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Huybert van Buchell (1513-1599)

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qi 344

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Thcologia

Quarto n®. 344.

Rarîora

E. qu.

344

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Vrayc amp;nbsp;droite intelligence de ces paroles de la Sainétc Cene delefus Chrift,

C E C Y E S T M O N C O R P S, ft’c.

T R A I T T E CLAIR ET VTILE COM-poleprcmieremcten Allemand parw, thomas erastvs Dolt;acur:Et noiiuellemét traduit en François par m. p i e r r e d b ® O 1 O G N E Miniftrc de l’Eglifc reformée à Metz.

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A MON TRESHONNORE

s EIGNE VR CLAVDE AN-

T H O J N fi DE V I*E N N E, S E 1-gncur de Clcruant.

BjshonnoréSei^neur,L'^foflre S.Taulnous Fpbcß exhortant de future Ferité auec Charite, nous 4.15. donne me tref bonne rcig^le,felon laquelle nous ayôs à nous coduire tant entiers Dieu qu entiers les hommes éspoinlls controuers de la religion. Car en donnant le premier lieu à la Kerilé, le fécond à la Charité, il nous enfeij^ne que la __ Kerité de la parole de Dieu nous doit e/lre Jur toutes chofes en recommandation , voire tellement que nous quittions plufio/1 toute l amitié du monde ^quede flefchir aucunementjou de nous defloumer d’icelle. Carma idite eß lapaix amp;nbsp;amitié laquelle ne peut èfire rachetée fnon 'a coditionde renocer Dieu amp;nbsp;fafainéle vérité. Sui~ udtquoy il a efétresbie dit d’vn ancien Doéleur, C’efl vn beau nom que Hila-Taixtaufsi efl belle la réputation de concorde amp;nbsp;vnion.Mais qui doute- rius de ra que cefle feule ne foirla vrayepaix amp;nbsp;vnion de lE^^life, laquelle eß Coneik en Chriß l Cependant comme par vn tel ordre fainél Taulmonßre que la reritc'doit eßre préférée de nous à la Charité : ainfi en conioin^nant la Charité auec la Mérité comme deux chofes infeparables ,il monßre qu'en retenant fermement la Mérité de Dieu, nous debuons aufsi adui-fer de ne point ropre de noßre C9ßé le lien de charité auec nos prochains, par paroles outraj^tufes amp;nbsp;iniurieufes, ains plufiofl pour l'entretenir, leurrédre le debuoir tel que lefus Chrijl requiert de nous,qui efl de leur faire du bien, de prier pour eux, amp;nbsp;parler en bien d’eux (voire entant que la vérité le permet) amp;nbsp;mefmes de pourfuiure en ce debuoir,encores qu’eux de leur cofévinfent à faire le contraire.^ qttoy aufsinous debuons tant plus coura^eufement tendre amp;nbsp;afpirer, tomme c’efl la meilleure voye tf avancer lagloire de Dieu, nbsp;nbsp;d’attirer plufieurs à la co-

^noiffance de la reritc.C.tpource que la pratique de cefl aduertiß'cmet tant ncccffaire fe trouue clairement en ce prefent Traitté delà Cene, ïay eflimé que ce ne feroit point peine perdue de le translater en langue îrqnpoife, efperant que pour la perfpicuité amp;nbsp;vivacité des raifons dot

U.

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E PI s T R E.

vfe r antheurjl pourra beaucoup feruiràrinflru^îon non feulement de plufieurs i^norans qui aimct douceur amp;nbsp;modeflie,mais aufsi pour plut grande confirmation à ceux (fui ont défia quelque commencement d'intelligence en cefle matière. Quant à moy ,ilya deux rai fions qui m’ont principalement efimeu a le translater amp;nbsp;le mettre en lumicre : Dont la premiere.efl, le de/irquci’ay d’aiiancer par tous moyens qui me fieront pojsiblesjla^loire de Dieu,amp; de fieruir au fialutamp; à l'edificatio de mes prochains, m’y fientant fipecialement obligé par le debuoir de la charge a laquelle ila pieu au Seigneur m’appeller.La féconde efll'exhortation de quelques gens defiçauoir amp;nbsp;de bon iugement, lefquels ayant leu ma translation,ont trouuc rn telgoufl à ce liuret,qu’ils ontefiimé efir? expedient qu’il fut mis en lumière pour l'édification inflruSiion de plu-fiieurs.Et d'autant que depuis de 'X ou trois ansenpa a eflé copo/é en Latin par M. Theodore de Be':^e,vn petit Traitté en general des Sacremes» .que AL. Louis des Mafires a translaté enlanguc Franfoifie,nous aiions trouué bd de le côioindre auec le precedes,afin que les François nefoyét frufire't'd'vn tel bien. Or corne ie ne doute point qu’en toutes.cbofies qui tendent a l'efic lard ferne t de la 7 erité amp;nbsp;auancement du regne de le fus Chrifi vousprene^i^vn finguUer plaifir, ainft ie m’ajfieure que le frédre:^ en ces deux Traifte^,ç^tous amateurs de véritéauec vous-Et que tous enfiemhlc aurons matière de recognoiflre que le Seigneur a fiuficitc des inflrumens nobles amp;nbsp;exccllcns en ces derniers temps, pour nous eficlai-rer de plus enplus en ladoéirincdefialut-.Lequelaufisi ieprie, Mdfieur, que comme il vous a deliuré auec nous de la puifance des tenebres, eir vous a tranfiporté au royaume de fon treficher Filsiainft il pourfiuiue de defiployer en tente plenitude fies beneditiions fipirituelles amp;nbsp;corporelles fiur vous amp;toutevoflrefamille,par Jefius Chrifinofire Seigneur, üe Met^ice 14. de Décembre 1^6}.

Voftrc humble fecuitcur Pierrede Cologne Mimllrc de l’Eglife reformée à Metz.

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V K A Y E ET DROITE IN’ TEL LICENCE DE CES PARO-

ISS DE LA SAINCFE OENE Cffjy mon corps,amp;c.

: la contention touchât le de la S.Cenc de noftrc Sei-

, gneur s’efl: efmeuc par ce qu’ô n’a gt;nbsp;point bien entendu ces paroles de 1 Icfus ChrifljCecjey? mon corps quieflU-• Kre/owrvoMj.le meilleur moyé pour paruenir li quelque accord,felon mon aduis,feroit la vraye amp;nbsp;droite intelligence d’iccllcs paroles. K cede caufe i’ay entreprins de les expofer le plus clairemct qu’il inc fera poITible, pour les fiinplcs amp;nbsp;ignorans: amp;nbsp;ce par les paroles ou explication du S.EIprit amp;nbsp;de lefjs Chrid mefme.

Les parole» de Icfus Chrifl, fur lefquelles la contention s’eft efmcuë fe trouuêt eferitesau t6. chapitre de S.Marthicu,au i4.chap. de S. Marc,au ax. chapitre de faind Luc,amp;: en la premiere Corinht. n. Sgt;c felon que fainóh Luc les efetit, elles font telles, Cecy eßmon tforps qui efl donné pour vous.

Le fens de ces paroles* cft tel,Le pain que f’ay roni pu aùcc aôlion de graces, ôc lequel ie vous donne à manger,efl mon corps, lequel efl donne pour vous.

A ni.

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2 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TR A IT T E

tn cccy auiourd’huy n’y a nulle cotroucrfie, mais eft receu amp;nbsp;approuuc d’vn chacû-outre ce que les paroles precedentes le montrent bien clairement, ou il eft dit, Que lefus print le pain, qu’il le rompit aucc action de graces,amp; dit,Prenez mangez, Cecy eft mô corps: de forte que ce mot cecy fignifie autant comme s’il y auoit, Le pain que i’ay rompu, amp;nbsp;lequel ie vous donne. Encecy, comme dira efte, il n’y a au-iourd’huy aucune difpute en l’Eglife de Chrift. Mais toute la queftion giil en ce poind, comment ces paroles de lefus Chrilldoibuent cftre entendues.Car auiourd’huy il y en a plulicurs qui s’cHorccnt de maintenir qu’elles doibucnt cftre entendues felô que Ja lettre porte,làns aucune plus ample declaration:laquelle opinion eft fauïTe amp;nbsp;contraire à la fiinde Ef-criturc:commc il fe peut raonftrcr fans qu’on y puif-fe contredire.

Car ce que les Apoftres amp;nbsp;lefus mcfme ont declai rc amp;nbsp;expofé autrement que les paroles ne portent, nousnelepouuons ni debuons autrement entendre ou croire,que félon qu’ils nous l’ont donne a entendre amp;nbsp;croire. Si la volonté du fàind Efprit amp;nbsp;de lefus Chrifteufl: efte, que nous n’euflions creu ni re-ceu les fufdites paroles que fclon q la lettre porte fans aucune plus ample declaration, elles, fans doute, ne

nous

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;?

nous euïTcnt point eflé propofccs par eux en Ia /ain-élc Efcricurc,ny dcckirccs amp;nbsp;cxpofces en autre forte. Or que le faincft Efpiit ôc lefus Chriflles ayent autrement entendues que félon que la lettre porte, amp;nbsp;que les paroles ne monftrent de prime £acc,ic le monftrcray clairement amp;nbsp;inuinciblemcnc, le prou-ueray le dcclaireray : Premièrement par le tcfmoi-gnage de fainrflPauI; Secondcm.cnt par les paroles de Icfiis Chrift mefme.Tiercement pour conclufion par les tefmoignagcs des doxfleurs purs del’Eglifc ancienne.

lia clic dit n’a gu ères que le fens de ces paroles de Icfiis Chnft, Cecy cil mon corps, efl tel, afîauoir, Le pain que l’ay rôpu ayant rendu graces,amp; que ie vous donne à mangcr,eft mon corps. Le fàindl Efprit de-claire ces paroles par kinci PauI en la i.Gor. lo. auec propre amp;nbsp;aifce fignificaiion, en celle forte, Le pain que nous rompons, n’ed-cc pas la communion du corps de Chrill?

Nous voyosicy clairement qucM oùIesEuangc-«^ liftes difent que lefus Clirift a prins le pain amp;nbsp;l’a rôpu faind Paul dit,Le pain que nous rompons. Et côme les Euangeliftes font mention de I’aóiion de graces, aulli fait S. Paul, ôc la métaux paroles prcctdctes du calice . Dont appert qu’au premier membre de cefte

A iiii.

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4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

fentencc, S. Paul amp;nbsp;les Euangeliftes conuîennent cri tout.Et cdicy d noter, qu’au temps des Apoftres, amp;nbsp;long temps apres,le Miniftrc rompoit le pain, corne Icfus Chnftl’a rompu:amp; ne bailloic-on point au peu pie le pain entier ou rompu auant la communion, comme on voit encor auiourd’huy en plufieurs en-droits,q111 font re’iques de la Papauté.

Certes tous les Euangeliftes tcfmoigncnt auec S. Paul que Chrift a prins du pain, l’a rompu auec aûio de graces. S.Paul en la i. Cor. lo. monftre clairement qu’ils ont rompu le pain en la fainde Ccne,ou il dir. Le pain que nous rompons.Et au chap. ii. il dcclairc quel grand myllere ell comprins fous vnc telle fraction,alTauoir,qu’elle nous figure amp;nbsp;reprefente lafra ^tion du corps de Chrill faite pour nous en la croix. Or puis que la commémoration de la mort amp;nbsp;pafïiô de lefus Chrift nous efi: commandée de luy-mcfme, fingufièrement en la Cene, il cft facile d iuger qu’elle ne doit point eftre obmife,fi on veut retenir la Cenc cntiere,fclon que lefus Chriffc l’a inftituée.Â.' les ebo-fês qui font de la fubflance d icelle, comme les cerc^ monies extérieures, amp;nbsp;les choies intérieures qui font figurées par icelles. A cefte caufe quelques vns par cy deuant ont bien eferit, que la Cenc n’clloit point accomplie Id ou ces trois poinéls deft'ailloyent, alla-uoir,

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DE LA CENE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5

noir,U fra(n:ion,la diftribution,amp; la communication ou manducation. Aufli quand Sâtan a commencé de peruertir le vray vfâge de la Cene amp;nbsp;mettre la Mcfle en auant,il n’a point ofc les abolir entiercmét, ains les a corrompus,amp; tournez à vn autre fens. Car la ou par vne telle fraélion le peuple debuoit eftre admonnefté,que le corps de Chnfl en la croix a efte pour eux rompu amp;nbsp;occy par les douleurs extremes de la mort, amp;nbsp;qu’vn chafeun debuoit aufsi certainement eftre aflsurc que cela auoitefte fait pourfoy, comme certainement il eftoit participant du pain rôpu, le diable l’a en cefte forte depraué,qu’il eft ro-pu en trois parties pour les morts,les viuans amp;nbsp;les ce-lefles,ainfi qu’il fc fait encor’ auiourd’buy,afîn qu’en vne MefTc il deflionnoraft enfemble les viuans, les morts amp;nbsp;les celeflcs. Cecy eft en premier lieu bien a noter amp;nbsp;retenir, afin que la fainéle Cene de lefus Chrift puifTc bien amp;nbsp;deuement cftre adminiftrée. le reuien maintenant à mon propos.

Ce que confequemment lefus Chrift dit, Eft mo corps,le fàinâ: Efprit le declaire par S.Paul en ces paroles, Eft la communion du corps de Chrift.

De tout cecy s’enfuit fans qu’on y puifte contre-dire,quc fuiuant la declaration de fiinét Paul, l’intelligence de ces paroles de lefus Chrift Cecy eft mon

B 1.

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g nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R AIT T E

corps,efl: telle; Le pain que i’ay rompu auec aâio de graces, ôr que ie vous donne à manger, c’eft la communion de mon corps qui eft donné pour vous.’ Qui entendra maintenant que c’eft qu’emporte le mot de Communio en langue françoifc,toutes cho-fes luÿ feront claires. Mais pource que peu de gens le Icauent amp;nbsp;entcndent,la ncceflité requiert qu’il (oit explique amp;nbsp;declairc par vn ou deux exemples, qu’i-cy nous propoferons.

Auoir la communion de quelque chofe,s’appelle en françois(voirc entant qu’il touche la prefente ma-tierejauoiv puifTance amp;nbsp;droit de poffeder vne chofe amp;nbsp;en vfer conioinélemenc auec d’autres perfonnes: Comme quand deux ou plidieursontcguale pu if. fanceamp; mefmedroictà vn chap,eau,ou autre chofe femblable, on pourroit dire , que ceux là font en la communion de celle eau ou de ce champ, qui vaut autant comme qui diroir, qu’ils onteguale puilTan-ce de fe feruir en leur neccliitc, amp;nbsp;droit d’vferde cede eau, ou de ce champ, ou de telle autre chofe. En cede manière on a accoudumé de dire, de ceux qui ont obtenu le droiôl de bourgeoilie en quelque ville, Qu’ils ont la comunion ou font en la comunion de toutes les franchifes,commodiccz amp;nbsp;priuilegesdc la ville : qui n’ed autre chofe, (mon qu’iL ont dioiél

amp;

X

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DE LA S. CENE.

7

amp; puifTancc de s’approprier les franchifes de la ville, amp;nbsp;en vûrpar cnfcmble auecques les autres bourgeois,d’autant qu’ils font faits tous membres d’vn mcfmecorps.

En ce fens eft prins Ie mot de Communion en quelques autres palEiges de l’Êfcriturc fainde, comme i.Cor.i.Dieu cft fidele, par lequel vous autz cfte appeliez a la communion de fon Fils lefus Chrift noftrc Seigneur. Cefte communion de lefus Clinlt a' laquelle nous fommes appeliez deDieu,n’eft autre chofcjfinon que nous fbmmcscobeiiticrs de lefus Chriftjouiftans auec luy de tous les bics ccleftes,amp;:c.

De cecy cft aifé à recueillir,Qu'auoir communio aucorps de Chrift,fignifie auoir pleinepuifl'ance amp;nbsp;droit d’appliquer a foy auecques tous autres fideles le corps de lelùs Chrift auec tous fes biés,dôs,amp; me-ritcs:les amener en conte deuant le Pcrc cclefte pour le payement de fes pcchcz;amp; fe fouftenir amp;nbsp;confolcr d’iccux en toutes angoifles contre tousaflauts de pc chéjdc la mort,de Sathâ,amp; côdânation éternelle,amp;c.

Il n’eft point aufli difticile d’entendre d’icy comment ô: pourquoy le pain cft appelle La communio du corps de Chrift:aftauoir,d’autât que c’eft vn vray figne,gage ou fcaii,par lequel nous fommes afteurez que nous fommes comprins en la communion du

B ii.

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8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TR AITTE

corps de Chrifl:. Car comme quand quelcun ayant impetré du magillrac le droit de bourgeoise,amp; eftat receu pour membre du corps d’icclle, amp;nbsp;de ce ayant obtenu lettres fcellccs, pour monftrcr qu’il eft en la communion de tous les droits amp;nbsp;franchifes de la ville,pour en vfer comme membre de la bourgeoiSc, a accouftumé de produire amp;nbsp;mettre en auant (es lettres qu’il a obtenues, amp;nbsp;dire, Cecy, ou cede lettre eft ma bourgeoifie, combien que la lettre ne foit qu’vn tefmoignage de ce droit : AinS le fainâ: Efprit parla bouche de üiincl Paul appelle le pain La communio du corps de Chriftrnon point qu’à la vérité amp;nbsp;réellement le pain foit celle communion que nous auons au corps de Chrift: mais il ell ainfi nommé d’autant quec’efl vnSgne,lêau ou gage infaillible de cede communion du corps de Chrilt.

