RESPONSE CHREST lENE ET MODESTE AV LIBELLE iniurieuxamp; non Chreftien, publié par A N T H OIN £ Lescaill £,amp; nommé par luy
Inquisiteur.
plvs vne response avx paraphrases duditLefcaille,par luyintitulées,DocTRiNE Ancienne.
ITEM VNE AVTRE RE-Iponfe à la faulTe dodrine ngt;ilè en auant par ledit Leicaille, touchant le I v g e-ment de Diev.
IA lt;\v E s Covet Parißenmi^ ntjire de la Parole de Dieu.
DE l’imprimerie
DE lACOB STOER
D. xcin.
-ocr page 2- -ocr page 3-au Ledeur.
O M M E nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hayjjant
^tielqtte T^oytranfcriroit contre ' I luy pour le fleurir toutcequH ' aurait autresfou ouy dire contre leî T^rans^'è^ cjui aurait lt;juelquç_^ diffèrent ^Uec'finytZagi^atmettrait en auant con~ ^reluy à me/me fin^tout cç_^ qui aurait efié ilt;tdu efcrit ducontrç_j toiu les iniques ^efcbans lUges^e^ c(l^fans confiderer qu'il deburoitauoirprouué ce 2oyeÿreygt;n7yran O ce yrCagiffrar 'vn mefchant iuge deuanc ^ue de leur approprier tels blaf me s. ^infi tn a^fait Le faille^ à l'endroit de nous qui efionsfis Tajleurs quand ayant trouué'ttn petit traitélatin compofi contre les Inquijî-teurs d'Lffagnç^y par quelqu'un qui pour toit bie eßre mieux d'accordauec nous qua-Uecluy ilfi l'efi fait tranfiater enfianc^oist peur, y entremefiant quelque chofi du fen^
-ocr page 4-à calife quil n^floitpas encores afe^a^reà ßngre,daräer contre nom tout ce qui a-, eße elttamp;' eßcrit contre les faux ‘Pafeursqui fe-dufét lespeuples. Qjie s*tl nom euf auß Uen prouués efrefaux Pafleurs^ comme il a prou uéatomqutl eßvn faux Cbreßien^ßs ef cris ne nom eußetpas eße addreßes fans rai-ßon. Mais puis qu’il ne l*a fait^ nt ne leßu-roit fairem, Dieu mercy, nom attendons '»n droi^liu^ement du Lecteur,
RES-
-ocr page 5-Response
chrestiene et
Modeste av libelle iniv-rieuxamp;non Chreftien publié par An-thoine Lelcaille nommé par luy,
L’^nti-Jnquißteur.
Plt;iif Iaq^es Covet ParißenMi-nßre de la Parole de Dietf,
I i’eftoye nourri en vne autre eC. choie qu’en celle de nollre Seigneur lelus Chrift, ie me trou-ueroyc auoir vne bien longue ref-'4:^ ponfe à faire à Lelcaille, fut le grand nombre d’iniures par trop eftranges defquelks par Ces libelles dirtamatoi-res, il a blafonnc MonGeur Conftant amp;nbsp;moy amp;nbsp;tous autres Gdeles Pafteurs annonçans mefme doôlrin ■ que nous, faiidroit regarder à luy ref-pondre en forte que felon la loy de talion, ie luy fciife receuoir iniure pour iniure, auec telle difference toutesfois, entre ce qu’il a fait amp;nbsp;ce que ie feroye, qu’au lieu que ce qu’il a fait en-uers nous a cfté auec toute faufleté amp;nbsp;menfonge.
I
-ocr page 6-6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Re^ou/c Chreßiene à
au contraire tous les titres qui luy fcroyent donnés, luy appartinilènt en toute vérité.
Et ne veux pas diffimuler que s’il m’en euft falif venir là,ie n’euflè eu allez dequoy le fleftrir à bon efeient deuant toutes perfonnes vertueufçs,veu ce que fauons au vray de fes comportemens pat ceux qui quafi dés le berceau lufques a ce jourd’huy ont bonne cognoiiïance de luy,mais fi en playdant pour le merite des bonnes cciiures il eft cependât luy mefmes mauuais operateur,i’ay-rae mieux que cela fe cognoill'e par Tes faiéts que par mes efcrisjiSc s’il châgeen mieuxie tjendray fa perfonne en ce changement plus digne de lou ange que de blafme.
Et c’eft fans doubte,qu’il ne demâde pas mieux que de nous faire fortir dehors des bornes dcî vrays Chreftiens à fon excinple,il ne fut trefeon-tent de tirer de nous quelque telle refponfe, afin depouuoirdire, que rendins ainfi iniurepour iniure , nous ne ferions pas (au moins en cere-gardjmeilleurs Chreftiens que luy.
Mais outre ce que l’amertume des propos outra geux qu’il a vomis à l’éconttc de nous cft défia au cunemét adoucie par la fouuenance de ce qu’vn Payen mefmes nous enfeigne,difant que les blaf-mes mis en auant par telles bouches, tournent ordinairement à la louange de ceux contre Icf-quels ils ont efté defgorgés, mais nous nous con-lolonsen ce faiél.encores mieux par ce que nous fauos que quand quelquedifciple des Pharifiens nous appelé Samatitains,feduâeurs,homes pofla dés du diable,ennemis de la loy, du temple, amp;nbsp;dç
Dieu
-ocr page 7-r^nti-In'quißteur £^nt.LeJcaille. nbsp;nbsp;nbsp;~}
Dieu me(me,cc ne font q les mefmcs iniures que fes maiftres ont autresfois defgorgces cótrelcfus Chrill noftre maiftrcjequel pour nous difpofer à les fupporter amp;nbsp;furmôter par patience, nous a ad uertis de boue heure q la condition du feruiteur ne feroitpoint meilleure que celle de fô fcigncur, ni celle du difciple que celle de fon maiftre. Mat. lo.Nous fauôsaufli que le mefmelefus Chi illcn telle forte d’affliclion nous donne vne excellente cófolatiójdifaiit que nous fommes bien heureux, quand à eau fe de fon nom amp;nbsp;de la profelfion que nous faifons de fa fainde dodrinc, on nous dit des iniures en mentant,Matt.j.comme a fait Lef-caille en celles qu’il nous a addrelfees.
Et de fait encores que ne nous voulions pas iu ftifier Pharifaiquement ny deuât Dieu ny deuant les hommes, ny nous vanter d’eftre tellement regencies que nous ne péchions plus,cômc il le fait ayant defpouillé toute honte,ains que nous nous recognoilTióscómettre encores en effedtrop de fautes ne fondas noftre foy amp;nbsp;elperâcc que fur la grace que nous enleignôs aux autres,fi eft-eeque graces à Dieu, ceux qui nous cognoilfentjtefmoi gnerot toufiouis lecôtraire de ce qu’il nous met à fus:amp; auôs outre cc,vne cofeiéce laquelle depo-fe frâchemét dedâs nous,que ne fommes loups,ti grcs,ny lions defehirâs amp;nbsp;deftruifans la bergerie du Seigneur,que nous ne fûmes point de lapofte rité fpirituelle ni deCain,ni de Câ:quc la dodri-ne que nousenfeignôs ne mène point les âmes en perdition,ains q lomes vrais Pafteurs de ceux qui , nous font commis en charge,amp; quât amp;nbsp;quât bre-
-ocr page 8-s nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jlejjgt;onje Chreßiene à
bis, au regard de noftre commun amp;nbsp;fouuerain Pafteur noltre Seigneur Icfus Chtiil, que nous auons Abraham pour noftre Pere en la foy, ôc nous cftudions autant que nous pouuons, a lui-urc,amp; faire fuiure fon exemple, rant en ct qui eft delà ferme foy qu’il a eue en t itu , qu’en ce qui eft des bonnes œuures vrais funds d’icelle, par lefquelles en obeillant à Dieu, lia glorifie la maiefté d’iceluy au milieu de ce monde.tt quant àladodrinequenous enfeignons, puis que le texte amp;nbsp;le fubied en eft pris de la parrdc de Dieu, amp;nbsp;l’expofition en eft puilee des iaindes Elcritu-res,conferees amp;raportees enfemble:ellc ne peut eûre autre que falutaire,nonobftant les outrages vomis à l’encontre d’icelle.
Pour le regard donc de la dodrine,c’cft le trait d’vne impudence du tout effrontee, quand il nous obiede que nous enfeignons a nos peuples à mefprifer leurs Magifttats amp;nbsp;à fe rebeller à l’encontre d’iceux. Et comme il ne le trou uera autre qui le depofe que luy, aulîî fon telmoignagc e-ftantfaux,n’eft nullement reccuable.Car au con traire nous auons appris amp;nbsp;toufiours enfeigné paria mefine parole de Dieu , qu’il faut que toute perfonne loir fubiede qux puiftànces fupe-rieures, puis qu’elles font eftaolies de Dieu par deftiis nous Kom.ij.y. Tir j. Nous enfeignons a-ueclàind Pierre, 1.5. qu’il faut honorer le Roy amp;nbsp;luy obéir comme au fuperieur, amp;nbsp;parcon-fequent à tous Magilirats fubalternes qui font eftablis de par luy, pour iuger amp;nbsp;gouuerner Ibn peuple. Nous maintenons auec laind Paul
-ocr page 9-r^nti-Inquifîtcurd'^nt.LefcatUè. 9 qu’i! leur faut payer les tributs amp;nbsp;redcuances, Kümains ij.Sc le tout conformement à ce que no ftreSeigneur lefus Chrift adit en peu deparo-les,Matthieu ii.Qi/il faut rendre à Cefar ce qui appaitiétà Cefar.Bief nous enfeignons qu'il leur faut obéir,voire pour la confcience, Romains 13. c’eftàdire que quiconques veut auoir fa con-fcience en repos il leur doit porter obeilfance quand,comme Magiftrats fubalternes au regard deDieu qui eftfouuerain par de(ruseuxamp; leurs peuplesjils ne commandent point de faire ce que Dieu a defendu,amp; ne defendeur point de faire ce qu’il a commandé.Car en toutes autres chofes tel les quelles puident eftre,nous difons que qui de-fobeit à leurs commandemens amp;nbsp;defenfes,pe-che contre fa propre confcience » puis qu’il fait que Dieu l’a alfuietti dedoubs la domination d’iceux. Et Dieu vueille que Lcfcaille qui nous aceufe calomnieufement en cell endroit, foit autant edongné de la creance , des confcils amp;nbsp;delFeins des paroles amp;nbsp;eferits, amp;nbsp;en fomme de la conuerfation de certains Anabapti-ftes de ce temps,qui auiliirent,voire foulent aux pieds l’authorité des Magidrats,amp; induifent tous autres autant qu’ils peuuent à future leur exem-ple,commeil ell vray que nous n’auons , ny ne voulons auoir aucune conformité ny communica tionaueceux.
Etfurceci,afindele conucincrc encores plus aifement du faux tefmoignage qu’il rend contre tous les autres Pafteurs di nos Eglifes , ie ne feray difficulté de trâfcnre de mot à mot les deux
-ocr page 10-Io /lejponji chreßiene 4
derniers articles de la confeflion de nos Eglifes FrançoifeSjcn l’vn defquels, qui eft le trcnteneuf uierme,ilcftditque,Nous croyons Dieu vouloir que le monde foit gouuerné par loix amp;nbsp;polices, afin qu’il y air qucllt;^ues brides pour reprimer les appetis defordonnes du monde. Et ainfi qu’il a ertabli les Royaumes , Républiques amp;nbsp;toutes autres fortes de principautés foyent héréditaires ou autrement,amp; tout ce qui appartient à l’E-ftat de IulUce amp;nbsp;en veut eftre recognu autheur: à celle caufe a mis le glaiue en la main des Magi-Urats pour reprimer les péchés commis non feulement contre la féconde table des commande-^ mens de Dicu,mais auflî contre la premiere, 11 faut doncà caufe de luy que no feulement onen-dure que les fuperieurs dominent mais aufli qu’onles honore amp;nbsp;prife en toute reuerence ,les tenans pour fes Lieutenans amp;nbsp;Officiers, lefquels ila commis pour exercer vne charge legitime amp;nbsp;fainîle. Et au quarantiefmc article qui eft le dernier,y aainfi. Nous tenons donc qu’il faut ©bciràleurs loixamp; ftatuts,payertributs,impofts amp;nbsp;autres deuoits,amp; porter le ioug de fubiedion d’vne bonne amp;nbsp;franche vôlonté, encores qu’ils fuflent infidèles, moyennant que l’Empire fou-uerain de Dieu demeure en fou entier. Par ainfi nous deteftons ceux qui voudroiét reietter les fuperiorités, mettre communautés amp;confu-fions de biens amp;nbsp;t’enuerfer l’ordre de luftice.
Mais afin que Lefcaille ne die point qu’il fiit que noftre confeflion porte cela, mais que nous prefehons le contraire,iefuis contraint d’appeler
-ocr page 11-t ^nti-Inquißteur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Leßaille. il
Içricifa confcienccpour tcfmoigner contre luy deuantDieu amp;nbsp;deuantles hommes, qu’en expo-^ faut luy prefent,les mefmes fcntcnces qu’il allégué de Sainft lude,i’ay clairement enfeigne , de combien grande punition font dignes tous ceux quimcfprifent les MagillratSjSc fc rebellent contre la puilFancc amp;nbsp;authority que Dieu leur a don -nee,amp; exhortéfongneufementamp; ferieufement tous ChrelHens à leur rendre de bon cœur amp;nbsp;auec toute fidelité l’obeiflànce qui leur elldeue. Voire ie puis dire celle fainôle amp;nbsp;veritable dourine auoirellé lors fort amplement traittee par tnoy,y ayant plus de trois cens perfonnes irrepro chabies qui le tefmoigncront toufiours quand ils en feront enquis , ce qui cft bien aflez pour faire trouuer menteur cell honimc feul. Etquandiediray quetrauaillant à traitter celle dodrine amp;nbsp;les autres qui font contenues en ladite Epillre deSainél lude au mieux qu’il m*e-ftoitpoffible , ce Lcfcaille niefmes y prenoit lors tel gpull , qu’il vouloir fournir argent pour en faite imprimer mes fermons,fi ie les euf-fevoulu bailler par efcrit.amp;ellimer dignes d’e-ftre mis en lumière,tant il fe difoittrouuer d’in-ftruôlion amp;nbsp;d’édification en iceux, ie ne diray que ce qui eft vray amp;nbsp;dont il y a bien fix bons perfonnages qui le peuuent tefmoigncr. Et pourtant on void alRz que c’eft ici vne calomnie laquelle n*a fondement qu’au changement de fon Elprit amp;nbsp;de fa pauure miferable con-fciencc,laquelle quelques nouueaux hérétiques de ce temp$,en reçompenfe de plufieurs plaifirs
-ocr page 12-li nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JRefponfe chreßiene à
qu’il leur auoitfaits, luy ontdutoutrenuctfee' Voila quanta noftre dodrinc fur cc point.
Qnât à ce qui touche l’inquifition laquelle il dit auoir efté pratiquée par nous contre luy, voire a la façonEfpagnolc,c’eft à dire auec toute iniquité amp;nbsp;plufque barbare cruautétnous rcfpondons fans nous paflionner, Que fi apres quç Lcfcaillc euft dit àplufieurs, que Monfieur Confiant amp;nbsp;moy prefchionsvnedoôfcrine contraire à celle de no-ftre Seigneur IcfusChrift pour nous eftre enqiiis de luy,en quoy il la trouuoit efire telle , nous a-uons fait vn trait d’Inquifiteur d’EfpagnezSi auffi ce a efté pratiquer enuers luy l’inquifition Efpa-gnole,quâd apres qu’il euft protefté captieufenaét qu’il attendoit tout fon fahrt des œuures de lefus Chriftjil luy fut demandé s’il entédoit par ces œu ures de lelus Chrift , celles que lefus Chtift a faites pour nous en fa propre perfonne, ou celles qu’il fait en nous par fon Eiprit depuis noftrc regeneration ( 1 àoù il refpondit phariiaiquennent qu’il entendoit les vues amp;nbsp;les autres, voyrc qu’il croyoit amp;nbsp;efperoit d’eftre introduit au royaume descicuxpouramp;enconfiderationde celles qu’il auroit faites depuis fa regeneration, par laquelle reipofe il fuft cognu de tous les affiftâs qu’il efloit en erreur,amp; qui par côfequentjpource que ic luy en auois fait rinterrogatiô,l’a fait enuenimer cotre moy plus que contre tout autte.) Si di-ie pour luy auoir fait ces deux demandes,nous au ons me rité d’eftre tenus pour Inquifiteurs d’Efpagne, nous en lailfons volontiers le iugement aule-deur. Pour noftrc regardnous auions apris par
-ocr page 13-r^nti-Inquificeur «T ^nt.Lefcaille. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15
Fepiftre cét amp;nbsp;cinquième de S. Auguftin, ce qui aduint àpluHeurs bons Euefques aflemblés au co eile de Paleftine, Q^e l’heretiq Pelagius craignât d’y eftre excommunié par eux felon ion merite, à caufede ladoétrine qu’ilaiioitenfeigneeamp; enfei gnoit encores contraire à la grace que Dieu nous fait en lefus Chrift,anathematiza en leur prefen-ccjtousceux qui fe difoientpouuoir viure droite ment fans la grace de Dieu-.cependant il n’enten doit autre chofe par la grace de Dieu que les dós defpartis à Ada amp;nbsp;à Heue, en leur creation à fon image.Mais ces bons Euefquts oyâs cenô de grace,amp; cftimâs qu’il parloit de la grace de régénéra tion,cftans auffi trôpés par luy l'abfolurét. Que li ayans iufte occafion,corne ils auoyent,de le tenir fufpeét en fes relponlc;s,pour les côtrouerfes coti nuelles qu’ilsauoyét eues auec eux, ils l’eufsét in terroge fur ce mot de grace,pour luy faire declarer ouuertemét ce qu’il entédoit paricelle,ils euf fent elle hors de dager d’eftre abufés par luy. No* donc profitas en cell exéple trouuafmes expedict amp;neceiraire de faire interpreter à Lefcaille ce qu’il entédoit par les œuutes'de lefusChrift, afin de defcouurir lo erreur,corne de fait il fut deicou uertquâdil euftrefpôdu qu’il entédoit par icelles nô moins celles que lelus Chrift faifoit en nos Î'erfonnes,q celles qu’il auoit faites pour nous en a fiene.Ces interrogatiôs doc ayâs elle faites par nous en celle forte laquelle n’eH point 1 fpagno-le amp;nbsp;Marrane,mais Fiàço fe Chcellicne , nous defireriós bien qa a nobreexénle Lefcaille n’cull aucune coformité auec la faulT. doârine des In-
-ocr page 14-14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Reî^onfe Chreßiene lt;
quifitcurs lefuites ECpagnolsjde laquelle tous feJ libelles diffamatoires font farcis, comme nous luy auons cy deuant fonha itté le femblable pour le regard des fales Libertins amp;nbsp;hypocritiquement orgueilleux Anabaptiftes. Qupy plusîvoyant doc Lefcailleque nousconJaninions fes erreurs, il dit que la parole de Dieu.non feulement ne nous permet pas , mats mefmes nous defend de condamner fa doôlrine telle qu’elle puifFe eftretee qu’il voulut prouuer par le confeil que donna Ga mallei Aóles 5.quand il cinpefcha qu’on ne con-demnaft la dodtine des Apoffres , ny aufli leurs perfonnes. Ael.y.Qui pis eft,iladiouffa que nous douions auoir appris ladefenfeq fait IcfusChrift Mat.i5.à fes Apoffres d’arracher î’y uroye que l’en nemi a ff mec, amp;nbsp;laquelle croift au champ du Seigneur auec le bon bled , concluant par cela,que nous ne deuions aucunement agir ne contre fa perfonne,ne contre fa doôbrine, quelque faulfetc que nous effimiffîons eftre en icelle, ains la dénions laiffer croiffreiufquesau iour du iugemét. Mais àceci la refponfe ert aifec, car lans arrefter le Ictffeur à côfiderer que fi Lefcaille tenoit fa do-dtrine pour bié fondée en la parole de Dieu, il ne deuroit effre m irri de la voir examiner par les S. Efcr turesipuis quele propre Fils de Dieu quoy qu’il doiue eftre crtu lans répliqué à fa fimpîe pa role,s’cft (oub.nis àceffe conditio, y exhortât mef mes fes aduerfaircs,Icâ 5.59.amp; ceux de Beroc sot loués de ce qu’ils ontpratique cela en la doctrine de rApoffre,A6l.i7.n.ildoitfauüirque file con feil de Gamaliel eft bon à l’édtoit d’vne doét ine, de
-ocr page 15-r^nti-Inquißteur d'^nt.LefcaiHe.
He laquelle la vérité ou faufleté n’eft point encore biccognue,corne celle des Apoftreseftoit telle du téps d'iccluijil ne s’enfuit pas qu’il doiue eftre fui uy amp;pratiqué à lédroit d’v ne doôtrine telle qu’eft la fiéne,de laquelle la faufleté eft manifcfteamp;du tout defcouuerte.Car s'il eft queftio d'vne doéfri-ne manifcftement faufle, c’eft fans doute qu’il la fautlibremet réfuter amp;nbsp;condéner,amp; bié aduertir le peuple de fe garder d'icelle,cômcIefusChrift ad uertiffoit les fiés de fe dôner garde du leuain des Pharifiés,ayant defcouuert la faufleté de leur do-ârine.D’auâtage il fautregarder q Gamaliel n’a eu pour lors autre intention que de garétir les A-poftres de la rage de ceux qu’il voyoit côfulter par trop iniquement amp;nbsp;temerairement pour les faire mourir. Et combié que ce qu’il dit foit veritable, aflàuoir que ce quieftdcDicu tiendra ferme, amp;nbsp;ce qui n’eft point de Dieu fera desfait; voire quand bien mefmes amp;nbsp;les Magiftrats amp;nbsp;les Pa-fteurs,chacun en fa vocation ne voudroient point fouitenir la vérité amp;nbsp;vertu ; ny abbatre l’erreur amp;le vicc:de là toutesfois il ne s’éfuit pas que tous fideles feruiteurs deDicu ne s’y doiuét emploier, amp;fiiigulicrementceux que Dieu a mis en charge pour ce fairetautremétil eft certain qu’ayâs à cul tiuer le châp du Seigneur,amp; ne voulâs eflàrter ny arracher les mefehâtes herbes qui croifl’ent en ice lui.ils feroyétdu toutdefloyaux en i’ex.rcice de leur charge. Deuant toute moiftonon elErtele mieux qu’on peuft les melthâtes herbes. Or y a il vnc petite moifsô du châp,c’eft à dire de l’Eglife du Seigneur qui fe fait dés ce mode par fes ferui-
-ocr page 16-16 Jie^onjê Chreßiene «
tears. Et pourtant parlant d’eux il dit que ce font ouuriers qu’il a enuoyés à la moifson Matthieu 5. Sc cefte en petite premiere moifson amp;nbsp;par ces petis ouuriers fe fait auffi vn premier petit effar-tement, mais comme la grande moiûon eftpout le dernier iour Matthieu 13. amp;nbsp;que le grand ou-urierymettra la main à bon efeient, ainfifefera lors le dernier total amp;nbsp;general eiFartement amp;nbsp;arrachement de toutes mefehantes herbes. Et pourtant aufli quant à la fimilitude de l’yuroye que lefus Chrift dit ne deuoir cftre arraché qu’au dernier iour : entendant par celle yuroye les erreurs amp;nbsp;les vices de plufieurs lefquels on voit germer amp;nbsp;pulluler dans l’Eglife, nous difons î que cela s’entend de ce total arrachement de ces chofes: c’eft à dire qu’il ne faut pas attendre ny efperer plu (loft qu’au dernier iour le total arrachement des vices amp;des crreurs,amp; des vicieuxamp; mal seras en lafoy qsot dedâs l’Eglife. Car c’eft à ce iour là qu’il eft referué quad tous les boucs fe* rot mis à la feneflre amp;nbsp;pcipirés aux enfers:amp;les a-gneaux à la dextre amp;nbsp;introduis au Royaume des cieux Mat.ay.Etcelaaeftémisen auàt parnoftre Seigneur lefus Chrill pour feruir de côfolationà 50Eglife,en ccq côbié qu’elle ne fc voye point re purgée totalemét tâdis qu’elle eften ce môde,fi ne faut il pas qu’elle perde courage,comme’fi elle de iioit elite perpetuellemét fouillectains doit cfpe-rer amp;nbsp;s’allèurer qu’au dernier iour elle fera nettoyée de toutes les belles fales amp;nbsp;immondes def quelles elle auoitellécontaminée. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Il eft donc
bié aifé d'apperceuoir que ce total arrachemétde
cet
-ocr page 17-L'^ntiinquißreur d'^nt.LefcaiUe. ly
ces chofes qui eft remis à ce dernier iour, n’em-pefche pas que ce ne foit du deuoir de tous fideles Paftcurs d’arracher de l’Eglilè autant qu’ils peu-uentles erreurs Scies vices, amp;nbsp;les erransSc vicieux, fi ilsyveulentperfeuerer. Etc’cftauflî à ceci qu’a eftc toufiours employee la parole de Dieu, non moins qu’à donner les faimftes in-ftruâions delà vrayecreance Sc de toute vertu. Comme de fait c’cft à cefte rnefme occafion que elle eft dite par faind Paul, î.Timothee 3. eftre propre aufli bien à redarguer amp;nbsp;reprendre, comme à enfeigner amp;nbsp;inftruire: car les redargu-tions amp;nbsp;reprehenfions font les premiers moyens donc on vfe en ceft endroit; amp;nbsp;fi on les reiet-te , alors on palfe iufqu’à la condemnation fo-lennelle du vice , ou de l’erreur Sc de la perfon-ne qui demeure obftinee amp;nbsp;opiniaftre en telles impiétés amp;nbsp;iniquités. Et c’eft ainfi qu’en a fait mel’mes noftre Seigneur lefus Chrift , lequel Lefcaille ne voudroit pas aceufer ( comme ic croy ) d’auoir efté femblable aux Pharifiens qui faifoyent tout le rebours de ce qu’ils enfeignoylt; ent. Et de fait s’il faloit lailPer croiftre tous erreurs amp;nbsp;tous vices en l’Eglife iufqucs au dernier iour, fans les reprendre , réfuter amp;nbsp;condem' ner , amp;nbsp;que telle fuft l’intention de noftre Seigneur lefus Chrift en ce treziefme de fainét Matthieu en lafimilitude de l’yuroye, comment euft il luy mefmes retranché amp;nbsp;arraché tant d’er-tcurs amp;nbsp;faufles doélrines aucinquiefme de fainét Matthieu.oppofanc fa vraye doctrine à lafaufte doârine que les Scribes amp;nbsp;Pharifiens enléignoy-ß
-ocr page 18-18 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jlejponfe Chreßiene à
ent touchant leiurement, le diuorce, l’amout du orochain , amp;c mefm'es des ennemis Sc autres telles chofcs ? Pourquoyau feptiemc de faind MarCjferoit il le femblable arrachant la faullè do élrine que les Scribes amp;nbsp;Pharißens enfeignoyeiit touchant le dcuoir des cnfans à l’endroit de leurs pères amp;nbsp;meres. Et au vingtedeuxiefme de faind Matthieu,touchant l’erreur des Saduciens au re* gard de la refurredion } Et touchant les vices pourquoy fait il dire à (on heraut fainól lean Ba-ptiftc que la cognee elt défia mife à la racine des arbres , amp;nbsp;que tout arbre qui ne portera bon Iruiét fera arraché amp;nbsp;mis au feu , Matthieu, ou il faut bien marquer ce mot de (défia;) car ce mot de, défia, fignifie que ceft arrachement fe commencera par les (éruiteurs de Dieu annon çans fa parole , pour eftre achcué en tout efteét au dernier iour par noftrc Seigneur lefus Chrift. Puis nous voyons ce qu’il dit au dixhuiéliefme de fainct Matthieu. Et comment il veut qu’on tienne pour payens amp;nbsp;profanes ceux qui ellans trouués en faute, amp;ayans efté repris amp;admone-ftes lelon l’ordre que luy mefme propofe en ce pallàge voudront demeurer opiniaftres en leurs fautes. Car quand 11 veut que les tenions pour profanes , il les arrache luy mefmes de fon E-glifevifible, afin qu’ils ne foyent plus reputes membres d’icelle. Et c’eft au/Ii ce qu’il a commandé à (es Apoftres de faire, amp;nbsp;en leur perfon-ne à tous fideles Pafteurs , quand il veut qu’ils lient, voire des liens du lufteiugementde Dieu, les impenitens, tandis qu’ils monftrent leur im
penitence
-ocr page 19-r^nthlnquißteur^^nt.Lefiaille. 19 penitence enterre , auec raiFeurance qu’il leur ^onne , que ce qu’ils auront lié auec tel lien en ferre, fera auffi lié au ciel. Car ce font comme autant de mefehâtes herbes, cfpines amp;nbsp;chardons liés en faifleaux pour eftre icttés dans le feu e-fernel, s’ils ne fe repentent. Et voila pourquoy aufli fon Apoftre fainét Paul, quant à ce qui touche la faufle doétrine touchant laiuftifica-hon Pharifaique des œuurcs laquelle les faux do éieurs auoyent femee en l’Eglife, il l’arrache tien manifeftement en fes Epillres aux Romains amp;auxGalates, la faulfe doétrine touchant la Ceneau dixiefme amp;nbsp;onziefmc de fa premiere aux Corinthiens : amp;nbsp;touchant la refurreéiion au quinziefme de la mefme Epiftre. Et tant s’en faut qu’il faille 1 ailler paifiblement annoncer vne faulfe doélrine amp;nbsp;fans la condemner, que le mefme Apoftre au premier des Galates veut que ontiene pour du tout execrable quiconque annoncera autre doélrine que celle qu’il a annoncée: voire mefmes quand ce feroit yn Ange. Auffi voyons nous comment lefus Chrift , Apo-calypf. 1. fe plaint du conduéleur de l’Eglile de Thyatire, Pource luy dit-il que tu fouffresque la femme Icfabel qui fe dit eftre Propheteflé (nô-mant du nom de l’ancienne lefabel quelque femme Nicolaite)enfeigiie amp;fcduife mes ietuiteurs, pour les faire paillardcr amp;nbsp;manger des chofes fa-crifiees aux idoles. Et quant aux vices nous voyons en vne infinité de fentences le fainél Efprit vouloir qu’on tue le vieil homme, amp;nbsp;qu’on viue felon le nouueau lequel eft créé felon Dieuj
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en Pieté amp;nbsp;iufticcj £pheßen$ 4. comme il dit lt;^ue nous deuons plus preÜer nos membres pout eftrcinftrumens d'iniquité à péché, Romains 6. comment nous ne fommes point appelés à ordu-TC amp;nbsp;fouülure , mais à toute fandiheation. i. The(raloniflicns,4. Bref comment il dit, t. Corinthiens 6.que ny les paillards, ny les adulteres , ny les idolâtres, ny les gourmands amp;nbsp;y-arongnes, nyles mefdilans n’heriteront point ie royaume des cieux. Car tout cela eft enfeigné par luy pour arracher les vices, comme ce qui a efte propofé cy deuant eil employé par luy pour arracher les mefehantes doôlrincs. Et quant auxperfonnes lefquelles en continuant en leurs erreurs amp;nbsp;en leurs vices , ne font qu’infeder, fouiller amp;nbsp;polluer amp;nbsp;mefmes troubler grandement rEglife, nous voyons quel cil fon défit en geneial quand il ditGalat.5. Ala mienne volonté, dit-il, queceux qui vous troublentfuC-fent retranchés. Mais il n’a pas feulement en ce deïir amp;nbsp;fouhait, ains félon fa charge l’a misa execution , quand nous voyons poui le regard des vicieux ce qu’il dit touchant l’inccftoeux de Corinihe , 1. Corinthiens y. amp;nbsp;quant aux erras en lafoy que nous appelons heretiquesquand ils y demeurent opiniaîlres, amp;nbsp;qu’ils font eui-demment le naufrage en la foy, nous voyons comment il les arrache de l’Eglifc, quand illcs liureàSatan, quiefthors de l’Eglifc, comme il a fait Alexandre amp;Hymence,i.Timothcc,i.Or cependant c’eft fain cl Paul qui s’eft ainfi conduit en fa charge , eftanttoutesfois vndes plus no
tables
-ocr page 21-1'^ntiinquififeur Leßaille. z i tïbles difciplcs qn’euft cu Gamaliel amp;nbsp;mieux co-j gnoilTant que Lefcaille ce que Gamaliel auoit en ■ I (es opinions qui fuft digne d’eftre pratiqué , ou I nonenfEglifeChrefticne.
