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Huybert van Buchell (1513-1599)

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Huybert van Buchell (1513-1599)

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RESPONSE

A LA PROFESSION

DE F O Y,

Publiée par lesMoynes de Bordeaux,con-r tre ceux de l’Eglife Réformée,pour leur faire abiurcr la vray e Religion.

Attec la refutation, tant des calomnies qui jr font contenues, que généralement des erreurs de rEglife Romaine,prétendue Ca~ tholique: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T

Faite,amp; publiée en Guienne,parle commandement de Henry ij. Roy de Nauarre: amp;nbsp;depuis reueuê pari’Autheur.

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SONNET.

Toy iChreßien defaoyéytjui marches fans addreßis ^MeugleyCjni te plais d'eslre en ohfcnrité: £t toj/ylafche Couart au coeur e^fouuantCt baßis icy bas toute tafortereße:

Defuoyiyß tu gt;v£ux ejue tes pas on redreße: ^ueuglcyß tu veux tjue ton ceil ait clarté.' Couart,que ton esfnt fit en quelque feurté, de vous ceß eferit foit médité fans cefe.

T)efuoye,t'efloignant des efgarés fentiers, Suys le chemin tracé dans les diuins cayerst .Aueugle,en éefclairant de la doélrine fainÜe* £uys la Papale nuiél:^ toy craintif couart^ De lafainße Séon faifant ton feur rempart, ^Pidonfli^ Ifu ta craignant Dieu tu nas du mon^’ de crainte,

c. d:

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PREFACE.

L ny A rien fi foible ^jue le men Jonge : ainfi t^ue S.Iean ^^ryguß.in Chryfostome a tresbien dit. Kett ejuilny a rien fifort ejue la Veritê laquelle S. Atigu- Ci ßtn appelle,a bon droibl,la vi- kù-d. libr. lloire de rEglife. La preuue de cela nous eftajfesi reprefentee en l'histoire Ancienne : qu.-tnd nous voyons que combien que le monde ait fait tous fes efforts pour efiablir lafauf Je Religion, amp;nbsp;renuerferla vraye;toutesfois,iln a peu tant faire, que le menfonge naît este defeou-uert, cß- que la Kenten ait eïle'cognue. Or quand te menfonge ejî defceuuert, il efl vaincu : c efi vaincre d la Kerite',que d'ejlre cognue. Lafoiblef-fe de l’vn fe monßlre affez., quand toutes les forces du mande font employees pour le fouitenir, amp;nbsp;ne peuuent. La forte de l'autrefe void manifestement , veu que toutes les forces du monde ne l’ont peu vaincre.Quf plus ejl,ceux qui veulent autho-rifer le menjonge , font contraints de le colorer du tiltre et prétexté de verite'iet pour combatre ta vérité , ils lui donnent le nom de menfonge ; tefmoi-gnans par cela, que le propre de la Kerité, cejl de vaincre : nbsp;nbsp;nbsp;le propre du menfonge , c efi d’estre

vaincu. Ainfitterreurffidolatrie,amp; la fuperjliüon defrobent le nom d Eglife ,pour eilre receues : pour deSiourner les hommes de la vraye Egltfe,on a 2. lui

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4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

iui donne le nom d’hereße, qui efi propre à lafanf-fete amp;nbsp;a l‘erreur.Partant la Cruauté'et la Calomnie ont elle de tout temps les deux bras tjui ont comb atu amp;nbsp;affligé t H^Ufe 3 nbsp;nbsp;ne lé ont peu 'vain

cre ß'autant cjuelle a furmonte' l'vn par fa patience, Cf a repoujfe'l’autre par la parole de Dieu, ejui efi la -vérité', ainß cjue celle mefme Parole le dit. Ces chofes ont elle vertßees de tout temps: mais il ne nous en faut recercher la preuue de plus loing e^uede noUre aageit^ ne parlerons,pour le prefent, des chofes aduenues enplußeurs Royaumes, Pro-uinces Cf Eslats de la Chresiienté,depuis feptan--te ans ,puis tjue fansßrtir de ce Royaume, la me-^ moire de vingtcinej ans nous fournit affèz d’exem pies, pour faire voirCfcognotHredceux ejuiont des yeux et de l’entendement,combien ce cjue nous difons eß veritable. Toutesfois , I’experience des chofis paffiees na peu empefcher cjue la Ligue Cf les fallions du Pape , trop auant enracinées en ce Royaume , ne nous ayent remis aux guerres ciui-les, dont le fage confltl C- la prudence de nos Rots nous a fouueniesfois deliure's par cy deuant. Et c efi merueilles, lt;jue tant de François ayent en ce temps trouue meilleure la maladie caufee parles prattiques des ellrangers, que les remedes dome-fiiques, dont l’vfage nous a elle'autant profitable, comme le melfris a défia commence'd’eilre pernicieux à tout ce Royaume. Tant y a que les parti-zans du Pape, C' fingulierement les Adoynes fes principau.v fatellitesÇ qui ne font point de confcien ce de brouiller Cf renuerfer tous les Royaumes Cf Ellats, pour affermir lefiege de l.t Papaute)n’ont peu

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PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y

peu e^re efmeus.ou de compajjlon,pour la calamité publiejue:ou de crainte, pour les redoutables iu-gemens de Dieu, dont nous auons fentt les effells, les fentons tous les tours. Au contraire, ce font ceux-là Cjut non feulement ont aigutfe l’efltee tjui defgainee contre nous,par leurs menees nbsp;nbsp;con-

ftrattons ,mats aujft s’(forcent de combatre noflre Religion et dotlrineparleurs calomnies:céfi à dire ,no^lre ventépar leurs menfonges. Decjuoy font foy les libelles d’abiuration ejuàls ont publiés en diuers lieux de ce Royaume, nommément en la ville de Bordeaux : voulans faire accroire que nous fommes hérétiques, qu’ils ont la vraye E-gltfe de leur coslé. Quant à nous,tout ainf qu’a la fureur des armes nous oppofons noflre iuéle defence (non feulement fous l’authorité des Ediéls de fa Maieslé, faits , lurés , publiés folennellcment, mais principalement fous la proteélion de Dieu, ‘jtti efl le Dieu des Arme es : à la iullice duquel nous appelions d’vne telle violence oppreflion.} Aufli aux calomnies des A'ioines nous auons bien ■voulu oppofer laprefente 'kï.S'pous'S. ,pour mon-flrer que noHre Religion efl exprejfemcnt fondée fur celui qui efl le Dieu de ventéque pourtant elle ne peut eslrc esbranlee parles menteries des hommes : veu ( comme nous auons dit cy dejfus) que la fotblejfe efl au menfonge, amp;nbsp;la force efl à la vente : (é)- que les hommes ne peuuent rien contre celui qui peut tout.

Premièrement, nous auons dequoy iuélcmen^ nous plaindre, voyans que ces Moynes prononcent ciujfl hardiment noflre condemnation,commeflno^ a 3 flre

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P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFAC B.

ßrecMfe auoit esté debatue e» vn Ion amp;nbsp;fatn^î Concile,parties efgalement on tes,les rai fans iu^e-ment balancées par la parole de Die», Cr ^ne noos Jt enfßons e^lé ebnaatneusparles expres tefinoigna

d'tcelle, Adais tant s’en faut que cela att eSîé i fait,que nous oyons pluflojl dire qu’on nous a condamnés, que de fpauotr qu’on nous ait voulu légitimement aceufer: estant la procedure fort errant-ge en laquelle l’arrefl precede l’adiournement.

Nofire Confefon defoy efipubtteepiepa,çle laquelle les fondement font amplement deciare's par plufeurs Hures qui en ont efié faits,comme auffi on les a propo/ès de bouche quand on en a ePié requtSt amp;fommes toufours prefis de le faire.Noflre Con-feffiondefoy reieteleluifdeteflele Turc,condam ne tous les heretiquestelle n’a rien quifoit cotraire a la parole de Dieu : rien qui répugné aux anciens Symboles de PEgltfe Chrefiiennetrien qui s’accorde auec les herefes condamnées tant par les anciens Conciles,que par les anciennes loix Imperiales fur ce faites. Noslre Confejfion de Foy reco-gnoifl vn feul Dieu ; ajfauoir, le Pere,l€ Ftls,ç^ le faincl FP^rit t repoit vn feullefus Chrifipour noflre Sauueur,Afedtateur, amp;nbsp;Fedempteur.aduoue vne vraye Catholique Egltfe,de laquelle lefus Chrifi efi le Chef-retient les fainPls S acremens d’icelle ,infiitue's par Iefus Chrifi,public's amp;nbsp;admini-firés par les ^poPires. En fomme,nofire Confefiion de Foy n’oPle pas l’Eglife, mais oPie les erreurs çèquot; corruptions ennemies de la pureté de l’Eglife. Ou efi donc ce Pie herefie dont les Adoynes nous tien-

pour conuaincus? A quel tilties’appellent-ils

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PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9

gt; Eglife,nous donnent le nom d’hefetiques, ß ce ” ^fl qu’ils fe veulent parer des ornement qui nous font propres, nbsp;nbsp;nous deshonnorer de leur deformi-

té lÿ' latdeurfP Eglife efi fondée fur lesEfcrits des Prophètes nbsp;nbsp;^poilresicomme l’Efcriture l’enjet-

gne,etnos Peres l’ont recognu.E'herefte efi,quand chrj.bom. auec opiniaïlrete'on croit en la Religion ce quon ne doit croire, ou quand on ne croit pas ce quon doit, pjul ne nous peut acculer ny de l’vn ,ny de

r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ehe. l.l.c.1.

l autre :nous ne jommes donc pas herettques. Nous f,„g,cM!.r. receuons en toute reuerence tout ce qui efl contenu Maxim, b. es Eferits des Prophètes amp;nbsp;^poilres, amp;nbsp;fommes entièrement fonde's là dejfus. Nous fommes donc rEgltfe. Et de faiEl, qui efl-ce qui nous peut condamner, fans les accufer.^Si on dit que nous croyôs ce que nous ne deuons pas,les Prophètes nbsp;nbsp;les A~

poïtres ont doneques trop efcrtt. Si on dit que nous ne croyons pas ce que nous deuons, les Prophètes donc les ^poSires nontpas aßez. efcrit;amp;l’vn Cs I autre dérogé a la perfeSlion de l’Eferiture fain £le,attendu que la perfeclton ne peut eilre ou il y a du trop-,ou du moins.Or lefus Chrtfi a conduit fes .Apôtres en toute vérité par le faincl EfrttÇ comme tlle dit lui-mefme ) parla conduite duquel ils JoanaS. ont rédigé par eferit la doélrinc de l’Euangile que nous auons. Partant nous dtfons auec Tertullien, be prafcii que pour bien croire à l’Euangile,il nous faut pre- höret, mierement croire,quit ny a rien que nous deuions nbsp;nbsp;’•’* t

croire outre cela.

Donc que les APoynes leuent le mafqueÇce que ils ne pourront iamais faire fins fe demoyner)àfn de confeßerfranchemet, et dtre qu’ils haißcnt l’E^

4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.g/»

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8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

Réformée : parce tjne le nom mefme de reformation leur efi odieux : parce ^ue le-vice ne peut ciimerla vertu .-parce tjue les tenebres nepeuuent porter la lumière .-parce cjutls font efclaues du Pape feruiteurs des Cardinaux : mercenaires des E-uefjues : aimans trop mieux f authorite du PapCy epue l‘authorite de là parole de Dieu. /Heur femble ^uils ont beaucoup fait, ipuand ils ont rempli leur Profejfion defoy d'herettepucSiet ^utls ont fouuent appelle les Arriens,Pela^iens, Adantcheens,Gno-fittpues, et autres femblables,auec lefepuels ils nous meflent impudemment ,et non pour autre raifonft-nonparce lt;pue la confufon leur platfi en toutes cho fes. .Auffi peu de raifon ont-ils ,defe comparer à i’Eglife ancienne j cpui a condamne les heretitpues. Car comment les a-elle condamnés ? Elle a vfé du femede des Conciles fainélement amp;nbsp;légitimement conuolt;pués,efepuels la venté a eéié déclarée,et con-fermee,fherefe refutee,le tout décidé parla parole de Dieu. Par ce mo/en les tqnorans ont este' in-flruits , amp;nbsp;les opiniaslres conuaincus. Qtfef‘-ce tpui a e/lefait de femblablc contre nous ? la procedure epui a eflé tenue tefmoigne ajfez. epuils ne font pas l Eglife,et epue nous ne fommespas heretitpues. ^^nd nous nous tairions,elle parle pournous:^ ce quils ont fait pour nous codamner,nous tu/lifie.

La I^ue, cpui au commencement de l'an 1585. commenta d paroifire en armes contre le Roy et les Princes de fin fang,a e/lé leur Concile. Les Chefs uie leurs Regimens , les Capitaines de leur armee,ont efleles Legats.Les premieres Sejfions ont esie tenues en Champagne Cf Bourgongne ,Cr- la

Conc

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PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9

Concltißon faite auprès de Paris, par fauthorité I d‘vne armee de vingt mil hommes ajfemblés pour | forcer le Roy, amp;nbsp;le contraindre à renuerferfon E-dtcd de Paix. Voild le Concile cjui nous a condam -»és,dui^uellapublication dure encores. Leurs de-cifions fefont à coups d’ed^ees: Leurs Canons font, non de Concile , mais de Batterie. La demolition ' des villes, le rauage du pats,le defgafi nbsp;nbsp;ruine de j

tout ce poure Royaume,ce font leurs Syllogifmes et arguments. Le hannifcment, la prtfon , le rauijfe- S ment des biens,ce font leurs C at echtfmes etinjtru~\ citons. La reuocation de l’Edt^ de patx,efl le tex-lj te de leur Efriture. Et parce ejue Tancien Concile] de Niceßt vne Confefton defoy,les Adoynes Conè voulu furmonter en cefi endroit : car pour vne ils^ en ont fait plußeurs,ejut toutes font nees de ce beau i Concile militaire,fifolennellemët célébré'. Ils fouloyent reprocher parcydeuant,^uelesProte-fians auoyent beaucoup de Conférions de foy : l maintenant ilfe trouue en ce Royaume ,ejue ceux 1 deIEglif Réformée n’ont ejuvne Confejfion de\ foy, Cf ceux de l’Eglife Romaine en ont plußeurs: 1 G~ efi à prefmer,cjuen fn chacune Parroijfe aura , la fenne, à fin cjue ce foyent pluHofi confufions de '

■ foy,lt;jueconfeffions.

JNous ne parlerons, pour le prefent, des contrariétés cjuiy font,car cela mente vn traittétout expres,amp; nous contenterons de relfndre à celle clt;ue les Adoynesde Bordeau.x ont publiée, s’efforpans de leuer la teste par de fus les autres, Cf faire en cefi endroit tjueh^ue chofe deplus ejue leurs com-p^tgnoni, .A cesie caufe, leur Abiuration defoy, ( quils

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ïo nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

(qu ils appellent Profeffion ) efl non feulement rem pUe des erreurs font communes à eux tous, mais atijfi farcie de calomnies treflmpudentes contre plufleurs doutes nbsp;nbsp;excellonsperfonnaoes)Com-

me Luther, Caluin, Pierre Martyr, amp;nbsp;Theodore de Beze ; defjuels ils corrompent les efcrits,chan-pent les fentences,falfifient les paroles,et font iurer tpueces doElettrs ont dtt ce ijutls nont pas dit : ou qutls ont mal dit,ce ejui a este'bien et fainclement dit pair eux. En fomme, ils veulent cjuon lure d'e-flre aujfl malin et calomniateur qu ils font. Et pour redoubler leur impudence, ils font turer exprefle-ment en l'article xxxtj. de leur Abiuration, pae ceux ijui auront des Hures tjuils appellent Cenflures : c efl à dire,fait s parles doHsurs t^utls calomnient , les remettront entre leurs mains, auec pro-mejfle çE ferment de nen lire ïamais par cy aprest ç/ui efl vn vray moyen pour calomnier hardiment, et mentir auec toute licence,flans eflre defcouuerts. Mats s’ils ne veulent qu’on voye les Ltures,pour-quoy en cottent-ils les pafdges ? S’ils veulent eflre creus fimplcment de ce qu'ils diflent,parce qu’ils le difent, qu’efl il befloin de cotter les lieux l S’ils ne craignent point d’eflre deflmentis, pourquoy empef-chec-ils. de viurfl leur accufation efl vraye? Qu’efl * ce d’alléguer des paflflages 3 a la charge qu’on ne les verra pointlN’efl-cepas accufler autrut,Q- fe condamner floy-meÇmel O heureufle la mémoire de ces ^utheurs, deflqucls les efcrtrs ont tant deforce, que ceux qui les veulent combattre , ne les ofent voir : (ÿ- font honnores par la lafcheté de ceux qui its deshonnorent.

D au

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PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II

I)' anatage ,n efi- ce pas abu fer du Nom de Dieu, de couHïir leurs calomnies fous prétexté du ture-mentyduciuel l’-vfage doit e^^re facre (-rinuiolable? ne tremblent-ils point, amp;nbsp;ceux cjuils font iurer^ quand ils pefent d cefle horrible menacetQueDteu ne tiendra pourinnocêt celui qui prendra fort Nom t.x9d.zo, fn vainfn apprehendent-ilspoint celle fentence du Prophete, Qgu maledtHion tombera fur la maifon de celui qui lure faujfement I Nepenfent-ils point à ce que dit Dauid?Qt^ Dieu occira le mefehantt fanguinaire, amp;nbsp;tous fes ennemis qui parlent mefehamment contre lui,amp;iurent en vain.Si ceux qui abufent des féaux d‘vn Prince, pou r en vouloir conformer vne fau fete', font iuïlement punis; que doiuent attendre ces Aloynes Abiureurs, qui veulent faire feruir le nom de D^eu, pour authors-fer, non feulement les erreurs de leur Religion, mats auf l’impudence de leurs calomniesl la ton-fcience coulpable rend coulpable la langue, dit S. Augufitn.Et pourtant les fautes qut Jont en ce-ße Abturatton Aionachale, defcouurent ajfez. de quelle confctence ils y procèdent,^ quel z.ele les a Ser.^o, pouffes à faire ce qu’ils ontfait.NoJlre Confefon de Foy efideuat les yeux de chacun(au trefgrand regret de tous les Moynes } nbsp;nbsp;croyons ce qui y ejl

contenu , comme estant fondé en l’exprejfe parole de Dieu. C’eéioit donc la ou ils fe deuoyent attacher,puis qutls nous condamnent d’herefie ; tou-tesfois,ils ne l’ofent ejgratigner lt;^ue bie peu:et def-chargent la plupart de leurs Anathemes et obturations fur Luther, Caluin,Theodore de Be'z.e,çyn autres Dobleurst commeß nosirefoy eéîoit fondée fur

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li nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

ßtrles hommes : amp;nbsp;commeß nous auions iuréde croire indifféremment toutes les chofes ejui fe trou-ueront en leurs efcrits. Oren l‘y4rticle v-de no^re Confeffion defoj,nous protégions du contraire. cjuel propos donc parlent-ils de ces excellens per-fonna^es,pour les condamner?Certes ils monflrent euidemment cjuils fpaueni mieux (jue c efi de calomnier, que dquot;tnsiruire:amp;penfans faire vne con-feffion defoy, ils ont fait,fans y penfir,vne confef-ßon de leur malice. Il y a beaucoup d’anciens Do-Heurs que l‘.Antiquité nous recommande, à caufe des beaux efcrits qutls ont laiffe's.ß efl-ce quil fie s’en trouuera point,ou fort peu,es Hures defquels tl ny ait quelque chofe à redire. Nous louons ce que Orinene a bien efcrit, Çp- blafmons ce quil a efcrit contraire à la parole de Dieu. Nous fuiuons Ter-tullien en beaucoup de fes Traittés, mais nous le laiffons quand il va apres l‘hereße de Montanus,

de la nouuelle Prophetie. S. Cyprien efi admiré de tous en la pluffart de ffs hures , mais il efi a-bandonné quand tl veut qu on rebaptife les hérétiques. Qffefi-H'befoin d’auantagelluliin Alartyr a panché du cofle'des Chiliafies.S.Hierofme a efié repris par S. AuguHin, en certainspoincls ; S. Augustin s’efi repris foy-mefme e's hures de fes PetraHations,peut eslre, na-ilpas encores retraité toutes fes fautes, (ffui, efi toutesfois celui entre tous les Théologiens,qui nhonnore la mémoire de ces grans perfonnages ? Quant aux Doileurs ScholafiiquesÇque ces Aloynes doiuent mieux co-gnotllre,parce quils font leurs Maillres amp;nbsp;Précepteurs ) ils ne prennentplaifirqua reprendre les

vns

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PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IJ

vns les autres. Ainfi Occam , contre CEfcot.^ les ReauXyCentre les Nominaux, les Ehomiiles,contre les Scotisles:amp; eux tous fe font une guerre irréconciliable. A4efme la di^^ute faite à Rome, il ' ny a pas long temps, entre Caietan, Catharin,So-tus,amp;autres,demeure encore indecife.Et pour retournera noflre France,la faculté'de Eheologie de Pans a codamne en certains articles,Pierre Lombard lepere des ScholaH^iques,^ les cenfures font imprimées auec fin hure des Sentences. Depuis nagueres, les J efuites ont commencé de mal trait-terOratian le compilateur des Decrets,parce quils le trouuent encor trop bon pour eux. Nous laijfins doc a iugera ces Aioynes (ou à ceux qui ont meilleur lugement queux )fnous -voulions remarquer particulièrement les fautes de ceux queux-mefi mes recognoifent pour leurs Docteurs , quel gros -volume il nous faudroit faire,au lieu de ce petit hbelle,quils ont publié,apres auoir ramajfi tout ce quils ont peu des hures de nos Doéleurs , pour, en les calomniant, faire redender le blafme fur toute fEglifi Réformée. Mais H leur efladuenu ce que Homil.io. dit S.BaJile : quel inture calomnie retombe fur ad pop. la teéle du calomniateuricomme nous efierons que il apperra par nos refionfes à leurs calomnies. Car, que les hommes cerchent tant de fubtilités amp;nbsp;ter-giuerfattons qutls -voudront, fi faut-il que la fin-tence de S. Auguéltn fetrouue, enfin , veritable, oeyerb. quand il dh,qutl ny a poinélefi aigue,qui ne rom-pe contre le bouche r de la vérité.

Au reste, fitt par malice ou autrement, ils ont drejfi leurs articles auec telle obfcunté,qutlsfem-blent

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'ï4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

blent plusloß eilre Enigmes, eju Articles de Con^ fejßonde F ujf, pin st ojl propose i pour dcuin er, ejste four croire. Car qui efl-ce i^ui pourra entendre ce quils difent en leur xlv.article?Que nous fommes tushfiés proprement amp;nbsp;formellement par lagrace de Dieu ,y entreuenant le franc Arbitre, que le fainil Ef^rit preuient fans noslre aHsion : Cf que ayant receu les forces Diuines, il fe prepare volontairement a lagrace iufitßantc, qui conßfle en grace informante : C'plußeurs autres traits fembla-bles, quauons marque’s en nos Fetponfes. Or puis quils veulent faire iurer leurs articles à toutes for tes degens , comment eß-ce que non feulement les femmes,amp;ceux qui font fans lettres,mais außt les gens lettres entendront cesfapons de parler } Que tureront-tls donc ,ßnon quils n entendent amp;nbsp;ne fpauent ce que les Moynes veulent dire?ce que les Moynes mefmespourroyent aujfi bien iurer, fans crainte d’e^lrepariures.

In cancl. nbsp;nbsp;nbsp;Mais fur tout ils defcouurent combien leur paf-

ßon eß des^ô^dee, quand ils font iurer de garder entièrement et inuiolablement le Concile de T rente,que nos Rots nant encores voulu receuotr,ny les Cours de Parlement approuuer: en quoy ils déclarent aßez. combien ils font bons fubietsdefaMa-ic^é, (ÿ- deßreux de l’honneur Cf grandeur de fan El^iattce que nous eiferons que la France cognoi-ßra vn iour, Cf fe repentira Ç mats Dieu veuille que ce fait à temps )d‘auoirß graßement entretenu et dorefottßvne multitude inßnte de perfonnes non feulement inutiles , mais außt pernicieufes , votre tellement ingprates, qu’elîans nourries en France,

ne

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PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ly

ne penfent à flesinr amp;nbsp;ruiner la France ,poftr honnorer amp;nbsp;aggrandirl‘Italte. ç^ prévient 1‘ej^att-ie a rEaeÇejue de Rome ^poura^fahiettirà fon au-thorité diT^oßtion tous les Royaumes amp;nbsp;Prin^ cipautes; tefmoin ce lt;juf de fraîche mémoire Sixte quot;v. a treßndignement fait contre, Henry i). Roy de HauarreteîcHenry de Rourbon Prince de Conde't tous deux Princes trefrenomme's , pour leur pieté, 'vertUiô' valeur,amp;■ trefdeßreux de la reformatio» det Eglife.Et par ce moyen a non feulement attente fur l'Etlat dudit Seigneur Roy, mais aujfi fur les loixprincipales de ce Royaume : s’efforçant de renuerfer l’appui (^fondement de tout l’Eslat, amp;nbsp;y vfurper autant fur le temporel, comme fesprede-teffeurs ont fait fur le Jpintuel.

Or comme nous auons iuéîe occafion de nous plaindre desMoynes,leffuelsparleurHbiuratiôde foy ont voulu triompher de nous, premier ejue nous auoir eus en tefle:auffi auons-nous a nous plaindre d‘Hntoine^ Peyruffe, luge Thfage de Cahors en Qiurcy ,(jui ces tours paffes a publie vn Ituret,pour remercier fa Ätateße',de ce qu’il a rompu fonEdtél de Paix:Et fur ce il allégué tout ce qu’il apeu ra-maffer çà et la des louages de l’Eglife Catholique, et des condemnations anciennement propofees contre les hérétiques, Aiais s’il efl autant mauuais tu-ge en fes caufes ordinaires,qu’il efl en cetle-cy, de laquelle il s’efl mefle'extraordinairement:et s’il efl auffi infuffifant lurifc on fuite, que nouueau Theologien,nous ne ferons pas feuls qui nous plaindrons iuilement de fon iniuflice, line s’efloit aduife'de rendre graces au Roy,quand fa Maieflefit publier

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iS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

fon Edtcl de Paix-, fous le benefice duejuel nous a-uons iouy de quelt^ue repos en ce Royaume : Mais à prefent,sjue par la rupture de l’Edtü lu tracpuili~ te'publitjue efirompue,et laErance tfiprefque toute haignee en fon fang , ce fuge Afage fe met en a-uant„ çir de gayeté de cœur fait vne harangue Panégyrique,pour tefmoigner la loye quil a, de voir toutes chofes en confufion tâquot; ruine : qui efl en vn luge Mage vn treS^ettt iugement. Car c efi vni chofe trefindigne de rire au milieu des cendres de fon peuple, Qr de dancer furie tombeau de fa patrie,Nous ne nous arresterons à ef^lucher les par-ticularite's de fon difcours,àfin qu^ilne femble que nous voulions forttrde noftre rang, comme il efi Jorti du fien. Nous latfions ceHe charge a ceux de fa robbe ,fiquelquvn d’entreux veut prendre la peine de le ramener chez fon Bariole, à la charge de n en fortirdéformais quà meilleures enfeignes, et ne changer plus fa cornette a vn froc,pour deba-trelacaufi des Moynes, s Une veut apprefterà rire à tout le monde. Nous lui dirons feulement, quil fe refiouuienne de l’ancien formulaire desA-theniens en leur iugement,qut a efie'tant célébré et recommandé : ajfauoir, qu’il faut ouir efgalement les deux parties.Q^il refeufllette encores tous les' lieux qutl a penféalléguer contre nous : quil life plus diligemment les eferits des Anciens,et il trou-uera, que ceux qui ont louéHEglife Catholique, ont entendu la vraye Egltfi, qui efl fondée fur la parole de Dieu, non vn mafque amp;nbsp;vn feul til-tred’Eglife, qui fert de couuerture d toutes fortes d’erreurs fuperéUtions. Utrouuera qU en l’ancienne

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F R E F A C E. • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;17

eiende Eglife nul ne fut onc^ues déclaré hereticjue, finon apres auoirvfié conuaincu par expres tcfmoi-gnages de f^Efcriïtir^, Il trouuera (jue l'ancienne ' fapon desConciles efioit de mettre la Bible au mi-lieu de tous ia fin de lauoir toufiours deuant les ■/■heodlii Jeux.Il orra la harangue de l’Empereur Conflan-tin au Concile de Nicee, exhortant vn chacun de del^ouiller toute animofite'çj- aigreur , foudre les difficultés , ^uiferontpropofees, par lauthorité des Efcrïtures. Il apprendra de S. Hilaire, ejuil tgt;e Trinit, faut corriger les heretiepues par les tefmoignages delEuangiléçè-efcritsdes xlpoîlres. De S.Hie- inieremdi. rofme, qu^lfaut coupper la gorge à lherefie par le Glatue aigu de lEfcriture. De S.Athanafe, quil faut lapider les hérétiques par tefmoignages de le-feriture Sainlle.il verra en Saluian^ancten Euef- or.i. que de Alarfeille, que la vraye Eglife efl d’autant Abn 5. d» plus excellente que toutes les autres Affemblees, parce quelle efi entièrement fondée en l Eferiture, au lieu que les autres ne s’appuyent que fur leurs vieilles couHumes (Ir Traditions.Et pour nenous ellendre en plus longs dtfcours,Il verra en S. Ber-nard,que ce nefi pas de celle heure qu’on crie contre les abus çj- corruptions de lEglife Romaine} qui ne s’efi amedei pour cela, ains efi toufiours allee en empirant. 'Et,pour foulagerce luge Mage}. nous lui reciterons les propres paroles de S. Bernard ,quiÇtranfiatees en noUre langue)font telles: Maintenant., dit-il, les Chrelliensperfecutent

iejus Chrifi.Q Dieu,tes amis Cr prochains fe font Tau.Ser.i efieués contre lisy.Ilfemble que toute la Chrefiien-té 'a coiiiuré totre toy, depuis le plus grand iiufqu es

b au

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18 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

au plus petit.11 fi'y a point de fante' depuis la plante des pieds itufjudu fommet delà te^e.L’iniejui-téefl fiytie des Anciens j des luges tes Kicaires, ^ut femblent eéiregouuemeurs de ton peuple.Il ne reste plus,maintenant,autre chofe,finon t^uel An-z.Thf.i. techrifi , le fils de pereition,foit reuelé. nbsp;nbsp;nbsp;oild les

plaintes de S. Bernard contre l’Eglife Romaine, laijuelle, toutesfois,il eHimoit. Q^e feroit-il donc à prefent, s'il voyait l‘extreme desbordement tjuiy efilNe redoubleroit-il pas fis plaintes? au lieu tjue ce luge s’efl aduifide faire vne harangue de ioye d'allegrefie,depuis que les guerres ciuiles ont , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;recommencé en France ,àla folicitarion du Pape,

et de fis partisans. Quel luge efl- ce la,qui a choifi les larmes publiques,pour matière ^argument de fa ioyeîmais pour ne nous arretier d‘au an tage a ce luge Çlequel nous recufons en cesle caufe, comme tref-incompetent ) nous l'aduertirons , pour la fin, qu'entre autres chofis, fa esté fort mal difiouru à lui, quand pourprouuer qu'ilfaut chafer les hérétiques de ce Royaume, il allégué , que Nicephore Empereur de ürece donna afeurance en fin Royaume aux Alanicheens nbsp;nbsp;Attingains hérétiques,

qui fut caufe que par la couerfatton auec les Chre-fliens ils abiurerent leur herefie. Car il y a trop grande difference entre retenir les hérétiques, pour les conuerttr par bonnes remontlrances, amp;nbsp;chaffer les gens de bien, depeurd'eslre conuertis par leur moyen.

Qi^nt a nous , puis que nous femmes affaillis par violences, calomnies, çF toutes fortes d'oppref-fions, nous recourons a I infinie putffanee de Dieu, à fit

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PREFACE.

n fa vérité infaillible, à fa trefcertaine treje-^uttable Insitce : Ie fapplians de tout nosbre cœur ojuil fe montre le garant de fa fiinéîe facree erite',amp;de ceux cjuifont appujéf fttricelleicjuil def ende nos vies contre la cruauté des hommes, noilre innocence contre leurs calomnies. Offllui plaife ouurir les yeux à ceux qui nous font ennemis fans caufc, au lieu que nous fommes defreux de leurfalut. Qu’il touche leurs cœurs, pour fen-tir les playes communes, Q- quelles font leurs playes , puis qu elles font communes : d fin de ne-fire les inflruments de là ruine de leur patrie, laquelle les ayant nourris amp;nbsp;efleue's , leur demande auiourd’hui d'eéîre faulagee comme mere, nbsp;nbsp;non

outragée comme ennemie: les exhorte de penjèr en eux mefmcs,que celui efi bien infenfe,qui,pour fé venger de fon ennemi, perce la N attire qui les porte tous deux : fin que toutes aigreurs eîlans addoucies, amp;nbsp;le feu de ces miferables guerres e-fteincl, nous viuions en vne fainéîe concorde tranquilité, feruans a Dieu, Qr- procurant vnani-mement la conferuation de cefl Ebbat,^- la profi e-rité de tout le Royaume.

Finalement,nous auons ici a exhorter tous ceux qui,fe defiournansde l’EgltfeRéformée,foufcriuet aces Ad onachales obturations :a fin qu’ils fe repre:^ fentent cedle fentence des Oncient,que le faux iu-rement eflvn trefdangereux precipice , amp;nbsp;partant qu’on ne s’en retire pas quand en veut. S’il y en a qui le font par malice , eftans du nombre de ceux qui croyent au Temps,et non àDieu,et defquels la foy n efi plus longue que leurs commodités terrign-b i nés

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20 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r R E r A C E.

nes : cefl autant de foulage ment à nottre Eglife» veu tjue c efi It proffit du bon grain, ejue la pouffie-re Ç^~les immondices s’en aliens au crthle, ainß tjue Cyprien a bien dit. Si c’efl par infirmité e]u ils faillent (Comme nous efiimons)i]uils la recognoifi-fient deuant Dieu,et ne s’y flattent point.-mats con-iotgnans leurs larmes auec les noires pour eux,ils fiouffiirent a celui cjut flau mifericorde à ceux yui fie repentent,et deffiloye fies lugemens contre les enduras amp;nbsp;obstinés.S’tly en a cjui ayent faute d’in-firuclion , aùfcjuels les calomnies de ces Moynes ayent esbloui les yeux , nous leur prefentons ceiie kesflofe çiue nous leur auons faite,defirans c^uepar lafaueur benediélton de Dieu,no^re labeur,fi petit ^uil éfi,puiffie feruir à chacun, nbsp;nbsp;finguliere-lt;

ment a ceux que ceH^e derniere tempe^le a empor-tés:a fin que touchés viucment du faincl Effirit,iljt reuiennent à Dieu,et à eux-mefmes.Qrparce que ce n efi, pour ceH'e heure , nombre principalfuiet de leurpropofervne fierieufe remonllrance fur la faute qu’ils ont faite,nous les prions, amp;nbsp;exhortons au nom de Dieu (qui leurauoit fait cefle grace de les recueillir en fon Eglife) d’e^re affiidus en prières, amp;nbsp;en la leélure delà parole de Dieu,pour efire re-leués,etfortifies parce moyen.Ily a auffii de beaux Traittés des .ylnciens, mefmes de S.Cyprien,pour donner courage à ceux qui esîoyent tombes pedant les perfecutions : (^' de no^re temps il y a de bons feruiteurs de Dieu qui ont fuiuifon exemple.Donc que ceux a qui leurfaute deffilaifl, lifent ordinairement de tels Hures, à fin qu’ils en re^oiuentle fruiél. Et parce que tous n’ont pas les hures de

S.Cyp

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21

aujji »entendent pat la langue Latine , en laquelle ils font efcrits : J^ous auons bien •voulu, pour la conclußon de celle Preface, faire •Vn petit extraibl de quelques fentent es de cefl ancien Docteur, propres à ce temps, defquellcs ceux pourront faire leur proffit qui font touchés du fen-ttment de leurs fautes.

Il ne faut potnt, mes freres(dit S.Cjprien)dif-ffmuler la vérité : Qr ne faut taire la caufe ma-tiere de nofiréplaj/e. L‘amour aueugle des biens en trompe plufieurs, qui n’ont peu estre à deliure preßs a partirtefians retenus comme lies par les ri-cheff 'es.Koilàles liens,amp; les chaînes,pa r lefquelles la vertu a este retardee,lafo^preffee,l'entedement enferre',l’ame eßouff'ee,pour efirefaits viande à ce Serpent,qui (Jelon la fentence de Dieu) mange la , terre, puis qutls ont ellé attachés aux chofes de la terre. Et comment efi-tl poffible de future Lefus Chrifi,ff on eß retenu du lien de fa matfon,et defes biens l Comment fe pourront eßeuerau ciel ceux qut font furchargés d’aff'eélions terriennes l Ils ont des poffeßons qui les poffedent. Ils font efclaues de leurs reuenus, .amp;■ leur argent ne leurfertpas, ains ils lui feruent. L’jdpolt re a voulu parler de ce temps,amp; de. telles gens,quand il a dit,que la racine de tous maux , c eß la conuoitife des richeffes, laquelle aucuns appettans fe font dcuojés de la foy, eux-mcfmes enferrés enplußeurs douleurs. Il y en a qui défaillent au milieu des tourments ,amp; le corps leur faut plußoß quel’effirit. AIais maintenant,ceux qut ont eße vaincu s,quelles playes peuuent-ils monßrerl veu que [eurfoy a

1 eße'

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li nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.

eSie •vai«cuc,auant cjiieilre combatae:et leur laf-cheté a preue»u Iç combat i nepounans alléguer la force pour excufe de lenrpechéyputs ejue leur péché a eïlê TJolontaire. de ne dy pas cecy pour exaggerer les fautes de nos fceres , ains pour les inciter d’a-uantape d la re cognai fane e d’tcellesdl ne faut pas que le Adinislre de la parole de Dieu vfe de flate-ries agréables,ains de remedes falutaires. Le Chi-ru'cgien efi ignorant,qui manyant la play e trop don cernent, entretient le mal, amp;nbsp;en l'entretenant,l’au-gmente, Koild cc que difött S. Cyprien a ceux qui auoyent failli, de fon temps, auec plufeurs autres fentences fort excellentes ,pour leur faire tjiue-ment appréhender leurs fautes, parce moyen a~ firerplus ardemment à la mtfericorde de Dieu.

Donc que ceux qui en cedie perfecution ont a-bandonné la pureté du ferutee de Dieu, appliquent à eux-mefmes les remondlrances de S.Cyprien: comme ils font tombes par leur foiblefe , quils dc-mddent d Dieu la force pourfe releuertd fin qu'au lieu de fcntirl“ effcLl de la menace prononcée parle fus Chrifi, contre ceux qui nieront la vérité de fon Euangile,ils oyentpiuflofi cefie fentence bien heu-yiAidiao. reufe : Qyyt me confefiera deuant les hommes,ie le confejferay auffi deuant mon P-ere qui efi es deux.

Ad aintenant,examinons la forme d'odbiuration dreffee parles Ad oyne s,laquelle nous auons fait ici inferer de mot a mot,tout ainfi qu'elle a efie imprimée a Bordeaux par S.Adillanijes,Imprimeur ordinaire du Roy,en l'antfipcommt ilfepourra ve-Tificrfaxl imprejfion qui en a este'faite.

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TABLE DES MANIERES contenues en ce Liure.

S

De la fainôle Trinité. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* Article j.

De la Toute-puilïance de Dieu , amp;nbsp;quels font ceux qui larecognoilfent mieux au myftere de la fainéte Cene.

De la Vérité du corps de lefus Chrift. ij.xxvij. amp;nbsp;xxviij.

Del’Efcriture fainéle j contenant tout ce qui eft necelfaire à falut,-

Des traditions humaines, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ij.amp; xlviij.

De la puiiranceamp; volonté de Dieu.

De l’expofition de ces paroles, Cecy eft mon -corps.

De la prouidence de Die^, tant pour le regard • du Wenjque du mal. ■ ' iiij. DeTviiion des deux natures en vne perfonne, qui eft lefus Chrift, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;v.

De la fainéte ineffable Incarnation de lefus • Chrift. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ '

De la Conception de la Vierge Marie,aflauoir, • fl elle a efté conceuc en péché Originel, v. De l’humanité de lefqs Chrift, amp;nbsp;comment elle eft viuifiante, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;v.

De la fimilitude amp;nbsp;différence du Vieil amp;nbsp;Nou-ueau Teftament. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vj.

De noftre Redemption par lefus Chrift , qui a b 4 nbsp;nbsp;nbsp;l'oulf

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14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TABLE.

fou/Fert pour nous , non feulement en fon corpsjHiais aufli en fon ame.

Dufruift qui. nous reuientdelamortamp;Paf-fion dé lefns Chrift. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ viij.

De l’erreur de I’Egiife RonlainCj touchant le merite.

Des Saciemefts de l’Eglife Chreftienne gt;nbsp;amp;nbsp;du nombre d’iceux.

Du Baptefme adminiftré par S.lean Baptifte.x. Des enfans des Chreftiens, qui meurent aoant . que ponuoir eftre baptifés.

Du Baptefme j amp;nbsp;de la matière amp;nbsp;forme d’ice-lui.

Des fruids d’icelui. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxiiij.

Du Chrefme.

De la confeffion auricuUire. , );ç

De la fainde, Cene. - . 'c nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xiiij.

DelaTranlfubftantiation. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xiiij.

Du facrifice de la Meffe.

De l’Euchariftie portee aux malades.

De là communion fous les deux efpeces., xvj. Du Sacrement enfermé dans le Ciboire, xvij. De la Concomitance. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xviij.

De la Confirmation J’vn desSacremens de l’E-glife Romaine.

Des OrdresjSacrement de l’EglifeRom. xx; De l’Impofition des mains.

Du MariagejSacrement de l’Eglife Rom. xxj. De l’extreme Ondion j Sacrement de l’Eglife Romaine. '

Du Sacrement de Penitenccjfelonl’Eglife Romaine. : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxiij.

DuLim

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TABLE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;25

Du Iimbe,amp; de la defcente de lefus Chrift aux enfers, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxvj.

Des Vbiquitairesjque les Moynes combatenC'^'^^ •gt;ƒ.’•

amp; défendent tout enfemble. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxviij. 2.-2^

DeTeftatdes âmes des fideles décédés fous le

. Vieil Tertament. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxviij.

Des graces dont Thumanité de lefus Chrift a , efté ornee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxix.

Des liures de Tefcriture fainûe.xxx.xxxj.xxxij. DelaFoy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxxiij.xxxiiij.amp; xxxv.

De rafteurance des fideles, touchant leur efle-étion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xxxiij.

De la prefence du corps de lefus Chrift,amp; corn ment elle peut eftre fpirituelle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;kxxv.

Des péchésmortelsjamp;veniels. - 'xxxvj. De la concupifcence qui refte és fideles, xxxvj.

amp; xxxix.

De l’eftat d'Adam auat qu’il euft peché.xxxvij. Du péché Originel,amp; effeéls d’icelui. xxxviij. De la iuftice des fideles.^- _ xl.amp;xliiij. De la Loy de Dieu, amp;nbsp;accomplilfement d’icelle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xlj.amp;xlij.

De la luftification par la Foy. xl.xlj.xlij.xliij.ôc xliiij.

Des bonnes œuures. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xl.xlj.amp;xlij.

Du merite des œuures. yiij.xliiij.amp;xlv. De la grace de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xliiij.

Du Franc Arbitre.

Du Purgatoire.

Des vœux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xlvij.

Des feftes.

Duleufne.

Des

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xC, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;table.

Des'degrés de Mariage. ' xlix. Des prières faites en autre langue qu’en la vulgaire. , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■

Du Miniftere Ecclefiaftique, 8c vocation des

Palleurs de TEglife.

Des Indulgences.

De la virginité.

Du Célibat des Preftrcs.

Des Concjlesjßc authorité d’iceux. Iiiij.amp; Iv. Des Eglifçs Grecques.

De rinçeççeflion des Sainéls.

Des prières pour les trefpallés. ' o- Ivi). Des Pelerinages.ChalfeSjÂ: Reliques, j Iviij. Des Idolesjou Images« ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘■ Üx.

De TEglife Catholique. lx.lxj.Ixij.amp; Ixiij. Du Pape j Euefque prétendu de Rome.- lx.amp;

De la fucceffion des Paftcurs de l’Eglifc. Ixj«

-- -f I îî ,D E L-A TABLE- .■ • ;/ji'b jriTini • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;o. ■

J'j (iif• I.: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;: i.i---'-'-': ƒ, '

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ABI VR ATIONS. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;17

gRofeflion de Foy Chrcftienne, felon la lainóhe parole de Dieu,amp; faine intelligence del’Eglife Catholique : propofee de l’authoritç de Reuercn-dilhmePere en Dieu, Melîire Antoine de Sanfac, Archeuefque de Bordeaux,Primat d’Aquitaine: pour eftre folennellement faite par vn chacun de ceux, lefquels auec penitence requièrent l’abfolution Eccle-îiaftique, pour eftre réunis à l’Eglife Catholique en la communion de l’EglifeRo-inaine:en abiurant renonçant à tous er-reurs,herefies,amp; impiétés tant de la Con-felTion d’Ausbourg,reformation d’Angleterre , que des Eglifes prétendues Réformées,^ toutes autres herefics. Entendant n’en réconcilier aucun qui n’ayt fouferit confentir exprelfément amp;nbsp;franchement à la prefente ProfelTion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

ARTICLEPREMIER.

/e co»fejfe de bouche, amp;nbsp;croy de cœur vn fegt;ei g. 4; Dieu d‘v»e Ejfeuce infinie, indiuifible,fécondé,amp; indtfiinble en trois perjonnes difitn^les, Pere,'Fils, 'ieTrinit. amp;nbsp;fatntl Eijirit, le croy ces diuines Perfionnes e-flrefingulieres,exiflentes de la diuine efience auee jèrrin ta. ■une propriété incSmunieable, dont le Pere efl -vray ^ugu.epi. Dieu de foy , amp;nbsp;par foy , e? neflpas le Fils, ny le ^^.i.tt fainél Effirit. Et le Fils efi v'ray Dieu par foy, çy- ^eTrin.l.j non de foy,car il efi éternellement engendre de l’ef.

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A B 1 V R A T l’ O N S.

^thxn P ^^^iLumtere de Lumière xombicnqù^l Symb. ' ' ”y Pere^y lefamÜ Es^rit.Lefitnä^ß-tiiltr.dc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ffl Dieuparfiy,proaedant du Pere et \u pih.

Synod. nbsp;nbsp;Dieu de Dieu, combien quil ne fait ny le père,ny

^rlnitat nbsp;nbsp;nbsp;P^^^‘ Et pource i inuoque cnfemble let trois per-

J{ichard.i Comme n eiEtnt qu vn Jeul Dieu. Et ie les iuuoque aujji vne chacune diPlinclement ,eSîant c.ii.. 'uray Dieu par foytcefl à dire, ayant enfoy Pcjfcn-Gen.i. nbsp;nbsp;Qf Diui»e,auec vnepropriété'perfonnelle,ou iucom

'3° municable. ^u contraire, le detesie les Juifs, les Eures, Adantcheens, Sabelletns, Arrtens, Éùno-miens , Alacedoniens j tous autres Erinitaires de quelque nom quits fofent, qui croyent autrement de Dieu, que ce que i’en ay ey dèjfus, auec f Eglife,coKfejfe.

Jn Confef. fjieciaLteabiure ^anathematife la eommu-fion. anno ^e Foy des Pretendans Reformes , difans que les ^66. nbsp;nbsp;nbsp;Perfof^nes diuinesfubfflen( en l’efencetet quePer-

Pfopriete'refdentepar t-fifl.z^ad nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lu Diuine EJfencé ': Et pource eHtment

Tolon. quétE^'oràifon, Sainôle Trinité,vn fcul Dieu, ayes pitié de no\is,reffent fa barbarie,doït de-J-niher.co- jplaire : Qui difent, que Iç mot, Coejfentiel ,peut 1 faits here fie : Qyù maintiennent le pils Cal. Lib. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PffEnce de Dieu fon Pere,et parce eßre

c.t^. Seci. Dieu de foy,ç^non Dieu de Dieu,commeexpref-fement efertt Caluin ,fymbolifant auec les Sabelr-liens,amp; Arriens.

RESPONSE.

Les Moynes qui font autheurs decefte Pro-feffion,ou pluftoftjAbiuration de foy^ont com niécé par vne calomnie trefmanif€fte,à fin que leur

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;29

leur efcrit portaft comme en fon front les mar ques euidentes de leur impudencexar ils nous accufent d’eftre en erreur au principal poinôt de la Religion Chreftienne : alfauoirjen la do-drine de la Trinité. Et pour preuue de leur dire, ils allèguent le vj. article de noftre Confef-fion de foy : combien que là, en termes expres, nous aduouons ce qui en a efté determine par les Anciens Conciles,comme eftant conforme à la parole de Dieu.Partant,à fin de les conuain cre,nous confronterons noftre innocéce à leur accufationcamp;infererons icy le vj.article,lequel ils cottent, le recitans de mot à mot, ainfi que chacun pourra facilement recognoiftre : pour auoir efté noftre Confeflion de foy pieça imprimée, amp;nbsp;publiée par tout ce Royaume. Et fe verra par là, que ceux qui ont iuré de maintenir le menfonge, de tout leur pouuoir, ne peu-uent eftre qu ennemis de la verité,amp; calomnia teurs de ceux qui la fuiuent. Voicy donc leur accuration,Que nous difons que les Perfonnes Diuines fubfiftent eh l’Elfence. Voicy d’autre part, ce que nous difons en noftre Confeflion de foy, Article vj. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘

Cefte Efcriture fainde nous enfeigne,qu’en « cefte feule amp;nbsp;fimple E-lfence Diuine que nous « auons confelTee il y. a dois Perfonnes , le Pere, « le Fils,amp; le faind Efprit.Le Pere,premiere eau « fe,principe amp;origine de toutes chofes.Le Fils, « fa Parole, amp;nbsp;Sapience eternelle. Le faind Ef-,« prit,fa vertu,puiirance,amp; efficace.Lê Fils,eter- « nellemcnt engendré du Pere. Le faind Efprit, « proc

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5Ö nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C t E f.

procédant éternellement de tous deux'. Les trois Perfonnes non confnfes, mais diftinéteSi amp;■ toutesfois non diuifces , mais d'vne mefme EirencejEfernité,Puiirancejamp; cfgualité. Et en celà aduouons ce qui a eftc determine parles Conciles anciens,amp; deteftons toutes Seftes amp;nbsp;herelies qui ont elle reiettees par les fainds DodeurSjComme S.Hilaire,S, AthanafcjSiAm broife,amp; S.Cyrille.

Voilà ce qui ell contenu en l’article de no- . lire Confeffion de Foy,touchât'la Trinité,ain(i qu’il appert tant par i’impreffion d’icelle, que par les Originaux lignés des Princes amp;nbsp;Seigneurs faifans profeffion de la ReligionRefor-mee en ce Royaume,enfemble des Pafteurs,Do éleurs , amp;nbsp;autres ayans charge en nos Eglifes Et n’y a rien au fufdit article qui approche de ce dont les Moynes pretendent nous accufer: qui deuoyentjpour le moins,reciter fidelement les paroles de nollre Confelîion deFoy,puis qu’ils 1.1 vouloyent reprédre. Mais ils ont allez monftrc par celà, de quel efprit ils ont eflé poulies à faire celle Profeffion, non de Foy, comme ils difent,mais de Calomnie.

Or quand nous difons,qu’en l’ElIence Diui-ne il y a trois Perfonnes, nous parlons apres la parole de Dieu, amp;nbsp;auec les Anciens Conciles, voire en general auec tous les Orthodoxes qui ont efcrit de ce fainél myllere; du nombre def-quels fi ces Profelfeurs de Calomnie eulTent c-ftc, l’article de nollre Confeffion de Foy ne leur eull peu defplaire.Et parce que la choie ell tant

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'RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z

tant apparente de foy, qu'elle ne requiert pas vn long difcours, nous nous contenterons de reprefenter icy quelques vns des Anciens Douleurs qui ont vféde mefme façon de parler que celle dont nous vfons. Et toutesfois, iuf-ques à prefent, perfonne ne s'eftoit aduife de les en reprendre,amp; les anathematifer pour cela jainfi que font maintenant ces nouueaux Profelfeurs.

Ch ri ft eftât en forme de Dieu Mturf. (dit S. Paul) Or ie dy que ces mots, eftre en la forme de Dieu, valent autant que qui diroit,e- 4-lire en rElfence de Dieu.

Le meÇmeX-zs propriétés confiderees en l’Ef- Muer.^» fence, diftinguent la commune nature d'icelle nom.Ub.i. Eflénce: mais elles ne la feparent pas. La Deité eft commune : mais eftre Pere,amp; eftre Fils,font certaines propriétés.

S.Anasbafegt;amp; CynZ/GCombien confeftes-tu qu'il y a d'hypoftal'es, ou,Perfonnes en la Dei-tégt;Trois;le Pere,lc Fils,amp; le fainél Efprit.

Lesj^tefmes, Nous difons les Perlonnes en Dieu : alfaiioir, fans corps, amp;nbsp;fans figure exterieure.

Les mefmes. Quand nous difons,trois hypo-ftafes, ou trois Perfonnes en vne Deïté, nous croyons vne eirence,amp; vne nature. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■,

Gregoire Theologien,Les trois hypoftafes,ou Gnu.de Perfonnes , font en vne nature amp;nbsp;Deité, fans ßquot;r.ßtnß. confufion.

S.^HgttSîin cede E(fence de la Trinité Dcrr/njï, nulle autre Perfonnenepeut eftre,fors que ces Ub.'j.c.c,

I- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trois

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Ji

ARTICLE 1.

troiszaflauoirje Pere,le Fils,amp;Ie fainft Efprir. jicagm. itemjConfell’er la Trinité en vne eternelle fu-blUnce.

De Trimt Ldi-mefme, En ccfte fouueraine amp;nbsp;treffim-pie iiRtuLe qui eft Dien, combien qu’il n’y aie qu’vn Dieu,il y a,toutôsfois,trois Perfonnes.

nef^ir.v^t^ Item, Par raifon qui ne peut eftre conuain-amgt;n.c.^^ cue, il nous faut recognoiftre en la Deitc, Trinité de Perfonnes, vnité de fubftance, amp;nbsp;efga-lité de Maiefté.

Pierre Lornharâ ( maiftre de l’Efchole de ces ^tèiinir' ^l-oy^es} fuit amp;nbsp;approuue cefte façon de parler ’ des Anciens,Eftre en la nature de Dieu.

, : Et, pour venir à noftre temps, en la grande Bible irhprimee à Anuers en l’an i57i.auec Pap-ptobation amp;nbsp;authorité des Dodeurs amp;nbsp;Inqui-* Djï?. Syr. ftteurs derEglifeRomaine,ésDiôtionaires qui in dic{.M y font adiouftés il y a ces mots : Très ltterA,tres hjpoilafes t» v»avaia,demo»n-ragt;tt, C’eü^dite, Ces trois lettres monftrent qu’il y a trois Perfonnes en vne Eft'ence. Donc que les Moyrtes de Bordeaux penfent déformais à faire leur ap-pointement auec toute IaMoynerie,Iefuiterie, ôc Inquifition d’Efpagne , au lieu d’entrépren-dre de corriger la Confeflion de Foy des Egli-fes Réformées de France.

Tuß.Mart. nbsp;nbsp;Il y a infinis palfages és eferits des Anciens

inExÿ.fid. Doétéurs, qui fontfemblables : par lefquels ils recognpilfent Trinité en vnité,amp; vnité en Tri nité taifauoir, Trinité de Perfonnes en vnité d’EirenCe,amp; vnité d’Elfence en Trinité de Per-Ibnnes ; Dont il appert, que la façon de parler ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quieft

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■R£SI*ONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jj

qui eft au fufdjt article de noftre ConfcfRoii de Foy n’eft pas nouiielle :ains a efté de touif temps en la bouche amp;nbsp;en la plume de ceux qui ont efcrit de la Trinité conformément à la parole de Dieu. Comme auffi en ce méfme fens, ^ugth dt les Peres ameinCnt fouuent la limilitude de Trin.u.i^t l’ame amp;: des propriétés qui font en elle, non pour defpaindre au vif, mais pour tracer aucu-■^^'^'ƒ■ nement cefte do(ftrine,amp; (commeS-Auguftin

a. dit quelque fois)pour s’elfayer de dire,ce qui nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J4,

ne peut eftre dit:eftât vn myftere qui furmon-te en fa hautené la capacité de nos entende-mens, amp;nbsp;merite d’efttepluftoft adoré en toute reuerence, que recherché auec trop de curio-fité.Certes nous nous deuons propofer l’exemple de S.Hilaire en ccft endroit,lequel, pour cit.kmb reprimer les queftions curieufes qu’on vou- iSen.vifl, droit faire fur le myftere incomprehcnfible de 33.c.fedfigt;f la Trinité,refpondoit ainfnle ne fçay,dit-ilj amp;nbsp;*'• ne m’en enquier pas : amp;nbsp;toutesfois ie me con-fole î car les Archanges ne le fçauent pas : les Anges ne l’ont ouï : les fiecles ne le comprennent: le Prophete ne fa entendu : l’Apoftre ne fa point demandé : le Fils ne fa point déclarée Que donques nos complaintes celfent en ceft endroitiVoila ce qu’a dit autrefois ce bon Do-éleur. En fomme que ces Moynes auifent,s’ils Veulent abiurer la vérité iufques là, de dirci qu’en la feule amp;nbsp;fimple Etfence de Dieu, il n’y a pas trois Perfonnes.Car û celaeft tresfaux, il faut necelfairement que noftre Article foie trefvray : par la reigle qu’ils doiuent auoir ap-

c nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P rife

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34 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLED

ptife en leur Efchole.

Par tout ce que delTus neus laiflbns à iuger à ceux qui ont entendement amp;nbsp;confcience, fi ces Moynes Abiureurs amp;nbsp;Anathematizeurs de la vérité, amp;nbsp;qui par mocquerie nous appellent Pretendans , out eux mefmes aucune rai-raifon de pretendre,qu^il y ait erreur en Particle de noftre Confeffion de foy quails ont cotte : monftrans par cela combien leur veuc eft offufquce de paifion , de voir ( comme ils cuy-dent ) eu noftre Confeffion j les mots qui n'y font pas : amp;nbsp;ne voir pas és efcrits des Anciens ce qui y eft fi clairement dit amp;nbsp;tant de fois réitéré , qu'ils nous font croire, ou , qu'ils ne les ont iamais leus , ou , qu'ils penfoyent à autre chofe en les lifant. Puis donc que luiuansla parole de Dieujuous marchons par les mefmes pas des Anciens Synodes amp;nbsp;de nos bons Peres , il faut que ces Moynes confeflént en ceft endroit,ou que nous n'auons pas vne nouuelle Religion ( ainfi qu'ils ont accouftumé de dire) ou bien que l'Antiquité leur eft nouuelle.

D'auantage, auec ce menfonge amp;nbsp;fauffeté dont ils vfentj il y a vne ignorance conioinéte, qui eft bien des plus lourdes,en la matière dót ils traitent. Car pour nous mieux accufer que nous nions la vérité des perfonnes de la Trini-nité 5 ils nous impofent d'auoir vfé du mot de fubfiSîer, comme s'il eftoit contraire à la vérité de celle doélrine : au lieu que pîuftoft il l'ef-claircit. Et à celle caufe plulieurs gens doéles, mefmes de noftre temps, cfcriuans en Latin,

ont

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RESPONSE.

ont vfé de ce raot,fubßsteriComme cfiant trei-propre pour maintenir la vérité des perfonnes en la Trinité. Car quand ils difent, qu’dn TEf-fence diuine trois perfonnes fubfiftent, ils en-tendentjqu’en Dieu il y a trois Perfonnes vra-yement fubfiftantes , amp;nbsp;non pas que ce foyenc accidens, car ils ne peuuent eftre en Dieu ; ou que ce foyct nues imaginations;car telles cho-fes ne fubfiftent pas. Et à celte caufe ils appellent ordinairement la fécondé Perfonne de la Trinité, Verbe , ou. Parole fubfiftante, vfanc mefme du mot Grec igt;®/ç-a/Aêt'ci;,qui figni-fie cela. Or ces Moynes Profefteurs de calomnie veulent conclurre que ceux qui parlent ainfi nient la vérité des Perfonnes, au lieu que pluftoft ils la maintiennent amp;nbsp;conferment par cefté façon de parler ; eftant tout notoire, que les Latins en ce poinét de doétrine ont appelle Perfonne ce que les Grecs ont nommé hypo-ftafe, c’eft à dire , fubfiftancc. Tellement que ceux qui difent qu'en l’ElTence Diuine il y a trois perfonnes qui fubfiftent : parlent ainfi pour mieux efclaircir la fignification du mot de Perfonne. Car fi quelqu’vn difoit, que la Perfonne ne fubfifte pasxeltuy la diroir,que la perfonne n’eft pas perfonne , amp;nbsp;qu'vne chofe fubfifte fans fuhfiftance. Or fi c'eft vn blafphe-me de dire que les perfonnes'de la Trinité fub-« fiftent hors de l'Efténce de Dieu,pourquoy eft-cc que ces Moynes trouuent fi mauuaife cefte façon de parler, Subfifter en l’Elfence ? Mais il vaut mieux les ramener par le poing à leurDo-c i élcur

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ARTICLE I.

óleur .Thomas , a fin d’eftre mieux enfeigncs

In. I. Sent.

Viflin. ij.

par cy apres.Car voila cornent il en parle: Trej perj'o»it juntjubfi^lentes in vna nAtura.Item : Ex hoc ipfo cjuod, habet ejfe fubfi^tes in natura dimna, -J^erfona tn Deo diatur : autres lieux fembla-bles. Mais fi ces Moynes en veulent difputer auec ceux qui ont vfé de ce mot,nous nous aß. feulons qu'ils n'auront faute derefponfe.

Voila quant au fixieme Article de noftre ConfelTion de foy falfifiéamp; calomnié par les Moynes Abiureurs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

Q^ant à ce qu'ils impofent à Caluinamp; à Luther,amp; nous en acculent cous en general, il y a double malice. Car premièrement ils veulent faire accroire que nollreReligion eft fondée fur Luther amp;nbsp;fur Caluin/cobien que nous ayons toufiours déclaré amp;protefté amp;nbsp;mefme au cinquième Article de noltre ConfelTion, que noltre foy elt feulement, entièrement amp;nbsp;exprelfemét fondée fur la parole de Dieu, ainfi qu'elle elt contenue és fainâes Elcriptures, amp;nbsp;ne deped aucunement de Tauctorité des hom-mesilaifiant cela comme chofe propre à l'Egli-fe Romaine, qui n'a aqtre appuy que fes propres inuentions , fortifiées par les decifions de ceux qu'ils appellent nos Mai (tres.

D'auantage,ils ne font point de difficulté de falfifier les eferits de Caluin , amp;nbsp;fuppofer vue chofe pour autre, amp;nbsp;la delTus, nous attribuent à tous de Tauoir dit. Et font cela d'autant plus eftrontément, que par l'Article jz. de leur Ab-iuration ( que nous verrons cy apres ) ils font

JureC

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RKSPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37

Jurer amp;nbsp;promettre de ne lire aucun des liâtes qu'ils appellent défendus , comme font les ef-crits de Luther, Caliiin, amp;nbsp;autres femblables: afin qu’on ne puilfe defcouurir leur faulfeté. Et encores qu’ils fâchent bien en eux-mefmes qu’ils mentent,ils ne veulét pas toutesfois que les autres le fçachent. Or combien que nous n’ayons à refpondre que de noftre Confeffion defoy, amp;nbsp;que les efcrits de Caluin (auquel principalement ils en veuleiït) foyent tresl'uf-tifanspourfedeft'endre d’eux mefmes, par ce qu’ils ont en eux allez de lumière pour eftacer toutes les tenebres de leurs calomnies amp;nbsp;fauf-fes aceufations : toutesfois nous adioufterons encor ce mot, à fin de mieux defcouurir leur impudence.

Ils recitent les paroles de Caluin en celle s forte ; Perfonne elf proprement vue ^iroprieré refidentepar ordre en la diuine Ellence. Et cottent le premier liure de fon Inftitution Chreflienne chapitre ij.feôtion 6. Au contraire voicy ces propres mots;

l’appelle Perlonne vne refidence en rElEeii-ce deDieu, laquelle eftat rapportée aux autres, eft dillinfte d'auec icelles , d’vne propriété in-cômunicable.Or ce mot de refidence doit eftre pris en autre feus que celui d’Ell'ence : Car fi la Parole eftoit fimplemct Dieu, amp;nbsp;n’auoit point quelque chofe propre, S.lean euft mal dit, que toufiours elle a elle enDieu.Et vu peu apres;La definition de Tertullien ne me defplait pas, moyennant qu’elle foit prinfe en bo fens, C’eft c 3 qu’il

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38 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A RT I C L E I.

qu’il nome laTrinité desPerfonnes,vne difpofi tion en Dieu, ou vn ordre qui ne chäge rien de Tvnité de l’Ellence.Voila ce que Caluin en dit: qui móftre cóbien cesMoynes font impudés ca lôniateurs,tnettans des mots qu’il n’a dits,oftâs ceux qu’il a dits,prenans vn mot d’vn licu,amp;lc tranfportâs en vn autre,attribuans à Caluin,ce qu’il allégué de Tertullien,amp; encores auec co-dition , que les mots dont il vie foycnt bien amp;nbsp;fainemenc entendus. Mais ces ProfelFeurs de Calomnie qui ne fçauent que cfeftdebien amp;nbsp;fainement entendre quelque chofe,n’ofans reprendre Tertullien, iettentfur Caluin, non fa faute, ne celle de Tertullien, mais la leur pro-pre:qui eft, de mal entendre ce,qui eftant bien entendu,n’eft pas mal dit. Car quant à ce mot, d’Ordre,s’ils le condamnent, en celle matière, c’eft vne ignorance bien grande,veu qu’il n’ell poffible de nommer feulemét les trois perfon-nes,qu’il n’y apparoilfe vn ordre trefexcellent: aHâuoir quand nous difons,le Pere,le Fils, le S. Efprit:ainlî que lefus Chrilt en a parlé,amp; nous a enfeigné de parler apres lui.Et partant en récitât les Perfonnes de la Trinité,lesChrelliens gardét cell ordre là:amp; ne difent pas,lc S.Efprit le Fils, amp;nbsp;le Pere , ou, le Pere, le fainél Efprit, amp;nbsp;le Fils : mais ainfi que nous auons dit, le Pe-re,le Fils,le S.Efprit.En quoy fi ces Moynes ne recognoilfent aucun ordre, ils mouftrent par la qu’ils n’ont que confufion en Jeur efprit. Partât à fin d’eftre mieux inftruits par cy apres nous les renuoyons à leur Efchole, pour y ellre fouet

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;39

fouettés par leur Maiftre des-Sentences Pierre Lib.i.ßxt-Lombard, qui leur dira comment le Pere ell Principe au regard du Fils, amp;nbsp;du Sainél El'prit;

amp; comment ce nom ennuient au Fils. Et par quxft.u mefme moyen apprendront de leur Dodeur Thomas, qu’en cell endroit le mot de Principe lignifie Tordre d’origine. En fomme, s’ils veulent condamner cefte façon de parler fondée en la Parole de Dieu amp;nbsp;accouftumee en TEgli-fe Chreftienne,allauoir,la premiere,la fecôJe, la troifieme Perfonne de la Trinité ; amp;nbsp;s’ils o-fent dire,que le Fils foit la premiere,ou le S.E-Ipritjla fécondé Perfonne,nous difons quils ne font pas Chreftiens:amp; s’ils nient qu’il y ait or- , dre en cela, nous difons , qu’ils ne font plus hommes,ayans perdu Tvfage de la raifon.

Ils acculent auffi Caluin d’eftimer que cefte oraifon accouftumee en TEglife Romaine Sa»-ila Trinitas vnus Deus miferere nobis, relient fa barbarie, amp;nbsp;doit defplaire. En quoy ils mon-ftrent de plus en plus leur efprit de Calomnie; Car Caluin ne parle pas du fens de cefte prière,ayant toufiours enfeigné tat de bouche que par eferit , que nous prions vnfeul Dieu en trois Perfonnes , amp;nbsp;trois Perfonnes en vn feul Dieu.Et mefme en cefte Epiftre aux Polonnois qu’ils cottent : le ne voudroy point, dit il, que vous debattiffiez de chofes fuperflues,moyen-nant que cela que i’ay dit des trois Perfonnes^ en vue Elfence, demeure en fon entier. Mais il eftime que cefte façon de parler kSainifte Tri. nité vn Dieu, eft plus propre à en feigner qu’à c 4 prier

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ARTICLE I.


prier : Comme aulîi il eft certain:eftant noftro deuoir de formèr nos prières non à noftre fan-tafie , mais fur le patron qui nous eft propofé ' en la parole de Dieu. A cefte caufe Caluin, non pour en donner quelque reigle aux autres» mais feulement pour fon particulier » dit que cefte façon de prier ne lui plaift point. loint , que fl les Moynes vouloyent nier qu'il n'y euft vn SolecifmCjOu barbarie en ces mots là, nous enlailfons ladifpute amp;nbsp;decifion aux Grammariens. Au refte,s'ils nous condamnent pour hérétiques, au cas que nous n'approuuios de moç à mot tout ce qui eft en leurs Kyrielles amp;nbsp;Le-tanies,nous en appelions à ceux qui ont plus de pieté , plus d’érudition, amp;nbsp;plus d'e^rteude-ment qu'eux.

Ils nous anathematizet aufli en la perfonne de Luther,lequel ils calomnient, comme s'il a-uoit haylemotde Cocifentiel : combien qu'il apparoilfe alfe? du cotraire par fes efcrits.Mais il a raifon de dire , que noftre Foy ne doit pas dépendre des mots , mais de la chofe figninee par les motsiCôme dit S.Hîerofme, que la foy ne gift pas es fueilles des paroles,mais en la racine de la raifon : tellement que fi les Arriens eulfent feulemét hay le mot,homooufion, c'eft à dire,cocflentiel,amp; cependant eulfent approu ué la vraye doftrine de la Trinité, fans doute ils n’eulfent pas efté déclarés heretiques. Car nous croyons aux chofes,amp; nÔ aux mots.Chacun fçait que l'Eglife Chreftienne a efté fort long temps,auant que ce mot homooufion full: introd

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41

introduif.Et mefmes les anciens tefmoignent, que TEglife a efté contrainte d'vfer de certains mots,pour Texpofition de ce Myftere:à fin d'ob uier aux rufes amp;nbsp;fubterfuges des hereticjues: tellement que s'ils n'eulîent eu trop d'enuiede mefdire, ils n'eull'ent pas ainfi parle de Luther, fent.v.z^. Au relie, on voit affez combien ce mot de Co- c,ddi!oe. elFentiel nous eft agreable,amp;: recommandé,toa tesfoisamp; quâtes qu'il nous ell befoin d'en vfer.

Ils nous reprochent auffi ce qu'ils fongent que Caluin a dit, quele Fils n'a Ion ed'encede Dieu fon Pere;amp; par ce ell Dieu de l'oy, amp;nbsp;non Dieu de Dieu. Or à fin que nous defcouurions deuant les yeux de tous l'impudence de ces Moynes Abiureurs, nous reciteronsïcy les paroles de Caluin,de mot à mot. Ils cottent le v. liure de fon Inllitution Chrellienne, combien qu'il n'y en ait que quatre, amp;nbsp;croyons bien que c'effc par erreur , car l'erreur aulTi leur ell familier en trop de fortes. Voici donc ce que Caluin (réfutant les nouueayxArriens,qui n'attri.» buent l'Elïence Diuine qu’au feul Pere ) en dit au j. liure , chap.xiij. feft.xxiij. Quiconque die que le Fils foit elfentié du Pere ( puis que tels abufeurs forgent des noms contre nature) il nie qu'il ait elle propre de foy. Or le fainôl Ef-prit contredit à tels blafphemes , le nommant Iehoua,qui vaut autant à dire,comme celui qui ell de foy ,amp; de fa propre vertu. Or fi nous accordons que toute ellence foit au feul Pere, ou elle fera diuifible, ou elle fera du tout ollee au Fils : Sf par ce moyen ellant delpouillé de fon

Elfen

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41 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE I.

Eifenccj il fera feulernenr vn Dieu titulaire. Et vn peu apres : Il faut, dit-il, ici auoir quelque marque de difcrerioti, en forte que le Pere ne foie point le Fils:ceux-ci,la mettans en l’Elfen-ce, aneantilfent notoirement la vraye Deité de lefus Chriftjlaquelle ne peut eftre fans l’Elfen-ce,voire toute entière. Certes le Pere ne différera point d'auec fon Fils,finô qu il ait quelque cliofe de propre en foy,amp;qui ne foit point com mune au Fils. Qu? trouueront-ils maintenant en quoy ils le puiifent diftinguer ? Si la difere-tion eft en FElfence , qu’ils me refpondent, s’il ne l’a point communiquée à fon Fils.

Voila les propres mots dont vfe Caluin, qui feroyent rougir ces Abiurcurs »s’ils n’auoyent iuré de maintenir inipudemment lemenfonge contre la vérité. Car où eft-ce qu’il nie que le Fils foit Dieu de Dieu? en y a-il là vn feul mot? S’ils n’eftoyent autant aueugles, qu’ils veulent aueugler les autres , ne verroyent-ils pas , que Caluin ne parle pas là de la Relation des Per-fonnes , mais parle de FElfence Diuine fimple-mentjlaquelle les nouueauxArriens s’efforcent d’ofter au Fils Eternel de Dieu ? Et pour faire toucher au doigt la mefchanceté de cede Calomnie» Caluin efcriuant en Latin,a ainfi couché ce palfageip^zy^z/jj ejfentMtum à Pâtre Fi-lium ejfe dictt,àfetpfo neaat eJfe.Ces mots,lt;i fetpfi fe peuuét traduire en François, en deux fortes: ou,de foy,ou,par foy.NosMoynes en leur Pro-feffion au prefent Article , vfent de la fécondé maniéré de parler, quand ils difent ainfr.le Fils

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eft vray Dieu par foy,amp; non de foyxar il eft e-terpellement engédré de rElfence du Pere.Qui n'eft autre chofe, en fommcjque ce que Caluin a dit. Ainft d'vne mefme bouche ils reprouuent amp;nbsp;approuuentjiurent amp;nbsp;abiurct ce que Caluin a efcrit de cefte matière. Car le Fils Eternel de Dieu eft vray Dieu Eternel, amp;nbsp;partant Dieu de foy;ou,comme ceux-ci parlent,par foy,quant à I'Efsece.Mais il n'eft pas de foy,ou,par foy,quât à la Filiation : veu qu’il eft Fils du Pere, qui eft vray Dieu;amp; ainfi eft vray Dieu du vray Dieu, Corne il a efté recognu amp;determiné au Concile deNicee.Or parce qu’il eftFils,il eft coëflentiel au Pere:amp;parce qu’il eft Coëftentiehil eft Dieu par foy-mefme,comme le pere eft Dieu par fôy mefmerautremét le Fils ne feroit pas de mefme Eternité que lePere,veu que l’Eternité ne peut eftre que par foy-mefme, amp;nbsp;l’Eternité de Dieu eft fon Elfence. Nous ri’adioufterons rien d’a-uâtage pour efclaircir l’opinion de Caluin,amp;de Luther,touchât l’Article de laTrinitéxar leurs efcrits font trelfuftifans pour ceft efre(ft,amp;mef-me ce queCaluin a efcrit contre Seruet,qui fut bruflé âGeneue,parce qu’entre autres chofes il nioit la vérité de la Perfonne du Fils Eternel de Dieu.Nous n’allegueros auflî les doôtes efcrits de ceux de l’Eglife Reformee contre les nou-ueaux Arriens. Seulement nous dirons que ces Moynes Calomniateurs monftrent vne grande impiété conioinéle auec vne extreme malice , veu qu’au lieu de combatte contre les Hérétiques Antitrinitaires qui font auiourd’hui.

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44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE I.

ils les lailFent en repos, amp;nbsp;fe bandent du tout contre ceux quijeur font tefte : du labeur def-quels Dieu sVft ferui pour empefcher le cours de celte herelie-là. A qui donc feront-ils accroire qu’ils haïilent le poifon,puis qu'ils fe de datent tant ennemis de ceux qui propofent l’antidote amp;nbsp;le remede contre lepoifonî Voila donccequepourleprefent nous refpondons aux calomnies propofees par ces Moynes Ab-iureurs delà vraye dodrine , amp;nbsp;fallificateurs des efcrits d’autrui : non que nous eftimions que les efcrits de Luther amp;nbsp;Caluin dont nous •auons parlé , ayent befoin de noftre defenfe, ainfi que défia nous auons dit, mais nous en a-rions bien Voulu faire ce brief difcours : non tant pour les défendre, que pour defcouurir d’autant plus l’impudence de ces calóniateurs, qui nefe contentent pas de iurer amp;nbsp;mentir: mais veulent auffi contraindre les autres à faire comme euxieftans du nombre de ceux dont parle S. Augullin , qui aui oyent honte de n’e-ftre point du tout deshontés.

Voyons maintenant lî eux mefmes n’vfenC pas de mots impropres,en parlant de ce poinét de doéfrine , amp;nbsp;par ce moyen commettent la faute dont ils nous aceufent.

Premièrement ils difent,les Perfonnes de la Trinité eftre fingulieres , qui elf vne façon de parler obfcure amp;nbsp;ambigue ; voire qui peut engendrer baucoup d’erreurs. Car (comme difent les Théologiens ) l’vnité eft en l’Eifence , amp;nbsp;la pluralité és Perfonnes. Or nous feauons que fingula

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Response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45

fingulanté,amp; pluralité font oppofees l’vne à 1‘autre. Partant s’ils entendent que les trois Perfonnes enfemble font fingulieres,c’eft ren-I' uerfer la lignification du mot: s’ils l’entendent de chacune Perfonne,il fembleroit qu’il n’y en auroit qu’vne.C’eft pourquoy les Anciens ont reietté ce mot quand ils ont parlé de ce mylle-re. Car S.Hilaire dit ainfi : Le Fils n’eft lingu-lier, ne différent. Et ailleurs ; en la Trinité n’y adiuerfité ne fingularité ou folitude ; mais fi-militude, pluralité ou diftinólió. Et le Pere des Scholaftiques Pierre Lombard enfeigne cela, quand il dit ces propres mots: En la Trinité, dit-il , 11 n’y a ne diuerfité, ne fingularité, ne r» ui/ige«-multiplicité,ne folitude.

D’auantage,ces mots qu’ils adioufl:ent,font encores plus impropres amp;nbsp;dangereux. Exiften-tes de la diuine effence. Car il femble qu’ils en facent quatre : affauoir, les trois Perfonnes,amp; l’Effence de laquelle les trois Perfonnes exi-ftent. Tellement que ce feroit Q^aternité au lieu de Trinité. Us fe deuoyent donc fouuenir du dire de S. Auguftin , vfant de ces paroles: Tres perforas eiufdem ejfentiet,, -vel tres perfonas ’ vnd Eff'enttd dictmKS:tres aüt perfo»as ex eadem EJfentia,non dteimus. Ce qui fe peut ainfi tra^-duire en noftre langue : Nous difons trois perfonnes eftans d’vne mefme Effence , ou trois Perfonnes , vne mefme Effence : mais nous ne difons point, trois Perfonnes exiftentes d’vne mefme Effence. Voila que dit S. Auguftin , de peur qu’il ne femble que l’Effence foie la matière

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^6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AKTICL-E 11.

LiA.jent, lt;2.25.

i.S^ibuf-dam cibi ThamM/i. i^.c. noian dunt.

tiere des Perfonnes : comme qui diroit,que trois ftatues exiftent, ou,font faites d\n mef-me or, ainfi que le mefme autheur allégué ce-fte façon de parler en ce lieu là. Ce qui a aufli eftcfuiuypar les Scholaftiques : A quoy nos Moynes n’ont pas pris garde pour ce coup , ç’a donquesefté vue ignorance trop audacieufe en CCS Moynes de vouloir reprendre la façon de parler de ceux qui ont parlé amp;nbsp;efcrit de ce-fte matière trop mieux amp;nbsp;plus proprement qu’ils ne font eux mefmes.

article II.

Gm.x7A. Je croj no sire Dieu eHre omnipotent, Sure^ttoj tieb.11.19. iefonde mu fof felon la Sainüe Parole baillée tant par efcrit t^ue de vitte voix,come dit S. Paul.

I‘enten l’omnipotence eflre infiniment plus gran~ de,e]ue ne puis exprimer comprendre. Etpour-ce ie detefie les Anciens amp;nbsp;modernes hereit^ues Tert.in nbsp;nbsp;nbsp;ont impugne'la Foy,pource que fes œuures re-

wm, pugnent à Nature : Comme afaiEl Mardon,auec math. zi. Saduceens , Epicuriens nyant la Refurre^lion corporelle. AinfiNeJlore à me deux Natures,non CSc.Rfhf. t^o’^fi'efieen vmon,nefaire qu vnePerfinne.Telefi CyriljnOr- Pierre Nermily, Calutn ô“ Be2.e nians vn corps natem.^ pouuoir eftre en vn lieu (P“ efiace fans l‘occuper,oft /^ermel.de pQff/^giy ffiyg enfemble en deux lieux,

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

in ur. Ilfemble que les Moynes Abiureurs com-vfiiac. mencent à auoir quelque hôte de leur Tranf-fwbftantiation. Car cefte difpute, de la prefen-ce d’vn feul corps en plufieurs lieux en mefme temps 5 deuoic eftre referuee pour l’article cy apres

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47

apres couché de la Tranfubftantiation ;mais ils l’ont voulu faire couler doucement au pre-fent article , à fin de couurir amp;nbsp;cacher leur erreur du voile de la puiflance de Dieu , fi cela fe pouuoit faire. Ils veulent auffi cftablir en vu mot leurs Traditions, defquelles ils parlét tant brieuement,amp;fi hors de propos, qu’a peine fem ble-il qu’ils en ayent parlé. Or combien qu’ils n’attaquent nommément que Pierre Martyr, lean Caluio ,amp; Theodore deBeze(les liures defquels n’ont befoin d’autre defenfe que de la leur propre, ainfi que nous auons dit cy deifus) toutesfois,parce que l’Eglife Reformee reiette tant leur Trandubftantiatioiijque leurs Traditions , lefquelles taifiblement ils veulent ella-blir en ceft Article:à cefte caufe nous dirons ici quelque chofe pour noftre defenfe.

Ils difent qu’ils fondent leur foy fur la Tou* te puiifance de Dieu,felon fa faindte Parole tât par efcrit, que de viue voix ; ce qui ell dit fort ambiguement, comme de faid toute leur Pro-feflion eft pleine de captions amp;nbsp;ambiguités, qui font plus conuenables à vue Profeflion d’erreur,que digne d’vne vraye amp;ûncere Con-fefiion de foy.

Premieremét,puis que l’obieél de noûre foy eft la parole de Dieu , par laquelle il fe declare à nous autât qu’il nous eft expedient, nous de-uons fonder noftre foy fur icelle Parole, qui ne nous enfeigne pas feulement que Dieu elî tout pui(rant,mais qu’il eft auffi tout bon,tout fage, tout veritable, toutittfte,tout mifericordieux,

amp;

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article!.

amp; chofes femblables, dont la cognoilïance 6c alleuvauce eft neceiraire pour noftre falut. Par ainlî, quad il eft queftion de fonder noftre foy, il ne nous faut pas précipiter en rabyfme infini de la Toute puilfance de Dieu;mais il nous fau£ demeurer és limites de la cognoilfance qu’il a pieu a Dieu nous donner par fa Parole. Et par ainfi deuons enfemblement confiderer fa Puif-fance auec fa volonté,fa verité,fa iiiftice/a gra ce,amp;en general tout ce qui nous en eft enfeigné par la parole de Dieu. C’eft pourquoy l’Ange Luc.t. dit à la Sain(fteVierge,que nulle parole n’eftoit impoffible enuers Dieu:c’eft à dire, que rien de ce queDieu dit, ne lui eft impoflîbleda Confcf-fion donc de ces Profelfeurs eft manque en ceft Article.

Il y a vue autre ambiguité amp;nbsp;caption en ces mots,felon fa fatnEle Parole baillee tant par efrit ^ue de vine-voix : car s’ils entendent que la parole de Dieu baillee de viue voix, amp;nbsp;necelfaire à noftre falut,a efté auffi redigee par efcrit, cela eft veritable.Mais s’ils veulent dire(comme ils ont de couftume, pour prouuer les traditions humaines) qu’il y a quelque parole de Dieu, baillee de viue voix, necellaire à noftre falut, qui ne foit contenue és fainétesEfcritures,c’eft vn erreur qui répugné à la dignité, perfeélion, amp;nbsp;authorité de l’Efcriture Sainéle ; erreur, dy-ie,des Valentiniens, de Papias, amp;nbsp;plufieurs anciens heretiques , ainfi que tefmoignent S.Ire-nee,Tertullien,Eufebe,amp;autres;Lequel erreur eft réfuté par beaucoup de tefmoignages de l’Efer

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• R. E s P o N s EA nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4£)

rÉfcrituté, donc dqiw en reciteförtä quelques ùbs , pourxronfirmation de noltre doëlrine , Sc refutation de leur erreur. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. i

■'i Tf/Ute d'Efiïiture efl dittiueMcnt tnfßtree, i.Tim.i» profitables ettfeie»eri a eonuatncreidt corriger, inïtrmre en tuibtce,àfi» tjtte l'homme dé Dtett figt;it ac(ompli,appareilté d tonte bonne auure.

A la Loj,^ an tefimotgnage:s'ils ne parlent fie- ifi.S. Ion ceibe Parole,idi n ont point de Lnmiere. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.t

- \Jlm‘a fi!mble''bon, apres auoitr tout comprit de's le commencement in fernes an bdnt i lt;^ue te t'en efi-crine parordreid fin qne tu engnetfies la certatneté det chofiet defiquelles tu as este informe'. nbsp;nbsp;nbsp;' '

' /efius fit anfiplnfieurs autresfignes en Isprefien loinM, èe de fies di/cfples ,defiejHels ne fiant point èficrits en ce Hure.Mau ces ch ofie s fiant eficrites,d fin qUevous 'croje'ii.fine'IVfitts'efitleChrifl,Fils de'Die»t($‘ ^ue ' ■ ’ ” en croyant vous ayet. 'Vie parfion Nom, ‘

.Tu as fipeu des ton enfance les Satndîes lettres, d,Tim,fi 'lefijuelles tepeuuent rendre fiage dfialut,parlafoy, ‘^ni efien lefius Chrifi,

A fin t^u appreniez, en noust de ne prefinmer ou- i.Cor,4, tre ce qui efi eficrit,

A. qüoy appartient aiiffi ce qui eft dit en l’E-fcriturc'. Que la Loy de Dieu, c'eft à dire,fa Pa-role, eft parfaite, droite, iufte , donnant vraye fagelfe aux hommes, comme eftant la fapience amp;nbsp;intelligence des fideles , rendant bienheureux ceux qui y meditent;amp;autres chofes fern-blables; fuiuant Icfquels tefmoignages les An- ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

ciens Doreurs ont eferit ce qui s’enfuit; Miier.t,rgt;

S,Irenee,}^çs Apoftres ont prefehé l’Euangi-d le,Ôc

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JO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article II. ,

le, amp;nbsp;par apres , par la volonté de Dieu j 1‘ont baillé par eicrit, pour deuoir eftre le fondcméC amp;nbsp;appui de noftre foy.

Vercfur. TertulUen , Oftez aux hérétiques ce qu’ils tiennent desPayens, tellement qu’ils n’amei-nent amp;nbsp;n’arreftent leurs queftions que felon les feules efcrituresjamp; ils ne pourront tenir.

Vffirter nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, Nous n’auons befoing de curiolîté a-

W. ' pres lefus Chriftjied’enquefte apres l’Euangi-le. Quand nou^ croyons, nous ne defirons pas croire d’auâtagc.Car nous croyons dés le com-mencemêt,qu’il n’y a rien outre cela qu’il nous faille croire.

Contr.id.- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Les Eferitures fainéles,amp; diui-

nernent infpirees, font fuflifantes pour deraon-ftrer la vérité.

j}eTrin.l.i S.Htlatre,Cc\2. va bien,que nous foyons consens des chofes qui font eferites. '

InmanL nbsp;nbsp;nbsp;S.Baßler Si tout ce qui n’eft de la foy, eft pe-

RjS’®'’’ ché:amp; la foy eft par l’ouïe,amp; l’ouïe par la parole de Dieu : fans doute , veu que ce qui eft hors de la diuine Eferiture n’eft pas de la foy , il eft \ péché.

InMkh. S.Hiertgt;ß»e,L’EgliCc n’eft pas fortie de fes li-Ub.iic.i. mites,c’eft à dire,des Eicriturçs iainéles.

que les heretiques inuentent à leut gré fans l’authorité amp;nbsp;tefmoignages des Eferitures , comme l’ayans de la tradition Apoftoli-que.le glaiue de Dieu le frappera.

Irt.Wawb. Itemß^z qui n’eft pas authorifé par les Efcti turcs,il eft auili facile de le reietter,que de l’ap-prouuer.

- ’ ; . 11

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JI

Il n’cft be foin d’en reciter d’au an Cage : car il nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a

eft aifez aife à iuger, puis quç les Prophètes 8c. i Apoftres ont eu charge de rediger par efcritlâ '• doólrine qu’ils auoyenC annoncée ( tant pour fubuenir à l’ignorance des hommes j que pour obuier à l’oubliance, corruptions, ôi autres in-conueniens que la longueur du temps apporte, auec foy : ) puis qu’ils fe font rideJemeut ac-, quittés de leur charge , ayans fait PEfcriture fainéte par rinfpir.ation üc conduite du fainét Efprit, pour le falut amp;nbsp;edification de l’Eglife: puis, di-ie, que ces chofes font trefcertaines, auflieft-iltrefcertain qu’ils n’ont rien laifl'cà cfcrire de ce qui peut feruir à noftre inftru-dionamp;falut.

Ils fe veulent couurir d’vn paflage qu’ils . _ nbsp;nbsp;.

cottenten ce prefent Article : aft'auoir, de ce ' nbsp;nbsp;nbsp;'

que fainét Paul dit auxThefl'aloniciens:Tenez, dit-il, les enfeignemens qu’auez appris, ou par noftre parole,ou pat noftre Epiftre. Et veulent conclurre de là, que fainét Paul n’a pas efcrit tout ce qui eft necelfaire à noftre falut : Qui eft vne conclufion vrayement Monachale, ç eft à dire, trefmauuaife. Car il n’y a point d’incon-uenient q^ue les Theft’aloniciens ayent appris les mefmes chofes touchant la doétrjne de l’E-uangile ,tantpar laviue voix de fainét Paul, que par fes lettres, ainfi qu’il appert manifefte-ment par le mefme lieu de fainét Paul qu’ils nous obieétent,où il y a ces motscAZe vohs fou-uifnt-il fa,it dit-tl,ejue quaud ie^oy encores auec vous , te vous dtfoy ces chofes ? Cela donc eftoit

d a acc

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Ji nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE It.

quot;Philip.^, accouftumé aux Apoftres , de ramenteuoir par jwi.1. lettres la mefme Doótrine qu’ils auoyent en-2. 'Pttti» t* ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Î • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;•! Z* *1

leignee de viue voix, ainli quil le void par beaucoup de palFages. D’auantage,fi ces Moy-quot; lies veulent prendre la difiunftiue (0«) en tel fens J que fainót Paul n’ait pasefcrit tousle» enfeignemens necellaires à noftre falut,il s’en-fuiuroit auffi , voire pluftoft ( à caufe de 1’ordre des mots) que fainû Paul n’auroit pas enfeigné de viue voix tout ce qui eftnecefl’aire afalut. Ce qui feroit faire grand tort à la diligence de cefainót Apoftre en l’execution de fa charge) amp;nbsp;de faid il appert du contraire par fes eferirs. Il y a plus. Car à qui feront-ils accroire que fi' i.Tki.MX faindPaul n’a pas eferit aux Theifaloniciens z.ThejJ'.z. Je tous les Articles de la Religion Chreltièn-ne,il s’enfuiue de là^qu’ils ne fe trouuent pas ci autres eferits de faind Paul,ny en tout le refte de l’Efcriture fainde? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

En fommcjnous oppofons aux Moyries Tra-ditionaires quatre dilficultéyÿ dont ils ne fi font peu defueloppér iufquàprcfent : amp;nbsp;after-' mons,qu’ils ne s’en dcfuelopperoht famais; ’

La premiere eft,Comment nous pourrons e^ ftre alfeurés que ce qu’ils appellent Traditions Apoftoliquesgt;ait efte enfeigiic de vine voix paf les Apoftres. Car ils veulent qù oh cro)'e de mefme certitude de foy tant là parole qu’ils difent auoir efté baillee de viue voix, que celle quieft contenue en l’EfcritureJ Us allegucift que quelques Anciens l’ont ainft eferit : dont nous concluons qu’ils tiennent donc les'eferits

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RESPONS E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;55

de ces Anciens-là en mefnae degré amp;nbsp;author j-té que TEfcriture fainde : chofe contraire à Ja parole de Dieu: contraire à l’opinion des an-ciens Doóleurs , amp;nbsp;mefmes contraire aux De- ÂH^.cji.48 crets de l’Eglife Romaine. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c.w.£^o

La léconde difficulté eft-Que les Anciens ne s’accordent pas en ce qu’ils recitent des Traditions : les vns condemnans les autres : voire iufques là J que l’Eglife Romaine aujourd’hui ij’approuue la plufpart de ce que quelques Anciens ont efcrit auoir efté ordóné de viue voix par les Apoftres’.Ce que nous fommes prefts de verifier,comme auffi les deux articles fuiuans.

La troifieme difficulté eft,Que ces traditions Apoftoliques dont les Moynes fe vantent.font contraires à TEfcriture fainéle : amp;nbsp;faudroit ( li nous les croyons ) que les Apoftres eulfent eu. enefcriuant vn Elprit contraire à celui qu’ils auoyent en parlant : ce qui eftvn blafpheme Monachal, vcu que le faind: Efprit, qui a conduit les Apoftres en toute vérité (dit lefus Chrift) ne peut cftre contraire à foy-mefme.

La quatrième difficulté eft, Que nous trou-uonsparles Anciennes hiftoires les noms de ceux qui ont introduit la plufpart des chofes que ceux de l’Eglife Romaine rapportent aux Traditions amp;nbsp;à la viue voix des Apoftres;telle-ment qu’ils font parler de viue voix les Apo-ftres,plus de huiét cens ans apres leur mort.

Nous auons bien voulu nous eftendre quelque peu d’auantage en ce difcours : parce que toutes les inuétions,fuperftitions,Geremonies, 1' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d 3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;

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54 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTIC H lb

amp; abus de TEglife Romaine font fondées fur ces traditions non efcritesj qu’ils appellent A-poftoliques, à fin que chacun puilfe cognoiftre quel peut eftre le refte du baftiment, puis que ’ le fondemct eft fi mauuais.Et de faiôljces Moy-nés Abiureurs l’ont alfez monftréj quand ils n’en ont ôfé dire qu’vn mot, amp;nbsp;encores en paf-i: fant;voire parlans d’vne autre matiereialfauoit de laToute-puilfance de Dieu;fous le manteau de laquelle ces bons Religieux voudroyent volontiers cacher amp;nbsp;couurir toutes leurs erreurs. Mais celui qui eft Tout-puilIantjeftauHiTout-veritable.

\ Venons maintenant à ce qu’ils reprennent i en I. Caluin, P. Martyr, amp;nbsp;Th. de Beze, fur le i poind de la Toute-puilfance de Dieu :lefquels ) ils n’ont point de honte de conioindre auec j Marcion, amp;nbsp;auec les Saduciens, Epicuriens, amp;nbsp;i Nefl;oriens,aueclefquels ces excellens perfon-j nages n’ont iamais rien eu de commun. Mais i les Moynes gardent en cell endroit leur natu-j rel,qui eft de conuertir, entant qu’en eux eft,la vérité de Dieu en menfonge, amp;nbsp;reietter fur au-;lrui les vices qui font en eux, amp;nbsp;que tout le monde cognoit, finon eux-mefmes. Ils les ac-eufent dóe de nier la Toute-puilfance de Dieu: parce, difent-ils, qu’ils nient,vn corps pouuoir eftre en vrt lieu amp;nbsp;efpace fans l’occuper:ou poU uoir eftre enfemble en diuers lieux,c’eft à dire, qu’ils ne font pas en l’erreur de Marcion , qui attribuoit vn corps phantaftique à lefusChriftj ainfi que maintenant font les Moynes.

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RESPONS E.

II faut voir premièrement à quel propos!. Caluin amp;nbsp;les autres parlent ainfi : Car ils n’onC pasefcrit de la Geometrie, ou de laPhyfique» pour parler fimplement delà nature amp;nbsp;des propriétés amp;nbsp;qualités d'vn corps. Ils ont efcrit de la Theologie , car ils eftoyent Théologiens. Il ' eftdonc queftion du Corps de noftre Seigneur lefus Chrift , vray Rédempteur de l’Eglife, ßc vray Mediateur entre Dieu amp;nbsp;les hommes , Sci partant vray Dieu amp;nbsp;vray homme, tel que la vraye Eglife Ta toufiours creu , confelfé, amp;nbsp;re-i cognu,amp; fera éternellement. Or tout ainfi que ellant vray Dieu, il ne peut eftre créé, fini,me-furé,ne compris, ou cotenu en aucun lieuimais eft Eternel,Infini, Incomprehenfible, en tôut»’ par tout,amp; fur tout; amp;nbsp;a généralement tout ce que nous difons appartenir à la vérité deTEf-! fence de Dieu. Pareillement eftant vray hom- : me,fa nature humaine ne peut eftre que creée, finie,mefuree, eftant,quant au corps,comprife ! amp;côtenue en certain lieu amp;nbsp;efpace;amp; en gene- ■ ral ne peut eftre nature humaine, fans les pro- i prietés qui apfiartiennent à la vérité de la natii ! re humaine.

Les Moynes Abiureurs crientau contraire, que Dieu peut toutes chofes : amp;nbsp;que partant le • Corps de lefus Chrift demeurant vn corps, eft ■ neantmoins en mefme temps reellemét prefent, au ciel amp;nbsp;en terre,alfauoir, en tous les lieux où ' l’on chante MeÜc ; amp;nbsp;outre cela, en tous les ci- • boires qui font en leurs temples;, A quoy nous! j:efpôdons,qu’ils abufent delaToüte-puiirancc ’ I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d 4 de.

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ARTICLE JI I.

de Dieu , là voulans faire feruir a la confirma-fion de leur erreur ; Ce que nous monftrerons brieuement par deux raifons. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

La premiere , eft vne reigle infaillible amp;nbsp;re-I comun confentemct de tous les Theo-Jogiens.Que quand la volonté deDieu nous eft clairement amp;nbsp;oiiuertement decJaree,il ne nous faut pas oppofer fa Puiflance à fa Volonté. Cat Dieu n'eft pas contraire à fby-melme : Et nous faut croire que la chofe eft,puis que Dieu veut qu^elle foit » encores, que Dieu pourroit faire qu’elle ne fuft pas. Ainfi , combien que Dieu pouuoit bien faire plufieurs mondesitoutesfois nous croyons qu’il n’en a fait qu’vn,pource que il n’en a voulu faire qu’vn. Suiuant cela S.Au« lnch,c.f6 guftin dit, que Dieu eft vrayement appelle ! Tout-puilfant J par ce qu’il peut tout ce qu’il . veut 5 amp;nbsp;que l’cffeôfc de fa volonté ne peut eftre aucunement émpefchc. Or'cft-il que Dieu a ■voulu que lefus Chrift euft vu vray Corpsj ‘ pour eftre vray homme ; amp;nbsp;combien que par fa Refurreéfion glorieufe , les qualités du corps mortel foyent- changées és qualités du corps immortel: ce neantmoins ,Dieu veut que ce Corps immortel foit vray corps : autrement» il ne voudroit pas qu’il fuft corps : car il ne veut point de faullété. Puis donc quela nature du vray corps requiert qu’il ait fes dimenfions , fa quantité amp;nbsp;furfaee,amp; qu’il foit compris au lieu où il eft,il s’enfuiÉ queDieuveut que leCorps de lefus Chrift ait toutes ces chofes.Au côtraire, eftrç en mefme têps en lieux diuers amp;nbsp;iunume«

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R E S PäH 5 E. .

rabies, fans occuper aucun lieu, conuient non feulemét à vne nature fpirituelie;maw,qui plus, eft, à la feule nature Diuine. Dont nous concluons j.que Dieu ne veut pas que le Corps de lefus Chrift foit ainfi: car il ne veut pas que ce Corps foie Dieu.

L'autre raifon eft , vue autre reigle tiree de la parole de Dieu, amp;nbsp;propofee par les Anciens, amp;nbsp;par les Doôleurs Scholaftiques me fines ; af-fauoir,qu’il n'y a point de cotradiótió en Dieu:' Et que tout ce qui contient cotradiâion, n'eft pas de puilfance,mais d'impuifl'ance. Car il n'yi a point en Dieu Ouy amp;nbsp;Non,dit S.Paul.Et ail-leurs:D«e» demettre Jideie,aït-i\, Il ne je peut renier foy-meÇme.V.t S.Auguftin en parle ainfbCe de rrin.l. lui eft, dit-il, Vne grande puift’ance, de ne pou-uoir mentir. Car il n'y a point en lui, Ouy amp;nbsp;Non.Et ailleurs : il ne peut rien auoir de faux: Puiftaminent il ne peut pas cela : amp;nbsp;ne lui eft pas infirmité, mais fermeté: car la vérité ne A peut eftre faufte , Item : Au fein de Dieu il n'y a point de contradiéhiou. Et en vn autre lieu: La puilîànce de Dieu n'eft pas diminuée, quad nous difons que Dieu ne peut mourir, ny eftre trompé. Car il ne le peut, tellement que s'il le pouuoit,il y auroit moindre puiffance en lui. Il eft donc à bon droit appellé Tout-pui(ranf,qui toutesfois ne peut eftre trompé ne.mourir:car il eft Tout-puilTant en faifant ce qu'il veut amp;nbsp;non pas en endurant ce qu'il ne veut :amp; que s’il enduroit,il ne feroit pas Tout-puiftant. j

Par cela nous voyons que c'eft trefmal parlé \ de

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5? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICtEII.

de là Toute puilfance de Dieu,qnand les Moy-« nés difent que Dieu peut faire que le Corps de lefus Chrill foit en méfme temps en innume-rables amp;nbsp;diuers lieux, fans occuper aucun lieu. Car ce feroit lui attribuer infinité , amp;nbsp;partant ce feroit le faire Dieu. Or Dieu ne peut pas faire vn autre Dieu que foy-mefme, amp;nbsp;cela ne feroit pas puiirance,mais impuiifance.

Co««r. Cét. (2’eß- auflî faduis desScholaftiques.ainfi que Zz.'ij Thomasîenfeigne en plufieurs endroits , duquel voici les mots : Nous difons que tout ce en quoy il y a de la contradiiâion , Dieu ne le peut faire ; comme , de faire que ce qui a efté, n’ait pas efté. De là s’enfuit auffi que Dieu ne peut pas faire enfemble vne chofe,amp; ce qui eft contiaire à la definition d’icelle ; Comme qui diroit, que Dieu peut faire l’homme non capable de ràifon, ou , faire qu’vn Triangle n’ait pas trois lignes. Car quand on dit, Trian-' gle ,on dit auoir trois lignes. Ce feroit don-ques tout enfemble les auoir, amp;nbsp;ne les auoir pas. Outre plus, il s’enfuit de là, que Dieu ne peut faire que les chofes oppofees l’vne à l’autre foyent enfemblement en vn mefme fuieét. En fomme , Dieu peut fàire tout ce qui n’eil contraire à la raifon, d’eftre, ou, à la raifon de non eifre.Comme, pour exemple,on peut bien dire que Dieu peut faire que le ciel ne foit pas, ou , qu’il y ait vn autre monde, ou, donner la veuc à vn aueugle,amp; chofes femblables.

Voila les paroles de Thomas Doéfeur Scho-laftique,que ces Moynes deuoyent auoirjete-

nucs

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RESPONSE.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5?

nues J s’ils euflent eftc bons difdples. Suiuanc ,^1:^ donc le difcours de Thomas, nous dirons, que î tout ainfi queDieu peut bien faire qu’vn homme foit, amp;nbsp;peut faire aulli, qu’vn home ne foie pas;Mais il ne peut pas faire qu’vn homme foie amp;nbsp;ne foit pas, tout enfemble : (Car cela feroic ne pouuoir pas : d’autant qu’il faut necertaire-ment que l’vn foit vray,amp; l’autrefaux:amp; Dieu ne peut rien de faux : car il eftTout-puilfant, amp;nbsp;le faux eft d’impuilfance.) Pareillement auf-fi,Dieu peut faire qu’vn corps foit, amp;nbsp;peut faire , qu’il ne foit pas i mais il ne peut pas faire, qu’vn corps foit, amp;nbsp;ne foit pas tout enfemble. D’auaritage continiians les exemples de Thomas,nous adioufterons encores, que tout ainfi que quad Dieu fait eftre vn homme , il ne peut pas faire que celui qui eft homme ne foit capable de raifon ( parce qu’eftre capable de rai-fon,eft la definition de l’homme : amp;nbsp;qui ofte la definition,ofte par mefme moyen le defini-.tel-lemét que Dieu feroit vn homme, amp;nbsp;ne feroic pas vn homme, qui eft vne contradidion : or Dieu ne fe peut contredire à foy-mefme) Pareillement quand Dieu fait vn corps , il ne le peut faire qu’il n’ait quantité ,amp; dimenfion. Car le corps eft defini par cela :amp; dire qu’vn corps eft fans quantité , c’eft dire qu’vn corps n’eft pas corps : qui emporte contradidion,la-quelle ne peut eftre en Dieu.Finalement,com-me Thomas enfeigne que Dieu ne peut faire que les chofes oppofees foyent enfemble en vn mefme fuiet ( car elles ne feroyent plus op-

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.6p nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ART I C IE U.

pofees ) aufli difons-nous , que le Corps de Chriftne peut eftre fini amp;nbsp;infini, mefuré amp;nbsp;fans dimehfion , vifible amp;nbsp;inuifible, amp;nbsp;chofes femblables , qui de toute neceffité fuiuent la TranÜiibftantiation.

De ce quedeifus appert que lean Caluin, Pierre Martyr,amp;Theodore de Beze difans que leCorps de lefusChrill ne peut eftre reellemét prefent en mefme temps en diuers lieux , ont d;g lement parlé de la Puiliance de Dieu; vou-J .ns dire par cela, que Dieu ne peut pas eftre impuiftant. Car tout ainfi qu’vn corps ne peut eftre corps fans quantité amp;nbsp;dimenfion,amp; mef-jmes^ans furface ,auïli ne peut-il eftre en vn lieu fans l'occuper felon fa nature ; autrement ce leroit eftre en vn lieu , Si. n’eftre pas en vn lieu,auüir furface,amp; n'en auoir point. Aulîi ne peut-il eftre en diuers lieux tout enfemble 8c en mefme temps : car ce feroit n'auoir plus fes dimenfions amp;nbsp;fa quantité, c'eft adiré ,n'eftre plus corps: de forte qu'il faudroit necelfaire-menç , ou que plufieurs amp;nbsp;diuers lieux ne fuf-fent qu'vn lieu, ou qu'vn corps fuft plufieurs corps,amp; vue furface plufieurs furfaces, qui eft vue contradiélion mauifefte. Or la contradiction eft d'impuiflance, ( comme nous âuons dit ) amp;nbsp;partant Dieu ne peut pas eftre im-puilfant :car il eft Tout-puilfant. En fomme, puis.que les Moynes ont vn efprit de corirradi-.dion(comme il appert) amp;nbsp;que toute contradi-dion argue impuilfance ( ainfi que leurs Mai-ftresleur ont dit,mais ils l'ont oublie.) Ib

mon

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trel'grande impuifTance amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de cer-

ueau.A telles gens(dit lePhilofophe)il ne faut autre difpute, que leur fouhaitter la faute amp;nbsp;conualefcence d'efprit.Mais pour le rcfped de ceux qui ne combattent pas la vérité de gaye-té de cœur , nous adioufteros ici quelques paf-fages tant de TEfcriture Saincle, que des An-ciensDoéteurs,por monftrer euideminent,que le Corps de lefus Chrift eft vray corps, amp;nbsp;que partant il occupe lieu felon fa nature, amp;nbsp;ne peuteftre endiuers lieux tour à vncoup:de-quoy il nous faudra encores parler cy apres.

Kous cerchez Jefus Chrtß, (juia t'siécrucifié. il nefi point ici)Caril efl refiuficitézComme il au oit du,venez ,voyez le lieu ou le Seigneur eiloit mis, ou i,il s‘en va deuant vous en Galilee,vous nbsp;nbsp;nbsp;■ ■

le verrez la.

Voyez mes mains nbsp;nbsp;nbsp;mes pieds : car ce fuis-ie Luc.tn.

moy-mefme, tailez -moy voyez : car vn elprit n a ny chair ny os,comme vous voyez yue tay, £tt les bentjfant, ilfe retira d’eux, çfifut enle-

ne au Ciel, i

Leejuel (lefus Chrifi ) il faut ejue le Ciel c on-tienne iufjues au temps de la reÜaffration,lt;ÿ-c, lefuistfu du Pere,(^ fuis venu au monde,de-rechef ie latfe le monde,m’en vay au Pere.

le vous vay apprefer lieu, (^c. le retourneray j j derechef, (ÿ- vous receuray à moy , à fin ^ue là ou te fuis,vous foyez aujfi,

on vous dit * voici ƒ/ efi au defert, neforiez point

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61 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A RT I C I E 11.

pomt^voicjiil ffi éi cabinets,»e le croyez pointgt; “Pliil.;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;transformera noflre corps vil,à fin ijtt‘i{fioit

fait conforme à fon Corps glorieux,felon ceile efficace par lacjftelle il peut mefme affiubietir toutes chofesàfoy. Par lefquelles paroles S.PauI nous enfeigne , que nous dcûons confiderer la puif-fance de Dieu , non en deftruifant la vérité du Corps de lefus Chrift ^ mais pluftoft en la con-fermant. Car il n'y a perfonne fi ignorant, qui eftime qu'apres la Relùrrredion derniere, nos corps doiuent eftre en plufieurs amp;;diuers lieux tout à vn coup. 11 y a plufieurs autres tefmoi-gnages de J'Efcriture, feruans à ce propos,fui-uant lefquels voici ce que les Anciens ont dit de celle matière.

Satnü ^ueuHin ,So\m'\cn-toy amp;nbsp;retien fi-M oarJ. delementlaConfelTion Ghtellienne, afi’auoir, l^P-57’ nbsp;nbsp;4“^ lefus Chriftell reftufcité des morts,eft

monté au ciel,eft affis à la dextre du Pere,amp;: ne viendra point d'ailleurs que de là , pour, iuger les viuans amp;nbsp;les morts : amp;nbsp;comme la voix des Anges a tefmoigné,il viendra ainfi comme on ’ l'a veu aller au Ciel : c'eft à. dire, en la mefme forme amp;nbsp;fubftance de chair, à laquelle véritablement il a donné immortalité,mais il n'a pas ofté la nature. Selon celle forme il ne faut,pas penfer qu'il foitefpandu par tout. Car il nous faut garder de tellement eftablirla Diuinitc de l’hôme,que nous oftions la vérité duCorps.

Luy-mefme, lefus Chrift vray Dieu amp;nbsp;vray homme; entant iqu'il ell Dieu , ell par tout, entant qu'il ell honyne,!! ell au Ciel.

ïtcr»

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

Item^ Si tu oftes aux corps les efpaces, ils ne '' feront nulle part:amp; parce qu’ils ne feront nul-le partais ne feront point du tout.

Et lt;îï//e«rs,L’homme felon le corps eft en vn lieu, ôi va de lieu à autre , amp;nbsp;ellant venu en vn ’ lieu, il h’eft plus au lieu duquel il eft venu. Mais Dieu remplit toutes chofes , amp;nbsp;eft tout par toutjôf n’eft contenu en point de lieux.fe-lon les efpaces. Par ces paroles de S. Auguftiiv on peut voir que fi le Corps de lefus Chrift e-ftoit en plufieurs lieux fans les occuper, (comme les Moynes difent)il feroit Dieu:qui eft vn grand blafpheme,voire intolerable.

Nicete, Si les propriétés du Corps font o-ftees, par mefme moyen le Corps eft ofté , amp;; in s’efuanouïf.attendu que lefdites propriétés ne Orxt.mS. -peuuent eftre feparees ne diftraites du Corps, en façon que ce foit : non pas mefraes feule-tnent en noftre penfee.

Cyrille, Si la Diuinité mefmes eftoit vn Corps,elle feroit du tçut en vn lieu,ayât gran- ‘ deur Sc quantité ; Et h elle auoit quantité,elle nepourroit euiter d’eftre mefuree Sc terminée.

Theolt;ioret,l.e Corps demeurant en fa propre Jnuinl, nature Sc mefure,a efté vni à Dieu, felon la vi-uiftèation. Car la coiondion auec le Çocps n’a pas changé la nature du corps.

S.Hterpfme, Il eft monté au Ciel, Sc fe Ged à tn Sym.

la dextre de Dieu le Pere , Sc la nature humai-ne, en laquelle il eft né, Sc a fouffef t, Sc mefmes eft refulcité , demeure toufiours. Car Ih Jftbftance de la nature humaine n’a pas efté abp

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A RT I clÈ in

De Onh. aboliCjmais glorifiée. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' .viA

fid. Damafcene En lefus Chrift, apres Tvllioii des deux natures ,cant lefdites n4tures , que leurs propriétés font demeurces entières amp;nbsp;fans coüfufion, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;*

L,e Concile de Chaltledone j Nous déclarons KrafÆJjte qu’eri lefus Chrift apres I'vnipn des deux natu Ji.imj.fi:.a. resj fEllentielle propriété des natures demeuj-5. c- 3- cif- re J amp;nbsp;que lefdites deux natures apres fvniou vrayementles mefmes natures, enfcnable leurs naturelles propriétés. Car chacune nature garde' fa naturelle propriété fans pouuoir eftre changee. Voila la decifion d’yn Concile vniuerfel, auquel ces Moynes Abiureurs con-tredifent, amp;nbsp;partant font anathematizes , eux qui fe méïlét d’anathematizer les autres. Mais laiil'an's là leurs anathemCs amp;nbsp;malediélionSj nous leur propoferons / pour la fin de cett Article, deux queftions, aufquelles ils'refpon-j déont quand ils auront le loifir. gt;

' La’premiere queftion eft, puis qifils con’-damn'ent les Vbiquitaftes, qui difent que le , Corps de lefus Chrift eft jsar tout ( ainfi quhl eft contenu cy apres en l’article xxviij. duquel noùs'parlerôns enfonlieu) nous demandons Tomtné^ils refpondront aufdits Vbiqiiitaires! lel'quçls pour prouuer leur opinion, allèguent 'anllî laToute puiflanïede Dieu.Qif ils leur regt; fpöndeht donc : à fcauoir, fi Dieu peut, ou ne peut faire que le corps delefus Chrift foit pat totif.'S’ilne le peut, ils conferment noftre re-Ijionce i à laquelle il faut necelfairement qu’ils reuie*^

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^

reuiennent,amp; s'aident denos raifons. S’il le peut, pourquoy donc les condamnent-ils, veu qu’ilsvfent eux-mefmes de cell argumentîfiles Moynes allèguent la parole de Dieu pour eux, auffi font les Vbiqiïitaires : s’ils difent que les Vbiquitaires entendent malles pail'ages qu’ils ont accouftumé d’alleguer , nous en difons autant des Moynes. Dont il s’enfuit que la difpu-te neft pasamp;ne peut eftre ici,de la Toute-puif-fance de Dieu , mais du vray fens des paifages de l’Efcriture : amp;nbsp;partant que cefte alleguation de laToute puiflance n’ell qu’vn vain iubtef-fuge des Moynes conuaincus en leurs confcien ces : lefquels ne pouuans foudre les difficultés qui font oppofees à leurs erreurs,fe contentent de dire que Dieu peut tout.

L'autre queftion eft, Pourquoy au myftere de la fainde Cene, ils nous oppofent la Toute-puifl'ance de Dieu: veu qu'en ccft endroit nous recognoiH'ons mieux la puiflance de Dieu, que ils ne font.Car ils maintiennent que la fubftan ce du Corps amp;nbsp;du Sang de lefus Chrifl: eft fous les efpeces amp;nbsp;accidens du Pain amp;nbsp;du Vin : à fin que parce moyen nous puiffions receuoirle corps amp;nbsp;le fang d'icelui : amp;nbsp;là delfus difent que Dieu eft Tout-puiifant. Et quant à nous, nous croyons que nous receuons le Corps amp;nbsp;le Sang de lefus Chrift, comme il l'a ordonné en fa Parole, fans qu'il faille, pour cela, que fon Corps foit en diuers lieux tout à vn coup : voire fans qu'il foit befoin qu'il foit autre part qu'au ciel, toute l’Efcriture fainde nous tefmoigne e qu'il

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66 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLEIII.

qu’il efl;. Et pour cela nous alléguons auflî la puilfance de Dieu. Maintenant qu’on iuge lef-quels des deux recognoilTént mieux celle Tou-te-puillance de Dieu, ou eux, qui l’employenc pour anéantir la venté diiCorps de lefusChrill contre rexprelfe volonté de Dieu contenue en fa Parole, «Sc contre l’aduis de nos Peres , (ainfi que nous auons ouï ci dellus)ou nous,qui con-fiderons la puilTance de Dieu coniointe à fa vo lonté. Car puis que Dieu veut que nousrcce-uions le Corps de lefus Ckrift , amp;nbsp;veut que ce Corps foit vray amp;nbsp;naturel corps humain ; veut aulTi qu’ellant vray Corps il foit au Ciel: Nous croyons,puis qu’il le veut,qu’il le peut:amp; corne il n’y a point de cótradiólion en fa volôté,qu’il n’y a point aulfi d’empelchemét à fa puilfance.

ARTICLE III.

_ An Contraireite croy cjue Dien veut tout ce ejue il dit, et i^uilpeut tout ce qutl veut^voire et beaucoup de chojes ^uil ne veut pas. Et fait les chofes ßmplement comwe tiles dit, quele^ue dificulte’oU impofibtlité c^uty apparoijfe.

I. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

Kow.4-

Epbe.j.

Ce n’eft pas à nous de prefcrire à Dieu les moyens pour accomplir amp;c elfeéluer ce qu’il nous a déclaré par fa Parole Car la foy d’Abraham eft louée par rApollre,d’auoir creu certainement que Dieu elloit puillant de faire ce que il lui auoit promis.Come auffi il eft dit ailleurs, que Dieu peut faire plus que tout ce que nous demandons,ou penfons. Au contraire, l’incrédulité des enfaiis d’Ifrael eft condamnée , d’a?

uoir

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Response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;67

noir voukiiîmiter le Sainól d’Ifrael, comme il eftdit au Pfalme.Mais.comme nous auons ia dit en Particle precedent, nollre foy ne doit pas efgarer en vaines fpeculations de ce que Dieu peut outre la declaration qu’il nous a faite de fa volonté.Car encores que Dieu pou Mutth.tS uoit bien bailler â lefus Chrill plus de douze Legions d’Anges, pour le defendre contre Us luifs gt;nbsp;à fin qu’il ne full pris : coutesfois , nous croyôs que lefus Chrill a efté pris par les luifs, amp;a foüff'ert mort amp;nbsp;paflipn pqur .nous,felon les Efcritures. Voila poutquoy lefus Chrill lui- Af.M-c.14. mefmes en la priere qu’il fait à Dieu fon Pere,-dit bié,que toutes chofesfont polîibles à Dieu-, mais 11 s’arrelle du tovitfur fa volonté,quand il ditainfr. S’tl/îefipofjibielt;jueccst^ co/fpepajfe ax-riere de moy ,fans ^ue ieyla haine -, ta 'volante' fait faite, qui cil vn palfage bien digne d’eftre remarqué. Au relie, les Maillres de ces Moynes,, c ell à dire , les Scholalliqües mefmes, ne par-lent pas fi cruement de celle matière : mais di-fent que Dieu ne peut rien qUe ce qu’il veut faire,ou qu’il veut pouuoir faire ; à fin de ne fe-pare): fa Volonté d’auec fa Puilfance. Partant nollre deuoir cil de confiderer la puilfance de Dieu en ce qu’il fait, plulloll qu’en ce qu’il ne fait pas'.enfuiuant l’exemple de la fainéle Vierge, qui dit ainfi en fon Cantique : Celui qui ell ihc.i. puilTant m’a fait grandes chofes.

■ Quand ils adioullent,quc Dieu fait les chofes firaplement comme il Içs dit, ils parlent felon leur couftume,c’ell à dire,ambiguement,ôc.

e i capt

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68 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE irr.

captieufement.il eft bien vray qu’il faut entièrement que ce que Dieu dit/oit accompli;mais c’eft ainfi qu’il le veut amp;nbsp;l’entend , amp;nbsp;non pas comme les hommes le voudront entendre à leur fantafie: car alors ce n’eft plus la parole de Dieu,mais la parole des hommes.Comme pour e'xemple:s’il faloit entendre les chofes qui ionc en la parole de Dieu , comme elles font dites fimplement,il s’enfuiuroit,que Dieu auroit des yeux, des mainsj amp;nbsp;vnc forme corporelle, ainû que l’Efcriture vfêdeces mots : lefquels (î les Moynes veulent entendre (implement,comme ils font dits,il les faut reniioyer aux anciens he retiques qu’on appelloit Anthropomorphites. ïtem : lefus Chrift feroit vn fep, vu chemin,vn berger, vue porte, amp;nbsp;chofes femblables qui font dites de lui en l’Efcriture : il faudroit auflî que noftre chair fuft crucifiee,amp; que nous naf-quilfions derechef ; car l’Efcriture parle ainfi. Et pour venir aux fignes amp;nbsp;Sacremens , il eft cfcrit,que la Pierre du defert eftoit Chrift,que l’Agneau eftoit le Palfage du Seigneur.Il eft dit aulïï que la Coupe eft le Sang de Chrift, qu’elle eft l’alliancè au Sang de Chrift:bref, qu’elle eft' la comunication au Sang de Chrift. Nos Moynes feroyent fort empefehés de croire ces chó'-fes fimplement comme elles font dites.D’aiian tage, il s’enfuiuroit que lefus Chrift eft vray pain,car il le dit:amp; que lés fideles fontquot;rn pain, , „ car fainôt Paul le dit ainfi. Fartât il vaut mjeux chrißM.-. S.Auguftin,qui nous enleigne den entent ÿ. dre pas toufiours les mots de l’Efcriture fimple ment

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^

ment comme ils font dits. Il fe faut,dit-il,gar-der de prendre à la lettre vne façon de parler fi guree. Item : C’eft vne miferable feruitude , de prendre les Signes pour les chofes, amp;nbsp;n’efleuer pas l’œil de l’entendement par delfus la Creature corporelle,pour iouïr de la Lumiere éternelle. Ec vn peu apres,faifant comparaifon des Sacremens du Vieil Tellament, auec ceux de l’Eglife Chreftiçnne ; Nous ne fommes , dit-il, maintenant chargés des Signes anciens : mais le Seigneur , amp;nbsp;la difcipline des Apoltres nous en a donnes quelques vns, amp;nbsp;en petit nombre» voire aifes à faire , de trefgrande intelligence, amp;nbsp;de trefpure obferuationxomme eft le Sacrement du Baptefme,amp; la Celebration du Corps amp;nbsp;du Sang du Seigneur ; lefquelles chofes cha-cun,quand il les reçoit, eftant bien inftruit,re-cognoit où elles tendent, pour ne les teuerer d’vne feruitude charnelle, mais d’vne fpirituel-le liberté.Et ailleurs;Si les Sacremés n’auoyent quelque femblâce des chofes defquelles ils font Sacremens,ils ne feroyent pas Sacremens. Or à caufe de cefte femblance,ou côformitc,ils pren nent fouuent les noms des chofes mefmes.Sui-uant cela,il adioufte que le Sacrement du corps deChrift effen quelque maniéré le Corps de Chrift. Et parce que ces Abiuteurs,encore que ils nel’ofent ici dire ouuertement, entendent, neatmoins,qu’il faut adioufterfoy à leurTtanf-fubftantiation:veu que lefus Chrift a dit, Ceci eft mon Corp/.lefquelles paroles ilsprennct fim plement comme elles font dit es :à cela nous rc-e 5 fpon

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70 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE III.

■fpondons j que nouy croyons amp;nbsp;recôgnoifTons I en toute reuerence la vérité des paroles de le-fus Chrift.Comme au contraire nous reiettons amp;nbsp;dételions leur fauffe expofition amp;nbsp;intelligen .de do ce. Pour doncques reprefenter deuant les yeux £îrin.chri. d’vn chacun ce qui en eft, nous mettrons pour fondement vne reigle de nos anciensPercs,qui ell exprelfement fondée en la parole de Dieu: Tcrc.'âerê c’cll alîauoir J que l’interpretation d’vn palfage furre.cxrii. de l’Efcriture, qui contrarie à d’autres paflages Can.i^ela- clairs amp;nbsp;expteSj amp;nbsp;mefmes à l’Analogie de no-jpjj edreinfalliblement reiectee!Ca.r il eft tout notoire que l’Efcriture fainte eft fem Liable à foy-mefme J comme procédant toute de l’Efprit de Dieu^qui ne fe peut contrarier ne contredire. Or eft-il,que fi on entend les paroles de lefus Chrift, Ceci efi mon corps, en telle forte que la Tranlfubftantiation ait lieujamp; que le pain amp;nbsp;le vin ne foyent plusjquant à leur fu-bftance , mais que fous les accidens du pain amp;nbsp;du vin foyent réellement prefens le vrayCorps amp;nbsp;le vray Sang de IerusChrift:deux chofes s’en enfuiuroyent, qui font trefexprelTement condamnées en plufieurs palfages de l’Efcriture.

Premieremétjil s’en enfuiuroitjque le Corps de lefus Chrift n’eftpas vray amp;nbsp;naturel corps humain, contre ce qui eft amplement déclaré par la parole de Dieu. Car vn vray corps ne peut pas eftre en mefme temps au ciel amp;nbsp;en terre,amp; en lieux infinisjcomme les Moynes di-fent, l’erreur defquels nous auons défia réfuté en l’article precedent.

Second

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;71

Secondement^ il s’enfuiuroit, que le pain donne en la fainôte Cene ne feroit pas vray pain,car il feroit fans fa fubftance : ce qui con-treuient notoirement à ce qui en eft dit en TE-ïcriture. Car fainft Matthieu , fainôt Marc, amp;nbsp;Ailatth.tS fainél Luc tefmoignent en termes expres , que ■^•'»■'^^•14. lefus Chrift print du pain, le rompit,amp; le don-naàfes difciples. Et fainft Paul dit ainfi:7“o»-

, r ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I.Cor.ir.

tes les fois ^jfte 'vous mangerez, de ce pain nbsp;nbsp;nbsp;boi

rez. cesie Coupe,'vous annoncerez la mort du Seigneur,iuÇqù a ce ejuil vienne:Sgt;C l’appelle Pain en ce lieu-là par plufieurs fois. Et au chap, prece- i.C(ir.io.’ dent,Ze pain cjuenous rompons,dit-il,»’ji-ilpas la communication du corps de Chrifi ? Et quant à la Coupe,Iefus Chrift l’appelle fruidt de vigne, qui fignifie du vray vin, amp;nbsp;non les accidens du vin tant feulement. Faifons donc maintenant combatte ces Moynes Abiureurs contre eux-mefmes (puis qu’ils ne fe peuuct fouler de combatte la vérité de Dieu par menfonge, amp;nbsp;combatte par violéce amp;cruauté ceux qui la fuiuét.) Ils difent que Dieu fait les chofes hmplement corne il les dit,amp; que partant il fait que le pain n’eft plus pain. Au contraire, par leur propre rcigle, on peut maintenir que le pain demeure vray paimcar l’E criture l’appelle ainfi.Et ils iu rent en ceft article,que Dieu fait les chofes firn plement corne il les dit.Certes il a efté bien dit que l’ignorâce eft aueugle: mais quad la malice eft côiointe auec l’ignorâce, c’eft double aueu-glilfemct,voire d’autant plus grand amp;nbsp;plus mi-ferable,quc celui qui eft aueugle s’eft creué les

e 4 yeux

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ARTICLE III.

yeux à fou efcient.

Monftrons maintenant comment les paroles de lefus Chrift , que les Moynes atFermenC deuoir eftre entendues fimplement comme elles font dites, doiuent eftre entendues d’vne fa çon fpintuelle, amp;nbsp;non charnelle amp;nbsp;groffjere, comme ils font.

lefus Chrift lui-mefme expofe comment il faut entendre cefte façon de parler , manger fa Chair,amp;boire fon Sang,en difant ainfi:Z.e pain epne ie donneraj, ceß ma chair, lacjMelle ie donne-ray pour la vte dft monde. Les Ittifs donc debat-toyent entre eux,dtfans : Comment nous peut donner ce^lut-ci fa chair d manger? Et vn peu apres: Mais lefus fpachant en foy-mefme ejue fes difei-ples murmuroyent decela,leurdit, Ceci vous fean daltze-il ? Que fera-ce donc fi vous voyez, le Ftls de l’homme monter ou il e si oit premièrement? c ejî l’Ehprit ^ui viuifie : la chair ne profite riendes paroles que ie vous di,font esfrit vie. Mais il y en a aucuns entre vous qui ne croyent point.

VeDollrt. Suiuant cela S.Auguftin propofe ce qui s’en-fuit,pour l’expofitio des paroles delefusChrift: Si vne façon de parler (dit-il)femble commander vne chofe qui feroit vn crime , ou defendre vne chofe qui feroit bonne amp;nbsp;vtile,cefte façon de parler eft figurée. Si vous ne mâgez la chair du Fils de rhomme,amp; buuez fon fang (dit lefus Chrift) vous n'aurez point de vie en vous, il femble qu’il commande vn crime , amp;nbsp;partanC c’eft vne figure qui coinmade de communiquer àlaPaflion de lefus Chtift,amp; nous ramêteuoir

auec

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7^ nbsp;,

auec contentement amp;vtilité que fa chair a efté crucifiée pour nous.

Que diront maintenant nos Abiureurs,auec leur fimple intelligencejqu'ils ont mife en leur Profeffion comme vn article de foy’Oyons encor ce que S. Auguftin dit ailleurs à ce propos.

lefus Chrift a inftruit fes difciples ; amp;nbsp;a dit: C'efi resent c/ui vtuifieja chair ne profite rien, les paroles que ie vous dy font e^frit vte , enten-dez fpirituellement ce que fay dit, Vous ne mangerez pas ce Corps que vous voyez, amp;nbsp;ne boirez pas ce Sang qui fera refpandu par ceux qui me crucifierof.ie vous ay recômandé quelque Sacrement, lequel eftant fpirituellement entédujvous viuifiera. Et combien qu il le faille celebrer vifiblcment, toutesfois il le faut entendre inuifiblement.(C'eft à dire,fpirituel-lement, ainfi qu'il a dit au parauat) Le mefme: Le Seigneur n'a point fait de difficulté de di- contr. A-re, ceci eft mon Corps, quand il donnoit le fi- dîm.cÆ.ii. gne de fon Corps.

Nous nous contenterons de ces tefmoigna-ges:ne voulans pour cefte heure,entrer en plus grand difcours fur ce poinét de doétrinc , duquel J toutesfois , il nous a fallu dire quelque chofe , pour defcouurir les rufes des Moynes Abiureurs : qui ont voulu faire paffer leur erreur de laTranlfubftantiationjfous l'article de la Puiflance de Dieu ; eftimans qu’on ne croit pas que Dieu foit Tout-puiflant ,4i on n entéd à leur fantafie les palfages de l'Efctiture. Or nous maintenons au contraire » que parce que

Dieu

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quot;J if nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE III I.

Dieu efl Tout pujflant j il tVy a point de con-tradiótion en fa parole.Car toute cótradidHon ell d'impniirance , aind que S. Auguftin nous a enfeigné ci delfus. Et partant qu'on ne peut amp;nbsp;ne doit entendre les facrees paroles de noftre Seigneur lefus Chritl en aucun fens qui defro-ge à la venté de fon Corps , laquelle a trefex-pres amp;nbsp;trefcertain fondement en l'Efcriture.

ARTICLE III I.

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dit» tresbon amp;nbsp;inüiecEt parce les pe-

ches ej»i acluiennent ne font de fon decret nbsp;nbsp;nbsp;or-

donnace.Dont te deteH^e la doctrine deAdanichee, Ca.lutn.Lib. nbsp;nbsp;nbsp;Caluin , qui tiennent la necefite' de pecher e's

^.2.i.Sec. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'venir de l’ordonnance de Die». ï'^ray

tflqueie croy t^u’ilnefe fait aucun mal ni bien jàns lt;j»e la volonte de Dteay interuiennede bien, cdY fl le fait,amp; le mal,car il le veut permettre.

RESPONSE.

Parce que l'intention des MoynesAbiureurs efl: de ictter tellement leur calomnie fur lean Caluin j que le coup retombe fur nous ; à cefte caufe nous reciterons ici ce que nous croyons de la Prouidence de Dieu: ainfi qu’il efl: contenu en noftre confeflion de foy^Article viij.

-•J Nous croyons que non feulement Dieu a créé toutes chofes , mais qu'il les gouuerne amp;: « conduitjdilpofant amp;nbsp;ordouant felon fa volon-» té de tout ce qui aduient au monde : Non pas « qu'il foit autheur du mal, ou que la coulpe lui » en puilfe eftre imputée : veu que fa volonté eft » la reigle fouueraine amp;nbsp;infaillible de toute droi « turc amp;nbsp;équité. Mais il a des moyens admirables

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- response.- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7j

bles de fe feruir tellement des diables amp;nbsp;des « mefchans, qu'il fçait conuertir en bien le mal « qu'ils font, amp;nbsp;duquel ils font coulpables. Et « ainfi,en confeflant que rien ne fe fait fans la « prouidence de Dieu,nous adorons en humilité « les fecrets qui nous font cachés, fans nous en- « quérir par delfus noftre mefure. Mais pluftoft « appliquons à noftre vfage ce qui nous eft mon- « ftré en l'Efcriture fainâe , pour eftre en repos « amp;nbsp;feureté : d’autat que Dieu qui a toutes cho- « {es fuieftes à foy ., veille fur nous’d'vn foin pa- « ternel,tellement qu'il ne tobera point vn ehe- « ueu de noftre tefte fans fon vouloir. Et ce pen- « dant tient les diables amp;nbsp;tous nos ennemis bri- « dés,en forte qu'ils ne nous peuuent faire aucu- « ne nuifance fans fon congé. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;c

Voila ce que nous tenons de la Prouidence de Dieu, felon fa Parole , fur laquelle cefte do-«ftrine eft exprelfement fondée : voire fi clairement, que ces Moynes , quelques impudens qu'ils foyent,ne l'ont ofé condamner ouuette-ment. Partant il nous faut feulemct voir,pour leprefent, (î cela eft vray que ces Profefleurs difent;airauoir,que les péchés quiaduiennent

' ne font du decret amp;nbsp;ordonnance de Dieu.

S’ils entendent par cela que Dieu n'eft au-theur des péchés qui font comis par les hommes, cela eft bien vray. Mais il n'eft ne proprement dit,ni atfez fuftifamment déclaré : parce que le decret amp;nbsp;l'ordonnance de Dieu s’eftend generalement fur toutes chofes ,tant bonnes, que mauuaifes-. encores quecefoit différemment

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16 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E I 111.

ment.Autrementjil fe faudroit rendre du parti des Manichéens , qui forgeoyent deux principes , Tvn pour le bien, amp;nbsp;l’autre pour le mal: ou dire que le mal foit fait d’auanture amp;nbsp;fortuitement. Or combien que Dieu ne foit au-tlieur du péché (car eftant tout bon, il ne peut faire que bien,amp; le péché n’eft pas vne creature, mais le defaut de la creature) ce neatmoins Genef.j. Dieu tire le bien du mal, ainfi qu’il a tiré lalu-a.Ccir.4.6. ,-njere des tenebres , brid.;iit les diables amp;nbsp;les melchans, amp;nbsp;fe feruant d’eux pour executer fa volonté:qui ell toufiours iufte,foit pour la rui- f' ne de fes ennemis , foit pour le falut de fes en-fans. Prenons pour exemple l’œuure de noftre Redemption, de laquelle S. Pierre parle ainfi aux Aétes des Apoftres : lie lui leÇus Chrtfi estant liuréparle Congest dtffint et Proutdence de Dteie,aaez prts,amp; l’auez crucifie' occis par les mains des tnicjnes. Dieu donc n’a pas ellé au-theur du péché des luifs, mais de leur péché il a tiré vn bien qui eft ineftimable amp;nbsp;incompre-henfible:a(fauoir,laRedemption de l’Eglife,la-quelle il a faite,amp;s’eft ferui du péché des luifs, comme d’inftrument,pour ceft effedicombien qu’ils ne Payent péfé ne voulu faire. Car(com-Be cerref. me dit S. Auguftin) Dieu fait fa volôté de ceux grst.c. qui ne veulent faire fa volôté: duquel Doéleut ’ nous alléguerons ici quelques paifages , pout l’efclairciÜement de ce que nous auons dit.

De rat et nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;( dit-il ) des cœurs mefmes des

lib.Mit. mefchans, pour la louange amp;nbsp;aide des bous. 11 c.io. s’eft ainfi ferui de ludas , qui a trahi lefus Chrill

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;77

Chrift, amp;nbsp;des luifs qui Tont crucifié : amp;nbsp;de là qui pourroit dire combié les fideles ont receu de biés?I1 fe fert auffi du diable qui eft trefmau uais, amp;nbsp;s’en fert tresbien, pour exercer amp;nbsp;cf-prouuerlafoy amp;nbsp;pieté des bons. Ce font les mots de S. Augultin , quis’eftend amplement “/’•lo-eS* en ce difcoursan mefme liure; lequel fi nos Moynes eulfent veujpeut eftre fe fufl’ent-ils rc tenus de calomnier noftreDoôtrine en ceft endroit. Le mefme authcur en parle encor ainfi en vn autre lieu.Ce font (dit-il) les grades œu lires de Dieu , exquifes en toutes fes volontés, ixurjf.iQn que les Anges amp;nbsp;les hommes ayans peché,c’ert; adiré, ayans fait, non ce que Dieu vouloir, mais ce qu’ils ont voulu : pat celle mefme volonté de la creature , qui a fait ce que le Créateur ne vouloir pas, il a accompli ce qu’il vouloir , vfant bien des chofes mauuaifes comme ellant fouuerainement bon , pour la condemnation de ceux lefquels il a iuftement prede-ftinés à la peine : amp;nbsp;pour le falùt de ceux lefquels il a mifericordieufement predeflinés à grace.Car quant à“eux,ils ont fait ce que Dieu n’a pas voulu. Mais quant à la Toute-puilTan-ce de Dieu , ils ne l’ont aucunement peu faire. Car par cela mefme qu’ils ont fait cotre la volonté de Dieu ,1a volonté de Dieu a efté faite d’eux. Le mefme : Quand la mauuaife volonté (dit-il) a puilfa'nce d’accomplir ce à quoy elle pretend , cela vient du iugement de Dieu, en qui il n’y a point d’iniquité. Car il punit auffi p? ciui.r», en celle façô,qui n’ell pas iniufte:encor qu’elle

foie

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78 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE nil,

foit occulte.Et ailleurs;Les pécheurs (dit-il) amp;nbsp;Anges amp;nbsp;hommes, ne font rien qui puilfe em-pefcher les grandes œuures de Dieu , exquifes en toutes fes volotés. Car celui qui prouidem-ment amp;nbsp;tout puilfamment diilribue à chacun ce qu'il fautjfçait bien vfer non feulement des bons,mais auffi des mauuais.