Or comme en cell endroit nul ne fe trouue S rude amp;nbsp;ignorant qui ellime les lettres fcellécs élire la bourgeoifie mefmc,ou bien le droit d’icelle, qui n’ed que fignifié par les lettres,combien qu’il les nome Sa bourgeoifie: Ainfi ne faut il pas penlèr, que le pain du Seigneur foit la coinunion mcfme du corps de Icfus Chrill, mais qu’il nous cil donné de Dieu à Cede fin,alïàiioir, que par iccluy la communion du corps de Chiid(!aqucHe nous ell promile parfoy fur la

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DE LACEN E. lamortamp;pafïion de noftre Seigneur, amp;nbsp;fcelléc en nos cœurs parle faind Efprit) nous foit extérieurement vifiblement confèrméc, feellée amp;nbsp;ratifiée. Car come les lettres feellées font vnc chofe vifiblc amp;c qui fc touche, mais la bourgeoifie qui eft confermée amp;tefmoigncc par icelles efi vnc choie inuifible,amp; que pourtant les lettres feellées ne peuuent eftrc cc-fte bourgeoifie mefme, combien qu’on les nomme ainfi:En cefte manière le pain efl vne creature vifiblc amp;nbsp;quife manie à la main : mais la communion que nous auons au facré corps de lefusChnR, amp;nbsp;laquelle nous cft confermée amp;nbsp;feellce par le pain, eft inui-fible,ôlt;: ne peut efire touchée des mains. Dont il appert claircmct, que le pain à bon droit cft appellé,La communion du corps de Chrift, combien qu’il ne foit la communie mefme, mais vn tcfmoignage,par lequelfmoyennant l’operation du fainél Efpntjccftc communion cft confermée en nos cœurs par foy.

Voyci doc quel cft le vray amp;nbsp;naturel fens des mots de l’Apoftre,aflauoir,Le pain que nous répons, amp;nbsp;a-ueclequel no’ louons amp;nbsp;beniffonsDicUjn’eft ce pas yn certain figue, gage ou ûcrement, par lequel tous Jideles font viucment aft'curez en leurs cœurs, qu’ils font en la communion du corps de Chriftx’cft à dire, Que par la iecrette, infinie amp;nbsp;incomprehcnfiblc

B iii.

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10 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A IT T E

vertu du (àincï Efpric ils (ont incorporez en IcRis Chri(lgt;amp; bits vrais amp;nbsp;vifs nicmbrcs de fon corps : ôc que pourtant ils ont obtenu droit amp;nbsp;puifTance d’op-pofer à l’ire de Dieu le corps d’iceluy ancefes merites,comme fi c’eftoyent leurs propres: fefoufi:eniramp; confolcr d’iceux cotre la mort, les enfers amp;nbsp;le peebé. Car comme la mainlerefientdubien amp;nbsp;de lafantc du corps,comme elle en eft participante, cfiant ioinéleauec les autres membres reçoit du chef (on influence,fa force amp;nbsp;tout fon fentiment, pource que elle cft vne partie amp;nbsp;vn membre de tout le corps: Ainfi par les Sacremens nous fommes afleurez, que nous tous qui croyons, fommes bits compagnons de lefus Chrift,amp; membres de fon corps : amp;nbsp;pourtâc nous nous debuons refTentirde tousfcsdroiôls amp;nbsp;biens,amp; nous feruird’iccuxconioinólementauec tous les autres membres, comme fi c’eftoyent nos droits nos biens propres.

Que ccftuy-ci foit le vray amp;nbsp;naturel fens des mots de bind Paul, il appert par les mots du texte. Car d’autat que quelques vns des Corinihicns,apres auoir cognu Cbrift, mangeoyent de ce qui eftoit (à-crifié aux idoles ou diables, faind Paul tafehe de les retirer d’vne telle communion amp;nbsp;(eruice des idoles, comme leur dflant, Il eft impoflTible que vous puif-fiez

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I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D E - L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii

fiezcnfcmble auoir communion de tons Ies deux,

I alTauoir de la tabic du Seigneur, amp;nbsp;de celle des diables. Or puisque vous elles faits participans de Ia table du Seigneur amp;nbsp;communiquez à icelle, elH-! mcz vous^melmes, fi vous vous poutiez trouuer en la communié des diables. Vous ne pouuez nier que j le pain que nous rompons, amp;nbsp;le calice aucc lequel nous annonçons la more du Seigneur, ne foie la co-munion du corps amp;nbsp;du fang de Chrill; car vous fça-ucz que vous tous elles faits vu pain , vn corps, vne conipagnie.puis qu’en tefmoignagc de cecy,vous a.-

I liez tous mange du pain du Seigneur, amp;nbsp;beu de fou I calice. Etn’ellia beloin que l’vle de beaucoup d’ar-! gumens pour vous le perfuader, puis que vous clics j gens entcndus.Conliderez tant feulement lesfacrifi-' ces externes des Ifraclites, amp;nbsp;vous entendrez incontinent,que tous ceux qui mangent des facrifices/onc faits participans de l’autcbc’cll à dire, que par vn tel

I manger ils tefmoigncnt qu’ils fontvn corps amp;nbsp;vne compagnie de celuy auquel vn tel fàcrifice ell offert. Vous feauez en outre, que les Gentils offrent leurs ficrifices aux diables: pourtant en cc qu’auec des au-’ tres vous mangez de tels fâcrificcs, vous tlt; finoiçnez que vous clics participans amp;nbsp;compagnons des diables auec tous les autres. Or vous ne debuez point

B 1111.

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12 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

cftrc compagnons des diables : Parquoy voils vous dcbuez abftcnir de leur table ,amp; vous tenir a la table du Seigneur ; de forte que l’argument de faindl Paul eft tel:

Ce parquoy nous tous fommes faits vn corps, communicans ou participans de Chriftoude fon corps, eft la cômunion du corps de Cbrift: Or eft-il certain que nous tous fommes faits vn corps(duqucl Cbrift eft le chef) ou fommes tous communicans amp;nbsp;participans du corps de Chrift, en ce que nous auos tous mange d’vn pain rompu.Le pain doc que nous rompons,c’eft la communion du corps de Chrift.

Or que par le manger du pain du Seigneur, ils foyent venus en la communion ou focieté du corps de Chrift,il le monftre en cefte forte : Vous-mefmes fcaueZjli vous voulez confiderer les facrifices, que tous ceux qui mangent d’vn facrificc, font faits vn corps amp;nbsp;compagnie auec ceftuy-la auquel vn tel fa-crifice eft offert: (car il eft clair amp;nbsp;manifefte qu’ Eftrc participant de l’autel ne lignifie autre chofe linon eftre compagnon amp;nbsp;participant de celuy auquel le làcrifice eft ftcrific,comme aufti ces paroles enfui-iiantes,Ie neveux point que foyez compagnons des diables,le tefmoignent infailliblement) Or eft il certain,que yous auez mangé du pain amp;nbsp;beu du vin du

Sei-

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15

Seigneur, lefquels pain amp;nbsp;vin nous luy offrons, c’eft à dire, par lefquels nous annonçons fa mort, amp;nbsp;luy rendons affcólucufemcnt graces pour fes benefices ineflimables: amp;: pourtant vous fàut-i! aufli confèfTer que vous eftes en la communié du corps de Chrift. Ét que d’autre part, les chofes que les Gentils facri-fient,ils lès facrifient aux diables, amp;nbsp;que ceux qui en manger, par ce moyen viennét en la compagnie des diables. Pourtant vous vous debuez entièrement retirer de tels facrifices.

Quiconque fera amateur de vérité, pourra aifee-ment entendre de celle declaration, que le pain du Seigneur n’efl point nommé La communion du corps de Chrifl, pource que réellement il cfl celle communion: mais d’autant qu’il nous telmoignc amp;nbsp;alTeure la communion du corps de Chrift : comme â cecy nous contraignent les paroles amp;nbsp;argumens de fainâ: Paul.

Dont s’enfuit nccelTairement,que les lùsditesparoles de Icfus Chrifl, Cecy cil mon corps, ne doib-uent autrement élire expliquées,creucs ni entedues, que fi elles cfloyent couchées en tels ou femblablcs mots : Le pain que le romps amp;nbsp;vous donne à manger, vous doit eltre vu tefmoignage amp;nbsp;ligne infaillible, que ie vous rccoy en la communion, iouilTance

C 1.

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14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

amp; participation de mon corps, qui fera attaché â ’a croix pour vous afin que comme membies naturels de moi; corps, vous puifliez puifer tirer vie de ma chair vinifiante amp;nbsp;de mon fang, comme d’vne fontaine faillante ou bouillonnante, amp;nbsp;foyez rcuefius de mon innocence amp;nbsp;iufi:icc:amp;: que pour l’accuf uio du peché,de Satan amp;nbsp;de la mort vous ne foyez troublez,mais que vous vous confoliez,amp; afin d’obtenir vie éternelle vous vous feruiezde mon corps qui cil crucifie pour vous.Les paroles enfuiuantes nous monfirent fufiifàmmcnt tout cccy,efquelle5nous cft commandé, Que nous facions cela en mémoire de Iuy:c’cft à dire,quc nous annoncions la mort du Sei gneur,la pnfions,louions amp;magnifions,iufques à ce qu’il reuicnne,amp;c.

Or comme il a efté maintenant traictc des paroles concernantes le pain : ainfi fâut-il aufli que les mots touchant le ca’ice foyent expliquez.Mais d’autant que cela ert maintenant ailé dp faire à vn chaf-cun,ie ne parleray icy plus amplement de cefte premiere partie: mais aucc l’aide du Seigneur,corne l’ay promis au cômencemét,ie môftreray en deux fortes par les paroles dclefus Chrifi, qu’il s’eft déclaréfoy-mcfme fort ^premét, donât à entédre cômét il a en-têdufcs paroles, amp;nbsp;les a voulu eftre entéducs de no’.

Si

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■ D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15

Si nous defirons bien amp;nbsp;droitement entendre les mots de Ie(us Chrid touchant Ia Cene, adauor. Prenez,mangez, Cecy eft mon corps qui eft donné pour vous:Faites cecy en mémoire de moy, il nous faut premièrement feauoir, comment le corps amp;nbsp;le fang de Icfus Chrift noftre Seigneur amp;nbsp;Sauueur no’ font faits en viande amp;nbsp;bruuage. Car il n’y a nul fi rude amp;nbsp;indif re^qui ne fachcamp; entende que Chrift ne nous donne point autrement en la Cene fon corps a manger,amp; fon fâng à boire,find entant qu’ils nous ont cfte fûts en viande amp;nbsp;bruuage. Or eft il manifè-fte,fuiuantle tefmoignage de l’tfriturefaintfte, que le corps le fing de lefus Chiift, ne nous ont efte autremet faits en viande amp;nbsp;bruuage, lino au moyen de ce qu’outre tous les tourmens,angoilfcs amp;nbsp;perfe-cutions qu’il a endurées en ce monde pour nous, il a offert ce corps en la croix pour nous, amp;nbsp;a efpandu fon fing innocent pour nos debtes. Car fi le corps de noftre Seigneur lelus Chrift n’euft efté occiamp; fon fang efpandu pour nous poures maudits amp;nbsp;dam nablcs, il ne nous feroyenr faits en viande amp;nbsp;bruuage de la vie eternelle , comme toute la faindc Efcri-ture le monftre bien viuement au myftcrc de noftre redemption,^tous Chreftiens le doibuc nt con-fefTcr. Pourtant noftre Seigneur lefus Chrift ne dit C ii.

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Ilt;ï nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

pas implement que nous mangions fon corps en la Cenc,amp; beuuionsfon fang : mais adioufte quant amp;nbsp;quant Quicftdonne pour vous, Qui cftcfpandu pour vous amp;nbsp;pour plufieurs en remifliô des péchez* pour nous enfeigner par cela,qu’il n’entend point de nous commander de manger fon corps amp;nbsp;boire fon fângjfînon entant qu’ils nous ont efte faits en viande amp;nbsp;en bruuage, c’efl: à dire,entant qu’ils ont efté donnez amp;nbsp;efpandus pournous.En cefie forte noftre Seigneur parle du manger de fa chair amp;nbsp;du boire de fon fang en fàinéf lan 6. ou il ne dit pas nuëment amp;nbsp;ßrn-plcment,que fà chair foit vrayement viande,ains ad-ioufte quant amp;nbsp;quant, Qu’il la donnera pour la vie du monde. Dont il eft aife a recueillir,que le corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift ne nous font faits autrement en viande amp;nbsp;bruuage,hnon entant qu’ils ont efté of fcrtSjfàcrifiez amp;nbsp;efpandus pour nos pechez.

Puis donc que nous ne pouuons n’y debuons autrement mager le corps amp;nbsp;boire le fang du Seigneur en la Cene, qu’entant qu’ils nous ont elle faits en viâde amp;nbsp;bruuage,amp; qu’ils ne nous ont efté aurremet faits en viâde amp;nbsp;bruuage fînon entant qu’ils ont efte liurez amp;nbsp;efpâdus pour nous: s’enfuit pour refolutioti que chrift ne nous a point commandé autrement de mâger fon corps amp;: boire fon fang en la Cene,hnô en

tant

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j;

tat qu’aptes beaucoup de martireSjangoifTes amp;fou{^ fiances indicibles amp;nbsp;innombrables, finalement ils ontefte meurtry amp;dpandu pour nous.

‘i'ous; parkfq

Cecy mefme nous cil monftrc par ces mots, Tour uels noftrc Seigneur nous a qu’il ne promet amp;nbsp;ne donne lt;efte viande amp;nbsp;bruua-ge qu’a ceux aufquels ils ont elle préparez, aflauoir, à ceux pour kfquels il a offert Ton corps amp;nbsp;clpandu fon fang, c’eft à dire, à ceux qui ne doutent que par l’oblation de fon corps amp;nbsp;cftufion de fon fang innocent, il leur a acquis grace amp;nbsp;reconciliation auec Dieu , remiffion amp;nbsp;fatisfadion pour leurs pechez, ioye amp;nbsp;fàlut eternel.A celuy qui ne croit point cecy. Je corps de lefùs Chnft n’eft point fait viande, amp;nbsp;pourtant aüffi vn tel incrédule ne Je peut manger.

Ces mots T our vous amp;nbsp;pourflufieurs, y font couchez bien clairement : kfquels tefmoignent amp;c enfeignent. que par l’oblation de fon corps amp;nbsp;cffufîon de fon fang il ne nourrit point tous,ains tant feulement ceux pour kfquels Us ont cfté liuré amp;nbsp;efpandu . Or ont ils efté liureamp; efpandu tant feulement pour ceux b,qui fc reflentent, confolent amp;nbsp;fouftiennent de cecy : kfquels auec vne confiance amp;nbsp;foy affeurce cher-’ client toute leur vie, confolation , ioye amp;nbsp;fàlut en la mort ou en l’oblation du corps de lefus Chrift amp;nbsp;ef

C lii.

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fufion de fon fang. Car combien que la mort amp;nbsp;paf-fion de Icfus Chrift foit parfaite amp;nbsp;fuflifanre pour la ûtisfaôlion des péchez de tous les hommes qui ont efté oneques lurla terre,amp; feront cy-aprcs:ce ncanu moins pins qu’il veut que nous nous repohons en icelle, amp;nbsp;nous fions en luy Icul, amp;nbsp;quecela ne foit point fait de tous, nous affermons auec lefus Chrift amp;nbsp;toute la fainde Eferiture, qu’il eft mort tant feulement pour les fidelcs.il ne dit pas To«rto«j, mais PoMr ■vous lt;amp;nbsp;pour pluficurs fera mon corps liurc amp;nbsp;mon fiingcfpandu.En celle maniéré il pue Dieu fon pere celefie en S. lean chap. 17. non point pour tout le monde, mais tant feulement pour les liens amp;nbsp;pour ceux qui par eux croiront.

Puis donc que le Seigneur lelus offre fon corps amp;nbsp;fon fans en viande « nourriture aux feuls fideles, c’crtàdirc, â ceux pour Icfqucis il s’efl liuré cn la mort ignominieufe de la croix (car à ceux proprement au Iquels il auoit dit,Prcncz,mangcz,il ditaulli, Pour vous liuréjPour vôus efpandujvn chafeun peut aifeement entendre qu’il ne leur a point commandé de manger fon corps amp;nbsp;boire fon fang autrement, qu’entant qu’ils ont elle donncamp; eljiandu-Car quad il ne lcroit point ainfi , il fàudroit qu’il nous fut autrement en viande amp;nbsp;bruuage, qu’entant qu’il a enduré

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;19

dure Ja mort crualle pour nous: ce qui eft faux à dire amp;nbsp;à penfer. Pourtant aufti toutes les fois qu ’J a parle du mâger de fà cliair amp;nbsp;du boire de fon fangfee qu’il n’a fait qu’en deux endroits, alTauoir, au 6. de fainôl Ian,amp;expreirement en J’inftitution de laCcne^ila adioufté quant amp;nbsp;quantl’oblatiô ôc l’eftufion, comme vn chafeun le peut vcoir amp;nbsp;lire.

Ce mcfiredemoWrcnt en outre les paroles en-fuiuanteSjFa/ff/ cecy en mémoire de moy,l(.fqueJlcs le fainéïEfprit par la bouche de l’Apoftre fainél Paul expofe en cefte manière clairemét, Annôccz la mort du Seigneur iufques à ce qu’il reuicnne.Le fainôl EC prit nous enfeigne par cecy, qu’en tout ceft affaire il ne nous cft point commandé de manger autrement le corps de lefus Chrift amp;nbsp;de boire fon fang, qu’entat que le corps a efté liurc amp;nbsp;le fang a efte cfpâdu pour nous. Car ce mot de noftre Seigneur lefus Chrift, cft ainft expofe par faind Paul, Toutes les fois que vous manger«;^ de ce pain amp;nbsp;boirez de cefte couppe:Et ou lefus Chrift dit. Faires en mémoire de moy,fain(ft Paul le déclarant, dit. Annoncez la mort du Seigneur iufques à ce qu’il vienne. Dont s’enfuit fans contredit, que ces mots de lefus Chrift, Faites cecy en mémoire de moy.fuiuant la declaration de fainél Paul doibucnt cftre entendus, comme s’ils

C iiii.

