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Difcours fuir le

SA C C A G EME^T DES E^ifes Catholiques, par les Hérétiques aneicns^lt;(5^ nouueaux Cal-uintfles^en Can mil cinq cens Joixantedeux.

*

A Monfeigncur l’Illu flrifsime Cardinal de Lorraine.

Par F. ClaudedeSain£îes,Thcolo' ^ien à Paris.

A PARIS,

Chez.Clauâe Fremy/n la ruefainCi laques^ à CenfetgnefainCl Martin,

avec PRIVILEGE.

I S 3-

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A ytOJ^SElG^EJ/'^ VIL-lnßrtßime amp;nbsp;reuerenäißirnc CardinA de Lorraine^fon trcshumble ferai-tear F. C. DeSdinFes^ prie Sdlat.

O N S E I G N EV Rf y a. deux fables du Louj), (jue deux des plus ^ands perfma^es de toute la Grece nont eu honte de conter en public coucher en leurs efcrits,SainEi Bafile Demoüene. Pour autant que ces deux fables contiennent les f nef-fs cauteles des Cdluinifles,tant bien couuers de peau de brebis nbsp;nbsp;beau femblant auant que ft

manifeßer : Et pour autant quen yotts mefme en aHe‘;i;jexperimëté l'yfaige,te y nusfupplie tref-humblement me pardonner ß ie les recitegrojft-ment en brief Saindî Bafile,pour mi^x don Epifl.^o. ner a entendre a yn chacun, l'efmou^iràpi- ^rrians tie'des tors^irfs,^ oppreßons que les ^rrians f'»niables luy faifiient,^ 'a tous Catholiques,il allégué la fable du loup, qui premicrement intenta proces contre les brebis , eßerant par fubtilité dleftrit, raifon^iiiiv langage,obtenir contre elles,que lufte-

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EPIST'B^E, ment il les perfecutoit, atträpoit, rongeait. Les ßmples ouailles furent efgarees du ßul fenti^ ment du loup, amp;nbsp;de lafuie y eue furent mueres de f peudlelotjuece quofait eßre en elles:toutef fois puis-queleur ennemy mortelfèfubmettoit a iußice nbsp;nbsp;équité,delibereret plaider,gyfoußenir

leur caufe par feule confance de leur bon droi£l. Q^y que le loupßmulaß,cauillaß, calomniaß, tergiuerfaß, impofaß à I innocence ely bonté des petites beßes,il fut conuaincu mefchant,traißre, hypocrite, larrbn, eés^fanguinaire en tous lieux ou il auoit le moyen. Se yoyant en danger de per drefa caufe,mena fa le paifible trouppeau,^ luy dit : Kous me gàigne‘3::^ par argument, mais ie Penundt quot;^ous auray des dents.Les .limans,au commen-hypacriti- cernent ne demandoient finon qu'a eétre ouù, a ^ut des nbsp;nbsp;conférer,difuter,entrer en colloque,en cocile,^

,.rfrri4ns. gß^g yeceu^partîe des Catholiques, a iußifier leur opinion (y* feditio.Parplufteursfois lesPrin ces circonuenuet;^ordonnerent que ces loups plaideraient contre la breby,fimplicité,^yeritéde de faiéi,ilnya ruß de loup,ne fnef-ß de re^nard qu ils n emploierentpour perßader qu on leur deuoit ouurir Cy* abandonner la ber-gerie,a fn d'en dijfofer à leur platfir.Mais quad ils yirent qu on les déboutait de leurs caufes Cy^ Taifons,qu anles rembarrait nbsp;nbsp;condamnaitfans

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EPIST^iE,

Aucune apparence d'iniußice, incontlnant ^uili eurent aucuns Princes a leur deuotion com-^ mandement,ils ne (jueßionnerent plus de parole^ ains aßaillirent les ouatUes de leßss chrifl defor-ce.Vütla la façon des Arrians, de laquelle enfôn nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

temps fàin£l Bafilc fe complaignoit.

M onfeigneur,il nya qu'yn an que les piteux Sous quel loups ajfame'x;jCaluinißes entrèrent en Fran- pretexte les ce/oubspretexte d'etre iriHruiEls de leurs faul-tes.Confute^^ç^ enfii^ne';::^par quot;yous, qui ^ppofdfles à Poifß/pour le bercail de France, des * lors en leurs publiques harangues, en fecret, nous menaffoient de leurforce CS'~yiolence,pour a laquelle paruenir pratiquèrent incontinant la ßconde fable qui enfuit:

Philippe Jloy de Macedone feignait Vouloir pHHiipe paixauecques les .^^theniens, Rentre les condi- npy de M* tions demadoit qu on luy liuraßles^ouuemeurs, tedont. adminißrateurs,orateur s nbsp;nbsp;prefcheurs du peuple

lefquels dißit empefcher les moyens dlaccord.De- Pemoßt-moftene en eßoit tyn : pour refondre declarer la requefte du Poy, conta en pleine af ßmblee du peuple, que les loups yn iour remon-ßrerent aux brebis eßre trop meilleur de condef-cendre a quelque bonne ynion,queßre enconti^ nuelle crainte,^ que facilement on pourrait con dure la paix ß les ouailles leur baillaient pour

►4 /ÿ

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EPISTT^È.

fe fintier leurs herbiers chiens , ^ui leur me-noiec Li^uerretuu bien quon les chfjafl comme autheurs de la diffention/)u non necefiireSy depuis que la paix ferait criee entre les loups les ai^neaux , Les .yitheniens entendirent bien que youloit dire Demoßene^^ à quoy tcndoit Phi- ■ lippe.Les François^ qui en plufeurs chofes repentent leurs .gt;4theniens,nont eßefi bien aduifee:;^, ains apres la dtfmte de Poifjy^outrent obeire’c aux Caluinidles,qui contrfaifôient fort bien en Court les loups en paille.Sans expofr plus au lonr ce traiSiéde paix infidieuf, il eß certain que les nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

ancies,loyaux,'^ approuue:!:;^rer!{iteurs du Roy., * feiÿseurs CSPgouuerneursfoubs luy defonpeuple, ne furent iamais trais mois abfens, que ces loups fardesi^ipy deffuifesajaayent de/ploié leurs muf-fes,(^ monfré les dent sa la berverie abandonnée de ce Royaume-.^Py* pour parler clairement,ils ont ifè du naturel du loup,qui cß de domma'rer,^^* eflran^.er en ^n trouppeauplus qu'il ne peut em porter,manoper,ou fuccer.

Or,Monfeivneur,d yousfouuient qu'a Poif-ß, Bessie nefepauuant deßetrer de fa location, ’ ^minißere extraordinaire , enfin dit de-

En fa fecon pu» l'a efrit^ publie,qu en temps lieu il en de haran- donnerait bonnes enf ignés, fures marques.

Pour lors nous nepenfions à ce que depuis eß ad-

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EPÏSTT^E, tien» : car neflimions eflre poßible que quot;Vn tjom-me portant enfa bouche tant fouuent, nbsp;nbsp;deß

bonne mine le nom du Seigneur, fuß ft mefchant ^entreprendre ce que nous yoyons . Toutesfots leseeuttra il ne prononça onques parole plus yerîtable , que celle l'axarß nous raportons fes œuures nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des

ßens, auecques icelle, pour le moins on nepourra.^‘^^*’^^ plus douter de leur mißion nbsp;nbsp;minißere,ains ß^

ront iuge-\dc tout le monde^larronsfrigans^ loups rauißans le/quels lefts preuoiant nous a. aduerty de les contempler , ejfier pour le moins co^noifreà leurfruiôl œuure. Ei'a fin que ne trauaillions à diferner le mauuais fruid qui defouure le mauuais minißre , tl le Jfecifie, difant: Le larron ne y lent du parc fans j.iebaU intention défaire trois chjfs,qui fnt, dfober, thap.iù» tuer,^ perdre. En bon François,le faux minißre de l'Euan^ilenaautre butÇquoj/ qu’il dißimule^ depuis qu on luy done entree fur ynpeuple, que de piller,maffiacrer,(^ruiner. Depuis qu’ilapleu À noftrè Sauueur m’appeller a teßude defonEua^ lt,ie me fuis efforcéfelo l'imbécillité de mo ejfirit, commodité de Hures,d’en traffir tyfaiire txperiéce par les hißoiresi^ antiquité Chre^iene.

lt;^y tffe ß bien édifié de yeoir accomply ce propos en toutes les reéies,qut ont eu le moyéde fop-pofer combatre l'Efflfe peuples catholi-

»/d iüf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

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£P/5’rî^£.

Toutes ont hoUé, rejpandu leftng^ nbsp;nbsp;nbsp;de»

les pau.Encores plu6,mon Seigneur^ ie me confôle,^^ conforte en noßrefoji, m'aßeure letmAÜ en auoir douteße Lt Mérité de l'Euan ^ile, tjudnd deuant mes yeulx i’apfgt;erf oy toM nos aduerßiires pour leur chef (foeuure fondement de religion,rdpiner,ajfißiner, nbsp;nbsp;nbsp;démo

ffußifes.

Luthtrtei.

Cttluini-ƒ«.

lie de leurs mains (ûttborite les Eglifes peuples chreßiens. Les Hußites ri y ont failly en Boheme. Les Luthériens, .^dnabaptißes, Jîufli-f]ues , Zutngliens les ont enfuiuy en ^Uemai-ff^e suijß . Les Caluinißes en .Angleterre, france lesßrpaffnt, nbsp;nbsp;à leur corn-

paraifon les iußifent, d'autant que leur hereße e^i plus ample,outrageufe que celle des autres. Comme les poffede^ße l'ejfrit de Dieu, tous ß plaißnt 'àpenfer,ouir,'\ eoir,parler, nbsp;nbsp;faire cha

fes de Dieu,fans en délibérer ou longuement con-fulter,^ de te nefçay quelle inclination, de premiere rencontre aiment ycrité,bonte',fimpltctté, tlzfindle yie, ynion chante, (y- font daccord auant que fentre-comoißre, que faffem-bler, conferet' enfembïe. ^ußiy a tl ynefe-Crete latente alliance liatfon de l’eßrit du dtable qui tire des fiens, mefmes penßes, mefmes propos, mefmes raifons, mefmes façons défaire, wejmes aUesfansy aduifer ou préméditer:feule-

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EPisr^ß.

ment ^ne jHuntaßf nbsp;nbsp;opinion y conduit fans

en pouuoir rendre certaine raifon. h pu fouuent nous admonneße de ceßeßnipathie ^ jraternl te des enfans deDieu, de celle qui eß entre les encans du diable, iu^e les luifs pis de Satan, s.tean 8. »0» pas d'abraham,parce qutls produifoiet les œuuresde l'^n nbsp;nbsp;defesßyuans,nonpas de l’au

tre.^u meßme lteu,lepu nous apprent à fonder l eßrit dù diable, (^àlepnttrpar ejfcdl. Des le commencement Çdit il) il eß menteur bomi-cide.Certes des la creation du monde on l'a expérimente'tel. Premicremet tlfeduit noßrepremier Genf}, Pereparmenfonge,en luy promettant yerité,(iy* enpn le tua. Depuis il continuafes qualite^.^en Catn,quiflatoitfonfrere./ibel,amp;feignoit luy congratuler,mais eßoit pour le mafpacrer.Ie laffe les faux prophètes qui font affeçi^defcrits par les Promeffis pindies lettres,menteurs,bourdeurs, promcteurs desfaulx de grace de Dieu,de parole du Seigneur,paix,gran deur,(^ profperitcà tous ceux qui lesefcoutoiet: mais bien toß ont amené (y* aucunesfois pour-fuiuy la male mort fur ceux qui les ont creuçt;^ J\4ain tenant außi te me contenteray de prier les chreftiens d obfèruer par les hißoiresp les here-pes apres les impudentes impoßures,n ont pas ordinairement prins les armes,homicidiéfans iu ßiee^raifon.

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FVISriyE.

Joi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Q^lcjuesfoisi'ay conßdere enl’hißnire de lo^

lenaturelde ce Siittin^cfucind il efl desbridei conge de Dieufl'yflr de fldmdlice: lt;^dy trouue lt;]uilfedeledloit'dfaire lesmefmes algarades, demefme or dre,au bon nbsp;nbsp;pariet lob, cjue noftre

Segneura prédit les faux miniflres deuoir faire /onpeuple,cefl à fçauoir, rautr, l’rtßr,alfommer,^ruiner.Enpremier lieu,le dia ble eut enuie Cur lafeliciré de lob,^le calomniii que feulemet il recognoi/flit Dieu pour icelle, amp;nbsp;demadapermiflio nbsp;nbsp;puifance d’en faire [ efßay.

Futilauthonfe, il mit brigds de toutespartsenld capagne,quiajftillirent les trouppeaux du bon h'S e/gorgerent les pafleurs feruiteurs,quà peine yn feulfepeutil fauuer pour raportera fon maiürefaperte.il yfa defeu,yiolence,imperuo^ fitetpy' t'epefte,pour confommer en peu de tepstou tes lespofeflions nbsp;nbsp;nbsp;richeffes de lobiePy- apres les

feruiteurs de//efche:}:;^,ii;çy mafons yuides,tout en yn coup , il les deflruit nbsp;nbsp;renuerfa tpy y accabla

e/carbouillatous les enfans, rendit leyer-tueux lob /ur lefent,inualidé,affligé, ylce-re en tous fès membres. Pour l’acheuer,il luy laif fa fa Dame,qui au heu de le cofoler, tiniuria,^ . prouoqua 'a quihier^ blaflgt;hemerfonCreateur:il luy enuoia des fages mondains qui f rentfemblat de copacir,maisfemocquoient,(P^ defcofort oient

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EPISTT^E, le iuße,e]ui par patiecefoußint,^ par compaf fion de Dteu fè releua en pltti richegradeur cjuatt parauant.Mo/èi^eur,ie crains yuus ennuyer de longue epißre:neanrmoins ie y om fuppUe me par donerß de ceße hi ft pire ie me cofole en no^jnaux auecques les ßmples,qui par Vadueture ne la pour raient pasdeuelopper.Iob reprefente l'E^.ife de le lob repre-ßis chriß,ßmple^ iuße, droidie, qui tous les ßnte l'Eßi tours prie ^facriße pour les offenßes de fes enfas qui yiuet en ynion nbsp;nbsp;charitéimais quelquesfois

parfragilitéfoubliet en ce mode.Satan prent en initie Je fie fur elle quad elle proj^ere,!^ luy impof qu el satan fur le ne ferta lefus Chrtß que pour le teporel,^ en l'Egbft, demande l’ej^euuexar iama 'isgrans affaults du diable parfes minißres heretiques nont tcné con tre l’Eglißjßnoquad tly a eu fouuerain nbsp;fupre

me heur,duquel certainemet on a abufé. Dieu luf a permis troublerÇquad bon luy a femblé) ceße fe licité..yiyantpermißionß na iamats omis defaf citerbrigans fÿ* faccars des trouppeaux, temples, (ly- mafons Eccleßaßiqs,qui auecqs les yoleries (Py deuaßatios pourfitiuet lespaßeurs ^yratsen -fas à la mort,fans auoir pitié' cH 'm fui, dcfhiret, defhiquetet ceße pauureEgliß,ifyrenuoiet a Cho ßiital deßlee fy delaißee de tous,fmo de ceux qui' ß riet des affliflios,fy yeulet perfiadcr qlle n en dure pas a beau demy pourfs peche:s:;^.A limit atio

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EPISTT^E.

de I oh contre toM toußours a debettu fon inno“ cence,non ptis deuänt Dieu, enuers lequel ellefdC nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

cufe,meiù contre ceux ^ui Ltperfccutet fems cm- nbsp;nbsp;-• quot;

fei(ÿ'meifeiiLi,lt;(e;' ce fendant farme de patience, confiance, amp;■ferme effoir, pour confolatton répété ledit de lob : Vous femmes nbsp;nbsp;nbsp;charnels,

yous tuge^^des chofèsfélon que yows yoye'xji^

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fente^ffeulement comme les fits. Si tay perceit

ÿ^ands biens de la main de mon Seigneur ,pour-quoy neprendray-ieen^éle mal qu’il luy plairA pttifdnt m’a departy du tem-porche il mêla ofléffin nom foitfandlifi'e exalte. le me garderay bien en mes maux de me laiffer efehaper yn feul mot qui offenfe mon Rédempteur.Pour refilution ordinairement l’pfii-fe par patience yertu a efié refiituec au MU-ble, pour le moins plus opulente,reueree,cr€ue prifee quauparauant ; cPj' tous fis ennemis, ou fi fontfubmisa elle, ou fi font perdwx^^ annean-tt\,a la fin, combien qu’ils ayent regne'pour yn temps, le dy outre, que toitsperficutcurs d'icelle, fly principalement ceux qui faufent prefintera Dieu, nbsp;nbsp;yfir de fa parole comme Satan ,font

tous jrape^(^ forgey^^duCoing^du diable, tous imitent par ordre fesfaiSls afouldroier ce~ fie fidele firuante de nofire Sauueur. Totps qui •inc eulf çon^élapuijjànce,ont brigandé

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EPÎSTT^E.

lé, brf(ße,de^aße, rafé, 0* occif ce qu'il luy aff-fartenoit.

Monfeivneur ,fuiucmt ceße hßoire de lob, le propos de lefm chriß, la. defoUtion que noM yoyos,ie deßrerois fort trainier enßmble les larfinsyfdcrilevcs,meurtres nbsp;nbsp;nbsp;demolitions adue

nues en la chreßiente parles beretiques quifont paruenu^i'a quelque force.Car lefts les conioint en trois mots,^ totts les ont meße'^i'^ confis eneße£l:maisyne chofe rna deterre' de ce faire, qui empefcba Solon de publier aucune loy contre lesPatricides.l'aycraindl que ptfr mon récit des tueries enormes, ruines des pais executees par ltsancienneslKrefies,ienadmonneßafß nos en-rage^^Huguenots denfaire autant ou pis ,pltss toß que de les attirer a penitence, (S' tecovnoif-fance de leurs defncfure^ccruaute^: car tout leur plaifr des plaifirgit à mal faire d inuenter neuuelles Ht^ue-peinesfur noua..A fn de ne leur fournir d'exem-pies, la faifon (sP opportunité de pa,rler des deux derniers poinélsfèrameilleure,quand il aura pieu a Dieude nous mettre hors de tout danger.Pour t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le prefnt,attendu que les Egltfs fnt ficcagecs,

(y* que leßort de tous les diables denfer ne les pourroit plus dißormer (y* deffgurer quelles fnt, ilmafmblény auoir aucun inconuenient de difcourir la conuenance qui eß entre les bri-

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EPJSTT^E.

^ans fdcrilegcs de Caluin, toutes lesfit^ iltons dntifjnes t^ui par le fupport des potentats ont manifeflé leur infernale ^furieu/è af-fe£iion quils cachaient par hjpocrifte en leurs cueurs.

Sur ce brîrranda^eMOM remontrons trois cho es .Pour la premiere,nous maintenons que quand ^O‘^Eglifss,'iP^cequi e^t dedans, feraient youeX^ dediees^aux idoles,toutesfois eflre illicite de pii 1er,lt;^f approprier les biens ou orncmens dicelles: car quad l’efcriture defend larftn,ellenelepermet a l appétit d^n chacüfur les idoles, ou idolâtres: quand elle dit: Tune conuoiteras la femme, ou aucune chofe d autruy: Rien tu nedefroberM, elle n entent pasfeulement qutl appartienne à yn particulier,ou a ynfdele,en odiroyant larfin du public,ou des idoles,ou idolâtres,ou inf deles..Âuf fl les premiers cbre/liens nous ont infiruifl n’e-ßrefimple larfin efemb 1er, nbsp;nbsp;fefaifir deschof s

données aux idoles,ains yray facrilege, corne con Tertulliitn.fefè Tertullid, qui efcritaugouuerneur Scapula:

Vous nous e/îime:!^ facrile^es,comme ft nouspil lions yosit^temples'.iamais yous n auetit^furprins yn chreßien en larfin,beaucoup moins en aucun facrileve,Er fi d'ynfaici fngulier deffolierquel ques idoles,qui a elle J^ecialement commàdè de Vieu^ou par fan ejfrit contenu esfain^es lettres

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EPÎSTT{^E.

exprejjement dfgt;prouué,ou loué,ou excufe,cliAcun yeulc tirer yne conjèquence, amp;nbsp;fonder fafan-tdfe pour en faire autant, il ny a homicide, il ny a yictjil ny a crime, que ne prétendions eßre licite.Carfoit de fe tuer,ou ^n autre, foit d'ince-ße,oudu plus execrable adultere,ou de larfin,tly aenl eßriturequelque exeple defaiéi:mais eß re quife grande confdiration pour en iuger,fans le Couloir ou pouuoir enfuiure. Secondement,nous Teut effort difons iU.cite tout eßort 'yiolencepriuce con~ '^loltn-treles idolesfoit pour les abbatre^ exterminer, ßoit à autre fn : Car n appartient a aucun priue entreprendrefur le public fans eflre authorife du fouuerain magiélrat, en-monßrer bon legitime enfeiffnement. Crfr toute force contrainte publique apartient au coußeau public, qui eß entre les mains du miniélre de Dieu eßa-lly légitimement de par luy. ^u contraire alléguer faits finguliers qui mefmement ne font re-comrr,andtec^, combien que l'autheur ne fait pas reprouué,ne yault non plus qu’en autres crimes

■‘pour en prendre droit.

Tant a dejpleu cefl audace à l’antiquité chre- Concile eU flienne, queleCocile Elibertin ordona q fi aucun bertia, mourait,occis en rampanten idole,que pour tant il ne fuß réputé faint, nbsp;nbsp;couché au nombre des

martyrs,car (difentla lesPeres) onnetrouue les

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EPISTT^E.

^poßresy duoir dtnß procédé, ^nelïefcriten t- yfu^uß-, [Ettcin^ile lt;j»on doiite dinßfaire. Sdtnéi .yfttgu-f/tß.^2.. ß^y^ forme (jue les Chreßiens ont tenue pour mettre bds les idoles.Votts 'yoye'i:^comme il d eße predict par les ProphetesÇdtt il)(iue les tem pies des idoles en partie font decheu^^faulte de les reparer,en partie ont eße dbbdttts , en partie fer-tne'x^, en partie applique^s^à autre yßge. Vous 'yoyeçe;^queles idoles font brife^i ,ou tombe'x:^,ou bruße\_, ou ferre*mp;que lespuiffances ma-^ißrats du monde,quipourfiiuotet les Chreßtens pour les idoles, font réduits nbsp;nbsp;nbsp;tour ne'^^, non ptus

par la yiolence amp;nbsp;reßßence des chreßiens, ains par leur mort patience. Vous yoie':!;^que les Princes ont mué leurs loix,';^ qu’au heu de nous perfecuter,lefouueraindel'Empire,mettatfa cou ronne bas,fùpplie au fpulchre de S.Pierrepauure Liu.i.con* pefcbeur. Combien {dit il ailleurs') que l’efcriture tn Pettm. dénoncé longtemps deuant l'abolition des idoles,

Jtr.6.des .. r ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' t ■ -t t.,,

parnhs de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pourroit-il comm iderlLes

noUrtSei- ^^tiennent encores ces abominations en ^neur. terres, neantmoins y allons nous les caßer rompre ? Nos Huguenots fontß enforcele\^, ou eßiment le monde fi enchanté par eux, qu’ils nonthontedefefcrire ministres extraordinaires de Dieu du Roy,pour tout fùbuertir euer-najansnon plut ds commißion del’ynque de

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EPÎSTT^E.

de l'autre , dins ’koulans chdjjèr l'^n tdutŸi de leurs lieges,fils auoient autant de puijjance que d'ejprit de cueur malinv^ amp;nbsp;impojent à Dieu au Roy auoir iugè leur auoir baillé à executer notst^Egli/ès,comme temples des idoles ^epjueües nous adorons nbsp;nbsp;feruons au fèul le-

fus Chrifl, apres lequel nous honorons inuo-quons fes famEis fruiteurs:quct Dieu ne plaijê^ que tant blafihemions de les appeller^ou leurs t-mages^Idoles.St nous auions ^n Roy en cela de-praué,nous nousy arreßerionsplus amplement', mau puifque par la grace de lefis chriß tl demeu fe catholique, qui endure perfcution auecques nous, nous dißiutons icy contre l’opinion des rebelles à Dieu amp;nbsp;au Roy,quand elleferoit '\eritd. lgt;le,combienquellefoit blajpheme,^ execrable.

En troißeßne lieu,nous demandons: Qiß a e-fié le Chreßienfans notoire herefie, qui luy per-uertifoit l’entendement, qui n’ait eu horreur de heoir ou entendre quon empoignoit p^'ofa-noit deforce les yaiffeaux loyaux des teples Chrefliens ? Qm eft celuy qui a iamais dit que c eßoit idolatrie, oußperßition d eny prefnter doner,qu on ne I ait luge mefchat nbsp;nbsp;malheu

reux de cefeulproposé Qm eß celùy qui les a gt;-ßrpe nbsp;nbsp;yiole'par contemnement qui riait eilé

condamné, blafné, nbsp;nbsp;le plus fouuent puny de

B

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EPISTT^E.

DieulCefoinEi^Monßi^neHr^^ non les dutra, eß lefubte^l de ce frefent mien difcours, «jue ie yous fuff/lieprendre en gré^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;duoir tant tf~

^drd'a Idrude^mdldvenceepdrole qudttx dit theurs ^ui pdrlent .l'dy dufe'Vousleprepnterf'y-fdnt de yofire fdincle nbsp;nbsp;dffiellionnee humdni^

teeniters tous ceux quißejludientferuir entou-te ftmplicitc^^ ßnceritedleßisChrifl ^dfon E^lifecdtholique.Siceßoit quelque Hure et excel lece^ie ne le deurois ne pourrais dddrejjer mieux quà yous^qui de quot;yoßre bote ^dce m’d-ue:i;ßditl ce bien honneur de me receuoirßu tout indice,en yoflre mdtfon (y*feruice nbsp;nbsp;nbsp;e-

ßes l yn de ceux qui ont plus merité de Id religion Roydume Frdnçois : mais pour autant que c eß ynßmple narré des orages qui ont pdf-ßefurld terreßmblablesaceluy qui nous eéton-ne^amp;' neantmoins que iepourray eßre maltnter prete,^ par l’aduenture calomnié en aucuns lieux par ceux qui trouuent tout bon de no^ad-tterß(ires,z^ ne nous permettent riendu tout, ie meßis retiré à yous, mon treshonoréSeitmeur mdißre,pour eniuger^ne demandant autrefa ueur, que l’ouuerture des Hures, nbsp;nbsp;nbsp;inquißtion

fur les lieux de pis que ie ne dts,

•gt;4ureßeyMonßigneur, les peuples catholiques de la ïrance^tremblent,ßichent, e!s' men-.

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EPISTT^E.

ymt de frayeur Boyans exécuter deuant leursy-eulx les abominations:aufiul bruit defquelles ai uenuespar les pais eflran^esitls bouchoient leurs oreilles,n\n pouuans ouir Ie redt difent confefjent par tout :Si le Seigneur Dieu ne nous euß laifß les ßdeles feruiteurs des treschreßiens Äois, Mefßi^eurs les Connectable Mareß chdlßinCl i^4ndre, nbsp;nbsp;lafemence des deux mat-

fons tjuitant ont aimé trauaillê par rout k monde pour ChonneuŸ deleßts chriß confer, uationde la chreßiente,noßre foy,no2fbiens,no ßre yie^noßre loy,noßre Roy, noßrepais eßoiet perdu^i^i^ abyßnexsomme Sodome Gomor re. Decelle de faindi Lois, honorent (ir magni~ ßent le Roy deNäuarre , dutjuel le noble nbsp;nbsp;bon

fang n'apeu mentir,combien qu on l’ait tenté au- nbsp;nbsp;'

tant quepourraiamais eßre aucun eßeude DieUi De celle mefme honorent benijfent maDame yoßre mere,quinon feulemét a porté nbsp;nbsp;produit

les quatre fors de llfrael nbsp;nbsp;nbsp;^ray peuple Chre-

ßien,denoßretemps:ains tesafi bien nourris jin-ßruiCis,animeren lacrainte,dmour ,obeiffance^ (y*loy denoßre Rédempteur,que la mort,^les portes d enfer , moyennant lagrace deceluy qui nousfoußient nbsp;nbsp;conforte,ne les pourroient fai

re fléchir gy'deuier. On célébré en toute louange la mémoire de Monfeigneur yoßrepere iffù du

B ÿ

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EPÎSri^E.

ydillänt nbsp;nbsp;ardent cheualier pour lareligionGo

de^roy de Bouillon, on remarque de ce coße que maintenant pour la troißeßne fois y ne ajßgt; ciatio de magnanimes nbsp;nbsp;catholiquesfreres font

le rempart pour la maifon deDteu,Eglife catholi que,(y*ßoppofent aux loups qui fortët des deferts cotre ley ray ißaelpeupleferuant a lefùschrifl. Les premiersfreres Godeßroy^kußache lt;1^ Bau douinfurent yan^er iufques en Hierufalem l'op probre nbsp;nbsp;iniurefaille à noiîre Seigneur par les

tnfdeles, fauuer de leurs mains tyrannie les chreßiens nbsp;nbsp;terrefain^ie.Les féconds quatre

freres hoirs i^jùccejjèurs des premiers, Alejfei-gneurs Antoine Duc de Lorraine, toys de Lor-raine,françois monfieur,lt;^ Claude de Lorraine yoßre tresheureux pere en fs enfans,prinrentles armes défirent à Sauerne ^ande populaffè d'^llemai^ne,quide^or^eoit fur la Lorraine amp;nbsp;les Gaules,debauchee par la nouuelle doêlrinede Luther Zu1gle,lt;ëy* qui rauijfoit,devafloit,de-molifoit les Eglifs, yilles, chameaux,me-toit au fil de l'ejfee le clergé amp;nbsp;noblejfi,ne you-lant tenir de Dieu quà fonplaifir , ny aucunement des hommes.P ourla troiftefmefois,le Dieu des armes nbsp;nbsp;depaix,conferuatet{r de fon Eglfe,

foit protecteur conduCieur dé Aleffeimeurs Eranfois Duc de Guyfe,Claude Duc d Aumale,

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EPÏSTT\^E.

IrAçois René de LorrAine^os tre/chersfi-eres, befoin^ a fu,Ccite\lt;!^ drme^j^our U tuitio

amp; defen/è âe fonpiinEi E»dngile ^defon E^life, de noflrepetit Roy pupille,de la Royne fd me re yeufue,opprime'Xipdr les theifles i(y* tyrdns de Cdluin,'^ leur donnefdnté nbsp;force d’dccom.

plir leurfdinEl defirdereßituer pdciferldre-li^ion nbsp;nbsp;coronne de Frdnce,^fdce^dce à leur

poßerite'de continuer en lefts Chriß fdns ducun difcord amp;nbsp;diffenftonce tdnt ancien , Vertueux, catholic,^ belliqueux fquddron deßeres , duf quels leurpere corneMdtbdtids,puiffeldifßryn Symon ou chdrles tel que yous, qui les dide ^ttide de fin efprit,prières,i^confeil, nbsp;nbsp;nbsp;yntel liu.i.cbdp.

^dnd Pontife qui reluifie fur Id terre comme Fe. ßoiledu tour,quifiait doué d'e/prit,fiçduotr, y er -tu,^^dce de Dieu,pour enfinn temps deliurer le

peuple défis affli£iions,op^efiions,rinßrui-re confioler.De chdrtresle

z6 .de Septembre.

1^61.

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SrTi LE SAC-- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cAge ment des E^ifes Catholiques ^par les

• hérétiques anciens nouueaux Cal-uini fîes/n l'an mil cinq cens/ôixanteft^ deux.

Lefccinddle du fdccagemmt des E^i/ès^ pourquoy Dieu le permet.

CH.APITRE i.

E fcandalc du vol amp;nbsp;pollution des Temples deDieu, touche fi fort au cucur des hommes, que facilcmet ils murmurët, doutent ou du

tout renient le Créateur,amp; fa prouiden ce,qui permet impunément âiraillir,en-fondrer,faccager fa maifon, amp;nbsp;profaner les chofes fainâcs.fans incontinant refî fter,tÔneramp; fouldroicr. Les plus grâds Prophètes troublez de tels accidens, ne fepcuuct tçnir defencomplaindre envers Iuy.Dauid,en deuxpfalmes,cn fait fes grades doleâces. O Dieu(dit il)pour « quoy à jamais nous dclaiflcz vous, amp;nbsp;« ferez vous à iamais courroucé contre »

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Dy SACCAGERENT

» Ies ouailles de voftre pafture ! Ne vous »» plait il plus fouuenir de l’aflctnblee des ” voftres, de laquelle il y a fi long temps ’’ que vous elles polTelTeurJVous auez ac ” quis amp;nbsp;acheté pour voftre heritage le ” mont amp;nbsp;temple de Syon, pour y habi-” ter.Helas, à la fin Icuez la main contre ” l’orgueil de voz ennemis pour les acca-” blcrjamp; voyez de quellemaliccils ont V-” fé en voftre fanéluairc . Noz hayneurs ” ont vrlé comme lions rampans au milieu de voftrefanélification, en laquelle ont introduit amp;lcué leurs enfeignes œuures au lieu des voftres. Pour vn bc-au faiél ils ont fcié, abbaru, amp;nbsp;fendu le ,, bois de voftre temple comme d’vne fo-„ reft,à belles coingnees ont taillé les por „ tes,embrafé voftre fainéle place, amp;nbsp;mis „ du tout par terre,apres l’auoir degaftee „ à leur plaifîr. Ils ont dit tous enfemblc », d’vnaccord amp;nbsp;aflbeiation: Saccageons „ tout, amp;par telle entreprinfeils ont rafé », tous les lieux de voftre congregation amp;nbsp;» Eglife.De noftre part, nous ne voyons « plus de vozfignes amp;miracles,ne de voz »’ Prophètes amp;nbsp;Seigneurs qui nous deli-»gt; urent,confolent,amp;: quifçacfientiufques

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DES EGLISES. i

à quand ces impietez auront vogue . O « DicUjiufques à quand l’aduerfaire nous lt;« reprochera il l’honneur,fcruice obeif«« fance,que nous vous portons, pendant « qu’il femble que nous ayez reprouuez« amp;nbsp;oublicz’L’ennemy fe mocquera il àia “ mais de voftre fainâ: nom amp;nbsp;de nous’ “ Pourquoy amp;nbsp;comment eft il pofsiblequot; que vous y procédiez de fi lache amp;nbsp;mot “ te main, amp;nbsp;que voftre dextre n’execute “ nonplus que fl la cachiez en voftrefein?“ Or ie ne dis pas par defefpoir ou deffian ‘ ce ainfi:car ie fçay que Dieu eft mô Roy quot;nbsp;tout-puiftant,qui des le comméceraent a monftréfa vertu pour aider amp;nbsp;fauuer ^^ le monde. Tu es celuy {ô Seigneur)qui fais les chofes, qu’autre ne peult faire. De ta force tu troubles amp;nbsp;appaifes la^^ mer en vn inftant. Tu caftes la tefte des dragons quiflotent amp;nbsp;brigandent en pleine mer, Tu bnfes la tefte du Leuia- « than de la plus grande amp;nbsp;terrible befte« qui foit au monde, amp;nbsp;la fais feruir à la « nourriture de ton pauure peuple indi -« gê t fur la tetre.Tu perces les fontaines, « tu débordés les torrens,tu defeiches les « großes riuieres. De toycftleiour amp;la«

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Dy SACCAGEME’^T

»» nuiâr.Tu conduis la lumière 6c le Soleil » que tu as ordonné.Tu as borne la terre, ” ôc as créé I’Efteamp;l’Hyuer .Puisque tel ” tu es,ayemémoire,8c vêge les iniures 8C ” opprobres que les meièhans font à ton ” honneur. L’infenfc ôcoutrecuidc peu-” pie a dclpitc,diffamc,öC picqué merueil-•’ leufemcnt ton nom, 8c fainde reputa-” tion.Pour le moins n’abandonne la vie “ de ta fîmple tourterelle Eglife, qui gc-” mit apres toy. N’oublie à la fin l’afTcm-” blee des affligez en ta caufe, qui te recla ment.Combien que foions indignes de ” t5 aide8c fecours, toutesfois efgard ” a ton teftament Sz alliance faiétc auec-ques nous, par laquelle tu nous as don-né 6c trâfporté cefte terre 6c Eglife, qui ,, eft remplie de tenebres 6ç confufîon,8C „ qui eft occupée de la violence des bri-„ ^ans.Fay par ta puiftance bonté que „ Popprimé ne fen retourne confus, que „ l’affligé,pauure 8c foullé ayent occafion „ de te louer 8c magnifier. O Dieu, leuc „ toy, deba ta querelle: fouuienne toy de »gt; Pignominiequeles enragez te fontiour » nellement. Ne mets en oubly les info -» lentes critics de ces aduerfaires. La ta-

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DES EGLISES. 3 gCjVorgueiljVoutragedeceux qui Pcflc- lt;7 uent contretoy monte ôc augmente de „ iour en iour.I’ay paraphrafte explique «lt; en brief ce pfalmc de Dauid,par ce qu’il contient vne exprefle amp;nbsp;nayuedeferi-ption du faccagementdcs Eglifes,du rc gret qu’en ont les bons,de leurs plaintes enuers Dieu qui l’endure,de leurs penfees,qui de premiere efmotion leur faififfcntle cueur contre la prouidencc amp;nbsp;furucillance de noftre Créateur, fur nousjôienquoy ils fe doibuent refoul-dre ôcauoir patience iufques à ce que la vengeance en aduienne, qui iamais ne defaulc;car Dieu en a la puiirancc,quoy qu’il tarde. le ne deduiray en ce chapitre tous CCS points : car en eux git tout mondifeours, amp;les reprendraySc tou-cheray les vns apres les autres. Il fuffira icy de retenir que les plus perfets, fuf-fent ils aufsi infpirez de Dieu que Da-uid,quife vante auoir plus entendu que les autres Prophetes,f’eftonncnt de pre miete face, comment noftre Seigneur permet telles abominations fans les pu nit fut le champ : ncantmoins confidc-tasquece n’eft faulte de puifîancc,vicn-

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Dk' SACCAGEMEm nenc à rechercher les caufes delapatien ce de Dieu,amp;de tel excezjôr parce qu’ils trouuentenfinquenozpechez prouo-quent l’ire amp;nbsp;la permifsion de noftre Rc dempteur, ils fc retournent à luy, l’in-uoquent,amp; amêdent leurs vies. Ce pfal me remonftre d’auançageque les enne mis de Dieu,amp;defon Eglire,ne fe contentent de tout brigander,tucr, amp;nbsp;ruiner, ainsqu’apres ils fe gaudiflent, Si mocquent des faiôts de Dieu, ôi reprochent à lEgliFe qui eft en perfecution, fa creance amp;nbsp;fiance en IefusChrift,amp;ch fes membres apres luy.