De toutes ces chofes nous recueillons j que combien que le decret amp;nbsp;ordonnance de Dieu ne face pas le péché : toutesfois Dieu par fou decret amp;nbsp;ordonnance fait le bien qu'il tire du ' péché J amp;nbsp;par ce mefme decret amp;nbsp;ordonnance fe fert du péché amp;des pécheurs pour fa gloire. i.Tjîbdm, pallage qu'ils cottent de là premiere E-. piftre à Timothee c.ij.eft contraire à leur inten tion. Car S. Paul dit là, que Dieu veut ejue tous hommes foyent faHués^et viennent u la cognoijfan' ce de vertte'iCe que nos Moynes allèguent pour prouuer que les péchés ne font pas du decret amp;ordonnance de Dieu.Dont s'enfuiuroit (s'ils alleguoyent a propos) que le mot de vouloir, dont vfe l'Apollre, fignifie le decret ôç ordonnance de Dieu.Or entendent-ils les paroles de S.Paul de tous hommes en general, dont s'enfuiuroit qu'indubitablement. tous les hommes du monde feront fauués:attendu que tel feroit: c. le decret amp;nbsp;l'ordonnance de Dieu, qui ne peut loj. eftre enfrainte. Voila où les Moynes en vien-ThomSn t. nent. Quant à l'expofition du paifage, amp;c cotn-Scn. difiin. jj pg nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;entendre de toutes-

£t Sco. ’ihi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gens,voyez-Ie en S.AuguIhnjamp;mef

mes és Scholaftiques. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' v

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;79

Ilsadiouftent vne diftinólion de permißion zolonte , amp;c difcnt qu'il ne lè fait aucun mal ne bien fans que la volonté de Dieu y entre-uienne : Ie bien, car il Ie fait ; amp;nbsp;le mal, car il le veut permettre. Laquelle dill:inôtion,fi elle eft vn peu recherchée de pres,renuerfera ce qu’ils ont dit au commencement.

En premier lieu ils n’ofent exclurre la Volonté de la Permiffion , difans , que Dieu veut permettre. Comme aulli S. Auguftm parlant de ceci:Ce qui eft fait (dit-il) contre la volonté de Dieu,n’eft pas fait fans fa volonté.Car il ne fe feroit pas,s’il ne le permettoit,amp;il ne le permet pas,nc le voulât. Puis donc que Dieu veut permettre le mal, comme ils confelTentâl s’enfuit , que cefte volôté ne peut eftre fans decret amp;nbsp;ordonnance : car c’eft la volonté du Souue-rain.Et ne fert de rien d’alleguer la Permiffion: Car ie demâderay toufiours,s’il n’a pas ordonné qu’il le permettroit. le demanderay auffi il celan’aduiét pas par faProuidence (car autrement on mettroit la fortune au monde,fuiuant l’erreur des Payens)Et par ainfi il faut necelfai rement reuenir à l’ordonnance amp;nbsp;au decret de Dieu,qui eft toufiours trefiufte,encores que la caufe nous en foit cachee. Car auffi, comme difent nés Peres, il ne faut cercher la caufe de cefte volôté’.parce qu’elle n’a rien de luperieur à elle. C’eft donc par le decret amp;: ordonnance de Dieu, que Dieu fait le bien, amp;nbsp;qu’il permet que le mal foit fait,amp; le tout pour fa gloire. Et pour cela n’eft autheur du mal, mais du bien,

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So nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Article V.

leqiiieljpar fon ordonnancCjil tire du mal.

Qu^ant à ce qu'ils obieólent à I. Caluin ( lequel ils conioignent auec les Manichéens, felon leur impudence accouftumee) cela procédé de Tenuie qu'ils ont de calomnier. Car au lieu qu’ils cottent, Caluin propofe l’obieôlion des reprouucs , qui accufent l'ordonnance de DieUjÔc difentjqu'ils ne peuuent euader la ne-celîité de pecher^veu qu'icelle procédé de l'ordonnance amp;nbsp;volonté de Dieu. A quoy Caluiui refpond, qu'ils ne font excufables j parce que l’ordonnance de Dieu ne peut cftreque tref-iufte : Sc qu'au lieu de vouloir entrer aux fe-crets de Dieu, aufquels on ne peut attaindre, ils fe doiuent fentir conuaincus en eux-mef-mes par la corruption de leur nature,dont leut dânation procédé à la vérité : amp;nbsp;que celle corruption ne peut eftre imputée à Dieu. Voila ce qu'il en dit en ce lieu-là. Au rede il a toufiouts enfeigné par fes efcrits,que côbien que l'homme ne fe puilfe garder de péché, s'il ne plaid à Dieu lui en faire la grace : toutesfois,l'homme ne peche pas neceirairement, c'ed à dire, par contrainte J mais peche volontairement. Pat ainfila doélrine propofee par lean Caluin eft aulîi elloignee de l'accufation de ces Moynes, qu'ils font elloignés de toute fincerité amp;nbsp;rondeur.

ARTICLE V.

10.1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^‘’7 noslre Seigneur Iefus Chrifi Fili t''

quot;PfaLio^. nique de Dieu ( coeffentiel au PereC^ au fiiir^ EÏ^rit )/ncarnédelafub5fancedelaferpetuellt

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Respons H.

8t

» p‘if l’otturn^e du fdinP} Liprit. £t pource if dsete^le Caluinjejuimet l'œtfure du fainil £l}’ritipiiur[an^tfier leelle conception:et toutesfois l'ÈfcfiturelajJi^ne d la vertu d'intarner. Aujfi te abhÿrre Beze , /^ui met vne vttion du Kerbe dium lt;tet.àe A l'ame y nbsp;nbsp;Pautre au corpr. £t detesle außl ceux

^ut tntroduijent,auec JMePioreyVne vnion à laper^ *^nath‘ertt fonne hum am e y auant ipue Ie Kerbe ait eile vul 4 i«.i.35.4j nature humaine tleejuel Fils de Dieu ie croj vnt inÇeparablement a nature humaine. £t pource te croy ad.ore deux natures qui [ubßsient en vne perfonne, £t parcortßequentquc l’humanité de nn-fire Seigneur eft vraycment vtutfiante en fóyft eau lojn.ô.'jî, fe de l’exiiiance diuinct dont elle exilie tnefiable-ment,au verbe diuin.Et pource i’dbture J\cilore, tyrgt;t-cßßt Caluin,Bez.e,^ Its-Pretendans qui la font preci-fement viuifiante, d caufe de l’vnton au Kerbe, non pfemterement amp;• proprement d caufe de l’ext- in lus»têt ftéce diuine,dot elle eft enrigt;chie par le dtuin Kerbe eh l Vntonperfohnelle auec ladite nature humaine.

t R E S P O N S Eï

Ce que nous croyons de Tlnearnation de le-fus Chridjcft couché amplemct en Tarctcle xvi de noftre Confeffion de Foy:Nous croyons que a en vne mefme Perfonne ; afTauohslcfus Chrift, les deux natures font vrayemét amp;nbsp;infepatable- « met coniointes amp;vnieSjdéttieurâc neantmoins « chacune Nature en fa diftinéle proprieté;telle- « ment que comme en celle conionélion la n.atu « re diuine J retenant fa propriété, eft demeuree « increéc, Infinie, Se rempliirant toutes chofesi u aufli la nature hunjaine eft demeuree finie,ayât «

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81 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T 1 C L E V.

fa forme, mefure,amp; proprieté:amp; mefmes corti-}gt; bien que lefus Chrill en refufcitant ait donne „ immortalité à fon Corps , toutesfois il ne lui a

ofté la vérité de fa nature. Et ainfi nous le con-3, fiderons tellement en fa diuinité , que nous ne 3, le defpouillons point de fon humanité.En quoy

ces Moynes Profelfeurs de Calomnie n'ayans rien trouué à mordre, fe font contentés d^ab-bayer de loin les efcrits de lean Caluin, amp;nbsp;encores auec telle ambiguité de langage, qu'il eft malaifé d'entédre ce qu'ils veulent dire.Il fem-ble de prime face,qu'ils accufent Caluin,ou d’a noir nié que lefus Chrift ait efté incarné de la fubllance de la Vierge Marie par l'œuure du fainéf Efprit ou d'auoir voulu dire, qu’il y ait eu quelque impureté en cefteConception,pouC le regard de lefus Cbrift, qui ait eu befoin d'e-ftre oftee puis apres, par lafandification du faind Efprit. Mais ces opinions prodigieufes font tant efloignees des Efcrits de Caluin, que perfonne ne l’en peut accufer, que parmefm« moyen il ne fe côdamne foy-mefme d’eftre pri-ué de tout jugement amp;nbsp;raifon.

Au refte, fi ces Moynes entendent qu,e l’Ef-criture affigiie amp;nbsp;attribue à l’œuure du fainét Efprit l’Incarnation tant feulement, amp;nbsp;non la fandification de la Vierge Marie , autant qu’il a efté necelTaire , à fin que l’humanité de lefus Chrift fuft exempte de toute macule : ils con-tratient à la parole de Dieu,amp; à ce que,fuiuant icelle,les anciensPeres en ont enfeigné.Et partant, s’ils entédent cela, Caluin ne eonfent pas voit

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;83

voirement auecques eux, quand il dit au lieu qu’ils ont cotté,que lefusChrift a eftéfandifié du fainû Efprit,à fin que fa generation fuft en-tiere amp;nbsp;fans macule , comme auant lacheute d’Adam. Voila Ces paroles. La raifon qu’ils allèguent fait contre eux;a(l'auoir, que l’Efcritu-re affigne amp;nbsp;attribue à l’œuure du fainét Efprit la vertu d’incarner-.amp; cottenc ces mots de TAn ge en S.Luc : Le Eifrit furutendra en toy, amp;nbsp;ia vertu du Soutterain t enomhrera. : pourtant

cela, cjtti »attira de toy SatnEl, s’appellera le Fils de Dieu. Car outre ce qu’il n’y a point de repugnance,que le faind Efprit face l’Incarnation,amp; la fanôhfie,veu que ces deux s’accordéc tresbien enfemble, encores les paroles mefmes de l’Ange nous meinent là. Car ayant nommé lefaindl Efprit, il parle nommément de la vertu du Souuerain, amp;nbsp;puis adioufteiPowrt^wf aa^i ce ejat naiflra Sainl'i,fera appelle Fils de Dtea.Êa quoy l’on voit que lefus Chritt eft né Sainét, pource que le fainét Efprit eft furuenu en U Vierge Marie, amp;nbsp;que la vertu du Souuerain l’a enombree. Car ces mots , Pourtant aa^fi, amp;nbsp;ce mot,5lt;ît»S,defquels l’Ange avfé.doiuent bien eftre notés. Partant S. Auguftin attribue à la EncW.c.36 grace de Dieu , que 1 humaine nature de lefus Chriftn’apeu auoir aucun peché.Et S.Ambroi fe dit ainfr. Le S-E’^prit furuenant en la Vierge, àreputgé fonentendement de toute fouillure de vices. Et S.Cyprien •. Combien,dit-il,que le Exfofgt;» feulEils naiffe de la Vierge,toutesfois,le Tref-haut eft aufli preset,le S.Efprrc eft prefent auf-

f i fi.

s

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84 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE V.

fi, à fin que, tant la conception, que l’enfantfv ment de la Vierge,foyent fandifiés. Il y a plus: Car ces mauuais difciples oublient toufioufs la leçon de leur Maiftre, laquelle nous foranic® ‘ contraints de leur ramenteuoir fouuentesfois-

Voila donc comment en parle Pierre Lombafd leMaiftre de leurEfcholle;Combien(dit-il)qiie chair de lefus Chrift foit mefme que la nO' ftre : toutesfois elle n’a pas efté faite au venttf ' de la Vierge comme la noftrexar elle a efté ûi* ôhifiee au ventre de la Vierge,amp;eft nee fans pf' ché,amp; n’a iamais peché.Voila ce qu’il en dit,lt;?^ que maintenant ces Moynes abiurent; lefqueb penfans frapper Çaluin , attaignent leur Maf lire : amp;,ingrats qu’ils font,le maudifent ici mi' ferablément par leurs anathemes.

Sfles Moynes veulent attribuer la fainâetc de Chrift en fa conception amp;nbsp;natiüité,à ce ils difent que la Vierge Marie n’auoit pas cd« 'COnceuc en péché originel (qui a efté vne quê' ftion anciennement fort débattue, principal' ment entre les ïacopins amp;nbsp;Cordeliers : Voyf^ 2n Sent. Thomas d’Aquin , amp;nbsp;ce qu’il allégué de S.Bet' nard efcriuant aux Lyonnois, que la feftedel* ■ ■ nbsp;nbsp;quot;nbsp;Conception d’icelle nedeuoit eftre célébré««

combien que cela fefift par deootion en quel' ques endroits.} cela n’a aucun fondement, uy en ce paftage de S,Luc,ny en autre quelcoiiqu« Sef-^.-Dec. de rEfcriture,côbien que le Concile de Trent« foitdeceft aduis,fuiuant lesconftitutionsd^

■ Sixte iiij.amp; non celles de l’Elprit de Dieu,com tenues en fa Parole. Au contvaire,cepairaged« « ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S.paul

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RESPONSE.

S.Paul eft fi expres,qifil ne peut eftre embrouil Ié par aucuns fubterfuges. Par vn honimejàxz-il ) le péché efi entré du monde par le peche'la ngt;ort:amp; atnß la mort efiparaenue fartons tes hom mes fi‘autant epue tous ont péché. IternyPar lefor-i Ib. faiél d’vn la coulpe efi fur tous les hommes en condemnation. Partant S. Augullin expofant celaj dit ainfi : UApoftre monftre aifez.que nul n’eft né d’Adam, qui nefoit detenu en condemnation. Et au mefme liure ; Il falloir ( dit-il) que Ji.c.ioS. nous fuflions reconciliés par le Mediateur, qui feul fans péché eft né , a vefcu , amp;nbsp;.a fouftert la mort.Et encores ; Le péché originel (dit-il) a e- ri.c.48, fté fl grand, que tout le genre humain en a efté condamné ; amp;nbsp;ne peut eftre effacé, que par vn: affauoir, lefus Chrift,Mediateut entre Dieu amp;c les hommes, qui feul a peu tellement naiftre, qu’il n’a point eu befoin de renaiftre.Et ailleurs;

Combien que la chair de laVierge ait efté con- Gen.ad ceuc delà propagation de peché:toutesfois,el-le a conceu lefus Chrift fans péché. Au refte,fi la Sainâeté de la conception de lefus Chrift fe com. rapportoit à ce que la fainCte Vierge auroit e-itéconceuc fans péché originel,on pourroit aufli dire le femblablc de la Vierge mefme , amp;nbsp;puis de fes Ayeuls , tellement qu’en fin il ne fe trouueroit point de péché originel en fa race. Chofe, qu’autres que ces Moynes n’oferoyent penfet.

Nous n’ignorons pas que quelques vns ont reuoqué en doute, fi la Vierge Marie auoit péché,ou non ; craignans que fi elle auoit péché, i a cela

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8^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE V.

tuc.ï.

cela obfcurcift aucunement la perfection de lefus Chrift.Mais tout ainfi qcie nous l’honno-rons amp;nbsp;reueronsjcomme celle qui douée d'vne ßnguliere grace de Dieu,a eftc benité entre les femmes , eftant mere de nollre Rédempteur vray Dieu , amp;vray homme : auffi ne voulons-nous pas eftre plus fages qu’elle-mefme, qui en fon Cantique a recognu Dieu pour fon Sau-ueur. Or qui n'a point péché,n'a pas befoin de Sauueur. A celte caufc,en ce mefme Cantique elle rend graces de l’accompliirement de la pro-melFe faite aux Peres,touchant la Redemption de PEglife,recognoilfant allez quelle fetoit aufli participante de ce benefice.

Qu^ant à Theodore de Beze,il a fi amplement déclaré ce qu'il tient de la vraye vnionPerfon-nelle des deux natures en vne Perfonne,quieft Icfus Chrilt, mefmes en fa refponfe à laques André, que les Moynes n'y trouueroyent rien à redire, s'ils auoyent autant abiuré la Calomnie , comme ils abiurent la vraye Religion. Et quant à celle quellion,dont ils parlét (ans l’entendre , nous les renuoyons à leur Maillre des Sentences, au iij.liure, dillinélion v. pour voit là ce qu’il en dit. Ils difent qu’ils adorerit deut natures qui fubfillent en vne perfonne : amp;nbsp;p^t confequent que l’humanité de nollre Seigneut e11 vrayement vinifiante en foy mefme,à caufe de l’exillence diuine, dont elle exille inelFable-mét au Verbe diuin. En quoy nous délirerions qu'ils parlalTent plus proprement. Car l'EfcH' ture dit,que nous adorons la Perfonne dé lefus

Chtift

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;87

Chrift. Mefmcs Ies palFages qu’ils cottent, le leur deuoyent auoir monftré:allauoir,en fainót Luc;J)’o« vient que la mere de mon Seigneur vienne à moy ? Et en fainôl lean : Et au on s con- loana. temple fa gloire, comme de l'Enique du P ere épient de grace çp de verite'.^f(\ae:\s lieux il eft parlé de la Perfonne.Car nous difons Chreiliennement quelafaincle Vierge eft Mere de Dieu: Inais' nous ne difons pas qu’elle foit Mere de la diui-nité.ou Deité.Partant nous deuons mettre difference entre Concretum et AbfiraÜum (comme l’Efchole parle) ven que l’Eglife Romaine mef-me dit ordinairemét:Vn feul Dieu tu adoreras.

Auffi parlent-ils fort ambigucmenCj quand ils difent, que par confequent l’humanité de noftre Seigneur eft vrayemét viuifiante en foy, à caufc de l’exiftence diuine dont elle exifte in-effablement au Verbe diuin. Et n’y auoit point de raifon là deftus de nous conioindre auec The retique Neftore.Carjgraces àDieUjnous croyons de ce Myftere ce qu’il nous en faut croire felon fa Parole , amp;nbsp;le déclarons mieux qu’ils ne font,ainfi qu’il fe pourra voir en noftre Conief-fion de foyjartic.xiiij.amp; xvdis difent donc^que par confequent l’humanité de lefus Chrifteft vrayement viuifiante enfoy.furquoy nous demandons quel eft ce confequent.Car puis qu’ils n’oferoyent dire qu’ils adorent l’humanité en foy,mais à caufe de la diuinité (corne ils difent ordinairement ) à laquelle elle eft Perfonnelle-mct coniointe:il s’enfuit doc,par leur dire mef-me, que ladite nature humaine eft viuifiante, à f 4 eau

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88 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE V.

caufe de la diiiinité, à laquelle icelle eft vnie. Partant ces Moynes ne fçauent ce qu'ils concluent , ne pourquoy ils le concluent. Car s'ils entendêt que l’humanité eft viuifiante en Iby, c'eft à dire,de foy, ils fe contrcdifent : veu que par apres ils afferment qu'elle a efté enrichie de cela : c'eft à dire,que cela lui a eftç donné du Verbe. D'auantage, s'ils cuident que le Verbe ait tellement donné celle vertu, qu'il ne l'ait plus,amp; qu’il ne viuifie pas lui mefmexertes ils font pires qu’heretiques. Mais s'ils entendent que le Verbe nous viuifie par l’humanité, laquelle il s'eil adiointe en vnion dePerfonne: c'eft cela mefme que nous difons. Car celle fi-militude fe trouuera és efcrits de nosDoéleurs: que comme en vne fontaine la fource de l'eau ell tellement au fonds dubaffinjOU capacité d'icelle fontaine,qu'elle l’en remplit,amp; de là on puife l'eau abondammenttaulTi combien que le Verbe diuin foit la vraye amp;nbsp;premiere fource amp;nbsp;caufe de no'ftre vie ( comme Dauid dit, que la fource de vie eft en Dieu ) Toutesfois, l'vnion Perfonnelle a fait, que la vie qui prouient proprement du Verbe diuin ,eft en l'humanité de lefus Chrift-.à fin que de là elle découlé iufques à nous : auflî en celle humanité a efté accompli tout ce qui eft necelfaire à nollrc vie amp;falut.Ils difent auffi, que l'vnion perfonnelle enrichit la nature humaine d’vne exiftence diuine : qui eft vne façon de parler obfcure amp;nbsp;trefdangereu« fe,amp;partanr non conuenable à vne publique Si ouuerte confeflion’de foy. Car s'ils entendent celle

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;89

cefte exiftence diuine, tellement que la nature humaine ait efté faite rEflence diuine, ou ait receu en foy les propriétés de la diuinitéjce fe-roit à dire en vn mot, qu’elle auroit efté faite Dieu, qui eft vn blafpheme. Car rien ne peut eftre fait Dieu : veu que pluftoft Dieu eft celui qui fait tout, comme Créateur amp;nbsp;non creatu-re.Or cela feroit encore pis que l’herefie d'Eu-tyches condânec par toute rEfcriture,amp;nom-mément par le Concile de Chalcedoine,lequel nous auos défia allégué cy delfus, pour la confirmatif de la vérité du Corps de lefus Chrift: amp;nbsp;fommes contraints de le repeter encores en ce lieu, à fin j s’il eft poffible, de l’imprimer en l’entendement de ces Moynes , qui fe contentent de louer de paroles les anciens Conciles, fans en faire autrement leur proffit. En lefus Chrift ( dit le Concile ) apres l’vnion des deux naturesjl’ElTentielle propriété des natures de- ^ed. meurcjSc les deux natures, apres l’vnion, font tt vrayementles mefmes natures,enfemble leurs « naturelles propriétés.Voila la determinated de « ce Concile cotre l’heretique Eutyches,amp; auffi « contre cesMoynes,s’ils entendét par les mots, « d’exiftence diuine, la diuine efl'ence amp;nbsp;les propriétés d’icelle.Mais s’ils veulent dire par cela, que l’humaine nature, laquelle le Verbe diuin s’eft adioint, eft fouftenue par icelui Verbe diuin en vnion de perfonne, amp;nbsp;enrichie de graces à nous incomprehenfibles , autant que la condition de la nature humaine peut porter: cefte expofition fera veritableiSc la glofe meilleure

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90 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ART I C LE V.

leure que le texte: ôc n’y aura dequoy nous ab-iurer(comme ils parlée) veu que nous croyons cela mel'me , amp;nbsp;l’expofons plus clairement qu’eux. Car s’ils difent que l’exiftence perfon-ïielle n’eft differente de l’effence naturelle , les voila Eutychiens : s’ils difent, qu’elle eft differente , il faut donc qu’ils nons accordent que l’exiftence Perfonnelle ne donne rien à la nature humaine qui puiffe öfter la vérité d’icelle nature,amp; la confondre auec la diuinité.

tea» $.

tn Ioan. Train.

Examinons maintenant les palfages qu’ils cottent,tirés del’Euâgile felon S.Iean.Le premier eft du chap.v.en ces mots: Comme le Pere a vie e» foy-mejme, ainß il a donne' außi au Fils d'auoir vie en foj-mefme,CP lui a donne'puißance défaire aujfi iugement, car il eft le Fils de l‘hom^ ««e.Lequel paliage S.Auguftin expofe ainfi,Se-lon ce (dit-il) qu’il eft Fils de Dieu , tout ainfi que le Pere a la vie en foy-mefme , auffi a-il donné au Fils d’auoir la vie en foymefme.Mais felon ce qu’il eft Fils de l’homme , il luy a donné puiffance de faire iugement. Maintenant ft ces Moynes ont des yeux , ils voyent combien ce S. DoÂeur eft efloigné de leur expofition. Mais pour n’entrer plus auant en l’interpreta-tion du pairage,nous nous cotenteronsde dire qu’il eft là parlé de la Perfonne in concreto, partant cela ne fert à leur propos. D’auantage, s’ils reftreignent ce mot de Fils à la nature humaine, ceci eft contre leur propre intention. Car il s’enfuiuroit que le Pere done à la nature humaine. Or ils difent qu’elle a cela,à caufe d®

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pr

fon exiftence au Verbe diuin.Et de faiót laPer-fonne du Pere n'a pas efté incarnée, mais celle du Fils, lequel partant enrichit la nature humaine qu'il a Vnie à foy Perfonnellement. Par ainfi ce pallage ne fert qu'à deftruire leur o-pinion.

L'autre paflage eft du vj. de S.lean , en ces mots:/e [un le Pain vifijui fuis de feed, u du Ciel: fi aucun mange de ce Paindl viura éternellement, (if le pain ejue te donneray c’efl ma chair, laejuelle ie donneray pour la vie du monde.ïtem'.tjui man^ ge ma Chair, amp;nbsp;boit mon Sang, il a vie et erne lie. Item .• Comme lePere viuant ma enuoye', auffiie vi à caufe de mon Pere, nbsp;nbsp;celui qui me mangera,

viura auffi à caufe de moy. Item : C’efl l'ECfrit qui viuifie, la chair ne profite rien, les paroles que ie Vous di font esprit nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Voila les lieux qu'ils

cottent en marge. A quoy nous ne ferons autre refponfe, finon celle que ce palTag^ mefme nous donne. Car s’ils cuident queïa nature humaine de lefus Chrift foit defeendue du Ciel s qu'ils s'en aillent donc auec les anciens hérétiques.Mais s’ils font contraints d'entendre cela du Fils Eternel deDieu,qui s'eft abaif-fé iufques là, que de vouloir prédre noftre na-tureuls oyent par là noftre refponce : alfaupir, que noftre vie vient premièrement amp;nbsp;proprement, amp;nbsp;ainfi, precifement (puis que ces mots leurplaifent) delà nature diuine,amp; qu’elle nous eft communiquée par la manifeftation en chair du Fils Eternel de Dieu , amp;nbsp;receuë de nous,par les moyens qu’il a ordonnés en faPa-rolc

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9X nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICÉE V.

role. Celui donc qui mange fa Chair, amp;nbsp;boit fon Sang, a vie eternelle j parce que celui qui cft defcendu du Cieheft le Pain vif, amp;nbsp;a donné fa Chair pour la vie du monde.Item;parce que celui qui le mange, vit à caufe de lui, amp;nbsp;que c’eft TEfpric qui vinifie: corne il eft dit là en ter mes expres. loinél ce qui eft dit au mefme lieu: Le pain de Dieu (dit-il)^ celui cjui ejl defcendu du cicl,c^ donne vie au mondeXLz que S. Augu-ftin expofant : C'eft l’Efprit qui viuifie (dit-il) car TEfprit viuifie les membres qui font au corps. Or celui qui iia TEfprit de Chrift, il n'eft pas à lui.Voila ce qu’il en dit.Fartât nous fçauons bon gré à ces Moynes , de nous auoir donéen main des palfages fi propres pour ren-r uerfer leur opinion. Et nous esbahilîbns qu’ils n’ayent veu ce qu’il fut dit au Cocile d’Ephe-fe : Que la chair de lefus Chrift eft viuifiante, ■parce que c’eft la chair du Verbe qui viuifie toutes chofes. Mais ils font tant occupés au Concile de Trente , qu’ils ne penfent point aux autres Conciles qui valent mieux.

Ilrefte que nous leur monftrions briefue-ment, que les mots de leur Article font pleins non feulement d’impropriété, mais auffi d’he-refie.

Premierementjle mot, exister, fignifie eftre fait de quelque matiere,fortir amp;nbsp;procéder : de quelque chofe,comme ci deuant l’auons mon-ftré par l’authorité de S.Auguftin,fur la fin du premier Article: outre la vraye etymologie du mot.Partant cela ne peut eftre dit de la nature hun»

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RESPONS 8. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9^

humainCjqu’elle exifte auVerbe diiiinrne pertr, di-ie,eftre dit fans vne manifeftecorruption du mot 3 amp;nbsp;fi on Ie veut défendre autrement, fans herefie.

D’auantage, ils difent que l’humanité de le-fus Chrift exille au Verbe Diuin de Fexiftence diuine:ce qu’ils ne peuuent rapporter (auec toutes leurs impropriétés de langage ) lînon à ce que l’humanité eft fouftenucamp; fubfifte au Verbe en vniô de Pcrfonne.Et toutesfois eux-mefmes mettent difference entre l’vnion au VerbCjSc Fexiftence diuinexombien que Fvne reuienne à l’autre. Car qui voudra définir Fv-nion de l’humanité au Verbe,il dira que le Z Verbe adioint à foy l’humanité, amp;nbsp;la fouftienc en vnion de Perfonne:Ce que les Latins expriment par ces deux mots^^ffiumens, amp;nbsp;ptum. Partant qui dit Fvn , dit aufli l’autre : au lieu que ces Moynes font l’vnion premiere, amp;nbsp;puis cefte exiftence diuine apres, dont s’enfui-utoit vne infinité d’erreurs amp;nbsp;d’herefies.

Outre plus, ils maintiennent que l’humanité delefus Chrift eft enrichie de Fexiftence diuine par le diuin Verbe en l’vnion Perfon-nelle:Dont sVofuiuroit que la nature humaine feroit en l’vnion Perfonnnelle auant Fexiften-ce:qui eft vne contradiétion.S’enfuiuroit aufli que ladite exiftence feroit entre les dons conférés à la nature humaine de lefus Chrift ;amp; ainfi Fexiftence ne feroit qu’vne qualité amp;nbsp;en-richilfement : qui eft non feulement vne here-fie,mais vne trcflourdc ignorance, de confon-drçz

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94 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AR TIC lï V.

dre I’exiftence auec la qualité : Veu qu’il faut que la qualité foit en ce qui exifte. En fomme, ceux qui font entendus en ces matières , tant peu que ce foitjrecognoiftront aifément auec-ques nous j que ces beaux Profelfeurs ont fait voirement par leur efcrit vne ample amp;nbsp;ouuer-te Ptofeffion d’ignorance, lors qu’ils fe font le plus voulu mefler d’enfeigner les autres.

ARTICLE VI.

I. î. le Cray cjue nostre Seigneur nous a prefche l'E^ 1.ua»gile,c]tti efl vne Loy nouuelle i distincte eßen-ad tiellement du Kieil Tefiament.Et fource te dete-Cor Gai et nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Iitifs,des fauxApoHres,amp; des

Hebr. Prétendons, tjttt enfeignent ejue le Kteil amp;nbsp;Noh-Meott Ee^-ament ne different lt;^tie defoy , decom-' mctndemenSiOU de fapon de les declarer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

RE SPONS E.

Nous voyos ici la raifon pourquoy les Moynes appellent ordinairement nollre Religion nouuelleralfauoirj d’autant que l’Euangile leur eft vne nouuelle Loy ; voire 11 nouuelle, qu’ils monftrent de plus en plus par cell efcrit qu’ils ne l’ont encor faluee que de bien loin. Ils veulent ici parler de la fimilitude amp;nbsp;difference du Vieil amp;nbsp;Nouueau Tefl:amét,amp; voudroyent dire, que nous fommes en erreur en cell Article: amp;nbsp;pour cell effeél, nous impofer tout ce qu’il leur plaill,amp; qu’ils ont fongé,au lieu de repre-fenter au vray ce que nous en tenons. C’ell pourquoy ils ne cottent aucun lieu duquel ils ayent tiré ce qu’ils difent: fe contentans de ce qu’il leur plaift d’en dire:qui eft en fomme que nous

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;95

nous ne mettons autre difference entre le Vieil amp;nbsp;Nouueau Teftamexit,que4/ryô^,(5ff comman-demens y oit de façon de les declarer. Mais quant à euxjqu'ils tiennent que celle nouueile Loy de l’Euangileeft ejfenttellement diftinéle du Vieil Teftament. Voila le dire de nos Moynes. Or jl ne fe trouue pas que nous en parlions ainfi : amp;nbsp;fi nous en parlionsde celle façoiijnous dirions ce qu'ils difent eux-mefmes. Car fi l’Euangile cil dillind ellentiellement ( comme ils parler) il s’enfuit jqu il ny a pas feulement diftinôlion, mais difference toute manifefle entre les deux Tellamens, tellemét que l’Effence de l’vn n’efl pas l’Elfence de l’autre : dont s’enfuiuroit,qu’il y auroit difference amp;nbsp;de foy,amp; de commande-anés. Car où fera l’elfence, outpour mieux parler,la Subftance tant duVieil que du Nouweau Teftament, fi on en ode ce qu’il faut croire, amp;nbsp;ce qu’il faut faire ? Partant ce n’efl de merueil-les s’ils n’entendent pas ce que nous difons de celle matière, puis qu’eux-roefmes nentendéc pas ce qu’ils en difent. Or voici ce que nous croyons de la fimilituùe amp;nbsp;dift'erence du Vieil amp;nbsp;Nouueau Teftament, ainfi qu’il eft contenu, en noftrc Confelfion de foy , Article xxiij. en ‘ces mots:

J Nous croyons que toutes figures de la Loy ont pris fin à la venue danoftre Seigneur lefus « Chrift. Mais combien que les Ceremonies ne « foyent plusenvfage, neantmoins lafubftance « amp;nbsp;vérité nous en eft demeuree en la perfonne « de celui auquel gift tout accomplilfcment. Au «

furp

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Ç)6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLEVl.

« furpluSjil nous faut aider de la Loy amp;nbsp;des Pro* « phetes , tant pour reigler noftre vie, que pour M eitreconfermés éspromeU’es dePEuangile.

'Cela eft fondé fur des tefmoignages de TE-fcrituretrefclairs amp;nbsp;trefexpres. Car puisque nos Peres fous le Vieil Teftament ont euvn mefme Dieu, ont efperé vn mefme Salut, amp;nbsp;l'ont efperé par vn mefme Rédempteur que nous , amp;nbsp;font vne partie dei’Eglife vniuerfellc (comme l’Efcriture SainéleTenfeigne □ amp;nbsp;les Anciens Doéleurs de l'Eglife Chrelliéne l'ont creu,amp; confefl’é tous d’vne voix.)Nous demaa dons à cesMoynes,pourquoy il ne faudra croire qu'il y a vne mefme fubftanceés deux Te-ftaments , amp;nbsp;où c’elf qu'ils trouueront celte differéce effentielle qu’ils appellct diftinéliouj motîCertes h Abraham ell le Perc Joxw.S,' des croyans , s’il a veu le iour de lefus Chrill» s’en eft efiouï : Si les Gentils venans à la co-gnoillance de Dieu par l’Euangile, ont efté entés au bon Oliuier de l’Anciéne Eglife d’ïfracl (comme en parle S. Paul) amp;nbsp;lî les Anciens Peres fous la Loy ont mangé d’vne mefme viande fpirituelle ont tous beus d’vn mefme bruuage fpirituel,buu5s de la pierre fpirituelle i.CDr,ïo. quj jçj fuiuoit Pierre eftoit Chrift ( ainü que S. Paul tefmoigne)fi l’Euangile a efté pi'O'

K?)« Il P®*' nbsp;nbsp;nbsp;Piophctes és fainétes Eferitures :

Croyant vrayement à Moyfe, on croit en lefus

Z«4n.j. Chrift ( comme lui mefme difoit) fi S.Paul rien dit fors les chofes que les Prophètes Âloyfe ont prédit deuoir aduenir ( comme ill® ;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prote«

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Response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;97

proteftelui-mefme) fi les Prophètes ôtlù pro-phetizé par FElprit de Chrift (corne dit S.Pier- n.'Pttr.t, re) Etjpour ne nous eftédre plus auant eil ce di-fcours,fi Timothee aiioit appris dés fon enfan-ce les fainéles lettres qui le pouuoyent inihui-re à falut par la foy qui eft en lefus Chrifizfijdi-ie,toutes ces chofes font trcfcertaines,comme tirees de l’exprelfe parole de Dieu ; nous pou-uons conclurre,que nous auons parle en nollre Confeflion de foy , de ce poinél de Doétrine, ainfi qu’il falloit:amp; qu’au cotraire^nos Moynes Abiureurs- voulans parler de la difference des deux Teftàmensjne Içauent que c’ell ne de l’vn ne de l’autre. Partant nous fommes contraints de les renuoyer encores à l’Efchole j pour ouïr là ce que leur Maiftre Pierre Lombard enap- SenJi.j.di, prouue, vfant de ces mots, en parlant des fide- 15.«.fr«» les qui ont efté fous le Vieil Tellament: Ils ont efté fauLiés , dit-il,par la foy de lefus Chrift, croyans qu’il viertdroit en chair. Car leur foy amp;la noftre eil vne mefme foy.Auffi S.Auguftin dit,que Iss Sacremés font changés,mais la foy cil vne.amp; luftin Martyr dit ainfi;Qffeft-ce que la LoyîC’eft l’Euâéile prédît.Qu’efi-ce que l’É- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

uangileîG’eftla Loy accomplie.

Auffi monftrent-ils vne merueilleufe impu-déce,quand ils nous conioigncnt auec lesluifs: les erreurs defquels ont efté iufques àprefent trop mieux réfutés par les doéfeurs de l’Eglifc Reformee,que par lesMoynes.En fin,fi on veut voir lefquels des deux s’approchent le plus pres des Iuifs,que l’on confidere le facrifice externe g reel

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98 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AXTICIE Vb

reel amp;nbsp;aduel de lEglife RomaineJes autefsjc^ lampes,I’encenfoir,les veftemens des Preftres, quifedifent SacriHcareurs ,amp; infinies chofes femblables ,tirees des anciennes Ceremonies des luifs , lefquelles ont efté abolies par la venue de lefus Chrift:amp; nous nous alfeurons que on iugera facilement par les ceremonies de I'E-glife Romaine , qu’ils s’approchent tant qu’ils peuuent des ombres Judaïques, parce que la clarté de l’Euangile leur defplait.

1.'Petr.Z.

Et d’autant qu’ils nous conioignent auflia-uec les faux Apoftrcs,qui ramenoyent les ceremonies Iudaïques:s’ils ont quelque veuc de re-fte,ils peuuent voir,que cela leur appartient,amp; non pas à nous qui reiettons tout ce qui refte en l’Êglife Romaine tant du ludaïfme, que du Paganifme : voire qui dételions les faux Apo-llres iufques là, que fuiuant la vraye doélrine des Apoftres,nous condamnons de tout noftte cœur,1a Primauté du fiege Romain,duquel l’E-uefque fe dit faulfement fuccelfeur de S.Pierre: auquel, foit en la doélrine, foit en la vie , il ne rellemble non plus que les tenebres à la lumic-re.Car(âfin de n’alleguer autre prenne que celle qui eft de frefehe mémoire) au lieu que S. Pierre commande d’obeïr aux Rois, amp;nbsp;s’alfub-iettir à tout ordre humain,Sixte v.fe difant E-uefque de l’Eglile vniuerfelle , a bien ofé faire publier vne Bulle contre le Roy de Nau3rre,amp; Monfieur le Prince de Codé, pour les defpouil-1er , s’il pouuoif, de leurs dignités , comme fon predeceileur Gregoire xiij. auoit fait quelque , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;temp’

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RÏSPÖKSEi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;99

temps auparaiianr contre JaRoyne d’Anglc-terre,difpenfanr fes fubiets de robeïirancc qu6 ils lai doiuent. Ce font là des fiiix Apoiltcsj a-uec lefquels nous n’aiions rien de commun , amp;nbsp;voudrions bien fçauoir gt;nbsp;fi ces Moynes Profef-* feurs voudroyent maintenir rauchorité de leaf Pape en ce poinôt-là. Il fcroit doncqaes à défi-* rer, pour leur bien, qu'ils fuiîent plus efloigncS qu'ils ne font,de l'erreur des luifs amp;nbsp;faux Àpo-üres(aucc lefquels ils nous conioignent fauife-ment ) amp;nbsp;( pour rcuenic à leur façon de parler) qu'ils en fulfent, non feulement diftinôts,mais elfentiellement, amp;nbsp;totalement feparés : ce qui fe fera quand,an lieu de combatte contre la ve rité de rEuangile,ils s'alfubiettiront volontai-.rement à icelle.

ARTICLE vit

le Cray cjtte no^re Seigneurnous a rachete'spar fa mort 'vtßbleiamp; naturelle,fous Pence Pilate. Et abiure ce pris inuißble controttué par lesCuenots et Pretendans, de l’Ame de nosbre Seigneur damnee des ce mode pourvu temps,et en doute de fon falut. Cal. li.z. ct

RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16.Aff.lO.

Nous ne nous amuferons point à amplifier l'effrontee amp;nbsp;plus que Monachale impudence de ces Moynes,qui nous accufent des blafphe- ad. Heb.^. mes qu'eux-mefmes ont inuêtés,amp; nous fouil- etinCate‘-letoyent volôtiers de leurs ordures. Ils ne cot- d«’”«? tent rien de noftre Confeffion de foyjamp;fe con-tentêt de vomir leur puantife far lean Caluin, auquel ils font prononcer des blafphemes qui ne lui vindrcnt one en l’entendemenf.c'eft a di-*

g

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JOO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE VII.

re,en fomme, qu'ils lui tont parler leur lagage» Or voici ce qu’il aenfeigné de celle doôlrine: Que lefus Chrilljpour accôplir Fœuure de no-flre Redemption , a fouffert non feulement en fon corpsjinais auiTi en fon ame:parce qu'ellant parfait Rédempteur,amp;non à demi,il a eflé Rédempteur aulli bien des ames,que des corps;amp; l-Vei.z. qu’en fa playe (comme dit S.Pierre) nous auons guerifon, A celle caufe,qu’il a combatu contre la puilfance des enfers , l'a furmontee, voire tellemét,que par le merite de fa mortiSc palTiou nous fommes deliurés de la dânation eternelle en laquelle nousellions. Voila lefommaire de ce queCaluin en dit.Et afin qu'on ne puilTe ima giner (corne font ces Moynes) que cela dérogé à la dignité de lefus Chrill, il vfe de ces mots, ló.fe^u' l'explication de fon dire : Toutesfois, dit-il,nous ne voulôs inferer par cela, que Dieu ai# iamais ellé ou aduerfaire ou courroucé à fon Chrill. Car commet fe courrouceroit lePereà fon Fils bien-aimé, auquel il dit qu’il a pris fon bon plaifir?ou commentChrill appaiferoit-ille Pere enuers les hommes par fon intercelîîon, ■s'ill’auoit courroucé contre foy? Voila ce' qu’il en dit. Partant fi ces Moynes euflent appris v-in Pßi.ii ne reigle tant de fois reiteree en S. Augullin, qu’il faut mettre ditferéce entre ce qui côuient à l.a Perlbnnc de Chrill, amp;nbsp;ce que Chrill a fait en nollre perfonne,peut ellre eulfent-ils ellé te tenus,pour ne delgorger de fi enormes blafph^ mes corne ils ont fait. Au relle,Caluin allégué» pour la confirmation de ce qu’il en dit,des pal-fages

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ici

fages de I Efcriturc qui font tresfermesSi tref-euidensxomme ce que lefus Chrift difoit, que fan ame e^oit triste nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la mort;amp;c cc que dit

S. Luc J (]viefafiie»re^oit comme grumeaux de fang decoulans en terre:Qu vn Ange du ciel sap~ parut à lui,pour le fortifier. ItemjCe qui a efté dit pat Efaïe, Qifil a porté nos langueurs,^ a charge' MOS douleurs:cju on l’a eSiimé eslre naurédeDieu, amp;nbsp;afflige': iju’il a e^le'naure'pour nos forfiaiEls,(^ hlejfépour nos inicjuités:que la correilton de nofire paix efi fur lui:que le Seigneur a iettéfurlut l’iniquité de nous tous. Ce que dit auffi S. Paul, que Chrifi nous a rachetés de la malediélion de la Loj, quand il a eéléfait pour nous maleditlion:amp;C chûv fes femblables,que Caluin a deduites.amp; déclarées ; amp;nbsp;a auffi adiouftc les tefmoignages de S. Ambroife, S.Cyrille, amp;nbsp;S.Hilaire, auec autres argumens trefl'uffifans pour clorre la bouche à ces MoynesCalomniateursjs’il fe pouuoit trou uer chofe affez fuffifante pour cela. Nous n’a-uons donc rien de commun auec les Gnofti-ques(que ces Moynes appellent Guènots igno-ramment ) amp;nbsp;ne difputons point de ce prix in-uiGble, que ces Moynes ont forge,; car il ne fe trouue rien en Irenee, parlant des Gnoftiques, qui tcde à cela. Mais nous croyons,auec fainôt Paul, que lefus Chrift eft le prix denoftre Redemption; amp;nbsp;qu’il eft au Ciel,quant à fa nature hpmaine,amp;non inuifiblçment en lieux infinis, cumme les Moynes croyent, ou pour le moins le veulét faire croire aux autres. Et certes nous difons, auec regret, que ces faux Docteurs ont g 3 voir

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lol nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE VIII.

voirement rendu lefus Chrift tant inuifïble a • ceux qui les fuiuent, qu'ils ne le cognoiirent que fort peu. Et quant aux Gnoftiques,voila ce 'Mu.har, que S.Irenee en dit:Ceux qui s’appellét Gnofti-W.i,c.i4. ques ont certaines Images peinCÎes, amp;nbsp;d’autres qui font forgees de quelque matière : amp;nbsp;difent que c’eft le pourtraiôt de lefus Chrift, fait pat Pilate lors que lefus eftoit en ce monde:amp; couronnent ces Images,amp; les prefentent,Scc. Que donc nos Moynes iugent,ß en cell endroit l’E-gIifeRomaine,amp;notamment les lefuites,n’ont pas affinité auec les Gnotliques, au lieu qu’ils tafchent de les faire accorder auec nous. Mais nous lairrons ces Guenots, auec leurs Bague-nauderies.

ARTICLE VIII.

i7alt;««ii lecroy tjae par icelle facree mort ont e^éra-7o.i5.j.4.5 chetés les péchés de tout le monde, et non feulement ï.litan,yT. des Efleus. Et cjue d'icclle nous tirons vie,amp; nou-uelles forcés à bien faire , à mériter fatisfaire: fans lec^uel benefice fommes tnfufiîfans à ouuref fatnéltment. Dont t ahiure toutes les herefies des ,, , Ortfentiîes amp;nbsp;Eretendans à ce contraires,

Ej»lgt;h.hie-

response.

Origene attribuoit trop aux forces de l'ho® me J comme auffi font les Moynes : amp;nbsp;partant nous abiurons amp;nbsp;deteftons les erreurs d’enx tous.Et croyons que combien que la mort prc-cieuf; de noftre Seigneur lefusChrift foit tref-ifuffifante pour racheter les péchés de tout le mond

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;105

monde, combien aufli que le benefice d'icelle foit oflert amp;nbsp;prefenté à tous par la predication de l’Euangile (qui eft ce que S. lean entend au iJoæk.î. partage qu'ils cottent, amp;nbsp;que S.Auguftin expo- inefJoan, fe de l’Eglife vniuerfelle efpandue par tout le ‘««u. monde : toutesfois , il n’y a que les feuls Efleus de Dieu qui en fentent vrayement l’efficace amp;nbsp;la vertu. Et partant lefus Chriftdilbit cjuilre-fon fang ptrur plaßeurs en renafaon des péchés.que le fruitt de la mort de lefus Chrift eft le falut des hommes, il s’en-fuiuroitj que tous les hommes indifféremment feroyent lauués ; amp;nbsp;ainfi le mot d’Efleus feroit fuperflu.Partant lesMoynes parlent mal,quand ils difent, que par la mort de lefus Chrift les péchés de tout le monde ont efté rachetés. Caïf cefte façon de parler emporte le fruidamp;èf-felt;ft de la Paffion de lefus Chrift , ainfi que S. ' quot;nbsp;Paul enfeignejdifant, cpuen Jeflus Chnfl nous a- ° uons redemption ; .amp; expofant que c'eft qu'auoir redemption , il adioufte, la remijflon despcche's. Et le partage que les Moynes cottent ne parle pas comme eux : mais dit feulement, que Jeflus Chnfl efi la propitiation pour les péchés de tout le monde.Çéeié à dire,que de toutes fortes de gens amp;nbsp;nations , amp;nbsp;de tout le monde tous ceux qui par vraye foy recourront à lui,auront remiffion de leurs péchés par lui.C’eft ce queS.Iean a dit vn peu auparauant:,S» nous confleflons nos péchés^ i.it-il,î7 efiflidele et tufie pour les nous pardoner et nous nettoyer de toute inicjuité.Vtsttät lesMoynes côtrarient manifeftemét à ces paroles de lefus loan.iy.

g 4 Chrift

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ÏO4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE VIII..

!ii4.

Chrift^qui font en S. Iean:/f ne prie pointpourle monde,mats pour ceux lep^uels tu nias donnés;car ils font tiens. Item , ie ne prie pas feulement pour eux, mais auffi pour ceux qui croiront en moji par Nous croyons donc aux paroles de lefus Chnft , Slt;. abiurons l’erreur des Moynes contraire à icelles.

Quaint à ce qu’ils difent, que nous tirons de la mort de lefus Chrift nouuelles forces à bien faire:parce que ces mots4àjcomme ils font cou chésjUgnifient que de nous-mefmes auos quelques forces à bien faire : qui feroyent comme raffraifçhies amp;nbsp;augmentées par la mort de lè-fus Chrift ! cela n’eft pas dit fuffifamment. Car ï.efusChrift dit,que fans lut nous ne pouuons rien faire : qui eft vn pallage que les Moynes allèguent contre eux-mefmes.Et S.Paul^enfeigne, que nous ne fommes Çuffifans depenfèr /quelque tho fe de nous,comme de nous noefmes,mats que nof 'rt fuffîfance eß de Dieu.K quoy appartient auffi ce qui eft dit en l’Efcriture, que nous fommes morts en nos pechés,amp;que noüsfommes rege-nerés,amp; vinifiés en lefus Chrift,amp; ’chofes fem-blablesj qui monftrent alfez qu’il n’y a en nous qu’impuifl'ance,quant à noftre nature.

Ce qu’ils difent de meriter,çè' fatisfaire, con-treuient à la parole de Dieu, amp;nbsp;mefme a en foy vne contradidtion manifefte , entant que par» lans de la mort de lefus Chrift, ils font meil/ tion de noftre merite.

Premièrement, l’Efcripture nous enfeigne, que nous fommes faunes de ^race par lafoj/ (coin* in8

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j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;point tie »Offs:

c ej o» i Ho» point par oeuttres, afin aue Mtlne[eglorifie. Car nous fommes fio» ounragei e^ans créés en/efius Chrifi a bonnes œuures cjne préparées , a fin que cheminions en icelles.

Et ailleurs:^ celui qui œuure, dit-il,/f loyer» efi K-'”’’-4’ point repute pour grace, mais 'pour chofie deue: ^t^mfi c efi par grace ^ce n’eft plus par les œuures: autremeut grace »‘efi plus grace. Adats fie efi par les œuures, ce »’efiplus grace , autrement œuure

tflplus œuure.au parauantzZf/^«;?^«’/ depe-

gt; c’efi la mort : mais le do» de Dieu , cefl Tjie eternélle par lefius Chrifi »ofire. Seigneur. Noila pour le regard du merite.Qiiât à fatisfaire pour îe$pechés,cela eft attribué à ïefus Chriftjcotn me cliofepropre:Ainfi que dît S.Paul,^«'’»//^/ t.Tim.z. donnéfioy-mefime poure^lrele prix deno^re re~ demption.Et ïefus Chrift Aït,qu‘ils’efidone'pour Matth.zo eslre le prix de redemption pour plufieurs j amp;nbsp;autres lieux femblables. Partant quand il eft dit en l’Efcriture, que nous fommes iuftifiés , ou iùftes, oü que nous faifons iuftice ( comme en lt;nbsp;la premiere Epiftre de S.Ieangt;chap.iij.qu’ils al-lèguent ) cela n’a rien de commun auec le merite. Car nous fommes tels par la mifericorde de Dieu,qui,nous pardonant nos fautes amp;nbsp;im-perfeétions, nous impute la iuftice denoftre Seigneur ïefus Chrift-.comme il eft dit en Pepi-ftre aux Romains,par l’obeifiance d’v», plu-fieurs fieront rendus iufles, amp;nbsp;ailleurs il dit, que lefius Chrifi efi mort pour HEglifie 's afin de la nettoyer nbsp;nbsp;rendrefiainÛe nbsp;nbsp;nbsp;irreprehenfible fia»s

tache

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1q6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article IX.

tache ne macule. Mais il nous faudra parler ci apres de ces chofes plus amplement.

Secondement, Ce que difent les Moynes contient vne manifefte contradiólion. Carli lefus C hr lit en mourant, nous a mente la vie eternellejamp; afatisfait pour nos péchés (ce que les Moynes mefmes n'oferoyeut nier) ce n’eft donc pas afin que nous méritions amp;nbsp;fatisfa-cions nous-mefmes. Car cquot;eft autant que qui diroitjque quelqu’vn auroit payé pour nous, à la charge que nous payerons nous-mefmes. Nous abiuronstfonc toutes ces erreurs , amp;nbsp;en general tout ce qui diminue en quelque façon que ce foit la dignité, excellence amp;nbsp;perfeéhon de la Mort amp;nbsp;paffion de lefus Chrifi:,amp; des fluids amp;nbsp;benefices qui nous teuiennent d’icelle.

A R T I C L E I X.'

4‘tcelle les fept facremens ont leaf efficace d'e fanilifier ou donner grace d ceux qui Calum, in nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;empefchement d‘incrédulité, OU de pe-

Catech.ltb. péché. Et parce i abiure la Doélrine des Preten-4.C.Ï9SK. dans, qui ne repoit, que deux Sacremens : de . Caluin, quin en admet que trois des Protein COhK eis- n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

.Afolog nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;appreuuent que quatre nient

.Ausburg. éeur efficace ;

RESPONSE.

Puis que les Sacremens font comme féaux pour nous alfeurer des promelfes que Dieu nous a faites de fa grace , amp;nbsp;de la vie leternelle en lefus Chrift, il s’enfuit qu’il n’appartient qu’a Dieu de les inftituer :tout ainfique c’eft au

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;107

au Prince d’ordóner des féaux en fon eftat. Or nous n'en recognoiifons que deux communs à toute l’Eglife Chreftienne : amp;nbsp;partant, qui fe puiH’ent dire proprement amp;fimplement Sacre-mens de l'Eglife , comme il eft contenu en no-ftce confeflion de Foy, Article xxxv.alfauoirje Baptefme inlHtué en termes expres au xxviij. chap, de S. Matthieu, amp;nbsp;la Cene du Seigneur, inftituee au xxvj.chap.dudit Euâgile-.ce qui eft ramenteu en la premiere Epiftre aux Corinthiens chap.xj. Comblé que le mot pris en vn’e fignification plus ample, eft quelquesfois donné aux fainéles Inftitutions, qui ont fondeméc en la parole de Dieu : tel eft le feus delà Con- ' felTion d'Ausbourg , ainfi qu'on peut cognoi-ftre par les efcrits de ceux qui l'ont drefl’ee au commencement.Mais nos Moynes ne l'entendent pas : amp;nbsp;mefmes il femble qu'ils ne Payent iamais veuc:Car ils la cottent ainfi en la marge de leur Kïticïs,Cofeffto^usburflenßst’^oaiAu-gufiana.K grand peine dond'entédroyent-ils, puis qu'ils ne fauent pas cornent elle s'appelle en Latin. Partât ces Moynes (qui ont la berlue amp;nbsp;en voyent trois ou quatre pour deux.) accu-fent Caluin amp;nbsp;les Proteftans, par faute de les -f”#-auoirleus , ou de les entendre. Caluin dit en termes expres,cju li n y en a que deux.Q^e i h-glife Chreftienne (dit-il ). foit contente de ces deux Sacremeus,amp; qu'elle n’en attende iamais i„ßxhr,li. nul autre.Et en vn autre lieu : Quant à l'Impo- 4.c.i4. fttion des mains, dit-il, par laquelle les Mini- Seß.10. ftres ou Pafteurs font receus en leurs offices:

com

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io8

ARTICLE IX.

comme ie permets bien volontiers qu’on b nomme Sacrement,auffiie ne la tien point en^ tre les Sacvemens ordinaires qui font donnée pour tous.Voila ce qu’en dit Caluin. Partant il ne faut pas penfer que toutes les faindcs ob-feruations qui ont fondement en la parole de Dieu, foycnt du rang des Sacremens de l’Egli-fe, defqucls nous parlons, c’eft à dire, inftitués

pour toute i’Eglilé. Partant nous abiuronscc que les Moynes adiouftent icy outre la parole de.Dieu;àirauoir,ce nombre de fept,qui mefrne ^ugu.Ef. nc fètrouueés efcrits des anciens Doôleurs, nS.DcDü- Icfquels au contraire nous propofent ordinai-ßr. chrJi. ïement les deux Sacremens que nous auôs dir, 3.c.5.egt;c. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ayßj font les Proteftans; prenâs le mot

de Sacrement en fa propre amp;nbsp;naturelle figni-fication....

’i Demefmes nous condamnons la façon de parler des Moynes, quand ils difent, que de la mort de Jefus Chrift les Sacremens ont leur efficace de fanôlifier ou donner grace à ceux qui ne mettent empefehement d’incrédulité, ou de péché. Au lieu qu’ils deuoyent dire , que lefainét. Efprit nous applique la vertu amp;nbsp;efficace de la mort de lefus Chrift par la parole de Dieu, amp;nbsp;par les Sacremens adioinéts à icelle, dont il fe fert comme d’inftrumcns pour nous incorporer vrayement en lefus Chrift parle moyen de lafoy , laquelle le mefrne Efprit forme en nos cœiirsi ainfi qu’il eft contenu en l’Ecriture. Autrement, ce feroit lier la grace de Dieu aux fignes exterieurs. Ce quel’Apoftre S. Pierre

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;109

S. Pferre eufeigne ne deuoir eïlre fait, parlant du Baptefme en celle forte \ IlnoitiÇauue {dit-il) nonpas celitipar lequelles ordures corporelles Çont nettoyéesitiins l’atteflatlon de bonne conÇcien- t- Pet.^. ce deuât Dieu,parla refurrebiion de Jefus Chrtfi.

Q^ant au pallage que les Moynes ont cuidé alléguer pour eux, il renuerfe leur opinion : af-fauoir j ce que dit S, Paul, que Chrtfi sefi littré Ephef.^. pourl’Egltfiiàfi» (dit-il) qutl la[anclifiaflja nettoyant par le lauemet d‘eauparlaparole:afin quil fe la rende vne Egltfieglorieufeiamp;c. Par cela doc nous voyons que les Sacremens ne font qu’in-fttumens de la grace de Dieu,amp; ne la côferent pas ; mais c’ell lefus Chrift qui la conféré , amp;nbsp;nous en rend participans par fon Efprit. Car c’ell lefus Chrift qui fanôlifieamp; qui rendl’E-glife glorieufe, ainfi que dit S.Paul. Corne auffi . ailleurs : il nous a fauuésjdic-iljno» potnt par œu-ures de indice cjue nous ayons faites, mais félon fa mifericorde,par le lauement de regeneratton,^ renouuellement du fatnü Efprit. Suiuant cela S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

Auguftin expofe ainlice poinôl de doélrine: Le Seigneur (dit-il) fanólihe de la grace inuifi-ble par le fainôl El^rit, là où eft tout le fruiét aulfi des Sacremês vifibles. Car fans celle fan-ftification de la grace inuifible, dequoy fer-uent lesSacremens vifibles? ItemiLeBaptefme vifiblen’a de rien proffitéà Simon le Magicien, parce que la fanôlification inuifible y a défailli. Et vn peu apres-.La fanélification vifî-ble qui fe feroit par les Sacremês vifibles, peut bien dire fans l’inuilîble; mais-elle ne peut pas

profil

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ItÔ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C t E 1 X.

proffiter : amp;nbsp;toutesfois il ne faut mefprifer li Sacrement vifible:carle contempteur d'lcelui nepeutefte fanótifié inuifiblement. Voila ce De Bapeif. qu'il ei, pf 5. Cyprien enfeigne, que la re-million des péchés donnee par les Sacremens, eft propre au fainót Efprit : amp;nbsp;que lui feul ale de ce faire. Qilf doneques Ces Moynes apprenent à mettre diftéréce entre la cau-fe efficiente, amp;nbsp;fon inftrument.Ils peuuét aufli apprendre par là,que ce if eft pas fuffifamment parlé , de dire, qu'il ne faut mettre empefehe-ment d'incrédulité. Car il faut, outre cela,accepter la grace que Dieu nous prefente, ce qui Senl^d^ fepeut faire queparfoy. C'eft ce que dit

S.Auguftin, cité par PierreLombard leMaiftre de ces Moynes ; D'où vient celle grande vertu de l’eau, qu'elle touche le corps , amp;nbsp;laue le cœur, fi ce n'eft d'autant que la parole le fait/ non pas parce qu'elle eft prononcée, mais paP ce qu'elle eft creuë ? Sur quoy Thomas vfede ces mots:L'hôme, dit-ihne cerche pas falut és Sacremens , comme d'eux, mais de Dieu, pat ' ■ iceux : le premier, monftre la principale caufe efficiente :1e fécond monftre la caufe inftru-

mentale. Or s'ils entendent par n'eftrc incrédule,auoir vne vraye foy,c'eft vne nouuellefaçon de parler. Comme auffi ce qu'ils difentjd« ne mettre empefehement de péché , s’il n'eft mieux expofé , ne peut eftre fouftenu. Car fi nous eftions du tout fans péché, certes les Sacremens ne nous feroyent neceft’aires, amp;nbsp;nous venons aux Sacremens, no comme fains, mais

coin

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RESPONSE.

Ill

Comme malades, a fin d'eftre guéris par le benefice de lefus Chrift. Vrayell que i’impeni-tencejamp; le mefpris des chofes fainóhes empc-fche le fruiôl des Sacrengt;ensjamp; s'eft ce que les Moynes deuoyent dire: au lieu qu'en parlant fi généralement, ils fe contrarient eux-mefmes. Car comment eft-cequeles Sacremens don-neroyent grace aux hommes qui n'auroyent aucun péché , amp;nbsp;comment ces hommes la au-royent-ils elle nettoyés de péché , fans la grace de Dieu ? Partant nous abiurons auffi l’erreur amp;nbsp;l’ignorâce des Moynes en cell endroit.

ARTICLE X.

le croy le Baptejme de »oslre Seigneur, de S.Iean,^ de la. Loy diflin^is e]fentiellemeMt,con-tre les /uifs^ Donatiiles, Anabaptiiles, amp;nbsp;Pre- z. tend ans. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;in.pet.c.^z.

RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37- C«/. U.

Icy les Moynes ne touchent pas aucun Ar-tide qui foit en noftre confeffion de foy , mais patient du Baptefme de S. lean tout expres, pour aceufer lean Caluin d’auoir autrement expofé leBaptefme de S. lean que les Anciens n’ont fait ; amp;nbsp;ne confiderent pas, que qui vou-droit efplucher ce que les Anciens mefmes en ont ditjon ne trouueroit pas qu’ils difent tous vnemefme chofe. Voire S. Auguftin (qui ell celui de tous qui en a parlé plus fouuét,amp; plus amplement) en parle diuerfemét quelque fois, car il ditje plus fouuct,que la remiffion des pe-• chés n’eftoit pas auBaptefme de S.lean:amp;neât-moins 11 dit en quelque, heu, que h on vouloir

main

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Hi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article X.

maintenir que ceux que S. Paul fit baptizer ctl Ephefe(leiquels auoyent efté baptizes du Bap-tefme deS.Iean) auoyent receu plus ample fan-étification par le Baptefme de lefus Clirift» qu'il n'en debattroit pas opiniaftrement. Les Anciens hérétiques , qui reiteroyent le Bap-tefme,ont efté caufe de ce que S.Auguftin s'eft tantertbrcéà mettre difference entre le Baptefme de lefus Chrift, amp;nbsp;celui de S.Iean. Cat ils abufoyent de ce qui elf dit aux Aôtes des Apoftres,que quelques vns,qui difoyent auoil elle baptizes du Baptefme de S. lean, furent Baptizes au nom de lefus Ghrill. Or Calufn ellimant qu’on pouuoit aifément refpondre à ce palfage, fans mettre vne fi grande difference entre ces deux Baptefmes , en a eferit fon aduis ,amp; l'a fortifié de telles raifons , que nos Moynes n’entreprendront pas de le combattre la delfus. Et de faiél, ils y trouuefoyent autant de difficulté comme il leur eft aifé de dite en vn mot, qu'ils abiurent tout ce que Caluin en a dit : qui n’ell, en fomme, autre chofe, que condamner de parolc,non de raifon.

C~ , ■ Il nous fufîira donc, pour celte heure, d’affermer , que l'opinion’^de Caluin ne tend pas à diminuer l’excelléce du Baptefmeiduquel nous femmes baptizés, ains, au côtraire,fert à l’ani-plifier : attendu qu’il appert de ce qu’il dit, que par ce moyen nollre Baptefme a ellé confacte en la perfonne de lefus Chrift, qui a efté bap-tizéparS. lean. Au relie, il ne veut pas dire, qu’en tout amp;nbsp;par tout les deux Baptefmes foyent

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Response

foyent vn ; ou que le ßaptelme de S. lean dure encores,veil qu’il en parle ainli:Sainól lean ba-ptiloit ( dit-il) au Nom de celui qui deuoit nir,amp; les Apoltres au Nom de celui qui s’elloit manifefté.Cela n’eil point efloigné de ce qu'en acfcrit S.Cyprien.en ces mors:lefusChiilt(dic il) venoit au Baptefme,non qu’il en euli befoin, \ car il n’y auoit point de péché en lur.mais à fin qu’au Sacrement fulb donné vue perpétuelle authorité , amp;nbsp;nulle acception de perfonne nctecommandall la vertu d’vne œunrc fi gran de. Et puis il adioufte,que les Palpeurs admini-ftrent le vifible Sacrement, mais que le fainét Efprit eft celui qui accomplit la choie, amp;nbsp;donne la plenitude de grace. En fomme,qu’on pren ne garde,que tout ainfi que les Apoftres ont ba ptizc au nom du Pcre,amp; du Fils,ôc du fainft E- jg fprit : auffi au Baptefme de S.lean, lors que le-fus Chrift fut baptizé par lui,il y eut vne mani-fefte declaration de la Trinité ; le Pere parlant du Ciel,le Fils eftant baptize en terre, le fainél Elprit defcendant fur lui en forme de colombe.D’auantage,comme les Apoftres ont bapti-zé d’eau en repétance amp;nbsp;remiffion des péchés, S. lean auffi a baptizé d’eau en repentance amp;nbsp;Af.irci, remiffion des péchés. Finalemét,comme fainéf lean rapportoit le fruiél amp;nbsp;efFeéf de fon Bapte-fine à l’efficace amp;nbsp;vertu de IefusChrift:aufli le-fus Chrift eftla vertu amp;nbsp;fubftance de noftre^***^’ Baptefme ( ainfi qu’il a efté déclaré en l’article precedent.) Que l’on confidcre auffi,qu’il ne fe void pas que les difciples de S. lean, apres fa

K mort

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II4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X.

mort,fc rendans à lefus Chrift, ayent efté baptizes de nouueaii par les Apoftresjamp; nous nous alleurons , qu^on trouuera que Caluin n’a rien dit en celle matière que les Moynes doiuent abiurer , ainfi qu’ils font. Et pour reuenir à S. Pe Zrw«. Auguftiiijil recognoit lui-mefmesj que quand tóaj.c.nS leCus Chrift a eflé baptize,il a préfiguré fon E-glife, en laquelle ceux qui font baptizes reçoi-uent principalement le fainél Efprit.

Voyons maintenant s’ils difcnt bien, que le Baptefme de nollre Seigneur,(X celui de S.Iean font diftinéls elfentiellement.Nous auons déf

ia monllré fur l’article vj. que celle façon de parler ell inepte, amp;nbsp;fommes contraints de le reïterer ici ; amp;nbsp;adiouller quand amp;nbsp;quand , que ces Moynes qui fe méfient de reprendre Caluin en faueur des Anciens , ne s’accordent pas auec les Anciens, non pas mefmes auec les yer.tZcEÆ- Scliolalliques. Car S. Cyprien dit, que leBap-fàf.ciir. tefme inllitué par Chrill ell laperfedlion de ce qui elloit commencé au Baptefme de fainôl D? Rapt. lean. Sainól Augullin enfeigne, qu’au Baptef-^'*^010”' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’efperance de la remilîîon

des péchés , amp;nbsp;que l’etFeél en ell en nollre Baptefme. Nous demandons maintenant : fi vue chofe paracheuee amp;nbsp;accomplie en toutes fes parties , ell elfentiellement dillinéle, ou (pour mieux dire) differente de fon commencement? Item : fi l’elfeél de l’efperance différé elfentiel-lement d’icelle efperance, quand il eft queftion d’vne mefme chofe efperee? Car fi cela elloit,il faudroit qu’vne mefme chofe eull deuxelfen-ces

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iî;

ces diftinâes, ou pluftoft difterentes entre elles. Or à tin de parler plus proprement de ceûe matière J nous deuons dire, apres la parole de Dieu , que les deux Baptefmes ont »noiifeulcr ment vn mefme ligne gt;nbsp;qui eft l’eau : mais, ont auffi vne mefme fubftance , mefme fin, amp;nbsp;meC-me brif.airauoir,IefusChrift,rAgneau deDieu, qui ofte les péchés du monde , pour nous faire iouïr de falut. Il y a plus : car mefme Thomas In4.Senr. parlant de celle queftion, combien qu’il foit de î’aduis de ceux qui mettoyent grande dift'eren-ce entre ces deux Baptefmes, li eft-ce qu’il dit ainfi : Le Baptefme a elle inftitué en beaucoup de fortes. Premièrement,quant à la matière,au Baptefme duquel lefus Chrift a elle baptize: amp;nbsp;la forme a elle aucunement figurée patlapre-fence des trois Perfonnes.Car le Pere eft apparu en la voix,Le Fris en la chair,amp; le fainôl Ef-prit en la colombe. Pareillement le fruiéh du Baptefme a efté figuré : car les cieux ont efté ouuerts fur lefusClirift.Mais la ueceflité a efté déclarée auüj.de fainél lean.L’vfage commença quand les Apoftres furent enuoyés, Matth, y' x. L'’efticaceaefté pat la PalEon de Chrift..La publication a commencé, Matth, xxviij. Voila ce qu’en dit le Maiftre de nos Moynes,aues lequel ils s’efforceront de faire leur appointemét quand bon leur femblera. Car Thomas eftoit . trop bien verfé en la-Philofophie,pour eftimer • que la necelîitéjl’vfage, l’efficace,amp; la publication conftituent vne difference cfténtielle.Lui mefmes en vn autre endroit eft fort empefehé

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n6


ARTICLE X.

à expofer ce que dit Damafcene:airauoir,que S. a,purgé î’efprit par l’eau.

Heb.ÿ.

Quant aux diuers ßaptefmes , ou ablutions Legales , dont il ell parlé en TEpillre aux He-brieux , cela n’eft pas fort conuenable à ce propos. Tant y a que c’eftoyent autant de figures ie lefus Chrifl, ainfi que TApollre tefmoigne en ce lieu-là.Tellement qu’encores pour ce regard il ne fe peut nier que lefus Chrift n’ait e-Ité la fubflance de ces anciennes ceremonies, comme il eft auffi celle de nos Sacremens.

Il n’y auoit donc aucune raifon de nous con-joindre aucc les luifs amp;nbsp;Donatifles, amp;nbsp;mcfmes auec les Anabaptilles: aux erreurs defquels les Doéleurs de l’Eglifc Réformée fe font ver-tueufement oppofésjamp; par leurs eferits les ont viucment combattus,pendant que les Moynes auoyent les hras croifés pres df leurs autels, autant rêfhifs à maintenir amp;nbsp;défendre la veri-ic, que trefprompts amp;nbsp;trop diligens à la com-batre,amp;: calomnier ceux qui la fuiuent.

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..I. , . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, I

ARTICLE XI. I i

har.

le croy le Baptefine e» Eau ordinairement cejjatre à falut,mefmes aux petis enfans.iEtie de* Manichéens, Pelagiens,amp; Anabaptißeh étuecles Prétendons tenans le contraire.^ c'

coc^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. 1* »U

lih.l.c.lj. .. ~ nbsp;. ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE. .1. .: ■■.

Wr nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Moynes Profcffeurs reuienftent àleijrî

c.i6.fec.i^. ambiguités, defquelles ils font profeffion en ccft efcric.Car nous demandons que c’eft qù’ils

A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;enten

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;riy

entendent par ces mots, que le Baptefme en eau eft. ordinairement necellaireà falut, mef-. mes aux petis enfans. S’ils entendent que l’in-ftitution du ßaptelme faite par lefus Ghrift, eft. Si fera iufques à la fin du monde neceflaire enl’Eglife Chreftiennc, amp;nbsp;que les entans des Chreftiens doiuent eftre baptizes, nous le croyons ainfi , comme il appert en noftre Confef-ûon de foy,Article xxxv. N4ais s’ils veulent attacher noftre falut au figne vifible de l’eau , amp;nbsp;non a la grace amp;nbsp;mifericorde de Dieu par lefus Chriftiamp;partant veulent dire,que les petis en-fans des Chreftiens, qui, preuenus par la morti ne peuuent eftre baptizes, font damnés : pour-quoy difent-ilsjor^/o/^rrtwewt.^car ce mot mon-ftre qu’il ne l’eft donc precifemét. Vray eft que S. Auguftin a creu cela,comme il le voit és paf-fages qu’ils cottcnt,amp;en plufieurs autres.Mais nous confelfons franchemér,que nous ne femmes pas de ceft aduis. Car c’eft faire trefgrand tort a la grace de Dieu, amp;nbsp;à la vertu de fon Alliance, par laquelle Dieu promet eftre le Dieu des fideles,3c de leurs enfans,amp; eftend fa mifericorde en mille generations ,ainfi qu’il ledit lui-mefme en fa Loy. Or les enfans des Chre- i.Cor.7. ftiens font compris en l’Alliance , amp;nbsp;partant S. Paul dit,(juils{'ont fatnSls, voire mefmes quand le pere feul feroit Chreftien,ou la mere.Car cô-bien que de noftre nature corrôpue nous naif-fons tous enfans d’ire,tontesfois,il faut difeer-ner la grace de Dieu d’auec la corruption de no ftre nature.Ec de faiél,S.Auguftin confelfe lui-

h J mefm

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Il8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTTC'tE XI.

mcfmes, qu’il efl: trefempefché à foudre les in-conueniens qui fiùuent ccfte opinion-la : dont il en recite quelques vns , amp;nbsp;nous y en pourrions Cncor adioufter d’autres. Car quel tourment de confcience fera-ce aux peres amp;nbsp;meres de ces enfans j amp;nbsp;fingulierement aux meres , fi par quelque cheutcjou autre inconuenient les enfans font preuenus de la mort, auant que pouuoir eftre prefentés au Baptefme? combien de fois cela leur reuiendra deuant les yeuxgt;quc elles ont des enfans damnés.’voire quefouuent elles les auront damnés par leur mefgarde, ou par leur fauteîD’auantagejpourquoy fera puni l’enfant pour la faute d’autruiîQ^e diros-nous aulTldes enfans qui mouroyent auât le viij.iour du temps que la Circôcihon auoit lieuJdirons-nous qu’ils eftoyent damnés’veu que quand le Gen.17. Seigneur dit, que tout maile incirconci feroit exterminé de fon peuple j il adioufte cefte rai-fon,po/lt;rw«rjdit-ilj7«’x/a enfreint mon alliance. Pour monftrer que cela s’entédoit de ceux qui par malice mefpriferoyent la Circonciiîon-.car on ne pouuoit circqncir auant le viij.iour,fans enfreindre la Loy. Qui eftcaufe qu’vn ancien Cft.Tb»»). Scbolaftique , nommé Hugues de S. Viélor, a «wA' 'maintenu, que les enfans mourans deuant le viij.iour, amp;nbsp;ne pouuans eftre circoncis , eftoy-eni;,neantmoins,fauués.Et femblc qu’il ait tire cela des plus doiftes Hebrieux expofans cefte K-.'fi). matière de la Circoncifion, amp;nbsp;definilfans cefte

qucftion ainft que ce doéfeur Scholaftiquea fait. Qui dira doncques que la grace de Dieu foit

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lip

foit moindre fous le Nouueau Teftament, que elle n’a efté fous le Vieil ? En fin, fi les Moynes fuiuét l’opinion de S.Auguftin en ceft endroit, pourquoy donc ne le fuiuent-ils aulfi bien en ce qu’il a maintenu,qu’il faloit donner la Cene duSeigneur aux petis enfans pour eftre fauués? contjuUa. comme aufli ç’a efté anciennement vne couftu me en l’Eglife : parce que lefus Chrift dit, que fi on ne man^e fa chair,amp;■ ß on ne boit fon fang, on naura pas la vie eternelle. Et s’il leur eft loiiible de ne fuiure S. Auguftin, pour ce regard, pourquoy ne pourrons-nous auffien faire autant en la matière dont il eft queftion, veu les grandes raifons qui nous contraignent de nous départir de S. Auguftin en ceft endroit?

Et ceci feruira pourrefpondre au paifage de loan.y S.Iean, que les Moynes ont cotté, où il eft dit, que qui nefi ne' A’eau et d’Efrit,ne peut entrer au Rojaume de Dieu.QiX fi ces mots doiuent auffi eftre entendus des petis enfans , qui fans leur faute, mais eftans preuenus de la mort, n’ont peu receuoir le Baptefme;pourquoy ne dira-on le femblable de la Cene du Seigneur ? S’ils di-fcnt(côme il eft vray) que pour receuoir le Sa-cremét de laCene,il fe faut efprouuer(ainfi que dit S.Paul) amp;nbsp;que les petis enfans ne font d’aa- i.Coi-.n. ge pour ce faire, pourquoy n’entédent- ils aulli le paifage de S. lean, de ceux qui pouuans eftre baptifés, mefprifent, neantmoins,amp; reiettent ce faind Sacrement?Mefmes,que n’efcoutent-ils leur Maiftredes Sentences, lequel (combien qu’il condamne les enfans comme les autres) fi h 4 exp

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IIO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article XI.

Lib.^.Sen. expofe-)l aîiifi ce paflage ; Il fe doit entendre» ài/?.4.c.h« /jjt il)de ceux qui peuuent, amp;nbsp;melprifenC d’e-baptizes.

Nos Moynes nous conioignent auec les A-nabaptiftes : amp;nbsp;cotrent vn palfage de Caliiiu» (fans le nommer) où il refute lui-mefme les A-nabaptiftes, qui abufenc du fufdic palfage de S-lean, pour dire, qu’il faut attendre de baprizet les enfansjiufqu’à ce qu’ils foyent capables d’e-ftre régénérés fpirituellement par lafoyamp;la repentance,

Caluin doncles refute amp;nbsp;expofe voirement ce palfage d’vne autre façon que la plufpafC des Anciens,ellimant qu’il n’ell là parlé de fin-ftitution du Baptefme, mais de la regeneration fpirituelle , que FEfprit de Dieu fait en nos i cœurs par la predication de l’Euangile : pat ce mot (S^’elt;î«,il entend la vertu amp;nbsp;efficace du S. E’prit ; tout ainfi que S. lean difoit, que /ef»; Chrifl bapttferoit di4 S. 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de feu ; enten

dant, par le feu, la vertu du S.Efprir. Cefle ex-pofition de Caluin n’eft pas vn Article de foy: mais elle efl telle,qu’il n’y a rien qui côti euien-ne à l’analogie de la foy , amp;nbsp;partant ne peut e» cSiriUz^' ^’’^fhematizee par les Moynes , fuiuantla $ relgle qu’en donne S.A uguftin, parlant des di-uerfes interpretations de l'E criture. Et quand ils fe feront elfayés de reQiondre aux raifbns que Caluin tire du texte mefme,ils trouueront que fon expofition eft rtiieux fondée amp;nbsp;plus fet me qu’ils ne penfent. Qqant à nous , foit qu’on entende ce paflage du iij. chapitre de S.lean.

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lil

de Tinflitution du Baptefme , prenant Je mot, d'eau, pour Peau materielle qui y eft:foit qu’on l’entende feulement de l’efficace Interieure du fainft Efprit:foit qu’en ce lieu-la parleRoyau-me de Dieu on entende l’Eglife, en laquelle on entre par le Baprcfme , il n’y a rien pourquoy ondoiue attacher lagrace de Dieu au ligne exterieur , contre la parole de Dieu , amp;nbsp;contre l’opinion de nos Peres, ainfi que nous auons déclaré cy delfus en l’Article ix.

Saf. Le~ uit. q, 84. (-yff» S erm. at

Que donc les Moynes cefl'ent de nous con- Cl”'« joindre,ou auec les anciens hérétiques (qui ne fentoyent pas bien du péché originel amp;nbsp;de la grace de Dieu, mefmes qui attachoyét la fub-ftance du Baptefme à la perfonne du Miniftre) ou, auec les Anabaptiftes, qui ont elle réfutés par nos Doéleurs,amp; non par les Moynes. Plu-ftoft qu’ils ayent honte d’auoir fouuent rebaptize des petis enfans qui auoyent eflé baptizes en l’Eglife Reformee felo l’inflitution de lefus Chriftife déclaras en cell endroit Anabaptiftes»

ARTICLE XII.


le confefc cjue la mattere forme des Sacre- Matt, ig mens, dont l'Eglife vfe , fuiuant rordonn.tnce de *9-Eieu , tfi tellement necejfaire, tjue fans icelles tls

'' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zS»


t^e font Sacremens. Et parce t anathematize Cal-fin Beze,^ui efcriuent le Baptefme fepouuoir admtnisirer en autre Utjueur i]u‘en Eau,amp; l'Eu -charistie pouuoir eïire confacree en autres Ele-mens sjue» patn de froment, tjuen vin de vi'» gne;amp;- (jue les Sacremens ne reejuierent les Saintes paroles dont P£^lifevfe ordinairement.

RESP

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liX


ARTICLE XII.


RESPONSE.

Les' Moynes fembleroycnt de prime face vouloir renócer-a tant d'additions par lefquel-les le Baptefme amp;nbsp;la fainôle Cene ont efté fouillés dés log temps,amp;Ie font de plus en plus en leur Eglife. Car ils difent que la matière amp;nbsp;forme desSacremês ordonnée de Dieu, eft tellement necellaire , que fans icelle ils ne font Sacremens. Et pour preuue de leur dire ils allèguent le chap.xxviij.de S. Matthieujtouchat le Baptefme : amp;nbsp;le chap, xxvj.dii mefme Euan-gile,touchant la Cene du Seigneur. Or par ces deux partages il appert, que, pour le regard du Baptefme, apres la prédication de l’Euangileil n'y a autre matière que l’eau, ny autre forme que de baptifer au Nom du pere, amp;nbsp;du Fils,amp; du fatnFl Elprit. Et pour le regard de la Cene,h matière ell le pain amp;nbsp;le vin ordonnés pour figues de ce fainél Myftere,amp; la forme eft le récit de l'inftitution faite de ce Sacrement pat , lefus Chrift,auec commemoration de fa mort: ainfi que le tout eft contenu au fufdit paflag® de S-Matthieu, amp;nbsp;encor plus amplement déclaré au chap.xj.de la premiere Epiftre auxCo-rinthiens. Puis que celaeft ainrt,amp; qu'ileft tout notoire que la matiereamp; la forme enfem-Element font vrayement eftre la chofe, qui e” eft comportée, dequoy donc rteruent au Baptefme la conrtecration de reau,le Cierge, le Sel J® Crachat,rHuile, le Veftement blanc, les Clo^ ches, amp;nbsp;infinies autres chortes, rtans lefquellcs les Pteftres n’adminiftrent pas le Baptefmeeu

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»

response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I2J

l’Eglife Romaine ? Et puis qu’il eft manifefte à tous, que le Baptefme adminiftré en l’Eglife Reformee a cefte matière amp;nbsp;cefte forme, qui a elle ordonnée de Dieu en ce paiîagc qu’ils cot-tenteux-mefmes,pourquoy le condamnct-ilsî leurs additions font-elles delà fubftance du Baptefme’ Ils ne le dirot pas.Car toute la fub-ftâce d’vne chofe gift en fa forme amp;nbsp;en fa matière. Quoy donc ? les additions font-elles pour orner le Baptefme? font-ils dont plus ad ■ uifés que lefus Chrift, qui a inftitué le Baptef-me auec fi grande fimplicité amp;nbsp;pureté , amp;nbsp;qui fçait mieux comment il le faut orner amp;nbsp;enrichir que tous les hommes enfemble ? Combien ejue le Testament fott d'un homme dit S. Paul) s il efi confermé, nul ne le caffe, ou y adiou^e. ( Quelle eft donc cefte arrogance : d’adioufter à l’inftitution de lefus Chrift ? Nous endifons autant de la Cene du Seigneur,laquelle n’a pas cfté feulement fouillee.par leus additions,mais aefterenuerfeedutout : ainfi que nous mon-ftrerons en fon lieu.Et toutesfois ces bons ob-feruateurs de l’ordonnance de Dieu font icy la mine de fe vouloir tenir à ce qui en eft preferit en fa Parole.

Quant à leur anatheme contre Caluin amp;nbsp;de Beze ( qui, fuiuant ce qui eft dit au Pfalme, TpZ.ioj. neleurpeuuét tourner qu’en benediólion déliant Dieu) on fçait aifez qu’ils n’ont iamais voulu mettre en ces deux Sacremés autre matière que celle quia efté ordonnée parlefus Chrift. Et cefte calomnie des Moynes eft par

trop

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124 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XII.

trop impudente. Mais cela n'cmpefche pas,que fumant les queftions propol'ees , les DoâeutS ne pnilfent difputer de ce qui pourroit fem-bler le plus conuenable , au cas que les circon-ftances propolees aduinllent. Comme, fi on fe trouuoit du tout deftitué d’eau,fans moyc d'en recouurer. Item:!! on eftoit en vn lieu où il n’y euft point de froment, ne de vin : all'auoir , ce qu'il faudroit faire en ces cas.Or ces chofes ne font pas propolees corne ?lt;rticles de foy. Mais font miles en auant comme difputables. Et croyons que ces Moynes feroyent fort empef-chés de renuerfer l'aduis amp;nbsp;Cô'eil que ces do-(âes perlbnnages en pourroyent auoir donne. Mais pourquoy cerchent-ils vnfeftu en l'œil d’autrui, amp;nbsp;ils ont des poutres toutes entières és leurs Le Baptefme fait en fang , comme ils ^î^.4. £. J n’eft-il pas approuué par toute l’Eglil'e /■'ide Romaine?N’a-on pas anciennement difputé,!* cephor.ià^ on pouuoit baptizer de fable au lieu d’eau?amp; H lomAarJ. celui qu'on auoit baptize par ieu eftoit vrayf-S «f tnent baptize ? Les bures des Scholaftiques ne 4diß6 ’ font-ils pas pleins de telles qtieftions ? Mais il ne faut autre chofeque reprefenter «à cesMoy-nes ce qu’eux-mefmes ont eferit cy deuant au precedét article, quand ils difoyent,qiie le Baptefme en eau eft ordinairement necclfaireà falut. Car pourquoy ont-ils dit cela, fi ce n’eft pour le regard des chofes qui peuuent aduenic extraordinairement ?, (Wils s’accordent donc auec eux-mefmes. Au refte,nous n’en fomnac^ point làjgraccs à Dieu, amp;nbsp;n'auons befoin,pouf nofttt

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;llj

noftre regard, de recercher ces difputes extraordinaires. Car nous fommes en lieu où les cliofes necelPaires pour la celebration des Sa-cremens de l’Eglife ne défaillent point. Combien que (pour ne rien difTimuler) ces Moynes Abiureurs font bié lî charitables cnuers nous, qu’ils voudroyent que nous fuffions non feulement hors de ce Royaume , mais en quelque lieu par delà les terres neufues,où il n’y euh ny eau.ne pain,ne vin, ny autre commodité quelconque. Quant à nous,nous abiuros leur mau-uaife volonté en noftre endroit,amp; leur defiros au contraire, vne vraye cognoiflance de Dieu, amp;nbsp;refipifcence de leurs erreurs.

Touchant les paroles dontvfe l’Eglife,com-me ils difent ; Si c’eftla vraye Eglifede lefus Chrift qui oit la voixdefon Efpoux,amp; s’y ren-ge , elle ne requiert point en la celebration des Sactemens d’autres paroles en fubftance , que celles qui font de l’ordonnance de Dieu contenues en fa Parole.Mais fi l’Eglife Romaine a quelques autres paroles , nous la renuoyerons à la Cenfure de ces Moynes , qui au commencement de ceft Article ont tiré de deux palfa-ges de l’Efcriture la matière amp;nbsp;la forme de ces deux Sactemens •. ainfi que nous auons veu cy dcirus-.lefquels aufli aduiferont, s’ils pourront defendrele Baptefme adminiftré par les femmes en leur Eglife:amp; le Baptefme des cloches aueeparrins amp;nbsp;marrines , impohtion de nom: voire abufans du nom de Dieu : aÜauoir , du

I Pcrc,dufils,ôlt;dufaiadEfprir.

ARTEC

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U6

ARTICLE XII r.

Ipljf.j.ij. nbsp;nbsp;ƒg croy^ejue comme au Baptefme la grace dint-’

Lu 49 donnce en regeneration, aujji tjuelle efi do»' loan. -LQ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chrefme d fortification, nbsp;nbsp;nbsp;en la confejfio»

z-!...Ambr. qui efl faite par le penitent an preflre efl donnée ett defœmten. abfolutton. Etpource i’abiure les Nouatiens, Theodo^r^ii nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^»^fic^ deS dcH^

3. de fab. ^ttcremens fufdits.

hteret.c.6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

Si Ies Moynes veulent ici parler de leur Có-firmation, ils ont mal à propos defcoufu ceft article d'auec le xix.qui fera ci apres,auquelils parlent ouuertement de leur Confirmation-Mais s'ils parlent de l’Onôtion qu’ils font aU Baptefme, ils ne s’accordêt pas à eux-mefmes» puis qu’en la fin de ceft article ils difent que Ic Chrefme amp;nbsp;laConfeffion font deux Sacremés! amp;par ainfiau lieu de leurs fept Sacremensjl s’en trouuera huiôl. Mais s’ils rapportent lent Ondion,au Baptefme, il s’enfuiura,puis qu’ih veulent que ce Chrefme foit Sacrement, qu'il y a deux Sacremens au Baptefme : au lieuquf iufques à prefent, nous auions penfé que ce ne fuft qu’vn Sacremét.Partant nous leur demandons,fi l’huile qu’ils ont at/ioufté au Baptefme, eft du Sacrement du Baptefme, ou de la Cofit' mation ? S’il eft du Baptefme, poyrquoy les fe-parent-ils ici en termes expres , donnant vne propriété au Baptefme, amp;nbsp;vneautre au Chref-meîS’il eft de la Confirmatiouipourquoy donc tiennent-ils en leur Eglife, Prétendue Catho-lique,que la Confirmatiop ne fe reïtere iamais non plus que le Baptefme?Mais pendant qu’ih trauail

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J27

trauailletont à rabiller leurs cótrarictésj nous leur dirons en vn mot,que nous ifapprouuons nó plus leur Chrefme,ou l’Onótion qu’ils font au Baptefme, que le Chrefme de leur Confir-niation,de laquelle auffi nous parlerós ci apres. Et pour preuue de noftre dire,nous leur ramen teutons ce que nous auons défia dit cy deuant: alfauoitj qu’il n’appartient qu’à Dieu d’eftablir des Sacremés en l’Eglife : veu qu’ils font comme Seaux appofés à fa Parole. Auffi nousem-ployerons ce qu’eux-mefmes ont dit en l’article xij. que l’Eglife vfe de la matière amp;nbsp;forme des Sacremens felon l’Ordonnance de Dicu,amp;: ontcottéles pafi'ages de l’Efcritureà ce propos. Or cft-il qu’en toute l’Efcriture il n’eft nouuelles de ce Chrefme qu’ils ont inuenté, pour en faire vn Sacrement en l’Eglife Chre-llienne : Car quant aux palfages qu’ils cottent tant ici qu’en l’article xix. il femble qu’ils fe veulent moquer à leur efcient de ceux à qui ils prefentét leur efcrit pour eftre leu. Et de iaiôt, ils allèguent icijpour prouuer leur Chrefme, le chap.24.de S.LuCjOÙ il eil dit,que les Apoftres feroyent vertus de vertu d’enhaut, corne s’il y auoit quelques oliues au Ciel, d’où certe huile decoulart iufques à eux. Car il ert ici quertio de la matière vifible, fans laquelle, eux-mefmes difent que ce Chrefme ne peut eftre. Or lefus Chrirt parle là de la defcente vifible du fainôt Efprit fur les Aportres, amp;nbsp;non d’aucune huile, ou Ondion exterieure amp;nbsp;çorporelle.

Ils allèguent lesAnciensiEt nous confelfons que

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Jli nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/RTICLE Xlir.

(ontra Ef. Stt^ha,

que cefte façon défaire eft ancienne. Car IfJ Anciens Palteurs de l’EglifeChrefticne fe font trop voulu accommoder tant aux luifs qu'aux Gentils , cftimans qu’ils les attireroyenc plu-ftoft à l’Euangile, par quelques ceremonies. Si mefmesde celles qui eftoyent familières aux vns ou aux autres.que s’ils fe tenoyée a la pure ftmplicité qui a eftéinftituee par lefus Chrift, amp;eft contenue en fa Parole. Et par ce moyen beaucoup de ceremonies fe font glift’ees en l’E glife.Mais l’expcrience a mbnftréque Dieu n’a pas béni ceconfeil ; veu qu’en fin les hommes delailfans le feruice fpirituel de Dieu , fe font du tout arreftés aux faços de faire extérieures. Voire on en eft venu iufques là en l’Eglife Romaine , que d’y baptizer les Cloches auec Par-tins amp;:Marrines,ainfi que defius a efté dit:fans nous vouloir amufer à reciter infinis autres a-bus qui font commis en ceft endroit. Partant quad il eft queftion de reformer l’Eglife, il faut monter à la premiere fource amp;nbsp;origine de la pureté que Dieu a ordonnée pour fon feruice: amp;ne s’arrefter aux corruptions qui font entre-uenues,quelques anciénes qu’elles foyenc.Cat comme difenr les Anciens,lefus Chrift n’a pas , dit, qu’il eft la couftume, mais qu’il eft la vérité. Et S.Cyprien parlant de reformer quelque poinék concernant le feruice de Dieu en l’EgH-fe,dit le mefme que nous:amp; vfe d’vne fimilitu-de prile d’vne fontaine qui feroit conduite SC porree par des canaux : difant, que fi l’eau ne vict comme il faut,le meilleur remède eft d’al

ler

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I2p

1er droit à la fource. Au refte,combien de cho-fes fe faifoyent ancienneméc en Tadminiftra-tion du Baptefme , qui depuis , pour de rref-bonnes raifons , ont elle laüFees ? Tertullien Muer. dit, qu’au Baptefme on mettoit en la bouche iib. de celui qu’on baptizeit, du laidl amp;nbsp;du miel: S. ’’ Hierofme tefmoigne, que de fon temps la cou-ftume eftoit d’vfer au Baptefme de laid amp;nbsp;de cot. vin. faind Cyprien (ou quicoques foit autheur luciferia. de ce Liure) affermcj quelelauemét des pieds Dewa. fe faifoit en l’Bglife leiour de la fainde Cene, à l’imitation de ce que lefus Chriftafait, Et adiouftcjque lefus Chrift a inftitué cela en fon Eglifepour toufiours. Et toutesfois cela ne fe void pas auiourd’hui. Si donques l’Eglife Ror maine s’eft permis d’abolir ces anciennes cou-* ftumes(ce que nous ne blafmôs pas) pourquoy trouuera'On manuals de retrancher les autres additions, defquelles nous ne voyons aucun tefmoigriage en l’Efcriture,amp; voyons au contraire les inconueniens manifeftes qui en font aduenus? Or puis que nous fommes fondés fur l’exprefle parole de Dieu , nous vferons hardiment de cefte fentencede S.Auguftin; Contre’ Deiowo. la trompette de la parole de Dieu , quelle voix ferfeuer. humaine fera alfez forte? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C-Z.

AulTipeu approuuons-nous cefte diftribu -tion qu’ils font, attribuans au Baptefme la regeneration,amp; au Chrefmeda fottification.Car eftans régénérés au Baptefme par la vertu du S.Efprit »nous fommes par le mefme Efpric fortifiés pour cheminer en la crainte amp;nbsp;obèïf- '

à nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fan ce

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150 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIII.

fance de Dieu;amp; y fommes exhortés pat la pre dication del’Euangile. Par ainß tant s’en faut qu’on doiue feparer la fortification de laRege-neration, qu’au contraire alors monllrerons-nous que nous fommes vrayement régénérés, quand nous fommes conftansÔc fermes au fer-uice de Dieu.

Le partage qu’ils allèguent de l’Epiftre aux Ephefiens,renuerfe entièrement leur opinion, amp;nbsp;conferme noftre Doéfrine. /efus Chrifi, dit l’Apoftre, efl littréponrfon Egltfe, à fin qu’il lu fianilifiaflparle lauement d'eau parla parole:àfut qutlfie la rende vne Eglifieglorieufie,n ayantpoi»( de tache ni ride,ni autre telle chofie : ains quelle fiait fiatn^le, amp;nbsp;irreprehenfihle. Voila ce qu’il en dit. Or que peut-on fouhaitter d’auantage, pour eftre baptifé, amp;nbsp;fanélifié comme il faut? Et,toutesfois, il n’eft point ici quelfion d’hui-le,ne de Chrefme: mais il eft parlé tant feulement du Baptefme, voire duquel la matière terrienne, amp;nbsp;la chofe exterieure eft nommément exprimeeiart'auoir,l’eau. Le mefme Apo-ftre faifant allufion au Baptefme,vfe de ces mots : Lauement de regeneration, amp;nbsp;renauuelh' ment du fiainEi Effrit : Se dit,que c efl à fin que-flans iufltfie's par fia grace,nous fioyons heritiers la vie eternelle. Et S..Pierre declare, que la foygt; l’efperance, amp;nbsp;la charité font des effeôls de li Regeneration. Les Moynes donc monftrenf autant par leurs efcrirs,que par leur vie,qu ih ne fçauent que c’eft de Regeneration.

t II refte à parler de la Confellion, qu’ils ap'

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R.E SPONS Ei nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X5t

pelleht Sacrement:amp; difent qu’en icelle la gta ce diuine eft donnee en abfolutioirmais il faut qu'elle foit faite au Preftre par le penitéc; c'eft adirCjCn fommejque ce foit vne CoF flion au-riculaire.Sur quoy premièrement nous deman donsjpourquoy la Confeffion eft vn Sacremêt, amp;nbsp;comment ils s’accordent auec leur doótrine niefmes,qui porte^que Penitence eft vn Sacrement J dont la Confeffion n’eft qu'vne partie. Pour toute refolutionj ils nous allèguent vn palfagede TEfcriture, mal applicqué, amp;nbsp;les ef-crits de quelques Anciens doéf eurs, mal entenf dus. Quant au paft’age de l'Eferiture, il eft tiré de S. lean, ch.xx. où l’Euangelifte recite ces loaw.io, paroles de lefus Chrift parlant à fes Apoftres: Comme mon Pere ma ennoyé, te vous enuoye. Et quand tl eut dit ce la,il foufjia fur eux,amp; leur dit, , Receuer, le fain^l Elprit. A tous ceux auxquels j

remettrez, les peches,ils leur front remts;C$' ir-iJfv, ei' a quiconque vous les retiend rez, ils font retenus, t De ces paroles de lefusChnftJes Moynes veii ' lent tirer leur Confeffion auriculaireiôc decla-J rent par cela, ou qu’ils n’ont point d’yeux , ou i qu’ils penfent que les autres n’en ayent point. , Car à qui feront-ils accroire, que quand leius Chrift enuoya fes Apoftres pour prefeher l’E-uangile à tout le monde clairemét de ouuerte- • ment, voire comme furies toiéfs,ainfi qu’il eft; dit ailleurs , cela doiue ou pui'de eftre entendu de laConfeffion auriculaireîll faut donc noter ' ces mots de lefus Chrift, ie vous enuoye, dit-il; î afin de cooioindre cefte charge amp;nbsp;authoriré'

À a ae

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I de remettre les pechés^au Miniftere de l’Eiwn-i gile:fuiuant ce que dit S.Paul:

a reconcilies àÇoy parlefns Chrsfi,0- nous a don-. né le ministère de reconciliation. Car Dieu e^oit ! en Chrijt fe reconciliant le monde, ne leur imp»' tant point leurs fautes : amp;nbsp;a mis en nous la paroU de reconciliation : nous femmes donc ^mbajfi' ! deurs pour Chrifi, commef Dieu exhortoit pA^ I nous. Noila ce que dit S.Paul, pour nous mon' ! ftrer,que les pécheurs font reconciliés à Dieu^

amp; obtiennent remillion de leurs péchés parle / ‘Miniftere de la predication de TEuangile , ap-f prehendans par foy le benefice d'icelle, amp;nbsp;non par2aConfeirion_auriculaire,comme les Moynes penfent. Et né fe trouuera iamais en la parole de Dieu ne commandement ni exemple de faire vn dénombrement des péchés à l'o-reille d’vn homme, pour en auoir pardon. Plu-ftoft tous les commandemens amp;nbsp;exemples qui y font,nous conuïent à nous confelfer à Dieu, pour auoir pardon de lui, ainfi que difoit Da-uid : Vay dit gt;nbsp;ie feray confejfion de mes peche's

■ Seigneur, amp;nbsp;tu as pardonné l'iniipuite'de monpf’ ! ehe. Et le Prophete Ofee exhortoit ainfi Tan-gt; cienne Eglife ; Prenez., dit-il, des paroles ; 'VOUS : retournez au Seigneur, lui dites, 0^^ toute initpuite'. Comme auffi le Publicain prioit

I frappant fa poiétrine;« Dieu,fois appai/ëenuers moy,qui fuis pecheur.Lt S.lean dit ; Si nous co»'

I fefons nos peche's, il eßfidele amp;nbsp;iuële, poumons pardonner, nous nettoyer de toute iniquité : éi autres lieux femblables. Et mefmes tant s'en

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RESPONSE.

faut que les fainóls perfonnagcs fe foyent vou lu obliger à faire dénombrement de leurs pe—j chés,qu’au contraire Dauid s’eferioit ainfi:i efl celui qui cognait [es fautes?exempte-moy

donc des fautes cachées. Mais nos Moynes veu-i lent faire accroire qu’ils font plus diligens , ont meilleure mémoire que Dauid. , Or nous : n’entrerons point ici en plus long difeours, 1 pour monftrer l’iniure qu’on fait à Dieu par le \ moyen de celle Côfeflion auriculaire, veu que cell lui feul qui remet les pechés:amp; pour decla ter la geheime amp;nbsp;tourment de confcienceou tombent ceux qui fe veulent acquitter de celle Confeffion auriculaire comme il leur eft com- ' mandé ; amp;nbsp;autres infinis abus amp;nbsp;inconueniens • qui en font aduenus autresfois , amp;nbsp;aduiennent gt;nbsp;encores tous les iours (toutes lelquelles chofes ont ellé pieçatrefamplement difeourues és li- 1 tires des dodeurs de l’Eglife Réformée) il nous ! . fufttra,pour celle'heure,de dire,que la Confef-1 ' * fion auriculaire eft vne pure inuétion des hom i mes (comme mefmes les Canonitles maintien-' lient) amp;nbsp;qu’elle ell non feulement dellituee de la parole de Dieu,mais aulTi contraire eiitiere- ( ment à icelle.

Au relie, fi c elloit vn Sacrement, où ell donc le figne exterieur ? Car vn Sacrement fans figne,c’ell vnSacrement fans Sacrement, fuiuât mefme la definition receuc par eux, que Sacrement ell figue d.e la chofe facree.Diront-üs que cell le fouffle de le fus Clirill,duquel il ell parlé au fufdit paffage de S.lean,tpu’ils alle-

1 J guent

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ARTICLE XI II.

l.foAr, J.7 Ml.I.

j guent ? Mais il eft crop aifé à voir, que c'eftoit Ie Ggne du fainól Efprit donne aux Apoftres pourprefcher I’Euangile aucc authorite, effi-' cace , amp;nbsp;vertu. Aufli n’en vfent-ils pas en leur Confeiîion. Où fera donc ce Sacremct qui n'a point de figue ? s’ils en prennent quelqu’vn de rEfcrirure,que ne cottent-ils le lieuîS’ils l’ont inuenré eux-mefmesjils ont donc inuéfc le Sacrement. Le pis eft encores en ce qu’ils difent, / que la grace de Dieu eft donnée en abfolution * par le moyen de cefteConfeflion auriculaire:3C toutesfois le Preftre n’âbfout iamais fans impo fer quelque fatisfaclion amp;nbsp;peine à ceux qui fe cófeHent à lui.Où eft doc la grace amp;nbsp;remiffion s’il y a fatisfaclion ? où eft l’abfolution s’il y a peine ? Voila donc vu outrage par trop grand . qui eft fait à lefus Clirift, lequeljcomme dit S. I Paul a efiéfait lufiicCySan^ification^et Re-dentptir»i.Y)’2.\H3.nt ( comme il eft dit ailleurs)

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a fatisfait pour nos péchés , épiant le prix de

’ fjo^ire Redemption. Ils allèguent les Anciens» ) pour confetmer leur Confeiîion : mais c’eftà ^and tort, veu qu’il eft notoire qu’il n’y eut

I onques loy de celle Confeiîion auriculaire de-I uanr Innoc. ii;. qui premier en a fait le decret.

Quant aux Anciens , ils parlent fouuent de la ' Confeiîion: mais c’eftoir vne confeflion publi-quemér faite deuant l’Eglifejpour eftre reconcilié à icelle , quand on auoit commis quelque crime public , qui apportoit grand fcandaleà toute l’Eglifecainfi que celle difciplinC fut prat tiquee à l’endroit oiefnaes de l’E-mpereur Theo

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;155 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

dofcjdu temps de S.Ambroife, Voila pour ref-pondre aux palîàges des Anciens, defquels nous reciterons ici quelques fentencesjàfin de fiouuoir mieux entendre ce qu'ils ont creu de a confeffion des péchés, amp;nbsp;comment,amp; à qui les Chreftiens la doiuent faire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(

Chrjfoil-ome donc, en parle ainh ; le ne veux point que tu te confeifes à vn homme, lequel deLa\. te puilfe diffamer en publiant tes fautes : Mais moftre tes playes à Dieu,qui en eft le bon me- I decin. Itenti confelfe tes péchés à Dieu,lequel les peut purger. Confeilé-les en ton liét, à fin que ta confidence recognoiffe ordinairement fon mal./rew,le Seigneur ne requiert de nous, finon que nous confellions nos péchés deuant foowi.io. lui äuec larmes.Et S‘.Aitgitflin v['e de ces mots: Deficouure-toy a Dieu qui te cognoit. Ta confeffion lui eft agréable.//fw,La confeffion des péchés monftre la playe au Medecin;amp; la confeffion de louange lui rend graces de la fianté. Item, dis à Dieu ce que tu es : autrement Dieu condamnera ce qu'il trouuera en toy:Ne veux tu pas qu'il te condamne, condamne-toy donc

In Tf.ïio,

In loan.

Trall.ï.

toy-mefimes. Veux-tu qu'il te pardonne, reco-gnois ta faute , à fin que tu puiifes dire à Dieu, Deftournetafacedemes péchés. Dis auffi ce qui eft au Pfal.Car ie cognoy mo ini^uité.Que fl nous confeffons nos péchés (dit S.lean) il eft fidele amp;nbsp;iufte pour nous pardoner nos péchés, lt;nbsp;amp;nbsp;nous purger de toute iniquité./rew lui-mef-fnes cite par Pierre Lombard:^la penitence ordi- j’y naire des fideles, dit-il, eft en ce que frappans i 4 noft

iJoan.T..

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13lt;î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XI III,

noftre poitrine,nous difonsjpardóne-nons nos offencesjcomme nous pardonnons à ceux qui nous ont otFencés. Et à fin de ne mefprifer du tout les Decrets de l’Eglife RomainCj voila ce clt;r«.Tgt;orro qui y eft contenu en quelque endroit : Il ap-trefeuidemment que le péché ell pardonné par la feule contrition du cœur. Et ne vou-oublier vne glofe qui eftés mefraes De-ftnDi crets: Il faut dire (dit le glolateur) que les péchés font pardonés par la feule grace de Dieu, amp;nbsp;non par la côtrition du cœur, ne par la con-feffion de bouche. Voila cornent il en parle,e-ftat cotraint à ce par la doéirine desAncies.Eii fomme,qu'on life fans paflfion les plus approu-ués Doéteurs Anciés (fans s’amufer aux liures de certains Moynes qui leur font faullement attribués)amp;nous nous alTeurós qu’on n’y tiou liera rie qui approuue la Coteffion auriculaire.

ARTICLE X I I I I.-

le croy c^uau fatnH Sacrement de l’Autel font Mm. z6. pfefint le vray corps amp;nbsp;naturel fa»^ de noflre Sel ze. ^neur par la diutne tranfubfiantiaüon , que nous le receuons corporellemètiC^ Ifurituellement^ confefiepremièrement que cefl vn vrayßtcri-fice, non pou r fuppleer ou repeter rvntque amp;nbsp;tref VOcen. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;facrifice de la Crotx : amspouratluelle-

Syn.i. can. ment le mettre fus amp;nbsp;en auant,!^ pour feruir foU-non atten- uerainement Dteu, pour toutr entièrement amp;nbsp;acquis par noflre Sei-ucrii c'en- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vraye oblation quuni

ciLlater. Rostre Seiyneur efl offert : non à celle fln qu’il meure derechef, ou qu’on face vne nouuelle redemption

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;157

Jemftion pour »ous : atns feulement, ejuilefl of~ fert tel,amp; fous la co»dttio»,^uil s'offrit en remf-ßo» des péchés pour mourir en Croix 'vnefotspour nous. Et pource labture toutes les impiétés amp;nbsp;calomnies de Kalëtin,Aiarcion,Manichee,iÆrtus, Berengare,de Caluin, çp- des Pretendans amp;nbsp;Pro-tellans contre ce S. Sacrifice de la Aieffe , que le promets frequenter, entant que Sacrifice ; amp;nbsp;en~ tant que Sacrement,participer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»• ... .

RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;„

Pour prouuer la TranfTubftantiationjpar laquelle l’Eglife Romaine n’a feulement corrom pu, mais entièrement renuerfé tant le Sacrement de la fainéle CenCjque la vérité de la nature humaine de lefus Chrift-.les Moynes allèguent amp;nbsp;cottent le xxvj. chap, de fainéh Mat-thieu : où il eft dit,que lefusprint du pain,cp- a-yant rendu graces, le rompit, cp- le donna d fies di~ fciples,(p dit .prenez,mangez ,cecy efi mon Corps, amp;c ce qui s’enfuit. Dont ils concluent, que Je vrayCorps amp;nbsp;naturel fang de lefusChrift font prefens au Sacrement qu’ils appellent de l’Autel , amp;nbsp;ce par la Tranflubftantiation. Or parce , qu’ils fe fentent combattus amp;nbsp;accablés d’infinis inconueniens qui enfuiuent leur opinion, ils alleguét,pour toute refpôfe, laToute-puif-fancedeDieuiàceftecaufeilsont défia taifi-blement amp;nbsp;en fubftance propofé le prefent article cy de.Tus en deux Articlcs’.alTauoir, au fécond amp;trofiemc fousletiltre delà puiflance de Dieu : diians, que Dieu peut faire vn vray corps eftreenmefme temps prefent en plu-fieurs

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IjS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X I III.

fleurs lieux, amp;nbsp;qu'il fait fimplement les chofes come il les dit, quelque impoflibilité qui y ap-paroilfe. Qui eftoif ,en fomme,vouloir eftablit la Tranlfubftantiation fans la nommer.Ce que nous allons defcouuert en ces lieux-là, amp;nbsp;par mefme moyen auons monlfré euidemmentjtàt par la parole de Dieu, que par les Anciens docteurs , voire par les Scholaftiques mefmes, c'eft à dire,par les propresMaiftres de cesMoy-nes (fe contrarians toutesfois) que le Corps de lefusChriftne peut eftre réellement prefent en plufieurs amp;nbsp;diuers lieux en mefme temps:amp; que la Toute-puiU'ance de Dieu ne peut fouf-frir cela. Confequemment nous auons prouué, qu’il ne faut pas entendre tous les pallages de l’Efcriture fimplement comme ils font dits, cell à dire, felon la lettre : mais qu’il faut auoir efgard aux circonftances defdits pailages.Sin-gulieremét que les palfages appartenans notn-mcment aux Sacremens que Dieu a inftitués en fou Eglifc, ne peuuent eftre pris amp;nbsp;entédus felon la lettre , à caufe de la nature des Sacre-* mens,efquels nous ne confiderons pas fimplement vue cliofe, mais deux, fçauoir eft, les Si' gnes exterieurs amp;nbsp;vifibles , amp;nbsp;les chofes cele-ftcs amp;nbsp;inuifibles fignifiees par eux. Auons auffi monftré que les paroles delefus Chriftprifes du chap.xxvj.de S.Matthieu (lefquelles maintenant ils allèguent) ne peuuent eftre tirees au fens de la Tranlfubftantiation. Nous auons, di-ie, amplement déclaré toutes ces chofes, amp;nbsp;fortifié uoftredire d’expres tefmoignages de

‘ l’Efcri

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;139

l'Efcriture,amp; mefmesdes Anciens dodeurs de l'Eglife. Cela nous fera eftrc plus briefs en la prefente refponfe: prians les Ledeurs de fe re-prefenter les chofes delfufditesjfans qu’il nous foit befoin de les repeter ici : amp;nbsp;nous fuffira d’en toucher le fommaire comme en pallant. Nous difons donc, que les paroles de lefus Chrill: n’ont rien de commun auec la Trâflub-ftantiation:amp;en déduirons pat ordre quelques raifons : à fin que ceux qui ont accouftumé de condamner noftre dodrine fans la cognoiftre, puiflent iuger J que pour nier la Tranlfubllan-tiation, nous ne nions pas la vérité du Sacrement: amp;nbsp;ne defrogeons en rien aux facrees paroles de lefus Chrift , ains au contraire , les a-uons en finguliere reuerence.

Premièrement, il n’y a vn feul mot en ce que dit lefus Chrift, qui lignifie aucune Tranftub-ftâtiation .11 eft vray qu’il dit:««' eßmÖ Corps: mais ce mot,f^rf,ne lignifie pas Tranffubftan-tier, c’eft à dire, changer vne fubftance en vne autre : mais quand il eft mis en fa lignification ordinaire amp;nbsp;fans figure, il lignifie que la chofe non pas que la chofe fefait, car alors que elle fe fait,elle n’eft pas cncores:amp; fi elle cftoit, elle ne fe feroit pas.Ie demade donc à cesMoy-nes ,en vertu dequoy fefaitla Tranftùbftan-tiation ? Si ce n’eft en vertu des paroles de lefus Chrift, commet donc fe feroit-elle? Si c’eft en vertu des paroles,où font-elles? Ils alléguée ces mots. Ceci efimon Corps,8c difent que c’eft là réellement le vray Corps. S’il eftoit ainft, il faudroit

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140 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTIC LE XI II I.

faudl'oit donc que la Tranfl'ubftantiation euft precede. Car il ne dit pasjque le pain foit traf-fubftâtié en fon Corps, ou,foit fait fon Corps, ou, foit conuerti en fon Corps, ou, quelqu autre chofe femblable. Mais il dit, qu’il eft fon Corps. Et de faidl cefte difficulté a femble fi grande aux Scholaftiques , que iamais ils ne s’en font peu defuelopper, ainfi qu’il eft aifé à voir par leurs efcrits.

Seconde raifon ( comme nous l’auons dit ci | deuant en l’Article troifieme ) Si la Tranlfub- . ftantiation eftoit du Pain au Corps, ainfi qu’ils afferment ,rEuangelifte n’euft pas vfé du mot depatn. Et S.Paul ne l’euft pas tant de fois appelle patn, voire apres la confecration (comme ilsdifent. ) Or eft-il que l’Euangelifte recite ici,que Chnflprint dit pain, le rompit,le dona a fes difciples,amp;dit,prenez.,mange2.,ceciefi mon Corps,eft-ce donc qu’a efté faite la Tranliiibftantiatió du pain?ce n’eft p^s quad il le print, qu’il le rompit, qu’il le donna, car il eft appelléprtx» par l’Euangelifte ; ce n’eft pas auffi quand lefus Chrift a dit, que c’eftoit fon Co^s,par la raifon que nousvenos de déduire prefentement. Si doc l’Euangelifte a parlé fans figure , c’eftoit vray pain ; amp;nbsp;partant la Tranf-fubftantiation ne peut eftre.S’il a parlé figuré-ment au mot de Pain: pourquoy ne dirôs-iwus que lefus Chrift a parlé figurément au mot de Corpsîou il y a trop plus de raifon que l’autre.

Troifieme raifon: Si en vertu des paroles de lefus Chrift il y a changement en la fubftance du

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response« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;14Ï

du pain , il y auroit auffi changemct és accidés du pain : ce qui n’eft pas. Car les paroles de le-fusChrift font ttWcs’.Ceci efi mon Corps. EtTE-uangelifte dit, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;print du pain , le rompit,

le donna à fes dtfitples:cs qui ne s'entend pas de la feule fubftancc du pain , mais auffi des acci-dens d’iceluijcomme de la couleur,quàntité,amp; chofes femblables.Que veut donc dire le mot. Ceci, duquel lefus Chrift a vfé ? s’entend-il da Corps î il n’y a point donc’de Tranifubftantia-tion ne de changementjfi lefus Chrift a dit de fon Corps, que c’eftoit fon Corps. S’entend-il du pain que lefus Chrift auoit rompu, amp;nbsp;qu’il donnoit à fes difciples ? il s’entend donc aufli bien des accidens, que de la fubftance. Car le pain n’auoit pas efté rompu fans accidents.il y aplusjCar le Pronom demonftratif,Ce«, mon-ftre premièrement les accidens que la fubftan« ce, amp;nbsp;ne monftre la fubftace que par le moyen des accidens.Partant fi en veitu de ces paroles, la fubftance du pain doit eftre changée en la fubftance du Corps de Chrift, certes par cefte mefme vÄtu les accidés du pain feront changés és accidés du Corps de Chrift;Ce qui n’eft pas. Caron voit le Pain, amp;nbsp;on ne voit pas le Corps de Chrift. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

Quatrième raifon, confecutiue de la precedente : Si en vertu dés paroles de lefus Chrift, la TranlTubftantiation eftoit faite,amp; le vray Corps de Chrift eftoit réellement prefent ici bas,le Pain feroit châgé en tout le Corps, c’eft à dire, vn Corps ayant fes accidens, comme fa couleur

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142. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIII t.

couleur, fa grandeur, amp;nbsp;quantité. Car lefüÿ Chrift ne dit pas , ceci eft la fubftance de mon Corps fans les accidens. Mais il dit, ceci efl mon Corps, cj»i eß linfé pour vous, (dit S. Luc) epui efi ropupour î/o»/(dit S.PauL)C'eftoit donc vn Corps vifible, palpable , ayant fa quantité amp;nbsp;autres accidens conuenablesiveu que la feule fubftance du Corps de Chrift fans fes accidens n'a pas efté crucifiée,ôc ne Teuft peu eftre aufli; car les dimenfios amp;nbsp;la localité y eftoyent du tout neceifaires.Tât y a que nous ne voyos point le Corps de lefus Chriftici bas,amp; ne nous appert d'aucun de fes accidens. Où font-ils doncquesîfont- ils en la fubftance du Corps de lefus Chrift qui eft auCicl,amp; non en la fubftance du Corps de lefus Chrift qui eft en terre ? ce font donc deux Corps. Car vn corps in-diuidu ( comme on dit en TElchole ) qui n’eft qu'vn en nôbre,ne peut eftre fans,amp;, auec vne mefme chofctout enferable. Et delàs'enfui-uroit,qu'il y auroit trefgrande difference entre le Corps qui eft au Ciel, amp;nbsp;celui qu'ils difent eftre caché fous les accidens du pain. Or, eftre vn mefme, amp;nbsp;eftre different, emporte contra-diôtion,laquelie ne peut eftre és paroles de lefus Chrift, ne tiree d'icelles. Parce que contra-diélion eft de faulfeté amp;nbsp;d'impui(fance:comnie nous auos dit ci delfus en l'Article iij. du con-fentemét de tous les do(fteurs,voire des Scho-laftiqucs mefmes. S'ils difent que les accidens du Corps de Chrift font prefens aulTi bien que la fubftance, il appert manifeftement du contraire

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;145

traire. Car le Corps de lefus Chrift n’eft ne Veu, ne fenti, amp;nbsp;n a fa quantité, dimenûon, 8c figure. Et qui diroit qu'vne fubftance eft grande, amp;nbsp;a vne petite quantité , 8c qu elle elt nae-furee , amp;nbsp;n a point de mefure , ceftui-la diroit qu’vne mefme fubftance a des accidens, 8c nen a point.

Cinquième raifon ; S'il y auoit tranflubftan-tiation, il y auroit couerfion du Pain au Corps delefus Chrift ; mais cela ne peut eftre. Car quand vne chofe eft conuertie en vne autre, la matière demeore,amp; la forme fe chage. Or eft-il que la matière du pain n’eft aucunement au Corps de Chrift, parce qu’il eft accopli en foy, amp;nbsp;tellement glorifié, qu’il ne reçoit plus aucune chofe pour y eftre adiouftee ;'8c les Moynes en font d’accord auec nous. D’auantage , rien ne peut eftre conuerti ou changé en vne chofe: preexiftente,c’eft à dire,qui eft réellement de-uant la mutation, ou châgement, comme font les indiuidus,qu’on appelle. Corne pour exem-ple;quandlefusChrift changea l’eau en vin,ce vin-là n’eftoit pas au parauanf.mais recent fon Eftre par le moyen de cefte mutation. Autant en faut-il dire delà verge deMoyfe muee en Serpent. Mais le Corps de lefus Chrift eft douant leurTranftubftantiation-.dôt s’enfuit que le Pain ne peut eftre changé au Corps. Car de dire que ce foit par acceflion, comme quand la nourriture fe côuertit en la chair de l’homme, cela feroit du tout hors de propos : tant parce que c’eft vne autre chair, qui en eft faite , ( à parler

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144 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIII I.

parler proprement ) qu’auffi d’autant qu’il n’y peut auoir aucuneacceffiô au Corps de Chrift- I Celle difficulté a fait dire à vne partie desScho ) laftiques , que ce n’ell pas changement de l’vn en l’autre ; mais que'la fubllance du Pain s’en ' va(amp; ne fçauétdire,ou) amp;c au lieu d’icelle fuc-cede la fubllance du Corps de Chrill, A quoy Thomas d’Aquiojpere nourricier de laTranf-In lib. 4. fubllantiation jarefillé de fout fon pouuoir, fent.difl.8. difantjque cela ne pourroit ellre fait fans moU , uement local,c’ell à dire,fans changemét d’vn lieu en vu autre. Ce qui ne peut eftre en ce Sacrement , auquel ils veulent que le Corps de Chrill foit en infinis lieux en vn momét.ltein, | il cofidere que celle fucceffion d’vne fubllance àl’autre, renuerfe entièrement laTranlfub-ftantiation,veu que ce mot,de toute neceffité, emporte conuerfion,amp; changement.

Sixième raifon : Que le Pain retient tout ce qui eft propre à la fubllance , amp;nbsp;non aux acci-dens fimplement.Premicremêt,le Pain a gouft j de pain, amp;nbsp;le Vin goull de vin. Et ne fett de rien, de dire , que le goull eft vn accident. Cat on fçait allez qu’il vient propremct de la fub-ifanceltellement que le goull du pain ne vient pas de la blancheur,rondeur,grandeur, ou autre accident du pain:mais vient de fa nature amp;nbsp;fubllance. Outre plus, ce Pain qu*on dit ellre Tranjfubfiantiè ,2. faculté de nourrir, amp;nbsp;le Vin auffi, ( comme les Prellres confelïènt parl’ex-perience qu’ils en ont.) Or les accidés ne nour- ' riflént pas. Finalement ce mefme pain fe pour-

litjS;

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. R.esponS;Ei nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i4j

tit,amp; eft confumé de vers (ainii que roiifcaitj amp;nbsp;que l’Eglife Romaine Ie confeli'e par fes De-crers)ce qui ne fe fait fans fübltance,amp; matière. Il ne nous eft ici poflible d'exprimer la peine amp;nbsp;angoilfe où iont les Scliolaftiques , pont foudre ces difficultésdes vns alleguaiis vn iub-terfuge, les autres vu autre,fans que iamais ils ayeiît peu côuenir en vue snefme opinion,ainfl qu’on voit par leurs liures : tellement qu’eux tous,amp; principalemét Thomas,femble à qnel-qu’vn,qui fe voulât retirer d’vn bourbier, plus il s’efforceroit, amp;nbsp;plus s’enfonce-roit ; qui fait que ceux qui font aucunement affedionnés à lui, pour quelques dodfes eferits qu’ilaiaits^ ont pitié de le voir ainfi fuer en vain. Mais la punition de ceux qui abùfent de leur fçauoiri pour côbatre la verité,eft telle,que trauaillanS beaucoup,ils ne font riem

La feptieme raifoniQue fi la Tranlîubftâtia-tion auoit lieu,leSaetemét de laCene rie feroit plus. Car le Sacrement ne peut eftre bien en-tédu fans trois chofesiâlfauoirjle Signe,la cho-fe fignifîee j amp;nbsp;l’Analogie oü Cotrefpondancé qui eft entre les deux. Les figncs de ce Sacrement font, le pain amp;nbsp;le vin •. la chofe fignifiec*, c’eft le Corps amp;le Sang de lefus Chrift; l’Analogie ou Cotrefpôdance,eft la faculté de nour« rir. C’eft affauoir , que tout ainfi que le pain Si levin ont cefte faculté de nourrir nos corps parlabenediélion amp;nbsp;ordonnance de Dieuifem blablemét le Corps de lefusChrift amp;nbsp;fon Sang •ont cefte faculté de nourrir Sc fubftanter nos

ÂUi

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ARTICLE XIII I.

âmes en vie eternelle.Ce que nous difons eft iî clairement expofé en l’Efcfiture, que les Moynes ne le nieront point. Outre cela,ils ne defa-uouëront pas la fentéce de S.Auguftin, difant, que fi les Sacremens n’auoyent quelque fimili-tude des chofes defquelles ils font Sacremens, ils ne feroyet pas Sacremés. Or fi on ofte la fub ftace du pain, on lui ofte la faculté de nourrir: amp;nbsp;partant on abolit l'Analogie entre le figne amp;nbsp;la chofe fignifiee : dont s’enfuit l’abolition du Sacrement, qui ne peut eftre fans celaæftat tout notoire , que c’eft la fubftâce qui nourrit, amp;nbsp;non les accidens.Car de dire que la fubftan-ce du pain qui n'eft p!us,fert à celle Analogie, c’eft faire vne chofe eftre,f5c n’eftre pas,tout en femble:amp; feroit vne trop grande ignorance, d’alleguer.que comme la fubftance du pain,qui n'eft plas,auoit la propriété de nourrir : aulîile Corps de Chrift nourrit noftre ame.Parce qu’il faut cercher l'Analogie es chofes qui font, Si non en celles qui ont efté. Autrement ce n’eft pas vn Signe, mais auroit efté vn figne : qui eft deftruire le Sacrement.

En fomme, les Moynes deftruifent toutes ces trois chofes,le Pain,le Corps,amp; l’Analogie entre le Pain amp;nbsp;le Corps. Premièrement, felon leur opinion,le Pain n’eft plus, puis que la fubftance du pain n’y eft pas. Aulli le Corps de le-fus Chrift ( fi on les veut croire ) n'eft pas vray Corps:veu qu’ils lui oftent la quantité, dimen-fiô, amp;nbsp;les chofes fans lefquelles il ne peut eftr« corps ( ainfi que neus auous amplemét declare

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R É s P ö N s È. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ï47

all troifieme article ci delFus) amp;nbsp;oilêt aulïi TA-» nalogie, qui eft la faculté de nourrir, comme nous venós de dire.Voila le fruiélde laTranf-fubftantiation, laquelle nous Condamnons,re-iettonsj amp;nbsp;abiurons,d'autant qu'elle nous pri-» ue de la vérité decefainét Myftere, que nous recognoiffons en toute reuerence felon la pa* role de Dieu.

Touchons maintcAanc en brief les Montra-didions desMoynes en ceft Articlc:Ils difent, ?[ue le vtay Corps amp;nbsp;le naturel Sang font pre* éns en ce fainél Sacrement. Or la prefence d'vn vray amp;nbsp;naturel corps requiert necellaire-ment eftre en vn lieu , auec fes dimenfions , amp;nbsp;fa fuperficie. Requiert auffi que le corps foit vifibîe amp;nbsp;maniable. Car lefus Chrift voulant monftrer qu'il eftoit prefent en fon vray amp;nbsp;naturel Corps.difoit amp;ïn^\,Taflez.-moy^0quot; voyez: car un eßint »a ne chair ny os,comme vous voyez que lay.

Nous demandons doncquesjfi le Corps y eft localement, ou non. Y eftant localement» il ne peut eftre en plufieurs lieux toutenfem-ble : car ce feroit vne trop manifefte contradi-ébion-S'il n'y eft localement, il n'y eft donc pas prefent réellement.

La raifon eft, que la prefence d‘vn corps ne peut eftre fans localité ; autrement ce n'eft pas ptesêcecorpotelle,mais fpirituelle.Euxmefmes disétici,que c'eft le fang naturel,amp; partât c’eft aufli le Corps naturel, duquel la prefence reelle ne peut çftte que naturelle, amp;nbsp;partât locale, k 1 Pleuft

*

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I4S nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIII I.

Pleuft à Dieu i^ue les Moynes vouluffcnt prendre garde à cejcijfans paflion,amp;repenfer en eux DeSÿir.S, mefmes celle fentence de S. Ambroife : Toute üb.i.c.7. creaturejdit-iljell circonfcripte,c'eft à dircjter minee dedans les certaines limites de fa nature. Et par là ilprouue la diuinité duS. Efprit: d’autant qu'il n’eft terminé aucunement, mais cft par tout.Dont s’enfuit,puis que leCorps de lefus Chrill eft vue creature, qu’il faut necef-' fairement que là où il ell prefent réellement,il y foit circonfeript amp;nbsp;terminéic'ellà dire, qu’il y foit localement.Et de faiôl,les Scholaftiqucs font contraints de le côfcirer,quand ils difent, que le Corps de Chrill ell contenu au Sacrement. Car qu’ell-ce, qu’vn corps efl contenu? Ce n’eft pas localement, difent-ils. Mais nous demandons , fl le Corps de Chrill eft hers des accidens du pain,felon leur doélrineiils difent que non , excepté au ciel, où il eft en fa forme vifible.Si cela ell,comment fe peut-il faire,que il ne foit localement fous les accidens ? Elire contenu fous la fuperficie du pain , n’ell-ce pas eftre localement ? Il y a plus, car s’il y eft conte-nn,il y ell donc mefuré,amp; lîni.Commeut donc peut-il eftre en infinis lieux en mefme temps! car c’ell ellre contenu , amp;nbsp;n’eftre pas contenu tout enfemble. Et ne faut que nos Moynesfe targuent ici de lapuilfance de Dieu : car nous leur auons arraché des poings celle couuei tu-re,au iij. Article ci delfus, amp;nbsp;nommé;ment par deux raifonsd’vne,qu’il ne faut iamais oppofer la puillance de Dieu à fou exprelfe volonté.Or

Dieu

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;149

Dieu a trefexpreirement declarc,qu’il veut que le Corps de lefus Chrift foie vray amp;nbsp;naturel corps, amp;nbsp;partant qu'il ait fes dimenfions,amp; ne foit en plufieurs lieux tout enfemble. L'autre, que tout ce qui emporte contradidion,n’eft de la puifl'ance de Dieu,ains eft d'impuifl'ance.Or eftre vray corps, amp;nbsp;eftre en plufieurs amp;nbsp;diuers lieux en mefme tcmps,contient vne contradi-ftionxar c'eft lui öfter fa quâtité,amp;fes dimen-fions,fans lefquelles vn corps ne peut eftre de-fini, nô pas mefmes apprehedé en l’efprit. Tel-lemét que c'eft trefmal à propos que ces Moynes veulét employer la puift'ance de Dieu à de-ftruire les natures,au lieu que nous la deuôs co fidereramp; admirer en la creationamp; coferuation d'icelles. Certes nos Moynes ont oublié vne reigle de Thomas (amp; lui-mefme ne s’en eft pas toufiours bien fouuenu ) qu'il ne faut cercher miracle en ce qui contient contradiction.Car,- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

dit-il, il ne fe peut faire par miracle qu’vn ani- Sen.difi.'u. mal raifonnable amp;nbsp;mortel ne foit pas homme, Pâttât,fâns öfter la nature amp;fubft3ce du Pain, amp;nbsp;fans öfter au'Corps de lefus Chrift la nature amp;nbsp;propriété d’vn vray corps, nous adorons en toute humilité lapuilfance de Dieu , qui en ce fairiél Sacremét nous rend vrayemet iouïlfans du Corps amp;nbsp;du Sang de lefus Chrift, pour en eftre nourris amp;nbsp;viuifiés éternellement.

Mais parce que ces Moynes anathematizent tous ceux qui ne reçoiuent indubitablement leur Tranlfubftantiation,nous monftrerons en peu de paroles combien leurs propres Maiftres k 3 (de

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»50 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X 1 I I I.

(de la fource defqnels ccux-ci font decoulés) en ont eftépeurefolus j amp;nbsp;combien ils ont en-tr'eux de dillènfions touchant ce poinôt.

En premier lieu, les Scholaftiques ne font pas refolusjfi le Pain cft conuerti au Corps : ou ïî la fubftâce du Pain s’en allant, au lieu d’icelle fuccede la fubftâce du Corps de lefusChrift; ainft que nous auons délia touché ci delfus.

Il appert auffi, que la Tranftubftantiation n^efté tenue enl’Eglife pour article defoy, finon depuis leConcile de Latran,enuiron l’an 1200.comme on peut voir par le traiélé du Sacrement fait par Bertram preftre, amp;nbsp;dédié au Roy Charles, apres lequel temps comme l’opinion de cefte Tranftubftantiation s’auançoit en rEglife,amp; Berégaire Archediacre d’Angers s’y oppofoit, il fut cité à Rome au Concile de Latran,amp; là cefte opirjiô fut eftablie pour Arti cle de foy, ayant efté Berengaire cotraint de fe defdire. Mais quelque peu apres il fe remit encor à cobattrc ce nouuel article de foy, ayant pour ennemi capital vn Doéfeur nommé Lan-frâcus,qui publia des efcrits cotre lui, lefquels fe voyent encores.Et cefte difputc cotinua log tempsivoire iufques là,que pluficursScholafti-quès ne vouloyent côfentir à la Tranflubftan-tiation, ainft que tefmgigrte lean Duns Efcof-fois,nommé vulgairement l’Efcotivfant de ces mots : La premiere opinion,dit-il,a efté,que 1» fubftâce duPain demeure. (amp;cn allégué de tres dMt-j.i.j. fermes raifons)l’autre opinio a efté,que la fub-ftançe du Pain ne demeure pas, mais qu’elle eft

gt;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ou an

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;151

OU annichilee, ou fe refout en la matîere pre-miere.L’autre opinion:Que la fubftace du Pain eft conuertie au Corps de Chrift.Puis il adiou-fte-.Ie di,que combien que la fubftance du Pain demeureroit, elle n'ofteroit pas la veneration, amp;nbsp;ne feroit caufe d’Idolâtrie : amp;nbsp;ie di, que la fubftace du Pain reprefente mieux le Corps de Chrift,que les feuls accidens:Veu qu’il y a plus grande conuenance ou conformité entre fub-ftance amp;nbsp;fubftance , qu’entre fubftance amp;nbsp;ac-cidens. En fin ( de peur de fafcher l’Eglife Romaine , ou pluftoft, d’eftre fafché par l’Egli-fe Romaine,à l’exemple de Berégaire) il adiou-fte ces mots : le di,que l’opinion qui 11 et que la fubftace du pain ne demeure pas , eft probable: amp;nbsp;tien la coclufion, parce que l’Eglile la tient.

Vn autre Dodeur nome,De Alliaco, Cardinal jiUiac. ia de Cambray,parlant de ces trois opinions, dit ^•Sen.q.6i ainfi : Ce moyen-là, dit-il, que la fubftance du Pain demeure,ne répugné point à la raifon, ni à l’authorité de la Bible. Au côtraire,il eft plus facile à entendre,amp; plus raifonnable:amp; ne met pas les accidens fans fubied ; qui eft vn poind des plus difficiles qui foyent en cefte matière.

Oyons maintenant ce qui eft contenu en leurs propres Decrets.

11 ne faut offrir autre chofe au Sacrement que vin, amp;nbsp;eau, amp;nbsp;pain , lefquelles chofes font benites en la figure de Chrift. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Can.'iteft

Au Sacrement du corps amp;nbsp;du fang du Sei-gneur que rien d auantage ne foit ottert,que ce cramentOi que le Seigneur mefme a ordonné, afçauoir, de.côfÂi.i.

k 4 pain

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ï)t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE Xiril,

fin.Cilt;nt enme^b,

Citt.fWlk, ib.

psin amp;nbsp;vin mcflé d'eau. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i ! ' ■ ; ,

[;. Qjand Ie Maiftre de vérité -a recommandé à‘fes difciplei le vray.facriHce de n.oCtre fajutï nous fçauons qu^il'iVa donnédudaiâ: à aucun fous ce Sacrement,,mais feulement du pain, amp;nbsp;la coupe : comme il eft dit en l’Euangile lefus print du pain,amp; la coupe,amp;c.

; Le Pain amp;nbsp;Caliçe ne naift pas , mais nous eft fait myftiqqe par certaine confecration. Partant ce quinous.cft ainfi faitscombien qu'il foit pain amp;nbsp;coupe,.eft nourriture de refurrc' dion,amp;c.

Toute chofe contient en foy la nature amp;nbsp;'vérité des chofes dont elleeft faite.Qrlelà-crifice de l’Eglife eft faitde den»; alfauoir , du Sacrement,amp; de larchofe du Saçfemenrx’eft à ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. dire.du corps de Chrift,amp;c.Il y à pltrfteurs cho

•: fes femblahles en leurs Decrets!,qui tefuJoif gnent que la fubftance du pain demeure.

Aulli les Scholaftiques font fort empefchés à expofer comment ôn peut parler de laTranf-fubftantiation,fans faillir;Carvoici ce que TEquot; fcot en dit : Ces façons de parler font faulles: Ch.inc.in, fçauoir eft,le Pain eft le Corps de Chrift.Item» ' cor- Pain eft fait le Corps de Chrift. Et faut dite ' fuf,.nver. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(^orps deClïrift. Au

ritr,de con- contr2ire , la Giofe du Decret artcrme, que ce ficr./iifl.z. dernier eft rre'mal dit. Et Thomas eft de meß' In^.Sent. me aduis ; lequel auffi condamne du tout celle jç parler ,1e Pain eft fait le Cqrpsde Chrift , amp;nbsp;toutesfois celaeft en leurs Decrets )ccr.dtji.i. en mefmes termes : Le pain(dit-il/reccuant la bened

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NSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IJ)

benftliftionjCfl: fait le Corps de Chrift. - Item,les Scholaftiques demandent,que c’eft qui eft rompUjlors que l’hoftie eft rompue. Plu fleurs penfent, que c’eil la fubftance du pain, parce que rien ne peut eftre vrayemet rompu, fans maticre.Et celaeft recité par Durand.Les autres pcnfent, que les feuls accidés font rom- ' pus. Quelques vus ont dit, que rie n'eft vraye-ment rompu, encor qifil le femble, amp;nbsp;que cela Sent. fe fait par miracle.Mais le PapeNicolas a pire- d-u-î/”’ ment dit que tousles autres : aftauoir , que 4e vray Corps de lefus Chrift eft rompu. Comme de faift l’opinion qu'il eftabliflbit lors a rom- Bcre^mus pu du tout amp;nbsp;mis en pieces la vérité de ce Sa- decôf.D,i, crement. ’

Voici donc ce qui eft contenu en leurs Decrets:

le Ber^ngaire,côfefle tenir la mefme foy que le Pape Nicolas amp;le fainét Cocile m'aordon^ ne de croire : aftauoir, que le pain amp;nbsp;le vin qui font mis en l’Autel apres la confecration font, non feulement Sacrement, mais auffi le vray Corps de noftre Seigneur lefus Chrift , amp;nbsp;fuellement, non feulemct le Sacrement,mais en vérité , eft manié par les mains des Preftres, rompu amp;nbsp;bnfepar les dents des fideles, V oila les propres mots du Canon , lequel, neantmoinsj eft reietté de tous leurs Dodeurs.

