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' DISC OVRS

AV VRAY DE

CE QVI SEST PASSE' EN L'ARMEE C O N D V I-tte par fa Majcftéj depuis fon aducne-mcnt ala Couronne,iufqucs à la prin-fe des fauxtbourgs de Paris. Et de là iufques ala Prinfe delà ville d’Alençon. Enfemble vne mifliue de fa Magt; jeftè a Monfeigneur le Duc deLon^ gue-ville,fur la vidoire obtenue par fa dide Majcftè contre les Rebel* les à Rony le quatorûe-me Mars der* nier.

M, D. LXXXIX.

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7)JSC07RS AV VRAT

DE CE S' EST PASSÉ EN t armee condniSie par ßt Maiefié, deputt Jbn aduerfemoit d la Couronne -, turques A la prinfe da faux-bourgs de Paris.

E s volontez Sc deporteinens des Roys 8c Princes font d’autât cftrefcindicquez cenfurez , c^u’ils ne peuuent ï'S'üèkW^Z rien entreprendre où leurs peuples 5c fubiets ne foient intereffez auec 'eux; ii les coniefturcs des hommes n’Ontenrien tant depriuilege 8c adüantagc c^ue au iuge-ment «qu’ils font des deffeings 8c actions de leurs Princes ; D’autant que furie moindre indice qu’ils en ont, ils concluent neceffaire-inét de la qualité de l’euenemet qui en doit e-ftre,qu’ils commencent dés lors à louer où re-prouuer,comme fi 1’ effect en eftoit aduenu,8c plus ordinairement s’attachent aublafmeoù contrerolle que à l’approbation ; 8c neant-rtioinsfans contredièt fie dcffence. Parce que les Princes 8c ceux qui manient leurs affaires*, ne pourroiét publier toutes les raifons 8c poh At

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ßbilitez qu’ils ont de leurs entreprifes fans eiï gafteramp; ruiner les efFcfts. De forte qu’il faut Îgt;arnecefsitéqu’ils ayant celle patience defe éntir iniulleincnt blaGnez dcâeurs meilleu-tesamp;plus vtilcsopinions,amp; qu’ils attendent que la fin 3c euenement d’icelles les en iullifi® enuers leUrfJits fubiets, 8c leur face rccognoi» ftre leur erreur. Il ell infallible qu’il en elt ain» C aduenu du dclTeing que l’on a veu faire au Roy de feparer fon année, peu apres le deceZ du feu Roy fon frere, 8c depuis ladite fcpara» tion au lieu de paffer la riuierc de Loire* coin-tneillcpublioit qu’il vouloit faire,d’ellrede« feendu en la Normandie. Dont il elltrcf-cer-tain qu’il a cllé blaliné de beaucoup, Sc ena fait peine à plufieurs defes feruiteurs, 3c plai-fîrà tous fes ennemis qui fe fontrencôtrezeH ce iugement.que ce feroit la ruyne de fes affai« rcs; mais maintenant quereucnemcntleura donnéoccafion de s’en defdire. Il ellpermis des chofes qu’ils ont veues.de leur ay der à en cognoillre les caufes 8c veoir que ce ne font poinéleffecïs de hazard oude fortune : mais de pure prudcce 8c de raifon, 8c ce faifant leur expofer vnc narration fiinple Sc veritable de tour ce qui s’efl pafsé entre fon armée 3c celle defes ennemis durant vnmois, qu’cllesont toufioursiogéà la veuel’vne de l’autre. L'ef' froyablefacrilegcSc accidétdela inortdufeU j T^oy aduint le deuxiefme du moisdeAoullî

amp; ell certain qu’ù fut d’autant plus aduinc® qu*

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«jue fes ennemis fe virent fi preflez qu’ils ne recogneurent plus autre remedc, pour euitcr (où pour le inoinsfàirc différer pour quelque tcinps)la iuftice de leurs crimes, fon deffemg eftoii de recouurer Paris, côme il euft peu fai-res’il n’euftvoulu trop de bien àceuxquiluy auoienttant fait de mal : amp;nbsp;cft mort quand il eftoitquafià fonoption delà prendre paramour ou parforce. Le Royfon fucceffeur eull aufsivcloatiers fuccedé à cedeffein : mas ce ' quifutpofsibleàl’vn, nclcpouuoiipaselhc r.y fi toft à l’autre , de qui l’auftoriié ne peut / tftre fl promptement eftablie qu’elle fut ac-quife; car les volontés de ceux de dedans af-feftionnezau feu Roy qui s’eftoient efebauf-fees par fa prefence , ne peurent fi tofteftre tranf-ferèes à ce nouucau Roy qu’il y a près de quinze ans que l’on n’auoit veu de dec A, 8c où il n’eftoit quafi cogneu que par les pro-feriptions publiées contre luy par l'artifice de fes ennemis, par le moyen defqucUesil« auoient accouftumé les peuples à nelcreco-gnoiftre quafi plus.pource qu’il eftoit de ceux del’armée , combien que à lamefme Heure quelafuccefsionluy fut efeheue tous les Prin ces de fon fang 8c autres , les Marefehaux de Prance,Officiers de la Couronne , 8c les Principaux Seigneurs 8c Capitaines qui y e-ftoient, luy euffent fait la fubmiision Sc reco-gnoiffance de leur Roy 8c Prince legitime, a. UC des protcftaùons accoutumées , touted-

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fois plufieurs les vns qui â la vérité attoîent e^ congé du feu Roy, pour le long leiour qu’ils, auoiét fait en l’armée, amp;nbsp;aufsi qucc’eftoit en la faifon que chacun veut aller faire fa récolte ; Les autres fur ce prétexté pour prédre loi-fir de fe refoudre de ce qu’ils auroient à faire, fe retirèrent de ladite armée. Ayant eu faMa-jefté cefte force de ne s’eftre iainais defmts de refufer congé à qui l’a voulu demâder. Ainlî voyât l’armee fort diminuée (corne vn moindre accident pouuoit fuffire d’en rompre vne plus grade amp;nbsp;mieux entretenue que la fiéne) voyât aufsi l’autre fondemét du recouureinét de Paris, qui eftoit fur l’afiFediô de ceux de dedans aucû ment refroidy, il iugeaprudémmêt que l’effeéf: de ce deffein^fc deuoit ditfererà vne autre fois, Se qu’il fuffifoit pour ceftepre-miere,d’auoir rccogneu qu’il eftoit fort pofsi-ble d’y paruenir. Et ce pendantgarder lesad-uantages qui y eftoiét acquis parla prifedes villes d’Eftâpes amp;nbsp;Ponthoife ; eftât neceffaire d’occuper à quelque autre exercice ladite armée. Le premier amp;nbsp;le plus digne qu’il eftijna luy pouuoir dôner,cc fut de conduire le corps du feu Royendepoftde feureté, fâchât quela rage defdits ennemis eftoit fi enuenimée.que n’ayât point trouuédequoy fefatisfaire en fa mort, elle pafldit encores fur fes os Sefes cendres Ainfi Payât conduiéfà Côpiegne oùile-ftima qu’il pouuoit demeurer plus dignetnét feurement; Scayât prins en pafTant les villes dcMeu-

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deMeulan.de Gifors amp;nbsp;Clermont eonfidç^^^; qu’il ne côparoifloit rien à côbatre à la câp.a-gneque lefdits ennemis s’eftoient tous r’çn-Fe'rmcz dans les murailles. Qu’il ne luy relloit pas afTe? de téps pour entreprédre vn autre fiç ge digpe de l’occupatiô de fon armée-Qjj’il ap prochoît du téps auquel il auoit fait côuoouçr en la ville de Tours,Icsi Princes,Officiers de la Couronne, Seigneurs, Gcntilf hommes, autres fes principaux Officiers 8c Miniftres, pour auec eux prendre vne refolution furlei affaires de fon Eftat, que pour y aller , iceftç grande armée ne luy èftoit auîunementnc-ceffaire, n’y ayant rien â entreprendre parue-là qui en meritaft la pr'efçnçe, amp;nbsp;que ce n’euft eftçquç confommer les viures du pays fans aucun fruift ny defieing , Sa Majefté iudi-cieufement fe refolut de feparar Von armée^ en trois, d’en enuoyer vne partie cnPiçar-die^fous la charge de Môfieur le Duc de Lon.-; gue-villç, vne autre cn.Qhâpaigne,fousMon-, fleur le Marcfchal d’Aumôt: Et luy d’en retc;^ nir vne autre;8c auectel ordre neâtmoins,que pédant que faditeMajeftê demeureroit en ces. quartiers de delà auparauât fon pafïage.quç G l’ennemyluy venoitengros furies bras que lefdites deux parties feparees fc peuflent en peu detemps reioindre , çomme luy paCsê^ de deçà la riuiere de Loire,ce mcfme ordre de-^ tneureroit entre lefdiéls Sieurs de Longue-yille 8c d’Aumont, foit que l’vn des dçuxfijft.

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tflailly, foit queVcnnemy vouluft attaquer quelque place qu’il fuft befoin de fecourir.De ccfte partition Sc fcparation fadite Majefté en rccueilloit deux ou trois grands aduâtages.Le premier eft, quecnuoyant les deux partsde fon armee cidicles prouinces de Picardie amp;nbsp;Champagne , elles y pouuoient tenir la campagne amp;nbsp;y prendre quelque ville, pour le moinsfourrager la récolté des principales de celles que tiennentles ennemis dont elles re-ccuroient trefgrande incommodité . au lieu que fans cela ils yeftoient les maiftresamp;s'f pouuoiét grandement accroi(lre.L’autre,qult; eftantlaplufpart de laRoblelTe qui eftoitde* meureeen ladidc armee defdiéles prouinces de Picardie 8c Champagne y enuoyant fes for« ces, e’eftoit comme les conduifans chez eux: les retenir toufiours au corps de ladiéle armee en cas qu’il en furuintoccafion, ce qui ne euft pas efte autrement, car fe retirans, comme ils eufTent indubitablement faid, ce n’eulf plusefté pourreuenir, s’il n’y euft point eu dans le pays de corps 8c de chefs pour les re» cueillir. Et puis parle moyen defdidesarmees fa Majefté faifoitfaouler de la guerre les villes 8c peuples de ces prouinces là, qui ont môftrèen auoirtani d’appetitScd’cnuie.Dela part del’armee que fa Majefté retenoit pres d'’ellc,elle refolut aufsi de ne la lailfer pasinu-tile, Sc de s’en feruir plus par induftrie que par grand effort ; ayant auec icelle retenu Mef»

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Mefsieurs les Princes de Côty, de Montpen-fier.le grand Prieur Colonnel de la cauaicne legere,Mirefchal de Biron Se les Sieurs Dap-uille Colonel des Suifles, de Rieux inarefchal decainp,deChaftillon commandant à l’in-fatnerie, Sc plufieurs leigneurs de fon confed, Capitaines 8c autres Gentilshommes de ejua-litè. Et pouuoit eftrc ladifte armee de plus de mil bons cheuaux, de deux régi mens de Suif-fes.Sc d’enuiron trois mil François. Et par ce lt;iue le temps ne le prefToit point encores de fa trouucr i la coouocation qu elle auoit lait pu blieràToursdans la fin du moisd’Oétobre, que ce qui luy reftoit de temps n eftoit pour entreprendre aucun fiege, elle voulut que fa forme de cheminer luyTeruift pour le moins d’empefcherqueles ennemis ne peuflentfaite comme il leur euft cftê aifè d’attaquer lef- , diètes villes d’Eftampes.Pqn^oifc, Meullan, y SenlisSe autres,'fpecialcment les deux pre-mieres quine venoient que d’eftre prinfes par F i batterie.Scdontles ruinesn'auoient peuen-cores'eftrercparees.Dc forte que les ennemis l nbsp;nbsp;nbsp;y retoutnans aucc furie ils les pouuoient em- *.

l porter auparauât que les autres deux parties ’’ l del’armeefcfuflenipcur’atTembler Staccou-1 rit affez à temps au fccours. Pour cefteocca* fion 8caucc l’aduis dudit Sieur Marefchaldo Biron,ilfe rcfolut de defeendre vn peu plus a-uantenlaNormandie à double deffein. L’va l pour y conforter fes affectionnez feruiteurs.

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en forte qu’ils peuflent prédre tonte confiait' ce de fa bonne grace amp;nbsp;proteclion. Et l’autre* pour feignant d’y youloir entreprendre quel- ( quechole, y attirervne partie des forcesdeS i ennetn.'S,amp; ainfi lesfçparant leur faire perdre gt;nbsp;|e temps amp;nbsp;l’occafion d-afsieger lefdidies vil» i les. d’auprès de Paris. amp;nbsp;donner patience! I ceux de dedans de fe fortifier de reparer, par Ccqtjogagnantfixfepunaines tktcps, f’eltoit leurdppner quatre ou cinq mois de loifirice qui'Juy reufsit 5e en çn l’autre fort.heu-, fcufeinent. Carellantprfmiercment venia village du Poijit fainól pierre le Çapitâiuf I^pullçtqui commande dans la ville Se Fqd il)i,I^^n^de l’Arche, l’eftant venu trouuerjùy ^pporu toute affeyfâce de la fidelité Se obeif lance de{ous les hahitans de .ladicle ville, amp;nbsp;tfnçqresplus particulièrement de la ficnne.Se

• •■v nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l'pj^r’cinportafaMaicfté tant de contcnteinél

.JM«.«.*

uiplt;ier Irrite ville de Rpuén qui n’en eftçf-** ' Ijoigneequedy ciqq petites lieues, Sceinpef-

efie/ tçui le traffic qui fe foui oit faire defdidcS villes de Paris Sc Rouen. Dudit S.Pierre làilM^efté feit acheminer fon armee à Darne-tjl-quiadLvn fortgrandboqrg àvne lieuepres j ÿu4v Ôouen, pour là rafrailchir commodé-^Tient. jßllf en partit dés Iç lendemain àl’im-

pré-

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n

pfouifte auee trois ou quatre cens cheuau» feulement amp;nbsp;donna iufquesà Dkppe, qui eft vn des meilleurs ports de mer de toute la Nor ' ' mandie, amp;nbsp;la ville bonne Sc riche, foriaffe-ftionnee à fa Maiefté ; qui fera vn iour le falut de toute la prouince, côme désàprefentell® luyenconlcruevne grande partie. Elle y fut aufsi receue amp;nbsp;honoree amp;nbsp;du cœur 8c de la voix de tout ce peuple autant qu’vn bon Roy bien chery des fiens, le pouuoit eftre de bons, fideles amp;nbsp;bien ai mezfubiets. A cela eftant leur-bon naturel aydé 8c efineu par l’cxêple du câ-mandeurde Chaftes Gouuerneur de ladite ville, qui a rendu vn tefinoignage ûngulier de fidelité. Côme elle reccut en mefmetemps 8c auditlieu, vne confirmation tref certaine de celle du fieur de la Verune Gouuerneur del* ville de Caen, de qui ainfi que defdits Sieur* de Chaftes 8c Roullet, il fc peut dire qu’ils ne font point de ceux qui font iuftes 8c innocés,

1 potirce qu’ils n’ont point eu d’occafion de faillir: car leur vertu 8i loyauté a eftê com-batue de toutes les tentations 8c charmes qui pcuuent feduire les plus refoluz , dont neantmeins laviftoire leur eft demeurée a-uec vnd grandifsime recommandation de kur merite. D’ autant plus que le vice du ficelé ne le comporte pas, 8c que c’eft mainte-t nbsp;nbsp;nbsp;nant, comme chofe extraordinaire,de garder

lafoy à fon Prince. Pendanteepeudefeiour. qu’il feit à Dieppe , ayant Reuque la ville dq

