-neu, amp;nbsp;reconnoiflôns trefiiolontiers : c’eft a fauoir, que les làincts apres la mort perfe-uerent en charité, amp;nbsp;prient Dieu pour le falutdefon Eglife: mais il ne môftre point ny que nous les dénions prier apres qu ils font decedcz,ny qu’ils oyent nos prières amp;nbsp;fe méfient d'iceiles: en quoy cofifte le nœu de la matière prefente. Sainét Auguftin liure io contre Faufte Manichéen chap. Z ijditâ\nÇi^Lepeuple Chreßien enfemhlecelt‘ bre les memoires des M.art'^rsparßlennite reli^ gieuß, pour s' exciter a imitation, nbsp;nbsp;aßn qu'il

leur tienne compaignie en leurs mentes, ef fid aidé par prières. C’eft bien vn autre langage, que Haren amp;nbsp;fes Peres ne chantent, il y a troiscaufes,dit ce bon perfonnage, pour

-ocr page 249-

A l’Apologie DE I. Haren, xo? pour lefquellcs nous célébrons la mémoire des Martyrs amp;nbsp;fideles tefmoins de la vérité de Chrift : la premiere, q ue par fainde cxhortatio de la parole amp;: comemoration deleurs fainôts exéples les fideles font excitez a lesimiter :1a féconde, que défia en leur cfprit ils fèdifpoiênt a iemblable martyre,fi Dieu les en veut honorer,amp;: portent en eux mefmeslènrence de condénation: la troifiefme, que chacun fidele fe ient de plus en plus excite a ce deuoir, amp;nbsp;fortifié mefme contrôles tétations du faindmartyre, parles prières publiques que fait l’E-glifeen telles affemblees. Les martyres des fainéfsfont appeliez wtrz/wa la façon des anciens . les prières dont S. Auguftin parle ne font pas prières que les fainfts trefpaflèz facent,ne qu on face aux fainéls trefpaifez, mais font prières que les fainds membres de rEglifeafTemblez au nom de Dieu font pour toute l’Eglilê amp;nbsp;les vn.s pour les autres au nom de Chrift. S. Auguftin mefme en donne puis apres rinterpretation,aqui y voudra prendre garde. L’hiftoirede Palladia eft du tout fauflement alléguée: car S. Auguftin ne dit point quelle fut mi-raculeufement guariedeparalyfie parl’in-uocation de S. Eftienne, mais bien qu’elle

O

-ocr page 250-

IIO Response de F. I.

finguarie, comme elle eftoitamp; prioit auprès de la place du temple ordonnée pour la mémoire de S. Eftienne. Elle fut don-ques guarie de par Dieu, come elle eftoic en prières pres la chapelle de S. Eftienne (ainfi qu’on appelleauiourd huy) amp;nbsp;côme l’Eglife failôit deuoir pour la deliurace d’icelle deuat Dieu. Telles chapelles ou lieux ordonnez alamémoire des Martyrs font diuerfemet appeliez par les anciens, corne martyrium, locta martyr is, martyr/nemoriA martyris, amp;nbsp;plufieurs autres noms, que les gens malicieux tordet fauflèmet pourabu 1er les lîmples amp;nbsp;ignoras. Mais il va bic que S. Augu ftin (corne il eft copieux en parok s) doneluy mcfmel expolitio defon dire en cemefme chapitre. Quant aux oraifons funèbres de Baftie amp;nbsp;de Naziazene, combien qu’elles ont des paflages qu’il faut ne-ceflàirement prendre en figure,corne tan-toft nous difions d’Origene: fi eft ce q nous confeflbns rodement,quedes lors l’Eglife Grequene s cmbrouilloitquc par trop en fupcrftitions: a quoy certes a trop ferui l’v-lâge licccieux de ces exclamatios figurées, que les Peres anciens ont vfurpecs pour toucher an vif les cœurs d u peuple, Sclin-duire apiciéparexcplcs depieté. Etfingu-liere-

-ocr page 251-

A l’A P o LO GIE DE I. Haren, ah lieremênt Cliryfoftome a cfté maiftreen ceftartifice,duquel lezeîe a quelquesfois cftéfi bouillant, qu’ildifoit plus qu’il neia-uoit, pour tranfporter amp;nbsp;rauir les autres a-uec Coy en vn mefiue zele de piet é. Or quat a nous qui reconnoiflbns l’ancienneté, l’v-nion, amp;nbsp;généralité en la vérité de la parole qCbrillamp; les Apoftres nous ontlaiflee, nous ne nous réglons pas a l’cxcple des Petes venus trois ou quatre cens ans apres, amp;nbsp;qui ont petit a petit décliné en quelquefu-perftitionmais nous regardes fi la parole de vérité nous en produit quelque autori-tc,ou exêple,ou raifon.Et d autat que nous n’entrouLios rien, ains que toutcecyades lors comancé fans comandemer, fans pro-mefle, fans volonté de Dieu, quand lesE-glifes fe font laifsé abaftardir peu a peu fous apparence de fainéleté:ce n’eft point pour mefpris deperfi3nnc,mais pour te pris amp;nbsp;l’eftime que nous faifons de la fimplicité de Cbrift, que nous fuyons de tout noftre cœur telles inuentions. Efperans que nulle amevraycmentChrcfiiennc ne nousfau-ra pourtant mauuais gré, fi elle confidere quenoftre intention a eftéamp;eft toufiours Dieu mercy,q nous nous conformions au pl’presa l’Eglife primitiue amp;nbsp;Apoftolique.

O ij

-ocr page 252-

XII Response de F. I.

Nous aimons vrayemcnt Bafilc,nous aimons Nazianzene, amp;nbsp;Chryfoftome : mais nous aimons Chriftamp;fa vcritépar defliis toutes chofes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Quant aux paflages de

S. Ambroifcjil y en a deux qui (ont figurez, comme nous auons ia parauant monftré. Car quand il s’elcriea fon frere trefpafsé, que fait il plus qu’vne femme feraasô mari, vn frere a (on frere, vn enfant a fon pere, quand il le voit f refehement décédé ? Et quand il tourne (on proposa fainét Pierre pour l’examiner de fon pleur amp;nbsp;de (â repé-tance,que fait il autre chofefinonefclair-cir la doélrine qu’il en vouloir tirer, par vne certaine figure qu’on appelle projopo-pœe ? Ne voyons nous pas mefme de noltre temps, qu’il y a vne infinité de moines qui font riches dece gibier, amp;nbsp;quife font valoir deuantle (impie peuple par tels dialo-gifmes amp;nbsp;communications populaires Le troilicfmc pafîàge qui eft au liure des vefues ne les auantage non plus, quand S. A mbroife dit a la vefue fidele, Tu04 despro^ chains, epuißtpplient Dieu pour toy. Tu as les f^poßresprochains, tu os tes ^Martyrsprochains ,ß tut aprochesdes {_Martyrspar cont-paignie de leur deuotion par dons demißri-cordt. Car nous ne nyons point que les îâinéts

-ocr page 253-

A l’Apologie de I. Haren, iij fainds trefpaireznc prient pour rEglifeamp;: les membres d’icelle en general: mais bien difons nous qu’ils ne priée point pour nous en particulier, veu qu’ils ne nous connoif-fent point, amp;nbsp;que nous ne deuons point a-drefler nos prières a eux. Et a la vérité S. Ambroife n’euft pas oublié ce moyen, s'il l’cuft entendu ou creu quand il efcriuoit ainfi ; mais euft did tout platement, Tu as les Apoftres prochains, tu as les Martyrs prochains, fi tu t’aproches d’eux par inuo-cation de leurs noms. Nous voyons don-ques qu il n’y a rien du tout en quoy ils fe puiirent preualoir,amp; faire forts decestef-moignages de S. Ambroife.Combien que quand luy amp;nbsp;tous les autres Peres depuis le temps d’iceluy auroyent aprouuéamp;: creu vne telle inuocation , nous ne ferions pas obligez pourtant a croire ce qu’ils en auroyent creu: caria foyeft delà parole de Rom. lo, Dieu,amp; non point des traditios humaines, ‘'’• comeS.Paul nous enfeigneaux Romains.

DES lErS-NES ET DE Carefme.

En ce me [me temps [on obfèruoit diligemment le Carefme. Ignatius difiiple defaincl lean e[crtuant aux Philippics, les amonneße de

O iij

-ocr page 254-

2.14 Response de F. I. garder bien amp;nbsp;diligemment ledicî CareßnCy comme'une inßituüon ordonnée de Dieu.

Telesghorus , qui a 'vcjèu tofl apres tes \_^po-ïtres confirme le me^me. SatnLl i^mbroi-Jeen efer it plufieurs firmons fi comme le fermons 4,2 .,2 (/.^tfic. SainEl Augufiin de tempore fermon 6ÿfiit que par fob fer uat ion du Ca-refme les bonsfont dtfcernequot;:fies mauuats, lepa-yen du Chrefiien f heretique du fidele. Tout les Peres anciens , les Conciles., commet celuy d'Agathenfè çfp d'Aurelianenfe^, difènt lemefme.

Tant s’en faut que nos Eglife.s rcprouuér les ieufnes fainâs amp;nbsp;icgitimes, qu’au contraire elles en aprouuenc amp;e: obièruentl’v-fage légitimé a leurs droiâ:esamp; propres oc-cafiós.Quac a la Carefmc (de laquelle feule ils font eftat en ce paflàge) nous reconnoiï-fons volÔtiefs q l Eglife primitiue en afaiôt comemoration parladodrinc del'l^uan-gile,c5medelapremiere ludequenoftie Seigneur lefus a fouftenue incontinent a-pres qu’il fut sâdifié amp;nbsp;declare de par Dieu le Pere en fon Bapte(me,le Sauueur amp;,Do-£teur de fon Egli fè. Ma is celle cômemora-tion eftoitlans fupcrilitionamp;: fans obligation de perfonne, pource que rien n’en a-uoitefté cü^iandé parla parole de Dieu;

-ocr page 255-

A l’Apologie DE I. Haren, iry En lieu dequoy la Papauté auiourd'huy nc remémore pas, mais desfigure indignement le benefice de Chrift,rêplit les cœurs de fuperftition J amp;: enlace les confciences d’vne obligation damnable, quand elle ne fait pas la volonté d’iceluy, ains contrefait fonœuure a fon deshonneur amp;nbsp;opprobre. Or celle fuperftition eft entree en l'Eglilc de longue main : amp;nbsp;n’cft point meilleure , pource quelleeft ancienne: mais au contraire d’autant plus elle eft ancienne, plus eft elle multipliée amp;nbsp;malheureufeméc enracinée a la ruine de la Chreftienté. Ils allégueront donques, s’il leur plaift, Ignace^ Telefphore (des elcrits dcfquels les gens de bon iugement doutent a tresbon-nc raifon , car ils ne fentent point celle pieté ancienne amp;nbsp;Apoftolique ) ou bien fainét Ambroifeamp;: Auguftinfdefquelsie fiecle n’a pas cfté du tout vuide de fuper-fticion ) ou bien les Peres amp;nbsp;les Conciles qui font fuiuis apres, amp;nbsp;decheus de iour en iour de la fimplicité de Chrift: voire particulièrement le douziefme de Tolède , qui n’a point eu honte de dire , que celuy qui n’ohlêrue point la Ca-rcfme eft coulpable non léulcment de la mort, ains aulli de la refurrcâion

O iiij

-ocr page 256-

ii6 Response de F. I.

de noftre Seigneur lefus. Quant a nous,qui fommes aftranchis par Chrift de tous les clemens du monde,nous priôs vn chacun denepoîts’oiîcnfer, fi nous voulôs retenir la liberté ipirituelleq Chrift nous a fi chèrement achetee amp;: dilons haut amp;nbsp;clair,pre-mieremét qu’il n eftpas enlapuiftance de l’Eglilê d’impoiêr telles feruitudes fur les mebresdeChrift fans exprefteordonancc de Dieu,qui ne fe trouue point:fecôdemct queleieuîhedcChrift,qu’ilafailt;ftqLiarâtc jours, n’eft point raconté des Euangeliftes poureftretiréenimitatio, amp;nbsp;napointefté tenu de Chrift pour ceft efFed : autrement ilneferoit pas miraculeux, mais Chrift le euft encores obferué les années fuyuantes, amp;fes Apoftres l'euflent recommandé,ce qui n’eft point. Finalemêt qu encores qu’-vne telle obferuation fuft licite, toutesfois elle ne peut maintenant eftre expediente, quand elle eft tournee en lacs amp;nbsp;en fuper-ftition; car ce qui s’en va en fuperftition n’edifie point en forte que ce foit. nbsp;nbsp;Au re-

fte,quin’admireroit le lâuoir de ce Haren, amp;nbsp;leiugement de fes Peres Iciuites, qui allèguent les Conciles d’Agathenie amp;nbsp;d’Au-relianenfe ? ne monllrent ils pas qu’ils ont bien du lens en la ceruelle, quad ils parlent vntel

-ocr page 257-

A l’Apologie HE LHaren. 117 vn tel langage? que ne difoyent ils les Conciles d’Agde amp;nbsp;d'Orlcans'la feule caufeell que le rauaudcur, qui qu’il foit, n a pas eu tantdcconnoiflance de la langue Latine, ny des hiftoires Ecclefiaftiques, qu’il ayt peu s'en deueloper autrement. Tout de titre mcfmeparcydeuantila nommé le Con-Aquot;*** ciledeLaodicene,enlieu de dire Laodi- ^*'*^''quot;'***“' cee:amp; cy apres aufli il appelle le Concile de Gangrcnfe, pour dire le Concile de Ga- frtcrßi»»s. gres. Voila certes des marques de ges bien entendus,amp;(ii ie ne m abufe) qui beuuent plus de vin que le haren ne fait d’eau. Car quieftrhomefobre,qui vouluft ainfi ex-pofer les titres de ces Conciles , s'il auoit gouftequelques petis rudimens de Latin? Mais il vaut mieux recomander cefte que-ftionadespetis clercs de refcole,amp;: marcherplus outre en ce di (cours.

DES PELERINAGES.

Les pèlerinages eßoyent encetempslàmef-meen trelgrand'vfance recommandation. SatnLl K^uguftin en lepißre 137ydit quilcon-Çetlle a vn Preftre nommé Boniface a vn ieu-nehomme d'allertîAfrique a l^lolevilledItalie en peler in age vißter le corps defainll Felix. Le mefme fainSi K^ugußin afferme en diuers

-ocr page 258-

Response de F. I.

lieux de fèsæuures^ ijtion ebßruoit de fin temps les tours defefies^ tant en Ihonnenr du fils de Dieu ^ue desfiin^s perfinnages morts martyrs pour lenom d'iceluy.epiïi.i iQ chap.isfiiure 3 de lado^irine Chreftienne/hap. 2tf.

Le titre promet vne chofe,combië qu’il yfoit parlé de deux,afauoirdes pèlerinages,amp; des feftes. Quant aux pèlerinages, il y en a de bons,amp; de mauuais.Nous ferions donques bien efceruelez ƒ nous condam-, nions les bons fous couleur des mauuais.II n eft point mauuaisde changer d'air pour fubuenirafaneceflitéjcommeontfaiâ: A-brahâ,lfaac,amp;Iacob: pourièruirafa fanté; pour profiteren icjcnce,connoiirance,cx-pcriénce,amp;c.pour cuiter vn plus grand in-côuenicnt: mais le pèlerinage eftmauuais que l’home entreprend par fupcrftitiovo-lontairc,pêfant faire fcruice a Dieu amp;nbsp;mériter quelque chofe entiers luy. Les poures fideles iadis ont bien efte contraints de pc-leriner pour les ncccflkez quiles preiToycr, pourcaufe de perfecLition,pourcômuni-quer auec les fideles feruireurs de Dieu qu’ils auoyêt en cfi:imeamp;: cftre édifiez par leur fomunicatio; mais d autres pèlerinages l’vfage ne fe trouue point en I Fgliic pri-miciuc. Ainfî en efi il auenu a ce Prcilrc

Boni-

-ocr page 259-

A l’Apologie de L Harbn. 219 BonifAcCjamp;auieunehommedontS. Au- ^fiß.^7. guftin a parlé.Ce ieune homme chargeoic Bonifaced’vn crime infame : le crime ne fepouuoic aucunementprouucr,amp;eftoic d’autac moins croyable,pource que Je ieune home n’auoit pas fort bonnerenômee. Cependant Je ieune home rcpefte,en danger de faire vn fcandale public.-Ce que S. Augullin voyât ne trouue meilleurcofeil, q de les enuoyer honeftcmêt l’vn amp;nbsp;l’autre hors du pays amp;leur faire palîèrlamcr: là oulachofe pour roi tertre miraculeufemêt vuidee, s’ils fe veuler opiniaftrer l’vn cotre l’autre en leur different. N'eft ce pas là, ie Vo’ prie, vn bel excple de pèlerinage, pour cÔfermer les voyages de noftretëps entrepris par fuperftition volotaire?Q^'iln’y aye donc que les malrenÔmez, acculàteurs amp;nbsp;accufez,qfacet pelerinage;puis qu’ils veulent fe preualoir de ceft exemple : car quât aux gens de bien, ils s’en peuuët pafl'er làns dommage,fàchans que durant le temps de cefeiour temporel ils font pèlerins amp;nbsp;ab- » Coi.i,«. fèns du Seigneur. Qiiant aux iours de feftes ordonezpour mémoire des benefices de Dieu,nous ne les condanons point, mais bien la fuperftition amp;nbsp;l’abus. Toutes-fois encores faifons nous diftindio de ces

-ocr page 260-

IIO


Response de F. I.


■: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ioursid’aucant que les vns font neceflaires,

Ies autres volontaires. Nous appelions ne-ceflàiresjceux que Dieu a commandez, comme nous eft le Dimanche, qui eft vne mémoire neceflaire de la refurredion de Chrift,amp;: du repos eternel ou il eil entré en celle iournee la. Nous appelions volontaires,ceux que les homes ont ordonez pour quelque mémoire que ce foie. Et en cela nous mettons entre autres celle dilletécc, que les feiles volontaires peuuêt ellrecaf lees pour calTer l’abus amp;nbsp;fuperllition qui y eft luruenue:mais les neccllàires ne peuucc eftre abolies par autorité humaine que ce foit: voire qu’en cas de luperftition celles là doiuent eftre abatuesauec tous leurs abus, mais celles-cy doiuent eftre maintenues Si deliurces de toute corruption. Ce que le

119, mcfme S. Auguftin conclud pertinemmêc thap.ii nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;felon Dieu,en la melme Epillre que Ha

ren nousaalleguee.Orcombienquenous ne foyôs point lî rigoureux, que no’ vucil- । lions reiecler a plat toutes faindes memoi- , res amp;nbsp;obferuati5s,toutesfois ces Meilleurs monftrent bien de quel efprit ils font menez, quand ils allèguent deux paflà^esde S. Auguftin feulemët,ouiln'eft parle d’autre cliolèque de la Pafque: Et toutesfois

don-

-ocr page 261-

A l’Apologie de'I. Haren, xii donnent hardiment a entendre an poure monde,qu’il cil la parlé del’obferuation des iours de fettes, tât en l’honneur du fils de Dieu, que des faïéts perlon nages morts martyrs pour le nom d’iceluy. Comment feront ils qu'on les croye, s’ils vient de fi mauuaife foy en leurs allegations?ren lail-fe le iugement a toutes perfonnes équitables amp;nbsp;craignans Dieu, amp;nbsp;prie le Leôteiir Chreftien y prendre foigneufement garde pour fon bien amp;nbsp;repos. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

DES IMAGES.

ProtefianSy de dire qu

Ceßvn menfonge forgé en la heutiejue des quot;Uny attoù nulles images

Anciennement au temple des Cbref te s : 'veu que du temps de S, Augufitn, limage de lefts Chrifl amp;nbsp;des t^poßres eßoyent en age fure i chap. Idu consentement des Euangeltßes. Eu[e-bius Hure 3 de(on htßoire Ecclefaßique,dit que l'image de lefits Christ eßoit au mylteu deux. DamafenusIture 4 chap.ij^ditquela coußu-^edauoir des images eßoitprocedee des tradi-fions c^pofloliques. i^thanafitts eferit bien au long les miracles faills en la ville de Beryte deuant limage du Crucifix. Eufebius liure 7 tfferit de limage defàincl Pierreamp;defainél Paul. Lquot;v(age des images fut aprouué au (e-

-ocr page 262-

xii Response de F. I. cond Concile de l^eedtem au Concile de Con-ß antinomie fotts Hirene^ amp;nbsp;par tout ailleurs.

Combien que ce nousfoitaflez que la parole deDieu n’a point aprouué les idoles ou images, mais les arigoureufement défendus de planter es répies amp;nbsp;es cœurs des Chreftiens; toutesfois pourcc que les idolâtres fe parent de l’autorité des anciens Pe res corne s’ils auoyent tour pour eux amp;: cotre nous, il nous faudra icy parler des choies qu’ils allèguent felo l’ordre qu’eux mef-mes y ont tenu. Nous difons donques, que la pureEglife primidue n’a point eu d’images adorables es téples : eux adermet le c6-trairc. Or nousauons bien dequoy les remercier,de cequ'ils fe lont auilez d’amener vne fl bonne prenne amp;nbsp;tant a propos, pour defcouurirleurs menlôngcs toutaucom-mancemenr. Car ils ne pouuoyent mieux monftrer que par ce raefmepalTage de S. Auguftin,que les images deChrift amp;defes i Apoflres n’eftoyent pas es téples des Chre • (liens. S. Augullin refpond en ce paflàge a । ceux qui blafphemoyent contre Chrilfdi- । fans qu’il s’eftoit faiél valoir par art magique amp;nbsp;par cnchantemens, qu’il en auoir efeript des linres a S. Pierre, amp;nbsp;a S. Paul. U dit donques, Poitree qu’ils auojent volonté de feindre

-ocr page 263-

a «

s r C

e

I'

r r

ic

'

s e a i'

ic

II.

1?

A t’APOLOGIE DE 1. HarEN. 11}

feindre tjue Chrifi a efir if t quelque chofi de (èm-hlable a fis dtfitfles tls ent penséen eux mefimes qui fi nt les dtfiifles auxquels ilfer oitplus cropa-blequilaqt peu efirire plust ofi qùaux autres^c'a-me a ceux quifefiroyet tenus auec luyplus fami-Iteremét, amp;nbsp;qut auroyet efiéplus dignes d'auoir césruunicatib de ce fieret. S.Pierre doc nbsp;nbsp;S. Paul

leurfont lt;venus au deuant pour ce qutls les ont •veus peins auec luy{ come ie croy} en plufieursfia ceSyd'autat que la ville de Rome célébré nbsp;nbsp;reco~

mande plusfiotenellemet les merites de S. Pierre amp;nbsp;*?. Paulpour auoirfouffert en vn mefime iour. Ain fi vraycmét ont mente derrer ceux qui ont cerché Chrifi amp;nbsp;fis Apoflresyto point esfiainéîes Pfirituresynau es murailles peint es: (fi-neftpott de merueillefiles peintres ont tropeles meteurs. Ncÿéca les paroles de S. Auguftin,de(quelles nous aprenos bien que l'image de Chrift a-côpaignédc Pierre amp;nbsp;Paulclloit peinte es murailles en plufieurs lieux, mais il ne dit point es teples.-amp;: d'auatage nous entêdons parla, q mcfmes les vrais fideles de ce téps là ne ccrchoyct pasChriftamp; fes Apoftres es peintures,mais esEicritureszfinalemêt que les imagesamp;: peintures sot doôlcurs de mc-fëge de vanitc,q fot fouruoyer mettet a ruine leurs lëruiceurs.CarfcÔmc luy mefi itpfil. ïp^ç,éxt^^zyxcfi}quieficeqadoreouquiprie en '■^7'

-ocr page 264-

124 Response de F. I.

regardai ojne image,ejui n en fait touchéinfluef làyde péfer cju'il[oit exaucé par icelle çér ^ui ne-Jperequelleluy fera ce ejuildeßre?N^oila poUf le premier menfonge, comment les Icfui-tes fc font defcouuerts par vn jugement trefiuftc amp;nbsp;admirable de Dieu , alJegans pour defenfe ce qui côbat amp;nbsp;deftruit leurs defenfestouta coup. De mefme fidelité vfent ils en allegant Eufebe au j liurc de l’hiftoire Ecclefiaftique,ou il ne iè rrou-ue rien de ce qu’ils dilènt : amp;nbsp;quand il y en auroit quelque chofe, voire qu'il auroit vié decesmefmes ^3xo\cSy^uel’image de Ie[ni Chrift eßoit aumylieud’euxf\ ne pourroyent ils pas de là monftrer qu elle eftoit au temple,comme les paroles fuldides de S. Aii-guftinnous en ont enfeignez. Quant a Dama(cene,il dit que les Peres tont trouât que c'e[l vne tradition no efcripte: mais il ne dit point qu elle foit Apoftolique. Et voila pourquoy pour le faire trouuer meilleur,il aioufte en confirmation ce beau cote d’Abgarus le Roy d’Edefle,qui auoiten-uoyé vn peintre pour prendre la figure du Seigneur lefus, mais qu’il ne le fccut on-quesfigureracaulcdelafplédcur de fa face: amp;nbsp;pourtant que le Seigneur moulla de foy mefme fon image en vn linge, qu’il en-uoya

-ocr page 265-

A l’A P o L o G I K DE I. H A R B N. XIJ Uoyaaudiôl Abgaruspourluy doner eon-tencemcnt. C’eft là vrayement vne belle prenne, qn Eufebemefmcn’a point feeue, ous’iU’alcene.l'atrouneefifottcqn’il a eu honte d en fouiller fon hiftoire. le tai que les temps de Damafcene eftoyent défia bien fort enuelopez en leurs corruptions. Mais que peut cefte allegational’cncon-tre de nous, quand 11 confefïè quec’efi: v-ne tradition lans Efcriturc,tradition no des Apoftres mais des Peres, laquelle tradition Inymelmercnnerfe puis apres,quand il met en auàt celle fabled’vn Chrill moii'' fié, comme fi Chrill mcfmes en fuft l’au-teur’Puis qu’ils confellènt que la parole de Dieu cllparfcôleamp; fuffifantcafalut,quc ne fouffient ils a tout le moins que nous nous contentions du reglement d’icelle fans manger leurs marmofets? Quanta refeript fuppofé que l’on attribue a Atha-nafe,non leulement le fty le monllre qu A-thanafe ne fut iamais l’auteur de ce dil-coursjmais aulTi IhilloireEcelcfiallique, amp;la relation mefmc qui ell au commancc-ment d’iccluy.Car quant al’hifloirc Eccle-fiaftiquc,ellc n’eult point pafsé vne telle chofe,fi elle full auenue au ficelé d’Atha-nafcjveu mefmcmét qu’en la fin de ces mi-

-ocr page 266-

116 Response de F. I.

racles il eft did qu’vn iour fôlennel fut ordonné pour mémoire d’iceiix:amp; quantala relatiojil eft did qu'vn certain PierreEuef que de Nicomedie a mis au iour ce beau myfterefouslenom d’Athanafe,lors que l’on deuoit traider en vne aflèmblec,amp; tenir propos du fang forti du cofté de noftre Seigneur Icfus. Or pourquoy eft ce qu'A-thanafe n’auoit ^pduid cefteicriten sô vi-uant’pourquoy encores n'auoit il efté faid depuis? pourquoy a attendu ledid Pierre Nicomcdieniufqucsacefteiourneelàqui fut tenue en Ceûree ville de Cappadoce? quineverroit que ce font chofesfaidesa la main pour enyurer le peuple Chreftien de fuperftitions ? Il faut donc cercher d’autres tefmoignages, fi on nous veut môftrer que les images ont efté es teples des Chre-ftienspar tradition Apoftolique. Eufe-beliurcy chap.i8 del’hiftoireEcclefiafti-que fait bien voirement quelque mention des images de Chrift,de Pierre,amp; de Paul, mais faides par les Gentils,amp; aftifes es rues amp;nbsp;maifons d'iceux, non point es temples des Chreftiens. Car voila comme il dit fut k fin du chapitre, Ce n'eßpoint merueille, lt;pue les anciens dentre les Gentils ayans receti benefice de nofire Sanueur ayent faicl telles cho-

-ocr page 267-

A l’Apolog IE DE I. Haren. 127 (es. Dentaußiiay'veuconfiruer enpeinturedf couleurs les images de (es Apoßres Paul dr Pier-re^voiremejmede Chriß : Je Ion que les anciens auoyent toußours conßamment acouïtume d honorer ainfi entre eux ceux qui leur auoyent eßecommejauueurspar vne acoußumance des Genttis. Qji eft l’homme de fens raflîs, ft ce D’eft vn lefuite, qui ofaft dire que ces chofes fe raportent aux images des Chre-ftiens, Sgt;L aux temples d’iceux? Reftent ces deux venerablesConciles,qu'ils magnifiée tant : l’vn eft le fécond de Conftantinople, qui fut tenu en l’an 68 r, au temps de Hera-clius Conftantin l’Empereur ,furnommé le barbu : l’autre, le fécond de Nicee, qui fut tenu l’an 787, au temps de Flauius Co-ftantin Porphyrogenetus a l'inftigation de fa mere Irene. Mais quepeuuentces allegations contre l’autorité de la parole de Dieu en l’Eglife de Dieu ? La parole de Dieu les refute, l’vfagc confiant dcl’Egli-fe primitiue : voire mefme des autres Co-ciles entièrement contraires aux determinations de ceux cy , comme nous auons did cy deuant des Conciles d’Illiberis amp;nbsp;de Francfort: ; brief l’Empereur Charle-maigne mefme , qui viuoit au mefme temps, a monfiré par vn liurc expres de

P ij

-ocr page 268-

118 Response de F. I, quelleaurorité doit amp;nbsp;pent eürc Ie (ccond Concile de Niece enuers les gens de bien, defcouurantdes fotri/es amp;nbsp;niaiitries li grades, qui y ont efté prifes ponrfondemens fermes,qu’il femble c|uc ceux qui y eftoyét ayencconfpiré tousd vn acord de ne rien dire qui valuft. Or loué foit Dieu,qui nous aauertisamp;inrtruiôls comme lès chers en-fans,que nous nousgardions des idoles, i-iisanî,«-»- mages, amp;nbsp;remembrances, amp;nbsp;de tout leur aparcil,pour le feruir en efprit amp;: vérité des maintenant amp;nbsp;a iamais.Âmen.