En fécond lieu , les fainôts perfona-gcs ont efté fi fafchez des temples violez amp;fouilez,qu’ils fe font ennuyez de vl ure,pour veoirtellc execration. Eliefe difpofant à prendre la mort en gré , Si ladefirer amp;nbsp;demander à Dieu, n’allcguc autre chofe que:O Seigneur,ils ont ren cbAb.du}. r' « nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i ■

liur des nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;raïc voz autels,mis a mort voz

Prophètes, amp;iefuis efehappé feul,c’eft tropyefeu :il me fuffit,tirez mon ame de ce corpsfie veux mourir en la loy demeS pere5,carie ne fuis pas meileur qu’eulx. Lefort Si roideMathacias remonftre à

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DES EGLISES. 4 fes enfans de ne fe foncier pas beaucoup de la mort apres la defolation amp;nbsp;contamination du temple,amp; harangue ainfi: Maugréma vie,pourquoy fuis ie nay en ce têpsjou il faul t veoir la ruine de mon chxp.^.des pais amp;nbsp;delà fainôte cité? Toutes chofes fainélesfont gafpillees entre les mains des eftrangers,amp; le temple eft non plus eftimé qu’vn homme vil amp;nbsp;abicét. Ses ioyaux riches amp;nbsp;pretieuxfont faifiz ôc volez. Le preu ludas Machabee côclud entre fes frétés amp;nbsp;amis:Il nous eft trop meileur de mourir plus toft,que de ve- • oir l’extreme perdition de noftre genre amp;nbsp;de toutes chofesfacrees.Aduiêne felon le vouloir de Dieu,mettes nous en deuoir de rehfter amp;nbsp;fouftenir.

En troilîefme heu,refcriture amp;nbsp;tous les bons en icelle confeflent amp;: affermêt c^^ement Dieu ne permettre telles difformations des E^Ufes desEglifes que ne les mentions par noz à ra^oade pechez amp;: offenfes enormes. Pour cefte raifon,noftre Seignr fouuent crie apres nous que premieremét nous fandifios nozeueurs amp;C confciences, Sgt;c puis qu’il Efi.si.. habitera auecques nous , 8c y prendra Cor. logispour autant qu’il eft fainft, qui ne cbaf.6.

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T)y SACCAGERENT peult foufFrir auecques foy que pureté amp;nbsp;faiudccé.Orfinousrefufons àluy rc-femblcr, approcher de fa perfcdion^ ains fi par noftre malice amp;nbsp;pêché nous nous efloingnons deluyjl dedeignea-uoiraucuneïpecialedemeure entre no^ fait deftruire les lieux que nous luy deputös,par ce qu’il ne préd plaifir d'ha biter en Ia terre d’iniquité. Auât que fai remention de la captiuité de l’Arche,le texte reciteles vilaines putafTeries a-ifur.ïAe! uaricc defordonec d’Heli amp;nbsp;Phinees fa i^u.cb.i. crificatcurs de la loy,amp;laconniuence en leurs mefchâcetez de leur pere Heli. Quand Dieu accepte letemple de Salo mon nouuellement bafty,ilprometd y afsifter amp;nbsp;y auoir pour aggreabics les o-raifons du peuple; mais il excepte vne ßitrtm.7. condition,amp;dit:Si vous ou voz enfans me renoncez defiftez à me fuiure, ou à garder mes commandemens amp;nbsp;ceremonies que ie vous ay propofees,ains âvous allez adorer autrcsDieux,i’cxter quot;^JinrAts min Cray Ifrael de la terre, que te luy Ay donneCjamp;reprouueray le temple qu’on m’a dédié,amp; l’Ifraelfera la fable,rifee,ÔC mocquerie de tout le monde. Ce beau

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DES EGLISES, $ baftimentfcruira d’cxcple,amp; tous ceux qui pafleronc pardeuat esbahis de fa rui ne,Cflcronr,amp; dirontzPourquoy le Seigneur a 11 ainfi fait à cefte terre amp;nbsp;belle maifon ? On refpondra : Pour autant qu’on y a oblié 6£ delaific le vray Dieu qui auoit tiré le peuple d’Egyptejôt on a recogneu autres queluy : àraifon de cefte offenfcj il a introduiâ: ceftecalamité amp;nbsp;deuaftacion. Hicremie aigremêt crie aprestouseftats par le commandement deDicu:Ne vous fiez point en voz belles amp;nbsp;trompeufes paroles,difans-.C’eft le temple de Dieu, C’eft le temple de Dieu,C’eft le temple de Dieu. Noftre Sei-gneurÇrefpond Hicremie) vous promet d’habiter auecques vous en ce temple, mais à la charge amp;nbsp;condition que vous cheminerez en toute dtoidure, amp;nbsp;fain-dcté,quc vous rendrez iuftice à vn cha cun,fans faire aucun tort ou opprefsion à l’eftrangcr,orphelin,amp; veufue, amp;nbsp;que vous n cfpandrez en ce lieu aucun fang innocent, que vous ne courrez à voftre malheur apres autres dieux.Au contrai rc,vousauez fait vneordinaire de rapi-ner,t uer,adulterer,iurer faulfemcnt,fa-♦

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SACCAGERENT crificr à Baal, amp;nbsp;d’adorer autres Dieux que le Créateur : amp;nbsp;nonobftant vous vous glorifiez en voz propos de méfon-gc qui ne vous fauueront pas, amp;nbsp;auez dit Nous auons le téplede Dieu,letcm pie de DieUjamp;fommesfainds amp;nbsp;fauuez, ores que nous ayons comis tant d’abo-tninations.Doncques (reproche Dieu) de ce baftimêt, vous en faites vne rctrai de de larrôs ou on fouloit inuoquer dc-uotemét mon nom deuat vos yeulx. le voy bien tout.Allez amp;nbsp;contcplez qu’eft deuenu le temple que i’auois en Silo,en lequel du cômencementi’ayhabitcicon fiderez ce que ie luy ay fait à caufe de la malice de mon peuple d'Ifracl,Pour autant que vous eftes pires,amp; tât de fois ie vous ay admonneftez foir amp;nbsp;matin par mes Prophctes,amp; auez fait femblant de ne me point ouir,ie traideray cetemple ou mon nom a efté tant honoré, amp;nbsp;auquel vous auczfiâce,pour autant que ie vous I’auois donné amp;nbsp;à vos peres, ainfi que i’ay traidé ceftuy de Silo : amp;nbsp;vous chafleray de ma plence, corne ay chafle vosfreres,de toute lalignee d Ephraim. Le premier qui aufa voler le temple de

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VES EGLISES. S

de Salomon,ce fut Sefac Roy d’Egypte, iMurJ» S)C auant que reciter fon larcin,l’efcritu- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

re dit que les luifs auoient irrité Dieu, mué leur religion en autre nouuelle,amp; qu’à celle occafion le Créateur leur fuf-cita amp;nbsp;enuoia vn ennemy qui pilla les richeffes du temple 8c des Princes. Depuis,toutesfois ôc qualités qu’il cil que • ftion de la pillerie du temple , le texte pour preface 8c caufe de teldefaftre,no-teles pechez du peuple.Il ya vn beau paf fage au fécond liure des Machabees en

* ces termesiAntioch’ aufa encrer dedas le temple,8c de fes fanglates mains toucher la fainfte vailTelle que les autres Rois 8c villes y auoient offerte pour or nement.Hors du fens il ne confideroit pas que Dieu pour vn temps eftoit cho leré contre fon peuple à raifon defespe chez : 8c pour celle mefme caufe il per-mettoit vilipender 8c côtaminer fa fain tie place de lerufalem. Car fi le peuple eull ellé fans grandes fautes 8c offenfes, , Antiochus,prins fut le faiél de voleric, eull eu le fouet aufsi bien qu’Heliodo-'^^^yj^^^e. rus, 8c n’eull accoply fa hardielTc, Or le ment dei Seigneur Dieu ne choifit pas vn peuple

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SACCÂGEME^T en faocur du lieujains il prefere vn lieu pour le refpcd de la bonté amp;nbsp;fynceritc du peuple.Pourtant le lieu participe de ; la malice du peuple, amp;nbsp;fur luy redonde l’indignité des habitans : comme réciproquement il ert honoré de Dieu pour l’intégrité du peuple . Et comme Dieu le quitte amp;nbsp;abandonne pendant lamau uaife conuerfarion du pais,aufsi le prife il amp;nbsp;magnifie pendant la fainde vie de la nation. Les Chreftiens en confeirenc autant de leurs Eglifes, que noftre fau-ueur lefus Clin ft laiffe à la difcrctio des mefehans quand les vices régnent entre les ficns. De fvniuerfcllc ruine d’icelles fous Di(|-cletian,Maxence, amp;nbsp;Maximin, Eufebccfciitenccftefaçon:Hyprocrifie ^.chap-pre g^fimulation abôdoient par trop,amp;n’a-uios plus cure de nous retirer à Dieu de rinuoqucr,ains côme Atheiftes nous penfions noftre Sauucur n’auoir foucy de nozadions,amp;hardimentnousmul- nbsp;.

tipliüsoft'enfcs fur ofFcnfes.Ceux qu’on nbsp;nbsp;f

eftimoit noz pafteurs, fans aucune con-fcience exerçoient inimitié les vns contre les autrcs.‘amp; lors que plus ils pourfui noient leurs affedios,ligues,ambitions,

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DES EGLISES, 7 amp;nbsp;haines particulières. Dieu afufcité v-^ ne terrible perfccution contre tous les Chrcftiens, lie a bien obfcurcy la gloire amp;nbsp;magnificccc de Sion,iufques à ce que quafiafemblé n’en vouloir plus auoir aucune mémoire,amp;ec. Chacun iclon les perfecutions des tempsen a autant con fefle,amp; fault que venions à cepoinétde confeiTer que Dieu efl: iufte,amp;:quc lulic-inentil conniue amp;nbsp;fen-dort en noz tribulations, qui ne feront iamais li grandes corne nous les méritons.le n’oferois le declarer par le menu : Car le comble de noftre mefchacetc eft,que les grands defquels procède la grande iniquité, ne peuuent ouir aucune remonftrance,amp;: tous, iufques aux plus petits, à eux fe conforment. Outre lacaufe des pechez de tous eftats, Dieu veult que les hérétiques déclarent leurs œuures amp;nbsp;produi fent les fruids de faux miniftres , à fin qu’on les cognoiffe, amp;nbsp;qu’on ne puifie prétendrecaufe d’ignorance,ou elfre de ceu amp;nbsp;abiifé par leur hypocrilie amp;nbsp;fainti fe,fi elle demeuroit longuemét couuer-te amp;nbsp;cachee. Par la deftruétion des Egli-fes de lefus Chriftjâinét Hilaire crie amp;

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DK SACCAG EIA E^T jnonftrc Côftâce cftre vray Antechrift. Par cela Athanafc appelle les autres Ar rians fcduftcurs ininiftres amp;r prophètes. Saind Auguftin fouuent taxe ainfi les Donatiftes. I’en ay deduiót les raifons cn l’epiftrc de ce difcours.

Le faiót qui plus feädalife Ies fimples arneSjCftde veoircóculquerle precieuX corps amp;nbsp;fang de lefus Chrift fans aucu-nepunition diuine.Aucusfontinduids par celle patience de noftre Sauueur à renier qu’il foie fous les efpcces de pain amp;nbsp;de vin, amp;nbsp;que ce foit fon vray corps. Aufqucls difons que non fculemêtl’hu manité amp;nbsp;pafsion de lefus a efté propo lue 2. fee au inonde en refurrcdion, fcandale ruine deplufieurs,ains aufsi le fainâ: Sacrement.En regardât lefus Chriften fon humanité amp;nbsp;pafsion,fi pauurc,fouf freteux,necefsiteux,affligé,vexé,tormê té,tiraffé,amp; déchiqueté par les maïs des tyrans ßcimmifcricordieux bourreaux, on pouuoit auoir grande occafion de douter fil elloit vray fils de Dieu, pou'r autant qu’il ne refiftoit, amp;nbsp;ne fe defen-doit aucunement,^ fembloitn’auoirla puiflance. Mais les fermes en fa parole

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DES EGLISES.

en croyant contre ce qu’ils vo'ÿent, ont cfté iuftifiez amp;nbsp;fauucz. Aufsifi nous arre ftons noftre foy amp;nbsp;crcace à ce que nous voyons des yeulx feulement au fainôt Sacremêcouauxoutrages qu’on y corn met, nouspourrons chopper amp;nbsp;douter fic’eft le corps de Icfus Chtift vray fils de Dieu toutpuiflant, pour autant que làilefifi peu d’apparence, ócncft vray femblable qu’il fou fin ft la honte qu’on luy fait, f’ilauoit aucunepuiflanccde fe venger.Mais fi nous auons efgard qu’en fon humanité ôcpafsion, il en a enduré d’auantage fans mot dire pour lors , fie que fa parole eft toute claire,par laquelle tât de fois il nous a affeuré qu’au fainél Sacrement eftoit fon mefme corps qu’il liuroit entre les mains des luifs pour le crucifier,nous ne ferons non plusfcan-dalifezôc troublez en nos cofciêces que fl nous voyons fouffleter, fou eter , empuantir de crachat, frapec des pieds , ôr crucifier lefus Chrift. Ains comme en ce faiélnous voudrios auoir patience fans perdre la foy, en laquelle plus nous ferions fermes d’autant que de nos yeulx voirrions accôplir les efeviptures: Aufsi

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• PÀ' SACCAGE'ME^T tant Pen fault quele vray Cht.cfticn recule arrierepour lemefprisdù fainétSa-crement,que plus il le croira amp;nbsp;honorera : pour autant que la parole de celuy 1)4nteleb. qui a dit: Cecy eft mon corps, ne peulc S.ii.ii. mentir : amp;fcs prophètes , amp;:luymelme ceux qui Pont prochainement fuluy,ontpredjc tel fcandale que nous foaliureJe voyons,dcuoir aduenir lut la un amp;con l'atechriSl. fommationdu monde, lors que toute impiété,liccnce,libcrté,pardon Si aboli tion de mal faire,feront publiez, feellez amp;nbsp;bridez.

Pour quelle cdufeles ennemis delafoy en'Veulent aux E^ifes, CH^P. Z.

’Efpcrc ailleurs ( Dieu m’aidant) traiter de l’antiquité des Eglifes Chre-ftiennes, amp;nbsp;de la forme de les baftir, orner Si accouftrer,enlemblc de la reue rcnce quon leur doibt . Icy feulement attouchcray que comme auoir, drefler. Si amplifier edifices en l’honneur de Ic-fus Chrift,amp;desMartyrs,eftoicrvnedes premieres chofes a quoy trauailloiêt les Chreftiés ayâs plate leur religion en vn pais:aufsi du degaft, amp;nbsp;ruine de tels ba-

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DSS EGLISES.

ftîmensont commencé ordinairement à nous pcrfccutcr,tous les ennemis delà fainde toy catholique . Eufcbc efcrit pour certaine prenne Sc cnfçigne de 1 a- i-defonhl-uancement de noftre religion fous les A*quot;-Empereurs infidèles, qu’on accroifîbit, Sii clargiffoic les vieilles Eglifcs,amp; qu’on en crigeoit de belles amp;nbsp;magnifiques de nouueau. Aufsi par réparer les EgÜfcs deftruictcs,amp; par en côftruire de toutes neuues de la plus grande fumptuofité qu’on pouuoitjlegrad Conftantin corn mença à protefter fa foy, amp;, môfîrer aux Chrefliens qu’ils eftoient apres les per-fecutions en credic,faucur amp;nbsp;honneur.

Au contraire , Diocletian par fon pre- ^umefme mier edid comanda qu’enuiron Ie iour Uu.chap.}. delà pafsio denofire Sauacur,noztemples Moratoires fulTent rafez, M tont ce qu’on y trouueroit, mis au feu, mefme les Hures desefcricurcs faîdes.Autat en ^umefine ordonerét fes fucceifeurs Maxéce amp;nbsp;Ma ximin,M autres au parauac.Licini’ pour fc declarer de religion contraire à Con-ftantin,feruad’entreefurlesEelifes ramp; généralement par toutes les eicritures faindes M autres hiftoires, la pcrfccutio

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T)y SACCAGERENT

du peuple de Dieu, premièrement Padgt; drefle à la maifon amp;c fanftuaire d’iceluy;

ce qu’o iugera eftre vray par le difeours total de ce liurebienSc fongneufement rapporte amp;nbsp;appliqué . Le principal eft, Tourqwy d’aduiferla caufe ôilafin quepretédl’ef Itihereû- prit qui habite en nos aduerlàires, SC gutsen pourquoy il les induit du premier coup àaflaillirlesEglifes.I’eftimej outrelebu tin,queceltpourpueniraion but, qui eft d’elFacer la vérité vraye cognoif-fance de Dieu de noz cueurs, amp;nbsp;y lublli-tuerau lieu,menfonge amp;c toutes chofes dérogeantes à l’honneur du Créateur ÔC Seigneur.Or eftil que celle vérité Sc co-gnoiflance, depuis la creation du monde,a efté baillce,nourrie, ôc entretenue entre les homes par quatre fouuerains moyens,defquels le premier eft l’inftru-étion ôcprcdication delà fainéle parole: le fecôd eftla perception des facremens eftablis par noftre Dicude troificfme,les prières publiques 8c particulières pour obtenir la grace 8c falut : le quatriefme, rvnion,accord, 8c cofentementde tout le peuple en vne melme languc,creance ôc volonté.Lelicu député fpecialement

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DES EGLISES. lo en noftre Chriftianifme pour auoir recours Si vfer de ces moyens, coufiours aeftél’Eglifematerielle, qu’onadepuis nelie. les Apoftres ordonnée pour admini-ftrer à tous Si pour tous vne mefme do- teConâle ôlrme,mcfmes facremens, mefmes prie-res, Si pour amaffer lepeuple enfemblc en vne foy amp;nbsp;afFedion, comme Dauid remonftroit àfon traiftre:Nous auons py4/.74. efté amis fi longuement cheminas tous les iours d’vn cueur amp;nbsp;intêtion à la mai-Ibn de Dieu . Aufsi des premiers fideles eft efcritills continuoient d’vne mefme ^.chafgt;.des ame Sideuotion à frequenter le templci le dis docqucs que le Diable, qui entéd bien fon meftier,amp; qui meine fagement fes affaires,ne perfuade pas fubit au peu pie de quitter Dieu : mais il mine les moyens de le recognoiftre, Si à la fin les abolit,fi nous le permettons faire; Side là nous attire à foy. Si nous rend enfans de méfonge,duquelil eft lepere. le m’af feure de deuement verifier par toutes les herefies quiont eu la vogue, ouper-mifsion de fe manifefter à leur plaifir, qu’il a ainfi procedé,Si que tous hérétiques d’aucun rcnom,ont enfemble , ou

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SACCAGERENT l’vn apres l’autre, remué amp;nbsp;change tous ces fufditsmoyens.Tousontimprouué nos Eglifes , nos facrcmcnts, ou partie lt;l’iccux,nos prières,noftre dodrine, no-ftre bien vnic conucrfacion en vne Egli fe, amp;fe font cftudiez de renuerfer toutes ceschofes pat force, ou merueilleufes fubtilitez.

Qu’ils ayét ainfi fait de la dodrine, il n’y a aucune difficulté.-car autrement ils ne feroiét hérétiques f’ils ne reiedoient noftre inftrudion pour introduire leut nouuellc.En vn traidc fpecialdenoftre Herecicifme,ie coprêdray les mutations que chacune fede a innoucennoz (acre mènes, pricres, amp;nbsp;ceremonies d’icelles, Pourleprcfent,i’ay à parler des Eglifes, amp;nbsp;trouue que d icelles depend toute la ruine de tout le rede : amp;nbsp;que de là le plusfouucntony a comencé.lieft tout euident que pour diuifet amp;nbsp;rendre en idolâtrie les dix lignées d’Ifrael, Hicro-boan reprouuale temple accouftumé, amp;defendit au peuple d’y plus hanter,de peur qu’il ne fcrealliaft auecqucsfes fre res, amp;nbsp;cogneuft fa faulte: amp;nbsp;de tel prin-li, cipc, par fuccefsion de temps, transfera

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DES EGLISES. « la gloire de Dieu aux idoles parle châgc ment Si abolition des moyens alléguez. Les trois ieunes hommes au milieu du feu en Daniel, par vne refolution de là dernicre iufques à la premiere, des cho-fes qui (’cîrefuiuenc,difent: O Dieu d’I-frael, nous fommcs abbcflcz plus bas que toutes nations, Sifommes humiliez par toute la terre pour nos pechez. Si n auons maintenant ne Prince, ne capitaine,n’holocaufte,ne facrifice, n’obla tion, n’cncens,ne lieu ou nous vous offrions nos premiers fruiéts.Nabuchodo nofor, pour tout defoler, auoit prins fon cours par la deuaftation du temple: Sidelàfitceflertout prophete, Sitou-te predication de la loy, amp;nbsp;forme publique de prier,tout Roy naturel des luifs amp;nbsp;gouuerneur ordonne de Dieu pour maintenir le peuple en fa police Si paix. Par la pollution amp;nbsp;volerie du téple,An-tiochus entra de degré en degré à trou bler Si démolir l’eftat Si republique des luifs, Si par infinis carnages y logea Si inftalaBacchus Si Priapusles idoles des Athei{l:es,qui font leurDieu de leur ven treSiplaifir charnel.

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Dy SACCAGEME^^T D’ou commencent les heretiques a deßruire les E^liCes.

CH^P. 3.

Combien que les hérétiques ayent aftedió de bien toft delpecher nos Eglifcs, neantmoins ils veulent e-ftre veuz n’vfer de force fans occafion amp;nbsp;raifon . Leur premier aflault cft defe faire vne cftablc apart, d’auoir en abomination nos têples pour certaine cho-fe qui leur dcplaift,de perfuader au peuple de n’y plus aller, amp;nbsp;de louer au contraire leurs conciliabules, aufqucls ils attribuée les noms amp;nbsp;tiltres d’honneur que Dieu par fes eferitures donne à fa maifon.C’eft lepremier propos que tint g^isch.ii. Hieroboam au peuple : Ne montez au temple de Hierufalem,car le vray Dieu n’y eft pas,ains en Bethel amp;nbsp;en Dan,que s Jehan 4. ie VOUS ay édifié nouucllement.C’cft vn thaf/ure, Jej premiers debas des Samaritains con I. treies luifs. Il fault adorer Dieu en no-ftremontaigne(difoientils) non pas en Hierufalem, ou on auoit accouftume d’aller. La Pierre fondamentale des he-s^Çy/frian. refies eft(ditS.Cypria) eriger autel contre autcljfaccrdoce contre facerdocc, fa

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DES EGLISES. 14

crifice contre facrifice, chaire cotre chai te . Les Nouatians de fon temps crai-gnoient eftre foiiilez Pils eufTent conue nu en méfme heu auecques nous, amp;nbsp;fe nomoient Catharians ou purifiez,pouc Peftre fcparez des Catholiques,

Les Arrians ne vouloient chanter la s.^Aple Mcfle fur vn autel ou vn Catholique eptfire70. eut célébré.

Meletius fe banda auecques les Ar-rians en defpit des Euefques d’Alexan- ntnfhtrt-drie,qui l’auoicnt excommunié pour a--/'' uoir facrifié aux idoles.Luy amp;nbsp;les difei' pies auoiét horreur de prier Dieu auecques les Catholiques.

. Les Donatiftes n’auoient patience de fafloir pres d’vn Catholique,ou de le fa luer ou parler à luy. Ils eftimoient tous nos facremens infeds, amp;c noftre facrifice idolatrie,amp; que nous eftionsPayans. D’auâtage fi l’vn de leurs miniftres euft dit la Meife, ou prefehé en l’vnc de nos Eglifes de fon bon gré,ils le degradoiêt. S.Auguftin tefmoignececy en fon troif S.^u^uß. iefmeliuredu colloque auecq’les Dona tiftes-.au liure d’vn feul baptefme,chap. i4,au 1. liure contre Gaudêcc, chap.zS,.

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j)r saccageaient

OfiM Mile èc Optât en recite vneportion en fesli-uitairt’ ures contre Paræenian.

le Cottle de nbsp;nbsp;Euftathe grand hypocrite du temps

Gan^recr de Côftancc Euefque deSebaflc en Ar-jofcatfs It. nienic , enfeignoit àblafmcrles Eglifes ^.fixƒ.43. aflbmblecs du peuple en icelles, les vi fitations des lieux ou gifoient les Martyrs , les oraifoBS, oblations, amp;nbsp;Mcfl’e qu’on y fai (bit, difoit que chez luy il falloit venir comme en lieu fainft, amp;nbsp;y apporter fes deuotions. Attendu que contre luy il fut promptcmentpourueii parle concile tenu à Gangre,13 doftri-ne ne vintcn execution.

Eunomiusfubtildilputatcur,augmê-ta les herelics contre la lainûe Trinité.

, Ses efeholiers fe detournoient de leur chemin de peur de palfcrdeuât ou pres d’vne Eglile, ou repofaft le corps d’vn Snßnefit- Martyr catholique. Mais ce pendant dit ßrecontre S.Hierofme, ils adoroient leur maiftre, ri^ilance. prifoient fes eferits autant que fE-uangile,

Tfibhantus Audius,hommede nation amp;nbsp;langue 70-Syriaque,ne vouloir hâter noz Eglifes, pour autant(difojtiC qu’aucûs vfuriers, putâfsicrs,amp; autres mal viuas y frequen

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T)ES EGLISES. i? toienc. A la fin,les dcptauez de par Iny fuioienc toute pcrfone catholique,tant fainfte amp;nbsp;perfaiéte quelle fuft, à caufe feulement qu’elleprioit en noz temples Lucifer, de defpitde n’cftrc paruenu àl’Euefchéd’Antioche, fefepara,amp;:cii oitqucdes Eglifes on en faifoit des bor * deaux:pourcequ’ony receuoit les Eoef ques en leurs degrez amp;:dignite2qui retournoient de l'hercfie des Arrians.

Les Acéphales, c’.eft à dire fans chef amp;: En la pre-certain autheur,tenoient commeEuty miere ches, que la perfonedelefus Chnft n’a-uoit en foy deux natures,la diuine amp;nbsp;hu maine. Ils eurent vn grandifsime pro-tedeur Seuerc Euefque d’Antioche,qui appelloic les fainéles mailons de Dieu (dit le concile)Hoftcllerics d’hercfie Sc detoutcmefchâcetéjôcfe repentoit d’y auoir efté baptize.

Soubs l’Empereur de Coftantinoblc Eutiymi»i Alexius,fe Icua vnefeéte nômec Bogo-mileSjc’cftàdire enlaguc

crians mifcricorde . Ils blafphemoicnt ’ contre les Eglifes,qu’en elles habitoicnc les Diables,amp; qu’au temple deSalomon auoitpreûdc le grand Satan, qui apres

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T)y SACCAGERENT la deftrudió de Hierufalcm auoit prins logis en la grande Eglife de Conftanti-noblcjappcllee Sainâe Sophie.Ces mef chans appelloient la Mefle Le facrifice des Diables.

^Hconà' Les Grecs, apres feftrc abandonnez le de Late- à toutes herefics,lauoient amp;nbsp;frottoient leurs autels comme infedezpar les Catholiques Latins, qui y auoientdit la MelTe , Guy de Parmenian, qui a eferit des hercfieSjdit qu’à la fin les Grecs font denen U Z facramentaircs, amp;nbsp;qu’ils nous appelloient Idolâtres, comme Ion fait maintenant.

Tient de En France,Pierre de Brueul prefeha trueul. que tous lieux eftoient fandificz fans aucune difcretion,amp; que c’eftoit vanité de choifir ou baftir aucun temple. Con tre la croix amp;nbsp;le fainél Sacrement il ne difoitpasplus ne moins que nosCalui-niftes.Le venerable Pierre Abbé de Clu ^ttidiur. ny efcriuit contre luy,amp; auons encores de fti epi- fa difpute. Du Brueul eut vn efeholier apoftat de Moyne, nommé Henry, du-_ f quelefcritS.Bernard.IIappelloitlesE-en/ebebu. Synagogues.

^.ch^p.iS. Au contraire, Montanus amp;nbsp;fa fuitte appel-

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DES EGLISES. 14 appelloientleurPepuza,amp; autres petits lieux de leurs alTembleeSjIa Hierufalctn celefte, comme fl chez eux Dieu feulement euft voulu habiter.

Les Adamians qui entroient en leurs Epif/hane prefehes tous nuds hommes amp;nbsp;femmes, hereße nommoient leurs cauerne leParadis,ou Dieu eftoit feruy amp;nbsp;reueré aufsi biê que par Adam amp;nbsp;Eueauant lepeché,

Ladance dit de bonne grace,que les la^lunct heretiques contrefont les Catholiques Uu-^-chit-comme les finges imitent les hommes: pource que premièrement ils fe vâtent auoir amp;nbsp;eftre chez eux la vraye Eglife Catholique.

Irenee eferit que des le commence- liure^. ment de la Chreftiête, les Valentinians couuroient leurs ordures du beau tiltre d'Eglife.

Sainft Cyprian reproche à Nouatian ^.Cyprîna qu’il faifoit le finge, amp;nbsp;qu’il vouloir at-tribuer à la bande le nom d’Eglife,de la quelle il fe feparoit.

Sainéf Hylaire ne peut endurer que s.ffyLir« les Arriâs fc prefchalTcnt auoir rEglife^®”lt;quot;coff deDieu,ains leur dit appartenir le nô Synagogue amp;nbsp;aflemblee de l’Antechrift.

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Dl' SACCAGEAIENT

En ccfle vanteric confiftoic la plus parc de la caufe des Donatiftes.

sermo 6S. Ceux qui du téps de faind Bernard furies C4n appelloienc rEglife par iniure Synago «jwi. gyg, fg nomraoicnc Aflcmblee des A-poftres.

cMnißes Nos Caluiniftes ont nommé premie rcmcnc leur Geneue La faindc cité.A Paris,à la porte de fain6Haques,ils co-inençoiéc à honorer ic ne fçay quel iar-din du nom dcHicrufalcm, ouilspref-choient.

diuerfescdufes de fem^drer des richejjes de l Eglifè.

CH^P. 4.

A Pres le vent amp;nbsp;les tonnerres des blafphemesjles pluyes, grcfles, fouldres des hérétiques fuyuenc de près cotre les Eglifes,fi on n’y pour-uoic de bonnehcure.Ils cofiftentponr dire en brief,en pillage,faccagcmcnt 6c ruine d’icelles. Attendu que toutem-prind, amp;nbsp;laifiircment des biens de l’E-glifc n’eftpas rapt ou pillageàlm’a fera blé bon admonnefter que les ioyaux Ecclefiaftiques auoiét efté empoignez par quatre fortes de perfones : Par les

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DES EGLISES.

tirans, infidèles,amp; Payans, qui en leurs interrogatoires commençoient à demander aux prifonniers Chrcfl:iés,qui auoit la bource,vaiffc3ux amp;nbsp;trefors de l’Eglifc.Pour cela fut apprehedé fainâ: Laurent amp;nbsp;autres infinis, amp;nbsp;en ce rang fault dénombrer les Perfes, Sarrazins, Turcs amp;nbsp;autres non baptifez,ou douez du nom amp;nbsp;foy Chreftienne , defquels ledifeours pourroiteftre long . Cara-uant que de f’enrichir, les panures E-glifes ont elle tous les iours furprinfes amp;nbsp;volees:amp; depuis la tranquillité gene ralcjfouuent ont eu les aduertiflemens de la main de Dieu,par tels ennemis a-pers de lefus ChriftiSé à la fin, par eux nous voyons amp;nbsp;cognoiflons tout l’Orient defolé.

En fécond lieu,fouucnt pour fecou-rirle Chriftianifme,ou les Chreftiens, on a efté contraint de vendre aliéner ce qui eftoit de bon amp;nbsp;de beau en nos tcmples:toutesfois on ne le doibt faire fans grande necefsité amp;nbsp;difcretion:car les peuples plus approchas de la railon. reluifante en nos cueurs de la lumière de Dieu, ont quafi toufiours eu regret

D ij

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Dy SACCAGEME'^T dc veoir abufer del’or amp;nbsp;argent dedicà Dieu,es affaires publiques de tant gran de importance qu’ils feuffent. Quad les François de Sens occupèrent l’Italie Si prinrêt Rome,pour les en dechafTetjOn compofa auecqueseux d’enuiron cent douze mil cfcuz : mais pour trouuer le payement falut fondre en monnoyc les Titehue vaiflcauxde leurs temples. Les dames tiulmre y. de Romene lepeurent endurer, amp;nbsp;chacune porta fon cabinet à la monnoye pour lauucr ce qui eftoit voué à la reli' gion . On admira leur deuotion, on les remercia,Si en recompenfeon leur defe ra ceft honneur qu’apres leur mort elles feroict loucesparoraifons funèbres auf

fi bien que les hommes.

^frniofe- Les Iuifs,PcfmcurentcontrePilate,à ^he,Eufebe caufe,qu’ilemploioitlcs deniers du tem ltu.i.ch.6. pie à fouilcr Si deriuer des conduits d’eaue en laville de Hierufalêqui eftoict fortncceffaireszSi pour vn grandpriui-Icge requirent à l’Empereur Augufte, qu’on ne touchaft point aux richeffes données au templepour fournir aux tri dti antiqui buts Si fubfides impofez furie peuple.

Henry,premier Empereur des Saxo-

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DES EGLISES,

nois, mal content de ce que fes fubieôts ruitichln-payoïent certaine penfion aux Hógres ‘^u^saxo-par chacun an,amp;voyant qu’on ne pou-uoit plus ou prendre de quoy y fournir, pour experimenter le vouloir,cueur, amp;: deuotion du peuple,haragua en ccs termes ; Par cy deuant( dit il ) vous fçauez « mon peuple, en quelle confufion eftoit “ voftre Empire ; amp;nbsp;de quel danger ie l’ay “ deliuré.Vous cftiez confommez parquot; guerres ciuiles, mais par l’aide de Dieu, madiligêce,amp;: voftre vertu, vous voyez que vous iouiflez paifiblcment de tou-tes'vos terres amp;nbsp;feigneuries , amp;nbsp;que les Barbares eftrangers en font dcchaflcz. Ilrcfte, qu’enfemble nous repoulfions nos communs ennemis auares. le con- „ gnoy que i’ay fpolié vos fils Sc filles de « leurs biens pour payer la penfion, amp;nbsp;en- « richir nofdiéls enncmisanaintcnatpour « continuer cefte péfionie fuis contraint « de piller les temples amp;nbsp;miniftres de Dieu: car il ne refte que nos corps faunes « fans denier nymaille.Aduifezdoncques “ amp;furce ordonnez ce qu’il vous femblc “ eftre defaire,fiiedoisfaifir l’argent de- “ putéauferuicede Dieu Scledôncr pour quot;

D iij

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SACCAGETAE^T

»gt; noftre redemption aux ennemis d’i-« celuy , ou fi ie dois augmenter par ar-»gt; gent le fcruice de Dieu amp;nbsp;l’honneur, »gt; plus toftqueledirainuer,àfinque foios « mieux rachetez parluyquicft enfem-« ble noftre CreateurSr Redempteur.Le peuple à haulte voix cria, qu’il aimoit mieux eftre rachepté des Barbares, par la puiflance du Dieu viuât, que par argent prins derEglife:amp; pour ce l’offrit à côbatre pour fa liberté, plus toft que öfter la moindre chofe vouce à lefus Chrift,

le remets à parler de la confciéce des Frâçois au chapitre pticulicr pour eux.

Nonobftât que les nations pendant qu’elles ont efté biê policées amp;nbsp;gouucr nees, ayent fait difficulté de faider du troc amp;nbsp;coffre desEglifes,amp; qu’elles ayét declairceftre illicite de mefler les chofes facrees auecques les profanes: toutef-fois quad necefsité qui n’apoit de loy, lesaprefféjfansfcrupule de confeien-ce, elles ont paffé oultrepour obuicr aux incoueniens publics,amp; fecourir par pitié les affliétions du peuple.Qu’on le doiue faire,Sain tl Ambroife le prouuc

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DES EGLISES. 17 amplement,amp; eferit en ces mocs:II cft meileur de rendre raifon de fon faiét “ ^’''**f* enfaifant mifericordCjOU eftreblafmc, hay,que de fexeufer parimmifericor de.Quât a moy,vne fois ie fus fort en- “ jg, uié de ce que i’auois rompu les calices pour racheter les pauurcs captifs,ccqui “ pouuoit defplaire aux Arrians,non pas “ tant pour le faitt,que pour auoir occa- “ fion demefdire de moy, amp;nbsp;me repren-dre.Qui cft fhomefirude amp;nbsp;inhumain àquipuiftedefplaircqu’on racheté vn homme de la mort,amp; vne femme des „ deshoneftesimportunitezdesBarbarcs „ qui font plus griefues que la morc,qu’5 fauue de ieunes fillesamp;petits enfas du « dâger de feruir aux idoles,queparcrain « te de morton les forçoit d’adorer. Co- «

bien que nous n’eufsions ainfi fait fans grande raifon,coutesfois de fuperabun dant encores auós nous deuant le peuple debatu amp;fouftenunoftre caufc,amp; auons confeffe le cout,ôr monftré eftre plus expédiée de fauuer à Dieu les âmes qu’aucun or ou argent:car celuy qui en quot;nbsp;uoioitles Apofttes fans or,aufsi fans or ** ailcongregcles Eglifes .L’Eglife a or « D iiij

clt;

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DP' SACCAGERENT

»gt; amp;nbsp;argent, non pas pour le garder amp;nbsp;en-’’ coffrer, ains pour le diftribuec amp;nbsp;furue-” niraux necefsitez.Ignorons nous corn-” bien d’or Sc d’argent les Afsiriens cm-’’porterentdu têpledeHierufalem’N’cfl ” il pas trop meileur que le preftre facefo ” dre ce qui eft en l’Eglife pour la nourri-” ture des pauures,fi autres chofes dcfail-lent, que de permettre qu’vn facrilcge ” aduerfaire le rauifTe amp;nbsp;pollue ? Dieu ne ’ dira il pas : Pourquoy as tu enduré tant ’ de pauures mourir de faim : tu auois de lorpour leurauoxra viure. Comment JJ as tu enduré entrainer amp;nbsp;mettre en ven ,, te tant de prifonniers fans les racheter?

