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H M ONSTRA NCE
Chrestiene de
Leonard Constant
Miniftredela Parole de Dieu, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;
T H o I N E LESC^ILLEf fourl induire à donner gloire à Dieu fe reconcilier à l'E^ltJe.
Proverbes zS. verf.ij.
Qui cache festranfgreffions ne profperera point ; mais celuy qui les confeiFe amp;nbsp;les delaifle, obtiendramifericorde.
DE l’imprimerie lACOB STOER
D. XClll.
-ocr page 2- -ocr page 3-REMONSTRANCE
CHRÉSTIENE de Leonard Constant Miniftre de la Parole de Dieu,
i^nthoine Leßaille.^
IO N s I £ V R amp;nbsp;frère ( ie fuis induit à vous appeler ainli,plus par l’amour que ,ie vous porte en noftre Seigneur, amp;nbsp;par le délit que i’ay de voftte conuef fion, queparlaconlideration dcreftatdc-* plorablc où vous cftes à prclènt)ie me pour roy’ bien exempter amp;nbsp;releuer de celle peine,de vous faire quelque refponfeparticuliere,li ie vouloy’:veu que Monlîeur Couet mon trencher frere amp;nbsp;compagnon en l’œu uredu Seigneur,deferit au nom de toute ce lie Eglife, li pertinemment amp;nbsp;au vray, les caulcs,les cfteôls,lesprocedures, amp;nbsp;autres circonllances du different qui s’elmeut entre vous nous,il y aura canto ft deux ans, qu’il relpond aulB par melme moyen aux a a
-ocr page 4-4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Preface.
principaux poinârs contenus en vos libelles diftamatoires,qu’auezpubliés, non feulement à l’encontre de luy amp;nbsp;de moy, mais aulîi contre l’honneur reputation de plu heurs gens honorables amp;nbsp;craignans Dieu: amp;c inclines à cc dont me taxcz.à grand tort, tat par voldirs libelles,que par l’Epiftrc que m’addrell'cz particulièrement. Mais il y a quelquesconliderationsau contraire, qui me menuet à vous faire celle relponfe, plus par forme d’exhortation amp;nbsp;rcmonftranee Chrcfticnc que par formede récrimination (n’ayanrappris en l’clcholc de Icfus Chrill de rendre mal pour mal,ny iniure pour iniu re.) Car premieremêt il cil raifonnable que ic rende tcfmoignage de vérité,pour côfcr-mer ce que noftre frcrcM.Couct mer en a-uant au nom de tous ceux , contre Icfqucls vousvoLis elles badé en celle Eglilc.Etpuis ie ne vpudroy’ pour l’honneur de mon Mi-nillcrc, que par mon lilcnce quclqu’vn,ou vous mcimes priliiez occalîon d’entrer en quelque lînillrc opinion de moy,comme li par quelque dcldain ou melpris de vous,ou par faute de courap;e de maintenir la vérité dé Dieu,ië rcfiilby ce qui cH de mo deuoir, me contentant de refpondrc par la bouche d’autruy.OütrcpIus il y a beaucoup de cho lesen
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fes en ce qui cft de noftrc différée, Icfquel-les ou M. Couet ne touche point du tout, ou les touche l’eulement en pail'ant,partie pourcc qu’il n’a voulufaire beaucoup de di-grefiios lùr tels incidês,partie pource qu’au cuncs d’icelles s’eftas paff'ees entre vous âr moy lculeniét,il a eftimé que i’en poutroy’ parler plus au vray que tout autre. Cepêdat I’clclairciff'einet de telles choies peut lcruir grandeniêt à faire tat mieux cognoiftre la Vérité de tout ce qui s’eft pallé. Finaleihêc puis qu’vne brebis du troupeau pred celte liberté,ou plulloft licêcc,dc taxer à tort lo Paftcur,de le reprendre,dcradmôncfter,amp;: Iblicitcr à recognoiftre,voire melmes a ro-traéter publiquemét les lautes qu’il n’a pas comnulcs(commc vous faites en mon endroit par vos hbclles,amp;:notammeht par vo ftre epiftrc,qui m’elt particulièrement ad-dreffee par vous,qui aucz autresfois cité te nu pour vne des brebis de ce troupeau.que Dieu m’a commis, amp;nbsp;qui m’auez auec les autres cllcu amp;choifi pourvoftre Pafteur, Voire m’auez recoguu pour fidele Miniftre de lefiis Chriff, corne vous melmes rcfmoi gnez par vos propres eferits, ) puis qu’il cft ainli, di-ie, c’eft vne chofe beaucoup plus raifonnable làns coparaifon, que le Pafteur a î
-ocr page 6-6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pretace.
qui doit rendre copte de fes brebis au iuge ment de Dieu,voire iàngpour iàng, s’il s’en perd quelqu’vne par iâ faute,face deuoir de cerchcr celles qui font elgarecs,pour les ramener au troupeau,s’il cil podiblc, amp;nbsp;pour ce faire qu’il ne s’efpargne point de reprendre leurs fautes, de les leur faire fêntir au vif par les menaces du iugement de Dieu,amp; de les fblicitcr à donner gloire à Dieu par vne droite côuerlion ôô vraye repentance.Voi-ia les raiions qui m’efmeuucnt à vous referi re:c’efl en fomme pource que i’ay plus d’ef gard à l’honneur amp;nbsp;à la gloire de Dieu,à l’e dificatio de l Eglife, a l’honeur de mon Mi-niftere,amp;: à voltre propre fâlut,que non pas à moy-mefmc, v'cu la débilité de maveuë, qui ne me permet d’elcrirc la centième partie des chofos que ie voudroy’.
Or deuant qu’entrer en matière, ic vous veux ici faire la mefmc proteftarion,quc ie vous ay faite fouuét en nos conferéces,c’eft que ie vous ayme de cœur amp;nbsp;d»ûft'c6bon en Dieu,amp; nedefire rien plus que vollre con-uerfion,vo(lrc bic,voftre honneur,ediiîca-tion amp;: fâlut : ce que ie di, afin que vous ne pêfie7,que ie foyc meu de quelque pafTion, ou appétit de vêgeace,pour me refènrir des trauerfès que nous auez donees,amp; des iniu-r«s
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res atroces amp;nbsp;du tout indignes, que vous a-uez deigorgees à leçontre de nous. Car ic procefte deuat Dieu,que i’oublic tout cela, pour ce qui concerne ma perfonne, prie Dieu de bo cœur, qu’il vous le vueille pardonner, lâchant bië qu’ëporte cefte prière, quelefus Chrift nous a apprilcaPo-düxewo«« nas o^enfes,cot»€ nom fgt;.trdonnons,amp;CC.Ol donc Vous ayat prié tout d’étrec de vous alfeurcr de ma bone Sc Chreftiene afteélion enuers vous,ie vous prie auflî de reccuoir de bône part,St d’vn clpritrepolc,ce que i’ay avons remonftrer.Et ahn que pui liiez tant mieux comprendre mon intention,ic luis content devons adnertir de l’ordre que ie veux tenir en ceft endroit. C’eft que ierelpon-dray premièrement à l’Epillre que m’auez addrell'ee : amp;: puis ie tafeheray de vous re-drefler en certains poinéls de voftre dif-coursjlelqnels Monlicur Conet a, pour cer taincs caulês,ou paflez fous lilcce, on Icge-remêt tôuchés:clqncls points toutesfois il ell expedient que Ibyez adnerri des chofes, que vous anez tantoft oubliées, tantoft a-uancces,tantoft changées. Pourletroilief-me ie mettray peine,Dieu aydant, de faire ce que vous-melmes requérez de nous, fauoir eft, de vous faire voir à l’çeil, Sf
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toucher au doigt, que l’erreur auquel vous eftes,eft pernicieux amp;nbsp;damnable, afin que l'ayant bien apperceu amp;nbsp;cognu, auec plu-fieurs fautes, qu’auez commiiês en confie-tjuéce d’iceluy,vous cófefl'iez recognoil-liez le tout,comme il appartient,amp; comme vous-mclmes promettez de fairc,pour don ner gloire à Dieu, réparer le ficandale qu’auez donné,trop plus grâd, que ne pourriez eftimer,amp; mettant voftre elprit en reposé pouruoyant à voftre honneur amp;nbsp;à voftre fia mille,vous réconcilier auec l’Eglii'e.Et d’au tant que tout ce que ie prêté vous taire entendre par ce prefient eficrit, tend à ce dernier poinâ:, voila pourquoy i’ayme mieux l’appeler Remonftrance Chrefticne, que ftmplement,Retpontc:priant Lieu de la be nir tellement,qu’elle puifte apporter en vo ftre endroit,le fruicl que ie defire,à là gloire,amp; à voftre bien amp;: làlut.
POvR refpondre donc à voftre Epiftre(qiiieft le premier poinâ que ie me fuis propofé} ie vous diray tout d’entiee, que la façon dont vous auez vfé,m’eficriuant en tierce perfonne, comme vous auez fait à Monfieur Baftier, ne fient point la fimplicité amp;nbsp;fincerité Chreftiene. Car au lieu de parler direétemét amp;nbsp;ouuertcment, amp;vous ligner Antoine Lcfcaiile, vous parlez corne par la r - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bou-
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bouche d’vn tiers , lequel eftant comme voftre Aduocat OU Procureur, ne s’ofe nommer: amp;nbsp;vous lignez I’Anti-Inquifitcur. Or qui ne voit, que c’eft vnc façon oblique amp;nbsp;defguifee, pour pouuoir nier à vn befoin auec quelque couleur, que vous foyez autheur de ce beau chef d’œuure , que vous appelez l’Anti-lnquifitcui? Comme i’ay entendu que vous le niez de fait. Or nous feuons que le tout n’eft pas de voftre in uécionznous fauôs fur quel patrô vous l’auezfor-mé trefmal à propos:mais nous recognoilsos bid auffi.ce q vous y auez mis du voftre,pour ac^ôpas ter,cotre toute vérité,non feulement M.Couet amp;nbsp;moy,mais auffi tous les fideles Miniftres de l’EuS gile,q enfeignét mefme doécrineq nous,aux plus malheureux Antechrifts,amp;; cruels Tyrâsamp; pecffl’-cuteurs,qui furet iainais,amp;d‘autant que vous a-iK'zbic penfé,q les gens de bien amp;nbsp;craignâs Dieu n’approuucroiét iamais vn efcrit fi ellôgné de tou te veritéjvoire fi mutin amp;nbsp;feditieux,vous auez pé fé trouucr en ceci, comme vne porte de derrière pour efchapper,c’eftàdire, pour pouuoir impu“ némétdegrader amp;nbsp;diffamer les Miniftres de l’Euî gile,amp; pour vilipéder amp;nbsp;fouler aux piedsen leurs perfonnes le fainét Miniftere de la parole deDie il. Si c’eft vne bone ceuure,amp; digne d’vn horaeChre ftien,ou non,amp; fur tout de celui qui fait eftat de mainteniramp; défendre les bonnes œuures,ie vous en fay iuge vousmcfme$,amp; cependant ie ne parle point encor des chofes contenues en ce bearj traitté de l’Anti-Inquifiteur , lequel vous auez faitjou fait faire,en tout,quen partie.mais ie pap-
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le ici feulement du deguiftmcnr amp;nbsp;obliquité dót vfez es deux Epiftres, q sot au bout. J’vnc à M.B# ftier,amp;l’autre à moyjaifant parieren icelles vne persôneemptûtee, q fe figue l’Anti-Inquifiteur.
Q^âtau contenu en voftreEpiftre,iene veuxpô tiller fur chaque mot,ains feulement obferuer les chofcs.qmcritct quelque refponfe. Vous prenez tout au cômencementjfoubs la persone de voftre Anfi-Inquiliteur,pour caufcSjqvous ontefmeu à m’eftrire premieremet la douceur naturelle, de laquelle vous auez entédu,dires vous, que ie fuis douc:amp; puis le defir q i’ay eu,amp; le deuoir que i’ay fait tout du cômccementid’afibpir amiablcmétle dilferét efmeu entre vous amp;nbsp;nous.Pour le regard de celle douceur naturelle,que vous m’attribuez, ne voulât foupçôner que ce (bit en vous mocquât de moy,mais ellat cotent de croire que vous le di tes à bô cfeiet,corne vous le pcfcz:ie vous declare, q ie n’accepte point celle louâge.Car corne ic fay, que c’eft vne vertu Chrcllicnc,que la douceur ôC debônaircté,laquclle ell bic feate à to’ Chreltics, amp;nbsp;fur tout aux Palleurs amp;nbsp;Minilli es de l’Eglife;ie fen amp;nbsp;recognoy b;cauffi,que i’c luis plus tllogne que ie ne defireroy’.Cependât ie ne veux pas mer q ie n’aye tafehe de forcer mô naturel en celt endroit,pour vfer enuers vous de toute la douceur, patiécç,amp; indulgéce qu’il a ellé pollible, nopour vous flater,amp; nourrir en voflremal, corne quelques vns ont péfé:mais pour ne vous irriter ôc ef faroucher,amp; pour vo* gaigner àDieus’il cull ellé pollîble, Ce q ie mets en auât, no pour me louer, mais pour vous reprendre de ce q vous auez reiet té
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f^fous les remedes,qui ont efté appliques envo-flte endroit, pour vous amener à voRre deuoir. Qnâtàl*autrepoint,qnei’ayde(îré amp;nbsp;tafehe d’af-Ibpiramiablemét le different efmeu,amp;c. vous di-r tes en cela la pure verité.Car eftant amateur de la paix amp;nbsp;ennemi de toute diflention amp;nbsp;trotible, ie n’ay rie oublié de tout ce que i’ay peu cognoiflre pouuoir feruir à eReindre et feu , pteuoyât bien, qu’il n'é pouuoit aduenir que mal pour vous , amp;nbsp;fcandale pour l’Eglife,Qui aefté caufe que ne me côtentant des côferences,que nous auôs eues en noftre Côfiftoire,amp; deuat M“ les Pafteurs de celte ville.i’ayfouuctcerchéamp;trouué les occafiôs déparier à vous en priué,pour vous faire entédre le tort que vous faifiez à vousmefmes, amp;nbsp;aux vo-ftres,mais principalemct à l’Eglifc de Dieu. Je ne m’e repé pas,pource que c’eftoit mô deuoiri mais ic fuis marri amp;nbsp;defplaifant de ce que mon labeur p’aproduit quelque meilleur effeét enuers vous, amp;nbsp;celle recognoifsance que vous en faites, tât en voftre Epiftrc,qu’é voftredifcouis,nc vous tourne pointa hôncut:amp; en ce que vous n'éautz fait vollre profit,corne vous deuiez;amp; en ce que vous m’érendez vne fi paume recópenfe. Car encores qu’é apparence ne Ibyez pas (i desbordement amp;nbsp;furieufemet animé cotre moy,q contreM.Couet: tanty a que n'ayant point apperceu,qu’en ce dif ferét il ait marché d’autre pud que moy ,mais plu llollqu’il y aeu autât ou plus de peine que moy: amp;qu’ilaeftépouiréd’vn mefme zelede la gloire de Dieu,amp;:d’vn mefme defir d’épefeher le fcâdale, ▼oire d\ne mefme affeólió enuers vous,amp; a mon
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ftrc en tout vue mefme fincerité amp;nbsp;rôdeur de con fcience:ic vous declare,que les fleiches venimeu-fes,quc vous aucz decochees, outrageufement contre lui,me tranfpercét iniques au vif en fa per fonnc,amp; puis ne penfcz vous point me faire tort amp;nbsp;outrage par ce que vous adioullcz î Vous dites,queceqnemcfcriuez elf pour m’adiiettir, que vcu Toflice où ie fuis,pour acquitcr ma con-fciencc cnuers Dieu,amp; telmoignev de la rondeur d’icelle cnuers les liômesùe me doy rctiader de ce qnc i’ay glofc amp;prefché publiquemct.fur celte fentencedel’Efcriture fainCtefT?««» rendra «t/« chacun fila»fes asHurei J,Scqued ce que i’ay glofé amp;nbsp;prefclîé?c’eft que i’ay ditfcôme vous m’impo-fezjquc ce mot(fÙ4c««)fe doit entcdre feulement dcsmefchâs,amp; no pas des büs,amp;puis vous adiou ilcz,qu’cncor qu’il ne m’e fouuiene,amp;que ie Paye nié denantM.Gryna:us,qui auec les autres pref-cheurs Allemans condamna ladite glofe; 11 eiî ce que 11 ie le veux demander à mes auditeurs, ôc les requérir de m’é dire la veritc:vous dites,que i’en trouueray encore de ceux q, en auiôtbône fouue nâccjamp;que qi.ât à vous,il vous en fouuict fort bic: amp;nbsp;ce qui vous eu fait d’autât plus fouuenir, dites vous.c’elt qu’incôtinét que i’eu dit le mot,il vous fouuintfoudain d’vnc telle glofe jpnoncec par vn Preftre,il y a quelques années,fur celle fentéce de l’Elcriture S, ('‘Toute per tone fott fHiiie£te aux ptitßa» cesfuperteuret),dis!it leditPrellre.que ces muts(w« teper/ônne)Çe doiuét entendre feulemct desLaics, amp;nbsp;nô pas des Ecclcfialliques. Voila le loyer amp;nbsp;re-compefe que vous me redez en recognoifsâce de celle
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Ceftcdouceur miene,q vous tefmoignez auoir ex perimétee,amp;du defir que i’ay eu,amp;du dcuoir que * ay fait d’alTopir amiablemét le dift'crct que vous auiez efmeu en celle Eglife,amp; de la peine que i’ay prife pour vous rerircrdu bourbier où vous elles tombé.Mais ie ne m’csbahi p is de cela fachant que c’ell la retribution ordinaire que le monde rend aux plus fideles feruitcurs de Dieu, comme lefus Chrifl nous en aduertir. Mais pour venir au faitjie vous reipô,que fi i’auoy’glofcamp; prefchc Comme vous m’impofez,ie n’culle attendu vre ad-Ucrtill’ementjpour corriger vne celle faute m’cllat temôllree,amp;fi cela m’elloit aduenu,voftre deuoir eftoit de m’é aduertir tout incontinét félon la regle de charité,q no’ ell enfeignee par lefusChrill 8t no pas de vous moquer de moy,par la côparai-fou que vous en faites auec vn Prellre, amp;nbsp;m’aller cfcalager amp;nbsp;diffamer par tout.Regardez fi c’ell v-ne æuure de Chrellié,amp; vn office de charité en-Uets l'on prochain, quand bié ie n’euffepoint elle Paffeur,mais persone priuee.voire le moindre de l’Eglifezpofant le cas (corne l’ay dit)que ie me fufi-fc tât oublié que d’auoir ainli parlé. Mais vous fa-Uez que ie vous l’ay toufiours nié, tant en noftre Conlitloire,qu’en la prefence de Mefficurs lesPa Heurs de celle ville,amp; vous ay fait entendre bien an long,cornent l’auoy’ parlézdôc vous vous elles tenu pour content amp;nbsp;fatisfait,iufques à dire, que vous auiez mal entendu , amp;nbsp;que vous nous te niez.M.Couet amp;nbsp;moy,pour fideles Minillres de l’Euangi le comme vous metmes le tefmoignez en volVre difeouts.Comment donc amp;nbsp;en quelle con-
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Icknce pouuez vous affermer m iinrcnant,cc que vousauezautresfois nié?D’où vier que vous appe Jez maintenant faux Prophete,amp; coi rupteur de Ja parok de Dieu.celuiq vous auez autresfois tenu pour fidele Miniftre de Cbrift ? Ou vous parliez iors par fimulatió amp;nbsp;Jiypocrifie,ayât vne cliofe au cœur,amp; vne autre en la bouche,ou en vi rité,amp;cô me vous fentiezen voftrccœur.Si par fimuiation amp;nbsp;hypocrifie,ie vous biffé inger,fi c’eft vne vertu Chrelhene,ou vn vice deteffable deuant Dieu amp;nbsp;deuant les hômes,de dire d’vn,amp; penier d’autre fur tout en affaire de telle importance , où il y va de la g'oire de Dieu,amp; de i’edificatiô amp;nbsp;falut des âmes.Si vous auez parlé en veritc,amp; lans aucune diffimularionjil ne faut donc autre que vousmef-mes pour vous defmentit,quand vous dites main tenant le çontrairc,amp; quât à mes auditeurs entre iefquels vous dites,qu’il s’é trouuera de ceux,qui en auront bonne fouuenancctie croy qu’il y en a blt; aucoup,qui ont bonne mémoire de ce qui fut dit par moy fur celle rentence,car vollre fauffe ac cufation etteaufe,qu’ils l’auront bicrecordéimais le ne croy pas qu’il y en ait vn feul, qui die que i’ayc parlé,corne vous m’inipofeztSc quand il s’en trou eroit quelcû,qui pour vous gratifier,lc vou-droit maintenir auec vous,il s’en trouuera deux et pour le moins, qui tcfmoignerontle côttaire. Mats comment auroy’ie dit que ce motftZiacaJfe doitentédre (èulcmétdes mefehas, veu que pour confirmatiô de la doélnne,contenue en celle lenience,i’alleguay celle de S.Pauhlequel ayant dit, que rtnira 4 vn fk^un ftltnfti ocuures diftti-bue
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lgt;ue puis apres ce mot general(cZ»4«lt;«)en deux eP-peces d’hômcsjdisât.airauoir à ceux, q auec patic Ce à bié faire,cerchent gloire.hôneur Sc immorta litéja vie cfcrnelleiqaais à ceux,^ font côtêcieux* amp;nbsp;qui fe rebcllét cotre la vérité, amp;nbsp;obeifsét à iniu fticc.l'era indignatiôamp; ire.amp;c.Certes fi en vn mef meinllâtreuHè parlé,comme vous ni*acciifiz,re-ftreigiiâtce mot(cA4f«'Jaux mefchans feulemét, t’eud ellé vne côtradidiô fi manifcfle,q le moindre de mes auditeurs , iufques aux petis enfansj l’euft appçrceuc amp;nbsp;côdâiiee:amp; fans doute quelcû de noftrc Cólilloire n.’c eull aduerti, ou quelque îutre des auditeurs,qui ouyrét les deux prefehes, dót efi queftió,ayas tous auffi bónes oreilles,amp; e-ftâs aurfi bic inhruits en la dodrine de l'Euâgile» qvous pourriez ellre pour le moins.ll faut donc r*ne de deux chofcs,ou q tous,tant qu’ils fôt, ou Vous feul ayez eu ks oreilles de trauers. Mais il cil plus railbnnable de croirc,que c’eft vous, que nô pas toute vue fi notable afscblee.Que fi vo* de mâJeZjCÔmcnt dôc i’cxpofay celle fcntccc,dôtell (Juelliojie vous r’euoie à ceq iMiCoueten dit en ! U refpofc,lequel en pcull tcfn.oigner au vray cô-: meceluiqui ouitles deux prefchcs,qui en furent faicls,amp; qaefté eu toutes nos côferenccs,cfqucl ' lesie vous ay lulfisâment declare ce quci’auoy* dit,amp; afin que vous cognoilfiez -ât mieux le tort que vous me faites,ie luis cótét de rafraifcbit vfc inemoire,leuLemétdece qfull dit fur celle fente ce pour relblutiô finaiczc’ell en some, que Icfus Chrill n’étend pas pat ioclle,qu’il fera redu àvn chaeü ce qu'il aura meiité ou delerui par les œu-Hres.cômc veulctceux qui plumet d’cllre fauucx
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amp; introduis aiiRoyaumedes cicuxcn cófideratio amp;nbsp;à caufc de leurs bonnes ceuuresxar s’il cftoit vray q Dieu redra à vn chaeû ce qu’il aura merite par fesœuures,ils’eenfuiuroit deuxfaulFesdoâri nes.La premiere, que Dieu nous enuoyroittous aux enfers,que tous ont mérite par leurs œuures; La fecôde,que celte fentéccs’entcdroit fculemét des mcfchâs,amp;: nô des boszcar les mefehâs feuls re eeurót ce qu’ils aurôt mente p leurs œuures Si fe Ion leurs œuuresjc’ell àdiie,iélô qu’ilsaurottef-moigné leur infidélité par leurs mcichantes œu-urcsimais les fideles Sc enfäs de Dieu reccurót ce que Dieu leur a jpmis,amp; leur dônera gratuitemet, pour l’amour de Ibn Fils lefusChrift,ielon le tef moignage de leur foy,qu’ils aurôt rendu parleurs bônes œuures. Voila en fubftâce quelle fut la refo lutiôde tout le propos fur celle fentéce;qn’eftpa$ vue glofc liumaine,côme vous ditcs,mais vneex poiitiô orthodoxe amp;nbsp;Chreftiéne,eflât fondée fui tefiuoignagcs expres delà parole de Dieu q furet lors mis en auant. Parquoy il n’ell pas bcfoin,que ie me retraóle,cóme vous voulez que ie faceinuis c’ell vous.qui vous deuez retraôler, amp;nbsp;recognoi-ftre le tort que vous m’auez fait,amp; reparer les fcâ dales que vous auez dônés.c’efl en Comme ce que i’ay pour le prefent à vous refpôdre fur celle £pi-ftre qui m’cll adrellèe par voftrcAnti-Inquifiteur, c’ell a dircjpar vousmefmes;amp; c’eft pour le premier point de ce prefent eferit.
Pour venir au fecôd,il y a,corne dit a elle,quelques points en vollre diCcours touchant le difte-rent que vous auez efmeu:lefquels ayans eflé, ou point
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point du toutjoii légèrement louchéspar Monsieur Couetjmcritét d’eftre confiderés.pour faire tantmieuxcognoiftrela verifé des choies qui le font pafl'ees.D’autât que vous en lailFcs aucunes à dire,lefquelles ont cité : vous en mettez en auant d’autres,qui n’ôt pas cfté,c’eft a dire en bon fran çois que vous les aués forgoes amp;nbsp;inuenteos, pour nous rédre plus odicux:amp;: y en a d’autres lefqucl-les vous defguifez amp;nbsp;falhfiez. Parquoy i’ay propo fé,pour le fécond article de ce difeours, de les re-prefenter plus au vray,que vous n’auez fait, afin qu’en eftantrcdrelféjvous en conccuiez tel def-plaifir, que ce foit pour vous acheminer à vue droite repentance.
Premièrement donc ie vousaduerti,quelcdif-cours que vous faites , touchant le dißerentqui s’eftefmcu entre vous amp;nbsp;nous,cil vu edifice, qui n’eft pas ballifur fon vray fondemétdequel vous pallèz fans en dire mot , d’autant que le récit d’iccluy ne pouuoit feruir qu’à voftre condemnation amp;nbsp;confulîon.Vous commencez parla communication que vous me filles de ce bel cC-crit, lequel vous mettez à la finde voftre difeours amp;nbsp;lequel vous vous attribuez brauement;amp; laif-fez en arriéré le vray commencement, amp;nbsp;la Ibur-cc du maI.C’ell qu’au lieu de nous aduertir Chre-ftienement amp;fraternellemét,fi vous auieztrouué quelque chofe qui vous offençaft en nos predications,en noftre doctrine,en noftre vie, vous alla-ftes diftamer,amp; nos predications amp;nbsp;noftre doôtri *te,non feulement entre vos domeftiques , mais iuffi entre plufieurs fimples de nos auditeurs,dv-
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fànt,que nous prefchions contre les bonnes œu-ures,amp; que nollre dodrine diicordoitd'auec cel Jede lefus Chrift : amp;nbsp;faifiez du Prophete au milieu d’euxdeur móftrat plufieurs pallàges de l’El-criture,pour luy faire accroire,que noilre dodri ne contreuenoit à iceux,amp; q vos opiniôs (d’eftre iuftifiés amp;nbsp;fauués par les bonnes œuures) eftoyct bic fondées en la parole de Dieu. Et ne vous con tentiez pas de confermer vos dites opinions, amp;nbsp;de réfuter la dodrine que nous annocions; mais, qui pis eftjvous nous chargiez de calomnies, amp;nbsp;moy fur tout,comme ie vous ay môftré cy dcUiis. Et tout cela ne tcdoit qu'àdesbaucher les fideles, Sc lesdefvoier du droit chemin, pour les attirer à voftre doélrine, c’eft à dire,à fane fchifmeenl’E glilc par ceftcdiftradion.C’eft là la vrayefource du difterent par où vous deuiez auoir cômencé voftre difcourSjComme fait M.Coue :Qui eft eau fc,que ie me contenteray,pourle prtfent,de vous faire fur ce poinift ce petit mot d’aduertillèment.
Aureftei’eftimcqu'ilcftbon de confiderer v-ne parenthefe que vous faites en la page 17. de voltre traittéilà où vous dires, que les cenfurcs e-ftans faites,fans que vous parliffiez de nospref-ches,voulant attendre,que vous euflîez premièrement la refponce de voftre eferit, nous vous dcmâdafmeSjfi vous auiez parlé de nos prefehes, amp;c.Par cela vous tafehez de diminuer la faute que vous fiftes,de ne nous point aduertir en freie Sc en amy, poui le moins en nos cenfures,du mefeontentement que vous auiez de nos pref-ches,amp; de noftre dodrine.Mais c’eft en vain : car
pourquoy
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pourquoy attendiez-vous la refponce de l’efcrit: pont le moins en mon endroit,veu qu’il n’y auoit pas vn fcul mot contre moy.mais Iculement conte M.CouetPD’auîtage iufqucs à quel temps dif-fetiez'vous ccft aducrtiiremcntChrcftien amp;nbsp;fraternel, veu que nous eftions tout prefts de cornu niquer à la Cene,amp; veu que vous nous auiez défia dcfciiezamp; ditfamezenuers plufieurs? En quel Euâgileauez-vous appris de déshonorer amp;nbsp;efcha fauder vos frétés amp;nbsp;amis, premier que les admo-nefter Chreftienement amp;nbsp;fraternelIement/C’eft donc vn fac mouillé,dont vous vous penfez cou-utir:amp; pourtant vous feriez beaucoup mieux de rccognoillre q voftrc procedure n’efloit pas con forme àlaregledcchariic,qui nous efl enftignee par noftve Seigneur le fus Chriil,comme vousfu- A/a«. ij. ftes contraint en celle premiere alKmblee d’en *!• confelfer quelquechofe,par la force de la raifon, amp;nbsp;par le tefmoignage de voflre confcience.
En outre ie vous aduife, qu’au difeours que faites de la mcfme alEemblec, vous-vous introduirez difputant amp;nbsp;contetlant contre Monfieur Couetjfi brauement amp;nbsp;docloralcment, comme li vous elliez vn grand Doôleur,amp; Môfieur Couct vn petit Bachelier.Mais fans parler de voftre fuf-fifance,les frétés de la compagnie fauent, que les propos ne furet pas tels de part amp;nbsp;d’autre, amp;nbsp;que on parla à vous mieux à propos, plus pertinemment amp;nbsp;modellement, que vous ne dites. Mais d’auta ut que M Couct .a déduit amplément amp;nbsp;au Vtay, les propos qui furent tenus en celle con-feréce,amp; en toutes les autres,amp; mefmes és deuis
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particuliers,que nous auons eus fouuétauecques vous fur vn melme fuiet,il n’eft befoin de les réitérer ici.Seulement ie vous veux aduertir d’vne faute d’omiffion, que vous faites au diieours de lamclme aff-mblee.C’eft que vous vous introdui fezauffi brauementquedeiFus , m’acculant d’a-uoir mal expofé celle fentence(‘2gt;lt;f« rendra à vn chacun felon fes ce uure s') comme faites par vodre E-pi(lrc,à laquelle l’ay délia refpondu.Mais vous ne m’intteduifcz point vous vttfpondât ce que vous omettez,pour faire accroire,ii vouspouuiez,que i’aduouay la faute par mon filencc, R Ion la regle de droit,qui pot ti ,que celuy qui fe tait,leble con fentir.V ous faites le m. Ime de M.Çouet, amp;nbsp;enco res pis, ar vous fintroduiu z bien,parlant,mais fans rienrefpôdrc à ce que luy auiez propofe par vollre accufatioîdc le faites parler fi malapropos amp;nbsp;fl ridiculement,voire fi faulU met (quand vous luy irtipofez d’auoir dit,que Dieu ne rendra pas à vn chacun lelon fts œuures,amp;c. ) que li vous en eftiez creu,c’ell fansdoubte, qu’il le faudroit tenir pour vn petit Nouict,au prix de vous.Mais à qui ptnfez-vous faire accroire telles impertinen ces; Pend bié cdrc,qu’a quelques Predres amp;nbsp;Cu rcs,aufquels vous auez enuoyé vos liurcts, amp;nbsp;qui m le cognoident pasjamp;r font bien aifes de croire des Minillres, pis encores que vous n’en dites. Mais vous ne le perfuaderez pas à ceux qui le co gnoillènt.Vous mcfmes vous garderiez bien de le croire, fi vn autre le difoit, quelque ennemi que vous luy fiiyez.Ie vous aduife doiic,que vous n’auez pas gardé le decorwn en celt endroit, pour rendre
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1 rendre voftre di [cours viay lemblable : tanrs’en faut que le puillicz faire reccuoir pour veritable. Pour le faire court,la vérité eftfco me le tefmoi gneront tous les Anciens amp;nbsp;Diacres de nollre Confilloire qui eftoyent prefcns} que ie vous fei refponfe côforme,en fubll:âce,à ce que M.Couct eneferit, amp;nbsp;telle que ie fei en la prefence de M.
i Grynæus;amp; que M.Couet relpondit auffi,nô feu ' Icmcntà^e dont l’auiez aceufé, mais àplufieurs répliqués impertinentes que mettiez en auanr;amp; particulièrement fur le faïaire des œuures, qu’a-uieztoufiours en la bouchepour toute raifon.ôur quoy vous ayant elle rcmonftré, plus d’vue fois, amp;nbsp;par luy amp;nbsp;par moy,qiie ce que nous auionsen-feignéjue repugnoit nullement au loyer amp;nbsp;lalai-re,que Dieu promet amp;nbsp;donne gratuitement à fes enfans,qui s’adônentà bonnes œuures:vous con
I felfaftes lors,que vous nous auiez mal entendus, i que vous nous teniez pour fideles Miniftres de l’Euâgile.Recognoillez doc la vérité que ie vous reprcfente:car i! n'eftpas bié feât aux Chreftiens, de defguifer ainfi les chofes.11 faut laifier celle fa çon de faire aux hommes profanes : lefquels fai-fans ellat démentir,!-.' fanent faire fi dextrement, ' que pour le moins ils rendent vray lemblable, ce quiell du tout faux. Mais vous ne fauez ic;u faire.