C’eft donc ainfi que les fideles fcruiteurs de Dieu à l’exemple de lefusChriftôc des Apodres Huiontcfté fuyuis par tout, les fideles Pafteur» del’Eglifeprimitiue, arrachent, autantqu'ils Peuuent , les vices amp;nbsp;vicieux, les erreurs amp;nbsp;(es crrans qu’ils trouuent en icelle, pour la rendre tous les iours de plus en plus nette , en at-j fendantle dernier iour, auquel, non par la mai« des feruiteurs, mais par la main du Maiftre ’nefmes , qui cft noftre Seigneur Icfus Chrift, elle en fera totalement repurgée. Et pourtant le Leâeur peut bien cognoiftrc par ceci, qu’a-yansdcfcouuert la faillie dodrinc que Lefcaillc auoit fcmee en noftre Eglife, enfeignant à tous Ceux qui luy prelloyent l’oreille , mi’il faloit croire qu’en confideration amp;nbsp;à caufe des bonnes œuures qu’on auroit faites en ce monde, on ' (èroit introduit au royaume des deux, nous n’auons fait que noftre deuoir quand nous luy ïuons oppofé la vérité Euangelique , laquelle enfeigne que nous ferons introduis au Royau-descieux, àcaufe amp;nbsp;en confideration de4.feu-lesœuures que lefus Chrift a faites pour nous en fi propre perfonne , acompliftant pour nous toute milice , amp;nbsp;fouffrant toutes les peines quenous auions meritees par nos iniquircz.Auflî quand luy ayant produit les fcntcces de l’Efcritu te qui approuuoyent cefte dodrinc amp;nbsp;reprou-
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uoyent Ia fiennc , nous 1’auons exhorté de quitter tel erreur: amp;nbsp;quand ne voulant laifier ceft erreur pour r’embraflet la vérité,nous ne l’auons plus voulu tenir pour membre de l’Eglife: amp;nbsp;quand à l’exemple de lefus Chrift qui difoit aux fiens , Donnez vous garde du Icuain des Pha-rifiens , nous auons aduerty noftre peuple de bien prendre garde à foy , amp;nbsp;apres luy auoir par vne longue efpace de temps efclairci celle matière, amp;nbsp;bien prouué la fufditte doélrine ve-ritable.nous l’auons admonnellé de ne fe lailFer feduire amp;nbsp;pipper par Lefcaille pour adioufter foy a la tref- faufle amp;nbsp;pernicieufe dodrine d’iceluy, nous n’auons faid que ce qui eftoit de noftre de-uoir.Car nous difons que fi nous en eullîons fait autrement , nous enflions encouru l’indignation de Dieu, en qualité de chiens muets , ifa. ^6. Et de guettes endormies , Ezcch. 35. n’enflions peu efehapper la vengeance de Dieu, entantquefi nous n’euflions bien repris amp;nbsp;ad-uerti Lefcaille de fonerreur, amp;nbsp;les autres de s’en garder , c’eft fans doubte que le fang tant de luy que de tous les autres qui à fa perfuafion fuflent peris en ceft erreur, nouseuft eftéredemandé. Là ou s’il y périt , amp;nbsp;quclquesau-très qui auront mieux ayméfuyure le menfonge que la vérité, nous fentons en noftre confeien-cevn grand repos , en ce que nous auons fait tout deuoir d’arracher de dedans Lefcaille fon erreur : amp;nbsp;puis d’arracher Lefcaille hors de l’E-glifeperfeuerant en ceft erreur amp;nbsp;continuant à le feiner
-ocr page 23-l' t/inti-InquipteuY ^^nt.LeJcaiHe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zj
ie ferner afin que plus aifementvn chacun fe peuft garder de fa fedudion. Orpourrois-ie icy Wonfter comment eft faiótle femblable en l’Egli-fe primitiue en laquelle les fideles Pafteurs à l’txcmple de lefus Chrift amp;nbsp;des Apoftres n’ont pas fi toft defcouuert quelque faulFe doólrine que ils ne fe foyentmis en debuoir de l’arracher par toutes voyes bonnes amp;nbsp;legitimes , amp;nbsp;com* ment ils y ont efte trop plus diligens exaôts amp;nbsp;fe-ueres que nous, mais ie m’eftudieicy à briefue-té. Et cependant, quoy lt;jue ie vueille bien con-feffer, que ce n’a pas efte fans raifon que LeC-cjüle a comparé fadodtine pluftoft à l’yuroye qu’au bon bled , amp;nbsp;ce afin qu’il peuft conclur-re felon la fimilitudede ce treziefme de fainél Matthieu , que deuions laifler là fa dodrine lans l’arracher, ainfi comme l’yuroye, iufques au dernier iour. Si eft-ce toutesfois que ie ne veux pas eder au Ledeur combien ledit Lefcail-le s’eftmefpris amp;nbsp;mefeonté en ce faid quand il apenfé que celle fimilitude nous defendoit d’arracher de l’Eglife celle fienne fauHe doélri-ne. Car puis qu’elle a peu eftre arrachée dés cefte heure, ileft certain que nous enflions e-fté iuftement condemnabks , fi nous en enflions referué l’arrachement iufqu’au dernier iour ; amp;nbsp;ce d’autant qu’en ce deuoir tout ce qui fepeut faire fe doibt faire, amp;nbsp;tout ce qui ne fe Eeut faire, comme Dieu laiflè louuent des etefies pour exercer fon Eglife , il le faut referuer par efperance à l’arrachement qui s’en
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fera au dernier iour. Et n’tft pas inconuenient que comme cefte herefie eft beaucoup plus plau-üble que celle d’Arrius , à caufe que tous hommes font naturellement enclins à l’orgueil amp;nbsp;a l’hypocri fie gt;nbsp;puis que celle d’?»rrius a duré iuf-ques ici depuis plus de douze cens ans en ça» qu’il n’y ait encores des reftes de cefte ci d’ici a long temps : veu qu’ayant pris fes premiers fondemens dans le Pharifaifme , elle pourroit bien eftre de celles defquelles le total arrachement doit eftre attendu feulement au dernier lour. Cependant comme elle ne tiendra pas fi ferme , amp;nbsp;n’aura pas pris fi profondes racines dedans le cœur des vns, que dedans celiiy des autres : c’eft à nous de l’arracher, de tous les endroits efquels il plaira à Dieu decon-joindreauec noftre labeur , fa fainâe benedi-ôbion. D’auantage ie trouue qu’il eft bien rai-fonnable d’aduertir le Leôleur que Lcfcaillequi feveut faire eftimer tant iufte , n’a pas fait ici vntraidde iuftice : quand voyant que nous trauaillions à arracher fa faullè doftrine des efprits de ceux qui la pouuoyent auoir ouye, amp;nbsp;fc doutant bien que noftre labeur « ne fe-roit pas du tout inutile , il nous a oppoféceft exemple de Gamaliel « amp;nbsp;cefte fimilitude de l’yuroyc , pour conclurrc que nous dénions laifler paifer fa faulfe dodrine, amp;nbsp;ne la point attaquer , ains la laiifer croiftre autant que elle pourroit en l’Eglife , iufqu’au dernier iour. Car s’il a creu qu’on lè deuft ainfi comporter en l’Eglife à lendroit des faufles doflri-nes
-ocr page 25-X -gt;4nriinquiftreur ä'^nt.LefiaiUe. 1$ nes amp;nbsp;qu’il les faluft killer prendre place où elles poiirroyent, pourquoydonc eftimant FauHè lidsdrineque Monfieur Conftant amp;moy enfei gnionsànoftrepeuplcjj’eftil mis en debuoir de 1 arracher des efpris de fcsouuriers?pourquoy la il blafmeejreprife amp;nbsp;condamnée ? pourquoy ail tantparlé amp;nbsp;eferit contre icelle î Bref pourquoy ne l’a il laifle palFer amp;nbsp;croiftreiufques au iour du iugement, fans eftre fi diligent à la vouloir arracher du cœur de nos auditeurs en leur dilànt qu’elle eftoit contraire à celle delefus Chrift, amp;nbsp;leur monlirant pluficurs fentences des Sainâes Eferitures qu’il difoit eftre contraires à icelle en lesdeftournantde leurvrayfensjàfa propre de-ftrudion amp;nbsp;à la ruine amp;nbsp;perdition des autres? cela ne s’appele ilpas vouloir vneloy pour fojjamp;v-ne autre pour fes voifins î Car s’il luy eftoit permis,par la fimilitude qu’il met en auant de l’y-uroye,voire à luy qui n’eftoit pas en vocatio d’en-feigner,de ferner quelque faufle doélrinej fan» qu’aucun deuft contredire à icelle ny la réfuter amp;nbsp;condamner pour l’arracher, nous qui eftion» Pafteursjiiedeuions nouspas bien auoir autât de puilfance que luy d’annoncer quelque faulle do-lt;ftrinc,fansqu’illuyfuftloifible delà blafmer amp;nbsp;condamner, amp;nbsp;l’arracher du cœur de ceux qui l’culfent voulu croyreHe ne doute nullemct qu’il ne fe trouue vn peu empefehe à refpondre à cefte obiection. Car il fait, amp;nbsp;fa confcience l’en re-dargue,auccplufieurs tefinoignages que nous en auons,amp; comme pour le prefent mefmes nul n’en eft plus en doute,que c’eft luy qui a commencé à
-ocr page 26-té /leFponß chreßiene à
faire arrachement de doctrine fur nous,amp; no paf nous fur luyxar ils’eft bandé contre noftre do-élrinedeuant que nous cognuflions qu’ilfuften erreur:^ ç’a eftélemoyen par lequel nous auons cognu,qu’il erroit lourdement, aflàuoir quand il a ainfi côdamne la doôtrineque nous enleigniôs, qui eftoitdu tout veritable,pour y oppofer la fié ne pleine de fauilcté amp;nbsp;menibnge. Et c’eft pour-quoy traittanC quelquesfois celle matière , ic n’ay point fait difficulté de dire,que veu qu’il auoit la reputatio en ce qui touchoit fa marchan-dife,de n’auoir pas vn poids amp;nbsp;vne mefurc pour foy, amp;nbsp;vn autre poids amp;nbsp;mefure pour les autres: ce qui de vray elloit louable, cependant en vn fait de telle importance que cellui - ci, il vouloit vne aune pour foy,en ce qu’il vouloit qu’on n’ar-rachall point fa doôlrine,quclque faullèté qu’on trouuali en icelle,amp; vouloit vfer d’vne autre aune pour nous en voulant arracher noftre dodri-ne pource qu’elle luy fembloit ellre faulTe. Or pour s’y comporter en équité amp;nbsp;iuftice,ou il de-uoit s’abftenir de s’oppofer à la noftre, afin qu’on lailTall couler la fiene:ou febâdant contre la no-flre pour l’arracher,foubs ombre qu’il l’eftimoit ellre faulTe,!! n’a point deu trouuer eftrange, que nous nous Ibyons mis en tout debuoir d’arracher la lïene,laquelle nous fanions bien certainement ellre du tout faulle amp;nbsp;menfongere.
Voila lonc pour le regard de ce qu’il allégué le confeil de Gamalielà la fimilitude de l’yuroye, quand eftant marri de fe voir perdre fa caufe, il fcpicintdcceque nous nous hommes ainfi atta-r qués
-ocr page 27-r^nti- Inquißteur ^^nt. Lefcaille. 17 «juésàladoftrine, pour arracher toutes les racines qu’elle pouuoit auoir défia prifes dedans le Cœur de quelques fimples membres de noftre E-glife- .
Maintenant (puis qu’il nous y ramené) il fau-droit reuenir aux outrages qu’il réitéré de ietter Contre nous eftatleplus fertile qu’on puifie voir enlaproduôlion de tel fruiôl. Mais toutesfois fans nous arreller à iceux felon nofttc refolution cy deuant déclarée, ie vien au prétexté qu’il leur donne nous taxant de tyrannie en ce que nous ne nous contentons pas quand il dit,qu’il fe tient au contenu es Sainôkes Eferitures, au Symbole des Apoftres,amp; à la confefiion de Bafle, dont il retra chera puis apres fi on veut la confeflion de Baflc amp;nbsp;auln le Symbole des Apoftrcs,pour ne plus re-fpondre autre chofejquandonl’interroguera de fa creance, finon qu’il croit le contenu dés Saintes amp;nbsp;canoniques Eferitures. Or fur ceci ie veux premièrement aduertir le lefteur,que s’il a autresfois leu, ou bien oui parler des refponfes qu’auoyent accouftumé de donner les anciens he retiques amp;nbsp;fehifmatiques comme aulîi en ce mef metemps plufieurs Anabaptiftes, il apperceura ai fement qu’elles Ibnt toutes femblables, car leur couftume porte de ne iamais refpondre à propos amp;nbsp;pertinemment fur ce qu’on leur demande, de peur de defcouurir trop manifeftement leur erreur,amp; ce qu’ils fentét du point duquel on eft en controuerfeimais refpondéttoufiours qu’ils croy entee quieft contenues Saindes Eferitures: Et ce d’autant qu’ils fe veulent per fuader que les erreurs amp;nbsp;menfonges lefquels ils croyent font de-
-ocr page 28-18 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jle?}on/è Clireniene à
dans les SaindesËfcricuces. Et de fait il nouJ •uoit dit aflèz de fois pour le nous faire entendre lt;jue toutes les fentences qu’il trouuoit dans les Sainôles Elcritures répugnantes les vnes aux autres,!! les vouloit toutes croire fans reccuoir aucune diftindion ou interpretatiô fur icelles. Qui eft autant que qui diroit, qu’il veut croire autant d’erreurs qu’il en peuft forger amp;nbsp;imaginer fur les fentences de l’Eferiture mal entendues amp;nbsp;mal interprétées. Et de fait comme il a efté fouuent conféré auec luy touchant le point de ceflc iufti-ficationdeuantDieUjluy qui veut que le fondement, la caufe voire la matière, de ceftciuftifi-cation foit aux bonnes œuures que font les fideles,! fouuét déclaré qu’il fe tenoit pour ce regard à ce que Saind laques auoitdit,que l’home n’eft point iuftifié par la foy Iculement, mais auffi par les œuures.Et n’a point voulu iamais donner lieu il’oppofition de ce que ditSaind Paul Gal.i.que nous fommes iuftiHés par la foy fans les œuures, pour par le moyen del’interprctation finccre, amp;nbsp;de la diftindion qu’il faut mettre entre noftre ni-ftificationdeuantDieu, de laquelle parle Saind Paul Gal.i.amp; noftre iuftification qui le fait deuat les hommes,qui eftcelle de laquelle parle Saind laques au i.apprendre amp;nbsp;puis apres confelPer fra chement félon la vérité Euangelique, que comme par la feule foy,appréhendant les œuures que noftreSeigneur lefus Chrift a faites pour nous, amp;nbsp;les prefentant à Dieu,nous fommes,par le me rite d’icelles iuftifiés gratuitement deuant Dieu; tinli faut il,fi nous voulons que cefte noftre iufti
fi cation
-ocr page 29-L'^ntiinquißtcur d’^nt, Lefcaiîle. fication,comme aufli la vraycfoy,par le naoyé de laquelle nous l’obtenons deuanc DieUjparoilTe de uant les hommes,nous la failîôs paroiftre par tou tes bonnes œuures qui font les fruiâs , marques amp;tefmoignages infaillibles d'icelle,amp; defqueiles fortauûi noftre iuftificationdeuant les hommes. C’eft donc en celle forte que cell homme dcuroit croire aux Sainéles Efcritures entendant bien,amp;; puis apres confelfant ce qui cft du vray fens d’icelles. Mais il veut croire le tout confulèmene amp;nbsp;à fa pofte, qui eft autant à dire que rien croire, ou n’auoir point de creance bien aftèurce,ou mef mes fouuent croire quelque menfonge au lieu de la vérité. Auffi ayons nous ouy fouuent fes ref-ponfes pleines de faulfeté, de menfonge amp;nbsp;d’er-rcur,amp; neâtmoins cachées foubs certains termes generaux , comme quand ildifoit qu’il n’atten-doit fon falut par autres ceuures que pat les œuures de lefus Chrift. Et cependant, comme puis apres il en a efté par plufieurs fois con-ueincu, endifantcela , il encendoit par les œuures de lefusChrift, celles lefquelles il fait en nos perfonnes depuis noftic regeneration. Qui eil Terreur Pharifaique,auquel il eft tombé amp;nbsp;de meuré encores opiniaftre,contraireà la vérité E-uangclique felon laquelle nous debuons croire q ce font les œuures que lefus Chrift a faites pour nous en faperfonnc,lefqucllesnous fauuent,icel les eftant entendues par l’obeiftance d'vn feul, Rom.J. Ainfi rcfpondoit captieufement amp;nbsp;i»-mais bien à propos Arrius quand iadis eftant interrogé touchant lefus Chrifts’il lecroyoit cftre
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Dieu,difoit qu’ouy;amp; cependant entcndoit qu’il full Dieu d’vne autre diuinitc feconde, laquelle ne feroit pas eternellc come celle du Pere. C’eft ainfi qu’é a fait v n heretique de ce temps lequel confeîroit bien lefus Chrift dire le fils deDieu e-ternehmais ne vouloir point confellèr qu’il full le fils eternel du Dieu Eternel. Or mets - ie en a-uant ces chofes feulement afin que le leôlcur co-gnoilTe que cell homme - ci, s’il eull eu quelque droite fcience , amp;nbsp;apres icelle vne bonne con* fcience, premièrement il eull plus fainement, fecondement plus clairement tdpondu,amp; n’euft point tafehé de couurir amp;: cacher 15 erreur foubs telles tefponfcs generales Et neantmoins la vérité ell que s’il ne l’eullpoint diuulgué enle dog-matifant vers fesouuriersjil n’euft point eftédef-couuert, d’autant que quiconque n’ayant point fait cognoiftre qu’il cognoilfe autre chofe, que ce qui eft felon la faine doélrine,vfe de refponfes generales, n’eft point fommé de refpondte plus particulicrement,entant que pour la bonne opinion qu’ô a de luy,elles font toufiours prifes en bonne part. Mais d’autant qu’au parauant ila-uoit condamné la pure doélrine de l’Euangile q nous annoncions touchant noftre iullification de liant Dieu, amp;nbsp;la vraye caufe Sc matière d’icelle* c’eft ce qui a fait qu’en le faifant refpôdre vn peu plus particulièrement qu’il ne falloir au commen cernent, fon erreur a cllé rendu du tout manife-fte. Et afin qu’il ne trouue point tant eftrange que nous ne nous foyons contentés,quand il ref-pondoit fimplemct qu’il croy oit le côtenu es Sain dies
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ftes Efcritures , amp;nbsp;le Symbole des Apofires , il nous eft permis de luy dire qu’il fait bien que non feulement nous difons le mefme,voirc que le pou uions protefter auec vne auffi pure (ciéce amp;nbsp;bon ne confcience que luy.amp;cependant foubs ombre que la doârine que nous annoncions touchât no lire iuftification gratuite deuât Dieu, n’eftoit pas agréable à fon orgueilPharifaique,il ne lailfa pas nonobftant que nous recitiflions noftre creance ordinaire par le fymbole des Apoltres, de nous di te eftre faux Pafteurs amp;nbsp;faux Dodeurs q deftrui-fions amp;nbsp;fcduifions l’Eglife. Si donc il luy aefte permis de faire teliugeinentdenousamp; de le di-uulguer qà amp;nbsp;là de bouche amp;nbsp;par efcvit,tâdis que auec proteftation de croire le contenu es Saintes Efcritures amp;nbsp;le fymbole des Apoftres, nous tnfcignions vne doiSrine veritable amp;nbsp;falutaire à l’Eglife,combien plus de fondemét amp;nbsp;d’occafion auons nous eu de le tenir pour hérétique amp;nbsp;fehif æatique tout en femble,quand auec la mefme pro teftatioH que defluSjfaite de bouche feulementamp; non de ccEur,amp; non auec fcience mais entrefgrof fiere ignorance des vrayes caufes de noftre falut, il dogmatifoit aux oreilles de plufieurs, fes erreurs du tout nuifibles amp;nbsp;preiudiciablcs à l’E-glife?
Voire mais il dit que nous voulôs qu’on croye pluftoft à nos interpretations qu’au texte de l’E-feriturc. Et c’eft vne calomnie fi apparente amp;nbsp;fi ridicule tout enfcble qu’elle ne meriteroit point derefponfe fi ne voulions le defcouurir en tous fetmenlongcs au ledeur. Car ptemiercmcrV
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où eft-ce qu’il nous’a ouy tenir tel langage lequel ilfaiteftrepropreàlanouuelle Eglife Romaine corrôpue, laquelle veut que quand elle enfeigne ou commande quelque chofe contre le contenu «s Sainôles Efcritures,on fuiue pluftoft Ton enfei gnement Si Ion commandement que celui qui fe trouueraefditesEfcritures? Et comme c’eft-là vne des principales tyrannies pour lefquellcs no* nous fommes retirés d’vne telle allèmblee, Dieu s’il luyplaift,ne nous abandonnera iamais tellement , que luy voulions donner place au milieu d’entre nous. Mais il répliquera que lî nous ne lcdifonspas,ficft-ce que nous ne la flonspas de le faire. Et celle fécondé calomnie cft aulîî ridicule que l’autre : car comment fe pourroit il faire que nous voulullîons pluftoft faire croire à nos interpretatiós qu’au texte de l’Efcriture, veu que nous ne voulons donner , ny ne drmnonsà l’Eglife l’interprétation d’aucune lentence de !'£ fcriture,que par les autres fentences des mefmes Eferifuresî Et de fait nous proteftons ici deuant tous,que nos interpretations amp;nbsp;celles de tous autres,qui qu’ils puiftènt eftre,doiucnt eftre reiet-tecs,fi felon l’analogie amp;nbsp;proportion delà foy elles ne font non feulement bien accordantes auec le texte qu’on interpretc,mais quât amp;nbsp;quant bien tonfirraees par les autres fentences des Sainâes Efcrituresjlefquellcs trait tent plus clairement de la mcfme matière. Carauffi nous fauonsquela vraye interpretation de la Saintfte Efcriturc ne fe peut,ny doit tirer d’ailleurs que de la mefmcEfcri ture.amp;qu’on a autant de liberté à reietter vne in
terpretation
-ocr page 33-ftAnti^Jnilitißteur^^nr.Lc/caille. 3} i terpretation qui n’eft point confirmee par l’Efcri I ture,comme ceftuy-là s’en cft donné qui l’a mife enauant fans icelle.Et pourtant aufli nous auons I toufiours exhorté nos auditeurs à vfer de leur li-
no*leur enfcignós,amp; d’el’proiiucr le tout amp;nbsp;retenir feulement ce qui cft bô,i.The.5.amp; dene croire paslegcremctàto*efprisjmais d’efprouuer ceux qui fôt de Dicu.i.Ieâ.4.pour fe tenir aux enfeigne æcsd’iceux. Voire mei'rncs ils tefmoigneróttou-fiours,quâd il en fera befoin,que nous leur auons apris les moyés les plus propres amp;nbsp;plus feurs pour faire celle elpreuue,airauoir en côfrontât le tour auec 1 s S.Efcritures,fuyuât l’exéple qui nous en eft propofé au 14. des Ades, amp;nbsp;regardant bien fi 1 interpretation donee à vne fentencc,ne deftruit point la vérité de quelque autre fentence :car en ce cas elle feroit faufieiRapportant aufliletoutà l’analogie amp;nbsp;proportion de la fo/j Rom. ix-cn laquelle il n’y a qu’vnc feule amp;nbsp;fimple vérité. Bref qu’ils fe fouuiennent que de deux interpretatios, celle qui donne toute la gloire de nollre falutà Dieu fans en tien donner aux hommes, elltouf-ioucs plus veritable que celle laquelle rongneamp; diminue tant peu que ce foit de la gloire de Dieu en ceft endroit pour en donner quelque portion à l’homme.
De nous obieéler aufli que nous difons les œu-ures de vraye pieté amp;nbsp;charité lelquelles font faites parles fideles eftre polluescôme vn drap fouit lé d’ordure ; nous luy refpondons que celte obic-étiô cft mité en auâc d’vne faeô captjeufe Si plci-
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-ocr page 34-54 Jiejponfe Chreßiene à
ne de calônie.Car nous recognoiirons que les œu ures de pieté amp;nbsp;charité que les fidèles font par la conduitte du S.Efprir,font bonnes, amp;nbsp;feriôs bien maris de leur öfter ce titre de bônes leql Dieu luy mefme leur dône,Mat.5. Mais nous difos qu’elles ne font pas tellemét bônes amp;nbsp;nettes , qu’elles ne foyée encores entachées de quelque fouillnrepro cedante de nous, amp;nbsp;maintenons quât amp;nbsp;quât que fi on les veut produire deuant Dieu pour eftre lu-ftifiez à caufe d’icelle, amp;nbsp;introduis au Royaume des deux comme le veut Lefcaille en fon erreur, Dieu en ce regard ne les trouuerapas pl’nettes que le drap fouillé,(cl6 ce qu’é dit lfa.au 64.de fô liure.Car tout ce qu’il y a de plus net es homes,fi on lepéfepropofer deuâtDicu,pourla fàtisfaâiô de fô exaéte iuftice il s’y trouuera rat de tare qu’il ne flt; roit point accepté: fuyuât ce que nous liions au 15.de lob, où il eft dit,qu’ert-ce que de l’iiômc mortel qu’il foit pur,amp;de celuy qui eft né de fem mc,q il foit iufte.’voici il ne s’alfi urc point fur fes làincts,amp; les cieuxne fetrouuét point purs deuât Iuy:Et côbien plus eft abominable amp;nbsp;puant l’hom me qui boit l’iniquité comme l’eau?
Nos œuures donc lefquelles nous faifons félon pieté amp;nbsp;charité par la vraye foy depuis noftre regen« ration,font bôncs:mais imparfaitement bon ncstelles feruet à glorifier Dieu en ce mode: mais elles ne ferôt pascaulèsde nous faire glorifier en l’autre:elles nous font bié feparer d’auec les mef chas amp;nbsp;iniuftesrcomme cftâs nos vrayes marques, mais elles ne feront pas caufes, de nous faire reput er iuftes deuant Dieu ; elles fubfifteront, mais
-ocr page 35-nquißreur ƒ^nt. Lefcdille.
•quot;ais ce fera deuât la grace amp;nbsp;mifcricotde de Dieu laquelle exemptera amp;nbsp;elles,amp; ceux qui les auront faites de la condemnation que meriteroit leur ta-regt;amp; imperfedio vicicufe,tandis que le iügemét •le Dieu trel-exaól prendra fa. fatisfaélion amp;nbsp;Ibn Contentement entier en celles que lefus Chrift a faites pour nous en fa propre perfonne auec vne ttefparfaicemét iufte amp;nbsp;fainfte obeiilàncc muers ’ luy.Et ceci n‘cfl: point vne glofc flatereflc comme l’adit eftre Lefcaille pour induire les hommesà tnal-.ains c’eft vne doôltine veritable laquelle apprend aux homes à neprifer ny leurs perfonnes nyleurs œuures plus qu’ils ne doiuent:amp; à rédre la gloire amp;nbsp;la louange qui appartient à lagrace de bicu.Mais c’eft bien vne glofc flaterelfe quad on Veut perfuader aux hommes à la façon de Lefcaii le gt;nbsp;qu’ils font tellement patfaids en faimfteté amp;nbsp;iuftice,quclcs bonnes œuures qu’ils font fe trou Uerontfuffîfautes au iour du iugementpour en contentant Dieu les fauuer amp;nbsp;leur donner entree au Royaume des cicux.Et corne cefte glofe eft fla teteiTeauftinefcttellepasà humilier les homes deuant Dieu qüi eft le vray chemin du falutrmais à les enorgueillir Pharifaiquement qui eft le che-tan qui meine à la mort amp;nbsp;condemnation éternelle; C’eft auili vne femblable faulfeté de nous obieóber que nousdilbns les bonnes œuures nei fetuirderien ànoftre falut: car nous ne croyons dcn’enleignonspointtelle choie : ains croyons amp;nbsp;enfeignons qu’il nous faut cheminer par icelles pour paruenii au faluterernel, puis que Dieu les a préparées à cefte fin, Ephefîens,!^
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-ocr page 36-^3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' Jle^oajéchrefliene à
Mais nous cnfeignons que neantmoins elles ne font ny ne feront iamais la caufe pour laquelle nous ferôs faits participans du falutcternel: ains que ce fera la feule grace amp;nbsp;mifericorde que Dieu nous faitenfon fils bien-aymé noüre Seigneur Jefus Chrift quad il nous impute amp;nbsp;alloue gratuitemét celles que luy-mefmes a faites pour nous en fa propre perfonne pour noftre iufiifica-tion. Qu^ fi la faillie doôlrine de Lcfcaille aupit lieujalfauoir que ceux qui font régénérés amp;nbsp;conduis en ce monde par le fiiinól Elpric, fîflent les œuures à caufe defquelles ils feront introduis au royaume des cieux, veu que tous vrais fideles font régénérés amp;nbsp;conduits par l’Efprit de Dieu en ce mondcjil faudroitdonc conclurre,quetous fidèles feroyent fauués à caufe des bones œuures qu’ils auroyent faites;amp; par fécondé confequéee bien manifellefaudroitconclurre que celles que lefus Chrill eft venu faire en ce monde en fa pro pre perfonne, ou ne lêruiroyent à rien quant au falut des hômes,(qui eft vne grande abfurdité laquelle rendroit inutile fon incarnation, amp;nbsp;toutes les dependances amp;nbsp;appartenances d'icelle) ou fer uiroyent à fauuer ceux qui n’auroyent point elle régénérés ny conduis par l’Efprit de Dieu, c’eftà dire qui n’auroyent point efté vrais fideles amp;en-fans de Dieu,qui eft vneautre abfurdité no moins execrable que la premiere.