Commentas tu permis tant d’hommes „ eftre tuez parl’ennemy?Il falloir mieux „ fauuer les vifs vaifTeaux, que ceux des „ métaux . Que refponderas tu à cela? »5 Quoy,diras tu: ie craignois que l’Eglife sgt; ne feuft honneftemenc ornee. Il te re-« pliqucra,les facrements n’ont necefsité » d’or : amp;nbsp;les chofes ne plaifent pas plus ” par or, lefquelles ne pouuons acheter ” d’or.L’ornement desfacrements,c’eft la ” redemption des captifs.-amp; de vray, ceux *’la font les vaifleaux précieux qui fau-

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DES EGLISES. 18 uentlcs âmes de more . Le vray trefor « deDicUjc’eft celuyqui opère mefmeef- « fech que le fang de lefusChrift. Lors ie « cognoiftray le calice eftre du fang de le « fus Chrift,quand ie voirray par le calice, « comme parle fang , vne redemption,à « fçauoir que le calice rachepee d’entre les “ mains de l’ennemy ceux que le fang a ra « cheté du lien de péché. O qc’eft vne bel “ lechofequâdl’Egliferacheteles captifs, “ qu’on puilTedire lefus Chrift a derechef “ fauuéamp; racheté ceulx-là.Voilal’orqu’o “ pcultbien louer.Voilal’or prouffitable. “ Voila l’or de lefus Chrift qui deliure de “ mort. Voila For qui racheté amp;nbsp;co tregar- “ de pudicité amp;nbsp;virginité. Lors ie cognoy quot;nbsp;que le vray fang de lefus Chrift verfé en “ tel or,nô feulemêt efclairete,mais il luy imprime vne vertu de ladiuine puiflan ce par lemoyé de laredêption.Ioachim pedât le fiege de Hierufalê, gardoitl’or du temple,amp; neledifpêfoit pour auoir „ dcsmunitios.Il a veu tout piller l’or, amp;nbsp;« fe trameren captiuité.S . Laurent aima « mieux départir l’argent de l’Eglife aux « pauures,que de le retenir pour le perfe- « cuteur , Il a receu la couronne de mar- «

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'Dy SACCAGERENT

” tyr.Qui a die à fainóh Laurcnt;Vous ne ” dciiiez pas ainfi difsiper le crefor de ” l’EglifeSi vendre la vaiflelle des facre-” mens.Bien eft il vray qu il faule difpcn-” ferce minifterede bonne foy, amp;nbsp;d’vne ” fubcile prouidence.Cerecs ft aucun eor ne les richefles de 1 Eglifc à fon prouf-fidjc’eft vice Sccrime:mais ftil les diftri-bue aux pauures, amp;nbsp;rachceelescapcifs, c’eft mifericordcicar perfonne nepeulc dire,pourquoy lepauure vieil’Aucu ne „ fepeuleplaindre, pourquoylespeifon-„ niers foncils reeirez’ Aucunn’accufcra, „ pourquoy auez vous baftyvn remple à „ Dicu?Aucû nefecholerera fîon accroic s, Ie lieu OU repofene les reliques amp;nbsp;ofte-3, mêsdesfideles.Voila crois chofespour »gt; Icfquelles eft licite de ropre,fondre, » védrelcs vaifteauxdel’EglifcjVoirccon » facrez-IlnefaulchorsTEglifeporcer vn « calice en fa forme,à fin qu’ó ne cräsfere ” l’vfaige du calice aux chofes profanes. ” Pour ce, premieremenc de mon cemps ” on a cherché la vaiflelle de rEglife,qui *’ n’eftoit encores facrec,puis on l’a caflec, » amp;nbsp;àla fin fondue,ôcpar menues diftribu tiosonl’a départie auxpauures,amp; payé

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DES EGLISES. 19

la rançon des captifs. Si d’auanture il « n’y a aucun vaifleau neuf,.amp; non confa « Clé, aux vfaiges que i’ay dit, on pculc « toutconuertir amp;nbsp;emploicr. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“

Entre les exêples ie defpefchcray pre- , miercment lesRomainSjdefquels le Se nat ordonna qu’on arracheroit tout ce ‘ qui eftoit de précieux aux téples pour payer les foldats amaHez à raifon des guerres ciuilcs entre Marius amp;nbsp;Sylla.

Il femble que les luifs faifoient cftat luifs. en extreme necefsité de recourir au te ple.Afa fils d’Abiâ cômença,qui des tre fors de fa maifon amp;nbsp;du téple êuoia qric fecours deBenadabRoy d’Aflyrie cotre Baafa Roy d’Ifrael qui luy*couroit fus.

loas fils d’Ochofîas eftoit fort deuot amp;nbsp;foigneux à reparer amp;nbsp;reftaurcr le té-plcmcantmoins quad Azael Roy de Sy lie fe rua fur luy,n’ayant moyen de luy refiftcr,il le dechaffa à force d’or amp;nbsp;d’ar gentqu’iltira des treforsdcsRoisamp;du temple.

lebanfils deloathales imita fevoy- i-Vunl. antprefle del’armee de Thelgath pliai naflar,Roy aufsi de Syrie:amp; toutesfois par fes offres amp;prefens ne prouffita rie.

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D7 saccageme^t car il eftoit mefchant.

4.l(n.Jet Ezcchias pour concenter Sennache-Hoiscb.i3. ricj amp;nbsp;luy faire leuerfon camp de la lu-dee, fift caffer Ies portes amp;nbsp;boucliers do rcz: amp;nbsp;fainä: Hierofme contre les Pela-giens,dit queI’efcriture loue ce faitb, en - recommandant fort ce Roy qui l’execu ta : amp;nbsp;Procopius Gazeus cfcrit que les Rois de luda auoientaccouftumé de fai re cmpruns fur le temple, mais apres la necefsité le rendoient de bonne foy.

Z»Mre Heraclius emprunta les bagues amp;nbsp;ri-cheflcs desEglifes de Conftantinoble, pour forger monnoye amp;nbsp;leuer armee c5 tre CofrocRoydes Perfes,quiauoitprîs la ville de Hfbrufalê,amp; afflige les Chre-ftiens en tout oultrage.

^emttnsi Les Allcmans en leur voyage d’ou-z/»frteCow tre mer, fe voyais plus forts q les Grecs cherchoient occafion de guerre,pour la quelleeuiter,AIexiusrAnge Empereur compofa auecques eux â certaine pen-Eon:mais il n’auoit pas le denier pour payer. Il aflemblaleseftats, amp;nbsp;deman-doit qu’vn chacun contribuaft. Refufé de fa demande, requift doneques luy e-ftre permis de prédre l’or amp;nbsp;l’argent des

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DES EGLISES. lo

Eglifes, les calices exceptez, amp;nbsp;tout co quiferuoitàl’adminiftration du fainâ: Sacrement. A quoy derechef on foppo-fajamp; on remonftra eftrc illicite de profa ner leschofes facrees.Voyât qu’on le de ' boutoit de toutes fes requeftes, l’Empe reur fc ru a fur les fepulchres de fes prede cefîeurSjpour autat que perfonne ne les defendoit, amp;qu’il n’en pouuoientplus parler;amp; de leurs riches accouftrements en tira de l’or amp;nbsp;de l’argent.

Ce mefmc Empereur auccques Ifaac lemtfme l’Ange fon pere , appella à fon aide les Allemans amp;nbsp;autres Occidentaux, à fin defereftituer en fonfiegede Conftanti noble,amp; pour les côtente^il fill fondre les images d’or amp;nbsp;d’argent qui eftoient par les temples, amp;y employa les autres ioyaux,d’ou enfuiuit grande fedition.

En France, pour combatte les Albi-^«/»'«re gcois,lePapeottroya mefme qu’5 vfaft i.dis coud du teporel de rEglifc,amp; qu’ô leuaft quel ques décimés, lors qu’on iugeoit eftre il licite aux Rois.

Oultre les Princes, aucunesfoi.s les Euefques ont vendu la vaiflaille des £-glifes pour les nccefsitcz du peuplcy ôfquot;

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T)y SACCAGE^iE'^T pouraccÔplir les œuures de mifericor-de,ou depeurqu’elle ne tombaft entre les mains des mauuais,S. Ambroifccon fefl’el’auoir alienee pour racheter les ca ptifs.

SoT^mene CyrileEuefque de Hierufalê,n’ayant amp;.4,fÂ.2p tie quoy furuenir aux pauures, en vne grande famine qui couroit par la Pale-âine,mift en vente tous les vaifleaux SC ornemens précieux de l'Eglife, ad-uint que la femme d’vn bafthleur ache ta d’vn marchât vn'e riche chape,de laquelle elle fe fit habiller pour ioucr fes farces : amp;nbsp;pour autant que tel abus fut cogneu,Cyrille fut blafmé,amp; aceufé de fa charité, c^nmc ne l ayant accompagnée de diferetion.

li.y.r.ii, Socrates recite que fous l’E mpereur Theodofe,lcs Perfes perdirent vne bataille cotre les Chrcftiens,amp; que grand nombred’iceux furet captifs.Vn Euef-Jtfcécim que nommé Acacius,voyant leur affli-dion amp;nbsp;mifcrc en eut pitié,8c comme» ça à dire à fon clergé : Nollre Dieu n’a befoing de tant de plats ne de coupes, car il ne mange ne boit.Dôcques pour autant que par la grande dcuocion des

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D£:s EGLISES. ir fideles l’Eglife a bone qualité de vaiflel le d’or amp;C. d’argent,il fault que nous reti rions d’entre les mains des foldats ces panures gés,amp; que nous leur donnions à manger,Ce faid il rcnuoya ces eftran gers àleurRoyhorsdecaptiuitCjamp;leur donnaargent pour paffer le chemin.Le Roy des Perfes fut fi cftôné de celle mi fericordeChreftienne, que fur toutes chofcs il defiroit veoir tel Euefque.

En Affriquc du temps de la perfccu- rti tion des Vadales Arrians, Dcogratias, Euefque de Carthage, expofa du tout^®'quot;'^quot; le meuble de l’Egliic en la nourriture des pauurcs,amp; racheta les captifs, à fin que rien n’en demeurait aüx Vandales qui rauiffoient tout.

IUItin EmPereUr n’efpargnOit Target Ntctp.Utû du crucifix quad il en pouuoit arracher. 17 Anaftafe Euefque,dc fon collécmploi-oit tout,amp; difoit,à fin que Iultin,la c5-munc perte de l’Eglife n’empoigne ce que ie laifferay.Le Prince fut irrité amp;nbsp;of fenfé de telle iniure,amp; aceufant TEuef-que comme prodigue des biens Eccle-fiaftiqueSjle fit depofer.

Pour conclure ce lieu, fans doute il

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Dy SACCAGERENT rourlefa- eft licite amp;nbsp;commandé de ne pardoner luterta' j-ien qyj fofj- l’Eglifepourlefalut ^’^tretencmentde la Chreftienté Si des fiteté,defi Chreftiens : mais fault auoirefgard que hcitidcpre tout fe face fans fraude, amp;:en extreme dreltibiti ncccfsité,amp;auecboniugement.Ieloue delE^life. amp;nbsp;prouue de ma part, que tout le meu' ble amp;nbsp;immeuble de l’Eglife , ferue à la ƒ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fainfte guerre cotre les Caluiniftes : car

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c’eftpourlaredéption,non feulement

des corps Chreftiens, ains des ameSjdcs biens,amp;de la patrie trefchreftiene.C’eft pour l’honneur de Dieu, tuition de la Roine veufue,amp; de noftre Roy pupille, pour le repos public , extirpations des herefîes, amp;nbsp;des rebelles brigans amp;nbsp;tiras plus cruels que Pharaon fur le peuple de noftre Dieu, Mais i’ay horreur d’entendre qu’aucuns Euefques, Abbez com-mendataires, gros chanoines, amp;nbsp;moy-nes, n’ont eu hôte de faire fondre leurs reliques, ayants de quoy furuenir amp;nbsp;faire ou trouuer argent d’aileurs, voire de leurs pleines bourfes,qui font bien gar-. nies d’efcus,ou de leur vailTelle ou autre , meuble. Ils môftrét bien eftre intrus en l’Eglife,amp; no legitimes adminiftrateurs fans

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DES EGLISES. xx fans dire pis.l’ay horreur d’auantage de ceux qui ont retiré Ja belle pionnoye de leurs reliquaires fondus, amp;nbsp;en ont bien trouué demoindrc pour bailler au lieUjamp;gaigncr fur la nouuclle,ou pour plus adorer l’or des reliques en leurs cof fres,qu’ils ncreueroient lesfainfts olTc-mens en l’Eglife.Ie prie les gens de bien qui ne confentenc à telles impietez,tne pardonner fl ie crains que noftre Sau-ueur ne permette que les reliques,efeus, amp;nbsp;perfones de telles Eglifes, viennent entre les mains de leurs ennemis, ou q diuinement tels hommes ne foient pu-niz.Tantya que defianous fommes rédigez en cefte nccefsitéjd’aduifer fi tant Ecclefiaftiques qu’autres,nous voulons pluftoft delier nos bourfes,qu’auec nos biens amp;nbsp;bourfes miferablemct amp;: cruellement périr,amp; encourir enfemble l’indignation de noftreDieu.C’eft abus de ' dire q les rebelles cofpirateurs n’en veu lent qu'à rEglife,n5 pas au Roy,ou à fes fubiefts.Au côtraire,il n’ot affligé amp;nbsp;vo lé l’Eglife que pour auoir dequoy faire tefte au Roy,amp; tyrâniferlcpeuple:amp;de puis leurs facrileges par trop Tôt déclaré

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Dy SACCAGETAE^T par eftedjiiires,amp; refponles faiâres con tie la fubmifsion amp;nbsp;requeftc du Roy, pour auoir paix de fes rebelles amp;nbsp;facri-leges contre tout droid.

En troifiefme lieu, aucuns Princes Chrefticns ont mis la main fur les Egli fes fans aucune malueilâcc à la religion catholique, mais pour leurs ncccfsitez, ou pour vengeances particulières, ou à î’occafion des guerres, qui ne pardonnent ordinairement ny à Dieu, ny aux hommes. A fin de ne repeter fouucntv-ne mefme chofe , pour les exemples ie 1 renuoirayaux autres chapitres, amp;nbsp;fpe-cialcmcntà celuy des François.Toutef fois ie ne me puis tenir que ie ne recite vnc infignc exemple de l’Empereur Ar cadius, qui pour complaire à fa femme s.clryfofl. defpitcc contre S.Chryfoftome,qui ne enl'efißre^ fc pouuoit taire de fes vices , enuoia quelques bandes pour tirer ScchalTer de l’Eglife ce faind Eucfque,lefquellcs y firent le defordreque tout eiprit maling a accouftumé de faire.Ils la pillerét,fac-cagerent, meurtrirent le peuple,efpan-dirent le lang de lefus Chrifl:,brifcrent amp;nbsp;foulèrent fon précieux corps. Ifactus

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DES EGLISES.

Commenus Empereur de Conftantino » Jficîut ble, premièrement pour fon plaifir re- « cow«/-muoit amp;nbsp;tranfportoit les fingularitcz d’vneEglife en autrejamp; olloit à vn faîd pour ennoblir l’autre. A la fin,il profana “ cetonié les fainds vaiflcaux,amp; les harpoit de l’E “ te. glifc pour f’en feruir à fa table. Il vfoit quot;nbsp;en fes collations amp;nbsp;chopineries des va- quot;nbsp;fes amp;nbsp;dons enrichis de pierres precieu- “ fcsamp;d’ormafsif, que les Empereurs a- quot;nbsp;uoietmis fur leurs Icpulchresî amp;nbsp;faifoit fes bafsîs à lauer,des bafsins deftinez au lauement des mains des preftres amp;nbsp;dia-cres pendant qu’on dit la Mcfle.Il arra choit l’or qui tenoit aux croix amp;nbsp;à la cou uerture des liurcs de la fainûe eferitu- „ re,lcfquels en recôpêfe il en uclopoit des pieces defehirees de fes veftemens corn muns, amp;nbsp;de petit pris, èc fe faifoit des „ chaînes amp;nbsp;colliers de ce qu’il auoit amaf „ fc.Si aucun luyrcmonftroit que cela ne „ fentoit fon Empereur defeendu de fi « fainds amp;nbsp;deuots anceftrcs,ains pluftoft « que c’eftoit vn vray facrilcge , il fe faf- « choit, amp;nbsp;eftimoit ceux qui l’admonne- « fioientfots amp;nbsp;n'entendans que c’eftoit que d’honneur : pour autant, difoitil, “

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Dy SACCAGE-ME^T

’ que toutes chofcsfontlicitcs aux Empe ” reurs,amp;que quanta lapuifl'ancefuries ” chofes tcrreftreSjil n’y a telle cótrarietc ” ô: repugnance entre Dieu amp;nbsp;l’homme, ” comme entre l’afhrmatiue Sz ncgatiuc: ” èc pour monftrer qu’on ne le deuoitre-” prendre pour fes larcins, il citoit en ex-FourtjHoy' cmplc Conftâtin le grand, qui attacha Coßättn quot;nbsp;bien l’vn des doux de noftre Seigneur legrand gy mots de fon cheual, amp;nbsp;l’autre à fon moriommaisil taifoit laraifon pourla-doux de , qiicllc vn Prince tat Chreftien farmoit noflresei^^ dc telles chofes:ô: c’cftoit à fin de dcclai ^neuT,nu^^ rcr aux Payans que la profefsion de la worsz/f nbsp;nbsp;croix cftoitvne vertu fupernaturelle,la

Lacau-r l^autTa qm IIT^-Lufit ccft Empereur Ifaac à tel fonmo- Icauaricc rapine, fut la trop grande rion, „ libéralitédefes dcuâcicrs,quin’auoient rien laifl'é en leurs coft'resiôe en brief les „ vouloir remplir par tous moyens.11 re-« trancha amp;nbsp;annulla beaucoup de dona-« rions faidcs aux Abbayes:amp; rendit les » moyncs fubieds à la gabelle.Sa mort re ” fcmbla à telle des fircrilcges, come tan-toll dirons.

En quatriefinc lieu, les hérétiques,

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DES EGLISES. 14 toutesfois amp;quâces qu’ils ont eu la for’ ce amp;nbsp;moyen d’execucer leur vouloir, ils ont oublié non feulement Dieu tout droia ou loy,aîs toute humanitc:amp;: ont moftréles œuurcs amp;nbsp;miracles del’efprit qui tous les poflede . Mais àraifon que ma principale intention eft de difeourir leurs effors cotre les Eglifes, amp;nbsp;qu’ils ne’ fe fontcontentez de commettre fimplc facrilege, amp;rauir cequine leurapparté-^ noit aucunement, amp;nbsp;en cruauté ont fur pafletous Barbares, il les fault accoup-; plcr corne les regnards de Samfon , qui f’entretenoient par la queue, amp;nbsp;tous en’ finfaifoiêt vnemefmeproueflede met-trelcfeuptout. leles defcrirayles vns apres les autres felo les teps,Scautât que ’ ie me puis fouuenir auoir leu ; amp;nbsp;fault jj, noter q corne vrais brigans de la berge^' ’'j Zj rie de Dieu,,ils ne fc font co tentez de ro; ■bertout,ainsont accouftumé de profai-ner hontcufbment,amp;:de brufler les parc mes amp;ornemês des Eglifes,de Pen moc-quer,amp; de rire de ceulx qui les ont enri chies : de farcer,blafphemer,amp;c badiner contre l’honneur Sc feruice qu’on fait à Dieu Sz à fes fainéts en icelles : amp;: par

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(b^p.de

ÜHrmte.

SACCAGEME'^T grand degaft tachent fi bien à les defo« 1er, qu’on ne les puifle reparer. Ils bri-fent images : ils violent les fepulchres: ils cmbrafent amp;nbsp;mettent en cendre les liures amp;nbsp;reliques des Sainds.ils n'efpar-gnent aucun outraige amp;nbsp;fcandale contre le précieux corps amp;nbsp;fang de lefus Chrift, quieftau fainél Sacrement de l’autel, amp;nbsp;prennent plaifir à polluer K contaminer les lieux fainâ;s,de quelque nouuelle façon:amp;en bnef(cfcrit faind Hierofme ) ils tournent les maifons de Dieu en receptacles de voleurs amp;nbsp;larrons.

DesNouAtidns. CH^P, 5.

T Es Nouatians, quad ils fc feparoiet ^_^dcl’Eglife,ils n’oblioiét rien, finon niers Ecclefiaftiqs Se autres meubles que Xi, ' nbsp;nbsp;' les panures veufues Sz pupilles portoiet

àl’Èglifecnfauuegarde. S’ils euflenteu la puiiTâce de iouer des couteaux,amp; d’ac complir leur manuals vouloir , l’Eglife euft enduré d’eux ce quelle a foulferc des aucres:car des le commccementfen menaflbienc, comme eferit fainét Cyprian.

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DES EGLISES. 25

Des yimans. CH^P. 6.

LEsArriâspar tous pais amp;nbsp;en diners temps, ont commis cas fi abominables deuant Dieu amp;nbsp;leshommes es

Eglifes.que le Chreftié a horreur de les raconter amp;nbsp;de lesouir .Confiance fils c^nfidna du grand Conftantin,peruerty dclafoy Jdidit^rad defonpcre,amp; niât auecqncs les Amans que Icfus fuft vray fils de Dieu naturel, enuoia en Alexandrie vn mefehât nom me Georgcs,ponr tenir l’Euefehé , duquel il en auoit dechafTé le grand Atha- ^tlmnAfè nafe, qui eferit telle entree de ce nou- ep'fireen-Ueau Euefque, que les hérétiques ont couftumefairceslieux des Catholiques. Lors, dit il, que Georges arriua en ma ville d’Alexandrie, le peuple fut cfmeu amp;nbsp;eftonne devenir chofes non ouies: amp;nbsp;„ fafTcmblaàpart enl’Eglife , de peur de „ communiquer amp;nbsp;receuoir auccques fa .c foy l’infidclitc des Arrians . Philagrc, « pour lors gouuerneur d'Egypte amp;nbsp;Chre « fticn renié, de long temps perfecutoit « l’Eglifeamp;les facrecs vierges.- amp;nbsp;qui e- « ftoit de mefme pais que Georges,hom- « me de nulle vertu, qui par la puilfancc « amp;nbsp;main-forte de fon magiftrat, eftoit “

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E iiy

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nr SACCAGEME'^r

»’ hardy à faire tout ce qu’on vouloir : amp;nbsp;« pour autant qu’il eftoit Apoftat, enne-” my de l’Eglife,bouillant amp;haftif,il leua * des bandes de Iuifs,amp; de Payans,amp; d’au ” tresperfonesdeprauczamp; defefperez.lef ” quels animant de parole amp;nbsp;de promef-” Ce , enuoiacourir en armes fur les peu-” pies amp;nbsp;Eglifes.Ce qui en eft enfuiuy, re-” quiert plus qu’vne fimple parole pour ” en fairerecit.-attendu que le faiôtentier ” nefepeult bonnement expliquer,ou en partie raconter fans larmoicr. Car le J, temps pafle ou y a il eu telle tragedie ou chofe femblablc en guerre ou pcrfecu-,, tionquecefoitîOnamislefeu auxEgli „ fes Si fons de baptefme, d’ou commen-„ cerent grands pleurs amp;nbsp;clameurs par la „ ville. Les bourgeois lamêtoient ce qu’o J, faifoit, amp;fefcrioicnt apres le gouuct' » neurâls proteftoiét de la violence pour Afoj»« „ autant qu’on dcfpouilloicamp; violoit les foitUe:^ „ fainôfes vierges,amp; on leur prefentoitla moynes fouliez pieds trcfpaflbiêt, les autres eftoiêt

” cofifquezàeftre efclaues publics:onpaf fe1(a»fil foit les autres par le trêchat de l’elpee.-ÔC del'tß/te.» les aucreSjfe fauuoicnt brifez amp;nbsp;rompuz

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DES EGLISES. 26 de coups.Qiiant au traitement de l’au- « tel amp;nbsp;faint Sacrement,helas quelle iin- « pieté ôc rnalheuretc ont ils commife. « Vous les eufsiez veuz fur le faint autel » Sacrifier des oyfeaux amp;nbsp;pommes de pin, « chantcrleslouanges de leurs idoles,pro « ferer blafphemes amp;nbsp;iniurieufes paroles contre noftre Sauueur lefus Chrift fils « du Dieu viuant, amp;nbsp;brullcr les liures de « l’efcriture fainte . O Dieu , vous euf « fiez veu de rechef les luifs meurtriers “ de lefus Chrift,amp; les Athées, amp;: Payans “ entrer fans aucune rcuerence au lieu“ ordonné pour baptifer : amp;nbsp;là par paro- “ les lafciues amp;nbsp;oftenfion de leurs corps “ nuds faire celles vilainies que c’eft hon- “ te Schorreur deles reciter: amp;entre-eux “ ilyenaeudefimefchans,quipour gai- ‘ gnerôc furpafler les plus farouches ty-rans, ont mis la main furies vierges amp;nbsp;moynes,amp;lcs ont trainez,tiraircz,amp;c5 traints de renier amp;nbsp;blafphemer noftre „ Dicu:amp;fiquelqu’vnrefufoic, ileftoit fu « bitementcl'iiqi^ttéamp; efcarbouftlé fous « lepied . En ccfteT)cllc entreë, Je braue cc amp;trefexcellent Georges eftoit fort ioy « eux, amp;nbsp;prenoic plaifir en ces .naux , îc lt;lt;

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SACCAGEAIENT

» pour payement amp;nbsp;recompcnfe de fa vi-« étoire ß execrable,il donnoic l’Eglile au »gt; pillage aux luifs,Payas,amp; autres qui luy ” auüicnt donné aide Sz confort. Apres ” qu’v ne fois telle licence de mal fairefut ” abandonnée, on executoir chofes plus effranges qu’en guerre ouuerte, amp;nbsp;plus

*’ cruelles que pleine volcric. Les foldats ” raiiifToient tout ce qu'ils rencotroient. ” Les vns departoient ce qu’ils trouuoict * es threfors cachez de l’Eglifc : amp;nbsp;entrez aux caucs amp;nbsp;celliers beurent vnegran-de quantité de vin,ou l’efpandircnt, ou tranfporterct,amp; pillèrent l’huille qu’on

„ auoit mis en referue : ils cnleuoient Si ( „ rompoientles huis,grilles amp;nbsp;treillis : ils „ arrachoient dclaparoy leschâdeliers,2^ s, brufloient douant leurs idoles les cier-» ges defEglife. Nozapoftats(conclud il : » apres)fc gloriftoient en la ruine de noz j « temples,amp; les miferables peuple amp;nbsp;cler-i» gé furentreduis ennecefsitcoudecoin-« munier amp;rcôuerferauecques les Arriâs, ” ou de n’entrerplus en l’Eglifc . Et à fin ” queic ne fois trop prolixe à eferire , la •’ pcrlecutiona efte telle que iamais cotre ; ” l’Eghfe nef en cleua de pareillc.Car aux i

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DES ÉGLISES. 17 perfecutions precedentes, quand quel- « qu’vn eftoic contraint de fuir , il auoit ec oufe retirerauecques fes femblables:ôc « f’ilfccachoitjlenaptefme ne luy defail- « loit point. Mais la prefente perfccution « refeinble du tout à celle de Babilone: « car comme Daniel là fut aceufé, aufsi ce « beau Georges denonçoit au gouuer- « neue ceux qui prioient Dieu en leurs « maifons, amp;nbsp;obfcruoit de mauuais cueur « amp;nbsp;de près fil reftoit en la ville aucun pre « lire adminiftrateur des facremens. En quot;nbsp;force que par telle violence plufieurs “ faulte de bapteftne, ont elle en danger quot;nbsp;de leur falut:amp; plufieurs tombèrent ma quot;nbsp;lades amp;nbsp;defolez, par faulte d’eftre vili- “ tez amp;nbsp;abfouls de leurs pcchez , qui efti- quot;nbsp;moient celle calamité plus griefue que “ leur maladie.Neantmoins apres les pre- “ lires chaffezjles peuples cognoiflansbic quot;nbsp;lamcfchanceté des Arrians , aimoient mieux demeurer ainfi malades amp;nbsp;en danger,que de fouffrir qu’vn Arrian im « pofall fes mains fur leurs celles en facre « mène dcpenitenceamp;abfolucion. „ Pour liaifon 8cconcinuacion des cra-gedics queiouent naturellement les he-

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SACCAGERENT retiques en noz Eglifes, depuis que par conniuence on les laiflc accroiftrc , i’in-fereray encores vn fragment du mefnic Athanafe, ou eft contenue l’hiftoire de noftretemps aufsiexprefle,qu’o la pour roit d’efetire. La ville d’Alexandrie te-noitbon pour Athanafe, ôe ne vouloic perdre telpafteur amp;nbsp;Euefque . L’Empereur Conftance fut irrité, amp;nbsp;de choJere enuoia le Cote Hcraclius auecques tou tepuiiïance d’amafer luifs,idolâtres, amp;: toutcmanieredcgenSjôemenaflbit que fl aucû de fes infidèles defobeifibit qu’on les chafieroit auecques leurs idoles.

•iyCihin. » L’ordonnanccpubliee,ondemâdoit; epifireett „ Noftre Empereur Conftance eft il deue nuherctique’Les ennemis de la foy fai-wy»«. foient mine d’eftreconcrainôts,amp;qu’ils » deuoient obéir au Prince,amp; fauuer leur ” religion,pluscoft que celle des Catholi-» ques. Heraclius arriua amp;cnroolaforce ” faits-néants amp;nbsp;batteurs de paué. Il corn ” manda aux Payans que par le comman-” dement de l’Empereur, ils ruaflent fur ’* les Eglifes, Selapidaftent le peuple, du-” quel la plus grand part, apres la fin du ” feruicc, cftoit faillie hors le temple : le

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DES EGLISES. 18

ne fçay combien de fimplçs femmes de- « notes y demeurèrent. Le commande- « ment fut execute-. amp;nbsp;on commença vn « pitoiabic fpcftacle quand cefte ieunefle « effrenee auecques pierres amp;nbsp;Icuicrs en- “ tra . Les femmes furent pourfuiuies à“ belles pierres,60 les fimplçs vierges mi-“ fes en pieces. Ils les tiroient par la rob- quot;nbsp;bcjils les decheueloient,amp; frapoient de “ coups de pieds celles q les repoulfoient. “ Aperceuans bien l’honneftetc de ces “ vierges,amp; la pudicité de leurs oreilcs,amp; “ quelles portoient plus patiemment les pierres amp;leuiers que vilaines amp;deshon neftes paroles, ils les aflailloiét des plus ords amp;nbsp;falcs propos qu’ils pouuoicnt, que les Arrians prefensfouffloientàcc-

fte ieunefle débridée, qui aps en rioiét, „ accomplyl’or „ donnante de Confiance, ils portèrent envn monceau les bancs amp;nbsp;chaires,le „

throne de l’Euefque, la table de bois à „ c5municr,lcs tableaux,lettres amp;nbsp;enfei-gnemés,amp; le relie qu’ils peuret trouucr; ,lt; amp;làau paruis de rEglife,cn vne belle „ placeenflâmerent tout,amp;dedanslcfeu » iettoict de l’êces.O qui ne icttera grof- «

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fes larmes des yeux oyant cccy,ou plu toft qui n’cftoupera fes oreilles pour ne le point ouirîlls magnifioient dôcqucs leurs idoles,amp; difoiétd’Empercur Con ftanceeftdeuenu Payan,amp; les A trias ap prouuét noilre religio.Ainfi ellimoiér, pourautant que les Arrias nefaifoient, pas grande confcicnce de f’accommo-der aux meurs des Payans, moyennant que leur berefie en print accroiiïemét. Voila comme les irréligieux Arrians fa cilement faccordoiét auecques les Etll niques, potirce qu’ils experimentoienC cela redonder à noftrc confußon. Voi-la les choies qu’ils mettoient en œuurc par les autres:mais quât àce qu’euxmef mes faifoient, comment ie vous prie, ne pâfl'e il toute malice amp;nbsp;inhumanité de bourreau’Qui eft l’habitation qu’ils n’ayent defolce ? qui eft la maifon que fous prétexté de la vißter n’ayêt piilee? qui eft le iardin qu’ils n’ayent brouté S£ deferté’qui eft le fepulchre qu’ils n’ayêt ouuert fous ombre de chercher Athana » fe, nonobftant qu’ils n’appetaiTent au-» tre chofe que de rapiner amp;nbsp;fpolier’Com •’ biê ont ils marqué amp;nbsp;feclié de maifons

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DES EGLISES.

des particuliers’côbicn ont ils djftribuc «« àleursfoldatsdechofcsqu’ilstrouuoiét « nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

par les bofpitaux amp;nbsp;boftelleriesde la vil « IcîQui f’cft peu cxêpter de leurs larcins?

qui ne f’eft détourné amp;nbsp;caché les récon- “ trans fur le pauéîqui n’a mieux aimé a- * bandonnerfamaifon amp;paflcrlesnuiéts “ en vn defert? qui ne f’eft pluftoft expo- “ fc aux dagers de la mer,ne Payât accou- “ ftumee,quc de veoir ces galas fi furieux “ menaflans tout le monde ? A corn- “ bien deperfones ont ils fait payer grof*‘ fes amâdes:amp;fion n’auoitdequoy four ' nir, il en falloit trouuer, voire à vfurc,, non à autre vfaige que pour fe racheter de leurs trahifôs,impoftures,amp; furprin fes? Ils fe monftroient terribles à tous, deuât tous fe glorifioient,amp; à tout pro „ pos auoient l'Empereur en la bouche, „ menalfans toute perfone de luy. Pour „ guides amp;nbsp;capitaines ilsfuyuoientle duc « . Sebaftian,homme horrible amp;nbsp;teropefta tifjle gouuerncur Sz conte^ic l’hypocri « te catholique. En fomme ils vfoient de « telle rudeffe amp;nbsp;fureur qu’on les appel-loit publiquement Bourreaux ,mcur- ft U».a* triers,calôniateurs,amp; tous autres noms

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SACCAGET^E^r

pluftoft que Chreftiens.

Parediétjle mefmc Empereur Con-^ ftance ordóna que generalcmct toutes les Eglifes des Catholiques qui foufte-noiét la Trinité,feroicc mifes par terre, Scl executio en fut faite quafipar tout.

On auoit eferit à Iulius pour lors Pa pe de Rome de telles enormitez . En fa / refponcc produite par Athanafe,il dit: « L’Eglifeeft réduite en cèdre,le fainélSa « crement a elle empoigné par les Payas, ” amp;nbsp;iedé contre terre.

L/f«/»«»». En l’epiUrc des Euefqucs d’Egypte en tomedes uoiceà Pape Marc,fôtinferezees mots: Co»« Nous foulFrons tant de maux des Ar-„ riâs,qu’il no’ dcfplait de viure. Ils nous „ ont tellement faccagez qu’ils n’ont laif « fc ny les liures,ny les veftcmcns-amp; orne « mens Ecclefiaftiques,ny aucun vailfeau »gt; ny meubled’Eglifc:amp; quatànosliures, » ils les ont brûliez iufques au moindre,ßi « n’ót oublié vn feul iota,amp; fpecialement ” tous les exemplaires du Concile deNi-” ce font en cendre,à nollre grande con-” fufion,amp; de tous les Chreftiés,à fin que ” le peuple amp;nbsp;le clergé n’en fulTent plus ” inftruiéts comme ils fouloient.

Comme

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VES EGLISES. 30

Come du temps de Vales,Ies Arrians traióloiéc plus cruellemet Ies bos, aufsi violent ils en plus grade abomination les Eglifes.II y a vne epiftre de faiét Pier re Archcuefque d’Antioche , qui contient vn fcadale execrable:L’Empereur donna commifsion à Palladius gouuer neur du pais, de prefter la main forte à. Lucius,rvn des plus mefchans hommes qui furent jamais en rEglifc,pour occu pcrl’Archeucfché d’Antioche, de laquel îe on depofledoit Pierre, grand perfo-nage, à raifon de fa confiance en la foy. Ce gouuerneur choit Payan amp;nbsp;mal af-fedé enuers les Catholiqües, comme il aduient ordinairement que les pires ne veulêt aucun bien aux mcileurs.il Icua gens idolâtres comme Iuy,pour auoir la force de fon cofté,amp; les cnuoia faifir rEglife.Lesmefchans,dic repiftre,cxer- « cercnt fur l’autel chofcsinaudites amp;nbsp;no « à dire.Entre icelles,commc f’ils euflcnt « ioué vne farce fur vn efchaufau en pu- « blic,ils habillerêt vn enfant en femme, « amp;nbsp;luy fardèrent la face pour mieux con « trefaire le fexe;amp; pour leur idole,Ie po « ferent fur l’autel des Chrefliens,ou Ion «

F

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SACCAGEME’^T attent la defcente du faind Efprit à Ia confecration,amp;là lcfirét danfcr^uy ap-plaudiflans amp;nbsp;difans mots d’impieté. Non contens de ce , ils defpouillcrenc „ l’vn d’entre-cux tout nnd,amp; Ie firent „ feoii' en la chaire de l’Eglife, Si le nom-„ merent le vilain prefeheur contre lefus ,, Chrift:car au lieu de la parole de Dieu, « charte amp;nbsp;fainélc,Iuy fortoient toute or-dure, blaiphemc, èc fcandale de la bou-» ehe.

l'ontifo Gregoire Euefque de Nazanze,repro o- clic jQx Arrians, les mefmes fcandales ts^rrias. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’Eglifc. Dcfquels(dit il)auonS

” nous méfié le fang coulât de leurs playes ” auecques le précieux fang mirtic rcfpan ” du comme vous auez fait î Quels vaif-féaux du feruice de Dieu,qui n’ertoyent permis àplufieursde toucher,auôs nous JJ mis entre les mains des mefehans fem-,j blablcs àNabuzardan mairtredelacui-„ fine de Nabuchodonofor,ou àBartafar, „ qu’à fon grand malheur print plaifir à „ boire es coupes facrees du tcpic, amp;nbsp;por-„ ta la punitiÔ de fon arrogaccîO chaires », amp;nbsp;vénérables autels , qui maintenant M eftes contaminez amp;nbsp;polluz de toute im-

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DES EGLISES. 31

pieté,amp; infeftion ! O quel a cftc voftrc lt;lt;nbsp;ieune enfant,lequel auez fait trépigner « ôedanfer fur les autels à la confufion du « grand ôc facré myftere lO chaire hono- « rable, fiegede tant grands perfonages, « amp;qui reprefente tant de bons preftres « qui facrifient en paradis, apres que ce “ Payan prefeheur eft monté en toy,amp; ce “ ftc venimeufe langue a debacqué con- “ tre la religion de lefus Chrift, que tu es “ profanceamp;fouilleeiO vcrtueufeamp;fage “ compagnie de vierges,fi honteufes que “ ne pouez porter la veue des yeux des ho “ mes, qui d’entre nous vous ont fait la “ Enl'ora't. vergongneôe iniurc que vous auez en-duree des Arrians,qui ont mis de vous “ nbsp;nbsp;nbsp;*

a la veuc de tous vilais,ccc[ueiamaisne fe doibt veoiril’ay hôte(dic il)en vn autre paffage de coter p le menu les meur tres amp;nbsp;violences commifes en l’Eglifc ou Lucius entra. Le fainét Sacrement a efté conculqué foubsles pieds tous fan-geux . Les autels profanez de chants 8c figures eftranges.On a tourné la Meffc ôcadminiftration des autres facremens „ en comedies 8c farces ; la pfalmodic Ec-clcfiaftique aefté prohibée, 8c au lieu ie „

Fij

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J)r s ACCÂGE'ME^T ne fçay quels vrlcmes font introduits, A Vaîcntinian frère de Valens lucce da Valentin ian deuxiefmc,qui demeura enfant mineur fous la conduite amp;nbsp;gou-ucrnemcntdc fa mereluftinCjqui eftoit frappée dci'Arrianiftnc,inais l’auoit dif fmulé du viuant de fon mary.Elle efpe roit tourner , amp;nbsp;attirer à fon opinion flint Ambroife. Le voyant immobile chercha les moyens de conciter le peuple contre luy: mais cognoiffant qu’elle ne proufitoitne gaignoitrienjcllcen lift plainte à fon petit fils,comme fi elle eut receu quelque atroce iniure.Lc ieunc Prince cfmeu de l’honneur de fa merCjCnuoia vne bâde de gens de guer re en l’Eglife de Milan , amp;: commanda quo enfondraft les portes dedas, qu’on fift force au facraire, amp;nbsp;qu’on en tiraft dehors fEuefqucmiais le peuple rcfifta, amp;nbsp;mieux aima mourir, que perdre fon pafteur.