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TR AITT E

elloycnt couchez cn telles ou fcmblables paroles: Vous mangerez ce pain amp;nbsp;boirez ce vin, afin que foyezaduertis amp;nbsp;aireurez,que l’oblation demon corps amp;nbsp;effufiondemon lang vous noumircntamp; fubflantenc cn vie éternelle ; donc vous me debuez afi'edueufement remercier, magnifier amp;nbsp;prifer ma mort de tout voftre cœur,iufques à ce que ie reuicn-nc pour iuger les vifs amp;nbsp;les morts.

De CCS paroles non feulement nous entendons que lefus Chrifl nous a commandé de manger l’oblation de fon corps, amp;nbsp;boire l’cfFufion de fon fang, mais aufli nous voyons qu’il nous a clairement mô-ftré,comment amp;nbsp;en quelle maniéré nous le debuons faire : ou que fîgnifie de manger le corps de lefus chrifl entant qu’il a efté liurc pour nous:amp;boire fon fang, entant qu’il a efté liuré pour nous: alTauoir De croire en noftre cœur fermement amp;nbsp;fans douter aucunement, que la mort de lefus Chrift amp;l’eftLifion de fon fang nous a deliurez de la mort,du diable, des enfers, de l’ire de Dieu, amp;nbsp;de la condamnation eter-’ nellc,amp; nous a fâitcnfàns de Dieu, amp;nbsp;heritiers du fa-lut eternel. Quiconque donc mange le pain du Seigneur , pour par ce moyen confèrmer fon cœur, ôr s’afteurer que Chrift par l’oblation de fon corps luy a acquis tous ces biens,iceluy mange le pain du Sei-

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gneur en mémoire de kiy, ôcannoncc G more comme 11 a commâdé. Dont li appert derechef^que ceux là tant feulement en la Cenc font nourris amp;nbsp;fubftan-tez par l’oblation du corps de Chrift amp;nbsp;l’efFulion de fon fang, qui en vraye amp;nbsp;viue foy mangét le pain du Seigneur amp;nbsp;boiuêt du calice,pour confermer l’afTcu-rancc en leurs cœurs par ce moyen, que le corps du Seigneur a efté donné amp;nbsp;liuré à la mort, amp;nbsp;fon fang efpandu pour la laiisfaólion de leurs péchez.

Et puis que la (ainéle Efcriturefe doit expliquer par elle mefme,amp; non point par le^ imaginations ou fonges des hommes, nous verrons en fécond lieu, fi la faincle Elcriturc en vn autre endroit declaire celle matière en ce fens que nous auons dit. Il eft clair amp;nbsp;certain que la fainóle Efciiture ne parle expreffemêt en autre endroit du Nouueau Teftament de la manducation du corps de Chrill qu’au 6 de Gind lan.S’il cil donc trouué que les paroles de la Cene conuien-nent auec ce que S. lan dcfcrit,nul ne pourra douter que ce n’en foit le vray fens amp;nbsp;intcIhgence.Or que là nous foyons enfeigncz par Idus Chrill de manger la chair amp;boire fon lang,nô point entât qu’ils lot chair amp;nbsp;lang, mais cniat que le corps a clic liuré amp;nbsp;le Gng cfpàdu pour nous, (comme iufques icy il a clic mô-llrc clairement,.éc le fera encores plus cy apres) tous

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T R AIT T E

le reçoiuent amp;nbsp;apprennent. Le texte nous enfcignç bien ouuertcment que par le manger de fa chair le boire defon fang,le Seigneur n’a voulu autre cho« fe,finon que nous croyons ccrraincmét que par I’olt; blatio de fa chair amp;nbsp;refFufion de fon fang nous fom-mcs dcliurez de la mort ctcrnelle,amp; réconciliez auec Dieu noflre Pere cclefte. Le pain, dit Chrift, que ic donneray, eft ma chair, laquelle ie donneray pour la vie du monde: Et incontinent apres il ramène fes di-fciples à fon afeenfion,corne aulïi il a fait en la Gcne, pour les enfeigner qu’ils n’ayent à penfer de manger autrement fa chair amp;nbsp;boire fon fang,finon entât que fâ chair a efté liuree, amp;nbsp;fon fang cfpandu: c’efl: â dire, qu’ils appréhendent par vrayefoy l’oblation de fon corps amp;nbsp;l’efFufion de fôn fang: amp;nbsp;qu’en ce ils fe con-folent amp;nbsp;efiouifl'ent, amp;nbsp;qu’en toutes les angoifles amp;: aflauts tant du corps que de l’amejilsfe fouftiennent en l’efjierance de la vie cternelle.

Ce que difent aucuns. Que lefus Chrift n’a point inftitué la Cene au chap. de fainól fan, mais long temps aprcs,amp; que partant on ne doit point vfèr de? motsdecepaftage pour l’efclarcilTement des mots de rautrc,ne fait rien. Car c’eft vn point refolu qu’il nous faut expliquer l’Eferiture par l’Efcriture.Or puis qu’il nous eft commande en la Cene de manger le

corps

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corps de Chnft amp;nbsp;boire fon fang,ponr fçauoirlt;n quei/e façon D.eu requiert que ce'afoit fait dc nous, nous ne le debuons cercher en autre part qucn la ûindle Efcriturc . Or cft-il ainfi, que nous ne trou-uons en aucun autre cndroitfcommc cy defTusaeftc *dit) qu’emporte de manger fon corps amp;nbsp;boire fon fang,qu’en ceffuy-cy. Pourtant deuons-nous expo-fer amp;nbsp;entendre les mots de la Cene,prr ceux cy, fi ce n’eft que cotre Fexpres cômandement de Dieu,nous les vueillôs expliquer felon noftrc propre opinionamp; fàntafic.Il ne le trouue aulfi en toute la Bible vne feu le lettre,qui monll:re,qu’entre le manger du corps de Ghrifl en la,Ccne, amp;nbsp;celuy qui nous ëft commandé au 6 dc S. lan, il y ait aucune autre difference, finon qu’en la Ccnc pour plus grande confirmatio deno-ftre foy,aucc pain amp;nbsp;vin, à ce inftituez dc Dieu,nous mangeons par vraye foy le corps de lefus C h ri ft, amp;nbsp;beuuons fon fang:amp; au lieu allègue de fâind lan no’ mangeons bien auffi par vraye foy le corps de lefus Chrill liuréôc fon fing clpandu, mais c’eft fans ces fignes exterieurs,qui fe voyent amp;nbsp;qui fè touchent. Si nous voulons confiderer, (comme nous fommes o-bligez de ce faire) qu’au 6. chap. dc fiincl lan, Icfiis Chrift n’a point célébré la Cene, ains tant feulement prefehe d’icelle,amp; nous enfeigné cornent il veut que

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24 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

fon corps foit mange de noLis,amp; fon fàngbcu, alors nous ferons deliuruZ de toute doiite.Car corne quad qucicun prcfchanc de la Cene, ne la celebrant point toutcsfois,n’enfeigne amp;nbsp;ne propofe autre chofe,quc • ce qu’il propofe quand en perfonne il la célébré auec fés freres amp;nbsp;compagnons : ainfi la predication amp;nbsp;intention de noftrc Seigneur lefus Chrillau 6 defâinôt lann’cft autre que celle qu’il auoit en célébrât la Cene auec fes diftiples, excepté ce point, qu’au 6 de S. Ian,il prefebe tant feule met du manger de fon corps: mais en la Cene il conférme le melmepar lignes ôc féaux vifiblcs qu’on peut toucher, amp;nbsp;nous .com-mâde de garder le mefine pour vnc perpétuelle mémoire amp;nbsp;aôlion de graces de fa doulourcufê mort amp;nbsp;' pafTion , recourant en cela noflrc infirmité. Noflrc

Seigneur lefus Chrilf quand en fainél lan tr.chapi, il a commande à fes difeipies de manger fa chair amp;nbsp;boire fon fang, n’a point eu vn autre corps que ccîuy rnefme qu’il leur aprefenté puis apres en la Cene. Puis donc que lelus Chrill en tous les deux pafîagcs parle de fon corps qui n’elf qu’vn amp;nbsp;le mefmc, Sc qu’il ne fe peut monflrcr voire par la moindre lettre de toute l’Efcitur.. fiinétc, que le corps de Icfus Chrift amp;nbsp;fon fing doibu-nc ou puillcnt cftrc mangez amp;nbsp;beus plus qu’en vne feule f içoniexcepté qu’en

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DE LA s. CENE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;25

la Ccnc cccy fe fait auec les fignes qui y font adiou-ftez: en l’antre il fc fait tant feulement par foy,fans les fignes : il s’enfuit que la participation du corps amp;nbsp;du fang de Icfus Chiiil, en la Cenc, doit eflre entendue amp;nbsp;cxp iquée parles mors de noflrc Seigneur en S. lan 6. quoy que le diable le monde s’y oppofenc.

Pour celle raifon tous les Anciens Docteurs l’ont ainfi entendu, expliquans vn pafîagc par l’autre. Aiilîi faincl Augiillin (auec lequel fainél Chrylofto-me confenr) efcrit que l’Euangclille fainôl Jan a ob-niisles paroles de 'aCene, pource qu’auparanant au tr chap, il auoit donne vnc inflrudion fuHilânte,cornent elles doibuent eflre entendues. Finalement les fmoles de nollre Seigneurie monflrét auflblcfquel-CS en ces deux pafTages approchent fort les vues des autres.Car comme au 6 de S. land a enteigne,que le pain qu’il donncroit, çflfa chair, laquelle il donnera pour les pechez du modciainfi eh la Cene il dit Qjac le pain cflfon corps, lequel il donnera pour nos pechez. Eccommeau 6 de S.lanpourdellournerfcs difciples de la mâducarion charnelle,il dit,qu’itmon tera au ciel, amp;nbsp;que pourtant fpiriiucllement ils doib-ucnc prendre amp;nbsp;entendre ce orwiogeiiainfi en la Cpnc il dit,Que nous le debuons fane en mémoire de luy, Ä; annoncer fa mort iufques à ce,qu’il vienne. Si

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t6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R AI T T E

ainfi eftâl s’enfuit qu’il ne peut eftre corporellement auec nous,mais fuiuanc la fùnôle Efcriturc, amp;nbsp;noftre foy Chreftienne, qu’il foie monte au ciel. Puis donc qu’en paroles prefques femblablcs la manducation du corps de Chrift nous crt delcritc aux deux palû-ges, amp;nbsp;qu’en ces deux endroits lefus Chrift ne parle que d’vn corps, amp;nbsp;non point de deux, amp;nbsp;que par la lâinôle Eferiture ne puille edre monftréc autre diHc-rence,finô qu’en vn endroit fontadiouffcez les lignes vifibles ou Sacremens,amp; nonen l’autre,d’au tant que lefus Chrift ne célébra point alors la Cene, mais tant feulement fit vn prefebê amp;nbsp;enfeignement d’iccllc: Sgt;c qu’aufli l'eglife ancienne iufquesànoftrc temps l’a toufiours ainfi tenu; il s’cfuitque ce que difent quelques vns, que les paroles de l’vn ne doibuent cftrc prinfes pour l’explication de l’autre paflàge, entant qu’il concerne le manger amp;nbsp;le boire du corps amp;nbsp;du fang de lefus Chrift, cil faux.

Or cft' 11 certain,que Iclus Chrift au 6 de faintft lan ne nous commande point autrement manger fon corps amp;nbsp;boire fon fing-, linon entant que le corps a cfté liurc,amp; le fang efpandu pour nous. Car apres a-Lioir beaucoup parle de manger fa chair ôede boire fon fang,de force que pluficurs en auoient horreur,amp; les difciples commcnçoycnt â murmurer, il leur dô-clairc

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claire toute la choie, Ies enfeignant que Ion intention n’cft point de dire qu’il nous faille manger amp;nbsp;boire charnellement la fu bilan ce de (on corps amp;nbsp;de fon lang, mais que ces paroles font Efprit amp;nbsp;vie, doibuent eftre entendues amp;nbsp;receucs fpirituellement. Pourtant 11 les ramène à fon afcenlionjdilânt Que la chair ne profite de rien pour obtenir vie : afin qu’ils entendent qu’il ne leur commande point de manger amp;nbsp;boire la fubllance de Ion corps amp;nbsp;de fon lang,entant qu’il effc chair,fang amp;nbsp;os: d’autat qu’en celle forte,apres qu’il lcroit monté au ciel,ils ne le pourroyct plus manger raufli qu’vne telle manducation de la chair ne leur apporteroit aucun profit ny vie: mais que tantfeulcmét la manducation Ipirituelle apporte vie : amp;nbsp;que d’vne telle manducation ils doibuent entendre fes paroles : ce qui n’cll autre chofe, que d’embralfer amp;nbsp;appréhender par ferme foy l’oblation de fon corps amp;nbsp;l’efFiifion de fon lâng.Dont il appert claircment,en premier lieu, que ce n’cll point la ma-ducation amp;nbsp;fumption charnelle du corps amp;nbsp;du fing delefus Chrift, c’cll à dire de la fiibllancc du corps amp;nbsp;du fang,qui nous profite à vie eternellc,mais la fpi-ritucllcjc’ell à dire,entant que le corps deChrift a clic liuré amp;nbsp;fon fang efpandu pour nous. Secohdcment que Icfus Chnll ne nous a point commandé de man-

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T R A I T T E

ger en autre façon en la Cene fon corps amp;nbsp;boire fon fang, finon qu’en icelle (pour fccourir à noftre infirmité) il a adioufte des lignes externes: comme il appert bien clairement par les paroles de l’infiitution de la Cene.

Mais afin que cecy apparoilfe encor plus claircmét, pour le troiliefmc lieu nous cofidererons órpeferons les paroles du calice ou de la couppc,lefquelles nous mettront hors de toute doute. . x . '

Les paroles du calice,comme elles fonf elcritcs de l’Euangclifte font rellcsiCefte coiippe eft le nouucau Tefiament en mon fang, qui eft cfpandu pour vous, lieftmanifeftepar ces paroles,que lefus Chriftne nous a point commandé de boire fon fing qu’il a retenu en fon corps amp;nbsp;en fès veines fans eftre efpan-du,mais ccluy qui a elle elpandu pour nous. Car le texte de tous les trois Euangeliftes parle clairement du fang de lefus Chrift cfpandu.Pourtant eft-il appelé le fang du Nouueau teftamét auquel nous eft laif-fcc la Remiftiô des pechez par la mort de lefus Chrift, ce qui ne fe pouuoit faire fans cftulion du fang,comme nous enfeigne l’cpiftre aux Hcbrieux. Cecy mef-me nous eft enfeigrté de lefus Chrift au 6. de S. lan, ou il monftrc que la viande qu’il dóncra, eft fa chair, laquelle il donnera pour Icspcchcz du monde. Car

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comme la chair offerte eft faite la viadc de nos ames, aufh nous eft fait Ie fing cfpandu,fans autre, en bru-uage de vic eternelle.

Puis donc que Ie Seigneur lefus en Ia fainÄc Gene,fuiuanc les paroles de rinftitution,n’a point com-made à fes difciples de boire Ie fang qu’il a retenu en fon corps,mais celuy qu’il cfpadroit pour les péchez de nous tous, il eft derechef aifé à confiderer amp;nbsp;apprendre que comme à eux fcmblablemcnr aufli d nous 11 a commande de boire fon fang nó point entant qu’il eftoit fang en fes veines, mais entant qu’il feroic cfpandu pour noftre nature maudite : ce que les mots monftrent bien clairement,Qui eft efpandu pour vous amp;nbsp;pour pluftcui-s. Que ft Icfus Chrift no’ euft commandé de manger fon corps amp;nbsp;boire fon fang,autrement qii’cn la façon qu’a cfté monftrc iuf-ques icy, mais felon que quelques vns efcriuct amp;nbsp;en-feignentauiourd’huy, il fàvidroit confeifer que nous boirions pour noftre redemption non feulcmct fon fang efpandu,mais qui plus eft reccurions en noftre bouche amp;nbsp;corps tout Ion fang. Car quelques vns ne fe contcntentpointpour la nourriture de leurs âmes en vie éternelle, de receuoir auec vraye foy amp;nbsp;alleu-rance l’oblation du corps amp;nbsp;cftufton du fang de lefus Chrift:mais aulft veulent en eux comprendre, rc-

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50 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A t T T E

ceuoir amp;nbsp;engloutir par leur bouche corporelle le corps dcicfus Chrift entier. Si l’opinion ablurdc de ceux lâ eftoïc vraye, il fàudroit qu’aucc le corps fans doute ils engloutiffent tout le fang, amp;nbsp;ne fc conten-taiî'ent du fang efpandu,nuis fi lient plus qu’il ne leur cft commandé de lefus Chrift . Dont derechef il appert que la oholè doit bien autrement eftrc en te due, que felon qu’ils ont imagine.

D’auantage il eft certain que le ûng de lefus Chrift n’eftoit point encor en effet efpandu lors que il commanda à les difciplcs de le boire en fa Cene, combien qu’ils receuffent commandement de boire ce fang qui lors eftoit efpandu pour eux : Ce qui nous donne à entendre, qu’ils ne le deuoyent autrement boire qu’entant qu’il eftoit efpandu pour eux; ce qui ne fe peut faire auec la bouche charnelle, ains tant feulement parvn cœur fidele.

Et encores q maintcnat qucîcun fè trouuaft fi ou-trecuidc amp;nbsp;peu craignat Dieu,qui ofaftdirc auec les Papiftesfans amp;nbsp;outre l'Efcriture fünfte, que ce lang de lefus Chrift efpandu,eft auiourd’huyconlèruc ïâns eftrc confumé ïcomme en pluficurs lieuxquot; ils fe vantent de l’auoir,amp; le monftrcnt deçà delà) il ne pourra rien obtenir par cela. Car puis que c’eft vnc creature,chofecorporelle,nul ne doitpenferny

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DE LA S. CENE.