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IX

Neuf Chide), qui en eft i fept lieuei pr«gt; commodoit fort lepaiïage.il 1‘enuoya inuc-ftjr par les Sieurs de Guitry Si de Haliot auft partie de la cauallerie qu’il auoit mcneegt;amp; quelques gens de pied de la garnifon dudit Dieppe. Et s’eftantafTeinblee grande qua»'*' de payfans amp;nbsp;fol dats pour la venir fecounr» Si amp;'y acheininans fous la conduite de Caftil' lon,Gsntil homme dudit pays.ladiélecauaf leric leur alla au deuant qui les deffeittous^ en tailla en pieces fur le champ plus de fep^ ouhuiéfcens.amp;fut ladide ville rendue:4'*' fut vne fort aggreable noouelle à Dieppe, fàdite Maieftè.en ce peu qu’elle y demeura» ƒ acquidtelle bien vcillancedc tous les babi» tans,amp; de ceux qui y edoient réfugiez des au* tres villes,que non feulement luy accorder^ libreméttoutle fecours qu’il leur voulut de* tnander.-mais d’euX'mefines luy feirét lapro politiodudegede la ville de Rouen, pourl«' quel ils offrirent de deffrayer quad l’arme* pour le temps qu’ils edimoyent qu’il poouoit durer. CequefaMaiedéefcouta volontiers. {gt;arce que cela fe rapportoità l’executiondi a fécondé partie dfc fondit defTerng, Si remift is’en réfbudreauecl’aduisde mefdits fieurS deMontpéGerjMarefchaldcBiron.amp;autft* feigneursSc Capitaines qui edoient detneU' rezen ladite armee, où cdantarriuè,S£ ayant ^iteedepropedtion, il la Geut fi bien difsi* mulet

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ttiuler que la plufpart de ceux qui l’approZ । ƒ choient de plus pres,croyoient que ce fuft fou ,.,|v intêtion que d’afsieger ladite ville de Rouen, / * ' quielKqùil tendoit de le faire croire en Ton armee, a fin que tant plus volontiers ceux de ladite ville amp;nbsp;fes ennemis le creuflent, n’eftant pas marry que les raifons qu’il y auoit infinies de ne le faire pas,fuflent pour lors Icgcrement traittees, Ainft pendant cinq ou fix iours qu’il y feiourna.il feit,excepté delà battre,tout ain-fi que fi la refolution euft elle de l’afsieger, 8c commença dés les premiers iours à leur öfter tous leur moulins, qui fut vn grand eftonne-ment dans ladite ville, oùil falloir aufsi incef-famment attaquer des efearmouebes iufqucs dans leurs portes, à fin de les preficr d’auan-tage de réclamer du fecours, ce qu’ils feirent auectelle indice que combien que Monfieur d’Aumalle,8c le Comte de BrilTacy fuflent,!!! tiefepeurent iamais afieurer fi Monfieur de Mayenne n’y venoit auec toute fon armee : ce que fa Majeftc defiroit autant qu’eux; 8e en quoy eôfiftoitla perfeélion du defieing qu’el-leauoitd’empefeber que lefdites villes qu’el. le tenoit pres de Paris, ne feufsét afsiegecs par la diuerfiô des forces de fon ennemi. Et ayant fçeuqu’il s’eftoit acheminé à Mante 8c àVer-non,commença à mieuxreceuoir les raifons Îu’ilyauoitde n’entreprendre pour lors leit fiege : 8c à defcouurir comme ce n’auoit «dé qu’à ce defieing qu’il auoit voulu faire ce-

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rte contehance qu’il fceut fort dextrèmen’ difsimulerjCoinmc cc n’cftpts vn inoindred-fèéf de la prudence Sc iugcment d’vn grani Capitaine de fçauoir bien celer fes deliberation s,que d» les bien Sc meureincnt délibérer. Ainfi il refolut de partir duditDarhetal fa retraiéfcdrenec de forte, que combien que ce fuft à la veue quafi des murailles de Roûef, amp;nbsp;quelefditsficurs d’Aumalle 8c de BrifTacy fulTentauecgrand nombre dccauallerie: ne-antmoins il ne comparut perfonne pour le Venirtafter, ou s’ils fortirent ils fc contentèrent d’en veoir l’ordre fans y chercher rien d’auâtage.Sadite Majefté eftant venue à bout de fefdits deux defTeings qui l’auoient amenée en Normandie, les voulut accroirtré d® tecouurer pendant qu’elle eftoit fur les lieuXj Scqu’rl reftoit encores du temps affez pour fon retour à Tours, quelques petites villes quin’incommodoientpas moins IcscheminS lespaflagesque les plus grandes,8cyeftai blirailtât de garnirons entretenuös quipour-roicntferuiràvn gros’,quand il feroitbefoing d’en amalTer vn dans la Prouince: Elle voulut commencer par celleld’Eu qui crt vne afe bonne petite ville, Sc Vn Charteau qui appartient à Madame de Guyfe , ladite ville fituce fur la riuiere de Bethune vn peu dans le vah lonveuedelamontaignc:mais non pas défi pres que la batterie s’en peurt faire: ilyauoit garni*

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garnifon de plus de quatre cens hommes dé guerre, commandez par le ficurdc Launoy qui eftoit gouuerneur de la place.Le Roy feilt trois logis depuis Darnetal iufques audit Eu, lequel ayant enuoyé fommer, ledit Gouuer* neur feit contenancedefc vouloir detfcndrev amp;nbsp;commença à mettre le feu dans l’vn des faux bourgs, de peur que l’ony logeaft.tout tèsfois il ne demeura gueres en celle opinion Car ayantfçeu que lé Roy tftoit arriué deuit ladite ville, amp;nbsp;que le Canon comméçoit à ap^ procher,amp;voyant mefmes les foldats qui fans attétidte aucune tranchée,eftoient délia fur la eontr’-efearpe dufoffè, il demâda à parle meter,amp; deux heures apres il rendit ladite ville, de laquelle il luy fut permis forrir auec lefdits gens de guerre, luy amp;nbsp;les Gentils hommes a«-ueclcurs armes amp;nbsp;chacun vn cheual, 8c les fol datsauec l’efpee; leur ayant la capitulation tftè fortbien entretenue.comme aulsi la ville fut preferuee d’eftre pillee 8c faccagee, n’ayât Voulu permettre qu’aucun y entrallqlc fieur de Chaftillô,qui y tint l’ordre 8c la police exa-•ftequ’ilaaccouftumè de faire en toutes chafes, de forte qu’il n’y aduint aucune infoléce, tiy force à aucûs des habitas de ladite ville, en laqlle fàMaieftè ne voulut entrer,8c alla loger aubourgduTreportqui en cftàvn «juart de lieue pres. Il eut en ce lieu nouuelles q le fieut Duc de Mayenne ayant veu l’armee de fa Ma*

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’1lt;

îefté tourner de ce cofté.auoit aufsi fait la riuiere de Seine à la ficnne,amp; faifoit elht o* aller afsieger le village de Gournay qui auoJt peu de temps âuparauantefté prisparlefieut de Longue ville,que de là il n’y auoit plusaU' cuneriuiere entre les deuxarmees, nyriéqui peuftettupeftlier de venir droiftà luy. Ledit fleur de Mayenne que l’on difoit auoir piquot;® detrois mil cheuaux amp;nbsp;de quatorze à quinZ* mille hommes dcpied, amp;nbsp;quis’efttrouuédepuis en auoir encores d’auanlage que ne pof' toit le premier aduis, qui cftoit de cauallcric pres de trois fois autât que le Roy en pouuoit auoir,amp; d’infanterie la moitié d’auantage.E« cela il y eut deux chofes qui eftoient par deH le difcours qu’en auoit fait fa Maiefté, qui pro cedoient d’vne mefme caufe : laquelle elle n’auoit peu preueoir, parce qu’elle n’eftoit pas née lors qu’il feit fa refolution.L’vne, qu* ellen’auoit paseftimé que ledit Duc de Ma» ycnne venant au fecours de Rouen,y deuft J* mener toute fon armee ; amp;nbsp;l’autre, qu’il deuft palTer la riuiere pour le fuyure d’auantagf» parce que y amenant toutes fes forces il f® pouuoit engager à vn côbat, pour lequel il nC «ftoit pasaOeZ fort s’il fuft demeuié en l’eftat que fadi te Maiefté l’auoit laifsé:mais luy citât depuis luruenU BafTompierre auec trois cor* nettes deReifl:res:Ballagny d’vn autrecoftéy ayât enuoyé ce qu’il auoit de forces, le Prince

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4»Par«c d'ailleuri, quatn ou onq cens cbt-«aux aueequelqu«infanterie de Vvtllons, ti encoresdepuiscftantarrioémonficurlcMar-, i i I qui»dePont,quileuramcn«comtnciléftdit^* U f*’»'“’'“’ plu» de œil cheuaux Sc deux mil homme» Jo pied. Cela feit prendre audit fieur de Mayenne cefte refolntion d’y amener tout» de paflef lariuiere8cvenir chercher le Roy .qu’ilspu-hlioycnt défia par touttenir en leurs mains Se difcouroîent plus de la forme d’vfcr de leur Viéfoire que de» moyens de l'acquérir,tant il» la tenoient certaine 8c infallible,comme il fer» tnalaiffequcdelong temps ils enrecouurcnt vnefibelieoccafion. 11 reftoit encores cefub. let pour faire cognoiftre de deçà vne vertu qut eftiresfamiliereà ce Prince, Sc par fa naturelle generofité 8c par longue experience qu’il / enafaifte,qui eft la conftance 8c refolution aùxnouüeauxaccidents, mefmesà ceux qui portent apparence de perilÇcommc ccftuy cy epauolttous le» fignes) toutesfois il y mon-

I ftravne telle affeurance que les pluseftonOes» trouuoient dequoy »’ affeurer en fa contenance pour apporter à cernai vnremede qui fuik honnorableScfalutairc. Premièrement ilde-pefehavers lefdifts Sieurs de Longue-ville Sc Marafchal d’Aumont pour l'es adriertir de l’ ftat de fes affaires, 8c qu’ils feiflenttoüte la diligence qu’il» pourroicntde fe ioindre pouf le venir rencontrer, preuoyant que cefte partie oef» demclleroit pas fans quelque grand

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coinbat.quiferoitvnecriftdelâ maUdie.Pu^ il refolut eh »ll»nt au deuànt defdits enneæ'^ il s’approchant d’eux,d’allar loger à ArqucSi quicft vnafle4,lgt;on bourg non,fermé^l’alifit'' te duquel il ferc à ce difceurs de defcrire. Dieppefôrtcnt deux coHaux.au milieu dd' quels eft vne petite riuicrç nominee Bethune, quin’crtpas longue, mais en laquellelaMe'' reflue â plus de deux lieues par delà ledd Dieppe.desdcux,colle2 deladide riuiereiul' qoes au pied des coftaux, eft vne prairie Ä plulloft maraiz,quin’cll iamaisqu’il neloif fort humide,à vne lieue amp;nbsp;demie dudicl Dief* pejfur ladite riuiere , amp;nbsp;au bas dudit colhu, qui eltà main gauche en venant audù Dief' pe, elf afsis ledid bourg d’Arques auquel y * Vn chafteauappartenantàfaditeMajefté.qu* eft fur le haut dudit çuftau quicoinmandede vepit partie dudit bourg, qui eft au reftefof-foyé il alTez fort d’afsiette, ayât en face de Pau trecoftédudit bourg, la plaine de tout ledit cottau.qui eftgrande.C’eftoitvn logisqueli-ditcMaiefté en fon voyage qu’il feit àDieppf» auoit en palsât par là,recogneu eftre fort propre à y faire 8c drelTer vn camp retrâché 3c fortifié, qui ne fut vne des moindres côlideratioi qui le feift refouldre de le venir prendre-Et d« faiét.y eftàt arriué, Payât fait veoir audit Sieul Marcfchal de Biron qui en feit le mcfmc iuge-mêt.foudain eux deux,fans autres ingenieur, cômécerét fur le plain dudit coftau qui efloit

au

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âeffus dudit bourg, i trafTer la ^otmt dt leur campauec 1«flancs,amp; deffcnces nacef-faires.'A quoyils feirent befongner en telle di-ligéce cju’i leur exéple, tous ceux de l’armet, depuis le plus grid iufc^ues au moindre,y tra* uailloient, tout le lôg du iour, plus ardéinent 3ue ne feroitvn manouurier lt;^ui entreprend nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

e la befongne à la tafche. :.Dc forte qu’eu v,quot; moins de trois iours, ledit camp futtellement ''' fortifié, que le fofFè aux moindres lieux, n’a-uoii point moins de fcpt ou huift pieds de bault, 8c commença deflors à y loger de l’artil lerie Sc y faire entrer quatre compagnies de SuifTesen garde- Les aducnues dudit cap fortifié eftoient veûes dudit Chafteau où il auoit faift mettre bonne quantité de pieces,de forte que pour en approcher il falloir palferi la mer cy des canonnades dudit Chafteau ; les adue-nuesduditcip.ducoftéduditbourg.eftoicnj

par deux vallons qui aboutiffent les deux te- '!lt;quot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7*

ftes d’icelui,où partie «ie îacauallerie pOuuoit

i eftrc cômodéinent logee 8c à couuertde l’ar-tillerie de l’ennemygt;en quelque lieu qu’elle y euft peu eftre mife, 8c de là faire de belles chat ges fl leur infanterie en gros, euft voulu taftec les foffez dudit retranchement. Ainfi en peu de temps, l’induftrie luy rcualut l'aduanta-ge que les ennemis pouuoient auoir fur luy en nombre d’hommes. Cependant lefdit»

, ennemis auoieni reprins les lieux de ûour-1 nbsp;nbsp;amp;ay,deNcuf'Chaftel 8c ladifte viUe d’Eu, 8t

ß *

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a* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

eheminoienf auecifTeuriced’en faire Ie nbsp;nbsp;nbsp;'

blable dudit Arques, Std’cn deflogef lel^^y Sc fon armee: mais an approchas de plas P*quot;**’ ayanspar eux eft* re'cogneucequi auoit elt;‘^ faid (comme ils Be manqucntpasd’aduis^ enfont fort bien Teruis, parce que le natu«* du fiecic incline plus à l’infidélité qu’aut«' mét.) Combien que eefuft leur droit cheW’® pour s’approcher de l’armee de fa Majefté,»* venir fur ledit co^utrouuer ledit camplo’’' tifié, 8c qu’ils n'en peufTcnt prendre d’auife« fans faire vn grâd deftour : toutesfois pluftoß que d’en prédre le hazard,apres en auoir longuement demeuré en incertitude, ils refol«' rent de pafTer bien plus haut cefte petite riuic- ' te qui fepare lefdits deux coftaux, 8c de s’allo^ loger fur l’autre qui eft vis à vis de celui ledit Chafteau d’Arques. Dót fa Maieftè eftéaduertie, confîderant que felogexntfuf ledit co(lau,il$pouuoiét attaquer ledit boufj d’Arqüesparlebas ducoflédeladiétcriuier* ) amp;nbsp;aller droit à Dieppe pour furprendre F» grand fauxbourg nommélePollet,quieftd« mefme cofié 8c au bout du pont de ladite ville,grâd Sc logeable, 8c qui pourroit beaucoup Incommoder le port 8e ladiéle ville, 8cpeute-ftre attaquer ertrcmblement l’vn 8c l’autre,il adaifa depourueoh* âTinftâtàtouslesdeuX, Sc en méfme tempi il feit retrancher le bas do« dit bourg d’Arques approchant de lariuiere, 8b qui eftoit l’vniquc lieu par où l’ennemi y pouuoit