Lors on afsicgca faint Ambroile, amp;nbsp;on le forçoitde liurer les richelTes de fo Eglifc.Sa refponfe fut:Si on me deman de chofe qui m’appartienne, foientter-' rcs aux champs,ou maifon,or,ou argér,

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DES EGLISES. 32 volontiers ie bailleray ce qui eft à moy: « mais ic ne puis rien oiler du temple de «= Dieu, Sr donncrce que i’ay rcccu en gar « dc.Ic doy auoir cfgard au ftlut de l Ein- “ Lîitre 1. pereur, auquel n’cft vtilcoii expedient « de prendre Icbien deVEglifc, ny à moy « de le prefenter.

Ce prince Valcntinian, par punition de Dieu,amp; mauuais conlcil, eut du mal, contre luy fereuolu Maximus à Trie ues.Le grand Theodofe cfpagnol, Empereur de l’Orient, craignant que li ce ieune Empereur per doit la bataille,Ma- Nicep.lin, ximus nepaffaft outre à Conftantino ii.cha.ii. ble, il aima mieux venir au fccours de bonne heure,que d’attendre plus grand dâger. Pendât qu’il cfloit en Italie occii péen cefteguerre , on rapportoit diuer-fes nouuellesà Conftantinoblc:amp;ordinairement il adulent qu’en temps de guerre amp;nbsp;partialitcz chacun forge nou-uelles,Scies rapporte telles qu’il iouhai-te bien eftre . A Conilantinoblc donc-ques chacun mentoit à ion plaiür de la guerre, Sc faifoit courir par bruit de ville ce qu’il inuentoit; Sc lespircsnouuel-les fefemoient le mieux Sc le plullotl.

E iij

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SACCAGEME'^T

Combien que perfone n’euft afsiftc à la bataile,toutcsfois chacu,comme fil en fuft retourné tout prefentement, ra-contoit ôc alFermoit l’iiTue.Les Arrians

dechaflez des Eglifes,en leur cueur pre-paroient vne guerre amp;nbsp;rebellion à l’oc-cafion de l’abfence du Prince . Ils pu-biioiét que l’Empereur eftoit combatu amp;nbsp;vaincu, qu’il y auoit tant amp;nbsp;tant des noftres morts,ôcquedespremiersiours l’Empereur feroit prins captif du tyrâr. Oncreut ce bruit,amp;les Arrians voyans le peuple intimidé, amp;nbsp;l’opportunité, ils ruerent d’vn flot,audace,amp; violencefur

la maifon Epifcopale de Neétarius, amp;nbsp;y mirent le feu amp;nbsp;la brûlèrent.

£» festnli Vidor Vticenfis AfFricain,citéparS. Ititresde I4 Hierofme, qui a deferit les opprefsions ferfecttüon que fouifroiêt les Catholiques des Van ƒ« Jales, expreflement fait mention que —* depuis qu’ils entroient en vn lieu , ils

cherchoient l’Eglifc:amp; fils la trouuoiêt fermee,ils tailloiêtlcs portes en pieces, amp;nbsp;fe deledoient à y faire plus de degaft qu’é toute autre place,amp; à la mieux bru ler,amp; rafer. Ils pratiquoient vne rcigle generale de ne laifîer pas yn clerc des no

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DES EGLISES. 35 ftrcSjlefquels ils craiftoient àla maniéré accouftumee des Barbares amp;nbsp;des hcreti qs.Or entre les faids plus notables qui ceÇmc roy apparticnent à noftre matière, Géfcric dtirandt' roydes VandalcSjenuoial’vndefcs fei-gneurs nommé Proculc en vneprouin-eequi feftoit rendue n’agueres Catholi que,poury abolir le fainét Sacremét, amp;nbsp;tous noz liurcs qu'il trouueroit. D’en-tree,ce vaillant homme,demanda Icsar mes à tous les bons,amp; l’en faifit, amp;:lors il fut bien hardy à commader qu’on pii lafttout.Desparemens amp;nbsp;linge de l’autel, les foldats en faifoient des chemifes amp;nbsp;hault de chauffes.Si on difoit la Mef-fe quand ils furprenoient vnc EgliCe,! 1 s empoignoient le corps amp;nbsp;fang de lefus Chriftjôc leicâanscontre terre, le fou-loicntauec les pieds.

Apres la mort de Gcnfcric , fon fils Lemefme aifné Huneric luy fucceda, qui fift fern-blant du commencement d’eftre plus equitable, mais il cRoit plus traillre. Pour couurir fa tyranie, il ordonna vnc difputc publique delà religion deuant ceuxqu’ildeputeroit,eRimât que les mi tlonneeptr niftres impoReurs gaigneroiét par leur cenfiric, F iiij

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J)K SACCAGERENT babil,amp; que par ce moyen il ayroit occa lion d’affliger les Catholiques, qui premièrement luy remoftrerent cftre illicite de fubmettre lacaufe de la religion, quieftoit comuneàtous les Chreftiens, au iugcmêt ou difpute particuliere d’v-ne prouince amp;nbsp;petite portiô de la Chre-Ihétc.Toutesfois par contrainéle entre rent en ieu,amp; colloque,ou les Arrias ne firent jamais que fuir,tergiucrfer,caloin nier,amp; vfer de violencemeatmoins coin me fils euflent obtenu la vidoire amp;nbsp;con futé les noftres, le Roy ordonna qu’en vn mefmeiour toutes les Eglifes catholiques feroient fermées, amp;nbsp;tranfporta tous amp;nbsp;vn chacun les biens meubles Si immeubles de l’Eghfe, àfes miniftres. Derechcf,par nouueau edift adiouta au precedent,qu’on bouchcroit amp;nbsp;maflbn neroit les portes des Eglifes, afin que perfone n’y entraflpl’.D’auataige commanda que toutes les bibliothèques Si librairies des Ecclefiaftiques,fuflcnt cô-fumeesparfcu:amp;lesexecuteursde fes ri goureuîes Si abominables lois Si faiéts, cftoient pourla plus part, Maures, Barbares,Si infidèles.

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DES EGLISES. 34

Voila l’eftat des Arrians qui fut e-ftainél en l’Occidêc enuiron Charlemai gne, amp;nbsp;en l’Orient eft découlé en la loy de Mahumet, cloaque amp;nbsp;trou puant de toutes les ordures, 6é fedes de la Chre-ftienté,qui pour lors eftoient. Pourtant n’eft mcrueille fi à la maniéré accouftu-mec des hérétiques,le Turca gouuerné noz Eglifes.

DesDondtißes. CHJP. VII.

Combien qu’à bon droiél i’euffe peu defpefcher lesDonatiftes auantles

Arrians, comme quelque peu plus anciens rjbleurs par les Eglifes,neâtmoins il a fallu déférer à la plus grande multitude,amp; aux Empereurs qui ontbien am plifié amp;nbsp;dilaté les franges des Arrians^, lefquels n’ont iamais donné aide aux Donatiftes, qui nonobftant n’ont gue-res moins molefté amp;nbsp;deshonoré les E-glifes que les autres.En premier lieu, ils faifoient courfes de iour amp;nbsp;nuiét, amp;: fe nommoient Circuccllions ou vagabos, CtrmcelltSi qui quelquefois voyans qu’on leur fer- ouya^*'. moit vne Eglife, montèrent fur le toiôt amp;nbsp;la decouurerent : amp;nbsp;des tuilles outragerent quelques gens d’Eglife qui fou-

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VP' SACCAGERENT ftenoicnc dedans.Depuis ils amaflerent toute Ia force qu’ils peurent, amp;nbsp;tinrent garnifon munis de viures, amp;nbsp;de l’Eglife en firent des greniers amp;vn fortjpour de là faillir contre ceux qui leur defplai-roientjSc defqucis ils fe vouldroiêt ven ger:amp; quad le magiftrat approcha pour fe camper contre eux,ils aimerct mieux mourir que de requérir mercy pour a-uoir paix. Ils chaflbict les pafteurspour cftonner les troupeaux : ils cxorcifoicnt apres,amp; reconcilioient les Eglifes corn® fi elles eufientefte pollues par les Catho liqucsâls ratiflbientamp; lauoicntlcs pa-Efifts/ixU rois amp;nbsp;autels.Le tout déduit de bie bon «rejfontre grace, Optât Eucfque Mileuitain en qui gp. pJuj ancien que fainél »» Auguftin.Ilreftc(ditiI)àremonftrer vo =» ftre folie amp;nbsp;impiété,car qui eft plus grâd » facrilegc que de rompre icsautels,ratif-” fer,amp;abolir?Sureux ona porté les obla ” tions Sc prières du peuple, amp;nbsp;des mem-” bres de lefusChrift.LàDieu tout puif-” fanta cftéinuoqué. Là le fainél Elprit ” appellé,cftdefcêdu.DeIàplufieiirs ont ’ pcrceulc gaigede la vie éternelle,lèpre * feruatif Sc fouftenemet de la foy,amp; i’af-

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DES EGLISES. 3$ fcurance de noftrc refurrcôtion.Lesau- « tels encores vue fois ou noftre Sauucur « a commandé de ne prcfentcr fon obla- “ tion quinefoit accompagnée de paix. “ Pofe(efl: il efcrit)ton prefent fur l’autel, “ amp;nbsp;retourne accorder auecques ton fre- “ re,à fin que le preftre puilTc offrir pour “ toy nbsp;nbsp;nbsp;eft ce que l’autel,fin 5 le liege du “

fang amp;nbsp;corps de lefus Chrift? Voftre fu- “ reurlesatousouratiffezjou brilcz,ou “ tranfportez:Si aucune raifon vous a in ‘ duit à telle abomination, vous vous y deuiez gouuerner d’vne mefme forte. le penfe qu’en vn lieu la trop grande maffe de bois vous a cótrainóls à les o-fter. En partie vous direz que la honte amp;nbsp;confciencc vous acommandè:mais à tout le moins c cft mefehamment fait d’auoir mis par tout la main immunde, violente, amp;nbsp;facrilege fur tant fainéles „ chofes.Qu^ denombre-ie la grade mul „ titude de gens ramaffez amp;: louez, amp;nbsp;le « vin qu’on leur a diftribué en payement? „ Siparenuienous vous fembliospolluz « amp;C indignes,qu’eft-ce q Dieu vous auoit « fait, qu’on a de couftume d’inuocquer a fur les autels ? En quoy vous a offenfé «

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DK SACCAGERENT

» lefus Chrift, duquel le corps amp;fangha-» bice là par certains interualcs de temps? »’ En quoy vous elles vous offenfcz vous ” mefmes pour calTer les autels,ou deuant ” nous vous auez offert fainétcment com ” me nous cftimons’Pendantqnemalheu ” reufemêt là vous perfecutcz noz mains ” ou lefus Ch ri ft habitoit,vous fouilezles ” voftres.Par ce moyen vous cnfuyucz les ” luifs : car comme ils ont mis les mains ” en lefus Chrift fur la croix, vous les met ” tez en luy fur l’autel.Si vous auez voulu faire defpitaux Catholiques, vous de-uiez pardonner aux oblations que vous mefmesprefentiezlà parcydeuàt.Main tenat on te voit là infolent, ou au para-„ uàt te humiliant tu facrifiois.Tu péchés „ hardiment là , ou tu auois accouftumé „ prier pour les offenfes de plulîeurs. Ce „ faifantjvous entrez au nombre des facri „ leges preftres, defquels Elie fe côplaint » à Dieu, amp;nbsp;des mefmes paroles defquel-» les il vfe,vous méritez d’eftre accu fez de » luy.Seighr ils ont mis bas vozautels:en » ce qu’il dit voz autels, il fignifie q le lieu « apartiét à Dieu, ou on luy offre aucune « chofepar quicoque foit.Il deuoit fuffire

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DES EGLISES. ^6 à voftrc rage q vous auez diuifclcs me- « bres de rEglifc,qdefioîgnez les peuples « qui l’accoidoient de lôg téps en vnion. “ PourlemoîSjCntre tat de maux,fi vous « pardonniez aux autels.Pourquoy auec- « ques les autels brifez vous ladeuotion “ deshômesJcardelàpartoitpour môter “ deuant Dieu l’oraifon du peuple.Pour- “ quoy tranchez voll s, bouchez la voye quot;nbsp;des prières publiqucs?A hn que la fup- “ plicationfelo lacouftumen’aitplusfpn “ montoir,de facrilege main vous tachez “ à abbatre amp;nbsp;cacher l’cfchelle. Combien que tous enfemblc foiez d’vne coniura quot;nbsp;tion,toutesfois en ceft article vous fail ‘ lez de femblable faulte en diuerfe forte. Si c’eft alTez de les öfter, il eftoit illicite de les efclater.S’il les falloit efclater,c’eft péché de les ratiflcr:amp;: fi cela eft illicite comme auez concludentre vous, celuy „ qui les mec en pieces,femble faire legiti „ mement félon vous,amp;ccftuy fera repre „ henfible qui en aura gardé la plus gran- te de part en les ratifl'ant.Or fans doubte, « vous rompez amp;nbsp;ratifiez les autels. Que « veult dire que tout en vn moment vo- « ftre fureur î’cft refroidie amp;nbsp;adoulcie en «

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Dy SACCAGERENT ce faiótPcar nous voyons que vous auez » mué de confeil,amp; que vous ne dcfpeccz ” plus les autels, ains fculemct les ratiflez

9gt;

5gt;

ou tranfportcz.Si cecy fuffifoic,vous iu gez que vous ne deuiez pas faire ce que vous aucz fait iufqucs à huy . Néant-moins , vous aucz augmenté au double voftre mefchanccté,froiflant aufsi les calices qui portent le fangdelefiis Chrift. Vous auezreduit leur forme en mafle,amp;linguots pour doner cfpoir aux mauuais garfons qui tenoient les foires amp;nbsp;marchez en fubicéliô auecques vous: amp;nbsp;pour auoir iceluy payement,vous n’a uezpaschoifylesachepteurs à qui vous vendriez voz calices,que fans confidc-ration vous auez vendu. Vous auez en-„ duré en les fondant, voz mains brûler, „ defquelles vous maniez deuat nous ces „ calices que vous auez vendu publiquc-j, ment, fans difcretion, à qui en a voulu. » Par faduenture femmes deshoneftesen » ont acheté pour fen feruir. Les Payans en ont aufsi acheté pour faire des vaif-« féaux pour facrifier aux idoles. O mal-” heur execrable; ô faiéf abominable/ O-quot; lier à Dieu, ce qu’on dédira aux idoles;

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DES EGLISES. 37

diminuer à Icfus Chrift ce qui accroifte « ra à impiété Sifacrilege.Omô frère mon « amy Parmenian dires moy quel mal“ vousa fait le lieu, quel mal les murail-“ les,pour leur faireporter telle punition? “ Eft-ce pour autatquelàon a prié Dieu? “ que là on a loué lefus Chrift ? que là on“ a inuoqué le fainél Efprit? que là en vo- “ lire abfenceona prononcé les prophe-“ tes amp;nbsp;fainds Euangiles ? que là fe font quot;nbsp;reconciliez les cueurs de nos frétés qui “ plaidoientles vns contre les autres?quc * là vnion agréable à Dieu auoit trouué^ fa maifon ? Déclarez nous que c’eft que Vousyauezpeulauer : ficeftle fray des pieds des Catholiques, nous auons mar „ chéparmy les rues ôc parmy les places. „

Ce dode Euefque Optât leur repro- „ u ehe ailleurs. Vous n’eftimezriél’vn des„ plus eftranges Se horribles fcandales. « Voz Euefqucs ont commandé de ieder « l’Euchariftie aux chiens : mais ce ne fut « fans figne euident du iugemet de Dieu: « car les mcfmes chiens aiguillonnez de «

I rage , ont defehire à belles dents leurs “ I maiftrcs,comme larrons amp;nbsp;punilfablcs, “ pour l’offcnfc faite contre le corps de“

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Dy SACCAGEME'NT « lefus Chrift.Ils ont icólc en outre par Ia « feneftrela fiolcdu chrefmepour lacaf-” fer.Combien que la rudcflede laicóter ” aidaft à Ia cheute pour la rópre, toutef-” fois Ia main de l’Ange y a fecouru, Sz a. tellement conduit la fiole, que nonob-” ftant lachcuteamp;la vloléce,elleefttom ” bee entre les pierres fâs aucû mal.Pour-” riez vous faire telles chofes fi vous auicz /’ les commandemens de Dieu en voftre ” cueur,veu qu’il a dit,Neiedezpointce qui eft fainà, aux chiens : ne prefentez les pierres precieufes aux porceaux, de peur qu’ils ne les enfouillent de leurs pieds,Se efehaufez cotre vo’,ils ne vous „ defehirent. Les miniftres amp;nbsp;feruiteurs „ de l’vnion catholique, firent ils iamais „ le femblable dequoy vous preniez occa „ fion de nous rendre odieux à tout le „ monde ? Vous deuriez auoir honte de » vos gens,8c ce pédant vous aceufez faul » cernent les innocens catholiques.

Pourfin,IesDonatiftes perfuadoient à leurs auditeurs que noftre facrifice e-ftoit idolatrie,ôc que quiconque en par ticipoic, il participoit du facrifice des L dolcs-.ôcpourdonncrfondemcntàleur men-

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DES EGLISES, 38 menfonge , ils difoient que deux Seigneurs,qui tenoient la main forte pour les Catholiques , l’cftoient vantez que quand on celebroit la Mefle,qu’ils l’approchèrent de l’autel poury mettre vnc idole delTuSjOU image de l’Empereur,à fin qu’on eftimaft le facrificeluy eftre of fert.D’auantage,pour autant qu’ils efti moient auoir en partie les iuges fauora bles,ils vouloient couurir leurs facrile-ges du manteau de iuftice.Ie ne puis(dit “ Optat)omettre ce qui ne peut complai “ re à Dieu , ny eftre exeufé de voz fau-“ teurs,ny fouftenu d’aucun homme. Par ordônance du bras feculier amp;nbsp;edidpu-‘ blic,vous auez obtenu que par les maïs des officiers de iuftice,vous auriez les li ures des teftamens amp;nbsp;inftrumcns de la^^ loy de Dieu, à fin que vous feuls pofte-dafsiez ce que l’vniô des Chrefties auoic eu en commun. le n’ay point de honte d’exprimer publiquement,cftant Chre- „ ftien, ce que les Payans n’ont peu igno- lt;lt;nbsp;rer par voftre requefte,par laquelle vo’ « importuniez qu’on vous deliuraft le lin « ge de rEgIife,amp; les teftamens de noftre « Seigneur, qui de longue main eftoienc

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Dy saccaget^e^t

Spiflre

hure

» cn la poflefsion amp;nbsp;ïouifTance du com-»’ mun.Auecques lcsliurcs vousauez tire » les dras amp;nbsp;nappes, amp;nbsp;par voftre orgueil » les auez iuge poilus amp;nbsp;profanez,Si ienc » m’abufe,haftiucmcc vousles purifiaftes: ” car pour le feur, vous lauaftes le linge, »’ Dites-moy que vous auez fait des Ji-« ures,En routpartout le iugcmentdc « voftrebonneprouidence amp;difpoficion »’ doibteftre equal. Ou lauez l’vn amp;nbsp;l’au-•* tre,ou les laiflez tous deux.Si autremét ” vous faites, c’eft par auaricc que vous « les auez empoignez: amp;nbsp;par bon mefna-»» geSc diligence vous lauez le linge.

Sainôl Auguftin appelle lesDonati-ftes premièrement Larrons des deniers » communs de l’Eg1ife,amp; dit cn outre: le enormes meurtres Si vole-

Mtctjuti '' ries des maifonsque vous auezaflaillics lesDona ” denuiét; le me tais du feu que vous a-»»jîei. « uez mis, non feulement es logis des par ” ticulicrs,ains aux Eglifes: le me tais de ” ce qu’entre vous il y en aeu qui n’ontcu ” honte de ieder les liures de la fainde cf O/'fxf Cr» criture au milieu du feu.

reprenoit de leurs in-facrilcgcs,pour exeufe ils

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J)£S £:gljses, difoienc-.Nous n’auons pas commandé cela,cc fontautres que les noftres,amp;: les defaduouons.

De Julian nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CJl^P, 8.

Combien que Iulian Empereur ait eftéplus que hérétique,par ce que du tout il renonça amp;nbsp;renia lefus Chrift,toucesfois pour autâcque quafi sxtMff toute herefîc prent le chemin d’Apofta Ee,laifrant le fondement de la foy,ie le quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

coteray en fon ordre,come paruenuou les autres courent:Et aufsi ic ne le trou ue pas plus auoir offenfe amp;nbsp;contaminé les Eglifes,que les autres hérétiques.

Il eftoit grâd hypocrite amp;nbsp;mocqueur: neantmoins vouloir apparoir homme fage amp;nbsp;modefte.il auoit grand défit d’af fliger les Catholiques feulement : mais peu à peu amp;nbsp;par bonne mine le vouloir faire trouuer bon.Par clemêce, comme il fembloitjil donna abolition, amp;nbsp;rappe la tous les bânis de rEglife,à fin par mul titude de feftes la combatte : ôc contre cllefauorifoit,careffbic ôcauâçoit tous inefchans:amp; au contraire deboutoit les Catholiques de toutes leurs fainffces te-' queftes, lefquels il priua d’auantage de gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G ij

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Dy S ACCAGEIAE^T toutes fondations amp;nbsp;dons gratuisque Conftantin auoic ottroyc au clergé, Se perfones pitoiables , amp;nbsp;les conféra aux Payans luifs,Se autres malheureux con tre noftre foy.Delà procéda comme les autres à enuahir amp;nbsp;voler les Eglifes. Il vfa pour miniftres de fes concutions Se facrilegeSjde trois perfones, qui en furent recompenfez comme nous dirons tantoft;Dc fon oncle Iulian grand goU uerneur de tout l’Orient,Se de Felix fu-perintedant Se general de toutes fes finances,Se d Hclpidius grand maiftre de famaifon.

L Oncle vinten Antiochepourpren dre par inuentairc Se confifquer tout le meuble de la maifon de Dieu, que laif-ferent fort beau Se riche Conftantin Se Conftâce.A fa venue le clergé fenfuit, Se demeura vn preftre nomméTheodo ht,qui auoit la charge du facraire.il fut ferré Se prelTé d’enfeignerou touteftoit caché:Seàraifon qu’il eut bône bouche, il mourut martyr tormentéen diuerfes fortes.Neantmoins le trefor futfceu,Se en tirant les vafes,l’Oncle de Iulian les placoit contre terre en vn monceau, Se

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DES EGLISES. 40 fe voulut alToir delTus.D’auancagejil ou tragea à la telle l’Euefque Euzoïus, qui f’oppofoit à ce facnlegc amp;nbsp;violence, Sc riant prononça que Dieu ne fe foucioit aucunemét des affaires des Chreftiens. Il pifla en outie fur l’autel : mais peu a-pres,fon larcin amp;nbsp;ordure luy furentchcr venduz Félix contemploit,amp; l’eftônoit des beaux amp;nbsp;riches vafes de l’Eglifc , 6C par mocquerie amp;nbsp;pour rire dift ; Voyez en quelle vaiffclle on fert amp;nbsp;on facrifie au fils de Marie.

Iulian tachoit fur tout à dechaffer le clergé des villes, le difans eftre autheur des feditios-mais fon intétio eftoit d’abolir le feruice de Dicu,amp; la confluence du peuple CS Eglifes aux heures ordon-nces:car il eftimoit depuis que le clergé feroit abfent,que facilemét on ne pour-roit prefcher,nc faflcmblerjUC célébrer la Mcflc, ne receuoir les facrcmens : SC quepetit à petit le peuple obliroit la re ligion Chrerticnne.

A la fin,apres l’abolition de la Mcfle, il fit boucher ou ruiner les Eglifes,comme déclarent luucntinus Sc Maximus deux hommes d armes , qui aimtrenc G iij

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SACCAGERENT

tn yn » fcrmon n fait de tletix.

»3

mieux endurer martyre amp;nbsp;mourir,qu’ap prouuer tcIledcroIation.Ces bons per-(onages, dicfaift Chryfoftomc,cognoif fans que par Iulian les autels eftoient de ftruitSjlcs Eglilcs fermées,les prcftresamp;: cous bons fideles bannis , pour autant que le facrifice defailloic, ils le voulurét cuxmefmcs offrir à Dieu,amp;:c.

Tics Eiitychicm ^ccphalcs.

9.

T Eon Pape premier de ce no, en peu I deparolcscomptent lesindignitez adiienues en Alexandrie par la fu-reurdes Eutychiéshcrctiqucs,nommez dcleur autheur Eutyches raoyne Abbé, qui nioit les deux naturcs,fçauoir eft,la diuine amp;nbsp;humaine, eftre en la perfone „ de lefus Chrift. Aduifcz(efcrit il à l'Em « pcreurjaufqucls vonsdeuez refiflcr,àfin M que l’Eglifc Alcxâdrinc,qui a toufioiirs « cfté maifon d’oraifon,ne deuicne cauet » ne de larrons-, car il elf notoire que par » force toute la lumière des diuins facre-” mesy eff défia eftaincte . L’oblation du ” facrificcy eficmpefchce.Lafandificatió ” parle chrcfmeyccflc:amp;par les fanglan-” tes mains des raefehans, tous les faerc;

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DES EGLISES, 41 mens y défaillent. Pour autant que tels lt;lt;nbsp;feditieux ayans fait leur coup , deman- « doient paix,amp; qu’onaflemblaft vn con- « eile pourpacifier la religion,ce grandôr « vertueux Pape refifte qu’ô leur pardon- “ ne,amp; pourfuit:Onne peutdouter dece quot;nbsp;que vous deuezordonner dctcllesper- “ lones, qui apres abominables facrile-“ ges,amp; apres le fangrefpandu d'vn fi ho - “ notable preftre,amp; les cendres iedees au “ vent d'vn tel homme qu’ils ont bruflé, aufent demander droiâ d’honneur que faulfement ils fe perfuadent leur eftre dcu:amp; requierentqu’on rêuoycau con-eile,comechofe doutcufe,lafoy amp;nbsp;créa-ce inuiolable de la doéfrine Apoftoli- „ que.

Apres le concile de Calcedone,fortic ^cepiala des Éutychiens, vne fette qui fut appel lee des Acéphales, c’eftà dire fans chef amp;authcur. Ilsblafmoicnt ce concile,Sc la condemnation par luypronocee contre l’opinion d’Eutyches . Auccqucs le temps entre ceux qui embrafTercnt telle felt;5te,Seuere Eucfque d’Antioche, cft fort célébré amp;nbsp;renommé en toute mef-chaccté. Le clergé d'Antioche forme fa

G iiij

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SACCAGEAIENT

Knbpre- complainte contre liiy,en plain concile general en ces termes.11 n’a pardonc ny «B«- ” autels, ny àlafainde vaiflelle qu il jèirtne- “ afaitfondrepourdiftribuerauxfiens.il ” aaufcencores vnechofepl’eftrâge,c’eft qu’ila côuerty à fon proufitamp; vfaigeles ” colombes d’or amp;d’argét,qui pour reprc ’ fenterle S. Efpritpédoient fur les fons de baptefme,amp; fur les autels:amp; fe moc-quant, difoit ne falloir qu’on appellaft le faind Efprit du nom amp;i en forme de pi JJ geon.Outre il a rauy,emporté,amp;dcfpé' „ fé tout Target, amp;nbsp;les maifons appartena „ tes à rEglifc,amp; Ta laiflee chargee de gra des vfures. Il eftaccuféaufside blalphe meren pleine Eglife cotre lefus Chrift, amp;nbsp;de,fans aucune crainte de Dieu,y abu fer de femmes impudiques.

Au fecôd concile de Nice eft allégué d’vn hiftorié qui auoit rédigé par eferit les violéces des Acéphales, que ce galât Euefque Seuereen delpouillant les ima gesdes Anges de leurs couucrturcs,f’ex eufoit amp;difoit n’eftre decent d habiller les Anges de veftemens rouges , veu qu’on les voyoicordinaitcmcntaccou-ftrez de blanc.

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DES EGLISES. 42

Ce Gentilprelar auoit vn copagnon Enh/gt;re-aufsi bon que foy Pierre Euefque d’A- w«quot; X' pamee, qui de premiere face fe gaboit nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“J*

des bons peres qui auoicnc fi bien vc(- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

cujinftruic leurs peuples, amp;nbsp;doué les E-glifesdes riches ornemcns Si précieux vaifleaux: Se dedefpit, il elfaçoit leurs noms des tables ou Ion enrcgiftroitpar honneur les Euefques qui le meritoiét: amp;nbsp;au lieu enrouloirlcs noms de lehan, Diofcore,amp; Timotheeinfignes hérétiques defafeéte. Ildefchira lesoinemês, amp;nbsp;en donna à chacui^ des fiens vn lambeau . Il crachoir ordinairementcontre le parement de l’autel, amp;nbsp;fichoit fa veue plus fur les femmes prefentes en l’Eglife, que fur le précieux corps de IcfusChnft, qu’il deuoit confacrer.

Des Adonothelites, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lo.

DV temps du Pape Martin premier, ^»ficoni Paul Patriarche de Conftantino- Tomtdes bleauthorifé de Conftans Empe-reur fils d’Heraclius,amp; infeétc de There fie des Monothelites, qui pretendoient ny auoir qu’vne feule volonté amp;nbsp;operation en la perfone de noftre Sauueur, en defpit du Pape Romain,qui le repre-

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SACCAGEME^r noit,pilla l’Eglifc que les Ambafladeurs Romains tcnoienc à Conftancinoble, renuerfa l’auteljSi defendicd’y dire plus laMelTe.

Des Iconocldües Rompeursd'imd^es. CH^P. II.

ENuiron l’andefeptàhuidccs ans, les Brifimages cómcnccrenc à trou bier la Chrcdiencc,amp; pareil deluge que faduenu fous les Arriâs,courut pac les Eglifes,qui furent cfpluchccs,raflees amp;■ perdues,maintenâtpar lesEmpereurs peuples heretiqfChrefticSjtnaintenâc P les ellrâgcrsBarbares:amp; au lieu desGo thés VâdaleSjHÔgres autres, apparu-réc Sarrazins,Turcs,Tartarcs, amp;nbsp;autres natios enfermees es deferts au parauat. Zonare Leon dit Ifauricpremier. Empereur Tome J. cnnemy des images, brufla la bibliothe quede Conftantinoblepleine de liures exquis,8r enfemble douze théologiens qu’on appclloit Impériaux,pour autant qu’ils eftoient députez pour refpondre amp;nbsp;confeiller l’Empereur de la religion à Conftantinoblc.

Zonare ta Le vilain Conftantin, furnomme me/me. Copronyme,fils de Leon, ayant triom-

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DES EGLISES. 4j phé cotre les pierres des imagcs,amp; tout défiguré les Eglifes, fit ieéter au feu les reliques des Sainds : amp;nbsp;au lieu de l’Egli-fe,ou repofoit le corps de fainól Pela-gius, ordônaqu’on y feroic vn charnier oulon porteroic les corps des exécutez par iuftice. Au corps de fainâe Euphe-mic,nô fans grade experiêce de miracles toutelaGreceauoitfingulieredeuotio. Ceflortamp;falecomandaquo le iedaft en la mer:St par miracle flora, amp;nbsp;fut rc-cuci lly,Sr depuis raporté en Calccdonc.

Au temps de celle perfecutiô,on fri-caffoit tous calices, toutes librairies, amp;nbsp;tonale Je reliques,amp; on tourmentoit ceux qui les fauuoient amp;nbsp;gardoient.

Nicephore, qui régna Fan de l’incar-nation denoftre Sauueur fept cens èc crcliit.i^. çinq,fc gaudiflbit amp;nbsp;mocquoit de fes de uanciers Empereurs comme de perfo-nes mal-aduifees,qui auoient tant enri-chy l’Eglife , amp;nbsp;donné tant de ioyaux d’or amp;nbsp;d’atgenf.Sc difoitcommc ludas, çftre vn bien perdu,amp; n’y auoir aucune difference entre les vaiflbaux facrez ôc non facrez.

Entre les canons du fécond concile

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Tgt;r SACCAGE^^E^T

de Nice , au trefieme il eft efcrit de I’c-ftat, en lequel les Brifimagcs laiflerent les Eglifes amp;monaftercs. Pour autant (ditil)que par la calamité qui eft venue pour noz pcchez fur l Eglife , lestcpics, maifons cpifcopales,amp; monafteres font deftruits, amp;proplianez en hoftellerics amp;nbsp;places publiques, Dieu foit loué , fi ceuxqui les tiennent, les veulent rendre , à fin de les reparer : mais fils refu-fent,amp; font Euefques ou preftres,qu’on les defgradc : S’ils fontmoynes ou lays, qu’on les excommunie, amp;nbsp;aillent ou le feu ne feftaint point : Carols contre-uiennentàlaparole qui dit,Ne faites de la maifon de mon pcrc, vne maifon de marchandifé.

Cemefmeconcileporteque les aba-teurs des images,dechiroiét les fueilets des liures, ou il eftoit parlé des images, à fin d en abolir la mémoire amp;nbsp;preuuc: amp;nbsp;defprauoient les liures ou l’opportunité feprefentoit.

Là eft fait mention que les luifs qui auoienc aufsi feduit l’Empereur Leon, fadrelTcrcnt à vn Prince des Arabes no mé Ezis, amp;nbsp;luy promirent de luy dire

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DES EGLISES. 44 fabonneaduenture,amp; prcdirel’heur de fon regne,Pii iuroit d’effacer toutes les figures qu’on rencontreroit es Eglifes des Chreftiens.Ce Prince d’efprit legier iuraamp; exécuta fon fcrinenc,amp; terua fur les ornemens,calices,amp; autres biens de l’Eglife à l’occafiô des images.Les Chre ftienSjde crainte de Dieu,ne voulurent onques cftédre la main à telle impiété, amp;nbsp;pour ce fallut louer des luifs : amp;nbsp;de peur qu’il ne demeuraft aucune forme amp;apparcce d’image amp;nbsp;d’Eglife,ils blanchirent les murailes.

Des Hußites en Boheme.

CH .A P. U.

En rOccidét,depuis les Gothes, les Albigeois, Vauldois, Hufsitcs en Boheme,ontcôtinuclacitc amp;prou effe du diable, quand il a pieu à Dieu le desbrider fur nous amp;nbsp;nos Eglifes pour nos offenfes.Pour autant que les hiftoi res font entières d’vne chacune des fe-ftes, on les pourra lire fans en remplir ce traidé, le parleray vn peu cy apres des Albigeois.La troupe de lehan Hus amp;nbsp;de Zyska infigne voleur, fous couleur de l’Euâgile, affafsincrcnt les EgU-

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SACCAGBTdEW fes amp;monafteres,chafferent amp;nbsp;tuerertt lc clergé,conculquerent Ie fainót Sacrement, deccrrerent les corps amp;nbsp;iederent hors les Eglifcs, bruflerent les reliques amp;nbsp;bibliothèques,Sefirent fous les maux qu’vn efprit maling pourroit cxcogi-ter.AeneasSiluiuSjamp;plus aulong apres luy Cocleus,lcs deferiuent*

Vne infi^ne malice des heretiques touchant le piÛa^e des Eglifès. CH^P,

C’Eft vn droiótacquisS^ hereditaire à tout hérétique,de blafmer,accu’ ièr,amp; exa^gercr en vn autre, feni-blable faiétquil cornet, combien qu’il entende bien que l’intention amp;nbsp;fin de celuy,cotre lequel il faddrefle, foit fans comparaifon meilleure que la fienne. Mais il luy eft aduis que fil n’a tout, qu’on luy fait autant de tort. Les Arrians triomphoient de fcadalizer fainét Ambroife,commenousauons noté de ce qu’il auoit vendu quelques calices Atlauft pour racheter desprifonniers.llspour-rn ies^a fuyuircnt en vn concile,c5me digne de i ’iis- nbsp;nbsp;nbsp;moft, Athanafe,de ce qu’il auoit fait ro

pjç yjj calice en tombant de deflus l’au-ççj, jIj condamnèrent Cyrilk Euefque

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J)ES EGLISES. 45 de Hierufalem, pour auoir aliéné les chappes de l’Eglile en extreme necefsi-tc des pauures.lls dénoncèrent à Hune rich Roy des Vandales,le bón Euefquc deCarthagcDeogratias,comme ponif fable de ce qu’il aiioit expolé tous les tim. vaiffeaux de l’Eglife en la famine publi que . Il y a plaihr en ce faid à lire l’hi-lioire des Hufsites .Premièrement ils f’emparcrent de tout ce qu’ils peurent. L’Empereur Sigifmont print du refte des nchefles Ecclefiaftiques amp;nbsp;royales de Boheme,ce qu’il peut pour leuer ges contre les rebelles heretiquesâneonti-nent crièrent au larron, au facrilcge, a-pres luy.amp;que prcalablementil rendift tout deuant que de parler de paix. Secondement quandils virent que Zyska auecques fa bande feftoit fcparc d’aucc ques eux, amp;nbsp;qu’il faifoit plus grand butin fur les Eglifes qu’eux, lors propofe-rent articles publics, par lefquels decla-roient cftre illicite de voler les Eglifes,amp; vfurper le bien commun,ÖC là deffus fc froterent tant que lepaisen fut du tout dcûruit.