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dire qu’ l puilfc cftre en vn mfmc temps en plu-licurs lieux, comme ainfi foie que cela conuicnne à Dieu feul, ôc ne Ce puilîe dire en vérité de creature quelconque . Ceux auHi qui auiourd’huy contre toute l’Eferiture fainôle, contre la doÔlrine de toute l’Eglifc ancienne, contre les Anciens efcriuains amp;nbsp;Doôtcurs, ofent dire amp;nbsp;eCcrirc vne chofè fcmblablc du corps de Iclus GhriH , n’ayans autre fondement, finon que ladiiiinitcen îefus Chriftcrt: conioinéle vnic inïcparablemcnt en vne perfonne aucc l’humanité , ne le peuucnt fèniir d’vne telle defenfè, pour maintenir cefte fantafjc,veu que ce fondement cft en foy fquole amp;nbsp;de nulle valeur, amp;nbsp;mefmé conUaire à l’Efciiture /ainÔle, amp;nbsp;«à la religion Chre-pouuoit non plus eftrc vni, liéamp; conioint auec la diiiinité que toutes autres creatures,il ne pourra aulli, felon ce fondement (quand mefmes il feroit fort bon) dire par tout comme la diuinité,non plus que toutes les autres creatures peu tient en vn mefme temps dire par tout. Pourtant voicy la venté laquelle demeure ferme amp;nbsp;infaillible, que les-difciplcs en la Cene, (comme aulli nous auiourd’huy ) n’ont peu boire autrement le ßng efpan-dù de Idus C lui il, qu’entant qu’il fèroit efpaa-»-

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jt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A IT T E

du pour euxjamp; cfl: efpandu pour nous. Car nul autre fang leur cft comniâdc de boire cjuc ccluy qui alors pour eux amp;nbsp;tous les fideles cftoit efpandu. Puis donc qu’dcft trefeertain quç lors nul fang de Chriftn’c' l|oit en effet amp;nbsp;rcellement çfpandu,il cft cl.lir, qu’ils n’en ont peu boire aucun corporellement, ains tant feulement en efprit amp;nbsp;foy,c’eft à dire,entant qu’il fc-roic efpandu pour eux amp;nbsp;pour tous ceux qui fc con-folcroycnccn iccIuy.Orcc boire n’cftautrechofe (comme aulli cy deffus il a efte dit) (mon de croire fermemet que Icfus Chrift par fon fang efpandu no* a réconciliez à Dieu noftrc Pere, nous a deliurez de la mort, de Sathan amp;dcs enfers, amp;nbsp;nous a acquis* vic,ioyc amp;nbsp;fàlut éternel, afin que nous viuiôs en iuy amp;nbsp;luy en nous éternellement, amp;nbsp;(oyons auffi ccrcai-nemctparticipansde tous fes biensamp; merites, comme certainement poureneftte affeurez,nous prenons de la bouche amp;nbsp;beuuons Je Sacrement de fon fang,c*eft à dirc,le vin confaerc.

De tout cecy nous pouvions aifccment recueillir, pour quelle caufcnofti e Seigneur Icfus Chuftenfâ Ccnc a tellement parlé de l’oblation de fon corps ôc cffufiô de fon fâng,côinc fi le tout euft efte prefent, amp;L non à aduenir: car aufti le lendemain la chofe ad-uint.Quiconquc par l’oblaciou du corps de Uirift

amp;

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D E L A s. C 1 NE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33

amp; I’efFufion de fon fang voudra lîon kuîemcnt cn-cedre la more de Chriftflaquelle cotitésfois eft la piiigt; cipale œuurc de noftrc redemptio«^ l’àecômph'fli-ment de noftre (aluc,comme luy-meâne pendant en la croix,ainfi qu’il cftoit preft à renà-e l^elprk té/mot gne, difant, Toutcftaccompli) mais aulîi entendra toutes les peines,pourctcz/oifjfàim^ afflilt;fiions, lui-ncs, mocquencs pcrfccutions , amp;nbsp;tout ce que pour nous depuis fon incarnation iufqiiêsà la mort d a. enduré amp;nbsp;fait,iccluy pourra bien éi aifeement enten dre,qu’emporte de manger le cofps de Chrifl: liuré, amp;c de boire fon (ang'cfpâdu. Car c’efl: aififi' (]^u’il noüs faut manger amp;nbsp;boire toutes les miferes amp;nbsp;ta'amivz, angoifl'es amp;nbsp;affinSlions qu’il a fouftenueS pour nous c’eitàfçauoir,quenousfoyonsaßeuräz,quelles luy fontaduenucs pour nous amp;nbsp;pour noftrefatut, puis que nous ne pouuons manger ou boire les fuC-dits douleurs Âîtouimcns d’vncfaçon cbarnclle ou groftiere. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Que fi quelcun aime mieux entendre cecy Que le/îis Cbriftaparlé comme fi routes choies cftoyent prciènrcs,pourcc que le tout luy eftoit prefenr amp;nbsp;de-uant fes yeux ,amp; d’autant qu’iHçauoitquc lepoinôt eftoit venu auquel il debuoiteftre trahi ôc appréhendé,endurer la mort, Ccluy qui ainfi l’entendra, ne £ lit

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34

TRAIT TE

faudra point aiiffi, non plus que les autres fufditsî moyennant qu’il confeirc,que la chofe à luy-mcfmc amp;nbsp;aux Apoftres efloit à aducnir.Car il ne fc peut nier que le fang de Icfus Ghrill n’a-point efté efpandu en effet en la Cenc. Dont derechef il appert clairement qu’en la dej-nierc Cene les Apoftres n’ont point beu fubftannellement ou rcellementleûng efpandu de Lfus Chrift mais tant feulcmentj entant qu’ft deb*; uoit eftre efpandu pour eux, comme -tous IcsjPerer. qui ont ve'cu deuant Chrift. Dont nous apprenons que les Pcrcs îinciens ont mange'l’oblation du corps de lofus Chnftj ôt beu i’eftufion'.dc fon fang, comme nous le mangeons beuuôsrcxcepte qu’ils font, mange amp;.beu,entât que pour leicmps futur lc‘ corps feroit liuté le fing cfpaduimais nous le mangeonS ^bcunotis entant qu’ils.ônt elfe dcfiapour nousli-i uré amp;nbsp;efpandu : dont il s’enfuit qu’ils pneaufti bien beu Chrift én l’eau au defert,félon que fainâ: Paul tefmoigncjcomme nous le beuuons auiourd’huy au vin conficré de la Cene.

De tout çecygt;,fans contredit aucun, eft certain amp;: ' manifçfte, que non feulement nous ne beuuons la : fubftance du fing efpadu de lefus Chrift d’vnefiçon charnelle en la Cene, mais que les Apoftres auftî ne l’ont point beu ainh, d’autant que l’cftufion n’cftoïc , point

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DE LA S. GENE.

point encor faite, ains cftoit à aduenir, queIcfus Chriflnelcur a point CÓmande de boire autre fàng, que ccluy qui lors cftoit efpad«, ou debuoiteftre cf-pandu:dôt s’enfuit, qu’il ne nous cfl: point comandé de boire autremet en la S.Ccnc le fang de lePChrift, fînon entant qu’il aefte efpandu pour nos pechez.

Or cil-11 certain fans doute aucune,que ce qui eft â tenir amp;nbsp;à croire dû vin ou du calice du Seigneur, le mefme efl aulli à croire,à entendre amp;nbsp;tenir du pain du Seigneur, voire entant qu’il concerne ce poinól. Car comme en la Cene le vin efl le fàng de Chrifl,amp;: cil ainfi appclléiainfi efl le pain le corps de Chrill,amp; efl ainfi nommé. Et comme en la Cene nous debuos boire le fang de Chrifl,ainfi aufïi debuôs-nous manger le corps de C hrifl. le n’eflimc point, que depuis i’inllitution de la fainôle Ccne,il y ait eu homme cn-têdu amp;nbsp;verfé en leélure des Efcriturcs faindes, qui ait oneques douté de cecy : Nul auffi ne doit douter que ce qui cflbicn dit amp;nbsp;entendu du vin , ne foit auiïi bien dit amp;nbsp;entendu du pain : les Euangclilles le tefmoigncnt fuffifimment quand ils difent, Semblablement aufli print le calice, c’efl à dire,comme il a ordonne le pain pour ficrcment de fon corps, ainfi a-il confacrc le vin pour fàcremcnt de fon lang.

Puis dôc que des paroles mcfincs de Icfus Chrifl E iiii.

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T R A IT T E

il a cftc dcmonftré de force qu’ôn ny puifTc contredire ny répliquer, qu’iJ ne nous a point commande de boirclafubftance de fonfang innocent efpandu, mais l’efFulion d’iceluyj ou , fnon entant qu’il a cftc efpandu: il eft aufli certain amp;nbsp;infaillible qu’il ne nous a point commande de manger aucc vraye foy la fub ftancc de fon corps pour nous liure en la mort:mais l’oblation d’iccluy,.ou entatinqu’il a efte liure. Et ce-cy fuffife pour la premiere dçmonftration lirce des paroles de Icfuh ChrilE

Pour plus ample amp;nbsp;plus grande declaration, ie monftrcray en vnc autre force parles paroles de lelùs Chrill: touchant le calice , felon quelles font eferites de fâinet Luc amp;nbsp;de faincft Paul, que les paroles de la Cene ne doibuct point eftre entendues ni creuësfelon que la lettre porte , corne plulieurs auiourd’huy cofttcnticufcment maintiennent.Et combien que ic me propoferay maintenant d’autres mots à declai-rcr,amp; vferay d’autres argumens, fi cft-ce toutesfois que finalement il apperra, que la fentcncc amp;nbsp;le fens par tout amp;nbsp;en toutlcra fi conforme amp;nbsp;accordant a-uccce qui eft cy deftus,qu’il n’y aura repugnance ny difcordancc aucune.

L’Euangelide fainóf Luc ôc l’Apoftre fiinift Paul J. Cor. n. en la defeription des paroles du calice, ne difenc

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i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;DE LA s. CENE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37

' difent point que le vin foie le fang delefus CliriftjOu

que lefus Chnll aie dit en cefte fortc,Ce vin cft mon fang,mais ainli,Ce calice ou cefte couppe cftle nou-ueau teftamenten monfangqui eft eïpandu pour vous.

Or que Icfus Obrifl amp;nbsp;le S. Efprit par ces mots ait voulu declaiier toutes les paroles de la Cene, il n’eft point befoin de le prouuer,felon mon aduis. Car les mots de laindl Matthieu amp;nbsp;defunâ: Marc touchant ce point, pcuuenteftre bien entendus amp;nbsp;dec'airez I nbsp;nbsp;nbsp;par CCS mots de fainôt Lucamp; de S.Paul.Mais ceux-cy

defainólEaulamp;dcfainóhLuc ne peuucnt cftre de-clairèz par ceux de fainct Matthieu amp;nbsp;de fainólMarc; fi cc n’eft, qu’on leur voulut faire force,amp; les deftour-ncrdeleur lignification propre, naturelle amp;nbsp;vfitee j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;enuers tous. Il cft: aufti notoire, que faind Paul a cl-

crit cefte cpiftre quelques années apres l’Euangile de Eunôl Matthieu ôc de fainél Marc : amp;nbsp;pourtant doit cftre vne declaration d’iceux. Et lingulicrement puis qu’elle a elle efcrite .1 des Payens, aufquels peut cftrc la façon de parler de laquelle vfent les Iuifs en tels af-£nrcs,n’eftoit point en vfigc: amp;nbsp;pourtant il les sxpo-* fc plus ciairemcnt,cômc il fc peut veoir confequem-I ment. Que ce foyent aufti les paroles de lefus Chrift, j nul homme Chreftien n’en pourra douter, puis que

Fi,

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3» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

fainâ; Paul c/crit, qu’il a rcccu du Seigneur ce qu’il leur propofe , amp;nbsp;non point des hommes ou des A-p O (Ire s,

Orafînquclc toutpuüTe bieneflre entenduHc nous, fur tout il cft nccclfairc de fçauoir qu’emporte ce mot de Teftament. Teftament eft prins communément en deux fortes rPremiercment pour la derniere volonté,felon laquelle vn chacun veut que les chofes foyent gardées apres fon treipas.Secondement pour vne lettre, en laquelle vnc telle volonté eft eferite,déclarée amp;nbsp;hgnéc.Puis donc que le vin ou Iccalicecfl: icy nommé vn Teûamcnt, il faut que des deux il fou fvn, ou la derniere volonté de lefus ChriftjOu comme feau amp;nbsp;lettre,en laquelle la dernière volonté de nofhie Seigneur foit expofec amp;nbsp;imprimée. Pourtant deuons-nous icy dihg-mment regarder,félon laquelle de ces deux façons de parler noflrc Seigneur Iclus Chrift a appelle le vin ou la couppe, Ttftament. Car quâdilapparoi(l:ra,qu’il ne peut ehre la dernière volonté mcfmc de Chrilfil s’cnhiiura nc-ceflaircmcntjfores que tous les hommes voire toutes les creature« difent ce qu’eiks voudront) que fur l’autre fiçon de parler, il ell le nouucau Tcllamenr, c’eft à dire,qu’il vû comme vnc lettre amp;nbsp;ccnhgnatio de La derniere Volonté de Icfus Chrift nollrc Sei

gneur

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;39

gncur.Or fi nous voulons entêdre, fi Ie vin ou le calice cille nouueau tcllament,felon la premiere figni-ficatiÓ ou façon de parler, c’eft à dire, la derniere vo-IÓCC de lefus Chrift nofirc Seigneur, il nous faut premièrement fçauoir qu’elle cfl cefte volonté. Cecy cft ß clair, que nul homme Ghreftien n’en doit douter, aflauoir Que tous ceux qui croyent amp;nbsp;mettent toute leur fiance en lefus Chriff, par le moyé de ia mort ôcpairionrcceurontlaremifliondclcurs pechez amp;: vie eternelle, amp;nbsp;ce de la pure grace amp;nbsp;rnifericorde de Dieu. Pourtant fi nous prenions ce mot Teilament aux paroles de lefus Chriil en fa premiere fignificatió (ce que toutesfois nefe peut faire,comme il apparoi-ftra} ces paroles de lefus Chrift,Ce calice ou cefte couppe eft le nouueau Teftamcnt en mon fang, qui cft cipâdu pour vous amp;nbsp;pour pluiicurs,emporteroy-ent autant comme ii elles cftoyent eferites en tels mots:Cefte couppe eft ma derniere amp;nbsp;inuiolabic volonté,que giaiuitcmcnt vous ayez rem.iflion de vos pechez en mon fang,ou à caufe de mon fang, qui eft cfpandu pour vous amp;nbsp;pour plufieurs : Ou,afin de le dire plus court,Celle couppe eft la remiilion des péchez en mon fang,quieft efpandu pour vous amp;nbsp;pour pluiieurs.

Si donc quelcun en ce pafftige veut prendre cc F ii.

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40 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E ’

mot de Teftament cn la façon fufditc,il faut quant amp;nbsp;quant qu’il concede, Premièrement que ces paroles de fàinft Matthieu amp;nbsp;de faind Marc, Cccy cft mon fàng du nouueau tcflamcnc, emportent autant comme celles-cy, Ge vin eft le nouueau teftamenc ou re-milFion des péchez en mon fang.

Secondement s’enfuit auffi que les paroles fus de-cIairécs,airauoir,Cccy eft mon corps, amp;:c. ne doyuéc point eftre prinfes ainh corne fi le pain fuft Je corps de Chrift, ou que le corps fuft enclos dedans le pain, mais que le pain efl; le nouueau teflament ou Re-mifiion des péchez au corps de Chrift qui aefleli-uré à la mon pour nous.

Voire-mais,dira quelcun, les mots font clairs,Cc-cy eft mon Corps : qu’efl-il befoinde beaucoup de paroles ou de lègue explication? le refpos,qu’ils lont clairs : mais il ne les faut point interpreter, croire ou entedre felon que toy ou moy les eftimès clairs,mais fdonque Icfus Chrift mcfmcles a interprétez amp;nbsp;ex-pofcz.Or le Seigneur dit,Le vin cille nouueau tefla-ment ou remilhon des pechez cn mon fàng : pourtant fuit aufii qu’il foit vray, que le pain foit remif-fion des pechez ou le nouueau teffament au corps de Chrift,quad mefme tout le mode,les diables amp;nbsp;les enfers s’y oppoferoyét. Car il a efté cy deftus moftré des

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’ -DE LA s. CENE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41

des mots de l’inftitunô, que ce qui cil bien dit amp;nbsp;en-tcdu du calice ou du vin du Seigneur, le mefme(cn’-tant qu’il concerne cefte matière)peut eflre bien amp;nbsp;conuènablemcnt dit, amp;nbsp;doit eflrccntcndu du pain. Or puis qu’il cil bien amp;nbsp;véritablement dit amp;nbsp;entendu du vin (quand ce mot de Tellamct cil prins en fa premiere fignification) qu’il eflla rcmilhondes pe« chez au fang de Chrift:faut qu’aulh du pain, loit bien dit ôc entendu,qu’il cil le nouueau Tcllamcnt, c’ell à dire,qu’il foit la dernière volonté de CJarifl, ou larc-milîion des pechez au corps de Chrift.

Or afin que nou^ entendions bien amp;nbsp;parfaiteméc toute ccflc matière, nous regarderons fi ce mot de Tcllamcnt aux paroles de lefus Chrill,Celle couppe ell le nouueau tellamct,ôcc.pcuc élire prins en fa premiere lignification,pour la dernière volôté dcChrift, qui eft, Que nous ayons rcmiflion des pechez pour l’amour de fon fang cfpandu.

En premier lieu ic demâdc, Si le calice ou la coup pc peut eflre la dernière volonté de Chrill, ou la rc-milîion de;pechcz.Quiconqucaura tantde ccrueau amp;nbsp;d’entendemet que Iculemct il puifîe coprendre les paroles, il ne iugera iamais que le calice de la Cene foit la dernière volonté de Chrill ou la remilïion despechez .Caria derniere volonté de lefusChrifl,

F lii.