Vous ferez bien de corriger aullî,cc que vous mettez à la fin dudit difeours de la premicrca’sê-blee, amp;nbsp;à la fin du difeours de la fécond : fauoir eft,que vous fuites menacé par nous de l’excommunication amp;nbsp;du Magiftrat ; car la vérité elt que
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-ocr page 22-Jlemoaßrancc Chreßiene voyans voftre pertinacitcj nous tafchafmes de vous ramener à la raifon,en vous reprcftntantlc fcandale que vous'donniez,amp; le danger où vous vous precipiticz:mais Je tout vous fut dit Clirc-fliencment amp;nbsp;fraternellement J fans pariet ny de rexcommunication , ny du Magillratcn façon quclconque.Car nous fauons,Dieu mcrci,àquel-Ic extrémité tels remedes doiucnt eltre referuez: mais paflbns outre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Je vous veux aduertir auflî d’vn difeours, que vous faites tn la page 5z. de voftre traitté : là où vous dites que le lendemain ie vous rapportay referitey dcllùs mentionné, amp;nbsp;que ie n’y auoy’ rien remarqué, finon vn palïàge, queiedifoy’ fe pouuoir prendre ambiguement.Sur lequel, à voftre dire , nous ne filmes que dire deux ou trois mots, amp;nbsp;puis deuaut. Mais ce dilcours eft par trop eflongné de la veritéxar ie fuis aftèuré, que fiie vouloy’ reprefenter icijles propos qui furent tenus entre vous amp;nbsp;moy cefte fois là, il faudroit deux bonnes heures pour les lire. Car vous fauez en voftre conlcience, que nous fufmes enfemblc toutevne apres difnee, que nous eroployafmcs à examiner 1.dit eferit, pour fatisfaire à ce que vous auiczrequis de moy : qui cftoit de vous dire , ce qui m*en fcmbloit. Ce que ie fei fur v-ne bonne partie dudit eferit, lequel nous n’a-cheuafmes d’examiner , pour la briefueté du temps. Or ie fay , pour l’auoir expérimenté plus d’vne fois, que vous ne faites point de con-fciencedenier, non feulement les chofes, qui ncfçpçuuentprouuer par aucun tcfmoignage, mais
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niaisauflî celles quipeuuent eftre vérifiées par plus de neuf ou dix tefmoins irréprochables. Touresfois ienc lailferay de dire fommairrment ce qui vous fut rcmonÛc par moy, pour recueillir voftrecoufcienccjSc vous induire J fi ie puis, àrecognoiftre le tort que vous me faites, en Voulant faire accroire, par voftre difeours, ou que ie n’improuuoy’ pas grandement ledit eferit, ou que i’elloy’ fi befte , de n’y auoir feu rien remarquer de mauuais, finoii vn paflage am-
Souuienne vous donc, que la premiere chofe que ie vous di, ce fut e n fomme, que ceft eferit contenoit vne infinité d’erreurs, lefquels i’efpe-roy’ de vous faire voir à l’œil,amp; toucher au doit, fi vous vouliez auoir la patience de m’efeouter, amp;nbsp;vous priay de ce faircice que m’eftant accordé pat vous, nous commençafmes à lire iufques au premier fyllogifme. Sur quoy ie vous di, que ceft eferit auoit efté fait contre vn prefehe de Monfieur Couet, lequel ie n’auoy pas ouy, poureeque ie me trouuoy’mal difpoié, le iour qu’il fut fait : mais que ie fauoy’ bien, quelle eftoit fa doétrinc furie poinét de la iuftification, dont il eftoit parlé audit eferit: amp;nbsp;recognoilfoy’ mefmc parce qu’ô auoit voulu réfuter ( quoy que mal rapporté en beaucoup d’endroits) qu’il n’a-uoitrien mis en auant que bien à propos.Et apres auoir leu ce beau cerclede lyllogifmes,ou pluftoft fiaralogifmes fophiftiques,ie vous dy en premier ieu,queie necodemnoy’ pas en tout amp;nbsp;par tout, ces moyens critiques,enfeignés par Ariftote,ayât
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apris auxefchoicsjquelen pent eftrel’vßgctmais que ie ne les approuuoye pas grandement aufli, furtouf, quand lieft queftion de tranter de la TheoIogie.Car le 5.Efprit ne perfuade peint aux Chreftiens la vérité de ; ieu par tels moyensiveu qu’ils n’ont pas grand vlage^mefmes en ce qui eft des arts amp;nbsp;fciences humain es,amp; en ce qui cft des affaires politiques.Car celiiy qui ne donneralieu àla vérité, quiluy fera dtmôfti ee par vn clair en-thym,me,ou par vn fyllogiltne bien foimé félon j les regies de l’art,ne merite pas qu’o le face palier dans ce cercle, pour la luy faire cognoiftre: mais qu’ô le chaflé à coups de fouet de la côpagnic des j homes qui ont l'vfage de raifon:amp; qu’ô le réuoye au reg des bcftes.Parquoy celle circulatiô,pleine de vanité me femble plus propre pour côtraindre les afiics,les bœufs,les cheuaux , ou les elefans à comprendre la vérité, que nô pas pour enfeigner l’homme qui eftdoué de railon amp;nbsp;d’intelligence. Aiiffi ne voyôs-nous point que Plato, ni Ariftotc mefme en fes traittés plus ferieux, ny Demofthe' nc,ny Cicéron, ny autre bon Autheur, fe foyent iouez auec vn tel ccrcle,comme Bafteleurs, pour perfuader ce qu’ils.ont voulu,voire pource qu’ils parloyentàdes hommes,amp; non pas à des belles. Voila en fubftancc,cc queie vous dy touchât ces moyens critiques , c’eft en fomme, qu’il y a plus de vaine fubtihté,que de vraye fciéce amp;nbsp;folidité. Mais fur tout,ie vousdy,que ie condënoy’la matière de tous ces fyllogifmcs,laquelle ne vautri^ Car ils font fondés de baftis fur des principes, non feulement ambigus, mais aulîî du tout faux,
Quant
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Quant à l’ambiguité, ie vous dy lors , que ce mot deiu(lification,'é prend quelquesfois pour no-ftreaeeeptation en grace,quad Dieu nous pardô-»e nos péchés,amp; nous impute gratuitement la iu ftice trefparfaire de fo fils Jefus Chrift pour nous réconcilier à foy.Quelquefois pour la declaration amp;nbsp;preuue de noftre iultification, ou de noftre foy iuftifiantc: ce qui fc bit deuât les hommes par bô nés œuures. Quelquesfois fe prend generalement pour l’vne amp;nbsp;pour l’autre.Item que nous fommes iuftifiés autrement par lefus Chrift,autremét par la foy,amp;autremêt par les bônes œuures, quand il eft quertion de parler propremét.Car ny la foy ny les œuures ne font pas noftre iuftice deuantDieu, mais vn feul lefus Chrift,c’eft à dire le merite de fa parfaite obeillânce; amp;nbsp;la foy n’eft que le moyé, ou l’inftrument, par lequel nous appréhendons lefus Chrift , amp;nbsp;l’appliquons à nous:amp; les bonnes œuures ne font que fruiéls, qui tefmoignent deuant les hommes,que nous fommes vrayemét iuftifiés deuantDieu par la foy en lefus Chrift: amp;pourtant,ql’Aucheurdeces fyllogifmcs auoit failli contre les regies de Logique,d’auoir côfon du ces chofes,qui doiuét eftrc diftingueestSc vous diplufieurs fois la delfus,que fi MonfieurAj^ery eftoitprefenc flequelie croyoy eftre autHeur de l’eferit pour plufieurs raifons, amp;nbsp;mefmes parce que ne contrediliez en rien,quand ie le nommoy) iem’afteuroy de luy faire voir amp;nbsp;aduouer,que ces lÿllogilmes eftoiét captieux, amp;nbsp;compofés de plus de trois termes,à caulc de cefte ambiguité. D’a-uantageic vous di, que la fauÜeté du principe.
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fur lequel cftoicnt oaftis tous ces paralogifmes, eftoit en ce,qu’il confond la iuftification auec la fanóbfication, eftimant qu’cftre iullifiés par k-fusChrift,par la foy amp;nbsp;par les bónes œuureSjc’eft ellre fairs iuftes par vne infuHon de la foy au dedans de nous par le Saincl Efprit en principe de iuftice»ou dlt; bonnes ceuurcSjqu’il appelc luftice inherente,amp; qualité patibletfaifant par ce moien qu’ii ne (era plus queition de ccrcher noftre iufti ce,pour comparoir dcuant Dieu, en noftre Seigneur Icfus Chrift:mais qu’elle fera en nous. Sur cela ie vous prouuay la fauflêtédc tels principes par plufîeurs raifons amp;tefmoignages tirés des S. Efcritures,qu*ilferoit long de reciter ici,amp;vous monftrayen fommejque tout ceft eferit du cercle relFcmbloit à quelque baftiment de belle ap-parence,mais bafti fur delà glace laquelleeftant fondue,il faut qu’il aille bas. Car les principes fu lefquels cell eftrit eft fondé,fe trouuans faux, toutes les cunclufions qui en font déduites ferôt fau(res,amp; la negation d’vne feule propofition fera (uffifante pour r’enuerfer tout.l’uis apres vous me monftralies le palTage de Saincl laques,qui eftallcgtié auditeicrit pour fondement de celle doôlrine,c’eftlàourApoftredit que l'homme^ é par les eeuures,(^ nonfettlement parla foy, Sur quoy te vous fei rcfponfe promptement,quc S. la ques ne parle pas en cell endroit, delaiullificatiô de l’homme, qui fe faitdeuant Dieu, comme fait S. Paul aux Romains amp;nbsp;aux Galates ; mais d’vne autre forte de iuftification,qui fe fait deuât les hommes par les fruids de la vraye foy, qui font
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font les bonnes œuures. Laquelle féconde for-tede iullification efl vne declaration,demonflra-i tion amp;nbsp;prcuu? de la preinierc:quand nous montrons nqllrc foy iulbfiante par les bones œuures, comme la eau Te par fon etFeél nbsp;nbsp;amp;i l’arbre par le
fruiâ,amp;afinque vous ne péflîflîez,que ce fuft v-ne glofe humaine (comme vous appelez la vraye ' interpretarion des Efcritures,qui fc f-uélpar les
Eferitures mefmes)ie vous prouuay cede diftin-dion par l’Apoftrc Saintl laques mefmes, lequel dit au mefme chapitre,«gt;l/ô«/î’'# nnoy tafoy fans tej lt;tmtresy(^ te te monstreray mafoyparmes œuures. Là oùil declare alfez manifeftement, que monftrcr lux hommes noftie foy par nos œuures,n’eft autre cliofe que nous iuftiher deuant les hommes par les vrais fruiôls de la foy iuftifiante, qui font les bonnes œuurcs,amp;puisie vous alleguay ce que dit l’Apoftrc S.Paul aux Romains, là où il parle ainfi: ,_/4braham a efiétufitfiiparles œuures,tla de ^uoy fe glenßeryrnau non pas deuant Dteu , ou enuers Dieu. Par lefquclles parolesl’Apoftrc monftre clairemét trois chofc'iLa premiere,qu’ily a deux ' fortes de iuftificatiôil’vne qui fe fait deuât lAieu, quieft proptemet noftre recôciliarion aucc Dieu, l'autre qui fe fait deuant les hommes , qui eft la preuue de noftre luftice,par les bonnes œuures. Secondement il monftre,que c’eft de la iuftihea-tion deuant Dieu qu’il parle,amp; non pas de celle 1 qui fe fait deuant les hommes,comme fait Sainôt laques. Finalement ilapcrt manifeftement par les paroles de l’Apoftrc,que l’homme n’eft point î iuftilîé deuant Dieu par les œuures, mais par la
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feule foy en lefus Clirift, comme il auoit dit au chapitre precelt;icnt,amp;pour fortifier cefte miene diftinólion ie vous priay de confiderer ces deux circonftances és Epiftres de S. Paul,amp; en ceUe de SainôHaques.c’eft premièrement que SainètPaul difputecontre ceux, qui vouloyent eftabiir 1. ur propre iuftice contre la grace de Dieu.amp; le merite de lefus Chrift:amp; Sainôt laques difputc contre ceux, qui fe vantoientd’auoirla foy,amp;par confequent d’eftre luftes deuât Dicu;amp; cepédant ne le foucioient de faire aucunes bonnes ceuiiresj amp;nbsp;pourtant SainiâPaul ramene ceux-là à la vraye caufe de noftrc iulHfication deuant Dieu, qui eft la foy,oupluftoft lefus Chrift appréhendé par la foy:amp; Sainôl laques ramene les autres à lapreu-ue de la vraye iullification, ou de la foy iulfifian-te, qui fe fait deuant les hommes par les effeâs de la vraye foy. D’auantage qu’il faloit confi-derer vue fécondé circonftance fur le mot de foy: carSainéà Paul parle de la vraye foy iullifiante, qui eft Quarante par charité’.quâd il dit,que l’htm ne efi iußtfiefeulemenfpetr la foy en Iefm Cbrtü, 0“ nonpoine par les œuures'.amp;c Sainôt laquestoiitaure bourSj,parled’vnefoy, qui n’eft point vraye ny par confequent,luftifiatCjquand il dit,que t’hom-me ejhu/hféparles œuMres^ip- nofeulement par lafiy. Car il nioit dit,que la foy,qui eft fans bones œu ures,eft vue fois morte. Voila en fbmme ce que ie vous refiondi fur l’allégation du paffage de S. Iaques:àquoy vous nerepliquaOes rien. Delà nous paffames outre;amp; eftans parueuus fur l’en-droitiOufAutheut de ce belefcrit nous taxe d’i
gnorance
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gnorance amp;nbsp;3e faute d’intelligence, nous confe-Ufmes de trois points principalement fur ce qui elf là mis en auant.
Le premier fut,fur ce qui eft dit: Que les bonnes œuures procèdent entieremét de la foy, amp;nbsp;la foy de Chiift par noftre conionélion auecChrift, amp;C.amp; pourtant que les bonnes œuures ne doiuét tftre oppolecs ny à Chriil ny à la foy. Sur quoy ■evous di, que celui qui auoit fait cell elcrit s’a-hufoiten beaucoup de fortes : Premièrement en Ce qu’il nous reputoit fi ignorans,de n’entendre, que les bonnes œuures procédée de la figt;y,ou plu ftoRde l’Efprit de lefus Chrill-.car nous pouuons dire à la louange de Dieu, que nous l’entendons bienmon pas a la façon dudit autheur (qui fait la foy infufe,comme vn principe de noftre iufticc deuât Dieu}: mais comme la parole de Dieu nous enfeigne.Secondement qu’il s'abufoit en ce,qu’il ''eut tirer de là vne conclufionqui eft faullè: fa-uoireft.que les bonnes œuures nous iuftifictdc-uant Dieu,pource qu’elles procèdent de la foy,ou delefus Chrift. Car pour faire que cefte con-clufion fuft bonne,il faudroit auoir prouuc premier cefte propofition , fauoir eft : Que tout ce qui procédé de quelque canfe mediatemét ou im mediatemcut,a la meime vertu que la caufe mef-me. Mais cela ne fe pourra prouuer ny vniuer-feilement,ny en ce, dont il s’agift en ceft endroit: fauoir eft,tout ce qui procédé de l’Efprit de lefus Clirift,a vne mefme vertu.pour nous iuftifier amp;nbsp;fauuer, que lefus Chrift mefme : cela di-ie ne fc prouuerapas. Car il le pourroitauflibicncon-
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dürre de là,que Ie don des langues,le don de Pro plieiicjlcdon de gucrilbn,amp; icinblables dons Sc graces de l’ECprit de lefus Chrift.auroicnt lamef me force amp;nbsp;vertu,que la mort amp;nbsp;palîion de lefus Chrift.,ou lefus Chrift mefme,pour nous iuftifier au iugement de Dieu,amp; nous recôcilicr auccluy: ce q, ell faux.Car ce feroit mettre les dós en la pla ce du dôneur,lt;Slt; fcffeôh en la place de la caufe,ou pour le moins les mettre en mefme reng. Tierce-mét ie vous di, qu’il s’abufoit en ce qu’il dit,fans aucune dift:indion,qles bonnes œuures ne doi-uent eftre oppofetsny à Chrift ny à la foy. Car la vérité eft,qu’elles ne doiuent pas eftre oppo-fees à lefus Chrift purement amp;nbsp;fia plement, entant qu’elles procéder del Efprit de lefus Chrift. Car nous fauons , que les caulcs amp;nbsp;leurs efteds font chofes confentanees,comme parlent les Di» lcd:iciens:c’eftàdire,qu’ell sontvn bon accord amp;conuenance par cniémble. Dont s’enfuit en cefte matière, que celui qui eft membre de lefus Chrift,amp; par côieq lentconduitp fon Efprit,fait bonnes œuures:8c celui qui fait bonnes œuures, eft membre de lefus Chriftunais nous mainrenos qu’il y peuft auoir quelque oppofition.voire contradiction,entre les catifes (Sc.leurs elFeôts pour quelque regardifauoir eft,non feulement entant, que les caufes ne font pas la mefme chofe, q font leurs elfeôlsmy les effeóls la mefme chofe , que font leurs caufes, ny auffi entant que les efféôts n’ont pas lamefmcvcrfu,nylemelrncvfageque leurs caufes: mais fur tout entant que quelques propoûtioQS faites des caufes amp;nbsp;de leurs efteôts,
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^ontpropofecs par le Saind Efprit come chofès J^ontraires. Pour preuue de cela ie vous alleguay ‘oppofition,que fait l’Apoftre Saind Paul entre '^cqui cfl de la grace de Dieu,amp; ce qui eft des œu ‘‘tesjqui font neantmoins effeds de celle grace: ^nand il dit:S» c’eß par grace ce n’eil potni par /er au gt;gt;i'et:a»irem;nigrace n eïtplutgrace^tmais/i ce^l par «HuretyCe n'efl pim pargrace^autrement œutire neß œuure. Or eftre iu(lifiéamp; fauué par grace, par la fov Sc par Icfus Clirift,ell vne inelme choicer! fubltance , amp;nbsp;nous voyons que SaindPaul lt;lit folluent,quez/o^«/9w^OT^J^«y?ƒƒéïp.Jr/lt;»ƒö)•e« le A» Chnfljcßnonparles œiiuret. Qui nous gardera lt;ioncdéfaire celleoppolîtionauecI’Apoftre , no pas tant entre lefus Chrift amp;nbsp;les bonnes œuures, Qu’entre ces deux propofitions : fi c’cll par le-fus Chrill.ce n’cll point par les œuures : amp;nbsp;fi ce cft par les œuures,ce n’eft point par lefus Chrifl. Item,fl c’ell par la foy, ce n’eft point par les au-Ures:amp;lîc’eftparles œuures,ce n’eftpoint parla foy.commedefaitrApollreditfouuent, que«««/ ÂÏ.4.X7. fimmet iuftifiét par la foy t:ß non par les œtmres. Cer-tes celle oppolîtion eft veritable, amp;nbsp;conforme à l’analogie de la foy en ce regard.Voila ce qui fut dit en Ibmme fur le premier point.
Le fecôd fut fur ce q eft adioufté peuapres:Que les bonnes œuures ne peuucnt eltre poluesamp; mef leesjd’autant qu’elles ne font fruids ou enfans, qui procèdent de dmers marisimais d’vn feul ma* ti,aftauoir de Chrift. Tout ainfi doncfdit i’Au-theurde l’efcrit) qu’vn enfant ne peuft eftre de deux pères,aiufi vne bonne œuure ne pcwft pro-
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ceder de deux fources , de TEfprit amp;nbsp;de la chair-Sur cela ie vous feirefponfe que la (îmilitude ne me defplaifoit pas , comme ayant fondeirent en l’Efcriturermais qu’elle faifoit cotre l’Antheur de ceft eferit. Car nous confeirons que les Bonnes œuurcs font comme vn ejifant,quj eft engendré d’vn feul m3ri,amp; non point deplufieurs;mais que ce marine l’a pas engendré immediaten ct amp;tout feul,fans vnc femme:amp; pourtant que ce ft enfant n*a voirement qu’vn pereimais ila auffi vue mere. Que le Peredes bonnes œuuresjc’cil lefiis Chrift l'tuhqui les produit en nous par fon Elprit: mais la mere des bonnes ceuures,c’elt non pas la chair pure amp;nbsp;fur pie: c’eftàdire, non pas l’homme charnel amp;nbsp;non régénéré mais bien l’homme, qui cR tellement régénéré,qu’il y a encores des reliques de la chair,amp; du peché,c’eftàdire,delacot ruption, de laquelle font entachées les bonnes ceuures, comme l’enfant tient fouuent des mau-uaifes complexions amp;nbsp;habitude de fa mere, quoy que le pere foit bien fain amp;nbsp;difpos.Par ainfi qu’es bonnes œuures des fideles il y a du bon amp;du mau uaisile bon procédé du Pere,qui eft leS.Efprit, amp;nbsp;lemauuaisprocédé des reliques de noftre chair, qui n’eft regencree qu’en partie. Sur quoy i’a-leguay les exemples de quelques ueuures de plu-fieurs feruiteurs de Dieu,efquelles ie vous mon-ftroy au doigt,pour prenne de mon dire , ce que nous y recognoifibns de bon amp;nbsp;de mauuais.
Le troifiefme point fut vne dependance du fécond, fur vne répliqué que vous me fiftes:
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falloir eft, que l’homme régénéré ne peche point. Ce que vous rafchaftes de proHuerparlepalfagcdc S.Iehan. Mais vous vous rcfouuiendrez, s’il vous itan j. plai(t,queie vous monftray par pliUieurs raifons amp;tefmoignagesdesfainôtes Efcritures, amp;pat les exemples de plufieurs excellcns feruiteurs de Dieu , que l’homme régénéré peche fouuent,amp; trop plus qu’il ne voudroit J amp;nbsp;quant au palFage de iainél lehan,ie vousdy qu’on enpouuoitpren dre l’expofition du paflage mefmc. Car l’Apoftre auoit dites verfets nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tlyavnpéché
tH à mort:pour leifuel tl neßut pointprter. Et quel ell ce pechéjfi ce n’cft celuijque lefus Chrill appelé le péché contre le S.Efprit,amp; qui ert irreiniüible?
Certes nous cófelsós que celui qui eft né de Dieu Matt, 11, c’elt à dire,l’hóme régénéré ne peche point de ce î'* péché là-.mais il peche fouuét par infirmité, corne toute l’Efcriture tefmoigne,amp; corne la confciéce d’vn chacu de nous,nous en réd fuffifammét con-ueincus.Tellemét que fi nousdifôs,qnous n’auos point de péché, nous mentôs,i!k vérité n’eft point en nous.lté ie vous dy q ce paflage del’Apofttefe peut amp;nbsp;doit entendre,cômc s’il difoit,quc l’hóme régénéré par le S.Efprit ne peche pointa la façon de ceux qui ne font point régénérés,lefquels font eftat amp;nbsp;mellier de pecher,amp; pour cefte caulefont appelez peoheurs en l’Efcriturc.Sur cela vous re-pliquafles, que ce qui pechoic en l’hóme régénéré,n’eftoit pas l’Efprit,mais la chair ; amp;nbsp;moy vous ayant demàdé lors,que c’eft, que vous entendiez, par l’Efprit ÿi par la chair en l’homme régénéré?
Vous me rcfpondiftes que par l’Efprit il faloit en-
c
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tédre rame,amp; par la chair le corps amp;nbsp;les mcbrcs' Si que ce que l’Efprit faK,eft vne bone œuure, Si ce qui eft fait par la chair cft péché. Là dclfus ie vous dcmanday,fi vous entendiez que celle bone œuure qui ell faite pat l Efprit en l’iiôme regene ré,eft du tout bone lans qu’il y ait rie de manuals; amp;nbsp;fi ce peché,qui eft commis par la chair au mef me home régénéré,eft totalemét péché lans qu’il y ait rie de bié.V ous refpôdilles,qu’il le faloit entendre ainfi.Lors ie vous di,qu’il faloit bien, que vous culliez efté en quelq mauuaife efcholc.Que ie n’auoy’iamais ouy parler de telle Theologie,amp; que ceux qui vous auoyent enfeigné ces choies, vous auoyent grandemét abufé.Et pourtant vous ayant prié de lailîer telles opinions,ie vous di pre mieremét,qu par TEfpric en l’home régénéré, il faloit entedte le dô,la vertu,amp; refficace du S.El-prit qui befogne nô feulemét en noftre ame,amp;en les facultés,fauoir eft en rintelligéce,en la volon té Si es affeéliôs,mais aulli en noftre corps, pour nous faire entédre,vouloir Si faire ce qui eft bon Si plaifâtàDieu:amp; que par la chair il faloitentc-dre le relie du vieil homme, ou les reliques de la chair amp;nbsp;de noftre corruptiô nô du tout domptée parl'E'prit'.lefquelles reliques font nô feulement au corps Si en lès mébres,mais en fame amp;nbsp;en tou tes fis facultés:3t non feulement és afteélions Si en la volôté,mais auffien l’intelligence. Sur quoy vous ferez recors,que pour vous faire mieux cô-prendre cela,ic mis en auant vne fimilitude fami liere,que Dieu me donna fur le champ, prinfe de voftreeftatmefmc, entant que vous faites ellat
delà
-ocr page 35-4 ^nihoine Lejcaiüe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J»
de la teinture.C’cft qu’il en prend de l’homnîe rc genercjComme d’vne piece de drap ou de toile, qu’on veut teindre en noir ou autre couleur.Car lapremiei e fois queîadjtepiece fera plongée dâs lateinture,vous fauez qu’elle commencera feulement à changer de couleur,tellement qu’elle fera partie blanche amp;nbsp;partie noire,non point blanche ici,amp; noire là,mais vniuerfellementen toutes fes parties,qui feront tellement imbues de celle non Ucllecouleur,que cepêdantellesretiédront au/îi toutes beaucoup de la premieie;amp; pour faireque cede teinture foit parfaite amp;accôplie,fera befoin de réitérer fouuët lesplogemes amp;les ttcpes.C’eft ainfi,difoy’ie,de l’home régénéré,lequel n’eil pas renouuelc en l’vne de fes parties {èulemét,nitouC entiereméten celle vie prelete,mais ell reformé entoures fes parties tellcmétneâtmoins,qu’i! n’y a encores qu’vn cômcncemét de changement en luy,lequel croit à mefure que le S.Elprit beiôgne en luy : amp;ce renouuellement ne fera iamais parfait ni accôpli,iufqu’àce qu’il reçoiue côme la der nierc trépe en la refurreólió.Car lors le vieil hom me qui ell aulîi appelé l’homme exterieur,fera du tout aneâti:amp; le nouuel homme,qui ell l’homme interieur,fera parfaitement régénéré. D’auanta-geie vousdi,pour refpondre à l’autre partie,Que l’Efprit amp;nbsp;la chair, ou le vieil amp;nbsp;le nouuel homme font deux ennemis en l’homme régénéré, lesquels ne complotent pas enfemble pour faite quelque chofe pat commû accord,mais combat tent l’vn contre l’autre , comme dit 5. Paul.Et ne combattent pas, comme ayans la muraille d’vne ville ou quelque barrière entre eux deux: mais
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-ocr page 36-jRemonfirance C})reft{enc
tellement main à maingt;que 1’ouurage, qui procédé de ce combat,eft meflé de bien amp;nbsp;de mal,felon que l’vn ou l’autre a du meilleur ou du pire, ou que les forces de l’vn amp;nbsp;de l’autre font tellement elgales,qu’il n’y a pas plus de gain pour l’vn que pour l’autre.Sur cela ievous alleguay les mefmes exemples de plufieurs feruiteurs de Dieu. que ie vous auoy’ alléguez parauant, pour monftrer que és œuures des hdeles régénérés, il y a toufiours quelque chofe qui fentrEfprit,amp; quelque chofe qui fent la chair. Voila les chofes que nous trai-tafmes celle apres- difnee làdefquellcs ie ne repte fente pas fi au long,qu’elles furent déduites,mais fommairemét;amp; lailî'e beaucoup d’autres propos incidément tenus furies mefmesmatières àcau-fe de briefuetc; me cotentât d’é rafraifehir voftre mémoire pour deux fins.Premieremét afin qu’on fache , que ce qiie vous elles demeuré arrellé en vos opinions,n’a pas efté faute d’inftrudion,mais faute de docilité de d’humilitc.Secondcmcnt afin que vous recognoiffiez le tort que vous me faites de vouloir faire accroire par voftre diftours,que ie vous auoy’ rendu voftre eferit fans y auoir rien marqué lino vu palfage ambigu : comme fi i’eulTe efté ou approbateur dudit eicrit, ou fi aueuglede ne veoir les erreurs dont il eft farci.
Au demeurant,vous fouflrirez, s’il vous plaift d’eftre redrefté fur quelques poin(fts,contenusaii difeours que vous faites en la mefmepage52. fur la mefme afsébleczlà où vous omettczamp; defguifez plufieurs chofes,à voftre façon,pûur vous mettre en droit,amp; nous en tort,fi vous pouuez. Premièrement
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remet donc,fur ce que vous dites vous auoir efté demadé par nous,fi vous auiez pelé à ce que nous vous auions dit:voftre deuoir edoit d’cxpolcr ce que nous vous auions dicSc fur ce que vous ref-pondiftes qu*ouy,amp; que vous vous teniez à la pa role dé üieu,au fy mbole des Apoftres,amp; à la con feflîon de Baflcjvous ne deuiez pas oublier d’ad-ioufter ce qui vous fut remóftré fur celle refpon-fe.Or puis que vous ne l’auezfait, ie fuis délibéré de le faire le plus fuccinélement que ie pourray. Ce que nous vous auions dit auparauant.c’cftoit que nous vous ayas propofé la vérité de la doôtri-neChrelliene touchant noftrc iuftification gratuite par la foy en lefus Chrift,amp; touchât nollre fanôlification par l’Elprit de lefus Chrillgt; amp;nbsp;touchant le dernier iugemcnt:amp; ayâs vérifié le tout clairement par la parole de Dieu,nous vous ptiaf mes de nous dire fraternellement,fi vous n’eftiez pas d’accord auecqs nous en la vérité de celle do ' éltine.Sur quoy vous nous ayât ccfpôdu,quevoiM le feriez volontiers n’elloit que vous auiez beau-I coup de palfiges de l’Efcriture au contraire de no lire doclrine.Là delfus nous vous ayâs requis de lesproduirepour vous y fatisfaire, amp;nbsp;quelques vns ayans cfté mis en auant par vous : nous vous monllrafmes par vne faine expofitiô d’iceux pria fe delà parole de Dieu mefme,qu’ils ne faifoient rien pour vous cotre laverité de la doélrine, que vous auions propofee.Lors vous ayant refpondu que vous ne vouliez point d’expofition, amp;nbsp;que vous vous teniez au fimple texte : apres pluficurs rcmonllrances que vous reiettiez, nous fufmcs
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-ocr page 38-3? ^emonßrance Chreiliene
contrains de vous dircique vous preniez vn mau uais train,de reietter l’expofition de la parole de Dieu,faite par la parole de Dieu mefme;que vous n’ignoriez pas q c’eftoit la faço des Anabaptiftcs, des erreurs defquels nous feriós marris de vous ta xer: cepédât qu’il vous faloit prédre garde detó-ber en quelq foupço en cefaifant, Surquoy vous jtnonftrafmes fur le châp plufieurs fentéccs de KEf criture,lcfquelles engendreroyent plufieurs erreurs fi on fe vouloir tenir au fimple texte fans les interpreter par d’autres fcntcnces de l’Eferiture plus claires.' C’eft ce donc que nous vous auions dit parauant.Et pourtant nous vous demadafmes àbôdroitjfi vous y auiez biépéfé.Sur quoy vous refpondilles qu’ouy:amp; que vous vous teniez à la parole de Dieu, au Symbole des Apoftres amp;nbsp;à la confeflion de Bafle,amp;c.Qr voici la remonftrance qui vous fut faite là delfus,laquelle vous auiez o-mife:ç’eft que nous ne reprouuiôs pas fimplemét celle refponfe,fachâs,que tout ce qu’il nous faut cognoiftre de la volonté de Dieu pour nollre fa-lut efi compris en la parole de Dieu,amp; que le fym bole des Apoftres eftvn^fommaire de tout ce que nous deuons croire. Item que la confeflion de Balle eft vne confelîiô pure , fincere amp;nbsp;ortho-doxe,ne plus ne moins que la confeflion des Egii fes de Franccjd’autant qu’elles font fondées toutes deux en la parole de Dieu: amp;nbsp;pourtant que ’ nous aurions toute occafion de nous contenter de voftre refpôfejirclloit le diftérét furuenu : par lequel nous auiôs cognu que vous teniez des opi riions contraires à la parole de Dieu,au fymbole,
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amp;c.Et qiie ce n’eftoit afTez de dire q ue vous vous teniez à la parole de Dieu,finon que vous receuC-fiez celle parole entendue fainennent par la paro-le de Dieu mefme : amp;nbsp;que vous làuiez bien qu’il n’y auoit iamais eu gueres d’heretiques, qui ne Proteftaircnt de fe tenir à la parole de Dieibcom-oiéque leurs erreurs fuflent condénez par icelle, lté que la parole de Dieu mal entendue amp;nbsp;inter-pietce par les homes felon leur fens,n’eft point la parole de Dieu,mais la parole des homes qui Pcx pofent mal. C’eft en fubftance ce que nous vous rcmonllralmes fur voftre refponfe. Et pour tal-cher de vous faire mieux comprendre le tout, amp;nbsp;vous ramener au droit chemin^ nous repetafmes les mefmespoinéls de dodrine quedeflus, amp;nbsp;les mefrnes preuues de la parole de Dieu, auec tout refclaircillcmét amp;nbsp;facilité,qu’il nous futpoflible. Ce que vous efcoutalles lors mieux que deuant: amp;nbsp;n’ayant que répliquer au contraire diftes, que vous le compreniez ôc l’entendiez ainfi.Et ce fut à cede refponfe que nous adiouftafmes , que nous louions Dieu de ce que nous citions tom, bez d’accord.Ce que i’ayvoulu declarer,d’autant que vous efcriuez les chofes auec tel dclguifcmét qu’il fembleque nous ayons cité d’accord auec vos opinions, amp;nbsp;non pas vous auec la vérité de Dieu,à laquelle ne pouuicz refifter. Corne vous n’auez iamais peu depuis’.amp;toutesfois n’auez laif fé de retourner à vos opiniôs,amp; lesmaintenir opi niaftrementjfans les pouuoir defendre. Qui elh caufe que pour toute refponle, vous chantiez toufiours vnc mefme ch^nion ; de vous tenir à la
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-ocr page 40-40 Jlemonflrance Chreßiene parole de Dieu,au Symbole, amp;c. combien qu’on vous ait monftrc vne infinité de fois que voldites opinions eftoyent contraires à tout cela-Q^ât à ce que recitez de moy au melme difeours, fauoir eftjque fauroy’dit: véritablement iccroy qu’en la vie éternelle il y aura des degrés , amp;nbsp;que les vns ferot plus exaltés amp;nbsp;magnifiés que les au tres:vous ne le rapportez pas du toutainfi queie le di.Car voici comment ie parlay, l’eftime qu’on pourroit croire fimplemct auec beaucoup de bós perfonnages qu’il y aura des degrés en la vie eter nelle,amp;c.Cepcndantcen’eftpas vn article defoy necelïàire à falut,ni tellement fondé fur la parole de Dieu, qu’il ne foit libre à vn chacun d’en feu-tir autrement. V oila comment ie parlay.
Il y a beaucoup d’autres propos au mefme difeours autrement rapportez qu’ils ne furet tenus; mais ie les lailFe palier pour n’eftre trop log,pour ce qu’ils ne font pas de grâde cofequéee : nô plus que ce que vous mettez en auant au difeours fui-uât,quiellen la pagc34.1àoù vous faites vne de-móftratió allez claire de voftrc naturel,en ce que moy vous eftät allé trouucrcn vollte boutique,amp; vous parlât doucemêt amp;nbsp;amiablcmct,felon voltre propre côfelîîô,vous me filles vne relpôfe pleine de mots picquâs amp;nbsp;outrageux cotre M. Couet amp;nbsp;cotre moy,amp; cotre tous les Anciés de nollre Egli fe.Et puis apres vous dites,qu’ayât’ouy voftre dite refpôfe ie m’éallay foudain fas refpôdre aucune chofe. le cofell'e que ie ne rcfpôdi pas à vosjn iures atroces, lefqucllcs ie fu tout esbahi d’ouir, veu l’ellat auquel nous penfions vous auoir lailTé le jour
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le ioiir precedent,ayant approuuc Ia vérité de la dodrinc.que nous vous auions propofee. Mais ie vous di feulement,que vous nous faifiez tort,amp; à vousmefmes:amp; que ie vous trouuoy tout autre, que ie n’eufle penfé. Cependant d’autant que ie ne vouloy’conteftcr auec vous fur des iniurcs, ie vous lailïày là , fans vous répliquer autre chofe.
Or ie vous ay défiaaduerti fur le comencement de celle remonfirance que mon intention n’eft pas d’ePplucher tout ce qui eft à reprendre en vo-itre difcoursanais feulement les points queMon-fleur Couet a,ou du toutlaiflés, ou Icgetemét tou chés pour les caufes fufdites, amp;nbsp;pourtant lailfant beaucoup de chofes trefmal rapportées en plu-fieurs autres de vos difcours,pource queMôfieur Couet les a déduites amplement amp;nbsp;au vray,ie paf fe maintenant iufques au difcours que vous faites en lapage 55.fur les propos que nous tinfmesen-femble quad vous me vinftes trouuer en mô logis pour les raifons que vous fpecifiez.