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T)y SACCAGEME’^T Les pilldges nbsp;nbsp;nbsp;ruines notables des E^lifès de

Franceen special du faccagement fait encefleprefnteannee,i 6 z.

CH^P. 14.

ENtrclcs vertusamp;loiiangcsen larc ligion Chrcftienncdcshabicansdu pais deFrancCjOn remarque qu’ils ont eu confcience par deflus toutes na tions de Pemparcr des biens de l’Eglife, amp;nbsp;qu éhorrcurdu facrilegeils ont nom tti^ans. mé tous deteftables hommes Brigans, du nom de Burgandus infigne voleur des Eglifes, duquel nous parlerons en fon ordre.Neantmoins n’y a deflbus le ciel aucunes Eglifes qui ayentefté plus fouuét fpoliees St opprimées,que les nO Bres,comme les doftes amp;nbsp;deplus grande leçon que moy,lçauront trop mieuiC recueillir : amp;nbsp;toujours ont efté remifes delfus amp;nbsp;augmentées par la deuotion naiue de nos Rois, Seigneurs amp;nbsp;peuples du pais,

Ùur.z, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Agathiusautheur Grec, qui pourfuic

les vidoiresde luftinian en Italie contre les Gothes,apres Procopius,compa re les François amp;nbsp;AIlcmans,qui eftoienC palFez en Italie en armes au iccours des

Gothes,

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DES EGLISES. 46 Gothes,amp; dit pour autant que les Fran çois eftoient meilleurs Chrefliens, que les Allemans,plus ainians, craignans, 6c honorans Dieu,qu’ils ne voulurent tou cher aux richefîcs Ecclefiaftiques, que les Allemâs fans aucune difcretion,coni me peu religieux , fourroient en leurs bouges.

Nos hiftoriens récitent que le Roy Clouis,auant que croire amp;nbsp;receuoir ba-ptefme , vencea vn larcin fait d’vn vr-ceau de l Eglile qu vn loldat auoit ten-du en deux de peur de le rendre,auquel z.cbn.tj. apres en punition Clouis fendit la te- Gre^óire fteen deux de fa propre main.Clotaire voulut réduire à fon domaine la troif-iefme portion du reuenu de l’Eglifed’E uefque de T ours, nome Iniuriofus, luy refifta,amp;dit:Si vous oftez ce qui appartient à Dieu,il vous oftera en brief vo ftre royaume:car il cft illicite de detour ner en vos grainiers le bien des panures que vous deuriez fuftater du voftre. Et cela dit,f’en alla:apres lequel le Roy cn-uoia, craignant la vengeance de fainâ: Marcin,6creuoca fon ordonnance.

i Sous Guntram,toutes les prouinces rowiLL

i

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‘ SACCâGEME^T

de France piinrêc les armes les vnes con tre les autres,à raifon de la diuerfité des Princes,amp;: defolcrenc rout le pais, fans efpargner lesEglifcs.Vniour ceRoype fa â telle abomination , amp;nbsp;venu en vnc Eglife appella quatre Euefques aueebo nombre du clergé, amp;nbsp;de fes capitaines, ” fié comença à dire;Commcnt fera ilpof ” fble que nous ayons viéloire de nos en ” nemiSjVeu que nous ne gardospas feule ” ment ceq nos peres nousoncacquis’IIs ” ont conquis le pais obtenu tantde vi ” élüires en édifiât des Eglifes,côrtituan$ ” leur efpoirôc force en Dieu,en honorât ” les martyrs,amp; en reucrâr les pftres. No* au contraire,non feulcmét nous aiions perdu la crainte de Dieu,ains nous pet-dons furtoutcequieftfacréjamp;leprofa ,, nons: nous malfacrons les miniftres de „ Dieu : amp;nous démembrons amp;nbsp;defehi-rons en nous liât les reliques,gages des „ Sainéls,qui nous doiuent aider.Viéfoi-„ rc ne peult aduenir à ceux quicommet-„ tent telles abominatios.Pour celle eau « fe nos mains font alachies, nos cfpecs « rebouchent, amp;nbsp;nos boucliers ne nous »gt; couurentplus.DoncqucSjfi c’eftparma

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DES EGLISES. 47 fautc,amp; fi i’en fuis coulpable,Dieu le fa- « ce retôber fur ma tefte. Mais fi c’eft par « Voftre mefpris de mes ordonnances, la “ punition en ferafir doibt eftre fur vous, “ è: feruira d’exemple à tout mon camplt; “ Pource ie veux faire publier ce qui eft à “ garder ; Ccluy qui defirefuyure luftice, '* qu’il me fuyue.Si aucun la contemneôc “ tranfgrefle,il fentirala vengeâce publi “ que fur fa tefte ; car il eft meilleur que “ peu de rebelles periffentjque de permet “ tre la punitiô de Dieu venir fur tout le “ pais innocent.Les Seigneurs amp;nbsp;capitaines rcfpodirent au Roy:Sire, il n’eft eft ‘ noftre puiflancc d’expofer voftre ma-gnanimitéda crainte de Dieu qui eft en

vous,l’amour enuers les EglifesJ’hon-., neut que portez aux preftres, amp;nbsp;la bon-téque vousexercez enuersles pauures: mais pour combien que voftre dire foie treffainà, iufte, amp;nbsp;equitable, que pou-uonsnous faire,attédu que tout lepeu-plc eft dcpraué’Chacon vcult faire tou tes chofes àfon plaifir,amp; fc delede à mal faire.Le Roy n’eft craint,ny obey de per

lt;C

cc

fone-.on n’a plus de refpeôt à aucun Sei- « gncur,foit Duc ou Cou ce: amp;nbsp;ft aucun fe «lt;

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Dr SACCAGEl^'iE^T

» plaint de celle Jefordre , amp;nbsp;cafche à le gt;» corriger pour ralleurance de voftre vie » couronne, incôtinant fc Icue vue cf-»’ motion populaire amp;nbsp;fedition,amp; chacun « tellement fe reuolte de mauuais cueur » contre vn plus ancien que foy,qu’a pei ” ne il luy pardône,fi d’adiicnture il ne fc ” peult taire.Le Roy rcpliqua:Ccluy qui ’• obeiraà IufticejViura:maisfiaucun con ” temne noftre mandement amp;nbsp;loy,qu’on ” le face mourir, à fin que ce malheur ne ” nous pourfuyue d’auantage. l’ày ca grand plaifir à tourner ce fragment de Gregoire EucfquedeTours premier hi ftorien de Frâce que nous ayons,atten du qu’il concicnc vn mirouer de nofirc temps, des caofes amp;nbsp;rcmedes de noftrc calamité. Dieu nous face la grace d’en vfer.

Ann* Combien que Charles Martel euft IfsdeFran grande occafion d’vfcr amp;nbsp;recompenfer fa noblefle des difmes amp;nbsp;biens de l’Egli fe,car vaillamment clic auoit combatu amp;misàmort plus de trois cens mil Sac razins pres de T ours, toutesfois nos fidèles chroniques portent que gens de bien,curent vrûôs terribles amp;nbsp;elpouuca

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VES EGLISES. 48 tables des peines qu’enduroic fame de ce grand Roy pour ce faiót.

Le Roy Philippe Augufte enfant mi les^nni-neur, ne peut fouffrir qu’on tyrannifaft lesJeFratu les Eglifes ou miniftres d'icellcs;amp;pour venger les iniiires de Dieu ôr des fiens, print en perloneles armes a laage de quatorze ans, contre quelques nobles qui feftoient eleuez en Berry furl’Egli-fe, par mefpris amp;nbsp;contemnement de la grandeieunefle du Roy.

11 ya vn concile fait à Ais en Allemai gne, fous le Roy Pepin,ou aucuns font condemnez : lecroy que c’eftoient les Brugans, defquels tantoft ie parleray, qui tenoient les propos que tiennent volontiers les emprunteurs de l’Eglife fans affedion de rendre . Quel mal eft cc(difoient ils)quel danger y a il, fi nous vfons des chofes Ecclefiaftiques en noz necefsitez?quel’en foucient Dieu amp;les Sainds en l’honneur defquels on les of-fre,vcu que rien n’en vient à leur prou-fit? amp;nbsp;ou Dieu a il commandé qu’on les luy donnaft,attendu que tout luy appar tient?Quafi tout ce concile femploye à confuter tels malings efprits:amp;fiaucun

H lij

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'D^ SACCAGE'ME^r

3 loifir dc prendre garde de pres.II n’y 3 prefquepas vn concile national de Fran cc,qui fur toutes chofcs n’excommunie cous cmpictcurs amp;nbsp;vfurpateurs des bies Ecclefiaftiques.

Nonobftant ce bon naturel desFran çois, il n’y a eu quafi herefiefouftenue de puifTancCjny Barbares en l’Occident, qui n’aycnt desbordé fur l’Eglifc Gallicane, fans infinies opprefsions qui luy font aduenues parles guerres ordinaires de fes Rois amp;nbsp;Princes.

Lucius Pape enuiron le temps de S. Gyprian,efcricaux Euefques de Gaulle mifries « amp;nbsp;d Efpaigne: Nous auôs receu de bien roflrt ef. „ cueur voz lettres, mais nous fom-” mes fort trilles dc voz maux amp;nbsp;affli-” âions:car vous nous mandez que vous ” elles vexez 8e tourmentez tant par au-” cuns,qui ne tiennent la droi6lcfoy,ains ” font embrouillez de plulîeurs erreurs, que par autres qui les poulfent à perfe-’ cutervozEglileSjamp;àlesdenuerdeleurs polfefsions amp;nbsp;oblations des fideles,8i à JJ trauailler voz panures minillres: amp;nbsp;que „ pour celle occalîon plufieurs quitter amp;nbsp;„ lailTenc la fainélc amp;nbsp;vraye religion.

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DES EGLISES. 43

Semble que faintSc Hilaire, defonteps snfinli* fc plaigne du rauagedes Eglifes par les «««»*« Arrians aufsi bien en France comme ail leurs.O loup rauin'ant(dic il à Confiance Empereur) nous voyons bien voftre robe de fimplicitc.Vous faignez honorer Dieu,amp; portez fa caufe,y employant le pillage des Eglifes amp;nbsp;exactions fur le peuple.Quelle fureur auez vous exercé contre l’Eglife de Tholofeî Les pauurcs clercs font meurtris de coups debafton, amp;nbsp;vous auez mis les mains fur lefus Chrift: les fainéls amp;nbsp;fideles entendent bien aucc moy ce que ie veux dire, O Confiance,fl ie mens, que vous foicz e-ftiméouaile:mais ayat commis tel faidt, vous efies Antechrift.

Les Romains amp;nbsp;Grcesdepuis Valen-tinian premier , furent fi fubtils qu'ils chafTerent enuoierent les vns apres les autres,Gothes, Vandales, Hongres,

amp; autres Barbares,voguer amp;c flotter.par ~ les belles pleines deFrance,pour f’en def y pefeher, tant que leur puiffance f’efian-doit : ôc aufsi que la defeente des Alle-

maignes a tôbé ordinairement fur icelle .Dicufçait fi tels fauuagcs eurent mi-H iiij

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SACCAGEl\ÏE^r

S.HtmE fericordedes Eglifcs. Le bon fainól Hie iwenppt- rofmeeflongné d’autant qu’il y a depuis /«4 tDA Ju jçe iufqucs au Rhein, plore ce mi-»»« träte, ß-j-^ßiepais des Gaules:Nations Barba-res(ditil)amp; d’infinie multitude,ont en-uahy toutes les Gaules.Mayece eftprin-fc Si démolie, amp;nbsp;gês innumerables tuez es Eglifes,iufques à Rheims belleamp;puif fante ville:Amyans,Arras, Terouennc, Tournay,Spire,Strasbourgfont emme nees captiues enAllemaigne.Aquitaine d’auâtage amp;nbsp;le pais de Lyônois,qui con tient neuf peuples,amp; la Prouence, bien peu de villes exceptees,font pillees,amp;le tout dehors le gouteau depeche amp;nbsp;au de das la faminede ne puis(adioutc il)fans plorer,parler de Tholofe,que ie croy e* ftrc fauuee de la ruinepar les merites du faind Euefque Exupere.

Lw.i.chit Greg. Euefque de Tours touche en fon hiftoireqEuarix Roy des Gothes, fufcita grâdeperfecutio enFrâce,amp; maf facrant les gens Ecclefiaftiques,fit eftou per les portes des Eglifes defpines, à fin . qu’oies obliaft P faute de les frequéter.

J tßMfe- Tant par le concile aflemblérft/rÂeo-its todies yilldm le croy que maintenant nous

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J)ES EGLISES, 50 difons à Thyonuillc, que par vn canon du Pape Nicolas premier,apparoir que du temps deCharlemaigne,en Gafcon-gne fe Icua vne troupe de mauuais gar-fons fous la conduite d’vn nomme Bur gand,quidefaifoit tant de preftrcs qu’il rencontroit, amp;nbsp;rauiflbit les autels, les vaifleaux du précieux corps amp;nbsp;fang de noftre Seigneur,amp; lefainft huille, comme chofes en rien differentes des autres communes: amp;nbsp;corne appert par le concile tenu a Ais en Allemaigne,icy deuat allégué,il y auoit de l’hercfie en telle ma niere de voleurs, qui premièrement acquirent le nom de Brygans en Frace de leur capitaine : amp;nbsp;en execration de leur mefchâcetc, les Fraçois ont appelle depuis,tous deteftablcs larrons Brygans.

Enuiron Carloman,lesNormâs,pour clnni lors infidèles, prinrent terre en Fran-ce: amp;nbsp;par l’efpace de quarante ans luy fi-rent porter amp;nbsp;experimenter toutes les affligions du monde. Entre les autres abominations,defquellcs ils fe delcétoi ent, efloit d’eftabler leurs cheuaulx par les Eglifes, apres les auoir faccagees. Ils aflaillirent de toute leur puiflance deux

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SACCAGERENT

fois Paris,amp;vnefois Chartres: mais en furentrepoulfez. De crainte de leur fureur , les François adiouterent en leurs Letanies amp;nbsp;prières,furoreNormanorumy liberanos domine, mais pour lors ils nC-ftoientChreftiens.

rtnefni en Apres que Philippe Augufte en fon ßnhifloh ba«; jage gut puny en Berry les aflafsi-neurs des Eglifes, ils fe r’alierent, amp;nbsp;fs nommerentles Cottereaux : ie ne fçay pour quelle raifon. Ils l’aflcmblerct en-uiron fept mil,amp; alloient de place en pU ce fouillant les Eglifes, amp;nbsp;emportoient toutes les reliques amp;nbsp;calices,amp; bailloict ' les corporéaux à leurs femmes pour en faire des couurechcfsuls conculquoienf le Sacrement comme les autres : amp;nbsp;fer

rant la gorge aux preftres leurs difoiét, Chantez nos beaux chantres. Le bon Roy vfa de fa puiflance amp;nbsp;vâgea l’iniure de Dieu, qui vangeoit apres les liennes, autant qu’il fouhaitoit, amp;luy donna le furnom d’Augufte,pour fes prouefles.

iXZamp;içwM Quelque temps apres, vn grand ôC longdcfaftrecourutfurla Frâce par les Albigeois,Vaudois,amp; leur femence qui dure encores en la cô/piration qui nous

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DES EGLISES. 51 trauaille .Touts ont prins plaifir auec-ques peu de proufit,à degafter,defolcr, amp;nbsp;deftruire les Eglifes, ôc à les infeôtcr. L’hiftoire des Albigeois contient qu’ils defehargeoiét leur ordure fur les autels, amp;nbsp;que puis fe torchoient des nappes.

Sainôt Bernard rcmonftre en beaux termes les fruits quont apporté telles fettes en l’Eglife Gallicane, cfcriuant d’vn mefehant moync apoftat, nomme Henry,efeholier predicant de Pierre du Brueul ; O combicn(ditil ) auons nous ouy amp;nbsp;cogneu demaux que ce malheureux a fait amp;nbsp;continué par les Eglifes de Dieu! Seigneur Hildefonce conte de S. Gilles, il demeure es terres de voftre o-beilTance cachant le loup foubs la peau de brebis: mais nouscognoifl'ons bien quelileftparfcsœuures comme noftrc Sauueur nous a donné aduertilTement. Les Eglifes font vagues amp;nbsp;fans peuples, les peuples fans preftres,les preftres fans l’honneur à eux deu : amp;nbsp;en fomme , les Chreftiés font fans lefus Chrift.On n’e-ftime les Eglifes non plus que Synagogues , on nie que le facraire foit faintt, orriuge les facremens eftre fans aucu-

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SACCAGERENT ne (anótificacion,les iours de feftes font fans folennité , les hommes meurent en leurs pechez,amp; les âmes paHent fans confideration deuanc le terrible jugement , hclas, ne réconciliées par penitence , ne munies de la fainôle communion.

le croy que voila vnepart des plus no tables algarades que noftreEglifeaitrc ceu par les aduerfaires de la foy, depuis fa premiere fondation fous les Empereurs amp;nbsp;Princes Chreftiens,par lefqucis n’a efté fouuent mieux traidee à l’occa-

fion des guerres ou inimitiez priuecs contre le clergé.

cr^oire Doneques les Rois Chreftiens ont de aucuncsfois defeharge leur cholere fur zo«pZ/»rf jçj Eglifes, comme Theodebert fils de *47- Chilperic, qui rua fur les terres de fon

oncle Sigibert, amp;nbsp;occupa Tours , Poitiers,amp; les autres villes qui font lelong de Loyre,amp; de là pafla en Limoge, Cahors amp;nbsp;lepaiscirconuoifin,gaftant tout amp;nbsp;renuerfant.il pilla,deftruit, ôebrufla les Eglifes,cmporta tout le meuble,def pefcha le clergé , rafa les Abbayes des nommes,amp; prefla les religieufes de leur

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DES EGLISES, deshonneur, amp;nbsp;en abufa, amp;nbsp;mit tout à fac,en forte que la mifere des Eglifesc-ftoit plus lamctable que celle du temps du perfecuteur Diocletian.

Chilpericquelque téps apres enuoiaCre^.liur, fon armee à Bourges cotre fon freie Gû tram,qui ne laiflapas vne maifonentie re,ne vigne, lïarbre, ains coupoit tout amp;nbsp;brufloit,voiveiufques aux Eglifes a-pres auoir tiré amp;nbsp;robe ce qui eftoit dedans . Guntram apres accompagné de ceux d Orleans amp;nbsp;de Bourges,eut fa re-uanclîc, amp;nbsp;fit le femblable par les Eglifes de Poiftou . Il chemina outre, amp;nbsp;fe campa à Comminges, amp;nbsp;pres y auoitz/wr.y^ vne Eglife de fainét Vincent,ou tout le peuple auoit retiré le plus beau de fon bien,eftimant que les François en reue fence du Martyr,n’auroienc le courage de toucher amp;nbsp;violer celle Eglife . Mais depuis qu’ils eurent entendu le butin, ilscnflamberêt le temple,amp; n’obliercnt rien de ce qui eftoit là ferré:amp;entrez en la ville,mirent tout à feu amp;nbsp;à fang fans pardonner à aucune Eglile, ou à aucun Cr }8. preftre, ou à aucun calice ou autel. On tcncontrerapar nos hiftoircs amp;nbsp;chroni-

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Dy SACCAGEtAE^T ques,infiniz pareils pillages de nos EgU fes par le moyen des guerres.

Or Pii fault comparer l’affiiâion de noftre temps,qui eft de l’an mil cinq ces ■ - fojxante amp;nbsp;deuXjà celles de iadis furue-nues en nos Eglifcs,les anciennes ne feront que feulamp; limple aducrtilTemenc de celle que nous voyons amp;r portons! foir que nous ayons efgard aux perfo-nesqui en font caulc amp;nbsp;l’ont executee, foit au faiót,lóit à la maniéré,de laquelle on a procédé . le puis bien exclamer amp;nbsp;crier au commencement comme E-

faie:Oyez, oyez ciel amp;nbsp;terre, le cas enot me . Vn afne rccognoit bien l’eftable de fon maiftre,en laquelle il a efté nour

ry:vn beuffenc bien le logis de fon fei-gneur:Ifraclm’a mefcogneu.Fay efleué amp;nbsp;auancé mes enfans,amp; en rccompcnfe ils m’ont renoncé amp;nbsp;condamné . Nous

fçauons tous amp;nbsp;voyos que les proueuz èc exaltez par Dieu amp;nbsp;fon Eglife,cefont ceux qui principalement ont brade amp;nbsp;procuré la ruine d’icelle.le n’aufe nom-,1. mer les plus grands qui en ïont coulpa-bics,qui tous doiuent leur bien,nourriture, grandeur auxprclyj^^ghfc.

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DES EGLISES, 5?

Pour le moins, tant qu’on fit venir amp;: qu’on prefenta d homes à Poifly, pour miniftres amp;: bourreaux de celle lamentable execution foubs le nom du mini-fterc de la parole de Dieu,elloienc tous fortis dugiron del’EglifcjCn laquelle ils auoienccftéentretenLiz,inftruiéls,amp; de beliftres poulfcz au ranc nombre des gens de bicn.Dedouze,y cnauoichmét ou neuf moines apoftacs,Si Beize Ie capitaine ßr prefeheur empiltolé,auoit lu xurié amp;nbsp;paillarde tout le long de fa vie aux defpés defEglife, cngrelfé de deux ou trois prioreZjq depuis a vendu. Aux femblables exterminatios de l’Eglifcp les Arriâs amp;nbsp;autres,nous lifons qu’ordi-nairemët les Chrelliés, voire Barbares, corne Vâdales amp;nbsp;Arabes,ont eu horreur d’vn bô fang naturel,fans y aduifer par côfcil,de fouiller leurs maïs en fi execra bles facrilegcs, ores qu’on les commift hors de leurs pais amp;nbsp;terres de leur naif fancc:amp; Cübien qu’ils les appetalïent ôc commandalTent cftre faiéls par l’efpric qui les poircdoit,ncantmoins pour exe tuteurs de telle iniuftice amp;nbsp;impiété, v-foient de luifs ôc Payas,que la confeien

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DJ^ SACCAGERENT

cc ne pouuoitretirer amp;nbsp;remordre.Sans rien amplifier,les François Caluiniftcs, iadis tant confcientieux,ontpollu leurs mains de to’ facrileges,defquels fe pour roit aduifer l’home, foit luif, Payan, ou nay amp;nbsp;nourry en toute barbarie amp;nbsp;fau-uagine: amp;nbsp;n’ont appelle à leur feruice au cun eftrâger pour executer leurs cruau-ceZjfinô apres auoir abbreuuc amp;nbsp;cngref fc leur enragee amp;nbsp;affamce férocité du pillage des Eglifes,du rauiflcment amp;cf fufion des biens amp;i. fang de leurs peres, meres,freres,prochains,amis,amp;voifins, deleur Roy amp;nbsp;autres Seigneurs.LesFra ç-ois,iadis fi bien réduits compofezà toute humanitc,ont cherché par toute la terre,amp; de leurs facrileges ontmono polé auecques les plus fauuagcs,les plus îânglâs amp;nbsp;anciês ennemis de leur vie,rc ligio ôcpais,pour defriter,defoler amp;nbsp;déferrer la terre d’vn royaume fi fertile K

fiorifiant : car bien peu d’autres chofes reftécàbrouteramp;confommer,pouraca bler amp;r cfgorgcr ce qui demeure de leur peuple, pour du tout opprimer leur Roy,naturel Seigneur,pupille amp;nbsp;orphe lin,qui n'a fauué de leur tirannie que fa ieunc

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DES EGLISES. 54 ieune amp;nbsp;innoccce vic,quepar tat de fois ôc moyés ils machinct aiiât fon acctoif-fementluy couper amp;nbsp;eftaindre. Il pourra bien direcy apres auecqucs l’Eglifc de lefus Chrift:Les heretiques m’ot fou uent perfecuté des mon enfance . Dieu vucille qu’il puiffe acheuer le propos Sc dire,Mais par la grace de mô Sauueur,ils n’ont pas preualu.O quelle EuangileiO quclleparolc du Seigneur: O quels fan gliers efehautfez amp;nbsp;latchez fur la florif-fante vigne du Rédempteur : O quelle hcrefie,quide la propriété des membres de lefus Chrift,châgc.S: tranfmuerhora 1 me au naturel de l’Atltechrift : amp;nbsp;de

Chreftien , le rend pis que Payan: amp;nbsp;de i mifericordieux, gratieux , ß^obeiflant

Euangelifte,en fait vn cruel, furieux a-bandôné,amp; defefperé atheifte: Soit que nous regardions aux adescommiscon-trela religion , foit aux olfenfes faites contre lcmagiftrat,foit auxiniures,con cutiôs Sccarnages multipliez fur le peuple paifible , rien plus n’apparoiftra que touteeffrenee beftialité, amp;rienmoins qu’aucune humanité.Ce n’eft mon propos 8c deffeing,en ce traidéjd’efcrire au

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DF SACCAGE'ME'^T long la tragedie qu’ils ont iouee,c’eft l’œuurc d’vn meilleur efprit que lemié, amp;nbsp;matière des bié limez ftilesue me con têteray de toucher en paflant,amp; en foin maire, aucuns de leurs facrileges feule-roent:amp; des moyens par lefquclsils ont procède.Les hilioriens déduiront leurs rebellions contre le Roy,dommages,amp; violences fur le peuple. le dis dôcques, que les miniftres de menfongc,Bcfzeamp; fes confors,lors qu’àPoifly amp;: en Court flechiffans le gcnouil,amp; fe ieétans contre terre, fe prcfchoiçntaux trop bons Seigneurs amp;nbsp;Dames,les treshûblcs,tref obcifrans,amp; trefaffedionnez feruiteurs de Dieu 8c du Roy: ils prochafloientfii braflbiët celle dernicre entreprinfedes tresfiers,trefrebelles, trefennemis c6 iuratcur.s contre Dieu amp;nbsp;le Roy: amp;nbsp;pour la premiere inflrudion imprimèrent es cueurs de leurs fuyuans amp;nbsp;confederez, de ne faire aucune confcience, de men-tir,difsimuler,calomnier, impofer faux crimes, piller, defrober, voler, aflbaimer,amp; tyrânifer en toute cruauté,moyennant qu’ils Iceuflcnt bien dcfguiler toutes chofes, fe couurirdunomdc

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DES EGLISES, 55 la parole du Seigneur.Apres, ils obtinrent bon fupport entre les grands,amp;; firent repoulfer ceux qui les cntêdoient bien , amp;nbsp;preuoioient aux affaires pour rompre cefte confpiration.

Q^nd ils eurent gaigne ce poinâ:,il9 deliberent de l’execution de leur con-feiljamp;arrefterent que pour commencer lanee des merueilles,qu’au mois de lan uier on rauiroit en vnc mcfme nuid,to®' les ioyaux des Eglifes qui (ont es villes de la brace;amp; pour ce faire,que les gen-tilshomes de leur affociation ,'feroicnc aduertiz de fe retirer en ce temps par les hoftclleries des villes,ou auxmaifons fe crêtes de leurs frétés en herefie,auec tel nombre de leurs gens qu’ils pourroienc introduire à petit bruit,amp; foubs ombre de venir des champs es villes ouir la parole du Seigneur; ô^:quainfi affemblez, d’vn effort en vne mefmc nuiót,ils pille roient les Eglifes fans refiftance-.car on defarmoit toutes les calamiteufcs villes de ce Royaume,pour le moins à la req-I fte amp;nbsp;follicitation des deuoyez.En con I cluant leur concile fur tel pillage,ils vfc I rent de ce propos-.Mefques nous ayons

I U

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I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SACCAGE^^E^T

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eu dcquoy,onvoirra la braue cnrrcprin

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fc du mois de May,Cela fur dciLOiiutir,

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;ie m’aireure 1’auoir ouy par Ic.s Jiaps

t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des lemois de Noucbrc, peu apres leur

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;conclufion.Lcsplus fins amp;c maljticuxdc

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leur Cede,leur rcmóftrcrcnt que Pils bri

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gadoiét les Eglifes fans au thorite du ma

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;giftrat,que les nations eftranges en fc-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;roiécfcadalifees,amp;.qu’o nepourroit au

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cunemét fouftenir leurs facnlcgesmiais

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que fils pouuoicntauoir vn peu depa-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tiencc,qu’on trouueroit la façon de cir-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;conuenirle Roy amp;nbsp;ion confeil,amp; d arra

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cher vn Edid par lequel ils auroiét quel

que prétexté d’accomplir leur vouloir. Nonobftantjlcs Gafcons,côme les plus I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ardents entoures choies, cxecutoient

des lors les Egliies rcalcmcntamp; defaiél par la Guyenne.amp; enuiron Noel, nombre de gens apparut à Paris, trop plus grand que de couftume,qui alloicnt en armes aux preichcs,vn lour hors lapor-faind Antoine, en vn lieu dit Po-j,'yincoürt:amp; l’autre,aux faulxbourgs de Marceau, en vn iardin nommé le Patriarche.On voyoït bien que tant de gens ramaflez auoiét quelque mauuaifc

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DES EGLISES,. 5Î? intention;car ils eftoient fi infolens,que on n’euft auicfe ciouucr deuanc eux fur le pané,ou feulement les regarderais in ’ , iurioicncimpunément le peuple,ilsfra-poient amp;nbsp;menafi'oicnt vn chacun^ fans ? contredit ; ne demandoient qu’occa- “ fion défaire leur coup , pour lequel ils efioiér appcllezitoutcsfois encores crai gnoientih la grande multitude du peuple, nonobftant qu’il lull tout defarme; car qui eull crouuc vne efpee à vn bout geois parmy la ville , qui n’euft elle huguenot , on l'empoignoit comme fedi-ticux;amp;ce pendant Ics.confpirateurs eftoient armez de toutes pieces amp;nbsp;de tous ballons. Aduint que le lour fainét Iehâ,deux iours apres Noël, ceftegrâdc flotc de gens débauchez,cftoit à la pref ehe au lieu du Patriarche,amp; pour autant qu’il eftoitfeftCjles Catholiques fonne-rent leurs vefpres apres le fermon , en leur Eglifedefainft Medard, ou le peuple eftoitaftcmblécommcdecouftu me. Les huguenots prinrent à iniure le fon des cloches, amp;nbsp;alleguoient qu’on trou-bloitla parole du Scigneuriôi fans autre offence, coururêt faccager celle pauure

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^aCcag^eue^t n’eftoit pas encore parfaire, Vfs:^:^.STxompirent toutes les portes, entrèrent poing,les piftolets en la main, /^^Ji^^pcrentfans difcretion, amp;nbsp;outragerêt T^dPp-Je plt;iple tout nud,ricn moins penfant la guerre.Entre les autres, ils rcco-.,B*Jl,^,gneurét celuy quiauoitprefchéles Ca-tholiques amp;i. de fureur ruerent fur luy à genouil, pour luy trencher la te amp;C. defaiéh, du coup ils couperent le a fir^J^collet de £3. grande robbe amp;nbsp;de fes au-h^billemens Sz peu luy offenferent

riaurerentde taillades d’efpee.Ils tue ^•*rcnt aucûs des parroiciës, amp;: en blefferét pluficurs. Ils mirét en pieces le fund Sa leieéferentcontrc terre, le (f^/^h'iŒ^onciilqu^nts. Ils ne laiflerent pas vne 'p’^/^^gt;]^ma.ge(Ans luy abatte la telle, comme à V^^vn fainél vif, amp;nbsp;fcnfible.Ils calferent la part des vitresmriierent vne quan-j-jt^ jgj^mcls : volèrent Icsornemens, calices,reliques, amp;nbsp;generalemct tout ce l„r- qu’ils peuretemporter.Gabaflon,cheua lt;ln Guet, entra à cheual lufques de-*' uant le maiftre autel, amp;nbsp;crioit en Gaf-

f£îlSorrompu,Pilla tout,pilla tout, Ils

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DES EGLISES, 57 fe vantoientauoirfait leur ordure de*»U ♦‘b/ das les fons de bapccfmc.amp;r celuy d’être euxqui pouuoit dire ou faire le pis,eftoic le plus eftirné. le laiffe à vn chacun à iu-ger les pleurs,clamcurSjSô côcenance de ce bon,tac religieux amp;nbsp;tac fidele à Dieu amp;nbsp;àfon Prince,peuple de Paris,qui voy-oic tirer trainer énprifon,comme for ceres accouplez Si liez deux à deux c vne grande corde, des preftres, autre hommes amp;nbsp;femmes tous fanglans na»**S*^^'. urez,qu’ô ieêta en vn fond de ^^oire,fans^J^J^^^^^ aucune compafsion de leurs playes Side,2lt;-T*i-lt;^ leur innocence:8i aucuns d’eux,là furent faute d’appareil.

On n’euft aufé gémir ou foufpirer à I fpeâiacle . Le Cheualicr du Guet, Si fei^.^ gens ftipcndiez aux defpens des bour-*»*~*^'‘quot; geois de Paris, gardoient les huguenots,Si matinoient les Catholiques. Si aucunleuoitlcsyeux, on l’abbatoit, Si aflbmmoit comme feditieux : ôc vne pauure femme fut trainee par les che-ueux en my lesruiffeauXjSi meurtrie de coups,pour auoir feulement dit en plo-rant,Voila grad’ pitié: ferôs nous toui-iours en telle affliélionî Les huguenots

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, Vy SACCAGERENT

f ^marchoicnt par la ville en ordre de bataille à pied amp;nbsp;à chenal,l efpce flamboy-anteen la main:amp; crioiéc à haiilcc voix, L’Euangile,L’Euâgile:ou font les idola tres Papilles,amp; autres blafphemes qu’ils chantoient.Le peuple ne Içauoit qui re clamer,amp;à qui l’addrefler en ce monde.

^^Ceuxqui le deuoieht fouftenir ,1e di-» ■Cj^niér peuple mutin amp;nbsp;feditieux, amp;c qu’ô .y^v^i^'amoliroit bien. Voila feflay de la vole des Eglifes Gallicanes faire par les Çaluiniftes en celle annee,àlaquelle,aU ’^KàIIcu d’obuier,on pourfiiiuit en l’inllant, ^uoir l’authoritc du Roy,pour alTeurer *• les huguenots, augmérer leurs bandes, quot;nbsp;êfpouracheucr lefdiélcs Eglifcs, par le . commâdementdu magillrat:car lacon * '' fcqucncc de celle violence priuce def-plaifoit pour lors aux prorcóleurs de la fcâc qui auoientbon credit.Doneques au mois de lanuier, deux chofes furent mifes en deliberation au côfcil du Roy: Sçauoir premièrement,fi on deuoic ella blir deux religions en France,amp; ordonner des temples à la huguenote . Pour en opiner, furent choilis gens de iulli-cc de toutes parts:amp; de peur de les fean

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DES EGLISES. 58 dalifer,ou ceux qui les appclloiec,ie laif-feray aux. hiftoricns de noftre temps à fen informer, amp;nbsp;fidèlement en difcou-rir.Ie fçay que les miniftres difent qu’on leur a fait tort, amp;nbsp;qu’à la pluralité ils gaignoientôc obtenoient plus qu’ilsne demandoicnr,quandils eulTent elle des pires fedcs.Surla confultation des per-fones foy difantes de police, non pas de Theologie,l’Ediét delanuierfut bafty, par lequel on fondoit défia fur la puiflàn ce du Roy,la fcéte de Caluin,en permet tant aux liens amp;nbsp;à tous autres fans limitation,prefchcr,baptifer,marier,amp; mef-prifertousfacremés,hors les villes, fans ycomprêdreles fauxbourgs, ny mefme les folfezxar pour monftrer la conclu-fion de l’Ediót,Malion prefehoit dedans les foflez delà porte de fainét laques , à Paris. A fin de cotencer amp;nbsp;abufer les Ca tholiqueSjOn difoic auoirbeaucoup fait pour Dieu amp;nbsp;pour eux, d’inferer en l’E-diôt,queles huguenots n’auroiet aucun temple, amp;nbsp;ne prefeheroient publiquement dedâs le circuit des murailles des villes-.neâtmoins qu’ils y feroient logez ôi campez.On tient par experience la fa

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Dy SACCAGEME'^T fture de ceft Ediétjcftre lafource des ef-motions amp;nbsp;ruines de laFrance:car la fe-éte, depuis a voulu maintenir eftre ap-prouuee amp;: receue par le magiftrac de ce Royaume, combien qu’cxprelTcmêt en l’Ediót,il full dit, fans approuuer deux religions: mais on voioit la mocquerie. Doncques la fcôle lors dcfploya les ar-mes plus hardiment qu’auparauat, fous couleur depourfuiurc la publication executiode tel ediót. Les Cours des par lemens de France y repugnoient, i’o -mets leurs caufcs amp;nbsp;raifons tirees de tout droiâjloy, police, experience, ôc du fens commun.Celle de Paris grauemêt re(pondit:2Vecpojjumttô,ncc yolumti4,nec

Mais,depuis intimidée par la violence des armes, amp;nbsp;par les menaces de ceux qui ladeuoient croire Scfouftenir, changea de propos : amp;nbsp;lailFi couler l’E-diél par prouifîon feulement. La feda ne fut contente de cela, car ellepreten-doit autre chofe quede prefcher,ou cha ■ ter: toutcsfoiselle eftimoitbeaucoup, d’auoir défia la permifsio de débaucher, diuifer,6r attirer les fubieâs du Roy, à la pipee de faulcc prefche.