DES PROCESSIONS.

lt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;temps de S, Attgußin les Chrefiiens al-

leyent auxproeeßtonspar grandes haKdes^come illeteßtfieefcriuAnt ainfi ati22 hure de la ctté de Dieu^ chap. 8, Comme Proie£i Eueß^ue por^ toit aux eaux Tybihtaines les relicjues du treß glorieux Martyrfiinól Eßienne^l 'veneit a ß remembrance zwfoule (ß rencontre d'vneß grande multitude. Laojnefemme aueuglc pria ç[uo la menaß a [Eueßue ejui port oit lesfainlîs gages'.elle luy bailla des ßeurs qu'elleyaportoitt les reprint en touchafes yeux, (jr •veit incontinent. Etau meÇme Iteu lediElßin£l t^ugu-ßin raconte comme Lucille Euejßte de Synice fut guéri d:'vnefißule .^portant enproceßion les reli-

-ocr page 269-

A l’Apologie DE I.Haren. 119 teli(juesdit mefme '^lartyr jAinSi Eliienne. ^^ngujiin en tepißre S6 a. Caßtlan.

coüi^ue voudrA uotr en quel honneur dignité amp;nbsp;retierince let anciens ont tenu les reliques des (^Martyrs , qùil lifi fainci i^mbroiß en tepißre S y au firmon de l’tnuention des corpsfdincl Geruaù ProtAts^ item aufer mon d:i martpre deJainH: lSlAZ,are nbsp;nbsp;nbsp;Celß.

fAin£î Baßle en lhomilie fur le PfAlm.iißßainÜ lean Chryfoßome en l’homtlie 66 au peuple d\^ntioche. Sainlt \^uguflin comme def fitSy AU Hure de la cite de Dieu, chapitre S. Paulin en lAvieamp;mirAcles defainci Felix Euef que de F(ole. fainci lean Damafcene au 4. li-uredelafoy catholique, chapitre 16, item les Conciles de Gangrenfe, can.20, amp;nbsp;celuyde ce aH.y. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. Je fay treshien que les Prêteßans

sen moquent :m als qu ils fi gardent qieil ne leur enprennccommea Chamfils de TJfé,quis'e~ ßoit moqué de fon pere. Ils ne fifont point con-tentezprefquepar tout ou ib ont ieFié lesfon-demens de leur tyrannie, de hrußer les excel-lens efirits desfain6ls Peres, ains ont mb au feu leurs reliques,que des le temps dest^poßres tousles Chreßiensont eu en honneur çf reue-rence.

Le titre dcuoitcftrc dcsproceflîons,amp; reliques des fainds. Mais ce nous efl: tout

P iij

-ocr page 270-

X30 Response de F. I.

vn. Pour confermer l’vfagedes proceflîos on allégué fàinôt Auguftin. défia donques auons nous cela gaigné, Dieu mercy, que du temps de Chriff:,des Apoftres,amp; de l E-glife primitiue enuiro l'efpace de trois cens ansamp; plus, ils ne peuuent rien monffrcr de telles proceflions amp;nbsp;vireuoffes. Dont s’enfuit que s’ils font gens de bien, ils ne feront plus fi rigoureux contre nous pour deschofes que Dieu n’a point commandées , amp;nbsp;que l’Eglife primitiuea ignorées en fa naïue pureté. Mais pour venir au propos de fainét Auguftin, nous ne niôs point que nous fommes plus volontiers reglez par les loix amp;nbsp;ordonnances de Dieu, que par exemples ou traditions des hommes. Toutesfois nous aioufterons icy ce que nous auons défia cy deuat obferué au trai-élé delà Méfié, a (auoir qu’il faut auoir ef-gard au temps, au lieu, amp;nbsp;aux perfonnes. Le temps enclinoit défia par trop a corruption amp;nbsp;degaft delà pure religion pardi-uerfes obferuations: tellement que le mef-me fainéf Auguftin s’en pleind en plufieurs endroits. Le lieu, afàuoir l'Afrique, eftoit défia en ce temps l.à comme enrouillée en fuperftitions. Quant aux perfonnes, c’e-ftoit vn poure fimplepeuple,malinftruiéf, ô^pouf-

-ocr page 271-

A l’Apologie DE I. Haren, iji amp;nbsp;pouffé dezele fans fcience, qui faifoit v-ne telle proceflïon. Serons nous obligez, ie vous prie, a l imitation d’vn tel temps,tel lieu, amp;nbsp;telles perfonnes, plus toft qu’a l’imitation de Chrift,defcs Apoftres,amp; de lEglife bien zelee, bien inftruicle, amp;nbsp;prochaine au temps d’iceuxî Au moins, s'ils nouspenfent brider par des exemples alléguez par fainét Auguftin, qu’ils efcou-tent le iugement que Icmefme Auguftin donne,eftant fonde fur l'autorité de Dieu, non fur les exemples amp;nbsp;obferuations des hommes. le ne fauroye aprouuer , dit il, ce Eftß. uf, ^tton ordonne outre la couftume , afin que ce fiït comme ojne obfieruation facrament ale, encor es que ie n'ofie pas reprouuer librement beaucoup de telles chofis ,pour euiter les ficandales de quelquesperßftnes oufiincles J ou turbulentes. Mais iefiis fort marry de ce que beaucoup de cho Jes falutaires qui font commandées es fainUes Efritures en font moins pr fees, nbsp;nbsp;que tout es

chofs font fi pleines de tant de prefomptions^ que Ion repn ndra plus aigrement vn home qui aura marché fur la terre pied- nud a fis odlaues, que celuy q aura enfiuelijon en te dement de trop boire. Parquoy i'eftime qu'tlfaut retrecher fans aucune difji tdtéytu anlepeut faire^ toutes telles

P iiij

-ocr page 272-

iji Response de F. I.

chofesijui nefont point contenues es aut or it ex^ des CàinliesEÇcrttures^amp;c.Ç)^ diroit maintenant cc fainól perfonnage, s’il voyoitl'a-byfme d’inuencionsqui eft en la Papauté? amp;nous de noftre part que pouuons nous dire,finon que nous defirons fuiure le con-fèil 8c auis qu’il nous donne felon Dieu, ÔC qu’il euft iuiui de fontemps,s’ileuft peu, enchofcsde moindre importance? Pour toutes procédions, nous rcnuoyonsles fi-delesaiainâ: Paul qui dit apres Moyiè,2^ dipoint en ton cœur, cjut montera au ciel? celu e?i faire defcendre Cbrif d'enhaut : ou, cjui de-fcendraen[abyÇme?çfc. Or comme nous auons did des procédions, le mcdne di-fons nous 8c enfcignons des reliques des fainds, ainfi qu’ils les appellent. Nous ne parlons point icy des faudesamp;fuppofees, quionteftédcfcouuertesamp; fc defcouurét iournellement en l’Eglife prétendue Romaine : mais feulement des vrais corps ou parties d'iceux, s'il s’en trouue certainement; ce qu’il ed: trefdidicile, ou plus toft impodîblc de monftrer. Nous ne foulons point les corps humains au picd,pour-ce que ce font corps d’hommes qui font faidsa l’image de Dieu:nous ne mefpri-fons point les corps des fideles, pourcc

que

-ocr page 273-

A l’Apologie DE I. Haren, ijj que ce font vaifléaux fandificz de Dieu en Icfus Chrift a l’efpcrance de la refurredion bicnhcLireufe amp;nbsp;de la vie éternelle : auflî ne voudrios nous point eftre aucunement outrageux contre les corps des fainds A-poftres ou Prophètes, fl nous les connoif-îions.Mais c ell vn abus de conclurre qu’il les faille honorer pourtant, comme on fait en la Papauté, d’vn honneur diuin ou atout le moins comme diuin. Enquoyfi la deuotion du peuple Chreftien a iadis excédé (comme elle a faid ) c’a efté le deuoir des fideles feruiteurs de Dieu,qu’ils refroi-dilTent plustoft qued’efehauftér, amp;nbsp;qu’ils retirafl'ent plus toll: que d’induire le peuple a telles obferuations fuperftitieufes amp;nbsp;dangereufes au poflîble. Et pleufl: au Seigneur, que la modeftic des fainds Peres, qui a trouué bon de dilTimuler beaucoup de telles chofes pour euiter les fcandales prelens (comme nous diflons tantoft de S. Auguftin ) euft elté auffi acompaignec d’vnc telle prudence,qu’ils euflentdextrc-ment preuenu les fcandales qui cftoyent a ucnir par vnc telle dilTimulation amp;nbsp;fup-port. Car nous voyons, helas, en quelle idolatrie amp;nbsp;cflourdilTementeft; tobee toute la pofterité par vne telle conniucncc:

-ocr page 274-

x}4 Response de F. I. quelle hardieflè ont prife les trompeurs amp;nbsp;forgeurs de reliquaires pour fe moquer a । la veue de tout le monde amp;nbsp;butiner la po-ure Eglife de Dieu : brief quelle rompu-re afaide Satan en la maifonde Dieu par vn tel artifice. Contre lefquellcs choies nous fommes aflèurez, qu Ambroife,Ba-file, Chryfoftome, Auguftin,Paulin,Da- ' mafeene crieroyent a plein gofier .s’ils vo-yoyent la miferable fuperftition idolatrie, que l’Eglife Romaine a introduire, amp;nbsp;defend a toute force, abufant de la bonté amp;nbsp;fimplicité d’iceux. Car combien que ces commancemens là ne fuflent pas fi de-teftables, toutesfois la pourfuite amp;nbsp;la con-fequencc d’iceux contraindroit leurpiete a changer d’auis tout a plat. Quant aux féconds Conciles de Gangrcs de Nicee, j puis qu’ils combatent la parole de Dieu, l’exemple des Apoftres, ócTyfagede l’Eglife Apoftolique (commeilaeftécydel-fus en partie monftrc ) nous auons plus de raifbn de demander qu’ils foyentaflu-iedis a la parole de Dieu, que n’a l’Egli-fe prétendue Romaine de nous vouloir forcer a l’obferuation d’iceux : car il faut plus toft obéir a Dieu qu’aux hommes. Q^nt a U malcdidion de Cham, il y a long

-ocr page 275-

A l’ApologIE DE I. Haren, ijf longtemps que le Pape de Romme Icrui-teurdes feruiteurs de fesfreres l’a prononcée, amp;nbsp;encores la prononce tous les ans fur ceux qui ne veulent pas dire Amena toutes fes execrations ; mais là malédiction nous eft benediction de par Dieu. Cependant ie confefle bien que ce qui leur defplaift me dcfplaift aulîî, en ce qu’ils di-fent que nos gens ont bruflé les efcrits des fa met s Peres, Semis a feu les reliques d’iceux. Le Seigneur fait, que i’en fuis auflî marry queperfonne d’eux fauroit e-ftre. Car quant aux efcrits, n'eu fl il pas c-fté meilleur qu’ils enflent elle depolèzen la main de quelques gens fauans pour con-ferucr la vérité d’iceux contre la falfîfica-tion de la Papauté, que d’eftre bruflez pef-j le-mcfle parl’indifcretion de gens fanslc-tres amp;nbsp;idiots ? Et quant aux reliques,n’euft il pas efté trop meilleur, qu’elles enflent efté liurees en la main d’vn m agi fl rat fidele , pour eftre inuenrariees amp;nbsp;reconnues ainfi que de raifon, que d’eftre bruflees ou desbrifees? A tout le moins ce qui eftoit des afnes ou des chenaux,on l’eu ft renuoyé au Paradis des afnes: ce qu’on auoit pris d’vn oifeau, vn bec, vn ongle, vne autre telle piece,

-ocr page 276-

Response de F. I.

piece,cuft feruiauxenfans pour en grater la terre: brieftoutes choies fuflènt retournées a leur fource ou origine, comme les eaux a la mer. Certes il cuft ertc beaucoup plus profitable a monauis,quc tout celaeuft efte vuidé par iugemenc public, que d’eftre manie par des gens qui on t fra-cafié le tout lans regarder. Mais ce qui en cftfaitft, Dieu l’a ainfi voulu: il ne nous a-partient pas de deuifer fur fon œuure. Haren, amp;nbsp;fes maiftres peuuent fort bienpen-Icr, quecen’eftpasdemonauis nedeplu-fieurs autres perlónnages, que les çhofes ont efté nianiees de telle forte.

Dr PAPE.

Lesntefines Peres afin de maintenir ^cort' tinner la paix çfi- la concorde de HEgltfi, recon‘ noiffènt icybas entre les Euefcjues vn chef ministerial JuccejJèur de S. Pierre. Sain^ (^mbroife^ Origen e ^ÇainÜ (^uguSiin, (fi’ les autres Peres ont reconneu [Euefpue de Romme pour tel. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f^uparauanteuxlrenee^f

Tertulban yçfiquot;tonales difciples des K^posires, auec les Conciles (fi“ decrets des Peres ont fai£i le mehme. Et pourtant [ainci ^uguSlin, de l'vtilitédecroirey chap, donnait anciennement

-ocr page 277-

A l’Apologie DK I. Haren. 237 ' I nbsp;nbsp;ment Tn hon ccfetl a Honorât: Douterons notts^

• j ditilyde nous repofir au gironde l’EgUJe? la-1 ( ijuclleparfucceßton des Euefcjues a touÇieurs eu lt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jouueraine autorité delà chaire defainéî Pier-

; . re: nonobstant que les hérétiques ayent abayé , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;contreicelle,qutont eSiécondawnezpartiepar

' j le iugement du peuple, partie par l autorité des , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Conciles ypartie part excellence des miracles.

' Et ailleurs faisant le me^me S. r^uguSiin Tit ' dénombrement des Euejqucs de Romme depuis ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ßtinPl Pierre iujques a celuy qui eSloit de [on teps

Pape, ilproutte euidemment nue(ous I Tnitéde l'Eglije Romaine la vraye fop iß religion Chre-fttenue ejl toufiours demeuree en lEglije viß^ ble y Jans errer en aucun pointl de doîtrine. ^e(i depuis le temps des ^posircsiiifqties a JatntiißPuguslinilnes'eß fatîi aticunchange-ment de doctrine ny a Romme ny ailleurs, qui ait peu rompre celte Tnité d'Egltfè felon meß ' me que Calutn ß autres Proteltans font con-trainéîs de confejjèr z pourquoy s'efforcent ils de retir er les hommes?pourquoy [appellent ils le fiege de l'Antechriß ? abominable paillarde? la maifin du diable ? faifans auiourdhuy par tout en l'Europe am JchiJme tant horrible ,par lequel ilsßntcaufedetant de Jan g innocent ef pandupar toute la terre, ß de faire orne infni-^ tedcvefuesßdorphelins a la ruinedreonfu..

-ocr page 278-

xjS Response de F. I.

(ion de tout le monde,puis cjue la religion des Ca-tholicjues eß la meßne qui iß ou au temps des ßisdtcls Peres?

lean Haren cy defTus en la declaration deladodrinequetiennêcles Catholiques prétendus,a allégué les fondemcs ruineux qu’ils ont pour afiérmer la primauté du Pa-pedefquels fondemcs nous auons dcfcou-uerts iufqu’au pied par l’Efcriture fainde. Maintenant il fe fait fort d’vn autre apuy, difant quclesfainds Peres l’ont reconneu ainfi. Nouslenions. Ils pretendentauoif les Peres, les Conciles, les Decrets de leur collé.- mais ils allèguent le tout enfem-ble fans en produire tefmoignages particuliers. Auffi nions nous le tout enfetn-ble.attendans qu’ils amènent quelque fpe-ciale preuue. Nous affermós doques con-ftamment, que S. Ambroife,Origenc, Au-guftin, ny autres deuat eux n’ôt point feeu ne reconeu la primauté du Pape, qui fe dit fucceflèurdePierre.'carmefmeTertullian en Ion Apologetic appelle S. Paul le vicaire de Chrift,monftrant bien que ce titre n’cft point propre ne particulier a Pierre, mais qu’il eft commun aux autres Apoftres amp;nbsp;feruiteurs d’iceluy. Que les vieux amp;nbsp;anciens Conciles Payent déterminé, c'eftv-

ne

-ocr page 279-

al’Apologie de I. Haren, ijj

ne chofc tresfauflè.Car es Conciles de Ni-cee,deC5ftâtinople,deChalcedone,d’E-phelê, Si. autres authentiques il n’en a efte

JJ nbsp;nbsp;nbsp;rien aprouuéinemefmelongtemps apres:

5 nbsp;nbsp;nbsp;ainsau contraire les Conciles Afriquains

s’y font vaillammêt oppofeZjdefcouurans des pratiques Romaines amp;nbsp;les renuerfans

. par les ades publics des Conciles precc-

dens; amp;nbsp;en cores depuis Gregoire Euefquc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;)

de Romme par tout en fesepiftres a cric

, contre lean Eucfque de Conftantinople, - nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;afferme que quiconque fo nomme E-

uefque vniuerfel eft:lepageamp; auant-cou-reurdel’Antechrift. Ce font donc de belles happelourdes qu’ils donnent en paye-nient, quand ils font ainfi fonner le foinét

, nbsp;nbsp;nom des Peres,des Conciles, Si des Dc-

crets(qu’ils ont forgez a leur pofte) es oreil-

' lesdesfimples. Mais apres cela,corne s’ils

I cfpargnoyent le Ledeur, ils fe contentent d’amener vn paflàge de faind Auguftin, qu’ils tordent a leur plaifir,amp;cnrichiflent deleur glofe fans fonner mot pour mieux csblouirles yeux tendres des ignorans.

Ce faind perfonnage en ce paflàge là a-yant monftrc quels beaux tefmoignages a l’EglifeChreftienne par deflus cclledes Manichéens Si autres femblables, fait vne

-ocr page 280-

iz]o Response de F. I.

comparaifon de l’Eglifê cai holique ou vni-uerfelle auec toutes les autres que les hérétiques engendrent, amp;nbsp;non point de l’Egli-fc Romaine auec celle d’Eugubio ou d’A-quilee,amp; ditainli: Puu donc que noM voyoni •vneßgrande aßtPtence de Dieu ßgrand profit (ß auantage do ut erom nom ^lenom tenirfier-re^augiritndvnetelleEglifiqui aobtenujou-tteratneautorite par laconfiefiion mefinedetout le genre humain ^deputs le fie^e des impost res par fùccefiiom continues des Euefijues iufiqU/t prefint^quoy que les hérétiques ayet abayéa l'entour del/e pour néant qui ont eflécondamnez, partie par le iuqem'ct meJme du petit peuple, par ’ tie par lagrautte des Conciles, amp;nbsp;enpartie aufii par texcellence des miracles?!^ laquelle fit quel-qu^vn ne 'veut point donner la preeminence, tl faut bien 'vrayemet quil [oit entachéou de trefi grande impiété, ou d’arrogance précipitée, C,c3 propos fe raportent al’Eglife catholique ou vniucrfellc, que nous deuons vra-yement préférer aux autres auec toute rai-fon. Maisfic’eufteftédel'Eglife Romaine que S. Auguftin euft parlé, n’euft il pas elle vn habile homme de renuerfer les a-â;es du Concile de Carthage, ou luy mel-mcauoit airifté,amp; empefehé defonpou-uoir l’autorité pretenduepar l'Euefquede

Romrae

-ocr page 281-

A l’Apologie DE I. Haren. 141 Romme fur les Eglifesdclà lamer? ne le condamneroit il pas foymefme ou de tref-grande impiété, ou d’arrogacc précipitée? afin que ie me tienne a fes propres paroles, ie m’aflèure que par cecy toutes perfonnes de fens raffis amp;non pafiionnees connoi-ftront en quelle foycepaflage a eftc allégué. Q^ant a moy, ie croiray toufiours plus toft, qu’il y a impiété ou arrogance es perfonnes qui tirent ainfî les eferits de S. Auguftin corne par les cheueux, que d’en donner aucune faute a ce faind perfonna-ge en ceft endroit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pour le regard de

l'autre paflage, il eft certain que non feulement Augullin,mais aufli Tertullian,Hie-rofme, Epiphanius, amp;nbsp;autres ont pourfui-ui le denôbrcment des Euefques de Romme iufqu’a leur temps par vne fucccflîon continue : mais ils n’ont rien moins pensé pourtant que de donner primauté ou a S.Pierre,oual’EglifeRomainc,oualafuc-ceffion prétendue. Pourquoy donc l’ont ils faid ? dira quelcun. C eft pource que chacun conoiifoit mieux la fucceftion d’icelle,que d’vn autre moins célébré, moins frcquentee,amp; polliblc aufti moins fournie degens qualifiez a vne telle fucceflion.Car qui eft ce qui ne fait quel’Egliic de Rome

-ocr page 282-

242- Response de F. I. ordinairement aeftémieuxgarniedegetis deforce, que celle de Carthage oud’Hip-pone en Afrique,celle de Stridone en Dal-maciCjOU celle de Salamine enCypre?Cel-le cyeft la vraye raifon pour laquelle on a plus toftmis en conte la fuccelîion des E-uefquesdeRomme,qued’Oftieou d’V-lubres en Italie. Et pourtant qui ne riroit de ces belles concluiions qu’ils fontal’oc-cafion de tels palFages ? Ils concluent que la TJ raye foy nbsp;nbsp;religion Chreïiienne^ eß totif-

iours demeuree en l Egltß 'viflble voire^ foui Ivnité deCEgliße Romaines : qui eft ce d’entre les Peres anciens qui parla iamais ainfi? Ils concluent qu’elle eft demeuree telle fans errer en aucun poinEi de doSirine^ : qui eft ce d’entre eux qui le peut dire, ou pen-fèr en bonne cofcience’Carilsfauent bien que l’Eglilè vifibleeft toute compofee de membres ignoras, infirmes amp;nbsp;imparfeds; ils fauent quelle ne peut errer tant qu’elle i fc tiét a la clairté de fon Soleil lefus Chrift; I mais qu’elle eft eclipfee , par maniéré de dire, foudain qu’elle n’a plus fon regard a la clairté d'iceluy. Potirquoy donc luy attribuent ils fimplement vne telle perfe-(ftion, contre le fentiment de leur propre conlcicnce ? Mais lur tout, quel aueugle-ment

-ocr page 283-

AL Apologie de I. Haren. 145 mène eflcc d’attribuer toutes ceschofesa l’Eglile Romaine, quiluy copetent moins qii a la viliblt ?voire de recomander l’vnité d icelle côme tenat les autres en vnité, veii qu’elle a de long temps defuni les autres E-glifes, amp;nbsp;efte defunie enfoy par fchifmes pernicieux? 11 ne faut point beaucoup fueil leter leshilloires pour y trouuerce que ie di: car on ne trouue depuis huit ou neuf cens ans en ça rien tat par les hildoircs, que des guerres alumees entre les Princes amp;nbsp;Royaumes, des fchifmes faitds entre les E-gli(ès,mc(me d’Orient amp;d’Occidêt,amp; des faâiôs horribles excitees par ce fils de perdition ; qui cependant nous voudroit bien fiirecroire,qu'il eftle chcfminifterial amp;nbsp;rinftrumentd'vnitc enl’Eglife de Dieu. Or fùr celle faulle fuppofitio, que nous relevions conftâmentamp; felon vérité (car ce qu’ils difent cfl faux,que Calitin dries autres font contraints deleconfejferyû^ baftilfent des argumens en l’air. Pourejuoy s ejforcent ils de retirer les hommes?dà(cnt ils.Mais eux pour-quoy les chaflèntils ? pourquoyfont ils la rompure ? pourquoy ne pcuuct ils louftrir ceux qui fe veulent conformer alafimpli-cité de Chrift ? pourquoy les perfecutet ils, finô poiirce q les loups ont cômandement

-ocr page 284-

x44 Response de F. I.

entre eux, qui chargent les poures brebiet* tesd’auoir troublé l’eau ? Si feulement ils nous veulent fouffrir, nous fommes prefts de môftrer par edèét,que nous ne voulons point nous retirer d’eux en tout ce qui eft de Chrift : mais s’ils ne veulent point,quel remede? Apres,difentils,Pottreinoyappel- ■ lentils Kome lefiege de U^ntechnsi ƒ pourcC iThe(ri,7. que S. Paul la diót. abominable paillarde? U jnaiÇon du diable ?pource que S.lean l’a diâ, eft vray. Car comment peut on autrement appeller celle qui de faid d’auis con-treuient afoncontra(ft,alês promeftès,â ! la pieté amp;nbsp;a l’honneftetépublique,q Chrilt l’elpoux cômande,amp; qu’elle auoit promi-fe.’comët peut on appeller maifon deDieu, celle qui ne fait point les œuures de Dieu, mais dont le chefmefme fe done au diable a tous propos, amp;nbsp;les membres luy lèruent a l’enui ? Croyez, Chreftiens, croyez cefte pucelle Romaine, fi vous ne lâuez mieux: qmtous les iours empire le fchifmc del’E-glife qu’elle a li delloyaument comman-cc -, qui tous les iours d’vn cœur fanglant enfanglante fes mains du fang des poures fideles pourcc qu’ils font fideles a Chrift: qui tous les iours perlècute, defpouille, meurtrit, rauage iulqu’auxpoures vefues . quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;or-

c

J l

ï

4 % d

1; flt; c

-ocr page 285-

A l’Apologie DE I, Haren. 145-amp; orphelins, que Dieu a recommandez par (a fainde parole; qui cous les iours aua-ce la ruine amp;nbsp;confuiion du monde fe maf-quant du titre dEglife; brief qui fe vante cifrontcemenc de la dodrine de Chrift, des Apoftres, amp;nbsp;des Peres, quand elle tue ccuxquilafuiuéc amp;nbsp;qui cerchent Dieu en ftniplicité de leur cœur. Car ce n’eft pour autre chofe qu’on nous meurtrit, amp;nbsp;que l'on nous tient comme brebis deftinces a l’occifion. Le Seigneur eft celuy qui le voit,amp; qui le requerra.

Orildttdenauotrpoint feulement aprùdis feres ce que dejjlts^mais vn autre poin£l de tres grande importace : a quop te ftpplie tout le monde vouloir prendre garde. Ceß qù examinant le fondement de la religion des Proteßans auec les Hures équot; Conciles des Peres, iltrouuoit iceluy e-fire entièrement tiré des anciennes hereßes réfutées par laparoledeDieu eßlautoritédelE-gliß : comme verrez, parce dtfiours qui s'enfuit, Hquelpeut tefmoigner a plein combien eflper-nicieufi, voire pleine de blaffhemes la doSlrine desProtelîans.