Nous croyons donc amp;nbsp;enfeignons que nous qui aurons efté régénérés par la grace de Dieu amp;nbsp;fanclifiés par fon elprit,n’encrerôs point au royaume des cieux fans auoir fait bones œuures,puis
que
-ocr page 37-I nti-Inquißteur S^nt.Lefcaille. 37 ![uenous n’y enti erós point fans auoir eu la vraye oyjaquelle eftant de fa nature,ouurante par cha titéjGal.j.n’eft non plus fans bonnes œuures que le foleil n’ell fans chaleur amp;nbsp;lumière. Mais aufli nous rccognoillrons toufiours volôtiers qu’il y a quelquesfois des Eclipfes de bonnes œuures en noftre foy auffi bien que de lumière au foleil, par certains obftacles amp;empefchemés procedansde noftre infirmité amp;nbsp;de l’intcrpofitiô qui fe fait entre nous amp;nbsp;noftre foy des tentations vehementes lt;luDiable,du monde,amp; denos propres conuoiti fes.Nous croyons donc amp;nbsp;enlcignons que nul ne entrera las bones œuures au Royaume des cieux, mais nous croyons aufli amp;nbsp;enfeignons que nul n’y entrera à caufe d’icelles. Car elles feront bien noftre marque, enfeigne amp;nbsp;liurec laquelle noftre maiftre nous aura fait porter pour fa gloire en ce monde:mais l’entree au ciel ne nous aduiendra point à caufe de celle liuree de noftre maiftre que nous aurons portee en nous adonnant à bonnes œuures pour le glorifier en ce monde:mais à caufe de ce que Dieu nous ayant cleuz amp;nbsp;adoptés pourficns,amp; nous ayant fait venir à foy par làvo cation falutaire amp;nbsp;pleine d’efficace, il nous aura tellement iuftifiés en fon Chrill, qu’en luy nous luy ferons entièrement agréables.
C’eft aufli manifefte calomnie que met en a-Uant Lefcaille à l’encontre de nous quand il dit que nous ne voulons aduouer qu’au iour du iuge ment Dieu rendra à vn chacun félon fes œuures. Car veille grand nombre de fentences des fain-ûcs Eferitures qui porte celle doclrine, il fau-
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-ocr page 38-JleJJjonJê C^jreßiene à droit que nous fuHions bien ignorans, fi noii{ ne l’auions apprife, amp;nbsp;que ne fuffions pas moins mefchans fi ne la voulions aduouer pour vcrita' ble. Qupy donc que Lefcaille nous calomnie au contraire ; fi eft-ce que nous croyons amp;nbsp;enfei-gnons que Dieu rendra au iour duiugementà vn chacun felon fes œuurcs : amp;nbsp;ce d’autant que pomme les bonnes ccuures des vns auront tefmoi gné leur vraye foy aufïî les mefchantes œuures des autres auront tefmoigncmanifcftemcntleur infidélité. Car c’eft ainfi que ce mot de ( felon} Ce doit entendre : afiauoir que felon celle diuer-fc marque amp;nbsp;liuree, les vns feront admis au ro* yaumedes cieux, amp;nbsp;les autres en feront reiet-tés. Mais nous difons que ce motde (felon) ne comprend point en la lignification, la vraye caufe pour laquelle vn chacun receura lors ce qu’il receura. Et pourtant aufli quand nous parlons de la caufe pour laquelle les vns feront admis au Royaume des cieux, amp;nbsp;les autres en feront reiettes,nous n’vfons pas fimplement de ce mot de ( felon J mais difons auec les faindes Eferitures, que les mefchans feront reiettes du Royaume des cieux Iclon les mefchantesœuures qu’ils auront faites dcauflià caufe d’icelles: amp;nbsp;quant aux bons,qu’ils y feront admis amp;introduis félon les bonnes pcuures qu’ils auront faites,mais non pour amp;nbsp;à caufe d*icellts,ains à caufe des œu-urestrefparfaitcment faindes amp;nbsp;iuftes lefquelles lefus Chrift a faites pour eux en fa propre perfon ne.Cardefaitlcsayansapprchendccs par vraye amp;nbsp;viue foy amp;nbsp;prefentees à Dieu par la melme foy
-ocr page 39-r^nfi-Inquißteur ƒ ^nt.Leßaille. nbsp;nbsp;nbsp;39
pource qu’elles out eite faites par luy à noftre de-charge, Dieu les reçoit amp;nbsp;nous les alloue par fon infinie graceamp; mifericorde,tout ainli que fi nous les auiôs faites nous meßt es en nos propres per-fonnes.Et de fait ç’a efté pour produire cgt; ft efFeót de noftre faluten laperfonne de noftre Seigneur lefus Chrift que la ieméce de la femme a efte pro mife pour brifer la telle du ferpét,Gen j.que laie mence d’A braham a efté promife pour bénir en elles toutes les natios de la tcrrc.Gen. i8. que l’c-fantnous cft naytquelefîls nous eft dônc.lfa.9.v. tf quela paroleaefté faitechairJeani.que Dieu a eftémaniferté en chair; i. Timot.j. bref que Icfus Chrift le Sauucur eft nay au monde vray homme en tout amp;nbsp;par tout femblable à nous hors mis péché,Hebr.4. afin qu’il accomplift parfaiteméten faperfonne tout ce qui eftoit requis amp;nbsp;necellàire pour noftre redemption.
Or Lefcaille apres nous auoir encores outrages denouueau m vn autre endroit de fon libelle dif famatoire nomméAnti- Inquifireur,amp; ce comme par le rauilfement de quelque nouuel enrhoufiaf me, voulant monftrer qu'il a iufteoccafion de nous traitter de celle forte, voici dequoy il nous accufeir'ô«^ dtieifdit il)^«« «or« n entrerons pM a» Rtyaume des deux à eau fi 0“ e'' confideraiio des bones auiires tyue lefiu ChrtSJfait en noM par foS, E/prit par fa vertu dtuine-.ains feulemet à cattfe en coußde ratio des œuures ^utl a faites pour nous en fa propre ptr ‘meXoila de vray la doôlrine que nous croyos amp;C enfeignôs;amp;: pource qu’il veut maintenir l’erreur fQtrairc à icelle quoy qu’é plufieurs pcoteftations
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-ocr page 40-40 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JîeJJjonJè Chreitiene à
fiitcs hypoctitiquement en noftre temple, voire y interpofant le nom de Dieu, il ait déclaré qu’il deteftoit tel erreur,voici ce qu’il adioufte au mef me endroitsfo/j (ÿ- aueuglesyla^uelle efl pim granit rhnmantie de Chri/}ou fa dmtntti ^ui eomtentThimn nit'é? h. quoy ie rcfpon, O pauure Lefcaille ce ne fontpasici vos ongles , voftre ccruellequoy que bienbrufque amp;nbsp;biéfoudaine ne pallèpas fiauât: ce n’eft pas ici vue herbe de voftre iardin ny vne danree de voftre boutique. Nous co^noilPons ceft animal par fes ongles quoy qu’il fe loit voulu couurirSc cacher deftous la peau d’vn at.tre Orie demande à ceft homme doéte en volîre perfonne du tout indoéle, S’il eft fi bon Theologien que d’eftimer «pue pource que la diuinitc de Jefus Chrift eft plus grande amp;nbsp;plus cxccllenre que fon humanité, aufti cftoitelle plus propre à parfaite en foy les chofes qui appartenoyent à noftre rc-demption,amp; lerqucllcs eftoyent du tout neceftài-res pour icelle,que fon humanité ? Certes fi fon opinion eft telle côine il le monftre bien par cefle obieétiôjie fuis d’auis que pour faire valoir amp;nbsp;re-ceuoir fadite opiniô,on aboliftc toutle confeilde Dieu en l’incarnatio de fon Filsiie fuis d’auis que puis que la diuinité eft plus grade,plus excellente Stpluspuilfante que fon humanité,qu’auffife-Jo la cofequéee qu’il en veut tirer,elle ait eftéplus propre pour fatisfaire à Dieu 8c payer le prix de noftre redéptiô que n’eftoit fô humanité: qu’elle ait eftéplus propre à accôplir la loy à laqllel’hom me eft oit aifuiettirqu’elle ait efté pl’propre à fouf frit les douleurs de la vrayemorten Chrid q fon
humanité*
-ocr page 41-î^nti InqütßteuvÄ'^nt.Lefcaille. 41 humanité. Mais panure matæologien ne voyez vous point voftre achopcmét,quâd foubs ombre que la diuinité de lefusChriftcft plus grade que humanitCjVo* voulez que nous teniôs pour les caufes de noftre falut les œuures que fa diuinité, ou fou Efprit diuin fait en nous depuis noftre re-generatiojbamp; ‘ion celles qui ont efté faites pour nous en la perfône mefme de noftre Seigneur Ic-fus Chrift,laquelle perfonne, vous entendez ici, delfoubs le mot de fon humanité? Mais pat où commenceray-ie pour vous monftrer côbien celle matæologie eft digne d’eftre reiettee par tous vrays amp;nbsp;fideles ChreftiensPignorez vous qu’ii fa loit que le falut de l’homme full accompli amp;nbsp;acquis en la nature humaine.’Ignorcz vous qu’il fa-loit que l’obeiflànce que Dieu requeroit des hom mes pour les fauucr full rendue en la nature humaine ? Ignorez vous que les peines que nous a-uions meritees de porter à caufe de nos péchés de uoyent eftre endurees en la nature humaine ? Si vous ignorez ces chofes,vous ne fauez pas encores rA,BC,dc la vraye Theologie. Ln apres fi vous ailés compris celle premiere vérité, ignorez vous que q’a efté pour toutes ces occafions quele Chrift eft venu au monde amp;nbsp;que la fécondé perfonne de la Deité a efté faite chair amp;nbsp;s’eft voulu reuellir de noftre vraye nature humaineîignorez vous que c’eft pour ces occafions que Dieu a efté manifefté en chair î alTauoir afin que toutes ces chofeseull’entlieucn fa perfonne,voire du collé de fon humanité ? Et fi vous auez appris ce fe-côd point ignoreriez vous ce troifiefme, alïàuoir
-ocr page 42-4 t Re^onfe Chreßiene à
que d’autant que ces choies lefquelJes deuoyent eflre faites amp;nbsp;fouffertes en la nature humaine pour le làlut des hommes, ne pouuoyent eftre ny faites ny fouifei tes en la perfcdion requife, par aucun de tous les enfans d'Adaubil a falu que le fils de Dieu mefme veftit celle noftre nature hu-r maine en tout amp;nbsp;par tout fcblable à la noftre hors mis peché,afin que la fouftenant par là diuinité, elle pcuft faire amp;nbsp;fouffrir toutes ces choies en per fedion pour fatjsfaire tres-parfaitement pour nous à Dieu lonPerCjamp;demeurer par tout viâo-rieufejafin que le fruid nous en reuinft au falut de nos ames.’Nc leparez point incptement ce qui doiteftreconlîdcréconiointeinenten la perfon-ne de noftre Seigneur îefùs Chrift pour l’accom-pliftèment de noftre falut alFauoir l'on huinanité amp;nbsp;fadiuiniré:fon humanité pour faire amp;nbsp;fouffrits tout ce qu’il faloit faireamp; fouffrir en la nature hu maine pour eftre admis au faiut eternel:amp; fa diui-nitéjpour es adions amp;nbsp;pallions du tout incomprc henfibles de fon humanité la fouftenir tellement qu’elledemeuraften tout vidorieufe. Au relie quelle nouucIleTheologieeft celle-ci,de tenir les oeuures que lefus Chrift fait en nous depuis noftre regeneration pour œuurcs de fon Elprit, amp;nbsp;ne tenir pas pour oeuures de ce mefme Elprit di-uin celles qui ont ellé faites par luy en là nature humaine pour noftre faluttmais les reputer comme faites par fon Efprit humain,afin de les rédre de moindre valeur amp;nbsp;efficace que les autres?C’ell bien fans doute q c’eft l’humanité de lefus Chrift amp;nbsp;non pas fa diuinité qui afouffert ce qu’il a falu
- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fouffrir
-ocr page 43-t ^nti-Inquißteur à'^nt. Lefeaille, 43 foufFrir pour noftrefalutcn fa perfonnc. Mais s’enfuie 11 pour cela q l’Efpritdc fa diuinité n’ayt point befongné pour noftre falut en fon humanité î le pourrois alléguer plufieurs tefmpignages de rEfcriture,pour approuuer celle vérité noftre amp;nbsp;condamner l’erreur de cell homme, mais pour cuiter longueur, que ces deux nous contentent; Pour le premierjefus Chrift ne s’eft il pas offert en fon humanité à Dieu Ibn Pere pour cftre l’ho-ftie expiatoire de nos pechcs?cela eft tout clair:amp;: ie vous prie que dit l’Apoftre au neufuiefme des Hebrieux’ne dit-il pas qu’ils’eft offert à Dieu foy mefine par l’Efprit eterneL^amp; qui ne fait que cell efpriteternel,n’eft pas foame humaine, mais fon Efprit diuin’Pour le fecôdn’eftce pas pour noftre falut q lefus Chrift eft refufeité en fon humanité? nous le làuôs,carS.PaulditRo.4.qu’ilcft refufci té pour noftre iuftificatio.Et q ditS. Paul touchât celle refurreélion aui. des Rom. finon qu’il aefté déclaré fils de Dieu en puillànce par la refurreétio ,des morts felon l’Elprit de fanôlification,qui n’eft pas fon ame,mais fon Efprit diuin ? Sachez donc que c’elH’cfprit diuinc’eft adiré ladiuinitéde le fus Chrift laquelle a accompli noftre falut en fon humanité, c’eft à dire tant en fon aine hurnaine qu’en fon corps humain, fâchez auffi pat confe-quentqu’cncores que la diuinité de Icfys Chrift foit plus grande que fon humanité, cela ne doit pas empefther,que félon la vraye Theologie Euâ gelique,no* ne teuiós les œuures lefquelles lefus Chrift a faites amp;nbsp;foufïettes pour nous en fonhu-panité, a/Iiftce continuellement de fa diuinité»
-ocr page 44-44 Jiefponje chreßtenea
pout U feule amp;nbsp;vraye caufe materielle du falut de nos ames,amp; de noftre introduftion future au toy aume des deux,fans cercher cefte caufe es boues ceuures que l’Efprit de noftre Seigneur lefus Chriftfaiten nous depuis noftre regeneration, mais qu’y aura il de bien dit ,• que ceft homme ne blafme amp;nbsp;reprenne î Voila, comme nous trai-(âions la doôfrine de la iuftificatiô en laquelle co-fifte l’cfperance de noftre falut, ie monftray premièrement qu’elle ne pouuoit eftre appuyée ny fur noufmefmes quelques régénérés q fufliôs,ny fur les œuures de noftre regeneration, quelque bonnes qu’elles peuifent eftre,amp;ce d’autant qu’il ny en auoit pas alfez en nom bre ny d’aflez boues, pourtrouueren icelles l’étier accompliftemét de la loy,lequel neantmoins eft neceflairement requis quand on fe veut iuftifier deuant Dieu pat les œuures. Puis ayant efclarci cefte vérité par plufieuts exemples mentionnés en l’efcrit touchant noftre conference,ie declaray que toute no ftre iuftification deuantDieu eftoit fondée fur vu feul lefus Chrift,amp; fur le merite des feules œuures que lefus Chrift corne noftre pleige amp;nbsp;moy enneur,a faites amp;nbsp;accoplies pour nous en fa propre pcrfonnc,eftant ce que Sainéf Paul enfeigne Rom.y.quandilditquenouslbmmes fauués par l’obeiftànced’vn feul aftauoti lefus Chrift laquel le Dieu nous impute gratuitement comme fi nouf mefmes laluy auions rendue en nos propres per-fonnes , amp;nbsp;pource qu’en ttaittant cefte doólri-ne qui pour lors eftoit controuerfe ie priay le peu pic de fc fouuenir que à l’exemple de SaindPaul, i.Cor.
-ocr page 45-t^nri-Inquißteur ^^nr. Leßcaille. nbsp;nbsp;nbsp;4 J
i.Corin.^.nous ne mettions point d’autre fonde-mentde noftte iuftification amp;nbsp;falutque celuy g. eftoit défia mis, alfauoir lefus Chrift mort pour nos péchés amp;nbsp;refufcité pour noftre iuftificatton fuiiuntcequiedefctit Rom.4. Cell homme nous taxe d’arrogance pource que nous auons dit que noi s faifions ces chofes àl’exemplc deSainôl Paul,amp; nous accufe comme fi nous nous difions efttc fondateurs des Eglifes , mais enoppofant pour noftre dcfcnfc feulement l’exhortation que nous fait Sainét Paul d’eftre fes imitateurs i.Cor. n. le demande qui eft le plus arrogant de nous ou celuy qui en fa charge de Pafteur enfeigne a-pres Sainét Paul amp;nbsp;à l’imitation d’iceluy qu’en la feule perfonnc de lefus Chrift amp;nbsp;aux feules œu-ures d’icelle, coiififte tout le fondement de noftre iuftification deuant Dieu , recognoillànt en toute humilité la grace amp;nbsp;mifericorde que Dieu nous faiél en icelle, ou celuy qui par arrogance diabolique calomnie de blafpheme celle doctrine Chrellienc, amp;nbsp;veut faire appuicr les Chre-ftiens delfus leurs bonnes œuures? Certes puis que Lefcaille parle pharifaiquement l’arrogance elide fon coftc;amp; l’humilité letrouuera du noftre puifque noftre doétrine elt vrayement Chreftiene.
Or cell homme qui ne s’eft propofé autre cho-fc que de blafmer amp;nbsp;nos Eglifes amp;nbsp;la dpélrineq y eftannoncée, trouuant encores plufieurs per-fonnes en nofdites Eglifes qui viuent en desbau-che amp;nbsp;diirolution,amp; qui femblent tous les ans amp;nbsp;tous les iours empirer pluftoll que d’amender
-ocr page 46-4^ Hejpoftß clireßiene à
prend occafion fur cela de conclurre,que donc fa doârine que nous y enfeignons ne vaut rien: car dit-il fl elle eftoit bonne amp;nbsp;fainde,ceux aufqucls elle eft annoncée y amenderoient pluftoft que d’empirer. A qiioy ie reipon que celle obieôlion n’ell pas moins ridicdle que malicieufeiamp;ce pour deux raifons. La’premiered’autant que graces à Dieu comme il en trouue en nos Eglifes qui cm pirent pluftoft que d’amenderjauffi en trouuons nous qui y amendent pluftoft que d’y empirer.Et pourtant fi il luy eft permis^ pour ce qui aduieiit auxvnSjdc conclurre que noftte doôlrine ne vaut rienznous n’auons pas moins de fondement de conclurre qu’elleeft bonne, par l’amendementq nous voyons aux autres. L’autre raifon eft d’au tant,que fi fa conclufion eftoit vraye amp;nbsp;tiree de chofesquiluy peulfent donner vn ferme fondement l’on pourroit aulli conclurre par mefme façon d’argumenter,q la dodrine de la loy de Dieu n’auroit pas efté bonne. Car ceux qui ne fauent pas que la plufgrand part de ceux aufqueh on l’é-fèignoit,nelaifloient d’empirer tous lesiours, né fàuroient mieux declarer que parcefte ignorance qu’ils n’ont iamais mis le nés dans les Eferits des Prophètes ny généralement dedans les Sain-dies Eferitures. Et défait les Ifraelites ellans inftruis en la loy de Dieu,laquelle comme il eft ef crit A0i.r5.leur eftoit de toute ancienneté annon cee aux Sabbats,comment s’amendoient ils? lere mie leur reproche qu’ils font bien t ntédus à mal faire,mais qu’ils ne làuent rien à bien faire leré-mie rj. amp;nbsp;au deuxiefine amp;nbsp;vnziefine de fon Jiure
en
-ocr page 47-r^nti-Inquifireur ^^nt.Lcfcaille. 47 en ce qui touchoit proprement la pieté,il mon-ftrc qu ils l'auoyent changée en toute impiété, amp;: leur Religion, port, e pat la loy, en fuperllitiô amp;nbsp;toute idolatrie : quand ils fe profternoient de-uint le bois amp;nbsp;la pierre, amp;nbsp;adoroient les images qu'ils auoient faites,en leurdifant : Tu es mon Dieujtu es mon Pere. Plus quand nous voyons le reproche de ce qu’ils eftoyent plus empires en Cell I mlroit que les Payensxntant que les Payens qui n’auoient que des faux dieux, toutesfois ne les auoient point changés Ier.2.amp; ceux ci qui a-uoientle vray Dieu,qui tous les iours femanife-ftoit de plus en plus à eux,par fa loy,ce neâtmoins l’auoient changé pour au heu d'icelui adorer les idoles. Comme aufli nous voyons qu'au 10. Sc 44.du mcfme liute,amp; au 44.d’lfaie leur idolatrie eft rendue fi manifefte,qu’ils ne la pouuoient cacher ny exeufer. Et quant aux mœurs Ofee pour le regard des Ifraelites nemonftreil point qu’ils empiroyét pluftoft que d’amender quand au 4.de fon hure il dit qu’il n’y auoit entr’eux que meur-tie,maugrccment,pariurc,amp; menfonge,amp; qu’vn fing touchoit à l’autre fang,c’eft adiré que leurs iniquités s’enti efuiuoiéc de fi près qu’il fembloit q la fin de l’vnc dônaft toufiours cômencement à l’autre. Que fi Lefcaille refpôd que cela fe faifoit en Ifraellà ou la dodrine delà loy eftoit corrompue ; mais qu’en ludaoùla loy eftoitpurement annoncec,on ne trouuoitpas vn tel emp rement: ie rel^pondray queLefeaide n’eft pas encores bien exercé en la ledure des Saindes EIcritures: car il trouuera qu’en la comparai Ion qu’elf faite au
-ocr page 48-48 Jiejj^onji Chreßiene à chapitre du prophete Ezechiel des péchés des If-raelites,c’eft à dire de ceux des dix lignées, auec les péchés des 1 uifsôç des habitans de lerufalern, il eft dit que la malice amp;nbsp;deprauation des luifs âi habitans de lerufalern cftoit fi grade amp;nbsp;auoitpris vn tel accroilTement qu’cn vn befoin elle pouuoit iuftificr les Ifraelites lefquelscomparés aueceiix ne fe trouueroient pas ellre (î mcfchans qu’cuX) amp;nbsp;de fait que ditleremie touchant les luifs au ?• defouliure. Vous vcnez,ditil j au Temple ef-couter la loy de Dieu amp;nbsp;y faire vos oblations amp;nbsp;fa crificeSjSc auez cefte vanterie continuelle en vo-ftre bouche difans,Le Temple,le Temple,leTcm ple:amp; neantmoins demon Temple amp;nbsp;de ma mai-fon qui eftoit vue maifbn d’oraifon,vous en aucz fait vue cauernede brigans. Car comme il ad-ioufte pour la prenne de Ibn dire , Ne tuez vous pas,né paillardez vous pas,ne dcfrobez vous pas, ne comettez vous pas adultere,ne iurez vous pas fauHèmentjOe faites vous pas encefemens à Baal, n’allez vous pas apres les dieux cttranges?Et n’ell ce pas auffi de cellempiremét tout manifclle que parle Ilaie au premier de fon liure, quand il dit que nonobftant les bonnes inllrudions qu’ils a-uoient receues, amp;nbsp;les chaftiemens que Dieu leur auoit fait fentir pour les corriger amp;nbsp;amander, ils eftoyent tellement empires foubs fa verge , qu’il ne vouloit plus frapper.dilantque c’cftoit autant de temps amp;nbsp;de coups perdusiveu qu’eftans tellement batusamp; rebatus,que depuis la plate de leurs pieds,iufques au fommet de la telle , il n’y auoit rien d’etier en eux,mais toutesplaies amp;nbsp;meurtrif-fures
-ocr page 49-ï^nri-InqMtpteur^^nt.LeJcaille'. 49 fares, ce neantmoins empirans tous les iours, ils neceflbyent d’entafler péché dciïus péché, amp;nbsp;d’adioufter vue preuarication à l’autre. Et c’cft au/Ii ce que prouue manifeftement fainél Paul au î.des Rom.contrc les luifs de fon temps,lefquels empiroycnt pluftoft que d’amender,côbien qu’ils ' eulfent la loy de Dieu entr’eux : Tu es,dit il,fur-nommé luif, amp;nbsp;te repofes du tout en la loy amp;nbsp;te glorifies en Dieu,amp; cognois fa volonté,amp; fais di fce ncrcequi eft contraire eftant inftruit par la loy, amp;nbsp;te cuidcs eftre conduéleur des aoeugles, inftruéleut des idiots, amp;nbsp;des ignorans ayant le I patron de la cognohlance amp;nbsp;de la vérité en la loy:
Toy donc qui enfeignes auti uy ne t’enfeignes tu point toy-mefmes, quiprefchcs qu’on ne doit point defrober,defrobes-tu,quidis qu’on ne doit point commettre aduberc,commets tu adultere, qui as en abomination les idoles, commets-tu fa-crilege,toy en fomme qui te glorifies en laloy,def honores tu Dieu par latranfgrcffion de laloy?
( Car le no de Dieu eft blafphemé à caufe de vous entre les Gentils.Mais il n’eft ia befoin des’eften dre plus auant,puis que ces fentences de l’Efcri-ture font plus que fuffifantes pour faire cognoi-ftre qu’il ne faut pas iuger par confequence necef faite, qu’vne Religion ne foit pas bonne quand ceux qui s’en difcnt eftre ne valent rié,ou qu’vne doitrine ne foit pas fainéle quand ceux aufquels elle eft enfeignee ne viuentpas fainéfement- Et pourtant ie dy que l’obieétiô que Lefcaille a mife-ici en auant cotre noftre doélrine n’a que du vent peftifcré-QjK û nous voulons parler non pas con»
-ocr page 50-50 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2leSjgt;onJé Chre/liene à
me Lefcaillegt;mais comme L s fainlt;äcs EfcritureSj nousdirons auec S PauLRó.y.quc la loy de Dieu nonobllant tous tels accidens amp;nbsp;toute la dt sbau-chc qu'oaperçoit en laplufpavt de Cvux aufquels elle eft annoiiceejamp; fidelemeut enfeignee, ne laif fe pas d’ellre fainóle,amp; Ie commandement fainâ iulle amp;nbsp;bon.Etpar mi (me moyen reïpondrentà l’obieólion de Lefcaille que la doótrine Euangeli que laquelle nous annonços (încerement ne laif fera d’eftre bonne amp;nbsp;fainôte, encores qu’il s’en trouue plufieurs de ceux qui l’efeoutent, qui en toute leur conuerlation d’an en an font pluftoft empires qu’amendés.Car corne il y en a toufiours qui profitent amp;nbsp;amendet, faifans luire leur lumie rc deuant les autres en toutes bonnes œuures, Matth.5.amp; fe retirant d’iniqu tc en inuoquant le fus Chrilbî.Tim.a.ainfiy en aur i-il toufiours en l’Eglife viliblc de tels que ceux defquels parle S. Paul, Tit.i.qiii faifans profelfion de cognoiftre Dieu,le renient par leurs œuures, cftans abomi-nables,rebelles amp;nbsp;reprouués a toutes bonnes œu ures.Q^ Lefcaille donc ne trouue point d’oref-enauant eftrange fine voulans pas approcher corne luy de l’Anabaptifine nous ne concluons pas comme luy ces allen blees là n’eftrepoint vrayes Eglifes,cfquelles il fe void encores plufieurs def-bauchés,ny celle doótrine là n’ellic point faindc, de laquelle les efcouteur.s pour la pluipart viuent encore s en desbauchement amp;nbsp;dillblution.Car en CognoilTant le contraire,nous mettrons peine i ar bonnes inftiuólions,bons exemples amp;nbsp;continuel le inuucatiou du nom de Dieu de nous améder de
iout
-ocr page 51-l\y4nti-InqHißreur ^^nr.Leßdille. 51 iour en iour amp;nbsp;ceux qui nous cfcoutent, afin de mener vue vie qui foit conforme à la (ainôletc de ladoftrine qui cfi par nous enfeignee.
Or Lclcaille pallant plus outre amp;nbsp;tendant tou-fioursà mefmebut qui eft de rcnuerler nos E-glifes Sc abolir en icelles amp;nbsp;par tout ailleurs fi il peur la predication de la parole de Dieu,faitauec fraude malicieufe vue comparaifon entre le pro-fitquc reçoiuent les hommes de la conduite deî MagiltratSjSc le profit qu’ils reçoiuent de la predication de la doôlrine celefte, laquelle Dieu a commife à ceux qu’il a ehablis pour la conduitte de fonEglife. Ec fait celle comparaifon de telle forte,que ce n’ell point pour fimplemét conclur-te, qu’on aye plus grand befoingdes Magiflrats que des Pallcuts.Mais pour conclurre que pour-ueuque le premier demeure,alPauoir la conduitte des MagillratSjOn fe palFera bié du dernier-.alfà uoir de la predicatiô de la parole deDieu.A quoy icrefpon que nous ne pourrons trouuer que trel-bon ce que dit Lefcail.e de la neceffitc qu’o a d’a-uoir des Magilli atSjdc du grand bié amp;nbsp;profit qui en renient à cous peuples, veu que s’il n’y en a-uoit pointjtoutcs chofes iroyent en confufion amp;nbsp;defordre. Aufli n’y a-il perfonne de nous_qui en doubtcamp;quinc fache en vn befoin fonder amp;nbsp;enfeigner vn peu mieux que luy efte doélri-ne,amp; quant amp;nbsp;quant la mieux mettre m pratique. Car graces à Dieu nous auons en main les fentences des fainéles Eferitures par lefquel-les Dieu donne aux;Magiftrats la conduite des autres, amp;nbsp;leur donne puiffance amp;nbsp;authoritc
i) i
-ocr page 52-Re^onfe chreßienea fur nous,amp; nous enioint quant amp;nbsp;quant de leur porter obeifTmce.Ce dont auflî Dieu nous a don né la volonté telle que nous la fa’fons paroiftre en toutes occafions:^ de ce il en a défia cftéparlé cy delfus.
Et feroit bien à defirer quand il eft queftion de leur porter obeiilànce en chofes iuftes que Lefcaille euft monftré par effeét qu’il veut auoir des Magiftrats pour leur obéir, amp;nbsp;non pas pour fouler aux pieds leur authorité au veu amp;fccude tousjcomme il l’a fait par rebellion audacieufe, quand il n’a voulu obéir à aucun iugemét que les magnifiques Magiftrats de cefte ville ayent doué contre luy,ny à aucun commandement qu’ils luy ayent fait pour le regard de cefte côtrouerfe.Voi re encores qu’il euftprotefté plufieurs fois ( mais c’eftoit hypocritiquemencjqu’il feroit tref-volo-tiers tout ce que par eux luy feroit enioint amp;nbsp;cô-mâdé: ainfi qu’on le peut lireeu fon eferit en la pa gepy.où il leur dit quec’eft deuât eux qu’il entéd de debarre fa caufe pour en attendre fentencc de eux,amp; fe regier feló ce qu’il leur plaira en ordonner par leur prudence amp;nbsp;fagefl’e. Mais cependant nous n’approuuons ny l'intention nyle but de telle comparaifon, quand on compare tellement ces deux chofes qui toutes deux font bonnes, le-girimeSjVtilcs amp;nbsp;neceftairei,que c’eft pour,en fai fant durer amp;nbsp;demeurer l'vne,tendre à l’abolition de l’autre.Car ce qu’elles font toutes deux ordon nees de Dieu ne peut fouffrir aucune comparai-fon tendance à telle fin.