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pounott venir, feit dans ledit retranchement mettre deux pieces de canon qui battoient le lone de la plaine qui eftoit depuis le paflagc de ladiéle riuiere par où il fallait ncceflairo-ment venir, 8c y logeavn de f«s rcgimcn» deSuiffes , 8c à mil pas delàafsiftvncorps da garde de fûldats François dans vne malladc-riequiy eft pour fouftenir quelques foldats qu’ il logea à trois cens pas encores de là,quad fur le bord de la riuiere, àfin que quand les ennemis feroient logez au village deMartin-glifc qui eft fur l’autre bord de ladiébe riuiere, comme il ne doutoit point qu’ils n’y logcaf». fent, deles cmpefchcr de pafter ladiéfe riuiere, du coftè dudit Arques. Il pourucut aufsi audit faux-bourg du Pollel, 8c l’ayant trouuè ouuert de tous les coftez, il refolut de retran-. ehervn moulin qui eft à la tefte par où l’en-nemy pouuoit venir, 8c comprendre audit retranchement des chemins bas qui en eftoient proches,feit palliffer 8c barriqucr les autres aduenues, 8c y fut fait vne diligence incroyable, à quoy les habitans de la ville Sc dudit fiuxbourg de tous aages 8c de tous fexes n’ cf-, pargnerentpoint leur peine, 8c de telle affe-ftion qu’il n’y falloir aucune contrainfte, dlt; forte qu’en moins de deux ou trois iours,toute cefte fortification fut acheuee. Pour le re-

■ gard dudit faux bourg, faMaieftè y feit venir IMonficurdeChaftillon, auec vne partie de fou infanterie. Il y ordonna aufsi le fieur de

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Guitry qui n’en bougea iufques ice que kf' dits ennemis fuflent dcflogez dudit coftiu. I Ils y arriuerent le trciziefme du mois de Se« À* ptembre , amp;nbsp;fe tindrent pour les trois pre-ffiersTours logez vn peu loing, fouffrans que lesebeuaux legers dcfaMajefté les allaffcuf rcfueillcr dans leurs logis, fans pour cela que ils en dcfptrtifTent, qui faifdit croire qu’ilsf® referucroient à quelque grand effort. Lefei-ziefine dudit mois «yans mi s toute leur armee en bataille, ils commencèrent à paroiftrc,amp; dés les cinq heures du matin, feirent chem*' ncr la plus grande partie de leur infanterie, amp;nbsp;bon nombre de caualleric vers ledit faux-

bourg da Pollot : ic le reftç de ladite infanterie ÄC la plus grande partie de la cauaHerielç-gerefe logea audit viH*ge de Martinglifo- Sa-diteMajeftéayantceft aduis, refolutde laif-fer mondit fieur le Marefcbal de Biron, pour commander audit Arques amp;nbsp;s’en venir en perfonne audit Pollet, oùd’arri'uee il alla loger en pleine campagne, loing dudit moulin retranché, quelque cauallerie amp;nbsp;bonne trou

pe de gens de pied, par lefquels if feit entretenir les efcarmouches des ennemis tout le

long du ionr à leur grande honte 9c peWe:car ils ne fceureni iamais les faire reculer d’vn feul pas, leur tuerent de leurs capitaines amp;nbsp;foldats, en curent les corps ic en prindrent plufieurs de prifonniers.paY od l’on commença i faire iugement, qu’il y aueit grande difference

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rtnce Bes foldit» d’vn« armee à l'autre. En | f 0 q fin fur les cinq heures Icfditsehnemiss’ertans nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ I

les premiers laffezdefdidesefcarmouches.lo- )’' gerent quatre de leurs regiments en vn village le plus proche dudit kux-bourg où ils a-, uoient bien faute de couuert, ay it deux iour» auparauant efté bruflé en leur prefence, fans qu’ils entreprinflent de le venir empefcher.

S’ils eurent pour ce iour mauuaife fortune du eofté dudit Pollet, ils l’eurent encores pire de l’autre, à Arques t car apres s’eftr« logez audit village de Martinglife, où eftans venus à l’ef* carmouche pour defloger les foldats qui ftoient demeurez dans les plus prochaines hayes de ladite riuiere du coftè dudit Arques, mondit fieur le Marcfchal de Biron qui eifoit près de ladite tnalladerie regardant ce qui fe paffoit, failoit entretenir Icfdites efearmou-ehes, iufques à ce que ayant veu fortir vn grid nombre de gens de guerre tit de pied que d«' cheual,pour enfoncer lefdits-foldats8c virtir-faucer les corps de garde de la malladorie, il leur feit fiirevne fi furieufe charge par mefdits fieursle Grand Prieur j Sede d’Anuille, ic cô qu’il auoit de Nobleflfe près de luy.qüe tout ce qui eftoit forty dudit village 8c ce qui eftoit demeuré fut mis en route, 8c y en ent plus de cét cinquâte tuez,entre lefquels eftoient huift ou dix portas tiltre de cô mandemét 8c trois Capi taines d’Albanois.y en eut plus de bleffez que de tuez, leur demeura plufieurs prifonniers,

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entre autres le Sieur du Moueftier Cornette de Monfieur de Nemours, le ieune Vieus-Pontamp; plufieursautres, iutqucsau nombre de vingt qui ont payé bonne rançon. Les ennemis furent fi eftonnez de ce mauuais trait-tement qu’ils receurent- efdids deux endroits, qu’ils ne flt; peurent refondre de rien entreprendre le lendemain : mais ceux du Pollet impatients que l’on leur donnait tant de patience, les furent chercher iufquesdani le village où ils (ftoien^ logcz,en tuerent plus de cent, de entre autres le neutenât de la Cha-ftaigneraie, l’vn dcleurs Maiftres de camp amp;nbsp;qui commandoit les trouppes dudit villags* fans perte que d’vn feul fold at de ceux qui rei' rent celle entreprife, en quoyil parut comm* en tous les autres combats que la premiers imprefsion qu’ils auoient prinfe les vns des autres en faifoient les vns plus , les autres rnoinsvaillans que par raifonilsnedeuoient eûre. Le mefine iour ce que les ennemisn’a-Uûient peu le iour precedent du collé d’Ar-ques par la force amp;nbsp;vertu de leurs gens.ibl® voulurent tenter parTcfFort du canon, amp;fei-aét du codé de leur eoftau battre de trois pieces ladiéle maladerie,amp;vn pctitretranchemél qui y elloit : mais il n’y peut porter aucun damage. Au contraire faMaiellê pour pleger les falues de leurs canônades fit mener deux pieces de canô au haut dudit retranchomct.doat I ft it tirer (Quelques voilées dans le village qui

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1 nbsp;nbsp;nbsp;7 donneret tel efFroy, que l’on en vit incontk

H nent fortirtout le babageSe la ctuallerie qu» y eftoit logée, n’y pouuant plus demeurer en feutetfe, lien demeurai toute leur armée vn

I' nbsp;nbsp;nbsp;extremedefpit,8ccombien quelaraifon euft

voulu qu’ils cufTent faiél leur plus grand effort contre IcPollet, 8c pour leur reputation qui eft l’inftrument dont ils s’aydent le mieux,8e encores pour l’effeft 8c l’auantagc que ils en euflent tiré, toutesfois toute leur furent Scanitnofité feconuertitfur lanaaladerie, la- ' quelle ils refolurcnt deforcer iquelque pris que ce fuft : Sc i quoy s’cftans en chacun des 1 troisioursfuyuantperparez icrefolus de l’en V nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;treprcndre, îc chafque fois ils y trouucrêt des

V defauts quilescmpefcberét, furquoy ils peu-j noient iuger que telles incertitudes font ordinairement manuals prcftiges Sc augures de ce Î^ue l’on veut faire. En fin le ieudy yingttrqi-lefme dudit mois de Septembre ils refolurét^;« 1 dcVexecuter.ayantdéslaminuiftfaitmettre K (toute leur artnécenbataillc, ils commencerét àlafaire paffer la pctjte riuicre fans fonner ta- 5 ' bourin ny trempette, pour ila pointe du iour eftre prefts de donner Seforeer ledit retran-cbeuiét. Dont fa Majefté eftant aduertie, ay it appellé ledit fleur Marefchal de Biron, fe rendirent enfemble à ladite malladerle dés trois heures auant leiour^ ayant ordonné d’y faire veniràlapoinfte duiour quatre où cinqcens t nbsp;nbsp;nbsp;fheutux feulement,»’eftimant point que cçlq

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deuft attirer vn tel combat qaeceluyquiyfut fait ; lequel poureftrcremarquable.mcrited* eitreelcrit, amp;nbsp;pourlc pouuoir mieux comprendre fert de parler de la fituation de ladite malladerie qui en fut la ciufc. Sa Majcftéayat ordonné du retranchement qù’il Feit faire à la âduenuc dudiél bourgd’Arques ducoftéd® l’ennemy, elle s’aduiia quafi apres courtde faireàplus de deux mil pas dudit retranchement vne tranchée perdue,qu’il feit comnieii cer duhaurdu cortau iufques à la prairie vu peu pardelà ladite malladerie , pour fe tenif igt;lus pres des ennemis, St eux plus loirtg d® ondit retranchement, n’ayant pas faiéldef-' feing de l’opinialtrer contre vne grandeforce, touresfois les y ayât veu venir les iours precedents fi mollement.elle prift opinion del* lt;!gt;' fputcrd’auantageSc delà leurfaire acheterfi ils la vouloient auoir. Ladite malladerieiptf le deuant du collé de l’ennemy deux pligt;-.. nés : l’vnc.du codé du bois quieft au haut du ■. coftau : l’autre,deuers la prairie feparées d’vn chemin creux planté des deux cofte2 d’vne forte baye • lederriere de ladite malladerièeft vne autre plaine fur le pendant duditcoftau iufques au retranchemét de l’aduenue dudit bouig d’Arques, bordée dudit chemin creux «U delà du qucleft ladite prairie.Lcpoinét do ioür venu ayant fa Majellé rccogncu toute la armee de l’ennemy en bataille qu i paroiflbit elcplos de miUç chcuaox St-grand nôbre d’in-fanteri®.

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fanterie .11 pourueut premièrement,auec l’ad-uis dudit Sieur Marcfchal de Biron, de loger dans ladiéle maladerie fept à huift cés harque bufiers, amp;nbsp;de garnir ladite tranchée de deux compagnies de Lâfquencts 8c de deux autre» d’aduenturiers SuilTes 8c de quelque peu de François,il ordôna au defTouz deladifteMal- ç laderie trois compagnies de cheuaux legers,à fçauoir la fienne que commandoit Harambu-re,celle du Sieur de Lorges 8c du Capitaine Fournier, qui pouuoient faire fix vin gts bon» cheuaux,lefquels ilfeift commander par ledit Sieur grand Prieur. Ordonna aufsi pour les fouftenir, le» compagnies d’Ordonnance des Sieurs de la Force, de Bacqueuille, 8c de l’Ar-chant, Seencoresvn peu au deflbuz celles de Mefsieur» les Princes deCondè 8c deConty, 8c au haut de ladifte tranchée demeura ledit Sieur Marefchal de Rirô auec les compagnies des Sieurs de Chaftillô 8cde MallignySc quelque autre troupe de Nobleflc, qui fut par ou cômen^al’efcarmouche.laqaelle fut tref bien fouftenue par la prudence 8c fage conduit*

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dudit Sieur de Biró (de qui les yeux feuls val-

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loictla farce 8c les bras de deux mil autres. De

i l’autre cofté eftât apparu quatre ou cinq cen» cheuaux que menoit feu Sagône.ils furet ft fu ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Tieufemêt chargez par lefdites trois côpagnies

de cheuaux, qui les remenerét batans iufques das vnautre fèblable gros de leurcauallene.Sc en cçfte charge fut Içdit Sagône tue d’vn coup

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de piftolei que ledit Sieur grand Prieur luy donna, l’ayant choify amp;nbsp;recogneu pour commencer par là de venger la mort du feu Roy ( fon oncle, toutes les autres côpagniei ordonnées pour fouftenir lefdits chenaux legers fîi-rent chacun leur charge amp;nbsp;fort à propos, amp;nbsp;” eftant apres les premieres charges r’alliez «o-feinblc, donneret iufques à la Cornette bl»®' ehe laquelle auec le relie de leur cauallerielçi fuyuât,furent arreftez par le regimêt des Suil-fes du Colonel Galaty, à la telle duquel efto'^ auecl«y ledit Sieur d’Anuiile,qui aueit choi» fa place de bataille àplusdecinqcenspasau-dela dudit retranchement quegardoit l’autt* regiment defdits Suiiïes , amp;nbsp;fi anantageuf*-menthe à propos que ladite cauallerie reue-napt delà charge eut moyen des’yr’alliflt.*^ celle des ennemis n’ofa iamais entreprendr» de l’enfoncer, ne pouuant neanttnoins gue-res feiourner pres d’eux, tant à l’oecafion de$ harquebufiers que ledit ficur d’Anuille ft*^ loger dans les hayes,amp; encores plus de ce que elle eftoit veue des pieces qui eftoient dansle ChafteauSc de l’autre cofiê de la riuiere, des premieres vellces defquelles ils furet telletnet incommodez qu’ils furent contraints de fert' tirerauec grandifsime perte. Au mefmetept que ce feit la fécondé charge parlacauallerici les Lanfquenets des ennemis donnerentàls-dire tranchée perdue, amp;nbsp;en approchant, fo« qu’ils feveiflent trop engagez, eu que cefuH lettt

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leur deffeîn Hefe rendre à bon éfclentoaptr trabifon.ils cômcncerent à crier qu’ils fc vou-loient rendre 8c feruir le Roy , dont ils furent trop toftcreuz par ceux de la dide tranchée 8c autres qui leur baillèrent les mains 8c les attirèrent dans leur retranchemét. Ge que xi’eftantpoint encores entedu par ledit Sieur deBiron,8c les tenant pour ennemis, leur feit vne charge,8c lors ils Icuerent les mains 8c luy dirent qu’ils s’eftoient renduz. Ils paflerent {lus outre 8c vindrét iufques où eftoit le Roy, equel n’en eftant point encores adueriy 8c recognoifsât leurs enfeignes, leur voulut suffi faire vne charge, laquelle ils arrefterent par les mefmes proieftations de vouloir feruir fa Majcftè. Pluficurs de leurs Capitaines luy eftas venuz toucher les mains le fuppliant de faire traifter auec eux par ledit Sieur Mare-fchal de Biron pour leur donner affeuran-ce de cequilcur eftoit deu par ledit Sieur de Mayenne, que cela eftant tenu en compte de debte delà Couronne de France,ils feruiroiét fideIcmentfaMajefté. Cequilcur fût accor-dè par le Roy quilcsr’cnuoyaaudift Sieur de

1 Biron, cftans peüc-meftc noftre cauallerie ; la plufpart de laquelle leur voyantencores les armes entre les mains, n’eftoit point d’aduis de traifter auec eux de ceftefaçori Sc pluftoft les tailler en pieces, 8c commencer par eux la viamp;oirc fur les ennemis,dont ils ne furent pas creus. Cependant fadifte Majefti 8c ledit