Les Scholaftiques aufli demandent, ft l’eau qu’ils meflent au vin dedans le Calice, eft trâf-fubftantié. Les vns difent,quouy ; les autres, câninS 0-que r}on:amp; quelle eft aneâtie amp;nbsp;réduite à rien, portet J in A.UtïÇS

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154 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIII I.

clt;eÄ. c«»j Autres penfent, qu'elle eft conuertie en I’hU' meur vitale de Chrift. Durand eft plus crain-

7Blt; DurSd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autres. Qui eft-ce, dit-il,qui en ofc-

6.4.C.4Z. toit decider ’ Thomas a trouué ceft expedient) Thom.^.q. que I’eau eft couertie en vin, amp;nbsp;le vin en fang-74..Xr(.8. £f recueille de là, qu'il faut mettre fort peu d'eau auec le vin.Car il femble que ce bon Do-(fteureuft crainte, que fi on y mefloit beaucoup d’eau, le vin, par vne contraire tfanllub-ftantiatiotbfuft conuerti en eau;ce que lesPre-fttes de l'Eglife Romaine empefchent fort foi-gneufement, amp;nbsp;font ennemis de la tranlfub-ftantiation en ceft endroit.

repcrt Item , ils difputent, fi les accidens font fans fubieót. L’Efcot en parle ainfnLes fideles tiennent, dit-il, que le Corps de Chrift eft là, foit que les accidés foyent au pain, comme au fub-'.XpH(lt;r.oOT iet,ou foyêt fans fubiet. Les autres difent, que Âdni.Zi. 4, jçj accidés du pain font fondés en l'air (qui eft Swf. iß. nouuelle façon de baftir.)Quât à Thomas, 11 afferme qu'ils font fans fubiet:mais quandamp; » quand il donne celle qualité aux accidés,qu'ils peuuent nourrir vn homme auffi bien que la fubftance du pain feroit. Et par ce moyen (à ■ dire ce qui en eft) il châge les accidens en fub-ftance:de forte que pour vne Tranflubftantia-tion, ils en ont deux.

Cd.quihe. nbsp;nbsp;Outrcplus, ils demandent,quand les Souris

nf.decon- mangent ce qui eft en leur Ciboire, que c'eft amp;nbsp;'ihî^h fttt'ils mangent. Les vns blafphement iufques Z» CatKdei ^à,de dire,que c'eft le Corps de Chrift. Les au-tres le nient. Il y en a qui tiennent, que miia-culeu

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;155

culcufcment la fubllance du Pain renient. Les autres, ququot;il fe cree vne nouuelle matiere pour eftremangee des Souris. En fomme, ils font na^auam-tref-empefchés àdefendreleur Tranfl'ubllan“ mr, dation,amp; à la garder des Souris.

Autant le font-ils, quand ils difputent dquot;où fe peuuent engendrer les vers amp;nbsp;artizons qui j font fouuentesfois en leur Euchariftie, voire Durândjn amp;nbsp;la confument. Les vns cuident, qu’ils font rwon. Ca. engendrés de rair,les autres,de la fubitance du pain (qu’ils font contraints de r’appeller,apres l’auoir chafl'ee au parauant.)Thomas fe tient à la quantité du pain,à laquelle il donne les mef- -rü fup, mes propriétés de la fubftâcc;amp; en fin dit, que cela fe fait par miracle, au lieu que ce feroit pluftoft vn grand miracle,s’ilne s’y engendroit point de vers.

Us demandent encores, fi l’efpecc du pain eft le figne duCorps fans fang,ou au contraire. L’Efeot fait vne belle decifiôlàdeifus.Il n’eil, dit-il,pas certain. Car l’vn amp;nbsp;l’autre fe peut fouftenir ; amp;nbsp;ne l’vn ne l'autre ne fe peut prou- ' uer. Voila les refolutions, ou pluftoft, irrefolu-tions, des Scholaftiqucs : Entre Icfquelles ne faut oublier cefte-ci, quand ils maintiennent, que la Tranifubftantiation ne peut eftre faite, filePreftren’a intention de confacrer^ Telle

ment que tout defpend de la péfee d’vm homme, qui eft incognue à tous les autres,amp; ne fijauroyent dire refolument, fi leur Tranflub-ftantiation a efté faite, parce qu’ils ne fçauent pas quelle a efté l’intention du Preftre.

Mais

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156 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XI III.

Mais lailFons les autres irrefolutiós amp;nbsp;con

trariétés des Scholaftiques fur celle matière, pour monftrcr au doigt, que ces Moynes Pto-felfeurs contrarient manifeftement à la deci-

' fion d'iceux Scholaftiques , en ce quhls main-^.4. Set. tiennent en ce prefenr Article,quhls mangent lt;n.8. c. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;naturel Corps de lefus Chrift corpo

rellement Se fpirituellement. Car Lombard le pere des Scholaftiques cite vue fentence de S.Hierofme , en l’expofitioh de laquelle il eft

fort empefché.La chair,dit-il,amp; le fang de le-fus Clirift fe doiuent entendre en deux fortes: ou celle qui a efté crucifiée amp;enfeuelie, amp;nbsp;le fang quiaelféréfpanduioula fpirituelle amp;nbsp;di-uine, de laquelle il dit, ma. chair efi 'vrajement 'Viandevous ne butiez, mon fang,votis n’ati' j rex point vie en vous. Le mefme Lombard n’eft | pas moins en peine d'accor^ler auec la Tranf i fubftantiation celle priere de la Melfe , vt cjHf' nunc ßtetie gertmUs rerutn verit’ate capiamttS’ C'eft à dire , à fin que les éhofes que nous'fai-fons maintenarit en efpece (ôii figure) nous les receuioils en la vérité d'celfes. Tant'y a que Lobard enténd,pàc le nom de chair fpirituelle’ la vertu amp;nbsp;efficace de la;chair de lefus Chrilh

cömrtieila remiffiôn des péchés,Se chofés fenv spe- blableslt; Et-tel eft faduis' dti Pape Gregoirei contenu es Decrets.. Partant ces MoyncsAb-iureurs ont, fansl/peiifet, abiuré là Doélriue des Scholaftiques, quand i 15 tiifent en ceft Af' tide, qh'lls reqoiuent le vï'ay amp;nbsp;naturel Corp^ de lefus Chrift Corpöi’éllèïnéHt ôf Spirituel' lenient

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;157

lernet. Et pour monftrer combien ils font auffi dcferteurs des Decrets de PEglife Romaine, nous en reciterons vn, duquel ils ne fe pourrôt defuelopper.

La chair de lefus Chrifteft entendue dou-blement,amp; auffifon fang.Ou c'eft lalpirituel- ‘ le amp;nbsp;diuine, de laquelle il dit, chair ejî vra-yement viande fCr^mon fang efl vrayement hru-aage .• ou c'eft la chair qui a elle crucitiee, amp;nbsp;le fang qui a efté refpâdu. Item,C'eft fa chair,la-quelle nous prenons au Sacrement, couuerte de l'efoece de pain, amp;nbsp;fon fang que nous prenons fous l'efpece amp;nbsp;faueurdevin. C'eft alla- Canj,9ceß uoir, la chair eft Sacrement de la chair , amp;nbsp;le quod dici^ fang eft Sacrement du fang : par la chair amp;nbsp;le fang tous deux inuifibles , fpirituels , intelligibles , eft fignifié le Corps de noftre Seigneur lefus Chrift vifible amp;nbsp;maniable , plein de graces,de toutes vertus amp;nbsp;diuine maiefté. Voila que dit le Decret. Sur quoy les Moynes Abiu-reurs aduiferont comment ils s'en pourront defpetrer. Car de vouloir faire accroire que le Corps naturel de lefus Chrift, foit réellement en noftre ame,c eft nier tout enfemble,que l'a-me foit ame,amp; que le corps foit corps-.veu que rié ne peut eftre en l’ame, qui ne foit fpirituel. Qui eft la caufe pourquoy S.Paul dit,que Iefits Chriflhabite en nos cœurs parfoy.Et lefusChrift lîpbe.j. dit lui-mefmes,expofant la vérité de ce Sacre-ment,que c efi l'E/prit qui viuifiezCc qui a con-traint les Scholaftiques de confeirer,que nous teceuons le Corps de Chrift fpitituellement;

tefm

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Caiet, T.Z.

Can. quia corpus, de (onf.diß.i. Opufc. $8. c.lÿ.P^rf. I.Z.4.

li.^.difi.Çf. q.\,an.2,.

Cane, 'tuitten. no ac-tendamus.

158 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIIII.

tefmoing Caietan , qui en parle ainfi : Cela eft tresfaux,clit-il,quele Corps de Chrift foit pris corporellementxar les Théologiens tiennentj qu'en FEuchariftieUe Corps de lefusChrift eft receu fpirituellemét,amp; en croyant.Ec de faid» il eft ainfi dit en vn Canon : Regarde le CorpJ de ton Dieu par foy , touche-le de ton ame, pren-le auec la main de ton cœur. Etmefme Thomas,Aftefan,Bonauanture,amp;autres afferment , que hors le Sacrement les fideles reçoi-uentle Corps de lefus Chrift, combien qu'il demeure au Ciel fans eftre en terre. Que dont maintenant lesMoynes s’accordent à cela,s'ih peuuent. ‘

Et parce que ces Moynes font attachcseii terre es chofes vifibles, fous lefquelles ils cet-chent le Corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift ; c'eft merueilles qu’ils n'ayent point eu de hôte d’al-leguer le Concile de Nicee : veu que par icelui eft notamment défendu d'eftre humblement attentifs au Pain amp;nbsp;au Vin. De là eft venue ce'

fte ancienne forme qu'ils ont retenue en leur Meile,Surfumcordai c'eft à dire,qu’il faut eilt' uer les cœurs en haut. Et en la Meile y a pareil Mijfa, lement celle priere, /ahe hacperfcrriiÇT-c. C'eft à dire , Commande, Seigneur , que ces chofes foyent portées par les mains de ton S.Ange en ton autel celefte en la prefence de ta diuine deSacraw. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Suiuant cela Rabbanas dit ainfi : La

«r. c. jg Chrift n'eft iamais receuc comme il faut, fi ce n’eft de fa propre main en l’autel celefte J où icelui lefus Chrift fouuerain Sacrificateur

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R £ s P o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15^

cateur aflifte pour nous. Et ceftc fentencedu Pape Gregoire (parlant de ceux qui communiquée à la l'ainéte Cene)eft ini’eree en leurs De- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘}“'Ki

crets : Il eft, dit-il, raui au ciel par le miniftere des Anges , pour eftre conioinét au Corps de diß.u™' Chrift , aumefme temps amp;nbsp;à I'inftant qu’il eft veu deuant les yeux du Preftre à Pautelitant eft grande l'vnion de l’Eglife en lefus Chrift.Voila ce qu’en dit le Pape,amp; qu’eftant bien entendu, euft peu retirer ces Moynes amp;nbsp;plufieurs autres de l’erreur auquel ils font. Nous auons efté vnpeulogs en ce difeouts , parce quec’eft vne matière fur laquelle principalement les Moynes nous attaquent, amp;nbsp;où neantmoins ils font le plus mal fondés. Partant auons bien voulu defcouurir leurs queftions amp;nbsp;irrefolu-tionsennoftre lâgue deuant les yeux de tous: afin qu’on fçache que ce n’eft ne legereté ni o-piniaftreté qui nous afait départir de la Trâf-fubftâtiation, laquelle eft contraire à l’exprefV fe parole de Dieu, amp;nbsp;au confentement de l’ancienne Eglife, amp;nbsp;qui ne peut eftre portee , ne fouftenue par ceux-la mefmes qui l’ont faite. Vray eft que les Anciens parlent de Conuer-fion,ou changement : mais c’eft d’vn changement d’vfage, amp;nbsp;non de fubftance ; Ce que les doéteurs de l’Eglife Reformee ont fouuent vérifié par leurs eferits. Et nous auons cy delTus monftré en l’Article.troifieme, que npftre do-drine, en ceft endroit, eft coforme à celle des Anciens, alléguas des tefmoignages expres de S. Auguftinuufquels nous pourrions adioufter

ce quç

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I6o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICULE XI III.

Seir.decam. ce que dit s. Cyprien : que celebrant ce faiiiót Sacremét nous n’aiguifons pas nos dents pout mordre,mais qu’en lyncere foy nous rompons De nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le pain fainél Item que leiusChrift a donne de

Cnrif. ‘ propres mains du pain amp;nbsp;du vin à Ces diCci-pies , amp;nbsp;a done aux gendarmes fon Corps pour ellre crucifié; à fin qu’on entédift comment les chofes fignifiantes amp;nbsp;les lignifiées font appel' /« .Ann- lees de mefmes noms. Et ce que dit S. Cyrille) tbem.ii. qyg ççg chofes ne font touchées que par b India.E- pgyjg nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’enfeigne Athanafe , qu’on

In dixlo^.

Gen.17.

i.Cor.io.

Exod.ii.

l.Coi-.ii.

l.Cw.io.

doit entédre en ce Myftere la Chair de Chrift xerit, zlr-Ci eftre vue viande celefte lt;Sc fpirituclle,amp;qui ell De rejùr. donnée fpirituellement. Et ce que Tertullien afferme, que ce pain duquel nous deuons auoif faim pour viure de la vraye vie , doit eftre dénoté par l’ouïe, ruminé en l'entendement, digéré pat foy. loinél ce qu’en traiéie Theo-doret amp;c autres : ainfi que plus amplement eft Jifeouru és liures fur ce faits par ceux de l’Egl* fe Réformée ; Efquels auffiles paroles de leHs Chrift font clairemét expofees;amp; eft monftfC) que cell vne façon deparlerSacramentalejpi^ laquelle le nom de la chofe fignifiee eft dóner au figne. Comme la Circoncillon eft appellee alliance:la Pierre,Chrift : rAgneau,palfage:h coupe,alliance au fang de Chrilf :1e Pain, communion au corps de Chrift : amp;nbsp;autres fembli' bles : laquelle expofition eft tiree de S. Augn-ftin en l’epiftre à Boniface ,8c en Ces queftions fur le Leuitique, difant ainfi : La chofe,dit-il, qui ftgnifie,aaccouftumé d’eftre appelleedii nom

3

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RESPONSE.

nom de celle qui ell fignifiee:amp;allegue pour ex-emple,que la Pierre elt apelleeChri11. 11 y a d’a-uantage: que les Sacremés font Signesamp;Seaux tout cnfemble, par lefquels les fideles ioiùT-fent de lachofe fignifiee.En fommejes Sacre-mens ne peuuenc ellre fans Signe amp;nbsp;figure,auf files paroles Sacramentales ne peuuent ellre que figurées.Et ne laifsôs, pourtât,de receuoir ce qui nous y effc prefentc , comme il a ellé dit. Mais fans nous eftendre d’auantageen cedif-coursjuous efperons que les ledeurs fe conten teront de ce qu’en auos dit pour ce coup,amp; co-guoillrôt par là,qu’il n’y a rien en nollre dodri ne toucliât le S.Sacremét,qui foit,ou nouueaiv ou irreligieux, ou, comme les Moynes parlent, herecique: eftant ce faind amp;nbsp;facré myllere l’v-ne des plus grades côfolations que nous ayons en ce monde , amp;nbsp;que partant nous honnoron.s amp;nbsp;célébrons en toute reuerence amp;nbsp;humilité.

Venons maintenât au mot de Sacrifice de la Meflcjduquel nos Moynes pariet.Et parce que ils ne cotter auch tefmoignage pour preuue de leur dire, nous nous contenterons aulli de leur refpôdre briefuemét; n’ellât befoin d’autres pa roles que des leurs melmes,pour les côlondre.

Premièrement,ils difent que la Melle eft Sacrifice ôc Sacrement ,ce qui ne s’accorde pas; Car le Sacrifice offre, amp;nbsp;le Sacrement, reçoit. Or en la Meffe,le Sacrifice vadeuât,par lequel ils difent, qu’ils offrent lefus Chrill , Et le Sacrement va apres , quand le Preftre reçoit le-fus Chrift, Sut quoy nous demandons ,pour-1 qnoy

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l6z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XIII I.

quoy il offre deuant que I’auoir receu : amp;nbsp;comment cela fe peut accorder enfemble? Qui plus eft: pour eftre Sacrementj felon I’inftitution de lefus Chriftjil faut ququot;il y ait communion.Cat Matt.ce font les paroles de lefus Cbrid,/fre»ez

gez,buMez-en toKs.Or en la Meife 11 n’y a point de communioniCar vn feul mage amp;nbsp;boit: alfa-uoirje Preftre ; amp;nbsp;vn feul ne fait pas vne com-munion.Or Chrift ne dit pas:voyez manger boire, mais il dit, mangez tbituez,e» mémoire de loinlt;ftce qu’exprelfement en dit S. Paul.

Vray eft que le Preftre prononce les paroles: mais il les dit fur le pain amp;nbsp;fur le Calice , amp;nbsp;ne s'addreft’epas au peuple. Auffi feroit-ce vne mo querie,de dire,prenez,Sine donner rien.Et c’cft merueille, qu’en cela ils facent fi ouuertement Can.inca- contre les Anciens Canons , par lefquels il eft »ia.C4w.Sj ordonné à tous de communiquer au Sacre-quism^at nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Meße donc ne peut eftre Sacrement,

J. par les railons que dellus , lans qu il en faille produire d’autres : pour monftrer la différence amp;nbsp;oppofitioqui eft entre la Cene du Seigneur, Si la Melle de l’Eglife Romaine.

Ils fe coptredilent auffi,quand penfans s’ex-cufer,ils adiouftent, que ce n’eft pour fuppleer ou repeter l’vnique facrifice de la Croix , ains pour aéfuellement le mettre fus : qui n’eft rien autre qu’affermer vne chofe,amp;la nier tout enfemble. Car qu’eft-ce aéluellement mcttre.fiis quelque chofe, fi ce n’eft la faire? fi le facrifice de la Croix eft feul amp;nbsp;vnique, les Preftres donc ne le peuuent aduellement mettre fus. Mais au lan

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;llt;Sf

au langage de ces Moynes, mettre fus, amp;nbsp;n’y-toucher pointjc’eft tout vn:amp; felon la conception de leur eiprit, la chofe ell aélucllemcnf, fans aétion. Voila , certes J de tresbons Aduo-cats du facrifice de la Melfe.

Ils adiouftét encores vue autre cÔtradiélion, quad ils difent, qu'il fe fait vne vraye oblation lors que lefus Chrift eft offert : non afin qu’il meure derechef, ou qu’on face vnenouuelle re déption pour nouszains feulement, qu’il eft offert tel, amp;nbsp;fous la condition qu’il s’offrit en re-miflion des péchés , pour mourir en Croix vne fuis pour nous.Voila cornent ils en parlent.Or s’ils offrent lefus Chrift tel amp;nbsp;fous la côditioii qu’il s’offrit lui-mefmes ,amp; fa condition eftoic de mourir(comme il eft notoire) certes ils l’of-fret donc fous la côdition de mourir.Item,s’ils l’offrent tel, ils l’offrent donc paffible amp;nbsp;mot-tel.Item,s’ils l’offrct fous la côdition qu’il s’offrit lui-mefme »ils l’offrent donc pour l’vnique redemption du genre humain.Et toutesfois ils nient toutes ces chofes , en les difant. Partant nous abiurons ces Moynes contredifans , en-femble leurs contradiélions , Sc nous tenons fermes à la parole de Dieu,à laquelle ils cotre-difent manifeftement,amp; en termes expres: có-^ bien qu’ils veulét monftrer que non,en fe contredifans eux-mefmes , au lieu de contredite à-leurs erreurs, amp;nbsp;les corriger. Voici donc corn-' me l’Efcriture parle du feul amp;nbsp;vnique Sacrifi-. ce,fait par le feul amp;nbsp;vnique Sacrificateur;

/efm Cbrifi efi entre an ciel mefme, ptittr

1 Z main

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Heb.9-

Heb.10,

llcb.T,

Heb.io,

Heb.9,

VH nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article. X I'I 11.

luainlcMaKt comparoir pour nous deuat la face de Dieu, Adais non point quUl s'offre fouuentesfois fiij-mefine,(ÿ-c.

J\lous fommes fanElifie's par l’oblation vne fois faite du corps de lefus Chrsfi.

Qm neufi point neceffite'conme les autres Sa^ criffcateurs d’offrir tous les tours Sacrifices, prequot; miercmetpour ffs peche's ,puis apres pour ceux d» peuple. Car il a: fait ceci vne fois, s’efiant offert foy-mefmCit^c.

Aiaintenant en la confommation des ßecles ,d efl apparu vne fois pour la deflruclion du pechégt; par le facrifice de foy-mefme.amp;c. Chnflaefléof fert vne fois pour abolir les péchés de pluffeurs,

Chrtfl ayant offert vn feul Sacrifice pour les pt' chesicft affis eternellemet à la dextre de Dieu, Atquot; ' tendant ce qui refte , iufques à ce que fies ennemi! fiyent mis pour le marchepied defies pieds,Car pat vne feule oblation il a confiomme à perpétuité ceaU qui fiont fianSitfiie's. j\lonpoint qu’il s’offre fiouue»' tesfoisfioy-mefime, corne le fouuerain Sacrificate»'! entrait aux lieux fiainé^ls chacun an □ auec aatn fiang.-autrement il lui euft fallu fouuentesfoisfiouf frir depuis la fondation du mode. Et autres fcmblables ,par lefquels il appert, que Chrift efl le feul Sacrificateur du Nouueau Te llament, figuté par les anciens Sacrificateur^ fbus la Loy.■'Et que partant il ne peut eftre 0^' fert que par foy-mefine, eftant la nature de fainôl Sacrifice telle,que l’hoftie amp;nbsp;le Sacrifiera teureftvn. Il appert auffi que ce Sacrifice eft viiitiuejamp; ne peut eflreiamais réitéré. Car ie-

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A • R E S P O NISTE*

fus Chrift ne pouuoit mourir qu\nefois; Or fEfcriture dit,que lefusChrift squot;eft ofFert^quäd ii eft mort en la croix pour nous.Il appert finalement que la vertu de ce Sacrifice ell perpe- ' nbsp;nbsp;nbsp;quot;

Juelle, amp;nbsp;partant n'a befoin d’ellre raffraifchie par aucune reiteration: auffi fa Perfedion emporte cela. Sur quoy eft à confiderer diligem --mêtjque ce prétendu Sacrifice aôLuel eft inco-s gnu à toute VEfcriture, amp;nbsp;n y a Prophete ny Apoftre qui en parlaft onques* Mcfmes les A-. poftres enfeignâs quels facrifices rcftétauiour d’hui aux Chrefties , ne font iamais métion du Sacrifice de laMefte, mais des facrifices.Spin- rhiliÿ.4. tuels,qurfont les fruids de noftre regeneratio’^ corne lo’uerDieUjle glorifier,amp; chofes fembla-i bles.Et S.Paul dit notamentjque nbsp;nbsp;nbsp;fJÎZe rai^

fo»gt;jable‘feruic^ t^ue KOUS detios à Die»: n’eu ft oublié le Sacrifice de la Melfe-, s’il euft efté de

ce nobre-läj voire le principaal ßi ptefques L’v- •? .r ' nique , fl npus voulons adiouftcf foy àPEglifè Romaine. Faut'auffi noter,.qù’vn Sacrifice A-duel nepeut eftre,quc Phoftie ne reçoiue cha-gement. Car qu’eft-ce à diTe..Sacrifice Aduels Or eft-ilquele Corps deChrift ne peut plus re ceuoir de changement; Partant il ne peut plus: eftte facrifié aduellement,amp; Réellement. .T

lté,les Preftres facrifient enmemoirê de le^ fusG^fti'aÛdiiôir ,défâ Pnfiiûn,Rclut r edioh, amp;nbsp;Afcenfion (ainfi quhls'difenVcn laMelfeeq la pti’etè'qui COrftmence,'£)«lt;ii(f;(ÿ*;»4lt;5OTo»-i?r,lt;:ÿ'c.) Mijja. Ce n’ell dono'pas le mefmeiSadtifice que celui que lefus Chrift a fait, ne tel, ne fôüs mefma

■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 3 coudi

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ï66 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTrcLÏ XIIII.

códitïon. Gar lefus Chrift nc s^eft point offert en mémoire de fa refurreótion, veu que la me* moire n’eft pas des. chofes aduenir, mais des SiJf-óMp, paiPees. 11 y a plus-.: Gar mefmes.an Concile de i.egt;c. Trente il eft dit, que le facrifice de la Melfe eft célébré , à fin d'appliquer la vertu du falutaire Sacrifice fait par lefus Chrift, pour remifsion de nos péchés.Si c’eft Application du Sacrifice de Chrift , comment eft-ce le mefme facrifice-’ Si c’eft vnSacrificeCômemoratif,cornent eft-i^ A(ftuel?La mémoire d’vne chofe eft ce la choie mefme?Si c’eft vneEuchariftie,corne eux tnef mes difentjC’eft donc vue Aélion de graces,'S-' partât vne Commémoration. En fin, pour mô-lirer que les prières qui font en la Melfe n* s’accordent pas à la Doétrine de l’Eglife Ro' maine , touchant le Sacrifice , nous en reciterons ici quelques vnes:

MiJJa, Te . Nous te fupplions,Pere trefclemét,par lefcs »i’VwCZe- Chrift ton Fils noftre Seigneur , que tu ayes y«benilfes ces dós, ces prefenSi ces fainéts ôc purs facrificés,lefquels nous t’of-frons,premierement pour ton Eglife,amp;c.

Reçpy, Seigneur , les prières de ton peuple» auec les oblations des hofties.

MijÇn. Les hofties que nous t’offrons pour les aines de tes feruiteurs,amp;c.

e Seigncur,eftant appaifé par ces facrifices/e-çoy l’ame de ta feruante.

MiJJi. ■' .Nous t’üffrons_pour l’ame de ta fernanteles hofties depr'opiciation. Item, cés facrificesde noftre falut, , .

On

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response, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^7

On voit par ces prières , qa’il n’eft pas que-ftion d’vnfacrifice,mais de plufieurSjenlaMef-fc.Et toutesfois, tout au contrairejcn vn autre priere il y a,

Reçoy,Seigneurjpour les âmes de tes ferui- M/pt. teurs amp;nbsp;feruantesjl’hoftie qui t’eft ofFertCjà fin que par ce facrifice fingulier j eftans defpouil-Ics des liens de la mort horrible,elles méritent la vie eternelle.

Voila vn facrifice ßngulicr, qui eft oppofé à plufieurs facrifices en pluriel nombre , Repartant la Melfe oppofee à elle-mefme. Examinons encores leurs autres prières:

Laquelle oblation il te plaife auoirpour a- Mißa, greable, à fin quelle nous foit faite le Corps amp;nbsp;le Sang de ton trefeher Fils lefus Chrill:

C’eft à dire , que ce n’eft encores le Corps amp;nbsp;le Sang : amp;nbsp;partant nous demandons, que c’eft qu’ils offrent. Item: .

Seigneur, fandifie ces dons, amp;nbsp;les vueilles Mijß. auoir pour agréables , comme tu as eu pour a-greables les dons de ton feruiteur iufte A-bel, amp;nbsp;le facrifice de noftre Patriarche Abraham.

Si leur facrifice eft le Corps de lefus Chrift, pourquoy prient-ils qu’il toit fandifié ? lefus Chrift n’eft-il pas affezfaind de foy-mefmeî D’auantage , pourquoy demandent-ils que le Corps deChrift,qu’ils difent qu’ils offrent,foit agréable à Dieu , comme les facrifices d’Abel amp;nbsp;d’Abraham ? n’eft-ce pas vne chofe intolerable, que les Preftres fe vueillent confti-

1 4 tuer

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163

ARTICLE XIII I.

tîebr.ç).

Hebr.io.

Jv,om.4.

Heb.io. Ï.Tim.z.

ColoJJ'.ii Heb.1.

l.’Petr.z, ï-Tm.!.

Hehr.g, a ehr. J, 'Pfäl.uo. liebr.lt;i. Giilat.T., 7'ic.z. liehr.^, Ufbr.iz, l.Tim.z.

Heb.^. lo, Heb.^.

Ueb.-J. 1!^ 9-loan. 19.

Heb.xz.il^ 7-K'tm.S, lleb.ç.

tuer Come Mediateurs enuers Dieu pour lefus GhriftiPartatir fi c'eft vn Sacrifice Aduel(có-me difent lesMoynes)par lequel le vray Corps de lelus Chrill foit offert à Dieu , ils nepeu-uent couurir les eftranges abfurdités amp;nbsp;con-tradiólions qui s’enfuiuent de leurs prières mefmes.

En fomme , nous reiettons ce prétendu Sacrifice de la Melfcjpour les raifons fuiuantes:

Parce que lefus Chrift ne peut eftre réellement amp;nbsp;aôtuellement facrifié fans mourirgt; comme le mot le porte,amp;: PEfcriture le tcfmoi gne.Or lefusGhrift eft mort vne fois pour nos péchés, amp;nbsp;relfufcitc pour nollre luftice, ne peut plus mourir, ainfi que S. Paul l'afferme,amp; que toils les Chreftiens le cofelfent. Parce que le Sacrifice de lefus Chrift eft la fatisfaétion po'ùï nos péchés : amp;nbsp;lefus Chrift a vne fois fa-tisfait pour nos péchés, quand il eft mort en la croix pour nous, ainfi qu’il eft cfcrit. Parce que lefus Chrift eft le îeul Sacrificateur du Nouucau Teftament,comme rApoftrel’enfei-gné, amp;nbsp;toute la fainéte antiquité le recognoit. Parce que lefus Chrift ne peut eftre facrifié qUe par fny-mefme, eftânt lui feul le Sacrificateur'amp; la chofe facrifiee,comme il eft contenu en PÈfcriture, Si nos Peres font déclaré. Par* ce qiiie nul ne peut eftre Sacrificateur au Nou-ucau Teftaméf,q'ùirte fuit Mediateur du Nou-ueàuTeftamenr:chofequi-appartient feuipméf à leftis Chrift , félon la doéfrine de l’Apoftre. Parce que le Sacrifice que lefus Chrift a fait de

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^9

de foy-inefme en la croix, ell entier amp;nbsp;parfait, ne deuant amp;nbsp;ne ponuât eftre réitéré,ains ayant ■vne perpétuelle efficace amp;nbsp;vertu. Parce que FE fcriture nous propofe lelus Chrift eftât maintenant en gloire , ne fefacrifiant point continuellement, mais continuellement intercédât pour nous. Et (pour ne nous eftendre plus auât en ce dilcours)parce que le Sacrifice qu’on pre tend faire à laMefle^eft vne inuction des hommes , deftiruee de la parole de Dieu , contraire à Vvnique Sacrifice de lefus Chrift, abolillant les fruiâs de fa Mort amp;nbsp;Paffion , ramenant les ombres de l’ancicne loy,pour obfcurcir laclar ■ té de l’Euangile , châgeant la predication de la parole de Dieu, (qui doit retétir en la célébra- r.Cor.ri», tion de la fainéle Cene du Seigneur, ainfi qu il l’a cômâdé) en des geftes muets,amp;en des mines vaines,8c fuperftitieufes'.conuertilfant la lain-fte Cene en vne Idolatrie profane ; 8c priuant les hommes du fruiél qu’ils doiuét receuoir de ce fainél Sacremenf.lequel lefus Chrift a infti- ■ 1 tué pour s’offrir ôc fe dôner à nous, au lieu que ' lesPrcftres de l’Eglife Romaine le veulent of-, frir 8c facrifier 'a Dieu fon Pere.

Et ne faut qu’ils allèguent les A.ncîens qui orrt appelle fouuent la Cene du Seigneur Sacrifice. Car (outre ce que la MeÛe n’a rien de commun auec la Cene du Seigneur')les Ancics ont fi clairement expoféleur dire , que q’a efté vne trop lourde ignorance,de trebufeher en fi beau chemin.Et à fin que les Leéteurs en foy et cfclaircis,nous reciterons ici quelques fenten-ces

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lyo nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XV.

ces Jes anciens Doóleurs feruans à ce propos;

Muer. TertulUen , Les Anciennes figures rrton-A/lt;«rc.Z».4.^royent,que Thomme pecheur.eftant nettoyé par la parole de Dieu,doit offrir à Dieu vn don au Temple : c’eft: alFauoir, prières amp;nbsp;adions de graces en l'Eglife par lefus Chrift Souuerain MScaf. Sacrificateur. Item, nous Sacrifions, mais c’eft comme Dieu a commandé, aff auoir, par pures prières.

Muer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S./re»ee,ii y a vn autel és cieux,là il faut que

4. f. prières amp;nbsp;oblations foyct a^ddreff’ees: cotn-me S.lean dit en TApocalypfe chap.xj.

Jn Try^h nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Martjr,\e. puis affermer que les priè

res amp;nbsp;adions de graces qui fe font dignemétj font les feules hofties parfaites amp;nbsp;agréables à

, Dieu.Ce font les feules que les Chreftiens ont appris de faire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

in exfof. Ze we/zwe,Nous offrons inceffammentàDieU !

hofties de louange amp;nbsp;prières finceres,amp; lui fa-crifions la foucfue odeur de bonnes œuures.

înï.c.Kf. S.Bafile^'Ç.n. celle fin des fiecles,vne feule ho' ftie a efté approuuee vne fois offerte pour abo- j lir le peché.Car l’Agneau de Dieu a ofté le péché du monde , s’offrant foy-mefme oblation amp;nbsp;hoftie en foucfue odeur. Et att mefmehen» Dieu requiert vne feule hoftie, affauoir, que chacun fe reconcilie amp;nbsp;offre à Dieu,fe prefen-tant foy-mefme en hoftie viuante par vn rai-fonnablc feruice (Rpm. xij.) Sacrifiant à Dieu Sacrifice de louange.

Inÿittg, s.Gregoire Naz. Dieu recjuiert feulement de nous ce Sacrifice de purgation, qui eft, vu cœur

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I71

cœur cótritj Sacrifice de louange amp;nbsp;eftre nou-uelle creature en lefusChriftjainfi que l’Efcri-ture a accouftumé de parler.

S-Chryfofiomeyl^oxis auons au ciel nofire lieu Sacré j le Sacrificateur au ciel, Thoftie au ciel, Offrons des facrifices tels qu’ils puillenf eftre offerts en ce Sanétuaire-là.Ce ne font plus des moutons ou des beufs. Toutes ces chofes font paffees,amp; au lieu d’icelles a efté introduit le feruice raifonnable.Quel eft ce feruice raifon-nable? les chofes qui font offertes par l’ame, amp;nbsp;felon l’Efprit.Dieu eft Efprit (dit-il) amp;nbsp;faut que ceux qui l’adorentj, l’adorent en Efprit amp;nbsp;veri-té.Tout ce qui n’a befoin de corps^ne d’inftru-mens, ne de lieux , comme bénignité, tempe-rancej mifericorde, patience, amp;:c. Offrons ces chofes.

S. AmbroiÇe , Noftre foy eft l’autel celefte, auquel nous offres tous les iours nos oraifons iieh.c,Z.ec prieres,amp;c. Allons,dit l’Apoftre, auec vray 10.

cœur amp;nbsp;certitude de foy : Car il n’y a rien de ces chofes qui foit vifible, ne le Preftre, ne le Sacrifice,ne l’Autel,amp;c.

S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lefus Chrift feul eft le Preftre, De fri. ad

le Sacrifice amp;nbsp;leTemple.Item,lefus Chrift,par fet,diac. c. fa mort, qui eft le feul vray Sacrifice offert pour nous, a purgé, aboli, amp;nbsp;efteint tous nos péchés.

Item,Nous facrifions à Dieu,quand nous le in louons : fi tu demandes,où eft le Sacrificateur, il eft fur les deux, il intercede pour toy, celui qui eft mort en terre pour toy.

Le

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Ijl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XI III.

Lewefme-.Nousa.aonsvn Sacrificateurau ciehqui intercede pour nous entiers lePerexar il eft entré au lieu treftainól au dedans du voile, là où le Sacrificateur, qui eftoit la figure de Chrift, i/entroit qu'vne fois en Tan ; amp;nbsp;lelus Clirift a efté vne fois offert pour tous temps. Luy-mefme s'y eft oftert, lui-mefme eft le Sacrificateur , lui-mefme eft rhôftie,amp;eft entré au lieu vue fois pour toutes : amp;nbsp;nPmourra' plus , Sc la mort n'aura plus de domination fur lui.Soyons donc afl'eurés, parce que nous auos vn Sacrificateur là offrons aufîi vne liofties voyons quel Sacrifice lioUs« deuons offrir, car noftre Dieu ne prend pas plaifir aux holocau-ftes, comme nous auons ouï a'u Pfalme ; mais il s'enfuit puis apres, amp;c monftre èe qu'il offri-raiZe Sacrifice tjtt’ilfaut offrira Dieu efi: fei^rit ffroiffé : Die» ne meSffifie point fe cœUr contrit amp;nbsp;ha mil té.

Serm. de Ze ?we/wé:Dieu requiert de noiï's double Sa-crifice , l'vn que nous foyoïis chaftes de corps! l’autre qdè noiïs foyons nefs dé coeuti;

Voila ce que les Anciens ont-ereti des Sacrifices des‘Clireftièns,afranoiriqu’ils font-fpi-rituels tant fèuleifient, SCnbh extetnes , oua-. . nbsp;nbsp;éfuelsjCOmmecesMoynes parlent.C'eft la rai-

...41 fon poutquoyles Anciens Peres ont appèllé la ' Cene du Seigneur,Sacrifice,parce qu’il s’y faiH •i ” -' ' commémoration du facrifice de IefusClirift,amp; partant il s y fait vn facrifice deloûànge. Joint que là nous-rious offrons à Dieu , pour lui eftré côfacrés, qui eft le raifohnablè ferûice duquel pat

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;175

p^rle S. Paul. Finalement, parce qu’ancienne-mét en la celebration de la Cene du Seigneur, on faiioit des aumofnes aux poures: toutes lef-quelles chofes font appellees Sacrifices en l’E-fcritureiVoilapourquoy S.Cliryfoltome difoit ainfi : Vray eft que nous ofFrôs,mais c'eftpour commemoration de fa mort. Et ailleurs,Si le-fus Chrift n’eft pas mort,ce Sacrifice que nous faifons dequoy eft-il figne amp;nbsp;fymbole ? Et S. Ambroife en parle de celle façon : N'offrons nous pas tous les iours? ouy : mais c’ell faifans commemoration de fa mort: amp;nbsp;celle hollie eft feule,amp; no plufieurs:car elle a efté vne fois offerte au lieu Trelfainôl. Mais ce Sacrifice ell l’exéplaire de l'autre,amp;c. Ce que nous faifons, çll en la commemoration de ce Sacrifice qui a elle fait,fait es, dit- il, ceci en mémoire de moy: ce n'ell pas vn autre Sacrifice, mais lemefme que nous offrons ; ou pluftoft, nous faifons la recordation, du Sacrifice. Et S. Augufliu-dit ainfi : Ne difons-nous pas que lefus C brill cil immolé en toutes les folennités de Pafques? amp;nbsp;toutesfois il a elle vne fois immolé tant feulement. Si les Sacremens n'auoyent fimilitude des chofes dont ils font Sacremens , ils ne fe-royent pas Sacremens;amp; à caufe de celle fimi-Ijtude ils prennent fouuentle nom des chofes qu’ils fignifient.Et ailleurs : En ce Sacrifice il y aaélion de graces,amp; commemoration de la chair de Chrift qu'il a offerte pour nous. Item: 15. Le Sacrifice a ellé promis deuant l'aduememét de Chrift, amp;nbsp;a eflé accompli en vérité en fa paffion

HeLr.ij.

In F.p. ai Heb. hom.

17.

Maith. hom.S^.

In lip. ai Heb,c,io,

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174 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XV III.

cmt.Vitiifl. paillon , amp;nbsp;apres fon afcenlion au ciel eft cele-Sacremét de mémoire. FinalemenCi

De demon. Eulebe dit : Nous célébrons la mémoire de ce Eum.c.io. grand Sacrifice : Et infinis palfages, qui fe pre-fentent ordinairement ésefcritsdes Anciens parlans de cefte matière.Et ne fert de rien aux Moynes de dire, qu'ils fréquentent la Melfe, comme Sacrifice, amp;nbsp;y participent, entant que Sacrement (comme ils parlent) amp;nbsp;veulét qu’on promette cela , amp;nbsp;neantmoins il n’y a aucune participation que pour le Preftre , qui mange feul,amp; boit fcul,amp; les autres afiiftent autant à cela comme à ce qu’ils appellent oblation.S’ils difentque les afliftans reçoiuent fpirituelle-ment, pourquoy donc ont-ils dit au commencement, qu’ils le reçoiuent corporellement, ÔC fpirituellement? Faut-il que la Tranflubftatia-tion fe face à fin de receuoir le Corps de lefus Chrift feulement en Efprit.’où eft ce commandement en la parole de Dieu , de voir faire la Cene à vn autre pour nous? Certes corne nous ne viuons pas de cc qu’vn autre mage, mais de ce que nous mâgeons nous- mefmes,auffi faut-il que nous participions à ce fainâ: Sacreméf, en le receuant nous- mefmes , fans qu’vn autre le reçoiue pour nous. Cela donc que difent ces Moynes eft contraire à la parole de Dieu , amp;nbsp;à l’vfage de l’Eglife pendant qu’elle a iouï de quelque pureté.

Partant à fin de conclurre ceft Article, ces Moynes abiureurs nous conioignét faulfemeC auec Valentin, Marcion, Manichec, aueclef-quels

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!?ƒ

quels nous n'auós rien de commun,amp;en fom-mes autant efloignés que ces Moynes le font delà vérité :ainfi qu’on peut aifément iuger par noftre refponfe, Ci on veut reigler fon iu-gement par la parole de Dieu.

article XV.

le confeffe ce Sacrement appartenir aux mala- i.Cor.u.îS des, a tons ceux que nollre Seigneur »‘en a in-terdits, ni HEglife, ou ejui nen font interdits par Itttrincapacité. Dont ie detente les Pretendans, ‘jmÇans l‘Efcriture amp;nbsp;contre [quot;vfage de tonte l‘E-^ ^^fe ancienne enprinent les malades,ab fens.

XV [.

le confefe tjue la communion fous les deux effaces nefi point necefaire à vn chacun, amp;nbsp;quelle fefait entièrement de tout nombre Seigneur lefts Chrifi, de fes benefices autant fous vne portion d'vne ei^ece,que fous les deux,contre l’opinion de Hus Bohemien,è^ des Pretendans.

ARTICLEXVIÏ.

le confefe que noftre Seigneur eft au fainbl Sa- Luc.zi.i^ crement hors Ivrase, contre les ^ntropomorphites ^ï‘ Cf Pretendans.

Article x v i i i.

Je confefie que fous l'vne des eijgt;eces Sacra- T.\^grr„ mentales , ojoire fous vne chacune partie d‘icelles in't^ejiar. eft entièrement tout noibre Seigneur lefts Chrift CaUi.i^.c. par Concomitance, dont ilji eft légitimement ado-ré. Et par ce ie deteiie les Ivetlortens,dr Caluin, tenant du contraire.

RESPONSE.

Puis que nous auons renuerféla TranlTub-

ftantia

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rjG nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X I 11 !•

ftautiation, qui ell le fondement principal de cell Article, amp;nbsp;de quelques autres fuiuans, ils s’en iront à bas d’eux-mefmes , fans qu’il nous y faille beaucoup infifter. Ces Moynes nous detellent ; parce (dil'ent-ils) que nous priuons du Sacrement de la faincle Cene les malades, amp;nbsp;les abfens:amp; adiouftent que c’ell fans la parole de Dieu,amp; l’vfage de l’ancienne Eglife.

Ils fe monllrent ridicules , de dire que nous en priuons les abfens-.Car il feroit fort malaifé d’adminillrer les Sacremés à ceux qui n’y font ' pas, amp;nbsp;qui s’en priuét eux- mefmes par leur ab-fence.Or nous condamnons, en fomme, l’vfa* • ge particulier de ce Sacrement, amp;nbsp;affermons) que quad vne perfonne feule le reçoit, ce n’efl pas l’vfage de la fainôle Cene , mais vn abus profanation d’icelle.Car lefus Chrifl a dit,/»'' tes ceci : amp;nbsp;il a inftitué fa Cene,amp; l’a faite en b compagnie de fes difciples : aufquels le Sact^' ment a eilé diflribuc , comme les EuangelillfS i.-Cor.io. Je récitent. Et notamment S. Paul dit ainlî : pain lt;]({e nous rompons, nejî-ilpas la communin’^ duCorps de Chrtfllcar nous qui fommes plußeuf!’ ßommes vn pain vn corps , d'autant que

' fommes tous participant d’vn mefme pain. Voib pourquoy les Anciens ont appj;llé ce Sacce-métjCommunioiijpour monflrer que plufients i. Ccr.ii. y communiquent. loindl le commadement rc cité par S.Paul, toutes les fois que vous mâgerti de ce pain, amp;nbsp;boirez, de celle coupe , -vous anno»' cerez la mort du Seigneur, Or cela ne fe faire q u’en vne affemblee.

Ils

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RESPONSE.

Ils font fl defpourueus d'entendemctj qu’ils nous obiectent I’onzieme chap, de la premiere Epjftre de S.Paul aux Corinthiens , parce qu’il eft dit là,que chacun s’eS^rottue auant que communiquer à la Gene du Seigneur.Mais encores que chacun en fon particulier fe doiue examiner amp;efprôuuer,auant que fe prefenter à la table du Seigneur, ce n’eft pas à dire pourtât que chacun en fon particulier doiue faire la Cene» Car il faudroic autant de Cenes,corne il y a de perfonnes en l’Eglife. Et afin que tous voyent que cesMoynes auoyent les yeux bâdés,quand. ils ont voulu faire femblant de lire le paflage de S.Paul : voici fes paroles : Chacun,iMt-i\,s‘a^ Mance depredre fon foupperparticulier;amp;C dit que cela nefl point manger la Cene du Seigneur. Et que pour ceft abus que les Corinthiens Com-mettoyent en la celebration de la fainôle Cene,Dieu les auoit vifités de maladiesjdont plu* fleurs eftoyent morts.

Et adioufte,pour la ün,^Mad 'vous vous ajfem-blei, pour mangertattendex. l’ vntautrei Qu’y a-il donc en ce paifage qui nous monftre qu’il faille particulièrement donner le Sacrement à vn malade, amp;nbsp;le lui porter en fa maifon?il y auoit des malades à Corinthe lors que S. Paul leut enuoya cefte Epiftre : mais il ne lailTa pour cela de défendre les Cenes particulières, ainfi qu6 nousauons veu. C’eft donc pour nous que les Moynes ont allégué ce palfage, amp;nbsp;non pout eux: tellement que par leur allegation propre il appert, que ce que nous obferuons en ceft

Jm «ri

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178 ARTICLE I5.IÓ.17.18.

endroit J n’eft pas fans i’Efcritiire, comme ils nous obiedent.

Quant à la couftumc de l’Ancienne Eglife» elle n’a pas toufiours eftc de mefme façô. Mais par la ledure de l’anciéne hiftoire on y apper-çoit beaucoup de cliangemens. Er certes puis que du temps mefmes de S.Paul les Corinthiés auoyent délia décliné de la première amp;nbsp;pure inlbtution de lefus Chrift , il ne fe faut esba-hii'jfi par fucceffion de temps on s’en eft reculé d’auantage. En plufieurs lieux, amp;nbsp;anciennement, chacun gardoit vne partie du Sacremét, amp;nbsp;le portoit chez foy , pour en manger auant toute autre viande. Les Preftres de l’EglifeRo-maine ne voudroyent pas cela ; referuâs ce pri-uilege pour leurs ciboires : amp;nbsp;ne veulent pas mefmes que les autres y touchent. Ilyauoit auflides lieux où l’on comuniquoità la Cenc tous les iours. Et lors que la Cene fe faifoit,les Diacres la portoyent auffi aux malades , pour monftrer que ce n’eftoit qu’vne mefme communion.Depuis on s’eft refroidi d’y communiquer fl fouuét,ce qui a donné occafion de porter le Sacrement aux malades , en autre temps que lors que la fainde Cene eftoit celebree-Et n’y a doute, qu’il n’y eulb quelque petite af-femblee pour y comuniquer auecles malades. Or combien que ne vouliôs dire que cela mefmes foit fondé en l’Efcriture,!! eft-ce que celle coullume ancienne n’auoit rie de cômun auec ce qui elt fait en l’Eglife Romaine: dont l’abus ed venu iufqucs la,que lesPreftres portas leurs -ciboi

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;179

ciboires ça amp;nbsp;là^ont fait conuertir la manduca tion en adoration: amp;nbsp;ainfi tout le Sacrement a efté peruerti, amp;nbsp;aboli. De forte que nous leur pouuonsjà bon droit, reprocher ce qu'’ils nous obiedét ici fans caufe , qu'ils ont lailfé l’Efcri-ture,amp;,rvfage de l’ancienne Eglife,pour fuiure leurs inuentions. Car ils gardent le pain qu'ils difent auoir eflé tranirubftantic.pour le porter par apres aux malades:amp; ne cófiderent pas l'or dre des paroles de lefus Chrift,difant -.prenez, mangez, ceci efi mon corps , pour monftrcr qu’il nous done fon Corps,à nous qui par vraye foy le recelions,amp; non à vn ciboire, qui n’eftpàs le fuiet capable d’vn fi grand threfor. En fomme, ils côfellent eux-mefmes,qu'il ne faut point fe-parer les paroles de lefus Chrift. ; amp;nbsp;ne confa-crent iamais fans pronocer ces paroles; mangez : fur quoy nous demandons , quand ils contactent leurs hollies pour les garder, à qui parlent-ils,en difans,prenez,mangez 5 Et quel peut eftrcle fens de ces parolesîC'eft doc tr'ef-mal dit aux Moynes en l'Article x. que noftre Seigneur eftau t^aindl Sacrement hors l'vfage. Car hors l'vfage ce n’eftplus Sacrement, ven que le Sacremét cófifte en l’vfage,ainfi qu’il ap pert manifeftemét par 1’inft.itutió d'icelui. Car lefus Chrift dit, que c eftoit fon Corps,à ceux qui lors cômuniquoyent à ce Sacrement;amp; ces paroles de lefus Chrift fuiuét ce qui eft recité par ÏEuangelifte,afçauoir ,qti il print dn pain, le rompityle donna.-^ms a cômandé qu’on fift ainft. Et S.Paulditj/e pain que nous rompons,^ ne dit m i pas

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l8o ARTICLE I5.I(j.17.i8.

pas,que nous gardons en vn ciboire. Eux-mef-mes allèguent le xxij.de S.Lucjverfet xnij.où il eft dit,(]ac/efiisChnft s’ajjit à table attec Jei difei fies, 8lt;. ainfi leur diftribua le fainâ Sacrcmenf. Q^i n’efl: autre chofe que renuerfer exprclFe-ment leur opinion:laquelle,toutesfois5 ils veulent fonder là delFus. Et à fin de defcouurir la vérité, cefte referueaefté caufe dè priuer le peuple de la coupe : d’autant que le vin fe full incontinent aigri, amp;nbsp;cela eult trop defcouuert l’erreur de leur Tranll'ubftantiation. Fartât ces Moynes ont bien propremét conioinél ces Articles enfemble: mais faufl’ement nous conioi-gnét-ils auec les Antropomorphites, auec lef-quels eux-mefmes ont fort bone part, fur tout en leur image de la Trinité, où ils donnent au Pere vn corps, amp;nbsp;vne longue barbe , amp;nbsp;en cela ont non feulement fuiui,mais furmonté les anciens hérétiques dont ils parlent : du temps mefmes defquels ces erreurs de f EgliieRomai-ne n’elloyent pas encores.

Ibidem,

Les Moynes difent,que la communion fous les deux efpeces n’eft point necellaire à vn chacun : amp;nbsp;n’ont point cotté de tefmoignages de l’Efcriture pour confermer cela. Car auffi n'en y a-il point.Mais au contraire,s’il cil necelTai-re d’obeïr à lefus Chrift, amp;nbsp;celebrer le fainél Sacrement ainfi qu'il a ordonnénl eft donc ne-celfaire de receuoir les deux figues amp;nbsp;Sacre-mens:veu que Icfus Chrift a dit,.faites ceci. Or il a baillé les deux fignes.Ité,donnant la coup-pe,il dir:é««ea; -en tons.\tztx^-.Et en benrent tous.

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iSl

dit S. Mare. Et S, Paul : cjne fÄitf«»jdit-iIj /ef-prouue foy-mefme, nbsp;nbsp;aitiß mange de ce pat» , amp;nbsp;i-Cor.n.

boitte de cefie «»pf. Et ailleurs •. La coupe de be-»cdiElion que nous benijfons, nefl- elle pas la communion du fang de ChrifilÇi^eWs arrogâce donc eft-ce, de feçarer ce que Dieu a coioint par fon inftitution li expreffe.’s'ii leur eft licite de dire, que l’vfage de la coupe n’eft necelfaire à vn chacun en ce Sacrement : pourquoy vn autre n'en dira-il autat du pain facré? Car pourquoy eft ceftui-ci necelfaire , finon parce que lefus Chrid l'a ordonné ? Et n’a-il pas fait de mefme de la Coupe? Eft-ce en vain que lefus Chrift a ordonne ces deux figues , pour nous monftrer que comme noftre entière nourriture eft faite par Je manger amp;nbsp;boire, auffi nous auons noftre pleine amp;nbsp;entière nourriture en lui ? Le pain peut-il eftre Sacrement du Sang î S’il l'eft, de-quoy donc fert l’autre figne?Toute l’EglifeRo-maine aduoiiecefte fentencede S. Auguftin, que la parole foit adiointe à rclement3amp; il fera

. fait Sacrement. Il faut donc neccifairemet que la parole y foit. Or il n’eft pas dit du Pain, ceci efi mon corps amp;nbsp;mon fang.En fomme,c’eft vilai-nement defehirer par pieces laSainde Inftitution de lefus Chrift,auquel les autheurs amp;nbsp;fan teurs d'vn tel crime rendront compte vn iour.

Us alleguét leur Concomitance.MaiS ie leur

. demade,fi lefus Chrift en inftituant ce Sacre-_ ment,ne fçauoit pas aulfibien qu'eux la Concomitance du corps amp;nbsp;du fangîa-il lailfé,pour cela, de propofer les deux figues î l'Eglife Ro-m 3 maine

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18l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE I5.I(?.17.i8.

amp;c.

JbidefH.

maine eft-elle plus fage,plus difcrete, amp;nbsp;mieux poui'uoyante que celui auquel font tous les threfors de Sapience amp;nbsp;de fagelfe ? Il y a plus: Carlefus Chrift veut' qu’en fa Sainde Cene nous confiderions fon Sang feparc du corpSjSi non point en celle Concomitance,alleguee ordinairement par les Moynes. Car il veut que nous nous reprefentions dèuant les yeux fa naort,par laquelle fon fang fut efpandu.Et partant en donnant la coupe il dit : buuez-e»tons: Car ceci efl mon fang da Noaaeau Tefiamentje-^aelefl e(pandapourplaflears en remiflion despe-chés,i)ont il faut conclurrejque fi laConcomi-tance du corps amp;nbsp;du fang ne peut conuenirà la mort de lefus Chrift (car efire au corps, Si eftre refpadu du corps,font chofes contraires) amp;nbsp;fi le Sacrement nous meine à la confidera- i tion de la mort de IefusChrift3amp; nommément ! à TefFiifion de fon fang ( come on ne peut nier) il s’enfuitjdi-ie, que celle Concomitance con-trarie à l’inditution de lefus Chrift: Ce qui eft । d’autant plus confiderablej que lefus Chrift | dit nommément, que fon fin? a esté refpanda poar la remijfion de nos péchés : fans la^ stelle efa^ flon (commedit TApoftre) lepechénepesstefiff pardonne'. Et lefus Chrift nous veut aiTeuret par ce fainél Sacrement, que nos péchés nous font pardonnés. Il faut donc que nous ayons refFufion de ce précieux fang comme dcuant nos yeux, fi nous voulons célébrer ce Sacrement ainfi qu’il appartient.

Aurefte, ces Moynes quianathematifent^ pleine

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RESPONSE.

pleine bouche les gens de bien, n’ofent parler qu’à demi bouche de celle matière. Carpour-quoy difent-ils feulement gt;nbsp;que la communion n’eft pas necelfaire à vn chacun fous les deux efpeces? Il falloit parler franchement, amp;nbsp;dire, que l’EglifeRomaine a défendu aux Laies (que ils appellent) la communion fous les deux efpe ces ,amp; qu’elle a voulu priuer les poures con-fcicnces de celle confolation. Il faloit, di-ie, defcouurir hardiment cell attentat intolerable contre la parole de Dieu fi exprelfe , contre la nature du Sacrement, contre l’vfage de toute l’Ancienne Eglife*, amp;nbsp;mefmes contre leurs propres Decrets amp;nbsp;Canons,voire contre la teneur de leur propre Melfe, laquelle, en cell endroit , ils defaduouënt, amp;nbsp;ne la rccognoilfent plus ne pour Sacrifice, ne pour Sacrement.Car quant à leurs Canons, voila ce qui y eft contenu en termes expres: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Nous avions trouué,que quelques vns ayans ca». cöpe-pris feulement vue portion du Corps Sacré, rimus, de s’abftiennent du Calice du facré Sang. Et par- «»f ü.i. tant (ne fçaehans pour quelle fuperllition ils font cela) ou qu’ils reçoiuentles Sacremens entiersjou qu’ils s’en ablliennent du tout : Car la feparation d’vn mefme myllere ne peut ellre faite fans grand facrilege.

Item, Vous elles auec nous au Calice , nous Ca«. ^uîa prenons ceci tous enfemble, enfemble nous lt;1« buvions,car enfemble nous vivions.

Item, Les Prellres qui feruent à l’Euchari-ftie, amp;nbsp;diftribuent le fang du Seigneur aux m 4 peu

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î84 article 15.1(5.17.18.

peuples d’icelui,amp;c. amp;nbsp;plufieurs autres CanÓs femblables : aufquels nous adioufterons les prières que les Preftres mefmes difent en leur Melfe, ne faifans amp;nbsp;ne fçachans ce qu'ils di-fent,

quS Laquelle oblation,ô Dieu,viieilles bénir, amp;nbsp;eiZiHo«?, auoir pour agréable, à fin qu'elle nous foit fai» te le Corps amp;nbsp;le Sang de ton trefcher Fils le* fus Chriit.

Item,Nous tous qui auons pris de celle par» ÇMoi exhac ficipation de l'Autel le trelIaincSl corps amp;nbsp;fang ’ foyós rêplis* de toute benedidion.

Voila ce que le Preftre dit, cobien qu'il n'y ait que lui feul qui ait rien pris. Et cefte priere eü vn fragmêt des prières qui fe faifoyent ancien nement en la celebration de la Cene du Sei'

gneur,pour l'acâion de graces aptes la Comngt;n nion.Et Dieu a voulu que cela foit demeuré en

leur Meire,pour les confondre. Partât ces Mo/ nés deuoyent pluftofl penfer à leur Melfe, qu'a l'ancien heretique Neftorius, pour le conioin' dre aucc Caluin,parce qu'il reiette leur Concn mitance. Car pour cela Caluin ne fepare pas la Perfonne de Chrift, comme faifoit Neftorius; mais il monftre le droit vfage de laCene du Se* gneur lefus Chrift, auquel mefme ces Moynes {

feroyent auffi cefte reproche,s'ils ofoyent,par' ce qu'inftituant ceSacremét,il dit feparément* Ceci efi mon Corps SiC) ceci efl mon Sang. Aufl*gt; dit-il,prenez , mangez, amp;c ne dit pais, voyez-lt prendre à vn autre, amp;nbsp;l'adorez. Nous ado' rons donc lefus Chtift en mageant fa chain buuâiit

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;185

buuant fon fangtamp;radoronsjnon fous des ele-mens corruptibles, mais en efprit amp;nbsp;vérité, comme il nous efl; commandé :amp; partant ne pouuons eftre accufés dldolatrie;Mais que les Moynes regardent s'ils en peuuent dire autant en bonne confcience.

Finalement parce qu'ils difent, que tout le-fus Chrift eft fous l’vne des deux efpcces,voire fous vne chacune partie d’icelles, voulans aufli entendre fa diuinité : nous leur demandons, fi la Diuinité de lefus Chrift eft fous lefdites ef-peces (comme ils parlent) felon fa prefence di-uine, felon laquelle il eft par tout, amp;nbsp;fouftienc tout. S'ils le difentjcela ne feruira de rié à leur intentionxar elle eft auflî biéailleurs remplif-fant amp;nbsp;contenant toutes chofcs. Si ce n’eft de cefte prefencc, amp;nbsp;que ce foit de la prefence de fa grace (comme parlent les Théologiens) cela n'eft pas propre au pain:mais appartiét feulement aux hommes fideles, ainh que l’Efcri-ture l’enfeigne.Partant cefte prefence de laDi-uinité de lefus Chrift ne peut appartenir aux elpeces dont les Moynes parlent. S’ils difent que la Diuinité de lefus Chrift eft auec fon hu manité par Concomitance,ils font heretiques, comme Neftorius amp;nbsp;fes fcmblables.

D’auâtagCjils difent:Sous vne chacune partie d’icelle : ayans efgard à la fradion qu'ils font en leur Mefle. Sur quoy nous aducrtirons lesledeurs,quecefte fradion-làn’a rien de commun auec celle dont parle l’Euangelifte, difant que lefus Chrtfiprtnt dule ràptt:

niauec

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l86 ARTICLE 15.1^.17.18.

i.CoMO.

ni auec celle qui a efté en vfage en l’ancienne Eglife,quand le pain cftoit rompu en plufieurs pieces, lefquelles eftoyent données aux fideles cómuniquans. Comme auffi lefus Chrift rompit le pain pour ellre diftribué à fes difciples» amp;nbsp;l’ayant rompu, dit, ceci efl mon Corps. Oi e» l’Eglife Romaine, ils penfent que le pain n’e-ftoit pas tranllubllantié encores quand lefus • Chrill le rompit, mais quand il dit,cf« efimn* corps.partant ils ne s’accordent pas auec le-fus Chrift , veu qu’en leur MelTe ils rompent i’hoftie apres auoir prononce les paroles qu’ils appellct Sacramentales. Nous demadons Hoti en vertu dequoy ils font cefte fradion; ce n’ed ' pour en donner aux autres : car le Preftre ftül mage toutes les trois parts qu’il a faites. Ioinlt;^ que quand ils communient le peuple (comint ils difent) ils ne font point de fradion. Qu’ils aduifent donc quel fondement ils pourront prédre,veu que lefus Chrift dit -.faites ceci.Ci'-quant à nous , nous affermons , que romprel* gt;nbsp;pain , amp;nbsp;ne le diftribuer , c’eft ouuertement ft j moquer de lafradion ; ainfi qu’il eft aifé à voit), par les tefmoignages de l’Efcriture : lepaigt;t‘ji'‘ nous rompons, dit S.Paul, nefi-ce pas la commit' mon du Corps de ChrifllCarnous qui fomfnesflt;^ fleurs, femmes vnpain amp;• vn corps, d’autant nous fommes tous participas d’vn mefmepain. refte,pourquoy faut-il que le Preftre prennelt Corps de lefus Chrift k trois fois ? quel com' mandement.’ quelle parole’quel exemplet” ont-ils en toute l’Efcriture? Car nous ne 3«-.

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187


RESPONSE.


mandons par ici que c’ert qu’ils rompent apres ’ leurTrantrubftantiationjamp; lî les feuls accidés font rompus fans matière , defquelles chofes • nous auons défia parlé cy deuant, amp;nbsp;auons ouï , les irrefolutions de leurs Dodeurs là dellus; I feulement nous aduertirons les ledeurs, que . nbsp;nbsp;- cefte fradion qui eft en la Méfié , efi vn vieil

î fragment de ce qui fe faifoit en l’ancienne Egli ( I fe, lors que le pain facré eftoit rompu amp;nbsp;diftvi-, I bué à chacun felô l’inftitution de lefus Chrift.


11

Et de faidjl y a en la Melfe plufieurs tels fra-gmens coufus auec les nouuelles additions de l’Eglife Romaine , qui a , par ce moyen, aboli lavraye celebration decefaind Sacrement, efiant la Melfe rapetaflee de tant de pieces, qu’à peine y peut-on recognoiftre quelque chofe du premier drap.

ARTICLEXIX.

le confejfe ^ue la grace du faincl Eßirit nous efi donnée pour batailler Chrefiiennement^cjuad nous finîmes oinEls au front du fain^ Chrefine, aucc pr.de Chr. lesfainEles paroles tjue TEuefijue feul doit pronon Vs.b. £uje. cer, en administrant lefainSl Sacrement de Con- tnelchi. ai frmation. Etpouret iahiure les Nouatiens , Do-

• J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mens

nasEttes,(^Etetenaans,^ut ont e» le fainSî Chrefi- in c. me en execration. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lo. Trac.^.

RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Theoda.ie

Les Moynes , pour prouuer leur Confirma-' tion,allèguent le xxvj.chap.d’Efaïe, Mais c’eft par erteurxar il n’eft là parlé d’aucune ondio. Et peut eftre vouloyent-ils cotter le c.lxj. où il Ep.gi, y a ces motsiL’jEiJm du Seigneur efi fur moj-,tl rrien

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A R T I C L E X I X.

^*•4.

I.loan.z, li.

m’en a of»^:, il ma enuoye four Euangelizer auX eft palfage appartenant proprement a lefus Chrilbcomme lui-mefmerex-po é en FEuangile felon faindLuc.Et n'eft par la qiieftion d’vne onólion exterieure, mais df Tondion interienre-.c’eft à dire, des dós amp;nbsp;gf* ces du faindEfprit,qui ont efté en lefusChrill en toute abondance amp;nbsp;plenitude, A celle cauf« l’ApoHreaux Hebrieux cite le Pfalmexlv, en ces mots: Dieu ton Dieu t’a oincl dlhuile de lie$f pardejjus tes compagnons ; amp;nbsp;applique cela à dus Chtift. Or nous lifons bien en l’Euangil^' que lefus Chrifta efté baptize d’eau aufleua« dulordain:mais nous ne lifons en aucune part’ qu’il ait efté oind de ce Chrefme de Cofirnia' tion que ces Moines veulent tirer de l’EfcritU' re,mais ils ne peuuent, encor qu’ils la prefle”' amp;nbsp;deftournent de fon vtfiy fens autant qu’*'® peuuent.En fin ils allèguent ce qui eft dit premiere Epiftre de S.Iean : Kous auez, dic-'l’ l'onRion de par le fainU Effirit, nbsp;nbsp;cognoijjez td'

tes chofes.onÜion ejue vous auez receiU^^'^ lui , demeure en vous , ZÊr tiauez point de cjuon vous enfeigne.-ains comme la meÇme vous enfeigne toutes, chojis, efl veritable» neflpoint menfonge : comme elle vous.aetiß' gnésiVous demeurerez en /«/.Lefquelles patolr® ne peuuent eftre entéduesdu Chrefme de 1®' glifeRomaine.Car elles fignifient notamm«”' amp;nbsp;expreftement le don amp;nbsp;efficace du faindE' fprit, qui’imprime en nos cœurs la certitûdt de la foy:comme il eft dit là, que celle onftgt;°J

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;189

If eft du fainéljamp;jqu’elle enfeigne toutes chofes.

' Ge qui fe peut auffi recueillir par les paroles

‘ de S.PauUquand il dit ainfi, efcriuant aux Co- i-C’r.r.

5 linthiens : Celui, dit-il, qui nous conferme auec vous en Chrifi,^ qui nous a oinüs,ceft Dteu:le-

I nbsp;nbsp;quel aujji nous a feellés , nbsp;nbsp;nous a donné les arres

de CEé^rit en nos cœurs. Voila quelle eft noftre

' vrayeConfirmation.Et partant le paftage alle-

î gué de S. lean, ne fert de rien au Chrefme de

* ces Moynes. Or par cefte façô de parler S.lean

amp; S. Paul ont voulu faire allufion aux anciénes

’ ceremonies de la Loy , lors que les R.oys amp;nbsp;les

* Sacrificateurs eftoyent confacrés par vneon-

’ ftion exterieure amp;nbsp;vilible, laquelle eftoit figure de la plenitude de grace qui deuoit cftre en noftre Seigneur lefus Chrift , comme le nom

* de Chrift, c’eft à dire,o«»ff, le monftre allez. Et

’ partant les Apoftres en leur prière difent ainfr.

* Herodes amp;nbsp;Ponce Pilate fe font afemblés contre ' nbsp;nbsp;nbsp;ton fainél Fils Jefus que tu as oinél. Et ailleurs,

' S. Pierre dit, que Dieu a oinél lefus Chrtfi du *. fatnH: Eéfrit de vertu. Tellement que la ve-* rité de cefte ancienne ceremonie a efté accom-* plie en lefus Chriftidont nous fentons aufli le fruift par la fanétification de fon Efptit. C'eft

* pourquoy S. Pierre dit en fon Epiftre , que les i.Pet.t-fideles font la generation efieue,lafacrificatur€

' nbsp;nbsp;nbsp;royale,la gent /ain^e,^- le peuple acquis.

gt;* Propofons doc cefte raifon contre le Chref-lt; me amp;nbsp;la Confirmation prétendue Sacrement * par les Moynes. Si les palfages qu’ils ont alle-J gués s’entendent de l’ondiou fpirituelle, c’eft adiré

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190

ARTICLE XIX.


à dirCjdes dós amp;nbsp;graces du fainól Efprit (comme nous auons monftré, amp;nbsp;ils ne ToferoyenC nier) Sccefte onólion fpirituelleaeftéfigurée fous la Loy par l’ondion materielle amp;nbsp;exterieure. Il s'enfuit que les Chrelliens ne doiuét pas reprendre Tonélion materielle , veu que ce feroit retourner aux figures de la Loy : amp;nbsp;par mefme moyen renoncer à la venue de lelus CDloir-. Chrift3amp; à la clarté de l’EuangileiCe qui nous efl tref-expreffement défendu par S.Paul. Par-Orat, ad- S.Auguftin a tresbien dit^que lefus ChriH lud. c, a changé Tonéfion charnelle en fpirituelle.

4- Or combien que les Anciens ayent parlé de l’ondionjtoutesfois il ne faut péfer que ce foit ce Sacrement de Cofirmation duquel lesMoy-nés parlent iciimais c'eftoit vue onólion qui de leur temps fe faifoit en l’adminiftration du Ba* ptefme,comme nous auôs dit cy delfus.Ce qUS ne pouuons approuuer,ny enfuiure, ainfi qu'il a efté dit:amp; toutesfois cela a efté bien eftoign^ de ce que l'Eglife Romaine tiét auiourd’hui du Sacrement de Côfirmation,comme ils parlent. Et pour faire toucher au doigt combien ils Tîomi« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d'auec les anciens en ceft en-

5X”d”7' ‘iroit:quand les Scholaftiques veulent alTignet la différence entre l’onôlion qu'ils font au Ba-ptefmcjamp;celle de leur Confirmationuls difent qu'au Baptefme on oinôl le fommet de la telle, j.'Pet.i. pour moftrer que les Chreftiens font laRoyale Sacrificature de laquelle parle fainôl Pierre:amp; qu'en la Confirmation on oinôl le front, pour fignifier par là, que le Chreftien doit cobattre pour

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I91

pour défendre cefte dignité.Au côtraire, quad les Anciens parlât de Vonélion qu’ils faifoyent au Baptcfme »ils allèguent cefte raifon ,que c’eftoit à fin que le Chreftien fe preparaft à luiéter amp;nbsp;combattre contre le Diable ( faifanC allufion aux anciens Athletes qui s’oignoyent auant que venir au combat ) amp;nbsp;mcfmes S. Au- /“f* guftin dit,que le Baptcfme eft comme vne mar que amp;nbsp;liuree que Dieu donne aux Chreftiens, pour combattre fous fon enfeigne.C’eftjdit-il, cefte marque que lefus Chrift a cômandé d’e-ftre imprimée és foldats c|ui deuoyent eftre af-fcmblés en fon camp; dilant,lt;iZ/ez.3^lt;«pf»z.lt;'z. les gens a» nom du Pere, amp;nbsp;dtt Fils,lt;^ du fainEl E-Jpnt.Et vn peu apres;Ne fqais-tu pas.dit-ihque la marque , ou, efcharpe condamne le Soldat, qui abandonne fonCapitaine pour aller à l’Ennemi, Ss honore celui qui combat vaillammét? Qhe donques les Moynes ne fe vantent plus tant de l’authorité des Anciens, pour défendre leur Confirmation , laquelle a befoin elle-mefme de quelque autre côfirmation, amp;nbsp;preu-ue que celle que les Moynes produifent ici.

Or ils monftrent allez combien d’inconue-niens aduiennentlors qu’on ne fe contente de l'ordonnance de Dieu, quand il s’agit de fon feruice.Car ils requièrent notamment,que l’E uefque adminiftrela Confirmation,amp; non autre ; Sctoutesfois ils permettent mefmes aux Laies, voire aux femmes, de baptizer;amp; n’ont pas honte de dire en leurs liures, que la Confit xnation eft plus digne que le Baptcfme.

Quant

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ARTICLE XX.

192 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Quant à nous , palïans outre les iiiuentions humaines J qui ne peuuent qu’obfcutcir la pureté du feruice de Dieu, nous nous arreftons à Tinflitution du Baptefme telle que les Efcrits des Apoftres la nous propofent : amp;nbsp;efcoutons U. volontiers cefte fentence de S. Cyprien, qu'il ne faut pas regarder ce que les hommes ont , fait deuant nous,mais ce que lefus Chrift, qui eft deuant tous , a fait, amp;nbsp;a commandé d’eftre fait. Et pour le regard des enfans , lors qu’ils font capables d’inftruélion ,nous approuuons la façon deles inftruire amp;nbsp;catechifer felon b parole de Dieu : à fin qu’ils fâchent pourquo/ ils ont efté baptifés; amp;nbsp;foyent ployés de bonnt heure à l’obeïlfance de celui au Nom duquel ils ont receu le Baptefme. Cefte façon eft plus ancienne que la Confirmation des Moynes, a fon fondement en la parole de Dieu , amp;nbsp;mef mes ne peut apporter qu’edification à l’Eglife.

A R T I C X E XX.

in da

^in fetil, l.z.c. 104.

lib. 4.C.14.

SeSi. lo.

19-

Sec.zS. amp;

le confe/Je^Me les Ordres font vn Sacrement entier, anejuel on reçoit en diners degre's la çritet de Die» ,ponr exercer diuinement les offices en l’Eglife Chreflienne, felon ejuils font commis en -vne chacune foncdion tant aux Ordres Aiinearst ejue Maieurs.Etpource ie detefle les PretenelanS) (jui les reiettent, combien que Caluin les confe][t Sacremens.

fur U I. à nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

2’;w.4.I4. Ils retournent derechef k calomnier leao

Caluin , comme ils ont fait cy delfus en l’article ix.où nous auons conuaincu leur impudence

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R E s P o K s E. • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tj}

ce par les propres paroles de Caluin, qu-ils ci-* toycnt eux-mefmcs.Au reftcjnous ne difputôs du mot, mais de la chofe. Nous auons prouué audit Article ix. ququot;il n'y. a que deux Sacremés communs à toute l'Egliie Chreftiéne, defquels Dieu fe fert pour nous alleurer de fa grace à fa-lut en noftre Seigneur lefus Chrift. Et l'auons • prouué tant par la parole de Dieu , que par le téfmoignage des Anciens.QuantàCaluinjil a quelque fois parlé (non des Ordres,comme ces Moynes lui impofcnc) mais de l’Impofition des mains, quiieftoit en vfage ,mefmes du temps des A.poltrcs,en l'eJedion des Pafteurs de l'E-glife, laquelle ceremonie il n'improuue pas* moyennant qu’on n'y attache aucune fuperfti-tion. Mais tout cela ne fert de tien au propos de ces Moynes , attendu qu’on ne voit rien en l’Eglife Romaine de la vraye amp;nbsp;legitime Ele-dion Ecclefiaftique ,qui eft efcrite en la parole^ de Dieu. Sur quoy faut noter, que les Anciens

' parlas des charges Ecclefialliques , mettoyent I difference entre Ghirotonie , amp;nbsp;Chirothefie. I La premiere, comprenoit l'examé de vie amp;nbsp;des J mœurs,amp;-le confentement de l’Eglife , amp;nbsp;toutes chofes requifes pour eftre legitimemet in-

’ ftallé amp;nbsp;eftabli au Miniftere Ecclefiaftique. L’autreseftoit l’impofition des mains , lors qua le perfonnage légitimement efleu amp;nbsp;apptouué, eftoit cofacré en fa charge,auec prières 'a Dieu pour lui: aufquelles eftoit adioüftee 1'lmpofitió des mains pat les Pafteurs de l’Eglife, à fin qu’il entendift,pat cefte ceremonie,qu’il eftoit con-,.1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n facté

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194 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XX.

facréà Dieu, pourpoftpofer toutes chofesà la fidele execution de fa charge : amp;nbsp;auec cela, il eftoit recommandé à Dieu par les prières publiques deTEglife. A celte caufe S. Augu-ftin dit ainfi : Qu'eft-ce autre chofe Timpofi-tion des mains , que lapriere furvn homme?

CiïM.WÆw cela eft réduit en leurs Canons. Voila ce qu'on en recueille , tant par les exemples des Apoftres, que par l’vfage de l’Ancienne Egli-fe , pendant qu'elle a iouï en ceft endroit de quelque pureté, au lieu des abus qui depuis font furuenus en l’Eglife, tant par l'ambition des vns , que par l’ignorance des autres. De-quoy donc fert aux Moynes d'allcguer celte ancicne façon del'Eglife, d'impofer les mains, puis qu'ils n'ont rien de tout ce qui doit précéder? où eft l'examen de vie amp;nbsp;de mœurs? où eft l'approbation amp;nbsp;confentement de l’Eglift, amp;en general, tout ce qui appartient à l'ancienne Chirotonie?Cela defaillant,à quel propos l'Impofitiondes mains? C'eft autant comme fl quelqu'vn vouloir commencer à baftit par le toiél, auant que pofer les fondemens , Si fe vantoit d'auoir vnemaifon bien baftie. Oi l'Eglife Reformée ne condamne pas le droite legitime vfage de celle ceremonie en l'Ele-ôlion Ecclefiaftique t mais elle reiette les abus qui ont auffi efté introduiéls en l’Eglife Ru-, maine en cell endroit. .

Quant au Chrefme , dont ils vfent aulfim leurs Ordres , cela eft hors delà doélrined«

, l'Euangile, ik dé tour exemple de la primitiue ai. a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eglife

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RESPONS!. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I95

Eglife. Et de ce nous auons défia parlé au precedent Article.Vray eft que les Anciens com-mcçans défia à fe détraquer de la pureté Apo-ftolique , iutroduirent vne ondion au Baptef-me (comme il a efté dit en fon lieu) amp;nbsp;c'ell ce-, la dont parle faind Auguftin contre Petilian„ au lieu que les Moynes ont cotté, qui fe font trompés,eftimans qu'’il parlait de leursOrdres. Mais le Chrefme desOrdres a efté inuété long temps apres. Quand il n’y auroit autre chofe,-quelle arrogace fera-ce de vouloir plus dignement eilire les hommes és charges Ecclefiaftirt ques que lefus Chrift n a fait, ni fes Apoftrcsî lefus Chrift a-il oind les Apoftresî Les A pu-ftres ont-ils oind les Pafteurs amp;Diacres qu’ils, ont eileus.amp; eftablis en leurs charges? Saindi Paul donne la rrtgle des Elediohs,efctiuant à» Timothee,amp; à Lite, amp;nbsp;mefmesil fait mention, !• T/wolî? de rimpofition des mainstmais a-il iamais pat-l lédeccGhvefmeJPartant(s’ily. cfchet exeufe) les Moynes nous exeuferemt j frnous nevoUft Ions àftre plus fages que les Apoftres, laiffans a nbsp;nbsp;.

l’EglifeRomaine vne telle fagefte, c’eft à dire,, vne trèfignorante amp;i. intolerable audaçe,d’ofer^

1' corrompre'la pureté du (etuice de Dieu,par les. inuentioris humaines.

- Nous adioufterôs encores vn mot,pour mô-ftrer les contradictions monachales ; Ils di-fent,queles Ordres fontvn Sacrement en^ tier. .Premièrement, quelle ignorance efc-ce d’appeller vnOrdre,SacrementîOrdre en çeftç matière, ceît vn degré ôc offi.ee Ecclehaftiquet

n X corn'

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Îpcî nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XX.

comme le Maitlre des Sentences eft contraint de définir. Qi^i a donciamais ouï dire (finon àl’Eglife Romaine) que les offices Ecclefiafti-ques de TEglife Chreitienne foyent Sacremés? Nous lifons que l’office d’Aaron eftoit vne ancienne figure qui reprefentoit lefus Chrift. Qu’eft-ce donc qui nous eft figuré auiourd’hui» amp;■ lignifié par l’office d’enfeigner en l’Eglife? Faut-il retourner aux Anciennes figures du Vieil Teftament, pour dire que lefus Chrift n’cft pas venu : comme fait l’Eglife Romaine, qui pour- ceft efteôl a remis en vfage l’ancienne onélion d’Aaron, en propofant fon Chref-jme î Si donc la chargé n’eft pas vn figue , ce rï’eft pas vn Sacrement, fi nous ne voulons a-bùfer du mot : comme quelquefois S. Auguftin prend le mot de Sacremét,pour vne charge fa-■ ’cree,ainfi qu'il appert au palfage contre les

Dônatiftes,que les Moynes ont cotté. Mais quand il parle dq Sacrement en fa vraye figni-/aZoÆ». ficatiojil dit ainfi ; Que la parole foie adiouftee TtnÜ.So. relement,amp; il fera fait Sacrement. Si les

Moynes voulans corriger la fowe façon de parler dé l’Eglife Romaine, expofent leur dire ^n cefte façon , qu’ils appellent Sacrement la ceremonie par laquelle ils eftablilfent les perfônnes en leurs Ordres ou degrés Ecclefia-rtiques, nous demandons tefmoignage de l’Ef-critufe pour confirmation de leur dire: Parce que c’eft à Dieu feul a faire amp;nbsp;inftituer les Sa-ctemens,comme il a efté dit ailleurs.D’aûanta-gèjpuis qu’cii toutes leürs charges amp;nbsp;ordres il

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;197

y adifFerétes ceremonies,nous voudrions fça-uoir pourquoy ils difent que lesOrdres enfem-ble font vn Sacreméc entier. Qu'ils confelFent donc la vérité, amp;nbsp;dient franchement, qu'en leursOrdres ils ont fait feptSacremés,lefquels auec les autres fix,font treze.Et par ainfi ils ne feauent encore bien ordonner leurs Ordres,ne bien conter tous les Sacremens de leur Eglife. S’ils ne nous veulent croire , qu’ils efeoutent leur Maiftre des Sentéces, lequel n'eftant gue-res plus habile que fes difciples , en ceft en- D.z^.c. droit, appelle les Ordres, Sacremens, en nom- fiMitem. bre pluriel,vfant de ces mots: Ces Ordres,dit-il, font appelles Sacremens, parce qu'en les re-ceuâs,vne chofe facree, c’eft à dire,la grace eft conferee,laquelle eft figurée par les chofes qui y font faites.Voila qu'il en dit:amp; par ce moyen met en pieces ce Sacrement, que les Moynes penfoyent élire tout entier , ainfi qu'ils l’ont ptopofé en ceft Article.Pour la fin, fi la dodri-ne de leur Maiftre eft vraye, amp;nbsp;que la chofe fi-gnifiee foit la grace, amp;nbsp;le figne foit la ceremonie qui y eft faite , ainfi qu’il dit ; puis que l’ordre ou degré Ecclefiaftiquy n'eft la grace, ne la ceremonie , il faut confeller, que l’Ordre n’eft pas Sacrement.

ARTICLE XXI.

le confejfe le Mariage efire vray Sacrement, par lequel l’homme nbsp;nbsp;la femme légitimement af - S’quot;

femble'sfontconioinEls par le Prefire infeparable-ment , en recettam vne grace jpeciale , pour fe pouuoir fainüement acquitter de la charge, amp;nbsp;n.

n J

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398 t ARTICLE XXI.

difficultés dudit mariage.Et pource ie detefie ceux t^utle deßtent, ou empefchent, ou c^ui nient que ce ßoit vn fainÜ Sacrement.

RE s P O.N s E.

Nous nous esbahiirons pourquoy ils ont mis ce Sacrement de Mariage, qu’ils appellent J fi pres de leur autre Sacrement des Ordres : veu que felon leur doôlrine , ce font deux Sacremens incompatibles, Car ils défendent le Mariage à ceux qui veulent parue-nir à leurs Ordres j comme vnechofequi en eft indigne. Voila donc défia vne contradi-élion en leur Doctrine Sacramentaire : attendu que fi le Mariage eft Sacrement, il doit e-Ure de telle nature, qu’il puilfe compatir auec les autres. Or attendant qu’ils fe refoluentlà deifus, nous leur dirons, que nous recognoif-fons le Mariage pour vne trelfainfte ordonnance de Dieu. Maisjfinousne voulons pat trop abufer du mot de Sacremét, il n’y a point de raifon de donner ce nom-là au mariage.Car Dieu ne nous veut pas alfeurer de fa grace par le mariage, comme par vn figne : mais l’in-Gc«.î. fiitution fe voit au ij. chap, de Genefe, amp;nbsp;le le-/r, gitiïaie vfage d’iceJui eft expofé fouuentesfois “'îy-.i- e,i TEferiture. Les Moynes cottent vn paf-i.T’et.j. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’Epiftre aux Ephefien» , où l’ancien

tranflateur a traduit ce mot Mjilerium, Si' crement, au lieu de retenir le mot de MySif' quot;nbsp;rlt;?, ou , d’vfer du mot ,fecret, qui eft la propre fignification de ce mot-là. Partant il ne faloit faire vn Sacrement nouueau fur vn paifage tranûa

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RE S P o N S E. tranflaté improprement: loind que ce n’eftoic Tintention du tranflateur, lequel en d’autres palFages a bien vfé de celle mefmetraduóliön: amp;nbsp;fi pour cela n’a pas voulu faire des nouveaux Sacremens. Comme en celle mefme E-pillre : pour nous donner, dit-il 5 ä cognot^re le j’ Sacrement de fa volonté. 11 y a plus ; Car au pallage qu’ils allèguent j l’Apollre dit , que ce My^lere efi en /efus Chrifl 3 en l’Eglifé. Ephef.^1 Ce fl,3 dit-il, vn grand Adj/ïiere : or ie dy , en Chrifl, nbsp;nbsp;en HEglife. Noila fes mots. Vray eft

quel’vnion de Chrifl amp;nbsp;de l’Eglife ellaccom-pareefouuent au mariage : mais s’il faloit faire autant de Sacremens qu’il fe trouue de telles fimilitudes , il y auroit vne infinité de Sacremens : au lieu que S.Augullin dit, qu’il y en a peu en l’Eglife Chrellienne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Doâlr.

Clt;ï«i»C.T.xî amp;c. z.Cor.u. ^fOCtZλ

Or il femble que les Moynes regardent à ^hr.l.'i.c, quelque autre chofe , quand ils adioullent,

que ceux qui font-mariés reçoiuent vne grace fpeciale. Si c’eil pour cela qu’ils l’appellent Sacrement, nous demandons où ell le figne exterieur de celle grace: veuque fans figne le _ nbsp;nbsp;nbsp;;

Sacrement ne peut ellre. Finalement, puis que vn homme de bien , s’il ell-appelle à quelque charge ciuile , fe doit alfeurer qae Dieu lui affiliera de fa grace , voire mefmes qu’à quelque vocation amp;nbsp;ellat que nous foyons appelles, v— nous deuons auoir celle mefme confianceifau-

dra-il pour cela faire autant de iSacremens en l’Eglife, qu’il y ,a de fortes d’eftats amp;nbsp;vocations en ce mondeî nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-‘v*

n 4 ART

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iOO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE xxri.

/e confejfe ['extreme Onclign vray Sacrement en remi^ion dn reliqua des feche's , admintsiré J9.clfin tiux malades t^u’on 'uott eflre en danger de leur harm, V/e. Et panree te deteile les Pretendans^tjut l’ont impttgnéiamp; dit neslre Sacrement eptte temporel , fenlement^

lir nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

I4C.J. ' Pour preuuc de leur extreme Onólion i ils ' allèguent l’Epiftre de S. laques , en ces mots: T aril quelr^ua/n d'entre vous malade ƒ ejutl ap' pelle les anciens de l'Eglife, qu'tls:,prient pouf luit Çp^r^uils l'oignent d'hutle au nom du Sei-gneur. De ces paroles ils veulent tirer leut Sacrement : mais ils ne regardent pas ce qui fuit apres au texte ; Et lapnere de foy fauucra le malade amp;nbsp;le Seigneur le relouera. Par ces • '■ I paroles il appert que fainél laques en ce pallà-■ nbsp;nbsp;' ge entend parler de la façon qui eftoit-pour

fors en l’Eglife , d'oindre les malades d’huile» à fin qu’ils fulTent guéris ; amp;nbsp;pourtant il dit, que le Seigneur releuera le malade. Car lors le don de guerifon eftoit en l’Eglife, comme iCoi'.ri. plufieurs autres dons miraculeux , ainfi que fainôl Paul tefmôigne en l’Epiftre aux Corinthiens. Et les Apoftres vfoyent fouuent de certains fignes, pour foulager la foy des mala-de?, amp;nbsp;les rendre plus capables du miracle, Ms.’k.S, comme en leur impofant les mains, en les oignât d’huile. De cefte ondlion parle S.Marc, quand il dit ainfi,parlant des Apoftres : Ils tet~ terent hors beaucoup de diables. 3 dit-il, amp;nbsp;oignirent d'huile plußeurs malades t nbsp;nbsp;les guérirent.

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;201

CcQui fert de tref-claire expofitiohà cepaf-' fage de S.laques. Or nous n'’auons plus ce don 1 de guerifon en l’Eglife, foit par l’ingratitude ' des hommes J foit que Dieu en ait voulu enri-chit l’Eglife primitiue feulement, comme auffi de planeurs autres miracles , pour feruir aux commencemens de l’Eglife Chreftienne ; ainfi que les anciens Doôteurs ont eftimé. Partant cl,«/:;» le dire de S. laques ne peut eftre tiré en con-fequence, finon qu’on vouluft auffi faire vn »n Sacrement de l’impofition des mains fur les malades,parce qu’il eft dit en S.Marc •. ils met-tro»t lis mains fitr les malades feront guéris. ' * Sans qu’il nous faille parler de plufreurs autres fignes amp;nbsp;applications extérieures , dont lefus Chrift Scies Apoftres ontvfé en faifant les

I miracles.

Quant 'a ce qu’ils veulent appliquer a la fan-tédeïame ce que S. laques dit de la faute du corps , 8c faire feruir à cela le Egne de l’huile, cela s’appelle faire des Sacremens à fa fantahe, au lieu de les trouuer faits en la parole de Dieu. Et de faift, qu’ils refpondent, fi l’huile commune eft Sacrement en cefte extreme on- -ûion -.Us diront que non -.Car il y a beaucoup de my fteres a le faire. 11 eft, donc fait Sacr emét lors qu’il eft confacré,comme ils difent.Oii eft donc le tefmoignage de cefte confecration en. l’Efentureiltem, puis qu en I’extreme onétion ils ne confacrent pas l’huile,mais l’appliquent, il s’enfuit quel’extreme onétion heft pas Sacre ment‘.voire felon Icursreigles mefmes. S’ils dlfent

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ARTICLE XXII.


2OÎ


difent que TOndion eft Sacrcment,amp; non paJ

l’huilcj qui eft la matière du Sacreméf.nous en dirons autant de l’eau duBaptefme.Car l’ablu-I« îMn. tion eft autre chofe que l’eau. Or S. Auguftin Zwß.So. Jifj que la parole foit adiouftee à l’element, amp;nbsp;il eft fait Sacrement : Et les Scholaftiques ont ordinairement cefte fentenceen la bouche.

7^o/ihxc. ' Eo fomme, il faut, ou que leur ondion foit fans huile , ou fi l’ondion eft Sacrement 3 quf l’huile le foit aufli : amp;nbsp;ils ne prouueront iamah ny l’vn ny l’autre par l’Efcriture fainde.

Ils alleguentj que S. laques veut qu’on prie ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pour le malade,difant,que s'il a commis peché)*^

i.Cor.n.

lui fera pardomse'. Il eft vray:Mais cela eft attribué à la priere de foy : car il dit, la prière def) fauuera le malade. Et S. laques dit cela notam- • ment, parce que les maladies aduicnnent fou-uent pour certaines fautes que nous commettons, corne dit S.Paul:amp; dcfquelles Dieu nous veut aduertir,amp; retirer par ce moyen.Or S.U' ques veut qu’on prie pour le malade, à fin Dieu lui pardonnant les péchés qui auroyent 1 efté commis, la conualefcence du malade s’eU enfuiue. Et partant il veut.que librement lc$ fautes foyent cofelfees, à fin que de plus gruwde afFedion on prie pour la remiffion d’icelles: amp;nbsp;qu’ainfi on foit guéri. Ce qu’on peiitaife-ment voir par les paroles mefmes de S.Iaqufi^: Car parlant du malade,S”iZlt;î commis despci^^‘^’

dit-il. Or eft-il certain que nous commettons ordinairement beaucoup de fautes. Mais ilcft parlé des péchés pour lefquels le malade IW'

toit

1

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2OJ

toit en fa confcience qu'il eftoit vifitédela main deDieu.En fommejl n'y a rien en ce paf-fage qui puilfe feruirà l'extreme Ondionde ces Moynes. Car l’Apoftre parle de la fanté du corps,amp; eux,de la fanté de l’ameivoire mefmes ils parlent du reliqua des péchés , comme s’il eftoit ici queftion d’vne Chabre des comptes. L’Apoftre parle d'vn don miraculeux qui eftoit en l’ancienne Eglifejamp;qui n’eft plus auiour-d’hui : amp;nbsp;eux , d’vne chofe qu’ils veulent eftre Sacrement ordinaire en l'Eglife Chreftienne. / L’Apoftre parle de l’huile commune dont les / malades eftoyent oinéls au nom du Seigneur, pour eftre gueris:amp; eux, d’vne huile coniacree auec infinies fuperftitions , voire iufques là, qu’ilylui attribuent des oreilles pour ouïr leur falutation,quand fe mettans à genoux deuant, ilsluidifent ainfi : Ane Çanüum oleum, c'eft à dire. Dieu te gard fainfte huile. Finalement, l’Apoftre parle de l’alfemblee de ceux qui a-uoyent charge en l’Eglife,amp;qui d’vn commun accord prioyent Dieu pour laconualefcence

’ du malade;amp;l’extreme Onétion de cesMoynes n’eft autre chofe, finon vu grand amas de ce-remoniesSc de mines faites par vnPreftre auec infinies croix fur le malade, ou pluftoft, fur le mourant, lui voulans faire acroire qu’il ira en paradis par ces façons de faire extérieures, aufquelles les poures ignorans attachent leur falut. Partant Thomas a raifon, de dire, que la forme duBaptefme amp;nbsp;de l’Euchariftie , eft en ÏEferiture -.mais quant à la forme des autres

Sacre

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204 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 2J.24.XJ.

^acremens,elle n’y eft point, amp;nbsp;mefmcs la fot-, me de cefte extreme Ondion.Que donc les le-éleurs iugent, fi c’eft à bon droit que les Moynes nous deteftent,amp; fi pluftoft nous ne deuos pas deteftec leurs erreurs, voire la malice de U plufpart d’eux , qui fouftenans leurs abus contre leurs propres confciences, detiennct la ve-“fé en iniufticegt;comme dit S.Paul.

ARTICLE XXIII.

Ie confejfe ^ue les Sacremens de Penitencegt; Adartave, de 1' Eucharißte, nbsp;nbsp;de T Extreme Otgt;'

tlion aucunefois fe peuftent reiterer, non pour It!^^ imperfe^hon, ny de la grace ou benefice ejui eftdi' né, atns feulement à eaufè de noslre imperfitélii«^ (ÿquot; conditton.Etpource iedetefie la prefomptueitl' perfeclioa controuueee parles Donatives , amp;nbsp;nabaptifies,ejui nen reiterent epue la mémoire, me la Penitence de Caluin, epui nefl que memdl^ du Baptefme,

ARTICLE XXIII I, nierjnlo. Comme te confefie le Baptefme ne fèpouuo» ninian. nbsp;nbsp;reiterer : aujfi ie deteste louinian, çÿ Caluin, lt;]gt;'*

tiennet que la pureté du Baptefme dure toufio^'^^’ càlM.i^.c. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;peuteslre furmontee d’aucune

t^.SeCî.^. e^^eleyains qu elle abolit nettoje toutes nos ƒ le ure s (è- immondicités.

A.Kr tCL^ XXV.

lt; le cofejfe que les fainéls Sacremés deBaptefr^’ de Confirmation,^ des Ordres,pour leur in^^quot;*' tton,perfeélion, amp;nbsp;efieéljne fedoiuent reiteref-^^ que celui qui fctemmentles réitéré ,peche dement.

(

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;205

Ils parlent ici du Sacrement de Penitence, amp;nbsp;en l’article xiij.cy defl'us ils ont parlé du Sa-cremét deConfelîion,amp; n'ont cotte aucun paf fage de rEfcriture,pour monftrer que Conféf-fion amp;nbsp;Penitence foyent,ou vu,ou deux Sacre-mens. Et par ainh nous les tenuoyons à ce qui a efté cy deuant propofé par nous,amp; confevmé pat bonnes amp;nbsp;fuffifantes raifons:qu’il n'appartient qu'à vn feul Dieu d'inftitugr des Sacre-xnens:amp; que nous f^auons par l'Efcriture fain-âe tout ce que Dieu ainftituépour noftrefa-lut. Quant à la reiteration des Sacremés qu’ils ont inuentés, nous n'en fommes pas en peine: veu qu’il eftimpoflible de reiferer ce qui n’eft pas. Quant au Sacrement delà fainéle Cene, nous en approuuons l'vfage ordinaire en l’E-glife,moyennant que ce foit felon l’inftitution delefus Chrilt.

Quant au Mariage, nous en auons parlé cy deuant : amp;nbsp;approuuons la reiteration d'icelui, non comme d’vn Sacrement,mais comme d’v-ne ordonnance de Dieu, tât pour auoir lignee, que pour empefcher toutes paillardifes amp;nbsp;ordures , amp;nbsp;en general parce que Dieu a créé la femme pour eftre en aide à l’hôme.Mais quant à la dolt;âtinc des Moynes, elle fe contredit ou-ùertement en ceftendroit.Carl’Eglife Romaine ne reçoit à eftre Preftre vn homme qui aura efté marié deux fois,amp;qui fera bigame,ainlî qu’on l'appelle. S’il n'y a faute en celte reiteration de mariage, pourquoy reiettent-ils celui qui aura efté marié deux fois ? Car ils ne reiet-tenc

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2C(5 article 25.24.25.

tent ceux qui ont réitéré ou leur Penitence,oU l'Euchariftie, ou leur extreme Onétion.S’il y faute, pourquoy la permettent-ils , amp;nbsp;en font ici vn Article de leur foy. Partant ils feront tresbien de detefter leur prefomptueufe perfe-ttion,auffi bien que cells des Donatiftes amp;nbsp;A-nabaptiftesjdefquels ils pariet. De noftre part, nous condamnons la prefomption des vns amp;nbsp;des autres. .. t

Quanta ce qu'ils difent de la Penitence dt Caiuin, c’eft à dire, la dodrine qu’il traide fut celle matière (laquelle véritablement n’eltpat celle des Moynes , amp;nbsp;n’a rien de commun auct cux,ni en dodrine, ni en l’effed d’icelle) amp;nbsp;lu* impofent auoir dit,que laPenitence n’ell autrt chofe,que la mémoire du Baptefmenls fc mon' firent tels qu’au parauant, alTauoir, impudent calomniateurs:au lieu que parlans de Penitence , ils fc deuoy eut, pour le moins, repentir de leurs calomnies precedcntesjCarCaluinnedit oncques cela : amp;nbsp;aufli n’en cottent- ils aucun pall'age : bien a-il dit, que pour dire toufiouts alfeurés de la remiffion de nos péchés, fl nous Monachi f^ut recourit à la mémoire du Baptefmc, Eta traitté de la Penitence fuiuant les palfages eX' pres de l’Efcriture, enfeignàht ÿqu’elle ell engendres en nous.par le fainél Efprit, lors qu’il nous donne vne vraye foy , nous faifant telle-mét defplaire en nous-mefmes, que nous nous repofons entièrement en la^mifcricorde de Dieu. Ce qui dlant viuement imprimé en nos coeurs, produit vne vraye amouti de fainélfto

I

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;207

amp; iuftice , amp;nbsp;vne mortification denous-mef-mes, laquelle fe monftre pat fes eifeóts exte-rieutSjpour Tedification de nos prochains. En fotnme,il enfeigne,que pour fe bien repentir,il faut vrayement participer à la mort amp;nbsp;refur-redion de lefus Chrift. Voilale fommairt de ladoôtrine de Caluin,laquelle il conferme clai rement par la parole de Dieu , au lieu que les Moynes fondent toute la penitence des hommes en leurs merites amp;nbsp;fat is fa étions ;amp; partâc mettent les confciences en perpétuelle doute de leur faluf.veu que nul ne fe peut promettre d’auoir efté contrit fuffifamment, d’auoir confcfle tous fes pechés,Sc d’auoir entiereméc fatisfait pour iceux.

Quant à la pureté du Baptefme »qui dure toufiours (comme ils difent que Caluin enfei-gnCjSc cottent le lieu) voici quelles font fes pa

. roles-.La pureté de lefus Chrift, dit-il,nous eft l offerte auBaptefme,amp;elle a toufiours vigueur, toufiours dure,St ne peut eftte furmontee d’au l cune macule.ains elle abolit amp;nbsp;nettoye toutes i I nos fouillures amp;nbsp;immondicités. Voila ce qu’il en dif.amp; monftre puis apres qu’il ne faut pren-i dre occafion de là de pecher,veu qu’vn tel be-• ' nefice n eft dôné qu’à ceux qui gemiffent fous • le faix de leurs péchés. Ici donc les Moynes, 1 (lailïans Caluin à part) aduiferont s’ils ont rien ■ à dite contre la pureté de lefus Chrift.Et pour ; mieux eftte infttuits àl’aduenir,confidereront

ces tefmoignages deTEfcriture, à fin d’enten-

; nbsp;nbsp;dre que c eft de la vertu Sc efficace du Baptef-

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Hid.

Cai.j.

CoZ.2.

T»fJ,

X.Cor.ii.

208 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C 1 E 2^.24.25.

me jamp; pour cognoiftre que la mémoire amp;nbsp;Ie fruiól d’icelui doit durer tout le temps deno-lire vie. 1

Nous s]ui fommes morts a peche, comment urons-nous encores en tcelui ? Ne fpauez-vous pas que nous tous qui auons eH^e'baptife's en /efas Chrifl, auons e^le'baptißs en fa mortf Nous femmes donc enfeuelis auec lut en fa mort par le Ba-ptefme, afin que comme Chrifi efi refufeite des morts par la gloire du Pere , nous aufft pareillement chemintons en nouueautéde 'vie.

Item : Si nous fommes entés auec lui a la etn-formtté de fa mort.,nous le ferons aujfi à la confof‘ mité de fa refurreîlun,

Kous tous qui efies baptife's^auez veélu Chrifi'

Eéians enfeuelis auec lut par le Baptefme, z/» j qui auffi vous elles enfemble refufettés parlaff ; de l'efficace de Dieu,(S-c.

le fus Chrtjl s’efl liuré pour fon Eglife, d fin il la fanélifiaftila nettoyant par lauement d’eau la parole,à fin qu’tl fie la rende vne Eglife glorùK' fie,n ayant point de tache,ni ride,ni autre telle cht* fe,mats quelle foit fainéle,amp; trreprehenfihle.

Dieu nous a fauués,nonpotnt par œuures de fi^tee que nous ayons faites,mats felon fa miferit^^'' de, par le lauement de la regeneration, renelS' uellement du S.Elfrit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

A quoy reéfond maintenant le Baptefme nous fauue.

Nous fommes tous baptife's en vn El^rit ellre vn corps.

Si donc le Baptefme eft ’ va Sacrement

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Response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iôj?

ittoftification , repentance regenefationgt; pour cheminer en nouueauté de vie,ne fauc-il pas que fon fiuiól s’eftcJe fur toute noftre viel Si par le Baptefme nous fommes entés en îeftis Chrift,eft-Ce pour vu moment,amp; non plulloft à fin que continuellement nous tirions nollre vie de lui, tout ainfi que le grctie tire fa vie du tronc où ileft enté?Si nous auons vellu Chrill pat le Baptefme , eft-ce pour le defpouiller en vn inftant,pluftoft que de nous en couurirtouC le temps de noftre vie , pour nous reprefenter auec alfeurance deuant Dieu, eftans reueftus de la pureté Üc iuûicfe de lefus Chrift f Si-lefus Chrift laue fon Eglife par le Baptefme, pour là rendre fans macule,ne faut-il pas que Iq frurél du Baptefme dure iufques àl’entiere confom-U mationamp;perfedion de l’EglifeiSi noftre faluC ( l cft attribué au Baptefme, n’eft-il pas necçflai*

re que fa vertu dure iufquesà Vaccomplifl'eméc I de noftre falut,qui cft la vie eternelle? Si par le f Baptefme nous fommes vnis à lefus Chrift , ôC lt;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;interés en fon corps, n’eft-ce pas pour touf-

lt;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iours î Sîdonc«o»r auons communion lui, i.lMHtti

(dit fainft lean)p« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nettoyé de tout pe-

‘ ché. Car le mefme fang qui nous a laues au Ba-' ptefme, eft celui qui nous laue toufiours,eft.ant ' le fang de la nouuelle alliance elpaudu pour la

''remiffion de nos péchés.Oc le Baptefme eft vn

i gage trefeertain de cefte alliancc'.Sc par ainfr il faut qu il nous reuiéne en mémoire, pour nous

( fortifier en l’afleurance de la temilTion.dc noS jö' péchés. Etfrlefruiél delà Circoncifion fous

( nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la

■lt;

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iio nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 2^.24.15.

la Loy s’eftédoit à toute là vie des anciens Pe res (ainfi qu’il eft efcrit) combien plus auiour-d’hui le Baptefme ? Et pour ne nous eflargir d’auantage en ce difcours : fi les Moynes pen-foyent à ce qu’eux-mefmes difent en ces Articles j ils entendroyent beaucoup mieux cefte matiere,qu’ils ne font. Car en difant que leurs prétendus Sacremens fepeuuent reiterer , ils adiouftent incontinent, que ce n’eftpour aucune leur imperfeâion , ni de la grâce, ou benefice qui y eft done: amp;nbsp;mefmes ils attribuent perfedion aux Sacremens qui ne fe reiterent point. Dont il faut conclurre, que la grace amp;nbsp;benefice qui ell donné au Baptefme , n’ayanf befoin de reiteration, dure toufiours : qui eft, en fommejCe que Caluin enfeignc,amp; qui s’enfuit du dire de ces Moynes , fans qu’ils y pen-fent.Les mefmes ont dit en l’Article xiij.ci def fusjque leur Chrefme, qu’ils adiouftent auBa-ptefme,eft donné à fortification, amp;nbsp;partât fou etfeôl doit toufiours durer-.n’eftant aucunemét conuenable, que la force nous faille au milieu de la courfe, fans qu’il foit befoin alléguer le formulaire de leur Baptefme,où les Parrins re-fpondent pour l’enfant qui eft baptizé,qu’il renonce au diable,amp; à fes œuures:ce qui ne peut eftre rcftraint au temps de l’adminiftration du Baptefme : mais eft necelîaire que cela foit ra-menteuà l’enfant quand il fera en aage : à lîu que penfantàfon Baptefme, il fente toute fa vie le fruiél du Sacrement qui lui a efté donne vne fois. Mefmes les Parrins relpondent ,qu il croit

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Response.

Ul

croit le Symbole de Apoftres, Sc partant la re-miffion des pccliés:Ce qui ne s’entend pas feulement de la remiffion du péché originel, mais de tous les autres que nous commettons apres leBaptefme,amp;qui nous font pardonnes par lefus Chrift , comme dit fainét lean en fon E-pite.

Voila comment les Moynes combattent contre Caluin, amp;nbsp;pour Caluin tout enfem-ble. Et nous font refouuenir de cefte belle fentence de fainél Irenee , quand il dit, que la preuue eft vraye , amp;nbsp;a laquelle on ne peut contredire, qui eft tiree du dire des aduer-faires.

ARTICLE XXVI.

It Cray ctuel Elirit de noUre Setentur, an U J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r D Zdchar-if,

recommunAn entre les matns de iJtett Joa Pere, defcendic Apres fa mort aux enfers , pour en deli- 4. urer les Ames là detenues,felon la diferetion de fa 6. mifertcorde du slice nbsp;nbsp;fapience.Et iedetefie l'tm-

pieté de Caluin,amp; defes complices}tjui mefeham-ment maintiennent, tjue la defeente de nofire Sei- '

gneuraux enfers efl vne fable des Anciens Do-Heurs : Et enfeignent effrontément, cfue les Peres n elloyent point en Chartre ouprifon, comme dit fainH Pierre,

' ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

Plufieurs anciens ont ordinairement expo-fé l’Article du Symbole des Apoftres j où il eft dit, que lefus Chrift eft defeendu aux enfers, d’vne defeente reelle del’amede lefus Chrift; ce qui les a fouuent amenés à des perplexi-o X tés

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in nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXV I.

tés fort grandes J à caufe des abfurdités qui fuiuent cede opinion-là. Et combien qu'ils fe foyent efforcés de les refoudre , fi eft-ce que (à le dire franchement ) les Leéleurs demeurent Ti/-î?. irrefolus. Qu’on voye.ee que S. Auguftin en a , eferit à Dardanus j pour accorder auec la reel

le defeente aux enfers , ce que lefus Chrift dit au Brigand J 7~u feras autourdquot;hui auec moj eti Paradis : amp;c on trouuera veritablece que nous difons. Telles difficultés ont efté caufe que

Ancicns.ont obmis cell article,de la récitant Je Symbole fif, des h'^o^tes. En l’E^life Romaine.(fi 'it S. Cyanen} nbsp;nbsp;nbsp;és Egit fes d‘Orient, cefl article, de llt;i

defeente aux enfers,nefi contenu au. Symbole: toU tesfois laßgnification du mot femble tfire de mef în Symb. ffjg qffg ^e qui eft dit, quai a e^e enj'eueli. Et S.

Chryfoftome en la premiere expofition qu’il fait fur le Symbole, le recite ainli; Crucifié, mort, Sc enfeueli, le tiers.iour refufeité de® morts.En la fécondé expofition fur ledit Symbole, il fait mention de la Defcéte aux enfer®» mais il la raporte à la vertu miraculeufe de le-fus.Chrifl, faifant refufeiter plulieurs morts, ainfi qu’il eft dit au xxyij. chap., de fainâ Matthieu. Or ceux qui obmettoyent anciennement ceft article, fe fondoyent fur ce qui eft LCcr.!)-. ®fcrit en fainél Paul, en ces termes,: Jevousaj baillé ce que lauoye aujfi receu : que Chrifl ef mort pour nos péchés félon les Eferitures, a eïté enfeueli, (^- qutl efi refufeité le troijit^^ iour. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

Quant

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;21)

Quant à nous, on a peu recueillir de ce que nous auos traitté ci deilus eu l’Article vij. que nous retenons celt Article: combien que nous ne l’entendions pas comme la plufpart de A n-ciens,queles Moynes fuiuent en celt endroit. Car voyans que les mefmesAnciens ne fe peu-uent bonnement defuelopper des difficultés qui accompagnent leurinterpretatioujuous a-uons mieux aimé nous tenir à ce qui eft ferme, amp;nbsp;qui eft exprelTement fondé en l’Elcriture, que de tenir pour vn Article défoy, ce qui no feulement ne fe peut prouuer par la parole de Dieu,mais auffi attire apres foy des abfurdités qui font fort grandes.

Nous difons donc (quat à ce qui touche l’e-ftat des âmes des Anciés décédés fous le Vieil Teftamenf) que les amesde ceux quieftoyent morts en la foy du Meffias à vèriirjafçauoir,no ftre Seigneur lefus GhriftjOnt fenti abondamment le fruiét de la mort amp;nbsp;paffion d’icelui:Ce qui eft aifé à recueillir par ce qui eft dit en S. lean , eju Abraham a veu le lourde défit s Chrifi, 0“ scrießjeßotti.'^.t Iacob protefte,en mourant, qu’il a attendu le Salut du Seigneur : ioint ce qu’en dit amplement l’Apoftre aux Hebrieux, Heb.vt. 6c autres lieux femblables : amp;nbsp;tellea efté l’opi-fiion de S. Irénee, 6c autres Anciens. Comme au contraire, la damnation des infidèles a eftc uenhcn d’autant plus conférmee, que les feuls fideles ontioU’i d’vrie fi grande benediéïion. Pour ce faire, noris tenons qu’il n’a cll0befoin,amp; mef • fties n’a efté conuenable, què'J’ame de lefus

03 Chrift

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ÄI4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXVI.

hun.t.

Chrift defcendift reellement aux enfers. Car quant aux damnés, falloit-il que l'ame dele-fus Chrift allaft iufques à eux ,pour leur faire entendre qu’ils n’auoyent point de part au benefice de fa Paffion î Et quant aux âmes des bien-heureux, qui ont receu augmentation de ioyc par la mort de lefus Chrift, cela s’eft fait par la vertu diuine d’icelui,par laquelle il communique fes graces amp;nbsp;benefices,ainfi que rEl-criture tefmoigne. Et fi Abraham, comme nous auos dit, fi long tcps auant la natiuité de lefus Chrift a fenti défia le fruiét de fa venue, amp;nbsp;s’en eft efiouï ( ce qui ne s’eft peu faire que par vnepuifTance diuine opérante en lui.) qui niera qu’il ait fenti cefte mefme puiirance,voi-re auec plus d’efficace, apres que lefus Chrift eu refpadu fon fang pour la redemptiô de TE' glifeîSi la foy duCctenier eft tant louee en l’E' uangile, pour auoir creu que lefus Chrift poU-uoit guérir fon feruiteur fans qu’il entraft fous fon toiéliquelle raifon y a- il de dire qu’il ait ft' lu que Fame de lefus Chrift foit allee reelle' ment aux âmes des anciens fideles, pour leur faire amplement fentir le fruiét de fa Paflîonî S. Matthieu recite , que lors que lefus Chu^ rendit l’E(prit, les monumens s’ouurircnt, Si plufieurs corps des fainds fe leuerét.Celafut-il fait par la defcente de l’ame de lefus Chrift, pluftoft que par fa vertu diuine ? Ï1 y a plus:Cît comme c’eft vue chofe tref-abfurdc d'enuoytt Fame de lefus Chrift au lieu des damnés(coiU' me font les Moynes,amp; toutcsfois en ont accU'

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iiy

fé Caluin,cy delFus,Article vij. auffi eft-ce vne chofe tresfauire, de dire, que les âmes des Anciens bien-heureux fulFent és enfers.CarjCom me dit fainôl Auguftin , le mot d'etifer ne fe Dafck prend point en bonne part en toute l’Efcri-ture: Voulant dire, qu'il ne peut fignifierle lieu des bien-heureux : amp;nbsp;c’eft ce qui le tra-uaille tant en cefte queftion, comme nous a-uonsdit.

Mais il n’y a rien de plus clair , que ce que Iwc.kS. lefus Chrift dit lui-mefmes de Lazare, duquel l’ame fut recueillie au fein d'Abraham auant fa mort amp;nbsp;paffion , ainfi qu’il eft récite en l’E-uangile ; qu’Abraham refpondit au Riche qui eftoit en enfer, Çottuienne-tojf, dit-il, tjue tu as receu tes biens enta vie Lazare femblable-ment les maux, nbsp;nbsp;nbsp;maintenant il efl confolé, amp;•

tu es tourmenté:^ outre tout cela^tly a vne grande abyÇme entre vous amp;nbsp;nous yamp;c. Voila donc la feparation des lieux qui eft trefgrande, dont celui des damnés eft appelle, enfer. amp;nbsp;celui des bien-heureux eft là nommé, le Sein eC Abraham'. auquel les âmes des Anciens bien-heureux eftoyent recueillies.

Et mefmes il eft dit,que le riche eftant en en-/fr,efleua fes yeux,pour voir Lazare,qui eftoit en repos •.tellement que ceci ne peut permettre qu’on die,que l’ame de lefusChrift foit def cendue au fein d’Abraham, finon que , peut e-ftre , les Moynes vueillent qu’on defeende en hautjSc qu’on mote en bas. Nous fommes dóe fondés fur l’exprefle parole de Dieu, à laquelle

O 4 ils

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Y tllt;gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXVI.

ils contredirent expreflerent : afçauoir, quand lefus Chrjft dit àu Brigandj auec moj en paradis.-Qe qui ne fe peut entendre propre--ment que de fon .arne:Car fonCorps fut au Sepulchre , amp;nbsp;fa Diuinité eft toufi’ours par tout-Or lefus Chrift veut hgnifier qu’il changeroit de condition,amp; qu'au heu des tourments qu’il fourtroit, 11 fevoit bien toft en lieu de repos,Si beatitude : amp;nbsp;partant cela s’entend de fon a-Jiidon '■ ‘■’O’’’™® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;apres il dit, Pe/e, ie

remets mon Esprit en tes matns : dtfant teht ilrend.it rEd^rit. Si donc le dire des Moynes e* ftoit vray,11 faudroit,que, remettre fon amecs mains de Dieu,(ignifiall delcendre en enfer:^^ que enfer lïgnifiaîh Paradisitoutes lefquellesamp; femblables expofitios nous lahl'ons à ces Moy-nes,côme leur elfans lamilieres,amp;; côuenableS'

Voyons maintenanf les palfages de l’Elcri' turc, fut le'quels ils fondent leur opinion. Ih cottent le lieu de Zacharie, où il dit ainfi,félon Ândw.ÿ. l’ancienne tialt;iv£tioA:Or roj,an nbsp;nbsp;nbsp;de ton

\ lianeey tst as retiré les prisonniers du puis oit il »’j auoit point d'eau. Les Moynes parce mot d® puis , entendent enfer , amp;nbsp;par les prifonniers, ils enfendét les âmes desPeres que lefusChrift en a retirees.Mais nous leur demandons,pour-quoy donc ils chantent lî fouuenr ces mots: En inferno non ejl redemptio. C’eft à dire , qu’il n’y a point de redemption en enfer. Comme auffi on applique à cela ce que dit E'aïe, par-lant des mal-heureux , que leur -ver ne mourra paint^c^ leur feu ne fera point eEteint, Ceux donc ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;217

qui efloyent en cnfeiscomment en ont-ils efté deliurés? Partant ils deuroyentpluftoft entendre ce palFage comme S.Hierofmc, qui dit,que lefus Chrift pat fon fang nous a deliurés des peines éternelles; c’eft à dire, nous a gardé Jn caf. d'aller en Enfer.Ec S.Augullin en parle ainfr.le Prophete,dit, il,en Efprit de prophetic a parlé de la remiffion des péchés parle fang de lefus Chrift.Voila donc ce palfage ofté aux Moynes quot;nbsp;par les mains de S. Auguftin,amp; de S.Hierofme. Et s'il y a encores ce poinél à confiderer,qu'en expofant ce lieu de Zacharie, des âmes des anciens peres,qu’ils difent auoir efté en Enfer,ils renuerfent leur opinion,fans y penfer. Car notamment le Prophete dit, que cefte deliurance dont il parlcja efté faite par le fang de l'alliance 3 amp;nbsp;ne dit pas, par la defcente reelle de l’ame de lefus Chrift,mais feulemét,que les captifs ont fenti le fruiét du fang de l’alliâce. Qui eft pour reuenir à ce que nous en auons tantoft dif.tel-lement que ce tefmoignage de Zacharie ex-pofé,mefmes comme les Moynes veulent, ab-bat leur opinion,amp; cftablit la noftre.

Ils en ameinent v n autre , de la premiere E-piftrede S. Pierre , dont voici les mots -.lefit s Chrifi, dit-il, mortifié en chair 3 mais vimfié par l’Eljirtt ,par letjuel auffi efiant parti ,11 a p’^efi-cheattx eljirits tjai eslojent en chartre. Comme «tnfi [oit t^ftilsfitjfientiadisdefiolieijfians , cjnand la patience de Dieet attendoit ojne fois és iottrs de /^oé 3 lors oue T^rche s'appareilloit 3 en laquelle petit nombre, afi'auotr, huicl perfionnes fu

rent

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218 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXVI.

rent faunes par eau, (ÿ c. Ce font les paroles dc S.Pierre,felô la commune traduélionjdefquel' les ces Moynes veulent tirer la delcente reelle de Tame de lefus Chrift aux Enfers. Certes Voici vne merucilleufe expofition decepaifa-ge,que Tarne de lefusChrift foit allee prefchef en Enfer à ceux qui y eftoyent en prifon. Ce que les Moynes mefmes ne croyent pas : fça-chans bien,(ou pour le moins ils le doiuét fçâ' uoir)que le lieu de la predication de l'Euangile eft en terre, amp;nbsp;non pas aux Enfers. Il y aefl' cor vne autre fort grande abfurdité ; c’eft qu’il s’enfuiuroit,que Tame de lefus Chrift n’auroit retiré d’Enfer que les âmes de ceux qui auoyét eftc defobeilfans amp;nbsp;rebelles du temps de Not-Tellement que TEglife Romaine auroit efts grandement trompee iufques à prefent, ayant creu qu’Adam,Scth,Noé, Abraham, amp;nbsp;lés antres bons Peres ont efté retirés d’Enfer par ce-fte defcente de Tame de IefusChrift,amp; toutef-fois il n’en feroit rien, felon ce paflage, qui nc parle que de ceux qui ont efté rebelles du téps de Noé. Finalement, fi par le mot d’£ij5nigt;il’ entendent Tame de lefus Chrift, qu’ils nous expofent comment lefus Chrift aeftéviuifis par fon ame auant fa refurredion.En fomme/' ces nouueaux Profeifeursjau lieu de tantabiu-rer amp;nbsp;anathematizer Theodore de Beze, amp;nbsp;fi’ efcrits.y eulfent leu Texpofition de cepalfagS) ils eulfent finalement entendu qu’il peut eftfS commodément expofé du temps de Noé,quntl J.?«!.». Noé J heraut de luftice, (comme TEfcriture fi nomms

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;219

nomme ) annonçoit à ceux de fon temps Je iu-gement de Dieu,qui deuoit auenir par le deki-gCjSc l’annonçoit par l’Efprit de Chrift, lequel mefmes auat la manifeftation en chair a touf-iours efté par fon Efprit diuin le codudleurde l’Eglife, ainli que les Anciens Doôleurs mef Taes ont enfeigné.Iefus Chrift donc par fon E-fprit,amp;par le Miniftere de Noé a anciennemét prefché à ceux dont les Efprits font à prefent ^r,or.4.ei en chartrc, ou, en prifon, c'eft à dire,fouftrent de tnit. les peines deuës à leur incrédulité amp;nbsp;rebellion. Que donc les Moynes,auec dilpenfe,ou autrement , ne facent point de difficulté de voir ce-fte expofition de Theodore deBeze,amp; bien poifer fes raifons:à fin qu’ils apprennent à laif-ferles damnés en Enfer, amp;nbsp;à chercher le droit chemin pour aller en Paradis. Le chemin nous eft monftré par la parole de Dien , amp;nbsp;non par les inuentions des hommes , entre lefquel-les nous comtons l’Article de la reelle defcen-te de l’ame de lefus Chrift aux Enfers , que les Moynes ont voulu prefentement eftablir,mais ils n’ont peu. Et quant à lean Caluin, nous a-uons dit comment il expofe ce qui eft dit au Symbole des Apoftres, de la defeente de lefus Chrift aux Enfers : voyez ci delTus l’Article fc-ptieme.

ARTICLE XXVII.

/e croj cjfte naître Seigneur efi rejfufcité le trot»-ßemeiour, enrichi par ejfeil: dedtuines tonalités, fit ns changer de la vérité du corps humain. Dont ie detelieEutychci Caluin, Car Eutyche a tel~ lement

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iîO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXVII.

CdK.ir.

JHatlii.CA. tï-18. e/-in I.uc.i.et z.loan.zo.

Cal. l. 4. c.

li ment maintenu la gloire de la refurreclion, ijuil a obfcurct la vente'de la chair : Calui» lo-uinien mainttennët tellement la vérité de la chaift cjuili defirtnfent la puiffance de la gloire des corpt bien heureux,Et pour ce maintiennët tpue laaien gc a ejlé ouuerte jenfuellementiCefl à dire,à la fil' pon ordinaire des autres femmes pour enfantené“ cjue la pierre du Adonument s'eß retiree, ou amol' lie,a celle fin ijue le Corps de no^re Seigneur ref fufcitafliCd’ ipue les portes ont este'ouuertes,àctllt fin que noslre Seigneur entraft a fies dtfciples.

A RT I C L E XXVIII, ï.Cor. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que comme noslre Seigneur a refiafciti

zo.ij. If. le premier,fan s plus mourir,ainfi il a monte le prt' ^7a9- mier d’entre les hommes au cielpar mutation fffide d’vnefapon propre feulement an)i

10, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Et de ce lieu-là indicible vtendf'f jô.iÿ. iuger les morts 'les vifs. Et parce ie anathemi' /•ph.^.To. tifé les Pretendans^qui maintiennent les ames'dn fainéls Peres auoir eu la beatitude auant Pafceri' fion de nofire Seigneur.!’abiure l’impieté deSreO' ce,(^ Eutiches,qui veulent que l’humanité de no' fire Seigneur ordinairement foitpartout.Etiert' nonce, au contraire, fhefefie des Pretendans, auec /deplore nient due l’humanité'de noÜre Set' gneurpuiffe ePlre, felon qu’il lui plaifi en diners lieux.

RESPONSE.

Puis qu'ils confeffent, quéles diuînes qualités defquetles l’humanité de lefus Chrift a efts enrichie , n’ont changé la vérité du Corps hu-mailij il faut dôc qiï'abiurans les erreurs d'Eu-tyclies

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ill

tycheSjqui oftoit la vérité du Corps de Chrill, ils abiurent quant amp;nbsp;quant leurTranirubllan-tiation , laquelle abolit amp;nbsp;deftruit la vérité du corps humain ; voulans que le Corps de lefus Chriftfoiten plufieurs amp;nbsp;diners lieux tout à vn coup : comme auffi ils le repetct en l’article xxviij. Or nous auons amplement retuté cell erreur ci delTus és Articles ij.iij.amp; iiij.amp; prions lelcéleur de lé reffouuenir des chofes qui y ont efté déduites amp;nbsp;alléguées.

Ils calomnient Caluin , à leur façon accou-ftumeee ; Car il parle des qualités, puill’ancejSc gloire des corps bien-heureux, tout ainfi qu’il fe trouue en l’Efcriture.Mais ces refueprs trou

uentmauuais quand on préféré la vérité de Dieu aux fonges des hommes. Si nous les appelions refueurs, ce n’eft fans raifon, veu que pour monftrer queCaluin deftruit la puillance des corps glorieux fils allèguent la natiuitc de lefus Ghrifticome filors de fa natiuité il auoic

dpfiavn corps glqrieux,contre toute l’Efcritu-te ôc tous.fes Anciens. Car aiiffi n’eull-il peu mourir.attendii qu’etlre impaflible, amp;nbsp;immortel, ce font qualités qui necetfairemet cóuien-nçnt à vn corpsglotieùx.Et partant S.lean dit delefusCbrift prefebaht en terre,quil n’elloit pas encores glorifié.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ '

. Quant 'a la natiuité de lefus Chrift,nous fça nous que plufieurs des Anciens tneûn.cs .ont “ creu quelle a efté faite miracùleufemeni.lly a ■ auffi des AneîénS qui tiennent la.ébntraive ; amp;nbsp;tneliaes S^Cyptieibéôtneauffipluficurs.Théo-logiens


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Z ZI nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLEXXVIII.

Luc.t.. logiens modernes;paice que S. Luc notamine^ applique à lafainÀe Vierge les mots qui «' ftoycnt eu la Loy , touchant la fanôlification

du premier nay. Or parce quhi n'eft pas dit eo tewt.12. pEfcriture , que lefus Chrift foit né miracu-leufementj amp;nbsp;que la virginité eft confideree ergt; la conception : il nous fuffit de croire que ICquot; fusChrift ayant efté conceu du fainél Elprit aU ventre d’vne Vierge, a efté formé Sc nourri e» vue Vierge, amp;nbsp;eft né d'vne Vierge , quand fon temps d'enfanter fut venu, comme dit l’Euan' gelifte,amp; a fuccé le laiéf d’vne Vierge,laquelle nous croyons eftre tref-heureufe , ainfi qu’«« parlent Elizabeth,amp; celle d’entre le peuple qa* dit à lefus ChriftzÄ/e» heureux efi le ventre ‘jii‘ ta, porte',amp; tes mammelles cjue tu a.s ÇucceesJÏ^' le a efté auffi la foy de Caluin,qiii n’a point via des mots defquels ces Moynes impudés vfent

Quant à la'pierre du fepulchre, Caluinii'fi’ parle pas au lieu qu’ils cottent,mais ailleurs^ ne decide rien quant au moyen, fe contentant de dire, que tons empefchemens ont cédé aü Corps de lefus Chrift en fa refurreétionzfolt que la pierre ait efté miraculeufemcnt roule« ■WâkEiS P®*- l’Ange (comme auffi S. Matthieu le dit no-tammét) foit par autre façon à nous incognue. ^t'ß-3- Car, comme dit fainél Auguftin, G tu ccrchcs le'moyen, ce h’éft plus miracle.Et de faiéljleut Pape Ledn n’cft pas efloigné de ce que nous en

Trin. S. Auguftin dit le mefme de renfreedele-fus Chrift à fes difciples, les portes eftansfet-jnees

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11}

meesîcomme auffi S. Hilaire amp;nbsp;luftin Martyr: alFauoir, que miraculeiïfement lefus Chrift fie voye à fou Corps pour entrer en la chambre, les portes eftans quot;fermées. Et de faiôl, le mot Grec »wÄ«(rjtxev«v,dont vfe S.Iean ,ne fignifie pas precifement que lors que lefus Chriil entra, les portes fuirent fermées, mais qu'elles a-hoyent efté fermées : eftant vn participe du pairé,amp; non du prefent : ainfi que ceux qui entendent la langue peuuent aifement iuger.

On fepoutroit esbahir pourquoy ces Moynes recerchent ces chofes : Mais ils en déclarent allez la raifon , quand ils difent, qu’vn corps peut eftre en deux lieux en mefmes téps: c’eft à dire, qu’ils mendient par tout quelquès pieces ramalfeeSjpour fouftenir leurTranlfub-iUntiation;amp; voudroyent,s’il leur eftoit pofli-ble, ruiner la vérité du Corps de lefus Chrift, pour baftir leurs fonges. Partantilfautmon-ftrer en brief, que les chofes fus alléguées ne peuuent aucunement feruir à leur intention.

Premièrement, ils confelfent que les chofes fufdites ont efté faites par miracle ( auffi eft-il dit en S.Iean, que lefus fit plufieurs autres fi-gnes, comptant cefte entree miraculeufe pour vn.) Dont nous concluons , qu’U ne faut inférer de ces miracles-là aucune chofequi contienne contradiélion.Car nous auons défia al- îmh.xo. légué ci deuant vne reigle tiree de la parole de Dieu,amp; de tous les Anciens,amp; mefmes propo-fee par leurs doéfeurs Scholaftiques:qu’en vne cocradiéfion il n’y peut auoir miracle qui foie de

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Z14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE i7.2S.

de Dieu. Pifce que le miracle, ell de vérité, Ü la contradiólion , de menfonge : le miracle eft de puilFancejamp;la contradiction d’impiiillance» ƒ« I. Veiîf. Tellemet que Thomas afferme,quhl ne fe jseut 41. pjjj. aucun miracle, qu’vn animal raifon' nable amp;nbsp;mortel ne foit vn homme , ainfi qu«, nous auons dit en quelqu’autre endroit. Et I’«fainól Augullin dit,qu’és miracles nature n'eft quot;’“quot;•.ger.c. point anéantie. Or efl-il,que faire qu’vn corps foit en plusieurs lieux tout à vn coup , c’ell lui oder fa quantité, amp;nbsp;fes dimenfions, amp;nbsp;partant c’ell vouloir dire, qu’il n’efl plus Corps. Cat tout ainfi que qui diroitqu’vn Efprit a quanti' té amp;nbsp;dimenfioij corporelle, cellui-la diroit» qu’vn Efprit cfl, amp;nbsp;qu’il n’ell pas, tout enfem* J ble:aulli quand les Moynes veulét qu’vn corps foit fans quantité dç dimenfion corporelle, iis veulent.qu’vn corps foit fans eflre corps. Cet' tes ces miracles de contradiólion ne font pas de Dieu,mais font miracles d’impuiirancejcoif me il a eflé dit.Et cela fe vérifié tresbien en cei ;

Moynes , lefquels ne pouuâs par aucuneraifo'’ maintenir leur Tranirubflantia.tion,fe conten' tent de dire, qu’ellcfe fajt par miracle : qui eil véritablement vne refponfed’impuiU’ance.

Mais il y a bien plus rear les .miracles quils nous obieélent en cell article , renuerfenteB' tierement leur doélrine. Car nous leur detnan dons : fi quand lefus Chrift nafi^uitjfon Corps elloit en mefme temps au ventre de la fainfte Viergejamp; hors icelui:fi quand il refi'ufcita, foO ; Corps efloit au fepulchre, Si. dehors le-fep“''

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EspoNSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a.i5

ehre;fi quand il entra vers fies difciples ,fon Corps eftoit hors la châKre,amp; dedans la chambre enfemblement; il eft certain que non. Car ce feroit naiftre, amp;nbsp;ne nairtre pas:re!’ulciter, amp;nbsp;ne refufeiter pas : entrer , amp;nbsp;demeurer dehors (qui eft vne façon de difeourir Monachale.) Tant y a qu’ils veulent faire accroire que le Corps de lefus Chrift eft en mefme temps au ciel amp;nbsp;en leur autel, amp;nbsp;qu’il, fc retrouue fous lesefpeces du pain amp;nbsp;du vin , fans partir du ciel,ou l’Eferiture dit qu’il eft.

D’auantage, il s’enfuiuroit qu’il y auroit en leur Tranflubftantiation vn mouuemét local: Ce que Thomas craint, amp;nbsp;detefte infiniment, ainfi que nous auons déclaré ci deflus , ⣠non fans câufe. Car s’il y a mouuement local, la TranlTubftantiation neftplusiSf faut necellai-rement donner quantité amp;nbsp;diméfionau corps: dont s’enfuiuroit qu vn mefme corps ne pour-toit en mefme temps courir en infinis lieux, amp;nbsp;trefdiftäs les vns des autres.Ce que preuoyant Thomas,grand patron amp;nbsp;aduocat de laTranf-fubftantiation, atref-expreftemét défendu d’y admettre aucun mouuement local, amp;nbsp;change-met d’vnlieu en vn autre.ToutesfoisJcs exem pies fus mentionnés,amp; l’argument desMoynes nous tirent là, qui par ce moyen ruinent ce

I qu’ils veulent baftir.

SOr,ce qui eft encor le pis pour eux;C’eft,que poféle cas que le Corps de Chrift euft palïé au trauers de la pierre du fepulchre,amp;; au trauers des portes fermées, fans folution de côtinuité,

P corn

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116 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 27.18.

Vfid.

comme ils difent ; encoresjdi-ie, que tout cela fuft vrayj(qui n’eftpas) fi eft-ce qu’il ne s’enfui uroit de celajque leCorps de lefusChrill puif-fe eftre en dîners lieux tout enfemble. La rai-fon eft J que les Anges peuuent bien apparoir de celle façon,amp; toutesfois nul ne dit onques qu’ils fulfent en mefme inllant en diuers lieux. Au contraire,toute la Theologie enfeigne que les Anges font en lieu Definitiuemêt. Comme pour exempleiQuand l’Ange apparut à S.Pierre en fa prifon,les portes eftoyent fermées ; amp;nbsp;ncantmoins pour cela nons ne dirons pas que cell Ange full en mefme temps ailleurs. Mais quand il emmena fainôtPierre,il eft dit,qHe les portes s’ouurirét d’elles-mefmesinô pour donner ilfue à l’Ange, qui eft d’vne nature fpiri-tuelle, mais à caufe de S.Pierre.Car l’Ange ne fçauoitpas le fecret de ces Moynes, de faire paft'er vn corps à trauers des portes, fans folu-tion de continuitciPartât tout ce qu’ils difent . ne fert qu’à ruiner la vérité du Corps de lefus Chrift, le conuertilfant en nature fpirituelle, 8c ne fert de rien àleurTrâirubftantiation.Car il ne s’enfuiuroit pour cela , que le Corps full en plufieurs lieux tout enfemble: c’eft donques vn argument de ruine, fur lequel on ne peut rien baftir.

Pour concluGon,nous les prions de confide-rer eux-mefmes,côbien ces exemples qu’ils allèguent leur font cotraires.Car il n’eft pas feulement queftion de fcauoir comment le Corps de Chrift entre fous les efpeces, mais commet

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il C s P o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Î17

il y eft prefent. Or eft-il que lefus Chrift cftâc néieilaut forci du inonutnenc,ellant encré vers fes difciples, fut viûble Sc maniable. Car il dic lui mefrae à les difciplesu4/?fx-«?(y*voyez; earvn ej^rit n'a ni chair xi p/.Par ainfi il s’enfui'-ucoic de ces exemples^que lî le Corps deChrill eftoic prefentà faucet on le vercoic manifefte-menc.Ce qui toucesfois n'eft pas. Mais s'ils ac-comparenc fa prefence à ce leulemenc qui elt dic, que lefus Chrift encra vers fes difciples, il faut donc qu'ils changent de façon de parler, amp;nbsp;qu'ils ne difputent plus delà prefence du Corps deChrift,tnais de fon encreezCar entrer en vn lieu, n’eft pas y eftre prefent. C’eft donc ce que nous relpondons à ces Articles , auf-queîs lesMoynes penfans combattre lean Cal-uin,fe font combattus eux-mefmes.

Quant à Brence amp;nbsp;Eutyches,nous louons la : declaration que les Moynes font, de n’adherer à leurs opinios.Mais nous fommes marris,qu'a pres auoir fi folemnellemct abiuré l’Vbiquité, ils y retombent incontinent. Car c’eft tout vn, de dire ,qu vn Cor^s foit en mcfme temps en lieux innumerables, amp;nbsp;de dire,qu’il foit par tout. Laraifon eft, que rien ne peut eftre en mefine tcps en plufieurs lieux,qui ne foit Dieu:

amp; Dieu eft par tout. Ce que nous auons prou-ué amplement cy deflus en l’Article ij.amp; auons ouï et que nos anciens Peres en tiennent. Partant que les Moynes , fe reconcilient à Brence, amp;nbsp;Eutyches, amp;nbsp;leur baillent la main, comRie à leurs Compagnons., au lieu de les abiurer; Au-

P 2 tre

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il8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 17.28.

tremét,nous leur reprocherós.cc qui a efté dit par quelqu vn : fay iuré de bouche » mais mon cœur n’a pas iuré pourtant. Et certes les Trâf-’ fubftâtiateurs amp;nbsp;Vbiquitaires s’accorder tous en ce poinét, allàuoir, que les vns amp;nbsp;les autres deftruifent la vérité du Corps de lefus Chrift-Et ne fert de-rien aux Moynes , de dire, que Brence croit que le Corps de lefus Chrift eft ordinairemét par tout.Gar s’il ofte la vérité du corps qrdinairemct, amp;nbsp;les Moynes l’oftent ex-traordinairemét amp;par miraclenl n’y a point de difteréce en chofe,mais aux moy feulemét. Car quoy que ce foitjla vérité du corps eft abo lie:foitf ordinairemét,foit extraordinairemenT-

Quanta la beatitude des Anciens auant l’A' i fcenfion de lefus Chrift, laquelle les MoyneS nient, nous les renuoyons à ce qui eft dit âU 1hc.i5. nbsp;nbsp;xvj. chap.de i-'Euangile felon S.Luc, touchant

Lazare, duquel l’ame fut portee au Sein d’A' Lut.tj. braham, auant l’Afcenfion de Chrift. LazAttf dit-il, maintenant efl confole'. Et lefus Chrift dit au Brigartd:#« feras auionrd’hui auec moy en P*quot; Moptat. Suiu’ant cela S.A’uguftin dit ainh :

foy de lefusChriftjdit-iljCes iuftes ont eftéfau nés , lefquels ont creu en lui deuant qu’il vinft en chair : Ôc autres lieux femblables. Mais puh qu’ils ne croyent ni à Abraham , ni mefmfs à lefus Chrift, nous abiurons' amp;nbsp;deteftons leur incrédulité, amp;nbsp;erreur;amp; croyons que combien que la beatitude des Anciens foit accreuc pt la refurreéfion de lefus Chrift amp;nbsp;fon AfcéfioU au ciel,toutesfois elle ne lailfoitpas d’eftreaU' para

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;229

Ïiarauant: attêdu que Paradis n’a peueftre que e lieu de Beatitude amp;nbsp;de repos.