£c à vray dire ce qu’il veut abolir du tout ou tellement
-ocr page 53-r^nti-Inquifteur ^^nt.Le/caille. 5^ tellemét auiiir Ia prcdicatió delà parole de Dieu, que les hommes croycnt s’en pouuoir bien paC-1er fans grand dômage,c’eft vue perfuafiô laquel le ne doit nullemét eftre admife par le peuple de Dieu.Et fi ie dy que celle opinion tient de l’Ana-baptifmcjic diray vray ; amp;nbsp;toutesfois pour auoir pluftoft fait i’en lerray entre luy amp;nbsp;nous le iuge-nientau Leôleur,m’aireurât ques’jla des yeux il sppcrceuraaifecment que telle perfuafion eft v-ne voye hypocritiquemet tracée à toute impiété. Mais afin que ie n’oublie ce dont il vfe pour pa lier 5c comme adoucir cede opiniontaflàuoir que encores qu’il ne feface nulle predication de la pa tôle de Dieu,fine lairraonpas dcs’afsébler pour prier Dieu amp;nbsp;lire quelque lermon des Anciens Doftetirs amp;nbsp;Pafteurs de l’Eglife , il faut aufii remarquer en cela qu’il ne fait qu’il dit, amp;nbsp;qu’il cft pit trop fouuent contredifant à foymefme.Car fi les fermons des Anciens font viiles, amp;que delà Icfture d'iceuxl’Eglifepuifie tirer quelqueprof-fit,pourquoy ne feront vtiles à l’Eglife les fer mós des Doôleurs amp;nbsp;Pafteurs de ce temps enfeignans purement ce qui eft côienu en la parole de Dieu? Etfimefine ie dy que la pure predication de lapa tôle de Dieu fait de viue voix par les Paftturs de cetempsjfe trouuera encores plus propre à efmcu Uoir vn chacun à fon deuoir,accommodant les ex hortations d’icelle au téps auquel nous fommes, comme ont fait ces Anciens les leurs auxcircon-ftances de leur téps,y aura il ceruelle no couuer-te d’ecailles quin’appercoiue aifcmcntla vérité demon dire?
5
-ocr page 54-54 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ReJJ)onfe Chrftiene à
Et cependant que deuiendra noftre Lcfcaille qui foulant fi arrogaminent à fes pieds toutes interpretations des fainôles Efcritiires données par la bouche des hommes ( feulement en intention de vilipender les Pafteursde ce temps qui tous vnanimcment condamnent fes erreurs) femble a-uoir perdu amp;nbsp;le jugement amp;nbsp;la mémoire touchât ce qui concerne ces Anciens dont il parle, lef-quels fansdoubte eüoyent hommes corne ceux de ce temps, amp;nbsp;par confequent rinterpretation des fajnftes Eferitures qu’ils ont donnée de viue voix amp;nbsp;lailTee par eferit, eft fortie de la bouche des hommes. 11 fe monftre donc mal ferme en la refolution qu’il dit auoir prilè lt;^ui eft de ne rien leceuoir de tout ce qui fortira de la bouche des hommes.Qu^e s’il euft dit au heu de la bouche des hommes,de l’inuention des hômes.nous enflions en cela cfté d’accord enféble. Car il fait que nous enfeignons felon le 29.d’If3ie,amp; 15.de S.Matthieu qu’il ne faut point rcceuoir en l'Eglife pour cn-Icignementles inuentions amp;nbsp;traditions dcamp;hom mcs.Mais en ce qu’il dit qu’il ne veut riéreccuoir de ce qui fortira de leur bouche, nous ne pounds pasconfentir auec luy : veu que nous fanons parle 6.d’lfaie;lc i.de Ierem.amp; j.d’Ezech.que Dieu a mis fes paroles en la bouchede fes feruiteurs afin que nous les cfcoutiflîons de leur bouche. Et qui plus eft nous voyons que pour authorifer leur predication , amp;pour induire vn chacun à les efeouter : voireanec attention amp;nbsp;rcucren-ce, 11 leur dit. Qui vous efeoute ilm’efcoute, J-ucio. Quand donc Lefcaille ne vtutreceuoir
aucune
-ocr page 55-l'iAnti-InqMtßteur ^^nt. Leßaille. 5^ îucuneinftruction de la bouche des Hommes, il ne fa t pas ce que Dieu luy commande.
Ma s padbns outre : Qu; nd (ainfi que le veut Lefcaille^afin d’abolir la predication de la parole de Dieu,on s’afscblera pour prier amp;nbsp;inuoquer le nom de Dieu,qui ne void qu’auec quelque ef-pace de temps, fi celle parole de Dieu n’ell point prefehee, on inuoquera auffi toll vn faux Dieu qu’on aura imaginé en fa telle, que le vray Dieu? Et certes ie ne fay comment ce nouueau Theologie qui fait tât d’cllat (ce dit- il) de ce qui e11 porte par le texte expres des S.Efcritures,qu’il ne vou-dtoitpas qu’on s’en ellongnall d’vne feule fylla-be,cepcndant a li toll oublic(voire s’il l’aaurtes-fois blé feu) ce quiellefciit,R.om.io.airauoir que il faut auoir foy pour bic inuoquer Dieu, amp;nbsp;que pour auoir celle vi aye foy, il faut qu’on oye pref-cher touchât ce Dieu,amp; que cela ne fe peut faire fans prédicateur , amp;nbsp;qu’on n’en aura point finoii qu'il foitenuoyé , là où S. Paul conclud puis a-pres que la foy cil par rouye,voire l’ouye de la pa role de Dieu.Et à la vérité la vraye inuocation du nom de Dieu, laquelle fuit b foy, amp;nbsp;ne la prece-deiamais,amp;qui ell la vraye fille d’icelle,vcu que Comme dits. Paul Kom.io.onne peut inuoquer Ccluy auquel on n’a point creu , doit tirer fa forme, comme lafoy tire la fienne de l’ouye,de celle mefme parole de D eu prefehee: amp;nbsp;ie di cxprellc-mcc prefehee pour ce que l’efprit de Dieu parlât par lain ÓI Paul delà v. ye ordinaire par laquelle la foy fe forme au cœur des hommes,n’a point fait mention d’vne fimple leôlure de celle paro-
-ocr page 56-Jle^onfe Chreftiene à lede Dieu, mais de la predication d’icelle. Dont s’enfuit auffi que fi la predication de la parole de Dieu eft neceiraire pour l’engendrement de la vraye foy,ellc l’eft aulîî pour l’engendrement de la vraye inuocation du nom de Dieu.
Il n’eft donc plus queftion d’ouir Lefcaille dire entre les gens de bien, vrais fideles amp;nbsp;craignans Dieu, qu’on fepalFcroit bien fix ans d'auoir des prcfclieurs prefchans la parole de Dieu, encores que pour faire couler plus aifement ce venin dedans le cœur des hommes, il le diC par comparai-fon,difant qu’ô s’en palleroit mieux fix ans,qu’on ne fe palleroit fix iours des Magiftrats. Car nous difons qu’on ne fe peut ny doit pafltr ni desvns ni des autres,amp; que ces deux glaiues l’vndelapa role de Dieu en la bouche des fideles PaReurs,amp; l’autre materiel en la main des iuftes amp;nbsp;incorruptibles Magiftrats doiuent perpétuellement a-uoir leur exercice par le monde , pour entretenir parmi les hommes la vraye pieté amp;nbsp;iuftice, amp;nbsp;en examiner toute impiété amp;nbsp;iniuftice.Mais Lefcail lene veut pas que les Magiftrats apprennet par la firedicatiôdelaparolcde i?ieu Deut.15.combien uy amp;nbsp;fes femblabks renuerfansparfauire dodri-ne les confiiences des fimples méritent niftemét de fentir quelque punition de leur part. Au re-fte ceft homme qui a tant de fois confclîé que la pure prédication de la parole de Dieu eftoit la vraye pafture nourriiranr les âmes , fi maintenant il a entrepris de faire ieufner la fienne, pource qu'eftant remplie de vét,ellc a perdu tout Bon amp;nbsp;faiiïét appétit, il ne deuroitpoint porter d’enuie
-ocr page 57-r^nti Inquißteuyd'^nt.Lefcitille, d'enuie aux âmes qui font defireuies d’cftre continuellement icpues des lainôles inftruôlionsSd’i telle pour diminuer leur ignorance j defesfain-lt;ïes exhortations,pour amoindrir leur parelle,de tes fainCies reprthenfions,pour rongner tous les iours qutlqie chofe de leurs vices , bref de ces faindtes confolations pour alléger leur ennuis amp;nbsp;triftefiès. Que fi par neceflîté on eft priué pour quelque temps de celle predication de la parolle de Dieu,(comme fouuent cela aduient durant les pecfecutions) nous fauons combien lors fert aux fideles de lire amp;nbsp;ouir lire les Saindles Efcrituresgt; pour ruminer amp;nbsp;méditer les faindes infti udioni qu’ils ont autres fois receues par la predicatio d’i telles. Mais de dire degayeté de cœur, comme fait Lefcaille qu’on fepourroit bien palFer de la prédication de la parolle de Dieu,cela ne fort ny d’vneceruelle bien raffife , ny d’vnc confciencc bien apprife.
Nous difons donc rondement que l’Eglife n’a pas moins dcbifoin,Je fes condutleurs pour la pieté,que la République des fiens pour la police: amp;nbsp;que la côfufion ne feroit pas moins à craindre ne moins dommageable à l’Eglife à faute de Pa-fteurs prefehans la parole de Dieu, qu’elle le fe-roità la Republique à faute de Magiilrats qui doi uent rendre le droit à vn chacun. Et par meP me moyen concluons que puis que Dieu a voulu que nous eulîîons tous les deux , l’apparence eft grande qu’il vaut mieux qu’ainfi foit,que d’appre dre de ce nouueau Theologien , qu’en retenant l’vn t on fe pourroit bien paffer de l’autre fans
-ocr page 58-58 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jleßonje Chreßienea
dommage.
M jntenantdonc ie vien ace que cefl: homme continuant en fes iniurcs , dit que nous Pommes des forceurs de confciences. Et rcfponnctte-ment qu’il ne nous eft iamais venu en pcnfcc de forcer ny la conscience de Lefcaill ',ny celle d’au cun autre,tant s’en faut que nous l’ayons fait. Et cependant quant à Lefcaiile nous fauons amp;nbsp;l’a-uons bien experimété par effeôtjque fi nous neuf fions peu Monfieur Confiant amp;nbsp;moy defendre la vérité que nous auions enfeignee , amp;nbsp;laquelle il auoit aceufee de faux,d nous euft volôtiers forcés à preftherfes erreurs, par fô zele phanatique amp;par les enthoufiafmes,delquels il s’eft toufiouts monfiré tranfpotté.
Que fi ç’a i fié forcer fa confcience que de luy auoir doucement demandé en quoy il trouuoit q nous annoncions V e dodrinecôtratre à celle de lefus Chrifi, comme il nous en auoit calomniés enuei s fes ouurieisiou quand apres auoit ouy en quels erreurs ileftoit tombé pat fa propre i-gnotance, ouplufi lt;ft par la fi duâion d’autruy nous nous fommes mis en tout dcbuoirjvoire a-uec trauâil amp;nbsp;di'igence, pour luy faire comprendre la vérité Euangelique contraire à i-ceux , nous en laillbiis le lugement au Le-lt;fie r.
Mais s’il appelé forcer fa confciéce le comman dement qui luy a efté fait de recognoifire fes erreurs en public,pour ofier le fcandale public qu’il auoit donépar iceux,nous difons d’vn cofié qu’il peuft bien en quelque forte appeler cela forcer fa confcience
-ocr page 59-t^nti-Inqutßteur d'^nt. L eßaille.
confcience, pource que'iamais il n’a eu fa con-fcicnce tendante volontairement à ce fien de-iioir,amp; qu’il eft toufionrs demeuré tellement ob ftiné en feserreursjqu’il faudroit de vray vfer de grande force,déliant qu’on l'amena*! à faire ce qui eft du deuoir de tout homme vrayement re-penrant. Et ce fera cependant,en adiouftant ce qui eft vray, allàiioir q ceftc force dót il feplcint, luy auroit donc efté faite par le Magiftratjequel, apres bone cognoiftace de caure,liiy a p plufieurs foys commâdc de faire cefte recognoillance.Que s’il n’appirfieiitpoint aux Magiftrats de forcerôc contrei ndre telles gens à leur deiioir,ou,s’ils font toufioufs refradaires , de leur faire porter quelque peine.poiirce qu’ils le méritent,amp; que tel e-xemple de chaftiment empefehe les autres de faire le (émblable,ic fuis côtent,comme de plufieurs autres chofes,fans en débatte d’auâtagc,de m’en rapporter à tout homme de fain iugement. I t cependant en attendant qu’vn autre que moy en iu gfjie ne me feindray point de dire qu’en ce que Le feuille n’a point voulu obéir au commandemét de fô Magiftrat,lequelluy aefté par plufieurs fois réitéré,11 a bien monftrc qu’en certaines faifons, (amp; nommeement eftant queftion de fon propre fait^,il le pafferoit auffi aifeement amp;nbsp;volontiers de Magiftrats pour fix ans, que de Pafteurs pour fix ioiirs,amp; des Sentences amp;nbsp;lugemens de fes Ma giftr.its,comme des predications de fes Pafteurs.
Or pour toufionrs faire reietter des Eglifes les Pafteurs amp;nbsp;Doéteurs,il leur obieéle en vn autre ien4roir, qu’ils ne font pas en tout amp;nbsp;par tout
-ocr page 60-Äes^onfe chrefîiene à d’accord enfemble, amp;nbsp;que cela fe void par IfH» eCcrits , cfqucls on cognoit qu’entr’eux jily i infinies controuerfes au fait delà doûrine.
Aqu jyierefpon , que s’il ne faut point auoit dcPaiteurs enl’Eglifeiufqu’àce qu’on voyetous les Pafteurs amp;nbsp;Doôfeurs qui font en charge dire d’accord en toutes chofcs,ce ne fera pas pour s e paflèr feulementfix ans,comme il dit,mais il s’en faudra paflcr pour toufiours. Car puis qu’il y aura aufli bien es derniers temps des faux Pafteurs amp;nbsp;faux doôleurs en l’Eglile Chrefticne,comme il y a eu es temps anciens de faux Prophètes en !’£-glife d’Ifrael,ainfi que l’a prédit Sainôt Pierre au a.de là i.De là il s’enfuit manifeftement que comme il n’y aura iamais d’accord entre le faux amp;nbsp;le vray, ainfi n’y en aura il iamais entre les faux amp;nbsp;vrais Pafteurs. Et pourtant en concluant auec Lefcaille,il ne faudroit iamais auoir de vrais Pafteurs d’autant qu’ils ne feroient iamais d’accord auec les autres. Voila lelus Chrift qui dit Mat. 24 que iufqucs à la fin du monde il s’en trouue-ra dans l’Eglife qui la voudront feduire,voire qui fortifieront tellement par miracles leur faulfe do rärine touchant le Chrift,lequel les vus diront e-ftte au defert,lcs autres és cabinets,les autres ici, ou là,que les efleus mefmes feroient feduits par telles gens s’il fe pouuoit faire. Sur quoy il nous faut noter que quand il dit qu’il y aura de tels fe-du(fteurs;amp; Sainót Pierre qu’il y aura de faux Pafteurs Ct faux doefeurs, iln’entend pas que tous ceux qui ferort au derniers téps feront tels, mais qu’il y en aura de tels es derniers temps, delquels
-ocr page 61-t^nri-Inquißteur d’^nt.Leßaille'.
les fideles fe deuront fongncufement garder. Tel Icment que la reiedion generale qae fair Lcfcail le de tous Palleurs foubs ombre qu’ils ne font pas bien d’accord les vnsles autres, n’eft nullement leceuable. Et de faid il appert manifeftement, ^ue ceft homme n’a ny iugement ny mémoire en tout ce qu’ileferit, non plus qu’en ce qu’ildit. Car s’il ne faut aucuns Palleurs pour prefeher la parole de Dieu, d’autant qu’ils ne font pas tous d’accordentre’ux,que deuiendra celle efpreuue d'efpritamp;de dodrine dont Lefcaille fait 11 fou-Uent mention,s’attribuant,mefmes alfez orgueil-leufement(veu fa petite portee ) le don de la diC-cretion des Efprits? Certes s’il ne faut point du tout de Pafteurs, il ne faut point aulTi difccrner qui font ceux d’entr’eux qui annocent le faux ou le vray,ou,s’il faut q telle efpreuue d’efprits amp;nbsp;de dodrine fe face (corne il ell du tout vtile amp;nbsp;necef faire,nous ellant bicnexprelTement commandé, i.Iehan 4,d’cfprouuer les efprits,pour cognoifirc ceux qui font de Dicu,amp; ne croire pas legeremét àtoutEfpiit,amp;,i Thelfa.5.d’efprouuer toutes cho fes pour retenir feulement ce qui ell bon) celle ef preuue laquelle doit cotinuer en l’Eglife,iufques àlafin du monde,fait bien cognoiftre , non feu-lemét qu’il y aura toufiours quelques Pafteurs en l’Eglife.mais aufli qu’ils n’annonceront pas toufiours vne mefmc dodrine.
Or cependant il faut ici aduertir le Ledeiir, que ce que cell homme dit le dilcord desPafleiirs amp;Dodeurs de ce temps,mériter qu’on les reiette tousxc n’eft pas que les erreurs que quelques
-ocr page 62-6z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jlejponjê Chreßiene à
vns d’entielcs Palleurs amp;nbsp;Doóltursde ce temps fcmcnc,luy dcfplaiCcnC tant,comme la refutation qui fe fait d’iceux, par les autres Pafteurs Si Doreurs plus véritables amp;nbsp;mieux fentans de la do-ârinc Chreftienetmais voici le bon accord qu’il voudroit, allauoir ou qu’il n’y euft plus aucuns Paftcurs,mais feulemét des Ledeurs lißns en pu blic les Sainôkes Elcntures, afin que chacun au retour de l’ouye de celle leôlure,s’en allait forger fur ce qu’il auroit ouy lire, telles interpretations que bon luy (cmbleroit,ainfi que font en ce temps laplufpaitdes Anabaj)ti'tes:ou bien pour voir en l’Egliie le bô accord qu’H déliré amp;c vne bo ne paix,il voudroit bien felô ce qu’il dit tllre pot te par la fimilitude de I’yuroycjdot il a eltélt;y def fus parlc,qu’il full permis amp;nbsp;aux Palleiirs amp;nbsp;ge-neralementà tous autres de mettre en auant en l’Eglife telle doôlrine que bon leur fembleroit, voire encores quelle full manifeilement faulTc: fans qu’il fnll loilible àaucû Palleur,Doôleur, ou autre membre de l’Egliie mieux lentant en lafoy de réfuter tels erreurs, combié que lors qu’il s’eft attai]uéànous,ilamonllrcqu’ilne vouloir pasq nous fnffions exempts de fa foie amp;c inique cenlii-re. Et l’intention de Lefcaille en celle paix de l’Eglife amp;nbsp;bon accord prétendu,c’ell de pouuoir maintenant ferner fes erreurs comme faôteur amp;nbsp;fermier deceux qui luy en ont fournil i femence, amp;nbsp;qu’ils foyent admis fans aueû contredit en l’Eglife. Car auffi efl-ce ce qui le fut fi audacicu-fementprotellcr contre ceux qui refutent fescr-rcurs,aulli toit qu’ils font nais, depeur qu’ils ne prennent
-ocr page 63-r^nti-Inquifiteur d'^nt.LefiaiUe. j prennent racine j c)u’ilsrcnuerlèi;ten cela lali-Dertédes ChreftienSjSe font contre l’exprts com mandement de Chrift,qui ve ut qu’on laifle eroi-ftre celle yuroye parmi Ie bó bled,c’eft a dire les faulTes doótnnes auecla vrayc , iniques au dernier iour.
Mais quoyleeft homme qui fe diteftre tant of-fenfe de ce qu’on trouue dans les boutiques des libraires des liures des controuerfes qui font entte pluGeurs Doólcurs amp;nbsp;Pallturs de ce temps au faitdeladoârine, cependant ne conGderepas qu’on y trouue maintenant les Gens pleins de mé longes, d’erreurs amp;nbsp;d’iniurcs contre la vérité de fEuangilc amp;nbsp;contre ceux qui l’annoncent , qui font certainement de mauuaifes marques pour les faire eftimet par gens de bon iugement plus dignes d’eftre trouués dans les boutiques des libraires,que ceux des autres. Et combien qu’il condamne ceux qui eicriucntainfi les vns contre les autres,G eft ce toutesfois qu’a fa façon ordinaire,il veut cftre excepté de la condemnation en laquelle il enuelope les autres,encores qu’il fere decoulpable de cela mefme qu’il condamne. Et qui plus eftjil eft de ceux qui en matière d’eferire fondes plus condemnables,alïàuoir de ceux qui »(Taillent les autres. Car toutainG qu’en ce qui eft forti de la bouche c’eft luy qui nous a aifaiilis le premier,difant à fes ouuritrs que MonGeur Conltant amp;'moy annoncions vne dodrme contraire à celle de noftre Seigneur lel’us Chrift, à quoy ila falu pour noftre deuoir, que de bo ehe nous luy ayons relpodu amp;nbsp;fait cognoiftrepar no#
-ocr page 64-^4 Re^onjè chreßiene a rcfponfcs verbales que Ia doótrine que nous cn-feigniós eftoit cóforme à celle de noftre Seigneur lefusChrift: ainfi maintenant qu’il eil queftion des cfcritSjchacun ßitquec’eft luy qui a fa t imprimer cotre nous pluficurs libelles diffamatoires cfquels il ne fait qu’errer en doéfrine, mentir en hiftoire amp;nbsp;iniurier les pcrlbnnes, amp;nbsp;q apres auoit JonguementpatientCjles Eglifes offenfees desef-crits d’iceluy ont voulu que nous y rcfpondif-fiosen foire que les leôteurs peulfent cognoiftre qu’à tort il blafmoit noftre doctrine amp;nbsp;nos per-fonnes.
Or en changeant de propos amp;nbsp;reuenant à ce qui touche particulièrement la perfonne il fait vne grande compleinte de ce que nous ne l’auons voulu receuoir amp;nbsp;admettre à reconciliation auec noftre Eglife,lors qu’il s’y eft prefenté dit il,auec de bons tefmoins de fa repé-tance. Et là deffus il n’oublie point de dire,que nous luy auons fait en cela vn trcfgi and tort. Et pourtant puis que le leôteur doit iuger de l’cqui-téaAi iniquité de cefte pleinte, il eft raifonnablc qu’il fache touchant ce fait, ce qui en eft au vray. Cell hom ,1 e donc corne il a cité dit ci deffus,ayât efté premièrement par plufieurs fois conueincu de fon erreur,par lequel il maintenoir que nous ferions iuftifïés par nos bonnes œuures deuant Dieu,amp; introduits à caufed’icelles au Royaume des cieux,erreur du tout Pharifaique, amp;nbsp;oppofe dircdeirent à la vérité de l’Euangile amp;nbsp;à la gloire amp;nbsp;louage de la grace de Dieu,apres di-ie auoir «fié condamne de cell erreur par Melïïeurs les quatre
-ocr page 65-T^nti-Inquißteur d'^nt.Leßaille. 6^ quatre Pafleurs de cefte ville,amp; en fon appel par MelFeigneiirs les magnifiques Magiftratsde cefte Republique à fe repreféter en noilrcEglife Fran çoife.à y confeifer (on erreur amp;nbsp;en demander par don à Dieu pour eftre réconcilié auec noftrc dite Eglife , amp;que tout cela fe fift par luy auec vne 'raye repentance du grand fcandale qu’il auoic donnéen Cernantçaamp;là fes erreurs aux oreilles dcsfimples amp;nbsp;condamnant la vrayedoôtrine que nous annoricions.Tüutes les fois qu’il y eft venu foy difant fe préférer pour ce faire, amp;nbsp;pour obéir ïu commandemét qu’il auoit reccu du Magiftrat (car ilcommençoit toufiours faharengueparlà) ilatoufioursprotffté qu’il n’auoit point efté en erreur, amp;nbsp;combien qu’il en euft efté conucincu deuant plufieurs tefmoins non reprochables qui mefmes en auoient défia lolennellcincnt depofe (comme nommeement Meffieurs les quatre Pa-fteurs de celle vilk,par cfciit qu’ils auoyent mis CS mains du Magiftrat qui leur en auoit demandé tefmoignageamp; depofition,) il a mieux ay mêles venir tous démentir deuant toute noftre alfem-bleeque de confelfcr qu’il euft efté en erreur Sc de s’en repen tir;amp; ainfi il venoit demander à l’E-glife fi elle ne vouloir pasconfcftcramp;aduouer qu’il eftoit homme de bien amp;nbsp;qu’il n’auoit iamais eîléen l’erreur duquel elle le difoit eftre coulpa-ble,amp; qu elle fe repétoit d’auoir eftimé qu’il ruft en erreur. V oila ce qu’il eft venu faire toutes les fois qu’il s’eft venu prefenter en noftre afl’emblee comme fes proteftations qu’il a inferees es procedures qu’on a tenues contre luy en font foy.
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-ocr page 66-66 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Äejponfe Chreßiene à
Que fi nier qu’on ait iamais elle en erreur eft confelFer y auoir cfté,ou fi c’eft fe rt pentir quand on requiert df s autres qu’j'.s le repentent : fi c’eft fe condennner quand on accule autruy : fi Ci fl: demander pardon a Dieu quand on fe maintient n’a uoir point faillygt;Lefcai 1 le failànt toutes ces cho-fes,amp; n’eftant point admis par nous à la reconciliation de noftre Eglife, a en cell endroit tref-iu-fte occafion de fe pleindre de nous.Mais fi ce que il faifoitjfe prefentant en nollre allêmbleej elloit tout le rebours de ce qu’il deuoit fa re, comme aulTi il luy auoit eflé bien iuftement commandé, il ne faut point qu’il fe p'eigne d’auoir efté ren-uoyé par nous à caule de fon impenitence au lieu d’ellre admis.Carainfi faifansnous auons fait ce que nous auons deu faire. Et s’il enveutconti-nuer la plainte contre le tcfmoignage de fa propre conftience,amp; melmes de toute noftre Eglife, nous ne faifons aucune difficulté d’en laillèr leiu geroent au leôheur.Car quant à nous voici ce que nous maintenons : c’eft qu’il y a eu auffi peu de vérité en fa repentance qu’en fa doôlrine.tt pour tant que comme l’hypocrifie de fa rcpei tance amp;nbsp;la faulfeté orgueillcufe de fadoclrinea efté toute manifcfti tant en fes propos qu’en fcsefcrisicom-me auffi en ce qu’il s’eft reprefenté en noftre E-glifriauffi fes propos,fes eferis amp;nbsp;fa perfonne ont elle reiettés «Se renuoyes iuftement par nousiuf-qu’à ce qu’il y ait en 1 uy,ôc en tout ce qui ffirt de luy plus de fincerité.
Relie maintenant faduertilfement que nous auons iugé digne d’ellre donne à tout homme vrayement
-ocr page 67-I\gt;4nti-Inqitißreur d'^nt.LefcaiHe. 6^ vtayem.nt Chreftien touchant la charité de Lef-caille,laquelle n’cft pas moins nouuelle ny moins fauflé que fa doctrine amp;nbsp;repentance.
Celt homme donc qui fe dit eftre de ceux qui font tellement nais de Dieu qu’ils ne pechenc plus,qui fe p.nfe eftre ft bien garni de bônes œu-uces qu’il fe promet d’entrer à caufe amp;nbsp;en conft-deration d’icelles au Royaume des cieux,quipre fume d’eftre tellement fanétifié qu’il n’y a plus de fouillure entremeflee parmi iafanétification,qui feperfuade auoir tellement accompli tout ce que Dieu luy a commandc,lt;5c fatisfait à tout ce qui e^ ftoitde fon deuoir,qu’il pourra requérir Dieu de entrer en compte auec luy, qui s’allèure que par les verres d’eau qu’il a donnes aux pauures, il feta prouué deuant Dieu eftre vrayement charitable,qui tous les iours fe pleint que nous ne pref-chons que la foy en nos Eglifes amp;nbsp;non la charité, amp;que nous n’enfeignons point à nos auditeurs a eftre bien vnis amp;nbsp;côioints d’vne ftneere affeétion auccleurs frétés. Et les aymer comme eux mef-nies felon le commandement de Dieu,amp; en fom-meàdeftrer, procurer amp;nbsp;aduancerde routleur pouuoir le falut de leurs frères, amp;nbsp;comme le leur proprexeft homme dy-ie qui en fon babil ordinal te vfc de tous ces langages,par les vnlt; defquels il n’oublie à fe louer amp;nbsp;prifer, en nous ccalangeant pa; lesautres ; fe lailfant tranfporter hors toutes bornes Chrtftienes par fa phrenefie acconftu-mee, adonné vn tel efchanf.llon de fa charité enuers nous, qui fommes fes prochains felon la doctrine de l’Euangile, le vueille il, ou non,
£ Z
-ocr page 68-68 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JleJJjonfe Chreßiene à
qu'il fera bien aile à vn chacun de iuger Je la piece toute entière, quand parlant de ceux qu'il nomme amp;nbsp;tient pour fis aduerfaires, comme devrayilcnaplulieurs,(y en ayâtautantqui font aduerfaires de fes erreurs, comme il y en a qui font vrayement Chrcftiens,}iJ fait celle prière: lfpne,diz 'û^legrdd'Dteu Etarnelparlefiu Chri/l noßreftul Sauueur (jutl luy platfe en brief vous ahif-mer tom , afin i^uefians dehure'^tie vofire cruauté'ff“ tyrannie^noM put fiions par toute la Chreftient'e vittre ä’orefenauant en bonne fatnElepaix. Et cependant Cellhomme dit tant fouucnt en Ibn langage ordinaire qu'il ne nous veut point de mai. Ce que d'o refenauant il perfuadera aifeement à tous ceux qui croyent qu’aux abyfmes d’cnfer,iln’y apoint de mal,mais toute félicité.
Or lt;i celle prière de Lefcaille amp;nbsp;la charité de laquelle elle elt procedee, s’accorde bien auec ce que nollre Seigneur Jefus Chrill en feigne amp;nbsp;com mande quand-il dit:qu’il faut bénir ceux lt;|ui nous maudilIènCptierpour ceux qui nous perlecutent f voire en confelTant ce qui n’cll pas,alt;Iàuoir que nous le maudilfons amp;nbsp;perlecutonsjnous nous en rapportons à tous vrais Chrelliens. Certes en nous voulant tant de bien que de prier Dieu fi ar demment amp;nbsp;de fi grande afléélion qu'il nous a-bifme,il ne nous amallcra gueres de charbons fur la telle.