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4Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

OU la remiffion des pechez,qiie nous recelions felon la. derniere volonté de lefiis Chrill noftre SaiiucurSc rédempteur ne peut eflre veuë ou touchée : mais- le calice eftveu amp;nbsp;touche. Et cjuadquelcun diroiticÿ. Que par le morde calice ou de couppe, Icfus Chrift n’a point entendu le vaiffiau lt;à boire , ains le vin qui efloit dedanSjie le conh lie : mais l’adioufle qu’il y a vue mefme railon au vin qu’il y a au calice,entât que touche celle noftre matière. Carderechefie demande,li le vin eft la derniere volonté de Chrift, ou la rc-miftiô des pcchez,'aqiie!le nous eft dônée par la derrière volôté dcChrift.Quicoquc aura en foy quelque raifon ou iugemcnt,rcfpondra que non.Car outre ce que ce feroit mal dit amp;nbsp;lourdement penfé, aulli d a-uantage eft-il faux, amp;nbsp;ne peut aucunement eftie. Car comme il a efté dit cy dclJus,la remiftion des péchez ne peuteftre veuë,touchée, nigouftée ou fende par la iangueamp;la bouche corporel.e.Orne peut-on nier que le vin du Seigneur ne foit beu , lenti amp;nbsp;goufté. Voire le diray d’auantage , que le corps amp;nbsp;le lang de JefusChrift ne font point la remiftion des pechcz,ou la derniere volonté de Chiift. Car aufti le corps amp;nbsp;le fang du Seigneuren leur propre nature ont elle amp;nbsp;font encores creatures vilibles amp;nbsp;Icfquclles on peut toucher, comme le tclmoignc toute la fainéle Efcri-

turc

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D E t A S. CENE.

4^

ture.Mais Ia dernière volonté deChrifl, par laquelle nous a efte donnée la rcmiflion des péchez, n’a jamais efté ni fera en fa nature vne chofe corporelle ne qui fe puifle manicnains tant fculemét peut eftre re* çeuë ou apprehédéc des cœurs fideles par vne vraye amp;nbsp;viuc foy. Le corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrifi font bien l’argent ôc le cher prix par lequel la remiflio des pcchcz nous a eflé acquife amp;nbsp;achetée, toutesfois ne font point la remifTion des pcchez:ainfi que l’argent, par lequel quelcû eftdeliuré de la capiiuité des Turcs n’efl point la deliurancc mcfme.

. Puis donc qu’il eft manifcftc,quc ni le calice ou la cçuppe, ni le vin qui efl: dedans,ne pcuucnteflre le nppueau Tefiament en la premiere façon de parler, ç’e(l à dire , la dernicre volonté de Chrift, il faut que çes mots du calice foycnr autrement entendus amp;de-çlaircz. Or eft-il ainfi qu’ils ne peuuentautrement c-ftre entendus ou declairez, linon que fuiuant l’autre ûçon de parler, le calice ouïe vin du Seigneur foit appellé Teftamentjallauoir qu’il eft vn lefmcignage, fignc , ou comme Icau amp;nbsp;lettres, au {quelles la dernière volonté du Seigneur eft confignée, confer-mée amp;nbsp;efcritc.

Combien que ie foye alTeurc que l’argument que ic vien de reciter foit veritable amp;nbsp;indifloluble (alîa-

F iiih

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44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

uoir, Le vin (lu Seigneuren laCenccfl: appelle de Chrift mefme vnTcllament.Or cft-il ainli que le vin ne peut eftre leteftatnentde Chtift, félon la premiere façon de parler, c’efl à dire la dern ere volóte mef-me de ChrdhPourtant il faut que felon l’autre façon il foit le tcftamét de Chrift,c’cftà dire, comme féaux amp;nbsp;lettres, par Icfquels nous (oyons informez af-feiirez de la volonté de CKrift) toutesfois pour auoir vnc intelligence meilleure amp;nbsp;plusfcurede cede matière,i’en veux parler plus amplement pour ceux qui font amateurs de vc ité.

Nul ne peut nier,qu’en l’inflitution de la C?nc le-fus chrift ne nous ait voulu faire vn teftament, afin’ que nous fulhós aircurcz de noftre heritagc.Si qucl-cun defire bien amp;nbsp;droitcment entendre cefte matière,qu’il penfe en foy-mefme, que c’eft qu’vn chacun a accouftumé de faire quand il veut fiirc vn tcftamét.' Ilmonftrc prcmiciemct de bouche, quelle cft fader-nicre volontéfîaquelle a proprement parler cft leTc-ftament. Car ce mot de Teftament, à parler propre-i'nent,n’cft autre chofe que nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c’eft à (Ire,

le tcfmoignage ou la declaracio du cœur amp;nbsp;de la vo-lonrc)amp; commet il voudroit qu’apresfa mort il fut fait de tout fon bien . Apres cela il fait mettre pat cf-crit cefte fienne volonté amp;nbsp;fccUer aucc des féaux,afin

que.

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D E L A s. C E N B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45

que pour l’aduenir on puiflc toujours fçauoir quelle a. ertc fa voIonté.Ce papier ainli fcellc ne fera point appelle ny parle ccflaccur mcfmcs,ny parles autres autrement que Son teftament.Ainfi noftre Seigneur lefus Chrift voulant aller à la mort,nous a fait fon tc-ffament. Car premièrement il a monftrc quelle eftoit fà derniere volôté,amp; quel feroit noflre heritage . Puis apresj afin quç peuflions cogüoiftre ccflc fienne volonté iufques à la fin du monde, il l’a eferite au pain amp;nbsp;au vin,amp; par iceux l’a confermee amp;nbsp;fecllee, amp;nbsp;les a nommez Son teflamcnt.Car combien que pour lors noflre Seigneur n’ait point fait cfcrire en papier ou parchemin aucc plume amp;nbsp;encre fa derniere volonté (ce que puis apres fidclement a accompli le fainôl EC prit par les Euangclifles amp;nbsp;Apoflrcs)toutesfois fi a-il appofe tels féaux à fà parole amp;nbsp;à fes promeffes, qu’à bon droit ils doiuét efire tenus pour lettres amp;nbsp;féaux.' Car non feulement ils nous afreurcnt/ccllent amp;nbsp;rati-fiét la promelfc amp;nbsp;l’heritage à nous laifTé par Chrift, mais aufîi les nous mettent fi viucment deiiant les yeux, qu’on les pourroit vcoir amp;nbsp;lire en iceux corne s’ils y elloyciit peints Se efcrits.Et défait cefl heritage n’appartient point aux fçauans feulement, »uis auffi amp;nbsp;parauanture piuflofl aux ignorans. Et pourtant le Scigneura inlhtuc tels féaux amp;nbsp;lettres,qu’en iceux vn

G i.

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40 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

chacun du commun populaire y peut lire fa volonté. Qui eft ccluy dcsChrcftiens qui en voyant le pain eftre rompu,ne vienne à fc fouucnir des douleurs de lefus Chnftpar Icfquelles fon ame a elle arrachée du corps?Qui elf celuy quinecontéple l’efFufio du fang deChriftjcn confiderantôc regardant le vin qui eft verfé en la couppe?Qui eft-ce qui n’eft point admo-nefte que le corps de lefus Chrift a efté crucifié pour îuy,amp; fon fang efpandu pour luy, quand non feulement il voit que le pain eft rompu, mais qu’il luy eft aufti donné, amp;nbsp;ne regarde pas tant feulement le vin, mais aulh qu’il luy eft done à boire?Qui eft fi fimple, lequel en mangeant le pain amp;nbsp;bcuuant le vin, ne recueille de là,que corne fon corps eft nourri en cefte vie tranfitoire aucc pain amp;nbsp;vin, qu’ainfi fon ame foie refeóliónce,nourrie amp;nbsp;entretenue en vie cternelle par l’oblation du corps amp;nbsp;effufiô du fang de lefus Chrift? Telles proprietez di-ie ont les féaux deDieu,que corne lettres efentes ils feruent aux ignorans, amp;nbsp;propo-fent aux fideles à veoir amp;nbsp;à lire en eux-mcfmes,côme en vue lettre eferite amp;nbsp;peinte,les chofes qu’ils doyuct confermer amp;nbsp;ratifier. Ce que ne pcuuct faire les féaux des hommes. Car vn lignet ou vn feau ne peut enfei-gner à perfonne ce qui eft tferit en la lettre, laquelle elle obfiq-ne ou feclle.

Par-

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47

Parquoy nul ne doit pcfer ny dire que lefus Chrift n’â point bien nomme le pain amp;nbsp;le vin Son teftamer, d’autant qu’ils ne font point lettres,veu qu’ils ne no’ mettent point moins dcuantles yeux amp;nbsp;nous repre-fentent fa volonte amp;nbsp;tout ce qu’il nous a laiffé,que fi nous les voyons efents en vn parchemin feclIé.D’icy vn chacun peut entendre que le Seigneur n’a point nomme le vinSon tcftamér,pource que ce vin feroit fa dernicre volóte ou l’herira^e delailfé, mais d’autat que comme féaux amp;nbsp;lettres il nous ratifie vn tel te fia ment: Ce qu’aufli nous reprefente ôt afTeure le pain. Cornent efi-ce que nofirc Seigneur alors qu’il fit ce fien tertament euft peu parler plus clairement, aucc fignificatio plus propre amp;: plus vfitcc que nous parlons lournellemcnt ? Ce qui n’eft pas tant feulement commun amp;nbsp;vfité en la langue Hebraique, Grecque, Latine, Italienne, Allemande amp;nbsp;autres, mais aufii en la nofirc Françoife, voire de forte que nous ne pou-uons parler autrement. Pourquoy eft-cc donc que fans raifon nous debatons entre nous, auec la ruine de tant de poures âmes?

Puis donc que iufques icy nous auos moftre fans qu’on y puilfe côtrcdire,quc lefusChrifi en fà Cene a appelle le pain ôc le vin Son tefiamét, corne no’appelions Noftre tefiament les lettres amp;nbsp;féaux de nofirc G ii.

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48 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

dernière volonté, maintenant nous verrons en peu de paroles, premièrement, Si les biens delaiircz par teftament pcuuent effre réellement le teftamet mef-me:Secondement, S’il fàiitqticcorporcL'cmerrrilsy foyent enclos: Ticrcement, Si les biens pcuuét felon l’viâge commun cftre appeliez TefKimcnt le ne pen-fè point qu’il y ait homme tant ignorant qui fe laide perfuader, que les lettres du Tedamenc foyent réellement le champ,'es prez, les maifons, l’argent mefmc (qui reuiennet aux heritiers en vertu d’icellesjou réellement y foyent enclos en la lettre. A utant t lîran-gefcroit-ilfî quelcun vouloir nommer vn champ, maifon, ou argent qui luy font la’fTez en vn tefla-mentjLe tellamcntmcfmc.Car les biens delaillez ne font: point le tellamenc, mais laderniere volonté de celuy qui delà de quc'quc chofê à I hcri'ier, amp;nbsp;la fait mcttrcparefcric. On dit ordinairement II .m’a la lie cefte maifon par telbment : irais nul ne di a, Il m’a fait ce tedament, qumd il parlcia de quelque chofe qui luy aura ede laidee p -r ledament Or qu’eft ce que lefusChriftnousal ilfeparfon tedament? Son coipshurc en la mort pour nous,amp; I’cffufion de fon fang innocent, lemidion de nospechez , rcconci'ia-tion auec Dieu,amp; la vie celedc amp;nbsp;cterncre.Puis donc o^e le vin en la Cenc edle tedament de lefu.C'ind

ôc que

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'49

amp; quelcteft.imcnr ne peuteftrc reclJemetic Ja chofe mcfmc dcLiiflcc, amp;nbsp;qu’aiifli réellement ou corporellement elle ne peut cftrc cncofc au tcftamcnr,amp; que il ne peut autrement élire appelle vn tclbmcnt,qu’en * la forte amp;nbsp;maniéré que nous appelions tous lettres amp;nbsp;féaux Vn teflamcnt : il s’enfuir que ces paroles de Icfus Chrifl Ce calice eft le nouueau tellament, ne peuucnt clire autrement bien amp;nbsp;droitement declai-rces,qu’en celle fàçonrfce qu’il ne faut point prendre en telle lorte, comme G l’ellimois qu’elles ne peuf-fent elIre expofées ou déchirées par d’autres paroles: qu’vn chacun vfedes mots tels qu’il luy plaira,fi faudra il toufiours que le fens foit tel:)Ceftc couppc ou ce vinefl vn certain gage, feau,ficremcnt,refmoigna ge ou ligne pour vous a fl eurer de ma derniere volonté, alfauoir, que ic vous nourri, vous di ic qui elles incorporez en moy,amp; par foy elles fiitsmes vits membres,ie vous nourri vrayement en vie éternelle par mon corps pour vous crucifié amp;: mon fing cfpandu , afin que le vous gouue ne amp;nbsp;viue en vous amp;nbsp;vous en moy cternellcmét: que ne doutiez aucunement que tout mon viuie mourir ne foit ad-uenu pour vous: A caule dequoy vous debutz celc-! brer amp;nbsp;magnifier ce mien benefice , annoncer nquot;'! mort ôc la prifcr,amp; me remercier affçducufcmct iuf-

C ’U.

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50 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

ques à cc que ic retourne en iugemcnL

Que Cl aucun aime mieux tranflater ce mot Grec Diathiki non point Teftament, mais Alliance, (en laquelle lignification il elt mis en plufieurs endroits de l’Eferiture Sainôle, corne aulîi en ce lieu il y peut bic eftre prins)il ne pourra trouuer autre fens de ce mot que celuy qui eft declaiié.Car la nouuelle alliacé que Dieu a faite auec les homes, n’efl autre chofe que la promelîe de Dieu, qu’il nous veut par grace, pour l’amour de lefus Chrirt,tenir amp;nbsp;receuoir pour iuflcs, amp;nbsp;n’auoir plus de fouuenance de nos pechez,fi nous croyons amp;nbsp;mettons nofire fiance en luy.Icy voit- on derechefque ny la couppe ny le vin ne peuuent cftre lapromefle mefme. Voire mcfmele fang de lefus Chrift n’effc point cefte promefTe ou alliance , mais eft cefle grande fomme amp;nbsp;inefiimable threfor,par lequel vnc telle a’iiace nous a efte acquifc amp;nbsp;achetée.

Pourtat puis que le fens demeure toufiours vn amp;nbsp;mefme,foit qu’on interprète le mot Grec, Teftamét, foie qu’on l’intcrpreteAlliacefcarlevin pcutaufili peu cftre l’Alliance comme la det niere volonté deChrirt) amp;nbsp;que les lettres amp;nbsp;féaux efquels font coprins amp;nbsp;con-ligncz les articles de quclqu’accord ou alliance ne font pas moins proprement amp;nbsp;intelligiblement appeliez L’alliance, que quad lettres fecllces, côtenantes

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51

Ia dernicrc volontc d’vn chacun (ont appeliez Tefta-mcnt,il s’enfuit qu’en ladcmonftration ne peuteftre trouuec aucune difference: mais faut que ces paroles de lefus Chrift Ceffe couppe elf le nouueau teftamet amp;c.foycnt autrement entédues, declairécs amp;: crcucs, que fclô que la lettre porte, ores que tous les homes opiniaftremet refufàffcnt à le confelTer. Et icy ic prie tous Chreffics eftre iuges,s’il eft poflible quât au (êns (car quant aux mots il ne m’en chaut pour le prefent pourucu que le fens foit clair} de les pouuoir autre-rhent expliquer amp;nbsp;entendre,que felon qu’il a cfté fait iufques icy;aJïàuoir, QjJe la couppe ou le vin foit vn feaujou facrement ou certain figne de l’alliance que Dieu a faite auec nous, amp;nbsp;laquelle il a confermee par le fàngcfpadu ds Icfùs Chriffafin que nous ne doutions aucunemêt que nous ne foyôs cnfàns de Dieu, coheritiers auec IcÂis Chrift de la vie éternelle. EnGenefc le Seigneur mefme expofeen ceftema-nierqvnc fentence lemblablc.Car apres auoir fàitvne alliacé auec Abraha Qu’il feroit fon Dieu amp;nbsp;le Dieu de fà fcmcnce,amp;: qu’eux feroyent fon peuple,chemi-nans enticrcmct deuât luy : pour côhrmatiô de cccy luy dÔna vn fignc,affauoir,la Circôcifion (en lieu de laquelle nous auons auiourd’huy le Baptefme)la nô-mant Alliance, corne ainli foit qu’elle n’eftoit qu’vn

G iiii. i

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51 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

fîgne on confirmation de l’alliance. Pourtant le Seigneur le declaire ncontincht apres,Sc dit Que la Cir concifion efl: vn ligne del’alliance.En vnc lèniblable manière il appelle icy le vin Nouuelle alliacé, lequel toutesfois (ielon que feront contraints de confefler tous ceux qui ne feront priuez de raifon} ne peut eftre l’alliâce mefmc,c’cftadiré, la promcfîc de Dieu, par laquelle il nous all'eure qu’il no® veut tenir pour fes enfàns à caufe de la mort de lefus Clirift, amp;nbsp;nous donner l’hcritage de la vie eternelle . Car comme il a efte dit cy deirus,on peut veoir, toucher goufter le pain amp;nbsp;le vin: mais la promefle ou l’alliance de Dieu ne peut eftre veuë, touchée ny gouftee, que par vine foy. Pourtant à bon droit nous declai-rons ôc entedons ces paroles ainfi que Dieu rnefme nous a enlcigné de les declairer amp;nbsp;entêdre, aftauoir, que levin eft vn ligne ou gJge de la nouuelle alli-ance,amp;c.

Et de cefte‘façon de parler la faincte Eferiture vie non feulement en ce Sacrement, mais en tous autres tant du vieil que du NouucauTcftamcnt,d’ou à bon droit nous débutions apprendre aies entendre,quad lelus Chrift mehne ne nous les euft h clairement expliquez. Elle appelle la Circoncihon, Alliance : l’A-gneaUjle palîage. de l’Ange:la picrre,Chnft:leBaptef-

me,

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5j

me, I’eau ou le lauement de regeneration : comme ainli foie que pas vnc de ces choies n’cft eflenticJle-ment ce quelle cft nommée : ains tant feulement vn tefmoign3ge,figne,fcaQ ou gage de ccIa.Or puis que nous ne fomracs offenfez d vnc telle façon de parler aux autres Saercmens,comment nous laiflons-nous tranfportcr hors du droit chemin en ceftuy-cy,contre l’expofition claire de Icfus Chrift ôc de S.PauI?