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DES EGLISES,

Pour la fécondé chofe procurée au proufiôt des Caluiniftes, en ce mois de lanuier, au lieu qu’on auoit différé de i leur octroyer des nouueaux temples,les miniftres delà feôle fefforcèrent d’im-petrer le mandement du Roy, de facca-ger amp;nbsp;occuper les noftre : mais finemec procederét en leur reqfte.lls faignoient vouloir fe rcalier Sc reioindre auecques nous en vne mcfmcEglife: 8c feulcmcc qu’aucunes chofcsles empefchoiêt, qui efloiêtamp;,qu’ô pratiquoit en noztcples, qui dcrogcoict à l’honneur de Dieu, ôc àlapurcté del’Euagile: amp;nbsp;fur l’abolitio d’icelles requeroiêt eftre ouiz contre les Théologiens, 8C autres perfones qu’on voudroit.On dit que celle menec fe fai-foit aufsiparautres gens depolice, c’efl à dire qui ne fe foucioiêt point de Dieu ne de la religion,ains feulement de leur phantafie,par laquelle ils penfoient ran ger ou rompre la rage des huguenots, leurieclâs des pierres en la gueule pour mordre, amp;defcliarger fur icelles leu'S. mains 8c fureur.-mais ce pendant, ils ne confideroiët ou feignoient nepreucoic les brifecs que tenoit la feéle, ôc à quoy

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SACCAGEIAE^T elle afpiroitjCÓbien que les difpofitions amp;nbsp;préparatifs en fufl'cnt oculaires. On dit qu’on alliclioitaufsi les grads à con-. defeendre amp;nbsp;confentir la volerie des Eglifes,par efpoir de participer des premiers au butin.Dieu fçait tout, amp;nbsp;le nu nitcftcra quad bô luy iemblera.Tâcya, que le mei'me mois de lanuier fans aucun prealableaduertiflcmenr, futdeccr nee au confeil du Roy vne difpute fur le faiót de la religion , qui fe feroit en court dauant laRoyneiSC i'ubit fans aucun delay fut eferità la faculté deTheo logic à Paris,enuoier defon corps, quatre ou cinq,pourrefpondreà ce qu’on leur detnanderoic : amp;nbsp;on luycomman-doitde les nommerSeprefenterà fainét Germain en Laye,dedâs trois ou quatre jours fans dilation.Pour contredircauX Theologies,y auoit le capitaine Bcfzc,. qui fçait bienbrouillcr, quad on l’cfcou te fans contredit,la religion amp;nbsp;la Repu blique: amp;nbsp;le badin Perrucelli, qui pour le plus folide argument contre les images, amena vn blafpheme amp;nbsp;fable cotre les S.Dominique amp;faind François fon patron amp;pere nourricier,qui J’auoicin-

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DES EGLISES, éo ftruit amp;nbsp;elçuc en l'ordre des Cordeliers, à laquelle il a renoncé pour fc marier, amp;nbsp;ouurcr les miracles que nous voyons en France , par luy amp;nbsp;les fimblablcs. A En deplus leurcment obtenir les mal-heureufes côclufions delà ruine des E-glil’es catholiqucSjles miniftrcs,ou ceux qui les portoient amp;nbsp;poulloicnr,obferue rent deux chofes auant qu’entreprédre cefte difpute: L’abfcnce de Mofcigneur le Cardinal de Lorraine, qui en mtime temps arnuoit en Sauerne , pres Straf-bourg pour délibérer aucc aucunsPnn ces amp;nbsp;miniftrcs Proteftans, des moyens de pacifier laChrcfticté, pendant qu’en France on tentoit toutes les voyes de la troubler amp;nbsp;renuerfer. A cefte occafion mondit Seigneur ne pouuoic afsifteren court,amp; douter Befze la furieufe amp;nbsp;cruelle befte , comme dextrement il auoit fait à Poify,en la prefence de la Roync, Princes,ôé Seigneurs de France . En fécond lieu,on praétiqua, ainfi qu’on dit, aucu ns Ecclefiaftiques afl'ez renommez, amp;nbsp;qu’on eftimoit les plus fuffifans pour droiftement ou indiredemët accorder auecques les minifttes telle defolation

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Dy SÂCCAGEIAE^T des Eglifes, fans par aduenture qu’ils y penfaUent^ny ceux dcuantqui ondifpu toit: Sz de crainte qu’aucûs Theologies efpars par le paiSjO euflent loifir de venir au fecouts de la foy catholique, d’heure en autre on preiToit amp;nbsp;on for-çoit la Sorbonne de contraindre fes de léguez,partir: lefqucls ne vouloicnt aller,attendu que c’eftoit chofe illicite de decider ou difputcr publiquemct de k religion en Court. Ils craignoient aufsi les menaifes mauuais viiâge, q pour lors on monftroit en Court aux perfo-nages de leur profcfsion. Neantmoins obéirent, conduits amp;nbsp;alTeurez par les bourgeois deParis,aufquels on vouloir perfuader la religion catholique cotre-ucnir aux faindes lettres, amp;nbsp;que leurs prefeheurs amp;nbsp;dodeurs en feroient con-uaincus.Eux au contraire fouftenoienC leurs ayeux amp;nbsp;deuanciers auoir cité co-gneuz par leurs ceuures,de fibonelprit, amp;nbsp;de fl bonne confcicncc,que fans eui-dence des eicritures,tradition Apofto-lique,amp; grand repos public,ils n’eufîent gardé,obfcrué amp;nbsp;baillé de main en main aleurpoftcritéjla foy amp;nbsp;Eglife de Icfus

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DÉS EGLISES, ét Chriftjcn laquelle fous l’obeifTance du Roy,leur naturel feigncur,ils aimoient mieux mourir,qd’adhereriamais aux hi deufeSjfurieufcs, amp;: cruelles beftesnou-uelles,qui couroiêt en my leur ville,par lacôniuenceou permifsiÔ du magiftrat, amp;nbsp;troubloient tous les eftats-.mais puis que c’eftoit force de rendre raifon de la religion,ils offrirêt amener à leurs propres couds amp;nbsp;defpens, gens pour ce fai-re:incôtinent firent toute diligence de haftet lcsThcologiens,amp;; leur douèrent cueur amp;nbsp;moyen de faire leur deuoir:erx forte que ie puis bien dire,quc fil plaift 1 à Dieu reftituer la religion,amp; le Roy en leur priftin eftat,on en doibt fçauoir j principal gré au Roy de Nauarre, aux j Seigneurs de Guyfc,Côncftablc, amp;; Ma refchal de faîâ: André,amp; aux bourgeois marchans de Paris, qui les premiers fe font oppofez aux aflaulx des Caluini-ftes, amp;nbsp;ont fait tout deuoir enuers les Princes,Seigneurs,amp; toutes autres per-fones,de fupplier,admonnefter,inciter, amp;nbsp;aider à rompre les nouuellcs faftios, qui premieremét fe drclToient en la ville capitale de Paris,comme I hiftoirc de

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SACCAGETAE^T noftre temps fçaura bien déduire.

Le premier article de la difpute tou-choit au vif ou prctcdoient de premiere face les miniftres: àabatre amp;cxtermi ner toutes images,reliquaires,oblatiôs, parcmenSjôô ornemens des Eglifcs:amp;là difoicnt ne vouloir faire fin,ains qu’il y auoit plufieurs autres chofes qui les faß-choient amp;nbsp;empefehoient de fe reunir a-uecques nous.L’ilTue de cede conference fut partie en'trois : Les miniftres demeurent obftinez en leur opinion de tout muer,brifer,amp;difsiper. Les Théologiens contéterent fortlaRoyne(coni me 11 fembIoit)Princes,amp; Seigneurs af-firtans,qui n’eufl'ent creu,fansouir amp;nbsp;en tendre les raifons,beaucoup de chofes que l’Eglife fimplementpropofeau peu pleparles temples,fans difputer:amp; mon ftrerent le legitime amp;accouftumé vfai-gc des images, en reprouuant les abus. Les autres choifîs.pour renforcer les mi nifti es ,cn leurs propos enclinoienra-uccques cux:amp;en côclufion, voulurent moyenner, amp;nbsp;partir la robe de lefiis Chiift.cn ceft article, retenans la croix, contre les Caluiniftcs, quifont en horreur

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DES EGLISES. 6i rcur, amp;nbsp;rcmuans ou trâfportans les ima CCS à leur plaifîr cotre les Catholiques. Les Caluiniftes amp;nbsp;Sorboniftes ne trou-uoient aucun fondementen l’aduis de ces moyenncurs:car difoient les Calui-nifteSjl’il fault öfter les images, amp;nbsp;ne les recognoiftre par honneur aucunement, par ce qu’elles ne font q bois ou pierre, ou autre matière,la croix ne merite rien d’auantage, car elle cft de mefme matière. Les Sorboniftes en pareil difoiét: fi reuerence eft deue à la croix ,par ce qu’elle eft image reprefentante ccluy à qui l'honneur fe référé,pourquoy ne ho noterons nous les autres imagcs,qui re-prefentent aufsi ceux amp;nbsp;celles à qui eft deu quelque honneur amp;nbsp;recognoifTan-cc î La Royne remit, Se appointa au Concile,ou au Pape ce differét,amp; ce qui eftoit certain amp;nbsp;bien prouué de la foy catholique,confermé par pofTefsion im memoriale,fut laifle en aufsi grâd doute comme les deux autres opinios.D’ou les huguenots ont tiré argument amp;nbsp;oc-cafion de fouftenir amp;nbsp;colorer leurs facri leges.' ils ont fait imprimer vn liure, amp;nbsp;l’ont infcrit:La remoftrance au Roy,fur

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SACCAGERENT

les idoles abatues hors des têplcs,ou ils maintiénent auoir brifé les images par authorité publique,amp; vouloir du Roy, no expres,mais aflez cogneu par la con-feréce ou colloque, voire arreftfaufenc ils eferite^faiftau confeil priué,dedcie-éler 8r abolir les images amp;nbsp;le feruice de Dieu accouftume es Eglifes. Ainliporte » le tcxtc:Sous vous,Sire,la parole de Di •’ eu a efté publiquemêt prefehee amp;nbsp;ouie, ’’ amp;nbsp;les facremens adminiftrez 6c receuz « felon lavraye inftituriüdc lefusChrift-” Sous vous,encores a eflé deliberé,amp; ar-” refte, 6i conclu le moyen de feruir Dieu ” en toute pureté amp;nbsp;intégrité, amp;: de chaf-” fer amp;nbsp;extirper l’idolâtrie, qui par le paf' ” fé a trop commandé en ce voftre royau ” me.E t n’a rien efté trouué plus expedier ” que d’ofter les images amp;nbsp;idoles qui font ” es téples,certes trop abominablement.

Voila que fert aux Rois,d’admettre de-uant leur face ces harengucurs, bour-deurs, impofteurs, voleurs, facrilegcs, brigans, tirans amp;nbsp;defloyaulx traiftrcsà Dieu, amp;nbsp;à leur Prince. Depuis qu’vne fois ils font ouiz,ils fedifent receuz,ap prouuez,authorifez,amp; chargez d’execu

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DËS EGLISES.

ter leurs maflaeres: amp;nbsp;fe perfuadent Sc prcfchent cftre miniftrcs extraordinaires de la voloté des Rois amp;nbsp;Roines,com me miniftres de Dieu , par vocation 8c mifsion cxtraordinaire;mais la prouue de l’vn amp;nbsp;de l’autre , g it à la poinde dô leurefpee. Depuis ce mois delanuieri les Eglifts furent alTaillies en pluficurs endroids, amp;nbsp;afsiegees comme villes, à Tours,8cpar la Guyenne on les rençon Iîoitj8c par compofition d’argent on les laiflbit en paix. On en pilloit aucune* Les miniftres par tout femoient que pat difpute ôc viuc raifon ils auoient obte-^ nu qu’on ofteroit les images,8c qu’on re purgeroit les Eglifes,8c que la Sorbon-ncôc Euefques dcFrace en eftoientd’ac cord. Aucuns feigneurs faifoient défia amas de gens fecrctement. Les autres commençoient fort à fe manifcfter,8c ti rânifer le clergé. Sur le pais on tua quel ques bons curez refidens fur leurs bene fices : on coupa à aucuns preftres les o-^

. teilles, 8c en derifton les nobles bourreaux en faifoient des enfeignes à leurs

l chapcaux.Les chefs de cefte côiüration 1 n’omcttoiét rien à faire tenir pres leur$

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DV SACCAGERENT gens parles villes,d’autantquele mois de May approchoit.Lepremier figne de la rebclliôjfe deuoitdôner àParis,pour apres auoir occupe amp;nbsp;faccagé la ville ca pitalc,intimider amp;nbsp;faifirles autres de leur bon gré.De fept à huiét cens hom-lt;4-^** ^•*«ies à chenal, furent quelques fois au gt;^-'lt;gt;l?*''prcfche audit Paris,fans vne infinité de gens de pied de toutes qualitez.La ville trembla, amp;nbsp;fut fort (non fans grande occafion) efmeue. Défia les fuppofts de la coniuration duoient marqué lufqiies à neuf cens des principales maiions heure,qui, mandé par la RoynC I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;deNauarre,par Mefleigncurs

I f Conneftable amp;nbsp;Marefchal faindAn-f^£'z^^'J^ré,auccques eux amp;i. autre grande com-pagnicdefcigneurs,amp;gêtils-hômcs,af-feura cc pauure peuple defarmé amp;nbsp;liurc en proye(Dieu fçaitp qui)entrelcsmais rebelles amp;nbsp;confpirateurs contre la tonne de France,qui dechaflez amp;nbsp;en butin qui leur câoitch retirerent à Meaux pour adui-

Jer à leurs a£Faires:amp; lejûdy de,Palques

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au mois d’Apuril derechef fe prefcnteî^^^ létaux portes de Paris, pour lafurpren^'■ dre en l’abfence des dénommez Sei- ƒ ‘

gneurs, mais furentadmonneftcz

l’approcher iur peine d’cftre rais en

CCS.De Paris,à bride aualce coururent

Orleans,amp; y entrerêt,car on les y atten-*^^^/^-«^^ î doit. Ils difoicnt venir par expres com^ji^^n , * mandement duRoypour luy conferuetj^ fa ville,qu’aucun n’auroit dommage n«.4;i^ fafcherie,que chacun viuroiclibremenc^?^^^quot;^ en fa religion felon l’Edift de Ianuier,'^2T^^^-.7-z auecques inhibition de forcer , violef,Ài-piller,amp; occuper les Eglifcs:mais eftoiéÇ^quot;**^ bourdes amp;: belle entree, comme tous fradeurs amp;nbsp;transgrelTeurs de la foy caXçÿj tholique fans aucun excepter, ont eu la*^2»,y, confcicnce double amp;nbsp;caucerifee, Sz onrt**^,'*'*’ fait eftat de iurer, pariurer, promettre amp;nbsp;rien tenir. Ainfi de iour en iour, amp;nbsp;de plus en plus,contre I’Edid de Iâuier,du quel ils fe nommoient obfcruateurs, Sc proteéleurs, amp;nbsp;cotre leur foy ils rauque toient les Eglifes d’Orléans,amp; commen cerentà donner fur celle de fainét Eu-uerte,amp; la dechiqueterent àleur façon, briferêt les images,froiflerét à coups de

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DP' SACCAGERENT

. marteau de ferles autels Si fepulchres,’ caflerentles vitres,fendirent les chaires amp;nbsp;tout ce qui eftoit de bois, en efclats, ' amp;y mirent le feu,pour dénigrer amp;nbsp;enfu mer les murailes, amp;ied:ercnt dedans ce feu tous les liuresEcclcfiaftiques amp;nbsp;ceux qu’ils trouuerent en l’Abbaye, amp;nbsp;vfe-rétdes plus ordes amp;nbsp;laies paroles qu’ils pouuoienttrouuer,amp; y eftablerent depuis leurs cheuaux,amp; y firent leur ordure, amp;: ruinèrent du tout le monafterc, • fans laifier vne feule muraile entière: empoignèrent aucuns des religieux qui y cftoient demeurez, amp;nbsp;les côftituerent prifonniers pour reueler les reliques qu’on auoit cachees,defquellesfceurent Je lieu par aucuns ieunes qu’ils desbaU' cherent depromefles, amp;nbsp;rauirent tout, relie les fainds oflemens, qu’ils brulle-rent.Les Seigneurs faifoient bonne mi ne auecques leurs minillres, amp;nbsp;mon-llroient n’approuucr telles abomina-tions:mais toutesfoisils vouloiétauoir en poflefsion tout le butin:amp; les grands ftcrileges emprifonnoiétles moindres, comme fut failî au corps vn gentil-hom me logé au parauant la dcfirudion^au^

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DES EGLISES, 65 dit fainâ: Euuerte, accüfé d’auoirprins faparc des reliques auantque les taire venir en lumière . le ne dois taire la pi-toiable condition des deux plus anciens religieux de ce monaftere, aagez d’enui ron chaeû quatre vingtsans. L’vneftde meuré en la ville, enferme plus de quatre mois en vn grainier, au fefte d’vne •maiton peftiferce, amp;nbsp;pource les huguenots n’y frequentoienc pas, amp;nbsp;là prioit Dieu iour amp;nbsp;nuiôt,attendant telle mort qu’il plairoit au Créateur luy enuoier. Vnfîenbon parent luy adminiftroit fe-.cretement fon viure.

L’autre,Curé delà paroifîe,quieftoit en ladite Abbaye,Peftoit fauué amp;nbsp;retiré en vn petit bourg nommé Mareau, fur le chemin d’Orlcâs àPitiuiers,ou firent courfes les Brygans dudit Orleans, Iç mois d’Aouft,amp; trouuercnt en ce lieu le pauure vieillard malade tirant à la mort qui auoit cité adminiftré le macin,fe dif-pofant à mourir.Ces bourreaux l’intcc-rogerent,{’iln’efl:oit pas preftre amp;nbsp;moy-ne,parlant encores vnpeu,leur rcfpou-dit que ouy ; amp;nbsp;lors luy mirent vnc corde au col amp;nbsp;deffous les bras,amp; le traine-

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Dy SACCAGERENT rent par my Ie bourg tout nud fouctas d’ofiers, amp;nbsp;au bout voyans que le mife-rable corps vieil amp;nbsp;caduc,remuoit agite de mort,luy donerent vn coup de bout let à trauers la telle, amp;nbsp;rendant l’efpric l’attachèrent à vn arbre,amp; par plailir le hacquebuterent.

Apres le fac de l’Eglife monallerc de fainét Euuerte, on procéda aux autres , mais auecques l’hypocrifie accou-llumce des heretiques.Quand ils diient bien,c’eft lors qu’ils machinent du mal, amp;fault attendre toutlecontrairedece qu’ils difent amp;nbsp;promettent. Dontques audit Orleans fut fait vn cry de ne dotn mager aucunement les Eglifes, n’efgra-tigner vne image, mais ce furent publi- -cations à la huguenote ; l’inhibition demal faire,à leur iargon, c’ellpermif-fion amp;nbsp;commandement. A l’inftant de tel Edift,les Eglifes furent enfondrees, amp;nbsp;fans rie repeter, accouftrees comme l’autre. LefainôtSacrcmerttfut déshonoré,blalphemc,amp; mis foubs le pic, ou ilfut trouuc, ou haquebuté . Ceux qui auoientla charge des fabriques amp;nbsp;reliques des Eglifes,ne furent oubliezpour

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DES EGLISES. ^6 en rendre compte fuiuanc vne inuentai refaite à cefte fin,par le baillif. Et faulte de tout reprelenter, amp;nbsp;plus qu’il n’y enauoit, onlestenoitprifonnicrs, on les renfonnoit amp;nbsp;tourmctoit.Le feu fut mis à tout le bois de la maifticfle Egli-fe,appellee Sainde Croix.Le peuple effrayé amp;nbsp;eftonné de voir ardre leurs temples , Se la flamme qui en failloit par les feneftrages des vitres rompues , crioit par my la ville, Mifericorde, amp;nbsp;cuidoit défia eftrc perdu, comme de vray il e-ftoit, Ils fîmuloient vouloir garder les loyaux Ecclefiaftiques pour le Roy, amp;: les porter en la tour neuue, qui eft fur rcaue,en feureté : mais auant qu’ils fuf-fent enregiftrcz,amp; prefentez aux grands voleurs amp;nbsp;larrons,les larronceaux en vouloient auoir leur part. Ils efgrati-gnoient par ou ils pouuoicnt les riches vaiffeaux.Si vnchefeftoit fouftenu par des images d’anges , les vns en rom-poient vne aille,les autres la tefte,amp; les derniers necontemnoient lerefte: les pierreries amp;nbsp;cnrichiflemés eftoient en-leuez, que facilement on embourfoit ou embottoit.Du gros amp;nbsp;du menu, ils

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T)y SACCAGERENT en rendront aufsi bon compte au Roy, mefques il foit maieur,comme de leurs autres faiâ:s,ainfi qu’ils promettentpar leurs dcclaratios, amp;nbsp;libelles eferits pour amufer les fols, qui ne croient, ne fen-tent, ne preuoient le mal, auant que lo receuoir. De ce qui a efté amalTé en ladite tour, ils en ont depuis forg^mon-noye.Quant aux ornemens, ils furent abandonnez au pillage, pour mieux les vilipender,profaner,Sc contemner. Les foldats fen firent gentils'homesdecou leur amp;nbsp;en portèrent chacun fon efehar-pe,amp; iartiers à leurs chaufles pour enfei gneamp;liurec des facrileges : amp;nbsp;difoient mots correfpondans , de blafphcme infamie, contre l’honneur amp;nbsp;feruicc de Dieu,de fes Sainéts,de fon Eglife , amp;nbsp;de fon peuple.Aucunesfois par recreation ils habilloient l’vn d’entre eux en pre-ftre, difant laMefle, Silemenoient en triumphe par my la ville, chantans pat irrifion,re de»»! laudamus^ ou Requiem, 8$ faifoient autres infinies infolences, indi gnes d’eftreouies entre les Chreftiens, Es Eglifes, amp;nbsp;par les maifons des gens Ecclcfiaftiqucs, riçnnc demeura entier

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DES EGLISES. 67 Ilsdcfchiroientamp;brufloienc les biblio theques, toute ßgure fut elFacee, refte de Venus, ou des vrais idoles amp;nbsp;fables, fl aucunes y en auoit, qui plaifent plus aux huguenots, que les Sainéts ÔC Saintes; tout fepulchre eminent ou de marque fut ouuert,amp;mis en pieces,amp;les of femens bruflez ou laiffez fur la place. Le cucur enterré en SaindeCroixa efte fricalTé bruflé, de l’innocent amp;nbsp;bien conditioné Roy Fraçois, deuxiefme de ce nom,fils aifné deHcry Roy,non fans caufe bien regretté de fon peuple , amp;nbsp;de la Roine mere viuante,frere du Roy Charles amp;nbsp;du Duc d’Orléans, aufquels Dieu face grace de tout entédre.Il mou rut en ladiâe ville , tenant fes eftats, pour obuicr aux calamitczde fon peuple ßr royaume,que nous portons. Depuis ils defeedirent les cloches pour en fondre des canons, auec les pilliers de cuyure,aigles amp;nbsp;chandeliers des Egli-fes.Ils emportèrent les portes,amp; brufle rent les liures,amp;: tout le bois d’icelles:amp; demaffonnerent les quartiers de pierre de taille des portaulx ôc feneftrages, à fin qu’aucune forme d’Eglife plus n’ap-

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SACCAGERENT parut,fans y laifTer ny ferny clou:ôr des fons baptifmaux , en ont vfé pour retraits amp;nbsp;feiles percees.D’aucunes Egli-feSjils en ont fait des grandies, celiers, amp;nbsp;lieux publics pour retirer leurs munitions, comme de celle des Cordeliers, quieftoit pleinedelcurspouldres,ouïe feu print fans fçauoir comment, amp;nbsp;con-fomma tout. O Dieu eternel, on dira quenousblafphemons en recitant nue- , ment amp;nbsp;à demy, ce que nous voyons. Le clergé enuironné de ces maux,fe fau ua clandeftincment, chacun fe defgui-fantcomme ilpeut,pourfortir des portes. Plufieurs fe ieterét la nuit dedans i lesfoflez pour efehaper.Le premier qu’o atrrapoit on le coffroit en vne fofle, amp;nbsp;on luy impofoit qu’il rcceloit les reliques ou autre faux crime,pour le tourmenter. Autat que ces tyrans en ont co gneu en la ville, ils les ont defpcfchez fils ne renioient chrefme amp;nbsp;baptefme.

Vn iour en furprinrent vn difant la mcfTe en vn grainier amp;nbsp;cófolant les Catholiques, lequel tirerent tout reueftu de fes ornemens enpleinerue, amp;nbsp;luy mi renten la telle vn morion,amp;:fur l eipau

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DES EGLISES. 6^ le vne picque, amp;nbsp;par opprobre le firent tenir tout le iour entre les gardes des portes de la ville,fans manger ne boire: mais affez le fouloiét d’iniures,mocque-ries amp;nbsp;blafphemes. Le pauure curé de fainâ: Paterne,nommé Guefet, aage de plus de foixantc amp;nbsp;dix ans,n’auoit vou lu abandonner fes parroifsiens:ains caché,les confoloit,attêdant la mifericor de de Dieu amp;nbsp;du Roy.amp; a demeuré en ceft eftat enuiron quatre mois : à la fin fut defcouuert amp;nbsp;empoigné,liuré entre les mains du baillif,fon ancienennemy, pourle faict de la religionzear ya quinze ou vingt ans que ce bon curé fe tour mentoit amp;nbsp;cmploioit tout fon bien à obuier à la ruine d’Orléans par les hu-guenots:amp;principalement parce bail-lif,amp; autres iufticiers,qui de logue main font fort desbauchez'.il lespourfuiuoit amp;nbsp;fouuét deferoit au confeil priué amp;nbsp;à la court de Parlement deParis.Au lieu de le croireamp; faire iuftice,on l’eftimoit for, indifcret,homme de fang,feditieux,aux propos duquel on nedeuoit auoir cf. gard,ains f’enmocquerzquiaefté la retribution en France, de cous ceux qui

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Dy SACCAGBIAE^T fe font formalifez pour {a religion j amp;nbsp;ont prédit,amp; crié fans cefle les maux ou nous fommes decheuz.Dieu de fa bonté amp;nbsp;puiflancc nous en vueille retirer, amp;nbsp;nous apprêne à ne plus recidiuer par l’experience denos affligions. Tant/ a,que fi on euft fait iuftice, à la clameur des bons perfonages, de peu de gens, que nous voyons amp;nbsp;auons veu incorrigibles, pour cent ou deux cens pour le plus des principaux de toute la France, qu’on eufl: exécuté, défia ne fulfent morts plus de cinquante mil hommes, fans que foyôs afleurez du nombre qui mourraauantque foyons en paix,apres la ruine amp;nbsp;deuaftationdece tant riche amp;nbsp;opulent royaume.

Les Seigneurs,miniftrcs amp;nbsp;iuges d’Or IcâSjtenâs lié ce pauure curé,en firêt corne les luifs amp;nbsp;Herodes de lefus Chrift, fc gaberent de luy à leur plaifir,amp; cher-choient faux aceufateurs amp;nbsp;accufatiÔs: ils luy impofoiét qu’il faifoiteftat de tra hir le Roy, comme défia ils le difoient auoir voulu faire auecques vn nommé Artus Déliré: amp;nbsp;que forty d’Orleans, il eftoit rentré pour trahir la ville: ils luy

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DES EGLISES, €9 faifoicnt à croire aufsi qu’il forgeoit de la faulfe monnoye: mais il leur en fou-uenoit à caufe qu’ils eftoient bien em-pefchezàen forger de leurs facrileges. En finals luy promectoiét impunité f’il fe vouloit amender amp;: renoncer àla foy catholique.ôc pour le catechiferjenuoi-oient fouuent leurs miniftres : amp;pour luy rcmonftrer amp;nbsp;difputer.

Lebon homme J plus qu’il enduroit, plus confiant amp;nbsp;vertueux il efioit en fa vieillefîe , 8c rembarroit les minifires, mieux qu’il n’cufi peu faite en fa pleine

1 liberté.En fin,le quefiionnerent 8c gen ( ncrent par deux fois:plus pour luy faire renier la foy 8C creance, que pour tirer 1 aucun fecret: car il n’en fçauoit aucun, Scieur protefioitn’auoir change d’efiat ne de robe depuis leur venue à Orleâs: mais qu’il auoit mieux aimé f expofer à la mort,que de fuir,laiirant fon troupeau en la gueule des loups.lls le condam nerent aefire pendu en la place publique,comme traifirc, feditieux, 8c enne-my de l’Euangile. Allant au fupplice, ce vieillardcommença à dire lapafsion de nofire Seigneur,à prier Dieu pour fes

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Dy SACCAGERENT brebis,amp;pour la ville:amp; en l’cfchelle fit plufieurs amp;nbsp;grades remôftranccs aux fei gneurs amp;nbsp;minières qui le faifoiéc mou-rir,de leur entreprinfe amp;nbsp;rebellioncon* tre Dieu amp;nbsp;leur Roy, de la religion catholique,en laquelle,amp; pour laquelle d remercioit Dieu, de ce qu’il luy faifoit grace de mourir:amp; admôneftoitlepeti* pie d’y perfeuerer,quelqueaffliftion oô mort qu’on luy prefentaft: il parloit de fens rafsis,amp; fans aucune apprehenfion: de quoy offenfez les feigneurs amp;nbsp;mini-lires, amp;nbsp;pour autant qu’aucuns de leurs foldats,amp;r du peuple afsiftant,commcn-çoient à frémir amp;nbsp;à murmurer,de com* pafsion amp;nbsp;pine de vcoir executer, fans crime amp;nbsp;caufe,vn fi confiant amp;nbsp;atténué vicillard,ils le firent de rechef aduertit, parl’vn de leurs minifires,que fil vouloir fe conuertirà leur herefie,qu’on le deliurcroic:quoy refufant,fut iedé amp;nbsp;e-firanglc.Noftre fauueur lefus Chrifi,cn tre les mains duquel il rendit fonefprit, nous donne pareille force amp;nbsp;patience,fi ainfi luy plaît, que tombions entre les mains de cesNerons amp;nbsp;tirans François,

Les cheualiers du dcfordre,nc trou-uans

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J)ES EGLISES, 70 uas plus ou mal faire,finon qu’aux bour geoiscatholiques, lefquels ils rençon-noient amp;nbsp;plumoient,bon gré, mal grc, de tant d’argent qu’ils vouloient;failli-rentpar troupes fur les villages,amp; vifi-terent les Eglifes, à leur mode. Le premier qui arriuoit, efloit le plus habile à fucceder au biê public amp;nbsp;cofacrc. Q^âd ils rcncontroient vn preftre, l’honneur quiluyportoiêt,eftoit de l’encheueftrer du licol de leurs cheuaulx : amp;nbsp;apres l’a-uoir trainé longuement, de luy creuer les yeulx, ou couper le nez amp;nbsp;les oreilles , ou les parties honteufes, amp;nbsp;puis le pendre ou hacquebuter. A aucuns pour approuuer leur force,ils ont fendu d’vn coup la tefte en deux,ils ont efcorché la face à âucuns,amp;; les doigts confacrez en leurs faimäes ordres. A Boifgenfi amp;nbsp;aux cnuirons,ils ont fait des meurtres exécrables amp;nbsp;eftranges de perfones de tou tes qualitez,en grand nombre, iufques aux petits enfans. A vn village nommé Patte ,loing de fix à fept lieues d’Or-leans,ils aflaillirent vingt ou vingteinq perfones, entre lefqaelles y auoit des enfans,qui de crainte de leur venue fe-

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DT SACCAGEME^ ftoient retirez au cloché de FEglifc,auquel ils mirent le feu pourbrufler celle icunefle, de laquelle deux petits inno-cens,fe laiflèrent tomber à bas, pourcl-chaper,qui furet reprins de ces brigans, amp;nbsp;reportez dedans le feu.

Ils voyagèrent aufsi, comme ils di-foientjà Noftre Dame de Clery, amp;nbsp;y firent leurs offrandes de toute inhumani té, Sr cruauté. Nay astro une du premier coup les rcliqucSjilsf’addrelferentcntrc les autres à l’image du Roy Lois vnzief-me, amp;commel’ils fculfent tenu vif entre les mains des bourreaux, luy coupèrent les bras,les iambes,amp; à la fin, la telle. Apres,calfcrcnt ôe ouurcrentfonfc-pulchrc,amp;r brullerent fes os.

La mémoire du Roy leur defplaifoit, quiauoit inflruitfes fuccelTeurs de La façon , de laquelle on doibt punir les rebelles François.Ils ne pardônerent non plus à la chapelle de Longueuille, ou c-lloicnt les fcpulchres des Seigneurs de celle maifon , qui furent aufsi brifez, amp;nbsp;leurs corps à demy entiers, expofez aux chiens fur lapaille,fans couuerture. Ne trouuans ce qu’ris demandoiciit, ny

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VES EGLtSES.

icschainoinespour cn réfpnndrc. ils lei firéc proclamer à trois briefs iours pour fe prefenter àOrleâs;amp; fournir de leurs reliques,fur peine d’eftre pédus,ou ilsfö roient rencontrez. A la finals eurent re* uelatiô du trefor,amp; en ontdifpofé coni me des autres.De Cicry,ils furet à Ven dofme, faluer la Roinc de Nauarre, ô£ iouerët en fa preferlce leur ieu cotre les EglifeS:amp; deterrerentlcs peres amp;nbsp;ayeuX du Roy de Nauarrejamp; du Prince de Co dé:amp; les bruflcrêtjouleslaifl'ercnt com-* me les autres.Vn moyne de l’abbaye du dit V endofme,voyant celle tant repen-tine inuafionamp; deftruél:ió,iefta la Sain-ûe Larme en fon fein,amp; la fauua.

A Angolcfmcjlc fcpulcbre du comte lehan,réputéfainét, fut violé , amp;nbsp;celuy de fcsfuccefTcurs delà maifon d’Angoii lefme,de laquelle eft celle de Vallois, te gnante encores par la grace de Dieu, en Frâce,lesoffemés de tous furent bruflez l amp;nbsp;mis en cendre,ou femez fur la place, l Le capitaine Befze,miniftre duChrift' l des Iüifsempiftolé,au lieu de lefus des 1 Chreftiens crucifié , apres auoir amafle 1 vue bonne fomme d’argent des facril»lt; •

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Dy S ÄCCAG

ges faills par fes gens , amp;nbsp;par luy com-mandeZjfc retira d’OrIcans auccqucs la bourfe, loing des coups, amp;nbsp;du camp du Roy , en Champaigne, pour palier en Allemaignc quérir du lecours , comme il difoit, amp;nbsp;prefeha en ladidc Cham paigne trois ou quatre fois,amp;: appeiloit les Champenois dure refte, qui ne luy vouloient obeir:amp; de dcfpit amp;nbsp;rage de n’y rien proufiter, ordonna la mort des curez amp;nbsp;preftres, amp;nbsp;fift pendre les vns, décapiter les autres,amp; meurtrir le tefle, apres les auoir prins à rançon comme ennemis.

Voila vn brief recueil des faifts abominables des loy-difans bôs feruiteurs de DieUjôcduRoy.Si nousfommesfia-Ueuglez amp;nbsp;deprauez que ne les vouliôs cognoiftre , ou toujours les voulions fupporter,lapoftcrité en iugera,amp;Dieu fur nous le vengera.Le tout ell aduenu depuis le mois d’Auril, iufqucs à la my Aouftjde cede annee mil cinq cens foi-xanteamp;deux.

Pendant ce temps,Tours futrendue entre les mains de cede coniuration; amp;nbsp;de trois Eglifcs , de famd Martin,

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DE? EGLISES, 7a fàinâ: Gratian , amp;nbsp;de l’abbaye de Mar-móricrjes huguenots ont bien tiré des reliques,deux nul marcs d’argent,amp; mil d’or,(ans les pierreries,amp; autres fingula ntez: amp;nbsp;ont li bien tout efpluché,qu’ils n’ont laiiré ny fer ny clou: amp;nbsp;les demoli tions font irreparables. Bloys,Poytiers, Bourges,Lyon, auecques tout le Daul-phiné,ChaaIon fur la Saune, amp;nbsp;Mafeon leur ont efté liurez par telle maniéré, qu’il a pieu à Dieu le permettre* amp;nbsp;aux hommes de ce fairc,ou l’endurer . Sans nouucllc defcripcion,gés de fcmblablc profefsion ontexercepar toutcasfem-blables . Des vns on peult iuger amp;nbsp;co-gnoiftre les autres, fans vfer d’infinies repetitions,par chacune ville . Le Mans fut liuré par vn Lieutenant de'la ville, en vn iour de fefte: amp;nbsp;pendant qu’on chantoit l'^^nus Dei, de la grande Mcf-fe, entrèrent en la grande Eglïfe, ic ne fçay combien d’homes bien armez, qui d’arriuee crioient : Sortez bougres de preftres,qu’on vous taille en pieces: tou tesfois quclqu’vn des principaux dit:, Laiflons les acheucrcelle Meire,ils n’en 'diront iamais. Les pauures chanoines

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S ACCAGEME^T îa prolongèrent le plus qu’ils peurent, Icfquels furent empoignez rcueftuz de leurs furplis amp;trainaflez parmy les rues, amp;nbsp;en leurs maifons,pour exhiber ce qui eftoit dedans.On les menafloit de fro-Ccr les pieds des cheuaulx de leur fang. Vn,entre les autres, ne peut auoir parie ce,amp;: ellant en fon logis, pria vn baron qui menoit ces voleurs,deferetirer, amp;nbsp;(de nel’aflaillir en fà maifon, fans caufe ne commifsion du Roy:amp; que fil le fai-foit, il feroit contraint de fe défendre. Le gentil-homme fl bien accompagné, print àiniure celle rcmonftrance, amp;nbsp;fc mit en deuoir d’entrer par force le premier : il fut trauerfe amp;nbsp;tue d’vn coup de boullet,amp;le chanoine fut faifiau corps de la multitude de ces brigans, amp;nbsp;con-damnépar le Lieutenant, à eftre pendu amp;nbsp;eftranglcjuonobllatfon bondroiél, amp;nbsp;fa clericaturc , amp;nbsp;tout appel, amp;nbsp;ainfl mourut execute.

Là, les huguenots rcfembloient aux autres, cotre les Eglifes amp;nbsp;le clergc,amp; fi rent vn cas fort cnormchls priment vn vieil moyneen fon logis,luy coupèrent fa nature, lafricaflefcntjamp;puis firent

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T)ES EGLISES. 75 auallerpar violence: amp;nbsp;en fin luy fendirent l’eftomacli vif,pour veoirqucccftc partie honteufe eftoit dcuenue.

AR.Quen,amp;:partouce la Normandie ils brufloient dedans les Eglifeslcs or-nemens d’or amp;nbsp;d’argent, amp;i. de tout autre matière ; n’en vouloient mefrae vendre les cendres, ains tout confom-mer.