Iniques icy Haren a cuidé moftrer, que la doôlrinc que nous combatons a efté en-feignee telle par les anciens Peres, qu elle cft auiourd’huy en l’Eglife Romaine: nous

-ocr page 286-

14^ Response de F. I.

auons prouué le cotraire par leurs propres allegations. Maintenant il monte fur fes grands cheuaux(commc on lt;di t) óó afferme quenortre dodrineeft toute tiree des anciennes hereffes que les Peres amp;nbsp;Conciles ontreboLitees. ürcombien quec’eff autre chofe d’alleguer les eferits d vn home, quelque fanant qu’il loit, que de produire le confentement des Eglifes, toutesfois nous ne laiffèrons point d’efeouter fes vines raifons amp;lcs examiner en vérité, pour guarentir de fes faux blafmes nos Eglifês, amp;mefme lesbons perfonnages qui y ont feruiaedifîcation felonletalent queDieu leur auoitdoné.Voicy donc le fécond bla-fme,q Haren nous met fus en ladoélrine: c’eft que nous refufcitonsles ancieneshe-refies en noffre dodrine : nous difons le contraire. le prie le Ledeur Chreftien confiderer en équité les obiedions amp;nbsp;dc-fenfes de part amp;nbsp;d’autre : amp;nbsp;fupplie Dieu le Pereamp;: lefus Chrift noffre Sauueur donner a tous fôn faind Efprit pour reconnoi-ftre la vérité amp;nbsp;fîmplicité de la dodrine Chreftienne fans acception deperfonnes, ou autre aftédion particuliere q uelcoque.

BLASPHÉ'

-ocr page 287-

A l’Apologie de I. Haren. 147 BLASPHEMES DES PROTE-

ßans C nimmst es contre les perfinnes delà Trinité.

^Anciennement Aritts Samo[àteniis,M^-chumedyamp;Mtres hereticjues blajphemuns contre les personnes du Fils de Dieu amp;nbsp;du S. E/prit^ nioyent que lejds Chriß eußfiris fineßencedu Pererenuerßins Ufoy del’ Eglife ,qui croit que le Pere a engendré [on Fils defa propre (ubPiace^ amp;eß di£î Dieu de Dieu. Autant en difiyent ils dufiinFi EJJirit ^departijpins l'ejjèncediuiney qui eß ßmple en trois diuerfis eßences. Feu lean Calutn amp;nbsp;Autres Protest ans en ces derniers temps ontrenouuele cestepernicieuse do-Flrine.^ nians que lefus Chriß noEire Sauueur fut engendré de la fubElancedu Pere_j, qu il tufl pris fon effence de leßence d’iceluy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Li-

InElitution de Caluin Hure premier, chap. JR 5 fèElions 2-,1^ ,23 ^24. item (on liure^ contre Valentin Gentil, ßr en lepiElreauxße-res Polonois. Ilpajjèplus outre : car[ur le 14 chap.de Genefeverf.iS, a la façon d Ariusil appelle lefus chriß fécond Roy apres Dieu Et fur le 6 de faincî lean verf. $7^1 l'appelle fécondé caufe deviez. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Combien q Harëayt efté aflèz mal conduit de la main de fes Peres, amp;nbsp;ne diftîgue

Q_ iii)

-ocr page 288-

'14^ Response de F. I.

pas comme ilfaudroit bien les anciennes herefies, toutesfois nous n’en ferons point plus expreflè dillindion n’en ceft article, n'es articles fuiuas, pource qu’il ne touche rien a la caufe. mais viendros a ioindre fans tournoyer ça ne là, afin que leLedeur ne perde point fon temps, amp;nbsp;voye d’autant mieux l’équité de noftre caule. C’eft vne pure calomnie contreCaluin de luy reprocher qu’il nieque lefus Chrift foit engendré de la fubflâce du Pere. Mais ils fe iouét ainfi du mode par l’ambiguité du mot,fub-ftance. Car autresfois il lignifie leflreou reirence,aLitresfois le lubfilier,autresfois la perfonne fubfiftcnte, quand on parle de la faindeTrinité.OrCaluin dit q le Fils n’eft point elTencié du Pere, c’eft a dire, que le Pere felon fon efience n’a point engendré vne autre eflence que nous appelions Fils: mais que pour bien amp;nbsp;fainélcment parler, le mot d’eflèncc doit eftrc ra porté a la deité ou a la nature diuine, qui ne peut eflre qu'-vne amp;nbsp;indiuife,tou te au Pere,toute au Fils, amp;nbsp;toute au faindEfprit. Etpourtantque c'eft mieux parlé, fi on dit que le Fils cfl engendré du Pere, ou mefme (li on veut parler comme fainél Hilaire) delà fubftance du Pere en vnité d’effcnce, que de dire

-ocr page 289-

1

A l’ApologiedeLHaren. 149 qu’il a prisfon eflèncedel’eflencedu Pere , OU que I’eflence du Pere a engendré l’eflcncc du Fils.-car I’eflence de 1 vn n’a pas engendré I’eflence de l’autre, mais la per-fonnedu Pere a engendré la perfonne du Fils en vnité d’cflénce. Il ne faut que la definition del’vn amp;nbsp;de l'autre pour vuider toutela quefl:ion:laquelleDamafcene do-ne en brief par ces paroles,Zrf^«z//,^côz»- thap.i.' freheßble ceß [efßnce, (ß la nature, amp;nbsp;la formepar deßfts toutes offences-.mais lesßthßßen-ces dr lesperfonnes dtcelle font le Pereß Fils^dr lefain^ Efprit : car l'hypoflaße eu fluhflîîencede chacun d’iceux eß parfeóle eß la perfinne par-felîe. Pourquoy veulent ils confondre ce que les fainâs Peres ont fi clairemet amp;nbsp;co-tnodement diftingué, amp;nbsp;nous faire dire que le Fils a pris fon eflènce del’eflèncc du Pcre? Nous ne condamn os point ceux qui l’ont diél, quand ils fe font bien amp;nbsp;fainde-ment cxpoièz : mais nous, ferons nous deques a blafmer, fi nous retenons le fainét l’Efcriture amp;nbsp;des Peres pour mieux teftifier noftre fimplicité ? Nous en laifTons leiugement a Dieu, amp;nbsp;a fon Eglifè, que nous appelions en tefinoin de noftre vérité amp;nbsp;fimplicité en cefte caufe. Ils reprochent que Caluin appelle lefus Chrift

-ocr page 290-

Response de F. I.

fécond Roy apres Dieu, a la façon d’Aritis. S’ils auoycnc autant d'affedion a profiter qu’a ronger, ils ne trouueroyét point ce la-gage fi cftrange. Car ils fauêt bien que premier, fécond, dernier, fe prenent adiuers regards. Chriftn'cll pas fécond Roy apres Dieufon Perc au regard du teps,comme Arius pcnfoit,car il eft coëternel: mais il eft fécond felon la caufe,felon l’ordre, amp;nbsp;félon l’adminiftration,corne eftant vray Dieu amp;nbsp;vray home en vnitc de perfonne il a receu duPere tout iugemct,amp; faiôl la volonté du Pere qui l’a enuoyc.Et pour mefme regard auffiCaluin n’a point faid de doute de l’ap-pcllcr fécondé caufe de vie. Pourquoy cc~ la?pourcc que c’eft autre chofe de confide-rer Dieu en foy, autre de le côfiderer felon l’ordre entiers fes creatures. Selo foy Dieu Perc,Fils,amp; faind Efprit eft vne feulecaufe de vie,amp;: n’y a premier déviant luy, ne fe-cod apres luy. mais felon l’ordre enuers les creatures ( car ainfi l’appellent les Schola-ftiques) le Perc eft la premiere caule,le Fils eft la fécondé : ainfi que luy mefme le mo-ftre en ce vcrCet^diCâm,commelePereviita/tt ni a enuojé-, außt te vt a caufe de mon Pere : amp;nbsp;celuy (jui me magera^ v 'tura auß'i a caufe demoy.-Harcnnes'eftilpas bien reuenge en telles

cho-

-ocr page 291-

A l’Apologie de I. Haren, lyi

I chofes auec fes peres lefuites ? Certes ils monftrent tous enfemble par ces obie-ótions, qu’ils font tranfportcz du tout par malueillance, qui leur ofte iugenient amp;:

, raifon.

BLASPHEME DE CALHI^ contre lefaifîH EJprit.

7lt;le bUßheme ilpoint contre leÇùnH Esprit, * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t’»'

enfetgnant ‘ (ju il ne prendfen ejjènce ny du Pe '^'chapquot;”i,/e-renyduFils?'’ dpcpuelapuijjanced'tceluyeßoit fl'»»!?. nßr einte dl enjeign er les (_Mpoßres les chojesfeu-lement ejuils auoyentouyes delà bouche de leur jeü.i. ntdißre?lee]uelaßeure tout le contraire en fatnci lean 16 leurdßänt-, Pay beaucoup de choßs encores a'vom dire mais voiss ne lespoutiez,porter maintenant: orpiuand tE(prtt de'véritéß-ra venuylvous enfeignera toute 'venté. PSlleß ce peint vn autre blafpheme proféré par Guillaume Parelen pleine dijputeße dire (]ue lefatPl Eßirit eß vne emotion ou mouuement créé Si lefainHEfprit eß 'vn mouuement crééßln'eß point Dieu éternellement. Et ainß ceß derechef renouuelerla doHrine de SamoJatenttSy Macedoniusautres femblablesanciennes he-r efieSyCfue t oute l EgUß det eße a bon eßientyvoi-re de coeur d’affeélion.

-ocr page 292-

lyi Response de F. I.

Cecy n’eft qu vne appendice de la precedente obiedion. Car au premier poinôt ils confondent le mot d’eflence,amp;: lepre-nent pour,eftre ou fubfift:er,tout ainfî qu’il leur viêt a poinôt 5 corn me ils ont faid par-auant traitansde lapcrfonne du Fils. Or combien que Caluin proprement ne parle point de cela au;pafl'age quils allèguent: toutesfois pour efclaircir celle matière nous dirons comme deflus : l’eflènce du fund Efprit eft l’eflence duPere amp;nbsp;du Fils, toute en toute la deité,amp; toute en chacune perfonne. Quand donqucs l’Eglilè veut parler proprement, elle ne dit pas que le S. Efprit prend Ibneflènce de l’eflènce du Pere amp;: du Fils,mais que le faind Elprit ou la perfonne d’iceluy procédé du Pere amp;nbsp;du Fils.Q^eft il befoin d’êueloper ces formes de parler claires amp;nbsp;vfitees,par formes de parlerobfcuresamp;dangereufes? Maisceq s’enfuit qu’eft ce flno vne puatcamp; orde calomnie , de dire que la puillànce du faind Efprit foit aftreinte d’enfeigner aux Apo-ftres les chofes lèulemcnt qu’ils auoyenc ouyes de la bouche de leur maiftre î Car qu’eft il plus libre que Dieu ? Caluin ne dit en aucune part, que le faind Efprit foit a-ftreinemais voilacommeil àxt^Pourceijue les

-ocr page 293-

Àl‘Apoiogiï de I. Haren, xyj lesdtßiples acaufe de leur rudeffè ne pouuoyent comprendre les choses (pâli aueyent ouyes prtjèsde la bouche de leur maißreylEprit de vérité leur eßpremis,du(]uelîls fiyentdreßezen la vraye intelligence dicelles toutes. Car il faut bien noter ceße reßriciwyu il attribue aufainél Eßrit loffice defuggerer toutes les chofestpuila parauant enfeignees de fa bouche. Ces grands Doreurs pour aiioir que mordre es eferits de Caluin, raportentcc mor dcrefirtliion aufainâEfpritcommes’deftoitlàgarotté. 11 faut bien donques ou qu’ils ne fâchent pas, ou qu’ils ne vueillent pas fauoir que le raQzâcreftrilîib fe raporte aux propos pre-cedens, èc lignifie autant que ce qu’on appelle es efcoles,detcrmination:amp;cefte determination n’cft pas donee pour Je faind: Efprit, qu’il nepuilfemonftrer autre cho-fe,mais pour nous, que nous de noftre part ne deuons d’or en aiian t attendre autre en-feignemët du fai nef Efprit, que fuyuatl’en-feignement de Chrift. Car auHi de faid: n’eftcepaslEfpritdc Chrift? Et quand ils veulent eftrc fi bons aduocats du fàinôt E-fprit (puis qu’ils le veulent fonder en telles comparailbns ) ne voyentils point, qu’on leurpourroit reprocher de mefmcpourle regard de Chrift? a fauoir, que lèiô leur di-

-ocr page 294-

174 Response de F. 1.

re Chriftauroit moins enfeignéquesoE-fpnt’Or quant a nous,nous en parlos bien aucremencc’eft que Chrift a enfeigné toute vérité en perfedio,amp; le faintl: E ( prit auf-ii, tous deux vne mefme vérité. Nous re-connoiflonsl’vn amp;nbsp;l'autre pour parfedôi fouuerain Dodeur; amp;nbsp;ne pou lions entendre la lubtilité de ces Dodeurs,commet il foit poflible que nous reftrcigniôs vne do-drineque nous confeflbns elite trefparfè-de «Se accomplie en tout «Se par tout,foit du Fils, foit du faindEfprit procédant du Pere «Se du Fils. Voire, mais, dilènt ils, n eftil pas efeript, lay heaucouf) de choÇes encores et •V0U4 dtre,amp;c?'^o\ys\c confelTons.mais de quelles choies le Seigneur lefus parle, ef-coûtons le de luy melme en ce mefme cha-lean,i«,lt;î. pitre, Pource^ueievous ay dtlîceschoßs^tri-ßejp a rempli •voflre cœur. Ca lais ie 'vous dt U 'véritéyl 'vous eß expedient ejue ie m ’en ai Ue-.car ßte ne m’en 'vatpointß confôlateur ne 'viendrA point a'VOUS : mais quand te ni en (eray allé., ie levousenuoyeray: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui s'enfuit, c’eft doc

comme s’il difoit-, Vous auez iDaintenant voftrc efprit û chargé de triftefre,quc vous ne pouucz appréhender a profit les chofes quei'aya vous dire:amp; encores demeurerez vous tous elperdus, amp;nbsp;ne ferez difpos

are-

-ocr page 295-

A l'Apologie DE I. Haren, areceuoirlacommilïionqueievueilvous ‘ donner, iufqu’a ce que le faind Efprit ( qui eft le Confülateur^ayteiTuyé les larmes de vos yeux, amp;nbsp;fortifié vos entendemens, pour appréhender tout leconièil de Dieu, la doctrine, la commifllon, amp;nbsp;la promeflè du Pere ; main ten at que vous eftes fi troublez, vous ne fauriez porter cela,mais bien le porterez vous quand vous aurez rcceu l’Efprit de promelfe amp;nbsp;de vérité en vos cœurs. Il s’enfuit deques, que lefus Chrift voircment auoit enfeigné toute vérité a fcsdifciples: mais pource quelesdifciples a raiion de leur rudeflé ordinaire amp;nbsp;de leur triftefi'e prefente n’eftoyent pas capables pourlaportcr, que leConfolatcurlcur eft promis,pour eferire en leur cœursamp; appliquer la mefine vérité, dont ils auoyentia eftéamonncllez parla bouche de Chrift. N y a il pas là a voftre auis, Meilleurs, vne belle campaigne amp;nbsp;fertile des traditions humaines, que l Eglife prétendue Romaine a fi long remps femees amp;nbsp;moiifonnecs ala ruine des pourcsconfciences? N’acl-lepas faiéldece paiTage comme vn gouffre, duquel elle a puiiéamp; puifeiournelle-ment toutes les impietez qu elle vomit,les trafiqs qu elle demene, amp;nbsp;les fanfreluches nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;”

-ocr page 296-

Response de F. I.

quelle fait blueter deuant les yeux des {impies, comme fic’cftoyent des myftcresde fainôteté? Vrayement ils peuuent bien cer-cher vn autre fondemêt que ceftuy-là: car le Seigneur lefus, la fageflê de Dieu,s’eftlî bien expofee, qu’ils ne peuuêt ainfi abufer de ces paroles fans impiété amp;nbsp;confufion horrible : de laquelle ie le prie qu’il les deli-urcgracieufemêt pour l’amour de fonno. Du dire de Farci qu’ils reprochent, ils de-uoyent biê mettre le paßagc : car autremct ils fauêt bien que le mot d’efprit, amp;nbsp;mefme de faind Efprit, fe prend tantoft pour ceftc troifiefme perfonnefubfiftente en la fain-étcTrinité,amp; procedêteduPercamp;du Fils, tantoft pour le don amp;nbsp;grace Ipirituelled’i-celuy, tantoft pour le mouuement de grace. C'eft donc mal faid a eux de reprocher celaaudidFarel.comme fi en amenât l’v-ne a quelque propos on renuerfoit toutes les autres interpretations qui apartienent les vnesicy,les autres là felon l exigëce des paflàgcs amp;nbsp;l’analogie de la foy. Dequoy ic remets le iugement aux perfonnes fideles, modcftes,amp; craignans Dieu.

DE LA TRINITE'.

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;e/f Ufaçon d\^riuiy de t^ydarciony Cerdo,

compatgnons lediél Caluin parlant de la Tri-

-ocr page 297-

A l’Apologie DE I. Haren, xp. U Trinité enßigne enfan In flit ut ion Imre premier chap, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6-,que les troisperfonnes

r

i

t (

1 ■

d icelle ne font autre chofl que trois reßdences mißespar ordre en l'eßence de Dieu.

Il n’y a icy pas vn brin de vérité, ne de charité:fautcdelaquellea tranfporté Haren amp;fes Peres trop lourdemêt,a ce qu’ils couchaflèntceschofes par efcript. Premièrement d’ou ils ont apris que celle do-élrine qu’ils reprochent foit d’Arius,ie ne fay:fice n’eft qu’ils ont trouué bonde le dire ainfi. Apres, Caluin ne ditpointquc les trois perfonnes ne font autre chofe que trois relidcnces,amp;c. mais il dit bien plus: afauoir qu'il appelle ipec(or\v.c,/ubfiflentiamy vnc fiibliftcnce en l'elTence de Dieu qui eft diftinguee des autres par propriété incommunicable; quand on fait relation de l'vne a l’autre. Finalement ils font mal de ronger ce mot, reßdencCy dont il a vfé en François. Car nefauent ils pas bien qu’en fon Inflirutio Latine il a mis (ubßßentiam? dont ilspouuoyent allez recueillir fon intention fainélc oi conforme aux laindes Efcritures,firenuiedeconteflerneleseull faiél chicanc£^furlemot. Etpuisils fauent^^'v'’?*“'^''^ bien ce que les Dialecticiens dilènt ordinairement,fleundum natur amfub-

R

-ocr page 298-

Response de F. î.

ie^orum accip nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les chofes qu'oû

ditdoiuent eftre enretidncs amp;c prifesir km la nature amp;nbsp;condition du kiicclduq» elon les dit. Quand donques Caluin a did:, que perfinnecß'vnereßdcncf^ il nentendoit pasvne qualité refidentc,mais vncfubfi-ftencegt;ouvnindiuidurefidenr,c'eftadire, fubfiftenten feflencede Dieu, qui cft vne en trois fubfiftenccs ou perfonnes. Mais comme a vn mauuaiseftomach toute viâ-de, tant foitelle bonne,femblc eftre contraire,ainfi en prend il aux paroles tresbien dides vers des cœurs malaâ'cdionncz.

B LASPHEME DE CAL-vin centre laper fonne du Pere.

2(6 bUßheme il poi contre la personne d» Pere ^cjuandilnielapwßanceinßnied'iceltty? eßriuanten fin InPiitutwn Hure 2 chapitre 7^ fiction s- item au pliure, chapitre 17^ (eEHo» ^4'-amp;fur le Pfalme 37 quot;verf. 4-, ^ue Dieu ne peut faire aucune chofi outre lordre-eßabli en ce monde amp;nbsp;tpu’il ne peut faire ejue ce epu il a promiipar fà parole. Lacpuelk doÊlrine eßnon feulement contraire aupremier article de lafoj, eftad außia tonte lafiinEie Efiriture, Ifiie^o,

-ocr page 299-

A l’Apologi e de I. Haren, xyj amp;nbsp;5igt;i #. lercmie iS, 6. c. Les Prote-ßans dtfe»t,qu'tls(èfont retirez desCatholiques four les abtti : mais trouueront ils tels amp;ß infames abus que Usßsfdi^s amp;nbsp;ceux qui s en~ fuiuent?

Sitels blaphemesqu’ils mettent icy en auant eftoyent prononcez de qui que ce fuft,ce fcroyentblafphemes contrel’efl'en-cedeDieu,c’eftadire,non feulement co- ' trelaperfonneduPere, mais auffi duFils, amp;:dufaindEfpnt enfemble. Mais ce font chofes fauffement impofees a Caluin, contre toute raifon. Il n’y a pas vn feul paf-fage en Caluin ou ces propos fe trouuent: amp;nbsp;faut bien que ceux la foyent impudens menteurs, qui ofent alléguer a tors amp;nbsp;a tra-uers des pafl'ages qui ne font point, quand les liures deCaluin sot a la mainamp; a la veuc de tous. Quedi-ie,dc tous ?ic me trompe; carc’eftpourcela mefmequelEglife Romaine defend au peuple la vete amp;nbsp;la ledu-re d’iceux, afin qu’il luyfoit d’autant plus aifé de mentir co me elle voudra. Or cotre cela ie prie le Ledeur Chreftic auoir vn fà-lutaire contrepoifon, que lequité la raifon comandent: c'eft qu’il ne vueille point croire a telles allegations. Car que fert il d alléguer des liures, s’il n’cft pas loifibla

R ü

-ocr page 300-

Response de F. I.

160

d’y voir? amp;nbsp;quelle afleurancey ail, quand on les allégué? A tout le moins, quieftcc qui ne gaignerafa caufe fur le champ, s’il peut dilputer a tel marché?

L£S CALriNISTES FONT Dieu Auteur du péché.

Caluin fès difciples a Ia façon des Pelagies (ér Manichéens,font Dieu auteur dupéchéen-Jeignans que Dieu endurcit Le cœur des hommes

afin (fills nefôyentfiuuez. : amp;nbsp;que parfin decret (fi vouloir ils font aueuglis pour tofi apres les ruiner perdre: (fi ce pour nulle autre cau-fi finon qiiillauoit ainfi ordonné en fin confiil auant qtiils fujfent creez,, Item^ qùAdam a efiétellementpredef iné apechéy qu'il luyesioit impofiihle de leuiter. Lifiz, l'Infiitution de Cal-

- nbsp;nbsp;nbsp;uinliures chapitre2i.itemHureichapitre 17:

(fipar tout au Hure qu'lia faiSidela predelii-Cal. ittttj,. nation, ifi fur les chapitre de Genef. nbsp;nbsp;Item

qui fi fait en ce mondefioit bien fioit au luré^e Auient par la prouidence (fi vouloir de

l'ettrntUt Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nuis larcins ^paillardifes , ou

homicides ne je commettent, que la volonté de Dieuriyentreuienne. .^ueles larrons^meur-triers^ (fi autres malfaiteurs font infirumens de la prouidence de Dieu dejquels il fié fert. nbsp;nbsp;gt;

-ocr page 301-

A l’Apologie de I. Haren, i^r

incite le cœur de l'homme a mal- nbsp;nbsp;nbsp;1”^ ilt;.

fairCidr que I'inceße d Ab/aloma'urajemegt;îte-j‘^‘^f‘'' ße vne œuure de Dieu.

Il n’y a pas vnfeulpoinôl enladodrinc Chrefticnneplus combatu queceftuycy, pource qu’il eft mal entendu.- amp;nbsp;n’y en a point de plus aifé, s’il eftoit bien pris amp;nbsp;entendu, comme il faut. Nous en mettrons donc quelques fondemens en brief, qui ïèruirontd’efclairciflcmcnt (comme nous efperonsjaceftecaufe. Pour le premier, c’eft vn poind arrefté que rien de ce qui fe fait ne fait fans la prouidencedeDieu, ny en general ny en particulier : felon que dit le Seigneur Icfus,qu’^'z/ paffere,wmejme Matt.io.M. nechetpeinten terre Jans la volonté du Pere. En celle prouidence Dieu monftre amp;nbsp;def-ploye fes œuures de deux fortes : car les vues fontdebienueillance amp;nbsp;grace lîngu-liere, les autres font de fullentation, comme les anciens Peres l’ont nommée. Nous appelions œuures de bienueillance les bones œuures que Dieu fait en fes creatures, conduit, amp;nbsp;ordonne a bien, en y prenant plaifir a caufe quelles font bonnes. Ainli befoigne il en fes eleusparl’Efpritdefan-dification,es autres hommes par la lumière de leurs confcienccs, quoy qu’ils ayent

R iij

-ocr page 302-

16t Response de F. 1.

rcboufcbc le fcntimct d’icelles.Mais pour-ce qu’ô n’eft point en difpute fur cefte partie de la prouidence de Dieu,nous paflèros al’autredontil eft queftion. Nous appelions donc œuures de fuftentation,les œu-ures que Dieu fait en fescreatures, côduit, amp;: ordonne a bien, entant qu elles font fes creatures. Or come les creatures de Dieu font difpofees des lecommancement,lcs vnes font capables de biê amp;nbsp;de mal,les autres ne le font point: mais toutes font tellement fuftentecs de Dieu félon Tordre de nature qu’elles ont de luy leur eftre, leurs forces, leurs adions amp;nbsp;pallions naturelles, amp;nbsp;ne les ont pas vne minute fans luy. Ainû la terre,Tcau,l’air,le feu, la pierre,lc bois,les belles de la terre, lesoifeaux de l’air,amp;c. tous ont leur ellre deDieu,n’ont force que deDieu,ne font ôc ne foulfrcnt rien que de par Dieu, duquel la prouidence eft infinie entiers to’,amp; infinie entiers chacune creature. De cela encores feros nous facilemét d’acord, au regard des creatures qui n’ont pas diferetion de bien amp;nbsp;de mal, amp;nbsp;qui ne iont pas capables de raifon. Mais en matière de celles qui ont iugement amp;nbsp;raifon,ron trouue plus de difficulté. Pourquoycela ? pource qu’il femble que Dieu aytrefigné , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(paf

-ocr page 303-

al’àpoiogik de I. Haren,

(par manière de dire) quelq partie defon gouLicrnementauiugemccamp; electiond i-celles. Et c’eft en cela fingulicrement, que laphik)(aph4eancicnes’eftequiuoqueeamp;: trompee bien lourdement,pourplufieurs caufesamp;s confiderations humaines. Tou-tcsfüis le dire de S. Paul ne laide point d’e-ftre certain, que Dieu neft pas loin de chacun denous-.carnetts viuons, (^mouuans, mes en luy^ c’eft a dire, nous auos en luy nos forces,adions,fouftrances, noftreeftrc, amp;nbsp;non ailleurs,ne rie du tout Gns luy. C’eft de luy quenos corps amp;nbsp;nos âmes fubfiftct: c’eft de luy que nos entedemens, volotcz, amp;nbsp;les mêbres de noftre corps ont leurs forces de vie,agiflcnt,amp; fouft'rent chaeû felon leur códitióibriefc’eftdeluyq font en no* toutes chofes qui font felo la loy de la crea-tiô amp;nbsp;l’ordre de nature,no feulemêt es cho fesgenerales, mais aufti en toutes particu-lieres.Comét donqs? Dieueft il auteur du tnal’nullemétxarlc maln’eftpoît de natii re ou de la creatio.orDieu eft auteur de nature en la creatio.Cela donqs q l'home cn-tëd,qu’il veut,qu’il peut,qu’il fait,qu’il fouf fre,il ne le peut entendre,vouloir,pouuoir, faire,fouff'rir,fiDicu ne le fuftente. voire ne le peut vnc feule minute particulièrement,

R iiij

-ocr page 304-

xtf4 Response de F. I.

fi Dieu ne le fuftentc particulièrement; en cela eft la iubfienration de laprouidencc admirable de Dieu : car mefmeceluy qui fait mal ne peut dire,fi fon cftre n’e ft fuftê-té de Dieu.Mais pour cela Dieu n’cft point auteur de mal: car il fuftenre la creature, pource quec’eft fa creature,diftlmulant au refte amp;nbsp;lùpportant le malde fa creature, autant amp;nbsp;fi long temps qu’il luy plaift de le fupporter, encores que nul ne foit l’auteur de ce mal que la creature mefmc qui s eft retiree de Dieu,amp;eftdecheutcdeluy. Et par ainfi Dieu ne fait pas de foyamp; n’ordonne le mal, a parler proprement, mais met ordre a la creature qui fait le mal, par fa prouidence amp;nbsp;fagefteadmirable. Noyons donc maintenant,comment Dieu par fadide prouidence difpofe le mal fans e-ftrecoulpable de mal. II y a vn feul moyen abriefparler:c’eftque Dieu par fa prouidence difpolc de celuy qui fait le mal, tellement que Dieu faiôt bien par luy ce que luy faiôl mal,eftant rengé fous le gouuernail de la prouidence de Dieu, amp;nbsp;retenu parles cordeaux de fa puiflance infinie. Ainfi lemefehant fait le mal de par foy. Dieu fait le bien mefine par le mal du mefebant. Et quand l’Efcriture dit que le melthant