Or que celle façon de parler foit auffi commune amp;nbsp;vfitce en d’autres langages, il ell euident.Ic le mo-flrcray en noflre langage par vn ou deux exemples, à caufede breuetc. Quand quelcun donne ou deliure à vn autre vne lettre de rente, contenant mille efeus, il dit Qu’il luy donne mille ou cinquante efeus de rente annuelle.Nul n’ell fi fîmplc qui n’entende que la lettre n’cfl point l’argent mefme, mais vnc alfeu-rancc, confirmation, ligne ou gage d’vne telle femme de deniers,de forte qu’ayant vnc telle lettre, il ell tout alTcuré de l’argcnt.Nul aulTi n’ell fi lourd qui e-llimc ccluy qui a ainfi parle, auoir mal parlé,veu que tous entendent bien, que les lignes ont les noms des chofes qu’ils lignifient.

Suiuant celle façon de parler, vn Ambafiadeur d’vn Prince, chant inierrogué, s’il a rcçcu puillancc de fon Scigneur.de traiûierd’vn tel ou tel affaire, a

H i.

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54 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

accoutumé de produire fa lettre de creace,amp;r de dire, Voicy ma puillâcc, cobien que la lettre ne foit point la puiflancc mefme,ains tant feulemct vn tcfmoigna ge d’icelle. Ainfi le pain amp;nbsp;le vin font la rcmiflio des péchez, ou le corps amp;nbsp;le fang de fefus Chrift : c elf à dire,lis font comme féaux amp;nbsp;lettres,par lefqucls nous fommes aïTeurez, que le corps de Icfus Chrift crucifié amp;nbsp;fon Gng efpandu nous ont acquis la rcmiflion des pcchez amp;nbsp;vie éternelle.

Puis donc que les choies externes,aflatioir,le pain amp;nbsp;le vin, quad ils fontl’vn mage amp;nbsp;l’autre heu felo le comandement de Icfus Chrift, ne nous afleurent pas moins que nous auos la communion du corps amp;nbsp;du fang de lefus Chrifl, amp;nbsp;fommes comprins en la nouuellc alliance, amp;nbsp;auons obtenu la remifiion des pechez, que fi de cela nous eufiions receu vnç lettre Iêcllce:pourquoy ne pourront-ils aufii bien efire appeliez La communion du corps de Chrift, La non-uclle alliance, La rcmiffion des pcchez, que la lettre fecllcc eft appellee L*argcnt:amp; la lettre de creance,La puiflancejlcfquellcschofcs coutesfois elles fignihenc unt feulement,amp; proprement ne les font pas?

Qui en celle maniéré cil receu en la communion ou focicté du corps de lelûs Chnll,c’ell à dire,qui en fon coeur efficacement cil açcrtcqc, bien lâchant amp;

au

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DE LA s. CENE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;55

au vray qu’il cft fait vif membre de lefus Clirifl, par l’opération incomprehcnßble du S.Eiprit,au moyen de la foy amp;nbsp;confiance qu’il a en luy : que la mort innocente d’iceluy lefus Chrift aucc fa iuftice amp;nbsp;tous fes blés,font liens, de forte qu’il fe ferr d’iceux ioyeu-fementôc indubitablement cotre le péché,cotre toutes les portes d’enfer,amp; contre l’horrible ire de Dieu: amp;nbsp;qui ainh fc fouftient en efperance de vie éternelle, iceluy mange amp;nbsp;boit droitement, félon le commandement amp;nbsp;la dodrine de lefus Chrifl, le corps amp;nbsp;le fang d’iceluy, comme luy-mefme a declairc cela amplement au 6. de S.Ian. Et cela eft bien amp;nbsp;droitemet boire amp;nbsp;manger.

Car comme l’homme a accouflumé de fe fubflan ter en ccflc vie corporelle aucc du pain amp;nbsp;du vin, ainfi fàut-il qu’il fè fouflienneenla vie cternelle par la communion du corps ôc du fing de Lfus Clirift, comme d’vne viande amp;nbsp;bruuage. Pourtant aufti no-ftre Seigneur nous a commandé de manger le pain amp;nbsp;boire le vin, afin de nous afleurcr par cela qu’aufli certainement 11 nous nourrit envie eternelk- par la communion de fon corps crucifié amp;nbsp;de fon fang eC pandu,comme nous receuôs le pain amp;nbsp;le vin. amp;nbsp;n’efl pomt moins fait noflrc propre par l’operation du S. £fprit,que le pain amp;nbsp;le vin que nous mangeôs amp;nbsp;bu*

H 11.

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5^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

uons /o nr proprcmct noflresx’cft â dirc,cî\ne £içon charnelle font faits noffre chair amp;nbsp;noftre fànsj. Pour cefte caufe il s’appelle au 6. de fainâ lan, le pain de vie,venu du ciel,no point qu’il fut vn pain corporel, mais pour inonftrer, qu’il nous veut nourrir amp;nbsp;refè-ôionner en vie eternellc par fon corps crucifie ou fà chair donnée pour nous,ne plus ne moins que nous fommes nourris en cefte vie tranfîtoire par le pain corporel. Orpuis que l’homme n’arien amp;nbsp;ne peut penfer rien,qui (oit plus ficn que cc qu’il mange amp;nbsp;l)oit,amp; ce qui cft conuerti en fa chair en fon fang, amp;nbsp;qui luy donne vigueur amp;nbsp;entretient fa vie, noftrc Seigneur lefiis Chrift n’a peu nous donner vn meilleur teftnoignage ou figne, par lequel il tefmoignaft qu’il veut eftre noftre tout entier auec tous les biés, que le mager du pain amp;nbsp;le boire du vin en fa S.Gcne

Dctoutcccy quiconque fera amateur de vérité pourra entendre que lefus Chrift amp;nbsp;fàinôl Paul n’ont qu’vne intention, combien qu’ils n’vfent point de mcfmes mots, que tous deux ont fcmblablement entendu amp;nbsp;declairc ces mots Cccy cft mon corps.

D’auantage cliacun peut appcrccuoir,Qjjc ce ne font point lignes vains amp;nbsp;nuds, n’ayans aucune effi-cace:comme auffi la parole cxfcricure n’cft pointvnc parole vaine amp;; fans efticace vn hinplç fon, mais vne

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vne parole telle que par icelle le fàinôl Efprît accom-f:)Iit au cœur des fidèles ce qui nous eft propofe par a parole exterieure amp;nbsp;dite à nos oreilles, combien que le fon exterieur de l’homc n’ait point celle vertu. Quiconque mange ce facré pain, amp;nbsp;boit le calice du Seigneurauec vnc vraye foy, intérieurement en fon cœur ell aflcurc amp;nbsp;a ce feau imprime par le S.Ef prit, qu’ellant fait participant du corps amp;nbsp;du fang du Seigneur,il eft incorpore en Chrill,amp; par ainfi cilre-ceu en la communion de tous fes biens,ell enrcgillré en la nouuelle alliacé, ôtareceu remilfion des pecliez amp;nbsp;afleurAce de la vie eternelle. Voire vn tel Clire-flien cil elle lié par dclTus tous les cieux, amp;nbsp;conllituc deuantla fâcede Dieu amp;nbsp;de tous les efleus, dont il apperçoit en fon cœur vne ioye indicible, de forte qu’il apprend de melprif?r toutes chofes caduques, amp;nbsp;fe rend entièrement à lefus Cbrill,pour demeurer amp;nbsp;viure en luy éternellement.

Si ce font là des fignes vains, il faudra que le falut cternel,la mort de Chrill, amp;nbsp;l’efFufion de fon fing, la communion de fon corps amp;■ de fon fing,lanouucl-le alfiance,la remillion des pechez, voire que Chrift mcfmc auec tous fes biens amp;nbsp;graces, foit vne chofe vaine amp;nbsp;de nulle valeur. Pourtant c’eft vn horrible blalphcme contre Dieu,de djre,quc ceux qui ticnnet

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5? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T K A i T T E

amp; enfeigncnt ainfi de b Ccnc du Seigneur, tiennent les Sacrcmés du Seigneur pour fignes vains amp;nbsp;nuds. Gefont bien figncs nuds aux bypocritcsjnfideles amp;: faux Cbrcfticns. Car ils ne mangent point le corps de lefus Chrift linrc, amp;: ne boiucnt fon fang efpandu pour nous : c’eftâ dire, ils ne mangent point le pain amp;nbsp;ne bûiuét point le vin du Seigneur pour s’afl'eurer que la mort de Icfus Chrift ait efte pat liiy fouft'erte pour eux, amp;nbsp;que pour eux fon corps ait elle hure, ôc ion lang efpandu, amp;nbsp;qu’ils leurs foyent faits propres, afin que d’iceux ils fe puilfent feruir,confüler ôe fou' ftenir cotre l’accufation du pechc,amp; de Sathan,d’au-tant qu’lis n’ont point de foy, fans laquelle il cil du tout impolfiblc depotiuoir comprendre ou appréhender CCS chofes. Car ou la foy n’eft point au cœur, là les fainôts Sacremens ou figncs ne profiterôt non plus enuers l’amc, que la lumière amp;nbsp;fplcndeur dq folcil enuers les aueugles.

Les infidèles font en l’Eglifc comme vne branche fèichc amp;nbsp;corrompue, laquelle demeure bien encor attachée à l’aibre , mais toutesfois ncpcutrcceuoir aucune vigueur ou vie de la racine ou cocurdePar-bre. Car les infidèles reçoiuent aufii extérieurement Je pain amp;nbsp;le vtn en la Cenc du Seigneur : mais ils ne rcçoiuct la feue ou la vigueur intérieure amp;nbsp;le threfor, alfauoir

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D E I A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;59

aïTauoir Ia vie,amp; Ie faind E^rit,ou pour Ie dire envn mot,Ia cómunió du corps amp;nbsp;du fang de lefus Chrift, non plus que Ia branche corrompue reçoit vic amp;nbsp;vigueur de l’arbre, au quel elle cft morte, combien que elle J demeure encor vnpcu atrachee.

Or comme il ne s’enfuit point, que d’autant que la branche feichc ne peut tirer vigueur à foy ócrcce-uoir vie,il faille pour cela qu’auffi les branches faines ne tirent ou rcçoiuct aucune vigueur ou vie du troc, ou que Farbre n’ait point de vie,ou qu’il ne communique cefte vie à icelles bonnes amp;nbsp;faines branches: ainfi aufli ne s’enfuit-il point que les Sacremesfoyêc fignes vains amp;nbsp;nuds, pourcc que les infidèles n’en peuucnt appréhender la vie,ny ce qui nous cil offert amp;nbsp;fccllé par iceux.

Et comme la faute n’eft point en l’àrbre, ains en la branche feiche,qu’elle ne reçoit de l’arbre vne feue viuifianteiainfi la faute n’eft point en Dieu ,qui offre ôe prefente à tous richement fes dons : mais aux infidèles, qui ne les veulent ny peuucnt rcceuoir amp;nbsp;em-braffer à caufe de leur incrcdulitc:par laquelle ils font morts au corps de l’Eglifè Chreflienne, comme fou-uent vne branche meurt en vn bon arbre.

Maintenant quiconque n’efl point contentieux^ ains aime la vente, entend que les paroles de lefus H iiii.

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T R. A I T T E

Chrift, Cecy cfl mon corps, ôcc.nc doibuent eftrc entendues fe'on que !a lettre porte, ûns aucune declaration plus ample: mais qu’il les faut croire amp;nbsp;entendre félon que le fainól Efprit les nous a dcclairccsJ

Or que le S.Efprit les ait autrement entendues,amp; comment il veut que nous les entcdions,ie l’ay pre; mierement monltré par la declaratiô de fainól Paul, ou aufTi l’ay explique que c’cll que la communion du corps amp;nbsp;du lang de Icfus ChrîffrSecondemct i’ay monftrcle mefmc en deux fortes par les paroles amp;: declaration de lefus Chriflmefme, tirces premièrement de tous les Euangclillcs, ôc puis principalemcC defainâ: Luc amp;nbsp;defaincl Paul: dontaulTi vn chacun a peu entendre qu’il n’y a point en la Gene du Seigneur des lignes vains amp;nbsp;nuds,combien que le corps ne foit enclos dedans le pain, amp;nbsp;confequemment ne fort point mis par le Miniftre en la bouche des mef* chans.

Rcfle le troihefme amp;nbsp;dernier poinêl,auquel ie mo-Orcr-.y briejcmeniöc c!airemcnr,que l’Eglifc ancien ne quelques cenu'incs d’années apres la natiuitc de noltre Seigneur, n’a point aulli aucrement entendu, expofe amp;nbsp;creu cesparoles, que félon qu’cÜcs ont effe ex'pofccs iufqucs à prefent. Et comme ainhfoitoujl nous faille fuiure la parole de Dicu,quoy que les no

mes

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DE LAS. CENE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(ft

mes les aycnt bien ou mal entcducs, il ne fera befoin de parler beaucoup de ce point. Toutesfois d’autant qu’à bon droit nous debuons tenir en quelque efti-mc les Sainds Peres, quand ils accordent auec la Parole de Dieu,amp; ne tenir peu de conte de leur déclara tion en la matière prefente: principalemct puis qu’ils onteferitau temps auquel il n’y auoit aucune coren-tion touchant cefte matière, i’ameneray vn paflage de faindl Chryioftomc , amp;nbsp;vn ou deux du principal Pere amp;nbsp;doóleurfainól Auguftin, alléguant les autres tant feulement en vn mot amp;nbsp;comme en pafTantjafin qu’vn chacun puifle veoir,quc lafaufle intelligence de ces paroles a efte introduite en l’Eglifê apres leur temps, amp;nbsp;fans doute inuctee amp;nbsp;fongée en la Papauté.

Or combien que les anciens Peres, Doôtcnrs amp;nbsp;cfcriuains n’vfcnt point de fembîabîes mots, fî eft-ce toutesfois que lefcns amp;nbsp;opinion de tous,cft telle,que le pain eft vn fcau,gage ou Sacrement (ce qui fignifie en Frâçois vn figne facréjdu corps de Chrift.Or tant les cfcriuains Grecs que les Latins vfent dediuers motSjlefquels ne pcuucnt bonnement tous eflrc rendus en Françoiï.Les vns appellent le pain Signe,corn me fainû Auguûin en plufiturs endroits, Chryfoflo me, Denis, Theodoi et, amp;nbsp;c. mais la pluf part l’appellent Sacrement, c’eflà dire frgne facré du corps de

II.

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T R AI T T E

CliriftjOii fccret (ce qui vaut autantjcommc Chiyfo ftomc en quelque endroit,vfanc de telles paroles : Si c’eft pechc de conuenir en vfage particulier amp;nbsp;priuc les fainóls vailFeaux amp;nbsp;dediez au fèruice de Dieu e[^ quels n’efl: point le vray corps de lefus Chrift,mais tant feulement eft comprins le (ccrct (en grec y a my Here,ce qui en Latin eft Sacrement,amp; en françois Signe ficrc d’vnc chofe facrée ou fainôle) du corps: combien plus fera-ce péché que les vaifTeaux de nos corps,amp;c. S. Auguftin efent en cefte forte cotre Ma-ximin.’Le pain celcfte, qui cft la chair de Chrift en (â maniéré cfl appelle le corps de Chrift, comme ainfî foit qu’à la vente il n’efl: qu’vn Sacrement ou flgnc facré du corps de Chrift.

S.Cyprian in fermonc de Chnfmate declaire auftî cecy,amp; encor plus clairement S. Auguftin aux que-flions fur le Lcuitique,queftionc 57. Aux hures de la dotftrine Chrcftienne,hb.3.cap.i(?.donne entre autres vne fort belle reigle,comment il nous faut apprendre d’entedre la fainàcEfcriture,difant,Quand on trou-ueen lafaindc Eferiture vn commandement defendant vn crime ou mcsfàit,amp; commandant vne cho-fc profitable amp;nbsp;bonne, c’eft vne fentcnce laquelle il faut entendre fimplementamp; félon que la lettre porte. Mais quand ilfemble quellecommade vn crime,

ou

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DE LA S. C E NE.

OU qu’clîc defend vn benefice ou quelqu’autrc cbo-fe bonne, c’eft vnefcntence laquelle il ne faut point entendre limplement ni félon que la lettre porte . le-fus Chrift dit, Si vous ne mangez la chair du Fils de rhoinrne,amp; ne beuuez fon fang, vous n’aurez point vie en vous. Il femblc icy (dit S.Augufiin^ que lefus Chrift commande vn crime ou mesfait: Pourtât c’eft vne Eicon de parler figoratiue (c’eft à dire laquelle ne doit point cftrc entendue fimplemcut amp;nbsp;felon que la lettre portc)laquclle nous commande que nous deb-uons communiquer aux palhons de lefus Ghrift, nous approprierêc appliquer la mort de lefus Chrift, qu’aueevn fingulicr plaiiir amp;nbsp;profit nous debuons nous fouuenir amp;nbsp;rameteuoir que fa chair a efté pour nous attachée à la croix amp;nbsp;naurée.En ces mots Cainôfc Auguftin non feulement monftre que le commandement de lefus Chrift touchant la manducation de fon corps ne doit eftre entendu felon la lettre, mais aufti explique le vray fens amp;nbsp;intelligence d’iceluyia fçatioir,que c’eft que la communion ou iouiffancc du corps de Chrift,comme il a efte cy deftïis amplement deduit.Pourtât il parle ainfi en v» autre endroit contra Adimâtum Manichæum cap.12. Le Seigneur n’a point fait de difficulté de dire,Cecy eft mô corps, comme ainfi foit qu’il ne bailUft qu’vn ligne de fon

I li.