ARTICLEXXIX.

Ie croy ejue noitre Seigneur a, elle'plein de feien ce dés fan incarnation, amp;nbsp;qu’il na rien ignoré. Et fource te detetle les Kalenttniens , dtts üuenots, Cre^o.li.S. ,Arriens,Ignoittes, Bucere,Caluin,amp; fentblables Prétendant, qui lui ont attribué ignorance, contre Cal. la dignité ojfce de fa diuine perfonne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Luc.c.z,

RESPONSE.

Ce que nous croyons de la Perfonne de Icfus Clirift,amp;de la vérité des deux natures,amp;de l’v nion perfonnelle d'icelles, eft amplement contenu en noftre confelTion de foy, articl.xiiii.amp; XV.En quoy cesMoy nés n'ont rien trouué à redire , amp;nbsp;partant nous pourrions palfer outre le prefent Article. Mais parce qu’ils reprennent calomnieufemét I.Caluin,fur l'expofition que il a faite d'vn paifage de l'Euâgile felon S.Luc, amp;voudroyent faire entendre qu’il a attribué quelque ignorace à laPerfonne de lefusChrift, nous auos bien voulu ici declarer l’opinion de ce perfonnage , duquel la mémoire nous eft heureufe,pour fa grande pieté,amp; admirable e-rudition : amp;nbsp;pour cefte mefme raifon ne leur peut eftre que trefennuyeufe.

Premièrement, il faut fçauoir,qu’il n’eft ici queftiô de l'ame cofideree en fon elfence, pour fçauoir fi elle peut croiftre , ou non ; amp;nbsp;autres queftions, où il y a plus de curiofité,que d’vti-lité. Mais ce que nous difeourrons de l’ame, pour la defenfe de Caluin,deura eftre entendu

P 3 de

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1^0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A n T r c t B XXIX.

de Fame confideree en fon corps, duquel cHc eft la forme, ôf auquel cftant, elle defploye fes facultés. Nous refpondons donc pour I. Cal' uin, qifil n’a rien de commun auec les anciens heretiques, lefqucls il a réfutés par fes dodes cfcrits , toutes les fois que l’occafion s’eneft prefentee:amp;: mefmes ceux qui nioyent abfoln-jnent que Icfus Chrift fceuft toutes chofes-Mais cela n’empefche pas qu’il ne faille difcef ner felon laquelle des deux natures on parle lefus Chrift : qui eft vne reigle receuc de tous les Théologiens , tant anciens que moderneS' Comme pour exemple:!! eft trefeertain queIlt; fus Chrift eft Eternel : amp;nbsp;eft non moins vray. que lefus Chrift eft né d’vne Vierge, quand l’accompliftément des temps eft venu.Tousles deux fe difCnt d’vne mefme Perfonneraifauoir» le premier,felon la nature diuine:le fécond,ft' Ion la nature humaine.Suiuant cela Caluin dit lùc.i. que ces paroles de S.Luc : Le petit enfant crof fott,amp; fefortifiait d'esjnt. item-Jefas s’auan^fi'^ en fapience,Ç^ en fiature^Ç^ en grace enuers D'fi* ies hommet, fe doiuent entendre, non de la nature diuine,mais de l’humaine nature de lefus Chrift. Qu’y a-il en cela à reprendre î Cer-ï3e Gen.itd ^cs combien que S. Auguftin en parle diuerfe-ment, fi eft-ce qu’en vn endroit il rapporte ce palfage à la nature humaine,amp; à l’ame de lefus Chrift. Les Scholaftiques ont affermé quel’â-Sen.dift.i^ æg jg IcfusChrift dés fa coception a efte reffl-plie des graces deDieuparfaitemét:voiremef-me que IcfusChrift aa ventre de fa mere eftoit délia ।

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;231

défia homme parfait amp;nbsp;accompli. Caluin n’a pas creu cela j adiouftant plus de foy à ce que Hfi.i.M 4’ dit l’Apoftre aux Hebrieux , que /efits Chriji a esteÇemblabié a nous en toutes chofes excepte' péché :S!C à ce qui eft dit ailleurs,^^’»/ s'efl anéanti foy-tnefine, ayat pris la forme de Jeruiteur : loint les fufdites paroles de S. Luc, qui font fi claires,que c’eft en vain que Lombard s’efforce de les obfcurcir. Faut- il donc, pour cela,que Cal- diâ- '.c.Aui uin foit déclaré hérétique ? Le mefme doéteur bi. Pierre Lôbard allégué l’opinion de S. Ambroi-fe, contraire à la fienne, amp;nbsp;tafehe de la pallier tant qu’il peut, amp;nbsp;d’efehapper de ces paroles Ibid. que S. Ambrofe allégué d’Eiaïe, auant que l'en- £^-7. fantfpache reprouuer le mal^çy- efiire le bien, çè^c. Mais ceux qui ont des yeux amp;duiugement, cognoilfent facilement ce qui en eft. Faudra-ildoncauffi que S. Ambroife foit hérétique? Les paroles de S. Ambroife font telles , Et le- „ ,

/J ’ O T \ » nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;üelncAvn»

tis (diC d. Luc) S auançott en aage ijapience

grace enuers Dieu amp;nbsp;les hommes. Comment tw.i. s’auançoit la fapience de Dieu?Qne l’ordre des paroles let’enfeigne.L’auancement amp;nbsp;progrès eft de l’aage, amp;nbsp;de la fapience humaine. Fartât il a mis au deuant ce mot d'aage, à fin que tu faches que cela a efté dit felo la nature humaine de Chrift.Car l’aage n’eft point deladiuini- .... té, mais du corps.Si doc il s’auançoit en l’aage d’home,il s’auâçoit auffi en la fapience d’homme. Et vn peu apres : à fin que nous fâchions que S. Luc parloit felon la nature humaine de lefus Chrift,il a mis au parauant ces mots : Or

P 4 l’en

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article XXIX.

/ enfant croifott amp;nbsp;fe forttßott,^ eïtoit rempli dt faptence , nbsp;nbsp;la prace de Dtett estait auec lai. Ce

mot d enfant, eft vn nom d'aage humain, amp;nbsp;li vertu de Dieu ne pouuoit cftre fortifiée. Et Dieu ne peut croiftre , ni la hautefie de fa fa-piencc:amp; la plenitude delà diuinitc ne peut eftre remplie. Lafapience donques qui eftoit remplie ,.doit eftre entendue de la fapience de la nature humaine. Car cornent euft elle rempli celui qui eft defçêdu en terre , à fin de replie toutes chofes ? amp;c. le nediuife point Chrill, quand ie diftingue la fubftancede fa chair, amp;nbsp;la fubftâce de fa diuinité:m3is l'annonce vnle-fus Chrift auec le Pere,amp; le faimä Efprit. Voi-la ce que S. Ambroife en a creu , amp;nbsp;enfeigné, Tugr.c.10. Et (pour ne nous eftendre plus auât en ce pro- j han.i, posjtouchant l'opinion des Anciens)S.Irenee ' alléguant ces paroles de S.Iean : line lutesloit , point de befoin (ju aacun lai rediji tefmoignapeit l'homme:ear ilfpaaoit ce ^at eftoit en l'homme : il le rapporte à la nature diuine de lefus Chrift.

L'es Moynes difent que lefus Chrift n’a rien ignoré dés fa coception: Ce que Caluin a con-fefté.Car lefusChrift dés fa coception eft vray Dieu, amp;nbsp;vray homme. Mais s'ils veulent attribuer cela à fa nature humaine, qu'ils nous diet l^lteK.t^. doncpourqùoy lefus Chrift eftant en terre,a dit,que tes Anges ne fpauojent pas l'heure du der nier iotsr,non pas meÇme le Fils.^n fomme, nous lailfons a iuger à ceux qui lilent la parole de Dieu auec reuerécc,fi cefte expofitio des Scho liit.i, nbsp;nbsp;laftiques les contentera,/.?petit enfant crotfoit

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response.

fortifiait d‘£iprit. Item: lefts s'auançoit en fapience en fiatnre,ou^aageen grace entiers ßtett, enuers les hommes: (dit S. Luc) c'ert à dire, felon les Scholaftiques j que lefus Chrill faifoit proffiter amp;nbsp;auancer les autres : ou, qu’il fembloit que lefus Chrift proffitaft amp;auançail en fapience. Mais quoyî fembloit-il feulcmenc que lefus Chrift s'auanqaft auffi en aage, amp;nbsp;en ftature corporelle? car ces deux font ioints en-femble : amp;nbsp;S. Ambroife prelfe cefte raifon.Car cela ne fe faifoit-il pas vrayement ? Eftoit-ce quelque illufion pour trôper les yeux des hom tnes?Qu^on arrefte maintenant fa foy fur telles expofitions. Au côtrairc.il n’y aura point d’ab-furditéen ce que dit Caluin : que lefus Chrift s’eft voulu abbailfer iufques là , pour accomplir noftre falut, que de prendre noftre nature, amp;nbsp;les infirmités d’icelle , qui font fans péché: tellement que la diuinité a opéré en l’humani- -té, ôc l’ailluftree felon le progrès de fon aage, combien que q’ait efté trefexcellemmct auprix des autres hommes. Thomas mefmes eft con* traint de confelfcr quelafcience de l’amc de 0.14.^. 5, lefus Chrift n’eftpas creüe en cognoiflance, mais en certitude d’experience ; amp;nbsp;toutesfois il dit, que l’amc de Chrift a efté glorifiée dés fa conception , amp;nbsp;le corps apres la refurreélion. Qu’on iuge de telles abfurdités. Car les Scholaftiques ne nient pas en general qu’il y ait eu quelques infirmités enl’ame deChrift,fans péché, toutesfois;afçauoir,d’cftre contriftee,amp;de fentir douleur, d’autant que l’ame fent par le

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;corps

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ARTICLE XXIX.

corps difent-ils.Commet donc eftoit-elle lors glorifiée? D'auantage, pourquoy font-ils difr culte d'y adioultec encores ce que dit S. Luc? Car fi Fame fent par le corpSjiie faut-il pas auf-ß qu'elle fe feruè de l'apte difpofitió du corps» pour faire fes fondions naturellesîOr eft-il ai- à voir , que celle difpofition ne vient pas Ju firemier iour:ainfi que le progrès qu’on voit en a cognoilTance des enfans le monftre allez.

Nous pouuons mefmes cognoillre cela, parce que nous ne lifons pas , que Dieu ait fait luire des traits de fes graces fingulieres en Chrilta-uant l’aage de douze ans : amp;nbsp;lors ils furent extraordinaires, pour commencer à faire entendre , qu'il y auoit en lui quelque chofe par Jeffus la nature humaine. Et quât il entra en Fex* cution de fa charge, lors Dieu fit paroillreen lui la plenitude des graces de fon Efprit,lequel defcendit fur lui,en forme de Colombe.Quant . on n'a gardé celle moderation, on e11 venu en fin iufques à faire des liures fabuleux del’en-Cæw San- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lefus Chrill, qui font mefmes con;

■üeÎDi^.i'ç. damnés és Decrets de l’Eglife Romaine. Orn le dire des Scholalliques elloit vray, il s'enfui-uroit,que l'ame deChrill auroit efté plus infit' me en la plenitude de fon aage , que lorsqu** elloit encore au vétre de la fainéle Vierge*nu-quel temps il elt certain qu'il n'y a point eu Je triftelfe en l'ame de lefus Chrill, comme elle ƒ a ellé puis apres , ainfi qu’il l'a tefmoignc lu*' Matt. zQ, mefmes. Il s'enfuiuroit auffi,que fi Fame Je

Chrilla tout fçeu dés fa conception, quequot;^

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-K £ s P o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2^5

n’a pas difcouru amp;nbsp;raifonnc ; amp;nbsp;partant que ce n’auroit pas efté vne vraye ame humaine ; amp;nbsp;en fin il faudroit tomber en l’herefie ou d’Apol linaire , qui mettoit la diuinitc pour l’ame en lefus ChriftjOU des Monothelites,qui ne diftin guoyent pas la volonté du Verbe,d’auec la volonté de la nature humaine de lefus Chrift.

Partit ce que dit Calpin n’eft pas cotre la dignité deIefusChrift,ne cotre ce que dit l’Ange à la fainde Vierge, ce qui »ai^ra de toy SainÉl, s appellera le Fils de Dieu, (corne ces Moynes lui obieétent faullemct) tout ainfi que ce n’eft cotre fa dignité de s’eftre aneâti,amp; d’auoir pris; noftre nature: voire d’auoir fouffert mort amp;nbsp;palTion pour nous acquérir falut. AulTi n’eft-ce pas contre fon office,corne les mefmesMoynes difent (parlans d’vne chofe laquelle véritablement ils n’cntédent pas) veu que fon office por toit de prendre fur foy nos infirmités, amp;,comme difent les Théologiens , la peine de nos péchés fans la coulpe. Les paifages qu’ils alle-guét,ne feruét aucunemct à leur intétion. Au paffage d’Efaïe il eft dit ainfi ; il forttra vk iettondu troc d’Ipiiyamp; 'vnfurgeo» croilîra de fa racine, amp;nbsp;l'Efirit du Seigneur repofera fur icelui,i‘£fgt;rit Eßi de Sapiece 0“ d’entendemet,r£jjjrit de confetl,Ç^ deforce, f Eijirtt de fcienceiÇp- de crainte du Seigneur, amp;c. Ce que nous croyons eftre dit de lefus Chrift,amp; appartenir à l’executiô de fa char ge : comme il eft adioufté apres;«/ iugera les po-ures en iuPHce,lt;^c.8c cela eft conforme à ce qui eft dit par le raefme Prophete ailleurs ; l’Effrit

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Ef.6i.

Joan.i. 14.

23lt;ï nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXIX.

Seigneur efl fur moy,il rn a oinü,ilma enttof pour Euangeliz.er aux affiges ,amp;-c.Ce que lefus Chrilt expofe de foy-mefme : amp;nbsp;tout cela n« cótreuient à ce que dit S. Luc^que l‘Enfant It' fus croiffott fc fortifiait d’Efgt;rtt.C^t comme 1* force du corps eftoit necellaire pour pouuoit Euangelizeramp; prefcher, auflî eftoit-il requis que lefus Chrift en fon enfance fuft fortifié eo efprit, ainfi qu’a dit S.Luc. Par ainfi ce que dit le Prophete n’empefche pas ce qui eft cohU«' nable au progrès de l’aage lèlon la vérité de 1» nature humaine,amp; fes naturelles propriétés.

L’autre palfage eft de fainél lean, qui dit ainfi : Ceiie Parole a efte'faite chair a habita entre nous^^auons contemple'fa gloire,comme dt l’nique duPere,plein de grace, amp;de verité.Vtï' quelles paroles ne foulagent en rien ropinion des Moynes: Car nous ne doutons pas que ft' fus Chrift ne foit plein de gloire , de grace,5^ de vérité. Mais s’ils veulent reftreindre celîâ fa nature humaine, amp;nbsp;le lui accommoder dfS fa conception , ils répugnent manifeftement aux paroles de S.Iean,qui parle de la Perfonne-D’auantage , qu’ils nous dient, fi lefus Chri^ auant fa natiuité a peu eftre contéplé des hon’ mes, amp;nbsp;a habité entre les hommes , ainfi que l’Euangelifte dit, parlant non du temps delà conception, mais de l’ample manifeftation de lefus Chrift : comme fes paroles y font toutes cxprelfes. En fomme, Caluin a creu, amp;nbsp;eufei-gné,que lefusChrift eft plein de toute Sapience, amp;nbsp;fcience : Car ileft vray Dieu,vrayenient

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z37

parfaitjvoire la mefme perfedion; amp;nbsp;que mef-mes fa nature humaine a efté , amp;nbsp;eft enrichie de Sapience amp;nbsp;fcience en toute perfcdion j autant que la vérité d’icelle nature amp;nbsp;fes limites l’ont peuamp; le peuuent porter pour demeurer vraye nature humaine. D’autant que la vérité de la nature humaine n’a peu eftre cnglou tie de la diuinité, Sc que la perfedion de la creature, ne peut eftre la perfedion du Créateur.

ARTICLE XXX.

lecroj re^ny an nombre des £fcritnres ca- Innoe.Pfi, noni^nes tontes celles que tEglife Chresltenne tient a publiées parfainü Innocent

parSo2,tme,(^parfainil Gelafe,amp;par fainll y4u Ceiapex ' gusliniö' autres au Concile troifieme de Cartha- Conc.t^om. gOide FlorencCii^ deTrente.Et proteße ne fuiure Coxe.-^.Ca-r d’orefenauant le Canon des modernes Iuifs,ni des Marcionites,ni des Adanicheenstny des Seueriest jijy, ny des Amens,ny des Proteflans, ni des Preten-dans, ny d'autres fellaires de quelque nom quils de doci.

, foyentiny leurs verfions, ains feulement la vnlga- '■ (e edition.

RRTICtE XXXI.

Les Hures aufquels ie croy exprejfement font Cenefe,Exode,Leuitique,PIombres,amp; Deutero-nome,les luges, Ruth, les quatre Hures des Roys, deux des Paralipomenes, comme fupplemens des dtuines Chroniques ,vn d'Efdras ,'vnde Nehe-mtas,dit le fecod d'E/dras,7~obie,Iudith, Efiher, lob , cent cinquante Pfalmes dits de Dautd , les ProHerbes,l’Eccleßaße,lesCiintiques de Salomon, le

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238


ARTICLE 3132.

le hure de Sapience, 1’Eccleßafiicjue, Efdie^ leïC-wie,fes Lamentations,BarMch,Ez.echtel,Danith O fee, I oel, Amos ,Abdias, lonas, Adtcheas, Niquot; hum,Habacuc,Tfophonie,Aggee,Zacharie,Mi' lachie,^deux des Machabeans felon leurs membres amp;nbsp;parties, comme ils font en la vulgate edi' tion. Semblablement ie croy aux cjuatre Euangl' liïles fainEl Matthieu ,fitnll Marc , fain^ Lah amp;nbsp;fainE Iean, ie repoy les AEes des fainEs Apt' fires, les Epiflres defainE Paul, vne aux Eo' mains,deux aux Corinthiens,vne aux GalatienSi vne aux Ephefiens , vne aux Phtltppiens, V»! aux Cololfiens,deux aux Ehejfalonictens, deuxl Timothee difciple, vne à Ttte dtfciple ,vne î Philemon dtfciple, vne aux Hebrieux. le cftj aujf les Epiftres Catholiejues, vne de S. /aejueh deux de S,Pierre,Cf trois de SAean,Cf vne de S' 1 ude , auec PApocalypfe ou reuelatton de fattt^ Jean l‘Euangelifle , felon cjutl efi contenu en 1* vulgate edition,dont vfe la fainEe Eglife Cathsif lt;]ue C' Romaine.

XXXII.

-^ß.19.19 nbsp;nbsp;nbsp;Ie ptotefie C-promets, mettre entre vos mainh

Sigt;çx.L.\. tous Hures cenfurés C- défendus,de cpuelque fn^‘ hiß.c.6. igpi lt;puils traittent, ejue ie puis auoir en ma pntf fance, fans m'en referuer aucun i iurant prefe»' tement, cjue d'orefenauant ne liray ny retiendra] aucun efcrit prohibé par la fainte Eglife Remit* ne, ou par les prélats EcclefiaEicjues, ou parle! facultés de Theologie communiantes auec ladtdt fainEe Eglife. Et promets aujfi de ne freejuenteft ny ne fauorifir les ennemis Cf heretiepues, ou cerf datai I

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;259

fixmnéspar ladite fainEle Eglife Romaine.

RESPONSE.

Nous auons déclaré en noftre Confeflion de foy,quels liures nous tenons pour Canoniques , en l’article troifieme , c’eft à dire, ceux dont nous ne pouuons douter qu’ils n’ayenC efté diôtés par le fainét Efprit, amp;nbsp;appartiennent à l’Efcriturejque fainôt Paul appelle diui-nement infpirce.Quant aux liures du Nouuean Teftamentj nous en fommes d’accord. Noftre different eft de ceux du VieilTeftament,parce que nous faifons diftindion entre les Canoniques , amp;nbsp;ceux qui font vulgairement appelles Apocryphesdeîquels.toutesfoisj ont efté en e-ftime amp;nbsp;recomandation enuets les Chreftiens, tant à caufe des belles amp;nbsp;notables fentences quife trouuent en quelques vns d’iceux, que pour certaines hiftoircs mémorables , la co-gnoilTance defquelles peut apporter fruiét amp;nbsp;vtilité à l’Eglife.Ceci defplaift aux Moynes, Sc partant ils nous appellent nouueaux luifs , Sc 1 commandent de nous tenir à ce qui en a efté , ordonné par certains Papes, amp;nbsp;mefmes au re-A cit qui en eft fait par S.Auguftin.

1 Si on demande pourquoy l’Eglife Romaine ■ ’ fe formalife tant, pour donner autborité aux

liures Apocryphes, il faut entendre, que ce ' n’eft pas pour les chofes qui font excellem-' nbsp;nbsp;nbsp;ment bien déduites contre l’idolâtrie , tant au nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

! 1 liure de la Sapience , qu’au liute de Baruch, gt;nbsp;1 (cat les Moynes vôudroyent bien que telles ,1 nbsp;nbsp;fentences fuffent effacees) mais c’eft fetftement lt;5.1.

• \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pour

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240 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 30.51.51.

pour retenir vn palFage du fécond liurc dtS Machabees, mal traduit, amp;nbsp;encor plus mal entendu: amp;nbsp;s’en feruir pour defendre leur Purga-toire-.n’ayans rien trouué és liuresCanoni«lues qui face pour eux en cell endroit.

Pour rcfpondre donc à ce qu’ils nous obit' ólent de leurs Papes,amp; du Concile de Cartha-ge(car quant au Concile de Trente , il eft en' cores trop ieune , amp;nbsp;trop mal reccu pour mériter d’ellre allégué) leur intécion a elle, de reciter les liures qu’on pouuoit lire publiqueroét en l’Eglife :( Parce que la corruption eftoic fi grande , qu’on auoit commencé d’y lire toutes fortes d’homeliesjfans diferetion) amp;nbsp;non pont fe feruir efgalemét des vns amp;des autres àcon-fermer les articles de noftre foy, quand il en 6 loit difputer à bon efciét. Et pour prouuer nO'’ Cypr. in ftre dire, nous alléguerons Ce qu’en dit S. C/' ex^.Syml). prien, ou Ruftin, fur l’expofition du Symbole» | Car apres auoir récité les mefmes liures J» J Vieil Tellament, qui font fpecifiés en noftt« Confelîîon de foy : voila, dit-il, les liures qU* I nos Peres ont compris au Canon (c’eft à dire, j ont ellimé ellre Canoniques) defquels ils ont । voulu que les cofirmations ou preuues de noftre foy fulfent tirces. Toutesfois , il faut entendre , qu’il y a d’autres liures que nos prede-celfeurs ont appellés non Canoniques , mais Eccleliaftiques. Comme, la Sapience de Salo-1 ” mon, celle Sirach, le liure de Tobie, de lu-dith,amp; les liures des Macbabees:lefquelstous ils ont bié voulu eftrç leus en J’Eglife,mais non âllej

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;241

allégués en authorité, pour la confirmation de noftre foy. Voila ce qu’en dit S. Cyprien, amp;nbsp;mefmes il dit, que de ion téps on lifoit aulli vn liure nommé LiberPajioris, publiquement en VEglife-.qui depuis a elle expredemenc condam né amp;nbsp;défendu , ainfi qu’il appert par ce qui en - nbsp;nbsp;«

eft recité au Decret. D’auantage. Saind Hie-rofme(qui eftoit le mieux entendu qui full de fon temps en l’intelligence des Hures du Vieil Teftamét) en parle de celle façon:L’Eglife,dit^ fient. il, lit bien les liures des Machabees , mais elle ne les reçoit pas pour Efcritures Canoniques. Et pour venir à fainél Auguftin , il recite voi-rement les Apocryphes entre les Canoniques: mais il prend le mot, Canonique , plus généralement ; alTauoir, pour les liures qu’il elloic permis de lire en l’Eglife •.non pas qu’il vou-lu(l que tous fulTent de melme authorité, ainfi. qu’on peut voir par ce qu’il dit lui-mefmes au palTage cotté par les Moynes; Celui, dit-il,qui auec diligence veut vaquer à l’eilude recer-ehe des Efcritures Canoniques , tiendra ce ' ' moyen, qu’il préférera celles qui font recedes de toutes les Eglifes Catholiques , à celles qui ne font pas recedes de toutes;amp; de celles-ci, il

I préférera encor celles qui ferot recedes de plus d’Eglifes , amp;nbsp;de plus grande authorité. Et en Cot.Gaud. vn autre endroit ; Celle Eferiture , dit-il, qui lih.^,e.^■i.

' 1 eft appellee des Machabees, les luifs ne la tié-' 1 nent pas comme la Loy 8c les Prophètes, 8c '1 les Pfalmes , lefquels le Seigneur approuue ' l comme fes tefmoings, difant : il faloit c[ue 'l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;q tout

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24^ ARTICLE 50. 31. 32.

tout ce qui eft efcric de moy en la Loy , amp;nbsp;és Prophetes,amp; és Pfa]mes,fuft accópli. Mais elle a ellé receuc de l’Eglifejnon inutiiementjfi elle eft leuë ou ouïe fobrement, amp;nbsp;fingulierement à caufe de l’hiftoire des.'Macliabees j qui comme vrais Martyrs, ont tant fouftert pour la Loy de Dieu. Ce font les paroles de faind Aü-guftin, qui nous font d'autant plus esbahirdc l'impudente ignorance de ces Moynes, qui appellent leCanon des liures du Vieil Teftament tel que nous le receuons auec l'ancienne Egli' fe, l'appellent, di-ie , le Canon des modernes luifs. Comme s’il n'auoit pas efté neceftaire de prédre de l’Eglife ancienne d'Ifrael le nombre des liures Canoniques , voire par l'approbation exprelle de lefus Chrift, comme a dit icifaindh Auguftin , que le Seigneur lesaap-prouués comme fes tefmoings. C’a efté donc trefignoramment parlé à ces Moynes, de dire, les luifs modernes , au lieu qu'ils deuoyent di-re,leCanon des liures de l’ancienne Eglife fous le Vieil Teftament,lcfquels ont efté approuués par IefusChrift,comme fes propres tefmoings-failt;ft,le mefme S. Auguftin a dit en quel-Manich. i. que lieu autant elegament que véritablement: ii.t.23. que les luifs ont efté faits nos Libraires, amp;nbsp;qu’eux ne voulans faire leur proffit de leurs propres liures, ne font que fe laffer en les porta nt,amp; nous y proffitôs enleslifant. Certes ce n’eft pas fans caufe que Dieu conferue encores auiourd’liui la nation Judaïque au monde: à lin (outre plufieurs autres raifons qu'on peut

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;24J

alléguer ) que la vérité amp;nbsp;certitude des Inircs duVieil Teftamét foit mife deuât les yeux d’vn chacun , pour confondre tous les Atheifles amp;nbsp;contempteurs de Dieu, dont auiourd'hui le monde eft rempli ; voire iufques aux Moynes, encor qu'ils dient qu’ils font hors du monde.

Il y a encores vne fort grande ignorance Monachale en ceci, qu’ils veulct tirer de leurs Gonciles l’authorité des liures du Vieil Tefta-ment. Q^ilsdifent donc, fi l’ancienne Eglife d’Ifrael n’a pas efté conduite par l’Efprit de Dieu, pour recognoiftre amp;nbsp;receuoir les liures Canoniques de l’Efcriture î Ils ne l’oferoyent nier. Dont nous concluons , que ceux qu’elle n’a point recognus de fon temps pour Canoniques,ne l’eftoyent pas ; amp;nbsp;partant ne le peu- ' uent eftre auiourd’hui. Car l’ECprit de Dieu ne contredit pas à foy-mefrne : amp;nbsp;les liures qui n’ont efté dés leur comencement Canoniques, ne le peuuent deuenir auecle temps. Or nous mettons difference entre les luifs qui ontre-ietté lefus Chrift , amp;nbsp;la vraye Eglife de Dieu qui a efté fous l’ancien Teftament. Cela fuffira pour noftre refponfetfans qu’il nous faille alléguer les raifons qui en font difcourués plus amplement par fainét Hierofme; comme de ce que l’original de ces liures Apocryphes n'ell: point en Hebrieu,amp; autres raifons defduites à , ce propos. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mepwe ne

' Quant à la vulgaire vetfion, à laquelle feule 1, les Moynes lurent de fe tenir, amp;nbsp;abiurcnt tou-1 tes les autres, ç’eft pour le coble de leur igno- ‘ l

rance

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144 ARTICLE 30.31.52.

rance.Car outre ce que ceux qui entendent les langues voyent aifément plufieurs fautes qui font en celle vulgaire Edition dót ils parlent n’y a point de raifon, voire c’eft vn blafphemej d’attribuer à vn tranflateur plus d’authorité qu’à l’original mefme, que nous fçauons auoit efté efcrit par Tinfpiration amp;nbsp;certaine condui-£ m 108 l’Efprit de Dieu. Sainôk Auguitin , amp;nbsp;S. Iniaàn. ' Hierofme font bien d’autre aduis, qui confeil-truB.-^.de lent de regarder foigneufement auxOriginauX chr.l. tant Hebrieux que Grecs , pour auoir meilleu-iMf.w. j-g pjyj afl’euree intelligence des lieux de l’E-^fquot;'en‘in écriture.

te'rf.inc. Finalement, quand ils veulent qu’on iuregt; de ne voir les liures qu’ils appellent cenfurés: nous confelfons voirement que c’eft ci l’article le plus importât pour la manutention de leurs erreurs: amp;nbsp;leur confeillons de le compter pout vue cautelle de leur Mefte , voire la principale. Car puis qu’ils font du nombre de ceux qui aiment plus les tenebres quç la lumière (com-ro4!i 3. difoit lefusChrift) Sc que la lumière eft cel-qui manifefte tout (ainlî qu.e dit faindPauh) il ne faut trouuer eftrange s’ils condamnent les liures par lefquels leurs erreurs fontdef-couuerts amp;nbsp;condamnés.Partant il ne faloitaC’ comparer les liures de l’Eglife Réformée aux liures des PayenSjContenan.s chofes curieiifes» dont il eft parle aux Aéles desApoftresjaupaf-fage qu’ils ont. cotté. Car tels liures font ban-ni^ de noftre Eglife, amp;nbsp;font logés en la leur: voire au Conuent dçs Moynes,qui les gardc^ auffi

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;245

auflî diligemment, comme malheureufemenc ils ont fait brufler j amp;nbsp;font tous les iours , non feulement de bons liures pleins de fainôtes in^-ftrudions pour cognoiftre Dieu , amp;nbsp;le feruir, mais auffi la Bible-mefme,c|ui contient la pure amp;nbsp;facree parole de Dieu. Cependant, ces sons Abiureurs fe donnent d'autant plus de licence de meHtir,amp; de calônier,impofans à lean Calvin,'a Theodore de Beze,amp;generalement à VE-glifeRéformée, des chofes où ils ne penferent iamàis:amp; font fi eftourdis,qu ils cottent les paf fages de leurs liures , lefquels pourtant ils ne veulét pas qu'on voye.Car nous fçaurions vo-lôtiers, pourquoy dôc,amp; à quelle fin ils les ont cottés. Or quant à nous,nous fommes de contraire aduis'.Car nous defirons que toufle mode voye l’Efcrit de ces Moynes ; amp;nbsp;exhortons vn chacun de le biê poifer,pour mieux Cognoi ftre la legereté,amp; peu de valeur de tout ce qui y eft contenu ; eftans trefaifes que la publication de leursLiures publie l'ignorance de leurs petfonnes,amp; la faufleté de leur Dodrine.

article X X X 111.

le Confejfe la Fojf, fans laquelle nous ne fou- - g, uons flatie à Dieff^efirez/n âon de J^a grace ,111»-minant diuinement l’ame a entendre, amp;nbsp;fortifiant lo.t.Cori tceliii entendementjf'/urs^afieurerd'es myfieret di ^F7-tiint reuelés de Dieu : laquelle foy efl formée par * Z'n'éfainlle afieciion de la volonté mette du fainEl £^rit , amp;nbsp;efl abfolue par charité'. Etpource tab-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iure l'afleurance particuliere des Pretendans , qui

1 par prefomptton entreprend s’ajfeurer defon Ele-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;q 5 ffio»

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2^6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXII1.

ilioftaperfeuerace en graceÇ^falut en particube^) entreprenant far les Jecrets ingensens de Diett, Ht' géant foj/-mefine, amp;nbsp;fondant le cœur hnmatn coti' trebEfcrùure.

RESPONSE.

Ce que nous tenons delà foy , de la fource, propriété , amp;nbsp;eteéls d’ic'elle, eft amplement contenu en noftce Confeffion de foy, depuis le xviij.article,iufques au xxiij. Les Moynes pro-pofeiit ici yne maniéré de definition, pour fai-xcieniendre que cquot;eft que foy: amp;nbsp;en parlent ü ■obfquïement, que leur definition eil moins iateUigible,que ce qu’ils veulent définir. Nous réciterons ici quelques vnes de leurs principales fautes, qui pourra donner plus facile accez à çognoillre les autres.

KflW.4.

Premièrement, ils ne d^finilfent pas ce qui eft le principal de la foy, c’eft à dire,la confiance,que,nous auons es prornelfes de Dieu en le-fus Chrift: lefquelles vn chacun des fideles embralfe amp;nbsp;reçoit,amp; les applique à foy-mefine par la foy que le S. Efprit engendre en lui. Or cefte foy cft celle par laquelle S, Paul dit que nous/ommes iuftifiés: allégué à ce propos ce que l’Efcriture^Tefiinoigne d’Abraham, qu’il a creu à Dieu,amp; lui a efté imputé à iuftice. Car la vraye foy ne croit pas feulement en general les myfteres diuins reuclés de Dieu ( comme parlent ces Moynes (mais les approprieauffi aux,fideles,pour en receuoir le fruiél. Comme pour exemple: Cen’eft pas allez que ie croye quelefus Chrifteft venu au monde, qu’il y a

fooff

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o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;247

fouffert mort amp;nbsp;paffion , qu’il eft refufcité , amp;nbsp;moté au Ciel: car cefte foy hiftoriale ne me fau uera pas. Mais auec la cognoilFance, il faut ad-ioufter la côfiance:par laquelle ie croye que le-fus Chrift eft venu au mondejcft mortjrefufci-téjôc monté au Ciel pour moyjCntant qu’il m’a par ce moyen acquis falut, amp;nbsp;vie eternelle. Le , tils ie Dieu ma aimé j amp;nbsp;s‘efl baillé foy-mefine pourmoy, dit fatnél Paul- C’eft la foy dont Ha-bacuc parle, difant, que le iufie •viura de fa foy: duquel la fentence eft fouuent alleguee par GaZ-j, fainét Paul.

La fécondé faute des Moynes, eft,en ce que ils difent, que la foy eft formée par vne fainéte afteéfion de la volonté meüe du fainél Efprit. Car ces mots , outre ce qu’ils font trop generaux, ne font pas propres pour declarer la nature de la vraye foy , qui confifte en cognoif-fance amp;nbsp;confiance , ainfi que nous auons dit: defquelles deux procédé vne fainéte affeétion enuers Dieu. Ce que Thomas a aucunement entendu, difant ainft ; La foy, dit-il, eft en co— °' gnoiffance, comme dit fainét A,uguftin;toutes les autres vertus confiftent en l’aneélion. D’a-uantage,ce n’eft pas allez dit,que la volonté eft

1 meüe du fainét Efprit. Cat'.noftre volonté n’eft pas comme vne matière dont la foy foit engen dree : Mais la foy eft vu don de Dieu , comme

. faiutt Paul dit, 17»#’»/nous efl donne'de croire : amp;nbsp;pi,;;. 1 cefte foy eft engedree par le S.Eprit,quirefor-1 me en nous l’entendement, amp;nbsp;la volonté pour 1 y imprimer la foy ,par laquelle, nous fommes: gt;nbsp;l ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;q 4 rend

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148 ARTICLE XXXIII.

rendus agréables à Dieu. Et nommément TEf- | 2K4tA.i5. cnture enfeigne, que lafoy eft vue reuelatiou

jij fainél: Efprit,pour nous doner à cognoiftic ' quelle ne naift pas de nous , ni en tout , ni en i partie:mais qu’elle vient d’ailleurs: comme dit I fainót Paul, Die» vous doint, dit 11, l’Esjrit |

Slt;^pte»ce,Ç$“ de rcKelatio», pour auoir co^noif' fance de lui ( afçauoir ) les yeux de voslre enten' \ dement illuminés afint^ue vous fâchiez, tjuelli efl l’eP^erance de fa vocation. C’eft pourquoy les Scholaftiques mefmes gt;nbsp;encores qu’ils ayent corrompu cede partie de Doctrine , néant-moins appellee la foy,vne vertu infufe amp;nbsp;Theo logique. Car Thomas dit ainfi : Les vertus Theologiquesjdit-il, font ainfi appelleesjparce quelles font créées en nous de Dieu feul. Ces Moynes auffi l’ont cuidé dire , parlans du don de la grace de Dieujamp;de l’illumination diuine: mais la fuite de leur propos ne s’entretient pas f auec ce commencement. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

La troilîeme faute eft,en ce qu’ils afferment, que la foy eft abfoluë par chanté. Car fi la foy eft formée par le S. Elprit, illuminant l’entendement,amp; mouiiant la volonté (comme ils di-fene,mais ils he s’entendent pas eux-mefmes) cft-elle doc formée, fans eftre abfoluë,c’eft àdi re,paracheuee‘autant qu’il faut pour eftre vne vraye foy?Qu’eft-ce àdire,qu’vne chofe foitfot meeîn’ont-ils pas encor appris en leur cfchole, que la forme donne l’eftre? Partant cobien que Thomas n’a gueres bien veu clair en cefte ma-tiercjlî eft-il cotraint de parler ainfiiToutes les vertus

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response, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i49

vertus Theologiques,dit-il,font enfembleméc infufes en nous, amp;nbsp;Tvue ne precede pas l’autre en temps;mais il faut cófiderer l’ordre de chacune felon la nature d’icelle ; amp;nbsp;partant la foy, quant à fa nature , ell deuant toutes les autres vertus.Voila ce qu’il en dit.Partant,veu qu’en la definition deschofes on regarde leur natu-

O

rc,lesMoynes ne doiuent pas côtondre la Cha rité auec la Foy.Nous fçauos bié que lesScho-laftiques parlent de la foy informe amp;nbsp;formeej parce qu’il elf dit par S.Paul,que ne Ctrcoctßon) ne Prepuce ne vaut aucune chofe en leÇus Chrtjl, mats laFey ouuratepar Chartté.^2.\amp; certes c’eft impropremét parlé,s’ils veulent dire,que,d’autant que la Foy amp;nbsp;la Charité font enfcmble en l’œuure, l’vne foit la forme de l’autre. Car l’ef-fence,S£ la nature de la chofe, doit eftre confi-derec deuât fon efFeél. Qupy qu’il en foit, voila les Moynes en combat auec ceux de leur Ef-chole : veu qu’ils difent, que la Foy elf formée par vne fainéfe afteétion de la voloté meuë du fainét Efprit,amp; eft abfoluë par Charité ; Et les Scholalfiques difent, que la Foy eft formée par charité.lly a encor plus-.C’eft que cefte fainéte affection de voloté ne peut eftre fans dileéfion entiers Dien , qui eft la premiere amp;nbsp;principale partie de Chatité.En fomme,s’ily a différence amp;nbsp;diftinélion entre la Foy , l’Efperance , amp;nbsp;la Charité (comme tous l’accordent,encores que pourlè regard de l’efteét il n’y ait pas fepara-tion) amp;,fi mefmes les Scholalfiques nomment ces trois vertusjTheologiques amp;nbsp;infufes,il n’y a point

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2p nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXIII.

a point de raifon de mettre Tvnedes vertus pour la forme de l’autre ; fur tout quand il ell queftion de définir icelles vertus ,amp; defcrire ce qui appartient à leur nature.

Partant, nous ne diffimulerons pas,que non feulement les Moynes,mais auffi les Scholafti-ques leurs maiftres (auec lefquels ils ne s’accot dêt eueres bien en leurs façons de parler, ainfi que nous auos veu) n’ont traitte de la Foy ain» qu’il faloif.parce qu’ils n’ont côfideré en icelle que l’vne de fes parties, qui eft laCognoilI’an-ce:amp; ont laill’é l’autre principale partie, qui eft la Confiance : tellement que celle obmilîion a cauféde grads.erreurs où les Sholaftiques font tombés, amp;nbsp;y font tober plufieurs autres apres cux.Reprefcntons-nous donc ce qui eft dit tât fouuent es Pfalmes , de la Confiance des fideles , pour mieux fignifier la vérité de leur Foy. Principalement fouuenons-nous de ce que dit Efh.j. S;'Paul,que par lefusCbrifi gt;io»s attons hardie^Ct 0quot; accès en confiance parlaFojque nonsaaons en lut. Or nous auons celle confiance quand nous croyons non feulement en general quf Chrift eft mort, mais qu’il eft mort pour nous, fentans l’application de ce bjenefice .à nouf-mefmes par l’operation amp;nbsp;efficace du faind E-fprit. Auffi S.Paul dit ailleurs, que nous croyons en Dieu par/efius Chrifi jleyuela eète' Iturè four nos pechéslt;,et eft refisficité pour nofireauèlification^ Cnt.i. Et aux Galates, de w,dit-il,e» la Foy du Fils

Dieu,y ut ma aimé,c^ s‘ efi baillé foy-fnefiue pour moy.C'efk donc celle Foy,par laquelle le fainâ

E fprit

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;251

Efprit nous approprie l'efled des promefFes de l'Euangile.Partant l'Apoftre dit auxHebrieux: quot;VOUS 4«ei,dit-ilj recett auec toye le ranijfemet de vos biens , cognoijjsms en vonf-mefineS) ejsse vous HMz. vne metUetire chcnance es Ctestx, amp;nbsp;cjni cfi permanente. Ne iettez. point donc ait loing 'vostre confiance, laejuelle a grande remuneration. Car comme ainfi foie que Dieu nous ait donné fon Fils(ainfi quelui-mefme dit) àfiin queijuicocjtte croit en lui,ne periffe point,mais ait la vie eternel-/f.Il s’enfuit que la Foy efl: I’inftrument qui appréhendé amp;nbsp;reçoit ce qui nous eft donné, veu que noftre falut prouient de ce que le Fils vni-queduPere, qui nous eftdonné,eftreceu:eftâc icelle reception le moyen de noftre falut, qui ne pourroit eftre, fi le don eftoit feulement offert, amp;nbsp;non receu. Or eft-il receu, quand il eft appliqué à celui qui Je reçoit, amp;nbsp;qui par ce moyen entre en la pofteflion d’icelui-.ainfi qu’il nous faudra dire plus amplement és Articles xliij.xliiij.ci apres.

L’ignorance de ces chofes eft caufe que ces Moynes abiurent rafleurance particuliere,par laquelle les fideles s’afleurent de leur eleétion. Car ne prenaijs la Foy que pour la cognoiflan-ce des Myfteres diuins,lefquels ils croyét eftre vrays en general : amp;nbsp;ne venans point iufques à. cefte certitude amp;nbsp;cofiancc que l’Efprit deDieu imprime particuliercmét és cœurs des fideles: cen’eft de merueilles, s’ils ne fçauent que c’eft del’alfeurace particuliere des enfans de Dieu.

Tant y a, qu’ils ne fentent pas la contradi-dion

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251 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXIII.

ólion en laquelle ils tôbent.Car ils Jifent, qiiP la grace de Dieu nous donnant la Foy , fortifie rentédement, pour s’alFeurer des Myfteres di' uins. Si doc elle nous afleure en gcneral,pour-quoy non pluftoft en particulier ? veu mefm« qu'ils adiouftent,que la Foy eft formée par vne 1 fainôfe aft'eótion. Où fera l’atfedtion Jî le fidele ' ne s'applique en particulier les promelfes gf' nerales?Croira-il alfeurcmét 8i. auec afFeófioii’ j que lefus Chrift eft mort j mais non pour lui? qu'il y a vne Eglife,mais qu'il n'en eft pas?qu , y a vne remiffio des péchés, mais no des fiens? ' qu'il y aura vne refurreôlion de la chair en vif éternelle, mais non de la fienne? Quelle [ eft cela? Nous maintenons donc, qu’il n'y auoir affeurance auec affe(ftion,que l'alfeuran' ce ne foit aufli particuliere;amp;. que la doutepaf ticuliere ofte l’affedion.

Partant nous oppofons à ceft erreur des prC' tendus Catholiques,les paftâges fuiuans;

Eslas iuH-ifies par F opinons aaons paix enucfgt; Diea.par noFlre Seigneur /efus Chrtfl:par nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

aufß nous auons eu accez par Foy à ceüegrace lai]uèllé nous nous tenos fermes,amp;nous glorifie^ enl'e^^eranee de la gloire de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

F'ous auez receu TE^^rit d'adoption,par lecjHf^ ’ nous crions, Ahha, Pere. Le mefme Elprtt re»^ ! tefmoignage auec neutre ef^rit, e^ue nous fogt;»i»f^ enfans de Dieu ; fi nous fommes enfans, femmes donc heritiers.

Jleb.6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.A fin cjue nous ayons ferme'confolation ,neiis

^Uf auons no^re refuge à obtenir l'e^ferance , mill I

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2^5

nous efl propofee, laquelle nous tenons comme vne Anchre feuee ferme de ^ame gt;nbsp;penetrant iufljuau dedans du voile

Qni intentera accufation contre les efleus de I^om.8. Dieu ? Dieu eft celui ^ui iuH-ifle , amp;c. Je fuis afleuré lt;^ue ne mortiUe vte,ni An pes,ne principau-tes,ne putfances,ne chofes prefentes,ne chofes à ve nir,ne hautejfe,neprofondeur,ni aucune creature, nenous pourra feparer de l’amour de Dieu qu’tl nous a portee en /efus Chrifl noJtre Seigneur.

Louefott Dieu,i^ui nous a efleus en lefusChrifl Eph.t. deuant la fondation du monde.

Celui t^ui nous conferme auec vous en Chrifl, i-Cor.i, amp;nbsp;cjuinous a oinüs,c efl Dieudec^uel aufß nous a feelie's, amp;nbsp;nous a donnés les arres de l’ejprit en nos

cœurs.

Allons donc auec afleurance au Throfne de Heb.^. prace,amp;c,

Auquelaj/ans creu,vous eJtes feelle's du faincl £lpnt de la promejfe: lequel efl arre de noJlre heritage iufques d la Redemption de fapojfejflon ac-quife,d la louange de fa gloire,

Chrifl efl corne Fils fur fa maifon, duquel nous femmes la maifon ,fl nous retenons ferme iufqud ' la fin tlafleurance la gloire de feJjierance ; amp;nbsp;plufieurs autres lieux femblables. Voire iuf

ques là »que S.Paul ne veut douter de Teledion i.Thefi'.C de ceux qui tefmoignent auoir receu l'Euan- egt;c. gile par vraye Foy. Mefmes c'eft merueillcs qu'ils ne prennent garde à cefte fentence de Pierre Lombard, (cobien qu elle n expofe fuf- Lib.^.Sen^ fifainmét la doctrine de la iuftification) difant;

que

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254 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXIII.

que croire en Dieu, eft adherer à Dieiijamp; eftre incorporé en fes mébres : or cela ne peur eftre fans eftre alfeuré de fon falur. Et de faidt, ou nous croyons vrayement que lefus Chrift eft mort pour nous,ou non.Ceux qui ne le croyét, ne lui appartiennent pas, amp;nbsp;font indignes du nom de Chreftien. Ceux qui le croyent, font donc aifeurcs de leur eleétion. Car ceux qui croyent vrayement que lefus Chrift eft mort l^om.10. pour eux, ont la vie eternelle, comme l’Efcri-jg Autrement, fi nous n'auoiis ceftt certitude amp;nbsp;aifeurance , en quelle perplexité faut-il que foyent nos côfciences, eftans incef-famment en doute,amp;par confequent en crain- j te amp;nbsp;frayeur du iugement de Dieu cotre nous! Or S.Paul dit,que par le moyen de la Foy nous auons paix amp;nbsp;repos en nos confciences , ainfi quhl a efté veu ci delTus , eftant certain que h doute en chofe de fi grande importance, ne peut eftre fans vne extreme perplexité. Certes la doute eft contraire à la Foy, amp;nbsp;partant qui ' veut eftablir l’vne,ruine l’autre neceftairemét. quot;Pf-ii. D’auantage,quand Dauid prononce, que celui eft bien-heureux , auquel les péchés font pat-dónés, (ce que S. Paul applique à la iuftice que nous auons par la Foy en lefus Chrift) il moii-ftre bien qu’il faut que nous en foyons aifeurcs en noftre confcience. Autrement,ce feroit vne félicité malheureufe,d’eftre bien-heureux fans le fentir:amp; vne cótradiótion manifefte,de fen-tir fa félicité , amp;nbsp;d’eftre en doute fi on l’a. Ce

/ac.i.

n’eft donc fans caufe que S. laques accompare la

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;255

Ia doute amp;nbsp;desfiance au flot de la mer quieft agité amp;nbsp;demené ça amp;nbsp;là. Et telle eft la Foy de ces MoyneSj qui abiurét,àleur condamnation (s’ils ne fe repentent) ralFeurance de lalut que les fideles ont en noftre Seigneur lefus Chrift. Mais voici qu’ils obieélent: Premièrement, que nous fommes prefomptueux,de nous alleu rer de noftre eledion , perfeuerance, amp;nbsp;falut. i Nous refpondons, que ïi nous fondions noftre eleclion, perfeuerance, amp;nbsp;falut en nos merites (comme ils font ) que nous ferions voirement tref-prefomptueux.Mais noftre alfeurâce n’efl: pas fondée en nous , mais en noftre Seigneur IefusChrift,qui nous eft donné pour Sauueur, amp;nbsp;lequel nous recognoilîbnc amp;: receuons pour tel, amp;nbsp;ce par la Foy que fon Efprit imprime en nos cœurs. Puis donc que l’Efprit de Dieu eft Efprit d’humilité, amp;nbsp;non de prefomption : ces Moynes ne font pas tant iniurieux cotre nous, que blafphemateurs contre l’Efprit de Dieu. Par ainfi nous deuons bien prendre garde à ce que dit S.lean en fon Epiftre : Qui croit an Fils de DteUiàit-iï^ila le tefmoigna^e de Dieft en fo^-meCme. Qui ne croit point à Dieu , il l’a fait men- . teurxaril n a point creu au tejmoignage çiueDieu a tejmoigne'de fonFils.-f^voici le tefinoignage,af-fauoir, lt;^ue Dieu nous a donne'la vie eternelle, ceîle vie efi en fon Fils. Si doc ces Moynes tiennent à humilité, de ne croire fermement au tefmoignage de Dieu, nous leur laiflbns celle arrogante, infidèle, amp;nbsp;vrayemçnt Monacha-le humilité.

Ils

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2 5lt;J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXIII.

Ils nous obieétent encores,que nous entreprenons furies fecrets iugemens deDieu,nous iugeans nous-inefmesjamp; nous fondans,contre l’Efcriture. A quoy nous refpondons:que nous croyons ce qui nous cft reuelé par TEuangile, par lequel nous cognoilfons le Myftere de no-ilre falut : qui véritablement nous feroit touf-iours cachéjs’il ne nous eftoit reuelé.Tout ain* 11 que le poure criminel ayant fa grace par If benefice de fon Prince, quand elle lui eft noti' fiee , il cognoit lors ce que fon Prince a determine en fon confeil,pour ce regard : amp;nbsp;ne peut eftre accufé , ou de prefomption , acceptant b libéralité de fon Prince, (cobien qu’il s’en feU' tiroit indigne) ou d’auoir entreprins furlecoU feil priué d'icelui:ain$ au contraire, n’acceptât fa grace, amp;nbsp;reuocant en doute la libéralité de fonPrince,il feroit àbon droit reputé,non feulement prefomptueux, mais aulîiennemideb propre vie.

Autât en faut-il dire en la queftion prefente. Car noftre grace nous eft prefentee en lefts Chrift,pour nous deliurer de la condemnation de mort eternelle , en laquelle nous forameS naturellement.Et quat à nous iuger nous-mef-mes , amp;nbsp;à fonder nos cœurs , nous auons défia alfez declaré,que noftre afl’eurâce n’eft pas fon dee fur nous-mefmes , ou fur quelque perfection que nous Tentions en nos cœurs,mais en la feule grace de Dieu par lefus Chriftda pureté amp;nbsp;entière perfeiftion duquel efface les defauts que nous fentos en nous,amp; efquels nous nous

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RESPONSE.

nous defplaifons. Sc lui en demandons pàtdort continuellement. ,

Au reite, c'eft vne trop lourde ignorance à ces Moynes, de.pènfer i qu’il ne nous fo-ic pas loifible de fonder nos cœurs:veu qu’au côtrai* re il nous eft commandé de nous efprouuerà bô efcient;à fin que tecognoilfans nos defautsj nous ayons d’autant plus recours à la mifcri-corde de Dieu. Et ne nous eft pas défendu de fentir en nous la Foy que Dieu nous dônegt;ains au contraire, cela nous eft commandé tref-ex-preft’eméc:ainfi que S. Paul dit aux Cotinthics: £xpertgt;»entez.-vons vofts-meÇmeSi dit-il.^ vous efles en la Foyitsfronaez.’-vous 'vons'mefmes.Ne votts cognoijjez-vouspoint .‘Vons‘-mefmés ( Hoir} cjiie lefns Chrifi efl en.vousißnonytte veiitt foyez reprouués. Et ailleurs. Le mefme Apofttc commande à vn chacun de s’efprouuec foy-mefme auat que s’approcher de la fainéle .Table du Seigneur.,Et cela h’eft pas fonder les cœurs,comme il eft dit,que Dieu efi le féal féru nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;g

tateurdes cœttri.. Cat premièrement, nous ne ' nous mêlions pas de fonder les cœurs des autres :amp; puis , nous ne fondons pas les noftres mefmes,ainfi que Dieu les fonde.Car combien qu’il foit dit, que nul ne fixait les chofes de l'homme , finon l’efprit de l’homme qui eft en lui(ainfi que S. Paul en parle) fi eft-ce que Dieu iXani* cognoift mieux nos cœurs que nous-nrefmes, amp;nbsp;c’eft lui qui fondant nos ccéurs,les nous fait fonder, amp;nbsp;nous fait côgnoiftre ce qui y eft, amp;nbsp;(comme difoit quelques fois SiAuguftin) nous

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r monft

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258 ARTICLE X X X 1111.

jtnonftre à nous-mefmes. Voila pourquoy en cc tnefme lieu S. Paul dit, nous au on s recett de Dieu, à fin (jue nous cognoijfions les chofies ejui nous font données de Dieu. Partât ces Moynes nous penfans accufer deprefomptionj ont accufé amp;nbsp;defcouuert leur ignorance amp;nbsp;erreur, voire fi ouuertement, qu'il ne nous faut ia fonder leurs cœurs amp;nbsp;cntendemens, pour la cognoiftre.

ARTICLE XXXIIII.

K’W.io. Je confefie ,que la Foy a pourfion obieEl toute diuine verité-,amp;cju elle efi fiubflanteepar la parole de Dieufioit ^uil promette,Cjutl commande, tjud r ,menâce,ou qutlpardSne. Et parce ie deteHe CaI' j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;maintient que les menaces de Dieu ej-

branlent la Foy,lt;^que toute lafiainüe parole nefi ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pas pour JeJlablir.

- nbsp;nbsp;nbsp;_ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

Parce que lean Caluin n’a befoin d’autre defence, que celle de fes propres efcrits ( connue nous auons défia dit alfez de fois ) nous nous ' * contenterons de reciter ici fidelement fes paroles, à fin que chacun voye la malice Monachal de ces calomniateurs.

Caluin donc parlant de la Foy, non de celle nue cognoilfance que les Moynes tiennent poyr leur Foy ( de laquelle nous auons parlé cl ,, delfus, amp;nbsp;auons réfuté leur erreur en l’Article Kmw.io. precedent ) mais de la Foy en lefus Chrift, de iaquellc parle S.Paul, quand il dit, quon croit de cœur à iuJtice, nbsp;nbsp;qu on fait confejfion de bou

che à y4/»i.parlant,di-ie,de celle foy, cell adiré/«

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2J9

RESPONSE.

re,de la vraye Foy , vfe de ces mots, au liure que les Moynes ont cotté.

Mais d'autant que le cœur de l’homme n’eft point confermé pn Foy par vne chacune paro-le de Dieu , il faut encor cercher que c’eît que la Foy regarde propremét en la parole.Ç’eftoit Vne voix de Dieu celle qui fut dite à Adam ; tu mourras de mort. C'eftoit vne voix de Dieu qui fut dite à Cain : le fang de ton frere crie à moy de la terre. Mais toutes telles fentéces ne pouuoyent finon esbrâler la Foy ,tant s en faut quellesfullentpourl'eftablir. Nous ne nions paSjCe pendantjque l’oftice de la Foy ne foit de donner confentement à la vérité de Dieu tou-tesfois ôc quantes qu’il parle,amp; quoy qu’il die, amp;nbsp;en quelque maniéré que ce ioit. Mais nous cerchons à prefent que cell que la Foy trouue eu icelle parole,pour s’appuyer amp;nbsp;repofer. Voi la ce que dit Caluin-.qui expofe allez clairemét fon intention,amp; conuainqmanifeftement ces Moynes de calomnie amp;nbsp;de menfonge. Or l’ob’ ieO; delaFoy c’eft Chrifl amp;nbsp;fes benefices, corn me nous déclarerons cy apres plus amplement

\csArticlesxliij.xliiij-

ARTICLE XXXV.

le croy la Foy future la 'vérité des œuures de liteudes cognoislre amp;nbsp;les receuotr, »onpas (ju elle lesface.Comme elle croit la création du monde^ lareÇurrenion,.(^ l’incarnation , la iu^lificationt [Euchari^lie, amp;nbsp;femblables myîlereSitSbien te confejje quelle efipartiale necejfafre caufe I qu ils font co^»uS}adminiéî-rés,G^ receus en falut. \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t Z

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2^0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXV.

£tpource tabiure l‘hereße d'Hymnee^ amp;nbsp;de Pht-let, çy- de Calnin^ qui difent la Foy faire let cho-chafamp;ln T^^nlement demeurantes abfentes eSlreprefin‘ /^vefifh. •’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chofes de fatclfeparees de lteu,fi»gt;(

^Heffuß. enfemble en vérité , fans bouger d’vn lieu, pource que ron les croit : car nous difons qutl nefl licitl de croire cela,ß Dieu ne le dit expreßement en foti

RESPONSE.

- Ces abiureurs voudroyent faire accroire qut I.Cakün a eftimé que le Corps de lefus ChriH (duqilel ils entendêt parler en cell ArticlcjCÔ' bien qu’ils parlent généralement) eft auCiel en terre corporellemétj fans bouger d'vn lieu: qui feroit tomber en leurs propres erreurs,lef quels il a. diligemment amp;nbsp;trefdoôlementieft' tés : tant s’en faut qu’il y vouluft adherer.Bien a-il dit,que par Foy nous participes reellemét au Corps de lefus Chrift qui eft au Ciekparc® Inß.ümfl. que la Foy nepeuteftre empefehee parla df CAT. ftance des lieux, amp;c, comme il dit en fon Inftf jM.io. tution,que la Foy reçoit ce que noftre enten' dement ne peut conceuoir:d’autât que le S-E' iprit vnit vrayement les chofes qui fontfepa' rees.Ce font ces mots.Mais^pour n’entrer plus auât en la defence de Caluin (qui n’en a aucun befoin) amp;nbsp;pour lailfer Hymenee Philetea-nec cesMoynes qui les ont ici appelés fanstai fon : voici ce qui eft contenu en noftre Côfef lion de Foy,touchât cefte matière,en l’Article ,, xxxvij.Nous croyons que tât en la Cenequau « Baptçlme Dieu nous donne réellement lt;5^^^

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.61

efFeót ce qu’il y figure,amp;c.Or les Moynes pren “ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘

nent réellement, pour charnellement amp;nbsp;corporellement : amp;: nous le prenons pour,veritable-ment, à fin qu’il ne femble qu’au lieu de la vérité amp;nbsp;de l’ened nous mettions imagination, ou nue penfee , ainfi que nous le déclarons en l’article xxxvj. de notlre Confeffion. Par ainfi nous maintenos qu’il ne faut pas que le Corps de lefus Chrift parte du Ciel pour faire que nous en iouïirions par Foy,par l’efficace amp;nbsp;ver tu du S.EfpritiLaquelle iôuïflance eft d’autant plus reelle amp;vraye,qu’elle eft faite par l’operation du S. Efprit. Car fi pour voir le foleil il ne faut, ou, que le foleil defcêde en terre, ou,que

1 noftre œil monte au, Ciehmais noftre œil illuminé par les rayons dü.$oleil,eftcd fa veyc iuf-ques là, amp;nbsp;le voit reellemét amp;nbsp;vrayemét, non-obftant la diftace des lieux; à plus forte raifon, nous voyos fpirituellemét amp;nbsp;par Foy le Corps

. I çle lefus Chrift eftät au Ciel, lequel par ce mo-

' yen eft prefent aux yeux de noftre Foy, amp;nbsp;en iouïifons fpirituellement,combien que corporellement il foit aüCiel,amp; nous foyons corporellement en terre. Or s’ils l’aiment mieux en-

, tendre de S.Auguftin que de nous, voila com-

I met il a vfé de cefte fimilitudeiL’ame dit-il, ne voit elle pas le Soleil auCiel?Vit-elle pour ce-U au Ciel„veu que le fens n’eft pas fans la vie? * , nbsp;nbsp;nbsp;En vn autre lieu,parlant de cefte matiercjil dit

; ainfi'.Il fe faut, dit-il,approcher de Chrift,non 11 nbsp;nbsp;de noftre chair,mais du cœur:non de la preiepr

. ce du corps,mais de la puilfance de la Fôy,ainfi

r 3 que

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iSi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTlpÏE XXXV.

que le CentVnier. Au refte ,il faut entendre le «Mß.jo. iuot,recllemét,cn cefte qu«llion,felô la nature amp;proprieté de ce dont on parle.Quâd on parle de la prescee reelleamp;corporelle duCorps de le fusChtiftjclle ne peut eftre ailleurs qu’au Ciel. Car la nature d’vn vray corps, tel que celui de lefus Chrift, requiert cela, amp;nbsp;ne foufFre qu’vn corps-foit reellemét, amp;nbsp;corpprellemct prefent en di'uers lieux en mefme temps;ainfi que nous aUó^ maintenu, amp;prouué Cy delFus.Mais fi on demade commet le Corps de lefus Chrift peut eftre prefent à noftre amc: veu que noftre ame ' eft d’vne nature fpirituelle gt;nbsp;amp;nbsp;partant du tout incapable à receuoir corporellement vn corps (autrement elle ne fer oit |)lus ame.) Certes il fâut dire de toute neceflitejqu’vne telle prefen ce ne peut eftre que fpirituelle. Corne auffil A Ef b.5. nbsp;nbsp;poftte éït,t[WlefusChrifi habite en nos cœurs

Serm. de foj,8ilesA.nciês l’ont ainfi entédurmefmeS.Au temf .gufpiu parle ain(ï:Qui croit en lefus Chrift) lefusChrift.Non que le Corps de lefus

Chrift foit changé en Efprit ,mais parce que h nature de l’ame eft Ipirituclle, corne auons dit. Pareillement, fi on demande cornent vn corps peut eftreconioindà vn autre corps,il fera facile à refpôdre que telle coiondion efteorpo-- - relie : mais la conionétion du Corps de lefus

Chrift auec noftre ame,he peut eftre corporelle ; autremét il faudroit que noftre ame fuft vu corps:amp; partit vne telle coniondion eftfpin-tueîle : amp;nbsp;ne laifle pas d’eftre reelle amp;nbsp;vrayf' Voire d’autatplus vrayequil n’eftpasicique-üioo

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response; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tSf

ftion de l’œuure de naturcjmais de l’efficace Sc vertu du faint Efpritjduquelles œuures ne pea uent eftre que trefvrayes,encor qu’elles foyenf trefadmirables. Ilya auffi à confiderer en ce fainól Myftere,que combien que le Corps amp;nbsp;le Sâg de Chrift nous foyent propofés pour nous amener à la mémoire amp;nbsp;connderation de fa mort,amp; de tout ce qu’il a accompli en fa natu* re humaine pour noftre redéptionffi eft-ce que il nous faut venir à la fource de noftre vie, qui eft la diuine vertu de IefusChrift,ainfi qu’il dit lui-mefme,parlant de ce Myftere,que c-efil'E--vinifie. Or nous fauons que la diuinité n’eft enclofe ni enfermee en aucun lieu. Mais comme elle eft par tout,amp; contient tout, auffi elle habite és fideles d’vne prefence fpeciale* que les Théologiens appellee,prefixce deface, laquelle, fans doute,a vne trefgrande efficace alors que les fideles, communiquent par vraye foy au Sacrement de lafainifte Cene.Sur quoy nous auons grandement à nous esbahir de la doôlrine de l’Eglife Romainexar ils enfeignêc • qu’en ce faind Sacrement eft auffi la Diuinité de lefus Chrift,mais par Concomitâce,à caufe du Corps (dequoy nous auons traitté ci deuât) pourquoy ne difent-ils pluftoft,que laDiuinité de lefus Chrift, qui n’abandonne iamais l’hu-manité(encor que l’humanité ne foit par tout) eftant prefente à noftre ame, la rend vray emét participante du corps amp;nbsp;du fang d’iceluijpour, par ce moyen,nous taire iouïr de la vie eternel le;Les Moynes difent,que la foy ne fait les œu

Utes

r 4

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1^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICII XXXV.

ures de Dieu,mais les cognoit amp;nbsp;reçoit:amp; qüC elle eft lacaufe partiale amp;nbsp;néceflaire, par laquelle rEuchariftieamp;femblatlesMyfteres font cognus,adminiftrcs,amp; receus en falut:(ce font lours-paroles) Qu'ils cófelïent doncauec nous, que la-foy eft celte caufe partiale , ou pluftoft, l’inftrumenc duquel l’Efprit de Dieu fe fert, pour faire que leCorps delcfusChrift foit pre» fentàawftre ame,amp;foit receu par elle, fans qu'il faille, pour cela, qu il foit corporellement prefenten terre. Car, peut.eftrejfeftiment-ils ' pas que le fainél Efprit^Sc la foy puilfent eftrfi empefchçs par la diftâce dcslieux:fi toutesfois ils fçaucnt que c’eft.que Foy. Mais nous craignons, que comme en ce Sacrement ils propo-feht vn Pain ,quj n’eft plus pain , amp;nbsp;vn Corps, qui n'cft plus corps: aulli ils parlent d'vne Foy, qui ne foit pas foy,mais vneiimple amp;nue imagination, qui voltige en leur cerueau, fans aucun fondemét.Mais s’ils s’entendent eux-mef-mesjils difent,fans y péfer,ce que nous difons.

Jls ont voulu alléguer ce qui eft dit en l’Epi-ftre aux Hebrieux, que parfoj/nous entendotu ^ue le f Siècles ont eile' ordonnés par la parole dt Dieu ce qui eft bien vray. Mais ils deuoyent regarder le commencement de ce Chapitre, pour y voit la cpnfirmation du dire de Caluin, jjj réfutation de leur erreur:/,^/o^,dit l’Apo ftre, efi Ijnefubfislance des chofes qu’on elpere, demoinilrance des chofes quon ne void point. Et I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(Jeffus, il allégué la foy des Anciens, amp;nbsp;mef-

mç de Moyfc,qui préféra l’opprobre de Chrift aux

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RESPONSE. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2^5

»ux thrcfots d’Egypte. Que donc nos Moynes nient (s’ils ofent) que lefiis Chrift ait efté pre-fent à lafoy de Moyfe , combien que fort long temps apres lefus Chrift ait efté manifefté au monde : amp;nbsp;qu’ils nous expofent le fens de ces mots dont vie TApoftre^quand il dit^que lafoy eß vne fubfi^ance des chafes cju'on eifere. Item 3 Ioau.S. qu’ils déclarent de quels yeux Abraham a veu le iour de lefus Chrift 3 amp;nbsp;s’cn eft efiouï : amp;nbsp;de quelle bouche les Anciens Peres fous l’ancien Teftament ont mangé vnemefme viande fpi-rituelle, amp;nbsp;ont beud’vn mefme bruuage Ipi- i.cor.io, rituel que nous , ainfi que dit S. Paul 3 fuiuant Jnffij. mefme l’expolîtion deS.Auguftin. Et fur tout cela qu’ils apprennent comment il faut entendre ce que dit S. lean en fon Apocalypfe 3 que /e/us Chriß a efie occis dés la fondation du mode.

Pour la fin 3 ils difent qu’ils n’eft licite de croire que les chofts de faiét feparces de lieu, font enfemble en vérité fans bouger d’vn lieu: fi Dieu nele dit exprelTement en fon Eglife.Or par ce que Dieu a dit à fon Eglife ce qui eft ne-celfaire pour lefalut d’icelle, amp;nbsp;comme dit S. reni.l.T.A. Auguftin,ce quincpeut eftre ignoré fans dan-ger, eft trefclairement contenu en l’Efcriture: qu’ils nous monftrcnt donc où c’eft que Dieu a dit exprelTement, qu’en la Cene du Seigneur le Pain perd fa fubftâce,amp; retient fes accidens: que celle fubftance du Pain eft conuertie au Corps deChrift:que ce Corps y eft fans fa quâ-tité amp;nbsp;fes dimenfions , amp;nbsp;fans fes autres acci-dens:que ce Corps eft en mefme teps au cieLSe

en

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i.66 ARTICLE XXXV.

en lieux innumerables en la terretamp;cHofes fem blables : que tant s'en faut qu'elles ayent efté dites expreifement, que pluftoft le Seigneur a dit exprelïement tout le côtraire. Item, s'ils ne veulent que les chofes feparees de lieu foyent enfemble en vérité : pourquoy donc trouuent-ils licite qu’vne mefme chofe foit en lieux di-ftans amp;nbsp;feparés,comme ils difent que le Corps delefusClirift e(l:ou,qu’ils produifent quelque raifon, pour mettre difference entre ces deux» efquels nous voyons vne mefme raifon : non pas raifon de verité,mais raifon d’abfurdité.

Finalement, comme nous auons expofé l'opinion de Caluin en cell article , nous leur demandons auflîde noftre part l'expofition d’vne priere qu'ils font en leur Meffe, qui contient Stfpflices ces mots:Nous te fuppliôs. Dieu tout puilfantj ttrogimut commande que cescnofes foyent portées pat les mains du S. Ange en ton haut Autel, en la prefence de ta diuine Maiefté. Qu'ils nous de-clarct qui font ces chofes que l'Ange doit potter au ciel;amp; fi elles y font portées réellement, amp;nbsp;veritablemét:amp;,comment il eft pollible que elles foyent en leur Autel,amp; neantmoins foyét portées ailleurs,amp; foyent prefentes réellement au ciel comme en terre: amp;nbsp;fi ces chofes peuuét eftre portées fans mouuement local : amp;com-ment il fe pourra-faire en vn tel mouuement, C4».7’4m- que la chofe-parte d vn^lieu, amp;nbsp;toutesfois n’en bouge.D’auantage, nous leur demandons l’ex-fanguis.de pofition de CCS Canons,qui font en leur decret anfdi.t. (amp; que Hous leur duos défia oppofés ci deifus) où

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;267

où il eft dit,que celui qui doit eftre conioint au Corps de IefusChrift,en la perception de TEu-chariftie , eft raui en ce mefme inftant iufques au ciel, pour y receuoir de la main de lefus Chriftifa chair amp;nbsp;fon fang. Que donqucsils penfent à ces chofes, amp;nbsp;mettét peine à s'accor der entre eux-mefmes, pluftoft que de cercher çà amp;nbsp;là de péris fragmens,amp; morceaux des ef-crits de Caluin,lefquels ils veulent pluftoft calomnier, que les bien entendre : amp;nbsp;les peuuent pluftoft mordrc,que les bien digerer.

ARTIC'LE XXXVI.

le conféré les peche's efije dißin^s,felon la traf gtejfton , les vns mortels, comme, deßr de patllar-derdes autres Tjeniels,comme tefmotion à paillar-dife,fans le defir confentcment.Et pource ie de-teße la doürine des Pretendans , qui ont dit tous les pechû des eßeus eßre veniels,amp;tous ceux des reprouue's eßre mortels.

t-ccLea^.i.

'Prouer.

14.6.

6.

Cul.l.i.c.i.

RESPONSE.

Les Moynes parlent d’vnc mefme chofe en ceft Article, amp;nbsp;au xxxix. encor qu’il y ait de la contrariété en leur dodrinc: parce qu’ils tiennent ici la Concupifcence pour péché veniel: amp;nbsp;là ils afferment qu’elle n’eft aucunement péché, fi on parle proprement. Partant il nous faut réfuter leurs erreurs.Mais parce que felon leur couftume ils attaquent nommément Cal-uin,il ne faut autre chofe,pour les réfuter, que reciter fes paroles au lieu qu’ils cottent.

Que les enfans deDieu rccognoiffent,dit-il, ^4/ /1 c 8 que tout péché eft mortel, veu que c’eft rebel-

lion

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Z63 ARTICLE XXXVI.

lion contre la Loy de Dieu,laquelle necclTairé-jnent prouoque fon ire:veu que c^eft tranfgref-ßon de la Loy fur laquelle eft denocee la mort eternelle,fans exception aucune. Touchât des péchés que commettent les fainéts amp;nbsp;fideles, ils font bien veniels,mais c'eft de lamifcricor-de de Dieu,amp; non pas de leur nature.

Voila qu'il en dit : ce qui eft fuffifant pour fermer la bouche à ces calomniateurs,qui non feulement recitent à demi les chofes qu’ils veu lent reprendre, mais auffi s’efforcent de tiret les mots en autre fens,qu’ils n’ont efté dits.

Quant à la diftinélion des péchés Veniels amp;nbsp;Mortels dont ils parlent, amp;nbsp;au fens qu’ils en parlent, nous ne la pouuons approuuer. Car combien que l’Efcriture en feigne qu’il y avn péché, qui eft, comme d’vne façon peculiere, appellé péché à mort ; affauoir,le péché contre le S.Efprit, duquel il eft nommément parlé en l’Euangile : toutesfois , nous fommes auffi ad-uertis , que tous péchés eftans confiderés en cux-mefmes, méritent la mort ( combien que les péchés ne foyent efgaux,ny leurs peines ef-gales) départant qu’il eft neceffaire,pour noftre falut, qu’ils nous foyent pardonnés par la mi-fericorde de Dieu.

Pour entendre cela, il nous faut noter, que comme pour accomplir la Loy , il ne fuffit de ne faire pas ce quelle defend, mais il faut auffi faire ce qu’elle commande : auffi que ceux-là font defobeiffans à la Loy, non feulement qui font ce qu’elle defend, mais qui ne font pas ce qu’elle

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i6y

quelle commande. La raifon eft, que c’eft vne * mefme Loy:amp; vn mefme Legiflateur,qui veut autant eftre obéi en ce qu^il commande, qu’en ce qu’il defend. Et partant le Pfalmifte nous voulant recommander robeilfance que nous deuons à Dieu, amp;nbsp;ayant dit, que ceftui-là eft heureux, qui ne fuit pas le train amp;nbsp;façon de vi-ure des mefchans,adioufte incontinent, qu’il a fon cœur en la Loy de Dieu, amp;nbsp;qu’il y médité iouramp; nuiâzàfin de produire des friiids felon icelle. Et en vn autre lieu,fuj le mal, dit-il, p-C^faj le bien. Or faind lean dit, fur cela , que celui qui fait péché ,fait iniquité , qu iniquité’ efl ce qui efl contre la Loy, Dont il s’enfuit que les péchés qu’ils appellent Veniels, font faits contre la Loy;ce qu’aufli ils ne nient pas,quâd ils les appellent péchés. D’auâtage,fainôl lac- lo.c.t; ques dit, que celui qut a failli en vn poinél, efi coulpable de tous. Maintenant donc efcoutons la fentence qui eft prononcée contre les tranf-greffcurs de la Loy , amp;nbsp;recitee par l’Apoftre S.

Paul: ,

Maudit efi quiconque nefi permanent en tou~ GsL^. tes les chofes qui font efcrites au Hure de la Loy, ^^’*^•’■7. pour les faire.

L‘ame qui pechera,icelle mourra. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.Cor.ij.'

L’efguillon de la mort,c efipéché,

p^^bie'tcefi la mort:amp;c autres lieux femblables. Dont nous concluons , que fi les péchés font balancés felon la iuftice de Dieu, combien que les vus foyct plus grands que les autres : ft eft-çe qu’il n’y en a point qui foyent petis

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xyo nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXVI.

petis:puis que par iceux celui qui eftTref-grSdi voire qui eft Eternel, eft ofFenfe : amp;nbsp;partant la peine deiie iuftemeut au péché , eft eternelle. Et parce que pour exêple les Moynes ont choi-fi le péché de paillardife, amp;nbsp;content pour vn péché Veniel, l’efmotion à paillardife , qui eftgt; difent-ils,fans defir amp;nbsp;confentemenf.quhls re-fpondétjfi vne telle efmotion eft contre laLoy, ou non.Si elle n'eft contre laLoy,ce n’eft donc pas peché,amp; toutesfois ils l’appellent péché.Si elle eft contre la Loy ,elle merite donc en foy la mort eternelle, fuiuant la fentence qui en a efté prononcée.

Exod.io,

Mat th.

K®’’’-/«

Voire,maisjdiront-ils,ce n’eft nil’adejnele defir amp;confentemcnt:ce qui eft défendu parla Loy.Nous refpôdons deux chofes. En premiet lieu, quand Dieu dit en fa Loy:7« ne connoite^ ras point ; il ne condamne pas feulement le defir auec confentement ( car cela eft défia compris és autres commandemens,fuiuant l’expo-fition qui en a efté donnée par lefus Chrift) mais auffi ces premiers mouuemens qui procèdent de la corruption amp;nbsp;peruerfité de noftre nature. Tefmoince qui eft déclaré parfainét Paul, quand il dit, que la chair conuoite contre f Esprit : tellement que nous ne faisons pas ce que npus voulons. Et en vn autre lieu ; apres auoir protefté, que ce commandement,7» teraspoint : lui auoit fait de plus pres cognoi-ftre les defauts qui eftoyent en lui : adioufte ces mots-.Ietroutteitiït-ï\,quand ie vneilfaire le bientque le malen moj. Car iepren plaiftrà U

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;271

de Dieu^^uant à Fhemme de dedans, mais ie “Voy une autre Loy en mes membres ^bataillant contre la Loy de mon entendement^ô' me rendant ca-' ftif ala Loy depeche'i qui efl en mes membres. Et vn peu apres : le Çers donc de h entendement a la Loy de Diei4-gt;mais de la chair ^àla Loy depe~ ché.^a.t ces paroles fainét Paul monftre euidem ment,que non feulement ces cfmotions , dont . les Moynes parlent, mais auffi la tardiueté de noftre nature, amp;nbsp;les empefchemens que nous fcntons en nouf-mefmes, pour ne rédre à Dieu la prompte amp;nbsp;entière obéfifance que nous lui deuons,font appelles péché, amp;nbsp;condamnés par ce fondement, 7“« ne connoiteras point. Car il n’eft aucunement vray-femblable que S. Paul parle là du defir de pecher auec confentement de la volonté, veu qu'il dit, qu’il vouloir faire le bien, amp;nbsp;qu’il prend plaifir à la Loy de Dieu, quant à l’homme interieur:eftant tout certain, que le defir auec confentement de volonté, ne peut eftre de bien amp;nbsp;de mal faire ,tout enfem^ ble. loind qu’on ne côuoite point fans defirer, amp;que l’efmotion telle que nos Moynes deferi-uent,aflauoir,qui foit du tout fans defir amp;nbsp;affe ftion , ne peut iamais eftre : amp;nbsp;le mot mefme d’efmotion le fignifie alfez. Mais il femble que les Moynes ne fentent pas quand ils font ef-meus.

Certes fi l’efmotion eft la fource des péchés mortels , il n’y a point de raifon de dire, quelle neft pas péché mortel elle-mefme:eftât icelle vn certain effeél de la corruption de no-l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ûre

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17i ARTICLE X X X V r.

ftie nature, pat laquelle la mort eft entree au monde.

En fécond lieu,nous refpondons,que ce n’eft affez de ne faire pas ce qui eft défendu : card faut faire ce qui eft commandé, fùiuant ce que nous auons dit. Or eft-il que Dieu commande que nous l'aimiôs de tout noftre cœur,de tou-. te noftre ame, de toute noftre penfee,ainfi que dit lefus Chrift. Dont S. Auguftin tire celle Defierf^7 coclufioniTandis qu'il y a en nous,dit-il,quel-Ju^it.cotr. refte de concupifcence,Dieu n'eft pas aimé Celeft. de toute noftre ame. Car la chair ne conuoite point fans Tame, combien qu’il foit dit, que U chair conuoite, par ce que lame conuoite chat nellement. Puis, ayant dit que nous aimerons Dieu de tout noftre cœur en la vie et er neile, il vfe de ces mots: Pourquoy cefte perfeélion ne fera-elle commandée à l’homme, combien que nul ne l’ait en cefte vie?Car on ne court iannais bien,fi on ne fçait iufques où il faut courir. Ce font fes paroles. Veu donc que ces efmotions dont les Moynes parlent,occupent,fi non tou*^ te noftre ame amp;nbsp;penfee,au moins partie d’iceh le,pour nepouuoir pleinemét adherer à Dieu! il s’enfuit, qu’elles nous gardent d’aimer Dieu comme il nous eft commandé : amp;nbsp;partant font autant de trâfgreffions contre la Loy, defquel-les lé falaire eft la mort, comme nous en auonS ouï la fentence ci deifus. Partant fainéh Au-guftin difoit ainfi : La Loy dit, 'TuneconuoM' conc.lfi, c nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11” 4”® cognoilfans que nous foni'

’ mes malades de cefte maladie, nous cerchions la

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Response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*7/

la medecine de grace : amp;nbsp;que nous entendions par ce commandement, où c'eft que nous de-uons afpirer en cefte vie mortelle , amp;nbsp;où c’eft que nous paruieiidrons en la félicité eternel-

Sur quoy nous fommes contraints de deplo-ter la dangereufe ignorance de telles gens,qui parleur doôlrinedonnent couuerture au pe-» ché, tant qu’ils peuuentjau lieu qu’on ne fçau-* toit trop V fer de bons remedes pour le reprimer. Certes c’eft tout ainfi comme d’vn arbre fouftenu amp;nbsp;nourri de fes racineSjCntre lefqueU les celles qui femblent les plus petites, font les premieres àtiterlefuc de la terre, pour l’en-uoÿer au tronc» Auffi ces premiers mouuemens de péché, qui femblent en apparence eftre fi peu de chofe,font ceux qui nourriifent amp;nbsp;font , croiftre les péchés en nous. Partant voulons-^ nous faire mourir le tronc,amp; les branchesîtafs chôs de couper à bon efeient les premieres ra-cines:amp; ne faifons pas comme les Moynes,qui pat ce beau nom de péché veniel,font fembîiC de vouloir tetrancher le péché, mais (pour dite ce qui en eft) c’eft auee vn coufteau de plób^ amp;nbsp;non pas auec le glaiue que la parole de Dieu hous prefertte pour ceft ert'eét.

Nous confelfoils que les anciens ont vfé de ce nom, Veniel ; mais ce n’a efté , ni en tel fens, ni pour en tirer la confequence qUe ces Moynes font. Car ils appelloycnt Veniels, les péchés qui n eftoyent pas commis publiquement amp;nbsp;auee le fcandalc de l’Eglife, pour lef-s quels

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174 ARTICLE XXXVI.

quels 3 felon l’ancienne Difeipline Ecclefiafti-que, il faloit faire reparation deuât tous. Mais ils ne nioyent pas, que de leur nature ils méritent la mort, felon le iufteiugement de Dieu; amp;nbsp;neantmoins ne font imputés à ceux qui par ■vraye foy recourans au lang de lefus Chnft, en demandent pardon à Dieu:Ce que nous entendrons mieux par les paroles de S.Auguftin, difant ainfi: Il y a,dit-il,vne penitéce des bons amp;nbsp;humbles fideles,qui leur eft ordinaire,en laquelle, frappans noltre poiélrine, nous difons: pardonne-nous nos off^enfis 3 comme nous pardonnons à ceux e]ui nous ont offenfés. Puis il ad-ioufte:Si tels péchés font en grand neSbre, dit-il 3 ils nous peuuent autant opprimer , comme quelque grand péché. Car quelle differencey a-il 3 fi on fait naufrage, eftant fubmergé tout d’vn coup par vn grand flot 3 ou fi cela fe fait» l’eau entrant peu à peu dedans le Nauire, iuf-qu’à ce qu’il coule aufondsîC’eft donc ce qu’il en dit,pour nous faire entédre 3 que les péchés qui fembleut petis en apparcce, font d’autant plus dangereux 3 que moins on y prend garde ordinairemét. Voila donc ce que nous tenons des.pechés,qui tous de leur nature méritent la mort 3 mais nous font faits veniels par la mife-ricorde de Dieu, qui les nous pardonne. Celle doélrineefl: aufli loin des calomniesMonacha-les , comme elle eft au deflus de toutes leurs obieéfions ; ayant vn tresferme amp;nbsp;afl’euré fondement en la parole de Dieu, duquel la grace reluit', non pas en la diminution des péchés gt;nbsp;(corn j

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;27J

(comme les Moynes enfeignent) mais en Ja vraye recognoiflance d'iceux.

article « X Ï V 11.

Ie confej/i cju Ad um a este creefatn , nbsp;nbsp;fainEl Gen. r.iö,

enfoM ame,amp; an corps ayant ponnotrnepecher point,s'il eiffl voulu,deparuenir auec titls dons de Dieu d falut. Parcjuoy te anathematiz.e Cal-fiin , cjui efcrtt, que combien que l'homme fuß de-meure en fon intégrité, que ce neantmoins fa condition eH-ott trop bafe, pour pouuoirparuentr d Dieu.

R F, s tgt; O N s Ê.

S'il eftoit auffi difficile de calomnier vnc rare vertu , que de l’imiter , ces Moynes ne par-leroyent pas fi Iduuent de Caluin comme ils font.Nous fommes tous d’accordj qii’Adam a efté créé en innocence amp;nbsp;droiture, Sc qu’il en eft defcheu par fa faute. Dequoy donc fert-il à ces Abiureurs, de difputer de ce qui euft eilé fl Adam n’euft pas péché? Voire meîmes de fon der vu Article de foy fur vne condition, amp;nbsp;fur vu,fl,qui ne fut onques, qui n’eft pas,amp; qui ne Iferaiamais? Partant nous laitrions celée foy mal conditionnée , amp;nbsp;digne de ces nouueaux Profeifeurs de foy , fans en parler d’auantage, n’eftoit qu’ils ont recerché vne occafion de calomnier les efcrits de lean Caluin,fous couleur de celt Article. Car ils voudroyent faire accroire qu’il a elle aulTiignorant epu’eux, parlât des moyens par lefquels Adam eull deu par-uenir a falut, s’il fuit demeuré en fon integri-

1 te. Comme fi n’ayant point de péché , il eult 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s i eu

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27lt;î ARTICLE XXXVII.

eu befoin d’eftre fauué comme nous. Et certes ils meritoyent d’auoir le fouet en leur cf-chole amp;nbsp;par leur Maiftre des Sentences, qui fe D. garde bien de parler ainfi : mais dit, qu’Adam, s’iln’euft pas péché, en fin euft eftc transfère en vn eftatplus grand amp;meilleur.CaIuin donc, au palTage qu’ils ont cotte, ne veut pas entrer en vne queïtion curieufe, touchant Adam cas qu’il euft perfeueré en fon innocence (laif-fant telles curiofités au Maiftre des Sentences, amp;nbsp;aux Doéleurs Contemplatifs ) mais pout amplifier la grace que Dieu a faite au genre humain , quand il a enuoy é fon Fils vnique au monde,amp; a voulu qu’il veftift noftre nature, il dit,que par ce moyen- là nous fommes plus approchés de Dieu, que fi Adam fuft demeuré îans peché;D’autant que n’ayant le Mediateur que nous auons, il n’euft iamais peu paruenir à vne fi grande vnion auec la nature Diuine, comme eft celle que nous auons par le moyen de lefus Chrift,qui a adioind à foy noftre nature en vnion de Perfonne.Et que telle ait efté l’intention de Caluin , il fera facile à iuger pat fes paroles,qui font telles:

reftoit nulremede,que tout ne fuft •s-Cai. defefperé,finon que la Maiefté mefme de Dieu ScH.i, defeendift à nous, puis qu’il n’eftoir pas en j

noftre pouuoir de monter à icelle. Parquoyil a fallu que le Fils de Dieu nous fuft fait Immanuel , c’eft à dire , Dieu auec nous » voireà telle condition , que faDiuinité amp;nbsp;la nature 4es hommes fuITent vnies enfemblc : autre

ment I

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ 277

ment 5 il n’y euft point eu de voifinage affez prochain , ne d’affinité allez ferme, pour nous faire efperer que Dieu habitai!: auec nous.Car nos ordures , amp;nbsp;fa pureté failbyent vn trop grand diuorce. Encor que l’homme full: demeuré en fon intégrité , 11 eft-ceque fa condition eftoit trop balfejpour paruenirà Dieu: combien moins s’eft-il peu efleuer en tel degré J apres s’eftre plongé , par fa ruïne mortelle, en la mort amp;nbsp;aux Enfers ? Voila les mots de Caluin, felon la verfion Françoife : amp;nbsp;en l’original Latin il y a encores ces mots : Sine Me-titatore : c’eft à dire , que n’ayant le Mediateur que nous auons , il n’euft peu paruenirà Dieu en tel degré comme noftre nature eft parue-nue par l’vnion qu’elle a auec la Diuinité en la Perfonne de lefus Chrift. Car la propre figni-fication de ce mot, paruenir, doit eftre bien poifee. Le fens donc de Caluin eft trefclair, amp;nbsp;conforme à ce que dit l’Apoftre aux Hebrieux, que le Fils Eternel de Dtett n a pas pris les An-pes, mais a pris la Semence d‘Abraham en v-nion de Perfonne. Et par ce moyen noftre nature eft approchée de Dieu beaucoup plus pres que la nature Angelique , combien qu’elle foit tref-heureufe.Mais cesMoyneSjà qui l’en-uie de calomnier a bandé les yeux, n’ont peu Voir vne chofe qui toutesfois eft alTez claire de foy, amp;nbsp;ont penfé que ces mots , de paruenir à Dieu, dont vfe Caluin , fignifiaflent paruenir à falut, comme fl Adam demeurant en fou intégrité,euftefté clloigné de Dieu, amp;nbsp;55 de

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iyS article XXXVII.

de fon falut : c'eft à dircj euft efté fans pêché amp;nbsp;j pecheur tout cnfemble, (car on fçait alfez que Ie mot de falut emporte) qui eft vue lourdife autant digne de ces Moynes , qifeftoigneede l’intention de Caluin : lequel n’a voulu autre chofe^qu’oppofer la balle condition de l’hom-ne , voire en fa premiere creation , à la grandeur de la tref-haute Maiefté de Dieu. Or fi ces Moynes lifoyent auffi fouuent l’Efcriture Sainde, comme , peut eftre, ils difent leurs Heures , ils auroyent veu ces belles fentences en lob '.Il netroHue point fermeté enfes ferui' teurs, iitge foUe eÜre en fes ^nges , combien plus en ceux t]ui demeurent és matfons d’af^ gilelitè'. Une trouuepointfermete'en fes Saindsi

les deux ne font point nets deuant lui : amp;nbsp;aU- , tres femblables. Au refte, pour voir ce que j Caluin a creu de l’intégrité d’Adam , amp;nbsp;de l’excellence en laquelle il a efté créé , nous prions les Leéteurs de lire le xv. chap, du premier liure de fon Inftitution : ou ils trouue-ront plus d’inftrudion , qu’és Anathèmes vains amp;nbsp;ridicules de ces Moynes , amp;nbsp;qu’en i toutes leurs calomnies , par lefquelles ils n’ef- | faceront iamais la lumière de la vérité: mais leur aduiendra ce qui fe dit en commun pro-uerbe : que les Chiens abbayent la Lune. Car ils ne feront, par toutes leurs calomnies, que fe rompre latefte en vain, amp;nbsp;à ceux qui les orront.

ARTICLE XXXVIII.

IX.

le croy par le péché aélueldu premier kommt, lepe I

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;279

lepeche erigintl auoir eH'é transfus (S' derittéett tons par ortgine naturelle , S' particulièrement propre a vn chacun en naijfant naturellement, ßgt;-non que Dieu ait voulu en exentpter aucun. Par ce péché , nous fommes ennemis de Dieu priue's de IU slice originelle. S' enclins à mal, (Sr de nous impotens à operer fainélement .• donc nous auons heÇoin du Baptefme , p»r lequel Le péché originel efi proprement remis en thomme régénéré. Et parce te deteéle les Pelagiens , qui éont nié, S-atténué , Sr au contraire les Pretendans, qui l’exa-gerent, renforcent auec les Origeniéles , au grand amp;nbsp;z. «.3. rabais S' inturedela tref-ejjicacegrace de nofire Mediateur, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»

Parians du péché originel qui eft propre à vn chacun,ils adiouftent cefte exception ; finon, difent-ils,que Dieu en ait voulu exempter aucun. Or parce qu'ils parlent de la façon de nai ftre,qui efl: naturelle,cefl:e exception n'a point de lieu.Car la Sentence generale en a efté prononcée par S.Paul,difant,que par vn homme le péché eß entré au mode. S' par le péché la mort .-S' ainß,A\t-\\,la mort efl paruenuefur tous les homes en condamnation. En quoy lefus Chrift n'a peu eftrc compris , d'autât qu’il n’a pas efté conceu à la façon ordinaire des hommes , mais fuper-naturellement,par la vertu du fainél Efprit.Ec partant cefte exception eft non feulement inutile , mais aufti erronee. Car la où il appert de La volonté de Dieu par fa parole , il ne faurpas imaginer vne volonté contraire à icelle. Mais

s 4 nus

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i.8a ARTICLE XXXVIII.

pos Moynes,ne Tofans franchement dire,veult; lent neantmoins entendre,que lafainéle Vierge mere de lefusChrift a efté conceuë fans péché origineherpeur vrayemétMonachal,amp; qui défia a efté réfuté ci delfus en TArticle v. que nous prions les tecleurs de reuoir pour ceft cffçéf.

R ««.T,

X,»w.5. tfh.i. j.Citr.if, Kow.8.

Quant à ce que ces bons aduocats depe-çhénous accufent, de trop exaggerer le péché originel, ils tefmoignét par là qu'ils n'ont encores appris combien le péché eft defagrea-ble à Dieu, puis qu’ils n’en veulent parler qu'a demi bouche , amp;nbsp;font bien elloignés de faind: Pauhqui gemilfant en foy-mefme, pource qu’il fenioit en foy le refte de noftre corruption ns' tutelle , s'eferioit ainli : Las' moy homme rable, qui me dtlturera du corps de ceïtemord Ces meflieurs le reprendroyent volontiers de trop exaggerer vne chofe qui leur femble fort legere. Quant à nous, nous parlons du peche originel apres TEferiture fainde, amp;nbsp;auectous les bons Théologiens. Si donc çe péché a attiré fur tous hommes la condemnation de mort eterneile ; s’il fait que nous tous naiflons enfahs d’ire :fi par lui tous les hommes meurent en Adam : s’il eft çaufe que Taffedion de la chair eft mort : h c’eft la fource des œuures de la chair,qui font,adultere,paillardife,fouil’ leure, dilîolution , idolatrie, querelles, meurtres, amp;nbsp;chofes femblables , comme dit S. Paul en plufieurs lieux: nous concluons auec ce que le mçfme Apoftre dit aux Romains, quegt;7/^«t

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iSï

lt;^ue toute bouche fait fermee,ç^ que tout le monde fait coulpable deuant Dieu. Et fiiiuant cela^qu’il faut auffi que la bouche de ces MoyneSjflat-teurs amp;nbsp;fauteurs du péché , foit fermee à leur confufion, amp;nbsp;à la gloire de Dieu. Car tant s’en faut que nous côfentions auec lesOrigeniftes, ou que noftre Dodrine rabailfe la grace de Dieu, qu’au contraire plus nous recognoiiî’ons la grandeur du péché originel,amp; plus nous admirons amp;nbsp;célébrons le benefice de noftre

Seigneur lefus Chrift,qui non feulement ne nous impute la coulpe qui nous en refte, mais, par fa finguliere mifericorde , amp;nbsp;par le merite de reffufion de fon précieux fang, nous laue de tous nos péchés,comme dit S.Iean:à fin que le dire de S. Paul foit accompli, que ou lepeche'a ubonde'da grace y a encores plus abondé.

ARTICLE XXXIX.

/e Confe^Te la concuptCcence eslre vn mal, zlt;ne „ ■ JT a. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S 11- nbsp;nbsp;nbsp;■ ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

t»iperjettion,'vn vtce,amp; obUquttCtOUgauchiffeure en rappétit fenfuel contre la feigneurie del’amCiCt contre la Lay de Dieu,laquelle cocupifcence,apres Klt;»n-7.t7. la regeneration,n efi aucunement péché proprentet, fi le conÇentemét de la portion fuperieure de l'ame ri y interment. Et pource labiure la Doctrine des Pretendans, qui au grand preiudtce amp;nbsp;deshoneur ^‘aato^de de l’efficace grace de nosire Seigneur,^ au grand ^cöw^ipcet ellabliffiement du regne de peche, la mainttennent ùa ) de proprement peche' es fideles, aujfi bien qu’és infide-les tfiefaifians, ce neantmoins, fauffiement a croire que^ cepe concupificence proprement, felon eux pe~ (he, K efiplus atnfi repute'péché au vray iugcment

4^

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181 de Dieu.


ARTICLE XXXIX.


RESPONSE.

Nous auons aduerti en TArticle xxxvj. que les Moynes ne s’cfcoutent pas bien eux-mef-mes en ces deux Articles : Parce que là parlans des mouuemens à pechc,fans que le confente-ment y foit adiouftéjils les appelloyent péchés veniels : amp;nbsp;maintenant ils font grand fcrupule de les appeller feulement Péchés. Et là dell’us ils abiurent noftre Doélrine , par ce que nous ne croyons pas comme eux:ne confiderans pas que veu les contrariétés qui font en leurs paroles,nous ne fçaurios eftre auec eux,que nous ne leur foyons contraires. Or c’éft peu de cho-fe quhls fe contredifent, car cela leur elf allez ordinaire : mais le pis eft, qu’ils contredifent à la parole de Dieu : Ce qui nous fera aifé à co-gnoiftre, fi nous nous fouuenons des chofes qui ont efté traitées prochainement tant de la concupifcence, fur r Article xxxvj. que dupe-ché originel en l’Article precedent.

Ils confiderent la concupifcence en deux fa-çons:allàuoir,deuant la Regeneration,amp;apres la regeneration.Et femble,lèlô l’ordre de leurs paroles , qu’ils appellee celle qui precede la re-generation,mal,imperfeétion,vice, obliquité, gauchilfeure : vlans de tant de mots, non pont exaggerer (comme ils nous reptochoyenten l’Article precedent) mais pour diminuer le péché, autant qu’ils peuuent:pour preuue de leur obliquité amp;nbsp;gauchilfeure, ils allèguent amp;nbsp;cot-Row.y. tent le vij.cha. de l’Epiftre aux Romains, tref-mal

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response.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;285

mal à propos,felon leur couflume:fur tout s’ils parlent des homes non régénérés.Car là fainét Paul parle de la concupifcence qui refte apres la regeneration, comme il eil tout euident par ces paroles:/epreSiAit-i\,plaißra laLoy deDtcte, à L'homme interieur, mais ic voy vne autre Loy en mes membres bataillant contre la Loy de mon egt;itendemetiamp; me rendant captif à la Loy de péché,ejui efl en mes mébres.^t ailleurs ; la chair, À\.t-\\,eonuoite contre fLsfrit : Çp- l'Ls^rit contre la chair, (pr ces chofesfont contraires l'vne d l'autre , tellement epue vous ne faites pas tout ce tpue vous voulez, C’eft doc mal à propos,d’alleguer le dire de S.Paul,comme s’il parloit des concu-pifeences qui font és hommes non régénérés. C’eft auffi tref-mal fait, de vouloir pallier la concupifcence de ceux qui ne font pas régénérés , en l’appellant obliquité, ou gauchilî'eure. Car S.Paul les defment haut amp;nbsp;clair,en difant, que l'affeélion de la chair efi mort ; que nous fom^,-mes morts en nos_ péchés auant la regeneration : amp;C autres lieux qui fe rapportée à cela,amp; qui mon firent lemiferable eftat de l’homme auât qu’il foit régénéré, eftant efclaue de Satan, fous le ïoug de péché,amp; feruitude de la mort : bref,e-fianttelque les hommes font deferits felon j leur nature corrompue. Et liefert de rien de dire que la concupifcence efi le commencemét du péché. Car tout ainli qu’en vn grand feu amp;nbsp;fort embrafé on ne fqauroit difeerner vne e-ftincelle-.auffi en la nature vicieufe de l’homme auant fa regeneration, ne penfons pas que la

concu

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^^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XXXIX.

concupifcence foit quelque petite eftincellei veu que c’eilpluftoft comme vne fournaife qui iette bien loin fes flämes,lefquelles ne feroyeC grandes au dehors,fi I’embrafementau dedans n’eftoit grand,amp; de cela nous auons della parlé au precedent Article,traittant de la nature du péché originel. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

Si contre le texte du prefent Article,amp;con-tre l’ordre de leurs paroles, ils veulér dire,que ce qu’ils appellent obliquité amp;nbsp;gauchiireure, eft la cocu^ifcence qui relie en l’homme apres fa regeneration:pourquoy donc alFerment-ih que la cocupilcence ell vice, mal,obliquité,Si gauchilfeure, amp;nbsp;nient quand amp;nbsp;quand, quelle iJoiiB.j, foit proprement péché? Vn vice, vn mal, amp;nbsp;fe dcllourner du biê,n’ell-ce pas vn péché,à par-Jer proprementîSçauent-ils parler plus propre ment que S. Iean,qui dit,que péché efl ce qui lt;?ƒ centre la, Lojl

Ce qu’ils difent de la feigneurie de rame,eft ambigu. Et combien que les Anciens parlent quelqueslois ainlî,neantmoins celarelfent pat trop la Philofophie Morale des Payens.;Veu qu’il ell certain que toutes les parties de l’ame ont etlé corrompues amp;nbsp;infeélees par le péché. Io4» J Partat lefusChrill dit,que ce qaiefi ne'dechair, îvom.8. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chatr:t2f ce cjtti efl né de [E^^rit,efl Eiprit. Et

iW. quand S. Paul condamne nollre nature vicieu-fe,il dit, que taffeciiode la chatr efl inimitié contre Dieu : vfant d’vn mot Grec ippovH/xa, qui fi-gnifie vne alfeélion guideeparla conduite de f entendement ßc de la raifon. Il faut donc que nous

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;285

nous foyons régénérés en toutes les parties de noftre ame J ainfi que le mot de Regeneration remporte:amp; lors le fainôt Efprit eft celui qui a la feigneurie en nous , amp;nbsp;nous renge amp;nbsp;ployé à robeilfance de Dieu. C’eft ce que dit S.Paul. queƒp/^r tnous mortifions les faits de la chair-, nous 'vturonsÂtem,(]\sefil'Efprit de Dieu, e^ut arefiufctte' lefus des morts, habite en nous. Dieu viutfiera nos corps mortels, d caufe de fon £^rit habitant en nous. Item : que nous fommes faits ferfs à tuilice:amp;c plufieurs autres palfages conformes à cela. Et n’y a doute qu’entre les infirmités qui reftent aux régénérés, il n’y en ait beaucoup qui appartiennent proprement à l’entendement amp;nbsp;au difcours : comme eft l’inclination à doutesjdesfiances, murmures contre Dieu,amp; chofes femblables.

Pour monftrer qu’apres la regeneration, la concupifcence n’eft pas peché,ils produifent le mefme palTage de l’Epiftre aux Romains,qu’ils ont allégué au commccement de leur Article, lors qu’ils vouloyent prouuer que la concupifcence eftvnmalamp;vn vice ; tellement qu’ils font feruir ce palfage pour affermer amp;nbsp;nier v-ne mefme chofe. Car ce qui eft malamp; vice, doit eftre appelle péché, à parler proprement: amp;iaci deff’us en l’Article xxxvj. nous auons prouué, que la concupifcence eft péché : voire par ce mefme palfage de S.Paul qu’ils alleguét, où l’Apoftre fait mention exprelfc de ce commandement de la Loy, Tu ne conuoiteras point. Et à fin d’apprendre à parler proprement,corn-

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ARTICLE XXXIX.

me fainôl Paul, voila ce qu’il en dit : Si iefaj ce que ie ne veux point, ce n efi plus moy qut le fuj, mais le péché qui habite en moy. Parquoy fi quelque fois on trouue es Anciens do(Âeurs,que la concupifcence qui relie apres laRegeneracion n’eft pas péché, il faut entendre que c’eft d’autant que par la grace de Dieu,elle n’ell pas im-putee.Cat,comme dit S.Auguftin,c’eft n’auoir péché , que de n’eftre pas coulpable du

•’ ’ ‘ péché. Au reile, ces Moynes fe deuroyent ref-fouuenir de l’expohtion que les Doéleurs donnent aux paroles de IefusChrill,difant à fainél iQxn.ï^. Pierre : que celui qui eft laué , n’a befoin finon de lauer les pieds, expofant cela des infirmités qui accompagnent mefmes les régénérés tadis qu’ils font en ce monde. Dont nous concluons deux chofes : premièrement,puis que telles infirmités ont befoin d’eftre lauees , que ce font donc des ordures, c’eft à dire, des péchés, veu que le péché eft la fouilleure de l’aine. Secondement , que ces ordures-là doiuent eftre auffi lauees par lefus Chrift, comme ce fut lui qui laua les piedsàfes Apoftres. Tellement que tousles péchés , tant auant la Regeneration, qu’aprcs,font laues amp;nbsp;pardónés par le feul merite de noftre Seigneur lelus Chrift.Ma's peut eftre que ces Moynes donneront plus de lieu inlo.tm. aux paroles de S. Auguftin, qu’aux noftres. Et hQm.^6. partant qu’ils cfcoutent ce qu’il en dit, pour expofer les fufdites paroles de lefus'Chrift: Que penfez-vous,dit-il, mes frétés, finon que l’homme eft tout laué au fainél Baptefme,tanc les

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Ies piedsj que tout le refteî Mais parce que vi-liant en ce monde,amp; pallant par les affaires de cefte vie,on marche fur la terre,certes les aft'e-étions humaines J fans lefquelles nous ne vi-uons pas en cefte vie mortelle, font comme les pieds : amp;nbsp;ces affeéfions-là nous touchent de fi pres, que fi nous difons que nous n'auos point de péché, nous nous trompôs nous-mefmes,amp; vérité nquot;eft point en nous , ainfi que dit fainét lean en fou Epiftre. Parainfi celui qui interce-de pour nous (atfauoir lefus Chrift) nous laue tous les iours les pieds. Et nous-mefmes con-felTons tous les iours , que nous auons befoin de lauer les pieds, c’eft à dire, de bié dreller les pas fpirituels denos âmes -.quand nous prions ainfi, Pardonne-nous nos ojf cnfes , comme nous pardonons à ceux qui nous ont offenfe's.Cssx.,com.-me il eft efcrit, h nous confeifons nos péchés, certainement celui quialauéles pieds de fes difciples eft fidele amp;nbsp;iufte pour nous pardonner nos péchés, amp;nbsp;nous nettoyer de toute iniquité, Stc. Voila ce qu’en dit S. Auguftin , qui fçauoit parler plus proprement des infirmités qui nous reftent apres la Regenexation,que ne font cesMoynes’.lefquels nous exhortos,qu’au lieu que ordinairemét ils n’ont point de honte de calomnier les gens de bien , ils apprennent pluftoft à n’auoir point de honte de retraélcr leur faufle doéfrine, pour fe ranger à ce qui eft enfeigné en VEfcriture.

Pour preuue de leur façon effrontée de calomnier, nous produirons ce qu'ils difent en la , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fin

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188 article XXXIX.

fin du prefent Article, affiiuoir, que nous di-* fions que la Concupificence eft proprement péché és fidelesjaufli bien qu’és infidèles : Ce qui eft vue calomnie manifefte, amp;nbsp;de laquelle H fientans conuaincus, ils n'ont ofé cotter aucun lieu qui fieruift de preuue à leur accufiation. loifcót qu'ils nous accufientde dire vne contrâ diéhion : afl'auoir,que la concupificence des régénérés eft pechéjcomme celle des infidèles,amp; cependant, quelle n'eft pas imputée aux régénérés. Si donc elle eft imputée aux infidèles (comme il eft tout certàin ) comment dirions-nous quelle eft és régénérésauffi biéqu'és infidèles ? Nous quittons telles contradictions « ces Moynes , fians vouloir entreprendre fiur c( qui leur appartict propremét.Or ils adiouftenC que nous nous faifions faulfiement accroire qui cefte cocupificence n’eft plus reputee péché aU lomA Sen nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dieu : Ce que toutesfois toute W

Z/.i. di. 31'. EÎchole enfieigne, fiuiuant le dire de S. AugUquot;' ^u^ufl.de ftin : Combien dit-il,que la concupificence de-CO- meure,toutesfois elle n'eft point imputée à pe-c«p jjÂr.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lrem;En ceux qui fiont régénérés, la coul-

ib.c.ze. P® cocupificence qui demeure de refte, eft pardonnee,tellement qu'elle n'eft pas imputée à péché. La concupificence de la chair eft pat-donnee au Baptefime, non pas qu'elle ne foitj ' mais parce qu’elle n’eft pas imputée à péché. Voila ce qu'il en dit.Partant s'il faut que le péché fioitjà fin qu'il fioit pardonné : amp;nbsp;que apres la remilfion , le péché n’eft plus , non pas pour fion regard, mais d'autat que la coulpe n’eft pas jmpii

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;283

imputée en condamnatioiijil s'enfuit que nous n'eftablilfons point le regne de pechéjpuis que nous tenós qu'il eft aboli par l’infinie grace amp;nbsp;mifericorde de Dieujamp; qu’il n’y a ne contradi-dion J ne repugnance en ce que nousdiions; mais qu'il y a faute de fciencc amp;de confcience en ceux qui nous reprennent fans raifon , amp;nbsp;nous calomnient faulfement en ceft endroit.

ARTICLE XL.

le coHfe]fe la iu^ltce des fideles fiaisjcle-, amp;nbsp;par^ fade tel, felo» i^ue Dieu larecjMiert de noUre fira- 3-gilite', combien ijuefi on laparangonne d c^le de Dieu,ou des Anges,ou d’Adam enFeïlat cFinno-cence,ou des bien-heureux au ciel, elle efi impar-faite. Et parce te deteile les ProteFlans gt;nbsp;Preten-dans,amp;AnabaptiFtes,lt;pui imaginent Dieu ict re-lt;]uerirde nous Vite iuslice autant parfaite, nbsp;nbsp;ex

acte que au cte[.

RESPONSE.

Les Théologiens prennent ce naot de lufti-ce autrement que les Philofophes Moraux-.cac l’Efctiture SainCte ne nous propofe que deux fortes de lufticed'vne par la Loy, amp;nbsp;l’autre pat la Foy .Pour auoir la luftice de la Loy,il la faut accomplir en toutes Tes parties : autrement la Loy maudit ceux qui ne perfeuetent conftam-ment en toutes les chofes qui y font eferites, pour les faire-.comme S.Paul l’allègue du Deu- Gal.f, teronome ; 8c de là conclud , que ceux qui font ^‘’♦‘•’•7 des œuures de la Loji,ccù. à dire, qui veulent e-ftte iuftifiés pat la l^oy , font fous malediFlton:

1 parce qu’ils ne peuucnt accomplir ce qui y eft \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t corn

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290 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XL.

commandé.Quât à la luftice qui eft par la Foy, elle prouient de noftre Seigneur lefus Chrift, qui nous pardonne nos péchés,amp; nous couure de fa parfaite luftice , laquelle il nous impute. Si donc lesMoynes parloyent de la luftice que les fideles ont en lefus Chrift,elle ne peut ellre que parfaite : parce que le merite de lefus | Clirift eft parfait, amp;nbsp;fa iuftiçe tref-parEiite : amp;nbsp;ne nous eft pas imputée à demi, mais entiere-'*^“’”•$...4. tnent.Et partant,(comme dit S.Paul)eS74gt;?.f/iz-

S«Z. 7.

K.lt;»Pf3

too C).

ßifie's par Foy,nous allons paix enuers Dicu.Noi-j-g teyemét, (dit-il ailleurs) que ne nous peut accufer,puts que Dieu efl celui qui nous iusHfie.

Mais fl ces Moynes parlent de la luftice fe- | Ion la LoyjComine il ell aifé à iuger,par les paf i fages qu’ils ont cottésdeur Dodlrine eft faulfe, .amp; trefpernicieufedaquelle eft entièrement ten uerfee par lés pallages fuiuantst

quot;Pnuer.

zo

11 nj a,certeSihomme iHÜe en la, terre quiftK^ bie»,ç^ (jui ne peche.

T Q^ efi-ce qui pent dire ii’ay purge'mon ccciif-ie fuis net de mon péché.

. O Seigneur,Ji(Uprensgarde aux iniqtiite's,qii* cfl ce qui fubJifieralAfais il y a pardon vers toy,a ftn que tu fois craint.

entre point en iugempnt,auec ton feruiteufi car nul viuant ne fe pourra lùfiificren ta prefcnee-dMulle chair ne fera lushfiee deuant luipar Id ctuures de la Loy.

Comment eß- ce que l’homme feroit iulliféanec Dieu? s'tl veut dtsfuter contre lui, il ne lui pourret relfondre de mille chofes l'vne, '

P - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* Si

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;291

Si te me 'veux iußifier, mu bouche me condum^ ibgt;i~ Hera.

Ou efldonc la 'vantance ? elle eß fordofe. Par quelle Loy C efi-cc des œuures l non , mais parla ^^-3' Loy de la Foj.^t autres lieux femblables.

C’eft donc mal parlé à ces Moynes , de dire, que la iuftice des fideles eft parfaite ici, felon que Dieu la requiert de noftre fragilité , s'ils mettent cefte perfedion en nos œuures. Car combien que les fideles facet des bonnes œu~ ütes, fi eft-ce qu’ils ne fondent pas leur iuftice enicelles.mais en la feule mifericorde deDieu, amp;nbsp;en la Remiffion de leurs péchés par lefus Chrift. loinéf ce que le mefme Apoftre dit ail- ^.«»’•8-leurs : Citr, dit-iljce cjui eîlon impoßible à la Loy

autant ejetelle efloit foible en la chatr ) Dtett ayant enuoyéfon propre Fils en forme de chair de peche'iamp;pour le peche', a condamné le péché en la chair, afin ^ue la iuélice de la Foy fuß accomplie en nous,e^ui ne cheminas point felon la chair, mais felon (Esprit. Et eu fomme, toute l’Epiftre aux Romains, amp;nbsp;celle aux Galates ne contiennent autre Doétrine ; pour nous enfeigner , que co-gnoilFans par la Loy ce que nous deuos àDieu, ■ ‘ recognoiflans l’impuilfance amp;c mifere de

noftre nature, nous ayons tout noftre refuge à lagrace de celui lt;pui eétoit en Chrifl fe reconci- i.Cor.y. liant le monde,en ne leur imputant point leurs for-faits-.2\né\ que dit 1‘Apoftre.Ce que S.Auguftin De jpir.amp; a déclaré en cefte maniéré : La iuftice,dit-il,de ht.ç.% Dieu eft fans la Loy , laquelle iuftice Dieu par l’Efprit de grace_donne au croyant fans aide

ta de

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29X nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article XI.

de la Loy , cXl afl'auoir, n’eftant point ai' dé de la Loy. Car Dieu monftre à l’homme pat Ibgt;d.cj}. la Loy l’infirmité d’icelui,à fin que recourant à

fa mifericordc parla Foy , il foit guéri. Item: Dieu dit par la Loy des œuures : Fay ce queie commâde:amp; par la Loy de la Foy on dit àDieu: Donne ce que tu commâdes. Et fuiuant celai« ConfeffMb. mefme S. Auguftin auoit accouftumede fait« io,c.x9. celle belle priere à Dieu:Seigneur,dône ce qu« P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tu commandesjamp;commande ce qu’il te plaira.

ad lit ^lîbj C’eft la raifon pourquoy en vn autre lieu il ni« c.ij. ’ trefueritablement ce que ces Moynes affermél tresfaun'ementzalfauoir.que la iulbee des fideles foit parfaite en ce monde : amp;nbsp;vfe de ces pa- | Jd.defecc. rolcszEn celle vie laborieufejdit-il,amp;pleined« mer. remtj. tant de Calamités , il n’y a homme fi iulle, qui parfait ; ce que l’Apoftre attelle eftre

vray , quand il dit ainfi : yVe» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f/îjeü/e/rf lt;2/’-

prehendéiou ejueiefoje parfait. Et ailleurs,l’Apo lire fe dit imparfait, Sc parfait : imparfait, en penfant à ce qui lui defaut à iullice, dont il (oM.z.Epi. defire encores la plenitude, ayant faim amp;nbsp;foi^ 'Pela^.l.^. d’icelle:parfait, d’autant qu’il n’a pas honte de confelfer fon imperfeélion,amp; afpire amp;nbsp;s’auan« ce à fa perfeélion. Et S.AmbroifeiPar cela,dit-Dearc.ne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jç falyf qui deuoit aduenir aux

hommes par vn feul Seigneur , alfauoir, lefus Chrill, qui feul a peu ellre iulle,amp; ell né d’vne Vierge,amp; n’a point ellé fuiet à l’originelle corruption, de laquelle parloir Dauid, qu’on pen-foit ellre plus iulle que les autres : votei, dit-il, i’ay efté concett en iniquité. Qui cil donc celui

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response.

qui Ce pourra dire eftre iufte, find qu’il foit de-liuré des liens de noftre corruption naturelle? Tous eftoyent fous péché depuis Adam , amp;nbsp;la mort regnoit fur tous. Que ceftui-la fe prefen-te deuant la face de Dieu^qui eft feul iuftcjdu-quel fans exception on peut dire , qu’il n’a pas péché par fes leures ,amp; qu’il n’a point fait de péché. Voila ce qu’ils en difent : à quoy nous nous deuons pluftoft arrefter.qu’à l’imaginaire perfeélion de cesMoynes,qui font d’autât plus imparfaits, qu’ils penfent eftre parfaits en ce monde. Et de faiét, comment eft-ce qu’ils difent que noftre luftice eft ici parfaite (entendant la perfeélion de noftre vie , pendant que nousfommes ici bas) veu que la confcience(ie parle de ceux qui en ont) nous tefmoigne à tou tes heures,que nous fommes poures pécheurs, amp;nbsp;que nous fommes tels que l’Efcriture nous deferit en tat de paflagesîSi donc ils ont quelque confcience,qu’ils l’efcoutentjamp;elle parlera pour nous, amp;nbsp;debatra noftre caufe contre eux-mefmes.

D’auantage, ils commettent vne faute tref-lourde , de conftituer noftre iuftice en la fain-életé de noftre vie,attendu qu’il faut que la iuftice precede les bonnes œuures,tant s’en faut que nous foyons faits iuftes par icelles. Car comment aimons-nous Dieu (qui eft la racine de toutes bonnes œuures) Gnon d’autant qu’il nous a aimes premièrement? ( ainfi que fainél lean en parle) Et comment nous peut-il aimer ennoftreiniuftice,lui quieftant fo.uueraine-

ment

t i

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ARTICLE XL.


i94

Matth.T.

Efhe.i.

ment iiifl:c,ne peut finon haïr l’iniquité amp;lïn-iuftice?Ne faut-il pas neceffairemét qu’il nous regarde en fon Fils,duquel la luftice amp;nbsp;lesMe-rites nous recoeilient à DieuîCertes tout ainfi qu’vn arbre ne peut faire de bos fruióls,fi premièrement il n’eft bon : auffi nul ne peut faire les fruicls de indice, s’il n’ed premièrement iudifié. Qui fait que l’Apodre dit auxEphe-fiens, que nous ne fommespas fattués par lesoetf ures.par ce, dit-il, cjue nous fommes fon ouura^h eitans cree's en lefts Chrtfi à bonnes œuuresejUi Dieu a préparées , afin sjue cheminions en icelles-Ce qui nous ed auffi mondré en la fimilitudt de la vigne,quand lefus Chrid dit, que fi nous voulons porter fruid, il faut que nous foyons en lui, tout ainfi que le farmenr ed au fep, dU' quel il tire fa nourriture amp;nbsp;fubdance. Or nous ne pouuons edre inférés en lefus Chrid, amp;nbsp;''' nis à lui,que par la Foy, par le moyen de iaqud le nous fommes iudifiés,c’ed à dire,reputésiu' des , ainfi qu’il nous faudra dire amplement par ci apres. Ils ont donc mal entendu le mot de Indice,quand nous parlons de la iudice des fideles , ven que leur fanclification procedede leur ludification, amp;nbsp;non au contraire:amp;(coffl’ me les Anciens ont dit)les bonnes œuures fui-uent l’home indifié,amp;nc precedent pas l’hoffl-me pour le iudifier.Et mefmes ce mot de Fid«-les,le leur deuoit faire entendrc,s’ils y euHent penfé à bon efeient. Car, à parler proprement amp;nbsp;felon l’Efcriture ( amp;nbsp;non felon la couftufflt des Moynes) la indice dei fideles edlaiulh^®

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;29;

parfoyjde laquelle FApollre parle amp;■ traitte fort amplement en TEpiltre aux Romains : ce qui eft auffi expofe par S. Auguftiujdilant ainfi: Quand TApoftre enfeigne que l’homme eft iu-ftifié gratuitemet par foy fans les œuures de la Loy, que veut-il entendre autre chofe, difant gratuitement, finon que les œuures ne precedent pas la iuftificationîEt défia ci delfus nous auons ouï les paroles du maiftre des Sentéces, Senijib.} difant,que par la foy,le mefehant eft iuftifié, à fin que par apres, icelle foy commêce d’operer par dileélion. En outre, cefte façon de parler dont ils vfent,n’eft pas allez ouuertcmét expliquée, requérir de noftre fragilité, car Dieu requiert de nous ce qui lui eft deu:amp;pardortnant à noftre fragilité , nous donne ce que nous lui deuons. C’eft donc mal penfé à eux , que nous dénions moins à Dieu pour eftre fragiles : veu que noftre fragilité ne diminue rien de noftre debte , mais accroit noftre obligation enuers lefus Chrift,qui a fatisfait au iugemet de Dieu pour nous. Cela donc n’ayant efté bien entédii par les nouueaux Profelfcurs (lefquels,à ce que il femble,ne cognoilfent antre iuftice que celle qu’ils ont veuë en la Philofophie Morale des autheurs profanes) eft caufe , qn’apres auoir mis difteréce entre la iuftice d’Adam,celle des bien heureux au Cicl,amp; celle qu’ils difent que les fideles ont ici,ils veulét conclurre de là,que Dieu ne requiert de nous en cefte vie ce qu’il a requis d’Adâzqui eft vne faute par trop euiden te.Car il faut mettre difference entre ce.qui eft

t 4 iuft

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19

ARTICLE XL.

iuftemét deUjamp; ce qui eft libéralement quitté. Pourquoy donc Dieu ne requerra-il de nous ce qu'il a requis d’Adam? ne fommes-nous pas creatures de Dieu comme Adam ? ne fommes^ nous pas fuccefteurs d’Adam, eftâs fes enfans, fa race amp;nbsp;pofterité? Qui a iamais eftimé que la debte foit amoindrie par la poureté du debi' tcur’fi nous ne fommes heritiers des graces amp;nbsp;richelfes excellentes qu’Adam a eues au commencement,amp;lefquelles il a perdues par fa fau tcmous ne laiifons pas de lui fucceder en fa po-ureté,amp; neantmoins,en fou deuoir d’obeiifan-ce enuers Dieti,puis que nous lui fuccedons en fa nature. Qu’ainfi foit,Dieu ne requiert-il pas , de nous en fa Loy , que nous l’aimions de tout

noitre cœur, force, amp;nbsp;penlee? que requeroit-u d’auantage d’Adam?Si nous le pouuons moins faire, le deuons-nous moins ? S’ils difent, que Dieu nous pardonne, c’eft tresbien dit:mais la Remiiîion emporte neceifairemét la debtexai ce qui n’eft deu,ne peut eftre quitté,ne remis.

Partant, quand ils nous deteftent, amp;nbsp;nous conioignent auec les Anabaptiftes,ils fe mon-ftrent eux-mefmes deteftables en leurimpu-déte calomnie;veu qu’il n’y a que les Dodeurs de l’EglifeReformee qui ayent renuerfé les erreurs des Anabaptirtes,amp; notâment touchant leur fantaftique amp;nbsp;imaginaire perfedion : qui eft aufli vn erreur commun à ces Moynes,ainfi 1 qu’ils l’ont déclaré en l’Article prefent: loinft leur fauife dodrine des œuures de Supereroga tiô,amp;de leurs vœuxMonaftiques, qu’ils mettét au

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;297

au deflus de la Loy de Dieu en degré de perfe-ftion : amp;nbsp;font fi ftupidesjqu’ils ne fentent pas, que deteftans les Anabaptiftes en ceft endroit, ils fc deteftent auffi eux-mefmes.

Finalement, Cefte façon de parler n’eft pas receuable, que Dieu requiert vne indice de ceux qui font au ciel, aufquels Dieu donne le comble de la félicité à laquelle ils afpiroyent eftans en ce monde : amp;nbsp;ne feroyent au ciel,s’ils beuffent efté reueftus de la parfaite iuftice de lefus Chrift.

Lespalfages qu’ils allèguent ne font à pro-pos, amp;nbsp;ne les eulFent allégués, s’ils eulfent en-ƒ■ tendu la façon de parler de l’Efcriture, qui eft, d’appeller luftes ceux qu’on voit s’eftudier à iu dice amp;nbsp;fainéleté, amp;nbsp;parla, tefmoigner que Dieu leur a fait mifericordc , amp;nbsp;qu’ils font au nombre de fes enfans. Mais ce n’eft pas à dire qu’il y ait vne iuftice parfaite en leurs œuures. Aufli le mot de Perfedion, en l’Efcriture,quad il eft attribué aux hommes,fignifie intégrité amp;nbsp;rôdeur:amp; eft oppofé àl’hypocrifie: tat s’en faut qu’il faille, par cela,penfer qu’il y ait des hommes parfaids en ce monde, puis qu’il eft commandé à tous de dire : pardonne-nous nos offen- Matth. 6. Çes. Qu’ainfi foit, les paifages qu’ils amènent le monftrent alfez.Ezechias dit,qu’il a chemine en 'verité,amp; en coettr entier.Ma.is il n’a pas efté par- „ fait pour cela ; car vn peu apres, il dit lui-mef-mes , que Dieu a ietté tous fespéchés derriere fon dos. Dauid dit, que Dieu efi fin bouclier, letjuel fiuue ceu.v qui fint droits de cœur: comme de -pp.-j.

faid

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198

ARTICLE XL.

■Pf.^3-

i8.

faiól il reftoit,amp; partant allégué la iuftice de ft caufe deuant Dieu : mais il n'eftoit pas parfait pour cela, tefmoin les grands péchés , où il eft tombé:tellement qu’il prie le Seigneur,ale »V»-trerpoint en lugement atteclui, fe fentant con-uaincu de fon iniuftice. Et, pour monftrer que ce mot de lufte fe rapporte ordinairement à ce qu’on en iuge par les œuures , fans qu’il lignifie perfection deuant Dieu, Salomon dit, qntl y ateltnfie qui pent en fa iu^tice. Et ailleurs il eftdit, que la iu^tice du tufie ne le delturera tour quil aura forfait.

Partant, quant à nous , fuiuant l’Efcriture, nous faifons diftinClion entre laSanélification amp;nbsp;la luftification (ce qu’il nous faudra declaret plus amplement ci apres)amp; recognoilîbns,que n’ayans de nous-mefmes que toute iniuftice amp;nbsp;impureté, nous ne pouuons auoir autre lu-ftice qui foit receuc dé Dieu, que celle de lefts Chrill,laquelle eft entière amp;nbsp;parfaite , amp;nbsp;nous eft donnée amp;nbsp;imputée par la grace de Dieu, amp;nbsp;receuc par foy qui eft engendree en nos cœurs par fon Efprit, lequel nous régénéré amp;nbsp;fanifti-ne.Et neantmoins,confeirons, que pourraifon de nos defauts, amp;nbsp;de la foibleife amp;nbsp;corruption qui refte en noftre nature,noftre fanCtification n’eft pas accomplie , mais imparfaite en la vie prefenrc:amp; toutesfois,coHduitsamp; fortifiés pat le fainél Efprit, nous afpirons à cefte perfection deplus en plus, à laquelle finalement nous paruenons, alors (comme dit fainél Paul) que nous fommes deliurés du corps de celte mort.

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i99

mort, cflans recueillis en la vie celefte amp;nbsp;e-ternelle. Et de cefte’imperfedion nous en alléguerons deux raifons : La premiere eft, que nous ne faifons pas tout le bien que nous douons amp;nbsp;voudrions faire ( ainfi que dit le mef-me Apoftre.) La fécondé , que le bien mefmes que nous faifons par Tefficace du faindEfprit, fereflent neantmoins toufiours deTimperfe-ôion amp;nbsp;tardiueté de noftre nature. Tellement que nous mettons toute Tefperance de noftre iuftice amp;nbsp;fanâification, voire de noftre falut, en la feule mifericorde de Dieu , pour l’amour de lefus Chrift noftre Sauueur, qtti nous a e^é fait iufitce ,faniltficatton , (ÿquot; redemption ( ainfi qu’il eft efcrit) par le merite amp;nbsp;benefice duquel nousauons entière remiflîon denos péchés. Partant nous concluons auec Dauid;Que bien heureux eji P homme duejuel les peche's font par-donne's , auquel le Seigneur nimpute l’iniquité'.

ARTICLEXLI.

le croy les commandemens de Dteu nepouuoir nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï*

fainllement eftre accomplis par les forces de natu-re ou de laLoy.Etparce t anathematize les luifs^ les Payent, les Pelagiens , qui ont tenu le contraire.

articie xlii.

^uffi iecroy , que les fideles preuenus du mou- Mu», uement du fainEl £fprit, enrichis de nouuelles tjao. forces infufes au liberal Arhtre, apres iuPli-fiés en foypar grace, accomplirent franchementgt; aifement,(^ entièrement lefdits Commandem/ens

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de

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300 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 41. 42.

de Dten.Et panree iedetefle tous PelagtenSiPro' teflans,^ Prétendant,tpui,eiu preiudice de l’eneï' gte amp;nbsp;efficace grace en la regeneration Chreflien-ne, matntiennent Cjuil efl impoffiible de les accorn^ plir autrement, que naturellement, ou smputati^ uement.

RESPONSE.

In Oper. .Aug. Toin.7.

S’eftans fait ouuevture par le precedent Article à la doôlrine de la luftification , ils commencent par la condemnation des erreurs des luifs, Payens , amp;nbsp;Pelagiens : amp;nbsp;feroit à defiretj que comme ils les abiurent de bouche, ils en fulfent auffi efloignés par efFed. Mais la dedu-dion de celle matieye móftrera ouuertement, qu'il y a fort peu de difference entre eux toui' en cell endroit. Et de faid , les paffages qu’ils allèguent ici contre nous , de S. Matthieu, de ÎEpiftre de S. lean , amp;nbsp;des Pfeaumes , ont efté autresfois oppofés à S. Auguftin par l’hcreti-que Celeftius , compagnon de Pelagius., qui maintenoit, que la milice de l'homme elloit parfaite en celle vie : amp;nbsp;que nous pouuons accomplir les commandemens de Dieu franchement, aifement, amp;nbsp;entièrement : qui eft l'opinion de ces Moynes en termes expres. Et ce que nous difons, tant des obiedions de.Cele-ftius, que des refponfes de S. Auguftin, fepeut voir au liure de la Perfedion de luftice qu’il a fait contre Celeftius.

Or celle façon de parler ne doit eftre tole-ree,quâdils difent, que nous ne pouuons fain-demeiit accomplir les comandemens de Dieu ' par

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R E s P ON s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;OI

par les forces de nature, amp;nbsp;de la Loy. Car il faut dire abfoluonét, que nous ne pouuons aucunement accomplir les Commandemens de Dieu par les forces de nature. Vray eft qu’il fcmble qu’il y a eu és infidèles quelques traits, qu’on appelle de vertutcome de temperance és vns, amp;nbsp;de iuftice és autres. Maisgt; il faut faire difference entre la Loy facree de Dieu , amp;nbsp;la philofophie Morale contenue és liures d’Ari-ftote,de Cicéron,amp; leurs femblables.Sur quoy nous pouuons dire (à noftre grand regret) que les Sctiolaftiques fe font tat amufés à voir ces liures-là, qu’ils en ont corrompu la Doélrine tant de la foy , que des bonnes œuures. Voire tellement (comme il fe verra par leurs eferits) qu’ils allèguent plus fouuent les Ethiques d’A riftote , que Moyfe en la Loy , ou lefus Chrift en l’Euangile. C’eft donc merueilles que ces Moynes abiurent ainfiles Payens ,par les ef-'ctits dcfquels les Scholartiques iurét en leurs difputes, amp;nbsp;s’y fondent plus qu’en la parole de Dieu, ainfi que fçauent.ceux qui ont frequente leurs Efcholes.Mais nos Moynes ont dit ceci par vne figure Monachale, qui s’appelle hy-pocrifie.

Examinons de plus pres ce qu’ils adioullct, quand ils parlent des nouuelles forces infufes au Franc Arbitre. Car,pat ces paroles , ils attribuent au Franc Arbitre quelques forces pour aider de noftre cofté à noftre luftificatiô: Ce qui contrarie à ces paÂgcs expres de l’Ef-r criture;

En

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ZO4«.J.

ARTICLE 41.42.

Colof.z,

Ephef.z.

En vérité le vous di, que l’heure vient, efl defia,(jue les morts orrot la voix du Fils de Dien, amp;nbsp;ceux e^ni l’auront ouie,vitiront.

^^nd vous.efiiez morts en peche'si an preface de vo/ire chairdl vous a viuifie's enfemble a-uec luiiVous ayant pardonné tous vos peche's.

Dieu qui eji riche en mifericorde, par fagran^ de charité, de laquelle il nous a aimés, du temps meÇme que nous efitons morts enpechés,nous a vi-uifie's enfemblepar Jefus Chrifl, par higrace duquel vous efles fauue's, -

Ea penjee ou affeélton de la chair efl mort. loAn.j. Qtn n’eflnay derechef, ne peut voir le ^Royaume de Dieu, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• ’

^T^ecb.ii. nbsp;nbsp;nbsp;Fosleray leur cœur de pierre hors de leurchaiff

amp; leurdonneray vn cœur de chairEt autres'feni blables. Dont il appert, que tout ainfi-quelf mort n’a aucune force en foy pour aider à fe refufciter lauffi l’homme n'a aucune force d« foy »pour.aider à fi lullification 8c Regeneration: comme auffi le mot de RegenerationXeta-porte allez, d’autant qu’il exclud tout ce qu* eft denoftre prcnàiere generation, quand il eft loana. qutrtion de no lire falut/Et /efusChrif (dit fainâ lean ) adonné d’eflre enfans de Diei* d ceux qui croyent en fon Riom \ lefquels ne font peint nais de fang, ne de Volonté de la chair ,n( de vrdonte de l’homme ,iotais font nais de Dieu. Et cesMoynes mefmes vfent en cellArticle dû mot de Regeneration-, qui les confond affez, s’ils eiitendoyent ce qu’ils difent, amp;nbsp;la fignifî-cation des mots dont ils vfent.

Auflî

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;30J

Auffi n’eft- ce pas parler proprement,quand ils disétj que les fideles font iullifiés en foy par grace : au lieu que pour parler ouuertcment a-uec l’Efcriture, il faloit dire , qu'ils font iullifiés par foy amp;nbsp;par grace. D’autant que comme la grace efl la principale caufe de noftre lufli-ficatiouj auffila foy elf I’inftrument ou moyen pour receuoiramp; apprehcder la luftice deÇhriif qui nous ell offerte amp;nbsp;donnée , Sc par laquelle nous fommes iullifics.il faut doc que les Moynes corrigent leur façon de parler, amp;nbsp;fe conforment au langage de l’Efcriture. Car voici comment elle en parle:

K OH s efies fanués de grace par la foy.

La iafiice efl de Dtea par la foy.

]\loHs concluons donc , que l‘homme efl ittflifié parfoy.

EJians donc iafliflés parfoy, nous aaons paix enuers Dteu parnoflre Seigneur lefus Chrifl.

j4yant purtfié leurs coeurs par foyiC^c.VäXtint leurMaiftre des Sentences difoit mieux qu’eux cnl’vnede fes opinions : On peut dire autre- n.iÿ. ment, que nous fommes iuftifics par foy,dit-il, parce que par la foy de la mort d-e lefus Chrift nous fommes purgés de nos péchés : dont l’A-poflre dit, que la iuftice de Dieu ell par la foy de lefus Chrifl.

Cell auffi vue autre faute, voire des plus lourdes, quand ils afferment, que les fideles accomplillént franchement, aifément, amp;nbsp;en-tieremét lesComandemens de Dieü.Car com-hic que l’Efprit de Dieu infpire en nous ce que

nous

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504 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 41.41.

nous auons de bonne volonté j pour feruirà Dieu:li eft-ce qu’il faut toufiours mettre difFe-réce entre l’œuure de I'Efprit de Dieu en nous, amp;nbsp;la tardiueté, voire repugnance, qui refte en noftre nature:qui nous empefche de nous ache miner à l'obeilfance de Dieu auec telle amp;ii grande promptitude que nous deuons. Ce que ' nous aimons mieux declarer par les paroles de ( ^4^.^ S.Paul,quc par les noftres: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

La chair coaoite c ontre f Ejprit,^ l'EJprit co»' ’ , tre la chair : amp;nbsp;ces chofes font contraires l’vne i f autre : tellement que Vous ne faites point tout ce vous voulez..

le pren plaißr à la Loj de Dieu, quant a l’hogt;» me de dedans: Adats ie vop vne autre Lof en met membres , bataillant contre la Lop de mon ente»' dement, nbsp;nbsp;me rendant captif à la Lgp de pecht

qut efi en mes membres. Laslmop homme miferi' b le! qui me deliurera du corps de celle mortl^oi-la comment S. Paul en parle : qui deuroit hits rougir de honte ces Moynes (s’il y auoit encor en eux quelque refte de honte) de trouuer fi ii' féceque fainétPaulatrouuélî difficile :amp; de .[ penfer faire franchement ôc aifémentceque : ce fainét Aportre confelfe ne pouuoir faire que auec grand-combat amp;difficultc:tellementqu’il ' gémit en fon infirmité,au lieu que les Moynes brauet en leur prefomption amp;nbsp;arrogance.Mais la raifon eft,que telles gens n’entrent point au combat que S.Pàul a fenti en celle vie, Repartant né peuuent fçauoir les difficultés qui ƒ font. Or nous auons défia traitté ampleineut de '

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RESPONSE.

de celle matière fur les Articles JÖ.amp;59. Comme auffi nous auons réfuté ce qu'ils difenc ici, que les fideles accomplillént entièrement les Commandemens de Dieu: ainfi que nous prios les leéleurs de reuoir en l’Article quarâtieme.