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Si^Qi“ de Biron eftans occupez aux autres e0‘ •bats qui fe faifoiét.Sc fc voyâs lefdits Lanfqui-nets feparez d’sux.côini; ils veircnt le gros de cette cauallerie qui vcnoitdôner iufquesauK Suiflcs.cftimant qu’il les dcuft enfoncer,coin inencerentà tourner leurs armes contre fad*-te Majefté,8c gaignant le haut du bois,f«ir«n£ vnclaluc d’arquebuzadcs à la trouppe OÙC' ftoit ledit fleur de Biron,qu’ils contraignirent de recullcr de ladite tranché«, delaquclleüs lêfaifirent, defualiferent la plufpartdesfd' dati y eftans,prindrent les enfeignes defditeï deux compagnies de Lanfquencts, fcrnedt celles des Suilfes aduanturiers quiyeftoient en garde, ayant par cette infignctrahifon amp;nbsp;perfidie qui n’a point encores eu de femblable gaigné ladite tranchée ic icelle liurée aufdit! cnnemis.de laquelle Dieu nepermittpas qae ils iouyttent longuement. Carcttant furuenü monfieur dcMontpenfier auec fa cornette St vne compagnie de gtnfd’armes de l’auant' garde, amp;nbsp;ledit fieurdeChattillonaüecvnr»* fraifchiflTement de cinq cens bons arquebu-ziers, lefdits ennemisfurent contraints defe retirer amp;nbsp;abandonner Icfdides malladerieSc tranchée,en laquellefadiéle Majcttéfeit, ta mefine inttât,amcner deux cations dont il tirer dans les Suilfes des ennemis qui auec quelque cauallerie faifoient la retraite, en It-qucllcilsfurétfort incômodez defdits canôs, fans queiamais l’on leur veitt tourner la telle pour

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jour veoir d’où leur venoitlc mal. AinGfaMt jefté demeura viftoricufe Se maiftreffe du chip dè leur bataille ^ui eftoit couuertd’vne grande «|uantitè de morts des ennemis,lt;^u’ils n’eurent pas foing 8c pluftoft le cœur de retirer, life vérifié c^u’il leur fut tué en ce combat plus de «quatre cens bornes, dont il n’y en euft Peuauoir cent cinr^uaute de l’infanterie, tout lerefte eftoit NoblclTe ou pour le moins de leurcauallerie; entre lefcjucls l’on nommoit pour principaux. Sagonne .Maiftre de camp de leur cauallericlegerc.leBaron de S. Andié fiere du Feu Comte de Sau’x; celuy c^ui por-toitla cornette dudit Sagonne.Bourgl’vn de leursMaiftres de camp, quatre capitaines d« leurs compagnies d’Àlbanois, les deux Ma-refebaux de camp du fieur Marquis du Pont, Âcplufieurs autres Gentils hommes, lapluC partFrancois, dontlapertc paroilf beaucoup en leur armée, qui en eft tref mal fournie. De blclTezilycutbicnplusgrâdnombre, dçpri-fonniers aufsi, entre lefquels font le fieur Cô-

I nbsp;nbsp;nbsp;te de Blain,l’vn de leurs Marcfcbauxde camp,

Trctfiblccourt Lorrain,!’ vn de leurs Maiftres de camp, 8c pluficurs autres , tant que leS Îrifons de Dieppe en font toutes pleitieS.

)eceux defaMajefté il fi perdit fixoïj.fep^ Gêtils bommes, entre lefquels le fieur Corn-« tedeRoufsieft feul de remarque Sc renom y en eut d’auantage de bleffez,entre autres leï ueursdc Bacqueuille quicneft m0rtdepW|

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fc de l’Archant qui en eft guary , des gens d* pied il en fut tué quelque« vn$, amp;nbsp;y en eut beaucoup de blelTez par la trahifoû defdi« Lanfquenets, qui emmenerent aufsi prifon-niers auec eux les fleurs Comte de Rochefort, Irere de monfieur le Duc de Montbazon,amp;l» fleurde Riuau qui efloiêt deineurczauec eux, comme les tenans pourfendus. La fagefleamp; toute-puiflance de Dieu reluiften toutesfes ttuures, mefmes à la conduire des aÆon» humaines; mais il n’y a lieu où elle foitplus remarquable qu’aux cuenemens de la guerre.' i four cefte raifon s’eft-il mommé lc_ Dieu des atailles,parce que luy feul veut amp;nbsp;peut diftri-buer la force, amp;nbsp;eftans lefdites bataillesles ar-rerts des fouuerainetez amp;nbsp;qui décidée les pi“* grandes querelles des hommes : il s’eft voulu referuer celle dernière cognoilTance, amp;nbsp;veoir que ce h’el^oînt le nombre des gens d* guerre ny lapuilïanCe des armées,mais fa feule volonté qui donne les vîéloircs à qui il luy I plaid. Il CB a donné en ce combat.vn bienpaf ticuliertefmoignage, ayantpermis que quatre ou cinq cens cheuaux, mil ou douze cens hommes de pied François k la prefence a« deux mil cinq cens SuilTcs.aycnt mis en rout-te cede grande amp;nbsp;puiflante armée qu’ils pu* blioiét(eux-mcfmes) eftrede vingt outrent thjlhommes.dontà Dieufeul foitlagloir«,^ non à ceux qu’il y a employez: car l’effet*® cd par deflas la force humaine. Ainfi

jtft*

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jêftè eftant demeurée maiftreflc de cefte trïHs cbce.qui auoit cfté caufc du combat, elîoit de iieure à autre attédant que les ennemis y deuf-fentreuenir pour repérer promptement cé-fte honte,aupàraüât qu’cl'e peutt eftre diuul-guce ; toutesfois ils laifTercnt palTer le veri-dredy Sefamedy ehfuyùant,fans monftrer aucun refentiment du dommage qu’ils aùoient rcceù. Mais elle fut inefperément aduertie, tomme le dimanche vingtcjuatriefme dudit fenöisdéSépiébrc, déslà'mmuitTq^lseftoiét I deflogez de leur quartier, Scaucc tel effroy 8c diligence,qu’ilslailferent de leursbl^(rcz,mu-nitiönsSc equipage; quieufteftê aHtz pour iuger que ce full pour te retirer du tout. T ou-tesfois fa Majeftéfut le lendemain aduertiéj comme ils elloient feulement allez tôurt cr Iccoftau, pour paffant le plus lo’n qù ils peu-

' nbsp;nbsp;nbsp;têt de fon armée,fe venir camper cntieÔiep-

be8t Arques Pour céfte occafion ayant faditè

. Majellé làifsé dansle Chafteau dudit Arques

aüecvncpanié de fon regiment,vint loger éri. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y«

1 nbsp;nbsp;ladite ville deDieppc, amp;nbsp;feit loger vnc partie -i

de fon armée dans lèsfaux bourgS. 8lt; lerefte dans les plus prochains villages. L’thnemÿ âpres aubrfaiél fept grandes lieues arriua lé màrdy vingtfixiefmc enfuyuât, quafi vis à vis d’oùileftoiipartÿ,8cnefeit que châger de coi fté.pour y chercher, comme font les tnaladeSi lt;|^tiêlquc allégement ou meilleure foriuric;

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II ne fut pluftoft logé en de petits villages qw auoientau parauanteftétousbruflez, : AlajtÜé feit au deffus du faux bourg dudit Dieppe qui cftoit de leur corté 8c â deux haf' quebwzades d’où ils eftoient logez, retrâchtf vue pctitc,çr^iygt;pe,oû il logea partie de Ibniii | fanterie 8c y feit mener deux canons : ceQ“.^ ayant efté recogneu par les ennemis,ils enitj; rent le fembIabTc,8c fe retranchèrent à bon tf' ciét en tous les logis qu’ilstenoient, deforK^ â veoirl’afsiette du câp defdites deux armées ileuftefté naalaisé de iuger quels elloimtltS afsiegez où les afsiegeans : mais à la forme du côbat l’on les euft toufiours recogneu peure-ftre leiafsiegez:car de leur part l’on n’en auoj* truit ny alarme quelconque. Au contraire,d ’ n’eftoit iour que ceux de la Majefté ne dónaf- ' fent dans leurs tranchées 8c barricades d* leurslogiSjUeprinlTentprifonniers Sc netual' fent beaucoup de leurs gens. Ils en enuoyere't । quelques vns loger au bourg d’Arqiies, odds I ne furet pas pluftoft arriuez que ledit fleurde , la Garde feit, du Chafteau 8c en plein iour.v- I ne fortie fur eux,en tua grade quâtiré, eri def-arma plus de cent cinquante, 8c meic lereftî en routte : de forte que de toutes parts il leur fuccedoit tref mal : 3c voulurent le diinanch« commencer pour le moins à faire vn peude , bruit, 8c meirent feptou huift de leurs pieces en batterie de bien fort loing , 8c en tirèrent cinq voilées feulement, dont les aucu

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ftesarriüerent iufquesfur lestuilleè desphïj »vieres maifons d’aupres de la porte, fans cjué ilsfeiffent autre dommage que d’vn feul hom-me qui futtuè ; mais ils ne peurent gueres continuer. Car aufsi toft leur fut faite vne autre contre batterie qui des premiers coups defmonta l’vne de leurs pieces , amp;nbsp;eurent af-fezde peine de retirer promptement les autres,qui ne demeurèrent pas à la batterie trois Heures entières. Enreuanche faMajcfté feit mener à plus de mil pas hors de fon fort deux canons qui battaient fur le corps de garde de leur cauallerie,dont ils reccurent grande pers te; enamp;napres auoir demeuré dix iours entiers audit prétendu fiege, amp;s’y eftans comportez tout d’vne autre forme qu’il ue fe feit iamais en aucun autre ; car ce fut fans approches,fans alarme «u efcarmoucht, S: fans que -aucun d’entr’-eux finonceux qui y furent a-' menez prifonniers.peuft parler du retranchc-1 ment où fa Majefté feit loger fes canons, tant I s’en faut qu’ils feeuffent rien dire de la con-tr’-efcirpe dufofsé.ny de la muraille de ladite ville,de laquelle ilsfe font contêtez de publier laprife auât que de l’auoir veue,tls fc retirerét ïorthonteufeméil’vnziefraeiour. L’on auoit eftimfe qu’ils eufsét cefte patiéce üc voulufsét i nbsp;raefnager leurs hontes,pour attendre!’ armée

qu’amenoiét mefsicurs 1« Côte de Soifsôs.de Longueuillc 8c Marefchal d’Aumôt,8c effayet 4« desfaire tontes les forces de fa Majefté en

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vne feule fois. Mais tant s’en faut que celait^ arreftaft audit ficgc, qu’au côtraire la nouuel' le qu’ils eurent leleudy qu’elle en eftoii * vingt lieues pres,fut la feule raifon qui les feit. le Vcndrcdy matirljdcnogcr fi promptement' j Et bien que fa Majeftè fc full mis en bataillea» uec huiél ou neuf sens cheuaux, à la vcuc 3*' toute leur càuallerie quifailoit retraitte, ils cu rent tant de halle de gagner pais,que cela leur , feift oublier dé inonllrer aucun deuoir 3eh j venir recögnoilire ; cequenefeitpasfaMaje« . fié, quilesfeitfuiurequafiiufquesàleurpre' I mier' logis : bref fi à l’arriuee ils ne feirent rien qui vaille,au deflogement ils feirét encorep’S-Et ceux qui les veulent exeufer fe trouuét e®' pefehez par où commencer, ou de plaindre leurs chefs amp;nbsp;capitaines d’auoir hazardéleot reputatiôfoubslafoy degens defipeudeva- ' leur.oU les foldats de n’auoir trouué en leurs i Capitaines, tant derefolütiô amp;nbsp;bonnecôdui' te,ny à beaucoup pres de ce qu’ilsenauoienl efperc'. N’ayant toute celle armee monftre courage; fi non d’auoir porté auec force lent honte Si leur |5erte,fans auoir pour cela, defi-fté de publier leurs fouhaits amp;nbsp;delféingspour effeéls certains,tantôll qu’ils auOiént cô traint le Roy de fe retireren Angleterre, tâtoûquih l’auoient entièrement deffait.iufques à s’attri- | buf-.- la viéloiredu côbat du leudy xxj.deSe- | ptêbre,amp; au lieu des trois enfeignes queleurs Lanfquenets,parleur5rahifonfufditejauoiét

empor-

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vr

emportées delà tranchée, en auoîr enuoyê, comme l’on diét.xviij. ou xx. à Paris, à qui ils ont fait payer ce taffetas plus cher qu’il ne leur auoitconfté, encores qu’ils l’cuffentachepté expreffement pour le leur enuoyer. Ces vani-tez 8c artifices ont peu leur feruir quelquefois,mais ce fôt remedes,lcfquels répétez hors defaifon, deuiennent poifons amp;nbsp;tuent plus qu’ils ne guariffent. SaMajellè les ayant veu defeamper fi inopinément de deuant fon ar« meequ’elle tenoit horsde la ville de Dieppe, eftima que ce fuftÇce que parraifon ce deuoit eftre) pour aller audeuant dudit fecours 8c le cambatre auparauant qu’il la peuft joindre. Ayant depuis efté confirmee en cefte premiere opinion par les trois premierslogis quefeit 1’armee ennemye, qui ne furent qu’en tournoyant Sefans s’enfiongner beaucoup de celle defaMajcfté; ellcferefolut, fentantleditfe-

, cours prochede Dieppe dcfeptouhuiéllieu-$''-‘ , as, d’en partir auec trois ou quatre cens ehe- /•' I nbsp;nbsp;uaux feulemét 8c l’aller joindre,lâiffantmon-

j fieurleMarefchalde Biró audit Dieppe,auec

toute!’armee, 8c combien queVennemyne ' fuftqu’à cinqlieues du lieu où elle joignit le-I nbsp;nbsp;ditfecours,elle ne laiffâ à fa veue,8c désleiour

I defonarriuee, de prendre 8c forcer la ville Sc 1 cbafteaudeGamache,8c depuis reprendre la , villeà’Eu,quieftoiét!esplusbellcsoc afions parlefquelles il pouuoit offrir 8c femôdrele-^it Duc.de May éne aucôbat : mais au lieu d’y

Ci’

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venir, criignât au contraire q apres les offre«! l’on en vint aux côtraintes.il fe refolut de paffer en diligécelariuiere de Some, couurâtce- * fiehonteuferetraitted’vnsautre plusgrande faute,amp; publiant qu’il auoit efté contraintd« ! defcédre en la Picardie pour fcfaifirluy-insf' «esdes villes de la prouinceî, Icfqucllespar letraic^é qu’il auoit auparauât fait par fcsde* putez à Arras,il s’eftoit obligé de remettre entre les mains des Efpagnols, qui ne vouloieni pas entrer en leur fecours.fans l’accoplilTeintt de celle obligation:à quoy il doutoit queceuX defdiôlcs villes ny confentiroiét pasaysé'nét । Sa Majellé qui auoit en principal deflfeiogde 1 esjattirer à vne bataille,preuoyant,puis qu’il« l’auoiêt euitee,eftant de deçà ladite riuiete de Somme, que l’ayant palTee les premiers, ilfe-toit du tout impofsibjç de Icsy forcer, ellefe refolut de les y attédre à leur retour, ne s’eftat Îias aufsibeaucoup,efmeue pour cmpefd’rf eur autre defleing de laremife defdifies villes, par ce que la raifon eftoit pour cela de foy-«çfraes alfez forte, fahs qu’elle euftbefoing d’eftreaydee de faprenfenccny d’aucûautre foing amp;nbsp;artifice ; fe confiant que les François, bien que leur chaleur amp;nbsp;promptitude naturelle l'sefmeuue bien quelquefois à fedition if rebelliô pour quelque temps.qn’ils ne font {joint encores neantmoins tant dégénérez de eurs anceftres, q poiircôplaireauxpafsions d’autruy.ils voulnfsét fe rcfôudre de fe dónef