Or quant à nous pour tous ces maux defquels il nous a fait les vns , fouhaité amp;nbsp;procuré les autres,nous fommes refolus moyennant la grace de Dieu, auquel il a pieu de nous mettre foubsla conduitte
-ocr page 69-r^nti-lnquißteur ^^nt.LeßaiOe. 69 fonduitre dc fonEfprit, de n’en ccrchcr ven-geince,fachans bien,que cela nous eft défendu, Lcuit. 19. ains s’il y en doit cclioir, nous la laifte-rós à Dieu qui fe l’eft Keferuee Deut.31. Hebr.10. à fl ce ne fera point ny aucc défit ni en intention qu’il la defploye deftus luyiains pluftoft le prions debon'cœur qu’il l’en exempte en l’amenant à v-ne vraye repentance, nous cllâyerons de luy rendre le bien pour le mal en fout ce que nous pour-rôs,encores que, cognoilTint bié ce qu’il merite, amp;nbsp;nous mefuiât à fon aune,il attéde de nous tout le contraire. Et s’il auoitbefoin de iioftre fecours nous voudrions eftendre noftre bonne volonté autant que le porteroit noftre puilfance, pour c-xerccrenuers luy tous offices d’iiumanitc. Rom. ii.Nous ferons volontiers non feulement en parole mais qui plus eft en effiél bénins amp;nbsp;cordiaux en fon endroit,amp; luy pardonnerons alaigrement amp;nbsp;fans regret toutes les offences qu’ilacommifes enuers nous,comme nous fauôs que noftre Dieu nous pardonne, Eph. 4.verf ja. Nous ouurirons toutesfois amp;nbsp;quantes qu’il voudra les entrailles de mifericordede douceur enuers luy, amp;nbsp;vferons en fon endroit de toute vraye amp;nbsp;fincere patience, pour le fupporter en toutes fes infirmités, voire mefmes en toutes fes malices, fans toutesfois cd-niuer à icelles; bref, nous garderons paix aucc luy de toute noftre affeiftion fans le troubler en aucune façon , pourueu qu’il declare de bouche amp;nbsp;par efcrit, en manifefta la vérité de fa repétan-ce,qu’il ne veut plus cftre ennemi de Dieu, de la parole, de ladoétrinc amp;nbsp;difeipline Chreftiene, ni
' nbsp;nbsp;nbsp;£ J
-ocr page 70-quot;]lt;:gt; Re^onfe Chreßiene à
des fèruiteiirs de Dieibqiii par la droite amp;nbsp;legitime adminiftration de leur charge, conferuent amp;nbsp;entretienent Tvne Si l’autre en l’Egîile. En fom-me puis que nous defirons eftre recognus pout perfonnes qui voudrions imiter déplus près que îuy noftre Seigneur lefus Chriftlt;lînguiicrement en ce qu’il commande à tous Chreftiens, Matth-5.)au lieu qu’il nous hait,voire d’vne telle haine, qu’il ne fauroit ny parler ny eferire de nous qu’a-uec iniures,nous l’aymerons en noftre Seigneur lefusChriftraulieuqu’il nous maudit de toutes fes fauftes malediôtionsjnous le bénirons de toutes les plus vrayes benediólions dont nousayons cognoillànce: amp;au lieu des imprecations plus que payennes amp;nbsp;profanes,dc(quellcs il vfe à l’encontre de nous ( n’y ayant rien en quoy il fe foit monftré plus fincere qu’en ce fait,auquel fa bouche a toufiours parlé del’abôdance de fon cœur) nous demanderons à Dieu voire en nos plus particulières prieres(fi les publiques luy defagreent toufiours autantjcomme il l’a fait cognoiftre par ce qu’il a cfcrit page 83. ) qu’il luy plaife le diiier-tir du chemin de perdition dedans lequel il s’efga rede plus en plus tous les iours, amp;nbsp;le ramener par fou infinie grace Si mifericorde au vray chemin du faluteternehpour l’en faire vn iour participant aueenousen fon Royaume celefte.
Etc’eft là toute ranimofitéamp; cruauté de laquelle nous allons voulu cy devant amp;nbsp;voulons encores à prefent vfer enuers luy: dont le Icéteur jugera des maintcnant,amp; comme par prouifion, S( noftre
-ocr page 71-ï^nTi-Inquifiteur d'^nr. Lejcaille. 71 amp;noftre Dieu definitiuement quand il luy plaira, comme aufli de tout Ie reftc de cefte contro-uerfe.
A icelui noflre Dieu,feul vray Dieu, Pere,Fils amp;nbsp;faind Efprit, foit honneur amp;nbsp;gloire à toute éternité, ’Amen.
-ocr page 72-CONFORMITE DE LA
CREANCE D A N T O Y N E lES-cailleauec celle des Anabapti-ftes de ce temps.
ANTOYNE LESCAILLE en fa declaration imprimée dit ainfi:
IE crey leftu Christ mon Sauueur me tirera en fin de cefle vie,de cefie Eghfe Chre/iiene vntuerfel-le militante en ce monde,pour m‘introduire en la vie e~ ternelle auec FEgUfe triomphante parl'eheijfance ijuil a rendue,rendu nbsp;nbsp;re ndra à Tiieu fin pere E JSl AiOÏ
( cjui fuis membre de fin corps )iufi^u à la mort ôquot; fin de ma courfe,combat (fr viEloire ^ue tobiiendray, par la •vertu de fin S.Effirit ^u'tla infm abondamment en moy.
LES anabaptistes EN LA confeffion deleur foy imprimée,en la page54. fur l’expofition du Symbole des Apoftres parlent ainfi:
N 01^ maintenons le fus Chri^eflre noflre iufiiee pieté, pource ^ue luy me fines opere,fait accomplit EtJ N O y S cefie tuflice (fi pieté par laquelle nous fimmes rendus agréables à Dieu.
RES-
-ocr page 73-75
Pftr IA Q^E s Covet Parißenmi-nißre de la parole de Dieu.
O V T E S les dix ou douze Para-phrafes de Lefcaille efquelles il veut fe moftrer interprété des Sain des Eferitures , tandis qu’il en defend ailleurs à tous autres l’inter-prctation,l*appelant du nom aucunement odieux glofe,ôc difant qu’il fe faut tenir au fimple tex te gt;nbsp;ne font finon autant de preuves de l’orgueil Wiarifàiquequieften fa perfonneamp;en fa Religion amp;nbsp;creance. Car en icelles toutes il ne fait tognoiftre autre chofc,finon qu’il croit amp;nbsp;efpere que pour,à caufe amp;nbsp;en confideration des bonnes œuures qu’il aura faites en ce monde depuis fa re generation,il receura la vie eternelleamp; fera intro duit au Royaume des cieux. Or auons nous à louer Dieu non de ce qu’il eft en tel erreur , mais de ce qu’il declare ainfi ouuertement qu’il y eft, amp;nbsp;ce d’autant que quoy qu’il en euft eftd forment conueincu.lors que lacontrouetfe qui a elle entre luy amp;nbsp;nous fe demefloit feulement de bouche
-ocr page 74-74 JleS}o»je à ^nt.Lefcaille àfes Parap^iraßi amp;enprelence,ila fouuent niéaiiec autant d’im pudence que de faullèté qu’il euft iamais efté en tel erreur,amp; fingulierement apres que par le luge ment de Meffieurs les quatre Pafteurs de celte ville J amp;nbsp;peu apres par l’atteftde^nitif des Magnifiques de treshonorés Magiftrats de celle République il fe vit condamné à le confelFer amp;nbsp;reco gnoillre en noftre Eglife Frâçoife «Se à en demander pardon à Dieu,à ce qu’ayant ofté par cemoié le fcandale qu’il auoit donne à nollredite Eglife, il fullpuis apres recociLé auecicelle. Car comme il ell prefomptueux de là nature, amp;nbsp;que meP mes en mettant en auant tel erreiir,amp; le defendat tant cotre nous q corre mes fufdits fleurs les qua tre Pafteurs de celte villc/ l n’auoit tendu à autre but qu’a acquérir réputation de grande faindeté amp;nbsp;doctrine, il n’y auoit tien qui luy fuit plus dut que de faire cognoiftre par telle conRftîon amp;nbsp;re-cognoilTance qu’il s’eftoit en cell endroit bic lour dement abufé,amp; qu’il euft mieux fait fe contenter de fa mefure,amp; deuider fes foyes que de vouloir par delfus fa mefure s’ingérer de defmeler les points de la Religio Cbreftieneefquelsily auoit quelque diflficulté.ll aimoit donc mieux apres a-uoir efté côueincu de cell erreur,nier tout à plat que iamais il l’euft fouftenu,que de confelTer que par ignorance il l’auoit creu amp;nbsp;maintenu pour veritable.
Or maintenant toutes ces paraphrafes, comme auffi tout le refte du contenu en fes libelles diffamatoires lefquels il a faits clâdeftinement impri merjamp; mcfmes le cercle q luy a efté prefté à condition
-ocr page 75-du nom de Dourine Ancienne. yy dition qu’il luy prefteroitauffi Ton nom, tefmoi-gnent fi manifeilement ce mefme erreur, q nous n’auons plus be Coin d’en cercher contre luy d’au treprcuue:vn chacun neantmoios demeurât fort esbahi,de ceqn’ayât comme perdu toute memoi rc,amp; parauenture auffi toute honte il mettoi t par eferit en termes fi expres le mefme erreur qu’il a-Uoitproterte faulfement amp;nbsp;aueepariure y inter-pofantle nôdeDieu,n’auoit iamaistenu en fe de nientât maintenât foymefmes aucc autat de droit qu’àtort il auoitauparauant deméti les autres.Et pourtant il ne nous refte finon de mettre en auat la refutation defdites paraphrafes. Mais comme ce ne font eju’autant de redites lefquelles on luy a ainfi an âgées les vnes apres les autres pour le faire fcmbler ertre quelque bié grand Doéleur nevoiilans commettre cefte mefme impertinence,ainfi que nous auons fominairement réduit le tout en celt erreur,auffi nous nous contenterons de luy oppoferle plus fuccinclement que faire fe pourra la vérité Euangelique laquelle pour eitre appelée par luy nouuelle, à f imitatiô de ceux qui difoient le femblable de celle de lefus Çhrilt, Marc.i.ne lairra pas d’eftre la vraye doélrihe ancienne que l’Efprit de Dieu a des le commencement du monde enfeignee à l’tglife amp;nbsp;qui a fes fondemens amp;nbsp;racines dedans l’Eternité de la volonté de Dieu. Pour rendre donc ceci clair amp;nbsp;fa-mi ier au Leclcur,voici que nous difonstalfiuoir que quoy que depuis nollre régénéra- iô nous ayons fait par la foy amp;nbsp;parla condu tedu SainétEf prit beaucoup de bonnes œuures,amp; nommeemét
-ocr page 76-y 6 HeJjjonJè à ^nt. I efcaille à fes Parafhraßs toutes celles defquellesLcfcaiJIeavoulu faire me tion en toutes fes paraplirafes,côme d’auoir quit té nos biens amp;nbsp;autres commodités temporelles, pour laprofeffion du vray Chriftianifme,fuy d’v-ne ville à l’autrcjchargé noltre croix fur nous,fui uy lefus ChriftjConfelfé fon nom deuant les hora mcsamp; non feulement dôné plufieurs verres d’eau froide,mais fait beaucoup d’autres boucs auraof nés aux panures,au nom amp;nbsp;pour l’amour de lefus Chriftjd’auoirfeméàl’cfprit, amp;nbsp;multiplié les ta-lens que nous auons reccusde noftre maiftrc,ci’a uoir lerui loyaleméc en la maifon d’icelui, d’auoir combatu le bon combat,amp; emploie nos membres pour eftrc armés de iuftice à Dieu , d’auoir tenu nos lampes continuellement ardentes en attendant la venue de l’efpoux, amp;nbsp;finalement d’auoir fouffert volôtiers la mort pour le tefmoignage de fl vérité,q font de vray toutes bonnes amp;nbsp;excellc-tes œuures, amp;nbsp;qui onttelmoignage esS.Efcritu-res d’eltre plaifintes amp;nbsp;agréables à Dieuxombié auffi que toutes ces bones œuures foient les voy es par Icfquelles il nous faut cheminer tandis q fommes en ce monde,Dieu les ayant exprellèmét préparées afin que cheminions en icelles Eph.z. pour P 'ruenir au Koyame des cieux: voire combien que ces œuures loient tellement le chemin du Royaume des cieux,que ceux qui au lieu d’icel les s’adonnent à faire les contraires,amp; y perfeue-reront,n’auront point de partà la vie eternelle n’entreront point au Royaume des cieux : i.Cor. d.Si-eft ce que nous croyons,confelfons amp;enfei-gnons par les Sainétes Eferitures que ce que no* ferons
-ocr page 77-du nom de DoÛrine Ancienne.
ferons introduis au Royaume des deux, amp;nbsp;faids participans en iccluy de la vie eternelle, ne nous aduiendra point comme pour l’auoir merité, ou comme chofe qui nous foit deuc amp;nbsp;laquelle nous ayons acquife de Dieu,à caufe amp;nbsp;en confideratio de toutes les fufditcs bonnes œuures. Car mef-nies noftre confcience tefmoignera toufiours y auoir eu tant de tares de noftre cofté en les fai-fant,amp;tant d‘imperfetlions vicieufes entreme-flees par dedans icelles,que fl Dieu nous vouloir iuger felon leur merite, iamaisilne nous iuge-roiteftre dignes àcaufe d’icelles delà viccternel le. Mais en confeflant à Dieu amp;nbsp;par confequent auec finccrité de confcience, qu'apres les auoir faites,il s’en faut beaucoup que n’ayons fait depuis que fommes foubsla cônduitede fon Efpric, tout ce qu’il nous auoit commandé, pour luy ren dre compte exaél en toutes les parties de noftre deuoir, veu que nóus ne pourrions pas prouuer auoir fatisfait de mille en l’vne,lob.9.Confeflant d’auantagc,que quand nous aurions fait tout ce qu’il nous auroit commandé,encores feriôs nous demeurez pour fon regard feruiteurs inutiles, Luc,i7.amp; par confequent fans merite recom-penfejtât pource que nous aurions fait feulemct ce que nous aurions deu faire,que pource que de tout cela,il n’en renient à Dieu aucune vtilité, Pf.Kî.Prians aufliauecDauid, lequel auoit bien autant de ces bonnes œuures là que nul autre, que Dieu ne veuille point entrer en iugement amp;nbsp;en compte auec nous,pource que nulle perfonne ne fera iuftifiec deuant luy par fes bones œuures;
-ocr page 78-7^ Remanie à ^nt.Lefcaille àfes Parafhrafes Pf.i4j.Brefjdemandans (culementauccle pauure peager,pourertre vrayementamp; adeurcment iu' ftifiés deiiâcDicu,Luc,i8.qu’il luy plaife nous par donner tous nos péchés par la feule graceamp; mife-ricordc;nous croyons,cognoillons,confeirons amp;nbsp;enfeignons,que nous ne ferons point introduits au Royaume lt;*es cieux,ny faits participans de U fécondé vie,pour,à caufe,amp; en conlideration de aucunes autres œuureSjquede c. Iles qui ont efté faitesamp;t fouffertes pour nous par noflreScigneiU ]efus Chrift en fa propre perfonne, icelles nous eftant imputées 8i allouées de Dieu gratuitemét) comme fi nous les auions faites amp;foudertes nous mefmes en nos propres perfonnes. Car nous ne ferons point faunes chacûde rous^à caufedeno-ftre propre obeilfancef combien qu’au/Ti nous ne ferons point fanués fans icelle)mais nous ferons fauués par l’obeiilànce d’vn feul,Rom. 5. alTauoit noftre Seigneur lefus Chrift. Et quoy que nous efpandions noftre fang pour confelferle nom de lefus Chrift,qui eftle bon œuure le plus fignale que p'jiffions faire en ce monde en la profeffion du Chriftianifmcjfi ne ferons nous pas rachetés delà morteternellepar l’etfiifiou de noftre propre fang.mais par la feule effufion du fang de noftre Seigneur lefus Chrift , comme de l’AgneaU lànstache amp;nbsp;fans u’acule, i.Pi. r.i. Car c’eft lï vray prix par lequel nous auons efté rachetés felon qu’il en eft parlé i.Corin.7. Et pourtant aufliert il dit Rom.y.qu’eftis iquot;ftifiés en fon fang nous fommes deliurés de l’ire par luy : amp;nbsp;au premier des Ephef. Qiw nous auons redemption en
-ocr page 79-du nom de Doctrine Ancienne.
wluy par fon fang aflauoir la remiflion de nos péchés lelôles richciïes de la grace de Dieu.t om ®e aufli le femblablc eR el'ctit au premier des Co lofliens. Et c’elt par fon propre fang aiiffi que lelus Chrift eft ditHibr.i.auuirfaitla purgation denos péchés,fon lang comme dit Sainct lehan äudeuxiefme de fa i.nous ayant laué de toute ini-^uité,afin que laués ainfi en fon fang,amp; non pas 3u noftre,nüus foyôs propres pour entrer au royaume des cieux.Au regard de lefusClirift dôc,no ftte falut fera vn rray acqueil fait en noftre nô Sc ànoftieprofit; amp;ce d’autant que de vray, il l’a acquis ôc bien payé. Et fuiuant cela l’Eglife eft appelée par Sainéf Pierre au 2. de fa i. vn peuple acquis:amp; eft dit d’elle Aift.io.que Dieujc’eft à dire lefus Chrift qui eftoit vray Dieu , l’a acquife par fon propre fang,c’eft à dire par fon fang qu’il aefpandu entant qu’il eftoit homme. A quoy auÛi doit eftre rapporté ce qui eft dit i. Thell. 5. Que Dieu ne nous apoint ordonnés à ire , mais pour acquifition de falut par noftre Seigneur le fus Chrift. Mais au regard de nous,noftre falut, la vie eternelle,amp;?Tioftre introduétion au royaume des deux pour iouir de ces chofes, ne fe trou-uera iamais eftre chofe acquife par nos bones oeu ntes,ains vn don que Dieu nous fait par la grade grace amp;nbsp;mifericorde. Car c’eft ce que lefus Chrift declare à la Samaritaine lehan 4. quand il luy dit,que le don de Dieu qu’il luy donnera, fera fait en elle vnc fontaine d’eau faillante en vie eter nelle. Et eft auffi ce mcfme lalut qui eft appelé par Sainél Paul a.Cor.tj.vn dó de Dieu inenar-
-ocr page 80-So ReßjonJe à ^nt.Lefcaille afis Parafhrafis rable:amp; voyons que ce titre de don Juy eft donne parSaindl Paul au j. des Roin. amp;nbsp;nomineement quand il dit que la coulpe des hommes ell d’vne feule ofFenfe en condemnation:mais que le doo, alîauoir le don que Dieu nous fait en lelusChrift eftdeplufieurs ofFenfesen iuftification. Et au 6. que comme le gage de péché c'elt la mort,aul]i le don de Dicuc’eft la vie eternelle. Voila donc comme il faut rapporter tout noftrc falut à uoflte Seigneur lefus Chrilljamp; à ce qu’il a fait amp;nbsp;fouf-fert pour nous,tout cela nous citât aloué deDieUi comme fi nous l’auions fait amp;nbsp;fouifert nous mcf-mes.iSc ce par le don que Dieu nous en faitpar u grande grace amp;nbsp;mifcricorde,amp; fans entrer en au cune confidcration de nos bonnes œuurcs. Et de fait nous me fmes n’eftions point encores en c-ftrejors que Dieu nous a fait ce dó qui cft de tou tceternité,Matth.zj.amp; Eph.i.amp;nos bonnes œu-ures n’clloient point encores commencées, lors que Dieu nous a fait cognoiftre amp;nbsp;croire auecef ficaceparfa parole amp;nbsp;par fon Efprit qu’il nous a fait ce don en fon bien aimé fils noftre Seigneur lefus ChriftjRom 9.
Or de vray,quant à nos bonnes œuures le (quel les auront ferui en ce monde à ce à quoy Dieu les auoit deftinees'.airauoir à le glorifier Mat.y.à édifier nos prochains par bons amp;nbsp;fainéfs exemples de toute pieté amp;nbsp;chanté i.Cor.p.ôc à fortifier en nous l’alleuiance de noftre eleétiô amp;nbsp;vocation fa-lutaire,i.Pier,i. Nous maintenons, que fi fans fc contenter qu’elles ayent ferui à ce que delTus, les hommes les veulent prefenter à Dieu , pour eftre
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eftte iuftifiés deuâc liiy amp;nbsp;fauués pourjàcaufej amp;nbsp;encôGderatio d’icellesjors elles fcrót trouuees fouillées deuâtl’exaôtiugemctde Dieu, lequel re garde de trop pres à ce qu’ô luy apporte poiirpa yement,pour lailîèr palier les tares qui font aux meilleures d'icelles corne cela acAé ailleurs plus amplemét expofé amp;nbsp;prouué par nous.Et eft bié à propos qu’en ce regard nous difons auec Ifaie au 64.de fon liure que tQutes nos iuftices font comme le drap fouillé. Car il n’y en a point qui foy-entvrayement nettes amp;nbsp;pures deuant Dieu, ne lt;juipuiirent en leur pureté amp;nctteté tenir place de payement pour nous deuant fon iugement que celles lefquelles noftreSeigneur lefusChrill a faites pour nous en fa propre perfonne : icelles tftant tref-parfaites en toute fainâeté amp;nbsp;iuftice. Mais cependantjcela n’empefche point,que nous tiecroyions,confeflions amp;nbsp;enfeignions touchanC les bonnesœuures lefquelles nous faifons depuis noftre regeneration, qu’icelles eftans prefen-tec$,non deuant le iugement,mais deuant la grace de Dieu,elles feront receues auec nous par no ftrePeretrcl-mifericordieux. Car recognoilfans marque à fa marque ce qu’il y aura de bon en i-celles comme venant de fon efprit,il l’agrecra, amp;nbsp;comme vn Pere tref-benin n’aura point d’efgard aux defaux amp;nbsp;imperfeefions vicieufes lefquelles y auront efté m; flees de noftre part. Et pourtant il nous faut bien retenir cefte fainéle doétriue af. falloir que tout ainfi que celles que lefus Chrift a faites pour nous en fa propre perfonne, par leC-quelles il a tref parfaicemêc fatisfaic amp;nbsp;contenté
-ocr page 82-81 Reß^onfe à ^nf.Le/caille àJès Paraf/hrafis pour nous la iuflice de Dieu , nous eftâs gratuite-mét imputées amp;nbsp;alouees de Dieu, comme fi elles cftoyétproprcmét nollres,amp;procedees de nous, marcheront deuant nous, pour nous faire entrer au Royaume des cieuxzatnfi celles que nous aurós faites depuis nofttc regeneration, nous fuiiiront, lors que par le merite des autres nous entrerons en ce Royaume celelle, Apoc. 15. Mais qu’il nous fouuicnne aufli toufiours, que comme en la gloire celefte,nos corps,quoy que rédus Ipirituclsja mais n’aurôt efgale gloire à celle de nuilrccliefamp; Seigneur lefus Chrift,aufliïamais nos bones œu ures ny en ce mode ny en l'autre ne ferôc égalées aux fiennesen parfeótió de fainéleté amp;iuhice,amp; par côlequét aufli iamais ne ferotpropres amp;nbsp;luffi fautes à produire le mefme exccllét efleft que les fiennes, qui,eft de nous iuftifier deuant Dieu amp;nbsp;nous faire fauuer à route éternité.
Or cependant corne les fentcnces de iugement font toufiours formées fur ce qu’il y a de plus ap-pa ent amp;nbsp;manifelle;ainfi fera formée la fentence du dernier lugemét fur l’efchâtillo qui en eilpro-pofé lu ij.d S Mat.Car nous qui nous ferons a-dônés aiiônes œuurcs depuis noftre regeneratiô, fermas apclés pour dire mis à la dextre, amp;nbsp;rendus bienheureux,non pource quepar icelles nous au rons parfaitement accompli la loy de Dieu. (Car cela n’aura point efté fait par aucun d’entre nous, non pas mefmespar les bonnes œilurcs de nous tous,quand bien elles feroict toutes iointes amp;nbsp;ac couplées enremblc)mais pource que nos bonnes ceuurcs,aurôtmanifeftemét tefmoignc au mode, amp;lc
-ocr page 83-du now de Doctrine Ancienne. 85 Sc le tefmoigneront encores là en la prefer.cc des mefchansjlelquels comparoiftrontauffibien que nous en ce iugement que nous auons en la vraye foy par laquelle nous auons appréhendé en lefus Chriftpour noftrefalut,l’entier accompliil’emcnt delà loy qu’il a fait pour nous.Car au/ïi Chrift ell I’accomplill'ement de la loy eniullice à tout ctoyant.Rô.io.Et ceftc foy aufli Cefmoigncra que nous fommes des vrais enfans de Dieu,luiuant le priuilcge qui en ell donné à tout croyant, lean,!. amp;nbsp;que par confequent le Royaume de Dieu nous appartient en titre d’heritage, comme cela fe Void,Rom.8.amp; 9.amp;Gal.5.amp;4. Et quant aux mefehans la fentence qui fera prononcée con-tr’eux, portera auffien termes bien expres leurs iniquités, c'ell à dire leurs mefehantes œuures, amp;nbsp;icelles non feulement comme tefmotgnages de leur infidélité, mais comme les vrayes cau-fes de leur perdition amp;nbsp;condamnation éternelle. Car comme les mefehans ont en eux les eau-fes de tous les malheurs qu’ils fouffrent en ce monde, ils ontauffien leurs mcfchancetés les vrayes caufes de leur malheur amp;nbsp;perditiô éternel le,comme cela fe void en ce que dit Ofee,!^. Ta perdition eft de toy ô Ifrael, mais le falut eft de par le Seigneur. El ainfi fe fera que les bons auront lors la bouche ouuerte pour chanter perpétuellement les louanges de la grace amp;nbsp;mifericorde de Dieu , par laquelle ils .mront cfté faits participans du falut éternel , amp;nbsp;les mefehans auront la bouche clofe pour le fen-timent de leur confufion , entant que leur
jF a
-ocr page 84-81 Re^oafé à ^nt.LeJcaille à fis Para^]ndfis confciencc plus que côueincuc de leurs mefchan cctésaduouera entile mefmcqu’ilsaurot eftéiu-ftement enuoyés à la mort éternelle amp;nbsp;leurs mef-cliantcs penfees s’accuferontentr’ellcs deuantle iugementde Dieu,Rom.2.
C’eft donc vn erreur par trop lourd que celoy que Lefcaille veut enfeigner en fes Paraphrafes, allàuoir que comme les mefehans feront condam nésamp; perdus à toute éternité à caufe de leurs mef chantes ociiurcs,aulli les bons feront làuuésàcau fe de leurs bonnes œuurcs. Etàla vérité comme de deux debteurs qui ont efté mis aux prifons l’vn demeurant perpetuellcmét à faute de payer, amp;nbsp;l’autre en eftant deliuré par le payement du debt qui a efté fait par le plegc d’iceluy, ce feroit mal conclu de direjCeftui là cft demeuré aux prifons à faute d’auoir payé ce qu’il deuoit, ceftuy-cy donc en eft forti pour auoir payé fes debtes du fieu propre,veu que ce n’a pas elié du lien, mais de celuy de fon pleige qui luy a efté imputé amp;nbsp;alloué du créancier amp;nbsp;du iuge comme fi c’euft efté du fien propre: Ain fi en eft il de ceux qui feront fauués de de ceux qui feront damnés. Car tous confi Jetés en eux mefmes font es prifons delà mort, amp;nbsp;n’ont niles vns ni les autres dequoyfa-tisfaireàDicu. Cependant ce que lesreprouués y demeurent perpétuellement pource qu’ils n’ont point payé le contenu en leur obligation, ne doitpas faire conclurre que les efteus en lôy-ent donc fortis pource qu’ils ont payé du leur pro pre:ains faut feulement conclurre qu’ils en font forcis pource qu’ils ont payé, mais ce n’a pas
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elléduleurj ains deceluy de leur Pleige , qui parl’effufionde fon propre fang les a rachetés amp;dcliurcs de la mort eternelle comme cela a cfté cy deuant fuffifamment prouuc.
La comparaifon donc demeure vraye en ceci gt;nbsp;que comme les vus demeurent en la mort, pouree qu’ils n’ont point payé, auffi les autres en font deliurés pouree qu’ils ont payé. Mais c’eft au payement que Lefcaille erre lourdement, quand il maintient qu’il fe fait par nos propres bonnes œuures. Car tout l’Euan-gileenfeigne qu’il s’eft fait non par les noftres lefquelles ne font pas du tout de bon alloy, maispar celles que Icfus Chrifta faites amp;fouf-fertes pour nous en fa propre perfonne comme noftre vray Mediateur amp;nbsp;Pleige, i. Timoth.a. Hebrieux, 7. amp;nbsp;comme cela fe voit fort clairement en ce quieftdit. Galat. 5. Que Chrift »efté fait malediélion pour nous, afin de nous tacheter de la maledidion de la loy , amp;nbsp;en ce que dit faind Pierre au i. de fa premiere ,que le prix qui a efté payé pour noftre rachat amp;nbsp;rançon, n’a point efté en or, argent amp;nbsp;autres telles chofes corruptibles, par le moyen defquel-les neantmoins on peut faire de beaucoup meilleures aumofnes que des verres d’eau, mais par lepreci eux fang de noftre Seigneur lefus Chrift, comme de l’Agneau fans maculé amp;nbsp;fans tache; comme aufti il eft dit, Marc,to. Que le Fils de l'homme eft venu pour donner fa vie en rançon pour plufieurs. Et fur ceci il eft fort vtile de remarquer, qu’ennoftreredemption, falut amp;
-ocr page 86-8i^ Jlejponfe a ^nt.Lefcaille à fis Parafiirafis nbsp;nbsp;|
introduôlion au Royaume des cieux. Dieu fait grace, amp;enfemble exerce niftice. Car il exerce iuftice voire tref exadement fur Icfus Clirift noftre Plege, quand il tire de luy la fatisfacHon entière de noftre debt: amp;nbsp;il nous fait grace, entant que premièrement c’tft de fa feule grace du tout gratuite qu’il nous donne fon bien ayme fil\noftre Seigneur lefusChrift, pour eftre noftre Plege, iic que puis apres, il nous impute amp;nbsp;alloue gratuittment amp;nbsp;parla mefme grace le payement entier que luy a fait ce Plege qu’ilnous auoKdonné, amp;nbsp;ceauecpareilledelchargepoBt nous, que fi du noftre propre nous l’auions fait nous-melmes. Et pourtant fi apres toutes ces prcuues en m’addrelPant maintenant à Lefcaille, ie di : Or çala Parole de Dieu enfeigne que nous fommes reconciliés, iuftifics amp;nbsp;lauués à cau-fe amp;nbsp;en confideration des chofes que lefus Chriftle Plege que Dieu nous a donné a faites amp;nbsp;fouffertes pour nous en fa propre petfon-ne, amp;nbsp;tu dis que c’eft par celles que nous fai-fons amp;nbsp;fouftrons en nos perfonnes : Tu dis que nous fommes fauués à caufe de nos bonnes oeu-ures : amp;nbsp;la Parole de Dieu dit que c’eft par la grace amp;nbsp;mifericorde que Dieu nous fait en lefus Chrift, Ephefiens, a. Tit, amp;nbsp;mcfmes cefte parole de Dieu , pourrenuoyer au loing ton erreur , dit que ce qui fe fait par grace, ne fe fait point par nos œuures , autrement que grace ne lêroit plus grace, Rom. II. Ergo tu CS vn menteur, vnignorant,amp;vnimporteurquien-feignes à ceux qui te reçoiuent pour Rabbi, le !
contraire
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contraire de ce que Icfus Chrift enfeigne à fes difciples en fa fainôle Parole. C’eft fans doute qu’ayant ainfi la vérité de mon cofté, ic pôurrois vfer de ce langage enuers ledit Lefcaille auec autant de iuile liberté qu’il a pris de licence iniufte pour en vfer contre nous en la page 166.de fi n li-ure, puis qu’il ne mettoit rien en auantque men Congé. Mais fi il faut que pour reprimer Ion audace orgueilleufe on parle à luy de la mefme façon qu’il parle aux autres, i’ayme mieux que vn autre le race que moy. Car ie veux auoir plus d’efgardàccqui elf bien feant à ma charge qu’à ce qu’il pourroit mériter.