Sur la fin,quand ils nous obieélct, que nous difons eftre impoffible d’accomplir les Commandemens de Dieu autremêt que naturellement ou imputatiuement: C’eft premièrement vn menfonge fort impudent,de nous impofer, que nous, eltimons les Cômandemens de Dieu pouuoir eftre accomplis naturellemêt: veu que nous combattons tout au contraire: ainfi qu’il eft mefmement apparu par cefte difpute. Aufiî lie difons-nous pas que nous accomplilfons les Commandemés de Dieu imputatiuement (car cela contiendroit vne contradiéf ion : laquelle, dés pieç3,nous auons lailfee àcesMoynes,com me leur appartenant, amp;nbsp;leur eftant plus propre amp;nbsp;familier que leur froc mefme) mais nous croyons, auec fainél Paul, amp;nbsp;difons apres lui, (jua celui cjui n œuurepointiUins croit en celuicjut tuïlifie le merchant,fa foy lui efl reputee a iuftice: qui font les propres mots de l’Apoftre : lequel ces Moynes deteftét en nos perfonnes,ôc nous les deteftons en leurs erreurs.

Ils allèguent ce que dit lefus Chrift, ij'w’t/» fui poinü: de la Loy ne pafera , ^ue toutes chofes ne foment faites. Mais ils ne confiderent pas ce qui eft dit au verfet precedent, combien qu’ils lecottent: /lt;!epenfez. pasdit- il jtjueiefojei/e-nu pour abolir la I^oy, ou les Prophètes. le ne * fni^

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J06 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 41. lx.

futspoint venu pour les aboltr, mats pour les ac-compltr. 11 y a done trop grande difference entre lefus Chrift ,amp; nous. Car il a accompli la Loy , 8c a accompli les Prophetiesffaifant l’œu ure de noftre Redemptió prédit amp;nbsp;promis par icelles: nous en receuons le fruiót par la foy, que l’Efprit de Dieu imprime en nos cœurs, tt quant à la Loy, combien que la maledi-ûion d’icelle foit oftee , pour le regard des fideles , toutesfois fa fubftance 8c vray vfage leur en demeure , pour y méditer, 8c effre la reigle de leur vie.

Mitt. J.

10.

Ilsproduifent auflice quieftdit, celui ^ui aura fait les Commandemens de Dieu, les aura enfeignés aux hommes , fera tenu grand au Royaume des Cteux. Mais nous ne nions pas que les fideles, conduits par le fainôl Efprit, ne facent les Commandemens de Dieu, entant qu’ils afpirent à fon obeiffance , felon la grace que Dieu leur fait : mais ce n’ell pas à dire qu’ils les accompliffent entièrement :tef-moin ce que fainiff Paul (qui eft du nombre de ceux qui ont fait amp;nbsp;enfeigné ) a confeffé fran-clieméfjde l’imperfeôtion qu’il fentoit en foy-mefme,ainfi que nous auos tantoft ouï : néant-moins nos defauts nous font pardonnes par le merite de la parfaite iuftice de lefus Chrift, ainfi que nous auons dit ailleurs.Et pour mon-ftrer que toutes les fois qu’on voit en l’Efcri-tureces mots , faire les Comandemens de Dteu» il ne faut pas imaginer quelque perfeôtion es hommes pour cela : nous voyons mefmes cefte façon »

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;?O7

façon de parler au regard des infidèles.Comme quand S.Paul ditjque les Gétils qui ij’ont point K»w.i. de Loyjfont naturellement les choies qui font de la Loy:amp; autres femblables lieux.

Les deux autres paiFages qu’ils allèguent, s’expofent cux-mefmes.Car quad lelus Chriil dit, que fan tong efl atfé, nbsp;nbsp;fan fardeau leger, il

en dit la raifon és verfeçs qui font precedents: Kenez. d moj,, dit-il, vous qui efles trauailles, ‘ charge's amp;nbsp;ie vous foulageray .• prenez mon ioug fur vous , amp;nbsp;apprenez de moji que te fuis débonnaire , humble de cœur vous trouuerez repos àvos âmes. Par où nous entendons , que fl le ioug de lefus Chrift eil aifé , ce n’eft pas de la force qui foit en nous , mais de la grace de celui qui le nous met fur la telle , amp;nbsp;qui nous donne tellement Ion fardeau, qu’il a pris le noftre fur foy : amp;nbsp;parce moyen a effacé nos péchés amp;nbsp;defauts,ayant refpâdu fon fang pour nous. Bref, cede facilité ne vient pas de noftre force,mais de fa grace,nous imputât fa iuftice, amp;nbsp;ne nous imputant nos defauts amp;nbsp;impetfe-dions.Et partât il declare, que nous ferôs touf iours chargés amp;nbsp;trauaillés ,iufques à ce qu’il nous foulage, amp;nbsp;qu’ainfi nous trouuions repos en nos âmes: né pas en nouf-mefmcs (corne les Moynes cuident)mais en fa mifericorde amp;bô-té. Pareillement S.Iean dit, que c efi l'amour d^ 1.I04M.5. Dieu^que nous gardions fes Commandemens , Ch que fes Commandemens ne font point grief s : ai-iouftant confequemment aptesiCi«/,dit il, tout ce qui efi na^ de Dieufurmonte le mondecefic

VI nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f

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jo8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E 41. 42

efi laviFloire a furmonte le monde, affauoif) noßrefojf. Noila donc comment fainót lean expofe fon dire , attribuant Ia facilité des Com-mandemens à la foy : laquelle reçoit la luftice deChrilljenfemble laremifsion de nos fautes. Car ce n’eft pas fans caufe que ce mefme Apo-X.loM.i, ftre difoit ainfi ; Si nous dijons que nous nanons point de peche', nous nous fedutfons nouf-mefmes, amp;nbsp;verué n efl point en nous. St nous confejfons nos péchés ill eflfidele amp;nbsp;tufle pour nous pardonner nos péchés , amp;nbsp;nous nettoyer de toute iniquité. Item'. Si nous cheminons en lumière , comme lui eft en lumière , nous auons communion l'-vn Auec rautre, amp;nbsp;le fang de fon Filsl efusChrift nous nettoyé de tout peche'. Voila les propres paroles de fain61 lean J qui eft vne fentence prononcée clairement contre l’erreur de ces Moynes: veu qu’il parle des fideles qui cheminent en lumière, amp;nbsp;qui neantmoins ont toufiours befoin que le fang de lefus Chrift les nettoyc de tout peché.Et parce (corne nous auons dit au commencement de ceft Article ) que les Pelagiens obieéloyent ces mefmes paftages à faimft Au-guftin:comme aufti ce qui eft dit au Pfalme,dc ceux qui font immaculés en la tjoye : nous repre-fenterós ici la refpôfe de S. Auguftin, pour for tifier la noftre.11 obieéte,dit-iL (parlant de The Depef. «retique Celeftius ) que le ioug de lefus Chrift lufl.cmt. eft aifé, amp;nbsp;fon fardeau leger. Item , que les

Commandemens de Dieu ne font point griefs. Par ces tefmoignages nous deuons eftre edifies, pour afpirer à la grace de Dieu, laquelle jgno

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509

RESPONSE.


ignorent ceux qui veulent eftablir leur iuftice, amp;c. Il dit auffi au mefme lieu, ququot;il n’y a point d’abfurdité d’appeller purs,ceuxqui alpirâs à la perfedion que nous aurôs apres celle vie,fonc fans crime fcandaleux,amp; qui difent continuellement , pardonne-nous nos offenfes, En fomme, nous exhortons ces Profell'eurs , à ce que con-fiderans les palfages qu’ils nous obiedent, amp;nbsp;oyans les mefmes tefmoins qu’ils produifent pour nousjcontre eux-mefmesjls ayent honte de fuiure rerreur,amp; vfer des argumés des Pela giens, amp;nbsp;apprennét plullofl de recognoillre amp;nbsp;confelTer auec nous^que la perfedion de l’hom me Chrefliê coGlle en la Rcmiffion de fes pe-chés.Car celle fentéce de S. Auguftin parlât de . , , 1 home régénéré amp;nbsp;lultihe par loy , ell bien re-marquable-.Lavertibdit-iLquiellenl’hômeiu i.^.c.7. Ile,peut ellre nomee parfaite,moyênât qu’à celle perfedio appartiéne la cognoill’ance de fon imperlediô enverité,amp;la cófeffió en humilité.

ARTICLE X II I I.

fe (onfejfe noflre Seigneur /efus Chriß,a l’ima- ^.'»”•8.14 duquel nous fommes lußiße's,iufle,d’une iußiee tnforfnante,(^ no imputatiue. Etabiure Butî.cer

les Prétendant en ceß article. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tuc.c.c.amp;

ARTICLE XLIIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jo«.I.I4

le confejfe lagrace de Dteu eßre non feulement une faneur diuine, dont Dieu défi honte' infinie-, amp;nbsp;indicible miÇericorde nous pourfuit gratuite-ment outre le cours amp;nbsp;cooperation naturelle contre l impiété de Pelage:ç^ dis ceßegrace eßre non feulemët un refiell,dot Dieu nous pardonne (S^fa-

y uorife '

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510 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 45, 44.

tiorife en contemplation de lafoß, deuotion en-teers noßlre Seigneur /e/us Chrifl : mais auf ie tcelie grace efire vn mouuement du fatnSl £■' nous , amp;nbsp;formant nouuelles amp;nbsp;diui' jg. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nes forces,lt;jualités (ß- ornemens dont nous fommeS

formellement iufiifiês amp;nbsp;rendus idoines à bien fai

re , (ÿquot; mertterpar l‘aide de cefiegrace. Parce h Jo.sn. Ï.1T. detefie Pelage,amp; les Pretendans,ennemis de tef' GrfT/' ficace grace du Nouueau Tefiament, tant recogt;tgt;'


mandee par S, Paul, confiamment defenduepaf l’Eglife contre les Ebtonites cß^faux fidpofires,^' ,Âug.E.f. parfainEl Augustin contre les Pelagiens,ejui font lio.c.i.37. -voulue reflratndre à -vne coopération naturellt ’ amp;nbsp;a la feule remiffion des péchés, on e.^o.^é, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hors de nous, que les Prétendant nont

47.

Ceießm. fap. ad Cai.Efiß, c.io.

Cone, mile-

ment relatifs amp;nbsp;imputatifs, amp;nbsp;les Pelagiens nommoyent concurrence de Dieu naturelle,en it» ' pu^nant 1'energie de la grand grace Euangeli' lt;]ue, dont nous femmes fanSîifie's , renoMuellés,

'xprejfement référé S'

aide's a bien faire i comme e.

»»'t. M«, J. Augufltn,

RESPONSE.

Ceft argument des Moynes cft fi cornu, que ils méritent d’eftre renuoyés à l’alphabet de leur Efchole. Car voici, en fomme, leur beau difeours ; L’Apoftre dit,que nous deuons eftre conformes à l’image de lefus Chrift. Il nous faut donc eftre iuftifiés à fon image. Or eft-il que lefus Chrift eft iufte d’vne iuftice informante , amp;nbsp;non imputatiue (difent-ils) partant ils concluent,que nous ne fommes pas iuftifié de la iuftice imputatiue^ comme ils parlent, amp;nbsp;com

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;511

tomme nous difonsj imputée, lors que par foy nous apprehédons lefus Chrift mort pour nos péchés , amp;nbsp;refufcité pour noftre iullice, ainß que dit faindPaul.

Pour môftrer les enormes erreurs de ceftAr-gumentjNous difons premierement,que s’il a-uoit lieujil faudroitpar vfie mefme conclufion affermer des chofes qui font tresfaulfes, amp;nbsp;en nier d’autres , qui font trefvrayes. Car voici qu’on pourroit dire, felon leur argument: Puis qu’il nous faut eftre iuftifiés à l’image de lefus Chrift J amp;nbsp;que la iuftice de Chrift n’eft pas venue d’ailleurs que de lui-mefmes ( car il eftoitnon feulement homme, mais auffi vray Dieu, Si partant fource de toute perfeétion amp;nbsp;iuftice) à cefte caufe noftre iuftice ne viét d’ail leurs que de nouf-mefmes, amp;nbsp;ne vient pas de lefus Chrift,mais de la perfedion de noftre na ture.ltemjl faudroit dire auffi,que comme l’in nocence amp;nbsp;pureté de lefusChrift a efté parfaite dés fa premiere conception, que la noftre doit eftre femblable : Et que comme lefus Chrift a accompli toute iuftice, fans qu’il en euft aucun befoin, pour fon regard, cela doiue auffi eftre dit de nous : Qui font des erreurs ft eftranges, qu’on a mefmes horreur d’y pen~ fer. Ettoutesfois voila la faconde raifonnev amp;nbsp;difcourir dont ces Moynes vfent. Mais fi le Dieu de ce monde ne les auoit aueuglés quand ils lifent l’Efcriture.ils auroyent facilemét veu au mefme palfage qu’ils allèguent, le contraire de leur intention. Car voici les paroles de V 4 S.

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?11 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E 45. 44.

S. Paul en cc lieu-là : Ceux, dit-il, lt;jue Dieu a parauant coguus, il les a predefiinés à efire faits conformes a l’tma^e de fon Fils : à fin tjuilfait le premiernay entreplufieursfreres. Et ceux tjutla predefitnés , tl les a aufft appelle's : amp;nbsp;ceux c^utl a appelles, il les a aujfi tu^^ifie's : amp;nbsp;ceux cjuila tu-fiijiés,il les a auffiglorifies. Par ces paroles, nous voyons en quoy cofille cefte Conformité dont il parle:airauoir,en la participation de fa gloire qui fera parfaitement accomplie en nous au dernier iour, lors que nous ferons du tout par-uenus à la mefure de la parfaite ftature de Iph.j. Chrift ,amp; que nos corps mefmes lérôt rendus conformes au corps glorieux d’icelui, comme il eft dit ailleurs. Partant,de vouloir conclurre de là, que nous fommes iuftifiésà Pimage de Icfus Chrift, c’eftrenuerfer du tout ce patfage. (amp; de faiâ, rEfcriture ne parle pas ainfi) Cat il faudroir aufli côclurre, que nous deurions e-ftre appelles àfon image:amp;toutesfois il eft tout notoire,que lefusChrift n'a efté appellé,nciu-ftifié comme nous fommes ; mais au contraire, nous fommes appelles amp;nbsp;iuftifiés par fa vertu. P# feee, nbsp;nbsp;Cc que fainéf Auguftin expofe ainfi ; La iufti-

wmt.Z.r.c, fication , dit-il, de laquelle lefus Chrift iuftifie le mefchant, n’eftpas propofee pour imiter, car lefusChrift feul peut cel3.Partant,quicon, ques ofe dire, ie te iuftifie, il faut qu'il die con-fequemment,croy en moy. Voila ce que faind •Auguftin en a enl'eigné. Que donc les Moynes accordent à ceci ce qu’ils difent,que nous fom mes iuftifiés à l’image de lefus Chrift.

D’au an

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51^

D’auantage, ils allèguent ce qui eft dit en ioan.i. S.lean, que lefus Chrifl efi plein de grace de •vérité.-^- que nous au on s receu de fon abondancct Ç?’ grace pour grace. Ce quieft tref-vray. Mais cela n'empefche pas que ceci foit vneffeôt dç fa grace , quand il nous,impute fa iuftice gratuitement, à fin de nous iuftifier deuant Dieu, amp;nbsp;lui eftre agréables par ce moyen.Et de faid, S. Auguftin expofant ce paftage de S.Ieâ:Qu’a- ZmZî.j. uÔs-nous receu,dit-ilîla remiflion des péchés, à fin d'eftre iuftifiés par Foy.

Vrayeft que pourreigler noftre vie , nous nous deuons propofer Texcmple de noftre Seigneur lefus Chrift;aftauoir,és chofes efquellcs il veut que nous Timitions (ainfi que l’Efcritu te Tenfeigne ) mais cela ne fe rapporte pas à la gj-c. iuftification des fideles,par laquelle ils font reconciliés à Dieu par la Foy qu’ils ont en lefus Chrift, amp;nbsp;de laquelle S.Paul parle tant de fois, quand il dit, que nous fommes tuytifiespar Foy: Mais il fe rapporte à la faindeté de vie des fide les,qui leur eft donee par le S.Efprit,amp;dôt noftre Seigneur lefus Chrift eft la vraye reigle amp;nbsp;exemple, voire la fource. Cefte Saindeté (qui eft auffi appellee Iuftice) eft tellemct commencée amp;nbsp;auâcee en la vie prefente,qu elle ne peut eftre accomplie qu’en la vie eternelle ; fuiuant ce qui eft déclaré en l’Efcriture , amp;nbsp;tefmoignc par les Anciens dodeurs de l’Eglife. Partant ces Moynes ne pouuoyent rien alléguer plug propre pour fe réfuter eux-mefmes. Car ff la iu ftification des fideles cófifte en la faindeté de

vie

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J14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4J.44«

vie qui eft en eux ( comme ils difent) amp;nbsp;que ce-ftefaindeté nepeuteftre parfaite qu’apres la mort (corne l’Efcriture dit,amp; nos Peres le tef-moignent, voire noftre experience amp;nbsp;cófcien-ce nous en rédent conuaincus) il s’enfuiuroit, que les fideles ne feroyent iuftifiés qu'apres la mort. Celajdi-ie,s’enfuiuroit par le dire de ces Moynes, qui enfeignent en ceft Article d'Ab-iuration, que nous fommes iuftifiés à l'image de lefus Chrift.Or eft-il que la iuftice de lefus Chrift a efté, amp;nbsp;eft parfaite en lui, ce que nul Chreftien n'oferoit nier,amp; partant il faudroiG que pour eftre iuftifiés à fou image noftre iuïH ceamp; faincfteté fuft parfaite en noaf-mefmes: c’eft à dircj que nous fullions defpouillés de ce corps mortebpout eftre entieremét conioinéls à Dieu en la vie bien-heureufe.

A fin donc de ne tomber en l'erreur des Moynesjamp;au piege qu’ils ont ici tendu fous v-ne obfcurité Sêambiguité de paroles,ie prie les JeéleurSjde confiderer,que combien que les fideles ne peuuent eftre reconciliés à DieUjamp; apprehcder parFoy leur iuftice en lefusChriftj qu’ils n'aiment la iuftice amp;fainéheté de vie: toutesfoisjil y a differtnce entre laReconcilia-tion des fideles auec Dieu, amp;,leur fainéteté de vie : car ils ne font pas recociliés à Dieu,par ce qu’ils s’eftudient à fainôleté(attédu que la Reconciliation prefuppofe inimitié entreDieuamp; jious , amp;nbsp;telle inimitié eft caufee par le péché, contraire à fainéteté amp;nbsp;iuftice) mais pluftoft, iis s’eftudient à fainéteté, par ce qu’ils font recon

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;515

Conciliés àDieu.Or nollre reconciliation auec Dieu encloft cefte iufl:ificatiô,de laquelle nous difputons à prefenf.Parce que nous ne pouuôs eftre recôcilies à Dieu, que Dieu ne nous aime (car le mot de Reconciliation emporte cela) amp;nbsp;Dieu ne peut rien aimer qui foit iniurt:e:veii qu’il hait toute iniuftice amp;nbsp;iniquité, corne dit Dauidjamp; que nous auons ia monftré cy delFus. 11 faut donc qu’il nous aime en lefus Chrift, fur la mort riuijuel nous fommes recociliés à Dieu (dit S.Paul)eF/rft MédiateurentreDteu nous^ ■voire le moyen amp;leprix de noilre Reconciliation. i.Ttm.z, Il s’enfuit donc, que lors nous fommes reconciliés à Dieu J quand il ne nous regarde pas en ce qui eft de noufmefmes , où il n’y a que tout peché:mais il nous regarde en fon Fils,où il n’y a que toute luftice.Nous produirons feulemét vn palTage de S. Paul, pour l’efclairciiremét de ce que nous difons;D»e«,dit-il,»o«r a recocilie's a foypardefus Chrtß,?^ nous a donné leMinifle-re de Reconciliation. Car Dieu edloit en Chrifl fe réconciliant le monde, en ne leur imputant point leurs forfaits,ip- a mis en nous la parole de Recon ciliatton. Nous fommes donc ambaffadeurs pour Chrifi, Commeß Dieu exhortoit par nous : nous fuppltons pour Chriß,ejue vous foyés reconcilie's à Dieu. Car il a fait celui qui na point coynu feche', eslre péché pour nous,à fin que nous fußions iuéii-ce de Dieu en lui. En cell excellét palTage nous voyons principalement trois chofes : La premiere,que nous fommes reconciliés àDieu par vn feul lefus Chrift. La fécondé, que cefte re

con

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316 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 43.44.

conciliation fe fait en telle forte , que nos péchés ne nous font point imputes,amp;laluftice de Chrift nous eft imputcexe qu’il fignifie, quand il dit, cjue nous fommes iuütice de Dieu en Ie-fus Chrtjt. La troifieme : que Dieu a ordonné Je Miniftere de i’Euangile , à fin que receuans par Foy I quot;fiis Chrjft, qui nous y ert prefentéa-uec tons its biens,nous ioyons vrayement reconciliés à Dieu. C'eft, en fonime,ce que nous difons,que la iuftice de lefus Chrift appréhendée par Foy , nous eft imputée , à fin que nous foyons iuftifiésifuiuât ce qui eft dit par S.Paul» £)^esians iusltfies par Foy, nous auonspaix en-uers Dieu par lefus Chrijt nostre Seigneur.Vtài faidjfur quoy fe repofera noftre côfciéce,pour fubfifter deuant Dieu, amp;nbsp;auoir paix aueclui,û ce n'eft fur la Iuftice de lefus Chrift } parlons mefmes des plus auancés en fainétetéleft il poflible qu’ils s’appuyent fur leur iuftice propre,pour fentir vrayement en leur ame la dou- । ceur de cefte paix enuers Dieu ? Quand S. Paul । penfeaux reftes de péché qui eftoyent en lui» Sc qu'il lui falloir combattre continuellement, il s’eferie, qu'il eft miferable. Il eftoit donc ne-celfaire qu’il cerchaft ailleurs qu’en foy mefme la caufe du repos de fa confcience, de fa paix enuers Dieu, de fa Iuftice amp;nbsp;de fon falut. Or il l’atrouueeen la Iuftice de lefus Chrift,c’eft a dire,au merite de fa Mort amp;nbsp;Paflion,amp; en 1’0-beilfance qu’il a rendue à Dieu pour nous. Ce n’eft pas à dire que les fideles puiftent eftre iii-ftifiés par Foy, que quand amp;nbsp;quand ils n’aimet j celui I

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;517

celui qui les iuftifie, amp;nbsp;afpirent à fon obeidan-ce, felon la grace que Dieu leur faitimais ils ne font pas iuftifiés pour ceft amour entiers Dieu, ne pour leur obeilfance enuers fes Commâde-mens;veu qu’au contraire,ce qu’ils aimécDieu, c'eftparce qu’ils font perfuadés quilles aime en fon Fils:amp; partant qu’il les iuftifie en lui;car autrement,il ne les aimeroit pas, comme nous auons dit ci dellus. C’eft la doârine de l’Apo- iXor-j-ftre S.Paul,quâd il dit ainCv.La charité de Chnfl nous eflreind.-tenanspour refolu.queß vn efl mort pour tous, tous aujßßont morts nbsp;nbsp;si efi mort pour

tous^ fin ^ue ceux ipui viuet^ ne vtuetplus d’ores en auant à eux-mefimes, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4 celui lt;]ui efi mort

amp;refuficttépour eux.Pat ces paroles S.Paul mon ftre, que la fainôleté de vie procédé de l’alfeu-race que nous auons que lefus Chrift eft mort pour nous. Or croire,eft eftre alfeuré que lefus Chrift eft mort amp;nbsp;refufcité pour nous:c’eft,ap-prehéder par Foy la luftice de lefus Chrift,par laquelle nous fommes iuftifiés-.ainfi qu’il eft eC . crit ailleurs , que lefus Chrifi efi mort pour nos pechésiamp; refitfcitepournofire iufiification. Nous difons doc,que noftreRecóciliatió auec Dieu, amp;nbsp;noftre luftification a infeparablement con-ioinde la Regeneration, amp;nbsp;Sanéfification de vie,mais que pour cela on ne peut côclurre, ou que ces deux foyent vne mefme chofe, ou que laluftification, de laquelle nous parlons, pro-' cede de la fainôleté de noftre vie.

A caufe de cefte conionôlion fi eftroitc, les Anciés dotfteurs ont quclquesfois copris fous

U

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Jl8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4J.44.

la luftification tout ce qui appartient à la Regeneration amp;nbsp;faindeté de vie des fideles. Et mefmesS.Paul ne fait point de difficulté de dire 3 que ceux que Dieu a lufiiße's^tl let aglorißis: par cela il n’exclud pas la faindeté des fideles,amp;toutes les chofes en general appartenantes à leur courfe,iufques à ce qu’ils paruiennéc à la couronne de gloire qui leur eft appreftee au ciel,mais il s'eft contenté de propofer la lu-ftification,par ce que les autres chofes qui con cernent Feltat amp;nbsp;deuoir des fideles,s’en enfui-uent necelfairement. Ainfi faut-il entédre ces pallages:Qui croit en lui,a la vte eternelleAzd^i lonn $ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui m a enuojt)

Âtatt.zS. U, vie éternelle, amp;nbsp;ne viendra point en condemnation,mats eft pafte'de mort a zz/e.Item, qui croira^ amp;nbsp;fera baptize, fteraftauué, amp;nbsp;autres fembla-bles : par lefquels il ne faut pas entendre, que ceux qui croyent à la predication de l’Euagilei paruiennent à falut, fans aimer Dieu amp;nbsp;leurs prochains, amp;nbsp;fans afpirer à iuftice amp;nbsp;fainéfeté (comme il y a eu quelques anciens hérétiques, qui penfoyentqueles hommes ne pouuoyent cftre damnés , moyennant qu’ils euH'ent cog-noilfance de lefus Chrift , amp;nbsp;fullent baptizes, quelques péchés qu’ils comiffent, lefquels ont £»cfc.c.tf7 efté réfutés par S.Auguftin)mais parce que l’amour enuers Dieu amp;nbsp;nos prochains,amp;la reformation de noftre vie, fuit necelfairemét la Foy de ceux qui croyent vrayement en l’Euangile: à cede caufe lefusChrift a parlé principalemét de croire.Et toutesfois. Croire, ne fignifie pas aimer

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^19

aimer Dieu amp;nbsp;fon prochain : Etjaimer Dieu amp;nbsp;fon prochain, ne Ggnific pas Croire:Car la Foy^ a faproprietc;amp; la Charité, la fienne:amp; l’infe-parable conionélion des deux, ne côfond leurs diftinétes propriétés. Ainfi il eft dit ailleurs: aime fon prochain,a accoplilaLoy.non pour exclurre la premiere Table de la Loy, qui eft la principale partie d'icelleiMais cela eft dit,parce que la vraye amitié enuers nos prochains eft conioinéle à l’amour que nous portons à Dieu, amp;nbsp;en procédé : veu que pour bien aimer nos prochains, il les faut aimer pour l’amour amp;nbsp;affedion enuers Dieu, amp;nbsp;no d’vne aftéélion charnelle amp;nbsp;vitieufe. Par ceci (dit S. lean) nous cognoiJfoHS ipue nous aimons les enfans de Dieu, cjuandnous aimons Dieu,amp;c. Et pour rcuenir à la Foy amp;nbsp;Charité, tout ainfi que la lumière de laflâmen’eft pas fa chaleur , amp;nbsp;fa chaleur n’eft pas fa lumière,encor que les deux foyent en la flamme infeparablement : amp;nbsp;la flamme ne luic pas parce quelle a chaleur,amp; ne brufle pas,par ce quelle a lumière, mais chacune a fa propriété : Ainfi eft-il de la Foy , amp;nbsp;de la charité: combien qu’il n’y ait fimilitude allez propre pour reprefenter fuffifamment ce myftere.

Nous auons bien voulu dire ces chofes vn peu plus amplement, à fin que ce que nous entendons par ce mot de luiiificatton en la matière que noustraittons , nepuifle eftre ignoré de perfonne.Vray eft que ce mefme mot de lu- • ftification a des fignifications dfuerfes ( car il fignifie quelques fois tefmoignage amp;nbsp;approbation

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ARTICLE 45.44.

bacion de luftice , amp;nbsp;chofes Semblables) Mais nous atFermons,que quand il eft parlé de la lu-ftification que les fideles ont par foy , il faut rapporter cela,nô à noftre fainlt;àeté,mais à no-ftre Reconciliation auec Dieu, amp;nbsp;la remiffion de nos péchés par lefus Chrift, duquel, pour cell elFeélJa lullice nous elt imputée. Cela appert manifeftemcnt par ces paroles de faind l^om.8. Paul : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;intentera accufation contre les efleus

de Diens' Dieu efl celui tjui iufiifie: Q^fera celui tjut condamnerai Chrifl efi celui (jut eji mort, cjut plus .^ '^,refufctté:le^uel aujji efi à la dextre de Dteu,amp; ^uifait aufit reipuesle pour nous. Nous voyons en ce palFage, que la lullification dont nous parlôs,ell oppofee a l’Accufation amp;Con-damnation : amp;nbsp;que la lullification efl fondée

! fut la Mort amp;nbsp;Refurreélion de lefus Chrill, amp;nbsp;non fur la Sainéleté de vie des fideles.Car lî la lullification fuiuoit la faindleté de vie, pout-quoy ell-ce que S.Paul parleroit d’Accufer, de Condamner’Certes on accufe amp;nbsp;condamne les pécheurs, amp;nbsp;non les iufles. Auffi S.Paul en fa refponfe n'allegue pas la fainéleté de vie des Elleus, amp;nbsp;ne dit pas que leur fainéleté les iullifie, mais il dit,que c’ell Dieu:amp; adioulle la caufe de leur lullification : alî'auoir,la Mort amp;nbsp;Refurreélion de celui qui efl nollre Mediateur entiers Dieu; qui n’ell p^s mort pour les iuftes, i.Petr.j. mais pour les pécheurs : lui lulle (dit S.Pierre) pour les iniulles, qui d'eux-mefmes, amp;nbsp;en eux-mefmes pouuoyent iullemcnt ellre accufés amp;nbsp;condamnés par le iugement de Dieu. Or font-

ils

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R E s P O N S Ê.

ils iuftifics abfousjd’autanc que ce que lefus Clirift a fait, leur eft imputé , quand ils J'acce-ptét.par Foy. Voila quât au mot de lullificatio furleiùiet amp;nbsp;matière que nous traittons : amp;nbsp;nous nous alîéuronsj que ceux qui ne font dti tout ennemis delà vérité, confelFeront que nous croyons amp;nbsp;parlons ainfique l’Efcriture nous enteigne.

Et par ce que nos Théologiens vfent aulÜ fouuentdu mot de Sanüification, nous en dirons vn mot, à fin d'ofter toute occafion à ces MoyneSjSc à leurs femblables , de les calonieri Nos Théologiens donc enfeignent felon FE-fcnture, que le faind Efprit, qui engendre en nous la Foy , pour appréhender amp;nbsp;accepter le Merite de la Mort amp;nbsp;Paffion de Lefus Chrift Sc fa luftice , à fin qu'elle nous foit imputée pout eilte gratuitemét iuftifiés,amp; recociliés àDieu; le mefme Efprit,di-ie, nous fanôlifie,c'eft à dire , nous Régénéré en nouueauté de vie , nous faifant renoncer à nouf-mefmes , allumant en nos cœurs l’amour enuers Dieu amp;nbsp;nos prochains , amp;nbsp;nous faifant afpirer (felon lagrace que Dieu nous fait) amp;nbsp;nous auancer de iour en iouràlafainftctéamp; luftice à laquelle les en-fans de Dieu font appelles. Et combien qu elle I foit commencée en nous en celle vie , toutef-fois, comme défia nous auons dit, elle ne fera 1 parfaitement accomplie,qu en la vie eternelle.

Voila ce que nos Théologiens entendent pat \ce mot de Sanékification, amp;nbsp;qui eft conforme à tout ce que l’Efcriture enfeigne de la Sainéle-

X nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;té

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ARTIC IE 43.44^

K.om.6.19. té des fidelesjamp; des bonnes amp;nbsp;fainótes œuureS

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’ils marchent afpirans

rrU5?4 4“’ propofé. Ce mefme mot de K.P’n-S'îS. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fe prend auffi en PEfcriture pourpu-

Efb.4.-rer. rifict amp;c nettoyerxomme quand il eft dit,Heb. ij.ij.euó. 9.que le fang des taureaux amp;nbsp;des boucs/j»®-ßoit les louillcs.Ité, nous fommes, dit l'Apoftre, Heb. iQ.fanilifiés par l’oblation vne fois faite d» Corps de Chrifi. Item ; lefts,à fin tjutl fancltfiaft le peuple par fon fano , 4 fiujfert hors la porte : amp;nbsp;autres femblables. En ce fens le mot dé San-

bltfier fignifie lauer amp;nbsp;nettoyer, amp;nbsp;fe rapporte â JaRemiffion de nos péchés, qui ne doiteftre confondue auec la fainéleté de vie des fideles.

Auffi le mot de Regeneration',^ les mots qui s’y rapportent, qui font en l’Efcriture, amp;c dont les Théologiens vfent fouuent, doiuent eftr« bien encédus. Car ils fignifient premièrement celle faueur de Dieu enuers nous , qui nous a deliurés de la puifl’ance des tenebres , amp;nbsp;nous atranfportés au Royaume du Fils defadik' dion (comme dit faind Paul) amp;d’enfans d’ire nous a faits enfans de Dieu. A celle fignifica-tion fe doiuent principalement rapporter les paflàges fuiuans : A tous ceux e^ui l'ont leur a done ce dgt; oicl,d’en're faits enfans de DieUt afiduotr, a ceux qui croyent en fon Nom : lefiadi ne font point nais de fang ,ni de volonté de la chatf^ ni de volonte de l’hommetmais font nais de

Couc foit Dieu le Pere de nollre Seigneurie' fus chrifi, qui par fa grade mifericorde nous a ru generei. en elperance viueparla Refurrelhon de

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RESPONSE) nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jzf

ItfusChrifitd’entre les morts.Il nous a engendrex. t de fan propre vouloir,par la parole de Kerite, 'a fin ijuefu/fions comme premtces de fies creatures : amp;c autres femblables. Aulli ce mefme mot de liegeneration ,amp;i autres qui s'y rapportée,font pris généralement pour l'eftat amp;nbsp;tout le cours de la vie conuenable aux fideles , qui eftans nais de Dieujdoiuét toufiours croiftre en pieté amp;fain-fteté, iufques à ce qu’ils foyent parfaitement accoplis en la vie éternelle. En ce feus les paf^ Pages fuiuans doiuent principalement etlre prisjSc entendus:

K ou s ^ui mauex. fiutui en la Regeneration, nis.tthA^gt; ^uand le Fils de l'homme fiera a fit s au throne de fia AlaieltCiVous aufi/i/èrex. affis,^c.

Si aucun efl en Chrifl, il efi nouuelle creature. î.Cor.p Les vieilles chofies fient pajfiees: voici toutes chofies font faites nouaelles : qF le tout efi de Dieu t^ui nous a reconctlie's à fiojgt; par Le fus Chrifi.

Combien t^ui nelire homme e.xterieurfè deehet, x-Cor.^i thomme interieur efi renouuelle'de iour en tour.

Cheminez, en nouueautéde vie,

Defirez, comme enfians n agueres nais , le laill d intelligence,amp;ejui efi fians fraude,à fin que vous croiffiez par icclui. çFc,

11 nous a fiauuez ,non point par aeuures de Lufit-te que nous ajons faites , mais félon fia mifiertcar-de,par lelauement de Regeneration,^ renouuel-lement du fiiinll Elf rit. En ce paHàge le mót de Regeneration fignifie principalement cede faueur de Dieu qui change noftre miferable conditionà vue condition bien-heurcufeîainfi

K Z que

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324 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article

que le mot de lauement le monftre, autrement il y auroit contradiéliouj de dire, que nous ne fommes pas faunes par nos œuuresjamp;jque ' nous fommes faunes par la faindeté de vie qui eft en nous. Car eftre lauucs par noftre faiiH éteré de vie, c’eft eftre faune par nos œuures: ainfi que nous Fexpoferons encor plus amplement. Toutesfois FApoftre adioulîe le Renoti-uellcment du faincl pour monftrerjqu'e* ftans faits enfans de Dieu,nous fommes chan-gés , non feulement de condition (eftans faits d’enfans d’ire , enfans de Dieu, amp;nbsp;eftans pallet ’ de mort à vie ) mais aulli nous fommes changés amp;nbsp;Reformés en nouueauté de vie parle faind Efprit. Ceci donc foit dit de la fignifica-tion des mots, pour rendre l’intelligence des chofes plus aifee , quand les mots feront bien amp;nbsp;proprement entendus.

Maintenant il faut efplucherce qu’ils en-’■ tendent par celle grace informâte, laquelle ils attribuent à lefus Chrift. Car c’ell-ci la cou-ftume desMoy nes,de cacher leurs erreurs fous vne ambiguité amp;nbsp;obfcurité de paroles.Le mai-lib.zSen. lire de leur efchole Pierre Lombard parlât des difi.z7.cx. vertus, qu’il dit informer Fame', vfe de ces atm er^o. motstll appert,dit-il,que la charité eft le S. E-fprit,qui informe amp;fanélifieles qualités de Fame,à fin que d’icelles Fame foit informée, amp;nbsp;fanélifiee. Voila ce qu’il en dit.Et eft aifé à co-gnoiltre , que ce poure homme a efté merueil-ieufemét empefché fur ce poinét de Doéltine: tellemct qu’a pres auoir propofé diuerfes que-ftions

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;315

fiions,il dit (car ce font fes mots) qu'il en lai Ile le iugement aux leóheurs:ayant halle, dit-il, de palfer outre. Peut eftre auffi que nos Moynes, pour la halle qu'ils auoyent de palfer à vn autre Article, n'ûnt pas eu le loifir de nous bien expliquer leur intcntion.Tant y a,que (pour ne nous elloigner de leur mot ) ils n'ont pas efté alfez bien informés de l'intention de leur Mai-ftte;puis qu’il attribue au fainél Efprit la vertu d’informer les qualités de l’ame. Car nul ne doute, que la lullice de lefus Chrift, cofideree felo» fa nature humaine, n'ait eftç vne qualité de (on ame, voire trefparfaite qualité. Dont il s’e;ufuiutoit (felon le dire de Lombard) qu'elle a efté informée paj: le fainél Efprit. Comment -donc eft-ce que les Moynes l'appellent infor

mante? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l'i

D’auantage,ils difent en l’Article xliiij. que le mouiiement du fainél Efprit infus en nous, forme les qualités dont nous fommes formellement iuftiftés ; amp;nbsp;en l’Article xlv. ils difent, que nous fommes iuftifiés proprement amp;nbsp;for-' mellement par la grace de Dieu,y entreuenant \ le Liberal Arbitre. Ici ils maintiennent que la luftice de lefus Chrift eft informante.Qni eft-ce qui de ces faqos de parler differentes, obfcu res,ô£ enueloppees puiffe tirer quelque refolu-lio’Certes ft par la luftice de lefusCbrift Infor man.te,ils entendent,que faluftice eftlaforme de la luftice qu’ils difent eftre ennous ’.il faut do,nc que fa luftice foit réellement en nous,

I pour eftre forme de la noftre. Et là defl'us nous X 5 leur

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JIÄ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4j.44- ,

leur demandons aiiec toilte leur Elchole j que deuiendra cefte fentêce que leurs compagnons ont tant de fois reiteree en leurs difputes:a(la-uoir,Que la forme ne fort point de Ion fubiet? Comment fe peut-il faire,que la propre luftice de lefusChriit foit auffi en nous réellement,amp; qu'vne qualité ( comme on dit) indiuidue fois en plufieurs amp;nbsp;differents fubiets ? on dira bien en generatque pieté,foy,vertu,amp; chofes few-blables , ont efté en S.Paul, en S.Pierre, amp;nbsp;antres fideles:mais perfonnefs’il n’a efté itifenféj ne dit onques , que la pieté de S. Pierre ait elle j la propre pieté de S. Paul : comme auffi S. Pan^ i n’a pas efté iuftifié par la foy de S, Pierre, wnis I par la fienne. Et quant à Ief»s Chrift,les qualités amp;nbsp;dons habituels qui font en lui, ne pcO' uent non plus cftre formellement en nous,qnf nous ne pouuons eftre lefus Chrift.

jXorj.

En outre,il nous faut confiderer en la matit* ; re que nous traittons, la luftice de Chrift,un” I entant qu’il eft la mefme luftice , veu qu’il! Dieu , mais entant qu’il eft Mediateur entre I Dieu amp;nbsp;nous : comme S.Paul dit,^»’lt;7»««tlt;lt;^' ftéfan luUice. Or la luftice de noftre MediS' teur amp;nbsp;Rédempteur confifte en ce qu’ilaaC' compli toutes les chofes ncçeffaires ànoftf^ Iufticc,vie,amp; falut. Car en fa vie il a accompli la Loy:en fa Mort il a effacé le pcché:en fa R®' | furreélion il a vaincu la mort amp;nbsp;les enfers:toU’ tes lefquelles chofes eftoyent neceffairesp”''' . nous acquérir luftice amp;nbsp;falut. Si donc la lufti' te de Içfus Chrift ne peut eftre ici çonfidtf'^ .

* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ßn»,

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;317

fans ces chofes ,il s 'enfuiuroit j pour auoir eii nous reellement la luftice de lefus Clirift, que rcellement aufli nous aurions accompli la Loy, fatisfait au lugement de Dieu,eft'acé Ie pêché : amp;nbsp;en fomme, que noufmefmcs ferions morts , amp;nbsp;refufcités pour nous fauucr, qui fe-roit autant de blafphemes, que de mots. Voîla où rcuient le formellement de ces Moynes:qui voirement ont celle qualité Monachale, d’e-ftre menteurs amp;nbsp;blafphemateurs formellemct. Ily a plus: Car quand mefme nous confidere-rons la Regeneration amp;nbsp;fainóleté qui eft és fideles, fl eft-ce que nous ne pouuons dircjqu'ils foyentpource regard iuftifiés formellement. La raifon eft, que rien ne peut eftre formellement, qui n’ait parfaitement toutes les chofes requires à fa definition, amp;: le mot de, forme, le declare alfez, ainfi que ces Moynes doiuent a-uoirappris en leur efchole : car la forme Sela chofe inféré fa perfeétion.Et de faitt,vn homme ne peut eftre formellemct prudent, fi la definition de prudence ne lui cópete: autrement, il feroit prudent fans prudence.Or eft il que la definition de luftice comprend l’entier accona plilfement de tout ce qui nous eft commandé: veu que celui qui. faut en vn potncl de la Loy, efi coulfable de teus,dit S.laques. Maintenât oy ós ee qui eft dit en FEfcriture : Il ny a homme qui »e peche. Item , St nous dtfonsgt; que nous nauons t.loana. point depeche, nous nous feduifons nouf-mefmes, amp;nbsp;vérité nefipoint en nous.loinid qu’il eft commandé à tous les fideles qui font au monde, de

X 4 dire

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318 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 45.44.

jJMn.J. iJoan.i,

j.PetrJ,

Kom.8,

dire toute leur vie. Pardonne- nom nos offenfes: Et ce que dit lè Prophete,que Tontes nos tn^i' ces font come le drap fouiUé.S\ doc celui qui faut en vn poinéf,efttoulpable de tous,amp; n’y a home qui ne faille, amp;■ qui puille en foy-mcfme fubfifter deuant le lugement deDieu(ainfique dit Dauid) commet donc ferons-nous iuftifiés formellement en nous-mefmes ? Dirons-noiis qu’eftre formellement iufl:ifié,c’eft, eftre coul-pable de tous les poinéts de la Loy ? pouuonS' nous eftre formellement iuftifiés d’vne iuftice commécee,amp; non parfai'teîSi cela eftoitj nous ferions inftes amp;nbsp;iniuftes tout enfemble. Vray eft que l’Efcriture appelle les fideles iuftes amp;nbsp;fâinéls, non pour dire qu’ils ayent quelque lu-ftice formée en eux j de laquelle fis foyent formellement iuftifiés,comme ces Moynes pariet: mais d’autant que premièrement les Merites de lefusChrift leur font imputés;Secondeméf, pat ce qu’ils afpirét à fainéteté de vie: amp;nbsp;combien qu’il y ait beaucoup de defauts en eux:tou tesfois, leurs péchés leur font pardonnés ,amp; leurs imperfeftions ne leur font imputeesifui-uant ce qui eft efcrit, nous confejfons nos péchés, il ejl fidele nbsp;nbsp;tulle pour nous pardonner nos

peche's, nous nettoyer de toute ini^utte:ltemfii nous auons peche', nous auons vn Aduocat euuers le Pere,afiduoir,Iefius ChrtflleluSle ,• carc'efllui qui eft l’appointement pour nospeche's.ltem:eßeits en fanüification de 1’Elf rit peur obéir,eftre ar-roufiés du fang de PefiusChrift.^t ailleurs:^»/ fera celui qui condamnera l Chrift eft celui qui eß mort

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R E s P O N S T .

Wortplus nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;refitfirite, letjttel aujfi eft à

la dextre de Dieu nbsp;nbsp;nbsp;qui fait aufft requefie pour

»aus. Item 3 7efus efl entré au cielt pour mainte,-nant comparoir pour nous deuantlafacede Dieu. Par lefquels paiFages il appert 3 que le fruiôl de l'Interceflîon de lefus Chrift3 amp;nbsp;l’Application de fa mort amp;nbsp;de fa luftice ne nous eft pas feulement neceftàire quand nous commençons à croire en lui, mais s’èftend à tout le cours de noftre vie;à fin que nousamp; nos bonnes œuures procédantes de l’Efprit de Dieu3 befongnat en nous, lui foyent agréables 3 nonobftant les im-perfeôtions qui font en nous.

C’eft ce que l’Efcriture nous enfeigne , au lieu de la luftice informante amp;nbsp;formellement faite que les Moynes ont imaginée : lefquels font bien eftoignés de cefte belle fentencc de S.Bernard3quandildit ainfi en la priere qu’il : fait à Icfus Chrift ; Seigneur 3 n’ayes mémoire in Cxntîc. des péchés de maieunelfe, amp;nbsp;de mes ignoran- Ser'-^z. ces3amp; me voila iuftifié : Seigneur, condui-moy entavoye;amp;me voila fatiélifié. Mais fi ton fang n’intercede pour moy,ie ne fuispas fauué. Or pour lailfer aux Moynes leur maniéré de parler trop philofophique fans nous y amufer d’âuantage3nous diiôns3 fuiuant le langage de rEfcriture,que nous fommes iuftifics non de noftte'iuftlce,mais de la luftice de IefusChrift3 qui nous eft imputée : ainfi qu’il appert par les pafl'ages fuiuans:

Kous efles fauués de grace par la foj , amp;nbsp;cela Efhef.z. non point de -vous, c ejî don de Dieu gt;nbsp;non point

par

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i.Cor.f.

Ü4/.5.

F.^h.i.

Ib.

A R T I C L E 45. 44, par æuures, à fi» que nul ne fie glorifie. Car nous fiommes fion ouurage , eïlans creez. en lefiusChrtfi a bonnes æuures, que Dieu a préparées ,àfi» que cheminions en icelles. Nous voyons par ces paroles, premièrement, qu'il n’y a rien de nous qui precede noftre iuftification : veu mcfmes que par icelle nous fommes créés en lefus Chrill: amp;nbsp;rien ne peut aidera la creation de foy-mefme. Secondement, que nos bonnes æuures font fruids amp;nbsp;effeds de noftre iuftifi-cationxar il faut eftre créé, auant que faire les bonnes æuures. Or nous fommes créés en lefus Chrift,quand nous fommes iuftifiés par lui-Ce qui fe verra encores manifeftement par Iw pailàges qui s'enfuiuent:

Eftans iufttfiez. parfioji, nous auons paix e»' uers Dieu.

Dieu efioit en Chrifi fie reconciliant le mondet ne leur imputant leurs fiorfiaits.

Nous concluons donc, que l’homme efl iuflifi^ parfiojftfians les æuures de la Loy.

Or que parla Loy nul nefi iufiifie' enuersDd^^’ il appert. Carle iufie viura defioy, la Loyn^ß point de l.tfioy : mats l’homme qui fera ces chofie^gt; viura en icelles.

chrifi' efi la fin de la Loy en iufiiee à croyant.

j4 la louange de la gloire de fiagrace,de laqüi^' le il nous a rendus agréables en fion bien-aime.

Tous ceux qui fiant des æuures de la Loy, fions malediÜton.Cartlefi eficrit ; maudit eft conque nefi permanet en toutes les chofies qui fini ffifi

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response, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jjl

tfcrites an liure de la Loj,pour les faire,

^^nons a faunes,appeliez, par fa fain^evo catfnn,amp; non point acanfe denos oeuares : mais par fan arrefi amp;nbsp;grace, laquelle nous efi donnée en defus Chrifi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Si Abraham a eße' iufitfie' parles ceuures, il a dequoj fe -vanter, mais nopas enuers Dieu. Ai ais que dit iDfiriture ; Abraham a creu a Dieu , il lui a efié impute' à tujHce. Or à celui qui œu ure, le loyer nefl point imputé pour grace , mais peurchofe detie : mais a celui qui noeuurepoint, ains croit en celui qui tufitße le mefchant, fa foy lui efi reputee à infitce.

Comme par la defobeifiance d'vn homme ,pl(f-feurs ont efié rendus pécheurs.-aufii par iobeiffan- '' ce d'zjnplufieurs feront rendus iufles.

Pour demonfirer fa iuflice au temps prefent, à fit! quilfait infieÇ^- iufiifiant celui qui efi de la foy tic iefus.

Efians infiifiez. gratuitement par fa grace, par iu redemption qui ejl en Iefus Chrifi.

intentera accufation contre les Efiens de DieufDieu efi celui qui iuilifie , qui efi celui qui condamnera? Chrifi efi celui qui efi mort, amp;nbsp;qui fait requefiepour nous,(Ir-c.

Parieelui vous efi annoncée la remiffion des fcchez,^detout ce dequoy n auez peu eflre tufii-fiez par la Loy de MorCe : quiconque croit en lui, efi iuHifii.

Il a fait celui qui n'a point peche', eltrepeche' pour nous , a fin que nous fujfions iuliice de Dieu ta lut. (uotez,£« lui.}

E il an s

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5}' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLÈ 45» 44'

Elians tts^tfiés en fon fang, nous ferons deli'' urés d'ire par lui.

Eßans gratuitement iuEtißez. par fa grace, pa'S la Redemption (jui eß en Refus Chriß, cjue Dieu a ordonné de tout temps pour Propitiatoire parla foy au fang d’icelui.

i.Ioan.j^.

Cal.^.

J^oOT.4.

T^nl.y

En ceci'cß la chante , non point i^ue nous ajons aime Dieu : maispource ejutlnous a aimez^^cE- a enuoyé fon Fils ,po'ureRtre appointementpour nos péchés.

Chriß nous a rachetez, de la malediclion,quand il a eßifatt maleditlion pour nous.

Dauid declare la beatitude de l’homme a qut Dieu alloue JuElice fans œuures.

tieb.Ti-

Que lefoj/e trouué enice(ui n’ayant point ma lußice qui eß parla L^, mais celle qui eß parla foy de Chrifli la lußice qui'eß de Dieu parla foy. Etplufieurs autres pailàges,quifont demef-mes. Dont nous concluons , que puis que nos bonnes œuures ne peuuét précéder la foy (car ce qui eft fait fans foy,eft peché,amp; nul ne peut plaire a Dieu fans foy , ainfi qu’il eft efccit) Sc puis que nous fommes iuftifiës piar la foy énle-fus Chrift,nous concluons jdi-ie, que nous fomines rendus iuftes; tant, par ce que nos péchés ne nous font point imputés,qu’auffi parce que robeifl'ance amp;nbsp;luftice de Clirift nous eft imputée..

Ceci fe pourra facilement comprendre par la fimilitude d’vn debtéur qui feroit réduit a extreme poureté , amp;nbsp;duquel la debte aoroit efté acquittée par vn autre , à la charge que le de'3

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;}}}

debteur acceptaft ce beneßce. Car combien que le debteur n'ait payé de fes propres de-niers,neâtmoins en vertu du payemct fait par celui qui a payé pour lui, il demeure entièrement quitte enuers fon créancier, moyennant qu il accepte le payement fait pour lui. Sern-blablementjparce que IcfusChrift a payé pour nous J c'eft à dire , a fait pour nous tout ce qui eftoit requis à noilre Iuftification,ayât accompli la Loy, amp;nbsp;ayant fatisfait au iugement de Dieu pour nous , à fin de nous réconcilier à Dieu, à la charge que nous lacceptios par foy, (ainfi que nous auons veu és pall'ages ci def-fus) il s'enfuit que nous fommes vtayement iu-ftifiés de la luftice de Chrift, laquelle nous acceptons par foy.

Cefte fimilitude eft contenue en l’Efcriture, en termes expres,non feulement quand nos pe chésfont appelles dehtes , mais auiïi pat celle fentence de S.Paul:Q^nd vous estiez, morts e» Vos péchés, amp;nbsp;au prepuce de 'voH're chair, il vous a vtuiße's enÇemble auec lut:vous ayant pardonne tous vos pechés. en ayant efface'l‘obligation cjui e~ floit contre nous,amp;c.h.a(ti les mots de Racheter, amp;nbsp;de Redemption, tant de fois propofés en l'E-feriture, nous meinentlà. Par celle fimilitude la chofe nous eft. comme reprefentec deuât les yeux.Car puis que necelfaitement il y a eófor-mité , amp;nbsp;correfpondance entre le payement amp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;l’acquit,il nous faut conclurre,que comme le-

\ fus Chrift noilre Mediateur amp;nbsp;plejge enuers , nbsp;nbsp;nbsp;Dleu,a fatisfait à fon lugetnét pour nous,d’autant

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5^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARtiCLE 4j.44.

tant que de fa pure grace amp;nbsp;libéralité 1 il S eit fait debteur : non qu'il le full en foy, ou de foy (car ileft mort, lui lufte, pour les iniuftes, ainG qu'il eft efcrit ) mais d’autant que nos péchés lui eftoyent imputés comme à noftre plei-gCj pareillement nous fommes acquités enuers î.'Picr.j. Dieu ; non que nous ayons payé J ou en nouf-mefmes, ou de nouS-mefmes:mais d'autat que le payement fait par lefus Chrift, c'eft à dire,fa Mort amp;: Paflionjon Obeilfance amp;nbsp;fes Merites nous font imputés amp;nbsp;alloués. Or ce benefice eftreceu amp;nbsp;appréhendé par Foy , quand nous • croyons vrayement,amp; nous alîéurons non feulement que lefus Chrifteftmort amp;nbsp;refufcité, mais qu’il eft mort amp;nbsp;refufcité pour nous.

Laluftice donc de lefus Chiifteft noftregt; parce qu’elle nous eft donnée par imputation! mais elle n’eft pas en nos œuures : car alors ce ne feroit pas la luftice de lefus Chrift , mais la K.ow.4- noftre. C'eft ce à quoy rend S. Paul.difant, que la foy en celui qui lujlifie le mefchant,efl reputee i fpifi.joô. iufiice,CQmmc nous auos veu. Partant(comme

S.Auguftin)lemefchant,auantqu’eftreiu-inftifié,qu’eft-il autre chofe que mefchant? ôi vn D.18.5.6. peu apres'.Qui croit en lui,ne fera point cofus: cefte eft la iuftice par la foy, par laquelle nous croyons que nous fommes iuftifiés , c’eft à dire , faits iuftes par la grace de Dieu /par lefus Chrift noftre Seigneur, à fin que nous foyons ■ trouués en lui n’ayans point noftre iuftice qui eft par la Loy i mais celle qui eft par la foy de Sitp.Cunt. lefus Chrift. Et fainét Bernard ditainfi: Seigneur

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RESPONSE.

gneurjchanteray-ie mes iuftices ; pluftoft i’au-ray fouuenance de ta feule luftice : cat icelle-mefineellla mienne,paree que lefus Chrirt: m'eft fait iullice de par Dieu. C'eft pourquoy fainót Auguftin oppofe tant fouuent aux Pcla-giens le falut des petis enfans qui meurent a-uant Taage de diferetionzear quels merites peu uent-ils auoir, que par imputation? Et faid, Thomas a efté efmeu de cell: argument.

Et pour faire toucher au doigt la vérité de cefte doélrine : que les Moynes refpondent, fi la temiflion des péchés n’elt pas le premier amp;nbsp;principal pornéf de noftre lullification: voire qui l’encloft necclfairement ? fuiuant ce que fainiâ Paul enfeigne, vfant du tefmoignage ^,'””•4- . de Dauid.S’ils ne l'ofent nier, qu’ils nous dient donc, s’il faut que nous rcfpandions noftre fang, à fin que nos péchés nous foyent par-donnés : ou pluftoft, fi l’effufion du fang de lefus Chrift ne nous eft pas imputée? Car qu’eft-ceà dire, que Jefus Chnfl a porté nos pochez, en fin corps : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la correelton de no^re paix

efl firlai : cfuen fa playe nous auons guertfon : linon que fa Mort amp;nbsp;Pallion nous eft imputée à iufticc?

Tay dit,que noftre luftice eft necelfairCment enclofe en la Remillion de nos péchés, fuiuant ce dire de S. Auguftin, Noftre iuftice en cefte rgt;« vie, dit-il, confifte en la Remiflion de nos pe-chésjôc non en la perfeélion de nos vertus. Et autre part il dit ainfuTous les Commandemés de Dieu lont tenus amp;nbsp;réputés pour elite faits, quand

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50 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 45.44.

quand Dieu nous pardonne ce que nous ne les auons pas faits : ce que ie prie les Leéleurs de bien coniiderer,comnïe lepoinót qui contient Tentiete decifion de cede queftion que nous traittons;amp; pour ce ft cffeót poifer diJigemmcC les raifons fuiuantes:

Premièrement, la /unification eft oppofeeà la nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;: ainfi que nous auons mon-

ftré par ci deuaiit, alleguans ces mots de TApo ftre: Q^ui intentera accufiation contre les efleus dt Dieu l Dieu efi celui /^ui luslifie, fiera celui ^ut condamnera ? amp;c. K ce propos aullî le mef' me Apoftreoppofeailleurs le minifterc dein* ftice au miniftere de Condamnation ; faifant comparaifon de la Loy auec l’Euangile.Il s’enfuit donc que quand Dieu nous iuftific, il ne void en nous que condemnation,tant s’en faut que ce foit quelque luftice amp;nbsp;faimfteté inherente en nous:tellemét que noftre luftification eft noftre Abfolution. Partit nos péchés nous eltans pardonnes , nous fommes tenus déliant Dieu comme n’eftans plus pécheurs. Or n’eftre point pecheur, c’eft eftre iufte : veule fubieft duquel nous parlons. Voila pourquoy S. Paul ne fait point de difficulté de côclurrejque ceux là font tenus pour iuftes , aufquels les péchés ne font point imputés;amp; dit ainfijDlt;î»lt;^ declare la beatitude de /homme à cjui Dieu alloué /»' fiicf fiant æuures,difiant : Bien-heureux fiant ceux aufiquels les iniquités fio'nt remifies,^ deficjuels le^ péchés fiant couuerts. Bien-heureux efi l homme auquel le Seigneur naura point impute lepeehefi

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RESPONSE.

s’enfuit necefTaiLemenc de cepafîagCjquejn’im purer point ie pechc, c’eft alloiier ou imputer luftice:autrement, l’argument de TApoftre fe-roic defeólueux. Nous voyons donc ici premie rement.que la luftice eft imputeeifecondcmér, qu’elle eil imputée fans nos œuures. Partit ce n'eftpas noftre iuftice amp;nbsp;faindleté inherente qui nous eft imputée (car noftrç iuftice ne pour roiteftrefans nosœuures) c’eft doncl’obeif-fance de lefus Chrift,amp; fes benefices qui nous font imputés ; amp;nbsp;n’y a rien qui fe puilfe dire au contraire,finon qu’on veuille tergiuerfer. Par- tiuk'i tant celle fentencede S.Ambroife eft trefloüa- egt; btta, ble: le me glorifieray en Dieu par lefus Clirift, dit-il. le ne me glorifieray pas d’eftre iufte, mais ie me glorifieray de ce que i’ay efté rache té:de ce que lefus Chrift eft mon Aduocat envers fon Pere, amp;nbsp;de ce que le fang de lefus Chrift a efté refpandu pour moy.

D’auantage,fi lefus Chrift effaçoit tellemét les péchés , qu’il ne nous imputall pas la iuftice par mcfine moyenhl s’enfuiuroitjqu’il n’au-toit pas pleinemét fatisfait à Dieu pour nous. Car noftre deuoir amp;nbsp;obligation enuers Dieu* n’eft pas feulement de ne faire pas le mal, mais auffi de faire le bien:amp; fommes tenus d’accom plir fa Loy.ce que ne pouuâs fairejefus Chrift l’a accomplie pour nousjamp;l’accomplilfemét de la Loy fait par lefus Chrift, nous eft imputé* comme fi nous-mefmes l’auions fait, à fin d’en eilte acquités deuant le iugement de Dieu , amp;C eftre iuftinés* Sc aggreables à Dieu en fon bien y aimé

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JjS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 45.44.

jEpi’rfi- aimé,dit S.Paul.C’eft pourquoy lefus Chrift di

AtaJtfc ^' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1“’ falloir accoplir toute Iuftice:Item,

venu pour accoplir la Loy.Et ailleurs.

Ibid.

Ga.lat,^.

De tout ce deejuoy n auez peu e^fe iuitifiez. paT la Loy de Alt;loyfe,e^uicone]ue croit en lui, efi iusti-fié. Item , Chrtfi efi la fin de la Loy eniufiiceà tout croyant. Item,/efus Chrtfi fait fous la Loy,4 fin tjuil rachetafi ceux ejui eïioyent fous la Loy, Et ailleurs : Kn feulpoinU de la Loy ne pafera, ^ue toutes chofes ne foyent faites. Et S. Paul dit, a4boltfions nous la Loyparla Foylams nous efta-blifions la Loy : alfauoir , d’autant que par Foy nous reccuons lefus Chrift , qui a accompli la la Loy pour nous. Car comme le péché eftia tranfgreffion de la Loy, auffi la luftice(parlant proprement) eftlaccomplilfement de laLoy: lequel n’eftant en nous,ny par nous, doit cftcc Trscf.^.in cerché en lefus Chrift. Voila pourquoy S.Au-loan. guftin difoit ainfi ; Tous ceux qui font iuftilîct par lefus Chrift, font iuftes ; non pas en eut, mais en lui. Vray eft que les fideles doiucc ehe-

miner en I’obeiirance de Dieujmais ce n’eft pas pour eftre iuftifics deuant Dieu , vcu que nous Ie fommes fans auures, come Dauid,amp; S.Paul le nous ont dit ci delfus.

C’eftauffi pourquoy Dauid demandant la Remiffion de fon péché ; Latte may,dit-il, 5«* i gneur, nbsp;nbsp;nbsp;ie feray plus blanc ^tte neige, c’eft à di

re, qu’il feroit tenu pour iufte deuant Dieu pat i fa feule grace amp;nbsp;mifericorde,amp;non pour auoir en foy celle parfaite amp;nbsp;accomplie pureté. Cat lui-mefme difoit ainfi ailleurs: Li'entrepetnt en ia^e ■

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^59

tugement Auec ton fernttenr: d‘autant (jue nul vt- Î’p4i4?i Haut ne fera iuSltfié deuant toj .Et de faiót,S.Paul tire de Ce çalFageda luftification de laFoy,con-tre la faulî’e opinion de ceux qui vouloyent e-ftrc iuftitiés par leurs œuures.

C’eft aufli la raifon pourquoy FEfcriture ap-* pelle lefus Chrjft/e, quand elle parle du ' ‘ merite de fa Mort amp;nbsp;Paffion. Nous auons dit ^.ïezniVnAduocat enuers le Pere,afduotr,lefts Chrifi le lusle : car cefi lui qui efi l'appointenoent four nos pechez.. Par ces paroles il monftre eui-demmétjque la luftice de lefusChrift,vient en copte en la remiflio de nos péchés. Et de faiâ:, FEfcriture a de couftume de comprendre fous la Mort amp;nbsp;Refurredion de lefus Chrift toutes les chofes qu’il a accomplies pour noftre falut.

En outre,S.Paul enfeigne,que nous fommes reconciliés à Dieu par la Mort amp;Paffion de lefus Chrift, ce qui ne peut eftre que nous ne fo-yons iuftihés en lui, ainfi que nous apprenons , par les paroles de FApoftre,quand il dit, Eiläs ' matntenant tuslifiez. en fon fing, nous ferons deli~ urez d’ire par lui.Carßlors que nous ejliens enne mis,nous auons elié recociliez. àDicuparla mort de fon Fils , beaucoup pluilofl efans defa recon-^ etUez,nous ferons delturez. par fa vie.

Ici nous voyons, premièrement par cefte fa-^on de parler eilre tuïltfiez. en fon fang , que la remilTion de nos péchés ne peut eftre fans no-ftre luftification ; Secondement,nous voyons que felon le langage de S. Paul, E^lre luïiifiezi aufangde Chrijl,amp;c,efre réconciliez, à Dieu par y i lit

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54° nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4J.44-

lamort de lefus Chrifi,cù,\ne mefmechofe. Et de faiól (comme deGa ci deiïiis nous auons dit) nous ne pouuons eftre reconciliés,queDieu ne nous aime : amp;nbsp;il ne peut aimer Tiniuftice: dont il s'enfuit qu'il nous aime en lefus Chrift , qui lui a rendu toute obeilîance pour nous.

Auffi nous deuons bien prendre garde à ce que S.Paul dit aux Galates:CAr//? nous « rachetez. de la maUdtUion de la Loy,oiMâd Ha efle'fait pournotts maledtclion , Ç^ c. .Afin ejue la henedi-[lion d’Abraham adttinfi aux Gentils par Jefus Chrifi^çè’C.

Si on demande^quelle eft cefte maledidionj le mefme Apoftre relpod ainfi: Ad audit efl ^tti-commue nefipermanet en toutes les chofes ijuifint efirites au hure de la Loj/,pour les faire.Côment donc peut eftre oftee cefte maleditiion , Gnon que la Loy foit accomplie parfaitement î Partant G lefus Clirill nous a retirés de la maledi-élion de la Loyj! l’a donc parfaitemét accomplie. S'il nous a rachetés de cefte maledidiô, il a donc payé pour nous ce que nous deuions. Car le rächet ne peut eftre fans payeméc:amp; s’il a payé pour nous , il faut doc que ce qu'il a fait pour nous racheter de la malediólió de la Loy, nous foit alloué amp;nbsp;imputé deuanf Dieu.Autre ment. cefte Redcption feroit inutile pourno-ftre regard:amp; ne feroit pas Redcption, amp;nbsp;n'aurions pas efté rachetés de la maledidion delà Loyxontre ce que dit S.Paul. D'auâtage, nous ne pouuons eftre deliurcs de malediélion, fans eftre bénis, c’eft à dire, aimés de Dieu, pour auoir

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;341

aaoir falut en lefusChiill:,felon la promelTe fai te àAbraham.Car il n’y a point de milieu entre benediéfion amp;nbsp;malediólió.en ceft endroit; veu que n’eftre plus maudit de Dieu , c’eft eftre bénit de lui. Or Dieu ne peut bénir l’iniuftice, amp;nbsp;partant il nous bénit en lefus Chrill, comme dit ici l’Apoftre. Confequemment il faut que nous difions , que nous ne pounos eftre abfous de nos péchés par la remiffion d’iceux, amp;nbsp;eftre deliurés de malediftion , que nous ne Ibyons quand amp;nbsp;quad bénis de Dieu,amp; iuftifiés.Or eft il ,quc nuln’oferoit nier que nos péchés nous font pardonnés, quand la mort de lefus Chrift nous eft imputée : il faut donc auffi conclurre, que nous fommes iuftifiés deuant Dieu,d’autât qu’il nous impute la luftice de lefus Chrift , fon qbeilfance.

Finalement, il faut diligemment confiderer ce que dit S.Paul auxRomains,Ce n efipas dinfi du heneficeiComme de ce ejui eß entré par v» qui a péché. Car la coulpe eß d’vn forfait à condemna-tion : mais le don efi de plufieurs forfaits à Jufiifi-cation.\c\ nous voyons deux chofesiLa première,que la luftification eft oppofee à laCondem nation (comme défia nous auons veu ci delfus) tellement que nous pouuons dire, auec l’Efcri-ture, que nous fommes iuftifiés de nos forfaits par le merite de lefus Chrift: ce qui ne peut e-ftre que par imputation de luftice.La fécondé, qu’il nous faut mettre grande difference entre Adam,amp; lefus Chrift,fuiuant ce que l’Apoftre en difeourt amplement en ce lieu-là. Car nous y 3 tir

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ARTICLE 4J. 44.

tirons tellement noftre condemnation d’Adam,que la caufe en ell en nous, amp;nbsp;de nous, amp;nbsp;Tiniuftice eft noftre , car elle eft en noftre cor-tiiptio naturelle. Mais noftre iuftification viet d'ailleurs que de nous:airauoir,de lefusChrift, par lequel nous fommes iuftifiés, quand fes Me rites nous font imputés. Or cefte imputation eft vu fingulierdon de Dieu, car c’eft l’application de la Mort amp;nbsp;Refurreólió de lefus Chrift. Partant l'argument des Contraires (comme on dit en l'efchole ) n’eft pas bon ici pour prouuet que la caufe de noftre Iuftification eft en nous, comme la caufe de noftre Condemnation. Cat en tels arguments il faut que toutes chofes foyent en tout amp;nbsp;par tout correfpondantesxe qui n’eft pas ici,ainfi que les mots de l’ApoHte, Coulpe,amp;c Don,\c déclarent alfez. La coulpc,eft de nous,amp; le Don,d'ailleurs.

C'eft merueilles, que ces Moynes haïlfent tant le mot,lt;/'/w/gt;AW/io»,amp; appellent,par mO' querie,noftre luftice,• veu que leut Pape en fes Indulgences diftribue (comme il dit ) les merites des SainCls , amp;nbsp;leurs œuures, qu'il appelle de Supererogation , à ceux qui lut donnet de rargent:amp; veut dire,en fomme,que les merites des Sainds leur font imputés. Cependant ne veulent pas qu'on die, que la lufti-ce amp;nbsp;les Merites de Chrift nous foyent imputés à luftice : amp;nbsp;prifcnt plus leurs blafphernes amp;nbsp;refueries,que la dodrine expreft’ément contenue en la parole de Dieu. Mefmes ils feroyét biçn empefchés de refpondre à ce que dit leur Maift

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RESPONSE.

Maiftre Pierre Lombard : que ce mot de lu^te eft entendu en deux façons : car il lignifie ou Sent.l.i., celui qui eft innocent : ou celui qui a l’exercice d.^. des vertus. Or nous ne pouuons eftre iuftifiés, par ce que nous auons l’exercice des vertus: veu que fainôl Paul dit, que Dieu iuftifie le mef chant : ainfi qu’auons allégué ci delFus. Il s’enfuit donc, qu’eftans iuftifiés , nous fommes in-nocens : ce qui ne peut eftre fans Imputation: veu que nous fommes pécheurs,amp; condamnés en nouf-mefmes.Tellement que quand l’Efcri-ture dit, que le péché n’eft pas imputé,elle dit, par mefme moyen, que l’innocence eft imputée: qui eft pour reuenir à ce que nous auons dit, que la Remifijon des péchés encloft l’Imputation de luftice , de laquelle il eft parlé en l’Eferiture. Et certes fi les Moynes l’ont veuç, ils y ont appcrceu ce que nous difons , ou bien ils monftrent qu’ils ne l’ont iamais voulu voir, en la voyant : attendu que ces mots y luifent clairement, qu’il faut eftre aueugle,pour ne les Voir pas : La I uîttee efl imputée fans œuures, ib’L fin ^ue lalufiiee leurfufl auffi imputée^ajfa-

*noir,à, ceux tjui croyent : aufcjuels il fera aujfi im~ pttte',ajfauoir,à nous tpui croyons en celui epui a refit feue' des morts nojire Seiy^neur /efus , lt;^ui a eflé liuré pour nos peche's, amp;nbsp;refufeité pour naître Iu~ flification', comme aulTl faiuél Auguftin l’ex-pofe par ces paroles : Il eft dit, Ils feront tuîli-fies '.comme s il difoit,lls feront tenus pour iu-ftes : ils feront réputés iuftes. loiinft ce qui eft dit tant de fois en l’Eferiture, que nous fom-

y 4 mes

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J44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4^44.

Ji.

mes iuftifiés en IefusChrift,amp; par lefusChrilL Et n’efl: pas dit,cn nous,ne par nous, pour mon ftrer qu’il faut cercher hors de nous la caufe de noftre luftification. Or fi nous fommes iufti-fiésparce qu'vn autre a fait adauoir , lefus Chriftj il faut donc neceirairement que cela nous foit imputé : ce qui n’empefche pas que nous n’en fentios le fruidt, encor que la caufe foit hors de nous. A quoy fe doit auffi rapporter ce qui eft dit par S.Paul:ce/ut qut nœtfure feint^ams croit en ceint qui tuflifie le mefchantjfr foj/ lui efl reputee à lufiice. Qui n’eft autre cho-fe que ce qui eft dit ailleurs , que nous fommes tußifiesparufoji en lefts Chrifi. Item, que nous fommesJeiuuès de?raceparla foy^c^ cela nopomt de nous , car c eji don de Dieu non point par ceU-ureSià fin que nul ne fe glorifie. Car commet eft-ce que la foy en lefus Chrift, mort, amp;nbsp;refufei-Qîé pour nous,nous eft imputée à lufticeîN’eft-ce pas à caufe de l’obietft de la foy , qui eft le-lus Chrift, auquel nous auons noftre lufticeî Le Croire,entant que c’eft vne œuure,meiite-jl que nous foyons iuftifiés? L’equitc amp;nbsp;parfaite luftice de Dieu,à laquelle il faut pleinement fatisfaire, peut-elle porter cela ? Ce n’eft donc pas rA(ftion,ou œuure de noftre foy, c’eft à dire, noftreCroire,qui nous iuftifie:mais c’eft celui en qui nous croyons. Car nommément il *eft dit, que ce n’eft pas par œuures que nous fommes iuftifiçs : amp;nbsp;par ainfi nos Aftions font exclufes,pour n’attribuer point à la dignité d’i celles la çaufe de noftre luftification. Au refte,

il ne

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;54J

il ne faut entedre ce motjd’œuuresjtanf feulement des œuures extérieures : mais auïîî, voire principalement, des œuures intérieures. Et de faiâ , on mefure l’œuure exterieure par Pinte-rieur de l’ame, comme S.Paul ditiQjre la fin du Commandement, eft charité de cœur pur, amp;nbsp;de bonne confcience , amp;nbsp;de foy non feinte. Voila pourquoy Moyfe difoit ainfi : Ce ne fi point pour ta Infi te e , ne pour la Droiture de ton cœur,^ue tu entres en leur pays : c’eft à dire , en la terre de Promiflio, qui cftoit figure de la vie éternelle. Quand donc il eft dit, que nous fom-mes iuftifiés par foy,il faut necelîàirement entendre par le mot de foy,celui qui eft apprehen déparfoy,airauoir,Iefus Chrift,que noftre foy regarde,dits.Auguftin:Ceque S.Pauldeclare dc Trmi. ainfi:Z,4 lufttce ^ui efipar lafoy,t]ue dtt-elle?La i4-c.8. parole efipres de toymen ta bouche, amp;nbsp;en ton cœur: Klt;gt;w.io. c'efllaparole de foydatjuelle nousprefichons. Car ß tu confie fie s le Seigneur I efius de ta bouche, amp;nbsp;^ue tu croyes en to cœur que Dieu l'a refiuficité des morts,tu fieras fauué. Par cela nous voyons que l'Euangile 8c lefus Chrift eft l’obied de la foy. Dont s’enfuit.qu’eftre iuftifié par la foy en le-fus Chrift, c'eft eftre iuftifié par lefus Chrift, reccu 8c appréhendé par foy.Comme auffi c’eft: le langage accouftumédel’Efcriture.Car quad il eft dit,que nous fommes fauués par la foy, amp;nbsp;que Dieu purifie nos cœurs par foy,ce n’eft pas à dire,que l’œuure de noftre foy nous fauue,ou nous purifie:veu qu’il n’y a qu’vn feul Sauueur, 8i duquel le fang nous nettoyé de tout péché:

mais

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54^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 45. 44J

mais c'eft pour monftrer,que nous fommcs fau ués amp;nbsp;purifiés par IefusChrift,lequel nous ap-prehédons par foy, auec fes merites,amp; ce qu’il a fait pour noftre falut amp;nbsp;purcté.Nous cofide-rons donc en la foy, la propriété quelle a d’accepter amp;nbsp;receuoir ce qui nous eft prefentée'^ IefusChrift,amp;à celte caufe l’Efcriturc attribue à la foy , ce qui eft propre à lefus Chrift. Voila pourquoy nos Théologiens accomparent la foy à vn inftrument: non que ce foit comme la fcie d’vn charpétier, ou la truelle d’vn maçon» mais comme la main, ou l’œil, amp;nbsp;chofes feiU' blables : par ce que la foy eft le moyen park' quel nous receuons amp;nbsp;appréhendons ce qui nous eft offert en lefus Chrift.La Foy n’eft pa$ Perrin, i. qui cft crcu,dit S.Auguftin, mais elle regar-14.C.8. de ce qui eft creu. Cela eft euidemment figni-

fiépar celle faço de parler, alfauoir, Parla fi}' quoy eft conforme ce que dit fainélPaul,^**^

Chrifi MOUS a rachetez, de la maledt^iôde la amp;c. à fin cjue la benediÜion d’Abraham aduhfi aux Gentils,par lefus Chrifi, à fin tjue nous rece-uions la promejfe del‘Esjgt;rit parfoy .-Notez ces mots,receuions par Foy. Et au mefme lieu,/’£/' criture a tout enclos fouspeche',à fin lt;^ue la pref»ef fie par la foy de lefus Chrifi ,fufi donnée à ceux qui croyent.i^z foy donc eft le moyen par lequel nous receuos les benefices de noftre Seigneur Tefus Chrift. D’auantage , l’Efcriture dit, que Dieu nous a donné fon Fils : que noftre luftifi-cation amp;nbsp;falut font dons de Dieu en lefus Chrift J voire procedans de fa feule grace. le dem

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^47

demande donc j S’il ne faut pas receuoir ce qui cft donné, pour en fentir le fruid? Or n’y a-H autre moyen de receuoir noftre luftice amp;nbsp;falut en Chrift, fi ce n’eft par la Foy : Ce que lefus Chrift declare lui-mefme, en difant : le leur ay donné les paroles que tu mas données, nbsp;nbsp;les ont

receMés:amp; ont -vrayentent copnu cjue ie fuis tffn de toy, ont crett i^ue tu m^as enuoyé. Voila comment nous receuos les paroles de lefus Chrift, v en croyant en lui. Item , A tous ceux e^ut l’ont . receu,tl leur a donné ce drotél, d’eflrefaits enfans de Dieuyajfauotr, à ceuxtjui croyent en fon Nom. lefus Chrift donc eft receu par foy. Et ailleurs l’Apoftre parlant de noftre luftification par la foy en lefus Chrift : Ceux, dit-il, cfui repotuent ' tabondance de grace^, Ô- du don de Jufitce, re~ gneront en -viepar vn,affauoir,lefus ChriJi.Xtem, 1 e mefioui, ojoyant la fermeté de voflrefoy, ejue vous auez. en Chrifi. ^infi donc que vous auez. receu le Seigneur lefus Chrifi, cheminez en lui. lté, i^dd vous auez reeeu la predicatio de la pa~ ] role de Dieu,vous Fauez receue,non point comme parole des hommes,mats atnfi quelle efi véritablement, comme parole de Dieu,laquelle aujfi befon-gne en vous qui croyez .Et ailleurs,Si aucun vous * euangelize autrement que ce que vous auez receu, qu'ilfoit maudit.les Moynes donc ad-uifent s’il y a autre moyen pour receuoir ces chofes,que la foy. Car quant à nous,nous n’en trouuons point d’autre en l’Efcriture.Ec quant aux Anciens, nous voyons en leurs efcrits de tresbelles fentenccs , qui font pour confirmer

I. Theff.i,

ce

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348

ARTICLE 43. 44.

ce.que nous en difons. Qiie veut la Loy ? (dit l’hôme iufte ; voire, mais J7, ■ elle ne peutxar nul ne l’a accomplie,mais lefus Chrift nous fait receuoir cela par lafoy,amp;c.Si tu crois en lefus Chrift,tu as accompli la Loy, amp;C.I1 n'eft poffible d'eftre iuftifié par la Loy,fi-non qu'on ait accôpli tous les Commandemés d'icelle. Or n'y a- il aucun homme qui le puilft fajre:parquoy cefte Iuftice de Chrift entreuiét pour noftre iuftiftcation. Lui-mefme ailleurs:

Cefte iuftice n'eft pas des œuiires, mais de Cor.bom.ii Dieuîveu qu'il eft necelfaire qu'aucune macu-le ne foit trouuee en nous. Or la iuftification


In T.ad

I18. frrra. AV IIV 1 W A b LA.VZUUVV Vil 1 J V* U □ • \_Z l 1 (gt; Il| HJ , I lt;4 LIM*« .jerm. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;toufpechéeft

iiegrut. aboli.Et S.Ambroife dit ainli;Quiconque coii-ttub.arb. felle fes péchés à Dieu,eftjuftifié. Et cefte fen-

tence ell fort recommandee:LaFoy,dit S.Aug-impctre ce que la Loy impere:cquot;ell à dire,commande. Ceci fe peut entendre facilement, pat • lalimilitude propofee par l’Efcriture, de laquelle nous auons parlé ci delfus. Car ft quel' qu'vn veut libéralement payer les debces d’vn autre , à la charge que le debteur veuille accepter ce bien-fait, il eft certain que lors le debteur eft quitte de fes debtes , quand il accepte lepayemét fait pour lui. Semblablement nous fommes abfous amp;nbsp;iuftifiés deuant le lugemeiit de Dieu,quand nous acceptons la Satisfadioii que lefusChrift a faite pour nous:Et le moyen de l'accepter, c'eft la Foy:aftâuoir, quand nous croyons , amp;nbsp;fommes aftêurés par l’efficace du fainél Effirit,que lefusChrift eft mort,amp; refu-fcité

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R E s P ON s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;549

feite pour nous. Cen'ellpas dond’œuure de noftre Foy.qai nous iulhfie,mais c’eft celui qui eft receu amp;nbsp;appréhendé par Foy , comme nous auons dit.Mefmes tat s’en faut^que Fa-uure de noftre Foy nous iuftifie , que mefmes il nous faut fentir l’infirmité d’icelle, amp;nbsp;demandera Dieu,qu’il pardonne à nos defauts,amp; augmente fa grace en nous,à l’exemple de ceux qui ont fainétement prié, en difant : le croy, Sagneur, ' fubuien à mon incrédulité.Augmente-nous lu Foy. Comme auffi lefus Chrift reprend les luc.u. fiens jd’auoir la Foy petite. S. Pierre s’enfon-ce en l’eau , à mefure que fa foy diminue. Le Pfalmifte cofefle, que fes pieds lui ont prefque failli,eftant esbranlé par la profperité des mef- ‘ ’ chans. En fomme, ce n’eft pas fans caufe, que S.Paul prie Dieu pour les Ephefiens, à fin qu’il leur donne l’Efprit de fapience , de reuclation, amp;nbsp;de cognoilFance : non qu’ils fufl'ent ignoras, ou infideles,mais d’autant que durant leur vie ils auoyent befoin de croiftre toufiours en foy , amp;nbsp;és graces que Dieu communique à fes enfans. V oila comment Dieu conduit »fortifie, amp;nbsp;auance les fiensjiufques à ce que finalement il accomplit fon œuurcen eux en perfedion, lors qu’il les fait iouït du comble de leur felici té en la vie eternelle. Nous cognoijfons en par- i.Cor.t^. tie, dit S. Paul : mais quand la perfeilion fera venue,lors ce qui efi en partie,fera aboli. Quandle-floye enfant, teparloy comme enfant ,ie iugeoye comme enfant,mais quand ie fuis deuenu kommet ce qui eflott d‘enfance,s‘en efi alle'.

11

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J50 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4^.44.

I HC,I.

Il y a donc és fideles vn commencement, vn progrès, amp;nbsp;vne perfeólion:a(raiioir,apres celle vie. Et combien(comme on pourroit d]re)que Tentendement de rhomme,à comparaifon des chofes materielles,eft fimple,amp; indiuifible, amp;nbsp;que tout l’entendement cognoift ce qu’il co-gnoift , toutesfois, il y a grande difference, de dire, que tout l’entendement cognoift, amp;, qu® l’entendement cognoift tout. Car la nature de l’entendement humain n’empefche pas que Dieu n’augmente les vertus celeftes amp;nbsp;diuines qu’il met en lui, amp;nbsp;qu’en cela il n’y ait vn pro-gres amp;nbsp;auancement. Cela le void mefmescs Iciences que les hommes acquièrent parlent labeur. Car combien que tout l’entendement comprenne les rudimens de la fcience, fi ne b comprend-il pas toute du premier coup. mefmes en vne fcience les vns font plus auan* cés que les autres. C’eft donc à bon droiélque l’Apoftre difoit aux Philippiens , qu’il louoit Dieu,lt;/f ce (dit-il) tjue vous cites venus à lacof^“ munion de l'Euangile, depuis le premier cjucs d maintenant^ ettant affeuréiCjue celui commence'ceiie bonne œuure en vous , la parfetif iufofud la venue de /efus Chrifi. K celle caufe S. laques dit, que toute bonne donation,amp; tout do» parfait efl d'enhaut tdefeendant duPere deslU' mieresi enuers lecjuel il ny a point de mutation équot; d’ombrage de changement. Ne voulant dire pat cela,que les dons de Dieu,qui font parfaits,aU regard de lui,foyent auffiparfaits en nous.Cat l’experience nous rend alfez conuaincus de nos '

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RESPONSE.

nos imperfedions. Mais outre cequePerfe-dion,en rEfcritiue,fignifïe foiiuent Intégrité, qui eft oppofee à hypocrifie,il entend queDieu paracheue en fin ion œuure en fes enfans,paree qu'il eft toufiours femblable à foymefme, amp;nbsp;n’eft fubict à aucune mutation.Comme auffi il eft dit ailleurs,que les dons amp;nbsp;vocation de Dieu font fans repentance. Item,que Dieu ne delaiflepoint l'œuure de fes mains. Tout ainfi doc que le mal vient de nous,auffi tout le bien qui eft en nous, procédé du Pere des lumières, qui accomplit finalement fes graces en fes Ef-leus ; Ce que S. laques fignifie, quand il dit a-pres ; linons a engendrez, de fan propre 'vouloir, par la parole de vente', àfirf que fnjftons comme premtees de fes Creatures.Certes l’enfant engen dré n’eft pas incontinent homme fait, mais il faut qu’il croilfe iufques à la perfedion de fon aage. Partant S.Paul veut, que nous croiffions en tout en celui qui eft le chef,airauoir,Chrift: Voire iufques ace, dit-il, que nous nous rencon-trions tous 'en /*vnite de la Foj/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la cognoif-

fance du Fils de Dieu en homme parfait,à la mt' furede la parfaitefiaturede Chrifl. Reuenons donc à cefte conclu fion,quc ce n’eft l’œuure de noftre Foy, ne la perfedion d’icelle , qui nous iuftifie, (tât s’en faut que ce foit les œuurcs de la Loy , ou la luftice amp;nbsp;faindetede vie inherente en nous) mais c’eft noftre Seigneur lefus Chrift,que nous appréhendons par Foy,amp; duquel robeilfance amp;nbsp;le facrifice fait en la croix pour nous,nous eft imputé à luftice. Bref,la ve rité

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Jjl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C t E 4^ 44?

ritédenoftre doólrinefera aifément cogtiui?» 11 feulement nous voulons entcdre la difference qu’il y a entre ces façons de parler de !'£ƒ* Kom.x. criture. Ceux lt;jui mettent en effeü la Loj,feront iuH-tfie's : Le Seigneur condamne le mefihant, iu^bfie le tune:amp;c autres femblableSj (qui ligni-) fient,la luftice là où elle eftjamp; ainfi qu'elle eft) bien differentes de celle façon de parler: celui qui nœuurepoint^aini croit en celui qui tuslt‘ fie le mefchant,faFojt lui eß imputée à Iufi-ice,(\Vi lignifie Imputation de luftice.Qu’on penfediH gemment à celle diuerfité, on entendra facilement la differéce qui eft entre la lultice inherente en nous (comme on l’appelle) amp;laln* ftice imputeejde laquelle nous parlons.

En fomme, il faut que nous foyons iullifi^s» ou par la luftice de lefus Chrift , ou par là no-ftre. Ce ne peut ellre par la noftre,fans effacef toute rEfcfiture fainôle. C’eft doc par celle de lefus Chrift. Or eft-ilque la luftice de lefus Chrift ne peut eftre noftre luftice, fi ce n’eft par imputation.Car autrement il faudroit que nous-mefmes fuffions lefus Chrift. Il faut dóe neceffàirement reuenir à la luftice de lefus Chrift imputée aux croyans,qui par ce moyen font iuftifiés deuant Dieu. Ce qui eft trefclai-remet expofé par S.Pauhdifant: Or que cela ait cFle imputé a iuHiice à Abràham,n a potntesléef ertt feulement pour lui, maisaujfi pour nous, auf quels il fera impute', affauoir, à nous qui crojmni en celui qui a refufiite des morts noftre Seigneat Jefus, lequel a efie'liuré pour nos péchés gt;nbsp;£?■ efi re-

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Response.

fitfiitépour nnßre iufitfication. Partät pour eftre iiiftifiés, il ne faut pas que nous-mefmes mourions en la Croix , amp;nbsp;refufcitions le froifieme iour ; car lefus Chrift a fait ces chofes : mais rl faut qu'’elles nous ioyent imputées, amp;nbsp;allouées deuant Dieu, pour en fentir le fvuid. Car auill ont-elles efté faites pour nous.C'eft ce que dit S. Paul, que Dnu nous donnant fon Fils, nous a do)iné toutes chofes auec lut ; car polfedans léfus Chnft, par Foy, nous poifedons auflî fes meri-teszaifauoitjCe quil a fait amp;nbsp;accompli pour ho-ftre falut. Et parce que nous auons vellu lefiis Chrift (comme le me fine Apoftre dit ailleurs) il s’enfuit, que Dieu , pour nous auoir agréables, ne nous regarde pas en nous-mellries;, mais en lefus Chrift,^«« eß naître Iuîtice (dit le _ Prophete) amp;nbsp;tjuinousa eîléfait de par Dieu, iii,,2,Sent, /»Acfjainfi que dit S. Paul. Les Scholaftiques dift.iÿ, mefmes confeifent que lefus Chrift a merité pour nous la vie eternelle, amp;nbsp;qu’il a efté fait obeiH'ant à Dieu pour nous,amp; qu’il a porté no-ftrepeine:Comment fe peut faire cela fans im-gt; putationî

Or Cela n’empefche pas qu’il ne nous faille faire les bones œuures, veu que ce font des effets necelfaires de noftre iuftilication parFoy, autant que Dieu nous en fait la grace. Mais il faut toufiours retenir,que nous faifons les bon nés œuures,non pour eftte iuftes,mais comme eftans iuftifics; ainfi que défia nous auons fou-uent réitéré par ci deuât.C’eft ce que dit S. Au

1 guftin : Les merites des iuftes-.c’eft parce qu’ils

Z font

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3Î4 nbsp;» article 4j. 44.

font iuftes:mais il n’y a point eu cn eux de merites J à fin qu’ils fullent iuftes. Car ils ont elle Dt fe. amp;nbsp;faits iuftes,quâd ils ont efté iufi:ifiés,voire gra-tuitement par la grace de Dieu. Itemdes merites ne precedét pas celui qui eft à iullifier,mais fuiuent celui qui eft iuftifié. Maintenat il nous faut examiner ce qu’ils difent delà iuftifica-tion de la Foy.

Ils vfent d’vn amas de beaucoup de paroles, pour en fin reuenir là, que nous fommes for-mellemét iuftifics.Et en premier lieu ils difent, que la grace de Dieu eft vne faueur diuine,pro cedant de la bonté gratuite de Dieu, outrelc cours amp;nbsp;cooperation naturelle,contre Pelage. C’eft à dire,qu’ils ne s’entendent pas eux-mef-mes:amp; eftansPelagics,condamnét Pelage,fans y penfer. Car ils difent, apres leur Maiftre des Sentences, que le Franc Arbitre coopéré auec la grace pour noftre iuftification. Et défait!, pourquoy mettct-ils ici ces mots de coopera-tiô naturelIe?Car il faut qu’il y ait quelque clio fe pour coopérer auec icelle. Si doc noftre nature coopéré, à quel propos difent-ils, outre le cours amp;nbsp;cooperation naturelle?Pourquoy auf-fi vfent-ils de ce mot gratuitement î Si elle ne coopéré pas , qu’ils renoncent donc à ce qu’ils difent autrepart de la cooperation du Frac Arbitre.Mais c’eft la couftuine des heretiques,de cacher leurs herefies fous l’obfciirité amp;nbsp;ambiguité des mots dont ils vfent, voulans, amp;nbsp;n’o-fans dire leurs erreurs.

Ils adiouftent, qu’ils croyent que la gra-

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R È s P D N s Ê.

ce de Dieu n’eft pas feulement vn refpeä: dont Dieu nous pardonne amp;nbsp;fauorife en contempla lion de la Foy amp;nbsp;deuotion enucrs noftre Sei» gneur lefus Chrift.Sur quoy nous difons qu’ils combattent cotre leur ombre,veu que perfon* ne ne dit cela qu’eux-mefmes;encores ne Fcul“ fent-ils pas dit, s’ils euflent entendu les mots defquels ils vfent. Mais telles gens qu’eux fe Contentent ordinairement d’vn bruit de paro* les, fans aucune fignification qui fcrueàleut propos. Car qui diroit iamais gt;nbsp;que la grace de Dieu fuft vn refped dont Dieu nous pardone? veu que c’eft la mefme grace qui nous pardonne. Le refpeôl pour lequel vne chofe eft faite* eft-ce ce qui fait la chofe ? ont-ils veu auffi en noftre Confeflion de Foy , que Dieu nous pardonne nos péchés en contemplation de laFoy, amp;dcuotion enuers lefus ChriftîQu’on life depuis l’article xvij. iufques an xxiij.de noftre ConfeiTlon, où il eft amplement parlé de cefte matière , pour voir s’il y a chofe qui approche de ce que les Moynes difent ici. Or Îî nous croyons cela, nous croirios la iuftification paC nos œuures:airauoir,par l’œuure de noftreFoy* amp;nbsp;de noftre charité enuers lefus Chrift. Et ce feroit retomber en l’erreur propre de l’Eglife Romaine. Et de faiél, voici les mots de leur . Maiftre des Sentences-.Quand on dit que la ƒ'’**** Foy merite iuftification,amp; vie eternelle,on cûmergDi* entend cela eftre dit pour cefte raifon , qu’elle merite ces chofes parl’ade d’icelle. Voila le dire de leur Maiftrejequel ils abiurent, fans y

Z a pen

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^^6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L El 4^44-

penfer.Quât à nous^nous aftermonSjapres l’ex-prelî'e parole de Dieu , tpie nous fommes iufti-fiés par Foy, no par la vertu ou merite d’icelle: lgt;e fried, qui gß; yn erreur que S.Auguftin a condamne, ^and.i.c.i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;droiôl(car commet eft-ce qu’vnefeu

le vertu nous pourroit iullifier, veu que la lu-ftice requiert vne totale obeillance?) Mais pat ce qu’elle reçoit la luilice de lefus Chrifi, qui nous eft offerte par la predication de l’Euangi-le.ainfi que nous auons dit ci delfus-Tout ainfi donc que la main qui reçoit le threfor donné, n’enrichit pas, mais c’elf le threfor : amp;nbsp;la bouche qui prend la viande, ne nourrit pas , mais c’eft la viande;auffi n’eft-ce pas la Foy,ne l’œu-ure,ou aéf ion d’icelle qui nous iullifie (à pariet propreméc) mais c’eft la Indice de lefusChrift» de laquelle nous fommes iudifiés. Et toutes-fois ileddit, que nous lommes iudifiés pat Foy,attribuant I’elfedl à l’indrumét amp;nbsp;moyen, felon la façon ordinaire non feulement del’E-feriture, mais auffi du langage accoudumé en-tre les hommes. Il y a vne façon de parler és Aéles des Apodres , qui peut feruir à l’intelligence de ceci, quand S.Pierre dit, que/eA’e«» de lefus Chrifl auoit guen le boiteux parla Foj: èc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la Foy [ au oit guéri.

Ils difent par apres,qu’icelle grace ed vn mou t'ideii. uement du fainét Efprit infus en nous, amp;nbsp;for-tiiil. nouuelles amp;nbsp;diuines forces , qualités,amp; 't hwi ‘ I ornemens dót nous fommes formellement iu-i.3.4. ' difiés,amp; rendus idoines.à bien faire,amp;mériter par l’aide de cede grace. Eî ont tire cede opinion

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;357

nion du bourbier des Scholalliquesjlequel encores ils brouillent de plus en plus.

Ici nous prions les ledleurs,de confiderer les abfurdités amp;nbsp;ccStra^iâions ôù les Moynes s’en ueloppent.Carjen fômmejc’eft autant que s’ils difoyent,que la grace de Dieu nous iuftifie,par ce qu’elle nous rend idoines à nous iuftiher nouf-mefmes par nos merites : c’ell à dire, que lefus Chrift nous a rachetés , à la charge de nous racheter nouf-inefmes. Il nous a iuftihés, pourueu que nous nous iuftifions ; amp;nbsp;que tout cela nous vient de fa grace, pourueu que nous le meritios. N’ell-ce pas fouler aux pieds la gra ce de IefusChrift?laquelle neantmoins ces im-pudens hypocrites font femblant de vouloir exalter,fur la fin de cell Article.Au refte,ils ne nous difent pas que c^efl: de ces nouuelles qua-lités;Si ce font vertus,fi c’eft laFoy,ou quelque autre chofe;amp; fe contentent de parler fi gene-ralement,amp; obfcurement, que perlonne ne les puilfe entendre. Que donques ils ayent honte, de ce que traittans la luftification en ceftArti» de xliiij. ils n’ont daigné nommer feulemét la Foy,par taquelle,toutesfois,l’Efcriture dit ex-prelfement, que nous fommes iuftifiés:mais ils ont voulu monfhcr, que l’infidélité n’a rien de commun auec la Foy. Qifon regarde auffi de pres l’opinion de Pelagius,amp; on trouuera,qu’il n’y a rien à dire,en effeél,entre lui amp;nbsp;lesMoy-nes. Car il attribuoit la grace de Dieu à ce que Dieu donnoit à la nature pour la fortifier, à fin de feiuftifier par ce moyen;qui eft vn bref fom

Z 3 mai

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458 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 45.44.

maire de la Religion de nos Moynes : lefquels penfent afTez euiter le foupçon d’eftre Pela-giens , quand ils auront fait fcmblant d’eftre d’autre opinion que lui. Mais , certes , il adulent en ceft endroit ce qui fe voit ordinairement entre les Moynes, amp;nbsp;nommément les Mendians: qui font bien differens en apparence, en la diuerfiçé des couleurs, amp;nbsp;autres bi-gerreries de leurs habits ; mais en fin ils s’accordent tous à la Beface.

Maintenant reuoyons leurs paroles de plus pres’.Ils difent que la grace de Dieu eft vn mou ucment du fainél Efprit infus en nous. Nous ne voulons ici alléguer les diuerfcs fignifica-tions de ce mot Grace. Car tous les dons d« Dieu font appelés graces deDieuimw puis que nous traittos de la^race iuftifiante,il faut fça-uoir comment ce mot doit eftre entendu, pour ce regard. Partant nous prions les Leéteurs de fiefer les palfages ci delfus allégués, pourauoir a vraye cognoilfance amp;nbsp;intelligence du mot de^r^f^en ceftendroit,comme:

A.*»’. 4.

JWrt»,

K OH s eües fauuez de graoe par lafoy, »ht non point de vont, cefi do» de Die» : »a» point par oeuHres,à fin cfue nul ne fie glorifie. Item, à celui qui œuure , le loyer ne lut efipoint repute'^our grace, mats pour chofie deüe. Mats a celât cfui naeuurepoint, ains croit en celui ejui tufiifie le me[ chant,fiafiay lui efi reputee à lufiice.

Jl nous fiera alloué à nous t^ui croyons en cehtt ^ui a rejieficfte' des morts noflre Seigneur lefius, lecjuela e^léliurépour nos pechez t ôquot; efi refiufii-té

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R E s P ON s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35^

ttfour nojire Iftfltficatio».

Si ceft par grace, cenefi plus par les œttttres: autrement grace nefi plus grace : matsfi c efi par les œuures, ce nefi plus grace ; autrement œuure nefi plus œuure.

Efians iufitfiez gratuitement par fa grace,par la redemption qui efi en lefusChrifi. Ec autres lieux femblables:qui nous monftrét, que la grace de Dieu,par laquelle nous fommes iuftifiés,eft l’in finie amp;nbsp;incomprehenüble mifericorde deDieu enuers nous, qui eft oppofee à tous les merites amp;nbsp;œuures des hommes,efquelles n’y a que tou te perdition,quant à eux:à fin que la mifericor de reluife en la mifere.En fomme,le mot degra cemóftre que noftre falut eft gratuit.il ne faut donc reftreindre la grace au mouuement de l’E Iprit de Dieu infus en nous (comme ils pariet:) car cela appartient à la foy que l’Efprit deDieu engendre en nous,pour nous faire apprehéder la luftice de lefus Chrift. Mais il faut monter plus haut.amp;confidercr que Dieu nous a fauués par fa gracejors qu’il nous a done fon Fils, qui eft mort amp;nbsp;refufeité pour nous , voire , pour nous,fes ennemis,dit S. Paul : à fin que la grace foitplus euidente. Auffi Dieu nous fauue par fa grace, quand il nous applique le benefice de le fus Chrift, quand il nous illumine par fon Ef-prit:quand par icelui il créé en nous vne vraye foy , qui reçoit les benefices à nous conférés par lefus Chrift. Bref, la mifericorde de Dieu, eft la fource : amp;nbsp;les graces amp;nbsp;dons de Dieu qui e» decoulentjfont les ruifteaux.

Z 4

Au

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^lio nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E 45. 44.

Au refte,celle falt;^on de parler Jnfus en nousj doit eftre foigneulement examinee, fans nous arrcfter beaucoup à ce que les Scholaftiques traittent des vertus TheologaleSjlefquelles ils difent eftre infufesen nous.

X.Ioitu.r }oän.6, Cal.i.

Joe/.î.

Nous fommes vrayemcnt amp;nbsp;trefeftroitte-ment cóioinóls à Chrift.qui demeure en nous» •amp; nous en lui : qui vit en nous j qui habite en nos cœurs par foy(ainfique rEfcriture l’enfei-gne) mais lefus Chnft n’eft pas pour cela réellement infus en nous , ne la'Iuftice qui eft Inherente en lui. Car en cemyftere les Théologiens ont toufiours dit, qifil y a Conionâion amp;nbsp;Conformité » amp;nbsp;non transfufion 8c confu-fion de fubftâce, amp;nbsp;indiuidues qualités d'iceh le.Partantjquand il eft parlé des dons de Dieu» amp;nbsp;des graces qu’il nous communique , il faut foigneufement regarder iufques où nous pou-uons dirc,qu’elles font Infules en nous.Quand il eft parlé,en Ioël,des dons du S. Efprit -.lere-(pandray , dit le Seigneur, mon Eijirtt fur toute chair : S. Pierre dit, que cela fut accompli lors que les Apoftres receurent les dons mirac«-Jeux du S.Efprit: amp;nbsp;partant ils ne doiuent elite mis au rang des vertus 8c qualités ordinaires qui font és enfans de Dieu : Neantmoius, ces dons ont efté és Apoftres, non pour y eftre enclos,mais pour eftre efpandus par tout le monde, ainfi que lefus Chnft auoit dit-,Qut croit eu moy , comme dit l'jEfcriture , il découlera fleuuei âeau viue de fon vetre.Ordifott-ilcela deTEl^rit ^ue deuoyent receuoir ceux tjut croiroyenten lui.

Cat

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3ÓI

Car le S. EsJ/rit »‘esloit point encor donné, parce que Je fus néfiott point encor glorifie'. Aufli Dieu efpand fur fes fideles les dons ordinaires de fon EfpritjComme S. Paul le tefmoignej dilanc,que la bénignité' de Dieu nous a fauuez. non par ceu-ures de 1 ufitce que nous ayons faitesimais felon fa ntifericordepar lelaucment de Regeneration renouuellement du S. Esßrit, lequel il a e.fiandu abondamment en nous par /e/us Chrifi nofire Set~ gneur. Cela monftre t que les dons du S.Efprit font és fideles,d'autant que le fainôl Efprit,par fon efficace amp;nbsp;vertu,les engendre en eux,Yoire abondamment, dit S.Paul. A quoy cil conforme ce que difoit lefus Chriil à la Samaritaine, L'eau que ie lui donneray fera faite en lui eau fail lante en -vie eternelle ; entendant par ce mot d’eau,leS.Efprit efpandu en nous abondam-ment,ainfi que dit l’Apoftrc.Et S. Auguftin exponent ce Don,dit que c'eft le S.Efprit:comme aufli fait S.Irenee. Et de faiél, le mefme Efprit fif qui opere en nous,amp; nous arroufe de l’abodan W.j.c. 17. ce de fes dons amp;graces,ne commence pas feule mét,mais continue fon œuure en nous iufques à ce qu’il l’ait entièrement accomplie ; fuiuant ce qui eft: dit, que Dieu opere en nous amp;■ le vouloir^ le faire f felon fonhonplatfir. Et ailleurs;

LeDteu de paix vous parface en toute bonne œu- , ' urC'^ pour faire fa volote'faifant en vous ce qui efl agréable deuant lut,par lefus Chrifi. Et à Timothée Garde le bon depofi parle S.E frit yui habite en nous. Or entre les dons du S. Efprit, amp;: les ruilfeaux qui decoulét de celle fouice,nous ' den

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ARTICLE 45.44.

deuons mettre le premier en ordrcj la Foy, qui eft vndonde Dieu, voire des plusexcellens: comme il eft dit par S. Paul, que »ous croyons par l’operation de la puijfance de la force de Dteft.

„ Et de faiift, le mefme Apoftre dit ailleurs j que l amour de Dieu ejt espanduen nos cœurs parle S.Eif)rit,lt;^ui nous a eflé donne': c’eft à dire, que le S. Efprit nous fait croire, 8c nous alFeuref» que Dieu nous aime cniefus Chtift fontref’ cher Fils.

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le Renouuellement de noftre vie,dit S.Au-

De Trtnit. guftin, commence par la foy,veu que Ton croit en celui qui iuftine le mefchant. Ce que les Scholaftiques mefmes n’ont pas ignoré: caf voila comment Thomas en parle : La Foy,dit-il,rEfperance,amp; Charité font enfemble quant au temps : mais la Foy eft la premiere, quant à Tordre : comme a efté défia dit ci deuât.Et parce que le fainétEfprit commence fon œuure en nous par la Foy:les Théologiens, tant Anciens que modernes, appellent quelques fois la Foy, la mere 8c racine des bones ccuures,amp; Taccom parét à vne fontaine,de laquelle les bones œu-ures découlent : par ce que la fontaine eft premiere en ordre que le ruifteau. Mais ils n’entendent pas par cela,que la Foy engendre d’el-le-mefme les bonnes œuures (ainfi que les Phi lofophes Moraux ont dit, que les adions ver-, tueufes procèdent de l’habitude de vertu ) at-tédu que ceferoit faire tort au S.Efprit, lequel proprement eft fourceamp; fontaine des bonnes œuures. Partant Je mefme Efprit qui nous fait croire

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^6}

croire en Dieu,nous fait aimer Dieu, nous fait cfperer en Dieu, amp;nbsp;opéré en nous les aôlions de Regeneration, Mortification,Vinification, amp;nbsp;faindeté, par fon efficace amp;nbsp;vertu, fiiiuant ce que nous auons allégué de faind Paul :1e- K’w-s. quel, à ce propos, difoit ailleurs, ijuilne vtuott flustWais cjHe Chrifi viuou en lui:Et ce te vi nidintenant en la chair, dit-il, ie vi en la Foy du Fil] de Dieu,i^ui m’a aiméi^ s’efi donné Çoy-mef^‘^'^ ^epourmoy. Monftrant par cela, qu’au milieu de cefte vie corporelle,nous auons vne vie fpi-rituelle en Chrift,lequel vit en nous, amp;nbsp;habite en nous par la Foy que nous auons en lui. Au-trepart l’Apoftre parle ainli aux Hebrieux ; Le Dieu de paix, dit-il, vous parface en toute bonne (euure,pourfaire fa volonteifaifant en vous ce qui ffl agréable deuant lui, par lefts Chrtfl : auquel fit gloire es fiecles des fiecles.K ce propos eft dit quot;Phil.z. ailleurs .• Dieu fait en nous, amp;nbsp;le vouloir, amp;nbsp;le faire, J'elon fon bon plaifir. Et Dauid prie ainfi : ]\]e me retettepoint de deuant taface,amp; ne m'oslepoint ton fainÈl Eifrit. Et S.Paul admon-nefte les ThefTaloniciens, De nelletndre point l'Eifrit, Il y a infinis lieux femblablcs : Et mef- , mes les Moynes le confeflent fans y penfer, ’ quand ils parlent du mouuement du S.Efprit.

Ils adiouftent, que ce mouuement de l’Ef-pritdeDieu forme nouuelles amp;nbsp;diuines for-ces,qualités,amp;ornemens. Ces mots,de nouucL tesforces,teffentent toufiours laMoyncrie.Car pariceuxles forces naturelles font prefuppo-fecs,qui toutesfois ne viennent point en compte

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3^’4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTIC IE 43.44.

pte en noftre luftification. Car il faut bien pe-IbiJef». fer ces mots de S.Paul, Lors ^ue nous efitons en' nemis , dit-il, nous auons e^e reconciliés a Dieu par la Mort de [on Fils. Partant, il n'y a qu'ini-mitié auant la Reconciliation ; Sgt;c nous fom-mes reconciliés par lefus Chrift , quand nous fommes iullifiés en lui. Dont s'cnfuit,qu’auant noftre iuftification , toutes les forces de noftre nature ne peuuent rien que mal faire.

Or à fin que nul n'abufe du mot de Qt^litéi amp;nbsp;autres femblables , nous en dirons vnmot, pour l’adnertiircment des Leéfeurs. Celle fen-Muerf. t'Euce de Tertullien a efté bien receuc amp;nbsp;loüee Hermo^. de toute l’Antiquité, quand il a dit, que les ani Philofopbes ont efté les Patriarches des here' tiques. Non qu’il ait voulu öfter l’vfage delà Philofophie : (lequel,à la vérité, eft trefgrand) mais il en a voulu retracher l’abus. Et de faiélj comme il a efté défia remarqué ci deftus,ilfaut côfelfetsque les Scholaftiques, pour auoir trop déféré à la Philofophie Morale des Payés, font tombés en plufieurs erreurs, amp;nbsp;nommément touchant le Franc Arbitre, amp;nbsp;la Iuftification. Puis donc que l’Efcriture eft la reigle de toute vérité amp;nbsp;droiture és chofes qui concernét noftre falut,iI faut reigler la Philofophie par l'Ef-criture, 8c non au contraire. Ainfi les plus do-éles Théologiens l’ont prattiqüé, qui n’ont point fait de difficulté d’vfer de quelquesmots puifés de la Philofophie , fans toutesfois s’y a-ftreindre ; voulans que les mots feruilfent aux chofes, 8c non les chofes aux mots.Pour exem

i

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RESPONSE.

ple, ils ont bien dit, que la Foy, amp;nbsp;autres v er-tus engcdrees en nous par le fainôF Efpritj font Qualités: Mais ils n’entendent pas cela comme les Philofophes, quand ils parlent des vertus Morales , lefquelles ils difent cftre qualités, amp;nbsp;habitudes acquifes par frequentes actions pre , cedentes;amp; que les Aâions vertueuies procèdent de la Qualité amp;nbsp;Habitude de vertu qui eftennous. Car les Théologiens enfeignent, que la Foyamp;autres vertus fpirituellesjbnt qua lires fupernaturelles ,qui nous font donees de Dieu : amp;nbsp;partant ne peuuent amp;nbsp;ne doiuent e-ftvereiglees felon les Categories d’Ariftote: lefquelles font enclofes dedans les bornes du difcours naturel: amp;nbsp;aidêt excellément à le former amp;nbsp;reigler. Mais les Théologiens , qui paf-fent outre les bornes amp;nbsp;limites de la nature, difent,que l’Efprit de Dieu,qui a formé les ver tus en nous, voire, qui les y entretient amp;nbsp;augmente , produit auflî amp;nbsp;dirige les aôlions ver-tueufes. Et parce qu’èn icelles aôtions vertueu fes des Chreftiens , il y a de l’empefchement, à caufe des reifes de péché qui fouten nous, il eft necelfaire que l’Efprit de Dieu nous fortifie en ce combat,amp;nous face vaincre,non par no-ftre force,mais par la fienne. Toutes lefquelles chofes ont efté incognues aux Philofophes moraux.Vray eft,qu’enja Philofophie l’Art de bien difcourir ne s’eiloigne pas de ce que nous difons : car il enfeigne, que pour faire de bons amp;nbsp;certains difcours,il faut necelfairement fui-Bre les Principes de la Science laquelle on

trait

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ARTICLE 45.44.

traitte, amp;nbsp;fe reigler par là. Concluons dortlt;îj que les vertus des fideles font qualités fupei'' naturelles, allumées en nous ,amp; entretenues par le fainôt Efprit, fans la grace amp;nbsp;operation duquel elles font efteinôkes , amp;nbsp;fans efféd. A quoy fe rapporte ce que dit l’Apoftre aux The. j^’ejleianez peint l'Ei^nt, comme défia nous â-uons dit ci deflus. Ces Moynes font femblant de cofentir àceci,quand ils difenr,^//««Kej Etés : mais, en fin, ils attribuent la plufpart d® ces qualités, qu’ils appellent diuines, aux for*' ces naturelles de l’homme. Tant y a, que c’eft vue trop lourde ignorâce,d’appcller noftre lu' ftification en Chrift, vne Qualité qui foiten nous. Car ce mot,e« CÂnj?,tant de fois réitéré en l’Efcriture, monftre aifez le contraire : veü qu’eftre en Chrirt,amp; eftre en nous,font chofes quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;différentes. A{in.àïZS.Paul,Ço^ treUHiff

Chrifl,n ayant point ma lußice ijni efl pat la Lojt mais celle lt;jni eflparla Foy de Chrtfl. Certes 1gt; Dieu nous aime en fon Fils, amp;nbsp;pour l’amour de fon Fils , il s’enfuit que la caufe deJ’amour que Dieu nous porte eft hors de nous,combien que tn quot;PÇ. 61. nous en fentions le fruiélice que S.Auguftin a tresbien entcdu, quand il dit ainfiiTu ne peux eftre iufte, finon en te tournant vers vne lufti-cepermanente, de laquelle fi tu t'approches» tu es iufte. Où eft donc cefte luftice î lacer-cheras-tu en terre? la n’aduienne. Palfe outre» vatrouuerla Fontaine de luftice, là où eft la Fontaine de Vie. Or ce fcroit trefmal difcou-ru, fi on difoit, que toutes les chofes qui nous font

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;567

font proffitables, font qualités en nous : la Sa-crificature de lefus Chrift, amp;nbsp;fon Interceffion nous proffitent tellement, que tout noftre fa-lut vient de là : amp;nbsp;neantmoins ces chofes foigt;c tn Chrift,amp;nô pas en nous.L’amour que Dieu nous porte en lefus Chrift,n’eft pas vne qualité en nous , amp;nbsp;toutesfois c’eft la fource de noftre falut.Par Foy les fideles obtiennct les pro- üeb.n. mefles de Dieu : mais pour cela nous ne dirons pas, que toutes les promelfes de Dieu foyenc qualités en nous.Par Foy nous fommes rache-tés:par Foy nous fommes fauués: par Foy nous auons la vie eternelle:par foy nous fommes af-fis és lieux celeftes en lefus Chrift: amp;nbsp;ces chofes ne font pas des qualités formées amp;nbsp;inhérentes en nous:vray eft qu'elles nous font données, amp;nbsp;font noftres , entant que nous en fen-tons le fruiéi : mais toutes les chofes qui font noftres, ne font pas qualités en nous-mefmes. lefus Chrift nous eft donné, amp;nbsp;eft noftre : toutesfois, il n'eft pas vne qualité en nous : auffi fon Eflence n’eft,ne confufe auec la noftre, ne transfufe en la noftre : comme ci deuant nous auons dit. Bref, ( à fin que nous efclairciflîons noftre dire par quelque fimilitude) SivnRoy aime les enfans d’vnfien feruiteur, duquel il aura cognu la prudence,hardie(re,lt;Si:autres ver tus conuenables à fon feruice, en eófideration defquelles il fait du bien à fes enfans : nous dirons que les vertus du pere,amp;fes merites proffitent aux enfans, amp;nbsp;que la caufe de celle amitié Ôc faueur n’eft pas aux enfans,mais au pere,

encor

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jßS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article 4^^4•

encores qu’ils s’en reirentent.Semblablemenfj fi nous cerchons où eft. la caufe de noftre lufti* fication, nous la trouucrons en lefus Chrift,ô4 non pas en nous : qui,toutesfois,veceuons3 par ce moyen, la vie qui nous a efté acquife par nO lire Seigneur lefus Chrift:amp;, qui,pour la nous acquérir, eftant vray Dieu,a pris forme de fer-uiteur,dit S.Paul.

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ils difent auffi , que de ces diuines forces amp;

qualités nous fommes iuftifiés formellement! qui n’eft autre chofe que retomber en leur ob-' fcurité amp;nbsp;ambiguité de paroles. Et nous voudrions fçauoir en quelle confcience ils fonciu-rerces Articles, non feulement aux idiots St ignorans, maisaufiià ceux qui font verfésés lettres : dont il y a peu, ou point,qui les enten* dent.Qu’eux-mefmes nous expofentque c’eftgt; que d’eltre formellement iuftinés.S’ils prennct formellement pour vrayement, nous ne le nions pas:mais leur faço de parler eft impropre. Car, à parler proprement, puisque la forme eft la perfeôhion de la chofe , il s’enfuit, que pour e-ftre formellement iuftifiés , il faut que toutes les parties necelfaires à vne parfaite iuftice foyent en nous. Or eft-ilque celle formelle amp;nbsp;parfaite Iuftice ne peut eftre en nous en la vie prefente, ainfi que nous auos prouué ci delfus. Tellement que nous ne ferions iuftifiésquau Ciel. Mais on voit bien qu’ils n’ofent diree/-fentiellement- auec Ofiandcr: combien quils croyent vne mefme chofe auec lui.

D’âuantage, ils fe contredifent manifefte-jnenC

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response.

ïiient J quind ils adiouftent, que nous fommes tendus idoines à bien faire,amp;meriter par l’aide de cefte grace.Car h Ce mouuemét duS.Efprir* qu’ils difent eftre la grace iuftifiante , nous iu-ftifie formellement ; à quel propos adiouftent-* ils qu’il nous rend idoines à bien faireamp; meri* ter?vne aptitude à faire quelque chofe, eft-cé le parfait accomplillement d’icelle ? Comment accorderont-ils vue perfeblion auec le com-tnencementî A quel propos auffi le mot de me-mer.^S.Paul oppofela grace amp;le meritcide tel-le forte que l’vn deftruit l’autre : comme nous l’auôs veu es palfages prochainemét allégués. Comment donc eft-cc que la grace engendrera le merite, (ainfi qu’lis difent, ) veu qu’elle le deftruit, ainft que dit S. Paul? n'eft-ce pas faire vne guerre ouuerteà ce lainct Apoftpc, amp;nbsp;ofer defpiter la facree parole de Dieu, pour eftablir l’abominable faulleté de leur doéfrinc l Et s’ils auoyent des yeux , ne verroyent-ils pas qu’ils ne fe peuuent accorder auec eux-mefmes ? Car fl c’eft la grace qui forme ces diuines forces amp;nbsp;qualités dót nous fomnies iuftifiés ( ainfi qu’ils difent} c’eft donc la grace qui nous iuftifie for-mellement,par le moyen de ces qualités. Com tnêt donc nous rend-elle idoines à bien faire* amp;nbsp;mériter auec elle? Si elle fait tout fans nous* comment faifons-nous quelque chofe auec el-le?En fomme,apres auoir parlé magnifiquemét de la grace deDieu,amp; des forces diuines qu’elle forme en nous,voire tellement, qu’il fembifl qu’ils vueilleiit attribuer toute noftre iuftificaa

A tion

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iÇJQ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 4J. 44.

tion à la grace de Dieu: tout foudain ils fe def-difent,amp; d\ne grace font vue demi grace :1e fupplement de laquelle il faudra chercher en nous.Et ce pendant ils n'ont point de honte de parler de la cocurréce naturelle des Pelagiens, amp;nbsp;de l’erreur des Ebionites , amp;nbsp;faux Apoftres, blafmans feulement le nom,amp; retenansla cho fe. Car quant à ce relatif amp;i imputatif, dont ils gazouillent, fans fçauoir ce qu’ils difent, il ne le trouuera pas que nous en parlions de cefte façon , amp;nbsp;fl cruement. Bien difons-nous, que nortre iuftice fe rapporte au merite de lefus Chriftjlaluftice duquel nous ell imputee.Mais eux, qui referent amp;nbsp;imputent tout à eux-mef-mes,pour ehre iuftifiés , ne peuuent comprendre , amp;nbsp;moins encores goufter cefte dodrine. Tant y j,que les mots d’imputer, allouer,autres dont nous vfons,fe trouuent en TEferitu-re : mais on n’y trouuera pas cefte iu^iceinfo^' mante amp;nbsp;informée, amp;nbsp;formellement faite,que les Moynes eux-mefmes ont formée, amp;nbsp;tiree du fonds de leurs Cloiftres. Et quant à la faueur hors de nous (comme ils parlent) nous confef-fons que la faueur amp;nbsp;grace deDieu reluit véritablement en nous,alors que par icelle nos péchés nous font pardonnés,amp;la Iuftice de lefus Chrift nous eft imputée: voire comme fi nouf-mefmes auions enduré ce que lefus Chrift a fouftert pour nous : amp;nbsp;comme fi nous-mefmes auions accompli la Loy,qu’il a accomplie pour nous. Partant, quiconque nie l’imputation de Iuftice,.nie ce que S.Paul aftérme:airauoir,que lelù«

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;371

lefiis Chrift a foufFert, amp;nbsp;accópli la Loy pour nous. Car puis qu’il a foufFert ce que nous de-uions fouftrir,amp; a fait ce que nous dénions fai re,comment pouuons-nous iouïr de ce benefice, que par imputation? Or nous ne nions pas, que la grace de Dieu amp;nbsp;fon Efprit ne foit en i.Cor.ij.' nous, puis que nous en fommes participans: lo-G«?. 4^ ainfi que l’Efcriture faindc le tefmoigne.

En fomme ,pour coupper broche a toutes , j leurs tergiuerfations , amp;nbsp;pour mettre bas entièrement leurs façons de parler eftranges amp;nbsp;monftrueufesjil fautconfiderer les raifons fui-

Uantes:

Premierementjil eft neceflaire que ces deux fentences foyent vrayes,eftâs toutes deux pro-cedees de TEfprit de Dieu : l’vne eft de S.Paul, KoM* difant, Qi^eiians iu^ttfiez far Foy, nous auom faix envers Dteft : l’autre eft de Dauid, priant ^ue Diett n entre point en iugement attec lut,parce lt;jue nulviuant ne ferailt^^îfie' deuant Dteu. Or eft il certain que Dauid parle d’vne iuftice qui foit en l’homme,amp;qui le rende iuftifié formellement (ainfi que nos Moynes parlent, amp;nbsp;que Dauid nie eftre en nous.) Il faut doc que fainôt Paul ne parle pas de cefte luftice-la. Qui eft donc la iuftice qui nous fait auoir paix enuers Dieujc’eft à dire,qui le rend appaifé amp;nbsp;fatisfaic enuers nous?Sont-ce ces qualités amp;nbsp;ornemens dont nous fommes rédus idoines à bien faire? ainfi que nosMoynes ont fongé.Et quoy?Dieu donc, qui eft fouuerainemét iufte, feroit-il appaifé d’vne aptitude à bic faire.d’Efcriture par-

A i le

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A R T I C L E. 4^44^

le bien autrement, quand le Prophete dit, que la correction de noslre paix efi f»r lefiis Chrifi: quand S.Paul afferme que Ay»/ Chrifi efl noslre CqMEi' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a fait la paix par le fang de fa croix ; ÔC

' ‘ chofes femblablcs. loinéb que nous n'aurons iamais repos en nos coni'ciences , fi nous nous appuyons fur les forces que nous fentirons en nous. Car noffre confcience nous redarguera

, toufiours de nos péchés,de defauts amp;nbsp;impetfe-«flions,comme il a elle dit ci deuant. Partant il faut cercher hors de nous la caufe de noffre paix enuers Dieu:ainfi que S.Paul A 'ït,lt;juefi(ins tu si tfie s parfojf, nous au on s paix enuers Dieu pal’ notlre Seigneur lefusChrifl. Et ailleurs:quenom 'Pam.'ÿ. fommes rendus agréables en fon bien aimé. Item: Epheft. pour monslrer t abondante riihefie de fa grace pat

bénignité'enuers nous en lefus Chrifi.

Partant, nous pouuons affermer, que ceux qui nient noffre iuffification gratuite par la lu* ftice de Chriff, à nous imputée amp;nbsp;acceptée par Foy , ceux-là nient, que Dieu foit fouueraine-ment Iuffe,amp;foiwieraiiiement mifcricordieux: veu que ces deux chofes ne fe peuuent accor-. der, pour le regard de noffre Iuffification, ailleurs qu'en lelus Chriff.

Or nous parlerons en l'Article fuioant de leur contradidion , veu que là ils difentque l'homme par la grace informante fe prepare à fa propre Iuffification. -Maintenant examinons en bref les paff’ages de TEferiture dont ils abufent.

d’our prouuer que la grace de Dieu, par la- , quelle

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;575

quelle nous fommes iuftifiésjcft vn mouueméc du fàinôt Efprit infus en nous:ils allèguent ces mots duPfaîme, felon Tancienne Tranllation. Mon Dteu,fa mifencorde mepremendr.i. Et par là ils deuoyent cognoiftre, que ce mouuement du faind Efpnt en nous, eft vn effeél de fa mi-fericordejaquelle nous preuient par ce moyen là, nous faifant viuement appréhender noftre iuftice en la remiffion de nos péchés. Ce que S. Auguftin declare ainfi fur l’expofi/ion de ce lieu du Pfalme qifils allèguent. le ne prefume-ray rien de moyjdit-il. Car qu'ay-ie apporté de bien, à fin que tu me fiifes mifericorde, amp;nbsp;que ta me iuftinalfes ? Qu'as-tu trouué en moy , fi-non des péchés tant feulement. Il n’y a rien en moy de toy.finó la nature que tu as creée;tout le refte ce font mes pechés,que tu as effacéS.Ie ne me fuis pas premièrement leué pour aller à toy,mais tu es venu pour me refueiller. Car fit mtfiencorde me preuiendra. Deuant que ie face aucun bien,fa mifericorde me preuiendra.Que refpodra ici le miferable Pelagiusî Voila ce que dit S. Auguftin ; fuiuant lequel nous pouuons auffi dire : Que refpondront ici ces miferables Moynes , nouueaux Pelagiens, qui ont allégué ce palfage à leur confufion?

Ils allèguent auffi ce palfage de PEpiftre aux ^omzms'.Es^erance ne confond point, pour autat, ^ue tamour de Dieu efi eff/adue en nos cœurs par le fatnei Efirit eput nous a'e^é donné. C’ell à dire, que l’Efprit de Dieu imprime en nos cœurs vue alfeuTance que Dieu nous aime. Et la rai-

A 5 fon

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374 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 43-44’

fon eft adiouftee an verfet fuiuât : aftauoir,que /efitx Chrifl efi mortpoitrnous. Or I’Apoftre ne parle pas là du commencement de noftre lufti-ncation , mais de I’aireurance que nous auons eftans iuftifies en lefus Chrift.Et pourccil dit, que i'£spera»ce du fidele ne confond point. Cela donc ne fert aucunement au propos des Moy* nés , qui nous veulent ici defcrire les premiers traits amp;nbsp;commencemés de noftre luftification: pluftoft cela confond leur Formelle iuftifica-tion, attendu que la côfiance des fideles eft feu lement en l’afteurance qu’ils ont que Dieu les aime en lefus Chrift. Et le commccement d’v-ne luftification douteufe amp;nbsp;incertaine ( telle que cesMoynes veulent) eft contraire à la confiance dont parle S.Paul.

Pour prouuer que l’Efprit de Dieu forme en nous nouuclles amp;nbsp;diuines forces , qualités amp;nbsp;***’ ornemens, ils cottent ces mots du Pfalme:5«/'?

Seigneur ne m'eufl eße en atde,peu s'en fallait non ame nhabitafl au heu defilence. Si tedifofigt; mon pied efl gltffe. Seigneur, ta bénignité m’a fia-ftenu. Et cela eft dit, non pas d’vu homme qui commence àauoir des premiers mouuemens pour eftre iuftifié, mais d’vn homme régénéré, amp;nbsp;qui neantmoins eft tellement combattu de tentations, qu’il confelFe, que li Dieu ne l’euft fouftenu , il fuft trebufché. Ce qui refute ma-nifeftement leur erreur , touchant cefte formelle luftification , amp;nbsp;leur merite. Car ce n’a pas eftc la iuftice formelle,ou le merite du PfaI mifte qui l’a fouftenu, mais la feule aide de

Dieu

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37J

Dieu.Et ce paflage eft tresbeau pour monftrer, que Ies fideles régénérés ont toufiours befoin denouueau fecours prouenantde la grace de DieUjà fin d’eftre fouftenus en la Foy,amp; en fon fetuice. Comme ailleurs le Pfalmifte prie Dieu de dreiler fes pas.

Pour prouuer que nous fommes formellement iuftifiésjamp;r rendus idoines à bien faircjils cottent ces mots de FEuangile : La Loy a eile donnee par Moyfe : lagrace la venté eßfaite par/efin Chrifl. Mais ce qu’ils difent, qu’ils veulent prouuer j eft autant à propos, amp;nbsp;a autant d’afnnitc amp;nbsp;conuenance auec ce palFage, que leur capuchon auec vne Couronne Imperiale. Car là il eft parlé de la conference du Vieil amp;nbsp;du Nouueau Teftament;amp; eft dit, que lefus Chrift a accompli ce qui auoit efté promis. Or puis que la grace eft faite par lefus Chrift, il ne faut donc pas attribuer noftre iu-fticeà nos merites.

Ils alleguét aufli le iiij.ch.de l’Epiftre aux Ro mains,amp; le iij.de l’Epiftre aux Galates,amp;le xv. des Aétes des Apoftres,fans defigner les paro-]es:auffi ne pouuoyent-ils tirer de là,finô la refutation de leur erreur. Corne on peut voir par les fentéces fuiiiates:^ celui t^ui nœuurepoint, nbsp;nbsp;nbsp;.

mats croit en celui cjui iushfie le mefehant , fa Loy lai efl reputee à iuïlice. Abraham a creu 'à Dieu, amp;nbsp;il lui a efté impute'à luilice. Ceux tjui font de la Foyfont bénits auec le fidele Abraham. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Galat.?.

Lions croyons ejue nous ferons fauués par la grace du Seigneur lefus Chrifi. Dieu a purifié

4 «oj

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article 4j. 44.

no/ eœ»// parfoj/, ç^r-c. Ce font, en fomme, les prennes que les Moynes ont penfé alléguer ’’’■ pour eux. Mais parce que la parole de Dieu eft vraye en tout amp;nbsp;par tout, elle ne peut feruir à le confirmation du méfonge. Concluons donc par les paroles de S. Augullin ; Quand le couU condamne , dit-il, c'elf la luftice de ƒlt;/. imp,' Dien incoulpable:quâd le coulpable eft luftifié, o-rt.z. c'eft la grace de Dieu ineffable. Et ailleurs: coMt)-. lu- L’homme n’eft pas fort par fes propres forceSj mais il eft affeuré par le pardon amp;nbsp;mifcricor-,,, dede Dieu. Et en vn autre lieu il rapporte no-j)e nnîur. luftificat'ion à la remiffion de nos péchés:

amp; ailleurs: Si,dit-il,lefus Chrift n’eft pas mort i; en vain , il s’enfuit que le mefehant ne peut e-ftre inftifié qu’en lui fenhdc que croyant en celui qui iuftifie le mefehant, fafby lui eft imputée à luftice. Voila ce qu’il en dit.

Quant an mot Relatif, lequel les Moyn« condamnent, ils monftrét par cela, qu’en celle matière ils n’entendent ne les choies , ne les mots. Car s’ils n’ofent nier ce que fainâ: Paul afferme,affauoir, que c’eft Dieu qui iuftifie,il faut qu’ils confelfent qu’il y a Relation entre Dieu Iiiftifiât,amp; les fideles luftifiéstfinon qu’ils vueillent eftre renuoyés à l’Alphabet de leur Efchole. D’auantage,s’ils croyent(ce que toute l’Efcriture enfeigne) que lefns Chrift eft mort pour nos péchés, amp;nbsp;refufeite pour noftre| JuftificatiÓ : que nous fommes iuftinés au fang de Chrift,que nous fommes laits inftes en lui, ïuftifiés par lni;Irem,que nous lommes iuftifies par

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^77

par foy:que la foy nous ell imputée àlufl:ice,amp;r que la foy a pour fon obieôh IcfusChrift,amp; Po-beilTance qu’il a rendue à Dieu pour nous. Eu fommCj fi la luftice nous eft imputée fans œu-ures, amp;nbsp;que c’eft vn don de Dieu procédant de fa pure grace amp;nbsp;liberalité:s’ils croyent que le-fusChrift a fatisfait pour nos pechés,ayant effacé en la croix l’obligation qui eftoit contre nous:amp; s’ils ne peuuent ignorer que l’acquit fe raporte au payement*.Si,di-ie,ils recognoiflént toutes ces chofes, qu’ils apprennent donc qu’il y a Relation en ceft endrott:amp;que noftre lufti-fication ne peut eftre entendue fans la luftice amp;nbsp;obeift'ance parfaite que lefus Cbrift a rendue à Dieu pour nous. Partant nos Moynes fe trompent, quand ils penfentque nous attribuons noftre luftification à quelque Relation imaginaire, au lieu que nous la fondons fur lefus Cbrift , nbsp;nbsp;nbsp;nous U eflé fait de par Dieu , Sa- j

pieHceiIuïlice,SanÜificatwn,lt;^ Redemption.

Nous prions les Leóteurs trouuer bon que nous ayons traitté le poinél de noftre luftification plus amplement que les autres poinéts de noftre Religionzpar ce que c’eft vne dodri-ârine tref-necelfaire, amp;nbsp;principalement re-quife pour noftre falut.

ARTICIE XLV.

le crojf cjue nous femmes tuH-if ez. proprement

amp; formellement par la grace de Dieu y interne- j.Corió.m Mnt le Liberal Jirbitre, ejue le fatnSl £ijgt;rit pre-utentfans nofire aSlion,lui donnant d’enhaut nou-Helles vertus fans lefjuellcs tl.efl tnepte à falut.

A'îats

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378


ARTICLE X L V.


Mais ayant recea ces forces diaines, fe prepare Tit 5 6' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a lagrace ia^tfiante lt;jui confia

en grace informante en la remijfion despecheZ} en la renouation du vieil homme ,amp;en l'aide du t^fo.zz.ïi. fsinll Effrit, dont l’homme fe prepare à fa propte 19^10 ^ii nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, non en la méritant. Auffi par l'atde

iTa.^ay ’ lagrace coopérante, il ouure fainHement,poltt t.io.^.z.j. augmenter la iu^Ufication encommencee : telle' ■Aug.Jif. ment que telles agitons de l’homme enfoy pargra' regeneree,font proprement méritoires de vie etet in Joân Ce nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;peuuent fouflenir le iugement de Dieu.Et

ntîs pource te detefle Manichee, amp;nbsp;les Prétendants rat^.l.^.6 nyans le Liberal Arbitre,impugnans refßcacedes meritesyauec SimoMagus,amp; rabaiffant l’enerÿi 'f^bli^e'ret nbsp;nbsp;nbsp;iti grace, auec les faux j4pofires,c^- Pélagie»! s

.Aag.hxr. pour introduire vne folle opinio,en lieu de la vraje foy, auec t^ttus, dtt Athetße, amp;nbsp;prefchans v»f £fifgt;h. cat. IittUce Imputatiue auec les Origenifies. k^ls-tpha. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RESPONSE.

Maintenant les Moynes font apres à anéantir la luftification gratuite, tant qu'ils peuuét, en magnifiant le franc Arbitre. Et parce que la luftification de la foy eft fi clairemét propofee en l’Efcriture , qu’elle fefait voir du premier coup, ils e'fpandent vne obfcuritc de paroles, comme vne fumee,pour l’obfcurcir.Mais pour cela les paifages de la parole de Dieu,touchant ce poinà , ne laiftent pas d’eftre clairs, faciles, amp;nbsp;trefaifés à eptendre : amp;nbsp;toute I’obfcurite amp;nbsp;les tenebres leur demeurent.

Voici, en fomme , ce qu’on peut defcouurir de l’Enigme de leur Article, amp;nbsp;ce qu’on peut prefu

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RESPONSE,^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;379

ptefumer de leur intention: Que le franc Arbitre entreuient en noftre lullification : lequel eftant preuenu , amp;nbsp;fortifié par le fainél Efprit, fe prepare volontairement à la grace iuftihan-te:amp; par Taide de la grace cooperante,augmen te la iuftification commencée par bonnes œuvres faites en foy^Sc méritoires de la vie Eternelle : iufqucs à pouuoir fouftenir le iugement de Dieu.C’eft à dire,en bon françois^que Tho-me s’aide de fon collé à ellre premieremtt iulli fié:amp;puis qu'en fin il merite la vie éternelle par fes œuuresjdeuant le iufte iugement de Dieu.

Pour defcouurir lafaull’eté de cell Article, quelque entortillé qu’il foit, nous produirons premièrement ce que l’Efcriture enfeigne , de ce qu’ils appellent Liberal Arbitrejalîauoirjde l’entendement amp;nbsp;volonté de l’homme , amp;nbsp;quel ileft auant la lullification amp;nbsp;Regeneration: pour voir s’il nous peut aider à ellre iullifiés: Puis nous verrons.11 apres nollre lullification, nous pouuons mériter la vie eternelle, amp;nbsp;fou-ïlenir le iugement de Dieu,comme ils difenf.

Quant à l’entendement de l’hommejl’Efcri-ture nous enfeigne, que ( lors principalement qu’il efl queflion de la vie eternelle) il cil aueu-gle.iufques à ce qu’il foit illuminé par le fainél Efprit : ainfi qu’on iugera aifement par les tef-moignages fuiuans:

Toute l'imagtnmtio» des pen/èes de l'homme, neft autre choje lt;jue mal eu tout temps. '

La conception du cœur de l'home efi mauuaife. pcJ,. Il ny a nul qui entende.

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L'hom

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3^0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X L V.

i.Cor.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L’homme nattere I ne comprend point les chefis

font de Dieu.

K’m.S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;La penfee ou intelligence de la chair, efi mort.

/oitn.j. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ce cjui efl naj de chatr, efl chair : amp;nbsp;ce qui eß

nap/ de l'Esjgt;rit,efl ef^rit.

derechef, ne peut voir le Rojau-

lo^na. ''^^d^Dieu.

Qui ne font point nais de fang,ne de volonté de

la chatr ,ne de la volonte' de l’homme : mais font

nais de Dieu.

Non point que foyons fufßfans de penfer quel'

que chofe de nous, comme de noufmefmes : mais

noflre fujflfance efl de Dieu.