-ocr page 305-

A l’Apologie DE I. Haren. iSf mefchant fait Ie mal, cela eft did fore pro-prement:mais quand elledicqueDieufaic le mal, cela eftdid par figure, pourceque le mal vier d’ailleurs, mais legouuernemêc delàprouidencecft deluy. Orcegouuer-nement delà prouidêcediuineau mal, félon les faindes Eferitures fè demonftreen trois diuerfes maniérés. Car premieremec il fuftente celuy qui fait mal, corn me il fait toutes autres creatures : s’il ne le fuftentoie felon ce que deflus,il ne feroit plus du tour, beaucoup moins pourroit il faire bien no mal. Si Cain full: mortparauant,iln’euft pas tue fon frere. fi ludas n’euft efté fuften-téenvieamp;: vigueur fi long temps, il n’euft feeu trahir le fang innocent. Mais Dieu pour cela n’a efté coulpable ne du meurtre de fvn, ny delà trahifon de l’autre. Secondemët il permet amp;: laide faire le mal qu’il pourroit empefeher, comme s’il laP choit la bride a vn cheual impétueux, ou dellioit le bras d’vnmalfaidcur qu’il tient lié en fa fuiedion par fa puiflànce infinie. Car il delaifl'ela perfonne amp;nbsp;l’abandonne a foymefme felon fes aifedions, foie par difpcnfation , comme il a delaifsé Dauid en quelques affaires : foit par delaiffement amp;nbsp;abandon total, comme il a faid a Cain,

-ocr page 306-

Response de F. I. ' ludas, Iulian l’apoftat,amp;: autres dcscfpc- t rez. Tiercement noiï feulement il per- h met, mais aufli il agit par fa fainôte pro- y uidence ce qu’il voit cihea faire felon fa ç iuftice infinie ôc incomprehenfible : foit ç qu’il endurciflè le malfaiteur, Si: pouffe, nbsp;nbsp;nbsp;ç

clchauffe,amp;irrite encores plus 3.mal celuy

qui y eft abandonné de foy, comme fi on

donnoit vn coup de fouet au eheual im- J petueux, oudonnoit le branfk au malfai- j tcur afin d’auancer fa ruine : foit qu’il re-

gifle les mauuais mouuemens d’iceluy, a-

fin qu’ils tombent deçà ou dcla,ain fi que fa

prouidencc l’ordonne pour fa gloiregt;pouf

l’exercice des fiens a falut, amp;nbsp;pour larui- ; nemefme des mefohans. Car Dieu non feulement retient les mefehans coups d’i-

ceux amp;: en lafehe les autres, mais auflî fait

tomber ceux qu'illafcbe, là ou illuy plaift,

Sgt;c met ordre que rien ne fc face que de fa , Volonté en l’execution d’iceux. Encores pafleroit on bien tous les autres points a , monauis, amp;nbsp;reconnoiftroitond’vnacord , la prouidence de Dieu, n eftoit la premie- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

rc forte d ation quenous venons de dire, ( a falloir que Dieu endurcit lepecheur, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;

l’irrite a fou péché. Ce qui fait que l’on . trouue ce point cflrange, cfl: que l’on ne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

con-

I

-ocr page 307-

A l’Apologie DE I.Haren. 2^7 confiderepas afleZjticl’eftat de ceux que le iugcment de Dieu endurcit, ne Ie moyen amp;nbsp;la fin qu’il y tient par fa prouidcn-ce. Or il faut confiderer ceux que Dieu endurcit, corne gens q Dieu a défia abandonnez, puis qu’eux mcfmes fe font abandonnez a mal pourdefpiter Dieu. A telles gens Dieu ne iè contente point d’ofter lesarrefts quilesempefehent de malfaire, nuis aufli leur prefente fes biens qui leur font autant d'amorfes a malfaire. Comme ».om.y,«. le péché a pris occafion des commande-niens de Dieu pour eftre exceflîuement péchant, ou comme l'incrédulité des luifs a cfté prouoquee amp;nbsp;endurcie par les do-ûrines Euangeliques amp;nbsp;œuures gracieu-lès de Chrift,iniques là qu’ils l’ont voulu lapider,amp; finalement Font attaché a la croix parles mains des mefehans ; combien que de cela eux mcfmes cftoyêt en faute, amp;nbsp;no point le Seigneur lefus. La fin de ce gou-uernement eft que le mal des pécheurs foit oumanifefté, ou puni : comme fi vn mai-ftre vouloir dcfcouurir la mauuaife con-fciêced’vn feruitcur parquelquc occafion, ouvn Magiftrat conduiibit tellement fes afaires par fagefle , que les malfaiteurs «uxmeitncs fepriniènt a la pipee.

-ocr page 308-

168 Response de F. T.

Ainfi Dieu a endurci Pharaon a force de luy bien faire, amp;nbsp;de luy cômander fafain-éte volonté, le delaiflànt de plus en plus a fon mal, amp;nbsp;le prouoquant a defpit amp;nbsp;reniement de Dieu par tant de biens amp;nbsp;d’honneur qu’il luyfaifoit,s’il l'euft fccu recon-noiftre. Ainfi fait il encores auiourd’huy auxmefchans qui rebutent cotre là grace, amp;ne tienent conte de fes aiournemens. Qu’y a il plus clair, plus conforme a la parole de Dieu, plus confentant a fa gloire, plus expedient a noftre conlolation , que cefte dodrine de la prouidence de Dieu, fi elle eft bien entendue ? Or c’eft contre cefte doéhrine que Haren s’cfcarmouche en ceft endroit par fauisdefes Peres, amp;nbsp;met des blafincs fusa Caluin,les vns entièrement faux, les autres qui peu tient eftre rabattis fans difficulté parles chofes q nous venons de dire. Premièrement ils reprochent a Caluind’auoir did que Dieu endurcit le cœur des hommes afin qu’ils ne foyêt fatiuez, amp;nbsp;que par fon decret amp;nbsp;vouloir ils sot aueuglez pour toft apres les ruiner amp;nbsp;perdre. Il dit cela voirement des pécheurs incrédules, amp;nbsp;reprouuez : mais S. tkaa 11,40. lean dit le mcfmcamp;-quafi enmefmes paroles,felon le fens que nous auons mainte- 1 nanc

n le

Ci ft Ç h a

e

c U c

li

1; P tj U d c a n d n

-ocr page 309-

e I' a

i-

y

I' ’gt; e S

a «

s

e

al’Apologie de I. Haren. lO nant expose.Ce qu’ils aiouftet apreSjeft de leurglofe.queDieunefaidcela pour autre caule, finon qu’il I’auoit ainfi ordonné en fon cófcilauant qu’ils fufî’cnccreez Jam ais Calum ne dit cela : car il lâuoit fort bie que la caufe de l’aucuglemêt, endurciflement, amp;nbsp;perdition des hommes eft leur peché,amp;: que la caufedu péché ceftrhome,qui s’eft ïeuoké de Dieu. D’vne mefmc boutique efteequi s’enfuit,qu’Adam a efté tellemcc predeitiné a péché,qu’il luy eftoic impofli-ble de l’euiter. Jamais auih on ne prouuera ce langage des eferits de Caluin. Car il fa-üoit bien que la prouidence regarde toutes creatures amp;: toute la conduite generale fpeciale d’icelles : mais que la predeftina-tionregarde feulement aux creatures que Dieu a créés a fon image,non point a toute la conduite d’icelles,ains feulement a la fin pour laquelle elles font ordonnées. Pourtant n’euft il point voulu dire,que Dieu l’a-üoit predeftiné a péché, encores moins a il dit qu’il luy eftoit impoffible d’euiter le péché; car l’vn amp;nbsp;l’autre eftoit libre, amp;nbsp;remis ala diferetiô d’Adam, de faire le bien ou le mal; felo que Dieu le luy auoit proposé, amp;nbsp;déclaré par les fignes vifibles qu’il auoit mis auiardin d’Eden aceft effed. Etluy

-ocr page 310-

170 Response de F. I.

Lti. Je tor-rept.

mefmcs allégué en quelques pafTagcs ce dire notable de iaind Auguftin,que le premier Adam auoit puiflance de ne pecher point. £4 liberté du vouloir, dit il, esloit a» premier hommequ’il auoit puijpince de nepecherpoint : la der nier efera beaucoup plui grande , qu'il n'aytpas puijfance de pecher. La premiere immortalité eil ott quilpouuoit ne point mourir: lafecondefera^qa'ilneputfé mourit-La premiere puijfànce de perfeuerace eßoit poU' uoir faire qu Unedelaijfàfl lebien : la derniere félicité deperfeueranceferaquil ne pourra de-laijjèrlebten. Somme, par toutouCaluin parle de ces chofes, il reconnoift tout franchement , que l’homme deuant fa cheutc» auoit eledion du bien amp;nbsp;du mal, amp;nbsp;le pou-uoirauflî, maismuablecnfoy : qu’apres le cheute il n’a elediÔ ne pouuoir qu'a pèche, auquel il s'cita (1er ni; mais qu’apres la regeneration en lefus Chrift, il n’a eleftion no pouuoir es chofes qui attouchet le Royaume de Dieu, qu’a iufticeamp; a vie eternello en iceluy. Les choies qu’ils alleguct apres, combien q Caluin ne les dife point de mot a mot, amp;nbsp;qu’eux par leur artifice les expri- ' met le plus cruemét qu'il eft poflible pour les rendre odieufes, ce-neâtmoins ne font I point a rejecter fi clics font bien prifes : afa- j uoir

-ocr page 311-

A l’Apologie BE I. Ha REN. 171

5 nbsp;nbsp;nbsp;üoi r que bien amp;nbsp;mal auiennent parla pro-

. nbsp;nbsp;nbsp;üidenceamp;volotédeDieUjComelarrecins,

: nbsp;nbsp;nbsp;paillardifeSjiTOmicideSjamp;c. amp;qceux qui

( nbsp;nbsp;nbsp;les font fontinftrumês delàprouidêce de

DieUjdefquels il fefert.Car qu'ils diiênt en

, nbsp;nbsp;nbsp;bônecôfciencejemalfefaitilcotrelavo-

loté de Dieu,ou non? S’ils diiênt qu'il fe fait

gt; nbsp;nbsp;nbsp;contre la volôte de Dieu (ie parle delà vo

lonté de Dieugouuernantc lesceiiures de chacun,amp; non pas de celle qui les aprouue

. ou reprouue pour bones ou mauuaifes) ou fera cc-q dit le Prophete, l^oïire Dieu eß au pfai. n j, etclejui fait tamp;ut ce ofutl ‘veHt?S\ cc n’eft point cotrefa volô(é,il reftedoneqeeux qui font tnaljlefacêtou fansla volôré, ou parlavo-ioré d’iceluy.Difent ilsqu il Ce faitfansla vo lontc?ou fera la prouidêce d iceluy? ou fera la fuftétation,amp; la pcrmiflîon dont nous a-uons parlé ? ou en (era l’ordonnance amp;nbsp;dif pofitio, en laquelle (îngulicremêt reluit la fiigefle diuerfe de la prouidêce de Dieu’Di fent ils qu’il (ê fait par la volonté, mais non point cômecaulê qu’ils appcllctefficietc? Donqs nous somes d’acordqu’il Ce fait par

I la volôte de Dieu,corne eftat la caulè qu’ils appellent fine qua non veu qu’il donne la ( matière a cela, le lieu, le temps, veu qu’il I lafdîc, qu’il retient, qu’il régit amp;nbsp;adreiïè

-ocr page 312-

lyi Response de F. I.

là ou il luy plaift le malfaideur, amp;nbsp;le mal dontl homc cft l’auteur amp;nbsp;la cau(e. Autrement fl faprouidcnce ne vouloir point, il ne (èferoit point. L’exemple des diables eft fi familier, que c’efi: merueille qu’on peut douter de cefte chofe. Le diable eft toufiüurs mauuais, toufiours adôné a mal amp;nbsp;y trauaillant de fon pouuoir. Or côbien que Dieu n’aprouue point le mal, fi eft ce que le diable ne fait rien contre la volonté ou fans la volonté d’iceluy en effect: car fa prouidence le fouftient luy permet, voire ’ mefme luy donne bien amp;nbsp;iaindementco-miffion de faire mal, comme les exemples delEfcrituremonftrent. Lcdiablcdonc faifant fa volonté mauuaife ne fait rien que auec la volonté de Dieu, qui eft fainde amp;nbsp;bon ne. Pourquoy ne reconnoiftrons nous le mefmees hommes, voire les plus me-fehans ? car ils ne font qu efclaues d’iceluy; , ôcne font point a copareraux principau« tcz,puiffanccs, feigneuries du mode amp;nbsp;des tenebres d’iceluy,n’auxmalices ipirituelles Ephef 6, li.. qui font es lieux celeftes (corne S. Paul les nome efcriuant aux Ephefiens) aufquelles ils fcfonrvendusamp;: afferuis.il s’enfuit don-quesquela volotédeDieunecaufe pas le mal au diable, n'es mefehans, mais elle l’y

trou-

-ocr page 313-

A l’A p oio g I e de I. Haren, xyj trouue ; amp;nbsp;pourtant elle ne le fait pas,mais elle fait tresbien feruir le mal amp;nbsp;les mef-clians a fa fainéte volonté, comme inftru-meqs delà prouidece eternelle. Quant au dernier poind qu’ils trouuent fi eftran-ge,il n’en peut autrement predre aux per» lonnes qui ne peuuet connoiftre, ne combien eft admirable la prouidcnce de Dieu, ne combien miferable la voloté de l’homme fous la feruitude de péché. Nous difons doncqDieupouflea mal faire amp;nbsp;incite le nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

cœur,non pas de tout home, mais du mef-chat,cóme il feit Abfalom:felon ce q Dieu auoit did a Dauid, Tuias fuiElen cachette: t.Sam.ii., maismoj^ teleferayoHtiertementamp;deuantce Soleil. Et commet eft ce que Dieu fait cela? certes il l’a faid,non feulem et en fouifranc amp;nbsp;permettant qu’Abfalom le feift , mais aufiî en prefentanta Abfalomles oecafios pour l’efchauffer amp;nbsp;irriter en fa mefehan-cctémon feulemctenluy oftant lesarrefls de mal faire, maisauffi luy fourniffant les amorfes amp;nbsp;alumettes de fon mal, amp;nbsp;regif-fant le mal d’iceluy a ce qu’il torn baft là amp;: non ailleurs qu’ou il auoit ordonné amp;nbsp;pre-did,pour l'execution de fes iugemens ten-dansau chaftiment de Dauid amp;nbsp;a la ruine d’Abfalom:c5mefiquelqu’vnavnegrofle

-ocr page 314-

174 Response de F. I.

pierre tombante faifoit vallce, pour la faire cheoir afon droid poind,amp;: preuenir tout autrcmal quelle pourroit ailleurs faire par fa cheutc.Maisquoy? celle dodrine, tant claire qu’elle lôit, ell Hcrement repouflèc deplulieurs, pource que l’adminillration d’icelleelladmirable. Combien meilleur feroit il a tous de dire auec le S. Apollrc,

Rom. 11,} J. Qprofondes richejjes de la(apsence amp;nbsp;de la con-noijfance de Dieu'.car de luy^cf par Iwp^^en luy fint toutes chofis a luj do»(]ues fin gloire éternellement. Amen.

Dr FRANC .ARBITRE.

Simon (J^îagus, les Manichéens ofloyent an Chrefite leliheralarbitre,comme fipar la grace Ôquot; le benefice de le fus Chrtfi il n'eujl receu ce (jue le péché d Adam bty auott ofié: mais tous les Feres anciens leur ont quot;viuement refi fié par la parole de DteUy nbsp;nbsp;les ont condamneT^ De no-

fire temps les Protefians ont aufii nié le fianc at'biire-,dpexcedans par trop exorbitamment les bernes de pieté nbsp;nbsp;modefite quelejues 'uns ont

rktbrfe enfeignéejue Dieu n eftpoint moins auteur de la ASeianthtn trahifon dc ludas^cjue de la conuerfion de fàtnéi Aéhommc Chrefiten n 'afonfranc ar-mitairtifur bitro-, neceffiiirement s'enfuiurôyent cesahfur'-

Premier emit, que le fus Chrift 'uenat

aumonde

-ocr page 315-

A L’A.tOLOGlE DE I. H A R £ N. aumondene nom aurait rendu far fan benefice cetjuele fechcdfiyidam nom auoitofié. Se- j, condement,fi I homme ria ('onfianc arbitre ce ferait en vain qu'on vfir Ott ex hor tat ton, admonition, amp;nbsp;refrehefion en fin endr0it,silne-fott en fa fuiffiince, fortifié de Dieu, dy obtem-ferer. Ttercement,tls en/uturoit que lepeche j ferait de necefitte. En quatriefme lieu files vices (f les bien- fai^s ne procèdent du libre ar-bttre,ilne ferait couenablc de les punir ßu rémunérer. En cinqute(me lieu, s’iln'efioit en la j liberté de lhomme deflire le bien ou le mal, il faudrait que torn hommes fuffint bons oumef chans.

II eft a pardonner a Haren qu’il allègue fauflement les noms de quelques hérétiques,amp;leur atribuechofes qu'ils n’ontia-maisdides:carilnes’eft pas fort rompu la tefteenlaleâuredesanciens. Mais ou eft ce qu’ils ont trouué ce qu’ils allèguent des eferits de Melanchthon? c eft vne pure calomnie amp;nbsp;malicieufement controuuce. Quant au liberal arbitre , nous en auons parlé cydeflus, amp;nbsp;nous garderons icy de redite.En fommenous nyons que l’hom* me Chreftien ayt vn tel franc arbitre qu’ils imaginent.Ils le veulent prouuer par quelques inconueniens amp;: abfurditez qu’ils

S ij ,

-ocr page 316-

Response de F. I.

ont enrôlées icy. Or combien que les ab» furditez ne font pas/blutions, nepreuues fuffifantes, comme tous /àuans hommes amp;Ictrez entendent fort bien , toutes fois nous examinerons les abfurditczfusdites, félon l’ordre qu’ils nous ont proposé, afin quechaeü puiflèaperceuoir ou gift la faute. La premiere abfurdité e/l compri/è en ceft argument: Ce/croit vne choie abfur-de,/îIefvsChri/lpar/bn benefice ne nous auoit rendu ce que le péché d’Adanousa o/lé:or le péché d’Adam nous a ofté le fi âc arbitre: il nous eft donc rendu parChrill. A cela ie refpon doublemenuCar d’vn co-^ ftéla premierepropo/îtione/l fau/îè.-Ada par le pechéaperdule iardin d’Edcn,la demeure,la plaifance,les arbrcs,amp;les fruits d’iceluy:e/l:ildonc abfurde que Chrift ne nous a point rendu ces mefmes chofes ? D’autre cofté elle dit moins qu’il ne faut: car au contraire, veu la perfonne amp;nbsp;benefice de Chrift,il faut dire ainfi pour dire vérité,Ce /croit vne cho/è abfurde,fi lefus Chrift ne nous rendoit chofes meilleures, que le péché d’Adam ne nous a ofté: le péché d’Adam nous a il ofté le franc arbitre ? Chrift donc nous a rendu cho-fe meilleure que n’eftoit le franc arbitre

d'A-

-ocr page 317-

A l’Apologie de I. Haren. 177 d’Adam. Que nous ayons cliofe meilleu -re que cela, nous l’auons défia déclaré cy deuant,amp; encores n’agueresl’auons ouy par les paroles de faind Auguftin difanr, La liber té du'vouloir eßoit au premier homme quilauoitpuijjancc^ de nepecher point: La„ der nier e fera beaucoup plut grande nbsp;nbsp;Un ayt

pa6put(Jance_j de pecher. nbsp;nbsp;L’argument de

la lèconde abfurdité eft tel : C ell: vne cho-fc vaine d’vfer d’exhortation , admonition,amp;: reprehenfion enuers fhÔme s’il n’a fon franc arbitre, amp;nbsp;s’iln’eft enfapuiflàn-ce d’y obtempérer eftant fortifié de Dieu.

Or Dieu commande d’vfer d’exhortation , amp;c. Nous concluons donques,que l’homme a franc arbitre, amp;nbsp;qu’il eft en fa puilTance d’obtemperer. le prie le Le-deur, qu’il foit toufioursrecors de ce que nous difions par-a«ant, quelhomme fidele a fon arbitre ou fa volonté franche, entant qu’il eft défia affranchi de péché par Chrift: que du refte il eft au combat tout le cours de celle vie. Mais quant a l’argument des aduerfaires, il eft entièrement faux; la premiere propofition ( fur laquelle tout eft bafti ) n’eft pas veritable, amp;fieftambigüe en ce qui y eft de vérité. Cela n’eft pas veritable fi ie di, c’eft vne

S iij

-ocr page 318-

178 Response de F. I.

chofè vaine dcfolliciter vn homme de fa dette, s’il n’a franche volonté de payer, amp;nbsp;puifl'ancetoutenfembleacefaire. Or qui clfleChreftien qui ne fache que les exhortations,admonitions , amp;nbsp;reprchéhons font rcmôftranccsdeladctre que nous douons a Dieu, amp;nbsp;que le péché eft vne dette, que noftrc chair ne veut ny ne peut payer?Cer-tes Chrift mefme l’appelle ainîî, difanr, Mitth i. Quitte nous nos dettes e~ome nous les quittons a nosdetteurs. Ettoutesfois voila comment ce maiftre Haren arguméte : ne fâchât pas, qu’il eft cent fois meilleur que nous foyons inftruicts par exhortatios,amp; autres moyes, de noftre dcuoir enuers Dieu, qu’il n’eft expedient a vn poure detteur d’eftrefom-méde fi dette par fon créancier. Car premièrement fi nous l’auons oubliée ( côme nous auons ) onia nous fait fauoir : nous la reiedons furautruy,on nous môftrcquc c’eft noftre faute Sr non pas faute d’autruy; nous ne connoiflbns pas la gradeur d’ieel-le amp;nbsp;noftre im puifsâce a payer, on les nous fait fentinnous n’auons pas dequoy payer, on nous monftre que nous reuenions a ce-luy qui le peut amp;qui defaid a payé pour nous. Briefauxmefchans mefmesonfait fauoir, qu’on ne leur fera point de tort en

-ocr page 319-

A l’Apoiocie de I, Haren. 179 les chaftiant, puis qu’ils ne vculet point payer,ne croire cn celuyqui eft preft de payer pour tous :li que 1’Euangile leur eft odeur de mort a mort par le iugement de Dieu. Tout cela dôqucs (croit 11 inutile,que Dieu a fl bien proueu amp;nbsp;commande par fa là-gefl'e infinie’L’autre condition eft vraye-ment captieufè amp;nbsp;ambigue, quand ils di-fentjS’il n’eften la puiflànce de l’homme d y obtempérer eftât fortifié de Dieu, que ces choies fefont cn vain. Carcefte force que Dieu donne au fidele, ils la font ou pieuenante, comme les Pelagicns, ou coopérante fi foiblemét que Chrift y eft plus feruiteur que maiftre,comme demy pela-giens.mais quant a nous,au contraire nous attribuons a Chrift ce que dit l’Apoftredc foy yle nbsp;nbsp;nbsp;non point moy, maù Chrtß -vit en

moy : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;noMpouuons toutes choses en celuy

qut nous fortifier amp;nbsp;autres fèmblables. Qui plus eft, encores eft faulfe cefte fe- ''' Conde condition qu’ils mettent, s’tl neß ’ en la putjßincc^ de thomme tîy obtempérer. car en difiint cela, ils aboliffentla luétc amp;nbsp;le cÔbat Chreftien,queS. Paul fentoit en

C .-11- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Galat. î, 17

loy,quildit apartenira toute ame Chre-ftienne,amp;au regard duquel corne il eu ft prié trois fois le Seigneur,illuy fut rcfpôdu * Cor.i},s*

S iiij

-ocr page 320-

i8o Response de F. I.

de Dieu,mAgrace tefuffit/ar ma vertufepar-fer a en ton infirmité. Ou cft donc cefte puif-fancequ'ils imaginée,amp; qu’ils prifent fi hau temet,fino en lagrace de Dieu amp;nbsp;en la vertu de noftre Seigneur lefus q nouscoduit? O biéheureux rhôme,duquel l'Eternel eft lt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lacofianceamp;lebras. S’enfuit le troifiefme

argumêt,Ce qui n’eft point en noftre liber té, eft de neceftîté : le péché n eft point en noftre liberté.il eft doc de neceftîté. Oftos l’ambiguité de ceft argumét,amp;nous ferons d’acord. Nous reconnoiftons dôques,que le péché eft en nous par neceftîté, non pas abfolue,mais contingente(come les Scho-laftiques appellct ) non pas forcée ou contrainte, mais volontaire. Et d’autant plus nousmiferablcs.difoitfainét Ber-tant, • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;n

nard, pource q Lie c eft vne volontaire neceftîté. Mais s'ils concluent de là, que ce »'^ n’eft donc plus péché,s’il eftde neccftTité: r nbsp;nbsp;c’eft trefinal ergoté : CQmefi on difoit que

ce n’eft donc plus dette, quand elle n’eft volontaire. Car celuy qui s’endet-' ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;te, s’endette de volonté : mais bien demeu

re il endetté puis apres contre ia volonté par neceftîté fans contrainte. La dette a efté faide premièrement de franche vo-lonté fans contrainte : maintenant l'eflèél en de-

-ocr page 321-

A l’Apologie DE 1. Haren. x8i

en demeure par neceflîté, pource qu’en Adam tous ont péché. Or Haren deuroic bien auoir autant eftudié, qu’il feeuft la regle cómune des cko\cs,poßtoeffe£lu caußim eiM vel adeje'veladfuijjè opart ere. Lequa-triefme argument eft encores pire.-car premièrement il confond deuxehofes diftè-rentes ,amp; entre lefquelles il n’y a point de proportion: contre la regle des Dialeéli-ciens, qui reieélent en toute difpute plura inîerrogata,ce(i a dire,que l’on mette plu-fieurs chofesdiuerfesalafoispour brouiller les matieres.il n'y a point de proportion entre la punition des vices,amp; la remuneration des bien-faids. Les vices font de nous, font infinis, amp;nbsp;méritent pene infinie.- les bien-faidsne font point de nous, mais de Dieu,sot peu amp;nbsp;petis,font infeétez par noftrc chair,amp; ne méritent rien. Quelle proportion pourroit on trouuer en ces chofeSjie vo’ prie, pour en faire vn mefme argument?Prenons donc la partie dot il eft queftion,amp; laiflbns l’autre. Si les vices,di-(entils, ne procèdent du liberal arbitre, il n’eft point conuenable deles punir. C’eft tout de mefme en fubftace auec le lècod ar gumêt: parquoy nous refpodrons en brief. Premieremét c’eftalTeza codanationque

Rom.îjii.

-ocr page 322-

tSi Response de F. I.