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à vn maiftrc eftrâger.y ayit trop (Texcplts qui les en peuuét faire fages, amp;nbsp;recognoiltre qu’il n’y a doininatiô au mode pl’ douce que celle decefte monarchie. Ainfi ayât fa Majeftç fait, depuis leur paflage de la riuiçrc, encores vn peu de fejour audit Dieppe, tant pourpour-ucoir aux affaires delaprouince dcNormâdie en laquelle il lai (Toit tnôfieut le Duc de Mont-penfierauec les forces qu’il auoit amenées, q aufsi pour recueillir les quatre mil Anglois qui luy eftoiét enuoyez par la Roy ne d’Angle nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T

terre',;çlleenîpartitlcxxj.d’OftobreSevinti'^t petitesiournecs fâs paffer la riuierc.eftât touf- JÎ «t iours ducoftédel’ennemy.iufquesàMouli, J eftimât que quand cen’euli cftèque pour la réputation,8c pour',faire valloir quelque chofe les grandes promeffes qu'il auoit faites à ceux defô party.ilferoit quelque iournêe en auàt: mais enfin voyant qu’il ne fe picquoit point pour tout cela,|elle eftima que ce qu’il n’auoit voulu faire pour acquérir Dieppe, illeferoit pourle moins peur la deffence de Paris. Pour cefte occafion ellerefolut de paffer lariuiere de Seine audit Meulâ, 8c s’en venir âroift au-ditParis auec double deffeing, ou de côbattre l’ennetBy,ou pour le moins de le retirer delà Picardie, où par trahisô8cintelligéceilauoit furpris la ville de laPere.Scy pouuoit faire au-

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;très féblablcs praftiques mcfmes eftât la pluf-

I part de laNobleffe du pays venue troHuer fa nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

l Majeftè.Elle arriua le xxxj. d’Oefob. au villa* 5^

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P A

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ge de Baigneux, diftât duditParis d’vnelieyä feulement; Sc feit loger là fon année, 8c éf y111 ages de Mont rouge.Gentilly, Icy, Vaugi-rard amp;nbsp;autres les plus proches. Des ledit iouf elle voulut elle inefine recognoiftre tout le tour des tranchées qui enuironnent les faux» bourgs qui font deÇà lariuiere. Soudain auec l’aduis defdits Princes, Marefehaux de Fran* ce 8c autres capitaines de fon armée, elle refo' lut de les faire attaquerle lédemain àlapoin-deduiour par trois trouppes amp;nbsp;en trois Hi* uersendroiéts qu’elle diftribua. AfçauoirlV-ne corn posée defdits quatre mil Anglois.Sc de deuxregiments dcFrançois, Scd’vnautrede SuilTesaudif fieurMarefchal dcBiron, qu’elle teit afsiller des ficurs Baron deBiron fou fils, de Guitry amp;autres feigneurs; amp;nbsp;luyordonna de donner du collé des faux-bourgs Sâinél Marcel Sc Saincl Victor. L’autre,composée de quatre regimens de foldats Fraa-îois, de deux regiments de SuilTes.conduits par ledit (leur d’Anui'.le Colonnef general de tous lefdits Suiffes, amp;nbsp;quatre compagnies d’auâturiers audit fieur Marefchal d’Auinôf» afsifié aufsi deMefsieurs legrand Efeuyer, 8c de Rieux Marefchal de camp.Sc bonne treup-pe de Seigneurs amp;nbsp;Gentils hommes , pout alfiÜlir du colle du faux bourg S. laCqatS amp;S Michel amp;nbsp;autres. L’autre troupededix régiments de loldats Francois du regiment de Laiifjucnets conduiftparTiREc Scombert: êi, d’vn

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Çtÿvn regiment de Suiffes, aux fieurs de le Noue Sc de Chaftillon, po ur donner du co-fté des portes S-Germain,Bufsi 8c Ncfle, Ayât aufsidonnèà chacune defdites trouppes va bon nombre de Gentilshommes à piedbieti armez pour fonftenir l’infanterie en cas de lt;|uelquc grand effort Sç refiftance, Sc outre i la queuë de chacune trouppc deux canons 8c deux eouleurines. Ayant aufsi departy toute la cauallerie de l’armée en trois trouppes.def-quellesfaMaieftè commandoit l’vnç, Mon-heur leComte de Soifîons vnc autre.Sc Mon-fleur de Longueuillel’autre : 8e cftoient icelles deftinées chacune pour chacun des trois collez ou il cftoit ordonné d’attaquer. Suy-, uarit cell ordre,8c à la poincle du iour du pre-mieripurde Nouemhre, Icfditsfaux bourgs furent tellement attaquez,qu’en moins d’vn« heureils furent tous emportez, auec meurtre 1 de fept à huift cens hqmmes de ceux qui e-' ftoientvenusàladeffence,pertede quatorze 1 de leurs enfeignes, 8c prinie de treize pieces » de canon tant groffes que petites, fans qu’au-4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cundesalTaillanss’y foit perdu, 8c furent les

V al'siegez fuyuis de telle furie, que peu s’en fal-lut que les nollresn’entralfent auec eux pelle

I mefledansla ville, 8c fans que le canon ne fut 1 pas du tout fl diligent à venir qu’il auoit efté-\ ordonné,les portes eulfent elléouuertes 8c . enfumées auparauant qu’elles eulfent eftê l renipaiécs. Âinft fa Malcllé entiaau faux^ \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G 5

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bourgS.lacques fur les fepti huiói-hewesdu matin:criant le peuple par les rues à hiute voix.viuelc Roy, amp;nbsp;plias auecdeinonftration d’allegreiïejque d’aucun eftonnement, ayant eftéobferuèvn ordre non encores pratiqué entre les foldats, melmcs des François, quf nul ne fe desbanda pour aller au pillagé, nyfe loger que les quartiers n’euffent efté faits.Seu lementdans l’Abbaye S. Germain fer’enfer-merent quelque cent cinquante de leurs haf' quebuziers, qui feirentvn peu de contenance de la vouloir garder, comme ils l’euflent bien peu faire pour quelque temps, eftant tresbonneamp;forte: mais fur la minuiétayant eftcfommezils fe rendirent, amp;nbsp;demeura fa-' diteMajefté maiftrelTc abfoluë de tous IçfditS fauxbeurgs eftans de deçà lariuiere. Acéla^c à fe barricader deuat les portes de ladite ville 8c aeftablirlesgardes, fepafTatoutlereftccle la iournee dudit premier de Nouembre. Et ayant fa Maiefté efté aduertie que dés la nuift dudit iour, ledit Duc de Mayenne eftoita-uecla plufpart de fon armee entré en ladite ville, 8c par là obtenu la moitié de fon def-feing, qui eftoit de le retirer delà Picardie, elle voulut effayerdc paruenir à l’autre,qui a toufiours plus efté de combatte Sc deffaire fes ennemis en campagne, que non pas d'exercer fa luftice contre des murailles, amp;fes ytauures fubiets feduits par fauftes indu étions ^faroUcs, f,lle attendit tout le icudy deu-xiefme

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xleFmeêndit mois , pour venir s'ils feroient «juelqu« fortie:8c voyant qu’ils ne môftroienl aucun reffentiment du dommage qu’ils a-uoiontreceu le iour precedent; elle le refolut le védredy matin de fortir defditsfauxbourgs amp;nbsp;fe mettre en bataüic, à la veûe de ladite ville, pour offrir le combat aufdits ennemis, 8c y ayant demeuré depuis buit heures du matin iufques fur les XJ.heures fans qu’il paruft jamais perfonne, elle en partit fe contentans pour cefte fois d’auoir entrepris 8c exécuté furladifteville,ce qui n’yauoitpoint enco-reseftéfaiél,laiflanscefte honte à fefditsennemis de leur auoir tant de fois offert le combat fans qu’ils y foient iamais voulu venir: qui doit feruirdefuffifanteraifon de n’adioufter dorefenauant plus defoy aux vanteries qu’ils publient de leur valeur 8c grand courage : 8c d’auoiraurafte fait cognoiftre aux habitans deladifteville.à combien ils ont efté pres de leur entière ruy ne ; 8c que le remede que l’on y apporte eftquafi pire que leur propre perte ; ay ans apprins cefte fois, à leur defpens, qu’ils ne peuuent plus demeurer en feureté qu’ils n’ayent dedans eux ou en leurs portas, vue forte 8c puiffante armee, qui en fin fera à plufieurs fois ce que la plus cruelle'ennemie pourroit faire y entrant en la plus gran-

I de furie, qui feraient ruyncvniucrfclle, Scia l defolation de cefte belle 8c opulente ville, 1 quiçft la capitale, ôc le principal ornement

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rieceRoyaume. Dont fadiólcMajeftéabieiï faitcognoiftrequ’clle a plus d’apprehenfion amp;nbsp;de foin de leur propre falut qu’ils n’ont pas eux mefmes : auiquels pcut-ellre que Dieu fera la grace de deuenir plus fages cy apres, amp;nbsp;ayant eux amp;lcs autres peuples, eu en tant de occafions la preuue fi prompte de la contrariété de ce qui leur auoit efté mis, qu’ils coin-Biencerêtà ouurir les yeux de l’entendeinét, amp;nbsp;ce qu’ils n’ont voulu cy deuant ceder à la raifoH amp;nbsp;à la lultice,qu’ils le cederôt amp;nbsp;fe rendront maintenantauxeuenemens qu’ils voy-ent reufsir à leur hôte amp;nbsp;confufion aufsi grande que la gloire quefaJMaiefté en rapporteeft ineftimable. Pleuft à Ùieu comme des herbes les plus ameres fe laid le miel le plusdou.'t* que de CCS horribles malheurs que nous fup* portons il vaulfift qu'il s’en peuil pour nous compofer quelque bonne amp;hcurcufc fortune: qu’il infpiraft le Roy de côtinuer à ne procéder pas contre fes fubiets comme contre feS ennemisiurez, mais ainfique contre enfans defpitez amp;nbsp;opiniaftres.les verges en vne main amp;nbsp;la pomme en l’autre.Et combien que les in-iures faides àl’Ellat.foicntcrimespublicqs, amp;nbsp;que c’eft offencer les bons que de les pardonner, peur lepouuoir faire fans preiudice de perfonne qu’il ne les repute qu’iniurespar ticuliercs:amp; comme telles qu’il les pardonne Bcaboliflefans en rechercher vne vengeance exemplaire tçinde du fang de fon peuple: ain»

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ämfi que feroient les eftrangers conquerahs^ fe contentant que laluftice foit faiéte des pria cipaux autheurs du cruel affafsinat commis en la perfonne du feu Roy fon frere. Que ce feroit trop d’impieté amp;nbsp;d’ingratitude à toute laFrance de laifler impuny. Qu’il pleuftaufsi

àfadiuinebonté infpirer les peuples, à ce que aihfi que ceux qui fc font lailTez tranfporter i la collere,quand ils font reuenus à eux,la bon te qu’ils ont de leur fureur paffee leS f éd plus douxamp;traiêfables. Ainfi apres tant de furies amp;nbsp;infanies paffées retournas en eux-mcfmes, JjU’ils en puiflent deuenir maintenant plus ages 8cteidperaz ; 8cVoyant à defcouuertcc que iufques icy Us n’ont veu qu’au trauers de vnefpaisbrouillarsdelapafsion d’autruy. Ils recognOilfent que l’intétion de fa Maicfténe tend qu’à leur repos 8c conferuation.pendant qu’eux agitez de furie ne font ingénieux que àprocurer leur entière ruyne 8c confufion. Et pour cefteoccafion qu’ils recourent à fa clc-ihencc, prouocquans la naturelle inclination qu ily aparvnc prompte repentance ; 8c puis qu’ils ontaffez recogrieu que labenediflion de Dieu eft apparente fur luy, l’ayant defue.» loppé de tant dé dangers qui luy ont efte pie» .parez. Luy ayant aufsi donné d'vne mainli' bcralle Iss parties neceffaires à vn grand Roy, Scàvngratid Capitaine. Qu’ils confiderent [ qu’il feroit déformais grande faifon deneluy

plus donner occafion d’efprouuer fa force Sc

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fâvalleur contrefon peuple amp;nbsp;à Ton inalheùfj qu’il feroit plus eôuenable de la referuer pouf ellre emploiée à l’entier eftabliflcftient amp;a«* croiflcment deccfte Couronne, contre les t‘ Grangers uoz ennemis mortels, feulsarchite* ftes de noz miferes,afin qu’au lieu qu’ilsf* préparent de fe reueftirde nos ruines,no«J puifsions aller halîcrlalleur, qui n’eft diffe* ree finon d’autant que nous differôs de nous re-vnir, amp;nbsp;eftablir entre nous vne bonneSt perdurable paix: laquelle il ne fuffift pas de fouhaiter,il faut encores plus trauailler à la mériter,amp; viuans tout autrement que nous n’auons vefeu, par bonnes

(£uures,nous en rendre, dignes.

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Igt;E CE EST ADVENT EN Dr nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D£Pf^IS

frtnjedesfaux.heurgsde Parit, iuf-^ttesa ctl’e de la'vtUe d Alencon.

Ombiin que les exemples 8« reigles ordinaires tnenftrcnt r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;affez.que le tcmporifemcnt Sc 1*

patience fulflft pour doner aux Princes legitimes les viftoires des rebellions infaillibles, fans prendre le hazard des combats ; toutesfois la charité de fa Maiefté aeftfe fi grande enuers fes fubiets.que Îourlesredimcrdes opprefsions qu’ils fouf-rent 8c font pour fouffrir encores d’auatage, parla sontinuation 8c longueur de la guerre, elle n’a rien tant cherché 8c defiié depuis que elle eft eiitree en fon armee pour la finir protn ptement, que d'expofer Veuenement de fa caufe à la iuftice d’vne bataille, l’ayant of-ferte àfes ennemis en toutes les occaGons qui fe font prefentees de le pouuoir faire, comme elle feit premièrement lors qu’ils la vmdrcnt

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cliercher en Normandie, amp;nbsp;qu’ils publioienf qu’ilsalloicnt non à vne bataille .maisàviie vidoire toute acquife, quand à leur veueau partir de Dieppe, elle vint afsieger amp;nbsp;prendre Ja ville amp;nbsp;chafteaü deGam aches,amp; deux iours apres reprédre celle d’Eü, h’eftant toute leur armée qu’à trois lieues de là, depuis en reue-nant ayant fait cinq ou fix iournées deleuf corté,fans auoir voulu pafTer la riuiere de Seine au Pont de l’Arche^ comme elle pouuoit faire, amp;nbsp;ayant différé de la repalTef à Meulan pour les attendre au combat. Et depüisencd' res apres auoir prins les faux-bourgs de Paris; Iciour quefaAlaicfié en voulut partir, ayant demouré en bataille quatre heures entières; pour veoir s’il paróilfróit quelque effect dé cefte furie,en laquelle on difoit qu’ils y eltoict àrriùez,cômme ilaéftèplùs amplcmentdef-crit par le difeours precedent.Et eflant faMa-ieflc venue loger au village de Lÿnats foubs Mont-le-herÿ, elleÿauroit à mefme fin voulu feiourner encores vn iourentier.eftiinahtqué s’eftâs les ennemis repofez Se rafrai le b is trois iours entiers en la ville deParis, qùe lé Courage leur feroit reuenü,Se voudroict, peut cftre; fortir pOurlày venir rencontrer, ellahtbien refoluê s’ils s’crl fulfent mis en aucun deuOir; de faire plus de la moitié du chemin pour leur àllerau deuant. Mai4 ayantefléaduertièqué âu lieu de fe picquer de toutes ces occafions; îlsauroienteftiméauec moindre peribpoù* üoif