La veritéeft que vous me diftes lors tout d’en tree que vous eftiez venu me trouuer pour m’ad-uertir amp;nbsp;admonnefler de deux chofes-.La premie-te,quc ie ne dcuoy’dire que nous cuffiôs efté d’ac cord en tout amp;nbsp;par tout,lors que nous fufmes af-fêmblés le 30.Octobre. L’autre,que ie me gar-dalfc bien depevfuaderà Monfieut Grynæus que l’efcrit que m’auiez apporté pour levifiter, full vnefcrit de Monfieut Aubery amp;c. 11 me fou-uient fort bien de ces paro!es,amp; de celles q vous »diouftaftes puisaprcs:mcnaçât de dcfinctir ceux
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qui en efcriroient à Berne ou autrepart, amp;nbsp;r eco-gnoy à peu près la refponfe que ie vous fci fur le premier point,hors-mis qu’elle eft vn peu changée amp;nbsp;tournee d’vn autre biais. Car voici comment ie vous relpôdi. Que quât au premier point ie n’auoy’pas dit,que nous enflions efté fi bié d’ac cord en toucamp; par tout,quc i’eufle defiré:voulanC flgnifietjque vous n’auiez pas fi franchemét am-brafle la vérité de Doârine, qui vous auoit efté monftree par la parole de Dicu,ny fait telle reco gnoilFance de voftre fautCjque vous deuiez. Cependant, que pour vous fupporter amp;nbsp;nourrir la paix,nous auions prins de vous ce que nous en pouuions auoir, comme d'vne mauuaife dette, n’en pouuans tirer ce que nous euflrôs voulu: amp;nbsp;que de ma part,i’euflè voulu que dés cefte aifem-bleeonn’euftplus eu la peine de fe raflembkr. Comme de fait toutes chofes enflent efté appai-fecs fi vous eufliez perfifté en cell accord tel quel,amp; fi vous eufliez tenu ce que vous auiez pro mis;Qin eftoit,derccognoiftrc deuant les chefs de famille de cefte Eglife,que vous auiez eu tort de mefdire denos prc!ches,amp; que vous les auiez mal entendus:ltem que vous ne trouuiez rien à redire en la dodrine que nous vous auions pro-pofeejôc bien prouuee par la parole de Dieu.Certes fi vous eufliez perfifté en cela,il n’en euft plus efté parlé.Car nous ne demadions q la paix de !’£ glifc,amp; voftre repos:mais vous prinftes quelque mauuais confeiljfoit d’ailleurs,foitde vous mef-mes,comme ie vous ay lôuuent dit dcfpuis. Quad au fécond point,ie vous dyqueien'auoy point dit ny
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ny pcrfuadé à Monfieur Grynæus,ny à autre, que 1 eicrit dont eftoit queftion fuft du Doâcur ?'n-^wy: amp;toutesfois que ie ne doutoy* point qu’il ne full fien,pource quevousmefmes m'auiez dit au paraiiant,qu’il eftoit bien dudit Doôleur, mais non pas du tout. Sur ejuoy ie vous auoy’refpon-lt;iu,queie penfby’ bien,que vous auicz adiouftc Ce qui eftoit au bout dudit eCcritjdc la confeffion de Baftettnais que tout le relie fentoit le ftile dudit Doôleurxomme auffi vous lauez que lors que nous examinions chez vous ledit eferit, le nom-may fouuent le Doéleur Aubery,comme autheue d’icelui. A quoy vous ne contredilîez rien. Cela ioint auec plufieurs circonftances me faifoit croire pour certain , que ledit doéleur en eftoit autheur. Premièrement d’autant que la doôlri-ne d’icelui eft dutout conforme à celle d’vn certain liure qu'il auoit f^\tdefiiieCaiholtctgt;,Scc.item pource que c’eft fon ftile. Item pource qu’il e-ftoit prefent au prefehe qu’on a voulu réfuter par ledit eferit, amp;nbsp;qu il feiourna en celle ville plu-fieurs iours aprestitem pource que bié toll apres Ibn dcfpart vous me communiquaftes ledit eicrit: Item pource qu’il y a homme en celle ville de vos bons amis amp;nbsp;homme de bien amp;nbsp;d’honncur,1equel fe trouuant vn iouren quelque compagnie , où l’on parloit mal dudit eferit,dit,Si cft-cc que c’eft vn Dotfteur qui l’a fait.Maiscc qui m’a plus con-fermé en celle opinion,c’eft qu’il y a deux perfon nages notables,lefquels ayans vn iour demandé à celui,qai fit chez vous les premieres copies dudit eferit, Hl’eferiturede la ininute fur laquelle il
-ocr page 44-44 Hemonßrance chreßiene aiioit fait lefditcs copies , eftoit pareille à celle qu’ils luymonftroiét (qui eftoit de l’efcritute du dit Doôleur Aubery)il refpondit qu’ouy.Tout cela dy-ie,m’a du tout perluadégt;que le Doôteur Au bcry eftoit authcur dudit eferit. Qui eft caufe que ie ne l’ay peu auoir en telle eftime que ie l’a-uoy eu au parauant,voyant qu’il auoit coiitreue-nu à ce qu’il auoit fîgné,promis amp;nbsp;iuré au Synode de Berne- D’autant, dy-ie,que ie ne doutoy* nullement qu’il ne fuft authcur dudit eferit. Cependant l’ay entendu defpuis qu’il l’auoit nié a-uec ferment deuant le Magiftrat. Ce qui me rend perplex en cc fait,aymant mieux en lailRr le iugement à Dieu,que pécher contre la regle de charité,amp; ce que ie vien d’en declartr,fur l’occa-lîon que voftre difeours m’a donc d’en parler,ell: plus pour monftrer fur quoy eftoit fondée l’opinion quei’en ay eue,quepour blafmer ny condamner perfonne. Cependant pour reuenir à noftre propos, voyant lors les proteftations que vous faifiezjtc vous dy que ie ne vouloy’me donner beaucoup de peine pour fauoir,q eftoit l’au-theur dudit eferit,pourcc qu’il valoir, amp;nbsp;que ce ra’eftoit allez de cognoiftre que c’eftoit vn mef-chant cfcfit.Sur quoy vous merelpondiftes, que vous ne le teniez tout pour bon,amp; que vous ay-meriez mieux auoir perdu beaucoup,que d’auoir foubfcrità ladodlrine quiy eft contenue. Ce-fte refponfe me fift penler,que vous n’eftiez pas fl cflongné de la venté,que vous n’ypcuffiez e-ftre ramené,lî feulemct vous eftiezdiipoféà vous defpouiller de toute paffion, amp;nbsp;donner lieu à ce
-ocr page 45-4 ^nt}^oi)te Lefcaille. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45
vous Ceroit propofé par la parole de Dieu.Qui fut caufe, que voulant prendre l’occafion par les cheucuxji’entray tout incontinent en vn long difcours fur les points de dodrine,dôt eftoit que-ftion,amp; m’efForçay de vous les faire comprendre: cequidura,fnenemetrompe,plus d'vne heure entière. A la fin cftimant que vous y auiez prins quelque gouftjie vous priay au nom de Dieu de nie dire libi emenr, fi vous trouuiez en tout ce que ie vous auoy’dit,quelque chofe qui contte-uinft à l’analogie de la foy. Sur quoy vous me diftesjque vous auiez bien entendu le tout,amp;que c’eftoit ainfi que vous l'auiezcreu amp;nbsp;croyez enco rcs hors-mis quelque petit point, que vous ne pouuiez encore bien accorder. Lors ie vous priay de me dire que c’eftoit : mais vous me diftes que cefetoit pour vne autrefois. Ainfi nous nous feparafmes amiablemét,apres que ie vous eu prié d’auoir efgatd à la gloire de Dieu , à l’édification de l’Eglife amp;nbsp;au repos de voftre confcience.
Depuis ce iour-là, i’aytoufiours cerché quelque occafion de vous rencontrer,pour vous aider à vous refoudre, afin de mettre fin à jeeft affaire, qui me pefoit beaucoup,amp; bié toft apres, il vous fouuiendraqu’vn ioureftantà l’hoftel de Mont-beliatd,où eftoit logé Monfieut de Sancy , quoy quei’eufle là quelque affaire, toutesfois voyant que vous vous en alliez feul,ie le voulu différer à vne autre fois pour vous accofter:ce que ie fci: amp;nbsp;nous en vinfmes de compagnie iufques auprès de mon logisjà où nous fuîmes pres de deux heures deuifans de ceft affaire paifiblement amp;nbsp;amiable-
-ocr page 46-46 * üer/jonßrance Chreßkne ment,amp; cependant le vous trouuay fort variable cefte fois là:car tantoft vous approuuiez, tantoft vous reprouuiez vne mefme chofe,amp; ncatmoins il me fembla que ccfte conference n’auoit pas c-fté fans quelque fruiéf en voftie endroit. Car vous approcliaftes cefte fois la plus de la vérité, q vous n alliez fait au parauant, amp;nbsp;que n’auizfait defpuis. Qjy fuit la eau lé,qu’en la derniere af-femb ce,qui le fift chvz Môfieur Baftier pour ceft art'aire,ic vous di (vo'ûs voyant tout changé ) que i’eftoy’fort esbahi de ce que nous tombions qua-fi d’accord.quand nous n'eftions que nous deux: mais que ne nous pouuions accordir quad nous citions en compagnie,amp; certes il faut que ie die ce mot en palî’ant,qu’il m’a toufiours femblcde-puis ce temps là,qu’il y a bien peu auoir en vous quelque ignorance du commancement que vous elles entré en telles opiniôs,pour vous lailFer trô-per amp;nbsp;feduireimais que depuis il y a eu plus d’ot-gueiljde prefomption amp;nbsp;d’opiniaftreté que d’i-gnorancejamp; que vous auez eu plus d’elg ird à vo lire honneur amp;nbsp;réputation félon le monde, que non pas à la gloire de Dieu,amp; au bien amp;nbsp;édification de vos prochains,que vous auivZ feandalifés. Car voftre erreur vous a cité lî manifeftemct mo-ftré plulieurs fois, amp;nbsp;la vérité de la doctrine Chreftiene fi clairement expofee par la parole de Dieu,qu’il n’eft pas polîible de plus.
Mais ie vicn à vn autre dilcours, q vous faites en la page jS.là ou vous diftes que ie vous fu trou uer en voftre maifon auec deux de nos Ancics le aj.delanuier ly^i'Vous auez aucunemét repeefen té
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té Ies jppos furet là tenus,hors mis q vous auez à voftre façô adiouftc quelques chofes,q ne furet pas dites, amp;nbsp;en auez omis d’autres,qui furent db tes,comme en peuuent auoir bonne fouuenance les deux Anciens qui eftoient prclcns , alTauoir MonOeur du Gros-mefnil,amp; Monfieur Caftillon. Quant à la preface,dont nous vfafmes en voftre endroit,felô que vousmefmes ladefcriueZjelle eft toute pleine de douceur,de gracieufetéamp;d’huma nité. Surquoy iediray comme en partant, que cela monftre tout le contraire de ce que vous dites ailleurs : fauoir eft,que nous vous auons trait-i té comme vn chien , amp;nbsp;à l’Efpagnoîe. Cepen-i dant ie vous diray aufli, qu’en la mefme preface vous amplifiez,car il vous fuft dit feulement, que nous cftions defplaifans de ce qu’on s’eftoit plu-. ftoftarrefté à quelques acceflbires qu’au principal,amp; ne fuft point parlé de colères ny de paroles iniurieufes, comme vous dites, vous voudriez faire acroirc par cela,que nous aduouafmcs que
j Vous cuffiezeftciniuric, quand quelcun d’entre nous full contraint vne fois de vous dire enCon-j fi(loire,quc vous parliez comme vn ignorant, orgueilleux amp;impudent.Surquoy ie vous prie vous tefouuenir de ce que ie vous en ay dit autresfois en particulier,lors que vous vous en pleigniezà moy. C’eft que voyant que vous vous aheurtiez à cela fans raifon,i’eurt'edcfircque n’eufliez eu ce [ fte occafion:mais cependant que vous ne deuiez prendre cela à iniuremon plus qu’vn enfant ce q Iny eft dit de la part de fon pere : car ceh vous
1 fuft dit par vn de vos Pafteurs,q vous deuiez ref-
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-ocr page 48-4 8 Tlcrnonßrance Chreßiene
pedber amp;nbsp;honorer comme Pere,quand il vous di-ïoit vos vérités. Car veu que vous metticzena-uant beaucoup de chofes,qui monftroiêr vue craf fe ignorance,dont cependant vous refufiez de re ceuoir aucune inftrudhon, difant, que vous ne vouliez ny enfeigner ny cflre enfeigné, ne vous deuoitil pas dire, que vous parliez en ignorant? amp;nbsp;puis quand vous reiettiez arrogamment toutes expofitions de la parole de Dieu, quoy que fondées l'urlamclmc parole de Dieu,attribuant plus à voftrefens particulier,qu*au jugement de toute l’Eglifetne vous deuoit il pas remonftrer que vous vous monftriez en cela prefomptueux amp;nbsp;or-gucilleuxîltem quand vous parlafies à nous auec vue telle irreuerancc,que de nous appeler des in-quihteuis d’Efpagne.de nous acoinparcr aux Pre ftres de la Papauté,amp; d’appeler tout ce que nous mettions en auant pour vous mieux inftruire, des gloles humaines Scc. ne vous deuoit il pas dire qiïe vous, parliez impudemment ? Certes cequi vousfuft dit,eftoitpluftoll: vne graue remôllran-ce amp;nbsp;reprehenfion paternelle, dont vous deuiez faire vollre profit, que non pas vn propos iniu-rieux. C’eft le fommaire de ce q ie vous en ay dit autresfois'.tant s’en faut que i’ayc iamais dit ny aduoué que vous euffiez efté iniurié.
Au refte comme vous aucz adioulbéà la preface, dont nous vfafmes en voftre endroit,ce qui n’y e-ftoitpas,auffipareillemcntau?zvous pailé foubs filence des chofes d’importance,qui vous furent propofees par nous.Vous dûtes que nous requif mes de vous feulement , de venir auec nous en ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;noftre
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noftre afTemblec pour y dire.que la confeffion de France amp;nbsp;celle de Balle s’accordent entr’elles, amp;nbsp;font vue mefme chofe,amp; du teile qu'il ne sé par-leroitplus. Mais la vérité eft, que nous vous diC-mes ce qui s’enfuit en fubllance.Quc nollre Egli fe elloitailcmblee pour mettre fin a cell affaire: Que nous vous priyons au nom de Dieu, d’y venir auec nous, pour faire ce qui eftoit de voiire deuoir:c’elloit de faire l’vne de deux chofes,com me nous vous en auions requis plufieurs fois: fa-uoir ell ou d’approuuer auec nous la doôlrine que nous vous auions propofee, amp;nbsp;fuffifamment prouuee par la parole de Dieu,corne elle ell com-prife en la confellion des Egli 1 es de France,amp; eii celles deBalle,qui ne fôt qu’vnc mefme chofe en fubllance:ce que nous vous priafmes auffi de re-cognoillre pour l’édification de l’Eglifc.S urquoy nous vous propofafmes l’exemple de M. Aubery, amp;nbsp;des freres de Lau fanne, qui ayans ellé de fon opinioibne feirct point de difficulté, ellâs mieux inllruis.d’approuuer Sc fouferire àBerne la vérité de la doctrine Chrelliene contraire à celle que ils auoyent autrefois tenue amp;nbsp;enfeigneeià laquelle ils renonçoyent manifellement par celte loii-feription amp;nbsp;approbatiô. Que vollre deuoir elloit pour la gloire de Dieu , amp;nbsp;pour l’édification du prochain,de faire le femblable.Item que nous requérions de vous encores moins que cela, la-uoir eft, que fans rien ligner ny foublcrire, vous approuuillîcz de parole feulement la mefme doôlrine, comme eftant mieux inllruit que de-uant:amp; que par ce moyen tout feroit appaife, amp;
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ne feroit plus parlé deceft affaire. Ou bien que nous vous priyôs au nô de Dieu,de nous moftrer en quoy noftre doéfrine ou la côfcffion de nos E-glifes de France elf oit contraire à l'analogie de la foy.Sur cela vous nous feiltes refponfe, que vous n’auiez autre chofe à dire,que ce que vous auiez défia dit:lauoir elf,que vous vous teniez à la paro lede Dieu,au Symbole des Apolfres de àlaconfcf lion de Balle.Et quant à l’exemple de M. Aubery amp;nbsp;des autres, que cela ne vous touchoiten rien, veu que vous n’auiez rien de commun aueceux: amp;nbsp;pour le regard delà confeflion de France,que vous n’en mefdiliez point, mais la laifiiez pour telle qu’elle elf lànsl’approuuer ou reprouuer; Si que vous ne vouliez point approuuer d’autre confeflion que celle de Balle, que vous iuriei tous les ans:amp; fur laquelle noflre Eglife Françoi-fe auoit efté fondée.Nous feifmes refponfe fut ce dernier article feulement, qu’en parlât ainfi vous inonflriez alfez clairement, que vous ne teniez pas noftre confeffion pour bonne amp;nbsp;orthodoxe: en quoy vous faifiez vn grand tort à toute noftre Eglife,amp; feandalifiez plufieurs infirmes. Et vous dtmandafines en quelle confcience vous aniez peu exercer la charge d’Ancien, 11 long cfpace de temps en noftre Eglife Françoife, amp;nbsp;communi quer àlaCcne auec nous,fi vousn’approuuiezla doiftrine qui eft enfeignee en ladite Eglilé, ainfi ?[u’elle eft fommaii ement comprife en ladite con effion.amp; fur cela vous priafmes amp;nbsp;exhortafmes fortdepenferàcela, d’autant qu’il yalloitdcla gloire de Dieu,amp; de l’édification de rEglife,amp; de voftre
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Voftre propre falut.Sur cela vous diftcs qne vous •i’cn feriez an tre ehofe, amp;nbsp;qiievous ne vouliez preiudicier à voftre liberté politique amp;nbsp;ChrelUc He. Apres cela il y eut quelques autres propos tenus prtfque tout ainfi que vous adiouftez puis aptes en voftre difeours.
Paltons maintenant au difcoiirs fuiuantdu deMars delà mefmeannee,quieften lapage ƒ9. là où vous paviez de f alTemblee qui fe feit au Con iilloire du grand Temple , à laquelle vous fuftes appelé par Melfieiirs les Pafteurs de cefte ville; Car en ce difeours il y a deschofes efquelles Vous deuezeftre redrelfé. Premièrement en ce que vous dites,que Monfienr Couet y eftoit ; car la vérité eft qu’il n’y eftoit point,ny aucun de no-ftre Eglife que moy fcul : comme auffi des quatre fulnommez il n’y en auoit que deux,ainfi que ilauoit eftéaduiféparlefdits freres, Mcfficurs les Miniftres de cefté ville. En quoyvoùsmon-ftrez combien vous eftes animé coqtreledit fieur Couet,quand vous dites qu’il fe mit en grand co 1ère contre vous en ladite allemblee- D’auanta-ge vous parlez d’vn long eferit, qui fut leu pat Monfieur le DoéfeUr Brammilerus,amp; d’vn eferic qui eft plus court : mais vous ne dites point quels eftoyét ces efcrits,amp; à quelle fin ils furent faits amp;nbsp;leuz. Et pourtant levons lediraypour vous en rafraifebir la mémoire,fi vous l’auez ou-bliéxat il importe q ce poincï foit entédu.ll vous fouuicdra s’il vous plaift que quoy qne vous euG-fiez efté plufieurs fois coueincu de voftre erreur, nô feulemct en noftre eôfiftoire,maisaufli auCôfi
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ftoire Allemand en la prefence des M” amp;nbsp;tresho-norés fre ces les Pafteurs de cede ville , vous ne‘ kiflîezpour cela de dire par tout,que tant s’é fa-loic‘,que vous eulliezeflé conucincu d’erreur,que mefmes on ne vous auoit pas encore móftré quel eftoitceft erreur.ltc vous fauez qu’encores que nofdits tref-honorés freres vous euflent monftrc à l’oeil que voftre opinion efloit du tout contraire à la Parole de Dicu,amp; à leur confeffioir.lur toutà l’article de la foy des bonnes œuures : là où il eft dit en termes exptes, que nowcifeffensla rejntffion des péchés par la foy en lefus Chrtfl crucifié. Et combien que la foy s’exerce continuellement fe mon-ftrant amp;nbsp;efprouuant parles œuures de charité, jîous n’attribuons point toutesfois aux œuures (qui ne fôtque fruiéls dclafoy)la indicé amp;nbsp;fatif-faôtiÓ pour nos pechés;ains à la feule amp;nbsp;vraye co-fiâce amp;nbsp;foy au fang cfpâdu de l’agneau de Dieu. Car nous côfeflbns franchement,que toutes cho fes nous font données en Chrid,lequel cd nodte iudic :,fan(dification amp;nbsp;rcdéption,nodre vic,ve-ritéjfapicnce amp;nbsp;voye.Et pourtant les œuures des fideles ne font point faites pour fatisfairc pour leurs pechészains pour refmoigncr quelque reco-gnoilsace enuers Dieu tant feulement, pourluy rédt e graces d’vn fi grand benefice, qu’il nous a côferé en Chrid.Côbien donc qu’ils vous euflet mondré clairement,que vodreopinion edoit du toutcôtrairc à cell article de leur confe/Iion,qui cd bien fondé fur la parole de Dieu,neantmoins vous ne lailîiez de dire par tout aux citoyens amp;nbsp;bourgeois de cede ville,pour nous rédre odieux
enu.rs
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enuers eux, que vous cftiez pcrfeeutépar nous» pource que vous vous teniez à la parole de Dieu ; amp;nbsp;à la confeffion de Balle. Pour ces raifons donc nofdits tref-honorés freres furent d’aduis que M. le Dodleur Brammikrus fit vne declaratiô ample fur cell ariicle de leur côfelïion: pour môftrer en premier lieu que la doôlrine contenue audit article eltoit bien fondée en la parole de Dieu , amp;nbsp;fe accordoit aulji fort bienaucc la dodrine des ?*n-ciens amp;nbsp;plus fideles Dodeurs de l’Eglife : Sc aulîî pour vous faire tant mieux cognoiftre, que vous faifiez en vain bouclier de la confeffion de Balle, laquelle condemne manifeftement vollrc erreur. Ce que ledit Dûdeur fittresbien amp;nbsp;dodement. Et c’elt ce long elcrit,dont vous parlez, qui fuc leu par le melmeDodcur, amp;nbsp;qui fut mis entre vos mains,fans que depuis nous l'ayôs vcu. Quât à l’autre qui efloit plus court, c’elîoit vn eferit, qui contenoïc fommairement les trois poinds de dodiine, qui clloyentcn controuerfe touchant noftre iuftification deuant Dieu,nollrc fandifica tion,amp; le dernier iugement: amp;monftroitcnpeu I de mots en quoy confiftoit voftre erreur. Elcrit que nous auions fait par l’aduis de nof-dits tref-j honorés frcres,qui cerchoientauec nous , tous 1 moyens pour vous faire cognçiftre combien vos opinions eftoyét elloignees de la vérité,afin que en les delailfant vous donniffiez gloire à Dieu, amp;nbsp;ceffifficz de troubler leur Egîile amp;nbsp;la noftre. Lc-I dit eferit vous eft reprefenté en la deferiptio des procedures.V oila quant aux deux eferits qui furent propofez en laditte alFemblee. Or le grand
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fut leutout du long par ledit Doóteur Monfieut Bramtnilerusjcquel apres la Icäure me demäd^ ce qui me fembloit dudit çfcrit. Et ie rcipondi que ie n’auoy rien entendu qui ne me iemblaft orthodoxe,amp; du toyt conforme à 1 analogie de la foy. Puis vous ayant demandç fi vous l’apptou-piez de mefrne ; vous rcfpondiftes qu’il y auoit beaucoup de choGes que vous auiez entendues^ mais qu’il y en auoit dùutrcs que yoi s n’entendiez pas, amp;nbsp;que shi Juy plaifoit vous le bailler» vous le verriez à loifir. Sur cela MonfieurTri-uius dit à Monfieur le Dodleur Br4mmilerus,quç fi ceftuy-là eftoittrop long,il feroit bon de vous faire la leâure d’vn qui elloit plus court, lequel peut eftre vous comprendriez mieux. Ce que ledit Doôteur trôuuabon,amp;print ledit eferit, qui eftoitceluy que nous aurons dreflë parl’aduisdef dits freres3amp; cômença à le lire: mais à grad peine euft il acheué de lire le premier article que vous cômenqaftes à branfler la telle, amp;nbsp;dire que vouç ne preniez apeun gouft en icelui.Et cependant U venté eft,que cell eferit ne côtenoit en fubftâce, que le fommairc deceluyque M.Bi amilcrus voiis auoit lcu;côme luy-mefme vous dit, q ce n’eftojt qu'vue mefrne doéltinercependât vous l’auiczen tel dcfdain amp;nbsp;horreur, que fi c’eulltlléquelque doélrine tireede l'Alcoran de Mahomet.Ccla fut caufe que ledit Doéleur fpt contraint de quitter la leélure dudit eferit, amp;nbsp;parler à vous auec vne telle efmotiô amp;nbsp;indignation: voire auec vne telle gratuité amp;nbsp;feuetité,que vous en fuites ellonné. Vous difant entre autres chofes, qu’il voyoit en
t ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vous
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^ous tout le contraire de ce qu'il en auoit eftimc îutresfois : qu’il auoit penfé que ce n’elloit que fimple ignorâcc,qiü vous auoit fait faire ce qu’a-uiez faitimais qu’il voyoit bié maintenâtiqu’auec l’ignorance il y auoit beaucoup de malice:amp;: que Vous monftriezbien euidemmentque vouseftiez poulie de liaineamp;demauuaifeaffeôfiôà l'encon tre de nous i veu que vous reiettiez corne poifon, tout ce que vous l'entiez procéder de nous, quoy qu’il fuit du tout côfotme à ce qui yous eftoit dit par eux II vous fouuicdra qu’il vous dit louuent, que vous eftiez vn ignorant,vn prefomptueux,amp; orgueilleux,vn teftu amp;nbsp;accariaftre, amp;nbsp;que voua reh liiez à la vérité contre voftre propre confeien ce : ité que vous attiriez le iugement de Dieu fur vous,amp;c.Vous fauez que MonfieurTriuius vous en dit prefqu’autant, amp;nbsp;y adioufta de plus, que vous vous monllriez hofte ingrat,en ce qu’ayant eftéreceu fort humainement en celle Republia que,amp;vous y eftant enrichi par la benediâion de Dieu: maintenant pourrccompenfe, vous troubliez leur Eglife par vollrc obftinationidont il ne vous pouuoit aduenir que mal, fi vous ne penfiezàvous changer. Voila en fomme comment fe palTa celle alfemblee. Ce que i’ay voulu reprefenter au vray pour vous rcdreireren cell endroit, fur les chofes que vous auiez partie adr iou(lees,partie changées,partie obmiles.
levien maintenant à vn autre difeours, que vous faites en la page (S8.fur l’aflemblee qui le fit le lundi, 19. d’Auril chez Monfieur 'Triuius, que vous nommez le Hcr Iohannes, Pafteurde
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J’Egüfc de Bafle en la Paroilfe de S.Leonard. Du-ql difeours le ne veux examiner tous les poinds» elquels vous auez befoin de redrelfemét : d’autât que M.Couet l’a faitamplement amp;nbsp;au vray : mais feulement vn poind qui me concerne, auquel il ell raifonnable que ie vous fac. re'ponle.Collant (ditcs-vous}rompit le propos , amp;nbsp;tira vn papier» amp;nbsp;dit que Lefcaille auoit dit,que 1’6 elloit luftifié parles bones öeuures:^ non leulemct par la foy. Et que Lefcaille dit, ouy,ie l’ay dit amp;nbsp;le di enco-tesauec S.Iaques.Puis Conllant propofa encores quelques autres chofes , que Lefcaille luy nia, mais il ne les feut prouuer. Voila comment vous parlez en cell endroit de voftre difeours. Mais vous me permettrez s’il vous plaiil de vous dire, que vous récitez ce poind,comme plufieurs au-tres,a voftre façon: c’eftàdire.cn adioullant, en diminuant.cn changeant amp;nbsp;endefguifantles clio fes : amp;nbsp;fouftrirez que ie les reprelente mieux au vray. Et afin que vous entendiez quel eftoit cift cfcrit.fi vous l’aucz oublié : ie vous diray que M. Gryuçus ayant efté d’aduis aucc les autres Pa-fteurs de celle ville,que nous drelîîlfiôs vn eferit en latin, contenart par articles les principaux poinds de tout ce qui s’elloit pallé des le cômen-cemét de nollre diftérét: c ell a dirc,vn fommaite de vos opiniôsjdc nos côfcréces,amp; des procedures quenous auiôs tenues en voftre endroit le fu charge par nollre copagnie de le faire. Ellât fait, nous le mollrafmes audit iicuv Grynçus,amp; luyen baillafmes vue copie. Sur cela d’autant que vous dificz
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tîilîez par tout, que vous eftiez bien d’accord a-Ucc les Pafteurs de cefle ville,mais non pas aucc nous,amp;que vous n’auicz point elle côueincu d’er reur,quoy q l’euûîez efté plufieurs foisdedit fieuv Grynæus fut d’aduis auec fes fteresamp; côpagnons, que pour la derniere fois.nolhe Confiftoires’af-femblaft chez Monlieur Triuius,pour vous faire voir à l’œil amp;nbsp;môftrer au doigt ce qui choit de vo-ßre erreur,amp; vous en conueincrepar la parole de Dieu,felon les articles dudit efcrit;amp; ce en la pre fence deMonfieur le Doôleur Brammilerus,amp;de MonfieurTriuius qui tefmoigneroient puis apres en la compagnie de leurs frétés,ce qui auroit cfté fait en ladite afremblee,amp; que felon leur tefmo;-gnagejMeffieurs les Magnifiques amp;nbsp;treshonorcs Magihrats de celle ville,feroiét aduertis du tout, au cas que vous vous môllriffiez oblliné comme deuant. Suiuant cela donc.apres que nous euf-mes Monfieur Couet amp;nbsp;moy,amplement amp;nbsp;fami lierement déduit,amp; fuffifammentprouué, par la parole de Dieu,tous les points de doélriiie qui e-lloienten controuerfe:amp; mollré d’autrepart vos erreurs fi clairement amp;nbsp;euidemment, que ledit DoéleurBrammilerus vous dit,que celle dodlrinc elloit vraye, Chrelliene,claire amp;nbsp;bienprouuee: que c’elloit la mefme dodlrine qu’ils tenoient amp;nbsp;croyoient en celle Eglife de Balle:que fi vous n’a-quielliez à icelle, vous blafphcmiez contre Dieu, amp;nbsp;pechiez contre le Saindl Elprit,refillantà la ve ritémau'felle. Apres c. la, di-ic, voyant qu’au lieu d’approuuer la vérité, «Sc renoncer à vos er-feurs,qui vous auoient ellé fi bien amp;nbsp;fi clairemét
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móftrcSjVous ne feiftes que repeter la mcfmc châ fon,que vous auiez accouftumé.par vn efcrit que vous milles hors de voftre poche:ie tiray lors l'ef-crit que i’auoy’ dre(ïe,amp; le leu,pour vous ramcn-teuoir les choies qui s’eftoient palfees article par articlegt;amp; pour vous faire comprendre plus diftin élement les points de dodrine , que nous auions cxpofés plus au log Môfîeur Couet amp;nbsp;moy: corne auflî nous vous priafmes au nom de Dieu de ref-pondre pertinemment à chaque point en la pre-fence de cede compagnie là. Mais ce fut en vain çar pour couper broche, amp;nbsp;pour vous exépter de refpondre,vous niaftes tout purement amp;nbsp;fimplc’’ ment:non leulement les chofes qui s’eftoient paf fees entre vous amp;nbsp;moy fculs:ma s aulîî celles qui s’eftoient palfees en noftreCôliftoire,amp;tn la pre fence de Meflîeurs les Pafteurs decefte ville,dcf-quelles vousmefme enconfclfez plufieursenvo-ftre efcrit;amp; notamment en ceft endroit où vous dites,que vous aduouaftes le premier article tou chant la iuftification des œuurestcependant c’eft chofe toute certaine,que vous niaftes lors le tout, pour auoir pluftoft fait,amp; la compagnie et) a bon ne fouuenancc. Sur quoy ie vous di, que vous niczplufieursarticles, que ie pouuoy* prouuer par le tefmoignage de tous nos Anciens amp;nbsp;mef-mes de Meflîeurs les Pafteurs de cefte ville : amp;nbsp;quant à celles qui s’eftoyent palfees entre nous deuxjie n’eufle iamais penfé que vous les deulTiez nier, fâchant bien en voftre confciencc qu’elles eftoient veritables,amp; au refte quant au premier article,que vous mcfmcs confelfcz ici auoir efte lors
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lors aduouc par vons:il me fera peripis de vous di rcj^uevousle mettezici tout d’vn autre biais, qu’il ne fuft propofé:foit que vous l’ayez oublié, foit que vous l’ayez voulu deguifer de propos dcli beré. Car ledit article ne portoit pas en mon ef-çritque vous cuffiezdit fiu plemeht, que l’homme elt iuftifié par les bonnes œuures,amp; non feulement par la foyxur nous fauôs que cela fe peuft dire çn generaLfelon que l’ApoftreSainél: laques l'entend,fauoir eft,de la iuftihcation de l’homme qui fc fait deuant les hommes par les bonnes çcu ures:mais i! portoit,qu’eftant quetlion de la iufti fication de l’homme deuant Dieu, vous auiezdit qu’elle fe faifoit par les bonnes ceuurcs , amp;nbsp;que yous le vouliez maintenir par le palîage de Sainél: laques. A (|uoy vous auoitefté refpondu comme delTus, que Sainét laques ne parloitpasde la iuüification de l’homme deuant Dieu. C’eftce queportoit leditartic}e,lequel vous n’aduouaftes point,mais le niaftes tout court auec tous les au-Ues dudit efcrit.Oui fuft caufc qu’on fe dcfpartift comme les autresftis fans rien faire,amp; quant à ce que vous me taxez de n’auoir peu prouuer beaucoup de chofcs,qui eftoicnt contenues en mô pa-pier,ie vous refpon que vous me faites tort,amp; par lez contre voftre confcience. Car quant auxfom-maires des conferences que nous auions eues en tre vous amp;moy,vous fauezen voftre confciencq qu’ils eftoient veritablcs;amp; pourtant il ne faloit point d’autre prenne pour les verifier que vous-qaefmes,fi vous euffiez efté fi rond amp;nbsp;fi entier que je m’eftoy’ pctfuadé de vous long temps aq para-
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uant,auec beaucoup d’autres,qui ont cfté trópez en vous auffi bien que moy. Quant aux chofcs quts’eftoientpairees tant en noltre Confiftoirc, qu’en la prefence de MeÏÏteurs les Pafteurs de celle ville , ie n’auoy* point be foin d’autre preuuc que de la mémoire de ceux qui eftoiét prefens en ladite alTembleejlefquelsauoyétellc tefmoins de tout,amp; quant aux points de doôlrine, vous vous deuezfouuenir que ledit papier qie tiray amp;nbsp;leu, contenoit vn fommaire des points de la iuftifîca-tioUjde la fanôlificationamp; du dernier iugement: lefquels Monfieur Couet amp;nbsp;moy vous auionsfcô me dit a cftéjnon feulement expofés, amp;nbsp;déclarez amplement amp;nbsp;fort familicremcnt;mais auffi fuffi famment prouués par railons amp;nbsp;tefmoignages ex frés de la parole de Dieu, pour vous faire voir à œilamp;toucher au doigt la vérité de celle doélrine d’vn collé,amp; la faulîetéde celle que vous teniez de l’autre: afin que fi vous demeuriez toufiours en vollre obfl:inatiô,vous n’euffiez pour le moins plus d’occafion de dire par tout,qu’on ne vous a-uoitpas conueincu d’crreur,ny mcfmes monftrç quel clloit vollre crrcur:amp;afin que Meffieurs les Palleurs qui elloient prelêns, en peullent rendre bon tefmoignage là où il appartiendroit Comme ils ont fait premièrement en l’alfemblce de leurs freres , amp;nbsp;puis apres en noflre Eglife Françoife par deux fois.amp;t puis finalement deuant le Magni fique Magillrat de celle ville,lors que vous mef-mes nous aueztirés deuant luy. Par ainfi don-ques vous me faites tort de dire,qie ne pouuoy’ prouucr les chofes qui elloient contenues en l’ef crit.
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crit,qui fut mis en auant par moy.ll y a plufieurj autres chofes tant au difcours que vous faites fur cefte airemblee,qui fut chez Monficur Ttiuius» qu’en d’autres cndroitsjlefquelles auroient bien befoin d’elhe redrefTeesjpourauoireftc par vous ouadioufteesjou retranchées,ou changées amp;nbsp;de-guifecs'.mais d’autât que les vues fe réfutent d’elles me!mes,pour n’y auoir pas mefme d’apparen-cede veriré:ôi les autres ont efté traittees ample ment amp;auvray pat Monfieur Couet,ic me con-tcntcraypourleprefent de celles que i’ay touchées, qui font celles defquelles i’ay eftiméeftrc plus iieccilaire que fufficz aduetti,amp; c’eft là le fécond point que ie me fuis propoié en cefte re-monftr ance.