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lt;5'4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R A I T T E

corps. Or Ia raifon pourquoy Dieu fc fert de tels /i-gncs,noas eft bien clairement moiiftréc par S.Chry-(oftome homilie 60. ad popuïttm^ cn 1’explication des paroles delefus Chrift cn la Cenc,cóccnucs en fainófc Matthieu,Si tu eftois ûns corps, Dieu te dóneroit fes dons fans ces chofss cxtericurcs,corpore]lcs óc fenft-bles. Mais d’autant que ton ame demeure encor au corps,Dicu te donne les graces amp;nbsp;dons fpirituels par chofes vifibîes amp;nbsp;fcnfîbles.Et à la vérité c’eft vne cho fc eftrangc, que nous ne nous pouuons accômoder à celle faço de parler,veu qu’elle eft cômune amp;nbsp;vfitce cn tous langages,amp;: mcfme cn la langue Françoife.

Quiconque (ctrouuera empefehé en cefte matière,qu’il conlidcre amp;nbsp;médité diligemment les cxcpics alléguez, fingulieremêt ccluy de la lettre dcccnfe ou rentc,amp; du Tcftamet. Et afin que ie face fin,qui eft fi rude qui ne fachc,qu’onaaccouftumé de nômer vne lettre en laqucllç vn contradeft contenu amp;: cfciit, Le conrraólmefme? Les exemples fctrouuent prcfqués infinis tant au Vieil qu’au Nouueau Teftamct. Pourtant fainôt Augi)ftin nous admonnefte bien amp;nbsp;vtilc-ment contraMaximinumubr. ^.cap. 22. Comment les fàçons de parler dont on vfe aux Sacrcmens doyucnt cftrc entendues. Aux Sacremcs,dit-il,il ne faut point prendre garde que c’eft qu’ils font,mais que c’eft qu’ils fi-gnifient.

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D E L A s. C E N E.

gnifief. Car ce font fignes qui en leur nature font vnc chofèjôc en fignifient ou figurent vne autre.

Maintenant il a cfté clairement monftrc amp;nbsp;fans c5-tredit, que les paroles de Icfus ChriflCecy eft mon corps,fuiuant la declaration de faind Paul amp;nbsp;de lefus Clirift mefme,finalement aufli félon l’expofition des Saincls Peres doibuent ain/i cftre entédues ôe creucs, aflauoir,Le pain que ie vous donne à mâger cft vn Ci-gne,gage ou facremet de mô corps quicft done pour vous:c’cft à dire,le pain vo’ doit cftre vn tefmoigna-ge,gagc ou confirmation du Nouueau Tefiamet, ratifié par ma mort,que vous auez la remifiion des pc-chez,amp;: poflederez l’heritagc de la vie ecernelle.Voirc que ma mortamp; pafiiô,mes merites amp;nbsp;ma iuftice font vofires en propriété,comme le pain que vous mâgez amp;nbsp;le vin que vous beuucz font proprement vofttes, pour auec iceux Liés que vous reccuez de moy vous fouftcniramp; nourrir en la vie éternelle ,cômc vo’ auez accouftumé de vous fubfianter en celle vie caduque auec du pain amp;nbsp;du vin. Pourtant autant de fois q vo’ ferez cecy,vous me debuez afFcóIueufemétrêdrc graces,annócer ma morr,me feruir amp;nbsp;honnorcr,louër amp;nbsp;magnifier iufques à ce q ie vicnc au iour du lugemcr.

Quicoque mage auec vne telle fiâce le pain du Seigneur amp;nbsp;boit de fon calice, cHât alleurc en fon cœur

I lü.

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66 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T R AIT TE

qu’il cfl receu en la communion du corps ôc du fang de lefus Chrifl, de fa mort innocente, de fa iuflice amp;nbsp;de fes biens,iceliiy mange amp;nbsp;boit le corps amp;: Jefàng de lefus Cbrift,felon qu’il a commandé à les difeiples en fà derniere Cene, amp;nbsp;felon qu’il les auoit auparauâc foigneufement enfeigne au 6. de S . lean, en quelle forte celafc debuoit faire.

En cefte maniéréaufli l’ont mange amp;nbsp;beu fes di-O

fciples, alors qu’il eftoie aflis corporcllemct auec eux à la table : Et à vne telle manducation ou iouiflance (laquelle efl: cclcfl;e,amp; fe fait par l’operation du fund: Efprit) la prefence corporelle de lefus Chrift n’a elle nonplus vtile 8gt;c neceffaire aux difciples,qu’elle efl auiourd’huy à nous. Quiconque contemple lefus Chrifl prefent en fa faindc Cene par les yeux de la foy amp;nbsp;le fenten fon cœur, iceluy infalliblemcnt efl enfant de Dicu,frere amp;nbsp;membre delefus Chrifl,participant de tous fes dons amp;nbsp;graces,amp; coheritier de la vie éternelle : comme luy-mefme tcfmoigne, Qui mange ma chair amp;nbsp;boit mon fang,ne mourra point, ains aura vie éternelle. Or pluficurs l’ont veu corporellement,amp; l’ont eu prefent,qui toutesfois font condamnez.

De celle façon de veoir parle S. Paul auxGalatcs, où 11 dit, Qu’ils ont veu Chrifl crucifié deuant leurs

yeux,

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D E L A s. C E N E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;lt;7

ycüx, kfqiieïs coutesfois ne I’auoyent veu corporellement. De cefte façon deveoir parle lefus Chrirt:, quand il dit, Qu’Abraham, qui auoit vefeu enuiron deux mille ans deuant luy,auoit veu fon iour, amp;nbsp;s’e-ftoit efiouy. Vne telle prefence laquelle feule peut a-mencràfalut, défirent tous Chrcfliens:amp;’ netirnent plus conte icy en terre de la prefcnce corporcl'c , laquelle n’efl: point ncceffaire pour la iouifiance de la communion du corps amp;nbsp;du fang de Icfus Chrifl amp;nbsp;du fâlutetcmel,puis qu’ils fentent en leurs coeurs lefus Chriff prefent,amp; efficacement font afl'curez qu’ils font incoporez en lefus Chrifl par la vertu amp;nbsp;puiflan ce ineffable amp;nbsp;infinie du S.Efprit, amp;viuct en luy corne mébres naturels amp;nbsp;vifs de fon corps, amp;nbsp;font faits participans de tous fes biens,Scainfi en cefle vie mef-me ont commécéà entrer en la communion de fon corps amp;nbsp;de fon fang précieux, laquelle puis apres an ciel(lors que Dieu fera tout en tous. i.Gor.15.) combien quelle foit maintenant obfcure amp;nbsp;difficile à cô-prendre, fera entieremet amp;nbsp;pleinement accomplie amp;nbsp;parfàite,amp; durera éternellement.

Le Seigneur face que nous efeoutions tant feulement la VOIX de luy qui efl le vray amp;nbsp;vniqiie Pafleur, amp;nbsp;la fuiuions feule,fuians de tout noflre cœur toutes autres qui ne font point conformes à icelle. Amen.

I iiii.

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FIN DV TRAITTE DE laûinde Cene de noftrc Seigneur Icfus Chrift.

SOMMAI-

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6p

CHANT LES SA-

CREMENS.

Compofc premièrement èn latin par Theo^' dore de Beze, amp;: de nouueau mis en FrançoiSjPar Louis des Mafures.

Lyaquatre choies principalemcc à regarder en noftre fcul moyen-neur Icfus Chrift.La pcrfonne,L’of ficc, Les dons que nous rcceuoiM de luy.Et puis,Corn ment nous venons à iouir d’iceux dons.

I. Delaferfonnedelefus Chrifi.

Nous enfeignons qu’en Icfus Chrift il y a deux natures, Ivnc diuinc , amp;nbsp;l’autre humaine, dcfqueles deux natures eft cóftiruce vnc perfonne feule,demeurant ncantmoins chacune d’icelIcs en fa diftinlt;ftc pro prieté.

Nous confcflbns donc que la nature humaine K i.

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IQ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE

delefus Chrift eft glorifiée, voire au plus haut degré de gloire, par laquelle toutesfois la nature n’cft point changée,ainsièulement abolie l’infirmité d’icellc. Or cefte condition, que tous corps humains font finis amp;nbsp;circonferipts, amp;nbsp;par-tant compris amp;nbsp;contenus en certain lieu, n’eft point de l’infirmité,ains le propre de la nature.

Comme donc le corps de Icfu^hrift,quand il e-ftoit en terre, eftoit abfent du cieljelon la propriété delà nature humaine,ainfî croyons-nous,que maintenant , depuis fbn afccnfîon,!! eft abfent de la terre, : amp;nbsp;eft complins au plus haut ciehnon comme y eftat lié ou attaché,mais comme participant à l’empire du

- Pere.

• Toutesfois nous ne defehirons point ny mettons en pieces lefus Chrift.Car nous enfeignons qu’en quelque part que fo^t le corps de Chrift,là eft aulfi la nature diuine fubftantiellement coniointe auec la chair.Etainfi nousconfcfîbnslclus Chrifteftrepar tout,non point felon la propriété de la chair,mais felon l’vnité de la perfonne. Et ne s’éfuit point par ce-* -Ia,qu’en quelque part qu’il foit entant qu’il eft Dieu, il y fbitaufîi entant qu’il eft homme. Car ce qui eft partout, neceftairemcnt eft Dieu, d’autant qu’il eft infini. Or Dieu n’eft point mué en homme, mais il eft

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DES SACREMENS. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-i

cft conjoint auec I’lioinme,dc forte qu’vne perfonnc feule cft cnfemble Dicu amp;nbsp;homme.

Ainfi nous,auec toute l’Eferiture amp;nbsp;tous les anciês PcreSjdiftinguonsfafcenfiondcnoftrc Seigneur, de la fellion. Car l’afcenhon declairc le changement de lieu:amp;cc qu’il eft aflis là fus,fignifie la gloire du corps qui eft monté au ciel.

Nous difons que l’oftice de lefus Chrift eft de cô-fêrer aux efleus tout ce qui cft requis à leur lâluucom me aufti il eft neccifairc , que nous de noftrepartie prenions amp;nbsp;receuions entièrement de luy.

AUX esleus.

Entre les dons que les cfteus rcçoiucnt de lefus Chrift, nous mettons en premier lieu lefus Cliiift mcfmcs, auec lequel il faut premièrement que nous foyons faits vn,non moins véritablement amp;nbsp;e-ftroitement que les membres font conioints en vn corps. Mais c’eft en la forte que nous dirons. Et ne nous fatisfont point ceux qui rapportée cefte vnion de nous auccques lefus Chrift,à Ion incarnatiô. Car Cefte participation de luy auec noftre nature eft vnk uerfelle. Mais icy nous traittôs de la coniondiô propre ou particuliere, par laquelle aduient amp;nbsp;fc fait que fou Eglife s’vnic ôc s’ctrc-allie aqecqucs luy. Et difoni ’

K'il. *

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71 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

cefte conionólion eflre la fontaine de tousles benefices qui par-apres découlent en nous de kfus Chrift. C«^r comme ainfi foit qu’en luy fcul le Pere pred fon bon p^aifirjl fiut que nous foyons faits vn auccques luy,afin qu’en luy nous puiflions plaire au Pere.

Delà donc vient amp;nbsp;fuit l’autre efpcce de dons, à fçauoir ceux qvii nous font conférez en lelus Chnft, quand il nous eff donne.

Premièrement la vie fpirituellc découlante de la chair de Ghnfl Dieu amp;nbsp;homme, en nous, membres d’lceluy,par la vig cur amp;nbsp;vertu de laqucl'e nous fom nies regenerez amp;Tubfl:antez a la vie éternelle,comme cefte vie mortelle cft fouflenucen nous de manger amp;nbsp;de boire.

Secondement Pimputation de la /ainlt;n:eté,iun:ice, amp;nbsp;obeiflancc de Ch ri ft, afin que nous loyons en luy iufticc de Dieu,par la rcmilïion des péchez.

4. Comment nous receuons lefus Chriß auecques fes dons.

Nous dilons que ce que nous recelions lefus chrift auec tous fes dons, cft attribué à l’operation gratuite du fainclEfpric,qui eftla vertu cfrcniiclle du t Pere amp;nbsp;du Fils.

Car c’eft luy feul qui nous rend idoines capaà blés à entendre ce qui eft de Dieu : de forte que non feulement nous conf-ïlions les promeft'es de D eu i

en I

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DES S A C R E M E N S, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;75

en general eftrc vrayes, mais auffi nous tenons pouc certain chacun de nous en fon cœur, iccHcs promef-fes nous appertcnir,amp;: pourtant auec fiance nous crions Abha Pere.

Nous appelions cefteffcû: trefexccllent du Sainél EfpritjFoy, quicft vn don gratuit de Dieu,dcfiinG particulièrement aux efleus, amp;nbsp;feul infiniment apte amp;nbsp;idoine pour de nofire part venir àla iouiflance de lefus Chrifi,amp; le receuoir auecques tous fes dons.

Parquoy nous enfeignons auecques S. Paul que nous fommes iufiifiez amp;nbsp;fauucz parla feule Foy. Et ce,d’autant que par le feul infirument de la Foy nous appréhendons tout ce qui nous cfi: necefiaire à Eilut: à fçauoir Chrifi auecques tous fes dons.

Or pour engendrer en nous cefic Foy, amp;nbsp;pour la nourrir amp;nbsp;cofermer,apres qu’elle cfi: en nous vue fois cngcdrée,le S.Efpritpar fa vertu fccretefà caufe q no’ fommes de nature lourde amp;nbsp;grofiiere) adioufie des infirumes exrerieurs:à fçiuoir la pa o'e eferite amp;nbsp;pref chée, à laquelle il donne efiicace par la vigueur, pour faire par icelle en nous ce qui cfi dit icy defius.

Or cefic parole efiqlquesfois finaplc,côme en lapredi catiô ordinaire de la 1 )y,amp; de rcu5gilc:quilqucsfoisa des fîgnes vjfib’cs idioïóls à elle,auecques certaines ce retnonics,qlcs Grecs appellee Myfteres, amp;’ Us Latins

K iii

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74 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE

Sacremens.Et ce, pourautantque Dieu confiderant noftrc infirmité, veut, non feulement par les oreilles, mais aufli par les autres fens du corps,nous rédre cer tains de fa bone volonté entiers nous:amp; par ce moyc confirmer déplus en plus, amp;nbsp;feeller la coniondion de nous atiecques fon Fils lefus Chnft.

Ces chofes ainfi entendues,il fcrafiicile de recueillir ce que nous fentons des queftiôs cy apres fuyuan-tes touchant les Sacreniens.

Premièrement à fin qu’auec tant plus grande efficace nous polFedions Icfus Chrift mefines, cflâs faits vn auecqties luy.

Secondement afin que comme plus eftroite elî noftre coionclion Sgt;c vnion auecqties lefus Chrift,de tant plus cefteviede Clnift découlé en nousaucc-ques tous fês autres dons.

Tiercement à fin que tant mieux nous fôyons ad-moneftez de la charité qui doit eftre entre les membres d’vn mcfme corps, a laquelle auffi par folcnnel-le proteftaiion nous-nous obligeons.

De l’operation du fainéf Efpnt entièrement,amp; nô point des fignesifinon entant que p.ar tels obieds exterieurs font efmeus nos fens interieurs.

Mais le faind Efprii vfant de ces aydes, à caufe de

noftee

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D E s s A C R E M E N s. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;75

noftrcinfirmité donne efficace a ces mouucmcs,à b mcfurc, au temps,amp; ainfi qu’il luy plait.

Joelle efi la. canfe formele ies Sacremem'i

L’ordonnance de Dieu,contenue en fa parole, amp;nbsp;declairéc parfon Miniftre félon fon commandcmécî Et non point la prononciation des parolcs,ny aucune vertu qui fojt cachée en icelles.

icelle efi la vertu de cefle caufe formele^.

Que les fignes font changez, non quant à la nature ou quant à la fubftance , mais feulement quant à l’vbgc:Et ce tant feulement durant l’aéfion à laquelle ils feruent. Car aux myftcres facrez, nous ne tenons pas hmplement l’eau comme eau, ou le pain comme pain,ou le vin comme vin, mais comme certains amp;nbsp;vrays fimboles amp;nbsp;gaiges des chofes que noftrc Seigneur nous donnc:àfçauoirde Chriftauccques tous fes dons: combien qu’il nous les donne en autre manière que les lignes (comme nous dirons cy apres) mais neantmoins certainement amp;nbsp;véritablement.

5. Quelle efi la matière des Sacremensi

Nous appelions la matière exterieure, les Signes, c’efl: à fçauoir l’eau au Baptcfme,Ic pain amp;nbsp;le vin en la Cene duScigneur,auccques les ceremonies inllituces de Icfus Chrift,côme le tefmoigne la parole, icfquel-Ics mcfmcs auffi lignifient des chofes trcfgrandcs, amp;: du toucdiuines.

K’ iüi.

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qG nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE

Nous auons défia pluûcurs fois dit que nous appelions la iranere inferieure, ou la choie mefmcs du Sacrement, non feulement tout ce qui découlé en nous de Icfus Chrift, mais que principalement cell lefus Chriftluy-mefme: aucc lequel il faut que nous foyons faits vn,auant que nous puiflions puifer ou receuoir quelque chofe de luy. Au Baptefnie nous cft propofclc vray fang de noflre Seigneur,comme laue ment,duquel fang nous eftans ’auez.fommcs de plus en plus entez amp;nbsp;enfcuelis aucc Chrifl En la Cene no’ cft donne le corps amp;nbsp;le fang d’iceluy : Et ce en lignes diflinófs, comme nollre vraye viande, amp;nbsp;nofire vray breuuage en vie cterncHc.

C’cftdoncvne mefme matière intérieure celle de lafimple parole, amp;nbsp;celle des Sacremens, à fçauoirle-ius Chriftauecques tous fes benefices, à la participation defqucis nous fommes appellez.Mais il y a quef que difference felon le plus amp;nbsp;le moins, comme on dit es cfcoIcs.Premiercment parce que quand les Sacremens font adiouflez àla ûmple parole,il elf nccef faire qu’il y ayt vnc plus ample declaration de la bon ncvolonté de Dieu enuers nous,amp; d’autant que plus, de chofes, amp;nbsp;plus ejxprcfTes nous font mifes au déliant, tant plus viucment nous viennent elles à c£-mouLioir.