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hoir dcfcharger leur colère à faccager les pâfi ticuliershabitans de ladite ville ,amp; execute? eux mefmesce que l’on penfoit qu’ils deuf- i fentempefeher d’executer aux autres‘.impu- ( tas aux plus riches Scaifez de ladite ville pouf '• ^„-f*** firetexte de les pouuoir plus impunément '. inaflacrcf 8c piller, qu’i.ls eftoieht feruiteurS ! de fa'Ntajeftè, n’ayant pardonné à fcxè ne aa- ‘ ge-.ains tùè 8c noy é plüfieurs hommes 8c fem-incs pour ckeufer auoir efté entreprins par , |)ratiques 8cintelligences, ce qui fut exécuté ’ Iparlà valleùrdesgés de guerre de faditeMa- । jeftè.Sclàlafcheté 8c peu de refôlutiô de ceux 1 qui eftoiênt dans ladite ville,en laquelle viuât l à difcfetiôn, 8c y eftant tellement acafez qu’il \ h*y aüoit'pl us ordre de les en poüuoir tirer; fi ? îdaiefté refolui dereuenir prendre la ville 8c' / chafteaü d’Eftâyies. A cela bien aidee, de l’ad-f / ' üisqu’elïéeütquelc Geur de Clermót deLO-defucaùec cinquante ou foixante Gentilshô-ttiesy eftoientr’enfermez, fur l’afleurâcc que

, nbsp;nbsp;le Duc de Mayenne leur auoit donnée Sccon

i firmeepar pluGeursfes lettres, qui furent interceptes, quelles en viendroit dégager aucc y* toutefOn armee,eftimant faMaiefté quey e-ftant obligé de fa foy 8c de foh honneur, ce fè-rOitvncoccafion qui pOurroit rcùfsir à ceftë fois.Encefta opinion elle partit dùdit village deLynàts,le Dimanche cinquiefme lourde^ 'Köuembrc ,8c vint d’vne traite auec fonaf^ HieèiufqueSiudiiEftampes.qü’elleauOitfait

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inueftir dés le matin. Et combien qu’elle n'f peuft arriuer qu’il ne feuft la nuiél fermce: toutefois d’arbordee.elle gaigna tous les faux bourgs que lesennemis feirent quelquecon-'J'”*’tenâce de vouloir defFendre: désla nuifl mef-ine la ville fut aufsi gagnée, amp;nbsp;fc retirerét tous les gens de guerre dans ledit Chafteau qui fut aufsi toft inuefty.Sc en furent faites les approches, 8c deux couleurines mifes en battened* plain iour,lc mardy enfuyuât. Ce que voyant ceux de dedans amp;nbsp;que ceffe armee de fecours ne comparoifroitpoint,amp; qu’il n’en eftoit aucune nouuelle: ils demandèrent à parlementer 8c fc rendirent le mefmc iour, à condition que huiél des principaux d’entre eux demeu-rcroyent prifonnicrs de guerre, iufquesàce qu’ils en cuiïent fait rendre feptou huift autres qui leur furent nommez ; ayantfaMaje-fté depuis ladite capitulation fait cede grace audit ficur de Clermont de Lodefue, â deux Maiftres de Camp 8c cinq autres, qui deuoict demeurer prifonnicrs de les r’enuoycrfoubs leur foy. Ainfi fortirent dudit Chafteau enui-ron quarâte Gentilshommes, amp;nbsp;plus de deux cens feldats qui furent conduits en toute feu-reté iufques à la moitié du chemin de Paris. ' La premiere confédération qui vint à fa Maje-fté, fut que cefte pauurc ville d’Eftampesa-uoit en quatre mois efté défia prinfc trois fois; ■ amp;nbsp;combien qu’il luy euft efté vtile d’y tenir vne bonne garnifon , toutesfois comme de fon

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fôà naturel elle eft aufsi aifec à vaincre à k pitié 8c slemence qu’elle fe rend inuihcible lt;nbsp;îesettnemis, elle fe contenta de ne prendre autre fcuretê de ladite ville que lafoy dcsha-bitans d’icelle, aufquels elle s’en voulut fier: amp;nbsp;encores pour les öfter de toute crainte què par le moyen d’iceluy Chafteau elle les vou-luft pat apres traifter plus rigcnreufenaent: elle rcfolut de faire defmolir fondit chafteau

8c lailfer à eux feuls la garde de ladite ville, eftant bien affeuree que la comparaifon du traiftement qu’ils auoient receu d’elle ou dé fes ennemis,c’eftoit la meilleure garnifonqui les euft peu retenir en fon obeiffance. Sa-dite Majeft'e y feit feiour lufques au famedy enfuyuant, pendant lequel arriua vn Gentil homme defpefchè de la part de la Roy-ne douairière, porteurd’vne requeftequ’el-le prefentoit à fa Maiefté, pour la fopplier i de luy vouloir faire iuftice du cruel âflafsinat J 1 commis en la perfonne du feu Roy fon mary I laquelle requeftefaditeMajefté remit à rece- •••»gt;• l iaoir quand elle fcroitfeaot* en fon Confeil» çA*« I oùeftantlelendemainScyayant fait appeller ' l nbsp;nbsp;ledit Gentil homme, apres qu’il eut expofè fa

1 eteâce Sefadite requefte eftè leuê tout haut eu \ laprefencedetouslesPrinceSjMarcfchauxdé ' îrâce,8c principaux Seigneurs 8c Gétilf-hom-■ mes,qui feretrouuerét lors pres d’elle en tref-gradnôbre, par laquelle outre ce qu’elle défia

'( tuit defaMajeftê elle adiuroit nô feulemétlei

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princes amp;nbsp;laNobiefTc deFrance,maistousles Princes de la Chrellienté de l’afsifter en cefte iuftecaufe. Saditc Maieftéfaifantd’elleinef-mc la refponce.declarâ qu’elle loüoitgrande* métlarefolution que ladite Dame prenoitde faire cefte pourfüi te,pour laquelle il r’enuoyà ladite requefte en fa Cour de Parlement tranf fereeàTours.pouràla requefte de fonPro-eureur General amp;nbsp;àl’afsiftance de laditeDa-nae, faire l’ihftrüiftion du procez contre les coulpablesjà fin d’eftre apres iugé en fa pre-fence parles formes à ce eonuenables : mais que de fa part pour cefte pourfuitte qui éftoit bien feanteà ladite Dat'ne,faditeMajefténe vouloit pas difcôtinuerlaficnne.pourlaquel-leil voua derechef en prefence de ladite coin-pagnie.d’employer Ton foing amp;nbsp;fes armésiuf-quesàce qu’il euft fait la iufte vengeaneequé Dieu luy permettoit amp;nbsp;ordonnoit d’en faire, Ainfi fl les termes pitoyables de la requefte de ■ nbsp;nbsp;nbsp;•• ladite Dam e auoiêt rempli de larmes lesyeuX

' quot;nbsp;de ceux qui l’efcoutereiit, lagenereufe refpon •gt;», ce de fa Majefté les eut bien toftfeichezd’vne ardeur de tholere. En laquelle fut lors renou-uellé par eux tout à haute voix le ferment de ne dclpouilTer leurs armes qu’ils n’eu lient ve-

ceJfeindigncmortdufeuRoyleurmaiftre

amp; àveoir leur contenance ce n’euft pas efté I aduantage à ceux de la Ligue fi cefte requefte fuft arriuee la veille d’vne bataille.Mais voÿât J f8Maiefté,quc ne la honte ne la perte,n’aueit

, !

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peu faire fortir fes ennemis de. Paris: amp;nbsp;qu’il! n’y auoit plus d’efperançe de les faire venir au combat, que par vue extreme neccfsité. Elle fe refolut de r’enuoyer Monfieur le Duc de Longue ville, auec les forces qu’il auoit amenées de Picardie, ferafraifchiren la Prouince, s’en eftant auec luy retourné le fieur de la Noûe elleauroitfaiél lefemblable du heur de Giury, quil’ertoitvenu rencontrerau partir defditsfauxbourgsde Paris auec vne fort bone trouppe,l’ayant aulsir’enuoyé du collé de kBrie’.àc auecle rclte qu’elle auoit auroii fa’t aufsi refolution de venir faire vn petit voyage iufques â la riuicre de Loire, où plufieurs oc-çafions l'appelloient,amp; ce en attendant que la premiere leuecde fcs forces eftrangercs full plusaduancccqu’ellen’eftoit lors. Ainfielle partit dudit Eftampcs le famedy dixicl me No. I * ucmbre, Scprenantlc chemin de la Beauce, eftantaduertie que la ville de lanuille qui eft au milieu d’icelle fermoit tout ce paflageiellc voulut la recauurer en paflânt, amp;nbsp;y eft ant ar-riué le dimanche, le Capitaine qui eftoitde? dans feit vn peu de .nine de la vouloir dtffen-dre ! mais ayant veu approcher le canotiil la rendit, amp;nbsp;eftât forty auec bien deux cens har. quebufiers, fadite Majefté y entra le mefma iour amp;y feiourna le lendemain, fans que ceux de la ville en receufTefit aucun delplaiPr ou incommodité, non plus que s’ils ne fe fuftent 'limais feparez de fon obeiftance, y ayant lailTé

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Vonnegarnifon dans le chafteau quieftaffe? bon. Elle en partit amp;vint delà trauerfantia Beadce en la ville de Cliafteaudun, où fi toft qu’elle fut arriuce.elle enuoya fotnmer la ville deVendofine quieftde fon ancic patriraoi* ne,amp; dont fes predeeefieurs en portât le nem.

amp; côbien qu’à celle occafion eftât doublcmét j fesfuiets.ils fuflent plus coulpablcsd’ellredu party de fes ennemis; toutesfois ayant plus de^ îbing deles empefeher de faillir d’auantaige qdclespunirdeleurpremierefaulte, feiour-na trois iours audit Chafteaudun pour leur donner loifir de prédrevne bonnerefolutio: mais Dieu quilesreferueoità quelque exéple defaiuftice, ne voulut permettre qu'ils acce- ' ptalTent les offres que fa Majefté leurfaifoit de les receuoir en fa bonne grace. Äu contrai-

, re deuenusplusinfolensScopiniaftres.laco-traignit de les aller alfaillir; pendant le.feiour j qu’elle feit audit Chafteaudun y arriuerétles , Capitaines Suiffes qui auoient efté depefehez “ incontinent apres la mort du feu Roy parles Collonnclsdes quatre regimens qui font au fcruicede faMajefté pourcôfulter auecleurs fùperieursce qu’ils auoient à faire ou de continuer de feruirou de demander congé pour le retirer, qui raporterent à fadite Majefté ou- , tre la refponce qu’ils raportoient à leurs Gol- | Ionels de la part de leurfdits fuperieurs, ils auoiét charge expreffe d’eulx de faire en leur nom,entendre à fa. Majefté, que non feule- , 7quot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ment

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ment ils commandoicnt aux Collenncls amp;

Capitaines dcfdits rcgiincns de continuer à ■ luy faire bon amp;nbsp;fidellc feruice : mais qu’ils luy offroient tout tel autre fccours qu’elle auroit befoing, tenant pour confirmee amp;iu-reeaucefaMajefté, la mefnae alliance amp;nbsp;bonne amitié qu’ils ont eue auec les Roys fes prtdecefleurs ; qui eft bien au contraire de ce «jp’en predifoient Tes ennemis quelcfdits regimens feroient reuoquez amp;nbsp;ne feruiroient point fa Maieftê. Elle partit dudit Chafteau-dunlequatorziefincNouembre, Sclemefine ^4 b iourfitinueftir la ville de Védofme amp;nbsp;le Cha-fteau:elle arriua au village deMel lay le feizief-me, amp;nbsp;fans defeédre à fon logis alla recognoi-ftreentièrement ladite ville amp;nbsp;chafteau, t^ui fonttresbonne amp;l’vn amp;nbsp;l’autre. Eftant ladite ville fennec d’vnbon foffê plein d’eaueamp; a-uec vnc bonne muraille garnie de flancs en beaucoup de lieux, de bon terrain derriere : le Chafteau eft beaucoup meilleur , e-ftantfur vn haut, ayant vn bon foffèduco-fté de lacainpaigne, amp;nbsp;vn precipice du co-ftêde la ville, la muraille bonne, amp;nbsp;deffen-due de bonnes amp;nbsp;grofles tours. Legouuer-neur de la place cftoit le fieur Maillé Benc-hird, lequel Tentant venir le fiege,y auoit appelle vn bon nombre de Gentilf hommes fes' ainys, amp;y tenoit de garnifon ordinaire quatre compagnies de gens de pied qui pou-uoient faire quatre cens homes,outre ceux de

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ia ville qui eftoient de fix à fept cens, portant }es armes. Dés le iour me fine de fon arriueC plie feift gaigner tous les fauxbourgs de ladite ville amp;nbsp;départit mefsieurs les Marefchauxde Biron amp;d’Aumont l’vn du cçfté delariuiere, l’autre de l’autre, auec les trouppesde ladite armee, amp;nbsp;ayant mis la forme du ficge en deliberation, elle fe rcfolut de s’attaquer preinic-rcmét au chafteau qui eftoit le plus fort pour n’en faire à deux fois, parce que le chafteau gaigné, la ville ne ppuuoit plus cfchapper,ou jl feuftpeuteftre aduenu que commenceant parla ville où eftoit tout le butin, que les fol* dats ayât gaigné, ne fe fuffentplus gueresfoUr çié de l’honneur delà prinfe du chafteauoùil n’y euft eu à prédre qqe des coups.Se s’en full perdu vne bône partie.Toutle V^tlredy amp;Ie Samedy fe palTerétà rccognoiftrele lieu delà bateric 8e à tenir tout l’equipage preft,à quoy la prefence de faMaieftê valloit le trauail de cinquante autres: car elle n’en bougcpiide tout le iour Se bonne partie de lanuiél. Ce-pendan/ ledit Maillé Benchard quiauoiedés 3uefaMaieftêeftoità Chaftéaudun, deinan-é à parlementer au fieurde Richelieu grand fl euort de France auec lequel il auoit amitié particuliere. Se puis quand il le fut trouuer flans la ville il ne fçaùoit qua fi ce qu’il vouloir, (înon qu’il euft défilé que fans repdre ladite place, l’armee fe feuft retiree fe fentant encodes plus prelTè de fa cotifçien,Çe amp;nbsp;du peril du

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fgge redemanda'ledit fleur de Richelieu amp;nbsp;y çftât retourné,en rcuintaufsi incertamôc plus pialfatisfaiél que la premiere fois. Enquoyil parut bien que Dieu luy vouloit faire fentir la douleur de ion mal tout entier, luy en ayant baillé l’aprehenfion alTez long temps auant qu’il fuft aduenudu iugçmcntpour en pou-uoir recognoiftre le reinede,amp; n’auoir permis qu’il peut prendre larefolution des’enferuir cômeil aduint ; car fa Majefté ayant elle mef-tnepafsè toute la nuicl à faire côduire amp;nbsp;mettre fon artillerie en batterie , feiftà la pointe du iour commencer à battre deux tours du cbafteau pour öfter les deflfences de la breche quelle prppofoit de faire. Mais apres auoir faift tirer de cent à fix vingts coups de canon, amp;nbsp;ayanufté fai dans l’vne defditcs tours vn trou où pouuoient paffer deux hommes de front feulement. Les foldats impatiens de l’afiaulr, combien que quelques vns d’entre euxfeulement commandez pour veoir s’ils fe pourroient loger dans ladite tour, ils montèrent iufques au hault', amp;dc fnrie feiettoient dansleretrâchement.Ainfi fuyuis de tous les autres, les vns conduits par le fieur Baron de BironMarefchal de Camp, amp;nbsp;les autres parle fleurde Chaftillon.ils donnèrent tel eftonne-ment i ceux de dedans, bien qu’ils fuffent en tresbonnombre.queapres auoir paraucuns d’euixeftê rendu vn peu de combat, ils prin-drentl’effroyjSc quittant le chafteau fe fauuc;