Venons maintenant au troifiefmc amp;nbsp;dernier, qui eft en fomnye,de vous faire voir amp;nbsp;entendre, combien eft pernicieux amp;nbsp;damnable l’erreur auquel vous elles tombc,amp; combien font griefues amp;nbsp;enormes les fautes,que vous auez commifes és voyes que vous auez fuiuies pour le maintenir:a-fin qu’eftant touché d’vn vif fentiment de voftre diterreur amp;nbsp;fautes,Scd’vne droite apptehenfion des iugemens de Dieu,vous foyez induit à ce que doiuent faire tous Chreftiens, qui ont l’honneur, amp;nbsp;la gloire de Dieu , l’édification de leurs prochains,amp; leur propre fahrt en recommendation.
Quant à voftre erreur, d’autant que c’eft vne choie impertinente de difeourir fur les qualités Sccirconllances d’vne chofequi n’eft point en na turc,la raifon requiert de raonftrer premier que
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l’erreur e{l;amp; puis de declarer,quel il cftifclou là reglcdes efcholes,amp; pour moftrer que vous cftes vrayemenc en erreur,ou que voftre opintôefter-ronceiil ell encor requis de fauoir,quelle eftce-fte voftre opinion. Or quand bien vous n’cti eu ffiez rien publié par efcrit, nous n’euffions pas pour cela cfté deftitués de preuüe fuffifante,poQt monftrer que voftre opinion cftoit telle,c’eft que nous fommes iullifiés deuant Dieu, introduits ail royaume des deux amp;nbsp;lauués en fomme,non feule met encôlideration amp;nbsp;à caufe derobeillance tres parfaite,que lefus Chtift a rendue à Dieu fon Pe re en fa perfonne,quand il a fait amp;nbsp;fouffert tout ce que nous eftions tenus de faire amp;nbsp;que nous de uions fouffrir à caufe de nos pcchésitnais auffi en confidtration amp;nbsp;à caufe de l’obeiflance qu’il rend à Dieu fon Pere iourneliemét en nous par fon Ef-pritzc eft à ditc,àcaufe des bonnes œuures, que nous faifons apres noftre ,regeneration. Nous euffions peu,di-ie,prouuer que telle eft voftre o-pinion,non feulement par le tefmoignage de Mef heurs nos trefehers amp;nbsp;tresbonorés freres les qua tre Pafteurs de celle ville,amp; de fix ou fept periôn nés de noftre Confiftoire,le moindre delquels eft tefmoinirreprochable-.mais auffi par le tefmoignage de plufieurs perfonnes particulières, tant de celle Eglife.que d’ailleurs,qui vous ont oui te nir ce ptopos,amp; plufieurs autres efgarés. Mais vous nous releuez de la peine de faire celle preU-ue,par vos propres eferits amp;nbsp;par voftre propre co feffiô amp;tefmoignage.Car vous enditesamp; aduou-ez quafi plus qu’il n’cft de befoin. Or ie ne veux faire
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faire cftat de ce que vous confeflèz en voftre pro teftation:pource que vous ne le faites pas franche ment amp;nbsp;fincerement,mais comme par forme de Conceffion ironique,difantgt;que vous elles contet d’aduouer que vous auez dit Ietout:amp; puis vous ne reprefentez pas les chofes bien au vray , mais aiiecquelque deguifement. Car nous ne vous auons pas repris limplement d’auoir dit, que les fideles ne feront pas iugez felon la iullification, (c’ellàdlrcjfclon les œuures que Chrift a faites en fa propre pcrfonne)mais félon la fandification (c‘cft à dire,felon lesœuurcs que Chrift aura faites en fes fideles,par fonSainôlElprit) car nous fauons par la parole de Dieu,que le dernier iuge ment qui fe fera par le Fils de Dieu fera tel, qu’en icelui il rendra à vn chacun,non felon les œuures que lefus Chrift aura faites en fa propre perfon-ne’:mais felon les œuures que les hommes amont faites en ce monde. fauoireft aux vrais fideles amp;nbsp;enfans de Dieu,la vie eternelle,felon qu’ils aurôt tefmoigncpar leurs bônes œuures, vue vrayc foy en lefus Chrift,amp; aux mefchansamp; infidèles le feu éternel,felon qu’ils auront monftrclcur infidélité Sc leur impiété par leur mefehantes œuures, amp;nbsp;felon qu'ils auront merité par icelles. Mais nous vous auons repris de ce qu’eftant queftion, no du tcfmoignage felon lequel vn chacun fera iugé au dernier louv.mais delà y raye caufe pour laquelle les vns feront enuoyés au feu eternel, amp;nbsp;les au très obtiendrôt la vie eternclle,vous mainteniez q ce feroit à caufe de leurs œuures,amp; pour preu-ue de cela, vous difiez que lors il ne feroit point
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queftion de la iuftificatio (c’eft à dire des ceuures que Icfus Chrift a faites en faperfonne) mais feu Jement de la (ahófificarió (c’élt à dire des œuures qu’il fait en nous) cftant chofe toute claire amp;nbsp;mamfeftc que vôftre intention eftoit ( comme vous l’auez déclaré depuis plufieurs fois) de dire aucc voftre Doéfeur,que la iuftification del’hom me,ou l’imputation de la foy à iuftice,ou la indice imputée par la foy,n’cft autre chofe que la donation d’vne nouuelle forme,ou,nouuelle qualité patible,qui conftitue le nouuel houime,ou , la nouuelle creature,amp; eft adherente amp;nbsp;comme at tacheeà icelui nouuel homme. Item que c’ed vue infufion de quelque principe amp;nbsp;germe de iu-ftice,quieft mis en nos cœurs par le SainélEfprir, afin que cefte iufticecroiirjnt,amp; fe formant en nous,foit celle qui nous rendra iuftesSc irrepre-henfibles deuant Dieu,c’eftà dire, pour l’amour amp;nbsp;àcaufede laquelle nous ferons reconciliés a-uecques Dieu,introduits au royaume des deux, amp;nbsp;fauués en fomme. Qu^i eft autant, comme fi vous difiezaucc les Scholaftiques Sophiftes, que lacaufede noftreiuftification amp;nbsp;falut,c’eft la grace que Dieu nous fait par fon Efpritde faire les ceuures de iuftice pour eftre iuftifiésamp; fauués:ou pluftoft de nous iuftifiet amp;nbsp;fauuer nous mefmes, moyennant l’ayde de (agrace. D’autant donc que c’eftoit eftablir la iuftification des œuures co tre l’analogie de la foy, amp;nbsp;contre la veri.é de l’E-uangi!e,nouj condamnions voftre opinion,amp;nQ pas ce que vous aduouez en voftre proteftation. Les laifons donc pour l’cfquelles ie ne fay pas d’eftat
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d’eftat dek confeffion amp;nbsp;adu.u que vous faites envortreprotefta ion , pour montrer quelle eft Voflre opiiiiô:c’ell pource que vous ne faites pas celle confeffion franchement amp;nbsp;au vray. Mais ie fayplus d’e at,pour bien iuger de volh édité opi nioHjdeceque vous dites franchement amp;nbsp;ouuer tenient en v ollre declaration: C’eft auez. tßetniroduit en l’EgUfe Cbre^l-.eneiVntuerfelie nbsp;nbsp;mi-
titante en ce monde , par ia feule ohetjfance ejue le fut Chrtfl a rendue à Dteu fin Pere^i^c. t ^ue vom ferez, introduiten la vie eternelle auec i‘Egltfe triomphante parl’ebetfance ejit il a rend»e,rend, nbsp;nbsp;rendra à Dieu
fin Pereen vout((jut votu dites ePlre membre de fin corps J tufiuà la mort-, fin de vofire cottrfe, combat, viPiotre t^ue votu obtiendre’^Scc. Ce qui eft autat que fi vous difiez, que la caufe de ce que vous e-ftes fait Chreftien , amp;nbsp;membre de Chrift j amp;nbsp;de fonEglife, c’eft robcilfance que lefus Chrift a rendue à Dieu fon Perc iufques à la mort de la croix en fa propre perfonne:mais que la caufe de ce que vous lérez introduit au Royaume des deux amp;nbsp;mis en polleffion de la vie eternelle,c’eft l’obciirance que lefus Chrift rend en vous à Dieu fonPere,ou,]es bonnes œuures qui fontfaites en vous par l'Elpritde lefus Chrift. Car c’eft vne mefme chofe,comme vous expofez clairement vo lire intention,premièrement en ces demandes amp;■ rcfponfes que vous mett z apres l’Epiftre que vous efcriuez à Monfieur Callillon, là ou gt;nbsp;ous faites celle demande à vous mefmes- Pourquoy as-tu payé trentefixbaches à ce velouticr, quia fait trois aulnes de velours? Eft-cc pource qu’il a
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la fcience en foy de faire du velours, ou pour a-uoir fait lefdittes trois aulnes? Etpuis vous ref-pondezà vous-mefmes,diiànt,pource qu’il a fait lefdittes trois aulnes de velours, par la feience vous entendez la foy, qui e(l fondée fur la vraye fcience amp;nbsp;cognoillànce de lefus Chrift : amp;nbsp;par la façon des trois aulnes de velours, vous entendez les bonnes œuures;amp; pourtant le iens de la fimili tude eft tehquc tout ainfi que vous payez à vn de vos ouuriers trentefix baches, ou quatre francs, àcaufequ’il a fait trois aulnes de velours ,amp; non pas à caufede la fciéce qu’il a de faire du velours: ainfi pareillement Dieu nous donnera en payement,'rétribution amp;nbsp;(alaire la vie eternelle, non point à caufe que nous aurons eu la cognoilfance de Dieu amp;nbsp;la foy en lefus Chrift pour appréhender amp;nbsp;appliquer à nous fon merite , mais à caufe des bonnes ccuurcs,que nous aurons faites.Item vous déclarez aifez ouuertement, quelle eft vo-ftre intention en ces belles Paraphrafes anciennes amp;nbsp;nouuclles, que vous mettez à la fin de vo-Itre difeours : lefquelles font pleines, non feulement d’erreur amp;nbsp;dignorance: mais d’impoftu-res amp;nbsp;de calomnies, en ce que vous nous faites parler en pluficurs d’icelles autrement que nous n’auons iamais ni parlé ni mefines penfé.Tanty a que par icelles vous monftrez allez, que vo-ftre intention elf decondemner ceux qui enfei-gnent auec la parole de Dieu, que nous fom-meslullifiés deuant Dieu, reconciliés auec luy, introduis au royaume des deux, amp;nbsp;mis en pof-fcflîon de la vie eternelle : c’eft à dire, en vn mot, fauués,
-ocr page 67-à ^nrholne Leßaillc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6quot;^
Î lauuçs, de la pure grace Sc mifericorde de Dieu I par le merite des chofes, que Icfos Chrift a faites amp;nbsp;fouffertes pour nous en fa perfonne, fans aucune confideration des œuures qui font faites en nous, deuant ou apres noftre regeneration. Ce que l’Efcriture appelé cftre iuftifics amp;nbsp;fauués ! parfoy, d’autantquclafoyapprehendcamp;am-' bralfetoutcs^es chofes. Vous monflrcz di-ie par vos Paraphrafes que vous condamnez ceux quienfeigncntainlî;amp; que vous voulezconioin-dre auec la grace de Dieu amp;nbsp;le merite delefus Chrift vos bonnes œuures, pour tenir place de caufe. Ce que vous déclarez aufli manifefte-ment par le dernier eferit que vous m’enuoya-ftes le huidiefmede Feburier, 1592. à Balle. Là où vous demandiez entre autres chofes li ‘ noftre Eglife vous vouloir accorder ce poimft, que nous ferons introduis ou paruiendrons an royaume des deux par les œuures que Jefus Chrift a faites en fa feule perfonne, amp;nbsp;parles œuures qu’il aura faites en nous par fon fainôt Efprit. Car puis que la parole de Dieu nous en-feigne , ce dont nul des Chreftiens ne doute, fauoir eft , que les œuures tref^parfaites lt;jue le-fiii Chnfl a faites en fa feule perfnne , font la quot;jraye caufe de noHre tußif cation nbsp;nbsp;nbsp;falta : amp;
puis que vous accouplez auec icelles les œuures qui font faites en nous par rEfprit de le-fus Chrift, en difant,que nous fommes introduis au Royaume des deux par les vncs amp;parlesau-tresjileft touteuidét,quc vous les m.ttez enmef
I me predicament (commeon dit)c’eftà dire en
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meGnc reng amp;nbsp;ordre, pour faire que toutes cn-femble foyentlacaufcdenoftrc falut,amp; de noftrc introduéfion au Royaume des cieux.Vous faites lam.fmc dcclarationen plufieurs endroits devo ftre difcours amp;nbsp;autres elcrits; mais ceci me fem-ble luffifant pour faire cognoiftre quelle eft vo-ftre opinion.Qui eft en iôme,cclle que vous auez plufieurs fois condamnée amp;nbsp;deteftec,tant en no-ftre aflcmblee, que deuant les Magnifiques amp;nbsp;tref-honorez Magiftratsde ceie vilk,proteftaiit auec atteftation du nom de Dieu, que vousn’a-uiez iamais efté de cefte opinion, amp;: n’y auiez ia-mais penfé.Ce quevous dilîez pour faire trouuet menteurs, tant ceux de noftre Conliftoire, que M” les Pafteurs de cefte ville, qui maintenoyent auec nous,amp; auoyent défia tefinoigné pareferit deuant le Magiftrat, que vous auiez tenu en nos conferéces tels amp;nbsp;femblables propos que delfus: par lefquels il eftoit euidet, que vous accoupliez auec les œuures tref- parfaitement bonnes amp;nbsp;iu-ftes ,quc lefus Cbrift a faites en fa perfonne.les œuures imparfaitement bônes amp;nbsp;iuftes,qu’il fait en nous par fon S.E(prit,amp; que vous enfaifiezvn meftingepour tenir lieu amp;nbsp;place de caufeau my-ftere de noftre redemption amp;nbsp;falut.
Or maintenant apres auoir entendu quelle eft voftre opinion,il faut voir fi elle eft erronee,c’eft à dite,fi vous eftes en erreur,ou non. Sur quoy ie confeft’e qu'elle eft fi fpecieufe amp;nbsp;a telle apparen ce de vérité,que plufieurs gés de bien y pourroy-ent eftre trompés amp;circonuenus,non feulement ceux d’etre les plus fimples amp;nbsp;mal inftruiôts,m3is aulli
-ocr page 69-A ^nthoine Le fiai He. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6lt;)
auffi mefmes aucûs d’entre ceux qui font les plus aduancés. Et ce pour quatre raifons principalement. Premièrement pource qu’il y a pluneurs partages de l’Efcriturc.qui femblent en apparence fauorifer à voftredite opinion. Entre lefquels font ceux qui font mis en auant par vous: amp;nbsp;plu-fieurs autres femblables,qui ont efté allégués par les moines, lefuites amp;nbsp;autres Sophiftes , poor maintenir leur erreur touchant la iurtification des œuuresjcontre la doélrine de la iuftification gratuite par la feule foy en JefusChrift. Mais quand tous ces tefmoignages de l'Efcriture font interprétés ftlô l’analogie de lafoy, par la conference des Eieritures , qui contiennent les vrais principes amp;nbsp;fondemensde la Religion Chreilie-néjl’on void manifcfl:ement,qu'ils ne fauorifent en rien à cefteopinion:veu mefmes que plufieurs d’etre ces palfagesjque vous alléguez pour vous, renuerfent entièrement voftredite opinion.D’a-uantage elle eft plauftble au naturel de l’homme, quieftant orgueilleux de fa nature, ne reçoit pas volontiers vnedoélrine, par laquelle la iu-fticc qu’il prefume auoir, foitmifebas, amp;pour rien contee, afin quelaiuftice de lefus Chrift, qu’il a parfaitement accomplie en faperiônne eftant eftablie feule pour nous eftre gratuitement imputée deuant Dieu , nul ne Ce glorifie, mais que toute la gloire de noftre iurtification, reconciliation, redemption Sr falut, foit donnee à vnfcul Dieu. Mais l’homme reçoit plus Volontiers vne doéfrine, par laquelle fes œu-utes amp;nbsp;iufticcs foyent prifees amp;nbsp;mifes en ligne
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de compte. Mais vous fauez ce que dit I’Ef-j.jor.i 31. criture : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;celuy qui fe glorifie fe glorifie «u
Sfhe.i.S. Seigneur: Bt ce que ditl’Apoftre fainót Paul,que noies fotnrnes fiuttués de grace par la foy, no» point de nota : c'efi don de T)teu : non point par les œuures afin que nul ne fie glorifie. Pour le troifieCme, ce qui rend voftre opinion vray-femb’ablc , c’ell d’autant qu'elle eft bien ac cordante auec le difcours de la raifon humaine: comme de fait, c'eft le principal fondement fur lequel les Scholaftiques fophiftes, qui auoyent mieux eftudié la Philofophie d’Arjltü-te , que la fainde Theologie , ont bafti leur erreur touchant la iuftification des bonnes œu-urcs. Car de fait la raifon humaine faitce difcours, amp;nbsp;celle conclufion, qu’il ne conuient pas moins à la iuftice de Dieu , d’introduire les gens de bien en la vie éternelle à caufe de leurs bonnes œuures, que d’enuoyer les mef-chansau feu eternelà caufede leurs mefehan-tes œuures. Car c’eft vne reiglc de la Logique humaine, queleschofes contraires font confcquences ou s’enfuyucnt de leurs contraires. C’eft pourquoy ceux qui font autheurs de voftre opinion , amp;defquels vousfauez apprife, voulans regier lesmyfteres denoftre falut, qui nous font reuelés en l’Euangile, felon celte regle de Philofophie touchant les chofes contraires, ont ainfi formé leur difcours, comme vous le reptefentez alîèz bien en vos eferits, Que comme le péché originel, ou la corruption
natur
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naturelle, que nous tirons tous de noftre premier Pere Adam, eft vn principe en nous,du' quel procèdent toutes melchantes œuures, Qui eft la forme du vieil homme, amp;nbsp;vne qualité pa-tible inherente en iceluy vieil homme, c’eft à dire, en tous ceux qui ne font point faits nou-uelles creatures : amp;nbsp;comme nous auons mérité le feu des-enfers , amp;la mort eternelle, tant à caufe de cefte corruption hereditaire , qu'à caufe des fruiéls qui en procèdent, qui font les mefehantes œuures : ainfi pareillement la foy en lefus Chrift eft imputée à iuftice aux fideles amp;nbsp;enfans de Dieu , c’eft à dire ( félon la nouuelle Theologie ) que la foy eft infufe en leurs cœurs , comme vn principe de iuftice ou de bonnes œuures : qui eft vne nouuelle forme , ou la forme du nouuel homme ; amp;nbsp;vne qualité patible amp;nbsp;inherente en ceux qui font nouuelles creatures: amp;nbsp;qu’ils font iulli-fiés deuant Dieu , réconciliés auec luy , introduis au royaume des cieux, amp;nbsp;obtienent la vie eternelle , tant à caufe de ce principe de iuftice , qu’à caufe des fruids qui en procèdent, qui font les bonnes œuures. Voila le difeours de la raifon humaine , tiré de cefte belle regle de Philofophie : qui a certes vn beau luftre, amp;nbsp;qui confiée ie ne fay quoy de probable, entre ceux qui font plus verfés en la Theologie d’Ariftotc,qu’écelle du S.Efprit. Or d'autac que mon intention n’eft pas ici de réfuter ce difeours plein de vanité, mais feulement demonftrerles raifons pour lefquelles voftrc opinio, ou pluftoft
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•ntroduitau Royaume des cieux amp;nbsp;obtenir la vie éternelle par vos bonnes œuurcs ? Pource,dites
1 ''ous,qu’elles ne font pas mienes:ce font les œu-' Utes de lefus Chrift,qui les fait en moy par fbn S.
Efprit,amp; ce delà grace de Dieu. Voila de beaux mots,amp; qui ont vne belle couleur , amp;nbsp;de fait ce font les raifons(fi raifons les faut appeler) que les iulHciaires du regne de tenebres mettet en auât, pouresblouir les yeux des fimples,quoy qu’ils les propofent en autres termes:car ils ne difent pas, que l’homme foitiuftificamp; fauué par les œuures de la loy,mais par les œuures de la foy.Or appe-lent ils œuures de la loy,celles que l’homme fait de fon propre mouuement,deuant qu’eftre rege-nerc,ou celles qui confiftent es ceremonies de la loy , qui ne font point faites par la foy en lefus Chrift : amp;nbsp;appellent œuures de la foy,celles qui font faites par ceux qui croyent en lefus Chrift, c’eftà dire, celles que lefus Chrift fait en eux par fon Saind Efprit. D’auantage ils ne nient pas, quenous ne foyons iuftifiés amp;nbsp;fauués par h grace de Dieu,encore que ce foit par les bonnes œu ures. Car ils difent que nous faifons telles bonnes œuures par la grace de Dieu'.tellement qu’e-ftre iuftifiés amp;nbsp;fauués par la grace de Dieu, felon leur Theologicjc’eft eftre fauués patjamp;àcaufe des' bonnes œuures,que nous faifons par la grace de Dieu.Qui eft tout autant que s’ils difoient, qu’ils font iultifiés amp;nbsp;fauués par la grace de Dieu, entant que Dieu leur fait la grace de faire bonnes œuures pour fe iulhfier ôc fauuer euxmefines. Mais l’Apoftre Sainét Paul n’a pas entendu cefte
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celle de vos Maùlres,cft fpecicufe, ie diray feulement en paflantjque ce difcours feroit non feu lement vray femblable , mais du tout vray, fi les chofes qu ils appelent contraires en celle com-paraüonjelloyent tellement pareilles de part amp;nbsp;d’auttejque comme nous lommes de noiire natu re parfaitement corrompus amp;nbsp;dcpraués au premier Adam,nous fommes aufll en ce monde parfaitement renouuelés, régénérés amp;nbsp;ianôlifiésau nouucl Adam^qui eft lefus Chriî .Mais la parole de Dieu nous enleigne le contraire. Item celte Philofophi J feroit veritable li la volonté de Dieu euftefté cellc,quecomme les enfans d’Adamfont perdus amp;nbsp;damnés,partie à caulè de la contagion qu’ils tiret de leur premier Pere,partie anlîi à eau fe de leur propre defobcillànce ; pareillemct auf-fi les fideles amp;nbsp;enfans de Dieu fullcnt iullifiés, re conciliés Ôc fauués, partie à caufe de la tref-par-faite obeill’ancedelcfus Chrift, rendue à Dieu fon Pere en (a perfonne:partic à cau^e de l’obeif-fancc imparfaite, qu’ils rendent à Dieu par l'Ef-prit de lefus Chrift.Mais la parole de Dieu, nous enfeigne tout lecontraire, corne nous vous auos prouué plufieurs fois.,amp; corne vo’lepouuez voir encore par ce que nous vous en ramenteuons en nosrefpôfes;amp; fur tout par ce qu’éefcrit M.deBe zc.Pourlequatiiefme voltre opiniti 1cmble bié e-ftre probable amp;nbsp;icceuable,pource qu’elle ellcou uerte d’vn beau manque,quand vous dites^q vous voulez tenir tout voltre làlut de la milcricorde de Dieu par lefus Chiift voltre entier amp;nbsp;feulSau ueur. Et comment donc pretendez-vous d’eftre
intro-
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Theol®gie:lcquel exclud des caufcs de noftre iu-ftificationamp; falut,toutes fortes d’œuuresj pour cftablir Ja feule grace amp;nbsp;mifericorde de Dieu gt;nbsp;amp;nbsp;Ja feule obéifsäce amp;iuftice tresparfaite de noftre Âflm.î.4. Seigneur lefus Chrift, JaquelJenouseft imputée î-ii. Gai. gratuitement par Jafoy, que nous auonsenluy-
Voila Jes raifons pour JelqueJles ie confelfe que voftre opinion n’eft pas fans quelque apparence de probabilité. Maisfcomme on dit en commun prouerbc)tout cequi reluit n’eft pas or. Sachez donc que quoy que voftre opinion foit fpecieufe amp;nbsp;vray femblable,pour les raifons que delfusjelle eft neantmoins erronee,amp; tous ceux qui la maintiennent font vrayement en erreur,ce qui vous fe rafort aifédecognoiftrepar la conference devo-ftredite opinion auec les raifons amp;nbsp;tefmoignages expres de la parole de Dieu,q'ui vous ont efté mis en auant tant amp;nbsp;tant de fois en nos conferences,
efquelles voftre erreur vous a efté mis deuant les yeux,amp; enauez eftéconueincu fuffisâment,quoy que l’ayez toujours nié : amp;nbsp;à toutes les raifons qu’auez peu mettre en auant,il a efté bien amp;nbsp;pertinemment refpondu, amp;nbsp;quât aux paifages de l’Ef criturc que vous alleguez,il vous a efté monftré clairement,qu’ils font pluftoft contre voftre opinion,que pour la confirmation d’-celle,quand ils font bien amp;nbsp;fainement interprétez amp;nbsp;entendus fe Ion l’analogie delà foy par les autres pafl'ages de l’Efcriture: comme de fait vous en pouuez auoit bonne fouuenance. Qiie fi tant eft que l’ayez ou-bliéjvous en pourrez rafraifehir voftre mémoire par ce que Monfieur Couet en ramentoit amplement
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Klent amp;nbsp;au vray,tout au commencement de fa ref ponfe,en la deicription qu’il fait des procedures, qui ont eftétenues en vollre endroit,amp; mefme ce que ie vous ay peu represcter en ce preset efcrit, vous y pourra (eruir. Mais fur tout vous le pourrez cognoiftre par la refponfe queMonficiir de Bc ze fait à l’efcrit du cercle , lequel vous aduouez pour voftreicar voftre erreur eft celui mefme qui eft contenu audit efcrit ; quoy que vous ayez protefté fouuent,non feulementen ma prefence, mais auflIdeuantMeflîeurs les quatre Pafteurs, de celle ville,que vous ne voudriez pour riéauoir fbubfcrit à cell efcrit. Quand donc vous aurez bien conféré vollre opinion auec toutes ces cho-fes,amp; diligemment confideré le tout , c’cll fans doute,que vousmefmes iugerez ce qui vous a Ibu uentellé dit,que vous elles en erreur. Que fi Dieu vous fait cefte grace de le pouuoir bien co-gnoillre,commeieledefire de grande affeôlion, vous apperceurez tant plus facilement ce que i’ay délibéré de vous faire voir amp;nbsp;comprendre: lauoir eft,combicn vollre erreur efk pernicieux amp;nbsp;dam-nable,veu mefmemcnt que vous requérez cela de nous. le vous prie donc au nom de Dieu de bien confiderer , amp;nbsp;pefer les raifons que ie metsenauant, pour vous faire voir à l’œil amp;nbsp;toucher au doigt,que voftre dit erreur eft tel.
Quand il n’y auroit autre raifon pour le condamner, que celle que deuez auoir iacomprife, fauoir eft,qu’il eft contraire manifeftemenrà l’analogie de la foy,c’eft àdire,à toute la parole de
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Dieu,ce feroit bien aiTcz.Cars’il eft ainfi(comme il eft)que la doftrine qui fe rapporte aux principes amp;nbsp;fondcmens de la Religion Chreftiene,con tenus és Sainftes Efcritures,cft feule vraye, bonne,fainôle,amp; falutairejl s'enfuit par le contraire, que toute doôtrine qui contreuient àiceux, cft fau(re,pernicieufe amp;nbsp;damnable. Mais il y a d’a-uantage,c’ell que celle voflre doélrine derogue manifellemcntà la gloire de la grace de Dieu, pour glorifier l’homme. Item elle fait iniure a laparfaireiuftice de Dieu. Item elle amoindrit amp;nbsp;auile le merite delobeiflance tresparfaite que lefus C brilla rendue en fa petfonne à Dieu fon Pereiufqucsàla mort de la croix,amp; puis elle téd à faper ôtrenuerferles fondemens de noftre fa-lut,pour troubler la paix amp;nbsp;repos de nos confeien ces,amp;nous ietter en defefpoir.Finalement elle tire apres foy plufieurs autres erreurs amp;nbsp;abfurdités pleines d’impieté, auec la deprauation Si renuer-lement de plufieurs palTages de l’Efcriture. le croybien que vous,amp; tous ceux qui maintiennent celle opinion,ne le penfent pas ainfi: mais cela ne lailTepasd’eftre vray potirtât.Que fi vous demandez, comment tout cela.’ic fuis content dé vous en faire quelque familière demonflration article par article,le plus briefuement amp;fommai-rement qu’il me fera polTiblc, quoy que vous le pouuezou deuezauouquot; compris parles choies qui vous en ont ellé dites de boucheamp; ramentues par eferit.
Commentd'inc eft -ce que ceil erreur derogue à la gloire de la grace amp;nbsp;mifericorde de Dieu, pour
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pour attribuer aux hommes pour le moins vne partie de la gloire de leurfalut? Confiderezic Vous prie que tout ainfi que l’homme s’eft perdu amp;nbsp;ruiné tout feuLainh Dieu l’a voulu reftaurer amp;nbsp;fauuer tout fcuhfuiuant ce que dit le Prophete ^(ee'.lfraeltaperdtitoneïidetoy^mnióton faint efl de noy. De là s’enfuit que comme toute la confu-fion de la perdition amp;nbsp;ruine de l’homme demeure fur luy,fans qu’il en puilTe ny doiue redonder la moindre partie du monde fur le Seigneur: ainfi pareillement toute la louage amp;nbsp;la gloire de noftre reftauration,reconciliation amp;nbsp;falut,appartient à Dieu feuljfans que l’homme s’en puill'c ny doiue ■ attribuer la moindre portiô que ce foit, c’eft pour i.cora.si quoy l’Apofire Sainét Paul apres auoir dit q Dieu i.Cor.io. nousabenisenChriftjclleusenluydeuantlafon *7. dation du monde,amp; predeftinés pour nous ado ^•7’«'». x» pteràfoy par lefus Chrift.felon le bon plaifirde fa volonté,adioufie , que c’eft à la louange de la gloire de fa grace. C’eft pourquoy il dit aufli au a.chapittc de la mefmc Epiftregt; now femmes fauués degrlice par lafoy: cela non point denoutflef nbsp;nbsp;9.
le don de ‘Dtew.non point par œuwes afin yue nul ne fie glorifie. Par cela vous voyez que l’homme fe doit defpouiller de toute gloire, pour attribuer toute la gloire de fou falut à Dieu feubqui nous fauue feul en fon fils lefus Chrift;non pointpar œuures de iuftice que nous ayons faitesrmais felon fa mi- , fericotde amp;nbsp;grace. Or eft - il que fi,felon vo- î ftre opinion,nous fommes fauués amp;nbsp;introduits au Royaume des cieux, non feulement en confi-deration amp;nbsp;à caufe de la iuftice tresparfaite que
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IcfusChrift a accomplie en fàpetfonne:mais aii/ÏÏ enconfidcratiô amp;nbsp;àcaufe des bonnes œuures que nous faifons apres noftre regeneration,pat lacon » dutte du Saintà Efprit,toute la gloire de noftre là lut ne fera pas deue à Dieu feuhmais en reuicndra quelque portion à l’homme. Car quoy qu’il en foitDieu faitrelkmcnt les bones œuures en nous parƒon Elprit,apres nous auoir régénérés amp;nbsp;fan-éèihés par icelui,quc cependant, il ne les fait pas fans nousimais fe fertde nous comme d’inftru-mens pour les faire. C’eft pourquoy elles ne font pas appelées en rEfci itureJes bonnes œuures de Dieu,ou de lefus Chtift.ou de fon Sainét Efprit : combien que tout ce qu’il y a de bon amp;nbsp;plaifantà Dieu,procédé de luy ieuhmais fontap pcleesnos œuurcs,pource qu’à la vérité nous les faifons par la conduite «Sc par la grace du Sainél Efprit. Que fi vous dites là delfus, que vous ne prétendez vous en attribuer aucune gloire ny louange,mais à Dieu feul, qui les fait en vous **'*8.10 pat fa graceiie vousrefpon qne ce Phariûen dont parle lefus Chrift,en difoit de bouche tout autant. Car il ne s’attribue pas la louange de faire les bônes œuures qu’il met en auant,tout feul, fans la grace dcDieuttnais recognoift que ce qu’il eft plus homme de bien que ce Peager qui eftoit Ià,procededelagracedeDieu:dont il le loue amp;nbsp;temercie,quand il dit:O Dteu te te rengraces,!jue te ne fuüpoint comme le refle des hommes lt;jui font rautf feitrs,iniui1es,adultefes:nymefint auift comme ce pea-ger-.te ieune deux fois la fepmaine. ie donne la dtfne de tout ce ^ue iepojfede. Certes il femblc bien en pat lant
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laut ainfigt;qu’il donne à Dieu la gloire qui luy eft deue,cependant lefus Chrift monftre bien puis apres qu'il rendoit tellement gracesamp; louanges à Dieu pour fes bonnes œuures,qu’il s’attribuoit vne partie de la gloirezcar apres auoir dit que le Peager,qui s’eftoit humilié,s’en retourna plus iu-(iifiécn famaifon que IcPharifien, ilconclud ce propos par vne fentcnce notable,difant que,quiconque s’efleue fera abai(ré;amp; qui s’abaiflè fera cfleuc. Signifiant par cela que ce Pharifien ne laifToit pas de s’cilcuer amp;nbsp;s'attribuer quelque par tie de la gloire,quoy qu'il recognuftque fes bonnes œuures procedoient de DieUjamp; luy en rédift graces. Vous voyez donc que quiconque met les œuures en auant pour eftre iuftifié,quoy qu'il recognoilFequ'elles procèdent de Dieu, amp;nbsp;luy en rende graces, s'efleue neantmoins ,amp; def-pouille Dieu de la gloire qui luy appartient pour fe l’attribuer. Ce qui eft vn facrilege dete-ftable.
Que fi vous demandez puisapres.comment l’et reur,qui eft en voftre opinion, derogue pareillement à la parfatie iuftice de Dieu, le tafcher iy de vous le faire entendre. Ce qui fera bien aifé, fi vous confiderez diligemmentlaiuftice de Dieu, non point telle que nous la pouuôs imaginer, ou conceuoir nousmcfmesimais telle qu’elle eft en lby;fauoir eft,trefentiere,trelparfaite,amp; trefexa-âe,amp;qui par confequent ne peuft eftre contentée ny fatisfaite d'aucunes œuures humaines, quelques iuftes qu'elles puiflènt eftre, non pas mcfmes de la iuftice des Anges : lefquels ne fe
-ocr page 80-8o Jtemonßrance Clireßiene trouueront pas afltz purs ny entiers en fa prefen-ce,fi leur pureté amp;nbsp;intégrité vientàeftre examinee à celle regle trefparfaite d; la iullicc deDieugt; /pt 4.18 corne cela nous eft enfeigné au liure de lob. N’eft ce point donc deroguer à la perfedion de cefte iuilice de Dieu,quand l’homme eft fi hardi amp;pre-fomptueux d’oftr faire eftat de la iuftice de fcs œu urcs,pour tenir quelque place de payemcntamp; fa-tisfaclinn à la iufticedc L)ieu?de fes ceuures di-ie,dont les plus luftcs (é trouueront, non feulement imparfaites , mais fouillées amp;nbsp;impures en beaucoup de fortes?amp; n’eft point ici queftiô d’al-leguer la vieille chanfon,que ce font les œuures de lefus Chrift,que vous luy prefentez,amp; nô pas les voftrcs,d’autant qu’il les fait en vous. Car il vous a efté monftrc amp;nbsp;prouué plufieurs fois, que les œuures des plus régénérés font fouillées en beaucoup de fortes par les reliques de la chair. D’auantage s’ileft ainfi (comme il eftlque Dieu fe tient pour content amp;nbsp;fatisfait de i’obeiftance tresparhiite amp;nbsp;tres accomplie de fon fils lefus Chrift,pour l’expiation de tous nos péchés, amp;nbsp;pour l’entier accomplilTement de la loy , qu’il requeroit de nous ; n’eft-ce point faite tort à fa iuftice, d’eftimer qu’il requiere encore quelque choie de nous, pour eftre iuftifiés deuant luy, pour eftre reconciliés auec luy , amp;nbsp;introduits en la vie eternelle , que lefus Chrift nous a acquife au pris de fon fang ? Certes c’eft faire Dieu iniufte , comme voulant eftre payé deux fois d’vne mefme dette. 11 veut bien amp;nbsp;commande que nous cheminions en bonnes œuures.