Et quant à ce qu’il dit page idy. que les péchés des fideles ne font point péchés à mort, en con-trefaifant le dode, il defcouure fon ignorance, voulant par cela conclurre que Dieu qui regar-deroit tels péchés en fon iufte iugement,ne trou-ueroit point en iceux iufte occaiîon d’enuoyer à la mort ceux qui les auroyent commis. Car quad il eft dit,I.lean 4.que les fideles ne pèchent point du péché qui eft à mort, c’eft à dire du péché lequel Dieu ne pardonne iamais, de là il ne s'enfuit pas que les péchés qu’ils commettent ne foy-ent péchés à mort : veu que tout péché quel que ilfoit engendre la mort de fa nature , amp;nbsp;que Ion gage c’eft la mort. Rom. 6. De fait on void que plufieurs iront à la mort pour leurs péchés , lefquels cependant n’auront pas commis le péché qui eft appelé à mort ou irremiffible: mais auront commis les autres péchés lefquels
P 4
-ocr page 88-88 JieS^onfe à ^nt.Lefiaille àJes Parajhrafes vraycment font mortels Sc toutesfois font appelés rcmiffibles : non qu’ils le remettent à tous ceux qui les ont commis : car iamais ils ne fe remettent auxinfideles amp;nbsp;reprouués : mais pout-ce qu’ils fe remettent aux elleus Sc fideles parla grace amp;mifericordc que Dieu leur fait en lefus Chrift fans laquelle pour tels péchés ils feroyent au iour du jugement enuoyés aufli bien que les autres à la mort éternelle. Et pourtant que Lef-caille celle d’eftimer que les péchés des fideles nefoyentpoint àmort. Car ils font à mort de leur nature : mais ce que les fideles ne mourront point pour iceux , leur aduiendra de la grace amp;mifericordc que Dieu leur fait en lefus Chrift.
• Mais paflànt outre , amp;nbsp;le fuyuant à la trace defoneferit, il me faut ici reprefenter aule-ôleur vn autre tranfport d’efprit qui s’apperçoit en cell homme quand pour abolir la vérité de l’imputation gratuite qui nous eft faite des œuvres que lefus Chrill a faites pour nous fauuer (ce qu’il appelé ailleurs vne fiéliô humaine quoy qu’elle foit le vray Sc vnique fondemét de noftre falutj)il dit en fe moquant qu'il faudroit aufli par mefme raifon que Dieu ne condemnaft point les melchans pour aucunes mauuaifcs œuures qu’ils 31 euflènt faites, mais feulement, pource que le péché commis par Adam leur feroit imputé-
Or pour relponfe à celle glofe Lefcaillienne, il faut que ie die d’entrec que cell homme fait fem-blantd’ignorer, ou défait ignore la dift'erence qu’il y a entre la façon félon laquelle nous corn muni-
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muniquons à la'' corruption d’Adam, amp;nbsp;celle felon laquelle nous participons à la iuftice trefpar-faite de noftre Seigneur lefus Chritt. Car il ne fe trouuera point q la códemnatió qui eft tôbee fur Adâ s’eftcde fur aucû qui ne foit en foy aufli bien entaché de la cotruptiô,qu’Adam. Et de fait ce q nous fômes pécheurs en qualité d efans d’Adâ,cc n’eft pas propremét la caufe du péché qu’il a com mis,lequel fingulier amp;nbsp;particulier péché eft vraye ment demeuré enclos en fa perfonne : mais c’eft d’autant q nous fommes corrôpus en qualité d’é-fans d’Adâ en nos ^pprespcrfones, pourcc qu’A-dâs’eftâtcorropuparle péché qu’il auoit comis, ne nous a pas peu puis apres mettre au mode autres q corrôpusamp; infeélés de la contagiójnó du pe ché particulier amp;nbsp;fpccial qu’il auoit commis,mais delacôtagiondupechéplus généralement pris, c’eft à dire de la côtagion peceâte. Et pourtât ce q eft dit par noftre Dieu Ezec. i8.q le fils ne portera point l’iniquité de fon pere, demeure toufiours vray.Car de fait,fi Adâcorrôpu euft peu mettre fapofterité au mode telle qu’il auoit efté créé de Dieu au commencement, c’eft bien fans doute que cefte pofterité n’ayant point de péché originel en elle,Dieu ne l’cuft point condamnée pour le péché de fon pere.Mais Adam pecheut amp;nbsp;cor-rôpu ne pouuant mettre au monde enfans qui ne tinlfent de cefte contagion, amp;nbsp;qui ne fuftènt pécheurs amp;nbsp;corrompus aufli bien que luy, Dieu dit a bon droit tous homes eftre pécheurs,non aure gard de ce qu'Adâ a péché mais au regard du péché qui ayât trouué place par accidét en Ada, eft
-ocr page 90-90 Ref^on/ê à ^nt.Lefcaille à fis Paraphrafis maintenant naturel en eux tous. Et fuiuant ceci Sainél Paul dit que tous hommes ont péché, Rom. ƒ .Et c’eli ce que le Sainôl: Efpnt declare au 6.Sc 8.du Genefe,quand il eft dit que maintenant toute l’imagination des péfees du cœur de l’homme n’efl autre chofe que mal en tout temps:iSc au i^-.de lob où il eft dit que le net ne fc tire point de Ce qui eft otd:amp; au yi Pfcaume où Dauid quie-ftoit né en legitime mariage recognoift néant-moins en ce ft ns qu’il a elle formé en iniquité, amp;nbsp;que fa mere l’a efchaufFé en péché dans (on ventre. C’eft auflî fuiuant cédé doctrine qu’il eft dit Rom.S.que toute I’afFedion de la chair eft inimitié contre DieinBref c’eft ainfi que le melme A-pçiftre SaiiiétPaul dit Eph.z. que de nature tous hommes font enfans de l’ire de Dieu, c’eft à dire ont naturellement en eux levrayobitél de l’ire de Dieu,qui eft leur corruption originelle laquel le ils apportent aucc eux du ventre de leurs meres. Il ne fe dit donc point deuant Dieu que fame du fils, duquel le perc aura péché, mourra: mais q l’ame de celui qui aura péché eft celle qui mourra Ezech.i8.Et pourtant Lefcaille ne pourra iamais croire ny enfeigner fans erreur que les mefchans qui feront condamnés au iugement de Dieu,le ioientpour lepechécommis par Adam. Car ils ne feront iamais condamnés de Dieu ny grands ny petits,que pour le péché, ou originel feulement ou originel amp;nbsp;aéluel enfemble qui fe trouuanteneuxfera lavrayecaufe de leur condemnation. Mais il n’en prend pas ainfi du fa-lut des bons:car nous fommes faaués par l’impu-taiion
-ocr page 91-da nom de Doctrine Ancienne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;91
tatioii qui nous eft gratuitement faite de la iufti-ce de lefus Chriftjvoii c de celle tuftice trefparfai te qu’il a accomplie pour nous en fa propre per-fonne. Etcelaeft fait vrayement par imputation de ce qui eft en Chrift amp;nbsp;non point en nous. Car il n'y a aucun fidele auquel par quelque moié qu’on vueille imaginer d’infufion J comme fait Lefcaille, ou autre,celle trefparfaite iullice de le fus Chrlit fe puilTe ti ouuer réellement amp;nbsp;de fait, comme le péché originel procédant de la contagion de nollre premier pere, fe trouue en tous fes enfansjc’eft à dire en tous hommes. Dont s’enfuit qu’icelle iullice ne fetrouuâtiamaisen nous non pas mefmes en l’autre monde,non plus qu’en cellui cÉautrement que par celle imputatiô gratuite,mais feulement en Chrift, c’ell vrayement par la feule imputation d’icelle que nous ferons fauués.Ec c’ell au/îi à celle occafion que Sainét^ Paul dit Rom. 4. que celle iullice nous ell imputée ou allouée de Dieu fans ceuures,c’ell à dire fans que de vray nous ayons fait les œuures ef quelles feules elle fepcull trouuer. Et voyons aulli tout au contraire qu’au mefmc chap. 4. des Romains,celui que Dieu iullifie ell appelé mel-chant,ellant confideré tel qu’il ell en foy. Car au lieu que Dieu nous iullifie par grace, cllans encores mefcljans en nos perfonnes, il nous iulli fie felon fon exaéle iullice, comme tresbons amp;nbsp;trefiulles en la perfonne de fon Chrift,par l’impu tation gratuite qu’il nous fait de la iullice trefpac faire laquelle il a accóplie pour nous en celle fié-ne perfonne. En fomme ce que Lefcaille veut
-ocr page 92-91 Jteßjonje à ^nt.lefiaille à fes Pafafhrafis conclurre en fes Paraphrafes que comme les mef chans feront condamnés à caufe des mefchan-tes œuures qu’ils auront faites, ainlî les bós feront fauués à caufe des bonnes œuures qu’ils auront faites,n’a point de fondement en vérité: ains eft vn erreur manifefte. Et de fait pour faire vne telle conclufion,il faudroit que les bonnes œuures des fidelesjmeritalfent bien la vie,comme ) les meichantes œuurcsdes mefchans méritent li ftiort eternelle. Mais il en va tout autrement comme il le fait,amp; le fent bien en fa confciencc,y ayant en ceci plus d’orgueil amp;nbsp;d’opiniaftretéen luy que d’ignorance. Car au lieu que les mefchans font trefiuttement condamnés à caufe des mefmes mefehantes œuures qu’ils ont faites, amp;, ce d’autant que non feulemét toutes les mefehan tes œuures qu’ils ont faites cftâs mifes enfemble, mais que mefme b moindre d’icelles toute feule, merite iuftement la mort amp;nbsp;condemnation eter-nelletau contraire les bons ne font point fauués à caufe des bonnes œuures qu’ils ont faites,pour ce qu’icelles mifes toutes enfemble ne fe trouue-ront iamais fuffifautes pour mériter le falut éternel. Et c’eft pourquoy comme nous auons défia donné ailleurs cell aduertiifementjil n’a point fahl qu’aucun autre foit venu au monde pour pe-cheramp;tranfgrcïTer plus entièrement amp;nbsp;parfaitement la loy,que ne faifoiencles mefchans, afin de les rendreplus iuftement condcmnables deuant le iugement de Dicu.Car la moindre de leurs mef chancetés a tranfgrcfle la loy de Dieu toute entie re,côme nous l’auons prouué par ce qui eft eferit
laq.î.
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hq.x.amp; par plufieurs autres preuues:mais il a fa luqu’vn autre vinft pour faire des œuutes plus parfaitement faindes amp;nbsp;iuftes que n’eftoient celles des fideles,amp; pour plus parfaitement accomplir la loy de Dieiijqu’ils ne la pouuoient accom-plir,aflàuoirIefusChtift,afinque cela leur eftant gratuitement imputé de Dicu,comme fi eux mef ipes reufient fait,ce foit la iufte eau fc pour laquel leils feront fauuésamp;introduits au Royaume des cieux, pour y iouir de la vie éternellement bien heureulê auec le mefmelefus Chrift amp;nbsp;fes Anges efieus. Et quant à ce que cell homme nous aceufe en continuant en fes calomnies de ne vou loir que les PhilofopheSjmarchans,amp; autres per-fonnes qui n’exercent le Sainét minillere en l’E-glife,efprouucnt les dodrines qui leur font enfei gnees touchant ce qui concerne le falut de leur amesmous fauons que toute noftre Eglife (amp; luy mefines s’il vouloir dire vray)rcndra toufiours tef mojgnage du contraire. Car comme nous fauons qu’au 4.de la premiere deSaindlehan nous fommes aduertis de ne croire à tous elprits« mais d’efprouuer s’ils font deDieu;amp; au cinquième de la feéonde aux Thellà'.oniciens d’efprouuer tou -tes chofes pour retenir feulement ce qui eft bon; amp;nbsp;qu’en generaljtous font admonneftés lehan 5. de fonder les Saindes Efcritures : amp;nbsp;que l’exemple qu’ont donnéà tousClirefticns ceux de Berné defqucls il eft parlé Ad. 17. eil digne d’imitation; ainfi exhortons nous tout noftre peuple de le faire,voire s’il fe peut faire. Et pour le défit qu’a-uons que tous le puilTcnt faire t leur apprenons
-ocr page 94-94 Re/jtonJèii^nf.Lefiailleà fes Paraphrafes comment il le faut faire,condemnans lanegligcn ce de tous ceux qui ne le font point,le pouuansfai re,veu que s’ils n’auoient qu’a receuoir vne piece d’argent, qui ne leur eftpas de teile importance que ce q l’on leur enfeigne pour le dut de leurs âmes, ils feront diligens à *a tourner de retourner pour voir fi elle eft point de faux coin : Si à lafaire fomur amp;nbsp;refonner, pour cognoiftrefi elle ne fera point de faux aloy.Mais il pt uft bien eftre que quand on a veu le paflementier Lefcaillen’t-ftre fi propre amp;nbsp;fi heureux àdifceinerpar fis ef* preuues le faux d’auec le vray en fait de Theolo-gie,côme il eft à difeerner entre la foye amp;nbsp;le fleu-ret:ains que par les elpreuues mal faites amp;nbsp;mal cô duitesjilne faifoit que tout corrompre amp;côfon-dre,il liiy aura efté dit iuftement amp;nbsp;par aduettilfe ment d’amy qu’il luyferoit mieux feant dc*faite gt;nbsp;fbn meflier lequel il entendoit allez bien,que de fe melier fi auant de cellui ci,deuant que d’auoit appris à le bien faire.
Or cependant fi faut il dire vçritc voire de celui mcfmc contre lequel on a quelque contro-uerfe. Qui fait que ic veux confeller que celt homme eft aucunement digne d’ellre employéau baftiment de celle doélrine Pharifaique, s’efiant monftré extrêmement diligent à amaller toutes les pierres que luy auoient fait charrier les maillres de l’edifice,amp;à les mettre en œuure. • Car il a remué Sc agencé toute pierre tat cornue full elle, pout la hire feruirde quelquechofcà perfuader aux hommes qu’ils feront fauués par leurs bonnes œuures. • Qu’ainfi foit on fait, ce que
-ocr page 95-dit nom de Dourine Ancienne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9 y
q dit noftre Seigneur lefus Chrift au 17.dc Sainâ Lucjalfauoir que quand nous aurions fait toutes les choRs q nous auroient efté cômandees,encores faut il que nous nous recognoiffions amp;nbsp;confef fions eftie feruiteurs inutiles qui n'auôsrien fait que ce que nous auons deu faire:amp; quand lefus Chr'ft dit inutiles ce n’cll point au regard des au tres lioinmes,aufquels,en glorifiât Dieu par bonnes œuures, nous pouuons auoir ferui de bon exemplemy auffi au regard de nous mefmes, qui, en bien faifant,aurons fortifié amp;nbsp;affermi dedans nous l’affeuranceidc noftre eleéfion cternelle SC Vocation falutaite : mais inutiles au regard de ûicu,auquel fuyuant ce qui cft dit Pfeau.nî.il ne fera venu aucun profit de tout ce qu’aurons fait, entant que rien ne peuft eftrc adioufté à la toute fuffifancc d’iceldy. Or quoy que cela fe die feulement par. concefïion,amp; pour toufiours rendre plus claire la doélrinequ’éfeigne que ne fommes fauués que par la feule grace de Dieu, veu qu’il n'y a vn feul d’entre les hommes, quelque iufte qu’il foitjqui face toutes les chofes que Dieuluy acommandeestvoulant lefus Chrift qu’on fache que quand mefme cela feroit aduenu à quelcun, fi doit il recognoiftre,que quand il receura la vie tternelle, ce ne fera point en confiderationde lisœuures, mais par la feule grace amp;nbsp;mife-ricordc de Dieu en lefus Chrift. Ceft homme donc afin que fes difciples quand on leur alléguera cefte fentencecontre leurPhanfaiquc do ftnne/'e dem tirent point courts amp;. fans rcfpon-Ic, leur dit qu’ils n’ont qu’à mettre en auantee
-ocr page 96-^6 Jlejjjonß à ^nt. L eßaille à fes Fa raf)})rafes partage qui efl au ij.de Sainól Matthieu, où il eft dit que le feruiteur inutile fera ietcé es tenebres de dehors.Qui eft autant que s’il difoit felon fon fens,qu’il faut qu’ils oppofènt ce partage ci à l’au-tre,pourmonftrer que nul de ceux qui lont ferui leurs inutiles,n’entrera au royaume des deux. Et pourtâtquoy qu’il en foit qu’il faut apporter gain par nos œuurcs à Dieu qui eft nollre Maillre,afin qu’il nous donne pour le falaire de nollre ouuca-ge 11 vie éternelle. Mais c’eft chofe eftrange du trefbuchemcnt de cell homme, amp;nbsp;laquelle nous trouuerions encores plus ellrangc, lî ne fauions que comme vn abyfme appelé rautre,ainlî quand on eft tóbé en quelque erreur auquel on fe plaid, il n’y a rien puis apres en quoy on n’erre volontiers. Car il n’eft point fi aueugle qu’il ne voye la grande difference qui eft entre ces deux ferui-teursjlefquels tous deux font nommés inutiles, amp;nbsp;entre les deux inftruélions qui nous font données en laperfonncd’iceux. Carl’vneft appelé feruiteur inutileMatth.ij.non pour auoir confu-mé amp;nbsp;(Jelpendu melchamment le bien de fon mai ftre,qui feroit vnetrelgrande faute,mais mefmes fêiRementpour ne l’auoir point fait profiter tâJis qu’il eftoit entre fes mains,qui eft cependant vne bien moindre faute : amp;nbsp;c’eft que, comme l’Elcri-turelàinélcLuCjij.lehan,ij. Jude, n’appclepas melchans arbres ceux là fculs qui portent de mef chans fruiólsimais aulEceuxIcfquels n’en porter du tout pointtainfi eft il dit de ce feruiteur lequel n’a point fait profiter le talct de fon Maiftre,qu’il eft inutile , amp;nbsp;qu’à celle eccafion il fera ictté
aux
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aux tenebres de dehors,afin que nous fâchions q ceux d’être les homes qui n’aurôt fait nuJles bonnes œuures,quoy que nieu leur ait doué Je moyé d’en fairejii’aurôt point de part à la vraye félicité. Mais l’autre qui au 17.de S.Luc eft apelé feruiteur inutilcjeft ƒroprement enfeigné de fe donner ce nom à foymefme, voire au milieu des bonnes œu-ures qu’il aura faites,amp; mefmes del accompliné-ment de la loy(fi tant eftoit qu’il l’a peuft auoir ac côpliec’eft afin que quad aucc amp;nbsp;felo icelles il feroit fauuéjU fe gardaft bien de s’enorgueillir en Uers Dieu,comme s’il receuoit de Dieu la vie eter nelleà caufeamp;enconfideranon de fes ceuures.
mais qu’en toute vraye humilité,il recognoiife re ccuoircefte vie éternelle de don gratuit,amp; ce par la feule grace amp;nbsp;mifericor'de qu’il luy fait en ion bien-aymé fils noftre Seigneur lefus Chrift.Il eft doc tout cuidét que ces deux feruitcuts,aulquels pour diuers regards eft donné le nom d’inutile, l'ont bien diiferens l’vn de l’autre,amp; que l’inftru-ebon qui nous eft donnée en la confideration de rvn,eft bien differente de celle qui nous eft donnée en la confideration de l’autrc.Etpourtant fache Lefcaillequc,quantà nous, en deteftantôc fuyant l’exemple amp;nbsp;la condition de ce feruiteur inutile, duquel il eft fait mention,Matth.25.qui ayant receu quelque moien de glorifier Dieu en cemonde,ne l’a point voulu faire, d’autant que nous cognoiftbns amp;nbsp;côfelfons que c’elt ce à quoy toute noftre vie doit eftre rapportée amp;nbsp;employee, felon tous les moyens que i ieunousen donne: Nous ne defirons rien plus que de nous reco-
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-ocr page 98-98 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;à ^nt.Leßaille à[es Paraph'ajès
gnoiftre feruiteurs inutiles, à la façon de celuy dont il eft fait mention, Luc 17. amp;nbsp;ce nonoblbnt toutes les bonnes œutircs que nous pournonsa-uoir faites pour glorifier fou faincl nom au milieu de ce monde : fachans bien que d’icelles il ne luy pourroit eftre reuenu aucun proflSt,PfeaU. i^. amp;nbsp;par confequent confellèr, en receuant de luy la vie eternelle, que cc fera de fa feule grace amp;nbsp;mifericorde, laquelle i! nous fait en le-lus thrift, amp;nbsp;fans aucune confiderarion de nos ceuures. Et cependant auec la cognoiftäncc amp;nbsp;af-feurance de la vérité de cefte làimfte doélrine, nous ne lairrons de trauailler autant que nous pourronsen toutes bonnes ceuures , amp;nbsp;d’exhorter amp;nbsp;accourag:r tous autres à faire le fembla-ble: mais ce fera fans donner lieu à aucun orgueil Pharifaique; ains plus nous ferons de bonnes œuures, plus auffi nous lentirons nousre-deuables àla grace de Dieu ; amp;ertarts introduis aufalut, recognoiftrons franchement cc bien nous aduenir de fa feule mifericorde. Maisquoy ceft homme eft tellement ennemi de cefte grace de Dieu, qu’il ne veut pas mcfmes que les pen’s enfans qui feront fauués, fbyent faunes par icelle, lefquels cependant il fait bien n’auoir aucunes bonnes œuures: ains pluftoft que de confelfer en cela ,il apprend à fes difciples,pa-ge 17?. de dire que les pctis enfans ont vn principe interieur abonnes œuures, lequel Dieu a allumé en eux, amp;nbsp;lequel au iour du iugement leur fera compté de Dieu pour œuure : voulant auffi que le mefme foit entendu de ceux qui, e-ftans
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ftans conucrtis à Jefiis Chrift, lorsqu’ils fontde-fiaen grandaage,amp; pres de la mort, mourront deuaiic que d’auoir faitaucunes bonnes œuures. Mais celt homme,qui faid tant le grand zelateuç des laindes Eferitures,qu’il ne veut point que ia-, mais rien foie mis en auant, que ce qui fetroqpçq raellreefcrit en icelles en termes bien expres,ric troiiuera point que celle dodriney foit eferite, touchant le principe interieur à bonnes œuures lequel il dit eilre alloué de Dienen eux, amp;nbsp;de-r uoir eftre receu de Dieu en £bn ingement poui; les bonnes œuures qu’ils doiuent faire. Et aufli c’eft bien ici le comble de l’orgueil pharifaique de vouloir tellementmaintcnir qu’on fera fauué àcaule des bonnes œuures quelaoumefmesil ne fe trouuera point du tout de bonne œuure, comme aux petis enfans, qui fouuent meurent aufli toll qu’ils font nais, on ayme mieux imagi ner vn principe interieur à bonnes œuures, caché dedâs eux,lequel Dieu leur allouepour bonnes ceuures« que de confefler ce qui ell du falut des petis en-fans félon la vérité de rEuangilc,Rom.4.alîauoir que fans œuures,la iullice que lelus Chrift a accomplie pour tous fes eleuz tant grands que petis leur lera allouée à falut,deuât le iugemét de Dieu par fa grace amp;nbsp;mifericorde : amp;ce afin que nul de ceux quele Pere celcfte a cfleuz amp;nbsp;donnés à fon fils ne foit perdu.leâ 6.Car aufli corne il efl eferit Rom.p.le lalut des enfans de Dieu,tant ceux qui doiuent deuenir giands en ce monde, que ceux qui y doiuent mourir tous petis, ne laifle d eftre alfeurédeuant qu’on ait fait de bonnes œuures,
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-ocr page 100-roo Jle^oajé à ^nt.Le/caille a fes Paraphrafs afin que le propos de Dieu arrefté felon fon ele-élion demeure ferme amp;nbsp;du tout immuablc.Et me fera permis de dire ce petit mot en partant, que èè queLefcailleditici touchant les petis enfans, que Dieu leur comptera pour bonnes oeuureSj le pfiliCipe qu’ils auront eu en eux à bonnes œu-Ûres , encores qu’ils n’en ayent point fait, eft vne elpece d’imputation , encores qu’il n’vfede cériaot, pource qu’il l’a pris en trop grand haine. Car c’eft autant que s’il difoit, que Dieu re-querroit des petis enfans de bonnes œuures, àurti bien que des grands, pour les fauuer à cau-fe amp;nbsp;pour l’.imour d’icelles , n’en trouuant point èn iceux, leur imputera au lieu d’icellesjce principe interieur, amp;nbsp;le leur allouera en fes comptes au lieu des bonnes œuures actuelles par Icfquel-les ils deuoyét acquérir leur fakit. Or au lieu que Lef^caille appelé l’imputation de laquelle nous vfons apres les fainiâes Eferitures , vne fidion de droit, nous luy pourrons dire auec toute iu-fte raifon j que cefte ci dont il vfeen ceft endroit, eft vne fiction de tort, quand on veut contenter Dieu, en luy donnant feulement le principe de quelque chofe , comme de l’obeiflance de la loy,voire vn principe qui n’a encore rien produit au lieu que 1’exaóle iuftice de Dieu requiert de tous ceux qui feront fauués, vn entier amp;nbsp;aduel accomplirtement d’icelle. Et il fait que nous n’v-fbns point de telle fiction , ou pluftoll tromperie enuers Dieu en l’imputation fur laquelle nous nous appuyons felon ies fainótes Eferitures. Car nous prefentons amp;nbsp;apportons à Dieu par foy vne tref-
-ocr page 101-du nom de Dourine Ancienne, ' ? loï tref-parfaite iuflice amp;nbsp;obeiflànce rendue à Djeu en toutes fortes de bonnes œuures par noftre Sei gneur lefus Chridjcftans bien allèurés que comme il l’a accôplie en fa propreperfone pour nous amp;à noftre deftharge,aufli nous fera elle imputée amp;nbsp;allouée de Dieu comme noftre, par la grande grace amp;nbsp;mifericordc.
Et quant à ce qu’il dit auffi queDieu comptera pourœuures faites, ce mefme principe à bonnes / tcuuresaux hommes d’aage,qui,eftans conuertis àluy,mourront deuantque de faire aucune bonne œuurene luy diray franchement ce dont le iu-gement demeurera an leôtcur : que, outre ce que cefte dodrine cft auffi faufl'e en ceux-ci, comme aux petis enfans,,entât que ni les vns ni les autres ne feront fauués en confideration de ce principe interieur à boues œuures,mais par la feule grace de Dienen lefus Chrift,qui par famort les a faunes amp;nbsp;rachetés de la mort éternelle : fi doit-il fa-Uoir que iamais il n’y aura homme d’aage ayant cognoilTancc amp;nbsp;iugement, qui, eftant vrayement conuerti à Dieu,meure deuant que de faire quel que bonne œuuretvoire quand il ne deuroit faire que les mefmes bonnes œuures que fit le larron conuerti lors qu’il eftoit défia en la croix, lequel confelfa fes fautes amp;nbsp;recognut auoir bien merité la peine qu’il enduroittS: pria noftre Seigneurie fus Chrift d’auoirfouuenâce de luy en Ion Royaume,car iamais la vraye conucrûon de l’homme n’eft fans foy amp;nbsp;repentance ny fans l’inuocation de Dieu pour obtenir grace amp;nbsp;mifericorde.