Roin.j.’S

la caufe foit procedee du liberal arbitre: or nul ne peut nier que la cauiènefoitproce-deedu franc arbitre de noftre premier pe-re,auquel tous ont péché ; pourquoy donc n’en ieroyent les hommes iuftement condamnez amp;nbsp;punis? D’auantage non feulement ladiélecauiè, mais tous les efFedsamp; confequences d’iccllc font procédez , procèdent en l’homme naturel d’vn arbitre ou volonté franche amp;nbsp;libre a péché: l’homme a fa volonté fracheamp; libre a péché,amp; s’y adonne de franche volonté amp;nbsp;prend fon plaifir, comme s’il n’y auoit que toute douceur a feruir le péché. C’eft donc comme fi vn homme ayat engagé vne fois pour dette qu’il ne peuft payer lôy amp;nbsp;fa po-fterité, faifoit tous les iours nouuelle dette amp;nbsp;degaft en la maifon de fon créancier : ôi lesenfans ne pen fallen t point eftreenfans debonpereamp;de bone mere (comme on dit en prouerbe) s’ils n’en faifoyent tous les iours autant,ou pis, de ft ache volÓté, pour defpiter leur creâcier ; qui eft ce q ui diroit, que la condamnation ôlt;: la pene de telles canailles ne fuft iufte? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le dernier ar

gument fent le Pclagien a pleinegorge,par maniéré de dire: car U fuppofe vne chofe iresfaufle,afauoir que le franc arbitreoa cle-

-ocr page 323-

A l’Apologie DE 1. Haren. xSj cledion de bien amp;dc mal,fait que tous homes font bosou mefchans:ce qu’eux meC-mes n’ont pas ofé vomir en leur féconde abfurdité fi ouuertemét qu’ilslç voudroyêt bien dire icy. Or voila leur dire, Quad vne mefmc caulc naturelle amp;nbsp;ncceflaire fe trou ue en mefmes luieds,elle ne peut produire finon mefinesefl'eds.mais felon voftredi-rel’arbitre ou volotéde l’homme n’eftpas franche ou libre en l’eledion de bien de mal. donques la volonté de l'home produit mefme effed en tous, c’eft a fauoir, qu’ils font abandonnez amp;: afleruis a péché. Nous confefTonstout l’argument del’hÔmenaturel; mais la premiere propofitioneft im-parfede : car qu’eft ce, fi cefte caufenaturelle,tant foit elle necefîàire,eft empefehe» par quelque autre chofefuruenante? Les yeux voyét, les oreilles oyent: mais cobien y a il de chofes qui les empefchêt de voiramp;: d’ouyr? Le palais goufte,le nez flaire.-mais il n’y faut qu’vne malheureufe pituite pour empefeher leureffed. Voila pourquoy en vne telle propofition ils deuoyent aioufter ce que l’on dit communément, cteterûfd-rié/^.Comme aufli lesLogiciens difênt cela d’vnecaufè naturelle amp;nbsp;neccfîàire,fi elle n’eft empefehee d’ailleurs. Le Soleil caufe

-ocr page 324-

184 Response DB F. I. | h lumière de iour: mais fila Lune ferner entre luy Sc la terre, n'auons nous pas tene-bres? la Lune done clarté de nuit; mais ce-fte caufepaturelle amp;nbsp;neceflâire eft empef-chee d’ailleurs a diuerfes occafions. Ainfi donques nous conlèntons que le franc arbitre derhomcamaljfaitquetoushÔmes font mal, amp;nbsp;que tous naturellement font enclos fous péché amp;nbsp;engagez par le venin dupechéoriginelqui eftefpandu en tous. Mais loué foit Dieu, que cefte mefchantc caufe naturelle amp;necelî'aire en cefte poure chair eft empefchee par fa grace, qui nous ! a donné le fang de Chrift pour noftre con-trepoi fon, amp;nbsp;fa vie pour nous eftre vie des-inaintenantamp; a iamais. V oila corne nt tous leurs beaux argumês ne peuuet eftre de va leurenuers ceux qui fontefclairezen vérité par la parole de Dieu,aft'elt;ftionnez a pie-té,amp; douez de iugement Arraifonpouref-Tbeffy,!!. prouuer toutes chofesamp; retenir ce qui eft

bon felon le commandement de Dieu.

DE LA COMMKN1O7^ delà Cene.

Berengartui nioit anciennement la prefin- gt;nbsp;ce reale du corps du fang de lefùs Chrt^ en la Cene. Les PrsteßansCalannißes nontpoint de honte d'enßigner que le vray corps amp;nbsp;le vray fang

-ocr page 325-

A l’Apologie de I. Hären. iSy fing de Iefis Chrißfont aut at éloignez dénoua en la communion, que le plus haut cteleflde la terre. Voyez qu'a fat^ Theodore deBeze au colloque de Poißy, tenu leÿ de Septembre i^6i. Igt;epuisle diuorce auenuenlEglifiparles Pro-tefians l'on trouueplus de Sou 86 firtes d'ex-pofitions toutes dtuerßs fur ces mots, Hoceft corpusmeiim. Gafpar .^erchamer de Halle a ramafié3 6 paffiges des feuls Hures de Luther^ par lefquels ledt£î Luther (è contrarie 3 6 foisfiir ces par oies. L'Eglife catholiquecroitfimplcmet ces mots filon que le Fils de Dieu nous les a disiez faifint fin teßament auec fis difiiples la nui^qtiilfut.lturé-.auxquels iln'eßloifible da-iouiler ou diminuer.

On fait grâd tort a Berengaire amp;nbsp;a nous, en nous imputant cefte dodrine,que nous nions la preiènce reale du corps amp;nbsp;du fang deChrift.Car nous la confeflons de bouche, croyons de cœur, amp;nbsp;fentons en nos a-mes toutesfois quantes que Dieu nous fait ce bié de nous alîèmbler pour la communion de la Cenc. Etaufliiamais Befze ne dit les propos quiluy font icy imputez, que le corps amp;: fang de Chrift foyent tant abfens de nous. Bien a il dit qu’ils font ab-fens du pain amp;nbsp;du vin felo la preiènce corporelle, afin que l’on n’imaginaft point v-

-ocr page 326-

2.8^ Response ed F. I.

ne prefence locale, amp;:vne concomitance charnelle du ligne amp;nbsp;de la vérité d’icelle* Mais c eft tout autre choie parler de la prefence du corps amp;nbsp;du sag de Chrift au pain, que fi on parle delà preiènee du corps SC duiàngde Chrift auec nousamp; en nous. Celle-là eftfacramentale:mais celle-cy eft tellemêt reale, que nous difons que le vray corps amp;nbsp;le vray fang du Seigneur lefus, le meimequiaefté rompu amp;efpanduen la croix,eft en nous preièntement amp;nbsp;de faiét, quand nous communiquons a la fainde Cene : amp;nbsp;que nous en auons amp;nbsp;fentons la vérité en eîprit par foy, no par moyens corporels ou corporellement,mais fpirituelle-ment par l’operation de l’Efprit de Dieu. Carceft Efpritnous vnifl'antaChrift, corne noftre ame tient vnis tous les membres au chef,nous infpirc,viuifie, amp;nbsp;fandifieen luy, tellement que nous demeurós en luy, amp;nbsp;luy en nous a vie eternelle. Et cÔbiê que luy corporellement foit au ciel amp;nbsp;nous en terre, fi eft ce que pour cela l’vnion de noftre chef amp;nbsp;noftre communion auec luy n’eft empefehee de riê:pource que lEfpric de Chrift qui habite en nous entretient SC parfait l’vnion auifi certainement Sc plus vertueufement, que l ame humaine n’en

tre-

-ocr page 327-

AL Apologie de I. Haken. 1S7 tferict les autres mcbres aucc Ic chef, non-obftantla diftance du lieu ou de l’aflietc d’iceux. Nos pieds ne font ils pas vnisala telle en l’vnité d’vn corps? Ouy, mais c’cll par le moyen des membres qui font entre deux, amp;nbsp;de fame qui eft toute partout le corps. Audi somes nous vnis a noftre chef parle moyen de Ion Efprir, qui eft tout par tout le corps d’iceluy. Quant a ce qu’ils allèguent tant de diuerfes expofitions des pa roles de Chrift, cela ne fait froid nechaud a la vraye dodrinc ^ue nous enfeignons: caria vérité iurmonte toutes chofes.Tou-tesfois nous pouuos bien dire en paflànr, qu’iln'ellpas vray qu’ily ayttantdediuer-les cxpofitios,amp;; quüs ne le fauroyct prouder : d’auâtage qu ils en ap pci Jet beaucoup diuerlês pour la diuerlîte quelles ont en forme d’txpofition,quipourtâten lu b Race ne font aucunement dilïcrentes:finale-mentque mefmes plulieurs fontenquelq forte diflèretes, q. pour cela ne fo cotrariêt pas.ee que Hare auec fon euerchamsr reproche 11 fort a Luther. Mais lailfant cc-ia,que relie iffinô que ie remereie les lefui tes amp;nbsp;Harende la conclulîo qu'ils mettent cncellarticle’IlsdifcntqucrEglifccatho-lique croit limplemct les paroles deChrill; celafaifons nous : que ne croyet ils danc a-

-ocr page 328-

188 Response de F. I.

uec nous,s’ils veulct eftre de I’Egliie catholique ? Dauancagc ilsdiient qu'il n’eftpas loifible d'y aioufter ou diminuer : pour-quoy doc aiouftêc ils aux paroles, a l'ordo-nance,a la fubftance d'icelles toutes les traditions de laMeflè?pourquoy en diminuer ils,aboliflàns les lignes,oltas l’vfage du vin, amp;nbsp;fur tout en arrachans la parole d’edifîca-tio,fans laquelle il n’y a point de Sacremêc en 1 Eglife de Dieu ? le prie donc noftre bo Dieu qui a conduidleur main pour eferire cecy,qu’il ouure leurs entendemês, amp;nbsp;dif-pofe leurs cœurs pour croire ce qu'ils diset en vérité,amp; le fuiure en fimplicité a fa gloire éternellement.

Dr PECHE' ORIGINEL.

Pelagius Celeßin heretii^ues nioyent aii-cïe»nement le péchéûrigtnel,dtfi»s que le peche procedett dlimitation, non degenerAtîo : amp;nbsp;pourtant que leBaptefme n'eßoit necejjàire,'veit que par iceluy le Chreßien n’efioit deliuré depéché. Caluin dit que le péché originel n’eß point eßacepar le Bapteßt/€,ny le Chreßie reflitué en meÇme iußiee originelle amp;nbsp;pureté de nature, qdeuß eue Ada lilfuß demeuréenÇon intégrité: mais il croit que lediél péché cotinue^ demeure en t homme lußjues a laßn. Et pourtant il nie le Baptefme eßre neceßßaire afalut contre [ expreß-

JepA-

-ocr page 329-

A l’ApologiedeI. Haren. 289 fi far ole de Dteu^fiainll lea3. Zuingle a niétout a fiat le feché originel eïtre es enfans des Chre-ftiens naiffians au monde.

Si ceux de l'Eglife prétendue Romaine auoyent aufli peu d’acoincance auec la do-ûrine de Pelagius amp;nbsp;Celeftin’ corne nous, ilyauroitmoinsde different entre eux amp;: nous qu’il n’y a. Mais pour venir alaque-ftion prefente, Caluinamp; nous tousdifons conformement a la parole de Dieu que le vray Baptefme de Chrift nous làuue,amp; par confequent qu’il n’efface pas feulement le péché originel, ou reftitue la iuftice originelle amp;nbsp;pureté d’Adam, mais qu’il efface tous nos pechez, amp;nbsp;nous donne pleine iuftice beaucoup plus richemet que s’il nous • rendoitfeulemêtce que le péché d'Adam nousaofté. Mais aurefte, encores que de droit nous foyons affranchis de tout péché amp;nbsp;ornez de iuftice en lefus Chrift ,iî eft ce que l’affranchiflèment n’eft pas encores parfeélement acompli en nous; mais nous portons la chair combatate contre l’efprit, amp;nbsp;le péché habite en no’. Et pour dire clairement , nous auons vrayement le threfor acompli,qui eftiefus Chrift auec la remif-fion des pechez amp;nbsp;la vie eternelleen luy: mais l’vfage amp;: le fruiél d’iceluy s’auâce en

-ocr page 330-

I

ipo Response de F. Î.

nous de iour en iour. Etparainfi comme 1’eftabliflementdunouuel homme eft l a-boliflèment du vieil, aufti l’acroiftèmét du nouuel hommeeft la diminution du vieil. Orpuisquel’acroiflèmentdu nouueau le fait de iour en iour tout le temps de cefte vie J commet ne le feroit la diminution du vieil tout le tcps de cefte vie? Le péché originel donques continue voirement, mais il s’en va vieillilTant amp;nbsp;déclinant fans celïè iufques a la fin; amp;nbsp;eft vrayement effacé par le Baptefme de droit douant Dieu, mais traine encores par effed: en nous douant ce poure monde. Que fi Melfieursdel’E-glile pretêdue Romaine veulent dire qu'il foit effacé du tout en tout, ie les prie qu’ils penlënt s’ils ne feront pas en cela vrais Pe-lagiens. Car il faudra necelîàirement,qu'ils difent que les fruits de péché ne font plus de generation, ains de pure imitation. Or quant a nous, l’Apoftre a onfeigné nos confciencos trop mieux,fi que nous ne crai Rom.7,11. gnons point de direauec luy, lefgt;renplater en la Loy de Dieutjuanta thomme du dedans: mats te 'uot'vne autre loy en mes membres re-bellante a la Loy de mon entendement, amp;nbsp;tne menant captif alaloy de péché ejui eß en^ mes membres. amp;nbsp;ce qui s'enfuit. Or afin qu 'v-ne

-ocr page 331-

A l’Apologie de I. Haren, i^i ne calomnie ne foil pas feule, Haren puis apres en aioufte deux autres.-Ivnecontre Caluin,amp; l'autre côtreZuingle.Caluin nie leBaptefme eftre neceflaircafalut, difenc ils. Mais ou eftce qu’il le dit? il n’y a point de preuue. Et puis, ce font toutes paroles a deux entêtes pour mieux troper les idiots. Car le nom fignifie ou le figne elemetaire, ou la vérité d’iceluy,ou to’les deux enféble felon l’ordonance de Dieu. Quat au figne elcmentaircjq eft lean,il n’eft pas necefiai-rc a falut abfoluemcnt ou de foy,mais pour le regard delà vérité du Baptefine, q nous fauue aufii bien fans le figne,- qu’auecle fi-gne.Quatala vérité,iamais Caliiinnenia quelle foit neccfl'aire : car voila come il eni parle fur Slc^xi^Dieufeusleßgne 'vißbleteßi-ße^^ßellela, nouveauté de we que luyßul fait en no fis par [on [àtiî Eßrit. Il eß bien way que nouf fontmes déboutez dufalutfi now mefpri-fons le Baptefme-.dren cefins ie confefie qùil eß necefiaire.Mais cefl malentendu la choje^ quad on encloll fiw le figne la fiance de falut. Car c’eft corne s’il difoit, L’vn amp;nbsp;l’autre eft ne-ceflàire,la vérité acaufe defoy,lefignea caufe de la vérité, qu'il feelle,amp; teftifie, amp;nbsp;applique par l’inftitution de noftre Seigneur lefus Chrift. Zuingle ne

T ij

-ocr page 332-

i9i Response DE F. I. parla iamais le lagage qu’ils luy reprocher, amp;nbsp;ne leur eft poffible de le monftrer par v-nc feule fèntence ou ligne de fes eferits.

DE LA LOT.

Les CMAnicheens, tefmoinfain^t \^ugu-ßin^difoyent que la Loy neßoit donnee aux nomes pour la mettre en pratique amp;nbsp;execution qùîcelle eßoit impoßthle aux Chreßiens. L es Proteßansfat fan s Dieu ment eur, qui non feulement notts comande d obéir a fis comandemeSy ains nous efire amp;nbsp;prefente recompenfi amp;nbsp;bien ample mer cedefi nous obéi [fions a tceux font pire que les zManicheens-.car afifiermans que la Loy ne fi peut garder., ilsofint bient at prejumer deux me fines, que de dire quils sot certains que la 0/10 et er ne lie leur apar tient.

Nous ne faifons point Dieu menteur, quad nous eniêignos amp;nbsp;maintenôs fa vérité en bone cofcicnce. Or la parole de vérité nous enièigne que Dieu n’cft point mê-teurnen commandant n’en promettant, que nous deuos obéir a fes comandemens, amp;foufpirer apres lès ^pmedès qu'il no’fait degracieufeté: mais qu’il n’eft pas en nous de par nous d obéir a fes comandemes, ne d’atteindre lèsjpmelïès,no pl’ qu’il n’eft en lapiiiftànced’vn poure malautru de payer des dettes,amp; gaigner des biens infinis. Car nulle

-ocr page 333-

A l’ApologIE DE I. Haren. 195

nulle chair ne fera iuflihce déliant Dieu Gal«.t,ilt;. parles œuures de la Loy.Dicudonques eft il menteur ? ou fe moque il de nous? nulle-r menu 11 n'eft point menteur.car il demande vrayemenc ce que nous luy deuons, amp;nbsp;promet ce qu’il veut vrayement tenir. Auf-G n ellil point moqueur: car il nous fait co-noiftredequoynous luy fommes redeua-bles, dequoy nous deuons dire ddîreux, dequoy nous fommes vuides ,amp; aquoy il nous faut adrdfer pour no’ aquiter entiers luy,amp; obtenirioycamp;: plenitude de viecter nelle. Cela certes n’eft point fe moquer de nous : mais au contraire quiconque ne re-cônoift ce benefice de Dieu, il ne peut autrement qu'il ne femoquede Dieu. Cepê-dant voyez la modeftie de Haré. 11 dit que nous faifons pis que les Manichéens:pour-quoy ? pource queles Manichéens difoyêc qu’il eft impoftîblc a l'homme de garder la Loy,mais ceux cy, dit il,ofcnt bien tant pre fumer d’eux mdmes, que de dire qu'ils sot certains que la vie eternelle leur apartient.

Or premièrement l’Apoftre ne dit pas moins de laLoy,parlant Aclimpuijjàncede la Loy en lachair. Mais encores deuoyent ils donner mieux a entendre celle ferialeco-paraifon qu'ils font entre nous amp;nbsp;les Mani-

T iÿ

-ocr page 334-

194 Response de F. I.

cheens. Car il n’y a point de proportion, ü ce n’eft qu’ils vueillêt dire -, Les Manicheês cofeflcnt que I home ne peut garder laLoy pour en auoir vie: ceux cy preiütnent d'eux meftnes qu’ils ont vie cternelle , encores qu’ils ne gardent pas la Loy5amp; le cofeflcnt. Mais celaeft tresfaux, que nous prefumos denousmefmes: c’eftdelamifericorde de Dieu que nous prefumons tout. Carnous lean 3.3«- disos,(^i Croît auFils,a vie cternelle.-nous croyons auFils, Dieu mercy:cornent donc n’aurions nous la vie? Et qui nous peut imputer a prcfomption,que nous croyonsau Fils ? Car au côtrairc il faudroit que ce fuft vne merueilleufe humilité de n’y poit croire. Or Dieu par fa grace nous vueille prc-fèruerd’vne telle Sataniq amp;nbsp;peruerfe humilité. C’eft cefte maudide humilité(û Ha renamp; fesperes l’atrouuent fi belle) dela-ean Itf, 8. gygjjg noftre Seigneur lefiis parloir difant, ^uandle Cenfilât eur fira. 'venu, il reprendra le monde de péché,de lußtce, çér de iugement •. de péché,pource ejuils ne croyent point en moy, amp;nbsp;ce qui s'enfuit.Nous prcfumerios de nouf-mefmes, fi nous prefumions en nous de garder la Loy.-mais nous prefumons de ce-luy qui 1 a gardee amp;nbsp;qui luy a fatisfaiél pour iCor.1,30. nous, felon qu’il nous a efté faiôt de par

Dieu

-ocr page 335-

A l’A polo g I e de I. Haren,

DieunoftrePerefagefle,iuftice,fan£lifica-tion,amp; redemptio eternelle. Qui eft ce qui peut auec raifôn blaimer cefte iainele pre-ïomption? qui nous peut empeiclier de re-pofer iur la croix de no ft re Seigneur lefus’ qui eft cc qui nous peut redarguër, lî en vi-uant de la chair amp;nbsp;du fang de l’Aigneau de Dieu,qui ofte les pechez du monde, nous vsÔs du benefice de la vie eternelle a fa gloi reîOr loué foit Dieu de so dó inénarrable.

D£S BONNES OE TERES, ET de laiußißcatton.

Simb Miiÿis,come tefindigne Theodoret Hure fremierchaf. i,e»ßtgnoit anciennemet queles bonnes œuures nefleyentnecejfatresafalut,c^ que c'eßoit ajßz. de croire. Eunomius hérétique dtßit le meÇme, teßnoin ßain^ lt;.^ugußin. Les Proteßans Caluinißes,quiiniquement corrompent le poinóï de Ia iußißcation, meßent le benefice de neßre Seigneur lefus Chriß Auec l'obieli de la Eoy qui eß Dieu: dr don ent a entendre aupeuple, quefire iufiifié parfoy nefi autre choßquede croire auEtls de Dieu, dr en de-laijjànt [obeijfance des commandemens n entendent point ces paroles, le croi en Dieu le Peré toutputjjànt, d'C. L'on a remarqué 22 ou 23 fortes toutes diuerfes dopinions entre

-ocr page 336-

Response de F. I.

les Pro texans touchant lepomci de la iußiß-cation.

11 y a icy des mcnfonges entaflèz les vns fur les autres fans aucune difcrecion. Premièrement c’elf chofe menfongiere de dire,que les Caluiniftes corrompent iniquement le poinôt de la iuflificatio: amp;: ce qui fe dit fans prenne, peut eftre nié auec mefme liberté qu’on l’afl'erme. D’auantage il n’eft poït vray qu'ils meflet le benefice deChrift auec l'obieél de la foy, qui eft Dieu. Car ils moflrent en cela trois chofes diftindemét; que Dieu le Pere eft l’obiett a quoy la foy des fideles regarde :q le Fils eft l'image de Dieu innifible, amp;nbsp;s eft manifefté en chair, afin que nous trouuions amp;nbsp;voyonsDieu en luy:amp;que le benefice de noftre redêptiôa enfafaifoncftéacoplicn luyamp;parluy. La foydonques tcd a Dieu commeafonob-icd,en lefus Chrift corne en noftre Moyé-neur,auec cÔfiâcc certaine du benefice d’i-celuy. En outre iamais ame de no’ n’a did, q U ’eftre iuftifié par foy, amp;nbsp;croire au Fils de Dieu foit tout vn:car fi nous cofeflbns que nous fômes iuftifiezparfoy(cÔmedevray nous confelfons) comment dirions nous que ces deux chofes foyent vn, veu que nous difons au cÔtraire que la foy amp;: croire

au

-ocr page 337-

A l’ApologIE DE I. Haren. 197 au Fils de Dieu c'eft tout vn ? Parlafoy ou par le croire au Fils de Dieu nous foraines iuftifiez: eftreiuftifîé c’eft vn effect de la 11 foy ; ce feroit bien vrayement vne moquerie de confondre l’efteit auec la caufe, amp;nbsp;direquecroircamp;eftreiuftifié foit toutvn. I Ils ne fauroyent monftrcr cela es eferits de perfonne qui foit. Item ils nous chargent j nbsp;nbsp;de ces deux chofes a grand tort, que nous

delaiflbns l’obeifiLnce des commandc-mens de Dieu ( ce que noftre doiftrine, vic,amp; profèftion démentent aflez ,Dieu mercy) amp;nbsp;que nous n’entendons point ces paroles, lecroy en Dieu le Pere toutpuijjànt. Car qui eft ce des deux qui les entend mieux ? celuy qui fort de foy mefme pour fe repofer enDieu feul par foy,comme a l’ob-ieft: d'icelle,ou celuy qui penfe voleter a I Dieu auec des ailes de cire, amp;nbsp;deftremper j nbsp;nbsp;fes œuures auec fa foy,comme font ces po-

ures aueugles ? N’eft il pas plus conforme a la parole de Dieu amp;: au Symbole des Apo-ftres de dire,le m’affeurede monfalutamp; vieeternellepar foy en Dieu le Pere, amp;:c. fans moy amp;nbsp;fans chofê quelconque qui foiten moy, que de dire,le m’afleure de tout cela en moDieu amp;nbsp;en m oy,ou en mes bonnes œuures ? Et toutesfois telle eft la

-ocr page 338-

Response de F. I.

dodrine de l’Eglife prétendue Romaine, fi le poure monde l’entendoit bien. Finalement la difference qu’ils difênt auoir efté remarquée fi diuerfementau poinôlde la iuftificatio, ie croi qu’ils l’ont filee en quelque quenouille d’eftoupes. Car nous fóm-mes bien afTeurez par la grace de Dieu, qu’ils ne prouucrot point tout ce qu’ils di-fent par les liures des Proteftans. Qm euft iamais pensé, que mefme le pere demen-fonge euft peu amaflèr tant de mentcrics en fi peu de paroles ?

DE LINTGCâTION des SAÏn^ls,

VigiUnüfts Anciennementpropofiit attpen-pie,quilnefallait inuoepuerles fain^lspuifgnt AU ciel: mais außi tofl ceïie her eßefut efieinBt, tant par Haut urne de la parole de Dieu çf de l'Egltß, que par vne infinité de miracles quicO‘ tinuellementfefaifoyent auxfipulcresdes Martyrs. Les Protêtans deuroyent auoir honte dauoir renouuelé cePle pernicieufe her eße.

Ceft hcrefie, de maintenir opiniaftre-mentvne doófrineerronee fans parole de Dieu,amp; contre la parole de Dieu, apres a-uoir efté légitimement conuincu par icelle. Or la dodrine dd’inuocatio des fainds qui

-ocr page 339-

A l’Apologie DE I. H AREN. 2.9^

’ i quifontaucieleftfanslaparo!e,voiremer me contre la parole de Diemqui a diél, In-uoquemoy,amp; non pas Thibaud ou Gau-

' tier,amp; qui mefme ordinairement cÔprend tout fonferuice fous le nom d’inuocation. Et qui nous auroit couincus d’herefie pour auoir nié l’inuocation des faincls trefpaf-fez ? Quant a l’autorité de l’Eglife, elle fe perd autant de fois qu’elle penfe parler plus auant que fon efpoux, amp;nbsp;ne nous ob-j lige point en chofes de telle confequence.

Les miracles font féaux de la vérité , amp;nbsp;n’ont point de force contre la vérité, comme Moyiè mefme tefmoignc. Pourtant Deut-ij,». nous laiiTons volontiers l’inuocation des faincfs a ceux qui ne fe peuuent contenter d’inuoquer vn feul Dieu comme il a commandé, amp;nbsp;de n’auoir autre Dieu que luy.

UE S IMAGES.

Feliciantts, Iulian l'AfoIiat^ les Icon oma~ chiens amp;nbsp;autres ennemis du repos de l’Eglife accufoyent anciennemet les Chreßiens dtdo-latrie,pource qu'ils auoyet des images dans leurs temples. Les Proteßasfont le m^e.^amp; difint en (e moquant qu il ri y a point de dtjferencc^ entre les images de^ lefui Christ j des Sainlts

-ocr page 340-

300 Response de F. I.

CMartyrs, amp;nbsp;celles des idoles Payens ^delupi-ter.,IunOy CMars., PalUs, clr autres ßmblables. Voyezletraicié^ua faiH Scrmnus (J^^il'/iflre de Tltmes contre les Peres de 'Tournon^paie j2. Or eux meines en blaÇmant les Catholtyues dt ce qu’ils ont les imayes de h-:us Chrtß çÿ- det Saints, ne ‘veulent eflre blapnez. dauoir chess euxvne infinité d images de leurs zMinillres (ß dautres. Fous ne trouueres:. en Hollande

Zelande^ 'uoire dans G en eue maiÇen ny chambre, quinefioit or nee de 'vilaines amp;nbsp;lafici-ucspeintures,

C’cft chofê controuuee de dire que Fe-lician amp;c. Iulia rApoftataccnfoyêt les dire-Riens d’idolâtrie : car les Chreftiens n’vfo-yent point encores d’images en leurs temples,corne nous auos cy deflusfuffifammêt prouuc. Et auflî Nicephore mefme amp;nbsp;Ce-drenus tefmoignent,q le premier qui a défendu d’adorer les images de Chrift, apres qu’on eut commancé de les aflèoir es temples,fut vn certain Xenaias ou Philoxcnus Eucfque dHierapolis,au teps delEmpe-reur Anaftafe. Mais pour venir au poind, nous auos défia cy dellusmonftré cobien fontlegieres toutes les allegatiôs de Haren pour la defenfe amp;nbsp;cofirmation des images. Or il feroit a defirer,qu'ils donnaflènt bien

a en-

-ocr page 341-

A l'Apologie de I. Haren. 301 a entendre, en quoy ils mettent la di/Fe-'■ rence entre leurs images amp;nbsp;celles des Pa-yens. Elle n’cft pas en la fubftance d icei-Ics,ne felon la matière, cariesPayensen f ' auoyentaullî bien d or amp;nbsp;d’argent comme f nbsp;nbsp;eux; ne felon la forme, car auiPi ne font ce

’gt; qu’imagés. Auflî n’eftpas celledifferen-’ ' ce en quantité, ou qualité, ou adion, ou ■ nbsp;nbsp;nbsp;paffion, onaniere, ou habit: car il y en a eu

' des grandes amp;nbsp;des petites comme a pre-fent, des belles, des laides, amp;nbsp;des moyennes : toutes nefailans rien qui foit, toutes fouftrans toutes choies, voire que les oilê-aux nichallènt, amp;nbsp;feiflènt plus lur leurs telles.- toutes alTifes haut amp;nbsp;basainfi comme on a voulu,toutes vcllues amp;nbsp;figurées lèlon que la nauette ou le pinceau leur a efté gracieux. S’il y a dilFerence,elle fera en lignification; laquelle fignificatjo elles ont non point de leur force amp;nbsp;vertu, mais de l’in-ftitution des hommes. Or posé qu'vnei-mage lignifie Pallas ,amp; l’autre fainéle Catherine , Dieu n’a point ordonné l’vn plus que l’autre, les hommes en font auteurs,-amp; qui a donné ie vous prie, celle autorité aux hommes ? C’clloit aux Dieux Romains, difoitTertullian,deremercier le Senat qu’il les auoit faids Dieux : neft

-ocr page 342-

jot Rksponse de F. I.

cc pas auffi aux images de la Papauté de remercier les Preftres de la grace qu’ils en oncreceue, puis qu’ils les oncfaids fainds? Autat certes pouuoitencecyleSenat d’a-lors, comme les Preftres d’auiourd’huy, amp;nbsp;autat les Preftres auiourd’huy que le Se nat. Or quat a nous,qui ne voyos rien plus enl’vnqu’el’autre parordonâce de Dieu, nous ne pouuós eftimer que nos confcien-ces foyentplus obligees a 1’vn qu’alautrc; amp;nbsp;en lieu de tour cela nous nous eftudions ï«an4,»'4- a adorer vn feul Dieu en efprit amp;nbsp;vérité, comme il le demande par fa parole. Mais voyez la finefle.il a efté queftion des images a adorer :amp; ils fautent incontinent de là a l’vfage particuliçr des images hiftori-ques amp;nbsp;vuides d’adoration. Ils n’ont que faire de reprendre telles images en nous, puis qu’ils en vfent entre eux en toute liberté, Les vns auront les images de leurs anceftres, les autres de leurs amis: cclaeft en la liberté de chacun, d’auoir des images honneftes ou pour mémoire, ou pour do-drine,ou pour recreation. Mais des vilaines amp;nbsp;lafciues ce qu’ils en difent, nous ne le croyons point, nous fauos bien le cotrai-re:amp; fi mefme quelque particulier effronté le fait, nous ne l’aprouuons point. Que

pro-

-ocr page 343-

'i

A L Apologie t)E I. Haren. 30} profite il donc a ces grands difcoureurs de blafmer vn corps amp;nbsp;vn ordre public par quelque faute ( fi aucune fe trou uc) particuliere ? Il faut bien vrayement qu’ils ne fâchent que dire, quand ils fe ruent fiir telles accufations pour en faire vn blafmc Commun.