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Oîuures, qu’il a préparées , afin que par icelles i.p/e.i.nZ nous le glorifions en celle vie, édifions nos pro-chains, amp;nbsp;rendions ferme nollre vocation : mais ’•^«•1.10. non pas afin que ces œuures tiennent lieu de eau fe en fon iugemét pour obtenir falut. Voila pour le lecondivenons maintenant au troifiefme.
Si vous demandez comment voftre erreur amoindrit amp;nbsp;auile le benefice de la mort amp;nbsp;paillon de lefus Chrift, ou le merite des chofes qu’il a faites amp;nbsp;fouffertes pour nous, vous le co-gnoiftrez aulîî facilement,fi vous confiderez les poinéls qui s’enfuiuent. Premièrement que le-fus Chrill eft nollre feul lefus, c’efl à dire, fauueur amp;nbsp;Libérateur ; qu’il n’y a point de falut en aucun autre , ni d’autre nom foubs le ciel qui foit donné aux hommes par lequel il nous faille eftre fauués : que c’cll luy feul, amp;nbsp;non autre, qui cil appelé nollre propitiation ou appointementpour nos péchés : nollre ran-çon, le propitiatoire que Dieu a ordonné de tout temps: nollre fapience, iullification, fanéli- Âom.3. fication Sc redemption. Bref que c’ell luy feul, ^4. qui a porté nos péchés fur le bois: qui a char- **^*’’'*’ gé nos langueurs amp;nbsp;porté nos douleurs : a ellé j nauré pour nos forfaits , Sc froilfé pour nos i- 14. niqdités: auquel a ellé impofée Tarnende ou la correélion qui nous apporte la paix: amp;par la meurtrilTeure duquel nous auons guerifon : ff.-ternel ayant fait venir fur luy l’iniquité de nous tous, amp;c. Que c’ell luy feul, qui a cflé fait malediétion, pour nous racheter de la male-didion de la loy. Et puis il faut confiderer G«Z.3.y.
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Phil que le merite de lefus Chrift confifte en I’obeif-’ ’ ’quot;*• fance qu'il a rendue à Dieu fon Pere iufques à la mort de la croix: e'eft à direjque cefte obeilFance comprend en fomme , tout cc que lefus Clirift a fait pour nous , comme noHre Mediateur ac-' compliilant laloy pour nous deliuer de l'obligation de malediólion eternelle , qui nous tenoit liés pour ne la pouuoir accomplir, fuiuant cefte 17. fentence: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;audit efl ijuiconi/ue ne fera perma-
nent en toutej let chefes ^utfont eferttes au hure de la æ' lay pour les jaire ; Et fouffrant en fon corps amp;nbsp;en fon ame toutes les peines deues à nos peebésj afin de nous defeharger , amp;nbsp;deliurer de la mort éternelle, que nous auions méritée par iceux. Finalement il faut tenir pour tout refolu, que cefte obeiflànce, que lefus Chrift a rendue à Dieu fon Pere, eft fi parfaitement fuffifante pour nous iuftificr amp;nbsp;reconciler auecques liiy, //». 7.x$. comme tefmoigne TApoftre, difant, c^utlpeut fauuer à plein ceux ynt s’approchent de^ Die» par luy, c’eftàdire, les deliurer plcinément de la mort, amp;nbsp;leur acquérir la vie éternelle, qu’on ne fauroit adioufter au merite de cefte obeiP-fance parfaite, tant foit peu, fans impiété manifefte. Que fi tous ces poinéfs que ie vous prie de confiderer , font véritables (comme ils font ) il eft tout clair, que voftre erreur fait vn tort amp;nbsp;outrage plus grand, qu’on ne fauroit exprimer, à lefus Chrift amp;nbsp;au merite de ce qu’il a fait amp;nbsp;fouftert pour nous. Car s’il faut que les bonnes œuvres concurrent amp;nbsp;foyent
coBioin-
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coniointes auec foh merite , poür eftte iuftj* fiésamp; reconciliés auec Dieu, c’eft adiré,pouf eftre fauués amp;nbsp;mis en poiFeflion de la vie e-ternelle, il s’enfuiura que lefus Chrift ne fera pas feul noftre fauueur, mais que nousluy ferons adioints pour compagnons. 11 s’enfuiura que le merite de fon obeilïâncc ne fera point parfait en luy, mais prendra de nous fa per-feéfion amp;nbsp;fon accomplilïèment. Item, le merite des œuures fera eftabliamp; conjoint auec le merite de lefus Chtift, quoy que vous ayez dit fouuent que vous ne prétendez point eftablir de merite. 11 s’enfuiura auili que la mort des fideles* leurs affliéfions amp;nbsp;foufFrances tiendront lieu de caufe au myftere de nollre falut auec les fouffran ces amp;nbsp;la mort de lefus Chrift. Bref il faudra re-; tourner au Royaume de l’Antechrift, pour faire vnmellinge du fang des martyrs auec le fang de lefus Chrift, amp;en faire vnthr-eforde l’E-glife, ôc aduouet les Bulles amp;nbsp;Pardons du Pape , qui font fondes là defliis. Toutes lef-quelles chofes font des facrileges amp;nbsp;impiétés a-bominables. Cependâttout cclas’éfuitde voftre erreur, par lequel vous mettez les œuures que lefus Chriftfaiten nous auec l’obeilFance que le fus Chrift a redue en fapetfonneà Dieu fon Pere, amp;nbsp;voulez eftre introduit au Royaume des deux, non feulement par l’obeilFance qu’il a rendue en fa perfonne : mais aulîi par celle qu’il fait en vous, c’eftàdire, par vos bonnei œuures,par vos affligions,tribulaciôsamp; fouffran tes ; comme fi celles de lefus Chrift n’eftoyent
f %
-ocr page 84-^4 Jtemonßrance chreßiene fuffifantes. 11 cft vray que lts bonnes œuurcs que Dieu a préparées, afin que nous chemi-nions en icelles , font le chemin pour parue-nir à la félicité éternelle, il eft vray aufli, que les affliâions Sc fouffrances font le chemin difficile ôc la porte eftroitte, par où il nous faut en-trerenla vie amp;nbsp;falut eternel.- mais c'efl: autre chofe, dedire, que les bonnesccuurcs amp;nbsp;fouf-»• Frances font la voye amp;nbsp;la porte peur paruenir amp;nbsp;entrer au Royaume des cieux: amp;nbsp;autre chofe, de dire, qu’elles en fontlacaufe auec celles de le-fusChrift,comme vous maintenez enlcsmcttat en vn mefme rcng.Dont s’enfùiuent tous les blaf phemes amp;nbsp;impiétés fus-mentionnees.
Et de cetroifiefmepoinél: s’enfuit le quatrief-me:tellcmct que par voffre ci reur les fondemens de nollrc falut, font entièrement rtnuerfés , les confciences des fideles troublées amp;nbsp;inquiétées, amp;nbsp;folicitecs à defcQioir. Car quelle peut eftre la paix amp;nbsp;repos de nos confciences , fi elles ne font fermement appuyées fur ce fondement ici : Que Dieu ne nous eft plus ennemi à caufe de nos péchés,amp;; que nous ne fômes plus fubieéts à la male dicliôde laloy.mais qu’il eft appaiféenuers nous par la fatisfadion tref entière de fonfilslefiis Chrift, c’eft à dire, par le facrifice de fon corps, Su’il a offert en la croix pour tous nos péchés.? a-n que nous eftans gratuitemét pardonnés pout l’amour d’iceluy, nous foyons deliurés de la condemnation de mort éternelle: amp;nbsp;par l’accomplif-fement de toute la Loy: afin que la perfedion de fon obeiflànce amp;nbsp;iuftice nous eftant gratuitement
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ment imputée par foy, nous puiffions comparoir deuant le throne iudicial de Dieu: nop point comme pécheurs, tels que nous fommes en nous-mcfmes : mais commeiuftes amp;irrepre-hcnfibles en fon bien aymé : amp;nbsp;obtenir en vertu decefte iuftice de lefus Chrift, la vieeternel-le.’Certes c’eft l’vnique fondement de noftre faille,compris en ces lentences de l’Apoftre : Qi^e 218.4.1^. Chrifl a eflè burépownos iniquités, ty rejfufcitipour no^re iufltfic/itioAtem c[\iepar l’obeiffancedeluyfeul nom fommes rendus iufles. C’eft la vraye paix amp;nbsp;repos de nos confciences , que nous foyons bien perfuadés de la remiffion gratuite de tous noS péchés au fang de lefus Chrift, amp;nbsp;de l’imputation auffi gratuite de fa iuftice tref parfaitte. Et Ram. 4,6. de fait, c’eft ce que l’Apoftre dec\ite, t]u eflans tu* JXom, 5. i. fltp'espar foy noM attons paix enueri Dieu^ Bref ce cft noftre feule cfpcrance, que nos péchés ne nous feront point iraputés:mais que nous ferons couuertSjiion point de noftre iuftice,mais de celle de noftre frété aifné lefus Chrift,afin qu’eftans recognus pour enfans de Dieu , nous foyons mis enpolfeffion de l’heritage celefte, pour eftree-ternellement bien-heureux. Que fi ce fondement eftant renuerfé , nous mettons au lieu dé cela,tant foitpeu,noftre iuftificatioihrcconciliar tiôamp;falut en quelque iuftice d’œuures faites ert nous,nosconfciences ne feront iamais en vraye paix amp;nbsp;repos ,amp;au lieud’vne ferme efperance, ne trouuerons que matière de defefpoir:amp; ce à caufe de la trop grande imperfedion qui eft es meilleures œuures, qui fe pourront trouuer en
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nous quelques régénérés amp;nbsp;fandifiés que nous {niiflips eftre,voire quad elles feront examinees à a regle exade de la iuftice de Dieu. Joint que toutes nosiuftices ne feront pour rien conrecs au Jugement de Dicu.ores qu'elles feroyent les plus entières qu’on fauroit faire,fi nous venös à tranf XXsih.ii. greffer le moindre point de la Loy de Dieu ; amp;nbsp;fi nousfaillons en vn feul poind de la Loy , nous fommescoulpables de tous.
itq. t.io. Vous voyez par combien de raifons graues amp;nbsp;ferieufes vousdeuez recognoiftre voftre erreur pftre tref-pernicieux amp;nbsp;damnable. Mais ce n’elt pas encores tout.Car entre les horribles blafphe ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mes amp;impietcz’qui s’en enfuiuent, comme iç
pen fe vous auoit fait voir, iltire apres foy vne infinité d’autres erreurs amp;nbsp;abfurditcz contraires à l'analogie de la foy, auec la corruption amp;ren-uerfement de plufieurs palfages de l’Efcriture fainde : de quoy on ne fauroit produire teftnoi-gnage plus clair amp;
plus euident, que l efcritdu
cercle que vousauez fait imprimer en voftre no, amp;nbsp;tout le refte de vos libelles.Car ne fôt ce point erreurs amp;nbsp;abfurditez eftranges de dire,que les fideles régénérés par l’Efprit de Dieu ne pechent plus.’ Item que leurs bonnes oEuures font parfaites pures amp;nbsp;faindes, amp;nbsp;qu’elles pourront fouftenir le Jugement de DieuîJtem que l'imputation de la iuftice de Chrift ( en laquelle néant-moins gift toute l’elperance de noftre falut ) eft vne fidion de droid, inuentee par les hommes ' depuis ƒ o. ans ? Item que le mot def imputer J fi* gnifiedonner, cpnter, deliurerrcalementamp;de fai?
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feit: dont s’enfuiiira que Dieu imputant les péchés aux hommes , les leur donnera reale-menc amp;nbsp;de fait, amp;nbsp;en fera l’autheur ? C erres c'cft vn blafpheme horrible amp;nbsp;deteOable à tous Chreftiens. Or cependant telles doctrines, amp;nbsp;autres que /omets, font contenues en ce bel ef-crit du cercle.
D’auantage n’eft ce point vn erreur amp;nbsp;abfur-dité mcrueilleufe,que vous mettez en voftre declaration amp;nbsp;confeflîon,quâd vous dites que tout ainfi que tous les enfans d’vn Pere, heritiers d’i-cckii ne paruiennent pas tous à la iouilFance de l’héritage: ains aucuns en font priués pour leur rebellion:^ les autres en iouilTent pource qu'ils ont efté permancs en obeillânce à leur Pere: Auf fl tous ceux qui font deliurés de la maledidio de la loy,de l’obligation de mort eternelle,de la fer-uitude du diable.recociliés à Dieu, faits heritiers par efperance de la vie eternelle,affranchis depe ehe amp;nbsp;faits ferfs à iufticc,cftans introdilis en l’E-glife vniuerfellemilitanteen ce mode, portans la marq amp;nbsp;liuree du fouuerain capitaine amp;Sauueur ayans la foy,le talét fpirituel, obeiifans à Dieu amp;nbsp;faits pricipâs duS.Efprit,n’étrerôt pas toutesfois tous en la polfeffio de la vie eternelle tains aucûs en feront fruflrcs,pour n’auoirpasperfeueré iuf-qu’à la fin,amp;c?Certes c’eft vn erreur tref-abfurde amp;nbsp;pernicieux cotre la vérité de l’Euâgile touchât reledióeternelle.Carc’eft autâtçôme fi vous di-fiez qu’aucûs de ceux q Dieu a clïeuz amp;nbsp;pdeftinés à falut,adoptés pour fes enfâs amp;nbsp;vrayemet dônes à fot) fils,ne ferôt point fauués, mais perirot. Qui f 4
-ocr page 88-S8 Jlemonßrance Chreftiene
çft vne propofition tres-faullc,contraire à toute la parole de Dieu,qui nous enieigne , qu’rl faut que le propos arrclté félon l’cleäion de DieUjde-meure: amp;nbsp;que ceux que le Pere a vne fois donnes 6.37. au hlsjue feront point ictrés hors.Mais comment eft-ce que celle doôlrine conuient auec celle qui cft contenue en ce bel eferit du cercje.là où il eft dit,que l’homme régénéré ne peche plustCar encores que ces deux doctrines foyent totalement £auires,ilcil-ce qu’elles fe dellruifent l’vne l’autre.Car fl ceux qui font enfans de Dieu , deliurés de la malediction de laloy amp;nbsp;delà condemnation de mort eternelle, amp;c. c’elt à dire, eleuz de Dieu amp;nbsp;régénérés de fon S.Efprit, ne font fauués, il fc enfuit qu’ils pechct.D’autre part s’il eft vray que ils ne pèchent point,il s’enfuit qu’ils ne périront pointicar c’elt le péché, qui eft caufe delà perdition des hommes.Kegardcz donc d’accorder ces chofes.
D’auâtage vous corrompez amp;nbsp;peruertiftez par faulics gloles,le vray fens de tous les pallàges de l’efcriture que vous alléguez, pour vous confer-mer enccfterrcur,amp; faites vous-mefmes la faute 'dontnous acculezfaull’emsiit quand vous dites que nous glofbs la parole de Dieu amp;nbsp;appelez glo fes humaines les fainéles amp;nbsp;orthodoxes interpretations que nous donnons à la parole de Dieupar la parole de Dieu mcfmc,c’eft a dire, la Prophetie qui eft félon l’analogie de la foy. Que fi vous demandez quels font les pallàges peruertis amp;nbsp;corrompus par vos glofésiil fervit long de les fpe cifiertous; parquoyieme contenteraypour le faire
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faire court de quelque petit nombre d’iceux pour exemple. Premièrement vous donnez vne fauf-feexpofition à tous les paflàges des Sainôles EP-criturcsjcfquels il eft fait mention de loyer, falai-re,rétribution, amp;nbsp;rccompenfe, pour prouuer le pris,valeur amp;nbsp;dignité des bonnes œuuresjcommc fl la vie cternelle eftoit le falaire luftement deuamp; meritoirement rétribué aux bônes œuurcs,com-me trente fix bats ou quatre francs à vn velouticr pour auoir fait trois aulnes de velours,ainfi que vous parlez. Cependant le vray fens de toutes telles fentences eft,que Dieu donnera de fa pure grace amp;nbsp;liberalitéjl’heritagc celefte(qui eft appe lé d’vne façon humaine,loyeramp; retribution)à lés enfans qui auront fait bonnes œuures,non pour l'amour amp;: à caufe d’icelles,maispour l’amour de fou Fils lies ayant aimés, efleus amp;nbsp;adoptés en ice-lui deuant la creation du monde.C’eft ainfi qu’il faut entendre tout ce qui en eft dit par les Do-éfeurs Anciens,qui ont interprété l’Eferiture felon l’analogie de la foy. Comme aulli la vie e* ternelle eft appelee par IefusChrift,non pas vn fa 34. laire de mercenaires,mais vn heritage d’enfans: quand il ditjJ!^enezles benùde ino'Tere, pofTedez.
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,25 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4 / nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n' J / nbsp;,
en herUAge le Koyaurne efutvow a ejte apprejte des la ” fondation du monde. D’auantage vous peruertiiTez aufîi par vne faillie gJofe ce paflage .• Car l’ay eu faim, voM rnauez donne a manger cze.entaiit que vous prenez ces paroles de lefus Chrift, comme fi les bonnes œuures eftoient la caufe de noftrc fa lut:amp; comme fi par icelles nous auions acquis, dciérui amp;nbsp;saigné ceft heritage amp;nbsp;Royaume ce-
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lefte.Mais l’intécion de lefusChrifl; n’eft pas telle' car cela ne s’accorderoit pas auec ce qu’d auoit ditauparauant. que ce Royaume fe dottpojfeder en heritage,^ ijutl a e/li appreflédes la fondaiio du monde, Que veut donc dire lefus Chrift?Queceft heritage eft vn don gratuit,que le Pere celefte dó ne à ces enfans,non pource qu’ils Payent merite par leurs bonnes œuurcs:mais pource qu’ils ont efté fes vrais enfans amp;nbsp;membre de fon Fils par la foy,côme i's fôt recognus pour tels par les fruufts amp;nbsp;tcfmoignagcs, qu’ils en ont produit par leurs bonnes œuures. C’eft ainfi qu’il faut entendre Ar4it. 1« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mefmc Ie(usChrift,pour le regard de
ï7. fes fideles amp;nbsp;membres-.fauoir eft, que Dteu leur rendra felon leurs œuures'.amp;c pour le regard des mef-chans amp;nbsp;infideles,il eft certain qu’il leur fera rendu,non feulement félon les tefmoignages de leur infidélité,qui font leurs mefehâtes Ccuures, mais auffi à caufe d’icelles. Item vous corrompez ce qui eft dit par le Prophete Efaie: Que toutes nos lu fitees font comme le drapeau fouillé de la femme, amp;C. quand vous dites qu’ilii’eft pas là parlé des bonnes œuures des rcgenerés,amp; nous appelez aueu-gles,beftos,amp;ignorans en ce que ne pouuons voit a voftre aduis (i clairement que vous, amp;combien que vous ne facieznon plus d’eftirpe de ce grand amp;nbsp;fidele feruiteur de Dieu Monfieur Caluin de tresheureufemémoire, que du moindre de vos difciples, vous produifez neantmoins fon autho-ritecontrenous,fut^interpretation dece paffa-getcomme s’ildifoit auec vous, qu’il n’eft point là parlé des bonnes œuures faites par l’homme régénéré
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generc:mais il ne parle pas ainfi, car il ditbiéque l’intentió duProphetç n’eft pas là de réfuter le me rite des bonnes œuuresxomme ileft vray, mais cependant il le peuft recucilir de ce palfage, que les meilleures œuures des plus (amôîs, ne font en elles mefmes que puanscur deuant Dieu;amp; pour?, tant aufli M.Caluin afferme ce qui cft vray^que le Prophete auectous les autres fideles exilés accom parent amp;nbsp;euxamp; toutes leurs iurticcs àvn drapeau fouillé : amp;nbsp;pourtant les exhorte le Prophete à la cenfe/Iion de leurs fautes, amp;nbsp;à vne droite rcco-gnoiflàncezqu’ils fontchaftiés amp;nbsp;punis iuftement du Seigneur,amp; au refte fi Monfieur Caluin difoit auec vous(commevous luy impofésjquc le Prophete ne parle point là des bonnes œuures desre gencrés,ion interpretation ne feroit pas rcccua-ble:car elle feroit condamnée par le texte mefine, qui monftre cuidemment,que ce mot deftuflicet) ne fignifie pas feulement les œuures de quelques profanes He hypocrites,qui eftoient au milieu de ce peuple, amp;nbsp;qui auoient prouoqué le Seigneur à courroux: mais comprend aufli les meilleures œu ures,que les fideles régénérés puifTent faire. Ce qui fe peuft prouuer,non feulement par ce qu’elles lot appelées pluftoft iuftices,qu’œuures ; mais par ce que le Prophete fe met luymefmes du nom bre ,difant,Tmes no/ tnfltces amp;c. Item par ce qu’il n’excepte aucunes œuures,quand il dit,To« tts. Finalement parce que luy amp;nbsp;les autres fideles appelent tout incontinent apres Dieu leur Pe-re:monftrans par ccla,qu’ils fententle tefmoigna gc du Sainél Eiprit,qui les fait crier Abba, Pere,
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amp; par confequenCjqu’ils font régénérés- Sinon que vueilliez dire (ce que ie ne penfe)que le Pro-phetefuft quelque hypocrite fedifant enfant de Dieu amp;nbsp;ne feftant point à la vérité, amp;nbsp;d’autant que vous efcarmouchicz au commencement fi fort,quand nousdifionsauec le Prophete, que toutes nos iufitces Jont comme le drapeau foHillé,amp;i.c.ï t plus ne moins que fi nous euffions pronocé quel que blafpheme contre Dieu,c’eft à dire contre les bonnes œuures (delquelles ceux-là font comme leur Dieu qui veulent eftre fauués,par icelles ) ie repetetay ce qui vous en aefté dit fouuent: c’eft que nous ne voulons dire par cela que le Saind Efpritfacegt;quantàluy, quelque chofe fouillée: car ce feroit vn blafphemezmais bien que fon œu ureeft fouillée par nous,qui fommes tellement régénérés amp;nbsp;fandifiés,que ce n’eft pas parfaitement,mais en partie feulement. Par ainfi la fouib Icure de nos œuures ne procédé pas du Sainél Ef prif.mais des reliques de noflre chair. Item ce que nous difons auecI’Efptit de Dieu , que nos meilleures œuures font fouillées deuant Dieu» n’eft pas que nous foyons ennemis des bonnes œuureSjComme vous nousimpofez; ce n’eft pas auffi afin de deftourner les hommes de s’adonner abonnes œuures,lefquelles eftans faites en foy, quelques imparfaites qu’elles foient,font neant-Âom.ii.1. moins,corne facrifices fainds amp;nbsp;plailàns à Dieu, mais nous mettons en auant cefte doétrine auec le Prophete,pour monlirer quelle peuft eftre la valeur iSc dignité des bonnes œuures, quand il eft queftion de comparoir au iugement de Dieu, amp;
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les mettreen ligne de copte, pour tenir place de paiement amp;nbsp;fatisfaôHon,amp; ce afinque les hommes ne mettent aucunement la fiance de leur fa-lut en icelles, quoy que nous les enfeignonspar la parole de Dieu, qu’ils ne doiuent efpercr d’e-ftre fauués finon qu’ils cheminent par le chemin des bones œuuresx’eft à dire qu’ils ne font point iuftifiés deuant Dieu par la foy, fi cefte foy n’eft viue amp;nbsp;vraye amp;nbsp;œuurante par charité. Voila quelque petit nombre de paiîages que ie mets en auant,pour exemple de ce que i’ay dit: que pour maintenir voltrc errcur,il eft necellàire que vou» en corrompiez plufieurs. l’en omets beaucoup d’autres à caufe de brieueté, amp;nbsp;notamment ceux qui font entièrement peruertis en l’cfcrit du cer-cle:comme Monfieur de Beze vous fait voir par fa rcfpôfe,outre ce qui vous en a eftédit fouuent par nous.
Vous pouuez donc cognoiftre par toutes ces raifons,amp; plufieurs autres, qu’on pourroit alle« guer,combien eft pernicieux amp;nbsp;damnable voftre erreur, puis qu’il tend à fruftrer le Seigneur de l’honneur amp;nbsp;de la gloire de fa grace:puis qu’il de rogueàlaperfeûion de faiufticeipuis qu’il depri me amp;nbsp;auile le benefice de Icfus Chrift amp;nbsp;lemeri-tedefonobeillànceparfaite: puis qu’ilrtnucrfc lesfondemensdenoftre falut: puisqu’il trouble lesconfciences des fideles en ce qui eft de leur vraye paix,repos amp;nbsp;efperance : puis qu’il tire a-pres foy tant d’autres erreurs amp;nbsp;abfurdités ; amp;nbsp;fi-nalemct puis qu’il ne peuft eft te maintenu fans de praucr amp;nbsp;peruertis vue infinité de fencences des
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Sainiftes Efcritiircs.
Certes ce ne font pas petites fautes , comme vous iugerez vousmefmcSjfi Dieu vous fait lagra ce de deïîîller les yeux devoftre entcdemcnt par la clarté de fon Sainét Efprit, pour voir plus clair que n’auéz fait iufques à prelènt:amp; apperceiioit non feulement la grandeur amp;nbsp;énormité de ccft erreur , mais aulli plufieurs lourdes amp;nbsp;griefues fautes qu’auez comm.fes contre Dieu amp;nbsp;contre voftre prochain , à l’occafion amp;nbsp;en confequence de ce maudit erreur. Car comme vnabiime appelé vn autre abifmepar les rufes malicieufes de Satan,lesproceduies que vous auez tenues pour vous maintenir en voftre erreur, amp;nbsp;pour fuir de donner gloire à Dieu,ont efté accompagnées de tant de forfaits fcâdaleux amp;damnables,queccux aufquels Dieu a donné des yeux,apperçoiuent en vous vn manifefte iiigemét de Dieu, fur l’orgueil amp;nbsp;prefomption.dont Satan aueugle les hommes pour les perdre. Que fi vous demandez quelles font ces fautes amp;nbsp;forfaits , c’ell figne,ou, que les voyant, vous faites femblant de ne les voir pas, ou bien , que vous auez les yeux de l'entendement tellement bandez,qu'à la vérité vous ne les voyez point. Que fi celacft,il ne faut attendre de vous aucune vraye recognoillânce ny améde-ment, ny aucune conuerfion à Dieu,ny reconciliation auecl’Eglife. Car le commencement de tout cela, c’eft la vraye cognoilTance de nos fautes. Or c’eft à Dieu de la donner par l’illu-minationde fon Efprittcomme iele prie de tout mon coeur,qu’il vous la donne :mai$ c’eft le deuoir des
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des vrais amp;nbsp;fideles Paftcurs,de reprefenter amp;nbsp;faire fentir les fautes à ceux qui les ont commifes pour les gaigner à Dieu.
D’autant donc que vous auez autresfois tenu place de brebis en ce troupeau,que Dieu m’a cô-tnis,3c que vousmeGnesauec les autres , m’auez cflcuamp;reccu pour voftre Pafteur;amp; qui pluscit în’auez rendu tcfmoignage long temps apres,d’c lire fidele Miniftre de la parole de Dieu , comme vousmefmes confeflez par voftre difcours,icpen feroy* faillir à mon deuoir,amp; me fentiroy’ coulpa-ble de voftre perdition,fiie netafchoy’devous ra mener au troupeau du Souuerain Paftcur lefus Chriftjduqucl vous vous eftes feparé miferable-ment. Or donques puis qu’il faut commencer par vue droitecognoilfance de vos fautes,ie vous prie ne vous flattez point en vousmefmes à voftre propre perdition:mais ouurez les yeux pour les voir amp;nbsp;cognoiftre,carie vous prie n’eft ce point vne faute notable que vous fiftes tout d’entree, quand faifant ce qui n’eftoit de voftre vocation, vous alliez prefehant amp;nbsp;femant voftre doctrine touchant laiuftificaiion amp;falut par les oeuurcs, non feulemct entre vosdomeftiques amp;nbsp;ouutiers, mais aufli entre tous ceux que vous rencontriez, pour empoifonnet leurs âmes amp;nbsp;troubler leurs cô fcienceSjiSc pour faire fchifme en l’Eglife î Ne fiftes vous pas auffi vnegrande faute de dtferier ôc diffamer vos Pafteurs,amp; leur dodrine enueri les Amples amp;nbsp;ignorans, au lieu de les aduertir Comme Ancien amp;frere,fi vous y trouuiez quelque chofe à redire? Item n’eft-ce point faute
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Sc grand pêché de vous eflcuer à l’encontre d’eux» Jes iniuriant amp;nbsp;oiirragcant, amp;nbsp;les appelant Pre-ftres,Tyrans amp;nbsp;inquiliteurs d’Elpagne.qiiand Ce Ion l’ordre de la difcipline Chreftiene,5£ felon la regie de charitc»ils faifoient tont deuoir de vous remonftrer amp;nbsp;vous faire cognoiftre ce qui eftoit de voftre erreur amp;nbsp;de vos fautes,amp; Ie tout frater neliemenc amp;Chreftiencment?N’eft cc point aulTi vous grandement oublier, que d’attribuer le nom d’inquifition d’Efpagne à la difeipline Chreftie-nc,qui eft fi vtile amp;nbsp;necelEire pour le droit amp;nbsp;legitime gouuernement del’Eglife, que vousmef-mes auez efté le premier amp;nbsp;principal motif,pour nous la faire pratiquer en cefte Eglife’Ne penfeZ vous pas auoir failly non plus, quand apres auoir efté plufieurs fois fuffîfàmment conuemeu de vo ftre erreur par la parole de Dieu, non feulement en noftre Confifloire, mais aufli en la prefence de nos treshonorcs amp;reuerens frétés, les quatre Pafteurs de cefte cité,vous difiez par tout qu’on ne vous auoit iamais feu monftrer que fuffiezen erreur,tants’en fautqu’éeuflîezelle conueincu? N’eftimez vous point vouseftre grandement ou blié de démentir en cela, ôc vouloir faite tenir pour faux tefmoins , non feulement cinq ou fix perfonnages de noftre Confiftoire,tons gens de bien amp;nbsp;irréprochables,mais aufîînofdits tresho-norez amp;nbsp;reuerens frétés, qui l’ont par deux fois publiquementtefmoigné deuanttoute noftre E-glife,amp; deuant les Magnifiques amp;nbsp;treshonorés Magiftrats deceftecité? Maisn’eft-ce point vn crime plus detcftable encore »d’auoir nié pu-
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bliquemét en noftre afîemblce par plufienrs fois» amp;nbsp;me'^ines deuanc le Ma^illrat aucc atteftatiô du Sainôt nom de Dieu,que vous euuiez dit ce qui efloit teGnoigné par rant de gens de bien,amp; que vousmefmes auezdeijmis aduoucpar vos eferits imprimés? Eft ce peu de choie que de calomnier comme faux telmoins,ceux qui ne cerchoient q voftre falut,amp;: de prédre le nom de Dieu en vain? D’aiiantage n’acculez vous pas par ce moien d’in iuftice ou d ignorance les treshonoresSeigneurs, qui fur le tefmoignag -■ de Mclîituvs leur Pafteurs vous auoient condamné à recognoillrc voftre erreur en noftre Eglife Françoife,pour donner gloi re à Dieu, amp;nbsp;pour édifier ceux , qui auoient cfté feandalizéspar vousfOutre plus,ne pouuezvous voir la faute qu’auez faite quand vous auez taf-ché de nous rendre odieux enuers le peuple de ce fie ville,amp; l’efmouuoir contre nous , voire met-mes fufeirer le Magiftrat pour diffiper amp;nbsp;rompre noftre Eghfc, amp;nbsp;nous chalfcr hors de leur ville? Certes il n’a pas tenu à vous. Que G vous demandez quand amp;nbsp;comment? C’eft quand vous di fiez par tout que nous vous pcrfecutions,comme Tyrans amp;nbsp;Inquifiteurs d’Efpagne , pource que vous mainteniez la parole de Dieu amp;nbsp;la con-feffion de Balle : Item quand vous difiez contre Vérité, que vous eftiezbien d’accord auec les Pafteurs de Balle,miis non pas aucc les Pafteurs deTEglife Françoife,amp; que nous voulions planter finquifition à Balle : Item quand vous faifiez courir vos eferits par les zunfFes,cfquels vous iin poûcz aux miniftres François d'atteter beaucoup
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de chofes contre la liberté de la patrie,amp; fembla-bles chofes:qui tedoyent toutes à fedition. Telle mét que fi les magnifiques Seigneurs,citoyens amp;nbsp;bourgeois de cefte ville n’eufl'cnt eu qu’vne oreil le,pour ouir vos faufles aceufations , amp;nbsp;ne nous euîîènt teferué l’autre pour ouir nos iuftes defences par le tefmoignage de Meflieurs leurs Pafteurs , c’eft fans doute -qu’ils culfent con-demné les innocens amp;nbsp;nous eulfent chaifés : mais ils fe font moudrez plus fages, plus équitables, amp;nbsp;plus Chtediens,que vous ne les auiez edimes. Outre plus n’ed-cepas vne rebellion manifede contre les puilTances fuperieures, amp;nbsp;vn mefpris amp;nbsp;moquerie profane des Seigneuries ordonnées de Dieu,quand vous ayant edé enioint amp;nbsp;commandé, iufques à quatre fois, par vodre Ma-gidrat fouuerain, de venir recognoidre vodre erreur en nodre-dite Eglife, vous y edes venu fouuentcsfois pour faire tout le contraire, falloir ed, pour vous iudifier auec vne' façon braue, orgucilleufe, amp;nbsp;arrogante, démentant, non feulement les Fadeurs Sc Anciens de l’E-glife Françoife : maisauflî Meflieurs les reue-rens Fadeurs de l’Eglifc de Bafle , amp;nbsp;vous moc-quant de ceux qui vous auoyét fait ce commandement ? Item n’cd ce pas non feulement defo-beir auMagidrat, mais aufli le defpitcr amp;nbsp;fouler aux pieds fon authorité, quand apres auoit receu commandement exprès par iceluy de venir le lendemain recognoidrevodre erreur, a-uec exprelfe defence d’allct à la foire de Francfort , que n’eufliez fait laditte rccognoillànce, à peine
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peine d’encourir l’indignation de vos Seigneurs amp;d’ellréchalticîicetnauec defence de plus parler ni communiquer auec perfonne touchant vo-ftredtterreur : au lieu de vousmonftrer obeift fane à tout cela,voici ce que vous fiftes : c’eft que Vous partides des le iour mefme , pour aller à la foire de Francfort vous mocquant de vos fou-Uerains Seigneurs, amp;nbsp;de leurs comanderoens amp;nbsp;defences,enfemble de toute l’Eglifè Frâçoilè qui fullairemblee le lendemain extraordinairement par le commandement du Magiftrat, pour y eftre faite laditte rccognoiflancejcn la prcfence deM'* les quatre Fadeurs de cede cité, amp;nbsp;de quelques Seigneurs du Confeil députés ? Vous vous moc-quartes donc de tous ceux-là.