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5« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• J

rent de vitefle dans la ville où ils furent fuyuK de fi pres que lefdits fieurs auec partie defdits foldatsy entrèrent pelle rhefle auec eux amp;nbsp;f« feirent en moins de demie heure, inaiftres du chafieau amp;nbsp;de la ville où ledit Maillé Bene-hird amp;nbsp;tous lefdits gens de guerre eftans retirez en vne inaifon fe rendirent incontinétau-ditfieurBarondeßiron à la diferetion toutes fois de fa Majefté , de forte qu’il ne fe veitia-inais ville battue Seprinfe d’alTault comineel-le fut auec moindre meurtre ; car il nes’yper-ditvn feul de l’atmce amp;peu de ceux des ennemis, leur ayant fa Majerté faiél grace à tous, excepte audit Maillé Bcnehard amp;nbsp;à vn Cordelier feditieuît que tous les habitans mefines aceufoient pour le premier autheur de leut mal qui furet exccutez.il n’y eut ordre de pre-feruerque la ville ne fut pillée, exceptelesE-glifes que fa Majefté feiftfoigneufementcon-îcruer de forte que l’on n’y entra pas feulement. Dés le lendemain ellefeift fortirtous Jesgens de guerre de ladite ville, Âc permift^ les habitans peuftent retourner en leurs mai-fons, fans pouuoir plus ettre prins amp;nbsp;rançonnez, reunit tous les Ecclefiaftiqucs en leurs charges ordinaires 8c beaucoup plus pafii-bleœent qu'ils n’eftoient du temps qu’ellee-ftoit occupée par ceux de la Ligue. L’exemple decefteiufticefauualavie a plus de mil hom mes: car quatre ou cinq petites villes des environs qui proteftoiêt de vouloir tjnir, deue-pues

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nuesfages aux defpés deVendofme ferenJï-récen moins de quatre ou cinq iours.Le Cha» fteauSeville de Lauardincóinencerent.Sefurent fuiuies des villes de Montoire , Montrichard amp;nbsp;chafteau du Loir,qui toutes faifoient beaucoup de mal.Scfpecialementà la ville do Tours,dontelles tenoient lesaduenues. Sa-ditc Majefté,ladite ville de Vendofine prinfe, fefentant fipres de Toursfe refolut d’yfaire vn petit voyage pour veoir mefsieurs de Ton Côfeil, amp;nbsp;refoudre aueceuxquelqs vns defes principauxaffaires, laifTant ce pedantl’armee à conduire audit fleur Marefchal de Biró. par la prefence de laquelle il reduifit toutes les fuf dites villes,'excepte Montrichard.de qui le voyage que fa Majefté feift audit Tours valut la reduflion. TLlle partit dudit Mellay pres de , VendofmeleMardy vingt vniefine, amp;arriu# d’vne traiéle , audit Tours qu’il eftoit deux hcuresdenuift.maiseileyeftoitattédueauec •, tantd’allegrcfTa, Sc de refiouiftance de tout ce peuple, Sc y auoittât de luminaires das les rues,qu’elleyfut veue arriuer,corne fl c’euft efté de plain iour. Déslefoirinefine monfieurle Cardinal de Védofmc luy vint faire lareuerc-ce, amp;nbsp;en receut tout l’acueil Sc la bonne chcre côuenable à la proximité de fang qu’ilaauec faMajefté.Môfieur le Cardinal de Lenôcourt enfeift 8c receut lefcmblable. LePendeinain ceux du Parlement vindrent en corps faluep

recognoiftre fa Majefté , pat la b.oijchç

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4u premier PreGdent.auqueril reufsit amp;en 1» fabltance,amp;en Fcloqucnce fort heureufcmêt, amp;nbsp;au grand contentement de faMajeltè : amp;nbsp;aufsi iesSecretaires delà maifon amp;nbsp;couronne de France: tous les autres corps des chambres des Comptes, courts des Aides amp;nbsp;bureau des finances,du fiegedcJaluftice, amp;nbsp;desMaireamp; Efeheuins de la ville en feirent le mefme.toni' «leaufsi les EccIcfiaftiqUes.Sc tous aueegran» dedemonltration derefiouifTanceÔc d’elpoir de beaucoup d’heur amp;nbsp;de repos du regne de fa Majefté. En quoy ils furent plus confennez parlesrelponces qu’ils reccurent particulier remet d'elle en tresbeaux termes 8c aucc,vne eloquence vrayement Royalle.Le mefme malin l’Ambafiadeur de Venifefut admis àl’au-. diente, où il prefenta premièrement des let-ires delà Seigneurie à faMajefté,8c puis feilt» deleurpart, l’office de coniouiflancc defon hcureuxaduencmentàlaCouronne, lafup* pliant de vouloir receuoir l’offre du feruice» amp;nbsp;bonne amitié de ladite Seigneurie, enuers laditeMajefté, Sc leur promettre 8c affeurer de la fienne, pour entretetjir la bonne intclli-gêce, qui atoufiourseftécntre cefte Couronne 8c ladite Seigneurie.A quoy il fut aufsi tref-bien 8c prudemment refpondu parla Maje-lté,que les cnnemys ne peuuent plus dire ne-lire recongneue que des Protellans. Ellen’^« unit proposé defeiourner que vniouraudit Tpurs. Mais clic fat tant pfcfsée de s’y laiff«

veoir

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6i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

Vèoiï*, qu’elle n’en peut partir que le Same^y enluyuant, qu’elle vint aulsi d’vnc traite rc* trouucr Ion armée auchailcau du Loir,qui en nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

éft à dix bonnes lieues ;amp; en partit dés le leri- ii demain pour venir liroit à la ville du Mans, qu’elle auoit long letups à refold de venir af. । ƒ g c fieger. Elle feit deux logisauantqued’yarrû '' uer.amp;elUtàYuray l’Euefque le vingtfeptief-me, diftât d’vne lieue de ladite ville du Mans, quelleauoitewnuoyéinüeliir vn iour aupa* ranant par le fieur du Fargis, elle enuoyafoin-tner ladite ville. A quùy le üeur de Boildaufin

Îui y commandoit pour la Ligue, feit vne reponce comme s’il eufteftèrefolu de s’y enter ■ rer.Sc tous ceux qui clloientauecluÿ.pluftoft quot;nbsp;“ ‘ quot;nbsp;que d’en fortir: amp;nbsp;de fait, il commença à faire brufler vne grande partie du faux bourg de la Coufture,au moins ce qui eftoit hors les rc-tranchemés dudit faux bourg ; mais y furuint ledit fleur du Fargis auec fa trouppe qui en fauua vne grande partie. Bientoft apres y ar-riuerent aufsi lefdits fieurs Baron de Biron amp;deChaftillon. auec la plus grande part de l’infanterie Francoife , auec laquelle dés la nuiftraefme, fut gaigné ledit retranchemét, qui auoit en tel endroiéf dix Sedouze piéds de hauteur amp;nbsp;pouuoicfttaisémét attendreleca-non: deflors l’on feit iugement que l’on au-roitpluftoft laraifon d’eux que l’on n’auoit fensé Le lendemain viOgthuidiefme.fa Maje lté vint loger audit faux bourg.qui elh bcaudé

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e|uaß plus logeableque Ia ville, 8c feit ce tMéf-,ne iourgaigner les autres faux bourgs, excepté celuy de S. lean , qui eft de là lariuierà de Sarte,lequel fut gaignéle lendemain:ert ayant neantmoins ledit Boifdaufin faitbruf-1er plus de la moitié quieftoit le plus proche JuPont* qui cftoient de tresbelles maifon5gt; tout leur courage ne parut qu’en cela : cara-presauoir durant les trois ioursfuyuânseftê trauaillez à faire faire les gabions amp;nbsp;autres chafes neceffaires pour la batterie,Sc faire me-ner les pieces au lieu oùelle fedeuôitfaire, ÿ ayant faMajefté mefinepafsé les nuicts tou-tesenticres ; ayant le deuxiefmc du prefent moisdeDécembre faitfurles fept heurescoj tncnccr à battre quelques des deffences delà muraille de ladite villc:dés les premieres vob lées de canon qu’ils entendirent, ce beau langt; gage qu’ils auoient tenu à lafommation qui leur fut faire,fut côuerty enfubmifsiô dntout contraire. Le bruit defdits canôs vint iufques à la Perte Benard, où eftoit venu le Comte de BriiTac aueedeux regimens pour fecourir ladite ville, qui en fut fi eftonné qu’il en recula plus de douze lieues en arriéré; 8c ainfî Ce retirant dôna à l’improuifte dans le quartier des Reiftres de fa Majefte,qui n’auoiêt point voulu châger de quartier : 8c en eurét pour butin trete ou quarâte chenaux 8c leurs chariots,fâs perte toutesfois d’vn feul home deguerre’âira fi Boifdaufin 8c lesfiens n’ayât point preueu

Qu’ils

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tju’ils deufsét eftre menez fi rudemét.car daht trois heures ils auoiét ràlîaut.à cjuoy h’eftans pas bien refolus ils demanderét à parleméter : Sien fin auat qu’il fuft deux heures après mîr dy ladite ville fut rendue à fa Ma')erté, comble qu’il y euÛ dedans plus de cent Gentilf hommes âcvingt enfeignes de gens de pied.qui pc-dant la capitulation fe defferoient publiquc-incot l’honneur les vns aux autres : les Gentilf. homes , que l’infanterie n’auoit voulu cô-battre; amp;nbsp;les gens de pied,que c’eftoit la Nob-leffe qui auoit malgré eux voulu capituler,cô-meàla vérité c’cftchofeeftrangc auoirfait def pendreau peupleplus de ein quite mil efcus pour fortifier la ville amp;nbsp;fauxbourgs.auoirbruf lé pour plus de cent mil^fcus de maifonsdâs lefdits faux-bourgs, ruync comme l’on dit, le pays de fix fois d’auantage pour attédre trois volées de canon Sc puis rendre la viile,laquel -lefaos l’extreme foing qu’en eut fa Majefte n’euft iamais elle exépte d’eftre pillee; mais el le en feit tenir les portes fermées, amp;nbsp;àfinque nul n’euft occafion d’y entrer elle n’y voulut pas loger elle mefme.Sc ne deflogea point du faux bourg où elle auoit premièrement loge.; amp;nbsp;s’eftans trouuez deux foldats faifis d’vn Calice qu’ils auoientdefrobé, furent penduS fur l’heure , bien qu’ils fuffent recogneus pour eftre treCvaillans.Sa Majefte remift premièrement l’Euefque du Mans, amp;nbsp;le fieur du ^argis fon frère qui en eftoit Qauuerneur;

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8c feit,au reftc, grace à tous les habitas qui luy en vindrent tous,tant les Eccicfiafticquesque autres , rendre graces : auec proteftatioride . leur fidélité 3c parfaite obeylTanGe. Pendant le feiour qu’elle y feit de cinq iours depuis la prinfe, fe rendirent le chafteaii de Beaumont prcinierement,cclHÿ de Toute voyes,auecle-quel fe recouura àuisi au feruice de fa Majefté le ficur de LanfTac qui y cômandoiti corne fei-rent la pliifpart des Gentils hommesquiefto îent dans ladite ville, amp;nbsp;autres qui aüoiéteftê feduitsparceuxdela Ligue,amp;fc trouuàfadi-te Majefté accôpaignée en ce fiégê de plus dé cinq cens Gentils nommes dcfeS Prouinces voifines, entre lefquels eftoiét plufieursMar-t]uis, Comtes, amp;nbsp;autres grâds Seigneurs fe ré-duifircnt: en mefmc temps les villes de Ssbié; Laual,Chafteaugontieir,qui font toutes villes d’importance, amp;nbsp;plufieurs autres qui rie font pas défi grand nom. Auant que partir de ladite villa du Mans fa Majefté refolùt aüfsi dé prendre la ville Sc çhafteau d’Alençon,amp; pendant que fon armee s’y achemineroit foubs lâ côduitc dudit fieur Marefchal de Biron amp;nbsp;dû fienrBaron fon fils Marefchal de camp del’ar tnee, elleaduifa défaire vn petit voyage iüf-quesauditLaual, pour y conforter par fa pré^ fence la Nobleffe amp;les peuples dudit pays,qui eftoiét nouucllement reduitsàfonobeylTan-ce.Scaufsipoury faire venir MonfieurlePriri ce de DÓ bes que fa Maj efté défi roit d’y veoih

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Èllèàrriuaaudit Laual le neufiefrae At luy vint au dcuat bien loing pat de là la Ville, tous lesEcelefiaftiqUes,tanc Chanoynes que Religieux auec leurs orncmcns, amp;nbsp;cointae ils ont âccouftumé d’aller aux procefsiohs : amp;nbsp;ayant par la bouche d’vn d’entre eux faidleürfubi mifsion Sc prqtcftatio de toute fidelité amp;nbsp;obéi ylTance,accompagnèrent fa Majèftê iufques àl’entréede ladite ville, chantât toufiours vi-ôeleRoy , én tresbonne mufique :luy eftoiét aufsi venus au dcuâtaucccux, ceux du corps delalüftice ficdelaville, amp;nbsp;fut vne clameur perpétuelle de viüô le Roy partout le peuple^ Îgt;endant qu’elle paffa au tràuèrs de ladite vil-e. Elley feiournâ huift ou dix iours,^amp; y arri-Ualeditfîeur Prince dé Doinbesaüec grande quanriréde NoblefTe deBretaigne, q^uieutà grand honneur d’efirvecogneuede faMaje-ué,comme elle en fut àufsi fort humainement teceue.Aucuns de ladite trouppe s’eftans def-bandez allèrent prendre én Venât le chafteaü deChafteaubriant,amp; en emmenèrent le capiï laineprifonnier 8c plufieursautres ; ayantfa IWaicfté dôné quelque iour audit ficur Princô de Dombes, amp;pöurueu aux affaires decefté Prouince.Sa Majefté le r’enuoya en fa charge» tome elle feitaufsi partir Monfieur leMare-fchal d’Aumont pour aller recueillir fes forces eftrangeres : Scelle partit duditLaual pouf Veniren la ville de Mayenne où elle futaufst fort bien receue, fie s’affeura du chafteau, fanS nbsp;nbsp;/