11 nous a deliurez. de la puiflance des tenebres,

Gr- nous a trandbortez au Royaume de fon trefibet

Ftls.

l^ourpublier deliurance aux captifs , amp;nbsp;aute^

aueugles recouurement de veue.

aiyans leurpenfee obfcurcie de tenebres, eflrait

gez. de la vie de Dieu, à caufe de f ignorance qui

efl en eux.

VfL.^6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Par ta clarté nous voyons clair.

L homme ne peut reeeuoir aucune chofe, s'il ne

Lachatrt^ le fang ne le t’a pas reuclé, mais

Deut.^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qsss efl es Cteux:

Le Seigneur ne vous a point donné cœur pouf

cognoiflre.

lerem.z^, nbsp;nbsp;le leur donneray cœur pour me cognoiPtre,

s.Cor.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Nuln a cognu les chofes de Dieu ,flnon l’E-

flrit de Dieu.

Ibidem. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dieu les nous a reuelees par fon E.frit.

Nul

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R ESPION SE.

NhÎneXognoifl le Pere ,ßnon le Fils, celui ir. auquel le Fils le voudra reueler^

Qu^ fojiez renouuellez en relent de voflre en-tendement. Et autres lieux femblables.

Quant à la volonté de l’homme^voici ce que l’Efcriturc en dit:

Le cœur efi deceuable,amp; feruers plus que tou- jerem.ir. ' tes chofes:Qiß;lecognoi£tra?

Nous auons conuerfe es œoncupifcences de no- £jih.i. fire chair f executans les deßrs de la chair de nos penfees, amp;nbsp;eSHions de nature enfin s d'ire,corn ttie les autres.

osiez le vietlhomme, quant a fa conuerfation Ephef.f, precedente,lequel fe corrompt par les concupifeen-ces quifeduifent.

Qßandnous efiions en la chair, les aßeSiions de péché auojent vigueur en nos membres ,pour fruilißera la mort,

le mettray ma Log en eux,çè‘ referiray en leur Icrem.^x. cœur.

l’ofierày le cœur de pierre hors de leur chair,amp; leurdonnertiy vn cœur de chair.

Le laquelle le Seigneur ouuritle cœur, pour entendre aux chofes que Pauldtfoit.

Nul ney eut venir d moy , ß le Pere qui m’a en- iotm.€. uoyéne le tire: Et Plufieurs autres pallages à ce mefme propos.

Puis donc qu'auant la foy, amp;nbsp;felon la corruption denoftre natured’entendement des hom mes eftaueuglé, amp;nbsp;obfcurci de tenebres, pour ne pouuoir cognoiftre amp;nbsp;difeerner les chofes de leur falut ; amp;nbsp;leur volonté eft peruertie, en-durcie

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^St nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X L V.

Ifh.z.

/uÆn.S.

a»Cor.j.

durcie, amp;nbsp;corrompue par les aiFeéliós charnelles qui dominer en eux;il s’enfuit, que les hotn mes n’ont rien en eux,amp; d’eux-mefmes dont ils s’aident en façon que ce foit pour encliner, fe difpofer, conuertir,amp; acheminer à la cognoif-fance de Dieu. Voila pourquoy il eft dit en l’E • fcriture,que nous fommes morts en noftre nature vicieufe amp;nbsp;eorrôpue;amp; partant qu’il nous faut eftre régénérés amp;nbsp;créés en IefusChrift:Ce qui couppe iufques aux plus profondes racines tout ce que l’ignorance Monachale a mis en a-uant, pour nous recommader le franc Arbitre, auquel, amp;nbsp;à toute fon excellence, nous oppo-fons ce que dit lefus Chrift: Q^conejuefaùft-ché,efi ferf de peche.St le Fils vous affrdchit,v»in Jerez vrayement francs, dit-il. Et ce que dit S. Paul, que no/ss fommes ferfs de péché Jfinous liti obeijfons : amp;nbsp;ailleurs, que là oit efl ^E^Jr^t dt Filets J à efi liberté.

Partant, ce que difent ces Moynes, eft con-, tre l’Efcriture : Aifauoir , que le franc Arbitre ayant receu les forces diuines, fepreparevo-lonfairement à la grace iuftifiante ; veu qu’il faut attribuer àl’Èfprit de Dieu le changement , préparation , amp;nbsp;difpofition de noftre volonté de mal à bien, amp;nbsp;tout ce quieft de bon en ce changement : amp;nbsp;non à la volonte mefme. Car combien que felon la naturelle faculté de vouloir, la volonté foit libre; amp;nbsp;que la contrainte foit oppofee à la volonté:fi eft-ce que I homme confideré en fa nature, fe plaie taittauinal, amp;nbsp;i’appette (nonparcon-train

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;385

trainte, car cela ne fe peut, mais trefuolon-tiers) que fa volonté eil toute ferue amp;nbsp;efclaue de péché : amp;nbsp;pource il faut que l’effxcace du fainch Eiprit nous face cognoiilre le bien , amp;nbsp;le nous face vouloir, fans que cela, ni en tout, ni en partie,puilfe ellre attribué à ce franc Arbitre que ces Moynes ont en fi grande recom-mandation.Car cede voix de S.Paul doit touf-iours refonner à nos oreilles : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tu

filt;tjesreceH?Vâ.tZ3.nt fi Lazare mort ne s'ell pre paré,ou aidé pour eftre refufcité : amp;nbsp;fi les yeux des aueugles que lefus Chrift, a illuminés , ne fe font peu preparer, ou aider en cela: mais tant la refurreélion, que rillumination ae-fté purement amp;nbsp;fimplement Tœuure de la grace de lefus Chrift:autant en faut-il dire de l’en tendement amp;nbsp;volonté de rhomme:vcu les paf-fages fi exptes qui ont efté produits ci deuant, pour monftrer, qu’auant la grace de Dieu nous fommes morts amp;nbsp;aueugles, amp;nbsp;qu’icelle grace nous a refufcités,regenerés,viuifiés, amp;nbsp;illumi-nésjcôme l’Efcriture en parle. Et de faiét, fi le Franc Arbitre fe prepare, c’eft ou deuât la foy, ou apres. Si c’eft deuât la foy, l’homme ne peut lors, que pecher,comme l’Efcriture l’enfeigne. Or fe preparer à bien faire , n’eft pas péché. Si c’eft apres la foy, alors Thème eft iuftifié,côme fainél Paul dit. Où fera donc le tenips,amp;le lieu de cefte preparation Monachalcî Pour faire doc efuanouïr ce fonge de Preparation , duquel les Moynes deçoiuét ceux qui font vraye-ment mal preparcs,amp;:fe lailfent tromper à leur cfcienC

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384 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE. XtV.

efcient : oyons ce qu’en dit S.Auguflin, vfanC de ces parolesiLa volonté ne peut eftre dite li-bre J tandis qu'elle eft fubieéle aux cupidités» liee amp;nbsp;vaincue par icelles.Et ailleurs: Les Loin me^itUbr fe ttauaillent pout trouuer en noftre vo-i.t.18. lonté que c’eft qui eft bôjamp; qui foie du nollre,

amp; ne nous foit pas doué de Dieu. Et ie ne fçay comment cela fe puilfe trouuer. Car voici que hC'w.4, jit l’Apoftre : qu’as-tUj que tu n’ayes receu? amp;i

1! tu l’as receu, pourquoy te glorifies.-tu, comme li tu ne l’auois pas receu ? fit vn peu apres! Si nous n'obrenonsjque,non feulemét la liberté naturelle de la volonté de pouuoir eftre Ae-febie amp;nbsp;tournee ça amp;nbsp;là, doit eftre comptée entre les biens que Dieu a faits à noftre nature,dont l’homme mauuais peut mal vfer : mais aufïi que la bonne volonté, qui eft défia entre ces biens-là dot l’vfage ne peut eftre mauuais, eft deDieu:Si,di-ie,nous n'obtenons cela,ie ne fçay comment nous pourrons défendre ce qui eft: dit! Qi^as-tu,t^ue tu nayes receu,amp;c.Il refte donc , que nous ayons de Dieu la volonté qui eft bonne:autrement,quâd nous fommes iufti-* fiés par lui, ie ne fçay de quel autre don nous , iouïlfons- :•amp; pour cefte caufe,comme i’eftime, il eAieÇcxif.Lu volote'eflprefureefarleSetgneuft !

vn autre endroit : Le premier hôme,dit- j I^r‘c ^Q vfant mal de fon franc Arbitre, fe perdit, amp;nbsp;1 perditlt;[uand amp;nbsp;quand fon franc Arbitre. Car 1 comme celai quife tue, eft viuant quand il fe / tue,amp; ne vit plus quad il s’eft tué:amp; ne fe peut I refuiciter, apres qu’il s’eft tué : ainfi par le pe- I ché

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RE s POISSÉ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;38^

ehe le franc Arbitre a efté perdu.Puis il adiou-fte, que la liberté à bié faire ne peut venir que de celui qui a dit:5* le Fils tjous deliure, veusfe »•f!: vrajement delinrés. Voila ce qu'il en dit. Vray cft que fouuét on trouue es AnCicnsgt;que Dieu aide noftre volonté. Mais il ne faut pour cela eftimer^qu'il y ait quelque chofe en noftre volonté J qui s’aide pour vouloir le bien. Car ft ttiefmes nous parlons ainft entre les hommes» amp;nbsp;difons , que qnclqu’vn nous aura aidé amp;nbsp;fe-couru, encores que de noftre cofté nous ne nous y foyons aidés; combien plus faut«-il ainft entendre l’aide» non pas des hommes , mais de Dieu enuers les hommes} Partant Dieu pou» aide en nous regenerant, en nous iuftifiant, en nous fauuant : amp;nbsp;neantmoins noftre régénéra-tion,iuftification,amp; falut eft l’œuure de fa feule glace amp;nbsp;bote.Aufli les Anciens ont parlé du franc Arbitre : mais ils ont entédu par ce mot» la faculté naturelle deVouloir,laquelle ne peut eftre que libre; autrement,ce ne (croit pas Vo-lôté, fl elle eftoit forcée, veu l’oppofttiô qui eft entre Cótrainte,amp;Volóté.Car,eftre cótraint, c’eft, ne vouloir pas. Ce que nous entendrons aifément par les paroles de S.Bernard: Le vou-loir,dit-il,eft cr. moy pat le franc Arbitre.le ne iiFuThu di pas,Vouloir le bien, ou vouloir le mal : mais ie dijfimplement Vouloir. Car vouloir le bien, c’eft vn auancement amp;nbsp;proffit: Vouloir le mal, c’eft vn defaut. Mais vouloir (implement, c’eft ce qui proffite,ou qui defaut.Item;Cefte liberté eft»nô de pechc,mais de nece(rité,amp;: cotrain

B te,

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^36 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLEXLV.

te. Item , le franc Arbitre a eu befoin cTvh Libérateur, pour eftre deliuré,amp; affranchimó de neceffité,mais de pêché,auquel il eftoit tombe volontairement,amp; partât librcment.V oila fon aduis, lequel il auoit tiré de S.Auguftin , ainfi DegMf.’et qu'on peut iuger par fesparoles:La doélrine de lib-arbit. laG.racc n'olle pas le franc Arbitre,c’eft à dire, que la volonté n’eft pas oftee , mais l’excufe de ceux qui ne veulent pas entédre amp;nbsp;fçauoir : car Jbidem, leur ignorance n’eft pas exeufee. Et vn peu a-.presjl Jit au Prophete, leferay ejue veusfe-rez.,par cela la Volonté n'eft pas olfee,mais elle elf changee de mauuaife en bonne.

Et pour mieux entendre ces chofes, voyons maintenant que c'eft de noftre intelligence amp;nbsp;volonté,apres queDieu nous a illuminés par la foy, amp;nbsp;nous a régénérés par fa grace. L’Efcti-ture donc nous enfeigne,que Dieu nous ayant doué fon Efprit,par l'efficace duquel vnevraye foy efl imprimée en nos cœurs, ne nous laide pas à la conduite de nous-mefmes, par ce que nous retoberions incontinet en nollre premiere mifere;mais nous côduit,dreire,redreire,fou ftient amp;nbsp;fortifie de plus en plus par cefte mef-me grace , amp;nbsp;par ce mefme Efprit habitant en nous:à fin que marchas par le chemin des bonnes œ-uures , amp;nbsp;nous auançans en faindeteSt iullice , nour paruenions finalemét à cefte parfaite félicité qui eft au ciel,à laquelle nous afpi rons eftans en terre. Et ce que nous diibns, fc pourra facilement apperceuoir par les palfages fuiuans:

■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Par

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R E s P ON s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;587

7’lt;tr lagrace de Dieu,ie fuis ce (jue ie fùis:ei fa i-Comj« grace tjui efl enuers moy, na point efle'vaine., ains lay trauaiUeplus yueux tous : toutesfois,non pas moy,mais la grace de Dieu y ui efl auec Moy.

Si l‘Esprit de celui ^ui a refufctté lejus des morts, habite en vous : celui ^ut a refufctté Chrifl des ntorts,vtutflera aujfi vos corps mortels, d eau fi de fin Elfiit habitant en vous.

Ne fiauez-vous pas que vous efles le temple i.Cor.^, de Dieu,lt;^ que l’Efirit de Dieu habite en vous?

Garde le bon depoflparle faincl Elfiit qui ha~ bite en nous.

Nul ne peut dire îefus, eflre Seigneur tflnon par lefainii Eljirit,

Le premier homme Adam a eflé fait en ame ixor.i^. viuante,amp;ie dernier Adâ(ajfauoir,/efus Chrifl} a efle' fait en Esfrit viuifiant,(^c.

Celui qui nous conferme auec vous en Chrifl, x.Cor.K

amp; qui nous a oincls c efi Dieu, lequel aufli nous a fiellés nous a donné les acres de l'Eljirite»

nos cœurs.

, Ayans creu à bEuangile, vous elles feelle's du

1 fatnlî El^rit de la promefle, lequel efi arre de no -

1 fire heritage, iufqud la redemption de fa poffijfon l acquifi,d la louange de fa gloire.

1 Le Seigneur vous doint les yeux de vofire en- Ibidim.

I tendement illumine's , à fin que fiachiez. quelle efi

\ 1‘elperance de fa vocation.

Nous fommes transforme's en la mefme Image, comme par l’El^rit du Seigneur. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Il vous doint, que foyez. corrobore's de force

en l’homme Interieur; que Chrifi habite en vos

B X cœun

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3^8 articlexl V.

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en lefts Chriji,amp;c.

.. LefruiEl de l’Esprit gift en toute debotvtaireté, Cal î êuftice,^ venté.

St nous viuons d’E^jrit cheminons auJftd’E-

ïph.4. ■l^e contristez, point le faintl Efrit, par lequel vous eftesftgnez pour le iour de la Redemptton.

^ph.6. Soyez, forts au Seignenr en lapuijfance de fz force.

Celui qui a cdmencé cefte bonne œuure en voust la parfera tufquà la iournee de lefts Chrift.

Cota. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J\lous ne ceffns de prier pour vous y amp;nbsp;deman

der que foyez remplis de la cognotffance de la vo' lonte'd‘icelui,en toute ftpience amp;nbsp;intelligence fi' rit uelle:a fin que cheminiez dignement felon le Sel gneur^ en luiplaifant entièrement frutlifians en toute bonne œuure.

t.Thelf.^. nbsp;nbsp;nbsp;Ee Dieu de paix vous vueille fanElifier entièrement , çSf tout voStre eSßrit ame nbsp;nbsp;corps fit j

conferué fans reproche à la venue de notlre Seigneur lefts Chrift. Celui qui vous appelle iCftfi-dele^qui aufi le fera. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

ftfi qu'abondiez en eS^erance,par lapuiftan-cedufaincl Effrit.

Thiiip.z, nbsp;nbsp;nbsp;C'eft Dieu qui fait en VOUS nbsp;nbsp;nbsp;le vouloirIt

faire felon fon bonplaiftr, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

% nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Let

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^8ÿ

Les pas de rhommefont addrejjez parle Set-gnenr ,(^fa voj/e laiptaifl. S'il vient à tomber, il ne fera point brtßtearle Seigneur le foufiient.

Le Seigneur face encliner nofire cœur a foy, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

nous face cheminer en toutes fes voyes nbsp;nbsp;garder

fes Commandemens.

Encline mon cœur a tes tefmoignages: deflour- 'pgal. nf ne mes yeux gt;nbsp;tjuils ne regardent vanité : viuifie-tnoy en tes voyeSiamp;c.

Enfeigne-moy à faire ta volonte j car tu es mon -ppii, , aue ton bon Elirtt me condutfe en la terre droite.

O Dieu, créé en moy vn cœurnet, renou- pp/.jt, nellededans moy vn El^nt droit', ren-moy la Heffe de ion falut, Gt'ejtte l'E^^ritfranc mefouflien- ' ne,^c.

Il y a infinis autres paiFages, tenJans à celle mefme fin,pour nous enfeigner, que comme la grace de Dieu comence fon œuure en nous,elle le continue amp;nbsp;le paracheue, à fin ( comme il efl efcrit)que celui qui fe glorifie,fe glorifie au t..Cigt;r,t. Seigneur; amp;nbsp;que nous ayons lamefme ailèuran ce qu’a eue Dauid : Le Setgneur, dit-il,parfera pour moy: Setgneur, ta bénignité dure eternelle- . nbsp;nbsp;„

Went,Tu ne lai feras potnt l'œuure de tes mains.

Parquoy nous deteftons la doôlrine de ces Moynes,qui difent,que par la grace coopérante nous faifons des œuures proprement méritoires de vie eternelle.Car fiDieii nous fait entendre fa volonté : s’il ployé nos cœurs à fon obeilFanceis’il fait en nous Srle vouloir amp;le fai te : s’il nous redrelFe quand nous tombons : s’il

D } nous

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390 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLV.

nous fortifie quad nous perfeueroszou eft done noftre merite ? Dieu veut exalter fa grace en nous fauuant:amp; ils la veulét déprimer en fe glo rifiât.Qui doute que pour mériter il faut entie-Uc.i. rement accomplir la Lo/? Car qui faut en vu poin(ft,faut en tous,dit fainôl laqueszor qui eft coulpable de tour,que merite-il? Et qui eft celui d'entre les hommes qui accomplit toute la Loy? Si tu pris garde aux inisjuités,Seigneur,qui efl-ce qui fubfijiera ƒ dit Dauid. Et partant S. Paul enfeigne,qu’en l’homme régénéré la chair conuotte contre iEjfrit,?^ C£fl)rit contre la chair: tellement, dn-ï\ t que ces chofes font contraires l'Tjfigà Pautre. Et ailleurs.- le pren plaißr'ala JLojf de Dieu , quant a l’homme de dedans : mais ie voy vne autre Loy en mes membres , bataillant contre la Loy de mon entendement,amp; me rendant captif à la Loy de péché, qui efi en mes membres-Dont il appert, que mefme és bonnes œuures que nous faifons, il y a toufiours de noftre de-faut.pour ne les faire fi bié que nous deurions; loan.ti. voire iufques là, qu'il eft dit de S.Pierre, qu’on le mcncroit où il ne voudroit pas , parlant de fon martyrezqui eft,toutesfois,la plus excellente œuure que l'homme face. Partant ce n'eft pas fans caufe, fi le Prophete dit, que toutesnts iusiteesfont comme le drap fouillé. Car encores qu'il y ait pureté en ce qui procédé de l'Efprit de Dieu,fi eft-ce que nous y mêlions toufiouts de nos impuretés. Et par ainfi, reiettans h fauireamp; Monachale Doélrine du Merite des œuures, nous proteftons, nous vouloir perpé

tuelle

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response. '

tuellement tenir à cefte faine amp;nbsp;veritable Do-ftrine de fainól Pauljdifant ainfi: II nous u faunes nou point par œuures de iuHice i^ue nous ayons faites gt;nbsp;mais felon fa mifericorde par le lauementde la regeneration renouuellement duÇainEl £f^rft, lequel il a el^andu abondamment en nous par lefusChrifl noflre Sauueur,àfin ^ueßans iu^-ifés par lagrace d‘tcelui,nous foyons heritiers felon l'elßerance de vie eternelle. Item: Si cefi par grace i cenefi plus par les œuures: autrement, grace n efl plus grace. Mais fi cefi par les œuures, ce ntjl plus grace : autrement, œuure nefiplus œuure. Item : A celui yui œu-ure, le loyer nefi point repute' pour grace , mais j pour chofe deueAtem : vous elles fauue's degra- Jlphef.î. ce parlafoy,amp; cela non point de vousicefl don de

Dieu : non par œuures, d fin que nul ne fie glorifie. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

Item : le fialaire de péché, c efi la mort : tÿ- le don de Dieu, c’efi vie eternelle par le fus Chrtfl noflre Seigneur. donc ces Moynes trauaillent tant qu’ils voudront, fi ne pourront-ils iamais faire accorder leur merite auec ces pafiages, fi clairs amp;nbsp;fi expres^que toutes gens de bien doi-uent bannir la dodrine du Merite , non feulement de leur cœutjmais aufiî le nom mcfme de leur bouche. Car tant s’en faut qu’il fe trouue en l’Efcriture, que mefmes on y trouue tout ce jg. * * qui eft contraire à ce qu’on veut entendre fous . ce nom-là.

Vray eft que les Anciens en ont vfé : amp;nbsp;l’E-glife Romaine a pris occafion de là , d’empoi-fonnerles hommes de cefte faulfe opinion de

B 4 Merit

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jQZ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLV.

Merite. Mais lesMoynes n’ont voulu prendre garde au fens auquel les Anciens prenoyent ce nom-là.Car Alertte, en la bouche amp;nbsp;en la plume d®s Anciens Dodleurs , fur celle matière, n’eft autre chofe qu’vne bone oeuure,amp; agrea-blc à Dieu. Et en leur façon de parler , meriteft c’ert faire bien,amp; eftre agréable à Dieu. Comme mefme l’ancien tranllateur au chap.15.de l’Epilhe aux Hebrieux en a vfé , pour lignifier, plaire à Dieu : car teleftle fens du mot Grec, que la verfion Syriaque traduit par le mot, r^.Et de faid, les Anciés ont alfez déclaré leur intétion.alfauoir, que nos bonnes œuures font dons de Dieu,qui gratuitement les nous done, amp;nbsp;les recompenfe gratuitemct. S.Auguftin ex-10$. pofant ces mots en S.Ieanz^race podr^race : dit nous meiitos Dieu par foyx’ell à dire,que nous lui fommes agréables. Et que telle foit fon intention,on le cognoift parce qu’il adiou-fte apresiLa grace,dit-il,eft ainfi nommee,p3r-ce que nous indignes auons receu la remiflîon de nos péchés. Qu’ell-ce à dire,grace gratuite-dônec,non rcdue.’Si elle t’eftoit deüe, c’eft lto.^rb. U. falaire rcndu,non grace donnee. Et puis apres:

Parce que la foy eft auffi grace , la vie eternelJe eft grace,pour grace,dit-il.Et en vn autre lieu: Nous ccrchons le merite de la mifericorde, amp;nbsp;ne le trouuos pas,car il n’y en a point,à fin que ” Je grace deDieu ne foit aneâtie,fi elle eft tédue aux merites,amp; nó dónee gratuitemét.Bref,ces fentéces fe trouuét fouuet en S-Auguftin, que nos Merites ne font autre çhofe, que Dons de Dieu

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;595

Dekrat, et Ub.Arb.

Confaib.^. c.i^.

Ve Vccief. dogm.c.^u Ve Trinit. liba^. In

Dieu, amp;nbsp;que Dieu recópenfant nos merites, ne fait autre chofe que couróner fes propres dós. Et entre autres paflages , il fait cefte priere à Dieu, prenât occafio du Pfalme qu'il expofoit: Seigneur-,ne deJjgt;rtjQ point les œuures de tes mains. le ne di pas , ne defprife point les œuures de mes mains , ie ne me vante pas de mes œuures. l’ay cerché lcSeigneur,amp;n ay point efté deceu, toutesfois, ie ne recommade pas les œuures de mes mains.I'ay peur que quand tu les auras regardées, tu n’y trouues plus de péchés, que de merites. C’efl ceci que ie demâde fpecialemét, que ie di, que ie defire d’obtenir : ne des'^rife point les œuures de tes mains : regarde en moy ton œuure,amp; non pas le mien. Car fi tu regardes le mien , tu le condamnes. Si tu regardes le tien,tule couronnes.Car quelles bones œuures que i’aye,elles font bonnes de par toy. Et partit elles font pluftoft tiennes,quc miennes. Car i’oy ce que dit ton Apollre:^^ous elles fau-uez. degraee par Foy, cela non point de vous, cefl don de Dieu^non par œuuresfin que nul ne figlorifie,ô~c. Partant,foit en ce que nous fom-mes hommes,foit en ce que nous fommes con uertis de noftre impiété, eftans iuftifiés , ô Sei-gneur^ne del^rifepoint les œuures de tes mains.

Ephe.i.

Voila ce qu’en difoit ce bon Dofl:eur,qui nous doit aifez feruir d’cxpofition,pour le mot de Wente,duquel ilavfé aucc lesautresAn-tiens, ne penfans pas qu’il viendroit apres lui des faux doéleurs qui abuferoyent de ce nom, pour eftablir vne doôtrine qui a efté pernicieu-fe à

lib.i.I{eir. r-S-

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394 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLV«

fe à I’Eglife de Dieu. C’eft la raifon pourquoy nous ne voulos auiourd'hui vfer de ce mot-là, pour l’attribuer aux bones œuures :voyans les grands maux qui font aduenus pour le frequét vfage d’icelui : amp;nbsp;fuiuons en cela l’exemple de ,quis’eft volontiers abftenu des ‘ mots defquels on auoit accouftumé d’abufer.

in ^nnun. Celle doftrinc pourra encor eftre efclaircie B. par les paroles de S. Bernard : Il eft neceflaire, dit-iljde croire,premièrement, que tu ne peux auoir la Remiffion de tes péchés, finon par la grace de Dieu,qui les te pardône:fecondemét, que tu ne peux rien auoir de bonne ceuure, fi auffi lui-mefme ne le te donne:finalement, que tu ne peux mériter la vie eternelle par aucunes œuures,fl elle ne t’eft auffi donee gratuitemét-In dievêt. Et ailleursiCe n’eft point noftre efprit:mais ferm.i. c’eft l’EfpritdeDieu qui opéré en nous la repen tanceJl admoneftejl efmeut,il enfeigne.Quâd donc tu fentiras en ton cœur quelque inclination au bien, réds-en graces à Dieu,amp; au S.E-1« ad fprit.Et S.Ieâ Chryfollome dit ainfi,Les gages om. pcché, c’eft la mort, dit l’Apoftre, amp;nbsp;le don lCo»i.6. de Dieu , c’eft la vie eternelle par lefus Chrift noftre Seigneur : monftrant par cela, qu’ils ne font pas deliurés par eux-mefmes ; amp;nbsp;que ce qu’ils ont receu, ne leur eftoit pas deu, amp;nbsp;n’eft point le falaire amp;nbsp;retribution de leurs labeurs: mais que toutes'ces chofes leur ont efté données de grace.voila comment ils en parlent.

Ceci feruira auffi pour renuerfer le comble de l’erreur abominable de ces Moynes, quand ils

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J95

ils difent, que nos bonnes œuures ne font feulement méritoires j mais aiilîi qu’elles peuuent fouftenir leiugement de Dieu. Q^e doc Dauid rf 14?. les condamne,quand il prie ainfi : N'entre point en internent anec ton fer tuteur, car nulle chair ne Çerainn-ifiee en ta prefcnce. Que S. Auguftin les confonde par la priere excellente que nous venons de reciter, amp;nbsp;par vn autre non moins digne d’eftre ramenteuc. Tu me vinifieras , Seigneur, pour Tamour de ton Nom. Non point à nous,Seigneur,mais à ton Nom donne gloire. Tu me viuifieras pour l'amour de ton Nom en ta luftice, amp;nbsp;non en la mienne : non par ce que i’ay merité,mais parce que tu fais mifericorde: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

car fiieproduifoy mon merite, ie ne merite-roy lié enuers toy,que fupplice.Et de faiôl,sTl eftoit ainfi que ces Moynes difent,dcquoy doc nous fert lefusChrift qui intercede pour nous, dit S.Paul? amp;nbsp;partant nous ne pouuos eftre ac- g eufés, ne condamnés deuant le iufte iugement de Dieu.C’eft lui (comme il eft dit ailleurs) par lequel nous ofons, auec confiance,nous prefen Hehr.^. ter au throne de grace ; c’eft lui qui elf l’appoin tement pour nos péchés :qui comparoir pour nous deuant la face de Dieu , qui nous nettoye i.ioan.zi de tout péché par fon fangibref, c’eft lui cotre Weèr.9. la Maiefté amp;nbsp;throne duquel ces Moynes s’efle-uent,auquel neantmoins ils font airubiettis,amp; deuant lequel il faut qu’ils comparoilfent. Or nous defiros que Dieu leur face la grace de tel-lemét recognoiftre leurs fautesamp;erreurs,qu’e-ftans defpouillés de la prefomptueufe confian-

• cede

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39^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XL.

ce de leurs œuures, ils recourent entièrement à la glace de noftre Seigneur lefus Chrift, qui feul a peu fouftenir le iugement de Dieu pour nous.

Il refte maintenant de reciter ici quelques vnes des plus groffieres cótradiólions qui font en cell Article , ne nous voulans amufer à les reciter toutes.

La premiere contradiélion,quand ils difent, que nous fommes proprement amp;nbsp;formellemét iuftifiés par la grace de Dieu, y interuenant le FrâcArbitre.Car ils prefuppofent que ce Fric, oujcommc ils difent ineptement, ce liberal arbitre, foit allant la luftification. Or eft-il qu’a-uant qu’eftre iuftifiés, nous fommes ferfs amp;nbsp;eC~ claues de péché. Où eft donc cefte libertés franchife, pourquoy il faille vfer d’vn nom fi braue,côme ceftui-là?veu mefmes que le Mai-Sentences eft contraint de confelfer, qu’il n’y a en effeél autre liberté, que d’eftre e-xempt de cotrainte ; parce que l’homme peche volontairemét,fans y eftre forcé.Sera-ce point donc vn ferf, pluftoft qu’vn Franc Arbitre’Il y j^ojM.7.3’. plusxar mefmes apres la Regeneratie, fainift Paul confelfe, qu’il fent vue Loy en foy qui le rend captif a. la Loy de péché , qui eft en fis membres : parlant de ce qui refte de noftre naturelle corruption, qui nous retient amp;nbsp;empef-che de rendre à Dieu le prompt amp;nbsp;entier ferui-ce que nous lui deuons.Où logerons-nous dóe ce franc Arbitre, s’il ne trouue place en noftre nature,ni deuant,ni apres la luftification amp;Re

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;597

gencrationîEt s’il n’eft point,comment entie-uiendra-il pour nous iuftifier î Nous n’auons donc autre liberté, que celle qui confifte en la grace de Dieu.

La fécondé contradiél:ion,Quand ils di.fent, que le franc Arbitre entreuient fans noftre a-dion. Car nous demandons que c’eft à dire en-irettenir'i veu que entreuenir,eft faire, amp;,faire, n’eft pas fans aôtion.LeurMaiftre definit tellement le franc Arbitre, que ce foit vne faculté: Comment doncfe préparera vne faculté fans agirîS’ils entendent que le fainél Efprit reforme noftre entendement amp;nbsp;volonté , c’eft tref-ineptement parlé:comme fi on difoit,que nous entreuenons à noftre iuftification, quand nous fommes iuftifiés. Car entreuenir à vn bié fait, n’eft pas dit de celui qui reçoit le bié fait,mais des caufes , moyens amp;nbsp;inftrumens par lefquels le bien fait eft conferé.Partant, quoy qu’ils di-fent de laGrace,ce n’eft que pour coulorer leur erreur. Car ils entendent que leur franc Arbitre s’aide de fon cofté,tellement que la luftifi-cation ne vienne de la feule grace de Dieu : amp;nbsp;lignifient alfez cela,par ce motentreuenir, amp;: de nouuelles vertus,qui en prefuppofe d’autres.

La troifieme contradidion,quand ils difent, que le faind Efprit preuient le franc Arbitre, amp;nbsp;que neantmoins le franc Arbitre fe prepare. Car que fait le faind Efprit, en le preuenant, s’il ne le prepareîLefaind Efprit le preuieht-il fans rien faire en lui ? S’il y fait quelque chofe,^ ne le prcpare-il pas, pour le morns : puis qu’ils

veu

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598 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLEXLV.

veulent que cede preparation foit auant toutes choies? Mais cóine ils imaginent vn entre-uenir fans aôtion ; auiîi forgct-ils,vn preuenir, fans rien faire. Qu’ils fueillettét les Liâtes des Anciens , Sc ils trouueront cefte Sentence réitérée infinies fois ; Que la volonté cil préparée du Seigneur. Quelle eil auffi celle façon de parler: que le franc Arbitre ell inepte à bien faire, auant qu’il foit preuenu du S. Efprit ? au lieu qu’ils doiuent dire, qu il eil efclaue de péché,corrompu, perdu, courant apres le mal, amp;nbsp;ne pouuant ne cognoillre, ne choifir , ne vouloir le bien. Voila ce beau Liberal Arbitre que nos Moynes ont fi grand peur d’offenfer : pat ce, peut eilre, qu’il a ellé fi liberal enuers eux, de leur auoir départi la plus grand part de fon ignorance amp;nbsp;corruption.

La quatrième contradiélion,en ce qu’ils di-fent, que la grace iuilifiante confiile en grace informante, en la remiffion des péchés , en la renouation du vieil homme , amp;nbsp;en l’aide du fainélEfprit,dont l’homme fe prepare à fa propre iullification fans merite. Et neâtmoins,ai-dé de la grace coopérante,il augmente fa iufti-fication encommencee, tellement que telles ocuures faites par l’homme régénéré en foy, méritent ht vie eternelle.

Voila ce qu’ils maintiennent: qui n’eil autre chofe qu’vn meilange d’erreurs amp;nbsp;de contradictions. Car c’eft autât comme s’ils difoyent, que l’homme fe prepare pour eilre iullifié,à fin qu’il fe prepare pour fe iullifier. Selon leur do-élrin

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;399

ótrine,rEfprit de Dieu pceuient Ie franc Arbi-trè:c’eft à dire^rhomme ayant le franc Arbitre (combien qu'ils en pariet de telle façon,qu’on dir oit que c’eft vne perfonne à part) amp;nbsp;ce franc Arbitre, c’eft à dired'hôme, fe prepare par foii franc Arbitre à la grace iuftifiante. Et puis par l’aide du fainôl Efprit,ce mefme homme fepre pare pour fe iuftifier. Finalement, par la grace coopérante, il fe iuftifie foy-mefme par fes ocu ures meritoires,qu’ils difent eftre à l’efpreuure du iugement de Dieu.Ne femble-il pas que ces Moynes nous veulent ici dépeindre les crotef. ques qu’ils ont en leurs entendemens , amp;nbsp;nous faire ouïr les refueries de quelque melancholi-que,pluftoft qu’vne decilîon deTlieologieîD’a uantage , fi la grace iuftifiante confifte en ces quatre poincls qu’ils recitent,amp; notammet en l’aide du faind Efprit;pourquoy difent-ils,que parcefte aide l’homme fe prepare à fa propre iuftificationîCar c’eft auoir la luftification , amp;nbsp;ne l’auoir pas: attendu qu’ils mettent l’aide dn faindEfprit pour vne partie de laluftification. Item : pourquoy mettent-ils feulemét la grace coopérante apres cefte preparation ? veu que fi l’homme fe prepare par fon franc Arbitre,aidé de la grace de Dieu ( comme ils difent ) il y a aufli vne grace coopérante en lapreparation dont ils parlent.

La cinquième contradiction, quand ils parlent de la luftification commencée , amp;nbsp;néant-moins ils afferment,que nous fommes iuftifiés formellemét, ainfi que nous auons veu en l’Ar ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tide

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400 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLV.

tide precedent, amp;nbsp;ici mefmes ils parlent de la grace informante. Qui plus eft, ils difent que nos œuures peuuent fouftenirle iugement de Dieu. Nous demandons dyne , fi la grace iu-ftifiantejamp; la grace informante,font deux gra-ffesjdont l’vne confide en l’autre? Item:fi nous fommes iudifics à demi î attendu que la iuflih-cation qui n'ed entière, n'ed pas iudification. Or ne veulent-ils pas que la Indice de lefus Chrid nous foit imputee,mais que nous ayons formellement nbsp;proprement la indice en nous

mefmes:partant nous concluons formellemcf» amp;nbsp;propremétj qu’il faut donc que nous foyons entièrement amp;nbsp;parfaitement indes , pour eftre iudifiés. Et puis que cela ne fe peut faire en ce mondejl s’enfuiuroit,que iamais les fideles ne font iudifics en La terre. Mais S. Paul ies def-ment en infinis paliages,difantj^«’f/?,i»j fies parFoj, nous auonspaix entiers Dieu : ejtton croit de cœur a ittsUce, amp;nbsp;e]tt‘onfait confefion de boteche à fialttt : iaparo/e,lt;iit-il, efipres de ta bouche,en ton cœur:c efi la parole de tpaelle nous prefichons. Car fi tu cofefie s leSeiÿielff f Iefius de ta bouche, Cr cjue tu croyes en ton e^ue Dieu l‘a refufiite'des morts , tu fieras fiaune. Par ces paroles,S.Paul ne différé pas nodrelu-dification iufques à l’autre mode : mais il parle del’indant mefme auquel le fidele reçoit par Vraye Foy le merite de lefus Chrid, qui lui eft prefenté en la predication de l’Euangile.Com-me auffi le brigand ouït cede parole de lefuî Chrid : Tu fieras auiourd’hui auec moy en ,

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RESPONS Èi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;401

«fw.Leur principal erreur eft dóe en ceci, qu'ilj ne diftinguent pas comme il faut, entre luftifi* cation amp;nbsp;luftice, c’eft à dire, Saindeté,(Jui eft le fruid amp;nbsp;effed de la luftification.D'auâtage* c’eft vne contradidion,de dire,que les œuures faites pour augmeter la iuftification commencée, puilfent fouftcriir le iugemét de Dieu.Car il faut eftre entièrement parfait, pour le l'oufte nir. Voire mefmes les Anges ne font pas nets en fa prefencc,comme il eft efcrit.Or ce qui eft commencé,n’eft pas parfait.

Le viuant (dit S. Auguftin)peut eftre fe pour-taiuftifier deuât foy-mcfme , mais non pas déliant toy, Seigneur. Gomment deuant foy ’ fe plaifant en foy-mefme , amp;nbsp;te defplaifant. Or hul viuant ne fera iuftific deuant toy. N’entre donc point en iugement auec moy, Seigneur hionDieu. Si ie me veux faire accroire que ie fuis droit, tu tireras de ton threfor vne reiglei amp;nbsp;m’appliqueras à icelle, amp;nbsp;ie feray trouué tors, amp;nbsp;iniufte. N’entre point donc en iüge-ment auec ton feruiteuti

La fixieme contradidion , Quand ils attrj'î buent le falut aux œuures méritoires de l’hoiil me régénéré en Foy.Car la Foyamp; le merite des œuures ne peuuent demeurer enfemble, conaé nous auôs defta prouué ci delfus: amp;nbsp;rlotamméc par ces paroles cxprelfes de S. Paul : Si cefipar ItsœtmreSiCenefi plus grace. Or eft-il que laFoy eft de la feule grace de Dieu,côme ces MoyneS h’oferoyent nier.Partant nous leur demandos, fl l’homme peut eftre régénéré fans Foy. Ils di-C f«nÉ

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4Oi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLV.

lent ici, que non. Dont nous concluons, que l'homme ne pouuant eftre régénéré en Foy, que ce ne foit vne vr.iye Foy,amp; que là où eft la vraye Foy, la luftification y eft, (comme toute l'Efcriture fainfte le dit ) il s’enfuit que l’homme ne peut eftre régénéré, qu’il ne foit iuftifié: au lieu que ces Moynes veulent que la Regeneration ne foit qu’vn commencement de luftification. En fomme, la fource de leur erreur eft, qu’ils n’entendent ce que nous auons défia dit,amp; ewofé amplement, alfauoir, qu’il faut mettre difference entre luftification,ScSanéti-fication.Car tat s’en faut que nous facious des bonnes œuures pour eftre iuftifiés , que nous ne les fçaurions faire bonnes amp;nbsp;agréables à Dieu , fl nous ne fommes iuftifiés : veu qu’elles font les fluids de noftreluftification,ainfi que nous auons dit ailleurs,apres S. Paul amp;nbsp;nos An ciens Peres. Car l’Apoftre enfeigne que »ont fom/»es fauttes de grace par la Foy , no» point de •vous ( dit-il) cefl don de Dien, non par œnurei,à fin que nul ne fie glorifie. Car nous fiommes fin oU' tphef.z, urage,efids créés en le fin s Chrifl à bonnes au tire!

queDteu a préparées,afin que cheminlos en icelles, ^er.iiax Ce que S. Auguftin aainfi expofé: L’Apoftre, dit-il, parle de la luftification de laquelle lefus in'Pfilm. Chrift iuftifié le mel'chant, laquelle il n’a pas loy. Et ad propofee pour eftre imitee, car lui feul peut iuftement,s’il n’eft pre-46.?, mierement iuftifié.

1?. c. Finalement, monftrons la contradiétion qui .Ahud. eft entre ces Moynes, amp;nbsp;leur Maiftre des Sen

tences

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;40^

tencesîCar voila ce qu'il die de la luftification: Par celle Foy, dit-il ,1e mefehant eft iuftifié, à fin que par apres icelle commence d'opercr par dileôlion.Voilace qu’il dit,amp;qui condam-ne entièrement l’opinion de nosMoynes.Item, le franc Arbitre,dit-il,ne peut vouloir amp;nbsp;faire le bien,s'il n'eft deliuré,amp; aidé par la grace.Or «x. les Moynes ne parlent point de celle deliuran-ce, de peur de faire preiudice à la liberté de leur franc Arbitre :amp; fe contentent de dire, qu'ellât aidé par la grace,il fe prepare. Or leur maillre dit, qu’il eft deliuré, à fin, dit-il, qu’il Vueille le bien:amp;eft aidé,à fin qu’il le face.Car, Comme dit l’Apoftre, ce n'eft ne du voulant de vouloir,ne du coûtât de courir : c'eft à dire,o»-««nmais c'eft de Dieufaifant mifericorde,qui fait en nous le vouloir amp;nbsp;le bien faire, duquel la grace n’eft point appellee,ou prouoquee par la volonté ou operation de l’hommezmais icelle grace preuient la volonté , la préparant, à fin qu'elle vueille le bien: amp;eftant préparée, l’aidant,à fin qu’elle le face.Ce font les propres mots du maillre des Sentéces:lequel, combien qu’il s’eft efloigné de la pureté de l'Efcriture en la plufpart de ce qu’il traite de cede matière , fl eft-ce qu’il n’eft encores fii impudent que ces Moynes font.

Voyons maintenant les paffages qu’ils aile-guent,poiit mettre fin à ce difeours:

Telles chafes auez-fous esté aucuns .mais nous i.Cor.^gt; en efles laues .mais vous eße s fa»clifiés:mais vous tilts tusltfes au nam du Seigneur le fus, par

G a l'Tß

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I

404 ARTICLE 4J. 44.

rEi^rit de noilre DieUiAit S.Paul.Et de celalcJ Moynes.concluentj que nous fommes proprement amp;nbsp;formellement iuftifiéspar lagrace de ' Dieu. Si cela eft ainfi, il faut donc quails cófef-fent,que noftre formelle iuftice gift en la remif fion de nos péchés: Car c'eft ce dequoy il parle là:amp; ne veut pas dire, qu’ils foyent iuflifiés par leurs bonnes œuures ; car il les reprend du mal qu’ils faifoyent lors. ous faites, dit-il, intare amp;nbsp;dommage, amp;nbsp;mefmes 'a v«sfreres. Tellement que ce patfage eft trefpropre pour rcnuerfer cefte formelle luftification, maintenue parles Moynes. loinól qu'il dit, (jutls anoyent e^tein-fiifiés au nom du Seigneur le fus. Qe qui emporte necellairement l’imputation de iuftice,laquelle , toutesfois , nos Moynes reiettent de tout leurpouuoir.

Pour monftrer que le Franc Arbitre eft pre-uenu du fainél Efprit,fans noftre aâ:ion,ils al-Z.tchar.r. leguét ces paroles deZacharie:^e/o«r»ez-w«^ 'vers moy, dit le Seigneur, ie me retoumenj •vers -vous. Qui eft vu paflàge , lequel, tout au contraire, nous eft ordinairement obiedé pat les autres Moynes, voulans dire,que nous pre-uenons aucunemct la grace de Dieu,commeil fembleroitparcepalfagejfile mot de retour, ou , conuerfion n’eftoit entendu comme il faut: a(rauoir,que Dieiife retourne vers nous, eu nous faifant lèntir le fruiôt de nos prières : amp;nbsp;que nous nous fommes retournes vers lui, quand auec vraye Foy amp;nbsp;repétance nous auôs imploré fa mifericorde:lefquelles deux ne vien nent

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'RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;405

lient pas de nous,mais de la grace deDicu,ainlî qu’il eft. dit ailleurs : Conuerti-moy-, U feray conuerti. Ce palfage donc n’eft aucunement à leur propos.

Ils allèguent aufli ce qui eft dit en S. lean: Sans moy vofts ne pounez. rten faire : 8c ce que dit S. Paul J que wo»/ ne femmes pas fiffffans de penfertjfseli^ue chofe de nous comme de nnnfmef-mes i mais ejne no^re fnffi/ance eß de Dieu. Lef-quels deux paflages ioinôts enfemblejrefutent clairement l’opinion des Moynes. Car lefus Chrill veut monftrer par la fimilitude du Sar-mentjtirant fa fubftance de la vigne^qu’il faut que nous tirions noftre vie de lui, pour nop feulement ne pouuoir bien faire fans lui, mais aufli,pour ne pouuoir autrement bien faire, que par lui. Et faind Paul monftre,queDieu ne nous preuient pas feulement pour commencer aucunement le bien en nous , mais qu’il le parfait lui-mcfme. Veu qu’vn fimple commencement, n’eft pas cefte fuffifance que nous auons de Dieu,de laquelle l’Apoftre parle.

Pour prouuer que la grace iuftifialite confi-fte en grace informante, ils produifent ce paf-fage de S.Paul ; Eiferance ne confond point,pour autant cjue f amour de Dieu efi esjmndueen nos coeurs par le fain^ E^firit qui nous a e^J-e'donné, ' Mais faimft Paul ne parle pas de ce qui iuftifie l’homme, mais de ce qui procédé de noftre iu--ftification. Car voici ce qu’il en dit: donc iun-ifiés par Eoy ,nous auons paix enuers Dieuparnaslre Seigneur lefus Chnfi, par lequel ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C 5, aufi

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*40^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLV.

anffi nous auons accez. par Foy à ceflegrace^eu laquelle nous nous tenons fermes, amp;nbsp;nous glorifions en l'e^^erance delaglotre de Dteu, Voila donc ce qu’il dit,pour anéantir du tout l'opinion erronée de celle formelle iullice. Car quand l’Efprit de Dieu imprimant en nos cœurs la certitude de noftre lullificatiô en lefus Chrill, nous alfeure en nos côfciences que Dieu nous aime , amp;nbsp;fait par ce moyen que nous l’aimons: nollre confiance n'eft pas en ce que nous ai-mon« Dieu ( comme fi c’elloit vn merite pout nousrepofer là defius , veu que nous deuonS allez fentir amp;nbsp;recognoiftre nos imperfedions amp;nbsp;defauts, mefmes en cell endroit) mais en ce que Dieu nous aime en fon Fils nollre Seigneur, quiellle fondenaeot de nollre alleu-rance.

Ils allèguent auflî ce que dit S.Paul aux Romains : Dauid declare la beatitude de l‘homme a qui Dieu tmpute luH-icefans œuureSidtfanttBif* heureux font ceux defquels les intquttez. font rt~ wtifes,amp;c. Ce qui ell entièrement contre la fot mellé iullification de ces Moynes, amp;nbsp;confet-mede mot à mot nollre Dodrine delà lufti-fication faite par imputation. Autant en eft-il du palfage à Tite,qu'ils cottent, où il ell dit» que Dieu nous a fauuez,nonparœuuresdeiufti-ce que nous ayons faites, mais felon fa mifertcot’-de par le lauement de regeneration , renouud' lement du faincl El^rit, Cè“c.àfin qu estant iulît' fiez par la grace de /efus Chrtfi , nous foyons heritiers felon Bes^erancedevie éternelle. Ce J’ai-

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;407

fage donc ruïne l'opinion de celle formelle iu-fticeSrdu merite:veu qu’il dit que ceux qui par foy apprehendans lefus Chrill , font baptifés, font fauués ; amp;nbsp;ne dit pas que la grace de Dieu confifte en ce qu'elle nous difpofe pour nous fauuer nous-mefmes, ainfi que ces Pelagiens lurent ici,en leur abiuration de la vraye foy.

Ce qu'ils mettenten auant de fainól Paulj difant J que Dieu ejut fonde les cœurs ,cognoifi quelle efl l’affeElion de l’Ecrit, cay il fait reque-fitpour les Sain^ls , felon Dieu, ne fert de rien à leur propos , amp;nbsp;mefmes y eft tout contraire: Car il parle du defir que nous auons delà vie éternelle , pour la certitude de noftre efperan-ce.Et celle certitude n’ell pas fondée fur quelque iullice que nous fentions en nous. Mais, comme il ell adioullé incontinent apres , intefftera accufation contre les efleus de Dieu? Dieu efl celui qui iu?iifie, qui fera celui qui condamnera? Chrifl efl celui qui efl mort, amp;nbsp;refufci-té,qui efl à la dextre de Dieu, amp;nbsp;fait aujfi reque-flepour nous. Voila fur quoy fainôl Paul veut que nous foyons alfeurés denollre falut,amp; non fur la preparation volontaire à la grace iu ftifiante, confillant en grace formante, amp;nbsp;fur la grace coopérante ,amp; autres badineries de ces Moynes, qui penfent que leur faulleté fera bien cachee , moyennant qu’ils la couurent Si enueloppent de mots obfcurs,ambigus,entor-tillés, amp;nbsp;non entendus , ne de ceux qui les lurent,ne de ceux qui les font iurer.

Pour monllrev que nous ouurons fainôle-C 4 ment

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’4e8 Article x l v.

ment, à fin d'augmenter la iuflification com* mencee, ils allèguent ce que dit fainôl lean en fon Epiftre:^^« fait iuslice,efi tfii~te,cofnme ice-lui, ajfauair, le fus Chrtjf efi tn^e. Dont nous concluons tout le contraire de ces Moynes; car fi nous fommes iuftes comme lefus Çhrift) nortre iuftice n’eft donc pas demie, ou corn* mencee. Car s’ils veulent-dire cela de la lufti* ce de lefus Chrill, ils font abominables blaf* phemateurs. Il faut donc necelfairemeiit que faluftice nous foit imputée, à fin que nous foyons iuftes comme lui. D’auantage, ehe* miner en iuftiçe , amp;nbsp;faire de bonnes œuures, à J’cxcmple de lefus Chrilt, eft vn tefmoigna-gc que Dieu nous a iuftifics , amp;nbsp;receus pour a* greables en fpn Fils. Car,comme il a défia eftq dit, il faut eftre iufte, auant que faire les œu-ures de luftice. Partant noftre luftification eft la fource de nos bonnes ceuures, lefquelles Dieu nous donne, nous pardonnant nos de* fauts amp;nbsp;imperfedions ,amp; ayant nous amp;nos œuures agréables,non pour la dignité de nous amp;nbsp;de nos oçuures , mais pour l’amour de fon Fils , par la ïuftice duquel nous fomes iuftifics, Parquoy S. Auguftin eft bien eiloigné d’eux, expofant ainfi ce paifage de S.Iean ’.nous fom-. ines,éït-ï\4uFtes comme ilefi tufie. 11 eft iufte en perpétuité immuable :amp; nous fommes iuftes en croyant en celui que nous ne voyons point, à fin que nous le voyons.

Ils allèguent auffi,pour mefme effeôt,ce qui çft dit en l’Apoçalypfe ; qttt efi iniu^ie^fott iK-/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iuile

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4.09

iufie encore:amp; cjut eflßille-foic falle encore:amp; cjni efi mfie, foit tufitfié encoïe:V3,i lefquell’es paroles S.lean veut dire,que comme Ies mefchäs continuent en leur mefchancetejiSr en leurs ordu-resjaufli faut-il que les gés de bien continuent en la grace que Dieu leur a faite, tefmoignans leur iuftification par bonnes amp;nbsp;fainôles œu-ures. Combien donc que deuant Dieu nous foyons iuftifiés par fa feule grace en noftre Sei gneur lefus Chrift, fi eft-ce qu'il faut auffi que nous foyons iuftifiés deuant les hommes , c’eft à dire, que les hommes voyent par nos bonnes œuures que nous fommes iuftifiés, amp;nbsp;reccus pour agréables deuant Dieu:amp; ce mot de lufti-fier fe préd en mefme fignification en TEpiftre de S, laques. Or que tel foit le fens de S. lean, lac.z. il appert alfez par l’oppofitiô de la luftification des gens de bien,amp; de Tiniuftice de mefehans, alfauoirjde leurs mauuaifes peuures, amp;nbsp;de l’impureté d’icellcs,ainfi que S.Ican le declare ma-nifeftement, par ce qu’il adioufte ; que Dieu rendra à vn chacun comme fera fon œuure. Et pour öfter toute opinion de la iuftice amp;du me-rite des œuures,il adioufte ces mots : ejut a fotf, 'vienne, (ÿ- qui veut, prenne de l’eau de vie peur néant.

D’auantage,ils veulent prouver que les œuures de l’homme régénéré font méritoires de la vie éternelle, par ces paroles de S. lean , en ion Epiftre: A ceci co^noijfons-nous que nous fom ijoas.j, WW «/e 'verl^e^^^^JJ'gf^^gy,gfl^ cœurs deuant lui.

ßttefirc coeur MOUS condamne i JDteu certes

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410 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X L V.

efi plus grand e^ue noitre cœur amp;nbsp;cognoit tofttei chafes. Si noüre cœur ne nous condamne point, nous auons ajfeurance enuers Dieu.^oüs refpon donsj qu'il n'y a ici vn feul mot du Merite pre-Jlid.f.13. tendu par les Moynes : mais que S. lean veut dire , que nous deuons aimer nos frétés , non de langue, mais en vérité, amp;nbsp;d'vne vraye aft'e-dion , ainfi qu'il dit au verfet qui eft precedct: amp;nbsp;pour ce faire, il nous exhorte à nous fonder intérieurement. Par ce que Dieu voit clair en nos plus profondes penfees ; amp;nbsp;s'il y a de l’hy-pocry fie en nous , il n'y a doute que Dieu ne la cognoid'e. Au contraire, fi nos confciences nous rendent tcfmoignage que nous aimons nos freres d'vne droiéle affeôtion,ce nous fera vn telmoignage à nous-mefmes , que nous a-uons appréhendé comme il faut la cognoillan-ce de vérité. Voila le feus de f.-rinól lean,qui ne fortifie en rien l’opinion des Moynes. Car Mériter, eft autre chofe que feruir de tefmoi-- gnage pour nous alîeurer de plus en plus de la vérité de noftrefoy. Et mefmes pourmonftrer fur quoy eft appuyee noftre vraye ad'eurance deuantDieu,il adioufte incontinent apres,i'fl/-commandement, Cfue nous croyons au Nom de fon Fils lefus Chrifi, amp;nbsp;aimions l’vn l’autre, comme il nous en a donné commandement. Item: par ceci nous cognotffons ejuil demeure en nous, par PEtprit eputl nous a donné.

quot; Finalement, afin de prouuer ceft erreur in-fupportable, que nos œuures peuuéc fouftenir le iugement de Dieu : ils mettent en auant ces paro

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;411

paroles de S.Iean:£« cect efl accomplie la charité de Dieu enuers nous , à fin cjue pour le iour du iu^ement nous ayons afieurance, cjue nous fiom-mes en ce monde telseputlefl. Nous refpondous, que S. lean ne veut pas dire , que nous ayons ici vue perfedlion femblable à celle de Dieu. Car nous fçauons que cela eft du tout impoffi-ble ,amp;■ les Moynes mefmes Tont nié ci delîùs en l’article xl.Mais il ditjque l’amour que Dieu nous porte , nous donne affeurance pour le iouF du iugement : amp;nbsp;qu’icelle amour fe void inanifeftemét és benefices fpirituels qu’il nous communique par fa graceientre lefquels il faut premièrement compter la foy , qui fait que Dieu eft en nous, amp;nbsp;nous en lui. Par ceci co-gnotjfons-nouspte nous demeurons en lui, dit-il, tjuil nous a donne'de fion Pf^rtt. Item : nous a-ttons cognu amp;nbsp;creu la charité' cjue Dieu a enuers tuius. Cela donc renuerfe le Merite : veu que nos bonnes œuures viennent du faitgôt Efprit qui nous eft donné. Auffi dit-il incontinent a-pres, Dieu efl celui ^ut nous a atmex. le premier. Or ne nous peut-il aimer , finon qu’il nous regarde en fon Fils. Car tandis qu’il nous regardera en nouf-mefmesj corne il eft fouuerai-nement iufte, il ne peut aimer Finiquité , ainfi que dit Dauid. Et c’eft,en fomme,ce que nous difons de la luftice de lefus Chrift, qui nous eft imputée, en faueur de laquelle Dieu nous aimejôc nous recognoitpour fes enfans; Et de faiâ:,nous voyons clairement en lefus Chrift, queDieu eft fouueraincmct iufte,amp;fouueraine

ment

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4ïi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLVI.

v.igt;.

ment mifericordieux. Ceft ce que dit S. lean en ce mefme lieu : En cela ejl manifeßee la chante de Dien enuers nous, i^ue Dieu a enuoyé fon F ils vnique au mande,à fin que nous viuions far gt;nbsp;lut.

Ils adiouftent à mefme fin ce qui eftditen la mefme Epiftre ;cognoifions que nous atmons les enfans de Dieu , quand nous aimons Dieu, amp;nbsp;gardons fies Commandemens. Car cefl l‘amour de Dieu,que nous gardions fies Commandemens , ÇF fies Commandemens ne fiant faint grtefis. Que les Ledeurs iugent, s’il y a en ce patfage vue feule lettre qui tende àlarefuerie de ces Moynes, en ce qu’ils afferment que nos bonnes œuures peuuent fourtenir le iugement de Dieu. Au refte^ pour monftrer comment les Commandemens de Dieu nous font falt;iiles,ef-coutons ce qu’il adioufte confequemment, amp;nbsp;que nos Moynes ont lailfé en la plume, fans le cotter, amp;nbsp;pour caufe. Car, dit-il, tout ce qui efi nay de Dten ,finrmonte le monde : (irce^fi efi lA 'vitloire qui a fiurmonte'le monde, afiduotr ,nolire fay.Noila donc comment le monde eft furmon-té,ainfi que faindlean enfeigne,par le tefmoi-gnage duquel les Moynes aulfi fontfurmotes, auec leurs menfonges amp;c erreurs.

Partant ce que nous auons déclaré, tant de la vérité de noftre doélrine , que de l’erreur des Moynes , monftrera alfez que Manichee amp;nbsp;Simon Magus ne font rien , auffi peu que les faux Apoftres «Sc Pelagiens, aufquels nous ren-uoyons cesMoynes,enfemble auec leur Ætius,

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41^

dit Atheifte:amp; defirons la conuerfion de leurs perfonnes,amp; Tabolition de leurs erreurs.

ARTICLE XLVI.

/erroje nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(ÿ- Purgatoire efire lieux de

Châtiment temporel aux Penitent : Paradis (i-Enfer lieux de remuneration eternelle. Et pource ^4« ie deplete les Origenifies, Pelagiens, isÆriens, amp;nbsp;bUMth.i^. Prétendant, qui fentent au contraire : car let O-rigeniPlet introduifent vn Enfer temporel.-Let Pe-lugient imaginent deux fortet de ParaditdettÆ-riens (è- Pretendans ment le Purgatoire apres la pectmer..

^ui.de

mort.

RESPONSE.

Nous declaros en noftre Confeflîon de foy Article xvij. que nous ne recognoilFons autre ^ug. lauement de nos péchés , que lefus Chrift : ôc har.^j. partant en l’Article xxiiij. d’icelle nous tenons le Purgatoire pour vneillufion amp;nbsp;tromperie: comme defaid l’experience amonftré »qu’au feu de ce fourneau les plus grandes richefles lt;le l’Eglife Romaine ont efte forgees. Or nous troduirons les tefmoignages de l’Efcriture fur efquels noftre Dodrine eft fondée touchant la purgation de nos péchés : puis nous refute-

I tons brieuement l’erreur de ces Moynes:

I Bien-heureux eß celui duquel la tranfgreffon -pCii.gi.

fardonnee, le peche'efl couuert. Bien heureux rhomme auquel le Seigneur n’impute point l’iniquité'.

Par faplaye nous auont guerifon. Le Seigneur ri lette fur lui tiniquité de nous tous.

1 nbsp;nbsp;nbsp;Par vne feule oblation il a confomme'à perpe- Ueb.t°‘

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tutte

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ioan.t.

iJoxn.i,

tJeb.ï,

Ctf/.ï.

.^poc.l^,

Itr.^Q.

414 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLVI.

tutte ceux cjui font fanElifiez.

Koici rAgneau de Dieu , qui ofle le pêché du monde.

Son fang nous nettoye de tout péché. Si nous confeffons nos pechez gt;nbsp;il efi fidele çp- infle pour nous pardonner nos pechez , amp;nous nettoyer de toute iniquité'.

.^yant fait par foy-mefmela purgation denos pechez.

Parle fang duquel nous au on s redemption i af-fauoir, la remijfion des pechez gt;nbsp;félon les richefes fit grace,

£n qui nous auons deliurance par fan fang gt;nbsp;af-fauoir,remijfion des pechez.

Un y a nulle condamnation en ceux qui font en Iefits Chrifi, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

Qui ont laue' leurs longues robes, les ont blanchies au fang de 1' .Agneau.

Chrifi sefi hure pour l’Eghfe, à fin qu’il la fan^ difiafi, la nettoyant parlauement d’eau parla parole , afin qu’il Je la rende vne Eglife glorieufe, n ayant point ne tache ne ride.

.A celui qui nous a aimez , nous a lauez de nos pechez parle fang d’tce lui, fait gloire à touf-iourfmais.

Eien-heureu.v font ceux qui meurent au Seigneur: carils fe repofentde leurs labeursiZp' leurs oeuures les fuiuent.

^JJitce'tes iniquiteZiComme la nuee.

On cerchera l’iniquité d’/frael, (p- le péché de EU da, çp- ne J'era point trouué : carie pardonneray a leurs iniquitez.

’ Tu

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I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;response, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;415

'Tu me IdueraSi amp;nbsp;ie feray plus blue ^t/e neige.

Q^nd Vos pechezferoyent rouges comme la graine,tls feront blanchis comme la neige.

lefus Chriß s’efi donné foy-mefme en rançon i.Tim.t. pour toutes gens : amp;nbsp;plufieurs autres lieux à ce propos.Doiif nous concluons,que nous ne pou UÓS eftre purgés amp;nbsp;nettoyés de nos péchés par autre chofe, que par le fang de lei'us Chrift. Etmefmes,veu que ceux qui meurent, one foy en lefus Chrift, ou ne font pas : certes s’ils l'ont, ils font iuftifiés,amp; ont paix.enuers Dieu, dit fainél Paul : amp;nbsp;partant n’ont que faire en î^om.io.’ Purgatoire. S’ils ne l’ont pas, les Moynes mef- ^.'””•4' mes leur ferment la porte de leur Purgatoire. Outreplus, quand fainél Paul parle de l’eftat des morts,amp; du deuoir des viuans, il ne fait au cune mention de ce Purgatoire , amp;nbsp;ne recommande pas que les viuâs prient pour les morts, êcchofes femblables, mais il nous rameineà l'efperance de la Refurreélion: amp;nbsp;mefmes parlant du dernier iour, dit, que ceux qui refterôt lors, feront rauis enfemble ésnues au deuant du Seigneur. Or s’il n’y a point de Purgatoire ibH, pour ceux-là, pourquoy en y auroit-il pour les autresîQui plus eft,lcs Moynes veulent, que le Purgatoire foit vn lieu de peine téporelle. Or «ft-il,que l’Efcriture enferme en cefte vie toutes les chofes temporelles : ce que S. Auguftin De-vera a exprimé par ces paroles:Ce monde, dit-il,en-

l tloii toutes les chofes temporelles ,amp; tranli-1 toires. Partant nous difons , à bon droiél, que 1 l'inuention du Purgatoire a efteint en l’Eglife 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Romaine

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416 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLVb

Romaine I’vn des principaux Articles deno-lire foy, touchant la Remiffion des péchés : Sc a priué la plufpart du monde de Tentiere amp;nbsp;feu ie confolation que les poures confciences peu-uent auoir, quad elles font angoilTees par fap-» prehenhon du iugemet de Dieu.Ce que Ies au-theurs dcarchiteiftes du Purgatoire ayans bien recognu,amp; faifans accroire, qu'on pouuoit ad-douciramp; abbreger les peines de leur Purgatoire,en donnant del'argentnls ont par ce moyen attiré à eux vne grande partie des biens amp;ri-chelfes de toute la Chreltienté. Et n’eft befoiii d'alleguer aucune preuue de ceci, veu que la chofe cft és yeux de tout le monde. Mais le pis ell:,queplufieursdeceuxquile voyent, ne le veulent pas voir.

Or pour venir aux paroles de nosMoynesJls croyct, difent-ils, que le Purgatoire ell vnlieu de chaltimét temporel aux penitens. Surqiioy nous leur demandons,comment cell Article fe peut accorder auec le precedent, auquel ils di-foyent, que les fideles font formellement iufti-fiés : voire tellement, que leurs œuures méri toires peuuent fouftenir le iugement de Dieu. Et maintenant ils veulent que les fideles, auet leur iuftice formelle,foyent roftis en Purgatoire, pour y eftre chaftiés. Eft-ce doc ainfi qu’ils foulliennent le iugemét de Dieu?Vray eft qu’il faut entendre ( ce que nos Moynes n’ofent dite, parce qu’ils font naturellement honteux amp;nbsp;craintifs, comme l’on voit ) que fi on leur compte de l’argent,amp; qu’on leur done des rentes

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.RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;417

tes, feigneuries, amp;nbsp;pollèffions, ils addoucironC lechaftiment. Qell pouiquoy on dit couftu* raierement en l’Eglife Romaine,que pour tircC les âmes de Purgatoire,il faut faire chanter les Preftres.Et de f^iôt,il y a long temps.que pendant que les autres pleurent, iis chantét voire-? inent,amp; rient;amp; au milieu de leur graiire,amp; de leurs delices , fc mocquent de lalimplelfc de ceux qu’ils ont degrahles amp;nbsp;apouris. -1 Au refte, puis que tout chalfiment efl fait pour la correilion qui s’en doitenfuiure ,‘que ces Moynes nous difent où ils ont trouué, que on fe doiue corriger amp;deuenir meilleur en l’au tre monde.C ell ici(difoit S. Chryfoftome ) où cil le temps de la luidleamp;dii combat : l’autre Vie ell le temps de la Couronne amp;nbsp;du prix.Partant file Purgatoire ell pour challier, il faut donc qu’il foit en ce monde. Car hors de ce monde les hommes ne peuuent plus eftre cha-ftiés ; veu qu’ils ne peuuent plus ellre corrigés. ' Nous n’entrerons en plus ample difcours fut celle matiere,en laquelle nous ne voyons aucu ne difficulté.Toutesfoisjfi les Leôleurs en veu lent voirvne difpute plus ample,nous les prios de lire ce que lesDoéleursde l’EglifcReformce en ont amplement eferit.

Examinons maintenant les palfages que les Moynes tirent par force en leur Purgatoire,les dellournans de leur vray amp;nbsp;naturel fens:

Si aucun baß U fur ce fonâcmec,or,argent ipier-fesprecieufes, bois fuin,chaume : l'œuure de cha- nbsp;nbsp;nbsp;”

cfinfera manifeslee t dit S.Paul:c^r/e iour la de--

D clart

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418 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XL VI.

In.ï.Cor.

clarerayd’ autant quelle fera manifeflee parle feut amp;nbsp;le feu eifirouuera quelle fera l’œuure d'vncha-cun.Si l’œuure d'aucun qui a, edtfie deffus,demeu~ reàl en receura falaire ffil’eeuure d'aucun bruße, il fera perte : mais il fera fauué, toutesfois, ainfi comme par le feu.

Nous refpondonsj auec S.Ambroifejqu’il eft Jàqueftion de ceux qui prefchent l’Euangile, lefquels faind Paul aduertitde faire comme les bons architeôles , qui ayans pofé vn bon fondement,ne baftilFent rien dellus qui y repUr gne.Or elf-il que lefusChrift ell le fondemenc de la predicatiô de l’Euâgile-.dot il s'enfuit,que il ne faut propofer ne receuoir aucune.Dodri-ne qui répugné à noftre Seigneur lefus Chrift. Et partant ne faut receuoir ce Purgatoire que les Moynes ont mis en auant : amp;nbsp;neantmoins font femblanc de vouloir retenir le fondement de lefus Chrift,ce qui n'eft pas : veu qu’ils ren-uerfent,entât qu’en eux ell,le fruidl de faMort amp;nbsp;Paffion:ainfi qu’on peut recueillir par les paf fages que nous auons recités prefentement, pour preuue de nolfrc Doéfrine , touchant la Purgation de nos péchés.Et à fin que les Moyr nés Tentent que ce partage de S. Paul n’arien de commun auec leur Purgatoire, nous en déduirons icibriefuement quelques raifons:

1. Sainôt Paul.vfe de ce.mot ,feu, par limili-tude :.commeaulîitout le partage eftdemeC-me. Mais les Moynes par le feu de Purgatoire cntcdent vn vray feu. Par ainfi. l’vn ne couient point auec l’autre.. Cat fi le feu de Purgatoire

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R E s P o N Sf Ê. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;419

éft celui duquel S.Paul parle-, c'eft donc vn feu par (imilitude tant feulemét:dequoy nosMoyi nés feroyent fort marris : amp;nbsp;aiment beaucoup mieux prendre les chofes felon la lettre:-tel* moi« l'or,l’argent,amp; les pierres precieufes que leur Purgatoire leur a apportées. un;?

n. S. Pfiul ditj que le bois , foin , ôc chaume feront bruHcS pai ce feu duquel il parle- Mais les Moynes veulent que non feulement la matière, mai^ auffi les ouuricrs foyent iettésau feu de Purgatoire.

ni. Saind Paul veut que\toUt paffe par ce feu qu’il en'tend:Mais les Moyes ne veulét que les bonnes œuures y palfcnt, ains leulemêt les mauuaifes.Tant y a, que S. Paul ne dit pas feulement , que le feu efprouueta le bois , foin, amp;nbsp;chaume, mais il dit, qu’ilefprouueta aulfi l'or, rargent,amp;ies pierres precicufes.Surquoy nous ne nous pouuohs alfez esbahir du difeours que les Moynes ont fait fur ce paffage. Car au lieu que c'eft le propre de l'or,fie de l’argent, de demeurer au feu fans y elf re côfumés;amp; au cotrai re,le bois,foin, amp;nbsp;chaume n'y peiiuent demeurer,qu’ils n'y foyent confumés incontinentdes Moynes nous veulent faire accroire que lès pe chés,qu’ils accomparent au bois,foin amp;nbsp;chau-I me,demeurent fort longtempsau feu de Pur-I gatoire:amp; leS bonnes œuures,qui font accom-! parees à l'or,amp;?à l'argét,n'y peuuêt demeurer. ' ini. Saimft Paul dit, que ce feu dont il par-le , rendra l’œuure d’vn chacun manifefte: mais le Purgatoire des Moynes eft caché au

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D 2. cen

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4gt;O nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLVI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

centre 4e Ia terre (comme ils difeiit)amp; partant ne peut rendre les œuures d’vn chacun mani-fellesjveu qull ne left pas Jui-mefme: auffi eft-ilmalaifé de trouutr ce qui n’ell point.

i.. En Comme, puis que 6',Paul parledu feu par fiinilitude,ainr) que nous auons veu:puis qu’en les paroles il n’y a rie qui fe puille rapporter au purgatoire :puis que notamment S. Paul parle là de ce qui fe fait en ce monde { ainfi qu’il appert par ce.qui s’éfuit:^«e »«/jdit-il,«f s’abttje» Si aucun d’entre vous tuide eflre fage en ce mode) Ib'il.'eai. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fou fait fol, à fin ^uil fait fitge. ) Nous con-

cluons,que la venté de ce palfage deS.Paul n’a rie de cômun auec le menfouge du Purgatoire, Zfattb.j. Ils allèguent vne autre fimilitude de l’Euan gi!e,où leliisChrift commande à.vn chacunjde s’accorder bien toft auec fon aduerfe partie,de peur d'ellre mis en prifon,/e te dy en verttéifiïz lefus Chrill:)^«e tu ne fortiras de ià,tufijues à c( que tu ayes rendu le dernier quadrt».

In Matt]). Nous refpondôs,auec S. Chryfoftome, qu'il /jom.id. eft là parlé d’vne vrayeprifon, amp;nbsp;accouftumee entre nous : fans qu’il nous faille entendre ce mot allégoriquement du Purgatoire, comme les Moynes enfeignent.Et cela fe void trefma-nifeftemcnt en S,iLuc,recitant ceci mefme: Zttcv nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tu vas. au^jAiagifirat auec ton aduerfe

pante , mets peine e» chemin d’.edtre delturé de lut. Au relie , s’ils veulent que noftre aduerfe partie foit le diable, Sc que Dieu foit le luge , amp;nbsp;le Purgatoire foit la prifon Ç félon leul allegorie ) il s’enfuiiira, qu’il nous faut accor-

* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;** dèt

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■ RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;411

der âuec Ie diable. Item : qu^il faudra fatisfaire au diable, amp;nbsp;no à Dieircar on fatisfait à fa par-tie,amp;nonau luge. Item : qu'il faut fatisfaire pour tous nos pechésxar il eit dit,lt;»/^«'u» der^ niere^uadri» (ce que toutesfois l'Eglife Romaine n'entend : car elle n'enuóyeen Purgatoire que les péchés veniels) Finalement, il s'eniui ■ ura,contre leur propre opinion,qu’eftrc en Pur gatoire, n’eft pas fatisfaire à Dieu. Caf nul nô paye fa partie pour demeurer en prifon:amp; faut! que le payement vienne d’ailleurs. loint que la prifon ne doit' fernir de peina painfi que mef-nies les lurifcoiifultes ontrecognu.

En fin , ils s’eifayent de' rattialfer quelques fentences des Anciens, cornmc fi de leurs téps le traffic de leur Purgatoire eftoit'defia envfa-ge. Mais outre'ce que la feule’parole de Dieu eftla reigle de noftre foy, amp;nbsp;comme ils ont al- ,c légué de S. Paul, il ne faut pas mettre du foiii amp;du chaumc,c’eft à dire,des refueries des hom mes fur vn/i précieux fondetnent : ceux qui Voyént leurs liures,cognoiirent airez,que de ce teraps-là on difputoit : Si ,-à caufe de ce que S’. Pierre efcrit,dela derniere finde cemonde^ z.vet.j.

I qui doit adutnlv par feu, il y ■aura au dernier nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

I îôur quelque purgation par feu , par laquelle il nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

faille qu’on palfe. Et plufieurs l’ont penfé, ton*

I ttsfois, oômmè vue opinion probable, amp;nbsp;non

I Comme vn Article de foy; tellement que S. Au F-.rj),ir.c.

1 guftin en pa'rle ainfi : Cela, dif-il, n’eft pas in-I croyable,,^pent eftte fcciiyou ignoré. Et en vn

4utre lieu-.peut eftre,dit-il,e'ft il vray.Monftr3t

D 3 afiez

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41X nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X I V I.

allez combien il eftoit loin de ces MoyneSjqui mettét le Purgatoire pour Tvn des principaux Articles de leur religion : côme à la^.verité c'eft l’vnede« principales colomnes de leur Eglife, appuyee fur infinies fondations j ôbvi amp;nbsp;mor-tuairesjqui monftrentjyoiremcr,qüe les Moynes, en celle maticre,ont cfté mieux,refolùs,amp; plus fçauans que fainól Auguilin , voice à leur profiif. ,•amp; auïdorpmage de toute la Chre-ftientc.

Mais fi nous voiulons efcouter les Anciens, parlans apres la parole de Dieu, de la vraye Re miffion de pos^pechés, certes ils nous diront tout le contraire de ce que les Moynes enfei-gnent de leuriPurgatoire. Car voila comment Kncbir C patlentZio ƒ!-, 3 •

efl,dit-il,toute la remiffion

Kerb. D. Jes péchés. Item., lefus Chrift prenant fur foy la peine de nos peqhés, amp;nbsp;non la coulpe, a ef-uerb.T). fact la éoulpcide nos Pechez, amp;nbsp;la Peine. A De^Trin i : Nous lie fommcs pas ici fans péché, mais 4.C.Z. nous en fprtirons fans péché. Item, La feule purgation des pécheurs eft le fang du luftejaf* . / fauôir,lefusChrift. . nbsp;nbsp;nbsp;. ,

Semtjle -j, Lui-mefme aiIleurs:Freres,que.perfonnene temp. 2,jt. Çç trope. Car il y à deux lieux, amp;nbsp;n’y en a point vn Troifieme pour aucun. Ciejùi qui ne fera digne de regncinaeç lefus Chrift,fans aucune doute,il périra auec le diable, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j - .

Cjprieti, Quand nous ferons paƒtis de ce monde',il ne refte plus de lieu de penitence, ni d'effed de fatisfaiftion. .-j:--

S.

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RESPONSE. gt;

S. Gregoire Nazianzene, Ici auons-iîous le remede J tandis que nousviuons. Car quand noftre derniere fin eft venue j il ne refte qu’vnç perpétuelle prifoiijaftauoir, pour ceux qui n'au ■ : -’t tont eu le remede en cefte vie.

S. Baßle, Le temps de cefte vie eft temps de 7» mbral. penitence. Soudain que nous en fommes par-tis, toute puilFance de bien faire nous eft oftee. Lui-meÇme : Comment eft-ce que fame peche- j, relie fe doit approcher de Dieu’En croyant fer mement que la’purgation de fes péchés a efté 35. faite par le fang de lefus Chrift.

S.^mbroife, Q^and le iou^ de la mort vien-dra, nous irons fans crainte à raftémbleedes fainéts, à nos peres , amp;nbsp;aux précepteurs de noftre foy : tellement que combien que les œu-ures nous défaillent, la foy nous aidera : The-ritage nous défendra , amp;c. Adorons lefus Chrift J à fin qu’il nous die : Ne craignez point pour les péchés du monde: ie fuis la Remiffion des péchés.

S.Bernard, Si ie ne te laue , dit lefus Chrift, tu n auras point de part auec moy.Celtui-ia elt laué.qui n a pas les gras pechés:duquel la telle, j, - -c’eft à dire, l’intention : amp;nbsp;la main, c’eft à dire, l’œuure amp;la couerfion eft nette.Mais tadis que nous cheminons en la poulîiere delavjepre-fente,nos pieds,qui font les afteótiós de l’ame, » ne peuuét eftre nets entierementzveu que quel ^uefois nous donnons trop de lieu à la vanité, ala volupté,amp; à la curiofité ; comme il eft dif, que nous tous oftenfons en plufteurs chofes:

D 4 tou

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4'14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X I V H.

J toutesfois,que perlbnne ne foit nóchalant.Car il eft impoflible d’eltre faune anec ces pechcs* lafamp; eft impoffible qu’ils foyéc effacés,hnó par lib.j. Set, lefus Chrift. Finalement,fi on peut cueillir des D.19.C. Rofes parmi desEfpinesmous pouuos auffi met tre en anant ce qu’en dit Pierre Lombard Mai ftre de leur Efchole, en ces fermes : Tout ainfi qu’anciennement ceux qui regardoyent au Set J pent d’airain effcué,eftoyent guéris de la mor-furc desSerpens:Semblablement,(i par le droit regard de la foy,nous regardons à lefusChrift, qui pour nous a eftc pendu au bois , nous fom-mes deliurés des liens du diable,c’eft à dire,des pechcs:voire tellemét, que mefmes apreicefte vie il ne trouue en nous aucune chofe qu’il pu-nilfe. C’eft ce qu’il en dit, amp;nbsp;qui eft veritable. Partant nous deuons preferer celle vérité à tous fcs autres menfonges , amp;nbsp;aux refueries de ces Moynes,qui débattent fi opiniaftrcment.la 'caufe de leur Purgatoire, pour le fouci qu’ils ont,non de ce qui fe fait en l’autre mode, mais de ce qu’ils ont à faire en ceftui-ci.

ARTICLE X L V 11.

?ƒ 7J.I». /f confejfe cjue le Chreßien cnrichi de 1'Eßfit 'de DteU:,peut leißtimemet vouer, accompltrfes vxux par la ^raee de Dieu.Parque^ t A«athemit of^iutens ,amp;■ Pret edans ,qut en cefl article

' I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;toute l'Eglife de Dieu,dr à fa parole,

Les Moynes retenus de quelque cófideratió, n’ont ofé en ceft Article parler ouuertement des voeux Monaftiques,defquels,toutesfois,ils font

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4IÎ

font fi grand cas^qu'ils y eftablifient vne perfe fl:ion,voire tellcjqu'apres auoir recité neuf ordres des Anges , ils voudroyent eftre comptés pour le dixième ordre Angelique.Tant y.a,que ils fe contentent de dire ici en general, que le Chreftien enrichi de l’Efprit de Dieu, peut légitimement vouer. Mais par ce que ce mot de vouer ïç. peut prendre en beaucoup de façons, nous leur dirons feulement, quele Chreftien enrichi de l’Efprit de Dieu, ne vouera jamais rien contre la parole de Dieu : amp;nbsp;ne vouera ia-mais par fuperftition,ne pour merite.Et partit ne fera jamais vœuxMonaftiques,amp; autres infinis qui font en l’Eglife Romaine, en laquelle plufieurs , notamment les Moynes, ne fe fou-cians point du vœu general qu’ils ont fait en leur Baptefme ( qui eft de feruir à Dieu en pureté) cerchent tous les iours de nouueaux moyens de feruir à Dieu à leur fantafie.Comme fi Dieu prenoit plaifir à cela qu’il condamne fi e.xprellement en fa Parole. Partant fi on leuoit • le mafque à tant deMoyncs qu’il y a au monde, on verroit manifeftement,que la chofe principale que voilent lesMoynes.eft d’eftre nourris, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’’

amp; ne rien fairedequel Vœu ils n’accomplilfent que trop.

Certes cefte fentence de S. Auguftin eft ve JnTf.ne. litable ; Quiconque,dit-il,veut bien penfer ce qu’il vouera au Seigneur , amp;nbsp;quels vœux il lui rendra,qu’il fe voue foy-mefme,amp; fe réde foy-mefme : c’eft ce qui eft requis amp;nbsp;demandé, car 11 eft deu; comme il eft dit. Rendez à Dieu

les

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‘4ilt;ï nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X I VU.

^^■7.de les chöfes qui font àDieu.Lui-mefme ailleurs: fûw”** nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;demanderez-vousj que c’eft que

vous deuez auiourd’hui vouer , amp;nbsp;rendre. Car il y en à qui vouent de l’huilcj de la cire, de ne boire vin quelques années, de ieufner en certain temps, de ne manger point de chair. Ce n^eft pas là le tresbô vœu: Dieu te choifit toy-mefme : offre-lui ton ame par bonnes mœurs, par penfees chaftes-amp;par œuures fruôtueufes, fe deftournâs du mal,amp;fe couertiflans au bien.

Ils fe font aduifés de citer vn pall'age des Pfalmes,où il eft ainfidit : Kotiez.,^ rendez au Seigneur. Par lefquelles paroles le Pfalmifte ne f)erméttôit- pas à ceux de fon temps ( lors que es vœux eftoyent mefmes vne partie de la pedagogie de la Loy ) de vouer ce qui leur vien-droit à la telle:mais feulemêt de faire les vœux qui auoyfnt expres fondement en la parole de Dieu :'amp;'für tout, vne publique amp;nbsp;lolennelle aótiön de graces à Dieu, de laquelle il eft parlé ■ eh ce Pfalme qu’ils allèguent, amp;nbsp;en plufieurs autres': mefmes quand il eft dit ,facrtfielouan-du $eîgneur,amp; ren tes vaux au Treshaut,iit «Dauid. En fomme,nous condànons tous vœux qui n’ont fondenàent en rEfcriture,amp; qui font , faits auec fuperftition,amp; opinion de Merite.Si louinian a çreu, commehôus difons, il n’a peu eftre tenUpour heretique en ceft endroit.

ARTICLE X L v I 11.

traditions Eccleßaßit^ues ,tant ns' lei doürine qu e's Sacremens,ç^aux maurSiqni Chryf.in i, ont communément efié receuës en l’EgUÇe comme confot

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’ R E s P o N ST. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;417

conformes à la fain^ie parole de Dieu . comme forit nbsp;nbsp;Thef.z,

le fatncl Chrejmed’Impoßtion des matns,^eau au vin au facrifice Euangeltejue, la benedtîhon de l’eau , figne decrotx, la profejfon, abturation, Pamns au fainll baptefme, (S' autres femblables, d’ont l’on vfe preji^ue en tout par tout, le plus fouuent es Egltfes. Dont en cefl Article, te detefie les erreurs 3 calomnies- de la Religion Prétendue Reformee, response.

Parce qae lesMoynevont dHîa parlé de leurs TraditionSjtout au commencement en l’Article ij. nous ne redirons ici les raifons par lef-quelles nous les auons réfutés : amp;nbsp;nous füfiîra deprier les Leéteurs , de fe les reprefenter en ceft endroit:à finde ne les ennuyer de redites. • Là aufli ils verront l’expofition du pallagede l’Epiftte aux ThelFaloniciens , que les Moynes auoyent allégué, amp;nbsp;lequel ils repetent encores icijvoife trefmal à propos.Car là ils vouloyent faire accroire,que leurs traditions eftoyefit A-poftoliques:amp; ici ils parlent plus generalemét des Traditions Ecclefiaftiques, c’eft adire,celT lesque l’Eglife Romaine a recenës, amp;nbsp;approu-

; uees.Or nous n’ellimons pas qu’ils foyent tant 1 hebetésjouqu’ils péfent que les autres le foyét . nbsp;nbsp;,

iufques là, de croireque'les Apoftresont or-donnéje fel,crachat, 8c le Chrefme dont ils v-fent en baptizanultem^lcureau benite,les Lu tninaircs., amp;nbsp;autres telsfatras,aufquels S. Paul ptpenfaiamais : amp;nbsp;partant ils font grand tort a ce palFage de l’Apoftre:, d’en abufer ,d.e telle fîçon. Mais les paflages qui doiuent efire pro-

1 ' '

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4iS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE X I V ni.

pjcment appliqués aux Traditions de J’Eglifc Romained'onf ceux-ci:

' Ils mhonnorent pournfa»t,enfeig»aMtpour Do tlrine commandfment d’hommes.

Ibnîcm, Possrcjuoy outrepaffez-vous les Commttnde-mensde Dieu,par -vofire tradition?

Donnez-vous garde du leuain des Phsirißens amp;nbsp;Sadduciens : cefiddtre., de leur Doürine amp;nbsp;traditions. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii

■’'•J' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Combien cju vu accorshi.eu tejîamentßoit d’v»

homme : s’il efi confermé , nul ne le cajfe,ouy ttd^

' ioujle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s. ..

nul ne vous butine par la Philofophie ., '^tiine decepttonßelon la tradition des homtmes.

Si vous efies morts auec Chrifl, quant aux rudiment du monde, pourquoj vous chargeren d’ordonnances, comme fi vous viuiez,au.monde?lt;iifit-ftoirme mdge,ne goufle,ne-touch6 pointu outef lef-_ quelles thaj es parles commandemens do3rines des hommes perijfientpar fvfiage : qui ont, toutes-fois,quelque forme, defiipience en deuotion volontaire,cS humilitéd’elprtt,amp;en ce qH’elfesn'’el^ar gnent le corps, çp- nont efgard au rajfafiinrentd’it celui. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• r-.,, 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ■ I

- L’Eljrit dit notamment, qu'es derniers temps aucuns fi reuolteroUtdola Foy , s’amufans aux e-^ finis abufeurs,amp;aux doélrines des diablèsienfii-gnans menfonge en hypocrifie : eflans csttéterifés en leurs propres confidence^ 5 défendons de fie marier, commandons de s’abfienir des véandès que Dieu a créées pour en vfier au'eo délion de graces.

II^ avn fieulLegifiateur,qui peut fiauuer tÿ- dei ftruire

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;419

ßruire.

Paiffez. le troupeau de Chrifl, non point comme ajans feigneurie furies heritages du Seigneur. Ec autres de mefme fens : l’inteJijgence defquels nous fait condamner les traditionsEcclefialH-ques dont ces Moynes parlent. Car l’Egüfe n'a pas la charge de faire amp;c cftablir vn feruice de Dieu à fa pofte : mais il lui eft commandé d’o-beir aux Commandemens qui font contenus en la parole deDieu.C’eft pourquoy elle eft appellee l’Efpoufe de lefus Chriftmon pour corn* mander, mais pour obéir en toute reuerence à fon Efpoux. En fin , la feule experience les de-uroit coniiaincrezveuquel’Eglife Romaine eft accablée de telles traditions , ne pouuant plus eftreretenue,depuis quelle s’eft lafehé la bride à vne telle licence. Or c'eft pitié de voir les contrariétés qui font en ces traditions Eccle-fiaftiques. Car les Anciens en auoyent que ceux-ci n'ont pas : amp;nbsp;les vns ont condamné les autres j ainfi qu'on voit par laleéfure de leurs liures'.tellement que ce font pluftoftcontradi-

I éEons,que traditios. Et de faiéljS.Auguftin fe plaignoit de fon temps , qu’on faifoit plus de cas de telles traditios,que de la parole deDieu:

1 II femble, dit-il, que la condition des luifs foit •^i^snax. tueilleure, defquels les charges eftoyent côte- j tgt;ues en la Loy : amp;nbsp;ne procedoyent pas de l'or-g’ieil 8f prefomption des homes. C'eft ce qu'il

; cn dit. Comme de vray l'orgueil des hommes tant auancé enceft endroit,pour s'eftre

1 ‘l.cttouri^é de ce Góxnandcmcnt qufdoit touf-

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iours

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4JO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L-E X L I X.

riw(.;o. iours retentir à nos oreilles : N’adiouSle point a fes parolest de penr tjue tu ne fois trouué menteur. C'eft donc ce que nous auons encores voulu dire des Traditions menfongeres,que les Moy nés appellent Ecclefiaftiques, outre les chofes que nous en auons délia dites par ci deuanf. Car quant à S.Auguftin,amp;Chryfoftomc,qu'ils nous obiedentjleur intention n’eft pas de parler de l'Eau benite, amp;nbsp;chofes femblables, mais des obferuations Ecclefiaftiques , qui ont fondement en la parole de Dieu, amp;nbsp;ont eu lieu en l’Eglife de tout temps.

ARTICLE XLIX.

£xo,ixo.lt;gt; confe]fe ^ue le. Sabbath,ou Feite,ieufne, amp;nbsp;10. Aiartage font du droiEl diuin, cobten ejue le teps. Leun. amp;nbsp;la façon les degrés, ne foment point detertni-e.\prej]ement au Nouueau Te(i-ament:amp;rjue »lt;»^tjojions exempts des Loix teporelles du p^tetl iidCjÇul. Teflament. Etpource aeflé laijfe' de Dieu en la Luc.io.\6. puijfance de l’Egltfe, de determiner prefcrire le lieb.ïj.iT. tüurdefefie, de teufne les deore's de mariage: ii.5’eff.i4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;contreutent,refifle a Dieu.

17, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.7pouree tahiure les Manicheans, Montani-

atugu. £p. fies,les Encratifies, les lt;iÆriens, amp;nbsp;Pretendans, lih^‘ nbsp;nbsp;nbsp;ontprefuméblafmer, nbsp;nbsp;changerlesfefles, les

FiflEcc/ r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;degre's du mariage ordonne'sparl’E

17’. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en dreffer nouuellepolice, (if en enfetgner

har.z^.^^.noustelle dourine. 1 nbsp;nbsp;nbsp;....

R E S P O N s E.

. Le Sabbath eft tellement du droiôl diuin, qu’il appartiét aux ceremonies de la Loy^pout la plulpart : dont la fubdance nous eft demeurée

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4^1

ree en lefus Chrift. Ec partant du temps des Apoftres ce iour-là fut changé au iour fuiuat, qui efl le Dimanche J comme il fe void parce que S. lean recite en fon Apocalypfe. S. Paul aux Coloffiens dit ainfi : Que »ui ne vous con-damne en mager ç^en b.oire,ou en dtfitnilion d'vn iourdefefte,ott de ngnnelleLMne,oH deSabbaths: lesquelles chofes font ombre des chafes qui efioj/èi à xienir,mats le corps en efi en Chrifi^Ce: qui tou-tesfois if empefche pas que pour l’ordre Eccle-fiadique il n’y ait certains iours ordônés pour ouïr la parole de Dieu,faire les prieres,amp; gene râlement ce qui concerne l’exercice de la Religion Chreftienne:moyennât que ce foit fans impofer ioug aux conlciences,amp; fans ceremonie ou fuperftition. Cela nous fait condamner la multitude des feftes del’Eglife Romaine,in-uentees pour tranfporter aux Sainéls trefpaf-fés l’honneur qui appartient à vn feul lefus Chrift ; fans qu’il nous foit befoin de faire vn long récit des Idolatries amp;nbsp;dilfolutions qui font toutes euidétes en la celebration de leurs feftes:dont vn de leurs Doéleurs nommé Ger-fon,aefté contrainct de fe plaindre en vne fienne Epiftre.

Or ce que nous auons dit,de n’impofer ioug aux côfciences,amp; öfter toute ceremonie amp;nbsp;fu-pccftition,nous le requérons auffi du leufne : à fin que ce foit vn leufne vrayementChreftien: I amp;nbsp;en louons autant le vray amp;nbsp;legitime vfage, comme nous condamnons l’abus du leufne qui eft eu l’Eglife Romaine, où ü n’y a que fuper-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftition

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451 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XllIX.

liitionj amp;nbsp;opinion de merite.C'cft là où,en Sm la couftume ancienne de ieufner en certains temps amp;nbsp;en certains iours a amené les hotn-mes.Ce qui nous doit fetuir d’exemple auiour-d'iiui, pour n'approuuer tout ce que mefmes les Ancics ont fait en ceft endroit. Encor qu’il foit bien efloigné du comble des fuperftitions de l’Eglife Romaine : qui ne defend pas moins ellroitemét l’vfage de la chair, amp;nbsp;quelques aut tres viandes en certains temps; comme li nous eftions encores au ludaïfme. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Quant aux degrés du Mariage prohibés amp;nbsp;défendus en la Loy de Dieu, cela ne doit cftrc rapporté aux.ceremoniesLcgales,ne auffi tenu pour vne fimple police,ou comté pour vneLoy temporelle du Vieil Teftament ( ainfi que nos Moynes cuident) mais doit eftre recognu pour vne appendice de la Loy Morale.Car celui qui a défendu l’adultere,amp; la paillardife,a défendu auffi l’Incerte. Et de faiél, le Seigneur a voulu declarer ce qui doit mefmé eftre efcriten no-ftre nature, lors qu’il a défendu certains degrés en laconionétion du mariage.Le dire dóe de ces Moynes eft du tout faux ; alfauoir,que combien que le mariage foie du droiét Diuin: toucesfois, parce que les degrés du mariage ne font point expreifement déterminés au Nou-ueau Teftamétiqu’à cefte caufe,Dieu a lailïe en la puillance de l’Eglife d’en determiner, amp;nbsp;les preferire. Car les degrés qui font défendus en la Loy de Dieu , n’ont point efté reuoqués, ou abolis paille Nouueau Teftament : Et partant

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;durent

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RESPONS a.

durent encores,amp; dureront à iarftais.Car Dieu a vouhrfaire parler la nature mefme.en faifanC telles prohibitions.Et ces Moynes,fans y pen-fer,en l'Article liij. ci apres le confelfent aifez, quand ils le rapportét à la nature ; dont il s'enfuit,que le Pape n’a rie à voir là delfus.Parquoi quand S. Paul condamne le Corinthien ince- Xof.fi ftueux,il ne fait pas là vneLoy nouuelle appartenante au Nouueau Teftamét:mais il eft fondé fur ce qui eft expreflement contenu en la parole deDieu,amp; eft tellement graué en noftre naturc,que lesPaycns mefmes en ont horreur.

S. Auguftin donc parlant de ces degrés defen- Qÿiji.fufl dus , condamne ouuertement ces Moynes, i«wt.à4. quand il dit ainfi: Telles chofes font, ici defen-dues:amp; ceci doit eftre aufli gardé fous le Nouveau Teftament, fous lequel l’obferuation des ombres amp;nbsp;figures anciennes eft oftee.Puis doC que ces Moynes confeirent,que le mariage eft du droiéf Diuin,il n’y a nulle raifon de donner

I oefte puiflance à l’Eglifc, d’ordonner touchant gt;

I 1« degrés défendus.Sur tout,quand il eft que-ftion de lier la confcience. Car quant à l’autho

I hté du Magiftrat, alfauoir , fi pour la police il peut faire quelques defenfes de mariage entre I ‘Certaines pcrfonnes, c’cft vue autre queftion, qui n’eft pas du contenu en ceft Article.

Us alleguét ce qui eft dit en S.Luc:Qt^i vous , nbsp;nbsp;nbsp;.

htim oit: Vont reiettCime reiette : Et ce qui

*uen lEpiftre aux Hebrieux.- Obctffezà vot Vous y foumettex. ; carilsvetlUut

1 fgt;»rz'ot lt;î?we/.Comme fi ces paflàges dônoyent autho

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434 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE XLIX?

authorité à I’Eglife d’adioufter à la parole de Dieu ce qui lui femblera bon. Or il eil là parlé des bons Pafleurs amp;nbsp;Miniftres de I’Eglife, lef-quels faifans leurs charges , doiuent elfre ouïs amp;nbsp;obéis : non pour le regard de leurs perfon-nes, mais parce qu’ils annoncent la parole de Dieu,amp; non leurs inuentions amp;nbsp;fantafies.Par-tant quand lefusChrift enuoye fes Apoftres,il leur cóinande enseigner,de garder tout ce, dit-MmIkxZ. ie vous aj commandé. Car Dieu n’eft pas ouï,par ce que les Pafteurs parlent, mais parce qu’ils annoncer la parole de Dieu:comme il eft dit ailleurs, lt;^ae Dieu exhorte par eux. Puis dóe que les Apoftres n’ont pas fait de nouueaux degrés de confanguinité defendus,outre ceux qui font contenus en la Loy de Dieu, ç’a efté ■vne arrogance intolerable auxEuefques de Ro me, de s’attribuer vne telle authorité. Auffi leur inconltàce en ceft endroit a bien tefmoi-gnéde quel efprit ils eftoyent menés. Car au commencement il y auoitfept degrés défendus : puis on eft venu à quatre , ainfi que ceux qui en voudront prendre le loifir, le pourront In 4. ub. voir en la difpute queThomas en fait:oùjentre autres chofes,pour monftrer que le quatrième degré eft bié alEgné, il allégué qu’il y a quatre Elemens. Voila,certes, de belles raifons,pour impofer ioug aux confciences.Mais fi les hommes fe vouloyét deffiller les yeux,ils verroyent incontinent la caufe principale de telles defeii lès ; a(rauoir,à fin que pour en obtenir licence, on donne de l’argent au Pape, dont il a plus de

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4^5

Ibing,que du droid Diuin,amp; Naturel tout eu-femble. Lefquels tous deux, de nollre temps, fous Gregoife xiij. out efté violés par des h-cencesPapales en des mariages incellueux,dóc ladefenfe eft contenue en termes expres en la parole de Dieu. Que ces Moynes donc ayenc honte d'alleguer ces paroles de lefus Chiift;

vous oit^l r»oit:qMi vous retettCi il me retet-te.puis que les Papes en font venus là, que qui les oit, n’oit plus le Seigneur : mais oit le contraire de ce qui eft contenu en fa Parole.

Partant nous n'auons rien de commun auec les Manichéens, Encratiftes, amp;nbsp;autres hérétiques, amp;nbsp;nous alfeurons, que qui regardera f E-glife Romaine de bien pres , trouuera pluftoft qu’elle n’eft pas beaucoup efloignee de ces he-refies-là.

article l.

te confeße, tjue le feruice diuinfait fubliejue- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I4.'

Went en lanffue Latine par l'Eolife,ne contreuient nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

i-r- J • nbsp;nbsp;nbsp;‘ e- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c n I ‘ (-^nc.Lavd.

». ta dtjctpltne de prier,referee parS.Eaul,atns s ac Can.'iÿ, eorde àce tpuil en dit aux Corinthtens:amp;parce ie renonce aux .Arriens, Pretendans,^ autres An -tiens nbsp;nbsp;modernes fctlaires,^Ht ont tenu, nbsp;nbsp;prat-

^iejuent par orgueil iterance le contraire en leurs affemblees.

RESPONSE.

Ces Moynes font fi impudens , de vouloir faire iurer, que S.Paul n’a pas dit ce qu’il a dit.

Car voici les 1 paroles de l'Apoftre : Si vous ne t.6M4,

I prononcez de votlre langue parole ßgnifiante, com Went entendra~on cequije.dit l Car vous ferez

È a par

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45^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE I.

parlons en ^aitAtem’.Si tu bénit e^elprit,celui ^tti efl du fimple populaire gomment dira-ilt Amen, à ton A^tonde gracet ? canine fpait ^ue tu dis, iKray efl que tu rends bien graces, mais vn autre nen eflpas edtfié.ïtem,!Si toute tEglife s'ajfemble en vn,(^ tous pariet langages, amp;nbsp;le commun peu~ pie ou infidèles y entrent j ne diront-ils point que ■vous efies hors du fient s' Item,S’il ny a point d’tn» terpreteur,quil fie taifie en l’Eglifie, amp;nbsp;quilparle a fiby-mefime, amp;nbsp;à Dteu. Quand donc les Moynes diCenc, que ces paroles ne font exprelfes cotre la façon accouftumce en FEglife Romaine, (où tout le feruice.qu’ils appellent,fe dit en Latin, aucc quelques mots Grecs amp;Hebraiques,auffi peu bien dits, que nullement entédus)IIs font du noble de ceux dont Efaïe parle,difant:J/4-ledi^ion fiur ceux qui difient le mal eslre bien, (ÿquot; le bien eflre mal:qui mettent tenebretpour lumie-'gt;'e,amp; lunùerepourtenebres : qui mettent ckofie a,’ mere pour chofie douce , nbsp;nbsp;la douce pour tamere.

Car véritablement ils monftrent qu'ils n'ont ni entendeméf, ni yeux,ne gouft. Et font marris que tous les autres n’ont vnc fi beftiale ftu-piditc cocrtme eux. Certes il n’y a perfonne de fugement qui ne deplore vn aueuglement fi grand que ceftui-là, quand les vns ne fçauent ce qu’ils difent,amp; les autres efcoutét,fans en-cendreitellement que corne les vns font muets en parlât, aulli les autres font fourds en oyant. Puis donc que les paroles de l’Apoftrey font formelles,.amp; la raifon fi euidéte que rien plus, certes ces Moynes eulfent pluftoft fait défaire

iattt

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;437

iurer, qu’on efFaceroic déformais cc chap.xiiij. de rEpiftre aux Corinthiens,auquel il ell parlé de CCS chofes, fans y auoir efgard:puis que cela condamne les façons de faire de leur mere fain die Eglife.

Mais quand l’Apollre n’en auroit ialnais parle , la chofe ne parle-elle pas allez d’elle-mef-me’Ne faut-il pas que nous prions auecFoy ?la. Foy fera-elle fans intelligence? Cornent pour-ras-tu demander de bon cœur quelque chofe, fi tu n’entens ce que tu demandes ? Si ce qu’ils difent ell bon, pourquoy ne veulent-ils qu’on l'entende.’S’il n’ell pas bon, pourquoy le difcnc ils donques? Eft-ce fans caufe que Dieu donna le don des langues aux Apollres, amp;nbsp;à vne par-tiedes Dodleurs de l’Eglife de ce temps-là?N’e ftoit-ce pas à fin que les hommes eftans par ce moyen enfeignés amp;nbsp;inllruits en la cognoilfan-ce de Dieu, apprinlïent aulîî à prier Dieu, chacun en fa propre langue ? Or s’il eu(l falu retc-nitvne lâgue entre toutes les autres,pourquoy feroit-oe la langue Latine ? Certes il euft efté plus conuenable dç prier en langage Syriaque, comme nous fçauons que lefus Chrift parloir quand il a ditlé l'Oraifon Dominicale,amp; nous acommâdé de prier ainfi.Mais nous ne voyons pas que lesGrecs ayent prié en Syriaque,ou en Hebrieu, ou eh Latin,ou que les Latins ayent prié en Grec:pourquoy donc faudra- il que tou tes les autres nations du mode priée en Latin? Ne voit-on pas que cela prouient de retrreme ambition de l’Euefque de Rome, qui a voulu

E J mon

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4j8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article l.

inonftrerpar cela j la domination qit’il veut a-uoir fur toutes les Eglifes du monde?Les prières amp;nbsp;Liturgies des Eglifes Grecques font en Grec,amp; non enLatin;amp; ne fe trouuera one per fonne qui les ait condamnées pour cela. Encor ces Moynes font fi belles, d'aîleguerle Coeile de Laodicee,duquel les décidons font enGrec, amp;nbsp;ne les a-on en Latin,que par tradudtion.

CrfJi.îiî. plus eftjils citent ce Concile à faulfes en-feigncs.Car voici quels font les motsill ne faut pas dire ésTemples certainsPfalmes vulgaires, copofés par quelques perfonnes particulières: Ne lire les liures qui ne font pas Canoniques: mais feulement ceux qui font Canoniques du Vieil amp;NouueauTcftament.Voila la determination dudit Concile fur cell Article.Et puis il recite quels font lefdits liuresCanoniques,qui font les mefmes que nous recitons en nollre Confelfion de Foy; reiettant du Cano les mefmes liures Apocryphes que nous reiettons, amp;nbsp;dont nosMoynes nous ont repris,afnfi qu’auos dit cidclfus en TArticle xxx. C’ell doncvne grande malice , ou vne treflourde ignorance à ces Moynes,d'auoir,ou fi mal entédu leCanon du Concile de Laodicee,ou Pauoir corrompu fi malicieufement ; ce qui fe voit aifementpar le texte Grec dudit Concile.

Or chacun fçait que Pellendue de l'Empire Romain a rendu autresfojs la langue Latine ■plus cognue. Mais il n'y a aucune raifon, pour celajd'introduiredes prières publiques en l’E-glife,tellcs que le peuple ne les puilfe entédre: fans

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RESPONSE.’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;459

fans qu’il nous faille alléguer, que mefmes à Rome la langue Latine a efté changée, amp;nbsp;n’a ' -* peu retenir pour foy,ce quelle a voulu «donner à tous les autres.

Finalement »puis que ces bons Latins veuléc qu’en confeife que les paroles de S. Paul s’accordent à la façon de faire de l’Eglife Romai-ne,ils deuoyent dôcpropofer le moyen de ceft accord, pour le faire entédre à ceux qu’ils font iurer. Mais, peut eftre , par ce qu’ils ont efcrit ces Articles en François,ils ont eu peur de faire tort au Latin de l’Eglife Romaine. !

ARTIClî II.

le cenfejfe que noiire Seigneur a établi vn or~ loan, lo.' dre,çé- mißio»perpétuelle^?^ ordinaire en fonEgS fe.‘donc te detefle les Adanicheans, ProteftanSi

Prétendant qui fans exprefe Efcriture, pro-^ejfe de Dieu manifefle, ont introduit nouueaux Prophètes3?^ xipo^res.

'i

RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ '’i

Il appert par le xx. chap, de S.Iean , allégué loan.zo^ par les Moynes , que lefus Chrift a enuoyé fes Apoftres pour prefcher par tout le monde;S’ils prennent cela pour vne vocation ordinaire, ils Jnonftrent qu’ils font ignorans extraordinaire Jnent.Et de faiôl,cela fafcheroit fort au Pape, qui fe dit fuccefleur des Apoftres, de fortir de Rome, pour aller prefcher par le monde.Mais tant s’en faut que lui, fes Cardinaux , Arche-uefques, Euefques , amp;c Curés prefchent par

E 4 tout

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440 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LI.

tout, qu'ils ne prefchent nulle part. S.Paul, au palFage de I’Epiftre aux Ephefiens recite les vocations queDieu a mifes en fon Eglife,pour I’inftrudion d’icellc, difant ainfi : 1.1 a donné les Tns Apailres i les autres Prophètes, les autres EuanpeltPles, les autres PaPteurs amp;nbsp;Docleurs, pour PaJ^emblage des Saints , pour le Miniflere, pour redificatton du Corps de Chrtfl. Defquelles vocations les vues ont: elle propres pour po-■ferles premiers fondemensde l’Eglifc dire-, ftienne.:amp;les Pafteurs amp;nbsp;Doâeurs ont efté A?* 10 cftablis comme ordinaires en l’Eglifc. Nous confeiTons auffi auec/aind Paul,qu’on ne doit prcfclier fans eftre alfeuré de fa legitime vocation. Mais.il n'y a rien en tous ces palfages, J ne contre nous,ne pour l’Eglifc Romaine.

Nous n’introduifons point de nouueaiix Prophètes amp;nbsp;Apoftres ( comme ces Moynes difent:) mais nous auonsennos Eglifesdes Pafteurs amp;nbsp;Dodeurs en la vocation dot faind Paul a parlé aux Ep heftens : efleus felon la forme qui eft prefcripteen la parole de Dieu,amp; . exerçans Iciirs charges conformement à icelle , felon la grace que Dieu leur fait. Qu’on li-■fe ce qui eft éfcrit es Epiftres à Timothee,amp;à Tite, qu’on cfpluche diligemment la pratique de l’ancienne Egliie, recitee par S. Luc ésA-éles des Apoftres: amp;nbsp;nous efperons qu’on trou uera que nous tafcRons à nous y réger de tout noftre pouuoir. S’ils cuident qu’on ne puilfe légitimement annoncer la parole deDieu, fans îauthorité d’vn Euefque, fans auoi'r fes ordres

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R ESP ON s fi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;441

He lui,fans en cftre touchéjgraiiréjtondujou ra fé,amp; chofes fcmblaWcs ( que les Moy nes tien-née pour eirentielles à vne telle vocatiô) qu’ils nous monftrét cela par la parole de Dieu.Mais ils ne l’ont peu faire iufques à prelent, amp;nbsp;ne le feront iamais. S’ils penfent aufli que la forme exterieure de l’Eglile doiuetoufiours demeurer de mefme façon , amp;nbsp;qu’il ne puilfe aduenir, que ceux qui tiendront les lieux des charges Eccleliaftiques,y foyentparuenus par mauuais moyens , Sc en portent le feul nom fans effeft, tenuerfans ,par ce moyen, l’ordre de l’Eglife, la tr»p longue amp;nbsp;trop pernicieufe experience des chofes qu’on voit de fi long temps en l’E-glife Romaine,les defment aifez. S’ils croyent que lors qu’vne telle confufion adulent en l'E-glifcjDieu nepuilfe fufeiter, quand il lui plaift, des moyens tels que fa Prouidéce trouue bons amp;nbsp;propres pour reftablir l’ordre qui auroit efté renuerfé, amp;nbsp;remettre en lumière les beaux amp;nbsp;excellens ornemés de l’EglifezSi, di-ie,ils dient qhe Dieu ne le puilfe, ou ne le vueille , ils blaf-phemét contre faToute-puilfancciils font tort a fa bonté,amp;à la vérité infallible de fes promef fes; ils effacent les exemples qui font tous eui-lt;leus en l’Efcriture , de ce qui eft aduenu anciennement , foit des corruptions de l’Eglife, foit du reftablilfement d’icelle: ils nient les pre dirions contenues en l’Euangile, des grans changemens qui deuoyent aduenir en l’Eglife. f outes lefquelles chofes feront plus amplemét Jifeourues fur les derniers Articles de cefte

Pro

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44i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LI.

Profeffion d’abiuration de foy. Partäti que ces Moynes ne s’abufent pas iufques là , de penfer que la forme de vocation qui eft en l’Eglife Ro maiirejfoit vne vocation ordinaire.Car, à parler proprementjtien n’eft ordinaire en TEglife qui eft contre l’ordre que Dieu y a eftabli.

Et pour mieux cognoiftre au vray ce que nous difons : que les Moynes produifent, s’il y a en l’Eglife Romaine vn feultraiôl de ce qui eft requis en la parole de Dieu, pour rendre legitime vne vocation Ecclefiaftique.Oà eft l’E-leélion? où eft l’examen de Docârineîl’approba tion des mœurs?le cofentemét de l’Eglife? De-fcendons encor plus bas,amp; venons à leurs propres Canos.Oferot-ils nier,que par les propres Lolx aduoüees amp;nbsp;ratifiées par eux-mefmes, ils ■ ne foyent tous defcheus du droiét de legitime vocationîSi ceux qui par argent,ou faueur des «oei/.cfcaZ. Ptinces paruiennét à î’eftat d’Euefque, ne font eedXnn.i. point Euefqucs, amp;nbsp;n’ont aucun droiâ d’infti-Conc. ^n- tuer d’autres Euefques , comme il eft exprefl’e-«ocfc.cij). ment contenu es anciens Canons: Si l’Euefque ne peut eftre efleu fans Synode , amp;nbsp;s’il eft efleu autrement, ion election eft nulle : Si ceux qui vendent amp;nbsp;achètent les Ordres nepeuuente-ftrePreftres,ainfi que difentles mefmes Canons : Si les Schifmatiques n’ont aucun droid en l’Eglife(comme les mefmes Canons ordonnent) Et toutesfois le Pape Eugene ayant efté condamné pour Schifmatique au Concile de Bafle.eft neantmoins demeuré auPapat:amp; fous' fon authorité font venus tous les Papes, Euefques

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;445

qùes,amp; Preftres iufques à prefent:Si,di'ie,tou tes CCS chofes font vrayes : fi telles font leurs propres Loix amp;nbsp;Canons,(ce qu'ils n’oferoyenc nier)où fera doc vn feul Euefque, ou Prellte en toute TEglife Romaine, qui ait legitime vocation? Et quand il n'y auroit autre chofe,la primauté de l'Euefque deRome (de l'authorité de laquelle toutes leurs vocations dependent) e-ftant vne vfurpation cotre l'exprelfe parole de Dieu (ainfi que les Proteftans,amp; généralement ceux de l'Eglife Réformée ont vérifié par leurs eferits, amp;nbsp;dont nous dirons quelque chofe ci apres en l'Article Ix.) il s'enfuit que leurs vo-catios font illegitimestiSc qu’on doit dire d’eux ce que ces Moynes difent faulTement de nous: aiïauoir , qu’en l’Eglife Romaine on introduit autant de nouueaux amp;nbsp;faux Apoftres , qu'on y cflit de Papes. Au refte, nous ne demanderons point ici aux Moynes quelle vocation ils ont d'enfeigner,voire felon leurs Profeffions amp;nbsp;vœux Monaftiques : car nous ne les voulons tant empefeher pour ce coup:amp; ne leur ob-iefterons que iufqu'à Gregoire premier, les Moynes n'ont efté tenus du Clergé de l’Eglife Romaine, ainfi qu'il appert pat ces paroles de Gregoire ; L’ordre Eccltfiaftique, dit-il, amp;nbsp;la ç reigle Monaftique s'empefehent Pvn l'autre; feulement nous les renuoyons au palTage de fainâ: Paul, qu'ils ont penfé alléguer contre nous, pour s'y voir çbndamner, auecleur Pa-pe,amp; tous ceux de fon Clergé. Car puis que fainft Paul recitant l'ordre lequel ces Moynes difent

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444 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE t.I.

difent amp;nbsp;maintiennent deuoir eftre perpétuel amp;nbsp;ordinaire en I’Eglife -, ne parle que des Apo-ftres, Prophetes,amp;Euangelilles( lefquels nous fçauons auoir efté au commencement del’E-glife Chreftienne) aufquelsil adioufte feule-métles Pafteurs.amp;Doóleurs -.nous concluons^ que le Pape, les Cardinaux, Archeuefques, amp;nbsp;toutes ces Legions de Moynes (dontenplu-fieurs endroits la terre eft couuerte) p’appatr tiennent aucunement à l’ordre qui doit eftre ordinaire en l’Eglife.Car S.Paul n’en fait point demention , parlant de ce que lefus Chrift a ordonné pour l’airemblage des Saincls.pour l’œuure du Miniftere, pour l’édification de l’E-glrfe, iufqu’à l’entiere perfection amp;nbsp;accomplif-jTement d’icelle, comme S.Paul le dit. Et quant aux Pafteurs,amp;Doôl:eurs,attendu que les Euef ' ques, ne les Curés ne fçauent que paiftre euxr mefmes des reuenus de-leurs Euefchcs Sc Cur res,ne peuuent enfeigner les autres,amp; ne veulent eux-^mefmes eftre enfeigncs, nous difons aufl^, qu’ils ne font cpmprjs au rang des Pa*^ ftcurs amp;nbsp;Qpjfteurs defquels S.Paul a parlé, que nos Moynwijont ici'appellé,pour les condânèr,

2-jA R T I c l E Lir.

j8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l'vfage des Indulgences,par lef^ueJ-

jg ■ ' Jes font rensifes les peines temporelles, ^ui rejlvjftt z.Cor.Tué. apres Rentiere gratuite remijfion de lacoulpe ■i.Cor.na. peine éternelle, ellre conformes à l'Efcrkurè, les conféré paraudorité des Clefs Ec-de panit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;par commututton de l‘vn btëpour

cj. ' lquot;autre3OUpar dtjpèfation du Threfor Ectlefiash-

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,, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;44y

^ue.’car la vertu effcace de tout cela vient de ntfireSeigneur Jefus ChriJl.Donc i’abture les J\lo uatiens, ProteSlans, Pretendans» qui tiennent du contraire.

RESPONSE.

La diftindion MonachâJc,dc Peine amp;nbsp;de Coulpe J a efté vne inuention fort propre pour baftjr là dclFus la dodrine des Indulgcces: c^eft à dircjpour amalFer force argét^par ce moyen-là. Car fi on'prcnd garde à toutes les parties de l’Eglife Roinainc,amp;à tout ce qui concerne l’exercice de leur Religion, on trouucra que rien» ne s’y fait fans argent. Mais c’eft à telle condi-tion,que ceux qu’ils appellent Ecclefiaftiqups, prennent tout, amp;nbsp;ne donnent rien. Néant-moins ces Moynes veulent que d’on confefie que tout cela eft conforme à l’Efcriture. Or s’ils entendoyent que leur façon de faire ell conforme à ce qui eft dit en l’Efcriture, que le Temple de Dieu a efté poilu amp;nbsp;profané par les vendeurs amp;nbsp;acheteurs, nous u’y contredirions pas beaucoup : combien que cefte marchandi-fe-là fuft plus loyale que celle des Moynes. Mais par ce qu’ils veulent faire accroire au monde,que leurs menfonges font conformes à la vérité dcDieu,ils nous faut monftrer le contraire. J

Premièrement,ils tiennét pour conclu, fans lauoir prouué , qu’apres l’entiere amp;nbsp;gratuite temiflion de la Coulpe amp;nbsp;de la Peine cternelle, I peines temporelles reftent. Et ne difent au-'“acraifondecela, amp;nbsp;moins cottent-ils'au-

cun

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44Ó nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LU.

Cun pafTage pour coulorer vne fi grande abföf-dité. Partant il la nous faut réfuter en peu de

paroles.

Nous auons ouï ci delTus, parlant du Purgatoire, les palfages de l’Elcrituie trefexpres,par lefquels il appert que ïefus Chrift eft lavraye, feule amp;nbsp;parfaite remiffion de nos péchés : tel-Kom.8. Icment qu’il ny a point de condamnation à ceux Ibid. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, r n j gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-, r

qui Jont en lejus Chrijt t Qutl ne reste mejmes £f44. tiucune accufation contre les Efleus de J}ieu, (Ot: Mich.7. il n’y a point de legitime peine, fansaccufa-Eft. tion, amp;nbsp;condamnation) Q^ttospeche's font effacés comme la nuee. Quils font iettés au fonds de la mer ; Q^tls font blanchis comme neige. Dieu nous pardonnant nos péchés, ne s'en reffouttientplfis.Q^ß nous confejfons nos péchés, le fang de ïefus Chrifl nous nettoye de toute^ni-cjutté, nbsp;nbsp;nbsp;nous pardonnne tous nos peche's: Et

if«-ä.

chofes femblables. Dont il faut conclurre, que fiardonnant les péchés , il ofte non feulement aCoulpejmais auffi la Peine :veu queraef- ' mes on nefçauroit comprendre que c’eftque la peine du péché, fans la coulpe d'icelui. Partant ils accuferoyét Dieu d’iniuftice,de requérir vne peine , là où il n’y auroit point de coulpe. Car la peine ne peut eftre iufte,que pour raifon de la coulpe : tellement que la coulpe e-ftant ofù e, la peine feroit iniufte. Or Dieu eft iufte, amp;nbsp;veritable : amp;nbsp;les Moynes font menteurs amp;nbsp;blafphemateurs, entant qu’ils nient la luftice deDieu, amp;nbsp;fa grace. La luftice^quad ils veulent qu’il punifle fans coulpeda grace,en ce qu’ils

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;447

qu’ils penfent que pardonnant les péchés, il re tient amp;nbsp;referuelapeine.Or nos péchés font ap pellés debtes: amp;nbsp;mefmes en TOraifon Dominicale : pour nous faire entendre, que Dieu nous quittant nos péchés, n’en demande plus de fa-tisfaélion. Car ce feroit remettre amp;nbsp;retenir tout enfemblexontradidion autant efloignee delà nature de Dieu, que propre amp;nbsp;familière aux Dodeurs de l’Eglife Romaine.

Us difent,queDieu remet bien la peine eter-nelle,mais non pas la temporelle; en quoy premièrement ils contredirent àeux-mefmes , di-fans, que les peines temporelles relient apres l’entiere amp;nbsp;gratuite remillion de la coulpe.Car fl la remiffion eft entière, pourquoy doncre-demande-il la peine temporelle.’Cefte peine-là ne vient-elle pas d’vnecoulpe, pour eftreiufte peine ? Or la remillion de la coulp« ell entière (difent ils,amp; il eft vray) partant la peine temporelle ne peut eftre redemandée.D’auantage, fl la remiffion eft gratuite (commme ilsl’after-■nent) d*où vient celle peine temporelle qui re-

I lie à payer pour fatisfaélion de nos péchés? En fonime,ç’eft autât que s’ils difoyent, que Dieu l nous quitte tout, à la charge que nous en 1 payons vne partie.

I II y a encores vne autre cotradidion en leur doftrine.Car ils ont dit en l’Article xx\vj.que a des pechésMortels,amp; desVenielsienten-

I (läspac les Veniels,ceux qui ne méritent pas la ( '''ntt eternelle , amp;nbsp;partit meritét feulemét des peines téporeJies.Si ainfr ell,cômct fe pourta-il ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;faire

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4^8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICtE LU.

faire, que la coulpe des péchés veni’els foit re-mifcjiSt non la peine ? veu que la coulpe de ces péchés- là ne contient amp;nbsp;n’emporte autre cho-i'e,que les peines tcporelles, ainfi qu’ils difent. Or eft-il notoire, quelefus Chrift ofte la coul-* pe jg jQyj jgj peohés, comme dit S. lean, que fon fang nom nettoj/e de toute tni/jnite', Öquot; ejHil eß 1‘appotntement pournos peche's i (ÿ- pour ceux de tout le monde ; auïE ne difent-ils pas le contraire en ceft Article. Qu’ils nous expofent donc comment il fera pofliblc de remettre la coulpe des péchés venieJs,amp; en retenir le peine.

Mais qu*eft-il de befoin de fi long difeours? Quelle beftife , ou pluftoft blalphcmeeftceci,' de dire que lefus Chrift eft fumfant pour effacer les peines eternellés que nous méritons par nos péchés,amp; cependant n’efface pas les temporelles? Celui qui fait le plus , ne fera-il pas t.Vet.i. le moins? Quand fainél Pierre amp;nbsp;Efaïe difent, que lefiis Chrift a porté nos péchés, c’eft à di' re, non la coulpe, mais la peine, y a-il quelque jlt;_ogt;h.8. exception? Quand fainét Paul dît, que Dieu nous donnant fou Fils, nous donnera toutes chofes aueclui, a-il excepté laremiffiondes peines temporelles ? oyons donc cefte fenten-Deverb. ce dc faiuôh Auguftiu, tant celebree par tous' Dow.S’cr. jgj bQjjs Théologiens,difant,quelefusChrift reeeuant, non la coulpe de nos péchés, mais la peine, a effacé amp;nbsp;la coulpe amp;nbsp;la peine d’iceux. Ce que le maiftre des Moynes voulant fuiure, Chrift, dit-il, a pris noftte fimple, qui eft tel?' '' la peine,à fin qu’il confumaft noftrc doubJequi . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eft la

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R É s P o N s B. , nbsp;nbsp;449

eftlapeinCjamp;iacoulpe.

Au refte, comment peut-on ouïr patiem-' ment ce que difent les Moynes, que Dfcure-. tient la peine téporelle:amp;,que lePàpe la remette amp;nbsp;quitte par fes Indu]gences?Gertes,(î Dieu la retientjil ne veut donc pas qu’elle foit remile, A quel propos donc l’Indulgence du-Pape? N’eft-ilpas dit de lefusÇhrift, qu’il a la Clef de Dauid, qui ouure, amp;nbsp;nul ne ferme : qui fer-gt;^ me, amp;nbsp;nul n’ouure î y a-il creature au monde qui puilïe condamner, quand Dieu abfoudra? ou'qui puilfe abfoudre , quand Dieu condam-, nera? Partant S.Cyprien dit tresbien, quand il parle de la remiffio des péchés en ces mots:Ce- * ftui- là feul peut pardoner les péchés, qui a por • té nos péchés,amp; a fouffert pour nous.Le fei ui-teur ne peut pas remettre parfon Indulgence « qui a efté commis contre le maiftre. C’eft ce qu’il en dit.

L’occafion que les Moynes prennent, non tant pour fe tromper eux-mefmes , que pouf tromper les autres, eft, que combien que Dieu nous pardonne nos péchés, nous ne lailfons pas.toutesfois, defoufFrir les peines temporel-lesx’eft à dire,les calamités qui accompagnenC la vie prefente, corne font maladies, douleurs, I angoiires,neceffités,amp; chofes femblables: volts la mort mefmes, de laquelle les fideles ne l^ont pas exempts.loinét que Dieu a chaftié Da nid,les enfans d’Ifraël, amp;nbsp;plufieurs autres fide-Iss.Et iugent de cela, que Dieu redemande en-Cor de nous les peines de nos péchés, qui font

F tein

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450 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE L I I.

Tf.94-

Heb.iz.

Ibidem.

l.K.1.

temporelles. Mais ils ne fçauent diftinguerjCn-tre la peine du péché » amp;nbsp;le chaftiment de cor-rgélion, ou l’efpreuue de la foy , amp;nbsp;exercice de la vertu:dcfquels chaftimens,efpreuuesjamp;exer cices l’Efcriture parle ainfi:

henrcKxefi celui que tu auras ch allié amp;nbsp;iufirtiit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Il ma elle'bon d'auoir elle'afflige’, pour apfïeii dre tes Commandemens. .

'j fe Seigneur challie celui quil aime.

Dieu nous challie pour nofire profit, 4fin que nous foj'ons participans de fa fatnlleté.

' Bien heureux ejl l’homme qui endure tetation; car. quand U aura eflé efrouue, il receura la eou~ ronnedevie.

. A fin que l’eflreuue de -voUre foy , beaucoup i plus precteufe que l’or (qui pent, amp;■ toutesfois efi el^rouueparlefeu) vous tourne d honneur, louange , amp;nbsp;gloire. Et autres lieux femblables.Ce que nous aimons mieux expofer par les paro-(.4. nbsp;nbsp;4. les des anciens Doéleurs , que par les noftres.

Le Seigneur (dit fainél Cyprien) nous chaftie, Deton/t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amende : amp;nbsp;nous amende, à

egt;Conf.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nous fauue. Dieu ( dit fainét lean

Chryfollome) impofe peine, non point comme redemandant le fupplice quieftdeu à nos Defect, pechésnnais nous corrigeant pour l'aduenir.Si meru.etre quelqu’vn demande (dit S.Auguftin)pourquoy milj'.l.z.c. apres la remiffion des péchés, nous foufFrons les peines de celle vie : nous refpondons,qu'a-liant la remiHion , ce font fupplices, ou peines Ibidem, des pécheurs : mais apres la remiiEon, ce font

com

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K B s P o N s E, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4JX

combats amp;nbsp;exercices des iuftes. Quât à Damd (dit le mefme Doôteur) on dira tresbien que Fetfeélde la menace qui lui auoir efté faitCjs'en eft enfuiui: à fin qu’en celle humilité,l’affliólió de Dauid full exercee amp;nbsp;efprouuee. Voila ce qu’en difent les Anciens , fuiuant la parole de I)ieu,amp; cotre l’inuention des Moynes. Fartât, veu que les peines temporelles ne font appliquées aux fideles , que pour leur amendement amp;nbsp;correélion à l’aduenir, ou pour leur elpreu-ue amp;nbsp;exercice de leur foy : amp;nbsp;qu’en Purgatoire (quiellle principal fuiet des Indulgences Papales) toutes ces chofes ne peuuét auoir lieu: il s’enfuit que c’etl vne pure refuerie,d’appliquer telles Indulgences aux âmes des fideles , apres leur mort. Criant à celle vie, l’experience Icule monllre allez que le Pape ne fçauroit par fes In. diligences deliurer les hommes de maladie, Sc autres peines tcporelles ; amp;nbsp;moins encor pouc-roit-il les garantir de la mort.Car s’il auoit celle authorité pii fe donneroitle premier celle Indulgence à lui-mefme. Par ainfi, purs que les Indulgences ne font propres ni en ccllè vie, ni apres ,nous lailTons à la fubtilité de ces Moy-nesjde leur alligner vn logis autrepart.

Or à fin de defcouurir à ceux qui font igno-rans,amp; neantmoins défirent fçauoird’où eft peu venir ce mot d’Ifidulgence, nous leuren dirons la premiere fource amp;nbsp;origine en peu de Oï*» paroles. On voit par la leôlurc des Anciens, que de leur temps la. Difeipline Ecclefiaftiqué £ aelléfort rigoureufement exercee. Car corn-

Fi me

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451 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LU.

me les péchés fe desbordoyent impetueufe-ment, ils ont tafché de les retenir amp;nbsp;reprimer par ce moyen. Ceux donc qui eftoyent excommuniés,amp; qui defiroyent fe reconcilier à l’Egli fe,amp; auoir fa paix (qui eitoit leur façon de parler) auoyent certain temps à eux prefix, pour s'humilier deuant toute fEglife auec larmes, habits de dueil, amp;nbsp;quelques autres façons de ride Syn. faire. Et lors que les conduéleurs de fEglife ap pegt;^ceuoyent,par ces tefmoignages exterieurs, omni la repentance des excommuniés, qu’ils appel-timm, lir- ioyent Penitens, ils auoyent accouftumé lou-Zacbrynjù-, üentesfois d’abbreger le temps qui leur auoic efté prefcrit, ainfi qu’il fembloit eftre expédiée pour l’édification de f Egliie, amp;nbsp;le falut des Pe* nitens:amp; appelloyent cela,«W»/^e»ce.

Nous ne voudrions auiourd’hui approuuer toutes ces anciennes faços en tout amp;nbsp;par tout: mais nous pouuons bien dire, que les Indulgences des Papes n’ont rien de commun auec f ancienne Difeipline , ayans introduit fous vn mefme nom vue chofe du.tout contraire. Car il eftoit lors quellion des viuans,amp;de l’édification de fEghfe : mais les Papes ont tranfporté leurs Indulgences aux morts, pour monftrer, tant par cela,que par infinis autres argumens, qüe l’ancienne Difeipline eftoit morte.

Regàrdons maintenant aux palfages de l’E-feriture, defquels ces Moynes fe veulent cou-ùrir.IIs propofent trois vfagcs,ou pluftoft trois abus de leurs Indulgences. Le premier eft, par lapuift’ance des Clefs. Le fécond, par commutation

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45?

tation d’vn bien en vn autre.Le troiGeme^par la difpenfation du threfor EccleGaftique. 11 fetnblequ’on voyeici des banquiers auec Ie ieél amp;nbsp;la plume,au lieu des Théologiens.

Pour prouuer donc la puilfance de leurs Clefs,ils alléguée ces deux PalFages de S. Matthieu : Je te donneray les Clefs du Royaume des deux : Cf i]uoy i]ue tu lies en terre , fera lié es Cieux : Cf cjuoy que tu defies en terre, fera dtfié es CieuxAiem: Je vous di en vérité,que quay que Vous liés fur la terre,fera lié au Ciel,

Nous refpondons,qu’il eft là parlé du Mini-ftere Euangelique,foit pour annoncer la parole deDieu,foit pour l’appliquer particulieremét en l’obferuatiô de la Difeipline de l’Eglife. Car il en faut touGours reuenir là,que lefus Chrift eft celui qui a la Clef,pour ouurir amp;nbsp;fermer fe Ion fa fainéte volonté, comme il eft dit en l’A-pocalypfe : amp;nbsp;que c’eft lui qui deilie les captifs, par fa parole,comme il dit lui-mefme. Mais il a enuoyé les Apoftres,amp;enuoye encores auiour-''^’*^'^quot; d’hui des vrais Pafteurs en l’Eglife, pour,par la prédication de l’Euangile-ouurir les Cieux aux fideles , amp;nbsp;repentans : amp;nbsp;fermer les Cieux aux 3, nbsp;nbsp;,

infidèles amp;nbsp;obftinés. Ce que fainét Paul expose par CCS paroles : Dieu manifeéle far nous l‘o-deurdefa cognoijfance en tous Iteux. Car nous fotntnes bonne odeur de Chrifl à Dieu, en ceux ‘jut font fauués, nbsp;nbsp;nbsp;en ceux quipenfent : ceft af-

fiuoir, odeur de mort à mort gt;nbsp;à ceux-ci:Cf odeur de vie à vie, à ceux-là. Et qui efi fujffant pour ^tschofesl Item : Dieu nous adonné le-AJtnificre ,

F ?

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'454 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LU.

de reconciliation. Car Dien ell oit en Chrifi ß réconciliant le monde,en ne leur imputât point leurs forfait s a^ts en nous la parole de reconcilia-tio. Nous fommes doc .Ambajfadeurspour Chrifi, comme fiDieuexhortoitparnous.P^t cela S.Paul expofe trefclairemenf que c'eft que lapuilîan-ce des'CIefs en l’Eglife. : tellement qifelles ne conuiennent aucunement à la Serrure des Indulgences Papales,quQy qu’ils facentj amp;nbsp;qu'ils tournet amp;nbsp;remuer ces paU’ages tant qiuls vou dront: finon qu’on vueille dire que les Moynes ferment lesCicuxjamp; ouurent les Enfers à ceux qui obftinément fuiuent leurs erreurs.

'i.Cor.i-

Le fécond abus des Indulgences eft, ce qu’ils appellentjcommutation de l’vn bien pour l’au-tre:amp; citent ce palfage de S.PaulJors que parlant du Corinthien inceftueux, qu’il auoit ordonne deiuoir eftre liuré à Satan, amp;nbsp;qui s’eftoit repenti,amp; humilié: tlfuffit.à celui t^ut efitel,de celle reprehenfion faite par plufieurs, tellement (ju au contraire -vous luideuez pluHefipardonner, le confoler. Voila ce qu’il en dit. Et c’eft merueilles comment ces nouueaux changeurs ont ofé fi impudemment changer amp;nbsp;conuer-fir les paroles de fainél: Paul en vn fens du tout contraire. Car quel bien eft-ce d’eftre liuré à Satan? Si cepoure pecheur apreuenu ce grand mal par v ne vraye repentance, il faut dire que le changement a efté en lui, dont par apres l’abolition de la peine s’en eft enfuiuie, Dieu lui faifant mifericorde. Mais qu’y a-il de fembla-ble aux Indulgences du Pape ? Partant (afin

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R E s P ö N s r. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;455

de defployer la mercerie de ces Moynes, de laquelle ils n’ofent monftrerici qu’vn petit er-chantillon) celle commutation d*vnbien poùr vn autre ell,de donner aux PreftreSjau lieu des peines têporelles qu'il faudroit fouftrir,difeht-ils,en Purgatoire : donner,di-ie,des chaïleaux, rétes,reuenus,or,amp; argent,fonder des Mélfes, Anniuerfaires , amp;nbsp;generalement changer tónt fon bien, ou la plufpart, aux chant des Meffés, au fon des clocnes,à la fumee des torches,c'ell à dire,en fomme,changer l'air en or : qui eft v-ne cômutation fort defauantageufe pour ceiix qui n'ont que de l’air, pour recompcnfe des ri- ' chelTes qu'ils lailfent au Clergé de l'Eglife Romaine : pour le faire viure à fort aife , amp;nbsp;le deli-urerlui-mefme des pèines têporelles ;lefquel-les, par vue trille commutation, ils laill'ent à 'leurs enfans amp;heritiers qu'ils ont appouris par telles prodigalités. ‘Màis, pour n’entrer plus a-uant à particularifer les abus des Moynesjamp;de leurs adherans ( car ce feroit vouloir nager en ~Vn abyfme)pn voit,en fomme, que lé change- ' ment du Corinthien dont parle S. Paul, ä elle premièrement amp;principa.lement fait en fa per-fonne:que c'a ellé par bonnes amp;nbsp;vifues re-monllrances tirees de ladoétrine amp;nbsp;Minillcre Euangelique;qu'il n’elloit point en Purgatoire pour y fouftrir quelques peines temporelles: amp;nbsp;partant que cell exemple eft autant à propos des IndulgencesPapales,que qui voudroit cer-cher Rome à Corinthe.

Le troifieme abus des Indulgences eft, la F 4 difpen

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450 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LIT.

dirpeofation du. ThrefQi:. Ec.clefiart:ique. Et ne _ faQf.çnte.ndre, par cela les ,riche,lies du Clergé ..jPapâhçu de$IVjloynes;cav c'eft vnThrefor qu'ils

.d.rfpenfent qu'à eux-mefmes.Mais tout ainh '''qu-ils^ont bafli en leurs fonges amp;nbsp;imaginatios vn PurgatoirCjCÔnie vn grand edificcjauec toù tes fes appartenances: aufli ont-ils fait vne arche imaginaire,où ils mettct (difent-ils) les œu ures de Supererogation,c'eft à dire,quand ou a . plus fait, amp;nbsp;mieux ferui à Dieu qu'on ne doit: _defquellcs œuures,auec le fang desMartyrs,ils ..ont cdpole ce't'hrefor de rEglife:Nous ne noys ' àrrefterons ici à moftrer l'enormité de l’erreur tant dés œuures de Supererogation ( veu nos fléchés amp;nbsp;imperfedions dont nous auons par-é ci deuant ) que de ce qu'ils abufent du fang -des Martyrs, pour lui attribuer ce qui eft propre au fang de lefus Chrift:feulement nous orrons de quel palïage de l'Efcriture ils s’efforcent de tirer ce Threfor Ecclefiaftique.

i.Ceif.4.

l.Cqr.j.

Ils produifent ces palfages, de faindPaul: l’homme eFtime de MOUS,y comme des Mini-fifes de Chrifi, 1 et- dilfenfiitefs);/ des Secrets de JD/e». Item; Di(tt noMs^rendtss. fufffaas Mini-fires du Nomteats TeSlament i non pas de lettre, mais d'E/prlt. • ■

Nous refpondons, que quand les Moynes veulêt accommoder ces paffages à leurs Indul-geces,ils font trefmauuais amp;nbsp;trefinfuffifans di-fpenfateurs de la parole de Dieu,de laquelle ils n'entenddt ne la lettre,ne l’Efprit. Et n'y a dou te,que Dieibqui eft le iufte vengeur de fa paro

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;457

le, ne leur face rendre compte vn iour dételles amp;nbsp;fi manifeftes profanations d’icelle. Car qui feroit fi aueugle,de ne voir là,qu’il eft queftion du Miniftere du Nouueau Teftament, alfauoir, de la predication de rEuangile,par laquelle les Secrets amp;nbsp;les Myfteres de la cognoilFance de Dieu amp;nbsp;de noftre falut [comme dit l’Efcriture) nous font defcouuerts amp;nbsp;difpenfés 3 Encores font-ils fi deshontés , de dire , que la vertu amp;nbsp;efficace de leurs fonges viêt de noftreSeigneur lefus Chrift:abufans ainfi vilainemét du Nom auquel il faut que tout genouil fe ployé auCiel amp;en terre,commme dit S.Paul.