Et puis apres pour le comble de vo^ rebellions Sc mocqueries, au lieu d’obeir à la defence qui Vous auoit edé faite j de ne plus ferner vodre erreur, vous l’auez publié par tout par vos libelles furtiuement imprimés, Sc ne vous edes pas contenté d’expofer en iceux vodredit erreur: mais les auez farcis d’vne infinité de mente-ries, impodures amp;nbsp;calomnies auec des iniu-res amp;nbsp;outrages fi atroces, amp;nbsp;des malcdiidionS amp;nbsp;imprecations fi cflongnecs de la modedie-amp; charité Chrediene , que vous vous edes rendu detedable auec vos efcritSjnon feulement enuers ceux qui font profeffion de la Religion réformée, mais auffi mcfmes enuers lesennemis d'icelle,qui ont quelque fens raffis amp;nbsp;quelque humanité. lê diray d’auantage,qu’aucûs d’être ceux qui fe font xnôdrez,mefines enced alfairejes plusarfedionés
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Sc fauorablcs enuers vous, tant des citoyens amp;nbsp;bourgeois de ctftc ville J que de ceux de noftre Egülc Françoife , en font maintenant tous honteux amp;nbsp;confus. Car ne s’eftans peu perfuajer au-parauant,que fuffiez en l’erreur dót eft queftion, amp;nbsp;vous ayant eu en reputation amp;nbsp;eftime d’homme Chreftien amp;nbsp;craignant Dieu , ils fc voyenC maintenant trompés en tout cela : car ils apper-çoiuent en vos elcrits l'erreur qu’auez tant fou-uent nié contre le tcfmoignage de plufieurs gens de bien amp;nbsp;d’honneur, aucc plufieurs autres erreurs amp;nbsp;abfurdités qui l’accompagnent. Itemils ne voyent en vol-dits eferis amp;nbsp;procedures, que toutes chofes contraires à l’opinion qu’ils auoy-ent eue de vousitcllement que les vns difent, que tels eferis ne couiennentpas à vn homme de bon fens amp;nbsp;rallis,mais fentent vn efprit forcené, furieux amp;nbsp;frénétique : les autres difent, qu’ils ne voyét en cela vue feule goûte de pieté amp;nbsp;de moderation Chrefticne, mais vn cfprit turbulent amp;feditieux; les autres difent, que vous n’eftes point poulie du bon efpritde Dieu ; mais de l’el-prit d’orgueil amp;nbsp;de prefomption. Voila comment parlent quelques vns d’entre ceux-là mef-mes, qui vous ont efté 11 bon amis , pour les raifons que dcftiis. Et certes ic puis dire que ie eulTepeueftre trompé aufti, pour la bonne o-pinion que i’auoy de vous, fi ie n’eulfe veu ce quci’ay veu. Maisil ne fe faut pas esbahir, 11 ceux là font vn tel iugement de vos eferits amp;nbsp;proccduies , veuqiv celuy que vous défendez, Sc duquel vous proteftes auoir appris la doétrine dont
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dont eftqueftion, le fait tout femblablc dete-ftant amp;de bouche amp;nbsp;parefcrit vofdits efcrits: amp;nbsp;non feulement luy, mais auflî la plus part de Ceux qui auoyent eftéconioints auecluy :difans, que vous eftes vn grand fol amp;nbsp;eftourdi, amp;nbsp;que ils n’ont riendc commun auec vos efcrits.Et notez que ie ne di rien en ceci, qui ne le puillè verifier parle tefmoignagede plufieurs gens de bien amp;nbsp;d’honneur, qui ont ouy les propos que deffus. Et puis vous fauez cequis’cft fait à Lau-fanne par le commandement de Meflieurs de Ber ne; amp;queliugementona faitdevoftrc dourine amp;nbsp;de vos libelles.Et de nouueau vous n’ignorez qu’en ce mois de May dernier ledit Dodeut amp;nbsp;autres ontfoufcrit à la condemnation de vo-ftre dodrine voire mefmesj voftre propre frere. Or ie m’adeurc que fi vous vouliez vn peu reue-nir à voftre bon lens, vous recognoiftriez la vérité de ce iugement, amp;nbsp;auriez honte envous-mefmes de vous eftre laille tranfporter fi loing du droid chemin par vos pallions bouillantes amp;nbsp;violentes: voire feriez comme ceux qui foutre« leuez de quelque fieurc chaude amp;nbsp;ardente : lef-qucls durant leur frenaifie, feiettentfuritufe-ment fur le Médecin, qui les veut guérir, pour l’offenccr amp;nbsp;le tuer s’ils peuuent: mais eftans reuenusàeux, font de'plaifans amp;nbsp;honteux de ce qu’ils ont fait: «Scembralfint, cherident amp;nbsp;honorent auec tout remet cicmentamp; recognoif-fanceceluy qu’ils vouloyent outrager du temps de leur forcenerie. C’eftainfi que vous en feriez fans doute , fi par la grace de Dieu vous
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-ocr page 102-lût Äemonßrance djreßiene polluiez vne fois rcuenir à vous, comme ie 1« defire de tout mon cœur. Que fi vous demandez encores, fur quoy peut eftre fondé Iciuge-mcnt qui eft fait de vous par tant de gens de bien amp;nbsp;mefines par vos plus grands amis : amp;nbsp;qui fe fcroit par vous mefmes , fi vous reueniez à vous, ie vous diray librement ce qu’il en fetn-ble, non feulement à paoy,mais à tous ceux que defius.
Premièrement le commun bruit de tous eft» que tout ce que vous auez fait, procédé d'vn orgueil amp;nbsp;prefomption de vous mefmes,amp; d’vn défit demefuré d’acquérir notn amp;nbsp;reputation de quelque grand Dodeur, en ce que vous vous attaqués non feulement à Monfieur Couet amp;nbsp;à moy , mais à l’vn des plus grands amp;nbsp;renommés Théologiens amp;nbsp;fcruitcurs de Dieu, de ce fiecle : amp;prefumés tant de voftre fuflSfance, que vous ofez bien prou'jquer an combat fpiritucl, c’eftàdire , àladifpute, auec vaineventance» ceux entre lefquels amp;nbsp;vous il n’y a pas moins de difference, qu’entre vn grand Doâeur amp;nbsp;vn Ca-thecumene, qui apprend les rudimens de la Religion Chreftiene, defqucis vous vous monftrez auoir encores grand befoin: depuis en ce que vous ofez bien cenfurer, non feulement Mon-ficur Couetamp; moy, mais auflî le perfonnage que defTus es Epiftres que luy auez particulièrement addrellèes, auec telle irreuerence amp;nbsp;mef-pris, qu’vn homme Chreftien amp;nbsp;honnefte,quel-qucfauantamp;fuffifant qu’il peuft eftre, ne vou-drpit
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droit efcrire de cede façon au plus ignorant de fes diiciples. Quj plus eft vous faites le Genfeur amp;nbsp;Correôfeur des plus fideles Pafteurs amp;nbsp;Mini-ftees de Ttuangile , voire des plus grands amp;nbsp;célébrés Dodtcurs qui ont efté des la reformation des Eglifes, Sc qui font encores de prefent en toute l’Europe , tenans amp;nbsp;enfeignans vne mef-me dodrine que nous : amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant de toutes les confeflions des Eglifes bien reformées, qui croyent toutes d’vn commun confentement ce que nous croyons amp;nbsp;enfeignons touchant la iulfification, fanôlification amp;nbsp;dernier iuge-ment.
D’auantage chacun void manifeftement,que vous n’eftes pas tant poulîe d’vn droit zele de la gloire de Dicu,amp; d’vne vraye charité enuers vo-ftre prochain, comme vous en faites'fcmblant, mais que vous voulez, à quelque prix que ce foit , acquérir amp;nbsp;maintenir ie ne fay quel honneur amp;nbsp;reputation enuers les hommes, amp;nbsp;vous venger , fi vous pouuez, de ceux def-quels vous prétendez auoir receu quelque tort amp;nbsp;iniurc ; mais c’eft vne faulfe pretention , veu qu’ils peuuent protefter deuant Dieu, den’a-f uoir rien fait en voftre endroit, que ce qui eft du deuoir de vrais amp;nbsp;fideles feruiteurs de Dieu , pour vous tirer hors du bourbier où vous eftes , amp;nbsp;pour empefeher les maux qui font aduenus ( par faute d’auoir creu leur confeil, amp;nbsp;faimftes admonitions ) au grand deshonneur de Dieu,amp; fcandale de l’Eglife. Et afin de vous faire entendre par pieces amp;nbsp;en detail,ce qui vou#
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eft ainfi proppfé généralement amp;nbsp;en gros,ie vous voudroy’ bien demander , en quelle confcience vous auez peu eferire plulîeurs choies en vos dif cours, lelquelies vous fanez ellre du tout faulles, comme non feulement nous gt;nbsp;qui les monftrons cftie telles, le pouuons relinoigner, mais aulîi plulîeurs perfonnages dignes de foy qui en fout tefmoins auec nous? En quelle confcience amp;nbsp;auecquel front auez vous olé imp. fer, tant à Monfieur Couet, qu’à moy , vue infinité de propos impertinens, abfurdcs, amp;nbsp;ridicules, qui font en vos difcours,amp; notamment en vos belles Pa-raphrafes amp;nbsp;doélrines nouuellesî En quelle con-fciencevous pouuez-vouspleindre de nous, de ce que nous vous auons,au comencement de no-ftre different,accordédes Grefiîers ou Scribes?amp; mefmes en quelle côicience pouuiez-vous reque rir cela de nous,veu que vous fauiez,ou deuicz fa uoii ,quc c’euft eftcdreller vne difputelur le fait de la Religion,contre la volonté desMagnifiques amp;nbsp;tref honorés Seigneurs de celle ville, qui n’ôc jamais voulu tellecho’é:côme vous làuez,qu’ô a faitautresfois entendre à feu M.de Fofz, du téps que deux certains frétés, que vous auez veu ici, troubloyétcelle Eglifc, par les mefines opinions q vous maintenezidc lesquelles lors felo vollie de uoir vous condéniez auec le relledu Co lîfoire: amp;nbsp;corne M. Grynaeus nous fit allez entédre,quad il nous dit,qu’il ne v ous faloit ottroyer ce que de mandiez mal à proposfOuelle crainte de Dieu amp;nbsp;charité Chrelliene peut on appeteeuoir en celle paffion , Sc aniraofité desbordec , que vous monllrcz
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monftrez particulièrement contre Monfieur Couetjfur tout en cefte comparaifon, non feule ment eflongnee de vérité,mais de toute apparen^ ce,que vous faites entre luy amp;nbsp;vn certain Land-'^Ç’’ fockf,qui eftoit vnTyran amp;oppreireurîEn quel-le conicience auez vous peu prononcer amp;nbsp;eferi-re les chofes qu’auez dites amp;nbsp;eferites contre fon honneur ôf reputation,veu la bonne eflime que vous en auez eue autresfois,ayant en admiration la pictéje fauoir amp;nbsp;autres dós amp;nbsp;graces du faind Elprit que Dieu luy a communiquées en abondance , iufques à defirer amp;nbsp;requérir inftamment, que fes predications fuflent imprimées amp;nbsp;offrir de vos moyens pour ce faireîEn quelle confeien-eepouuez vous maintenant appeler glofes humaines amp;nbsp;fauflé^ fpirituelles, voire poifons mortels,les faimäes Expofitions de la Parole de Dieu, faites par luy amp;nbsp;par moy , veu qu’il n’y a perfon-nc que vous feul,d’entre tous ceux qui les oyent, qui ne les approuue,amp; ne les rccognoifle du tout conformes à l’analogie de la foy ? comme nous pouuons protefter en verité,dc ne mettre rien en auant qui n’ait fon fondement en la parole de Dieu. Mais vous n’auez point de honte , de nous aceufer d’vue faute,quenous ne fîfmes iamais,Sc ■ laquelle vous faites vous mefmes contre voftre vocation, amp;nbsp;contre tout droit amp;nbsp;raifon.? Car pour maintenir voftre erreur vrayement Phj-rifaique, vous corrompez par vos glofes Pha-rifaiques , la pluf- part des palfages que vous mettez en auant, comme dit a efté. Et puis auec quelle rondeur Sc intégrité pouue?-yous
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vilipender amp;nbsp;fouler aux pieds le Sainóh Minifte-re de la Parole de Dieu,quand vous'en parlez con tenapnblemcnt amp;nbsp;irreucrcmment,amp; qui plus eft le tenez pour vne chofe dont on fe pourroit' bien palier en fEglife:vouIant en cela eftre plus fagc que lefus Chriftjqui l’a eftabli.comme vn moyen necellàire pour le bien,edification Si falut de fon Eglilerdc puis quand vous faites li peu de cas des cenluE^s hcclefiaftiques , amp;nbsp;de l’excommunication,vous monitrez vn mefpris tout manifefte de l’ordonnance de lefus Ckrift,fur laquelle l’excô-munication amp;nbsp;cefures Ecclefialliques fontfon-jtfatt.i?. dees,amp; ont eftépratiqueespar les Apoftres.Sino 17- quevueilliezdiie,quenousne fommes pas vrais LCer.s. Payeurs amp;nbsp;Miniftres de l’Eglife : maisilnefuffit i.jTi»!. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dire, fi vous ne le prouuez. D’auan-
tage auez vous peu dire amp;nbsp;efcrire en bonne con-fcience,amp; fans honte que nous fuyons la lumie-re,c’eft à dire,felon voftre cxpofition, que nous n’auons iamais efté allez hardis dt refpondre à ce bel eicrit du cercle,que vous me communiqua-lfes?Vousfauez,comme fay decliréci deirus,que ie fci refponfede bouche à vne bonne partie d’i-celui,felon le temps amp;le loifir, amp;nbsp;felon la grace que Dieu me dôna lors;amp; tous les autres erreurs, abfurditçs. Si deprauations des Saindes Efcritu res contenues audit efcrit, ont efté luftifamment amp;nbsp;clairement refutces par Monfieur Couec Si parmoy, tant en nos conferences auec vous, qu’en nos prefches ordinaires, comme peuuent tefmoigner tous ceux de noftre Eglife, amp;nbsp;quelques citoyens amp;nbsp;bourgeois honnorables de celle vill?
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villcjqiii les ont ouys. Mais nous dénions auoir refpondu par efcrit imprime, dites vous. Certes nous l’enflions faitjfi nous enflions efté fern-blables à vous,c’cft à dire, fi pour acquérir quelque honneur amp;nbsp;reputatio, nous n’euflions point fait de conl'cience de publier des erreurs , qui e-ftoient comme enclos dansnoftreEglife, amp;nbsp;par ce moien troubler les confcienccs des fimpjes, deshonorer Dieu amp;nbsp;feandalifer l’Eglife : ôc puis c'euft efténous faire moquer de nous , car n’euft ce pas efté vne grande indiferetion amp;nbsp;impruden-pe de refpondré par elcrit public à vn efcrit parti culier,qui n’eftoit ny imprimé ny aduoué de per-fbnne ? Etpuisc’euft efté faire le fcandale plus grandjSc diffamer celui qui nous l’auoit communiqué c’eft à dire vousmefmes. Que s’il faloit ref-pondre par efcrit, cefte refponfe ne deuoit eftre communiquee,finon à ceux de noftre Eglife, entre lefquels vous auiezfait courir lediteferit, Sc la véritéeft que Mofieur Couet auoit drclfé ladite Refponfe à cefte fin là, d’autant que ledit efcrit auoit efté fait contr’vn de fes Prefehes. Mais pour les raifons que delfus , amp;nbsp;autres,on a iugé pour le plus expedient, qu’il fe faloit contenter de maintenir de viue voix en noftre afrcmblcc la vérité, amp;nbsp;réfuter le men Congé par la parole de Dieu,amp; referuer laditere'ponfe,iufques à ce que quelcun aduouaft ou lift imprimer ledit cfcrinco me Monfîeur Couet enft misenauant fans doute la Refponfe qu’il auoit préparée,fi vous n’euf-fiez prouoqué,par voftre Epiftre,Monfîeur de Be-ae à relpondre audit efcrit. Ce qu’ayant efté fait
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par ledit ficur de Beze, il n’a eflimé cftrc befoin d’y adioufter le ficn. Et vous diray d’auantagc» quel’vnedcs principales caufes pour lefquellcs luy amp;nbsp;moy auons tant tardé à publier ce que vous voyez,n’eft pas que nous n’eu/ïions dequoy vous rei’pondre pluftod, car plufieurs gés de bien fauct que le tout eftoit preft long temps y a. Mais de-firans de vaincre vollre cœur par noftre patience pour vous amener à quelque refipifcence, nous auons différé de ce faire iulqu’a ce qu’y ayons e-fté contraints par voftre obftination. Tout cela monltre donc^que vous nous faites tortjamp;ne pou uez dire en benne confcicncejque nous fuyons la lumière.
Mais ie vous prie dites moy de quel Efptit aucz vous effé poulFé,quand vous auez mis en auât cell cfcritjque vous appelez l’Anti-Inquifiteur, auquel vous iettez le feu par la bouche, non feulement contre Monfieur Coutt amp;nbsp;contre moy, mais contre tousles vrais amp;nbsp;fideles Pafteurs des Eglifes rcformeesîQm leutiamais libelle diffama toire fi mutin amp;nbsp;fcditieux î Qui vid iamais eferit d’hcretiquc,d’Apoftat, d’enntmi amp;nbsp;de Dieu amp;nbsp;de fon Eglilé,fi fanglant,fi furieux,lï piquant, amp;C outrageiixfvoire fl plein de menteries impoftu-rcs amp;nbsp;calomnies,qui lurpaiîent toute impudence ? Or ic n’ay pas délibéré de réfuter ceft eferit; pource que quant aux iniurcs elles ne méritent point de refponrt:amp;quant au reffe qui meritoit refponfeMonfieur Court vous y a relpondu fuc-cinétement. Et au reffe vray eff qu’il fe pourra trouuer quelques perfonnes,qui prendront plai-
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fir à Ure voftredit efcrit quoy qu’ils facher en leur confcience,que tout ce que vous abbayez en ice-lui contre nous eft tresfaux. Tels font plufieurs ennemis ouuerts de la vérité de Dieu, ou quelques faux frercs,qui font des mal-contcns,amp;trou uent toufiours quelque chofc à rebiner amp;nbsp;à redi- , rcjfoit en la do6trine,foit en la difciplinc,foit en la pratique d’elle: c’ellja dire en la façon degou-:ou quelques profenes amp;nbsp;libertins, qui en veulent ordinairement aux meilleurs amp;nbsp;plus fideles Pafteurs, lefquels font deuoij: de les retirer de leurs desbauches amp;nbsp;dilFo lutions,amp; de repurger l’Eglife de tous fcandales. lieft bien vrayaufli que quelques chofes conte nues en ce bel efcrit feront creues par ceux qui croyéttoutce que les Moynes,Iefuites,amp; autres boutefeux debagoulent contre nous , fauoireft que nous fommes ennemis de Dieu amp;nbsp;de la vierge Marie,ennemis de toute Religion amp;nbsp;faimfte-té:que nous mangeons les petits enfans,amp; tuons les châdeles en nos allemblees de nuitft, amp;c.Ceux qui croyent facilement à telles fau(rctés,impoftu-res amp;nbsp;calomnies,pourront bien croire les chofes que vous nous mettez à fus , quelques fauftès quelles foient,comme aufli les calomnies qvous debagoulezimpudemment contre Monficur de Beze par voftrederniereEpiftre, amp;nbsp;tous ceux là feront bien aifes d’ouir dire mal des Miniftres de l’£uangile,pour fe confermer toufiours en leurs fuperftitions amp;nbsp;idolatries. Mais entre ceux qui. font vraye profefiion de feruir à Dieu felon la reformation de l’Euangile, il ne s’en ttouuera pas
uerner amp;nbsp;conduire l’Eglife
IIO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JZemonß rance Clireßiene
vn feubqui n’ait vos efcrits en horreur amp;nbsp;Jeteftà tion auec l’auteur d’iceux, voire melmes entre ceux qui ne faifans profeflîô de la vrayeReligioHj fontneantmoinspaifibles , equ'itables,iuJicicux humains,amp;modefles. Car qui pcnfez-vous e-ftre d’vn naturel fi remuant amp;nbsp;fi bai bare,qu’il ap prouue ccfte façon d’efcrire, qui eft comme donner l’alarme, ou fonner le toxin,ou comme mettre le feu aux quatre coins d’vne ville, pour mettre tout en combuftion,en confufion,amp; en trou'i bleîCertes fi vous trouuiiz beaucoup de gens de vollre humeur,qui vouluflènt marcher Ibubs vo-ftre Enfeignc, il ne tiédroit pas à vous ny à eux, que toutes les Eglifes réformées ne fufset en bref diffipees,renuerfeesjamp; fourragees.Mais il va bié qu’il n’y a gueres de gens,qui le voulufient enrol 1er foubs vn tel Capitaineidc quand il y en auroit beaucoup (comme le monde efi: maintenant rempli de gens mal affeôhionnés à la profefiion de l’E-uangile amp;nbsp;aux plus fideles feruiteurs de Dieu, les Eglifes font gardées pat celui qui tiét les furieux en bride. D’arnntage ie m’afièureque s’il s’en trouue peu entre les honnefies hommes,quipuif-fent approuuer des efcrits fi tumultueux amp;nbsp;turbii IcntSjil s’en trouucra encores moins qui vucillent adioufter foy aux chofes que vous impofcs en i-ceux. Comme de fait il y a tout autant d’apparence qu’elles foient véritables , comme fi quelque fol amp;nbsp;infenfc aceufoit,fans rien prouuer, les plus fideles amp;nbsp;honorables Seigncurs amp;nbsp;citoyens de celle cite, d’auoir voulu trahir amp;liurer leur Eftat en la puilfance des Turcs,ou des £ Ipagnols^
Regar-
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a ^nmoiae I efcaiUe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;111
Regardez donc auecquel fens,iugementj Sc pru-dence,vous dites en voftrederniereEpiftre aMó fient de Beze qu’il eft vn heretique.qu’il y a 40. ans qu’il n’a fait que prefther des erreurs. Regardez auec qu J front amp;nbsp;quelle confcience vous appelez non feulement MonfieurCouet amp;nbsp;moy* que vous auezcfleus pourvus Pafteursjamp; rcco-gnus pour fideles Miniftres de l’Euangilc, mais aufli tous nos trefehers freres Meffieurs les Pa-fteurs ôc Miniftres des Eglifes réformées, qiw-sôt en Alémagncjen Pologne,en Boheme, en Suifle, en France,aux pays bas,en Anglcterre,cn EfeoC-fe amp;en toute la Chreftienté,lelquels tous croytC amp;nbsp;enfeignent vue doiftrine contraire à lavoftre. Regardez di-ie,comment amp;nbsp;auec quelle raifon vous nous appelez tous par voftre Anti-lnquiû-teur loups deuorans les brebis de Chrift,mettans laChreftienté encombuftionamp; cruelle guerre, Antcchrift,fils de perdition,enfans du Diable,hy pocrites,Scribes,amp; Pharifiens,aueugles, amp;nbsp;conducteurs d’aueugles,blafphemateurs,crapaulx en I fiés d’orgueil,ignorans,beftes,glofateurs, fedu-ôteursamp; trompeurs de peuple,poftedés de l’efprit du Diable,empoifonneurs fpirituels, maudits de Dieu,feditieux,reruiteurs de Satan, mefprifeurs des Seigneurics,blafmeurs de dignités, Inquifi-teursd’Efpagne,forceursdeconlciences , tranC-formateurs amp;nbsp;changeurs de Chreftiens en hypocrites,deftruCtcurs de corps amp;nbsp;d’ames , contempteurs des cômandemens de Chrift,racc de Châ amp;nbsp;race de Cain. Bref,que refte il plus, finon que vous nous appeliez D ables encharnes ? Voila le«
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tiltres honorables,amp; plufieurs autres femblables, que vous donnez à tousles vrais amp;nbsp;fideles ferui-teurs de Dieu,qui ont efté defpuis le temps des Apoltres,amp; qui font encores,d’autant qu’ils glo-fentCfelon voüre dire) la parole de Dieiuc’eft à dire, felon vollre intention , d’autant qu’ils ne l’expofent pas à vollre appétit, pour approuuet vollre maudit erreur amp;nbsp;pernicieux. Tellement que fl Icfis Chrill,amp; tousles Prophètes ôt Apo-ftres approuuent nollre doôlrinc,amp; condamnent vollre erreur,comme nous auons défia plus que fuffifamment prouué parla Parole de Dieu, qu’il eft ainfbil s’éfuit que tous ces epitetlies iniurieux amp;outragcux, voire horribles amp;nbsp;blalphematoi-res font defgorgéspar vous,non feulement contre nous,mais aulîîcontre le Fils de Dieu,amp; cotre fes Saii^ôls Prophètes amp;nbsp;Apofires. Or combien que le feul dénombrement amp;nbsp;reprefentatio de tels outrages tSc iniuresplus qu’atroces, amp;nbsp;du tout indignes d’vn Chreflitn,voire d’vne créa ture humaine,fuflîfe pour toure refponfe à l’endroit de tous Chre(liens,voire melmes des infidèles,qui ont quelque iugement naturel amp;nbsp;quelque humanitéicombien auffi que mon intention ne foit pas , comme dit a ellé,de les réfuter pour les raifons fus mentionnees-.fi e(l-ce que pouref-faier,fiie pourray relueiller vollrâ confcience, ie vous interrogueray fur certains points,aufquels, ie ne me puis perfuader, que vollre confcience (s’il vous en relie rant foit peu) vouspuilîè permettre de refpondre,ouy.
Premiercmeat ie voudroy' bien fauoir de vous, fi
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fivous croyez en voftre erreurjque nous foyons à la vérité tels j que vous nous deicriuez. Qi^e li Vous refpódez,ouy,i’éappelé de vousmelme trou blé d’eiprit,déiugcment,de feiis amp;nbsp;de confeien-ce,à vousmefme guéri d’vne telle pcrtuibation. Car fi nous (ommes tels , pourquoy nous auez Vous fupportés fi long e!pacc de temps.’Pourquoy nous auez vous donné teirnoignage d’eftre fideles miniftres de Chriftjors mefmes que vous cô-menciez à vous troubletjcomme vous confeilez par vos efctits?Pourquoy ne nous acculiez vous deuant toute nollre Eglilè J ou mcfmedeuant le Magiftrat pour nous ^ire punirîCar certes nous fommes dignes de griefues punitionsifi nous fom mes tels que vous dites. Que s’il ell ainfbilfauc dire que tout le relie de nollre Eglife ell aueuglc, pour ne le point voir : voire tous les Seigneurs, citoyens amp;nbsp;bourgeois de celle cité. Que s’ils le voyentjils’enfuit que IcsMagnifiques Magiflrats font mal leur deuoir,à vollre contc,de nous fup-porter en leur ville, au lieu de nous challer,ou nous punir,comme nous l’aurions merité. Et li Monfieur de Beze ell tel que vous le deferiutz faulTement,il s’enfuit que le Magnifique Magi-llrat ôc toute l’Eglife de Geneue fait mal de le lup porter fi long temps fi elle cognoill qu’il foit vn neretique amp;nbsp;qu’il ne prefehe que des erreurs. Q^e li toute celle Eglife là ne les voit ôc cognoit, il faut côclurre qu’vu feul A. Lefcaille Paifemen-tierdefon ellat foit plus clair voyant que toute celle Eglife là : voire que toutes les Eglifes bien réformées qui lont en la Chreftienté; Jefquelki
-ocr page 114-lî I Remonflrttncc clireiliene recognoirtènt la doétrine de M.de Bezc pour bone orthodoxe amp;nbsp;conforme à la vérité de Dieu. Il faut côclurre di-ie que toutes les Plglifès vraye-méf Chrediencs font condénces d’ignorance par Anthoine Lcfcaille. lté puis que la dcéfrine pu-blieeparMonfieur de Bezetarde viuc voix que par cfcrit,eft la racfme doétrine pour laquelle vn miiliô de Martyrs ont fouifert la mort d’autant qu’ils Tôt cognue conforme à la parole de Dieu;il faudra conclurrc felon le iugement d’Anthoine Lcfcaille^que tous ces Martyrs là font morts com me heretiquesi Mais il eft plus aifé à dire qu'à pronuer.Ie vous demande donc auec iufte railbn ß vous croyez en voftre cœur que nous foyons tels que vous dites.
Secondement ie vous demande,!! vous auez ia-* mais ouy propoSjfoit en public, foit en particulier de feu Monfieur des Fofz d’heureufe memoi re,deMonGeurCouetamp; de moy, de Meflâeurs les reuerens Pafteurs de celle Cité , ou d’autres Palleurs de l’Fglife vrayement reformee; fi vous auez iamais ouy,di-ic)proposfortir de noftre bou ehe, foit en prefehe , foit autrement, tendant à mettre la Chrellientéen combuftion , amp;nbsp;cruelle guerre,amp;faire foufleuer amp;nbsp;rebeller les fubieéls à l’encontre de leurs Rois,Princes amp;nbsp;Magillrats, fgt;our les degrader,ou violer en forte quelconque eut authorité, comme vous nousimpofez. Si vous dites que vous l’auez ouy, ie m’alleure que vollre confcience bien remife, vous redarguera de fauflété amp;nbsp;calônic»Que fi elle eft fi alïbpie ou fi laa-
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fi langourcufe qu’elle ne puifle parler à vous» nous demâderons les mefmes cliofes que deirus, fauoir eft,Pourquoy vous noüs aucz lupportés: pourquoy vous ne nous auez acculcs'felô voftre deuoir de bourgeoifie ou pluftoft d’homme Chre ftien.Et pourquoy nous n’auons cflé punis,comme méritent tous mutins, feditieux Si rebelles aux Magiftrats j amp;nbsp;tousperturbatiurs du reposa public. Mais pour le faire plus court nous nions tout à plat voftre accufation , amp;nbsp;c’eft à vous delà prouuer. Que fi vous ne le pouuez faire ( comme vous ne le ferez iamais ) Si s'il fc trouue tout au contraire, que vous mefmes foyez coulpable des mefmes chofes, que vous nous impolez fauftemét,certes vous méritez doit blemét d’eftre puni par la loy de taliô, amp;nbsp;par tout ^roit diuin Si humain.Or i’aymeroy’ mieux vous aduertir de ceci priuémét Si familieremét, corne frere Si ami,fi nous eftions en l’eftat auquel nous auôs efté autresfois vous Si moy. Si h vous met me n’auiez rendu vos fautes par trop publiques^ tât par vos deportcmens,quc par efcris.C'eii doc vous mclmes, qui auez tafehéde mettre cefte E-glife Bafloifeamp; Frâçoifcjvoire toutes les Eglifes reformées en côbuftion amp;nbsp;en guerre, par la diui-fion amp;nbsp;le chi fme que vous auez tente d’y fourrerj amp;par les calónies que vous femiez par tout cotre M.Couet Si cotre moy.côme fi nous euffios pref-chc vue doctrine contraire à la confefîion de Ba-fle. C’eft vous mefmes, qui rendez témoignage contre vous mefmes, par vos propres eferis, de voftre rebellion contre le Magiftrat, amp;nbsp;de l’auoit
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mefprifé plufieurs fois,voire de vous eftre moc-qué de fes commandemens amp;nbsp;ordonnances.C eft vous me fines qui vous elles rendu coulpable de fedition amp;nbsp;mutinerie contre le Magillrat, quand vous auez menacé fouuent d’auoir recours aux zuntFes,amp; auez enuoyé en icelles vos eferis fedi-tieux,pour les efmouuoir à porter voftre parti, comme fi les Magnifiques amp;nbsp;tref honores Seigneurs de cefte cité n’euflent pas efté fuffifans, pour maintenir voftre bo droit, fi vous en auiez, ni alfez iuftes amp;nbsp;équitables, pour punir M” leurs Pafteurs amp;:nous,finous euilions eftétrouuezen tort. Tellement que fi vous euffiez efté quelque Prefchcur,ou quelque home de credit amp;nbsp;authori té en cefte ville,il y a grade apparence que Satur-ninus,Ty berius,amp; Gaius Gracchus,amp; autres Tri buns populaires,'ne firét iamais harâgues fi fedi-tieufes pour armerle peuple cotre les Côfuls,que vous euiîiez fait ici. Et cela eft bien aifé à croire veu que vous auez fait imprimer clâdeftincment, ce que n’auez ofé ni peu prononcer ici de bouche deuât tout le peuple.Et puis vous môftrez bié las rie defguifer,quelle eftoit voftre intétio, amp;nbsp;quelle elle eft encores,en cefte tref fauftè coparaifon que vous faites entre le Landfockt amp;nbsp;M. Couct, quad vous parlez ainfi:cômeGuiIlaume Thell fut aflifté de bons copatriots à maintenir fa liberté, amp;nbsp;celle de la patrie:auffi Lefcaille s’alfeure qu’il y aura des bons Seigneurs Suilîès, amp;nbsp;des bons Zunfftbrüder, qui luy affifteront, amp;nbsp;remonftre-ront à fes tref honorés amp;nbsp;fouuerains Seigneurs, l’equité amp;nbsp;innoccce de la caufc.Qi^dvous parlez ainfi«
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ainfi,n’cft-ce pas autant que fi vous accufiez vos Seigneurs de vous auoir condannéa recognoi-ftre voftre erreur,ou iniquement, ou, fans co-gnoillancede caufe ? amp;nbsp;que vous cfperez d’en auoir voftre raifon par le moyen de la populace, qui rengera les Magiftrats à leur deuoir les armes au poing, comme les autheurs de la Ligue ont voulu faire en France; amp;nbsp;l’ont fait, iufquesà commettre vn horrible parricide en la perfonne de leur Prince naturel, lequel ils ont tué mef-chamment amp;nbsp;malheureufement ƒ Mais Dieu foitloué, que vous n’auez pas ici trouué, ni trouuerez iamais,s’il plaift à Dieu,tant de fols,te meraires amp;nbsp;defefperés, qui fe vueillent cnroller fous vn tel Capitaine , comme les chefs de cefte confpiration Ligueufe ont rencontré en France.
Pour letroifiefme ie voudroy’bien fauoir de vous, fi vous eftimez auoir fait vue bonne œu-ure amp;Chreftiene, d’accomparer àl’Inquifition tyrânique d’E!paigne,la difeipline Chreftiene e-ftablie par Ivfus Chrift,amp; pratiquée pat fes Apo- u. ftres;amp;:fi vous croyez en voftrecœur,que ces cho 15, fes foyent femblablcs.Si vous dites,Ouy:ie vous dcmandCjPourquoy c’eft que deuant noftre diffe rent, vous auez fait fi grande inftance, que la difeipline Chreftiene de nos Eglifes Françoifes, fut pratiquée fur les autres en cefte Eglife : amp;nbsp;ce auec telle vehemence,que vous nous dénonciez le iugement de Dieu, fi ne le faifions : voire mef-ines vous monftriez en cela fi feuere amp;nbsp;gt^od ze lateupque vous vouliez que les filles amp;nbsp;femmes,
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qui fc prefentcroyentàlaTable du Seigneuries chtueux eileuez , fuflent renuoyees honteufcr ment fans autre forme de iugement.Quc fi vous dites que vous ne faniez pas le côtenu de la difei pline,il y a bien apparence qu’il eft ainfi , comr bien qu’en enfliez ouy laleôlurc plus d’vne fois en noftre Conliftoire : mais cede refponfe ne tourne pas à voftre honneur, non plus que celle que vous auez faitautresfois touchât la confcCr fion des Eglifes de France.Car aucc quelle feieor ce amp;nbsp;corjfcience auez-vous peu exercer l’office d’Ancienen vne EglifeFrâçoife Fefpace de plu-fieurs années , fans fauoit amp;nbsp;entendre ce qui eft de la confeflion amp;nbsp;de ladifcipline des Eglifes Françoifes? Item quand vous nous auez tant prellcs amp;nbsp;folicités à pratiquer ladifcipline Chre-ftiencen celle Eglifc, ou vous en efliez ignor pant, ou vous en citiez bien informé. Q^e fi vous l’ignoriez, c’elloit vn zele inconlidcré Sc fans fcience: ou pluftoftvndefir d’acquérir reputation d’vn grand zélateur amp;nbsp;reformateur. Mais fi vous fauiez, comme deuiez fauoir, que la difeipline Chrelliene elt fondée fur la Parole de Dieu, amp;nbsp;que c’eft vn moyen vtile amp;nbsp;neceflaire ordonnéde Dieu, pour le droit amp;nbsp;legitime gou-uernemçt de fon EgIife,Pourquoy en faites vous yne comparaifon fi abfurde amp;nbsp;fi odieufe auec rinquifition tyrannique d’Efpagne î Certes vous monftrez par cela, ou vne malice par trop grande, d’approuuer amp;nbsp;louer la difeipline , quand on la pratique à l’endroit des autres, amp;nbsp;d’en mcfdire, quand il cil quellion de la pra
tiquer
-ocr page 119-à ^nthoine Lejcaille. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HJ
tiquer à l’endroit de vous:ou bien vous monftrez vne lourde ignorance en blafmant ce qui vous cft incognu.Car fi vous fauez au vray que c’eft de Plnquifition d’Efpagne, amp;de ladifcipline Chre-ftiene, vous verriez qu’il n’y a pas moins de difference eptre ces deux chofes, qu’entre les tenc-bres amp;nbsp;la lumière J le menfonge amp;nbsp;la vérité, la mort amp;nbsp;la vie. Car le fils aifnc du Diable qui eft l’Antechrilbeft autheur de l’Inquifition; amp;nbsp;le fils de Dieu, quiefilefus Chrift , eft autheur de la difcipline Chreftiene. L’inquifition eft in-uentee pour ruiner amp;nbsp;perdre les corps amp;nbsp;les a-mes des vrais membres de lefus Chrift: pour fuifoquer amp;nbsp;cfteindre la femence lumière de l’Euangile , fi toft qu’elle fe fait voir en quelque coin , amp;nbsp;pour eftouffer l’Eglife de lefus Chrift , fi. toft qu’elle commence à prendre naillancet mais la difcipline Chreftiene eft ordonnée pour le bien, edification amp;nbsp;falut des panures pécheurs , membres de lefus Chrift: pour les retirer des liens amp;nbsp;pates de Satan, amp;nbsp;les ramener en la bergerie de lefus Chrift: pour repurger l’Eglife,autant que faire fe peut,de tous fcandales,erreurs,amp; diirolutions,amp; pour mainte nir la pureté Si fincerité de la doéltine Chreftiene, amp;nbsp;la reformation Si honnefteté des mœurs. D’auantage l’inquifition eft exerceepar les fup-pofts del’Antechrift tyranniquement Si cruellement, auec prifons, glaiues, feux, Sç autres fupplices , tantoft publiquement , tantoft en fccretjfans conueincre les fideles d’aucun erreur Si fans leur permettre d’ouurir la bouche pour
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-ocr page 120-IIO Hemonßrance Chreftiene
maintenirlavérité de Dieu: mais la difcipline Chrcftieneeftexerceeparles Pafteursj amp;nbsp;Mini-ftres de Chrift à l’endroit des errans en la doébri-ne, ou des desbauchés en leurs mœurs: amp;nbsp;le tout doucement, frafernellement amp;nbsp;Chreftie-nement, auec admonitions , remonftrantesjn-ftrudions exhortations amp;nbsp;reprehenfions. Lth cela ne profite tien, on adioufie les dénonciations des iugemens de Dieu fur les impenitens, Icscenfures Ecclefiaftiques, fauoir eft la fufpen-fion ou defence delà Cene pour vn temps. Et à toute extrémité l’excommunication par le com-Matt. 18. mandemcnt,amp; en l’autliorité de lefus Chrift,amp; à *7' l’exemple des Apoftres,amp; à l’exemple des plus fi-i, j' deles Euefqucs ôc Fafteurs de l’Ëglife primitiuc. j,o. Vous voyez donc fi vous voulez ouurir les yeux
comparer la difcipline Chreftieneà l’inquifition d’Efpagne, c’eft adiré, vne médecine iàlutaire ^mbr IJ, donnée de Dieu, pour la conuerfion du pécheur, I. £pifl. 3. auec vn poifon mortel, inuenté pat le Diable, cÿquot; en l’o- pour empefeher le falut des efleuz de Dieu, s’il c* Mffuneb. ftoitpoflible.