Sccon-

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DES SACRE MEN S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;77

Secondement par ce que combien que la fîmple parole eftant vniucrlellement propofée à tous^eft par apres appliquée à chacun des fideles par vertu de la Foy,toutesfois cela n’cft point fi expres comme aux Sacremens, efquels Icfus Chrift eft offert à chacun à part: dont ilfe fait que par les Sacremens chacun cftmis aucunement en poffcffion mcfmes de lefus chrift.

6. Comment efl la chofe coniointe atucques les flânes?

Par maniéré facramentale,laquelle cftant propre amp;nbsp;particuliere, doit cftrc expofee par fa propre de-, finition.

Nous definiffons donc la manière facramcnralc de la conionâion de la chofe auecques les fignes, c-ftre fpiricuelle.Par lequel epithete nous ne nous con-ceuons rien de faint ou imaginaire : mais premièrement nous fignifions quelle depend de la vertu du Saind Efprit, comme il eft dit cy deffus en l’expofi-tion de la caufe formele.

Par cela auffi nous rciettons toute groftiere amp;nbsp;na îurelle maniéré de conionlt;ftion. Car comme nous fçauons(amp; perfonne ne le nicj les fignes eftre en terre,amp; non ailleurs, ainfi tenons nous la chofe mcfme, c’eft à dire lefus Chrift mefme felon la chair,eftre có^ prins au cicl,amp; non en autre heu,comme nous le re-

L 1.

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78 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE

cueillons derEfcriture amp;nbsp;de tous les Sainôls Pères. Et toutesfois nous ne doutons point que les fignes ne foyent conioinôls auec la chofe, entant que Dieu ne monftre pas fculcmct comme de loing, les fignes du corps amp;nbsp;du ûng de Chrift,mais outre iceux,nous donne yrayement aufii Chrifl: meßne pour en iouyr amp;nbsp;le pofTcder. Dont il aduient qu’en ceft cfgard on les doit dire eftre vrayement conioinds, côbicn que ils foyent feparez de grande diflance de lieux.Et toutesfois nous afl'eurons cede coniondion eflre vraye amp;nbsp;certaine,de forte que pour cede caufe le nom de la chofe,c’ed à dire du corps amp;nbsp;du fing,eQ trâsferé aux (ignés,à fçauoir au pain au vin,comblé que ce foir par figure,mais neantmpins par trefpropre ôc conuc-nablc fignificatîon.

Secondement pour declaîrer plus amplement cede manière facramenr.ale,nous adioudons qu’elle cd (ignificatiue, non point comme fi aux Sacremens Dieu nous vouloir feulement fignificr le corps amp;nbsp;le fang de fon Fils amp;nbsp;fon Fils mefme (car audi nous ne doutons point que vrayement il ne le nous donne) mais afin que perfonne ncpenfe lacholè edre tellement conioinde auecques les fignes, que la chair de lefus Chridfoit maintenant en la terre par quelque maniéré inuifiblc incomprchenfiblc.

Nous

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DES SAGREMENS. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;79

Nous difons doc que le corps amp;: le ûng de Chrifc cfl: autant loing des lignes que fa terre du plus haut des cicux, ou du lieu ou font les bien-heureux, duquel nous ne voulons trop curieufemcnt philofo-phcr,amp; auquel nous fauons que Icfus Chrifteft mon té pour au nom de nous tous prendre poireflîon de ctft heritage immortel.Nous ne feparons point tou-tesfois la chofe des hgnes/oit pour le regard de Dieit qui yrayement prefentc tous les deux, ou pour le re-ga;ddcs fideles,qui vrayement reçoiucnt tous les deux, mais nous notons la diflance des lieux en la conionélion de la chofe amp;nbsp;des fignes,àfin de retenir la venté de la chair de Chrill amp;nbsp;defon afeenfion , amp;nbsp;que ce neantmoins laCenedu Seigneur n’en laifle d’eftre pleine amp;nbsp;enticre.

7. Ce tjuon doit iu^cr de ces formes de parler, Que le corps de Chrijl eH au. pain,OH auec le pain,ou fous le pain,ou pres du pain,amp;des autres femblables.

Ces formes de parler craignons-nous d’vfur-f)cr,entant qu’elles femblentdefiruirr la diftance des ieux, laquelle neccflaircment nous maintenons, ou qu’elles fcmblent confermer le corps de Chrifte-ftre pir tout, ce que nous ne^pouuons accorder: combien que nous confelTons outre les fyrnbplcs, la choie aulfi eftre vrayerrient donnée de Dieu: amp;nbsp;dire vrayement receuc par les fidèles ; mais

‘ L h.

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8o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE

c’eft en la maniéré que pous declaircrons en la dixième queftio. Il fèmble toutesfois qu’on puilîc admet-trc.poiir caufe d’accord,ces formes, anec^^foHb!. Mais non point fans y adioufter vne manifefte amp;nbsp;bic claire intcrprctatiô : A fçauoir qu’on les doibue ainf entendre,non comme fi nous voulions eftablir U chair de Chrift en la terre,mais afin que nous fichions que outre les fymboles, qui font en la terre,nous eft auflî vrayement donne Icfus Chrift qui eft aux çieux^coni me les fÿmboles nous le tcfmoigncnt en la terre.

S. Quecefltjuil faut tenir de cefle forme de parler, Que Je fut Chrifl eßprefent en la Cene corporellement, réellement ,fHbflan~ tiellement.

Ces formes de parler auffi ne voulons- nous vfur-per. Et ce pour la mcfme caufe. Si fcmble-il qu’elles puiftent eftre tolérées, y adiouftant l’interprétation; A fçauoir. Que cela n’appartient point a cefte manie re de conionéhonpar laquelle la. chofe eft conioin-te auecques les fignesimais pluftoft pour monftrcr la chofe fnefmes: Ceft adire,à fin qu’on entende qu’en l’adiio de la Cefte cftcôfirmce amp;nbsp;feellce en nous,non feulement la vertu de Icfus Chrift, mais principalement l’vnion amp;nbsp;coniondion auecques lefus Chrift. Dontfainfi que ia nousauons dit) nous puifonsSC découle en nous comme d’vne fontaine tout ce qui eft ncyeflaire à ûlut amp;nbsp;vie ei:erncllc.Et ne feroyc

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DES SACRE K. ENS. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«î

d’opînio de refufer qu’vne femblable interpretation fcLiÂadiouftécà cefte noftre forme de parler, Que Chrift eft fpirituellement en la Cene, à fin qu'on n’c-ftirnepointque nous vupillons iêparer la vertu de Chriftjde Ci chair, ou que nous luy vucillons forger vn corps Ipirituel.

5. Que cefl qtion doit tenir de cefle forme de parler, Que le fur Chrijlefl en la Cene, amp;nbsp;fe diflribuepar maniéré incomprehenfible. Nous vfons bien de celle foi rue de parler ; mars c’ell en autre fens que quelques vns n’ont de coullu-tne.Carilfèmbîc qu’ils le prenenten ceflcfortef/î doc nous ne nous abufons) comme fi par vne vertu tout puiflante de Dieu, la chair de Chrifl eftoit reelicmet cnfemblc au ciel amp;nbsp;en la terre, à caufe de l’vnion fub ftanticlledelachairauccquesla Diuinité.Et nous, combic que nous ne nions point que Dieu fort tout puiflanr,ny que la chofe foit cóioinóle auccques les fignes,amp; les fidelès auecques Chril^coutesfois à cau-ie de la vérité de la chair de Chrift, amp;nbsp;de fon afcenfio au ciel,nous affermos que véritablement lefus Chrifl cfl maintenant abfent du monde , amp;nbsp;qu’il en fera ab» fcntiufques à ce qu’il vienne iuger les viuans amp;nbsp;les morts. Mais nous confcffons ncantmoins que C^efl vn my fiere incomprehenfible de Dieu, par lequel fc fait,que ce qui efl amp;nbsp;demeure aux cieuxamp; no ailleurs, nous efl vrayement communiqué, 3 nous qui fom-

L jii.

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8^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SOMMAIRE

mes maintenant en la terre, amp;nbsp;non ailleurs,afin que de luy ainfi à nous communique, nous puifiôs le ia-luc amp;nbsp;la vie éternelle. Car combien que nous fachos que ceft le Sainót Efprit, c’eft à dire la venu de Dieu, qui fait ce ft œuurc, amp;nbsp;que quant à nous, nous recelions tout cela par le fcul inflrument de la Foy , tou-tesfois amp;: la puilfance de l’efprir,amp; l’efficace de, la Foy furmontent entièrement noflre entendement : dont aduient que toute çefte aôlion fort proprement eft appellee Myftere.

10. Comment la chofe du Sacrement fe communique auccques noua?' Lachofe du Sacrement, c’cllà dire lefus Chrift, eft receuë de nous en manière fpirituelle, par la Foy. Or appelions-nous Manière fpirituelle de rcccuoir ou de communier,non point celle par laquelle l’EC prit de Clirift feulement nous eft communiqué,mais celle qui n’eft aucunement terreftre ou naturelie,ains depend de la puiffiince incomprehcnfible du Sainét Efprit,qui eft le lien trefeftroit amp;nbsp;ferre, par lequel la membres de plus en plus font liez auecques le corps.

Car nous reiettons toute transfufion ou com-mixtion des fubftances, amp;nbsp;mefmes toute compofi-lion amp;nbsp;ftrudurc des parties naturelles . Et toutesfois^ nous maintenons vne vraye coniondion amp;: vnion des

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dessacremens; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;83

^cs fidclcî auecqucs Icfus Chrift,qui n’eftempcfchéc par aucune diOancc de lieux.Car noftre Foy s’appuye fur la parole de Dieu,qui donne ce qu’il promet.

II. En quel fens fe doiucnt prendre ces locutions. Mander le corps de noflre Sei^neur,Boirefonfan^,i^autresfemblables.

Nousdifons ces maniérés de parler appartenir 4ufli à cefte comunion.par laquelle nous appréhendons lefus Chrift en la fimple parole; amp;nbsp;qu’elles font grandement iignifiantes ; Mais les mots de Boire amp;nbsp;de Manger, quand on parle de la reception du corps amp;nbsp;du fang,fedoiuent entendre non moins edredits par figure, que ïi onattrihuoità la Foy vue bouche amp;nbsp;des dents.Or nous amends deux cauies principales pour Lfquellcs le faind Efprit parle en cede forte.

L’vncjc’cd pour mondrer combien ededroite amp;nbsp;ferree nodre cóionólion auecques Chrid par la Foy. Or lien ne s’vnitou côioinéldeplus pres auec nous que le Manger amp;nbsp;le Boire,fans quoy nul ne pourroit demeurer en cede vie.

L’autre caufe qui a proprement lieu aux Sacrcmes, c’ed afin que par cede raifon foit mondré côbicn ed Veritable le Seigneurà bailler la choie mefme laquelle il promet par les figues, corne par gaiges qu’il adiou-■ de.'Car de là il aduient qu’edas les limpîes lignes pris à la main, amp;nbsp;receus par la bouche, tou tesfois ce qui cd véritablement donne d’auantage outre iceux quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L iiii.

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ßgnes, amp;nbsp;qui eft par la feule foy fpirituellcment rc-ceu, on le dit eftre Prins, Beu, amp;nbsp;Mange. Pour cefte caufe aufli nous rccognoiflons que les Saincls Pères ont vfé de beaucoup de femblablcs formes de parler, defquclles toutesfois nous ne voulons temeraireméc vfer : amp;nbsp;eftimons qu’elles doiuent eftre adoucies par interpretations côuenables,à caufe des erreurs efpars par Sathan, amp;nbsp;beaucoup de controuerfies, qui â cc-âç occafionfefontefmeiicsenrE^lifc de Dieu.

Cecy^c\i\. à dire,ce pain amp;nbsp;ce vin,cfi,à fçauoir ftera-mentalcmcnt.Car tout ce qui eft quelque choie,n’efl: point en vne feule maniéré. Et icy il eft queftion des Sacremens.Or nous l’expofons (acramentablement, entant que noftre Seigneur nous donc veritalcmenr, non le pain nud,amp; le vin nud, mais les vrays fymbo-Jes de fon corps amp;nbsp;de fon ûng: amp;nbsp;non feulement les fymboles,mais outre amp;par delfus iccux,fon corps amp;nbsp;fon fang, pour en iouir amp;nbsp;les pofl'cdcr à falut amp;nbsp;vie eternelle, que nouspuifons deluy ànous communiqué.

j^ion corps, amp;nbsp;mon fang, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;à dire,non point qu el-

que corps amp;nbsp;fàng imaginaire , mais le mefmc corps quiaefté liurcpour nous;amp; le mclmefangqui a efté fipâdu pour nousjdefquels nous fomraes faits vraye-ment

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D E s s  C R E M E N s. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;85

ment participans par Ia Foy, comme les fymboles Vrayement nous le (cimoignent.

13. J^e c'cjl nbsp;nbsp;nbsp;refoiuent les infidèles.

Nous enfeignons par vn commun accord que riiifhtution du Sacremcc deped de la vente de Dieu, amp;nbsp;par- tât qu’en l’aCtion de la Cenc du Seigneur deu-ement celtbrce, le paincfl toujours le vray lymbolc du corps, amp;nbsp;le vin le vray lymbolc du fang du Sei-gneur,à quiconques ils foyent ofièrts.

Mais que de là quelques vns recueillent que tous indideremment reçoiucnttoutlc Sacrement, nous ne le pouuons accorder.

Car 'a confequcncc n’eft pas bonne de dire. Dieu leprelcntc à tous,parquoy tous Je rcçoiuent.

Mais au contraire nous recueillons ainfi. Dieu donne deux chofes au Sacrement, amp;nbsp;autant vraye-ment l’vne que l’autre,mais poureftre reccucs en ditierfes manières, amp;nbsp;par diucrs inftrumçns. A fça-uoir les fymboles extérieurs corporellement, la chafe fpirituellemcnt par la foy. Parquoy d’autant que tous apportent la bouche,tous rcçoiucntlesfymbo-les exterieurs, les vns dignement, amp;nbsp;les autres indh gnement.

Mais pource que les fideles lèulcmçnt apportent bbouche de la Fqy,pour, celle caufe les fideles feule :

Mi.

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SOMMAIRE nicntrcçoiuencla cliofc mefme,amp; confcquemmcnt la vie etcrnclIe.Les infidèles mangent amp;nbsp;boiuenc Içiir iugcmenc,pource qu’ils ncdifccvnent point, c’eftà dire,n?efprifent(amp; Fcicttcntle corps du Seigneur qui leur cft offert, fans y auoir aucunement cfgard. Par-qu oy leur côdamnation ne procédé point du corps amp;nbsp;du (angdu 5cigneur,quifcroycnvindignemét rc-ccLis (car puis qu’ils ne pcuucnt cftrc rcccus que par la Foy , ils ne font iamais indignement rcccus, amp;nbsp;ne pcuucnt dire linon vinifiants) mais celle condamna tion vient de ce que le coips amp;nbsp;le fang du Seigneur font mc.fppfcz amp;c reœttez , en ce qu’on ne conlidcrc point, comme on doit, en celle ad:ion,le pain , non comme pain,mais comme fymbolc du corps du Sei gneur,amp; le vin,non comme vin, mais comme lÿm-bole du lang du Seigneur . De la doncaduient, que ccluy qui reçoit indignement,c’cfl à dire fans Iby, ce pain amp;nbsp;cc vin,mefpri(e en ces fymbolcs, non le pain ny lcA'in,mais le corps mcfmcamp; le lang du Seigneur: Et parlât il eff coulpabledu corps amp;nbsp;du fiing du Seigneur, non qu’il a rcceus, majs dçlqucls 11 n’a tenu conte.

Car lefiis Chrifl ne vinifie pas tons ceux aufqucis il efl offert,foit en la (impie parole,foit aux Sacrcmcs: mais il viuihe tyus ceux dcfquels xl cil rcccu, pourcc

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D E S' S A C R L ME N5. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«7

ne peut eftre rcceu que feulement des fi Jeles.’ Niais il iu£e tous ceux dcfqucls il cfl rcictté, tant s’en ^ut qu Û foit rcccu d’eux.

On pouâtoît teutesfoisjà caiife d’aucuns des Pères, tolcrer de dire.Que le corps dcCbrift eft receu de to’, des fidèles dignement à la vie, des infidèles indignement à leur iugcmcnt.Mais il Hiidroit neceâaircmêc adioufter quelque interpretation, qui montraft cela cftrc vray, entant que le nom de la chofe fignée ou fignifiéejc’ert à dire du corps, cfl transfère aux fignes mefmes, pour monftrcr proprement par cefte locution,non que c’eft que chacun reçoit, mais que c’efl que noftre Seigneur par fa bote prefente a vn chaeû.

CONCLVSION.

Voila en fomme ce quicfl enfeigne en nosEgli-fes, touchant les Sacremens, félon que fay peu recueillir.

Or nous défiions,.a fin de pourueoir .à la paix amp;nbsp;concorde des Eglifes,qu’entât que faire fe pourra,on euite toutes les formes qui ne font point vfitees aux Eferitures: Et s’il feinble que pour enfeigner il foie bon d’innouer quelque chofe, que toute ambigui-tcfoitofléc.

M ii.

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gg s o M M A I R E' o E s s A C R E M.

Q^cfionpcut monrttcr qu’en cefte doélrine y ait quelque chofe qui ne conlentc point à la parole ’ de Dieu,nous fommes prerts, non feulement d'ellie enfcignez,ains aufli en rendre graces à ceux qui nous enfeigneront, comme la raifon le requier, à fin qti e finalement(ce que Dieu nous cft tefmoing que de tout noftrc coeur, amp;nbsp;iour amp;nbsp;nuiôl nous requérons de fa mi-fcricorde)nous puiflions en luy fentir tous vnc mefmc

choie.

F 1 N.

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