Or il ne fembloit pas que Lefcaille qui appclok
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-ocr page 102-•loi Jlejponfe à ^nt.Lefcaille à fes
dU'iiotn de glofesjcii fe moquantjtoutes )cs intet pretations que les Pafteurs amp;nbsp;Doôleurs del’£-glile-donnent aux fain êtes EfcriturcSjamp; difoic fe vouloir tenir rie à rie au funple texte d’ieelles, fe vouluft apres tellepro'ellatrô,ftruir de quelques allegatios tirées des efents des Anciés Dodteurs de l’Eglife primitiue. Mais puis qu’il a trouué bonjles ayant receus de ceux qui le mettent en be fongncjde les inferer dans Ion liurc page 154.155, amp;nbsp;ijô.pour par ieeux fortifier fa doctrine,la fai le trouuer tant plus rcceuable : ie luy diray premièrement que tout ce qu'il allégué d u Phei) doretde la proMdevce dinnie,ne peut eftre rapporté félon l’intention defautheur , par tous ceux qui le liront auecvn iugement vn peu plus entendu quen’eftle fien,àautreenfeignementque de ces deux poinôfsialfauoir à réfuter ceux qui eftimoy-entqu’apres celle vieil n’y auoit aucune autrefe licite pour les bons,ni aucun autre malheur pour les mefchans.Carilprouuequ’apres celle premie re vie fe trouuera l’vn amp;nbsp;l’autre.Et de fait,c'ell la le premier erreur qu’il refute.L’autre ell,de ceux qui ellimoyent qu’apres celle vie il n’y auroitque les âmes feules qui (croient participantes de celle féconde forte de feüciréiou infelicitc : contre lefquels il proiiue que par le moyen de la refutre élion de la chairflaquelle ne pouuoit entrer dedans la telle des plus fages amp;plus grands Philo-fophes de ccmondc)le corps qui auroit tenu co-pagnie à i’amc pour glorifier Dieu en ce monde, leroit aulîi glorifié auec ellc,amp;le corps qui auroit tenu compagnie à l’ame , amp;nbsp;prellé fes membres
pour
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pour ne fane que tout malen ce monde, feroit aufli fait participât auec elle,apres la refurreótió, des peines amp;nbsp;tourmes cterneis.Ët ce font là deux doùtrincslefquelles fuit tref faindes amp;tref-vra-yes : amp;nbsp;pourtant aufli fachans qu’elles font bien fondées enl’Euangile, nous les croyons, con-felTons amp;nbsp;cnleignós. Mais nous ne lailForis pourtant de detefter celle que Lefcaille veut conclur-repar icelles , allàuotr que comme les mefehans feront enuoyés aux enfers pour y mourir à toute éternité,à caufe des meft hantes œuures qu’ils au tont tommiles en ce monde^ainfi les fideles rece liront de Dieu la viecternellc pour amp;nbsp;à caufe des bonnes œuures qu’ils aurôt faites en ce monde, car ce dernier membre de et lie doéltine eft faux: d’autât que ce ne 1èra point à caule d’icelles,mais à eau Ce de lefus Chrift que nousobtiédrôs amp;nbsp;re-ceuros la vie eternelle.Et voila quât à ce qu’il aile gue de Theodorct,ellât cepédât chofe bié certaine que Lefcaille fe trouueroit bien empefehé fi ie le fômoyc de prouuer ce qui eft au comécemét de laij’.pag ou le corps,du fidele eft introduit parlât amp;nbsp;difant que fim amjb befongnât aueC luy a ac,.ô-pli les œuures quela'charité comande.Car ie fuis de ceux qui rroyentfcôme font tous vrays Chre-ftiens) qu’il n’y a aucun autre entre les hommes, qu’vn feul lefus Chrift qui en fô corps amp;nbsp;en fôa-mcait parfaitemét accopli ce que la charité coma de.Etpourtât aufliparmi ce qu’fl alleguede S. Au gufim efcriuâtfur lep/Tnÿ.au fait des retributios, oùilmetvneefpecederctributio felon laquelle Dieu rétribuera biépour bien,qui eft à dire come
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-ocr page 104-104 ReJjjon/ê à ^nt.LeJcaiüe à fes Parafhrtt fis luy-mefme l’expo^e, au dcmier tour Ia viecter-nelleauxiuftcsti’adutrty Lefcaille, que comme puis apres il eft adioufté que cefte rétribution de bien pour bien ell de la iuftice de Dieu , il eft du tout necelFaire que ce bien que Dieu nous don-nerajquieft la vie eternelie,nous foir donné à eau fe d’vn autre bien equipolent à icelut: alFauoira caufedelaiufticetrefparfaitcque lelus Chrift ä accomplie par obeiftànce enuers luypoui nous en fa propre perfonne.Car fi autre iufticc que cefte là eft prefentee deuant la iuftict de Dieu, ia-mais elle n’y pourra lublifter, pour les deffauts qui feront en icelle, tants’en faut qu’elley puil-fe tirer quelque recompenlé. Mais faut que tandis que laiuftice de lefus Chrift tref parfaire fub fiftera pour nous deuant le throne ludicial de Dieu , que noftre luftice imparfaite ne fe prefeu-te phint ailleurs que deuant la grace amp;nbsp;miferi-corde. Nos iuftices donc auront des retributions trop plus que n’en pourrions efpercr amp;nbsp;at-tendre,mais ce fera de la grace de Dieu, icelles nous eftant lors auffi bien grafuftemét données, comme elles nous auoyent efté gi atuitement pro mifes.Et toutes ces rctributiós fe ti ouueiôc enue Jopces dedans le don de la vie eternelle lequel le fus Chrift nous aura acquis par fa trefparfaitte obeiftànce enuers Dieu. Mais touchant ces mots de gage,de /alaire,amp; retributio nous en auôs def mcîlé la queftio es conferéces qu’auonseucs auec Lefcaille, lefquelles font rédigées par eferit: de forte qu’il n’eft point befoin d’ennuyer le leâeur de tant de redites. Seulement il fe doit fouuenir
que
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que quand ces noms font appropriés à la vie éternelle laquelle Dieu nous donne gratuitement, ils ne font point pris en leur propre accouftumec amp;nbsp;ordinaire fignification. Car aulîi comme il allégué de Theodoret en fa page i44.enla vie eter nelle nous recucillirons du fruiét non feulement felon nos trauaux,mais beaucoup plus amplemét. Et quant à ce qu’il remarque enSainél Auguftin, alfauoir qu’i! fait marcher la mifericordc deuant le iugementjce n’eft pas felon fon fens pour dire que Dieu premièrement nous iuge par mifericor de,pour nous faire fi parfaitement bons amp;nbsp;iuftes en noufmcfmes.que puis apres comparoifTans en fon iugernét,nous ayons en noufinefmes dequoy nous iuftifier deuant luy pour obtenir la vie éternelle. Car Satn^ i/iugufltn ne met felon le Pfal. lot.lamifericorde deuantleiugement, quepour nous faire entendre qu’au lieu que ceux aufqucls Dieu ne fera point mifericorde en fon ChrilfjCÔ-paroilfans deuât fon iugemét,feront perdus à tou teeternitétaû contraire,nous qui aurons obtenu grace amp;nbsp;mifericorde en Chrift, comparoilTans de nantie iugement de Dieu,n’y ferons point con-lt;lamnés:amp; ce d’autant que cefte grace nous aura donné gratuitement le Chrift auec fes aéfions amp;nbsp;paffions trefiuftes,afin qu’icelles nous eftant gratuitement imputées,nous foions à eau fe d’icelles 3u iugement deDicu exeptés de toute condemna tion.Carauflieftilditlefi. 3. que qui croit en le-fus Chrift ne fera point condamné;amp; Ro. 8. qu’il n’y a point de condemnation pour ceux qui font en lefus Chrift.Mais quoy,puis que Lefcaillc no-
-ocr page 106-10 6 ReJJfonfe à ^M.Lefcaiïle àfes Parufna/ès nobftant qu’il reieólaft route parole d’homme interprétât les Saindes Efcrit Utes,comme gloledf ceuable, neantmoins a bien voulu mettre en a' uant CCS pallàges qu’on luy a preftés de Theodo-ret amp;nbsp;de Saind Ai'guftiujpour penfer confirmer fon erreur par iceux,encores qu’ils ne facent rien pour icelui: 1 n’ini. riera point,s’i! luy plaift, dn nom odieux de glofes, quelques fentences que ie luy remarqueray icijtirecs des Anciens Peres, par ’elquellcs, toutes fes opinions Pharilaïques font fort il anifeftemétcondânees amp;nbsp;réfutées, amp;nbsp;la dodrinc Euang, liquc laquelle nous luy enfei-gnons eft clairement approuuee.
Pren.icrcmentpour cognoii.re que les Anciés Peres ont creu ce que nous croyons,amp; que Lef-caille ne croit pas,airauoir,que nous ne fubfifte-rons amp;nbsp;ne leronsiuftifiés deuant Dieu en vertu amp;nbsp;coiifideration des bonnes œuures que nous au rons faites en ce monde dcfpuis noftre regeneration il marquera ce qu’eferit Origine fur LT^chid
Pour celle caufe tout viuant ne fera point iufli fiédeuât Dieujc’ell à dirc,à la façô des Hebrieux, nul viuant ne fera iufl:ifiédeuantDieu,voire quad ce (croit le iufte Abraham.le iufte Moyfc amp;nbsp;tout autre iufte d’entre ceux qui ont cfté renommés. Car aufliàcôparaifon de lefus Chri!i,ils ne font point iulles amp;nbsp;leur lumière comparée auec la lumière d’iceluy,fe trouue n’eftre que tenebres, amp;nbsp;comme la lumiered’vnelampe s’obfcurcit eftant approchée des rayos du foleil,amp; deuiéf tenebreu fe corne quelqu’autre matière qui n’auroit point
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delumieie:a,ntï qufy que la lumieie de tous les iuftes luil’e deuâtieshommcsjfi eft-ce quMle ne luit point deuantChnlî.Et auffi n’a il point efté dit fimplement,Que voft. e lumière luifé,mais a e-ftéditjQ^cvoftre lumicre luiCe deuant les hommes. Car la lumière des iuftes ne peuft luire de-Uant Chrift. Plus au mefme heu le mefme Ori gene dit, Qu’eft ce q ma iuftice encores que 1C foye fait fembbblc à l’Apoftre S. Pauhma chafteté,en -Cores que ie foye tel que loiephîma force Sc ma-gnaniiriité,encores que ie foye corne ludas Ma-chabee?amp; que feia-cede ma fapiéce,encore que i’apparoifte comme vn Salomon, en comparaiion de Dieu? /
Plus,La lumière de l’Eglife dit il,eft comme la lumière de la luneiCar elle refplendift Si eft claire en la pi efence des hommes,deu ant que foit le-uee la lumière du foleil de iuftice.
StiinElBernardau j^.ferfüonfMr les Cantit^ues dit que les merites des hommes,ne fôt point tels que pour iceux de droit leur foit deue la vie éternelle, ou qu’il faille dire que Dieu nous face tort s’il ne nous la donne à caufe d’iccux. Et quand bien rhôme auroit quelques merites (ce qu’il n’a pas) qu’ert ce que ce pourroit eftre encores de to’ fes merites,au prix d’vne fi grande gloire? Sain£i Hie rofme au premier Iture contre les Telag.à^t que nollre iuftice ne confifte point en noftre propre mente, mais en la mifericorde de Dieu. Et S.
expofant le/^/c4a.44.dit que ce que Dieu nous fauue,c’eft pour néant, c’eft gratuitement,c eft a caufe de fon nom,Sc non pas pour noftre merite.
-ocr page 108-io8 Re^onjè à ^nt.LefcaiUe aßs ParapJirafes Car il le fait,dit il,pource qu’il luy plaift dele fui re,amp; non pas que nous foyons dignes qu’il le face.Et pourtât au liure delà PredeH-tnattonü veut que les merites des hommes fe taifent, amp;nbsp;dit fur le P/f4«.i59.qu’il ne faut rien attribuer à nos me rites J mais le toutàlagraccamp;mifericorde de Dieu. Et S.Bernard furies Cant.ferm.. dit que tout ce qu’on impute aux merites eft ofte à la gra ce amp;nbsp;pourtât il adioufte qu’il ne veut point de me rite,puis que le merite met hors la grace. Et à ce mefme propos AitS.^ngtiflinauferm.-j.des paroles du Seigneur fur la montatgne; Ne t’efleue pas de ton merite,autrement grace ne feroit plus grace. Et fur le Pfeau.^i.Sï tu te veux eftongner de la gra ce de DieUjVante toy de tes merites. Et tant s’en faut que Saind Bernard vueille que nous facions eftatdeprefenterà Dieu les bonnes œuures que nouspouuons auoir,pour obtenir la vie éternelle, en confideration d’ice!les,qu’il ditainfi au 4. fermonfurl‘fy4duent. Si nous auons quelque cho-lè de bon,frerestre(chers,il nous eft plus vtilc de le cacher que d’en faire la monftre- Car,dit iheô-meles panures quand ils demandent l’aumofnc, ne font pas monftre de veftemens precieux,mai$ pluftoft monftrent leur membres demy nuds, amp;nbsp;leurs vlceres s’ils en ont,afin que le courage de ce lui qui void ces chofes,(bit tant pluftoft efmeu à mifericordc: aufli le peager ayant bien mieux gardé cefte regle que le Pharifien, eft defeendu iuftifié.
Or auilî ont bien cognu les anciens, que nos bonnes œuures eftoient encores imparfaitement
-ocr page 109-dit nom de DoClrine Ancienne. lo^
ment bonnes, amp;nbsp;par confequent non receua-bles pour bonnes deuant l’exaâ: iugcment de Dieu.
■uSatn^î Hierofme au dialogue contre lés Pelagiem dit ainfi, Saind Paul enfeigne que nous aduan-ceans de degré en degré, tandis que nous fom-mes encores en la courfe,amp; qu’on n’eft point enrôles arreftéjCela fait comprendre que ce q nous hommes eftimons eilre parfait,eft imparfait, amp;nbsp;que c’eft aux feules vertus de D.eu qu’eft la perfe ûion de la vraye iuftice. QtVeft-ce donc, dit il, que nous débitons fauoir?C’elt dç Confeifer que nous fommes imparfaits,amp; que n’auons encores appréhendé amp;nbsp;receu,ce que deuonsapprehender Screceuoit»; Cede eft la vraye fapience de l’homme de cognoiftre qu’il ed imparfait : car par maniéré de direja perfeâiondefiQus les judes qui font encores en la chair cd imparfaite^ Cede eft la feule perfection pourrons fi ils fecognoif-fent edre imparfaits.
Pulgence aupremier Hure k t^onitnc’. La perfe-élion des dons de Dieu n’ed point encores main tenant parfaite. Le don parfait fera lors donne à tous,quand la gloire eternelle fera donnée aux
Hure de/î£;J}gt;nt de la lettre chap.^6. Il me fcmble que cedui la profite beaucoup en cede vie , en ce qui touche la iudice laquelle doit edre quelque iour parf3ite,qui en pro fitantcognoid combien il ed encores ellongné de la perfection. Et ont aulli bien cognu les ânciens Peres qu’il y auoit de la feuillure en nos bonnes ceuures comme de l’imper.-
-ocr page 110-IIO JRe^o^fe à ^nt.Lefcaille à /es Paraphrafcs feôlion.
S.Bernard an ’^.firmo» touchant les paroles â'tfaiei S’i] ya queq'.i’humble inftice en nous ,cllepeuft bien paraduenture eftre droite,mais non pas pure,(inon que nous nous vouliôs faire acroire que nous fommes meilleurs que nos pcres,lefquels ne difoient pas moins vrayement qu’humblement. Tontes nos iuilices (ont côme le drap fouillé des menftrucs.Car comment pourroit élire pure no-ftre iu(lice,veuqu'en icelle y atoufiours quelque faute? toi, sa r.
OrigenefurUBpifl.auxRom.lttt.^.chap.j^.C^mt^i ce qui fe glorrfi'era de faiuflice oyant Dieu qui dit par fon Prophetelfiie au foixanteqvartfeftnecha qjitre que toute noftreiuftice eft comme le drap fouillé? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;q: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
LesPeresaùfli efltcognu que nous ne pourriós point auoir h vipeternellc comme vn loyer deii a nos bonnes œuurcs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t
S.Chryfuß.furle G.des ne dit point que la vie éternelle foitle falaire de^nos bonnes œii-nres , mais dit que la vie éternelle e(t don de Dieu, afin qu’il monftraft que nous ne fommes point deliurés paf nos propres forceS\amp; vertus: amp;nbsp;ce que nous recetions de Dîéu,rfeft ny cholédeue', ny fala rc ,•* ny retribution de nos labeurs,mais que le tout nous viêt du don gva tuit de Dieu.
S.Bernard au prentter ferm.fur l’ »yinnonnation de latstergei^idarte. Noifs ne pouuons gaignqr'là vie éternelle par aucunes œuures,mais faut quelle nous vienne de grâce. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* j
Origene
-ocr page 111-du »ont de Doclrine Ancienne. u 1
Origene[urT Epiil.aux Romains hw.à,. Qe que nous pvcdrons l’hcritage dés promelles de Dieu, vient de la grace diuine,amp;: n'elt point chofe qui nous foit deue,ny lalairc d’aucû ceuure,que nous ïyons faite.
Auffi auoient appris amp;nbsp;ont enfeigné les S. Petes que nous ferions gratuitcmtt iuihfiés deuant Dieu amp;non par nos iuftices,mais par la foy en le-fus Chrift.
Sainii Bernard an trotßef/ne ßrmon en Bf/idnent.
Difons feulement nos iniquités , Sc Dieu nous iulïifiera gvatuitement afin que fa’grace foit prifee.
Etanfermon6\. Chanteray-ie mes iuftices? Certes Seigneur ie n’auray fouuenance que de ta feule iulliceiCar auffi eft elle mienne.
3 amBi Gregoire fur B.hiel Hure premier, home-Ite [eptiefme.
DonCjdit il, noftre iufte aduocat nous defen-drax’eftà dire nous maintiendra êftre iuftes au iour du iugement pource que nous nous reco-gnoiftronsde aceuferons nous-mefmes eftre ini iuftes. Ne nous confions donc point, nyen nos pleurs ny en nos œuures , mais feulement en ce que noftre Aduocat alléguera pour nous.
3.,y4mbrotfe furiechap.des Remains,où il eft dit que nous fommes iuftifiés gratuitemét par la grace de DieUjdit, Que nous fommes iuftifiés gratuitement,comme gens qui n’auons point fait les ttuures cominandeeSïamp;qu'p’anons dequoy ren dre à Dieu la pareille : tellement que c’eltparla
-ocr page 112-Hi Jleifonß à ^nt.Lefcaille a fes P ara parafes feule foy qnous fommcs iuftifiés de don dcDieii. Et lur le ^.des Rom.ie mefmC Doôteur dit, Que Dauidadit ccuxlàeftre bien heureux defqucls Dieu a ordonné qu’ils foient iuftifiés dciiant fa Maiefté par la feule foy amp;nbsp;fans aucun ^rauail ny obferuation.
Ort^efie fur PEptfi.aux Rornjiu. chap. efcrit que Sainól Paul dit la iuftification de la feule foy fùffirc.cn forte que celui qui feulemét croit, foit iuftific, quoy qu’il n’y ait point encores eu d’œu-urc faite par luy:Le larron,dit il, a eftc iuftific pat foy,fans Ijps œuures de la loy.car le Seigneur pour le iuftifier n’a point demâdé que c’eft qu’il auoiC fait au parauant,amp; apres qu’il a eu crcu,n’a point attendu pour le iuftifier quelles œuurtsil feroit: mais l’ayant iuftifiépar la feule confefîion (en laquelle il fc confelfoiteftte mefchantamp; bien mériter les peines qu’il enduroitjlefus Chrift l’a fait entrer de coinpagiiie auec foy en Paradis. Et en ce mefme endroit, le mefme Docteur dit que ceftui làeftiuftifiépar foy, auquel les œuures de la loy ne feruent de rien pour la iuftice.
S.t/4tiguftinau ii.chap.du bure de l’Eifnt àt dâ lettre dit : Nous concluons que l’homme n’eft point iuftifié par les préceptes de bonne vicjmais ieulemét par la foy en lefus Chiiftic’eft à dite,no point par la loy ou doélrine des œuures,mais pat celle de la foytnon point par la lettre,mais par l’Ef prittnôpoint par le merite des œuurcs,maispar la grace gratuite.
Bref, SainÜ Bernardau fermon z^.fur les cantilt;jHes a bien cognu,que pour eftre gratuitement amp;nbsp;mi-fcricordieufcment
-ocr page 113-amp; S.PaubDieu ne nous imputait point ce qui eft
noftreralfauoir les fautes que nous au5s cômifes,
quand il dit que Tout ce que Dieu aura refolu de neno*pointimputer,fctatout3inlî que fiiamais nous nvl’auions comis.Eftât toutapparét qu’il a aufli cognu l’autre doctrine : alfauoir que tout ce que Dieu nous voudra imputer,alfauoirla iultice accomplie pour nous par ion fils,feiaenuers luy, tout ainfi que fi par nous elle auoit elléaccóplie.
Ce que delTus donc fuffife pour faire cognoillre aLefcaille que quoy que ne voulions fonder no-ftee creance fur les opiniós deshommes,mais lut la feule parole de Dieu:toutesfois nous luy main tenons aitec raifon que les Anciens Peres en ce point de controuetfe,ont creu amp;nbsp;enfeigné la veri téque nous croyons amp;nbsp;enfeignons, amp;nbsp;n’ont eu I tien de commun auec fon erreur amp;nbsp;menfonge?
Response a la favs-
SE doctrine mise en avant par Anthoine Lefcaille touchant le iu-genaent de Dieu :
Par ƒ A cty ES Covet Parißen minilire de la Parole de T)teu.
E grand nombre de fentences de l’Ef-Ó ct'turefainéte qu’on atrâlerites à cell homme pour introduire vn ordre non __k ucllemcnt forge touchât ce qu’il appe H
-ocr page 114-II4 Reßionfe ei ^nt.Lefcaille le,Preinicr,Second,Troifiefmc amp;nbsp;dernier iuge-mét deOieuÆn la decLiratió defquels,iln’oublie point de faire couler fes erreurs, ne doit point cfmouuoir, amp;nbsp;moins encore cftonner le Icêleur. Car il ne faut point refscbler à ceux, q des qu’ils voyent alléguer pluficurs fentcces de l’Efcriture foitdebouchcjou par efcrit,eflimct auffi toft que la dodrine pour la confirmation de laquelle elles fontmifes enauâGeft véritable amp;nbsp;reccuablc- Car il s’en eft trouuc en tout temps quelques vns qui Eour prouuer leur dite,ont allégué vn grand nom rede fentences desfainétes Efentures, mais fi mal à propos que quand on lesaconfidereesde pres, elles ontefté trouuees plus propres à de-ftruire qu'a fonder leur doélrineiveu mefmtsque elles manifeftoiét la faulfeté d’icelle.Mais p u de fentences des S.Efcritures miles en auant bien à propos amp;nbsp;felon leur droit fens , doiucnt eftre de plus grand poids au kéteur prudét amp;nbsp;vrayement Chrellié, que celle rapfodi, impertinétc de ceux qui par icelle veulét csblouir les yeux des fimples Îiour les attiretàleur erreui. Etàvray diretcllcs entéccsainfi deitournees de leur vray fens come elles n’apportét que dellruclió tat à ceux qui les propofent en celte Ibrte,qu'à ceux aufquels elles font ainfi propofees,ne font point reputçes pour parole de Dieu,mais pour parole d'home,i-Pic.j.
Or veux ieaduertirklcdeurrout d’entreeque fans nous arretier àlafâtaficdeceux qui ont en-uoyé cell eferit à nollre Palïèmétier pour le faire C' urir fous fon no,felon laquelle on nous propo-fc tous CCS diuers iugemcs,il nous lulEt d'auoirde
uant
-ocr page 115-touchant le lu^ement de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i r J
üât nos yeux les deux vrais amp;nbsp;generaux iugemens de Dieu.dcfquels font métio les S.EfcritureSjGé. 3..amp;C J. rvn qui s’cft fait fur Adâ corrôpu amp;nbsp;cllédu fur toute fa pofterité corrôpucj portât fentcce de mort amp;nbsp;condénatiô eternelle,auec promefl'e neât moins que d’être tous les homes ceux-là efchape* roiét cefte mort amp;nbsp;condénation éternelle, en faneur defquels lefus Chrift la vraye fcroencc de la fêmcjen fe lailfant brifer letalô par le ferpét, luy briferoit la tefte. Puis le fecôd Sc dernier iugcmcc qui à propremêt parler ne fera que laderniere exe cution de ce premier iugemêt: auquel côme ceux en faueur defqls lefusChrift aura foit telle chofe, amp;nbsp;q en auront apprehédé le merite par vne vraye amp;nbsp;viuc foy ouurâte par charité,ne ferot point en üoyés en cefte mortamp; malediót'ó eter nelle: A u co traire ceux qui n’aurôt point de part en ce benefi ce,leur impiété amp;nbsp;iniquité les ayât empelchés d'é eftre faits participas,ferót enuoyés en cefte nsorc amp;nbsp;condénatiô eternelle,à laquelle ils fôt défia adjugés amp;condemnés.lcâ,j. Mais le principal dót il fautque le lèéteur foit aduerti, c’cftquenoftre nouueauTheologie voulât môftrer corne il entêd que ces iugemês s’accoplilRnt amp;nbsp;exécutent,met tn auant v n fômaire de fa doélrinc en la page Z4. lequel nous cognoiftrons tantoft, aydant Dieu, eftre auffi faux en effeâ: comm^ en fa premiere apparence il femble eftre veritable.
Ce fômaire eft quad il dit que côme par la delb-beiflance d’vnplufieurs ont eftérêdus pécheurs, ainfi par l’obeifsace d’vn, plufieurs ferôt rêdus iu ftes.Et côme dit-il,la defobcifsâce de ceft vn adi-
-ocr page 116-ii(5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ReFfonje « ^nt. lejcaillf.
uc en luy amp;nbsp;pafliue en ces plufieurs, produit en eux vne delobeifsâce aótiuc feló laquelle ils ferót iuges amp;leur fera rédu au dernier iourzainfi l’obeif ßce de eert vn,ad:iue en luy amp;nbsp;palliue en ces pin ficurs, produit en eux vne obeifsance adiiie felon laquelle ils feront iugés amp;nbsp;leur ferarendu au dernier iour,amp; veutcôclurre que Dieu par d’autres premiers iugemes qp’il exerce en ce monde mefmes fur fesenfâs les flifpofede telle forte que ils ont de là en auât vnc iuftice inheréte en euxamp; coufiftante en leurs bonnes œuures à caufe de laquelle ils obtiendront le falut amp;nbsp;la vie eternelIe.
Or la premiere de ces cóparaifós eft prife de l’Ef criture Rô.j.v 19.l’autre n’eft point de l’Elcriture amp;nbsp;neatmoins a de la vérité en elle. Car il cft bien certain que là defobeifsâce d’vujaftauoir d’Adani qui eft aékiue en luy,entât que c’eft luy qui aâuel leméta comis le premier peché:amp;: pafliue en plu-fieurs.entâtquc les autres homes depuis qu’il fe cft ainfi corrôpu.fouftrent naturellemct la corru-ptio originelle qui en procede,eft aufli puis après aôtiue en ces plufieurs,d’autât que par cefte cor-ruptio naturellcjles homes tâdis qu’ils font en ce monde cominettét vne infinité d’iniquités felon lefquelles les teprouués ferontiugésamp; condeni-nés au dernier iour amp;nbsp;enuoyés à la mort éternelle : ainfi aufli eft il vray que par l’obeilïàncede cell vn,qui eft lefus Chrift, laquelle eft aétiueen ‘luy,Car c’eft luy qui l’a tendue à Dieu en fa propre perfonnc,amp; pafliue en plufieurs entant que nous quifommes fes efleuz amp;nbsp;fideles , fouffrons tref volontiers que par imputation mifericor-dieufe
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dieufe amp;nbsp;gratuite,elle nous foit falutairementap pliqucc,amp;produit puis apres en nous vneobeif-amp;nceaâiuc,pourcequ’eftans fandifiés en nous par celui mefmes qui nous a iuftifiés en foy, non? faifons de bonnes œuures felon Icfquclles aufli fera formée au dernier iour la fentence amp;nbsp;le iuge nient de noftre introduAion au Royaume des eieux.Iufques ici doc toute cefte compavaifon eft Vtaye amp;nbsp;orthodoxe amp;nbsp;bien accordâte aucc les S. Eferitures : amp;nbsp;auffi n’auons nous iamais debatu auec Lefcaille de la doctrine qu’elle contient, amp;nbsp;n'en voudrions débattre auec aucun autre, ains pluftoft employer tout ce que Dieu nous a donc decognoiilance pour la bien confirmer amp;nbsp;clairement enfeigner.Mais voici où eft l’erreur de Lef-cai!le,comme il appert bié manifeftement par les argumens qui font dans le traitté circulaireiAlîà-Uoir qu’en continuant celle comparaifoniufqucs à la caufe,pour amp;nbsp;en confideration de laquelle les infidèles amp;nbsp;reprouués feront condénes amp;nbsp;enuo-yés aux enfers:amp; les fideles amp;nbsp;eleuz ferôt abfous, iuftifiés amp;nbsp;introduis au Royaume des cieux,il cô-clud Sc enfeigne que comme ce ne fera pas feulement felon l’obcilfance aôliue des mefchâs,mais auffiàcaufed’icelle, qu’au jour du iugement ils feront condénes amp;nbsp;enuoyés aux enfers:ainfi aulli ce ne fera pas feulement felon l’obcilfance aôliue laquelle rendront à Dieu les fideles amp;nbsp;ellcuz depuis leur regeneratiô,mais auffi pour amp;nbsp;àcaufed’i celle qu’ils feront abfous amp;nbsp;déclarés iufles au der nier iugeinct amp;nbsp;introduis au Royaume des deux. Ici donc eft l’erreur bié lourd amp;nbsp;plein d’vne mec-
-ocr page 118-II? Re^fo»/é à ^nt.Lefcaille
ueilleufe ingratitude enuers la grace que Dieu nous fait en Ion Fils bié-aymp noftre Seigneur le fus Chrift.Et de fait encores qu’il y ait de la def obeillànce adîue aux mefehâs qui fôt en aage de defobeitjdçuât qu’ds foyét condênés au dernier jugement,amp; de l’obeilîàncc aftiue aux fideles qui font en aage d*obcir,deuât qu’ils (oyét abfous au mefme iugemet : amp;nbsp;qu’il fort vray que la codéna-tion des vns fe fera felo leurs mefehâtes œuures, amp;nbsp;l’abfo’ution des autres félon leurs bonnes œu-uresztant y a qu’il ne s’éfuit point de là, que coiue la caufe pour laquelle feront condênés amp;nbsp;perdus les mefchans,eft aux mefehantes œuures de*leur defobeiflance aéliue : ainfi la caufe pour laquelle les fideles ferót abfous amp;nbsp;fauués,foit es boues œU uresde leur obeiflance aéliue.Et ce d’autant que (corne nousauons eftécôtrains de le monftreren Îiluficurs endroits refpodât aux eferis de Lefcail-e lequel à chaeû pas retôbe en ce Acfme erreur) il y a aux mefehantes œuures des mefchans,fuffi* fâment,amp; plus que fuflfifammct dequoy les faite iuflcmét condemner au iufte jugement de Dieu: veu qu’vne feule voire la moindre d’icelles, fe trouueratoufiours meriterdeuat Dieu la niottamp; condemnatiô éternelle. Car il fàitjou doitfauoir maintenant ce que luy auons fi fouuent enfeigné par la parole de Dieu,que, qui ne demeure ferme en toutes les chofes que Dieu aeômandees en fa loy pour les fairc,cft maudit de Dieu. Deut.xy.Et que quiconque ttafgreflèla loy en vn feul de fes poinélsjfe red coulpable deuant Dieu de la totale trâlgrcljîôd’icellc.Iaq.z-Mais il n’ç préd pas ainfi des
-ocr page 119-touchant le lu^ement de Igt;!eu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iij
des bonnes œuurcs de l’obciflàncc aâiue des fide les:vcu qu’elles ne peuuétfufiîre pour le contentement amp;nbsp;la fatisfacfion de la iuftice de Dieu entât qu’elles font deftôfueufes en quâtité:n’y en a-yât point en eux tel nobre qu’il en faut pour l’entier accomplillèment de la loy.-amp; auflî en qualité entât que les meilleures d’iccllesjue fót point encores allés iullesjlaindes amp;nbsp;nettes pour pouuoic üibfifterdeuât le throne iudicial de Dieu amp;nbsp;y eau fer noftre iuftificatiô 3e introduclió au Royaume descieux.Et c’etl ce qui fait dire à lob au ÿ.de fon liure que l’iiôme mortel ne fe fauroit iuflifier de-üâtle Dieu fort,alfauoir par les bones œuurcs de fon obeifsâce aófiue,d’autat que fi Dieu entre en copte auecluy il ne luy pourra pas refpondrede mille poinds à vn feuheome cela auec le tefmoi-gnage de toute confciéce non cauterifee,elt vérifié par plufieurs autres fentéces des S.Efcriturcs. Car au 15.du mefme liure ileft ditQifeftcedc l’ho me mortel qu’il foit pur amp;nbsp;de celuy qui elf nay de femme qu’il foit iufteîamp;pf.i45.Ia^rieie que Dieu n’entre point en compte amp;nbsp;en iugementauec fon feruiteurfc’efi à dire auec l’home régénéré lequel autrement ne feroit pas feruiteur de Dieu) amp;nbsp;ce d’autâtque nul viuant ne feraiufiifiédeuât Dieu, en Ifa. 64. Que toutes nos iuftices font encores fouillées dont s’enfuit bien qu’en elles mefmes elles ne pourroyétpas eftre agréables à Dieu. amp;nbsp;Dâ.9.vcr.i8. Seigneur nous ne te prefentos point nos fupplications fur nos iuftices , mais fut tes grandes compalîîons, amp;nbsp;Philip.3.S.Paul ne defire point d’eftre trouué en Chrift deuât Dieu auec fa
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-ocr page 120-120 Jie^ponjea ^nt.LeJcdiße
iufticequi eft felon la loy : mais auec celle qui eft de Dieu par la foy de lefus Chrift. Et pourtant an lieu qu’il ne faudra point de pleige pout les mefchans qui les plege en malice amp;nbsp;mtf-chancttédeoant Dieu, amp;nbsp;quimette en auantdes mefchäcetcs d’autre qualité que Ies leur pour les rendre plus iuftemcnt condcmnablcs deuât Dieu qu’ils ne le font en eux mefmes; ains les propres mefchantesœuures de leur defobeiirancc aétiue fèrontles vrayes amp;nbsp;icelles fuffîfantcs cau'és pour amp;nbsp;en confideration dcfquelles ils feront condem-nés de Dieu au iour du iugement. Au contraire il faut vn Plege pour les fideles qui les plege deuât Dieu en ce qui touche la iuftice amp;nbsp;l’accomplillè-ment de la loy;Ôc qui mette en auant pour eux de mcilleures,plus iuftes amp;nbsp;pl’fainétesotuurcs que les leurs pour les faire declarer amp;nbsp;reputer iuftes auiugemétde Dieu.Etc’eft ce q fait lefus Chrift entât qu’il leur eft pleige,Heb.y.ôc qu’il fatisfait à Dieu pour eux par les œuures tref-parfaitement fainétes amp;nbsp;iuftes qu’il aaccôpliespour eux en fa {»erfonne par l’imputatiodu merite defquelles,il es fait reputer iuftes deuant le iugen.ét de Dieu, Rom.4.amp; 5. amp;nbsp;introduire corne tels au Royaume descieux.Et c’eft fuyuanteefte vérité qu’il eft dit au 4.des Rom.que celuy que Dieu iuftifie eft mef chant,Dieu le tenant amp;nbsp;reputant cependant pour bon «Sc iufte ; voire pour parfaitement bon amp;nbsp;iu-fte en fon Chrift.Et comment cela? C’eften nere gardât point aux œuures d’iccloy,mais en luy im putant gratuitement laiuftice de fon Chrift, c’eft à dire les œuures trefparfaitement bones amp;iuftes
lefquelles
-ocr page 121-touchant le lugement de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;izi
lefquellcs fon bien aimé Fils lefus Chrift a accona plies pour liiy en là propre perfonncjpour parle tnerite d’icclles le rendre agréable à fa Maiefté di uine,comme l’Apofttc S.PauI declare cela au mef rtie lieu, amp;nbsp;enteigne que c'eft là le feul amp;nbsp;vray inoiépar lequel amp;nbsp;pour lequel les fideles paruien ntnt à la beatitude eternelle, car Dauid declare la beatitude de l’homme confifter en ce que Dieu luy alloue iurtice fans œuures. Et c’eft ici le don duquel Dieu nous gratifie Romj.afin qu’en confideration d’iceluy nous ayons la vie éternelle entant que ceux qui recoiuent l’abondance de grace amp;nbsp;du don de iufticerégneront en vie par Vn feul lefus Chrift.Car ce don n’eft pas celui de noftre faniftification laquelle eft imparfaite en vous,côfiftant és bonnes çeuures de noftre obeif-fance aôkiue, mais c’eft le don de noftre iuftifica-tion en Chrift laquelle eft trcfparfaitej confiftant enl’adiue obeiflànce de Chrift,qui nous eft gratuitement imputée amp;nbsp;allouée de Dieu comme no lire. Auflieft-cela feule vraye occafion pour laquelle lieft venuaumonde, amp;nbsp;yaveftunoftre nature humaine allàuoir pour fatisfaire au plus exaél iugement de Dieu par fon obeiflànce aéli-ue afin que nul ne perift de tous ceux que fon Pe re luy auoit donnés de toute éternité lehan 6.Car comme nul des fideks régénérés nepouuoit fclo le iugement de Dieu porter les peines deues à fes péchés fans fuccôber foubs icelles:amp;ne pouuoit non plus accomplir la iuftice que Dieu requiert pour l’obeiftànce qu’on luy doit; voila pourquoy lefus Chrift eft venu accôplir l’vn amp;nbsp;l’autre pour
-ocr page 122-Ill nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jlejponfi à ^nt. I efiaille
fcs eûeus en fa nature humaine,afin que cela leur eftantaloué de Dieu par fa grace,ils fullent rendus par ce moien perpétuellement Bien heureux. Etc’eft cequenoustnleigne SainetPaul Rom.8. quand il dit qu’à caufe de ce qui elloit impoflible à la lov laquelle ellott foible en la chair,L)ieu ayant enuoié fon fils en forme de chair de péché, amp;nbsp;pour le peché,a condamné le péché en la chair. Ce qui eft au/fi enfeigné en plufieurs autres palla gcs.Et de fait il eft dit i.Pier.z.que le Chrift mef-me a porté nos péchés en fon corps fur le bois, amp;nbsp;au 5.que le Chrift a fouffertvne fois pour les péchés luy iufte pour lesiniuftes, ôc Heb 9. Chrift eftcompiru vne fois pour l’abolition du peché parle facrifi^ede foymefme, He Philip, i. 11 s’elt anéanti foymefme ayant pris forme de lêruiteiir, amp;nbsp;a efté obeiflant en icelle iufques à la mort, voire la mort delà croix. Donnons nous donc bien garde de fouler aux pieds felon la façon de Lef-caille,le merite de l’obeillànce aéliue trefparfaite ment iufte laquelle lefus Chrift a rendue à Dieu en fa propre perfonne pour nous obtenir le falut eternehque nous venions à croire amp;nbsp;à perfuader aux autres que ce foie à caufe de noftre obeiftace aétiue laquelle gift és bonnes œuures de noftre iànôtification,que nous feros fauués amp;nbsp;introduis au Royaume des cieux.