Pour le quatriefme.ie vous voudroy’bien demander , Si vous croyez fermement que vous eftes iurtifié deuant Dieu,reconcilié auec luy,de-liuréde la mort amp;nbsp;de la malediétion de la Loy, amp;nbsp;que finalement vous ferez introduit en la vie eter nelle en confideratiô,pour l’amour,amp; à caufe des bonnes œuures qui pourroyent eftre faites en vous par la conduite du S. Efprit: amp;nbsp;fi cefte vie éternelle vous fera rendue, ou rétribuée de
Dieu»
-ocr page 121-A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Lefcaiüe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;it i
Dieu, commevnfalaireiuftementdeu, acquis pat vos bonnes œuures, ne plus ne moins que trentefix bâches, ou quatre francs à vn veloutier à caufe qu’il a fait trois aulnes de velours. Si vous dites , ouy , comme vous l’a-uczdit, amp;nbsp;le dites, l’auez maintenu» amp;nbsp;le maintenez fort amp;nbsp;ferme par vos cfcrits : ie vous rcl-pon , que ie ne doute nullement, que ne l’ayez ainiî créa , lors que n’auiez autres Docteurs, que les lefuites amp;nbsp;les Moynes qui l’enfeignent ainfi, quoy que plus fubtilement amp;nbsp;fophifti-quement que vous ne faites. Et d’autant que vous aucz laide les fupetftitions amp;nbsp;idolatries pour vous renger à la reformation de l’Euangi-le, deuantque bien entendre ( comme il y a grande apparence ) ce poind: de doôtrine touchant la iuftification, ie ne meferoy pas, que n’ayez peu facilement eftre feduit en cefi: endroit , par ceux qui auoyent le moyen amp;nbsp;la dextérité de vous faire acquiefeer à leurs opinions, tant pour la bonne eftime que vous auiez de leur grand fauoir amp;nbsp;fuffifance, que pour les belles couleurs dont ceft erreur eftoit fophiftiquement pallié : comme aufli pource que c’eft vne do-élrine fort agréable à l’homme qui elf glorieux de fanature, amp;nbsp;qui ne fe demet pas volontiers de (àiuftice, pour donner à Dieu toute la gloire de fon falut : ie ne doute point, di- ie, que pour ces raifons vous n’ayez creu deuant amp;nbsp;au commencement de noftre diflerent, que Celle doélrine elloit vraye amp;Chreftiene ; mais ie ne me puis perl'uader , que vous Iç croyez ainU
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maintenant, finon que foyez du tout abandonne de Dieu, amp;nbsp;mis en Cens rcprouué. Car quoy que vous criez pat tout, contrevérité, Accoutre le tefmoignage de plufieurs gens de bien,que on ne vous a point monftré voftreerreur, amp;nbsp;que n’en auez iamais cftë conueincu, la vérité ell neantmoins, que iamais erreur ne fut plus clairement monftré, ne plus euidemment redar-gué amp;nbsp;rembarré par la parole de Dieu, qu’a efté le voftre : ni doélrine mieux efclaircie, ni mieux verifiee parla mefme parole de Dieu, que celle que nous maintenons cqntre vous touchant les vrayes caufes de noftre iuftification, reconcilia-tiô falutiqui font toutes comprües en la feule foy,par vne maniéré de parler figurée, entât que lafoyeftle feul moyen que Dieu nous donne pour appréhender fa grace amp;nbsp;mifericorde, amp;nbsp;le merite del’obeiflànceparfaite que lefus Chtift fon fils luy a rendue iufques à la mort de la croix. Or que ces chofes vous ayat efté bien monftrees amp;nbsp;déclarées, nous le pouuons verifier, non feulement par le tefmoignage de Meffieurs nos tref-honorés amp;nbsp;teuerens freres les quatre Pafteurs de cefte Cité,amp; de tous les freres de noftre Con-fiftoire, mais par le voftre mefme, qui confellêz ce qui vous en fut dit chez M. Triuius par le Doéleur Brammilerus,fauoir eft, que les chofes, qui auoyent efté déduites par Monfieur Couet amp;nbsp;par moy,pour vous reprelcter la vérité de noftre do(ftrine,amp; lafaufleté amp;nbsp;abfurdité de la voftre, auoyent efté fi clairertient amp;nbsp;perfpicuement ex-pofces,amp; fi bien prouuees par la parole de Dieu, que
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que fi vous n’y acquiefciez,vous refiftiez à la veri técognuejblafphemantcontre Dieu,amp; péchant contre le Sainél Elprit. Parquoy ie vous prie vous refouuenir de ces paroles amp;nbsp;demander à voftre confciencc,s’il n’en vapasainfi; amp;nbsp;ie fuis certain qu’elle diraque,Oùy.
Pour Iccinquiefme ie defireroy’ bien entendre devons, fi vous elles perfuadé que M. Couet amp;nbsp;moy, auec les autres freres de noltre Confiftoi-re,vous foyons fi mal alfeôlionnes amp;nbsp;fi ennemis que vous criez par tout,amp;de boucheamp; par eferit: ie ne doute pas que ne vous mocquiez de celle demande,amp; que ne perfilliez en vos criericsimais tout cela ne m’épefehera pas de reuoquer en dou te fi vous croyez ce poinr,ounon , finon que ne foyez encore guéri de celle frenaifie fpirituellc,. qui vous fait tenir pour ennemis ceux qui ont fait deuoir de Médecins fpirituelsen vollre en-, droit,amp; de vrais freres amp;nbsp;amis, comme leur con-fcience leur en rendtefinoignage deuant Dieu, amp;nbsp;comme plufieurs gens de bien , tant de l’Egli-fedeBalle.quede la Françoife qui ont les yeux bons amp;nbsp;la confcicnce droicc,le pcuuent tefmoi-gner,amp; certes ie ne voudroy’point d’autre iuge de ceci,que vousmefmes, fi Dieu vous faifoit la grace de vous remettre en quelque meilleur e-r ftat,que vous n’elles de prefent. Car ie vous prie confiderez vn peu,quc c’ell que nous pou-uionsamp; dénions faire en voftre endroit , pour nous acquirer du deuoir de vrais amp;nbsp;fideles ferui-teurs de Dieu,amp; de freres bien alFeólionnés enacts vous,que nous n’ayons fait. Nous auons
-ocr page 124-114 HtmonSîrtince chreßiene
efté aduertis du commencement,que vous mefdi fiez de nos predications amp;nbsp;de noftre doôlrine par mi les fimples amp;nbsp;plus infirmes de noftre trou-peaujdifant,Que nous enfeignions touchant les bonnes œuures,autrementq ne faitlefus Chrift. On nous a fait entendre que vous tafchiez de perfuader à chacû,que c’eft pour l’amour amp;nbsp;à eau le des bonnes œuures,que la vie eternelle nous fera rétribuée Sic. Là delFus qu’auonsnous fait, que nous n’ayons deu faire,pour maintenir l’hon neuramp;la gloire de Dieu, pour öfter le fcandale qui eftoit défia donne par vous,pour pouruoirau bien amp;nbsp;à l’édification de toute l’Eglife en general, Si àvüftre bien, honneur amp;nbsp;falut en particu-lierîCertes fi vous eftiez à prefent tel , que vous aucz efté autrelFois,pour le moins en apparence, amp;nbsp;fi vous auiezjtout tel que vous eftes, vne feule goûte de pieté,de crainte de Dieu,amp; de charité,accompagnée de quelque cftincelle de bon iu gement amp;nbsp;prudence Ipintuelle , vous cognoi-ftriezque tout ce que vous aueztafché de faire tout d’entree,eftoit vne partialité,vne diuifion Si vn Ichifmexhole que vous làuez eftre condam-i.Cor.i.io par Sainét Paul,d’autant que cela tend audef }}. honneur de Dieu.au retardement du regne de le ^•■16.17. fus Chrift,au fcandale de l’Eglife,amp; à la perdition
Si ruine deplulieurs confciences: amp;nbsp;notamment delà confcience de celui qui en eft autheur, amp;nbsp;pourtant le deuoir des vrais amp;nbsp;fideles Pafteurs eft d’empefeher t ut ccla,autant qu’il leur eltpofli-ble. Or IC maintien la veritéeftre telle, que tout ce que nous âuons fait en voftre endroit, a efté pour
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poure mpefchertous ces maux amp;nbsp;inconueniensj comme Ton pourra voir par la declaration que Monfieur Couet a faite dcs procedures qui one efté tenues en cell affaire, amp;nbsp;comme les leóteurs prudens amp;nbsp;fages peuuent iuger par ce que vous-mefmes en tefmoignez en vos libelles quoy que vous falfifiezvne infinité de chofes. Q^efinou» cuffions fait autrement , iugez vous mefmes lî nous n’euffions pas elle lafehes en nos charges, voire traiftres à Dieu amp;à fon Eglife, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant coulpables de la perdition, tât de vous que de ceux qui pouuoient eftrc feduits par vousic’eft à dire,en vn mot, que nous cuffions elle vraye-ment vos ennemis, ennemis de Dieu amp;nbsp;de fon Eglife. 11 s'enfuit donc qu’ayans fait deuoir de vrais Pafteurs amp;nbsp;frères en voftre endroit , pour vous retirer de ce mauuais chemin, no point par les voyes q vous deferiuez contre verité,mais par voyes douces, amiables amp;nbsp;fraternelles , portées par la difeipline amp;nbsp;par la charité Chrcftienc, il s'enfuit,di-ie,que nous cftans ainfi portés en voftre endroitjcomme le faucz,fi en voulez dire la vérité, vous nous deuez tenir pluftoft pour vos vrais amis,que pour vos ennemis. Q^e fi les chofes ont mal fuccedé pour vous,amp; en auezre-ceu quelque mal amp;nbsp;incommodité nous en fom-mes marris : cependant vous ne le deuez imputer à autre qu'a vousmefmes : ne plus ne moins que le patient,qui refufant amp;nbsp;reiettant tous rc’ medes,defchirant en pieces tous appareils amp;nbsp;em plartres qu’on luy peuft appliquer,amp; s’irritant amp;nbsp;defpitant contre tous ceux , qui luy veulent
-ocr page 126-1 lô Hcmonßrante Clireßiene
bien faircine doit imputer au médecin, ny à autre qu’àluy melme.lerengregement de fou mal, amp;nbsp;tous les inconueniens qui en peuuent aduenir. Car nous auons elîayc de vous guérir doucemét amp;nbsp;amiablemenc en nolbe Conl)ftoire,amp;en conferences particulières douces amp;nbsp;amiables, comme vousmefmes confeHèzunais cela n’ayant rien profité, ilafaluvenir auConfiftoirçdeBafle,là où voftrc erreur a ellecondamné,amp;vous aiere-cognoillreennoftre aHémblee: mais vous auez enCores mcfprifcamp;reietté leconftilamp; iugemét du Confiftoire de Rafle auffi bien que le noftre, amp;nbsp;contre tout droit amp;nbsp;raifon, nous auez tirez de-uantle Magiftrat, nous acculjntfauflément,que comme inquilitcurs amp;Tyrans,nous vous perlé-cutions amp;nbsp;attentions contre voftre liberté politique amp;nbsp;Chrelliene,amp;c. Surquoy Meilleurs les Magnifiques amp;nbsp;treshonorés îeigneurs de celle ville, ayans entendu,non point nos defenfes, amp;nbsp;encores moins les accufationsjqu’eu/Tions peu faire cotre vous du tort que nous auez fait, mais feulement le tefinoignagede Meflîeurs leurs Pa-fteurs,vous ont condâné par trois ou quatre fois àconfefler 8lt; recognoiftre vollrcdit erreur en nollredite alTemblee. A quoy vous n’auez ia-mais voulu obeir,mais vous elles defpité comme furieux amp;nbsp;enragé par vos deportemens,propos ôc libelles diffamatoires contre le Cielamp; la Terre: donnant en cela trop iulle occafion à Meflîeurs vos Souuerains Seigneurs,de vous traitter beaucoup plus rigoureufement qu’ils n’ont fait,côme peull eftre vous euflîez feiiti, fl nous euflions
fait
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fait inftance contre vous, comrtje vous le meri-tiez:mais il ne (è trouueraiamais,que nous ayons poiirfuiui chofc quelconque contre vous, linon que vous donnifficz gloire à Dieu, par la reco-gnoiflance qui vous eftoit eniointe, ne demandas aucune reparation ny fitisfaélion de toutes les iniutes amp;nbsp;outrages qu’auions receues, devons pour le regard de nos perfonnes.ains auonsrouf jours protefté, amp;nbsp;proteftons encores, de mettre tout i’oubs le pied, au cas que vous vous mettiez au deuoir qui vous a efté commandé par TEglifc amp;par leMagiftrat.Vous deuezeognoiftre par cc-la,que nous n’auons iamais eße ôc ne fommes en Gores vos ennemis, mais plußoft vos amis,amp; fdus defireux de voßre bien, honneur , amp;nbsp;faut, que vousmefmes. Q^e fi vous en iugez autrementjil y a vn Dieu au ciel qui void amp;nbsp;co-gnoiß qu’il eßainfi.
Pour le fixiefme,ie vous demanderay, fi vous croyez(pofc le c«s q fuffions vos ennemisJauoir fait chofe digne d’vn home Chreßie,de ^pnoncer à l’encôtre de nous des imprécations amp;nbsp;maledi-dios fi horribles amp;nbsp;efpouuantableSjCÔme fi nous eßios les plus exécrables amp;nbsp;deteßables faux Prophètes,que la Terre porta iamais. Quant à moy, iene croy pas,que foyez fi abandonne de Dieu, de dire amp;nbsp;croire que ce foit vne bonne œuure ptocedee du Sainél Efprit, amp;nbsp;par confequent digne du loyer amp;nbsp;retribution delà vie éternelle felon voßre doólrine, finon que fulffiezdu nombre de certains Libertins amp;nbsp;Anabaptißes, qui attribuent à l’infpiration du Saiiid Efprit
-ocr page 128-118 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jlemanßrance Chreßiene nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(
lesmeurtres,paillardifesj inceftcs, amp;nbsp;autrescri-mes enormes qu’ils commettcnt,fans aucun feru pule de confcicncc,apres leurs abflinenceSjamp;en-thoufiafmes.chofe que ic ne veux croire de vous. Croyez donc amp;nbsp;recognoillèz , que vous n’aùez pas efté poude du bonEfprit de Dieu,quand vous auez prononcé tant de fois,Malheur fur nous,que ne vous en pouuiezfaouler, amp;nbsp;quand vous auez prié,que Dieu nous vueille abifmeramp; confondre tous;certes vous auez mal pratiqué le commande ment de lefus Chrift, qui eft â’aimer voj ennemùf ^4«.5'44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vowmaudiffent^atre bien à ceux lt;jui
yoM courent fut amp;nbsp;vow perfecutent. Pofé le cas, comme dit a efté,que nous fuffions tels, fee qui n’eft point):donts’enfuit,que vousauez horrible ment violé cefte regle de charité,que Chrift nous a tant recommandee,amp;que vous auez tant fouuct en la bouche, veu que vous commettez contre ceux qui ont fait eniiers vous debuoirde vrais amp;nbsp;fideles amis,ce que Icfus Chrift defend de faire, mefmes contre vos propres ennemis. Que fi vous dites làdeftùs,que vous enfuiuez l’exemple de Da uid , qui fait fouuent de terribles imprecations contre fes cnncmis:amp; l’exemple de lefus Chrift, qui dit fouuent Malheur aux Scribes amp;nbsp;Phari-fiens : c’eft vne rcfponfe friuole:car il vous fau-droitprouuer, que vous auezlezele ÓcTEfprit Prophétique qu’auoit Dauid, pour cognoiftre ceux qui font vrayement ennemis iurés, reiettés amp;nbsp;reprouués de Dicu,amp;que vous auez l’Efprit de lefus Chrift,c’eft à dire,que vous cftes Dieu,pouc cognoiftre ceux qui font vrayement efleus oure-
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prouués de Dieu,comme faifoitlefus Chrifî. Or vous ne prouuerez jamais cela,confeiK z dôc que cen’ell pas en cela,que vous deuez imiter l’exê-ple de Dauidjôc celui de lefusChnlbmais en ce q Dauid a fouuent bienfait à ceux qui Je perfecu-toient à mortjSc prié pour eux , amp;nbsp;en ce que lefus Chriil nous a en feigne,non feulement par fa doélrine, mais auffipar fon exemple, quand il a prié en la croix pour ceux qui l’auoiét crucifié.
Pour le feptiefmeie voudroy’ bien fauoir de vous,en quelle confciencc vous auez peu dire eferire plufieurs chofes,que vous nous impofez: fauoir eil,que nous magnifions,ce que vous ap-' pelez nos glofes,par delfus le texte de la parole de Dieu.D auantage que nous difons, que Dieu ne rédra pas à vu chaeû !él5 fes ccuures;lrc que Dieu ne donnera point à fes enfans qui auront faiquot; bones œuuresde loyer amp;nbsp;recompenfe gratuite,qu’il leut a promife gratuitement;Item que la pieté ne fert de rien à falut:item que nous n’entrerons pas parle chemin des bonnes œuurcs,amp; par la porte eftroite des afflictions au Royaume des cieux: Item que nous rendons par noftre doélrine les hommes lafehes amp;nbsp;inhabiles à faire bonnes oeu-ures,amp; les menons en enfer:Item que ne pouuâs veincre par raifons amp;nbsp;par paroles,nous auons recours aux armes,aux glaiues,amp; punitions corpo-relles'.ie voudroy’ fauoir de vous,di-ie, en quelle confciencc vous auez dit amp;nbsp;eferit telles chofes denous,amp; plufieurs autres: veu que ce font les plus grandes impoftures amp;nbsp;calomnies, qui furent iamais, comme fauenc vne infinité de gés de bien« i
-ocr page 130-130 Äemonßrance Chreftiene qui nous ont cognus tant iciqu’ailleurs.
Pour le huiéliefine ie m’esbahi comment vous ®fez afFerrocr,fans auoir honte,vnc chofe qui n’a nulle apparence de vcritétfauoir eft,que vous fo-yez authcut de l’efcrit circulaire ôc fnphi^que, que vous me communicaftcsau commen^mcnt de noftre diiferétjequel vous auez fait iurfprimer en voftre-nó amp;nbsp;l’appelez maintenant voftrc cer-cle.Cat encores qu’il foit digne de vous , pour le regard des erreurs dót il cft farci,qi!i font les vo-ftres mefmesttât y a que l’artifice pluftofl: paralo-gique ou fophiftique,que vrayemét logique, dót il eft bafti,ne peut eftre de voftreinuention,côme ûuent tresbien ceux qui cognoillent vollre iuffi-fance. Car vous ne pourrez dire en vérité, que vous ayez iamais rien appris en ceft art.Tellemét que en cela,côme en plufieurs autreschofes.vous auez apprefté à rire à beaucoup de gens. Mais fi vous en elles autlreur,Pourquoy m’auez- vous dit amp;à quelques antres, que c’efloi tie Doéleur A.?, ltépourquoy ne mainteniez vous ledit eferit devant les Pafteurs de celle ville? Pourquoy au côtraire dificz vous que pour rien du môdc,vous ne Je voudriez auoir foulcr itamp; approuué?Mais à quel propos m’euHiez vous dit(cômc vous côfef-ïezjque ne le teniez pour bô: ains que vous défiliez feulement lauoir de moy, ce qu’il y auoit de bô ou de mauuais.il elt vray féblable celuy qui eft aufheur d’vn eferit doit fauoir ce qu’il y a de bô ou de marinais, lans le demäder à vn autre? Finalement quand nous examinions ledit eferit, amp;nbsp;qu’à tous propos ie vousdifoy’q Je dodleur A. fc mei-
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tnefcontoit en ceci amp;nbsp;en ccla,pourquoy ne difîez vous rondemét,que ce n’eftoit pas kiy, mais vous qui l’auiczfait?Certes quoy qu’il en foit,vous ne pouuez dire en vérité,q vous en foyez l'Autheur. Pour le neufuiefme amp;nbsp;dernier poind, ie vous demande lî vous croyez en voftre cœur auoir fait vne bonne ccinire amp;nbsp;Chrcftiene,d’enuoyer vos li belles diffamatoires, non feulement à ceux qui font profeffiô de la Religion reformeejmais aufli mefmcs aux ennemis de la vrayeReligion, voire aux Moynes,lcluines,Prcftres,Curez, amp;nbsp;autres qui n’aymct la reformation de l'EuangileîCcrtes vous ne pouuez dire en bone cófciéce, que vous ayez bié fait en celaffno que vous eftimicz ehofe bié faite,d'expofer la Religion Ghrcftiene en ri-fee:de douer occafio aux ennemis d’iccllc,de s’en mocquer, d’en detrader amp;nbsp;mefdire, au deshonneur de Dieu amp;nbsp;au fcandale des infirmes.
Or voila des fautes qui ne font pas petites amp;nbsp;legeres,mais qui font crimes enormes deuât Dieu* amp;nbsp;les hômes.Cepédant ie ne les ay pas toutes fpé cifiecs à caufe de briefueté.Car vous vous eftesfi desbôrdcment laillé trâfporter à vos pairiôs,qu’il vous eft efehappé plufieurs propos efgarts amp;nbsp;mal digérés,c’ell à dirc,mal-feâs à vn home Chreftié. Qui eft eaufc,que vous elles en tref-mauuaife o-deur entre les gens de bien. Que fi vous demandez,quels font ces propos : ie vous en diray quelques vus qui m ot efté rapportés par gens dignes defoy quilesontouys de voftre bouche.
Premiercmét fouuiéne vous à qui vous auez dit, que vous ne vouliez plus demeurer «n cefte ville,
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-ocr page 132-• Ijl Remoaßrance Chreßiene
pource qu’il n’y a qu’vne Religió:maisbié là où il y en a plufieiirsjpour eftre en liberté de côfciéce. Or outre ce q cela ne s’accorde pas auec ce que vous auez dit autresfois,pour nous rédre odieux au peuple de cefte ville,fauoir cft, que noftre do-ôtrine ne s'accordoit pas auec la côfeffion de Baf-lc;cc qui feroit deux Religions: il y a d’auantage» c’ell que ce propos efl: profane. Car s’il cft ainfi, (comme il eft ) qu’il n’y a qu’vne feule Religion vraye amp;nbsp;Chreftiene, comme il n’y a qu’vn feul Dieu, l’homme Chreftien doitdefirer de feruir à Dieu pluftoft là où cefte vraye Religion eft toute fcule,que là où il y en a plufieurs. Car toutes celles qui s’eflôgnent en vn ou en plufieurs poinâs de doôtrine,de celle qui cft vraye amp;nbsp;pure,(ôt fauf fes Religions pour le moins en ces poinôts là. Que fl vous dites que la Religion de Bafle , n’eft pas la vrayeiregardez fi cela s’accorde aucceeque auez tât de fois protefté,amp; de boucheamp;t pareferit que vous teniez la côfefliô de Balle pour bonne, pure,fincere amp;nbsp;Chreftiene, corne elle eft à la veri té.Mais vous parliez ainfi pour efmouuoir le peu pie cotre nous faifanr entedre fauftemét,quc vo-ftre O piniô s’accordoit bié auec laditte côfellion, amp;nbsp;que noftre doctrine y eftoit côtrairc.Maisvous n’auezga de d’approuui r maintenâteefte côfcf-fio laquellecondéne m.mifeftemét voftre erreur, en l’article de la foy,amp; des bonnes œuurts,cômc vous ont fait entendre plus d’vne fois M“ les Pa-fteurs de celle villc.il s’éfuit de là que vous n’efti mezpas la Religion de Bafle eltrc Vraye, pour le moins en ce point.Et quoy que vous difiez,il n’y
a pas
-ocr page 133-A ^nt]yoine Lefcaille. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ijj
a pas apparece qii’enffiezeu enuie de partir d’ici, pour aller ccrcher quelque lieu, où il y ait diuer-lîté de Religiös amp;nbsp;en grand nôbi e ƒ1 vous eufliez peu accorder la Religion de Balle auec vos opinions,ou fl la Religion de Baße euft elle celle que vous cerchezjlàoù ilfoitpermisàchacun de fen-tir, de croire, de parler, d’cnftigner amp;nbsp;de faire contre fa vocation,tout ce que bon luy femblera. C’eft ce q vous appelez, liberté : mais ce n’eft pas vne liberté Chre(tiene;ains vne licence plus con uenable aux Libertins amp;nbsp;Anabaptiftes, qu’aux Chreftiens.Or cependant vous faites fans y pen-fer vn grand honneur à celle Republique de Baf* le,difant,qu'il n’y a qu’vue Religion,laquelle felon vollre ConfelTion mefme,eft vrayemec Chre lliene.Et ne faites pas grand honneur au lieu où vous vous retirerez,puis que vous n’y voulez de-mturer,linon qu’il y ait plufieurs Religions: de toutes lefquelles,il femble que vucilliez coinpo-1er quelque Religion tnonftrueule,femblable au moudre hidcux,defcrit par le Poete Horace tout au commencement de fon art Poétique.
Souuiennc vous auffi de ce que vous dites vne fois à vn dûéle amp;nbsp;honorable perfouage, deuifant auec vous:fauoir ed,que la mort amp;nbsp;pallion de le-fus Chrid ne fulfit pas pour nous fauucr.Or ceux qui font verfés en la leélure des S. Efcriturcs lauent que la mort de le lus Chrid comprend par vne façon de parler Syncchdochiquc tout ce qui eft de fon obeilfancc parfaite:à laquelle vous entendez qu’il faut adioufter vos bonnes œuures pour cftccfauué, amp;nbsp;introduit au Royaume des / nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i S
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eieux.Souuiéne vousauflide lartfponfequevous fitccperfonnage.Eciiigez vousmefmes , fitefte propofitioneftChrcftieneSü digne de vous, qui protefteztantfouuçntdenc mectr); voftre falup én autre qu’en lefus Chrift.
Outre p!us vous auez tenu plufiçurs foisjôc à di uerles perfonnes, vn propos que ne pouueznier, veuq vous l’auczcôfermp parce qu’en amz eicrit en voftre Anti-Inquifiteur:fauoireft,qu’ô le peut bien palFer deprefehes amp;nbsp;de Prefcheursrqu’on fe pourroit cptenter de lire les S.Efcritures,amp; prier Dieu chaeü en fa niaifon; q vous n’eftes pas venu à la cognoiftâce de Dieu par les prefchcs,n)ais par la lefturc feule de la Parole de Dieu-.que vous n’e fies point venu à Balle pour les plches, mais pour eftre en liberté de côfcicnce:q fi on vous euft vou lu laiftèr iouïr en voftre pais de celle liberté,vous n’cufficz eu q faire de Prefehes, amp;nbsp;vous y fulliez tenu.Certes voila des propos indignes d’vn hom me fi Chreftien,fi grad zélateur,amp; fi reforme,que vous en auez voulu auoir la reputation ; car ceux qui ontquelque iugemét amp;nbsp;ptudéce Chreftiene, ri’apperçoiuét en ces propos là,qu’vneprefôption prgueilleulè de quelque grade fuffifance: corne fi vous mettant horsdurâg cômur) des autres vous vous eftimicz iVauoir befoin du moyen que Dieu a ordônéidu tout necelîaire pour l’inftruéliôjedi-fication amp;nbsp;falut de ceux quai veut appekr à faco-gnoifsâce,amp; les nourrir amp;nbsp;entretenir en icelle au milieu de fon Eglife.Ie vous diray aul]î,qu’aucûs ont pris occafio fut tels propos de penlèr qu’ilya de l’Anabaptifine en voftre faiticar vous n’igno-
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rez pas,qu*il y a des Anabaptiftes,lefqlsmcfprifeC le Miniftere de la parole de Dieu, s’arrcftans aux reuelatiós de rEfprit.Qupy qu’il en foittels propos font Icädaleux amp;nbsp;pernicieax.Nous lauós que Dieu peut appeler à la cognoifsâce de fon Fils lefts (_ hrift ceux qu’il luy plailt,(às prefches amp;nbsp;fans Prefcheurs.fansl’vfage des Sacremés amp;nbsp;autres e-xercices de pieté,qui font du S.Miniftere de fa pa' role,comme il a fait autresfoistmais puis que fon plaifir a efté de nous renuoycr aux moyens ordinaires,lefqucls il a iugé felon fa Sapiéce,eftre nc-ctlFaires à tous les mébres de fon Egliie, n'cft-ce point le defpiter,mefprifer fon ordônâce,vouloir flftreplus fage queluy,mefcognoiftre noftre con ditiô Sc infirmité,amp; nous enorgueillir: brief n’cft ce point nous priuer de cefte bcnedictiô, amp;nbsp;nous precipiteren perdition amp;nbsp;ruine» ft nous mefpri-fons les moyens qu’il a ordonnez pour fubuenir à nos infirmités,amp; nous comuniquerles theforsde là gtace?Certcs les vrais fideles qui fc cognoifset bié eux-melmes,fcntét bien par cxpetiéce,que le boire amp;nbsp;le mager corporel n’eft pas plus nccelFai re à l’entrctcntmét amp;nbsp;côuerfatiô du corps,que les côtinuels amp;nbsp;frequés exercices du S.Miniftere foC necelfaires à la vie de l’ame. Et pourtât auffi void on ordinairement, que ceux qui ayment, prifenc amp;nbsp;honorent le S. Miniftere de la parole de Dieu, perfeuerct amp;nbsp;fe tiennent fermes, täten la pureté de la doârine Chreftiene, qu’en la vraye pieté amp;nbsp;crainte de Dieu. Au contraire l’on void ordinairement, que ceux qui dcfdaignent, mefprifenc amp;nbsp;reiettentee quieftdu fainôt Miniftere re^oi-
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ucnt fîiialemécle falaiie de leur orgueil,rebellion amp;nbsp;impieté.Car il aduiét par le iufte iiigenient de Dieu.ou qu’ils recouriiérà leur vomitiêmenr^ou, qu’ils tombent en plufieiirs amp;nbsp;diuers erreurs,ou, qu’ils deuiennctAtheilksjLibertins amp;nbsp;profanes.
11 y a plufieurs autres propos efgarés tenus par vous,lelquels merireroyent bien d’ellre releués Sc redrelîësjComme ce que vous auez dit du Bap-tefine des cnfâs, de la benedidiô du mariage entre les Chrcftiensiconime fontauHiplulîeurs pro pos de prelbmptioii amp;nbsp;vaine vanterie, que vous tenez entre les (Impies Ôr ignorans, pour eftre re pute quelque grand Dodeur Si lufîifant petfon-nage,quand vous dites que vous difputerez contre Monficur de Beze amp;nbsp;contre Monfieur Couet là où ils voudront.Item que vous refpondrez bra uem .nt à Monîîcur d^ Beze, menaçant, felon vo-ftie couftume,fa batbe blanche de luy donner vn démentir, comme fi c’eftoit vn ade genereux amp;nbsp;fort louable de demétir vn fi venerable vieillard amp;nbsp;notable perfonnageiainfi que vous faites fans aucune honte par voltre dernier efcrit. Certes tous ces propos vous lent mal-feans, amp;nbsp;ne fer-uenta autie chofe finonqu’à monftrer a tout le mQnde,quel cil vollre naturel, amp;nbsp;vous rendre de plus en plus ridicule. Car ceux aufquels vous a-uez tenu tel propos amp;nbsp;ceux qui lifent vos libelles nelont pas fi delpourueus de iugemét(côme vous penf. ZJqu’ils ne cognoilfent bien, quelle peut e-ftte voftre fuffîfiince, amp;nbsp;quelle diftcrence il y a entr vous amp;nbsp;ces perfonnages,que vous desfiez, fi prefomptueulcmentiCertes vous deuicz parler
plus
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plus reucremmcnt d’eux amp;nbsp;principalement de ce luy lequel Dieu a tât honoré,amp; l'a doué de fi ex-cellens dons amp;nbsp;graces de fon Efprit, que toutes les Eghfes Chrcftienes vrayement reformeespac la parole de Dieu,fe fentent obligees à fes fàinéls labeurs,amp; l’ayment, le reuerét honorent. Que fi Dieu vous auoit tant gratifîé,que de vous don ncr extraordinairemct quelque cognoilîànce fu-blime des fccrets de fa Sapiéce celefte par deflus les autres, voftre deuoirferoit dele declarer de bouche Ou par cfcrit,non point auec menaces de demétir ceftuy-ci ou ceftuy-là,niauec propos en fiés de vaine iaétance que vous leur monftrerez leurs crrcursxome font les Thrafons glorieux amp;nbsp;fuperbes ; mais pluftoft auec viues raifons amp;nbsp;tef-moignages expres de la parole de Dieu, accompa gnés d’vnc vraye humilité amp;nbsp;modeflie Chreftie-nezvous alfeurâtjqueni M.de Beze, ny aucun autre des fideles feruiteursde Dieu netefuferot ia mais d’apprendre du plus petit de toute l’Egli fe, qui les enfeignera mieux par la parole de Dieu. Mais cependant ie ne fay pas bonnement à quoy vous penfez, ny quel peut ellre voftre conieil, fi à la vérité vous entreprenez d’eferire quelque chofe cotre la refpôfe de M.de Beze:car combien que ie ne feroy’pas marri, mais bien aife, de voir quelque eferit foit de vous,foit d’autre , par leql iepeLille apprendre quelque chofe de meilleurçfi faire fe peut)que la doélrine côtenue en ladite re fpôfetfi eft-ce que celui qui fera vrayment voftre amy, ne vous confeilleta iamais de mettre v-ne telle entreprife en voftre tefte. Car il cft
-ocr page 138-158 Hemonßrance C'hreßienc certain,que tous les hommes du monde ne lau-roient renuerfer la vérité de la dodrincjque Mo-fieur de Beze oppofeà voJtre erreur,finon qu’on mette en auant quelque paroled Dieu nouuelle mcntforgee, ou qu’on apporte vnc bible toute nouuelle.Car ce que vous ouquelcun pour vous auez mis en auant cotre luy n’eftpas vne refpon fc,mais p'uftoft vne inueéliue pleine de faulletés amp;nbsp;de calomniesm’y ayantpas vn feul mot pour re futer la vérité qu’il a pppofee à voftre erreur. Dont les plus idiots d’entre les lefteurs peuuenC aiièmcnt apperceuoir que vous elles au bout de vollre rooLe,n’ayant pour toute raifon amp;nbsp;pour confirmation de voftre erreur que voftre erreur mefmes:comme fi quelcun difoit la neige eft noire pourçc qu’elle cH noire. Car au relie de faire vn amas de pluficurs paflages que vous aile-? guez fans les entendre, les interprétant felon vollre fens, ce n’eft pas alléguer la parole de Dieu, mais vos imaginations,amp; folles fantafies, comme font quelques Anabaptiftes amp;nbsp;la plufpart des hérétiques. D’juantage s’il aduient que vous mettiez en auant quelque autre chofe faite auec quel que artifice paralogique ou fophiftique,qui fente quelque efprit verlé en Ariftote,ccux qui vous co gnoifitntdiront.quecela ne vient pas de voftre boutique.mais de quelcun qui vous fait porter la marote,comme en l'eferit du cercle, amp;nbsp;en quelques autres pieces de vos libelles, amp;nbsp;mefmes en ce que vous auez maintenant publié. Car encore qu’il n’y ait rien digne d’vn homme de gran de doârinc amp;nbsp;fufhfance; fi eft ce que ceux qui
vous
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vous cognoirtenc voyent bien que le tout n’eft pas de voftre boutique. Que s’il n’y a en ce que menacez de faire non plus de façon, d’ordre, de grace amp;nbsp;d’artifice,qu’en ce qu’on recogno ft en Vos efcrits eftre de voftre inuention, amp;nbsp;de voftre creUjCe fcrapour vous rendre roufiours d’autant plus ridicule. Parquoy vous y penferez s’il vous plaift, amp;nbsp;mettrez peine de vous conduire d’o-resenauant plus fagement amp;nbsp;difcrctement que vous n’auez fait iufques à prefent. Car ie ne vous Celeraypoint,ains vous diray librement,que vous aucz fait vnc infinité de pas de clerc, par faute de fuyure la droite voyeamp; Royale , qui nous eft enfeignec par le Saincl Efptit.Q^e fi vous deman dez quelle eft cefte voye,La voici.