Quant au palfage qu’ils allèguent de S.Am-firoife, il ne fait rien pour eux, mais au cotrai-te; car S. Ambroife reprend lesNouatiens,de ce qu’ils codamnoyent la penitence publique. Vous ne pouuez, dit-il, fouffrir les larmes de ceux qui pleurent, fe repentas de leurs péchés: Vos yeux ne peuuent porter les habits vils amp;nbsp;contemptibles de ceux qui font en dueil pour leurs pechcs.C’eft ce que dit S.Ambroifc,ayât efgard aux façons de faire de fon temps, pour le regard de ceux qui faifoyent Repêtance pu-blique deuant toute l’Eglife , laquelle ils a-Uoyent publiquement offenfee, comme nous allons touché au commencement de ceft Article, où aulfi nous auons dit, que les Indulgences du Pape n’ont rien de commun auec l’ancienne difeipline de l’Eglife.

Mais pour mettre fin à ce difcours,nous poii UoiiSjCn vn mot, renuerfer leurs Indulgences,

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*■455 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LI I.

par les palïages qu’eux-mefmes ont allégués.

Ils difent au commencement de leur Article,que leurs Indulgences ne font que des peines temporelles apres Tentiere amp;nbsp;gratuite remiffion des péchés. Or elt-il'que tant les clefs données au Miniftere Euangelique en l’Eglife, amp;nbsp;la puilfance de lier amp;nbsp;dellier , que la remon « ftrance faite par la parole de Dieu au Corinthien inceftueux, amp;nbsp;ladifpéfation des Secrets deDieu par la predication de rEuangileitoutes ces chofes , di-ie , concernent l’entiere amp;nbsp;gratuite Remiffion des péchés, amp;nbsp;notamment de la coulpe d'iceux. Partant cefté puiilànce des Clefs, celle commutation amp;nbsp;difpêfation qu’ils nous propofent, n’appartiennent aucunement à leurs Indulgences. Bien eft vray qu’ils les appellent proprement Indulgences,felon la figni fication du mot. Veu que c’eft vn moyen pour lafeher la bride aux homes à tout péché i fous efperance que le Pape fe monftrera indulgent en leur endroit,moyennant qu’ils féihôhftrent prodigues au fien.

ARTICLE L I I I.

^'^•15.4. fg confejfe [e fatnü Màfiage honnorabk entre , . - , tontes perfànhes , on il ny a aucun entpefehement, LemM.6. x ƒ Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ nbsp;nbsp;nbsp;- r 1 c tr

a cauje dé conjangutntte ^ny a cauje de projejjion, I. rioiofb. cauÇe d’impuijfance ,ny a caufe de Religio»} ny U caufe de feruitude}ny à caufe deprotnejfefaite à vn autre,ny à canfe d’offce,ny a caufe d'autre ^ug. htt. empefehement intefièllépar nous,ou par vnepuif-fnnee fuperieure.Et come ie reprouue les 7 aciens, amp;lomn. nbsp;nbsp;nbsp;EncratiteS}les Aidntcheans, amp;nbsp;autres,^utpat

vne

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;459

faujfe opinion de Keltgton ont condamné le ■Partage entre tons: anjji tabinre les Epicuriens, Eiicolaites, IoHiniens,amp;Pcetendans,lt;jMi l’ont per a tons fans difcretion entière des exceptions cy t^tfns. nommées, que l'Efcritnre, raifon,Religion, éE nature ont enfeigne's à tout le monde : amp;nbsp;en fe-cial iabhorre le controuuéAîariage des PreElres, des May nés,des Religieux,amp; de ceux qui enfem-ble fe difent Adiniélres du diuin Euangtle,çE font tnfemble feruiteurs du monde par la femme. Auf-quels A^iniélres Euangeliques la chaslete'ejban-^txe comme chofe decente à la perfection et excel-ience du Aîinislre ChreCiien,

RESPONSE.

L’intention des Moynes en ceft Articlcj eft condamner l’vfa^edu Mariage entre ceux du Clergé de l’Eglile Romaine entre les Moynes amp;nbsp;Moynelfes.Et ne fe voulans contenir és bornes de leur Religion prétendue Catholique , ils s’ertendent iufques à ceux de l’E-glife Reformee,amp; condamnent leMariage des vrais Minières amp;nbsp;Pafteurs de l’Eglife. Or par-te que le palTage de l’EpiUre aux Hebrieux, ou il eft dit , que le Mariage eft honnorable entre tous 3 eft vue fentence prononcée haut amp;nbsp;clair contre leur opinionnls s’eftbrcentjau commen cernent,de l’interpreteriy adiouftans vn grand Rolle d’exceptiós. Fartât au lieu quel’Apoftre j dit, que le Mariage eft honnorable entre tous, ' ils veulent monftrer que le Mariage n’eft honnorable entre tous.Car au langage de ces Moy nés, contredire à l’Efcriturejeft interpreter VE fcri

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460 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LUI.

fcrituré. Examinons donc les exceptions qu’ils propofent.

Ils exceptent la confanguinitéj dont nous auons parlé ci deffus art. xlix. amp;nbsp;auons réfuté les additions que l’Eglife Romaine a faites, pourimp.ofer iougaux confciences, outre ce qui ell contenu en la Loy de Dieu. Et ne falloir alléguer celle exception;veu que rApoftte parle du Mariage légitimement contraéié:au-trement, ce n’ell pas mariage. Ce que nous di-fons aulTbquand il y a impuiirance:ou quand il y a vue promelfe contraire precedente,amp; faite légitimement.Aulli ne voulons-nous ici dilpu ter iufques où le Magiftrat ciuil peut ordoner en celle matière pour la police, fans s’ellendre iufques à la confciéce. Partât il relie à fçauoir, fl leur profellion,qu’ils appellent,amp; la Prellrife qui eft en l’Eglife Romaine, peuvent légitimement empefeher le mariage.

Premiercment,nous condamnons amp;nbsp;leur fa-,qon de Prellrile , amp;nbsp;toutes leurs ProfelTions, dont il y a autant de fortes , qu’il y a d’efpeces de Moynes.Et tât s’en faut que nous voulions debatre, fi telles profellions font capables du maiiage,ou non : que nous maintenos qu’elles ne doivent point ellre du tout : amp;nbsp;de difputet du mariage, de ce qui n’ell pas , ce feroit vne difputc vrayement Monachale. Aullî ne voulons-nous ici repeter ce que nous auons dit ail leurs,qu’ils fe contredifent vilainement,defen dans à leurs Preftres le Mariage, qui eft vn Sa-çrement de leur Eglife.

Quant

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4lt;jr

Qiiant au pallage de S.Paul, qu'ils produi-fentpour maintenir leur caufe: voici ces mots, parlant des vefues qui eftoyent anciennement efleuës pour feruir aux poures : La vefue Coit enrolee,» ayant pas moins de fotxante ans : ait f^e femme d‘vn mart, ayant tefmoignage d'auoir fait bonnes œuures.-fi elle a nourri fes enfans,fi elle a loge' les etrangers ,ß elle a laue les pieds des fainbis ,f elle a fubttenu aux afflige's , ß elle a foi-gneufement fuiui toute bonne œuure. Adais refufe les vefues ejui font plus ieunes : car tjuand elles fe font lafché la bride contre Chrifi, elles fe veulent marier, ayans leur condamnation , entant qu eilest ont fauJfé leur premiere Foy.

Voila ce que faindPauI en dit.En quoy nous Voyons que TApoftre n’affigne point de fain-fteté à la viduité, amp;nbsp;ne condamne pas le Mariage (veu que celle parole dure touGours,»/ '^‘eßpas bon que l'homme fait feul:faifons-lui vne oiiie femblabl'e à lui.) Mais a efgard à la charge qui eftoit pour lors,de feruir aux poures:qui ne I pouuoit eftre commodément exercee par vne 1 femme liee à vn mary : d’autant qu’il euft fallu 1 uecelfairement qu’elle euft manque, ou au de-1 Hoir de fa charge (à laquelle elle deuoit conti-1 gt;iuellemétvaquer)ou au deuoir enuers fon mari, amp;nbsp;fa famille. A celle caufe S. Paul ordonne, que les vefues ne fulfent elleuës en telle char-, geauant l’aage de foixante ansznon feulement parce qu’elles eftoyêt hors d’aage de fe marier, I ruais aulli d’autant qu’on pouuoit mieux iuger ' 'is leur fuflifance amp;nbsp;vertu. Voire raaisjdifent-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iis

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4lt;3Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article lui.

ils , l’Apoftre condamne les vefues qui eftans plus ieunes fe vouloyent marier.Noiis le cófel^ fons J non pas que ce full mal tait de fe marien Ibid, car il dit apres ,Ie veux donc ejue les ieunes fi marient,i]u elles procréent lignée,qu ellesgouuer-nent le mefiagetju elles ne donnent aucune oc-cafion à l‘aduerfatre de mal dire. Car défia aucunes fie fiant defiuoyees apres SatanlM.2ïs il les condamne de ce quelles auoyét riblé cotre Chrilh amp;nbsp;qu’elles s’eftoyent defuoyees apres Satan: voire tellement , qu’elles auoyent quitté leur premiere Foy j c’eftà dire, la Religion Cbre-ftienne.Ce qu’il dit fi manifeftement, que c’ell merueilles que ces Moynes ne Payent voulu voir. Car il afligne cefle raifon de leur condam nation : parce, dit-il, quelles ont fiaufie leur pre-miereFoj.Qt il n’y a point de raifon de rapporter celle premiere Foy à la promelfe de feruir aux pouresfque les Moynes appellent vœu} attendu que la premiere Foy eil celle dont elles auoyent fait profelîion en receuant le Baptef-me : amp;nbsp;partant eil appellee,premiere.Pour ob-uier donc à tous ces inconueniens J S. Paul defend d’eflire des vefues pour le feruice des po-ures,qui n’ayent atteint l’aage de foixante ans.

Maintenantjque les Leéleurs iugent quelle apparence de raifon il y a fur l’exemple des vefues qui feruoyent anciennement auxpouresj amp;qui pour la raifon de leur chargCjue deuoyét eilre mariees:de fonder ce beau vœu de continence des Preflres , Moynes , amp;nbsp;Moyneifes de l’Eglife Romaine:dc fonder,di-iejur l’exemple

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RESPONSE.

des femmes, vne reigle pour vue infinité d’homes : fur l’exemple des femmes feruans aux poures, vne reigle pour gens qui ne feruent de rien aux poures, qui apourilfent les riches , amp;nbsp;qui mefmes , pour la plufpart fqnt vœu d’eftre pouresjà fin d’eftre nourris, amp;nbsp;ainfi d’ellre plu-ftoft feruis,que de feruir: fur l’exemple des fern mes vefues, fonder vn veu de virginité ; Bref,à l’exemple des vefues aagees de loixante ans, enfermer des filles de dix , voire de cinq ou fix ans,pour demeurer là toute leur vie fans fe ma . rier. Voila, toutesfois,ce que nos Moynes-ont allégué, pour toutes raifons , à fin de faire d’autant mieux paroifl;re,qu’ils ne fçauent que c’eftque de raifon.Or puis que la propre experience de leurs ordures, dont le monde eft infe élé,ne peut tant fur eux, que de leur faire voir amp;nbsp;recognoiftre ce qui eft és yeux , amp;nbsp;en la co-gnoiiïance d’vn chacun: nous les laiffons en leur aueugliftement. Par ainfi , quand ils nous »biurent, de ce que le Mariage eft permis en

, l’Eglife Réformée, outre les exceptions qu’ils 1 ontforgees, amp;nbsp;adiouftecs à la parole de Dieu I neantmoins font iî impudens , de dire, que 1 l’Eferiture, raifon , Religion, amp;nbsp;nature les ont ( enfeignees) nous abiurons leur defenfe de manage,amp; toutes les ordures qui s’en font enfui-'ries contre l’Eferiture,raifon,Religion, amp;nbsp;na-,'“re; attendans que Dieu leur face fentirpar loniugement, ce qu’ils ne veulent recognoi-1 lire pac fa Parole.

Specialement,ils abhorrét,difent-ils,le mariage

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464 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE in I.

riage de ceux qui fe difent Minillres du diùîu Euangilcjamp; font enfemble (eruiteurs du monde par la femme : aufquels Miniftres Euangeli-ques la chafteté eft annexe comme chofe decente a la perfedion amp;nbsp;excellence du Miniftre Chreftien.

A quoy nous refpondonsj que les Miniftres amp;Pafteurs de TEglife Reformee font voiremeC Miniftres du diuin Euagile,amp; Miniftres Chre-ftiens,amp; neantmoins,ceux qui le veulent eftre, font légitimement mariés ; amp;nbsp;ne feruent point au monde pour cela, amp;nbsp;ne font rien contre la chaftetéChreftienne,ainft que lesMoynes leuc obiedent fauflement.

ï.Cor.j,

Ils mettent en auant ce que S. Paul dit aux Corinthiens ’.levoudroy, (juefujjiex. Çansfoltci^ tude. Celui cjut nefl pas marié, a fouet des ch of es qui font du Seigneur, comment il plaira au Seigneur. Mais qui efi marié,a fouci des chofes de ce monde , comment il plaira à fa femme. Mais puis qu'il ne parle pas en ce lieu là des Miniftres de rEglife,plus que des autresùl faudroit, fuiuant la conclufion de ces Moynes 1 que perfonne ne fe mariaft.Or S.Paul auoit efgard aux ordinaires perfecutions de TEglife, qui eftoyent pour lors, amp;nbsp;partant donne ce Confeil, que ceux qui auoyent le don de continence, feroyent mieux de s'abftenir du mariage,pour eftre plus à deli-ure : veu mefmes la circonftance du temps.Cat ce font fes paroles : Kn chacun a fon propre dé de Dieu : l’vn en vne maniéré, amp;nbsp;l’autre en vne autre. Et par apres,Deéltme que cela eß bon,pour la

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response.

I4 tjecejßte pïefente^entant qu’il efl bon à Fhowwe ü e^Te iunflt Item * St vierge fl fuiieie y elle n '4 ^oint peche':toutesfotsytels auront tribulation en la chair : nbsp;nbsp;te vous elf argue. Item : le voudroy que 3*»

fujflez. flans floltcttude. Nous conférons donc, que ce confeil de S. Paul doit eftre fuiui en ge* neral de ceux à qui il peut eftre couenable , félon l’intention de rApolhedequel, toutesfois, n’a voulu pour cela contraindre perfonne,ainiï qu’il le declare en ce mefme lieu,en termes expres. le di cecipourvoslre commodité, non point -pour vous enlacer:2.\x lieu que l’Eglife Romaine a tant ofé,d’enlacer les confciences,amp; leur ingt; pofer ioug en cell endroit.Parquoy il nous faut tourner ce partage cotre ceux qui l’ont allégué: amp;nbsp;dire, que puis que S.Paul n’a point fait vue Loy, mais a donné confeil, fingulieremét pour les circonftances du temps, à ce que ceux qui auoyent ce don de Dieu i d’eftre continens, en vfarténtpluftortque d’afpirer au mariage: les laiflans, neantmoins, en la liberté de fc mariet ou non, fans eftraindre amp;nbsp;lier leur confcience. A celle caufe, les Nlinillres de l’Euangile one celle mefme liberté que les autres : veu que S. Paul parle généralement ,amp; ne fait point vne reigle à part pour les Minillres de l’Eglife.

Aulïi alleguent-ils ce que le mefme Apo- Tlt.ü lire dit à Tite.parlant du Palleur de l’Eglife,en ces mots -.flaifant recueil volontiers aux eliran-gersyamateur des bonsyflageyiufleyflainbl,attrempe'i Et veulent conclurre par cela, que la challeté elldecente,amp;conuenable à la perfeélion amp;

G excel

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ARTICLE LUI.

excellence du Miniftre Chreftien.

Sur quoy nous confeHbns , que la chafteté doit eftre annexée : amp;nbsp;cft non feulemét decen-tCjComme ceux-ci parlentjmais du tout requise à tous Chreftiészentre lefquelsles Miniftres Euageliques doiuent tellemcc reluire en fain-éteté amp;nbsp;vertu j qu’ils puiU'ent efclairer aux autres. Mais puis que ces Moynes font fi impu-densjd’oppofer laChafteté au Mariagefqui eft, neantmoinSj fon principal ornement amp;nbsp;vertu, veu que PApoftre appelle /e nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la. couche

(isnef.i.

Itiati.i.

fans macule ) nous concluons,qu’ils ne fçauenC que c’eft ne de Chaftecé, ne de Mariage. Et de faidjils le monftrct bien,quand ils diient, que l’homme marié fert au monde par la femme: dont s’enfuiuroit, qu’il ne fert pas à Dieu, veu qu’on ne peut feruir à deux maiftres fi contraires. Nous abiurons donc amp;nbsp;deteftons ces blaf-phemes Monachaux contre le Mariage,qui eft vne fainde amp;nbsp;facree ordonnance deDieu,pro-pofee par fa bouche,amp; honnorce de la prefen-ce de lefus Chrift : comme de mefme nous deteftons leur Pape Syricius , qui efcriuant aux Euefques d’Efpagne , appelle le Mariage fouil-lure amp;nbsp;pollution charnelle. Partant,à ces abominables amp;nbsp;deteftables paroles nous oppofons l’exprelfe parole de Dieu, par laquelle l’vfage du mariage eft permis auxMiniftres de l’Euan-

Ilfaut (dit S.Paul) cjue l’Euefcjue fait irrepre-henfble , mari tî vne feule femme , vetllant, fobre, conduifant honnellementJon mefna^e .gt; ajant

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4(^7

enfant fnbiets tn tonte reuerence. Cttrß t^nel-

vn ne fçait conduire fon mefnage , comment Ihident,

fiura-ilfotng de l’EgUje de Dteu ? Item, Jlfaut

^ue les Diacres fojtentgrauesiamp;c. Semblablemèt il faut ^ue leurs femmes forent honneHes ,non t»efdifantes,fobres,loyales en toutes chofes,G-ciE,t ailleurszyzre tu conjiitues desadnciens far les -vil^ les,comme ie le day ordonné.S'üy a tjueltjuv» i]ui fait irrefrehenßble-,f»ari d'vne fuie femme, ayant

enfansßdeles , non accufés de dißolution, . Et j eii vn autre enito'ït:N‘auons-nous fas fuijfance de mener far tout une femme fettr, atnß t^ue les autres adfoflres, amp;nbsp;lesfreres du Seigneur,amp; ijùe CephaslPo-tciaoy le mefme Apoftte, pteuoyanç les maux qui deuoyent aduenir à TEglife , dit ainß : Or l’ES^rit dit notamment, tjues derniers i.Tim.fl temps aucuns fe reuolteront de la Eoy , s’amufans aux Esprits abufeurs, amp;nbsp;aux doSlrmes des Dia~ bles:enfeignans menfonge en hypocriße, eflâs eau-terifs en leurs propres consciences , défendons de femarier,eèquot;c. Nous laiflons donc aux Moynes celle doôlrine des Diables , que S. Paul a condamnée de fa bouche :amp; fuiuons la doélrine celefte, Sz veritable, ainli qu'elle eft contenue en la parole de Dieu. Et au lieu que ces Moynes nous ont faufiement conioinôls auec les Manicheans, Taciens , amp;nbsp;Encratites ; nous les lenuoyons iuftemet fous l’enfeignc de ces he-

I retiques-là ; nous fondans fur les parolelj ex-prelles de S.Paul.Et ne leur fert de rien,de vou

I loir mettre celle difterence entre eux amp;nbsp;les anciens hérétiques qui ont condamné le ma-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G 2 ria

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ARTICLE LUI.

riage ; aiTauoir, que ceux-ci condamnoyent le mariage entièrement entre toutes perfonnesgt; comme fi de foy-mefmeil elloit mauuais:amp; que TEglife Romaine n'en defend quel'vfage à certaines peribnnes,comme font les Preftres amp;nbsp;les Moynes. Cefte excufe,di-ie, eft de nulle valeur. Carplufieurs peuuent tomber en vne mefme faute : amp;nbsp;partant eftre fubiets à mcfnie reprehenfion. Et ceux-là n’approituent pas le mariage,qui le condamner en feftatjvocation, amp;perfonnes qu’ils elfiment eftre les plus excellentes. Mefmes qui confiderera de pres les paroles de S. Paul, trouuera qu’elles conuien-nent mieux à l’Eglife Romaine, qu’aux Encra-tites,amp; Taciens. Car outre l’iiypocrifie dont il fait mction (qui eft la principale partie de ILE-glife Romaine , dequoy les Moynes font Foy, fans qu’il nous faille trauailler d’en aller cer-cher des preuues plus loin) il parle notamment en ce palfage de de fendre,commander.ChoÜ peu conuenable à ces Anciens hérétiques, qui eftoyent vne forte de Moynes retirés apart,amp; n’ayans aucune dignité ou authorité en l’Eglife. Mais cela conuient trop mieux aux Papes» Archeuefques, amp;nbsp;Euefques , lefquels abulans de l’authorité qu’ils ont v furpee , ont défendu leMariage auxMoy nes,amp; auClergé.Il y a plus, car quand les Doéfeurs de l’EglileRomainedi-fent, que condamnans le mariage des Preftres, ils ne condamnent pas la chofe en elle-mefme, mais feulement l’vfage : ils defcouurent bien fort leur ignorauce.Car veu que le Mariage eft

vne

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4^9

vne inftitution,ou ordonnance,il ne peut eftre conGderé fans vfage : Ce qu’ils entendroyent, s’ils n’auoyent oublié les premiers rudimés de leur Efchole.Partat.c’eft comme s’ils difoyent, que le Mariage,pour le regard mefme des Pre-ftres , eft vne bonne ordonnance en foy , mais qu’il eft maûuais aux Preftres d’en vfer. Qu’on luge là delfus , fi cefte façô de parler peut eftre fouftenue , ou approuuee par gens qui fçauent que c’eft qu’Ordonnance,ou,Inftiturion;amp;co-gnoilfent la definition de ce mot-là, amp;nbsp;voyent clairement que les Moynes difent, que le Mariage eft bon,amp; n’eft pas bon tout enfemble.

Au refte nous n’ignorons pas que l’ancienneté a beaucoup,amp; nous ofons dire,trop déféré à la Virginité,amp; auCelibat.La raifon eftoit, que comme les hommes fe relfentans encores de la Polygamie, amp;nbsp;de la paillardife des Payens (qui leur eftoit fi familière,que les Apoftres,au Concile de lerufalem,leur en firét vne expref-fe defenfe, comme recite S.Luc) eftoyent fort addonnés à toutes fortes de diirolutions,amp;: im-pudicités: ceux qui s’en vouloyét retirer à bon efeient, choifiifoyét vne extrémité toute contraire , s’abftenans mefmes du mariage:pour mieux faire paroiftre leur temperance.Ceux-là donques eftoyentadmirés comme des Anges, amp;nbsp;eu e^gard aux fouilleures, amp;nbsp;vilenies qui e-ftoyent par trop vulgaires en ce temps-là. Et, comme les hommes afpirct volontiers aux cho fts qu’ils voyent eftre en plus grand eftime , amp;nbsp;tecommandation,le mode a efté bien toft peu-

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470 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LUI.

plé de perfonnes qui iaifoyent eftatde viure en virginité,amp; continence, amp;nbsp;dont la chafteté de n’a duré que bien peu : comme l’experience l’a Mer.Eccl. monltré.Partant,qu’on voye les liures des An-Cath, tiens , où les Moynes de ce temps-là font def-crits,amp; on trouuera que les Moynes de l’Egli-fe Romaine n’ont rien de femblable aux An-ciésMoynes,fors que le nom.Tat y a,que non-obftant cefte trop grande afteétation deVirgi-nité, amp;nbsp;Célibat ( que Dieu a maudite auec le temps, ainfi que l’on voit auiourd’hui, amp;nbsp;les Moy nes-mefmes en font conuaincus en leurs cofciences) les Anciens furent long temps fans vfer de celle extreme rigueur dont on a vfé depuis : ains eftoit loifible, mefmes aux vierges, qu’ils appelloyent façrees,de fe marier,pluftoft que d’ellre en dager de comettre vne mefchan ceté amp;nbsp;vilenie. Car voila comment S. Cyprien en parlerSi elles ne veulent,ou ne peuuent per-feuerer, il vaut mieux qu’elles fe marient,que d’ellre précipitées au feu par leurs delices. Et quant au mariage des Prellres , on voit par les anciennes hilloires, que fort lôg téps apres les Apoftres il elloit en vfage : voire mefmes que lors du Concile de Nicee, comme défia on taf-choit de defendre le mariage aux Prellres ; il y fut, toutesfois , refolu amp;nbsp;arrefté , qu’il ne leur feroit point defendu-.comme il ell recité en l’hi Hi/? Eccl Tripartite. AulTiEufebe citeClemét,di-' faut,que nos Peres ont réfuté les heretiques, ennemis düMariage,alléguât,que les Apollres auoyent eflé mariés, mefmes S.Pierre.Et recite rhi

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;471 nbsp;nbsp;'

te Thiftoire de la femme de S.Pierre, qui fouf-frit martyre pour le non^de IefusChrift,amp; fut «xhortee à confiance par fon mari. Que done ces Moynes ofent dire qu'ils ne fe font pas détraqués depuis ce temps-là^ayans trouué manuals ce que le plus célébré Concile de la Chre-ftienté (apres celui des Apoflres) auoit trouué bon. Sans qu'il nous faille alléguer la polfeffion quel'Eglife Greque a retenue en cell endroit. Partant, en faueur de ces Moynes , nous con-clurrons cefl Article par là où ils l'ont commencé, airauoir,par ce paflage de l'Apoflre aux , Hebrieux : Le mariage cfi han»orable entre teus, ‘ €?■ la couche fans macule : mais Dieu iugera les paillards, amp;nbsp;les adulteres. L. plus forte raifon ceux qui font encor pis. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,t

ARTICLE LIIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J

le confeffe les SS. Synodes amp;nbsp;Conciles eSlre Conduits du fatntl L/^rit, s’ils font légitimement afembles,?^ fi l’Eglife Romaine auec les autres ’S* de fa communiony accordent.Et pource ie rciete le premier Concile de Carthage,le Concile d‘Arimi-tno , les dix Conciles des Arriens, çy- tous autres aufjuels l’Eglife Romaine,amp;celles de fa communion n ont confenti.

ARTICLE LV.

le croy lefdtts Conciles auoir bien examiné le fens de l‘Efcrtture fainile, amp;nbsp;fidelement defini de la DoSlrtne , amp;nbsp;des mœurs tjue les bons Chre-fiiens doiuét fuiure. Et pat ainfi,qutl nefi licite à ancien,en particulier, fou s prétexté de l'Efiriture, ou autremet, de prononcer au contraire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s’il y

G 4 lt;ï quel

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47i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 54.55.

a cjttelcjue chafe à redireobfcnr e» ce^ui efl de fated , amp;nbsp;gifl fn experience, le croy c^iie c efl à la, mefme Egltfe de l’expliquer, çpquot; j rel^ondre, non a aucun particulier, amp;nbsp;encore moins 'a ceux qui font fepare's de t Eglife. Et parce nous deteßos la prefomprton des Pretendans,qui reprennent,cen furent,ou retettent,à. leurplaifir, la definition def-d.its Conciles par leur particuliere expofition de l’Eferiture, amp;nbsp;intelligence des articles de la Eoy Chredlienne.

RESPONS E.

lieft mainfenanc queftion des Conciles de rEglife,amp; de l'authoriré d'iceux. Nos Moynes

gt;1 pretendent que la validitédes Conciles depéd jdu confentement ôc. authotité de l’Eglife Ko-rnaine: nous l eiettons cefte authotité Papa-Jejamp; ce qui en depend, comme chofe controu-' uee contre Dieuiamp;affermons,que toutes aftem blees de perfonnes qui fe difent Ecclefiafti-12. ques, ne font pas pourtant vrais Conciles : at-tédu que ni les quatre cés Prophètes, aufqiiels vn feul Michee s‘’cftoppofé, ni les Sacrihea-teurSjScribeSjamp;Phariliens alfemblés pour con damner lefus Chrift, ne doiuent eftre nommés vrais Conciles,ne recognus pour tels. Au contraire,nous difon.s, que tous bons amp;nbsp;legitimes Conciles, c’eft à dire,les fainéles amp;nbsp;folennelles Aftemblees des vrais Pafteurs, amp;nbsp;condutfteurs de l’Eglife, ne peuuent amp;nbsp;ne doiuent rien con-clurre,decider, amp;nbsp;determiner,que felon amp;nbsp;fui-uant la parole de Dieu : laquelle ils fe doiuent toufiours propofer pour reigle, à fin d’eftre af-feurés

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;475

fcurés par ce moyen-là, qu'ils font affcmblés au nom de lefus Chrift, amp;nbsp;qu'il eft au milieu Matth.js. d’eux par Falliftance amp;nbsp;conduite de fon Efprit. Pour preuue de noftfe dire nous alléguons le Concile des Apoftres, premier Concile Chre-ftien , tenu en la ville de lerufalem , auquel la parole de Dieu a efté alleguee, amp;nbsp;fuiuant icelle les decifions ont eftc faites. Voila donc vu patron de tousles bons Conciles de l’Eglife, tellement que ceux qui s’en cfloignent, ou qui ont vne autre reigle amp;nbsp;patron que ceftui-là, doiuct eftre tenus pour faux Conciles. Or corn me les bonsConciles font Alfemblees de bons PafteurSjpour chaffer les loups (ainfi que difenC les Anciens) auflî les fauxConciles font alfem-blecs de loups,pour deuorer les brebis,amp; diffi-per le troupeau.

A cela font conformes les pafTages qu’ils al- lo.w.14. lèguent de S. lean : affauoir, le frteray le Pere^ amp;nbsp;il vous donnera vn autre Confolateur^pour demeurer Auec vous éternellement : l'EP^rit de vérité, ^ue le monde ne peut receuoir, pource tjuil ne le voityÇ^ ne le cognaityamp;c. Item, Q^nd cefiui- Iom.iôP la fera venu, /’ Efprit de vérité t il vous conduira en toute vérité’,C^c.Par ces paroles nous voyons quel’Efprit de Dieu a efté en la bouche amp;nbsp;au cœur des Apoftres,lefquels nous ont enfeigné toute vérité en l’Efcriture fain(fte,dilt;ftee par le S.Efprit, comme ils auoyent efté conduits en ' toute vérité parle mefme Efprit : tellemét que nous nous deuons tenir à leur Dolt;ft:rine,amp; nous conformer à leur exemple, vn chacun felon

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474 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTIC IE 54.55.

lön fa charge amp;nbsp;vocation. Par ainfi noSs condamnons tons les Conciles efquels les erreurs des ArrienSj Eutycheensj amp;nbsp;autres hérétiques / ont efté fouftenus amp;nbsp;approuués:amp;pes condam nous,no point ayans efgard fi l’Egl fe deRome y a ellcjou non : amp;nbsp;fi elle y a eu le degré qu'elle y pretendoitjou nommais ayans efgard à la parole de Dieu, qui condamne ce qui a eftéap-prouué par ces Conciles:

Comme àuffi nous n’approuuons pas la determination du Concile de Carthage, tenu du temps de S. Cyprien , pour rebaptil’er ceux qui auoycnt efté baptifés par les heretiques : amp;nbsp;fui uant cela, nous deteftons ces Moynes, amp;nbsp;leurs adherans, qui ne font point de difficulté de re-baptifer ceux qui ont efté baptifés és Eglifes Reformées: fous couleur qu’ils les appellct hérétiques , auffi faulfement, comme véritablement ils le font eux-mefmes.

f^ile kUm cenf. Cer-foü.amp;c.

Et fur ce poinét nous voulons bien aduertir ces Moynes, qu’ils font tort à l’Eglife Gallicane ( qui a toufiours tenu que le Concile eft par deflus le Pape) quand parlans des Conciles, ils preferent cuidemment l’Eglife Romaine à celles de fa communion : au lieu que , fuiuant la Proteftation de l’Eglife Gallicane, toutes les autres Eglifes alfemblees en Concile doiuent iuger tant du Pape,que de toute l’Eglife de Ro me. Mais les Moynes, qui changent à toutes heures de pais, comme beftes paHageres,n’ont pas voulu prendre garde à cela,aimans la feule grandeur du Pape,13quelle ils procurent, quelque

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47T

RESPONSE.


que dommage qui en puilïe reuenir à la Frace.

Or parce que les palfages qu’ils ont allégués ne parlent point deTEgiife Romaine ,amp; que les Moynes ne mettent rien en auant de la parole de Dieu, pour confermer celle authorité qu’ils veulent ellre particuliere à celle Eglife-la,nous ne nous ellendrons plus outre en ce propos : apres leur auoir dit, que puis qu’il appert par leurs propres allegations,que l’autho-rité amp;nbsp;validité des Cociles defpend de l’Elprit de vérité: il s’enfuit que l’Eglife Romaine n’a rien de commun en ceci, puis quelle elt tranf-portee par l’efprit d’erreurjiSe de menfongc,qui ell contraire à l’Efprit de vérité.

Ils palfentplus outre au fuiuant Article, amp;nbsp;dilént, que les Conciles approuués parl’E-glife Romaine 3 ont li bien examiné le lens de l’Efcriturejqu’ils ont décidé de la Doélrine , amp;nbsp;des mœurs fidelement. De forte,qu’il n’ell loi-fible à vn particulier de pronocer au cotraire, no pas mefmes fous pretexte de l’Efcriture. Et s’il y a quelque obfcuritc en ce qui ell de faiét amp;nbsp;d’experience, que c’ell à la mefme Eglife de rexpliquer,amp; y refpondre. Pour tout cela, qui contiét en foy toutes les colomnes fur lefquel-les l’Eglife Romaine ell appuyee ils allèguent Vn paliàge desPfalmes-où il ell dit,que laverité dei)iett efi en la, cogregatio» des Sainïïs.Oi: nous ne demanderons point, fi le Pfalmille , en cell endroit, entend plulloll parler des deux , que de la terre.Car nous fçauôs,quoy qu’il en foit, que la vérité deDieu ell en fon Eglifeivoke tel lenient

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47^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E 54. $5.

lementjque la vérité ell vne marque infallible, pour pouijoir recogiioiftre lavraye Egli’c,amp; la difccrner d’auec la faull’e : tellement que S, inTf.SS. Auguldin expofant ce palfage, amp;nbsp;l’accommo-dant aceux qui annoncent purement 1 Euan-gile:Tout ce,dit il,qu'ils prefchent, eft de pat toy,amp; de tny;amp;parainfi ils prefchent auec con hancexar ils cognoül’ent celui qu'ils prefchét, amp;nbsp;ne pcuuent rougir de ce qu’ils ont pvefchc. Suiuant donc celte belle fentcce du Pfalmifte, ôc l’aduisde S. Augnftin là dellus,nous tenós la vraye Eglife eftre ralîémblec des Saindls, en laquelle reConne la pure predication de l’Euan-gile ; amp;nbsp;conielfons.par mefme moyen,que l’E-glife. Romaine n’eft pas celle alfemblee des Sainéls dont il ell parlé au Pfalme , veu que la ■ pure predication de l’Euangile en eft bannie.

Et en ce que nous difons,il n’y a rien d'obftuT, ou de faiôl,ou d’experience (comme nos Moynes parlent) car il feroit à délirer, que leurs er reurs amp;nbsp;corruptions ne fulîent fi groffieres amp;nbsp;maniables qu’elles font. Etn’vfons point de particuliere interpretation ( comme ils nous reprochât) car toutes nos interpretations font fondées , non fur quelque volonté , ou pafiion particuliere , mais fur l’Efcriture fainéle , qui i.Prt.i. eft vnmoyen que S. Pierre propofe , pour eui-ter les particulières interpretations : ce qui eft aufh recognu en leurs Decrets. Car quad nous avions requis la Reformation de l’Eglife con-fre ies abus , fuperftitions , amp;c idolatries de l’Eglife Romaine,on ne peut dire que c’ait efté rr- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Od

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;477

OU ambition, ou volupté, ou auarice qui nous ait meus à cela. Au contraire , on ne peut dire que l'Eglife Romaine foie retenue d’autre cho fe,que de fon ambition,auarice,amp;delices,pour ne vouloir entendre à aucune reformation.Elle eft donc meuc de fon intereft particulier, Sc non pas nous , qui auons feulement le defir de la gloire de Dieu, de l’édification de l’Eglife, amp;nbsp;de noftre falut : tefmoins les feux , les glaiues, amp;nbsp;toutes fortes de cruautés,par où nous auons palfé depuis feptante ans , amp;nbsp;où nous fommes encores,par les menees amp;nbsp;prattiques des Moy nes,autant ennemis de la paix, amp;nbsp;du repos public de ce Royaume,que d’vue vraye reformation de l’Eglife. Ainfi la guerre leur eft pour Concile ,amp; les coups d’efpeespour decifions. Or nous confelTons , en ceft endroit, que tels Conciles viennent de l’authorité du Pape , amp;nbsp;de ceux qui font de fa comunion ( comme parlent ces Moy nés) amp;• (comme nous difons)de fa

I Ligue amp;nbsp;confpiration. Et ne faut qu’ils nous I reprochent, que c’eft vn particulier qui s’oppo fe à leur Eglife ( ainfi qu’il elf contenu au pre-' fent Article) Car ce font des Royaumes, des

Principautés, des Republiques, c’eft lapins grand parede la Chreftienté , non feparcs de l’Eglife,comme difent ces Moynes, mais vrais membres de la vraye Eglife:amp; partant ne pou-uans foufFrir la domination de l’Euefque deRo me,vfurpec cotre la parole deDieu,cotre l’exé-ple des Apoftres,contre l’vfage de la primitiue Eglife,cotre l’authoritc du Magiftrat, amp;nbsp;nom-

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47? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 54-

mémct des EmpereurSjRoys5amp; Princes, qu'ils s'efforcent de fouler aux pieds de plus en plus. Sous laquelle domination toutes fortes d'abus, d'erreurs,de corruptions lont maintenues, défendues,authorifees. Tant s'en faut qu'on doi-ue attendre quelque Reformation de ce cofté-fà.Et pour reuenir auConcile,le ciel amp;c la terre font tefmoins, auec quelle inftance les Princes amp;Potétats qui defirét vne vraye Reformation en l'Eglife,l'ont demandé,il y a plus de foixan-te ans. Moyennant que ce fuft vu bon amp;nbsp;legitime Concile,qui ne depeiidilt point d'vu hom me,ou d'vn Siege;mais auquel perfonnes capa-bles,amp; gens de pieté amp;nbsp;doéfrine fulfent alfem-b lés J pour y conclurre par la parole de Dieu,ôC pouruoir des remedes conuenables au refta-blilfement amp;nbsp;Reformation de l’Eglife. Mais le Pape amp;nbsp;ceux de fa Ligue ne veulent point d’au très Conciles que ceux où les feules parties foyent iuges : amp;nbsp;où les accufés puilfent prono-cer leur abfolution : ce qu’ils ont euidemmenC déclaré au Concile de Confiance, où ils firent brufler lean Hus, n'aya«s autre moyen de foudre les argumens qu’il auoit propofés contre leurs erreurs. Voila comment l’Eglife Romaine examine bien amp;nbsp;fidelement le fens de l’Ef-feriture , ainfi que nos Moynes difent en cefl article. Mais cela s'appelle expofer les homes au feu,amp; non pas,expofer l’Efcriture. Or combien que ceux du Concile de Trente ayent fait femblât d'auoir honte d'vne telle perfidie;tou-tesfois l'experience a aifez monflré qu’ils font

tou

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;479

touflours prefts de faire encores pis.

Quant à ce qu’ils afferment, qu’il n’eft licite de s’oppofer aux Conciles,fous prétexté de l’E fcviture,nous les réuoyons à ce du e de S.Augu ftin tant célébré entre les gens dodes.lors que difputant contre vn heretique Arrien nommé Maximin, quis’aidoit du Concile d’Arimin, P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I l - -Mmhh.

pour prouuer ion erreur:Maintenant,dit-n, le netedoy point oppofer le Concile de Nicee, ne toy à moy le Concile d’Arimin,pour en faire vn preiugé. le ne defere à l’authorité de ce-ftui-ci, amp;nbsp;tu ne déférés à l’authorité de ceftui-là. Partant, que la raifon combatte contre la taifon,par l’authorité desEfcritures.Voila que dit S.Auguftin,qui ne craignqit pas la touche, comme ces Moynes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

ARTICLE L V I.

/e proteste ne communiquer ni confentir aux tn^xotr. erreurs des Patriarches de Conßanttnoble, qui maintiennent faujfement fous le nom de l’EgUfe GrecqueÇcombien que plußeurs Grecs nj confen- „01048.

)enfeignans que leBenoifl fain El Esprit ne pro cede point du Fils , atns Jeulement du Pere. Qtd excommunienti auec Jïdontanus, les troißemes ou

lt;iuatriemes Nopces:tiennent noilre S-pere le Pape ne prefider en l’Eglife zinluerfelle , que de droiPdEccleßan:ique. Quine permettent à aucun [eculier faire office de Preslre , s'il ne fait office de mari, prenant feulement vne uierge à femme. Qui rebaptifent ceux qui ont eEé baptife's des Ea lins en premiere perfonne. Q/E tiennent auec les latfs n efire licite tetffher les Samedis deCarefme,

non

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480 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE IV r.

nonplus cjue les Dimanches : Qf^ difent,auec les J»ifs,que le commandement de s’abstenir defan^ de chairfuffocquee,efiperpétuel. Qtà enfetgnec ' que noStre Seigneur fit fa Pafque le troifieme iour de Adars, contre la Loy de Aîoyfe, Qui dtfent rEucharistie ne deuoir estre confacree quen pain leué. Quq dénient la fainSle communion aux femmes,pour l’impureté naturelle des moys, oupour le temps d’enfanter, mefmes en danger de leur vie. Pour lefquels erreurs ie confefie que folement ils fie font retranchés de l’Eglife Catholique, non elle d’eux.Et parce la legitime fucceffon des Euef quesy eflfaillieparplufieurs années, nbsp;nbsp;non en la.

Catholique , commefaufementpretend Caluin amp;nbsp;Seâz' complices : laquelle Eglife Catholique eft preße de les reunir d foy, comme elle a fait plufieurs fois , quand ils voudront rcunquer leurs erreurs, ainfi qu ont fait tous les autres Patriarches de la Chrefiientê.

RUSPONSE.

Nos Moynes fe font adiùfés de comprendre les Eglifes Grecques en cefte difpute^fans qu'il en full grand befoin : puis qu'en ce Royaume ils ne font que trop empefchés pour ce regard: tant s'en faut qu'il leur faille aller en Orient, pour y attaquer des ennemis. De noftre part, nous n’approuuons non plus les corruptions^ erreurs des Grecs, que celles des Latins : amp;nbsp;/ partant ue voulons entrer en plus long dif-cours pour ce faidt. Bien dirons-nous ce mof, que comme nous croyons que les Grecs s'eftas deftourncs de la parole de Dieu, amp;nbsp;des enfei-

gnemens

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;481

gnemens de leurs anciens Pafteurs, faiHejit en l’Article de la Trinité , touchant la Perfonne du fainét Efprit, amp;nbsp;en quelques autres poinds (non pource que TEglife Romaine le dit, mais, d’autant qu’ils contreuiennent à la parole de Dieu.) Aufli lçauons*nous, que les Moynes reprennent és Grecs des chofes qui font fort louables. Pour exemplcjnous produirons Parti de par lequel ils condamner la primauté du Pa pe fur toutes les Eglifes : comme auffi ils ne s’y font iamais alfuiettis, ni felon le droid diuin, ni felon le droid Ecclefiallique:cóme cesMoy-nes parlent. Nevoulans aulïi oublier ce que nos Moynes ont obmis,qu’ils ne recognoilfenc ne la Tranlfubftantiation, ne le Purgatoire à la façon de l’Eglife Romaineme la defenfe du Ma riage auxPrcftreSjneles Statues amp;nbsp;Images ef-leuees , amp;nbsp;autres chofes femblables : combien qu’ils ne lailfent pas d’auoir beaucoup d’er-reursamp; fuperftitions.Et quant au pain leué dot ils vfent en leurCommunion,fi les Moynes n’y trouuent autre chofe à redite , il leur euft efté meilleur de s’en taire du tour.Car par là ils mô ftrent quel’vfagedu pain leué en la Ceneeft trefancienj amp;nbsp;n’y a auffi aucune raifon fuffifan te pour le condamner.De noftre part,nous l’ap ptouuons,amp; l’enfuiuons en ce Royaumexom-bien que nous ne voulons pour cela condamner l’vfage du pain non leuéd’cftimât eftre cho fe indifferente, moyennant qu’on n’y attache i aucune fuperftition. Vray eft que lefus Chrift vfadu pain fans leuain, àcaufe de la felle de

H Paf

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48a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article t Ÿl.

Pafques, amp;nbsp;de la ceremonie de la Loy, qui queröit lors qu'il n’y euft aucun leuain en tout le païs de ludee. Mais celle ceremonie a efté abolie par la mort amp;nbsp;refurreôlion de lefus Chrift, amp;la fubllance fpirituelle nouseneft demeuree : ainfi que l’Apollre dit aux Cor 111-tliiens.

Or de ce long narré des Moynes nous rc-CueillôSjque fi lesEglifesGrecques,qiii ont elle plantées ôè arroufees par lesApollres mefmes, enrichies de tant de graces de Dieuj ornees de tant de doéles Euelques amp;nbsp;Palleurs , honno-rees de tant de Martyrs:Si,di-iejelles font tom bees en de grandes corruptions , ainfi que nos Moynes leur obieélct ( qui ne voyent que trop clair es lautesd’autrui,amp;font aueuglesés leurs) Il ne faut pas trouüer ellrange, fi l'Eglife Romaine en a fait autât,voire pis:car elle ne peut prétendre aucun priuilege qui lui foit peculier, pour ne faillir point, ainll que l’experience n’a que trop monllré. Et s’il ell ainli que les Egli-fes Grecques font defchcües du droiél de la legitime fuccellion des Euefques (commenos Moynes difent) Nous concluons, queparvne mefme,voire plus forte raifon,celle prétendue legitime fucceffion d’Euefques ell pieça ellein-te en l’Eglife Romaine. Sur quoy les Moynes s’abufent, quand ils penfent que Caluin ait nomme l’Eglife Catholique, parlant de l’Egli-fe Romaine, amp;nbsp;monllrant par raifons euiden-fes amp;nbsp;necelî’aires, que la vpaye amp;nbsp;legitime fucceffion n’y ellpas ; veu qu’il elloit allez bien informé

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;48^

formé, que l’Eglife Romaine n’eftpas l’Eglifé Cacholique. Mais nous parlerons plus amplement de la fucceffion Ecclcfiaftique, fur la fia de ces Articles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;li.

ARTICLE IVII.

le croy (jue les SatnEls qui fout au Ciel prient Gf«.48. pour nous en generalparttculter : amp;nbsp;qutlles faut prier, fan s laiJfer de faire oraifon amp;nbsp;aumof-nés pour les tresiafes , car autrement nous ne re-ttendrios pas entieremet la comunion des Satncls. £tpource ie reiette les erreurs des Saduceans, £ptcureans,AdanicheansiEunonies, Cigilattens, Arriens zÆ riens. Turcs, ^Pretendans,qui nennen t le contraire.

RESPONSE.

Ils mettent troiRchofes en cell Article;L’v-ne,que les Sainóls qui font au Ciel prient pour nous en general amp;nbsp;en particulier.Uautre,qu’il les faut prier. La troifieme , qu’il ne faut point laifler de faire oraifons , amp;c aumofiies pour les ttefpafiés,c’eft à dire , de fournir tous les iours aux Moynes amp;nbsp;Preftres dequoy chanter force Meires;amp; ne fe lalfer non plus de donner, que lesMoynes fe laiTent de prendre amp;nbsp;de chanter.

Quant au premier poinél, Nous ne nous de-uons enquérir curieufement de l’eftat des fideles que Dieu a retirés de ce monde: veu que nous nous deuons contenter de ce que l’Efcri-tute nous en a declaré:laquelle doit borner tou i-ac.zj. tes nos curiofités.Or eft-il que l’EfcritJre nous enfeigne, que ceux qui meurent au Seigneur, -font bié-he«reux: fe repofent de leurs trauaux;

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H a font

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484 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE L VII.

font en Paradis auec lefus Chrift, iouilTans de la vie Eternelle,amp;d’viie félicité inénarrable,amp; jiucomprehenlîble,attendans la bien-heurenfe refurrcétion des morts.C’eft,en fommc,ce que l’Efcriture nous en enteigne.

Mais les Moynes ne le contentans de cela, mettent en auant, que les Sainéls prient pour nous,amp; non feulemét en general, mais auffi en particulier.Ce qui ne lé peut faire fans leur attribuer la cognoilfance de toutes les chofes, tant generales,que particulières,qui fe font au monde. C'eft à dire, en peu de paroles, fans les faite Dieu. Sinon que, peut ellre, ils foyent de l’aduis d\n Cordelier nommé Benediôli, qui a fait imprimer vn liure à Lyon , depuis deux ans,intitulé,la foninae des pechés,qu'il a dédié à la Vierge Marie , autant indignemét, qu’im-pudemment : lui addrellant vne lettre milliue, amp;nbsp;aflérmant,que les morts nous peuuent faire tenir de leurs lettres,amp; nous à eux;Moyue,cer tes , digne d'auoir réellement, amp;nbsp;fans aucune feinte, tous les, lligmates de leur S. François. Que donc ces Moynes aduifent,s'ils fe veulent aider de celle opinion-là. Car quant à vn miroir qu’ils ont forge par imagination , auquel ils veulent que toutes chofes foyer defcouuer-tes amp;nbsp;reprefentees aux Sainéts : ç’a elléle fon-ge de quelque Moyne febricitant,amp; rien plus. Car il n’y a point de miroir au ciel qui f^rc les creatures elite Dieu ; Sc la fruition Sc contemplation de Dieu rend les âmes tresheureufes, mais elle ne les fait pas Dieu. Cequcl’vnde leurs

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RESPONS Ei ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;485

leurs Dodenrs Scholaft)ques,appellé Occam', a bien recognu , quand il a dit ainfi : La créa-ture n’a pas en Dieu vn eftre reluifant, ou représentatif en 1 Edence , tout ainfi qu’en vn miroir : comme quelques vns ont faulfement imaginé.Et vn peu apres il allégué,que les An*-ges Ignorent beaucoup de chofes , amp;nbsp;toutef-fois voyent Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d

D’auantage , puis que par leur confeflîon mefme , les Sainds nepeuuent cognOillre les affaires de ce monde, finon que Dieu les leut face cognoiftre, quelle fortifie fera-ce de pert-fer,queDieu fait entédie aux Sain dis que nous les prions , à fin qu’ils le prient pour nous? que n’allons-nous tout droit à Dieà , par la voyfe qu’il nsus a ordonnée pour ceft effeél? Or corti bien que les Sainéts n’ignorent pas qu’il y a v-ne Eglife en terre, de Laquelle ils défirent U'ia-lut, veu qu’ils défirent infiniment la gloire de Dieu,défirent aufiâ le comble de'noflre Redem pcion amp;nbsp;deliurâce (lequel defif'S.Paul attribue aux creatures en general) neantmoins , ce que les Moynes leur attribuent vne particuliere cögnoill’ance des chofes de ce mondé ^contrci-uient manifeftement à ce qué'l'Éficfitupe én iÂV.Les -viuans (dit le fiage) ront: mais les morts 'neflattent neM.\Ai}JJt{eiti-îi, tnour,leur haine, leur enuie efl taperie~(^-ri'ot 'plus ttulle part au monde de ce t^uife fait fous le foléll. Item : Abraham nefous a point fpeus , /fraef nenousapoint cogrhiS (dit Efiiïe.) Partant Olda Proplietclle fit entendre au Roydofias , que la 11 3 ruïne

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ARTICLE IVI I.

ruïne de lerufalem amp;deludee aduiendroit a-pres Ca mort : Pieu le voulant efpargner, à fin qu'il n'en cognuft rien. Pource que tu t‘es humi lié deuant l'Eternel, ie te recueilltraj auec tes ^e-res,dtt le Seigneur, amp;nbsp;feras recueillt en tes fepul-ckrres en patx.-Ö“ tes yeux ne verront point tout ce tnal que iefay venir fur ce lieu-ci. Suiuant cela, Ezechias ayant ouï vue Prophetie tendant à la mefrrie deftrudion de lerulalem , defire qu’el-ie aduienne apres fa mort, à fin qu’il n'en puif-•fe Içauoir les particularités. Et certes ceux qui attribuent celle cognoilfance particuliere aux .âmes bienheureufes,leur fouhaittct pluftoft di minution de beatitude,qu'accroifl’cment. Car -cjlant la condition de l’Eglife telle, d’ellre con .tinyellement agitee en ce monde,amp; combatue Je tant amp;nbsp;fi grades affliélions, quel befoin eft-ihque ceux que Dieu a défia retirés de ce com-bat„ pour les, mettre en repos, ayent vne parti-touliere cognoilfance dçces chofesîTelle eUl'o ^•'ctrr.pn pinion, amp;nbsp;tels font les arguments de S. Augu-wort.ger. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;celle matière : lofias, dit-il, fut alfeuré

de tellement repofer en paix, qu'il ne verroit point ces maux-là. Partant les eîprits des tref-, . rpaifçs foint là;où ils ne voyêt pas toutes les cho ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui aduiçqinent aux homes en celle vie.Car

çqijimét feroyent-ils méfiés parmi les miferes des viuans, s’ils repofent en paix,ainfi qu’il fut promis à lofias,amp; font deliurés des maux,pour Sopl,, J, V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auoir ne la pafliô,ne la compaflion ? Vpila

fainél Augullin en difoit.

Maintenant les Moynes paflent plus outre.

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RESPONSE nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;487

amp;difent, qu’il nous faut prier lesSainds. A quoy nous rel'pondons,que la priere öc inuoca-r tion eft vue partie du ieruice qui eft feulemenC deu à Dieu , voire la principale ; amp;nbsp;partant ne peut amp;nbsp;ne doit eftre attribuée à aucune creatu re. Vray eft que la priere mutuelle que nous fai fons lés vus pour les autresjcognoiüa.us .mutuellement nos neceffités, eft voiremét v-ji.^çé de charité, qui ne doit eftre obmis ent^^les Chreftiens : veu que mefmes S, Paul a fquu,ent requis les Eglifes, de prier Dieu pour lui »afin qu’il fentift de plus en plus la benediélion de Dieu en l’execution de l'a charge.Mais,comme nous auons tatoft dit,ceftç communication ne dure plus auec ceux qui font retirés de ce mode pour eftre en repos amp;nbsp;beatitude auec Dieu. Si donc il nous faloit prier les Sainifts, il fau-droit aufli qu’ils nous ouï(rent,amp; qu’ils cognuf fent nos cœurs, à fin de nous exaucer , amp;nbsp;pou-uoir iuger de la droiture de nos prières. Car au tremét, ce feroit vne chofe fruftratoire, de les prier.Ioinél qu’eftans Efprits, ils ne pourroyéc ouïr autrement : fuiuant ce que dit S. Cyprien, que Dieu eftant Efprit, oit la voix de l’ame plu ftoft que du corps. Or eft-il que l’Efcriture en-fcignc qu’il n’y aqu’vn feul Dieu, qui cognoiP ft les cœurs des hommes , amp;nbsp;qui les fonde. Ce que mefmes ces Moynes ont allégué ci delfus en l’Article xxxiij. amp;nbsp;l’ont maintenant oublié. De ceci les palTages font tous expres;

'Toy fenl cognais le cœur de tous les fils des hommes.

H 4 L’hom

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4^3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE IVI I.

r.S’rfm. 16. L'homme voit ce cjui efi douant les yeux, malt le Seigneur voit au cœur.

C efi lut cjui cognoit les Jecrets du cœur.

Dteu ^ui efi tufie,ef^rouue les cœurs.

j.Chr.zS. nbsp;nbsp;nbsp;Le Seigneurfonde tous les cœurSiC^ented toU~

tes les imasinations des pen Tees.

TT nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l J

' • A toyiSeigneur.,cjui es tu fie Iuge^amp; efjirouues ieremij nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘^('^»rd'ay declare'ma caufe.

'■Jh^ cœur efi deceuable,(if peruers plus tpue nul‘-le 'chofe, qui le cognoi^ra ? te fuis le Seigneur qui fonde le cœur, df efftrouue les rems, amp;• qui- donne a chacun felon fa voye, nbsp;nbsp;felon le fru ill de fis

inuentions. Et pkifieuts autres palfages,nommément ce que dit S. Paul, parlant de la prière ^ni,S. des fideles : Celui qui fonde les cœurs, cognait quelle efi 'FafieElion de l’efiirit : Parquoy , fi ks Sainéls bien-heureux voyentamp; fondent nos cœurs amp;nbsp;penfeesj'fcomme il faudroit neceifai-rement 5 à fin qu'ils nous peufi'ent exaucer) il s’enfuiuroit,qu’ils feroyent Dieu. Ce que défia nous allons dit, quand nous auons parlé de ce miroir imaginatif, auquel les Moynes veulent que toutes chofes foyent reprefentees aux Sainds. Comme auffi ils appliquent ce mefme miroir,pour leur faire cognoiftre les cœurs des hômes,parce qifvn de leurs Papes a dit : Qu’ils voyent celui qui voit tout. Or ceft argument Papal eft trefinepte. Car s’il s’enfuit de là, que les Sainéfs voyent tout,il s’enfuiura auffi qu’ils peuuêt tout: parce qu’ils voyent celui qui peut tout. Item,qu’ils font infinis, amp;nbsp;font par tout: car ils voyent celui qui elf infini, amp;nbsp;qui eft par ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tout

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■i R E S F O N S E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4S9

tout. Item:qu''ils fônt eternels , parce qu'ils Voyent rEterHel.En fomme,qu'ils font tout,amp; qu'ils font Dieu , parce qu'ils voyent celui qui eft toutjôc qui eft Dieu.Qui font tous blafphe-mes dignes des Papes amp;nbsp;desMoynesjmais tref-indignes des Sainéfs bien heureux, defquels la feule félicité confifte à glorifier Dieu , pluftoft qu'à le defpouiller de fa gloire, pour s’en reue-ftir.Que diros-nous auffi des Anges,qui voyét toufiours celui qui voit tout, amp;nbsp;neantmoins ne fcauent pas l’heure du dernier iour, comme lefus Chrifl tefmoigne? Et le Scholaftique Oc cam a vfé de ceft argument, corne nous auons dit,réfutant l’opinion du PapeGregoirc en ceft endroit. Qu’eftimeros-nous aulïî des âmes des Martyrs,qui demâdent,iufques à quand le Seigneur différera de venger leur fang , ainfi qu'il eft dit en l'Apocalypfe? Certes la veüe amp;nbsp;con- ^poc.6, téplation de la gloire de Dieu,dônt les Sainôts iouïffent, eft felon la capacité de la nature hu-maine:amp; en font tellemét amp;nbsp;fi parfaitementré plis,que la plenitude eft felon leur mefure.Car ‘ s’ils coprenoyentDieu entierement,il ne feroic pas infini,amp; incoprehenfible. Fartât il faut que il y ait differéce entre celui qui glorifie, amp;nbsp;ceux • qui font glorifiés: amp;nbsp;entre celui qui remplit de gloire,amp; ceux qui en font remplis.NoUi. le •verrons comme il efi, dit S. lean : mais pour cela nous ne ferós pas ce qu'il eft'.Or lesMoynes en leur argument difcourenttoutainfi que fi quel qu'vn vouloit conclurre , parce qu’vne phiole fcroit toute pleine de l'eau de la mer, que pour cela

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490 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE- LVII»

cela elle contiendroit toute l’eau de la irietj amp;nbsp;feroit efjiandue au long amp;nbsp;au large comme la mer. Qui font des abfurdités fort conuenables à ceux qui lailfent le chemin de la vérité de Dieu J pour fuiure les inuentions des hommes. Nous deuons donc retourner leur propre argu ment contre eux en celle façon : Purs que les Sainôls voyent Dieu tel qu’il eft , ils voyent donc en lui celle volonté qu’il nous a déclarée en fa Parolejalfauoir, de ne mettre noftre fiance en aucune creature,amp; de n’auoir autre Mediateur entre lui amp;nbsp;nous , qu’vn feul lefus Chrill ; de n’attendre en nos prières faueur amp;nbsp;efficace d’ailleurs que de lui, amp;nbsp;de n’inuoquer autre que lui, eftant l’Inuocation faite en Ef-prit, vn feruice qui appartient proprement à Dieu. Les Sainéls, di-ie, voyent cela en Dieu, amp;nbsp;pourtant s’y rendent conformes.Or que telle foit la volonté de Dieu , il appert manifelle-ment par les pàlfages fuiuans:

- /nuo!^ue-moji au lourde ton affliHionde t’exau-‘3' nbsp;eeraj,^ tu men feras honneur. Et en Sophonie:

a fin ^utls inuotjuent tous Iç nom du Seigneuri amp;nbsp;quils le feruenti^C.

ï.Ttm.i. ■ Jly a -vn Dieu gt;nbsp;vn Mediateur entre Die/f Joan 14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hommesiaffduoir^Iefus Chrifl homme.

lt;jue vous demandiez, en mon Nom, ie le ' feray , afin tjue le Pere foitglorifie'par le Fils. Si vous demandez, quelque chofe en mon Nom, ie le feray.

îFiiem. Nul ne vient au Perefinon par moy.

loim.16. Dnverite'ie vous digt;que toutes chofes que vous deman

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RESPONSE. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;491

demanderez, ate l^ere en mon N om les vous don nera.

Par lui nous auons tous deux en vn Pl^rittac-ces au P ere.

Par lui nous auons hardie^fe accès en con~ fiance par la Foy tjue nous auons en lui.

Il peut fiauuer a plein ceux lt;^ui s’approchent de ^ei-7. Dieu par lui, toufiours vtuant, pour interceder pour eux.

ISlous n auons point vn fiouuerainSacrificatcur, tîela-.ii. ^ui neputfie auoir companion de nos infirmités. .Allons dor.c auec afifieurance au Throne de grace, a fin cfue nous obtenions mifiericorde, nbsp;nbsp;trou-

uionsgrace,pour ellre aide's en temps opportun.

!\ OMS auons vn tel fiouuerain Sacrificateur, ipui lîebr.%. ejl ajjis à la dextre du fiege de laMaiefléde Dieu es deux : Minillre du Sanctuaire , amp;nbsp;vray Tabernacle que le Seigneur a planté, non point l’homme.

Car le fus nejl point entre' aux lieux fiainlls ^ebr.g. faits de main, mais au Cielmefime,pourmainte-nant comparoir pour nous deuant la face de Dieu.

Si aucun a peche', nous auons vn .Aduocat en-uers le Pere, ajfauoir, lefus Chrifi leiuH-e. Car cef lui qui efi l’appointement pour nos peche's.

Chrifi efi celui qui efi mort, amp;-,qui plus efi, re-fuÇcité:lequel aufii efi d la dextre de Dieu, qui fait aujfi requette pour nous. Et autres palfages de mefmc fens , par lefquels nous apprenons deux chofes: rvne,que toute l’efficace amp;nbsp;vertu de nos prières depend d’vn feul lefus Chrift:Sc »jue partant c’eft lui feul que nous deuons re-^

cog

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49i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Article LViI.

cognoiftrepour Aduocat amp;nbsp;IntercefTeur en-ueis Dien.L’autre cftlaraifon pourquoy lefus ‘ Chrill donne efficace à nos prières , alfauoir, parce qu’il eft mort J refufcité,amp; monté aux deux pour nous, comme noftre fouuerain Sacrificateur : dont il faut conclurre,que comme Rii feul eft mort pour nous, lui feul auffi donne Vertu à nos prières , pour eftre agréables deuat Dieu.

Et de fai ci, pourquoy ne Ce contentent-ils 4e lefus Chrift qui nous eft donné pour Inter-celleur fi e.xpre(lémét en l’Efcriture, Si en cer-chct d’autres, dont l’Efcriture ne parle point? lui qui eft tout parfait, a-il befoin de compa-gnons’S’ils difent qu’ils font indignes de s’ad-drefterà lefus Chrift, à caufe de leurs péchés, S.lean refpond à cela, nouspropofant qiiele-I’ Chrift eft. mort pour nos péchés. Penfons-nous que les Sainéls nous aiment tant que celui qui a mis fa vie pour nous ? n’eft-cepas lui qui appelle, non les iuftes amp;■ dignes, mais ceux n. ftni font trauaillés , Si chargés de la pefanteut de leurs Elûtes ? Certes c’eft vue fotte allega-tion, de ne s’ol'er prefenter au Médecin, parce qu’on eft trop malade: au lieu que le fentiment de noftre mal nous y doit pluftoft faire afpirer. Iw Ep. la. Parquoy S. Auguftin a. tresbien dit , expofanC Tricl.i. paroles de S.lean,nous auos vn Aduocatul ne dit pa5,vous auez,ou, vous m’auez, ou vous auez lefus Chrift : mais il dit, nous auons vu . nbsp;nbsp;, Aduocat lefus Chrift : fe mettant du nombre.

Yr.xi. ailleurs : 1 on Sauueut dit, tu ne peux aller, pour

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pour viure, qu’à moy : amp;nbsp;ii’y peux aller que par moy.

Nous difons donc, apres la parole de Dieu, que nous ne pouuons, ne deuons addrclfer nos prières auxSainCls trefpallessparce que la coui munication mutuelle encre eux amp;nbsp;nous eft o-ftee par la mort, amp;nbsp;qu’ils ne peuuent cognoD ftre les affaires de ce monde, amp;nbsp;moins encores les cœurs amp;nbsp;defirs des hommes, ne leurs prières par mefme moyen. loinól que l’Eglife Ko-maine veut qu’on prie les Saincts, s’appuyant fur le merite amp;nbsp;interceflion d’iceux, come no-tammét toutes leurs prières le portent : qui elf vn blafphcme contre lefus Chrifl, qui ne peut non plus auoirde compagnons en fon Inter-ceflion, qu’en fa Sacrificature,de laquelle l’In-terceffion elf vn necefl’aire effeôt. Puis donc que la priere fans Foy eft péché , comme auffi tout le refte qui eft fait fans Foy , ainfi que dit S.Paul ; amp;nbsp;que la priere faite en doute ne peut rien obtenir, comme S.laques enfeigne:amp; que la Foy ne peut eftre fondée que fur la parole de Dieu(tefmoin ce qu’en ditl’Apoftre) puis qu’il ne nous eft commandé de prier les Sainéfs tre-palfés , ou prier Dieu parleur interceflion ôC meritetains au contraire,nous eft trefexprelfe-tnent commandé de prier Dieu au Nom de lefus Chrift , qui nous a efté donné du Pere pour Mediateur , Aduocat, amp;nbsp;Intercelfeur, il s'enfuit,que la doélrine de l’Intercefliô desSainéfs ne doit eftre receuë en l’Eglife , comme dero-geantc à la Maiefté de Dieu,amp; à l’office de no-ftee

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494 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE IVI I.

lire Seigneur lefus Chrift.

11 faut maintenant examiner les paflages de l’Efcriture, fur lefquels ces Moynes veulent fonder leur opinion.

Gen.^8.

Ils allèguent ces mots de Iacob, parlant des enfans de lofeph : Mon nom , le nom de mes P er es Abraham, nbsp;nbsp;Ifaac, fait réclamé fur

tttcA,

eux. Mais comment eft-ce qu’ils entendent ce paifage î Car s’ils l’entendent de l’Inuocation, quel fens fera ceftui-ci’que Iacob prie ou defi-re qu’on le prie apres fa mort, pour les fils de lofeph.Pourquoy en veut il ellrepric?amp; pour-quoy feulement pour les fils de lofeph ? Voila, certes, de bons amp;nbsp;fideles interpréteurs de l’E* fcriture. C’eft donc par faute d’entendre la fa-ço de parler des faindes lettresjamp;l’appliquer à la circonftance de ce palFage. Car il veut dire, que combien que ces enfans-là fullent nais en Egypte , neantmoins ils feroyent tenus de fa propre famille:comme de faiót il aduint,quand Ephraim amp;nbsp;Manallé tindrent mefme rang que les propres enfans de Iacob, amp;nbsp;ont conftitué deux lignées en Ifraël : qui a elle vn don fait à lofeph par Iacob fon pere : veu qu’autrement lolèph amp;nbsp;les liens n’euffent elle comptés que pour vue lignee.Ioinél auffi qu’Ephraim amp;Ma nalfé ellans du nobre des enfans d’Abraham, Ilaac amp;nbsp;Iacob,elloyét par mefme moyen compris en l’alliance , amp;nbsp;participans de la promelfe de Dieu faite à Abraham, amp;nbsp;à fa pollerité :de laquelle lefus Chrift a efté le fondement : ainfi qu’enfeigne la fainéle Vierge en fon Câtique.

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;49^

Il y a vne façon de parler en Efaïe, qui fe rap-porte a cefte-ci, quand il eft dir, que le nom d» muri efl réclamé fur la femme. Mais quand cela cil rapporté à la priere, il n’eft iamais attribué a autre qu’àDieUjduquel,/^7Vozw efl tnnoijnefnr , nous , ajnli que dit TEfcriture ; c'ell à dire, que nous le réclamons en toutes nos neceffités, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

mettons entièrement noftre fiance en lui. Or que ce palfage de Genefedoiue ellre ainfi entendu, il appert en ce que la chofe ell aduenue felon noftre interpretation: amp;nbsp;ce qu’ils enten-dét, n’aduint onques au milieu du peuple d’lf-raël.Car il ne fe trouuera point, qu’on ait prié Abraham,Ifaac,amp;Iacob,nc pour les enfans de lofeph , ne pour autre quelconque. Et cela de-uroit faire rougir de honte ceux qui s’appellcc Chreftiens : attendu que lors qu’on eftoit fous les ombres de la Loy,amp; que lefusChrift noftre Mediateur Sclntercelleur n’eftoit encores ma-nifefté, il ne fe trouue perfonne qui ait prié A-btaham, Ifaac amp;nbsp;Iacob,ou les Patriarches , ou les Prophètes décédés : mais tous les fideles de ce téps-là fe font addrelfés à Dieu, par vn feul Meflias.Et maintenant,apres vne fi ample ma-nifeftation de lefus Chrift,apres fon commandement fi expres, de prier en fon Nom , apres Vnepromellefi claire, de donner eft'eét à nos prières : on ne s’eft contenté de lui, amp;nbsp;s’eft-on. addrelfé auxSainéls ttefpaftésivoire à plufieurs Qu’on a fanétifiés à fa pofte , amp;nbsp;qui, peut ellre, font tourmentés és enfers.

Ils produifent aullicequieft dit au Pfalme: i’oHr

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49^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article l V 11.

. nbsp;nbsp;nbsp;Pourl’atKottrde Dauid tonÇerttitenr, nedesTour-

ne tafacedeton OtnU.C‘e[\. à dire^que Dieu fill: lentir à Salomon le fruiól de Ja promelFe faite à Daäid J commeil adioufte au verfet fuiuant, en ces termes : le Seigneur a iure en vérité a Da-Mid, ne sen defdirapoint, difantde mettra^ dit fruiél de ton ventre fur ton Throne, Or ilnefe faut arrefter ici en la perfonne de Dauid, mais il le faut confiderer comme figure de noftre Seigneur lefus Chrill J ainfi qu'il eft enfeigné en rEfcriturejamp; que tous les bôsTlieologieus recognoilfent ; fuiuant ce que dit Je Prophete, deferaygermeraDattidlegermede tun-ice : amp;i. ailJeurs, /Zr feruiront au Seigneur leur Dieu, amp;nbsp;Uk.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dauid leur Roy que ie leur fufciteray : amp;nbsp;pJu-

fieurs autres padages. Mais iJ ne faut entrer plus auant en ce difcours,veu que S.Pierrelui-mefme a interprété de lefus Chrift Je propre pallage qu’iJs nous obieétent : ainlî que S. Luc Je recite aux Aéles des Apollres. Etdefaiél', c’ell Jui auqueJ Dieu a donné Je throne de Dauid fon pere, pour regner eterneJJement, ainfi L«.r. qyg l’Ange dit à la fainéle Vierge.

Nous refpondons Je mefmeàce qu’iJs alJe-' guent d’Efaïe, où iJ cd: dit, que le Seigneur gardera IeruÇalem, pour l’amour de lui-m(fine, pour l'amour de Dauid fon feruiteur.C^r Jes pro-Bebr.ii. particLiJieres faites en faueur de lerufa-Gsisc.t^, Jem, fe doiuent rapporter à J’Eglife, dont leru-faJemaed:éJafigure,comme l'Efcriture J’enfei gnCjappeJJant J’Eglife de ce nom-Jà : tellement que ces mots du PfaJme fécond : lay conïïitue'

mon

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I R E s P o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;497

Wft« Roy fur s io» ma fainUe montagne: S.Augu-ftin les expofe de lefusChriftjfigiué parDauid, amp;nbsp;de l’Eglife , figurée par lerufalem. Aurefte, des promelFcs particulièrement faites à Abraham , Ifaac, lacob, amp;nbsp;Dauid, defquelles leius Chrift eitle fondement tant s'en faùt qif on puitfe recueillir rinterceffiô des Sainôts, qu’ait contraire, cela nous, renuoye à, vn leul lefus Chrift. Et que leS Anciens Peres du Vieil Te-» ftament Payent ainfi entendu, il appert en ce queiamais ils n’ont prié Dauid .ni Abrahamj| ne les autres , combien qu'ils fe foyent ramen* teus les promelfes que Dieu leur auoit faites en faueur de toute L’Eglife. Et c'eft merueilles que cesMoynes foyent fi fubtils,d’auoir entert du J que les Peres anciens deuoyent faire vne choie qu'ils n'ont iamais faite ; encores qu'ils euifent continuellement ces palfages de l'Ef» criture deuant les yeux.Voire mefme lesMoy-nes ne prient pas Dauid nommément en leurs Letanies, amp;nbsp;ne font métion d'AbrahamJfaac, amp;nbsp;lacob,que fort peum'appliquans à eux-mef* mes les palfages fur Icfquels ils fonder l’Inter-ceffion des Sainôts.Or fi du temps que les promelfes eftoyent nommémét faites à Abraham, ifaac,amp; Iacob,amp; à DauiddesAnciés ne les ont iamais priés : combien moins deuons-nous au* iourd’hui prier les Sainéfs ttefpalfés ,veu que toutes les promelfes font clairement amp;nbsp;expref fement rapportées à vn feul lefus Chrift , auquel nous Içauons qu’elles ont efté vérifiées, amp;nbsp;accomplies?

î» Us

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498 ARTICLE 1 V 11.

Ils mettent encor en auant ces mots de TA-pocalypfe : A celui cjui vaincra,, (ÿ-gardera mes op.ttures lufquà la fin,ie lui donnera^puijfance fur les peuplesil lesgouuernera auec vue verge de fer,öferont brife’s comme les vaiffeaux du potier: comme t ay aujji receu de mon Pere,amp;lui donne-* ray l’eslotle du matindAzis ceft argumét eft fort nouueau,de tirer l’Interceflion des Sainds, de ce qiie leurs ennemis feront brifés.Car ce n’ell pas tout vn, de vaincre fes ennemis j amp;nbsp;d’eflre prié de fes amisdinon que, peut eftre,ces Moynes veulét dire,que ceux qui prient IcsSainéts, font leurs ennemisxome de faiét nous voyons' 14. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;feruiteursde

lÿ-'ù-zz. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;notamment les Apoftres,commeauili

les Angesjont eu à trefgrâd defplaifir,quâdon s’eft voulujtant peu que ce foit,attacher à euX) pour en diminuer ou obfcurcir la gloire de Dieu.Et eft certain qu’ils briferont voirement leurs ennemis , amp;nbsp;fe leueront vn iour en iuge-ment deuantDieu,contre ceux qui obftinémét Pcrer.r«- leur veulent attribuer ce qui appartient à la feule Maiefté de Dieu, amp;nbsp;à l’office d’vn feul le-fus Chrift. Car ce n’eft pas fans caufc que fainét Auguftin a fi exprelfement déclaré, que l®s Chreftiens ne font aucunement feruice aux morts pour Religion. Quant àcepalfage de rApocalypfe,S.Iean ne veut dire autre cho-fe,finon que les fideles qui perfeuereront con-ftamment en la Foy,amp; au feruice deDieu,ferôt ’ participas de la viéloire de Icfus Chrift,auquel feul il appartient proprement d’auoir vne ver-

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J 499

ge de fenpour brifer fes ennemisrainfi qu’ii eft prédit au fécond Pfalme J amp;nbsp;entendu partons Tfulm.-t} les Theologiens.il eft dit auffi au chapitre fui* nant de l’ApocaIypfe,en mefine vain-cra,ie leferay fotr auec moy en mon throne : ainß lt;j'ne i ay vatncft,(^ fuis afjis auecmon Pere enfo» throne. Or fi ces Moynes penfent par cela, que les Sainds doiuent öfter à lefus Chrift ce qui eft propre àfon office , amp;nbsp;les faire fes compa* gnons (comme de faid ils font:) nous leur op-pofons ce qui eft dit:/e fuis [Eternel, dit le Sei“ ÿjeur, ie ne donneray point ma gloire à quot;vn autre. 48. , Nous fommes doc enfeignés par ces paifages, que les bién-heureux font participans de la gloire amp;nbsp;felicité.de lefus Ghrift,aft’auoir,fclon leur qualité,amp;felon le degré de la creature ena uers le Créateur : Ce qui eft déclaré au mefrae liure , quand il eft dit, que toutes les creatures font hommage à celui tjui efi affls au throne, nbsp;nbsp;à

T .Agneau,amp; lui rendent honneur,louange, gloire, amp;putJfancelPtiZti.t les Sainds ne feront iamais Dieu.neMediateurs entreDieu amp;les hommes:

Car,comme dit faind Paul;//_y a 'vnDieu,lt;ÿ' v« -, Mediateur entre Dieu Ô' les hommes, lefus ’

1 Chrift homme.

. Finalement, ils parlent des oraifons , amp;nbsp;au-•tiofnes pour lés trefpalfés.Ce qu’ils ne veulent point qu’on iailfc en arriéré : ainfi qu’ils difenc

: nommément en leur Article:a{rauoir, pour Fin tereft particulier qu’ils y ont. Mais c’eft merveilles , qu’en céft endroit eux-mefmes ont

, «ilTéd’alleguer despaflagesde l’Efcriture. Ec I a pat

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J®o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE L.VII.

par. cela nous iugeons qu’ils en font du tout defgarnis :puis qu’ils n’en ont ofé cotter vu feul,pour le corrompre amp;nbsp;en abufer,comme ils font ordinairement de tous les autres,Cela fe-- raque nous ne ferons longs en cell endroit, loinót que cy delfus en réfutant leur fonge du Purgatoire , nous auons amplement déclaré qu’il n’y a que deux lieux apres celle vicj Paradis , pour les bien-heureux, amp;nbsp;enfer, pour les damnés : Et que celle vie efl le temps auquel il . faut faire les aumofnes,amp;autres tels exercices

de charité. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..... .,

Or iln’y a point de raifon , de prier ne pour les vns J ne pour les autres , defquels nous ne jourrionsjou augmenter le rcpos,ou diminuer a peine. Par ainlb nous rappellerons encor ici areigle que nous auons déliapropofee contre la Priere amp;nbsp;Interceffion des Saijiéls : alfauoir, que toute prière faite fans Foy , eft péché :amp; _ - que la Foy ne peut elite que par la parole de Dieibqui eil fon vray obieâ.Dôt s’enfuit, que n’eilant faite aucune mention en la parole de Dieu de celle priere imaginaire pour les morts, • - ’ elle né peut, amp;nbsp;ne doit ejlre en la boiiche des fideles. Mais voici vue raifon qu’ils allèguent, tant pour l’interceffion desSainéls,que pour la priere pour les morts ; Autrement, difent-ils, nous ne retiendrions pas entièrement la communion des Sainéts.

Quanta l’interceffion des Sainéls,cen’cll qu’vn vain fubterfuge. Car ils veulent qu’on les prie, non pour entretenir nollre communion

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jof

îiîonaueceuxjtnais à fin qu'ils douent vigueur ànos prières par leurs meritesj,qui eft manifeftc met defroger à la dignité de lel'us Chrift, ainfi qu’il a elle déclaré.Au refte, pourquoy ne pou-uons- nous autrement retenir l’entiere comma nion des Sainéts’LesApoftres ne retenoyent ils pas la communion des Sainéts , qui routes-fois ne prièrent iamais ne les mortSjtie pour les morts? Eftes-vouS.plüs amateurs de la comma nion des Sainéts que les Apoftres: vous qui ne demandez J amp;nbsp;ne proturez autre chofe que la dillipation des Sainôts,amp;lâ ruïne de l’Eglife de lefus Chrift , par vos monopoles amp;nbsp;confpîra-tionsîC'eft merueilles delà fuperftition des hommes : amp;nbsp;combien fous vn voile d’humilitéquot; elle eft arrogante.Les Apoftres ont fait fouuéc métiôn de ceux qui eftoyent décédés: amp;nbsp;fainét ; Paul en»fait vu difcours tout entier, enfeignât I les Thell’aloniciens comment ils fe deuoyent confoler , quad Dieu retiroit leurs frétés de ce monde : amp;nbsp;parle de l’eftat d'iceux autant qu'il nous eft expedient d’en fçauoir.Et ce pendant, ne dit rien de cefte Interceffion , ne de cefte prière pour les morts, Sçauez-vous donc quel-

I que chofe que S. Paul aie fg’noree ! Tant y a ' qu'en ce pall’age, S.Paul monftre, que la communion des Sainéfs n'eft pas oftee par la mort: 8c pour raifon , n’allegue pas la priere des

' morts pour nous , ou la noftré, pour eux : plu- ' ' ftoft il allégué l'efperance de la refurreélion,

Ivnion que nous auons en lèfus Chrift. Pareil-ï Icment l’Apoftreaux Hebrieûx-defcriuant la Heb.iz. l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I 5 ooin

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5°^ 'ARTICLE L V I r.

communion des Sainóts:^e«j estes venus, dit-^ ilj4 /lt;« C//é du Dieu •viuant ,àla Ierufiltern cele-Jle, aux milliers d’anges, amp;nbsp;à Cafiemtlee des premiers nais,tjui font efiertls és deux, amp;nbsp;ji Difu, lutte iuge de tous , amp;nbsp;uux Esprits des iu~

flesfianclifie's, àlefius A/ediateur de lanouuel-le Allianceau fiang etjianduproférât meilleu-^ ves chùfies t^ue celui d'AbeL Noulant dire par cela , que ceux qui ont, la vraye cognoilfance de l’Euangile, font par le moyen d’icelIe, vnis amp;nbsp;conioinôls aux Efprits mefmes des bien-heureux, par le lien d\ne mefme foy,ayâs vn mel-me Dieu, vn mefme Sauueur, vn mefme heritage amp;nbsp;falut dont les bien-heureux trefpalFés iouïlfent, amp;nbsp;les fideles viuans en terre y afpi-rent. Or tant s’en faut que TApoftre die, que les Saindls en vertu de celle communion font nos Mediateurs, qu’au contraire,!! nous renge tous tant morts que viuans,fous vn mefnaeMe diateur lefus Chrift, qui fcul a refpandu fon fang pour tous.AulIi peu dit il qu’il nous faille prier pour les morts qui font és peines de Pur- । gatoire (comme ces nouueaux C'ômunicateurs ont refué) car il ne propofe autre communion des fideles viuans eix terre auec les trefpaifés, । fiiion auec ceux qui font bien-heureux , amp;nbsp;qui eftans recueillis au Ciel, iouïifent de la félicite eternelle.il eft auffi dit envn autre pairage,que Zpljefi. Diiu a tout recuefili en ebrifi ,tant ce quieß es

cieux , ijue ce ^ui ejî en terre. Et ailleurs : est ans i foigneux,dït S.Paul, de garder 1‘vnité d’etpritpar le Iten depaixJly u vn corps amp;nbsp;vn esfrit, comme etulfi ,

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RESPONSE,

HuJJt'vous eltes appelles en une e^erance de uo-flre uocatton. Il y a un Seit^neury unefoj, un £a-ptefme,un Dieu dr‘ Pere de tous j qui efi fur tous, amp;nbsp;parmitouSiÇ^ en uous tons.NaWts. donc la co-munion des Sainâ:s,a(rauoir, vn mefme Dieu, mefme Religiorijmefme efperace^mefme falut: en fomme, que toute l'Eglife eft vn corps fous vn feul chef lefus Chrift, ainfi que l'Efcnture l’enfeigne. Or de celle comunion des Sainéls, les elFeds ne peuuent pas ellre mefme en tous tépsjni enuers tous.Car S.Paul exerçât fa char ge en ce modejvouloit qu^'on priaft pour lui: amp;nbsp;celle priere elloit vn ell'eôl de la comunion des Sainds. Maintenant qu'il eft en repos, ayant pâracheué fa courfe (corne il le dit lui-mefme) quiprieroit particulièrement pour lui, fer oit ridicule : encor qu’il allegall cent fois la corn- ' munion des Sainéls.Nous en difons autant dé donner faumofmejde vifiter les malades,amp; les prifonniers,amp; autres exercices de charité,que les Sainôls bien-heureux ne peuuét plus faire. Et ne faudroit conclurre par cela, qu’il n’y aie point de communion entre eux amp;nbsp;nous. Car fi nous auons comunion auec les fideles qui font tref elloignés de nous en ce monde,amp; lefquels nous ne vifmes,amp;ne cognufmes onques parti-/ culierement,amp; neantmoinslcur fommcs con-ioinôls par l’vnion delafoy, qui eft vn lien qui nous fait auoir comunion l’vn auec l’autre (corne dit fainôl lean.) A plus forte raifon nous a-Uons communion auec les Sainôls trefpallcs, combien que nous ne lespuilfions plus voir; ni

l 4 exer

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504 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLS LVII.

exercer en leur endroit, ou eux au noftre, les particuliers offices de charité. Quant à donner aumofne pour les morts, à ffii que cela leur fer~ ne, nous ne trouuons aucune apparcce de chari té en celaicar la charité requiert, que nous do-nions l’aumofne à ceux ^ui font poures, amp;nbsp;a-ueclefquels nous auons communion en celle vie ; ce qui n'a rien de feinblable à l'opinion de cesMoynes,lefquels,en foullenant cell erreufi ont plus d'efgard aux viuaus , qu'aux morts:

• ainfi que défia nous auons dit par ci deuant- 1 Ils allèguent S. Augullin, du téps duquel la priere pour les morts elloit defa acçoullutnee; Ce que nous confelfons : mais nous ne faifons • point de difficulté de dire, que c’elloit fans fon dement.: amp;nbsp;que s’il eull preueu les enormes a-bus qui' font decoulés de celle fource, il n’y a P, doute qu’il s’y full oppofé de tout fon pouuoir. wart ger. Mais ne pouuant voir de 11 loing, il s'ell lailfé « £ncbir. emporter à la coullume. Et de falét, il ell aifé lt;^•110. à. voir,qu’il elloit alfez irrefolu là dellus,quand il dit ainfi :Pour les mors , qui font tref-bons, ce font aâions de graces : pour ceux qui ne font pas du tout mauuais, ce font propitiations ; pour ceux qui font trefmauuais,ce font Gonfolations des viuans : à fin , ou qu'iceux ayent plefne remiffion,ou, plus tolerable damnation. Voila ce qu’il dit. Que donc nos Moy' nés deliberent, s’ils voudroyent auiourd’hui maintenir cela : amp;nbsp;fi ce n’ell pas proprement ce que S. laques defend en la priere , quand il accomparc vne telle incertitude au flot de la mer

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;joy

mer agité de vent, amp;nbsp;dcmené.Item:S’il eft rai-fonnable de prier pour les damnés, voire pour la remiffion de leurs péchés, ou pour eftre dam nés plus rolerableméc:amp; fi c’eft vn bon moyen pour confoler les viuâs : veu qu'il eft contraire à la confolation que S. Paul propofe aux Thef- i.Thef.^. faloniciéns. Item : quel fens aura cefte priere: Que Dieu deliure de mort éternelle les trefpaf fés : c’eft à dire,qu’on rend graces à Dieu,de ce que ces morts-là font en Paradis. Les autres Anciens en ont parlé auec quelque peu plus de refolution : difans feulement, qu’on rendoit glaces delà beatitude que Dieu auoit donnée à ceux qui eftoyent décédés. La raifon eft, dit Epiphanius , parce qu’on croit, que ceux qui font morts , viuent auec Dieu , amp;nbsp;que les fideles qui reftent en cefte vie, tefmoignent par là îefperance qu’ils ont de paruenirà.vn tel repos , apres auoir acheué leur peregrination. Que fignifient les hymnes? dit S.Chryfoftome: Mfop. ïNe rendons-nous pas graces àDieu,de ce qu’il a la couronne celui qui eft mort, amp;nbsp;le retient auec foy , eftant deliuré, amp;nbsp;quitte de tous labeurs? Toutes ces chofes font de ioye.Ce font les paroles de ce Doéleur : qui font fort elloi-gnees de l’opinion des Moynes. Car elles ren-Uerfent le Purgatoire de fons en comble:en confideration feulement duquel', ceux de l’E-glife Romaine prient pour les trefpalfés. Le mefme Chryfortome recite ce verfet du Pfal me qu’on auoit accouftumé de chantera l’enterrement des trefpalfés : Mon arne, retourne à

ton

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50(î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE lYII.

lib,

ÿ.c.lj.

ton repos, car le Seigneurt’a fait dtt bien. Lequel verfet les Preftres chantent aujourd’hui faifans les obfeques des Trefpa(rés:amp; cuident, neantmoins,prier pour vne ame qui eft en leur Purgatoire : comme fi au milieu d’vn feu , tel que les Moynes defcriuent j vne ame eftoit en repos. Mais Dieu a voulu qu’ils puilFcnt eftre redargues par leurs ceremonies mefmes.

Et quant à S. Auguftin, combien qu’apres la mort de fa mere , il vfa de quelque maniéré de prier pour elle , la fe propofant deuât les yeux, comme reprefentee deuant le iugement de Dieu : toutesfois, il ne penfoit pas qu’elle fuft en tourment.Car voici fâ priere;Seigneur,n’en tre point en iugement auec elle ; que tamife-ricorde furmonte la rigueur de ta iuftice ; amp;nbsp;le fuis alfeuré que défia tu as fait ce que ie te demande : mais reçoy l’oblation volontaire de ma bouche, amp;c. elle ne refpondra pas , qu’elle ne doit rien, mais elle refpodra, que fes debtes ont efté payees par celui auquel nul ne fçau-roit rendre ce que lui, ne deuant rien, arendu pour nous. V oulant dire par cela, que les péchés de fa mere cftoyent eftacés par le fang de le fus Chrlft.

Il ne fe faut donc armer de cefte ancienne couftume,dc prier pour les morts: laquelle ayant efté introduite fans fondement, fe doit öfter auec tresbon fondementzveu les abus qui fontprouenus d’vne telle inuention. Etfil’E-glife Romaine s’y oppofe, qu’elle nous die dóe pourquoy elle n’a retenu cefte ancienne façon / nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de

I

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- RESPONS!./ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;507

de prier,pour la Vierge Marie,pour les Patriar ches,Prophetes,Apoftres,amp;Martyrs,quieftoit ordinaire en l’Eglife: ainfi qu’on voit es Liturgies des Anciens.Partant on ne nous peut con damner,fl nous tenans à la pureté contenue en l’Efcriture fainéte , nous retranchons ce que les Anciens, fans y penfer , ont laitfc couler en l’Eglife; qui elloit ( pour n’en rien dilTimuler) des relies du vieil Paganifme, lequel n’euft pas iettérantde branches qu’on voit encores au-iourd’hui , fi toutes les racines en euifent efté bien amp;nbsp;profondément couppees, amp;nbsp;arrachées. Et nos Moynes , qui nous conioignent impudemment auec les Turcs , y deuroyent penfer mieux qu’ils ne font.

ARTICLE 1 V H I.

le confeße ejue les affemblees amp;nbsp;Pèlerinages de tout tips pratiquées auxÇepulchres,Chaffes,amp;Re- ,2_. ^gt;»6. liques des Saints,font reltgieufes,amp;cSformej à la SeT.9'^' parole de DieUiqui opéré oit il veutiCobien il veuti par qui il veut, comme il veut, quand il veut.

£tparce i’abiure ce que difent les lutfs, Payent, VigilantienSiC^ Pretendans contre cefi article.

RESPONSE.

Ceft Article eft vne dependance de l’autrei amp;vnepreuue treffuffifante de ce que nous a-uons dit, que lots que nous nous deftournons de la parole deDieu,il faut neceflairement que nous tombions en de grands erreurs, amp;nbsp;qui fe font plus grands de iour en iour,quand au lieu, de les corriger,on les fouftient. L’abus des Pèlerinages , fepulchres, Chalfes, amp;nbsp;reliques eft

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5o8 article l vu I.

1Î apparent,que nous ferions tort aux yeux des hommes, fi nous les voulions defcouurir d’a-uantage. Toutesfois , pour faire pkiifir à ces Moynes de Bourdeaux , autheurs de ces Articles d’abiuration, nous leur reprefenterós vne piece du faindt Suaire(commeils parlent)dont ceux de Cahots leurs voifins fe vantent : alfa-uoir, qu’en leut Proceffional il y a celle priere, laquelle ils chantent ordinairemét: Sanile Su-dart ,ora pro nobis, c’eft à dire, Saindf Suaire, prie pour nous. Item : Sttdarium Chnsii , li-beretKos à pen:e,(^‘ /t morte triflt. C’eft à dire, le fuairede Chrift nous deliure de pelle, amp;nbsp;de mort trille. Car ces bonnes gens aimct mieux vne io.yeufe vie,qu’vue trille mort.Et en l’Ab-baïe de Fons,au lîiefine pars,ils fe vantent d’a-uoir la nappe qui elloit fur la table lors que le-fus Chrill fit la Cene;amp; partant font celle prié re : àr^ pro nobisÇanSltJpma Det mappa. C’eft à di re , trelfaindle nappe de Dieu , prie pour nous.. Quelles idolatries font cela ? y a-ileuriende femblable au Paganilmeî Que donc les Ic-dlenrs iugçnt où c’ell que la fuperllition a-meine les hommes : Superllition , di-ie,nee de leur ignorance , nourrie par Pauarice desPre-llres,efieuee,accreüe,amp; extrêmement desbór-dee par les inuentions des Moynes. Entre toutes ces inuétions nous pouuons bien compter ces beaux Pèlerinages amp;nbsp;alfemblees , que fou-uentle Magillrat ciuil a elle contraint de défendre,pour les exces,abus, amp;nbsp;dilfolutions qui s’y commettent. Etnelett de rien d’alleguer l’an

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;509

l’antiquité ladellus-Car encor que ie ne débatte point de la validité des miracles que les Anciens difent auoir efté faits és fepulchres des Martyrs, afin que cela feruill à l’inftrudion des Payens qui reftoyent encores lors au milieu des Chrefttens'.certes les mefmes Anciens ont toufiours enfeigné, de leur temps,qu’il fe falloir garder de transferer aux Martyrs ce qui appartient feulemét à Dieu. Et parce que défia déflors il s’y commettoit des abus , ils ont taf-ché de les reformer. Mais s’ils ne l’ont peu faire lors que les abus commençoyent feulement d’eftre, que feçoyent-ils maintenant,en ce def-bordement qui eft fi grand en l’Eglife Romaine ? Auioutd’hüi non feulement on y prie les Saindsjmais chacun Sainél a fon office amp;pro-prieté.L’vn guérit d’vn maljl’autre d’vn autre. Et n’y a eftat,ville, famille, amp;nbsp;maifon qui n’ait vu Saind particulier pour fon patron. Et non, feulement cela : mais les diuers lieux dédiés à vnmefme Sainét, ont auffi leurs propriétés particulières: tellement qu’ils ne faut plus dire 1 qu’en l’Eglife Romaine on prie les Sainéfs: mais qu’on prie les lieux dédiés aux Sainéts, amp;nbsp;les os des Sainâs, ou, les os premiers trouués, qu’on appelle, les os des Sainéfs. Car on fçait alTez les abus qui s’y commettent. Qui plus eft,cefte particuliere affignation de lieux, contredit à ce qu’ils difoyent en l’Article precedent : que les Sainds ont cognoilfance de toutes chofes , tant en general, qu’en particulier. Carû çela eftoit vray ,pôurquoy donc faut-il qu’on

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JIO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E L V 11 r.

qu’on Ies aille prier pluftolt en vu lieu, qu’en vn autre ? fi les hommes ne prenoyent plaifir à fe creuer les yeux eux-mefmes , ne vcrroyent-ils pas J que celle diuerfité de lieux n’a elle in-uentee que par l’auarice des Prellrcs amp;nbsp;Moy-nesjqui par telles pratiques ont drelfc comme des canauxjpour faire venir Teau en leur moulin? Voila pourquoy ily afouuét de trefgrands proces entre ces gens-làj pour leurs Reliques. Et faut,en fin,pour les appointer,donner trois ou quatre telles,amp;vne douzaine de bras,amp;au-tant'de iambes à vn corps. Mon Urans parla, qu’ils ont plus de zele au feu de leur cuifine, qu’aux cendres des Martyrs.

Il ne faut donc ici alléguer l’Anciennetéicar combien que déllors ce full vne inuention des hommes,!! ell-cc que ce qu’on fait auiourd’hui ell tout autre que ce qu’on faifoit ancienne-rieciuit. ment. Et qu’ainfi foit,voila ce que S.Auguftin 17. en dit: Nous ne faifons point de temples, ne Prellrife, ne factifices, ni autres feruices pour Religion , aux Martyrs : car ils ne font pas nos Dieux:mais leur Dieu ell le nollre.Vray ell que nous honnorons leurs memoires, comme de fainds homes de Dieu , qui ont cobatu pour la veritéiufques à la mort de leurs corps,à ce que lavraye Religion full cognac , les Faulï’es Religions ellans conuaincues. Puis il adioulte, que ce qui fe faifoit és fepulchres des Martyrs, eftoit pour rendre graces à Dieu , qui les auoit courônés de tant de vidoires,amp; pour s’accou-rager à l’imitation de leur vertu. Et ne dit pas que

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Respons Si nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;ii

que ce fuft pour les prier, encore moins leurs os amp;nbsp;leurs cendres ; mais il dit ainfi , Ayans inuoqué à noftre aide le vrayDieu.En fin il con clud , qu'ils n'attribuoyent point aux Martyrs i, les honneurs diuins : amp;nbsp;partant ils ne lespri-oyentpoint, comme font les Moynes. Caria priere faite en efprit, eft vn feruice diuin, fait amp;c exhibé à celui qu’on prie : amp;nbsp;les Moynes ne feauroyent nyer cela. Cependant,nous ne vou Ions du tout approuuer les commencemens qui eftoyent melmes du temps de fainôt Au-guftin : puis qu’ils ont efté fuiuis de fi grands inconueniôns. Et ne doutons pas, que s’il les euft preueus, il ne fe fuft mieux efforcé pour y donner ordre. Car mefmes parce que défia dés lors il s’y commettoit des abus, voila corn- „ ment il en parle: Nous n’offrons aucun facri- * face aux Martyrs , ou aux lainctes âmes, ou aux c.jj. Anges : amp;nbsp;fi quelqu’vn tombe en ceft erreur,il eft corrigé par faine doétrine : afin, ou qu’il s’amende, ou s’il ne le fait, qu’on fe donne garde de fon erreur. Et apres auoir parlé desy-urongneries qui fe commettoyent és fepul-

( chres des Martyrs : c’eft autre chofe, dit- il, ce I que nous enfeignons,amp; ce que nous fouffrons: ' autre eft ce que nous deuos cômander,amp;ce qui nous eft commandé de corriger,amp; ce que nous fommes contrainéls de tolerer, iufqu’à ce que

, iepuiffions corriger. Voila ce qu’il dit. Et partant ce n’eft fans caufe que nous condamnons telles choies, puis que toutes les remoftrances çorreétiens des anciens Pafteurs n’ont peu

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JIl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LV III.

einpefclier les idolatries quifontj ehfingt;pro-uenues des commencemens qu’ils ont par trop ' y tolérés : fous efperance d’amendemens J de la.* quelle ils ont efté frullrés. Car auffi véritablement,veu la naturelle inclination des hommes à idolatrie amp;fuperft.ition,il y auoit plus à crain drejqu’à efperer.

Or iugeons maintenant, fi fainét Pierre,qui -lt;0.14. n’a voulu fouffrir vne reuerence exceffiue de Corneille:amp; fainél Paul,qui a defehiré fon vertement, voyant les Lycaoniens le vouloir a-dorer,pourroyét approuuer qu’vne infinie mul ritude de perfonnes foit profternee à genoux és temples faits en leunnom; voite faire l’honneur à leurs os amp;cendres, qu’eux viuans u’euf* fent iamais voulu endurer eftre fait à leurs perfonnes. Nous vfons d’autant plus volotiers de ces exemples , que fainét Augurtin, au lieu que nous auons tantoft allégué les a propofés: pour monrtrer que l’intention des Anciens n’a iamais ertégt;de faire àla mémoire des Martyrs le moindre feruice de ceux qui leur font faits 1. K'’5.i8. auiourd’hui. Si doc le Roy Ezechias a efté loué de ce qu’il a brifé le ferpent d’airain , qui auoic efté drelïé par l’expres commandemét de Dieu, parce que le peuple en abufoit à Idolatrie : a plus forte raifon faut-il auiourd’hui öfter les-abus qui font furuenus en rEglife,fous prétexte de la mémoire desMartyrs:defquels nous ne pourrions fou harter Reliques ne memoriaux fi excellens , que leurs eferits, amp;nbsp;fingulieremenC des Apoftres : comme aufli S. Pierre declare, ... nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’il

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K E s P ö R s E.

qu il vouloit lailFer ces Reliques-îà pour rin* ftruôlion des Eglifes:difant,qu’il leur efcriuoic lî foigneufèmct;lt;ifi»,Ait nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;apres ma» depart,

'uotis ayett. fiou»e»a»ce de ces choficsiCeiAe doélri-» ne eft plus alfeurecj que celles de nos Moynesj, qui difent, que mefmes les ChalFes font Reli^ gieufesjamp; les Sepulchres font Religieux : pout faire entendre par là à tous ceux qui en iuge-^ tont fans paffion , que leur Religion eft pieça morte amp;: enfeuelie; Et partant,qu'il la faut ccr cher és chaifes amp;nbsp;fcpulchres,amp; non ailleurs.

Il femble aufli qu’ils fe veulent ouuerteméc mocquer de la parole deDieu,quand pour preu tie de leurs Reliques ils allèguent ces paroles „ _ J „ r, I X. r , - r rrt r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I.CorM

de S. Paul : Ce fiul mejme Esprit ,jait toutes ces chofies:dtFtribua»t parttculieretnent à vn cha-CH» felon cju il Tjcut. Dont ils concluent, que leurs chaifes , pèlerinages , amp;nbsp;reliques font conformes à la parole de Dieu , qui opéré où il veutjcornbien il veut,par qui il veut,comment il veut, amp;nbsp;quand il veut. Ce font leurs paroles» Mais, certes, leurs chaifes amp;nbsp;pèlerinages n’ont rien de commun auec le palfage de fainû Paulî quipàrledes dons de l’Efpritde Dieu, qui e-itoyent extraordinaires amp;nbsp;miraculeux en ceS premiers temps , pour l’édification de l’Egli-fe : amp;nbsp;eftoyenc,non point és morts, mais és vi-* tians. Car il traite en ce chap, des vertus,dons de guerifon , diuerfités de langues , Prophéties , amp;nbsp;autres femblables dons fpirituels. Si donc les Moynes veulent rapporter ce paifagfi »UX Sainéks trefpalfés , pour dire qu'ils ont le

K don

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5Î4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LIZ.

don de guerifonàl faut auffi qu’ils ayent le doni des langues,amp;qu’ils reuiennent encores en ter re J pour édifier l’Eglife par leur labeur: ou que les Moynes facent parler amp;nbsp;prophetifer leurs chalfes amp;nbsp;fepulchrcs. Quant à nous , nous iu-geons de ce que Dieu veut, non par ce que les hommes veulent, mais par ce que lui-mefme nous en a déclaré en fa Parole : où il n’ell fait aucune mention ne de chalfes, ne de reliques. Bien y eft- il dit expreiFemctjque nul n’a cognu le fepulchre de Moyfe:amp; ce fut pour öfter toute occaiîon d’idolâtrie au peuple d’Ifrael: comme les dodes Théologiens l’ont entendu.

ARTICLE LIX.

£W(/1$. confejfe nbsp;nbsp;nbsp;les images Chrefitennes ne font

jjj. Idoles , cjne l’vfage d’icelles efi conformeanx fainlles Efcrttures : amp;nbsp;pour ce,ie renSce à. tous les Syn.mcen. erreurs des Juifs, Marcionifies, AJanicheans, de Xenas, des Pretendans, çè“ tous autres Jirtsi~ mages.

RESPONSE.

C’eft vne chofe qui eft grandement à déplorer, qu’apres que par la predication de l’Euan-gile,les Images des Payens ont efté abolies, l’Eglife a efté fans Images plus de cinq cés ans: qu'en fin fous couleur de la Religion Chreftien ne.elles ayct efté remifes par ceux qui fe dilent Chreftiens, amp;nbsp;fuccelfeurs des Apoltres. Encores eft-ce vne chofe plus à déplorer , qu’il fe trouue auiourd’hui des hommes qui maintiennent ceft abus auec fi grande opiniaftreté. Car que dira-on de ces Moynes,qui appellent leurs

Ima

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5IJ

Images, Chreftiennes? amp;nbsp;mefmes veulent faire à croire, que leurs Images ne font pas Ido-les:pour corrompre,non feulement les chofcs, mais auffi les mots î Car Idole , vient du Grec, amp;, Image , du Latin : amp;nbsp;l’vn amp;nbsp;l’autre mot eft pris pour vne mefme chofe : ainfi que fçauenC ceux qui font, tant peu que ce foit, verfés en ces deux langues. Partant, fi ces Moynes font Idolâtres en Grec, à peine pourront-ils eftrc Chreftiens en Latiibni en François:finon,peuc eftre, qu’ils foyent Chreftiens , comme ils di-fent que leurs Images fontChreftiennes-.fuiuat la fentence qui en eft donnée au Pfalme,quand , il dit, que ceux qui font les Images , amp;nbsp;qui s’y ' fient,font femblables à elles.

A fin donc de brifer ces Images auec le marteau de la parole de Dieu-.Nous dirons.premièrement,qu’eftant queftion du feruice de Dieu, il n’a efté licite d’introduire les Images en l’E-glife, fans auoir fondement expres en la parole de Dieu. Nous dirons, fe-condement, que puis que les Images font trefexprelfemêc amp;nbsp;trelclai rement prohibées en la parole Dieu, c’a efté Vne prefomptio intolerable,de drelfer cefte façon de feruir à Dieu cotre fon exprefte voloté, amp;nbsp;contre l’vfage des Apoftres,amp; de toute l’ancienne Eglife. Et pour efcîarcir la vérité de no Etre dire,nous propoferons les palfages fuiuäs;

Tu ne te feras Irtta^e taillee^ne femblance tjuel conque des chefes qui font là fus au ctel 3 ne et bas c» la terre,ni e's eaux qui font dejfous la terre. Tu tict‘(nlt;clineras à icelles, ne les feruiras.

K 2 ous

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^16 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LIX,

jrgfij prendrez bien garde pour 1/01 amej iptt^ vous n auez veu aucune ßmilitude au iour qng le Seigneur voslre Dieu a parle'à vous en Horeb du milieu du feu,à fin f^ue ne vous corrompiez que ne vous factez Image taillee j reprefentation de toute pourtraiture.

l.cKtt. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J/'ou s ne vous ferez point d'idoles, ne d’Image

taillee : amp;nbsp;ne vous drejferez flatuë, amp;nemet~

Dental.

trez pierre de reprefentation en vofire terre, pour vous encliner a icelle.

Hous démolirez leurs autels, amp;nbsp;defromprez leurs fiatues, amp;nbsp;brufierez au feu leurs bois; vous defecerez les Images de leurs dieux , perdrez leur nom de ce lieu : vous ne ferez point ainfiau Seigneur vofire Dieu.

Ne t’enquiers point de leurs dieux, difant; Comment ont ferai ces gens d leurs dieux ? amp;nbsp;ie feraj! ainfi.Tu ne feras point atnfi au Seigneur ton Dieu.

MalediHion fur celui qui dit d la pierre muet^ te:refuetlle-toy.Enfeignera-elleivoici,elle efi cou-uertc d or d argent, nj/ a aucun elj/rit de^ dans.

Jlidem. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;profite l'image taillee? Cefi vne fonte, amp;

chofè enfeignant menfonge.

ter.ïo. En ce potnil ils fe font abbrutis , çlr font fole-^ ment,que le bois efi inllrullton de vanite's.

Dent.ïô. nbsp;nbsp;nbsp;Eu ne planteras point de b0 fquage de quelques

arbres auprès l’autel du Seigneur ton Dieu,lequel tuferas:^ ne t'efleueras Image. Car le Seigneur ton Dieu hait cela.

I, csr.io. nbsp;nbsp;nbsp;Qug ne fo^ez idolâtres,comme aucuns d'eux.

Mes

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» RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JI7

Jl-fes àien aimés,fuyez arriéré de l'idolâtrie. Ibidem. £nfans,gardez-vous des idoles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.IoAn.^'

Ces paUages, 8c infinis autres qui fe voyent enrEfcricure, déclarée ouuertementjque Dieu a les Images en abomination.Et ne fert de rien de dire, que les Idoles font Payennes, amp;que les Images font Chreftiennes. Car l’Efcriture vfe de mots qui comprennent l’idole , l’image drelfee,l’image peinte, amp;nbsp;généralement toute effigie qu’on voudroit propofer pour le feruice de Dieu.

Auffi peu fert d’alleguer,que Dieu condam-noit les Images des Payens , 8c non pas les leurs : veu qu’au contraire, il condamne les v-nes par les autres. Car le Seigneur ne defend pas feulement d’adorer Iupiter,ou Mercure,ou leurs Images ; mais il defend auffi à fon peuple d’enfuiure les Payens en cell: endroit,amp;de dref fer des Images pour fon fcruice : quand il dit. Vous ne ferez point ainfi au Seigneur voflreDieu. Il ne dit pas , à lupitet, ou à Mercure : mais il parle de foy-mefme, 8c declare, qu’il ne veut point qu’on mefle les Images en fon feruice: d'autant qu il hait cela. Et mefme quand Moy-fe leur ramentoit, que lors que Dieu donna fa Loyen Horeb, ils n’auoyent point veudefi-militude, à fin de ne faire aucune image. Il n’e-ftoit pas quellion des dieux des Payens; mais Moyfeveut declarer, que Dieu a voulu öfter toute occafiô à fon peuple de faire aucune ima ge à fon honneur. Autrement, le premier amp;nbsp;le ij.Commandement n’en feroyent qu’vn.Com-

K i me

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518 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE irx.

me auffi ceux de rEglifeRomainc ont tant ofé, *}ue d’ofler amp;nbsp;effacer le fécond Commande-mét,par ce qu’il condamne fi euidément leurs images. Qui eft vn attentat horrible amp;nbsp;intolerable , amp;nbsp;duquel les autheurs amp;nbsp;fauteurs rendront comte au iufte iugement de Dieu.Et cependant nos Moynes ne celfent de nous con-ioindre effrontément, c’eft a dire, Monachale-ment, auec les Manichéens, amp;nbsp;autres anciens heretiques : au lieu qu’ils deuroyent cux-mcf-mes pleurer, amp;nbsp;fe repentir d’eflre compagnons de l’audace prefomptueufe des Manicheés,qui oftoyent amp;nbsp;effaçoyent de l’Efcriture fain ôte ce qu’il leur plaifoit.

Qu’ils n’excufent point auffi les Images,pour dire,qu’ils ne les adorent pas comme Dieu.Car il eft défendu de s’encliner deuant elles : amp;nbsp;y a ces deux choses,s’endiner,(^ lesfèrutr: c^ai toutes deux font défendues. Parquoy quand le Seigneur dit à Elie, qu’il y en auoit en Ifraël qui conferuoyent la vraye do(ftrine,il dit nommément , (jttib nauojent point ployé legenouH deuant Baal. Penfent-ils auffi que les Paycns ayct iamais creu,que les images de leurs dieux fulfent leurs dieux-mefmes , ou que l’image de lupiter , fuft lupiter ? Car il appert alfez par ce que dit le greffier d’Ephefe,aux Aéles des Apo lires, que les Payens mettoyent difference entre leur deeffe Diane, amp;nbsp;l’image d’icelleuoinél ce qu’en dit fainél Auguftin,recitant les excu-fes des Payens , qui fe penfoyent eftre les plus habiles. Nous n’adorons (difoyent-ilsjl’image, ou

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;519

OU quelque diuinité qui foit en l’image j mais en cefte effigie amp;nbsp;reprefentation corporelle, nous voyons le ligne de la chofe que nous de-uonS adorer.Ce font les mots des Payens,reci-tés par S. Auguftin , amp;nbsp;réfutés tout enfemble: qui, nonobftant toutes leurs excufes, les con-damne,d’auoir changé la gloire de Dieu incorruptible , à la relfemblance de l’homme corruptible : amp;nbsp;d’auoir adoré amp;nbsp;ferui la creature , en delailfant le Créateur : ainfi que S.Paul en par- K.'””-!-le en l’Epiftre aux Romains. Et de faiél, fi les Moynes amp;nbsp;leurs adherans n’adorent les Images : pourquoy donc font- ils à genoux deuantî Pourquoy, ayans les yeux fichés en l’image, ils luidifent leur Pater nofter î Dequoy feruent les chadelles prefentees aux images’Pourquoy baife-on les images, ainfi que faifoyent les anciens idolâtres ? aufquels on difoit (comme re- . , cite le Prophete) Qj£,on baife les veaux. loinél, qu’on fçait alfez que le baifer a efté,amp; eft vn figue d’hômage.Pourquoy auffi les veft-on fom-ptueufement és iours de leurs feftes ? A quel propos fait-on cet lieues pour voir vne image, dont on aura cent pareilles, ou en fa parroiife, ou en fa maifonî d’où viêt que les plus vieilles, les plus noires, amp;nbsp;enfumees ont plus de vertu? cft-ce qu’elles ayét plus d’experiéce que les autres ? Pourquoy auffi les porte-on aux Procef-fiôsîfi ce n’eft par ce qu’elles ne peuuét pas mar cher d’elles-mefmes,comme il ell dit au Pfeau-me. D’auantage,cornment appellera on l’image que les Prcftresamp;Moynes font àDieu le Pe-

K 4 re

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JiO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE L I X.

re,lui donnant vne barbe grife,vn nianteau,amp; vne couronne imperiale ? fera-ce vne fuperlti-tion,ou vne idolatrie,ou vn facrilege.’Ces mife râbles amp;nbsp;endurcis,ferot-ils touiiours fi fourds, denepouuoir ouïr ce que Dieu criefihaute-ment par fon Prophete? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ferez.~votts

f(mblahle,dtt le Seigneur.Q^c dirons-nous auffi des monftrueufes images amp;nbsp;infames,lefquelles ces bons aduocats maintiennent comme les au tres? le cheual de S. George ell adoré aucc fon maiftre: le pourceau a fa part des chandelles auifi bien que S.Antoyne : le lyon eft honnoré auec fainôt Marcde veau, auec S. Luc ; le bœuf amp;nbsp;rafne,auec l’image de la Vierge Marie amp;nbsp;de lofeph :en fomme, tout y eft plein de beftes. Et, ce qui eft encor pis, le diable eft efieué en naonftre,auffi bien que S. Michel:amp; les poures bigots ne font pas moins à genoux deuât Tvn, que deuant l’autre. Allez donc maintenant,amp; defendez vos Images par vos fubtiles dinftin-dions : ou pluftoft , ayez honte de voftre hon-te. Et penfez vne fois à celle fentence de lefus Chrift,^»^ les vrais adorateurs adorent en Eß’rit

vente-

Qrigw. Car d’alleguer d’orefenauâr,apres voftre Pa-pe,que les Images font les liures des ignorans, n’eftque trop réfuté par l’extreme ignorâcequi eft aduenue au peuple par ce moyen. Dieu veut qu’on parle, amp;nbsp;qu’on prefehe, pour enfeigner les ignorans,amp; non pas qu’on leur propofe des images muettes, qui ne peuuét enfeigner:ainfi que nous auons tantoft ouï du Prophete.

Oyons

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;511

Heb.i.

Oyons maintenant les pallages de rEfciitu-re dont ils abufent.Gar pour maintenir les ima gesj qu’ils appellent Chreftiennes 3 ils alleguêt les Chérubins qui eftoyent fur le Propiciatoire du temps de Moy fc: c’eft à dire^des figures que le peuple ne voyoit jamais , tant s’en faut qu’il en peuft abufer : eftant chofe toute notoire, que felon la Loy, le Propiciatoire eftoit enclos au lieu qui eftoit appelle Trelfainôl, où jamais perfonne n’entroit, que le fouuerain Sacrificateur,vne fois ran,amp; non plus. Le peuple donc qui oyoit lire en la Loy,quele Propiciatoire e-ftoit couuert des aifles de deux Chérubins : e-ftoit enfeigné par là,premièrement,que la Ma-iefté de Dieu eft jncôprehéfible,à fin de ne s’en reprefenter aucune figure , ou image , non pas mefmes l’entendement amp;nbsp;penfee. Puis auffi ap prenoit par là,qu’jl eftoit encores fous les ombres de la Loy,attédant l’ample amp;nbsp;claire mani-feftation delefus Chrjft, qui eft le vray Propiciatoire de l’Eglife : ainfi que l’Apoftre aux He btieux le declare alfez. Maintenant donc que lefus Chrift eft reuelé,amp;les anciennes figures delà Loy ont pris fin, comme dit fainél Paul,nous contemplons le Seigneur à face def-couuerte : quelle ignorance eft- ce, de nous remettre au deuat les chofes qui appartenoyent aux ceremonies amp;pedagogie de l’AncienTefta met,pour nous moftrer cornent nous nous de-uons conduire fous le Nouueau , apres l’ample manifeftatió deIefusChrift?Mais il vaut mieux declarer ceci par les paroles deS.Auguftin,que c.105.

par

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Jll nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICtE tlX.

par les noftres.Car parlant du Propicïatoire,amp; des Cherubins:c’eft,dit-iljvn grand Sacremét, oujMyftere. Car d’autant que ceux-là mefmes qui s’auancent en la crainte de Dieu , ne peu-uent entièrement accomplir la Loy , le Propi-ciatoire eft par delPus. Car il eft necelfaire que Dieu lions (oit propice , amp;nbsp;que fa mifericorde foit ail dedùs de fon iugemét.Et les deux Chérubins qui couuroyét le Propiciatoire de leurs ailesj’honnoroyent en le couurant : parce que ces myfteres eftoyent làx’eft alTauoir^la Loy,la manne,amp; la verge d’Aaron ; amp;nbsp;fe regardoyent l’vn l’autre ; pour monftrer laconuenance du Vieil amp;nbsp;du Nouueau Teftament. Par ces paroles de S.Auguftin,on pourra encores mieux co» gnoiftre le peu d’apparence qu’il y a,de remettre en auant l’exemple des Chérubins , pour couurir,non le Propiciatoire,felon laLoy,mais * l’abus des images introduit en l’Eglife contre la Loy, amp;nbsp;cotre l’expreile defenfe que Dieu en a faite en fa Parole. Tellement que nous pou-uons bien dire,apres Efaïe,que c’eft la couuer-ture qui couure les natios, iufqu’à ce que Dieu Porte par la predication de i’Euangile.

Ils fe veulent auffi feruir de certe Prophetie qui ert en Efaïe:£’» ce tour-là , aura vn autel au Seigneur au milieu du pais d‘Egypte : amp;nbsp;v» tiltre du Seigneur auprès de fes limites. Comme lî par ces paroles le Prophete vouloir prédire les images de l’Eglife Romaine. Qui ert vne chofe fl ridicule que rie plus.Car outre ce que, û certe Prophetie eurt ertc touchât les Images, elle

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’. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51:5

elleeulldeu ellre accomplie du temps des A-Îiollres,amp; de la primitiue Eglife, durât laquel-e on n ouït onques parler d’images drellecs entre les Chrelliens.il y a encor celle abfurdi-te,qu’à peine prouueront-ils qu’en Egypte il y ait iamais eu images , comme en l’Eglife Romaine. Or le pallage d’Efaïe ell allez clairid’au-tant que parlant de la predication de l’Euangi-le, qui deuoit retentir en Egypte, il la fignifie fous la figure du feruice accoullumé en la Loy. Et partant il parle d’vn autel,dót l’vfage elloit lors.Et ne dit rien des images,comme nosMoy nés pewfcnt.C’ell pourquoy au precedent ver-fet il dit, ejuen Egypte on parlerait le langage de Chanaam : c’ell à dire, qu’on y receuroit la do-örine qui eft enfeignee en TEglife de Dieu:par ce que les Ifraëlites qui eftoyent lors en la terre de Chanaam, eftoyent l’Eglife du Seigneur. Et Zacharie dit en mefme fens , que Egypte amp;nbsp;les autres nations celebreroyét la fefte desTa-bernacles. Au relie, ce mot de tiltrey ou, Mon~ ioj!e,otfegt;ife[^ne, dont vfe le Prophete, ne lignifie pas. Image, mais vn figne amp;nbsp;marque , pour lUonllrer quails feroyent ioinôls en mefmeRe-ligion auec les vrais Ifraëlites. Et à celle caufe, il fait mention des limites d’Egypte, où coullu mierement tellesMon-ioyes elloyent drelTees. Adioullant aulli ces mots:c^ fera,dit-iï,enjigne 0quot; e» tefmoigna^e a» Seigneur des exercites en Ia terred‘Egjpte,Qe\i\ donc de l’Eglife Réformée ®nt,à ho droidl en ce temps, comme au milieu ‘l’Egypte, drclfé le pur feruice de Dieu : Si tef, moi

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Ji4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LX.

jtnoigné publiquement par leur profeflion ex« terieure, qu'ils font, par la grace de Dieu,deli-urés de toute fuperftitiô amp;nbsp;idolatrie. Mais nos Moynes fe font mefcontés en alléguant ce paf-fage: amp;nbsp;deuoyét pluftoft faire leur proffit de ce qui e(| mefme chap, qu'ils ont cotté : af-fauoir , que le Seigneur ferait trebufcher les ima^ ges d’£gjpte. Ce qui aduiendraauffiàcellesde l'Eglile Romaine, quand il plaira à Dieu, Et ne feront garanties par le fécond Concile de Ni-cee, duquel fe vantent nos Moynes,autât pernicieux , que le premier aefté vtile à la Chre-ftiente. Et de faiôtjes crimes enormes de ceux qui le procurerétjles fortes raifons qui y furet alléguées , amp;nbsp;les grands iugemens de Dieu qui s'en enfuiuirentjont aifez tefmoigné,combien on doit.adioufter de foy à vn tel Concile. Or puis qu'ils aiment plus les Conciles que la pa-I role de Dieujls deuoyent,pour le moins,defe-Co„c. £_ ter quelque chofe au Concile Elibertin,lequel lib.ciin.^6. refida vertueufement à ceux qui vouloyent déflors introduire les images en l'Eglife. De-T-fifl. uoyent auffi faire quelque cas de l’ancié Euef-ue EpiphaniuSjqui rompit l'image du Crucifix qui eftoit à l'entree d’vn temple, difant que cela elloit indigne des Chreftiens. Comme auffi Corrx Cel- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^icn dit, que les images des Chre-

ƒ»»! ftiens font les Chreltiens mefmes.Et Ladance Infidi, i,c. afferme, qu'il n'y a point là de v raye Religion, '^9' où les images font drell’ees pourReligion.Sans qu'il nous faille dire,que le Côcile tenu à Frac-fort , fous Charles maigne, n'approuue pas le Con

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yiy

■Concile fécond de Nicee^tenu fous l’imperatri ce Irene, allégué par les Moynes:au contraire, défendit de porter honneur aux images, de les veftir,de leur offrir amp;nbsp;prefenter chandelles allumées , amp;nbsp;encenfemens , de s'agenouiller ou defcouurir la tefte deuant elles : ledit Concile fut tenu enuiron l’an 795.

ARTICLE LX.

le croy vne faincÏe Eglife , vifiblsi CAtholiijtte, amp;^poitelii]fie,efparfe par l’vniaers,ejtfi commit-fiiijtte enfoy amp;nbsp;mœurs auec l'Eglife Romaine,dot £ph.^. KoStre S.f'le Rape efi le premier amp;nbsp;fuperieur of- GeneÇ.i^. feier au Ad tnt si ere ordonné de noH^re Seigneur lefusChrifl.Etpource ie detefie toutes ajfemblees, communions, amp;nbsp;doilrines contreuenantes , en quelque forte que foit , aux fatncles definitions d‘icelle.

RESPONSE.

Combien que ces Moynes Abiureurs ayenC alfez déclaré és Articles precedens, qu’ils font fort incôfiderés en leurs difcours, fi eft-ce que tnaintenât ils ont eu vne bonne confideration, de conioindre ceft article,de rEglife,au precedent article, des Images. Car tout ainfi qu’ils I ontlaîlTé la doûrinede l’Euangile annoncée pat les Apoftres , amp;nbsp;feellee du fang des fideles Martyrs de lefus Chrift,amp; fe font côtentés de leurs images, auffi n’ont-ils que l’image del’E-glife , ayans perdu la vraye fubftance d’icelle. Ils difent donc trois chofes en ceft article:

!• Qjf il y a vne Eglife, Sainéte, vifible, Ca-îholique, Apoftolique,cfparfe par l’vniuers.

II. Que

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^l6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LX.

Quant au premier,il faut,auant toutes cho-fes,entêdre le fens,amp; la lignification des mots. Car cefte fentence de S. Hilaire eft trefuerita-ble : Des paroles, on vient au fensidu fens, à la raifonide la raifon,à la vcrité.Ce mot dôc,d’E-glife,fignifie rairemblee,amp; multitude des fide-lesdaquelle eft accomparce à vu corps,dont le-fus Chrift eft le chef : à vne maifon,dont lefus Chrift eft le fondement;amp; à vne clpoufe,de laquelle lefus Chrift eft l’Efpoux. Partant TEgli-fede Dieu lignifie proprement les elleus : attendu qu’autres ne peuucnt cftre ne le corps, ne la maifon,ne l’cfpoufe de lefus Chrift. Com me aulli l’Apoftre dit, que tout le Corps de le-lusChrift prend accroillément de lui en chari-té:Et que lefus Chrift fandifie fou Eglife glo-rieufe : amp;nbsp;que nous fommes fa maifon , 11 nous perfeuerons iufques à la fin. loindcequieft déclaré en l’Apocalypfeiqu’il n’entrera en la ci té defcendant du ciel,que ceux qui font efcrits au liure de vie de l’Agneau. Et ces Moynes mefmes le confelfent (fans y penfer) quand ils appellent FEglife , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;; conformement au

Symbole : ce qui appartient aux Efleus , felon l’Efciiture.

Le

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RESPONS ï. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ17

Le mot de, Catholt^jue, (cell à dire, vniuev- Kom.^. felle)ne fetrouue pas en FEfcriture. Mais,pour lignifier toute TEglife , l’Efcriture fainôle vfe fimplement du mot d‘Egltfe'.amp;c quelque fois el-le la comprend fous le nom de lerufalem. Corn u.13. meS.Paul, quand il dit, que la haute lerufalem co/.i.tjx eft franche,laquelle elf mere de nous tous. Et femble qu’il ait pris celle façon de parler des ^.T/jc^r.' Anciens Prophètes,amp; fingulierement d’Efaïe: 10^ lequel parlant de l’Eglife vniuerfelle,où non feulement les luifs , mais auffi les Gentils de-uoyent efite tecueiïïis'.Lefte toj, àit-il,fois tll»-ngt;tnee,amp; on t‘appellera Cité du Seigneur,Sion du Sainél d‘Ifraèi.^t a.iUears:/eru/à/en),i'aj conflit tué des gardes fur tes murailles tout le tour nbsp;nbsp;tou

te la nutél.iamais ils ne fe tairont. Et fuiuant cela,il eft parlé en l’Apocalypfe de la Sainôte le- ^poe.u. tufalem defeendant du Ciehentendant par cela l’Eglife vniuerfelle parfaitement accomplie. Et rApoftre aux Hebrieux addrelfant fon propos à ceux qui ayans receu l’Euâgile par vraye Foy , s’eftoyent incorporés en l’Eglife vniuer-(çïïe:-vous eJleSidit-iïiVenus à la motagne deSiont a la Cite'du Dieu viuant, d la lerufalem celefie, ^c. Or nos Peres , pour mieux exprimer cela (fingulierement apres que par la predication de l’Euangile, l’Eglife qui eftoit au parauât en-clofe en la nation des Ifraclites , fut efparfe de «fpandue par tout le monde ) ont vfé du mot, Catholilt;jue,cei^ à dire,vniuerfelle:comprenanc parce mot tous les fideles eilens , depuis le Wtnnscncement du monde, iufqu’à la fin. Par

ainfi

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5iS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTIC IE I X.

ainfijil fera bon que nousîentcdions des Anciens mefmesjdefquels auffi Ie mot de. Catholique, ert venu lufques à nous.

laVfal.^o SainElAngMfltn-.V.t corps de ce chef,a(lauoir, lefus Chriiheft rEglilemon pas celle qui ell en ce lieu : mais qui eft en ce lieu, amp;nbsp;par tout le môdemi celle qui eft en ce temps : mais depuis . Abel iufqu'à ceux qui naiftront iufqu'à la fin, amp;nbsp;croiront en lefus Chrift : tout le peuple des Sainârs appartenant à vne Cité, laquelle Cité’ ” '' eft le Cotps de Chrift. Z'f dilleurs ; Il eft noftre

‘ chef, nous fommes felt; membres : toute fon E-glife qui eft cfpandue par fout, eft fon corps, dont il eft le Chef: non feulemct les fideles qui font àprefent, mais auffi ceux qui ont elle de-' liant nous, amp;nbsp;ceux qui ferot apres nous iufqù’à De cittech, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mode.^t ailleurs ; Les citoyens de le

wd. , rufalem celefte font tous les homes fanâifiés, qui qnt efté, qui font, amp;nbsp;qui feront. Lemefme,' Tous les iuftes, dés le comméneemét du monde ont eu lefus Chrift pour Chef:à fin qu'il ffift; le Chef de toute la cité de lerufalem : eftans' compris en ce nombre tous les fideles depuis le commencement,iufqu'à la fin.

i.i.Ef.j. Saintl Cjprten, Ceux-là font rEglife,qui de-r, ■. meurent conftamment enla maifon de Dieu.

: rEfpoule de Chriftme peut eftre corrompue : elle eft entière amp;nbsp;pudique : elle ne cognoit qu’vne maifon,amp; garde la chafteté coniugale par vne fainéle pudicité. C’eft celle qui nous garde à Dieü,amp; qui prepare au Roy au me celefte-les enfàns qu'elle a engendrés. j

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JlfJ

Sai»cl /J/egt;'o»fe,UEglHe,(^ai eftia congtega- MoLcaS tion de tous les Sainóts , eft appellee Colomne amp;nbsp;fermeté de vérité , felon l’Eternelle fermeté qu’elle a au Seigneur, Et ailleurs : L’Eglife Ca-tholique du Vieil ScNonueau Teftament afferme vne prouidenccjSc ne fepare point pour rai fon du temps, ceux qui font ioindls en mefme conditionmous fommes tous édifiés fur le fondement des Apoftres amp;nbsp;Prophètes.

Epiphane, Ma Colombe , ma parfaite : c’eff à centr.har, dire, l’Eglife Catholique, qui eil la Sainéle Ef. /)»er.5j. poufe de lefus Chrift.

SainU ChryfoElometVzj efpoufé, dit l’Eglife, vn celefte Efpoux , par la Loy, par les Prophe-tes,amp;c.Elle ne fc veut point adioindre à vn au-tve.EtailleMrs’.L'EgliCe eftleTabernacle que le Seigneur a fiché,amp; non pas l’homme ; elle fuit pfai.n^, de lieu en autre, mais elle ne fuit pas de pieté en impiété.

Sainil Ambroife:lt;ll^?tn'3i l’Apoftre dit, toute ^«.rrf.r. l’Eglife , il entend tout ce qui eft au Ciel amp;nbsp;en terre. Item ; L’Eglife ell la mere de tous les vi-uans, maifon fpirituellc, amp;nbsp;cité qui viura éternellement,car elle ne peut mourir.

Sainll Bernard. : 11 nous a eilens, dit S.Paul, Sup.cantl deuât la creation du monde, Sic. Il n’y a doute Scrw./g, que ces chofes ne foyent dites de tous les Ef-leus de Dieu:or les Eileus deDieu font l’Eglife. C’ell ce que lesAnciens difent pour expoler ce Tn(st,Catholicjnc,

L’Eglife eft auffi appellee ApoSbolitjtte, lequel tnot fut mis en vfageau commencement, pour

L figni

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550 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A r't I C L E LX.

fignifier les Eglifes efquelles les Apoftres a-uoyent Ie plus reficlé:amp; quiàcefle occafion eftoyent appellees Eglifes Apoftoliques. Depuis ce nom ^poH-olicjue a elle mis pour plus ample declaration de ce mot,EglifiCatholtijiie: à fin ququot;ou entendill que la vrayeEglife eft celle qui elt entièrement fondée fur la dodrine des Apoftres : amp;nbsp;qu'on reiettaft par ce moyen tous ceux qui fe voudroyent attribuer le nom d’Eglife à Faulfes enfeignes. Ce que nous pourrons entendre par ce que Tertullien en dit:Tât amp;nbsp;de fl excellentes Eglifes font vne Eglife.dit-ihafiauoir, la premiere Eglife fondée par les A-poftres J de laquelle toutes les autres font pro-uenues. Ainli elles font toutes premieres,amp; toutes Apoftoliques , quand toutes approuuéc vne mefme vnité.Item:Ie fuis heritiere des A-poftres (dit l’Eglife) ie tiens ce qu'ils ont lailfé, ordonné,amp; adiuréparTeftament.Item,A quoy cognoit-on ceux qui font eftrangers , amp;nbsp;ennemis des Apoftres , finon par la diuerfité de do-(ftrine que chacun d’iceux aforgeedefa tefte, ou l'a receuc contre les Apoftres?

I.COT.r^.

Vftl.uo.

Voila donc ce que nos Peres ont creu de l’E-glife Catholique , amp;nbsp;Apoftolique ; amp;nbsp;ce qu'ils ont principalement entendu par ces mots.Dót il eft facile à iuger, comment l’Eglife eft efpar-fe par tout le monde: non qu'il faille pour eftre l’Eglife Catholique amp;nbsp;Apoftolique,qu’elle foit receuc de tout le mode (car lefus Chrift régnera au milieu de fes ennemis iufques au dernier iour : ainfi que dit S.Paul apres Dauid)ou qu’il faille

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5^1

faille qu’elle comprenne la plufpart du monde (car elle ne l’a pas fait du temps des Apoftres amp;MartyrSjlors qu'elle florill’oic le piusx’c nous voyons aujourd'hui, auec trefgrâd regret, que la plufpart du monde eft pleine d’erreurs , non ' feulement de Mahomet,mais aufli de plufieurs autres) Mais nous difons.quel’Eglife eft efpar-fe par tout le mode , parce qu'elle n'eft plus re-ftrainte à vn peuple , comme elle a efté autrcf-fois:ains fans diftinôtion de lieux,amp;:de perfon-neSjl'Euangile eft purement annoncé où,quad, amp;nbsp;comment il plaift à Dieu. C'eft la raifon que S.Auguftin en allégué, vfant de ces mots:L’E- comr. lit, gliie du Dieu viuant,qui eft la colomne, amp;nbsp;/er- petiia.i.c, ( meté de vérité, eft efpadue par toute la terre,à J caufe de l'Euangile,lequel,ainfi que dit S.Paul, j eft prefché entre tonte creature qui eft fous I le ciel.Par cela ceft ancienDodleur nous mon-1 ftre,que fl nous voulus trouuer l'EglifedeDieu 1 en terre, il faut venir où l’Euangile de lefus 1 Chrift eft prefché purement,amp; non où les traditions amp;nbsp;commandemens,c’eft à dire, les fonr. gesamp; menfanges des hommes, font publiés, maintenus, amp;nbsp;authorifés : lefquels eftans ordinairement efpandus par tout le monde,ne font

I pas l’Eglife Catholique pourtant.

) Voyons maintenât, fi nos Moynes ont bien I dit,quel’Eglife Catholique eft vifible. Car fi l’Eglife Catholique fignine les vrays fideles amp;: efleus qui ont efté,qui font,amp; qui feront,il fan droit que ces Moynes eulfent les yeux merueil leufement aigus ôc clair-voyans, s’ils peuucnt

L i voit

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531 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LX.

voir cede Eglife Catholique, ainfi que les an-* ciens Symboles l’ont propofee, amp;nbsp;que nos Peres l’ont recognuë. Qu’ils difent doncjfi les A-poftres amp;nbsp;Martyrs qui font au ciel appartiennent à l’Eglife Catholique,ou non. S’ils ne l’o-fent nier-.de quels yeux dôc les voyent-ilsî forgeront-ils point quelque nouueau miroir en terrejauquel nous puiffions voir IcsSainds qui font au Ciel : tout ainfi qu’ils en ont forgé vn au ciel, par le moyen duquel ils difent que les Sainôts voyent tout ce qui fe fait en terre? Di-rôt-ils qu’il y a deux Catholiques, contre la fi-gnification du mot,amp; contre ce qui eft dit notamment au Symbole du Concile de Nicee :/e

faintie Catholicjue ^posiolicjue EgU' fe? il faut donc necelfairement faire difference entre l’Eglife Catholique, amp;nbsp;l’Eglife vifible. Car les Eglifes vifibles, ce font les particulières: comme eftoyent du temps des Apoftres, l’Eglife desCorinthiens,des Ephehens,Philip-piens, amp;nbsp;autres femblables. Telles Eglifes dôc font particulières , amp;nbsp;vifibles, amp;nbsp;en icelles il y peut auoir, amp;nbsp;y a couftumierement des hypocrites,amp; reprouués,qui n’appartiennent point .à cede Eglife Catholique, laquelle nous con-fedons au Symbole edre fainâ:e, amp;nbsp;de laquelle Anguß.in auffi les anciens ont parlé, ainfi que nous auôs ouï.Et de là vient celte fentence:Que plufieurs font en l’Eglife , qui ne font pas de l’Eglife : amp;nbsp;comme difoit S.lean , »A font fonts d entre nous» mais ils n eslojient pas des noftres. Par ainfi ce j.Iimw.î. ßvJe accoudumé entre ceux de l’EglileRomai-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ne

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response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;55J

ne,quand ils nomment TEglife Catholique,A-poftolique Romaine,eft vn erreur autant grof-her.comme il eft par trop vulgaire. Car cela ne peut non plus s’accorder amp;nbsp;conuenir , que qui diroit general amp;nbsp;particulier ,vilîble amp;nbsp;inuiCible tout enfemble. Ce qui a fait que ces Moynes n’ont ofé parler ainli en leurs articles : mais fuyans l’abfurdité du mof,ils n’ont pas laill’c de tomber en l’abfurdité de la chofe.