Or maintenant il faut que ie face entendre quelque chofe au leéleur en ce qui tou he les fen tences de l’Efcriture Icfquelles Lefcaille a tranf-çrites en la page ij, (hubs le titre de la neceflité d’obeirà Dieu pour paruenir au Royaume ccle-
-ocr page 123-toucha»t le lu^ement Je Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii 5
des menaces qui font faites à ceux qui n’o-bciront point. Car toute celte doétrine comme tlle eft veritable ainfi qu’elle eft contenue , amp;nbsp;au fensqu’elle nous eft propofee és S.Efcritures: ain fi celle que propofe Lefcaille fur le prétexte d’icelle,eft faulfe amp;nbsp;nullement reccuable. Car fi laneceflitcd’obeir toufiours fansiamais defobcir pour eftre fauiié amp;nbsp;n’eftre point condamné, eft requife en la forte qu’il la met en fon troifiefme iugement,tellemement que cefte obeiflànce adi ue eftant interrompue par defobcilfance adiue, nous ne puiffions eftre fauués,que tout ledeur cô due hardiment auec moy que nous ne nous douons point attendre d’eftre iamais iâuués. Mais comme cefte dodrine eft de defefpoir pour tous, aufli eft elle vrayement Diabolique entant qu’il n’y a rien à quoySatan tafche plus qu’à nous attirer à fa mefme condition qui eft de n’auoir aucune efperance d’eftre fauués Ôc faits participans au R oyaume des cieux,de la vie éternellement bien heureufe, Et de fait voici vne des fentencss que Lefcaille allégué en ce fens tiré du 6.de la premie re aux Corint. C’eft qu’il ne fefaut point abufer, amp;nbsp;que ny les paillards,ny les idolatres,ny les adul teres,ny les yurongnes n’heriteront point le Roy aume des cieux. Or ie demande maintenant à Lefcaille, fi tous ceux qui depuis leur regentra-tion,ne pourrot viure en vne telle obeiflànce adi ue,qu’elle ne foie intertôpuepar quelque dcfobeif fance adiue en quclcun de fes vices n’heriteront point k Royaume des cieux î Lefcaille ne tient il pas Noé pour régénéré des deuant le deluge j’ie
-ocr page 124-li 4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jießjonfe à ^nt. L ejcaitte
n’en veux point douter. Car nous voyons ce qu’il dit de luy en la page p.où il traitte de fon troifiefme iugementjalïauoirqueNoé apres qu’il euftelleiugédufécond iugenrenc deuint tel que s’enfuir. G’eft qu’il fut homme iufle amp;nbsp;entier en fon temps,amp; cheminant félon Dieu:comme auffi cela eft efcritdcluy Gen.(î.Et adioulle noftreLef caille en la page ii.que Dieu qui rend à vn chacu felon fes œuures,arenduà Noé bien pour bien, c’eft à dire felô l’expoficio de Lefcaille,benediéliô à caufe des bonnes œuures d’iceluy:amp; de là auffi il veut conchirre,que pour les mefmes bones œu ures il aura le falut eternel. Mais ie demande à cell homme qui difpofe des iugemens de Dieu à fa poftcjfi ceux qui depuis leur regeneration fe fe font lailfé tranfporter par l’yurongnerie à la defo beilfance aôliuej,ne pourront entrer au Royaume des lieux pour la neceffité continuelle de l’o-beilïànceadiue laquelle Lefcaille en abufant de cepallage dit eftre requife làns interruptio pour y entreiscommcnt y entrera donc ce mefme Noé, duquel il eft ditjong temps apres qu’il a efté nom mé homme iufte amp;nbsp;cheminant felon Dieu, qu’il s’enyurade viu,amp; qu’eftant yure il fe defcouurit au milieu de fon tabernacle Gen.9. Et Lot qui eftauffi nommé iufte amp;nbsp;par confequent régénéré dés lors qu’il demeure encores dans Sodomei. Pier z.ne s’eft il point auffi lailfé enyurer de vin par fjs propres filles,amp; n’a il point pis fait q pail-larder ePant execrablemécinceftueuxauec elles, Gen,i9? Dauid n’eftoit il point des régénérés lors que Dieu luy donna ce tiltre honorable que de
le
-ocr page 125-touchant le lu^ement de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11J
le dire eftre vn feruiteur felon fon cœur i. Sam.i^î Et depuis cela n’a il point eftc coulpable d’adulte te en la perfonne de BetfabeejSc de meurtre en la perfonne d’Vrie le mari d’icclle.i.Sam.n. Que di tons nous de SalomonjKofterons nous du râg des tegcnerésjou fi nous l’y mettons ( comme nous pouuons croire pour pluficurs raifons qu’il y doit eftre?) Ne le trouuerôs nous point depuis ceftc re generationçftredeuenuidolâtre? Nous voyons ce qui eft efcrit de luy,i. Rois n.Si donc felô cefte necelïïtc de noftre obcillànce adiue fans interruption,quiconques depuis fa regeneration defo-Deift adiuement ne peut eftre fauué,amp; ce d’autât qu’il nous faut faire les bonnes œuures requifes pour eftre caufes de noftre falut fi nous voulons eftre fauués felon ladolt;ftrinedeLefcaille,amp; atté-dte condemnation fi nous fommes trouués coul pables des contrairet,amp;qu’il faille entendred’v-ne telle ncceflîtécefte fcntencedu 6. de la i.aux Cor. que reftc il pour les perfonnages ci delfus mentionnés qu’vn entier defefpoir amp;nbsp;vne attente tres-certaine de lamorteternellcîMais cefte fen tence formée fur le iugcment,non de Dieu, mais deLefcaille eft d’vn fol amp;nbsp;ignorant iuge,vne foie fentence amp;nbsp;pleine d’ignorance. Car la vrayc foy Scrcpentance apporte le remede à ce mal.Ce-fte ci en deteftant amp;nbsp;condanant auec vne fàinéfe triftelfe telles fautes qu’on a com(nifes;amp; cefte là enembrafl'antenlefusChriftlagrace amp;nbsp;miferi-corde,voire le pardon entier de telles ofFenfes q Dieu promet à tous ceux qui feront vray ement re pentans,comme cela fe void bien manifeftement
-ocr page 126-1Re^onfe à ^nt.Lefcaille
Ier.i8.Que fi Lefc.iille pour s’excufer dit qu’il eil tend cela de ceux qui depuis qu’ils auront efté vrayement régénérés tombcronten telles fautes amp;nbsp;y perfeutrtront fans s’eu repentir,ic dy q c’eft mettre en auant par ignorance vnc chofe laquelle n’aduientiamais. Car ceux qui font vraye-mét régénérés, encores qu’ils puillènt tomber en toutes les fautes cy delî’us pi opofees,fi eft-celque i.amais ils n’y croupifientà toufiourstains fe rele-uent d'icelles par vraye repentance. Et eft le don de la vraye regeneration du nombre de ceux defquelsileft dit que les dons amp;nbsp;la vocation de Dieu font làns repentance Rom.n.Et s’il dit qu’il entend cela de ceux qui n’ontiamais eftéregenc rés amp;nbsp;qui toufiours ont vefeu amp;nbsp;finalement font morts en telles fautes:il faut doc qu’il face cefte diiputc contre fon ombre. Car qnât à nous,nous n’ignsrons point que ceux qui n’auront point e-fté régénérés,foitqu’ils commettét telles fautes, ou d autres,n’entreront point au Royaume des cieux.fuyuantcequenousenfeigne lefus Chrift au ^dc Sainft lehaïuquand il dit à NicodemeiEn verité,en vérité ie te dy.finon que quelcun foit né d’eau amp;nbsp;d’£lprit,il ne peuft entrer au Royaume de Dieu.
Or en ce mefmetraitté,voulant encore prou-uer en ce mcfme fens la neceflîté de noftre obeif làn e aétiue,pour eftrc fauués par icelle,amp; comment ceuxaufquels fe trouuera la defobeiflàcea-diue, feront infailliblement condamncs,il allégué ce que noftre Seigneur lefus Chrift dit à fes ApoftrestVous elles le fcl de la terre. Or fUc fil
-ocr page 127-rouchanfle /u^ement de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i xy
perd fa faueurdequoy fakraonïMat.y.Il ne vaut plus rien finon pour elke ietré hors amp;nbsp;eftre foulé des homines.Et veut par là conclurre q fi par de-fobviflance aótiue les Apoftres ne gardent continuellement amp;nbsp;fans interruption la faueur de ce fcl,c’eft à dire de la pic' é,charité amp;nbsp;vraye fapien-cecelefte,tant en leur vie particuliere qu’en l’c-ïctcice de leur chat ge,il ne faut pjs qu’ils s’atteo dent d’entrer au Royaume des cieux. Mais s’il en va ainfi^allàuoir que ce Tel pour auoir perdu «juelqucsfois fa laucuren eux,amp; par confequent leur oheiflancc aébiue auoit efté interrompue par deiobciiranccaéliucjils ne puiiTent eftre fauuçs; ie demande fi ce fel auoit bien gardé fa faueur en Sainél Pietre,quand dilFuadant à noftre Seigneur lefus Chrift d’aller en leruialem, par vn confeil charnel amp;nbsp;du tout oppofé amp;nbsp;contraire à la volon té amp;nbsp;ordonnance de Dieu.touchât le myftere de noftre falut,Iefus Chrift fuft contraint de l’appeler ÿatan,amp; luy dire qu’il al la (l arriéré de luyid’uu tant qu’il luy cftoit en fcandale, ne comprenant pointles chofes qui eftoient de 0ieu,mais feulement celles qui eftoient des hommes Mat.itj. le demande auflî fi ce fel de la Sapience celefte en la quellt leius Chrift l’auoit bien inftruit quand il luy auoit dit Jehan lo.I’ay encores d’autres brebis qui ne font point de cefte bergerie, il me les faut auffi amener amp;nbsp;elles orront ma voixjamp; il y auravn feul troupeau amp;nbsp;vn feul berger : comme aufliquand il luy auoit dit auffi bien qu'aux autres en iacommiffion de leur ApoftolatMatth.28. qui»allaitprefeher l’Euangileà toute creature.
-ocr page 128-Ii8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jlejponfi à ^nt.Leßaille
amp; Ies baptizer au nom du Pere,du Fils amp;nbsp;du S.Ef pritzcomme auffi par la vifion qu’il luy doua ACt. lo.du linleuil p!ein de belles nettes amp;nbsp;immondes defquelles le Saindl Efpritluy diloit, Leue toygt; tuejamp; mangezluy failànc entendre qu’il ne deuoit plus tenir pour chofes fouillées celles que Dieu auroit purihcesjcomme luy mcfme dit ; Dieu m » monftrc que ic ne die aucun homme ellre poluoU fouilléjie demande dy-ie fi Sainôl Pierre ayant le fel de celle inftruôlion.auoit bien gardé la faueut d’iceluyj lors qu’il fefepara amp;nbsp;retira d’auec les Chrelliens Gentils de Galatie celfant de manger auec eux,comme il faifoic au parauant, quand il eull veu quelques luifs qui elloyent venus dele-rufal m de la part de Sainél laques , Sainél Paul auz.des Galates monllre bien que ce fel n’auoit pas en tel fait bien retenu fa faueur en SainétPier rc t|uand il fc fentit contraint en fa confcicce pat l’tipritde Dieu de luy refillcr en face , pource qu’il eiloic à reprendre ne cheminant point de droit pied en tel fait felon la vérité de l’Euangi-le amp;nbsp;luy difant. Si toy qui es Juif vis comme les Gé tils.pourq joy eft-ce que tu contrains les Gentils a ludaifer?
En ce mefinetraitté de Lefcaille touchant la necellité de noftre continuelle obeilfmce aétiae, pour eftre au iour du iugement fauués à caufe d’i celle,en la page nî.il met en auant ce qui eft eferit Matth. lo. Qui me renieradeuant les hommes, ie le renieray deuant mon Pere qui eft es cieux. Or fi fuiuât la doélrinede Lefcaille,celuy qui en reniant lefus Chrifl aura par telle defobeiifance aéliue
-ocr page 129-roHchant le lugemeM de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;119
aûiue,interrompu l’obeillànce aétiue à canfc de lequel le il veut qu’on (oit fauué, n’entrera point au Royaume des cieux.Qjj: deuicndra noftre mcf me Apofli eS.Pierrejqui depuis qu’il a efté régénéré Si fait ?ipoftre,voire mefme depuis qu’il a exercé fa charge d’Aporto!atjamp; fait la bonne con feflion touchant lelusje difant elfte le Chrilf, le Fils du Dieu viuant, laquelle la chair amp;nbsp;le lang neluy auoit point reuelce, mais le Perecclelle, ' ^latth.Kî.a renié ce mefme Chrifthonteufcmcnt amp;auecexecreatiôà l’interrogation de quelques feruitcurs amp;nbsp;d’vne chambrière Matt.id.faudra-il que pour auoir en ce reniement, interrompu par defobeifsâce aéfiue l’obcifsâce adiue par laquelle Lefcaille veut que nous foyôs fauués, il ne foit i’ointaduouéparlefusChrift pour fien deuant onPerc celefte ny par confequent introduit au Royaume des cieux. Et ficelaeftjhelasquedc-uiendrons nous tous tant que nous fommes auf-quels depuis noftre regeneration telles delobeif-fances adiues aduiennent trop fouirentî fau-dra-il que felon la dodrine de ceft homme nous perdions toute efperance de falutî Nenni certai-nement:Ains nous lettons à Lefcaille la nouuel-le amp;nbsp;Diabolique dodrine, en laquelle il fe mon-ftteplus vray Nouatien,Donatiftejamp;: Anabapti-fte que vray Chteftien , amp;nbsp;l’aduertirons que s’il Veut elfte fauué felô icelle il prenne fi bien garde à foy que fou obeilFance adiue puilTe outrepalïer celle du iufte duquel le S.Efprit tefmoigne qu’il tôbe encore fept fois le iour,Prou.24.c’eft à dire, que tous les iours il comet plufieurs defobeillan-
-ocr page 130-130 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JieF^onfc à ^nt. Leß-aille
CCS afäiues.Mais quât à nous en deteftant de tout noftre cœur noftrc defobeilîance adiuc,'5(: gemif fans à bon efeient pour icelle, pour l’oficnce que Dieu en reçoit,nous adonnas au contraire de cou te noftre affeôHon amp;nbsp;felon la mefure qu’auonsre-ceue au don de noftre fandificatioa l’obeilfance adiue qui doit cftre en nous pour glorifier noftre Dieuen ce monde:Si(côme il n’a.ftiient que trop fouirent) nous tombons par quelque tétation que foit.enladefobeiHànce adiue depuis noftrÿrege neration,faifanspar nos mefchantesœuures tout Je rebours de ce que fauons nous cftre romande de Dieu, en fa S. Parole. Humilions nous amp;nbsp;de cœur amp;nbsp;de corps deuant Dieu, auec la vraye tri-ftefJe amp;nbsp;contritiô qui eft felon Dieu,!aqu : lie engendre vne droite repentace à falut corne renfei-gne S.Paul, i.Cor.y. deteftos en nos âmes noftre defobeiftâceaôliuc amp;nbsp;la cófefsós de bouche où la gloire de Dieu amp;nbsp;l’r dificatiô de fon Eglifc le re-querraidemâdons en pardon à Dieu felon la prière que Icfus Chrift nous a enfe'gnc de faire, iuf-ques au dernier foufpir de noftre vie , amp;nbsp;ce auec vne certaine adeurâce que pour l’amour d’iceluy Icfus Chrift noftre Mediateur amp;nbsp;Jntercelîèuren uers la Maieftc diuine,toutes nos offeces(efquel* les aura efté continuée noftre defobeilîance aâi-ueJnous feront gratuitement remifes amp;nbsp;pardon-nees.Er ctrcndât.Si nonobftât qu’ayons obtenu cefteremifuon amp;nbsp;pardon de cefte noftre dcfobeif fance a(ftiue(iaquelle nous accôpagnera iufques au fepulchre par l’imperfccfion de noftre fandifi cation) nous ne nous trouuons pas encores pro
pret
-ocr page 131-touâiantîelu^ementdeDieu. 131
pres amp;nbsp;idoines pour entrer au Royaume des cieux; pource que nous apperceurons bien que n’auons pas en nous la trelparfaite obeifsâce adi ue, laquelle de vray amp;nbsp;de neceffité eft requile poury pouuoir cutrer,amp; ce d’autât que pour y e-ftte receuz.il ne faut pas fculemétque ne foyons point trouués pécheurs,mais aulli que foyôs trou ucs iurtesme perdons point pourtant noftre efpc-tancc,mais adrelfous nous par foy à noftre Seigneur lefus ChriftA' embraisâs par la mefme vra ye amp;nbsp;viue foy l’obeillànce adiue trcfpatfaitemce iufte qu’il a lédueà Dieu pour nous en là propre perfonne,pre'enrons la à Dieu corne noftre,aucc vne hic hûble amp;nbsp;fainde hardicft'e,puisqu’ellc luy aefté rendue en noftre no amp;nbsp;à noftre defeharge, ' amp;nbsp;foyons aile U rés que Dieu la nous imputât gra-tuitemét felon qu’il nous l’a promis en fa fainde parole,corne fl elle eftoit procedee de nous meC-oies,il nous fauucra pour l’amour d’icellc,amp;nous introduira au Royaume des cieux pour nous yfai teiouirdela vie éternellement bien heureufe.
Or donc pour conclufion de tout ce propos,re-I cognoiftans que toutes les fentéccs des S.Efcritu tes qu’on a trâfcrites àLefcaille fur ce premier, fecondjtroifiefme amp;nbsp;dernier iugement qu’ils ont forgées en leurs imaginations lont trefveritablcs en elles,amp; no au fens qu’il leur donne amp;nbsp;aux con clufions qu’il en tire,amp; qu’elles contiennent des cômandemens amp;nbsp;exhortations à bien amp;nbsp;fainde-met viure,amp; les defenfes au côtrairc, les promef fes annoncées aux bien-viuas amp;nbsp;les menaces de-Hôcees aux mal*viuâs,aduouâs auïH que par icel-
-ocr page 132-ffz Jlf^^onJià^M.LefcaiOe
les toutes nous deuons eftre incités à bien faire, amp;nbsp;deftournés de toutes mefehâtes œuures : voici pour le regard duiugementde Dieu,ce que nous en Tentons afin que Lefcaille ny autre n’en puifle prétendre caufe d’ignorance. C’eft qu'il n’y en a proprement qu’vn,qui a eu défia fa premiere fen-téce de condemnation à mort fur tous pécheurs en laperfonne d’Adâ auec exceptio routesfois de eeuxpour lefqls lefus Chrift viendroit fubir con-dénation au monde,afin qu’ils ne fuHcnt côdem-Bes»amp; mort afin qu’ils ne fulTcnt point forclos de la vie.Puis y aura ce qu’on appelé ordinairement le dernier iugement qui portera la derniere fen-tencedefinitiued’abfolutiôfiir ceux furlefquels fera appliqué le merite de la mort de lefus Chrill amp;nbsp;de condemnation fur les autres auec l’execution d’icclle laquelle rendra les vns bienheureux , amp;nbsp;les autres malheureux en etfed à toute éternité. Et ceftuy-cy eft le iugement qui cft dit eftre i à venir, Aét. 14. amp;nbsp;dont l’attente eftditec-ftre terrible pour tous ceux qui fe reuoltent de Dieu, apres l’auoir cogneu amp;nbsp;auoir commencé de le feruir, Hebrieux 10. Et eft ce iuge- | ^lent auquel font referués de Dieu les malins An . ges c’eft à dire les Diables,i,Pier.2.amp; lud.iî.pour nbsp;nbsp;■
eftre enuoyés en ceft aby fme auquel ils prient lefus Chrift ne les point enuoyer des lors qu’il eft venu en ce monde,Luc 8.
Bref c’eft ce iugement touchant lequel il eft dit Aâ.iy. que Dieu a ordonné vn iour auquel il doit iuger en iuftice le monde vniuer-fel. En fécond lieu nous croyons que le iugc qui
-ocr page 133-touchant le lu^ement de Dieu. 15 j l”!fera ceiugementc’cft noftre Seigneur lefus Clinft.Car comme il eft efcrit i. Pier.4. c'eftluy ’l'iiiugerales viuans amp;lesmorts,amp; comme il eft
Aâ.iy.Dieuayâc diffimulé les temps defigno '^^Wce maintenant denóce à tous hommes entons lieux qu’ils fe repetent pource qu’il a ordonné vn '»ur auquel il doit iuger le monde vniuerfcl en iu Hice par l’homme qu’il a determine (ailàuoir le-
Chrift)dont il a donne certitude à tous, Payât ■■tfufcite des morts,amp; ainfi Cachas queceluy qui 'ftnoftreaduocat,i.Ieh.i. fera auflinoftreiuge, nous n’auons point occafion de craindre d’auoir ’’’ïuuaiCe ilTue.En troifiefme lieu nous croyonsamp; côfeflons q ce iugemét fe fera félon ce qui eft cô-fenu en la parole deDieu q nous a efté annoncée. ,
' Car corne dit lefus Chrift leh.u.La parole que ie l'ous ay apportée ce fera celle qui vous iugera au dernier iour. Si dôc nous fommes impenitens amp;nbsp;obftinés au mal,l’attéte de ce iugemét nous doit «ftre terrible Heb.io. Car il y aura là vn feu qui deuorera les aduerfaires de Dicu.Mais fi auec vn a viffentimét de nos fautes logé dedâs nos cofeien tes nous nous répétons d’icelles, amp;nbsp;qcmbraflàns la grace amp;mifericorde que Dieu nous preCente inaintcnanten lefus Chrift nous la rapportios à la fin à laquelle elle doit eftre rapportée pour le regard de ce mode allaaoir à renôccr à tous defiri charnels amp;nbsp;modains pour viureicibas iuOement fobremét amp;nbsp;religicuremét,Tit.2.amp; par telle forme de vie glorifier Dieu en ce monde, il ne faut point doubter quad nous viendrons à côparoiftre en ce iugemét definitif, que lefus Chrift ne nous
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-ocr page 134-Ij 4 Ee^onjè 4 ^nt.Lefcaiiïè
rccognoifle pour flens,marqués à fes viAyes marques de foyjrepentance,amp; vrayc chariré:amp;q com me il nous a rachetés delà mort, par fa mort il ne nous face participans delà vie bienheureufc.
Or il eft ordonné à tous homes de mourir vne
c’eftàdire qu’il faut que nous mourions tous de la premiere mort amp;nbsp;q par icelle nous femmes mis en la códitió en laquelle nous ferôs iugés au iout du iugemct,n’y ayant plus de moyen apres noftre mort de nous rédre mieux dafpolcs à eftre fauucs que nous ne l’eftions alors que fômes fortis de ce môde,ce qu’ont bien cognu les anciens peres de l’EglifedelqueJs l’vn difoit q tels que nous trou-uera le dernier iour de noilre vie,tels nous prefen du^tha. tera le dernier lourde ce monde auiugemcnt de Dieu.Etl’autrelôg tépsauparauant difoitqc’cft ici c’eft à dire en celle vie qu’ô fait prouifiô de la fecôde,que ici on la retiét ou on la perd, qu’il n’y Cyfrien ® après ccfte vic aucun eifeét de fatisfaéfion, traute pre c’eft à dire que fl nous n’auôs creu amp;nbsp;apprehéde tnier eotre dés Ce mode p Vne vraye amp;nbsp;viue foy la fatisfaéliô Dtmettie. que lefus Chrift a faite pour nous 3 DicufôPeie que tout ce qu’o voudroitfaire apres noftre mort pour fatisfaire à Dieu pour nous ne feruiroit de riéjveu meflne q celle qu’a fait lefus Chrift qeft la feule qucDieu reçoit amp;nbsp;agree,nous lcroit inuti Icjd’autât que dés celle premiere vie nous ne l’au rionspasembrallèeparvne vrayc amp;nbsp;viue foy amp;nbsp;n’auriôs point appuyé dés celle vic noftre cfperâ-ce fur icelle.Car corne il cil dit leh.^.Q^i croit en luync ferapointcondânéjtnaisqui ne croit point
-ocr page 135-touchant le lu^ement de Dieu.
«ftdéfia condânécar il n’a point creu au nom du Fils vnique deDieu,amp;pourtant auffi voici q nous , côcluons touchât ce iiigcmécq fe fera au dernier ioiirjQiie puis qu’il a pieu à Dieu de nous tât ay-*ner que de donner fon Fils à la mort pour nous San q croyâs en lny nous ne periffios point mais ®yôsla vie tternelle,voiicpuifque celle vraye foy n’eftât point comune à tous 2 TeE3.iI nous a fait celle grace de nous en faire vn dôjEph.i. nous de uôseroire par icelle fifermemctenluy que nous Foyôsbienaireurésd’auoiren fa condénation no ftreablb!ution,en fes plaies nollre guerifon,amp;en fa mort nollre vic.Car fi par foy nous fommes v-Hefoisincorporés en luy,il ne faut point q nous craignions d’ellre condamnés en ce iugement pource qu’il ny a point de condemnation pour Ceux qui font enluy,llt;om.8.
D’auâtagepuifque Dieu nous a fait vne fi grade gr^ce que de nous dôner premieremet fouFils amp;nbsp;puis apres la foy pour croire en luy afin d’ellre fauués parluyjRcgardonsde le feruir amp;nbsp;glorifier tandis que fommes en ce mode par vne droite o-
! bcilfance à fa voloté laquelle il nous a manifeftcc Gal.s-par fa parole.Et comme la foy qu’il nous a donee
I eft vne foy vine laquelle ouurate par charité doit i’roduire fes fruiéls en toutes bonnes œuures,voi 1 pourquoy nous ne nous deuons iamais lalfer do bienfairejCllant chofe bié certaine amp;nbsp;bié tefmoi-gneepar les S.Efcritures que come nous ne pou-uósauoir part au falut eternel fans ellre garnis de la vraye foy en lefus Chrift,aulîî nepouuôs nous auoir celle vraye foy fâs qu’elle produife en nous
-ocr page 136-6 Jlejp,à^nt'Lefc.tou.IeIu.de Dieu.
de bonnes œuuresgt; tellement qu’cncores que ce ne foit pas à caufe d’icelles que le lalutnous fêta donné lequel lefus Chrift nous a acquis parcelles qu’il a faites pour nous en fa propre perfonne» fi ne ferons pousiamais faits parcicipans de ce ft-lut fans icclles.Ains comme Dieu declare au rj-de S.Matth.fa volonté eftrequ’auec les marques des bonnes œuures que noftre foy aura produites nous foyons au dernier iourdifcernés d’auec les mefchans en leur prelènce amp;nbsp;àleur honte^il nous faut employer volontiers toute noftre vie en bon nés œuures amp;nbsp;cheminer en icelles afin que par tel chemin nous parueniôs à la poflèffion amp;nbsp;iouif fance de l’heritage celefte lequel Dieu nous a pre paréamp; donné par fa grace en fon Chrift deuant qu’euffions fait aucunes bonnes œuures, voyre deuant que fufiions au monde,voyre mcfmesdeuant que le monde fuft monde.
F I N.