En Gafeongne, ils euflent cfté fort cruels,fi on ne les euftehaftié de bonne heure.A fainótMacareils cnfouiiroient tous vifs les Catholiques, trenchoient les enfans en deux, fendoient le ventre auxprellres, Si: en tiroientpeu à peu les cntrailes, Ôi les deuidoiêt à l’étour d’vn bafton,ou d’vn arbre.

Entre les excez mémorables des huguenots,rien ne m’efmcult plus que les fcandalcs contre le fainâ: Sacrement, Se qu’ils ont mis en cendre les corps précieux des fainóts patrons, Sc propugna-teurs de laFrançe. le nedoibs'dice fans grande effufion de larmes, quç de cela on rie peult colliger qu’vne dernierc de uaftation,quoy qu’elle tarde vn peu de temps, de noftre pauure pais,qui a eflé,

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X»Iâ premiere aux Corinth.

chap.n.

DK SACCAGEMEm en honorant plus que toute nation du fainftSaccf mct,amp; les Sainéls que Dieu luy auoit fufcité,tant floriflant en abon dance de tous biens,8c en reputation de toute grandeur, grace 8c louange fpiri-tuelle 8c temporelle.Ie crains d’auanta-ge, que d’autant que c’eft le moindre de noz foucis de plorer les iniures faites à Dieu ôc à fes Sainéts, que la main de Dieu ne continue fur nous, 8c nous extermine plus toft que ne l’attendons. Noftre Sauueur lefus Chrift me face me teur, 8c pardone à fon peuple,enfans de fl fainds perfonages, ôc de tant Chre-ftiens Rois ôcPrinces,qui d’amour ôc de zele enuers leur Dieu ôc Seigneur, ont fouuenttout expofé, ôcoblié leurs propres vies,pour véger, voireiufques auX extremitez delà terre,moindres abomi nations que celles que nous voyons de uantnozyeulx.S .Paulditque pourles irreuerencesôcindeuotios qu’on appor toit à la fainfte communion,ôc au fainót Sacrement, que Dieuenuoie fur le peuple grandesmortalitez ôc diuerfitez de maladie. le ne fçay qu’il pourra enuoier fur nous,fil vfedefa rigueur, pour tou-

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TfES EGLISES. 74 tes les fortes de blafpliemes,quc la fubd licé des hommes a peu inuenter,penfer, amp;nbsp;dire impudemmêc, cotre le précieux corps amp;nbsp;fang de Icfus, qu’on a donne aux chiés,amp; autres belles,ou qu’on a bri fc,ou iedé aux priuez, ou contre terre, amp;trepignéfoubslepied,ouhacquebutc endefpitdelapuiflance delefus Chrill, de fa tant claireparole, amp;nbsp;de fon Eglife catholique, tâtbien amp;nbsp;de fi long temps d accord.Helas,défia la malcbolfe, amp;nbsp;la pellequafi en tous licux,amp;lpecialcment ou les huguenots ont régné,nous ellran glc,la famine nouspourfuit,le coufleau de guerre nous efgorge, le ciel pourrit noz corps,amp; no’ menafle de tous maux, la terre trauaille , amp;nbsp;ne peult produire, 4’air nousinfeéle, fuffocque, amp;nbsp;melancholie.

Nous confeflons qu’en vain on for-• tifie,amp;onfait bon guet en vne ville, 11 le Seigneur n’en eft le principal prote-éleur amp;nbsp;garde : mais nous lifons es fain-éles lettres, amp;nbsp;hilloires Ecclefialliques, que deflbubs fa proteélion amp;nbsp;gracc,il a ellably,amp; afsis felon fon bon plaifir,par les pais,places amp;nbsp;villes,Anges,amp; Sainéls

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SACCAGERENT pour y furueincr,aider, foppofer, amp;nbsp;interceder pour les fautes amp;nbsp;offenfes des habitans , iufqucs à ce que leur malice, foit venue au coble de mcfchâceté, que la terre ne puifle plus porter, fans requc rir végeâcedcuât le Seigneur, que corn meil eft tout mifcricordieux,aufsi eft il tout iufte. Lors qu’vn peuple eft paruc-nuen telle extrémité, noz efcriturcs en fcignét.que les faides amp;nbsp;fpiriruelles gar des crictiSaillosd’icy,nous auos faitno ftredcuoir d’admonnefter Si fecourir ce peuple, il n’a ten u copte de noftre aide, abandonnons-le entre les mains defes ennemis.Derechef iene doibsdire fans grans amp;nbsp;affetftionnez fanglos, qu’il n’y a royaume foubs le ciel,amp;en ce royaume, qu’il,n’y a ville, à qui Dieu ait fufeité Si donné pour patrons Si gouuerneurs fpi rituels, tant amp;nbsp;de fi grands perfonages, qu’à ce royaume de France,amp; qu’auxvil ■ les d’icelluy,defquelles fe font emparez les huguenots.C’eft chofenotable, que l’hiftoire faind: Aignan Euefque d’Or-leans: Attila auoit couru par my la Fran ce entoure cruauté amp;nbsp;inhumanité; il fe campa deuant Orleans,amp; le peuple n’ac

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DES EGLISES. 75 tendoic quela mort.L’Euefque fainftAi gnan le çonfola, amp;nbsp;luy promectoit fe-cours en bricf:amp;'aîfiaduint.Depuis,les Guepins auoicnt lecogneu fainâ: Ai-gnan vif Sc mort pouf leur bon amp;nbsp;fidele pafteur: amp;: entre toutes les villes de France,leur villea eflé la moins affligée amp;nbsp;nullement ruince. le ne puis efperer qu’on lareuoie iamais, ne fi lôguement en fon entier,comme elle a efté,pédant quelc corps amp;nbsp;protcétion de fainél Ai-gnany a du ré. Dieu de fa bonté lavueil le reftitucr en fon priftin eftat: car ie fuis tenu de prier pour la ville de la naiflan-cede ma mere, qui eft morte à Chartres à mon grand regret,pcndançquei’efcri-uoiece difcours . Noftrc fauueur lefus Chrift luy face pardon , amp;nbsp;à moy grace de le rccognoiftre,amp;feruirenaufsigran. de afsiduitc comme elle faifoit. Le plus grand mal quim’euft peu aduenir,cfl:, queie fuis priué de fes prières ordinai-res,quei’eftimoieplusquetout heur de ce monde. Noflre Rédempteur luy en donne recribution,amp; fon Paradis par fa bonté amp;nbsp;mifericorde, ou elle perfeuere en U bonne affedion matcrnelle,qu cl-

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SACCAGERENT leporcoit à mon amc, amp;nbsp;à celle de tous fes autres enfans .* mais il ne fault fortir hors dcpropos.

Tous efcriuains delaprimitiue Egli-fe admirent l’antiquité de fainél Erigne que nous appellôs en Latin tiré du Grec £jgt;-e»f«i,c’clfà dire pacifique,Euefque de Lyô,efcholier defaind Polycarpe,difci-ple de faind lehan l’Euangelifte.

Les martyrs de Viéne amp;nbsp;de Lyon,fous Antonin , furnommé Le bon,font fore célébrez par leurepifi:re,quifencbiêfon Icfus CIirift,inferee en noz hiftoires.lls enuoierent à Rome de leurs nouuelles au Pape Eleuthere, amp;nbsp;déclarent, difpo-fez à la mort, quel Chreftien eftoit Ire-nec, duquel ainfiefcriuent ; Pere Eleu-therenous vous faluos, ÖC defirons que bien vous fort en toutes chofes. Nous auons baillé nos lettres,amp; auonsper-fuadé de vous les porter à noftre bon frere amp;nbsp;compagnon de noz afflictions, Irence. Nous vous prions l’auoir pour rccommadé,car il eftl’vn des plirs grans zélateurs, amp;nbsp;amateurs du teftament de lefus Chrift.Etfi nous eftimions aucun mériter louange de iultice amp;nbsp;vercigt;par

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DES EGLISES. qS fa dignité amp;nbsp;degré eminent,nous vous le recômanderions,principalement par fa qualité,côme lepréftre de noftre Egli fe:car de»vray,tel il eft.En fomme,ils le louent de fon grand courage à foufte-nir lafoy delefus Chrift,à conforter les mattyrs,amp; endurer auecques eux, amp;nbsp;de fon ordre de preftrife, qui pour lors e-ftoit dôné àceluyqui plus digne amp;capa ble en eftoit Si lors il euft tât combatu par difputes amp;nbsp;liures contre les ennemis de noftre Sauueur,hérétiques,f’il euft défia monftré le chemin aux bons Euef ques deFrance,comme depuis il fift,de hardiment corriger amp;nbsp;admonnefter le Pape en fes faultes,amp; de le prier de cher cher les moyés de côtenir la Chreftien-té en vnion,amp; pour peu de cas ne fe cho lerer amp;nbsp;exterminer ceux qui faillenr, ains les (upporter amp;nbsp;doulcement les ac / tirer,dequel cueur,en quels termes euf fent eferit ces francs martyrs,de noftre Seigneur de IcurEuefque Irenee’L’cuf-fent ils iniuriémort ou vif? l’euflent ils bruflé mort ou vif 5 euffent ils aboly fa mémoire de vif,ou de mortft’eulfentils receu en leur côpagnieamp;rccogncu pour

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nr s ACC AG E'h'î e^t leurs frcres membres de lefus Chrift,od pr{)te6teurs de la faîde paroIcrLes Lyô-nois, qui ont b ru fié plus de treize cens ans apres fa mort, leur Euefque, tant fainct,tant excellent,tant dode, rant ar dct,amp;prochain imitateur de noftrc Rédempteur,amp; de fes ApoRres, ne les euf-fent ils pas condamnez,amp; ne les côdam lieront ils pas vniour, pires que Tirans, que Payans,qui le plus fouuent fe con-' tcntoient delà mort des Chreftiés, laif-fans leurs corps à la bône difpofition,SC difcretiô de leurs amis’ou pour le moins ne les euffent ils pas lugez fcmblablcs auxluifs,ôc inhumains tirâs,quidepeuc que les os des Chreftiens ou cendres ne fuflent refufciteZjOurccueilliz amp;nbsp;hono-Sufeb.liur. l Eglifefcomme apert par les epi-

Rres des martyrs de ce temps là) ils les ’ C7 /»«r.p confommoict du routen cendre, qu’ils iedoient dedans le Rho(nc,ou ailleurs, ou les failoient mâgerpar les Lyons ou autres belles?

Comme Dieu, felon la necefsité du tëps,prouuoità vn chacun pais, de quel que grand homme, qui fouflienne amp;nbsp;rc poulie les alTaulcs contre la religion, auf

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DES EGLISES, 77 f du temps des Arrians il n’auoit dcfti-tuélaFrancCjô: dénué de rempars pour la foy catholique, entre lefqucls fleurirent S.HilaireàPoiótierSjöc S.Martin à Tours,deux pcrfonnagesrenommcz,rc doublez,amp; honorez depuis l’Orient,iuf ques en l’Occident.S. Hilaire eftoit vn François naturel,en rien fimulé,ou def-guifé,franc,apert,immobile en la foy,libre, irreprchenflblc en fa vie,ardent,do éle,fubtil,vigilât,impaticnt contre tous heretiques, voire monarques de tout le monde,comme Conftace,lequclil aau-fé appeller Antechrift. Qupy qu’on luy promifl,qucy qu’on le menaflaft, quoy qu’on luy prcfcntaftla mort,quoy qu’on le chaflaft hors de fon pais , au loing en exil, toufiours perfeueroit à eftre vray François,ne pouuant fe taire, ou oblier Dieu,pour lequel il f’oppofoità tous,amp; contre tous,dcfireux du falut amp;: confer nation de fonpais:auxEuefques duquel il efcriiioitjles admoneftoit, exhortoit, amp;enfcignoitabfentamp;prcfentdeladroi fte voyc en lefus Chrirt, amp;nbsp;Eglife catho lique.Ce que ic dis, eft recogneu notoirement par fes liures, amp;nbsp;anciennes hi-

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'Dy’ SACCAGERENT ftoires.SainétMartinaulieude longues amp;nbsp;fubtiles dilputes en fa fainóte vie re-luifoitjfi doué des graces de Dieu,fi par faiét, fi excellent en fes œuures, amp;nbsp;miracles , qu’on ne l’cftimoit moins qu’vn des douze Apoftres: amp;nbsp;on l’appelloit amp;nbsp;efcriuoit à eux equal amp;nbsp;femblable. Les hiftoriens Seuere Sulpice amp;nbsp;Grégoire Euefque de Tours,ont difcouru ample ment des prerogatiues amp;nbsp;faiôts admira bles amp;nbsp;charitables enuers ce Royaume, de faind Martin,tantcnfa vic,qu’apres fa mort.

La France, par longue experience amp;nbsp;par fcnfible euidence^e la garde amp;nbsp;pro tedion de ces deux Sainôls,lcs a depuis leur mort reuerez amp;nbsp;reclamez,apres Di eu amp;nbsp;noftre Sauueur Icfus Chrift,comme fes prefens amp;nbsp;fauorables patrons amp;nbsp;intcrcefleurs deuant la m aiefté diuine. Tant nos premiers Rois Chreftiens a-noient dedeuotion àeux,quequandils vouloient iurer amp;nbsp;fobliger en bonne 'crtjroïre confciencc,ils difoient: Quf fainds tueiqutde confefleurs Hilaire,amp;Martin, foientiu roMn./»«. ges amp;nbsp;retributeurs à celuy qui mentira Qy trompera.

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DES EGLISES, 78

Le premier Roy Chreftien Clouis,a- Grtgoirt pres fon baptcfme, dit à les fubiefts: Il Eue].de me fachebcaucoupdeveoir les Arrians Tours,U.i» hérétiques, occuper vne bonne partie de nos Gaules: Allons fous l’aide amp;nbsp;pro tedion de Dieu,recouurer noftrc terre. Pour autant que fon paflage eftoit par Touraine,il ordonna qu’aucun de fes gens n’y print autre chofe,que de l’eaue amp;nbsp;des herbes. Vn de fes homes d’armes rencontra du foin,qui appartenoità vn pauure homme, amp;nbsp;dit: Le Roy nous a permis de prendre de l’herbe,amp; le foin n’cft autre chofe, i’en puis vfer fans of-fenfe.Le Roy entédit le faift,amp; fans delay luy fit trancher la telle,difant:Ou fe ra noftre efpoir de vilt;âoire,fi fainôt Mar tin eftirritéîDelàmarchaauecques fon armee à Poiôliers, amp;nbsp;campé près de la ville,veit venir fur foy la nuiéf,comme Vn grand phalot, qui fortoit de l’Egli-fe S,Hilaire, que luy enuoioit en figne deeonduite amp;nbsp;proteétion ceSaina,qui tant auoit combatu en fa vie contre les hcrctiques, amp;nbsp;perfiftoit apres fa mort. Le Roy commanda aufsi qu’on ne pil-'-UÛ rien fut le territoire dudit P oidiers.

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S ACCAG EME^T Depuis,amp; au parauant en toutes les ne ccfsitezde France,toufiouis les Rois Si peuples ont eu recours aux monumens de ces deux diuins homes, amp;nbsp;en ont eu tout fecourSjpendantquede bonne,de notion,fans faintife ils l’y addreflbicnt, amp;qu’vnefanglanteß^ fupreme iniquité n’abôdoit en ce Royaume.Mais depuis que les pechez,qui méritent extermina tion,ont prinsracineen nous,Dieu are tiré fa fauue garde amp;nbsp;force des Saincls, lefquels il auoit eftably par les places, choi fis entre les au tres par fonbôplailîr amp;nbsp;grace,Tels pechez, felon les prophètes,font, faulfe doctrine,blafphcmes,in grate rccognoiflance de Dieu, foit pat athciffne,foit par indeuotion, enormes fornications, incefles, amp;nbsp;adulteres,vfu-rc,auance,amp; opprefsiô des pauures,de-Joyauté, infidélité,tromperie, detradid des vns des autres,grade iniulfice,gran* de malice des chefs, amp;nbsp;infolence in toile rable en toutes pompes amp;nbsp;fuperfluitez. Depuis que tels pechez nous ontacueil ly amp;nbsp;polTedc, nous auôs interroge Dieu amp;nbsp;fes Sainds,amp; fommes demeurez fans relponfe,confort,cofolation connue

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DES EGLISES. 75» Saul amp;nbsp;lepcuple d’Ifraebfir au lieu d’exa miner noftrc confcience,amp;nous aman-der,à fin de regaigner la grace amp;nbsp;manutention de nortre Seigneur , amp;nbsp;de fes Sain(5ts,aucuglcz par nos faultes, comme gens cff'rontez,auons voulu foufte-nir nos ofFenfes,nous mocquer de Dieu amp;nbsp;de fes Sainfts par nouuelles opinios, gauircries,amp; eftranges inuentions contre l’inftrudion de cous ChrefticnSjqui iamais furent, contre nos peres amp;nbsp;ma-ieurs, Icfquels nous condamnons pour nousiuftifier,nousblafmonspour nous honorer, nous deterros amp;nbsp;bruflôs pour nous faniElifier amp;nbsp;immortalifer, amp;nbsp;comme hommes hors du fens amp;nbsp;phreneci-ques nous cherchons,nous folicitons, nous auançons noftre perdition amp;nbsp;ruine, amp;nbsp;en icelle de gaieté de cueur nous nous précipitons.

l’appelle deuant Dieu la confcicncd des habitans des crefpuilfantes, trefno-blcs,amp; opuléces villes de Lyon,T ours, Poiéliers, Bourges, Orleans, Rouen ôc des autres,f’ils ne confefTcncpas que par ces vices ils font tresbuchez au plus pitoyable cftat ou ils furent iamaiSjfi bien

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Dr SACCAG

le confidercnc. Et pour accomplir leur malheur,amp; le priuer de la protcdion de Dieu, 11 lera dit Sgt;c efcrit, que de leurs . mains,amp; au milieu de leur habiratiô,ils ont embrafc les corps des plus anciens, des plus notables Sainâ:s,dodes, charitables amp;nbsp;admirables, que depuis les A-poftrcs lelusait fufcitéen toute la Chre ftiétc.Hélas,tant de Barbares,tant d en nemis de Dieu,amp; de la Frâce,tant de ty rans,brigans, amp;c hérétiques ont ils palTé par nous,amp;pardonne à ces morts, à fin quelcsinllruits amp;nbsp;conuertis à Iefus,pai cux,amp; h longuemét aidez amp;nbsp;conCcrucz par leur intcrcefsió,icólairent leurs cen dres plus de douze cens ans apres leur mort au feu amp;au vent.'Helas,rcfcriture reprochc,côme chofe execrable, à tous qui ont pcrfccutc les Sainfts-qui neco-rßtl.^o, gnoilToientpasiIls ontexpofé(dii elle) les corps des feruiteurs du Seigneur corne charongneaux oyfcaux,amp; IcsTref-chrefticspeuples n’ont fait difficulté de liurer au feu ceux q toute la Chreftienté eognoifibic amp;nbsp;honoroit:amp; que,par fi lo gue clpacc de temps,on auoit fauuc de tout outrage amp;nbsp;fcâdale ! O villes iamen

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DES EGLISES. 8o tables,fi le clergé,fi le Roy innocent, ü moy le plus grandpecheur vous auions mcsfiiiftou offenfé,helas(comtne remo ftre Optât Mileuitan aux Donatiftes)^ quel mal vous a fait Icfus Chrift, duquel vous auez dcmolylcs autels,amp; con culqué le corps?Qu^cl mal auez vous re-ceu des Sainàs Irenee,Hilaire, Martin, Aignan,amp; autres infinizpêdantleur vie-amp; depuis leur mort, defquels auez plus* mefdit, Sc aux corps defquels auez fait pis que tous infideles’Fault il que le fâg delefus Chrift conculquc,amp;les merites des'fiens perfecutez qui crioient miferi-corde pour nous,demâdent vengeac^i fur no’?Fault il quenoftrè pofterité'foit déshéritée amp;nbsp;priuec par nous , du plus grand amp;nbsp;precieuxthreforque nos ance-ftres nous pouuoient laifler amp;nbsp;queiplvus ont tra’uaillé de contregarder auecques la foy du Sauueur ? Fault il que par namp;-ftre mefchâceté amp;nbsp;ingratitude noz amis enuers Dieu dcüiennent ennemis,'amp;pï trons foient par îufte caufe adueï‘fair^s? O Sauueur lefus Chrift-, ie ne ftay ft'S-uez referué aucun Abiaham,Ndc,.M^y fejSâmuel,ou Hieremie,qui!f oppofa èi.

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Dy SACCAGERENT

prie pour voftre peuple : mais ie fçay qu’il a plus péché contre vous,que tout rifrael ne fîft iamaismonobftât, ô Dieu débonnaire, par voftre mifericorde, amp;nbsp;pafsion ne repoulfez le moindre des in-numerablcs, quipar voftre grace n’ont encores flcchyle genouil deuant Baal, ou Caluin,ou autre idole de la nouucl-Ic religion. Voyez leur affliétion, oyez leurs regrets du deshonneur qui vous cftfait, entendez leurs voix prières, amp;nbsp;pardonnez aux mauuais , en faueur des bons,aux viuans pour le refpeét de leurs anceftres,qui tât vous ont magnifié amp;nbsp;exalté en ce pais,remply de voftre benediélion . O rédempteur, qui en la croix auez exeufé amp;nbsp;prié pour les igno-rans qui vous iniurioiét amp;nbsp;crucifioient, maintenât en voftremaiefté nous vous fupplions exeufer amp;nbsp;pardoner à tant de pauures enragez qui ncfçauentce qu’ils font, ne àqupyils tendent: ouurez de voftre main leur entendement bande parleur malice, caftez amp;nbsp;humiliez leurs cueurs endurcis amp;nbsp;enflez qu’ils vous co-gnoiftent,aiment, amp;nbsp;cherchent en toute obcifl’ancc,humilité,amp; aftedio: amp;nbsp;ne

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DES EGLISES, 8i recherchez iufques à la troificfme gene ratio, les pechez des peres qui vous ont blafphemc amp;nbsp;déshonoré,fur leurs en-fans amp;nbsp;poftetitc.

Pour plus long déduit des calamitez' de noftre temps,iefiipplic au nom de no ftre DieUjM.efl’eigneuis les Euefques 8^ Archediacres, defquels l’office primitif confifte à f’enquerir des afflictions de 1 Eglife amp;nbsp;en lailfer la mémoire, de faire chacun pourfon regard,diligente in-quifition des maux, que 1 Eghfe à fouf-fcrcenpeude temps, par qui, amp;nbsp;comment , amp;nbsp;le tout drefferen hiftoire particuliere ôc fidele, qui feruira à quelcun, pour en copofer vne vniucrfellc, amp;nbsp;du tout veritable.

J.espunitions ordinaires des fcici\le^es.

CH^P. I4.i -XJ?

COmme il n’y a nation fi Barbare (difenttous) qui n’ait apprehen-fion d’vnDieu, que toute creature doibt craindre,aimer,amp;honorer,auf-fl n’y ail aucun peuple qui n’eftime tout facrilege amp;nbsp;rapt des choies à iccluy dedices,non feuleract illicites,ains de telle abomination, que iamais ils ne dc^ M iiij

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SÂCCAGEME^T meurent impuniz:mais comme le mon* X dépourvu temps adoroitles diables,Si leur exhiboit tout honeur deu au vray Dieu : aufsi en punition de ce grand péché, le Créateur ôt Seigneur fouuent a donné la puiflance amp;nbsp;moyen aux diables de venger les iniures amp;nbsp;pollutions deleurstêples, pour autant que de premiere intention, ilseftoient vouez à la diuinité, quefaulfement les hommes at tribuent aux creatures.

En fécond lieu , l’expcrience a touf-iours enfeigné, que du bien confacré à Dieu, iamais vfurpateuramp;inique pof fefleur n’en fift beaufaiét, ains a eu lieu Tnutri. 1. ceque Salomon dit par enigme amp;nbsp;pro-fbtpitre. posobfcur amp;vniuerfel : Aucuns diftri-buent libéralement leur bien,amp; néant-moins deuiênent plus riches : les autres rauiflent l’autruy , demeurent touf-Snhuifo iours panures.Et fainél Ambroife eferit que Iulian l’apo^at, areceu les coffres FM ttnua anceftres Empereurs,pleins amp;nbsp;bi-. en garniz,quepar fes facrileges, en pen de temps, il a vuidez du tout, fans rien laiffer : au contraire , que Valentinianj apres luy-, nauoitricn trouuc, qui par

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DES EGLISES. Sx deuocion laifTa grands threfors amp;finan» ua ces.

En troifiefmc lieu,aeftéobferué,que tous facrilcges font decheuz amp;nbsp;trébuchez en quelque miferable eftat, amp;nbsp;le plus fouuét frapez d’vn feu cclefte,ron-geant leur corps, ou d’autre defaftre, qui fans reraede les pourfuiuoit à la mort. L’antiquité de longue experience en a compofé des prouerbes, comme -quand on a voulu declarer vne chofe, qui iamaisne venoit à proufit,ou qui ap ’’ portoit fon malheur tout content, on difoit : C'èftdel’or fainft, ceft l’or de ^»luiCel Tholofe ; pour autant qu’vnamp;gendar- lt»i. mené Romaine, ayant volé vn temple, voire des ydoles à Tholofe, tous ceux qui en eftoient,6c qui eurent du pillage, périrent de malêcontre,les vns apres les autres,

’ Tous autheurs annotent aufsi des rltetiue.lt Gaulois,debordezdefens fur l’Italie,amp; ure^.PMfk chaffez en la Grece^qu’oneques nefrap-parêt bon coup, apres auoir attenté fur le temple d’Apollo , ains perdirent ba- a tailles apres batailles, amp;nbsp;de fouldres du i ciel, ôctempeftes deS*clcmens j furent

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liurei.

' SACCAGE'ME'^T alafinacablez peu àpcu.ValerelegraJ remplit vn long chapitre d’exemples, fur cc faiót : Paufanias déduit ample-mcntla mort deSylla,qui fut mangé de vermine , amp;nbsp;d’autres pauuretez qui luy partoient du corps,pour autant, dit il, qu’il faifoit gloire de voler tous les temples que par chemin il trouuoit, fans co gnoiflancede caufe.

Eh Ufire* tniemux Cortathtts ch»f,lt;S.

Premier li ure des J^is fbéjf.j.

^.liuredes I{at5,ch4f»

Qi^nt aux eferitures fainftes, faind Paul donne vnereigle generale, en forme decommunprouerbe; Dieu ( dit ü) de malencontrc,perdraceluÿ qui aura violé fbn temple.L’archc de Dieu fut at trapee des Palcftins;àraifon des offen'-fes dcspreftres,nonobftât ignominieu-femcnt’les poflefFeurs furent frapezan fondement,amp; ne fe pouuoient afl'eoit, amp;nbsp;bien toll: rendirent, par bon confeil, leur facrilegCjCÔbicn qu’ils l’euflentcon quiSjCn plein chap de bataille.On peult afleurer q peu font efchappez,qui aient mis la griffe au temple de Salomon . Le premier qui monftra le chemin, fut Se-faCjRoy d’Egipte,qui venu en armes cotre Hierufalem,’emporta tous lesthrc-fors des maiforis de Dieu,amp; des Rois de

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DES EGLISES. 85 la ludcc: amp;nbsp;combien que l’cfcriturene face mention du refte de fa vie, ne de fa mort, toutesfois par argument frequent esfainétes lettres,il eft vray-fem-blable qu’il en reporta mefmc loyer que les autres.

Nabuchodonofor rifla tout ce qui EnDatùtL eftoit debon amp;nbsp;debeau en ce temple,Se fon audace le rendit d’vn Roy triom-pbâtamp;trefpuiflantjVnloup garou, qui rongeoitdu foinauccqucs les autres be ftes,duquel eferit Cyril Euefque de Hie rufalem, en fon fécond liurc de fes in.-ftruóliós Chreftiênes en ces mots: Pour prle/ecôi quoy Nabuchodonofor ell; il appelle fi “ malheureux amp;nbsp;fi fauuage d’entédement “ ‘ troublé? Ne fçais tu pas qu’il déterra les “ corps des Rois,Sc qu’il affligea le peuple? quot;nbsp;N’as tu point ouy dire qu’il pillales ehe “ lubins, non pas ceux qui font au ciel en “ cfprit,mais ceux qui couuroicnt le pro- “ pitiatoire au téplc,d’entre IclquelsDieu patlpit àfon peuple?

Balthafarfuccefleur deNabuchodo- paniel nofpr fe voulut feruir des mcfmes cou- chap.^. pes defquellcs on feruoit Dieu en les fa çtifices,amp;; en yurognât il veit vne main

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. SACCAGERENT, qui fignoit la fentêce de fa ruine en trois mozs^RtdneThecel f)hdres,ce queDanielin terpreta, Dieu a prefix le temps de ton empire amp;nbsp;l’a accomply:tu as elle exami-neamp;poifc fl tu en cftois digne, amp;nbsp;on a trouucquenon; pour cellecaufe Dieu a diuifé ta feigneurie aux Medes amp;nbsp;aux , Perfes. En quoy eft fignifiee la retribu- I tion des Rois amp;nbsp;Princes qui felliment Dieu,amp; tout fans diferetion leur appartenir amp;nbsp;dcuoirferuir.

Efdrds. Apres que Cirus amp;nbsp;Artaxerfes eurec rendu le butin de leurs predecefleurs,§i que le temple fut réparé amp;: reliably, les feigneurs qui auoient fuiuy Alexandre legrand, redoublèrent à le polluer Si Ipolier de tout ce qu’ils peurent attra-pcr:mais la vengeâce de Dieu les furpre noit plus toll qu’il ne l’attêdoient.L’hi' lloirc d’Heliodore fuperintendant des finâces de SeleucusRoy d’Afie,ell alTeZ Lfu.i J«» renommee.De par fon Seigneur, il fuC iiachab.,, enuoié en Hierufalem pour par fubril * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« moyé fc faifir des threfors du templeXc

” grand Eücfquelercceut humainement, ” auquel apresauoirfaitbonncchere,cx-” pofafon mandement; amp;nbsp;combien qu’on

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r)ES EGLISES. '84 luyremonftraft que ce qu’il demandoit, « cftoit l’argent des vcufues amp;nbsp;des pupil- « les,amp; qu’à peine Dieu permettroit que « le temple fi fainâ amp;nbsp;honorable fuft ain « fi volé fans vêgeance,toutcsfois il paffa « oultre; amp;nbsp;corne il enlcuoit le trefor,ap- “ parut vn homme armé d’vn harnois do « ré fur vn furieux cheual, qui fe rua fur “ Heliodore des deux pieds de deuâtæn- quot;nbsp;femble deux beaux, icunes, braucs, amp;** forts compagnons, qui enuironnerent “ ce panure financier,amp;: le foueterent de “ tous coftez fans remifsion .Incôtinent “ il tomba à terre csblouy amp;nbsp;aueuglé fans “ aucun fecours, combien que ce fuft vn “ homme qui eftoit venu fi bragard amp;nbsp;fiquot; bien accompagné de gensàpiedamp; àche ual,mais la puilfancc de Dieu fe manife^^ ftoit,par laquelle ce miferable treforier eftoit abatu amp;nbsp;couché muet,amp; fans ef-poir deconualefccnce.Le peuplemagni „ îioit Dieu,6c luy rendoit graces, 6c au- „ cuns des amis d’Hcliodore fupplierent „ l’Euefque d’iuoquerle toutpuiflanr, ££ „ d’impetrer la vie fauue du facrilege qui „ rendoit l’ame.L’Euefquecraignant que « le Roy ne foubfonnaft quelque malice «

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Wr SACCAGERENT n delapart des luifs contre HcliodorCjfa » crifia pour luy:amp; à la priere du Pontife » les deuxieunes hommes luy dirent,re-»« mercie hardimét ce bon predrCjCar par ” luy le Seigneur te lailPe la vie:maisayâc fency famainôcfon fouet,rapporte àtô ” mailhefa gradeur amp;nbsp;puiflancc:amp;ccpro ” pos dit,euanouirent, Heliodore fit fon ” oblation à Dieu, auquel il fit de gran-” des promelles pour fa vie fauue, amp;nbsp;re-quot; merciant le Pontife,l’en retourna aucc-” ques fa troupe , Si annonça par tout 1gt;^ ” force Svgrâdeur du Dieu d’Ilrael.Quai ’ il fut arriué amp;nbsp;eut fait récit de fon ad-uencure,le Roy luy demanda qui feroit' propre à entreprédre de rechef pareille commifsio d’aller en Hierufalem.il lu/ „ relpondit; Sire, fil vous plaift de vous „ défaire d’aucun qui vous foir odieux a-„ l’entour de vous, ou duquel vous ayez « aucune defiance , enuoiez-le là,5t il re-« uiendra bien puny amp;nbsp;fcfle,ores f’il en c-» chape, par ce que là il y a vne vertu de M Dieu euidentc : amp;nbsp;celuy qui habite au »» ciel,efi: protedeur amp;nbsp;garde deceftepla-»gt; ce de Hierufalem.

»» L’hiftoirc d’Antiochus,furnôrac 1’11«!

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DES EGLISES. 8$ luftie,quifutbiéabbcircn’cftmoinscc « iwrti.. lebrc que lapiecedcte,il faifoiteftat du pillage des tcplcs,ou du vray Dieu, ou des idoles,amp; en triôphoit.La vengean-« ce pour le commcnccmcnc fouldroia « fon armee,qui fut dcfcôfitecn la ludec, “ amp;nbsp;de fa perte,entra en vne melancholie “ ou furie qui ne luy donnoit repos ne de “ iour ne de nuift, De rage menaffoit de “ mettre à fac toute la ludee,mais le Sei- “ gneur Dieud’Ifracl,qui côtcmple tout, “ racouftra,amp;naura d vne playe d’ou elle quot;nbsp;procedoitincogncue Siincurabîe:car fi ** toft qu’ileut acheucle propos de fes me “ rafles,vne douleur de collique Si du ve quot;nbsp;tre le faifit, Si tomba en outre de fa co- “ ehe,amp; fe meurtrit tout le corps. L’Illu-^^ ftrifsime, furpalfanten orgueil tous les hommes, qui fe perfuadoit auoir corn-mandement fur la tourméte de la mer, amp;nbsp;pouuoir enclore toutes les hauteurs „ des montaignes,en vne ballâcelors hu „ milié, eftoit porte en vne chaire à bras, « Si monftroit fur foy la puiflancc de no- « ftre Dieu.De fon corps treflailloient Si « grouilloient les vers,fa chair fondoit amp;nbsp;lt;( dccouloic en pourriture,tellement que «

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Dr SACCAGEAIENT

« fa gendarmerie ne pouuoic endurer la » puanteur qui en forroic, tant mal fen-” toitjceluyqui penfoit porter amp;nbsp;entrete ” nir le ciel,que les porteurs de fon corps ” creuoient de fon odeur.Par fon outre-” Guidance,ilauoitmefeogneuDieu: amp;C ” de fon grand heur, tombé en extreme “ malheur,par aduertiflement de la peine ” qu’il enduroit,retourna au Creatcur:amp; ” voyât que d’heure en autre fon mal aug *’ métoic,amp; que plus àluymefme n’eftoit ” pofsible de durer en fon ordure,appella ” fes fauorifez,amp; leur dit:Mes amis,moy ’ qui eftoie lî galant amp;nbsp;plaifan t,tant aimé amp;nbsp;bic fuiuy en ma profperité,i’aperçois en quelle mifere amp;nbsp;trillefle ie fuis plon-gé.C’eftiufticc,quc nous foions fous la main amp;obeilfancede Dieu,amp; que l’ho-me mortel ne felleue ne parangonne „ contreluy.il me fouuiêt des maulx que „ i’ay commis en Hierufalem , i’ay robé „ amp;nbsp;tranfportc tout ce qui eftoit d’or Si „ d’argent.Ie cognois Si confelTe que c’efl: « la caufe des affliélions qui me prelTent, gt;» Si que pour ce,ie meurs en pais ertrage. » En fin,Ie miferable prioit Dieu, dit l’ef-» criture,duquel n’auroit pardon ôimife-

hcorde

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DES EGLISES.

ricorde, côbicn qu’il vouaft amp;nbsp;promift, de tout reparer amp;nbsp;reftituer : mais corn-me apparoir de fes paroles, il ne crioit que par contrainte fans cueur contrit amp;nbsp;defplaifant deuant la maiefté diuine, amp;nbsp;ainfi mourut.

Deuxfrcres, Menclaus amp;Lifimachus, pourfournir au RoySeleucus jamp;auoir credit d élire grâdsPotifes delà ludee, emploierent tout ce qu’ils peurentde-ftournerdu téple. Pour exécuter la punition, le peuple premierementfemuti Liur.i.iei ' na cotre Lifimachus, amp;nbsp;à coups de pier Médutta res amp;nbsp;de leuiers alTommercnt trois mil hommes qu’il auoit ramaflez pour refî-fter, amp;nbsp;à force de luy icâcr de la cendre amp;nbsp;pouldre aux yeulx , ils le chaflerenc iufqucs contre le trefor, amp;nbsp;là le dclpc-cherent,amp; luy coupèrent la gorge.

Ntçfanorclloit fort violent, amp;nbsp;outre liur.iJes qu’il ne faifoit aucune confcienceamp; ef- MtKhdbeet pargncdeccqu’il trouua au teplc, il me nafl’oit de le rafer amp;nbsp;vilipéder en toute abomination. Il eut fon payement tout cotant,amp; fut troufle en guerrc,le poing coupé qui auoit touché les facrilegcs, la telle tranchée, la langue qui auoit bla-

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SACCAGE'ME^T fphcmc, dcchiqucttee,amp; parpieces ic-decaux oifeaux.