DT PECHE' t^crrEL.

Les Protestas on tren otme Ici heresie dis Ho-Htitfens,(juand ils difint que totï'S pecbeT^Huels KeJont point pardonnez, parle Jacrementde.^ penitence.

Ileftvrayque les Nouatiensamp; les Cathares difoyêtque tous péchez aduels ne font point pardonez en l Eglife aux repen-tans; mais nous difons bien autremêt. Car , noftre dodrineeft,^»’//nyaplmde conde- rocj. g, mnation a ceux qmjont en leÇus ChriHamp; qui ne cheminentpointfélon la chair., mais felon le-Jfrit : c’eft a dire,que tous pechez.foyent a-duels foyent autres, font pardonez a ceux qui fe repetent amp;vienneta Chriftparfoy: amp;que par conlèquent l’Eglife ne peut ny ne doit eftre plus rigoureufe contre eux, que n’eft Icfus Chrift fon chef amp;nbsp;fon ef-poux. Les Nouatiës n’ont pas entêdu cela. Quant a ce qu’ils appellent le facrement de penitence,nous n’en diiputerons point

-ocr page 344-

504 Response de F. I.

pour le prelent, nous remettans a ce que tant de gens fauans en ont cfcript de nollre temps pour caufe de brieueté.

DES PELERINAGES.

Les Euïiachiens moment les pèlerinages eßre licites aux Chrestiens. LesProteßans font le wefme-, s'en moqu'et: cohien cjue tous les P er es anciens les ayh aprouue^j amp;qùvne infinité de miracles s'y fioyent fiaiLls amp;nbsp;s'y facent iournel-lement.

Jamais perlônne denous n’a enlêignéq le Chreftië doiue demeurer attaché en fon pays n’en fa maifon.car il eft loifible de voyager pour voir,ou pour profiteren conoif lance amp;nbsp;fauoir honefte,amp; mefme aucunes fois comandéde Dieu,corne a Abrahajou neccflàire pour la vocatio de chacun.Mais les voyages de fuperftition, defquels la Papauté abonde, ne font receuablcs ny felon la parole de Dieu, dont Haren n’allegue pas vne Ictre pour preuue de fon dire, ny fe lonlediredes Apoftresamp;de l’Eglife Apo-ftolique,nedes faindsPeres qui ont efté au commancemët dïcelle, ainfi que nous avions ia monftré. Quant aux miracles,il y en a eu de faids anciennement au coman-cement de l’Eglife pour cofirmationdela dodrine Euangelique : mais ceux q l’o no’ propo-

-ocr page 345-

A l’Apologie DE I. Haren, joj propofeauiourd’huy séries vns fwflemct controuueZjIes autres concrefaids, bien peu faids véritablement,mais tous enfem-ble miracles de menfonge. Ce que nous prouuons par leur dire mefme,veu qu’au commanccment duliure en la chaleur de leur difputeils ont accordé (ju'onn a besoin de miracles auiourit huypour authenticjuer l'E~ uangile amp;nbsp;la do^iriae des i^posireSy^confef-quelle a eflé ajjèz. autoriT^e par ßgnes (jr miracles. Et de là chacun peut conclurre, fi les voyagesamp; pèlerinages font delàdodri-ne Euagelique, ils n’ont plus befoin de miracles pour eftre confermez ; car la dodri-ne Euagelique eft aflèz confermee par miracles vraisamp;: legitimes.Mais fi les pelerina gesnefont point de la dodrine Euangeli-que, les miracles neleurpeuuent donner autorité, veu qu’ils font féaux de la dodrine fainde: ains au contraire font la chofe fufpede, qu'il y a de l’intelligence de S atan amp;nbsp;du myftere d’iniquité. Carie maiftre de ce myftere ( comme dit S. Paul ) doit 've-ftir felon lefficace de Satan auec toutepuijfiince, amp;nbsp;fignes, çfi miracles de menfonge, amp;nbsp;toute fiaude dtniufiice en ceux quiperiffint ^pource qiiils n’auront point receu l'amour de la venté afindefirefauuexs.

-ocr page 346-

3o6 Response de F. I.

5 SE LA VIOLENTE REFOR-WAtion des hereticjues.

Les EonatiEtes amiennemeM scleuereKtA Eencotre de tEgltfi catholique, zb' Ia 'vouloyent reformer y corne ils dtfoyent.lls ruin er et les temples (f les autels fierez ou l'on dfoit la mejfe,dr dechajfrent tumultuairemei les Preßres^les Ecclefaftiques^ç^ ftirent durant certaines an -nees vn trefgranddejordre en l’Eglff: Mais fame recite Opt at us Mileuitanus efriuat ad Par-meniam hure 6 ßu temps de Confattn legrand, ilsfurent lugefj^ condamnez comme gens impies (ßquot; exécrables. Les Protefians ont fatÜ pire en nos iours, ruinant les fainEis temples les autels. Ils ont raclé les (epultures de leurs Rois (ér de leurs Princes, amp;nbsp;ont ieElé les corps JainEis amp;nbsp;les reliques des ^Martyrs de Ie(us C.hriß au feu. Ils ont cruellement tyrannißles gens d Egliß nbsp;nbsp;nbsp;ont donné leurs corps aux ani

maux des champs : ils ont exposé la pudicité des •vierges facrees aux iniures des [oldats, nbsp;nbsp;nbsp;ont

faiEt pour es çf miferables •vne infnité d'honne-ßesfamilles, fe monEtrans en cela plus barbares amp;nbsp;cruels que les Payens infidèles. Voila la belle execution cfi EeffeEl de la Jolennelle proteEia-tion qutls ontfaiEle ,promettans que la reformatio n’cßoit point pour offenfir les Rois, Princes,

-ocr page 347-

A l’ApoLogi E DE I. Haren. 507 CCS amp;MagiHrats. Et ce-pendant ils les ontpu-blicjucment fâiÉl abiurcr aupeuple^j, en ont creez, d'autres a leur poste auec force.^ amp;nbsp;violence.

lufques icy Haren s’eft efforcé de faire veoirla veriré deladoârine que l’on en-feigne en l'Eglifc prétendue Romaine, amp;nbsp;la fauflèté de la noftre. En quoy il a tellement befoigné fes peres auec luy, que chacune perfonne de iugement peut aifee-ment connoiftre qu’il y a entre eux esvns de l’ignorance grof fiere,es autres de la malice abandonnée contre la vérité: tant ils font impudens a fe défendre par menfon-ges amp;nbsp;fauflètcz. Maintenant par occafion pour charger d’auantage la fainéle doétri-ne dont nous faifons profeffion, il brouille parmy la dodrine des reproches de la violence , audace, amp;nbsp;témérité des Proteftans contre legouuernement public, amp;nbsp;contre la dodrine fainde. En ce chapitre donc il obiede en matière de gouuernement quelques fcandales pris amp;: donnez ; amp;nbsp;les reproche a nos Eglifès,côme s’ils eftoyent partis d’icelles, ou desMiniftresqui y ont enféigné. Ce font fcandales pris,quand ils reprocher les chofes faindemet, iuftemet

V ij

-ocr page 348-

308 Response de F. I.

Deut, iz, 4. lofùc zz.

amp; légitimement faides, comme fi elles c-ftoyétdcteftablesa caufe qu’il leur femble ainfi. Comme quoy ? qu’on a ruiné des au-tclSjä: bruflé des reliquaires auec autorité publique amp;nbsp;connoifTance du Magiftrat felon l’ordonnance de Dieu. Car ou trouue-ront ils que Dieu ayt rien commandé de ces chofes en la fainde Eferiture ? ou trou-ueront ils queiamais autel ayt efté fandi-fié en l’Eglilè de Dieu a fon feruice fans expres commandement amp;nbsp;particulier d’ice-luy ? ou trouuerot ils que iamais il ayt commandé la deuotion des reliquaires? Quant a nous,nous viuons felonie commandement de Dieu, amp;nbsp;non point felo les exemples des h5mes.-amp; puis que Dieu a fi eftroi-xement commandé que I on deftruife les autels qu’il n'a point ordonnez, amp;nbsp;que le peuple de Dieumefme a efté fur le poind d’entreprendre vnegrofte guerre cotre fes freres pour vn autel drefsé fans ordÔnance de Dieu, nous ne peuuos faire autrement en bonne cofcience que de propofer a tous la volÔté de Dieu,amp; exhorter chacun qu'il auifè qu’elle foit légitimement fuiuie.Quc fi quelque chofeiè fait illégitimement par ceuxqdoiuêt executerlavoloté de Dieu, l’en peuuentles Eglifesou les Miniftres d’icel-

-ocr page 349-

A l’Apologie DE I. Haren. 309 d’icelles? De telle forte font les fcandales donnez tcmerairemêt amp;nbsp;fans iugemct, ou niefmes cotre pieté,humanité, amp;nbsp;liÔneftc-téjpar des foldatsamp; autres perfonnes indif-cretes.^ S’il y a eu des fcpultures honorables gafteesjdes perfonnes vines tyrannizees, mortes expofees aux bcftes,des vierges amp;: femmes violées, le Seigneur fait combien celadcfplaift aux Egliiès amp;nbsp;aux Miniftres d’icelles:cobien pour telles caufes les gens de bien s’humilient deuant Dieu,amp; le fup-plient qu’il nevueillc point imputer a fon peuple ce que le gendarme licencieux’fait en defordrc,ou que les autres fous couleur des armes vfurpét : voire côbien moymef-mes ( qui en ay toufiours efté loin iufqu’a . cefte heure par la grace deDieu)ay fenti de regret amp;nbsp;d’horreur en mon cœur d’ouyr des choies qui y ont efté perpetrees. Mais fi nous venions a faire comparaifon de ce que leurs foldats ontfait,amp; font iournelle-ment ou ils ont la main deflus, que pourront ils dire, finon que les leurs ont efté maiftres paflez en toutes chofes inhumaines , impies, amp;nbsp;diaboliques ? diront ils de ceux qui apres auoir raui, forcé,a-busé par tour amp;nbsp;par bandes des ieunes filles honorables a Malines, ont apres la pu-

y iÿ

-ocr page 350-

510 Response DE F. I. dicicéoftee butiné les veftemens d’icelIes iufques a la chemife, les ont miles toutes nuesliirle marché, amp;nbsp;proclamées Revendues au plus ofFrant’Ces beftes fîeres ne le pouuoyent ils contenter deleur auoir fai force amp;nbsp;honte a leur plaifir, s’ils ne pu-blioyent la honte d icelles, amp;: leur péché execrable deuant leciel amp;nbsp;douant tout le monde ? Iufques a quand Seigneur, te courrouceras tu , amp;nbsp;fumera ton ire contre tes feruiteurs? Toy qui es iuge de toute la terre,ne ferois tu point iugement? Leuetoy Seigneur, que l’homme mortel ne fe fortifie plus, amp;: que les gens loyent iugees deuant ta face’ Quant a ce qu’ils allèguent fur la fin,des changemens ciuils; la confcience mefme de Haren eft con-uincue, que cela n’efl point Icfaiddes E-glifcs,ne desMinillres d'icelles : car pour vn ou deux qui s’y Ion t ingerez, qu’a a faire tout le corps d’elire blalmé ? D’auantage il lait bien que mefme plufieurs ont afl'ez tefmoigné, combien leur iugement eftoit contraire a plufieurs chofes qui fe paflb-yent; brief que non feulement la Loy de nature donne des droids communs au peuple du pays bas , mais aufiî que les Princes dudid pays lurent des droits ciuils

-ocr page 351-

A l’Apologie DE I. Haren, iir uils, amp;: font fcrmenr au peup’e d’iceluy par conucncions reciproques, defquelles i’ay nioymeiine autres fois veu copie : félon lefquelles conuentions (i les chofes efto-yenc a deinefler,eux mefmes feroycnc contraints de iuger autrement en leurs con-I fciences, que maintenant ils n’en parlent i nbsp;nbsp;cllans pouffez de leurs afïcâions, ou aflér-

; uis par l'autorité d’autruy. Mais pource que ce n’eft point mon deuoir, ne mon intention d’entrer plus auant en la con-noifl'ance de cefte caufe, qui elf fimplemçt Si. purement ciuile, ie paiferay a ce qui re-ftedudifeours que Haren afaicl des cau-fes de fon defuoyement.

LA HARDIESSE ET TEME-r lté des ProteHAns a mefl.tre de toutes cho(és.

La hardiejjè amp;nbsp;témérité tnflpportahie des Protelians a meflire amp;nbsp;ùtqer témérairement de toutes chofes fainHes honneHes, corrompre les (ainfies E(critures dr lesfaflfier impudemment .,m’ a grandemet dégonflé de leurs ini-tjuesefcoles. îfefl ce point vn blaff heme con-1 tre noßre Seigneur lef us Chrifl^que Caluin proféré en fon Harmonie fur le 24chapitre de fainct CMatth. 'verÇet enfèignant quil a

y iiij

-ocr page 352-

5it Response de F. I.

eße Ignorant de telle manière qüiL ne connoip i. fait pas vn figuier ? nbsp;nbsp;Item que le Fils de Dieu

(ejeroit retraSié,priant Jonpereauiardin fio-liuet? Item que leßü^srißn aurait prou-uépar aucune ratfon ferme amp;bien fondee^t qu'il ne chajfoit point les malins efint s par la fuififance de Beel-lßfiub? Lifezgt; Caluin en fon Harmonie awverjét 2 du chapitrefusdiH,

4 /zr;» de dire^ que la pafion dliceluy netts euß elle inutile , fi fon ame neuß enduré Ui terribles tourmens des damnez, ? Caluin In-

3 ßitut. Hure 2, chapitre iô,fcl. 10. nbsp;nbsp;nbsp;Tfelt

ce point un autre blafpheme de dire, que no-ßre Satiueur fi ferait defifieré en l'arbre de la croix ? H fez Caluin en fin Harmenie fur le ap defainH ij^îatth. ver fit 4 6. nbsp;nbsp;nbsp;Item que le

fts ehr iß ne fir oit defeenduaux enfers contre iarticle de nofire foy ? Caluin Inftdiure i,chap.

y j6, uerfetp. ^ue mefme apres fit refitrre-cliantl aurait eu faute de quelque chofi necef faire a laparfailîe gloire derefitrrefilion? Cal, Harmonie fur le 24 de fainH Luc verfet 3 jgt;.

8 Item que le Fils de Dieu ne fi ferait refirué les cicatrices des cinq principales playes , ia-foit quel^Efiriture fatnHedr la doHrine des Feres les plus anciens dtfint apertement le cantrairei Zacharie 12. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, uerfit ii. S. \^ugußiia

hure 2 de fymboloaux Catechumenes,chap, S. Cyrille

-ocr page 353-

A l’Apologie DE I. Haren. 515 Cyrille lib.12 furfainólIean^chap.iS. Or qui efl I homme de bien, qui ri'aurait horreur dételles amp;ßmhlables hardiejjes amp;frefumptws,proférée 5 par ojn homnie contre le Fils de Dieu? Leditl Caluin a eßeflprefùmptueux,que d efèr Caluinmtf-attaquermeßneles tßdnges. Car aupremier li-ure defes Inßitutions ch a. 14feFi. 4/1 ejerit que ’ les trois Hierarchies, amp;nbsp;les neuf ordres ne font que chafes vanies. ItentquelefdiHshienheu- 10 reux Anges ne firuenta Dieujyncerement amp;nbsp;fans péché. Caluinfur le i chap, au Colojf.’verf 20. Item que tous fideles ri ont point vn bon j j i^ngepour Uur garde. Caluinfurie Pfal.^o, Railleurs.

S’enfuit maintenant la féconde efjjece d’audace amp;nbsp;témérité,que lean Haren blaf^ me fort,amp; (s’il dit vray ) n’a peu fupporter es Proteftans: c'eft qu’ils mefdifent, iugene temerairementjCorropent falfifientles faindes Efcriturcs amp;nbsp;tout. Or combiê que Haren fedeuroit prendre foy mefme ( corne on dit)par le ncz,amp; fèntir qu’il y eft mai ftr« du meftier,amp; que nous pourrions nier en vérité les chofes qu’il aflèrme par fraude, toutesfois nous laifTerons toutes autres chofes pour venir aux preuues qu’il penfc produire.Nous prions donques le Leâeur Chreftien qu’il conféré le aire d’vne part

-ocr page 354-

514 Response de F. I.

amp;: d’autre en équité,poife le tout en vérité, amp;nbsp;aÜêe ion iugetnët en fainéletë amp;nbsp;charité fur toutes les allegatiôsamp;defenfes qui font 1 icy couchées. Le premier blaiphemc qu’ils obiedent du figuier nefc trouueen paifage que ce foit: car voila les paroles de CaitlinfurMarc 16, l'è.llny aurapointd ßtrdite, ejuadnous dirons tjue felon Ihomeiln'a pas conn eu de loin laforte de l'arhre-.toutesfois il fepeut faire ejue de propos délibéré il s'en eß apro chéfachantbien [iffùe. Il n’afïèrmcdôcpoït celle opinio là,mais il la remet au iugcmét du Leàeur Chrefliê. Haren eftil pas plus hardi q cela, quad il l’afferme de luy ? Mais h Haren trouue li eftrange amp;nbsp;appelle blaf-phcme ce que Caltiin concede de l igno-rance de Chrift félon l’humanitc, que dira i! des anciens Peres qui en ont ainli parlé? Iti. t.f. 48. Jrgjiec, nbsp;nbsp;nbsp;cfue le Seiÿteur me{rne Fils de Dieu

a ebeedé(Jue le Pere feulfàuoit le lour I heure d:i iugeniétydifànt oiiuertemet, De ce iour là çfp del heure nul ne le fait ^non pasme'jmele Ftbfi-non le Pere feul: Si donc le Fils n a point eu de honte de raporter la fience de ce iour là au Pere, tik.dtincar (ÿ-ij.S.Ambroife,lefiisproßtoitenfagejfe quot;rament^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Commentproßtoit lafàgejjè de Dicu?

J^e l ordre des paroles tcH aprenne. lly a auan-cementd'eage, amp;aiiancement dejageffè.,mais humaine. Pourtantiéarnis[eage deuant,afin

-ocr page 355-

A l’Apologie DE 1. Haren, jiy

que tu croyes que cela, efl dtél felo lliomc. car I'cage eß du corps,non de la diuinité. Donc s'ilauan coit en eage dhomme,ilauancoit enfageßi dho-fne,Sgt;Lcc(^szïï(\iit.S.K.\y^\.\^m:Et(anspoint Trad.^i i'* dcfautejclonceque lefus Chriß cß homme, on lit de luy,Et leju^proßtoit enlagijß,dr en eage, amp;nbsp;en grace enuers Dieu e^les homes, A u m oïs quelareuerccedeces bos Peres ,q ont affermé cela (ans blafpheme, face q Caluin loitexeufé amp;c traité plus doucemét par iu-geséquitables.amp;mieux raffis qccftuy cy.

Le lècond qu'ils appellct blalplieme, ne(è trouue poîten Caluî. 11 n’a pondit qChrift fe retraéle,maisqu’ilvfedecorreél;ióenfa pricre:mais Hare felon fa charité l’appelle rctradatió. S’il auoit vn peu eftudié en l’art de Rhetoriq.il fauroit bic q l’on faidcorre

, dio en parlât nô fculemêt deschofesmal-dides,mais aufli decelles là mefmes q Ibnt biê dides pour les dire encores mieux. Ce ftoit vne chofe biê dide felô l’îfirmité de la chair sas péché, Pere,s ließpoßtble,que ce call cepajjè arriéré de mey.m a is celle m e fm c c h o fe,q auoit efté bié dide amp;nbsp;auec vne fainde fubmilTio a la voloté deDieu lePere,a puis apres efté faide encores meilleure par ce-ftefaîde corredio, quad il a did, toutesfois nonpotntcequeie'vuetl,maisceque tuveus. Si Haré n’a poît encores apris ce bel vfage de

-ocr page 356-

3x6 Responsï D! F. I.

corrediojie ne me trauailleray pas icy a en amener des exêples ( cequiferoittroplog amp;fafcheux au Ledeur)maisieluy confeil* lcray,fàufcorredio, qu’il s’en aille a l'efco-3 Ie derechef. Letroifiefme eft vnedemó-ftrance manifefte de l’iniquité deHaren fes pereslefuites entiers Caluin. car ils fal-fifient doublemêt les paroles d’iceluy. Premièrement Caluin parle du premier argument a part, ceftuy cy Ie prend de toute la defenlède Chrift:voiremefrae Caluin dit qu’il femble de prime face, ceftuy-cydit qui! afferme refoluement ce blafphemc, queChrift ne prouue par aucune railôn fer me amp;nbsp;bien fondée en fon difcours,qu’il ne chaflbit point les malts efprits de par Beelzebub. Eft ce là marcher en bonne foy ?Sc-condementCaluin met ce propos en auat, pour anticiper vne obiedio que l’on pou-uoit faire cotre la premiere railôn amenés par Chrift,amp; luy mefmes y refpod fort per-tinemmêt puis apres. Haren pafte tout cela fans lonner mot.LeLeâ:eur,s’il luy plaift predre la pene d’y regarder, trouuera qu’il en eft ainii. Parquoy ie prie les gens de bic, qu’ils auifcnteux-mefmes quel titre méritent les perfonnes qui fe mellet de calomnier en celle forte,amp; tromper le mode par telles

-ocr page 357-

A L Apologie DE I. Haren. 317

telles fauflètez. Lequatrieftnefemblea- 4 uoirplus d’apparence que les autres : mais nous depefcherons le tout en brief. Nous fommcs enfemble d’acord que tout l’ho-me eftoit péri, amp;nbsp;q Chrift a pris a foy toute la nature qui eftoit perie pour la racheter en foy, a fauoir corps amp;nbsp;ame humaine, par lefquels l'homme auoit péché. Or ic de-mâde, comment nous a il rachetez, finon en s appropriant cequieft noftre,amp;nous appropriant ce qui eftlîen? Qu’eft ce qui eft noftre, finon le péché, amp;nbsp;la pene d’ice-luy’Quant au péché,il fe l eft approprié par application:carluy qui nefauoitpointdc pechéaeftéfaiét péché pour nous, afinq nous fuflîons iuftice de Dieu.Mais pour le regard de la pene,il en a bie pris autremet: car il l’a fouftenue realemcnt amp;nbsp;de faid en cefte nature, en laquelle il nous eft totalement fcmblable excepté péché- tout ainfi comme vn fidele refpondat,qui s’applique la faute ou la dette d’vn autre, amp;nbsp;en porte la pene. A raifon dequoy dit le Prophete I-faie,que la correction de notîrepaix a eße miß iq;. yj, y. fwluy. Quelle donc eft cefte pene? la mort ducorps,quelecorpseftabâdonné de Tame,amp; la mort de l’ame,que l’homme eft a-bandonné de Dieu. Selon l’vnc Chrift a

i

-ocr page 358-

318 RèsponsHdeF. I.

M«di’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;recomandenib efprit en tesmains:

6. ’’7’ felon l’autre il a did, 3/ö» mon Dieu., pourejuoy niets tu ahandouné? Et d’ou 1 uy eft , venue celle pene? delà lèntence de Dieu lePere, que Pilate a prononcé felÔ l’homme,mais que la Loy iadis auoit prononcée

Câlat.j, 13. fgjgjj Dieu : corne S. Paul l’intcrprete fort bien difant, Chrißnous a rachetez delà male-diiiion de laLoyyCjuand il a eßefaiil malediiîtô

Dcut. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cartleßefcriptyMaudicleßijuicon-

quefendaubois. Vray eflqu’icy ils diront, quel’ameafouft'ert par fympathie ou c5-paflîo du corps qui foufîioit en la croix,en vertu de l’vnio perfonnellequiell entre le corps amp;nbsp;l ame. Mais fi ainfieft , il s’enfuit deux incoueniens que l'on ne peut efchap-per.L’vn eft, que par cofequent la diuinité (q.vrayemct ne peut louffrir) aura fouffert en lacomuniondu corps, car au flî lu veil elle vnie perfonnellemêtd’autre eft,que l'a me humaine de Chrift n’aura elle nô plus paflible q diuinité : ce qui eft du tout co-j„nix, 17. traire a la parole deChriftdilàntM4z»/f»5/ Matt. 16,3 8- wö« ame efl troublée-,Sgt;c. ailleurs, mon ameefl troubléeiufquesa la mortlEt a la vérité,s’il n'y a point de raifon que le corps, quia moins reccu amp;nbsp;eft brutal de foy,foit chaftiéfans 1 ame,mais faut que fame foit d autat plus cha-

-ocr page 359-

al’Apologie de I. HarIn. 319 chafliee,pource qu elle a pl’ receii deDieii amp;nbsp;eft la dame du corps:com ment n’auroic point elle tenue la mefme proportion au payement de noflre Rédempteur?Nous concluons donques que noRre Seigneur lefusalouHcrt realcmct en foname,aulfi bien qu’en fon corps,les penes auxquelles nous euffions elle danez ƒ il ne fe fuit con-ftituéplege pour nous enuers Dieu noftre Pere:amp;quela palîiô nous euflefté inutile, s'ileuft loufFert la mort feulement en fon corps:mais qu il y a eu celle diRercce, que

1 noLiseulîîôs clic detenus des douleursde la mortjuy n’en a point ellé detenu,ains la mort a efte engloutie en viôloire par la puiirancediuined'iceluy. Lecinquiefme y ell vnepurecalôniCjde m.cfme façon que nousauons veu en la troilîefme obieelicn. Car iamais Caluin n’adiél qChrifl ayt cité defefperé,mais bien qu’il luy ell efehappee vne voix de defefpoir,c’cll a dire,telle q les perfonnesontacoulliimcdejpnocerquad elles sot en extremes angoilfes. D’auatage ilneditpas celacomedefoy,mais comme format vneobicâioen lapfonedes aduer-faires,a laqlleil donercfpôfeamp; folutio puis aps.llne lautqces bös peres iurifcofultes, pour dôner es seteces amp;nbsp;paroles douteufes

-ocr page 360-

3^® Response de F. I. des benignes amp;gracieufes interpretations.