Premièrement vous deuicz eftre fi bien inftruit en la doéltinc Chrefticne,quc vous peufliezdif-cerner la vérité d’auec le menfonge, quand on a commencé à vous propofet la faufte doôlrinc touchant la iuftification,la fanâification amp;nbsp;dernier iugement.Que fi vous n’efticz fuffifamment inrtruit voftredeuoir eftoit de fufpcndre voftre iugemcnçiufqu’à ce qu’en euffi z par conference prins aduis amp;nbsp;confeil de vos Pafteurs,ou d’autres d’entre vos freres, qui vous euftent peu refondre par la parole de Dieu,amp; fi ceux là ne vous culFentpeu fatisfaire , vous pourriez prier Mef-fieurs les Pafteurs de cefte ville,qui font gens de grand fauoir amp;nbsp;pieté,de s’allémbler auec tout no ftre Confiftoire, s’il euft efté trouuc bon, pour lt;n conférer amiab’ementamp; fraternellement tous enfemble,amp; puis fi cela n’euft efté fuffifant pour
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vous contetefjvous !auicz,ou dcuiez fauoirj quel eft 1’ordre des Eglifes Chreftiencs amp;nbsp;reformées: c’eft que s’il furuient quelque different, qui ne fe puiffe vuider amp;nbsp;refoudre en quelque Eglife parti culiere^l’on a recours aux colloques, ou aux fyoo des Prouinciauxjoumefmes aux natiônauxdà où font affemblés les plus dotfes,rcligieux amp;nbsp;notables perfonnages de toutes lesEglifcs. Tellement qu’il n’y a different de fi grande importance foit ii(pourueu que le iugement amp;nbsp;refolution s’en puiffe prendre de la Parole de Dieu) qui nefe puiffe iuger Si refoudre en telles affemblees: fina-lemêt l’humilité amp;nbsp;modeftie Chreftienc requiert, qu’vn particulier,voire mefme vne perfonne publique préféré le iugement de plufieurs d’entre fes freres,aufien propreifur tout, quand ils fondent ce qu’ils mettent en auant fur la Parole de Dieu. Voila les voyes droites Si Chrefticnes que vous deuiez auoir fuiuies. Mais vous auez wiuydes voyes toutes contraires,car vous eftât laiffe feduiretout du commencement amp;nbsp;mener à tous vents de doélrine,vous auez pcomptement receu le méfonge pour la vérité:Si n’auez pas feulement préféré vollre iugement à celui de vos Pa fteur .,amp;des Anciens de celte Eglife, mais auflî à celui de tous les Pafteurs de l’Eglifc de Balle: voire de toutes les Eg'ufes bien reformees:amp;auez condamné la vrays doétrine enfeignee en icelles par la Parole de Dieu. De là font procédés vne infinité de maux,aufquels il elt impofliblede remédier, fi ce n’eft par vue droite conuerfiond Dieu.
Or
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Or donc pour venir,à ce que ie me fuis propo-fé principalement enceft efcrit,apres vous auoir fait larefponfe que i’ay eftimée vous deuoir eftre faite,fur l’Epiftre que m’auez adrclfeerapres aufli Vous auoir fait quelques aduertilTemens necelfat res fur certains points de vos difcours : amp;nbsp;apres vous auoir monllrc combien eft pernicieux amp;nbsp;damnable voftre erreur.amp;apres vous auoir repre fente la multitude,grandeur amp;nbsp;énormité des fautes qu’auez commiïés à l’occafion amp;nbsp;en côfcquen ce d'icelui,mon intention eft,de vous amener amp;nbsp;induire , fipoffible ert,à vne vraye repentance: n’ayant mis en auanttout ce q delfus à autre fin, comme ie puis affermer deuant Dieu : vous priât de le croire ainfi,amp; vous perfuader , que ce que i’aytafchcde vous dire vos vérités ( comme l’ay protellé tout du commencement) n’a point eftc par quelque paflion ou appétit de vcngeâce pour vfer de recrimination,ou contefter par iniuresamp; reproches à la façô des harengercs de Paris,mais feulement pour m’acquiter de mo deuoir enuers vous. Car ie fay Dieu merci, que lefus Chrift defend aux Chrcftiens de rendre mal pour mal, amp;iniurc pouriniure. Et fi lefus Chrjft le defend à tous fideles amp;nbsp;Chreftiens, encores plus à ceux qui doiuent eftre la lumière du monde amp;nbsp;âS.ix,!?. le fel de la terre par delfus les autres,comme font les Pafteurs amp;nbsp;Miniftres de l’Eglife. Q^e û vous diffcs làdeflus que i’ay vfé de mots piquans, iniurieu' outrageuxiic vous relpon , qu’il faut iugerdes mots,félon l’intention de celui qui les met en auant,amp; non félon l’afiection dç ceux auf-
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JEfa.ï.io, ■Matt. 16, »3.
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quels ils font adrcfles,ou de ceux qui Icslifent Si mon inttntiô eftolt de vous piquer par vengeance pour vous diffamer , iecoiifeUe qu’ilfaudroit appeler tels mots piqnâ$,iniùrieux amp;nbsp;outrageux, nuis mon intention n’eff pas telle i comme dit a efté. Parquoy ce n’eft pas ainfi que vous les devez prendrcje vous veux piquer voireinent iuf-quesauvifjcequi ne fe peuft faire en vous tlattâtgt; mais en vous difant vos ventés amp;nbsp;en nommant chacune cliofe par Ibn nom. Mais en vous pic-quantmon intention n’eft pas de Meffer voftre honneur amp;nbsp;reputation, encores moins vo-ftre confciencc : pluftoft c’eftpour remedier au mal,q vous auez attiré fur vous en l’vn Si en l’au-tren’eft pour vous amener à vn vjf fentiment de vos fautes, à vne vraye coniierfion à Dieu,amp; à v-nedroite rcconciliatiôauecrEglife,afin que par ce moyenvous recouuriczcequ’auez perdu devo ftre honneur amp;nbsp;reputation, amp;nbsp;mettiez voftre ef-prit amp;nbsp;voftre confcicnce en bon repos. Qiie fi vousVoulcz des exemples pourpreuue de ce que ie vous ay dit , qu'il faut prendre les propos de ceux qui parlenr,felon leur bone ou mauuaife intention , amp;nbsp;non pas felon les diuerfes aftéétions de ceux qui les voudroient interpreter à leur fan taficiconfiderczlcs mots dont vfentksProphetes à l'endroit de ceux d’entre le peuple de Dieu, lef-quels ils veulent amener à repentance, quand ils les appelent,princes deSodome, peuple de Go-morrc.Conhderez ce que lefusChrift dit à Sainél Pierre, quand il l’appclç Satan. Confiderez ce que le Prophete Nathan dit à Dauid, quand il le
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re qu’il auoit commis. Confidcrcz ce que dit Sainôt Paul aux Galatcs,quand il les appelé infen fcs Scenforcclés. Conndercz aufll ce que dit le mefme Apoftre de l’inceftueux de CorintliCj quand il reprend l’enormitc de fon forfait. Con- i Cer.^.ù fiderez auffi ce que le rrtefme Apoftre dit des Cre
* ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1-111 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r rw.i.it.
teins,quand il les appelé menteurs,ventres parei-feuXjiSc manuaifts beftes. Si ceux aufquels tels propos eftoientadrefles, leseulfent voulu inter-* prefer en mauuaifepart, c’eftfans doute qu’ils les eulfent iugés eftre piquansjiniuvieux amp;nbsp;outra geux, comme ils font en apparencc.Mais ils eut lent fait grand tort à ceux qui les auoient mis en auant,amp; à eux melmes.Car l’intention des vrais feruiteurs de Dieu n’eftoit pas d’iniurier, outia-ger amp;nbsp;diffamer ceux aufquels ils parloient ; ains feulement de les reprédre,tancer amp;nbsp;corriger, corne Peres leurs enfans bien aymcs,pour les retirer du mauuais chemin de perdition, amp;nbsp;les redreftèr au droit chemin de falut- Tellement que tels propos eftoicntaigres,amp; piquans voirement au gouft de la ehair,qui ne prend pas plaifir à tel langage de correâion amp;nbsp;difciplinejqui fur/heure ne femble point eftre de ioye,ains de triftellè: mais tant y a qu’ils eftoient propofez par le Sainôt El-prit,comme médecines faluta!res,pour faire fen-tir vifuement aux pécheurs la grandeur amp;nbsp;énormité de leurs tran(gtellions,pour les rendre confus amp;nbsp;honteux en eux mefmes par la droite co-gnoiftànce d’icelles, pour leur faire conceuoir vn làinôt regret amp;nbsp;defplaifir , amp;nbsp;vne trifttffe felon
-ocr page 144-T 44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Äemonßrance Chreßif 'ie
D.ieu,quieft àfaluf.c’eft àdireen vnmot,pourles fauuer amp;nbsp;gaigncr à Dieuzqui eft le fruiôt paifible de iuftice que la correótion amp;nbsp;difcipline rend à ceux qui font exercés par icelles, comme dit l’A-poftre. le vous prie donc au nom de Pieu vous perfuader entiercment,que le but où i’ay prétendu par tout ce que ie vous ay déclaré cy dellus, n’elt autre que pour vous amener à vue droite co gnoilTancejtantde voftre erreur, que des fautes qui ont elle commifes par vous és voyes amp;nbsp;proce dures, que vous auez tenues pour le maintenir. 11 refte maintenant que cognoilfant-vollredit er-reur,amp; vos fautes (corne ferez fansdoutc,fi vous lesconfiderez fans vous flatter) vous aduiflez de confellèr amp;nbsp;rccognoiftre le tout,comme requiert Je deuoir d’vn homme Chrefl;ien,amp; comme vous mefmes auez promis de faire.
Pour y eftre mieux induit,ie vous prie de con-fiderer ici quatre points notables. Le premier eftjle tort que vous faites à vousmefmes , à tous ceux qui vous attouchent, à toute l’Eg’ife en general,amp; (ùr tout à l’hôncur amp;nbsp;à la gloire de Dieu, amp;nbsp;à l’auancemcnt duregne de fou Fils. Le fécond eft touchant les menaces des iugemens amp;nbsp;vengeances de Dieu,qui font dénoncez en l’Ef-criture par leS.Efprit, contre ceux qperfeuerét amp;s'cdurcifséten leurs péchés.Le troifiefme,c*eft le grand bien qui aduiendra de vollre conuerfion pourlagloire dcDieu, pour l’édification de l’E-glife,amp; pour le bien,hôneur,amp; faluttanr de vous que des voftres. Lequatricfme amp;dernier,c’eft la confidcraciô despromclfes delà grace faucur
Sc
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amp; tnifericorde de Dieu, qui font propofees aux pauures pécheurs repentans,amp; afin de vous aider en celt cndroit,pour le bien que ie vous veux amp;nbsp;defire,mais fur tout pour le zele de la gloire de Dieu,amp; pour l’edificatiô de fon Egli(è,ie fuis con tent de vous reprefenter amp;nbsp;declarer ces quatre points vn peu plus au long.
Pour venir au premier donc,ie ne veux point mettre en compte la perte de vos biens Sc commodités , que vous pourrez faire à l’occafion de cell accident: quoy que ce foitvne choie confi-derable,cntant que les biens font dons de Dieu» lefquels il ne veull pas que nous perdions témérairement amp;nbsp;par noftre faute. Mais i’cftimeplus la perte de vollre honneur amp;nbsp;reputation, qui re-dondera au deshonneur amp;nbsp;diffame de voftre famille. Car au lieu que vous efticz auparauant en reputation d’homme veritable,vous auez fait par vos propos amp;nbsp;eferits que plufieurs parlét de vous, comme d’vn méteut,impofteuramp; calomniateur. Item au lieu que vouseftiezeftimé homme prudent amp;: fage,vous elles maintenant réputé pour vn fol amp;nbsp;eltourdi,amp; elles comme la fable dupeu-ple,tant à caufe de vos deportemens, qu*a caule de plufieurs propos efgarcs, qui fortentordinairement de vollre bouche, amp;nbsp;à caulè de certains dilcours ridicules,qui font en vos elcrits,lelquels aucuns ne peuuent lire fans rire, les autres lans auoir companion amp;nbsp;pitié de vons, comme d’vn homme qui a perdu vnc bonne partie de fon bon fens.Item au lieu que vous elliez en ellime d’vn homme conllant,ôcarrellc,plufieurs temarquenÇ
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en vous vne merueilleufe legereté amp;nbsp;inconftan« ce , en ce que vous changez fi fouuent de Rcli-gion.Car eftantau commencement Papiüc,voni elles venu à la Religion reformée ; de là,vous e-ftes retourné à la meire;amp; puis vous elles reuenu en l’Eglife réformée, où vous auez fait reco-gnoiflance publique de voftre faute:amp; puis vous cftant fafché de la Religion réformée, vous en auezembralfé vn autre; tellement qu’on dit,qu‘à grand peine trouuerez vous religion qui vous loit bonne pour vous y arrefter. Ce que vous agt; liez confermépat vos propos,difant que ne voulez demeurer en lieu où il n’y ait qu’vne Religion.Ils remarquent auffi voltre inconftance amp;nbsp;legerctc en ce que vous déprimez maintenant iufques aux enfers Monfieut Couet amp;nbsp;fa doôlti-jie,que vous auez eu autres fois amp;nbsp;à bon droit,en admiration, comme dit a elle : amp;nbsp;puis en ce que vous auez autresfois grandement loué la difcipli ne Chrelliene,laqueile vous appelez maintenant Inquifition d’Elpagne, amp;nbsp;cæc.ltem au lieu qu’on vous eftimoit vn homme plein de zcle a la gloire de Dieu, on dit maintenant, que la gloire, l'honneur, amp;nbsp;la reputation du monde vous emporte amp;nbsp;empefehe de donner gloire à Dieu.Itein vous eftitz en réputation d’homme de grande charité enuers voftre prochain : maintenant on dit que vos deporteinens, vos propos, amp;nbsp;vos eferis fanglans , monftrent que voftre coeur cil rempli de fang amp;nbsp;de meurtre, c’eft à dire de haine mortelle contre voftre prochain. Bref, vous ellicz réputé bon Chreitien amp;nbsp;bien reformé: main-
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maintenant plufieurs difent ce qui fedit en commun Proiierbcj que, Tout ce qui reluit n’eft pas Or, amp;nbsp;que Dieu a voulu delcouurir ce qui eftoit caché. Voila le tort que Vous aucz fait à vous-mefmcs, amp;auxvoftreS , qui one part à ce def-honneur : mais le pis eft que vous âueZ fait tort à voftrcconlciencc, ik à celle de vos domelli-ques, amp;nbsp;de quelques fimples, lefquels depen-dans aucunement de vous , ont folemcrit amp;nbsp;témérairement porté voftre parti, fans rien entendre de ce qui eftoit de voftré erreur, nonplus que de la vraye doéfcine,amp; ont efté induis par vous à triefpvifer le fainéf Miniftere de la parole de Dieu amp;nbsp;toute difeiplinc Chfeftienc: Dont ne fe peut enfuyure qu’vn mefpris profane de toute pieté amp;nbsp;Religion Chreûiene , amp;nbsp;finalement perdition amp;nbsp;ruine. D’auantage vous auez fait tort non feulement àcefte Eglife Françoife amp;nbsp;à celle deBafle, mais auili quant amp;nbsp;quant à toutes les Eglifesréformées, Icfquelles pourront auoir quelque cognoiifance du fcandalc que vous auez donné, lequel eft plus grand que peut eftre vous ne penfez.Maîs le pis que ie voy en ce fait,c’eft que le toutfedonde au deshonneur de Dieu,au retardement du Regne de lefus Chrift, au mefpris de la Religion Chrctliene,amp; à l’oppro bre du S.Miniftere de l’Euâgile.D’autant que les ennemis delà vérité de Di u,prendrôt occafion, non feulement de fe mocquer amp;nbsp;rire de la vraye Religion, mais aufli de defgorger plufieurs blaf-phemes contre Dieu, amp;nbsp;fe confermeront tant plus en leurs abus amp;nbsp;impiétés. Voila le premier
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-ocr page 148-148 RcmonflrMce C]irefiiene poind que ie vous prie confidercr foigneufc-ment.
Quant au fecond:commc c’cft vne chofe humaine de faillir amp;nbsp;choir par infirmité, foit en erreur amp;nbsp;faulTes opinions, foit en vices, contre les bonnes mœurs: c’eft auffi vne chofe Diabolique defcplaire, depcrfiftcr, amp;nbsp;s’endurcir obftine-ment en fes fautes amp;nbsp;pvchés. C’eft pourquoy les hommes obftinés amp;nbsp;impenitens font menacés en l’Efcriturc des iugemens amp;nbsp;vengeances de Dieu terribles amp;nbsp;efpouuantables. Si ie vouloy’ ipe-cificr amp;nbsp;faire vn dénombrement dételles menaces , il faudroit ici tranferire mot à mot vne bonne partie delà LoydeMoyfe, amp;plus de la moitié de la dodrine des Prophètes. Mais craignant d’eftre trop long, ie vous renuoye à la le-dure de la parole de Dieu,en laquelle vous trou-uerez,quan à chafque ouuerture du liure , quelques menaces des iugemens de Dieu,faites à l’en contre de ceux qui mcfprifent les richeftes de fà bénignité,amp; de fapatience,i5c de fa longue atten te: ne cognoiftàns point, que la bénignité de Dieu les conuie à repentance : mais par leur dureté , amp;nbsp;leur cœur qui eft fans repentance, s’a-maftent ire au iour de l'ire, amp;nbsp;de la declaration du iufte iugement de Dieu, qui rendra à Htm. vn chacun félon fes œuures. le vous prie pe-fer telles menaces amp;nbsp;confiderer les iugemens • amp;nbsp;vengeances de Dieu , qui ont efté defployees fur ceux qui fe font efleucs fierement, orgucil-leufement amp;nbsp;ptefomptueufement à l’encontre desferuiteursde Dieu, amp;qui ont voulu mef-ptifer amp;
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prifcr SiC fouler aux pieds J’authoritc du faindt Miniftere. Regardez fur cela l’exemple qui nous eft propofc par le faind Efprit, en la pcrlonnc de certains mutins amp;nbsp;feditieux nommés Core, Da-than , amp;nbsp;Abiram, lefquels s'eftans par leur orgueil efleucs à l’encontre de Moyfc amp;nbsp;d’Aaron lêruiteurs du Seigneur, périrent auec leurs complices amp;nbsp;adherens , par le iufte iugement de Dieu, qui fitouurir la terre pour engloutir les vns, amp;nbsp;fit defeendre le feu du ciel pour deuorer les autres. Regardez qu’emporte cede horrible malcdiélion que noftre Seigrieur lefus Chtift prononce contre les fcandaleux, quand il dit, ^_^alheur àceluy parijutadwent le [candale. C^r il luy vaudrait mieux, ^uil fiisl ietié dans la mer ayant vne meule de moulin attachée à fan col, amp;nbsp;cæt.Confiderez auffi combien font malheureux amp;nbsp;deteftables deuant Dieu amp;nbsp;deuant les hom-mes, ôc combien griefues punitions méritent ceux, q ui font caufe que le fainét Nom de Dieu foit blafmé amp;nbsp;déshonoré entre les infideles.Bref, confiderez ce que l’Apoftre dit:Qiie c*efi chafe ter-rible de tomber és maint du Dieu viuant. Or quand bien nous ne ferions point aduertis de tel-les chofes par la parole de Dieud’expericnce quo tidienne nous doit faire fages en celt endroit. Et vous n’eftespas fi ieune , que vous n’ayez peu voir auflî bien que moy, quelques exemples des redoutables iugemensde Dieu,defployez à l’encontre de ceux qui ontrcfufé de faire ioug, amp;nbsp;de s’humilier pour donner gloire à Dieu, lequel ils auoyent deshonoré, amp;nbsp;pour édifier leurs fre-
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tes, qu’ils auoyent fcandalifez Quiontrcfufç de ce faire J dy-ie, par leur obftination procédante d’vu cœur hautain, arrogant amp;nbsp;fupcrbc; car Dieu refifte aux orgueilleux amp;nbsp;fait grace aux i.Pîer.^.^. humbles,comme dit l’efcriture. Or ceux dont ie » patle,S; lefqqels ie pourroy noinmer, fi befoin e-fioit, ne faifoyent non plus de cas que vous , durant leur rebellion amp;nbsp;chdurciflèment, des cen-fures Ecçlefiaftiques amp;nbsp;de l’excommunication; ipais le jugement amp;nbsp;la maledidion de Dieu les a tellenSent talonnez amp;nbsp;pourfuiuis eux amp;nbsp;leur po-fterité,que les plus grands mocqueurs amp;nbsp;conteni pteurs du faindt Minifteic en ont efté tfpouuan-tcz amp;nbsp;ont efté contraints de recognoiftrc,que Ic-fusChrifine dit pas en vain à fcs feruiteurs, en k la perfonne de fes difciples: En vertti, en venté it vota dt,ijue quay que votü aurez. Itißtr la terre,fera lié JHaii. 18 anciekö“ quay que vous aurezd^téfur la terre, fera 4'/au ciel.itcm que ce n’eft pas peu de chofe d’e ftre retrenché en îauthorité de lefus Chrift de la çonaunio de fon Egliflt;;,amp; d’eftre ljurc à $atâ,cotn t-Cst. $.5. me parle l’Apoftre.Mocquez vous de ceci tât que i.rimot.i. vous voudre? en vous flattant amp;nbsp;dcceuantvous tnefmesitant y a que l’arreftamp; ordonnance de lefus Chrift demeurera fetmç,quoy qu’il en foit:amp; fi vous ne vous humiliez foubs la main puiflante de Dieu,pour vous amepder; mais perfiftez de re gimber ficrement contre les efguillons,vous n’ef chapperez pas le jugement de Djeu lequel vous pouriu jura,amp; ne fc départira de voftre maifô iuf-qu’à ce qu’il fe foit fait fentir à bon efeient. C’eft à yous donc d’y pcnfcr,amp; prendre garde, fi vouç
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re commencez pas à fentir défia la main de Dieu fur vous,amp; fur voftre famille, en laquelle chacun fait le fcandale quia eftc comis , par ccux-làmef-mes qui portoyent tellemct voftre parti,qu’il n’y auoic que pour eux à parler des bonnes œuures,amp; à mefdire de nous pour vous gratifier.Et ne fauez pas ce que pluficurs péfcnt amp;nbsp;difct de vous, pouf Je regard de ce faitzce que ie ne veux croire neât-moins.Tat y a que c’eft vn cômenceroent du Juge met de Dieu,qui vous doit humilier amp;nbsp;rcdrecon fus, amp;nbsp;vous faire craindre pis pour leur aduenir. Le troificfme poinéf que ie vous prie de confi-derer pour vous induire tant mieux à vne vraye refipifcence,c’eft que comme vousvous eftes fait vn tort plus grâd que ne fautiez cftimer,non feulement en l’honneur amp;nbsp;reputation amp;nbsp;de vous amp;nbsp;des voftre$;mais audience qui eft de la confcien ce:ainfi vous ferez vn bien ineftimablepour vous amp;nbsp;pour les voftres, tant pour le regard de l’honneur,que pour le regard de la çonfciencc,fi vous faites ce qui eft de voftre deuoir,dônant gloire à Dieu par vne frâche cpfcdion amp;nbsp;recognoiflance de vos fautes’.commc vous auez promis de faire. Car par ce feul moyen vous ferez vne amédc vra-yement honorable ôç à Dieu amp;nbsp;à vous:amp; mettrez voftre côfciéce en vray repos, lté au lien que vous auez Icâdalifé amp;nbsp;cotrifté l’Eglifc de Dicu.vo* Te-difierez amp;nbsp;refiouirez grâdemét: yoirc mefmes ref Jouirez les Anges duciehqontplus de loyç pout vn feul pecheut qui s’améde q pour quatrevingts dixneuf iuftes q n’ôt befoin de repctance.Itcm au lieu quevQus auez refioui les ennemis de la vraye
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ReligiÓ,amp; leur aucz ouuert la bouche pour dcf-honorerDieu,amp; femocquerdc (aparolejSc pour fe confermei en leur fauilè Religion,amp; auczcm-pefché par ce moyen le regne de Icfus Chrift vo-llre conuerfion produira des efFeôls tous contrai res,qui reuflîtont à la gloire de Dicu,amp; à l’aduan cernent du Regne de lefus Chrift.
pour le quatricime poinôt, c’eft chofe bien cer taine , que fi vous confiderez5 comme il appar-tient,voftrecheute auec toutes fes circonftances amp;nbsp;appartenances, amp;nbsp;fi vous pefez auec vne iufte balance,combien voftre erreur eft pernicieux amp;nbsp;damnable: combien lont grandes les fautes que vous aucz commifes a l’occafion amp;nbsp;en confe-quence d’iceluy, dont i’ay tafehé de vous ra-menteuoir les plus notoires : combien eft grand, amp;diÆcile à reparer le fcandale, que vous auez donné aux infirmes,redondaft au deshonneur de Dieu amp;nbsp;à l’opprobre de l’Euangile :amp; combien eft mortelle la playe que vous auez faite à voftre confcience: n vous confiderez, di-ic, toutes ces chofes, comme ileft neccftàire que vous fai-ficz, il eft impolliblc ( fi voftre confcience n’eft par trop endormie) que vous n’entriez en vn dangereux combat , amp;nbsp;que Satan ne vous tente pour vous letter en defefpoir, s’il peut, par la reprefentation ifc vos fautes amp;nbsp;par la terreur du iufte iugement de Dieu ; comme vous fauez, que le meftier ordinaire de cell ad-uerfaire, c’eftde nous efpicr , nouscircuiramp; enuironner,comme vn lion rugillànt amp;nbsp;ccrchanù de nous engloutir. Mais il vous faut refifter à cell
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à ceft ennemi par le moien des armes fpirituellcs qui nous font propofees en la parole de Dieu, amp;nbsp;notamment par Saind Paul. Or toutes ces ar- , mes fpirituellcs, dont l’Apoftre fait le denom- ‘ brement , reuiennent à deux points principaux compris en ces deux mots,Repentance,amp;, Foy.
Or tout ce qui vous a efté remonftré par raoy iufques ici,ne tend à autre but qu’à vous biê preparer amp;nbsp;difpofer à cefte repentance falutaire, par laquelle doit commencer la droite conuerfion du pecheut à Dieu:amp; fans laquelleleshommcscfpc-rcntenvaind’efchaperleiugcmentde Dieu, amp;nbsp;d’obtenir grace,pardô amp;nbsp;mifericorde du Pere ce-lefte. C’cft ce qu’il faut entendre par la fcnten-ced’vn Ancien Pere , lequel dit,que les enfers font le chemin pour aller au ciel. Sentence qui pourroit fembler eftrâge de prime face: mais elle eft neantmoins trefueritable,amp;fort memorable, car il ne veut fignifier autre chofe par les enfers, qu’vne vraye humilité amp;nbsp;abieétion : amp;nbsp;par le ciel, lafaueur amp;la grace de Dieu:c’cft à direenfom-me,qucnousnepouuonsparuenir au throne de la grace amp;nbsp;mifericorde de Dieu, fipremièrement nous ne fommes humiliés amp;nbsp;abbatus iufques aux enfers , pour nous recognoiftre coulpables de mort amp;nbsp;de condemnation,amp; dignes d’eftre perdus amp;nbsp;abyfmés éternellement à caufe de nos pe-chés.C’cft donc par ce bout qu’il vous faut commencer : c’eft que cognoidant quel cli voltre erreur,amp; quelle eft la multitude, la grandeur amp;nbsp;e-normité de vos fautes,vous en foyez honteux amp;
-ocr page 154-1^4- Remonßritnce Chreßie»e defplaifant, amp;nbsp;pleuriez amp;nbsp;gemifliez en voftre cœur, les condänaqt amp;faifant yousmefmes vo-ftre proces en la prefence de Dieu,amp;d’autât qu’el les font par trop publiques amp;nbsp;fcandaleufes, comme vous aucz entendu ci deifus, il eft du tout rai-fonnablc (clon Dieu,amp; felon les hommes j que vous enfaHitz vneconfcffion amp;nbsp;rccognoilfance publique,par le moyen de laquelle Dieu foit glorifié , amp;nbsp;t )us ceux qui ont efte feandalizés par vous,en reçoiuentedification,amp; vousioye, coi;-folation,amp; repos en voftrc confcience. Qi^e fi par la confideration de vos fautes,amp; par l’appre-nenfion exceflîuc du iugement de Dieu, Satâ s'tf force de vous enfoncer trop auant, il faut q pour fortirde ceftabifme dedefefpoir,oùil vous veut précipiter , vous conioigniez à la repentance de vos fautes, vne vrayefoy, amp;nbsp;confiance en la grace,faueur Si. mifericorde de Dieu,qui nous eftprefentee en lefus Chrift.Pource faire,propo fez vous deuât les yeux les exemples de plufieurs feruiteurs deDieu,lefqucls font tombés bien bas: commeDauid,Manafié,5cSainlt;âPierre; mais fc fontreleués de telles cheutes par le moyen d’vne vraye foy : amp;nbsp;vous fortifiez en la vérité des pro-melfes de Dieu qui protefte de ne vouloir la mort du pécheur,mais pluftoft fa conuerfion amp;nbsp;vie.- Sc qui nous affeure que fi nous nous retournons iuf ques à luy,amp;delaillbns nos forfaits,nos iniquités Xçz.iS jx ne nous feront point imputees:mais qu’il mettra bas toutes nos iniquités, amp;nbsp;jettera tous nos pe-Anf.7.is. profond de la mer. Breftout ainfi que Dieu menace ceux qui cachent leurs forfaits amp;nbsp;trail f
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tranfgrclîîons, qu’ils neprofpcreront point,cc'ft à dire, ne feront point participans de fa benedi-«âion amp;nbsp;gracezpareillement auflî promet il à ceux qui les confeilèront amp;nbsp;delailferont, qu’ils obtien drontmifericorde.Ce qui rçuient à ce qui nous ^*^*'**'’*’ eft etjfeißnepar l’Apoftre , que noM conjejfonî nés pfches Dieu fidele iufle pour nous les lo. pardonner (ÿ nous nettoierde toute ini^utté.
Voila le vray amp;nbsp;feul moyen,pour euiter le jugement amp;nbsp;la vengeance de Dieu,pour obtenir fa grace,pour vous réconcilier à l’Eglife, pour re-couurcr yoftre honneur amp;nbsp;bonne réputation, pour refiouir amp;nbsp;confoler tous vos bons a-mis, amp;nbsp;pour pacifier les troubles de voftre conscience.
Pour l’honneur de Dieu donc penfez à ces cho fes:fuyuez l’exemple de Dauid,lequel eftät repris amp;nbsp;redargue par Nathan,ne fit point de difliculté de confelfer amp;nbsp;recognojftre franchement les fautes,quand il dit au Prophete Nathan : i’aype-ché contrerEternekSc n’eal\ point honte d’en faire recognoiflàncc publiqueamp; amende honorable dpuant toute l’Eglife,par les facrifices qu’il offrit pour fon pcché,amp; par les Pfeaumes qu’il en a cô-pofés, amp;nbsp;fait chanter en l’aflemblce des fideles. Soyez efmeu par l’exemple de Manalfes , lequel fentantla main du Seigneur fur foy , s’humilia grandement en la prefence de Dieu, recognut fes fautes amp;nbsp;repara le fcandale horrible, qu’il auoit . donné à l’Eglife d’Hf aehpar vue droite conuei fio amp;nbsp;amendement, faites comme Sainift Pierre lequel s’eftant eftraugement oublié en reniant laf-
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74.75-
I.Ciir. 5.1, ä.
t.Car.ll, ï’-
cheméc fon Maiftre iufques à trois fois aaec mau diflbnsamp; execrationsjfc conuertit incontinent a-pres,auSeigncur,auec vne vraye repentance,qui eft entendue par ce qui eft (lit,(]u‘i//ortit dehor/ pleur/tA/nerement. Soyez imitateur de ceftince-ftueux dont parle Sainâ Paul aux Corinthiens Je quelfe voyant retranché de la compagnie des fî-delesjamp; liuréà Satan par la céfureEcclefiaftique, àcaufedu fcandale qu'il auoit donné à l’Eglife, conceut vne fainiâe trifteire,amp; fentit le iugement de Dieu fl viuement,qu’il recognut amp;nbsp;confelfa fa faute pour donner gloire à Dieu,qu’il auoit def-hqnoréipour édifierl’Eglife,qu'ilauoit fcandali-fee,amp;pour mettre fon Efpritamp; faconfcience en repos. N'ayez point de honte de confeflèr amp;nbsp;re-cognoiftre que vous auez efte en erreur, vous qui n’auez iamais faiteftatny profeflion de Theologie,veu que cegrad amp;nbsp;renommé Dodeur Sainét Auguftin, n’a point efté honteux de confeflerôc retraéter,par liures cxprés,Ies erreurs des Manichéens amp;nbsp;autres dont il auoit eflé enuelopé : amp;nbsp;pour vous induire tant mieux àl’imitationdece S.Dodeur,ic vous prie lifez diligemment amp;atten tiuement la preface qu'il fait tout au commencement de fes œuures fur les liures de fes retrada tions. Brefconflderez la fentence de l’Apoftre,
fi now nom tugeon/ nom me fine/ , now ne feron/ point tugé/, laquelle fentence ce Saind Dodeut met en auant en ladite preface auec plufieurs autres notables,amp; foyez efmqu de tels exemples, e-ftant poufled'vn droit zele de l'honneur amp;nbsp;de la gloire de Dieu,amp; de l'aduancement du regne de fon
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fon Filsîd’vn làinôt dcfir d’cdifict l'Eglile : d’vne droite charité enuers vollre prochain,amp;particu-iiercment enuers ceux qui vous attouchent de prés:amp; finalement d’vn droit amour amp;nbsp;fainâedi leâio de vousmefmes,c’eft à direjde voftrc bien, repos,h0nneur,amp; falut:afinque tous vos vrais a-mis fe refiouiircnt,amp; vous voyans rccocilié auec Dieu amp;nbsp;auec fon Eglife, vous puiilènt embraflèr comme frere en nodre Seigneur, C’eft cequeie dcfire de tout mon cœur, auec les frétés de no-ftre Confiftoirc amp;nbsp;tous les gens de bien de voftre cognoifiàncc.C’eft la fin principale pour laquelle ie vous ay bien voulu faire ce mot de remóftran ce:vous priant amp;nbsp;exhortât au nom de Dieu, que vousfaciczaupluftoft amp;nbsp;alaigrement ce que ie vous confeille,amp; d’autant que c’eft vne œuure de Dicu,pluftoftque de l’hommejieprie ce Pere de mifericorde, qu’il luy plaife par fa bonté me faire voirenbricfquelquefruiddc cefte mienne exhortation,à la gloire de fon Sainét Nom,à l’cdifi-catiôdefon Eglife,amp; à voftre confolation amp;nbsp;fa-lut,pour l'amour de fon Fils lefus Chrift. Ainfi foit il.
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