Depuis Ie temps des Machabecs,Ies Romains vfurperéc la ludec,petit à petit,pour pafler contre les Parthes,amp; au tres nations Orictalcs,amp; eurer enuiede dominer en ce beau amp;nbsp;magnifique tem plc,aufsi bien commcailleurs.Le grand Pôpcius en fill l’elTay, amp;nbsp;le premier des Romains profana le temple redifié par les Machabees, toutesfois n’en voulut tirer aucune chofc,de peur d irriter Di-jofeplelt. eu : neantmoins vint à la fin mifcrablc-i^ chap.}. met mourir en Egypte,presd ela ludcc, de laquelle il auoit violé le temple.

jo(êphe,lt Marcus Craflus, le plus riche vilain tnejmtfcb. Jgj Romains, n’cut fi bonne confeien-f* ce que Pompcius,il ne fe contenta d’en trer au téplc, ains y laifla le moins qu’il peut:aufsi, au lieu d’obtenir la v^oirc contre les Parthes,il fut défait,amp; cruellement tué.On remplit fon teift d’or,au lieu de fa ceruelle:amp; en luy reprochant fon auarice, on difoit: Soulle toy d’or, zZ«f4r^Ke. qjjç

ffi 61T T 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5*1 nbsp;

tofefheeb, “crodcs,ayant tout prodigalement expoféjfe voulut rccôpcnfer fur le tem

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DBS EGLISES. 87 pie, amp;nbsp;les fepulchres de Dauid amp;r de Salomon. En fa prefence, fes feruitcurs toberenc morts, qui fut caufe de Ie faire retirer: mais à la fin, il ne peut fuir la deftinee des facrileges,amp; trefpaffa pour ry amp;nbsp;infeéf.

lemc tais des morts de CafsiusJ’vn des coniurâteurs contre Iules Cefar,de Scaurus, Gabinius, amp;nbsp;de Varus, qui ne portèrent pas grand honneur amp;nbsp;reue-rence au temple de Dieu, ôc à tous,mal leuren print.

Les autheurs Chrefticns,d’vne voix, s-ffierof*. remonffrent les punitiôs que Dieu fuf-/«’‘/«fro« cite contre les facrileges.Saind Chryfo ftome en fait aflez long difeours en fon ’* trai£tc,du faind martyr Babylas.Sainâ: Hierome fouuent inculque femblable Mira. propos, amp;Profper vfede beaux mots: frofitrm Que les Rois amp;nbsp;nations(dit il)confidc-rent amp;nbsp;craignent,qui tiennent en leurs maifonsles vaifleauxEcclefiaftiquesen-'“’^*^ captiuitéjSr font difficulté de les redre; car quelle peine croyons nous eftrc pre paree à ceux qui ne rcucrent aucune-mêt,ce nom admirable de lefus,par def* fus tout nom,en la vaiirclle, qui luy elt

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Dy SACCAGEME^T

oftertcSc dedice , attendu que Dieu a fait fi rude vengeance à ceulx qui retc-noientfon arche.

plt;tullt;lia- Decius,qui fenqueroit de faind Lau rent, ou cftoientlcs trefors de l'Eglife, pour en iouir,fut troufle,auec ion fils.

Lemefmt Diocletian, qui ordonna la ruine de rfwrifwr toutcs Ics Eglifes Chreftiennes en vn vin,depeurde tomber vif entre les mains de Conftan

tin le grand. .

SufeLliu. i.cha.i-/.

Maxence, qui auoit pille amp;nbsp;perdu les Eglifes des Chreftiens, receut la peine accouftumee des facrileges. Eiî fes entrailles fengêdrerent des a chancre,qui luy rogeoient amp;i. minoient tout le corps, duquel force vers proce-doient, auec vneindiciblepuanteur, ôc la greffe acquife,parfagourmâdife,fon doit en ordure amp;nbsp;vieille charôgne,qui prefentoit vn horrible fpcdaclc,à ceux qui en approchoient : il penfa appaifer Dieu par reftitution , mais il pourrit tout vif.

e»/⣻. .Maximin, Empereur, fut frotté amp;nbsp;a-ÿ.fin.io. couftré d’au fs i grâdepuniti5,pourfem-blablc péché. En vn inffât,le feu fauua*

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DES EGLISES. 88 gcluy courutpar tout le corps, qui luy tomboit par pieces,défiguré, fans aucu ne apparence de forme precedente: il ne luy demeura que les os,delà grande ardeur qui lccôfommoit:les yeulx luy fortoient de la telle, amp;nbsp;deuint aueuglc. Se voyant en fi piteux eftat, il crioit confefibitfafaultecotre lefps Chrift, amp;ne laifla toutesfois à malheureufe-ment mourir.

Conllantin pardonna à Licinius fon Eufibee» beau frere, qui agité de fon maling ef- fanhiHotre prit,de rechef fc reuolta cotre fon bien faiéleur, amp;nbsp;le côtraignit d’executer fur luy vengeance de fes facrileges.

Les heretiques n’ôt euité lamain de orofeli.7. Dieu non plusque les Payans amp;infide-les. Confiance premier Empereur Atria,depuis qu’il faddona a telle fecle, amp;: factachaaux Eglifcs,noflcc Seigneur ar ma fes proches parens contre luy Gallus amp;nbsp;Iulian rApoflat,amp; luyenuoiav-ne afTez pauure mort, car il deceda eri' fon camp qu’il âmena enrOccidetcontre Iuliâ,qui fefloit déclaré rebelle con tre luy.En rendant fame,il regretoit amp;nbsp;fc repentoit de trois chofes : De ce qu’il

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gt; ' SACCAGERENT

auoic fait tuer Gallus, de ce qu’il auoit tietnlai. inftituéfon fuccefleurIulian ,amp; de ce *’*^*f°/”^**'* 4“’*^ auoit mué la religion de fon pere, U un. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;troubles amp;nbsp;la mort luy ad-

ucnoient.GregoireNazianzene l’cxcu-fefortdes abominations exécutées par les ArrianSjfoubs luy: amp;nbsp;dit que fa faul* ' te procedoit amp;nbsp;confiftoit en legereté Si trop grade facilité à croire les mcfchâs: aufsi ne fut il pasâ griefuement puny que les autres.

s»{r4i.li.i, nbsp;nbsp;Georges Arrian,qui du teps de Con

ftance, en fa prinfe de poflcfsion de l’E-ucfché d’Alcxâdric.commâdoitjOU en-duroit faire en fa prefencc,ce que nous auons allégué d’Achanafe, fut teftonne comeilluy appartenoit ; ilauoic vfé de Payans amp;nbsp;idolâtres cotre f Eglife;amp; Dieu anima pareils ennemis cotre luy,qui premièrement l’empoigncrét amp;nbsp;empri-fonnerenc bien batu , amp;le lendemain matin le reuinrent tuer, amp;nbsp;en grande i-gnominie traincret fon corps parmy les rues de la ville,fur vn dromadaire: amp;nbsp;a-pres plusieurs ignominies, le bruflerét, fans queluliâl’ApoftatjpourlorsEmpo rcui,en âtgrâd’ inquificion amp;nbsp;inftance.

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DES EGLISES. 89

Athanafe,pourftnuantles malheur- Enl’tfißre tez de la compagnie de ce Georges,dit: ^»^Caiho-Noftre Seigneur moftrepar efted, que telles indignicez faddreflbienc à luy.

Vn d’encre eux l’en alla feoir en la chai-re Epifcopalc, amp;nbsp;rcnifflanc du naiz, di-foic plufieurs falies propos : de là forçât, il voulut renuerfer ladiéte chaire : mais comme les Philiftins, à leur grand malheur,coucheréc à l’arche de Moyfe, auf-fi depuis que ce galant eut aufé arracher cefiege, par punition diuinc, vn cfclat luy entra dedâs le ventre:amp; au lieu qu’il efperoit brifer ce throne amp;nbsp;deftruirc, le throne le froilTa, amp;nbsp;luy fit fortic les tripes auccl’amc. Vn autre entra en l’Egli-fc, amp;nbsp;à la façon des Echnicques , il roua en pompe amp;nbsp;triomphe vn rameau qu’il tenoit en fa main, dó fubit vn esbîouif-fement le faifit,amp; ne fçauoit ou il eftoit: êc fil n’euft elle fouftenu, il eufi tombé àlarcnuccfe: il demeura plus d’vniour en telaucuglement, amp;nbsp;troublé de cer-ucau, fans (c fouuenir de ce qu’il an#it fait. Qupy voyans aucuns des Ethniques amp;nbsp;idolâtres, fe retirèrent, mais les Amans,comme Pharaos, dcmciiroicnt

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SACCAGE7ÿîElt;NT

, plus obftinez,par les miracles de Dieu, Titaiertt, Iulian,oncle de l’Apoftar, qui par bra liu4.ehitigt;. uade,amp; en defpit de lefus Chrift , auoic jej-j-g J lej vaifleaux Eccle-fiaftiquespourfefeoir deflus,pourry en toutes fes entrailles, fut fi bien conftipc qu’il redoit fon ordure par la bouche de laquelle il auoitblafphemé.Vne fourmi liere de vers luy rougeoient le fondement ôcparties honteufes amp;nbsp;par aucune medicine on ne le poudoit garantir. Sa femme fainde amp;nbsp;denote luy remonftra • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;dit,Mon mary,louez lefus Chrift qui

vousmonftrefapuiflancepar ceftaduer tiflement. Vous ne cognoiftriez point à qui vous aucz faiét la guerre , fil ne vous donnoit vn coup de fouet.Par cc-fte rcmonftrance , amp;nbsp;par le mal qui de iour eniour augmentoit il appréhenda la caule de fa maladie,amp; fupplia l’Empereur de rédre le pillage del’Eglife, mais n’en fut rien fait,amp; en mifere le facrile-ge deceda.

itmtfmt j^Felix,general des finâccs,vnc grofle Mtbeur. venerompit,amp; corne quafi par vn grâd canal, il ieôta tout fon fang par la bour che:amp;en moins d’vn iour, rendit fame.

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DES EGLISES, 9Q

pour côplairc à Iulian,auoit rauy amp;nbsp;blaf phemé la facree vaiflelle,quclque têps a pres fut couaincu de leze maieftc amp;nbsp;con fpiration, amp;nbsp;mourut milerablement en prifon. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^5

Iulian l’Apoftat maiftre amp;nbsp;feigneur Theadont. de ces trois,eut fon cas peu apres,amp; fut percé en feftomac d’vnc fleiche tiree de l’Ange de Dieuxar on ne peult verifier autre autheur de ce coup . Recueillant fon fang en fa mai quifailloit defaplaye le ieétoiten l’aer Sicrioit enragé,tu as vi éloircdemoy Galilean: ainfipariniure appelloit lefus Chrift;amp;on dit qu’il voy oit vnc reprefentatio en l’aer de noftre Sauueur qui lepunilToitjContre laqueb le il elançoitfon fang.

Vales n’efchapaimpunydes volerics, pollutions,amp;faids enormes que par fa 4 permifsion les Arrians multiplioient de lour en iourpar les Eglifes . Il eftimoit auoir beaucoup fait d’attirer à fa feéte amp;nbsp;à fon aide les Gothes barbares, def-quels Dieu vfa pour opprimer celuy qui les auoit appeliez. Valensles laiflbitap procher iufques aux portes de Conftan

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SACCAGERENT tinoblc, ou il cftoic fi Uche de cueur amp;nbsp;ftupide, qu’il ne vouloir forcir pour les repoulfcr. Le peuple cria cane apres luy, donnez nous des armes , amp;nous irons pour vous à la guerre, que confus de ce reproche,farma amp;nbsp;pourfuiuic les Barba rcs aflez loing:toucesfoisen vnc rencon cre fucblefle ôipreffé, amp;nbsp;fen fuie cacher en vnc petite maifon d’vn village, en la quelle fes ennemis mirét le feu, amp;nbsp;le bru lercnt tout vif.

Sur les Goths,Vâdalcs,Alains, Hongres,amp; autres Barbares, qui n’efpargnoi ent les Eglifes,les trois petits mots mon ftrez à Balthafar en Daniel onteftéac-compliz.Sans accroiftre beaucoup leurs forces des richefles de l’Eglife,la puifllin ce qu’ils auoient au parauât,a comman-cé à decheoir petit à petit, amp;à venir à néant du tout,amp; fe font rompuz la telle les vns aux autres. Eux mefmcs le tef-moignerent amp;nbsp;prédirent en vne epiftre (ÎZ1.7. cnuoiecà l’Empereur Honoré, en ces »gt; termes : Sire, faites paix auecques cous »gt; voz autres ennemis, amp;nbsp;prenez oultagcs » de tous. Regardez nous, amp;nbsp;nous lailTez »’batte les vns contre les autres. NoRce

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Tgt;ES EGLISES, 91 perte fera fur nous,amp; pour nous.Noftrc « viétoire des vns furies autres fera pour « vous,amp; le jôble du bien de voftrc Etn- « pire, fera fi d’vnepart amp;nbsp;d’autre tous en quot;nbsp;l'emble nous fommes dcfpechcz. Ordf *• nairement leurs Rois amp;nbsp;capitaines ont finy de malemort,comme Rhadagaifus, Sticilo,Eucherius,amp; autres dénombrez par Orofc.Crofcusfuccelfeur dcStilico prins à Arles,fut mené enchaîné parles villes qu’il auoic affligées en irriflon : amp;nbsp;apres infinis tourmens, fut efgorgé, amp;nbsp;lediableapprehendaamp;pofleda fon fuc-cefleur Gundericus,amp; en fin l’eftrangla. ' ' gt;nbsp;Attila, le grandfleau de Dieu,fur les slgilerten Eglifes, le fixicfme an de fa perfecution, P chroni-cftoufa d’vnc apoplexie en plein ban-quer de nopces.

Pourautârquei’ay fpecificles prouefn/ZorV/»-fes que Gcnferich, amp;nbsp;Humcric fon fils cï/iienfon faifoicnc contre les Eglifes, ie ne doibs omettre leur recompcnfc.Procule, leur lieutenantjpeu de temps apres fon maf-facrc, enragea : Sz defehira fa langue en mil pieces: amp;nbsp;les plus horrible famine amp;nbsp;pelle qui furent iamais cogneuz, def-populercntrAlFrique:amp;: en vn rnomét.

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SACCAGEME^^T tout le butin des Eglifes futcofommé. Le Roy Humcric, premièrement endura la faim amp;nbsp;autres aduerfitez, amp;nbsp;à la fin, ayat régné fept ans,fut attaint de la maladie des facrileges.Son corps,puât corn mechar5gne,boutonoitde vers grouil lans, ôctomboit par pieces, tellement qu’il ne fut cnfepulturc entier,ains feule ment aucunes parties d’iceluy, qui re-ftoiét.Gregoire,Euefquede Tours, ef. crit,qu’il mourut deraoniacle,amp; que de fes mains fc tua,ne pouuant plus foufte-nir fes douleurs.

ofgt;MMile Les cftourdis Donatiftes amp;nbsp;temerai-uitafn,cr res, eftoientbourreaux eux mefmes de la punition qu’ils meritoient : ayans le cerueau troublé,amp; agité du diable,pour leurs maléfices enuers les Eglifes, ils fe precipitoient des roches amp;nbsp;des montai-snes;amp; aucuns fautoient en vn feu,ôt fe prefentoient à la fureur des infidèles, S£ de tous autres,pour eftremis à mort,ôt de cela fe glorifioient.

Ourre, que depuis les folies amp;nbsp;impe-tuofitez des brifimages, la Chreftientc, en rOrient,eft venue en decadence , Si l’Empire en ruinedes Empereurs,qui fc )

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DES EGLISES, 'n font addonez à cefte fedc,ont finy leur viCjdequelqmortfoudaine amp;nbsp;violéte.

Leon,furnomméifauric,premier in- zwirt fradeur des images, d’vnc gradedyfcn- tome terie ietta (on ame hors de fon corps,a* ucc fes tripes amp;nbsp;boyaux.

Vn charbô depefte caua la iambe de Conftantin,furnommc Copronyme,ôc de cela entra en vne heure chauîde, de -laquelle fe fentoit brufler dedans le corps,fans y pouuoir donner aucun re-mede ou allégement.

Vne heure chauldc empoigna aufsi lemepnt Leon,qui retint le deshonneftefurnom »uthettr, I de fon pere Copronyme , incontinent qu’il eut pofé fur fa telle vne coronne rauie de la grande Eglife de Conllanti' 1' noble, ou fEmpercur Maurice l’auoit vouee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

Nicephorc,aufsi ardent amp;nbsp;mefehant PmI dit-cotre les Eglifes, comme les autres, fut (reliit,2.4t furprins en là tente, par fes ennemis, amp;nbsp;i décapité aucc la plus part de fa noblef-fc. Son aduerlairc ht fechcr fa teQe, amp;nbsp;cnchalTcr le taift en de Target,pour boi re dedans,comme en vne coupe.

I nbsp;nbsp;nbsp;Sans m’amufer plus,par le menu,àrc-

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SACCAGEAIENT citer d’vnc fcde,apres de l’autre,ie fup-plie les ledeurs, obfcrucr par les hiftoi-res,fi iamais facrilege a proufitc à hom me,ou à nation longuement,amp; fi Dieu afaillydemanifeftcr qu’il luy defplaift. Quoy qu’il ait différé par vne clpace de temps, pour plus griefuement punir, roufioursadel'ennobly,puny amp;nbsp;annean . ty tous entrepreneurs fur ce qui luy e-ftoit dônc,amp; fur eux a eu lieu le d.d du Prophete-.Maledidion fur toy qui pille, feras tu pas pillé?

Pour parieren general de noftrc teps, Boheme n’a eu lôgueiouifiance ny aucun plaifir du pillage des Egides,qui n’a fcruyfinon qu’à faccagcrle peuple, dc-fi-ruirele pais, amp;ouurir lespafl'agesau Turc, qui a trop commancé de venger M’iniuredeDieu fur nous.

Allemaigne la fidele,riche,amp;inuinci ble nation,au parauant la protcrtatioa demal faire aux Eglifes amp;nbsp;religion catholiques,depuis la profanatiô des tem ples,amp; mutation de creancc,elle eft dc-cheue d’ou tre moitié de fa fidelité, opu lence,puifrance,amp; de fes forces. Charles le quiacluy a fait rendre pour le moins

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DES EGLISES. 95 les interefts,auecqucs les fommcs principales,qui cftoienc venues en (es bouffes,des Eglifes amp;monafteres:amp;: biépeu de Seigneurs amp;nbsp;peuples qui auoient mis les mains fur le bien d’iceux, ont vefeu depuis heureufementjou font morts en bonne paix . Leurs hiftoiiens dénombrent de cent «à deux cens mil hommes qui fentre-font coupc la gorge.

En Frâce,ie ne puis dire quel fin Dieu donnera aux plus outrageurs faccarsSC facrileges, qui furent iamais fur la terre.Ores qu’on leur ait offert amp;nbsp;demandé paix,auecques obliance amp;nbsp;abolition de tout forfaiél amp;nbsp;iniurc contre la ma-ieftéde Dieu amp;nbsp;du Roy,nonobftant ils ne peuuent fe recognoiftre amp;nbsp;fe retirer: ains fcmblc que Dieu les obflinc, à fin que punition en foit faite,amp; le pais débuté . Ores que par force les villes de Blois, Poidiers,Tours, fuffent reprin-fes, amp;nbsp;qu’on les priait de f’en départir fains amp;nbsp;faunes, ils n’ont peu fe tenir de regibber amp;nbsp;irriter la gédarmerie,Slt;: fils n’ôt peu fuir ne refiftcr,ains font morts fur les territoires de S.Martin, amp;nbsp;de S. Hilaire,plus de dix mil facrilegcs,com-

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quot; T)y SACCAGERENT

me executez fur la terre ou ils auoient commis le mal. Aucûs ont vfé de la gra ccqu’onleurfaifoit; on cognoiftraquel le penitence ils feront,ou comment ils profpereront en leurs perfones, biens, amp;pofterité.NoftrefauueurIefus Chrift les vueille bien tous infpirer, amp;nbsp;condui re en voye de falut, amp;nbsp;amolir le cucur des endurcis par fa patience,amp;■ celle du Roy, ou bien toft executer fà vengeâce fur eux, qui de fa bonté attentqu’eux amp;: nous foyons corrigez, amp;nbsp;amandez de nos faultcs.

De ceux qui en crainte de la. ^en^eace de Dieu, fe fontgarde^jl offenfer les E^lifs.

CH^P. i6.

Le s plus fages amp;nbsp;mieux aduifez ont fait leur prouffid du danger d’au-truy, amp;nbsp;prcnans garde à la confe-quëce du pillage,amp;: vol des Eglifes, fen fontabftenus, nonobftât qu’ils conuoi taffent autant comme vn autre f’cnri-chir,amp; auoir bon butin. Icmeconten-terayd’en citer deux ou trois exemples plus infignes.

Pompeius,combiêquc pour y cntrci; il euft forcé le temple des luifs, neant-

tnoins.

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DES EGLISES. 54 moins, ayant tout en fa puiflance, ne EttNrai* voulut emporter la valeur d’vne mail- fonpour le:car il craignoitprouoquer l’ircde Di eu contre foy: amp;nbsp;deccj Cicéron le magnifie.

Apres Procopius,Nicephore raconte vne belle hiftoire d’vn Prince des Mau ly.cid.n. res en AlFrique, nome Cabaones, auql cz it. Trafamûdus Roy des V andales,denon ça la guerre.Qupy entêdât en premier lieu,commanda à fes fubiefts defe garder depeché,ains amanderfa vie,amp; faire abftinence de femmes amp;nbsp;de viandes: amp;pource,fepara les femmes de fon cap en vn lieu à part,amp; menafia de mort qui les iroit veoir.En fecod lieu,enuoia ef-pionner les forces amp;nbsp;maniéré de faire de fon enncmy,amp; ordonna qu’ou ils fc roient mal,au contraire on fill bien:amp; fils vilipendoient les Eglifes,qu’on les honoraften toute reuerece.Pourfarai fonddifoit,combien que ie ne cognoif fe point le Dieu que les Chreftiens ado rent,nonobftant puis qu’ils le tiennent pour le tout puiflantjileftiufte amp;nbsp;equitable,amp; qui fera punition de fes côtcin pteurs amp;nbsp;violateurs de fon honneur, amp;:

O

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Dy S ACCAGETAE^T aidera ceux qui le reuercnt amp;nbsp;fouftien-nenc. Ses efpions diligemment obferue rent les Vandales,amp; veirent qu’apres a-uoir fouldroiclesEglifeSjilsy eftabloiec leurs cheuaûlx, amp;nbsp;autres beftcs, amp;nbsp;que fans aucun rcfpeâ: les contaminoient de toute infedlion amp;nbsp;ordure, amp;nbsp;tourmen-toient les preftres de coups, defqucls fe feruoient comme d’efclaues. Ouy leur rapport, le Prince fit commandement de nettoier les Eglifes, amp;nbsp;de les reparer: honorer les preftres de tout leur pofsi-ble, amp;nbsp;de leur prefenter le treshumble feruicede tous : de donner aufsi forces aumofnes aux panures qui auoient de couftiime mendier aux portes des temples.Ce faiift,plein d’efpoir demâda ba-tailleaux Vandales, amp;nbsp;les mit en route auecques grande défaite.

orofeli.7. HalaricRoy des Gothes,ayant prins '^d’alfault la ville de Rome, auant que d’entrer,il fit crierpar fon camp qu’aucun n’euft à mal faire à tous ceux qui fc retireroient aux Eglifes, principalemét en celle defaîél Pierre amp;nbsp;de fainét Paul, Comme chacun de fes gens couroit au butin,vn entre les autres meilleur Chre

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DES EGLISES. lt;gt;5 fiien,troui]a en vneEglife vne rcligieu-fe allez aagee, à laquelle il dcmada tout l’or amp;nbsp;l’ars^cc qu’elle fçauoit.Elle luy ref pondit en auoiren fa garde grade quan tiré qu’elle luy produit; mais voyant ce Barbare fort eftonné des vailTcaux fi beaux, riches, amp;nbsp;magnifiques, luy dit: Monfieur,celle vaifi'ellecftdu feruicede rApo{lreS.Pierrc,cmpoignczla fi vous aufez, mais aduifez à vollre faid. le ne la puis défendre, Se ie ne veulx pas de-barre contre vous.Le Barbare efmeu de Ja crainte de Dieu, amp;nbsp;de la ferme foy de celle religieufe , fit entendre tout à fon Roy Halaric, qui fubit commanda que tout ce threfor full reporté en l’Eglile de S. Pierre qui elloit à l’autre bout de la ville.Docques chacun en print fa piece fur fa telle,amp; comme en triomphe la portoitiufqueS au lieu : amp;nbsp;les Barbares en armes conduifoient les porteurs afin qu’aucû ne ruall delTus.C’elloit vn mer ueilleux fpeélacle de la mifericorde amp;nbsp;puiflance de Dieu, Sz de la reuerence des Barbares enuers luy.

l’ay parlé de la conuétion que firent les François auccques leur Roy Gun-

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Pr SACCAGERENT tram de ne plus piller amp;nbsp;affafsiner les E-glifcs,pour les maux quicn procedoicr, £lt; qui empefehoyenc toutes viéioires en cuerre. O

La méditation amp;nbsp;confolation qu on pcult auotr en cefaccagement.

CH^P. 17.

Combien que la feule ouie de la de relation des Eglifes, face affez de maljôc fade les cueurs de ceux que Dieu n’a du tout delaific,toutesfois en cores n’cft il quedeveoirpoureftreaße €tionné,amp;penferà foy,Seaux caufes de tant grande calamité. L’eferiture Sz les biftoircs nous reprefèntent les Prophe tes Se peuples, qui premièrement contemplent les ruines dufaind edifice de Salomon,Se des Eglifes,en la Chreftien té, Se de la veue fondent en larmes, Se viennent à la confcfsion de leurs faul-tes , defquelles fc cognoilTent coulpa-blcSjSe en requerent pardon Se miferi-corde à Dieu,Puis font efmeuz â reformer leurs vies Se vices, à rebaftir, réparer, Se purifier le tcple des ordures perpétrées Se introduites en iceluy, Se à le recocilier Se rededier ànoflre Seigneur.

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DES EGLISES. 96

A la fin,fouhaicent, prient, amp;:pourfui-uent la vcngeace des aucheurs amp;nbsp;execu teurs de teldcfordre , ainfi que Dieu veulcque iuftice foie faite de minières de fa fureur,apres qu’ila vfc de leur malice amp;nbsp;mefchanceté, pour chafticr fon peuple:amp; ne les permet iamais longue- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

ment proiperer, depuis que les liens fc Ibnt retournez vers luy, amp;nbsp;amendez.

Les lieux delaconfolation Chreflien-n^e,en telles aduerfitez, fondes predi-dios d’icelles,les exemples ia aduenues amp;nbsp;l’occalion d’endurer toute iniurc, voi rede mort, puifque lefus endure bienS.HîenP pis contre fon précieux corps ßr fang, amp;concrefes maifons d’oraifon^es lieux aufsifontdcfquels Icfus Chriftnousin-^’^^^^^^ ftruit, parlant des perfecutions de fon Gero„„, Eglife.Ie vous le predy ( dit il) à fin que n’en foiez troubleZjquand il aduiendra. Luy-mefme nous en aduertit, que fur la fin amp;nbsp;confommation du mondc,pcn-dant les guerres de nation contre nation, les faulx prophètes fourdroiet, amp;: en feduiroient fi grand nôbre,qu’à pei* ne les elleuz pourroient ils efehaper.

Voila enquoy le Chreftien doibt ex-O iij

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Dr SACCAGERENT crccr fespêfecs amp;nbsp;cogitations, pendant ces troubles ,amp; comment on l’y doibt gouuerner amp;nbsp;procéder en fa confeien-ce,pour en brief en auoir la fin,pendant qu'ils dureront. A fin que ic continue de ne dire aucune chofe, que n’aye leue amp;nbsp;obferuee , ie deduiray ce fommaire, parle menu.

Daniel, emmené captif hors de Hie-rufalem,quand il vouloir du fond de fa penfee,confelTerà Dieu les péchez de tousles efl:ats,qui auoientmerité la demolition du templedeSalomon,Sclex-termin^tion des Iuifs,dcs feneftres de fa châbre il tournoit les yeulx versie tem plerafé,n’enpouanc approcher de plus preSjpoureftreefmeu àplus grande con trition: vne fois,pour touces,aefcric celle forme de confefsion amp;nbsp;oraifon . le me fuis difpofé (dit il)à requérir amp;nbsp;fup-plier mon Dieu,en ieufnes,fac,amp; cedre. Entremes prières, ie luy ayconfclTéce quif’enfuit:O mon feigneur mon Dieu, grand amp;nbsp;terrible, qui entretenez voz promefles amp;nbsp;mifericordes enuers ceux qui vous aiment, amp;nbsp;gardent voz com-mandemens, nous auons péché amp;fait

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DES EGLISES. 97 toute iniquité.nous auons mal verfé en « voftre religion,amp; auSs décliné amp;nbsp;cranf- « greffe voftre loy. Nous n’auons obey à « voz feruiteurs Prophètes,qui parloient “ par voftre mandement à noz Rois,prin “ CCS,pères,amp; à tout lepcuple.luftice vo’ foie attribuée,amp; à nous infamie amp;nbsp;con- “ fuhon , comme elle eft auiourd buy fur “ tout homme de Iuda,amp; fur les habitans “ de Hierufalem, de tout l’Ifrael, par quot;nbsp;toute la terre, ou vous Fanez difperfc, “ pourfes offenfes contre vous. Ignomi- “ nie eft deue ànoz Rois, princes , nbsp;nbsp;pe- ‘‘

resquiont failly, pour autantque nous vous auons delaiffe, amp;nbsp;n’auons efeouté voftreparole, qui nous gardoiten vo-ftre loy, publiée par vozfaimfts ferui-teurs Prophètes : mais à vous demeure mifcricorde,compafsion,amp;puiffance de pardonner.Toutl’Ifrael apreuariqucamp;r 2^ beffe les oreilles de peur d’ouir voftre Voix; amp;en vengeâce fur nous,toute ma „ Icdidion Sc imprecatiô eferite en la loy « de voftre feruiteur Moyfe , a dégoûté « furnous.Vous auezaccomply voz pro- „ posdcmenalfe que vous auicz prédit « fur nous amp;nbsp;noz princes, qui nous.gou- «

O iiij

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Dr SACCAGERENT

»’ ucrnoicnt, Sr auez enuoic en Hierufa-” lem le plus grâd defaftre,qai aduint ia-»» mais foubs le ciel.Selon qu’il eft conte-”nu cnlaloy de Moyfc,lemal nous a fai-neantmoinsne nousfommes dif-’’pofez à vous prier J amp;nbsp;vous demander quot;grace de nous retirer de nos péchez, amp;nbsp;de cognoiftre vortre farde vérité .Pour ” cela,vous auez veillé fur noftre malice, ” amp;nbsp;l’auez fait tomber fur nos telles: car * vous elles le Dieu iulle en toutes vos ’ œuures amp;nbsp;adions que hiles iamais, amp;nbsp;n’auions receu vollre voix, par laquelle nous admonnelliez. Or maintenant » ' mon Dieu,mon Seigneur,qui auez tire défi grande force, vollre peuple d’Egy-», pte,amp; en auez acquis fi grâd renom, iuf-„qucsàhuy, nous vous auons irrité par », nos iniquicezamp; malheuretez . O mon „Seigneur,par vollre perfedion amp;bon-„ té, ie vous fupplie appaifez amp;nbsp;retirez de „vollrecitéde Hierufalem , Sz de vollre „ fainde montaigne de Sion, vollre ire 8c „ fureur.Nous confelTons,que pour nos » faultes celles de nos peres, Hierula-» lem,ôc vollre peuplc,font vilipendez,ôc »mocquez de toutes les nations circon-

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DES EGLISES, 98 uoifines.Maintenant doncques, mon « DicUjCnterinezIarequefte devoftrefer « uiteur,amp;à fafupplicacion, amp;parvofi;ic « feule bonté, monftrez derechef voftre “ face St prelence , en voftre fanftuaire, “ qui eftdefertc amp;nbsp;degafté.Que vozorcil “ les foienc accentiues à nous ouir, amp;nbsp;vos “ yeulx tournez vers nous,pour veoir no quot;nbsp;ftreoblation, la ville ou vous efticz tant ftiinétement inuoquc.Nous nepro fternons nos prières deuant voftre ma-iefté en confiance de nos œuures, ains „ devoftreinfinie mifericorde .Efeoutez „ moy doncques,mon Seigneur,appaifez « vous,mon Dieu, regardez, amp;nbsp;faites ma « demande, ne delaicz point en regard amp;nbsp;« fcul refpeél de vous qui eftes noftrc Di- » cu,ôr pour autant qu'c voftre no a touC « iours efte réclamé pour le fecours de ce « ftecitcamp;dcce peuple. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«

DauidjCn vn pfalme,quafi comptent toutes ces meditations,l’vne apres fau-tre,Premicremcnt,en grande commife-ration il contemple amp;nbsp;regarde le fac du temple de Dieu,amp; de fes feruiteurs.Puis il le confefle procéder de la cholere de Dieu pour nos oftenfes. Ticrcementjil

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DK SACCAGE'ME^T

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inuoque le touc puilTant d’auoir pitic desfiens amp;nbsp;venger l’opprobre amp;nbsp;iniurc, de fon Eglife furies malfaiteurs, amp;nbsp;de donner grace à {on peuple de f’améder, Fßd.^Z. » amp;nbsp;dit ainfiîO mon Dieu,les Barbares na » tiôs font entrez fur voftre heritage,ont « violé voftre têple,amp;: ont réduit Hieru-»’ falemen vieillemazeure.Ils ontietéles ’’ corps morts de voz feruiteurs en proye ” aux oyfeaulx du ciel,amp; la chair de gens ” de bien aux beftes delà terre. Ils ontref ” pandu leur fang comme eaue à l’entour ” deHierufalêjScaucunn’aeu lecueurde ” les enfeuclir. Nozvoifins nous ont en opprobre amp;r abomination,amp; noftrecala mite leur fert deplaifir amp;nbsp;de pafle-têps. lufquesàquadjôSeigneur, durera voftre cholere,amp; voftre zele amp;nbsp;indignatio fembrafera corne feu’Efpandez voftre fureur fur les gens qui ne vous cognoif fent en rien, fur les royaumes qui n’in-uoquent point voftre nom : car ils ont deuoré Iacob, amp;nbsp;ont defolé fon habitation. Nenous ramenteuez point noz iniquitez du temps pafte , ains auancez vous de nous aider par voftre mifericor de, parce que nous femmes extreme-

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DES EGLISES.

ment affligez.O Dieu de noftre falut^ai « dez Sr fecourez nous pour l’amour de « voftre gloire, deliurez nous en refpeól « de voftte fainótnó, foiez propice ànoz “ pcchez , à fin que de nous amp;nbsp;par nous quot;nbsp;foiez glorifié,exalté,amp; par tout renom- “ mé . Pourquoy permettez vous que les “ gens difentjOU eftleur Dieu? Faites que nous puifsions vcoir deuant nozyeulx la vengeance du fang refpandu de voz quot;nbsp;feruiteurs,amp; que I» gés le cognoiflent. quot;nbsp;Q^e le gemiflement des captifs amp;nbsp;op- quot;nbsp;preflez vienne iufques à vous: amp;nbsp;felon “ la grandeur de voftre puiflance, fauuez “ ceux qui font en danger de mort. O Sei ‘ gneur rendez à noz voifins qui fe font mocquez de nous,la mocquerie amp;: vitu perc duquel ils ont vfé contre vous amp;nbsp;no’,amp; le multipliez fur eux.Par cemoy en nous qui fommes brebis de voftrepa ,, fture amp;nbsp;Eglife,nous vous confclTerons à iamais, amp;nbsp;raconterons voz louanges „ de ficelé en fiecle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«

On pourra colliger plufîeurs autres textes amp;nbsp;paflages des liures des Rois, des Prophètes, d’Efdras, amp;nbsp;des Macha-bees, ou les pechez de tous eftats font

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Dy SACCAGEMEm accufezamp;confeflez, comnaccaufe delà deftruftion des temples, ainfi que nous auons touché au premier chapitre:amp;:en . tre touspechcz,ceux des prelires amp;pa-fteiirs font les plus blafmez , defquels premièrement Ezechiel reprent la mau naife eleélio,qui prouoque Dieu à tout renuerfer le plus fouuent; on taxe grief txementleur mauuaife couerfation corn me cellcdes enfans d’Hely, des preftres qui du têps des Machabees foccupoient plus à conaplairc aux Princes,amp; à fuiure les nouuelletez effranges,qu’au feruicc de Dieu.

Apres auoir recogneu amp;nbsp;confefTé fa faulte,on eft venu àlareformer, amp;nbsp;repa rer ce qui eftoit dccheu de la vraye reli gion Sefainétevie, amp;nbsp;enfemble à reba-ftirles demolitions des temples ruinez. C’eft ce que d’entrec fift Iofias,ayât trou UC vn vieil original de la loy, il le bailla au grand Pontife Heleias amp;nbsp;autres, Sz leur dift,Allez, enquerez vous de Dieu pourmoy,pourlepeuple,amp;pour toute la lignée deluda,de la vérité contenue en ce liurc que nous auons reçouuert, car l’ire de Dieu eft fore erabrafee fur

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DES EGLISES. loo nous, pour autant que nos peres n’ont efcouté laparole de ce Iiure,pouraccô-plirce quiy cft cfcrir:amp; cependantque lesprcflrcsreforinoient les abus inter-ucnus contre la loy,Ie Roy par lemini-ftcre des preftrcs, iolicitoit tât qu’il pou uoitjque la maifon de Dieu fuftvifte-rnent redificc aux defpcns des loyaulx, amp;nbsp;des oblations du peuple, loas au para uantluy en auoit donné l’exemple, qui fe courouçoit contre les prélats, de ce qu’ils eftoicnt trop pareffeux,amp;: peu af-feftionnez à remettre fus le temple vio lé amp;nbsp;difsipé,amp;: à raifon de leur negligen ce,leur en oftala charge,amp; en députa vn fpecial pour ce faire. En Efdras,lepau-ure peuple n’attét pas qu’il foit en paix pour reftituer le tcple, ains d’vne main maçônoit ou tailloir lapierre,ou la por toit,amp; de l’autrecübatoit amp;nbsp;tenoitl'cf-peenue,amp;trauailloitiouramp;nui£t:amp;cn roefme temps demâdcamp;pourfuit lare-formation des abus amp;nbsp;péchez contre la loy deDieu,pour lefquels la defolation eftoit aduenue amp;nbsp;pourroit aduenir de rechef, comme des mariages amp;nbsp;vfures illicites.amp;côfiderantluyeftreimpofsi-

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S ACC, DES EGLIS.

ble de reparer les ruines du remple pre cedant, il ploroit le regretant. Les prophètes Haggéeamp; Zacharie reprochent aux preftres, princes amp;:peuples la non-chalacc de rebaftir le temple abbatu, amp;nbsp;difentque pour icelle Dieu multiplioit tribulation fur tribulation:amp;par repro ehe leur remonftrentla honte que c'eft £7^.35. d’edifier,ou reftablir,ou entretenir noz ■ maifons en toute brauadeamp; fumptuofî tc,amp; ce pendant négliger le lieu voué amp;nbsp;confacré au fouuerain

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