® Le fixiefme n’eft qu’vnc pure lourderie: car Caluin ne nié pas queChrift foit defcc-du aux enfers : mais il dit que c’eft vne façon de parler figurée, amp;nbsp;difputc de la droite intelligêce d'icelle. C’eft vn abus que les Logiciens appellent petitionem principîj-Maisqu’euflent donc did ces bonnes gês, s’ileuft du tout rnis en arriéré ceft article, comme lesPeresde Niccc amp;nbsp;autres l'ont laifsé en leur fÿmbole ? Le feptiefme Si huittiefme font de mefme argument,amp; artifice. Caluin parlant de la grace de Chrift, qui auoit encores retenu fes playes apres fa refurredion pour cofermer la foy des fies, vfedeces paroles : Certes en cela üs'est acco-mode elfes difciples dvnemerueilleufi douceur amp;nbsp;boté^cjuandila mieux aimé(fue quelque cht‘ ß luy defailltß de la gloireparfeéle de la refurre-élion,que nonpas que leurfop fuß defpourueut dévne telleaideamp;apuy. Comme s’il difôit,la perfedionSi intégrité d’vn corps eft vne partie de la gloire parfede de la refurre-diójCÓme S. Auguftin es derniers liures de la cité de Dieu amp;nbsp;tous les autres enfeignet. Cela donques que Chrift n’a point eu fes playes refaides, a cfté corne vn aneantidc-mentvolôcairepour l’inftrudion des fiés.

-ocr page 361-

A l’Apologie DE I. Haren. 311 OrqueditCakiin en cela que les anciens n’ayencenfeigné,amp;que chacun nepuiHc entédre,filamalicene luy oftelesés?Mais encores eft cela plus graue amp;nbsp;hardi, qu’ils condamnent côme heretiq ce dire de Cal-uin, qu’il ne faut point imaginer q Chrift aura encores les playes en fon corps, quad il viédra iuger le mode. A voftre auis,Mcf-fleurs, n’eft ce pas cela vn article de foy, pour lequel il faille que nous entre-accu-flôs d herefle les vns les autres ? Certes l'E-fcriturenele dit point,non pas mefmes es palîàges qu’ils allègent. Car q. eft ce qui ia-mais argumenta ainfi en bon fens ? Ils ver- 2achar.11. ront celuy quils ont percé donques ils le verront tout percé encores alors qu’ils le verront. Que ne difcnt ils par mefme raifoujifs Verront cel uy qu’ils ont tué, donc ils le verront tout tué? Quant a S. Auguftin amp;nbsp;Cyrille,il faut bien dire qu’ils ne les ayent poït leus,ou dire qu’ils penfoycnt ailleurs en les lifant. Car Cyrille n’en parle pas vn mot.S. Auguftinn’en ventrien affermer,combié qu’il encline plus toft a l’autre opinio;mais expreflement felon fa modeftie il vfe par deux fois de ce mot ,fortaffè, parauenturc, pour ne fe préférer eniugementa perfon-nequifuft. Pourquoy n’imitet ils plus toft

X

-ocr page 362-

311 Response de F. I. lamodeftie finguliere de ce faindperfofl' nage, que d’en decider arrogamment,amp;: mentir fi impudetn ment tout enfemble? Leneuuiefme elt demefine grace cace.lln’eftpas vray queCaluindife rien contre les Anges, ne l’ordre d’iceux : mais bien dit que ce n’eft que vain babil au li-uredeDenyscequ’ilen aefcript. Donc il ne mefdit pas dés Anges,mais il reprend la vanité de ce Denys, qui en parle corne s’il auoit crocheté toutes les chambrettes des cieux,amp;: en auoit faid inuentaire a bon loi * ° fir. Le dixiefme,s’il eftoit vray, feroit de plus grande importance. maisHaren felon facouftume a emprunté de l'ancre de ce poiflbn que no’ appellÔs Seche pour tout brouiller. Caluin ne dit point que les Anges ne peuuent feruir a Dieu fyncerement amp;nbsp;fans peché. mais bien dit il auec S. Aiigu ftin, qu’en comparaifon de la m ait R c de Dieul obeiflànce des Anges n’eft point ii parfede quelle puifTe contenterDieu,amp;;

bi, n’ayt befoin de fupportgracieux, éjonfinm qu’il appelle indtdgeatia. Car defaid que reïponde, s’il y a bien autant de ca. proportiô entre Dieu amp;nbsp;les hommes, qu’il 10« y a entre vn pere amp;nbsp;lôn petit enfant. Que fi l’übeiflancc d vn enfant ne peut refpondrc a la

-ocr page 363-

A l’Apologie DE I. Haren, jij ala condition dupere,maiscft fupportec amp;nbsp;excufee du pere felon la condition de l’enfantzd’ou vient, que nous ne pouuons imaginer lemefme au feruice desfainds Anges enuers la maicfté infinie de Dieu? Ledernier eft vn pur badinage. Platon a ii did que chacun a vn Ange particulierd’E-fcriture dit que chacun fidele a des Anges Pfal.34,8. campez a l’entour de foy, que Dieu donne commandement a fes Anges en faueur d’iceux;amp;c.quel malheureux degoufte-menteft ce,qu’auiourd huy on fe combat pour auoir plus toft vn feul Ange pour garde a la Platonique,que cent,mille,dix mil-le(fi befoin eft ) a la Chreftienne ? Ceft vu abyfme delà vanité amp;nbsp;prefomption des ef-prits, qui ne fe contentent point des clairs ruifleaux delEfcriture faindexar apres a-uoir erré par lesdeferts çàamp; làilsdeuicn-nent beaucoup pires, amp;nbsp;pour couurir leur ordure ne ccflcnt de crier apres les gens de bien,comme fi c’eftoyent enragez.Le Seigneur qui a iadis chaEé les diables hors des corps des pouresdemoniaques,dcliure les âmes de ceux- cy, s’il luy plaift, de la tyrannie de Satan amp;nbsp;les ramene a la bergerie de Chrift en lacopaignie des enfans deDieu.

X ij

-ocr page 364-

314 Response de F. I.

DES k^POSTRES. caijnfti.b. nbsp;nbsp;Le mefmeparlant des ^^poßres eßtant te^

chaftt. 8, fneratre,ej»edejcriree^ütceux onteucomman^ demet expres de neßigner aucune chofe laquelle premierentent ils neujßnt aprtß de la bouche du Seigneur : amp;nbsp;neantmoins ilefi certain qu'ils en ont en feigneplußeurs autres, Ailes i s iCor.7^12.

Il cft cerrain que la dodrine des Apo-ftres a efté limitée de Chnlbmais qu’ils en ayent enfeignéfans qu’ils l’euflentreceue deChrift , c’eft vne chofe fauflè. Haren allégué deux paflàges pour preuue;mais ils ne font rie a fon propos. Car en l’exemple des Apoftres Aâ:.iy,iln’yanenquiioitcô-clu par eux ny efcript a l Eglife d'Antioche, que Chrift n’euft ferieufementcomandé, fuiuantmcfmc leslaindes ordonancesdc Aft. iy,io. nbsp;nbsp;Loy morale.Car ce qu’ils defédcc la pol

lution des idoles concerne la premiere ta-blede rcfte concerne la fécondé, c’eft a fa-uoir que nul ne face contre le bien amp;nbsp;edifî-catiô de fon prochain, n’en choies expref-fement cômadees ou défendues, comme eft la paillardiiè, n’enchofes indifferentes, come eft de manger du fang, ou delà chair cftourt'ce. 11 faut bic que Harc ayt peu eftu-dic es Euangiles de Chrift, s’il n’ented que

Chrilt

-ocr page 365-

A l’Apologii dE I. Haren, jzj Chrift auoit inftruiót fes Apoftres de ces chofes. Lefeulcinquiefme chapitre de S. Matthieu, amp;nbsp;le dixhuidieftne teftnoigne-rotaiamaisfonignorace:caren iceuxno’ eft manifeftemét monftré,quel comande-mentlcs Apoftres ontreceudela bouche de Chrift fur la matiere dot il eftoit qftion. Qiiant a 1’autre paflage de S. Paul, c’eft vnc chofe lourde de 1’appliquer a cejppos, come files Apoftres auoyétenfeignéoutrecc qu’ils euftènt parauant receu du Seigneur. CarcobienquilfemblequelApoftreface oppofitió duSeigneur amp;nbsp;de foy,fi eftce que pour cela il ne s’enfuit point que l’Apoftrc ait parlé chofes que le Seigneur ne luy euft point diéles. Cela eft monftrépar l’autre verfet parauant, quand S.Paul parle ainfi, ie dénoncé non point moy.nuù le Seigneur, car iCor.7 ic.' qui eft l'homme fi befte,qui entëde par cela,que S. Paul ay t a dire autre chofe,que ce que le Seigneur denoncoit par luy ’ Çôme donques ce que le Seigneur dénoncé, l’A-poftreauftî le dénoncé deparle Seigneur, amp;nbsp;non point autre chofeainfi auffî ce que

I nbsp;nbsp;1 Apoftre dit,le Seigneur l’a did a fon Apo-

ft re,amp; le dit a fon Eglilè par iceluy, sas que l’Apoftre y ayt rien aioufte du fien,ne couru deuant fon Seigneur.Que veut doc dire

X iÿ

-ocr page 366-

31^ - Response de F. I.

cefie oppofition ? L’Apoftre s’expofe foy verf «. mefme en deux paflàges de ce me (me cha

pitre,quad il dit, Oriedi cecypar coneeßion, non far comandemet-.^ puis apres, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aux

'viergesienay feint de comandement du Sei' gneur^maù ie donne mon auis^comme ayant re-ceu mtfericorde de Dieu four eßre fidele. Ceft donc come fi 1’Apoftre difoit, Vous deuez bien eftre aficurez de moy, que ie ne vueil point amener chofe q foit, en cefte matière,que ie n’aye receue de la milèricorde de Dieu,amp;: queienevous baille en toute fide lité.Mais cependant,pource quela nature des afaires qui fe prefente en cefte caufe eft fort diuerfe, entant qu’es vneslecofeil eft tout pris,les autres font encores pedantes du côfeil amp;nbsp;deliberation des homes, il faut neceflàirement queie traide cefte queftio en deux fortes. Car es choies dont le côfeil eft tout pris,amp; qui ne font plus remifes a la deliberationhumaine,il fautqu’vnchacu demeure deuât Dieu en ce a quoy il eft ap-pellé:de telles chofes ce ne fuis ie point qui . parle,mais leSeigneur qen a porté lentêce exprefle amp;: abfolue, foit par la Loy, foit de fa propre bouche.Telle eft l’ordônace des fideles conioinds par mariage felon Dieu, verlet lo.Mais en celles qui dependent ou du propre auis amp;nbsp;Côfeil des fideles, ou du

-ocr page 367-

A l’Apologie de I. Haren. 5x7 fai ót d’autruy,en telles cliofes moy ie di,n5 pas Ie Seigneur,c’eft a dire,de telles chofes ie parle conditionnellemêt amp;nbsp;confeillc fra ternellemcnt,puis q Ie Seigneur n’en porte point outre Q fentence diffinitiue amp;nbsp;ab-folue 5 mais les fubmet encores a la deliberation des Hens. Come quoy ; fi vne vefue OU vne vierge (è doit marier,cela depêd du don de Dieu,de leur volonté,amp; du coniêil d’autruyde Seigneur en cela ne done poït decomandement par moy, qui les oblige. Semblablement fi vne perfonne a efpoufé parti infidèle, la chofe depend du parti infidèle,s'il confent de demeurer ou non : le Seigneur ne donne point en cela de commandement fimple amp;nbsp;abfolu.pource qu’il faut prendre encecy confeilielonlefaiét d'autruy. Voila comment,ditrApoftre,ic vueil que mes paroles foyet prilês amp;entê-dues fur ce que vous auez mis en queftion. Cefte interpretation eft de S. Paul mefme, corne nous venons de monftrer,amp;aefté fuiuie de S. Auguftin amp;nbsp;d’autres anciens. Que £èrt donc ce paflàge a monftrer, q les nbsp;nbsp;nbsp;mt/t.

fainds Apoftres ayet enlêigné autre choie? car mefmes no’ sSmes prefts de moftrer q S.Paul ne dit rie en ce chapitre là, qui n’ayc parauant eftédid au vieilTeftament,amp;:

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X iiij

-ocr page 368-

318 Response de F. 1.

quinefbitauflî es Euangiles de Chrift. Si donquesle Seigneur a did tout cela, mais n’a pas donné commandement expres amp;nbsp;refolu en vn cas corne en l’autre,dequoy S. Paul a voulu bie auertir ceux a qui il elcri-uoinchacun peut voir a l’œil combien mal peut feruir ce paflàgc de fondement pour y baftir deflus les traditions des hommes.

CALTIl^ CAÎESDIT des EuangeliHes.

Et ne fi contentât lediEt Caluin etauoirfaiti tort aux ^foßr es^ il vfi de rrtefine audace parlant des Euangelifies. Car enfin Harmonie fier le premier de S. Matthieu il les accufide n auoir ajfiez, clairement amp;nbsp;affeureement monflré^ lt;jue noßreSeigneur lejus Chrififioitdefiendu delà race de Dauid.

Cela eft faux, amp;nbsp;eft vn vray traid de la charité amp;: vérité des peres de Haren. Car Caluin allègue là ce que les autres en pen-fent amp;nbsp;difent impudêment, amp;nbsp;y refpÔd’fo-lidement puis apres. Quelle raiiôndoncy a il d’imputer cela a Caluin, finon la mal-uueillance?

CALVIJSl^ CMESDIT DES Patriarches.

Il mefidit de meßne des Patriarches : car parlant dt.yihraham Jur le aô de Genefi^ • il l'ac-

-ocr page 369-

l’Apologie de I. Haren. 519 il I accufe auoir 'violéla Loy du mariage contre la 'Volontéde Dieu tordre de nature: çéf que le lignage de lacob ne'viet que d 'vue fuan-te ordure, .^ue [vne des deux filles de Laban quefioufia Iacob.^n elîoit (a femme légitimé (fiquot; que ledi£î lacob s'esioit méfié auec fes femmes dvne façon brutale. Ilcenfure CMoyfe^efiri-uantfiirlei2 e{Exûde.,'verfet32. Toiuleurs commentaires font prefiquefarcis de telles efifre-nees hardieffes (fi temerttez, ,par lesquelles cor-rompans toute la fainUe Efrtture ils tont appropriée a leur sper nicieu fs erreurs amp;nbsp;herefies. ^uelmalpltisgrand eufipeuarrtuer a l‘Egltfi Chrefiienne^que celteplaye que luy ont fatéie les Protell as, nonfeulement d'auoirreuoqué en doute laplus part des Hures delà fainlle Efriture , ains de les tenir pour fufiecls (fi reieLlellS^ L'epilire catholique de fainél laques, qui pref fi les hommes a exercer bonnes æuures, Luther tappelle epilire de paille. L'epilire aux Hehr teux efl pleine de nœuds, cedttil, (fi contre-uenantea [Euangile: (fi pourtant elle ne doit ejlre tenueprocéder ny de S. Paul, ny de quelque autre K^polire. ^fidutant en dit il de Ifd-pocalypfe. D'autres n'ont eu honte de dirc^, que la fécondé epifire de fainLi Pierre efiottfauf fiment attribuée afainÜ Pierre, (fi quelle efloit faujfi. Les Hures des (Machabees font apo-

-ocr page 370-

530 Response de F. I.

cryphes, ce dtfent ils : außi font ils contre eux-Plufieurs d'entre eux tiennent la plus part des Hures du quot;vieil TeUament non pour quot;vrais^atns comme hiPloires morales reprefentees aux yeux des hommes pour reformer leurs vies a tußtce amp;nbsp;vertu. nbsp;Vn des premiers ^yHintHres d'en

tre eux mquot;a fouuent dici (ju il ny auoit tamais eu de lob, que les hifoires f Adam, Samfin, autres ne font véritables. nbsp;nbsp;nbsp;Il y

a quelque temps, qùeHanten Hollandes vn Douleur de la matfnde charité en ma prefin-ce fi moquoit de Ufaincie E[criture-. defiant ferieufement repris difioitauoir apris des Commentaires de Caluin amp;nbsp;d'autres Protellans, qu'il n'y auoit nulle certitude de qui nous tenions lefdiHes Efcritures, (éf t'H lesfalloit tenir pour vrayes, ou point. nbsp;nbsp;nbsp;le connoi cer

tains C^itniHres audiEl pays de Hollandes qui publiquement autorifiz, mefmedesCMn-gisîrats font profeßton de celle inique amp;nbsp;dia-' bolique religion des Libertins, nbsp;nbsp;en ont faici

imprimer des gros Hures.

l’eufle vrayetnent pensé que les peres lefuices euflènc bafti tout cecy amp;nbsp;donné a Haren fa leçon, fi ie ne voyoye qu’en ce-fte An il parle toufiourscommedefaper-fonne. Et certes c’eft vne piece digne de Jean Haren , pleine de vanité, pleine de

men-

-ocr page 371-

A l’Apologie DE I. Haren. 331 menfonge,amp; pleine d’impieté. Premie' rement il reprend Caluin de ce qu’il n’a-prouue pas le faict des Patriarches Abra-hâ amp;nbsp;Iacob poflible ne trouueroit il point mauuais, s’il luyeftoitloyfible de faire de mefme auiourd’huy. Mais eftil fi nou-ueau es fainétes EIcritures, qu’il n'entende pas que les exemples des fainds nous y font propofez, les vns a fuiure amp;nbsp;imiter,les autres a fuir amp;nbsp;euiter? Voudroit il donc aprouuer enfuiure l’yurognerie de Noc? l’incefte de Lot ? l’idolâtrie d’Aaron ? l’homicide de Dauid ? amp;nbsp;autres choies fem-blables, puis que l’Eferiture les recite de cesfainds perlonnages? Combien mieux dit faind Auguftin ? ^andnou^lifôns telles chofes y dit il, esptinlies Efiritures, il Cmtr^ mg-notts faut pas pourtant croire quilles nous fail-le aufi faire pour ce que nous croyons quelles ont elle failles, de peur que^ nous ne violions lescommandemens quand nousjùiuons lese-xemples par tout. 11 a falu que Caluin e-feriuant fon Comentairedift fonauis,s’il trouuoit le faid d’Abraham amp;: de Iacob bon ou mauuais.il dit qu’il le trouue mauuais, amp;nbsp;eft aisé a monftrer pourquoy.

Et vous Haren le trouuez vous bon, en bonne conicience î Vrayement telle

-ocr page 372-

5 52. Response de F. I. qu’elle eft,fi m’alîèurc ie qu’elle ne le trouve pas bon. Pourquoydonc blafinez vous en Caluinle iugement que vous mefmes en feriez, s'il le vous falloir faire fur voftre conicience ? Si vous dites qu’il en iuge trop afprement amp;nbsp;rigoureufêment, poflîbley a iltrouuélafaute plus grande que vous ne faites. Et vous aufli d’autrepart, raportez fes paroles d’vne façon plus atroce qu’il ne les a pas dides : qui eft vne charité que vos pereslefuitesnous preftent trefuolontiers. Carautretnêtil n’eftrien plus certain que cela, que l’vn amp;nbsp;l’autre ont failt;ft contre la Loy de Dieu amp;nbsp;de natu re, concernante le mariage; de laquelle dit le Seigneur lefus, dncommMcementilneftoitpMainfi. Quant aufaiétdeMoyfe, lesiugemës font vn peu plus diuers,meftne entre les anciens. Mais qui ouyt iamais dire, que pour cela ils s’at-tachalTent lesvns contre les autres, amp;nbsp;le prinfentparles cheueux? Ils eftoyent plus fages,modeftes, amp;nbsp;charitables que cela. Louez cefte vertu des Peres,amp; la fuiuez. St: vous ne combattez plus, pour iuftifierlcs fainds en leurs infirmitez. Mais c’eftaf-fez debatu lacauiè deCaluin,quevousa-uez tant iniuftement aflàilli en ce difeours. Son ame vit es cieux, amp;; fes eferits en terre, qui

-ocr page 373-

A l’Apologie deI.Haren. 33 5 qui fe defendent aflez deux mefmes fans moy,contre Ies abois amp;nbsp;morfures des ma-ftins que Satan excite de iour en iour. Mais afin que Caluin ne fuft point tout feul mis es tens, lean Haren vient a parler de ceux qui reuoquent en doute l’autorité de quelques liures : amp;nbsp;combien quelle foie fort difterente entre les vns amp;nbsp;les autres, toutesfois il enuelope tout enfemble de faid d’auis,afin quïl puiflemieux fauuer ce que fes peres lefuitcs pretendent, par lesmarefts. Ainfi il reproche premièrement a Luther les iugemens, qu’il a donez du commancement trop a la chaude contre les Epiftres de fainét laque, amp;nbsp;aux He-brieux, amp;nbsp;contre l’Apocalypiê de S. lean: amp;nbsp;diflimule malicieufemét quelemcfme a tenu tout autre langage,quand il a puis a-pres efté mieux inftruiôt, amp;nbsp;s’eft modefte-ment déporté de fon audacieulè cenfure. En quelle foya peu Haren parler des premieres fautes trop hardies de Luther, amp;nbsp;laiflèr les amendemens en arriéré, finon qu’il a pensé qu’il en ayt pris a Luther comme a luy, amp;nbsp;qu’il foit allé de mal en pis? Apres ilfe fcandalize de ceux qui tienent la fécondé Epiftrefaind Pierre pour fup-pofec,amp;: les Machabees pour Apocryphes.

-ocr page 374-

354 Response de F. I.

Quantalepiftre S. Pierre,ce ne /croit rien de nouueau, veu qu acienneniêc plufieurs Eglifes amp;nbsp;gens de bien en ont ainfi iugé, comme nous liions en Eufebe quafî par tous les liures de fon hiftoire Ecclefiafti-que. Pour le regard des Machabces, ceux qui les appellêt Apocryphes quedifent ils autre chofe, que corne I Eglife ancienne a did ? car c'eft auflî a bon droid que nous deuons en cecy préférer le iugement dï-celle a vn Concile de Carthage apofté,veu que ces liures n’ont pas vnc telle correfpo-dance qu’il apartient auecla dodrinedes liures Canoniques,corne S. Auguftin mef me a fort bien oblêrué fur l’hiftoire de Rc-zaia,qui cft au 14 chap, du fecôd liurc. Que CCS liures là facent contre nous tant qu ils voudront, ils ne peuuêt rien du tout a l’encontre de nous: toutainfi comme ny ces liures là, nyfemblablcment nousnepou-uons rien contre la vérité. Quant aux calomnies qui s’enfuyuent puis apres, la re-/ponce eftaifee.Nous ne croySs point,Haren, qu’il y ayt de tels Miniftres corne vous dites, qui ne reputent non plus les hiftoi-rcs faindes que des moralitez, amp;nbsp;qui /oyêt Libertins dedodrineamp; de profe/fio auec le bon gré amp;nbsp;aueu de leur Magiftrat. S’il y en a,

-ocr page 375-

A L Apolocie DE I. Haren. 53; en a,ils font hypocrites corne vous; amp;nbsp;fom-ines afleurez que Dieu les defcouurira, quel’Eglifeen fon temps n’oubliera point défaire fon deuoir contre tels gamemens. Le mefme difons nous du MagiftratChre-ftien qui eft en Hollande : amp;nbsp;en general ic Vous remercie au nom de tous, que l’inimitié que vous portez a la vérité amp;nbsp;vos reproches leur feruiront d’aiguillon a mieux faire que iamais,amp;s’abftenir dechofe re-prochable: qui eft vn des profits (comme dit Plutarch ) que les gens fages amp;nbsp;bien- a-uifez doiuent recueillir de leurs ennemis. Mais vrayement c’eft vn plaifantdifeours, amp;nbsp;vne preuue non reprochable que fait Haren, quand il prend a tefmoin vn Do-éteur de la chambre de charité Quand ainfi feroit, Haren neveitil iamais vne a-raigne qui fucçaft fon venin d’vne bonne fleur? ou vnecharoigne qui tiraft des rayons du Soleil là punaifie? c’eft ainfi que Dieu endurcit les cœurs des mefehas, Haren , amp;: qu’il fera du voftre, fi vous ne vous repentez bien toft, amp;nbsp;vous conuertilTez aluy.Mais ceDodeur la mêtoita plaifir,amp;: y prenoit d’autant plus deplaifir, pource qu’il péfoit vo’ faire dcfplailir.xar il iugeoit

-ocr page 376-

35^ Response de F. I.

alors de vous a tort, que vouseftiez meilleur Caluinifte que vous n’eftes Chreftié. Et puis, qui cft ce qui ne fache qu'vn tel ne peut dire vray, qui im pute a Caluin amp;: aux Proteftans ces blafphemes contre la fain-dc Eferiture ? Nous qui expofons fans crainte noftre vie pour letefmoignage de la vérité que nous auons aprife des faindes Efcriturcs,nous qui fouffrons tousles iours pour icelles,nous qui appelions au tefmoi-gnage d’icelles contre toutes les fraudes de Satan dont Haren eft miferablement enlacé , ne monftrons nous pas deuant Dieu amp;nbsp;fes Anges,deuant les hommes amp;nbsp;toutes creatures, voire mefme deuat tous les diables d’enfer (qui en creuentdedefpit) que nousfommes plus certains des faindesEf-critures, amp;nbsp;reconnoiflbns mieux la vérité d’icelles, amp;nbsp;l’aimons plus, que noftre propre vie ? 11 faudroit des petis enfans, a qui l’on tafehaft de perfuader ces contes:enco-res ne les croiroyent ils point ; tant eft puif-faute la vérité que nous auons connue amp;nbsp;embraflèe par la grace de Dieu, amp;nbsp;la pro-feflîon que nous en faifons manifefte.

DES

-ocr page 377-

A l’ApologIE DE I. Haren. 557

DES ^SCIENÜ SAINCTS

Peres.

La tenter né nbsp;nbsp;nbsp;hardtejjè infupportable des

Proteßans eßtropgrande,d'o(erainß mes dire des anciens Peres Dcchurs de l'Eglifedaplus part defquels ont endurcie martyre pour le nom de le fui Chriß. nbsp;nbsp;nbsp;Sain^ deny s C/ireopagite

dtfciple de faincl Paul, çéf duquel l’Eßriture faine te fait mentioneß appelle'vieil refteur. S. Cypriam martyr (fa excellentD o^eur eß tenu pourßupide (fa delaiße de Dieu, (fa depra-uateur delà penitence. S am ci lean Chryfa-ßome eß 'vn obfcurcijfaur de noßreiußification. 'Pdazianz.enus eß 'vn caufeur. nbsp;nbsp;S. lt;^mbroi-

fe edioit enfarceU du diable. nbsp;nbsp;Sam ci Hier 0fane

eßoit conduit par 'vneßrit diabolic homme iniurieux, blafahemateur, mefehant, cor rom-peur de la fainile Eferiture, 'vn 'uray moine, ^licephoruseïl rempli de blajphemes (fa d'inepties. Et ainß ont ils parléprefque de tous les anciens Peres. Chofepour auoir horreur (fa ver-goigne : Et neantmoins tous leurs efertts font farcis de tels blaßnes (faparoles iniurieußs. Voyez Beßß^ fur les \_AlHes chapitre 2j. item 2 Timot. 3, annot. 8. i Corinth. 7, annot. i, (fa28.(fac.

Cefte aceufation ne merite pas refpôfe: car il y a beaucoup de choies faulFes fup-

-ocr page 378-

358 Response DE F. I.

Aft. 15,IJ.

pofees,beaucoup de falfifïces,amp; quafi toutes fansallegatiö d’auteurnedepa{rage:ce quifedeuoit bienfaireen tefmoignagedc véritéParquoy nous viendrons aux pafla-ges alléguez. Le premier paflage allègue de Beize eft touchant Nicephore, lequel fait mention lèulement de feptante hôme^^ a cheual amp;nbsp;deux cens piquiers, qui furent ordonez pour conduire lai nd Paul en Ce-farce.-enlieuque S. Luc faidmention de deux cens gardes par deflus. Befze remarque feulement cefte diuerfité, fans en dire ne bien ne mal en ce paflàge. Ne voila pas vnegradeoccafion pour luyfaire fon proces ? Et quand il remonftreroit là faute amp;: la nommeroit par fon nom, feroit ce donc vn péché mortel î II y a tantoft quatreans qu’vn certain Bufæus a Mayence a defdiet Nicephore en l’origine des Themiftiens hérétiques , amp;nbsp;a prouué la vraye origine d’iceux contre l'auis dudid Nicephore. D’ou vient, qu’il faut que Bclze en porte la pafte au four,corne on dit ’ amp;nbsp;q ce que Bu-ixus a bien did eft trouuc bon,ce que Bef-zeadideft mauuais? N’eftcepaslafuft'u-ftond’enuie amp;de maluueillance, qui fait que lesiugemens (ont fi iniques ? n’eft ce pas acception de perfonnes, qui donegra-

ceou

-ocr page 379-

A l’Apologie de I. Haren. 539 ce ou difgrace a la dodrine prefentee? De mefme va il aux autres paflàges qui font puis apres alléguez: tellement que ce feroie tem ps perdu de nous amufer d’auantage a ces allegations.Sur la fécondé a Timothee Befze reprend ces beaux Euangiles d’Ab-die, de Nicodeme, amp;nbsp;autres. O le grand crime ! Et pourquoy ne reieCteroit il ces li-nres, veu que S. Hierofme auflî l’a faiôt, Gratian l’a faid en fon Decret, autres femblablemenr,fur tout cofiderans les fot-tifesamp; menfongesquiyfont rédigez?Sur la premiere aux Corinthiens il reprends. Hierofme. O uy, mais il le faid modefte-mét, amp;nbsp;le fait non pour enuie qu’il liiy porte,comme ceux cy,mais pour l’amour qu’il porte a la vérité amp;nbsp;fainéteté, comme nous deuons tous. La vérité de Dieu,Clement Alexandrin, fainét Auguftin, amp;nbsp;autres luy en ont donné autorité en la matière qui y eftdeduiéte: poureeque fainél Hierofme s’y eftoit fort eftrangement abusé. Et vne ame vrayemët Chreftienne trouueroit elle meilleur d’efpargner amp;nbsp;adorer le nom de fainét Hierofme,que d’expoferamp; maintenir la vérité de la dodrine diuine contre l’abus d’iceluy ?