Car pour venir au fécond poinét de cell: Article,ils maintiennent que l’Eglife Catholique communique en Foy amp;nbsp;mœurs auec l’Eglife Romaine:tellement qu’à leur dire,l’Eglife Romaine eft la reigle de l’EglifeCatholique: Chofe non feulemét trefindigne, mais auffi trefab-furde. Et de faicl,n’efl:-ce point alfubiettir l’E-glife de Dieu,qui eft l’Efpoufe de lefus Chrift, J àlavoloté amp;nbsp;determinatiod’vn certain nombre de gens , qui feront à Rome ’ Cefte Eglife Romaine,qu’ils appellét,eft-elle l’vn des mem* bres de l’Eglife Catholique, ou non ? Si elle ne l’eft, elle n’eft donc pas Eglife, mais eft vn con-uenticule d’infideles,eftant hors de l’Eglife que nous confeftons au Symbole. S’ils difent qu’elle en eft vn des membres , il faut donc que le ' mébre foit fubiet au corps ,amp; le particulier au general:amp; ne faire pas comme ces Moynes,qui mettét la charrue deuàt les bœufs, ainfi qu’on dit en commun prouerbe. Partant fi l’Eglife Romaine veut prouuer qu’elle eft vraye Eglife, il faut qu’elle monftte qu’elle a communion ' iueclavraye Eglife, qui eft l’Eglife Catholi-

L 3 que

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5^4- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A R T I C L E I a

que J amp;nbsp;non au contraire, comme ces Moynes cuident ; lefquels ont oublié qu’ils eftoyent en Frace, quad ils ont drelFé ces Articles:veu que les Théologiens François ont toufiours foufte nu que le Concile eft au delîus du Pape.D’auaii Mltitcen- tage,pour cognoiftre l’Eglife Catholique, c’eft à dire, la vraye efpoufc amp;nbsp;le Corps delefus Chrift, il faut venir à la parole de Dieu, qui eft comme l’ame de l’Eglife. Car puis que l’Eglife eft la multitude des fideles ,amp; les fideles font ainfi appelles,à caufe de leur Foy, amp;nbsp;que la Foy ne peut eftre que par la parole de Dieu; il s’enfuit,que cefte Parole eft la vraye marque, pour cognoiftre amp;nbsp;difeerner la vraye Eglife d’auec la fauife.Et parce que ce poind doit eftre principalement confideré en cefte matière, nous propoferons les pafiàges fuiuans, à fin d’en c-ftre entièrement efclaircis.

jrDUS »estes plus eslrangers (^forains, nsttis combourge ms des fainüs ,amp;domefl(ijues de Dt«*» edifie's fur le fondement des j4poltres,^ desPfo-phetes, e^ant /eftes Chrifl la maitlrejfe pierre du coin:en qui tout le baßiment adioufli enfemblciß leue , pour efirevn temple faintl au Seigneur : en qui vous auffi eßes enfemble édifiés pour efire vn I 'Tim tabernacle de Dieu en elprit.

fin que tu fpaches comment il faut conuerfir en la maifon de DieU)qui efi tEglife du Dieu vi-uantycolomne ^fermetéde venté.

Kcb.^, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;defus Chrifi cß comme le Fils fur fa maifoUi

duquel nous fommes la maifon ,fi nous retenons ferme iufques à la fin, Paffeurance amp;nbsp;la gloire de l’eépe

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RESPONSE.

I eiJierMce. Partant, comme dit Ie fainü Plpritt fi aatourd’hai vous oyez, ßtvoix , nendurtiffez • foint VOS cœurSiÇ^c.

Duquel vous approchant^de lui^di-iCiqui efi la t-Veta» pierre viue gt;nbsp;reiettee des hommes , mais eßeue pretieufe enuers Dieu : aujß comme pierres viues^ esles edifies pour maifion fiiirituelle, fiatnlle Sa-ertjicatute , pour offrirfiacrtfices ffirttuels , ayrea-hles à Dieu par /efius Chrtfi.

.Afin que fiutuans venté auec charité, nous croiffîons en tout en celui qui efi le chef, affauoir, Chrift, duquel tout le corps bien adiousle', amp;nbsp;ferre enfemble,par toutes les lointures,prend accroif-fementjdrc.

Jlme monfira lagrandeCité fainéîe delerufale defcendant du ciel, lt;^c. Et le mur de la Cite'a-uoit douzefiondemens en iceux les noms des douze .Apofires de l’Agneau.

le fuis le bon Pafleurtö“ cognoy mes brebis,amp; fuis cognu des miennes, l’ay auffi d’autres brebis qui ne font point de ce^le bergerie , il me les faut uuffi amener,orront ma voix,amp;y aura vne ber gerie,?ff- vn PaUeur.

Puis donc que par ces tefmoignages de l’E-fcritureil appert, que l’Eglife de Dieu eft fondée fur la doôlrine des Apoftres amp;nbsp;Prophètes, amp;nbsp;partant eft la colomne amp;nbsp;fertneté de vérité: amp;que pour eftre la maifon de Dieu , c’eft adiré, fon Eglife,il nous faut perfeuerer en l'obeif fance de là Parole, amp;nbsp;en fefperâceque nous a-uons en icelle:puis qifil faut fuiure la vérité, fi riousvoulôsappartenir au corps delefusChrift:

L 4 Sc

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53(î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ART I C L E 1 X.

i.Cor.U.

amp; faut ouïr fa voix,fi nous voulons cftre de fes brebis ; il s'enfuir , que pour difcerner l’Eglife Catholique d’auec toutes les faulfes all'em-bleesjqui neantmoins s'attribuent le nom d’E-glife J il faut venir à la vraye preuue amp;nbsp;marque d’icelle J qui eft la parole de Dieu. Et qu'ainfi foitjles noms qui font dônés à l’EglifeJe mon-ftrent allez. Car elle ne peut ellre le corps de Chrift, amp;nbsp;receuoir la vie de lui, comme de fon chef, fl elle n’eft vnie à lui : elle ne peut eftrc la maifon de Dieu , bailie amp;nbsp;fondée fur lefus Chriit, qu'elle ne s’appuye du tout fur fon fon’ dement ; elle ne peut ellre l’efpoufe de Chrift, fans ellre vrayemét,voire d'vn lien infeparâble côiointe auec lui,Bref,elle ne peut ellre le trou peau de IefusChrift,fans eftre ail'uiettieamp; ren-gee a fa conduite. Or eft-il que noftre vnion a-uec lefus C hr ill, noftre appui en lui, amp;nbsp;noftre obeilfance enucrs lui, ne peuuent eftre que par le moyen de fa Parole, amp;nbsp;de fon Efprit. Il faut donc necelTairement venir à la parole de Dieu, pour nous faire recognoiftre l’Eglife Catholique : à fin de n’eftre trompés d''f n faux mafque d'Eglife: comme nous feriós fans doute,fi nous nous contentions d’ou’ir ce que l’Eglife Romai ne fe vante d’ellre, fans fçauoir ce qu’elle eft véritablement.'V’oilapourquoy S. Pauladuer-tilfoit les Eglifes , de difcerner les faux Apo-lires d’auec les vrais : veu que Satan fe transfigure en Ange de lumière. Et partant il prote-ftoit aux Galatiens , que ceux qui annoncent autre dotftrine que celle qu’il leur auoit pref-çhee

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;557

chce,eftoyent maudits.

Or que tel ait efté renfeignement de nos Pe res,il eil aflcz eùident par ces paroles de S. Au-guftin , lequel difputant de la vraye Eglife , die ainll ; N'oyons point ces paroles , ie di ceci, tu dis cela : Mais oyons plulloft ceci ; aiiilî dit le Seigneur. Il y a des Saincls liures , à l’authori-té dcfquels nous cofentons amp;nbsp;les vnsamp; les au- ' tres:Nous croyons ce qui y eil dit,nous nous y aiTubiettiiï'ons. Cerclions là l'Eslife : exami- ibidem, nons là nollre caufe.£4 vnpeu apres'.ie ne veux point monftrer l'Eglife par enfeigneinens hu-mains,mais par oracles diuins. Le mefine-.Noi~ Epiß^gg, ci les Eferitures communes, voici où nous a-uons cognu lefus Chrifl:, voici où nous auons cognu l'Eglife. Item : Vn chacun de nous cer-che rEglife,non en nollre iullice,mais és Sain-éles Eferitures.Ar ailleurs: Il ne faut pas adiou nbsp;nbsp;v«gt;f.

Her foy, mefmes aux Euefques Catholiques, s'ils font tellement trompés,que de croire quel que chofe contre l’Efcriture fainéle.Ze meßme.piß.i'ruti. Contre les tromperies 8c erreurs,Dieu a voulu i.

mettre vne fermeté és Eferitures , contre lef-quelles nul Chrellien n’ofe parler.

La foy eft le fondement de l'E-glife. Ztei» •• il faut quitter celle Eglife-là, qui reiette la foy,amp;ne retient pas le fondement de lapredication des Apollres.

S. Hierome defire entrer en l'Eglife par les Eferitures iainétes. Lui-mefme, n'cll p.is fortie de fes iimites:airjuoir,des fain-élcs Eferitures. Lt ailleurs : Là elt l'Eglife, où ell

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538 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LX.

eft Ia vraye foy : 1’Eglife ne confifte pas és pa-rois, mais en la venté des articles de la Reli-gion./zf«; : la feule vérité fouftient l’edifice de hitr. 0’.v^tZ;4«lt;?7^jLTglife Orthodoxe lifant droi-temcntles Efcritures , amp;c les examinant dili-gemmentjs’eft edifiee fur la pierre.

S.Chryfofiome, UEglife eft lerufalem , dont les fondemens font pofés fur les Efcritures.

Or quand la clarté de tant de palfages nous defaudroitjil y a vne raifon, qui deurpit efmon uoir les plus ignorans. Car puis qu’il faut que la vraye Eglife dure toufiours , fumant cequi eft dit -./ejuis auec vous iis/ijues à Ia confomma-tion du monde, il la faut donc cognoiftre par v-ne chofe qui foit certaine amp;nbsp;immuable. Et par confequent, il ne fe faut arrefter ni aux temps, ni aux lieux , ni aux perlbnnes , veu que toutes ces chofes font fuiettes à ordinaires mutatios. Mais il faut venir à la parole de Dieu , de laquelle il eft dit, /quelle demeure éternellement: voire la parole de tLuangtie, i^ut nous a eslé an-»ö«cfe,dit fainél Pierre. Dont nous recueil-lons-i que la parole de Dieu eft la mefure amp;nbsp;rei-gle à laquelle 1 Eglife doit eftre mefuree , rei-glee,amp; recognue pour vraye Eglife. Au contraire, (î nous voulons croire ces Moynes,il faudra dire que l’Eglife de Rome eft aulTi la mefure de foy-mefme : eftant la mefure de toutes les Eglifes : ce qui ne peut eftre. Car, comme dit Tertullien,nul n’eft tcfmoing pour foy-mefme. Par ainfi, quand nos Moynes veulent

con

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RESPONSE.

conclurre, que l’Eglife Romaine eft vraye Egli fe , pour ce qu^’clle eft Eglife Romaine, certes, ceftc façon de raifonner eft par trop defraifon-nable,voire trefinepte, amp;nbsp;ridicule : c eft à dire, vrayement Monachale..

Et quant à la conformité en foy, amp;nbsp;mœurs auec l’Eglife de Rome , dont nos Moynes parlent,cela móftre qu’ils font fort mauuais Theo logiens, en quelque fens qu ils prennent ce mot,de'wa^rijfoit pour couftume(ce qui feroit dit improprement) foit pour la conuerfation amp;nbsp;la vie. Car ne les couftumes , neles mœurs de cefteEglife-là,ne peuuent^ftre la reigle de TE-glife Catholique:amp; les autres Moynes ne vou-droyent maintenir ceft erreur.Mais il faut que ceux qui ont dreft’éles Articles de cefte Profef fion, trouuent quelque chofe es mœurs de TE-glife de Rome,qui leur foit fpecialement agréa Ble.De noftre part, nous eftimons tresheureux ceux qui n’ont aucune communion auec elle, voire telle qu’elle eft auiourd’hui, ni en fa loy, ni en fes mœurs.

Et à fin qu’on fçache que ce n’eft pas dés ce- Sup.Cant. fte heure que l’Eglife Romaine eft horrible- ' met corrompue, qu’on voye ce que S. Bernard en a efcrit de fon temps , comme nous auos dit en noftre Preface. A quoy nous adioufterons encores ce qu’il dit des Prélats d’icelle Eglife: ƒ Voyez,dit-il,cornent ilsmarchét en pompe,ornement ,amp; bigerreries d’habitsid’où vient telle abondance , telle lueur d’habits , tels exces de *’ viandes , tel amas de vailfellejd’or amp;nbsp;d’argent, linon

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54° nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LX.

linon des biens de FEglife? Cependant l’Eglife ell delaill'ee poure,nuëjmifcrable,defchireejhe rilFee, pallc, amp;nbsp;fans fang. Ce n’eft pas maintenant orner l’Efpoufe , mais la delpouiller ; ce nquot;eft pas la garder , mais la perdre : ce n’eft pas la defendre,mais c’eft l’expofer à tous dangers; ce n’eft pas l'inftituer , mais la proftituer : ce n’eft pas paiftre le troupeau,mais le tuer,amp; deft- noter. Où font ceux d’entre les condutleurs amp;

Prélats de l’Eglife, qui n’aycnt plus de foin de vuider les bourfés,que d’arracher les vices?

Or ce feroit peu de chofe, que ceux qui doi-nent veiller fur nous,ne nous gardaft'ent pas, fi auffi ils ne nous perdoyent. Voila comment S. Bernard depeignoit l’Eglife Romaine de fes ■'villes couleurs.

Venons au rroifieme pointft de ccft article, où nos Moynes difent, que leur faindtperelc Pape eft le premier amp;nbsp;fuperieur officier del’E-glife Catholique,au Miniftere ordonné de no-ftre Seigneur lefus Chrift. Idles Moynes ne parlent pas fi magnifiquement de leur Pape, que les autres ont accouftumé, quand ils le difent eftre le chef,amp; fondement de l'Eglifeiains fe contentent de l’appeller Officier. Et, peut e-ftrejferont- ils cêfurés par les Iefuites{qui font les principaux amp;iurés fatellites duPape)de n’a uoirpas allez dit^ Mais quand ils adiouftent, qu’il eft premier amp;nbsp;fuperieur, encores qu’ils n’ayent ofé toucher celle chorde que biépeu, fi eft- ce qu’on entend facilement, qu’ils veulent par la eftablir la primauté du Pape : la-

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;541

quelle a défia efté refutce par tant de doûes e-fcritSjqu'il ne nous eft befoin d’en entrer,pour cefte heure , en long difcours. Aulfi n’en alle-guent-ils aucune raifon, amp;nbsp;ne cottent aucun palîage de l’Efcriture , qui puilfe feruiràcefte prétendue Primauté: c’eft à dircjà la principau téjRoyaume amp;nbsp;Empire de l’Euefque de Rome: ou pluftoft à fon iniufte domination, qu’il a de tout fon pouuoir vfurpee furies Empereurs, Roys , amp;nbsp;Princes de la terre. Nous nous contenterons donc de lui oppofer les palfages fui-uans:

L.es Princes des nations les maifirifent, les grans vfent d'authorité[uriceux,Aït lefusChrift àfes Apoftres: mais il ne fera point ainß entre •vous : atns ejniconqnes voudra eflre grand entre vousjfoit voflre valet:amp;• ejuiconque voudra eslre premier entre vous,fait voftre feruiteur.

Rendez, à Ce far les chofes c/ut font à Cefar :

lt;ï Dieu celles ejuiJont à Dieu.

Ieprie les Anciens tjui font entre vous,moy cjui fuis Ancien auec eux, (dit S.Pierre) (ÿ- tefmoing des fouffrances de Chrifi.-eputfuisaujfi participant de la gloire laquelle fera reuelee : paijfez le troupeau de Chrifi, qui vous efl commis , en ajansef-gard furicelui, non par contrainte, mais volontai

rement : non point pour gain deshonneïle, mais d vn prompt courage : Çp' non point comme ayant feigneurte fur les heritages du Seigneur, mais tellement que foyez exepledu troupeauitâ“ quand, principal Pafleur apparoifira , vous recourez iti couronne incorruptible de gloire.

Soyez

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442- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article lx.

»•Pft.i. Sojez[niets à tout ordre humain (dit S. Pierre) pour l‘amourde Dieu:[oit au Roy,comme att [uperieur ; [oit aux Gouuerneurs, comme à ceux

, yui[ont enuoyés de par lui.

le nayni or ni arpent (dit S. Pierre defauoué par Je Pape) mais ce que tay,ie le te donne.

Allez (dit lefiis CJirill à Tes Apollres) amp;nbsp;en-doElrinez toutes gens,les hapti[ans au NomduPe

^ re, amp;nbsp;du Fils nbsp;nbsp;nbsp;du [amid Esprit, les en[ei‘\

gnans de garder tout ce que ie zous ay commadé. Par ces palPages, il appert euideinmeiitj que les Miniftres de l'Eglife Chreflieiine rfont aucune leigneurie ou domination , ne les vns fur les autres,ne tous enfemble,oii aucun d'’euxfur toute l’Eglife. Tellement que comme entre les Apoftresjdefquels Dieu s’eft ferui au commen cernent pour fonder l’Eglife Chrefticnne, l’vn ifauoic aucune fuperiorité fur l’autre (comme auffi refus Chrilt le leur auoit défendu lioindt ce que S. Paul dit de fon efgalité auec les au-a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Apollres.) Pareillement entre les Palleurs

ordinaires de l’Eglife, vnEuefque ou Palleur ne peut prétendre aucune domination ou fupe rioritc fur vn autre Palleur del’Eglife.

Et combien que la dillinôlion des dignités Ecclelialliques n’a que'trop toll commenté en l’Eglife, puis qu’elle y a amené vne fi -horrible côfufion: fi ell-ce que les Anciens ont eux-mef mes recognu la vérité de ce que nous difons ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;maintenant.Car voila ce qu’ils en ont dit:

S.Cyprien.ïlEpiCcopit (dit-il,parlant du Mi £.cci. nillere Euangeliquc) eft vu, d.uquel chacun

Euefq

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RESPONSE.

Euefque tient vne partie auec Ie drciâ: entier dudit Epifcopat. 7/t»z.-nous deuons garder Tv-riicé de l'Eglife, nous principalement qui fom-ïïies Euel'ques , amp;nbsp;qui prelidons en l’Eglife de Dieu:a fin que nous monftrions par là,que TE-pifcopat eft vn , amp;nbsp;indiuis. Et aillettrs : L’Egli-fie de Chrift diuifce parmi le mode en plufieurs parties , eft vne Eglife : amp;nbsp;femblablement l'E-pifcopat, ou Miniftere,qui eft efpandu ça amp;nbsp;là par vne multitude accordantedc plufieurs E-uefquesjeft vn Epifcopat.LeA vu cha-cunPafteur certaine portion du troupeau eft affignee, laquelle il regillejamp; gouuernej ayant à rendre compte à Dieu de fes aôtions. Partant il ne faut pas que ceux fur lefquels nous preiî-dons,courent çà amp;nbsp;là,pour rompre, par ces artifices,fvuion amp;nbsp;concorde des Euefques.

5. j^uguflin , expofant ces mots du Pfalme: In les filles des Rois l'ont deleüé : voila , dit-il, Rome,voila Carthage , voila plufieurs autres Ci-tés:ce font comme les filles dcsRois,amp; ont de-leôté leur Roy en Phonneur d'icelui:amp; déroutes eft faite comme vne Royne , de laquelle il eft dit,/4 Rayne eft à ta. de)ctre,amp;c.

S.Hierome, De quelque lieu que foit TEuef- •£«■lt;■; que, ou de Rome,ou de Conftantinople,ou de Rhege, ou d'Alexandrie, il eft de mefme meri-te,amp;: de mefme Miniftere,ou office.

Nous voyons donc que ce que ces Moynes difent,eft tresràux:alfauoir, que le Pape, c'eft à dire, l’Euefque de Rome,foit premier,amp; fupe-tieur officier au Miniftere ordonné de noftre

Sei

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j44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;article lx.

Seigneur lefus Chrift:veuque cede fuperiori^ té ell défendue par lefus Chrid mefmes,en teC mes expres:amp; que S. Pierre la condamne tellement, qu’il ne veut pas que les Fadeurs de l’E-glife recognoillent autre Chef ou principal Pa fteur,qu’vn feul Jefus Chrid: ainfi qu’il nous a epfeigné par fes paroles.Et de failt;d,les anciens Euefques ont touGours appelle les Euefques aniiquus. de Rome leurs Collègues amp;nbsp;compagnons. Et combien que deGa du temps du Concile de Ni cee les Euefques ne fulfent que trop ambi-tieux:fi cd-ce qu’il fut dit lors,que les trois Pa triarches, alfauoir, d’Antioche, d’Alexandrie, ôc de Rome,auroyét chacun fes bornes amp;nbsp;limi tes didinôles amp;nbsp;feparees: Tellement que l’Euef que de Rome ne fut onques leur fuperieur. Et fl pour edre vray'e Eglife,il faut recognoidre le Pape pour fuperieur,il s’enfuiuroit que tous les Chrediens d’Orient,amp; toutes les Eglifes qui y ont edé G belles amp;nbsp;fleuridantes , ne furent ia-mais vrayes Eglifes : veu qu’elles n’ont iamais edé fuiettes au Pape. Qu^i plus ed,quand l’Euef que de Condantinpple, abufantde l’authorité de fa ville, qui edoit lors le principal Gege de rEmpire,fe voulut intituler,EnefcjMe vniuer/el, c’ed a dire,ayant fuperiorité fur tous les Euef-queSjSc fur toutes les Eglifes du môde:Gregoi-31.58.59. j-g qyj pour lors edoit Euefque de Rome , s y oppofaznô qu’il ofaddire ce que fes fuccelfeurs ont fait tout ouuertement depuis:airauoir,que cela appartenoit au feulEuefque deRomeimais au côtraire,il protede que cela relfentoit 1 An-techrift

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;541

techriftjveu que cefte dignité n‘eft propre qu’à' vn feul lefus Chrill.Car,dit-il,que diras-tu au iour du iugement à lefus Chriftjquieft chef de toute l’Eglife: toy qui t’efforces d’alfubiettir tous fes membres à toy, par ce nom que tU te donnes d’Euefque vniuerfel î Voila l’opinion de ce Pape ; à fin que les Moynes aduifent iuf-ques où ils le voudront refpederiqu’ils penfenC' auffi à fe deibelopper des Canos amp;nbsp;Decrets de l’EglifeRomaine,qui côtiennét ce qui s’enfuit:

(^e l’Euefque du premier fiege(dit IcCanon Can.pf!»»^ tiré du Concile d’Afrique) ne foit point appel- ^‘^'‘•^■99 lé le Prince des Euefquesamp;Minitfres Ecciefia--ftiquesjou Preftre fouuerain,ou chofe fembla— blc : ihais qu’il foie nommé tant feulemcntjl’E-* uefque du premier fiege:amp;que l’Euefque deRo । me ne foit pas mefmes appelle vniuerfel. Item, nullM Si l’vn des Patriarches eftappellé vniuerfel.les autres ne font plus Patriarches. Item: au commencement de vos lettres,vous m’auex appellé Pape vniuerfel ( dit Gregoire, lors Euefque de’ Rome.efcriuant au Patriarche d’Alexandrie) gt;nbsp;-eequeie voas:pne ne taire plus. Car celaqur/^/j^^^^ eft donné à vn autre par deflus ce qui lui appas tientjvous eft ofté. le ne cerche point vn hon-' neur qui ofte l’honneur de mes freresil’hôneut de toute l’Eglife eft mon honnear,amp; ie fuis ho noré, quand vn chacun a l’honneur qui lui ap-»' partient.Car en difant que ie fuis Pape vniuerfel.vous niez que foyez cela que me dites eftre Vniuerfel.Par ces paroles l’Euefque deRome re cognoilToit que le Patriarche d’Alexâdriene*

M fteit

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54*^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLEIX.

ftoit pas moins Pape que lui. Ce que nous dî-fons» non pour approuuer le Primat ou Patriar chat qui eu hn eft dégénéré en fouuerain Pa-pat: mais pour moflrer qu'il faut foudroyer l'â« bition des Papes,par leurs Canons mefmes : au lieu que cesMoynes les flatter tât qu'ils peuuet, amp;nbsp;péfent fous ce motofficier, faire doucemcC couler laTyrannie horrible que le Pape s'efforce de plus en plus d'exercer, non feulement fur lespeuples,mais auiïï fur les Rois amp;nbsp;Princes:amp;: cela mefme eft apparu de frefche memoirej çô-' ’me défia nous auos dit ci defl'us,quand nous a-uons codamné les faux Apoftres en l’article vj. Car nous voulons que tout le mode fcache, amp;C que ceci foit enrcgiftré à la pofterité ; Qifen l’an-mil cinq cens quatre vingts amp;nbsp;cinq ,'Stxte N, fe difant Êuefque de Rome,a,par vne fienne bulle,expofé en.proy e leRoyaume,païs,eftat,amp; tous les biens,prefens amp;nbsp;aduenir quelconques, d.e Henry fecoaid,Roy.de Nauarre: amp;i pareille-rnent tous lés biens de Henry Prin.cede-Godé:' .jtous deux Princes trefchreftiens'-amp; tref-.ver-quot; tueux-.les déclaras decheus de leurs cftats,biésj' lv3nneurs,dignités,prefens-amp; aduenir,amp; incapables d’iceux,t?ant eux que toute leur pofteri-té.Faifant,par ce moyen,vn manifefte attentat contre tous droiéts diuins amp;nbsp;humains,mefmes contre l’authoriré du Roy,îkles priuileges que l’Eglife Gallicane, s eft referués contrel’ambi-tiqn P.apale iufqu\à prefent. Mais nous n’en dirons maintenaiic d’auantage : ayans efgard au fuiet . qui nous eft proposé : eftans certains

que

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RE s Ji Ö NS E. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J4T

que tant de doótes lürifcófultes François qui font auiourd’hui, ne lairront palFer fous'filen-' ce vue chpfe qui importe de tant à ceflreftär.

Vóik döhc vn maiftre officier , qui tafehe à’ naetti'ç Jésd'ceptrçs Sccqurones fous fes pieds.’ Il faut doc leuer le mafque,amp; dire franchemét ce qui en eft; Que le Papo veut auoir puilfànce ôi cornRiandement fur’les confeiences^pbur e-ftablir telle Religion qu'iHüi plaira, enfemblé fur l'eS p'erfonnesjvoire les plu;s grandes, amp;nbsp;ger-netalêfnent fur t'Out ce qui depend d’eux jc'effi àdîrù'én vn mot, qu’il veut commander auxa^ mes,äui-Cörps,amp; aux’biêns.Etpdr ce quq-c'efte fuperiotité appartient feulement àDieu, ribusi pbillilônS affermer qu’il eft celui duquel S.^Pauf i. a parléjafï’auoir, qui s’efleuc contre toufcë'qui; eft renômmé Dieu. ’ quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ju ..cBf ..a

Quelle honte donceft-cc à 11055Moynes’, diretjque le Pape eft ffiperieur officier au Mlni-fterè Ordonhe de lefusChriftsAu lieu qu’ils de-nroyét‘dire,que c’eft vn vfurpateur de feigiveu' ïîè,principauté,amp; domih'atfoHindeüepour ró^. uerfer teMiniftereordónép'ar noftre Seigneur lefus Chrift. Et qu’ainfi foit, quel eft le Mini-': ftere otdonné en l’Euangile? Qifon en life l’ffi“ ftitution, Sc on trouuera, qu’en fomme, le Mi-C niftere Euâgelique reui'eht à Ces deux poindst fçaûoir eft, lapure predication de l’Euangile, Scia legitime adminiftration des Sacremens.-C eft la charge donnée premièrement aux.Apo; ftres enuoyés par tout le monde; Sc puis a-’

gt; commife aux Pafteurs ordinaires de l’È-

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M Z glife

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548 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE L X.

glife,amp; à chacun d’eux à l’endroit du troupeau qui lui eft affigné. Et le Miniftere eft voireméc vne dignité en l’Eglifejmais non vne principau téjou domination, amp;nbsp;ne fe peut eftendre outre les bornes qui lui font prefcriptes en la' parole de Dieu.

Or qu’eft-ce que le Pape fait de ce qui concerne le Miniftere Euarigelique?dira-]1 qu’ilcft ApoftrejMais outre ce que l'Apoftolatn’a efté que pour vn temps,les Apoftres font allez pref cher par tout le môde:amp; le Pape ne bouge d’vn licu,amp;veut que tout le monde vienne à lui.Dir ra-il qu’il eft Pafteur ordinaire de l’Eglifc?Mais les Pafteurs doiuent eftre en vne chaire pour -enfeïgner: amp;nbsp;le Pape eft affis en vne chaire, pour commander à tout le monde,amp;de là,corn me de fon Throne, letter fes foudres de papier contre ceux qui en ont encores peur.Nous de-madons d.ôc, quel Miniftere eft celaziSCjCn quel lieu il à efté ordonné par lefus Chrift. Nous voyons bien le Miniftere de paiftre amp;nbsp;d’enfei-güer eftre enioint aux-PafteursEcclefiaftiquesi mais l’office deRegner amp;«commander n’eit ordonné qu’aux Roys, Princes,amp; Magiftrats : au fceptre defquels l’Euefquede Rome a volontiers châgé la houlette de pafteur; ainfi que l’cx periencc l’a riiô.ftré. Si donques il eft officier au Miniftere,ou c’eif vn officier,fans office; ou , il eft feruiteur. Et toutesiois , il commande aux plus grands Maiftres ; combien qu’il s’appelle feruiteur des feruiteurs. Brief, cefiege-làeft tellement fiege de menfonge, que le Pape ne fe peut

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RESPONSE.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J49

peut mcfme nommer fans mentir. ' nbsp;nbsp;nbsp;-

En outre, qu’on nous die, fi cefte principauté du Pape prouient de ce qu’il eft Euefquedc Rome,ou non. Si elle prouient de là, il s’enfuit que la principale fuperiorité amp;nbsp;dignité eft en l’Eglife de Rome,amp; non en la perfonne du Pâ^ pa. Quieft vne faconde Miniftere incognue à toute la dodrine de l’Euangile. Car lefu's Chrift a eftabli feulement des perfonnes au Mi nifterede l’Eglife, amp;nbsp;non des Eglifes toutes entières : ainfi qu’il appert, quand on voit les palfages efquels le Miniftere Euangelique eft inftitué. Car S. Paul ne dit pas,que lefusChrift , a donné des villes,ou,des Eglifes : mais des A- ' poftres , des Prophètes , des Euangeliftes, des Pafteurs amp;nbsp;Dodeurs. Si fa principauté ne prp-uient pas de ce qu’il eft Euefque de l’Eglife de Rome , pourquoy donc eft-ce que nommément nos Moynes ont parlé de cefte Eglife-là, quand ils ont dit, que l’Eglife Catholique com mimique auec l’Eglife Romaine.’Il y a plusxar leurs propres Canons portent cela en termes , expres, que les primautés font attribuées aux ■ fieges:amp; eux-mefmes difent ci apres,en la con-clufion de leurs Articles,qu’il faut viure en l’o beiiTance de l’Eglife Romaine , qu’ils difent e-ftre mere des autresEglifes.Les voila doc envn bourbier, duquel ils ne fe defpeftreront iamais; s’il faut qu’ils moftrét (corne ils s’y obliger pat ceft Article)qu’il y a vn Miniftere, non de perfonnes , mais d’Eglifes , voire d’vne Eglife qui foie fuperieure, amp;nbsp;qui commande à toutes les

M 3 Egli

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-55© nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ART l O'LiE,' -.1 X.'

EgÜfes du mondejamp; que ce.Minj{l«rç aefte or donné par lefus Chrift. Quant au Pjipe, s'il eft Euelque de RornCi coroment fera-il ,Euelque de toute l’Eglife? Romeeft-elle tout le monde, ou toutes lesgt;Egl}fes du monde? Si TE^life de Rôme ell; fans Euefque,ce n'eft pas vue Eglifc: ainfi que les Moynes mefmes enfeignent. Si le Pape eft fon Euefque, conîment eft-il Euefque particulier d'vne Eglife,amp; Euefque general de toutes? En fomme , il faut que ces Moynes retracent ce puant menfonge qu'ils ont mis en ceft Article', quand ils ont dit, que le Pape eft officier fuperieur de l’Eglife Catholique au Mi niftere ordonné par lefus Chrift. Car ils font defmentis tant par l’exprelfe parole de Dieu, que par toutes les hiftoires qui font mention des prattiques des Papes, pour paruenïr à cefte fouueraine puilfance ; laquelle eux-mefmes fe vantent de tenir du don des anciens Empereurs : ainfi qu’ils l'ont enregiftré en leurs Dc-crets en ces termes;Nous ordonnons,dit l’Em-flMtinus pereur Conftantin (ainfi que les Papes l’intro-duifent parlas en leurs Decrets) que l’Eglife de Rome ait la principauté, tant fur les quatre fie ges,airauoir,d'Alexandrie,d'Antioche,de leru falem,amp; de Conftantinople,que généralement fur toutes les Eglifes qui font au monde. Voila l’ordonnance (toute fuppofee qu'elle eft) que le Pape pretend pour fonder fa fuperiorité,amp;npn l'ordonnance de lefus Chrift,comme ces Moy-- nés difent,blafphemans contre la parole amp;nbsp;in-ftitutiôfacree de noftre Seigneur lefus Chrift.

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JJI

Or à fin qu'ils fçachent d’où font venus les noms des primautés amp;nbsp;fuperioi ités de leur E-glife»ie les renuoye à l’efchole de leur Maiftre ■Pierre Lôbard, qui leur en recitera ce qui s’enfuit. Car parlant des ArcheuerqueSjPrimatSjSc Métropolitains de l’Eglife Romaine: Il femblej dit-il, que celle diftinólió a efté introduite des Payens,qui auoyét des Prellres,Archiprellres, amp;nbsp;ainfi des autres : autant en auoit dit leur Pa-'pe Clemét.Vdila,certes, la vraye fource amp;nbsp;deS noms, amp;delacliofe. Et ne faut plus que les Moynes la cerchét en la parole de Dieu,qui eft ennemie de toute ambition amp;nbsp;arrogance.

11 vefte d’examiner trois palTagesde l’Efcri-ture qu’ils ontcottés en marge par forme d’acquit.

Ils citent le palTage de l’Epiftre aux Ephe-fiens : lefus Chriß a donné les vns ^poflres, les autres Prophètes, les autres Euangehßes, les autres Pasteurs Doü:eurs ,pour l'ajjemblage des SatnÜSypour Tœuure du Adtntßere,pourredißca~ tion du corps de Chriß,Ç^c.

Nous refpondons , qu’il n’y a là vn feul mot qui puilfe fauorifer à l’Eglife Romaine. Car il elf là parlé des diuers degrés dont ilapleuà Dieu fe feruir,tant pour pofer les premiers fon demens de l’Eglife,fous le Nouueau Teflamét, que pour continuer l’édification d’icelle , iniques à la fin du monde. Or fans nous arrefter d’auantage ici de Uns , puis que les Mo/nes ne fçauroyent monflrer par ce palfage, que le Pa-pe ait celle prétendue primauté amp;nbsp;fuperiorité

M 4 fur

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55i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE LX.

fur route rEglife:amp; que mefmesS.Paul he parle pas de fuperiorité ou feigneurie, mais pluftoft d’œuuve de Miniftere.il s'enfuit qu'ils om alle-i gué ce palfage fans aucune apparence de rai-fon. D’auantage, par ce que depuis le temps de la primitiue Eglilé,nous n’auons plus les Apo-ftres.ni les Prophetes,ni les Euangeliilcsjiauf-fl n'auons-nous perfonne qui porte ces noms-là) mais feulement les Pafteurs amp;nbsp;Doéteurs ; amp;nbsp;que le Pape n'eft ne Pafteur, ne Doâeur : car il ne pa'iftj amp;nbsp;n’enfeigne point : nous concluons, qu'il n’a aucun lieu en ce paifage de S.Paul : Et partant qu'il nefetrouue au nombre de ceux qui édifient l'Eglife ; ouy bien au nombre des ennemis de l'Eglife,qui s’efforcent de la démolir,amp; ruiner de tout leur pouuoir.

Ils profanent auffi vn palfage de Genefe, où le Seigneur dit ainfi à Abraham: Toute la. terre tjue tu vois, te te la donneray ata Çemence a iaraats. Lefquelles paroles s'entendent de la terre de Chanaam promife à Abraham, amp;nbsp;aux fiens: comme de faiét les Ifraëlites y furent introduits par Iofué,ainfi que l'hiftoire fainde le recite.Mais il femble que cesMoynes fe veulêc jouer de l’Efcriture,quand ils on abufent ainfi. Or puis que la terre de Chanaam n'eft pas tout le monde,amp; que le Pape n'eft pas Abraham, ni feméce d'Abraham ( pour le moins fpirituelle, s’il ne fait mieux:) Nous nous contentons de leur arracher ce palfage des mains: les aduertif fans de traitter l'Efcriture Saimfte en plus grade reuerençe : Slt; apprendre auffi, que le fruiift

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yj5

de la promefle faite à Abraham appartient généralement à tousles fideles, ainlî quefainôl R,o’».4. Paul l’a déclaré.

Finalement,ils produilènt le Pfalme,où il efl; Tgt;pZ,4j. dit ainfi : Tes enfans feront au lieu de tes peres: tu les cou^litueras Princes par toute la terre.

Mais,puis qu’en ce Pfalme il eft parlé du maria ge fpirituel de lefus Chrift, amp;de fon Eglife, (corne les Theologies en font d’accord) amp;nbsp;que l’Eglifeeftlameredenous tous (ainfi qu’il efi efcrit)ilfautentcdre cela de tous les fideles qui régneront auec lefus Chrift : fuiuant ce qui eft t.Tim.z. dit par S.Paul, amp;nbsp;en l’Apocalypfe. Autrement, s’il n’y a que les Papes qui foyent fils de lefus Chrift,amp; de fon Eglife : nous demandons donc où fera l’Eglife Catholique, fur laquelle ils veu lent eftendre leur domination ? Car il faudroic qu’ils fuftent Rois amp;nbsp;fuiets, maiftres amp;nbsp;ferui-teurs tout enfemble. Nous n’ignorons pas que S. Auguftina voulu par vne allegorie , appliquer ce palfage aux Euefques:mais cesMoynes ne pouuoyent rie alléguer de plus propre pour rembarrer leur Pape iufques aux portes de Ro me, amp;nbsp;pour le faire cotenir dedans fes limites.

Car S. Auguftin ne parle que des Euefques en in generahlefquels il dit auoir fuccedé aux Apo-ftres:fans laift'er aucun lieu, ni aucune preroga-tiueà l’Euefqucde Rome plus qu’aux autres. Les Apoftres, dit il, ont-ils peu toufiours demeurer auec nous ? Maintenât donc qu’ils font décédés , l’Eglife en eft-elle deftitueeî la n’ad-tiienne. Tes enfans te font nais pour tes peres.

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JJ4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE IX.

Qu'eft-ce à dire cela ? les Apoftres ont efté tes peres : amp;nbsp;pour les Apoltres les Euefques ont efté conibtués. Caries Euefques qui font par tout le mode,d’où font-ils nais? l’Eglife les appelle Peres,amp; elle les a en gendres,amp; les a con-ftitués aux fieges de leurs peres. Voila ce que S. Auguftin en a eferit, allegorifant fur ce paf-fage : nous donnât à entendre par celle allegorie , que ce qui relie auiourd’hui en l’Eglife de la fucceffion des Apollres,ne doit ellre cerché ailleurs qu’en la vocation 8c minillere des Pa-lleurs ordinaires de l’Eglife;amp; non en vn degré fuperieur de Papauté. Et mefmes vn peu au pa-rauant il a fait mention de l’Eglife de Rome,de Carthage,amp; d’autres lieux,fans rien particula-rifer de celle fuperiorité Papale,dont nos Moy nés parlent.Or nous auons touché le fens propre amp;nbsp;na'if de ce palfage corne les doélesTheo-logiens l’ont entendu: tellement que ces Moynes ne peunent faire que leur domage des paf-fages qu’ils tirent ainfi par les cheueux,pour les trainer à la confirmation de leur dire. quot;Tant y a , que ce qu’ils allèguent, tant d’Abraham, que du Pfalmille, defcouure euidemment leur intention touchant la primauté du Pape : alfa-' uoir, qu’ils lui veulét procurer par tous moyes la domination amp;nbsp;principauté fur toute la terre. Mais lefus Chriflle vray efpoux de l’Eglife, amp;nbsp;qui ell armé du glaiue de fa Parole,qui aime iuilice ôc hait mefchâceté ( comme il ell dit en -, ce mefme Pfalme)rellablira fon Eglile,amp; con-417X ' fondra ceux qui fe bandent contre fa gloire, fe ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vou

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;555

voulans attribuer ce qui appartient feulement à fa diuine amp;nbsp;glorieufe Maieft'é. Ce que nous jconclurrons par les paroles de S.Auguftin, qui ■’quot;•’J-introduit TEglife, parlant ainfi : Si ie fuis 1 Ef-poufe de IefusChrift,fi fay pris les arres.fi i ay

* eftérachetee du prix defon fang jfoy la voix demon Efpoux. Quant àla voix de lamide mon Efpoux iefoy, moyennant qu’il donne la gloire à mon Efpoux, amp;nbsp;non à foy-mefme. Par Jefquelles paroles S. Auguftin veut mettre difference entre les vrais Pafteursde l’Eglife,amp; les faux’.tels qu’eft lePape,qui fous couleur d’e-ftre ami de î’Efpoux, le veut chalfer de fon Throne , amp;nbsp;s’attribuer toute authorité fur fon Efpoufe,qui efl l’Eglife.Tels ennemis font d’au tant pires,qui là s’appellent amis amp;nbsp;feruiteurs,

ARTICLE LXI.

le confejfe cjue TEgltje atoußours eu ftibliejtie-tuent amp;nbsp;fuccejjîuement des Dotleurs ou Prophe- i^.\6.etzô tesyuonobfldt lu reuolte des Rojs d'Jfraél,ou d’au- lo.ttc. 24.

Prestres Cfr Rois de luda ; leßjuels douleurs ’•°’ ont maintenu manifefiemet, et ce par fuceeßion tm mediate, la vérité de la fatne çif fàtnEle Doélnne^ 3 6; 14^15* Ôquot; de la legitime admini^lration des Sacremens: ï6. nonobstant les perfecutions erreurs gt;nbsp;contre lef-cjuels ils ont obtenu vtSloire iuftjues à ce que l’p^ glife a eSté transferee des lutfs fous Anne amp;Cai. feànoStre Seigneur lefus Chnfi, de lui aux Apoflres nbsp;nbsp;leurs fuceeßeurs iufques à nous.

Et parce,la reuolte qui fe fera contre Dieußeru nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/j,

T‘^rl‘Antechriß,i:i- pavdes hérétiques fes fuppoßs^ j' (St-non par I’Egltfe CathoUquCic’eß à dire,non par

la

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55lt;’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE (?I.61.lt;Jj.

, - commune fuccejßon confejjion defojf és ordt-Pufleurs amp;nbsp;docleurs. Et pourceie detefle les (juenots,Jldanicheans,MotaniJies,Donatift€St Pretendans , cjui ont voulu introduire vne E~ ^life tnuißhle aucunesfois,^ fugitiue à leurplai~ fir,ç^ejut ont voulu confondre 1'Eflat du peuple ou ^cflde diuerflie',auec l’Eflatde tEglife d‘Ifraèl, ou refide vniti : c^ui ont ini/puement attribué la ft nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;erreurs des faux Prophètes nbsp;nbsp;Apoflres

9- Ier. ^i. extraordinaires aux legitimes Pasteurs y nbsp;nbsp;ordi^

I^oéleurs que Dieu par fa bonté conduit ' ' ' fans erreur.

AKTi c 1. i L X I I.

conftjfe que les fihifm'es qui font interuenus en l’Egltfe n’ont concerne que les perfonnes lt;ÿ- les £leblions,Gf non laFoj/auElonte,ny l’office.Par^ quoj! cela na rien diminuél’vnitéamp;-effientielle intégrité de f Eglife , qui reflde en la Foy amp;nbsp;commune profeffion des fideles. Et parce te deteéle les pretendans ^qui tafchent a excufer leurs herefies amp;nbsp;diuifions en ta Foy,par les chofes qui nont con-cernéque les perfonnes.

article LXIII.

Jeconfeffieque Eteu conferue fonEglifeparles PaéteursyEuefques Qf doéieurs;Ç^ que aduenant que on debatifi de laperfonne de nofire S.P.le Pape,ou a caufe de chtfine,ou d herefie,ou de douteu-^■phe.^.ïj. fe doéîrine ; Ce neantmoins elle demeure entière ’’■•y-H- entre lefdits Paéleurs. Car la conferuation de é Pglife amp;nbsp;de la F oy qui fe fait parla fouucraine prefidence de noSlre S.P.le Pape,efl vn enrichiffie-ment d’abondant ö“ derniereperfeélion ,pourplus bde

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A BI V RATION s. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5^7

briefuement amp;nbsp;authentitjuement finir lei troubles de la Foj, amp;nbsp;régir l’Eglifie. Etparcei'abiure tous les erreurs des Nouatiens, des Pretendans, amp;nbsp;de tous autres au contraire en ce fi article.

conchy

- - Finalement ,pource cjue la Religion prétendue Reformce entre les Prote^ans,Allemans,(^ entre les Sacramentaires Pretendans,amp; entre les Régi--fies, Puritains ^nglois, contient plufieurs autres erreurs, here fie s, impiete's, tjuil fèroit long amp;■ ennuyeux de reciter par ordre:

le proteste en general particulier que maintenant ie les abiure,deten:e,^ anathentatize tous enfiemble, me fiubmettant derechef entièrement à l'Eglifie Catholique,en la communion obeifian-ce de lafiaintie Eglifie Romaine mere des autres Eglifie s. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-f

Promettant,^ iurant de bouche amp;nbsp;de cœur par la fiaintle Trinite'de paradis, 0“ par les fiatntîs fiacres Euangiles de noSlre Seigneur lefius Chrifi, de demeurer ( Dieu aidant) le reste de mes iours en [unite dquot;icelle fiaintle Eglifie Catholique, Apo-fioltque, amp;nbsp;Romlaine : Cf garder entièrement ei' inuiolablement ce quelle ordonne quilfaut tenir croire , comme de Ftuthorité Euangélique, tradition Apottolique : Cquot; nommément ce qui a ètte dernièrement defini amp;nbsp;décrété au fiîincî C* general Concile de Trente. Et fi ( ce que ia nad-uienne J ie me diuifioy, par quelque occafion que ce fou,de cette vnion,encourtint crime departure petfide, ie me fioufimets à la rigueur fieuerité des Canons Ecclffiattiques.

RESP

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55S nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

•)lt; RESPONSE.

En ces trois Articles les Moynes traittenC vue incfnxfe,matière, aflauoir-, de la Succeffioni. Ecclefiaftiqüe;par laquelle ils veulent prouuer que leur Eglife eft la vray e amp;Catholique Egli-£e. Pour ce fairejls propofent deux chofes:L'v-ne, que celle fucccilion doit touliours eftre, Sc a toivfiours eH.é en PEglife. L'autre,que leur E-glife eft celle en laquelle celte fucceiîio a con-tinyé.depuisles Apoftres iufques àprefent.

A fin donques de pouuoir plus facilement declarer celle matière, amp;nbsp;mettre,deuantles yeux d’vn chacun la tromperie de ces Moynes, amp;nbsp;en general des Doéleurs de l’Eglife Romaine, qui fous vn feul mafque.de S.ùcceflion s’ef-fqrcent^dib Çpuqrir tous.leurs erreurs : il nous faut fçauoir que c'ell que Succelîîon Ecclefia-'. ftique.jxi^V.'Ov'

En pfemi«,r lieu, nous ramenteurons ici ce que nous allons,dit en l’Article precedentjJe la difference qui eft entre la vray e Eglife Ga-, thüliquc , amp;nbsp;la vraye Eglife Particuliere. Car. la Catholique ,-eft Pvniuerfelle multitude des elleps de;DleiE,amp; la PartiiÇiiliere,eft l’alfemblee de ceux qui font profeffion de la vraye Rell-giô,en jaqùellc, par les Miniftres à ce appelles, la vray.e Religion eft purement enfeignee, les Sacremens légitimement adminiltrés. La Catholique eft inuifible : non pas que les efleus qui font en ce monde foyent inuifibles, entant qu’ils font hommes : mais nous difons l’Eglife des efleus eftre inuifible, tanc.par.ee que Peler ûion

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. RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5f5l

ftïon dc ’Dieu amp;nbsp;la Foy des fideles ne nous eit pas cognue entièrement ( car le Seigneur co-gnoit ceux qui font fiens, dit S.PaulJ qu’auffi, d’autant que I’Eglife Catholique comprend tous les elleus qui font, qui ont efté, amp;nbsp;qui feront. L’Eglife Particuliere eit vifible , parce qu’elle cft contenue en certains lieux amp;nbsp;temps: non que l’eleôlion amp;nbsp;la Foy des fideles qui s’y reiigent foit vifibleimais parce que leur alfem-blee , amp;nbsp;les chofes qui y font faites felon le commandement de Dieu font vifibles:amp; celle-ci reçoit des bons , amp;nbsp;des manuals , des elleus, amp;nbsp;des reprouués , moyennant qu’ils facent la profeffion exterieure qui ell requife pour dire réputés de l’Eglife vifible amp;nbsp;particuliere. Nous auons confermé ceci par l’exprelfe parole de Dieu,amp; parle tcfmoignage de toute l’Antiquité ; tellement qu’il ne nous eit befoing d’y rien adiouller , fi ce n’eft, que, pour plus grand efclarcilfement, nous voulions encores ouïr particulièrement ce que S, Augullin enfeigne, tant de l’Eglife Catholique, amp;nbsp;inuilible, que delaparricidiere,amp; vifible.

. Le diable ell le chef des mefchans , comme De 0057)”.' lefus Chrill ell le chef de l’Eglife , qui cil le chr.lib.j. corps d’icelui , amp;• qui fera auec lui en regne amp;nbsp;gloire eternellejamp;C'. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,/u

Le corps du diable ell non feulement ceux qui.foTit manifellement dehors,mais auffi en ceux-là qui-lui appartiennét,amp; neantmoins font mellés en l’Eglife pour vn temps. în 'Jtvc

La cité lira rompue en trois parties ( Apoc. fcow.ij, '

i6)

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500 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

16.) C’eftàdire , tout le peuple qui eftfousle ciel, donc les Payens amp;c infidèles font vne partie, les heretiques Si faux Catholiques!autre». amp;nbsp;l'Eglife Catholique eft la troifieme.

Cmtr-Crej: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„e faut pas lailler les bons pour les mau-

femblent eftre dedans l’Eglife, amp;nbsp;tou-tesfois font dehors. Car l’Eglife eft ainfi def*»

c.tw.4. crite au Cantique des Cantiques : ma flt;xur,mon e^j/ottfe efi -vn iardtn dot, vne fontaine feellee. Parquoy ce nombre des iuftes qui font appel-^ lés felon le propos de Dieu,defquels il eft dit,/f-

î. Tim.i. Seigneur cognait ceux ejuifont fiens : ce nombre,) di-ie,dcs iuftes, eft le iardin clos,amp; la fontaine feellee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Centr nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;point fans raifon, que les vns font

Z.7.c.’-j. * tellemét en la maifon de Dieu, qu’ils font icel-.

Ifc maifon de Dieudes autres font tellement en. la maifon,qu’ils n’apparticnnét point à la mai-i fon,mais font comme on di£ que la paille eft au froment. Etpluiîeurs autres lieux femblables:

Ep. lo. Tellement qu’il accompare les mefehans qui TraiS.j. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eglifes vifibles , aux mauuaifes hu

meurs qui font au corps, amp;nbsp;ne.font pas du corps :,veu qu’il fe porte beaucoup mieux quad elles en font hors. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;)

lieft donctrefeuident,quel’Eglife Catholique, c’eftàdire,la multitude des elleusde_ Dieu,eft differente des airemblces vifibles, qui font auffi appellees Eglifesde Dieu,à raifon des efleus : ainfi que S.Paul dit , 5'«'il fonffroit tout, d caufe des efleus : amp;C 2.i\\e\its,ejuilefi ^po~.

Tu.1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;efleus de Dieu. Et de cefte

diffe

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R È s P o N $ B.

difFerence en prouienc vne autre : aflauoir,quô^\ depuis le commencemét du monde il y a touf-iours eu des elleus de Dieu en terre , en quelque part qu’ils ayent eilé,amp; y en aura iufques à la fin du monde. CarTEglife de DieunepeuCl périr. Mais cela ne fe peut pas dire des Eglifes ' particulières amp;nbsp;vifiblesjefquellcs font recueillies en certains lieux.Car nous voyons qu’elles font fuiettes à de grands amp;nbsp;merueilleu* changemens. Ainfi du temps des Apoftres l’Eglife a efté florilfante en lerufalem, amp;nbsp;maintenant ce n’eft qu'vn defert. Autant ert pouuons-nous ! dire de l’Eglife desCorinthiens,Galates,Ephe-fiensjamp; autres femblables,dont il eft fait men- , tionjtant es faindtes lettres, qu’en l’hiftoire j efcrits des Anciens. Toutes lefquelles Eglifes , nous difonSîà bon droiôt, n’eflre plus. D’auan- i tage, tout ainfi que l’Eglife des efleus ne peuC : périr : aulTila vraye dodrine neccfl'aire àfaluC ' nepeuteftreefteinte. Car fans icelle nous ne/ pourrions confiderer les elleus amp;nbsp;vrais fideleS I qui font membres du GorpSjde lefus Chrift,ne pouuans eftre vrais fideles fans Foy i amp;nbsp;la Foy n’eftant point fans la vraye dodrine nccelfaire pour paruenir à falut ; qui eft le but auquel les vrais fideles afpirent. Mais cela ne fe peut pas dire des Eglifes particulières : attendu qu’elleS font compofees de bonsamp;de manuals.Or comme nous glilfons facilement au mal, amp;à la corruption tant de la doftrine que des mœurs ; il adulent fouuent que le nombre des mefchanS s'augmcte de telle façon, qu’en fin il furmonte

N les

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5ÎJi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

. les autres, tt par ce moyen la porte eft ouuer-te, non feulemét aux vices, mais auffi à infinies . corruptions touchât la doôtrine amp;nbsp;les poinds G4«.t. (Je la Religion.Ainfi S.Paul fe plaignoit des Ga lates , de ce que bien toll apres auoir receu la vraye dodrine de rEuangile,ils s’clloyent laif-fés aller aux erreurs des faux Apoftres.Or corn bien que toutes les corruptions qui entrét aux Eglifes ne font femblables,ni en quali té, ni en quantité:!! eft-ce qu'il n’aduient que trop aifé-ment, que les erreurs qui fembloyent eftre pe-tis au commencementjcroilfans auec le temps, cleuiennent à la fin tels Sc en fi grand nombre, que ces afi’emblees vifibles qui s’appclloyenc Eglifes,n'en retiennét gueres que le nom. De-quoy plufieurs Eglifes d’Orient nous peuiienC feruir d'exemples , qui receurent les erreurs des Arriens : amp;nbsp;en fin , par ce moyen ont ferui de planche à Mahommet, pour entrer fi auant en la Chrertienré comme il .a fait, auec le grad regret amp;nbsp;continuels gemilfemens de tousles gens de bien qui font au monde.

Ces chofes ainfi expofees , il nous fera bien aifé d'entendre que c’ell que la Succeffion Ec-clefiaftique. Car pour le regard del'Eglife des efieus,elle dure toufiours,ainfi que nousauons dir,5lt;: la vraye dodrine dure aufli.fans laquelle l'Eglife des efleus ne peut eftre:amp; par ce moyé, lafucceffion, ou pluftoft,continuation de la vraye dodrine dure au monde, par qui, comment, ôC où il plaid à Dieu. Car l'Eglife des efleus n'eft aucunement lieeou aftreihteni aux lieux

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RESPONSE.

lieux , ni aux perConnes ; veu que l’eleôlion de Dieu eft par delfus tout, amp;nbsp;n’eil fuietre à rien. Et certes cefte coferuation de TEglife de Dieu, amp;nbsp;de laVraye Religion , nous doit finguliere-ment faire adorer U mifericorde, la fagelle, amp;nbsp;la puilfanee incompreheniîble de Dieu. Par ce que l’Eglife qui n’ell du monde, eft toutesfois au monde, amp;nbsp;y eft conferuee maugré le monde : amp;nbsp;comme nos Peres ont dit, elle croift de ftudifie en la tcrre,ayât fa racine au ciel. Ceux là donc s’abufent,qui ne penfeut pas,qu’il y ait vne Eglife Catholique , Gnon qu’ils la puill’enf mefurer de leurs yeuxxomme nosMoynes,quj[ mefmes l'enferment, non feulemét en l’enclos de la ville, ou pluftoft , des ruines de la ville de Rome, mais auffi au Conclaue des Cardinaux: voire mefmes en la perfonne de leur Pape. Chofe non feulement côtraire à la naturede di gnité de rEglife,mais auffi du tout repugnâte à l’honeur que nous deuôs tendre à Dieu. Car ce n’eft pas adorer Dicu,ains fe vouloir efleuer au deifus de Dieu , quand on veut reftraindre fa ' mifericorde, reigler fa fagelle, amp;nbsp;preferire des moyens à fa puilfanee, qui eft inßnie : amp;nbsp;ne le feroit pas,fl elle eftoit limitée par les hommes.

Voila donc que c’eft de la fucceffion amp;nbsp;conti-nuatiô perpétuelle de l’Eglife Catholique,c’eft à dire,des efleus de Dieu, enfemble de la vraye Religion amp;nbsp;doftrine ; ce qui nous eft enfeigné par les paroles de noftre Seigneur lefusChrift, quand il dit, que les portes enfer nAuront point deforce contre l’Eglife edifice fur le Chrijl le Fils

N a de

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5(34 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

'’’•iS. dg J)ieu vi»ant. Et quand il donna commiffion aux Apoftrcs de prefcher à toutes gens ce qu'il leur auoit commandé, auec celle promelTe fo-lemnellezî/oicAzefuis auec vous toujiours tuÇcjua 80 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;monde, Lefquelles paroles S. Auguftin

expofe ainfi:Ce que lefus Chrift dit,zgt;fûts auec vous iuf]uà la fin du monde : qui eft celui qui n’entende celte promelle ellre faite à l’Eglife vniuerfelledaquellejes vns mourans,amp; les autres nailfans, fera en ce mode iufqu’à la fin d’i-celui?Et là mefmes:Toutes gens croyent, alfa-uoir, tous ceux qui font efleus deuant la confti tution du monde.

Mais il faut bien autrement iuger des Egli-fes vifibles qui font necellàirement coniointes auxcirconftances des temps, lieux, amp;perfon-nes:amp; partant,côme nous auons défia dit, font fuiettes à beaucoup de changemens. A fin dóe d’entendre comment la Si^cceffion Ecclefiafti-' que y doit ellre confideree, il nous faut faire vue dillinôlion de l'ellat d'icelles. Car, ou les Eglifes vifibles ont vn entier amp;nbsp;vray ellat,a-yans la pureté de la DoCtrine,le vray vfage des Sacremens,amp;rla legitime vocation amp;nbsp;fonction des Palleurs Ecclefialliques, ou elles ont vn ellat corrompu. Quand donques l'ellat des E-glifes vifibles ell entier : alors,tandis que celle intégrité durera, aulîî par mefme moyen la fuc ccflîon de la vraye doCtrine,amp; l’ordinaire fuc-celîion des Palleurs y dureront. Et parainfi les hommes fe doiuent adioindreà telles alTem-blees.pour y ellre enfeigncsamp; entretenus en la cog

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RESPONSE.

cognoiirance amp;nbsp;obeilFance de Dieu: mais quad I’eilat de I'Eglife eft corrompu , il faut confide-rer iufques où la corruption s’eftend. Carfui-uant cela il faut iuger de la validité , ou inuali-dité de la Succeffion Ecclefiaftique à l’endroit d’icelle. Si donc retenans le vray fondement, elles baftilfent neanmoins du foin amp;du chaume là delTus (comme dit S.Paul)c’eftà dire, des i.Cor.j. erreurs qui ne conuiennenr point auec le fon-demét,encores qu’ils ne le réuerfent pas:alors, fuiuant l’exemple de S. Paul, il fe faut efforcer de repurger les Eglifes de telles corruptions, pour les remettre en leur premiere intégrité amp;nbsp;fplendeur. Mais fi la corrüption eft non feulement commencée,ou auancee, mais eft parue-nue à fon comble: tellement que le fondement eft renuerfé, amp;nbsp;les parois abattues, c’eft à dire, que toutes les parties necelfaires au vray amp;nbsp;le-gitime eftat des Eglifes vifibles font corrompues : alors la vraye Succeffion , tant de la Do-drine, que des pafteurs en eft oftee:amp; n’y refte qu’vne Succeffion titulaire : iufques à ce qu’il plaife à Dieu les redrelfcr felô les moyctis qu’il fçait eftre propresamp; conuenables:amp; lefquels il fufeite pour ceft eftéd. Ôr aduenant vn tel re-ftabliffement, noftre deuoir eft, de receuoir le benefice qui nous eft prefenté, amp;nbsp;ouurir nos yeux à la clarté que Dieu r’allume entre nous, au lieu de les fermer à noftre efcient,amp;d’oppo-fer noftre malice à la bonté de Dieu.

Si ceux de l’Eglife Romaine en eulfent ainfi vfé, nous ne ferions pas en ces miferes où nous

N 3 fom

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ARTICLE 6i.61.(j3. fommes depuis (î long temps : amp;nbsp;tant de fang innocent n’euft pas elle efpandu : ce qui a pro-uoqué l’ire de Dieu de plus en plus, amp;nbsp;a appelle fur la terre les horribles amp;nbsp;redoutables iuge-mens d’icelui que nous y voyons amp;nbsp;fentons.

Or ce que nous auons dit des corruptions qui adu|ennét aux Eglifes vihbles,encores que la feule experience nous deiiroit bien feruir de preuue : fl eft-ce, qu’il fera encores mieux entendu,fi nous oyons là delfus ce que l’Efcriture •fainéle a enfeigné: amp;nbsp;ce que nos anciens Peres en ont recognuià fin d’apprédre par là, iufques où,il nous faut deferer à la fuccelîion vifible amp;nbsp;exterieure,quand ij éft queftion de la vraye Do ôlrine,amp; de nollre falut.

i.Sam.i. l'oMoy dir, que ta, maifon (^la maifon de tou Pere cheminerait dmant moj éternellement : mais maintenant le Seigneur dit : ta naduicnne que ie face cela. Carthonnoreraj ceux qui m'honnorent, ceux qui me meiprifent feront contemnés.

Ieferay à ceH'e maifon fur laquelle mon Nom eflinuoque en laquelle vous auez. confiance, dr au heu que te vous ay donne à vous amp;nbsp;d vos feres comme i’ayfait a Silo, amp;nbsp;vous letteray ar^ riere de ma face,Ç^c.

Ei;ecfo.44. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui fie font retirés loin arriéré de

moy,quand Jfraderroit,allans apres leurs idoles, porteront la peine de leur intqutté,amp;c. Et ne s'approcheront point de moy, pour me faire lafacrtfi-catùre,(^c.

Ofe.f, Pource que tu as débouté la fcience, ie te debou teray, que tu ne me faces la facrificature : puis qtte tu

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RESPONSE.

tu as oublie la Loj de ton Dieu, touhlieray aujp.

tes enfans , nbsp;nbsp;nbsp;, Tel efi le Sacrificateur, comme 11,14,

le peuple, dont ie vifiteray fies voyes fiur lui, cp- lui rendray fies ailes.

Si le Seigneur des armees ne nous eu fl refierué epuelt^ue peu de reile,nous eujflons eile comme So-dome , fierions fiemblables à Gomorrhe. Tous Princes de Sodome , eficouter. ; -vous peuples de -Gomorrhe ,preflez. ioreille à la Doilrine de no-flre Dieu.

J\loitre cœur efidouloreux, à caufie de la mon- Thren.fi, tagne de Sion, laejuelle efigailee. Tellement ^ue les renards y conuerfient. Mais toy, Seigneur ,ttt demeures éternellement,et ton fiege efi à toufiourfi- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

mais.

Le Seigneur defiolera la terre, amp;nbsp;deitruira la Ef.zfi, face d’icelle , çp- dijfipera fies habitant : le Sacrificateur fiera comme le peuple.

le flay cela, qu apres mon depart il entrera parmi vous des loups , ^ui vous greuetcont, ne-pargnans point le troupeau : amp;nbsp;fie loueront d’entre vous mefimes des hommes annonpans cho-fies peruerfies , pour attirer les Dificiples apres eux.

ly aura des nt s aimans

Sachez, ceci, qu’es derniers iours i temps faficheux. Car les hommes fiero, eux-mefimes, auaricieux, vanteurs, orgueilleux, amp;nbsp;cruels, haifians les bons : tratfires , téméraires, enfle's , amateurs de volupté plufiofi que de Dieu, ' ayant l’apparence de piete',■ mait reniant lafiorce d’icelle.

Tn tempt viendra, qu’ils ne fioufiriront point la

N 4 fiaine

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5^8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 01.62.

fatne Doürtne : Ains ay Ans les oreilles chatoMiHtt* fes,ils s'affcmblerontdes DoUeurs felon leurs de-ßrSi^ defiourneront leurs oreilles de la veritét amp;

s’addonneront aux fables.

yofti filg^ ig Ç(l Jg id terre i ß le fel perd fa fa-ueur, deejuoy le falera-on l il ne vaut plus rien^ß-nonpoureFlre iette'dehors,amp;■ foule des hommes.

tour U aduiendra point, cjuepremièrement ne foit aduenue la reualte:et cfue l‘homme de péché ne Çoit reuelê, le fils de perdition, cjui s^oppofe s^efleue contre tout ce qui efi renommé Dieu , oU quon adore,iufqud eflre affis commeDteu,fe mo-ftrantfoy-mefme quil efi Dieu,çy-c.

Comme U aduint es tours de Noéainfi mefme fera-iles iours du Fils de l’homme, Cfc. Sembla-hlemetauß comme il aduint és iours de Lot,Cf c.

Quand le Fils de 1‘homme viendra, penfez.-vous quil trouuefoy en la terre?

° nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Toute la terre s’efmerueillaitt, alla apres la be-

’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fie ,amp;C. il lui fut d onnéde faire guerre contre les

Sainéis, amp;-ies vaincre :.aufi lut fut donnée puif-fance fur toute lignee, Cquot; langue, Cf nation : tous ceux qui habttoyent en la terre 1‘adoroyent, def-quels les noms ne font point efcrits au hure de vit de P Agneau.

fiidem. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jg nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autre beéle montant de la terre, qui

auoit deux cornes femblables à l‘Agneau, Cr par-leit comme le dragon.

Apoc.tj, , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;femme efieit accouslree depeurpre,d’efiar~

latetC“ d‘or, Cquot; de pierres precieufès, C“ de perles: Cquot; en fon front vn nom efcrit, myélere, la grande tiabylone mere despaillardifes abominations dt

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RESPONSE, de la terre: Çÿ‘ ie vila femme enyuree du fang des Satncls,^ d» fang des Adartjrs de /efus,G-e./^a femme ejae tu as veue, efi la grande Ctté qui a fon regne furies Rois de la terre,c^c.

Par tous ces paHages , amp;nbsp;autres femblables, il apperti que la vérité de Dieu, amp;nbsp;fes promcf-fes ne font point attachées à la fucceffion per-fonnelle des Pafteurs Ecclefiaftiques ; attendu que les Eglifes vifibles peuuent eftre corrompues, voire par leurs propres Euefquesamp;Pa-fteurs;efquels lors eft accompli ce que difoit le fus Chrifl, que/e felperd fa faueur: Ce qui a efté prédit deuoir aduenir,non feulemét à quel ques Eglifes vifibles, mais aux principales , amp;nbsp;à vn fi grand nombre d’icelles, qu’en aparen-r ce, la corruption feroit vniuerfelle par tout le monde : eftans,neantmoins, les efleus de Dieu conferués par tels moyens qu’il lui plairoit. Et tant s’en faut que la femence de la vray e Religion ait deu demeurer en l’Eglife de Rome, qu’au contraire,ce deuoit eftre le lieu du principal fiege des erreurs amp;nbsp;corruptions de l’Egli-fe : ainfi que les Prophéties fur ce faites le fi-gnifient euidemment : depeignans cefte ville-là comme en vn tableau , ainfi que les Anciens l’ont expofé : amp;nbsp;qu’aulîi l’experience n’a que trop confermé.

Il faut maintenant ouïrl’aduis defdits Anciens , conforme à ce qui nous a efté enfeigné par la parole de Dieu , touchant la corruption des Eglifes vifibles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;in i-Csp,

S-BaftlefL^iit reçoit beaucoup de Doéfri- ifr-

nçs

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^70 ARTICLE 61. lt;31. lt;^5.

In Matth. hlt;»h..lÿ.

nes diuerfes amp;nbsp;eftranges, introduites par ceux qui fouillent la pureté des Sacremens amp;nbsp;fe-ment des Doctrines d’impieré,à la ruine des a-mes. De telle Eglife on peut dire luftement, ce que difoit Efaïe : comment efi deuennepaillarde la Citéftdele de Sion?

S.Chrjfofiome j Quand vous verrez l’herefie mefcliante, qui eft l’exercite de l’Antechrift, eftre debout és lieux fainéls del'Eglife: lors que ceux qui font en ludee^fuyent aux monta-gneSjc’eft à dire, que ceux qui lont Chreftiens fe retirent aux Efcritures.Car depuis que celle her»lie a occupé cesEglifes, il n’y aura nulle autre prenne de la vraye Chrelliété,niautre re fuge des Clirefliens,qui voudroyct cognoiftre la vérité de lafoy,finon les Eferitures diuines.

In Laud. .Âtiian.

S.Naztanzene-, La Succelîion de pieté doit eftre tenue proprement Succelîion. Car celui qui fait profellion d’vne mefme Doélrine, amp;nbsp;d’vne mefme foy , eft aulli participant d’vn mefme fiege. Mais celui qui embrallè vne foy contraire , doit eftre tenu pour ennemi, encores mefmes qu’il full au fiege.

In tuc.l.6 c.9.

S. ^mbroîfe, Il nous eft commandé de cer-cher ,amp; choifir principalement l’Eglifeen laquelle lefus Chrift habite ; mais s’il y a quelque Eglife qui reiette la foy, amp;nbsp;ne polfede pas les fondemens de la predication des Apollres, il la faut delailfer.

lîexaem.l.

4.C.8.

£/-.48.

Ce meÇmet L Eglife, ainfi que la Lune,a fou-uent des defauts,amp; des renounellemens.

S. ^n^néltn. Celle eft l’.Eglife , laquelle eft

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;571

quelquefois obfcurcie par vue grande quantité de Icandalesjamp;c.

Leme/mCi Ceux qui demeurèrent fermes amp;nbsp;peurent entendre les paroles ambiguës des lie-retiques , peu en nombre en comparaifon des autrcsjelloyent en exil'.les autres elloyent cachés pat tout le monde. Ainfi l’Eglife qui croit par toutes gens , a elle conferuee au froment du Seigneur.Item: UEglife elE foleihlune,amp; e-ftoillesjamp;c. Quand le foleil fera obfcurci, amp;nbsp;la lune ne donnera point fa clarté, amp;nbsp;les elloilles toberont du ciehlors l’Eglife iVapparoiftra pas, ellat extrememét affligée par les perfecuteurs.

Le wf/iwe,Quand l’iniquité abondera,la cha-hté de plufieurs fe refroidira. Mais celle Egli-fe-là qui crie des bouts de la terre , cft en ceux dont 11 ell dit puis apres , cjtttconqueperfeuerera tuf^uàla fin,cefiui-là fera fatiué.

S.Athanafe, Qui ell maintenant l’Eglife qui adore lefus Chrill auec liberté? S’il y a en quel que part des gens de pieté , amp;nbsp;amateurs de lefus Chrillfcomme il y en a beaucoup par tout) ceux-là, comme il aduint à Elle, font cachés, amp;nbsp;fe fourrent aux cauernes de la terre.

Le mefme^Vers nous le petit enfant qu’He-rodcs vouloir tuer,ell gardé:amp; femblablcment la vérité vit en vous.

Voila donc ce que les Anciens ont cflimé des changemens qui aduiennent aux Eglifes vifibles,amp; de la corruption d’icelles , auec ad-uertiU’emet de s’en departir:amp; neantmoins s’af feurent, que nonobllant ces changemens amp;

cor

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^TL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

corruptions , la vraye Religion eft confcruee par ceux qu’il plaill à Dieu preferuer de telles corruptions.

De tout ce que delfus nous concluons , que ; les Moynes abiureurs ont commis principalement deux tref-grandes fautes en celle matière. L’vne, en ce qu’ils difent, que le Miniftere Eccleliallique a deu touhours durer publique-mentjamp; fuccelîiuement es Eglifes vlllbles : amp;nbsp;parce moyen la doélrine des Apoftres eftre continuée. L’autre,quand ils afferment,que notamment l’Eglife de Rome a touGours eu depuis les Apoffres,amp;ra encores cefte publique t fucceflion du Miniftere Ecclefiaftique : amp;nbsp;par le moyen d’icelle , que le mefme doit eftre dit de toutes les autres Eglifes qui font, comme ceux-ci parlent,de fa communion : mais,comme nous difons auec vérité,de fa fubieôlion.

' Quant au premier poind, leur erreur a efté j amplement réfuté , tant par expres tefmoigna-' ges de l’Eferiture , que par le commun confen-tement de l’Antiquité conforme à iceux : e-ftant vne chofe par trop indigne, de vouloir i que la vérité de Dieu, qui eft immuable,depen de des chofes humaines, qui font fuiettes à tant d’inconftances amp;nbsp;mutations.

Maintenant, combien que la refutation du premier erreur contienne alfez la refutation , du fécond: G eft-ce que nous en voulons encores dire quelque chofe particulièrement, pour monftret, que s’il eftoit ainfi , que le public amp;nbsp;exter ieurMiniftere deuil infalliblement durer i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(ce

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RESPONSE.


57gt;’

(ce que non , ainfi que nous auons prouué ci delfus) fieft-ce qu’iln’a pas dure en l Eglifc i Romaine,

Nous ne ramenteurons point ici les plaintes dés long temps faites contre les Minières de, TEglife de Rome , qui dés auffi toft qu’ils ontj peu drellcr la telle, l’ont voulu leuer par defl’us^ toutes les autres Eglifes :dequoy les Anciens,! xomme S.Hieromc, S.A ugultin, S.Bernard,amp; autres s’en font plainéls: feulemét nous prions les Leôleurs,amp;: les exhortons au nom de Dieu, loi.

de bien poifer les chofes que nous déduirons particulièrement fur ce poinôl ; à fin de iuger, files Moynes ont raifon de dire ,que l’Eglifci de Rome,amp; les autres qu’elle a alfuietties fousl fon iougjont retenu la vraye Succeflion Eccle-’ fiaftique:amp; (comme ils difent) la publique amp;nbsp;ordinaire Succeflion,tant des Pafteurs, que de laSainôle Doélrine, depuis les Apoftresiuf-ques à prefent. Car qu’ell-ce à dire Succeflion ordinaire, en cell endroiét î n’eft-ce pas quand ■ la vraye doôlrine eft continuée par le Minilte- : te des Pafteurs légitimement appelles , amp;nbsp;exe-cutans fidelement leur charge ? y a-il rien fi ai-, j fc,que de venir à refpreuue,pour fçauoir fi l’E- i glife Romaine a vne telle Succeflion? Ils fe. Vantent que celle Succeflion eft depuis les A- ! Poftres. Ouurons donc les liures, fueilletons ! les Eferits des Apoftres, voyons-y l'inftitu-, tion des Sacremens , l’ordre de l’Eglife, la vocation des Miniftres , les moyens de leurele-âion,amp; généralement tout ce qui concerne le ,

Minift

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) 574 ARTICLE (îi. 61, 6^.

'ufr'll Miniftere Ecciefiaftique. Ici les Moynes recu-lent,amp;refufeiit cell examen;voulans que nous ■ nous contentions de ce qu'ils ont touliours CU I des Euefques. Certes,fi la Succeffion Ecclefia-i Iliquc,dont nous parlons,eft vne Succeffion de noms feulement, amp;nbsp;de tiltres , ilsontgaigné leur caufe. Mais fi c'eft vne vraye Succeffion, tant de la doôlrine des Apo{lres,que de l'ordre Eccle fiallique ellabli par eux , il ne fe faut pas contenter des noms,mais il faut venir aux cho fes qui font fignifiees par les noms. Si doncl'E glife Romaine n’a rien en effeôt de ce qui a efté en l'Eglife , du temps des Apoftres : amp;nbsp;l'Eglife du temps des Apoftres n'a rien eu , ou fort peu I de ce qui eft en l'Eglife Romaine : où fera celle 1 Succeffion?

1 Car du temps des Apoftres les Pafteurse-J ftoycnt elleus tels que faindl Paul l’ordonne en fes Epiftres, amp;nbsp;auec examen de vie, amp;nbsp;de mœurs,confentement,amp; approbation des Egli fes aufquelles ils eftoyentdeftinés:amp; faifoyent leur charge,ainfi qu’elle eft prefcriptc en la parole de Dieu. Il ne fe void rien de tout cela en l'Eglife Romaine (ainfi que défia nousauons dit, amp;nbsp;prouué ci dclfus en l’article Ij.) Veu qu’il eft tout notoire , ou que les Princes confèrent les Euefchés fous l’authotiré du Pape : ou que ceux qui enuoyent le pluftoft à Rome, les em-i portent ; amp;nbsp;tout leur examen amp;nbsp;fuffifance, eft, le mieux courir, amp;nbsp;le plus donner. Tellement ; qu’il ne fe faut pas esbahir,fi eftans faits E-' uefques en pofte, iis s’en acquitent apres fi legere

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;575

gerement. Tant y a, qu’encores que nous nous taifions , tout le monde dira que aujourd'hui, quand on fait les Euefquesen ï'Eglife Romai-ne,il n'y a iamais ni examen de doôlrine,ni approbation de mœurs,ni confentement du peu-' pie.

Quant aux ventes amp;nbsp;permutations des Cures, Euefchés, amp;nbsp;autres benefices (qu’ils appellent) encor que les hommes fevueillent fermer les yeux, fi font- ils contraints de les voir. Tellement qu'il femble que ce foitvne foire de marchands qui vendent, reuendent, changent , traffiquent, moyennant qu’ils ayent la marque dont il eft parlé en TApocalypfe. La pluralité de leurs benefices en vne melme per-fonne eft manifefte à vn chacun : moyennant le nom fuppofé d'vn quidam, qu’on appelle vul gairement Cuftodinos:amp; fera volontiers quelque Cuifinier , ou autre feruiteur domeftique. Les peuples oyent nommer les Euefques, quad il leur faut payer leurs reuenus ; autrement ne les voyent, amp;nbsp;ne les oyent iamais en leurs benefices, qui font ainfi appelles , non pour bien qu’ils y facent,mais pour les biens qu'ils en re-çoiuent. Partant nous difons trefueritable-nient,que rien n'eft auiourd'hui obferuc en l’E glife Romaine de tout ce qui a efté inftitué Sc prattiqué par les Apoftres, touchant le Mini-ftere Ecclefiaftique.

Voyons maintenant, fi les façons défaire de Ï’Eglife Romaine,quant à leurs dignités Ec' çlefiaftiques, ont eu lieu en Ï'Eglife, du temps des

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576 A R T I C L E 6l. 61.

des Apollres. Nous y voyons donc vn Pape tel que nous Tauons pourtrait vifen l’Article I precedent :amp;fouuent en y a eu deux amp;nbsp;trois combatans entr’eux de la primauté. Nous y voyons force Cardinaux, Archeuefques,Eucf-ques, courtifans : amp;nbsp;en tout cela ( fans qu’il f nous faille efplucheixpar le menu lesCurés, Vicaires , amp;nbsp;vne millialfe de petis Prcftres volti-geâs,enfemble cefte formilliere de Moynes qui bougent par tout) Il n’y a aucune apparence de I Miniftere Ecclefiaftique : mais pluftoft vne face d’vne Monarchie , ou des Babyloniens , ou . des Perfes auec leurs anciens Satrapes, en tou-' te ambition, arrogance, vanité, amp;nbsp;dilPoIution.

(Nous n’en voulons dire d’auatage.) Et,cepen dant ces Moynes diront effrontément, qu’ils ' ont la Succe(î\on Ecclefialfique depuis le téps des Apoftres. Si la pureté du temps des Apo-ftres n’eft aucunement entr’eux, amp;nbsp;fi leurs impuretés ne fe trouiient point auoir efté du,téps

. des Apoftres.’comment pourra eftre cefte conti nuelle Succeffiô?Certes,il faut recognoiftre amp;nbsp;I confeilèr, que leur Succeffion doit eftre entendue , tout ainfi qu’on dit que la nuiét fuccede au iour,les tenebres à la lumière, le Tyran, au vray Monarque , l'vfurpateur, au legitime Seigneur , amp;nbsp;le mal, au bien. Et ccla eft changement, pluftoft que fucceffion:amp; n’y a autre co-tinuation en l’Eglife Romaine,que d’erreur en erreur,amp; de mal en pis.

Comment donc eft-ce que ces Moynes ont ofé dire, que leur Eglife a toufiours eu publique

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J77

quement amp;nbsp;fucceffiuement des vrais PafteurS ‘

depuis les Apoftres iufques à eux? Du tcps des , Apollres , l’ordre amp;nbsp;degré fuperieur des EueG- ,

ques par dell'us les Preftres , n’eftoit pas : encor ' moins des Archeueiques fur les Euefquész moins des Patriarches fur les Archeuefques:dc moins ençor d’vnPape fur lesPàtriarches. tour ‘ cclajdi-ie,if eftoit pas.Icéjdu tépsdes Apoltres, les Pafteurs ordinaires dePEglife n’ont ïamais efté appelles amp;nbsp;inftallés en leurs charges, fans eleétion. Mais en l’Eglife Romaine y a-il vn, feul Euefqueou Curé par eleélion , amp;nbsp;auec le confentement du peupleîSi donc le PafteurEc-clehaftiquc ne peut elfte fans vocatiÔ(car c’ell , vue charge J amp;nbsp;vn office) fi telle vocation ne|l peut effre fans eleétion(comme tous lesEfcrit?’ des Apoftres l’enfeignent ) s’il n’y a point d’e-. , Icélion en l’Eglife Romaine, pour ordonner ' leurs Euefques amp;nbsp;Curés ( comme tout le mon-*!!

de fqait Sc void)où eft donc cefte publique fuc ceffiôn d’EuefqueSjdont ils C: vantent?'y aura-« j 1 ilfucceflion en ce qui n’eft pas? Si leurs Euef-p ques ne font pas légitimement appelles, ni or- ‘ donnés : font-ils autrement Euefques que de nom? Quails confeffent donc, qu’ils n’ont autre Succeffion Ecclefiaftique,finon Titulaire,ainn que nous auons tantoft dit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

Par cela auffi il appert, que c’eft à tresfauffes enfeignes qu’ils difent, que leurs Pafteurs font . ordinaires Pafteuts.Car qu’eft-ce à dire , ordi-naire?s’ils le prénent pour vne chofeaccouftu-*nee,ils ne font plus Théologiens, Se corrom-

O pent

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578 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

pent non feulement les choies , mais auffi les mots. Et en ce fens nous confellbns que leurs Euefques,(Scies corruptions de leurs Euefques, amp;nbsp;infinis erreurs leur font ordinaires , c’ell: à

dire, couftumiers : amp;nbsp;difons , auecS. Cyprien, qu’vne mauuaife couftume n’eft autre chofe, I qu'vue vieillcHe d'erreur.Mais puis qu’à parler proprement,ordinaire,vient de l'ordre ; amp;nbsp;que nous appelions ordinaire, ce qui s'obferue felon l'ordre qui a efté prefcrif.il s'enfuit,que les J. Euefques lt;ScPaftcursde l'Eglifc Romaine ne font lt;Sc ne peuuent eftre ordinaires Pafteurs de l’Eglife: puis qu'ils fant.eftablis fans amp;nbsp;con-I tre l’ordre qui en a êfté prefcrit par les Apo-I lires.D’auatage, puisque les Canós approuués par l’Eglife Romaine , amp;enregillrés en leurs ' Décrets,requièrent que les Euefques amp;nbsp;Curés foyent elleus auec examen: amp;nbsp;qu'ils facet leurs, charges aélucllement, où fera celle fucceffion dont ils fe glorifient tant, veu qu’ilyafi long I temps qu'ils cotreuiennent entieremét à leurs ! Canons? Caries Euefques amp;nbsp;Curés doiuent • prelcher , 8c ils ne ptefehent pas. Les Moynes n’ont aucune vocation de pre!cher,par les me-j fmes Canons amp;nbsp;Decrets , (Sc il n'y a qu'eux qui * prefehent en l’Eglife Romaine.

Pour fe demeller de tant lî grandes dilïî-\ cultés,ceux de l'Eglife Romaine n’ont autre ex ! pedient, linon de nous oppofer la continuelle , fucceffion de leurs Euefques , lefquels ils comptent les vns apres les autres, à la faço de leurs ) chappelets (auffi, certes, la fucceffion dót ils fe

van

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■ RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;579, r

vantenCjoe tient ququot;à vn filet) amp;nbsp;penfent auoic 1 hquot;'/ futïifamment prouué que leur Eglile eft vraye Eglife.quand ils auront recité le CatalognejiSó, I fs.ic le dénombrement de leurs Euelques, Mais; ’ pour leur öfter cefte vaine cofiancedi nous faut-confiderer que cefte fucccffion dont nous par- 1 Ions s’entcd en deux fortes; ainfi qu’il nous efti q aiféde recueillir de noftre precedent-dilcours., ‘ Car il y a fucceffion en la Doótrine luccef- ■ fion perfonnclle des Pafteurs luccedans publi-rJi’ quemeut Tes vns aux autres : ôc l’y ne n’cft.pas, liee àTautre neceftairemcnt.Qu’aiufi fort, lors que leSeigneur dit à Elie,qu’il y auoit en ifracl ^pt milhommesjc’eft à dire, vn grâd nombre, qui n’auoyent point flefchi le genouil deuant Baal,ceux-là auoyent, fans doute,la fuccellîon ! ' nbsp;nbsp;, „

8c continuation'de la.vraye Doûruie , corne il * appert allez par ce que le Seigneur en dit. Et partât S. Ambroife arterme,que la vérité eftoit, Ser.11. en eux.Neantmoiris,ils n’aubyent pas la publique fucceffion des Pafteurs. Car Elie ne fe full} • pas plaint d’eftre feul en ces lieyx-là fetuant à 1 Dieu, fl l’Eglife de ces fept taille hommes eufl: | efté publique.Ou voit dôc par là,que la fuccefd flou en la Doéfrine peut cftre fansla publique’ amp;nbsp;perfonnelle fucceffion des Pafteurs.Au contraire, ces Moynes mefmes ont iiné en l’Artir, ' de Ivj. que la fucceffiio legitime des.Euefques,j eft faillie és EglifesGrecqiieSjlefquelles ils ont. J accufees de beaucoup d’erreurs. Et toutesfoii. la fucceffiô perfonnelle amp;nbsp;publique y eft,^ y a 1 toufiours-efté.,Partant nous concluons par lêT’

O 2 pro

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ySo ARTICLE 6l.ë2. 6}.

AJ).48.

propre dire de ces Moynes, que cefte publique Iamp; perfonnelle Succeflio peut ellre fans la Suc-celfion en la Doôtrine. Il y a plus:Car lors que les Arriés auoyéc occupé les Eglifes d'Oriét,amp; pendât ce temps-là, on y voyoït la publique amp;nbsp;I perfonnelleSucceffion d’Euefques deftituee de l'la vraye Doélrine: amp;nbsp;neantmoins la luccellion ' quot;■ en la vrayeDoétrine elloit cotinuee en l’Onét, fans publique prôfeffion:3(rauoir, es fideles qui detellans les Èuefques Arriens , amp;nbsp;Je retirans d’eux,perfeueroyet en la vraye Religiô.Ce que nous auons appris ci delfus par le tefmoignage de S.Auguftin,afFermant que la vrayeEglife e-floit conferuee és gens de bien qui elloyenC

Cotr^ria nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de froment fous beaucoup de

’ paille.Comme aulîi S. Athanafe parlant de ce temps-là, accomparoit la vraye dodrine amp;c ceux qui la gardoy ent , à l’enfant lefus Chrift caché en Egypte.

Puis donc que la vraye dodrinepeut dire fans la publique amp;nbsp;perfonnelle fuccelfion : amp;nbsp;cefte fuccelfiô perfonnelle peut auffi eftre fans la vraye dodrine:amp; que mefmes lors que la pu blique fucedfion eft entièrement corrompue, ‘ la vraye Eglife de Dieu peut dire conferuee fans eftat vifible'amp;apparent; toutes lefquelles chofes nous difons apres rEfcriture,auec l’Antiquité, voire par le propre confentement de ces Moynes:il n’y a rien qui nous puilfe garder de conduire,que tout ce que les Moynes , en-fcmbletous leurs adherans propofent de la pu .blique fucceflion des Euefques, ne fert que de fueil

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RESPONSE, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;581

fueillespour couurir la hôte de l’EglifeRomai- ƒ ,* ne:s'ils ne monftrent qu'ils ont la fucceflion amp;nbsp;/ f ' ' continuation de la melme Doftrine qui a elle * prel'chee par les Apoftres.amp;laillee à la pofteri- ( téauecla continuation du S. Miniftere jainfl qu’il a e/lé ordonne amp;nbsp;eftabli par eux. Voila 1 pourquoy quand nos Peres ont oppofe aux an-* ciens liereriques la fucceflion Ecclefiallique, ils ontjfur tout, inGflé à la vérité de la Doétri- L ne : laquelle aufli Irenee dit eftre la principale fucceflion. Il faut, dit-il, efeouter les Pafteurs de rEglife,lefquels auec la fucceflion du Mini-ftere , ont aufli retenu le don de lavraye Do-élrine. Et tous ceux qui fe defpartent de ceftcl fucceflion-ci principale , il les tant reietter, en quelque lieu qu’ils s’alfemblent. Item : 11 faut adherer à ceux qui gardent la Doéltine des A-) poftres. Et fainôl Auguftin a touGours prote-fte , qu’il falloir inonftrer quelle efl la vraye E- j glife par les expres tcfmoignages de l’Efcritu-Tefainéfe , aiiiG que nous auons veu. Car,di-foit-il, l’Eglife n’eft pas feulement munie de l’authorité des peuples ,amp; des Geges Apoftoli- . ques(notez qu’il dit Sieges,cotre nos Moynes, * qui.n’en recognoilfent qu’vn,) mais auflieft 1 armee d’vn appareil de raifons qui font inuin- I cibles. Et en vn autre lieu : Pour fçauoir G les nevnit, Donatiftes ont l’Eglife, dit-il, qu’ils le mon- Ecd.c.is, ftrent,amp;: non autrement que par les liures Canoniques des Eferitures fainéles. Ce font là l les doGumens, les fondemens,amp; les appuis ttesfermes de noftre caufe.Item: s’ils peuuent, I

U Is

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. 5^^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE dl.öz.lïj.

'■ ^,^7. ' lt;iu'ils mon(lrent/^»z-/ Eglij'es,non^^ï les Con-elles de leurs Euefques j ne par leurs faux fi-* gnesamp;miracles.Car auffi cotre ces chofes nous î Tommes premirnis.par la parole de Dieu. Mais qu’ils les monftrenc par les commandemens de la Loy, les prédirions des Prophètes, les Pfal-mes, par la voix du grand Palleur lefus Chrift, par les prédications amp;nbsp;labeurs des Euangeli-i îles , c ell à dire, en vn mot, par l’authorité de tous les liures Canoniques. Voila comment S. Augullin vouloit defendre l’Eglife, par les armes del’Eglifeiqui ell l’Efcriture Sainóle : fans s’arreller à l’apparence de la Succeffion perfon nelle;comme,de faiôljil dit ailleurs,que côbien Contr. Ep. qu’il oppofaft aux Manichéens la lùcceffion vi fund.c.^, (ible,amp;autres dons qui eftoyent.lors enl’Egli-( fe:touteslois,s’ils pouuoyent monllrerinfailli-. Element, que la vérité full de leur coflé, il la , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, faudroit preferer à toutes ces chofes qu’il allein Lltlltt.] . _ * „ „ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ XT • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

-4dwn. guoit.Et S.Gregoire Nazianzene en parle ain-fi:La Succelfion de la vrayeRelîgion doit eilre tenue amp;nbsp;appellee proprement Succeffion. Car , celui qui fait profeffion d’vne mefme vérité Sc ' foy , eft auffi participant d’vn mefme Siege.

Mais celui qui embralfe vnefoy contraire , en-, cor qu’il full au liege , neantmoins il doit eilre tenu pour ennemi. L’vn ale nom : l’autre a la . I chofe mefme , alfauoir, la vérité de la Suc-; -ceffion.

Que donc les Moynes,lailfans en arriéré leur i Succeffion titulaire , s’elludient déformais à cercher la vérité en l’Efcriture, amp;nbsp;apprennent à la

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;58^

a la préférer à tous leurs menfofiges amp;nbsp;innen-#. ■ , lions : Autrement, nous dirons toufiours que ’ in» r/1\ ion leur Eglife reifemble à leurTranllubftâtiation., Car ils ifo'nt que les feuls accidens de l’Eglife, fans le propre amp;nbsp;vray fuiet d'icelle. Quant à nous,lors qu'il a efté queftion de reformer l'E-ghfe , amp;nbsp;redrelfer l'ordre exterieur amp;nbsp;vifible 1 qui auoit elle interrompu : nous nous fommes ' propofé l'Eftat de l'Eglife Apoftolique, pour nous y rendre conformes le plus qu'il nous fe- j roitpoffible: à l'exemple de ceux qui voulans 1 rebaltir vne maifon, ne prennent pas pour leur modelle, l’ellat auquel elle eftoit, quand elle a i commencé ou auancé fa ruïne , mais l’ellat au- I quel elle auoit efté baftie premierement.Partat nous auons fui les goutieres, les poutres pourries, les parois panchantes , c'eft à dire, les an-ciénes corruptions defquelles en Hn celle gran de ruine eft aduenue en l'Eglife Romaine.

Il relie à examiner ce quïls mettent en auanf en ces Articles,pour leur defenfe.

Premièrement, ils maintiennent qu'en l'E-glife fous leVieil Teftamcnt,il y a touliours ca 5 publiquement amp;nbsp;fuccelfiuement des Palleurs. I ou Prophètes, nonobftant la reuolte des Rois ' d’ifracl, amp;nbsp;de quelques preftres amp;nbsp;Rois de lur 1 da. Et pour prenne de cela, ils allèguent ce qui eft dit en l'hiftoire Sainéle , que lors que les dix Lignées fe diniferent d'auec le Royaume! de luda, les Sacrificateurs amp;nbsp;Lenites fe reti-lerenten lerufalem fous Roboam. Item , que 19.10. le bon Roy lofaphat exhortoit le peuple à’

Q 4 croire

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5^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE öl. (Î2. (5).

•croire au Seigneuijamp;à fes Prophetes.Itcm,que ' Japres la reuolte du Roy loas. Dieu enuoya des ’ Prophètes au peuple d’Ilrael, quiuelesvou-lut efcouter.Item i qu’vn Prophete fut enuoye as.y.ij.ai Aoiazias. Item; que le Seigneur parla ■gj.io.ij,. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;voulut obéir.

Item : que du temps du Roy Sedcchias le Sei-».Par«/, gneur enuoya fes melfagers Si Prophètes au j1y.14.1j. peuple de luda, pour les retirer de leurs abo-ÏÖ. . minations, mais quhl les auoit mefprilés , amp;nbsp;I reiettés.

Sur quoy nous difons^premierement, qu'il y a difference entre la Succeflïon viiibledu Mi-niftere fous la Loy, 8c fous l’Euangile.Car fous Je VieilTeftamentjCeftefucceffion eftoit charnelle, amp;nbsp;mife en vue feule race , all’auoir, la lignée de Leui.Mais fous le NouueauTellamét, i elle eft par eleôlion,amp; non par generation.

D’auantage,pour le regard du Vieil Tefta-ment.ces Moynes ont oublié le precepte del’E fchole, pour bien faire les Induétions : amp;nbsp;ne fe font pas aduifés , que pour verifier, que le public Miniftere felon la parole de Dieu , a touf-iours efté en l’Eglife fous l'Ancien Telfament, ce n’eft pas alfez de monftrer , qu’il y a elle du temps de Roboa,amp; de lofaphat: ou d'alIeguer, que Dieu a enuoyé des Prophètes du temps de ■ Ioas,d'Amazias,deManalîes,amp;de Sedechias.il i ne s'enfuit,di-ie,pour toutes ces chofes,que le 1 Miniftere public amp;nbsp;ordinaire ait toufiours elle ( en l'ancienne Eglife. Car voici que nous oppo-' fons au cotraire: En premier lieu, ce qui eft dit - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des

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RESPONSE. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;585

des IfraëliteSjdu temps des Inges;Ils abandon- lud-f- . , nerent le Seigneur, feruirent a Baal, à A- 1 f,, fiaroth : le Seigneur leur fufcita des luges pour les deliurer : mais ils ne voulurent poini obéira leurs luges , ain^ois paillarderent apres les autres dieux, leßjuels ils adorèrent. Tellement que ce n'eft pas fans caufe qu'il eft dit ailleurs , que plußeurs iours fe font pajfez. en I[rael fans le vrajf\^ JDieu, amp;nbsp;fans Sacrificateur, fans doLleur, P»/Zoj. D’auantage (pour n'eftre trop longs, à pourfuiure Thiftoire des Ifraëlites , Sc reciter, les horribles Idolatries aufquclles ils ont elle publiquement addonnés fous la plufpart dei leurs Rois) Achaz Roy de luda interrôpit ma-l nileftement le feruice de Dieu , qui fe faifoit ordinairement amp;nbsp;publiquement au temple de [

( lerufalem. Car voici les mots de l’Efcriture: ^chaz. amafa les vaifieaux de la maifon de Dieu , les rompitità' ferma les portes du tem-. pie de Dieu,amp; fefit des autels pour lui en tous les' coings delerufalem. Où eftoit doc lors le Mini-ftere public en lerufalé? veu mefmes que le té-, pie eftoit fermé,amp; que Vrie le Sacrificateur e-1 x. ftoit autant Idolâtre que fon Prince, ainfi que l’hiftoire le recite? Oyons auffi ce qu'Ezechiel.JSxfdi.S., recite de la profanation du temple de lerufa-* lem J qui eftoit de fon temps : aifauoir, qu'àl . la porte de l’autel eftoit Eldole prouoquantàl courroux , auec plufieurs autres Idolatries. Confiderons les reprehenfions des Prophètes contre les Sacrificateurs : comme quand le-remie dit ; Les Sacrificateurs nom point dit, ou tierem.i.

ejt '

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ySf» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 6l.lt;îl.(?J.

\eß le SeigKeurlCettx tjui tenoyent ULoy,ne m ont point cognen : les Pail-eftrs ont prenarieiuécontre tnoy^tlîr' tes Prophètes ont prophétisé en Baal. Et Elaïe, Tant le Sacrificateur, i^ue le Prophete, ont erre'.Ec autres palfages femblables. Et quand il , ; ny auroit autrechofe que lacaptiuitc de Ba-, byloiiCjcela eft trop fufiîfant pour monftrer, que le public amp;nbsp;ordinaire Miniftere Ecclelîa-ftique fut lors interrompu.Car le temple de le-I rufalé ayant efté démoli, amp;nbsp;le peuple mené ca-' ptif en Babylone,on ceiï'a de faire lesSacrifices ordônés en la Loy, qui eftoit la principale partie du Miniftere Ecclefiaftique fous l'Ancien rlprewz ! TeftamentiTellemét que leremie feplaignoit amp;mE‘. Le Seigneur a fait oublier en Sion la feste amp;nbsp;le Sabbath ,amp; a repromté en fureur le Roy le Sacrificateur. On Içait aulîi, que du temps d'Antioclius le temple de Icrufalemfut profa-

I iié,amp; l’exercice public amp;nbsp;ordinaire de la Religion interrompu. Et quand letemplefut nettoyé par la vertu amp;nbsp;diligence des Machabees, ils ordonnèrent vne fefte, à fin que la mémoire [en full perpétuelle. Et cefte fefte eftoit encor celebreedu temps que lefus Chrift eftoit en îo’âwio 'terre, comme il appert par l’Euangile felon

' jS.Iean.

Ils difent que Dieu enuoyoit des Prophètes jauxifraëlites.pour les reprédre de leurs fautes, ,*lt;amp; les exhorter à repentance. Mais les Prophe-'tes ne doiuent pas eftre comptés pour ordinaires Miniftres de l’Eglife ; veu que Dieu les fu-feitoit extraordinairement, c’eft à dire, outra l’ordre

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5^7

..ô. R E S P O N Si.


l’ordre public du Miniftere drelTé en la famille de Leui. Et ne peut-on remarquer vne fuccel-, fion ordinaire és anciens Prophètes :veumel-mes qu’il eiPdit quelquefois, que la parole du . Seigneur efioit en ree]ueiie:Ç^’ t^utl nj auoit point de manifeste vtfion : 8c au Pfalme, les fideles fe plaignent ainluA’owj ne quot;voj/onsplus nosfgnes,et nj a plus de Prophètes, (Sr ny a aucun ejuifpache tufcjuà epuand. En fomme^tant s’en faut que ce qu’ils alleguét des Prophètes ferne à leur pro-i pos, qu’au contraircj cela monllre que Dieu fe i fert des moyens extraordinaires , pour redref-fer l’ordre de l’Eglife interrompu: comme auffi en l’Apocalypfe il elf parlé de deux Prophètes que Dieu fufeiteroit és derniers temps, pour le ’ reftablilfement de l’Eglife. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘

Sur tout ils font impudens, quand ils difent que les Dodeurs ont manifeftemct,amp; par fuc-ceffion immediate maintenu la vérité de la do- I élrine, iufqu’à ce que l’Eglife a efté transferee des luifs , fous Anne amp;nbsp;Caiphe ,ànoflre Sei-gneur lefus Chrift. Car (outre ce que nous en auons dit ci deuant ) lefus Chrift lui-melmes les defment,quand il repréd les corruptions amp;nbsp;I traditions des Scribes amp;nbsp;Pharifiens. Comme auffi l’on fçait allez,que l’Eglife des luifs eftoie ’ lors merueilleufement corrompue, tant en la Doélrine, par les Pharifiens amp;nbsp;Sadduciens, qu’au Miniftere. Tefmoin ce qu’eux-mefmes difent d’Anne amp;nbsp;de Caiphe : qui monftre que lors il y auoit deux Souuerains Sacrificateurs, j contre rexprclfe ordonnance de Dieu. Mais l • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ceft

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. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5^^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE (ïl.öl.fjJ.

ceft office eftoit alors venal, amp;nbsp;iVy auoit partié en Teftat de cepoure peuple qui lull entiere. Mutt. z6. Auffi Ie monftreret-ils bien,lors que les Sacri-ficateurs amp;nbsp;les anciens du peuple eftans allem-blesjtindrent confeil contre lefus Chrift,pour fie mettre à mort:amp; ne cellerent iufqu’a ce qu'il full crucifié : à fin d'accomplir celle Prophetie: Tp/aiS. 2^^ pierre ^ue les baßtjfeurs ont reiettee,a eflémi-\.'i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chef de C anglet. Que donc ces Moynes,qui

fe font conftitués aduocats d’Anne amp;nbsp;de Cai-phe, viennent en auant, pour nous monftrer

1 comment ces bons Doéleurs amp;Pafteurs Anne amp;nbsp;Caiphe , ont maintenu la fainéle doélrine, quand ils ont condamné lefus Chrift. Vou-droyent-ils donc defendre la decifion de ce j beau Concile des luifs.’Si Anne amp;Caiphe font copris en la lucceffion des bons Miniilres Ec-clefiaftiques (que nos Moynes ont tant pour

I recomandee) il faut donc qu’ils approuuent la fentence qu'ils ont donnée contre lefusChrift (que Dieu ne vueille,) S’ils ne font compris en la Su,cceffion,il faut donc qu'ils fe defdiièntde ce qu'ils ont fi temerairement affermé,que ce-fte Succeffion publique amp;nbsp;ordinaire de bons Doéteurs a toufiours continué en l'Eglife an-cienne des Iuifs:veu que la legitime fuccelïion des bons doéleurs requeroit, que les Sacrificateurs amp;nbsp;les Anciés des luifs receulfent en toute reuerence,celui qui eftoit promis en la Loy amp;nbsp;és Prophètes , au lieu de le reietter, comme ils ont fait. Et toutesfois,en la generale allem-blee tenue contre lefus Chrift, il ne s'eftpas trou

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. A. E S P o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;589

.trouué vn feul, qui fc foit oppofé à vne fi mcf-chance condemnation. Eni’omme (pourrcco-gnoiftre ce qui eft vray) Voila nos Moynes ab-iureuFS affis auec les Sacrificateurs amp;nbsp;Anciens des luifsjpour encores auiourddiui condamner lefus Chrift en fes membres, amp;nbsp;cotraindreles poures côfciences à abiurer la. vraye Religion: comme aufli pour ceft cfteél ces Articles d^ab-iuration ont eftc dreflcs;amp; nous cofelfons fran chemêt,qu’en ceft endroit la Succeffion d’Anne amp;nbsp;de Caiphe eft paruenue iufques à eux. Ec pleuft à Dieu , que fuiuant l’exhortation de S.Paul, lefus Chrift euft autant d’imitateurs ï.Tim.6, en fa conftance, qu’Anne amp;nbsp;Caiphe en ont en leur im.pieté amp;nbsp;cruauté. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

Ce pendant ils nous accufent de confondre ; l’Eftatdupeupled’lfraëhauecrEftatdel’Egli-fe. Comme fl nous n’auions pas fuftifamment monftré, qu’en quelque Eftat politique amp;nbsp;ciuil que le peuple ait efté, tant fous les luges , que fous les Roys:amp; tant en paix amp;nbsp;repos,qu’en af-flilt;ftion,rl eft aduenu fouuent,que le publicMi-niftçrc a efté fouillé d’infinies corruptions. Nous ne doutons point donc, qu’il n’y ait vni-téén l’Eglifex’cft à dire,qu’vne mefme Doctrine a efté amp;nbsp;eft conferuee en l’Eglife (Car l’vni-té eft en la vràye Foy , ainfi que S. Paul l’enfei-gne ) mais nous nions que l’Eglife de Dieu, amp;nbsp;la vraye Doétrine, foyent attachés au public Miruftere,dont nous auôs entendu les raifons, amp;nbsp;les exemples ci delfus. Et par cela mefmes nous códamnons aufli ce qu’ils propofent, que

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590 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

les Doóteiirs ordinaires (comme ils pariet) font coduits deDieu fans erreiir.Car par le difcours que nous auons fait ci deifusjon peut voir ma-nifeftement le contraire ; veir que plulloft les erreurs amp;nbsp;corruptions font entrees en l’Eglife par la faute des ordinaires Pafteurs. Si on en demandé-preuuez-quant à l’Ancien Teilament, l’hiftoire en fera foy , auec les reprehcnfions Contenues es eferits des Prophètes , touchanC les erreurs des Sacrificateurs amp;Paifeursrqu’on' voye ce qu’Efaïe, leremie, Ezechiel, Ozee, amp;nbsp;les autres Prophètes en ont eferit, amp;nbsp;on ne pourra plus douter de ce que nous difons : SC voici leurs paroles ,.Tant le Prophete':que le Sa-^ crificateurf ait deßojaunteut : amp;nbsp;eij irouuç en met lerem ‘‘' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ma»uatjlid,'dtt le Seigneur.Les facri-

ohtfait outrage à ma-Loys nbsp;nbsp;ontÇouilli

ines lieux fairiSls,(ß‘ n’ont point donnéd cognoiftre entre la ehoße fouillee amp;nbsp;la nette, Aialeditlion fur les P alleu rs dLÇrael -, quife paijfent eux-tnefmes. Aiés brebis ölit’eße eßarfes parfaute.de Pafieur', amp;nbsp;ont erré par toutes les montagnes. Et plu heurs autres lieintdemblables. Quât à l’Eglife Chre-ftienne;outfè les prediôfions des ApôftresJ’ex-perience n’a que trop monftré combien celle , . opinion eft faulfe , que les Docteurs órdinaires ne peuuent erref.'Et, certes,fi cela eftoit vray, il ne nous faudfoit vfer d’autre arguméc, pour monllrer que les Doéleurs de l’E'glilb Romaine ne font pas ordinaires Douleurs : puis qu’il y a tant d’erreurs en leur dodlrine.

Mais oyons ce quais propofent d'’Efaie,pour confer

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;591

confermer leur opinion: votci mon alliance anec eux, dit le Seigneur : mon Efßrit ^ttt efi en toj/iCä-mes paroles ejtse tay mifes en ta bouche , ne bougeront point-de ta bouche , ne de. la bouche de ta fe-mence,ne de la. bouche delà femence de ta femence dés maintenant,d’orejènauant a iainais.

Nous refpondons, auec S.Ierome , que cefte promeil’e appartiènt aux Elleus, amp;nbsp;partât,à cefte Eglife Catholique , de laquelle nous auons parlé ci deuant,qui eft la vraye Eglife de,Dieu, le corps, I’Efpoufe, amp;nbsp;le vray troupeau de l'efus Chrift. Puis donc qu’il n’ellpas là parlé de la Succeffion perfonnelle , mais de la fuccellioa êc continuation de la vrayeDolt;ftrine(caril diu mes paroles, c’eft à dire, ma doélrine, laquelle audi il conioinét à l’Efprit de Dieu. ) Et n’eft aulfi parlé proprement du Miniftere exterieur, public amp;nbsp;ordinaire. Car Efaïe parle en general de la vraye femence,c’eft à dire , des vrais fideles : 11 s’enfuit que ce palfage d’Efaïe doit eftre appkquéjiion au Miniftere exterieur amp;nbsp;public, mais à tous les vrais fideles qui appartiennent au corps de lefus Chrift. Et de faiél,S.Paul al-légué ce palfage, pour monftrer, que les eiléus de Dieuid’entfe les luifs viendroyent àlaco-gnoiftànce de l’Euangileifo»? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dit-il,yêr4

htuueicomme il efl efirit, celui cjuifait deliurace, ’viendra de Ston,amp; deélournera de Iacob les infidélités ; nbsp;nbsp;auront de par moj celle alliance , tjue

i oileray leurs péchés, i.Zcm-.Dieu napoint debou- ibidem, te fon peuple,lequelparauant il a cognuéi,t fur cela il allégué ce qui fut dit à Elie, des fept mille ’ ■ - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hom

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59i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 61.61.6^.

hommes , qui n’auoyent point ployé le genouil deuant Baal. Il n’ell donc pas ici queftion feulement des Palpeurs de l’Eglife ( defquels véritablement cefte Prophetie doit aufli eftre entendue,tandis qu'ils periéuerent en la pureDo-étrine de l’Euangile) mais en general de tous les vrais fideles , qui par l’efficace du S. EfpriC font conduits amp;nbsp;coferués en la vraye cognoif-fance de la parole de Dieu, ncceiraire à leur fa-lut.Autrerriétjil faudroit dire,que lefus Chrill n’acfté Rédempteur que des Pafteurs del’E-glifè:amp; que le nom de Sion,qui eft l’Eglife,n’ap partient qu’aux Pafteurs. Tellement qu’ils fe-ronC Pafteurs fans troupeau,amp; Pafteurs d’eux-mefmes (ce qui conuient voirement tresbien aux Pafteurs de l’EglifeRomaine.) Et faudra di re auffi.qu’il n’y a que les Pafteurs qui fe repen tent de leurs péchés : c’eft a diré, en vn mot, qu’il n’y. aura qu’eux de faunes. Car le Prophete parle de ceux en general qui font rachetés, amp;nbsp;qui ont la remiffion de leurs péchés. Mais nouslaillons cefte fauH'e interpretation à nos ; Moynes , qui attachent l’Eglife à leur Pape , à leurs Euefques, Doôl:eurs,Preftres,amp; Moynes: eftimans-que l’Eglife ne peut eftre au monde, fi elle n’eft Mitree,Chapperonnee,amp;defguifee par autant de diuers habits , qu’il y a de fortes de Moynes en la Papauté. Quant à nous, puis que Efaïe parle de l’alliance de Dieu , hors laquelle il n’y a point de falut : qu’il parle auffi de

quot;ceux qui ont lefus Chrift pour Redempteur,amp; qui par vraye Foy fe conuertrlfentàlui: nous

/ conc

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Response. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jpj

Concluons , que ce pallage fe doit rapporter à la femence fpirituelle de i’Eglife j qui font les vrais fideles amp;nbsp;efleus de Dieu : ainfi que S.Paul a accouftumé d'expofer le mot de femenceen PEpiftre aux Romains , amp;nbsp;en TEpiftre aux Ga-lates.

Ils repetent encores ces mots du Pfalmeî T'es en fan s feront au lieu de tes peres : dont nous auons parlé au precedent Article Ix. amp;nbsp;auons monftré J quele Pfalmifte parle en general de tous les fideles: veu qu’il traitte du mariage de lefus Chrift,amp;' de fon Eglife : laquelle eft mere de nous tous.dit S.Paul.Parquoy nous n’adiou-lierons ici rien d’auantage: prians les LeCheurs de reuoir ce que nous en auons défia dit ci deifus.

Au refte,parce qu’ils fe Tentent prefTés de ce que S. Paul a prédit deupir aduenir de celle re-uoltedontil parle enl’Epiilre aux Thelfaloni-ciens , ils tafchent d’en efchapper en quelque façon : amp;nbsp;difentjque la reuolte fera par l'Ante-chrift amp;nbsp;les heretiques,amp; non par I’Eglife Catholique,c’eft à dire,en la commune fuccelîion amp;nbsp;confeffion de Foy és ordinaires Pafteurs ÔC Doéleurs.

Mais c’eft vne façon de difputcr toute nou» uelle, de dire, que la reuolte ne fera point faite par ceux qui garderôt la fuccelîion de foy : qui eft tout autant que s’ils difoyent, que la reuolte ne fe fera point par ceux qui ne fe reuolte-ront pas. Et nous confellons auflî que les vrais , fideles ne fe reuolceiont poinçmais la queftion

P dem

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594 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 61.61.6^.

demeure toufiours : aliauoir, ß la vraye fucceC-ßon de la doólrine Apoftolique doit perpétuellement demeurer au miniftere ordinaire amp;nbsp;public. Or S. Paul ne parle pas de quelques hérétiques J qui feront chalfés de l'Egide , mais • d'vne reuolte telle que l'Antechrift feroit affis au temple de Dieu. Il faut donc que le temple /W1/.T4. deDieufoit opprimé par celle reuolte : amp;nbsp;ce mot e^lre affis , le lignifie : ce qui ne pouuant ’ eftre entédu de l’Eglife des Elleus, le doit eftre necelfairemét de l'Églife exterieure, amp;nbsp;vifible. Et ailleurs il dit, que d’entre les Pafteurs ordinaires fortiroyent ceux qui corromproyent la vraye Doârine. Et les Anciés ont ainfi enten-.Xfü.io. du ces-paroles de lefusChrdl:^^^ï»d vous ver-rez. rabomination nbsp;nbsp;la defolatton,ejui efi dtte par

Daniel le Prophete ,e^re au heu /ainEl ( ^utlit l'entende)adonce]ue ceux cjuiÇont en ludee, s'enfuient aux montagnes. c’ell à dire(dir S.Chryfo-llome)que les Chrelliens recourent aux Efcri-fainéles, par ce qu’alors on ne pourra au-tfement recognoiftre la vraye Chrellienté, linon par les Eferitures.

Q^and donc les Moynes nous aceufent d’a-uoir introduit vne Eglife fugitiue, amp;nbsp;inuifible (comme ils parlent ) ils aceufent lefus Chrill, qui vfe du mot de fuir en ce palfage. Ils accu-.XpoGii. fentauffila Prophetie de S. lean en fon Apo-calypfe,où il effc dit ainfi : la femme (c’ell à dire, l’Eglife , comme mefme les Anciens Font entendu) s'enfuit en vndefert, ou elle a lieu prepare de Dteu, à fin qu’on la nourrtfi là mille deux cens foixante

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;59$

foi Xante tours. Or nous entendons cefte fuite, non tant corporelle (laquelle auffi lefus Chrilt ne condamne pas,'quand elle eft faite en tempjf amp;nbsp;lieu, (Sc auec raifon) que fpirituelle : alfauoir, quand les gens de bien fuyent les idolâtries, erreurs, amp;nbsp;fuperftitions , amp;nbsp;fe retirent à la pay role de Dieu , qui eft la forterelfc de l'Eglile: comme S.Hierome a tresbien dit, vfant de ceç paroles'.L'Eglife de lefus Chrift,dit-il,qui pof- -T» fede les Eglifes qui font au mondcjcft conioint te par vnité d’efprit,amp; a pour fes villes,la Loy, les Prophètes,rEuangile,amp; les eferits des Apq lires.Elle n’eft point fortie de fes limites,c’eft à dire, des Eferitutes fainôles. Ruinant donc ce dire 5- Hierome,les fideles font vne loüabl^ amp;nbsp;heureufe fuite, quad fuyans arriéré de l’idor latrie (comme S.Paul commande) ils fe iettent dedans les limites del'Eglifc, qui eft laparole de Dieu.

Au relie,ces Moynes ont fort mal à propos aceufe les Donatiftes,d'auoir voulu introduire vne Eglifc inuifible amp;nbsp;fugitiue: veu qu’au contraire ils attachoyent l’Eglife en Afrique : amp;nbsp;nioyent qu’elle full ailleurs : dont ils ont efté doClement refutes par S.Auguftin.Or les Moy nés font encor pis que lesDonatiftcs,quand ils enferment l'EgÜfe Catholique dans la ville de Rome; Etnefçauons pourquoy ils nous con-ioignent, aux Manichéens,Montaniftes,Dona-I tilles, amp;nbsp;autres anciens heretiques : veu que nous dételions autant leurs herefies , comme nous reiettoûs les erreurs de l’EglifeRomaine.

P î Quant

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/ARTICLE (ÎI. lt;S1.

l.Cor.io. Qnant à l'Eglife inuifible.nous en auos parlé ci detrus. Et ne voulons pas dire,que ious les fcenebres de la Papauté, les plus eipailPes, il ny ait eu des gens craignansDieu,qui ont confer-uéla vraye Dodrine par tels moyens qu'il a pieu à Dieu. Deqiioy nous lui rendons graces; amp;nbsp;mefmes,de ce que telles perfonnes,familles, amp;airemblees ont efté pour quelque temps in-uiflblesamp; incognues au Pape,amp; à fes fatelliteS. Car ayans demeuré long temps comme eftin-celles couuertes de beaucoup de cendres,en fi» le.Pere de toute mifericorde en a allumé vn trefgrand feu,qui efclaire à la plufpart de l’Europe, par la pure predication de l'EuangilerdoC apparoiiFent auiourd’hui infinies Eglifes,qux deteftentla Papauté, amp;nbsp;qui ne font que trop vifibles, au gré des Moynes, Et certes,quelque mine qu’ils facent de reprédre lesEglifes qu’ils appellent inuifibles,fi voudroyent-ils de toute leur atfedion , que nos Eglifes fulTent encores inuifibles. Au refte,à quoy penfent-ils,de condamner les Eglifes cachées amp;nbsp;fecrettes? Elt-ce rhoneur qu’ils porter aux Apoftres.qui fe font /aan.io. tenus quelques fois enfermés , pour la crainte des Iuifs?Eft-ce l’eftime qu’ils font de la primi-tiue Eglife, qui s’alfembloit ordinairement en f'id.Tert. cachettes, pendant les plus rigoureufes perfe-

curions ? Ell-ce la compalflon qu’ils ont des fi-.4i7îo quot;ô perfecutés en Orient,lors que l’Arrianif fUn. me y auoit la vogue? lefqiiels nous auos enten-amp;e. du ci delfus, tât de S. Auguftin, que de S.Atha-nafe, auoir eilé cachés , pour euiter la fureur des

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597

RESPONSE.

des hérétiques qui occupoyent lors les fieges, noms, amp;nbsp;filtres des Euefehés , amp;nbsp;du Miniftere public de fEglife. Il y a plus : car les erreurs de i’Eglife Romaine n’ont iamais elle en fi grand regne au monde , qu’il n’y ait toufiourseu des contredifans : ainli qu’il fe vérifié par la lecturé des hiftoires. Et ces Moynes ne l’ignorent past mais il leur femble qu’ils ont allez refpondu, quand ils ont dit , que ceux qui s’y font oppo-ies, ont efté déclarés heretiques: comme fî les iugemens eftoyent valables, efquels les par ties font luges.

Ils repetent auflî ce que S.Paul dit aux Ephe-fiens,queJ9fe« 4 done les vnsApoïlresJej.autres ‘ Prophetesses autres EuangeltSies, les autres Pa-fteurs nbsp;nbsp;Doüeurs, pour t'ajfemblage des Sainüst

pour l‘œuure du Adtnin:ere ,pour l‘edtficatio» du Corps de Chrifl, amp;c. comme fi cela leur feruoit de preuue,pour la continuelle fucceflion qu’ils pretendent. Or nous en auons parlé ci delTus, ' amp;nbsp;auons môftré par le mefme pall'age, que puis quel’Apoftre parle des Pafteurs amp;nbsp;Doéteurs donnés paviefus Chrift,pour l’édification de I’Eglife,à fin(côme il eft dit là)de n’eftre tranf-fgt;ortés en aucune doélrine faulfenl s’enfuit que es Palleurs amp;nbsp;Doéteurs de la Papauté ne font de ceux dot parle S. Paul. Car on voit allez pat leurs corruptions (defquelles auons amplemct difeouru cideuant) que lefus Chrifl ne les a donnés:mais qu’ils felbnt ingérés, amp;nbsp;s’ingerét tous les iours aux dignités Ecclefiaftiques , dót ils portent les noms,amp; tirent les reuenus,fans

P J faire

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598 ART! CIE ßl. 61. dj. faire la charge. Comme auïTi les Moynes s’in-geréc àprefchefjnon feulement fans vocation, mais auffi contre les Canons Decrets de l'E-glife Romaine:ainfi que nous auons dit ci def-fus. Au contraire,Dieu a donné,amp; donne tous tes bons Pafteurs amp;nbsp;Miniftres de TEglife, tant ) par l’ordre legitime qu’ilaeftabli pour l’ordinaire eleftion amp;nbsp;vocation d’iceux,lors que l’E-ftat exterieur de l’Eglife eft en fon entier : que par autres moyens, amp;: tels qu’il lui plaift , lors ^ue l’ordre exterieur de l’Eglife eft renuerfé.

Par ainfi nous difons , amp;nbsp;à bon droiél, que lefus Chrift, pour le reftabliflement de fon E-glife, aidonné Vviclef, lean Hus, Hierofme de Prague,Luther, Zuingle, Bucere, Oecoläpade, amp;autres qu’il a fufeités pour r’aftembler ce que Je Pape auoit difperfé. Or parce que ceux-là mefmes eftoyent Doâeurs SePafteurs ordinaires de l’Eglife : voire felon la vocation amp;nbsp;infti-tution de l’Eglife Romaine,c’eft vne grade im-ffudence de nous reprocher, que nous n’auons a Succeflion ordinaire de l’Eglife. Veu que la Reformation de nosEglifes a comccé par ceux que nos Moynes n’oferoyent nier auoir eu vo-■ 'A cation , felon l’approbation mefme de l’Eglife Romaine. Partât s’il y a rien de bon en la Suc-celTion ordinaire des Pafteurs de l’Eglife Romaine, nos premiers Doôleurs l’ont eu : amp;nbsp;ont reiette ce qui y eft de mauuais,fe rengeans à la pure doôlrine de l’Euangile. Mais ces Moynes ne veulét pas accorder qu’ils ayent retenu leur vocation,parce qu’ils le font départis de l’Egli-

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;599

fe Romaine : qui ell autant que s’ils difoyent, que l’Eglife Romaine eft vraye Eglile, pource quelle a la vraye fucceffio: amp;nbsp;que lafucceffion eft vraye, parce qu’elle eft approuuee de l’Eglife Romaine :c’eft à dire, qu’elleeft vraye E-glife, parce qu’il lui plaift. Les enfans difcou-rent ainfi,mais non les Théologiens.

Ils tafehent aulli d’exeufer les Schifmes de l’Eglife Romaine , parce que nos Doôleurs fe font feruis de cell argument,entre plufieurs au tres,pour reprendre cell erreur qui eft en laPa-pauté (encores que nos Moynes,qui,peut eftre, commencent à deuenir hôteux , n’en ayent ofé parler en ces Articles qu’à demi bouche ) alfa-uoir , que le Pape eft chef de l’Eglife Catholique. Or par ce qu’il eft fouuét adûenu.par l’am bition des hommes ( qui eft la grande roue qui remue tout le Papat ) qu’il y a eu deux ou trois Papes elleus, fe Combattans enfemble , amp;nbsp;ex-communians lesvnsles autres, voire iufqu’à baigner l’Italie en fang : là deirus,on a demâdé, poLirquoy de l’Eglife Catholique ils font vfi monltre eftrange: veu que n’eftât qu’vn corps, elle auroit eu quelques fois trois teftes. Mais voici l’emplaftre que nos Moynes mettent fur celle playe, difans, que les Schifmes des Papes n’ont côcerné la foy, ne rauthorité,ne l’office: mais feulement les perfonnes amp;nbsp;Eleôlions. Certes nous ne doutons aucunement que les Papes amp;nbsp;AntiPâpes n’ont point efté poulfés du zele'de la foy , pour combattre de la Primauté: comme auffi nous fommes trefalfeurés qu’ils

ont

P 4

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(5OO ARTICLE tfl. 6t.

ont (î afprement débattu pour Teleélion , pôur Tauthorité » amp;nbsp;pour l’office : combien que ces Moynes le nient. Qupy qu’il en Foit.ils ne peu-r ucnt nier que leur fucceffion ordinaire a efté interrompue. Car fi leur Minillere amp;nbsp;fucccffio d’icelui porte qu’il n’y ait qu'vnPapejpour eftre fjremier amp;fuperieur officier en l’EglilcCatho-ique(comme ils nous ont voulu faire accroire en l’article precedét) ou eftoit donc celle lue-ceffion , quand il y auoit deu.K ou trois Papes, chacun ayant la faólion amp;nbsp;fes.partifansîLa di-uifion peut-elle eftre fucceffion,amp; cotinuation ordinaire.del’ynionîvoila donc leur fucceffion ordinaire interroiïipue autant de fois qu’il y a des Schifmes en leur EgliPe.Ec s’il eft ainfi,que Dieu conduit les Pafteurs ordinaires fans erreur (ainfi qu’ils propofcnt,amp; le lurent amp;nbsp;font iurer comme vu Article de foy) d’où viennent donc les AntiPapes? qui les cree’qui les eflit.’y a-ilSchifme qu’il n’y ait de la faute ? Et celle faute d'où vient-elle , fi ce n’eft de ceux que les Moynes appellét les ordinairesPafteurs de l’E-glifc? Et où eft ce que l’erreur pourroit eftre plus grand , que lors qu’il eft quellion du chef, commç difent les autres, amp;nbsp;comm.e ceux ci di-fent, du premier amp;nbsp;fuperieur officier de l’Egli-fe Catholique ? En outre,que diront-ils du Pape Eugene , qui fut déclaré Schifmatique , au Concile de Balle? comme défia nous auons dit: amp;nbsp;neantmoins obtint le Siege , amp;nbsp;de lui font venus tous lesPapes.iufques à prefent:qui tous font la race Sc l’engeance d vu Schifmatique#

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REtSP o N s E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^OI

Oùeftdonccefte ordinaire fucceflîon ? Nous ne parlons plus de la fucceffion legitime felon l’ordre qui en eft pvefcrit.en la parole de Dieu: nous parlons de la fucceffionPapale felon leurs propres Traditions, leurs Conciles , leurs Canons, leurs Decrets,par lefquels il eft porté no , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_ r 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ctmn.r.i

tamment, que les Schifmatiques n ont aucun droiét en l’Eglife : Sc que ceux qui font ordonnés par les Schifmatiques, n’ont aucune vocation. Accuferont-ils le Concjle de Balle , lequel auoictout ce qu'eux-mefmcs requièrent pour la vérité d’vn Concile,amp; pour faire,comme ils difent,qu’il ne puilfe erreride quel cofté fe tourneront-ils î S’ils courent au Concile, pour en defendre l’authorité, ils condamnent leurs Papes amp;nbsp;tout leur Clergé , c’eft à dire , la pofterité amp;nbsp;fucceffion d’Eugene, Schifmati-que. S’ils veulent fecourir leurs Papes , voilà l’authorité des Conciles abbatue. Or pendant qu’ils delibeferont là dcirus,d’autajit qu’ils exr ceptét la foy, comme fi les Papes l’auoyent in-uiolablement gardee , il nous faut prouuer le contraire en peu de pafoles.

Nous ne répéterons pas ici leurs erreurs con tre l’exprclTe parole de Dieu , dont nous auons parlé , amp;nbsp;amplement difcouru ci deifus : mais nous parlerons feulement des erreurs condam nés nommément par les Conciles qu’eux-mef-mes approuuent.

Le Pape Liberius a efté Arrien. gt;

Le Pape Honorius a efté Eunomian.

Le Pape Anaftafe a efté de l’erreur des

Pho

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/Î02 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE

Photiniens.

Le Pape Marcellin a efté Idolâtre.

Le Pape lean xxij. a efté condamné par lei Théologiens de Paris:parce qu'il nioit l'immor talité de l’ame-.fans qu'il nous faille mettre vue Papeife leanne^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Papes , lors que la

Papauté toEa en quenoillexe que lesDoéteurs de la Papauté s'efforcent d'effacer de la memoi re des hommes , iufques là, que d'ofer öfter ce qui en eft contenu és anciennes hiftoiresjquâd ils les font r’imprimer : ou que nous voulions ramenteuoir infinies corruptions amp;nbsp;abominations dót les hiftoires font toutes pleines. Car ce peu que nous auos dit, fuffit allez pour mon ftrer que les Papes oiit peu amp;nbsp;peuuent errer; ôC qui pis eft, ont (par le lufte iugement de Dieu, puniffant l'ingratitude des hommes) peu faire errer vne infinité d’ames,dont ils ont rendu amp;nbsp;rendront compte à Dieujdeuant IcThrone duquel il failt'qii’ils comparoiffent. Mais fi ces Moynes rië fe Contèrent de ce que nous auons dit,amp; nous tiennent fufpeds en celle matière, nous leur alléguerons Vn Doéleur Scholalli-que , dont’’ils font grand cas en leur efchole, inCaf.16. alfauoir , lè doéleur Lyranus , duquel voici les paroles : Beaucoup de Papes , dit-il, ont efté trouLiés Apoftats.

Au relie, quand ils difent, que les Preten-dans tafchent à excufer leurs herelies amp;nbsp;diui-fions en la foy, par les chofes qui n'ont concer né que les perfonnesxefte noftre Refponfe te-fmoignera du contraire, amp;nbsp;prouuera à chacun

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6o^

RESPONSE.


quieniugera droitementj que nous accufons leurs herefies , erreurs, diuihon amp;nbsp;reparation delavraye doótrine amp;duvray MinillereEc-clefiaftique, amp;nbsp;les condamnons par la fenten- i ce qui en eil donnee en la parole de Dieu , la- ' quelle nous garantit allez d’herefiejamp; de diui- j lion , puis que noilre ConfefEon de foy cil ex-' preirement fondée fur icelle. Ce qui nous rend entièrement ioinéls amp;nbsp;vnis à la vraye Eglife ƒ de noilre Seigneur lefus Chrift, inllitueepar j lui amp;nbsp;par fes Apollres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(-tv/

Pour la fin , en Particle Ixiij. ilfemble que nos Moynes vueillent retrader ce qu'ils ont dit au parauant J de la dignité, authorité, amp;nbsp;office du Pape. Car ils maintiennent,que lors qu’on debattroit de la perfonne du Pape, à eau fe de Schifme , herefie, ou douteufe Doélri-ne,l’Eglife demeure entière entre les ordinaires Palleurs , par lefquels elle ell confer-uee. Dequoy nous recueillons premièrement,' que les Papes peuuent eilrc heretiques, amp;nbsp;partant peuuent errer en la foyîamp;par confequent les autres , qui font moindres qu’eux , felon l’ordre, ou pluftoftle defordre eflabli enl’E- ■gt; Î;life Romaine. Nous recueillons auffi , quo • e Pape n’efl pas des. ordinaires Palleurs de l’Eglife, amp;nbsp;mefmes que l’Eglife peut ellre entière fans lui: qui font toutes chofes dites amp;nbsp;propofees par ces Moynes : lefquels auffi dirent,que la prefidence du Pape ell vn enrichif-fement d’abondât amp;nbsp;derniere perfe6lion,pour plus briefuement, amp;nbsp;authentiquement finir les

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604 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ARTICLE 61. tJj.

les troubles de la foy , amp;nbsp;régir VEglife. Dont nous concluonSjque puis que celle prelidencc Papale eft d’abondant.elle n’ell donc pas necel faire en FEglife : comme auffi de vray c’eft vne abondance de tichelles , d’excez, d’ambition, vanités, voluptés , dont 1 Eglife a elle apourie en toutes façons i au Heu de 1 enrichillemenC dont ils parlent. Or puis que nollre Seigneur a bien cognu ce qui ell propre a fou Eglife, pour renriebir, pour la parfaire, pour finir les troubles de la fby,amp; pour la régir,amp; n’a iamais fait ' mention de celle fouueraineprefidence du Pa-pe;il s’enfuit,que la Papauté ell vne pure inuen tion des homes,amp; no vne ordonance de Dieu: laquelle cocluftou nous faifonspar les propres fiaroles de nos Moynes: aufquels difficilement e Pape fçaura gré , de ce qu’ils ont dit en cell endroit.Mais Dieu a voulu qu’au milieu de tâc de menfonges qu’ils ont mis en ces.Articles, il y eull quelque petit trait de vérité: en quoy Dieu monllre fa grande puilfance, quand il fait que les menteurs font contraints de dire quelque fois la vérité,contre eux-mefmes.Auffi vn •petrus de doéleur Scholallique,pouiré de la vérité,a ellé Miico. contraint d’vfer de ces paroles ; Si (dit-il) Ro-Cart/ina/w elloit foudroyee comme Sodome, alors le iTqLßh. pourroit lailfer l’Eglife Romaine. p'e(^er. Pour conclufion, ils condamnent les Prore-, Hans, amp;nbsp;les Anglois:amp; parce que la pureté leur delplaiil,ils les appellent Puritains : amp;nbsp;ne pen-fent pas que par ce dénombrement ils roignét forties ailes à leur Eglife Catholique. Car fi

tou

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RESPONSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;605

toutes les Eglifes d’Orient n’en font cas (comme ils ont dit eux-mefmes ci delî'us) Si la pluf-part derAllemaigne,des SuilfesjiSc autres pals’ voifins : fi les Angloisj Efcolfois, amp;nbsp;vne grande partie des François reiettent ouuertement les erreurs,abus,^corruptions de l’Eglife Romaine: amp;nbsp;fi infinis autres les deteftent en leurs cœurs, nonobftant les oppreffions amp;nbsp;cruautés, qui font auiourd’hui les feules colomnes de celle Papale principauté : quelle raifon ont-ils de fe vanter d’eftre l’Eglife Catholique,enten-dans mefme ce mot de Catholique comme ils font? Quant à nous,nous leur lailfons leurs erreurs , herefies ,amp; impiétés , amp;nbsp;nous tenons joinélsà la vraye Eghfe,qui cil fondée en la parole de Dieu. Et parce que le Concile d» Trente , au lieu de tafeher à reformer l’Eglife Romaine, n’a fait autre chofe que confermer les erreurs amp;nbsp;abus d’icelle: nous tenons fesDe-cifions pour nulles. Au lieu que les Moynes di-fent, qu’il les faut tenir comme de l’authorité Euangelique, amp;nbsp;tradition Apollolique:Qui eft vn blafpheme infupportable: voire répugnât à ce qq’ils ont dit ci delfus en l'Article Iv. qu’il y peut auoir quelque chofe à redire en leursCon elles. loinél que Popinion des Anciens a touf-iours ellé,que les precedens Conciles peuuenC ellre corrigés par les fuiuans. Ce qui doit ellre fait par la parole de Dieu , qui ell la reigle des bons Conciles, ^partant fuperieureàiceux. Et notâment,ayant efté notoirement au Concile de Trente fait tort au degré que nos Roys one

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606 ARTICLE 61. 6z.

ont accouftumé de tenir es Conciles. Encor, pour ce regard particulier, nous ne penlons pas que ceux qui font bons François,amateurs de l’honneur amp;nbsp;dignité du Roy, amp;nbsp;de l’autho^ rité de fon Eftatjpuiifent recognoillre ce Concile pour valide amp;nbsp;legitime. Fartât ces Moynes ne peuuent,amp; ne doiuent ne felon Dieu,ne felon les hommes, faire approuuer le Concile de Trente à ceux defquels ils extorquent le jurement: amp;nbsp;qui ne pourront eftre pariures ne per-fides:mais pluftoft feront loyaux amp;à Dieu,amp;au Roy,amp;à leur patrie,quâd ils reuoqucront fain ótement amp;volótaircment les iuremens amp;nbsp;pror meifes qu’ils ont faites iniuftement amp;nbsp;par force : puis que le iurement a efté permis amp;nbsp;ordonné de Dieu, non pour prendre fon Nom en vain, ou pour le deshonnorer amp;nbsp;ofFenfer ; mais pour fouftenir fa gloire,amp; procurer l’edificatio amp;nbsp;vtilité de nos prochains. Or nous defirons que, tant ceux qui font iurer ces Articles, que «jeux qui les lurent, viennét à la recognoilfance de leurs fautes:amp;prionsDieu les toucherviuc-mentpar fon Efprit,à fin qu’abiurans tou

tes Idolatcies,erreurs, fuperftitions, amp;nbsp;faufies.doârinesjils fe confa-crent déformais à la vraye cognoifiance de Dieu, amp;nbsp;à la pureté de fon ferui-

ce.

LOV ANGE A DiEV»

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AV ROY DE NAVARRE,

S ONNET.

Ie Trançois Gedeon,qui d'-pn ccew indompté, Chamaill.int I ennemi or’aitttnt,or Arriéré, J^epoufje fon effort, comme on voit la foußiere, Tdarvnfort tourbillon,refouffee en eflé.

l^i,valeiiireux, s’opfofe à I’iniuflefierti Du cruel Madian : de fà dextreguerriere, ^ffdtant aux affautx , quvne gent efir angiere Liure au foure I frail, à tort ferfecuté.

Ce H I. ti K Ï, qui en Die» toute fa force fonde, Telqu vn Dauid,arméfeulement d’vnefondej I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Attaque Goliath,le tyran ^ntechrifi,

^uec la vérité il combat l’ignorance,

De fon fidele bras l’infidèle arrogance, La force par l’effee,amp;- l’erreur par eferit.

I. C. D.

A V T R E.

E«fen(ilt;i»f les des fs,les apprefls,les alarmer Des fuperbes Ligtieurs,ayanspar tout acceo^ : Voyant leurs hauts deffeins,leurs profferesfuccec^ le voy qu’il faut contre eux des robufies genfd’armer, Oyant en tant d’endroits les fauffirs,i!if les Larmes

De tant de caursfroiffés-.tantde maux,tant d’excecçf le di,qu’il faut vuider le notable procecç_ P’erreur amp;nbsp;vérité,par les celefîes armes.

De fraude amp;nbsp;de fureur l’^ntechrif afforti, quot;He veut que par le fer maintenir fon parti. Fuyant du F'erbe Sain fl la redoutée touchez Mais en vain.Car ilfaut,enfin,que ce meflhant, J^i va de lefus Chrifi le Fjyaume empefehant. Soit desfait par l’Effrit de fa Diuine bouche,

$,lt;i. S.

-ocr page 618-

Corrigez, ainß ces fautes de /’iwpreffion. pige 47. ligne 14. lifez, que dignes.

p. 105.1.6. monde)

p. in. 1.4. amp;. c’eft ce

p. 130.1.17. que la confiance de la foy

p. 179.1. nbsp;nbsp;nbsp;en l’article x v i l-

p. 145. en la marge,lifez,Achanafe in Synoplî.

p. i6o 1. Z4. fès mots

p. 1.20. familière p.53$. 1.8. Etdefaid, p. 412.1. ^o. ne nous font p. $5$. 1.1(5. qu’ils s’appellent»

Zfï autres fautes cjui pour rayent eiire en fit»“ prejfion ,font remtfes à la prudence (è“ équité du ■Lecleur.

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