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vouloir laifTer autre garnifon dans ladite ville. Elle arriua audit Alençon le -vingttroifiefme» ayant efehappè de trçfmauuais cnemins : æô-dit fleur IcMarefchal ücBironqui eftoitpar-ty de ladite ville du Mas le neufiefmenypeut arriuer.à l’occafion defdits mauuais chemins« mefinesl’artilleric, que le quinziefmc;amp;l’ayant quelques iours auparauant fait inueftit par le (leur de Hcrteray, dés qu’il y fut arriué» print d’abordée les faux bourgs: amp;nbsp;tellement prefl'a ceux de la ville qu’ils auroient efté contraints de capituler amp;nbsp;le rendre, s’cftantleca-pitaine la Gau qui en eftoit Gouucrncur,retiré dans le chafteau auec quatre cens cinquante foldats, faifant contcnâce de fe vouloir def-fendre.eftant ladite plaçc trcsbonnc.enuiron-née d’eau, de bonnes murailles, flanquées de bonnes amp;nbsp;grofles tours.Ledit ficur Marefchal eftant entré en ladite vîlle, y donna tel ordre qu’il n’y eut aucune apparence qu’elle eufte-fté afsiegèe, ayant çftè le inefme iourqu’ily entralcs boutiquesouuertcs, coinmelîelles euflent efté en plaine paix : il comméca dés le mefine iour à faire mener des cations deuant ledit chafteau amp;nbsp;tirer aux deffenccs,cftans les chofes tellemét aduancées, que ayant trouvé moyen de deftourner l’eau, ils pouuoiét dans peu de iours faire breche. Sadite Majefté c-ftant arriuée,8c s’eftant faitmonftrercequia-uoit efté fait,amp; ce que l’on propofoit de faire : elle feit foudain iugemét que le fiege ne feroil pas long*

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paslong. Ledit Capitaine la Gau qui eftoîf dedans , enfeitloy mcfmeiugcmcnt, amp;à la foHiraatioiï que fa Majeftèluy fcit faire pour lay declarer fa venue: il côtnençea à s’cftôner; amp;deslê lêdeinain matin il pàrleméta,amp;lc iour ttefmé la capitulatiô fut refolue.pour luy laif-fcramp;àfcsfoldats, la vie, armes amp;nbsp;bagues faunes,ÿ aÿât eü lieu en cefté dite ville, amp;nbsp;en tou-teslesautres de faire eôparaifon du traittemét Juerecoiüent celles qui recourêt à clcmcnce

e fa Majefté aux autres i qui opi niaftremen t Veulent attédrê l’effort dè foriarmee, les vnes clhns demeurées defertes,lcs autres ioüiffan-tes d’vn plain amp;nbsp;affeure rcpos,faifant profit dé leurs pertés,amp; ayât par leur prinfc amp;nbsp;reduftiô

• »cquisvne entière liberté aO lieu de la dure ca-ftiuite que clleà fouffroient foubs l’illègi limé dominatiô dcsautres.il y a bieri eu aùfsiàcô-lîderercequ’cri tous les exploits de guerre fufdits.a valu la fage amp;nbsp;valeureufe coduitte dé faMâjeûê.eftahsKS ctincmiscôtraints de cô-feffer qu’il a cfte admirable amp;nbsp;iufques icy ined gheü par aucun autre exéplc,ce qu’il y a faiél : •yât en moins de deux mois faiél faire à vne ar ^eepefantc côine la fiénè,chargee d’vn lourd attirail d’artillerie amp;nbsp;d’vn grâd nôbre de Suifi autres eftrâgersplusdchuiél vingtslic-■es,amp; cé faifant, prins les faux bourgs de Paris, faift, quatre, cinq ou fix fieges notables,’ prins quatorze ou quinze bônes villes, auoif nettoyé les prouinces de VcndomoiSjTosrafcl

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tiè.Anjou 8c Ie Mayne, de tout ce que tenoiet les ennemis Sc rccouurénon feuleinét les villes, mais les cœurs Sc affcélions des plus mai afFcftiôncz quiy fuflent. Se tous ces exploit» Faiéls 8c executez par la force de fes armes pre-fent ou terreur d’icelles,fans s’cllre iamais fet' uie des moyens des trahifons , monopoles, meurtres , ScalTafsinats, laiffantces artifice» pour les iniuftes caufes,fe Confiant la ficnne e» lire fl bône qu’elle trouue aficz de fupporten foy mefmes.fans emprûter le fecoursde et qui y eft du tout côtraire,ayant cefte maxime louable que le mal rte peut iamais feruir au bien. Sera ilpofsiblequeDieüayetant condamné ces pauures peuples des villes qu’il les vueill» laificr plus longûemêt fi aueuglés desyeux d* lefprit 8c du corps qu’ils neconfiderétlespfe' cipiccs où ils fe plongét eux mefmes Sccominc ceux à qui ils fe liurét 8c qu’ils appellentpour amis leur demeurent aufsi toft les pireseoue-mys qu’ils Qauroiêtauoir, que apres lesauoir fuccez pendant qu’ils font auec eux,8c puis a-pres foubfmis à la mifericorde du moindre loldatin de la trouppe,s’jl fe parle que l’armée de faMajefté approche pour fe preparer de les côferuer .n’ont autre induftrie que de brufler la moitié de leurs villes, tousles villages, 8e polîefsions d’vne lieue à rentour,les faire tra-iaai11er iour 8c nuiél à faire des rempafS, 8c re-tranchemens , 8c puis s’il leur vient vnfiege , pourueu qu’ils ayent veu le canon.font excu-fez de

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fez de leur Honneur, de capituler poujquot; eux d,e fortir, leurs vies amp;nbsp;bagues fauues , ne fui Han t; pour marque de leur proteébon quelanaoy-tié des villes en cendres la pluf part des familles déshonorées, amp;nbsp;tous les pauures habitan# Vne corde dans le col : que s’ils n’auoiétàfai-reàvnPrince mifericordieux , vne foreftn« fourniroit pas les gibets quiy feroient emplo-iez : fera-il pofsiblcqu’ils ne voyct amp;nbsp;cognoif-fentcôme ceux qui ont efté fi afpres àeünou-üoirles feditions, font maintenant fi lafches amp;nbsp;malheureux à les fouftenir, amp;nbsp;que fa Majc-flédeffendant la Royauté contre la tyrannie, fon peuple contre l’eftranger.la iuftice contre l’iniquité, que riflve de Tes entreprifes doit par necefsité refpondre à vne fi bonne caufe, quela ruyne de ceux qui s*y oppofent eft ine-uitable,fi la parole de Dieu eft comme elle eft, tref veritable. C’eft ce que nous auons à la fupplier de leur donner moyé de pouuoir cô-liderer amp;nbsp;cognoiftre : mais fur tout qu’il veille preferuer fa Majefte des aguets. Si mauuais deiïeins qui fe font fur fa perfonne.Sc qu’il luy veillçprolonger fes iours de quelque bon fie-çle : car au befoing que nous auons de fa pre-fence, le cours des plus longues vies or

dinaires ne fçauroit eftre que trop court.

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DECLARATION FAICTEPAR LE EJ)X HE\E,r

de ce nom, par la grace de Eieu Ro^ France de Nauarre, par Inj rnefff^^ prononcée aux Setgneurs,chefs, hommes de fen armee,deuant la vi^t de Paris le 8. d’Aouß.

IlSp.

MEssievrs jlcçroy quelaplufpartde vous font bien meinoratifs, des reeom-mandationsamp;fermés que le Sieur de-funél Roy mon predeceffeur me feit faire en voftrç prefence pour la tranquillité de ce Royaume, depuis fa blefleure amp;nbsp;fe voyâtprès de fafin.mais entre autres chofes, il vous peut bien fouuenir du premier 8c plus fingulief poinéf.qui cil de vous maintenir 8c tous mes autres fubiefts en liberté pour l’exercicedes deux Religiös, à fçauoir la Religion reformée amp;nbsp;la Catolique Romainc.iufques à ce que par vu bon 8c fainéi Concile general ou National on euQ efté refolus : rccognoilTant faditeMa-jefté qu’il n’auoitautre moyen pourbienap« paiferles troubles amp;nbsp;dllTenficnsdece Royau«' me, que fi Dieu luy eall fait la grace de plus longuementregner,Seen biiefil euftvfédece prompt Sefiogulierremede. le vous dis cecy, ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Mefï

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Mefsieurs, amp;nbsp;vous prie croire que ie n’ay rien en plus grande recommandation que de tenir fidellemcnt tous fermens que i’ay faiéls, amp;nbsp;fc-ray,amp;mefmes ceftuy là, pour la grande importance de quoy il cft, mais i’ay ellë aduerty Ju’ily en a quelques vns de la Noblefle de cc-earmee, qui font courir le bruiéf, qu’ils ne me peuuét faire feruice, fi ie ne fais profefsion de la Religion Romaine, amp;nbsp;qu’ils quitteront mon armee, voulans par là eflayer, fi ie ferois fi pufillanime que de quitter amp;nbsp;contreuenir à ce que i’ay le plus en recommandation en ce monde, à fçauoir ma Religion amp;nbsp;mon fennét. levousayàcefteoccafion, Mefsieurs, faitaf-fembler pour declarer en vosjprefences, que ie fuis refolu amp;nbsp;prie le Seigneur mon Dieu, me appeler pluftoft de ce monde que de chanceler aucunement pour changer de Religion amp;nbsp;àmesfertnens, premier que d’eftreinftruiéf parvnfainélConcile, auquel d’abondant ie me foubfmets amp;nbsp;iurc l’enfuiure, ne defirant rien plus,telles gens vuident mon armee, ai. mant mieux cent bons fidelles François à mes coftés que deux cents tels : parce que ie m’af-feure que Dieu cft du collé des gens de bien, lecroyque deux chofes feulement font ferner cede zizanie à ces gens là, à fçauoir le ferment qu’ils ont dés long temps aux ennemis de ce Royaume,8c le peu devenu 8c d’afleurance pourparoiftreés lieux d’honneur 8c de marque. Que telles gens donques ne craignent

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point me requérir de leur congé, amp;nbsp;ie leur de* clare apertement qu’ils ne font pas fi prefisjde ce faire.que ie le fuis de le leur otroyer.regret. tant toutesfois qu’ils ne font meilleurs François,à leur profit amp;nbsp;(àlut feulemét amp;non pour autre chofe:car quad tous en general in’aban-dôneroient(ce queie ne puiscroyreji’ayaffez d’amis à mon commendement, pour â voftrc honte me mainteniren mô autliorité,amp;quâd tout cela me dcfaudrojt.i’ay Dieu tout alfeuré qui dés ma nai,(Tance amp;nbsp;iufque's à prefênt, m’a accôpagné de fes fam.élcs Sc miraculaufes be-. nedicHotis, eomme tous elles tefmoings.Cat jamais Dauid ne paruint mieulx au royaume d’Ifrael contre toute apparéce 8c force humaine, que ie fuis paruenu à ceftui cy.ni auec plus de trauauxSc de dangers, tellement queie re-cognoy auec toute vérité q Dieu m’y a mira-cu ieufemét introduit 8c inftalé.Parcillemét, quand tout le fccours humain me detaudroit pour m’y entretenir,ie fçay que ce grand Dieu Eternel,nemedefaudra iamais.m’affeurant qu’il n’a commencé vn œuurc fi miraculeufç pour la lai (Ter imparfaite, non pas pour l’amour de moylêulement, mais àcaufedefon Saint nom, 8c de tant de perfonnes affligées en tât de façôs en r- mien royaume qui crient tuifei jcorde,ily a fi long téps, aufquels ie defi-tefubuenir, amp;c ie promets taire en toy de Roy, tupluftoR que Dieu m’en aura donné le ino-

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yen. Que ces trompettes donc de mauuaiCi Volonté, cciïent, amp;nbsp;qu’ils croycnt véritablement que non feulement celle CoJonnejmais l’Empire de toute la terre, ne font fuffifans pour me faire changer la Religion en laquelle i’ayefté nourri amp;nbsp;inftituê désla mamelle de inamere,amp; que ie tien pour veritable, qu’il ne yaque laparollede Dieu, que ierecognoifle pour guide, amp;nbsp;pour me reformer à vn fainét Concile(commei’ay dit cy deuant) Vous fça-uez tous, Mefsieurs, que ic fuis François vray ,?cnaturcl,amp; ne fuis point homme d’humeur, duquel on doibue eftre en doubte.pour le tef-moignage qu’en ont rédu mes avions palTees en l’aage quei’ay, tellement qu’aux deporte-més quei'ay faiéts depuis feize ou dixfept ans que i’ay régné en mot» royaume de Nauarre paysdemonobeiflancc, l’on peut iugerquel ie fuis,quoy que i’aye eu beaucoup d’occa., lions amp;nbsp;des moyens de me refentir des tra-uerfers que m’ont faiôl les ennemis de cefte Coronne. D’auantage , Mefsieurs, ie vous lailTe à penfer combien il eft dur à fupporter i moy qui fuis voftre Roy, amp;nbsp;qui vous laiffe en liberté de voftre Religion, qu’il y en ayo d’entre vous voire de moindres qui s’efforcét i me vouloir régir inconfultement à leurs fri-noies opinions. C’cftpourquoy ie prie tous les gens de bien de cefte aOemblee amp;nbsp;autres de ce Royaume, eftre luges de tout cecy.Sc peurce que nul d’entre nous ne peuft eftr%

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parfaift : fi par ey deuant î’ay oublié quelqm chofc de mon debuoir, ie vous prie tousMef* fiîurs, de prier le Seigneur Dieu auecques moy, que cy apres il me conduife Scafsifteaf' fiduellement par fon fainél Efprit, en l’aug-inétaiion du royaume de fon fils lefus Chrift» entret încment des Eltats de mes Ro/'

lûmes,8e foulagcment d« tnesfubiets.

COPIE

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COPIE DESLETRES

Rot es'crttes a ^o^ßigneurle Ducdc^Lon* receut le dtxß^tiemz^

Mars I y P o.fiirla‘vicioire

0 b tenue par fa Mai elle contre les Rebelles.

^yT On CouGn, Nqus auôsàlouêrDîcu. XVXH nous a donné vne beilc viéloirc.la bataille s’eft donnes, les cliofes ont cfté en branfle.Dieu a determine felon fon équité, toute l’arinee ennemie en routte, l’infanterie titEftrâgere queFranÇoife réJue.les Reift'’es four laplufpartdesfaifts. Les Bourguignons

■en efeartez, la Cornette blanche Se le canon pris,la pourfuitteiufqucs aux portes de Man-te.Ie puis dire que i’ayeftètresbicn fenu-.n; --’'; furtouteuidémentafsifté dcDieu,quilt;. n ftrèànozennemis qu’il luy eft eg ' x m-cre en petitou grand nombre. S tulariteztevous defpechcrsyau'’ •' Maispource qu’il eü-qweH-!, . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

ftoire,ie Vouspriftiaéonxir ■ /ïs’f V

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gt;lt;5 eeùedevôus aûancer auec toutes vos fortes fur la riuierc de Seine vers Pontoife du Meu-lan.ou tel autre lieu que iuget» {»ropre pour vous ioindre auec inoÿ, amp;nbsp;croyez mO Coufia que c’eft la paix de ce Royaume amp;nbsp;laruync de la Ligue, à laquelle il faut conuitr tous les bós François à courir fus.Vcijez donc ie vous prie, amp;nbsp;amenez auec vous mes Eftrangers, ‘queie penfevous eftreioiné^s À celle heure. leprie Dieu mon Coufih vous auoir en fa garde. De Rony, à vnelieüe de Mante» le quator?iefMÇ Mars 1590.

JEt au dejjàm tß efent de la main preprt duRffy.

Voftre frère a faiél paroîftre qu’il craignoit aufsipeu les Efpagnols que moy : il a tresbien faiÂ, ils ne s’en retourneront pas tous. Nous auons prefquc tous les drapeaux, amp;nbsp;ceux des Reiftres.Il eft demeuré douze ou quinze cens hom mes de cheual.Mcfsieurs de Humieresfc deMouy, font arriuez à la premiere vollee du Canon. Dedans deux iours ic vouseimoyt' raylesparticularitez.

Signé

Heniy

Le Ceurrier Rapporte, tfue le Duc d(^ K^ujenne^eßfauue dedans Hanter-

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