Y ij

-ocr page 380-

540 Response de F. I.

DES HORRIBLES IHGEMEHS de Dieu tombez, ^ur les principaux chefs des hérétiques^

Lesiugemens de Dieu terribles amp;nbsp;cfouen-tab les y tombez^ur lesprincipauxDoSieurs des Protelîans l'ontfouuh rendu perplex amp;nbsp;eßon-né. Car ce qu on dit coultumierement leur arri' ueprefqueatow stelle vie telle fin. Ceux qui ontconneu la vie amp;lesgefles de feu CMartin Luther mefmede fa ieuneffe ont toufiours pre~ dild qu il fer oit vne mefihantefin. Ilefloit ambitieux (fifitperbe, autant que personne qui fut de fin temps, nappetant que les honneurs de ce monde, amp;nbsp;neftoit iamais c ont et defia vocation. Etcomeilauoitlefiritfiubtilcurieux.,ilne s’eliudioit qu a fauoir les ars amp;nbsp;fciences défendues de Dieu : efquelles ilprofita fii bien, quils'e-fi oit rendu Us diablesfi familiers ( comme luy-melmele tefmoigne_j par tousfeseferipts^que continuellement il confereit traifiioit auec eux, voire des principaux points de la religion. Ses œuures êfifis geÜes, que luymef me^ fis difiiples ontfaill mettrez en lumière , tefmoignent a plein que^ ce nelîoit quvn ventre execrable, farci de brocards çfi de fiurrilitez , qui auoit enforcelle les efirits des hommes. Lifiz Us Hures imprimez contre

U P a-

-ocr page 381-

A l’Apologie DE I. Haren. 341 le Pape, lean Parcimen.ftem Sermones con-uiuales, amp;nbsp;autresfèmhlahles ordures : y a il chafe au monde pltts orde dr ^ilatne^, que le Jute £1 defdilis Hures ? Safin abienmonslrcle_j courroux de Dieu Jùr luy. Car vn homme de bien non menteur, qui pour lors esi oit au lieu ou il mourut ^m^ a affermé en confidence, qua-uantfia mort le diable fie preßntaaluy enfiorme horrible amp;nbsp;ejjouuentable,qui l'intimida de tellefirte,que s efiant mis au lili dijjos, il fut trou-uémort 4 heures apres. Voila lejàlaire ordinaire des fieditieux d'pet'ittt'bateurs dureposde^ l'EgliJfij-

Les principaux Doôleursdes Proteftas font le Seigneur lefus, Ces Apoftres amp;nbsp;Euâ-geliftcs; defqucls la croix amp;la mort violente pour la plus part eft expofee en l’hi-ftoire de rEuagile,amp;: autres difeours Eccle fiaftiques. Or fi Haren a efté perplex S£. clpouuanté en cofiderantlapefanteur de la croix , ce n’eft point de merueillc : car il n’a onques bien feeu que c'eft , ny de l’honneur que Chrift fait auxfiens, s'ils fouffrentpour fon nom, ny de l'efperan-ce qui leur eft gardeees deux en la communion d’iceluy. lamais il ne porta cn-graué en fon cœur ce beau dire de Chrift, Vous auez tribulation aumonde^, mats ayez lean

Y iij

-ocr page 382-

54.1 Response DE F. I.

bon courage:i'ay vincule monde: nefêmbla-* Tira. 1,11. blementceluy defaind Paul, Si noua [om-mes morts auec luy au(?i 'uiurons nous auec luy.ßnotufouffrons, attßregneronsnorssauec luy : fi nous le renions luy at fit nous reniera :fi nous fiommes dejloyaux ßuy demeure fidele il ne fie peut renierfiymefme. Combien qu’au reftece n’eftpas vniugcmcnt d’vn homme fage, comme Haren veut eftre, de iu-ger par les euenemens : amp;c. nous voyons que le liure de lob eft plein de ces enfei-gnemens. Mais fur tout, c’eft vne chofe ridicule de s’aller attacher contre la vie amp;nbsp;la mort des perfonnes, pour monftrer que la dodrine eft bonne ou mauuaife, quand nous auons vne efpreuue certaine, qui eft la parole de Dieu , pour en donner fain iugement. Encores fi c’eftoit vérité ce qu’il amene,poflible trouueroit il gens qui luy prefteroyent audience. Mais quand il feiert des armes defauftèté pour batte deçà delà, comme vnaueugle, fans aucune diferetion : qui eft l’homme fage d’entre nous qui n’en rira ? qui eft l’homme anisé enl’Eglife Romaine qui n’en pleurera, de ce que leur caufe eft non défendue, mais trahie, non fouftenue, mais renuer-fee par tels appuis de vanité ? le laiflè ce

-ocr page 383-

A l’Apologie DE I. Haren. 545 qu’il dit de rambitioamp;: orgueil de Luther: car a vn furon qui fe fourre par tout, come A* afaidHaren,tousefprits font ambitieux, s’ils n'appiaudiflent a fes intentions. Mais cequ’il dit des ars diaboliques eft vne cho-fe tresfaufle,que l'on ne fauroit protiuer ne par tefmoinsfuffifans,neparefcript;carau contraire Luther auoit l’efprit fi net, qu’il n’etift: pas voulu fouftnr me(mc d’vn diable: combien moins de toutes les légions quilèruenta la Magie amp;auxars deTole-de ? Mais quoy ? ce mefme blafme a iadis efté imposé a Chrift amp;nbsp;aux Chreftiens. Il ne faloit pas queLuther euft meilleur marché que fon Seigneur. Quant aumeftier de brocarder amp;nbsp;larder les perfonnes fans lardoire, ce n'eft pas vne choie nouuelle qu’o le blafme en Luther. Côbien que fou-uêtesfois on appelle brocards amp;nbsp;repute on pour façons vicieufes, les paroles coürtoi-fcsqui font côfites en fel auecgrace fans ve-nin:en quoyLuther a fingulieremét efté riche en fon lâgage maternel.Mais posé qu’il y ayt du vice, pourquoy eft ce q Harê luy reproche ce q il auoit apris au cloiftre, ou il auoit efté mis tout ieuneJles liures desMoi-nes, .^Mdrageßmalta,Dormificure, beta^Menoty amp;nbsp;autres sêblables ne sot ce pas

Y iiy

-ocr page 384-

544 Response de F. I.

les threfors de fornettes amp;quolibets,ou les cloiftres eftudient toute rannce,amp; qu’ils pratiquent foigneufement en la femaine dedeuant Pafque,qu’ils appellent femaine blanche? Si Luther s’eftoit reueftu de ces armes au monaftere,amp; ne s’en eft peu desfaire auflî toft qu’il en eftforti, que pouuos nous de cela ? Quenecommancent ils de bonne heure a aprendre autre modeftie amp;nbsp;granité a leurs nouices ? S’ils le faifoyent, ils feroyent profit non feulement a eux-mefmes, ains aufli a nous. Car nous de noftre cofté nous aurions moins de pene a dcfmoiner ceux qui en vienent : amp;nbsp;eux du leur en fentiroyent moins les aiguillons. Mais ic voy bien que c’eft ; pource que Haren n’a point apris cefte belle feience quand il fut ieune,maintenant il fefait entree a quelque cloiftre, afin qu’il aprene le meftier , amp;nbsp;qu’il le puifle exercer contre fes meilleurs amis amp;nbsp;anciennes con-noiflànces. Et certes il monftre bien qu’il y a apris défia quelque chofe,par le dernier difeours qu’il fait cotre Luther : car iamais Staphylus ne les autres n auoyêteftcfi fub-tils, de defcouurirle myftere que Haren vient a pronôcer touchant la mort de Luther, qu'vn diable foit venu, ayt intimide Luther,

-ocr page 385-

A l’ApOLOG IE DE I. H AREN. 345’ Luther,amp;c. Or contons vn peu cnfcmble, Haren, afin que nous entendions la vérité du faid.Ceft home de bien,non menteur, dont vous parlez, Haren, ce n’eftes vous pas ; car iuiqu’icy vous ne vous elles pas monllré homme de bien,amp;non mëteur: amp;nbsp;puis aulîi Luther eft mort a Illeben l’an I ^46. auquel an vous elles né,ou enuiron, fi i’ay bonne louuenace de vos propos que i’ay ouys de vollre bouche. C’ell homme de bien là,qui qu’il foit, ou elloit il quand Luther mourut, en celle mefme nuit?E-ftoit il en la chambre ou il mourut? car s’il elloit dehors, il n’a peu tefmoigner de ce qui fe feit dcdans;veu mefmemêt que Luther mourut celle nuidla, amp;nbsp;n’en conta les nouuelles a pe^ fonnc.Sil en tefmoignc, c’ell par opinion, ou par ouyr dire: l’autre quiluyadidtefmoigne aufli par ouyr dire, amp;ainfi infiniement. Quienferadonc le telmoin,fino le diable?Or ne ce tefmoin là,n’autre tefmoin qui full ablênt, ou qui foit ennemy,n’ell receuable en tefmoigna ge felon le droit denature.Et puis,qu’a fait ce tefmoin depuis ce temps là’caries autres grands ennemis deLuther n’en ont rie feeu, vous en elles le premier porte-nouuelles. EU il polTible qu'vn homme de bie,

-ocr page 386-

j4lt;î ResPONSE DE F. I.

amp; non menteur, ayt fi longtemps tenu fa langue quoy, fans dire vne telle choie,iuf-qu a ce qu’il trouuafl vos oreilles dignes d’vn tel meflàge? A il tenu fâ langue fi long temps ferree ? a il cuidcela fi log temps en fonchomach? n’a il peu vomir fon ordure, finonenvos oreilles ’ Cefthommelàme-riteroit d’auoir charges grades amp;nbsp;fecretes, puis qu'il a tenu fi log temps fècret ce qu’il a feeu, n’eftoit qu’il s'ert monftré indiferet en vne choie, d’auoir defcouuert fon fe-crctavntel depofitaire corne vous. Mais ce n’efi: point cela: vous n’eftes point fi c5-fcicncieux,que vous ne forgiez telles cho-fes du voftre, pour gratifier a l’EglifcRo-maine prétendue, car elle reçoit volôtiers telle ordure en fon giron, pour en infecter la doiârine des Proteftans. Si quelcun le vous a diét, auez vous eu Ci peu de ceruel-le,que vous n’ayez point conneu la rufe de ceperfonnage ? Ilacetché de vous gratter là ou il vous demangeoir, pour vous faire rire. Cela n’elî: pas eltre menteur fimple-ment, mais bien eftre menteur amp;baueur tout cnfemble Mais ie ne doute point de ma part q vous ne preftiez ce plaifir a Luther,côme vous faites le fuiuat a Caluin,amp;I que ce ncfoirouurage de voftre forge.

LA

-ocr page 387-

A l’Apologie de I. Haren. 347

L A MORT DE CALTIT^,

Caluin eß mort deßßere, eßant tourmenté dvne infinité deßales efi ordes maladies, deß quelles Dieumenaceenja Loy les en fan s rebel-\ les ohfiinez. Ce que te peus affermer efire 'vray,pour auoir efié lors prefintamp; tefmoin oculaire de fa mort. nbsp;nbsp;Sa -vie rt auoitiamak ellé

quvnpur chagrin ,efiant dun naturel ambitieux,malin,enuieux,colere a outrance, mefdi-fantde tout lemonde, hardi menteur çf fou-pfonneux. Combien defoû a il mis la 'utile de Geneueenarmes,les bourgeois naturels contre lesefirangers,prelts afe couper la gorge les vns aux autres? (fi n'a ceféapres le retour defon ha-nijfement, tant quilaytfaiEi chaffer dillecles meilleurs familles, (fi fatllpubliquement mourir les gens de vertu (fi ƒ honneur. nbsp;nbsp;Carlofta-

dtus, vn des premiers perturbateurs de l’AUe-maigne,felon queferiuent mefme les Lutheries, a eu le col rompu du diable. Zuingle efi mort miferablement a la guerre, (fid'autresfefont pendus (fi defèfperez. : les autres font morts portant les armes entre les foldats a la guerre : dautres fefont iournellement Turcs (fi (Mahometifies , comme il efi auenu a Paul K^lciat, a fyidamus (Minißre de Heidelberg que i'ay conneu,(fif0n copaignon Syluanus, qui

-ocr page 388-

548 Response de F. I.

de Catholic deumt Lut herten, puis Caluinißt, de CAluiniße^rrien^drd (ßirrien Turc .lequel eß ant aceußpar [Empereur a la tournet Imperiale de Spire,Frtderich Elecleur Palatt» luy feit trencher la teße. Tne infinité dautresßrtans de [efiok de Geneue amp;nbsp;de Heydel-bergfe fint faiéîs Arriens , comme Valentin Gentil,Blandrata, Bernardin Ochin,çfi uutrei fimhlahles.Siton eufl examinétotu les zMini-fires du Palatinat, lors que Syluanus cfi (Adamus furent pris efi conuincus de leurs erreurs, certainement ton euîl defiouuert que beaucoup d autres efioyent fimblahles a eux. Bucer us apres auoir par efeript public enfiignéla plurali-litédes femmes efirepermifi aux Chreßiensyß mort auec Munßerus comme luif.

Pûl-7J,4-

Comme ce n’eft pas vn tefmoignage de la grace eternelle de Dieu s’il n’y a point de nœuds amp;nbsp;de liens en la mort, veu qu’il y a des mefehans qui meuret fortalaigremct: auflî n’eft ce pas vn tefmoignage de fa ma-ledidion eternelle, fi quelqucsfois les gens de bien font exercez de grandes deftrefles amp;:pouretez au dernier de leur vie. Caria patience de ceux-cy glorifié la puiflànce de Dieu,amp; l’alaigrefle de ceuxlàeft vne demonftrance manifefte qu’il y a vn autre iugemêt auenir,comme l'Apoftre mefme enfei-

-ocr page 389-

A l’Apologie de I. Haren. 549 enfeigne aux Thcflaloniciens. Si donques Theffi,«. lafinChreftiênedc Caluin acompaignce d’vne fainde patience iufques ala mort en fes angoiflès,a fcrui a la gloire de Dieu (come certainement elle a ) en prefence de plufieurs perfonnes honorables amp;nbsp;crai-gnans Dieu; comment s’eleuent auiour-d’huy des grenoilles qui a force de crier coax penfent tant gaigner iùr le monde, que les gens de bien ne puiflent auoir a ia-maisaudience.Mefmemêtvn tel grenoil-lat comme Haren,qui ne pourroit leuer le muièau hors de l’eau, fi Icslefuitcsneluy preftoyent le dos pour l’eleuer, amp;qui ne fait pas encores fi Dieu luy redemandera fa vie entre les rofes,ou entre les efpines. Il dit queCaluin eft mort deiêfperé.c’eft me-fonge : il dit qu’il le peut affermer pour a- . uoireftéprefcntamp; tefmoin oculaire de (à mortx'eft encor vn autre menfonge, mais qu'il n’en defplaifc a fes yeux voltigeans, qui font tefmoins conftans amp;nbsp;eternels de fon inconftance éternelle. Car pour dire vray,il fê deuoit nommer tefmoin auriculaire,amp; non point oculaire-Caluin n’eftoic pas fi affamé de vifites,ne fi deftitué de bos amp;nbsp;amiables vifiteurs qu'il falluft aller quérir vers la porte deriuevnnouueau-venu

-ocr page 390-

35’0 Response de F. I.

pour l’aller garder en fon extrémité, amp;nbsp;l'amener iufqu a l autre codé de la ville de Gcncuc. Et vous auflï, Haren,n'efticz pas li habile,que pour vos beaux yeuxon vou-luft importuner Caluin contre G propre volonté de vous prefenter deuant Iuy,puis qu'il auoit requis qu’on priait Dieu pour luy amp;nbsp;qu’on le laiflaft en repos, l’cftoye de ce temps en compaignie de gens qui ordinairement auoyent nouucllcs de luy, Si auoyét boaccès aluy.-maisiamaisil ne me print enuiede luyeftreimportun, entendant fon indifpolition amp;nbsp;fon alFeétiô.Mais voyez encores vne autre habilité de Haren, Luy qui eftoit tou tfres-venu, amp;nbsp;qui n'aveu Caluin (s’il l’aveu) que vers la lin de fa vie, lors que fon poure corps eftoit exténué a merueilles, luy, di-ie,aefté fi in-duftrieux amp;nbsp;fi bô Phyfiologic, qu’a la veuc de quelques iours il a reconneu tout le naturel, amp;apris toute la vie de Caluin fur le doigt. Voila comment incontinent il vient a defehiffrer le naturel, les mœurs, la vie, amp;nbsp;les faiéts de Caluin, corn me s’il euft veu a l’œil toutes chofespafter:amp; en fomme faiét Caluin auteur de tout le mal qui fut aCeneuedefon temps,Maisquoy?

ce

-ocr page 391-

al’Apologie de I. Haren. 35’1 cen’eft pas Ia vérité,c’eft laffcäion amp;la maluueillancc qui parle .• a laquelle quiconque aiouftefoy, monftrcra aufliqu'il a faute ou deiugement, ou d’afFedion bone , humant plus roft la baue d'vn menteur a louage,que dereceuoirletefmoi-gnage public d'vne ville amp;nbsp;de tant de gens de bien qui alors y ont conuerfé. Autant en fait il des autres qu’il dénommé a-preSjZuingle,Bucer, Munfter ( qu’il charge de fauflédodrine contre toute vérité) amp;nbsp;d’autres,qu'il dit en gros eftre morts mi-ferablement, s’eftre pendus, amp;nbsp;auoir efté defelpercz:defquels il n’a eu nela veue, ne le tefmoignage, pour en parler ainfi. Or qu’eft il befoin des’arrefteratouscesme-fonges qu’il produit fans tefmoignage? Nous viendrons aux chofes fpeciales. II reproche ceux qui fe font faids Turcs amp;nbsp;Mahumetiftes, Paul Alciat, Adamus,Syl-üanus. Quant a Paul Alciat, ildeuoitbien autant falloir,q ce miferableeftoit forti de l’efcoleRomaine.Quant a Adamusamp; Syl-uanus,luy mefme rcfpôd pour nous. Car il dit,Syluanus de Catholic deuintLutherië, puisCaluinifte, amp;c. Il eftoit donc forti de l’Eglifepretêdue Romaine, mais iln’eftoit

-ocr page 392-

jyi Response DE F. I.

pas forti de toutes les corruptions d’icellc: ileftpafséparle mylicu de nous aucc fes corruptions,amp; s’eft aile rendre aux Arrics, Par-ainfiil auoit fi mal profité en l'Eglifc Romaine,qu’il ne le peut amender en no-ftrecompaignie: amp;nbsp;pourtant a changé de maiftre. Cela ne nous eft pas blafme, qu’il n’a poït faid là demeure entre nousx’euft efté blafme,s’ily full volontiers demeuré. Mais Adamus,qeftoitla legereté mefme, poffible a ferui d’exemple a Haren (qui dit î’auoir conneu ) afinqu’il bondiftamp; ^ute-laft càamp; là comme luy. D’autre-part que reprocheil a nosEglifcs? Il reproche des iniferables que l'Electeur Fridcrich Prince de grande pieté n’a peu foufFrir,amp;arvn defquels il feit trencher la tefte.Quelle fol-lie eft ce de reprocher amp;nbsp;nous blafmer d’vne choie,qui a efté condamnée amp;nbsp;cha-ftieeparlcntccepubliq de nos Seigneurs, luges, amp;Magiftrats,auecapprobation de nosEglifes? Mais voicy bien encores vne autre fubtilité. Si on euft lors examiné, die il, tous les Miniftresdu Palatinat,oneuft bien defcouuert d’autres myfteres. 'Voire, mais Haren ( qui a toufiours eu cefte bonne grace de lè fourrer esCours,amp; fc mefler d’afaircs pour tout gafter ) deuoic venir a

Hcy-

-ocr page 393-

A l’Apologie DE LHaren. jyj Heydel berg, amp;nbsp;fe mettre en ficge de l’EIc-âeur, ou obtenir coramiflîon tendante a ces fins, que luy mcfme en perfonne feifl l’examen desMinirtres. Ileuft donné làv-ne belle efpreuue de fon habilité. Mais ce miferableiait-il bien cc qu’on y a faid? fait-il bien les diligences quecc vertueux Prince en a faidesamp; deiour, amp;nbsp;denuid? le m’aflèure qu’il n’en (ait rien du tout, non plus qu’vn enfant. Cependant iln’eftpas enfant a mefdire d vn tel Prince, duquel la pieté,côftance,amp; fyncerité a efté telle, que fes propres ennemis font eue en admira-tion,comme fil auoit oublié fon deuoir en chofes de tellecofequence. Toutesfois encores ne luy eft- cc point airez,fil n'attache les Elcoles de Geneue amp;nbsp;Heydelberg, comme fi elles auoyét enfanté des A rriens par maniéré dédire. Commequi’Il nomme trois Italiens,de(quels nul, a mon auis, ne veit iamais Heydelberg,amp; tous ont veu Geneue quafi fculemêt enpafiànt. Celuy qui y a demeuré leplus,n’y a pas efté vn de my an;amp; quad il penfa vomir le venin q u'il auoit aprisamp; aporté d’ailleurs, futempef-ché de ce faire par voyes amiables premie rcment,puis par autorité publique,qui luy feit abandonner le liculay veu «Sc conneu

Z

-ocr page 394-

5V4 Response DE F. L de long temps, helas, tant d’Atlieiftes amp;nbsp;Libertins en la Papauté;quelle occafion a-uoyeie pourtant de reprocher celle ordure a la Papauté,finon au regard de la negligence de fesDoôleurs’Les noftres ont elle diligens a reprimer ces choies par la parole de Dieu, nous eft ce blafme ? les voftrcJ ont efté negligens a ce faire:leur eft ce vertu ? Or fi ie vouloye drefièr vn catalogue de ceux qui lont fortis de 1 Eglife Romaine amp;nbsp;fc font précipitez en mefmcs amp;nbsp;fembla-bles abyfmes,ie n’auroye iamais faiôl. Mais que ne iugeos nous plus toll de la doârine par la regle de la foy,q cil en la parole, que de releuer des fcâdales des perfonnes pour dellruire la foy? Ne vous enmalviuar t, Haren, ne ferez iamais qu'vnc mauuailè dodrineloit bonne,nenousen bienviuar. Reuenons a la bouche de nollre bonDicu pour aprendreamp;reconnoillrcla dodrine iâlutaircamp; bône,amp; lailTans en arrière tous les fcandalcs des hommes:tcndos a la per-feélion, fi nous voulons ellre enfans de Dieu. Celle perfeélion eft en la parole d’i-celuy : car elle eft parfeâc, fuffilàntepour rendre tout homme parfeél amp;nbsp;appareillé a toute bonne œuure. Dieu donc vueille nous y diipofercncorps,cname, amp;nbsp;enef-prit.

-ocr page 395-

A l’Aïologie DE I. Haren. 5yj prit,par fà grace amp;nbsp;bonté paternelle.

Udit dauoir (jnittévolontiers amp;nbsp;fans regret les efcolesdes ProteUans ^pource qu on voit que finalement ils deuiennent Epicuriens , Li-bertins^AtheißeSydsquot;feins religion. Et non fans caußxar f iniufie.,ce dit S. leanfira encor tniu-fie^cßrlefalefefalira dauantage. Et pour dire vray ^tlny a parmj eux aucune forme derelt-gion amp;nbsp;pie tf qui puifjè ioindre [homme auec fon Dieu çffonprochain par charité.

Maintenant le lefuite reprend la parole, amp;nbsp;fait la conclufion du liure. Or ie croi tref bien que lean Haren a quitté nos E-fcoles,pourcequ’il a toujours cuydé eftre plus fage que fes maiftres.laquelle prefum-ptionellla mereamp; compaigne ordinaire d’ignorance. Mais quant aux caufes qui font icy alléguées pour fa defenfe,elles font fi fauffes amp;nbsp;controuuees, que le monde, voire mefme les aduerfaircs, nous rendront tefmoignage du contraire. Sont ce Epicuriens, qui de fi long temps ont foufte nu la croix des perfecutions?font ce Libertins , qui plus toll abandonent toutes choies que la pureté duferuice de Dieu ? font ce Atheiftes amp;nbsp;fans religion, qui expofent hardiment leur vie pour l’honeur de Dieu

Z ij

-ocr page 396-

^^6 Response de F. 1.

amp; la religion qu’ils ont aprife de là parole? Que fil nous falloir faire comparaifon des membres qui font en l’Eglife pretcdue Romaine, ce feroitvne longue legende: mais nous ne voulons point en fouiller le papier amp;nbsp;perdre le temps a telles chofes. Et auflî (comme nous difîonsn’agueres) ce n’eft point aux hommes, ains a la Loy,aux Prophètes, a lEuangile que nous regardes,amp; felon quoy nous auonsfaiâ: comparaifon de noftre dodrine auec celle de l Eglifc Romaine iufques icy. Nous auons en nos confciencesparlagracedeDieu vn meilleur tefmoignage;amp;: fommes adeurez qu’il fera celle grace au Ledeur equitable de se tir en faconlcience, amp;nbsp;recognoiftreparla conference de ceft eferit, quel parti a pour foy la vraye forme de religion,amp; pieté, qui ioin d l’homme aDieu par foy,amp;: a fon prochain par charité.

Dieu large e» miséricorde 'vueille faire la me^megrace a tant depour es brebis efarces amp;nbsp;les rejoindre en la bergerie de fon Fils bte aimé^ hors laquelle iln’ja falut ne vie. Ce qùinfallible' ment arriuera atous ceux qui en humilité cer-cher ont la paix çét' le repos de la Chreflienté, amp;nbsp;fi ujn chacuns ejforce défaire fondeuoirente-ïiatouilejl appelle, donnant lieu amp;nbsp;autoritéa l'Efcri-

-ocr page 397-

Ä l’Apologie de I. Har en. 517 l'Efcriture exj^oÇee felon les fens confintemet de t EgU(e catholiciue fans 'vouloir eßre fage en foy meÇme^ainsenDieu-.aucjuelfoitlouange,honour gloire éternellement.fyiinßfoit-il.

ïây maintenant bone confiance au Seigneur, que nous auonsenlapourfuitedc ce difcours furmonté l'erreur qui faitlèpa-ration entre nous a noftre grand regret : amp;nbsp;m’aflèure que les vrais fideles le fendront auec nous s’ils veulent prendre la peine de poifer le tout felon Dieu, le fupplie donc Dieu le Pere amp;nbsp;noftre Seigneur lefusjqu il face cefte grace aux poures ignorants, que le diable foitauflî furmoté en leurs cœurs, amp;nbsp;a tous ce bien quilfoitrepoufleamp;fen-fuyede tous ; brief que Chrift foit Sgt;c demeure propice a fon troupeau l’ayant recueilli en vne bergerie amp;nbsp;appaifé en ky a toufioursmais.Amen.

F I N.

-ocr page 398-

-ocr page 399-

-ocr page 400-

4


I


-ocr page 401-

-ocr page 402-

-ocr page 403-

-ocr page 404-

-ocr page 405-


-ocr page 406-




-ocr page 407-

-ocr page 408-

-ocr page 409-

-ocr page 410-